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Full text of "Leçons d'algèbre et d'analyse, à l'usage des élèves des classes de mathématiques spéciales"

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LEÇONS 

D'ALGÈBRE  ET  D'ANALYSE. 


Paris    -  Imprimerie  GAUTHIER-VILLARS. 

37285  Quai  des  Grands-Auguslins,  55. 


LEÇONS 

D'ALGÈBRE  ET   D'ANALYSE 


A    L  USAGE    DES   ELEVES 


DES  CLASSES  DE  MATHEMATIQUES  SPÉCIALES, 


Jules    TANNERY, 

PROFESSEUR    A    I.A  FACULTE    DES   SCIENCES  DE   l'uNIVERSITÉ   DE   PARIS. 
SOUS-DIRECTEUR   DE   l'ÉCOLE   NORMALE. 


TOME  SECOND. 


DEPARTMENT  OF  MATHEMATICS 
UNIVERSITY  OF  TORONTO 


PARIS, 
GAUTHIER-VILLARS,  IMPRIMEUR-LIBRAIRE 

DU    BUREAU    DES    LONGITUDES,    DB    l'ÉCOLE    POLYTECHNIQUE, 
Quai  des  Grands-Augustins,  55, 

1906 

(Tous  droits  réserTes.) 


■UJ 


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1985 


LEÇONS 

D'ALGÈBRE  ET  D'ANALYSE 


CHAPITRE  XI. 

SÉRIES. 


J71.  Suites  infinies.  Limites.  —  Dire  qu'une  suile  de  nombres  a,, 
M27  •••)  ^ffi,  '•'  est  infinie,  c'est  dire  qu'après  chaque  terme  de 
cette  suite  il  y  en  a  un  autre.  Telle  est  la  suite  naturelle  1,  2,  ..., 
n,  .... 

Dire  qu'une  suite  infinie  est  donnée,  c'est  dire  qu'on  se  donne 
le  moyen  de  calculer  chaque  terme  connaissant  son  rang,  le  moyen 
de  calculer  u,i  quand  on  se  donne  n;  telles  sont  les  suites 


l2, 

22, 

32,     . 

..,     «2, 

2, 

4, 

8,       ., 

, . ,     a", 

•' 

-  > 
'1 

3'      • 

. . ,      -  j 
n 

I 

-  > 
•2 

2 
3' 

3 

V   • 

n 
"    '     n  -f- 

Dire  que  le  /i'*''"*'  terme  Un  de  la  suite  W|,  U2,  ...,  m«,  ...  a  pour 
limite  le  nombre  A  quand  n  croît  indéfiniment  (ou  pour  n  infini) 
c'est  dire,  en  gros,  que  m«  est  très  voisin  de  A,  pourvu  que  n  soit  très 
grand,  et,  d'une  façon  plus  précise,  que,  quelque  petit  que  soit  le 
nombre  positif  e,  on  peut  lui  faire  correspondre  un  nombre  naturel  p 
tel  que  la  \aleur  absolue  de  la  difîerence  entre  A  et  Un  soit  moindre 
que  £,  pourvu  que  n  soit  plus  grand  que/?. 

T.  -  II.  I 


2  CHAPITRE   XI. 

11  revient  au  même  de  dire  que,  quelque  petit  que  soit  le  nombre 
positif  e,  tous  les  termes  de  la  suite  finissent,  à  partir  de  l'un  d'eux  iip, 
par  être  compris  dans  l'intervalle  (A  —  e,  A  +  s)  :  en  dehors  de  cet 
intervalle,  il  n'y  a  qu'un  nombre  limité  de  termes  de  la  suite.  Ces 
derniers,  pour  ce  qui  concerne  l'existence  ou  la  valeur  de  la  limite, 
n'ont  aucune  importance. 

Par  exemple,   dans  les  deux  dernières    suites   écrites  plus  haut, 

-j  d'une  part, >  de   l'autre,  ont  pour  limites  respectives  o  et  i , 

quand  n  croît  indéfiniment. 

Si,  sur  un  axe,  on  considère  une  suite  de  points  m,,  w^j  •■i  Un-,  '■••, 
on  dira  que  le  point  m„  a  pour  limite  le  point  A  quand  n  augmente 
indéfiniment,  pour  dire  que,  quelque  petite  que  soit  la  distance  e, 
tous  les  points  de  la  suite  finissent,  à  partir  de  l'un  d'eux  Up^  par  être 
à  une  distance  du  point  A  moindre  que  e;  tous  ces  points  finissent 
par  se  trouver  compris  dans  un  segment,  dont  A  est  le  centre  et  qui 
est  aussi  petit  qu'on  le  veut.  En  dehors  d'un  tel  segment,  il  n'j  a 
jamais  qu'un  nombre  limité  de  points  de  la  suite. 

L'identité  de  cette  définition  et  de  la  précédente,  quand  on  con- 
fond, comme  on  l'a  expliqué  dans  le  Chapitre  1,  les  points  avec 
leurs  abscisses,  saute  aux  yeux. 

Si  Un  a  pour  limite  A,  quand  n  augmente  indéfiniment,  tous  les 
termes  de  la  suite  finissent  par  être  compris  dans  l'intervalle 
(A  —  e,  A  4-  e)  ;  si  donc  A  n'est  pas  nul,  en  prenant  s  inférieur  à  la 
valeur  absolue  de  A,  tous  les  termes  de  la  suite  finiront  par  avoir  le 
signe  de  A.  Inversement,  s'il  n'y  a  pas  de  termes  négatifs  dans  la  suite, 
la  limite  A  ne  peut  être  négative,  puisque,  si  elle  était  négative,  tous 
les  termes  finiraient  par  être  négatifs;  la  limite  ne  peut  être  positive, 
s'il  n'y  a  pas  de  termes  positifs  dans  la  suite,  autrement  dit,  si  tous 
les  termes  sont  positifs  ou  nuls,  la  limite  de  m«,  pour  n  infini,  ne  peut 
être  que  positive  ou  nulle,  etc.  Plus  généralement,  si  tous  les  termes 
de  la  suite  sont  inférieurs  ou  égaux  au  nombre  B,  la  limite  de  u,,^ 
pour  n  infini,  ne  peut  être  qu'inférieure  ou  égale  à  B,  etc. 

On  écrit  que  w„  a  pour  limite  A  quand  n  augmente  indéfiniment, 

en  écrivant 

lim  M,j  =  A. 

n  =:  go 

Il  revient  au  même  d'écrire  lim  {un —  A)  =  o. 


SERIES.  3 

Au  lieu  de  dire  que  u„  a  pour  limite  A  quand  n  aug^mente  indéfini- 
ment, on  dit  souvent  que  la  suite  m,,  «a,  •  •  •,  ««,  •  •  •  a  pour  limite  A. 
Cette  façon  de  parler  est  un  peu  vicieuse,  parce  que  l'idée  de  limite 
implique  celle  d'une  quantité  (ou  d'une  figure)  variable  qui  s'ap- 
proche, dans  des  conditions  qu'il  faut  toujours  spécifier,  d'une  quan- 
tité (ou  d'une  figure)  fixe.  Toutefois,  j'emploierai  cette  forme  de 
langage,  qui  est  passée  dans  les  habitudes,  et  qui  est  commode. 

Si  l'on  a   lim</rt=A,  m«  peut  être   regardé   comme  une  valeur 

approchée  de  A,  valeur  approchée  que  l'on  sait  calculer  quand  la  suite 
M,,  Mai  •••  6st  donnée.  11  arrive  souvent  qu'on  n'ait  pas  d'autre 
moyen  de  calculer  une  quantité  A  qu'en  la  regardant  comme  la  limite 
d'une  suite  donnée  :  les  termes  de  cette  suite  fournissent  des  valeurs 
aussi  approchées  de  A  qu'on  le  veut,  poui'vu  qu'on  les  prenne  assez 
loin  dans  la  suite.  C'est  ainsi  que,  en  Géométrie  élémentaire,  on 
calcule  approximativement  la  longueur  de  la  circonférence  d'un  cercle 
de  rayon  donné  en  calculant  le  périmètre  d'un  polygone  régulier  d'un 
très  grand  nombre  de  côtés. 
Si  l'on  a 

lim  U:,  =  A,         liin  v,,  =  B, 


lim  ( u,t-+-  Vn)  —  A.  ^  B,         lim  {u„  —  p„  )  =  A  —  B, 

Um  (  u„v,,)=  AB,         lim—  =  —  ; 
/,  =  »  ('„         B' 

la  dernière  de  ces  égalités  suppose  toutefois  essentiellement  que  B  ne 
soit  pas  nul. 

Ces  propositions  reviennent  à  celles-ci  : 

On  obtient  des  valeurs  aussi  approchées  qu'on  le  veut  de  A  -}-  B, 

A 

A  —  B,  AB,  p'  6n  substituant  à  A,  Bdes  valeurs  suffisamment  appro- 
chées u,i,  v,i  ;  c'est  ce  que  la  Note  du  n"  138,  où  l'on  a  appris  à  calculer 
l'erreur  commise  sur  le  résultat,  connaissant  les  erreurs  commises  sur 
les  données,  montre  suffisamment. 

172.  11  est  très  important  de  savoir  reconnaître  sur  une  suite  donnée 
Wi ,  «2, .  . .  si  elle  a  une  limite,  lors  même  qu'on  ne  saurait  pas  calculer 
exactement  cette  limite. 


4  CHAPIIRK   XI. 

11  y  a  quelques  circonstances  où  l'on  reconnaît  aisément  l'existence 
d'une  limite. 

Supposons  que  les  termes  de  la  suite  aillent  en  croissant,  ou  plu- 
tôt n'aillent  jamais  en  décroissant  quand  n  augmente;  autrement  dit, 
on  suppose  que  l'on  a  iinj^\  =  ««?  quel  que  soit  n. 

Alors,  deux  circonstances  peuvent  se  produire  : 

Ou  bien  «„  augmente  indéfiniment  avec  n,  c'est-à-dire  que,  si  grand 
que  soit  le  nombre  P,  les  termes  de  la  suite  finissent,  à  partir  de  l'un 
d'eux,  par  être  tous  plus  grands  que  P  :  c'est  ce  qui  arrive  évidem- 
ment dans  la  suite  naturelle  i ,  2,  . . .,  /?,  .... 

Ou  bien  tous  les  nombres  «,,  m^j  •  •  -i  "«i  •  •  •  sont  inférieurs  à  un 
nombre  fixe  Q,  et  alors  M/^,  quand /i  croît  indéfiniment,  tend  vers  une 
limite  A.  inférieure  ou  égale  à  Q. 

Qu'il  en  soit  ainsi,  c'est  ce  que  le  lecteur  admettra  simplement,  s'il 
le  veut.  La  proposition  lui  paraîtra  assez  vraisemblable  en  considérant 
les  points  w,,  Mo,  ...,  ««,   ...  de  l'axe,  dont  les  abscisses  sont  les 

nombres  w,,  u-^-,  ««, Chaque  point  est,  par  hypothèse,  à  droite  de 

celui  qui  le  précède,  ou  confondu  avec  lui;  alors,  ou  bien  les  points 
s'éloignent  indéfiniment,  ou  bien,  s'ils  doivent  tous  rester  à  gauche 
d'un  point  fixe  Q,  ils  viennent  s'entasser  en  avant  de  quelque  point 
fixe  A,  dont  ils  s'approchent  indéfiniment,  ou  sur  ce  point  lui-même  ; 
le  point  A  est  à  gauche  de  Q  ou  confondu  avec  lui. 

Au  reste  la  démonstration  est  aisée  en  se  plaçant  au  point  de  vue  du 
Chapitre  I. 

Supposons  que  l'on  ait  u,i+i  =  u,i,  quel  que  soit  /?,  et  que  tous  les 
nombres  M(,  Uo,  .  • .,  w«,  . . .  soient  inférieurs  à  Q.  Soit  a  un  nombre 
rationnel  quelconque  :  ou  bien  il  y  a  dans  la  suite  Uf,  «27  •  •  •■>  "«>  •  •• 
quelque  terme  qui  est  supérieur  ou  égal  à  a,  ou  bien  a  est  plus  grand 
que  tous  les  termes  de  la  suite.  Je  rangerai  le  nombre  a  dans  une 
première  classe,  ou  dans  une  seconde  classe,  suivant  qu'on  sera  dans 
un  cas  ou  dans  l'autre.  11  y  a  évidemment  des  nombres  dans  les  deux 
classes;  dans  la  seconde  figurent  tous  les  nombres  rationnels  plus 
grands  que  Q.  Il  est  bien  clair  que  les  deux  classes  satisfont  aux  con- 
ditions imposées  dans  le  n"  11,  et  qu'on  a  ainsi  défini  une  coupure 
qui,  a  son  tour,  définit  un  nombre  A. 

Or,  d'une  part,  tout  nombre  rationnel  plus  grand  que  A  appartient 
à  la  seconde  classe  et  est  par  conséquent  plus  grand  que  tous  les 
termes  de  la  suite  ;  il  en  est  de  même  de  tout  nombre  irrationnel  B  >>  A,, 


SÉRIES.  5 

puisqu'il  y  a  des  nombres  rationnels  entre  A.  et  B,  qui  sont  plus  grands 
que  tous  les  termes  de  la  suite  :  donc  aucun  terme  de  la  suite  ne 
dépasse  A. 

D'autre  part,  si  s  est  un  nombre  positif  quelconque,  il  y  a  des 
nombres  rationnels  entre  A.  —  t  et  A,  qui,  étant  plus  petits  que  A, 
appartiennent  à  la  première  classe;  soit  a  un  tel  nombre  rationnel; 
puisqu'il  a  été  rangé  dans  la  première  classe,  c'est  qu'il  y  a  dans  la 
suite  un  terme  Up  qui  est  égal  ou  supérieur  à  a;  tous  les  termes  sui- 
vants, égaux  ou  supérieurs  à  Up,  sont  aussi  égaux  ou  supérieurs  a  a; 
à  partir  de  Up,  tous  les  termes  de  la  suite  appartiennent  donc  à  l'in- 
tervalle (A  —  £,  A).  Puisque  e  est  aussi  petit  qu'on  le  veut,  on  a 
limM„=  A.  On  voit  que  A  est  supérieur  ou  égal  à  tous  les  termes  de 

la  suite.  S'il  était  égal  à  l'un  d'eux  Up,  il  faudrait  d'ailleurs  que  tous 
les  termes  de  la  suite,  à  partir  de  Up,  fussent  égaux  à  Up. 

Considérons,*  par  exemple,  un  symbole  formé  d'un  nombre  entier 
suivi  d'une  infinité  de  chiffres  décimaux,  qui  se  suivent  d'après  une  loi 
quelconque  :  on  formera  une  suite  Ui,u,, ...,  ««, ...  en  limitant  le  sym- 
bole au  premier,  au  second,  ...,  au  ^''''"«  chiffre  décimal.  La  suite  ainsi 
formée  sera  dans  le  cas  qu'on  vient  d'étudier,  puisque  tous  les  termes 
sont  inférieurs,  par  exemple,  à  w,  +  j^;  elle  aura  une  limite  que  l'on 
sait  d'ailleurs  être  le  nombre  dont  le  symbole  donné  est  la  représen- 
tation décimale  (n°  14),  sauf  dans  le  cas  où  les  chiffres  finiraient  par 
être  tous  des  9  (  '  ). 

On  démontrerait  de  même  que,  si  la  suite 


est  telle  que  l'on  ait,  quel  que  soit  /?,  r„^,  ^  v„,  et  si  tous  les  termes 

de  la  suite  sont  supérieurs  à  un  nombre  fixe  Q,  il  existe  un  nombre  B 

tel  que  l'on  ait 

lim  v„=  B  ; 

ce  nombre  est  supérieur  ou  égal  à  Q;  il  est  inférieur  ou  égal  à  tous 
les  termes  de  la  suite  t",,  i^.,  ...,  ç,i^  ....  Il  ne  peut  être  égal  à  l'un 
d'eux  Vp  que  si  l'on  a  p^  =  Vp^2  =  '>+2  = 


(•)  Quelques  auteurs  donnent  le  nom  de  monotone  à  une  suite  a,,  u^, 
dans  laquelle  on  a  toujours  m„^,^m„,  ou  toujours  M„.,,^a„. 


b  CHAPITRE   XI. 

L'exemple  tiré  d'un  symbole  tel  que  celui  que  l'on  a  considéré  tout 
à  l'heure,  que  l'on  limite  successivement  au  premier,  au  second,  ..., 
au  /z '•'""' chiflVe  décimal,  mais  en  forçant,  chaque  fois,  le  chiffre  auquel 
on  s'arrête,  se  présente  naturellement  à  l'esprit. 

On  a,  en  particulier,  assez  souvent  à  considérer  un  système  de  deux 
suites 

«1,       M2,        .  .  .,        U,ii        •  .  ■•, 
Vu        ^i-,        ■■•■,       Vn,        ..., 

telles  que  l'on  ait,  quels  que  soient  les  nombres  naturels  n  etyy, 

M„-Hii«„,  Vp-^-iSVp,  Un^Vp. 

La  première  suite  a  une  limite  A,  puisque  ses  termes  ne  décroissent 
jamais  et  que  tous  sont  inférieurs  ou  égaux  à  Vp.  Cette  limite  est 
supérieure  ou  égale  à  un  terme  quelconque  de  la  première  suite; 
on  a  M„<  A.^p^.  De  même  la  seconde  suite  a  une  limite  B  et  l'on  a 

Dans  le  cas  où  l'on  a  lim((^« —  u„)^o,  il  est  clair  que  les  deux 

nombres  A,  B,  dont  la  différence  est  au  plus  égale  à  ç,i —  u,i,  sont 
égaux.  Dans  ce  cas  u,i  fournit  une  valeur  approchée  de  la  limite  A, 
commune  aux  deux  suites,  par  défaut;  v,i  en  fournit  une  valeur 
approchée  par  excès. 

Les  deux  suites  tirées  comme  on  l'a  expliqué  d'une  même  repré- 
sentation décimale  fournissent  un  exemple  ('). 

Voici  une  autre  proposition  que  je  signale  à  cause  de  son  importance,  et  sur 
laquelle  je  dois,  sans  la  démontrer,  donner  quelques  explications. 

Une  condition  nécessaire  et  suffisante  pour  que  la  suite  Mj,  u^,  .  . .,  m„,  .  .  . 
ait  une  limite,  est  la  suivante  :  à  chaque  nombre  positif  £  doit  correspondre 
un  nombre  naturel  p  tel  que  l'on  ait  i  u„ —  u,„\  <  0,  pour  tous  les  nombres 
naturels  n,  m  supérieurs  à  p. 

Que  la  condition  soit  nécessaire,  cela  est  bien  évident;  si  l'on  a  lim  u„  —  A, 

les  termes  de  la  suite,  à  partir  de  l'un  d'eux,  sont  tous  compris  dans  l'inter- 
valle (A  — a,  A -H  a),   leur  différence    mutuelle  est  moindre  que  2a;  il  suffit 


(  '  )  Il  suffit,  d'ailleurs,  que  l'on  ait,  quels  que  soient  les  nombres  naturels  n  et  />, 
"n  <  Vfi  'i™  (  ^'n  —  ^„  )  =  O)  pour  èlre  sur  que  les  deux  suites  m,,  u^,  . . . ,  u„,  ...  et 

V,,  v^,  ...,  t^,,,  ...  ont  une  mèiue  limite. /nfr.,  n"  58. 


de  preiulre  le  nombre  positif  ^  <  -•  Que  la  condition  soit  suffisante,  c'est  ce 

qui  est  moins  évident  :  on  voit  clairement,  si  elle  est  vérifiée,  que  tous  les 
termes  de  la  suite,  à  partir  du/j'^"'%  appartiennent  à  l'intervalle  {Up  —  t,  «/,-t-e), 
qui  est  d'ailleurs  aussi  petit  qu'on  le  veut:  en  substituant  les  yooi/i^s  «„  aux 
nombres  «„,  on  pressent  bien  que  les  points  «i,  u^,  ...,  «„,  ...  doivent  finir 
par  s'entasser  auprès  d'un  point  A.  La  proposition  est  d'ailleurs  susceptible 
d'une  démonstration  rigoureuse  ('). 

173.   Voici  des  exemples  de  suites  qui  n'ont  pas  de  limite  : 


(— i)«n, 


1, 

•2,       3,        .  . 

— 

t,       2,       -3. 

o, 

I,      o,      1  , 

1 

l 

\,    l^\, 

1p       ip  ■+■  1 

Dans  la  troisième,  les  termes  sont  alternativement  o  et  i  ;  ils  ne 
peuvent  s'approcher  indéfiniment  d'un  même  nombre.  Dans  la  der- 
nière, le  w**""  terme,  si  n  est  pair,  est  de  la  forme  i  +  —,  il  est  très 
voisin  de  I  si  n  ^o\x  p)  est  très  grand;  le  n'^"'^  terme,  si  n  est  impair, 
est  de  la  forme  — ^ — :  il  est  très  voisin  de  o  si  n  (oup)  est  très  grand. 

2/?  -t-  l  V  '     / 

Les  termes  sont  alternativement  voisins  de  i  et  de  o  ;  il  n'y  a  pas  de 
nombre  fixe  dont  u„  s'approche  indéfiniment,  quand  n  augmente 
indéfiniment.  Cette  suite  peut  être  regardée  comme  obtenue  en  mélan- 
geant deux  suites  dont  l'une  a  i  pour  limite  et  l'autre  o.  D'autres 
circonstances  peuvent  d'ailleurs  se  présenter  (-). 

Parmi  les  suites  Mi,  u,,  ...,  ««,  ...  qui  n'admettent  pas  de  limite, 
il  convient  de  signaler  celles  dans  lesquelles  u„  augmente  indéfiniment 
avec  n;  il  faut  entendre  par  là,  comme  on  l'a  déjà  dit  un  peu  plus 
haut,  que,  quel  que  soit  le  nombre  positif  P,  tous  les  termes  de  la  suite 
finissent,  à  partir  de  l'un  d'eux,  par  être  plus  grands  que  P  ;  tel  est  le 
premier  des  exemples  que  l'on  a  cités  en  tète  de  ce  numéro;  il  est 
alors  commode  de  dire  que  u,i  tend  vers  +  oo  quand  n  augmente  indé- 
finiment. Il  est  aussi  commode  d'écrire  l'un  u,i  =  -i-  ^',  mais  il  faut 


(')  /ntr.,  n"  5G. 

(-)  Jntr.,  n'  59,  ...,64. 


8  CHAPITRE    XI. 

bien  se  rappeler,  quand  on  emploie  cette  notation,  que  u,,  n'a  pas  de 
limite. 

S'il  arrive  que,  quel  que  soit  le  nombre  négatif  N,  les  termes  de  la 
suite  finissent,  à  partir  de  l'un  d'eux,  par  être  tous  plus  petits  que  N, 
on  dira  que  m„  tend  vers  —  oo,  quand  n  augmente  indéfiniment  :  tel 
serait  le  cas  pour  la  suite  —  i,  —  2,  —  3,  . . .,  —  a,  ....  On  écrira 
alors,  si  l'on  veut,  lim;/«  =  — 00. 

Enfin,  il  peut  arriver  que  \un\  tende  vers  +00,  sans  que  m„  tende 
vers  +00,  ou  vers  — 00;  c'est  le  cas  pour  la  suite  — i,  2,  — 3,  ..., 
{-^Yn,  .... 

11  convient  de  remarquer  que,  pourvu  que  la  valeur  absolue  de  w« 
augmente  indéfiniment  avec  /i,  la  suite  (') 


a  une  limite  :  on  a  évidemment  lim  (  —  )  =  o. 

Considérons,  par  exemple,  la  progression  géométrique  de  raison  a, 

1"  Si  «  est  plus  grand  que  1,  on  peut,  en  désignant  par  a  un 
nombre  positif,  poser  a  =  i-ha;  on  a  alors  (n"  24)  «"^i-f-zia; 
quand  n  augmente  indéfiniment,  il  en  est  de  même  de  i4-/z«,  et 
a  fortiori  de  a"  ;  a"  tend  vers  +  00,  quand  n  augmente  indéfiniment. 

2''  Si  a  est  négatif  et  plus  grand  que  1  en  valeur  absolue,  |«"|  tend 
vers  +00,  quand  n  augmente  indéfiniment;  les  termes  de  la  suite  sont 
d'ailleurs  alternativement  positifs  et  négatifs. 

3"  Si  a  est  plus  petit  que  1 ,  en  valeur  absolue,  on  peut  poser 


en  désignant  par  b  un  nombre  positif  ou  négatif,  mais  plus  grand  que  i 
en  valeur  absolue;   la  valeur  absolue  de  6"  augmente  indéfiniment 

avec  /i,   celle  de  ^7^  ou  de  a"  a  o  pour  lii 


(')  On  en  supprimera  les  termes  à  dénominateur  nul,  s'il  y  en  a. 


SKRIES.  9 

indéfiniment;   on   a  lim  a"  =  o.   Lorsque    a  est   positif,    les  termes 

n  =  00 

de  la  suite  a,  «*,  ...,  a",  ...  s'approchent  de  o  en  diminuant; 
lorsque  a  est  négatif,  ils  se  rapprochent  de  o  en  oscillant  autour  de  o, 
puisqu'ils  sont  alternativement  positifs  ou  négatifs. 

4"  Si  l'on  a  a  :=  I ,  tous  les  termes  de  la  suite  sont  égaux  à  i  ; 
on  a  lim  a'^=  i . 

5"  Si  l'on  a  «=—  i,  les  termes  de  la  suite  sont  alternativement 
égaux  à  1  ou  à  —  i;  il  n'y  a  pas  de  limite. 

i74.  Une  suite  infinie  w, ,  «a,  •  •  -,  ««,  •  •  •  étant  donnée,  on  appelle 
série  un  symbole  tel  que 

W|  -t-  "î  -H  «3  -H  •  •  .  -i-  M/i  -i- . . . , 

où  les  termes  de  la  suite  sont  écrits,  dans  l'ordre  donné,  comme  s'ils 
étaient  ajoutés  :  ;<,,  «2,  •  •  -i  "«5  •  •  •  sont  les  ternies  de  la  série. 

Si  la  somme  s„  des  n  premiers  termes  de  cette  série  tend,  quand  n 
augmente  indéfiniment,  vers  une  limite  S,  la  série  est  dite  conver- 
gente, et  l'on  dit  que  S  est  sa  somme.  Si  la  somme  Sn  des  n  premiers 
termes  ne  tend  pas  vers  une  limite,  la  série  est  divergente;  elle  n'a 
point  de  somme. 

Considérons,  par  exemple,  la  série 

I  -f-  a  +  «2  _t_ . . .  -^  a«  -4- . . . , 

dont  les  termes  forment  une  progression  géométrique  de  raison  a;  la 
somme  de  ses  n  premiers  termes  est 

i  —  a'>  1  a« 

I  -f-  a  -H . . .  -+-  a"-i  = — ; 

I  —  a         I  —  a        i  -  a 

il  y  a  lieu  de  distinguer  quatre  cas  : 

1"  Si  l'on  a  |rt|  <<  1,  on  a  lim«"=  o,  et,  par  conséquent. 


lim  =  o,  lim 

n=x   i  —  a 


1 1  —  a        I  —  a  J        I  —  a 
la  série  est  convergente  et  sa  somme  est 


10  CHAPITRE    XI. 

2°  Si  l'on  a  |a|  >  1,  la  valeur  absolue  de  a"  grandit  indéfiniment, 
quand  n  augmente  indéfiniment,  il  en  est  de  même  de  la  valeur  ab- 
solue de  — —  et  de ;  la  valeur  absolue   de  la  somme 

a  —  I  a  —  I  a  —  i 

des  n  premiers  termes  de  la  série  grandit  indéfiniment  quand  n  aug- 
mente indéfiniment;  la  série  est  divergente. 

3"  Si  l'on  a  a  =  i,  la  formule  qui  donne,  en  général,  la  somme 
des  n  premiers  termes  de  la  série  n'a  plus  de  sens  ;  il  est  clair  que 
cette  somme  est  égale  à  Ai  et  que  la  série  est  divergente. 

4"  Si  l'on  a  a  =  —  i ,  la  somme  des  n  premiers  termes  est  alterna- 
tivement 1  ou  o;  la  série  est  divergente. 

17o.   Quelle  que  soit  la  série  w,  +  U2-\-  «3  +  • .  -,  si  l'on  pose 
on  a  évidemment,  pour  toutes  les  valeurs  de  n  supérieures  à  i. 


réciproquement,  si  l'on  se  donne  la  suite  s^,  s.j:  •••■,  i'«,  ...,  il  est 
clair  que  la  série  dont  le  premier  terme  sera  Uf  =  s,  et  le 
^leme  ler^e  u,iz=  s„ — 6//._(,  sera  telle  que  la  somme  de  ses  n  pre- 
miers termes  soit  5„:  puisque  l'on  a 

suivant  que  Su  aura,  ou  non,  une  limite,  la  série  sera  convergente  ou 
divergente. 

En  prenant,  par  exemple,  s„  ::=  a",  on  voit  que  la  série 

a-h  a{a  —  i)-i-a-(a  —  i)  -{-. .  .-t-a"-'(a  —[)-(-... 

est  convergente  si  a  est  plus  petit  que  1  en  valeur  absolue;  sa  somme 
est  alors  o;  elle  est  encore  convergente  si  a  est  égal  à  i  ;  la  somme  est 
alors  égale  à  i  ;  elle  est  divergente  dans  tous  les  autres  cas. 
Si  l'on  prend 

n  (n  —  i)n 


voit  que  la  série 


I  I 


1.2        -2.3        3.4  in  —  i)n 

est  (  onvergente  et  que  sa  somme  est  égale  à  i . 

176.  Les  deux  séries 

«1  -1-  «2  -t-  •  •  •  -+-  «/^  -+-  "/J  +  1  ■+■  "/J-+-2  -H  •  ■  •  , 

dont  la  seconde  s'obtient  en  prenant  les  termes  de  la  première  à  partir 
de  Up+i,  sont  convergentes  ou  divergentes  en  même  temps. 

Si  l'on  désigne,  en  effet,  respectivement  par  s,i  et  par  S«  la  somme 
des  n  premiers  termes  dans  l'une  et  dans  l'autre  série,  il  est  clair  que 
Ton  a  Sp^n=Sfi-\-  Sp',  si  la  première  série  est  convergente,  Sp^^ 
lorsque  /^  et,  par  suite,  p  -{-  n,  augmente  indéfiniment,  tend  vers  une 
limite  A;  S„=:5y,_,.„  —  Sp  tend  donc  vers  la  limite  A  —  Sp]  si  la  se- 
conde série  est  convergente,  et  si  sa  somme  est  B,  S,^  tend  vers  la 
limite  B  quand  n  augmente  indéfiniment,  5p^.«,  dans  les  mêmes  con- 
ditions, tend  vers  la  limite  B  4-  Sp.  Si  l'une  des  deux  séries  est  diver- 
gente, l'autre  ne  peut  être  convergente,  puisque,  alors,  la  première 
serait  aussi  convergente. 

En  supposant  les  deux  séries  convergentes,  on  désigne  la  somme 
de  la  seconde  série  comme  le  reste  de  la  première  série  limitée  au 
terme  Up.  La  somme  de  la  première  série  est  égale  à  la  somme  de  ses 
p  premiers  termes,  augmentée  du  reste  correspondant.  Autrement 
dit,  le  reste  d'une  série,  limitée  au  yD'«'"«  terme,  est  Verreur  que  l'on 
commet  en  substituant  à  la  somme  de  la  série  la  somme  des  p  pre- 
miers termes.  Désignons  ce  reste  par  R^  et  par  A  la  somme  de  la  pre- 
mière série,  on  a 

A  =  5/,  -t-  Rp,         R,,  =  A  —  s,,  ; 

il  est  clair  que  Ry,  tend  vers  la  limite  o  quand  p  augmente  indéfi- 
niment. 

Si  l'on  considère,  par  exemple,  la  série 

I  -1-  a  -I-  a^  -+-...  -t-  a"  -f- ... , 


12  CHAPITRE   XI. 

et  que  l'on  suppose  |a|  <  i,  le  reste  R,,  de  cette  série,  limitée  au  terme  a' 
est 


R«  =  — — 
I  —  a 


Le  reste  de  la  séi 


1.22.3  {il  —  \)n 

limitée  au  terme >  est  -• 

{n  —  \)n  n 

On  verra  par  la  suite  que,  dans  un  grand  nombre  de  cas,  on  n'a 
pas,  pour  évaluer  un  nombre,  d'autre  moyen  que  de  considérer  une 
série  dont  il  est  la  somme.  La  somme  des/?  premiers  termes  est  alors 
une  valeur  approchée  du  nombre  cherché.  La  série  sera  d'autant  plus 
avantageuse  que  l'erreur  commise,  ou  le  reste,  sera  plus  petite.  S'il 
arrive  que  le  reste  Ry,  décroisse  très  rapidement  quand  p  augmente, 
la  série,  dont  on  dit  alors  qu'elle  est  rapidement  convergente,  sera  par- 
ticulièrement commode. 

Bien    que    l'on    sache,    par    exemple,     calculer    directement    la 

—  de   la  série   i -i- a  +  a- -(- . . .,   cette  série    n'en  est  pas 


somme 

I  —  a 


moins  avantageuse  pour  le  calcul  de quand  a  est  très  petit;  la 

somme  de  ses  deux  premiers  termes  fournit  une  valeur  de  sa  somme 
qui  souvent  est  très  suffisamment  approchée;  l'erreur  est  alors • 

177.  Les  propositions  suivantes  sont  des  conséquences  évidentes 
de  la  définition  de  la  somme  d'une  série  et  des  propositions  relatives 
aux  limites  que  l'on  a  signalées  au  n"  171  :  a,  b  désignent  des 
nombres  fixes,  indépendants  de  n. 

Si  les  deux  séries 

(m)  «1 -4-  «2-1-.  .  .-(-  M„-+-.  .  ., 

(v)  t'i  -f-  t'a  -4-  .  .  .  -H  P„  -I-  .  .  . 

sont  convergentes  et  ont  pour  sommes  respectives  U  et  V,  les  séries 

«M, -I- ««2  +  •  •  • -1- «Wra  H- ■ .  • , 

(«1-1-  Pi)  -f-  (W.2-H  1^2)  -+-••  •-!-("/!-+-  ^it)  -H.  .  ., 

(au\  -f-  bvx  )  -f-  (aMj-i-  bv^)  -i-, .  .-i-  {au,t-\-  bvn)  -H.  . . 


SERIES.  l3 

sont  convergentes  et  ont  pour  sommes  respectives 
aU,     U  +  V,     aU-4-6V; 

il  est  à  peine  utile  de  dire  que  la  dernière  proposition  résulte  des 
deux  premières.  Des  propositions  analogues  s'appliqueraient  à  trois, 
quatre,  ...  séries  convergentes. 

Si  une  série  est  convergente,  elle  reste  convergente  quand  on  mo- 
difie quelques-uns  de  ses  termes,  en  nombre  fini;  la  somme  de  la 
seconde  série  est  égale  à  la  somme  de  la  première,  plus  la  somme  des 
difïerences  entre  les  termes  modifiés  et  les  termes  primitifs. 

En  supposant  toujours  les  deux  séries  (m),  {i>)  convergentes,  si  l'on 
a,  quel  que  soit  n,  u„'^v„,  l'on  aura  U^V,  et  l'on  aura  certai- 
nement U  <]  V,  si  la  condition  u„^i'u  étant  toujours  vérifiée,  il  y  a 
quelque  valeur  de  n  pour  laquelle  on  a  u,i<i  v,f  La  différence  V  —  U 
est,  en  effet,  la  somme  de  la  série 

(P,—  Ml)  -4-  (1^2—  "2)  +••  '-^(yn—  Uu)-r-..  ., 

dont  tous  les  termes  sont  positifs  ou  nuls;  dans  cette  série,  la  somme 
des  n  premiers  termes  est  positive  ou  nulle,  elle  ne  peut  avoir  une 
limite  négative,  quand  n  augmente  indéfiniment  :  si  l'on  a,  par 
exemple,  P3>  «3,  la  somme  des  n  premiers  termes,  quand  n  est  plus 
grand  que  3,  est  au  moins  égale  À  v^  —  «3  ;  elle  ne  peut,  pour  n  infini, 
avoir  une  limite  inférieure  à  4^3  —  «3.  V  —  U  est  certainement  positif. 

178.   U  est  très  important  de  savoir  reconnaître  si  une  série  donnée 

(u)  M]  -(-  Mj-f-.  .  .-h  M„-|-.  .  . 

est  convergente,  ou  non  :  c'est  le  même  problème  que  celui  qui  con- 
siste à  savoir  si  la  somme  5,,  des  /i  premiers  termes  tend,  ou  non,  vers 
une  limite,  quand  //  augmente  indéfiniment.  On  obtient  de  suite  des 
conditions  nécessaires  pour  la  convergence,  en  supposant  que  s,i 
tende  vers  une  limite  U  quand  n  augmente  indéfiniment. 

La  formule  u,t^  s,i  —  5«_),  dans  laquelle  s,t  et  5„_,  finissent, 
pourvu  que  n  soit  assez  grand,  par  être  aussi  voisins  de  U  que  l'on 
voudra,  montre  que,  dans  toute  série  convergente,  le  /i'«""*'  terme  a 
pour  limite  o  quand  n  augmente  indéfiniment. 


l4  CHAPITRK   XI. 

Si  cette  condition  n'est  pas  réalisée,  la  série  est  sûrement  diver- 
gente :  telle  est,  par  exemple,  la  série  iH-2  +  3  +  4+---- 

Toutefois,  cette  condition  n'est  pas  suffisante  :  on  verra  bientôt 
que  la  série 


est  divergente. 

On  a,  plus  généralement, 


et  l'on  voit  de  même  que,  si  la  série  est  convergente,  le  second 
membre  doit  être  aussi  petit  qu'on  le  veut,  pourvu  que  n  soit  assez 
grand. 

Si  cette  condition  n'est  pas  vérifiée,  la  série  n'est  pas  convergente. 
Si,  d'ailleurs,  on  constate,  pour  une  valeur  déterminée  de/),  que  la 
somme  des  p  termes  qui  suivent  le  /î''=™«  tend  vers  o,  on  ne  peut  pas 
affii^mer  la  convergence  de  la  série. 

On  a,  toutefois,  la  proposition  suivante,  qui  ne  diiïère  pas  d'une  proposition 
que  j'ai  signalée,  sans  la  démontrer,  pour  ce  qui  concerne  les  limites. 

Si  à  chaque  nombre  s  on  peut  faire  correspondre  un  nombre  naturel  u  tel 
que  l'on  ait  |s„+/;— *„  |  <  s,  pour  toutes  les  valeurs  naturelles  de  n  supé- 
rieures ou  égales  à  u  et  pour  toutes  les  valeurs  naturelles  de  p,  la  série  est 
convergente. 

Je  ne  m'appuierai  pas  sur  ce  théorème,  que  le  lecteur  doit  toutefois  connaître 
en  raison  de  son  importance. 

Il  importe  encore  de  remarquer  que,  lorsqu'il  ne  s'agit  que  de  la 
convergence  ou  de  la  divergence,  on  peut,  en  vertu  de  la  proposition 
établie  au  n"  176,  faire  commencer  la  série  où  l'on  veut,  négliger  les 
premiers  termes  de  la  série.  Cette  remarque  est  commode  quand  il  j 
a  quelque  irrégularité  dans  ces  premiers  termes. 

Enfin,  il  est  clair  qu'on  peut  sans  changer  la  convergence  ou  la 
divergence  d'une  série,  sans  même  en  changer  la  somme,  quand  cette 
série  est  convergente,  ajouter  ou  supprimer  autant  de  termes  nuls 
que  l'on  veut. 

Ces  remarques  préliminaires  faites,  je  vais  m'arrêter  sur  un  cas 
particulier  qui,  comme  on  le  verra  plus  tard,  est  d'autant  plus  impor- 
tant que  beaucoup  d'autres  cas  s'y  ramènent,  le  cas  où  tous  les  termes 


SERIES.  l5 

de  la  série  sont  positifs.  La  remarque  précédente  permet  de  faire 
rentrer  dans  ce  cas  les  séries  dont  les  termes  sont  positifs  ou  nuls. 
En  écartant  les  termes  nuls,  on  simplifie  un  peu  le  langage. 

179.    Soit  donc 
(u)  Mt-H  «2-1-. .  .-h  a„-4-.  . . 

une  série  dont  tous  les  termes  sont  positifs,  et  soit  s,,  la  somme  des  n 
premiers  termes  de  cette  série;  il  est  clair  que  l'on  a,  quel  que  soit  /i, 
Sitj^y  ^  s,i  ;  par  conséquent,  deux  cas  sont  possibles  :  ou  bien  5„  grandit 
indéfiniment  avec  n  et  la  série  est  divergente,  ou  bien  la  somme  des 
n  premiers  termes  reste,  quel  que  soit  /i,  inférieure  à  un  nombre 
fixe  \;  alors  la  série  est  convergente  et  sa  somme  est  égale  ou  infé- 
rieure à  A  (n°  172). 

Soit,  dans  ce  dernier  cas,  U  la  somme  de  la  série.  s„  s'approche 
de  U  en  croissant,  quand  n  augmente;  s,t  ne  peut  jamais  atteindre  et, 
a  fortiori,  dépasser  U,  car  si  l'on  avait  Sp=\}^  */»+«7  ^p+i  ••• 
dépasseraient  U  et  s'en  écarteraient  de  plus  en  plus.  U  est  supérieur 
à  la  somme  des  n  premiers  termes  de  la  série,  quel  que  soit  n  et, 
par  conséquent,  à  la  somme  d'autant  de  termes  pris,  comme  l'on 
voudra,  dans  la  série  :  en  elTet,  on  peut  prendre  n  assez  grand  pour 
que  s„  embrasse  tous  ces  termes.  Un  nombre  a  plus  petit  que  U  est 
caractérisé  par  ce  fait  qu'on  peut  trouver  un  nombre  n  assez  grand 
pour  que  s„  soit  plus  grand  que  a;  en  effet,  on  peut  prendre  n  assez 
grand  pour  que  le  nombre  essentiellement  positif  U  — s,i  soit  plus 
petit  que  U  — a.  Il  revient  au  même  de  dire  qvie  les  nombres  a,  plus 
petits  que  U,  sont  caractérisés  par  ce  fait  qu'on  peut  trouver  des 
termes  dans  la  série  dont  la  somme  dépasse  a,  il  n'est  pas  nécessaire 
que  ce  soient  les  n  premiers.  Les  nombres  supérieurs  ou  égaux  à  U  sont 
plus  grands  que  la  somme  d'autant  de  termes  qu'on  voudra,  pris  dans 
la  série.  U  peut  être  défini  par  la  coupure  entre  les  nombres  que 
l'on  peut  dépasser  en  faisant  la  somme  d'un  assez  grand  nombre  de 
termes  de  la  série,  et  les  nombres  qui  sont  plus  grands  que  la  somme 
d'autant  de  termes  qu'on  voudra,  pris  dans  la  série. 

11  est  clair,  d'après  cela,  que  si  la  série  (w),  à  termes  positifs,  est 
convergente,  toute  série  qu'on  en  déduit  en  supprimant  quelques- 
uns  de  ses  termes,  en  nombre  fini  ou  infini,  est  convergente  et  a  une 
somme  moindre  que  la  proposée. 


l6  CHAPITRE   XI. 

180.  Ces  remarques  conduisent  de  suite  à  la  méthode  suivante 
pour  reconnaître  si  une  série  à  termes  positifs  est  convergente  ou 
divergente. 

Soit 

une   série  à  termes  positifs,  dont  on  sait  si  elle  est  convergente  ou 
divergente;  on  lui  compare  la  série  proposée 

(m)  Ml  -+-  «2  +  -  •  •-!-  "/»+ 

Supposons  que  la  série  (p)  soit  convergente  et  que  l'on  ait,  pour 
toutes  les  valeurs  de  n,  Un^i'n-,  la  série  (u)  sera  convergente,  puisque 
la  somme  de  ses  n  premiers  termes  est  au  plus  égale  à  la  somme  des 
n  premiers  termes  de  la  série  (p),  et,  par  suite,  à  la  somme  V  de  cette 
dernière  série;  la  somme  de  la  série  u  est  inférieure  à  V  (').  Si  on 
limite  les  deux  séries  à  des  termes  de  même  rang,  le  reste  de  la 
série  (u)  est  inférieur  au  reste  de  la  série  (r). 

Supposons  que  la  série  (v)  soit  divergente,  et  que  l'on  ait,  pour 
toutes  les  valeurs  de  /i,  a„^  v'«  ;  la  somme  des  n  premiers  termes  de  la 
série  (v)  peut  dépasser  tel  nombre  positif  que  l'on  voudra;  i]  en  est 
de  même  a  fortiori  àe  la  somme  des  n  premiers  termes  de  la  série  (m), 
qui  est  divergente. 

On  a  vu,  par  exemple,  que  la  série 


i.i        -i.ô  {n  —  i)n 

était  convergente:  la  série 


(')  Je  devrais  dire,  plus  exactement,  «  inférieure  ou  égale  à  V  »,  il  ne  peut  d'ail- 
leurs y  avoir  égalité  que  si  tous  les  termes  de  la  série  (m)  sont  égaux  aux  termes  de 
la  série  (t^)  :  les  deux  séries  seraient  identiques;  il  est  assez  raisonnable  d'exclure  ce 
cas;  l'observation  que  je  viens  de  faire  pourrait  être  répétée  plusieurs  fois  dans  ce 
qui  suit.  Au  lieu  de  répéter  à  chaque  fois  que  légalité  ne  pouvait  avoir  lieu  que  dans 
un  cas  très  particulier,  j'ai  préféré  supprimer  les  mots  ou  égale  que  le  lecteur  réta- 
blira sans  peine. 


SERIES.  17 

dont  les  termes  sont  manifesli'ment  plus  petits  que  les  termes  correspondants 
de  la  première,  est  convergente.  Son  reste,  si  on  la  limite  au  terme  en  —_  , 
est  plus  petit  que  -  (n"  176).  Le  lecteur  reconnaîtra  sans  peine  qu'il  est  plus 
trrand  que ,  parce  que  les  termes  de  la  série 


{'!■  -\-  l)-  (n  -r-  -2)-  (  «  -H  3  )- 

sont   respectivement  plus   grands  que   les  termes   correspondants  de  la  série 
converiiente 


(/i -(- I)  (/i -f- 2j    '    (n  —  2){/i -h  3)        (n -T- 3)  (n -t- 4; 

dont  la  somme  est • 

Ai  -I-  I 

Ce  procédé  de  comparaison  semble  bien  limité;  sans  m'arrêtera 
la  remarque  déjà  faite,  qu'il  n'est  pas  nécessaire  que  la  condition 
''rt=<'«5  pai"  exemple,  soit  vérifiée  par  tous  les  termes  de  la  série  (u), 
mais  seulement  à  partir  d'un  certain  rang,  pour  pouvoir  affirmer  la 
convergence  de  la  série  (u)  si  la  série  (t^)  est  convergente,  j'obser- 
verai que  la  série  aVi-{-  av.,-i-  ai>3-\-. . .,  où  a  désigne  un  nombre 
positif  quelconque,  est  convergente  ou  divergente  en  même  temps 
que  la  série  (p). 

Supposons   d'abord   la    série    (v)   convergente  :   on  examinera   le 

rapport  —  ;  si  l'on  peut  établir  que  ce  rapport,  pour  toutes  les  valeurs 
de  n,  est  inférieur  ou  égal  à  un  nombre  fixe  a  (nécessairement 
positif)  les  tenues  de  la  série  (u)  étant  inférieurs  ou  égaux  aux 
termes  correspondants  de  la  série  at',  +  «(^2  + ûffsH-. . .,  on  est 
assuré  de  la  convergence  de  la  série  (u)',  on  est,  de  plus,  certain  que 
sa  somme  est  inférieure  ou  égale  à  a  V,  l'égalité  ne  pouvant  d'ailleurs 
avoir  lieu  que  si  l'on  a  toujours  —  =  a.  Lorsqu'il  ne  s'agit  que  de  la 
convergence,  il  suffit,  puisqu'on  peut  toujours  supprimer  les  premiers 
termes,  que  la  condition —^  <a  ait  lieu  pour  toutes  les  valeurs  de  n 
qui  dépassent  un  nombre  fixe  p.  S'il  en  est  ainsi,  le  reste  de  la 
série  (u),  limitée  au  ^j'*""'  terme,  ou  plus  loin,  sera  inférieur  ou  égal 
au  reste  correspondant  de  la  série  {v)  multiplié  par  a. 

T.  -  II.  2 


l8  CHAPITRE    XI. 

Supposons  que  la  série  (v)  soit  divergente;  si,  à  partir  d'une  cer- 
taine valeur  de  /i,  le  rapport  — ^  est  plus  grand  qu'un  nombre  positif  a 
(non  nul),  on  peut  aflirmer  que  la  série  (u)  est  divergente. 

Ces  règles  s'appliquent  couimodéinent  quand  le  rapport  — ^  a,  pour  n 
infini,  une  limite  l,  qui,  puisque  —  est  positif,  ne  peut  évidemment 

être  que  positive  ou  nulle. 

Si  l  est  positif  (sans  être  nul),  on  peut  affirmer  que  les  deux 
séries  (u),  {i>)  sont  convergentes  ou  divergentes  en  même  temps  :  en 
effet,  soit  e  un  nombre  positif,  plus  petit  que  /,  d'ailleurs  quelconque  ; 

le  rapport  —,  qui,  lorsque  n  augmente  indéfiniment,  tend  vers  la 

limite  l,  finit  par  être  toujours  compris  entre  les  deux  nombres  posi- 
tifs / —  e,  /-t-  e;  on  appliquera  le  raisonnement  précédent  en  prenant 
a^  l  -+■  e  si  la  série  (v)  est  convergente,  en  prenant  a  =  l  —  £  si  la 
série  (v)  est  divergente. 

Si  l  est  nul,  on  peut  affirmer  la  convergence  de  la  série  (u)  quand 
la  série  (f)  est  convergente,  mais  non  la  divergence  de  la  série  (u) 
quand  la  série  (v)  est  divergente. 

Prenons,  par  exemple,  pour  la  série  (p),  la  série 


dont  on  a  prouvé  tout  à  l'heure  la  convergence,  et  comparons-lui  la  série  (u) 


a  +  b -h  c        ^a  -^  nb  ^  c         '         a nP- -^  b n  ^  c       '     ' 

en  supposant  que,  des  trois  nombres  a,  è,  c,  le  premier  soit  positif  et  que, 
en  outre,  l'équation  ax'^-^bx  ^  c  =^  o  n'ait  pas  de  racines  entières  et  posi- 
tives, afin  que  tous  les  termes  de  la  série  aient  un  sens. 

A  partir  d'un  certain  rang,  tous  les  termes  de  cette  série  sont  bien  positifs, 
puisque,  pour  des  valeurs  de  x  suffisamment  grandes,  le  trinôme  ax''^-^  bx  ^  c 
est  du  signe  de  son  premier  terme;  quant  aux  termes  du  commencement,  qui 
pourraient  être  négatifs,  il  n'y  a  pas  lieu  d'en  tenir  compte,  s'il  ne  s'agit  que 
de  la  convergence.  Le  rapport  des  termes  de  rang  n  est  ici 

an^-\-  b n-\-  c' 


ï9 


il  a  pour  limite  -  -,  quand  n  augmente  indéfiniment;  la  seconde  série  est  con- 
vergente comme  la  première. 


181.  En  prenant  pour  la  série  (v)  une  progression  géométrique 
dont  la  raison  est  positive,  on  est  conduit  à  deux  règles  qiii  sont  d'un 
usage  fréquent,  surtout  la  seconde.  Je  continue  de  désigner  par  (u) 
la  série  à  termes  positifs  dont  le  /i'^""®  terme  est  w„. 

I.  Si,  pour  les  valeurs  de  n  supérieures  à/?,  on  a  y/ Un=y-,  en 
désignant  par  a  un  nombre  positif  plus  petit  que  i,  la  série  (u) 
est  convergente,  et  son  reste,  quand  on  la  limite  au  terme  Up,  est 

inférieur  a 

•^  I  —  a 

En  effet,  on  a,  pour  ces  valeurs  de  n,  Un~'^",  et  les  termes  consi- 
dérés de  la  série  (a)  sont  inférieurs  ou  égaux  à  ceux  des  termes  de 
la  série  convergente 

a -f- a^ -H . . . -f- a/' -I- a/'+i -4- . .  . , 

dont  le  reste,  quand  on  la  limite  au  terme  olP,  est 

Si,  pour  les  valeurs  de  n  supérieures  àp,  ona  \/un^  > ,  la  série  (u) 
est  divergente,  puisque  ses  termes  sont  supérieurs  ou  égaux  à  i . 

Supposons  que,  lorsque  n  augmente  indéfiniment,  s/u,,  tende  vers 
une  limite  /;  cette  limite  ne  peut  être  que  positive  ou  nulle;  en 
désignant  par  s  un  nombre  positif  quelconque,  y/w„  finit  par  être 
toujours  compris  dans  l'intervalle  (/ —  e,  l  -\~  e). 

Si  l  est  plus  petit  que  i ,  la  série  {u)  est  convergente  ;  on  peut  prendre 
en  effet  e  assez  petit  pour  que  /  +  e  soit  aussi  plus  petit  que  i;  on 
aura  \/u^i^ a,  en  prenant  a  =  /  +  e. 

Si  /  est  plus  grand  que  i,  la  série  {u)  est  divergente;  on  peut 
prendre  en  effet  s  assez  petit  pour  que  / —  e  soit  plus  grand  que  i, 
on  aura  s/un  ^  /  —  e  >>  i . 

Si  /  est  égal  à  i,  il  y  a  doute.  Toutefois,  on  a  déjà  dit  que,  si  l'on  a 
\/a„^i,  à  partir  d'une  certaine  valeur  de  «,  la  série  est  divergente. 

Comme  on  peut  toujours,  sans  changer  la  convergence  ou  la  diver- 
gence de  la  série  proposée,  ajouter  ou  retrancher  k  termes  au  com- 


20  CHAPITRE   XI. 

mencement  de  la  série,  on  voit  qu'on  pourra  remplacer,  dans  ce  qui 
précède,  's/un  par    \/ Un  ou    v/ Uui  k  étant  un  nombre  naturel  fixe. 

Considérons,  par  exemple,  la  série 

l-h  iq  -\-  ■iq'*-\-  iq^-^..  .-ir  ■2^'"'-+-. . ., 

où  q  est  un  nombre  positif;  il  est  clair  qu'elle  est  convergente  ou  divergente 
en  même  temps  que  la  série 

^r  -H  gr^-i- ^9-1-.  . .+ ^«'-H 

La  racine  n'^""*  du  /i'^""*  terme  est  q"^  :  lorsque  q  est  plus  petit  que  i,  q"^  tend 
vers  la  limite  o,  quand  n  croît  indéfiniment  :  la  série  est  convergente;  elle  est 
évidemment  divergente  lorsque  q  est  égal  ou  supérieur  à  i.  Lorsque  q  est  plus 
petit  que  i,  le  reste  de  la  série  proposée,  quand  on  s'arrête  au  terme  qui  pré- 
cède iq"^',  est  inférieur  à 

■iq"^ 

Le  lecteur  reconnaîtra  sans  peine  que  la  série 


«1  \«2/  ■*■  [an/ 


OÙ  «1,  a2,  ...,  «ra,    ...,  désignent  des  nombres  positifs  tels  que  a„  croisse 
indéfiniment  avec  n,  est  convergente  quel  que  soit  le  nombre  positif  x. 

II.  Si,  pour  les  valeurs  de  n  égales  ou  supérieures  à  /?,  le  rap- 
port — ^^  reste  toujours  inférieur  ou  égal  à  un  nombre  positif  a 
plus  petit  que  i,  la  série  (u)  est  convergente,  et  son  reste,  quand 

on  la  limite  au  terme  Up,  est  inférieur  à —  • 

^'  "^  I  — a 

On  a,  en  efl'et,  par  hypothèse. 


en  sorte  que,  à  partir  du  terme  m^o+i,  la  série  proposée  a  ses  termes 
égaux  ou  inférieurs  à  ceux  de  la  série 

Ui-\-  u-î-^..  .-¥■  u,,-+-  aa„-4-  a^MoH-  a3M„-t-.  .  ., 


SERIES.  21 

aa, 


dont  le  reste,  quand  on  la  limite  au  terme  en  Up^  est  égal  à  -^• 

En  limitant  la  dernière  série  au  terme  Wn_i,  son  reste  est  — ^^  :  on 
voit  donc  que  si,  pour  n  supérieur  à/?,  le  rapport  -!^±1  reste  inférieur 
ou  égal  à  a  <;  I ,  on  peut  prendre  ''^^  pour  la  limite  supérieure  du 
reste  de  la  série  proposée,  limitée  au  terme  Up. 

Sij  pour  les  valeurs  de  n  supérieures  ou  égales  à/?,  le  rapport 
""^'  est   toujours  supérieur  ou  égal  à   i,  la  série  (u)  est  diver- 
gente, puisque  ses  termes  ne  vont  pas  en  décroissant  indéfiniment 
quand  n  augmente  indéfiniment. 

Supposons  que  le  rapport  —^±1  tende  vers   une  limite   /,  quand  n 

augmente  indéfiniment;  il  finira  par  être  toujours  compris  dans  l'in- 
tervalle {l  —  £,  Z  +  s),  £  étant   un  nombre  positif  quelconque. 

Si  /  est  plus  petit  que  i ,  la  série  est  convergente,  puisque  l'on 
peut  supposer  /  -f-  e  <;  i ,  et  prendre  a  =  /  H-  e. 

Si  /  est  plus  grand  que  i ,  la  série  est  divergente,  parce  qu'on  peut 
supposer  /  —  £  =  i . 

Si  /  est  égal  à  i,  il  j  a  doute;  toutefois,  si  l'on  a  toujours,  à  partir 
d'un  certain  terme,  -^^  ^  i ,  on  a  vu  que  la  série  était  sûrement  diver- 
gente. 

182.   Considérons,  par  exemple,  la  série 

X         x'^  x'^ 


où  X  est  un  nombre  positif  donné,  d'ailleurs  quelconque.  Le  rapport 
du  (n-h  i)*'^"*  terme  au  n'^"""  est  ici 


1 .1. .  .(n  —  i) 

X    : 


il  tend  vers  la  limite  o  quand  n  tend  vers  -\-cc;  la  série  est  conver- 
gente quel  que  soit  x. 

Supposons  qu'on  limite  la  série  au  terme Le  rapport  à  ce 


32  CHAPITRE    XI. 

X 


terme  de  celui  qui  le  suit  est ;  ensuite,    le  rapport  d'un   terme 

au  précédent  est  moindre  ;   si  donc  on  suppose  ^  H-  i  >  .r,  et  si  l'on 

adopte  ici  la  forme  —  pour  la  limite  supérieure  du  reste,  on   voit 

que  le  reste  est  moindre  que 


I  ,2.  .  ,/>   />  +  I  —  X 

en  sorte  que  la  somme  de  la  série  peut  être  mise  sous  la  forme 

X       x^  xp  xP+^  e„ 


1.2  1.2.../?  i  .1.  .  .p    p  -r  l  —  X 


^p  désignant  un  nombre  positif  plus  petit  que 
Cette  série  et,  en  particulier,  la  série 


(e)  '  +  T  +  7^ 


2  I .2. . . p 


qui  s'en  déduit  en  supposant  x  égal  à  i ,  tiennent  en  analyse  un  rôle 
considérable  ;  la  somme  de  cette  dernière  série  est  un  nombre  que 
l'on  désigne  par  e;  d'après  ce  qu'on  vient  de  dire,  ce  nombre  peut 
être  mis  sous  la  forme 


I.2.../>  1.2.  ../J    p 

qui  permet  de  le  calculer  avec  l'approximation  qu'on  veut;  j'y  re- 
viendrai bientôt. 

Considérons  encore  les  séries 

X       x^  x^ 

-   -\ h.  ..H h.  .  ., 

12  n 

m  m{m-\-i)  /n(m-4- 1). .  .(m -+- n  —  i) 

I  1.2  I .2, . .n  ' 

dans  lesquelles  on  suppose  que  m  et  :r  soient  des  nombres  positifs 
donnés;  les  rapports  du  (/i-f-i)'^'"*  terme  au  /i'^"*  sont  respective- 
ment 

■  X.  X  —  {  l-\ X, 

«  -1-1  n  \  /i      /    ' 


SÉRIES.  2j 

ces  deux  rapports  ont  pour  limites  le  nombre  x  quand  n  augmente 
indéfiniment;  les  deux  séries  sont  convergentes  quand  x  est  plus 
petit  que  i,  divergentes  pour  .r  >  i.  Dans  le  cas  où  x  est  égal  à  i, 
l'application  de  la  règle  ne  donne  rien,  sauf  pour  la  seconde  série, 
lorsque  m  est  égal  ou  supérieur  à  i ,  parce  que,  alors,  le  rapport  d'un 
terme  au  précédent  est  égal  ou  supérieur  à  i . 

Lorsque  x  est  plus  petit  que  i,  le  rapport  d'un  terme  au  pré- 
cédent est  plus  petit  que  x  dans  la  première  série,  et  aussi  dans  la 
seconde,  quand  m  est  plus  petit  que  i  ;  s'il  en  est  ainsi,  on  peut  prendre 
pour  limite  supérieure  du  reste,  dans  les  deux  séries,  le  premier 
terme  négligé  multiplié  par  _  ;  cette  règle  est  en  défaut,  pour  la 
seconde  série,  si  m  est  plus  grand  que  i .  Dans  ce  dernier  cas,  le  rap- 
port d'un  terme  au  précédent  va  en  décroissant  quand  n  augmente.  Si 

le  premier  terme  néglige  est ^ x>\  le  rapport  du 

terme  suivant  à  celui-là  est x\  en  supposant /i  assez  grand  pour 

que  ce  rapport  soit  plus  petit  que  i,  on  pourra  prendre  pour  limite 
supérieure  du  reste, 

m{m^\)...(m-\-n.  —  i)  n -\-  \ 

— :: a?"  X  


I  —  (  m  -t-  n  )  a? 


183.  On  voit  quel  parti  l'on  peut  tirer  de  la  comparaison  d'une 
série  (à  termes  positifs)  à  une  progression  géométrique.  Toute  série 
à  termes  positifs,  dont  on  connaît  le  caractère,  peut  servir  de  terme 
de  comparaison.  Les  séries  de  la  forme 


(^) 


où  a  est  un  nombre  quelconque,  sont,  à  cet  égard,  très  précieuses. 
Une  telle  série  est  convergente  si  a  est  positif,  divergente  si  a  est 
nul  ou  négatif  ('  ). 

On  arrive  aisément  à  ce  résultat  en  calculant  des  limites   entre 


('  )  Si  l'on  savait  que  cette  série  est  convergente  pour  a  =  a„,  on  serait  sur  qu'elle 
est  convergente  pour  a>  a„  :  or,  on  a  démontré  plus  haut  que  cette  série  est  con- 
vergente pour  a  =  1  ;  il  en  résulte  immédiatement  qu'elle  est  convergente  pour  a>  i. 


24  CHAPITRE    xr. 

lesquelles  doit  être  comprise  la  somme  I>p  de  tous  les  termes  de  la 
série  {i')  pour  lesquels  n,  écrit  dans  le  système  décimal,  a  un  nombre 
donné  p  de  chiffres.  Il  j  a 

10/'  —  lo/'-'  =  9.10/'   » 

nombres  naturels  de  p  chiffres,  dont  le  plus  petit  est  ioP~*,  et  qui 
sont  tous  plus  petits  que  10^;  par  conséquent,  si  l'on  suppose  i  H-  a 
positif,  on  aura 

9-tQ^~'  /  V    <-     9-'»^"'' 


<^p< 


Supposons  maintenant  a  positif;  la  série  à  termes  positifs 

(S)  E,  +  22  +  ...^S,,+... 

est  certainement  convergente,  puisque  ses  termes  sont  respectivement 
inférieurs  à  ceux  de  la  progression  géométrique  décroissante 

9  9  9 

dont  la  raison  — -  est  plus  petite  que  1. 

11  est  maintenant  bien  aisé  de  voir  que  la  série  (i^)  est  conver- 
gente. En  effet,  quel  que  soit  n,  si  l'on  prend  p  supérieur  au  nombre 
de  chiffres  de  /i,  la  somme  des  p  premiers  termes  de  la  série  (S)  con- 
tiendra les  n  premiers  termes  de  la  série  (v)  et  dépassera  leur 
somme  qui  est,  par  conséquent,  inférieure  à  la  somme  de  la  série  (S). 

J'ajoute,  quoique  cela  ne  soit  pas  nécessaire  à  la  démonstration, 
que  les  sommes  des  deux  séries  (v)  et  (S)  sont  égales  :  ce  qui  précède 
montre  que  la  première  ne  peut  dépasser  la  seconde  ;  si,  maintenant, 
on  se  donne  /?,  il  suffit  de  prendre  un  nombre  n  qui  ait  plus  de 
p  chiffres,  pour  être  sûr  que  la  somme  des  n  premiers  termes  de  la 
série  (t^),  et,  par  conséquent,  la  somme  de  cette  série,  dépasse  la 
somme  des  yo  premiers  termes  de  la  série  (S);  la  somme  de  cette  der- 


SÉRIES.  iS 

nière  série  ne  peut  donc  être  supérieure  à  la  somme  delà  série  (p); 
les  deux  sommes  sont  égales  ('). 

Supposons  maintenant  que  a  soit  nul;   on  a  Sy,  >  — ;  la  série  (S) 

est  alors  divergente;  mais,  comme  on  vient  de  le  dire,  on  peut,  quel 
que  soit  /?,  prendre  n  assez  grand  pour  que  la  somme  des  n  premiers 
termes  de  la  série  [v)  dépasse  la  somme  des/?  premiers  termes  de  la 
série  (S),  la  série  (v)  ou  la  série 


est  divergente.  A  fortiori,  la  série  (ç)  est  divergente  quand  a  est 
négatif,  puisque,  alors,  ses  termes  sont  respectivement  plus  grands 
que  les  termes  correspondants  de  la  série  qu'on  vient  d'écrire. 

La  série  (p),  que  l'on  vient  d'étudier,  et  à  laquelle  on  donne  le 
nom  de  série  harmonique,  peut  servir  utilement  de  terme  de  compa- 
raison, pour  juger  de  la  convergence  ou  de  la  divergence  d'une  série 
à  termes  positifs;  elle  conduit  à  des  critères  plus  délicats  que  ceux 
que  l'on  a  donnés  au  n"  181,  parce  qu'elle  converge  (ou  diverge)  moins 
rapidement  qu'une  progression  géométrique. 

Supposons,  par  exemple,  que  le  n'^"'"  terme  d'une  série  (u)  s'obtienne  en 

remplaçant  x  par  n  dans  une  fraction  rationnelle  -~ — -  :  afin  que  la  série  (a) 

ait  un  sens,  on  devra  supposer  que  le  polynôme  'i^{x)  n'ait  pas  de  racine 
égale  à  un  nombre  naturel,  ou,  dans  le  cas  où  il  y  aurait  de  pareilles  racines, 
supprimer  de  la  série  les  termes,  dénués  de  sens,  qui  correspondraient  à  ces 
racines.  Pour  des  valeurs  suffisamment  grandes  de  x^  <f{x)  et  '\i(x)  conservent 
un  signe  constant  :    tous  les  termes  de  la  série  (u)  sont  de  même  signe  ;  je 


(')  Il  y  a  là  un  fait  général  que  le  lecteur  établira  sans  peine. 
Considérons  les  deux  séries 

(S)  £,4-2:,  +  ...H-£p-4-..., 

et  supposons  que  £,  représente  la  somme  des  a,  premiers  termes  de  (c),  Sj  la 
somme  des  a,  termes  suivants,  Sj  la  somme  des  a.^  termes  suivants,  etc.,  la  série 
(L)  est  convergente  si  la  série  (v)  est  convergente  et  a  même  somme.  Réciproque- 
ment, et  c'est  là  ce  qu'on  a  établi  sur  un  cas  particulier,  si  la  série  (v)  a  tous  ses 
termes  positifs,  la  convergence  de  la  série  (S)  entraîne  la  convergence  de  la 
série  (v). 


26  CHAPITRE   XI. 

supposerai  <f(x)  et  ^(x)  de  mêmes  signes,  c'est-à-dire  que  je  supposerai  que  les 
termes  du  plus  haut  degré  soient  de  mêmes  signes  dans  cf  (a?)  et  dans  '\i(x), 
afin  d'être  dans  le  cas  que  nous  étudions.  Si  œ(a?)  est  de  degré  supérieur  ou 
égal  au  degré  de  '\i{x),  les  termes  de  la  série  (m)  ne  décroissent  pas  indéfini- 
ment, la  série  (m)  est  divergente.  Si  le  degré  de  '\>{x)  est  supérieur  de  p  unités 
au  degré  de  <p(a7),  on  a  vu,  au  n°  64,  que  la  vraie  valeur,  pour  a:  infini,  du 

rapport      .  J     ■-  est  égale  au   rapport  k  des  coefficients    des  termes  du   plus 

haut  degré  dans  ^{x)  et  dans  '^{x);  cela  revient  à  dire  que  — .  ^  a  pour 
limite  k  lorsque  n  augmente  indéfiniment,  et  que,  par  conséquent,  la  série 

est  convergente  ou  divergente  en  même  temps  que  la  série 

1  I  I 

1 h. ..H H...; 

\P        -if  nP 

la  série  {u)  est  donc  convergente  si  l'on  a/)  ^2;  divergente  si  l'on  a/)  =  i. 

184.   D'une  façon  générale,  la  comparaison  d'une  série  à  termes 
positifs 

(m)  «1-+-  M2-+-.  .  .-+-  M„-4-.  .  ., 

à  la  série  à  termes  positifs 

se  fait,  comme  on  l'a  dit  au  n"  180,  en  étudiant  le  rapport  —  •  Il  con- 
vient de  remarquer  que  si  l'on  a,  pour  toutes  les  valeurs  de  n  qui 
dépassent  /?, 


on  a,  pour  ces  mêmes  valeurs  de  /i, 


et,  par  conséquent, 


'p+1  ~   Vp+i  ~   '^iJ+ri 


SERIES.  37 

en  sorte  que,  si  n  est  supérieur  à/?,  on  a 

De  même  si  l'on  a,  pour  toutes  les  valeurs  de  n  qui  dépassent  yo, 
on  aura,  pour  ces  mêmes  valeurs, 

Un   >  «V+J  . 

d'où  les  conclusions  suivantes  :  Si  la  série  (t»)  est  convergente  et  si 
l'on  a,  pour  toutes  les  valeurs  de  n  qui  dépassent />, 


la  série  (m)  est  convergente  et  son  reste,  quand  on  la  limite  au 
/>'*""*  terme,  est  inférieur  au  produit  par  -^^  du  reste  de  la  série  (t^) 
limitée  au />'*""*  terme. 

Si  la  série  (f  )  est  divergente,  et  si  l'on  a  pour  toutes  les  valeurs 
de  n  supérieures  à  p 


la  série  («)  est  divergente. 

Ces  deux  règles  contiennent  évidemment  comme  cas  particulier  les 

critères  du  n"  181  relatives  au  rapport  -î^;  elles  font  prévoir  la  pos- 
sibilité de  tirer  de  la  considération  des  séries  harmoniques  d'autres 
critères  que  ceux  de  ce  n"  181  ;  je  ne  m'y  arrêterai  pas  (  '  ). 

185.    Une  propriété  importante  des  séries  à  termes  positifs  est  la 
suivante. 

La  somme  d'une  telle  série,  supposée  convergente,  est  indépen- 

(')  Intv.,  n»-  134,  135,  130. 


CHAPITRE    XI. 


dante  de  l'ordre  de  ses  termes,  ou  encore  :  deux  séries  à  termes  positifs, 
qui  ne  diffèrent  que  par  l'ordre  de  leurs  termes,  ont  mêmes  sommes, 
ïl  y  aurait  lieu  d'expliquer,   en  général  (*),  ce  qu'on  entend  en 
disant  que  les  séries 

(u)  «1-4-  Mj-H.  .  .-+-  M„-+-.  .  ., 

(f)  fi  4-  4^2 -+-•••-!-  t^/i -H- •  • 

ne  diffèrent  que  par  l'ordre  de  leurs  termes.  Ces  explications  ne  com- 
portent quelque  difficulté  que  s'il  y  a,  dans  l'une  des  séries,  une  infi- 
nité de  termes  égaux.  Or,  on  peut  écarter  ce  cas  :  si,  en  effet,  il  y  a 
dans  une  série  une  infinité  de  termes  égaux,  non  nuls,  elle  ne  peut 
être  convergente,  puisque  le  /i"""'  terme  ne  tend  pas  vers  la  limite  o 
quand  n  augmente  indéfiniment;  les  séries  convergentes  étant  les 
seules  qui  nous  intéressent,  nous  pouvons  laisser  de  côté  toute  série 
qui  aurait  une  infinité  de  termes  égaux.  Quant  aux  termes  nuls,  j'ai 
déjà  dit  qu'on  pouvait  toujours  les  négliger. 

Dès  lors,  on  peut  dire  que  les  deux  séries  (u),  (v)  ne  diffèrent  que 
par  l'ordre  des  termes  si  tout  nombre  qui  figure  comme  terme  dans 
la  première  figure  aussi  dans  la  seconde,  le  même  nombre  de  fois,  et 
si  tout  nombre  qui  figure  comme  terme  dans  la  seconde  figure  aussi 
dans  la  première,  le  même  nombre  de  fois. 

La  proposition  à  démontrer  est  celle-ci  :  Si  la  série  (p)  a  ses  termes 
positifs 'et  est  convergente,  la  série  (u),  qui  n'en  diffère  que  par  l'ordi'e 
des  termes,  est  aussi  convergente  et  sa  somme  est  égale  à  celle  de  la 
série  (v). 

Soit,  en  effet,  V  la  somme  de  la  série  (v);  Y  est  plus  grand  que  la 
somme  d'autant  de  termes  qu'on  voudra  pris  dans  la  série  (v^),  donc 
aussi  que  la  somme  d'autant  de  termes  qu'on  voudra  pris  dans  la 
série  (m),  puisque  ces  termes  figurent  dans  la  série  (v);  donc  la 
série  (u)  est  convergente  et  sa  somme  U  est  égale  ou  inférieure  à  V; 
le  même  raisonnement  montre  d'ailleurs  que  V  est  égal  ou  iniPérieur 
à  U  :  on  a  U  =  V. 

186.  Ce  qu'on  a  dit  des  séries  à  termes  positifs  pourrait  se  répéter 
pour  les  séries  à  termes  négatifs,  avec  des  changements  insignifiants  : 

(')  /ntr.,  n"  74. 


SERIES.  zg 

cela  est  d'autant  plus  inutile  qu'on  passe  d'un  cas  à  l'autre  en  multi- 
pliant tous  les  ternies  par  —  i ,  ce  qui  ne  change  ni  la  convergence  ni 
la  divergence  :  la  somme  est  changée  de  signe.  La  considération  des 
séries  dont  tous  les  termes  sont  de  même  signe,  saut"  quelques-uns, 
en  nombre  limité,  n'apporte  non  plus  rien  de  nouveau  :  pour  la  con- 
vergence ou  la  divergence,  il  n'y  a  pas  lieu  de  s'occuper  de  ces  termes. 
Si  la  série  proposée  est  convergente,  et  si,  par  exemple,  tous  ses 
termes,  sauf  quelques-uns,  sont  positifs,  il  est  clair  que  sa  somme 
s'obtiendra  en  retranchant,  de  la  somme  de  la  série  obtenue  en  ne 
considérant  que  les  termes  positifs,  la  somme  des  valeurs  absolues 
des  termes  négatifs. 

11  ne  se  présente  quelque  chose  de  véritablement  nouveau  que 
pour  les  séries  qui  contiennent  une  infinité  de  termes  positifs  et  une 
infinité  de  termes  négatifs. 

Les  séries  de  cette  nature  se  divisent  en  deux  classes  :  Pour  les 
unes,  la  série  à  termes  positifs,  dont  les  termes  sont  les  valeurs  abso- 
lues des  termes  de  la  proposée,  est  convergente;  pour  les  autres, 
cette  série  est  divergente.  Les  premières  sont  dites  absolument  con- 
vergentes. 

11  faudra  justifier  cette  dénomination  et  montrer  que  les  séries 
absolument  convergentes,  au  sens  qu'on  vient  de  dire,  sont  conver- 
gentes, au  sens  du  n"  174,  c'est-à-dire  que  la  somme  de  leurs 
n  premiers  termes  tend  vers  une  limite  quand  n  augmente  indéfini- 
ment. On  établira,  en  outre,  les  propositions  suivantes  : 

La  somme  d'une  série  absolument  convergente  est  égale  à  la 
somme  de  la  série  formée  par  les  termes  positifs  diminuée  de  la 
somme  de  la  série  formée  par  les  valeurs  absolues  des  termes 
négatifs.  Cette  somme  est  indépendante  de  l'ordre  des  termes. 

Soit 

(m)  «!-<-   «2  +  .  .  .-h  «„-<-.  .  ., 

la  série  proposée;  soit,  en  général,  u'^Ia  valeur  absolue  de  ««.  Par 
hypothèse,  la  série  des  valeurs  absolues 

{U  )  m',  -H  Mo  -+-...  -f-  U,'t  -(-...  , 

est  convergente.  Il  en  est  de  même  (n"  179)  de  toute  série  formée  en 


3o  CHAPITRE    XI. 

supprimant  autant  de  termes  que  l'on  veut,  par  exemple  les  termes 
qui  proviennent  des  termes  négatifs  de  (w),  ou  les  termes  qui  pro- 
viennent des  termes  positifs  de  (m)  : 

Soient  (P)  la  première  série,  (Q)  la  seconde;  je  supposerai  que, 
dans  (P)  et  dans  (Q),  les  termes  se  succèdent  dans  le  même  ordre 
que  dans  (u).  Je  désignerai  enfin  par  P  et  Q  les  sommes  des  séries  (P) 
ei(Q). 

Soient,  en  général,  s,i  la  somme  des  n  premiers  termes  de  (m), 
P,^  la  somme  des  termes  positifs  de  5„,  —  Q„  la  somme  des  termes 
négatifs;  l'un  des  nombres  P,/,  Q,i  peut  d'ailleurs  être  nul,  s'il  n'j  a 
pas  de  termes  positifs,  ou  de  termes  négatifs,  dans  s„;  mais,  quand  n 
est  suffisamment  grand,  P,i  etQ,^  contiennent  des  termes,  les  premiers 
termes  des  séries  (P),  (Q);  quand  n  augmente,  P«  et  Q^  augmentent 
ou,  plus  exactement,  ne  diminuent  pas;  on  peut  faire  augmenter 
n  assez  pour  que  P«  et  Q„  embrassent  autant  de  termes  qu'on  veut 
dans  (P)  et  dans  (Q)  ;  on  a  donc 

limP„=P,  limQ„=Q 

D'un  autre  côté,  on  a,  quelque  soit  n, 

5„=P„_Q„; 

par  suite,  quand  n  augmente  indéfiniment,  s,i  a  une  limite,  à  savoir 
P  —  Q;  la  série  (u)  est  convergente  et  sa  somme  est  P  —  Q.  Enfin, 
cette  somme  est  indépendante  de  l'ordre  des  termes,  puisqu'il  en  est 
ainsi  pour  chacune  des  séries  (P)  et  (Q). 

En  combinant  la  proposition  précédente  avec  celle  du  n"  179,  on 
arrive  à  la  proposition  suivante. 

Si  la  série  à  termes  positifs 

est  convergente,  la  série 

ai  t-i -H  aj  (^2 -H . .  . -+-  a,j  t-,; -h .  . . , 

OÙ  a,,  aa,  .  .  .,  a,;,  ...  sont  des  nombres  qui  sont  tous,  en  valeur 
absolue,  inférieurs  ou  égaux  à  un  nombre  positif  fixe  A,  est  absolu- 
ment convergente.  Son  reste,  quand  on  la  limite  au  terme  a„(-'„5  est 


SÉRIES.  3l 

inférieur,  en  valeur  absolue,  au  produit  par  A  du  reste  correspondant 
de  la  série  (v). 

Telle  serait,  par  exemple,  quel  que  soit  x^  la  série 


cosar       cos,-ix 


Les  séries  étudiées  au  n"  182 
X        x^ 


I  -+- 


I        1.2  1 .2 ...  n 


/n(m-hi)    ^  m(/n -H  i)...(m -+- n  —  i) 

.r«  -f- . . .  H ^ X"  ■ 


dans  le  cas  où  ce  est  un  nombre  positif,  sont  absolument  convergentes, 
la  première,  quel  que  soit  x;  la  seconde,  lorsque  x  est  plus  petit 
que  1  en  valeur  absolue  :  en  effet,  quand  x  est  négatif,  il  suffit  de 
remplacera:  par  sa  valeur  absolue;  chaque  terme  est  remplacé  par 
sa  valeur  absolue,  et  l'on  est  ramené  au  cas  étudié  au  n°  182.  Le  reste 
de  la  première  série,  par  exemple,  limitée  au  (n  -+-  i)'«™e  terme  est 
moindre  en  valeur  absolue  que 


en  désignant  par  x'  la  valeur  absolue  de  x^  supposée  moindre  que 
n  H-  I . 

Considérons  encore  la  série 

m  m(m  —  i)     _  m{m  —  i)...(m  —  « -4- 1) 

IH x-\ a:-2  -H . . .  H ^ •  x"--\-. . ., 


o\x  tn  ei  X  sont  deux  nombres  donnés  quelconques;  désignons  par  m' 
et  x'  les  valeurs  absolues  de  x  et  comparons  la  série  précédente  à  la 
série,  à  termes  positifs, 

m     ,       m'(m'-+-i)    ,,  m'(m' -+- i)...(ni' -i- n  —  i)    , 

I  1.2  1 .2 ...  n 

dont  nous  savons  qu'elle  est  convergente  si  x'  est  plus  petit  que  i. 

Les  termes  de  la  série  proposée  sont  manifestement  moindres,  en 

valeur  absolue,  que  les  termes  de  cette  dernière  :  la  série  proposée  est 


32  CHAPITRE   XI. 

donc  absolument  convergente  quels  que  soient  les  nombres  x  et  m, 
pourvu  que  le  premier  soit  moindre  que  i ,  en  valeur  absolue. 

Il  est  à  peine  utile  de  dire  que  les  critères  du  n"  181  s'emploient 
pour  reconnaître  si  une  série 

est  absolument  convergente  ou  non  :  on  étudiera  comment  se  com- 
portent, quand  n  augmente  indéfiniment,  les  expressions  \/m',^,  "/"^  > 
en  désignant,  en  général,  par  ii!^^  la  valeur  absolue  de  Un  ;  si  l'on  est 
amené  à  conclure  la  convergence  de  la  série,  à  termes  positifs, 


on  sera  assuré  de  la  convergence  absolue  de  la  série  (w). 

Remarquons,  en  particulier,  que  si  le  rapport  — ^^tend,  lorsque  n 

augmente  indéfiniment,  vers  une  limite  /,  le  rapport  — ^  tendra,  dans 
les  mêmes  conditions,  vers  la  limite  /'=  |  /|  ;  en  sorte  que,  si  /'  est  plus 
petit  que  i,  la  série  est  absolument  convergente. 
Par  exemple,  pour  la  série 

m  mi  m  —  i)     ,  m{m  —  r)...(m  —  /i-i-i) 

I  1.2  1 . 2 . . . n 

dont  on  vient  de  s'occuper,  au  lieu  de  raisonner  comme  on  a  fait,  on 
aurait  pu  prendre  le  rapport  du  (/i  +  i)'én>e  terme  au  /i'^™'',  qui  est 


constater  que  ce  rapport  tend  vers  la  limite  —  x  quand  n  augmente 
indéfiniment,  et  en  conclure  que  la  série  est  absolument  convergente 
lorsque  le  nombre  x  est,  en  valeur  absolue,  plus  petit  que  i. 

Cette  série,  quand  m  est  un  nombre  naturel,  se  réduit  évidemment 
à  ses  m  H- I  premiers  termes,  les  suivants  étant  tous  nuls;  elle  n'est 
autre  chose  alors  que  le  développement  limité  de  (i  +  ar)"';  on  verra 
plus  tard  que  sa  somme  est  encore  (i  4-.r)'",  quel  que  soit  le  nombre  m, 
lorsque  la  valeur  absolue  de  x  est  plus  petite  que  i. 

Une  série  peut  d'ailleurs  être  convergente  sans  l'être  absolument; 


SERIES.  33 

on  va  trouver  des  exemples  de  telles  séries  en  étudiant  les  séries  al- 
ternées. 

187.  Séries  alternées.  —  On  appelle  série  aller  née  une  série  dans 
laquelle  les  termes  sont  alternativement  positifs  et  négatifs;  telle 
serait  la  série 

M,  —  i<2-l-   M3—  «i-t-.  .  •-(-(—    1  )"-*«„-+-.  .  ., 

en  supposant  tous  les  nombres  «,,  Ma,  ...,  m„,    ...    positifs. 

Une  telle  série  est  convergente  sous  les  conditions  suivantes,  dont 
la  dernière  d'ailleurs  est  seule  nécessaire  : 

On  a 

lim  M„=  o. 

Supposons,  en  elTet,  que  ces  conditions  soient  vérifiées,  et  consi- 
dérons la  somme  s-i,,  des  2«  premiers  termes  de  la  série;  elle  peut 
s'écrire  sous  les  deux  formes 

(  Wi  —  ^<2  ) -f- (  a,  —  Mi  ) -f- .  . . -4- (  i<2/i-i  —  «2n  ), 

«1 («2—  «3) ("i—  "3) •  .  • ("2H-2—  "2«-l)—  "2n, 

OÙ  les  quantités  entre  parenthèses  sont  positives  ou  nulles.  La  pre- 
mière montre  clairement  que  l'on  a 

S2«=0 

et 

*2«-+2=   S2«-+-(«2«+l—  "2«+2)i52«; 

la  seconde  montre  que  l'on  a  s.i„<C  M|.  Les  sommes  s.m  vont  en  aug- 
mentant quand  n  augmente,  elles  restent  inférieures  à  m,  ;  elles 
tendent,  quand  n  augmente  indéfiniment,  vers  une  limite  positive  ou 
nulle  S,  inférieure  ou  égale  à  m,  ;  d'ailleurs  l'égalité 

*2«-*-l  =  *2«-1-  "2n-f-l) 

oii  u.i„^^  tend  vers  o  quand  n  augmente  indéfiniment,  montre  que, 
dans  ces  mêmes  conditions,  .Sj/z+t  tend  vers  la  limite  S;  en  résumé, 
s,n  tend  vers  S  quand  m  croît  indéfiniment;  la  série  proposée  est 
convergente,  a  pour  somme  S,  et  l'on  a  o^^f^M,  ;  la  supposition  5  =  0 
T.  -  II.  3 


34  CHAPITRE   XI. 

doit  être  rejetée,  si  l'on  écarte  le  cas  insignifiant  où  l'on  aurait 

Ui  =   Ui,  U3=  It^,  ...,  "2/»-!  =   "2n,  •••• 

Le  reste  de  la  série,  si  on  la  limite  au  terme  ( —  i)"~'  u„,  peut  se 
représenter  par  ( —  i)"/«,  en  désignant  par  /„  la  somme  de  la  série 
alternée 

l'it  +  l "«  +  2 +««+3 ■•, 

qui  satisfait  évidemment  aux  mêmes  conditions  que  la  proposée;  r,i 
est  positif,  si  l'on  écarte  le  cas  insignifiant  où  l'on  aurait 

Il  est  inférieur  ou  égal  à  m,,^.,  .  L'égalité 

montre  que  s„  est  une  valeur  approchée  de  S  par  défaut  on  par 
excès,  suivant  que  le  dernier  terme  conservé  est  négatif  ou  positif, 
que  le  premier  terme  négligé  est  positif  ou  négatif. 

L'erreur  commise  en  prenant  s,i  au  lieu  de  S  est  moindre,  en  va- 
leur absolue,  que  le  premier  terme  négligé;  elle  est  du  même  signe 
que  lui.  S  est  plus  grand  que  n'importe  quelle  somme  s^  d'indice 
pair,  plus  petit  que  n'importe  quelle  somme  5«  d'indice  impair.  Les 
sommes  d'indice  impair  sont  donc  plus  grandes  que  les  sommes 
d'indice  pair;  c'est  ce  qu'il  est  aisé  de  reconnaître  directement;  elles 
vont  en  diminuant  quand  l'indice  va  en  augmentant;  c'est  ce  qui 
résulte  de  la  formule 

*2/J+l  =  *2«-l  (  W2« —  "2«  — 1  )• 

La  série  alternée 

I        I        I 

I h    -    —    T    -+-... 

est  convergente  sans  l'être  absolument,  puisque  la  série 
est  divergente.  Elle  est  d'ailleurs  très  peu  convergente. 


SERIES.  35 

La  série 

X        x^  x"^ 

I 1 h..  .-\-{—i)" -)-..., 

I         1.2  1 . 2  . . .  n 

où  x  est  un  nombre  positif  donné,  est  une  série  alternée  dont  on  sait,  autre- 
ment que  par  les  règles  précédentes,  qu'elle  converge  absolument.  Elle  ne 
satisfait  d'ailleurs  complètement  aux  conditions  du  présent  numéro,  que  si  x 
est  plus  petit  que  i.  Si  x  est  plus  grand  que  i,  les  valeurs  absolues  des  pre- 
miers termes  ne  vont  pas  en  décroissant;  ils  décroissent  certainement  dès 
que  n  est  plus  grand  que  x  ;  à  partir  de  ce  moment,  les  conditions  sont  vérifiées  ; 
elles  le  sont,  en  particulier,  pour  le  reste,  dont  le  premier  terme  négligé 
fournit  une  limite  supérieure  de  l'erreur  commise,  tandis  que  le  signe  de  ce 
premier  terme  fournit  le  sens  de  l'erreur. 

Si  l'on  suppose,  par  exemple,  x  =  lo,  les  premiers  termes  de  la  série  sont 
assez  grands;  pour  trouver  un  terme  plus  petit  que  i  ('),  il  faut  aller  jusqu'à 
/i  =  25;  la  somme  des  vingt-cinq  premiers  termes  de  la  série  fournira  une 
valeur  approchée,  par  défaut,  de  la  somme  de  la  série  avec  une  erreur  moindre 
que  I.  Le  calcul  sera  assez  pénible.  Pour  les  petites  valeurs  de  x,  au  contraire, 
on  pourra  calculer  très  aisément  la  somme  de  la  série,  avec  une  grande  ap- 
proximation. 

188.  Séries  à  termes  imaginaires.  —  On  peut  considérer  des  suites 
et  des  séries  à  termes  imaginaires. 

Considérons  d'abord  une  suite  de  nombres  réels  ou  imaginaires 
M,,  «25  •■•■)  Uni  '••1  6t  supposons,  en  général,  que  l'on  ait 


a„  et  bn  étant  des  nombres  réels. 

On  dira  que  Un  tend  vers  la  limite  a  +  /[3,  où  a  et  (i  sont  deux 
nombres  réels  fixes,  si  la  valeur  absolue  de  la  différence  u,, — (a-hf  jâ) 
tend  vers  o  quand  n  augmente  indéfiniment,  si,  en  d'autres  termes, 
quelque  petit  que  soit  le  nombre  positif  s,  cette  valeur  absolue  est 
moindre  que  e,  à  partir  d'une  valeur  de  n  suffisamment  grande.  On 
écrit  alors 

lim   M,j  =  a-f-  ifi 


lim  (m,j  —  a  —  i^)  : 

n=  « 


(')  Voir  dans  le  Recueil  de  formules  et  de  tables  numériques  de  Houel  (Paris, 
Gauthier-Viliars),  la  table  des  logarithmes  des  produits  i  .2. ..«  jusqu'à  100. 


36  CHAPITRE   XI. 

En  se  reportant  à  la  représentation  géométrique  des  imaginaires, 
en  figurant  le  point  a  +  i^,  de  coordonnées  a  et  |^,  et  le  cercle  décrit 
de  ce  point  comme  centre  avec  le  rayon  e,  on  voit  que  tous  les 
points  /<„,  à  partir  d'une  certaine  valeur  de  n,  devront  être  situés  à 
l'intérieur  de  ce  cercle.  Quelque  petit  que  soit  £,  cela  devra  arriver  à 
partir  d'une  certaine  valeur  de  /î,  qui,  naturellement,  change  avec  e. 
On  dit,  aussi,  dans  ces  conditions,  que  le  point  u„  a  pour  limite  le 
point  a  H-  /^,  quand  n  augmente  indéfiniment. 

Cliacune  des  différences  a„ —  a,  6„ —  [ii  est,  en  valeur  absolue,  au 
plus  égale  à  la  valeur  absolue  de  «„+  è^ji  —  a  —  [ii;  si  donc  on  a 

lim  a„  =  a  -+-  j3  j, 

on  aura 

lim  an=  OL,         lim  6„=  p. 

Réciproquement,  ces  deux  égalités  entraînent 
lim   M,j  =  a  -t-  jâ,-; 

il  est  bien  clair,  en  effet,  que,  si  elles  sont  vérifiées,  le  point  de 
coordonnées  a„,  h^  finit,  pourvu  que  n  soit  assez  grand,  par  être  et 
rester  aussi  voisin  qu'on  le  veut  du  point  de  coordonnées  a,  ^.  Au 
reste,  on  a 

I  a,j  -t-  6„  j  —  a  —  fj,- 1  £  I  a„  —  a  I  -H  I  6„  —  ^  I 

et  les  suppositions  lima^^a,   [unbn=[i,  exigent  que  les  nombres 

\  Un — a|  et  \bn — ^1  puissent  devenir  et  rester  plus  petits  que  -, 
pourvu  que  n  soit  assez  grand  ;  dans  ces  conditions,  le  premier 
membre  sera  plus  petit  que  s. 

On  voit  donc  que  la  recherche  de  la  limite  d'une  suite  à  termes 
imaginaires  revient  à  rechercher  des  limites  de  deux  suites  à  termes 
réels. 

11  est  clair  que,  si  l'on  a  lim  w„=  a 


lii^ii  |a„|  =  |a-)-  pi\  =  v/a^+  'p. 
189.   La  série 

(m)  Ui-h  U^-i-  .  .  .-h  U,i-\-.  .  ., 


SÉRIES.  37 

à  termes  réels  ou  imaginaires,  sera  convergente  ou  non  si  Ja  somme 
de  ses  n  premiers  termes  a,  ou  non,  une  limite  quand  n  grandit  indé- 
finiment. Cette  limite,  si  elle  existe,  est  la  somme  U  de  la  série.  Si  l'on 
pose  en  général  «»  =  «„  -f-  6„  /,  la  somme  des  n  premiers  termes  de 
la  série  iu)  est  un  nombre  imaginaire  dans  lequel  la  partie  réelle  est 
la  somme  des  n  premiers  termes  de  la  série 

(a)  a,-l- a^-i-. .  .-i-a„-l-. . ., 

et  dans  lequel  le  coefficient  de  i  est  la  somme  des  n  premiers  termes 
de  la  série 

(6)  61-h  6*-+-. . .-+- 6„-i-. . .; 

dire  que  la  série  {11)  est  convergente,  c'est  donc  dire  que  les  deux 
séries  (a),  (^)  sont  convergentes;  réciproquement,  si  les  deux 
séries  («),  (6)  sont  convergentes  et  ont  pour  sommes  respectives  les 
nombres  A,  B,  la  série  {li)  sera  convergente  et  sa  somme  U  sera 
égale  à  A  -h  f  B.  Si  l'une  des  séries  (a),  (6)  est  divergente,  la  série  (m) 
est  divergente. 

Le  reste  d'une  série  convergente  se  définit  comme  pour  les 
nombres  réels. 

On  dit  que  la  série  (m)  est  absolument  convergente,  si  la  série  à 
termes  positifs, 

("')  a'i -f- uîj -H. .  .-I- «;,+..., 

formée  avec  les  valeurs  absolues  de  ses  termes,  est  convergente. 

On  est  certain  que,  dans  ce  cas,  la  série  iii)  est  convergente;  on  a, 
en  effet, 

en  sorte  que  les  séries  (a),  (6)  sont  convergentes  (elles  le  sont  même 
absolument)  :  la  série  {11)  est  donc  convergente.  Le  reste  de  cette  série 
limitée  au  terme  a«  est,  en  valeur  absolue,  inférieur  ou  égal  au  reste 
correspondant  de  la  série  (//'),  comme  on  le  voit  de  suite,  en  faisant 
augmenter/?  indéfiniment  dans  l'inégalité  (*  ) 

I  a,j^-,  -+-  a„+î  -H  .  .  ,  -^Un+p  I  ^  «',,-.-1  -I-  «',,-4-î  H- ...  -H  «'„-+-/;. 


(•)  L'égalité   ne    peut    avoir   lieu  que  si   tous  les  nombres  a„ 
sont  réels  et  positifs. 


38  CHAPITRE    XI. 


La  somme  d'une  série  absolument  convergente  ne  dépend  pas  de 
l'ordre  de  ses  ternies  :  en  effet,  les  deux  séries  («),  (6)  étant  absolu- 
ment convergentes,  leurs  sommes  ne  dépendent  pas  de  cet  ordre 

Par  exemple,  la  série 


I  .2 


OÙ  X  est  un  nombre  réel  ou  imaginaire  donné,  est  absolument  con- 
vergente; en  effet,  si  x'  est  la  valeur  absolue  de  x^  x'"  est  la  valeur 
absolue  de  x"  et  la  série  formée  par  les  valeurs  absolues  des  termes  1 

PSt  ■ 


est 

x' 
i-\ h. . . 


Le  reste  de  la  série  proposée,  quand  on  la  limite  au  ^i'*^"*^  terme,  est 
moindre,  en  valeur  absolue,  que 


\  .1. .  .n  n  -{-  \  —  X 

en  supposant  x'  <Cn  -}-  \ . 

Si,  en    particulier,    on    remplace   x   par    ix   dans    la  série,    elle 
deviendra 

X  i         x''-  x^  i  x* 


1  1.2  1.2.3  1.2.3.4 

Si  l'on  suppose  maintenant  que  x  soit  réel,  et  si  l'on  sépare  les 
termes  réels  et  les  termes  imaginaires,  on  voit  que  la  somme  de  cette 
série  sera  A  -f-  B«,  en  désignant  par  A  et  B  la  somme  des  deux  séries 

x^  x'*  x'^'^ 

1.2  I  .  >  . 3 . 4  I  . 2 ...  2  n  ' 

X  x^  x^  x^"-^^ 


I  1.2.3  1.2.3.4.5  ■  ■  1  .  a .  .  .  (  2  Ai  -f-  I  ) 

De  même,  la  série 

mim  —  \)  m{m  ~{). .  .{m  —  n-\-  \] 


H X  -^ 


OÙ  m  eX  X  sont  des  nombres  imaginaires  donnés,  est  absolument  con- 


SÉRIES.  39 

veigente,   quel  que   soit  m,  si  la  valeur  absolue  de  x  est   moindre 
que  I . 

190.   Multiplication  des  séries.  —  Si  les  deux  séries 

(m)  «1-1- Mj-i-.  . .-+- a„-i-.  . ., 

{V)  C|  -+-   f  2  -4-  .  .  .  -t-   f»  -I-  .  .  . 

à  termes  réels  ou  imaginaires  sont  absolument  convergentes,  il  en  est 
de  même  de  la  série 

où  l'on  suppose 

lV|=MiCi,  W.^=  UiVi-\-  U^Vx,  «^3=  «1C3-H  «2^2-+-  M.ifl, 

et,  en  général, 

Wn=  UiVn-^  "2'^«-l-+-  "3 ''«-2 -H-  •  --H  "«t'i  ; 

sa  somme  W  est  égale  au  produit  des  sommes  U,  V  des  séries  (w),  (y). 

Je  désignerai  par  U,,,  V„,  W„  les  sommes  respectives  des  n  pre- 
miers termes  dans  les  séries  (m),  (4),  {w). 

On  observera  que  w^  contient  le  produit  de  deux  termes  quel- 
conques des  séries  {u),  {v)  dont  les  indices  forment  une  somme  égale 
k  n-\-  i  :  W„  contient  tous  les  produits  analogues  dans  lesquels  les 
indices  forment  une  somme  égale  ou  inférieure  à  /i  -*-  i  ;  tous  ces 
termes  figurent  évidemment  dans  le  produit  développé  UaV^,  avec 
d'autres,  pour  lesquels  la  somme  des  indices  dépasse  n-{-\.  Si, 
d'ailleurs,  on  se  donne  le  nombre  naturel  />,  on  peut  prendre  n  assez 
grand  pour  que  tous  les  produits  qui  figurent  dans  le  produit  U^Vp 
développé  figurent  aussi  dans  W„  :  il  suffit  évidemment  de  prendre 

n  -I-  I  >  ip. 

Ceci  posé,  supposons  d'abord  que  tous  les  nombres  w„,  t'„  soient 
positifs  (  '  );  il  en  sera  de  même  des  nombres  <v„;  on  a  d'ailleurs,  par 


(')    Le   raisonnement  et  les  conclusions  subsistent  lors  même  que  quelques-uns 
de  ces  nombres  seraient  nuls. 


40  CHAPITRE   XI. 

les  remarques  précédentes,  W„<  U„V„<  U  V;  la  série  (w)  est  con- 
vergente; sa  somme  W  est  au  plus  égale  à  UV. 

Soient  A,  B  des  nombres  positifs  respectivement  plus  petits  queU, 
V,  aussi  voisins  d'ailleurs  qu'on  voudra  de  U,  V  :  on  peut  prendre  /f 
assez  grand  pour  que  l'on  ait  IJp  >  A,  V^  ^  B,  U^,  V p  >>  AB  et,  en 
prenant  n  assez  grand, 

W>  W„>U^V^>AB; 

AB  pouvant  être  supposé  aussi  voisin  qu'on  voudra  de  UV,  on  voit 
que  W  ne  peut  être  inférieur  à  UV  :  il  lui  est  nécessairement  égal. 

Supposons  maintenant  que  m„,  <•„  soient  des  nombres  quelconques, 
positifs  ou  négatifs,  réels  ou  imaginaires;  désignons  par  m^,,  v'„  les 
valeurs  absolues  de  a„,  i>„  ;  les  séries  à  termes  positifs 

(u')  u'i  -+-  u'^  -h  . . .  -h  Un-+- . . . , 

{v'  )  f ',  -t-  t'a  -1- .  . .  -4-  t^^,  -+- .  .  . 

sont  convergentes  par  hypothèses;  soient  U',   V  leurs  sommes,  U^^, 
V^^  les  sommes  de  leurs  n  premiers  termes  ;  la  série 

(w' )  w\-h  iv'.-,-[-.  .  .-h  w'„-\-. .., 

où  l'on  suppose,  en  général. 


est,  d'après  ce  qu'on  vient  de  dire,  convergente  et  sa  somme  W  est 
égale  à  U' V  :  soit  W),  la  somme  des  n  premiers  termes. 

Je  rappelle  que  si,  dans  un  polynôme  dont  les  coefticients  sont 
positifs,  on  remplace  toutes  les  variables  parleurs  valeurs  absolues,  on 
obtient  un  nombre  positif  égal  ou  supérieur  à  la  valeur  absolue  du 
polynôme  :  l'égalité  ne  peut  avoir  lieu  que  si  toutes  les  variables  sont 
réelles  et  positives  ou  nulles.  Si  donc  on  regarde,  pour  un  instant, 
w„  comme  un  polynôme  dont  les  variables  s'appelleraient  m,,  «27  •••, 
ç),,  (^25  •  ■  •)  on  voit  que  l'on  a  |  w„|^w^^  :  la  série  (w)  est  absolument 
convergente. 

D'ailleurs  l'expression  U^V,,— W«,  si  l'on  développe  le  pro- 
duit U„V«  et  si  l'on  supprime  les  termes  de  ce  produit  qui  figurent 
dans  W„,  ne  contient  plus  que  des  termes  tels  que  ^at'p,  où  a  -f-  ^ 
est  supérieur  à  n  -\-i,  c'est  encore  un  polynôme  en  m,,  u-i-,  .  .  .,  v^, 


SÉRIES.  4l 

p2,  . . .,  à  coefficients  positifs;  l'expression  U'„V^^—  W^,  se  déduit  de 
U„V«  — W„  en  remplaçant  a,,  u.,,  ...,  p,,  v.,,  ...  par  leurs  valeurs 
absolues;  on  a  donc,  pour  la  même  raison  que  tout  à  l'heure, 

|U„v„-w„|iu;,v;,-w;„ 

le  second  membre  étant  positif.  Si  l'on  fait  croître  n  indéfiniment, 
U«,  V„,  W„,  {]'„,  Y'„,  W„  tendront  respectivement  vers  les  limites 
U,  V,  W,  U',  V,  W  ;  le  second  membre  de  l'inégalité  précédente 
tendra  vers  o,  et  l'on  aura 

lUV  — W|lo; 
comme  l'inégalité  est  impossible,  on  a  UV  =  W. 

191.   Prenons  pour  les  séries  (u),  (ç)  les  deux  séries  absolument 


convergentes 

X         x^ 

IH i 1-., 

1             I  .2 

.  .-H  - 

1 

^n 

[  .  -2  .  . 

.  n 

Y       y^ 

1             I  .2 

.  .-H  - 

1 

yn 

i  .2.  . 

.  n 

OÙ  X  et  y  sont  des  nombres  donnés,  d'ailleurs  quelconques;  on  aura 
ici 


X       y 

W2= 1-  -> 


Wn+X  = 


.i...(n—\)    I 


1  .2.     .  (/î  —  2)1.2  l  .1.  . .  n 

(n"  43).  Ainsi  la  somme  de  la  série 

X -\- y        {oc-\-y)'^  {x->r-y) 


I 

I  12  I  .2  .  .  .  rt 


est  le  produit  des  sommes  des  séries  proposées. 

En  particulier  le  produit  des  sommes  des  deux  séries 


X         x^  x'^ 

IH 1 h.  .  .H 

I  1.2  1.2. 

X  X^  /  . 

1 H  -—    -t-...-H(— l)« 


est  égal  à  i ,  quel  que  soit  x. 


42  CHAPITRE   XI. 

Si  l'on  prend,  en  général,  pour  les  séries  («),  (p),  les  deux  séries 

«0-1-  aiX-\-  a-ix^  +  ...-{-  afiX"^-^ .. ., 

bo-^  f>ix -^  b^x^-h.  .  .-h  bnX" -h.  .  ., 

OÙ  X  est  un  nombre  donné  tel  que  les  deux  séries  soient  absolument 
convergentes;  on  voit  que  la  série 

OÙ  l'on  suppose  Cq  =  «o  ^05   ■  •  •  : 

Cfi  =  Uo  b„  -h  «j  b,i-i  -H  ...-(-«„  èo, 

est  absolument  convergente  et  que  sa  somme  est  égale  au  produit  des 
sommes  des  séries  proposées.  On  observera  que  la  règle  pour  former 
la  série  produit  est  la  même  que  la  règle  pour  former  le  produit  de 
deux  polynômes  ordonnés  suivant  les  puissances  croissantes  de  x. 

Si  l'on  suppose  en  particulier,  en  désignant  par  /?,   q   des    nombres   quel- 
conques 

_  p(p  —  i)...(p  —  n-^-i)  _  q(g  —  i)...(q  —  n-hi) 

Cl/l  ■ 5  0,1  ) 

i  .2. . .  n  i .1. . .  n 

les  deux  séries  seront  absolument  convergentes,  en  supposant  |a7|<  i.  c„  sera 
un  polynôme  en />,  q;  si  /;,  q  étaient  des  nombres  naturels,  les  deux  séries  se 
réduiraient  à  des  polynômes,  les  développements  de  {t -+- x-)p  et  de  (t-i-x)^; 
leur  produit  serait  (i-h  x)p-^^;  le  coefficient  de  x"'  dans  le  développement  de 
cette  dernière  expression  devrait  se  réduireà  c„;  on  doit  donc  avoir,  lorsque/»,^ 
sont  des  nombres  naturels, 

_  (p-i-q)(p-hq  —  \)...(p-^q  —  n-hi)  _ 


mais  il  est  aisé  de  voir  que  deux  polynômes  en  />,  q  qui  prennent  des  valeurs 
égales  pour  tous  les  systèmes  de  valeurs  naturelles  attribuées  aux  variables, 
sont  identiques;  l'égalité  précédente  doit  donc  être  une  identité  en  yo,  q,  en 
sorte  que  le  produit  des  sommes  des  deux  séries 

i  1.2  i  .1. . .  n  ' 

q  q{q  —  i)  qiq  —  \)...(q  —  n-l-i) 


SÉRIES.  43 

est  égal  quels  que  soient  les  nombres  /?,  q  et  quel  que  soit  le  nombre  ar,  plus 
petit  que  1  en  valeur  absolue,  à  la  somme  fie  la  série 

I  1.2 

_^  {p  ^  q){p  -^  g  -\). .  .{p  ^  g  —  n  ^  i)  ^„_^_  ^  ^  ^ 
\  .1.  .  .  a 

19!2.   Limite  de  (  n —  )    pour  n  inâni.  —  L'expression  f  i  H \  , 

où    n    est   un  nombre    naturel,   est   le   produit  de  n  facteurs  égaux 

à  1  +  -•  Quand  n  est  très  grand,  chacun  de  ces  facteurs  est  voisin 

de  1,  et  il  y  en  a  beaucoup;  on  ne  se  rend  pas  compte  de  la  valeur  du 
produit,  dont  on  va  montrer  qu'il  tend  vers  une  limite  quand  a  aug- 
mente indéfiniment. 

On  a,  en  appliquant  la  formule  du  binôme, 

/         1\"_  '^  1        n(/i  — i)    \_  n{n  —  i)..  .(n  —  p+  1)   1 

l  n)    ~    ^   \    n  1.2         n^-       '"  \  .1. .  .  p  rU> 

On  transforme  le  terme  général  en  divisant  par  n  chacun  des  f>  fac- 
teurs n,  n  —  I , .  .  . ,  /i  —  /;  H-  I ,  qui  figurent  dans  le  numérateur  de  la 
première  fraction,  et  l'on  obtient 

V         rt /   \  n /        \  n    /   i.jt...p 

Le  second  membre  est  un  développement  limité,  contenant  (n-\-  ^) 
termes,  évidemment  positifs. 

Soit  /j  un  nombre  naturel  fixe,   d'ailleurs  quelconque,  et  suppo- 
sons n  > p.  La  somme  des  p  -f- 1  premiers  termes 

H---h(i—  -)  —  -+-(l--)    (1—-)   '-^  -H... 

^\~^)\~ri)"'\  n     )i.i...p 

du  second  membre  de  l'égalité  (i)  peut  être  regardée  comme  un  poly- 


44  CHAPITRE    XI. 

nome  en  -,  dont  la  valeur,  si  l'on  j remplaçait  -  par  o,  serait 


dont  la    valeur  diffère  donc  aussi  peu  qu'on  le  veut  de  e^,  pourvu 

que  —  soit  assez  petit,  que  n  soit  assez  grand  :  la  différence  est  moindre 

que  tel  nombre  positif  s  que  l'on  voudra,  pourvu  que  n  dépasse  un 
nombre  positif  convenablement  choisi. 

On  est  ainsi  amené  à  comparer  (  i  H |    à  la  série  indéfinie 


ie) 


dont  on  a  établi  la  convergence,  et  dont  on  désigne  habituellement  la 
somme  par  e  :  la  limite,  pour  n  infini,  de  la  somme  des  p  4- 1  pre- 
miers termes  du  développement  de  (  i  H —  )    est  égale  à  la  somme  e^ 

des  p  +  I  premiers  termes  de  cette  série. 

Dans  le  second  membre  de  l'égalité  (i),  on  retrouve  les  premiers 
termes  de  la  série  (e),  respectivement  multipliés,  à  partir  du  troi- 
sième, par  les  facteurs  i .(i )  fi j, ...  qui  sont  tous  po- 
sitifs et  plus  petits  que  i  ;  chaque  terme  de  ce  second  membre  est 
plus  petit  que  le  terme  correspondant  de  la  série  (e);  le  second  membre 
est  plus  petit  que  la  somme  des  n  -+- 1  premiers  termes  de  la  série  (e)  ; 
il  est,  a  fortiori,  plus  petit  que  e.  On  a 


Mais,    quand    n    augmente,    -    diminue,    les    facteurs 

M ),    ...   augmentent,   le   nombre   des  termes,  dans    le   second 

membre  de  (i),   augmente  aussi;   leur  somme  (i-\ — )     augmente 

avec  n;  elle  reste  inférieure  à  e,   elle  a  donc,   quand  n  augmente 
indéfiniment,  une  limite  E,  inférieure  ou  égale  à  e. 

D'un  autre   côté,  si  l'on  se  donne  le  nombre  naturel  /?,  on  a,  en 


45 


supposant/?  >/>, 

i 
>.+  - 


\  '       n)   V        n  /"'\  n      j  i.i...p' 


la  limite  du  premier  membre,  quand  n  augmente  indéfiniment,  ne 
peut  être  inférieure  à  la  limite  du  second  membre;  on  a  donc  E^e^; 
les  inégalités  e^E^e^,  où />  peut  être  supposé  assez  grand  pour  que 
la  ditlerence  e  —  ep  soit  aussi  petite  qu'on  le  veut,  montre  que  E  est 
égal  à  e. 

La  limite,  pour  n  injiiii,  de  ii-{--\    est  la  somme  e  de  la  série 


\  1.2.../) 

On  a  vu  au  n"  i82  qu'on  pouvait  poser 


I  y  .1  . .  p        \  .1.  . .  p  p 

en  désignant  par  ^p  un  nombre  positif  (non  nul),  plus  petit  que  i . 

On  obtient  des  valeurs  approchées  de  e  par  défaut  et  par  excès  en 
prenant  0^=  o,  9^^  i.  On  voit  ainsi,  en  prenant/?  =2,  que  e  est  plus 
grand  que  2,  plus  petit  que  3  ;  ce  n'est  pas  un  nombre  entier;  ce  n'est 
pas  non  plus  une  fraction  y  à  termes  entiers;  s'il  en  était  ainsi,  en 
etl'et,  on  pourrait  écrire,  en  prenant/»  =  6, 


b  1        '  "  '        1 . 2 ...  6        \ .?..  ,.b  b 

En  multipliant  par  \.i...b  et  en  faisant  passer  dans  le  premier 
juembre  les  6  +  i  premiers  termes  du  second,  on  en  tire  évidemment 
une  égalité  de  la  forme 

-j-  =  nombre  entier, 
b 

le  premier  membre  est  plus  petit  que  i   et  ne  peut  être  nul;  l'impossi- 
bilité est  manifeste.  Donc  le  nombre  e  est  irrationnel. 


46  CHAPITRE   XI. 

Hermite  a  démontré  qu'il  ne  pouvait  être  racine  d'une  équation 
algébrique  à  coefficients  rationnels. 

193.  Il  est  utile  de  savoir  calculer,  avec  une  approximation  donnée, 
la  somme  d'une  série  dont  on  sait  calculer  chaque  terme  avec  telle 
approximation  que  l'on  veut. 

Je  me  bornerai  au  cas  des  séries  à  termes  réels. 

Le  procédé  le  plus  régulier,  quand  on  a  une  limite  supérieure  du 
reste  de  la  série  limitée  au  n'""'"  terme,  est  de  chercher  à  déterminera 
de  façon  que  la  valeur  absolue  de  ce  reste  soit  plus  petite  que 
l'erreur  t  qu'on  veut  se  permettre,  d'évaluer  grossièrement  la  diffé- 
rence e'  entre  e  et  la  limite  supérieure  du  reste,  puis  de  calculer 
chaque  terme  de  façon  que  la  somme  des  erreurs  possibles  sur  chaque 
terme  soit  inférieure  à  e  —  e';  si  l'on  a  n  termes  à  calculer,  on  peut, 
par  exemple,  calculer  chaque  terme  avec  une  erreur  moindre  que ^• 

D'ordinaire,  on  procède  d'une  façon  moins  régulière  :  tout  d'abord, 
on  cherche  à  n'utiliser  que  des  séries  qui  soient  rapidement  conver- 
gentes; les  mathématiciens  se  sont  ingéniés  à  en  trouver  de  telles  pour 
les  cas  les  plus  fréquents  et  les  plus  intéressants.  Dans  ces  séries,  les 
termes  décroissent  rapidement,  et  le  reste  est  du  même  ordre  de  peti- 
tesse que  le  premier  terme  négligé,  ou,  au  moins,  que  le  dernier 
terme  conservé. 

Supposons  qu'on  veuille  avoir  le  résultat  avec  une  erreur  moindre 
que  io~^,  et  que  l'on  calcule  chaque  terme,  sous  forme  décimale,  en 
conservant  p -\- q  décimales;  on  aura  ainsi  chaque  terme  avec  une 
erreur  moindre  que  lo"''"^',  et  même  que '4  lo"/*"^,  si  l'on  a  forcé, 
quand  il  convenait,  le  dernier  chiffre  décimal  ;  on  s'arrête  dans  le  cal- 
cul des  termes  lorsque,  dans  le  terme  suivant,  les/>  H-  y  chiffres  dé- 
cimaux que  l'on  devrait  garder  seront  tous  des  zéros. 

Supposons  qu'on  ait  ainsi  calculé  n  termes,  l'erreur  commise  sur 
la  somme  de  ces  n  termes  sera  moindre,  suivant  les  cas,  que  n  io~P~9 
ou  -  1  o^P'f.  Si  l'on  représente  la  valeur  absolue  du  reste  par  k  i  o~P~^, 
le  nombre  A^  ne  sera  pas  grand,  habituellement,  et  l'on  peut  admettre, 
conformément  aux  hypothèses  que  l'on  a  faites,  qu'il  sera  inférieur 
à  lo;  quoi  qu'il  en  soit,  l'erreur  qui  résulte,  d'une  part,  des  erreurs 
commises  sur  chaque  terme  et,  d'autre  part,  de  ce  que  l'on  a  négligé  le 

reste,  sera  moindre  que  (A- -}- /i)  lo"/*"?,  ou  que  (k-\ — )  io~P~f;  il 


SKBIES.  47 

suffira,  pour  avoir  l'approximation  désirée,  que  l'on  ait 
A-i-n<io'7         ou         k -] <  io7. 

2 

On  voit  que,  si  l'on  suppose  ^  =  2,  A-  <  lo,  le  procédé  ne  se  trouve- 
rait en  défaut  que  si  l'on  avait  été  obligé  de  calculer  plus  de  90  termes 
dans  le  premier  cas,  plus  de  180  dans  le  second.  La  série  ne  serait 
guère  convergente;  on  voit  même  que,  si  l'on  n'a  pas  trop  de  termes 
à  calculer,  le  nombre  k  peut  très  bien  être  supérieur  à  10.  Si  l'on 
prenait  au  contraire  ^  =  i ,  le  résultat  serait  fréquemment  défec- 
tueux :  d'où  la  règle  que  l'on  recommande  habituellement  :  calculer 
deux  chiffres  de  plus  qu'on  n'en  veut  garder;  s'arrêter  quand  on  ne 
trouve  plus  que  des  zéros;  faire  la  somme  et  supprimer  les  deux 
derniers  chiffres. 

Sans  que  j'j  insiste,  on  voit  que,  en  procédant  de  cette  façon,  et  en 
calculant  chaque  terme  avec  une  erreur  moindre  que  {lo"/*"*,  on 
pourra,  d'ordinaire,  avoir  le  résultat  avec  une  erreur  moindre  que 
j  io~P.  Si,  d'ailleurs,  on  a  quelque  scrupule,  et  que  l'on  ait  une  limite 
supérieure  du  reste,  on  pourra  toujours  s'assurer  de  ce  qu'il  en  est. 


Supposons,  par  exemple,  qu'on  veuille  avoir  le  nombre  e  avec  une  erreur 
moindre  que  — ->  en  partant  de  la  série  qui  définit  ce  nombre;  on  a  écrit  ci- 
dessous  les  termes  de  la  série,  calculés  avec  une  erreur  moindre  que  : 

^       2.10' 

près,  à    partir   du    terme  -:   les  trois  premiers,    ensemble,   forment   une 

'^  '  1.2.3  ^ 

somme  égale  à  2,5;  chaque  terme  se  déduit  du  précédent.  On  a  mis  un  point 
à  droite  des  chiffres  forcés. 

2,5 

0,1666667- 

0,0416667' 

o,oo83333 

o,ooi3889* 

0,0001984 

0,0000248 

o , 0000027 

o,oooooo3' 


2,7182818 


48  CHAPITRE   XI. 

On  s'est  arrêté  au  terme  — -^  <3.io-'',  le  reste  correspondant  est  plus  petit 

que  3.IO-8;  on  est  bien  sûr  ici,  d'après  le  raisonnement  général,  que  l'er- 
reur  commise  en  ne   conservant  au    résultat   que  les  cinq    premiers   chiffres 

décimaux  est  moindre  que  ;  il  est  d'ailleurs  aisé  de  voir  que  l'approxi- 
mation est  plus  élevée.  Un  des  termes  a  été  calculé  exactement;  quatre  termes 
ont  été  calculés  par  défaut;  de  là,  et  de  ce  que  l'on  a  négligé  le  reste,  résulte 
une  erreur  possible,  par  défaut,  moindre  que 

/i.— h3.io-8='23.io-8; 

1 

quatre  termes  ont  été  pris  par  excès,  d'où  une  erreur  possible,  par  excès, 
moindre  que  2.ro-^;  le  nombre  e  est  certainement  compris  entre  les  deux, 
nombres  obtenus,  l'un  en  ajoutant  3  unités  du  dernier  ordre  décimal,  l'autre 
en  en  ôtant  2  unités,  c'est-à-dire  entre  2,7i8'282t  et  2,7182816;  on  est  sûr  que 
les  cinq  premières  décimales  sont  exactes  et  que  la  valeur  2,718282  est  appro- 
chée avec  une  erreur  moindre  que  y  10-'*;  en  fait,  les  sept  décimales  calculées 
se  trouvent  être  exactes,  la  compensation  s'étant  faite  à  peu  près  entre  les 
erreurs  par  défaut  et  les  erreurs  par  excès. 

Supposons  qu'on  veuille  calculer  la  somme,  pour  a::  =  -^  de  la  série 

X        x^        ce'        x''        x^ 

r  ^  31  ^  5l  "^  ^  "^  9  !  ■  "  ' 


En  prenant  pour  log  -  la  valeur  o,  19612,  on  trouve  pour  les  logarithmes  des 

termes  les  valeurs  ci-dessous,  en  face  desquelles  on  a  mis  les  nombres  corres- 
pondants, que  l'on  prendra  pour  valeurs  des  termes  de  la  série 


3l 

I ,81021 

0,64597 

X^ 

5! 

2,90142 

0,07969 

x^ 

7! 

3,67041 

0,00468 

x^ 

4,20432 

0 , 000 I 6 

^11 

6, 

0,00000 

On  a  fait  ci-dessous,  d'une  part  la  somme  des  termes  positifs,  d'autre  pari 


SKIUKS.  49 

la  somme  des  lermes  négatifs.  On  trouve 

I ,)7o8o 

0,07969  0,64597 

16  0,00468 


i,65o63  o,65o65 

On  trouve  donc  i   pour  la  somme  cherchée;  les  erreurs  se  sont  compensées 
et  le  résultat  est  exact,  ainsi  qu'on  le  verr;)  plus  tard. 


EXERCICES. 

167.  Dans  une  série  convergente  on  enferme  tels  termes  consécutifs  que  l'on 
veut  entre  parenthèses,  de  manière  à  regarder  leur  somme  comme  effectuée  ; 
montrer  que  la  nouvelle  série  ainsi  obtenue  est  convergente  et  a  même  somme 
que  la  proposée. 

La  série 

-Ihi'-l 

est  convergente;  en  est-il  de  même  de  la  ?érie 

168.  Quelle  est  la  somme  de  la  série  convergente 

a  -h  b  -\-  a'^  -i-  b^  +  . .  .  -\-  a'^  -h  b"  -i- . . . 

où  «,  b  sont  des  nombres  positifs  plus  petits  que  1? 

Comment  se  comporte  le  rapport  d'un  terme  au  précédent  quand  n  augmente 
indéfiniment? 

169.  On  se  donne  la  suite  indéfinie,  admettant  o  pour  limite, 

R,,     Rj,     ...,     R„,     ...; 

on  demande  l'expression  du  terme  général  m,.j  d'une  série 

«1+  Uî-h. .  .-f-  U;i-1-.  . ., 

dont  le  reste  soit  R„,  quand  on  la  limite  à  u„- 

T.  -  II.  4 


5o  CHAPITRE   XI. 

170.  On  se  donne  la  ?uite  indéfinie 


former  une  série  telle  que  le  rapport  du  {n  -+- 1)''"""  terme  au  n"'"'*'soit  égal  à  / 

Cas  où  r,,  est  égal  à  -  si  n  est  p 
on  parvient  alors  est  convergente? 


Cas  où  r„  est  égal  à  -  si  n  est  pair,  à  -  si  n  est  impair;  la  série  à  laquelle 


171.  Former  une  série  dans  laquelle  le  rapport  du  n'"""  terme  ù  la  somme 
des  «  premiers  termes  soil  égale  à  a",  en  désignant  par  a  un  nombre  positif 
plus  petit  que  i.  Cette  série  est-elle  convergente? 

172.  Former  une  série  dont  la  somme  soit  égale  à  i  et  dans  laquelle  le  rap- 
port du  /i'^'"*"  terme  au  reste  de  la  série,  limitée  à  ce  terme,  soit  égal  à  -  • 

173.  Trouver  la  somme  de  la  série 


1.2.3        2.3.4       "'       n{n-[-  \){n-\--i) 
en  parlant  del'ideniilé 


rt(rt-+-i)(/i-4-2)        n        n-Hi        /i  +  2 

Plus  généralement,  la  formule  à  laquelle  on  parvient  en   décomposant  en 
fractions  simples  la  fraction  rationnelle 


x{x  -t-  i)-  •  -(^  -t-  p) 
permet  de  trouver  la  somme  de  la  série 
I  I 


!.•>..../>        2.3.  . .( /> -t-  i)  ii{n^\)    ..(n-h/i) 

174.    La  série 


(^  +  ,)i+a         (^_+_.^)i.a  (^^,,)..-a 

OÙ  p  est  un  nombre  positif,  est  convergente  quand  a  est  positif.  Montrer  que 
sa  somme  tend  vers  o  quand  p  augmente  indéfiniment. 


SERIES. 

47o.  Si  Ui,  a»,  ...,  u„,  ...  sonl  des  nombres  positifs,  les  séries 


Ui  II  2  Un 


ft 


I  —  «1         I  —  «2  I  —  a,i 

sont  convergentes  ou  divergentes  en  même  temps. 

176.  Dans  les  mêmes  conditions,  il  en  est  de  niTme  des  deux  séries 
Ux  -+-  u,  -{-...  -\-  u,t  -H .  . . , 

U\  H^  Un 

—    H h.. .H --f-..., 

S,  52  .V,, 

où  s,i  désigne  la  somme  des  n  premiers  termes  de  la  première  série. 

On  voit  aisément  que  la  seconde  série  est  convergente  quand  la  première  est 
convergente;  pour  achever  la  démonstration,  il  suffit  de  prouver  que  la  seconde 
série  est  divergente  quand  la  première  est  divergente.  On  observera  que  la 
scmiiue 

^ll-hl  5,,-f-2  •l/i+p 

est  plus  grande  <]iie 


et  que,  si  la  première  série  est  divergente,  on  peut  toujours,  en  se  donnant  n 
arbitrairement,  prendre />  assez  grand  pour  que  le  second  membre  soit  aussi 

voisin  de  i  qu'on  voudra,  pour  qu'il  dépasse-?  par  exentple:  on  peut  donc, 

dans  la  seconde  série,  trouver  après  le  n''""  terme  assez  de  termes  pour  que 

leur  somme  dépasse  -  et,  cela,  quel  que  soit  /i,  etc. 

Appliquer    la    proposition    précédente    au    cas    où    l'on    a    /<„=r.  quel   que 
soit  n. 


177.    Kn  désignant  par  a,  b  deux  nombres  positifs  donnés,   déterminer  un 
nombre  A  tel  que  la  série  dont  le  n'''""  terme  est 


soit  convergente. 


52  CHAPITRE    XI. 

fix) 
178.  Une  fonction  rationnelle' -:;  étant  donnée,  dans  laquelle  le  dénomi- 

nateur  ne  s'annule  pour  aucune  valeur  entière  et  positive  de  ar,  on  peut  tou- 

jours  en  retrancher  un  polynomejPi'a;)  et  une  fraction  de  la  forme  —,  où  A 

est  une  constante,  tels  que  la  série  dont  le  terme  général  est 


o{n)  ^    '       n 


soit  convergente. 

179.   Montrer  que  l'expression 


«  -f-  i         /i  -h  2 


où  n  est  un  nombre  naturel,  tend  vers  une  limite  quand  n  croît  indéfiniment. 
On  a 


Su-ï-\  —  ^11  = 


2  n  -f-  I  2/1+2 


le  second  membre  est  le  terme  général  d'une  série  convergente  dont  la  somme 
est  la  limite  de  Sn  pour  a  infini. 


180.  Si  a,,  a2,  .  .  .,  a„  sont  des  nombres  positifs  tous  plus  petits  que  i,  on  a 

o>(i  — ai)(i  — aa).  ..(i  —  a,./)  >  I  —  (ai4-  «2  +  ...+  a„). 

La  proposition  est  évidente  pour  /i  =  2;  elle  s'établit  ensuite  par  induction. 
Elle  montre  qu'on  peut  poser 

(i  — a,)(i  — a2)...(i  — a„)  =  i  — 6(a,  +  a2  +  ...  +  a„), 

0  étant  un  nombre  compris  entre  o  et  i. 

181.  Si  la  série  à  termes  positifs 
est  convergente,  le  produit 

Q„=([  —  Ml)  ((—"2)  ••  •(!  —  «*«  ) 

tend,  quand  n  croît  indéfiniment,  vers  une  limite  Q,  différente  de  o  si  aucun 
des  nombres  «i,  M2,  . . . ,  ««,  .  . .  n'est  égal  à  1 . 


SÉRIES.  53 

On  commencera  par  supposer  que  tous  les  nombres  «i,  «2,  •  •  «i  "/m  •  •  •  sont 
plus  petits  que  i  ;  la  proposition  résulte  alors  du  lemme  dont  l'énoncé  con- 
stitue l'exercice  précédent.  Il  est  ensuite  aisé  d'achever  la  démonstration, 
puisque,  dans  la  série  proposée,  les  termes  finissent  certainement  par  être  tous 
plus  petits  que  i. 

182.  Si  la  série  à  termes  positifs 
est  divergente,  le  produit 

P«=  (H-  «l)(H-  "2).  •  •(!-+-  "/,) 

croît  indéfiniment  quand  n  augmente  indéfiniment. 

Il  en  est  de  même,  en  supposant  tous  les  nombres  aj,  u-i^  . . .,  Un,  •  •  •  infé- 
rieurs à  r,  du  produit 

\  I—  «i/   V  1  —  «2/  V  I—  Uni 

Conclure  de  là  que,  dans  les  mêmes  conditions,  le  produit 

(l  —  Ml)(l  —  i<2)...(l  —  Un) 

tend  vers  o  quand  n  augmente  indéfiniment. 

183.  Si  la  série  à  termes  positifs 

«1  -+-  «2  -I- .  • .  H-  "«  +  ... 
est  convergente,  le  produit 

\  I  -+-  M|  /    \  1-+-  Uî/  \  I  -h  M„  / 

tend  vers  une  limite  positive  quand  n  augmente  indéfiniment;  en  conclure  que 
le  produit 

P„=  (l  -+-?<!  )(l-t-  W2)-.  •('  +  "/») 

tend  vers  une  limite  quand  n  augmente  indéfiniment. 

La  même  conclusion  résulte  de  ce  que  ce  produit  est  inférieur  à 


I 
184.   Si  la  série 


Ui- 


54  CHAPITRE   XI. 

e?t  absolumcnl  convergente,  le  produit 

P«=  (1-4-  Ui)(l-Jr-U-2).  ..(l  +  Ua) 

tend,  lorsque  n  croit  indéfiniment,  vers   une  limite  qui   n'est  nulle  que  si  l'un 
des  nombres  a,,  «21  • .  -,  ««,  • .  •  est  égal  à  —  i. 

18.1.    On  suppose  que  dans  la  série  à  termes  positifs 

Ui-i-  U-i-h.  .  .-h  Un-\-.  .  ., 

l'expression     ""^    admette,  pour  n  infini,  une  limite  l;  pour  quelles  valeurs 

positives  du  nombres  peut-on  affirmer  la  convergence,  ou  la  divergence  de  la 
série 

UiX  -h-  UiX"--^.  .  .+  UnX"'  +  .  . .? 

Même  question,  en  supposant  que  l'on  ait  lim  (')/«„)  =  /',  montrer  que,  si 

n  =  ae 

les  deux  expressions  -^^-^  et  '{/u,^  ont,  l'une  et  l'autre,  une  limite  pour  n  in- 
fini, ces  deux  limites  sont  égales.  ÎNIontrer  que 

'\/i.2...n 
augmente  indéfiniment  avec  n. 

186.  Dans  la  série  alternée 

Ui Uî-h-  U3  —  ■ . ., 

où  l'on  suppose,  en  général,  M/j+.t>  i<,j>  o,  sans  supposer  d'ailleurs 
lim  u,i  —  o, 

on  désigne,  en  général,  par  s^  la  somme  des  n  premiers  termes. 

Montrer  que  les  sommes  d'indice  pair  vont  en  croissant  avec  leur  indice,  que 
les  sommes  d'indice  impair  vont  en  décroissant;  que  chaque  somme  d'indice 
impair  est  plus  grande  que  chaque  somme  d'indice  pair,  que  Sîn  et  52/î+i 
tendent  vers  des  limites  quand  n  augmente  indéfiniment.  Sous  quelles  condi- 
tions les  limites  sont-elles  égales? 

187.  Effectuer  le  carré  et  le  cube  de  la  série 


où  X  désigne  un  nombre  plus  petit  que  i  en  valeur  absolue. 


SÉRIES.  55 

18S.   On  fait  le  produit  des  deux  polynômes 


X        X'-  a"' 

H 1 h.  .  .H j 

I         \  .1  \  .x. .  .n 

XX'  ,  ,  37" 

l 1 1-...4-(— l)" 

1  t  .  -2  '       1.1.  . 


Quel  est  le  second  terme  du  produit,  ordonné  suivant  les  puissances  ascen- 
dantes de  xl 


189.   Effectuer  le  carré  des  deu\  séries 


\  .i.  1.2.3.4  I  .  2 .  .  .  9.  rt 

X  X'^  X~^  a^î/i-l-l 


1  1.2.3  1.2.3.4..')  '"'  1  .2.  .  .(2/1  +  () 

et  ajouter  les  résultats. 

190.  Calculer    au    moyen    d'une    table    de    logarithmes    à    cinq    décimales 
l'expression 

/  ,        \  ;.999 

\'^  9999 y* 
et,  au  moyen  d'une  table  à  sept  décimales,  l'expression 

/  I         \  99999 

\'^  99999/ 

191.  Calculer,  avec  vingt  décimales  exactes,  la  somme  de  la  série 

pour  ^  =  0,1  et,  avec  trois  décimales  exactes,  la  somme  de  la    même   série 
pour  ^  =  0,9. 

192.  Calculer,  avec  une  erreur  moindre  que  lo-'*,  la  somme  de  chacune  des 
deux  séries 

X''  a?* 


1.2  1.2.3.4 


X  X' 


I  1.2.3  1.2.3.1.3 


pour  X—  -  ei  X  =  - 


56  CHAPITRE    XI.    —    SÉRIES. 

193.   Le  même  raisonnement  que  l'on  a  employé  au  n"  192  pour  montrer  que 


a  une  limite  quand  a  croît  indéfiniment  et  que  cette  limite  est  la  somme  e  de 
la  série 


permet  de  montrer  qne,  si  x  est  un  nombre  positif  donné,  l'expression 

tend  vers  une  limite  quand  n  augmente  indéfiniment,  par  valeurs  naturelles, 
•et  que  cette  limite  est  la  somme  de  la  série 

X  x^  X"- 

l-\ 1- h.  .  .H h 

I         i  .■}.  i  .1.  .   n 

'Ce  dernier  résultat  subsiste  lors  même  que  x  est  négatif  ou  imaginaire. 

En  effet,  la  différence  entre  la   somme  S  de  cette  série  et  (  i  H )     est  la 

somme  de  la  série 


p 


i .1. . .n 


[.2. .  .(rt -f- 1)        I  .■;>...  .(n -(-2) 
et  l'on  peut  déduire  de  là  l'inégalité 

où  x'  désigne  la  valeur  absolue  de  x  et  S'  la  somme  de  la  série 


X         x  '■ 

H 1 

I  1.2 


CHAPITRE  XII. 

FONCTIONS  D'UNE  VARIABLE  RÉELLE. 


§  1.  -   GÉNÉRALITÉS. 

194.  On  a  dit  plus  haut  qu'un  polynôme  en  x^  une  fraction  ration- 
nelle en  X,  sont  des  fonctions  de  x^  pour  dire  que,  lorsqu'on  se  donne 
la  valeur  numérique  de  x^  on  sait,  au  moyen  d'opérations  connues, 
calculer  (')  la  valeur  correspondante  du  polynôme  ou  de  la  fraction. 

S'il  s'agit  d'une  fraction  rationnelle,  il  y  a  toutefois  des  valeurs  de  x 
pour  lesquelles  la  fonction  ne  peut  être  définie,  les  valeurs  pour  les- 
quelles le  dénominateur  s'annule  :  ces  valeurs  sont  isolées;  mais  il 
n'en  est  pas  toujours  ainsi. 

Si  l'on  considère,  par  exemple,  l'expression  ^/.r- — i  et  si,  comme 
je  le  suppose  ici,  on  ne  veut  considérer  que  des  nombres  réels,  les 
opérations  à  effectuer  n'ont  pas  de  signification  pour  les  valeurs  de  x 
comprises  entre  —  i  et  +  i . 

Soit  X  une  lettre  que  l'on  regarde  comme  susceptible  de  prendre 
n'importe  quelles  valeurs,  et  que,  pour  cette  raison,  on  désigne  sous 
le  nom  de  variable  indépendante;  soient  a,  a'  deux  nombres  réels 
quelconques,  différents  entre  eux  :  on  dit  que  j:  ap/iarlient  à  Tinter- 
"valle  («,  rt')  pour  dire  qu'il  est  égal  soit  à  a,  soit  à  «',  soit  à  une  valeur 


(')  Il  faut  enleiidre  ici  le  mot  calculer  dans  un  sens  qu'il  ne  comporte  guère  :  s'il 
s'agit,  par  exemple,  d'un  polynôme  en  x,  même  d'un  polynôme  à  coefficients  ration- 
nels, on  ne  peut  pas  calculer  la  valeur  de  ce  polynôme  pour  une  valeur  irrationnelle 
de  x,  ou  plutôt  on  ne  peut  la  calculer  qu'approximativemcnt ;  si  les  coefficients  sont 
irrationnels,  le  calcul  ne  peut  être  effectué  même  pour  les  valeurs  rationnelles  de  x; 
mais  la  valeur  du  polynôme  peulélre  définie  par  une  coupure,  ou  comme  une  limite, 
pour  cha(iue  valeur  de  x. 


58  CHAPITRIÎ   XII. 

comprise  entre  a  et  a';  on  dit  qu'il  est  inti'.ii  eur  à  l'intervalle  (a,  a'} 
pour  dire  qu'il  est  compris  entre  a  et  a'  sans  être  égal  ni  à  «,  ni  à  a' ^ 
qu'il  satisfait  aux  inégalités  a  <^.r  <;  a',  si  l'on  suppose  «■<«' •'  «et  a' 
sont  les  bornes  de  l'intervalle. 

Imaginons  miintenant  une  autre  lettre  y  et  supposons  qu'à  chaque 
valeur  de  x  appartenant  à  l'intervalle  («,  a')  corresponde  une  valeur 
définie  dey;  il  faut  entendre  par  là  que,  si  l'on  se  donne  une  valeur 
pour  J7,  on  sait  calculer  ou  au  moins  définir  la  valeur  correspondante 
de  j^,  au  moyen  d'opérations  que  l'on  sait  efFectuer  sur  le  nombre  x., 
ou  de  toute  autre  façon.  On  dit  alors  que  j^est  une  fonction  de  x^  dé- 
finie àxn-,  l'intervalle  («,  a').  Au  lieu  de  la  lettre  j',  on  emploie  sou- 
vent, pour  désigner  une  fonction  de  x^  un  symbole  tel  que  /(^), 
g{x),  ....  Un  polynôme  en  x  est  une  fonction  de  x  définie  dans  tout 
intervalle;  une  fraction  rationnelle  en  x  eal  une  fonction  définie  dans- 
tout  intervalle  auquel  n'appartient  aucune  raoine  du  dénominateur; 
y/i  —  x-  est  une  fonction  de  x  définie  dans  l'intervalle  ( —  i ,  +  i)- 

On  a  vu  que  la  somme  de  la  série 


était  définie  pour  chique  valeur  de  x;  cette  somme  est  u:ie  fonction 
de  X  définie  dans  tout  intervalle.  Si  on  la  désigne  par  <s{x),  le  résultat 
obtenu  au  n"  290  parla  multiplication  de  deux  séries  peut  s'exprimer 
en   disant  que  la   fonction  o(_x)  jouit  de   la   propriété   qu'exprime 

l'égalité 

cp(a")-l-cp(a7')  —  <î^{x  -+■  x'). 

Si  l'on  considère  la  série 

m  (m  —  I  ) .  .  .  (  m  —  n  -h  i) 


OÙ  l'on  regarde  m  comme  un  nombre  donné,  on  sait  que  cette  série  est 
convergente  pour  toute  valeur  de  .r  intérieure  à  l'intervalle  ( —  1,4-1); 
la  somme  de  cette  série  est  une  fonction  définie  de  x  dans  tout  inter- 
valle («,  a')  dont  les  bornes  a,  a' sont  intérieures  à  l'intervalle  ( — i,  i). 
On  ne  peut  pas  dire  que  la  somme  soit  une  fonction  définie  dans  tout 
l'intervalle  ( —  i,  1)5  puisqu'on  ne  sait  pas  si  cette  somme  a  un  sens 
pour  X  égal  à  —  i  ou  à  i . 


FONCTIONS    d'iNE   VARIABLE    RKELLi:.  69 

La  fonction  rt^,  où  «est  un  nombre  positif  donné,  a  été  enlièremenl 
définie  dans  le  Chapitre  I,  au  n '25.  J'y  reviendrai  d'ailleurs  an  n"  201. 

Ou  a  rappelé  au  n'94  la  définition  des  fonctions  circulaires  sinar, 
cos  X,  tang  x^  qui  s'introduisent  en  trigonométrie;  les  deux  premières 
sont  définies   dans   tout  intervalle,  la  dernière  dans   tout  intervalle 

auquel  n'appartient  pas  un  multiple  impair  de  7-  La  définition  de  ces 

fonctions  est  géométrique  :  on  doit  imaginer  un  cercle  idéal,  où  l'on 
pourrait  mesurer  les  arcs,  pour  les  points  duquel  on  pourrait  mesurer 
les  abscisses  et  les  ordonnées,  avec  une  précision  indéfinie  qii  ne 
peut  être  évidemment  réalisée  ;  miis  ce  cercle  que  l'on  imagine  permet 
des  raisonnements  rigoureux,  et  l'on  en  déduit,  en  trigonométrie,  les 
belles  propriétés  de  ces  fonctions;  on  verra  plus  tard,  d'ailleurs,  com- 
ment on  psut  substituer  à  la  définition  géométrique  un;:;  définition 
purement  analytique. 

195.  Je  n'ai  pas  besoin  d'insister  ici  sur  la  représentation  graphique 
des  fonctions,  avec  laquelle  le  lecteur  est  déjà  familier. 

L'ensemble  des  valeurs  de  x  qui  appartiennent  à  l'intervalle  (a,  a') 
est  très  bien  représenté  par  le  segment  de  l'axe  des  x  dont  les  extré- 
mités sont  les  point?  d'abscisse  «,  a'.  En  parlant  du  point  x  de 
l'axe  OX,  j'entendrai  le  point  de  cet  axe  dont  l'abscisse  est  x,  con- 


Y 

b' 

A' 

/ 

y 

/ 

/ 

M 

b 

y 

A 

0 

c 

i        <a 

c 

r' 

X 

formémeiit  aux  conventions  du  Chapitre  1.  11  est  aussi  fort  commode 
de  se  figurer  la  lettre  x  comme  représentant  le  te/nps,  ou  plutôt, 
afin  de  fondre  ensemble  les  deux  représentations,  d'imaginer  l'axe 
des  X  comme  une  sorte  d'horloge  rectiligne,  où  le  temps  serait 
marqu '•  par  un  point  qui  se  mouvrait  dun  mouvement  uniforme  dins 


6o  CIIAl'ITRK    XII. 

le  sens  positif,  en  parcourant  l'unité  de  longueur  dans  l'iinilé  de  temps 
et  qui,  à  J'origine  des  temps,  passerait  à  l'origine  des  coordonnées; 
l'intervalle  (a,  d)  peut  alors  être  regardé  comme  un  intervalle  de 
temps  et  l'on  peut  regarder  le  point  (d'abscisse)  x  comme  se  mou- 
vant du  point  a  au  point  «'. 

Soit  maintenant  y  =z  J\x)  une  fonction  de  x  définie  dans  l'inter- 
valle (a,  «'),  o\x  je  suppose  «<<«';  à  chaque  point  x  de  cet  inter- 
valle correspond  une  valeur  de  y^  un  point  de  l'axe  OY  dont  l'or- 
donnée est  y.  En  parlant  d'un  point  y  de  l'axe  OY,  j'entendrai 
le  point  de  cet  axe  dont  l'ordonnée  est  y.  A  chaque  point  x  de  l'in- 
tervalle (a,  a')  correspond  aussi  un  point  M  du  plan,  dont  les  coor- 
données sont  x  ely  =f[x). 

A-dmettons,  en  laissant  au  mot  courbe  un  sens  un  peu  vague  que 
l'on  essaiera  de  préciser  peu  à  peu,  que,  lorsque  le  point  x  se  meut  du 
point  a  au  point  a',  le  point  M  décrive  un  trait  de  courbe  allant  du 
point  A  (de  coordonnées  a,  b)  au  point  A'  (de  coordonnées  a',  b'). 
Ce  trait  de  courbe  figurera  très  bien  la  fonction,  et  permettra  de  suivre 
sur  l'axe  OY  le  mouvement  du  point  7  correspondant  au  mouvement 
du  point  X.  Chaque  parallèle  à  l'axe  des  jk  menée  par  un  point  d'abs- 
cisse x^  compris  entre  a  et  a',  rencontrera  le  trait  de  courbe  en  un 
point  et  un  seul,  dont  on  lira  l'ordonnée  jk  sur  l'axe  àes  y.  Le  point/ 
de  cet  axe  pourra  d'ailleurs  sortir  du  segment  b,  6',  les  parallèles  à 
l'axe  des  x  peuvent  rencontrer  le  trait  de  courbe  en  plusieurs  points; 
il  peut  y  avoir  plusieurs  valeurs  de  x,  dans  l'intervalle  (a,  a'), 
auxquelles  corresponde  la  même  valeur  de  y. 

Inversement  on  voit  de  suite,  sur  la  figure,  comment  un  trait  (idéal) 
reliant  A  à  A'  définirait,  si  les  mesures  pouvaient  être  faites  avec  une 
précision  indéfinie,  y  comme  une  fonction  de  x,  pourvu  que  chaque 
parallèle  à  l'axe  des  j^  comprise  entre  A  et  A'  ne  rencontre  ce  trait  de 
courbe  qu'en  un  point.  Si  la  courbe  est  définie  géométriquement,  à 
cette  définition  correspondront  des  propriétés  de  la  fonction  que  l'on 
pourra  déduire  de  la  définition. 

De  même,  dire  qu'on  connaît  le  mouvement  du  pointy  sur  l'axe  OY, 
dans  l'intervalle  de  temps  («,  a'),  c'est  dire  qu'à  chaque  instant  x^ 
ou  pour  chaque  position  (entre  a,  a')  du  point  x  sur  l'horloge 
rectiligne  OX,  on  connaît  la  position  correspondante  du  point  r, 
c'est-à-dire  que  l'on  connaît  l'ordonnée^  de  ce  point  en  fonction  du 
temps  X. 


FONCTIONS    d'une    VAKIABI.E    RKKI.I-E.  6i 

Toiilefois,  les  fonctions  qui  sont  susceptibles  de  cette  représentation 
graphique  ou  cinématique  constituent  une  classe  particulière  de  celles 
qu'on  a  définies  plus  haut;  pas  de  représentation  graphique,  pas  de 
mouvement  sans  conlinuiLé,  et  le  lecteur  pressent  (.ertainement  la 
nécessité  de  préciser  ce  mot.  D'un  autre  côté,  on  n'imagine  pas  de 
courbe  dont  l'ordonnée,  quand  x  croît,  n'irait  pas  ou  en  croissant, 
ou  en  décroissant,  ou  en  restant  constante,  ou  du  moins  qui  ne  pour- 
rait pas  se  décomposer  en  parties  telles  qu'il  en  fût  ainsi,  pour  cha- 
cune d'elles  ;  on  n'imagine  pas  de  mouvement  qui  ne  s'eflectue  pas 
dans  un  certain  sens,  de  point  qui  se  meuve  sur  l'axe  des  y  sans 
monter  ou  descendre,  qui  irait  d'un  point  à  un  autre  sans  passer  par 
les  points  inlermédiaii^es,  etc.  Ces  diverses  idées,  qu'il  importe  de 
préciser,  ne  sont  nullement  impliquées  dans  l'idée  générale  de  fonc- 
tion telle  qu'elle  a  été  présentée  au  n"  19i. 

196.  Continuité.  —  On  dit  qu'une  fonction /(a;),  définie  dans  l'in- 
tervalle (rt,  rt'),  est  continue  dans  cet  intervalle,  pour  dire,  en  gros, 
qu'à  des  valeurs  très  voisines  de  la  variable  appartenant  à  cet  intervalle, 
correspondent  des  valeurs  très  voisines  de  la  fonction,  que  la  diffé- 
rence/(^,) — fi^o)  des  valeurs  de  la  fonction  qui  correspondent 
aux  valeurs  .r^,  x,  de  x,  la  varialion  f  {x^) — /(x,,)  de  la  fonction 
quand  x  passe  de  la  valeur  x^  à  la  valeur  :r,,  est  très  petite  en  valeur 
absolue,  quand  les  nombres  ro,  x^  appartiennent  à  l'intervalle  (a,  a!) 
et  que  la  différence  x,  —  r,,  est  très  petite  en  valeur  absolue.  Il  est 
toutefois  nécessaire  de  préciser  encore  cet  énoncé  :  d'une  part  le  mol 
jtelit  est  vague,  d'autre  part  il  pourrait  arriver  que,  pour  une  petite 
valeur  de  x^  —  Xo,  la  différence /(.r,  )—/(xo)  fût  en  effet  petite,  et 
qu'elle  devînt  grande  lorsque  les  valeurs  de  x^^  et  de  x,  se  rappro- 
cheraient davantage;  une  telle  supposition  est  évidemment  contraire 
à  l'idée  que  l'on  se  fait  de  la  continuité.  On  évitera  toute  difficulté  en 
disant  que  : 

La  fonction  f{x)  définie  dans  l'intervalle  {a,  a')  est  continue 
dans  cet  intervalle  si  à  chaque  nombre  positif  e  on  peut  faire 
correspondre  an  nombre  positif  t' tel  que  l'onait\f{xs)—f{Xo)\<.^ 
sous  la  condition  que  Xq,  x,  appartiennent  à  l'intervalle  {a,  a')  et 
que  l 'on  ait  \ x^  —  Xq\<^  e'. 

On    dira    souvent,    et   dans    le    même    sens,    que    la    différence 


6i  CIIAPITIllî    XII. 

/{^'\  )  — /(^o)  doit  être  plus  petite,  en  valeur  absolue,  que  tel  nombre 
positif  £  que  l'on  voudra,  pourvu  que  la  différence  x,  —  Xo  soit 
moindre,  en  valeur  absolue,  qu'un  noml)re  positif  e',  convenablement 
choisi  :  ce  nombre  î'  dépend  ordinairement  de  £. 

Si,  par  exemple,  on  considère  un  cercle,  on  voit  de  suite  qu'un  arc 
est  plus  grand  que  la  corde  qui  le  sous-tend,  que  celle-ci  est  plus 
grande  que  sa  projection  sur  un  axe;  on  voit  de  suite  que,  dans  l'in- 
tervalle [o,  ■^],  par  exemple,  la  variation  de  sin^r  pour  deux  valeurs 

voisines  a^o,  ^i  est  moindre  que  j  ^o  —  ^i  j  ;  on  en  déduit  la  continuité 
de  sina?  dans  cet  intervalle. 

Dans  le  Chapitre  II,  où  l'on  a  traité  dt  s  polynômes,  on  n'a  pas 
démontré  la  continuité  dans  un  intervalle  (ce  qui,  d'ailleurs,  n'offre 
pas  de  difficulté),  mais  seulement  la  continiiilé  pour  chaque  valeur 
de  X,  qu'il  me  reste  à  définir  en  général. 

Une  fonction  J\x)  définie  dans  V inlervaUe  («,  a')  est  continue 
pour  une  valeur  particulière  Xo  appartenant  à  cet  Intervalle  si  la 
différence  f{x s) — /{^o)  <^st  moindie  en  valeur  absolue  cjue  tel 
nombre  positif  e  que  l' on  voudra,  pourvu  que  ^,  appartienne  aussi 
à  l'intervalle  («7,  a')  et  que  la  différence  Xi — x^soit  moindre  en 
l'a/eur  absolue  qu'un  nombre  positif  z'  convenablement  choisi. 

Quand  on  se  donne  le  nombre  Xq  et  le  nombre  positif  S)  on  doit 
pouvoir  trouver  e' . 

C'est  bien  dans  ce  sens  qu'on  a  établi  la  continuité  d'un  polynôme, 
€omme  fonction  de  x,  d'abord  pour  x  =  o,  puis  pour  une  valeur 
<:juelconque  de  x. 

Il  est  évident  que,  si  une  fonction /(a^)  est  continue  dans  V inter- 
valle (a,  a'),  elle  sera  continue  pour  chaque  valeur  x^  de  ^,  apparte- 
tenant  à  cet  intervalle.  Le  nombre  s  étant  donné,  on  en  déduira  le 
nombre  s'  qui  conviendra  à  la  fois  pour  toutes  les  valeurs  de  x^. 
La  réciproque  s'énonce  ainsi  :  Si  une  fonction  y  (^)  est  continue  pour 
chaque  valeur  .r»  qui  appartient  à  l'intervalle  («7,  a'),  elle  est  continue 
dans  tout  cet  intervalle.  Cette  réciproque  n'est  pas  évidente  :  à  chaque 
valeur  de  x,)  et  de  e  correspond  bien  un  nombre  s';  mais,  si  l'on  se 
donne  seulement  e,  il  n'est  nullement  évident  qu'on  puisse  lui  faire 
correspondre  un  s'  qui  convienne  à  la  fois  pour  toutes  les  valeurs 
de  Xf).  Il  y  a  là  un  point  délicat  de  la  théorie  des  fonctions,  que  je 


FONCTIONS    DUNE   VARIABLE    RKEI.LK.  63 

laisse  de  côté.  Celle  léciproque  se  trouvera  d'ailleurs  établie  aisément 
pour  des  classes  étendues  de  fonctions  continues,  mais  je  dois  pré- 
venir le  lecteur  qu'elle  est  vraie  dans  sa  généralité  ('). 

Je  ne  démontrerai  pas  non  plus  d';;utres  propositions  importantes, 
qui  se  déduisent  logiquement  de  la  définition  de  la  continuité,  mais 
qu'on  peut  regarder  comme  intuitives  pour  les  fonctions  continues, 
susceptibles  de  la  représentation  j^raphique  ou  cinématique  qui  a  été 
décrite  au  n"  195,  et  qui  fait  correspondre  un  point  de  l'axe  OY  à  un 
point  de  l'axe  OX.  Je  me  contente  de  les  énoncer. 

Les  valeurs  d'une  fonction  /(.^),  continue  dans  l'intervalle  («,  «'), 
restent  comprises  entre  certaines  bornes  A,  A'.  Il  y  a  une  certaine 
valeur  r'  qui  peut  d'ailleurs  être  soit  <7,  soit  a',  soit  un  nombre  inter- 
médiaire, pour  laquelle  la  valeur/(^')  de  la  fonction  est  supérieure 
ou  égale  à  toutes  les  autres  :  en  d'autres  termes,  on  a,  quel  que  soit  le 
nombre  x  appartenant  à  l'intervalle  («,  a')^  f{x')'^f  {x).  De  même, 
il  y  a  une  valeur  x'\  appartenant  à  l'intervalle  («,  a')  telle  que  l'on 
ait,  quel  que  soit  le  nombre  x  appartenant  au  même  intervalle, 
f{x")<f{x). 

Cela  revient  à  dire,  si  l'on  se  reporte  à  la  représentation  grapbique, 
que,  parmi  les  diverses  positions  du  point  y  sur  l'axe  OY  qui  cor- 
respondent aux  positions  du  point  x  situé  sur  l'axe  OX  en  a,  a'  ou 
entre  a  et  «',  il  y  a  deux  positions  extrêmes  jk',  y"  qui  correspondent 


Y 
h' 

/ 

\     A 

A' 

b 

A 

a 

\J 

a," 

0 

Vl/ 

X 

.y 

à  des  points  x',  x"  de  l'intervalle  ou  du  segment  (a,  «'),  telles  que  le 
pointy  ne  soit  jamais  au-dessus  du  pointjK',  au-dessous  du  point  ;'"; 
les  valeurs  de  j'  qui  correspondent  aux  valeurs  de  x  qui  appartiennent 


(')  Intr.,  n»  1G2. 


64 


CHAPITRE    XII. 


à  l'intervalle  (a,a')^  appartiennent  toutes  à  l'intervalle  (j^",  j'').  Au 
point  de  vue  cinématique,  on  peut  dire  que,  dans  l'intervalle  de 
temps  (a,  «'),  le  point  y^  en  se  mouvant  sur  l'axe  OY,  atteint  une 
position  jk'  au-dessus  de  laquelle  il  ne  monte  pas,  une  position  y"  au- 
dessous  de  laquelle  il  ne  descend  pas. 

On  énonce  souvent  cette  propriété  des  fonctions  continues  en 
disant  qu'une  fonction  continue  dans  l'intervalle  (a,  a')  atteint  son 
maximum  et  son  minimum  ('). 

Si  la  fonction  f  {x)  est  continue  dans  l'intervalle  (a,  a')  et  si  a,  a' 
sont  deux  valeurs  de  x  appartenante  cet  intervalle,  telles  que  les 
nombres  y"(  a),  y  (a')  soient  de  signes  contraires,  il  j  a  .une  valeur  Xq 
de  X  comprise  entre  a,  a',  telle  que,  pour  cette  valeur,  lafonction/(^) 
s'annule  :  en  d'autres  termes,  il  y  a  une  racine  ^c^ de  l'équation /(x)^o 
comprise  entre  a,  a'.  En  effet,  le  trait  de  courbe  qui  joint  le  point  de 

Fiff.  38. 


Y 

0' 

^*' 

/ 

a.      / 

a' 

0 

/ 

X 

coordonnées  a  et  [îi  =  f{^^)i  qui  est  au-dessous  de  l'axe  des  x^  au  point 
de  coordonnées  a' et  P'=/(a')  rencontre  nécessairement  l'axe  des  .r 
en  quelque  point  .ro,  situé  entre  les  points  a  et  a'  de  cet  axe.  Dans 
l'intervalle  de  temps  (a,  a'),  un  point  de  l'axe  des  y  qui  se  meut  du 
point  [S  au  point  ^  ne  peut  pas  ne  pas  passer  par  le  point  O,  à  un 
moment  a^o  compris  entre  les  époques  a,  a'  (-). 

Plus  généralement,  un  point  qui  se  meut  d'une  position  à  une  autre 
passe  par  toutes  les  positions  intermédiaires  ;  dans  la  figure  3^,  le 
point  y  qui  se  meut  sur  l'axe  OY  dans  l'intervalle  de  temps  (a,  a!) 


(')  Intv.,  n"  161. 
(2)  Intr  ,  n°  166. 


FONCTIONS   D  UNE   VARIABl.K    RKELLE. 


65 


passe  par  tous  les  points  du  segment  qui  va  dey"  k  y' \  chacune 
des  valeurs  de  y  qui  appartiennent  à  l'intervalle  (y',  y")  peut  être 
regardée  comme  correspondant  à  une  valeur  de  .r  appartenant  à  l'in- 
tervalle («,  a).  En  d'autres  termes  encore,  toute  parallèle  à  l'axe 
des  X  menée  par  un  point  du  segment  (/',  y')  rencontre  le  Irait  de 
courbe  qui  figure  la  fonction  dans  l'intervalle  (rt,  a'). 

Ces  propositions  ne  sont  pas  moins  intuitives  que  la  proposition 
particulière  sur  laquelle  on  a  insisté  tout  d'abord  ;  elles  peuvent 
d'ailleurs  s'en  déduire;  si,  en  effet,  ;',  est  une  valeur  àe y  comprise 
entre  j/'  etjK'?  la  fonction /(a?)  —  y,,  continue  dans  l'intervalle  (a,  a'), 
est  négative  pour  J7  =  ^",  positive  ^owt  x  =  x' ;  elle  doit  donc  s'an- 
nuler pour  une  valeur  x,  intermédiaire  entre  x"  et  x' . 

On  peut  aller  un  peu  plus  loin  dans  l'étude  de  cette  proposition 
particulière,  qui  est  extrêmement  importante,  et  dire  que  la  fonc- 
tion/*(j7)s'annule  un  nombre  impair  de  fois  entre  a  et  a',  parce  qu'un 
trait  de  courbe  ne  peut  pas  passer  d'un  côté  de  l'axe  des  x  à  l'autre 
oôté  de  cet  axe  sans  le  traverser  un  nombre  impair  de  fois,  qu'un  point 
qui  se  meut  sur  l'axe  OY,  qui  part  d'un  point  situé  au-dessous  de  O 
pour  aboutir  à  un  point  situé  au-dessus  doit  passer  un  nombre  impair 
de  fois  par  le  point  O. 

Cette  assertion,  que  la  fonction  f{x)  s'annule  un  nombre  impair 
de  fois  entre  a  et  a',  paraît  claire   sur  la  figure  89,  elle  tombe  évi- 


Fig.  39. 


Fig.  4o. 


^3^ 


déminent  en  défaut  dans  les  figures  4o  et  4' 5  et  l'on  en  voit  bien  la 
raison  :  il  y  a  des  points  où  le  Irait  de  courbe  vient  affleurer  l'arc 
des  x  sans  le  traverser.  Pour  conserver  à  la  proposition  énoncée  sa 
généralité,  on  ne  comptera  pas  ces  points-là,  ou  bien  on  les  comptera 
comme  équivalents  à  un  nombre  pair  de  points  qui  seraient  confondus, 
T.  -  II.  5 


€6  CHAPITRE   XII. 

tandis  qu'on  comptera  pour  un  nombre  impair  de  points  ceux  où  le 
trait  de  courbe  traverse  l'arc  des  x^  soit  de  bas  en  haut,  soit  de  haut 
en  bas.  Il  sera  alors  permis  de  dire   que  l'équation /(^r)  =  o  a  un 


Y 

Fig.  4'. 

.    W 

aJ 

0 

|3 

Y  ■ 

X 

nombre  impair  de  racines  entre  a  et  a',  povirvu,  toutefois,  qu'elle  en 
admette  un  nombre  fini.  Si  la  fonction /(j?)  s'annulait  une  infinité  de 
fois  entre  a  et  a',  la  proposition  n'aurait  plus  de  sens;  d'ailleurs, 
la  représentation  graphique  ne  serait  plus  possible. 

Le  lecteur  verra  sans  peine  que,  lorsque  f{x)  est  un  polynôme 
en  a;,  les  explications  qu'on  vient  de  donner  concordent  bien  avec 
la  définition  de  l'ordre  de  multiplicité  d'une  racine.  Le  théorème 
énoncé  est  vrai  en  comptant  chaque  racine  distincte  comme  équi- 
valant à  autant  de  racines  qu'il  j  a  d'unités  dans  son  ordre  de  multi- 
plicité. Celte  notion  de  l'ordre  de  multiplicité  sera  étendue  plus  tard 
à  d'autres  fonctions  analogues  aux  polynômes,  mais  il  n'y  a  pas  lieu 
d'en  donner  une  définition  générale. 

.le  lui  laisse  le  soin  de  traduire  en  langage  cinématique  ce  que  l'on 
vient  d'expliquer  sur  une  figure  et  de  reconnaître  de  la  même  façon 
la  vérité  de  la  proposition  que  voici,  qui  doit  être  entendue  comme  la 
précédente  : 

Si  la  fonction  f{x)  est  continue  dans  r intervalle  (a,  a'),  si  les 
nombres  a,  a'  appartiennent  à  cet  intervalle,  et  si  les  valeurs  cor- 
respondantes y  (a),  /(a')  de  la  fonction  ont  le  même  signe, 
V équation  f{x)  =  o  n'a  pas  de  racines  comprises  entre  a  et  a',  ou 
bien  en  a  un  nombre  pair. 

Lorsqu'une  fonction  de  x  n'est  pas  continue  pour  une  valeur  x^ 
de  X,  elle   est  dite  discontinue  pour  cette  valeur  :  Les  iraclions  ra- 


FONCTIONS    D  UNK    VARIARI.E    UÉKLLE.  G7 

tionnelles  nous  ont  fourni  des  exemples  de  discontinuités  :  celles-ci 
se  présentaient  pour  des  valeurs  spéciales  de  la  variable;  il  en  sera 
de  même  pour  toutes  les  fonctions  que  nous  étudierons  ici;  les  dis- 
continuités seront  toujours  exceptionnelles.  Toutefois,  il  importe 
de  remarquer  que  les  discontinuités  que  nous  avons  alors  rencontrées 
étaient  d'une  nature  particulière.  Il  convient,  en  raison  de  leur  im- 
portance, de  s'arrêter  sur  ces  discontinuités  spéciales,  sur  ces  valeurs 
de  la  variable  pour  lesquelles  on  dit  qu'une  fonction  devient  infinie, 
qu'elle  passe  de  —  oo  à  -|-  oo,  etc. 

La  fonction  7 — -»  par  exemple,  est  définie  pour  toutes 

{x  —  i){x  —  2)2     r  r     '  1 

les  valeurs  de  .r,  sauf  pour  ^  =  i  et  pour  J7  =  2  ;  on  a  expliqué  ce 
qu'il  fallait  entendre  quand  on  dit  qu'elle  devient  infinie  pour  .r  ^  i, 
qu'elle  passe  de  —  00  à  -f-  00,  lorsque  x  passe  par  cette  valeur, 
qu'elle  tend  vers  -f-00  quand  x  tend  vers  2  soit  par  des  valeurs  plus 
petites,  soit  par  des  valeurs  plus  grandes  que  2.  Ces  explications 
peuvent  évidemment  être  transportées  à  d'autres  fonctions. 

Soity(:r)  une  fonction  définie  dans  l'intervalle  («,  a')  sauf  pour  la 
valeur  x^]  supposons,  en  outre,  qu'elle  soit  continue  pour  toutes  les 
valeurs  de  x  appartenant  à  cet  intervalle,  sauf  pour  x  ^  x^. 

On  dira  que  la  fonction /(a?)  est  ou  devient  infinie  pour  x  :=  Xq^  si, 
quel  que  soit  le  nombre  positif  P,  la  valeur  absolue  de /( .2?)  dépasse  P 
pour  toutes  les  valeurs  de  x  appartenant  à  l'intervalle  (a,  a')  qui  sont 
suffisamment  voisines  de  ^To  ;  en  d'autres  termes,  à  chaque  nombre 
positif  P  doit  correspondre  un  nombre  positif  £  tel  que  l'on  ait 
\f{x)  I  >  P,  pourvu  que  x  appartienne  à  l'intervalle  considéré  et  que 

l'on  ait  \x  —  ^0 1  <C  ^-  Dans  ces  conditions,  le  rapport  -?- — :  est  aussi 
voisin  de  o  qu'on  le  veut,  pourvu  que  x  soit  suffisamment  voisin 
de  Xq  ;  c'est  ce  qu'on  exprime  en  disant  que  ce  rapport,  qui  n'est  pas 
défini  pour  ^Tq,  a  pour  limite  o  quand  x  tend  vers  o  (  '  ). 


(')  On  voit  que  le  mot  limite  est  pris  ici  dans  un  sens  analogue  mais  non  iden- 
tique à  celui  qu'on  lui  donnait  dans  le  Chapitre  précédent  :  on  considérait  alors 
une  suite  m,,  m^,  ...,  m„,  ...  ou  plutôt  le  n'*"""  terme  de  cette  suite,  que  l'on  peut 
regarder  comme  une  fonction  de  la  variable  n  définie  pour  toutes  les  valeurs  natu- 
relles <le  cette  variable;  c'est  quand  n  grandissait  indéfiniment,  en  ne  prenant  que  de 
telles  valeurs,  que  m„  s'approchait  de  sa  limite.  Ici  x  peut  prendre  toutes  les  valeurs 
possibles,  et  c'est  lorsque  x  s'approche  de  o,  par  valeurs  quelconques,  que  -y — r  s'ap- 
proche  de  la  limite  o. 


68  CIIAI'ITRE    XII. 

Si  l'on  adopte  la  définition  précédente,  il  est  clair  que  la  fonction 
/(x),  que  l'on  suppose  infinie  pour  .x  =  Xq,  finit,  lorsque  œ  est  très 
voisin  de  Xo,  par  garder  le  même  signe,  pourvu  que  x  reste  soit  plus 
petit  que  Xo,  soit  plus  grand  que  Xo  ;  en  effet,  si,  en  considérant  deux 
valeurs  a,  a'  très  voisines  de  Xq  et  toutes  deux,  par  exemple,  plus 
petites  que  Xq,  la  fonction  /(x)  était  négative  pour  ^  =  a  et  positive 
pour  x  =  ol'^  elle  s'annulerait  (à  cause  de  la  continuité),  pour  une 
valeur  de  x  comprise  entre  a  et  a',  elle  ne  serait  pas  plus  grande 
que  P  en  valeur  absolue;  cela  ne  peut  plus  arriver  dès  qu'on  a  dépassé 
la  valeur  Xq —  î  à  partir  de  laquelle  on  a  \f(x)  \  >>  P. 

Ceci  posé,  il  peut  se  faire  que  la  fonction /(j?)  soit  négative  pour 
x<iXo,  positive  pour  j:*  >>  a?»;  elle  passe  alors  de  — ooà+oo;  elle 
peut  être  positive  avant  que  x  n'atteigne  Xq,  négative  après  :  elle 
passe  de  +  00  à  —  oo.  Elle  peut  être  positive  avant  et  après,  négative 
avant  et  après;  elle  devient  égale  à  +00  dans  le  premier  cas,  à  — 00 
dans   le   second;    les  fonctions  —  >   — >   — r>  — r->  discontinues   po 


372 


ur 


X  =  o,  offrent  des  exemples  de  ces  différents  cas.  Les  figures  20,  21, 
22,  23  montrent  suffisamment  comment  se  comporte  le  trait  de 
courbe  qui  figure  la  fonction  quand  x  est  voisin  de  o. 

Il  peut  se  faire  que  la  valeur  exceptionnelle  de  x  pour  laquelle  une 
fonction  devient  infinie  soit  précisément  une  des  bornes  de  l'inter- 
valle dans  lequel  on  considère  cette  fonction;  par  exemple,  la  fonction 

est  définie  dans  l'intervalle  ( —  i,  H-  i),  sauf  pour  les  bornes; 


y/i  —  a;2 

elle  est  infinie  pour  ces  bornes. 

Considérons  une  fonction  f{x)  qui  soit  définie  et  continue  dans 
l'intervalle  (a,  a')  quelque  grand  que  soit  a' .  Il  peut  se  faire  que,  x 
grandissant  indéfiniment,  f{x)  s'approche  d'une  valeur  limite,  ou 
grandisse  indéfiniment,  ou  se  comporte  tout  autrement;  la  définition 
de  la  limite  est  pareille  à  celle  qu'on  a  donnée  au  n"  171,  si  ce  n'est 
que,  alors,  on  ne  considérait  que  des  valeurs  naturelles  de  la  va- 
riable /i,  et  que  l'on  considère  maintenant  toutes  les  valeurs  de  x. 
On  dira  que  f{x)  a  une  limite  A  pour  x  =  -h  oo,  lorsque  la  différence 
entre /(^)  et  A  sera  moindre  en  valeur  absolue  que  tel  nombre  s 
que  l'on  voudra,  pourvu  que  x  dépasse  un  nombre  positif  P  con- 
venablement choisi,  d'après  la  valeur  de  s.  On  définira  de  même  la 
limite  pour  x  = — 00;  par  exemple,  -  a  pour  limite  o  quand  x  tend 
vers  -h  oc  ou  vers  —  00. 


FONCTIONS   D  UNE    VARIABLE    REELLE.  69 

On  dira  que  la  fonction /(a;)  devient  égale  à  +  oo  pour  x  ^-h  c», 
si  la  valeur  de  la  fonction  f{x)  dépasse  tel  nombre  positif  P  que 
l'on  voudra,  pourvu  que  x  dépasse  un  nombre  positif  (^  convenable- 
ment choisi  (d'après  P).  On  définira  de  même  ce  qu'il  faut  entendre 
quand  on  dit  que  f{x)  devient  égal  à  —  oo  pour  ^  =  +  oo,  à  +  x) 
ou  à  —  00  pour  X  =^  —  00. 

Les  polynômes  ont  fourni  des  exemples  de  ces  diverses  circon- 
stances, et  le  lecteur  se  rappelle  les  graphiques  correspondants. 

Les  seules  discontinuités  dont  nous  ayons  jusqu'à  présent  des 
exemples  correspondent  à  des  valeurs  de  x  pour  lesquelles  une  fonc- 
tion devienne  infinie.  Mais  une  fonction,  tout  en  étant  continue  en 
général,  peutofïrir  d'autres  sortes  de  discontinuités;  nous  en  ren- 
contrerons ainsi  qui  sont  inévitables;  un  graphique  suffira  aisément 
à  en  faire  comprendre  la  nature. 


Y 

y 

A' 

y' 

y 

9' 

/ 

9 

p 

y^ 

b 

A 

0 

a 

/ 

? 

a 

.' 

X 

Considérons  une  fonction  /(.r)  définie  dans  l'intervalle  (a,  a!)  par 
l'arc  de  courbe  AP  lorsque  x  appartient  à  l'intervalle  (a,  /?),  par 
l'arc  de  courbe  P'A'  quand  x  appartient  à  l'intervalle  (/?,  a!).  Dési- 
gnons par  q  et  q'  les  ordonnées  des  points  P  et  P'. 

Cette  fonction  /{x)  n'est  vraiment  définie  par  la  figure  que  pour 
les  valeurs  de  x  autres  que  p\  pour  x  =/>,  on  ne  sait  pas  si  la  valeur 
de  la  fonction  est  définie  par  l'arc  AP  (elle  serait  alors  égale  à  ^),  ou 
par  l'arc  P'A'  (elle  serait  alors  égale  à  q').  Mais,  afin  d'avoir  une 
fonction  qui  soit  complètement  définie,  on  peut  choisir  arbitraire- 
ment 1  une  de  ces  valeurs  ou  même  une  autre.  Convenons,  par  exemple, 
d'attribuer  à  la  fonction /(^r),  pour  x=/?,  la  valeur  q\  alors,  pour 


,  70  CHAPITRE   XII. 

des  valeurs  de  x,  un  peu  plus  petites  que  /),  la  fonction  est  voisine 
de  7,  aussi  voisine  de  q  qu'on  le  veut,  pourvu  que  x  soit  assez  voisin 
de/?;  pour  les  valeurs  de  x  un  peu  plus  grandes  que/»,  elle  est  voi- 
sine de  7',  aussi  voisine  de  q'  qu'on  le  veut  pourvu  que  x  soit  suffi- 
samment voisin  de/?.  La  discontinuité  est  manifeste;  on  dit  quelque- 
fois que  la  fonction  passe  brusquement,  pour  x=p,  de  la  valeur  q  à 
la  valeur  q' .  Toutefois,  cette  façon  de  parler,  qui  répond  bien  à 
l'aspect  de  la  figure,  n'est  pas  tout  à  fait  correcte  ou  plutôt  n'est  pas 
conforme  à  la  définition  précédente,  puisque,  pour  .r  =/?,  la  fonction 
f{x)  n'atteint  pas  la  valeur  q' . 

On  peut  dire  que,  lorsque  x  tend  vers  p  par  des  valeurs  infé- 
rieures ou  égales  à  p^  fl^x)  tend  vers  la  limite  7,  et  que,  lorsque  x 
tend  vers  p  par  des  valeurs  supérieures  à  />,  f{x)  tend  vers  la 
limite  q' ',  mais,  celte  fois,  il  faut  exclure  les  valeurs  égales  à  p  {*). 

Bien  entendu,  il  peut  se  présenter  des  discontinuités  beaucoup  plus 
compliquées;  celles  que  nous  avons  considérées  nous  suffiront. 

Enfin,  il  convient  encore  de  rappeler  une  circonstance  qui  s'est 
présentée  dans  l'étude  des  fonctions  rationnelles.  Il  peut  très  bien 
arriver  qu'une  fonction  qui  est,  en  général,  définie  et  continue  dans 
l'intervalle  (a,  a')  ne  soit  pas  définie  pour  une  valeur  exceptionnelle.ro 
de  cet  intervalle,  mais  qu'on  puisse  la  définir  pour  cette  valeur  sans 
qu'il  j  ait  discontinuité.  C'est  ce  qui  arrive,  par  exemple,   pour  la 

fonction }  qui  n'a  pas  de  sens  pour  ^  =  o,  mais  qui,  pour  toutes 

les  autres  valeurs  de  x,  est  égale  à  la  fonction  continue  2.r,  en  sorte 
que,  si  on  lui  attribue,  pour  x  =  o,  la  même  valeur  qu'à  cette  fonc- 
tion 2^,  elle  sera  toujours  continue.  D'une  façon  générale,  si  la  fonc- 
tion ./{x)  est  définie  et  continue  dans  tout  l'intervalle,  sauf  pour 
X  =  Xq,  et  s'il  existe  un  nombre  A  donty(.z:)  s'approche  indéfini- 
ment ('^)  quand  x  tend  vers  Xq  soit  par  des  valeurs  plus  petites,  soit 

(')  Le  lecteur  voit  que  le  mol  limite  est  employé  dans  des  sens  différents,  sui- 
vant les  cas.  Il  est  nécessaire,  toutes  les  fois  qu'on  emploie  le  mot,  de  se  rendre 
compte  de  son  sens  précis  dans  le  cas  où  l'on  a  affaire. 

(2)  D'une  façon  précise,  il  faut  entendre  par  là  que  la  différence  f  {x)  —A  esl 
moindre  en  valeur  absolue  que  tel  nombre  posilil  e  que  l'on  veut,  pourvu  que  la 
différence  x  —  x„,  sans  être  nulle,  soit  moindre  en  valeur  absolue  qu'un  nombre 
positif  e'  convenablement  choisi  (d'après  s).  On  dit  alors  aussi  que /(a;)  a  pour 
limite  A,  quand  x  tend  vers  ic„  :  la  même  expression,  d'ailleurs,  s'emploie  aussi  bien, 
et  dans  le  même  sens,  quand  la  fonction  f{x)  est  continue  pour  x=  x^  et  a  pour 
valeur  A;  niais  on  n'a  pas  alors  à  exclure  la  valeur  x  =  a;,. 


FONCTIONS   D  UNE   VARIABLE    REELLE.  7I 

par  des  valeurs  plus  grandes  que  x^,  on  peut  définir  /(x)  comme 
étant  égale  à  A  pour  .r  =  X(,;  elle  devient  alors  une  fonction  continue 
dans  tout  l'intervalle,  et  Ton  dit  que  A  est  la  vraie  valeur  de/(.r) 
pour  X  =z  Xq. 

L'expression  de  vraie  valeur  s'emploie  aussi,  par  extension,  quand 
il  s'agit  de  la  limite  d'une  fonction  pour  x  infini. 

Puisqu'une  somme,  un  produit,  un  rapport  varient  très  peu  quand 
les  termes  de  la  somme,  les  facteurs  du  produit,  le  numérateur  et  le 
dénominateur  du  rapport  varient  très  peu  (note  du  n"  l'^8),  il  est 
clair  que,  si  les  fonctions y*(jc),  '-o^x)  sont  définies  dans  un  inter- 
valle (a,  a'),  et  que,  si  elles  sont  continues  pour  une  valeur  Xq  appar- 
tenant à  cet  intervalle,  il  en  sera  de  même  des  fonctions 

f{x)  +  ^{x),    f{x)^{x\      {M. 

f{X) 

on  doit  toutefois,  pour  la  dernière,  supposer  que  o(x)  ne  s'annule 
pas  pour  .r  =  .r,,  ;  si  les  fonctions /"(j?),  'f{x)  sont  continues  dans 
tout  l'intervalle  (a,  a'),  il  en  sera  de  même  des  fonctions /(.r')  -+•  '^[x), 

f(x). 
f(^x)o{x)  et  du  rapport  - — -,  si  o{x)  ne  s'annule  pas  dans  l'inter- 
valle (rt,  <://), 

De  même,  si  l'on  sait  que,  lorsque  x  s'approche  de  x^^  ou  lorsque  x 
grandit  indéfiniment,  les  fonctions /(x),  'f(^)  ont  pour  limites  res- 
pectives des  nombres  \,  B,  il  est  clair  que  les  fonctions /(.r)  +  'f  (x), 

fix)  .  A 

f{x)'^{x)^^-j—diWvonl  pour  limites  les  nombres   A  +  B,  AB,  0'  H 

faut  toutefois  supposer,  dans  le  dernier  cas,  que  B  ne  soit  pas  nul. 


197.  La  notion  de  fonction  et  celle  de  continuité,  s'étendent  aisé- 
ment au  cas  de  plusieurs  variables  indépenditntes;  les  polynômes  à 
plusieurs  variables  nous  ont  déjà  fourni  des  exemples. 

Soient  x^  y  deux  lettres  que  l'on  regarde  coinms  susceptibles  de 
prendre  toutes  les  valeurs  possibles;  si,  à  chaque  couple  de  valeurs 
numériques  attribuées  à  ces  variables,  on  fait  correspondre  une 
valeur  de  5,  on  dira  que  z  est  une  fonction  àe  x^  y\  c'est  le  cas  d'un 
polynôme  en  x,  y.  Laie  fonction  àex^y  peut,  d'ailleurs,  ne  pas  être 
définie  pour  tous  les  couples  de  valeurs  Ae  x^y\  les  mêmes  raisons 
qui  nous  ont  conduit  à  considérer,   pour  les  fonctions  d'une   seule 


72  CHAPITRE    XII. 

variable,  des  intervalles  où  doit  rester  cette  variable,  nous  amènent  à 
limiter  le  champ  de  variation  des  valeurs  de  x^  y.  On  pourra  se  borner 
aux  couples  de  ces  valeurs  qui,  lorsque  l'on  considère  x^  ^  comme  les 
coordonnées  d'un  point,  sont  figurés  par  des  points  situés  à  l'inté- 
rieur d'un  certain  contour  et  sur  ce  contour,  par  exemple  à  l'inté- 
rieur et  sur  la  circonférence  d'un  cercle,  à  l'intérieur  et  sur  le  con- 
tour d'un  rectangle  dont  les  côtés  sont  parallèles  aux  axes.  Ces 
conditions  s'expriment  analjtiquement  d'une  façon  très  simple  :  si 
•^o>  J'o  sont  les  coordonnées  du  centre  du  cercle,  et  R  son  rayon,  on 
ne  considérera  que  les  couples  de  valeurs  de  x^y  qui  \érifient  l'iné- 
galité 

(1)  {x-Xç,)'^^{y-y^y<_K^; 

si  57o,  jKo  sont  les  coordonnées  du  centre  du  rectangle  et  2a,  26  les 
nombres  positifs  qui  mesurent  les  longueurs  de  ses  côtés,  on  ne 
considérera  que  les  couples  de  valeurs  de  x^y  qui  vérifient  les  iné- 
galités 

(2)  \x~x^\Sa,         \y—y^\<^b. 

Si  la  correspondance  est  établie  entre  chaque  couple  de  valeurs 
r,  y  qui  vérifient  ces  inégalités  et  la  valeur  numérique  de  z,  ;;  sera 
une  fonction  de  x^y  définie  dans  le  cercle  ou  le  rectangle.  On  com- 
prend, dès  lors,  ce  qu'il  faut  entendre  quand  on  dit  que  la  fonction 
est  définie  pour  le  point  .2^0,  y^  et  aux  environs  de  ce  point;  cela 
signifie  qu'on  peut  regarder  le  point  de  coordonnées  .Tq,  ,;'o  comme 
le  centre  d'un  cercle  ou  d'un  rectangle  qui  peut,  d'ailleurs,  être  aussi 
petit  que  l'on  veut,  et  dans  lequel  la  fonction  est  définie. 

Si  une  fonction /(^,jk)  est  définie  pour  le  point  x^^  j-q  et  aux 
environs  de  ce  point,  on  dira  qu'elle  est  continue  en  ce  point  pour 
dire,  en  gros,  que  sa  valeur  ciiange  peu  quand  on  remplace  x^  y  par 
des  valeurs  respectivement  voisines  de  x^^y^  et,  d'une  façon  précise, 
que  la  différence /(x,  jk)  — fi^oi!)  0)  est  moindre  en  valeur  absolue 
que  tel  nombre  positifs  que  l'on  voudra,  pourvu  que  les  difïerences 
X  —  Xo,y — yo  soient  moindres  en  valeur  absolue  qu'un  nombre 
positifs'  convenablement  choisi;  à  chaque  nombre  positif  s  doit  cor- 
respondre un  nombre  positif  s'. 

Si  une  fonction /(^•,  y)  est  définie  dans   tout  un  cercle  (et  sur  la 


FONCTIONS   d'une    VARIABLE    RÉELLE.  ;3 

«irconférence),  dans  tout  un  rectangle  (et  sur  le  contour),  on  dira 
<ju'elle  est  continue  dans  ce  cercle  ou  ce  rectangle  si,  quelque  petit 
•que  soit  le  nombre  positifs,  on  peut  lui  faire  correspondre  un  nombre 
positif  e'  tel  que  l'on  ait 

<3)  1/(^1, 7i)-/(^o,JK«)|<e 

pourvu  que  les  points  de  coordonnées  ^i,  jKi  et  Xo,  jKo  appartiennent 
au  cercle  ou  à  sa  circonférence,  au  rectangle  ou  à  son  contour,  et  que 
B'on  ait 

(4)  \xi-a;o\<^',         lri-JKu|<e'. 

En  adoptant  ces  définitions,  on  a  des  propositions  analogues  à  celles 
•qu'on  a  énoncées  pour  les  fonctions  d'une  variable  : 

Si  une  fonction  est  définie,  au  sens  qu'on  vient  de  dire,  dans  un 
•cercle  ou  un  rectangle,  et  si  elle  est  continue  en  chaque  point  du 
•cercle  et  de  sa  circonférence,  du  rectangle  et  de  son  contour,  elle  est 
continue  dans  tout  le  cercle,  ou  tout  le  rectangle,  avec  la  signification 
qu'on  vient  de  donner  à  ces  mots.  Les  valeurs  qu'elle  peut  prendre 
•sont  alors  comprises  entre  certaines  bornes;  elle  atteint  sa  valeur 
maximum  et  sa  valeur  minimum.  Voici,  pour  le  maximum,  le  sens 
précis  de  ce  théorème  :  si,  par  exemple,  la  fonction  est  définie.et  con- 
tinue dans  un  cercle,  y  compris  sa  circonférence,  il  existe  à  l'intérieur 
■du  cercle,  ou  sur  sa  circonférence,  un  point  de  coordonnées  x',y'  le\ 
que  l'on  ait 

pour  tous  les  couples  de  nombres  x,  )■  figurés  par  des  points  situés  à 
l'intérieur  ou  sur  la  circonférence  du  cercle.  Je  rappelle  que  cette  pro- 
position a  été  admise  dans  la  démonstration  du  théorème  fondamental 
de  l'Algèbre  (n"  112). 

Le  lecteur  aperçoit,  sans  que  j'insiste,  comment  on  pourra  définir 
une  fonction  d'un  nombre  quelconque  de  variables,  et  la  continuité 
d'une  telle  fonction. 

Sans  doute  les  interprétations  géométriques  feront  défaut;  on  ne 
pourra  plus  parler  d'un  cercle,  d'un  rectangle,  etc.,  mais  les  inéga- 
lités (i),  (2),  (3),  (4)  peuvent  évidemment  être  remplacées  par  des 
inégalités  analogues,  avec  autant  de  variables  qu'on  voudra. 

Je  reviens  aux  fonctions  d'une  seule  variable. 


74  CHAPITRE    XII. 

198.  Fonctions  croissantes,  décroissantes.  —  Soit  j'=/(.r)  une 
fonction  continue  dans  l'intervalle  (a,  a')  où  je  suppose  a  «<  a',  on 
dit  qu'elle  est  croissante  dans  cet  intervalle  si,  des  deux  valeurs  de 
f{x)  qui  correspondent  à  deux  valeurs  distinctes  quelconques  Xo,  .Z"i 
appartenant  à  cet  intervalle,  la  plus  grande  correspond  toujours  à  la 
plus  grande  valeur  de  x^  si  en  d'autres  termes  la  différence/(a7,)  — /(^o) 
est  toujours  de  même  signe  que  x,  —  x^^  en  sorte  que  le  rapport 
■l-^ ZLJLi  est  toujours  positif,  quand  les  noadjres   différents  Xa-, 

3"1  — ^0  Z  ^  '       ' 

x^  appartiennent  à  l'intervalle  (a,  a').  S'il  en  est  ainsi,  le  trait  AÂ.' 
qui  figure   la   courbe  va  en  montant   vers  la  droite;    le    point  y  de 


r 

b' 

Fig.  43. 

A' 

/ 

y 

A 

0 

o 

c 

t       a 

X 

l'axe  OY  qui  correspond  au  point  x  de  l'axe  OX  va  en  montant  quand 
le  point  X  décrit  le  segment  {a,  a'):  la  plus  petite  valeur  de  la  fonction 
est  atteinte  pour  x  =  a,  la  plus  grande  pour  x  ^  a'\,  lorsque  x  croît  de 
a  à  a',  la  fonction  /(.r)  croît  de  b  z=f[a)  à  b'  =^f[a')  en  passant  par 
chaque  valeur  ^  comprise  entre  b  et  6',  et  en  passant  seulement  une 
fois  par  cette  valeur;  quand  x  n'a  pas  atteint  a,  la  valeur  àe  f{x)  est 
inférieure  à  P;  quand  x  a  dépassé  a,  la  valeur  de /(jc)  est  supérieure 

J^a  fonction  /(x),  définie  et  continue  dans  l'intervalle  («,  a'),  est 
décroissante  lorsque,  quels  que  soient  les  nombres  distincts  Xq,  Xt 


appartenant  à  cet  intervalle,  le  rapport 


/(^i 


/(^o) 


est  toujours  néga- 


tif; le  trait  qui  figure  la  fonction  va  en  s'abaissant  vers  la  droite,  etc., 
le  point jK  de  l'axe  OY  descend  quand  x  croît  de  a  à  a';  le  maximum 
est  atteint  pour  x  ^=  a,  le  minimum  pour  x  =  a'  ;  la  fonction  passe 
une  fois  par  chaque  valeur  comprise  entre  b  ^/(a),  b'  =  f{a'). 


FONCTIONS    l)  UNE    VARIABLK    REELLE. 


Lorsqu'on  s'est  occiipi  des  polynômes  ou  des  fractions  rationnelles, 
on  ne  s'est  pas  occupé  de  la  croissance  ou  de  la  décroissance  de  ces 
fonctions  dans  un  intervalle,  mais  seulement  pour  une  valeur  spéciale 
de  la  variable. 

Fig.  4'4. 


Y 
b 

b' 

\ 

\ 

A' 

0 

CL 

a.          c 

X 

La  fonction  /{x)  est  croissante  pour  Xq  si  le  rapport 


f{x,)-f{x,) 


est  positif  pour  les  valeurs  de  .r,  suffisamment  voisines  de  Xq  et  diffé- 
rentes de  Xq  ;  elle  est  décroissante  pour  Xq  si  le  rapport  est  négatif 
dans  les  mêmes  conditions. 

Il  est  clair  que,  si  une  fonction  est  croissante  dans  un  intervalle  au 
sens  que  l'on  a  dit,  elle  est  croissante  pour  chaque  valeur  de  ^appar- 
tenant à  cet  intervalle;  réciproquement,  si  elle  est  croissante  pour 
chaque  valeur  de  x  appartenant  à  l'intervalle,  elle  est  croissante  dans 
tout  l'intervalle.  Cette  réciproque,  au  point  de  vue  logique,  aurait 
besoin  d'être  démontrée  (*);  le  lecteur  n'éprouve  sans  doute  aucune 
difficulté  à  l'admettre. 

Il  serait  bien  naturel  d'admettre  aussi  que,  si  une  fonction  continue 
dans  l'intervalle  (a,  a')  n'est  pas  constamment  croissante,  décroissante 
ou  constante  dans  cet  intervalle,  on  peut  décomposer  (rt,  a')  en  un 
nombre  fini  d'intervalles  partiels  (a,  a,),  («,,  «o),  .  .  .,  [ap^  a')  tels 
que,  dans  chacun  d'eux,  la  fonction  soit  ou  croissante,  ou  décroissante, 
ou  constante.  En  fait,  il  n'en  est  pas  ainsi  :  cette  possibilité  n'est  pas 
logiquement  impliquée  parla  définition  de  la  continuité,  et  le  lecteur 


(')  Intr.,  a"  1G7. 


76  CIIAIMTRIÎ    XII. 

doit  en  êlre  averti;  on  a  donné  des  exemples  de  fonctions  qui  salis 
font  à  la  définition  de  la  continuité  et  qui  cependant  ne  sont,  pour 
aucune  valeur  de  la  variable,  ni  croissantes,  ni  décroissantes,  qui  ne 
sont  pas  non  plus  constantes  dans  un  intervalle  fini  ('). 

De  telles  fonctions  échappent  à  la  représentation  graphique  ou  ci- 
nématique que  l'on  a  définies  plus  haut;  nous  ne  pouvons  imaginer  ni 
une  courbe  dont  l'ordonnée  n'aille  pas  en  croissant  ou  en  décroissant, 
ni  un  mouvement  recliligne  dans  lequel  on  ne  puisse  pas  dire,  à  aucun 
moment,  que  le  mobile  avance  ou  recule.  Elles  n'interviendront 
d'ailleurs  pas  dans  la  suite  de  ce  livre. 

Malgré  leur  évidence,  il  n'est  pas  inutile  de  résumer  les  remarques 
suivantes  : 

Si  A  est  une  constante  positive,  les  fonctions /(.r)  et  A/(.r)  varient 
dans  le  même  sens  :  si  la  première  est  croissante  ou  décroissante  dans 
un  intervalle,  il  en  est  de  même  de  la  seconde.  Au  contraire,  si  A  est 
une  constante  négative,  les  fonctions  f{x)  et  ^f{oc)  varient  en  sens 
contraire;  si  l'une  est  croissante  dans  un  intervalle,  l'autre  est  décrois- 
sante. Si  f{x)  et  ^{x)  sont  toutes  les  deux  croissantes,  ou  toutes  les 
deux  décroissantes,  dans  un  même  intervalle,  la  fonction y(.r)  -|-o(.r) 
est  croissante,  ou  décroissante,  dans  cet  intervalle  :  il  en  est  de  même 
du  produiiy'(a)  cp(.r),  si  dans  cet  intervalle  les  deux  fonctions /(a:)  et 
«p(x)  restent  positi\es;  quand  elles  sont  toutes  deux  négatives,  le  pro- 
duit/(^)  'f  (^)  est  au  contraire  décroissant  si  les  deux  fonctions /(j?), 
<p(a?)  sont  croissantes,  croissant  si  les  deux  fonctions  sont  décrois- 
santes. On  reconnaît  de  même  comment  varie  la  différence /(.r)  —  '^{x) 
quand  les  deux  fonctions/'(j7)  et©(.r)  varient  en  sens  contraire.  Si  la 
fonction  f{x)  est  croissante  dans  un  intervalle   et  ne  s'annule  pas 

dans  cet  intervalle,  la  fonction  -r-, — ^  est  décroissante  dans  cet  inter- 

'  /(^) 

valle;    si   la   fonction  f{x)  est  décroissante    et  ne  s'annule   pas,   la 

fonction -j:- — r  est  croissante,  etc. 

Pour  donner  une  application  de  ces  remarques  si  simples,  considé- 
rons la  fonction 

-      ^  B  L 

X  —  a        X  —  a       '"'       X — / 


(  •  )  Intr.,  n"  237. 


I 


FONCTIONS   D  INE   VARIABLK    REELLK. 


77 


où  je  suppose  que  les  nombres  a,  b,  c,  . . .,  /  soient  distincts,  et  les 
nombres  A,  B,  G,  . . .,  L  positifs.  Chacun  des  termes  dont  la  fonction 
est  la  somme  est  une  fonction  décroissante  de  x  dans  tout  intervalle  où 
elle  est  continue  ;j'  est  donc  une  fonction  décroissante  dea?,  dans  tout 
intervalle  auquel  n'appartient  aucun  des  nombres <7,  h,  c, ...,  /.D'autre 
part,  quand  x  traverse  en  croissant  l'une  des  valeurs  a,  b,  . . .,  /,  pour 
lesquelles  la  fonction  est  discontinue,  il  est  clair  que  la  fonction  passe 
de  — 30  à  4-X),  comme  la  fraction  qui  devient  infinie;  les  autres  frac- 
lions  n'influenl  pas.  Enfin,  pour  .r  très  grand  en  valeur  absolue,  cha- 
cune des  fractions  est  très  voisine  de  o,  négative  si  x  est  négatif,  po- 
sitive six  est  positif.  Si  donc  on  suppose  a  <;  ^  <C  •  •  •  <C  ^7  on  voit 
que,  X  croissant  de  — ce  à  a,  y  décroit  de  o  à  — 00;  pour  x  =  a, 
y  passe  de  — ao  à  +30;  quand  x  croît  de  a  à  6,  j^  décroît  de  +  X)  à  — oc; 
pour  X  ^=  b,  y  passe  de  — 00  à  -\-oo',  quand  x  croît  de  b  k  c,  y  décroît 
de  -h  00  à  —  00,  etc.;  quand  x  croît  de  l  k  -{-  ce,  y  décroît  de  +  00  à  o; 
la  forme  de  la  courbe  qui  représente  la  fonction  est  évidente;  cette 
courbe  est  asymptote  à  l'axe  des  j:,  au-dessous  pour  la  partie  négative, 
au-dessus  pour  la  partie  positive;  elle  est  asymptote  aussi  à  chacune 
des  parallèles  à  l'axe  des  y  menées  par  les  points  a,  b,  . . .,  l  de  l'axe 
des  X  :  le  schéma  ci-dessous  indique  suffisamment  cette  forme. 


Sil'oa  se  donne  une  valeur  quelconque  P,  autre  que  o,  la  fonction 
considérée  atteindra  cette  valeur  une  fois  dans  chaque  intervalle  (a,  b), 
{b,  c),  .  .  .,  (A-,  l)  et  une  fois  seulement;  elle  atteindra  de  plus  cette 
valeur  pour  une  valeur  de  x  plus  petite  que  a,  si  P  est  négatif,  pour 
une  valeur  de  x  plus  gran  le  que  /  si  P  est  positif;  en  d'autres  termes^ 


78  CHAPITRE    XII. 

s'il  y  a  r  nombres  a^  b,  . .  .,  /,  l'équation 

A  B  L 


=  V 


aura  r  racines  réelles;  on  reconnaît  de  suite,  en  chassant  les  dénomi- 
nateurs, que  cette  équation  est  de  degré  /■;  elle  a  donc  toutes  ses  ra- 
cines réelles  et  distinctes,  distribuées  comme  on  l'a  expliqué  plus 
haut. 

199.  Fonctions  inverses.  —  Une  fonction /(a:),  continue  dans  l'in- 
tervalle (a,  a')  et  croissante,  ou  décroissante,  dans  tout  cet  intervalle, 
offre  ceci  de  précieux  que  l'équation  j-  =  /(-z^)  permet  de  définir  aussi 
bien  57  comme  fonction  de  y  que  y  comme  fonction  de  x.  Je  raisonne- 
rai dans  le  cas  où  la  fonction  est  croissante  et  où  l'on  a  «  <!«'. 

On  a  vu  qu'à  chaque  valeur^  appartenant  à  l'intervalle  (6,  0')  dont 
les  bornes  sont  les  nombres  b  =  /{a),  b'=/(a'),  correspond  un 
nombre  a,  et  un  seul,  appartenant  à  l'intervalle  {a,  a')  tel  que  l'on  ait 


Fi  g.  46. 

Y 

6' 

3i 
3 
3o 

A' 

/ 

/ 

y 

X 

^^ 

b 

^^ 

A 

0 

a 

a 

0    c 

X     < 

Xt 

a 

X 

^  z=.f{jx).  Regardons  comme  se  correspondant  deux  nombres  y  e\  x 
appartenant  l'un  à  l'intervalle  (6,  6'),  l'autre  à  l'intervalle  («,  a')  et 
tels  que  l'on  aitj'=/(a7);  le  trait  de  courbe  A-A.'  rend  la  correspon- 
dance très  claire  :  si  l'on  se  donne  x  =  a,  la  valeur  correspondante 
dejK  s'obtient  en  menant  jusqu'à  la  courbe  une  parallèle  à  G  Y  par  le 
point  a  de  l'axe  des  x^  et  en  projetant  le  point  d'intersection  sur 
J'axe  des  j/-;  si  l'on  se  donne  y  =  ^,  on  trouve  la  valeur  correspon- 


FONCTIONS   D  UNE    VARIABLE    RÉEM.E.  79 

dante  de  x  eu  menant  jusqu'à  la  courbe  une  parallèle  à  OX  par  le 
point  ^  de  l'axe  des  y  et  en  projetant  le  point  d'intersection  sur  l'axe 
des  X.  Quand  x  croît  de  «  à  a',  le  nombre  correspondant  jy  croît  de  b 
à  6';  quand  j'  croît  de  ^  à  6',  x  croît  de  a  à  a! . 

Cette  correspondance  définit  aussi  bien,  ainsi  qu'on  l'a  annoncé, 
r  comme  fonction  de  x,  dans  l'intervalle  (<7,  a')  et  x  comme  fonction 
de  y,  dans  l'intervalle  (6,  h')\  je  désignerai  par  F(^)  cette  dernière 
fonction.  Chaque  couple  de  valeurs  correspondantes  r,  y  vérifie  les 
deux  équations  j=f[x)^  x  =  ¥{y),  qu'on  peut  regarder  comme 
équivalentes,  étant  entendu  que,  dans  la  première,  J7doil  apparlenirà 
l'intervalle  («,  «'),  que,  dans  la  seconde,  j)^  doit  appartenir  à  l'inter- 
valle (6,  b').  Si,  dans /(x),  on  remplace  x  par  F(jk),  le  résultat  est 
toujours  jK,  si,  dans  F(  r),  on  remplace  y  par  /(x),  le  résultat  est 
toujours  X. 

Des  deux  fonctions /(x),  F(y),  chacune  est  dite  inverse  de  l'autre. 

On  a  déjà  fait  observer  que  la  fonction  F  (y),  dans  l'intervalle 
(b,  b' )  où  elle  est  définie,  est  croissante;  on  voit  bien  sur  la  figure 
qu'elle  est  continue.  11  est  d'ailleurs  aisé  de  constater  qu'elle  satisfait, 
pour  une  valeur  quelconque  ^  àey^  à  la  définition  de  la  continuité. 

Je  supposerai  ^  compris  entre  b  et  b' ',  la  modification  qu'il  y  aurait 
lieu  de  faire  à  la  démonstration  si  l'on  avait  p  =z  b  ou  ^  :=  b'  est  insi- 
gnifiante. Afin  d'établir  la  continuité  de  la  fonction  F  (y)  pour  y  =  '^, 
il  faut  prouver  que,  quelque  petit  que  soit  le  nombre  s,  on  a 
j  ^(y)  ~  ^C^)  1  ^^1  pourvu  que  la  différence  jy —  ^  soit  moindre  en 
valeur  absolue  qu'un  nombre  positif  s'  convenablement  choisi.  Si  x 
est  la  valeur  correspondant  à  y,  F{y)  —  F([B)  est  la  même  chose 
que  X  —  a;  cette  dernière  différence  sera  moindre  en  valeur  absolue 
que  e,  si  le  point  x,  de  l'axe  OX,  est  entre  les  deux  points  ao,  a,  de 
cet  axe,  situés  à  une  distance  s  de  a;  soient  j^o?  ?)  les  points  corres- 
pondants sur  OY  ;  si  y  est  représenté  par  un  point  de  l'axe  OY  situé 
entre  ^o  et  ^,,  le  point  correspondant  x  de  l'axe  OX  sera  sûrement 
compris  entre  les  deux  points  ao,  a,  ;  il  suffira  donc  de  prendre  pour  s' 
la  plus  petite  des  distances  du  point  [3  aux  points  ^o?  ^m  et  d'assu- 
jettir y  —  [3  à  être  moindre  que  e'  en  valeur  absolue  :  on  sera  sûr 
que  X  —  a,  ou  F  (y)  —  F(P),  est  moindre  en  valeur  absolue  que  e. 

De  la  façon  dont  varient  ensemble  les  variables  x  et  r,  il  résulte 
que,  si  x  ou  F  (y)  tend  vers  a^  y  onf(x)  tend  vers  ^;  que,  si  j'  ou 
/{x)  tend  vers  [B,  x  ou  F{y)  tend  vers  a. 


8o  CIIAI'ITUK    MI. 

De  même,  si  la  fonction  y(.r)  est  continue  et  décroissante  dans  l'in- 
tervalle (a,  a'),  l'équation  y  =/(^)  définit,  sans  ambiguïté,  x  comme 
une  fonction  de  y  pour  les  valeurs  de  y  comprises  entre  /(«') 
et  /(a).  Cette  fonction  F (jj^),  inverse  de  la  fonction /(.r),  est  continue 
et  décroissante;  ses  valeurs  appartiennent  toutes  à  l'intervalle  (a,  a'). 

Au  contraire,  si  la  fonction  f{x),  que  je  suppose  toujours  con- 
tinue dans  l'intervalle  {a,  a'),  est  tantôt  croissante,  tantôt  décrois- 
sante dans  cet  intervalle,  si  le  trait  de  courbe  qui  la  figure  va  tantôt 
en  montant,  tantôt  en  descendant,  en  sorte  que  les  parallèles  à 
l'axe  OX  puissent  le  rencontrer  en  plusieurs  points  qui  se  projettent 
sur  l'arc  OX  entre  les  points  a  et  a'  de  cet  axe,  ni  ce  trait  de  courbe, 
ni  l'équation  y  :=/(x),  jointe  à  la  condition  que  x  soit  compris 
entre  a  et  a',   ne  suffiront  à  définir  sans  ambiguïté,  pour  les  valeurs 


Y 

^ 

A 

/^ 

r\ 

f,' 

/ 

S 

y. 

b 

— à: 

1 

0 

a. 

c 

X.         0 

4       a' 

cl'         y 

de  y  appartenant  à  l'intervalle  borné  par  la  plus  petite  et  la  plus 
grande  des  valeurs  que  prend /(^),  une  fonction  continue  F(jk),  qui 
puisse  être  regardée  comme  la  fonction  inverse  de  f{x)^  en  ce  sens 
que  /(a?),  quand  on  y  remplace  x  par  F [y)^  se  réduise  ky. 

Considérons,  par  exemple,  la  fonction /(a:-)  figurée  par  le  trait  de 
courbe  ci-dessus  {Jig.  47);  quand  x  croît  de  a  à  ^^i,  JK  croît  de  b 
à  6,  ;  quand  x  croît  de  a,  à  a',  y  décroît  de  6)  k  b' ;  quand  x  croît 
de  a  à  a',  y  passe  deux  fois  par  une  valeur  telle  que  p,  représentée, 
sur  OY,  par  un  point  situé  entre  b'  et  b^  ;  il  y  a  deux  valeurs  a, 
a'  de  X  comprises,  l'une  entre  a  et  «i,  l'autre  entre  «)  et  a',  qui 
font  acquérir  k /{x)  la  valeur  ^;  si  l'on  veut  qu'il  ne  corresponde 


FONCTIONS  D  INE  VARIABLE  REELLE. 


qu'une  seule  valeur  de  .r  à  chaque  valeur  de  y  appartenant  à  l'inter- 
valle {bf  6'),  et  que  la  correspondance  soit  continue,  il  est  nécessaire 
de  choisir  toujours  comme  valeur  de  x  correspondant  à  j-  compris 
entre  b  et  //,  la  valeur  comprise  entre  a  et  «i,  on  aura  ainsi  défini, 
pour  les  valeurs  de  y  appartenant  à  l'intervalle  {b,  6,),  une  fonction 
continue  et  croissante  F(y)  qui  satisfera  à  la  condition  imposée. 
Toutefois,  si  l'on  veut  dire  encore  que  les  équations 


■fi^), 


p(y) 


sont  équivalentes,  il  ne  faut  plus  considéi'er  les  valeurs  de  x  qui  appar- 
tiennent à  l'intervalle  (a,  a'),  mais  seulement  celles  qui  appartiennent 
à  l'intervalle  (a,  «i),  auxquelles  correspondent  les  valeurs  dey  qui 
appartiennent  à  l'intervalle  (6,  b^). 

11  est  d'ailleurs  aisé  d'imaginer  des  traits  de  courbe  tels  qu'il  soit 
impossible  de  définir,  dans  tout  l'intervalle  (6,  b'),  une  fonction 
continue  F(y),  inverse  de  la  fonction/(.r)  définie  dans  l'intervalle 
(«,  a')  :  tel  serait  le  cas  de  la  figure  48,  sur  laquelle  je  crois  inutile 


Y 

b' 

A' 

/ 

bz 
h 

/ 

\ 

\/ 

/ 

( 

A 

0 

a 

^      a 

^â 

a 

</ 

a 

ij 

a 

X 

d'entrer  dans  plus  d'explications.  Mais,  en  fractionnant  l'intervalle 
(«,  a')  en  trois  intervalles  partiels  {a,  «(),  (a,,  a^),  («a?  (^'},  aux- 
quels on  fera  correspondre  les  intervalles  (b,  b,),  (6|,  62),  (62,  b'), 
on  pourra  définir  trois  fonctions  continues,  inverses  de/(.r). 

Enfin,  il  importe  de  se  rappeler  que  le  nom  de  la  variable  n'importe 
pas;  on  dira  que  F(x)  est  la  fonction  inverse  de  la  fonction /(j?), 
T.  —  II.  6 


Sa  CHAPITRE    XII. 

pour  dire  que  si,  dans  cette  dernière  fonction,  on  remplace  x 
par  F(^),  le  résultat  obtenu  n'est  autre  chose  que  x. 

On  donnera  plus  loin  divers  exemples  de  fonctions  inverses  :  un 
premier  exemple  simple  est  fourni  par  la  définition  de  la  fonction  x'"- 
pour  m  rationnel. 

Tout  d'abord,  lorsque  m  est  un  nombre  naturel,  il  est  clair  que  la 
fonction  x"'-  est  continue  et  croissante  dans  l'intervalle  (o,  A),  quel 
que  soit  le  nombre  positif  A;  elle  croît  d'ailleurs  de  o  à  +  oo  quand  x 
croît  de  o  à  H-  00.  L'équation  jj/-  =  x'"-^  où  x  ely  sont  seulement  assu- 
jettis à  être  positifs,  définit  aussi  bien  x  comme  fonction  dey  que  y 
comme  fonction  de  x  :  elle  équivaut  à  l'équation  x  =  ''^y',  la  fonc- 
tion ^y  est  la  fonction  inverse  de  la  fonction  x'"^  :  elle  est  définie, 
continue  et  croissante  dans  tout  l'intervalle  (o,  B)  où  B  est  un 
nombre  positif;  elle  est  égale  à  +  ce  pour  y  =  -t-oc. 

Comme  le  produit  de  deux  ou  de  plusieurs  fonctions  continues  est 
une  fonction  continue,  il  est  clair  que,  si  />  et  ^  sont  des  nombres 

naturels,  la  fonction  ( y/ j?  )/':=:  x'f,  qui  est  le  produit  de  p  fonctions 
égales  à  y/x,  sera  continue  dans  tout  intervalle  (o.  A)  où  A  est  un 
nombre  positif.  La  fonction 


sera  une  fonction  continue  dans  tout  intervalle  (r/,  a')  dont  les  bornes 
sont  des  nombres  positifs;  elle  est  infinie  pour  x  =  o.  La  continuité 
de  la  fonction  x"*,  pour  m  rationnel,  est  ainsi  établie,  dans  tout 
intervalle  à  bornes  positives.  On  verra  plus  tard  que  cette  continuité 
subsiste  quand  m  est  Irrationnel. 

§  2.  -  DÉFINITION  DE  DIVERSES  FONCTIONS. 

200.  Fonctions  circulaires  inversos.  —  Le  lecteur  n'aura  aucune 
peine  à  construire  les  courbes  qui  représentent  les  fonctions  smx, 
COS.Z-,  tanga?,  et  à  retrouver  sur  ces  courbes  les  définitions  des  fonc- 
tions inverses,  que  je  préfère  déduire  de  la  définition  même  de  sin./', 
cos.r,  tangj:. 


KONCTIONS    DUNE    VARIABLK    RÉELLE.  83 

Figurons  le  cercle  trigonoinétrique  de  centre   O,  de  rayon  i  ;  soit  A 

l'origine  des  arcs,  B  le  point  dont  l'abscisse  circulaire  est  H — ,  en  sorte 

que  le  sens  positif,  sur  la  circonférence,  est  le  sens  de  A  vers  B;  OA  et 
OB  sont  les  directions  positives  sur  les  axes  des  cosinus  et  des  sinus 

{fig-  49)- 

ï^ig-  19- 


M-X"^       Q 

^^^^ 

M 

/ 

\ 

P 

0 

^ 

J 

Si  l'on  pose  x  =  sina,  on  sait  que,  lorsqu'on  se  donne  le  nombre  x 
appartenant  à  l'intervalle  ( —  i,  i),ilja  une  infinité  de  valeurs  a  qui  vé- 
rifient cette  équation,  à  savoir  tous  les  arcs  ayant  leur  origine  en  A  et 
'dont  on  obtient  l'extrémité  par  la  construction  suivante  :  sur  l'axe  des 
sinus,  on  marque  le  point  Q  tel  que  l'équivalent  algébrique  du  vec- 
teur OQ  soit  X  et,  par  le  point  Q,  on  mène  à  l'axe  OA  une  parallèle  qui 
rencontre  le  cercle  trigonomélrique  en  deux  points  M,  M'  :  ils  sont  les 
extrémités  cherchées  ;  si  l'on  veut  définir  a  en  fonction  de  x,  au  moyen 
de  l'équation  x  =  sina,  il  est  nécessaire  de  choisir  un  arc  ayant  son  ori- 
gine en  A  et  son  extrémité  en  M  ou  en  M'  :  on  lui  attribuera  d'abord  pour 
extrémité  le  point  M  dont  l'abscisse  est  positive,  et  l'on  choisira  parmi  les 
arcs  qui  ont  leur  origine  en  A  et  leur  extrémité  en  M  celui  qui  est  le  plus 
petit  en  valeur  absolue:  tout  ceci  revient  à  dire  qu'on  choisira  pour  a  celle 
des  solutions  de  l'équation  (en  a)  x  =  sina  qui  appartient  à  l'intervalle 


Ion  la  représente  par  arc  sinx  (arc  sinus.»  ou,  plus  explicitement,  arc 
lont  le  sinus  est  a?).  Toutes  les  solutions  de  l'équation  sont  comprises 


84  CHAPITRE    XII. 

dans  l'une  ou  l'autre  des  formules 

a/cT:  +  arc  sinar,     (2^-4-1)7:  —  arcsinar, 

OÙ  k  est  un  nombre  entier. 

La  correspondance  ainsi  définie  entre  a  et  a?  reliés  par  l'équation 

X  =  sina 

et  appartenant,  a  à  l'intervalle  ( ^,  -]  eX,  x  h  l'intervalle  ( — i,  i)^ 

apparaît  nettement  au  lecteur,  qui  doit  voir  le  point  M  décrire 
le  demi-cercle  B'AB,  en  montant  de  B'  versB,  en  même  temps  que  le 
point  Q  décrit  en  montant  le  diamètre  B'B;  que  arc  sin^  soit  une 
fonction  continue  et  croissante  de  x  quand  x  croît  de  —  i  à  H-  i ,  c'est 
ce  que  ce  mouvement  rend  visible. 

Au  reste,  on  n'a  fait  qu'appliquer  la  méthode  du  n°  198  :  quand  a 

croît  de  —  ;^  à  +  - ,  la  fonction  continue  sina  croît  de  —  i  à  +  i ,  en 

prenant  ainsi  toutes  les  valeurs  possibles  de  —  i  à  -h  i  ;  donc,  inver- 
sement, l'équation  x  =  sina,  quand  on  assujettit  a  à  appartenir  à  l'in- 


sante  de  x,   dans  l'intervalle  (—1,    i)  '   c'est  cette   fonction  qu'on 
représente  par  le  symbole  arc  sin^c. 

On  a  arc  sin  (sin,r)  =  ir,  pour  x  compris  entre  —  -  et  -,  puis 

arc  sino  =r  o,         arc  sin  -  =  77  »  arc  sin  —  =  t  > 

26  'i         4 

arc  sin  —  =  t,}  arc  sin  i  =  -  • 

2  3  2 

La  fonction  arcsin^'  est  impaire,  c'est-à-dire  qu'elle  change  de 
signe  sans  changer  de  valeur  absolue  quand  on  y  remplace  x  par  —  x. 

Lorsque  a  croît  de  o  à  tî,  cosa  décroît  de  i  à  —  i  et  preujd  toutes 
les  valeurs  possibles  de  i  à  —  i  ;  pour  définir  a  comme  fonction  de  x 
dans  l'intervalle  (—1,  1)5  ^^  choisira  la  valeur  a,  comprise  entre  o 
et  TT  qui  satisfait  à  l'équation  (en  a)  ^  =  cosa;  cette  racine  se  repré- 
sente par  arc  cos:r  (arc  cosinus^  ou  arc  dont  le  cosinus  est  x).  La 
fonction  arc  cos.r  est  définie  et  continue  pour  toutes  les  valeurs  de  x 
appartenante  l'intervalle  ( —  1,1);  elle  décroît  de  tc  à  o,  quand  ,27  croît 


FONCTIONS   D'I'NE    VARIABLE    RÉELLE.  85 

de  — 1  à  I  ;  on  a  arc  cos  (cos^r)  =  .r,  pour  a:  compris  entre  o  et  ir. 
Je  laisse  au  lecteur  le  soin  d'établir  les  égalités 

arc  cosa:  -+-  arc  ces  (—  a?)  =  ir, 

arc  sina? -H  arc  cos^  =-• 

•2 

Le  lecteur  doit  avoir  sous  les  jeux  la  construction  géométrique  de 
arccos^,  comme  celle  de  arcsin^:.  Il  me  paraît  inutile  d'y  insister. 
Toutes  les  solutions  de  l'équation  (en  a)  j7=cosa  sont  comprises 

dans  la  formule 

2A-7r±:  arc  cosa", 

où  k  est  un  nombre  entier. 

Lorsque  l'extrémité  M  de  l'arc  a,  compris  entre et  7?  décrit 

en  montant  le  demi-cercle  B'AB,  on  voit  le  point  T  extrémité  du 
vecteur  AT,  dont  l'équivalent  algébrique  est  tang  j?,  décrire  l'axe  des 
tangentes  de  — 00  à  +00;  la  correspondance  entre  les  valeurs  de  x 
et  de  a  liées  par  la  relation  œ  =  tanga,  apparaît  nettement  quand 

on  assujettit  x  à  être  compris  entre et  -;  la  valeur  de  a  qui  cor- 
respond ainsi  à  x  se  représente  par  le  symbole  arc  tang x( arc  tan- 
gente X  ou  arc  dont  la  tangente  est  x)  :  la  fonction  arc  tanga?  est  dé- 
finie et  continue  pour  toutes  les  valeurs  de  x;  elle  croît  de à  H — 

quand  x  croît  de  —  00  à  +  00.  Toutes  les  solutions  de  l'équation 
(en  a.)  X  =  tanga  sont  données  par  la  formule  kiz-^  arc  tang^.  La 
fonction  arc  tang^zr  est  impaire;  on  a 

I  TT  TT  rz  Tl 

arc  tang  0  =  0,         arctang-—  =  -,         arc  tang  i=-,         arc  tang/S  =  -  • 

y'i  04  ^ 

Le  choix  que  l'on  a  fait  pour  définir  les  fonctions  arc  sinx,  arc  coso:, 
arc  tanga?  est,  dans  une  certaine  mesure,  arbitraire.  On  pourrait  par 
exemple  ajouter  u  à  arc  tanga?;  on  aurait  encore  une  fonction  con- 
tinue. On  s'est  laissé  guider  par  des  raisons  de  simplicité  évidentes, 
et  l'on  a  voulu  en  particulier  que  les  fonctions  continues  arc  sina?, 
arc  tanga?  s'annulassent  pour  a?  =  o.  Cette  condition  et  la  condition 
de  continuité  fixent  les  définitions,  comme  il  est  aisé  de  le  voir. 

Il  paraîtrait  peut-être  naturel  au  lecteur  de  définir  la  fonction 
arc  tanga?  comme  devant  être  comprise  entre  o  et  tt;  il  reconnaîtra 


86  CHAPITRE   XII. 

sans  peine  que  cette  définition  est  inacceptable  :  pour  x  un  peu  plus 
petit  que  o,  la  fonction  ainsi  définie  serait  un  peu  plus  petite  que  tt  ; 
pour  X  un  peu  plus  grand  que  o,  elle  serait  un  peu  plus  grande  que  o  ; 
la  discontinuité  est  évidente;  pour  x  =z  o^  enfin,  il  y  aurait  deux 
valeurs  possibles,  o  ou  7t,  la  fonction  ne  serait  même  pas  définie.  Le 
lecteur  pourra  constr^uire  la  courbe  qui  représenterait  la  fonction  dont 
on  vient  de  parler,  et  se  rendre  compte,  sur  sa  forme,  de  la  disconti- 
nuité et  de  l'ambiguïté  pour  x  ^=  o.  La  discontinuité  pour  .r  =  o  de 
la  fonction   arctang-,   assujettie,    bien    entendu,    à   être    comprise 

entre et  -j  est  aisée  à  reconnaître  ;  pour  x  négatif  voisin  de  o,  la 

fonction  est  voisine  de  — -;-;  pour  x  positif  voisin  de  o,  elle  est  voi- 
sine de  +  -;  pour  ^  =  o,  elle  n'a  pas  de  sens.  Je  laisse  au  lecteur  le 
soin  d'établir  la  relation 

I  ,      Tt 

arc  tanga^  -+-  arc  lang  —  =  ±  — ? 

°  ^  X  1 

où  il  faut  prendre  le  signe  +  ou  le  signe  —  suivant  que  x  est  positif 
ou  négatif. 

Les  fonctions  arc  sin^,  arc  cos57,  arc  tang^,  quand  on  se  donne  a?, 
se  calculent  aisément  au  moyen  des  tables  trigonométriques.  Pour 
arc  SI n a;,  par  exemple,  on  cherche  le  logarithme  deja::|,  puis  l'arc 
corresDondant,  dans  la  table,  que  l'on  trouvera  exprimé  en  grades 
et  en  fractions  décimales  de  grade;  le  résultat  devra  être  multiplié  (') 

par  — ,  et  affecté  du  signe  -h  ou  —  suivant  que  x  est   positif  ou 

négatif. 

On  aura  à  utiliser  ultérieurement  une  correspondance  entre  x  ely 
qui  définit  aussi  bien  }•  comme  fonction  de  .r  ou  :z:  comme  fonction 
dey,  et  que  l'on  peut  caractériser  comme  il  suit  : 

Deux  valeurs  correspondantes  de  x  et  àe  y  doivent  vérifier  l'équa- 
tion 

tangj^  =  n  tanga^, 

où  n  est  un  nombre  positif  donné;  lorsque  x  est  un  multiple  entier 

(')  La  plupart  des  tables  de  logarithmes  contiennent  des  tables  de  multiples  de  -> 
qui  rendent  la  multiplication  facile. 


FONCTIONS    D  UNE    VARIABLE    REELLK. 


87 


âe-,  y  lui  est  égal.  Les  extrémités  des  arcs  x  et  y,  dont  l'origine  est 
eu  A,  tombent  toujours  dans  le  même  quadrant;  la  différence  entre 
les  arcs  y  el  x  est  toujours  moindre  en  valeur  absolue  que  -• 

Il  est  très  aisé  de  suivre  sur  la  figure  la  variation  de  y  avec  celle 
de  X.  Si  l'extrémité  de  l'arc  x  est  en  M,  la  perspective  du  point  M  sur 


Fis.  5o. 


l'axe  des  tangentes  est  en  T;  l'équivalent  algébrique  du  vecteur  AT 
est  langx;  du  pointT,  on  déduit  le  point  T' tel  que  l'on  ait  AT'=  /i  AT; 
n  étant  positif,  les  points  T  et  T'  sont  du  même  côté  de  A.  On  mène 
le  diamètre  qui  passe  par  T';  on  clioisit  l'extrémité  M'  de  ce  diamètre 
qui  se  trouve  dans  le  même  quadrant  que  le  point  M  et  l'on  choisit, 
pour  l'arc  y,  celui  des  arcs  ayant  M'  pour  extrémité  qui  diffère  de  x 
dune  quantité  moindre  que  -• 

Lorsque  x  est  égal  à  o,  les  points  M,  T,  T',  M'  sont  en  A^y  ^  o; 
quand  x  croît,  les  points  M  et  M'  se  sépareat;  il  est  clair  que  y  croît 
avec  X,  et  croît  de  o  à  -  quand  x  croît  de  o  à  -;  quand  M  est  en  B, 
il  en  est  de  même  de  M';  les  points  T,  T' sont  à  l'infini;  quand  x  est 
un  peu  plus  grand  que-?  M  est  un  peu  au  delà  de  B.  Les  points  T,T' 
sont  très  loin,  en  bas,  sur  l'axe  des  tangentes,  le  point  M'  est  voisin 
de  B  et  de  M,  y  est  un  peu  plus  grand  que-;  quand  .r  croît  de  -ait, 

y  croît  aussi  de  -  à  tt;  pour  o;  ^  ti,  les  points  M,  M'  sont  confondus 
en  A',  les  points  T,  T'  en  A;  le  lecteur  continuera  de  lui-même  cette 


88  CHAPITRK    XII. 

description;  il  l'étendra  sans  peine  aux  valeurs  négatives  de  x  et 
reconnaîtra  que,  lorsque  x  croît  de  —  oo  à  +  oc,  la  fonction  y  àe,  x 
ainsi  définie  est  continue  et  croissante,  elle  croît  aussi  de  —  oo  à  H-  oo. 
Il  pourra  aussi  construire,  en  coordonnées  rectangulaires,  la  courbe 
qui  la  figure. 

Je  représenterai  cette  fonction  par  A.rc  tang(/i  tang.r);  c'est  certai- 
nement un  des  arcs  donl  la  tangente  est  n  tang.r,  mais  ce   n'est  pas 

celui  (  compris   entre et  +  -  j   que    l'on   a   défini   comme   étant 

arc  tang(/i  tang.r),  c'est  pourquoi  j'ai  employé  un  autre  symbole. 
La  fonction  Arc  tang(«  tangj:)  est  impaire. 
L'une  des  deux  égalités 

y  =  Arc  tang(n  tang^),  x  =  Arc  lang  |  —  tang^ 

entraîne  l'autre. 

Si  X  et  x'  sont  deux  arcs  qui  diffèrent  d'un  multiple  de  tt,  en  sorte 
que  leurs  tangentes  soient  égales,  les  deux  quantités  Arc  tang(«  tang.r) 
et  Arc  tang(/i  tang.3;')  ne  pourront  différer  que  d'un  multiple  de  t:, 
puisque  leurs  tangentes,  à  savoir  tang(/i  tanga?)  et  tang(/i  tang.r') 
sont  égales.  On  a,  quel  que  soit  le  nombre  entier  /r, 

Arc  tang[/i  tang(X:TH-  ce)]  =  A'tt  -f- Arc  tang(/î  tanga?)  : 

en  effet  la  différence  Arc  tang[/i  tang(A7r  +  x)]  —  Arc  tang(«  tango:) 
est  une  fonction  continue  de  .r;  celte  différence,  d'autre  part,  est  un 
multiple  dcTT,  qui  ne  peut  varier  que  brusquement  d'un  multiple  deTc; 
elle  est  donc  constante  :  or,  pour  x  égal  à  o,  elle  est  égale  à  Atz. 

Les  deux  expressions  Arc  tang    /i  tang  (- j?  H  et 

arc  tans;    n  tang  f  -  —  x]     =  arc  taiigf ]=  ±  —  —  arc  tangf ) 

ne  peuvent  difféi^er  que  d'un  multiple  de  tt;  il  en  résulte  que  la  fonc- 
tion continue 

Arc  tang    ntangf  -  —  •'")"'"  ■'^■'^  ^ang  ( j 

est  un  multiple  impair  de  -;  elle  est  donc  constante  et    égale  à  la 


FONCTIONS   d'une    VARIABLE    RÉELLE.  89 

valeur  -  qu'elle  prend  pour  x  =  o.  On  conclut  de  là,  en  changeant  x 

en  —  x^  l'égalité 

r              /  "^         XI        »               /tang^\        T^ 
Arc  tang    n  tang  ( \-  x\     —  Arc  tang  (  ^—  I  =  -  • 

201.  Fonction  exponentielle.  Logarithmes.  —  Rappelons  briève- 
ment la  définition  de  a^  où  a  est  un  nombre  positif,  que  je  supposerai 
plus  grand  que  i . 

Lorsque  x  est  un  nombre  naturel,  a^  est  le  produit  de  x  facteurs 
égaux  à  a;  en  étendant  un  peu  le  sens  du  mot  fonction  (*),  on  peut 
dire  que  «^  est  une  fonction  de  .r  définie  dans  l'ensemble  des  nombres 
naturels. 

Les  formules 

P.      'I,—  I 

«0:^1  al  —  JaP^         «-«  =  —-, 

OÙ  p  et  q  désignent  deux  nombres  naturels,  et  a  un  nombre  rationnel 
quelconque,  fournissent  ensuite  la  signification  de  a^  quand  x  est  un 
nombre  rationnel  quelconque;  à  ce  moment,  il  est  permis  de  dire 
que  a^  est  une  fonction  définie  dans  l'ensemble  des  nombres  ra- 
tionnels. 

Enfin  quand  x  est  un  nombre  irrationnel,  a^  est  défini  au  moyen 
d'une  coupure  (n'"  2o,  26).  Dès  lors  a^  est  une  fonction  de  x  définie 
dans  tout  intervalle;  c'est  la  fonction  exponentielle. 

Cette  fonction,  positive  pour  toute  valeur  de  x^  est  continue  dans 
tout  intervalle;  on  a  en  efi'et  montré  à  la  fin  du  n"  2o  que  la  diffé- 
rence a"  —  a*'  est  plus  petite  en  valeur  absolue  que  le  nombre  positif  e, 
pourvu  que  a,  a'  soient  plus  petits  en  valeur  absolue  qu'un  nombre 
positif  fixe  /'  et  que  la  différence  a  —  a' soit  moindre,  en  valeur  absolue, 
qu'un  nombre  positif  e'  qu'on  a  appris  à  calculer,  au  moyen  de  £,  et 
l'on  a  fait  observer,  à  la  fin  du  n"  26,  que  ce  résultat  subsistait  quand 
même  a,  a'  étaient  irrationnels;  on  a  observé  aussi  que  l'inégalité 
a'>  a  entraînait  a*'>  a«;  cela  revient  à  dire  que  la  fonction  a^  est 
croissante. 

Si  a  =  y  était  un  nombre  positif  plus  petit  que  i,  on  aurait  rt'^=  t^» 


(  '  )  Intr. 


148. 


90  CllAPITUE    XII. 

b  élanl  plus  grand  que  i  ;  y-^,  est  une  fonction  continue  de  x,  puisque  6^" 

est  une  fonction  continue,  toujours  positive;  a^  serait  encore  une 
fonction  continue;  on  voit  de  suite  qu'elle  est  décroissante.  Après 
cette  rsmarque,  je  continue  de  supposer  a  >  i.  La  fonction  a^ jouit 
de  la  propriété  fondamentale  qu'exprime  l'égalité 

On  a  encore 

Cette  égalité,  il  est  vrai,  n'a  été  établie  que  pour  les  valeurs  ration- 
nelles de  x^  x' \  mais,  une  fois  la  notion  de  la  continuité  acquise,  son 
extension  est  immédiate.  Posons,  en  effet,  a^^=^  u,  et  regardons  pour 
un  instant  x'  comme  un  nombre  rationnel  fixe  ;  le  premier  membre 
de  l'égalité  à  démontrer  est  u^' .  C'est,  comme  on  a  vu  (n"  199),  une 
fonction  continue  de  «,  pourvu  que  celte  variable  soit  positive;  or 
cette  variable  est  essentiellement  positive,  puisqu'elle  représente  œ' . 
A  une  petite  variation  de  u  correspond  uae  petite  variation  de  m*"'; 
or,  en  vertu  de  la  continuité  de  a-^,  à  une  petite  variation  de  x  corres- 
pond une  petite  variation  de  a,  donc  de  a^'  \  d'un  autre  côté,  à  une 
petite  variation  de  x  correspond  une  petite  variation  du  produit  x x\ 
de  l'exposant  de  a^-^\  et  par  conséquent  de  a^^' \  si  donc  x'  est  un 
nombre  rationnel  fixe,  les  deux  membres  de  l'égalité  à  démontrer 
sont  des  fonctions  continues  de  x.  Or  ils  sont  égaux  pour  toutes  les 
valeurs  rationnelles  de  x^  ils  sont  donc  toujours  égaux,  puisque,  pour 
une  valeur  irrationnelle  de  x^  ih  diffèrent,  l'un  et  l'autre,  aussi  peu 
qu'on  le  veut  de  nombres  que  l'on  sait  être  égaux.  On  a  donc  u^'  =^a^'' 
pour  n'importe  quelle  valeur  rationnelle  de  x' .  Si  maintenant  on  laisse 
fixe  le  nombre  x  et  par  conséquent  aussi  le  nombre  positif  u,  on  voit 
de  suite  que  les  deux  fonctions  (de  x')  u^',  et  a-^^'  sont  des  fonctions 
continues  de  x';  elles  sont  égales  pour  toutes  les  valeurs  rationnelles 
dex',  elles  sont  toujours  égales. 

La  fonction  a-^,  toujours  positive,  continue  dans  tout  intervalle, 
croît  de  I  à  -H  00  quand  x  croît  de  o  à  -h  oo.  Sa  variation,  pour  x  né- 
gatif, résulte  de  la  formule 


la  fonction  attend  vers  o  quand  x  tend  vers  —  ce;  on  peut  dire  qu'elle 


FONCTIONS    D  UNK    VARIABI.K    REELLE. 


91 


croît  de  o  à  I  quand  x  croît  de  —  00  à  o  ;  la  fonction  y  =  o^  est  ainsi 
représentée  par  la  courbe  de  la  figure  5i  ;  cette  courbe  est  asymptote 


à  l'axe  des  x  du  côté  des  x  négatifs,  coupe  l'axe  des  y  au  point  dont 
l'ordonnée  est  i,  et  monte  continuellement  vers  la  droite. 


202.  La  courbe  ainsi  tracée,  ou  l'équation  j^' ^  a^,  définit  aussi 
bien  x  comme  fonction  de  y,  pourvu  que  y  soit  positif,  que  y  comme 
fonction  de  x;  la  fonction  de  y  ainsi  définie,  la  fonction  inverse 
de  rt^,  s'appelle  le  logarithme  de  y  dans  la  base  a,  et  se  désigne  par 
^^S^y-  D'après  cela,  logay  n'est  défini  que  pour  les  valeurs  positives 
dejK;  la  fonction  (de  y)  log^  )•  est  continue  et  croissante  dans  tout 
intervalle  dont  les  bornes  sont  positives;  elle  est  négative  quand  j  est 
plus  petit  que  i,  nulle  pour  y  ^  i,  positive  pour  j' >  i  ;  elle  croît  de 
—  00  à  o  quand  y  croît  de  o  à  i ,  de  o  à  +  00  quand  j^  croît  de  i  à  +  00. 

Le  lecteur  n'a  qu'à  échanger  les  lettres  y  et  x  pour  avoir  la  défi- 
nition et  les  propriétés  de  la  fonction  log^.r,  définie  comme  étant 
l'exposant  de  la  puissance  à  laquelle  il  faut  élever  le  nombre  positif  a 
pour  avoir  x,  ou,  si  l'on  veut,  par  l'équation  identique 


92  CHAPITRE    XII. 

La  courbe  définie  par  l'équation  jk  =  log^^r  ou  par  l'équation  équi- 
valente X  =■  ay  n'est  autre  que  la  courbe  qui  serait  définie  par  l'équa- 
tion y  =  a^,  si  l'on  remplaçait  l'axe  des  x  par  l'axe  des  y  et  l'axe  des  y 
par  l'axe  des  x,  ou,  si  l'on  veut  conserver  les  axes  dans  la  position 
habituelle,  que  la  courbe  symétrique  de  la  courbe  définie  par  l'équa- 
tion ^=rt^,  par  rapport  à  la  bissectrice  de  l'angle  des  coordonnées 
positives;  la  courbe  qui  représente  la  fonction  log^^r  a  été  figurée 
à  part  {Jig.  Sa).    Elle   coupe  l'axe  des  x  au  point  d'abscisse  i  ;  en 

Fig.  52. 


d'autres  termes,  quel  que  soit  a,  le  logarithme  de  i  est  toujours  o.  A 
la  propriété  fondamentale  de  la  fonction  exponentielle 

ay  X  ay'  =  ay+y' 

correspond  la  propriété  des  logarithmes,  qu'indique  l'égalité 

l0ga{xx')=  l0ga.r-+-  loga^?', 

OÙ  X,  x'  sont  des  nombres  positifs  quelconques  :  si  en  effet  j^  et  jk'  sont 
respectivement  les  logarithmes  des  nombres  x,  x'  on  a 

a;  —  ay,         x  =  ay',         xx'  =  ay  .ay'  =  a^'+r', 

et  la  dernière  égalité  indique  bien  que  le  logarithme  de  xx'  est  la 
somme  ^  +JK'  des  logarithmes  de  x  et  de  x' .  De  là,  ou  de  l'égalité 


ay-y' 


FONCTIONS    d'une   VARIABLE    RÉELLE.  98 

résulle  l'égalité 

loga  ^,   =  loga^  —  loga^?'. 

Enfin  on  a,  quel  que  soit  le  nombre  positif  6,  et  quel  que  soit  le 
nombre  x^ 

loga  6-*  =  37  loga  6; 

en  eft'et,  si  l'on  désigne  par  x'  le  logarithme  du  nombre  positif  6,  en 
sorte  que  l'on  ait 

a=c'  =  6, 
on  aura 

et  cette  égalité  montre  que  x' x  ou  ;rlogrt6est  le  logarithme  de  h^. 

!203.  A  chaque  nombre  positif  a  correspond  un  système  de  loga- 
rithmes dont  a  s'appelle  la  hase\  c'est  le  nombre  qui,  dans  ce  sys- 
tème, a  pour  logarithme  l'unité. 

Deux  cas  sont  particulièrement  à  considérer  :  celui  où  a  est  égal 
à  10,  celui  où  a  est  égal  au  nombre  e  défini  au  n°  192.  Dans  le  pre- 
mier cas,  les  logarithmes  sont  dits  vulgaires;  dans  le  second  cas,  ils 
sont  dits  naturels^  hyperboliques  ou  népériens. 

Le  logarithme  vulgaire  d'un  nombre  positif  x  est  ainsi  défini 
comme  un  nombre  jk  tel  que  l'on  ait  io^=  J7. 

Le  lecteur  est  familier  avec  l'usage  de  ces  logarithmes  vulgaires;  il 
connaît  les  avantages  pratiques  du  choix  de  la  base  lo.  Si  x  est  un 
nombre  de  la  forme  lo",  ti  étant  un  nombre  entier,  positif  ou  négatif, 
son  logarithme  sera  n\  si  x  est  compris  entre  lo"  et  lo""*"',  son 
logarithme  sera  compris  entre  n  et  n  -f-  i  ;  la  partie  entière  de  ce 
logarithme  sera  /i,  la  mantisse  ou  partie  décimale  du  logarithme  étant 
toujours  supposée  positive.  Si  x  est  un  nombre  plus  grand  que  i, 
compris  entre  lo"  et  10"+',  c'est  que  la  partie  entière  de  .r  a 
n+i  chiffres;  la  partie  entière  (ou  caractéristique)  du  logarithme 
vulgaire  d'un  nombre  x  plus  grand  que  i,  est  le  nombre  de  chiffres, 
diminué  d'une  unité,  de  la  partie  entière  de  x.  Si  x  est  un  nombre 
positif  plus  petit  que  i,  compris  entre  io~'"  et  lO""*"*"',  et  si  on  l'écrit 
sous  la  forme  décimale,   on  voit  que  le  premier  chiffre  significatif 


94  CIIAPITHE   XII. 

sera  précédé  de  m  zéros,  en  comptant  le  zéro  qui  précède  la  virgule  : 
le  logarithme  vulgaire  d'un  nombre  positif  A,  plus  petit  que  i,  écrit 
sous  forme  décimale,  a  une  partie  entière  (ou  caractéristique)  néga- 
tive; la  valeur  absolue  de  cette  partie  entière  est  égale  au  nombre  de 
zéros  (y  compris  celui  qui  précède  la  virgule)  qui,  dans  la  représen- 
tation décimale  de  A,  précèdent  le  premier  chiffre  significatif.  Les 
caractéristiques,  toujours  aisées  à  trouver,  ne  sont  pas  inscrites  dans 
les  Tables;  les  mantisses  seules  sont  inscrites  pour  les  nombres  de 
1  à  looo,  loooo,  looooo,  etc.  (')  suivant  l'étendue  des  Tables  : 
elles  comportent  les  quatre,  cinq,  six  ou  sept  premières  décimales 
du  logarithme  de  ces  nombres,  la  dernière  décimale  étant  forcée 
s'il  j  a  lieu.  La  mantisse  du  logarithme  d'un  nombre  A  convient  à 
tous  les  nombres  de  la  forme  A  lo",  n  étant  un  entier  positif  ou  né- 
gatif. 

On  obtient  des  résultats  plus  approchés  avec  des  Tables  plus  éten- 
dues et  comportant  plus  de  décimales,  mais  aussi  les  calculs  sont 
beaucoup  plus  longs. 

Le  nombre  lo-^  dont  le  logarithme  vulgaire  esta;  s'appelle  quelque- 
fois V aiitllogarilhine  du  nombre  x\  l'usage  des  tables  d'antiloga- 
rithmes,  pour  revenir  aux  nombres,  est  fort  commode.  Toutefois  les 
tables  d'antilogarithmes  un  peu  étendues  sont  peu  répandues;  le  lec- 
teur s'est  sans  doute  servi  de  Tables  à  quatre  décimales. 

Il  j  en  a  dans  les  excellents  petits  Traités  d^ Algèbre  de  M.  E. 
Borel  (^),  dans  le  Recueil  de  Formules  et  de  Tables  numériques 
de  J.  Houël,  dans  les  Tables  à  cinq  décimales  du  même  auteur, 
dans  les  Nouvelles  Tables  de  logarithmes  à  cinq  et  à  quatre  déci- 
males du  Service  Géographique  de  l'armée  (■').  Elles  fournissent  la 

partie  entière  des  nombres  de  la  forme  lo  "*"',  n  allant  de  o  à  looo. 
Si  les  logarithmes  vulgaires  ont  une  utilité  pratique  considérable, 
les  logarithmes  naturels^  à  base  e,  se  présentent  en  quelque  sorte 
d'eux-mêmes  dans  la  théorie,  ainsi  qu'on  le  verra  plus  tard  :  le  loga- 
rithme naturel  de  x^  le  nombre  j-  tel  que  l'on  ait  ey^=x^  sera  repré- 


(')  Pour  des  raisons  pratiques  diverses,  en  particulier  à  cause  de  rincertitude  des 
résultats  de  l'interpolation  au  comniencement  de  la  Table,  celle-ci  est  souvent  pro- 
Jonsée  jusqu'à  2000,  12000,  120000. 

(■-)  Paris,  A.  Colin. 

(')  Paris,  Gauthier-Villars. 


FONCTIONS    D  UNE    VARrABLE    RÉLLLE.  <)5 

sente,  afin  d'éviler  toute  confusion  ('),  par  le  symbole  (h^x  et  non 
log^.r). 

On  passe  d'un  système  de  logarithmes  à  un  autre  en  multipliant 
tous  les  logarithmes  par  un  même  nombre. 

Si,  en  ellet,  on  désigne  par  jk  le  logarithme  de  x  dans  la  base  a,  on 
aura,  par  définition, 

et,  en  prenant  les  logarithmes  naturels  des  deux  membres, 
jlga  =  lg^; 

si  donc  on  a  le  logarithme  naturel  de  x,  on  obtiendra  le  logarithme 
de  X  dans  la  base  a,   en  multipliant  le   logarithme   naturel  par  le 

nombre   M  =  p^.    auquel  on  donne  quelquefois  le  nom  de  module. 

Ce  nombre  M  est  d'ailleurs  aussi  égal  à  log^e,  comme  on  le  voit  en 
faisant  x  =  e  dans  l'égalité  précédente.  ln\ersement,  on  passe  du 
logarithme  d'un  nombre,  dans  la  base  a,  au  logarithme  naturel  en  le 
ultipliant  par    -•  Pour  les  logarithmes  vulgaires  {a  =  lo),  on  a 


m 


M  =  o,434'29448i9o3. . .,  ^r  =  •2,302585092994... 

log  nal  =  ~  X  log  vulg,         log  vulg  =  M  log  nat. 

Pour  passer  d'un  système  à  l'autre,  il  est  commode  de  se  servir  de 
tables  de  multiples  de  M  et  de  vî- 

204.  Fonctions  hyperboliques.  —  Nous  sommes  maintenant  en 
possession  des  (onclions  élémentaires  les  plus  simples.  Ces  fonctions, 
on  peut  les  combiner  d'une  infinité  de  façons;  parmi  les  combinai- 
sons les  plus  simples,  il  convient  de  s'arrêter  un  instant  sur  les 
fonctions    hyperboliques    shx,    chj7,     th.r     (sinus    hyperbolique, 


(  ')  La  confusion  n'est  guère  à  craindre,  puis<jue,  dans  les  raisonnements  ihéorques, 
c'est  toujours  de  logarithmes  naturels  qu'il  est  question.  Vussi,  dans  beaucoup  d'ou- 
\ra{;es  théoriques,  un  emploie  la  notation  logo;  pour  designer  les  logarithmes  natu- 
rels; quelques  auteurs  emploient  la  r.otiition  L{x).  Bien  entendu,  quand  on  en 
vient  à  effectuer  les  (  aïeuls,  il  faut  éviter  la  confusion. 


go  CHAPITRE   XII. 

cosinus     hyperbolique,    tangente    hyperbolique)    définies     par    les 
formules 

,  ,        ,            e*  —  e-^             ,            e^  -+-  e-^  ,  sh  j:-        e^—  e-^ 

(i)      sha?  =  )  cha7=   >  ihx  = 


OU,  en  posant  e-^=  ^, 

(2)  shiP  =  ,  cha^  =  >  tha?  =  • 

2  f  -it  r-  -t- 1 

Les  fondions  t?-^  et  e~^=  —  étant  toujours  continues  et  ne  s'annu- 

lant  jamais,  il  est  clair  que  les  trois  fonctions  sha?,  ch.r,  thx  sont 
continues  pour  toutes  les  valeurs  de  x. 

En  changeant  .2:  en  —  x  dans  les  formules  (1)  on  voit  de  suite  que 
sh^;  et  th.r  sont  des  fonctions  impaires,  que  cha,'  est  une  fonction 
paire;  en  d'autres  termes,  on  a,  quel  que  soit  x, 

(3)  sh(— ip)  =  —  shor,         cha"( — a7)^cha:^,         ih( — a:)  =  — tha?; 

t  =  e^  est  toujours  posilif  ;  il  en  est  de  même  de  chx]  sh  j;  et  ihx  sont 
du  mêine  signe  que  t- —  i  ou  que  t  —  i,  puisque  t  -\-  i  est  positif;  or 
t — 1  =  6"^ — I  s'annule  pour  .r=:o,  est  positif  pour  x  positif, 
négatif  pour  x  négatif;  shx  et  th^  sont  du  même  signe  que  x. 

Des  deux  premières  formules  (i),  on  tire,  par  addition  et  sous- 
traction, 

(4)  e-^=  cha- -+- sha?,         e-^  =  chx  —  %\\x, 
d'où,  en  multipliant  membre  à  membre, 

(5)  ch'^x  —  slia:  =  1, 

en  résolvant  cette  équation  et  l'équation  thjc=  -j- —  par  rapport  à 
ch^,  sh.r,  on  trouve 


I  — th^a? 


Il  résulte  de  cette  formule  que  Û\x  est  toujours  plus  petit  que  i 
en  valeur  absolue,  ce  qui,  du  reste,  résulte  aussi  de  la  troisième  for- 


FONCTIONS   D  LNE    VARIABLE    REELLE.  97 

mule  (2)  :  chjc  étant  toujours  positif,  on  a 

I 


(6)  chcc  = 


y/i  — Ih^ 


en  adoptant  la  signification  arithmétique  du  radical;  on  a  ensuite,  à 
cause  de  sh:r  =  chx  Ûix, 

ihar 


(6)  shar  = 


v/i  —  ih^iar 
Des  formules  (4)  on  tire  en  remplaçant  a:  par  a  -h  b 

ga+b—  ch(a  +  6)  -t-  sh(a  -+-  6),         e-a-6=  ch{a  -h  b)  —  sh{a  -h  b); 

on  a  d'ailleurs 


ga->-o  ^  e"  .e" 


et,  par  suite,  toujours  à  cause  des  formules  (4), 

ga+6—  (cha  -h  sha)(ch6  +  sh6), 
g-a-b  _  (  ch  a  —  sh  a  )  (  ch  6  —  sh  ^  )  ; 

d'où,  en  égalant  les  deux  expressions  trouvées  pour  6'*+*  et  les  deux 
expressions  trouvées  pour  e^**"*, 

ch  (  a  -H  6  ) -4-  sh  (  a  -h  6  )  =  (  ch  a  -t-  sh  a  )  (  ch  a -I-  sh  6  ), 
ch(a-i-è)—  sh(a-l-6)  =  (cha  —  sha)(ch6  —  shb); 

et  finalement,  en  ajoutant  ou  en  retranchant  et  divisant  par  2, 
cil  (a  -I-  b)=  chachô  -i-  shasiiè, 


^  '  sh(a -+- 6)=  shach  6 -+- shôcha; 

on  a  d'ailleurs 

sh(a-hb)        sha  ch6 -t- shô  cha         tha-hthb 


(8)       th(a-f-6): 


ch{a-hb)        cha  chô -i- sha  sh6        i-h  ihalhb 


Je  me  dispense  d'écrire  les  formules  qui  se  déduisent  de  celles-là 
en  changeant  b  en  —  b. 

Le  lecteur  ne  peut  pas  ne  pas  être  frappé  de  l'analogie  qu'il  y  a 
entre  toutes  ces  formules  et  celles  de  la  trigonométrie  relatives  aux  fonc- 
tions cosjc,  sin^r,  tang^  :  je  laisse  de  côté  les  conséquences  qu'on 
pourrait  en  déduire,  les  expressions  de  ch2«,  sh2a,  th2rt  en  fonc- 
T.  -  IL  7 


gS  CHAPITRIC   XII. 

tion  de  cha,  sha,  tha,  le  calcul  au  moyen  de  ces  mêmes  quantités  de 
ch  -  >  sh-  }th->  etc.,  pour  m'arrêter  un   instant  sur  la  façon  dont 

varient  shic,  cha*,  Û\x,  fonctions  dont  on  connaît  déjà  le  signe; 
à  cause  des  formules  (3),  il  suffit  évidemment  de  considérer  les  valeurs- 
positives  de  jc.  Quand  a?  croît  de  o  à  +  oc,  e*"  croît  de  i  à  -j- oo, 
—  e~^'= ^   croît  de   — i    à  o;   shx,    somme  de  deux    fonctions 

croissantes,  croît  de  o  à  +gc;  quand  x  croît  de  — oc  à  o  :  sh;r  croît 
de  — 00  à  o,   la  fonction  sh.2;  est  toujours  croissante. 

Quand  x  croît  de  o  à  +00,  shx  et  sh^^  croissent  de  o  à  +  00, 
cha:  ^  y/i  4-  sh'-x  croît  de  i  à  +  00;  quand  x  croît  de  —  00  à  o,  cha? 
décroît  de  +  00  à  i;  ch.r  est  toujours  plus  grand  que  i,  sauf  pour 
X  :=  o. 


On  a  enfin 


thiF 


r-—  I 


t^' 


quand  x  croit  de  o  à  +  oc,  /  =  e*^  croît  de  i  à  +  x,  t-  +  \  croît  de  2 
à  H- 00,  Ûix  croît  de  o  à  1,  valeur  limite  qu'il  n'atteint  pas;  quand  x 
croît  de  —  00  à  o,  th^  croît  de  —  i  à  o. 


Les  renseignements  qui  précèdent  suffisent  à  se  rendre  compte  de 
la  forme  des  courbes  qui  figurent  les  trois  fonctions  sha?,  chx,  thx,. 


FONCTIONS    I)  l  NE    V.VIUABI.E    HKKI.KE. 


99 


courbes  dont  les  équations  sont  jK  =  sh.r,   y  =  chx,  jk  =  thj?.   La 
seconde  de  ces  courbes  porte  le  nom  de  chaînette  (  '  )  ;  elle  est  symé- 


Fig.  54. 


FiL'.  55. 


trique  par  rapport  à  l'axe  OY.  La  première  et  la  troisième  sont  symé- 
triques par  rapport  à  l'origine.  La  dernière  est  comprise  entre  les 
deux  parallèles  à  l'axe  des  x  situées  à  une  distance  égale  à  1  de  cet 
axe;  elle  est  asymptote  à  ces  deux  parallèles. 

Ces  courbes,  ou  plutôt,  celles  qu'on  obtient  en  échangeant  les  axes, 
ou  en  faisant  tourner  les  figures  autour  de  la  bissectrice  de  l'angle  des 
coordonnées  positives,  et  qui  auraient  pour  équations 


shj, 


=  ch 


thr, 


définissent  les  fonctions  inverses  des  fonctions  sh.c,  clix,  th^,  fonc- 
tions inverses  que  quelques  auteurs  désignent  par  les  notations  argsh^r, 
argch^,  argth^;on  reconnaît  de  suite  que  l'équation  (en  jv')^  =  sh^' 
définit  j'  en  fonction  de  x  sans  ambiguïté,  quel  que  soit  a?;  que  l'équa- 
tion (en  y)  ^  =  ch^  a  deux  solutions  symétriques  si  x  est  plus 
grand  que  i ,  elles  se  réduisent  à  o  pour  .r  =  i  ;  de  ces  deux  solutions 
on  choisira  la  positive;  enfin  l'équation  j: -^  thjv  définit  j'en  fonction 
de  X  sans  ambiguïté,  pour  x  compris  entre  —  i  et  i .  Dans  les  inter- 
valles où  ces  fonctions  sont  définies,  elles  varient  toutes  dans  le  même 
sens  que  x.  Elles  sont  d'ailleurs  les  logarithmes  de  fonctions  simples 


(')  La  tangente  au  point  d'abscisse  nulle  a  une  penle  égale  à  i  pour  la  première  et 
la  troisième  courbe;  elle  est  horizontale  pour  la  seconde;  ces  résultats,  qui  n'inter- 
viennent pas  immédiatement,  deviendront  évidents  dans  le  Chapitre  suivant. 


lOO  CHAPITRE   Xll. 

de  X,  à  savoir 


(9> 


argcha;  =  ]^(x  -h  \J x- ■—  i), 


OÙ  les  radicaux  ont  la  signification  arithmétique.  C'est  ce  que  le  lec- 
teur reconnaîtra  sans  peine  en  se  reportant  aux  équations  (2),  d'où  il 
est  aisé  de  tirer  i  =  e^  en  l'onction,  soit  de  sli^r,  soit  de  ch^*,  soit 
deth^r;  à  chaque  fois,  le  choix  de  la  racine  qu'on  doit  adopter  est 
aisé  ;  x  s'exprime  ainsi  comme  le  logarithme  naturel  d'une  fonction 
de  sh:r,  de  ch.r,  ou  de  tha?.  Les  formules  auxquelles  on  parvient  ainsi 
équivalent,  sauf  le  nom  des  variables,  à  celles  qu'on  vient  d'écrire.  L'in- 
troduction des  écritures  arg  shj?,  etc.  n'a  rien  d'indispensable. 

Si  l'on   pose  sinjK  =  Ûvx^   cette  équation,  considérée  comme  une 

équation  enjK?  admet  toujours  une  solution  comprise  entre  —  -  et 

-\-  - 1    puisque    th^   est    compris    entre    — i    et    4- 1  ;    c'est,     pour 

employer   les    notations    antérieures,    arcsin(thx);     on    aura   alors 

cosjK  =  V  • —  th-;r=-r— ;    le    radical    doit   être  pris   avec    le    sens 

arithmétique,  puisque  cosj'  est  essentiellement  positif;   on  a  alors 

tangjK  "^  — —  =  sh.r.  Les  trois  équations 

(10)  sinj'-^th.r,  cosj' =  — j — ,  lang_/ =  sh  j:, 


quand  on  assujettit  jk  à  être  compris  entre et  +  -'>  sont  équiva- 
lentes; elles  définissent  une  même  fonction  j^  de  a?,  que  le  lecteur 
pourra  s'exercer  à  représenter  par  une  courbe.  Quelques  auteurs  dé- 
signent cette  fonction  par  la  notation  Amh^r  (amplitude  hyperbolique 
de  x).  Quoi  qu'il  en  soit,  les  formules  (10)  permettent  de  réunir  en 
une  seule  des  tables  donnant  à  la  fois  les  valeurs  (naturelles)  de  sinj^, 
C0SJK5  tangjK  et  celles  de  sh^,  ch^,  tha?  (  '  ). 


(')  Voir  J.  ftoÛEL,  Recueil  de  formules  et  de  Tables  numériques. 


FONCTIONS    l>  IXK    VARIABI.K    REELLE.  roi 

205.  Fonctions  de  fonction.  —  Parmi  les  moyens  de  combiner  les 
fonctions  connues,  l'un  des  plus  importants  consiste  à  composer  des 
fonctions  de  fonction. 

Supposons  Cjue  /(x)  soit  une  fonction  de  x  définie  dans  l'intervalle 
(a,  b)  et  que  les  valeurs  qu'elle  prend,  quand  x  varie  de  ak  6,  restent 
comprises  entre  les  deux  nombres  A,  B;  soit  maintenant  o(j-)  une 
fonction  àe  y  qui  est  définie  pour  les  valeurs  àe  y  appartenant  à  l'in- 
tervalle (x\,  B)  ou  à  un  intervalle  qui  comprenne  celui-là.  Si  l'on  re- 
garde y  comme  égal  ■Af(x),  '-p(.x)  ou  ?[/(-^)j  sera  une  fonction  (de 
fonction)  de  x;  elle  sera  évidemment  définie  pour  les  valeurs  de  x 
appartenant  à  l'intervalle  (a,  b),  puisque,  à  chaque  valeur  de  x,  cor- 
respond une  valeur  dey,  puis  une  valeur  de  o(y).  On  peut  d'ailleurs 
continuer  :  si  les  valeurs  de  'f(y)  restent  comprises  dans  un  inter- 
valle où  la  fonction  (de  z)  '|i(3)  est  définie,  on  peut  regarder  ^{z) 
comme  une  fonction  de  fonction  de  k,  comme  une  fonction  de  fonc- 
tion de  fonction  de  x,  etc. 

Il  y  a  là  une  notion  générale,  très  importante,  dont  le  lecteur  s'esl 
déjà  servi  maintes  et  miiintes  fois.  La  fonction  sin'^ayn'est  autre  chose 
que  la  fonction  r-  où  jk  est  remplacé  par  sina?,  la  fonction  y/i  H-sin^x 
est  la  fonction  \fz,  où  l'on  a  remplacé  z  par  i  -h  y-,  et  y  par  sina;. 
e'8''  peut  être  regardé  comme  la  fonction  (de  j^)  e^  où  l'on  a  remplacé 
y  par  log.r;  e^°^  n'est  d'ailleurs  autre  chose  que  x  (supposé  positif). 

En  me  bornant  à  une  fonction  de  fonction,  je  veux  faire  quelques 
remarques  simples  ;  si  la  fonction /(x)  est  continue  dans  l'intervalle 
(a,  b)  et  si  la  fonction  <s(y)  est  continue  dans  l'intervalle  (A,  B)  au- 
quel on  suppose  que  toutes  les  valeurs  de/(.2?)  appartiennent,  il  est 
clair  que  '^(y)=  ^[/(.r)],  regardé  comme  une  fonction  de  x,  est  une 
fonction  continue  dans  l'intervalle  (a,  b);  car  une  petite  variation 
de  X  n'entraîne  qu'une  petite  variation  de jk  =/(^),  laquelle  n'en- 
traîne qu'une  petite  variation  de  cp  (y).  On  a  déjà  employé  ce  raisonne- 
ment au  n°  20 1. 

Si  les  deux  fonctions /(.r)  et  'f  (jk),  regardées  comme  des  fonctions 
dexeldey,  sont  toutes  deux  croissantes,  l'une  dans  l'intervalle  (a,  b), 
l'autre  dans  l'intervalle  (A,  B),  la  fonction  cp(y)  = 'f[/(x)],  regardée 
comme  une  fonction  de  x,  sera  manifestement  croissante  dans  l'in- 
tervalle {a,  b).  Le  lecteur  reconnaîtra  qu'elle  sera  encore  croissante, 
si  les  deux  fonctions  /(x)  et  <s{y)  sont  décroissantes,  l'une 
dans  l'intervalle  («,  b),  l'autre  dans  l'intervalle  (A,  B).  Elle  sera  dé- 


I02  (JIIAPITRK    XII. 

croissante  si  les  deux  fonctions /(.rj,  <p(j)')  varient  en  sens  contraire 
quand  x  et  j»'  augmentent  respectivement  dans  les  intervalles  (a,  h) 
et  (A,  B). 

D'après  cela,  si  l'on  connaît  le  mode  de  variation  des  fonctions/(ic), 
<p(^)  quand  a;  et  )■  augmentent,  on  connaît,  par  cela  même,  le  sens  de 
la  variation  de  la  fonction  de  fonction  '-p[/(.r)].  On  sait  par  exemple 
comment  varient  les  fonctions 

ax^-^  bx  -^  c,         AjK^  -H  lijK  -i-  C  ; 

on  peut  en  déduire  la  façon  dont  varie  le  poljnome 

A(aa72-i-6a7-t-c)--+-  B(aa?5-f-èa7-i-c)-i-C. 

En  supposant  a  positif,  on  sait  i\w^  y  ■=.  ax- -\- bx -^  c  diminue    de 

H-oo  a  j  puis   augmente    de  cette  quantité  a   +qo   quand  x 

1                 ,           6           .      ,            6     ,  .,  ,         . 

augmente   de   — oo   a  —  — >   puis  de a  H-c»;    il   reste  a   voir 

comment  Ajk-+  BjK  H-  C  varie  quand  jk  varie  de  +oo  à — >  ce 

qui  est  aisé.  Je  ne  m'y  arrêterai  pas. 

On  sait  comment  -  varie  avec  x^  comment  ey  varie  avecjKI  on  sait 

donc  comment  varie  e'*';  les  deux  fonctions  ->  eï  sont,   la  première 

1 
toujours  décroissante,  la  seconde  toujours  croissante;  la  fonction  e' 
est  décroissante  dans  tout  intervalle  où  elle  est  continue;   elle  n'est 

d'ailleurs  discontinue  que  pour  la  valeur  57  ^  o,  qu'il  faudra  examiner 

1 
de  près.  Pour  x=^  —  00,  -  est  nul,  e'  est  égal  à  1  :  plus  exactement, 

1 
quand  x  tend  vers  — 00,  e^  tend  vers  la  limite   i,  qu'il  n'atteint  pas; 

1 
quand  x  croît,  en  restant  négatif,   e'  décroît  et  prend  ainsi  des  va- 
leurs plus  petites  que  i  ;  quand  x  tend  vers  o  par  valeurs  négatives, 

1 
-  tend  vers  — oo,  e'  tend  vers  la  limite  o;  dès  que  x  dépasse  la  va- 
leur o,  -  est  positif  et  très  grand,   e'   est  très  grand;  on  dit  que  e'' 
passe  brusquement  de  o  à  H- oc;  puis  il  décroît  constamment  en  s'ap- 


FONCTIONS   d'une   VARIABLE    REELLE. 


io3 


prochant  de  la  limite  i,  quand  x  tend  \ers  +30;  la  courbe  qui  repré- 
sente la  fonction  a  donc  la  forme  ci-dessous 


Fi  g.  56. 


La  branche  de  gauche  est  tangente  à  l'axe  des  .r,  à  l'origine  des 
coordonnées,  ainsi  que  le  lecteur  l'établira  sans  peine  à  l'aide  de 
théories  qui  seront  développées  ultérieurement.  Il  observera  que,  à 
proprement  parler,  la  courbe  n'atteint  pas  cette  origine  des  coor- 
données; elle  s'en  rapproche  indéfiniment;  mais  il  est  naturel  de 
regarder  ce  point  comme  lui  appartenant  et,  en  tous  cas,  la  distinction 
n'est  pas  possible  à  faire  sur  la  figure. 

On  peut  multiplier  les  exemples  à  l'infini,  et  construire,  au  moyen 
des  fonctions  connues,  des  fonctions  plus  compliquées  dont  la  varia- 
tion sera  aisée  à  suivre  ;  mais  si,  dans  quelques  cas,  on  aperçoit,  sur  la 
fonction  donnée,  le  moyen  de  profiter  des  remarques  que  l'on  vient 
de  faire,  elles  ne  constituent  pas  une  méthode  générale  qui  permette 
de  reconnaître  le  sens  de  la  variation  d'une  fonction  :  elles  ne  s'ap- 
pliquent pas,  par  exemple,  à  la  fonction  x  -\ —  >  somme  de  deux  fonc- 
tions dont  l'une  croît  et  l'autre  décroît.  Une  méthode  générale  sera 
développée  dans  le  Chapitre  suivant. 


206.  La  fonction  x"^  où  m  est  un  nombre  quelconque  est  définie  pour 
toutes  les  valeurs  positives  de  x.  Son  logarithme  est  m\^x^  on  |peut 
donc  l'écrire  e'^'s^;  la  fonction  mX^^x  est  continue  dans  tout  inter- 
valle dont  les  bornes  sont  des  nombres  positifs,  croissante  si  ni  est  po- 
sitif, décroissante  si  m  est  négatif  :  il  en  sera  de  même  de  la  fonction  ^'", 
qui ,  lorsque  x  croît  de  o  à  -f-  oc,  croît  elle-même  de  o  à  +  oc,  ou  décroît 
de  -hoc  à  o,  suivant  que  m  est  positif  ou  négatif.  On  la  représentera 
aisément  par  une  courbe. 


I04  CHAPITRE    XII. 

Je  laisse  au  lecteur  le  soin  d'établir  la  propriété  qu'exprime  l'éga- 
lité 57'"  57'"'=  {xx'YK 

Il  importe  de  compléter  le  résultat  établi  au  n"  192  :  on  y  a  montré 

que  l'expression  (i-\ j    avait  pour  limite  le  nombre   e  quand  n 

croissait  indéfiniment  par  valeurs  naturelles;  je  vais  montrer  que  la 
fonction  (  i  H — )  ,  lorsque  a^  augmente  indéfiniment  en  valeur  absolue, 

sans  que  ses  valeurs  soient  assujetties  à  être  entières,  tend  vers  la  li- 
mite e,  que  x  croisse  par  valeurs  positives,  ou  qu'il  soit  négatif. 

Examinons  le  premier  cas  et  observons  d'abord  que,  si  a,^^,  a',  [^' 
sont  des  nombres  positifs,  les  inégalités 


entraînent 

On  a,  en  effet. 

a'P'  >  a'^         a'f*  >  -^P, 

la  première  inégalité  résultant  de  ce  que  la  fonction  a^  est  croissante, 
quand  a  est  plus  grand  que  i,  la  seconde  inégalité  de  ce  que  la  fonc- 
tion X"'  est  croissante  quand  m  est  positif. 

Revenons  à  l'expression  (i-\ )  et  désignons  par  n  la  partie  en- 
tière du  nombre  positif  a?,  on  a 

n<x<.n-\-i,         -^-> > 

n     X       n  +  1 

et,  par  suite. 

Lorsque  ce  augmente  indéfiniment  par  valeurs  positives,  n  augmente 
indéfiniment  par  valeurs  naturelles  ;  (  i  H — ■  ]  est  compris  entre  les 
deux  quantités 


-:)" 


I 

n 
et 


I 
n  -h 


FONCTIONS    d'cNE    VARIABLE    RÉELLE.  I05 

variables   avec   w,  et  qui  ont  toutes  deux  pour  limite   le    nombre  e, 

puisque  le  facteur  i  -\ pour  la  première,  le  dénominateur  i  -\ 

pour  la  seconde  ont  pour  limite  i  quand  n  augmente  indéfiniment  : 
(  I  +  -  1    tend  donc  vers  la  limite  <?,  quand  ^  tend  vers  h-oo. 
Supj)osons  maintenant  que  .r  =  —  x'  soit  négatif  :  la  fonction 

est  définie  pour  les  valeurs  de  x'  plus  grandes  que  i ,  qui  rendent  po- 
sitive l'expression    i :  on  a  d'ailleurs 


t'I  \x'—\)  \         x'  —  i) 


lorsque  x  tend  vers  — oo,  x'  et  x' —  i  tendent  vers  +00,  le  numéra- 
teur de  la  fraction  précédente  tend  vers  e,  le  dénominateur  vers  1  ;  la 
proposition  est  démontrée. 

Il  revient  au  même,  en  changeant  x  en-,  de  dire  que  la  fonction 


a  pour  limite  e  quand  x  tend  vers  o  par  valeurs  positives  ou  négatives, 
ou  encore  que  cette  fonction,  quand  on  lui  attribue  la  valeur  e 
pour  X  =  o,  est  continue  pour  x  ^  o.  Son  logarithme  est 

\^<\-^x) 


et  doit  avoir,  quand  x  tend  vers  o,  une  limite  égale  à  \ge,  c'est-à-dire 

à  I.  Ainsi  la  fonction  — '— —  a  pour  limite  l'unité  quand   x   tend 

vers  o;  si,  pour  x  =  0,  on  lui  attribue  la  valeur  i,  elle  est  continue 

pour  cette  valeur;  elle  est  alors  continue  dans  tout  intervalle  dont  la 

borne  inférieure  est  plus  grande  que  —  i;  il  en  est  de  même  de  la 
1 

fonction  (i  -(-x)',  quand  on  lui  attribue  la  valeur  e  pour  x  =  o. 
Considérons  encore  l'expression où  a  est  un  nombre  positi 


106  CHAPITRE    XII. 

donné;  lorsque  x  tend  vers  o,  le  numérateur  tend  vers  a» —  i  =r  o; 
posons  a^=\-\-z^  en  désignant  par  z  un  nombre  qui   tend  vers  o 

quand  x  tend  vers  o  ;  on  aura  x  =   '^  '^"^  ^  ' 


lg(H-3) 


iga; 


lorsque  z   tend  vers  o,  — et tendent  vers  i  ;  on  voit 

donc  que  le  premier  membre  de  l'égalité  précédente  a  pour  limite  lg« 
quand  x  tend  vers  o  (par  valeurs  positives  ou  négatives). 

Si,  en  particulier,   on  fait  tendre  x  vers  o  par  des  valeurs  de  la 

forme  -?  où  n  est  un  nombre  naturel,  on  voit  que 


n\a"  —  i)  =  nC^a — i) 
tend  vers  la  limite  Iga  quand  n  augmente  indéfiniment. 


EXERCICES 

194.  Résoudre  les  équations 


l()-=f-^ 

i.  1 

lo- 

X  = 

3. 

lO^  — 

lO 

-X 

=  : 

I 

lo-^-h 

lO 

-X 

>. 

e^  — 

e- 

X 

I 

on  calculera  les  racines  avec  trois  chiffres  significatifs. 

19o.  Résoudre  les  équations  simultanées 

(e^-H  e--')  (gJ'-i-  e-y)  =  5,2, 
(e^-—  e--^){ey—  e-y)  =  o,4; 

on  calculera  x  t.\. y  avec  trois  chiffres  significatifs. 


FONCTIONS  D  UNE  VAUIABLE  REELLK.  IO7 

196.  Quelles  sont  les  valeurs  des  expressions 


arc  sin  1 U 

arc  sin  1 

arc  cos  (    ^^       j, 

aie  cos  1 — — 

arc  tang  1 

f.M±,), 

197.  Que  devient  la  fonction  arc  sin  a:,  quund  on  y  remplace  x  par  sinaa, 
•a  «tant  un  arc  compris  entre  —  tc  et  +  t?  Dans  quel  cas  se  réduit-elle  à  aa? 


198.  Que  devient  la  fonction  arc  tanj; -quand  on  y  remplace  a  par 


tanga,  x  par  tangçl 


I  —  ax 

dans  tout  intervalle  auquel  n'appartient  pas  le  nombre  — J  quelle  est  sa  valeur 

I  1 

quand  x  est  compris  entre  —  se  et  -  ?  entre  —  et  -t-  oo ? 

200.  Quelles  sont  les  valeurs  de  la   fonction  arc  tang ;  —  2  arc  tangar 

■quand  x  est  compris  entre  —  so  et  —  i ,  entre  —  i  et  -t-  i ,  entre  -f-  i  et  -t-  oo? 

201.  Quelles  sont    les   valeurs  des  fonctions  arccos(2a72 — i)  —  a  arc  cos.r, 
arc  sin-ia;  y/i  —  x-  —  2arc  sina-  quand  x  varie  de  —  i  à  -t-  i? 

202.  Quelle  est,  avec  une  erreur  moindre  que  — -j  la  valeur  de  la  fonction 
Arc  tang(3  tanga?)  pour  x  =  looo? 

203.  Exprimer  oha:  et  sha?  rationnellement  au  moyen  de  tli  -  • 

204.  Connaissant  l'une   des  trois  quantités  shar,  cha?,   tha*,   calculer  sli-i 


203.  Résoudre  l'équation 

A  cha:  -1-  B  slia?  -H  C  =  o. 


Io8  CHAPITRK   XII. 

Application   numérique  :   A  = -2,    B  =  i,    G  =  —  2.    On   calculera    les   racines 
avec  trois  chiffres  significatifs. 

206.   Établir  les  formules 

sh  rt  -f-  sh  (  a  •+-  6  )  4-  sh  ( a  +  2  6  )+...  H-  sh  [  a  -H  (  n  —  I  )  è  ] 

sh  - 
1 

cha  -H  ch(a  -h  6)  -f-  ch(a  -H  9.6)  -H. .  .-h  ch[a  -+-  (/i  — 1)6] 

sh  —  ch  la  -\ 0  1 


sh- 
■2. 

207.  Résoudre  l'équation 

sha  +  sh(«  -1-  37)  -h  sh(a  -+-  a.r)  -+-.  .  .4-  sh[a  -t-  (n  —  1)37]  =  o. 

208.  Résoudre  l'équation 

ch  a  -f-  ch  ( /7  +  ,r  )  -t-  cl)  (  a  4-  2  a?  )  -4-  ch  (  a  -H  3  .r  )  =  4  ch  a;  ch  —  • 

209.  Montrer  que  l'expression 

,   n.T   .   /  n  —  \\ 

sh sh  {  a  -h X 

•2         \  2         / 


- 
où  n  désigne  un  nombre  naturel,  est  toujours  croissante. 

210.  Étudier  la  variation  des  expressions 

sin^a? -4- sina7 -t- I,         2  cos^a?  4- cosa;  —  1, 
quand  x  croît  de  —  tt  à  +  •:i;  de 


tang.r  — i        tanga; -^  1        ^^tangx-hi        y/S  tanj 


X  —  I 


quand  a7  croît  de  —  -  à  h —  :  combien  de  fois  cette  expression  s'annule-t-e'le? 
^  22 

2H.  Variations  de  l'expression 

k(ax^b)'^+  B(a'T-hb'y^ 


A.'(ax  -i-  6)2+  B'(a'a-  +  b'y 


FONCTIONS   D  UNE    VARIABLE    REELLE.  I09 

Pour  quelles  valeurs  de  x  cette  expression  passe-t-elle  par  un  maximum  ou 
un  minimum;  quelles  sont  les  valeurs  de  ce  maximum  ou  de  ce  minimum? 

212.  La  fonction  a^,  où  a  désigne  une  constante  positive,  est  la  seule  fonc- 
tion continue  qui  jouisse  de  la  propriété  qu'exprime  l'égalité 

o{x)o{y)  =  ^{x-\-y). 

On  montrera  d'abord,  en  supposant  dans  cette  égalité  j- =  o,  ^  =  —  x,  en 
y  remplaçant  x  tl y  par  -,  qu'elle  entraîne  les  suivantes  : 


0(0)  =   I  =  !p(x)  <p( x),  Ç( 


.)=[.(f)]'. 


La  dernière  prouve  que  la  fonction  cp(ar)  est  toujours  positive.  On  établira 
ensuite  les  égalités 

<?(ai)?(a2)-..'f(2£«)  =  cp(ai-4-a2-4-...-4-a,J, 
cp(a,)"=o(/iai).  o(/i)  =  [c5(i)J''; 

on  montrera  que  la  dernière  égalité,  établie  pour  les  valeurs  naturelles  de  /t, 
subsiste  quand  n  est  une  fraction  positive  à  termes  entiers,  un  nombre  rationnel 
quelconque.  La  continuité  supposée  de  la  fonction  ^{x),  la  continuité  démon- 
trée de  la  fonction  [<f(i)]^>  montrent  ensuite  que  l'on  a  pour  une  valeur 
irrationnelle  de  x 

^{x)  =  [^{i)Y. 

213.  Montrer  que  la  fonction  \ogx  est  la  seule  fonction  continue  qui  jouisse 
de  la  propriété 

<^(xy)  =  'i(.r)-i-  o{y). 

214.  Montrer  que  la  fonction  ax,  où  a  est  une  constante,  est  la  seule  fonc- 
tion continue  qui  jouisse  de  la  propriété 


CHAPITRE  XIII. 

DÉRIVÉES. 


M-  —  DÉFINITION  ET  CALCUL  DES  DÉRIVÉES. 

207.  Soit/(.r)  une  fonction  de  la  variable  x,  définie  et  continue 
dans  un  intervalle  auquel  je  supposerai  que  les  valeurs  considérées 
de  la  variable  x  restent  intérieures. 

Si  l'on  considère  deux  valeurs  a,  «,  de  la  variable,  on  désigne  sous 
le  nom  à^ accroissement  de  la  variable,  quand  on  passe  de  la  valeur  a 
à  la  valeur  a,,  la  différence  h^=^a^  —  «,  et,  sous  le  nom  A^ accrois- 
sement correspondant  de  la  fonction,  la  diflerence  f{a^) — /(<?); 
ces  accroissements  peuvent  d'ailleurs  être  positifs  ou  négatifs.  Rien 
n'est  plus  naturel  que  de  comparer  le  second  au  premier;  le  rapport 

/(^,)_/(a)  ^  /(a  +  A)-/(a) 
a\  —  a  II 

peut  être  regardé  comme  l'accroissement  moyen,  le  taux  àç,  l'accrois- 
sement de  la  fonction  f{x)^  quand  x  croît  de  la  plus  petite  des 
valeurs  a,  a,  à  la  plus  grande. 

Si  ce  rapport  est  positif,  la  fonction  a  été,  en  gros,  croissante  dans 
l'intervalle  borné  par  ces  valeurs;  elle  a  pu  osciller,  mais  les  augmen- 
tations l'ont  emporté  sur  les  diminutions;  elle  aura  d'autant  plus 
augmenté,  en  tout,  que  le  rapport  est  plus  grand.  C'est  le  contraire 
si  le  rapport  est  négatif. 

Si  la  fonction  /(.r),  ou  l'équation  jk  = /(^)5  est  représentée  par 
une  courbe,  le  précédent  rapport  est  la  pente  de  la  droite  AA,  qui 
joint  le  point  A,  de  coordonnées  a  et  b=^/(a),  au  point  A,,  de 
coordonnées  a,  et  6,  =  f[a\  );  l'équation  de  cette  droite  est 

•^  Ui  —  a         ^  ' 


DERIVKES.  I  I  t 

le  second  meiiibre  est  une  fonction  de  x  qui  s'accroît  régulièrement 
de  la  quantité  -^  ^u  ^J( — ;  quand  a-  augmente  de  i ,  et  qui,  pour  x  =  ay 


:r  =  a,,  coïncide  avec/(^). 


Le  rapport 


Kig.  57. 


Y 

' 

d 

À 

/ 

^ 

A 

0 

c 

i                 a. 

X 

f{ax)  —  fya) 


représente  aussi  la  vitesse  moyenne  du  point  de  l'axe  OY  dont 
l'ordonnée  estjK  =zf[x)  quand  x  représente  le  temps  (n°  196). 

Lorsque  a  reste  fixe  et  que  a,  se  rapproche  de  âr,  que  //  tend  vers  o, 
il  peut  arriver  que  ce  rapport  tende  vers  une  limite;  cette  limite,  si 
elle  existe,  s'appelle  la  dérivée  de  la  fonction /(;r)  pour  ;r  =  a,  et  se 
représente  par  le  symbole /'(a).  Supposer  l'existence  de  cette  limite, 
c'est  supposer  que  la  droite  AA,,  lorsque  le  point  A,  de  la  courbe 
qui  figure  la  ïoncûon  y  =  f[x)  se  rapproche  indéfiniment  du  point  A, 
admet  une  position  limite,  que  la  courbe  admet  une  tangente  en  A; 
la  dérivée /'(a)  est  la  pente  de  cette  tangente.  C'est  supposer  encore 
que  le  mouvement  du  mobile  de  l'axe  OY  dont  l'ordonnée  est,  à 
chaque  instant  x,  y  =^  f{x)^  comporte  une  vitesse  à  l'époque  «  et 
que  cette  vitesse  est  /' (a). 

En  parlant  d'une  courbe,  d'un  mouvement,  nous  présupposons 
l'existence  (en  général)  de  la  tangente  à  cette  courbe  en  chacun  de 
ces  points,  de  la  vitesse  à  chaque  instant  du  mouvement.  A  la  vérité, 
l'existence  de  la  dérivée  n'est  pas  impliquée  logiquement  par  celle 
de  la  continuité,  mais  nous  ne  nous  occuperons  ici  que  de  fonction», 
qui  sont  susceptibles  d'une  représentation  graphique  ou  cinématique,. 


I  tï  CHAPITRE    X!ll. 

qui  admettent,  en  général,  une  dérivée  pour  chaque  valeur  a  de  la 
variable. 

Je  dis  en  général,  parce  qu'il  j  a  des  exceptions,  fournies  par  des 
valeurs  isolées  de  la  variable,  qui  ne  choquent  nullement  la  notion 
intuitive  que  nous  avons  d'une  courbe  ou  d'un  mouvement. 

Dans  la  définition  générale  que  l'on  a  donnée  de  la  dérivée  de  la 
fonction /(:c)  pour  ^  :=  a,  on  n'a  nullement  supposé  que  a,  fût  plus 
grand  que  a,  que  h  soit  positif.  S'il  y  a  une  dérivée  pour  ^  ^  a,  le 
rapport 

f(a^  h)~f{a) 
h 

doit  tendre  vers  la  limite/'(a)  quand  h  tend  vers  o,  soit  par  valeurs 
positives,  soit  par  valeurs  négatives.  Les  droites  AA),  A  A',  doivent 


Fig.  59. 


tendre  vers  la  même  tangente  en  A,  quand  le  point  A| ,  ou  le  point  A', , 
se  rapprochent  de  A.  Mais  on  conçoit  qu'il  en  soit  autrement  et 
qu'une  courbe  présente  en  A  un  point  anguleux,  que  l'on  obtienne 
deux  tangentes  différentes  suivant  que  l'on  fait  tendre  vers  A,  soit  le 
point  A,  soit  le  point  A',  ;  de  même  on  conçoit  un  mouvement  i^ecti- 
ligne  où  le  mobile  arrive  en  un  point  avec  une  certaine  vitesse  et 
repart  immédiatement  avec  une  autre  vitesse;  il  pourra  arriver, 
d'une  façon  exceptionnelle,  que  le  rapport 

f{a^h)—f{a) 


tende  vers  une  limite  quand  h  tendra  vers  o  par  valeurs  positives, 


DKRIVÉES.  Il3 

vers  une  autre  limite  quand  h  tendra  vers  o  par  valeurs  négatives; 
à  proprement  parler,  il  n'y  a  pas  de  dérivée  pour  jc  =  «;  on  dit  quel- 
quefois qu'il  y  en  a  deux,  une  à  droite  et  une  à  gauche  ;  de  même, 
la  courbe  à  point  anguleux  peut  être  regardée  comme  formée  par  la 
réunion  de  deux  arcs  de  courbes  qui  aboutissent  au  point  A  et  qui 
ont  chacun  une  tangente  diflérente.  Enfin,  s'il  arrivait  que  a  fût  une 
borne  de  l'intervalle  où  la  fonction  f{x)  est  définie,  si  l'on  prenait, 
par  exemple,  a  =  o  pour  la  fonction  \/x^^  ou  a  =  i  pour  la  fonction 
y/(i  —  x)-\  les  valeurs  négatives  ou  positives  de  h  se  trouveraient 
exclues  tout  naturellement  ;  en  parlant  de  la  dérivée  de  y/j?'  pour  j7  =  o, 
on  entend  la  dérivée  à  droite  ;  on  entend  la  dérivée  à  gauche,  quand 
il  est  question  de  la  dérivée,  pour  ^  =  i ,  de  y/(i  —  x)'^ . 

La  notion  de  la  dérivée  est  assez  importante  pour  qu'on  fasse 
entrer  dans  sa  définition  la  définition  même  du  mot  limite;  on  dira 
alors  : 

La  fonction /'(a?)  admet,  pour  x  =  a^  une  dérivée /'(a)  si  la  diffé- 
rence entre  le  rapport 

f{a-^h)-f{a) 


et  /'(a)  est  moindre  en  valeur  absolue  que  tel  nombre  positifs  que 
l'on  voudra,  pourvu  que  h  soit  moindre  en  valeur  absolue  qu'un 
nombre  positif  s'  convenablement  choisi;  à  chaque  valeur  de  s  doit 
correspondre  une  valeur  de  e'. 

S'il  en  est  ainsi,  on  aura  évidemment 

\f(a  +  h)-f(a)\<\h  \{\f'{a)  \  +  s), 

sous  la  condition  \h\<C,E\  la  fonction  f{x)  sera  donc  certainement 
continue  pour  x=^a.  Si  l'on  veut,  en  effet,  que  la  diflerence 
f[a-\-fi) — y(«)  soit  moindre  en  valeur  absolue  qu'un  nombre 
positif  a,  il  suffira  de  prendre,  après  qu'on  a  choisi  s  et  s',  h  moindre 
en  \aleur  absolue  que  s'  et  que 


l/'(«)l^-£ 

Lors  donc  qu'on  aura  trouvé  la  dérivée  d'une  fonction,  on  sera 
assuré  de  sa  continuité. 


CHAPITRE    XIII. 


Si  la  fonction  f{x)  admet  une  dérivée  dans  l'intervalle  (a,  ^), 
c'est-à-dire  si  elle  admet  une  dérivée  pour  chaque  valeur  de  x  appar- 
tenant à  cet  intervalle,  cette  dérivée  pourra  être  regardée  comme  une 
fonction  de  x^  que  l'on  désignera  par/'(^).  I.e  lecteur  reconnaîtra 
que,  pour  les  fonctions  qui  sont  vraiment  susceptibles  d'une  repré- 
sentation graphique,  la  fonction/'(^)  doit  être  continue,  en  général. 
Il  est  impossible  de  se  figurer  un  trait  de  courbe  qui  admette  une 
tangente  en  chaque  point,  et  où  cette  tangente  varie  brusquement  de 
chaque  point  au  point  infiniment  voisin.  On  peut  dire  que  la  conti- 
nuité (en  général)  de  f'{x),  de  la  pente  de  la  tangente,  est  présup- 
posée quand  on  parle  d'une  courbe  qui  représente  la  fonction  f{x). 
Toutefois,  certaines  discontinuités  au  moins,  pour  des  valeurs  parti- 


Fig.  60. 


Fig.  61. 


culières  de  la  variable,  n'ont  rien  de  choquant  :  telle  est,  par  exemple, 
l'existence  d'une  tangente  parallèle  à  l'axe  des  y  pour  une  certaine 
valeur  de  ^;  pour  cette  valeur  on  dira  que  la  dérivée  devient  infinie. 

L'importance  de  la  considération  des  dérivées  pour  reconnaître  le 
sens  de  la  variation  d'une  fonction  apparaît  immédiatement. 

Si  la  fonction /( .2?)  est  croissante  pour  x  =  a^  le  rapport 

/(g  +  A)— /(g) 


est  certainement  positif  pour  les  valeurs  de  h  suffisamment  voisines 
de  o;  sa  limite,  quand  h  tend  vers  o,  est  positive  ou  nulle.  Si  donc  la 
fonction y*( a;)  est  croissante  pour  .r  =  a,  sa  dérivée  f'{x)  est  positive 
ou  nulle;  si  elle  est  décroissante,  sa  dérivée  est  négative  ou  nulle. 

On  est  amené,  pour  la  généralité  du  langage,  à  regarder  une  con- 
stante comme  une  fonction  de  x,  une  fonction  qui  garderait  la  même 


DÉltlVÉES.  Il5 

valeur  quel  que  lût  x.  Si  la  fonction /(^)  désigne  une  constante,  on 
aura,  quels  que  soient  x  et  A,  f{x  -\-  li)  —  f{x)  =  o  et,  par  suite, 

h  ' 

la  limite  du  premier  membre,  quand  h  tend  vers  o,  est  évidemment  o  ; 
la  dérivée  d'une  constante  est  toujours  nulle. 

Si  une  fonction  est  croissante  dans  un  intervalle,  sa  dérivée  est 
toujours  positive  ou  nulle  dans  cet  intervalle. 

Si  une  fonction  est  décroissante  dans  un  intervalle,  sa  dérivée  est 
toujours  négative  ou  nulle  dans  cet  intervalle. 

Si  une  fonction  est  constante  dans  un  intervalle,  sa  dérivée  est 
constamment  nulle  dans  cet  intervalle. 

On  est  tenté  d'énoncer  les  réciproques  suivantes  : 

Si,  dans  l'inlervalle  (a,  ^),  la  dérivée  d'une  fonction /(x)  est  con- 
stamment positive,  la  fonction /(^)  est  croissante  dans  cet  intervalle. 
Si  la  dérivée  est  constamment  négative,  la  fonction  est  décroissante 
dans  tout  l'intervalle.  Si  la  dérivée  est  constamment  nulle  la  fonction 
€st  constante. 

Ces  réciproques  seraient  évidentes  s'il  était  vrai  qu'une  fonction 
continue  dans  un  intervalle  est  nécessairement  croissante,  décrois- 
sante, ou  constante,  mais  on  a  déjà  dit  qu'il  n'en  était  pas  ainsi.  On 
peut  aussi,  pour  les  deux  premières,  faire  le  raisonnement  suivant:  si 
la  dérivée /'(a)  de  la  fonction  /(x),  pour  x  =  a,  est  positive,  il  faut 
que  le  rapport 

fia -h  h)—  fia) 


dont/' (a)  est  la  limite,  finisse  par  être  positif,  pour  des  valeurs  de  h 
suffisamment  voisines  de  o  :  donc,  la  fonction  f{x)  est  croissante 
pour  x^a;si  elle  est  croissante  pour  chaque  valeur  de  a;  appartenant 
à  l'intervalle  (a,  ^),  elle  est  croissante  dans  tout  l'intervalle.  C'est  là 
une  proposition  qu'on  a  déjà  admise  sans  l'avoir  démontrée  :  elle  est 
•d'ailleurs  vraie.  Ce  mode  de  démonstration  ne  permet  pas  de  prouver 
qu'une  fonction  dont  la  dérivée  est  nulle  dans  un  intervalle  est  con- 
stante dans  cet  intervalle. 

Je  reviendrai  ultérieurement  sur  ces  réciproques;  je  veux  toutefois 
faire  remarquer  combien  elles  paraissent  évidentes  sur  la  représen- 


CHAPITRE   XIII. 


tation  graphique  ou  cinématique,  et  chercher  en  même  temps  à 
démêler  en  quoi  consiste  cette  évidence  apparente. 

Si,  pour  les  valeurs  de  x  appartenant  à  l'intervalle  (a,  ^),  la  pente 
de  la  tangente  à  la  courbe  définie  par  l'équation  y  =  /(a7)  est  constam- 
pient  positive,  on  voit  en  quelque  sorte  la  courbe  monter  à  droite, 
parce  qu'on  confond,  sur  un  petit  arc,  la  courbe  et  la  tangente,  et  que 
l'ordonnée  de  la  tangente  augmente  avec  l'abscisse;  c'est  pour  la 
même  raison  que,  si  la  pente  de  la  tangente  est  constamment  néga- 
tive, on  voit  le  trait  de  courbe  descendre  à  droite.  Enfin,  on  n'ima- 
gine pas  une  courbe  dont  la  tangente  soit  constamment  parallèle  à 
l'axe  des  x^  sans  que  cette  courbe  se  réduise  à  une  parallèle  à  cet  axe. 
C'est  là  nos  trois  réciproques. 

Plaçons-nous  maintenant  au  point  de  vue  cinématique  :  pendant 
l'intervalle  de  temps  (a,  P),  le  point  de  l'axe  OY  dont  l'ordonnée 
estjK=y^(^)  a  une  vitesse  toujours  positive;  il  monte  donc  toujours. 
Si  sa  vitesse  est  négative,  il  descend  pendant  tout  le  temps  (a,  [^).  Si 
sa  vitesse  est  toujours  nulle,  il  reste  toujours  au  repos.  Tout  cela 
semble  évident,  parce  qu'on  prend  le  mot  vitesse  dans  le  même  sens 
que  dans  le  mouvement  uniforme;  on  confond,  à  chaque  instant,  le 
mouvement  vrai  avec  un  mouvement  uniforme  de  même  vitesse. 

Les  observations  qui  précèdent  n'en  font  pas  moins  pressentir  la 
vérité  de  nos  réciproques,  qui  sera  établie  rigoureusement  un  peu 
plus  tard.  L'importance  de  ces  réciproques  est  claire,  puisque,  si  on 
les  admet,  la  question  de  savoir  comment  varie  une  fonction  dans  un 
intervalle  est  ramenée  à  la  question  de  savoir  quel  est  le  signe  de  sa 
dérivée;  elle  justifie  les  explications  qui  précèdent  et  le  détail  des 
règles  qui  vont  suivre  pour  le  calcul  des  dérivées. 

208.  Dérivée  d'une  somme,  d'un  produit,  d'un  quotient.  —  J'em- 
ploierai ici  les  notations  suivantes  :  ii\x\  <'(^),  wi^x^  désignant  des 
fonctions  de  la  variable  x^  je  regarderai  la  lettre  x  comme  représen- 
tant une  valeur  spéciale  (fixe)  de  cette  variable;  je  désignerai  par  m, 
t»,  w  les  valeurs  correspondantes  des  fonctions,  par  m',  v\  w'  celles  de 
leurs  dérivées,  que  l'on  suppose  exister,  par  Aa;  un  accroissement  de 
la  variable,  par  m  +  Am,  t^+Ap,  w  +  Atp  les  valeurs  «(.r  +  A^), 
i>(x  +  Aa?),  iv(x  -h  Ax)  qui  correspondent  à  la  valeur  x  -{-  Ax  de  la 
variable  ;  en  sorte  que  ^u,  Aç,  Atv,  soient  les  accroissements 

U{X-+-^X) —  U{x),      v{x-^-^x)  —  i^icc),      IV{X  -\-  \x)  —  iv(x), 


UEKIVEES.  117 

des  fonctions  w(x),  v{x),  iv{x)  quand  on  passe  de  la  valeur  x  de  la 
variable  à  la  valeur  x  -+-  \x,  et  que  les  ra)3ports 

\u       Av       \iv 
\x'      Ix'      A/; 

aient  pour  limites  respectives  les  nombres  u',  p»',  w'  quand  Ix  tend 
vers  o. 

Soient  A,  B,  C  des  constantes,  je  vais  montrer  que  la  fonction 
Am  +  Bi^  +  C(v  a  pour  dérivée  Au' -\-  Bv^'H-  Cw'. 

En  effet,  quand  la  variable  passe  de  la  valeur  x  à  la  valeur  x  -+-  ^x, 
l'accroissement  de  la  fonction  considérée  est 

A (  «  H-  A«  )  -+-  B (  p  -H  Ap  )  -+-  G  (  w  -(-  \iv  )  —  A  M  —  Bi'  —  Cw 

le  rapport  de  cet  accroissement  à  celui  de  la  variable  peut  s'écrire 

A—  -+-B  —       G  — • 
AiF  A^  \x 

Ce  rapport,  quand  Ix  tend  vers  o,  tend  lui-même  vers  la  limite 

A  u'  -+-  B  p'  -(-  G  w'  ; 

en  supposant  A=i,  B==i,  G  =  iouA  =  i,  B=  —  1,  G=:o,  ou 
B  =:  o,  C  =:  o,  on  a  évidemment  les  théorèmes  suivants  : 

La  dérivée  de  La  somme  d' un  nombre  quelconque  de  fonctions 
est  la  somme  des  dérivées  de  ces  fonctions. 

La  dérivée  de  la  différence  de  deux  fonctions  est  égale  à  la 
différence  des  dérivées  de  ces  fonctions. 

La  dérivée  d' un  produit  d'une  fonction  par  une  constante  est 
le  produit,  par  cette  même  constante,  de  la  dérivée  de  cette  Jonc- 
tion. 

Considérons  le  produit  uv\  je  vais  montrer  que  sa  dérivée  est 

uv'  -\-  vu\ 
l'accroissement  de  ce  produit  est 

(a-l-Aa;(p-i-Af)  —  uv  =  u  \v  ^  v  \.u  -r-  \u  \v\ 


CHAPITRE    XIII. 


le  rapport  de  l'accroissement  de  la  fonction  à  l'accroissement  de  la 
variable  peut  s'écrire 


Av  Au  Ai> 

\cc  Ax  Aa7 


Quand  Ax  varie,  les  seules  quantités  qui  varient  dans  cette  expres- 

tn   sont  -—,  -— j   A//;  elles  tendent  respecti 

Ax     \x  '■ 

l'expression  cherchée  a  donc  une  limite  égale 


sion   sont  -^,  -^,   A//;  elles  tendent  respectivement  vers  v'    u',  o 
Ax     \x  ^  '^ 


Si  l'un  des  facteurs,  v  par  exemple,  était  une  constante,  sa  dérivée 
serait  nulle;  on  retrouve  une  règle  déjà  obtenue. 

La  dérivée  d'un  produit  de  deux  facteurs  est  la  somme  de  deux 
termes  dont  chacun  se  déduit  du  produit  en  remplaçant  l'un  des  fac- 
teurs par  sa  dérivée.  Cette  règle  s'étend  sans  peine. 

La  dérivée  d'un  produit  de  n  facteurs  est  une  somme  de  n  termes 
dont  chacun  s'obtient  en  remplaçant  dans  le  produit  considéré 
un  facteur  par  sa  dérivée. 

S'il  s'agit,  par  exemple,  d'un  produit  de  trois  facteurs  uvw.,  ce  pro- 
duit peut  être  regardé  comme  le  produit  du  facteur  uv  par  w,  la 
dérivée  du  premier  facteur  est  u  v  +  wc';  on  doit  la  multiplier  par  pp 
et  ajouter  le  produit  de  uv  par  w' ^  on  trouve  ainsi 


Du  cas  de  trois  facteurs  on  passe  à  celui  de  quatre  facteurs,  etc. 

En  considérant  un  produit  de  m  facteurs  égaux  entre  eux,  on  voit 
que  la  dérivée  de  u"^  est  mu^~^  u' . 

On  appelle  dérivée  logarithmique  d'une  fonction  le  rapport  de 
la  dérivée  de  cette  fonction  à  la  fonction. 

La  dérivée  logarithmique  d'un  produit  de  plusieurs  facteurs 
est  la  somme  des  dérivées  logarithmiques  des  dérivées  de  ses  facteurs  ; 
la  dérivée  logarithmique  de  la  puissance  m''''"*  d'une  fonction  est  égale 
à  m  fois  la  dérivée  logarithmique  de  cette  fonction. 


La  dérivée  du  rapport  -  est  égale  à 


19 


En  eflet,  le  rapport  de  raccrolssement  de  la  fonction  -  à  l'accrois- 
sement \x  de  la  variable  est 


u-\-  lu 

u 

lu 

Iv 

V  -h  li> 

V          V  lu  — 

u  Af            Ix 

\x 

v(v  -{-  \V}\X  P ( f  -f-  Ap) 

Quand  Aj?  tend  vers  o,  le  numérateur  du  dernier  rapport  a  pour 
limite  vu' —  mp',  et  le  dénominateur  a  pour  limite  f -  ;  l'expression 
considérée  a  pour  limite  ^"^  ~/  '^  ;  c'est  ce  qu'on  avait  annoncé.  On 
suppose  V  différent  de  o. 

La  dérivée  de  -  est r- 

La  dérivée  de  ; -—  où  A  est  une  constante  et  m  un  nombre 

{x  —  a)'" 

,                mk(x  —  a)'"-^                      mX 
naturel  est -, -rr; —  =  —  -, -—r- 

La  dérivée  logarithmique  d'un  rapport  est  la  différence  des  déri- 
vées logarithmiques  de  ses  termes. 

209.  Je  passe  maintenant  à  la  dérivée  des  fonctions  étudiées  anté- 
rieurement. 

Je  désignerai  habituellement  par  x  une  valeur  particulière  (fixe) 
de  la  variable,  par  h  un  accroissement  donné  à  cette  variable  ;  l'ac- 
croissement correspondant  de  la  fonction  sera /(.r -h /?) — f{^)i  et 

l'on  aura  à  évaluer  la  limite   du   rapport  — j- — •^         quand  h 

tend  vers  o. 

Dérivée  d'un  polynôme.  —  La  dérivée  f'{x)  d'un  polynôme  f{x) 
a  été  définie  à  un  autre  point  de  vue  dans  le  Chapitre  II;  c'était  alors 
le  coefficient  de  h  dans  le  développement  de  f{x  +  II)  ordonné  sui- 
vant les  puissances  croissantes  de  h.  L'identité  de  cette  définition 
avec  la  définition  actuelle  se  trouve  avoir  été  établie  dans  ce  même 
Chapitre  II,  lorsqu'on  a  expliqué  comment  on  déterminait  la  pente 
de  la  tangente  en  un  point  de  la  courbe  qui  figure  les  variations  du 
polynôme.  Au  reste,  les  règles  relatives  à  la  dérivée  d'une  somme  et 
d'une  puissance  suffisent  à  reconnaître  que  la  dérivée  du  polynôme 

f{x)  =  A.oa7«-(- Aia;«->-t-...-i- Art_,a7-i- A„ 


120  CHAPITRE    XIII. 

est 

f"{x)  =  nkox'i-'^-^  {n  —  i)Aia7«-2H-. .  .-^  A,;-i  ; 

c'est  la  même  expression  qu'au  Chapitre  II. 

Puisqu'on  sait  trouver  la  dérivée  d'un  polynôme  et  d'un  rapport,  on 
sait  trouver  la  dérivée  d'tine  fraction  rationnelle.  Le  lecteur  recon- 
naîtra sans  peine  que,  si  la  fraction  est  décomposée  en  fractions 
simples,  la  dérivée  s'obtient  de  suite  comme  une  somme  de  fractions 
simples. 

Dérivée  de  a^.  —  On  doit  chercher  la  limite,  pour  h  =  o,  de 

h       "        h        -'"  ~X~' 


or  on  a  vu,  au  n"  206,  que  le  rapport  — -, —  avait  Iga  pour  limite 
quand  h  tendait  vers  o.  La  dérivée  de  a-^'  est  donc  a^\^a. 

Le  lecteur  observera  que  la    limite   de   — j—  =  — -, est,  par 

définition,  la  dérivée  a-^  pour  x=:o',  c'est  de  cette  valeur  particulière 
qu'on  déduit  l'expression  générale. 

La  dérivée  de  e^  est  e-^lge  =  e^. 

Dérivée  de  Igr.  —  En  désignant  par  x  un  nombre  positif,  on  doit 
chercher  la  limite,  pour  h  =^  o,  de 

\g(x-hh)  —  \^x  _  ^^V^  x)  ^ 
h  ~  h  ' 

en  posant  h  =  xz^  le  second  membre  devient 

I  lg(i-+-^). 


h  eV  z  tendent  en  même  temps  vers  o;  on  a  prouvé  au  n''  206  que, 
lorsque  z  tend  vers  o,  -^^ — — —  a  pour  limite    i.  La  dérivée  de  \^x 


S'il  s'agissait  d'un  logarithme  pris  dans  la  base  a,  on  aurait  (n'  203) 


d'où  l'on  conclut  que  la  dérivée  de  log^^  est  — r^^ — ;    en  particulier 

M 

la  dérivée  de  log,ov^  (logarithme  vulgaire)  est  — 


Dérivées  de  sinj^et  de  cosx.  —  Elles  se  déduisent  toutes  deux  de 
la  dérivée  pour  x  =:  o  de  sin^;  cette  dérivée  est,  par  définition,  la 
limite,  pour  /(  =  o,  de 

sin  h  —  sino        sin/i 

que  l'on  sait  être  égale  à  i . 

On  a 

.h        [         h\         .    h 

.    ,  ,  .  2sin  — cosNth sin  —         ,  ,. 

sin(  a? -f- rt)  —  sin  j"  ■?,         \  2/  2         /  n\ 

h =  h =  -^  ^"^  1"  -^  I  j 

2 

et,  d'autre  part. 


h   .    f         h\  .h 

cos(ar  -\-  h)  —  cosar 


.  h  .  I      h\ 

1  sin  —  sin  (  37  H 1  sin 


//  ~  h 


=  __^  sin  (.+  -). 


.    h 
sin  — 

Lorsque  h  tend  vers  o,  le  rapport  —y —  tend  vers  1,  les  expressions 

2 
sin/^H \,    cosfj^H-— )    tendent,    en    raison    de    la    continuité, 

vers    ih\x   et   cos^.    On    voit   donc    que    la    dérivée    de    ûnx   est 

C0SJ7  =  sin[ o:  -f-  7^  )  ?  que  celle  de  cos^  est  —  s\nx  ^=.  cos  (  j:  H-  -  )  • 

Dérivées  de  tang.r  et  de  cot^.  —  Les  dérivées  des  fonctions 

sina^^-  cosr 

tanear  =  >  cota;  =  —. 

cosar  sina^ 

résultent  des  précédentes  et  de  la  règle  relative  à  un  rapport;  elles 
sont  respectivement 

cos^a- -)- sin'a:        — sin^ar  —  cos*ar 
cos'^a?  sin^a? 


CHAPITRE    XIII. 


La  dérivée  de  lang^  est  — —  =  i  +  tang^;^:. 
La  dérivée  de  cot^r  est t—t—  =  —  i  —  cot-a;. 


210.  Dérivées  des  fonctions  inverses.  —  Considérons  deux  fonc- 
tions F{ûc),  f{y)  inverses  l'une  de  l'autre  (')  (n"  199).  Je  suppose 
que  la  fonction  F(x)  soit  définie  sans  ambiguïté,  comme  on  l'a  ex- 
pliqué dans  le  n"  199,  au  moyen  de  l'équation  .x  =^  /(y),  on  f[y) 
est  une  fonction  connue  de  y,  en  sorte  que,  si  l'on  considère  les 
valeurs  de  x  qui  appartiennent  à  l'intervalle  (a,  a')  et  les  valeurs  de  y 
qui  appartiennent  à  l'intervalle  (6,  6'),  les  deux  équations 

soient  équivalentes,  les  deux  fonctions /(y)  et  F(^)  étant  continues 
et  variant  dans  le  même  sens  dans  les  intervalles  respectifs  (6,  6'), 
(a,  a').  Je  suppose  en  outre  que,  pour  les  valeurs  de  y  appartenant 
à  l'intervalle  (^,  6'),  la  fonction  f{y)  de  la  variable  y  admette  une 
dérivée  f  {y)  qui  ne  soit  pas  nulle  dans  l'intervalle  (6,  b');  je  vais 
montrer  que  la  fonction  F(.r)  de  la  variable  x  admet  une  dérivée  et 

que  cette  dérivée  est  éffale  à  -^j- — r-  Pour  avoir  cette  dérivée  en  fonc- 

^  ^        f  iy) 

tion  de  x^  on  doit  j  remplacer  y  par  ¥[x). 

Si  l'on  considère  deux  systèmes  x  et  _y ,  d'une  part,  x  -^  h  ei  y  -\-  k^ 
de  l'autre,  de  valeurs  correspondantes  des  variables,  on  doit  avoir 

^=fiy\  y  =  'P{x\ 

X  -h  h  =f(y  -\-  k),         y  -{-  k  =  F  {ce  -h  h), 
et,  par  suite, 

h=f(y  +  k)-f{y),        k  =  F{x-^h)-F(x); 

regardons  x,  y  comme  fixes,  h  et  k  comme  variables;  lorsque  l'une 
de  ces  dernières  quantités  tend  vers  o,  il  en  est  de  même  de  l'autre, 
en  raison  de   la  continuité;    la    dérivée   cherchée    est   la  limite  de 


(>)  Le  rôle  des  lettres  x  et  y,  ici  et  dans  le  n"  199,  est  interverti. 


123 


expression 


F(x-^h)—F{x)  _  ^ k 

h  ~  h-  f{y  +  k)-f(y)' 

lorsque  h  et,  par  conséquent,  k  tendent  vers  o;  cette  limite  est  l'in- 
verse de  la  limite  du  rapport  ^-^ / —  >  c'est-à-dire  -^r, — -• 

,      .     ^  fiy) 

Un  regard  jeté  sur  la  figure  éclairera  suffisamment  la  façon  dont  les 

choses  se  passent  quand  il  arrive  que  la  fonction  y  (j^)  s'annule  pour 
une  valeur  particulière  jB  attribuée  à  y. 


F 

'g- 

62. 

Y 

b' 

^ 

/ 

/ 

A' 

P 

/ 
M 

/ 

b 

A 

/ 

/> 

0 

a 

.      c 

X. 

a 

' 

X 

Je  suppose  que,  y  croissant  de  6  à  b' ^  la  fonction  /(y)  croisse  de  a 
à  «';  inversement,  x  croissant  de  a  à  «',  la  fonction  F(:r)  croîtra 
de  6  à  h' . 

La  fonction /(y)  étant  croissante  dans  l'intervalle  (é,  h')  sa  dé- 
rivée ne  peut  être  que  positive  ou  nulle  (n'*  207);  je  suppose  que 
cette  dérivée  s'annule  pour  y=  [3,  valeur  à  laquelle  correspond  la 
valeur  a  de  x.  Dire  que  la  dérivée  f  {y)  s'annule  pour  x^=^^  c'est 
dire  que  la  tangente  à  la  courbe  définie  par  l'équation  x  =  f{y)  est 
parallèle  à  l'axe  des  y]  on  le  voit  de  suite  en  intervertissant  le  rôle 
des  lettres  x  ely,  de  l'abscisse  et  de  l'ordonnée,  dans  le  mode  habi- 
tuel de  représentation  des  fonctions.  La  tangente  à  la  courbe  définie 
par  l'équation  y  =  F{x),  qui  est  la  même  que  la  précédente,  étant 
parallèle  à  l'axe  OY,  il  convient  de  dire  que  la  pente  de  cette  tan- 
gente est  infinie  et  que  la  dérivée  de  la  fonction  F(x)  est  infinie 
pour  X  =  OL. 

Le  lecteur  voit  comment  la  courbe  traverse  nécessairement  sa  tan- 
gente en  M. 


124  CHAPITRE   XIII. 

Le  théorème  précédent  relie  les  règles  qui  donnent  les  dérivées 
de  a^'  et  de  Ig.r.  La  dernière  fonction  peut  être  regardée  comme 
définie  par  l'équation  x  :=  e^;  la  dérivée  de  \^x  est  —  =  -• 

En  voici  d'autres  applications. 

21 L  Dérivées  des  fonctions  arc  sin^,  arccos.r,  arc  tangx.  —  La 
signification  de  ces  fonctions  a  été  précisée  au  n"  200;  elles  sont  défi- 
nies respectivement  au  moyen  des  équations 

a?  =  sinjK,         a?  =  cosjk,         a7  =  tangj^; 

on  voit  en  se  reportant  à  la  règle  précédente  que  leurs  dérivées  res- 
pectives sont 

I  [                   [ 

cosj'  sinjK        I  +  tang^jK 


Pour  la  première,  sinj^étant  égala  x,cosjk  doit  êtreégalàifcy/i  — x'^\ 
mais  y  =  arcsin^  devant  être  compris  entre  —  -  et  +  7?  cosy  est 

positif  :  la  dérivée  de  arc  sin^  est  1  en  prenant  le  radical  avec 

la  signification  arithmétique. 

Pour  la  deuxième,  cosjk  étant  égal  à  x^  ivQ.y  est  égal  à  ±  y/i  —  ^^  ; 
mais,  puisque  y  doit  être  compris  entre  o  et  7t,  son  sinus  doit  être 
positif;  la  dérivée  de  arc  cosa;  est , 

Pour  la  troisième,  tangj-  doit  être  égal  à  x;  la  dérivée  de  arc  tangue 
est -• 

1  -i-  X'' 

Le  fait  que  la  somme  des  dérivées  des  fonctions  arc  sina:  et  arc  cos^ 
est  nulle  pouvait  être  prévu;  il  résulte  de  l'identité 

arc  sina;  4- arc  cosa7  =  — , 
•1 

valable    pour    toutes  les   valeurs  de  x  qui  appartiennent  à  l'inter- 
valle ( —  1,1). 

Dérivées  des  fonctions  hyperboliques  inverses.  —  On  a  vu  au 
n°  20-4  comment  les  fonctions 


lg(a^  +  /i-^^'),     lg(a7  + A"^— i),     Igl/^ 


DÉRIVÉES.  125 

pouvaient  être  définies  au  moyen  des  équations  respectives 

leurs  dérivées  respectives  seront  donc 

I  I  I 


ch/       sh^       1  —  th^j'' 


pour  la  première,  on  a  a;  =  s\iy  el,  par  suite,  chy  =  \^i  -\-  x^,  le 
radical  étant  pris  avec  sa  signification  arithmétique,  puisque  chjK  est 
une  fonction  essentiellement  positive;  la  dérivée  de  lg(.r  +  y/i  H-^=^) 


est 


/.  +  , 


Pour  la  deuxième,  on  a,  x  :=  chy  et,  par  suite,  shy  =  ±  \J x"^  —  i . 
Dans  la  détermination  choisie  pour  la  fonction  inverse  de  chj',  on 
suppose  y  positif;   il  doit  en   être  de  même  de   shj^,  on  doit  donc 

prendre  shy  =  ^1  x-  —  i  ;  la  dérivée  de  \^\x  -\-  \Jx-  —  i)  est 


La  dérivée  de  Igl/ -est 


v/^ 


X  I  —  X- 

On  donnera   tout  à  l'heure   un  autre   moyen  d'obtenir  ces   trois 
dérivées. 


"IVt.  Dérivée  d'une  fonction  de  fonction.  —  Soit  u=^f{x)  une 
fonction  de  x,  admettant  une  dérivée  u  ^  /'{^)-  Soit  o(w)  une  fonc- 
tion de  la  variable  u,  qui,  regardée  comme  telle,  admet  une  dé- 
rivée o'{u)  (').  Je  vais  montrer  que  si,  dans  »(m),  on  regarde  u 
comme  étant  égal  k  f{x),  la  dérivée  de  la  fonction  de^  ainsi  obtenue, 
à  savoir  'f  [/(^)],  est  égale  au  produit  »'(«)«',  où  il  est  entendu  qu'on 
doit  remplacer  u  et  u'  par  leurs  expressions  en  fonction  de  x. 

Désignons  en  effet  par  Xo,  Woî  ®(wo)  d'une  part,  par;ro-f-/i,  Mo  +  ^? 
^{Uff-\-  k)  deux  systèmes  de  valeurs  correspondantes  de  la  variable  x 
el  des  fonctions  u  =  f(^x),  o{u)  =  'f  [/(^)],  en  sorte  que  l'on  ait 

k=f{xQ-\-h)—f{Xfi),         <p[/(aro-H  A)]  =  ç(mo-+- A-); 

on  regardera  x^  et  Uq  comme  fixes,  h  el  k  comme  variables;  à  cause 

(')  On  dit,  dans  le  même  sens,  que  y'(u)  est  la  dérivée  de  ?(«)  par  rapport  à  u. 


126  CHAPITRE   XIII. 

de  la  continuité,  quand  ^  tend  vers  o,  il  en  est  de  même  de  k.  La 
dérivée  cherchée  de  la  fonction 'i[/(^)],  pour  .27  =  ^0,  est  la  limite 
du  rapport 

y[/(^o-i-^)]  —  ?[/(3:'o)]  ^  9(^0+ A-)  — cp(tfo)   k 
h  k  II 

_  ^(u^,+  k)  —  ^(u)  f(xQ^h)  -f(cPo) 
k  h 

quand  h  et  A"  tendent  vers  o;  le  dernier  membre  de  la  précédente 
égalité  met  en  évidence  l'existence  et  la  valeur  de  cette  limite,  qui 
est  bien  cp'(Mo)/'(^()). 

Je  laisse  de  côté  la  petite  difficulté  tenant  à  ce  que,  lorsque  h  tend 
vers  o,  k,  qui  dépend  de  /i,  pourrait  s'annuler  une  infinité  de  fois  (  '  )  ; 
elle  ne  se  présenterait  que  pour  des  fonctions  singulières  prenant  une 
infinité  de  fois  la  même  valeur;  d'ailleurs  le  théorème  reste  vrai  dans  ce 
cas  encore.  Mais  je  m'arrêterai  un  instant  sur  la  remarque  suivante  qui 
nous  sera  utile  quelquefois  : 

Il  peut  se  faire,  en  conservant  les  notations  précédentes,  qu'on 
sache  que  la  fonction  de  x  '^[/{x)]  admet  une  dérivée  et  que  l'on 
sache  calculer  cette  dérivée,  mais  que,  relativement  aux  fonctions 
<^(u)elf(x),  on  sache  seulement  que  l'une  d'elles,  cp( m)  par  exemple, 
admet  une  dérivée  (par  rapport  à  u)  sans  que  l'on  sache  calculer  la 
dérivée  de  l'autre  fonction  /(x),  sans  que  l'on  sache  même  si  cette 
dérivée  existe.  Or  la  démonstration  précédente  prouve  clairement  que 
cette  dérivée  existe  et  qu'elle  s'obtient  en  divisant  par  cp'(M)  la  dérivée 
de  ^[/(^)];  de  même  si  l'on  sait  calculer  la  dérivée /'(a?)  def(x); 
mais,  si  l'on  ne  sait  pas  calculer  la  dérivée  de  cp(M)  parrapportà  «,  on 
voit  que  cette  dérivée  s'obtient  en  divisant  par  f'{x)  la  dérivée  de 

Si  dans  la  fonction  «|>(^')  de  la  variable  v,  admettant  la  dérivée  ^j^'C^) 
par  rapport  à  la  variable  ç,  on  regardait  cette  variable  comme  étant 
égale  à  o(u),  puis  u  comme  égal  k /(x),  '\i{v)  serait  une  fonction  de 
fonction  de  w,  et  une  fonction  de  fonction  de  fonction  de  ;»;  en  vertu 
du  théorème  précédent,  la  dérivée  de  ^(f)  regardée  comme  une 
fonction  de  fonction  de  w,  ou  la  dérivée  par  rapport  à  w  de  ^[^(ï^)]? 


(')  Introd.,  n°212. 


DERIVEES.  127 

serait 

4''(<')t'(")  =  <}''[?(")]  ?'("); 

en  vertu  du  même  théorème,  la  dérivée,  par  rapport  à  x^  de  la  fonc- 
tion <!'[?(")]  ^^  ^'^^  regarde  la  variable  u  comme  égale  k  f[x)^  serait 
le  produit  de  la  dérivée  par  rapport  à  u  de  la  fonction  4'[f(")]i  P*'' 
la  dérivée /'(^)  àe  f{x)  par  rapport  à  x.  Finalement  la  dérivée  de  la 
fonction  ^{v)  regardée  comme  une  fonction  de  x  est  égale  à 
\' {v)  o' {u)f'{x).  Il  est  clair  que  l'on  peul  continuer  ainsi  indéfini- 
ment. 

L'importante  proposition  qu'on  vient  d'établir  permet  de  relier  des 
règles  que  l'on  a  établies  séparément. 

Ainsi  la  dérivée  de  cos.r  =:  sin  (  -  —  x\  peut  se  déduire  de  la  dérivée 

de  sin  a:  et  de  celle  de .r  :  si  l'on  pose  pour  un  instant  u  =  • x, 

sin  (  -  — .rj,  ou  sin  m,  devient  une  fonction  de  x  dont  la  dérivée  (par 
rapport  à  x)  est  m'cosm,  en  désignant  par  u'  la  dérivée  de  u  par 
rapport  à  x,  qui  est  ici  égale  à   — i,  la  dérivée  de  cosa;  est  donc 

—  cos  ( x\  = —  sin^.  De  la  même  façon  on  voit  que  la  dérivée 

de  cotx  =  tang  (- x)  doit  être  égale  à 


(i  -i-  cot^a?). 


[.  +  tang^(^-..)] 


On  a  établi,  au  n"  42,  en  se  fondant  sur  une  autre  définition  de  la 
dérivée,  que  la  dérivée  du  poljnome 

f(x  -f-  a)  =  Ao(-r-+-  a)«-i-  Ai(a7-t-  «)"->-*-. .  .-+-  A,i_i(r  -^  a)  -+-  A„, 

obtenu  en  remplaçant  x  par  x  -'r  a  dans  le  polynôme 

f{x)  =  Aoa7'«-i-  Aja-"-!-!-. .  .-h  A„_ia:  -+-  A„, 

s'obtenait  en  remplaçant  x  par  x  -\-  a  dans  la  dérivée 

/'(x)  =  nAoX'*-^-{-  ( n  —  1)  A,a7"-2-i-. . .-+-  A„_i 

du  polynôme /(a:).  Il  suffit  de  poser  u==x-\-a  pour  voir  que  le 
polynôme /(^ -h  rt)  =:y( m)  peut  être  regardé  comme  une  fonction 
de  fonction,  dont  la  dérivée  esl/'{u)  x  u' ;  ici  la  dérivée  m'  de  ;r  +  a 


128  CHAPITRE   Xm. 

est  égale  à  i  ;  la  dérivée  de  f{x-\-a)  est  donc  /'(^  -I-  a),  en  dési- 
gnant par  ce  symbole  ce  que  devient  le  polynôme /"'(a')  quand  on  y 
remplace  x  par  x  -[-  a. 
La  dérivée  de 

/(a^  +  p)  =  Ao( aa;  +  p )«  +  A,  ( xa7 -f- ;3)«--i -H . .  .  +  A„-.i  (a;r -f- ^)  ^  A.„, 
où  l'on  suppose  que  a  et  [3  sont  des  constantes,  serait 

a.f'{%x  -(-  ^)  =  «aAo(aa:  -4-  P)"-*  -^  {n  —  i)aAo(aa7  -f-  ^)"-2  -+-  .  .  .  -t-  aA„_,, 

en  désignant  par/'(a:r  +  [^)  ce  que  devient  la  dérivée /'(^)  du  poly- 
nome/(a:)  quand  on  y  remplace  x  par  ^.x  +  [3.  Ici  /'{^-X  -+-  '^)  n'est 
pas  la  dérivée  de  f{(/.x  +  ^)  par  rapport  à  x. 

La  règle  relative  aux  fonctions  inverses  peut  aussi  être  rattachée 
à  la  règle  relative  aux  fonctions  de  fonction  : 

Si  l'on  considère  en  effet  la  fonction  F(a7)  de  la  variable  x  qui 
définit  l'équation  x  ^=f(^y)^  on  peut,  en  regardant  dans  cette  équa- 
tion j/"  comme  égal  à  F(:r),  observer  que  y[F(^)]  doit  être  identique- 
ment égal  à  x^  en  sorte  que  la  dérivée  de  cette  fonction  de  fonction 
doit  être  identique  à  la  dérivée  de  x^  c'est-à-dire  à  i  ;  on  doit  donc 

avoir 

.=/'(7)F'(a;), 

en  désignant  pary'(y)  la  dérivée  de  f{y)  par  rapport  'a  y.  C'est  le 
même  résultat  qu'au  n"  210. 

En  vertu  d'une  remarque  que  l'on  a  faite  plus  haut,  ce  raisonnement 
ne  présuppose  pas  l'existence  de  F'(x). 

Considérons  encore  la  fonction  JK  =  Arctang(«  tang^)  définie  au 
n°  200;  on  a  vu  que  cette  fonction  était  toujours  continue;  considé- 
rons-la toutefois,  dans  un  intervalle  [d,  b)  auquel  n'appartienne  aucun 

multiple  impair  de  -;  dans  cet  intervalle,  la  fonction  arc  tang(/?  tang^), 
toujours  comprise  entre  —  -  et  ->  est  continue  et  ne  peut  différer  de 

la  fonction  Arc  tang(/i  tang\r)  que  par  un  multiple  de  tt;  les  deux 
fonctions  ont,  dans  cet  intervalle,  la  même  dérivée;  or  la  dérivée  de 
la  fonction  arc  tang(/i  tangx)  est 


(/itanga?}2  cos-a;        cos-^ -r- /i- sin-a- 


DÉBIVÉËS.  129 

Telle  est  donc  aussi  la  dérivée  de  la  fonction  Arc  tang(/i  tang.z-).  Le 
résultat  subsiste  lors  même  que  x  est  égal  k  {^1  k  -\-  \)  - ■,  h  étant  un 
entier  quelconque;  pour  celte  valeur  de  ar,  en  elTel,  y  est  aussi  égal 
à  (2/:  +  i)-\  en  sorte  que  la  dérivée  de  y  est  la  limite,  pour  h  =  o, 
de 

Arc  tang  |  n  lang    (ik  -h  1)  -  -i-  /j     '  — (■).A-  -f- 1)  - 


h 
Or  le  numérateur  de  cette  expression  est  égal  (n"  200)  à 


.  ,  tans  h 

Arc  tan; 


La  limite  que  l'on  veut  évaluer  nest  autre  chose  que  la  dérivée, 

I      t  /tansarX       ,         ,     ,.       i  ,         ,,         ,    •    , 

pour  ^  =  o,  de  Arc  tang  (  — ^^  1,  c  est-a-dire  -  :  or  c  est  la  precise- 


tansra; 

)>  c  est-a-diie 

n 

ment  la  valeur,  pour  .r  =  o,  de 


cos-j"  -H  n-  sm-cc 


Dérivées  logarithmiques.  Dérivées  de  «'".  —  Si  l'on  regarde  u 
comme  représentant  une  fonction  de  x,  qui  reste  positive  dans  un 
certain  intervalle  et  qui  admette  une  dérivée  u',  la  fonction  (de  x) 
\gu  sera  définie  dans  cet  intervalle  et  aura  pour  dérivée  —  :  ce  que 
l'on  a  désigné  plus  haut  comme  la  dérivée  logarithmique  d'une  fonc- 
tion n'est  autre  chose  que  la  dérivée  du  logarithme  de  celte  fonction, 
quand  ce  logarithme  a  un  sens. 

Si,  dans  l'intervalle  des  v  aleurs  de  x  que  l'on  considère,  la  fonction  u 
était  négative,  l'expression  Igw  n'aurait  plus  de  sens;  posons 
v  =  — u;  la  fonction  lg(^  est  définie  dans  l'intervalle  considéré;  sa 
dérivée,  par  rapport  à  x,  est-  =:  ^^ —  =  —  •  Des  deux  expressions 
IgM,  lg( — u),  l'une  seulement  peut  avoir  un  sens;  la  dérivée,  par 
rapport  à  x,  de  celle  qui  a  un  sens  est  -  ;  on  peut  dire,  si  l'on  veut, 
que  cette  dernière  expression  est  la  dérivée  de  Ig  |  «  ]. 

Les  valeurs  de  x  qui  annuleraient  u  doivent  naturellement  être 
exclues. 

T.  -  II.  o 


l3o  CHAPITRE   XIII. 

Si  l'on  pose,  par  exemple,  u  =  x^^  x  étant  assujetti  à  rester  positif 
et  m  étant  qvielconque,  la  dérivée  de  Iga:'",   ou  de  m  lg.r,  que  l'on 

sait  d'ailleurs  être  —  .devra  être  éffale  à  —  :  la  dérivée  lî  de  x^^  est  donc 
X  ^  u 

égale  à  — x"^  =  mx"^~* .  On  a  expliqué  plus  haut  que  ce  raisonnement 

ne  présuppose  pas  l'existence  de  la  dérivée  de  la  fonction  x"'. 

En  vertu  du  théorème  des  fonctions  de  fonctions,  la  dérivée  de  u^ 
est  mu"'~*  u',  quelle  que  soit  la  fonction  u,  pourvu  que  cette  fonction 
soit  positive  et  admette  une  dérivée  u'. 

En  résumé,  la  règle  qui  donne  la  dérivée  de  «"*  lorsque  m  est  un 
nombre  naturel  (n°  208)  s'applique  dans  tous  les  cas. 

Il  convient  d'observer  qu'elle  s'applique  en  particulier  à  une  fonc- 
tion de  la  forme  —  =  u~'" où  m  est  un  nombre  entier:  la  dérivée  de 
a'"  ' 

cette  fonction  est  —  mir^"^  u'  ou  — p  ;  on  pourrait,  dans  ce  cas, 

appliquer  la  règle  relative  à  la  dérivée  d'un  rapport;  celle  qu'on  vient 
de  donner  conduit  de  suite  au  résultat  simplifié. 


ui> 


De  même,  quand  on  a  affaire  à  un  rapport  de  la  forme  — ?  où  m 


V 


sont  des  fonctions  de  x,  dont  les  dérivées  sont  //',  (^',  il  est  préférable 
de  l'écrire  sous  la  forme  uPv~i  pour  trouver  sa  dérivée 

p  ui'-^  v-iu  —  q  uP  f-'Z-i  V  —  -i- i "  o-i 


P7-+-1 


La  règle  qui  donne  la  dérivée  de  u"^  donne  aussi  la  dérivée  d'un 
radical  ;  les  dérivées  de  Ju  =  lû^  -—  =z  uT  -  sont  respectivement  — — , 


2  M  yu 


Par  exemple  la  dérivée  de  \Jax--\-  ^bx  -\-c  est 


^ax^  -\-  'i.bx 


Pour  calculer  la  dérivée  de  Ig  {x  -\-  ^x-  —  i  ),  déjà  obtenue  au 
numéro  précédent,  on  posera  u  =^  x  -\-  \/x--\-  i  ;  la  dérivée  cherchée 
est 


v/^ 


u  37  +  \Jx'^  -H  I  ^X'^  -{-  I 

on  reconnaîtra  de  même  que  les  dérivées  de  Ig  [x  +  \/x^ —  i  )  et  de 

lei/ sont  respectivement  •         :=:>  r- 

^y    ï-x  ^  Jx-i  _  1      I  — a?^ 


DÉRIVÉES.  l3l 

Considérons  encore  la  fonction  ly  tang  -  qui  est  définie  quand  x 
varie  entre  o  et  7t  (les  limites  étant  exclues),  puisque  alors  tang  -  est 
positive.  En  posant  «  ^  tang^.  on  voit  que  sa  dérivée  est—  •  D'ailleurs 
tang-  est  une  fonction  de  fonction  de  x;  si  l'on  pose  v  =^  ->  on  voit 

11-1  V  v'  \ 

que  la  dérivée  de  tang  v^  par  rapport  a  x^  est  -^p-  =  ;   en  re- 


').  COS-'  — 

1 


suuié  la  dérivée  de  Ig  tang—  est 


^x  X  .    X        X        sina; 

■2  cos'^  -  tang  -       9.  sin  —  cos  — 

•2  2  2  2 

la  même  dérivée  convient  à  la  fonction  Ig  tang-L  où,  si  l'on  veut 
avoir  affaire  à  une  fonction  continue,  x  doit  varier  dans  un  intervalle 
auquel  n'appartient  aucun  multiple  de  -. 

De   même   la  dérivée  de  Ig  |  tang  /  - -h  7  )     est Le  lecteur 

ramènera  aisément  un  cas  à  l'autre. 

Dans  les  applications  de  la  règle  des  fonctions  de  fonctions,  je  me 
suis  assujetti,  pour  une  plus  grande  clarté,  à  représenter  par  des 
lettres  distinctes  les  fonctions  qui  s'imbriquent  les  unes  dans  les 
autres  ;  le  lecteur  pourra  commencer  par  faire  ainsi,  afin  de  bien  recon- 
naître les  fonctions  de  fonctions;  il  devra  se  défaire  ensuite  de  cette 
habitude  et  dire,  par  exemple  :  la  dérivée  de  Igtang-  est  égale  à  la 

dérivée  /  \  de  Igtang-   par  rapport  à  tang->   multipliée  par 

\tang^^ 

la  dérivée  / \ 


de   tang-  par  rapport  à    -•,   multipliée   par 


lérivée 

'  2. 


X  ^x  1 

lang—  cos2  — 
2  2 


L'application  de  cette  règle  doit  lui  devenir  très  familière;  j'en 


l32  CHAPITRE    XIII. 

dirai  autant  de  toutes  les  règles  et  de  tous  les  exemples  des  n"*  208, 
209,  210,  211  et  212,  qui  doivent  être  sus  par  cœur,  d'autant  que  ces 
règles  et  ces  exemples  sont  d'un  usage  continuel.  J'insiste  d'autant 
plus  sur  cette  obligation  que  je  crois  inutile  et  même  mauvais  de 
confier  beaucoup  de  formules  à  la  mémoire.  C'est  d'ailleurs  en  les 
appliquant  fréquemment  que  ces  règles  et  ces  formules  se  fixeront  le 
mieux  dans  l'esprit.  Les  règles  pour  le  calcul  des  dérivées  seront 
complétées  aux  n"^  217  et  219. 

213.  Dérivées  d'ordre  quelconque.  Notations.  —  Si  une  fonction 
y=y(a:)admet  une  dérivée  jk'^./'("^)?  cette  dérivée,  étant  une  fonc- 
tion de  x^  peut  admettre  elle-même  une  dérivée  que  l'on  désignera 
par  j)/-"  on  f"{x)  et  que  l'on  appelle  la  dérivée  seconde  àc  f{x)  ;  cette 
dérivée  seconde  peut  avoir  une  dérivée  y"' zm  f" (^x) ,  qui  sera  dite 
dérivée  troisième  def{x)^  et  qui  sera  la  dérivée  seconde  de  f"{x); 
la  dérivée  jk"'  =  /'^(^)  de  la  fonction /'"(.r)  est  la  dérivée  quatrième 
de /(x),  la  dérivée  troisième  de  f'{x),  etc.  On  peut  continuer  ainsi 
indéfiniment. 

La  dérivée  n^^^^  se  représente  par  j'^'^'  oaf^"^(x).  La  dérivée/'(a?) 
prend  elle-même  le  nom  de  dérivée  p/^emiè/'e. 

Les  notations  que  je  viens  d'employer  ne  sont  pas  les  seules  usi- 
tées; quelques  auteurs  emploient,  pour  désigner  les  dérivées  succes- 
sives de  la  fonction /(a:^),  les  notations 

D/(.r),     D^f(x),     B^fix),     ..., 

où  il  est  inutile  de  dire  que  les  symboles  2,3,...  ne  sont  pas  des 
exposants  :  ils  indiquent  la  répétition  d'une  même  opération. 

La  notation  de  Leibniz  consiste  à  représenter  la  dérivée  première 
d'une  fonction  j-  ouf[x)  par  la  notation 

dy       df{x)       d£_ 
dx^         dx    '      dx 

Elle  conserve  la  trace  de  la  définition  de  la  dérivée,  la  lettre  d  est 
l'initiale  du  mot  différence.  Si  l'on  regarde  pour  un  instant  dx  comme 
un  petit  accroissement  donné  à  x.,  comme  la  petite  différence  entre 
deux  valeurs  voisines  x  e\,  x  -\-  dx  de  la  variable,  puis  dy  comme  la 
petite  différence  entre  les  valeurs  correspondantes^  e\, y  -\-  dy  de  la 


\ 


r 


DÉRIVÉES.  f33 

fonction,  le  rapport  -7-  sera  voisin  de  la  dérivée.   Nous  regarderons 

ici  (au  moins  jusqu'à  ce  qu'on  ait  introduit  la  notation  différentielle) 

,        ,      .  dv    df{x)     df  •       T      .  ^  • 

les  écritures -j- , -:^^^ — ^j  -%-  non  comme  signifiant   un  rapport,   mais 

comme  de  purs  symboles  représentant  le  résultat  de  l'opération  qui 
consiste  à  prendre  la  dérivée  de  y  ou  de  f(^x)  par  rapport  à  x. 

Cette  notation  a  encore  l'avantage  de  spécifier  la  variable;  si,  par 
exemple,  j'  =  o{u)  est  une  fonction  de  la  variable  a,  et  si  u  =  ^{oc) 
est  une  fonction  de  x^  y  pourra  être  regardé  comme  une  fonction  de 
fonction  de  x\  il  y  aura  lieu  de  distinguer  entre  la  dérivée  '■^' {u)  de  y 
prise  par  rapport  à  m,  et  la  dérivée  o' [u)  ^' [x)  de  yz=o[t|;(x)] 
prise  par  rapport  à  x  ;  cette  distinction  se  fera  naturellement  en  écri- 
vant-j- dans  le  premier  cas,  et -7^  dans  le  second;  le  théorème  des 
fonctions  de  fonction  pourra  alors  s'exprimer  par  la  formule 

dy        dy  du 
dx        du  dx 

Dans  la  notation  de  Leibniz,  les  dérivées  seconde,  troisième,  ..., 
^iéme  ^^g  Ijj  fonction  y  de  x  se  représentent  par 

d'^y       d^  y  d'\y 

dx^  '      dx'^  '      dx"^ 

Les  chiffres  2,  3,  ...,  n  ne  sont  pas  des  exposants,  ils  rappellent 
simplement  V ordre  des  dérivées  ('). 

Voici  quelques  exemples  de  cas  où  la  dérivée  /i"^'°°  s'obtient  facile- 
ment. 

On  a  vu  au  Chapitre  II  la  forme  des  dérivées  première,  seconde,  ..., 
n'*'"*  d'un  polynôme  du  /i''^™"  degré  :  cette  dernière  est  une  constante, 
les  suivantes  sont  identiquement  nulles. 

Si  a  et  6  sont  des  constantes,  et  n  un  nombre  quelconque,  les  déri- 
vées première,  seconde,  , . .,  yo'*'"«  de  {ax  -\-  6)"  sont 

na{ax  -\-  b)'<--^,     n{n  —  i)a^(ax  -h  b)"^-',      ..., 
n{n  —  \). .  .{n  —  p  -\-i)aP{ax  -^  b)"^-P. 


(')  Au  lieu  de  dire  dérivée  première,  seconde,   etc.,  on   dit  aussi  dérivée  du  pre- 
lier  ordre,  dérivée  du  second  ordre,  etc. 


l34  CHAPITRE    XIII. 

Lorsque  n  est  un  nombre  naturel,  l'un  des  facteurs  numériques  devient 
nul  dès  que  p  dépasse  n.  En  particulier,  la  dérivée  p'^"^^  de  la  fonc- 
tion   est 

(-1)/- 


(i  -+-  a,-)P+i 
La  dérivée  /j'*™"  de 

I       _  i  /     I  I 

l  —  X^  2   \  I  X  I  -H 

est 

1.2.../)    (l-{-  X)P-*-^^  {  —  l')P(i  —  X)/>-^^ 
2  (I  —  X-^)P-+-^  ' 

La  dérivée  /z'^™"  de  a^  est  a-*(lga)";  toutes  les  dérivées  de  e^  sont 
égales  à  e^. 

Les  dérivées  premières  de  sina:  et  de  cos.r  peuvent  s'écrire 
sinf^H — )>  cos(:r  4-  -);  on  en  conclut,  de  proche  en  proche,  que 

les  dérivées  /z'^°'^*sont  sin(.r  -{-  n-  ),  cos  (x-{-n-];  les  dérivées  suc- 
cessives de  l'une  quelconque  de  ces  fonctions  se  reproduisant  jîério- 
diquement  de  quatre  en  quatre. 

La  dérivée  n'''"""  de  lê(i  +  .r)  est  la  dérivée  {/i  —  i)''™"  de  — —; 
elle  est 

.2.  .     frt  —  l) 


(-1)- 


(i-f-a;)" 


Soient  M,  ç  deux  fonctions  de  x  dont  on  désignera  respectivement 
les  dérivées  successives  par 

u\     u",     ....     M<"\     ...;         v',     v",     ...,     p"*',     ...; 

la  dérivée  /i'*"**  du  produit  ui'  est 

„(«)(,  +  cîmI«-i'p'+  C','a!«-2't'"+. .  .H-  c;;Mt^^''', 

en  désignant  par  C',',  C",  •  • .,  C'|  les  coefficients  de  la  /î'^""^  puissance 
d'un  binôme  (n''  43).  Cette  formule,  qui   est  souvent  utile  pour  cal- 
culer des  dérivées  /r'^'"*%  se  démontre  sans  peine  par  induction. 
La  dérivée  de  l'expression 


DÉRIVÉES.  135 

est 

„4,(/H-l)  _  u'  t;'"'  H-  m"(^<'»-1)  —  .  .  .  -h  (—  I)«  «(«'  P' 

_l_  M'f"')—  «"^(«-1)-}-...—  (—  l)«  M^"' f^' H- (—1  )"«(«+!' t^; 

on  a  écrit  sur  la  première  ligne,  pour  chaque  terme,  la  partie  de  la 
dérivée  obtenue  en  prenant  la  dérivée  du  second  facteur;  sur' la 
seconde  ligne,  l'autre  partie.  En  faisant  les  réductions,  on  voit  que 
cette  dérivée  est  égale 

214.  Dérivées  partielles.  —  Considérons  une  fonction  de  plusieurs 
variables  indépendantes,  par  exemple  une  fonction  f{x,  y,  z)  de 
trois  variables  x,  y,  z;  je  la  supposerai  définie  et  continue  pour 
toutes  les  valeurs  de  x,  y,  z  qui  satisfont  aux  conditions 

(i)  A  la;  S  A',         BljKlB',         GSslC, 

où  A,  B,  C,  A',  B',  G'  sont  des  nombres  donnés;  si  l'on  attribue  à  j',  2 
des  valeurs  fixes  satisfaisant  aux  conditions  précédentes, /(:»,  y,  5) 
sera  une  fonction  de  x  continue  dans  l'intervalle  (A,  A');  si  elle 
admet  une  dérivée,  cette  dérivée  sera  dite  la  dérivée  partielle  de  la 
fonction /(x,  jK,  ^)  par  rapport  à  x)  elle  se  représentera  par 

n    ou     %  (., 

Les  dérivées  partielles  y^  ou-j-,  f'^  *^^  a^*  prises  par  rapport  à  y 

et  à  3,  se  définiront  de  la  même  façon. 

Si  la  fonction /(.r,  y,  z)  admet  des  dérivées  partielles  pour  chaque 
système  de  valeurs  des  variables  qui  vérifient  les  conditions  (i),  il  est 
clair  que  ces  dérivées  partielles  seront  des  fonctions  de  x,  y,  z  défi- 
nies pour  tous  ces  systèmes  de  valeurs  des  variables. 

Une  dérivée  partielle  par  rapport  à  une  variable  se  prend  en  sui- 
vant les  règles  expliquées  précédemment;  en  calculant  cette  dérivée, 
ou  traite  les  autres  variables  comme  des  constantes. 


(  '  )  Il  convient,  afin  d'éviter  les  confusions,  d'employer  un  caractère  différent  {d) 
de  (rf)  qui  a  servi  jusqu'ici,  pour  rappeler  qu'il  s'agit  d'une  dérivée  partielle. 


l36  CHAPITRE   XIII. 

On  a,  par  exemple,  en  prenant /(.r,jK)  =  Ji'^-, 


dx       -^ 

on  doit  supposer  x  positif. 

Si  l'on  a 

fi^.y,^)-- 

.      X 
-  Z%\X\  —  1 

y 

on  aura 

df        z          X            df 

-f    =   -  COS-,              f-    =- 

ox        y         y            ôy 

ZX             X 
COS  — > 

y-     y 

df  .  X 
-^  ■=  sin  — 
dz  y 

11  est  à  peine  utile  de  dire  que  les  dérivées  partielles  d'un  poly- 
nôme en  X,  j-,  z,  ...,  que  Ton  a  déiinies  au  Chapitre  II  sont  les 
mêmes  expressions  que  celles  qu'on  vient  de  définir. 

En  parlant  d'une  fonction y( ^,  jk,  s)  définie  et  continue  aux  envi- 
rons d'un  système  de  valeurs  Xo,  /o,  ^o  admettant,  pour  ce  système 
de  valeurs  et  aux  environs,  des  dérivées  partielles  continues,  j'enten- 
drai qu'il  y  a  un  nombre  positif  s  (non  nul)  tel  que,  en  posant 

A  =  .ro — £,         B=jKo— £,         C=Zo—t, 
A'  —  Xf)-^  z,         B'  =  y^-h  z,         G'=So+£, 

la  fonction  /"(^,  jK,  2)  soit  définie  et  continue  pour  toutes  les  valeurs 
de  x,y^  z  qui  satisfont  aux  conditions  (i),  et  admette,  au  sens  qu'on 
vient  de  dire,  pour  ces  mêmes  valeurs  des  variables,  des  dérivées  par- 
tielles qui  soient  des  fonctions  continues  de  x,  y,  z. 

Tel  est  le  cas,  par  exemple,  de  la  fonction  3  sin  -  pour  lout  système 

de  valeurs  a^o^jKo?  -^o  tel  quejKo  ne  soit  pas  nul. 

Les  dérivées  partielles  /^.,  /^.,  f'^  d'une  fonction  de  trois  variables 
fi^x^y^  3),  dont  on  vient  de  parler,  sont  les  dérivées  du  premier 
ordre;  je  suppose  que  chacune  d'elles  admette  des  dérivées  premières 
par  rapport  à  x^  y,  z,  celles-ci  seront,  pour  f{x,  y,  z),   des  dérivées 

secondes;  par  exemple,  les  dérivées  (premières)  de/^.  ou  v^  par  rap- 
port à  X,  y,  3,  se  désigneront  par 

Jjcx^     J  xyi     Jxz 


DERIVEES 

dxdx 

dx  dy 

dxdz' 

f"y 

X,     fyy, 

f% 

dy  dx 

dydy' 

dy  dz 

.37 


(lésigaeiit  les  dérivées  (premières)  de/'  ou  j-  par  rapport  à  x,y,  z, 

et  ainsi  de  suite.  Ces  notations  se  simplifient  lorsque  l'on  peut  inter- 
vertir l'ordre  des  dérivations;  c'est  ce  que  l'on  peut  faire  dans  le  cas 
des  polynômes,  comme  on  l'a  montré  au  Chapitre  II;  c'est  ce  que  l'on 
peut  faire,  plus  généralement,  lorsque  les  dérivées  que  l'on  considère 
sont  des  fonctions  continues  de  variables  indépendantes;  je  le  dé- 
montrerai un  peu  plus  loin;  je  ne  m'arrête,  pour  le  moment,  qu'à  la 
notation.  On  a  expliqué,  à  propos  des  polynômes,  la  signification  du 
symbole 

où  a,  |3,  y  représentent  des  nombres  entiers,  positifs  ou  nuls,  dont 
la  somme  est  égale  à  p.  La  même  dérivée  p'^'^^  que  représente  le 
précédent  symbole  se  représente  aussi  par 

di>  f 


dx^  dyP  dzl 


Je  répète  que  cette  façon  d'écrire  ne  sera  légitimée  que  lorsqu'on  aura 
prouvé  la  possibilité  d'intervertir  l'ordre  dans  lequel  on  prend  les 
dérivées. 

On  a  souvent  besoin  d'écrire  un  symbole  qui  représente  la  valeur 
d'une  dérivée  partielle  pour  un  système  de  valeurs  attribuées  aux 
variables;  on  écrira,  par  exemple, 

pour  désigner  ce  que  deviennent  les  dérivées  seconde  et  yg'^""'  /%, 
/ '">^i'  quand  on  y  remplace  x  par  .Tq,  jKo?  -0  ;  on  écrit  aussi  quelque- 
fois 

avec  le  même  sens. 


l38  CHAPITRE    XIII. 

215.  Si  une  fonction  f{x)  admet  une  dérivée  f  {x)  dans  un 
intervalle  (a,  b)  et  si  elle  est  nulle  pour  x=^  a  et  x  =  b^sa  dérivée 
f'{x)  s'annule  pour  une  valeur  de  x  comprise  entre  «,  b  et 
différente  de  a  et  de  b. 

Fig.  63. 


Cette  proposition,  connue  sous  Je  nom  de  théorème  de  Rolle, 
revient  à  dire  que,  sur  l'arc  de  courbe  qui  représente  la  fonction 
y=:f(^x)  lorsque  x  croît  de  a  à  ^,  il  j  a  un  point  d'abscisse 
a.  {a<:ia.<Cb)  où  la  tangente  est  horizontale. 

Sous  cette  forme  la  proposition  semble  intuitive.  Le  lecteur  peut, 
s'il  le  veut,  se  contenter  de  cette  vue,  et  admetti-e  cette  proposition 
au  même  titre  que  les  propositions  concernant  les  fonctions  conti- 
nues qu'on  lui  a  demandé  d'admettre  au  n"  196. 

Il  j  a  toutefois  intérêt  à  savoir  que  la  démonstration  du  précédent 
théorème  se  ramène  à  l'une  des  propositions  qu'on  vient  de  rap- 
peler. 

Dans  l'intervalle  («,  6),  la  fonction /(.r)  qui,  par  hypothèse,  admet 
une  dérivée,  est  continue  :  il  nous  sera  plus  tard  commode  d'avoir 
observé  que  la  proposition  considérée,  et  la  démonstration  qui  suit, 
n'impliquent  pas  l'existence  de  la  dérivée  pour  les  bornes  a,  b  de 
l'intervalle;  mais  cette  démonstration  s'appuie  sur  la  continuité  de  la 
fonction /( .27 )  dans  tout  l'intervalle,  bornes  comprises;  cette  conti- 
nuité est  donc  essentiellement  supposée. 

Si  la  fonction /(.r),  continue  dans  l'intervalle  (a,  6),  n'est  pas 
nulle  dans  tout  cet  intervalle,  elle  est  soit  positive,  soit  négative,  pour 
quelque  valeur  de  x^  appartenant  à  cet  intervalle. 

Plaçons-nous  dans  le  premier  cas,  et  désignons  par  a  la  valeur 
de  x^  appartenant  à  l'intervalle  (a,  6),  pour  laquelle  la  fonction 
continue  f{x)  atteint  son  maximum  (n"  196),  c'est-à-dire  le  nombre  a 


DÉRIVÉES.  l39 

tel  que  l'on  ait/'(a)  ^/(.r)  pour  toutes  les  valeurs  de  x  qui  appar- 
tiennent à  l'intervalle  («,  b). 

Le  nombre /(a)  est  certainement  positif,  puisqu'il  y  a  des  valeurs 
de /(a?)  qui  sont  positives  et  que /(a)  est  supérieur  ou  égal  à  ces  va- 
leurs. Il  suit  de  là  que  a  n'est  égal  ni  à  a,  ni  à  b.  Je  dis  que  l'on  a 
/'(a)  =  o. 

En  effet,  les  deux  rapports 

fi,r,^h)-f{i.)  /(a-/i)-/(a) 

h  '  =:â         ' 

où  h  est  une  variable  positive,  assujettie  à  être  assez  petite  pour  que 
les  nombres  oi-{-  h^:/.  —  h  appartiennent  toujours  à  l'intervalle  (a,  b) 
tendent  vers  la  même  limite/'(a),  quand  h  tend  verso;  les  numéra- 
teurs de  ces  deux  valeurs  sont  négatifs  ou  nuls,  en  vertu  de  l'hypo- 
thèse faite  sur /(a);  des  deux  rapports,  le  premier  est  négatif  ou 
nul;  sa  limite  ne  peut  être  positive;  le  second  est  positif  ou  nul;  sa 
limite  ne  peut  être  négative.  Cette  limite,  qui  existe  puisqu'il  y  a  une 
dérivée,  et  qui  n'est  ni  positive,  ni  négative,  est  certainement  nulle. 
La  proposition  est  démontrée.  Puisque  a  n'est  ni  a,  ni  6,  l'existence 
de  la  dérivée  pour  x  =a^  ou  pour  x  =  b^  n'est  pas  supposée. 

Formule  des  accroissements  finis.  —  De  cette  proposition  va  ré- 
sulter la  suivante  : 

Si  la  fonction/(.27)  admet  une  dérivée /'(.r)  dans  l'intervalle  («,  6), 
le  rapport 

f{b)-f{a) 
b  —  a 

est  égal  à  la  dérivée  f'{x)  pour  une  valeur  de  x  comprise  entre  a  et  6, 
différente  de  a  et  de  b. 

Remarquons  que  cette  proposition  a  à  peu  près  le  même  caractère 
intuitif  que  le  théorème  .de  RoUe  :  en  effet,  si  l'on  figure  la  courbe 
qui  représente  la  fonction  y  =:/( a?)  dans  l'intervalle  («,  6),  le  pré- 
cédent rapport  représente  la  pente  de  la  droite  AB  qui  joint  les 
deux  points  A,  B  correspondants  aux  valeurs  a^  b  Ae  x;  l'énoncé 
précédent  veut  dire  qu'il  y  a  sur  la  courbe  un  point  M  dont  l'ab- 
scisse a  est  comprise  entre  a  et  6,  où  la  tangente  est  parallèle  à  AB. 

Au  reste,  ce  théorème  se  ramène  au  théorème  de  Rolle  en  consi- 


Mo  CHAPITRE    XIII. 

dérant  (n°  207)  la  fonction  du  premier  degré 


qui,  pour  x  =  a  el  pour   cc  =  b,   prend  les  mêmes  valeurs  /(«)  et 
f{b)  que  la  fonction  /"(^)  ;  la  différence 


fia). 


f(b)-f(a) 


(x-a)-f(x) 


entre  cette  fonction  du  premier  degré  et  f{x)  s'annulera  donc  pour 
X  ^  a  el  pour  ^  =  6;  sa  dérivée 

s'annulera  pour  une  valeur  de  x,  comprise  entre  a  et  Z>,  autre  que  a 
et  b. 

De  même  que  le  théorème  de  Rolle,  ce  théorème,  pourvu  que  la 
fonction  f{x)  soit  continue  dans  l'intervalle  (a,  6),  bornes  com- 
prises, n'implique  pas  l'existence  de  la  dérivée  aux  bornes  a,  b  de 
l'intervalle. 

Le  résultat  qu'on  vient  d'établir  s'écrit  souvent  sous  la  forme  qu'on 
va  expliquer. 

Si  X  el  X  ->r  h  sont  deux  valeurs  quelconques  de  x,  appartenant  à 
un  intervalle  où  la  fonction  f{x)  a  une  dérivée,  une  valeur  quel- 
conque de  la  variable  comprise  entre  x  et  x  -+-  h  pourra  être  repré- 
sentée par  X  ■+-  9A,  en  désignant  par  8  un  nombre  positif  (non  nul) 
et    moindre    que     i.    En    appliquant    le    précédent    théorème    aux 


DEniVEES.  141 

nombres  x  ei  x  -\-  h  (au  lieu  de  a  et  6),  on  pourra  donc  écrire 

OU 

c'est  la  lorniule  à  laquelle  on  donne  souvent  le  nom  Ae  formule  des 
accroissements  finis. 

Elle  permet,  en  particulier,  d'évaluer  l'erreur  que  l'on  commet, 
lorsque,  pour  calculer  la  valeur  d'une  fonction  f{x),  on  substitue  à 
la  variable  une  valeur  approchée  :  soient  «  la  valeur  approchée,  a  -\-  h 
la  valeur  exacte,  l'erreur  est  hf  [a  +  6A);  elle  est  donc  moindre,  en 
valeur  absolue,  que  A  a,  en  désignant  par  a  une  limite  supérieure  de 
l'erreur  commise  sur  la  variable  et  par  A.  un  nombre  égal  ou  supérieur 
à  la  plus  grande  des  valeurs  absolues  de  la  fonction  f  {x)^  quand  x 
varie  de  a —  a  à  «  +  a.  Il  sera,  d'ordinaire,  aisé  d'évaluer  A  par  un 
calcul  grossier.  On  ne  doit  pas  oublier  toutefois  que,  si  la  valeur 
de  /(a)  n'est  pas  calculée  exactement,  l'erreur  commise  dans  le  calcul 
de /(a)  peut  s'ajouter  à  celle  qu'on  vient  d'évaluer. 

Supposons,  par  exemple,  qu'on  veuille  calculer  un  nombre  dont  on 

se  donne  le  logarithme  vulgaire  et  que  l'erreur  commise  sur  ce  lo- 

j" 
garithme  soit  moindre  que  a;  on  a  iciy(x)  =  e*',  en  désignant  par  x 
la  valeur  exacte  du  logarithme;  l'erreur  commise  sera  donc  moindre 

que  rj  6*',  en  désignant  par  ^  un  nombre  compris  entre  a  —  a  et  a  +  a; 

si  l'on  suppose  ces  nombres  moindres  que  4,  on  voit  que  l'erreur  sera 
moindre  que 

^      Il  'O*    ^      oc 

— -  e'i  =  a  -|r^  <  2326a. 
M  M 

3 
moindre  que  —,  par  conséquent,  si  l'on  suppose  a  <<  io~^.  Le  lecteur 

peut  multiplier  les  exemples  de  cette  nature. 

Voici  maintenant  une  application,  d'un  caractère  tout  théorique, 
de  la  formule  des  accroissements  finis. 

Supposons  que,  lorsque  x  varie  de  «  à  ^,  la  fonction  dérivée/' (j?) 
reste  inférieure  en  valeur  absolue  à  un  nombre  positif  fixe  L  :  c'est 
ce  qui  arrivera  sûrement  (n"  196)  si  elle  est  continue  dans  l'inter- 
valle (a,  b). 


l42  CHAPITRE    XIII. 

On  aura  alors,  en  désignant  par  Xf,,  x^  deux  nombres  quelconques 
appartenant  à  cet  intervalle, 

|/(a;,)-/(^n)|<I^l^i— -^ol; 

on  voit  donc  que,  si  l'on  se  donne  un  nombre  positif  s,  il  est  possible 
de  lui  faire  correspondre  un  nombre  £'  =  f  tel  que  l'on  ait  certai- 
nement 

|/(^,)-/(^o)|<£, 

sous  la  condition  que  l'on  ait  \x^  —  a^o  |  ■<  s'  et  que  les  nombres  a^^, 
x^  appartiennent  à  l'intervalle  (rt,  h).  C'est  une  proposition  que  l'on 
a  énoncée  au  n"  196  sous  une  forme  plus  générale,  sans  supposer 
l'existence  de  la  dérivée. 

On  verra  bientôt  l'importance  du  théorème  des  accroissements 
finis  pour  fonder  les  propositions  relatives  à  la  variation  des  fonc- 
tions. Je  vais  l'appliquer  à  la  démonstration  de  quelques  règles  qu'il 
me  reste  à  donner  pour  le  calcul  des  dérivées  et,  tout  d'abord,  à  dé- 
montrer que,  pour  les  fonctions  de  plusieurs  variables,  on  peut  inter- 
vertir l'ordre  dans  lequel  on  prend  les  dérivées. 

Il  suffira  (n°  46)  d'établir  la  légitimité  de  cette  interversion  dans 
le  cas  d'une  fonction  de  deux  variables;  l'extension  est  ensuite 
aisée. 

216.  Soit  y  (.27,  jk)  la  fonction  considérée  :  je  suppose  que,  pour  les 
systèmes  de  valeurs  de  x^  y  que  l'on  considère  et  aux  environs,  elle 
admette  des  dérivées  partielles  du  premier  ordre  continues 

Mon  objet  est  de  démontrer  que,  si  les  dérivées  partielles  cp'^  =f"xr 
et  ^'jc^^  fljc  sont  continues  pour  le  système  de  valeurs  x„^  y^  attri- 
buées aux  variables  et  aux  environs,  ces  dérivées  sont  égales. 

L'accroissement  de  la  fonction /(a^,  jk)j  regardée  comme  une  fonc- 
tion de  X  seul,  quand  on  passe  de  la  valeur  x^,  à  la  valeur  x^-h  h  est 
/(xo-\-  h,y) — /(^oîJK);  c'est  une  fonction  de  y,  que  je  dési- 
gnerai par  g{y)  et  dont  la  dérivée  ^'(.i  )  (par  rapport  à  j)  est 
'i^{xo  +  h,y)—  <!^{xo,y),  puisque  '^{xo  +  h,y)et^{Xo,y)  sont  les 
dérivées  respectives,  par  rapport  à  y,  des  fonctions  f{xo  +  /i?  J")  et 


DÉRIVÉES.  143 

L'accroissement  ^(.Xo  +  ^)  —  &(jKo)  ^^  la  fonction  g{}')  quand 
on  passe  de  la  valeur  jKo  à  la  valeur  jKo  +  k  est 

f(xo  H-  h,  jo  -H  A-)  —J\xo,  Vo  -+■  k)  —  f(xo-h  h,yo)  -^/(xq,  70), 

et,  sous  cette  forme,  il  est  clair  que  l'on  serait  arrivé  au  même  résultat 
en  parlant  de  l'accroissement  f{x,yo  +  ^')  — /(^?  JKo)  de  la  fonc- 
tiony(a:,j)')  regardée  comme  une  fonction  de  jk  seul,  quand  on  passe 
de  la  valeur  jKo  «^  la  valeurjKo-i-  ^1  puis  en  regardant  cette  expression 
/{^■>  J^o  -+-  ^)  — /(-^î  J'o  )  comme  une  fonction  de  la  seule  variable  ^ 
et  en  calculant  son  accroissement  quand  on  passe  de  la  valeur  x^  à  la 
valeur  ^0+  h-  C'est  cette  remarque  évidente  qui  va  nous  conduire  à 
la  proposition  annoncée. 

L'accroissement  ^(jKo-H /<■)  —  ©"(.Xo)  ^st,  en  effet,  en  vertu  du  théo- 
rème des  accroissements  finis,  égal  à 

kg' {y,  -^  pk)  =  k['!^(xo  +  A,  jo-  PA-)  -  ^{xo,  y,  +  ?A-)], 

en  désignant  par  ^  un  nombre  positif  plus  petit  que  i,  mais,  dans  le 
second  membre,  le  facteur  que  multiplie  k  peut  être  regardé  comme 
l'accroisseiuent  de  la  fonction  (de  x)  ^{x^  y^  +  ^k)  quand  on  passe 
de  la  valeur  x^  à  la  valeur  Xq  -\-  h]  en  vertu  du  même  théorème,  cet 
accroissement  est  égal  au  produit  par  h  de  la  dérivée  (  par  rapport 
à  .r  )  de  cette  fonction,  pour  une  valeur  x^^-^-oLk  de  la  variable  com- 
prise entre  Xq  et  .2:0+  h]  le  dernier  membre  de  l'égalité  précédente 
est  donc  hk'h'j.{^Xii-\-  a  A,  jKo+  |^^')- 
On  a  ainsi 

/(xo-^  A,  jo  -^  k)  ~/(xo,yo  -t-  k)  —f{Xo  +  A,  ^0)  -+- /( a^o ,  JKo ) 
=  hk'Y^gixo  -+-  oLh^yo  -f-  |3A-): 

mais,  si  l'on  avait  fait  les  choses  dans  l'autre  sens,  si  l'on  était  parti 
de  raccroissement/(ic,  v^  +  k)  — /{■^,  yo)  regardé  comme  une  fonc- 
tion de  X,  pour  calculer  l'accroissement  de  cette  fonction  quand  on 
passe  de  x^  à  .To-f-A,  on  serait  évidemment  arrivé  à  l'expression 
hk'l'y.[xçf  +  ^ h.  y^  H-  '^ k)  en  désignant  par  a',  ^'  des  nombres  qui, 
comme  a  et  (3,  sont  compris  entre  o  et  i  ;  les  deux  résultats  doivent 


4/^(370  + aA,^o+  ^k)  =  o^(a-o-i-a'A,  jo^l^'A). 


l44  CHAPITRE    XUI. 

Les  deux  fonctions  «l^.,  ç»'^  étant,  par  liypothèse,  des  fonctions  con- 
tinues, les  deux  membres,  lorsqu'on  fait  tendre  h  et  k  vers  o,  ont  pour 
limites  respectives  <j>a;(-^0  5  JKo)  6t  cp'/^oj  J'o)  •  ces  deux  quantités  sont 
donc  égales;  c'est  ce  qu'il  fallait  démontrer. 

217.  Fonctions  composées.  —  Soit/(w,  v)  une  fonction  des  deux 
variables  indépendantes  w,  ç]  je  suppose  que,  pour  chaque  système 
de  valeurs  de  ces  variables  que  je  considérerai  et  aux  environs,  la 
fonction  soit  continue  et  admette  des  dérivées  partielles  continues. 

Regardons  maintenant  w,  v  comme  des  fonctions  de  la  variable  in- 
dépendante ^,  continues  dans  l'intervalle  («,  b)  et  admettant,  dans 
cet  intervalle,  des  dérivées  w',  v' .  11  est  bien  entendu  que  les  valeurs 
que  prennent  w,  v  quand  x  appartient  à  l'intervalle  (a,  b)  sont  de 
celles  pour  lesquelles  les  conditions  imposées  à  la  fonction /(m,  v) 
sont  vérifiées.  La  fonction  y(«/,  v)  devient  alors  une  fonction  de  x 
définie  dans  l'intervalle  («,  6),  fonction  dont  on  dit  qu'elle  est  com- 
posée avec  les  fonctions  u,  c;  je  vais  montrer  que  cette  fonction 
(de  x)  admet  une  dérivée  (par  rapport  à  .r)et  que  cette  dérivée  est 

•^  "  -^  du  dv 

Ne  regardons  pas  encore  «,  v  comme  des  fonctions  de  x^  et  consi- 
dérons deux  systèmes  de  valeurs  Mo  et  t^o,  Ui) -\- ^u^  et  (>„+^<'o 
attribuées  aux  variables  m,  v  dans  la  fonction /(m,  v)]  la  différence 

entre  les  valeurs  de  la  fonction /qui  correspondent  à  ces  deux  sys- 
tèmes de  valeurs  des  variables  peut  s'écrire 

[/(Mo  -I-  ^«0,  ^"0-^-  Ac^o)— /("o+  ^"o,  i'o)]  -H  [/("o-H  A"o,  t^o)— /("o,  Vo)]. 

Le  premier  crochet  peut  être  regardé  comme  l'accroissement  de  la 
fonction  de  la  seule  variable  ç,/{uo  H-  Am^,  v)  quand  on  passe  de  la 
valeur  Ço  à  la  valeur  t-o-f-  ^^"o  de  cette  variable;  il  est  donc  égal  au 
produit  par  A^'o  de  la  valeur  que  prend  la  dérivée  par  rapport  à  v  de 
la  fonction  /(«„+ Amqj  ^)  quand  on  y  remplace  ç  par  une  valeur 
Çq-^^Açq  intermédiaire  à  Vq,  Co-t-At^ol  en  sorte   qu'on  peut  écrire 


DÉRIVÉES.  145 

On  a  de  la  même  façon 

/(mo-H  Auo,  i>o)—/(Uo,  l'o)  =  Amo/«("o-h9'Amo»  «^o^, 
h'  désignant  un  nombre  compris  entre  o  et  i .  On  a  finalement 

(•)  /{Uo-i-^Uo,   Vo-h  \Vo)—/(Uo,   l>o) 

=  \Vaf^,  (Mo -H  '^«oi  ''o-H  ÔAi'o)  +  t:^UQf'u{uo+  6'Awo,  Vq)\ 

cette  égalité  a  lieu  quels  que  soient  Mq,  ^"0?  ^^o,  A^o- 

Supposons  maintenant  que  l'on  considère  deux  valeurs  voisines  Xq 
et  ^o"t-  A^o  de  la  variable  x  et  désignons  maintenant  par  u^  et  v^^ 
Mo -h  Amo  et  '^0+  At'o  les  valeurs  correspondantes  des  fonctions  a,  v 
de  cette  variable;  l'accroissement  de  la  fonction  (de  x)  f(u^  p)  quand 
on  passe  de  la  valeur  .ro  à  la  valeur  Xo-\-  Aro  sera  le  premier  membre 
de  l'égalité  (i),et  la  recherche  de  la  dérivée  de  la  fonction  de  ;r  revient 
à  la  recherche  de  la  limite  de 

quand  AoTo,  Amo,  ^Vq  tendent  vers  o;  or,  dans   ces   conditions,  -—!•'» 

-^  tendent  vers  les  valeurs  v',  u,,  des  dérivées  v' ,  u'  des  fonctions  v,  u 
\Xa  .  . 

pour|j.r  =  ^o;  les  fonctions  (des  deux  variables  m,  v)  f'^,  ety^  étant 
continues,  les  expressions 

/^(Wo-t-  Amo,  (^o+9^t^o),    /«("o-hO'Awo,  t'o) 

tendent  vers  les  valeurs  f'^,  («„,  Pq)?  f'ui'^oi  ^0)  des  dérivées  par- 
tielles/|,,  /^^  pour  M  =  Mo,  (^  =  (^o  ;  il  n'y  a  maintenant  aucun  incon- 
vénient à  supprimer  l'indice  o  et  à  dire  : 

La  dérivée  par  rapport  à  x  de  la  fonction  /(m,  v)  composée  avec 
les  deux  fonctions  (de  x)  u  et  v  est  fa^  +  f[,  p'. 

La  proposition  qu'on  vient  d'énoncer  peut  s'écrire 

df  _  df  du       àf  dv_ 
dx        du  dx        dv  dx 

Elle  s'étend  aux  fonctions  composées  avec  autant  de  fonctions  a, 
v^  iP,  .  .  .  que  l'on  veut.  Bornons-nous  au  cas  d'une  fonction  de  trois 
variables  y  (a,  t',  (v),  où  l'on  regardera  m,  v^  w  comme  des  fonctions 
T.  -  II.  10 


l46  CHAPITRE   XllI. 

de  x\  sous  des  conditions  analogues  à  celles  que  l'on  a  spécifiées  au 
début  de  ce  numéro,  on  aura  pour  la  dérivée  de  la  fonction  de  x 
ainsi  composée 

df        df  du         df   dv  ùf  dw  r,      ,        s,     ,        ^,        ■ 

dx        du  dx        dv   dx        dw  dx       ''  ''  j  ^^      i 

ainsi  qu'il  résulte  de  la  suite  d'égalités  que  voici  : 
f(u-+-^u.  p -f- Ap,  w  ^  \w)  —  /(m,  i'i  Vf) 

-+-  [/(u  -+-  Aa,  V  -\-  Aç,  w]  —  f{u  -\-  Au,  v,  w)] 
-h[f(u-+-  Au,  V,  w)—f(u,  V,  w)] 
=  Aw  f'^,  {u  -\-  Au,  V  -+-  Av,  (v  H-  6  Aw) 
+  Av  f'^,{u-h  Au,  t"  +  6'  Ap,  w) 
-\-  Au  f[i  ( u -+-  %" Au,  V,  w). 

Les  règles  relatives  à  la  dérivée  d'un  produit  u^>  ou  d'un  quotient  - 
fournissent  des  applications  immédiates  des  règles  précédentes. 
On  a  en  effet,  par  exemple, 

d(uv)  d(uv) 

—, —  =  V,  — ■ —  =  m; 

ou  av 

la  dérivée  de  uç  par  rapport  kx,  lorsque  u,  v  sont  des  fonctions  de  x, 
est  donc  vu'  ■+-  iw' .  en  désignant  par  u\  c',  les  dérivées  de  m,  v. 
La  dérivée  ('  )  de  m''  est 

vu^~'^  u'-h  Wv'  \gu  =  M"-'  (vu'-i-  uv'  \gv). 


(')  Pour  calculer  la  dérivée  d'une  fonction  comportant  ainsi  des  exposants,  il  est 
commode  de  prendre  le  logarithme  de  la  fonction;  par  exemple,  en  conservant  la 
même  signification  k  u,  v  oa  posera  y  =  u";  d'où  lgjK=  vlgu,  puis  en  prenant  les 
dérivées 


V'   IgM 


y 


y^u^i^v'  igu-h~^ 

Si  Ton  avait 

y  =  x'e-, 

on  en  déduirait 

igr  =  (ig^)s 

Z.' 

y 

X             •' 

DERIVEES.  l47 

Si  en  particulier  ou  suppose  a  =  ^,  v  =zx,  on  voit  que  la  dérivée 
de  x^  est 

^■^{i  -f-  IgiF). 

Si  l'on  considère  les  éléments  d'un  déterminant  comme  des  variables-, 
il  est  clair  que  la  dérivée  partielle  du  déterminant  par  rapport  à  chacun 
de  ses  éléments  sera  le  mineur  relatif  à  cet  élément.  De  cette 
remarque,  de  la  règle  précédente,  et  de  la  règle  relative  au  dévelop- 
pement d'un  déterminant  par  rapport  aux  éléments  d'une  ligne  ou 
d'une  colonne,  résulte  immédiatement  la  proposition  suivante  : 

La  dérivée  d'un  déterminant  du  n'^'^"  ordre,  dont  les  éléments 
dépendent  d'une  variable,  est  la  somme  de  n  déterminants  dont  cha- 
cun s'obtient  en  remplaçant,  dans  le  déterminant  proposé,  les  éléments 
d'une  des  n  colonnes  par  leurs  dérivées  respectives,  ou  les  éléments 
d'une  des  n  lignes  par  leurs  dérivées  respectives. 

En  particulier,  si,  pour  une  valeur  de  la  variable,  tous  les  mineurs 
sont  nuls,  la  dérivée  du  déterminant  est  nulle  pour  cette  valeur  de  la 
variable. 

La  règle  pour  prendre  la  dérivée  d'une  fonction  composée  s'ap- 
plique aux  dérivées  seconde,  troisième,  etc. 

Supposons,  en  conservant  les  notations  antérieures,  qu'il  s'agisse 
de  la  fonction  composée /(m,  p,  w).  Sa  dérivée  première  est 

Chaque  terme  est  un  produit  et  sa  dérivée  s'obtient  par  là  règle 
relative  aux  produits  :  en  prenant  les  dérivées  des  seconds  facteurs, 
on  obtiendra  les  termes 

qui  devront  figurer  dans  la  dérivée  seconde;  devront  y  figurer  aussi 
les  produits  de  u',  v',  w'  par  les  dérivées  respectives  des  fonctions 
(de  3^)  f'u,  f[>i  fw  •  ces  fonctions  sont  des  fonctions  composées;  la  dé- 
rivée de  la  première  est 

-UL  u'-\-  -p-f  +  -f-^w'S 
ou  ov  ow 

ou 


l48  CHAPITRE   XIII. 

la  dérivée  de  la  seconde  et  de  la  troisième  sont  respectivement 

fu„   II'  +-  /",•.  V'  -V-f'lw  w\ 

fuM.  u' -^  fiw  v' -r- fi^  w\ 
et  l'on  a  finalement,  pour  l'expression  de  la  dérivée  seconde, 

^  =    /'«  "  +/.  ^''  +/«.  ^ 

-f-    /",.  a'2      -4-    /',U  f '2        -4-    /'«,=  w">- 
-t-  'i.f'vw  ^'  **■'  +  "^/"inv  "  w'  -+-  ifiiv  u  v'. 

Cette  formule  peut  s'écrire,  si  l'on  préfère, 
dx^        du  dx-         dv  dx^         d(v   rfa:^ 


du-i  \dx)    ^  d^'2  \dxl    '^  dW^\  dx ) 
O^f    dv   dw  à"-/    du  dw 

àvdw  dx   dx  dudiv  dx  dx 

_d\f   du   dv_ 
dudv  dx  dx 


On  peut  continuer  ainsi. 

218.  Formule  des  accroissements  finis  pour  les  fonctions  de  plu- 
sieurs variables.  —  Soit,  par  exemple,  f{x,y,  z)  une  fonction  de  trois 
variables.  Je  vais  donner  une  expression  de  la  difierence 

/(a^o  +  A,  yQ-\-k,  Zq-^  l) —f{xo,  yo,  ^o), 

qui  peut  être  regardée  comme  l'accroisiement  de  la  fonction /(a;, y,  z) 
quand  on  passe  du  système  a:o,j'o)  -^o  a"  syslème  Xo-\-  h, y „-}-  k^z^-ir  L 
Je  suppose  que  pour  chaque  système  de  valeurs  que  l'on  obtient 
en  faisant  varier  ^  de  o  à  i  dans  les  expressions 

Xi)-+- ht,    y^-i- kt,     Zt)-\- It, 

et  aux  environs  de  chacun  de  ces  systèmes,  la  fonction  /"(a7,  y,  z)  soit 
continue  et  admette  des  dérivées  partielles  continues.  Regardons  dans 


DÉRIVÉES.  149 

la  fonction  f{x^y^  z)  les  variables  x^  y,  z  comme  respectivement 
égales  aux  fonctions  (de  t)  Xo+  lil,  y^^-'r  kt,  ZoH-  It^  dont  les  déri- 
vées (par  rapport  à  t)  sont  les  constantes  h,  k,  l;  la  fonction  f(x,y,z) 
deviendra  alors  une  fonction  (composée  de  t)  dont  la  dérivée  (par 
rapport  à  t)  sera  h/'j.  +  kf'y-\-  If'^  :  or  la  diflerence  dont  on  cherche 
une  expression  peut  être  regardée  comme  l'accroissement  de  la  fonc- 
tion (de  t) 

/(xo-{-  ht,  jKo-f-  kt,  3o+  It), 

quand  on  passe  de  la  valeur  o  à  la  valeur  i  de  la  variable;  elle  sera 
donc  égale  à  Taccroissement  i  de  la  variable  multiplié  par  une  valeur 
de  la  dérivée  pour  une  valeur  9  de  ^  comprise  entre  o  et  1  ;  en  d'autres 
termes  on  aura 

f{xo-hh,yo-+-k,  ^o-H  0— /(^o>7o,  ^0) 
=  h/'x     (a:o-^e/?,  JKo-h6^-,  -So+Ô/) 
-I-  kf'y(xo-h^h,yQ-}-Bk,  ZqH-  ô/) 
4-  l/'z  (a^o-H  6/i,  yo-r-^k,  Zo-+-  6/). 

C'est  la  formule  cherchée. 

Cette  formule,  comme  celle  du  n"  215,  est  précieuse  pour  l'éva- 
luation des  erreurs.  Supposons  qu'on  veuille  calculer  la  fonction 
/(x,  y,  z,  ...)  pour  un  certain  système  de  valeurs  de  x,  y,  z,  ... 
auxquelles  on  substitue  des  valeurs  approchées  a,  b,  c,  ...,  les 
erreurs  étant  moindres  respectivement,  en  valeur  absolue,  que  a,  ^, 

y, On  verra,  comme  au  n"  215,  que  l'erreur  qui  en  résulte  pour 

/{x^y,  z,  ...)  est  moindre,  en  valeur  absolue,  que  Aa4-B|i  +  Cy  +  ..., 
en  désignant  par  A,  B,  C,  ...  des  nombres  positifs,  respectivement 
égaux  ou  supérieurs  aux  plus  grandes  valeurs  absolues  de /^,  /^,  /^, ..., 
quand   x,  y,    z,    ...    varient    respectivement    dans    les    intervalles 

(a  —  a,  a  H-  a),  (6  —  j3,  6  -t-  ^),  (c  —  y,  c  H-  y), D'ordinaire,  on 

pourra  évaluer  les  coefficients  A,  B,  C,  ...  au  moyen  d'un  calcul 
grossier.  Toutefois,  l'évaluation  de  l'erreur  par  la  formule  précédente 
suppose  qu'on  fasse  exactement  le  calcul  de/(-7,  6,  c,  . . .),  ce  qui,  le 
plus  souvent,  est  impossible  ou  très  fastidieux  :  on  devra  donc  ajouter 
à  Aa  -h  B,3-|-Cy  -h...  une  limite  supérieure  de  l'erreur  commise  dans 
l'évaluation  même  de/(a,  b,  c,  . ..).  Cette  limite  supérieure  s'obtient 
encore  en  s'appuyant  sur  la  formule  des  accroissements  finis;  on  peut, 


l5o  CHAPITRE   XIII. 

du  reste,  ne  pas  tenir  compte  de  l'erreur  commise  sur  l'évaluation  de 
/(rt,  6,  c,  . . .)  lorsqu'on  fait  les  calculs  avec  une  précision  telle  que 
l'erreur  qui  en  résulte  soit  très  inférieure  à  Aa  +  B'^  -\-  Cy  +  . . .. 

On  peut,  d'ailleurs,  être  amené  à  partager  le  calcul  en  plusieurs 
étapes,  à  évaluer  les  erreurs  commises  à  chaque  étape  et  leur  réper- 
cussion sur  les  étapes  ultérieures;  on  aura,  au  fond,  à  appliquer  plu- 
sieurs fois  la  même  méthode. 

Quoi  qu'il  en  soit,  en  regardant  la  formule  Aa  +  Bjîi  +  Cy  -{-... 
comme  exacte,  on  observera  d'abord  qu'elle  contient,  comme  cas  par- 
ticuliers, les  règles  données  dans  la  note  du  n"  138  pour  l'évaluation 
de  l'erreur  commise  sur  une  somme,  un  produit,  un  quotient. 

Cette  formule,  en  supposant  connus  les  coefficients  A,  B,  C,  ..., 
permet  de  résoudre  les  deux  problèmes  fondamentaux  de  la  théorie 
des  erreurs,  celui  que  l'on  a  posé  d'abord,  et  le  problème  inverse  : 
lorsqu'on  veut  calculer  la  valeur  d'une  fonction  /(a?,  y,  s,  ...)  avec 
une  erreur  moindre  qu'un  nombre  positif  donné  s,  avec  quelle  appro- 
ximation faut-il  connaître  ces  nombres  a,  6,  c,  . . .  que  l'on  substituera 
aux  valeurs  exactes  de  x,f,  z,  . . .?  On  a  alors  à  résoudre,  par  rapport 
à  a,  j^.  Y,  . . .,  l'inégalité  Aa  +  Bj3  +  Gr  -h  . . .  <  s.  Le  problème  com- 
porte une  indétermination  évidente,  dont  on  profitera  pour  le  mieux. 
Si  les  coefficients  A,  B,  G,...  sont  peu  différents,  on  pourra  prendre 
tous  les  nombres  a,  ^,  y,  ...  inférieurs  au  quotient  de  e  par  la  somme 
A -f- Bh- G  +  . . .  ;    dans  le    cas  contraire,    on  pourra    prendre,    par 

exemple,  a  <;  — ^  ?  P"^~r'  T^^r'  '■*  ^^  supposant  qu'il  y  ait 
n  nombres  x,  y,  s,  ....  Il  arrive  d'ailleurs  fréquemment,  dans  les 
applications,  que  certains  des  nombres  a,  (3,  y,  ...  sont  connus  :  on 
retranchera  de  e  la  somme  de  ces  nombres  respectivement  multipliés 
par  leurs  coefficients;  la  différence  doit  être  positive  pour  que  le 
problème  soit  possible  :  il  se  ramène  évidemment  à  la  résolution 
d'une  inégalité  de  la  même  forme  que  celle  qu'on  vient  de  consi- 
dérer. 

Supposons  maintenant  qu'on  veuille  réduire  en  nombres  une  for- 
mule :  dans  cette  formule  peuvent  figurer  certains  nombres  qui 
résultent  de  mesures  forcément  inexactes,  ou  de  calculs  antérieurs, 
dont  les  résultats  ne  sont  qu'approchés,  il  peut  y  figurer  aussi  des 
nombres  (comme  tt  ou  e)  qu'on  peut  avoir  avec  telle  approximation 
qu'on  veut,  mais  auxquels  il  faudra  bien,  pour  faire  les  calculs,  substi- 


i5i 


tuer  des  nombres  approchés.  On  remplacera  par  des  lettres,  dans  la 
formule,  tous  les  nombres  auxquels  on  devra  substituer  des  valeurs 
approchées  ;    la    formule    prend    alors   l'apparence   d'une   fonction 

/(.r,  /,  :;,  . . .)  et  l'on  est  ramené  aux  problèmes  précédents. 


Soit,    par    exemple,    à    calculer   4/a(lg6)2 — csin-c?,    où    l'on    suppose 

a  =  4  / -,  6  =  72,5,   0  =  0^087,   rf  =  0,373;    relativement   aux   trois   derniers 

nombres,  on  suppose  que  chacun  d'eux  est  connu  avec  une  erreur  moindre 
qu'une  unité  de  l'ordre  du  dernier  chiffre. 

En  regardant,  pour  un  instant,  les  lettres  a,  6,  c,  d  comme  des  variables, 
on  aura,  pour  appliquer  la  méthode  précédente,  à  calculer  des  nombres  posi- 
tifs A,  B,  G,  D  respectivement  supérieurs  aux  valeurs  absolues  des  dérivées 
partielles 

a .       ,  •    ~   ,  Tt        TT   , 

/i    I.N.       2  £  logo       — sin-rf       — c-cos-a 

2R    '  2R      '  ^R       '  ÏR  ' 


où  R  a  été  mis  à  la  place  du  radical;  un  calcul  très  grossier,  où  l'on  pourra 
s'aider  de  tables  à  un  petit  nombre  de  décimales,  permet  de  reconnaître  que, 
dans  les  limites  où  l'on  suppose  que  a,  6,  c,  d  restent  compris,  R  reste  supé- 
rieur à  3,  et  qu'on  peut  prendre  A  =  — ,  B=  — ,  C=  — ,    D  =  ;    les 

10  100  lo  100 

nombres  p,  -(,  8  sont  ici  donnés  et  sont  égaux  respectivement  à  10-',  10-', 
10-^  :  dans  l'expression  Aa -1- B^ -H  Gy  de  l'erreur,  la  partie  Bp-t-Cy-nDS 
est  connue;  elle  est  inférieure  à  ro-'-l- 2.(0-*  ;  il  serait  déraisonnable  de  pré- 
tendre obtenir  le  résultat  avec  une  approximation   d'un  ordre  supérieur   au 

millième;   il  serait  déraisonnable  de   calculer   a  =  i/-  avec  un   très    grand 

nombre  de  chiffres  décimaux  :  si  on  le  calculait  avec  une  erreur  moindre  que 

-  10-*,  et  si  tous  les  calculs  ultérieurs  étaient  faits  exactement,  on  pourrait 

compter  que  l'erreur  finale  serait  moindre  que  2.10-*.  Cette  supposition,  qu'on 
fait  exactement  les  calculs  ultérieurs,  est  d'ailleurs  absurde,  puisqu'on  ne 
peut  avoir  les  valeurs  exactes  des  logarithmes,  de  la  racine,  ...;  mais,  si  l'on 
fait  les  calculs  avec  une  table  à  cinq  décimales,  on  peut  compter  que  les  erreurs 
provenant  de  ces  calculs  n'affecteront  pas  la  troisième  décimale  du  résultat  (•). 
Pour  effectuer  le  calcul,  on  cherchera  le  nombre  dont  le  logarithme  serait 

égal  à  -log2 iogn -(- 2  log(log72,5)  —  2  logM,  et  l'on  en  retranchera  le 


C)   C'est  là  un   point  dont  le   lecteur  pourra  se  convaincre  par  un  raisonnement 
analogue  à  celui  du  n"  215,  pour  le  passage  des  logarithmes  aux  nombres. 


l52  CHAPITRE   XIII. 

nombre  dont  le  logarithme  serait  égal  à  la  somme  des  logarithmes  de  0,087  et 
du  sinus  de  87  grades,  3  dixièmes;  on  extraira,  toujours  au  moyen  des  loga- 
rithmes, la  racine  carrée  de  la  différence.  On  trouve  ainsi  3,8201;  on  pourra 
compter  que  le  nombre  3,82  est  approché  avec  une  erreur  moindre  qu'un  cen- 
tième. Des  tables  à  quatre  décimales  auraient  suffi  pour  parvenir  au  nombre 
3,82. 


219.   Fonctions  implicites.  —  Considérons  l'équation 


(0 


372  ^_   y2  _   ,.2  _  o  . 


on  en  tire  y  =  ±  \^' r'^ — x^  ;  si  dans  l'équation  (i)  on  remplace  y  par 
l'une  ou  l'autre  de  ces  expressions,  son  premier  membre  se  réduit 
identiquement  à  o. 

L'équation  (i)  définit  deux  fonctions  de  x,  à  savoir  y/r-  —  x'^  et 
—  \/r'^ —  X-,  dont  chacune  est  continue  dans  l'intervalle  ( — /•,  -h  /•). 
Ceci  apparaît  aussi  clairement  sur  la  figure.  L'équation  (i)  représente 


Fie.  65. 


le  cercle  de  centre  O  et  de  rajon  /',  c'est-à-dire  que  le  lieu  des  points 
dont  les  coordonnées  vérifient  l'équation  (i)  est  le  cercle  qu'on  vient  de 
dire,  la  fonction  \Jr^  —  x^  est  représentée  par  le  demi-cercle  supé- 
rieur, la  fonction  — y//'^  —  x^  par  le  demi-cercle  inférieur;  les  arcs 
de  courbe  qui  représentent  ces  deux  fonctions  et  dont  chacun  n'est 
rencontré  qu'en  un  point  par  les  parallèles  à  l'axe  des  j/ se  raccordent 
aux  points  A.,  A',  où  les  tangentes  sont  parallèles  à  cet  axe. 


DÉRIVÉES.  l53 

Regardons,  dans  l'équation  (i),  ^  comme  égal  à  l'une  des  deux 
expressions  y//'^  —  x'^,  — y//"'-* — x'^,  dont  on  sait  d'ailleurs  qu'elles 
admettent  une  dérivée  pour  les  valeurs  de  x  intérieures  à  l'intervalle 
( — r,  /•),  et  désignons  par  r'  la  dérivée  de  y  (par  rapport  à  x).  La 
dérivée  du  premier  memlire  est  2X  -h  ^.Vy'  j  ce  premier  membre  étant 
identiquement  nul,  il  en  est  de  même  de  sa  dérivée;  on  a  donc 


r  —  j: 


où  il  est  entendu  qu'on  doit  regarder  j^  comme  égal  à  l'une  des  fonc- 
tions \/r'-  —  x-,  —  ^/-^^  —  x-  ;  et,  en  effet,  on  retrouve  ainsi  un  résultat 
déjà  obtenu. 

Sous  certaines  conditions  relatives  à  la  continuité  de  la  fonction 
/{x,  y)  et  de  ses  dérivées  partielles,  le  lieu  des  points  dont  les  coor- 
données vérifient  l'équation  /(x,  j  )  =  o  est  une  courbe,  qui  peut 
d'ailleurs  être  composée  d'une  ou  plusieurs  branches.  Ces  branches 
peuvent  être  décomposées  en  arcs  de  courbe  tels  que  chacun  d'eux  ne 
soit  rencontré  qu'en  un  point  par  une  parallèle  à  l'axe  des  x;  ces  arcs 
de  courbe  sont  limités,  le  plus  souvent,  à  des  points  où  la  tangente  à 
la  courbe  est  parallèle  à  l'axe  desjKr  comme  dans  l'exemple  précédent. 
Ils  peuvent  aussi  être  limités  à  des  points  multiples  de  la  courbe,  où 
elle  se  croise  elle-même;  par  exemple  dans  la  figure  66,  la  courbe  en  8 


Fig.  (i6. 


peut  être  partagée  en  quatre  arcs  dont  chacun  n'est  rencontré  qu'en 
un  point  par  les  parallèles  à  l'axe  des  i'.  On  |)eut  d'ailleurs  la  décom- 
poser en  deux  arcs  seulement. 


i54 


CHAl'ITRK    Xm. 


La  courbe  de  la  figure  6'j,  qui  présente  en  A.  un  point  de  rebrous- 
semenl,  se  décompose  en  quatre  parties. 

En  outre,  il  peut  y  avoir  des  branches  de  courbe  qui  s'éloignent 
indéfiniment,   soit    que  les  deux  coordonnées   grandissent  indéfini- 


Fig.  67. 


ment,  soit  qu'une  seule  grandisse  indéfiniment.  Telles  sont  les  princi- 
pales circonstances  qui  peuvent  se  présenter  pour  les  courbes  algé- 
briques, c'est-à-dire  pour  les  courbes  définies  par  une  équation 
f(^x^y)  =  o  dont  le  premier  membre  est  un  polynôme.  D'autres 
circonstances  peuvent  se  présenter  pour  d'autres  courbes,  dont  il 
peut  arriver,  par  exemple,  qu'une  branche  s'arrête  brusquement. 

Est-il  utile  de  dire  au  lecteur  que  tout  ceci  n'est  qu'une  description 
destinée  à  lui  faire  connaître,  sans  démonstration,  comment  les 
choses  se  passent  dans  les  cas  les  plus  simples  ? 

Quoi  qu'il  en  soit,  admettons  qu'on  ait  isolé,  dans  la  courbe  définie 
par  l'équation /(a?,  y)=  o,  un  trait  continu  limité  à  deux  points  dont 
les  abscisses  sont  a,  b  et  qui  ne  soit  rencontré  qu'en  un  point  par  les 
parallèles  à  l'axe  des  k  ;  cela  revient  à  dire  qu'ona  défini  dans  l'intervalle 
(«,  6)  une  certaine  fonction  continue  jk=  '•^{x)i  telle  que  l'expression 
J{x^y),  quand  on  y  remplace  y.  par  o(^),  soit  nulle  pour  toutes 
les  valeurs  de  x  considérées.  Si  l'on  sait  i^ésoudre  par  rapport  ky 
l'équation  /'(.r,  J-)  ^  o,  si,  par  exemple,  cette  équation  est  une  équa- 
tion du  second  degré  en  y,  ç(^)  est  une  des  racines  de  cette  équation. 
Si  l'on  ne  sait  pas  effectuer  cette  résolution,  on  peut  imaginer  qu'on 
sache,  pour  toutes  les  valeurs  de  x  qui  appartiennent  à  l'intervalle 
(a,  6),  choisir,  parmi  les  diverses  racines  que  peut  avoir  l'équation 


DKRIVÉES.  1  55 

(en^)  f{x^  JK)=  Oi  celle  qui  eslégak  à  'f  (a;).  On  a  alors  défini,  dans 
l'intervalle  (a,  b)^  y  comme  une  fonction  implicit<^  de  ^  (  '  ). 

Supposons  de  plus  que  le  trait  de  courbe  considéré  admette  une  tan- 
gente en  chacun  de  ses  points,  ou  que  la  fonction  'f  (^)  admette  une 
dérivée  pour  chaque  valeur  de  x  appartenant  à  l'intervalle  (a,  6),  il 
sera  aisé  de  calculer  cette  dérivée. 

Lorsque  dans  l'expression  /(x,  y)  on  regarde  y  comme  désignant 
,p(x),  cette  expression  est  nulle,  quelle  que  soit  la  valeur  de  j?  apparte- 
n  uit  à  l'intervalle  (a,  b).  Cette  expression  devient  ainsi  une  fonction 
composée  de  a?,  qui  est  nulle  dans  tout  cet  intervalle  :  il  en  est  de  même 
de  sa  dérivée  par  rapport  à  ^  ;  or  cette  dérivée,  d'après  la  règle  du 
n"  217,  s'obtient  en  multipliant  la  dérivée  partielle  de  f[.x^  y)  par 
rapport  à  x  par  la  dérivée  de  x,  qui  est  i,  et  en  ajoutant  le  produit 
de  la  dérivée  partielle  àe  f[x^  y)  par  rapport  k  y  par  la  dérivée  o' {x) 
ou  y  de  y]  on  a  donc  f'^-{-y'f'=:  o,  et,  par  suite,  en  supposant/^ 
différent  de  o, 

où  il  est  bien  entendu  que,  dans  le  second  membre,  y  doit  être  toujours 
supposé  égal  à  '■s{x). 

Si  f'j.  était  nul  pour  quelque  valeur  de  a?,  la  tangente  au  point 
correspondant  de  la  courbe  serait  parallèle  à  l'axe  des  x  :  sans  que 
j'insiste  sur  ce  point,  le  lecteur  reconnaîtra,  par  raison  de  symétrie, 
que,  si  f'y.  est  nul  sans  que  f'j.  le  soit,  la  tangente  doit  être  parallèle  à 
l'axe  desj^,  et  qu'il  convient  de  dire  que  la  dérivée  j^',  qui  à  propre- 
ment parler  n'existe  pas,  devient  infinie.  Mais,  pour  un  point  de  la 
courbe  où  l'on  aurait  à  la  fois  /^p=  o,/y=  o,  la  méthode  précédente 
ne  donne  absolument  rien.  Un  tel  point  (au  moins  pour  les  courbes 
algébi'iques)  est  dit  multiple  (-). 


(')  Lorsque  jK  est  exprimé  au  mojen  de  x  de  manière  que  l'on  sache  quels  calculs 
il  faut  effectuer  sur  x  pour  avoir  jk,  lorsque,  par  exemple,  y  est  une  de  ces  fonctions 
élémentaires  de  x  étudiées  lians  le  Chapitre  précédent,  ou  uue  combinaison  de  ces 
fonctions,  y  est  une  fonction  explicite  de  x.  Pour  peu  que  le  lecteur  y  réfléchisse, 
il  reconnaîtra  que  la  distinction  entre  les  mots  implicite  et  explicite  regarde  la 
forme  et  non  le  fond. 

(-)  L'étude  de  ces  points,  où  il  arrive  que  deux  ou  plusieurs  branches  de  la  courbe 
peuvent  se  croiser,  est  en  dehors  du  cadre  de  ce  livre. 


l56  CHAPITRE    XIII. 

Supposons  par  exemple  qu'on  ait 


J\x,y)  =  Igv/^2-hj'2_tang 


je  ne  m'arrête  pas  à  construire  la  courbe  définie  par  l'équation 
/(ic,  y)  =  o,  ni  à  isoler  sur  cette  courbe  un  trait  qui  satisfasse  aux 
conditions  imposées;  je  me  borne,  pour  calculer  la  dérivée  de  j-  par 
rapport  à  ^,  à  appliquer  les  règles  précédentes  :  on  aura 


yy 


y  X  — y 

x^'^y'- 

X  -\-  y 

La  règle  qu'on  vient  d'expliquer  aurait  besoin  d'être  complétée  en 
démontrant  Vexistence  de  ces  traits  de  courbe  continus  que  l'on  a 
admise,  et  Vexistence  d'une  tangente  en  chacun  de  leurs  points  ('  ). 
On  démontre  que,  si  le  système  de  valeurs  a7o,  y  a  attribuées  aux 
variables  x,  y  vérifie  l'équation /'(^TjJ')  =  o,  si,  pour  ce  système  et 
aux  environs,  la  fonction  f{x,  y)  admet  des  dérivées  continues,  et  si 
la  dérivée  partielle/^,  n'est  pas  nulle  pour  ce  système,  il  y  a  effective- 
ment un  trait  de  courbe  et  un  seul  qui  passe  par  le  point  dont  les 
coordonnées  sont  Xo,  jKo  et  que,  en  ce  point,  il  y  a  une  tangente  dont  la 

pente  est  la  valeur  de  —  '^  pour  x  =  x^,  y  =  J'o-  En  partant  d'un 

autre  point,  sur  ce  trait  de  courbe,  on  arrive  à  le  prolonger,  et  ainsi 
de  proche  en  proche,  tant  que  les  conditions  imposées  à  f{x^  y)  et  à 
ses  dérivées  sont  vérifiées. 

La  règle  pour  calculer  la  dérivée  de  la  fonction  implicite  de  x 
définie  par  l'équation  /(^,  y)  =  o  s'applique  en  particulier  au  calcul 
de  la  dérivée  d'une  fonction  inverse  d'une  fonction 'donnée  (n"  1210). 
Ce  cas  particulier  a  été  isolé,  d'une  part  en  raison  de  son  importance, 
d'autre  part  parce  que  l'existence  de  la  fonction  inverse  et  de  sa 
dérivée  a  pu  être  mise  facilement  en  évidence. 

La  même  règle  s'applique  au  calcul  des  dérivées  successives.  Si, 
par  exemple,  on  veut,  en  reprenant  les  notations  précédentes,  calculer 


(')  Introd.,  n»  221. 


DÉRIVÉES.  l57 

la  dérivée  <f" {^)  ou  y"  de  la  fonction  '^{oo)^  on  partira  de  l'équation 

et  l'on  regardera,  dans  cette  équation,  jk  comme  égal  à  a»(j?),j)  '  comme 
égal  à  <p'(^),'  elle  est  alors  vérifiée  pour  toutes  les  valeurs  de  x  qui 
appartiennent  à  l'intervalle  (a,  6),  la  dérivée  du  premier  membre  est 
nulle  ;  on  la  prendra  encore  parla  règle  du  n"  !217;  elle  est 

ff'y-^fl-^  -+-  y'fly-^y'  Vfxy  +  J^'/M , 

en  sorte  que  l'on  a,  pour  déterminer  y,  l'équation  du  premier  degré 

ff'y  -+-  /'.'»  +  '^y'f'xy  ^  y'-/;^  =  o. 

Il  est  bien  entendu,  que,  dans  le  premier  membre  de  cette  équa- 

f 
tion,  on  doit  supposer  jk  égal  à  cp(a^),  y'  égal  à  —  —  • 

Jy 
Si,  pour  la  valeur  de  x  considérée,  /^.  était  nul,  en  sorte  que  y'  fut 

infini,  l'équation  précédente  n'aurait  plus  de  sens,  bien  qu'elle  semble 

se  réduire  à  une  équation  du  second  degré  en  y' ;  je  me  borne  à  dire 

que  cette  équation 

y/y^  -+-  -^y'/xy  +  fx^  =  O, 

dans  le  cas  où  l'on  a  /^=  o,/'.=  o  et  où  ses  racines  sont  réelles  et 
distinctes,  donne  les  pentes  des  deux  tangentes  aux  traits  de  courbe 
qui  passent  par  le  point  (multiple)  considéré,  à  moins  que  les  trois 
dérivées  ^'partielles  du  second  ordre  /,",,  /,'!j.,  /^^  ne  soient  nulles 
pour  les  coordonnées  de  ce  point.  Cette  assertion  devient  évidente 
si  l'on  admet  l'existence  de  ces  deux  traits  de  courbe  et  l'existence  de 
leurs  tangentes. 

On  peut  évidemment  continuer  de  la  même  façon. 

220.  Changement  de  variables.  —  Supposons  qu'on  se  donne  une 
fonction  de  x,  y  =/(x),  et  qu'on  [veuille  substituer  à  x  une  autre 
variable  t,  liée  [à  x  par  une  relation  telle  que  x  =  o(l)',  on  n'aura 
qu'à  remplacer,  dans  /{x),  x  par  o(f);  c'est  là  le  cas  le  plus  simple 
du  changement  de  variable  :  la  règle  relative  aux  fonctions  de  fonc- 
tions permet  de  calculer  les  dérivées  successives  âe /(x)  considéré 
comme  une  fonction  (de  fonction)  de  t,  connaissant  les  dérivées  par 
rapport  à  x  de/{x)  et  les  dérivées  par  rapport  à  ^  de  o(l). 


f58  CHAPITHE    XIII. 

Supposons  maintenant  que  x  et  j^' soient  des  fonctions  données  de  t 

y  peut  être  regardé  comme  une  fonction  de  x  définie  de  la  manière 
suivante  :  l'équation  x^^'o{l)  définit  t  comme  fonction  de  x;  regar- 
dant t  comme  cette  fonction  de  x  dans  '^{t),  y  est  la  fonction  de  x 
définie  par  les  deux  équations  précédentes;  on  peut  se  proposer  de 
calculer  les  dérivées  de  j'  par  rapport  à  x. 

Désignons  par  'f'(^),  ^' {t)  les  dérivées  par  rapport  à  t  des  fonc- 
tions '-oit).  ^(0:  P^"^  C  ^*  dérivée  de  t  regardé  comme  la  fonction 
de  X  que  définit  l'équation  x  =  f  (^),  p'dr y'j.  la  dérivée  de  la  fonction 
de  X  qvie  l'on  obtient  en  remplaçant,  dans  ^(^),  t  par  la  fonction  de  x 
que  définit  Téquation  x  =  o(t);  on  a  (n"^  210,  212) 


yx='^'(ntL 


V(0 


Supposons  maintenant  qu'on  veuille  avoir  la  dérivée  seconde  de  y 
regardé  toujours  comme  la  même  fonction  de  x. 

On  partira  de  l'égalité  j'^=  ttttt  où  l'on  doit  regarder  toujours  t 
comme  la  fonction  de  x  définie  par  l'équation  x  ^  'f(t)  et  l'on  pren- 
dra la  dérivée  par  rapport  à  ^  en  appliquant  la  règle  des  fonctions  de 
fonction;  on  aura  ainsi 

on  obtiendra  de  même  les  dérivées  troisième,  quatrième,  ..  .,  toutes 
ces  dérivées  sont  exprimées  en  fonction  de  t,  et  il  est  sous-entendu 
que  /  désigne  la  fonction  de  x  définie  par  l'équation  x  =  o(t). 
Si,  par  exemple,  on  suppose 

X  =:^  t  —  sin  <,        J'  =  I  —  (^os  ^, 
on  aura 

sin/  t 

Y-r=^    =    COt-> 

■   ""        i  —  roèt  2 

4sin^  -  •^ 


DÉRIVÉES.  l59 

Les  problèmes  de  cette  nature  peuvent  être  multipliés  et  compliqués 
à  plaisir;  les  règles  relatives  aux  fonctions  de  fonction  et  aux  fonc- 
tions implicites  suffisent  à  les  résoudre. 

Des  questions  analogues  se  posent  pour  les  fonctions  de  plusieurs 
variables  et  leurs  dérivées  partielles. 

Imaginons,  par  exemple,  qu'on  ait  une  fonction  de  trois  variables 
'■^{x,  y,  z)  et  qu'on  y  remplace  x,  y,  z  par  des  fonctions  de  w,  v , 

x=f{u,v),        y  =  g(u,v),         z  =  h{u,v); 

la  fonction  o(x,  y,  z)  deviendra  une  fonction  de  m,  v  dont  les  déri- 
vées partielles  par  rapport  à  u,  v  seront,  en  vertu  de  la  règle  des 
fonctions' composées  (n"  217), 

^9         I   j-i         II          III 

OÙ  il  est  entendu  que,  dans  cp^.,  cp'^,  cp'.,  x,  y^  z  doivent  être  regardés 
comme  respectivement  égaux  sl/(u,  v),  g{u,  v),  li{u^  v). 


§  2.  —  THÉORÈMES  FONDAMENTAUX  SUR  LA  VARIATION  DES  FONC- 
TIONS. FONCTIONS  PRIMITIVES.  DÉRIVÉES  ET  FONCTIONS  PRIMITIVES 
DE  FONCTIONS  D'UNE  VARIABLE  RÉELLE  A  COEFFICIENTS  IMAGI- 
NAIRES. ÉTUDE  DE  LA  VARIATION  DES  FONCTIONS  PRIMITIVES. 

221.  Je  reviens  maintenant,  pour  en  établir  les  réciproques,  aux 
propositions  fondamentales  du  n"  207  : 

Soit  f{x)  une  fonction  admettant,  dans  l'intervalle  (a,  6),  une 
dérivée  f'{x)]  on  a  vu  que,  si  la  fonction  J{x)  est  croissante  dans 
l'intervalle  (a,  6),  sa  dérivée  est,  dans  cet  intervalle,  positive  ou 
nulle;  que,  si  la  fonction  est  décroissante  dans  l'intervalle  («,  6),  sa 
dérivée  est  négative  ou  nulle;  que,  si  la  fonction  est  constante  dans 
l'intervalle  («,  6\  sa  dérivée  y  est  constamment  nulle. 

Réciproquement,  si,  dans  V intervalle  (a,  6),  la  dérivée  f'{x) 
n'est  jamais  négative,  et  si  elle  n'est  pas  nulle  pour  toutes  les 
valeurs  de  x  appartenant  à  un  intervalle  partiel  (a',  b')  compris 


l6o  CHAPITRE    XIII. 

dans  l'intervalle  (a,  è),  la  fonction  f{x)  est  croissante  dans  ce 
dernier  intervalle. 

Il  faut,  pour  le  prouver,  montrer  que,  si  Xq^  x^  sont  deux  valeurs 
de  X  telles  qu'on  ait 

(i)  aSxo<  xi^b, 

on  a  f(xo)<.f{Xi)  :  le  théorème  des  accroissements  finis  fournit 
l'égalité 

(a)  /(a;0-/(^o)  =  (^i-^o)/"(0, 

où  Ç  désigne  un  nombre  compris  entre  x^  et  x,  ;  le  second  membre 
est  positif  ou  nul  :  on  a  donc  /(xt)^f{x„),  sous  les  seules  condi- 
tions imposées.  De  deux  choses  l'une,  ou  bien  dans  l'intervalle  (xo,Xi) 
la  fonction  f{x)  'est  constante  et,  dans  tout  l'intervalle  (^'o,  x^),  la 
dérivée /'(a?)  est  nulle;  c'est  une  hypothèse  que  l'on  a  exclue;  ou 
bien,  pour  quelque  valeur  x'  comprise  entre  .r^  et  j?),  la  fonction /(or) 
prend  une  valeur  /(^')  différente  de  /(xo);  on  doit  alors,  à  cause  des 
inégalités  rt  <i  Xq<C^'  ^.^t  <C  ^7  avoir  /(^o)=/(^')  =  ./(^0'  n^ais,  la 
supposition  f(^Xo)=/{x')  étant  exclue,  il  faut  bien  que  f{xo)  soit 
plus  petit  que  f(x')  et,  a  fortiori,  que  f(Xi).  La  proposition  est 
démontrée. 

J'ai  exclu,  dans  la  démonstration  qui  précède,  le  cas  où  la  dérivée 
n'existerait  pas  pour  quelque  valeur  de  x  appartenant  à  l'intervalle 
(rt,  b).  Si,  toutefois,  on  est  assuré  de  la  continuité  de  la  fonction  dans 
tout  l'inlervalle,  le  fait  qu'il  y  ait  quelques  valeurs  de  x  (en  nombre 
fini)  pour  lesquelles  la  dérivée  n'existe  pas,  n'importe  nullement  pour 
ce  qui  est  de  la  variation  de  la  fonction,  pourvu  que  la  dérivée  reste 
positive  ou  nulle  dans  l'intervalle,  sauf  pour  ces  valeurs  isolées  où  elle 
n'existe  pas. 

Tout  d'abord,  en  effet,  s'il  j  a  une  dérivée  pour  toutes  les  valeurs 
de  X  appartenant  à  l'intervalle  (a,  6),  sauf  pour  les  bornes  «,  6,  la 
démonstration  subsiste  entièrement  puisque  le  théorème  de  Rolle  et 
la  formule  des  accroissements  finis  (n"  21o)  ne  supposent  pas 
l'existence  de  la  dérivée,  pour  les  bornes  a,  6,  lorsque  la  fonction  est 
continue.  Si,  maintenant,  il  j  a,  à  l'intérieur  de  l'intervalle,  une  va- 
leur a  de  .r  (et  une  seule)  pour  laquelle  la  dérivée  n'existe  pas,  la 
démonstration  précédente  prouve  que  la  fonction  est  croissante  dans 


DÉRIVÉES.  l6l 

l'intervalle  [n,  a),  dans  l'intervalle  (a,  6)  ;  elle  est  donc  croissante  dans 
tout  l'intervalle  («,  b).  Le  reste  est  évident. 

On  démontre  de  même  la  proposition  suivante  : 

Si,  dans  L'intervalle  (a,  b),  la  dérivée  /'(x)  n'est  jamais  posi- 
tive et  si  elle  n'est  pas  nulle  pour  toutes  les  valeurs  de  x  appar- 
tenant à  un  intervalle  partiel  {a\  b')  compris  dans  (a,  6),  la 
fonction  f{x)  est  décroissante  dans  ce  dernier  intervalle. 

Enfin,  si,  dans  l' intervalle  (a,  b),  la  dérivée  f'{x)  est  constam- 
ment nulle,  la  fonction  f{x)  est  constante  dans  cet  intervalle. 

L'égalité  (2)  subsiste,  en  effet,  quels  que  soient  les  nombres  ^o> 
X,  appartenant  à  l'intervalle  (a,  b)  ;  or,  le  second  membre  est  nul;  on 
a  donc /(:r,)  =  /(^o);  deux  valeurs  quelconques  de  la  fonction /(a?) 
sont  égales;  la  fonction/(^)  est  constante  dans  tout  l'intervalle. 

Si  l'on  considère,  par  exemple,  la  fonction  arc  tanga?  +  arc  tang-, 
qui  est  définie  et  continue  dans  tout  intervalle  auquel  n'appartient 
pas  o,  sa  dérivée  sera 


1 


372 


cette  fonction  est  donc  constante  dans  l'intervalle  considéré.  Quand  ^ 
s'approche  de  o  par  valeurs  positives,  la  fonction  considérée  tend  évi- 
demment vers  -;  telle  est  la  valeur  de  la  fonction  considérée  dans 
•2 

tout  intervalle  à  bornes  positives  ;  on  voit  de  même,  en  faisant  tendre  x 
vers  o  par  valeurs  négatives,  que  la  fonction  proposée  est  égale  à  —  '- 
dans  tout  intervalle  à  bornes  négatives.  Elle  n'a  pas  de  sens,  et  n'a  pas 
de  dérivée,  pour  x  ^  o.  Il  faudrait  donc  se  garder  de  lui  appliquer  le 
précédent  théorème  dans  un  intervalle  auquel  appartiendrait  o. 

La  méthode  pour  étudier  la  variation  d'une  fonction  f{x)  qui 
admet,  en  général,  une  dérivée,  est  fondée  essentiellement  sur  les 
théorèmes  précédents.  J'j  reviendrai  au  Chapitre  XV. 

222.    Fonctions    primitives.    —    On   appelle  fonction  primitive 

d'une  fonction  f{x)  une  fonction  F(j7)  dont  la  dérivée  est  f{x); 

^/rt-t-i  .  .     .  .        , 

par  exemple,  est  une  fonction  primitive  de  a?"*,  arc  tanga^  est 

T.  -  II.  M 


CHAPITRE   XIII. 


une  fonction  primitive  de —-,  ax  H-  b  est  une  fonction  primitive 

de  la  constante  a  regardée  comme  une  fonction  de  x. 

Lorsqu'on  a  une  fonction  primitive  de/(:c)  il  est  aisé  de  les  obtenir 
toutes  : 

Supposons  que  la  fonction /(^r)  soit  continue  dans  l'intervalle  (a,  b) 
et  que  la  fonction  F(j7)  admette,  dans  cet  intervalle,  fi^x)  comme 
dérivée;  elle  sera  forcément  continue  dans  cet  intervalle.  Soit  <\>{x) 
une  autre  fonction  qui,  dans  le  même  intervalle,  admette  la  même 
dérivée /(:r).  La  dérivée  de  la  différence  <ï>(x)  —  F(-^)  sera  nulle  pour 
toutes  les  valevirs  de  x  appartenant  à  cet  intervalle;  ce  sera  donc  une 
constante  C;  on  aura 

*(a^)=  F(a7)  +  C; 

réciproquement,  il  est  clair  que  toute  fonction  obtenue  en  ajoutant 
une  constante  à  F(a7)  a  pour  dérivée /(.r),  ou,  si  l'on  veut,  est  une 
fonction  primitive  dey(;r). 

On  appelle  équation  différentielle  (du  premier  ordre)  une  rela- 
tion entre  la  variable  x^  une  fonction  inconnue  y  de  cette  variable 
et  sa  dérivée  (première)  y' .  Une  solution  de  cette  équation  différen- 
tielle, c'est  une  fonction  o{x)  telle  que,  si  l'on  remplace  dans  cette 
équationy  par  o{x)  et  y'  par  cp'(.r),  l'équation  soit  vérifiée  quel  que 
soit  X  {*).  Le  problème  qui  consiste  à  trouver  les  fonctions  primi- 
tives d'une  fonction  donnée  f{x)  est  le  même  problème  que  celui 
qui  consiste  à  trouver  toutes  les  solutions  de  ïéquation  différen- 
tielle y' z=  f(^x).  (La  fonction  inconnue  y  ne  figure  dans  cette 
équation  que  par  sa  dérivée.)  On  obtient  toutes  les  solutions  de  cette 
équation  différentielle  en  ajoutant  à  une  de  ces  solutions  ¥{x)  [à 
une  fonction  primitive  de  f{x)^  une  constante  arbitraire  C.  Si  l'on 
veut  avoir  une  solution  qui  prenne  une  valeur  donnée  yo  pour  une 
valeur  donnée  x^,  de  la  variable,  il  suffira  de  déterminer  C  par  la  con- 
dition ¥{xq)  +  C=jKo;  la  fonction  cherchée  est  ^ {x)  —  F(.ro)  H-JKo- 

Remarquons  que  la  recherche  d'une  fonction  primitive  de  la  fonc- 
tion donnée  f{x)  revient  à  déterminer  une  courbe  JK  =  F(a?),  telle 


(')  Au  moins   dans  un  certain   intervalle  (a,  b)\  on  dil  alors   que  o{x)  est  une 
solution  dans  cet  intervalle. 


DÉRIVÉES.  l63 

que  sa   pente,  en  chaque  point,  soit  une  fonction  donnée  f{oc)  de 
l'abscisse. 

Le  fait  que  toutes  les  courbes  qui  répondent  à  la  question  se  dé- 
duisent de  l'une  d'elles  par  une  translation  parallèle  à  l'axe  des  y,  n'a 
rien    qui    doive    étonner  le    lecteur  :  deux   courbes    dont   l'une    se 


Fis.  68. 


déduit  ainsi  de  l'autre  ont  évidemment  des  tangentes  parallèles  (de 
même  pente)  en  des  points  de  même  abscisse;  la  courbe  dont  l'équa- 
tion est  K  =  F(.27) —  ¥[xo)  H-jKo  est  celle  des  courbes  considérées  qui 
passe  par  le  point  de  coordonnées  ^To,  jKo-  H  va  sans  dire  que  ceci 
suppose  que  .ry  appartienne  à  un  intervalle  où  la  fonction  F(.r)  est 
continue. 

Par  exemple,  toutes  les  courbes  dont  la  pente  est  proportionnelle  à 
l'abscisse  x  sont  les  paraboles  dont  l'équation  est  de  la  forme 


G, 


a  est  le  coefficient  de  proportionnalité. 

Supposons  que  la  variable  x  représente  le  temps  ;  trouver  une 
fonction  primitive  de  f{x),  c'est  trouver  un  mouvement  rectiligne 
dans  lequel  la  vitesse  soit  J(x)  à  chaque  instant  x.  Par  exemple,  un 
mobile  dont  la  vitesse  est  constante  et  égale  à  i'o  se  meut,  sur  l'axe 
des  y,  d'un  mouvement  uniforme  défini  par  l'équation  y  =  i>oX-h  à] 
la  constante  b  représente  l'ordonnée  du  mobile  à  l'origine  du  temps. 
D'une  façon  générale,  si  F  (a?)  est  une  fonction  primitive  de  f{x), 
tout  mouvement  sur  l'axe  desjK  dans  lequel  la  vitesse  estf(x)  à  l'in- 
stant X  sera  défini  par  une  équation  de  la  forme  y  :=F[x)-+-  G;  on 


l64  CHAPITHE    XIII. 

pourra  déterminer  la  constante  C  de  manière  à  avoir  la  loi 

du  mouvement  du  mobile  qui,  à  l'époque  .r„,  passe  au  point  d'or- 
donnée Yq. 

Les  fonctions  primitives  sont  susceptibles  d'une  autre  interpréta- 
tion géométrique  qui,  outre  son  importance,  a  cet  intérêt  de  rendre 
leur  existence  manifeste.  11  convient,  en  effet,  de  remarquer  que  les 
raisonnements  précédents  supposent  l'existence  d'w/ie  fonction  F(^) 
dont  la  dérivée  est  f{x). 

Aire  d'une  courbe.  —  Je  supposerai  dans  ce  qui  suit  que  les  valeurs 
de  X  que  l'on  considère  appartiennent  à  un  intervalle  (a,  è)  où  la 
fonction  donnée /'(x)  est  continue. 

Pour  simplifier,  je  supposerai  aussi  qu'elle  soit  positive  dans  le 
même  intervalle;  soient  Aq,   M  deux  points  du  trait  de  courbe  qui 

Fig.  69. 


représente  la  fonction  f{x),  ayant  pour  abscisses  x,^  et  x'^x^,]  je 
regarderai  le  premier  point  comme  fixe,  le  second  comme  variable. 

Ceci  posé,  l'aire  curviligne  A|,A.oMM',  comprise  entre  les  deux 
ordonnées  A^Ao,  M'M,  l'axe  des  .2;  et  la  courbe,  est  un  nombre  déter- 
miné quand  on  se  donne  ^0  et  ^  (  '  )•  Cette  aire  est  une  fonction  de  x, 
que  je  représenterai  par  o(x')  et  que  je  désignerai  comme  étant  l'aire 


(•)  On   suppose,    bien   entendu,  que  l'unilé  de   surface  est   le  carré  construit  sur 
l'unité  de  longueur. 


DERIVEES.  l65 

de  la  courbe  comptée  à  partir  de  la  droite  A^,  Ao;  d'après  les  suppo- 
sitions que  l'on  a  faites,  cette  fonction  o{x),  définie  pour  x  >^o?  6st 
positive  et  s'annule  pour  x  =  Xq.  Si  l'on  donne  à  ^  un  accroissement 
positif /i  =  M' P',  l'accroissement  correspondant  de  ^(x)  sera  l'aire  cur- 
viligne M'MPP';  la  continuité  de  la  fonction  <f{x)  est  évidente  sur  la 
figure  :  on  va  en  évaluer  la  dérivée.  L'aire  curviligne  M'MPP'  est 
comprise  entre  les  deux  rectangles  M' M  M,  P'  et  M'P,  PP'  dont  la  base 
est  M'P'^A  et  dont  les  hauteurs  respectives  sont  M'M  =/(:r), 
P'P  =  /(x-i-  h);  dans  la  figure,  le  premier  rectangle  est  le  plus 
petit,  parce  qu'on  a  supposé  la  fonction  /(x)  croissante  quand  la 
variable  croît  de  OM'  à  OP';  ce  serait  l'inverse  si  elle  était  décrois- 
sante. Dans  les  deux  cas,  les  quantités 

hf{x),     (f{x-^-h)  —  cpCar),     hf{x-i-h) 

se  suivent  par  ordre  de  grandeur,  croissante  ou  décroissante;  il  en 
est  de  même  des  quantités 

il  suit  de  là  et  de  la  continuité  de  la  fonction /(.r)  que  le  rapport 

— -^ — — -  a  pour  limite /(a?)  quand  h  tend  vers  o,  puisqu'il  est 

compris  entre  deux  nombres  dont  l'un  est  f{x)  et  dont  l'autre  tend 
vers  f{x)  quand  h  tend  vers  o;  cela  revient  à  dire  que  la  fonc- 
tion o{x)  admet  une  dérivée  et  que  cette  dérivée  est /(^).  Le  rai- 
sonnement a  été  fait  en  supposant  h  positif;  on  le  refera  sans  peine 
en  supposant  h  négatif. 

Ainsi,  l'aire  A'^  AqMM'  est  une  fonction  primitive  àe  f{x).  Si  F(;r) 
désigne  une  fonction  primitive  quelconque  de/(.r),  on  devra  avoir, 
en  désignant  par  C  une  constante  convenable,  o[x)  ==  F(.r)  -|-  G;  on 
détermine  cette  constante  en  écrivant  que  la  fonction  ^{x)  s'annule 
pour  X  =  x„  et  l'on  en  déduit 

cp(a;)  =  F(a?)  — F(a:o). 

Pour  obtenir  Vaire  comprise  entre  V axe  des  x,  une  courbe  dé- 
finie par  V équation  y  ^  f(^x)  et  deux  parallèles  à  Vaxe  des  y  qui 
correspondent  aux  abscisses  Xo  et  ;r,,  entre  lesquelles  on  suppose 


lOO  CHAPITRE   XIII. 

que  la  jonction  J  {x)  soit  continue,  on  cherche  une  fonction  primi- 
tive V(x)  de  f{oc);  Vaire  cherchée  est  la  différence  F  {x^) —  ¥ [x^). 

On  a  toutefois  supposé,  dans  ce  qui  précède,  que  la  fonction /(a?) 
était  positive  entre  x^^  et  ^4,  et  que  l'on  avait  Xx  >  Xq  :  dans  ces  condi- 
tions, l'aire  qu'on  a  évaluée  est  essentiellement  positive.  Conservons 
d'abord  la  première  supposition /(x)  >>  o,  pour  nous  débarrasser  de 
la  seconde. 

Si  l'on  avait  Xt  <<  x^,  en  vertu  du  même  raisonnement,  l'aire  con- 
sidérée serait  F(xo)  —  F(xt).  Il  est  naturel  d'adopter  toujours  pour 
cette  évaluation  l'expression  F(.r,)  —  F{xq),  en  convenant  de  re- 
garder l'aire,  évaluée  à  partir  de  la  droite  Ay  Ao,  comme  négative  quand 
le  point  M'  est  à  gauche  de  A'„.  Dans  ces  conditions,  la  formule 
F(x,  ) —  F(a:o)  convient  dans  tous  les  cas.  Supposons  maintenant  que, 
dans  l'intervalle  considéré,  la  fonction  /(x)  soit  négative;  il  suffît  de 
changer  la  direction  positive  de  l'axe  des  y,  pour  être  ramené  au  cas 
précédent  et  reconnaître  que  l'expression  |F(a7,)  —  F(.ro)|,  où  F(.2:) 
désigne  encore  une  fonction  primitive  def(x),  représentera  toujours 
la  valeur  absolue  de  l'aire  comprise  entre  l'axe  des  x,  le  trait  de 
courbe,  les  deux  parallèles  à  l'axe  des  r  qui  correspondent  aux  abs- 
cisses Xo  et  Xi  ;  la  formule  F(a:,)  —  F(xn)  représente  la  même  aire 
regardée  comme  négative  six,  est  plus  grand  que  Xq,  comme  positive 
si  Xf  est  plus  petit  que  Xq. 

Enfin,  si  dans  l'intervalle  (xq,  x,  )  la  fonction  f{x)  change  de  signe, 

Fig.  70. 


si  la  courbe  traverse  l'axe  des  x,  la  formule  F(X(  )  —  F(xo),  où  F{x) 
désigne  toujours  une  fonction  primitive  de  /(x),  représente  une 
somme  algébrique  d'aires,   dont  les  unes  sont  situées  au-dessus  de 


DÉRIVKES.  167 

1  axe  desx,  dont  les  autres  sont  situées  au-dessous  :  si  l'on  a  x,  >»j:o» 
les  premières  sont  regardées  comme  'positives,  les  secondes  comme 
négatives;  c'est  l'inverse  si  Xf  est  plus  petit  que  j^o- 

En  adoptant  ces  conventions,  la  formule  F(x)  —  F(^o)  convien- 
dra toujours  pour  évaluer  l'aire  de  la  courbe  comptée  à  partir  de  la 
droi te  A„  Ao  (.r  =  Xq).  Si  l'on  veut,  au  contraire,  évaluer  les  aires  en  les 
regardant  comme  essentiellement  positives,  il  sera  nécessaire  de  tenir 
compte  des  changements  de  signe  de  ./(■x)  et  d'évaluer  séparément 
des  aires  qui  correspondent  à  des  intervalles  où  /(oc)  garde  un  signe 
constant. 

Soit,   par  exemple,   à  évaluer  l'aire   du   triangle   rectangle  OAB; 

l'équation  de  la  droite  OA  sera  y  =  -x,  en  désignant  par  a,  b  les 


Fig.  71. 


coordonnées  du  point  A,  c'est-à-dire  les  deux  côtés  OB,  BA  de  l'angle 
droit  du  triangle  rectangle.  La  fonction  -  -  x-  est  une  fonction  pri- 
mitive de -a?;  la  différence; — a- ^= — des  valeurs  qu'elle  prend  pour 

X  ^=  a  el  X  =  o  représentera  l'aire  clierchée.  11  est  aisé  de  déduire 
de  là  la  règle  relative  à  l'aire  d'un  triangle  quelconque,  qui  peut  tou- 
jours être  décomposé  en  deux  triangles  rectangles. 

Considérons  maintenant  la  courbe  définie  par  l'équation  y  = -', 

l;i  forme  de  cette  courbe  est  représentée  ci-dessous  ;  évaluons  l'aire 
comprise  entre  l'axe  des  x^  la  courbe,  l'axe  des  y  et  la  droite  M' M. 

La  fonction  arc  tangj?  est  une  fonction  primitive   de -;  elle 

s'annule  pour  x  =  o  ;  la  différence  arc  tang^  —  o  ^  arc  tang^  repré- 
sente l'aire  cherchée.   Si  l'on  suppose,  par  exemple,  que  l'abscisse 


i68 


CHAPITRE   XIII. 


de  M  soit— ;=j  l'aire  cherchée  sera  arc  tane  — —  =  ^-  Si  l'on  suppose 

v/3  *  /3        f> 

que  X  augmente  indéfiniment  par  valeurs  positives,  arc  tanga?  tend 
vers-;  il  en  est  de  même  de  l'aire;  c'est  ce  qu'on  exprime  souvent  en 


disant  que  l'aire  comprise  entre  l'axe  des  y,  la  courbe  et  son  asymp- 
tote est  finie  et  égale  à  -  • 

Considérons  encore  la  courbe  définie  par  l'équation  y  =  -  ;  la  fonc- 
tion— est  discontinue  pour  x  =  o;  conformément  à  ce  qui  a  été  dit 
plus  haut,  on  ne  la  considérera  que  dans  des  intervalles  auxquels  o 

Fig.  73. 


0  N'    A 


n'appartient  pas;  j'évaluerai  l'aire  de  la  courbe  à  partir  de  la  droite 
Aq  A.0  en  supposant  l'abscisse  de  Aq  égale  à  i  :  log^r  est  une  fonction 
primitive  de  ->  l'aire  A^  Ay  MM'  sei'a,  en  désignant  par  x  l'abscisse 
du  point  M  supposée  positive,  \^x  —  lgi  =  lg:r;  elle  devra  être 
regardée  comme  positive  pour  a?  >  i ,  comme  négative  pour  ;r  -<  i . 

On  observera  que  les  aires,  comptées  à  partir  de  A'^  Ao(.2?  =  i),  qui 
correspondent  à  deux  points  M,  N  dont  les  abscisses  sont  inverses, 
sont  égales  en  valeur  absolue. 


DÉRIVÉES.  169 

Ici  l'aire  comprise  entre  la  courbe  et  l'asymptote  n'est  pas  finie, 
puisque  loga?  croît  indéfiniment  avec  x. 

Je  suis  parti  des  propriétés  connues  des  fonctions  arctang\2?,  Jgx; 
mais  il  faut  remarquer  que  la    recherche  des  fonctions   primitives 

de j>  -  se  serait  certainement  imposée  si  l'on  n'avait  pas  étudié 

antérieurement  les  fonctions  arctanga?,  \^x.  Ces  dernières  fonctions 
auraient  pu  être  définies  comme  les  aires  de  courbes  particulièrement 
simples.  De  cette  définition  même  on  aurait  pu  déduire  leurs  pro- 
priétés. Je  ne  développerai  pas  cette  déduction;  je  n'en  indique  la 
possibilité  que  pour  faire  soupçonner  au  lecteur  cette  nécessité  de 
créer  des  fonctions  nouvelles,  afin  de  représenter  les  fonctions  primi- 
tives qui  ne  peuvent  s'obtenir  au  moyen  des  fonctions  antérieurement 
connues. 

J'aurai  à  revenir  plus  tard  sur  la  recherche  des  fonctions  primitives, 
dans  des  cas  simples  où  elles  peuvent  s'exprimer  au  moyen  des  fonc- 
tions algébriques,  exponentielles,  circulaires,  logarithmiques,  etc. 
Je  me  borne  pour  le  moment  à  dire  que  cette  recherche  est  essen- 
tiellement fondée  sur  les  résultats  obtenus  dans  le  présent  Chapitre, 
et  en  particulier  sur  les  expressions  des  dérivées  que  l'on  a  calculées, 
expressions  qu'il  faut  avoir  toujours  présentes  à  l'esprit,  afin  de 
reconnaître  de  suite,  sur  une  de  ces  expressions,  quelle  est  sa  fonc- 
tion primitive. 

La  remarque  suivante,  relative  aux  fonctions  de  fonction,  sera  d'un 
usage  courant  :  soit  u  une  fonction  de  x  et  f{u)  une  fonction  de  m, 
que  l'on  peut  ainsi  regarder  comme  une  fonction  de  fonction  de  x. 
Soit  F  (m)  une  fonction  primitive  de  f{u)  quand  on  regarde  u  comme 
la  variable;  en  d'autres  termes  la  dérivée  de  F(m),  par  rapport  à  m, 
esl/(u).  F(a),  en  y  regardant  u  comme  une  fonction  de  .z',  sera  une 
fonction  primitive  de /(a)  u',  en  désignant  par  u'  la  dérivée  de  u  par 

rapport  à  iP  ;  ainsi  — >  -»  -—=  admettent  comme  fonctions  pri- 

mitives  Igw,  arctangM,  arcsinw,  les  expressions 


admettent  comme  fonctions  primitives  lg(i-hic=^),  arctang-- 


70 

CHAPITRE    XIII. 

La  fonction 

Isgna 

admet  comme   fonction   primitive  arc  sin  -  ou  —  arc  sin  -7  suivant 
^  a  a 

que  a  est  positif  ou  négatif,  etc.  Signalons  encore  cette  proposition 
évidente  : 

Si  F(^)  et  ^(x)  sont  des  fonctions  primitives  des  fonctions /(a?), 
cp  (x)  et  si  A,  B  sont  des  constantes,  la  fonction  AF(a?)  +  B<ï>  (x)  est 
une  fonction  primitive  de  k.f[x)  +  B(p(:r).  Par  exemple  -  arc  tang- 

est  une  fonction  primitive  de  — -• 

*  x'^  -\-  a^ 

223.  Fonctions  à  coefficients  imaginaires.  —  Jusqu'ici,  quand  on 
a  parlé  de  dérivées  ou  de  fonctions  primitives,  on  a  toujours  supposé 
que  la  variable  et  les  fonctions  dont  on  parlait  étaient  réelles. 

La  notion  de  dérivée  et,  par  suite,  de  fonction  primitive,  s'étend, 
sous  certaines  conditions,  à  des  variables  et  à  des  fonctions  imagi- 
naires; mais  cette  extension  est  entièrement  en  dehors  du  cadre  du 
présent  livre.  A  la  vérité,  pour  ce  qui  concerne  les  dérivées,  cette 
extension  a  été  donnée  au  Chapitre  Vil  quand  il  s'agit  d'un  poly- 
nôme. Mais,  pour  les  polynômes,  on  a  adopté  une  définition  de  la 
dérivée  autre  que  celle  qui  a  été  l'objet  du  présent  Chapitre  :  l'une 
des  raisons  que  l'on  avait  pour  cela  était  d'éviter  toute  confusion  dans 
l'esprit  du  lecteur.  Cette  notion  de  la  dérivée  d'un  polynôme,  où  la 
variable  est  imaginaire,  est  indispensable  pour  certaines  théories  rela- 
tives aux  équations  algébriques  et  aux  courbes  algébriques.  Dans  le 
présent  Ouvrage,  elle  n'interviendra  que  pour  ce  qui  concerne  les 
équations  algébriques,  et  c'est  avec  intention  qu'elle  a  été  présentée 
indépendamment  de  la  notion  de  limite.  Partout  ailleurs,  la  variable 
sera  supposée  essentiellement  réelle;  tout  en  se  tenant  à  cette  con- 
ception de  la  variable,  il  est  commode  de  parler  de  la  dérivée  ou  de 
la  fonction  primitive  d'une  fonction  fi^x)  d'une  variable  réelle,  mais 
qui  contient  des  coefficients  imaginaires.  Une  telle  fonction  sera 
définie  dans  un  intervalle  («,  6),  à  bornes  réelles,  si  on  sait  la  mettre 
sous  la  forme  'f  (^)  +  «^(^),  'f  (•2^)  et  '\{x)  élant  des  fonctions  réelles 


DERIVEES.  17 I 

de  la  variable  x,  définies  dans  cet  intervalle;  elle  sera  continue  dans 
le  même  intervalle  si  'f(x)  et  'h{x)  sont  continues;  par  définition,  sa 
dérivée  (par  rapport  à  x)  sera  '-^'{x)  -h  i^'{x),  en  désignant  par  o'{x) 
et  '^' {x)  les  dérivées  de  ^{x)  et  de  ^{x). 

En  adoptant  cette  définition,  on  reconnaît  sans  aucune  peine  que  les 
règles  pour  prendre  la  dérivée  d'une  somme,  d'un  produit,  d'un  rap- 
port de  deux  fonctions  s'appliquent  sans  modification  à  ces  fonctions. 
Il  en  est  de  même  pour  la  règle  relative  aux  puissances  entières,  posi- 
tives ou  négatives,  qui  se  déduisent  des  règles  précédemment  rap- 
pelées. 

Par  exemple,  les  dérivées  des  fonctions 

i-irix  —  (i-{-i)x'^,     .5      co?, X -\- i  s\n X 

^  '  X  ^  l 

sont  respectivement 


i  —  i{\-^  i)  X 


{x~\-iY        {i-\-x-^Y        (\^x-if    ' 
—  sina7  -i-  icosx  =  i{co%x+  i%\nx). 

La  fonction  primitive  d'une  fonction  de  la  forme  o{x)  H-  i'^{x) 
sera  par  définition  une  fonction  admettant  pour  dérivée  '^  [x)  +  i'^{x)  : 
si  ^{x)  et  ^(a:)  sont  des  fonctions  primitives  de  C5(\r)  et  de  '|(^), 
^{x)  +  iW{x)  sera  une  fonction  primitive  de  o{x)  -f-  i<)^[x)\  la 
fonction  primitive  la  plus  générale  de  cette  dernière  fonction  sera 
^{x)  -\-  i'^^x)  +  A.  +  f'B,  en  désignant  par  A,  B  des  constantes  arbi- 
traires, puisque  <i>(x)  -f  A,  ^J*(^) -h  B  sont  les  fonctions  primitives 
les  plus  générales  de  'f  (ip)  et  de  '}(^);  par  exemple,  cosj;  +  i  ûnx  est 
une  fonction  primitive  de  i(co?,x -\- isxnx) . :  =     „ est  une 

fonction  primitive  de; — ,  -h  - — ; i'.  il  en  résulte  que  — ^ > 

—1 —  sont  des  fonctions  primitives  de  ^-^ -,  -—1 -• 


[72 


CHAPITRE    XIII. 


EXERCICES. 


215.  Calculer  les  dérivées  des  fonctions 


X  \s.x 


I    .     \a  —  x\ 
'la  ^  \  a  -^  x\ 


sj  ah 


arctang 


Sf-I     ("*>»). 


2       1  —  sina7 
X  arcsina?  -v-  sj  \  —  x"^ 


X  arctang  a? lg(i  -t-  .r^), 


—  v/i  — ^2 


X  arctanga? Ig(i  -t-  -J^*) (arctanga?)*, 

^  Isin(lga7)  —  cos(Iga-)    , 

-     sin(lga?)  -h  cos(lga7)    , 

—=:\%\ax-\-b^^a\Jax'^^ibx-^-c\         (a>o), 

I  ax  -f-  6  ,  ,.        X 

arctang— —  (^ac  —  o^^q), 


\/ac  —  b'^ 


^ac  —  62 


Ig 


v/^ 


(62_  ac  >  o), 


v/62  —  ac      I  aa?  -)-  è  H-  sjb"^  —  a< 

(a  <  o,  62  —  ac  >  o), 


—  I  .      ax  -t-  6 

■  arcsin  - 

y/ —  a  s/h''- —  ac 


y/a-  —  a;^ 


a  /aa^^H-  ihx 


a'^  .    X 

—  arcsin  -, 

i.  a 

s/  a{ac  —  62) 


sjaiac-b"^)  *l  ax^b  \ 

arcsin(tha7),       arcsinf-; —  ),      Ig  i  th - 
\ç\vx  )  °  1        2 


[a{ac  —  b-)  >  o] 


173 


7r:7-Js 


37-1-  a  1 

ol 

2 

sin 

j- 

—  a 

2 

— —  Ig 

cosa 


216.   De  l'identité 
déduire  les  suivantes 


I        ,    a  —  bx-\-'i\JxJ — ab      ,    , 

Jg \    (a6<o), 


a  -I-  bx 

-l-  a;  -1-  a;*  -1- ...  -H  37"  =  - 


I  -H  237  -H  3  r^ -1- .  .  . -i-  ( /î  -1-  I  )  37"  = 
I.2-!-2.33?-|-...-t-(nH-l)(«-t-2)37« 


I  —  (  W  -+-  2  )  37«-+-l  -1-  (  /l  -h  I  )  3?"- 


2  —  (/l-t-  2)(/H-  3)37"+l-|-2(n-)-  l)(n  -i-3)37''+2  — (n-i-  i  )  (  « -h -2  )37"- 


(1-37)2 


:i>17.  De  l'identité 


COS37  -h  COS2  37 


déduire  une  expression  de 

sin 37  -l-  '2  sin  2 3;-+-, 


n  sin  n  37. 


218.  Former  les  dérivées  n'^mes  je  sin*37,  cos2a7,  sin3a7,  cos*37. 


219.  Calculer  la  dérivée  seconde  de  e",  a  étant  une  fonction  de  37  dont  les 
dérivées  première  et  seconde  sont  u!  et  w";  vérifier  que  cette  dérivée  seconde 
s'annule  identiquement  quand  on  suppose  u  =  lg37. 


220.  Calculer  les  dérivées  des  fonctions 

37  H-  a  \ 


arctang  | 


I  —  a37, 


■arctang37,      arctangl 


/  337  — 373  \ 

tangf     _^^^  j  ~  3arctang3:, 


1  —  x^ 

237 


2arctanga7, 
2  arctang  3:, 


I  —  372 
arc  ces ;;  —  aarc  tang37,      2arccos 


/,+Ç0SX_^^ 


'Vf 


th37 


th37 


37,        Ig(sh3;-H  /l  -h  Sh237)  37, 


37'8'", 


et  expliquer  les  résultats  trouvés. 


174  CHAPITRE   XIII. 

22i.  Avec  quelle  approximation  peut-on  connaître  un  arc  (exprimé  en 
grades)  quand  on  connaît  le  lofjarithme  vulgaire  de  son  sinus  avec  une  erreur 

moindre  que  -  io~-^? 

2 

1°  Quand  ce  logarithme  est  plus  petit  que  log  sin  -; 

4 

2"  Quand  il  est  compris  entre  log  sin  -  et  log  sm  —  : 

3°  Quand  il  est  compris  entre  log  sin  —  et  log  sin ? 

Avec  quelle  approximation  peut-on  connaître  un  arc,  connaissant  le  loga- 
rithme de  sa  tangente  avec  une  erreur  moindre  que  -  lo-^? 

222.  Si  l'on  pose  y  ^=  cos(/iarccosa7),  en  désignant  par  n  un  nombre  na- 
turel, on  sait  (n°  109)  que  j  est  un  polynôme  en  .r,  du  degré  n,  dans  lequel 
tous  les  termes  sont  de  même  parité,  et  dans  lequel  le  terme  de  degré  le  plus 
élevé  est  2"-* a?'»;  montrer  que  les  expressions 

(i  —  a72)jK"  —  ^  J''-*-  n^y 

s'annulent  identiquement  quand   on  y  remplace  y  par  ce  polynôme,  y'  et  y 
par  ses  dérivées  première  et  seconde. 

Si  l'on  pose  ^  =  Aoa7«-i- Aia7«-2-(- . . . -H  Apa7"-2/^-i-. . ,,  et  si  l'on  écrit 
que  l'expression  (i — x^Jy" — s^y' -{-  n^y  est  identiquement  nulle,  on  obtient 
une  relation  entre  deux  coefficients  consécutifs  du  polynôme  y.  Calculer  les 
coefficients  de  ce  polynôme.  (  Voir  £'a:.-.  87  et  n"  331.) 

223.  Montrer  que  ch[nlg{x-+-  \/x^—  1)]  est  un  polynôme  en  x  de  degré  n, 
en  supposant  que  n  soit  un  nombre  naturel.  Trouver  l'expression  explicite  de 
ce  polynôme. 

Si  n  est  un  nombre  naturel  im|)air,  les  expressions 

sin(n  arc  sin  37),     sh[/i  lg(a;  -f-  \/x'^-\-  i)\ 
sont  des  polynômes  en  x;  trouver  les  expressions  explicites  de  ces  polynômes. 

I  P« 

224.  Montrer  que   la   dérivée   n'emo   de est  de  la  forme  ; „,  _^.  > 

^  1  -H  3^2  (i  -H  a;2 )«+i 

011  P„  est  un  polynôme  en  x,  de  degré  n,  dont  tous  les  termes  sont  de  même 
parité;  calculer  le  coefficient  du  terme  en  x". 


223.  Si  l'on  pose  y  =  r»  l'identité 

yii-^x-^)  =  i 


DÉRIVÉES.  175 

conduil  (n"  213)  à  la  suivante 

(H-^2)^(/i+-î)  _^-  2(/i  -+-  •2)arK<«+"-+-  (n  -+-  •2)(rt  -+■  i)jk"''  =  o, 

où j'(«',  j<«+»',  j(''+2)  désignent  les  dérivées  «'*'»«,  (/t  -1-  i)'«'me^  (,i  _}_  .^yèu.e  ^^y 
Déduire  de  là  que  l'expression 

( I  -f-  a:-2 )  P;  —  9. /ia-  P;,  -H  « ( n  -+-  I )  P„ 

s'annule  identiquement   quand  on   y   remplace    P„   par  le  polynôme  défini  à 
l'exercice  précédent,  P,'j  et  P'^,  par  ses  dérivées  première  et  seconde. 
Former  l'expression  explicite  du  polynôme  P„- 
Déterminer  trois  polynômes  A,  B,  G  tels  que  l'expression 

AP„+2+BP„+,-+-GP„ 

soil  identiquement  nulle. 

526.  La  dérivée  n'ème  Je  la  fonction  y  =  e-^'  est  de  la  forme  e-'''P„,  en 
désignant  par  P„  un  polynôme  de  degré  n,  dont  tous  les  termes  sont  de  même 
parité;  calculer  le  coefficient  du  terme  du  plus  haut  degré  dans  ce  polynôme. 

De  l'identité  y  '-t-  î^rK  =  o  déduire  une  relation  de  la  forme 

Aj("+2)-+-  Bj(«+"-f-C7"')=  o, 

où  A,  B,  G  sont  des  polynômes.  En  déduire  une  relation  de  la  forme 

AiP;4-B,P;,^-G,P„=o, 

où  A,,  Bi,  Gi  sont  des  polynômes.  Utiliser  cette  relation,  qui  doit  être  iden- 
tiquement vérifiée  par  le  polynôme  P„  et  ses  dérivées,  pour  obtenir  l'expres- 
sion explicite  de  ce  polynôme.  Déterminer  trois  polynômes  Aj,  Bj,  Gj  tels  que 
l'on  ait  identiquement 

A,  P„^2  +  B2  P„+i  H-  G2  P„  =  o. 

227.  Former  les   dérivées    partielles   du  premier  et   du  second  ordre  de  la 

fonction 

)■ 

arc  tans  — 

228.  Sachant  que 7  est  une  fonction  (implicite) de  ar,  définie  par  l'équation 

y 

on  demande  de  calculer  la  dérivée  seconde  et  la  dérivée  troisième  de  y  par 
rapport  à  x.  Ges  dérivées  peuvent-elles  s'annuler? 


7b  CHAPITRE   XIII. 

229.  Quelle  est  la  dérivée  seconde  de  ^ ax--^  'ihx  ^  c' 
Quelle  est  la  fonction  primitive  de 


\/ {a x"^ -\-  ih X  -\-  cY 

230.  Montrer  que,  si  y  est  une  fonction  de  x  définie  par  l'équation 

Aa:'2-h2BarK+Cj2_|_2Da74--2EjK-i-F  =  o, 

où  A,  B,  C,    ....   F  sont  des   constantes,  t  / — n-  est  un  polynôme  du  second 

'  y/    y'2  V    ^ 

degré.  —  On  résout  l'équation  par  rapport  à  y^  et  l'on  s'appuie  sur  le  résultat 
de  l'exercice  précédent. 

231.  Sachant  que  l'expression  e^{x''-+  Zx  -l-  s».)  admet  une  fonction  primi- 
tive de  la  forme  e^^P,  où  P  est  un  polynôme  eu  x^  déterminer  cette  fonction 
primitive. 

232.  Sachant  que  l'expression  {'^x  ■ — i)cosa7-i-(i  —  ix)?\x\.x  admet  une 
fonction  primitive  de  la  forme  P  cos.r  H-  Qsina;,  où  P,  Q  sont  des  polynômes, 
trouver  ces  polynômes. 


CHAPITRE  XIV. 

SÉRIES    DE    FONCTIONS. 


§  1.  -  SÉRIES  DONT  LES  TERMES  SONT  DES  FONCTIONS 
D'UNE  VARIABLE.  SÉRIES  ENTIÈRES  EN  x. 

224.  Continuité.  —  Nous  avons  déjà  eu  l'occasion  de  considérer 
des  séries  dont  les  termes  étaient  des  fonctions  de  a:  (')  :  telle  était, 
par  exemple,  la  série 

X         X-  x"^ 

n \ h. . .-+- h. . ., 

I         1.7.  1 . 2 . . .  n 

dont  on  a  montré  qu'elle  était  convergente  (et  même  absolument  con- 
vergente) pour  toutes  les  valeurs  de  .r;  la  somme  de  cette  série  est 
une  fonction  de  x^  définie  quel  que  soit  x. 
Soit,  en  général, 

f,(x),      Mx),       ...,     fnix),       ... 

une  suite  infinie  de  fonctions  de  x  définies  dans  l'intervalle  («,  6);  si, 
pour  chaque  valeur  de  x  appartenant  à  cet  intervalle,  la  série 

(/)  fi{x)^/,(x)-^  ...-^fn{x)-^... 

est  convergente,  sa  somme  sera  une  fonction  définie  de  x  qu'on 
pourra  calculer,  avec  telle  approximation  qu'on  voudra,  pour  chaque 
valeur  de  x  appartenant  à  l'intervalle  («,  b). 

En  désignant  cette  somme  par  F(.r),  on  pourra  poser 

Fix)  =fi(x)  -hMx)  -i-.  .  .-^/n{x)  -h.  .  ., 

OÙ  il  est  entendu  que  le  second    membre  représente  la  somme  de  la 


('  )  La  variable  x  est  supposée  réelle  jusqu'au  n"  '21i^ 
T.  -  II. 


178  CHAPITRE  XIV. 

série  qui  j  figure.  Inversement,  si  l'on  part  d'une  fonction  donnée 
F(:r)  et  si  l'on  trouve  une  série  telle  que  (/)  qui  soit  convergente, 
pour  chaque  valeur  de  x  appartenant  à  l'intervalle  (a,  6),  et  dont  la 
somme  soit,  pour  chacune  de  ces  valeurs,  égale  à  F(.r),  on  dit  qu'on 

a  développé  F  (x)  en  série  sous  la  forme/,  (x)-^f2(x)  -\- 

C'est  ainsi  que,  pour  toutes  les  valeurs  de  x  appartenant  à  l'inter- 
valle ( —  a,  a),  où  a  est  un  nombre  positif  plus  petit  que  i,  on  a 


=  l-{-  X  +  x^-h.. 


Le  second  membre  est  un  développement  en  série  du  premier, 
suivant  les  puissances  entières  et  positives  de  x. 

Supposons,  en  revenant  au  cas  général,  qu'il  existe  une  suite 
de  nombres  positifs  a,,  aa,  ....  a^,,  ...  tels  que,  d' une  part,  la 
série 

(  a  )  a,  -+-  aj  -t- . .  .  -4-  a„  -+- .  .  . 

soit  convergente,  et  que,  d'autre  part,  on  ait,  pour  chaque  valeur 
de  X  appartenant  à  l'intervalle  {a,  b),  |/,  (.r)  |^a,,  |/2(;r)  j  <a2,  ... 
et,  en  général,  |/„(a;)|^a„;  il  est  clair  que  la  série  {f)  sera  ab- 
solument convergente  pour  toutes  les  valeurs  de  x  appartenant  à 
l'intervalle  (a,  b). 

Supposons  en  outre  que,  dans  ce  même  intervalle,  toutes  les 
fonctions  fi  {x),  f^  {x),  .  . .,  fn{x),  . . .  soient  continues,  je  dis  que 
la  somme  F  (a;)  de  la  série  (f)  sera  aussi  continue  dans  l'inter- 
valle (a,  b). 

Soit,  en  effet,  Xq  une  valeur  quelconque  de  x  appartenant  audit 
intervalle  ;  il  faut  prouver  qu'à  chaque  nombre  positif  e  on  peut  faire 
correspondre  un  autre  nombre  positif  e'  tel  que  l'on  ait 

\F{xo-hh)-F(xo)\<^ 

pourvu  que  h  soit  moindre,  en  valeur  absolue,  que  e',  et  que  x^-^h 
appartienne,  comme  Xo,  à  l'intervalle  (a,  b). 

Désignons  en  général  par  S,i{x)  la  somme  des  n  premiers  termes 
de  la  série  (/)  et  par  R«  (x)  le  reste  correspondant  de  cette  même 
série,    c'est-à-dire   la  somme  de  la  série  absolument    convergente , 


SERIES   DE    FONCTIONS.  179 

quand  .r  appartient  à  J'intervalle  (a,  b), 

/«+i(ip)+-/«+2(ip)+...; 

désignons  aussi  par  r,i  le  reste  de  la  série  (a)  limitée  au  terme  a„, 
c'est-à-dire  la  somme  de  la  série  convergente,  à  termes  positifs, 
a„+(  4-  a„^2  -h .  •  . .  On  aura,  quelle  que  soit  la  valeur  de  x^  apparte- 
nant à  l'intervalle  (a,  6),  R«(^)  ^//j,  et,  d'autre  part, 

F(a:)=S„(:F)-+-R„(^). 

On  en  déduit,  sous  la  seule  condition  que  x^  ei  x^^-^  h  appartiennent 
à  l'intervalle  (a,  è), 

1  F(a;o-^  h)  —  ¥{x^)  \  =  |  S„(a;o+  A)  -  S«(.ro)  +  R„(^o+  h)—  R„(:Fo)  | 

=  I  S„(a7o-<-  h)  —  S„(a7o)  |  -H  ar^. 

Ceci  posé,  puisque  la  série  (a)  est  convergente,  on  peut  choisir  n 

assez  grand  pour  que  l'on  ait  /•«  <  |;  ^  étant  ainsi  fixé,  la  fonction 

S„(x),  somme  de  n  fonctions  continues,  est  elle-même  continue  pour 
:c  =  ^0  ;  on  peut  donc  faire  correspondre  au  nombre  positif  e  un 
nombre  positif  s'  tel  que,  sous  la  seule  condition  que  Xq  +  h  appar- 
tienne à  l'intervalle  (a,  b)  et  que  la  valeur  absolue  de  h  soit  inférieure 
à  e',  l'on  ait 

lS„(a7o-H/0-S„(ro)|<  |; 
de  cette  inégalité  et  de  la  précédente  résulte  l'inégalité 

sous  la  condition  que  x^,-i- h  appartienne,  comme  Xq,   à  l'intervalle 
(a,  b)  et  que  l'on  ait  ]  /i  |  <;  s'  ;  la  proposition  est  démontrée. 
Par  exemple,  la  série 

sina7        sin2a7  sinnx 

est  absolument  convergente  quel  que  soit  x,  puisque  ses  termes  sont 
inférieurs  ou  égaux,  en  valeur  absolue,  aux  termes  correspondants  de 


l8o  CHAPITRE   XIV. 

la  série  numérique,  à  termes  positifs, 
i  I  I 

et  que,  d'autre  part,  ses  termes  sont  des  fonctions  continues  de  a: 
dans  tout  intervalle  ;  sa  somme  est  donc  une  fonction  de  .x,  continue 
dans  tout  intervalle. 

22o.  Séries  entières  en  a-.  —  Parmi  les  séries  dont  les  termes  sont 
des  fonctions  continues  de  x.  les  séries  qui  sont  de  la  forme 

(a)  ao -h  UiX -h  a^x^ -^.  .  .-i-  a,t^" -i-. .  ., 

tiennent  en  Analyse  un  rôle  considérable;  «o?  <^)  ?  '^2?  •••■,  ciiii  ••• 
sont  des  constantes  numériques  que  j'appellerai  les  coefficients  de  la 
série  :  celle-ci  est  donnée  quand  on  se  donne  la  suite  de  ses  coeffi- 
cients. 

Considérons  d'abord  le  cas  oîi  tous  les  coefficients  a„,  a,,  .  .  ., 
a„,  . . .  sont  des  nombres  positifs  (ou  nuls)  ;  pour  une  valeur  positive 
de  x-,  tous  les  termes  de  la  série  (a)  sont  positifs  (ou  nuls)  ;  la  somme 
de  la  série,  si  elle  est  convergente,  est  positive. 

La  série  (a)  étant  donnée,  il  peut  se  faire  qu'elle  ne  soit  conver- 
gente pour  aucune  valeur  positive  de  r;  ce  serait  le  cas,  comme  le 
lecteur  s'en  assurera  sans  peine  en  appliquant  les  règles  du  n"  181, 
pour  les  séries 

\  -k-  X  -\-  i^ixY  -\- .  .  .-\- {n X )'^  ^ . . .  ^ 
a:  -+-  1 .  2372  -f-  I .  ■>, .  3  ^7»  -i- . . .  +  x.i.Z. .  .nx'^-\- 

Ecartons  ce  cas.  Si  la  série  est  convergente  pour  une  valeur  posi- 
tive a,  il  est  clair  qu'elle  sera  convergente  pour  les  valeurs  positives 
de  X  inférieures  à  a,  puisque,  pour  de  telles  valeurs,  les  termes  de  la 
série  (a)  seront  inférieurs  aux  termes  correspondants  de  la  série 
numérique 

«0  -I-  «i3c  —  «q'^'''  +•  •  --t-  «/ta«-^-. . .  ; 

la  somme  de  la  série  (a)  sera  inférieure  à  la  somme  de  celle  qu'on 
vient  d'écrire. 

11  peut,  enfin,  arriver  que  la  série  (a)  soit  convergente  pour  toute 


SERIES    DE   FONCTIONS.  l8l 

valeur  positive  de  x\  telle  est  la  série 

X  X^  X" 

H 1 h.  .  .H h 

I  1.2  l  .?....  Il 

Supposons  que  la  série  [a)  soit  convergente  pour  certaines  valeurs 
positives  de  :r,  divergente  pour  d'autres.  Si  la  série  est  convergente 
pour  a?  ^  a,  divergente  pour  .r  =  ^,  les  nombres  a  et  [3  étant  posi- 
tifs, on  a  certainement  a  <<  p,  car  les  suppositions  ^  =  a  ou  [S  <;  a 
entraîneraient,  d'après  ce  qu'on  a  dit  un  peu  plus  haut,  la  conver- 
gence de  la  série  {a)  pour  x  —  ^.  Si  donc  on  imagine  que  les 
nombres  positifs  soient  rangés  en  deux  classes,  dont  la  première 
contienne  tous  les  nombres  pour  lesquels  la  série  est  convergente, 
la  seconde  tous  les  nombres  pour  lesquels  elle  est  divergente,  tous  les 
nombres  de  la  première  classe  seront  plus  petits  que  les  nombres  de 
la  seconde  classe  ;  on  définit  ainsi  une  coupure  qui,  à  son  tour,  définit 
un  nombre  positif  A,  nombre  que  ne  surpasse  aucun  nombre  de  la 
première  classe,  qui  ne  surpasse  aucun  nombre  de  la  seconde  classe  : 
tous  les  nombres  plus  petits  que  lui  appartiennent  certainement  à  la 
première  classe;  quand  x  est  un  de  ces  nombres,  la  série  [a]  est 
convergente.  Tous  les  nombres  plus  grands  que  A  appartiennent  sû- 
rement à  la  seconde  classe;  quand  x  est  l'un  de  ces  nombres,  la  série 
est  divergente.  D'ailleurs  A  peut  appartenir  à  la  seconde  classe  ou  à 
la  première;  en  d'autres  termes,  la  série  peut  être  divergente  ou  con- 
vergente pour^  =  A. 

Si  l'on  considère,  par  exemple,  la  série 

I  -f-  ar  -4-  .r*  -H .  .  .  -H  3"'  -H .  .  . , 

on  sait  que  pour  o  •<  .r  <;  i   elle  est  convergente  ;   elle  est  divergente 
pour  X  égal  à  i  ou  plus  grand  que  i . 
Si  l'on  considère,  au  contraire,  la  série 

X  X"^  X" 

I  -i-  —   -+-  —  -t-.  ..H -H.  .  ., 

elle  est  convergente  pour  ^  =  i ,  divergente  pour  x  >•  i  (n"  183)  ;  ce 
dernier  point  résulte  de  la  considération  du  rapport  d'un  terme  au 
précédent  (n"  181),  rapport  dont  la  limite  est  a?,  pour  n  infini. 

Observons  encore  que  si,  pour  le  nombre  positif  j^oj  tous  les  termes 


l82  CHAPITRE   XIV. 

de  la  série  (a)  sont  inférieurs  ou  égaux  au  nombre  positif  B,  la  série  (a) 
est  convergente  pour  tout  nombre  positif  :r,  plus  petit  que  x^  :  en 
effet,  on  a  par  hypothèse,  quel  que  soit  n,  anx'^  <<  B  et,   par  suite, 

cin^"  <[  B  (  —  )   ;  donc,  pour  x  ^Xt,  les  termes  de  la  série  (a)  sont 

inférieurs  aux  termes  de  la  progression  décroissante 

B+B(^)+B(^y-H...+B("-iy+.... 

Pour;r  =  ^,,  la  série  (a)  est  convergente  :  tous  les  nombres  positifs 
plus  petits  que  Xq  appartiennent  à  la  première  classe  définie  plus 
haut;  Xq  peut  d'ailleurs  appartenir  ou  non  à  cette  classe. 

226.  Ne  supposons  plus  positifs  (ou  nuls)  tous  les  coeflicients  de 
la  série 

(.a)  «0 -I- «1^ -+-•••+ «rt^" -H- •  •, 

et  désignons,  en  général,   par  a\^  la  valeur  absolue  de  a«,  la  série 

(  a'  )  a'o  -+-  a  j  37  -t- . . .  -H  «'„  a?"  -t- . . . 

sera  dans  le  cas  que  l'on  vient  d'étudier. 

Si  cette  dernière  série  est  convergente  pour  le  nombre  positif  .r  =  a, 
la  série  (a)  sera  absolument  convergente  pour  toute  valeur  de  x  telle 
que  l'on  ait  |^  |^a;  dans  l'intervalle  ( — a,  a)  sa  somme  sera  une 
fonction  continue  de  x. 

Tout  ceci  résulte  du  n"  214,  puisque,  pour  toutes  ces  valeurs  de  x^ 
les  termes  de  la  série  {a)  sont,  eu  valeur  absolue,  inférieurs  ou  égaux 
aux  termes  (tous  positifs  ou  nuls)  de  la  série  convergente,  à  termes 
numériques, 

a'o  -)-  a  1  a  -+-  «2  «2  + , .  .  -t-  aJi  a"  -4- 

Soit,  maintenant,  Xq  un  nombre  quelconque  autre  que  o  et  x'^  sa 
valeur  absolue. 

Si  la  série  [a)  est  absolument  convergente  pour  ^  =  a;o,  la 
série  (a')  est  convergente  pour  x  ^=  x'^^]  on  est  dans  le  cas  précé- 
dent; la  série  (a)  est  absolument  convergente  pour  |  ^  |  ^a?^. 

Si  la  série  (a)  est  convergente  pour  a?  =  j^q,  mais  non  absolument. 


SÉRIES    DE    FONCTIONS.  l83 

ses  termes  tendent  vers  o  quand  n  augmente  indéfiniment;  leurs 
valeurs  absolues,  à  partir  de  l'un  d'eux  cipX^,  sont  moindres  que  tel 
nombre  positif  e  que  l'on  voudra.  Soit  B  un  nombre  plus  grand  que  e 
et  que  les  valeurs  absolues  de  tous  les  termes  qui  précèdent  np.v^, 
tous  les  termes  de  la  série  {'T-'),  pour  a:  =  x\^  seront  plus  petits  que  B; 
donc,  pour  a  positif  et  plus  petit  que  .r'^,  la  série  (a')  est  convergente  : 
la  série  («)  est  absolument  convergente  pourvu  que  l'on  ait  ]  x  |  ^a. 

Ceci  posé,  ou  bien  la  série  («')  n'est  convergente  pour  aucune  va- 
leur positive  de  J7,  ou  bien  elle  est  convergente  pour  toutes  les  valeurs 
positives  de  .r,  ou  bien  elle  est  convergente  pour  toutes  les  valeurs 
positives  de  x  inférieures  à  un  certain  nombre  positif  A  et  divergente 
pour  toutes  les  valeurs  positives  de  x  supérieures  à  A. 

Dans  le  premier  cas,  la  série  (a)  n'est  convergente  que  pour  ^  =  o, 
car,  si  elle  était  convergente  pour  une  autre  valeur  x^s^  la  série  («') 
serait  convergente  pour  n'importe  quel  nombre  positif  plus  petit 
que  j;'„. 

Dans  le  second  cas,  la  série  («)  est  absolument  con\ergente  quel 
que  soit  x\  sa  somme  est  une  fonction  continue  dans  tout  intervalle. 

Dans  le  troisième  cas,  la  série  (a)  est  absolument  convergente 
pourvu  que  l'on  ait  |  a:  |  <<  A  ;  elle  est  divergente  pour  tout  nombre  x^^ 
dont  la  valeur  absolue  x„  est  supérieure  à  A;  car,  si  elle  était  con- 
vergente pour  un  tel  nombre,  la  série  («')  serait  convergente  pour 
tout  nombre  positif  compris  entre  A  et  x'^.  Dans  ce  troisième  cas, 
si  a  est  un  nombre  positif  plus  petit  que  A,  la  somme  de  la  série  (or) 
est  une  fonction  continue  de  x  dans  l'intervalle  ( — a,  a);  on  peut 
dire  encore  que  cette  somme  est  une  fonction  continue  pour  toute 
valeur  de  ^  intérieure  à  l'intervalle  ( — A,  A);  mais,  pour  les  bornes, 
la  série  («)  peut  être  divergente;  elle  peut  aussi  être  convergente 
(absolument  ou  non),  comme  on  le  voit  sur  les  séries 

I   -^  X  H-  37^  -h ...-+-  a:"  -t- ... , 

X  X^  X^  37" 

I  2         3        '       *"   n  ' 

X        x^        x^  x"' 

Ti  +  ,--^3--^---^;^-^---' 

où  A  est  égal  à  i . 

J'appellerai  intervalle  de  convergence  de  la  série  {a)  l'intervalle 
( —  A,  A)    à  V intérieur  duquel   elle    esl   absolument  convergente. 


ï84  CHAPITRE   XIV. 

tandis  qu'elle  est  divergente  pour  les  valeurs  de  x  extérieures  à  cet 
intervalle.  Il  est  aisé  de  déterminer  cet  intervalle,  ou  le  nombre  A, 
quand  l'une  des  quantités  y/^'/^i  — ^  ^  ""G  limite  pour  n  infini  :  sup- 
posons, en  effet,  que  l'on  ait 

lim(v/a'„)  = /; 
on  aura  évidemment 

lim  {'l/a'j^x'"^)  =  Ix' \ 

la   série  («')  sera  donc  convergente  si  l'on   a  x'  <^-^  divergente  si 

l'on  a  ^'  >  j  ;  on  a  A  ^  j  ;  on  voit  de  même  que  A  est  l'inverse  de  la 

limite  de  — ^  • 

On  en  conclut,  en  passant,  que  les  deux  expressions  v/rt^,,  -^' 
si  elles  ont  des  limites  pour  n  infini,  ont  des  limites  égales. 

227.  Aux  observations  précédentes,  qui  regardent  la  convergence 
des  séries  de  la  forme 

(a)  a^-^  a^x  -\-  a^x^-^. .  .-^  anX"  -^  . .  .^ 

et  la  continuité  des  fonctions  qu'elles  définissent,  il  convient  d'en 
ajouter  quelques  autres  qui  se  présentent  d'elles-mêmes. 

Supposons  d'abord  que  les  coefficients  «oi  «o  ••i  <^ni  •••  soient 
positifs  ou  nuls,  et  que  la  série  soit  convergente  dans  l'intervalle  (o,  A), 
A  étant  un  nombre  positif  ;  sa  somme  dans  cet  intervalle  est  une  fonc- 
tion continue  de  x,  on  voit  de  suite  que  cette  fonction  est  croissante 
dans  cet  intervalle. 

Considérons  le  cas  où  la  série  (a),  dont  je  suppose  toujours  les 
coefficients  positifs,  est  convergente  quel  que  soit  x,  sa  somme  sera 
une  fonction  croissante  de  x,  pour  toute  valeur  positive  de  x.  Dési- 
gnons cette  fonction  par  'F{x)',  on  aura  en  supposant  .r  >  o 

¥(x)  '^  ao-h  aix  -\-..  .-h  a,iX'^; 

lorsque  x  croît  indéfiniment,  il  en  est  de  même  du  second  membre  et, 
a  fortiori,  de  F(^);  on  peut  même  ajouter  que  F{x)  croît  plus  rapi- 


SÉRIES    DE    FONCTIONS.  l85 

dément  que  n'importe  quel  polynôme  P(^).  On  entend  par  là  que  la 

valeur  absolue  du  rapport  tend  vers  -h  ce,  quand  retend  vers  H-ac, 

ou,  ce  qui  revient  au  même,  que  le  rapport  p— —  tend  vers  o  quand  j? 

tend  vers  -+-  oc.  Désignons,  en  effet,  par  P,  (.r)  le  poljnome  qui  se 
déduit  de  P(^)  en  y  remplaçant  chaque  coefficient  par  sa  valeur 
absolue,  on  aura  évidemment,  pour  .r>o,  P,(a?)^P(x),  et,  par 
suite, 

|P(a:)K  P,(^)        Pi(^) 

On  peut  toujours  prendre  n  assez  grand  pour  que  le  degré  du  dé- 
nominateur de  la  fraction  rationnelle  qui  figure  au  dernier  membre 
soit  plus  grand  que  le  degré  du  numérateur;  dans  ces  conditions, 
cette  fraction  rationnelle  tend  vers  o,  quand  x  tend  vers  +00;  il  en 
est  de  même,  a  fortiori,  du  premier  membre. 

On  démontre  de  même,  en  désignant   par   m   un  nombre  positif 

quelconque,  que  le  rapport  ^ —  tend  vers  o  quand  x  tend  vers  +  00; 

au  reste,  cela  résulte  du  théorème  précédent  pour  m  entier;  si  m  n'est 
pas  entier,  soit  m'  un  entier  plus  grand  que  m  ;  on  a 


F(x)        F{x)  x'"'-'"' 

dans  le  second  membre,  les  deux  facteurs  tendent  vers  o  quand  a;  tend 
vers  -f-  00. 

Les  conclusions  précédentes  s'appliquent,  en  particulier,  à  la  somme 
de  la  série  toujours  convergente 

X         x^  x'^ 

IH 1 h.  .  .H 1- 

I  1.1  i .1. . .n 

Ne  supposons  plus  que  les  coefficients  de  la  série 
(a)  Uo-i-  aix  -{-.  .  .-h  a„x"  -h. . . 

soient  positifs  et  désignons,  en  général,  comme  dans  le  numéro  pré- 
cédent, la  valeur  absolue  de  a„  par  «,',,  en  sorte  que  la  série 

(a')  a'^)-r- a[x -^. .  .-^  aliX" -+■... 


l86  CHAPITRE    XIV. 

ait  ses  coefficients  positifs  ou  nuls.  Supposons  enfin,  en  désignant 
par  a  un  nombre  positif,  que  la  série  (a)  soit  absolument  conver- 
gente pour  les  valeurs  de  x  qui  appartiennent  à  l'intervalle  ( —  a,  a), 
ce  qui  revient  à  dire  que  la  série  («')  est  convergente  pour  ^  =  a. 

Appelons  '^n{x)  la  somme  des  n-{- 1  premiers  termes  de  la  série  (a), 
R«(:r)  le  reste  correspondant,  en  sorte  que  l'on  ait,  pour  toute  valeur 
de  X  appartenant  à  l'intervalle  ( —  a,  a), 

en  désignant  par  F(a7)  la  somme  de  la  série;  Rh(j?)  est  égal  au  pro- 
duit de  :r"+'  par  la  somme  de  la  série 

somme  dont  la  valeur  absolue  est  au  plus  égale  à  la  somme  p  de  la 
série  convergente  à  termes  positifs 


on  pourra  donc  poser  R„(^)  =  M.r"+',  en  désignant  par  M  un 
nombre  dont  on  sait  que  sa  valeur  absolue  est,  au  plus,  égale  à  p, 
puis 

F(a7)  =  «o-<-  «1^  -*-  «2-^*-+--  •  •-!-  a,iX"'-^  M 37"+!  ; 

on  a  déjà  appelé  l'attention,  au  Chapitre  II,  sur  l'analogie  des  fonc- 
tions qui  sont  susceptibles  d'une  représentation  de  cette  forme  et  des 
polynômes  ordonnés  suivant  les  puissances  croissantes  de  la  variable, 
pour  les  valeurs  de  celle-ci  qui  sont  voisines  de  o.  Je  suppose  que 
l'on  ait  pris  n  assez  grand  pour  que  les  coefficients  a\^  a>^  . . .,  a,i  ne 
soient  pas  tous  nuls. 

La  forme  précédente  apprendrait,  si  on  ne  le  savait  déjà,  que  la 
fonction  F(x)  est  continue  pour  x  =  o.  Elle  montre  que,  si  a»  n'est 
pas  nul,  la  fonction  F(^)  ne  peut  s'annuler  pour  les  valeurs  de  x  qui 
sont  suffisamment  voisines  de  o;  que,  si  a^  est  nul,  la  fonction  F{x) 
s'annule  pour  x  ^=  o,  mais  ne  s'annule  pas  pour  les  valeurs  de  x, 
autres  que  o,  et  suffisamment  voisines  de  o;  la  fonction  F{x)  ne  peut, 
quand  on  se  donne  le  nombre  naturel  n,  être  mise  que  d'une  seule 
façon  sous  la  forme  précédente  ;  il  en  résulte,  puisqu'on  peut  prendre  n 
aussi  grand  qu'on  le  veut,  que  deux  séries  entières  en  x  ne  peuvent 


SERIES    DE   FONCTIONS.  I07 

avoir  la  même  somme,  pour  toutes  les  valeurs  de  x  appartenant  à 
l'intervalle  ( —  a,  a)  sans  être  identiques  terme  à  terme  ;  en  d'autres 
termes,  il  n'y  a  qu'une  série  entière  en  x  dont  la  somme,  pour  toutes 
les  valeurs  de  x  qui  appartiennent  à  l'intervalle  ( —  a,  a),  soit  égale  à 
la  fonction  F(^).  C'est  ce  qu'on  exprime  encore  en  disant  qu'une 
fonction  de  x  ne  peut  être  développée  que  d'une  seule  façon  suivant 
les  puissances  entières  et  positives  de  x. 

Le  premier  des  termes  a^x^  a.^x'-^  ...,  aaX'\  dont  le  coefficient 
n'est  pas  nul,  fait  connaître  dans  quel  sens  la  fonction  F(j7)  varie 
pour  J?  :=:  o. 

228.  Séries  entières  à  coefiacients  et  à  variables  imaginaires.  — 
Jusqu'ici  j'ai  supposé  réels  les  coefficients  et  la  variable;  il  est  bien 
aisé  de  voir  que  plusieurs  des  résultats  obtenus  plus  haut  s'étendent 
au  cas  où  l'on  a  affaire  à  une  série  à  coefficients  imaginaires  et  où  la 
variable  est  imaginaire;  soit 

(rt)  ao-t- «1  2 -I- «î-s'-f-. . .-+- ««-3"-!-. . . 

une  série  entière  en  s  dont  les  coefficients  «oj  (^t-Ki  •••,  (f-m  •  ••  peuvent 
être  réels  ou  imaginaires;  je  désignerai,  en  général,  par  a[^  la  valeur 
absolue  de  «„,  par/*  la  valeur  absolue  de  s;  la  valeur  absolue  de  ««:;" 
sera  a'^r"^  et  la  série  à  termes  positifs 

{a')  a(,  -f-  a  1  r  +  <7 2  r-  -i- .  . .  -I-  a,'j  r"- -f- .  . . , 

sera  la  série  des  valeurs  absolues  des  termes  de  la  série  (a).  Dire  que 
la  série  {a)  est  absolument  convergente  pour  une  valeur  particu- 
lière Zq  (non  nulle),  dont  la  valeur  absolue  est  /q,  revient  à  dire  que 
la  série  [a')  est  convergente  pour  r  =  a'o  ;  cette  dernière  sera  conver- 
gente pour  les  valeurs  positives  de  /■  plus  petites  que  /o  :  la  série  (a) 
est  absolument  convergente  pour  toutes  les  valeurs  de  z  dont  la 
valeur  absolue  est  inférieure  ou  égale  à  /'o-  Si  la  série  {a')  est  conver- 
gente pour  toutes  les  valeurs  (positives)  de  /*,  la  série  (a)  est  absolu- 
ment convergente  quel  que  soit  s;  sa  somme  est  ce  que  l'on  appelle 
une  fonction  entière  [^  )  de  z.  Si  la  série  {a)  est  convergente  pour  les 


(')  Rationnelle  entière  si  la  série  se  réduit  à  un   polynôme,  transcendante  entière 
dans  le  cas  contraire. 


l88  CHAPITRE   XIV. 

valeurs  positives  de  /•  inférieures  à  A.,  divergente  pour  les  valeurs  de  r 
supérieures  à  A,  la  série  («)  est  absolument  convergente  pour  les 
valeurs  de  z  telles  que  Ton  ait  |-|  <  A,  elle  n'est  pas  absolument 
convergente  pour  les  valeurs  de  z  telles  que  l'on  ait  |5|>>A;  elle 
n'est  pas  du  tout  convergente,  car,  si  elle  était  convergente  pour  un 
nombre  réel  ou  imaginaire  So  dont  la  valeur  absolue  surpasserait  A, 
la  valeur  absolue  a\^r\  de  a,iz'l  tendrait  vers  o  quand  n  augmente 
indéfiniment;  il  résulterait  de  là,  comme  au  n"  215,  que  tous  les 
termes  de  la  série  (a')  pour  2  =  s„  seraient  inférieurs  à  un  nombre 
fixe  B  et  que  celte  série  («')  serait  convergente  pour  les  valeurs  de  /* 
comprises  entre  A  et  Tq,  contrairement  à  la  supposition. 

En  se  reportant  à  la  représentation  géométrique  des  nombres  ima- 
ginaires que  l'on  a  expliquée  au  Chapitre  VI,  on  voit  que,  dans  ce  cas, 
les  points  qui  représentent  les  nombres  réels  ou  imaginaires  pour 
lesquels  la  série  (a)  est  absolument  convergente  remplissent  V inté- 
rieur d'un  cercle  décrit  du  point  o  comme  centre  avec  un  rayon  égal 
à  A;  pour  les  nombres  figurés  par  des  points  extérieurs  à  ce  cercle, 
la  série  n'est  pas  convergente;  sur  la  circonférence  même  du  cercle,  la 
série  peut  être  convergente,  absolument  ou  non,  ou  divergente.  Ce 
cercle  prend  le  nom  de  cercle  de  convergence. 

Si  l'on  décrivait  du  point  o  comme  centre  un  cercle  de  rayon 
moindre  que  A,  il  serait  aisé  de  voir  que,  pour  tous  les  points  situés 
à  l'intérieur  de  ce  cercle  ou  sur  sa  circonférence,  la  somme  de  la  série 
est  une  fonction  continue  de  s,  en  adoptant,  pour  la  continuité,  la 
même  définition  que  pour  les  polynômes  (n"  107),  Il  suffirait  pour 
cela  de  raisonner  comme  au  n"  214.  J'y  insiste  d'autant  moins  que 
l'étude  des  fonctions  d'une  variable  imaginaire  est  en  dehors  des 
limites  du  présent  Livre.  Les  séries  à  termes  imaginaires  n'intervien- 
dront un  peu  plus  tard  que  pour  relier  les  propriétés  de  certaines 
fonctions  de  variables  réelles. 


(a)  ao-t- «la? -+-. .  .-H  «nar"-!-. . ., 

où  les  coefficients  «„,  . . .,  a«,  . . .  sont  réels,  ainsi  que  la  variable  x; 
je  continuerai  de  désigner,  en  général,  par  a[^  la  valeur  absolue  de  a,i 
et  par  x'  la  valeur  absolue  de  a?;  je  suppose  que  la  série  à  coefficients 


SERIES    DE    PONCTIONS.  189 

positifs 

(a')  a'f^-f- a\x -{-. .  .-h  a'nX"'-\- .. . 

soit  convergente,  pour  ^=  a,  en  désignant  par  a  un  nombre  positif; 
en  sorte  que  la  série  {a)  est  absolument  convergente  pour  les  valeurs 
de  X  qui  appartiennent  à  l'intervalle  ( —  a,  a)  et  que  sa  somme  F(^) 
est,  dans  cet  intervalle,  une  fonction  continue  de  x)  mon  but  est  de 
démontrer  le  théorème  suivant  : 

Si  Xq  désigne  un  nombre  intérieur  à  V inlerK'alle  ( — a,  a),  la 
fonction  ¥{x)  admet  une  dérivée  F'(^),  égale  à  la  valeur  pour 
c  ^=  Xn  de  la  somme  de  la  série 

(1)  «i-r-  ^aja-  -t-  3a3  3-2  -1-.  .  .-+-  nanX"^"^  -H.  .  ., 

dont  je  montrerai  qu'elle  est  absolument  convergente  à  V inté- 
rieur de  l'intervalle  ( —  a,  a). 

Soit,  en  désignant  par  x[^  la  valeur  absolue  de  Xq^  [3  =  a  —  x'^]  le 
nombre  positif  |â  est  évidemment  le  plus  petit  des  deux  nombres 
positifs  a  —  j7oj  -2^0+31;  en  sorte  que,  si  l'on  assujettit  la  variable  h 
à  rester  dans  l'intervalle  ( —  p,  P),  on  sera  sûr  que  le  nombre  :ro+  h 
appartiendra  toujours  à  cet  intervalle  ( —  a,  a)  dans  lequel  la  conver- 
gence absolue  de  la  série  {a)  est  assurée  :  c'est  ce  que  je  suppose 
essentiellement  dans  la  suite. 

■^                            i-,-             1           I            1                        ¥{xn^  h) —  V(t»)      , 
Dans  ces  conditions,  la  valeur  du  rapport  — -. ,  dont 

on  prétend  évaluer  la  limite  quand  h  tend  vers  o,  est  la  somme  de  la 
série  convergente 

(x,,^  h)  —  x^            (x„-^  h)'^—  x'^                        (  Xo  -+-  h  )"■  —  x[1: 
a,- ^ +a, ^ +...+  «„  ^ -..., 

obtenue  en  retranchant  terme  à  terme  (n"  177)  les  deux  séries  con- 
vergentes 

ao-i-  ai{xo-h  h)  -+-  a^ixo-^  h)^-h.  . .-+-  a„(>o-t-  h)"-<r. . ., 
ao-H        aiXo        ■+-        a^xl        -h... -4-        «n^o         H-..., 

et  en  divisant  ensuite  chaque  terme  par  h. 


igo  CHAPITRE    XIV. 

Or,  on  a,  pour  toutes  les  valeurs  de  h  autres  que  o, 

en  désignant  parC',  C'^.  ...  les  coefficients  numériques  du  dévelop- 
pement de  la  puissance  n}^""'  d'un  binôme. 

Désignons  par  'f«(A)  le  second  membre  de  cette  égalité;  c'est  un 
polynôme  en  A;  c'est  donc,  dans  l'intervalle  (— ^,  ^),  une  fonction 
continue  de  A;  on  va  montrer  qu'il  en  est  de  même  de  la  somme  de  la 
série 

(2)  ai«fi(^)-H«2cp2(/0-i----+««?«(^)-f--.-, 

toujours  égale  a quand  h  n  est  pas  nul. 

Si  l'on  admet  qu'il  en  est  ainsi,  il  est  clair  que  la  limite  de  cette 
somme,  quand  li  tend  vers  o,  doit  être  égale  à  la  valeur 

«1  Ti(o)  -t-«2  02(0)-!-.  ..4-  a„cp„(o)  -H. . ., 

qu'elle  prend  pour  h  =  o,  c'est-à-dire  à  la  somme  de  la  série 

ai -h  aaaa^o-t-  "^a^xl  +. .  .-h  naax'^-^  -+-...; 

cette  somme  sera  donc  la  valeur,  pour  x^^Xq^  de  la  dérivée  de  la 
fonction  F(^).  C'est  la  partie  principale  de  la  proposition  énoncée, 
dont  la  démonstration  est  ainsi  ramenée  à  prouver  la  continuité  de  la 
série  (2);  or,  en  se  reportant  à  la  définition  de  cs„(A)et  en  désignant 
par  h'  la  valeur  absolue  de  A,  on  voit  que  l'on  a 

le  dernier  membre  de  ces  inégalités  n'est  autre  chose  que  le  nombre 
positif 

?  -  P  ' 

on  aura  donc,  pour  toutes  les  valeurs  naturelles  de  n, 


i«„cç„(A)|<< 


^ 


SÉRIES   UE    FONCTIONS.  I9I 

en  sorte  que  les  valeurs  absolues  des  termes  de  la  série  (2)  sont  infé- 
rieures ou  égales  aux  termes,  tous  positifs  ou  nuls,  de  la  série 


'       P  ^        p         "        p  ' 

qui  est  certainement  convergente  (n"  177),  puisqu'on  l'a  obtenue  en 
retranchant,  terme  à  terme,  deux  séries  convergentes,  puis  en  divi- 
sant chaque  terme  par  [3.  Il  résulte  de  là,  d'une  pai-t,  que  la  série  (2) 
est  absolument  convergente,  pour  toutes  les  valeurs  de  k  (y  compris  o) 
qui  appartiennent  à  l'intervalle  ( —  ^,  [i)  et,  d'autre  part,  puisque  les 
termes  de  cette  série  sont  des  fonctions  continues  de  «,  que  sa  somme 
est  une  fonction  continue  de  A,  dans  cet  intervalle  (n"  224);  c'est 
ce  qu'il  fallait  établir. 
On  a  prouvé  que  la  série 

(i)  «i-T- ïaja? -+-. .  .-I- rta„a7"-i -(-. . ., 

qui  n'est  autre  que  la  série  (2)  pour  h  =  o,  était  absolument  conver- 
gente pour  X  =  Xq,  c'est-à-dire  pour  n'importe  quelle  valeur  inté- 
rieure à  l'intervalle  ( — a,  a)  :  le  raisonnement  ne  s'étend  pas  aux  bornes 
de  l'intervalle.  Si,  toutefois,  en  supposant  a'>>  a,  la  série  proposée  (a) 
se  trouvait  être  absolument  convergente  dans  l'intervalle  ( — a',  a'), 
il  est  clair  qu'on  pourrait  substituer  l'intervalle  ( —  a',  a')  à  l'inter- 
valle ( —  a,  a)  et  la  convergence  absolue  de  la  série  (1)  serait  assurée 
pour  X  =  ±  ol;  on  serait  aussi  certain  que  sa  somme  serait  égale, 
pour  o:  =  ±  a,  à  la  dérivée  de  la  fonction  F(^).  On  voit,  d'après  cela, 
qu'on  peut  énoncer  les  propositions  suivantes  : 

Si  la  série  proposée  (a)  est  convergente  quel  que  soit  x,  la  série  (2) 
est  aussi  convergente  quel  que  soit  x,  et  sa  somme  est  toujours  la 
dérivée  de  la  somme  F(x)  de  la  série  (a). 

Si  la  série  (a)  est  convergente  pour  certaines  valeurs  de  x  et 
divergente  pour  d'autres  valeurs  de  x,  il  j  a,  comme  on  sait,  un  in- 
tervalle ( — A,  A)  tel  que  la  série  (a)  soit  absolument  convergente 
pour  les  valeurs  de  x  intérieures  à  cet  intervalle  et  divergente  pour 
les  valeurs  de  x  qui  lui  sont  extérieures;  la  série  (i)  est  absolument 
convergente  comme  la  série  (à)  pour  les  valeurs  de  x  intérieures  à 
l'intervalle  ( — A,  A).  Il  est  aisé  de  reconnaître  qu'elle  est  diver- 
gente pour  toute  valeur  x^  extérieure  à  cet  intervalle;  si,  en  effet,  elle 


192  CHAPITRK    XIV. 

était  convergente  pour  x  =  Xq,  elle  serait  absolument  convergente 
pour  tous  les  nombres  dont  la  valeur  absolue  est  moindre  que  celle 
de  X(,,  et,  en  particulier,  pour  ceux  de  ces  nombres  dont  la  valeur 
absolue  dépasse  A;  en  désignant  par  x\  la  valeur  absolue  d'un  tel 
nombre,  la  série  à  termes  positifs 


a\  -f-  2a,a7',  -t- 


serait  donc  convergente  ;  mais  les  termes  de  celte  série  dépassent  les 
termes  correspondants  de  la  série  divergente 

a[  x[  -+-  «2  ^'i'  -I- ■  • .  -H  cl'i^x'C  h-  . . . . 

La  contradiction  est  évidente. 

On  voit  que  Vintervalle  de  convergence  ( — A,  A)  est  le  même 
pour  la  série  proposée  {a)  et  la  série  dérivée  (i). 

Il  peut  toutefois  arriver  que  la  série  [a)  soit  convergente  pour 
X  =  ±  A  et  que  la  série  (1)  soit  divergente  pour  l'une  ou  l'autre  de 
ces  valeurs. 

La  proposition  établie  sur  la  série  (a)  s'applique  naturellement  à  la 
série  (i);  puis  à  celle  qu'on  en  déduit  de  la  même  façon,  etc.  :  on 
arrive  évidemment  à  la  proposition  suivante  : 

Les  séries 

ao-l-         a^x  +        aiX--\- . .  .-\-  a^x'^      -t-..., 

1 . 2  a2  +  '2 . 3  as  a*  -4-  3 . 4  «4  ^^  -t- .  •  •  -H  (  j^  —  i)na,i  a7«-2  -1- . . . , 

1.1.  .  .pap-hi.'i..  A  p  ^\)  ap+iX  -H  3.4.  .  .(/j  -H  2)a/j+2^^-+-.  •  • 
-h  (n  —  p  -\- })  (n  —  p  -\-  -i).  .  .ncin x"-i> -f- . . . 

ont  toutes  le  même  intervalle  de  convergence  ( —  A,  A);  à  V inté- 
rieur de  cet  intervalle,  la  somme  de  chacune  d'elles  est  la  dérivée 
de  la  somme  de  la  précédente;  en  d'autres  termes,  leurs  sommes 
respectives  sont  F(;r),  F'(.r),  V\x),  ...,  Y^p\x),  .... 

Pour  ^  =  o,  chacune  des  sommes  se  réduit  au  premier  terme  de  la 
série  ;  on  a  donc 

F'(o)  F"(o)  F'/^)(o) 

ao=F(o),         «1  = >        «2=  7         •  •  •  ■>         a.,,= ,         •••, 

I  1 .2  '        \.i...p 


SÉRIES    DE    FONCTIONS.  igS 

en  désignant  par  F(o),  F'(o),  F"(o),  ...  les  valeurs,  pour  jc  =  o,  de 
la  fonction  F(x)  et  de  ses  dérivées  successives;  on  en  conclut  la  for- 
mule importante 

l  1.2  l .1. . .p 

Elle  suppose  essentiellement  que  la  fonction  F(.r)  peut  être  déve- 
loppée en  une  série  procédant  suivant  les  puissances  entières  et  posi- 
tives de  .r,  puisque  c'est  ce  développement  qui  a  été  notre  point  de 
départ;  elle  donne  une  seconde  démonstration  de  ce  fait  que,  la 
fonction  V{oc)  étant  donnée,  le  développement  en  série  entière  ne 
peut  se  faire  que  d'une  seule  façon. 

Fonction  primitive.  —  De  même  qu'on  peut  obtenir,  sous  forme 
de  série,  la  dérivée  de  la  fonction  F(:r)  somme  de  la  série  (a),  on 
peut  obtenir  une  fonction  primitive  de  F(x)  :  et  telle  sera  évidemment 
la  somme  de  la  série 

(3)  «0^-1 -X't-\-  —-X^^..  .-\ 37"-+-' -h... , 

2  3  n-\-  i 

si  l'on  admet  la  convergence  absolue  de  cette  série  à  l'intérieur  de 
l'intervalle  ( —  A,  A);  or,  cette  convergence  est  évidente;  si,  en  effet, 
la  série  {a')  est  convergente  pour  le  nombre  positif  a,  la  série  à  termes 
positifs 

Oq  a  -I-  a\  a2  -t-  a',  a^  -+- . . .  -4-  a'^  a«+i  -t- . . . 

sera  convergente  et,  a  fortiori,  la  série 

"  2  3  n  -f- 1 

dont  les  termes  sont  plus  petits.  Puisque  l'intervalle  de  convergence 
d'une  série  est  le  même  que  celui  de  la  série  dérivée,  il  est  clair  que 
l'intervalle  de  convergence  de  la  série  (3)  est  ( —  A,  A). 

Si  l'on  désigne  par  Y^  {x)  la  somme  de  la  série  (3),  toute  fonction 
primitive  de  la  fonction  F(^),  dans  l'intervalle  ( —  A,  A),  sera,  comme 
on  l'a  vu,  de  la  forme  F,  [x)  -h  G,  où  G  est  une  constante  :  on  peut 
T.  -  II.  i3 


194  CHAPITRE   XIV. 

dire  que  F,  (r)  est  celle  des  fonctions  primitives  de  F(x)qui  s'annule 
pour  X  =  o. 

L'analogie  des  propriétés  des  séries  entières  qu'on  vient  d'établir 
avec  celles  des  polynômes  est  manifeste. 


§  2.  -  DÉVELOPPEMENTS  EN  SÉRIES  DE  QUELQUES  FONCTIONS  SIMPLES. 
FORMULES  DE  TAYLOR  ET  DE  MAGLAURIN. 

230.   Voici  quelques  applications  directes  des  résultats  du  numéro 
précédent  : 

On  a  pour  les  valeurs  de  x  intérieures  à  l'intervalle  ( —  i,.  i) 

I 

=  I  -t-  a-  -f-  37-  + . . .  -i-  a?"  -i- . . .  ; 

I  —  X 

on  aura  donc,  dans  le  même  intervalle,  en  prenant  les  dérivées  des 
deux  membres, 


-4-237-1-3372-1-...+  nx"-^  -1- 


{^-x)^ 

'- .^    =1.2-h2.337-t-3.4372  +  ...-f-(n  —  l)/lX"-^-\-.  .  ., 

(1   —  37)^ 

'  '  ^/  '        -^ =l.2...(p  l)-(-2.3...037-t-3.4...(/?-H  1)372-1-   ,  ,  . 

(l  37)/'' 

-l-(n—  p  -h  Q.)  (n  — /)-t-3).  .  .  nx'^-i'-^^ 
cette  dernière  formule  peut  s'écrire 


0-x)-J' 


P^    ,    />(/^+')^.,   ,    p{p^\){p-^-i.\ 


{i  —  xy     ^        '  1  1.2  1.2.3. 


OU,  en  changeant  x  en  — .r,  et  en  remplaçant/?  par  —  Ai, 

n  n(n  —  \)    , 

^  1  1.2 

^    /i(n-i)(n-2)  ^3_^_        ^  n{n-^){n~  /•  +  i)  ^,.^  ^  _  ^  _ 

1.2.3  "      '  l  .  2  .  .  .  /• 

Cette  dernière  formule  est  valable  pour  les  valeurs  de  x  intérieures 


SÉRIES    DE    FONCTIONS.  I  gS 

à  l'intervalle  ( — i,  i)  et  pour  les  valeurs  entières  et  négatives  du 
nombre  n  :  elle  est  vraie,  comme  on  le  sait,  pour  les  valeurs  natu- 
relles de  n]  seulement,  dans  ce  cas,  tous  les  termes  de  degré  supérieur 
à  n  disparaissent,  parce  que  leurs  coefficiçnts  sont  nuls;  elle  peut 
donc  être  regardée  comme  l'extension  au  cas  des  exposants  entiers  et 
négatifs  de  la  formule  du  binôme. 

Pour  les  valeurs  de  x  intérieures  à  l'intervalle  ( —  i,  i),  la  fonc- 
tion  —  lg(i  —  x)    a    pour    dérivée  ;    toute   fonction   primitive 

de est,  dans  cet  intervalle,  de  la  forme  C  —  le(  i  —  x).   Si  l'on 

veut  que  cette  fonction  s'annule  pour  x  =  o,  il  faut  prendre  C  =  o  : 
on  a  donc 


-         .           I              X         x^-         x^ 

.•^- 

lëC       •^>'-'S._^        I     '     2     '     3     '  • 

ou,  si  l'on  préfère, 

.      /                              X            X^            X^                           /            ., 

Ig(i  +  a7)  =  -  —  —  +  y -H...^-(-I)"- 

J  X" 

pour  les  valeurs  de  x  intérieures  à  l'intervalle  ( —  i ,  i). 

Observons  que,  pour  les  valeurs  de  x  extérieures  à  cet  intervalle  et 
même  pour  la  borne  inférieure  x  =  — i,  la  série  diverge;  elle  est 
convergente,  pour  x=\,  mais  non  absolument;  la  démonstration 
précédente  ne  prouve  pas  que  l'on  ait 

cette  égalité,  toutefois,  est  vraie. 

La  dérivée  de  arc  tangj:  est -;  arc  tang.r  est  la  fonction  primi- 
tive de ^  qui  s'annule  pour  x  =  o;  de  la  formule 

r  =  I  —  .r'-^  -H  a?*  — .  .  .  -+-  ( —  i  )"  x^"  -t-  .  .  . , 


on  déduit  donc  la  formule 


arc  tanga;  = —h — r-  -t-. .  .-\-  ( —  i)" 


x^ 


196  CHAPITRE   XIV. 

valable  pour  les  valeurs  de  x  intérieures  à  l'intervalle  (—  1,  ij;   elle 
subsiste,  il  est  vrai,  pour  le  cas  où  x  est  ±  i  et  l'on  a 


mais  cela  ne  résulte  pas  de  la  démonstration  précédente. 

La   fonction    lifi/ ;  inverse  de  la   fonction   \hx^   a   pour  dé 


%/—' 


poi 


rivée  — - — ^;  on  en  conclut  l'égalité,  valable  pour  les  valeurs  de  x  inté- 
rieures à  l'intervalle  ( —  1,1), 


/  \  -\-  X         X         x'^         x^ 


i  3  5  2/1  -f-  I 

qui  résulte  d'ailleurs  de  ce  que  l'on  a 

et  des  développements    antérieurement  obtenus  pour  \g(i -\- x)  et 
lg(i  — a?). 

231.  Les  résultats  précédents  suffisent  déjà  à  montrer  l'importance 
des  propositions  établies  au  n"  229  :  en  partant  d'une  série  entière 
dont  on  connaît  la  somme,  on  obtient  de  nouveaux  développements 
en  série  entière  en  prenant  les  dérivées  ou  la  fonction  primitive. 

Voici  d'autres  applications  obtenues  en  cherchant  des  fonctions 
qui  vérifient  une  équation  différentielle  (du  premier  ordre)  (n"  222). 
J'ai  déjà  fait  observer  que  le  problème  qui  consiste  à  trouver  la  fonction 
primitive  d'une  fonction  donnée  était  une  question  de  la  même  nature. 
La  solution  générale  de  ce  dernier  problème  s'obtient  en  ajoutant  une 
constante  arbitraire  à  n'importe  quelle  solution  particulière,  et  le  pro- 
blème devient  déterminé  si  l'on  se  propose  de  trouver  une  fonction 
dont  la  dérivée  soit  donnée  et  qui,  pour  une  valeur  particulière  de 
la  variable,  prenne  une  valeur  donnée.  Des  circonstances  analogues  se 
rencontreront  dans  les  questions  qui  vont  être  traitées. 

Proposons-nous  de  chercher  une  fonction  7  de  jp,  qui,  pour  toutes 
les  valeurs  de  x^  soit  égale  à  sa  dérivée,  qui,  en  d'autres  termes,  vérifie 


SERIES    DE    FONCTIONS.  I97 

l'équation  difl'érenlielle  ^'=j^.  Nous  connaissons  déjà  une  fonction 
qui  répond  à  la  question,  c'est  la  fonction  z  =  e^.  11  est  aisé  d'en 
déduire  toutes  les  autres;  en  effet,  les  deux  égalités  j''=)',  z' =  z 
entraînent  y' z  — y^'  =^  o?  ou 


-yz 


Le  premier  membre  est  la  dérivée  de  =^;  cette  dérivée  devant  être 
nulle  quel  que  soit  x^  il  faut  que  —  soit  une  constante  G;  en  d'autres 

termes,  toute  fonction  qui  répond  à  la  question  est  égale  à  la  fonc- 
tion e^  multipliée  par  un  facteur  constant  (*).  Lors  même  qu'on  ne 
connaîtrait  pas  la  fonction  <?^,  le  raisonnement  précédent  montrerait 
que,  s'il  j  a  une  fonction /(^)  qui  soit  égale  à  sa  dérivée,  toute  fonc- 
tion égale  à  sa  dérivée  sera  de  la  forme  G/(.r).  On  pourra  déterminer 
la  constante  G  par  la  condition  qu'elle  prenne  une  valeur  déterminée 
pour  une  valeur  donnée  de  x^  par  exemple  la  valeur  i  pour  ^  z=  o  : 
il  n'y  a  qu'une  seule  fonction,  toujours  égale  à  sa  dérivée,  qui  pour 
X  =^  o  soit  égale  à  i . 

On  peut  présenter  les  choses  à  un  point  de  vue  géométrique  :  le 
problème  posé  revient  à  celui-ci  :  trouver  toutes  les  courbes  planes 
telles  que  la  pente  de  la  tangente  soit  constamment  égale  à  l'ordonnée 
du  point  de  contact.  La  courbe  dont  l'équation  est  j- =  ^^  (^#-  ^2) 
répond  à  la  question.  11  en  est  de  même  de  toutes  celles  que  l'on  en 
déduit,  en  multipliant  toutes  les  ordonnées  par  un  nombre  constant. 
C'est  là  un  fait  dont  il  est  bien  aisé  de  se  rendre  compte  géométri- 
quement. Nous  savons  de  plus  que  toutes  les  courbes  qui  répondent 
à  la  question  peuvent  se  déduire  de  l'une  d'entre  elles  par  la  construc- 
tion qu'on  vient  d'indiquer.  Enfin,  comme  il  est  évident  sur  la  figure, 
il  y  a  une  de  ces  courbes,  et  une  seule,  qui  passe  par  un  point  donné  : 


(')  On  pourrait  encore  raisonner  comme  il  suit  ;  si  l'égalité  y'  =  y  entraine  —   —  \, 

le  premier  membre  de  cette  dernière  égalité  est  la  dérivée  de  logjjKl;  cette  dérivée 
devant  être  égale  à  i,  il  faut  que  log  |  y  \  soit  égal  à  a?  +  c',  en  désignant  par  c'  une 
constante  et,  par  conséquent,  que  j'  soit  égala  ±  e"'^"' =:  ±  e"' C  ;  en  désignant  par  e 
le  facteur  constant  ±e'',  on  trouve,  comme  plus  haut,  y  —  Ce''.  Le  raisonnement 
employé  dans  le  texte  ne  suppose  pas  qu'on  connaisse  la  fonction  logarithmique,  ni 
ses  propriétés. 


igS  CHAPITRE  XIV, 

cela  revient  à  dire  qu'on  peut  déterminer  la  fonction  cherchée  par  la 
condition  que,  pour  une  valeur  donnée  de  a?,  elle  prenne  une  valeur 
donnée.  Que  ce  dernier  problème  n'admette  jamais  qu'une  solution, 
cela  correspond  à  ce  fait  évident  que  deux  des  courbes  considérées 
ne  se  rencontrent  jamais. 

Cherchons  en  particulier  s'il  y  a  une  fonction  développable  en  une 
série  entière 

(a)  ao-t-  aix  -i-  a2X^-+-. .  .-h  a,iX'i-\-. . . 

qui  soit  égale  à  sa  dérivée 

«1  -H  ia^a?  -t-.  .  .-h  na,iX"~'^-h.  .  .. 

Puisque  les  sommes  de  deux  séries  ne  peuvent  être  égales  |)Our 
toutes  les  valeurs  de  x  sans  que  les  séries  soient  identiques  terme 
à  terme,  on  voit  que,  si  la  série  (a)  répond  à  la  question,  on  doit  avoir 

rt,  =  «j,         2a2=<3jii         'ia^—ao.,         ...,         na,i=  a,i-i,         .... 

Réciproquement,  la  série  (a)  répondra  évidemment  à  la  question, 
si  tous  les  coefficients  vérifient  les  équations  précédentes.  De  ces 
équations,  on  tire  successivement 


1  "       2.3  '       I .  '2 . 3 . . .  n  ■ 


la  série  la  plus  générale  qui  réponde  à  la  question  s'obtient  en  mul- 
tipliant par  un  nombre  arbitraire  a„  les  termes  de  la  série 


/(^) 


dont  on  sait  qu'elle  est  convergente  quel  que  soit  x.  On  a  vu  plus 
haut  que  toute  solution  du  problème  posé  s'obtient  en  multipliant 
une  solution  particulière  par  une  constante  arbitraire;  on  est  donc 
parvenu,  par  le  procédé  employé,  à  la  solution  la  plus  générale  du 
problème  posé. 

On  aurait  pu  encore  raisonner  comme  il  suit  : 

Si  une  fonction /(;r)  est  telle  qu'on  ail  toujours  /'(a;)=/(^),  on 


SERIES   DE    FONCTIONS.  I99 

aura 

r{x)=f"{x)=fix),  ...,        fM(a;)=f(x). 

En  particulier  toutes  ces  dérivées  doivent  être  égales  pour  x  =  o; 
désignons  par  «o  lew  valeur  commune;  on  a  vu  plus  haut  que,  si  la 
fonction  f(^)  est  développable  en  une  série  entière  en  x,  on  doit 
avoir 

•^       ^      -^      ^  I  1,2  1.-2..  .n 

On  doit  donc  avoir 

/  X  x^  x"^  \ 


f{^) 


I  .2 


réciproquement,  on   voit  directement  que  la  fonction  ainsi  trouvée 
répond  à  la  question. 

Si  l'on  détermine  la  constante  «o  paï"  la  condition  que  la  fonction 
f{x)  soit  égale  à  i  pour  a;  =  o,  on  aura  évidemment  «0=  i  ;  la  fonc- 
tion/(:p)  se  réduira  certainement  alors  à  la  fonction  e-^;  on  a  donc, 
pour  toutes  les  valeurs  de  x. 


J'insiste  sur  ce  fait  que,  si  l'on  n'avait  pas  étudié  antérieurement  la 
fonction  e-^,  cette  fonction  se  présenterait  très  naturellement  sous  la 
forme 

X  X^  X" 

^  I  I  .  -2  1  .  i .  .  .  n 

coanne  la  solution  la  plus  simple  de  l'équation  différentielle  y' =:jk« 
On  a  vu  au  n"  217  comment  la  forme  même  de  la  série  mettait  en 
évidence  le  sens  de  la  variation  de  'f{x)  pour  x  positif.  La  propriété 
o{x)  '^(y)  =  z>(x  -i- y)  apparaît  comme  une  application  immédiate 
de  la  règle  pour  la  multiplication  des  séries  :  elle  apparaît  d'ailleurs 
aussi  très  aisément  sur  la  propriété  '>s'(x)  =  'f{x)  qui  entraîne  immé- 
diatement la  propriété  <f'{x  +  a)  ^  cp(j7  -|-  a)  en  désignant  par  a  une 
constante  quelconque  :  cette  dernière  égalité  montre  que  la  fonction 
cp(.r  -h  a)  est  aussi  une  fonction  égale  à  sa  dérivée;  elle  ne  peut  donc 


CHAPITRE    XIV. 


différer  de  '^{x)  que  par  un  facteur  constant  C;  or  l'égalité 
^(x  ■+■  ce.)  =  Ccp(j7),  en  y  faisant  x  =  o,  montre  que  l'on  doit  avoir 
C  =  c2(a)  :  c'est  la  propriété  fondamentale;  de  cette  propriété  et  de 
l'égalité  cp(o)^  1,  on  déduit  l'identité 

qui  montre  de  suite  que  la  fonction  ^{x)  est  encore  croissante  quand  x 
est  négatif,  et  qu'elle  tend  vers  o  quand  x  tend  vers  —  oo. 
Soit  a  un  nombre  positif  quelconque;  on  a  (n"  202) 

et,  par  suite, 

X  \<j  a        x^ lg2  a  x"^  Ik" « 

I  i  .'i  1 . 9. .  .  .  n 


Observons  encore  que  les  formules 


1.9. 
X- 
I  .'2 


donnent  immédiatement,  en  ajoutant,  en  retranchant,  et  en  divisant 
par  2, 

I  .2.3.  .  .9  /î 


„v,™         .    ,      ^-      ,           ^ 

.  .-h- 

1.9,             1.2.3.4 

X            x-^                    X- 
%hx  = 1 -1 Ti — — 

h . 

1.2.3        1.2.3.4.5  I . 2 . 3 . . .  (  2  n 


Ces  formules  renseignent  immédiatement  sur  la  façon  dont  varient 
les  fonctions  ch.r,  sh^.  On  voit  d'abord  que  la  première  est  paire,  la 
seconde  impaire;  elles  sont  toutes  deux  croissantes  pour  x  positif; 
elles  croissent  indéfiniment,  et  plus  rapidement  que  n'importe  quelle 
puissance  de  .r,  quand  x  tend  vers  +  oo  (n°  227). 

La  fonction (i  +  ^)'" est  définie,  quelque  soit  d'ailleurs  le  nombre  m, 
pour  X  intérieur  à  l'intervalle  ( — i,  i);  elle  vérifie  l'équation  diffé- 
rentielle 

y'        "^ 

y    ~   i-f-a-' 


I 


SERIES    DE    FONCTIONS. 


y(i-hx)  —  my  =  G  ; 

on  voit  comme  tout  à  l'heure  que  toute  solution  de  cette  équation 
doit  se  déduire  d'une  solution  particulière  z  en  la  multipliant  par  une 
constante:  toute  fonction  qui,  mise  à  la  place  dey,  vérifie  cette  équa- 
tion pour  toutes  les  valeurs  de  x  comprises  entre  —  i  et  +  i ,  est  de 
la  forme  G(i  -\-x)"^;  la  fonction  (i  +  x)'"  elle-même  est  caractérisée 
par  ce  fait  qu'elle  satisfait  à  l'équation  et  qu'elle  se  réduit  à  i  pour 
X  =  o. 

Cherchons  s'il  y  a  une  série  de  la  forme 

(a)  a(,-h  Oix +-.  .  .-h  a^x" -+-. . . 

qui  vérifie  cette  équation  difTérentielle;  dans  le  produit  par  i  -\-  x 
de  la  série  déri\  ée 


«1 


;-l 


le  coefficient  de  r""*,  c'est-à-dire  {n  —  \)a„._,,  -h  «a,,,  doit  être  égal 
à  Tnan-\\  l'égalité  nan^=-{ni — /«  +  i)a„_,  doit  avoir  lieu  pour 
toutes  les  valeurs  naturelles  de  n.  Réciproquement,  si  tous  les  coeffi- 
cients d'une  série  convergente  vérifient  cette  équation,  la  somme  de  la 
série  vérifie  assurément  l'équation  différentielle  y' [\  -\-x)  —  my  =  o  ; 
or  la  relation  précédente  donne  successivement 

m  m  (m — i)  m  {m — i)...(m  —  «-f-r) 

«1  =  —  «0,       (li  ^=  «0,       .  .  .  ,       <^n  =  «Oi        .  •  ■  ', 

I  1.2  I .  jt . . .  n 

par  conséquent,  la  série  cherchée  s'obtient  en  multipliant  par  la 
constante  «„  'es  termes  de  la  série 

m  ni(/n  —  (  )     ,  m(  m  —  \).  .   (  m  —  n  -\-  i) 


on  a  vu  au  n"  182  que  cette  série  est  convergente  pour  les  valeurs 
de  X  intérieures  à  l'intervalle  ( —  i ,  i  )  ;  puisque,  pour  x^o,  la  somme 
de  la  série  est  égale  à  i ,  on  a,  pour  toutes  les  valeurs  de.r  considérées, 

,  ,  m       '    m(m  —  i)     ,  m{m — i)...{m  —  n-\-  \) 

(1  +  37)'"=  i-< x-\ !^ '  x^-^...^ ■ '  x'^-^~  ...  ; 

i  1.2  i . 2 . .  .  n 


202  CHAPITRE   XIV. 

cette    formule,  jusqu'ici,  n'avait   été   établie   que    pour   les    valeurs 
entières  de  m  ;  elle  est  due  à  Newton. 
En  y  changeant  m  en  —  m,  elle  devient 

I  m  m(m  -h  i)    ^ 

(1+37)-'"=    ^ =  [ X-\ !^ Ix^  —  ... 

{i-\-xy"-  I  1.2 

,       ^    m  (  m  -M  ) . .  .  (  m  -t-  n  -i-  1  ) 

-h(— i)" x"-^...; 

i.A. . .n 

elle  permet  de  développer  les  expressions  telles  que 

/ J-  I  -J. 

VI  -t-  ar 

en  j  remplaçant,  par  exemple,  x  par  —  x'^  et  m  par  —  i,  elle  donne 
la  relation 

[  1     „       1.3,  1 . 3 . . . f  2  n  —  I  )    „ 

=  1-1- 


^ ,  _  ^2  2  2.4  2 .  4  ...  2  « 

qui  est  encore  valable  pourvu  quex  soit  intérieur  à  l'intervalle  ( —  i,  i); 
le  premier  membre  est  la  dérivée  de  la  fonction  arc  sin.r,  dont  on 
obtiendra  donc  le  développement  en  formant  la  fonction  primitive  de 
la  série  qui  figure  au  second  membre  ;  la  constante  arbitraire  se 
détermine  par  la  condition  que  la  fonction  primitive  soit  nulle 
pour  X  =  o,  comme  arc  sin.r  ;  on  obtient  ainsi 

I  a;^         1.3  x^  1.3... (2/1  —  i)    x^"-*-^ 

arc  sin:j7  =  x  -]-  ' 


2    3         2.45  2.4. 


cette    formule  est  valable  à  l'intérieur  de  l'intervalle  ( — i,  i).  On 
établira  de  même  la  formule 

,    /  / -x  I   x^        1.3  x^        1.3.5  a?^ 

"  ^  ^  2    3         2.45         2.4.67 

dans  laquelle  le  premier  membre  est  la  fonction  inverse  de  sh.r.  Elle 
est  valable  pour  les  valeurs  de  x  intérieures  à  l'intervalle  ( —  i,  i)- 

On  pourrait  obtenir  par  un  procédé  analogue  les  développements 
en  série  entière  des  fonctions  u  =  sin^,  (^  =  cos.r  en  partant  de  ce 
que    ces    fonctions    vérifient    les    équations    différentielles    u'^^v. 


SÉRIES    DE    FONCTIONS.  2o3 

r'=  —  w  (  '  )•  ^'^  ^*  ^^^  déduire  tout  à  l'heure  d'une  formule  générale. 

232.  On  a  montré  au  n"  229  que,  si  une  fonction  F{x)  pouvait, 
dans  un  intervalle  ( — a,  a),  être  regardée  comme  la  somme  d'une 
série  entière  absolument  convergente,  cette  série  avait  nécessairement 
la  forme 

F(o)^-F'(o)H -F"(o) -)-...  H F(/')(o  )-!-...; 

d'où  un  moyen  évident  pour  obtenir  le  développement  en  série  entière 
d'une  fonction  donnée  F(.r),  si  ce  développement  est  possible.  Prenons, 
par  exemple,  pour  F(^x) l'une  ou  l'autre  des  fonctions  sin^r  etcosj7,dont 
les  dérivées  p'*"'""^  sont  respectivement  sinfo:  +  —  j  et  cos(  a'  +  —  )' 

en  sorte  que  l'on  a,  dans  le  premier  cas,   F^^^(o)  =  sin -^  >    c'est  à 

savoir  o  si  yy  est   pair,    i   ou   —  i   si  yo  est  un  multiple  de  4  plus   i 

ou  plus  3,  et,  dans  le  second  cas,  F^P^(o)  :^  cos  ^—i  c'est-à-dire  o 

si  p  est  impair,  i  ou  —  £  si  /?  est  le  double  d'un  nombre  pair  ou  le 
double  d'un  nombre  impair;  les  seuls  développements  possibles  pour 
sinx  et  cos:r  sont  les  suivants  : 

i        .  T  X^  X'^  X-l''^^ 

y  I  1  .  21 . 3  1 . 2 .  3 . 4 .  3  I  .  '2  . 3 .  .  .  (  .i/?  -H  I  ) 

1  X-  x'*  ,        ^  x'^t> 

I  cos.r  =  I \ — ...-4-(_  1)1' !-...; 

(  1.2         [.2.3,4  1 . 2 . 3 .  .  . 2/> 

mais,  bien  qu'on  ait  démontré,  au  n"  182,  la  convergence,  pour  toute 
valeur  de  x,  des  deux  séries  qui  figurent  dans  les  seconds  membres, 
on  ne  peut  affirmer,  en  se  fondant  sur  le  raisonnement  qui  précède, 
que  les  sommes  de  ces  deux  séries  soient  respectivement  égales  à 
sinx  et  à  cos^. 

En  admettant  toujours  la  possibilité  de  développer,  dans  l'intervalle 
( —  a,  a),  la  fonction  F(x)  en  une  série  entière  absolument  conver- 
gente, il  est  clair  qu'on  peut  mettre  cette  fonction  sous  la  forme 

F(o)-^-F'{o)+  —Vio)-^...-^       ^''       F^i'Ho)         '    ^^"^' 


I  1.2  1.2.../)  1  .2.  ,  .(/?-)-  l) 


(')  Voir  Exercice  253. 


204  CHAPITRE    XIV. 

M  étant  une  fonction  de  x  dont  on  sait  seulement  qu'elle  reste,  en 
valeur  absolue,  inférieure  à  un  nombre  positif  fixe,  quand  x  appar- 
tient à  l'intervalle  ( — a,  a);  il  est  naturel  de  chercher  à  obtenir 
quelque  évaluation  de  celte  fonction,  qui  fournisse  un  renseignement 
sur  le  reste  de  la  série  considérée  quand  on  n'en  conserve  que  les  /?  +  i 
premiers  termes. 

Plus  généralement,  sans  même  supposer  que  la  fonction  ¥{x)  soit 
développable  en  série  entière,  et  en  supposant  seulement  que  cette 
fonction  admette,  dans  tout  l'intervalle  (o,  ^0)5  des  dérivées  jusqu'à 
l'ordre />  +  i  afin  que  l'expression  qu'on  va  écrire  ait  un  sens  et  que 
les  raisonnements  qui  suivent  soient  légitimes,  on  peut  se  proposer 
d'évaluer  la  différence 

F(:r)  — F(o)-  ^F'(o)  — —  F"(oj— ... ^^  F(/''(o). 

Désignons  par ^-^ la  valeur  de  cette  différence  pour^=:.ro, 

Mo  étant  un  nombre  inconnu  dont  on  va  obtenir  une  évaluation: 
posons  pour  cela 

o{x)  =  ¥{x)  —  ¥{o)-  -F'(o)— —  F"(o)— ... 

XP         „,    ,/     ^  Moa7P+i 

F'/^'(o)- 


1.1.  ..p  I.2...(/>-hl) 

la  fonction  o{x)  admet  certainement,  dans  l'intervalle  (o,  Xq),  des 
dérivées  jusqu'à  l'ordre /» -h  i ,  puisqu'on  l'obtient  en  ajoutant  un 
polynôme  à  F(.r),  qui  admet  de  telles  dérivées  :  ces  dérivées  sont 
successivement 


xi'-'^  ^,  , ,  Mfta?/' 


'{x)         =¥'{x)        —  F'(o) F"(o)  — ... F'/')(o) 


I  1.2.  ..(/>—!)  I.X...P 

~s                                      cri'—^                                       Mo 3"/'    ' 
cp"(^)        =W{x)        —  F"(o) F"'(o)  — ... ■ -F(/')(o) ;: 

...• ) 

(pC/')(a;)      =:F'P'(:r)      _F</''(o) —, 

cp(/^+i)  (./;)  r^  F'/^+i'  {x)  —  Mo. 

Or  la  fonction  ç(^),  en  vertu  de  la  façon  même  dont  elle  a  été  formée, 
s'annule  pour  x^=  x^\  elle  s'annule  évidemment,  à  cause  de  sa  forme, 
pour  ^  =  o;  donc  (n"  215),  sa  dérivée  s'annule  pour  un  nombre  x,. 


SÉRIES   DE    FONCTIONS.  îto5 

compris  entre  o  et  jCo,  différent  de  o  et  de  Xo  ;  'f'(z^)  s'annulant,  d'une 
part,  pour  x  =  x,,  ets'annulanlévidemment,  d'autre  part,  pour  x  =  o, 
o" {x)  s'annulera  pour  un  nombre  x'a  compris  entre  o  et  o^i,  et  ainsi  de 
suite  :  o^p^{x)  s'annulera  pour  un  nombre  Xp  compris  entre  o  et 
Xp_\  ;  o'^P'^^^x)  s'annulera  pour  un  nombre  Xp_^^  compris  entre  o 
et  Xp^  par  conséquent  entre  o  et  ^o^  et  différent  de  l'un  et  de  l'autre  ; 

on  a  donc 

Mo=F(/-"(;r,,:^,). 

C'est  l'évaluation  que  l'on  voulait  obtenir;  on  peut  écrire 

F(.ro)  =  F(o)+:^"F'(o)  +  ...+  -|-£^FW>)(o)+  ,  ..,.^°("^  ^  j/'^^^''(^p^.), 

Xp^x  étant  un  nombre  dont  on  sait  seulement  qu'il  est  compris 
entre  o  et  jCo:  et  dillerent  de  o  et  de  Re- 
cette formule  est  valable,  quel  que  soit  le  nombre  ^o>  pourvu  que 
les  conditions  imposées  relativement  à  l'intervalle  (o,  x^)  soient  véri- 
fiées. Rien  n'empêche  maintenant  d'effacer  l'indice  o,  pourvu  qu'on 
sache  que  x  appartienne  à  un  intervalle  (A,  Bj,  dont  le  nombre  o 
fasse  partie,  dans  lequel  la  fonction  F (.rj  admette  des  dérivées  jusqu'à 
Tordre  /?  +  i ,  et  d'écrire 

(■i)  ¥{x)r=  F(o)+  f  F'(o)-h-  —  F"(o)+... 

XP  Xl''^^ 

H '■ F/"(o)H F(/'-+-iJ(fta-), 

\.i...p  i.i...(p^i)  " 

en  désignant  par  9  un  nombre  compris  entre  o  et  i,  différent  de  o  et 
de  I,  afin  que  le  produit  G.r,  qui,  dans  la  nouvelle  formule,  rem- 
place Xp^iy  désigne  un  nombre  compris  entre  o  et  x. 

On  voit  qu'une  fonction  ¥{x)^  qui  pour  o  et  les  valeurs  voisines 
admet  des  dérivées  jusqu'à  l'ordre  /> -h  i ,  se  comporte  à  peu  près 
comme  un  poijnome,  pourvu  toutefois  que  la  dérivée  {p  +  i)'""«^ 
reste,  dans  le  voisinage  de  o,  moindre  en  valeur  absolue  qu'un  nombre 
positif  fixe  (  '). 


(  '  )  Je  (lirai  souveat,  pour  abréger,  qu'une  fonclion  f{x)  est  bornée  dans  un  inter- 
valle (a,  6),  ou  aux  environs  de  a,  pour  dire  que  la  valeur  absolue  de  cette  fonction, 
quand  x  appartient  à  cet  intervalle,  ou  reste  suffisamment  voisin  de  a,  reste  com- 
prise entre  deux  nombres  positifs  fixes.  On  suppose  ici  que  la  dérivée  (y?  h-i  )'*■»•  de 
la  fonction  F  (a;),  aux  environs  de  o,  est  bornée. 


ao6  CHAPITBE    XIV. 

Dans  ces  condilions,  la  formule  précédente  fournit  des  expressions 
approchées  très  simples  de  F(a:)  quand  x  est  voisin  de  o,  à  savoir 

F(oj,     F(o)-Ha7F'(o),     F(o)  +  .rF'(o)  ^   — F"(oj,      .... 
Il  est  bien  aisé  d'avoir  une  formule  analogue  qui  rendra  les  mêmes 


q' 


services  pour  les  valeurs  de  .r  voisines  d'un  nombre  a,  que  je  suppose 
appartenir  à  un  intervalle  (A',  B')  dans  lequel  la  fonction  F(jo) 
admette  des  dérivées  jusqu'à  l'ordre  /»  +  i  ;  il  suffira  de  poser 
^  =  a  +  h,  en  désignant  par  h, une  nouvelle  variable,  assujettie  à  la 
condition  de  rester  dans  l'intervalle  (A' — a,  B' — a),  qui  contient 
évidemment  le  nombre  o,  afin  que  a -\- h  reste  dans  l'intervalle 
(A',  B');  la  fonction  (de  h)  ¥{a^Ii)  admettra  dans  l'intervalle 
(A' — a,  B' — a)  des  dérivées  jusqu'à  l'ordre />  + i  et  ces  dérivées 
s'obtiendront,  en  vertu  du  théorème  des  fonctions  de  fonction,  en 
remplaçant  x  par  a-\-  h  dans  F'(.r),  ¥"{x)^  ...,  F'^^(a;);  on  aura  donc, 
sous  les  conditions  imposées, 

(3)       F(a  +  /i)  =  F(a)+ -F'(a)+— F"(a)  +  ... 

ht>  hl'-^^ 

¥'i>)(a)^ __F(/^+i'(a  +  e/i), 


1.2.  .  ./>  •  I.'2.  .  .(/>  4-  l) 

en  désignant  toujours  par  6  un  nombre  compris  entre  o  et  i . 
Dans  les  formules  (2)  et  (3),  les  derniers  termes 

F'P+')(e;r), F(y^+i'(a  ^e/i) 


i.i..Jp^\)  i.-i. ..(/>  +  () 

qui  contiennent  un  nombre  inconnu  8,  s'appellent  termes  complé- 
mentaires (  '  ). 


(')  Aces  formules,  qui  sont  évidemment  équivalentes,  sont  attachés  respectivement 
les  noms  de  Maclaurin  et  de  Taylor.  Cette  dénomination  est  un  peu  impropre; 
Maclaurin  et  Taylor  n'ont  pas  considéré  d'expressions  limitées,  avec  un  terme  com- 
plémentaire, mais  bien  les  séries  illimitées 

F(o)-+-  -F'(o)+...H — — F(^){o)+..., 

F(a)+  -  F'(a)  +  ...4-  -^ — F^Ca) +. . ., 

qui,  sous  certaines  conditions,  ont  respectivement  pour  sommes  F(a;)  et  F(a  +  A). 
C'est  d'ailleurs  ces  séries  qui  tiennent  le  rôle  le  plus  important.  Le  terme  complé- 
mentaire, sous  la  forme  précédente,  a  été  donné  par  Lagrange.  La  formule  (4)  con- 
tient, comme  cas  particulier  {p  =  o),  la  formule  des  accroissements  finis. 


SÉRIES    DE    FONCTIONS.  207 

Le  lecteur  n'a  pas  manqué  d'apercevoir  l'analogie  qu'il  j  a  entre 
ces  formules  et  celles  qu'on  a  obtenues  pour  les  polynômes;  il  prévoit 
certainement  les  conséquences  qu'on  en  peut  tirer  pour  l'étude  d'une 
fonction  dans  le  voisinage  d'un  nombre  donné  :  on  reviendra  plus 
tard  sur  ces  conséquences.  C'est,  pour  le  moment,  de  leur  application 
aux  développements  en  série  qu'il  est  question. 

Les  formules  (2)  et  (3),  en  raison  de  la  façon  dont  l'une  a  été 
déduite  de  l'autre,  sont  manifestement  équivalentes;  les  raisonnements 
(jui  s'appliquent  à  l'une  s'appliquent  à  l'autre.  Il  suffira  de  raisonner 
sur  la  première,  en  supposant  que  x  appartienne  à  un  intervalle 
(A,  B),  contenant  o,  où  la  fonction  donnée  admette  des  dérivées  de 
tous  les  ordres  possibles. 

Le  terme  complémentaire  peut  être  regardé  comme  la  différence 
entre  F(.r)  et  la  somme  des  p  +  i  premiers  termes  de  la  série 

or  T^  ifjP 

F(o)+  _.F'(o)^  —  F"(o)-^...H F(/^'(o  )+..., 

1  1.2  i  .■?...  .p 

dont  tous  les  termes  suivent  la  même  loi.  Si  cette  différence  tend 
vers  o  quand />  augmente  indéfiniment,  c'est  que  la  somme  des  p  -+-  i 
premiers  termes  de  cette  série  a  pour  limite  F(x)  quand  p  augmente 
indéfiniment,  c'est  donc  que  la  série  est  convergente  et  a  pour  somme 
F(j:).  Réciproquement,  pour  que  la  série  soit  convergente  et  ait  pour 
somme  F(x),  il  faut  que  la  différence  considérée,  ou  le  terme  com- 
plémentaire, tende  vers  o  quand />  augmente  indéfiniment. 

Sous  la  condition  (nécessaire  et  suffisante)  que  le  terme  complé- 
mentaire tende  vers  o  quand  p  augmente  indéfiniment,  on  peut  donc 
écrire 

F{x)  =  F(o)-H  -F'(o)-i-  —  F"(o)-H.... 

Le  terme  complémentaire  peut  alors  être  regardé  comme  le  reste  de 
la  série  qui  figure  au  second  membre,  limitée  au  terme  en  xP,  c'est- 
à-dire  que  l'on  a 

?(/>+•' (6  07)=  F(/'+>'(o)H ^—F'P+^Uo)^ — Fip+s'foj-T- 

p^-j.  (/>-+--2)(/>-^3) 

Il  y  a  un  cas  où  l'on  reconnaît  très  facilement  que  le  terme  com- 
plémentaire tend  vers  o  lorsque/?  augmente  indéfiniment,  c'est  celui 
où  l'on   sait  que  les  dérivées  F^^^  (ip),    dans  l'intervalle  considéré, 


CHAPITRE   XIV. 


restent,  quel  que  soit  x  et  quel  que  soit  le  nombre  naturel  /?, 
moindres  en  valeur  absolue  qu'un  nomi)re  positif  fixe  P.  Le  terme 
complémentaire  est  alors  moindre,  en  valeur  absolue,  que 


Pa^'/'-^i 


I.2...(/>-T-l) 

en  désignant  par  x'  la  valeur  absolue  de  x.  Or  c'est  là  le  terme  d'une 
série  absolument  convergente,  et,  par  suite,  ce  terme  doit  tendre 
vers  o  quand  son  rang  augmente  indéfiniment. 

Cette  remarque  s'applique  aux  fonctions  sin^  et  coso;  dont  les  dé- 
rivées sont  au  plus  égales  à  i  en  valeur  absolue  ;  on  en  conclut  que  les 
formules  (i)  sont  légitimes  quel  que  soit  x.  La  même  remarque 
s'applique  à  la  fonction  e"^  dont  les  dérivées  restent  toujours  moindres 
que  le  nombre  fixe  e^  pourvu  que  x  soit  moindre,  en  valeur 
absolue,  que  le  nombre  positif  A,  en  sorte  que  l'on  peut  écrire 


c'est  une  nouvelle  démonstration  de  la  formule  établie  au  n"  231; 
l'égalité  est  valable  pourvu  que  x  soit  moindre  que  A  en  valeur 
absolue,  c'est-à-dire  quel  que  soit  x^  puisque  A  est  quelconque. 

Ici,  le  terme  complémentaire  est  assez  simple  pour  être  utilisé;  on 
peut  écrire,  en  désignant  par  0  un  nombre  positif  moindre  que  i , 

X        x^  XI'      '  a'/'+i  e^^ 


I  1.9.  l  .1.  .  ./J  I  .'2.  ..(/>-+-  I) 

En  s'adressant  à  la  formule  de  Taylor,  on  obtiendrait  le  résultat 
suivant  : 

h  h'-  hp 


I  1.2  l.'i....p 

l  .-1.  .  .p 


/         h        A2  hi>  \ 

?"      IH 1 -^  .  ..-. -t-  .  .  . 

V  I  I.2  \.'l...p  I 


C'est  une  nouvelle  démonstration  de  la  propriété  fondamentale  de 
la  fonction  e^ . 

On  a  obtenu  pour  les  fonctions  e-'',  sin.r,  cosa:^,  sh.r,  ch.r,  arc  sin^r. 

arc  tanga;-,  lg(i  -t-  .r),  (i  +  a?/",  lg(.r  +  y/i  +  x-  ),  Igt/    _^  des  dé- 


SÉRIES   DE    FONCTIONS.  209 

veloppements  simples,  dont  la  loi  est  facile  à  retenir  ou  à  retrouver. 
Pour  les  fonctions  tangx  et  tho:,  la  loi  du  développement  est  nota- 
blement plus  compliquée;  quant  au  calcul  des  [premiers  termes,  on 
peut  le  faire  en  se  servant  de  la  formule  (i)  ou  par  des  procédés  qu'on 
va  expliquer. 

233.  Lapplication  de  la  formule  générale  (2)  du  numéro  précé- 
dent et  l'étude  du  terme  complémentaire  sont  très  aisées  pour  les  fonc- 
tions e-^',  sinj7,  cosj;,  sli.r,  cli.r;  pour  les  autres  [fonctions,  dont  on 
a  obtenu  autrement  le  développement,  cette  application  est  notable- 
ment plus  pénible  que  les  procédés  que  l'on  a  décrits.  L'étude  du 
terme  complémentaire,  en  particulier,  est  assez  difficile. 

Dans  beaucoup  de  cas,  la  forme  de  ce  terme  complémentaire  n'a" 
pas  grand  intérêt  :  ce  qui  importe  seulement  c'est  son  existence,  et  le 
fait  que  dans  la  formule  (2),  par  exemple,  le  coefficient  de  xP  est  une 
fonction  bornée  dans  l'intervalle  que  l'on  considère;  et  celte  impor- 
tance tient  à  l'analogie  entre  les  propriétés  d'un  polynôme  ordonné 
suivant  les  puissances  de  x  et  d'une  expression  de  la  forme 

OÙ  «0,  û5,,  ...,«;,  sont  des  constantes  et  X  une  fonction  de  x  bornée 
pour  les  valeurs  de  x  appartenant  à  l'intervalle  ( —  a,  a). 

Rappelons  en  particulier  que  si  une  fonction  F(.»:),  (dans  l'inter- 
valle ( —  a, a),  peut  être  mise  sous  la  forme  précédente,  elle  ne  peut 
être  mise  sous  cette  forme  que  d'une  seule  façon;  il  en  résulte  que  si 
la  même  fonction  peut,  dans  le  même  intervalle,  être  mise  sous  la 
forme 

%0  -^  OLlX  -h  OLiX^-h  .  .  .-+■  OLqXl  -Ir-  \LXl-^^^ 

OÙ  ao,  a,,  ...,  y-g  sont  des  constantes,  où  pi  est,  comme  A,  une  fonc- 
tion bornée,  on  a  nécessairement  (n"  32),  en  supposant  q  >>  />, 


X  =  a/,-Hi  -+-  tp^ix  -h  ...  H-  X(,xi-i'-\-  ixxf-^-^-P. 

Ces  remarques  faites,  il  est  aisé,  dans  bien  des  cas,  d'avoir  les  pre- 
miers termes  dun  développement  limité  tel  que  ceux  que  nous  venons 
de  considérer,  sans  se  préoccuper  de  savoir  si  le  dé\eloppement  illi- 
T.  -  II.  i4 


CHAPITRE    XIV, 


mité  en  série  de  Maclaurin  est  possible  et  dans  quelles  conditions  il 
est  possible,  questions  que  je  ne  puis  traiter  ici. 

Supposons  d'abord  que  pour  deux  fonctions  f{x),  ê'i^)  ^^  soit 
assuré,  pour  un  intervalle  ( — a,  a),  de  développements  limités  tels  que 

f{x)  =  «0-4-  «1^:^-4-  . .  .  -i-ajjXl'-\-  \xP-^\ 
g{x)  =  èo+  bix  -^  ..  .-+-  bpXi'^  \i.xi>^^, 

OÙ  «0,  •■1  api  l>oi  •'••,  bp  sont  des  constantes  et  ).,  ]x  des  fonctions 
bornées  dans  l'intervalle  considéré.  On  voit  de  suite  le  moyen  d'ob- 
tenir des  développements  analogues  pour  les  fonctions /(.r)  -\-  g{x)^ 
f{x)  —  g{x),  f{x)  g{x)^  et  l'on  voit  aussi  que,  dans  ces  développe- 
jnents,  les  coefficients  des  puissances  de  x,  jusqu'à  xP^  sont  des  cons- 
tantes qui  ne  dépendent  que  de  «o,  ■••■,  Opi  ^o?  •••5  bp^  nullement 
des  fonctions  X,  [jl;  le  produit/(.r)  g{x),  par  exemple,  se  mettra  sous 
la  forme 


en  posant 


f{x)g{x)  =  Co+  Ciar  -h  .  .  .  -f-  CpXi>  -\-  var^+i, 

Co   =  «0^0' 

Cl  =  rtoèi  -+-  «1  60, 

1 

Cp  —  a^^bp-^  «1  bp-]  -\-  . .  .-\-  apb^. 

La  loi  de  formation  des  coefficients  Co,  c,,  . . .,  Cp  est  la  même  que 
si  l'on  multipliait  deux  séries  indéfinies,  ou  deux  polynômes  ordonnés 
suivant  les  puissances  croissantes,  mais  en  ne  gardant  que  les  termes 
de  degré  inférieur  à/?  +  i .  Quant  à  la  fonction  v,  dont  la  valeur  exacte 
n'importe  pas,  il  suffît  de  savoir  qu'elle  existe  et  qu'elle  est  bornée, 
dans  l'intervalle  considéré. 

On  peut  obtenir  aussi  le  quotient-^       ■>  lorsque  b^  n'est  pas  nul, 

en  suivant  exactement  la  même  règle  que  pour  la  division  des  poly- 
nômes ordonnés  suivant  les  puissances  croissantes  de  x  et  en  s'arrê- 
tant  quand  le  reste  est  divisible  par  xP+^  . 

Les  coefficients  des  termes  écrits  au  quotient  ne  dépendent  encore 
que  des  coefficients  ««?  •  •  •?  ^pr  b^,  . . ,,  bp-,  les  fonctions  X,  [x  n'inter- 
viennent que  dans  le  reste  :  on  parvient  par  le  calcul  que  l'on  vient 


SERIES    DE    FONCTIONS.  211 

de  décrire  à  une  formule  telle  que 

■ISf-t  =  A-„  -4-  A-,  a: -(-  .  .  .  -1-  k„xP -4-  ''^,     , 

qui  fournit  des  expressions  approchées  de  ^-y—^  pour  des  valeurs  de  x 

suffisamment  voisines  de  o  :  ces  valeurs  doivent  appartenir  à  un  inter- 
valle ( —  ^,  ^)  intérieur  à  ( — a,  a)  et  dans  lequel  g{x)  ne  s'annule 

pas.  On  voit  très  aisément  que,  dans  ces  conditions,  la  fonction  — - — 
^  ^  g{^) 

est  bornée. 

Dans  tous  ces  calculs^  les  fonctions  X.r^+*,  u.xP'^^  n'interviennent 
pas;  on  se  dispense  de  les  écrire;  on  les  remplace,  si  l'on  veut,  par 
des  points  ;  en  fait,  on  calcule  comme  avec  des  polynômes  dont  on  ne 
garderait  que  les  premiers  termes. 

Si,  par  exemple,  on  veut  avoir  une  expression  du  genre  de  celle  que 

nous  considérons,  pour  tangx  = et  si  Ton  ne  veut  pas  garder 

de  termes  de  degré  supérieur  au  troisième,  on  se  rappellera  qu'il  est 
inutile  de  garder  dans  les  développements  de  sin.r  et  de  cos  x  des 
termes  de  degré  supérieur  à  3  ,  on  remplacera  sina:  et  cos.r  respecti- 
vement par  X —et  i >  on  effectuera  la  division  du  premier  po- 
lynôme par  le  second,  en  s'arrêtant,  au  quotient,  avant  qu'on  ait  un 
terme  de  degré  supérieur  à  3  ;  on  trouve  ainsi  .2;  -|-  —  et  l'on  écrit 

tanga;  =  x  -\-  -^  -\- 


Si  l'on  avait  gardé  plus  de  termes  dans  les  développements  de  sin^r 
€t  de  cos.r,  calculé  plus  de  termes  au  quotient,  les  deux  premiers 
termes  écrits  au  quotient  auraient  toujours  été  les  mêmes.  Le  poly- 
nôme X  -\--^7  quand  x  est  très  voisin  de  o,  est  une  expression  appro- 
chée de  tanga:  ;  à  la  vérité  ce  calcul  ne  donne  pas  de  limites  pour  l'ap- 
proximation ;  mais  on  verra  plus  tard  que  des  expressions  de  ce  genre 
rendent  néanmoins  de  grands  services  :  il  est  aisé  de  voir  que  le  terme 
suivant  serait  un  terme  en  x'^  et  l'on  peut  admettre  (sans  préciser) 
que  l'erreur  commise,  quand  x  est  très  voisin  de  o,  est  comparable 
à  x^^. 


J112  CHAPITRE    XIV. 


Il  est  à  peine  utile  de  dire  qu'il  serait  absurde  d'utiliser  la  précé- 
dente formule  pour  des  valeurs  de  x  voisines  de  - ,  ou  qui  dépasse- 

raient  ->  puisque,  pour  x  z=.  -■,  ç,o?,x  s  annule. 

Dans  la  pratique,  on  opère  le  plus  souvent  comme  il  suit  :  on  écrit 
les  premiers  termes  de/(;r)  et  les  premiers  termes  de  g{x)  comme  s'il 
s'agissait  d'une  division,  en  mettant  des  points  après  les  derniers 
termes  écrits;  on  fait  la  division  comme  s'il  s'agissait  de  polynômes 
ordonnés  suivant  les  puissances  croissantes  de  .r,  mais  en  ayant  soin 
de  s'arrêter  au  quotient  avant  d'être  obligé  de  se  servir  des  termes 
qu'on  n'a  pas  écrits,  soit  au  dividende,  soit  au  diviseur. 

Je  reviendrai  tout  à  l'heure  sur  le  cas  où  èo  est  nul,  et  où  ainsi  on 
peut  mettre  en  facteur,  dans  g'{x)^  une  certaine  puissance  de  ^;  on 
obtient,  en  suivant  la  même  méthode,  des  formules  d'approximation 
qui  sont  extrêmement  utiles,  mais  qui  n'appartiennent  plus  au  même 

Supposons  que  l'on  ait  une  fonction  'f  (y)  de  la  variable  y  qui, 
dans  l'intervalle  ( —  (3,  ^),  puisse  se  mettre  sous  la  forme 

Bq^  b^ y  -^  .  .  .  -i-  b ,,  yi>  +  [t.yi'^'^^ 

en  désignant  par  bo-,  ^i,  . .  .^  bp  des  constantes  et  par  ^  une  fonction 
dejK,  bornée  dans  l'intervalle  ( —  j3,  [i);  supposons  de  plus  que  y  soit 
une  fonction  de  x,  s'annulant  pour  37=0,  et  susceptible  d'être,  pour 
les  valeurs  de  x  qui  appartiennent  à  un  intervalle  ( —  a,  a),  mise  sous 
la  forme 

y  =z  ayx  -\-  a^x^^  . . .  ^  ai,xi' -+-  X a? /•"+', 

en  désignant  par  rtj,  a^,  . . .,  ap  des  constantes  et  par  ).  une  fonction 
de  X  bornée  dans  l'intervalle  ( —  a,  a);  en  restreignant  suffisamment 
cet  intervalle,  on  pourra  évidemment  s'arranger  pour  que  les  valeurs 
de  y  qui  correspondent  à  celles  de  x  appartiennent  à  l'intervalle 
( —  p,  ^).  La  fonction  o  {y)  pourra,  dans  l'intervalle  ( —  a,  a),  être  re- 
gardée comme  une  fonction  de  x]  elle  pourra  être  mise  aussi  sous  la 
forme  d'une  sorte  de  polynôme.  En  effet,  on  pourra  d'abord  mettre 
sous  cette  forme  (par  de  simples  multiplications) j^*,j^=',  ...,j)/-/',  et,  dans 
les  expressions  que  l'on  obtiendra,  les  coefficients  des  puissances 
de  x^  de  degré  moindre  que  /?  +  i ,  ne  dépendront,  en  vertu  de  ce 
que  l'on  a  dit,  que  de  a,,  «25  •  •  -,  <^pi  nullement  de  la  fonction  À;  en 


SÉRIES   DE    FONCTIONS.  2l3 

substituant  ensuite  les  expressions  trouvées  dans  le  polynôme  en  y, 
^0  +  ^^iJK  +  •  •  •  +  ^py^i  6t  en  ne  gardant  que  les  termes  en  x  de  degré 
inférieur  à  yo  4-  i ,  on  obtiendra  un  polynôme 

Co-t-  Ci^?  -I-  Cja-^-H  ...  -H  CpXi' 

dont  les  coefficients  ne  dépendent  que  de  b„,  bt,  ...,bp,  a,,  a,, ...,  api 
dans  les  termes  négligés,  on  pourra  mettre  xP'^*  en  facteur,  et  l'on  aura 
bien  mis  'f(y)  sous  la  forme  cherchée 

Co-\-  CiX  ■+-  CiX^  +  . . .  -I-  c,,xi'-+-  va;/'-*-', 

OÙ  V  est  une  fonction  de  x  bornée  dans  l'intervalle  ( —  a,  a). 

Ici  encore  les  termes  complémentaires  n'interviennent  pas;  on  peut 
les  remplacer  par  des  points;  il  suffit  de  faire  attention  à  ne  pas 
garder  dans  le  résultat  des  termes  qui  dépendraient  de  ceux  qu'on  a 
négligés. 

Supposons  par  exemple  qu'on  veuille  des  expressions  approchées 

de  

y/ao-i-  aix  -h  ttiX^-i-. .  .-^a/iXi'  -\-  Xxp-^^, 

pour  les  petites  valeurs  de  x,  plaçons-nous  dans  le  cas  où  «o  n'est 
pas  nul;  on  doit  supposer a„  positif  pour  que  l'expression  précédente 
soit  réelle  quand  ^  est  voisin  de  o;  elle  pourra  se  mettre  sous  la  forme 

y/«o  \/  I  +  JKj  en  posant 

y  =  —^x-Ji -X-  -+- H '-  x/>-\ xi'+K 

«j  «0  «0  «0 

On  n'aura  plus  qu'à  appliquer  la  méthode  précédente  en  s'appuyant 
sur  la  formule 

On  trouvera  par  le  même  procédé  des  expressions  approchées  pour 
une  puissance  quelconque,  ou  pour  le  logarithme  de 

ao-\-  Uix  -\-  .  .  .  -h  apX/>-i-  X.r/'-+-'. 
Ici  encore,  en  faisant  les  calculs,  on  se  dispensera  d'écrire  les  termes 


21 4  CHAPITRE   XIV. 

complémentaires.  Les  coefficients,  jusqu'à  celui  de  xP^  ne  dépendent 
que  de  a^,  a,,  . . .,  ap. 

Soit,,  par    exemple,    à    chercher    une   expression   approchée   de 

/  pour  les  petites  valeurs  de  x  et  supposons  qu'on 

yi — 2a;  cosa -f- a:2  r  r  rr  i 

veuille  s'arrêter  aux  termes  en  x^.  On  aura 


/ 1  —  9.  .r  cos  a  -4-  x'^ 


(i  —  nx  cosa  +  x^) 


=  I -h    -(a^rcosa  —  x^) -\-  ~(ix  Q.o%a —x'^Y 

'i.  o 

-t-  ^  (aar  cos  a  —  a?^)^-)-. . . 

Scos^a — I     „      (5cos2a  —  3)cosa    , 
=  I  -t-  a:  cos  a  -H  x^  -\ — x^ 


Si  l'on  voulait  avoir  une  expression  approchée  de  la  même  fonction, 
valable  pour  les  petites  valeurs  de  a,  en  se  bornant  aux  termes  en  a*, 
on  l'écrirait 


(t  —  xY^  x-x"^—  —  a*- 


[iH «2 -a*+...l    ': 

L  (l— a-)2  12(1  —  a-)-^  J  ' 


sgn(i  — a7) 


la  quantité  que  multiplie  — — — est  égale  à 


\V       X  ,  X  ,"|3ra7,  X  ,p 

.,[(i_^)2  vi{x-xY      ^     J^8L(i-^)-^  Vi{\  —  xf      J 


X  „       x{i — ix-\-x''-)    , 

2(1  —  57)2  o.\U  —  X)'* 


On  a  donc  finalement 


sgn(i  — a?) 


X           ,       x{\  —  -;x-^x'^)    , 
-a* H . ,   r- — a^-+- 


v/i-2a-cosa  +  a:2         '  — ^        2(1 -a;)»  24(1  — a-)» 

Soit  encore,  en  désignant  par  a  une  constante,  la  fonction 

1  I  .  i  fax      a*.r2      a'.r3         \ 


=  e  2  3 

=  e-^'  X  e       2    '*"    3 


SERIES    DE   FONCTIONS. 

Le  second  facteur  du  dernier  membre  est  égal  à 


I\2  3  /I.2\'2  3  / 

a2  ^8-4-3a)a3 

=  1 X  A X^--^ 

2  24 

On  peut  donc  écrire 

T        .r         «'           (8  +  3a)a3     ,  "1 

(i-f-  aarP  =  e»     i x  -^ —^ —  x^  ^ . . .    , 

[2  24  J 

et   Ton   voit,    en    particulier,    que,    lorsque  x  s'approche  de   zéro, 

(i  -f-  "xxy  tend  vers  la  limite  e*. 

Des  méthodes  analogues  s'appliquent  au  calcul  d'expressions 
approchées  de  fonctions  implicites  de  x^  valables  pour  les  valeurs 
de  x^  voisines  de  zéro. 

Considérons,  par  exemple,  l'équation 

A  372  -H  2  B  xy  -f-  GjK^  -h  2  D  a;  -H  2  ^y  =  o, 

qui  définit  y  comme  une  fonction  implicite  de  x  s'annulant  pour 
^  =  o  (n"  219).  Admettons  que  cette  fonction  puisse  se  mettre,  dans 
un  intervalle  ( —  a,  a),  sous  la  forme 

y  ^=  a\X  -\-  a^x^-h.  .  .-f-  apXP-\-  \xp-^^  ; 

on  va  chercher  à  déterminer  les  constantes  a,,  a2,  ...,  «/?  ;  en  rem- 
plaçant, dans  le  polynôme  Ax^-\-  2Bxy  +. .  .,jk  par  cette  expression, 
on  le  mettra  sous  une  forme  analogue,  où  les  coefficients  des  diffé- 
rentes puissances  de  x  devront  être  nulles.  En  écrivant  qu'il  en  est 
ainsi,  on  obtiendra  une  suite  d'équations  qui  permettront  de  calculer 
successivement  a,,  a.^,  a^,  ...,  ap]  le  calcul  des  trois  premiers  coef- 
ficients est  effectué  ci-dessous  : 


iD  -h  2Eai  =  o, 

A  -i-  2  Bai -h  Gaf  -f-  2Ea2  =  o, 

■zBai-i-  2Caia2-h  ■j.Ea3=  o, 

«1 

D                        A                       (CD  — BE)A 
~       E'          "^-2E.'          "«=           -.E» 

2l6  CHAPITRE    XIV. 

en  posant  A  =  a  BDE  —  AE-  —  CD-  ;  on  a  donc 


D  A       ,      (CD  — BE)A 


J'  =  —  ■=rX-^    —rr:  X^  -\ ttt x"^  - 


On  a  supposé  implicitement  E  difl'érent  de  o;  si  E  était  nul,  on  ne 
serait  pas  dans  le  cas  ovi  s'applique  le  théorème  fondamental  relatif  à 
l'existence  des  fonctions  implicites,  puisque  la  dérivée  partielle  par 
rapport  àjK  du  polynôme  k.x- -\-  iVtxy  -\-...-{-  aEj^  serait  nulle  pour 
57  ^  o,  jK  =  o. 

Si,  pour  une  fonction  f\x)^  on  a  trouvé  une  expression  abrégée 
du  type 

f{x)  =  ao+  «i^r  -H  a^x'^^.  .  .-\-  a„a:«-(-  Xa7''-^-i, 

et  si  l'on  sait  (ou  si  l'on  admet)  que  la  dérivée  et  la  fonction  jjrimi- 
tive  de  f{x)  sont  susceptibles  d'être  mises  sous  cette  forme,  il  est 
clair  que  l'on  pourra  écrire  pour  la  dérivée  f'{x)  et  pour  celle  des 
fonctions  primitives  qui  s'annule  pour  x  =^  o 

J-'' (x)=  a^-ir  o-a^x  -\-. .  .-\-  na,iX"~'^-\-  [xx", 

X^  ^«-(-1 

F{x)=  aoX  -+-  «1  - — t-.  .  .-1-  a„ h  va7«+2. 

234-,   Une  fonction  de  x  ne  peut  pas  toujours  se  mettre,  pour  les 
valeurs  de  x  voisines  de  o,  sous  cette  forme 

«0-1-  «1^  -*-•  •  •-!-  apX/'^'Kxi'+^, 

que  l'on  vient  de  considérer;  les  fonctions  ]gx,  ^x,—,  par  exemple, 

ne  sont  pas  susceptibles  d'être  mises  sous  cette  forme.  Toutefois  les 
méthodes  que  l'on  vient  d'expliquer  permettent  très  souvent  d'ob- 
tenir des  expressions  approchées,  plus  ou  moins  difïerentes  de  celles 
que  l'on  vient  de  considérer,  mais  qui  n'en  rendent  pas  moins  de 
grands  services. 

Revenons,  par  exemple,  au  quotient  ■— — -  de  deux  fonctions 

y(  a?  )  =  «Q  H-  a  I  rr  -'-  «2  a?2  -i- . . . , 
^(07)=  6o-t- 6,  2- -t- 62^'--t- 


217 

Supposons 

de 

suite 

a,„  ^  o. 

bn  -^  o, 

SERIES   DE    FONCTIONS. 

J'ai  écarté  précédemment  le  cas  où  b^  était  nul 
que  l'on  ait 

ao=o,         a,  =  o,  ....         a,„_t  =  o, 

è|j  =  o,         6,  =  o,         ...,  6„_i  =  o, 

le  quotient  se  mettra  sous  la  forme 

f{.T)   _  x>nf^{x) 

g{x)  ~  X"  g^{x)' 
en  posant 

fi{x)=  a,n-\-  a,n^x  X  -I-  a,„^.2  .r^  -i- .  .  . , 
gx{x)=  bn  -4-  b,t+\  X  H-  6„^-2  ^r* -t- .  .  ., 

et  l'on  pourra,  en  appliquant  la  méthode  exposée  plus  haut,  mettre  le 

^    f\{x)  ,     f 

rapport  ''——, — r  sous  la  torme 

'  ,    ^   =  Ao-+-  A, a- -h  A2^-  +  ----H  A„.rP-f- AirP+i, 

en  désignant  par  Ao,  A.,,  ...,  A^  des  constantes  qui  ne  dépendent  que 
de  «,„,  a,w+i,  ...,  amj^pi  b„^  ^n+i,  •••,  ^//+/>  ^t  par  A  une  fonction 
bornée  dans  un  petit  intervalle  ( —  a,  a).  Il  ne  restera  plus  qu'à  mul- 
tiplier par  x'"^~"  l'expression  obtenue;  lorsque  m  est  supérieur  ou 
égal  à  /i,  on  retombera  sur  une  expression  approchée  qui  appartient 
au  type  considéré  jusqu'ici,  expression  qui  sera  valable  pour  les 
petites  valeurs  de  a?,  et  mettra  en  évidence  la  façon  dont  le  rapport 
considéré  se  comporte  pour  ces  valeurs  :  on  voit,  par  exemple,  que, 
si  m  est  plus  grand  que  n,  le  rapport  —. — -  s'approche  de  la  limite  o 
quand  x  tend  lui-même  vers  o,  que,  si  m  est  égal  à  aï,  le  même  rapport 
tend  vers  la  limite -r^,  quand  x  tend  vers  o.  Si  au  contraire  n  est 
plus  grand  que  m  on  a 

g{x)        ar"""'        ar«-"'-i  x 

Je  suppose  que  l'on  ait  pu  pousser  les  calculs  assez  loin  pour  que 
p  ■+-  i  -\-  m  —  n  soit  positif. 

On  voit  la  différence  entre  l'expression  à  laquelle  on  parvient  ainsi 
et  celles  que  nous  avons  considérées  jusqu'ici;  celles-ci,  abstraction 


21  8  CHAPITRE   XIV. 

faite  du  terme  complémentaire,  étaient  de  vrais  polynômes  en  x^ 
ordonnés  suivant  les  puissances  de:c;  nous  avons  ici  des  termes  en  — > 
ou  en  x~^  \  l'expression  à  laquelle  on  parvient,  en  faisant  toujours 
abstraction  du  terme  complémentaire,  est  encore  ordonnée  suivant  les 
puissances  croissantes  de  .r,  mais  elle  contient  des  termes  à  expo- 
sants négatifs;  elle  se  compose  d'abord  d'une  partie  fractionnaire,  ou 
plutôt  d'un  polynôme  en  -  j  sans  terme  constant, 

Aq  Aj  S.n—m—\ 

Xii-m  ^«-/n-1         •  •  •  a7         ' 

puis  d'un  polynôme  ordonné  suivant  les  puissances  croissantes  de  x 

kn-m  +  A „_,„+,  a?  H-  ...  -h  kpXP+'n-'i  ; 

ce  polynôme  est  enfin  suivi  du  terme  complémentaire.  Le  polynôme 
en  X  et  le  terme  complémentaire  sont  continus  pour  .r=o;  leur 

somme,  quand  x  tend  vers  o,  tend  vers  la  limite  A^n^m]  Je  polynôme 

1  f(x). 

en  -  et  le  rapport  — — -  deviennent  infinis  quand  x  tend  vers  o  et  la 

f(  x)  I 

différence  entre  le  rapport  — — -  et  le  polynôme  en  -  tend  vers  A«_/„  ; 
g{x)  X 

le  polynôme  en  —  est  d'ailleurs  le  seul  polynôme  en  —  sans  terme 

f(x) 
constant   tel  qu'en  le  retranchant  de  —, —  la  différence  tende  vers 

...  .  ^(^^ 

une  limite  finie.  Ces  circonstances  sont  exactement  celles  qu'on  a 

rencontrées    au   Chapitre   IV  quand   on    s'est  occupé   des  fractions 

rationnelles;  les  calculs  qui  conduisent  à  ce  polynôme  en  - ,  dont  on 

comprend  bien  qu'il  joue  le  rôle  essentiel  quand  on  s'approche  de  o, 

sont   d'ailleurs    exactement    les    mêmes   que   ceux   que  l'on  a  faits 

alors  (n"  61). 

On  a,  par  exemple. 


sina?        X          6 

^  36o 

1              I            I 
s\n^x  ~~  372  "*"     3 

-^-- 

1              III 
sin^a?  "  x^        -1  X 

IJ.O 

cosa?        1         I 

= o^  -^ 

sina;        x        6 

SERIES   DE    FONCTIONS.  219 


Considérons  encore  l'expression  \J x  —  x--\-x'^\  elle  n'est  réelle, 
pour  les  valeurs  de  x  voisines  de  o,  que  si  x  est  positif;  on  l'écrira 


s/ X  v/ 1  —  X  -^  x'^ 

et  l'on  calculera,  comme  il  a  été  expliqué,  une  expression  approchée 
pour  ^i — x-^x"^^  en  s'arrêtant  au  terme  que  l'on  voudra;  en  se 
limitant  au  terme  en  x-^  on  trouve 

V/l  X  -^  X^—\ X  ->r    jj^^-H  ^^', 

J.  I        3  3       5  2 

J X  —  x^^  x'^=  x"^ x"-  -^  -  x^  -)-  \x-  ; 

28 

au  lieu  d'avoir  des  puissances  entières  de  a?,  on  a  des  puissances  frac- 
tionnaires. 

Considérons  enftn  l'expression  Igsin^r,  en  supposant  x  positif  très 
petit,  elle  est  égale  à 

,       /  X^  X^  \  ,  ,      /  3^2  ar* 

°\  b  120  /  \  6  120 

I      x"^         X*  \        \  /      x"-         x'* 

°  \        6  120  /        2  \        b  120 

_  .  X^  07* 

~  ^^~ ir~T83 ^■•■" 

L'expression  approchée  que  l'on  obtient  ainsi  pour  Igsinj?  se  com- 
pose du  terme  \gx  et  d'une  expression  analogue  à  un  polynôme  ;  Ig^r 
devient  infini  quand  x  s'approche  de  o;  mais  la  décomposition  pré- 
cédente peut  être  cependant  utile,  parce  que  la  fonction  lg.r,  que  l'on 
a  réduite  en  tables,  est  une  des  fonctions  les  plus  connues  :  on  trou- 
vera d'ailleurs,  à  la  fin  du  présent  Chapitre,  des  renseignements  sur 
la  façon  dont  elle  devient  infinie  quand  .r  s'approche  de  o. 

235.  Jusqu'ici  on  n'a  cherché  d'expressions  approchées  que  pour 
le  cas  où  la  variable  était  voisine  de  o;  on  n'a,  si  l'on  veut  étudier  une 
fonction  /{x)  pour  les  valeurs  voisines  de  a  et  en  obtenir  des 
expressions  approchées,  qu'à  poser  ^  =:  a -|- A,  et  à  chercher  des 
expressions  de  la  fonction /(«  + A)  pour  les  valeurs  de  h  voisines 
de  o,  on  est  ramené  au  cas  précédent. 


220  CHAPITRE   XIV. 

11  convient  de  dire  un  mot  du  cas  où  l'on  considère  des  valeurs  de  x 

très  grandes  en  valeur  absolue;  on  pose  alors  ^  =  -  et  l'on  est  encore 

ramené  au  cas  précédent.  On  trouvera  dans  beaucoup  de  cas  des 
polynômes  en  c,  ou  des  sommes  de  polynômes  en  z~^  et  en  5, 
ordonnés  suivant  les  puissances  croissantes  de  2,  suivis  d'un  terme 

complémentaire  du  type  —^^^i  ^  restant  borné  quand 5:  est  très  grand 
en  valeur  absolue. 

Soit,  par  exemple,  l'expression  sj x-  —  x^\  dont  on  voudrait 
savoir  comment  elle  se  comporte  pour  les  valeurs  de  x  grandes  en 
valeur  absolue,  et  pour  laquelle  on  désire  obtenir  des  expressions 
approchées  :  on  a 


sgriiT- 


on  a,  en  s'arrêtant  au  terme  en 


I  3 


1/1  —  2-1-32  =1 ^  _|_        22  -H  X  Z», 

1  o 


et,  par  suite 

«p-n  -7?  i/.-r^  —  ^  -t-  1  =  T  —  ,  , 

1  8    07  X 


/—. T        3    I         X 


\  étant  borné  quand  z  s'approche  de  o,  ou  quand  x  tend  vers  dz  00. 
Le  second  membre  est  alors  ordonné  suivant  les  puissances  décrois- 
santes de  X]  on  voit  par  exemple  ici  que,  pour  de  grandes  valeurs 

positives  de  .r,  y/x-^  —  a?  +  i  est  à  peu  près  égal  k  x  —  7;  la  différence 


entre  y/a?^ —  x  -\-  \  et  x tend  vers  o  quand  x  tend  vers  -\-cc. 

On  se  dispense  souvent  d'écrire  x  ^  -•  On  écrira  par  exemple  ici, 
en  supposant  x  positif. 


\/x^  —  x-\-  \  =  xi/\ \ =  x[\ h- 

\  X  X^  \  X  , 

r         I    I         3    1  1 

=  371 H-  —  -t-...=a7  — 

|_         1  X        'è  x^  J 


3  _i_ 

8  X 


SERIES    DE    FONCTIONS. 


Considérons  encore  l'expression  (in j    ,  où  je  supposerai  que  x 

désigne  un  nombre  fixe  et  que  m  tende  vers  =b  oo.  On  posera  m=  - 

et   l'on  fera  tendre  z  vers  o;  l'expression  donnée  prend  la  forme 

1 
(i  -\-xzy',  c'est,  sauf  la  ditlerence  des  notations,  une  expression  qu'on 
a  étudiée  au  n"  233,  où  l'on  a  vu  qu'on  pourrait  écrire 

La  24  J 


on  a  donc 


/     £y"_  ^.  r  _  ^- _L    [8j4^_3fi^  j_       1 

Lorsque  m  est  très  grand  en  valeur  absolue,  z  est  très  voisin  de  o; 
la  quantité  entre  crochets  est  très  voisine  de  i,  aussi  voisine  de  i 
qu'on  le  veut,  pourvu  que  m  soit  suffisamment  grand.  On  voit  en  par- 
ticulier que,  lorsque  m  grandit  indéfiniment,  l'expression  I  i  H j 

a  pour  limite  e^'.   Le  cas  particulier  où  x  est  égal  à  i   a  été  étudié 
au  n"  192. 


236.  Applications  au  calcul  numérique  des  valeurs  d'une  fonction 
donnée.  —  Les  divers  déNcloppements  que  l'on  a  appris  à  former 
servent  à  divers  objets,  soit  que  ces  développements  soient  des  séries 
illimitées,  dont  la  loi  est  connue,  soit  que  ces  développements  soient 
limités  et  ne  puissent  être  utilisés  qu'aux  environs  d'une  valeur 
donnée.  Leur  objet  essentiel  est  le  calcul  des  valeurs  que  prend  la 
fonction  pour  des  valeurs  données  de  la  variable  :  on  va  en  donner 
des  exemples  tout  à  l'heure.  Les  développements  illimités,  dont  on 
connaît  la  loi,  permettent  souvent  aussi  de  reconnaître  certaines 
propriétés  des  fonctions,  dans  l'intervalle  de  convergence.  On  en  a 
vu  un  exemple  pour  la  fonction  e-^.  Les  développements  limités 
servent  surtout  à  reconnaître  l'allure  de  la  fonction  qu'ils  représentent 
pour  les  valeurs  voisines  d'une  valeur  donnée. 

Pour  ce  qui  est  des  calculs  numériques,  les  développements  en 
série  entière  seront  surtout  avantageux  pour  les  petites  valeurs  de  x  : 
théoriquement   ils  peuvent  servir  dans   tout  Tintervalle   de   conver- 


;',2';i  CHAPITRE    XIV. 

gence;  les  développements  de  e-^,  sinx,  cos^  permettent  de  calculer 
ces  fonctions  quel  que  soit  x\  mais  il  conviendra  de  se  servir  des 
propriétés  connues  de  ces  fonctions  pour  ramener  le  calcul  au  cas  où 
les  valeurs  de  x  sont  petites.  S'il  s'agit,  par  exemple,  du  sinus  d'un 
arc  x^  on  pourra  toujours  en  ramener  le  calcul  au  calcul  du  sinus  ou 

du  cosinus  d'un  arc  {^)  x  compris  entre  o  et  ^^  ^  0,785 Pour  un 

tel  arc,  les  séries 

X  T^  X^  x' 

sina?  =  — 


I        1.2.3        i.'2.3.4.5 
x''-  x'* 


1.2  1.2.3.4  1.2.  ..6 

appartiennent  à  ce  type  de  séries  alternées  où  les  termes  vont  en 
décroissant  et  où  ainsi  le  dernier  terme  négligé  permet  de  recon- 
naître le  signe  de  l'erreur  et  fournit  une  limite  supérieure  de  l'erreur. 
En  se  bornant  aux  termes  écrits,  on  voit  que  les  formules  précé- 
dentes fournissent  des  valeurs  approchées  par  défaut  de  sina?  et  de 
cos;r  et  que  les  erreurs  commises  sont  respectivement  moindres  que 


49.1.2. ..9        48.1.2. ..8' 

en  cherchant  les  logarithmes  (vulgaires)  de  ces  quantités  on  reconnaît 
que  les  caractéristiques  de  ces  logarithmes  sont  respectivement  7  et  6, 
en  sorte  que  les  erreurs  sont  certainement  moindres  que  io~^  et  lo"^  ; 
pour  les  petites  valeurs  de  x^  les  derniers  termes  seront  évidemment 
négligeables. 

Logarithmes.  —  La  formule 

,     ,  X         x"^         x^ 

lg(i4-^)=----i--3--... 

n'est  valable  qu'à  l'intérieur  de  l'intervalle  ( —  1,1);  elle  peut  cepen- 
dant servir  à  calculer  les  logarithmes  des  nombres  naturels  de  proche 


(  '  )  Si  cet  arc  est  exprimé  en  degrés  ou  en  grades,  on  n'oubliera  pas  de  l'exprinaer 
en  parties  du  ruyon. 


J 


SÉRIES   DE   FONCTIONS.  Ili 

en  proche;  en  désignant  en  effet  par  n  un  tel  nombre  et  en  faisant, 
dans  la  formule  précédente,  x  =  -,  elle  devient 

lg(/.-H-.)-lgn  =  l-^-.  ^      ...; 

si  l'on  connaissait  Iga,  cette  formule  permettrait  de  calculer  lg3, 
lg4,  . .  •  ;  les  calculs,  assez  longs  pour  les  petites  valeurs  de  n,  devien- 
draient faciles  dès  que  n  est  un  peu  grand  :  toutefois  la  formule  pré- 
cédente peut  être  remplacée  par  une  autre  qui  est  beaucoup  plus 
avantageuse. 

On  a  établi  au  n"  230  la  formule 

valable  à  l'intérieur  de  l'intervalle  ( —  i,  i)  ;  en  posant 

I  -+-  37    _    rt  -I-  I  _  I 

I  —  X  n  ""  9.  n  -H  I  ' 

X  sera  un  nombre  positif,  au  plus  égal  à  -.  si  l'on  prend  pour  n  un 
nombre  naturel;  on  aura  donc,  en  remplaçant  x  par , 

(u)  lg(/H-l)—  Ig/l  =  2 


2/H-i         3  (irt-l-i;*        5  (2/1 -1-1  )5 

cette  formule  est  appropriée  au  calcul;  en  s'arrêtant  dans  le  second 
membre  au  terme 


ip  —  i  {-jLn  -+- 1)2/'   1 
le  reste  sera  un  nombre  positif,  moindre  que 
_  r         ■  ^  ■ 

i   l{-in-^  iy^P->-i     "(2/1-4-1)2/'- 


2/> 


2n{n  -4-  I  )(2/>  -f-  l)(2/l  -H  1)2/^-1 

Si  l'on  veut  calculer  lg2  de  cette  façon,  on  fera  n  =  i  dans  l'éga- 


2-24  CHAPITRE    XIV. 

lité  (2)  et  l'on  aura 


,  12    1        21 


L'erreur  commise  en  s'arrêtant  au  terme  — - —  ;çt— r  sera  moindre 

2/>  —  I    32p    1 


4  (2/>  -f-  i)32/'-i' 


si  l'on  veut,  par  exemple,  calculer  Iga  avec  7  décimales  on  appliquera 
la  méthode  du  n"  193;  en  calculant  chaque  terme  avec  9  décimales, 

on  constatera  que  le  terme  ne    fournit  plus  que    des    zéros; 

d'ailleurs   on   reconnaît,    sur  l'expression   précédente,    que  l'erreur 

commise  en  s'arrêtant  au  huitième  terme    ,  ...^  est  moindre  que 


4.17.315    ^   loio 

Q  II  . 

l'erreur  totale  sera  moindre    que — -H r- ■< — z',  elle  ne  pourrait 

influer  sur  la  septième  décimale  que  si  la  huitième  était  un  9;  s'il  en 
était  ainsi,  on  devrait  pousser  l'approximation  plus  loin,  mais  ce  n'est 
pas  le  cas  ici  et  l'on  obtient  avec  sept  décimales  exactes  (  '  ) 

lg2  =  0,6931471. 

Les  calculs,  un  peu  longs  au  début,  deviennent  bientôt  plus  aisés; 
le  troisième  terme  de  la  série,  puis  le  second  deviennent  négligeables. 

C'est  des  logarithmes  vulgaires  (à  base  10),  plutôt  que  des  loga- 
rithmes naturels  que  l'on  a  besoin  (n"  203). 

On  les  calculera  au  moyen  de  la  formule 


logio(/i-l-i)—  logio/î  =  2M 


2  M 


(2n  +  1)5 


(')  Si  l'on   veut   avoir   lg2  à  — —  près,  on  doit  forcer  la  dernière  décimale. 


SERIES   DE   FONCTIONS. 


•2  25 


OÙ  M  désigne  l'inverse  du  logarithme  de  lo,  que  le  procédé  précédent 
permet  d'obtenir  ('). 
On  a 

M  =  o,434'29i48.... 

237.  Interpolation  dans  les  tables  de  logarithmes.  —  Le  lecteur 
connaît  les  règles  qui  permettent  de  trouver  le  logarithme  d'un 
nombre  qui  ne  figure  pas  dans  la  table,  ou  de  trouver  le  nombre  qui 
correspond  à  un  logarithme.  Il  est  aisé  de  justifier  ces  règles. 

Supposons,  pour  fixer  les  idées,  que  l'on  se  serve  d'une  table  à 
cinq  décimales  donnant  les  logarithmes  (vulgaires)  des  nombres 
entiers  de  i  à  loooo  :  on  y  trouvera  les  mantisses  des  logarithmes 
(vulgaires)  des  nombres  ayant  moins  de  cinq  chiffres,  avec  une  erreur 
moindre  qu'une  demi-unité  du  dernier  ordre  décimal. 

Je  supposerai,  pour  ce  qui  est  du  premier  problème,  qu'on  ait  à 
chercher  le  logarithme  vulgaire  d'un  nombre  A  +  a,  dont  la  partie 
entière  A  est  comprise  entre  looo  et  lOooo,  et,  pour  le  second 
problème,  qu'on  cherche  un  nombre  A -h  a,  compris  entre  lOOO 
et  loooo  dont  on  connaît  le  logarithme  vulgaire  Mlg(A  +  a);  c'est 
toujours  à  ces  deux  cas,  en  effet,  que  se  ramènent  les  deux  problèmes. 

Dans  le  premier  cas,  la  règle  consiste  à  prendre  pour  Mlg(A-|-a) 
la  valeur  MlgA  +  a[M  lg(A  +  i) — MlgA];  l'erreur  qui  résulte  de 
cette  règle  même  est  le  produit  par  M  de 


lg(A-^a)-lgA  — a[lg(A-4-i)-igA 
led^  "-)-alg(.-4--Lj 


a(i- 


•2A2 

a) 


3Ai 
a(i- 


a2)         a(i 


I 

7Â^ 


I 

3Â7 


2A2 


3  A» 


4  Ai 


la  série  qui  figure  au  dernier  meml)re  appartient  au  type  du  n°  187  ; 
sa  somme  est  moindre  que — ^— — ;  comme  a  est  moindre  que  i,  le 
produit  a(i  —  a)=:  -  —  /a  —  -  j   est  moindre  que  ->  et  la  somme  de 


(')  Four  obtenir  Ig  10  il  suffit  de  calculer  lg2  et 

Ig5  =   2  Ig2  -t- 


3    r*^ 


II. 


226  CHAPITRE   XIV. 

la  série  est  moindre  que  ^-^  <^  ~~û~''  puisque  M  est  moindre  que  — , 
on  voit  que  l'erreur  résultant  de  l'application  de  cette  règle  est 
moindre  que  io~^.  A  cette  erreur  peut  d'ailleurs  s'ajouter  celles  qui 
proviennent  de  l'inexactitude  de  la  valeur  de  Mlg(A-i-i)  —  MlgA, 
de  ce  qu'on  ne  garde  que  les  premiers  chiffres  dans  le  produit  de  cette 
différence  par  a,  enfin  de  l'inexactitude  de  MlgA. 

Considérons  maintenant  le  problème  inverse;  on  connaît  le  loga- 
rithme vulgaire  d'un  nombre  inconnu  A -{-a,  logarithme  vulgaire  qui 
est  compris  entre  Mlg(A-|-i)  et  MlgA,  lesquels  figurent  dans  la 
table;  A  et  A  H- 1  sont  des  nombres  entiers  compris  entre  looo 
et  loooo;  on  prend  pour  a  la  valeur  approchée 

Mlg(A  +  a)—  M  IgA^ 
Mlg(A  -t-i)— Mlgâ  ' 

l'erreur  qui  résulte  de  l'application  de  cette  règle  est 

lg(A  +  .)-lgA       ^       'g('^x)-'''<'-"i). 
lg(A  +  .)-lgA  ,„^__^^^ 

on  a  vu  plus  haut  que  le  numérateur  de  cette  fraction  est  inférieur 
à  -^;  le  dénominateur,  égal  à  -  —  -^,  -+-  ^  —  • .  -,  est  plus  grand 

que  -7 --:;  l'erreur  est  donc  moindre  que 


-'(i-î^) 


8A 


Comme  cette  erreur  est  plus  petite  que  Tô'b,,,  la  règle  est  justifiée  ;  car 
il  ne  viendra  à  l'esprit  de  personne  d'utiliser  cette  règle  pour  calculer 
trois  chiffres  décimaux  au  nombre  inconnu;  l'incertitude  sur  la  valeur 

de  log( A  +  i)  —  Ig  A  ne  le  permet  évidemment  pas  ( *  ). 

(■)  L'erreur  qui  provient  de  celte  incertitude  devient  très  notable  quand  on  s'ap- 
proclie  de  lOooo  et  que  les  différences  deviennent  petites  :  si  Ion  désigne  par/»,  g 
les  nombres  entiers  que  l'on  substitue  en  fait  aux  valeurs  exactes  de 

io5[Mlg(A+a)— M  IgA],     io5[M  Ig  (  A  +  i)— M  Ig  A], 

et  par  e,  i\  des  limites  supérieures   des  erreurs  commises   ainsi,    la  différence  entre 

■■■  .    ,  ■ 7 ry-, — 7-    et  -^  est    moindre    que 1 ■ —    <- ;    or,    comme   a 

JVllg(A +i)  — M  IgA  q  ^         g  -r^        q  —  r\    g'        '  ^ 

descend  au-dessous  de  5,  on  voit  que  l'erreur  que  l'on  commet  de  ce  fait  peut  être 
voisine  de  r^. 


J 


SERIES    DE    FONCTIONS.  227 

238.   Constante  d'Euler.  —  La  formule 


\s:(/i  -I-  I  )  —  le  «  = •+■  - — r  — . . . , 

où  n  désigne  un  nombre  naturel,  montre  que  l'on  peut  écrire,  en  désignant 
par  e,j  un  nombre  positif  plus  petit  que  -> 

En  ajoutant  membre  à  membre  à  cette  égalité  celles  qu'on  en  déduit  en  y  rem- 
plaçant n  par  1   (  1  ),  2,  3,  . . . ,  n  —  i ,  on  trouve 

lg(n-+-i)=  -H ^  ô  -(-••• H ; T,—--- i* 

On  en  déduit 

-H r-...H lg(«-hl)=  -Ï-H-7-F-...+  —,; 

supposons   que    l'on  fasse  croître  n  indéfiniment;   comme   la  série   à  termes 
positifs 

El  Î2  £« 

€sl  manifestement  convergente  (n°  183),  on  voit  que  le  premier  membre  tend 
vers  une  limite,  à  savoir  la  somme  G  de  la  série  précédente. 
On  a  donné  à  ce  nombre 

G  =  0,5772156649. . . 

le  nom  de  constante  d'Euler;  il  joue  un  rôle  important  dans  diverses  ques- 
tions d'analyse. 

Le  fait  que  la  différence 

iH h.  .  .H Ign 

2  n         " 

tend  vers  une  limite  quand  n  augmente  indéfiniment  met  bien  en  évidence  la 
divergence  de  la  série 

i  I 


et  la  nature  de  cette  divergence. 


(')  A  la  vérité   la  relation  n'est  pas  établie  pour  n  =  1;  qu'elle  soit  exacte,  même 
pour  ce  cas,  c'est  ce  qui  résulte  de  la  valeur  de  Iga. 


228  CHAPITRE   XIV. 

Calcul  de  it.  —  11  est  aisé  de  tirer  de  la  formule 


arc  tanga? 


X  37*  x^ 

T-T  +  T 


valable  pour  les  valeurs  de  x  intérieures  à  l'intervalle  ( — i,  4-i)    une  fornnule 
convenable  pour  le  calcul  de  tc. 

Observons  d'abord  que  les  formules 

•2  a                                                        ,                        a  —  h 
•2arc  tanga  =  arc  tang ->  arc  tanga  —  arc  tango  =  arc  tang -rj 

®  *'    I  «2  »  »  ,   »   I  _)_  ojô 

où  a,  h  désignent  des  nombres  positifs  moindres  que  i,  résultent  immédiate- 
ment des  formules 


tangaa 


tang(a  —  j3)  : 


tanga  —  tant 


I  —  tangua'  -     o-  r/       i  +  tanga  tang^ 

Je  vais  me  servir   de   ces   formules  pour  le  calcul  de  la  tangente  de  l'arc 
4arctang-  —  arc  tangi,  que  l'on  peut  prévoir  être  assez  petit;  on  a  succes- 


I  5  5 

'2 arc  tang  r  =  arc  tang 


4arctang-  =  arc  tang 


I  — 

I 

25 

1-2 

5 
6 

= 

arc  tang 

I20 

,- 

■25 

i44 

"9 

I  )  IQ  I 

4arc  tang  -  —  arc  tangi  =  arc  tang^ — =  arc  tang--—- 

®  3  "  "120  "  239 


•19 


et,  par  conséquent, 


—  =  arc  lang  i  =  4  arc  tang  -  —  arc  tang  — - 


=  4(i^ 


.5        3.5»        6. 5â        y.S-ï       • 


239        3. 239»        5.2393 

Je  laisse  au  lecteur  le  soin  de  montrer  sur  ces  séries  que  le  nombre 

/_£ l_         J_ l_\ 4_ 

\5        3.53^56         7.5"/       239 

est  une  valeur  approchée  de  7:,  par  défaut,  avec  une  erreur  moindre  que  2 .  i  o-^.. 


SÉRIES   DE    FONCTIONS.  l'ig 


§  3.  -  CAS  ou  LA  VARIABLE  EST  IMAGINAIRE. 

FONCTIONS  EXPONENTIELLES  ET  CIRCULAIRES. 

FRACTIONS  RATIONNELLES. 

239.  Fonction  exponentielle  pour  les  valeurs  imaginaires  de  la 
variable.  Formules  d'Euler.  —  Dans  toutes  les  applications  qui  pré- 
ct'dent,  on  a  supposé  la  variable  réelle.  L'importance  de  la  théorie  des 
séries  entières  à  variable  imaginaire,  qui  a  pour  point  de  départ  le 
théorème  du  n°  228,  apparaîtra  très  suffisamment  sur  les  exemples 
que  je  vais  traiter. 

On  a  démontré,  au  n"  231,  l'égalité 

(f)  e^=i-\ 1 H. ..H h..., 


pour  toutes  les  valeurs  réelles  de  2,  et  l'on  a  observé  au  n°  189  que 
la  série  qui  figure  au  second  membre  est  convergente,  lors  même 
que  z  est  imaginaire.  Quand  z  ^  x  -h  iy  est  imaginaire,  e'  n'a  pas  de 
sens  jusqu'ici.  Convenons  de  définir  e^,  lorsque  z  est  imaginaire, 
comme  la  somme  de  la  série  qui  figure  au  second  membre  de  l'éga- 
lité (i);  la  fonction  e^  est  maintenant  définie  pour  toutes  les  valeurs 
de  2  ;  la  propriété  fondamentale 

(2)  e^e^'  =  e^-^^' 

subsiste  quels  que  soient  z  et  z' \  on  a  établi  en  effet  au  n°  190  que  le 
produit  des  sommes  des  deux  séries 


1  _i 1 

I  I  .'2 

z'  Z'2 

I_| \ 

I  \  .-x 


c'est-à-dire  le  produit  e'.e"\  était  toujours  égal  à  la  somme  de  la  série 

I-H  ^^ ^-1-  ^^ -+-...-4-  ^^ -+-...', 

I  i.i  \  .1. . .n 

or  cette  somme,  par  définition,  n'est  autre  chose  que  e^"*"*'. 


23o  CHAPITRE   XIV. 

Il  suit  de  là  que  l'on  a 

(3)  e^+''r=  e^e'j  : 

cette  égalité  est  vraie,  quels  que  soient  x  el  y  :  supposons  d'abord 
que  ces  deux  nombres  soient  réels;  on  a,  par  définition, 

r  ■ < ^—  -H  .  .  . 

I  l  .-i  l  .1.3 

iy     r^        iy^    ,      y''     ^ 


I  1.2  1.2.3  1.2.3.4 

ou 

v2  \r'*  yltl 


2.3.4  1  . 2 . 3 .  .  . 2  rt 


i  [Z  _    >'"    ^_      r' 

L  I         1 . 2 . 3  "^  1 . 2 . 3 . 4  •  5 


(-0" 


2.3.  .  .(2/1  -+-  1) 

et,  par  conséquent, 

(4)  e'>  =  cos_/ -I- f  sin_/, 
ainsi  qu'il  résulte  des  formules 

\  cos  y  =  I  — H „    ,  —  • . . , 

\  -^  1.2  1.2.3.4 

(5)  < 

y        y'^     .        y 


sinjK  =  ^  — 


i         1,2,3         1.2.3.4.5 

établies  au  n"  232  pour  toutes  les  valeurs  réelles  de  j^.  On  a  donc  ('  ), 
en  supposant  x  ely  réels, 

( 6 )  e^-^'y  =  e^(cosy  -¥-  i  siny  ) ; 

en  d'autres  termes  e-^  est  la  valeur  absolue  de  e-^^'^,  y  en  est  l'argu- 
ment trigonométrique. 

Les  formules  (5)  ont  été  établies  pour  les  valeurs  réelles  de  y,  il 
est  assez  naturel  de  faire  pour  ces  formules  ce  que  l'on  a  fait  pour  la 
relation  (i),  c'est-à-dire  de  s'en  servir  pour  définir  cosjk  et  sinj^ 
lorsque  y  est  imaginaire;  cela  est  légitime  puisque,  d'une  part,  cosjk 


(')  Celle    formule    pourrait,    si    l'on    voulait,    servir   de    définition    à    C-,   quand 
=  X  -\-  iy  est  imaginaire  ;  il  serait  aisé  d'en  déduire  la  relation  (  2  ). 


SERIES    DE    FONCTIONS.  23  I 

et  sinj-  n'ont  de  sens,  jusqu'ici,  que  pour  les  valeurs  réelles  de  y  et 
que,  d'autre  part,  les  séries  qui  figurent  dans  les  seconds  membres 
des  égalités  (5)  sont  convergentes  quelle  que  soit  la  valeur,  réelle 
ou  imaginaire,  àe y.  Adoptons  cette  définition. 

On  voit  de  suite  que  l'égalité  (6)  subsiste  alors  quels  que  soient 
les  nombres  réels  ou  imaginaires  x  et  y]  en  effet,  on  a  observé  déjà 
que  l'égalité  (3)  était  vraie  dans  tous  les  cas;  les  égalités,  non  numé- 
rotées, qui  sont  entre  les  égalités  (3)  et  (4)  subsistent,  que  y  soit  réel, 
ou  imaginaire,  et  l'égalité  (4)  résulte  alors  de  ces  égalités-là  et  des 
égalités  (5)  qui  servent  maintenant  de  définition  à  smy  et  à  cosy. 

Il  est  aisé  de  reconnaître  que  les  propriétés  fondamentales  des 
fonctions  cosjk  et  sinr  subsistent.  D'abord  les  formules  (5)  montrent 
de  suite  que  l'on  a 

cos( — _;')-— cos^,         sin(— y)  =  — s\ny. 

Si  maintenant  on  change  jk  en  — y  dans  l'égalité  (4),  elle  devient 

(  4  bis )  e-'y  =  cos^  —  i  sin 7, 

et  cette  égalité  est  vraie,  comme  celle  d'où  on  l'a  tirée,  que  y  soit 
réel  ou  imaginaire;  de  cette  égalité  et  de  l'égalité  (4)  on  tire  les 
relations,  dues  à  Euler, 

e'y-i-e-'y  .  e'y~e-'y 

(7)  COSJ'  =   ; 5  Sinj'  =    : • 


En  changeant  dans  les  formules  {']) y  en  iy.  elles  deviennent 


e-y  -+-  ey 

.    .        e~y  —  ey 

cos  ly              ^ 

'^""•^          il 

ey-he~y 

1    .    .        ey  —  e-y 

ointj- 

lorsque  jK  est  réel,  les  seconds  membres  ne  sont  autre  chose  que  les 
fonctions  chj^,  sh^'  définies  au  n"  204;  en  d'autres  termes  on  a, 
lorsque  y  est  réel, 

(8)  co%iy  =  ch^,         %\\\iy  =  tsli^. 

Ces  formules  subsistent,  que  j' soitréel  ou  imaginaire,  si  l'on  convient 


232  CHAPITRE   XIV. 

de  définir,  dans  tous  les  cas,  chj^  et  shy  par  les  formules 

chy  = ,  shy  = ; 


elles  montrent  que  l'introduction  des  fonctions  chj/-,  shy  n'est  pas 
indispensable,  si  l'on  veut  bien  considérer  des  sinus  et  cosinus  à 
variable  imaginaire  ;  il  est  toutefois  commode  de  les  conserver,  pi-é- 
cisément  pour  les  calculs  qui  ne  portent  que  sur  des  quantités 
réelles. 

Les  relations 

ch^a  —  sh^a^i,  ch(a -\- b)— cha  chb -i- sha  shb, 

ont  été  déduites  de  la  définition  des  fonctions  ch«,  sh«,  ...  et  de  la 
propriété  fondamentale  e='ef=e°'+P;  elles  subsistent,  ainsi  que  leurs 
démonstrations,  quels  que  soient  a  et  b;  elles  équivalent,  en  vertu 
des  relations  (8),  aux  formules  fondamentales  de  la  Trigonométrie; 
au  surplus,  je  vais  reprendre  la  déduction  de  ces  dernières  formules 
au  moyen  des  formules  (7);  c'est  exactement  le  même  calcul  qu'au 
n«  204. 

En  multipliant  membre  à  membre  les  égalités  (4)  et  (4  bis)  et 
en  remarquant  que,  en  vertu  des  règles  du  n°  90,  le  produit 
(cosy  -+-  i  siny)  {cosy  —  i  siny)  est  égal  à  cos^jk  +  sin-j)^,  on  trouve 

I  =  cos^jK  -+-  sin^j/. 
On  a,  quels  que  soient  a,  b,  en  vertu  des  formules  (7) 


cos(a-t-6)=:  '■ )  sin(a-i-6): 


i(a+b) p-iia-^b) 


puis,  à  cause  des  relations  (i)  et  (4), 

gHa+b)  _  eiagib  =  (cosa  -H  f  sina)(cos6  -1-  i  sinô). 

En  efi"ectuant  la  multiplication  indiquée  dans  le  dernier  membre 
par  la  règle  du  n"  90,  on  trouve 

gha-i-b)  —  cosa  cos6  —  sina  sine  +  f(sinrt  cos6  -4-  cosa  sin6  j; 


SÉRIES    DE    FONCTIONS.  233 

puis,  en  changeant  a,  b  en  —  a,  —  b 

g-Aa-t-6)  —  cosa  ces  6  —  sina  sine  —  ii^'ma  cos6  -4-  ces  a  sine)  ; 

d'où,  en  portant  dans  les  expressions  de  cos{a-\-b)  et  de  sin(a  +  Z>), 

ces  ^  a  +  6  )  =  ces  a  ces  b  —  sin  a  sin  6, 
sin(a-H6)=  sin  a  cos  6 -H  cosa  sin  6; 

il  suffira  de  changer  b  en  —  6,  pour  avoir  les  expressions  de 
cos(a  —  6),  sin(a  —  b). 

Les  formules  précédentes  permettent  de  séparer  la  partie  réelle  et 
la  partie  imaginaire  de  cos5,  sins  quand  z  est  imaginaire.  Si,  en  effet, 
on  pose  z  ■=  X  -\-  iy^  en  désignant  par  x  et  y  des  nombres  réels,  on 
aura  par  ces  formules  et  les  formules  (8) 

cos(a:'-h  iy)=  cosa;  chj^  —  t  sina;  sh^, 
%in.{x  -\-  iy)=  sina?  chjK -I- t  cosa:"  sli^; 

les  parties  réelles  et  les  parties  imaginaires  sont  mises  en  évidence. 
On  définit,  quel  que  soit  2,  tangs  par  la  formule 

sin  3 
tanes  = 

°  cosz 

On  a  déjà  dit  que  la  considération  des  dérivées  d'une  fonction 
d'une  variable  imaginaire  était  en  dehors  des  limites  du  présent 
ouvrage,  mais  qu'on  s'y  permettait  la  considération  de  la  dérivée 
d'une  fonction  d'une  variable  réelle,  comportant  des  coefficients  ima- 
ginaires. Telle  est  la  fonction  e"+"',  où  u  et  v  désignent  des  fonctions 
réelles  de  la  variable  réelle  x.  Je  vais  montrer  que  la  dérivée  de  celte 
fonction,  définie  comme  au  n"  223,  est  e"'*'"' ( m' -f-  fV),  en  désignant 
par  a',  v'  les  dérivées  de  u  et  de  v]  en  effet,  par  définition,  la  fonction 
qu+w  n'est  autre  chose  que 

e"  cosf -h  le"  sinp, 

dont  la  dérivée  s'obtient  en  prenant  séparément  les  dérivées  de  la 
partie  réelle  et  de  la  partie  imaginaire (n°  223)  ;  cette  dérivée,  d'après 
les  règles  établies  pour  les  variables  réelles,  est 

e"  co^v.u' —  e»  ?>inv.v' -{-  i[e"  sinp.u'-i-  e"  cosf  .v'] 
:=  €"■  u'{co?,v  -\-  i  sint^)  -h  ie"'v'[co%v  -\-  t  sin^ ] 
=  €"■  (cos('  -T-  i  sintj)  {u  -¥-  iv')  =  e"-^'*'(M'-+-  iv'). 


234  CHAPITRE   XIV. 

[nversement,  la  fonction  primitive  de  e'""'"'^^(a'H- «V')  est 
e"+'>-h  A  -H  fB, 

en  désignant  par  A.,  B  des  constantes  arbitraires. 

On  déduira  de  là  sans  peine,  en  conservant  les  mêmes  notations, 
que  les  dérivées  des  fonctions  cos{u  +  fV),  sin(M  +  iv)  sont  respec- 
tivement —  (m'+ /<'')sin(«  +  «V),  (u' -{-  iç')  cos{u  -\-  iv). 

On  n'oubliera  pas  que  les  fonctions  Igs,  arcsins,  arccoss  n'ont 
pas  été  définies  pour  z  imaginaire. 

240.  Digression  sur  la  fonction  exponentielle.  —  La  beauté  et  la 
simplicité  des  résultats  obtenus  en  introduisant  des  variables  imagi- 
naires n'ont  pas  manqué  de  frapper  le  lecteur  :  les  liens  qui  se 
trouvent  ainsi  établis  entre  la  fonction  exponentielle  et  les  fonctions 
circulaires  sont  extrêmement  remarquables.  11  ne  sera  pas  inutile  de 
faire  ressortir  ici  le  rôle  de  la  fonction  exponentielle,  dont  les  pro- 
priétés se  trouvent  un  peu  disséminées  dans  différents  Chapitres. 

La  signification  de  a^  étant  supposée  connue  lorsque  x  est  un 
nombre  naturel,  on  a  défini  successivement,  dans  le  Chapitre  I,  a'^' 
(a>o)  pour  les  valeurs  fractionnaires,  négatives,  irrationnelles 
de  x;  cette  définition  implique  la  démonstration  d'une  suite  de  pro- 
priétés relatives  aux  radicaux.  La  voie  suivie  est  naturelle,  mais 
longue  et  quelque  peu  fastidieuse;  la  même  observation  s'applique 
aux  extensions  successives  de  la  proposition  fondamentale 

La  fonction  a-^,  une  fois  définie  pour  toutes  les  valeurs  réelles  de  x^ 
il  n'y  a  pas  de  difficulté  à  reconnaître  qu'elle  est  continue  et  com- 
ment elle  varie.  La  définition  du  logarithme  dans  une  base  quel- 
conque comme  fonction  inverse  de  la  fonction  exponentielle  est  toute 
naturelle. 

Pour  arriver  à  la  notion  de  la  base  e  des  logarithmes  naturels,  on 

établit  que    l'expression   (i-f---j     tend    vers   une  limite    quand  m 

augmente  indéfiniment,  et  l'on  parvient  ainsi  à  la  série  qui  définit  le 
nombre  e.   La  méthode    par   laquelle    on    parvient    à    la   limite    de 

est,  à   la    vérité,  fort   intéressante,   d'autant   qu'elle  s'ap- 


{^-r:) 


\ 


SÉRIES    DE   FONCTIONS.  235 

plique  à  beaucoup  d'autres  questions  analogues;  mais  il  serait  tout 
aussi  naturel,  au  lieu  de  se  poser  la  question  qui  a  conduit  à  la  série, 
d'envisager  la  série  e  elle-même  ou  plutôt  la  série 

X         x^  x"^ 

\-^ 1 h. .  .H h. . ., 

I         1.2  \  .■>...  .n 

dont  la  convergence  (absolue)  s'établit  immédiatement.  Cette  conver- 
gence une  fois  établie,  il  est  clair  que  la  somme  de  cette  dernière 
série  définit  une  fonction  E(a;),  dont  on  aperçoit  de  suite  qu'elle  est 
continue  et  qu'elle  est  croissante  pour  j;  >  o  (n°  225).  La  propriété 

E(^)E(j')=E(^4-^) 

résulte  immédiatement  de  la  règle  pour  la  multiplication  des  séries, 
règle  dont  la  démonstration  est  fort  naturelle.  Cette  propriété  fait 
connaître  de  suite  l'allure  de  la  fonction  E(a7)  pour  j?  négatif;  elle 
entraîne  immédiatement  les  suivantes 

E{Xi)E{x^).  ,  .E{Xn)  =  E{Xi-lr  X^-Jr .  .  .^  X,,), 

{E{x)Y=E{nx),    '    E(n)  =  [E(i)]'S 

où  n  est  un  nombre  naturel;  si  l'on  pose  E(i)  =  e,  la  dernière  égalité 
montre  que,  si  x  est  un  nombre  naturel,  E(;r)  est  égal  à  e-^,  c'est- 
à-dire  au  produit  de  x  facteurs  égaux  à  e.  Que  le  lecteur  veuille 
bien  oublier,  pour  un  moment,  tout  ce  qui  concerne  le  calcul  des 
radicaux,  les  exposants  fractionnaires,  négatifs,  irrationnels  et  ne 
retenir  que  la  définition  des  exposants  dans  le  cas  où  ces  exposants 
sont  des  nombres  entiers,  positifs  :  e-^  n'a  de  sens  pour  lui  que  dans 
le  cas  où  X  est  un  tel  nombre;  il  devient  alors  légitime  de  définir 
dans  tous  les  cas  la  fonction  e-^  comme  étant  la  somme  E(.r)  de  la 
série  précédente,  puisque,  dans  le  seul  cas  qu'il  connaisse,  cette  défi- 
nition se  raccorde  avec  l'ancienne.  La  fonction  logarithmique  (le 
logarithme  naturel)  se  définit  alors  comme  la  fonction  inverse  de  e-^. 
Il  est,  dès  lors,  aisé  de  construire  une  fonction  qui,  pour  toutes  les 
valeurs  do  x,  se  raccordera  avec  la  fonction  a'^  et  jouira  de  la  pro- 
priété f{x)  o(y)  =  <s{x  -\-y)'  On  observera  d'abord  que  la  fonction 
•^{x)  =  e^-^,  quelle  que  soit  la  constante  X,  jouit  évidemment  de  cette 
dernière  propriété;  pour  x=i,  elle  se  réduit  à  a  si  l'on  a  e^=a 
ou   A  =:  Igrt,    ce    qui   suppose   a>o;    d'ailleurs,   quel     que  soit   le 


236  CHAPITRE   XIV. 

nombre  naturel  }i,  on  a  alors,  en  vertu  de  la  propriété  fondamentale, 

[cp(a;)]«=(p(n.r), 
a«=[(p(i)]'«=cp(n); 

la  fonction  e-^'s«  coïncide  avec  la  fonction  a-^,  pour  toutes  les  valeurs 
naturelles  de  n,  c'est  elle  qu'on  prendra  comme  définition  de  a'^  pour 
toutes  les  valeurs  réelles  de  x.  Il  revient  au  même  de  définir  cette 
fonction  a^  par  l'égalité  ]g(a^)  =  x\^a. 
La  propriété  qu'exprime  l'égalité 

établie  lorsque  j^  est  un  nombre  naturel,  est  vraie  quel  que  so\ly\  en 
effet,  le  logarithme  du  premier  membre  est 

comme  celui  du  second.  Cette  égalité,  en  supposant  que  x  soit  une 
fraction  —  et  quejK  soit  égal  au  nombre  naturel  q^  montre  que  l'on  a 

La  propriété  fondamentale  a^ay=^  a^^y  montre  d'ailleurs  qu'on  a 


et,  par  suite. 
Enfin,  l'égalité 


a 


Sjav 


a-^b^,  ..l^=  (ab. .  ./)•», 


OÙ  a,  6,  . . .,  /  sont  des  nombres  positifs,  apparaît  en  constatant  que 
les  logarithmes  des  deux  membres  sont  égaux.  Toutes  les  proposi- 
tions concernant  le  calcul  des  radicaux  et  des  exposants  fraction- 
naires, positifs  ou  négatifs,  établies  au  Chapitre  I,  apparaissent  ainsi 
immédiatement. 

Quant  à  la  propriété  du  nombre  e  d'être  la  limite,  pour  m  infini, 
de  f  n j    »  ou  à  la  propriété  plus  générale  de  la  fonction  e^  d'être 


SÉRIES   DE    FONCTIONS.  287 

la  limite,  pour  m=:±oo,  de(i-i-— j    ,  elle  a  été  établie  au  n"  235. 

Tout  ce  qu'on  vient  de  dire  concerne  les  valeurs  réelles  de  la  va- 
riable X. 

Observons  maintenant  que,  si  des  considérations  géométriques 
n'avaient  pas  conduit  à  introduire  les  fonctions  cosx  et  sin.r,  on 
aurait  été  amené  à  introduire  ces  fonctions  en  étudiant  ce  que  devient 
la  série 

X         x^ 

I  1.2 

pour  les  valeurs  purement  imaginaires  de  x;  on  a  vu  plus  haut  com- 
ment les  propriétés  de  ces  fonctions  cos.r,  sinj?  apparaissent  aisément 
de  ce  point  de  vue.  Il  resterait,  toutefois,  à  définir  le  nombre  tt  qui 
pourrait  être  regardé  comme  le  double  du  plus  petit  nombre  (positif 
qui  annule  la  fonction  (  '  )  : 


241.   Développement  en  série  des  fractions  rationnelles.  —  La  for- 
mule du  binôme 

m  m  (m.  —  i  )    „ 


a  été  établie  en  supposant  m  et  z  réels  et  [  s  |  -<  i . 

Je  me  bornerai,  dans  ce  qui  suit,  au  cas  où  m  est  un  nombre 
entier,  positif  ou  négatif. 

Lorsque  m  est  un  nombre  entier  positif,  le  second  membre  de 
l'égalité  (i)  se  réduit  à  un  polynôme  de  degré  m;  l'égalité  est  vraie 
quel  que  soit  s,  réel  ou  imaginaire. 

Supposons  maintenant  que  m  =  —  n  soit  un  entier  négatif.  La 
série  est  absolument  convergente,  que  z  soit  réel  et  imaginaire, 
pourvu  que  l'on  ait  |  :;  j  <;  i,  comme  je  le  suppose  dans  ce  qui  suit. 

On  a  le  droit  de  multiplier  la  série  par  le  poljnome 

n  n( n  —  i  )    . 

(  I  -+-  s  )«  =  l  -f-  -  2  H ;^ '-  z2  -f- .  .  . , 


(')  Jntr.,  n»  198. 


a38  CHAPITRE   XIV. 

d'après  la  règle  de  la  multiplication  des  séries,  puisque  la  série  (i) 
est  absolument  convergente  et  que  le  second  membre  de  l'égalité 
précédente  peut  être  regardé  comme  une  série  absolument  conver- 
gente. Lorsque  z  est  réel,  le  produit  doit  être  égal  à  i,  sous  la  seule 
condition  |  5  {  <  i . 

Dans  le  produit  ordonné  suivant  les  puissances  de  ^,  les  coeffi- 
cients des  puissances  de  z  doivent  être  nuls,  le  terme  constant  doit 
être  égal  à  i .  Mais  les  valeurs  de  ces  coefficients  ne  dépendent  nulle- 
ment de  la  valeur  de  z]  quel  que  soit  s,  réel  ou  imaginaire,  pourvu 
que  l'on  ait  |  s  |  <;  i ,  le  produit  de  la  série 


par  le  polynôme 


m){—ni~  0^, 


ou  (i  H-  z)~"^^  est  égal  à  i  ;  cela  revient  à  dire  que  l'on  a,  pour  toutes 
les  valeurs  de  2, 

m  m  (m  —  i  )    , 


Ce  résultat  est  important  pour  le  développement  en  série  d'une 
fraction  rationnelle  — — -,  où  f(x)  et  'f{x)  désignent  des  polynômes 
en  X. 

On  a  vu  (n"  60)  qu'une  telle  fraction  pouvait  se  mettre  sous  la 
forme  d'un  polynôme  en  ^,  ^{x),  qui  n'existe  d'ailleurs  que  si  le 
degré  du  dénominateur  'f  (^)  ne  dépasse  pas  celui  du  numérateur 
f(.r),  et  d'une  somme  de  termes  de  la  forme  -, — ——r  '•  A  est  une 
constante,  a  une  racine  réelle  ou  imaginaire  du  dénominateur  cp(.r), 
m  est  un  nombre  naturel  qui  ne  dépasse  pas  l'ordre  de  multiplicité 
de  cette  racine.  Il  suffit  évidemment,  pour  obtenir  le  développement 
cherché,  de  développer  en  série  chacun  des  termes. 

Supposons  d'abord  que  a  ne  soit  pas  nul.  On  a 

A  (-i)'«A  (— i)"'A 


{x  —  a)'' 


SÉRIES   DE    PONCTIONS.       ,  ïSg 

on  n'aura  qu'à  appliquer  la  foriiuile 

'  m  X        ni( ni  --  i  )  x-        m( m  -h  i)  ( m  -+-  -i)  x^ 

-=n \ — ^ —  H — ^ ^^ —  -f-..., 

1    a  i.A         a-  i.a.i  a* 


valable  pourvu  qu'on  ait  j-    <<  i,    ou    |  r  |  <<  |  a  |,    et   à    multiplier 

chaque  terme  par  '^ —  pour  avoir  le  développement  cherché. 

Si  'f  (^)  n'admet  pas  de  racines  nulles,   chaque  terme   pourra  se 

développer  comme  on  vient  de  l'expliquer;   tous    les  développements 

sont  valables  à  la  fois  lorsque  la  valeur  absolue  de  x  est  inférieure  à 

la  plus  petite  des  valeurs  absolues  des  racines.  Sous  cette  condition, 

f(x) 
la  fraction  "^-j — -  sera    développable    en    une     série    entière    en    x. 

(f(x)  ^^ 

Lorsqu'on  eflectue  la  division  de  /(x)  par  'f  (^),  en  ordonnant  par 
rapport  aux  puissances  croissantes  de  x,  on  obtient  successivement 
les  termes  de  cette  série. 

Si  'f{x)  admettait  une  racine  nulle  d'ordre  de  multiplicité  //,  on 
pourrait,    en  posant  Z)(x)  =:  xP>l(x),    commencer    par   développer 

J-y—  en  série  entière  en  x,  puis  on  diviserait  chaque  terme  par  xP, 

on  obtiendrait,  pour  la  fraction  rationnelle,  un  développement  pro- 
cédant suivant  les  puissances  entières  et  croissantes  de  x  qui  com- 
mencerait par  des  termes  de  degré  négatif;  l'ensemble  de  ces  termes 

constitue  ce  polynôme  en  -  »  sans  terme  constant,  que  l'on  peut  re- 

f(x) 
trancher  de  "^ — tj  de  manière  que  la  difterence  reste  finie  quand  j: 

s'approche  de  o  (n"  61).  Le  développement  auquel  on  parvient  ainsi 
est  encore  valable  pourvu  que  x  soit  moindre,  en  valeur  absolue,  que 
la  plus  petite  des  valeurs  absolues  des  racines  de  »(.r)  qui  ne  sont 
pas  nulles. 

On  peut  aussi  obtenir  un  développement  de  la  fraction  rationnelle 

f(x)        . 

— — -  qui  procède  suivant  les  puissances  décroissantes  de  x  ou  plutôt 

suivant  les  puissances  croissantes  de  -•  Reprenons  le  ten 
on  peut  l'écrire 


(x  —  a)' 


A  37-' 


{'- 


•>4o  CHAPITRE    XIV. 

On  a  d'ailleurs,  en  supposant    —  1  <<  i ,  ou  \x\  >>  |  «  |, 

/         a\-'"  ma        m(fn-hi)  a-        ni(  m. -h  i)  (  m -h  i)  a^ 

(  I =  I  -H  — ! ^^ 1 ^ — 1-.  .  ., 

\  Xj  \     X  1.2  X^  1.2.3  x^ 

et  il  suffit,  pour  avoir  le  développement  cherché,  de  multiplier 
chaque  terme  par  — ^;  chaque  terme  fournit  un  développement  ana- 
logue; tous  ces  développements  sont  valables  pourvu  que  la  valeur 
absolue  de  x  soit  plus  grande  que  la  plus  grande  des  valeurs  absolues 
des  racines  de  ^{x)]  en  les  réunissant  et  en  mettant  en  avant,  s'il  y 

en  a  un,  le  polynôme  en  x  ordonné  suivant  les  puissances  décrois- 

fix) 
santés  de  x  qui  figure  dans  la  décomposition  de  ^^-^ — y  on  parvient 

au  développement  annoncé,  qui  procède  suivant  les  puissances  dé- 
croissantes de  X  :  il  commence  par  un  polynôme,  il  se  continue  par 
une  série  entière  en  -  •  C'est  à  ce  développement  que  l'on  parvient 
en  divisant /(jr)  par  œ(^),  lorsqu'on  ordonne  suivant  les  puissances 
décroissantes  de  x  et  qu'on  poursuit  indéfiniment  l'opération. 
Considérons,  par  exemple,  l'expression 


■la-  cosa 


OÙ  a  est  un  nombre  réel;  les  racines  du  dénominateur  sont 
cosa  rt  i  sina  =  e"'"',  leurs  valeurs  absolues  sont  égales  à  i  ;  dans  les 
développements  suivant  les  puissances  croissantes  de  x  que  l'on  va 
considérer,  on  devra  supposer  |a7|<;i.  On  a,  en  décomposant  en 
éléments  simples, 

I  —x^ 


I  —  2a7COsa 


d'ailleurs,  sous  la  condition  |  .r  |  <<  i ,  qui  entraîne  |  xé"^"-  \<Ch  o^^  ^^ 

—  =  1  -+-  37 g-'* -I-  a72e-2ia_,_.  , 

—     =1-1- 37  6' a    -4- a72g-2<a_|_.  . 


SKRIES   DE    FONCTIONS.  24I 

et,  par  suite, 

=1-4-9,57  ces  a  -h  1T^  cos2a  -h. .  .-h  loc"  cos/ia  -1-. ,  .. 

I  —  ïx  cosa  -I-  X* 

On  verra  de  même,  ou  l'on  déduira  de  là,  que,  pour  |  ^  |  >  i ,  on  a 


=  I  H cosa  H ;  cosvta-i-. 


x^ —  2X  cosa  -f-  1 


Enfin,  le  lecteur  n'aura  pas  de  peine,  en  supposant  x  réel  et 
moindre  que  i  en  valeur  absolue,  et  en  égalant  la  partie  réelle  et  le 
coefficient  de  i  dans  les  deux  membres  de  l'égalité 


=  I  _^  a^ gja  _i-  ^2g2ja_j_.  . , 


I  —  xe' 


à  établir  les  deux  relations 
I  —  X  cosa 


•                 —     v.^ 

rn  * 

= 

1  -+-  a^cosa 

-+-  x'^  cos'2a 

1  —  -larcosa  -h  x- 

3"  si 

ina 

=  :Fsina  -+-  x^ 

sin2x  -4- 

x'^  cos  n  X 


\—  ix  cosa-i-  x'^ 

qui  subsistent  d'ailleurs  lorsque  x^  que  l'on  doit  toujours  supposer 
moindre  que  i  en  valeur  absolue,  est  imaginaire  :  on  le  voit  en  remar- 
quant que  les  deux  membres,  quand  on  les  multiplie  par 

I  —  -zar  cosa  -H  a?^, 

doivent  être  identiques  lorsque  x  est  réel,  et,  par  conséquent  aussi, 
lorsque  x  est  imaginaire  ('). 

§  4.  -  INFINIMENT  PETITS  ET  INFINIMENT  GRANDS. 

242.  I-.es  mots  infiniment  petit,  infiniment  grand  we.  s'appliquent 
jamais  qu'à  une  fonction  d'une  ou  de  plusieurs  variables,  ou  aux  va- 
riables elles-mêmes.  Je  ne  m'en  servirai  que  pour  une  fonction  à^une 
seule  variable  (ou  pour  la  variable  elle-même).  Ils  peuvent  d'ailleurs 
être  pris  dans  un  sens  absolu,  ou  dans  un  sens  relatif. 

(')  Cf.  Ex.  59  elOO. 

T.  -  II.  ,6 


242  CHAPITRE   XIV. 

On  dit  d'une  fonction  de  x  qu'elle  est  ou  devient  infiniment  petite, 
dans  certaines  conditions  qu'il  faut  toujours  spécifier,  si,  dans  ces 
conditions,  elle  a  pour  limite  o. 

Ces  conditions,  on  du  moins  celles  que  je  considérerai,  consistent 
en  ce  que  la  variable  x  doit  tendre  vers  une  certaine  valeur  rt,  ou 
grandir  indéfiniment  en  valeur  absolue  :  elles  peuvent  d'ailleurs  être 
plus  ou  moins  étroites  :  par  exemple,  on  peut  spécifier  que  x  doit 
tendre  vers  a  en  restant  plus  petit  que  a,  ou  en  restant  plus  grand 
que  a,  ou  bien  grandir  indéfiniment  en  valeur  absolue  en  restant 
positif  ou  en  restant  négatif,  ce  qu'on  exprime  brièvement  en  disant 
que  X  tend  vers  +  oo,  ou  vers  —  ce.  En  disant  que  la  fonction /(^r) 
est  infiniment  petite  quand  x  tend  vers  a  (sans  spécifier  davantage) 
on  entend  que  sa  valeur  absolue  doit  rester  plus  petite  que  tel  nombre 
positif  £  que  l'on  voudra,  pourvu  que  x  —  a  soit  moindre  en  valeur 
absolue  qu'un  nombre  positif  rj  convenablement  choisi,  d'après  e:  à 
chaque  valeur  de  £  doit  correspondre  une  valeur  de  r,.  Si,  de  même, 
on  dit  que  f{x)  est  infiniment  petit  quand  x  tend  vers  a  par  des 
valeurs  plus  grandes  (ou  plus  petites)  que  a,  on  entend  que  la  valeur 
absolue  de/(;r)  doit  être  moindre  que  tel  nombre  positif  t  que  l'on 
voudra,  pourvu  que  x  —  a  (ou  «  —  x)  soit  positif  et  plus  petit  que  le 
nombre  correspondant  r\.  En  disant  que  f{x)  est  infiniment  petit 
quand  x  tend  vers  +00  (ou  vers  —  00),  on  entend  que  la  valeur  ab- 
solue àef{x)  doit  rester  moindre  que  tel  nombre  positif  £  que  l'on 
voudra,  pourvu  que  x  soit  plus  grand  qu'un  nombre  positif  P  (ou 
plus  petit  qu'un  nombre  négatif  —  P)  convenablement  choisi, 
d'après  £  ;  à  chaque  £  doit  correspondre  un  nombre  P.  De  même,  si 
l'on  dit  que  la  fonction  /'(^)  est  infiniment  petite  quand  x  croît  indé- 
finiment en  valeur  absolue,  on  entend  que  la  valeur  absolue  àe  f(x) 
reste  inférieure  à  tel  nombre  positif  £  que  l'on  voudra  pourvu  que  la 
valeur  absolue  de  x  soit  plus  grande  que  le  nombre  correspondant  P. 

On  dit  de  même  qu'une  fonction /(^)  est  ou  devient  infiniment 
grande  dans  certaines  conditions,  qu'il  faut  toujours  spécifier,  si,  dans 
ces  conditions,  la  valeur  absolue  àe  f{x)  dépasse  tel  nombre  positif  P 
que  l'on  veut.  Je  me  dispenserai  de  répéter  les  détails  qui  précèdent 
en  disant  que  la  fonction  y (.r)  est  infiniment  grande  quand  la  fonc- 
tion -p- — -  est  infiniment  petite  et  réciproquement. 

Par  exemple  un  polynôme  en  x^  qui  ne  contient  pas  de  terme  con- 


SÉRIES    DE    FONCTIONS.  243 

stant,  est  infiniment  petit  quand  x  tend  vers  o;  il  en  est  de  même 
de  \Jx^  de  sinj?,  de  lg(i  -\-x).  Un  polynôme  en  x^  qui  ne  se  réduit 
pas  à  une  constante,  est  infiniment  grand  quand  x  est  lui-même  infi- 
niment grand;  e^,  \^x  sont  infiniment  grands  quand .r  tend  vers +  00; 
il  en  est  de  même  de  —  (n"  227)  quel  que  soit  le  nombre  positif  /i; 

-^  est  infiniment  petit  quand  x  tend  vers  +  00,  comme  on  le  voit  en 
posant  X  =  e^^  z  =  Iga:;  z  tend  vers  +  ao  en  même  temps  que  x  et 
l'on  a 

Igf  ^  _f_. 

le  second  membre  tend  vers  o  quand  z  tend  vers  -\-  00. 

e-^  est  infiniment  petit  quand  x  tend  vers  — oc;  e'  est  infiniment 

petit  quand  x  tend    vers  o  par  valeurs  négatives,  infiniment  grand 

I 
quand  .r  tend  vers  o  par  valeurs  positives;  e*  —  i  est  infiniment  petit 
quand  x  croît  indéfiniment  en  valeur  absolue;  Ig .r  est  infiniment 
grand  (négativement)  quand  x  tend  vers  o  par  valeurs  positives; 
x"\gx,  où  n  désigne  un  nombre  positif  quelconque,  est  infiniment 
petit  quand  x  tend  vers  o  par  valeurs  positives,  comme  on  le  voit  en 
posant  X  =  e~^,  z  =  —  Ig.r  ;  lorsque  x  tend  vers  o  par  valeurs  posi- 
tives, 5  tend  vers  +  ce  et  l'on  a 


La  fonction  x  sin  -  est  infiniment  petite  quand  x  tend  vers  o, 
puisque  le  second  facteur  est  toujours  compris  entre  —  i  et  -h  i  •  Dans 
l'intervalle  (o,  a),  elle  s'annule  une  infinité  de  fois,  quelque  petit 
que  soit  le  nombre  a,  puisque  sin  -  est  nul  pour  toutes  les  valeurs 
de  X  qui  sont  de  la  forme — ,  n  étant  entier.  Les  raisonnements  qui 
suivront  ne  s'appliqueraient  pas  tous  à  cette  fonction  :  un  rapport  où 
elle  figurerait  en  dénominateur  n'aurait  pas  de  sens,  pour  des  valeurs 
de  X  aussi  voisines  qu'on  voudrait  de  la  valeur  o  vers  laquelle  on  fait 
tendre  x.  Or,  on  aura  à  considérer  dans  la  suite  des  rapports  où 
figurent  en  dénominateur  les  fonctions  que  l'on  étudie  :  pour  que  les 
raisonnements  qui  concernent  ces  rapports  soient  valables,  il  faut  que 


244  CHAPITRE   XIV. 

ces  rapports  aient  un  sens  et  que,  dans  les  conditions  où  l'on  se  place, 
leur  dénominateur  ne  soit  pas  nul.  C'est  ce  que  je  supposerai  essen- 
tiellement dans  ce  qui  suit.  Afin  d'éviter  toute  difficulté  de  ce  genre, 
je  supposerai,  lorsque  x  doit  tendre  vers  o,  que  l'on  peut  délimiter 
un  intervalle  (a,  ^),  auquel  «  soit  intérieur,  tel  que  dans  cet  intervalle 
les  fonctions  que  l'on  considère  ue  s'annulent  pas,  sauf  pour.r:=rt.  De 
même,  si  x  doit  tendre,  par  exemple,  vers  +  oo,  je  supposerai  qu'on 
puisse  déterminer  un  nombre  P  assez  grand  pour  que  les  fonctions  que 
l'on  étudie  ne  s'annulent  pas  pour  a:  >>  P,  Les  fonctions  pour  les- 
quelles les  conditions  de  cette  nature  ne  pourraient  être  réalisées  sont 
exclues  de  ce  qui  suit,  quoique  certains  des  résultats  qu'on  établira 
s'appliquent  encore  à  elles. 

En  disant  de  la  variable  qu'elle  est  infiniment  petite,  on  entend 
simplement  qu'elle  tend  vers  o  ;  en  disant  qu'elle  est  infiniment 
grande,  on  entend  que  sa  valeur  absolue  grandit  indéfiniment. 

243.  On  vient  de  définir  les  infiniment  petits  et  les  infiniment 
grands  absolus.  J'arrive  maintenant  à  la  signification  relative  des 
mêmes  mots. 

Considérons  deux  fonctions  de  x^  f(x)  et  ce  (.27)  :  on  dit  que,  dans- 
des  conditions  qu'il  faut  toujours  spécifier  [x  tendant  vers  a,  vers^ 
±00,  etc.),/(a;)  est  infiniment  petit  par  rapport  à  0(^7),  ou  que  '-^{x) 
est  infiniment  grand  par  rapport  èi/(x),  lorsque,  dans  ces  conditions, 

le  rapport  — — -  est  infiniment  petit  et  que,  par  conséquent,  le  rap- 
port ~—  est  infiniment  grand.  Par  exemple,  dans  un  polynôme  or- 
donné par  rapport  aux  puissances  croissantes  de  x^  chaque  terme,  y 
compris  le  terme  constant  s'il  y  en  a,  est  infiniment  grand  par  rap- 
port à  ceux  qui  le  suivent,  qviand  x  tend  vers  o;  chaque  terme  est  au 
contraire  infiniment  petit  par  rapport  à  ceux  qui  le  suivent  quand  x 
augmente  indéfiniment  en  valeur  absolue,  e-^  est  infiniment  grand  par 
rapport  à  x"  (n^  o),  quand  x  tend  vers  -t-  00.  Dans  les  mêmes  con- 
ditions, Igj;  est  infiniment  petit  par  rapport  à  x" .  11  est  à  peine  utile 
de  dire,  après  ces  exemples,  que,  lorsqu'on  dit  que  /(x)  est  infiniment 
petit  par  rapport  à  o{x),  on  n'entend  nullement  que  la  fonction /(^) 
soit  infiniment  petite  (absolument)  dans  les  mêmes  conditions. 

La  somme  de  deux  fonctions  /(^),  ^{^)  infiniment  petites  par 
rapport  à  (o(x)  est  elle-même  infiniment  petite  par  rapport  à  ^(x). 


SÉRIES    DE   FONCTIONS.  ^4^ 

On  ne  peut  pas  toujours  affirmerque  la  somme  de  deux  fonctions/ (j:), 
g{x)  infiniment  grandes  par  rapport  à  œ(^)  soit  infiniment  grande 
par  rapport  à  o{x)^  comme  on  le  voit  en  prenant  par  exemple 
g{x)=—f{x). 

Il  convienl  d'observer  que  ces  expressions  que  l'on  a  appris  à  cal- 
culer aux  n'  *  232,  233,  234,  235  et  qui  fournissent,  dans  certaines 
conditions,  des  valeurs  approchées  d'une  fonction,  ont  toujours  été 
ordonnées  de  manière  que  chaque  terme  fût  infiniment  grand  par  rap- 
port à  ceux  qui  le  suivent.  La  somme  des  termes  qui  suivent  le  pre- 
mier est  infiniment  petite  par  rapport  à  lui. 

Puisque  l'on  di  f  {x)  =i  o [x)  — — ^.  il  est  clair  que  toute  fonc- 
tion f{x)  infiniment  petite  par  rapport  à  ç>(.r),  dans  certaines  condi- 
tions, s'obtient  en  multipliant  cette  dernière  par  un  factevir  qui,  dans 
les  mêmes  conditions,  est  infiniment  petit  :  réciproquement  en  mul- 
tipliant ^{x)  par  un  facteur  infiniment  petit  (absolument),  dans  cer- 
taines conditions,  on  obtient  une  fonction  infiniment  petite  par  rap- 
port kf(x).  De  même,  on  obtient  une  fonction  infiniment  grande, 
dans  certaines  conditions,  par  rapport  à  ©(^),  en  multipliant  o (a?) 
par  un  facteur  Infiniment  grand,  dans  ces  conditions. 


244.  Équivalence.  —  On  dit  que  deux  fonctions  /"(.r)  et  ^(x)  qui 
sont  infiniment  petites  (ou  infiniment  grandes),  dans  certaines  condi- 
tions, sont  des  infiniment   petits  (ou   des    infiniment  grands)  équi- 

\>alents  lorsque,  dans  ces  conditions,  leur  rapport  —. — -  ou  ^ — - 
a  pour  limite  l'unité. 

Par  exemple  -ix  et  ix  -V-  x-  sont  des  infiniment  petits  équivalents 
quand  x  tend  vers  o.  Plus  généralement  deux  polynômes  ordonnés 
par  rapport  aux  puissances  croissantes  de  x  sont  des  infiniment  petits 
équivalents,  quand  x  tend  vers  o,  si  les  termes  constants  font  défaut, 
€t  si  les  premiei's  termes  sont  identiques.  Deux  polynômes  de  même 
degré  sont  des  infiniment  grands  équivalents  quand  x  grandit  indéfi- 
niment en  valeur  absolue,  si  les  termes  du  plus  haut  degré  sont  iden- 
tiques. Si  la  fonction  g{x)  a  une  dérivée  g' (x)  qui  n'est  pas  nulle 
pour  X  ^=  Xo,  la  fonction  de  h,  g{xo  -h  h)  —  g(xo),  est  un  infiniment 
petit  équivalent  à  h g'[xo). 

Il  est  avantageux  d'étendre,  comme  le  font  quelques  géomètres,  le 
sens  du  mol  équivalent,  et  de  dire  de  deux  fonctions  quelconques 


246  CHAPITRE    XIV. 

f{x)  et  '-^{x)  qu'elles  sont  équivalentes,  dans  certaines  conditions 
{x  tendant  vers  a,  vers  ±  oo,  etc.),  lorsque,  dans  ces  conditions,  leur 
rapport  a  pour  limite  i  :  si  les  fonctions  f{x)  et  f  (^)  sont  con- 
tinues pour  x-=.a^  et  prennent  des  valeurs  égales,  non  nulles, /(a) 
etcp(rt),  cette  façon  de  parler  est  toute  naturelle.  Elle  n'implique  pas 
que,  dans  les  conditions  considérées,  les  fonctions  f{x)^  o(x)  soient 
infiniment  petites  ou  infiniment  grandes,  ni  qu'elles  aient  des  limites; 
mais  si  ces  fonctions  sont  équivalentes  et,  si  l'une  est  infiniment 
petite  (ou  infiniment  grande),  il  en  est  évidemment  de  même  pour 
l'autre;  si  l'une  admet  une  limite,  l'autre  admet  la  même  limite. 

Deux  fonctions  équivalentes  à  une  troisième  fonction  sont  évidem- 
ment équivalentes  entre  elles. 

Si  deux  fonctions /(;r)  et  o{x)  sont  équivalentes,  dans  certaines 
conditions,  leur  différence  /(.r)  —  'f(x)  est  infiniment  petite  par 
rapport  à  l'une  ou  à  l'autre;  réciproquement,  si  la  difTérenne  de  deux 
fonctions  est  infiniment  petite  par  rapport  à  l'une  on  à  l'autre,  dans 
certaines  conditions,  ces  deux  fonctions  sont  équivalentes,  dans  les 
même  conditions. 

Cela  résulte  évidemment  des  identités 

f(.T)  —  y(a7)  _    _  o(x)  f{x)  —  <^{x)  _  f{x)  _ 

J\x)  ~         fix)'  ^{x)  ~  ^(x) 

<ii(  x)  f(x) 

dire  que  le  rapport^——'  ou  le  rapport  —,  —  >  tend  vers  i,  dans  cer- 
taines conditions,  (\\\e  fix)  —  -oix)  est  infiniment  petit  par  rapport 


à  f{x)  ou  à  'f  (^),   que  l'un  ou   l'autre  des  rapports 


/(37)  — (p(a-) 


•  ^         tend  vers  o  dans  les  mêmes  conditions,  c'est  dire  la  même 


chose. 

Par  exemple,  chacune  des  expressions  approchées  étudiées  dans 
les  n'"*  232,  233,  234,  23o  est  équivalente  à  son  premier  terme. 

La  quantité  e''  —  x"  est  un  infiniment  grand  équivalent  à  e^  quand  x 
tend  vers  H-oo. 

Il  suit  de  là  qu'on  obtient  toutes  les  fonctions  équivalentes  à  une 
fonction y(^),  dans  certaines  conditions,  en  lui  ajoutant  une  fonc- 
tion infiniment  petite  par  rappt)rt  à  elle,  dans  ces  conditions;  comme 
toute  fonction  infiniment  petite  par  rapport  k  f[.x)  s'obtient  en  mul- 
tipliant f{x)  par  un  facteur  infiniment  petit,  dans  les  mêmes  condi- 


SÉRIES    DE    FONCTIONS.  î47 

lions,  on  voit  que  toute  fonction  équivalente  à  f{x)  pourra  se  mettre 
sous  ]a  forme  f{x)[\-\-z{x)\  en  désignant  par  t{x)  une  fonction 
infiniment  petite,  dans  les  conditions  considérées. 

Si,  dans  un  rapport*^- — ->  ou  dans  un  produit  /{x)^(s{x),  on  sub- 
stitue aux  termes  du  rapport,  ou  aux  facteurs  du  produit,  des  fonc- 
tions F(.r),  ^(x)  qui  leur  soient  équivalentes,  dans  certaines  condi- 
tions, on  obtient  un  nouveau  rapport  ^j- — -,  ou  un  nouveau  produit 
F\(x)^(x),  qui  sont  équivalents  au  premier  rapport  ou  au  premier 
produit,  dans  les  mêmes  conditions. 

On  a,  en  effet, 

F  (y)  ,  f(x)  ^  F(x)  ^  ^(x) 

F(.r)4>(.r)  _  F(xy  ^(x)  ^ 
/(x)tf(x)   ~  f{x)  cp(r)  ' 


dans  les  deux  égalités,  les  seconds  membres  ont  évidemment  l'unité 
pour  limite. 

Si,  par  conséquent,  le  rapport  ^^-r—'  ou  le  produit  F(;r)  $(j;),  a 

une  limite,    dans  les  conditions  considérées,  il  en  sera  de  même  du 

f( X  )  ■  - •  F ( x)  • 

rapport  "^-i—.'  ou  du  produit  /(x)  ^{x).  Si  le  rapport  ■  est  infi- 

fix) 
niment  grand,  il  en  sera  de  même  du  rapport  -^         »  etc. 

Le  rapport,  ou  le  produit,  de  deux  expressions  approchées  telles 
que  celles  qu'on  a  étudiées  aux  n"^  232,  233,  234,  235  est  donc 
équivalent  au  lapport  ou  au  produit  des  premiers  termes  de  ces  expres- 
sions. C'est,  d'ailleurs,  ce  qui  est  bien  évident  sur  ces  expressions 
même,  au  moins  sur  celles  de  ces  expressions  qui  ont  la  forme  d'un 
polynôme  (en  ^,  -,  h,  7,  •  ••);  en  faisant  le  quotient  on  le  pro- 
duit de  deux  de  ces  expressions,  on  est  conduit  à  une  expression  du 
même  genre,  dans  laquelle  le  premier  terme  est  le  quotient,  ou  le 
produit  des  premiers  termes. 

Le  précédent  théorème  est  particulièrement  utile  pour  simplifier  la 
recherche  de  la  limite  du  rapport  de  deux  infiniment  petits  ou  de 
deux  infiniment  grands,  du  produit  d'un  infiniment  petit  par  un  infi- 
niment grand,  ou  pour  reconnaître  qu'un  tel  rapport,  ou  un  tel  pro- 
duit, est  infiniment  petit  ou  infiniment  grand. 


248  CHAPITRE   XIV. 

Si  l'on  a  affaire  au  rapport  de  deux  polynômes,  quand  x  tend 
vers  o,  ou  quand  x  grandit  indéfiniment  eu  valeur  absolue,  on  peut 
ne  garder,  dans  chaque  polynôme,  que  le  terme  du  plus  bas  degré, 
dans  le  premier  cas,  que  le  terme  du  plus  haut  degré,  dans  le  second 
cas;  le  terme  constant,  s'il  y  en  a  un,  doit  être  regardé  comme  le 
terme  du  plus  bas  degré. 

F^n  désignant  par  m  et  ii  des  constantes,  les  formules 

^xnmx  =  inx ; 1~. . .,  sin/ia*  =  nx  —  — — h. . . 

()  o 

montrent  que  ^\x\.mx  et  %\vlhx  sont  des  infiniment  petits  équivalents 
à  mx  et  à  nx^  quand  x  tend  verso;  dans  ces  conditions   le  rapport 

—. est  équivalent  au  rapport =  —  ;  sa  limite,  quand  x  tend 

sin/ia-  •  '  '  nx  n  ' 

vers  o,  est  —  • 

Dans  l'expression  —  Ig ■>    quand  x    tend  vers    o,    le  premier 

facteur  -  est  infiniment  grand,  le  second  facteur  est  infiniment  petit; 
on  a,  en  effet, 

e^  —  I  X       X- 

X       ~  2         6     ■  ■  '  '' 

et  le  logarithme  du  second  meitdire  tend  évidemment  vers  o;  d'ail- 
leurs la  formule 

le(i  +2)  =  -  —  —  -h. . .    ■ 

montre   évidemment  que,   lorsque  z  est   infiniment  petit,  lg(i+z) 
est    équivalent    à    z\     par    conséquent    Ig est    équivalent    à 

— \-  ~ — h  •  •  •  ou  à  — ;  la  limite  du  produit  -  Ig »  quand  x  tend 

'2  6  'X  ^  X     ^        X  ^ 


vers  o,  est    • 

Si,  dans  le  théorème  général,  on  suppose  que  les  fonctions  f{x), 
^(x)  puissent  se  décomposer  en  facteurs,  en  sorte  qu'on  puisse  poser 

/(x)=/^(x)/,(x},         ^(x)^^i(x)^^{x), 

et  si,  dans    les  conditions  considérées,   les   fonctions /,  (^),  cp,(^) 
tendent  vers   des    limites   non  nulles   a   et  a,   les    fonctions  /(x)  et 


SERIES    DE    FONCTIONS.  ^49 

z>(x)  seront  respectivement  équivalentes  à  a  f-iix)  et  à  acc^  (x);  le 

fix) 
rapport  -^ — -  et  le  produit /(j?)  cp(j:^)  seront  respectivement  équiva- 
lents aux  fonctions 

a   <s).î{x)  .'    ^        . 

en  sorte  que  tout  sera  ramené  à  savoir  comment  se  comportera  le 
rapport  ^T—T'  «u  le  produit/gfa?)  ^^(x). 

Par  exemple,  lorsqu'on  a  cherché  la  dérivée  de  la  fonction  sin.r, 

.     ,                       sin(a"-f  A)  —  sin:r  ,     « 

on  a  mis  le  rapport  ^ y- sous  la  tonne 

.    h        I         h 
2  sin 


—  ces  \x-\ ) 

">.  \  2  / 


Ici  X  doit  être  regardé  comme  une  constante  ;  la  variable  est  h  et, 
lorsqu'on  fait  tendre  h  vers  o,  on  a  alTaire  au  rapport  de  deux  infini- 
ment petits.  On  peut  remplacer,  dans  le  rapport,  cos  \.x-\ —  )  par  sa 

limite  cos-r,  et,  au  numérateur,  sin  -   par  l'infiniment  petit  équiva- 
lent -  :  la  limite  est  évidemment  cosjr. 

2 

Il  n'est  pas  inutile  de  remarquer  que  l'étude  du  rapport  de  deux 
infiniment  grands  /(a:)  et  o{x)  peut  être  ramenée  à  l'étude  du  rap- 
port de  deux  infiniment  petits,  comme  il  résulte  de  l'identité 


vW)\ 


L'étude  du  produit  d'un  infiniment  petit /(.r)  par  un  infiniment 
grand  'f  (a?)  se  ramène  aussi  à  l'étude  du  rapport  de  deux  infiniment 
petits,  comme  il  résulte  de  l'identité 


Si  n  est  un  nombre  positif,  la  puissance  /«'''""=  d'une  fonction/! a?) 


25o  CHAPITRE   XIV. 

est  équivalente  à  la  puissance  /ï'^™«  d'une  fonction  ¥ (x)  équivalente 
à/{x)  dans  les  conditions  considérées. 

En  effet,  si  n  est  un  nombre  naturel,  la  proposition  résulte  immé- 
diatement du  théorème  relatif  au  produit  de  deux  facteurs;  si  n  est 
le  rapport  de  deux  nombres  entiers  yo,  q,  on  a 

puisque,  dans  les  conditions  considérées,  f{x)P  et  Y{x)p  sont  des 
fonctions  équivalentes,  il  suffit  évidemment  de  prouver  que  \Jf{x) 
ety/F(.r)  sont  des  fonctions  équivalentes,  quand  les  fonctions/(^) 
et  F(a:)  sont  équivalentes;  or,  s'il  en  est  ainsi,  on  peut  écrire 

^(x)  -'  +  '' 

e  étant  infiniment  petit  dans  les  conditions  considérées  :  on  a,  d'ail- 
leurs, 

yjTx)        nlfix)  ~  ô 

l/F(x)       V   F(:r)        '  ^  q  ' 

le  dernier  membre  a  évidemment  l'unité  pour  limite. 

Il  est  à  peine  utile  de  dire  que  l'on  suppose  vérifiées  les  conditions 
relatives  à  la  réalité;  ainsi,  lorsque  q  est  pair,  /(x)  et,  par  consé- 
quent, F(x)  doivent  finir  par  rester  positifs. 

Par  exemple,  quand  x  augmente  indéfiniment  en  valeur  absolue, 
le  rapport 

\/'2a:''-h-  X  -\-  I 
y^x'*  -H  X 

•      •       1/2 
a  pour  limite  \-;  en  effet,   le  numérateur  et   le  dénominateur  sont 

\/3 

équivalents  à  \J%x-^  \/'dx''  ou  aux  quantités  j  x  j  y/a,  \x  \  y/3,  dont  le 
rapport  est^* 


24o.  Comparaison  de  deux  infiniment  petits.  Ordre  infinitésimal.  — 
On  dit  que  deux  fonctions  f{x},  '^{x},  infiniineat  petites  dans  cer- 
taines  conditions,   sont  du   même  ordre  si,   dans  ces  conditions,  la 


I 


SÉRIES   DE   FONCTIONS.  /Sî 

valeur  absolue  du  rapport*^-^ — -    ou  du  rapport  ^r — -     reste  comprise 

entre  deux  nombres   positifs  a,  p,   dont  aucun  n'est  nul.  Il  en  sera 

f(x) 
ainsi,  en  particulier,  si  le  rapport  "^-^ — r  tend  vers  une  limite  /,  diffé- 
rente de  o  :  il  finira,  en  effet,  par  rester  compris  entre  l —  e  et  /  +  s, 
t  désignant   un    nombre  positif  que  l'on  peut   supposer  aussi  petit 
qu'on  voudra  et,  en  particulier,  plus  petit  que  |/|;  dans  ces  condi- 

lions,  la  valeur  absolue  de finira  par  rester  comprise  entre  les 

deux  nombres  positifs  |  / 1  —  s  et  |  /  j  -h  s. 

En  particulier,  deux  infiniment  petits  équivalents  sont  du  même 
ordre. 

Les  fonctions /"(.r)  et  'f  (^)  étant  infiniment  petites  dans  les  mêmes 
conditions,  au  lieu  de  dire  que  la  fonction  f{x)  est  infiniment  petite 
par  rapport  à  ce(^),  on  dit  souvent  que/(^)  est  un  infiniment  petit 
d'ordre  supérieur  à  ^{x),  que  'f{œ)  est  un  infiniment  petit  d'ordre 
inférieur  à/(.r)(').  En  parlant  ainsi  d'infiniment  petits  du  même 
ordre,  d'infiniment  petits  qui  sont  d'un  ordre  supérieur  ou  inférieur 
à  l'ordre  d'autres  infiniment  petits,  on  n'a  pas,  toutefois,  défini  ce 
qu'est  l'ordre  d'un  infiniment  petit  :  cette  définition  peut,  dans  cer- 
tains cas,  être  donnée  d'une  façon  précise. 

Supposons  que,  dans  les  conditions  où  l'on  se  place,  on  ait  fait 
choix  d'une  fonction  particulière  de  x  qui,  dans  ces  conditions,  soit 
infiniment  petite,  et  à  laquelle  on  convienne  de  comparer  les  autres 
fonctions  qui,  dans  les  mêmes  conditions,  sont  infiniment  petites.  Si, 
par  exemple,  x  tend  vers  o,  ou  vers  a,  on  pourra  choisir  a;  lui-même, 

oiix  —  «;  si  X  tend  vers  ±00,  on  pourra  choisir  -  •  Ces  choix  ne  sont 

d'ailleurs  nullement  obligatoires.  On  désignera  celte  fonction,  une 
fois  choisie,  sous  le  nom  à' infiniment  />etit  principal;  je  la  dési- 
gnerai, dans  ce  qui  suit,  par  la  lettre  h. 

L'infiniment  petit  principal  h  et  tous  ceux  qui  sont  du  même  ordre 
sont  dits  du  premier  ordre. 

Si  n  est  un  nombre  naturel,  A"  et  tous  les  infiniment  petits  de 
même  ordre  que  A"  sont  dits  du  /i'^"""  ordre. 


(')  On    parle  ainsi  par  ellipses  :   il  faudrait   dire  infiniment  petit  d'ordre  supé- 
rieur à  l'ordre  de  -^(x). 


5.52  CHAPITRE    XIV. 

On  emploie  souvent  celte  expression  lors  même  que  n  n'est  pas 
entier  :  on  dira  par  exemple  que  sjli  est  un  infiniment  petit  d'ordre  i. 
Il  n'y  a  pas  lieu  de  parler  d'infiniment  petits  d'ordre  négatif  :  ^~', 
par  exemple,  est  un  infiniment  grand. 

La  forme  générale  d'un  infiniment  petit  d'ordre  n  est  cr7î",  en  dési- 
gnant par  a  une  fonction  de  la  variable  qui,  dans  les  conditions  consi- 
dérées, reste,  en  valeur  absolue,  comprise  entre  deux  nombres 
positifs  fixes  dont  aucun  n'est  nul  :  cela  résulte  immédiatement  de  la 
définition  de  deux  infiniment  petits  du  même  ordre;  le  cas  le  plus 
simple  sera  celui  où,  dans  les  conditions  considérées  [h  tendant 
vers  o ),  «  a  une  limite  autre  que  o  ;  si  l'on  est  dans  ce  cas,  et  si  «o  est 
la  limite  de  a,  il  est  clair  que  a^^h"  est  un  infiniment  petit  équivalent 
à  ah"  ;  on  appelle  cet  infiniment  petit  a^h"  \di partie  principale  ou 
la  valeur  principale   de  ah" . 

j^orsque  x  tend  vers  o,  et  qu'on  prend  x  pour  infiniment  petit 
principal,  les  différents  termes  d'un  polynôme,  sauf  la  constante,  sont 
des  infiniment  petits  dont  l'ordre  est  égal  au  degré;  de  même  dans 
une  série  entière  en  :r  ;  de  même  encore  (sauf  le  dernier  terme)  pour 
ces  expressions,  considérées  si  souvent,  qui  ne  diffèrent  d'un  poly- 
nôme ordonné  suivant  les  puissances  croissantes  de  la  variable  que  par 
le  dernier  terme. 

Un  infiniment  petit  n'est  pas  toujours  d'un  ordre  déterminé.  Si, 
par   exemple,   on   prend -=  A  pour   infiniment  petit  pi^incipal,  les 

expressions 

I 

e-^,     , ■ , 

logx 

qui  sont  infiniment  petites  quand  J7'tend  vers  -\-  oo,  n'ont  aucun  ordre  : 
en  effet,  les  rapports 

I 

e    ''        T"  ^  h  xn 


h"^         e^  h"  loga" 

tendent  le  premier  vers  o,  le  second  vers  +  oo  quand  h  tend  vers  o 
par  valeurs  positives  ou  quand  x  tend  vers  +  x>,  et  cela  quel  que  soit 
le  nombre  positif». 

Les  propositions  qui  suivent  concernent  des  infiniment  petits  qui 
admettent  un  ordre  déterminé  et  une  partie  principale  : 


SÉRIES    DE    FONCTIONS.  253 

La  somme  de  deux  infiniment  petits  d'ordre  /i,  dont  les  parties 
principales  sont  «o '^'S  ^o^c",  est  un  infiniment  petit  d'ordre  /i, 
sauf  dans  le  cas  où  l'on  a  ao-+-  b^  =  o.  Si  «o  -h  ^o  n'est  pas  nul,  la 
partie  principale  de  la  somme  est  (cio  -{-  b^)  h".  Si  «o+^o  est  nul, 
l'ordre  infinitésimal  ne  peut  qu'augmenter. 

Le  produit  de  deux  infiniment  petits  d'ordres/),  q  est  un  infiniment 
petit  d'ordre  p  ■+■  q.  Sa  partie  principale  est  le  produit  des  parties 
principales  des  facteurs. 

Le  rapport  de  deux  infiniment  petits  d'ordres  />,  q  est  un  infini- 
ment petit  d'ordre />  — q,  lorsque/»  est  plus  grand  que  q;  sa  partie 
principale  est  le  rapport  des  parties  principales  des  deux  infiniment 
petits.  Il  tend  vers  une  limite  non  nulle  quand/)  est  égal  à  y;  il  est 
infiniment  grand  quand />  est  plus  petit  que  q. 

La  racine  p""""  d'un  infiniment  petit  d'ordre  n  est  un  infiniment 

petit  d'ordre  -•  Sa  partie  principale  s'obtient  en  prenant   la  racine 
pleine  ^jg  [^  partie  principale  de  l'infiniment  petit  donné. 


■246.  Infiniment  grands.  —  La  terminologie,  les  propositions,  la 
classification  relatives  aux  infiniment  petits  se  transportent  aisément 
aux  infiniment  grands.  Si  les  fonctions  /"(x),  (û(a:)  deviennent  infi- 
niment grandes  dans  les  mêmes  conditions,  et  si,  dans  ces  conditions, 

f  {  r  )         . 

la   valeur   absolue  du    rapport  ^^— —  finit  par  rester  comprise   entre 

deux  nombres  positifs  fixes  différents  de  o,  les  deux  infiniment 
grands  f  {x)  et  'f  (^)  sont  dits  du  même  ordre  :  deux  infiniment 
grands  équivalents  sont  du  même  ordre. 

On  peut  faire  choix  d'un  infiniment  grand  pi-incipal,  auquel  on 
rapporte  toutes  les  autres  fonctions  qui  deviennent  infiniment 
grandes  dans  les  mêmes  conditions  :  si  l'on  désigne  cet  infiniment 
grand  par  H,  tout  infiniment  grand  du  même  ordre  que  H",  (n  >>o) 

sera  dit  d'ordre  /?, Un  tel  infiniment  grand  est  de  la  forme  «H" 

où  a  est  une  fonction  de  la  variable  qui,  dans  les  conditions  considé- 
rées, reste,  en  valeur  absolue,  comprise  entre  deux  nombres  positifs 
fixes,  dont  aucun  n'est  nul;  le  cas  le  plus  simple  est  celui  où  a  tend, 
dans  ces  conditions,  vers  une  limite  a,,;  on  peut  alors  regarder  «oH" 
comme  la  partie  principale  de  «H".  La  partie  principale  d'un  poly- 
nôme en  J7,  quand  x  (;roît  indéfiniment,  est  le  terme  du  plus    haut 


254  CHAPITRE   XIV. 

degré.  On  ne  change  pas  l'ordre  d'un  infiniment  grand  en  lui  ajoutant 
un  infiniment  grand  d'ordre  inférieur. 

La  somme  de  deux  infiniment  grands  d'ordre  /i,  dont  les  parties 
principales  sont  «qH'S  ^oH",  est  un  infiniment  grand  d'ordre  n,  à 
moins  que  «o  +  ^o  ne  soit  nul,  auquel  cas  l'ordre  de  la  somme 
s'abaisse  :  il  peut  même  arriver  que  la  somme  de  deux  infiniment 
grands  ait  une  limite.  Si,  en  particulier  (n"*  234,  235),  chacun  des 
infiniment  grands  a  été  mis  sous  la  l'orme  de  la  somme  d'un  poly- 
nôme en  H,  sans  terme  constant,  d'une  constante,  et  d'une  partie 
qui  devient  infiniment  petite  dans  les  conditions  où  H  devient  infi- 
niment grand,  il  faut  et  il  suffit,  pour  que  la  somme  des  deux  infini- 
ment grands  ait  une  limite,  que  les  deux  polynômes  se  détruisent 
dans  cette  somme  :  la  limite  cherchée  est  la  somme  des  deux  con- 
stantes. 

Considérons,  par  exemple,  l'expression 


^x-  -\-  X  -\-  \  —  'y/a?'*  -H  I ,  j 

en  supposant  que    x  augmente  indéfiniment   par  valeurs    positives.  j 

On  a  ' 


•J.  \x        X- 1        >i   \x        X- 1 
i 

yx-^-\-i  =  x(i  +  ^^j 


1  3   I 

,..  =  x-\ h  -  - 

2  Sx 


I       I 

3  x^ 


Jx'^  -^  x  -\-\  —  J  x"^  4-1=  — \- h...; 

l'expression  considérée  tend  vers  la  limite  ^  quand  x  tend  vers  -f- 00. 

Il  me  paraît  inutile  d'énoncer  les  théorèmes  relatifs  au  produit  ou 
au  rapport  de  deux  infiniment  grands. 

Le  lecteur  aura  sans  doute  remarqué  qu'il  n'y  a  pas,  dans  ce  para- 
graphe relatif  aux  infiniment  petits  et  aux  infiniment  grands,  d'idées 
nouvelles  :  il  y  a  seulement  une  façon  de  parler,  qui  est  commode, 
et  à  laquelle  il  convient  de  s'habituer.  Les  exemples  où  figurent  les 
fonctions  exponentielle  et  logarithmique  sont  importants. 


SÉRIKS   DE    FONCTIONS.  255 

2i7.  Formes  illusoires.  Vraies  valeurs.  —  On  a  souvent  à  recon- 
naître coininenlse  comporte  une  fonction  aux  environs  d'une  valeur  a 
de  la  variable,  pour  laquelle  la  formule  qui  définit,  en  général,  la 
fonction  que  l'on  étudie  prend  une  forme  illusoire,  en  sorte  que, 
pour  cette  valeur  a,  la  fonction  ne  soit  pas  définie,  quoiqu'elle  soit 
définie  pour  les  valeurs  voisines.  11  peut  arriver  que,  dans  ces  condi- 
tions, la  fonction  tende  vers  une  limite,  lorsque  x  s'approche  de  o, 
soit  d'une  façon  arbitraire,  soit  en  restant  plus  petit  que  a,  ou  plus 
grand.  Cette  valeur  limite  est  ce  qu'on  appelle  souvent  la  vraie 
valeur  de  la  fonction.  Il  convient  de  réserver  cette  dénomination  (*) 
au  cas  où  la  limite  existe  quand  x  s'approche  de  «,  d'une  façon  arbi- 
traire :  en  attribuant  cette  vraie  valeur  à  la  fonction,  pour  .r  =  a, 
celle-ci  devient  continue  pour  x  ^=  a.  Lorsque  la  fonction  est  définie 
pour  les  valeurs  plus  petites  et  plus  grandes  que  a  et  qu'il  j  a  lieu 
de  distinguer  le  cas  où  x  s'approche  de  a  en  restant  plus  petit  que  a 
du  cas  où  X  s'approche  de  a  en  restant  plus  grand  que  «,  il  peut 
j  avoir  deux  limites  difterentes;  s'il  en  est  ainsi,  la  fonction  ne  peut 
pas  être  définie  pour  x  =i  a  de  manière  à  être  continue.  L'expres- 
sion vraie  valeur  ne  convient  pas.  Cette  expression  s'emploie  aussi 
lorsque  la  fonction  tend  vers  une  limite  quand  x  augmente  indéfi- 
niment en  valeur  absolue.  Ici  encore,  il  ne  convient  pas  de  l'em- 
ployer quand  la  fonction  se  comporte  différemment  suivant  que  x 
tend  vers  H- oo  ou  vers  — ce.  Je  rappelle  que  l'expression  vraie  va- 
leur a  déjà  été  introduite  dans  le  Chapitre  IV  à  propos  des  fractions 
rationnelles.  Enfin,  quand  la  formule  qui  définit,  en  général,  la  fonc- 
tion, prend  une  forme  illusoire  pour  x  =  a,  il  peut  arriver  que  la 
fonction  tende  vers  -f-  x)  ou  vers  — oo,  quand  x  s'approche  de  a.  Il 
importe  évidemment  de  savoir  reconnaître  ces  diverses  circonstances. 

Au  lieu  de  supposer  que  x  s'approche  de  a  ou  tende  vers  itoo,  on 
peut,  d'ailleurs,  comme  on  l'a  déjà  fait  observer  bien  des  fois,  se 
borner  au  cas  où  la  variable  tend  vers  o;  il  suffit,  pour  ramener  les 

autres  cas  à  celui-là,  de  faire  le  changement  de  variable  x  =  a  -\-  h, 

I 

ou    X  :=  -' 

Z 

Supposons,  par  exemple,  qu'on  ait  affaire  à  une  fonction  donnée  sous 
la  forme  ^- — -  et  que  les  deux  termes  de  la  fraction  s'annulent  pour 

(')  Elle  n'est  nullement  indispensable.  I^e  mot  limite  suffit. 


256  CHAPITRK    XIV. 

X  ^  a,  on  dit  que,  pour  x  =  a,  la  fonction  se  présente  sous  la  forme 
illusoire -;  si,  pour  j"  =  a,  les  deux  fonctions  cp(.r),  J>(.r)  sont  conti- 
nues, la  fonction  donnée  est  le  rapport  de  deux  infiniment  petits, 
quand  x  s'approche  de  o.  Si,  quand  x  tend  vers  +  oc  ou  vers  — oo, 
cp(^)  et  <]^(^)  tendent  vers  o,  on  dit  encore  que  la  fonction  se  pré- 
sente, pour  .r  =  ±:oo,  sous  la  forme  -  et  l'on  a  encore  affaire, 
quand  x  tend  vers  +  oc  ou  vers  —  oo,  au  rapport  de  deux  infiniment 
petits. 

Si,  lorsque  x  tend  vers  a  ou  vers  ±00,  les  fonctions  'f  (^),  •^(•a:^) 
sont  infiniment  grandes,  on  dit  que,  pour  j?  =  «,  ou  pour  ;r=:±oo, 
la  fonction  donnée  se  présente  sous  la  forme  illusoire  —  ;  on  a  affaire 
au  rapport  de  deux  infiniment  grands  (').  La  recherche  de  la  limite 
se  fera  comme  on  l'a  expliqué  dans  le  paragraphe  précédent. 

Si  l'on  a  affaire  à  un  produit  de  deux  facteurs,  dont  l'un  est  une 
fonction  continue  de  x  qui  s'annule  pour  x=:a,  et  dont  l'autre 
grandit  indéfiniment  quand  x  s'approche  de  a,  on  dit  que  la  fonction 
se  présente  sous  la  forme  o  x  00;  on  a  affaire  au  produit  d'un  infini- 
ment petit  par  un  infiniment  grand. 

On  a  donné  dans  le  paragraphe  précédent  et,  en  particulier,  au 
n"  244,  des  explications  suffisantes  pour  traiter  ces  différents  cas. 

On  dit  d'une  expression  qu'elle  se  présente  sous  la  forme  oc  —  00 
pour  dire  qu'elle  est  la  différence  de  deux  fonctions  infiniment 
grandes  qui  finissent  par  avoir  le  même  signe.  11  s'agit  là,  au  fond, 
de  la  somme  algébrique  de  deux  infiniment  grands;  on  a  parlé  de  ce 
cas  au  n"  246. 

Considérons  encore  une  expression  telle  que  «"  où  a  et  ^^  sont  des 
fonctions,  s'annulant  pour  ^  =:  a  et  continues  pour  cette  valeur  de  x. 


(')  Je  dois  signaler  une  règle  célèbre,  connue  sous  le  nom  de  VHospital,  que  je  ne 
démontrerai  pas.  (Voir   Introd.,  n°  234). 

Si  les  deux  termes  du  rapport  —, — -  deviennent  infiiiiinenî  petits  tous  les  deux,  ou 
'■p(^) 
infiniment  grands  tous  les  deux  lorsque  x  tend  vers  a  ou  vers  ±  oc,  et  si  le  rapport 

•'—r-, — 7   des  dérivées  des  deux    termes   tend,  dans    les     mêmes  conditions,   vers    une 
'J>  {x) 

f(x) 
limite  L,  le  rapport  —- — -  tend  aussi  vers  celle  limite  L. 

cp(  j;) 

Dans  la  plupart  des  cas,  l'emploi  de  cette   règle  est   moins  commode  que  les  mé- 
thodes développées  plus  haut. 


SKRIËS    DE    FONCTIONS.  -îSj 

L'expression  o"  n'a  aucun  sens  par  elle-même;  les  divers  sens  qu'on 
est  lente  de  lui  donner  sont  contradictoires  :  d'une  part,  l'expres- 
sion A"  est  égale  à  i,  quel  que  soit  le  nombre  A,  pourvu  qu'il  ne  soit 
pas  nul;  d'autre  part,  l'expression  o'"  doit  être  regardée  comme  nulle, 
quel  que  soit  le  nombre  positif  m.  Le  problème  consiste  à  chercher 
si  u*'  tend  vers  une  limite  quand  x  tend  vers  a;  on  remarquera 
dabord  que  le  problème  n'a  de  sens  que  si  u  tend  vers  o  par  valeurs 
positives  quand  x  tend  versa,  autrement  l'expression  u^  n'aurait  pas 
de  sens  pour  une  infinité  de  valeurs  de  v. 

On  cherchera  la  limite  du  logarithme  de  «",  c'est-à-dire  la  limite 
de  V  lg«;  on  a  alïaire  au  produit  d'un  infiniment  petit  i>  par  un  infi- 
niment grand  logw  :  si  ce  produit  tend  vers  une  limite  /,  «"  tendra 
\ers  la  limite  e';  si  le  produit  v  \gii  tend  vers  -t-  oo,  m"  tendra  vers  -(-oo; 
si  le  produit  v  IgM  tend  vers  —  oo,  m"  tendra  vers  o. 

Par  exemple,  x^,  quand  a;  tend  vers  o  par  valeurs  positives,  tend  vers  i, 
car  le  logarithme  de  celle  fonction,  à  savoir  x  Iga?,  lend  vers  o;  il  en  sera  de 
même  de  la  fonction  x'''%  en  supposant  n  positif. 

La  fonction  :r's  ' ,  pour  .r  >  o,  est  constamment  égale  à  e,  puisque  son  loga- 
rithme est  égal  à  I.  Sa  limite,  quand  x  tend  vers  o  par  valeurs  positives,  est 
le  nombre  e. 

Considérons  encore  l'expression 


OÙ  n  est  un  nombre  positif  et  où  l'on  suppose  que  x  tende  vers  o  par  valeurs 
positives:  son  logarithme  est 


{x  —  \gx)" 


quand  attend  vers  o,  c'est  le  rapport  de  deux  infiniment  grands;  en  substi- 
tuant au   dénominateur  l'infiniment    grand    équivalent  (—  Iga:)",  on   obtient 

l'expression    —    -. — — -  qui  tend    vers   o    pour    n  >  i,    qui   est   toujours 

(      iga:)" 

égale  à  —  i  pour  /i  =  i,  qui  tend  vers  — oo  si  n  est  compris  entre  o  et  i.  La 
limite  de  l'expression  proposée  sera  i  dans  le  premier  cas,  -  dans  le  «econd, 
o  dans  le  troisième. 

L'expression  u''  se  présente  sous  la  forme  illusoire  i-"  lorsque,  la 
variable  x  tendant  vers  a  (ou  vers  dr  oo),  il  arrive  que  u  tende  \ers  i 
T.  -  IL  17 


258  CHAPITRE   XIV. 

et  V  vers  ±00  :  on  ne  reconnaît  rien,  de  suite,  sur  la  valeur  d'un  très 
grand  nombre  de  facteurs  voisins  de  i. 

On  considérera  encore  le  logarithme  rlgM  de  l'expression  «"  :  en 

posant  ç-  =  -,  w  =  1  4-  [îi,   a  et  [3  seront,  dans  les  conditions  consi- 
dérées, des  infiniment  petits;  on  a  d'ailleurs 

.ig„  =  iig(,+p)=i(,-f  +  |-...). 

Si  -  tend  vers  une  limite  m,  m  est  la  limite  de  v  lg«;  celle  de  u" 
est  ^"'.  Si  ^  tend  vers  -t- oo,  v\gu  et  u"  tendent  vers  -f- 00.  Si  -  tend 
vers  —  00,  w"  tendra  vers  o. 

Par  exemple,  lorsque  l'on  regarde  x  comme  une  constante  et  que  l'on  fait 
croître/)  indéfiniment  en  valeur  absolue,  (  n 1     tend  vers  e^,  puisque  l'on 

i  X     ^  ^ 

a  alors  a  =  —■,  'i  =—■>-—  x.  Dans  les  mêmes  conditions,  cos/^  —  tend  vers  i . 

p       ^  p      CL  p 

On  a  dans  ce  dernier  cas 

I  X  8        -'^s.n^—  8 

a=-,  S= — 2  sin2 — ,  ^  —  ,  hm  -  =  o. 

p  ip  %  OL  a. 

EXERCICES. 

\y~     1 

233.  Calculer  avec  cinq  décimales  exactes  y/  e,  yj-^- 

\/e 

234.  Montrer  que  l'on  a 

24    \ 


"i  lg2  —  3  lg5  =  lg(  1  + 

'    *  ^  ^\         1000/ 

et  se  servir  de  cette  formule  pour  calculer  le  premier  membre  avec  sept  déci 
maies  exactes. 

23S.  Calculer  lg2  avec  cinq  décimales  exactes  au  moyen  de  la  formule 
1  o  I     5         1     4 1         ,1 0-25 

lg2   =  31g^-+lg--lg  — 

et  de  la  formule  (2)  du  n"  226. 


SÉRIES    DE    FONCTIONS.  I^g 

236.  Si  et  est  un  nombre  plus  petit  que  e,  la  somme  de  la  série 

I  1.2  I  .  '2 . 3 

est  une  fonction  de  .r  continue  dans  tout  intervalle. 
On  s'appuiera  sur  ce  que  la  série 

a    ,       a(a-\-i)    ,„       a(a  -h  i)(a  -\-  i)    „ 
IH an ^^ a'2  H ^ ^-^5 a''  -H ... , 

où  a  est  un  nombre  positif  et  a'  la  valeur  absolue  de  a,  est  toujours  conver- 
gente. 

237.  En  dt'signant  par  n  un  nombre  naturel,  on  a 

Ign— ^IgCn  +  O-^  lg(/i  -h'i) 

I  I  I 


(n  +  iy        2(rt-t-i)*  p{n-h\)^P 

montrer  que  cette  expression  est  plus  petite  que    lo-^  quand  n  est  égal  ou 
supérieur  à  looo. 

Utiliser  ce  résultat  afin  d'expliquer  que,  dans  les  tables  de  logarithmes,  les 
différences  varient  peu  tout  en  diminuant. 

238.  En  désignant  pat  n  un  nombre  naturel  et  en  posant 

_  2n  -+-  3 

on  a 

lg(/n-3)— 3lg(n-^2)+3  1g(n-^i)— Ign 

Un  Uf.  Uf, 

=  2 h2^  +  2-^  ■+-...; 

I  3  ) 

montrer  que  a„  diminue  quand  n  augmente.   Evaluer  grossièrement  l'ordre 
de  grandeur  de  la  quantité 

lg(rt-H3)—  3  1g(rt-h2)+31g(/n-i)—  Ign  —  2M,„ 

quand  n  est  égal  à  lo,  ou  à  loo. 

239.  Si  a  et  ^  sont  de  même  signe,  on  a 
a        a  —  b        \  1  a  —  bV^       \  1  a  —  b\^ 


il    ^  _  «^  --  P        \la  —  b\^-       i/a  —  by 


26o  CHAPITRK    XIV. 


240.  Si  X  est  compris  entre et  — >  on  a 

2        i. 


-  Ig =  tang2 1_     taner*'' h  -  tane'» 1- . . . . 

Montrer    que.  lorsque    x    est    positif  et    plus    petit    que   -— j    la    fonction 
Ig 2  tar>g2  —  est  positive  et  plus  petite  que  tang»  —  •   Lorsque  x  est 

compris  entre  o  et  —  ?  elle  reste  inférieure  à  \o~^. 

^  .■) 

ai  X  est  compris  entre  o  et  —,  on  a 
^  2 

-  Ig  tanga?  =  tang  (  a:^  —  T  )  +  t  tang^  [x  —  -7  )  -+-  t  tang*  (x  —  —  )  -f-. . , . 
2  \  4  /        3  \  4  /        5  \  4  / 


24.1.  Déterminer  les  nombres  a,  ^  de  manière  que  la  série  dont  le  «'""*  terme 

^  3     . 


242.  Déterminer  les  nombres  a,  p,  y  de  manière  que  le  développement  de 

aa?  -+-  Sa?* 

î— arc  tanga^, 

i  +  ya^î  ^    ' 

suivant  les  puissances  entières  de  a?,  commence  par  un  terme  en  x'' \  les 
nombres  étant  ainsi  déterminés,  on  demande  d'évaluer  le  premier  chiffre 
significatif  de  la  différence  précédente  pour  x  =  tang—  =  2  —  /S. 

243.  Déterminer  les  nombres  a,  p,  7  de  manière  que  le  développement  de 

a  log(i  -+-  x)-i-  p  log(i  —  x)-\-  y  arc  tanga?  —  x^ 
suivant  les  puissances  entières  de  x  commence  par  un  terme  en  a;^. 


244.   Déterminer  les  nombres  a,  p,  a',  ^'  de  manière  que  le  développement 
de 

(x^-^-  ax  -h  ^)e^ — 37^  — a'a?  — P' 

suivant  les  puissances  entières  de  x  commence  par  un  terme  en  a7».  Montrer 


SÉRIES   DE    FONCTIONS.  261 

que  l'on  a  alors 

I  a?2-^  ot'a? -+- 8' I       x'^e^' 

I  a**  H-  a  j?  -I-  j3  I  ■:>4 

en  désignant  par  x'  la  valeur  absolue  de  x. 

2i5.  Si  l'on  prend  les  dérivées  n'^™"  des  deux  membres  de  l'égalité 


x-i 

X" 

1  .-l 

.2.  . 

.n 

X 

1 .2. .  .(/i -f- 1)        i  .1. .  .(  n  -h  -2)  I  .'2. .  .(ï/i -+-/) -h  i) 

on  arrive  à  une  égalilé  de  la  forme 

où  P„(a-)  et  Q,i(a7)  sont  des  polynômes  en  x  et  où  S„(a7)  est  une  série  entière 
en  x.  à  coefficients  positifs,  toujours  convergente. 

Trouver  l'expression  explicite  des  polynômes  P„(a7)  et  Q„(a7);  montrer  que 
l'on  a  P„(a7)=  Q„(:f),  que  les  coefficients  des  polynômes  Pra(a^)  et  Qra(a7) 
sont  entiers;  que  la  somme  de  la  série  S,i(a7)  est  moindre  en  valeur  absolue 
que  e^' ,  en  désignant  par  x'  la  valeur  absolue  de  x;  que,  si  l'on  donne  à  x  une 
valeur  fixe  quelconque,  la  quantité  e^Q„(a7) —  P/i(^)  tend  vers  o  quand  n 
augmente  indéfiniment;  cette  même  quantité  est  positive  pour  x  positif. 
Déduire  de  là  que  toutes  les  puissances  entières  de  e  sont  des  nombres  irra- 
tionnels. 

Evaluer  le  premier  chiffre  significatif  de  la  différence 

réduite  en  fraction  décimale,  pour  x  =  i,  pour  x  =  -• 
Vérifier  l'identité 

Q«  -^  (  1  «  —  î  »  Q,i\  —  37*  Q„^  2  =  o. 

246.  Soient  a  et   6   deux   nombres  tels  que   le   rapport  y-  ne  soit  pas  un 

nombre  entier  négatif;  la  série  dont  le  n'"""'  terme  est r  est,  comme  on 

"  na-h  b 

le  sait,  divergente.  Déterminer  le  nombre  a  de  manière  que  la  série  dont 
le  n'"""'  terme  est r 


202  CHAPITRE    XIV. 

Montrer  que  l'expression 


a  ^  b        la  -^h       '    '       na  -\-  b  a 

tend  vers  une  limite  quand  n  augmente  indéfiniment. 

247.  Soit  S,j  la  somme  des  n  premiers  termes  de  la  série  divergente 

III  I 

-  H h  -  -f-.  .  .H 1- 

12        3  n 

Montrer  que,  lorsque /o  et  n  sont  des  nombres  naturels  très  grands,  la  quantité 


[Wl 


^ip S/, S,i  diiïère  peu  de  ig2 

On  peut  faire  croître/»  et  n  de  façon  que  la  quantité  précédente  tende  vers 
la  limite  que  l'on  veut. 

Déduire  des  résultats  précédents  que  la  série  convergente 

I-  -  +...  +  (-i)"-î-  -+-... 
2  ^       '        n 

a  pour  somme  lg2  et  qu'on  peut  en  ranger  les  termes  de  manière  à  obtenir 
soit  une  série  convergente  dont  la  somme  est  tel  nombre  que  l'on  veut,  soit 
encore  une  série  divergente. 

248.  Si  dans  l'intervalle  («,  è)  la  fonction /(a?)  admet   des  dérivées  jus- 
qu'au troisième  ordre,  on  peut  écrire 

/(6)  =  /(a)+^|/(6)  +  /'(a)]-^AzLf^/'"(a), 

en  désignant  par  a  un  nombre  compris  entre  a  et  b.  Raisonnement  analogue  à 
celui  du  n°  222.  Si  Ion  pose 

fib)-f(a)-  ^[/'(6)+/'(a)]=  ^-^^A, 

<p(;r)=/(:r)-/(a)-  ^^[/(^) +/(«)]- ^^1^=^ A, 


on  constate  que  la  fonction    œ(a7),   nulle  pour  :f  =  6,  s'annule  pour  a^  =  a, 
ainsi  que  sa  dérivée   première   et  sa   dérivée    seconde.    Celle-ci   est  égale   à 

[A  +-/'"(' a-)];  elle    doit  s'annuler   pour   une  valeur  de  x  comprise 

entre  a  et  6  ;  d'oii  la  conclusion. 


SÉRIES    DE    FONCTIONS.  203 

249.  Si  <lans  l'intervalle  (a,  6)  la  lonction /(a^)  admet  des  dérivées  jusqu'au 
cinquième  ordre,  on  peut  écrire 

b  —  a 


/(b)  =  /(a)-i-ib-a)f(a) 


\fib)-f{a)\ 


[/"(è)-/"(a)J+i^^^/v(a), 


a  étant  un  nombre  compris  entre  a  et  b. 

^.W.  Dans  les  mêmes  conditions,  on  a 
b  —  a 


f(b)-f{a)  = 


[/■""-/■<')-^./1^)]-^^/-'«>. 


a  étant  encore  compris  entre  a  et  6  (  '  ). 

^.t1.  Si  dans  l'intervalle  (a  —  A,  a -h  h)  la  fonction  y(.r)  admet  des  dér 
vées  première  et  seconde,  on  peut  écrire 


/(a-hh)—-if(a)-hf(a  —  h) 
6  étant  un  nombre  compris  entre  o  et  i. 


=  /''(a-+-^h), 


23î2.  Si  les  fonclions/(a:),  g{x),  h{x)  admettent  des  dérivées  première  et 
seconde  dans  un  intervalle  comprenant  les  nombres  a,  6,  c,  on  a 


/(«)  f{b)  /(c) 
g{a)  g{b)  g{c) 
h(a)     h(b)     h(c) 


{b  —  c){c  —  a)(a  —  b) 


/{a)  f'i^)  /'(Y) 
g{a)  g'iP)  ^7t) 
h(a)     h'{^)     A^Y) 


en   désignant   par  p,  y  des  nombres  compris  entre  le  plus  grand  et  le  plus 
petit  des  nf>mbres  (a,  6,  c). 

258.  Quel  que  soit  le  nombre  positif/),  la  série  dont  le  (n  —  ly^'"'  terme  est 
danyï'  est  divergente. 

•2"}A.  Les  équations  différentielles 

u'  =  V,         v'  =  —  u, 


('  )  Relativement  aux  exercices  248,  249,  250,  voyez  n"  .331. 


264  CHAIMTIIE    XIV. 

OÙ  M  et  t^  désignent  des  fonctions  de  x  et  w/,  v  leurs  dérivées,  sont  vérifiées 
quand  on  y  remplace  m  et  (^  par  sina?  et  cosa?.  Montrer  que,  si  m  et  t"  sont  des 
fonctions  qui  vérifient  ces  équations  différentielles,  «^  ^_  ^,2  ggt  constant.  Si, 
en  outre,  pour  a"  =  o,  la  fonction  a  est  nulle  et  la  fonction  v  égale  à  i ,  on  a 
nécessairement  u  =  sina?,  v  =  cosa:. 

En  supposant  que  les  fonctions  sina?  et  cosa^  soient  développables  en  séries 
entières  en  x,  montrer  comment  on  peut,  en  s'appuyant  sur  les  résultats  pré- 
cédents, déterminer  les  coefficients  de  ces  séries.  Montrer  que  les  séries 
•  trouvées  ont  bien  pour  sommes  respectives  sina-  et  cosa". 

255.  Limites,  pour  a:7  =  o,  de 

Ig-^  i 

a"  — sina?        i  —  cosa-         '^  sina:        (i-t-a?)'  — e 

Ke^  —  \)^         cha?  —  1  sin^a?  x 

(  2  -t-  a?  )  —  (2  —  x)e^         X  —  si  n  .r  .        ,  p— -         — 

^ i ,     -,      sina^lga?,     a?'--',      e    ■'  tanga?; 

sh*a;  tanga-  —  x 

dans  les  trois  dernières,  on  suppose  que  x  tend  vers  o  par  valeurs  positives. 
J^imite  pour  ap  =  —  de 


Ig  tanga?  —  tang  (  a?  —  y  1 

V  4  / 


tangsf  X— -  1 


256.  Quelque  petit  que  soit  le  nombre  positif  e,  on  peut  trouver  des  valeurs 
de  X  positives  et  moindres  que  s  telles  que  la  fonction 

X 

soit  aussi  petite  ou  aussi  grande  que  l'on  voudra. 


257.  Si  l'on  convient  d'attribuer  à  la  fonction  e  •'^''  la  valeur  o  pour  a?  =  o, 
cette  fonction  est  continue  et  admet  des  dérivées  de  tous  les  ordres;  montrer 
que  ces  dérivées  sont  toutes  nulles  pour  a?  =  o.  Cette  fonction  peut-elle  être 
développée  en  une  série  entière  en  a?? 

258.  Si  a,  p,  ...,  X  sont  des  nombres  différents,  il  ne- peut  pas  y  avoir  de 
polynômes  (en  a?),  A,  B,  ....  L  tels  que  l'on  ait,  pour  toutes  les  valeurs  de  x, 

A  é-a^  -H  B  eP-*  -f- . . .  -h  L  e>-^  =  o. 


i 


SERIES    DE    FONCTIONS. 


265 


2S9.  Il  n'y  a  pas  de  polynôme  en  x,  y  qui  devienne  nul  quel  que  soit  a-, 
quand  on  y  remplace  y  par  e^.  Il  n'y  a  pas  de  polynôme  en  a:,  y  qui  devienne 
nul,  quelle  que  soit  la  valeur  positive  de  .r,  quand  on  y  remplace  y  par  Iga". 


I 


:2G0.   On  considère,  sur  un  cercle  de  centre  O  et  de  rayon  i,  un  point  fixe  A  et 
un  point  variable  M  :  on  prendra  pour  infiniment  petit  principal  l'arc  AM  =  a. 
Évaluer  la  partie  principale  des  infiniment  petits 

PM,     AM,     AT,     PA,     AI,     MT,     AT  -  a,     a  —  AM,     AI-^IM  — AM, 
AI  +  AM  — 3-,     aire  AIM. 


P  est  la  projection  du  point  M  sur  OA,  T  et  I  sont  les  intersections  de  la  tan- 
gente en  A  avec  le  rayon  OM  et  la  tangente  en  M. 

261.  Quelle  est  la  limite,  quand  x  tend  vers  -f-  ac,  de 


X  (  \'  x'^  -I-  v/a?*  -H  1  —  x^-x)1 

262.  En  désignant  par  a,,  ôj,  Ci.  ....  «„,  6„,  c„  des  constantes,  parmi  les- 
quelles on  suppose  que  ai,  «2,  ...,  a,i  sont  positifs,  on  demande  de  déter- 
miner des  nombres  a,  ^  tels  que  l'expression 


^ a^x--^  'iôi  a-  -(-  Cl  -H  ^a^x-  ^r-  xb-ix  -+-  c» 


-{-^anX--\-xb,iX  -\-  c„  —  tx  —  ^ 

tende  vers  o  quand  x  tend  vers  -i-  oc.  Les  constantes  a,  p  étant  ainsi  déter- 
minées, quel  est  le  signe  de  l'expression  précédente  pour  de  grandes  valeurs 
de  x*. 


CHAPITRIi  XV. 


APPLICATIONS  A  L'ÉTUDE  D'UNE  FONCTION,  A  LA  SEPARATION 
ET  AU  CALCUL  DES  RACINES  D'UNE  ÉQUATION. 


§    1.  —   ÉTUDE  DE   LA  VARIATION    D'UNE   FONCTION    DONNÉE. 

248.  Quand  on  veut  étudier  la  variation  d'une  fonction  /(x)-, 
donnée  explicitement,  la  première  chose  à  faire  est  de  déterminer  les 
intervalles  dans  lesquels  la  fonction  est  réelle  et  continue. 

Si,  en  particulier,  l'expression  de  la  fonction  contient  des  radicaux 
d'indice  pair,  des  logarithmes,  etc.,  on  n'oubliera  pas  que  les  quan- 
tités dont  on  a  à  extraire  la  racine,  ou  à  prendre  le  logarithme,  doivent 
être  positives.  Les  valeurs  de  x  pour  lesquelles  la  fonction  cesse 
d'exister,-  et  celles  pour  lesquelles  elle  est  discontinue  seront  des 
bornes  des  intervalles  que  l'on  aura  à  considérer. 

Toutes  ces  valeurs  de  x  doivent  être  rangées  par  ordre  de  gran- 
deur. 

On  étudiera  ensuite  le  signe  de  la  dérivée,  en  se  bornant  aux  va- 
leurs de  ^  qui  appartiennent  aux  intervalles  où  la  fonction  existe: 
on  notera  les  valeurs  particulières  pour  lesquelles  cette  dérivée  est 
discontinue  ou  infinie  (').  On  cherchera  ensuite  les  valeurs  pour  les- 
quelles elle  s'annule,  parce  que,  si  elle  est  continue,  elle  ne  peut 
changer  de  signe  qu'en  s'annulant;  on  retiendra  celles  de  ces  valeurs 
pour  lesquelles  elle  change  effectivement  de  signe.  Parmi  les  valeurs 
de  .27,  telles  que  la   dérivée  soit  discontinue  ou  n'existe  pas,  valeurs 


(')  A  proprement  parler,  elle  n'existe  pas  quand  on  dit  qu'elle  est  infinie. 


APPLICATIONS   A    L  ÉTUDE    d'lNE    FONCTION,    ETC.  267 

que  je  suppose  isolées  et  en  noinl)re  fini,  c'est  aussi  celles  pour  les- 
(|uelles  la  (l«îrivée  change  de  signe  qu'il  faut  conserver.  Toutes  les 
\aleurs  de  x  ainsi  conservées,  rangées  par  ordre  de  grandeur,  sont 
intercalées  dans  le  tableau  primitif.  Le  champ  de  variation  de  la  va- 
riable X  est  ainsi  décomposé  en  intervalles  partiels  tels  que,  à  l'inté- 
rieur de  chacun  d'eux,  la  fonction  soit  continue,  et  que  sa  dérivée 
ait  un  signe  constant. 

Les  bornes  de  ces  intervalles  sont  les  valeurs  de  x  où  la  fonction 
cesse  d'exister,  où  elle  est  discontinue,  où  la  dérivée  change  de  signe. 

Pour  simplifier  le  langage,  je  conserve  le  nom  à' intervalle  à  des 
symboles  tels  que  ( —  oc,  a),  (,3,  +  x>)  qui  désignent  l'ensemble  des 
nombres  inférieurs  où  égaux  à  a,  supérieurs  ou  égaux  à  ^. 

Il  suffit  d'étudier  comment  la  fonction  varie  dans  chacun  des  inter- 
valles partiels  ainsi  formés.  Considérons  l'un  de  ces  intervalles;  à 
l'intérieur,  la  fonction  est  toujours  croissante  ou  toujours  décrois- 
sante :  on  sait  distinguer  les  deux  cas  par  le  signe  de  la  dérivée  on, 
lorsque  la  fonction  est  continue  dans  tout  l'intervalle,  y  compris  les 
bornes,  par  les  valeurs  qu'elle  prend  pour  ces  bornes.  S'il  y  a,  à  l'in- 
térieur de  l'intervalle  une  valeur  pour  laquelle  la  dérivée  n'existe 
pas,  il  n'y  a  pas,  pour  ce  qui  concerne  le  sens  de  la  variation  de  la 
fonction,  à  s'en  préoccuper. 

On  a  ensuite  à  porter  l'attention  sur  les  bornes.  Lorsque  x  s'ap- 
proche indéfiniment  d'une  de  ces  bornes,  la  fonction,  qui,  dans  l'in- 
tervalle, varie  toujours  dans  le  même  sens,  ou  bien  tend  vers  une  li- 
mite, ou  bien  tend  vers  -J-  oo  ou  vers  —  oo.  On  sera  certainement  dans 
le  premier  cas  si  la  fonction  est  continue  pour  la  borne  que  l'on 
étudie  :  les  deux  autres  cas  se  reconnaîtront  sur  l'expression  donnée; 
d'ailleurs,  s'il  s'agit,  par  exemple,  de  la  borne  supérieure  et  si  la  fonc- 
tion ne  tend  pas  vers  une  limite,  elle  tend  évidemment  vers  -h  oo  si 
elle  est  croissante,  vers  — oo  si  elle  est  décroissante;  c'est  l'inverse 
quand  il  s'agit  de  la  borne  inférieure.  Des  remarques  analogues  s'ap- 
pliquent encore  lorsque  x  tend  vers  -h  oo  ou  \  ers  —  oc. 

Il  n'y  a  rien  de  plus  à  dire  si  la  borne  considérée  limite  un  inter- 
valle au  delà  duquel,  ou  en  deçà  duquel  la  fonction  cesse  d'exister. 

Supposons  que  la  borne  considérée,  que  j'appellerai  6,  sépare  deux 
intervalles  où  la  fonction  existe  :  b  est  la  borne  supérieure  d'un  pre- 
mier intervalle,  la  borne  inférieure  d'un  second  intervalle.  Si  la  fonc- 
tion est  continue  poui'  x  =  b,  c'est  que,  d'après  la  façon  dont  on  a 


268  CHAPITRK    XV. 

formé  les  intervalles,  la  dérivée  change  de  signe  pour  .t=:  b  soit  en 
s'annulant,  soit  en  devenant  discontinue  ou  infinie  ('). 

Lorsque  x  traverse  la  valeur  b  en  croissant,  la  dérivée  peut  passer 
du  positif  au  négatif  ou  du  négatif  au  positif;  dans  le  premier  cas,  la 
fonction  est  croissante  pour  les  valeurs  de  x  inférieures  à  b,  elle  est 
décroissante  pour  les  valeurs  de  œ  plus  grandes  que  b  ;  lorsque  x  tra- 
verse la  valeur  b,  la  fonction  cesse  de  croître  pour  décroître  ensuite  : 
elle  passe  par  un  maximum;  si,  au  contraire,  la  dérivée  passe  du  né- 
gatif au  positif,  la  fonction,  pour  x  =  b^  cesse  de  décroître  pour 
croître;  elle  passe  par  un  minimum.  On  aura  à  calculer  la  valeur  de 
ce  maximum  ou  de  ce  minimum. 

Lorsque  la  fonction  est  discontinue  pour  x  =  b,  on  a  à  reconnaître 
si,  quand  x  croît  et  traverse  la  valeur  6,  la  fonction  passe  de  +  oo  à 
—  00,  de  — 00  à  H- 00  ;  si,  tout  en  devenant  infinie  pour  x  =  b,  elle 
garde  son  signe  ;  si  elle  passe  brusquement  d'une  valeur  finie  à  une 
autre  valeur  finie,  d'une  valeur  finie  à  ±  oo,  ou  bien  de  dz  oo  à  une 
valeur  finie,  quand  on  passe  d'un  intervalle  à  l'autre. 

Il  peut  d'ailleurs  arriver  que  l'expression  même  de  la  fonction  de- 
vienne illusoire  pour  certaines  valeurs  de  la  variable.  On  a  enfin  à  re- 
connaître comment  elle  se  comporte  pour  .2"  =  rh  oo.  J'ai  indiqué,  à 
la  fin  du  Chapitre  précédent,  la  marche  à  suivre  pour  lever  les  diffi- 
cultés de  cette  nature. 

11  sera  toujours  bon  de  résumer  dans  un  graphique  l'étude  de  la 
variation  d'une  fonction,  soit  qu'on  représente,  au  fur  et  à  mesure, 
la  variation  de  la  fonction  par  un  trait  de  courbe,  dans  chaque  inter- 
valle dont  on  a  fait  l'étude,  soit  qu'on  ne  construise  la  courbe  qu'a- 
près avoir  terminé  l'élude  analytique. 

Relativement  à  ce  graphique,  les  valeurs  de  la  variable  qui  rendent 
la  dérivée  nulle,  infinie,  discontinue,  sans  que,  pour  cela,  la  dérivée 
change  de  signe,  et  qui  ne  figurent  pas  comme  bornes  des  inter- 
valles que  j'ai  décrits  plus  haut,  ne  sont  pas  sans  intérêt.  Si  la  dé- 
rivée s'annule  pour  .r  =  Xq,  c'est  que  la  tangente  au  point  d'ab- 
scisse Xq  est  parallèle  à  l'axe  des  x;  si  elle  s'annule  sans  changer  de 
signe,  c'est  que  la  fonction  continue  de  croître  ou  de  décroître;  le 


(  '  )  On  est  dans  le  premier  cas  si  la  dérivée  est  continue  ;  la  fonction  y  z=  x^  four- 
il,  pour  X  —  o,  un  exemple  du  second  cas. 


APPLICATIONS    A    l'kTUUE    d'lNE    FONCTION,    ETC.  iôg 

trait  de  courbe  traverse  la  tangente  au   point  d'aljscisse  Xo,  (jui  est 
un  point  à' injlexion  {Jig-  74?  Z^)- 


Fi g.  74. 


examinons  maintenant  le  cas  où  la  dérivée  devient  infinie  sans  que 
la  fonction  soit  discontinue,  et  supposons  d'abord  qu'il  s'agisse  de  la 
borne  d'un  intervalle  (a,  6),  par  exemple  de  la  borne  inférieure  a.  En 
disant  que  la  dérivée  f'{x)  de  la  fonction  y(.r)  devient  infinie  pour 
.r  :=  a,  on  entend  que  la  fonction /'(a?)  devient  infiniment  grande 
quand  x  s'approche  de  a  par  valeurs  plus  grandes  que  a  :  il  importe 


f(a^h)  —  f{a. 


est  lui 


de  remarquer  que,  dans  ce  cas,  le  rapport 
même  infiniment  grand  quand  h  tend  vers  o  par  valeurs  positives;  ce 
rapport,  en  effet,  en  vertu  du  théorème  du  n"  215,  dont  la  démonstra- 
tion ne  suppose  pas  l'existence  de  la  dérivée  pour  x  =  «,  est  égal 
•A  f{a  -\-Hh)^  8  étant  compris  entre  o  et  i  ;  or,  par  hypothèse,  cette 
expression  est  infiniment  grande,  quand  li  est  infiniment  petit.  Cela 
revient  à  dire  que  la  droite  qui  joint  le  point  de  la  courbe  dont  les 
coordonnées  sont  a,  f{(i)  au  point  voisin,  dont  les  coordonnées  sont 
a  -\-  li^  f{a  -\-  h)^  tend  à  devenir  parallèle  à  l'axe  des  y,  ou  encore 
que  la  tangente  à  la  courbe,  au  premier  point,  est  parallèle  à  cet  axe. 

Supposons  maintenant  que,  pour  x  =^0^  la  fonction /(^)  soit  con- 
tinue, mais  que  la  dérivée  soit  infinie,  sans  changer  de  signe;  on 
verra  comme  tout  à  l'heure  que,  au  point  d'abscisse  x^^  la  tangente 
est  parallèle  à  l'axe  des  j-  et  que  la  courbe  traverse  sa  tangente  en  ce 
point,  qui  est  un  point  d'inflexion. 

Enfin,  supposons  que,  pour  x  =  Xq,  il  y  ait  une  dérivée  à  droite 
el  une  dérivée  à  gauche,  et  que  ces  deux  dérivées  soient  difiérentes; 
la  courbe  présentera,  au  point  correspondant,  un  point  anguleux 
(n°207). 


270  CHAPITRE    XV. 

249.  La  méthode  précédente,  toutes  les  fois  qu'on  peut  décom- 
poser l'intervalle  ou  les  intervalles  dans  lesquels  la  fonction  est  défi- 
nie en  intervalles  partiels  où  la  dérivée  garde  un  signe  constant,  permet 
de  se  rendre  compte  du  sens  dans  lequel  la  fonction  varie. 

La  formule  de  Taylor  (  n"  232)  et,  plus  généralement,  les  expres- 
sions approchées  que  l'on  a  appris  à  former  dans  le  Chapitre  précé- 
dent permettent  d'obtenir  des  renseignements  plus  précis  pour  ce 
qui  concerne  Tallure  delà  fonction  aux  environs  d'une  valeur  a  de  la 
variable.  Supposons,  par  exemple,  qu'on  soit  dans  le  cas  où  la  for- 
mule deTajlor  est  applicable,  de  sorte  que,  en  posant  x  ^=  a  -\-  A,  la 
fonction /(^)  se  mette  sous  la  forme 

(1)  /(a +  /,)=/(a)-^:^ /'(«)  +  ... 

i.x...n-'  \. ■>....{  n  ^\)''  " 

OU 

(2)  f(x)  =  J\a)^  ^~^  f\a)^... 

i. •)....  n  '  I  .■>...  .(rt -(- 1)  "^  '  ' 

6  étant  un  nombre  compris  entre  o  et  i  ;  je  suppose  que  la  dérivée 
j--[n+i)(^x)  est  bornée  aux  environs  de  a.  Je  suppose  en  outre  que  les 
coefficients  de  A,  A^,  ...,  A"  ne  sont  pas  tous  nuls.  Dans  ces  condi- 
tions, le  premier  des  termes  en  A,  h^^  . . .,  /<"  qui  n'est  pas  nul,  fait 
connaître  dans  quel  sens  la  fonction  varie.  On  reconnaît  en  particu- 
lier que,  si  la  première  des  dérivées  qui  ne  s'annule  pas  pour  a:  =  a 
est  d'ordre  impair,  la  fonction  est  croissante  ou  décroissante  pour 
X  =^  a  suivant  que  cette  dérivée  est  positive  ou  négative,  que  cette 
fonction  passe,  pour  a?  =:  a,  par  un  minimum  ou  un  maximum  si  la 
première  dérivée  qui  ne  s'annule  pas  est  d'ordre  pair,  suivant  que 
cette  dérivée  est  positive  ou  négative. 

Racines  multiples.  —  Les  formules  (i)  ou  (2),  par  leur  analogie 
même  avec  les  formules  qui  se  rapportent  aux  polynômes,  invitent 
à  généraliser  la  notion  de  racine  multiple  et  d'ordre  de  multiplicité. 

En  conservant  toujours  les  mêmes  hypothèses,  supposons  que  a 
soit  une  racine  de  l'équation  /(r)  =  o,  en  sorte  que  /(a)  soit  nul. 


J 


APPLICATIONS    A    L  ÉTtDE    d'lNE    KONCTION,    KTC.  27J 

Supposons,  en  outre,  que  les  dérivées  f'(x),  /"(x),  ...,  f'^P~^\x) 
s'annulent  pour  j?  =  t?,  et  que  la  dérivée /(^^(^)  ne  s'annule  pas 
pour  X  ^  a^  p  étant  inférieur  ou  égal  à  // ;  il  sera  tout  naturel  de 
dire  quert  est  une  racine  d'ordre  de  multiplicité/?  de  la  fonction /(;r). 

Ainsi,  pour  parler  de  l'ordre  de  multiplicité  d'une  racine  a  de 
l'équation  /{x),  il  faut,  d'une  part,  que  la  formule  de  Tajior  soit 
applicable  pour  les  valeurs  x  :=  a-j-  h  suffisamment  voisines  de  a  et 
qu'on  puisse  pousser  le  développement  assez  loin  pour  que  l'ordre  du 
terme  complémentaire  dépasse  l'ordre  de  la  première  dérivée  qui  n'est 
pas  nulle  pour  ^  =  a,  ce  terme  complémentaire  étant  borné  aux  envi- 
rons de  a.  Ces  conditions  seront  vérifiées  sûrement  si  la  fonction 
/(a  -\-  h)  est  développable  en  une  série  entière  eu  h. 

Par  exemple  o  est  une  racine  double  pour  l'équation  i  —  cosa?  =:  o, 
c'est  une  racine  triple  pour  l'équation 

{•À-h  x)  —  ( •?.  —  x)  e'^  =  o, 

comme  le  lecteur  le  reconnaîtra  sans  peine. 

Il  peut  très  bien  arriver  qu'on  ne  puisse  pas  attribuer  un  ordre 
entier  à  une  racine  d'une  équation;  tel  serait  le  cas  pour  les  équa- 
tions y/'x  =  o,  ï — -  =  o  qui  doivent  être  regardées  comme  admettant 
la  racine  o. 

Si  a  est  une  racine  multiple  d'ordre />  de  l'équation /(j?)  =  o,  on 
peut  écrire,  en  vertu  de  la  formule  (2), 

/(x)  =  (x  —  a)i>^(x), 

g{x)  étant  une   fonction  de  x,  continue  pour  x  =^  a^   qui,  lorsque 
jc  tend  vers  a,  s'approche  indéfiniment  de  la  quantité  non  nulle 

/(/''(a) 


1 . 2 . .  ./> 

Si  a  est  une  racine  d'ordre  de  multiplicité  yt?,  la  courbe  qui  repré- 
sente la  fonction  traverse,  ou  non,  l'axe  des  x  au  point  d'abscisse  a, 
suivant  que  p  est  impair  ou  pair. 

Concavité,  convexité,  points  d'inflexion.  —  Après  cette  digression, 
revenons  à  l'étude,  dans  le  cas  général,  de  la  fonction  f{x)  pour  les 


272  CHAPITRE    XV. 

valeurs  de  x  voisines  de  a,  en  supposant  toujours  que  les  formules  (i) 
ou  (2)  s'appliquent  dans  les  conditions  que  l'on  a  dites.  Désignons 
par  A  le  point  d'abscisse  a  situé  sur  la  courbe  qui  représente  la  fonc- 
tion. 

La  courbe  qui  a  pour  équation 

est  très  voisine,  aux  environs  de  A,  de  la  courbe  qui  représente  la 
fonctionjK  =  ./(-a:^),  d'autant  plus  voisine,  en  général,  que  p  est  plus 
grand.  En  particulier,  la  droite  ayant  pour  équation 

y  =  j\a)-^(x  —  a)f'{a) 

est  la  tangente  en  A  à  cette  courbe  ;  la  différence  entre  les  ordonnées 
des  points  de  la  courbe  et  de  la  tangente  qui  ont  même  abscisse  x  est 

{x  —  af  {x~af 

1.2.  ..n-'      ^    '       1.2.  . .(«  -H  i)-^  ^  '^ 


si  l'on  préfère. 


i"(a)^ -f"{a)- 

1 . 2  -^  '        1.2.3-^  ' 


cette  dilTérence,  qui  s'annule  pour  h  =  0,  (a:  =  «),  est  un  infiniment 
petit  du  second  ordre,  quand  on  prend  h  pour  infiniment  petit  prin- 
cipal, et  que  /"(a)  n'est  pas  nul.  Elle  est,  en  supposant  que  h  soit 
suffisamment  petit  en  valeur  absolue,  positive  ou  négative  suivant 
que  le  nombre/"(a)  est  lui-même  positif  ou  négatif;  dans  le  premier 
cas,  la  courbe  est  au-dessus  de  la  tangente,  aux  environs  du  point  A, 
et  l'on  dit  que,  en  ce  point,  la  courbe  tourne  sa  concavité  vers  les  y 
positifs,  ou  vers  le  haut,  qu'elle  tourne  sa  convexité  vers  les  y 
négatifs  ou  vers  le  bas;  dans  le  second  cas,  la  courbe  est  au-dessous 
de  la  tangente,  et  l'on  dit  qu'elle  tourne  sa  convexité  vers  les  y  posi- 
tifs, ou  vers  le  haut,  qu'elle  tourne  sa  concavité  vers  les  jk  négatifs, 
ou  vers  le  bas. 

Si  l'on  a  f"{x)  ^  o  pour  toutes  les  valeurs  de  x  qui  appartiennent 


APPLICATIONS   A    l/ÉTUDE    d'uNE    FONCTION,    ETC.  ^73 

à  l'intervalle  (a,  ,3),  la  concavité  sera  tournée  vers  le  haut  sur  tout 
l'arc  de  courbe  correspondant  à  cet  intervalle  :  il  est  à  remarquer  que, 
dans  ce  cas,  la  pente /'(x)  de  la  tangente  à  la  courbe  va  en  croissant 

rig.  76. 


avec  x\,  ce  serait  le  contraire  si  l'on  avait  /"(.r)  <  o  dans  l'inter- 
valle (a,  ^).  Il  est  clair,  sur  la  figure,  que,  dans  le  premier  cas,  l'arc 
de  courbe  est  au-dessous  de  la  corde  qui  joint  ses  extrémités,  qu'elle 
est  au-dessus  dans  le  second  «as,  je  laisse  au  lecteur  le  soin  de 
démontrer  analytiquement  qu'il  en  est  ainsi. 

Si  f"{a)  est  nul  sans  que  f"'{a)  le  soit,  on  voit  que,  au  point  A, 
la  courbe  traverse  sa  tangente,  et  que  la  différence  entre  l'ordonnée 
de  la  courbe  et  celle  de  la  tangente  est  un  infiniment  petit  du  troi- 
sième ordre.  On  dit  alors  que  le  point  A  est  un  point  d'inflexion;  si 

Fig.  77. 


l'on  a  f"'{a)  >  o,  la  fonction  f"{x)  est  croissante  pour  x  =  a,  elle 
est  donc  négative  pour  les  valeurs  de  x  un  peu  plus  petites  que  a, 
positive  pour  les  valeurs  de  x  un  peu  plus  grandes  que  a  :  les  mêmes 
conclusions  ressortent  de  la  formule 


/'(« 


fn=  7 /'"(«)■ 


h^ 


■ria) 


274  CHAPIÏUK    XV. 

on  voit  que,  lorsque  x  croît  et  traverse  la  valeur  «,  la  courbe  qui, 
pour  les  valeurs  de  x  un  peu  plus  petites  que  «,  tournait  sa  convexité 
vers  le  haut,  tourne  sa  concavité  vers  le  haut  lorsque  x  est  un  peu 
plus  grand  que  «;  en  un  point  d'inflexion,  la  convexité  change  de 
sens.  Il  est  à  peine  utile  de  dire  que,  si  f"\a)  est  négatif,  la  courbe 
tourne  d'abord  sa  concavité  vers  le  haut,  puis  sa  convexité. 

Si  f"[o)^  f"'{a)j  ...  étaient  nuls,  c'est  la  première  dérivée  non 
nulle  qui  indiquerait,  par  son  signe,  lorsqu'elle  est  d'ordre  pair,  si  la 
courbe  est  au-dessus  ou  au-dessous  de  la  tangente  en  A,  et,  lorsqu'elle 
est  d'ordre  impair,  si  la  courbe  est  d'abord  concave  ou  convexe  : 
lorsque  cette  dérivée  est  d'ordre  impair,  il  y  a  inflexion. 

Si,  plus  généralement,  on  considère  la  courbe  dont  l'équation  est 

jK  =  /(a)-+-^:^/'(a)+...+  ^'^~/^'' f^'''(")  (o  </><«), 

la  difTérence  entre  l'ordonnée  de  la  courbe  dont  l'équation  esl y  =: /(x) 
et  de  la  courbe  approchée,  est 


I  ■>.. .  .{p 


En  supposant  f'^P'^^^^a)  difTérent  de  o,  on  voit  que  cette  différence, 
qui  est  un  infiniment  petit  d'ordre  p  -\-  i  lorsqu'on  regarde  h  ou  x  —  a 
comme  l'infiuiment  petit  principal,  change  de  signe  ou  ne  change  pas 
de  signe,  avec  A,  suivant  que  p  est  pair  ou  impair;  les  deux  courbes, 
qui  sont  tangentes  dans  les  deux  cas,  se  traversent  en  A,  dans  le  pre- 
mier cas,  ne  se  traversent  pas  dans  le  second.  On  dit  qu'elles  ont  un 
contact  du  p^^""'  ordre  (*  ). 

On  a  supposé,  dans  ce  qui  précède,  que  la  formule  de  Tajlor  était 


(')  D'une  façon  générale,  si  les  deux  fonctions  f{x)  et  'o{x)  sont  égales  pour 
X  ^=  a,  ainsi  que  leurs  dérivées  premières,  secondes,  ...,  yt?'*°"",  et  si  leurs  dérivées 
(jo  +  i)'*"""  sont  distinctes,  on  dit  que  les  deux  courbes  dont  les  équations  sont 
y  =  f{x),  y  =  ^{x),  qui  ont  un  point  commun  A,  d'abscisse  a,  ont  en  ce  point  un 
contact  du  yo'*™"  ordre;  ainsi  elles  ont  un  contact  simple  si  l'on  a 

ffl(a)  =  /(a),        9'(a)=/'(a),        ç"(a  )?£/"(  «). 

Elles  se  traversent  ou  ne  se  traversent  pas  en  A,  suivant  que  p  est  pair  ou  impair, 
comme  on  le  voit  de  suite  en  formant  la  différence  des  ordonnées  de  ces  deux  courbes 
qui  répondent  à  une  même  abscisse.  Cette  différence  est  un  infiniment  petit  du 
(/j  +  i)'*"»  ordre  quand  on  prend  x —■  a  pour  infiniment  petit  principal. 


APPLICATIONS    A    I.'ÉTIDK    d'lNE    FO.NCTKtîf,    ETC.  îjS 

applicable  à  la  fonction  f{x)  pour  les  valeurs  de  x  voisines  de  a. 
S'il  en  est  autrement,  on  cherchera,  comme  on  l'a  expliqué  dans  le 
Chapitre  précédent,  à  se  procurer  quelque  autre  formule  d'approxi- 
mation qui  pourra  mettre  en  évidence  soit  la  continuité  de  la  fonction, 
pour  X  =  «,  lorsqu'on  lui  attribue  sa  vraie  valeur,  soit  quelque  dis- 
continuité :  le  cas  de  discontinuité  le  plus  simple  est  celui  où  la 
courbe  est  asymptote  à  la  parallèle  à  l'axe  des  y  dont  l'équation 
est  j;  =  rt;  elle  peut  d'ailleurs  être  asymptote  en  haut  et  en  bas, 
en  haut  seulement,  ou  en  bas  seulement,  des  deux  côtés  ou  d'un  coté 
seulement.  On  aura  à  étudier  comment  la  fonction  se  comporte 
quand  x  s'approche  de  a  par  valeurs  plus  petites,  ou  par  valeurs  plus 
grandes  que  a.  Les  formules  d'approxijnation,  quand  on  en  a,  four- 
nissent des  courbes,  d'équations  plus  simples  qjie  la  courbe  proposée, 
qui  en  sont  très  voisines  quand  x  est  voisin  de  a. 

Asymptotes.  —  11  j  aura  lieu,  en  particulier,  lorsque  la  fonction 
J\x)  est  définie  pour  les  grandes  valeurs  absolues  de  x,  d'étudier 
comment  la  fonction  se  comporte  pour  ces  valeurs;  on  pourra  poser 
x^=  —,i  et  étudier  la  fonction  fi  —  )  pour  x'  voisin  de  o.   Il  peut 

arriver  que  la  fonction  /(  — )  puisse  être  développée  suivant  les 
puissances  croissantes  de  x\  et  que  le  développement  commence  par 
un  polynôme  en  — ;  cela  revient  à  dire  que  la  fonction /(j?)  est  sus- 
ceptible, lorsque  x  est  suffisamment  grand  en  valeur  absolue,  dêtre 
mise  sous  la  forme 

Jix)  =  AoJ^"'-i-  Ai.r"'-'-t-. .  .H-  A,„-(-ai h  a^  — :  -i-. . ., 

X  x- 

en  sorte  que  la  fonction,  lorsque  x  est  infiniment  grand,  diffère  infini- 
ment peu  du  polynôme  AoX'"+ A,  x'"~' H- , . . -(- A„i  ;  la  courbe 
définie  par  l'équation  jk  =  Ao.r'"-|-  A,^"'"'  -|-. .  .-h  k,n  est  asymptote 
à  la  courbe  définie  par  l'équation  y  =f(^x);  si,  en  particulier,  m  est 
égal  à  1 ,  on  a  aflaire  à  une  asymptote  rectiligne. 

Considérons,  par  exemple,  la  fonction  j^  =  (a.r  +  ^)  g-*  ;  on  pourra 
écrire 


=  aa?  -l-  a  H- 


e-O 


276  CHAPITRE    XV. 

la  courbe  est  asymptote  à  la  droite  dont  l'équation  est  y  =:aa7 -h  a -h  [3; 
lorsque  x  tend  vers  H- 00,  elle  est  au-dessus  ou  au-dessous  de  son 

asymptote  suivant  que  — h  t^  est  positif  ou  négatif;  c'est  l'inverse 
quand  x  tend  vers  — 00;  si  — \- ^^  était  nul,  on  devrait  recourir  au 
terme  en—-,  etc. 

On  trouvera  dans  le  numéro  suivant  divers  exemples  où  les  mé- 
thodes et  les  notions  qui  précèdent  seront  appliquées  à  l'étude  de  la 
variation  d'une  fonction  donnée  f{x).  On  verra,  en  particulier,  que 
cette  étude  fournit  des  renseignements  précieux  sur  les  racines  de 
l'équation  f(x)=^Oy  oii  de  l'équation  plus  générale  f(x)  =  A, 
A  désignant  une  constante  donnée.  A  cet  égard,  on  utilisera  fréquem- 
ment la  proposition  suivante  :  si  dans  l'intervalle  (a,  b)  la  dérivée 
f'{x)  garde  un  signe  constant,  la  fonction /(:r),  étant  constamment 
croissante  ou  constamment  décroissante  lorsque  x  croît  de  a  à  6, 
prend  une  fois  seulement  chacune  des  valeurs  intermédiaires  à  f{a) 
etàif(b),  et  n'en  prend  pas  d'autres,  en  sorte  que  l'équation /"(:r)  ^  o 
admet  une  racine  et  une  seule,  comprise  entre  a  et  b  si /(a)  el  f{b) 
sont  de  signes  contraires  et  n'en  admettra  pas  si  /(a)  et  /(b)  sont  de 
même  signe.  Il  est  entendu  que  la  fonction  f{x)  est  supposée  conti- 
nue dans  l'intervalle  (a,  b).  On  reviendra  d'ailleurs  un  peu  plus  tard 
sur  cette  proposition. 

On  dit  qu'une  racine  de  l'équation  f{x)  =  o  est  séparée  lorsque 
l'on  connaît  deux  nombres  a,  [3  qui  comprennent  cette  racine  et  qui 
ne  comprennent  que  celle-là.  Séparer  les  racines  de  l'équation 
y(:j?)  =  o,  c'est  séparer  chacune  de  ses  racines,  l'enfermer  dans  un 
intervalle  (a,  ^)  qui  ne  contienne  pas  d'autre  racine  que  celle-là.  La 
séparation  des  racines  d'une  équation  numérique  f(^x)  =  o  est  le 
premier  pas  à  faire  pour  la  résolution  de  cette  équation.  Elle  est  liée, 
comme  on  le  verra  suffisamment  sur  les  exemples,  à  l'étude  de  la 
variation  de  la  fonction /(:t). 

250.  Je  vais  appliquer  les  méthodes  précédentes  à  quelques 
exemples. 

Relativement  aux  graphiques  qui  représentent  une  fonction 
y  =  f(^x)^  dont  les  coefficients  sont  numériques,  je  crois  devoir  faire 
l'observation  suivante  : 


APPLICATIONS   A    L  ÉTUDE    D'iNE    FONCTION,    ETC.  277 

En  parlant  daxes  coordonnés,  j'ai  toujours  supposé  que  l'unité  de 
longueur  était  choisie  en  même  temps  que  les  axes;  toutefois,  on  peut 
désirer  faire  le  dessina  une  autre  échelle,  le  faire  en  choisissant  pour 
unité  de  longueur  un  segment  de  droite  qui,  avec  l'ancienne  unité, 
serait  mesuré  par  le  nombre  a.  On  pourra  conserver  l'ancienne 
unité  de  longueur,  quitte  à  remplacer  l'équationy  =/(x)  par  l'équa- 
tion -  z=fy~\.  Toutes  les  courbes  que  l'on  obtient  ainsi,  en  faisant 

varier  a,  sont  évidemment  homothétiques  entre  elles,  par  rapport 
à  l'origine. 

Considérons  la  fonction  y  =^  x'^ -\- px -\r  g  \  on  en  simplifiera 
l'étude  en  supprimant  le  terme  constant  q  qui  n'influe  pas  sur  le  sens 
de  la  variation;  on  va  donc  étudier  la  fonction  y  =  j?"*  +  yoj?,  ou  la 
courbe  qui  représente  cette  fonction;  la  recherche  des  racines  de 
l'équation  x'^ -^  px -\- q  =  o  revient  évidemment  à  la  recherche  des 
abscisses  des  points  d'intersection  de  cette  courbe  et  de  la  droite  dont 
l'équation  est  j^  =:  —  q. 

Les  dérivées  première  et  seconde  àe  y  ^  x^  -{-  px  sont  respective- 
ment x'=  3j?2  _j_^^y  __  g^ 

La  fonclionj>^  =  x^  H-/?x  est  impaire;  la  courbe  qui  la  représente 
est  symétrique  par  rapport  à  l'origine.  Elle  passe  par  cette  origine;  la 
tangente  en  ce  point  a  pour  équation  y  =  px]  la  courbe  est  au-dessus 
de  sa  tangente  pour  ^  >  o,  au-dessous  pour  x  <!  o;  l'origine  est  un 
point  d'inflexion  ;  la  courbe  tourne  sa  concavité  vers  le  haut  quand  x 
est  positif,  vers  le  bas  quand  x  est  négatif. 

Relativement  au  signe  de  y'  il  j  a  lieu  de  distinguer  trois  cas  : 
/?>o,/?=o, /?<  o. 

Dans  le  premier  cas,  la  dérivée  est  constamment  positive,  la  fonc- 
tions^ constamment  croissante  ;  elle  croît  de  —  oo  à  -h  oo  quand  x  croît 
de  —  05  à  H-  00  ;  elle  atteint  une  fois  et  une  seule  fois  la  valeur  —  q^ 
pour  une  valeur  positive  ou  une  valeur  négative  de  x^  suivant  que  q 
est  négatif  ou  positif.  En  d'autres  termes,  l'équation  ^^ -h yf>.r  4-^  =  0 
admet  une  racine,  et  une  seule,  de  signe  contraire  à  q.  On  reconnaît 

aisément  que  la  valeur  absolue  de  cette  racine  est  inférieure  à     -   • 

^  \p\ 

H  n'y  a  presque  rien  à  changer  dans  le  cas  où  p  est  nul;  seulement 
la  tangente  à  lorigine  est  l'axe  des  x;  la  racine  unique  de  l'équation 
x^  -\-  px  -\-  q  z=zo  est  alors  ^ —  q.  Supposons  maintenant  que  p  soit 


27» 


CIIAPITIΠ   XV, 


néj>alif".  I^a  dérivée  s'annule  pour  x  ^= —  4  /  —  L  el  x  ^  -\-  i/  —  -^: 
on  voit  de  suite  que  jk  croît  lorsque  x  croit  de  —  x  à  —  4  / —  ^ 


décroit  quand  x  croit  de 


croit  lorsque  x  croit 


de  cette  dernière  valeur  à  +  oo;  les  deux  racines  de  la  dérivée  corres- 
pondent l'une  à  un  maximum,  l'autre  à  un  minimum;  les  valeurs  de 


Fig. 
Y 

79- 

/               ^ 

/ 

/     ' 

^^"''^-—^       X 

ce  maximum  et  de  ce  minimum  s'obtiennent  en  remplaçant  x  par  les 
racines  delà  dérivée  dans  x'-^  +px,  ou  mieux  dans  le  reste  -.^x  de  la 
division  de  x'''-V-  px  par  ?)X--\-  p.  Le  schéma  ci-dessus  donne   une 


APPLICATIONS   A    L  KTUDE   D  UNE    FONCTION,    ETC.  279 

idée  sunisante  de  la  courbe,  qui  rencontre  l'axe  des  x  aux  points 
d'abscisse  — \j — /?,  t),  y/ — p.  Il  est  clair  que  la  fonction  r^  +  />J7 
atteindra  une  ("ois  au  moins  la  valeur  — q\  elle  l'atteindra  une  fois 
seulement  si  —  q  n'est  pas  compris  entre  les  valeurs  du  maximum 
et  du  minimum  tle  x^-\-px^  c'est-à-dire  si  la  valeur  absolue  de  q 
n'est  pas  inférieure  à  la  valeur  absolue  des  deux  nombres  symétriques 

que  l'on  obtient  en  remplaçant  x  par  zlr  1/  —  ^  dans  ^x,  ou  encore 
si  l'on  n'a  pas 


q'< 


(¥)'(- -3)         ""        4/>-^-.79^ 


La  racine  unique  de  J7='  +  /?.r  +  q  est  du  si^ne  de  —  q. 

Dans  le  cas  ou  ip'*-+-  277^  est  nul,  —  q  est  égal  soit  au  minimum, 
soit  au  maximum  de  x-^-^px;  l'équation  x-^-{- px -\- q  =  o  a  une 
racine  (double)  commune  avec  l'équation  dérivée  ^x'--i-  p  =  o;  celte 

racine  double  s'obtient  en  égalant  à  o  le  reste  -^j;  H-  «7  de  la  division 
de  x^  -\-px  -\-  q  par  Sx-  -]-  p;  elle  est  égale  à  —  —- 

r^orsque  l'on  a  4/^^+  ^~  Ç' <^  ^1  l'équation  a  trois  racines  réelles  : 
une  dans  chacun  des  intervalles  de  la  suite 


^  V-f  ^/^^ 


Chaque  racine  est  donc  séparée. 

La  condition  4/^'  +  ^y^J'<i  *>  implique  />  *<  o;  elle  est  dans  la  con- 
dition nécessaire  et  suffisante  pour  que  V équation  x'-^ -\- p x -\- q  =  o 
ait  ses  trois  racines  réelles  et  distinctes. 

Considérons  la  fonction  y  =  e'^'^  sinx,  où  je  supposerai-  a  positif  :  celte 
fonction  est  toujours  du  même  signe  que  sinor,  s'annule  pour  toutes  les  va- 
leurs de  cr  de  la  forme  mz,  où  n  est  un  nombre  entier,  est  positive  dans  l'in- 
tervalle \-imz.  (  -in  -\-  i)tz\,  négative  dans  l'intervalle  [(in  —  i)Tt,  imi].  La 
dérivée  de  j'  est  j^' =  c*-*  (  a  sin:r  4- cosx);   elle  s'annule  pour  l'angle    — w, 

compris  entre  o  et ^j  dont  la  tangente  est 1  et  pour  tous  les  angles 

'i  a 

n-  —  10;  dans  chacun  des  intervalles  où  y  est  positif,  il  y  a  un  maximum;  il 

\  a  un  minimum,  dans  chacun  des  intervalles  où  /  est  négatif;  les  valeurs  des 

maxima  et  des  minima  sont  données  par  la  formule 


(-!/'- 


1  pxuin—u) 


28o  CHAPITRE   XV. 

Ces  valeurs  deviennent  très  grandes  dès  que  le  nombre  nr.  devient  un  peu 
grand,  en  supposant  n  positif.  Au  contraire  quand  n  est  négatif,  et  que  na  est 
grand  en  valeur  absolue,  la  valeur  du  maximum  ou  du  minimum  s'écarte  très 
peu  de  G.  La  courbe  qui  représente  la  fonction  présente  une  infinité  d'oscilla- 
tions très  inégales  en  hauteur;  elle  s'éloigne  beaucoup  de  l'axe  des  x  d'un 
côté,  tout  en  le  traversant  toujours  aux  points  d'abscisse  égale  à  mz;  de 
l'autre  côté,  elle  s'aplatit  de  façon  à  se  confondre  avec  lui.  Je  laisse  au  lecteur 
le  soin  de  la  construire,  et  de  déterminer  les  points  d'inflexion. 

La  fonction  y  =  e-^  s/x'^-v-  %x  n'est  réelle  que  dans  les  intervalles  ( — oo,  —  2), 
(o,  H- 00);  sa  dérivée  est 


X  y/x^  -h  'X  X 

il  n'y  a  pas  lieu  de  considérer  la  racine  — /^;  on  reconnaît  de  suite  que  la 
fonction  est  décroissante  dans  l'intervalle  ( —  ao,  —  2),  dans  l'intervalle  (o,  /a) 
et  qu'elle  est  croissante  dans  l'intervalle  {sji,  -t-00).  /a  correspond  à  un  mini- 
mum dont  la  valeur  est 


a  =  e^'^sji  -H  }.  \/i  =  4,78  environ. 

Lorsqu'on  veut  se  borner  à  un  dessin,  même  assez  précis,  il  suffit  de  faire 
les  calculs  assez  grossièrement,  par  exemple,  avec  des  tables  de  logarithmes 
(vulgaires)  et  d'antilogarithmes  à  quatre  décimales;  on  aura  ainsi 

M         1 
loga=  —  -f- -log  4.8284        (M  =  loge), 

log  -—  =  logM l<^»g'^  =  r,5273  ;  -—  =  0,3367, 

log«  =  0,6793,         «  =  4,778; 

la  valeur  a  =  i,yS  sera  d'une  exactitude  plus  que  suffisante. 
On  a  d'ailleurs 


\/x^ -h  IX  =  X  ^  l 1- .  .  .  , 


si  X  est  positif  et  très  grand,  et 


\/x'^  -\-  ix  =  —  (  i 


'iX 


I 

•2X 


si  X  est  négatif  et  très  grand  en  valeur  absolue;  on  en  conclut,  en  multipliant 

I 

2^2 


par  e'  =  i  -i 1 h...,  que  1  on  a,  dans  le  premier  cas,  y  =  x-+-'i-+-  — h...  ; 


APPLICATIONS    A    L  ETL'DK    D  UNE    FONCTION,    ETC. 


281 


et,  dans  le  second,  y  ^= — .r 


;  pour  X   positif,    la    courbe  est 


asymptote  à  la  droite  dont  l'équation  est  r  =  iF  -h  2,  et,  pour  x  négatif, 
à  la  droite  dont  l'équation  est  y  ■=  —  x  —  2;  dans  les  deux  cas  elle  finit  cer- 
tainement par  être  au-dessus  de  son  asymptote. 

Quand  x  s'approche  de  o  par  valeurs  positives,  y  devient  infiniment  grand, 

\équivalent  à  a"e'/ ;  la 
haut. 


courbe  est  asymptote  à  l'axe  des  jk,  à  droite,  vers  le 


Pour  X  infini,  e'' est  égal  à  1,  l'autre  facteur  est  infini,  r  est  infini.  Quand  a? 
croît  de  —00  à  — 2,  y  décroît  de  -t-oo  à  o;  au  point  d'abscisse  —  2,  la  tan- 
gente est  parallèle  à  l'axe  des  7;  quand  x  croît  de  o  à  />.,  y  décroît  de  -i-oo  à  a, 
puis  croît  de  a  à  -+-  00  quand  x  croît  de  /u  à  -f-oo. 

Ce  qui  précède  suffit  pour  construire  le  schéma  ci-dessous  qui  donnera  une 
idée  suffisante  de  la  courbe. 


\ 


Examinons  quelques  particularités.  La  forme  même  de  la  courbe  fait  prévoir 
l'existence  d'un  point  d'inflexion  pour  a?  <—  2;  la  dérivée  seconde  est 


f  = 


')Xx^ 


2) 


x''-{x'^-\-ixy 


l'abscisse  du  point  d'inflexion  est  —  2 
est  environ  i,64- 


v/ï, 


peu  près  —  3,4 1  ;  l'ordonnée 


9.8-2 


CHAPITRE    XV. 


On  peut  se  demander  si  la  courbe  rencontre  ses  asymptotes.  On  reconnaît 
de  suite  que  l'équation  qui  donnerait  les  abscisses  des  points  d'intersection  avec 
l'une  ou  l'autre  asymptote  est 


(  X  -^-  ■>.  )2  —  e'  (  a?^  -+■  -ix)^ 
ou,  en  supprimant  la  racine  évidente  a?  =  —  2, 

X  -T-  :>.  ^  X  e  '■  ; 

pour  X    positif,   le  second    membre  est  plus   grand   que  le   premier;   il  est  en 
effet  égal  à 


/         2  [ 

x[  \-\ \ 

\  X        1  .• 


4  \  '4 

—  -H...       =37  + 2  H 

x'^  !  I  .  ■>.  X 


l'équation  n'a  pas  de  racines  positives.  Pour  chercher  s'il  y  a  des  racines  néga- 
tives, commençons  par  changer  x  en  —  x'  \  l'équation  se  met  sous  les  formes 


On  n'a  à  s'occuper  que  des  valeurs  de  x'  plus  grandes  que  2;  pour  ces  valeurs, 
le  second    membre  peut  se  développer  en  une  série  entière  en  -^j   à   savoir 

2  /  2  \2 

1  -I-  -^  -f-  /  — ,  1     -4-.  . .  ;  il  suffit  de  développer  le  premier  membre  pour  recon- 
naître qu'il  est  plus  petit  que  le  second. 

La  courbe  ne  rencontre  qu'une  de  ses  asymptotes,  au  point  d'abscisse  —  2. 

Si  A  est  un  nombre  donné  l'équation 


e-^'  ^x'^  -+-  2  a?  =  A 

n'a  pas  de  racines  quand  A  est  négatif  ;  elle  admet  une  seule  racine,  plus  petite 
que  —2,  SI  A  est  compris  entre  o  et  a;  si  A  est  plus  grand  que  a,  elle  admet 
trois  racines  dont  l'une  est  comprise  dans  l'intervalle  ( — 00,  — 2),  une  autre 
dans  l'intervalle  (o,  v/2),  la  troisième  dans  l'intervalle  (\/2,  -f- 00).  Dans  le  cas 
où  l'on  aurait  A  =  a,  \/-i  serait  une  racine  double  de  l'équation. 

La  figure  même  donne  quelques  renseignements  de  plus  sur  les  racines;  on 
voit  que  la  plus  petite  racine  est  plus  grande  que  l'abscisse  du  point  d'inter- 
section des  deux  droites  dont  les  équations  sont 

j-  =  A,         y  =^  —  X  —  2, 
c'est-à-dire  plus  grande  que  — A  —  2;  de  même  l'abscisse  de  la  plus  grande 


APPLICATIONS    A    LÉïtDE    d'lNE    FONCTION,    ETC.  283 

racine  est  plus  petite  que  A  -+■  i.  On  peut  prévoir  aussi  que,  si  A  est  grand, 
les  racines  de  l'équation  seront  très  voisines  :  une  de  — A  —  2,  une  de  o,  la 
dernière  de  A  -î-  2.. 

Gonsiilèrons  encore  la  fonction 

V  —  -  I  e : 


on  doit  d'abord  reconnaître  le  signe  de  la  quantité  dont  il  faut  prendre  le 
logarithme;  pour  .r  positif,  cette  quantité  est  manifestement  positive;  on  voit 
même  qu'elle  est  plus  grande  que  1,  puisque  Ton  a 


pour  jr    positif,  y   est   positif.    Si,   maintenant,   dans    la    quantité  — 
change  x  en  — x,  on  trouve 


le  second  membre  est  évidemment  positif  :  le  résultat  qu'on  vient  d'obtenir 
suggère  l'idée  de  chercher  s'il  n'y  aurait  pas  quelque  relation  simple  entre  les 
valeurs  de  _/,  yi  qui  correspondent  à  des  abscisses  symétriques  x  et  —  a:;  on  a 

I  ,     e-f  —  I  I  ,    e-^  —  I 

vi  =  —  ig =  1  —  ig =  '  —y 

et,  par  suite,  ~^'  '  =  -;  le  milieu  de  la  droite  qui  joint  les  points  de  coor- 
données a?,  y  et  — •'^lYv  a  pour  coordonnées  o,  I»  c'est  un  point  fixe  VI  de 
l'axe  des^;  la  courbe  cherchée  est  symétrique  par  rapport  à  ce  point;  la  por- 
tion de  la  courbe  qui  correspond  à  des  abscisses  négatives  se  déduit  ainsi,  par 
symétrie,  de  celle  qui  correspond  à  des  abscisses  positives.  Il  suffit  évidemment 
d'étudier  cette  dernière. 

Pour  X  =  o,  y  ?,e  présente  sous  forme  illusoire;  on  a  vu  au  n"  :247  comment 
se  levait  l'indétermination,  et  comment  on  pouvait  développer  y  en  série 
entière  en  x,  convergente  pour  les  petites  valeurs  de  x;  on  trouve 


On  reconnaît  que  la  courbe  passe  par  le  point  M;  la  tangente  en  ce  point 

a  pour  équation  y  =  — I ; ,  le  point  .M  est  un  point  d'inflexion,  puisque  le 

2        2 1 
terme  en  x^  nianque  dans  le  développement.  Gela  résulte  d'ailleurs  de  ce  que 


284  r.llAPlTKE    XV. 

le  point  M  est  un  centre  de  symétrie  de  la  courbe,  situé  sur  la  courbe  elle- 
même. 

On  peut  écrire  y  sous  la  forme 

»  1     I  —  e-'*'  Iga-         I  ,     ,  ^, 


pour  37  positif,  la  quantité  lg(r  —  e-^)  est   manifestement  négative;  on  voit 
que  y  est  plus  petit  que  i  et,  d'ailleurs,  que  jk  tend  vers  o  quand  x  tend  vers 
H-  Qo;  la  courbe  considérée  est  au-dessous  de  la  droite  dont  l'équalion  estjK  =  I7 
à  laquelle  elle  est  asymptote,  vers  la  droite. 
On  a 


il  y  a  lieu  d'étudier  le  signe  de  cette  expression  pour  x  positif;  il  reviendra 
au  même  d'étudier  le  signe  de  la  fonction 

_  e-^{x  —  I  )  H-  I        ,    e^  —  1 
■5  — —  ig ; 


cette  expression  est  assez  compliquée;  on  remarque  toutefois  que  le  signe 
transcendant  Ig  disparaîtra  de  la  dérivée,  qui  ainsi  sera  rationnelle  en  x  et 
en  e^,  et  dont  on  peut  espérer  que  l'on  tirera  quelques  renseignements  sur  le 
sens  de  la  variation  de  3,  et  par  là  même  sur  le  signe  de  z.  Quoi  qu'il  en  soit, 
c'est,  pour  le  moment,  sur  la  fonction  z  de  x  qu'on  porte  l'attention,  en  se 
bornant  d'ailleurs  aux  valeurs  positives  de  la  variable;  on  trouve  par  un  calcul 
facile 

(e-^' — 1)2  — 372  gj- 

•z  = ^—  ; 

x{e^' — ij2 
le  numérateur  est  le  produit  des  deux  facteurs 

u  =  c^'  —  I  —  xe'^,         V  —  e^'  —  i  h-  a? e^ , 

dont  le  second  est  manifestement  positif,  pour  a7>o;  quant  au  premier,  sa 
dérivée  est 


le  second  facteur  est  positif,  on  a  vu  en  effet,  plus  haut,  que  e^ —  i  —  x  était 
positif  pour  x  >  u.  Ainsi  u'  est  positif;  u  est  donc  croissant  quand  x  est 
positif;  u  est  nul  pour  x  =  o,  il  est  positif  pour  a;  >  o;  par  conséquent,  z  est 
toujours  positif,  z  est  croissant  pour  a;  >  o.  Pour  x  =  o,  z  se  présente  sous 
une  forme  illusoire:  on  reconnaît  sans  peine  que  sa  vraie  valeur  est  o;  il  suit 
de  là  que  z  est  positif  pour  a?  >  o;  il  en  est  de  même  dejK'î  donc,  lorsque  x 


APPLICATIONS   A   L  ÉTUDE   DUNE    FONCTION,    ETC.  285 

croît  de  o  à  -H  X,  ^  croît  à  partir  de  j,  en  sapprochant  indéfiniment  de  i  ;  ces 
renseignements  suffisent  à  construire  la  courbe  qui  représente  la  fonction  pro- 
posée; je  laisse  ce  soin  au  lecteur.  Celui-ci  reconnaîtra  sans  peine  que  l'équation 

M.  11^1=  A 


n'admet  pas  de  racines,  sauf  dans  le  cas  où  A  est  compris  entre  — i  et  -i-i; 
cette  racine  est  de  même  signe  que  A. 

Dans  les  exemples  qui  précèdent,  l'étude  de  la  variation  d'une 
fonction  .f{x)  a  toujours  conduit,  de  la  manière  la  plus  simple,  à  la 
séparation  des  racines  de  l'équation  f{x)  —  A  :=  o,  où  A  est  une 
constante  donnée.  Lorsque  c'est  surtout  de  la  séparation  des  racines 
qu'on  se  préoccupe,  il  peut  être  avantageux  de  prendre  pour  A  non 
pas  précisément  le  tei'ine  constant  de  l'équalion,  mais  i)ien  quelque 
autre  coefficient  par  rapport  auquel  on  commence  par  résoudre 
l'équation. 

Considérons,  par  exemple,  l'équation  x^ — 100^7-1-1  =  0,  qui  appartient 
d'ailleurs  à  un  type  que  l'on  a  étudié  plus  haut,  mais  qui  frappe  par  ce  fait 
(|u'il  y  a  un  coefficient  beaucoup  plus  gros  que  les  autres;  en  la  résolvant  par 

rapport  à  ce  coefficient,  on  la  met  sous  la  forme  loo  =  a7*-i >  et  l'on  voit 

qu'on  en  obtiendra  les  racines  en  cherchant  l'intersection  de  la  courbe  définie 

par  l'équation  y  —  x--\ avec    la    parallèle  à  l'axe    des   x   dont    l'équation 

e.%1  y  =  100. 

Il  suffira  au  lecteur  de  tracer  grossièrement  la  courbe  pour  reconnaître  que 
l'équation  proposée  a  une  racine  négative,  un  peu  plus  grande  que  — 10,  une 
racine  positive  très  petite,  une  autre  racine  positive  un  peu  plus  grande 
que   10. 

11  arrive  fréquemment  qu'on  ait  affaire  à  une  équation  contenant 
un  paramètre  variable  m,  les  autres  coefficients  étant  numériques.  Le 
nombre  et  la  nature  des  racines  de  l'équation  proposée  dépendent 
alors  de  la  valeur  de  m  et  c'est  cette  dépendance  même  qu'on  se  pro- 
pose d'étudier.  Il  est  alors  en  général  avantageux  de  résoudre,  lorsque 
cela  est  possible,  l'équation  donnée  par  rapport  à  m  et  de  la  mettre 
ainsi  sous  une  forme  telle  que /(a.)  =  ni^  f{x)  ayant  ses  coefficients 
purement  numériques  :  on  étudiera  la  fonction /(;r  )  et  l'on  exami- 
nera  si   elle  peut  atteindre  la  valeur  m;  il  est  à  remarquer  que  les 


•286  chapithk  xv. 

racines  de  l'équalion/'(  a-)  —  o,  qui  jouent  le  rôle  essentiel  dans  cette 

étude,  ne  dépendent  pas  de  m. 

Si  par  exemple  on  avait  affaire  à  l'équatinn 


on  la  mettrait  sous  la  forme 


l'étude  de  celte  équation  a  été  faite  un  peu  plus  haut. 

Quelquefois,  au  lieu  de  traiter  directement  l'équation  donnée,  en 
cherchant  l'intersection  a\ec  l'axe  des  x^  ou  avec  une  parallèle  à  cet 
axe,  de  la  courbe  qui  représente  le  premier  membre  de  cette  équa- 
tion, il  est  préférable  de  ramener  la  résolution  de  cette  équation  à  la 
recherche  de  l'intersection  de  deux  courbes  convenablement  choisies, 
et  en  particulier  d'une  telle  courbe  avec  une  droite. 

Je  ne  donnerai  ici  d'exemple  que  pour  ce  dernier  cas,  d'autant  que 
l'étude  de  l'intersection  de  deux  courbes  suppose  quelques  proposi- 
tions qui  ne  seront  établies  que  dans  le  Chapitre  suivant. 

Considérons  l'équation  tanga:  —  a?  =  o.  Je  commence  par  recueillir  les  ren- 
seignements qui  résultent  de  la  considération  du  premier  membre  de  cette 
équation  et  de  sa  dérivée. 

Le  premier  membre  est  une  fonction  continue  de  .r  à  l'intérieur  d'un  inter- 
valle limité  par  deux  multiples  impairs,  consécutifs,  de  -;  sa  dérivée  lang^a^ 

est  toujours  positive,  la  fonction  tanga; —  x  est  croissante  ;  elle  ne  peut  s'annu- 
ler qu'une  fois  dans  chacun  des  intervalles  considérés  :  considérons  l'inter- 
valle (2/1  —  I)  —  -H  c,  ('2/1  -+- 1)  —  —  î  ,  où  £  est  un  nombre  positif  très  petit. 
En  substituant  dans  l'expression  tangx  —  x  les  deux  bornes  de  l'intervalle,  on 


/  TT  \  ,  ,71  -  I 

tang l-s     —  (2«  —  0 '  =  

■     \       '2         /        ^  ^2  tang£ 


mg(j 


(  -1  n 


^)- 


!  tange 

le  premier  résultat  est  négatif,  le  second  est  positif;  il  y  a  une  racine  et  une 


APPLICATIONS   A    l'ÉTIDE    d'lNK    FONCTION,    ETC.  287 

seule  dans  I  intervalle  consiàéré,  les  racines  sont  séparées.  On  peut  aller  un 
peu  plus  loin,  en  substituant  le  nombre  mt,  intermédiaire  entre  les  deux 
bornes  de  l'intervalle,  le  résultat  est  — «tt. 

supposons  «  >  o;  il  y  a  une  racine  entre  tt  et  — ■  >  une  entre  air  et  3— >  •  •  • 

entre  «Tt  et  (2«  -+-  i)  — ;  on  obtient  ainsi  les  racines  positives;  puisque  la  fonc- 
tion tangar  —  .r  est  impaire,  à  chaque  racine  positive  correspond  une  racine 
symétrique.  Enfin  la  racine  évidente  o  est  la  seule  qui  soit  contenue  dans  l'in- 
tervalle 


i-l'l) 


Au  lieu  de  chercher  à  résoudre  l'équation  tanga?  — x  =  o,  on  peut  chercher 
l'intersection  de  la  courbe  qui  a  pour  équation  y  =  tanga",  et  de  la  droite  qui 
a  pour  équation  j^  =  x. 

De  cette  façon,  non  seulement  les  résultats  précédents  apparaîtront  claire- 
ment, mais  on  va  trouver  d'autres  résultats  importants  concernant  les  racines, 
et,  si  l'on  se  donne  la  peine  de  construire  la  figure  avec  quelque  soin,  sur  du 
papier  quadrillé,  <»n  pourra  obtenir  ces  racines  avec  une  certaine  approxima- 
tion. 

La  droite  dont  l'équation  est  j'  =  ce  n'est  autre  chose  que  la  bissectrice  de 
l'angle  des  coordonnées  positives. 

Quant  à  la  courbe  dont  l'équation  est  j-  =  tanga:-,  on  observe  d'abord  qu'elle 
est  symétrique  par  rapport  à  l'origine,  parce  que  la  fonction  tanga^  est  im- 
paire; si  l'on  a  construit  la  courbe  pour  l'intervalle  [o,  —  I,  on  en  déduira  par 
symétrie  la  portion  de  courbe  qui  correspond  à  l'intervalle  ( ,  o). 

La  formule  tang('T: -i- a?)  =  tanga?  montre  que  les  ordonnées  de  la  courbe 
sont  les  mêmes  pour  les  points  d'abscisse  a:  et  tt -t- a?;  le  point  de  coordonnées 
--hx,  tang(Tr -f- a?)  se  déduit  du  point  de  coordonnées  a?,  tanga^  par  une 
translation  parallèle  à  l'axe  des  x,  égale  à  tc;  quand  on  a  construit   la  courbe 

pour  l'intervalle  I  —  >  -  )>  en  faisant  subir  la  translation  précédemment  dé- 
finie à  cette  courbe,  on  obtient  la  portion  de  courbe  qui  correspond  à  l'in- 
tervalle /  -j  —  j;  par  une  nouvelle  translation,  la  portion  de  courbe  qui  cor- 
respond à  l'intervalle  (  — ,  —  )>  •  •  •• 

De  même,  du  côté  des  x  négatifs.  La  courbe  totale  se  compose  d'une  infi- 
nité de  branches  égales  à  celle  qu'on  a  commencé  par  construire,  pour  l'inter- 
valle ( ,  -  ).  Cette  première  branche  sera  d'abord  construite  avec  soin, 

puis  répétée  à  droite  et  à  gauche.  Pour  la  construction,  il  sera  commode  de 
se  servir  d'une  table  de  tangentes  naturelles.  Toutes  les  parallèles  à  l'axe  des^ 

dont  la  distance  à  cet  axe  sont  des  multiples  impairs  de  —  sont  des  asymptotes. 


288 


GHAPITRE    XV. 


Pour  X  très  petit  on  a  ^  =  a?  h — r-  -t-  . .  .  ;  l'origine  est  un  point  d'inflexion  ; 
pour  X  positif  la  courbe  est  au-dessus  de  sa  tangente,  dont  l'équation  est_7  =  a:. 


Il  suffit  de  jeter  les  yeux    sur  la  figure  pour  apercevoir  la  disposition  de 
racines  positives  de  l'équation  tanga?  —  a;  =  o,  on  voit  de  suite  qu'elles  sont 

respectivement  plus  petites  que  — 1  — >  —  ,  •  •  •  ?  »  •  •  •  et  que,  si  11 

est  un  peu  grand,  il  doit  y  avoir  une  racine  très  voisine  de  {in-^  \)  '-•  Si 

l'on  représente  cette  racine  par  (a/i-hi) e,   e  étant  positif  et    petit,  on 

doit  avoir 

• =  (ïAH-  1) £. 

tange  2 

Si  n  est  très  grand,  e  sera  très  petit,  on  aura  à  très  peu  près 

tange  =  , 

(  2/1  -f-l)  - 

et  aussi,  e  =  »  puisque  l'arc  est  alors  très  voisin  de  la  tangente.  Je 

(•2n-+-  i)^ 

me  borne  à  indiquer  ces  résultats,  qu'il  y  aurait  lieu  d'étudier  d'un   peu  plus 
près  :  le  lecteur  reconnaîtra  très  aisément  que  l'on  a  £  < 

(2/1   -(-    I  )  — 


APPLICATIONS    A    l'ÉTLDE    d'uNE    FONCTION,    ETC.  289 

§  2.  -  SÉPARATION  DES  RACINES. 

^ol.  Les  exemples  précédents  ont  snflisaininent  montré  au  lecteur 
comment  l'étude  de  la  variation  du  premier  membre  dune  équation 
permettait  de  séparer  les  racines  de  cette  équation.  Il  convient  de 
nous  arrêter  un  peu  sur  ce  dernier  problème. 

Il  pourrait  être  regardé  comme  à  peu  près  résolu,  si  l'on  savait  ré- 
soudre le  problème  suivant  : 

Sachant  que  la  fonction  f{x)  est  continue  dans  V intervalle 
[a,  b),  trouver  le  nombre  de  racines  réelles  de  V équation 
f(x)  =  o  ('),  comprises  dans  cet  intervalle. 

Ce  problème,  qui  n'a  d'ailleurs  de  sens  que  si  le  nombre  déracines 
comprises  entre  aelb  est  (îni,  n'est  pas  susceptible  d'une  solution  géné- 
rale; mais  tous  les  renseignements  qui  fournissent  une  réponse  même 
partielle  à  la  question  posée  sont  précieux. 

On  a  déjà  vu  au  Chapitre  XII  que  Ton  pouvait  tirer  quelque  parti 
du  signe  des  quantités  /(«),  f{b). 

Je  supposerai  tracé  le  trait  de  courbe  qui  représente  la  fonction 
>' =y(j?)  dans  l'intervalle  (a.  b)\  je  désignerai  ce  trait  de  courbe 
comme  l'arc  AB,  A  et  B  étant  les  points  dont  les  coordonnées  sont  a 
elf(a),  b  el /( b  )  ;  je  suppose  a  <C  b. 

Si  les  deux  nombres  f{a)  et  f{b)  sont  de  signes  contraires,  le 
trait  de  courbe  AB  traverse  V axe  des  x  un  nombre  impair  de  fois 
(une  fois  au  moins)  :  Si  chaque  racine  de  l'équation /(x)  ^  o  admet 
un  ordre  de  multiplicité  au  sens  du  n"  249,  on  peut  dire  qu'il  j  a 
entre  a  el  b  un  nombre  impair  de  racines,  en  comptant  chaque  ra- 
cine distincte  pour  autant  de  racines  qu'il  y  a  d'unités  dans  son  ordre 
de  multiplicité  :  en  elïet,  on  a  vu  que,  pour  une  racine  simple  ou 
dordre  de  multiplicité  impair,  le  trait  de  courbe  traversait  l'axe  des  J?; 
(ju'il  ne  traversait  pas  cet  axe  pour  une  racine  multiple  d'ordre  pair. 

Si  les  deux  nombres  f (a),  f{b)  sont  de  mêmes  signes^  le  trait 


(')  Au  lieu  de  dire  racine  de  fëquation  /(ar)  =  o,  il  m'arrivera  fréquemment 
de  dire  racine  de  f  {x)  :  celle  façon  de  parler  a  été  employée  dès  le  Chapitre  II, 
«luand  il  s'agissait  de  polynômes. 

T.  -  II.  19 


290  CHAPITRE    XV. 

de  courbe  AB  ne  traverse  pas  V axe  des  x  ou  le  traverse  un  nombre 
pair  de  fois.  Si  l'on  esl 'encore  dans  le  cas  où  chaque  racine  admet 
un  ordre  de  multiplicité,  on  peut  dire  qu'il  y  a  entre  a  eib  un  nombre 
nul  ou  pair  de  racines,  en  com[)tant  chaque  racine  distincte  pour 
autant  de  racines  qu'il  y  a  d'unités  dans  son  ordre  de  multiplicité. 

Il  est  à  peine  utile  de  dire  que  les  propositions  précédentes  s'ap- 
pliquent aux  polynômes,  puisque,  alors,  l'ordre  de  multiplicité  d'une 
racine  se  définit  immédiatement. 

La  formule  de  décomposition  d'un  polynôme  en  facteurs  réels  du 
premier  ou  du  second  degré  (n"  114)  fournit  d'ailleurs,  dans  ce  cas, 
une  démonstration  immédiate  des  propositions  précédentes. 

Si  l'on  désigne  en  effet  par  a?,,  x.,,  ...,  x,-  les  racines  réelles  du  po- 
lynôme/(^),  chacune  étant  répétée  autant  de  fois  qu'il  y  a  d'unités 
dans  son  degré  de  multiplicité,  on  peut  poser 

f(x)  =={a-  —  xt)(x  —  x.)...{x  —  xr)(f(a^) 

en  désignant  par  'Ji{x)  le  produit  des  trinômes  du  second  degré  (à 
coefficients  réels)  dont  les  racines  sont  les  racines  imaginaires  de/(:r), 
multiplié  par  le  coefficient  de  la  plus  haute  puissance  de  x  dans  f(x). 
Quel  que  soit  a;,  ^(x)  a  le  même  signe  que  ce  coefficient  :  on  déduit 
de  là 

f(a)  =  (a—Xi)(a  —  Xi)...ia — a'r)(f{a), 
/(b)  ^  (b  -  X,)  (b  -  X,).  .  .(b  -  Xr)  f(b), 
puis 

/(a)/(b)  =^  [(xi  -  a)  {x^-  b)][(x.2-  a)  (  x^-  b)].  .  .\(xr-  a)  (xr—  b)] 
X  cp(a)  f(b). 

Le  produit  o(«),  'f{b)  est  essentiellement  positif;  chacun  des  fac- 
teurs entre  crochets  est  négatif  si  la  racine  correspondante  est  com- 
prise entre  a  et  b,  positif  dans  le  cas  contraire;  d'où  la  conclusion  : 

Le  produit/(a)  /(^)  est  négatif  s'il  y  a  un  nombre  impair  de  ra- 
cines de  ./(x)  comprises  entre  a  et  b;  il  est  positif  s'il  y  en  a  un 
nombre  nul  ou  pair. 

Par  exemple,  en  substituant  les  nombres  —  00,  o,  -h  00  dans  un  po- 
lynôme, à  coefficients  réels,  de  degré  /?,  pour  lequel  le  coefficient  de  x" 
est  positif,  on  arrive  aux  conclusions  suivantes  : 

Si  n  est  pair  et  si  le  terme  constant  est  négatif,  le  [polynôme  a  au 


APPLICATIONS    A    l'ÉTIDE    D  UNE    FONCTION,    ETC.  29I 

moins  une  racine  négative  et  au  moins  une  racine  positive;  le  nombre 
de  ses  racines  négatives  est  impair,  ainsi  que  le  nombre  de  ses  racines 
positives. 

Si  /}  est  pair  et  si  le  terme  constant  est  positif,  le  polynôme  a  un 
nombre  pair,  ou  nul,  de  racines  positives  et  de  racines  négatives. 

Si  n  est  impair,  le  polynôme  a  un  nombre  impair  de  racines  réelles, 
de  signes  contraires  au  signe  de  son  terme  constant. 

Considérons  encore  l'équation 


\  —  ^x^ 


on  x'^—'ix  -^  m{\  —  307*)  =  o;  i!  est  assez  naturel  d'essayer  la  substitution,  à 

la  place  de  r,  des  nombres ;=?-;=  qui  annulent  le  coefficient   de  m,  et 

/3     v/3 

donneront  des  résultats  purement  numériques.  En  substituant  les  nombres 


on  trouve  les  signes 


l'équation  du  troisième  degré  a  ses  trois  racines  réelles  et  distinctes,  quel  que 
soit  m. 


Il  est  rare  qu'on  puisse  arriver  à  un  résultat  précis,  comme  dans 
l'exemple  précédent.  Toutefois,  en  intercalant  au  besoin*  entre  «i  et  6, 
des  nombres  suffisamment  rapprocbés,  que  l'on  prendra  le  plus  sou- 
vent en  progression  géométrique,  en  calculant  les  valeurs  correspon- 
dantes de  fix),  en  figurant  surdu  papier  quadrillé,  à  une  échelle  con- 
venable, les  points  correspondants  de  l'arc  AB,  dont  on  a  ainsi  les 
abscisses  et  les  ordonnées,  on  arrivera  d'ordinaire  à  tracer  cet  arc  avec 
une  exactitude  suffisante  pour  reconnaître  à  peu  près  sûrement  s'il 
coupe  ou  ne  coupe  pas  l'axe  des  x,  pour  reconnaître  aussi  la  position 
approximative  des  points  d'intersection.  Il  pourra  toutefois  se  pré- 
senter des  difficultés  provenant,  par  exemple,  de  ce  que  l'arc  AB 
s'approche  beaucoup  de  l'axe  des  x  sans  l'atteindre,  de  ce  qu'il  le  ren- 
contre en  deux  points  très  rapprochés,  etc. 


•292  CHAPITRE    XV. 

252.  Les  renseignements  que  fournissent  les  signes  des  quantités 
f{n)  etf{b)  sont  au  contraire  très  précis  lorsque  l'on  sait  que  la  fonc- 
tion y(^),  continue  dans  l'intervalle  (a,  6),  va  toujours  en  augmen- 
tant, ou  toujours  en  diminuant,  lorsque  x  croît  de  a  à  ^.  Ainsi  qu'on 
a  déjà  eu  l'occasion  de  le  dire  plusieurs  fois,  il  y  aune  racine  dans  l'in- 
tervalle (a,  6),  et  une  seule,  si /(a)  etf(b)  sont  de  signe  contraire  ;  il 
n'y  en  a  pas  si  /(«)  et  /(b)  sont  de  même  signe.  Si  l'une  des  quan- 
tités ./(V/),  /(b)  était  nulle,  l'équation  /'(^)  =  o  n'aurait  pas,  dans 
l'intervalle  (a,  b)  d'autre  racine  que  celle  des  bornes  de  l'intervalle 
qui  annule  f{jc). 

Dans  ce  cas,  lorsqu'on  a  séparé  une  racine  x^^  comprise  par 
exemple  dans  l'intervalle  («,  6),  on  peut  resserrer  autant  qu'on  le 
veut  cet  intervalle,  approcher  autant  qu'on  le  veut  de  .r»  ;  supposons, 
pour  fixer  les  idées,  que  l'on  Aii/ia)  <io^  /{^)  >  oj  o^^  prendra  un 
nombre  «, ,  compris  entre  a  et  b,  et  l'on  cherchera  le  signe  de /(a,); 
Xo  est  compris  entre  a  et  cif  ou  entre  «,  et  b  suivant  que/(V/,)  est 
positif  ou  négatif;  on  continuera  ainsi  aussi  longtemps  qu'on  \oudra. 

Par  exemple  la  fonction  y  =  •.>.,r  —  sina:-  —  1  a  pour  dérivée  2  —  cosa:-;  cette 
dérivée  est  toujours  positive;    la  fonction  continue  ix  —  sina?  —  i    ne    peut 

s'annuler  qu'une  fois;  elle  est  négative  pour  x  =^  o,   positive   pour  x  =  —,   la 

racine  est  séparée.  Pour  x  —  -,  y  est  négatif,  la  racine  est  comprise  entre  - 
4  4 

et  -;  si  l'on  veut  aller  plus  loin,  on  utilisera  une  table  de  valeurs  naturelles 

du   sinus  (  '  ) 

On  a  par  exemple  pour 

iP  =  o,6o-^  sina?  =  0,8090,  JK  =       0,076, 

a;  =  o,55-)  sin:?  =  0,7604,  JK  =  —  o,o32, 

a-^iOi'iG-j  sina?  =  o,77o5,  r=  —  0,011, 

a7  =  o,57-'>  sin  a;  =  0.7908,  y  =^      0,010; 


(')  On  en  trouve  d;ins  les  Nouvelles   Tables  du  service  Géographique  (Gaulhier- 
Villars),  dans  le  Recueil  de  Tables  et  de  Formules  numériques  de  J.  Houel  (ibid.). 


API'LICATtOXS   A    l'ÉTLDK   d'l'NE    FONCTIOX,    ETC.  -^gS 

la  racine  cherchée  est  comprise  entre  0,56  -'  =  0,879,  •••  ^t  0,57  -"  =  0,893  ...; 

la  valeur  0,9  est  approchée  par  excès,  à  un  demi-dixième  près. 

On  a  montré  an  n"  2è>0  que  l'équation  tango:^  —  .v  =  o  avait  une  racine,  et 

une  seule,  dans  l'intervalle  [  tt,  — -U  où  la  fonction  tang.r  —  a"  est  croissante; 
afin  d'avoir  allaire  à  des  arcs  compris  entre  o  et  —  posons  x  = x'  ;  le  pro- 
blème est  ramené  à   la  recherche  de  la  racine  de  l'équation 

,        3ir 


T  =  "        (t  =  ^-^''^'«>') 


qui  est  comprise  entre  o  et-.  On  s'aidera  d'une  table  de  tangentes  naturelles; 

3t: 
pour  i3  grades,  la  cotangenle  est  égale  à  4,8-288;  elle  est  plus  grande  que  -— ; 

la  racine  cherchée  est  sûrement  plus  grande  que  0,1 3  -;  pour  a"'—  o,  i4  -  on 
trouve 

cota"  -Jr  X =  —  0,0190; 


la  racine  est  inférieure  à  0,14  -;  mais  la  petitesse  du  résultat  qu'on  vient  de 
trouver  permet  de  supposer  qu'elle  est  voisine  de  o,  14  -;  en  effet  on  trouve 
un  résultat  positif  en  substituant  0,139-'   ^'^  racine  de  l'équation  en  a?' est 

donc  comprise  entre  o,  lig  -  et  o,  140  -  •  La  racine  de  I  équation  tanga?  —  .r  =  0 
esl  voisine  de  4,5.  On  la  calculera  plus  exactement  un  peu  plus  loin. 

On  reconnaît  habituellement  que  la  fonction  /(x)  est  toujours 
croissante  ou  toujours  décroissante  dans  l'intervalle  (a,  b),  par  ce  fait 
que,  dans  cet  intervalle,  la  dér'ixéefix)  ne  change  pas  de  signe;  si,  en 
particulier  a,  b  sont  deux  racines  consécutives  de  l'équation  /'(x)  =  0, 
c'est-à-dire  deux  racines  qui  ne  comprennent  aucune  autre  racine  de 
cette  équation,  et  si  la  fonction  f(x)  est  continue  dans  l'intervalle 
(«,  6),  on  est  certain  que  cette  fonction  garde  le  même  signe  lorsque  x 
varie  entre  a  et  6,  puisque,  autrement,  la  fonction  /"(x)  s'annulerait 
entre  a  el  b;  par  conséquent,  lorsque  x  varie  de  «à  6,  la  fonction /(j?) 
€st  toujours  croissante  ou  toujours  décroissante;  elle  n'admettra  pas 
de  racines  entre  a  et  b  si  /(//)  et  /{b)  sont  de  même  signe,  elle 


'294  CHAPITRK    XV. 

admettra  une  racine,  et  une  seule,  si  fi<^t)  el/(b)  sont  de  signes  con- 
traires :  cette  racine  est  alors  séparée  (  '  ). 

De  même,  si  ^  est  la  plus  grande  racine  de/'(jc),  et  si  la  fonction /'(^) 
est  continue  pour  x  ^  b,'i\  est  certain  que /'(a?)  garde  le  même  signe 
pour^  >>  6  et  que  l'équation  /'(j?)  =  o  ne  pourra  avoir  qu'une  seule 
racine  pour  ^  >•  6  ;  cette  racine  n'existera  pas  si /(a)  et/(+oo)  sont 
de  mêmes  signes,  elle  existera  si  f(a  )  et  /(-+-  oo)  sont  de  signes  con- 
traires; dans  ce  cas,  on  peut  la  regarder  encore  comme  séparée.  Des 
considérations  toutes  pareilles  s'applitpienl  aux  valeurs  de  x  infé- 
rieures à  la  pins  petite  des  racines  de  la  dérivée,  quand  cette  dérivée 
est  continue  pour  ces  valeurs. 

De  là  la  règle  suivante,  qui  est  d'un  usage  continuel  : 

Soit  (A,  B)  un  intervalle  clans  lequel  la  dérivée  f\x)  reste  con- 
tinue; je  suppose  A  «<  B.  Soient  a,,  «o,  ...,  a,-  les  racines  de  cette 
dérivée  comprises  entre  A,  B  et  rangées  par  ordre  de  grandeur 
croissante.  On  considère  la  suite  {'^). 

(i)  A,     ai,  «2?   •  •  -,  «D     B  ; 

dans  chacun  des  intervalles  (A,  a,  ),  (a,,  ao),  ...,  («,,  ^)  formés  par 
deux  termes  consécutifs  de  cette  suite,  il  ne  peut  y  avoir  cjuUine 
racine  de  V équation  f{x)  =  o.  On  détermine  les  signes  des  termes 
de  la  suite 

(■^)  /(A),    /(a,),     fia,),      ...,     fia,.),     /(B). 

Si  deux  termes  consécutifs  de  cette  dernière  suite  sont  de  mêmes 
signes,  il  n'y  a  pas,  dans  l'intervalle  correspondant,  de  racine  de 


(  ■  )  Le  raisonnement  peut  être  présenté  d'une  autre  façon,  qui  montre  que  la  con- 
clusion implique  seulement  Vexisteiice  de  la  dérivée /'(o:)  entre  les  deux  racines 
consécutives  a,  b  de  cette  dérivée  et  non  sa  continuité. 

S'il  y  avait  entre  a,  b  deux  racines  a.  ^  de  la  fonction  fix),  il  y  aurait  une  ra- 
cine de  fix)  entre  a,  ,3  (  n"  '215)  :  a,  b  ne  seraient  pas  deux  racines  consécutives 
de  fix).  Entre  deux  racines  consécutives  de  la  dérivée  J'ix),  il  ne  peut  donc  y 
avoir  qu'une  seule  racine  de  la  proposée  fix). 

Il  est  à  peine  utile  dédire  que,  en  admettant  l'existence  de  la  dérivée  dans  l'inter- 
valle (a,  b),  on  admet  par  cela  même  la  continuité  de  la  fonction  fix)  dans  cet  in- 
tervalle. Si  la  fonction  fix)  n'est  pas  continue  dans  cet  intervalle,  la  proposition 
n'est  pas  applicable. 

i')  On  lui  donne  souvent  le  nom  de  suite  de  Hotte  relative  à   l'intervalle  (A,  B). 


1 


APPLICATIONS    A    l/ÉTUDE    d'lXE    FONCTION,    ETC.  295 

V équation  f\x)  =  o;  ily  en  aune^  au  contraire,  si  ces  deux  termes 
sont  de  signes  contraires. 

A  cet  énoncé,  je  joindrai  les  reniaiHjues  suivantes  : 

Il  peut  se  l'aire  (jue  l'un  îles  termes  de  la  suite  (2)  soit  nul;  on  a 
alors  déterminé  une  racine  de  l'équation  f{x)  =  o.  Si  cela  arrive 
pour  d'autres  termes  que  pour  les  termes  extrêmes,  la  racine  consi- 
dérée est,  en  g;énéral,  multiple  (n"  249).  On  aura  alors  à  déterminer 
son  ordre  de  multiplicité.  D'ailleurs,  dans  les  intervalles  partiels  que 
borne  le  terme  considéré,  il  n'y  a  évidemment  pas  de  racine  de  l'équa- 
tion y(.r)  =  o.  en  vertu  du  raisonnement  général. 

Les  racines  a,,  a-x^  .  . .,  «,-  de  la  dérivée /'(.r)  n'interviennent  dans 
le  raisonnement  précédent  qu'en  ce  que,  pour  ces  racines,  la  dérivée 
changeant  de  signe,  le  sens  de  la  variation  de  la  fonction/(x)  change 
aussi.  Si  donc,  en  résolvant  l'équation  f  {jc)  ■=■  o,  on  aperçoit  quelque 
racine  pour  laquelle  la  fonction/'(j7)  s'annule  sans  changer  de  signe, 
par  exemple  une  racine  d'ordre  de  multiplicité  pair  [pour/'(x)],  on 
n'a  qu'à  supprimer  cette  racine  de  la  suite  de  Rolle,  après  avoir 
constaté  toutefois  qu'elle  n'annulait  ^asJ\x).  Si,  par  exemple,  a2  est 
une  racine  double  ^onr f\x),  la  l'onction /"(jt)  garde  le  même  signe 
quand  x  croît  de  «,  à  «;,,  la  fonction /(x)  dans  l'intervalle  (a,,  «3)^3 
toujours  en  croissant,  ou  toujours  en  décroissant;  elle  ne  peut  s'annu- 
ler (ju'une  seule  fois. 

Si  la  dérivée  f  {x)  est  continue  pour  toutes  les  valeurs  de  x,  on 
re'uiplacera  dans  les  raisonnements  précédents  A  et  B  par  — x»,  +00. 

Considérons  l'équation 

/(.r)  =  (1  —  cosar)  langa  —  x  -{-  sinx  =  o, 

où  a  est  un  arc  donné  compris  entre  o  et  -  ;  f{x)  est  une  fonction  continue 
•  le  ./•,  f|uel  que  soil  x,  ainsi  que  sa  dérivée 

y  (a?)  =  sin^r  tanga^ —  1  -+-  cos./.-  —  2sin—  [  cos  -  tan  g  a  —  sin-  ); 

If-  racines  de  l'équation  y'(  a-)  =  o  sont  données  par  les  formules 

X  =  iniT^,         :r  =  2/iTT -H  aa, 
"II  m.  n  sont  des  nombres  entiers  quelconques:  i/nv:,  'iniT.  -+-  iol.  i{m  -+-  i)it 


296  CHAPITRK   XV. 

constituent  trois  racines  consécutives;  on  a  d'ailleurs 

fiimiz)  =  —  2/«7:, 
/(  •>.  «  T  -H  •>.  a )  ==  (  i  —  cos  1  a  )  tang  a  —  ■?.  a  —  ».  /i 7t  -4-  sin  2 a 
=  ■?.(tanpoL  —  a  —  mr). 

Puisque  l'on  a  o  <  a  <^  -,  tanga  —  a  est  positif;  il  en  résulte  que,  si  m  et  /i 

sont  négatifs, /(a /mr)  ety('>. mr -1- 2»)  sont  positifs.  Il  est  aisé  d'en  conclure 
que  l'équation  /(x)  =■  o,  qui  admet  la  racine  (doublet  a^  =  o,  n'a  pas  de 
racines  négatives. 

Occupons-nous  maintenant  des  racines  positives  :  entre  deux  termes  con- 
sécutifs de  la  suite 

O,        2  a,        '2  71,        211-4-  2  a,        ^TZ,       ^Tt-h'i.Oi,        ..., 

il  y  a  une  racine,  ou  il  n'y  a  pas  de  racines,  suivant  que  ces  deux  termes 
donnent,  par  la  substitution,  des  résultats  de  signes  contraires,  ou  de  mêmes 
signes;  les  nombres  27:,  4^^,  •••  donnent  des  résultats  négatifs;  soit  v  le  plus 
petit  nombre  entier  tel  que  l'on  ait 


et  supposons  d'abord  v  >  i,  les  nombres 

2  a,       2r-|-->.  X,       ...,       2(v  —  I)  TT  -H  2a 

donneront  des  résultats  de  substitution  positifs  :  l'équation  /(ce)  =  o  n'ad- 
mettra pas  de  racine  autre  que  o  dans  l'intervalle  (  o,  2aj;  elle  en  admettra  uni- 
et  une  seule  dans  chacun  des  intervalles  formés  par  les  termes  de  la  suite 

2a,     2Tr,     2Tr-i-2a,     ...,     2(v — i)ir-f-2a.     2VTr; 

elle  n'en  admettra  pas  de  supérieure  à  2VTr,  sauf  dans  le  cas  où  l'on  aurait 
V7:=:tanga  —  a.  auquel  cas  2V7r  -t-2a  serait  une  racine  (double)  de  l'équa- 
liouf{x)  =^0.  L'équation  admet  2v  —  i  racines  simples  que  l'on  a  séparées, 
la  racine  double  o,  et  dans  le  cas  particulier  où  vit  ==  tan  g  a  —  a,  la  racine 
double  2771-1- 2a  :  le  nombre  v  est  très  grand  quand  a  est  voisin  de   -^. 

Si  l'on  a  v  =  i,  il  y  a  une  racine  simple  comprise  entre  2a  et  ir.,  il  n'y  en 
aura  pas  de  plus  grande,  sauf  dans  le  cas  où  l'on  aurait  tang  a  —  a  =  tu,  auquel 
cas  2T:-l-2a  serait  une  racine  double. 

Considérons  encore  l'équation 

f(û^}  =  iGa""" —  20.r*-t-  5.r  —  m  =  o. 
On  a 

If'(x)  =  i6.ri—  i2a^"--i-  I  =  (4a72-Hi)-  —  2oip2; 


APPLICATIONS   A    L  KTtDE    D  INK    FONCTION.    ETC.  297 

les  racines  de  l'équalion  /'(a-)  =  o  sonl  les  racines  des  équations 

4  37*  -H  I  4-  .^.a"  v^5  =  o,  î  a^*  -1-  I  —  -^  .r  /à  =  o  ; 

en  les  rangeant  par  ordre  de  grandeur  on  obtient 

—  \/5  —  \  —  \/ô-hi  /5  —  I  /s  -f-  r 

'1  »  4  I 

on  a  à  les  substituer  dans /"(a:);  le  calcul  se  simplifiera  en  substituant  «i  et  a^ 
d'une  part,  a»  et  a^,  d'autre  part,  dans  les  restes  — ^cr  —  m  —  \/5  et 
—  4^ — /« -f- v'â  de  la  division  de  /{x")  par  f\ x'^ -^  x x ^ 't -k- i  et  par 
4.r*  —  'ix\/'j  -+-  \: 

La  suite  de  Rolle  est  formée  par  les  nombres 

(I)  3C,       ai,       «2'       «.l!       «4i       -t-3c. 

On  a  écrit  ci-dessotis  les  résultats  de  la  substitution  de  ces  nombres  dansy(a7)  : 

(i)  — 3c,      I  —  m,       -  I  — /H,      I  — /«,     ^1  —  w,      -i-3c. 

Supposons  que  l'on  ait  — i  <  m  <  1  ;  les  signes  des  termes  de  la  suite  (2) 
seront 

-4-        —       -I-       -f-. 

L'équation  /(jr)  =z  o  a  cinq  racines  réelles  (nécessairement  distinctes). 

On  reconnaît  sans  peine  que,  si  m  est  plus  grand  que  i,  il  n'y  a  qu'une  ra- 
cine, comprise  entre  a^  et  +«;  que  si  m  est  plus  petit  que  —  i ,  il  n'y  a  qu'une 
racine,  comprise  entre  — oc  et  «j. 

Enfin,  si  l'on  avait  m=  i,  a^  et  a;,  seraient  des  racines  doubles  du  polynôme 
/(x),  qui  admettrait  en  outre  la  racine  simple  a7=  1;  si  l'on  avait  m  =  —  1, 
a*  et  a^  seraient  des  racines  doubles  def(x),  qui  admettrait  en  outre  la 
racine  simple  ;r  = — i. 

!253.  Théorème  de  Rolle.  —  La  proposition  fondanientale,  en  vertu 
(le  laquelle  la  dérivée  /'(.r)  d'une  fonction  /'(.r)  dont  «,  b  sont  deux 
racines  s'annule  pour  une  valeur  de  x  comprise  entre  a  et  b,  doit  être 
complétée  par  quelques  remarques,  qui  se  rattachent  au  théorème  que 
voici,  important  en  lui-même. 

Soit  /'(.r)  une  fonction  de  x  admettant  dans  l'intervalle  (p,  q)  une 
déri\ée  continuey'l  J7  ).  Je  suppose  que,  dans  cet  intervalle,  les  fonc- 
tions ./(  X),  f'{x)  ne  puissent  s'annuler  qu'un  nomhre  lini  de  fois,  en 
soitc  (jue  l'interNalle  (/>,  q)  puisse  être  subdivisé  en  un  nombre  fmi 
d'inlciN ailes  partiels  tels  que,  à  l'intérieur  de  chacun  deux,  l'une  ou 


298  CHAPITRE    XV. 

l'autre  des  fonctions  /"(a7),/'(j?)  garde  un  signe  constant.  Soit  a  une 
racine  Ao.  f\x)  appartenant  à  l'intervalle  (/?,  q). 

Les  deux  fonctions  J\x^  et  f'{x)  sont  de  signes  contraires  pour 
les  valeurs  de  x  un  peu  plus  petites  que  la  racine  a  de  f{x)]  elles 
sont  (le  mêmes  signes  pour  les  valeurs  de  x  un  peu  plus  grandes 
que  cette  racine. 

La  vérité  de  cette  proposition  apparaît  aisément  en  se  représentant 
le  trait  de  courbe  qui  figure /(.^•)  dans  l'intervalle  (/>,  q)  :  ce  trait  de 
courbe  a  un  point,  d'abscisse  a,  sur  Taxe  des  x]  il  peut  d'ailleurs  soit 
traverser  l'axe  des  x  en  ce  point,  soit  rester,  aux  environs  de  ce  point, 
au-dessus  ou  au-dessous  de  l'axe. 

Supposons,  par  exemple,  qu'il  le  traverse  de  bas  en  liautquandxcroît; 
la  fonction /(V),  négative  pour  ,r  un  peu  plus  petit  que  a,  est  nulle  pour 
rf,==a;  elle  croîtquand  on  s'approche  de<^/,  par  valeurs  plus  petitesque«; 
la  dérivéey''(,r  )  estdonc  alors  positive;  quand  ona  dépassé  la  valeur  a, 
la  fonction  devient  positive;  elle  était  nulle  pour.r  =  «,  elle  est  crois- 
sante ;  la  dérivée  reste  positive.  La  proposition  est  vérifiée  dans  ce  cas; 
la  vérification  est  la  même  dans  tous  les  cas. 

Au  reste,  la  démonstration  rigoureuse  résulte  immédiatement  de  la 
formule  des  accroissements  finis,  appliquée  aux  deux  nombres  voi- 
sins a  etrt-hA;  cette  formule  peut  s'écrire/(«7H-/t)=  A/'(a  +  9^), 
puisque  /(«)  est  nul  :  elle  montre  que  f{a  -\-  h)  el  f'(a  -h  6/i)  sont 
de  signes  contraires  ou  de  mêmes  signes  suivant  que  h  est  positif  ou 
négatif;  or  le  nombre  a  -+-  9  A,  puisque  Q  est  positif  et  plus  petit  que  1 , 
peut  être  supposé  aussi  voisin  de  a  qu'on  le  veut;  il  est  plus  petit 
que  a,  ou  plus  grand,  suivant  que  h  est  négatif  ou  positif;  il  J  a 
donc  des  valeurs  de  x,  plus  petites  que  a,  aussi  voisines  de  a  qu'on 
le  veut,  pour  lesquelles /(j;)  et/'(x)  sont  de  signes  contraires;  il  j  a 
de  même  des  valeurs  de  x,  plus  grandes  que  a,  aussi  voisines  de  a 
qu'on  le  veut,  pour  lesquelles /(^)  eif  (x)  sont  de  mêmes  signes  :  si, 
dans  l'intervalle  (a  —  s,  a -+-  e  ),  où  â  est  un  nombre  positif  aussi  petit 
qu'on  le  veut,  les  fonctions  /'(y^),  /'(x)  ne  s'annulent  pas  pour  une 
autre  valeur  que  a,  en  sorte  que  chacune  conserve  son  signe,  soit 
à  l'intérieur  de  l'intervalle  (a  —  t,  a),  soit  à  l'intérieur  de  l'intervalle 
(a,  a  H-  s),  il  est  clair  que  les  deux  fonctions  auront  des  signes  con- 
traires dans  le  premier  intervalle,  el  les  mêmes  signes  dans  le  second. 
C'est  ce  qu'il  fallait  établir.  On  va  en  conclure  la  proposition  suivante: 


APPLICATIONS   A    l'eTLDE    d'iNE    FONCTION,    ETC.  299 

Soient  «,  b  deux  racines  cunséculii'es  de  /(x)  :  on  suppose  que 
dans  l'intervalle  {a,  b)  la  fonction  f{v)  reste  continue  ainsi  que 
sa  dérivée  f  {x)\  puisque,  à  l' intérieur  de  cet  intervalle^  la  fonc- 
tion continue  f(x)  ne  s'annule  pas,  elle  conserve  son  siane;  Je  sup- 
pose en  outre  que  la  fonction  f  (x ),  dans  cet  intervalle,  ne  puisse 
s'annuler  qu'un  nombre  fini  de  fois. 

Dans  ces  conditions  on  peut  affirmer  que,  lorsque  x  croit  de  a 
à  b,  la  dérivée  f  (x)  change  de  signe  un  nombre  impair  de  fois. 

Supposons  en  ellet  que  le  nombre  positif  î  soil  assez  petit  pour  que, 
à  l'intérieur  des  intervalles  («,  a  +  s),  {b  —  s,  6),  les  fonctions  f{x), 
f'{x)  ne  s'annulent  pas;  elles  sont  de  mêmes  signes  dans  le  premier, 
de  signes  contraires  dans  le  second;  la  fonction  f{x)  garde  le  même 
signe  dans  tout  l'intervalle  (a,  6);  la  fonction  /'(.r)  a  donc  changé  de 
signe  quand  on  passe  de  a-\-z  à  b  —  c,  elle  a  changé  de  signe  un 
nombre  impair  de  fois;  puisqu'elle  garde  le  même  signe  à  l'intérieur 
des  inter\  ailes  (  «,  a-r- 1}^  (b  —  s,  6),  elle  change  de  signe  un  nombre 
impair  de  fois  quand  x  croit  de  a  à  b.  Si  l'on  peut  attribuer  un  ordre 
de  multiplicité  à  chacune  des  racines  de/' (j:  )  contenues  à  V intérieur 
de  l'intervalle  («,  b),  on  peut  dire  que  le  nombre  de  ces  racines  est 
impair,  en  comptant  chacune  des  racines  distinctes  pour  autant  de 
racines  qu'il  y  a  d'unités  dans  son  ordre  de  multiplicité  ('  ). 

Cette  proposition,  avec  le  sens  précis  qu'on  vient  de  lui  donner, 
s'applique  en  particidier  quand  f(x),  /'(-^  >  ^^^^  ^^s  polynômes  en  x. 

PJntre  deux  racines  consécutives  «,  b  d'un  polynôme^  il  y  a  un 
nombre  impair  de  racines  de  sa  dérivée. 

Si  le  polynôme  f{x  )  a  toutes  ses  racines  réelles,  il  en  est  de  même 
de  sa  déri\éey(d7). 

Soit  //,  en  effet,  le  degré  de  fix),  f'(x)  sera  de  degré  n  —  \. 
Suf)posons  d'abord  (pie  les  n  racines  de  f(x),  qui,  par  hypothèse, 


(  '  )  Lorsque  1h  fonciion  /{x)  s'annule  pour  x  =  — oc,  ou  pour  x  =  -f-oc,  la  propo- 
sition précétienle  et  sa  démonstration  s'élendenl  aisément  aux  intervalles  (— x,  a), 
(p,  -hx)  en  désignant  par  a  et  ^  la  plus  petite  et  la  plus  grande  des  racines  de /(a:). 
On  suppose  bien  entendu  que.  pour  toutes  les  valeurs  de  x  supérieures  à  p,  par 
exemple,  la  dérivée /'(a;)  soil  continue.  On  reconnaît  alors  sans  peine  que,  pnur  les 
grandes  valeurs  positives  de  x,/(x)  el  /'{x)  sont  de  signes  contraires,  si  /(x)  tend 
vers  G  quand  x  tend  vers  -t-».  Le  raisonnement  s'achève  ensuite  de  la  même  façon. 


300  CHAPITRK    XV. 

sont  réelles,  soient  toutes  simples,  et  désignons-les,  en  les  rangeant 
par  ordre  de  grandeur,  par  a,,  a-^,  . . .,  a„. 

La  suite  qu'on  vient  d'écrire  comporte  n  —  i  intervalles;  dans  cha- 
cun de  ses  intervalles,  il  y  a  une  racine  de/'(^). 

Ce  dernier  polynôme  a  donc  ses  n  —  i  racines  réelles  et  distinctes. 
Entre  deux  racines  consécutives  de  l'un  des  polynômes  /'(  .2:),  /'(jc) 
il  y  a  une  racine,  et  une  seule,  de  l'autre. 

Considérons  maintenant  le  cas  où  l'équation  f{.x)  =  o,  dont  on 
suppose  toujours  que  les  n  racines  soient  réelles,  admet  des  racines 
multiples.  Si  a,  racines  sont  égales  à  a^  et  si,  en  conservant  les  nota- 
tions précédentes,  on  suppose  a,  z=  «^  =^-  •  •=  «a,'  ^t  —  '  intervalles, 
de  ce  fait,  disparaissent  de  la  suite  précédente;  mais,  d'un  autre  côté, 
l'équation  dérivée  f'(^x)=^o  admet  a,  —  i  racines  égales  à  a^•,  on 
voit  que  les  conclusions  relatives  au  nombre  de  racines  réelles  de  la 
dérivée  ne  sont  pas  changées;  le  polynôme  f'{x),  en  dehors  des 
racines  qui  lui  sont  communes  avec  /(x)  et  qui  sont  multiples 
pour  f{x),  admet  autant  de  racines,  forcément  simples,  qu'il  y  a 
d'intervalles  dans  la  suite  formée  par  les  racines  distinctes  de  f{x), 
c'est-à-dire  p  —  1 ,  siy(.r)  admet  p  racines  distinctes. 

Il  est  à  peine  utile  de  dire  que  les  polynômes  f"{x),  /'"(x),  ..., 
f{ii-~^)(^x)  ont  tous  leurs  racines  réelles. 

Réciproquement,  si  l'équation  /'{-v)  =  o  n'a  pas  toutes  ses  racines 
réelles,  ou  si  elle  a  des  racines  multiples  qui  ne  sont  pas  racines 
de  /(^),  l'équation  f{x)  =:  o  a  forcément  des  racines  imaginaires. 
Le  lecteur  pourra  retrouver  et  préciser  ce  résultat,  en  comptant  le 
nombre  d'intervalles  formés  par  la  suite  des  racines  réelles  distinctes 
de  f'ix)  précédées  et  suivies  de  — go  et  de  H- 00  (suite  de  Rolle), 
intervalles  dans  chacun  desquels  il  ne  peut  exister  qu'une  racine  réelle 
de  f{x). 

§  3.  —  CALCUL  APPROCHÉ  DES  RACINES  D'UNE  ÉQUATION. 

t2o4.  Une  équation  numérique  f{x)  =  o  étant  donnée,  on  devra 
d'abord  séparer  ses  racines,  c'est-à-dire  déterminer  autant  d'inter- 
valles (yo,  q)  qu'il  y  a  de  racines,  chacun  d'eux  contenant  une  racine 
et  une  seule.  Les  bornes  d'un  intervalle  peuvent  être  regardées  comme 
des  valeurs  approchées  de  la  racine  correspondante,  mais  cette  quali- 
fication ne  convient  que  quand  ces  bornes  dill'èrent  peu. 


1 


APPLICATIONS   A    i/kTLDE    d'uNK    KONCTION,    ETC.  3ol 

On  a  vu  plus  haut  le  rôle  que  tiennent  dans  cette  séparation  l'étude 
de  la  dérivée  (théorème  de  Rolle  )  et  la  représentation  graphique. 

Celle-ci,  quand  elle  est  faite  avec  soin,  permet  d'obtenir  des  valeurs 
vraiment  approchées  des  racines. 

On  se  servira  pour  cela  de  papier  quadrillé,  de  papier  millimé- 
trique par  exemple;  les  axes  de  coordonnées  seront  placés  suivant 
des  lignes  (perpendiculaires)  du  quadrillage,  et  l'unité  de  longueur 
sera  choisie  dans  un  rapport  simple  avec  les  dimensions  des  petits 
carrés,  de  manière  à  pouvoir  placer  de  suite  le  point  dont  on  donne 
les  coordonnées  et  à  lire  immédiatement  les  coordonnées  d'un  point 
<lu  dessin. 

La  représentation  graphique,  si  l'on  veut  en  tirer  parti  pour  le  calcul 
approché  des  racines,  devra  être  faite  avec  grand  soin  dans  le  voisi- 
nage de  ces  racines,  et  il  conviendra,  dans  certaines  régions,  de  déter- 
miner un  bon  nombre  de  points  de  la  courbe  qui  représente  la  fonc- 
tion, il  est  naturel  de  prendre,  pour  abscisses  de  ces  points,  des 
nombres  en  progression  arithmétique,  des  nombres  entiers  consécu- 
tifs, des  nombres  entiers  de  dixièmes,  etc.  Lors  même  qu'on  ne  fait 
pas  de  représentation  graphique,  ces  calculs  n'en  sont  pas  moins 
utiles  pour  séparer  les  racines  ('),  et  pour  rétrécir  chacun  des  inter- 


(  '  )  Ils  doiineiil  lieu  à  une  théorie  intéressante,  celle  des  différences,  que  je  ne  puis 
développer.  Je  me  borne  à  quelques  définitions  et  à  quelques  remarques  immédiates. 

Considérons  une  suite  de  nombres  u,  rangés  dans  une  colonne  verticale  (comme  les 
logarithmes  des  nombres  entiers).  Les  dilFérences  enlre  les  termes  consécutifs  for- 
ment une  autre  colonne,  la  colonne  des  différences  premières  \u;  celle-ci  engendre 
de  même  la  colonne  des  différences  secondes  A- m,  etc.  Chaque  colonne  se  déduit  de 
la  précédente  par  des  souslraclions.  Inversement,  connaissant  un  terme  d'une 
colonne,  tous  les  termes  de  cette  colonne  se  déduisent  de  la  suivaiile  par  des  addi- 
tions. 

Supposons  que  les  nombres  u  de  la  première  colonne  soient  le-*  valeurs  d'une  fonc- 
tion f{x)  pour  des  valeurs  de  la  variable  en  progression  arithmétique,  ...,  a,  a  -(-  A, 
a  -h  2  A,  ....  Les  différences  secondes  pourront  être  regardées  comme  les  différences 
premières,  pour  les  mêmes  valeurs  de  la  variable,  de  la  fonction/(x-HA)  — /(a?),  etc.... 
La  formule  des  accroissements  finis  suffit  à  faire  comprendre  eomment  les  diffé- 
rences premières  sont,  en  général,  petites  par  rapport  aux  valeurs  de  la  fonction, 
lorsque  la  raison  h  de  la  progression  arithmétique  est  petite,  comment  les  diffé- 
rences secondes  sont  petites  par  rapport  aux  didérences  premières,  etc. 

Si  les  dillerences  secondes  étaient  nulles,  les  différences  premières  seraient  con- 
stantes. Le  lecteur  s'explique  comment,  dans  les  Tables  numériques  qu'il  pratique,  les 
différences  premières  sont  à  peu  près  constantes  dans  des  intervalles  relativement 
assez  étendus,  et  doit  comprendre  que,  dans  des  tables  plus  étendues,  il  y  a  lieu 
d'introduire  les  différences  secondes.  Remarquons   encore  que,  si   la   fonction  f(x) 


302  CHAPITRK    XV. 

valles  qui   contiennent   une    racine  et   parvenir  à  des  valeurs  qu'on 
puisse  regarder  comme  étant  vraiment  approchées. 

255.  Méthode  d'approximation  de  NeTvton.  —  Soit  f{x)  =:  o  une 
équation  numérique  donnée,  soit,  en  supposant  p  -<  <y,  un  intervalle 
(/?,  q)  qui  comprenne  une  racine  a  de  J\x)  et  une  seule. 

Je  suppose  que  dans  l'intervalle  (/>,  q)  la  fonction  f{x)  soit  con- 
tinue, ainsi  que  ses  deux  premières  dérivées  /"'(.r)  et  /"(x);  je  sup- 
pose enfin  que  dans  l'intervalle  (/;,  q)  la  dérivée  f{x)  ne  s'annule  pas, 
en  sorte  que  la  racine  a  est  simple  (  '  )  et  que,  dans  l'intervalle  (/>,  y), 
la  fonction  /{x)  varie  toujours  dans  le  même  sens  :  /(/>)  et  f{q) 
sont  de  signes  contraires;  on  a  vu,  plus  haut,  comment,  en  interca- 
lant des  nombres  entre  p  et  q,  et  en  examinant  le  signe  des  résultats 
de  la  substitution  de  ces  nombres  dans  f{x),  on  peut  s'approcher 
autant  qu'on  veut  de  a;  toutefois,  ce  procédé,  qui  permetde  resserrer 
autant  qu'on  veut  l'intervalle  (/>,  q),  est  assez  long,  et,  lorsque,  en 
l'appliquant,  on  est  parvenu  à  une  valeur  a  que  l'on  juge  suffisam- 
ment approchée  de  a,  il  y  a  lieu  d'employer,  pour  avoir  des  valeurs 
encore  plus  approchées,  un  autre  procédé  plus  rapide. 

La  recherche  d'une  racine  de  /(x)  revient  à  la  recherche  des  points 
d'intersection  de  l'axe  des  x  avec  la  courbe  qui  représente  /{x).  Dire 
qu'on  connaît  une  valeur  approchée  d'une  racine  revient  à  dire 
qu'on  connaît  les  coordonnées  a  et  /(a),  d'un  point  A  de  cette 
courbe,  voisin  d'un  point  d'intersection  avec  l'axe  des  x.  La  courbe 
aux  environs  de  A  se  confond  presque  avec  sa  tangente,  dont  l'équa- 
tion est 

r —  ./(«)  =  (^  —  «) /'(«)• 


est  un  polynôme  de  degi-é  n,  la  fonction  /(a;  + /t)  — /(a;)  sera  un  polynôme  du 
degré /i — i,  la  différence  suivante  sera  du  degré  «  —  :>,  ....  les  différences  n'*™"  seront 
rigoureusement  constaules;  d'où  un  moyen  évident  de  calculer  par  de  simples  addi- 
tions les  valeurs  que  prend  un  polynôme  pour  une  suite  de  valeurs  de  la  variable  en 
progression  arithmétique;  de  là  aussi,  lorsque  l'on  a  constaté  que  les  différences //'*"'°' 
d'une  fonction  peuvent,  à  une  certaine  approximation,  être  regardées  comme  con- 
stantes, dans  un  certain  intervalle,  le  moyen  de  construire  un  polynôme  du  h'*"' degré 
qui,  dans  cet  intervalle,  représente  approximativement  la  fonction. 

(')  La  méthode  que  je  vais  exposer  s'appliquerait  si  a  était  une  racine  multiple 
(n«  249)  et  si /'(^)  ne  s'annulait  pas  dans  l'intervalle  {  p,  q)  pour  d'autres  valeurs 
de  X  que  a.  Toutefois,  certains  points  de  l'exposition  devraient  alors  être  modiliés. 
Je  laisse  ce  cas  de  cAté. 


APPLICATIONS   A    I.'kTUDK    d'uNE    FONCTION,    ETC.  3o3 

Il  est  (loac  naturel  de  subsUtuer,  au  point  d'abscisse  a  où  la  courbe 
coupe  l'axe  des  x,  le  point  d'abscisse 

'  fia) 

où  cet  axe  est  rencontré  par  la    tangente  en  A;  a,  sera,  en  général, 
une  valeur  plus  approchée  que  a\  les  nombres 


Ui 


«3 —  (tt — j 

/  <  «2  ) 


approcheront  de  plus  en  plus,  et  très  rapidement,  de  la  racine  a,  sous 
certaines  conditions  qui  seront  précisées  tout  à  l'heure. 

Jl  convient  d'observer  que,  en  vertu  des  hypothèses,  la  quantité 
/'(«)  est  certainement  diflérenle  de  zéro  en  sorte  que  l'expression 
de  a,  a  un  sens;  les  quantités /'(«,  ),  /'{a^),  .  .  .  seront  aussi  diffé- 
rentes de  zéro,  si  «i,  a.,,  ...  appartiennent  à  l'intervalle  (p,  q).  Au 
cas  où  l'un  des  nombres  «,,  a-,,  •  ■ .  tomberait  en  dehors  de  cet  inter- 
valle, on  serait  prévenu,  par  là  même,  que  la  méthode  ne  s'applique 
pas  et  que  l'on  est  parti  d'une  valeur  «insuffisamment  approchée. 

ViB.  82. 


On  a  figuré  ci-dessus  une  courbe  rencontrant  l'axe  des  a?  en  a  et 
point  A,  d'abscisse  a;  la  tangente  en  A  rencontre  l'axe  au  point  A', 
'abscisse  a,;  la  tangente  au  point  A,,  de  même  abscisse  a,,  ren- 
contre  l'axe  au   point  A'^  d'abscisse  a^,  etc.  On    voit  assez,  sur  la 
figure,  comment  les   points   A',  A',,  A.,,   ...   s'approchent  du  point 
d'intersection  de  l'axe  et  de  la  courbe. 


3o4  CIIAPITHK    XV. 

Les  mêmes  résultats  a[)paraissent  analytiqiiement;  soit  a  -\-  h  =l  a 
la  racine  exacte;  on  peut  écrire,  en  désignant  par  0  un  nombre  com- 
pris entre  zéro  et  i , 

o  =  /(a^  h)  =^  f(a)-r-  -f'(a)^  _^/"(a  +  eA). 

La  métiiode  de  Newton  consiste  à  supprimer  dans  le  dernier 
membre  le  terme  en  A^,  parce  que,  h  étant  supposé  très  petit,  h-  est 
beaucoup  plus  petit;  on  obtient  alors  l'équation /(a)  +  hf  (a)  =:  o, 

d'ovi  l'on  tire  h  = —  .■  ,      ,  c'est  le  même  résultat  que  tout  à  l'heure. 
./  («) 
Ce   procédé   nous  fournit  une  évaluation  de  l'erreur  commise  en 

prenant  «i  pour  a.  On  a,  en  efl'et,  exactement, 

l'erreur  commise  en  remplaçant  a  par  a,  est 

_  h^  /"(a-^nh) 
2         fin) 

A  la  vérité  on  ne  connaît  pas  le  nombre  0;  mais,  si  h  est  très 
petit,  /"(«  -h  0/i)  sera  voisin  de  /"(a)  et  il  sera,  d'ordinaire,  aisé  de 

trouver  un  nombre  positif  M  auquel  la  valeur  absolue  de  — -zr, ■ 

.  .  ,  .  .  2/'(a) 

sera  notoirement  inférieure,  et  même  tel  que  Ton  ait 

lorsque  JC  el  y  restent  dans  Tintervalle  [p,  q)  que  je  suppose  suffi- 
samment petit.  On  pourra,  par  exemple,  obtenir  ce  nombre  comme 

P 
le  rapport  ^  de  deux  nombres  dont  le  premier  P  est  une  valeur  gros- 
sièrement approchée,  par  excès,  de  \f"{x)\,  quand  ic  appartient  à 
l'intervalle  (/>,  q)^  dont  le  second  Q  est,  de  même,  une  valeur  gros- 
sièrement approchée  de  \if'{x)\^  par  défaut.  Si,  dans  l'intervalle 
(p,  q),  J'{^)  et  /"{a:)  vont  toujours  en  croissant  ou  toujours  en 
décroissant,  on  pourra  prendre  pour  P  le  plus  grand  des  nombres^ 
|/"(A)|,  |/"(B)|,  pour  Q  le  plus  petit  des  nombres  |2/'(A)|, 
|2/'(B)1. 


APPLICATIONS   A    LKTLDK    o'iNK    FONCTION,    ETC.  3o5 

Ceci  pos«'',  l'erreur  commise  en  subslituanl  «,  à  a  sera  moindre,  en 
valeur  absolue,  que  M/i-;  à  la  vérité,  on  ne  connailpas  A,  mais  si  l'on 
sait  que  h  doit  être  inférieur,  en  valeur  absolue,  à  un  nombre  positif/,, 
on  sera  assuré  que  Terreur  est  moindre  que  Myi-.  Or  on  peut  prendre 
•/|  =  y  —  a  ou  a  —  jt  suivant  que  la  racine  a  est  comprise  entre  a  çXq 
ou  entre />  et  «,  ce  que  l'on  sait  reconnaître  par  le  signe  des  quantités 
f{p)i  ./(<2)i  /{<'/)•  ^^'^  arrive  ainsi  à  une  conclusion  certaine.  Si  par 
exemple  r^  est  égal  à  lo^",  l'erreur  sera  moindre  que  M  lo  -";  d'où  la 
règle  pratique  suivante,  qui  peut  se  trouver  en  défaut  quand  M  est 
grand  :  A._yaut  calculé  une  valeur  approchée  a  de  a  avec  n  décimales, 
on  calculera  a,  avec  2/1  décimales,  a.,  avec  in  décimales,  etc.  Sans 
doute,  les  résultats  ainsi  obtenus  ne  sont  nullement  certains;  mais  si, 
dans  les  calculs  successifs,  les  décimales  antérieurement  calculées  ne 
sont  pas  modifiées,  on  est  par  cela  même  rassuré,  au  moins  dans  une 
certaine  mesure,  sur  leur  exactitude;  au  reste,  si  l'on  procède  de  cette 
façon,  on  devra  s'assurer  de  la  valeur  du  résultat  auquel  on  s'arrête, 
en  le  substituant  dans  /(j^),  en  constatant  l'ordre  de  petitesse  du 
résultat  et  son  signe  :  si  le  nombre  que  l'on  essaie  a  donné  un 
résultat  d'un  certain  signe  et  si  ce  même  nombre,  augmenté  ou  diminué 
d'une  unité  du  dernier  ordre  décimal,  donne  un  résultat  de  signe  con- 
traire, on  sera  certain  que  l'erreur  est  moindre  qu'une  unité  de  ce 
dernier  ordre  décimal.  Un  autre  procédé  consiste  à  regarder  h  comme 

1         ^  1  I       ,  /( « )  ^  -  I 

étant  égal  a  sa   valeur  approchée  — ^i — \'  ^  évaluer  grossièrement 

l'ordre  de  petitesse  de  M  h-,  et  à  ne  conserver  dans  l'évaluation  de  «, 
que  des  chiflVes  qui  soient  ainsi  à  peu  près  assurés;  la  vérification 
qu'on  a  expliquée  tout  à  l'heure  conduira  à  la  certitude. 

J'ajoute  les  remarques  suivantes  :  on  se  trouve  dans  des  circon- 
stances d'autant  plus  favorables  que  M  est  plus  petit.  M  peut  être 
assez  petit  pour  que  la  méthode  de  Newton  s'applique  lors  même  que  h 
est  plus  grand  que  i  en  valeur  absolue,  auquel  cas  h-  étant  plus  grand 
que  A,  on  n'est  pas,  tout  d'abord,  tenté  de  l'appliquer.  Celle  circon- 
stance peut  en  particulier  se  présenter  quand  f{x)  est  un  polynôme 
qui  comporte  de  grands  coefficients,  auquel  cas  \f'{ci)\  peut  être 
grand  relativement  à  \f{a)\. 

Par  contre,  les  circonstances  seront  mauvaises  si  f'{x)  reste  très 
petit  dans  l'intervalle  considéré,  c'est  ce  qui  arrivera  s'il  y  a  une 
«racine  àa  f\x)  voisine  de  a  ;  cette  dernière  circonstance  se  présentera, 
T.  —  II.  lio 


3o6  CHAPITRE    XV. 

en  vertu  du  théorème  de  Rolle,  s'il  y  a  une  racine  de  f{x)  qui  soit 
elle-même  voisine  de  a  :  on  peut  alors  être  obligé  de  beaucoup  res- 
serrer l'intervalle  (/?,  q),  ou  d'employer  une  précaution  qui  sera  indi- 
quée tout  à  l'heure. 

La  méthode  de  Newton  est  d'autant  plus  avantageuse  que /i  est  plus 
petit,  comme  le  montre  la  limite  MA-  de  l'erreur  :  il  y  aura  donc 
avantage,  en  général,  lorsqu'on  possède  deux  valeurs  a  el  b  qui  com- 
prennent la  racine  a,  de  choisir,  pour  appliquer  la  méthode,  celle  que 
l'on  juge  être  la  plus  approchée,  c'est-à-dire  celle  pour  laquelle /(.a?) 
a  la  plus  petite  valeur  absolue. 

On  a  fait  remarquer  au  n"  250  que  l'équation  x'^—  1003?-+-  1  =  o  avait  une 
racine  positive  très  petite  a,  une  racine  voisine  de  10,  luie  racine  voisine 
de  — 10.  Calculons  la  première;  on  a  ici 


f(^x)  =  x^ — \oox-¥-\,        /'(x)  =  'ix^ — 100,  -/"{x)  =  'ix. 

La  racine  positive  étant  très  petite,  son  cube  est  à  peu  près  négligeable; 
elle  doit  donc  être  à  peu  près  égale  à  0,01  ;  c'est  là  d'ailleurs  une  première 
application  de  la  méthode;  si  l'on  prend  a  =  0,01,  on  aura 

f(a)  =  \o~^,        f'(ci)—  —  100 -4- o,ooo3,  -/"(a)  =  o,o3; 


f{x)  étant  positif  et  décroissant  pour  a?  =  a,  on  voit  de  suite  que  la  racine  a 
doit  être  un  peu  plus  grande  que  0,01  et  qu'elle  est  plus  petite  que  0,0-2;  on 
peut   prendre    ici  /?  =  a=o,oi   et  g  =  0,01.,  dans  l'intervalle  (p,  g),  f'{x) 

reste  très  voisin  de  —  luo,  -f"(x)  reste  inférieur  à  0,06;  on  peut  prendre 
M  =  10-3  ;  les  circonstances  sont  très  favorables,  parce  que  M  est  petit  :  l'appli- 
cation de  la  méthode  de  Newton  donne  pour  valeur  approchée 

100  —  o,oo3  ^  ^ 


de  h;  on  aurait,  en  adoptant  cette  valeui 


M/i2=  _  <  ,o-i8; 

io'(i()o  —  o,oo3)^ 

il  est  assez  clair  qu'une  seule  application  de  la  méthode  fournira  une  valeur 
très  approchée  de  a.  On  a  d'ailleurs 


[oo  —  o,oo3        f  —  3.10- 


IO-8(H-  3.  10-5  +  Ç).£O-»0-|-.  .,), 


API'LKIATIO.NS    A    L  ÉTUDE    d'lNE    FONCTION,    ETC.  3o7 

On  peut  prévoir  que 

io---(-  io-8  =  0,01000001 

constitue  une  valeur  très  approchée  de  x.  Le  lecteur  n'aura  pas  de  peine 
à  trouver  des  valeurs  aussi  approchées  des  autres  racines. 

Les  règles  qu'on  vient  de  donner  et  qui  suffisent  d'ordinaire  dans 
la  pratique  comportent  des  exceptions;  elles  ne  permettent  pas  d'as- 
surer que  ai,  calculé  comme  on  l'a  expliqué,  soit  plus  approché  de  a 
que  a.  Il  j  a  intérêt  à  avoir  une  méthode  tout  à  fait  régulière  et  qui 
permette  d'approcher  sûrement  de  la  racine  a,  avec  une  approximation 
indéfinie. 

Je  suppose  que  les  nombres  a,  b  appartenant  à  l'intervalle  {p,  q) 
comprennent  entre  eux  la  racine  a;  les  conditions  énoncées  plus 
haut  pour  l'inter\alle  (/>,  q)  sont  évidemment  réalisées  pour  l'inter- 
valle (rt,  6);  je  suppose  en  outre  que,  dans  cet  intervalle,  la  dérivée 
J" {x)  ne  change  pas  de  signe  :  des  trois  nombres 

.    f(a)  fia)  f"(a-^bh) 

/(«)  fia)  -i-f  {a) 

le  dernier  est  la  racine  cherchée;  le  second  sera  une  valeur  plus 
approchée  que  le  premier  si  les  trois  nombres  sont  rangés  par  ordre 
de  grandeur  (croissante  ou  décroissante),  c'est-à-dire  si  les  deux 
nombres 

~/'(a)'  "     if\a)      ' 

ou  les  nombres /(a),  f"{(i  +  &/<)?  sont  de  mêmes  signes,  ou  encore, 
puisque  a  -\-hli  appartient  à  l'intervalle  (rt,  6),  si  /(«)  et  /"{a)  sont 
de  même  signe.  Observons  que  si /{a)  et /"(a)  ne  se  trouvent  pas 
être  de  mêmes  signes,  /(b)  et  /" {b)  seront  de  mêmes  signes,  puisque 
/(a)  et  f{b)  sont  de  signes  contraires. 

On  choisira  donc  pour  appliquer  la  méthode  de  Newton  celui 
des  deux  nombres  a  et  b  pour  lesquels  f{x)  et  J"{x)  sont  de 
mêmes  signes. 

Cette  règle  est  due  à  Fourier.  Elle  peut  être  en  contradiction  avec 
celle  qu'on  a  donnée  plus  haut;  elle  a  l'avantage  de  donner  un  résultat 
certain. 


3o8  CHAPITRE    XV. 

Supposons  que  la  règle  de  Fourier  s'applique  au  nombre  «;  elle 
s'appliquera  à  tous  les  nombres  compris  entre  a  et  a,  puisque  pour 
tous  ces  nombres,  /(^)  garde  le  même  signe,  comme  f"{x)]  elle 
s'appliquera  donc  aux  nombres  a,,  «a,  •••;  chacun  d'eux  sera  sûre- 
ment compris  entre  le  précédent  et  a. 

Il  est  aisé  de  déduire  de  là  que  la  suite  illimitée  a,  aj,  a^.  .  .  .,  fournie  par 
l'application  successive  de  la  méthode  de  Newton,  a  pour  limite  a. 

Kn  efiet,  si,  pour  fixer  le  langage,  on  suppose  a  <  a,  les  nombres  aj, 
«21  •  •  -1  «/()  •  •  •  vont  en  croissant,  ils  restent  inférieurs  à  a;  ils  tendent  donc, 
quand  n  augmente  indéfiniment,  vers  une  limite  ^  inférieure  ou  égale  à  a.  Il 
en  résulte  que,  dans  les  mêmes  conditions,  la  différence 

et,  par  suite,  le  numérateur  y(art)  du  second  membre  tendent  vers  la  limite  o: 
d'autre  part,  puisque /(a^)  est  une  fonction  continue, /(a,;)  tend,  quand  n 
croît  indéfiniment,  vers   la    limite  /(j3).    On    a   donc  /(  ^  )  =  o  et,   par   suite, 

^  =  a. 

Le  sens  géométrique  de  l'addition  apportée  par  Fourier  à  la  méthode 
de  Newton  est  aisé  à  reconnaître. 

Dire  que  f"{x)  ne  change  pas  de  signe  entre  a  et  6,  c'est  dire  que 
le  sens  de  la  convexité  de  la  courbe  entre  les  points  A,  B  dont  les 
abscisses  sont  respectivement  a  et  è,  ne  change  pas  sur  l'arc  AB;  on 
choisira,  pour  appliquer  la  méthode  de  Newton,  celui  des  deux  points 
qui  est  tel  que  la  tangente  à  la  courbe  soit  comprise  entre  l'arc  de 
courbe  et  la  parallèle  à  l'axe  des  y  qui  va  vers  l'axe  des  x\  sur  la 
figure,  où  la  concavité  est  tournée  vers  le  bas  Yf"[x)  <i  o],  où  la  tan- 
gente est  au-dessus  de  la  courbe,  c'est  le  point  A  [/(a)<o]  qu'il 
faut  choisir,  de  manière  que  la  droite  AA'  soit  au-dessus  de  la  tan- 
gente. L'examen  des  différents  cas  de  figure,  qui  est  aisé,  conduit 
toujours  à  la  règle  de  Fourier. 

Il  ne  faut  pas  s'exagérer  la  portée  de  cette  règle  :  la  figure  83  montre, 
et  il  est  aisé  de  voir  analytiquement,  que  si  l'on  choisissait  le  point  B 
au  lieu  du  point  A,  la  tangente  en  B  couperait  l'axe  des  x  en  un 
point  B', ,  qui  serait,  par  rapport  au  point  a  où  la  courbe  coupe  l'axe, 
du  même  côté  que  A';  il  en  résulterait  que  l'abscisse  b,  du  point  B', 
serait  du  côté  qu'indique  la  règle  de  Fourier.  La  seconde  application 


APCMCATIONS   A    l'kTUDE    u'lXE    FONCTION,    KTC.  S09 

sera  donc,  d'elle  même,  conforme  à  cette  règle.  Ce  dernier  raisonne- 
ment tomberait  en  défaut  si  B',  n'était  pas  compris  entre  V  et  B'; 
mais,  de  cela,  on  sera  immédiatement  prévenu  par  le  calcul  même; 
on  abandonnerait  alors  la  valeur  approchée  h. 

On  a  vu  au  n"  2r)2  que  l'équation 

cota?  -Ha?  —  —  =  o 


avait  une  racine  comprise  entre  o,  i  J9  -  et  0,14  -  ■ 


Gela  revient  à  dire  que  l'équation 


■KX  -T  3- 

(n(x)  =  cot i ■  =0 

^  «oo        9.00  i 


a  une  racine  comprise  entre  i3,9  et  i  { :  on  a 

o(i3,9)  >  o,         cp(  i4)  <  o, 
et,  d'un  autre  côté. 


>.o()     .    „  T.T        aoo  '200  JtOO 

sin2 

iOO 


X  «  cos  • 

»  /               /   1^    \           200 
ç"(a?)  =  '2    ; 

'  \.200/         .         T.X 


pour  a?  compris  entre  o  et  100,  f'ix)  est  positif;  c'est  donc  de  la  valeur 
a  =  i3,9  qu'il  convient  de  partir  si  l'on  veut  appliquer  la  règle  de  Fourier; 
on  ne  doit  pas  compter  sur  une  grande  approximation  en  appliquant  une  pre- 
mière fois  la  méthode  de  Newton,  on  pourra  se  servir  de  tables  à  quatre  déci- 
males. On  trouve  ainsi 


o,oi3o, 

p'(i3,9)= —cot^  '-12^-11  =  —  0,3199,,  -  "^/'^/^^  =0,0407. 

^        ^  zoo  -ioo  )      ^    '  o(i3,9)  '   ^    ' 

Ce  qui  donnerait  ai  =  13,9407;  il  n'y  a  aucune  raison  pour  conserver  les 
quatre  chiffres  décimaux;  si  l'on  veut  en  garder  trois,  on  peut  hésiter  entre 
les  valeurs  i3,94o  et  i3,94i,  et  la  règle  qui  consiste  à  forcer  le  dernier  chiffre 
décimal  quand  le  premier  chiffre  négligé  dépasse  4  conduirait  à  choisir 
la   seconde;    mais,  si  l'on  veut   être   certain    de    rester  du    même   côté   de  la 


3lO  CHAPITKE    XV. 

racine,  afin  d'appliquer  la  règle  de  Fourier,  on  est  amené  à  choisir  le  premier, 
qui  est  sûrement  approché  par  défaut.  On  devra,  pour  continuer  les  calculs, 
se  servir  d'une  table  à  cinq  décimales  (au  moins):  on  trouve  ainsi,  en  suppo- 
sant «i  =  i3,94o, 

cot =  4,4q3b; 

200  '    •' 

on  a  d'ailleurs,  au  même  ordre  d'approximation, 

=0,2190,  —  =  1,71^4,  'i(  «1  )  =  0,0002. 

L'incertitude  relative  au  dernier  chiffre  ne  permet  guère  de  continuer 
à  appliquer  la  méthode  de  Newton,  et  le  calcul  précédent  ne  constitue  qu'une 
vérification  qui  montre,  par  la  petitesse  du  résultat  obtenu,  que  la  valeur  i3,94o' 
est  très  près  de  la  racine.  Si  l'on  fait  les  calculs  analogues  en  conservant  le 
même  nombre  de  chiffres  décimaux,  pour  «j  =  1 3,941,  on  trouve  i»(ai)  =  o. 
De  ce  résultat,  pris  en  lui-même,  on  ne  peut  pas  conclure  que  i3,94i  est  une 
valeur  approchée  par  défaut  ou  par  excès:  que  celte  valeur  soit  effectivement 
approchée  par  excès,  c'est  ce  qu'il  est  aisé  de  reconnaître,  en  se  servant  de 
tables  plus  étendues. 

La  racine  correspondante  de  l'équation  tangx-  —  x  =  o  est  comprise  entre 

^(3— 0,1 394)  =  4,493419... 
et  • 

-(3  — o,i394i)  =  4,493404.... 

En  prenant  37  =  4,4934,  on  a  donc  la  racine  cherchée  avec  quatre  décimales 
exactes. 

L'application  de  la  méthode,  de  Newton  donne  lieu  aux  obser- 
vations suivantes. 

Quand  on  veut  calculer  a  —  •^,  >  on  ne  peut  pas,  le  plus  souvent, 
calculer  exactement  /"(a)  et /'(a);  il  estd'ailleurs  inutile  de  calculer 
ces  quantités  avec  plus  de  chilFres  qu'il  n'est  nécessaire  pour  l'approxi- 
mation à  laquelle  on  veut  se  tenir.  L'erreur  qui  résulte,  pour  le  quo- 
tient, des  erreurs  s,  s'  commises  sur  /(«),  /'(«)  est  donnée  par  la 
formule 

__i /(«) . 

/(«)  +  £'       f(a)^z' f(a)' 

en  général,  "i,        est  très  petit,  en  sorte  que  c'est  le  premier  terme  de 


APPLICATIONS    A    l/ ÉTUDE    d'iNE    FONCTION,    ETC.  3ll 

la  rorinule  qui  importe  le  plus.  Il  suffira  d'avoir  une  valeur  grossière- 
ment approchée,  par  défaut,  de  |/'(«)|  pour  se  rendre  compte  de 
l'ordre  de  grandeur  de  l'erreur  s  que  l'on  peut  se  permettre  dans 
lévalualion  de  /(«),  puis  de  l'erreur  s'  que  l'on  peut  se  permettre 
dans  l'évaluation  de  f'{a)  de  manière  que  la  somme  des  valeurs 
absolues  des  deux  termes  de  la  formule  précédente  soit  notablement 
inférieure  à  l'erreur  que  l'on  veut  se  permettre  sur  le  quotient. 

En  appliquant  la  méthode  de  Newton,  on  se  trouve  avoir  à  cal- 
culer f{x)  et  f'{x)  pour  plusieurs  valeurs  de  .r  voisines  de  a;  il  peut 
être  commode  de  se  servir  pour  cela  des  formules 

f{a-^h)    =/(a)   +^/'(a)  + -^/"(a)  +..., 

h  h^ 

/'{a  +  h}=f'(a)  -+-  -f"(a)  -h  —  /"(«)+... , 

en  négligeant  les  termes,  aux  seconds  membres,  qui  n'ont  pas  d'in- 
Huence  sur  le  résultat  :  le  calcul,  une  fois  fait,  de  /(«),  /'(«), 
y"(a),  . ..  servira  ainsi  pour  plusieurs  essais. 


î2o6.  La  méthode  de  Newton  consiste  au  fond,  quand  on  a  une 
valeur  approchée  a  d'une  racine  a  d'une  équation,  à  prendre  pour 
inconnue  h^rj.  —  a,  à  former  l'équation  en  A,  et  à  lui  substituer  une 

équation  du  premier  degré,  en  supprimant  les  termes  en  A=*,  A^, 

La  même  méthode  s'applique  à  des  systèmes  d'équations  à  plusieurs 
inconnues,  lorsqu'on  a  une  solution  approchée  :  c'est  ce  que  j'expli- 
querai en  me  bornant  au  cas  d'un  système  de  deux  équations  à  deux 
inconnues  cp(j7,y)  =  o,  •ii(x,jK)  =  o,  dont  je  suppose  qu'on  connaisse 
une  solution  approchée  «,  6  ;  on  posera  ^  =  «  -f-  A,  y  =  6  -h  A:,  et 
l'on  sera  ramené  à  la  résolution  des  deux  équations 


o 

=  :p(a  -+•  A, 

6-H 

k)^ 

?(«: 

b) 

-\-  h'^'j.(a  -H 

eA, 

b-^^k) 

+/'■?:, 

.■(a  + 

e/,, 

b-^dk), 

o 

=  •}(a  -H  A, 

h-^- 

A)  = 

^'j;{a  -h  Ô/i,  b-\-Hk)^  cp'^.(a-hf)/i,  h  +  0/f)  désignent  ce  que  deviennent 
les  dérivées  partielles  œ^,  i-^,  quand  on  y  remplace  x,  y  par  a  +  0/i, 
fe-t-OAr;  on  remplace,  dans  ces  équations,  cp^(a -|- OA,  6  +  OA:),  ... 
par  'f'j.{ci,  0),   . . . ,   ce  qui  revient   à   supprimer   dans    les   équations 


3  12  CJtAPITRE    XV. 

en  A,  k  les  termes  en  A^,  hk^  /c"^,  A"',  ...  ('),  et  l'on  parvient  aux 
équations  du  premier  degré  en  A,  /.-, 

ht:j,'j.{a^  b)  -Y-  kf'y{a,  b)  -+-  cp(a,  6)  =  o, 
h']^'j.{a,  b)^  k'Vyia,  b)  -^^{a,  b)  —  o, 

qui  fourniront,  en  général,  des  valeurs  approchées  pour  A,  k.  On 
aura  soin  de  vérifier  les  résultats  ainsi  obtenus  en  les  substituaul 
dans  cp(.r,  ;'),  <L(^,  k),  de  façon  à  s'assurer  de  la  valeur  du  résultat 
obtenu. 

Sur  ces  équations,  je  me  borneiai  à  remarquer  que  leur  détermi- 
nant est  la  valeur  pour  x  =  a.,  y=  f>-,  de  l'expression 


ix^'y—iy^'x  = 


à  laquelle  on  donne  le  nom  de  déterminant  fonctionnel  des  fonc- 
tions o,  «L.  Lorsque  ce  déterminant  est  nul  pour  x  =  a.  )=  fj,  il 
n'y  a  rien  à  tirer  des  équations  en  h,  k,  pas  plus  que  de  la  méthode 
de  Newton  quand  la  dérivée  est  nulle  pour  x  =  a.  Lorsque  la  valeur 
du  déterminant  pour  x  =  a,  y=  b  se  trouve  très  petite,  il  y  a  lieu 
de  se  délier  beaucoup  des  résultats  que  donnerait  la  méthode  que  je 
viens  d'indiquer. 

237.  Méthode  d'interpolation.  —  Revenons  aux  équations  à  une 
inconnue.  Sup[)osons  que  l'on  ait  séparé  une  racine  a  d'une  telle 
équation /'(.r)  =  o  et  qu'on  en  ait  deux  valeurs  approchées  a,  ^, 
l'une  par  défaut,  l'autre  par  excès.  Une  méthode  tout  aussi  natu- 
relle que  celle  de  Newton  pour  approcher  de  la  racine  a  consiste 
à  substituer  à  la  courbe  qui  représeute  la  fonction  /(x),  non  plus 
la  tangente  en  l'un  des  |)oints  \,  B  dont  les  abscisses  sont  a  et  />, 
mais  bien  la  corde  AB,  dont  l'équation  est 


(')  Le  lecteur,  pour  s'en   convaincre,  n'a  qu'à  penser  au   cas  où  o{x,  y)  est   ur 
polynôme  en  x,  y. 


ï 


APPLICATIONS   A    L  ETUDE    D  UNE    FONCTION,    ETC. 

celle-ci  coupe  l'axe  des  x  au  point  dont  l'abscisse  est 

(b  —  a) 


3i3 


f^b)-f{a) 


/(«); 


on  prendra  a'  pour  valeur  approchée  de  a. 

Il  suffit  de  jeter  les  yeux  sur  la  figure  83  pour  l'econnaître  que, 
lorsque  la  convexité  de  la  courbe  ne  change  pas  de  sens  sur  l'arc  AB, 

Fig.  83. 


la  inétiiode  précédente,  dite  méthorie  d' interpolation,  donne  un 
résultat  approché  dans  l'autre  sens  que  la  méthode  de  Newton,  appli- 
quée suivant  la  règle  de  Fourier.  L'emploi  des  deux  méthodes  four- 
nira donc  non  seulement  une  vérification,  mais  un  renseignement 
sur  l'ordre  de  l'approximation. 

[1  convient  de  remarquer  que  les  approximations  obtenues  par  les 
deux  méthodes  sont  du  même  ordre  de  grandeur;  en  effet,  la  précé- 
dente valeur  de  a',  obtenue  par  la  méthode  d'interpolation,  peut 
s'écrii-e,  à  cause  de  la  formule  des  accroissements  finis, 

./■(«) 

en  désignant  par  |B  un  nombre  compris  entre  «  et  6;  on  voit  assez 
que  cette  valeur  doit  être  très  voisine  de 

J  Ka) 


3l4  CHAPITRE    XV. 

pourvu  que/'(x)  ne  soit  pas  petit  pour  les  valeurs  de  x  comprises 
entre  a  et  6  (  '  ). 

Considérons  par  exemple  l'équation 

23ia7»— 3i5a?2_|_  ,o5^  —  5  =  0; 

en  substituant  dans  le  premier  membre  les  nombres  o,  0,1,  0,2,  ..., 
0,9,  I ,  on  trouve  qu'il  y  a  une  racine  entre  o  et  o,  i ,  une  autre  racine 
entre  0,4  et  o,5,  une  autre  enfin  entre  0,8  et  0,9.  Occupons-nous 
de  la  seconde  ;  on  a 

/(o,4)- 1,384,        /(o,5)=--2,'275. 

La  règle  précédente  donnera  pour  la  valeur  approchée 

o,i384 


0,4-+- 


3,650 


Il  est  clair  qu'il  n'y  a  pas  lieu  de  chercher  à  évaluer  le  second 
terme  du  second  membre  avec  une  grande  approximation;  on  trouve 

pour  les  premiers  chiffres  o,o3'- On  pourra  prendre,    pour  a', 

0,43  ou  0,44-  On  trouve  d'ailleurs 

/(o,43)  =  o,i72Hi7,       /(o,44)  =  —  0,106496, 

et  l'on  est  par  conséquent  conduit  à  la  seconde  valeur  approchée 

«          ,.,       0,00272(1 17  ,., 

a  =0,43  H TT-^ — —^=0,43719,  ...; 

0,379113  '  /        -7' 

Prenons  a"=:o,43';2;  il  restera,  si  même  on  ne  veut  pas  pousser 
l'approximation  plus  loin,  à  essayer  cette  valeur  et  à  se  rendre  compte 
du  degré  d'approximation  qu'elle  comporte.  Jusqu'ici  on  a  calculé 
exactement  les  résultats  de  substitution,  et  l'on  a  pu  observer, 
à   chaque    fois,    que    ces    résultats    comportaient   notablement   plus 


(  '  )  L'expression  a  —  "  est  l'abscisse  du  point  où  l'axe  des  x  est  rencontré  par 

la  parallèle  menée  par  le  point  A  à  la  tangente  à  la  courbe  au  point  d'abscisse  P;  on 
peut  remarquer,  à  ce  propos,  que,  dans  le  cas  où  f"{x)  ne  s'annule  pas  dans  l'in- 
tervalle (a,  b),  la  racine  a  est  comprise  entre  a —  ^7- — -  et  a —   ,,,,,• 

/'{a)  f'{b) 


ï 


APPLICATIONS   A    L  ÉTUDE    DUNE    FONCTION,    ETC.  3l5 

(le  chillres  cjiril  n'étail  utile  pour  l'approximation  suivante.  Les 
calculs  exacts  seraient  maintenant  assez  fastidieux. 

Convenons  de  ne  conserver  que  sept  décimales.  Pour  substituer 
0,43^2  dans  J{x),  on  appliquera  la  règle  du  n"  oi,  on  multipliera 
0,4372  par  23 1,  ce  qui  donne  100,9932;  on  retranchera  3i5,  ce  qui 
donne  —  214,0068;  on  multipliera  par  0,4372;  en  ne  conservant  que 
les  sept  décimales  et  en  ajoutant  io5,  ce  qui  ne  change  pas  l'erreur, 
on  trouve  i  i,43()227o,  avec  une  erreur  moindre  que  -  io~^  ;  en  mul- 
tipliant par  0,4372,  ne  conservant  encore  que  sept  décimales,  et 
ajoutant  — 5,  on  trouve  — 0,000081 5  avçc  une  erreur  moindre 
que  io~'  ;  le  résultat  de  la  substitution  est  négatif,  le  nombre  0,4372 
est  approché  par  excès. 

On  pourra  essayer  de  même  le  nombre  0,437  1  et  constater  qu'il  est 
approché  par  défaut;  il  est  d'ailleurs  aisé  de  s'en  rendre  compte  avec 
des  calculs  insignifiants  ;  dans  l'intervalle  de  0,4  à  o,5,  la  dérivée  f'{x) 
est  à  peu  près  égale  à  -^  '  ' — — — —;  elle  est  négative  et  reste  mani- 
festement plus  grande  que  3o,  en  valeur  absolue  ;  on  a  d'ailleurs 

/(o,437i)=/^o,4372)--y^/(0, 

en  désignant  par  ç  un  nombre  compris  entre  0,4371  et  0,4372  :  or, 
comme  on  a  évidemment 

>  0,000081  3, 

10* 

il  est  clair  que  /"(o,437r)  est  positif;  la  racine  cherchée  est  donc 
connue  a\ec  quatre  décimales  exactes. 


EXERCICES. 

:263.  Construire  les  courbes  qui  représentent  les  fonctions 

-       sina:        ,              -.       i\nx 
x-^,     jclejT-    I,     x\     y      (i-t-.r)-. -1 

1  _L  1        1 

xe^\     x-e^*,     xe^,     e^^'  \/x  -\-  ^. 


3l6  CHAPITRE    XV. 

Reconnaître  le  nombre  de  racines  de  l'équation  f»btenue  en  égalant  l'une 
quelconque  de  ces  fonctions  à  une  constante  donnée. 
Kornie  des  courbes  qui  représentent  les  fonctions 


264.   Déterminer  les  constantes  a  et  ^  de  manière  que  l'équation  obtenue  en 
égalant  à  o  la  dérivée  de  la  fonction 


/^^-f-i 


admette  i  comme  racine  double.  Représenter  par  une  courbe  la  fonction  ainsi 
déterminée. 


265.  Construire  la  courbe  définie  par  l'équation 

3sinrr 


y  =  x~ 


2  -1-  cosa7 


Entre  quelles  limites^  varie-t-il  quand  x  varie  de  o  à  — ? 

Soient  A,  B,  G  les  angles  d'un  triangle  rectangle  en  A  et  a,  b,  c  les  côtés 
opposés.  Montrer  que  si  l'on  évalue  B  en  degrés  on  a  approximativement 

6-  -H  •-«  a  ' 

Quelle  erreur  maximum  peut-on  commettre  sur  B  en  le  calculant  par  cette 
formule,  lorsqu'on  suppose  a,  b,  c  donnés? 

266.  Construire  la  courbe  définie  par  l'équation 

y  =  sj x'-''  -\-  px  -h  q. 

Montrer  que  cette  courbe  a,  en  général,  un  point  d'inflexion  et  un  seul.  Dans 
quel  cas  y  a-t-il  exception?  Si  la  courbe  présente  deux  parties,  le  point  d'in- 
flexion est  situé  sur  la  branche  infinie. 

267.  Construire  la  courbe  dont  l'équation  est 

Cette  courbe  a  deux  branches  tangentes  à  l'axe  des  x^  à  l'origine.  En  pre- 
nant X  poui-  infiniment  petit  principal,  quel  est,   pour   chacune  des  branches 


\ 


APPLICATIONS   A    l'ÉTUDE    d'uNK    FONCTION,    KTC.  817 

de  courbes,  l'ordre  infinitésinial  de  y?  Quel  est  l'ordre  de  la  dillérence  entre 
les  ordonnées  de  deux  points  qui  correspondent  à  une  même  abscisse? 
Cette  courbe  a-t-elle  des  points  d'inflexion? 

268.  l>'équation  y  —  a  sin^  =  x,  où  a  est  un  nombre  donné,  compris  entre  o 
et  I,  définit  jK  comme  une  fonction  de  or,  continue  dans  tout  intervalle,  crois- 
sante quel  que  soit  x.  Montrer  que,  si  l'on  a  construit  la  courbe  (G)  qui  repré- 
sente cette  fonction  pour  les  valeurs  de  x  comprises  entre  o  et  tt,  on  peut  en 
déduire  la  courbe  tout  entière.  Trouver  les  points  d'inflexion  de  cette  courbe, 
reconnaître  le  sens  de  la  concavité.  En  quels  points  la  tangente  est-elle  paral- 
lèle à  la  bissectrice  de  l'angle  des  coordonnées  positives? 

209.  En  combien  de  points  la  courbe  qui  a  pour  équation  y=  cha^  peut-elle 
être  rencontrée  pyr  une  droite?  Quelles  conditions  doivent  vérilier  a  et  6  pour 
que  la  droite  dont  l'équation  est  jk  ==  ax -î-  b  rencontre  cette  courbe  en  deux 
points  distincts?  En  deux  points  confondus? 

270.  Nombre  de  racines  de  l'équation 

{x  —  sin^p  —  a  -t-  sina)  —  tang-(cosx  —  cosar)  =  o, 

où  a  est  un  nombre  donné  compris  entre  o  et  tt. 

271.  Reconnaître  d'après  la  valeur  de  a  le  nombre  des  racines  réelles  des 
équations 

(i  8 

x^-^  ax"^-\-    -  X^ —    r    =  o, 

■}.  1 

X* -^  a  x'  -^  -~  x'> —  =  o. 

272.  Si,  «lans  l'interNalle  (a,  6),  la  fonction  /(x)  et  sa  dérivée  seconde  sont 
continues  et  si  les  deux  fonctions  ne  sont  jamais  de  signes  contraires,  la  pre- 
mière ne  peut  s'annuler  qu'une  fois  dans  l'inlervalle  (a,  b). 

273.  Soient  u,  v  deux  fonctions  de  x  qui,  dans  l'intervalle  (a,  6),  sont  con- 
tinues ainsi  que  leurs  dérivées  u',v'\  si,  dans  ce  même  intervalle,  la  fonc- 
tion iw'  —  u'v  ne  s'annule  pas,  il  y  a  entre  deux  racines  consécutives  de  l'équa- 
tion a  =  o,  comprises  entre  a  et  b,  une  racine  de  l'équation  v  =  o. 

274.  Soit  (G)  la  portion  de  la  courbe,  définie  par  l'équation  j'  =  tang.r,  qui 

III  •  77  TT  .  , 

correspond  aux  valeurs  de  x  comprises  entre et  H :  soit  a  un  nombre 

donné  compris  entre  o  et  -  ;  la  condition   pour  que  la  droite  dont  l'équation 


3l8  CHAPITRE    XV. 

est 

y  =  5 — ^  f> 

■       cos^a 

rencontre  en  trois  points  distincts  la  courbe  (G),  est  que  la  valeur  absolue  de  6 
soit  moindre  que  a  (n- tangua)  —  tanga.  On  prouvera  que  cette  dernière 
quantité  est  positive. 

Eu  combien  de  points  la  droite  dont  l'équation  est 

X  -\-  1 

r  = 

rencontre-t-elle  la  courbe  (G)? 
275.   Les  équations 


e-^— 1 

i  —  a?  = 

o, 

e->-  —  ] 

X 

1 

x^    _ 

1  .  2    ~      ' 

X" 

ex_ 

X 

X^ 

I  .2 

1     1.  . 

.n 

n'ont  pas  d'autre  racine  réelle  que  x  =  o. 

276.  L'équation 

x^ 

a"  -+-  sinar  =  o 

o 

n'admet  pas  d'autre  racine  réelle  que  37  =  o. 

277.  La  dérivée  «'*"«'  de  e--^'^  est  de  la  forme  P„e--^',  où  P„  est  un  polynôme 
du  degré  n  (Ex.  22G).  Montrer  que  toutes  les  racines  de  l'équation  P„  =  o 
sont  réelles  et  distinctes. 

278.  La  dérivée  n'^me  de est  de  la  forme — ,  où  0„  est  un 

polynôme  de  degré  n  (Ex.  224,  223).  Montrer  que  toutes  les  racines  de  l'équa- 
tion Q,j=  o  sont  réelles  et  distinctes. 

279.  Gombien  l'équation 

x^  x'*  x^ 

1.2         1.2.3.4         1.2.3.4.5.6"" 

a-t-elle  de  racines  réelles? 


APPLICATIONS    A    l.'ÉTUDK    DL'NK    PONCTION,    KTC.  3l9 

280.   F/équation 


I         \.>.        I .  i .  3         '  '        1 . 2 . 3 .  .  .  rt 

n'a  pas  de  racine  réelle  si  n  est  pair;  elle  admet  une  racine  négative,  et  une 
seule,  si  n  est  impair;  montrer  que  la  valeur  absolue  de  cette  racine  augmente 
avec  n,  qu'elle  augmente  indéfiniment  quand  n  augmente  indéfiniment. 


281.  Soit  x„  la  racine  comprise  entre  o  et  —  de  l'équation 

tanga?  —  a-  =  «ir, 

où  n  est  un  nombre  naturel  donné;  montrer  que  x„  augmente  avec  n  et  tend 
vers  —  quand  n  auirmente  indéfiniment. 

2    ^  ° 

La  série  à  termes  positifs 
est  divergente. 


282.  On  considère  un  rectangle  de  carton  dont  les  côtés  sont  a  et  6  (a  >  6)  ; 

on  trace  à  l'intérieur  du  rectangle  des  parallèles  aux  côtés,  à  une  distance  x  <C  — 

de  ces  côtés;  on  supprime  les  quatre  petits  carrés  qui  se  trouvent  ainsi  déli- 
mités aux  quatre  coins  du  rectangle,  et  l'on  plie  le  carton  le  long  des  lignes 
tracées,  de    manière  à  former  une  boite  rectangulaire  ouverte,  de  hauteur  x 

1°  En  regardant  a  t\.  b  comme  donnés,  déterminer  x  de  façon  que  le  volume 
de  la  boîte  soit  le  plus  grand  possible;  calculer  l'expression  'f  (a,  6)  de  ce 
volume  maximum  en  fonction  de  a  et  de  b. 

■2°  On  se  donne  la  surface  m*  du  rectangle  de  carton  ;  déterminer  a  et  6  de 
manière  que  o{a,  b)  soit  le  plus  grand  possible. 

283.  Trouver  avec  trois  chiflres  significatifs  exacts  les  racines  des  équations 

j;3  —  y^_^_y  —  fy^         j,3 — 6a:-H6  =  o, 


X—  lOOO  =  o, 
■2  -h  X                   1 

sina"=-,      X — -sina"=7 

lg(^-f-v/n-:rO=:~- 

•i  —  X           lOOOO 

284.  Trouver  avec  trois  chiffres  significatifs  exacts  la  plus  petite  des  racines 


3-iO  CHAPITKE    XV. 

positives  des  équations 

e-^  %\xvx  =  7,         e'*  sin.r  =  loooo. 

SSrj.  Que  donnent  la  méthode  de  Newton,  ou  la  méthode  d'interpolation, 
appliquées  à  une  équation  du  premier  de',Mé.  quand  on  prend  pour  valeurs 
approchées  de  la  racine  des  nombres  quelconques. 

:286.  Soit  (G)  la  courbe  dont  l'équation  est  y  =.  x'^  —  i.  Par  un  point  IM  de 
l'axe  des  x^  d'abscisse  plus  petite  q*ue  i,  on  ne  peutlui  mener  qu'une  tangente. 
Gomment  varie  l'abscisse  du  point  de  contact  avec  l'abscisse  du  point  M? 

Soient  A]  le  point  de  contact  de  la  tangente  issue  de  l'origine  des  coordon- 
nées et  A',  la  projection  du  point  Aj  sur  l'axe  des  x\  soient,  de  même,  A2  le 
point  de  contact  de  la  tangente  issue  du  point  k.\  et  Aj  sa  projection  sur  l'axe 
des  X,  A3  et  A^  le  point  de  contact  de  la  tangente  issue  du  point  A2  et  sa  pro- 
jection sur  l'axe  des  x^  Montrer  que  les  abscisses  ai,  aj,  . .  .,  a„,  .  . .  des 

points  Al,  A2,  ...,  A„,  ...  forment  une  suite  de  nombres  négatifs  dont  les 
valeurs  absolues  croissent  indéfiniment.  Soit  a  un  nombre  qui  n'appartienne 
pas  à  cette  suite;  montrer  que  la  suite 

ua^H-i  laî-t-i  la^-i-i 


3a2  -  :^af  "  ia\ 

formée,  d'après  la  méthode  de  Newton,  en  parlant  du  nombre  a,  a  pour  limite 
l'unité.  Qu'arrive-t-il  quand  on  forme  la  mémo  suite  à  partir  d'un  nombre  a 
qui  appartient  à  la  suite  ai,  a^,  ...,  a„,  ...? 

287.   Appliquer  la  méthode  de  Newton  à  l'extraction  de  la  racine  carrée  d'un 
nombre  positif  A. 

Montrer  que,  si  l'on  pose 

x^^-[x-^—\,  a72=-(a:iH ),  X-i^  -ix-i^  —\,  •-., 

i\  xj  •>.  \  xj  ■>.\  x^l 

on  a 

Xa  —  v' A  /  X  —  \J\  \  '" 


limite  de  .r„  pour  n  infini. 

Si  l'on  prend  A  =  -2,  a;  —  -  >  quelle  erreur  commet-on  en  prenant  pour/-2  les 
valeurs  x^  ou  X)^1 

288.   Soient  a  et  [5  les  racines  réelles  ou  imaginaires  de  l'équation 
aa-2 -f- '2  ôdi- -H  c  —  o, 


\ 


APPLICATIONS    A    l'ÉTLDE    D'uNE    FONCTION,    ETC.  i'il 

dont  les  coefficients  peuvent  être  réels  ou  imaginaires,  mais  dont  on  suppose 
les  racines  différentes.  Soit  x  un  nombre  quelconque,  assujetti  seulement  à 
être  représenté  (  n"  9o)  par  un  point  qui  soit  inégalement  distant  des  points 
qui  figurent  les  nombres  a,  p.  Soit  ensuite 

aT--i- -Àbx -h  c  ax^ — c 


'î{ax-\-b)  •i(ax  -{-  b) 

ax'\  —  c 
•liaxx-^  b  )' 

axl  —  c 
a  (  a  iFj  -+-  6  )  ' 


une  suite  de  nombres  formée  en  appliquant  la  méthode  de  Newton  à  partir  du 
nombre  x;  montrer  que  le  point  x,i  a  pour  limite,  quand  n  augmente  indéfi- 
niment, celui  des  points  a,  p  qui  est  le  plus  voisin  du  point  x. 
On  montrera,  pour  cela,  que  l'on  a 


x,-P 


La  suite  Xi,  Xî,  . . ,,  x,i,  ...  ne  peut  avoir  aucune  limite,  pour  n  infini,  quand 
le  point  X  est  également  distant  des  points  a,  ^. 


T.  -  II. 


CHAPITRE  XVI. 


EQUATIONS   ALGÉBRIQUES. 


§  1.  -    RELATIONS  ENTRE  LES  COEFFICIENTS  ET  LES  RACINES. 
FONCTIONS  SYMÉTRIQUES. 

258.      On  a  vu  au  n"  113  qu'une  équation  du  /?'*'"*  degré 

(i)  Aoa7"-h  A,a7"-'-(-. .  .-i-  A„_i.r-H  A„  =  o 

à  coefficients  réels  ou  imaginaires  Ao,  Aj,  ...,  A„  (Ay^  o)  avait 
n  racines  réelles  ou  imaginaires  /•,,  /•2,  .-.,  a-,<,  distinctes,  ou  non.  Si 
ces  racines  ne  sont  pas  toutes  distinctes,  il  faut  entendre  que,  dans 
la  suite  /,,  To,  ...,  /'«,  chaque  racine  distincte  figure  autant  de  fois 
qu'il  y  a  d'unités  dans  son  ordre  de  multiplicité. 
Dans  ces  conditions,  on  a  identiquement 


(2)  Âoa7"-+-  Ai^-''- 


ka{x  —  rx){x  —  r^).  .  .{x  —  rn); 


d'où,  en  développant  le  second  membre,  en  l'ordonnant  suivant  les 
puissances  de  a:,  et  en  égalant  dans  les  deux  membres,  divisés  par  Aq, 
les  coefficients  de  la  même  puissance  de  x^  on  tire  les  égalités 


(3) 


(-<)' 


(-1)' 


A„ 


Ces  relations  qui  fournissent  l'expression,  au  moyen  des  coeffi- 
cients, de  la  somme  des  racines,  de  la  somme  de  leurs  produits  deux 
à  deux,  trois  à  trois,  ...,/?  à  /?,  . . . ,  de  leur  produit  proprement  dit, 


KQLATIO.NS   ALGEBRIQLES.  ii'i 

sont  fondamentales   :   elles  permettent    d'écrire   immédiatement  les 

coefficients  d'une  équation  du  aï'*"®  degré  dont  on  donne  les  n  racines. 

Je  les  écris  explicitement  pour  une  équation  du  troisième  degré 

AoX-*  +  A,  ^2  _|_  A2.r  4-  A3  =  o  : 

Al 

ri  -H  /-î  -f-  /'a  =  —  T-  > 

^0 

A, 

rt /'s -I-  ^3 '1  ^riri=       —, 

An 


Réciproquement,  si  n  nombres  /•,,  r-,,  ...  /«  vérifient  les  équa- 
tions (3),  il  est  clair  que  légalité  (2)  sera  vérifiée  identiquement 
en  X-  et  que  r,,  /o,  .  •  -,  f'„  seront  les  n  racines  de  l'équation  (i).  En 
d'autres  termes,  la  résolution  de  l'équation  (•),  à  une  inconnue  x,  ou 
la  résolution  des  n  équations  (3)  à  n  inconnues  /•,,  /;,,  ...,  /„,  sont 
deux  problèmes  équivalents. 

259.  Fonctions  symétriques  des  racines  d'une  équation.  —  Soient 
/-,,  r-i,  .  . .,  /■//  les  /f  racines  de  l'équation 

(i)  Aor"-i- Ai:r"-'-r-. .    -i-A„  =  o. 

On    appelle  fonction   symétrique   de    ces    racines    une    fonction 

/{xi,  .Xo,  . . .,  x:,i)  des  //  variables  Xt,  x-,, x„  qui  prend  toujours 

la  même  valeur  quand  on  remplace  Xi,  x-,,  ...,  x,i  parles  nombres 
ri,  /'a,  ....  /■«,  quel  que  soit  l'ordre  dans  lequel  ces  nombres  sont 
rangés. 

Pour  constater  que /(x,,  j.,,  . . .,  .r«)  est  une  fonction  symétrique 
des  racines  de  l'équation  (1),  on  a  donc  à  former  les  n  !  arrangements 
n  à  n  des  nombres  /•,,  /;,,  ...,  /Vo  à  substituer,  à  la  place  de  x,,x:.>-, ..., 
x«,  dans /(or,,  x.^,  ...,a.«),  les  n  nombres  qui  constituent  chaque 
arrangement  et  à  constater  que  les  ni  résultats  obtenus  sont  égaux. 

Une  pareille  constatation  est  en  général  difficile  ;  elle  suppose  que 
l'équation  (i)  soit  résolue  et  implique  de  longs  calculs.  Voici  quelques 
exemples  où  elle  est  aisée  : 

Soient  /■, ,  Ta,  r^  les  trois  racines  de  l'équation  x-^ -j-  px  -j-  g  =z  o; 
je  vais  montrer  que  x'^  — x^x-^  est  une  fonction  symétrique  de  ces 
racines;  on  voit  de  suite,  en  effet,  que,  si  l'on  remplace  x,,  j'a,  X3  par 
les  six  arrangements,   trois  à   trois,   des  nombres  /•, ,   r^,  /'a,  on  ne 


3'24  CHAPITBE   XVI. 

trouve  que  les  trois  expressions  distinctes  r\  —  ''■^r-.i,  rt  —  /'s''», 
/;;  —  l'iT.,;  ces  trois  expressions  sont  égales  :  la  diirérence  entre  les 
deux  premières,  par  exemple,  est,  en  effet, 

/•f  —  ri  -h  r-i { /•,  —  /-.,)  =  ( /'i  —  /■2  ) (  /-i  -+-  r.,  -+-  7-3  ); 

elle  est  nulle  puisque  le  terme  en  x-  manque  dans  l'équation 
a.'^+/»x  +  ^  =  o  et  que,  par  conséquent,  la  somme  des  racines  de 
cette  équation  est  nulle. 

Quand  une  équation  a  toutes  ses  racines  égales,  toute  fonction  de 
ses  racines  peut  être  regardée  comme  une  fonction  symétrique  de  ses 
racines. 

La  définition  qu'on  a  donnée  plus  haut  d'une  fonction  symétrique  des 
racines  /•),  r^,  .  .  .,  ;•„  d'une  équation  du  Ai''""'  degré  <\)(x)  =  o  n'implique  pas 
que  les  n  variables  a:,,  a^'»,  ...,  x,i  figurent  explicitement  dans  celle  fonction  :  s'il 
ne  figure  efl'eclivemenl  que  p  variables  Xi,  x.,,  .  .  .,  X/,.  on  devra  entendre  que  la 
fonction  considérée  a  toujours  la  même  valeur  quand  on  remplace  respective- 
ment a?i,  372,  .  .  .,  X/,  par  les  nombres  qui  figurent  dans  les  n(/i  —  1)..  .{n — p-^i) 
arrangements  p  a  p  des  lettres  /i,  /-j,  ...,  f/,;  il  pourrait  même  ne  figurer 
qu'une  seule  variable.  Un  polynôme  en  xi  qui  garde  la  même  valeur  quand  on 
remplace  Xi  par  /-j,  r.^,  ...,  /•„  doit,  de  ce  point  de  vue.  être  regardé  comme 
une  fonction  symétrique  des  racines  de  l'équation  'ii(x')  =  o;  tel  est,  par 
exemple,  le  polynôme  '\'{x)  lui-même,  qui  est  nul  pour  chaque  racine.  En 
supposant  que  l'équiition  donnée  (];(a7)  =  o  ait  toutes  ses  racines  inégales,  il 
e.-l  aisé  davoir  la  forme  de  tout  polynôme  /{x)  qui  prend  ainsi  la  même 
valeur  V  quand  on  y  remplacer;  par  r^,  r-2,  ...,  /•„.  i.e  polynôme /(j?) —  V 
doit,  en  eilel,  être  nul  quand  on  y  remplace  x  par  ri,  r.,,  .  . .,  /-„;  il  doit,  par 
conséquent,  être  divisible  par  '\>{x);  par  conséquent,  V  est  le  reste  de  la  divi- 
sion de/(:F)  par  <\i(x)  et  l'on  a  f{x)  =  ff{x)<\t(x)-hV,  en  désignant  par 
g{x)  un  polynôme  arbilraiie;  en  particulier,  si  /{x)  jouit  de  la  propriété 
considérée  et  si  l'on  sait  qu'il  est  de  degré  inférieur  à  n,  on  peut  affirmer 
qu'il  se  réduit  à  la  constante  V. 

i260.  Il  y  a  un  cas  très  important  où  il  est  clair  qu'on  a  all'aire  à 
une  fonction  symétrique  des  racines  de  l'équation 

(1)  \i)X"  -h  Aix"-^  -h  . .  .-T-  \,i—  o, 

et  cela  quelle  que  soit  cette  équation,  pourvu  qu  elle  soit  du  degré  n  : 
c'est  celui  où  la  fonction  ./(.r,,  x.2,  ...,  x«)  est  un  polynôme  en 
Xi,  x-ii  .  •  -,  oc„  symétrique  par  rapport  à  ces  variables  (n"  126),  c'est- 
à-dire  qui  reste  le  même  polynôme,  quand  on  y  échange  deux  va- 


KQIATIONS  ALGÉBRIQUES.  325 

riables  quelconques,  ou  qu'on  elVeclue  sur  les  variables  une  permu- 
tation quelconque.  On  montrera  bientôt  que  la  valeur  que  prend  un 
tel  polynôme,  quand  on  y  remplace  les  variables  x,,  x-i^  .. .,  x,i  par 
les  racines  de  l'équation  (i),  s'exprime  sans  difficulté  au  moyen  des 
coefficients  de  cette  équation  et  que,  ainsi,  cette  valeur  peut  être 
calculée  sans  résoudre  l'équation.  Kn  admettant,  pour  un  instant, 
cette  proposition,  je  vais  montrer  que,  toutes  les  fois  que  l'on  sait 
qu'une  fonction  ralionnelle  F(a',,  .ro,  ...,  x,,)  des  variables  x^, 
x->i  . . .,  x„  est  une  fonction  symétrique  des  racines  de  l'équation  (i), 
au  sens  qu'on  a  précisé  plus  haut,  on  peut  en  ramener  le  calcul  au 
calcul  d'un  ou  de  deux  polynômes  symétriques  par  rapport  aux  va- 
riables X,,  x-i,  . . .,  x„. 

Supposons  d'abord,  en  ellet,  que  F(.r,,  Xo,  • . .,  Xn)  soit  un  poly- 
nôme en  Xf ,  X.2,  . . .,  x„;  en  effectuant  sur  ces  variables,  dans  ce  poly- 
nôme, toutes  les  V  =  I .  y  . .  ./i  permutations  possibles,  on  obtiendra 
V  polynômes  F,,  Fj,  ....  Fv  dont  l'un  sera  le  polynôme  proposé  F. 
Ces  V  polynômes  pourront,  suivant  les  cas,  être  tous  distincts,  ou  en 
partie  identiques;  ils  seraient  tous  identiques  si  F  était  symétrique 
en  x^,  Xa,  .  • .,  .r«.  Quoi  qu'il  en  soit,  ils  prennent,  par  hypothèse,  la 
même  valeur  V  quand  on  y  remplace  les  n  variables  par  les  racines 
r,,  r-2,  . . .,  /•//  de  l'équation  (  i )  :  cette  valeur  V  est  donc  égale  à  celle 
que  l'on  obtient  en  remplaçant  x,,  x.j.,  . . .,  x„  par  /•,,  /o,  . . .,  /„  dans 
le  polynôme  F,  -|-  F^H-. . .+  Fv  et  en  divisant  le  résultat  par  v;  mais 
ce  dernier  polynôme  est  une  fonction  symétrique  des  n  variables 
Xt,  .T'a,  . . .,  x„  puisque,  si  l'on  effectue  une  même  permutation,  d'ail- 
leurs quelconque,  sur  les  v  arrangements  n  à  n  des  lettres  x^,  .r.j,  ..,, 
x,t,  on  reproduit  ces  mêmes  arrangements,  dans  leur  ensemble. 
Tout  est  donc  ramené  au  calcul  de  Fj  -h  Fo  +. . .+  Fv. 

Si  l'on  applique,  par  exemple,  cette  méthode  à  la  fonction 
x'-\ — x.,X:i  dont  on  sait  qu'elle  est  une  fonction  symétricjue  des 
p*acines  /i ,  /'a,  /:,  de  l'équation  x-^  -\-  jjx  -+-  q  =  o,  on  aura 

F,-t-  Fj-i-.  .  .H-  Fg  =  2(.rf  —  a-,a73)-H  -lixl  —XiXi)  ■+-  j-ixl  —XiXt), 

\  =  -(  x]  -h  xl  -\-  x^  —  Xtx-i  —  x.,a"i  —  X\Xt). 

Supposons  maintenant  que  F(X|,  x^,  . . .,  x,t)  soit  le  rapport 

g(X\,  Xj.    ..    ,  x„) 

h{xt,  .rj,  ..  .,  Xn) 


3-26  CHAPITRE    XVI. 

de  deux  polynômes  g,  h  en  x,,  x-i,  ...,  x,i.  Pour  que  le  pro- 
blème proposé  ait  un  sens,  il  faut  supposer  que  le  dénominateur 
/i(.r,,  .r.>,  ...,  x„)  ne  s'annule  pas  quand  on  y  remplace  les  variables 
par  les  racines  de  l'équation  (i).  Ceci  posé,  désignons  par  ^  ,  ^-,  •••, 

^  les  V  fractions  rationnelles  que  l'on  déduit  de  ^  en  etlectuant  sur 
Av  ^  fi 

les  variables  x,,  ^o,  ...,  ^„,  dans  |^»  toutes  les  permutations  pos- 
sibles; toutes  ces  v  fractions  rationnelles  prennent,  par  hypothèse, 
des  valeurs  égales  quand  on  y  remplace  J7,,  ^o,  ...,  .r«  par  les  racines 
de  l'équation  (i);  et  il  est  clair  que  ces  valeurs  sont  égales  à  celles 
que  prend  la  fraction 

^l  +  ^2  +  ---+  jTv^ 

A]  -f-  As  -+-. .  .-t-  Av 
dont  les  deux  termes  sont  manifestement  des  polynômes  symétriques 

On  peut  donc  se  borner  à  l'étude  de  ces  polynômes  ou,  comme  on 
dit,  des  fonctions  symétriques  entières  de  ;r,,  Xo,  •••,  x„.  Dans  ce 
qui  suit,  en  parlant  d'une  fonction  symétrique  entière  des  racines 
d'une  équation  de  degré  /i,  c'est  d'un  polynôme  symétrique  en 
X\,  x-,-,  . . .,  Xa  qu'on  entendra  parler. 

261.  Fonctions  symétriques  entières  de  n  variables.  Énoncé  du 
théorème  fondamental.  —  La  proposition  fondamentale  concernant 
les  polynômes  symétriques  en  j?,,  x^,  . . .,  Xn-,  qui  est  une  des  propo- 
sitions les  plus  importantes  de  l'Algèbre,  a  été  déjà  annoncée  au 
n"  126. 

Si  l'on  désigne  par  s^^  s-,^,  •  ■  •■,  s,i  les  fonctions  symétriques  élémen- 
taires des  variables  J7(,  x.>t  •••,  ^«,  c'est-à-dire  la  somme  de  ces 
variables,  la  somme  des  produits  deux  à  deux,  trois  à  trois,  ...,  le 
produit  des  n  variables;  si,  en  d'autres  termes,  on  pose 

Si  =  a;i  -H  370  H- .  . .  -)-  x,i, 

(I)  \ 

s p  =  Xi  ^'-2  .  .  .  X p  -h  .  .  .  -|-  Xft-^p-f-i  X ii—p-i^-i .  .  .  Xn, 

tout  polynôme /(u^i ,  r^,  ...,  .r„),  symétrique  en  j?,,  .r^,  ...,  ./,i,peut 


ÉQUATIONS   ALGÉBRIQUES.  3^7 

être  mis  sons  la  forme  d'un  polynôme  'f  (ai,  s.,,  ...,  s,i)  en  s,,  a^,  ...,  s,,', 
c'est-à-dire  qu'il  existe  un  poljnome  'f(st,s.2,  ...,s„)  qui  devient 
identique  ày(x,,  x-,,  . . .,  x«)  quand  on  j  remplace  5,,  s-i,  . . .,  s„  par 
les  seconds  membres  des  égalités  (i). 

Si  l'on  regarde  5|,  ^2,  •••,  s,/  comme  des  notations  abrégées  pour 
représenter  ces  seconds  membres,  il  est  clair  qu'on  a  identiquement 
en  .r,  x,,  x.,  ...,  .r„ 

(2)  (x  —  ^i)i-^  —  37.2).  .  .(.r  —  Xn)  =  X"  —  s,x"  ~^  -h  s^x'-^^. ..-!-( —  !)"*«; 

en  d'autres  termes,  5|,  s->,  .. .,  s„  sont,  au  signe  près,  les  coefficients 
d'une  équation  en  jc  de  degré  n,  dans  laquelle  le  coefficient  de  x" 
est  I,  et  dont  les  racines  sont  jc,,  jc,,  , . .,  x„.  Je  désignerai  par  'f{x) 
le  premier  membre  de  cette  équation,  ou  l'un  ou  l'autre  des  deux 
membres  de  l'identité  (2).  Il  me  sera  commode  de  représenter  les 
coefficients  de  'f (x),  avec  leurs  signes,  par/?,,  /vo,  ...,  /)„,  c'est-à-dire 
<le  poser p,  =  { — i)'^'-  ('■='?  2,  ...,  n),  en  sorte  qu'on  ait  identi- 
quement 

(3)  f(x)  =(x  —  Xi){x  —  X2). .  .(x  —  x„)  =  x"-hpix'^-i-hp2x"''^-^. .  .-hpn- 

Dire  que  le  polynôme  ./(^i,  x,,  ...,  x„)  peut  être  mis  sous  la 
forme  d'un  polynôme  en  5,,  s-,,  . . .,  a«,  ou  sous  la  forme  d'un  poly- 
nôme en  />,,  yt?o,  . . .,  p,t,  c'est  évidemment  dire  la  même  chose. 

Si  l'on  admet  la  proposition  énoncée  et  si  l'on  a  obtenu  l'expres- 
sion de/(x,,  x-2,  ...,  x,i)  comme  un  polynôme  en  yo,,  p.2,  ...,  p„,  il 
est  clair  qu'on  obtiendra  la  valeur  que  prend  le  polynôme  /  quand 
on  y  remplace  j?,,  x.,,  ...,  x,/  par  les  racines  ;•,,  rj,  ...,  r,i  de  l'équation 

Aoa:'»-i-  A,a7''-i^-..  .-\-  X„=  o, 

en  remplaçant,  dans  le  polynôme  en  />,,  p.2,  ...,  yw«,  ces  dernières 
lettres  par 

^,      ""1,     ...,     ^. 

Ao        Ao  '      Ao 

Le  problème  qui  consiste  à  exprimer  au  moyen  de  s,,  53,  ...,  s„ 
un  polynôme  symétrique  en  x,,  x^,  ...,  Xn  peut  être  ramené  à  des 
problèmes  plus  simples. 


328  CHAPITRK    XVI. 

Considérons  un  terme  du  polynôme  donné;  il  sera  de  la  forme  J 

OÙ  A.  est  une  constante  et  a,,  a^,  ....  a,,  des  entiers  positifs  ou  nuls; 
tous  les  monômes  analogues  qu'on  déduit  de  celui-là  en  permutant 
d'une  façon  quelconque  les  lettres  r,,  ./.j,  ...,  :x:„  et  en  laissant  les 
exposants  a,,  aa,  ...,  o.,,  h  leurs  places,  doivent  figurer  dans  le  |)oly- 
nome  donné,  avec  le  même  coefficient  A  :  autrement,  ce  polynôme 
ne  serait  pas  symétrique. 

Si,  par  exemple,  il  s'agit  d'un  polynôme  symétrique  en  a',,  .r^, 
X3,  X,,  qui  contient  le  terme  ùx'lx'ixlj  ce  polynôme  doit  contenir, 
en  outre,  les  termes  ^ 

i 

5x\xlxl,      ^x'jxlcrl,      !^xlx^xl,      hx^x^xl,      5x1x1x1,  ^ 

'jxlxlx^,      Sxlxfxl,     5x^x1x1.     5xlx]xl,     ^xfx^x^, 
Sxfxlxl 

Dans  la  même  hypothèse,  l'existence,  dans  le  polynôme  proposé, 
du  terme  ^x^x'iX't,  où  les  trois  ex|)osants  sont  inégaux,  entraînei^ait 
l'existence  de  vingt-trois  termes  analogues,  puisqu'il  y  a  vingt-quatre 
arrangements  de  quatre  lettres  trois  à  trois  :  tous  ces  termes  auraient 
pour  coefficient  7;  les  trois  variables  qui  figurent  dans  un  terme 
seraient  toujours  affectées  des  exposants  i,  2,  i. 

Pour  en  revenir  au  cas  général,  il  est  naturel  de  réunir  tous  les 
termes  distincts  qui  se  déduisent  du  terme  \x'^'xf,\  .  .xf/-  |)ar  les  di- 
verses permutations  des  lettres  a?i,  .r.j,  ..,,  x„.  (Il  y  en  avait  douze 
dans  un  des  exemples  précédents,  vingt-quatre  dans  l'autre.)  Si, 
ensuite,  on  met,  dans  tous  ces  termes,  A  en  facteur,  ce  facteur  mul- 
tipliera une  somme  de  termes,  tous  distincts,  et  qui  se  déduisent, 
comme  on  l'a  expliqué,  du  monôme  r'^'xf'...xf/",  une  telle  somme  se 
représente  habituellement  par  le  symbole 


le  nombre  des  termes  qui  y  figurent  est,  au  plus,  v  =  i  .2.3. . .// ;  il 

atteint  cette  limite  si  tous  les  exposants  a,,  y.., y.„  sont  ditlérents;  | 

il  serait  égal  à  1  si  tous  les  exposants  étaient  égaux;  le  terme  consi- 
déré, dans  ce  dernier  cas,  serait  évidemment  égal  à  sf/. 


ÉQUATIONS   ALGÉBRIQUES.  3'29 

Dans  cette  notation,  les  fonctions  symétriques  élémentaires  se 
représenteraient  par  Ix,,  lx,x.,,  . . .,  I,XiX.,. .  .x„,  la  dernière  étant 
réduite  à  un  seul  terme. 

Il  est  clair  que,  si  l'on  savait  exprimer  au  moyen  de  a,,  s.,,  . . .,  s„ 
les  fonctions  symétriques  telles  que  S^r*'^**. .  ••2?"",  le  problème  serait 
résolu.  Remarquons  de  suite  que,  si  aucun  des  exposants  a,,  a^,  ..., 
CL,,  n'est  nul,  et  si  a  est  le  plus  petit  de  ces  exposants,  on  peut  mettre  en 
facteur  .r*.r?. .  --r^^  Ç*  dans  tous  les  termes  de  la  somme  et  ramener 
ainsi  le  problème  à  un  problème  analogue,  mais  relatif  à  une  somme 
plus  simple. 

Lorsque  les  exposants  sont  suffisamment  petits,  on  peut  aisément, 
en  partant  des  définitions  des  fonctions  symétriques  élémentaires, 
résoudre  le  problème  posé;  j'indique  quelques  exemples  avant  d'ex- 
poser les  méthodes  générales. 

Supposons  qu'il  s'agisse  de  la  fonction  symétrique  de  trois  va- 
riables Xx,  X.,,  X:t, 

S  j-j  j"?  =  Xixl  -+■  Xx^l  -+-  XiX'\  -+-  x^xl  -+-  x^ix]  -h  X3XI  ; 

il  est  clair  que  tous  les  termes  de  ^Xix'i  se  trouveront  dans  le  pro- 
duit de  Jlxi  par  2x,.rj:  ce  produit  contiendra  en  outre  trois  fois  le 
terme  x,  j^o-p.»-  ^'^  a  ainsi 

^Xixt  =  Si  Si —  Sss; 
on  trouvera  de  même 


Soit  encore  à  calculer  ^x^x-t]  on  peut  ramener  le  calcul  de  cette 
somme  au  calcul  de  sommes  analogues,  mais  où  les  exposants  soient 
inférieurs  à  3;  si,  en  effet,  on  pose  comme  plus  haut 

fi{X)  =  (X  —  Xi)(x  —  Xi)(x  —  X3)  =  X*—  SiX^-i-  SiX  —4-3, 

il  est  clair  qu'on  aura  x'I  —  .s,  .r";  -h  s.,Xi  —  .V;,  =  o  ;  cette  égalité  ayant 
lieu  identiquement  en  J?|,  jr^,  x^  lorsqu'on  suppose  que  5,,  «a,  y, 
sont  remplacés  par  leurs  expressions  en  Xt,  x-i,  X3  ;  on  en  tire 


33o  CHAPITBE    XVI. 

puis 

Il  est  à  peine  utile  de  dire  qu'on  pourrait  continuer  et  exprimer  de 
la  même  façon  x],x],  ...  sous  formes  de  polynômes  du  second  degré 
en  j:,,  polynômes  dont  les  coefficients  seraient  des  polynômes  en 
5,,  ^2,  S3  (');  mais  c'est  seulement  de  l'expression  de  x\  que  j'ai 
besoin  ici.  On  a  de  même 

X\   =  (5f   —  S<i)x\   -(-  (53—  51*2)^2 -t-  *l*3i 

x\  =  {s\  —  Si)xl  -t-  (s-i  —  SiS2)a^3-H  «,53. 

Si,  maintenant,  dans  les  six  termes  de  la  somme  S-r^Xo,  on  rem- 
place respectivement  .rj,  x\^  xl  par  les  expressions  précédentes,  on 
voit  d'abord  que  le  terme  x\  x-j.  se  met  sous  la  forme 

x\Xi—  {S\   —  .«2  )X\x^-{-{S;i    —  SxSi)XiX-i  -f-  «1*3  3^2 

et,  en  faisant  la  somme  des  cinq  expressions  analogues,  que  je  laisse 
au  lecteur  le  soin  d'écrire,  on  trouvera 

'Lx\x-i—  {s\  —  Si)  ^x\Xi-\-  -lis-i —  .Si  5,)  Sa-,.r2-f-  iSiS^  S.ri  ; 
en  utilisant  l'expression  trouvée  pour  Ï^';[.r2,  on  obtient 

^x\X'i  =  (s\ .V>)(«1*'2—  '»«3)-t-  ■^(•«3 «1  59)  «2-1-  2«l*3 

=  s\Si  —  A'f  «3 3*1  S|   -H  ÔS2S3. 

Sans  que  je  m'y  arrête,  il  suffira  au  lecteur  de  réfléchir  un  peu  sur  la 
méthode  qu'on  vient  d'appliquer  pour  voir  que,  s'il  a  à  calculer  une 
expression  de  la  forme  Sj?*'x-*-.  .  .x*",  il  pourra  s'arranger  toujours, 
en  utilisant  les  identités  2)  (x,)  =  o,  r,  cp(x,  )  =  o,  ...,  pour  ramener 


(')  D'une  façon  générale,  si  l'on  divise  x"  par  'iix),  on  parvient  à  une  identité  de 
la  forme 

x"=  <^{x)q{x)^ï({x), 

où  R(j;)  est  du  second  degré  en  x\  en   remplaçant  dans  cette  identité  x  par  x^,  on 

obtient 

x".  =  R  (  j;,  ). 


ÉQUATIONS    ALGÉBRIQUES.  33  I 

le  calcul  de  cette  expression  au  calcul  d'expressions  analogues  où  les 
exposants  seront  tous  inférieurs  à  n. 

Après  ces  exemples,  j'arrive  à  la  démonstration  du  théorème  fonda- 
mental, énoncé  au  début  du  présent  numéro. 


262.  Je  l'établirai  d'abord  pour  des  fonctions  symétriques  parti- 
culières, les  sommes  2jc^,  Sj:^,  . . .,  Sx',  des  puissances  des  variables; 
avec  les  expressions  de  ces  sommes  au  moyen  de  5|,  5^,  .  . .,  5„  ou  de 
y>,,;;o,  ...,/>„,  il  sera  aisé  d'obtenir  toutes  les  fonctions  symétriques 
entières.  Je  poserai  pour  abréger 

Sr  =  "^  x\  =  x\  -¥■  x'^  -\- . .  .-\-  x'n  ; 

le  problème  consiste  à  exprimer  S^  sous  forme  d'un  polynôme  en 
P\i  Pli  ••■1  Pu  q^'i  devienne  identique  à  Sr  quand  on  y  remplace 
Pi,  />2,  • . .,  Pu  par  leurs  expressions  en  ,f,,  .v-i,  . . .,  J7«. 

On  observera  d'abord  que  le  calcul  de  l'expression  des  poly- 
nômes Sr,  au  moyen  de  /?,,  />i,  . . .,  /?«,  se  ramène  au  calcul  des  po- 
lynômes S,,  Sa,  ...,  Sw_,,  où  l'indice  /•  est  inférieur  à  /i  ;  en  effet, 
on  a  identiquement,  en  désignant  par  x^^  l'une  quelconque  des 
variables  x,,  x^,  •  • .,  x„  et  par /r  un  nombre  entier  quelconque, 

x^'f(xa,)  =  x'i'-''^pix'i^'-'^-^Pix't^'---h...-^p„xi  =  o; 

en  écrivant  toutes  ces  identités  pour  a  =  i ,  2,  . . .,  ai  et  en  les  ajoutant 
membre  à  membre,  on  trouve  évidemment 

ou,  en  supposant  successivement  /r  =  o,  1,  2,  . . ., 

,   S„      -v-^,S„_i-t-/)2!5,j-2-t-. . .-+- ny?„    =0, 

J     S„+,-t-/),  S«         ■4-/>2Srt_i-i-...-f-/)„Si:=   O, 

i    S,i-^i-h  piSn-t-i-h-  PîSn       -+-... -1-/3 ,482=  O, 


De  la  première  de  ces  égalités  on  tirera  S«  au  moyen  de  S^^,, 
S„_a,  •••5  S,  (et  de  /?,,  P2,  ...,  /?//);  de  la  seconde  on  tirera  S„^, 
exprimé  au  moyen  de  S„,  S„_,,  ...,  S,  et  par  suite  au  moyen  de 
S«_t,  S„_a,  ...,  S,,  ....  Tout  est  évidemment  ramené  au  calcul  de  S,, 


33g>.  ClIAPITRK    XVI. 

So,  ...,  S/,_,.  C'est  l'application  de  la  méthode  expliquée  à  la  fin  du 
précédent  numéro. 

Les  sommes  S|  =  5,,  S.,,  S,,,  ...,  vS«_i  s'obtiennent  au  moyen  de 
l'artifice  suivant,  qui  est  dû  à  Newton. 

En  désignant  par  'f'{^)  la  dérivée  (par  rapport  à  x)  du  polynôme 

cp(^)  =  (.T  —  Xi)(  X X^)  .  .  .  {X CTn)  =:  .7'" -f-  /Oj  .r""'  -K  ...-+-  />„, 


(i'(x)  =         (,T X-2){X  —  X3)  .  .  .(X  —  Xn  ) 

■+-  (X  —  Xi)(x  —  X3).  .  .(x  —  x„)-h..  .-\-{x  —Xi){x  —  X^).  .  .{x  —  X„-i) 
^       (f(x)      _^      ^(X)      ^  ^      (f{x) 

X  Xi  X  —  X.2  '  '  '  X    —  X„ 

On  a  d'ailleurs  (n"  54) 

^(^)  .      / 

(^^      a^'—x    ^      0P"-i-^(xx-^px)x"-^ 

-+-{x\  -+-  piXx-^  pi)x"~^-^...^{x\  -|-yOi.r','-l  -^  ...-\-  pr)X"-''-'' 
-+-...  -\-X'{^^  -\-  piX'l'-  -H...  -t- />„_!, 


et  des  expressions  analogues  poi 


^{x)         ^jx) 


f(x-' 


X  —  072       X Xi  X  —  Xn 

supposant  toutes  ces  expressions  écrites  et  en  les  ajoutant,  on  obtiendra 
le  polynôme  en  j? 

nx"-^  -I-  (  Si  -f-  npi  )x'^-^  -H  (  S.2  -^  />i  S|  -4-  np-2)x"^-^  -4- . . . 
-+-  (S,.-h/>iS,._,-t-. .  .-+-/j,._-,  Si-i-  npr)x"-'~^  +-. . . 
-t-  S„_.j  -+-/?iS„_2-+--  •  .-+-/>// -2  Si -H-  np„-\\ 

puis,  en  égalant  les  coefficients  de  ce  polynôme  à  ceux  du  polynôme 

cs'(iP)  =  rt.r"->-+-  (n  —  i)pxx"-^^^.  ..-(-(«  —  r  )  pi-x""''''^  -+- .  .  .^  p„-x, 
on  a,  en  faisant  tout  passer  dans  un  membre. 


(3) 


S,-+-/>i  ^o, 

S2-t-/0i  Si  -+-  i-p-i—  o, 

S;.        -r-/>iS;._i   H-/)2S,._2  -I- •••-!-  /*/-l  Si  -t-  /-yWr  =  O» 

S„-i-|-/>iS„_2-i-/?2S/i-î-H.  .  .-H/->„_2Si-4-(/t  —  V)pn-\  =  O. 


ÉQUATIONS   ALGÉBHIQUES.  333 

Dé  la  première  de  ces  formules  on  lire  S,  =  — /?,,  résultat  que  l'on 
connaissait  d'avance  ;  de  la  seconde  et  de  la  troisième  on  tire 

^i=P'\  —  -^Pi,  83  =  — />,'-h  3/>:,/>i  —  3/>:,,  

11  serait  aisé  de  vérifier  ces  formules  en  remplaçant  dans  les  seconds 
membres  />,,  p.,,  pa,  . . .  par  leurs  expressions  en  a:^,  x^,  . . .,  x„.  11 
est  clair  que  les  formules  (i)  et  ('i),  auxquelles  le  nom  de  Newton  est 
attaché,  résolvent  le  problème  posé  et  que  S,,  Sa,  •  • .,  S,,  . . .  peuvent 
être  mis  sous  forme  de  polynômes  en  yw,,  p.,,  ...,  pn,  à  coefficients 
entiers. 

On  remarquera  que  la  première  des  formules  (i)  (7i=o)  suit  la 
même  loi  que  les  formules  (3);  cette  loi  est  changée  pour  les 
suivantes. 

En  adjoignant  aux  équations  (3)  la  première  des  équations  (i),  à 
savoir 

S,t-h/>i  S„^-i-i-/>îS„_2-+-. .  .-t-y»,j_iSi-f-  np„—  o, 

on  obtient,  lorsqu'on  regarde  S,,  So,  ...,  S«  comme  des  données,  un 
système  de  n  équations  du  premier  degré  qui  peuvent  être  résolues 
par  rapport  à  /y,,  /^a,  •  •  -,  Pn-  Ces  //  dernières  quantités  peuvent  donc 
s'exprimer  au  moyen  de  S,,  S^,  . . .,  S«  ('). 
Considérons  maintenant  les  sonnnes 


au  moyen  desquelles  on  peut  exprimer  tout  polynôme  symétrique  en 
.f-,,  x-,^  ...,  Xn-  On  vient  de  montrer  qu'une  somme  telle  que  Sa;"', 
dont  chaque  terme  ne  contient  qu'une  variable,  peut  être  mise  sous 
la  forme  d'un  polynôme  en  />,,  />o,  . . .,  p„.  Passons  aux  sommes  telles 
que  SoC^j^i^,  dont  chaque  terme  contient  deux  variables  :  il  y  a  dans 
une  telle  somme   n{n  —  i)  termes,  si  a,   ^  sont  diflérents;   il  y  en 

a ,  SI  a  est  égal  a  p. 

Dans  le  premier  cas,  tous  les  termes  de  Sa:'Jx^  figurent,   chacun 


(')  On  en  conclut,  en  regardant  x^,  x^_,  ...,  a;„  comme  les  racines  d'une  équation 
<p(a;)=o,  dont  les  coefficients  seraient  />,.  /y„,  ...,  /?„,  que  les  coefficients  d'une 
équation  sont  déterminés  (fuand  on  se  donne  la  somme  des  racines,  la  somme  de  leurs 
carrés,  de  leurs  cubes,  .  ..,  de  leurs  /i'*""  puissances. 


334  CHAPITRE   XVI. 

une  fois,  dans  le  produit  de  Sa:*  par  S^^,  produit  qui  contient  en 
outre  a?*"^!^  et  tous  les  termes  analogues  ;  on  en  conclut 

Dans  le  second  cas,  si  l'on  fait  le  produit  de  Sj:*  par  S.r*,  ou  le 
carré  de  S»,  on  voit  que  le  terme  x'^ûc^  sera  obtenu  deux  fois  et  l'on 
aura 

On  voit  de  même  que  tous  les  termes  de  la  somme  Ix'^cc^xl 
figurent  dans  le  produit  de  Sa:*^^  par  S^J,  et  que  l'on  a,  en  sup- 
posant a,  |j,  y  différents,  [3  différent  de  a  +  y,  a  différent  de  ^  H-  y, 

(Sa^*rF5)s^I  =  SaSpS.— Sa+pSy 

—  I.x'^x^xJ^  Sa+ySp—  Sa-Hp+y-H  SaSp+y—  Sa-i-p-i-y, 
et,  par  suite, 

S  X°^X^xl  =  SaSpSy—  Sp+ySa—  San-ySp—  Sa+pSy-t-  aSa+^-i-y 

Il  est  facile  de  voir  les  modifications  qu'il  j  a  lieu  de  faire  à  cette 
formule  dans  les  cas  d'exception.  En  procédant  ainsi  de  proche  en 
proche,  on  aperçoit  comment  tout  polynôme  symétrique  en  a?, ,  ^2?  •  •  •? 
x,i  peut  être  mis  sous  la  forme  d'un  polynôme  en  S,,  S2,  S3,  .  . .,  et, 
par  suite,  sous  la  forme  d'un  polynôme  en  />,,  p2^  •  •  -,  />«• 

263.  Méthode  de  Waring.  —  La  méthode  précédente  n'est  pas 
toujours  la  plus  commode  pour  le  calcul  d'une  fonction  symétrique. 
Celle  que  je  vais  exposer,  outre  ses  avantages  pratiques,  va  mettre 
en  évidence  d'importantes  propriétés.  Elle  repose  essentiellement 
sur  une  manière  d'ordonner  un  polynôme  à  n  variables  x^,  X2,  •••■, 
Xii-,  symétrique  ou  non. 

Imaginons  que  les  variables  ^,,  a?2,  .  •  -,  x,i  soient  rangées  sur  une 
échelle  verticale,  en  descendant  :  x^  est  sur  l'échelon  le  plus  haut,  x-i 

sur  celui  qui  est  au-dessous,   De  deux  variables,  celle  qui  a  le 

moindre  indice  est  sur  un  échelon  plus  élevé  que  l'autre  ;  je  dirai 
qu'elle  est  plus  haute  que  l'autre. 


ÉQUATIONS   ALGKBRIQLES.  335 

Considérons  deux  monômes 

Xxf^xp  . . .  xf,- ,         Ba^f.ar*. .  . .  x'^n^ 

où  A,  B  sont  des  constantes,  où  «,,  «2?  •••)  ««^  ^17  b-ii  ...,  bn  sont 
des  entiers  positifs  ou  nuls.  Je  dirai  du  premier  monôme  qu'il  est  plus 
haut  que  le  second,  si  l'on  a  «,  >  6,  ;  ou,  dans  le  cas  où  l'on  aurait 
as^=bi^  si  l'on  a  a2~>  b-i]  ou,  dans  le  cas  où  l'on  aurait  à  la  fois 
flr,^  6|,  «2=  bi^  si  l'on  a  a^^b^^  etc.  En  d'autres  termes,  la  pre- 
mière des  différences  a,  —  ^,,  «2  —  b-,^  ...,  a,i — b„  qui  n'est  pas 
nulle  indique,  par  son  signe,  lequel  des  deux  monômes  est  plus  haut 
que  l'autre  :  c'est  le  premier,  si  cette  différence  est  positive;  les  diffé- 
rences qui  suivent  n'interviennent  pas  ('). 

De  deux  monômes  en  x^ ,  x.^^  . . .,  x,,^  qui  ne  sont  pas  semblables, 
l'un  est  nécessairement  plus  haut  que  l'autre.  Deux  monômes  sem- 
blables sont  regardés  comme  de  la  même  hauteur. 

Si  l'on  fait  abstraction  des  coefficients,  il  n'j  a  qu'un  nombre 
limité  de  monômes  qui  soient  moins  hauts  qu'un  monôme  donné. 

Etant  donné  un  polynôme  (réduit)  en  .r,,  x^^  ...,  Xn-,  on  peut  en 
ranger  les  termes  de  manière  que  chaque  terme  soit  plus  haut  que 
ceux  qui  le  suivent;  par  exemple  les  fonctions  symétriques  élémen- 
taires de  .r,,  ^2»  ^i-)  X\,  ainsi  ordonnées,  s'écrivent, 

Xi-^  X^_-k-  X3-\-  x^^ 

XiXi-\-  XxXi-\-  XiX,^-h  X^Xi-^  XiX^->^X3X,„ 

XiXiX^-i-  XiXiX,,-+-  XiX3Xi,  +  XtX3Xi, 

XxXiXiXi,. 

Si  l'on  fait  le  produit  de  deux  polynômes  en  x,,  X2-,  .  • .,  x,t  ainsi 
ordonnés,  le  terme  le  plus  haut  du  produit  proviendra  évidemmenl, 
sans  réduction,  des  premiers  termes  des  deux  facteurs.  Cette  obser- 
vation s'étend  au  produit  d'un  nombre  quelconque  de  polynômes. 

Considérons,  par  exemple,  l'expression 


(')  C'est  d'après  une  règle  toute  pareille  qu'on  reconnaît,  de  deux  nombres  entiers 
écrits  dans  le  syslème  décimal,  lequel  est  le  plus  grand.  La  façon  d'ordonner  un 
polynôme  que  l'on  indique  ici  serait  identique  à  celle  que  l'on  a  indiquée  à 
l'exercice  40,  si  l'on  convenait  de  ranger  les  variables  non  dans  I  ordres,,  x^,  . . .,  x^, 
mais  dans  l'ordre  inverse  x„,  a7„_,,  .. .,  vP,. 


336  CHAPITRE    XVI, 

OÙ  A  est  une  constante,  où  a,,  a^,  ...,  a„  sont  des  nombres  entiers 
positifs  ou  nuls,  et  où  i,,  io,  .  .,,  s^  représentent  les  fonctions  symé- 
triques élémentaires  de  Jt),  x.j,  .. .,  .r„. 

Cherchons  quel  est,  dans  ce  polynôme  en  Xi,  x.^,  . .  .^  Xn^  supposé 
développé  et  réduit,  le  terme  le  plus  haut. 

Les  termes  les  plus  hauts,  dans  .s,,  s.,  .Ç;,,  ...,  s„,  sont  respective- 
ment 

Xj,     XiX\,     x^x-ix^,      ...,     XxX-îXz  ■ . .  x„; 


ils  sont,  dans  .s*',  s^\  a^», 


•5    •'«    7 


Le  terme  le  plus  haut  dans  A6*'a*=.  .  ..v^"  est  donc 

Les   termes  les  plus  hauts  qui  proviennent  du  développement  de 
deux  monômes  en  a,,  a.,,  . . .,  Su    qui  ne  sont  pas  semblables, 

ne  peuvent  être  de  la  mèine  hauteur,  car  les  égalités 

ai  +  ao  + .  .  .  -I-  a„  =;  a  j  -i-  a',  -+-  .  .  .  -f-  a^, , 


entraînent  évidemment  a,  =  a',,  ao=a!,,  ...,  a^^a,'^.  Si,  des  deux 
monômes  en  5,,  5^,  . . .,  ^«,  il  y  en  a  un  qui  est  (en  5,,  5^,  . . .,  s,,)  de 
degré  plus  élevé  que  l'autre  (a,  -f-  Xo  4-  . .  .  +  a,^  >>  a,  -h  a^  +  . . .  -H  a)J, 
c'est  évidemment  celui-là  qui  fournit  le  terme  le  plus  haut.  Conve- 
nons de  dire,  en  général,  de  deux  monômes  en  a',,  So,  . . .,  •'•■«,  que  le 
premier  est  plus  haut  que  l'autre,  si  le  plus  haut  terme  du  développe- 
ment qu'il  fournit  est  plus  haut  que  le  plus  haut  terme  du  développe- 
ment que  fournit  le  second.  Alors,  des  deux  monômes  en*,,  ^2,  •  •  -,  -s„ 
que  l'on  vient  d'écrire,  le  premier  sera  le  plus  haut  si  la  première  des 


ÉQUATIONS   ALGÉBRIQUES.  337 

différences 

(ai-t-  «2-1-. .  .+  a,j)  —  (a',  -f-  «j  -h.  .  .-i-  a'^), 


<|ui  ne  s'annule  pas  est  posilive. 

Il  est  clair  que  tout  polynôme  en  ,?,,  s^,  . . .,  s,i  peut  être  ordonné 
de  façon  que  chacun  de  ses  termes  soit  plus  haut  que  ceux  qui  le 
suivent. 

Ceci  posé,  partons  d'un  polynome/(^,,  x-,,  . . .,  x„),  symétrique  en 
X',,  x-i,  . , .,  Xfii  et  admettons  qu'il  existe  un  polynôme  F(s^^  Soj  ...,  s„) 
qui  lui  devienne  identique  quand  on  y  remplace  5,,  s.,,  ...,  s„  par 
leurs  expressions  en  or,,  a?^,  ...,  x,,',  on  va  voir  comment,  en  suppo- 
sant les  deux  polynômes /et  F  ordonnés  ainsi  qu'on  l'a  expliqué,  les 
termes  successifs  de  F  se  déterminent  d'une  façon  nécessaire.  Réci- 
proquement, la  façon  dont  seront  obtenus  ces  termes  montrera  que  le 
polynôme  formé  par  leur  réunion  répond  à  la  question. 

Soient,  en  désignant  par  A.  et  A'  des  constantes,  par  cif ,  «a,  . . .,  a,^, 
a,,  x-,-,  •    -i  ^n  des  entiers  positifs  ou  nuls, 

A  x'I '  a- 2" . .  .  a,-','," ,     A '  s* '  5* - .  . .  s*" 

les  termes  les  plus  hauts  dans  /'  et  dans  F,  respectivement  :  dans  le 
développement  de  F,  le  terme  le  plus  haut  proviendra  de  celui  que 
l'on  vient  d'écrire,  il  sera 

il  devra  être  identique  au  premier  terme  de  /',  c'est-à-dire  qu'on 
devra  avoir  A'=  A,  puis 

a,  -)-  ^2  +  . . .-+-  a,j  =  ai, 
ai -i- .  .  . -f-  a„  =  «2 , 


et,  par  conséquent, 


«1  —  a»,  a*  =  aj  —  a,,  ...,  «„_)  =  rt„_|  —  a, 

T.  -  II. 


338  CHAPITRE    XVI. 

Ainsi,  le  premier  terme  de  F  sera 

Désignons  maintenant  par/,  (a^,,  ^j,  . . .,  Xn)  le  polynôme  que  l'on 
obtient  en  remplaçant  dans  la  différence 

/( a^i ,  372 X,,)  —  A  s"'~"'s'^^'"' . . .  sf,", 

5|,  ^2,  . . .,  s„  par  leurs  expressions  en  Xf,  x-,,  . . .,  x„,  développant  et 
réduisant;  ce  polynôme,  différence  de  deux  polynômes  symétriques 
en  X,,  x-2,  . . .,  x„,  est  lui-même  symétrique  en  Xt,  x^,  . . .,  Xn',  il  ne 
contient  plus  de  terme  aussi  haut  qu'en  contenait /(j:^,,  x^,  •  • .,  ^«). 
Ce  polynôme /,  doit  être  identique  au  polynôme  en  5,,  5o,  . . ,,  s„ 

Fi  =  F  —  A /('-"=  A-^«-"\  . .  s'J,". 

lorsqu'on  y  remplace  5(,  5^,  ...,  s„  par  leurs  expressions  en  Xt, 
X21  . . .,  ^«  ;  si  donc  on  désigne  par 


le  plus  haut  terme  de/,,  le  premier  terme  de  F,  (le  second  terme 
de  F)  devra  être 

Tous  les  termes  de  F  se  détermineront  ainsi  individuellement  les 
uns  après  les  autres:  l'opération  se  terminera  sûrement,  puisque,  à 
chaque  fois,  le  plus  haut  terme  est  moins  haut  que  dans  l'opération 
précédente,  et  qu'il  n'y  a  qu'un  nombre  fini  de  monômes,  moins 
hauts  qu'un  monôme  donné. 

Il  est  à  remarquer  que  c'est  précisément  la  méthode  qui  vient  d'être 
exposée,  qu'on  a  appliquée,  d'une  façon  un  peu  inconsciente,  dans 
les  exemples  simples  traités  au  n°  261.  Reprenons  le  calcul  des  quan- 
tités S^r^a^o,  'S'X^xl  en  supposant  maintenant  qu'il  y  ail  n  variables. 
Pour/=  l^x^  x-,^  la  méthode  de  Waring  fournit  5,""'  5^  comme  premier 
terme  de  F;  le  produit  s^S'>  est  d'ailleurs  égal  à  'ï,x'\X'i-\-?>'ïiXiX2Xi', 
dans  ce  produit,  en  effet,  le  terme  XiX^x-^^  par  exemple,  est  obtenu 
trois  fois,  comme  produit  de  x.>x^  par  .r,,  de  x^x^i  par  j? 2 5  de  x^x-^ 
par  x-i.  On  a  donc 


ÉQUATIONS  ALGKBRIQIES.  339 

Vouv  /='E.r^^x?,,  la  méthode  de  Waring  fournil  s'^s'i  comme  pre- 
mier terme  de  F;  on  a  d'ailleurs 

(dans  le  carré,  le  terme  •j.x^x-xX'^Xi^  est  répété  trois  fois,  comme 
double  produit  de  x,  Xo  par  0:3^4,  de  x^x-n  par  x->x^.  de  x^x-i  par 
XyX<^).  Tout  est  ramené  au  calcul  de  l^x-^x^x-^'^  la  même  méthode 
fournit  .s;;"'*"^.',  comme  premier  terme  du  polynôme  en  *,,  50,  ..., 
qui  doit  être  identique  à  "ï^x^x-^Xi'^  le  produit  s^s^  est  d'ailleurs  égal 
à  Ix^^XiXa  +  4 -•ï< -^2 -^33:^4  ;  on  a  donc 


V  ^2  -r?  ^ 


6*4    -  Qt(S,53—  Ui) 


C'est  au  même  résultat  que  conduit  la  méthode  de  Newton,  en  par- 
tant de  l'égalilé  Ix-^xi  =  .j(  S^  —  S.,,). 

264.  De  la  méthode  de  Waring  résultent  immédiatement  les  pro- 
priétés suivantes,  pour  l'énoncé  et  la  démonstration  desquelles  je 
reprends  les  notations  employées  dans  l'exposition  de  cette  méthode. 

Etant  donné  un  polynôme  /,  symétrique  en  .r,,  x.21  . . .,  ^«,  il  n'y  a 
qu'un  polynôme  F  en  5,,  s,,  . . .,  s,t  qui  devienne  identique  à /quand 
on  y  remplace  .v,,  io?  •  •  ^^  •'>«  P'»i'  leurs  expressions  en  ;r,,  x^-,  • .  -,  x,i- 
En  effet,  les  monômes  qui  constituent  F  se  déterminent  l'un  après 
l'autre,  d'une  façon  nécessaire. 

Les  coefficients  du  polynôme  F  s'expriment  en  fonction  linéaire,  à 
îoefficients  entiers,  des  coefficients  du  polynôme  /  :  cela  est  clair,  en 
effet,  pour  le  premier  A;  d'ailleurs  les  coefficients  du  polynôme/,, 
symétrique  en:c,,  x.y,  . . .,  .r«,  auquel  on  ramène  le  calcul,  s'obtiennent 
évidemment  en  retranchant  des  coefficients  de/les  produits  par  A  de 
certains  nombres  entiers,  etc.  En  particulier,  si  les  coefficients  de/ 
sont  des  nombres  entiers,  il  en  sera  de  même  des  coefficients  de  F. 
•Que  les  coefficients  de  /  s'expriment  en  fonction  linéaire,  à  coeffi- 
icients  entiers,  des  coefficients  de  F,  c'est  ce  qui  est  bien  évident. 

Quand  on  regarde  5,,  So,  . . .,  s„  comme  des  variables,  le  degré  de  F 
€st  le  degré  de  son  plus  haut  terme,  c'est-à-dire 

(a,  —  a2  )  -+-(«2—  «3)  -H.  .  .-4-  a„=  a,  ; 
c'est  le  degré  le  plus  élevé  avec  lequel  figure  dans/ l'une  quelconque 


34o  CHAPITRE    XVI. 

des  variables  x,,  Xa,  ...,  ^«.  Ce  degré  est  ce  qu'on  appelle  tordre 
de  la  fonction  symétrique  /(.r,,  ^2,  . . .,  x,,). 

Supposons  que  celle-ci  soit  liomogène  et  de  degré/?  en  x^^  x,.,  ..., 
x„  ;  5,,  ^2,  . . .,  s,i  sont,  en  .37,,  x^^  . . .,  x,,,  des  polynômes  homogènes 
des  degrés  respectifs  1,2,  . . .,  /^.  Un  terme  quelconque 

Lsi'Sj'-  •  •  *«" 

de  F  sera  un  polynôme  homogène  en  a^,,  x^^  ...,  x,t  de  degré 
A,  +  2X0  -|- . . .  +  nXii'  Dans  le  développement,  les  termes  qui  ne  sont 
pas  de  même  degré  ne  peuvent  se  réduire  entre  eux;  pour  que  le  dé- 
veloppement soit  homogène  et  de  degré  /»,  il  faut  donc  que  l'on  ait, 
pour  chaque  terme, 

Xj   -+-    2  X2  -t-  .    .     .  -t-    rt  X,,;    =   /). 

On  appelle y»o/t/i"  d'un  monôme  en  5,,  s.,.,  . . .,  s„  son  degré  en  .r,, 
x-i^  .  ..,  x,i  qu'on  vient  d'apprendre  à  calculer.  Tous  les  termes  du 
polynôme  F(5,,  «25  •••5  s„)  qui  devient  identique  à  une  fonction 
symétrique  homogène  /(^t,  ^2,  ••-,  ^n)  quand  on  y  remplace  a,, 
^2,  . . .,  s„  par  leurs  expressions  en  x,,  x.2-,  . . .,  x^,  doivent  être  d'un 
même  poids  égal  au  degré  m  de  f  en  x^,  x-j^  . . .,  x,i. 

'iG'ri.  J'ajoute  quelques  brèves  indications  sur  une  autre  méthode  «le  calcul 
des  fonctions  symétriques  qui  est  due  à  Gaucliy  et  qui  mériterait  une  étude 
plus  approfondie. 

Observons  d'abord,  en  conservant  toujours  les  mêmes  notations,  que 
lorsqu'on  sait  mettre  un  polynôme  /  symétrique  en  a?,,  x^,  ...,  x„  sous  la 
forme 

(I)  Po^,'^-hP,^,i-'-i-...4-P>t, 

OÙ  Po,  Pi,  . .  • ,  Pa  sont  des  polynômes  en  pi,  yOj,  .  .  . ,  p,i  (et,  par  conséquent, 
des  polynômes  en  a;,,  .272.  .  .,  a7„),  il  est  aisé  d'avoir  son  expression  au  moyen 
de/>i,/?2,  ...,/>«;  si,  en  eftel,  dans  le  polynôme  précédent,  oîi  je  suppose 
que  Pu  p-2,  ••;  P/11  fl"'  figurent  dans  Pq,  Pi,  ■••,  P*,  soient  remplacés  par 
leurs  cxpre^sions  en  Xi,  x^,  ...,a7„,  on  échange  les  lettres  a7„  et  a;,,  .r,,  et 
a^î,  ...,  x,i  el  x,i-i,  le  polynôme  ne  change  pas,  puisqu'il  est  identique  au 
polynôme/,  symétrique  en  Xi,  Xo,  ...,  a7„;  mais  cet  échange  ne  trouble  ea 
rien  Po,  P],  ...,  Pa  qui  sont  eux-mêmes  symétriques  en  a^i,  372,  ...,a7„;cela 
revient  à  dire  que  le  polynôme  en  x 

V^x'^-i-  P, 07^-1  +  .  .  .  -^  Pa— / 


KQIATIOXS    ALGKBRIQIES.  34 1 

est  identiquement  nul  quand  on  y  remplace  x  par  a?),  para:^,  ...,para?„, 
ou  qu'il  est  divisible  par  o(x }  =  (x  —  .r,)(a"  —  a:^ ). .  .(a:  —  a?„),  ou  encore 
que/est  le  reste  de  la  division  par  ^(x)  du  polynôme  Po.r*-i-  P,ar*-> -+-...-+-  P/.., 
reste  d'où  x  disparaît  nécessairement  :  en  effectuant  la  division  par 

.r"  -+-  pi  a:«-i  -1- ...-+-  /?„ 

du  polynôme  Poa"^-4- Pi^-^'-' -f-. . .-+- Pa,  où  Pq,  Pt,  ...,  Pk  sont  des  poly- 
nômes en  />),  Pi,  ...,p,i,  le  reste  (indépendant  de  x)  fournira  l'expression 
cherchée  dey.  Si,  en  particulier,  k  était  inférieur  à  n,  il  faudrait,  pour  que 
le  polynôme  Po3*^-<-  PiX^-^-h. .  .-+-  P/. — /  fût  divisible  par  cp(.r)  que  ce  poly- 
nôme en  X  fût  identiquement  nul,  en  sorte  que  P/,  serait  l'expression  cher- 
chée de/. 

Au  lieu  de  faire  une  division,  on  peut  se  servir  des  identités 

cp(.r,/)  =  o,  x„rf{x„)  =  o,  xfiO{x„)  =  o,  ..., 

pour  faire  disparaître  de  l'expression  (i)  les  puissances  de  .v„  supérieures 
an  —  1  ;  les  autres  disparaissent  d'elles-mêmes  ;  il  ne  reste  plus  qu'un  polynôme 
en/»,.  Pi,  ...,  p„,  qui  est  l'expression  cherchée  du  polynôme/. 

fl  est  d'ailleurs  certain  que  tout  polynôme  symétrique  en  Xi,  x-2,  ....  x„-i 
peut  être  mis  sous  forme  d'un  polynôme  en  x„  dont  les  coefficients  sont  des 
polynômes  en  />i,  p-i,  .,.,/>„;  en  effet,  l'identité 

o(x) 

— ^ =  (X   —  Xi)(x  X;).  .  .(X  Xn-\  ) 

X Xf, 

—  a-«-i_(_  (xn-h pi  ).r«-2^_  (^xf,  +  piX,t-h Pi)X"-'^^.  . . 
-^x',',^^-hpiX',',-^^..     -T-  Pn-\ 

montre  que  les  fonctions  symétriques  élémentaires  des  n  —  i  variables  x^, 
.^2,  .  .   ,  .r„_i  sont  identiquement  égales  à 

—  (a'„-H/>,  ),       .r,^-(-/>,a7„-r-yf?2.        "  ( -^/^  + />!  3??, -H /Jj  a?„  4- />.,  ),        ••• 

{Xn  disparaît  de  ces  quantités  quand  on  y  remplace  pi.  />2,  .  . .,  pn  par  leurs 
expressions  en  .rj,  x^,  ...,  x„):  tout  polynôme  symétrique  en  a^i,  x-î,  ...,  iF«-i 
pouvant  s'exprimer  au  moyen  des  fonctions  symétriques  élémentaires  de  .rj. 
Xi,  ..  .,  Xn-i,  la  proposition  est  évidente. 

Si  maintenant  on  considère  un  polynôme  /  symétrique  en  Xi,  Xî.  ...,  a*/», 
on  peut  l'ordonner  par  rapport  à  x„;  les  coefficients  sont  des  fonctions  symé- 
triques en  ar,,  .rj,  .,.,  Xn-\-  Admettons  qu'on  sache  résoudre  le  problème 
pour  les  fonctions  symétriques  de  n  — ^  i  variables,  c'est-à-dire  qu'on  sache 
exprimer  une  telle  fonction  symétrique  au  moyen  des  fonctions  symétriques 
élémentaires  de  ces  n  —  i  variables,  on  saura,  par  la  méthode  même  qu'on 
vient  d'expliquer,  mettre  le  polynôme  /,  symétrique  en  a"i,  .rj,  .,.,  .r„,  sous 
forme  d'un  polynôme  en  x„  dont  les   coefficients  sont  des  polynômes  en  pi. 


342  CHAPITRE    XVI. 

/>2>    •..,  Piii    puis  finalement    obtenir    l'expression   de  f  au    moyen   de  px^ 
P2,   •..,  P,f 

On  voit  que  cette  méthode  ramène  le  calcul  d'une  fonction  symétrique 
de /i  variables  au  calcul  d'une  fonction  symétrique  de  n  —  i  variables.  Le 
calcul  d'une  l'onction  symétrique  de  deux  variables  est  aisé,  il  permet  d'ob- 
tenir l'expression  d'une  fonction  symétrique  de  trois,  quatre  variables,  etc. 

266.  Puisque  l'on  sait  exprimer  une  fonction  symétrique  entière 
des  variables  J?,,  .r..,  ...,  x,i  au  moyen  des  fonctions  symétriques 
élémentaires  .s,,  s-,,  ..-,  A/o  on  sait,  comme  il  a  été  dit  plus  haut, 
calculer  ce  que  devient  une  fonction  symétrique  quand  on  y  rem- 
place Xi,  x.,,  ...,  x,i  par  les  racines  d'une  équation  dont  on  con- 
naît les  coefficients  :  on  n'a  qu'à  substituer  dans  l'expression  trouvée 
les  valeurs  de  />,,  />2,  . . .,  p,t  ou  de  a»,  52,  ...,  i«  quand  on  y  suppose 
que  x't,  x-2,  ...,  x,i  sont  les  racines  de  l'équation,  valeurs  que  four- 
nissent de  suite  les  coefficients  de  cette  équation. 

Toutefois,  quand  on  a  à  calculer  une  fonction  symétrique  des 
racines  d'une  écjuation,  on  ne  s'astreint  pas,  le  plus  souvent,  à  cal- 
culer son  expression  générale  au  moyen  de  5,,  5^,  ...,  s„;  on  profite^ 
dès  qu'on  le  peut,  des  simplifications  qui  peuvent  résulter  des  va- 
leurs numériques  des  coefficients.  Il  est  clair,  en  particulier,  que  les 
formules  de  Newton,  si  l'on  y  regarde /?,,  yOj,  ...,  pn  comme  rem- 
placés par  les  coefficients  de  l'équation  donnée,  fournissent,  en 
résolvant  par  rapport  à  S,,  So,  S;,,  ...,  la  somme  des  racines,  des 
carrés  des  racines,  de  leurs  cubes,  etc.,  ou,  comme  on  dit,  des  puis- 
sances semblables  des  racines  de  cette  équation.  En  appliquant,  par 
exemple,  cette  formule  à  la  recherche  des  puissances  semblables  de 
l'équation  binôme  x" — 1  =  0,  on  reconnaît  de  suite  que  la  somme 
des  r'^™"*  puissances  des  racines  de  cette  équation  est  nulle,  sauf  dans 
le  cas  où  /•  est  divisible  par  n,  auquel  cas  la  somme  est  n.  De  même 
quand  on  applique  la  méthode  de  Waring  ou  qu'on  combine  diverses 
méthodes,  il  est  commode  de  donner  de  suite  à  5|,  .s"2,  ...,  s,i  ou 
à  /?,,  />2,  •  •  -i  Pu  leurs  valeurs  numériques  et  de  regarder  x,,  X2,  •  •  ■, 
x,i  comme  les  racines  de  l'équation  proposée. 

Au  lieu  de  représenter  ces  racines  par  ic,,  x-i,  ...,  Xn-,  on  peut 
aussi  bien,  si  l'on  veut  éviter  les  confusions  qui  naissent  facilement 
de  l'emploi  des  indices,  les  désigner  par  des  lettres  distinctes,  telles 
que  a,  b,  c,  ...  ;  l'ordre  de  succession  de  ces  lettres,  dans  l'applica- 
tion de  la  méthode  de   Waring,  se  substitue  à  l'ordre  des  indices. 


ÉQUATIONS  ALGÉBRIQLES.  343 

c'est-à-dire  qu'on  regardera,  par  exemple,  chacune  des  lettres 
a,  6,  c.  .  ..,  comme  plus  haute  que  celle  qui  la  suit.  On  simplifie 
autant  qu'on  le  peut  la  fonction  symétrique  à  calculer  en  se  servant 
des  valeurs  connues  des  fonctions  symétriques  élémentaires  de  «,  b, 
c,  ...,  ou,  ce  qui  est  la  même  chose,  des  relations  entre  les  coeffi- 
cients de  l'équation  donnée  et  de  ses  racines,  ou  en  se  servant  des 
formules  de  Newton,  ou  encore  en  se  servant  de  l'équation  proposée, 
que  doivent  vérifier  a,  è,  c,  . . .,  de  manière  à  faire  disparaître  les 
termes  où  quelque  racine  figurerait  à  un  degré  plus  élevé  que  celui 
de  l'équation.  On  applique  ensuite,  d'une  façon  plus  ou  moins  régu- 
lière, la  méthode  de  VVaring,  en  faisant  disparaître,  du  polynôme 
donné,  les  termes  les  plus  hauts,  et  en  le  réduisant  ainsi,  petit  à 
petit. 

Supposons,  par  exemple,  que  l'on  veuille  calculer 

y:a^b^=  a3b-^-+-  a^  c'^  ^  a^  b^  ^  a^  c^ -+- b^  c'^ -+-  b'-c^, 

en  désignant  par  a,  6,  c  les  racines  de  l'équation  x^ -h  p  r  ^  q  —  o. 

On  remplacera  d'abord  a'',  b\  c'^  par  — /?«  — gf,  —  pb  —  </,  —  pc  —  q,  et 
l'on  sera  ramené  à  calculer 

—  y:{pa  ^  q )b^  =  —  pZa-b  —  iq'ï.a'-. 

On  a  déjà  calculé 

'La^-b^'iq,  I.a^-  =  —iq, 

on  a  donc 

Sa-*62  =  —  -i  pg  -r-  ^pq  =^  pq- 

Si  l'on  avait,  pour  la  même  équation,  à  t-alculer  "La^b-c^  on  remarquerait 
d'abord  que  abc  =^  —  q  se  met  en  facteur  dans  chaque  terme  de  la  somme, 
il  reste  à  calculer 

Srt>6  =  ^(—  a-  p  —  aq)b  =  —  pla^b  —  T.qlab 

=  —  ipq  —  ipq  ^  -  '^pq  ; 
on  a  finalement 

"î^a^b'^c  =  ')pq'^- 

Désignons  par  «,  b,  c,  d  les  racines  de  l'équation  du  quatrième  degré 

a?*-j-  Aa-S-H  B^r^  -I-  Ca*  -h  D  =  o, 
et  posons 

1  =z  ab  +■  cd^         ^  =  ac  -\-  bd^         y  —  ^^  ~*"  ^^  » 


344  CHAPITIIE    XV!. 

il  est  aisé  de  constater  que  les  trois  quantités 

sont  des    fonctions  symétriques  de  a,  6,  c,  rf  :  on  va  les  exprimer  au  moyeu 
des  coefficients  A,  B,  C,  D  de  l'équation  du  troisième  degré.  On  a 

a-^  ^+Y=-  Saè  ^  B, 
Py  -t-  ya  -+-  a^  =  2:  «2  6c, 

Le  calcul  de  "La-bc  (ou  de  "^  j;\x<,X3)  a  déjà  été  fait;  on  a 

I.a'-bc  ==  AG  — 41). 
On  a  d'ailleurs 

■Za-'bcd^  abcd^a-^^  D(A5— 5tB); 

puis,  en  appliquant  encore  la  méthode  de  Waring, 

S  «2  b^c^'=CL  abcy-  —  a  S  a'-'  b'>-  cd 

=  Cj-—'i.abcd'Lah  =  C-î— 2BD, 
et  finalement 

a  -1-  [3  -t-  Y  =  B, 
Py  +  Ta+  a[3  =  AG  — 4D, 

aîiY=  D(A2—  iBj  +  G^— 9.BD 
:=  A^D-f^C^—  jBD. 

En  sorte  que  a,  p,  y  sont  les  racines  de  l'équation 

s3 _  B 22  ^  (  AG  —  4  D  )5  ^-  4  BD  —  A2 D  —  C2  =  o. 

Je  laisse  au  lecteur  le  soin  de  montrer  que,  si  l'on  connaît  une  racine  z  de 
cette  équation,  la  résolution  de  l'équation  du  quatrième  degré  se  ramène  à  la 
résolution  des  équations 

A  u  —  G 


zu  -\-\)  —  o, 


Appliquons  la  méthode  de  Gaucliy  au  calcul  de  la  fonction  symétrique 
R  =  (6  —  cY{c  —  a)'^{a — è)^  des  racines  «,  6,  c  de  l'équation  x^-^ px^q  =^0. 

Je  vais  chercher  à  mettre  R  sous  forme  d'un  polynôme  en  a  dont  les  coeffi- 
cJents  soient  des  polynômes  en/j,  q\  b  el  c  sont  les  racines  de  l'équation 

x^  -h  a  X  -h  a^  -h  p  —  o. 


ÉQl  ATIOXS    AI.GKRRIQIKS.  345 

On  a,  par  suile, 

(  b  —  c )^  =  a^  —  \( a^- -\-  p  )  —  —  'i a^  —  ^ p  ; 

d'autre  part  (a- — c){a  —  b)  soblienl  eti  remplaçant  r  par  a  dans     . 

.r* -)-  rt  a:  -f-  a^ -f-  />  ; 
on  a  donc 

(a  —  c)(a  —  f>)  —  'ia'^-\-  p 

et.  par  suite,  ,,, 

(a  —  cy-(a  —  6)2  =^  i^a''-\-  6 po-  -h  p^ 


[)a(—  pa  —g)   -  6pa'^-\-  p- 
i  pa-  —  [)gci  ■+-  yO-, 


et.  enfin, 


=      gpa^^  iyqa^-h  g  p^a^-h36  pqn  —  4  p^ 

=       vipa{—  pa  —  q)  ^  'tiq{ —  pa  —  q  )  -h  ()  p^  a-  -h  3{')pqa  —  4/»* 

2.  -  ÉLIMINATION. 

267.  éliminer  x  entre  deux  équations  /(x)=  o,  g{-T)  =  o,  c'est 
trouver  la  condition  nécessaire  et  suffisante  à  laquelle  doivent  satis- 
faire les  coefficients  de  ces  deux  équations  pour  qu'elles  puissent 
être  vérifiées  par  une  même  valeur  de  x. 

Plus  généralement  éliminer  //  inconnues  Xf,  x-y,  . . .,  x,i  entre  n  +  i 
équations  /*,  =  o,  f^r^  o,  .,.,  /„^,  =o,  c'est  trouver  la  condition 
nécessaire  et  suffisante  à  laquelle  doivent  satisfaire  les  coefficients  de 
ces  équations  pour  qu'il  y  ait  un  système  de  valeurs  des  inconnues 
qui  vérifient  à  la  fois  les  /î  +  i  équations. 

A  ce  problème  se  relie  immédiatement  la  question  suivante  :  La 
condition  pour  que  les  //,  +  i  équations  admettent  une  solution  étant 
vérifiée,  trouver  cette  solution. 

Le  problème  général  n'offre  aucune  difficulté  lorsque  n  des  n  -+■  • 
équations  sont  du  premier  degré  en  .r,,  x.,,  ..  .,  x,i;  on  résout  alors 
ces  n  équations  par  rapport  à  ces  n  inconnues  et  l'on  substitue  les 
résultats  dans  la  (/^ -h  i)'**"",  qui  doit  être  vérifiée  après  la  substitu- 
tion. 


346  CHAPITRE    \VI. 

Dans  ce  qui  suit,  je  me  bornerai  au  cas  de  deux  équations 
f{x)  =  0,  g{x)  =  o,  en  supposant  que/  (:c),  g{x)  soient  des  poly- 
nômes en  X.  11  s'agit  de  trouver  la  condition  pour  que  les  deux  équa- 
tions aient  une  racine  commune,  et  de  trouver  cette  racine  com- 
mune. 

Si  les  deux  polynômes /(^),  g{x)  ont  une  racine  commune  a,  ces 
deux  polynômes  ont  un  diviseur  commun  x —  «;  s'ils  ont  un  divi- 
seur commun,  ils  ont  autant  de  racines  communes  que  ce  diviseur 
admet  de  racines.  Le  problème  posé  se  ramène  donc  à  celui-ci  : 
trouver  la  condition  nécessaire  et  suffisante  pour  que  les  deux  poly- 
nômes aient  un  diviseur  commun,  et  trouver  ce  diviseur  commun. 

Le  premier  de  ces  problèmes  a  été  traité  aux  n"*  167. .  .170;  il  va 
être  repris  par  des  méthodes  indépendantes  de  celles  qu'on  a  déve- 
loppées alors. 

()uant  au  second  problème,  la  théorie  du  plus  grand  commun 
diviseur  en  fournit  immédiatement  la  solution.  Lorsque  les  deux 
polynômes  /{x),  g'i-^')  ^^^^  ^^^  *^'^'  plusieurs  racines  communes,  on 
trouve  cette  i^acine  commune  ou  ces  racines  communes  en  ciierchant 
le  plus  grand  commun  diviseur  des  deux  polynômes  /"(j?),  g{x)  et  en 
résolvant  l'équation  obtenue  en  égalant  à  o  ce  plus  grand  commun 
diviseur.  Je  rappelle  que,  lorsque  les  deux  polynômes  n'ont  qu'une 
racine  commune,  lorsque  leur  diviseur  commun  est  du  premier 
degré,  cette  racine  commune  s'exprime  rationnellement  au  moyen 
des  coefficients  des  deux  polynômes  (n"  71).  Elle  est  réelle  si  ces 
coefficients  sont  réels. 

On  a  déjà  fait  observer  que  la  solution  des  deux  problèmes  posés 
était  ijnmédiate  quand  l'un  des  polynômes  est  du  premier  degré  :  si 
l'on  a,  par  exemple,  g[x)  =^  cix -\- b  {ay£  o)^  la  condition  cher- 
chée esty'( j  ^  o,   et.    si  cette  condition  est  vérifiée,  la    racine 

b 

commune  est 

a 

H  est  encore  aisé  de  résoudre  ces  deux    problèmes  quand  l'un  des 

polynômes  est  du  second  degré  :  Supposons,  par  exemple,  que  l'on 

ait  g  {x)=z  ax'^-\- bx -^  c  [a^  o),  on  fera  la  division  de  f{x)  par 

g{x)    au    sens  du   n"   51;   soient  ^^{x)  le  quotient   et   Aa? -h  B  le 

reste,  on  aura  identiquement  en  x 

f{x)  =  {ax'^-¥-  bx  ^  c)Q(^j-i-  Aj7-hB; 


I 


ÉQUATrONS   ALGÉBRIQUES.  34  7 

toute  valeur  de  x  annulant  ax^-\-  bx  -\-  c  et  /(x)  annule  \.x  -\-  B; 
supposons  d'abord  que  A  ne  soit  pas  nul,  la  valeur  de  x  qui  annule 

A^ic  H- B  est  :r  = j-;   si  cette   valeur  annule  ax'^-h  bx  -\-  c,  c^eiit- 

A 

à-^dire  si  l'on  a 

aB2  — 6âB  +  cCA2=  o, 

elle  annulera  évidemmenty(^).  On  vient  donc  d'écrire,  dans  ce  cas, 
la  condition  nécessaire  et  suffisante  pour  que  les  deux  polynômes 
f(x)^g{x)  aient  une  solution  commune,  et  cette  solution  x  ^= —  -^ 
s'exprime  rationnellement  au  moyen  des  coefficients  de  f{x)  et 
i\e  g{x). 

Si  l'on  a  A  :=  o,  il  faut  évidemment,  pour  que  les  deux  polynômes 
/(x),  g{x)  aient  une  solution  commune,  que  l'on  ait,  en  outre, 
B  =  o;  dans  ce  cas,  /{x)  est  divisible  par  ax'^-\-  bx  -+-  c;  les  deux 
polynômes /(.r),  g{x)  ont  en  communies  deux  racines  de  l'équa- 
tion ax-  H-  bx  -j-  c  ^  o.  Les  conditions  A  =  o,  B  =  o  sont  les  con- 
ditions nécessaires  et  suffisantes  pour  que  les  deux  équations 
f{x)  =  o,  g{x)  =  o  aient  deux  racines  communes. 

Supposons,  par  exemple, 

le  reste  de  la  division  de  j;3-t-/>a7 -t- 7  par  ix'^-hp  s'obtient  en  remplaçant  a?^ 

par  —  4^  ;   il  est  —  -^— }-  g.  Si  p  n'est  pas  nul,  la  condition  pour  que  f(x  ) 

et  /'(or)  aient  une  solution  commune  est 

2702 

p-^j^=0  ou  4 /?3-f-  27^2=0, 

la  racine  connnune  est  x  =  — ^-  Si  l'on  a  />  —  o,  il  faut,  pour  l'existence  d'une 

racine  commune,  que  q  soit  nul;  les  deux  équations  ont  alors  la  racine  com- 
mune (double)  X  =  o. 

Cette  méthode  s'applique  sans  difficulté  à  deux  équations  du  se- 
cond degré;  toutefois,  l'artifice  suivant  permet  d'obtenir  plus  rapi- 
dement le  résultat.  Soient 


i  a  x^- 


X  -h  c  =  o, 


348  CHAPITRE    XVI. 

les  deux  équations  données;  supposons  qu'elles  aient  une  solution 
commune  et  désignons-la  par  x\  les  deux  égalités  précédentes  seront 
alors  des  identités;  on  peut  aussi  bien  les  regarder  comme  des  équa- 
tions du  premier  degré  à  deux  inconnues,  qui  s'appelleraient  x-  et  .z", 
et  dont  les  valeurs,  en  supposant  aU —  a'6  7^  o,  ne  peuvent  être  que 

hc' —  b'  c,  ca! —  c'  a 


ab'  -—  a'b  ab'  ~  a'  b'' 

réciproquement,  ces  valeurs  mises  à  la  place  de  x-  et  de  x  vérifient  les 

équations  précédentes;  si  les  deux  équations  en  x  ont  une  solution 

...  ^  ca! — c' <i  '    1    •     A 

commune,  celle-ci  ne  peut  être  que  —j-, rr  6t  son  carre  doit  être 

'  '  ^       ab  —  a  b 

,  ,    bc —  b' c       ,,   .,,  ,, 

égal  a  —n tt\  d  ailleurs,  i  on  a 

^  ab'—a'b'  ' 

/|ca'-- c'a  ,-_   bc' —  b' c 
\ab' — a'b)         ab' — a'b 

les  deux  équations  en  x    sont  vérifiées  quand  on  remplace   x   par 

—j-, rr  6t  X-  par  le  carré  de  cette  quantité  :   elles   admettent  une 

solution  commune. 

Lorsque  ab' —  a'  b  est  dHj'éreiit  de  o,  La  condition 

( '2 )  (  ca!  —  c' af-  —  {ah'  —  a! b){bc'  —  b' c)  =  0 

est  la  condition  nécessaire  et  suffisante  pour  que  les  deux  équa- 

,         ca' — c'a 
lions  aient  une  racine  commune,  qui  est  alors  —p- 


ab' —  a!  b 


Examinons  maintenant  le  cas  où  ab' — a! b  est  nul,  et  supposons 
d'abord  que  «,  a'  soient  difierents  de  o,  en  sorte  que  les  équations  (1) 
soient  eftectivement  du  second  degré.  Les  deux  équations  (1)  consi- 
dérées comme  des  équations  du  premier  degré  à  deux  inconnues  x'^ 
et  X  ne  peuvent  avoir  de  solution  que  si  l'on  a  a! c  —  ad  ^^  o,  égalité 
qui,  jointe  aux  conditions  ab' — a'b=^o,  «  ^  o,  a'^o,  entraîne 
bc' — b' c  ^  o  :  les  deux  équations  eu  J7  ont  alors  leurs  coefficients 
proportionnels;  leurs  deux  racines  sont  les  mêmes. 

Si  l'on  a  ab' —  a' b  =  o  et  a  =  o,  il  faut  que  l'on  ait  soit  b  =  o, 
soit  a'z=o.  Dans  le  premier  cas,  la  première  équation  ne  pourrait 
être  vérifiée  que  si  l'on  avait  c  =  o;  elle  serait  alors  une  identité,  et 


1 


KQUATIOS   ALGÉBRIQUES.  3/|9 

l'on  pourrait  dire  encore  que  les  deux  équations  ont  leurs  racines 
coninuines.  Si  l'on  a  à  la  fois  a  ==  o,  a'  =  o,  les  deux  équations  pro- 
posées se  réduisent  au  premier  de^ré  et  n'ont  pas,  à  proprement 
parler,  de  racine  commune,  sauf" dans  le  cas  où  l'on  aurait 

bc' —  6'c  =  o. 

Observons  que,  si  l'on  a  a6' — 6a' =o,  la  condition  (2)  entraîne 
ca! —  c'rt  =  o.  Les  deux  conditions 

ab' — ba'—o,         ac' —  ca' =  o 

entraînent  soit  bc' — b'c  =  o,  soit  «  =  o,  a'=o.  On  conclut  de  là 
que  la  condition (2)  est  la  condition  nécessaire  et  suffisante  pour  que 
les  deux  équations  (i)  aient  une  ou  deux  racines  communes  ou  pour 
que  l'on  ait  «  z=  o,  «':=  o.  Si  l'on  convient  de  dire  qu'une  équation 
du  second  degré  a  une  racine  infinie  quand  le  coefficient  de  x'^,  dans 
cette  équation,  devient  nul,  on  peut  dire  que  la  condition  (2)  est  la 
condition  nécessaire  et  suffisante  pour  que  les  équations  (1)  aient  au 
moins  une  racine  commune,  ou  pour  qu'elles  aient  l'une  et  l'autre  une 
racine  infinie. 

La  condition  pour  que  deux  équations  du  second  degré  aient  une 
racine  commune  peut  se  mettre  aussi  sous  la  forme 

{■?.ac'-^  j.a'c  —  bb' y-  —  (b- —  /iac)(b'* —  4«'c')  =  o. 

Le  premier  membre  de  celte  égalité  est  en  effet  identique  au  pre- 
mier membre  de  l'égalité  (  .<),  au  facteur  4  près. 

268.  Transformation  des  équations.  Cas  simples.  —  Les  cas 
simples  du  problème  de  l'élimination  que  l'on  vient  de  traiter  suf- 
fisent à  résoudre  quelques  problèmes  faciles  relatifs  à  la  transfor- 
mation des  équations. 

Lue  équation  de  degré  n 

Ml  f{x)  =  aoX"^-+-  a,  j7"->-(-. .  .-^  a„  =  o 

étant  donnée,  on  demande  de  former  une  équation  de  même  degré 
dont  les  racines  soient  celles  de  l'équation  (1)  augmentées,  diminuées 
dun  même  nombre,  multipliées,  divisées  par  un  même  nombre,  ou 


35o  CHAPITRK    XVI. 

encore  dont  les  racines  soient  les  inverses,  ou  les  carrés,  des  racines 
de  l'équation  (i). 

Supposons  qu'on  veuille,  par  exemple,  trouver  une  équation  dont 
les  racines  soient  les  racines  de  l'équation  f{x)  =  o,  diminuées  de  h. 
En  désignant  par  x  une  racine  de  l'équation  f{x)  =  o  et  par  y  la 
racine  correspondante  de  l'équation  cherchée,  on  devra  avoir 

y  =^  X  —  /< ,         .r  =  y  ^  h, 

par  conséquent,  y  devra  vérifier  l'équation  f(y-\-h)=o;  récipro- 
quement, si  Y  vérifie  cette  équation,  il  est  clair  que  x  =  j-  -f-  /i  devra 
vérifier  l'équation  proposée. 

Les  racines  de  l'équation  (en  j^), ./(  Y  -\-  h)  =  o^  obtenue  en  élimi- 
nant X  entre  les  deux  équations 

J'(x)  —  o,  y  =  x — A, 

seront  donc  les  racines  de  l'équation  y(.r)  =  o,  diminuées  du 
nombre  h. 

Au  surplus,  le  résultat  se  vérifie  immédiatement  sur  la  formule  de 
décomposition  en  facteurs.  Si  l'on  désigne  par  .r,,  x.j,  ...,  x„  les 
racines  de  l'équation  (i),  on  a  identiquement  en  x 

f(x)  =  a^ix  —  xi)  (x  —  Xi)  ...  {X  —  x„), 

et,  par  suite,  identiquement  en  }-, 

f( y  +  h)  =  a(,{y  -{-  h  —  Xi)  {  y  ^  h  —  .x-x)  ...  ( y  -h  h  —Xn); 

on  voit  que  les  racines  de  l'équation  f[y-\-h)^=zo  sont  x^  —  h., 
x-x  —  II-,  • .  .^  Xii  —  A;  cette  façon  de  raisonner  montre  clairement,  en 
particulier,  qu'à  une  racine  multiple  de  l'équation  fi^x)  =  o  corres- 
pond une  racine  multiple,  du  même  ordre  de  multiplicité,  de  l'équa- 
tion/(j  +  A)  =  o. 

On  voit  de  même  que  les  racines  de  l'équation//  -^  j  :=  o  obtenues 

en  éliminant  x  entre  les  équations /(^)  ^  o,  jk  =  kx  sont  les  racines 
de  l'équation  /(^)  =  o,  multipliées  par  le  facteur  k\ 

Que  l'équation//  -  j  ^  o,  obtenue  en  éliminant  x  entre  les  équa- 
tions /'(.r)  =  o,  .r  =  >  admet  comme  racines  les  inverses  des  racines 
de  l'équation /(;r)  =  o. 


KQLATIONS   AI.GKBRIQUKS.  35 1 

Il  est  clair  que,  dans  ces  divers  cas,  si  Ton  sait  résoudre  l'équation 
en  y,  on  sait,  par  cela  même,  résoudre  l'équation  en  .r,  et  réciproque- 
ment. Il  peut  se  faire  que  l'une  des  deux  équations  soit  plus  simple 
que  l'autre. 

Au  lieu  d'employer  une  nouvelle  lettre  (y)  pour  désigner  la  nou- 
velle inconnue,  on  conserve  souvent  la  même  lettre  ûc;  ainsi  on  dira 
que  les  racines  de  l'équation /(j?  -f-  A)  z=  o  (la  transformée  en  x  -h  h) 
sont  les  racines  de    l'équation   f\x)^o  diminuées  de  A;   que   les 

racines  de  l'équation  f(  j  ==  o  (la  transformée  en  r  )  sont  les  ra- 
cines de  l'équation  f(^x)^=o  multipliées  par  k]  que  les  racines  de 
l'équation  f{  -\  =1  o  (la  transformée  en  -  \  sont  les  inverses  des  ra- 
cines de  l'équation  /"(.r)  =■  o. 

La  première  transformation,  le  changement  de  a?  en  J7  -h  A,  permet, 
en  choisissant  h  convenablement,  de  faire  disparaître  le  terme  en 
x"~^  ;  on  a  en  effet 

ao(a7  -t-  h)"  -+-  ai(x  -+-  ^ )«-'-(-. .  .-(-«„  —  a^x" -\-  (  —  aQ h  +  ai  )ar"-^-h. . .; 


il  suffira  de  prendre  h  = :  la  résolution  de  l'équation  propo- 
sée, du  degré  n,  est  ramenée  à  la  résolution  d'une  équation  analogue, 
mais  où  manque  le  terme  de  degré  n  —  1 . 

S'il  s'agit  par  exemple  de  l'équation  du  troisième  degré 

acr^  -i-  b x^ -h  c X  -h  d  =  o  ; 

on  voit   que    son    premier  membre  devient,    en   remplaçant   x    par 
b 


ax^  -+-  i  c  —    ~  jx  -i-  d  —  -^  -+■ 


bc         x  6-' 
ZaJ"    '   "       3a        27 a- 


Si  donc  on 


pose 


'^ac  —  b^  -f-a'^d — qabc  -h  7.b^ 


P^  —T7T-'  1 


3  a»  ^  9.7  a' 


352  CHAPITKE    XVI. 

la  résolution  de  l'équation  proposée  est  ramenée  à  la  résolution  de 
l'équation 

x'^  -^  px  -i-  «jr  =  o. 

Lorsqu'on  aura  résolu  cette  dernière  équation,  il  suffira  d'ajouter 

—    >—  à  chacune  de  ses  racines  pour  avoir  les  racines  de   l'équation 

^a  ^  ' 

proposée. 

Le  changement  de  x  en  -r  remplace  Téquation  (i),  après  avoir  mul- 
tiplié par  A",  par  l'équation 

aoa7«-l-  a^kx"^-'^^  a-yk^x'^-"^-^.  . .-{-  a„k"^=  o; 

il  est  utilisé,  lorsque  l'équation  proposée  a  ses  coefficients  entiers,^ 
pour  la  remplacer  par  une  équation  ayant  aussi  ses  coefficients  en- 
tiers, mais  où  le  coefficient  de  x"  est  l'unité;  on  y  parvient  toujours 
en  prenant  A"  =  <2o,  puisque,  alors,  tous  les  coefficients  sont  divisibles 
par  ciq. 

La  transformée  en  — x  d'une  équation,  qui  s'obtient  en  changeant 
X  en  — X  dans  son  premier  membre,  ou,  ce  qui  revient  au  même, 
en  changeant  le  signe,  soit  de  tous  les  coefficients  de  tous  les  termes 
de  degré  impair,  soit  de  tous  les  coefficients  des  termes  de  degré 
pair  (y  compris  le  terme  constant),  a  pour  racines  les  racines  de 
l'équation  proposée  changées  de  signe.  L'équation  x'^  -\- px  —  q  ^  o 
est  la  transformée  en  —  x  àe  l'équation  x'^  -\-  px  -h  r/  =  o. 

Pour  que  les  deux  équations  f{x)  =  o,  /'( —  x)  =  o,  dont  chacune 
est  la  transformée  en  —  .r  de  l'autre,  aient  les  mêmes  racines,  il  faut 
qu'à  chaque  racine  de  l'équation  J{x)  ==  o  coi^responde  une  racine 
symétrique  (de  même  ordre  de  multiplicité)  de  la  même  équation. 
Une  racine  nulle  est  à  elle-même  sa  propre  symétrique;  écartons  le 
cas  où  l'équation  f{x)  =  o  aurait  de  telles  racines,  c'est-à-dire  le  cas 
où  le  terme  constant  est  nul;  les  racines  de  l'équation /(.r)  devront 
pouvoir  se  ranger  par  couples  tels  que  57,  et  —  x^,  x-,  et  —  Xo,  •  • .; 
elle  devra,  par  conséquent,  être  de  degré  pair.  En  appliquant  la 
formule  de  décomposition  en  facteurs,  on  voit  que  l'on  aura  identi- 
quement 

/(X)  =  ao(x^  —  x^i  )  (x'-  —  xl)  {x'^  —  xl) 


I 


ÉQUATIONS  ALGÉBRIQUES.  355 

Le  second  membre,  développé,  ne  contiendra  évidemment  que  des 
termes  de  degré  pair.  Réciproquement,  si  le  premier  terme  d'une 
équation  ne  cfmtienl  que  des  termes  de  degré  pair,  cette  équation  est 
évidemment  identique  à  sa  transformée  en  —  x. 

La  résolution  d'une  pareille  équation  se  ramène  immédiatement  à 
la  résolution  d'une  équation  de  degré  moitié  moindre,  qu'on  obtient 
en  y  remplaçante-  parj^;  puis,  quand  on  a  résolu  cette  équation  par 
rapport  à  j',  à  l'extraction  de  n  racines  carrées. 

C'est  la  méthode  classique  pour  la  résolution  de  l'équation  bicarrée. 

269.  Si,  dans  l'équation  (i)  du  numéro  précédent,  on  remplace  x 
par  —■>  et  qu'on  multiplie  par  e",  on  obtient  l'équation 

les  coefficients  j  sont  rangés  dans  l'ordre  inverse.  Cette  transformée 
en  ->  dont  le  premier  membre,  par  définition,  n'est  autre  que 


^V  i 


donne  l'occasion  de  faire  quelques  remarques  importantes. 

Tout  d'abord,  en  partant  d'une  équation  admettant  pour  racines 
les  inverses  des  racines  de  l'équation  (i),  on  supposait  implicitement 
que  l'équation  (i)  n'avait  pas  de  racines  nulles,  c'est-à-dire  que  «« 
n'était  pas  nul  ;  c'est  sous  celte  condition  que  l'équation  aux  inverses 
est  eflectivement  du  /i>«»'«  degré  :  s'il  arrivait  que,  dans  l'équation  (i), 
les/?  derniers  coefficients  a„_^^i,  «^-^+25  •  •  •?  ««5  fussent  nuls,  an_p 
étant  d'ailleurs  différent  de  o,  l'équation  f(^x)  =  o  aurait  une  racine 

multiple  nulle  d'ordre/?;  l'équation  e"/(  -  j  =0    serait    de    degré 

n  — />;  ses  n  — p  racines  seraient  les  inverses  des  n  — p  racines  non 
nulles  de  l'équation  (i). 

On  démontre  que,  lorsque,  dans  l'équation  (i),  les  p  derniers  coef- 
ficients (mais  non  a,i_p)  sont  très  voisins  de  o,  l'équation  (i)  a  p  ra- 
cines très  voisines  de  o  :  si  l'on  se  donne  un  nombre  positif  quel- 
conque e,  on  peut  fixer  un  nombre  positif  r,  assez  petit  pour  que 
p  racines  soient  assurément  plus  petites  que  £,  pourvu  que  les 
T.  -  II.  20 


354,  DUAPiTiiE  XVI. 


valeurs  absolues  des  rap|)orts    "  "^"^' ,  _ÎL_£±£, 
queri  ('). 

S'il  en  est  ainsi,  les  p  premiers  coefficients  de  l'équation  aux 
inverses  (mais  non  le  ^''^"'«)  sont  très  petits,  et  cette  équation  a  p  ra- 
cines très  grandes  en  valeur  absolue,  puisqu'elles  sont  les  inverses  de 
p  nombres  très  voisins  de  o. 

De  même,  si  les/?  premiers  coefficients  de  l'équation  (i)  [mais  non 
le  (/> -h  I )''"'"']  sont  très  voisins  de  o,  les  p  derniers  coefficients  de 
l'équation  aux  inverses  seront  très  voisins  de  o;  cette  dernière  équa- 
tion a  p  racines  voisines  de  o,  l'équalion  (i)  a  y?  racines  très  grandes 
en  valeur  absolue. 

De  là,  la  façon  de  parler  suivante  : 

Lorsque  les  coefficients  d'une  équation  qui  est,  en  général,  du 
degré  n  sont  variables  et  que  les  p  premiers  coefficients  s'annulent 
[mais  non  le  (/>  +  i/"'"^],  on  dit  que  cette  équation  admet  alors 
p  racines  infinies,  de  même  que  l'on  dit  qu'elle  a  p  racines  nulles  si 
les/>  derniers  coefficients  s'annulent. 

Lorsque,  dans  deux  polynômes  en  x,  on  regarde  les  coefficients 
comme  variables  et  que,  dans  les  deux  polynômes,  les  p  premiers 
coefficients  sont  nuls,  sans  que  le  (/?  -i-  i )»«""'  soit  nul  dans  les  deux 
polynômes,  on  dit  que  les  deux  équations  obtenues  en  égalant  à  o  les 
deux  polynômes  onl p  racines  communes  infinies. 

Cette  façon  de  parler  a  déjà  été  employée  pour  les  équations  du 
second  degré;  elle  est  cohérente  avec  celle  qu'on  a  employée  au  n"  83 
quand  on  parlait  des  diviseurs  communs  à  deux  polynômes. 

Considérons  un  polynôme  du  ai"'""'  degré  homogène  en  x^  y,  ou» 
comme  on  dit  souvent,  une  for/ne  binaire  du  degré  /j, 

ce  polynôme  peut  s'écrire  sous  la  forme 


r'[<..(2;)Va,(^)"-'+...-.a„], 


(')  Je  laisse  de  côté  la  démoiislralion  de  cet  important  théorème,  que  je  n'invoque 
ici  que  pour  juslilier  une  façon  de  parler.  Il  est  le  point  de  départ  de  la  délinitiou 
des  n  racines  d'une  équation  du  m'*"""  degré,  considérées  comme  fonctions  (impli- 
cites) des  coefiicienls  de  cette  équation.  On  a  admis,  en  général,  au  n"  219,  l'exis- 
tence des  fonctions  implicites. 


ÉQUATIONS  ALGÉBRIQUES.  355 

Si  c/q  n'est  pas  nul,  et  si  l'on  désigne  par  Xt,  x^^  . . .,  :r«  les  racines 
du  polynôme  a^x"  -h  «i  x"~^  +. .  .-+■  o„,  on  aura  identiquement  en  x 

aox'^-^  aix"-^  -\-. .  .-\-  an=  «o(^  —  ^i)  (yP  —  ^2)  •  •  •  (^  —  ^/»), 

et,  par  suite,  en  remplaçant  x  par  -,  et  en  multipliant  les  deux 
membres  par  y",  on  aura  identiquement  en  x,  y 

f{^,  y)  =  aoix  —  x,y)  (x  —  Xiy  )  ...  {x  —  x„y). 
Si  l'on  avait 

ao=o,         rt,  =  o,  ...,         «/,_,  =  o,         Up^o, 

le  polynôme /(^,  j')  pourrait  s'écrire 

^"l"\y)      '^''"^'[yj        +•••+«'«]; 

en  désignant  par  X|,  x^,  ...,  x,i-p  les  n — p  racines  du  polynôme 
apX"~P-'r  cip^iX"~P'^  -f-. .  .H-  rt//,  on  aurait  identiquement  en  x 

a,,x"-P-{-  ap+ix"^-i>-i-^-, .  .-k-  an=  ap{x  —  xx)  {x  —  xt)  . . ,  {x  —  x,i-  p), 

et,  par  suite,  en  remplaçant  x  par  -  et  en  multipliant  par  y"^  on 
aurait  identiquement  en  x,  y 

A^,y)  =  apyP(x  —  xiy)  (x  —  x^y  )  ...  (x  —  Xn-py). 

Ainsi,  un  polynôme  homogène  du  /l'^'ie  degré  peut  toujours  être 
décomposé  en  n  facteurs  du  premier  degré  en  x,  y.  Parmi  ces 
facteurs,  il  y  en  a  autant  qui  ne  contiennent  pas  x  qu'il  y  a  de  coeffi- 
cients nuls  au  commencement  du  polynôme,  ou  de  racines  infinies 
dans  l'équation  (du  /i''^'"*'  degré  en  général)  que  l'on  obtient  en  éga- 
lant le  polynôme  à  o,  après  y  avoir  remplacé  y  par  i  ;  les  racines  de 

celle  dernière  équation  sont  les  valeurs  de  -  pqur  lesquelles  s'an- 
nulent les  facteurs  qui  contiennent  x.  Si  les  q  derniers  coefficients 
du  polynôme  étaient  nuls,  on  pourrait  de  même  mettre  en  facteur  x^ 
dans  ce  polynôme,  comme  on  met  yP  en  facteur  lorsque  les  p  pre- 
miers coefficients  sont  nuls. 


356  CHAPITRE    XVI. 

11  est  à  peine  utile  de  faire  remarquer  que,  dans  le  cas  général,  les 
valeurs  de  -  telles  que  le  polynôme  homogène  f{x^  y)  soit  nul  sont 
les  inverses  des  valeurs  de  -  qui  annulent  le  même  polynôme  ('). 


270.  Revenons,  en  supposant  maintenant  a^  et  «„  différents  de  o, 
lux  deux  équations 

f{x)  =  aQX"--^aiX"'-'^      -1-.  ..-(-«„=  o, 
x"^fi  -  )  =  a„a7«-)-  a„_ia7«->-4-. . .-(-  ao=  o, 


dont  chacune  a  pour  racines  les  inverses  des  racines  de  l'autre,  et 
cherchons  sous  quelles  conditions  ces  deux  équations  sont  les 
mêmes,  sous  quelles  conditions  la  première,  si  elle  admet  une  ra- 
cine a,  admet  aussi  pour  racine  le  nombre  -j  les  deux  racines  ayant 
le  même  ordi-e  de  multiplicité.  11  faut,  pour  cela,  que  l'on  ait 

Ufi  dn—l  <3t,j_2  ^2  <^1  (^0 

ces  égalités  de  rapport  étant  entendues  en  ce  sens  que  si,  dans  un 
rapport,  le  dénominateur  est  nul,  le  numérateur  doit  aussi  être  nul. 

(')  Il  est  souvent  commode  d'associer  à  un  polynôme  en  x,  du  degré  ii, 

f{x)  ~-  a^x"  -^  a^x"-^  +. . .+  a„, 
le  polynôme  homogène  en  x,  y 

f  x,y    =y"fi-\  =  a„x"+a^x''-'^y+...+  a,^y'\ 

que  j'appellerai,  pour  abréger,  le  polynôme  f{x)  rendu  homogène.  On  passe  du 
polynôme /(a;,  jk)  au  polynôme  f{x)  en  y  remplaçant  y  par  i.  Aussi  regarde-t-on 
seuvent  la  lettre  y  comme  une  variable  fictive  qui,  une  fois  les  calculs  effectués, 
doit  être  remplacée  par  i.  A  ce  point  de  vue,  /^,  f^^,  les  deux  dérivées  partielles  du 
premier  ordre  du  polynôme  /{x,y),  désignent  deux  polynômes  en  x,  dont  le  pre- 
mier est  identique  à  la  dérivée  /'{x)  de  f{x)  et  qui  sont  liés  à  /{x)  par  l'iden- 
tité 

nf{x,y)  =  xf^-hyf^ 
(n"  49),  ou 

n/{x)  =  x /;,+/;.. 


ÉQUATIONS   ALGÉBRIQl'ES.  357 

L'égalité  des  rapports  extrêmes  montre  qu'on  doit  avoir 


par  conséquent  rt„  =  dr«„;  dans  le  premier  cas,  tous  les  rapports 
sont  égaux  à  i,  les  coefficients  à  égale  distance  des  extrêmes  sont 
égaux;  dans  le  second  cas,  tous  les  rapports  sont  égaux  à  — i,  les 
coefficients  à  égale  distance  des  extrêmes  sont  symétriques  et  le  terme 
du  milieu,  s'il  y  en  a  un,  est  nul.  Inversement,  si  l'un  ou  l'autre  de 
ces  systèmes  de  conditions  est  vérifié,  il  est  clair  que  l'équation  pro- 
posée et  la  transformée  en      sont  identiques. 

Les  équations  pour  lesquelles  il  en  est  ainsi  sont  dites  réciproques. 
Llles  appartiennent  à  deux  types  distincts,  faciles  à  reconnaître.  En 
désignant  pary(.r)  le  premier  membre  d'une  équation  réciproque, 
on  a  identiquement,  pour  le  premier  type, 


et,  pour  le  second  type, 

/(x)=-.»/(i)- 
En  faisant,  dans  cette  dernière  identité,  a?  =  i,  on  trouve 

ce  qui  entraîne  /(i)  =  o.  Les  équations  réciproques  du  second  type 
admettent  la  racine  x  =  i.  En  faisant  x  =:  —  i  dans  l'identité 


/(^)  =  -^v(^)' 


on  trouve 

/(-i)  =  (-.)«/(- I), 

("galité  qui  est  vérifiée  d'elle-même  si  n  est  pair,  qui  entraîne 
/( — i)  =  o  si  n  est  impair  :  les  équations  réciproques  du  premier 
type  admettent  la  racine  x  =^  —  i,  quand  elles  sont  de  degré  impair. 
Si,  d'une  équation  réciproque,  on  supprime  toutes  les  racines  i  ou  —  i 
qu'elle  peut  avoir,  en  divisant  par  des  puissances  convenables  de  .r  —  i 
et  de  J7+I,  l'équalion   reste   évidemment   réciproque  :    à   chaque 


358  cnAPiTRK  XVI. 

racine  a  de  cette  équation  correspond  toujours  une  racine  inverse  - 
qui,  alors,  est  différente  de  a,  puisque,  l'équation  n'admettant  plus 
de  racine  égale  à  i  ou  à  —  i ,  on  ne  peut  avoir  a-=  i .  Or,  il  résulte 
des  remarques  précédentes  qu'une  équation  réciproque  qui  n'admet 
ni  la  racine  i,  ni  la  racine  —  i,  appartient  nécessairement  au  premier 
type,  celui  où  les  coefficients  à  égale  distance  des  extrêmes  sont  égaux, 
et  qu'elle  est  nécessairement  de  degré  pair.  C'est  là,  évid-emment,  les 
seules  équations  réciproques  qu'il  j  ait  lieu  de  considérer.  On  verra 
un  peu  plus  loin  comment  leur  résolution  se  ramène  à  la  résolution 
d'une  équation  de  degré  moitié  moindre  et  d'équations  du  second 
degré. 

271.  Les  transformations  élémentaires  dont  il  a  été  question  jus- 
qu'ici sont  évidemment  comprises  dans  la  suivante  : 
Soit 

f{x)  =  «0^''-+-  aiX"^-^-\-. . .-(-  a,î  =  o 

l'équation  proposée;  on  demande  de  former  une  équation  en  z  dont 
chaque  racine  soit  liée  à  une  racine  de  l'équation  (i)  par  l'une  ou 
l'autre  des  relations  équivalentes 


en  sorl3  que,  si  l'on  désigne  par  ;r,,  x.2i  . .  -,  Xn  les  racines  de  la  pro- 
posée, les  racines  ^i,  z.,^    ...,  z,i  de  la  transformée  s'obtiendront  en 

remplaçant  x   par  .r,,    x.^^    ...,    x,i  dans      .;,     _ ;   de  même,  les 

racines  de  la  proposée  s'obtiendraient  en  remplaçant  s  par  2,,  «27  — 
z,i  dans  p -^^  On  suppose  que  les  constantes  a,  p,  a',  ^'  satis- 
fassent à  la  condition    a^' — a'^^o,    afin    que    la    fraction  ^ 


dépende  effectivement  de  z.  L'équation  transformée  s'obtient  évidem- 
ment en  remplaçant  j::  par  p"^  ^   Q,  dans  l'équation  proposée;  lorsqu'on 

p  5  -r-  p 

a  chassé  le  dénominateur,  on  peut  l'écrire 

=  rto(3t2  -f-  a')«-+-  ai{xz  H-  a')"-i(Pz  -h  ^')  -+-. .  .-\-  a„{^z  4-  ^' )"  =  o 


h 


KQl'ATIONS    AI.r.KBRIQL'KS.  359 

On  peiil  (lire  encore  que  le  premier  nienihrc  de  colle  éqiialion 
s'obtient  en  remplaçant  a:  par  a^-j-a,  y  par  ,3-+  y  dans  le  poly- 
nome/(.r,y)  qui  se  déduit  du  polynôme  y(^)  en  le  rendant  liomo- 
gt'ne. 

Il  n'esl  pas  inutile  de  vérifier  ce  résultat  sur  la  décomposition  en 
facteurs,  comme  on  Ta  fait  pour  la  Iransformée  en  x  +  h. 

L'identité  en  x 


fix)  =  a^ix  —  .r,  )  (.r  —  ./•,  )  ..  .  {x  —  x,,  ) 

montre,  en  remplaçant  x  par  ,," ^  et  en  chassant  les  dénomina- 

leurs,  que  l'on  a  identiquement  en  z 

ao(2ts-4-a')'»-)-rt,(a;;  +  a')"-'(^-  -I-  ,3')  H-. . . 

=  ao[(a—  ^.r,)3-t-a'—  ^',r,  ]  [(a-  Sr,):;^  a'— ;î'.r,,  |  ..., 

et  cette  identité  montre  bien  que  les  racines  de  l'équation  en  z  sont 

—  8'a"|-+-a'    — S'jjj-i-»'  <  •  1  •    I      1     1- . 

—77- ?  — if 5  •  •  •;  a  une  racine  multiple  de  lequation  en  x 

Jia^i  —  a  pa^o  —  a  '  » 

correspond  une  racine  multiple  de  l'équation  en  :;,  du  même  ordre  de 
multiplicité.  Si  l'équation  en  j?  admettait/?  fois  la  racine^»  l'équation 
en  :;  aurait  p  racines  infinies  :  inxersement,  si  le  degré  de  l'équalion 
en  z  est  n  — /?,  c'est  que  l'équation  en  x  admet  p  racines  égales  à  „• 


ipposnns,  par  exemple,  que  l'équalion  proposée  soit   réciproque  et  qu'on 


V  fasse  la  transformation  z 


si,   dans   cette   (lerniére   expression,   «m 


changea- en—,  s  se  change  en  — z.  Si,  dans  l'équalion  on  c,  on  change  z 

en  —  3,  on  devra  retrouver  une  équation  qui  ait  les  mêmes  racines.  F^e  lecteur 
reconnaîtra  sans  peine  que  l'équalion  en  5  a  autant  de  racines  nulles  que 
l'équation  proposée  a  de  racines  égales  à  i,  autant  de  racines  infinies  que 
l'équation  proposée  a  de  racines  égales  à  — t,  qu'elle  est  de  degré  pair  et  ne 
contient  plus  que  des  termes  de  degré  pair,  quand  on  a  supprimé  les  racines 
nulles.  Sa  résolution  se  ramène  alors  à  la  résolution  d'une  équation  <le  degré 
moitié  moindre  et  à  des  extractions  de  racines  carrées;  quand  on  l'a  résolue, 
les  valeurs  correspondantes  de  x  sont  données  par  la  formule 


360  CHAPITRE    XVI. 

272.  Toute  une  branche  importante  de  l'Algèbre  se  rattache  à  la  transfor- 
mation précédente.  Considérons  les  deux  polynômes  du  numéro  précédent: 

f{x)  =  aQX'^-\-axX"'-^-\-...-+-an, 

g{z)  —  ao{az  -(-a')"-Hai(az  -ha')«-«(J3z  H-  jB' )-+-...+  «„(  |3^ -f-  (3' )« 
=  6o^" -H  6l^"~' -+- .  .  . -H  6„, 

ou  plutôt  les  deux  formes  binaires  (à  deux  variables) 

f{x,y)  =  aoa7»+  aix'^-^y  -h. . .-+-  a«^", 
ff{z,  t)  =  ao(a-z-1-3''0'»+ai(a2-t-a'0"-HP-s^-  P' f)  -+-••• 
=  boZ"-h  biz"-'^t  -\-..  .-i-  bnt", 

obtenues  en  rendant  homogènes  les  polynômes /(a?)  et  ff{z)  et  dont  la  seconde 
se  déduit  de  la  première  en  y  remplaçant  respectivement  x,  y  par  az-i-a'.', 
'^z  -t-  '^'  t.  Les  formes /(^,^),  g{z,  t)  sont  décomposables  en  facteurs  linéaires 

en  X,  y  et  en  z,  t.  Les  valeurs  des  rapports  -  et  -  qui  annulent  les  facteurs 

correspondants  sont  liées  comme  il  a  été  expliqué  dans  le  numéro  précédent. 
Tout  polynôme  (p(«o;  <^i!  ...,««)  homogène  en  ao,  «i,  ...,  ««  tel  que  la 
relation 

cp(6o,  ^1,  •••,  bu)  =  (ajB'— a'P)P(p(ao,  «i,  •  •  -,  ««), 

où  p  désigne  un  entier  positif,  devienne  une  identité  en  ao,  «i,  . . .,  a„,  a,  p, 
a',  P'  quand  on  y  remplace  les  coefficients  6o,  ^b  •  •  -i  ^/t  de  la  forme  g(z,  t) 
|)ar  leurs  expressions  en  «oî  «^ii  •  •  •,  <^«î  *>  ?>  *'?  P'  s'appelle  un  invariant  de 
la  forme /(.r,  ^)  [ou  du  polynôme /(a?)]. 

Je  me  borne  à  signaler  les  expressions  suivantes  des  coefficients  ^o,  ^i  ,••■■,  bn- 
que  le  lecteur  établira  sans  peine  :  on  a 


Dans  la  seconde  formule,  /a,/p  désignent  ce  que  deviennent  les  dérivées 
fxif'y  de  la  forme  / (a?,  j)  quand  on  y  remplace  x,  jk  par  a,  §.  Dans  l'expres- 
sion de  bp,  le  second  membre  est  une  puissance  symbolique;  après  avoir 
effectué  la  puissance  /j'™"  de  a'/a  "•"  P'/b-  ^"^  doit  remplacer  (f'(n)'^{fk)P''-' 
par  /"^^„_)t,  en  entendant  par  celte  dernière  expression  ce  que  devient,  quand 
on  y  remplace  x  el  y  par  a  et  p,  la  dérivée  p"''"*^  de  f{x^y)  prise  A-  fois  par 
rapport  à  37  et  p  —  k  fois  par  rapport  à  y  (n"  48). 


ÉQUATIONS  ALGÉBRIQUES.  36l 

Si,  par  exemple,  on  suppose  (i) 

f{x,y)  =  aoa?*  -f-  laixy  -f-  «j^*, 

g{z,u)  =  ao^oLZ  ^  Cl'  ty-¥-  2ai(oLZ  -i-  a'  t)(^s  ■+-  ^' t) -^  boi^z -h  ji'0^ 
=  boz^  -hibizt  -h  b^t^, 

on  aura 

bo  —  «0»^  -H  aaïap  -t-  «2  jî^^ 

6|  =  aoaa'-f-  ai(aP'-+-a'  ^)  -f-  aj^P'*, 
6j  =  flo»'*  -+-  2a,a'P'-f-  ajP'»; 

si  l'on  regarde  60,  6,,  6*  comme  définis  parées  formules,  on  a  identiquement, 

en  ao,  ai,  «2,  2^,  P,  î'',  P', 

6062-6?  =(aP'-a'P)2(«oa2-ar)- 

Celle  idenlilé,  aisée  à  vérifier,  sera  établie,  sous   une  forme  plus  générale, 
au  n"  293:  «o^s  —  <^i  est  un  invariant  de  la  forme  «o^^ -I- ^'^i^J' -f- <'^2jK*- 
La  notion  d'invariant  se  généralise  de  diverses  façons. 

273.  Supposons  qu'on  veuille  trouver  une  équation  ayant  pour  ra- 
cines les  carrés  des  racines  de  l'équation 

(l)  aox"^  -+-  aix"-^  -\-. . .-{-  a,i  =  o. 

Si  jKi  est  une  racine  de  l'équation  cherchée,  il  doit  y  avoir  une  ra- 
cine X,  de  l'équation  proposée,  telle  que  l'on  ait  /,  =  ^^  ;  il  suit  de 
là  que  les  deux  équations  en  x 


/(x)  =  o, 


yi 


X^  =  Q 


doivent  avoir  une  racine  commune  (x  =:  a?,)  ;  réciproquement,  si  ces 
deux  dernières  équations  ont  une  racine  commune  x,,  y,  est  certai- 
nement le  carré  d'une  racine  de  l'équation  cherchée;  d'où  la  conclu- 
sion suivante  : 

On  obtient  l'équation  en  y,  dont  les  racines  sont  les  carrés  des 
racines  de  l'équation  f(x)  =  o,  en  éliminant  x  entre  les  deux  équa- 
tions 

f{x)  =  o,        y  =  x^. 


(')  Conformément  ù  l'habitude,  j'ai  écrit  aa,,  26,  à  la   place  de  a,,  à,;  relative- 
ment à  cette  notation,  voir  l'Exercice  23. 


362 


CIIM'ITRK    XVI. 


L'élimination  se  fera  comme  il  a  été  expliqué  plus  haut.  On  cher- 
chera le  reste  de  la  division  àe  f[x)  par^r-  — jk;  pour  cela  on  rempla- 
cera dans  f{x)^  x-  pary.  Réunissons  dans  f{x)  les  termes  de  degré 
pair,  dont  je  représenterai  la  somme  par  ']j{.t-),  et  les  termes  de  degré 
impair,  dont  je  représenterai  la  somme  par  ^©(.z'-),  en  sorte  qu'on 
ait  identiquement  /(ip)  =  .ro(.2;2)  H- <|; (.27-)  ;  le  reste  cherché  sei-a 
x^{y)  -{-  ^{y).  Le  résultat  de  l'élimination  s'obtient  en  rempla- 
çant X  par  —  ±-I->   dans  l'équation  y^=x-\  l'équation  cherchée  est 

si  y  est  une  racine  de  cette  équation,  la  racine  de  l'équation  en  x 

dont  elle  est  le  carré  est  —     ,    ['  S'il  y  a  une  valeur  de  y  qui  annule 

o(j)  -^  ^   ^ 

à  la  fois  '^{y)  et  o{y)^  cette  valeur  est  une  racine  double  (au  moins) 
de  l'équation  enjj^;  pour  une  lelle  valeur  de  r  les  deux  équations 
(en  x)  f{x)  =  o,  X-  ^=y  ont  deux  racines  communes,  évidemment 
symétriques. 

Le  premier  membre  (changé  de  signe)  de  l'équation  en  y  peut 
évidemment  s'obtenir  en  multipliant  f[x)^=xo{x-)-\-'h{x-)  par 
/( — x)  =  —  .a7cp(.r-)  + 'l(.r-),  et  en  remplaçant  dans  le  résultat  x'^ 
par  y.  Je  laisse  au  lecteur  le  soin  de  retrouver  ce  résultat,  en  partant 
de  l'expression  de  f{x)  décomposée  en  facteurs  du  premier  degré 


274.  Élimination  par  les  fonctions  symétriques.  —  Soit  mainte- 
nant à  éliminer  x  entre  les  deux  écpialious  fix)  =  o,  gix)  =  o,  en 
supposant 

\  f{x)  =  x'»-\-piX'>^-^-^...-\-p,„, 
i    ^(37)  =  a7«  -H  gr,a7«-i  -4-.  .  .-+-  gr^; 

désignons  par.r,,.2727  •••5  ^«t  les  racines  de /(j?),  par)',,  )-2,  ...,y,i 
les  racines  de  g{x).  Dire  que  les  deux  polynômes  f  Gl  g  doivent 
avoir  une  racine  commune,  c'est  dire  que  l'un  des  nombres  /(y\), 
f{y-2),  ...,  firn),  ou  le  produit /(jK,)/(yo).../(jK«),  doit  être  nul; 
c'est  dire  aussi  que  l'un  des  nombres  g(Xi),  g{x.^^  . . .,  g(Xm),  ou  le 
produit  g(x,)  g(x.2)  ■  •  .g(Xm),  doit  être  nul;  la  condition  nécessaire 
et  suffisante  pour  que   les  deux  polynômes  f{x),   g{x)  aient  une 


ÉQUATrONS   ALGKBniOUES.  3<")3 

racine  comimme  s'exprime  donc  par  l'une  ou  l'autre  des  égalités 

/iyi)f(7^)---f(yn)  =o, 

11  est  aisé  de  vérifier  que  ces  deux  égalités  sont  équivalentes  :  si,  en 
elTet,  dans  l'identité  (en  x) 

f{x)   =  {x  —  Xi){x~Xi)...{x  —  X,n) 

on  remplace  successivement  x  parj^i^JK^?  •••^JK«  et  qu'on  multiplie 
tous  les  résultats,  on  voit  que  le  produit /(jKi)/(jK2)- • -/(jK//)  est  le 
produit  de  toutes  les  mn  différences  que  l'on  peut  obtenir  en  retran- 
chant d'une  quelconque  des  n  quantités  jKnjKa?  •••rJK«  l'une  quel- 
conque des  m  quantités  x^^  x^^  ...,.r,„;  on  représente  ce  produit 
par  le  symbole 

JJ(ry  — •^/)       («'=  i>2>  •••.  '^;  j  =  ^  ^-5  •••.  «)• 

Il  est  clair  que  le  produit  ^(^,  )  ^(^2). .  .o-(;r,„)  est  égal  au  produit 
des  mêmes  différences  toutes  changées  de  signe. 
Remarquons  que  les  égalités 

(2)    f{y^)f(y^)^■■f(yn)  =  W{yj-ori)^{-^)'nng{x^)g^ix^)...g{x„,) 

deviendraient  des  identités  en  a:,,  x^-,  ...,  ^,«,j>^(,  yo^  ••■lyn  si  l'on 
regardait  ces  lettres  comme  des  variables,  les  quantités  — /?,,  />o, 
—  yD:,,...,( — ^)"^Pm  commc  Ics  fonctions  symétriques  élémentaires 
de  Xi,  X2,  . . .,  x„i  et  —  ^, ,  q<>,  —  q^,  . . .,  ( —  i)"^«  comme  les  fonc- 
tions symétriques  élémentaires  de j'i, ^25  '•••,yn' 

Le  produil /(yt) /(yo)  '  •  '/(yn)  est  une  fonction  symétrique  en 
.r«)^25  •••5  J'«  qui?  si  on  la  développe,  a  évidemment  pour  coeffi- 
cients des  polynômes  en  /?,,  /?2,  • . .,  Pm  du  degré  n  (au  plus)  et  dont 
quelques-uns  sont  certainement  de  degré  /?  ;  ces  coefficients  multi- 
plient des  polynômes  symétriques  enyi,y2,  ...,ymi  lesquels  s'ex- 
priment en  fonction  entière  de  ^,,  q^-,  . . .,  qn',  le  produit  considéré 
s'exprime  donc  comme  un  polynôme  en  />,,  p^,  ..-, pm,  qi,  q-i-,  •••,  </«  : 
je  désignerai  ce  polynôme  par  Si. 


364  CHAPITRE   XVI. 

c'ft  est  de  degré  /i  en  /?,,  p^.,  . . .,  pni\  si  pour  le  calculer  on  s'était 
adressé  à  l'expression  ( — \)'^'^ g{x^) g{x2)- - -gixin)^  on  aurait  vu 
tout  aussi  bien  qu'il  est  de  degré  m  en  ^i ,  ^o,  •  •  •?  (]ii  (')• 

En  égalant  ^  à  o,  on  a  la  condition  nécessaire  et  suffisante  que 
doivent  vérifier  les  coefficients  des  polynômes  /  et  g  pour  que  ces 
deux  polynômes  aient  une  racine  commune;  l'équation  <îl  =  o  est  le 
résultat  de  l'élimination  de  x  entre  les  deux  équations 

f{x)  =  o,         g{x)  =  o. 

Tout  polynôme  «ï>  en  />i,  p^^  ....  /),„,  qi,  q^,  .-.,  qn  q"'  jouit  de  la  propriété 
de  s'annuler  pour  toutes  les  valeurs  de/),,  .  ..,  qni  telles  que  les  deux,  poly- 
nômes /(a?),  gi^x)  aient  une  racine  commune,  est  divisible  par  SK..  Le  poly- 
nôme *,  en  effet,  si  l'on  y  regarde  — /»),  />2,  —  Pzi  •  ■  •■>  —  Çii  Çij  —  Çfn-,  .  •  • , 
comme  les  fonctions  symétriques  élémentaires  des  variables  Xt,  ...,  x,,; 
d'une  part,  j'i,  .  ..,  y^  de  l'autre,  devient  un  polynôme  par  rapport  à  ces  va- 
riables qui  doit,  par  hypothèse,  s'annuler  toutes  les  fois  qu'une  des  premières 
variables  devient  égale  à  l'une  des  secondes;  il  est  donc  divisible  (n°  58)  par 
Il  (j'y  —  X,)  et  l'on  a  une  identité  en  Xj,  . . .,  ^p  de  la  forme 

^  =  fl(yj  —  Xi)^i{xi,  ...,  yn }  ; 

n(j'y  —  Xi)  est  comme  <ï>  une  fonction  symétrique  en  .î?i,  ...,a7,„  d'une  part, 
en  jKi,  y-2i  ■  •  M  y/)  de  l'autre;  il  en  est  de  même  de  4>i  qui  est  le  quotient  de  <l> 
par  II;  <ï>i  peut  donc  s'exprimer  comme  *  et  II  en  fonction  de  jOi,  ...,/>,„. 
qi,  ...,  qa',  l'égalité  précédente  était  une  identité  en  Xi,  ...,j'„;  elle  reste 
une  identité  en /)],  ...,q„,  puisqu'une  fonction  symétrique  entière  d'un  certain 
nombre  de  variables  ne  peut  s'exprimer  que  d'une  seule  façon  au  moyen  des 
fonctions  symétriques  élémentaires  de  ces  variables;  *  redevient  alors  le  po- 
lynôme donné,  Il  se  change  en  A^  la  proposition  est  démontrée.  Il  en  résulte, 
en  particulier,  que,  si  *  est  du  degré  n  en  pi,  p2,  ...,  /?/«,  du  degré  m  en  qi^ 
qii  •■•■,  Çni  *  est  identique  au  produit  de  cil  par  un  facteur  numérique. 

Restons  encore  au  point  de  vue  où  l'on  regarde  — /?i,  ...,  — qi'..,  comme 
les  fonctions  symétriques  élémentaires  des  variables  Xi,  ...,  x„i  et  jki,  •••,  yn-, 
en  sorte  que  les  égalités  (2)  soient  des  identités  par  rapport  à  ces  variables. 
Dans  ces  identités,  remplaçons  a^i,  . . .,  x^,  yi,  . . .,  yn  par  Xa^i,  Xx2,  . .  -,  Xar,,,, 
Xyi,  y^yi,  ...,  XjK«  ;  le  produit  II(jKy  —  ^i)  sera  multiplié  par  X'"";  il  devra  en 
être  de  même  de  SI  :  d'ailleurs  /)i,  p^,  . . .,  /),„,  g^i,  «721  •  •  ■■,  Çn  sont  remplacés 
par  X/)i,  Xï/>25  •••!  ^''^Pm,  Xg'i,X2^2.  •••,  X"^,,;  un  terme  quelconque  de  ^R, 

(')  La  inême  oonclusioii  se  voit  aussi  sur  l'expression /(j',)/(jk2)  .-• /(^'m)  con- 
sidérée comme  une  fonction  symétrique  de  j^,  y^i  •  ■  •>  ym-  ^^'e  est  évidemment 
d'ordre  m. 


ÉQUATIONS  ALGÉBRIQUES.  365 

est  multiplie  par  une  puissance  de  X,  dont  l'exposant  est 

ai  H-  2 aj  -4- . . . -f-  m  a,„  4-  ?i  -1-  2  Pj  -»- . .  . -i-  «  P„  ; 

pour  que  la  somme  de  tous  les  termes  soit,  quel  que  soit  À,  égale  à  X""' A,  il 
faut  évidemment  que  l'on  ait 

a,  -i-  2  aj  4-  .  .  .  -i-  //i  %,n  -^'^i-^'X^i-^..  .-r-  n^n  —  W«- 

I^e  premier  membre  de  cette  égalité  est  ce  qu'on  appelle  le  poids  du  terme 
considéré;  ainsi,  dans  ^,  tous  les  termes  sont  de  même  poids,  égal  à  mn; 
c'est  le  degré  de  l\{yj  —  Xi)  quand  on  regarde  Xi^x-i^  ...,  ^/«,  J^i,72,  •••,^« 
comme  des  variables. 

Exemple.  —  Le  résultat  de  l'élimination  de  x  entre  les  éciualions 

p 
x^  -\-px  -^  q  =  o,         a?^  -t-  ^  =  o 

est,  en  désignant  par  j'i,  j'a  les  deux  racines  de  la  seconde  équation, 

^^  {y\yiY-^  py\y%(  y\-^  y\)-^q(.y\-^  yl)-^  p''y\yt-^  pq{y\-^y%)-^  q''\ 

on  a  d'ailleurs 
et,  par  suite, 

,^  =  i- vi  -^  -+-  V  ^-  7-  =  — -^ ' 

27  ()  3  27 

En  supposant  qu'on  ait  \ p"^ -\- y- q""-  =  o,  les  doux  équations  ont  comme  so- 
lution commune 

Iq 
X  = -' 

?.p 

Les  condilions  nécessaires  et  suffisantes  pour  que  les  deux  poly- 
nômes/(.r)  et  ^(.r)  aient  au  moins  deux  racines  communes,  s'obtien- 
dront en  adjoignant  à  la  condition  ,?A.=  o,  la  condition  exprimant  que 
la  somme  des  produits  n  —  i  à  //  —  i  des  n  quantités  f{y{)^ 
f{y-i)i  •  •  "I  /{fil)  est  nulle  :  cette  condition  est  nécessaire,  car,  s'il  y 
a  deux  des  racines  de  g{x)  qui  annulent  f{x),  tous  les  termes  de 
cette  somme  sont  nuls;  jointe  à  <îJl  ^  o,  cette  condition  est  suffisante; 


366  CHAPITUK    XVI. 

en  effet,  à  cause  de  <'R  =  o,  il  faut  que  l'un  des  nombres  f{y\),  •* 
f{y-i)i  •  •  -i  f{yn)  soit  nul;  si  le  dernier,  par  exemple,  est  nul,  tous  les 
termes  de  la  somme,  sauf/(y,), /(jKo),  -  •  •,  f{yn-i)i  sont  nuls;  pour 
que  la  somme  soit  nulle,  il  faut  donc  que  l'un  des  nombres  y,,  y 2^  ..., 
yn-\  annule  f{x).  Si  l'on  voulait  que  les  deux  polynômes /(x),  g{x) 
eussent  trois  racines  communes,  il  faudrait,  en  outre,  que  la  somme 
de  tous  les  produits  n  —  2  à  /«  —  2  des  n  nombres/(j'j), /(j^a)?  •  •  •■> 
/{y»)  fiassent  nuls,  etc.  11  est  à  peine  utile  de  dire  que  la  somme  des 
produits  n  —  i  à  n  —  i  ou  n  —  2  a  n — 2,  ...,  sont  des  fonctions 
symétriques  de  j^,,jo,  ...,JK«  et  s'expriment  au  moyen  de  q^^q.^^  ...^qa- 
J'ai  supposé,  dans  ce  qui  précède,  que  les  coefficients  des  plus 
hautes  puissances  de  x  dans/ et  dans  g  étaient  égaux  à  l'unité.  Con- 
sidérons, au  lieu  des  deux  polynômes /et  «•,  les  deux  polynômes 

G(a7)  =  6o.r"  H-  èi^"-'  -H. .  .-1-  6„, 

dont  je  désignerai  encore  les  racines  respectives  par  x^ ,  x.^^  . .  .,  Xm  et 
y^^y-i-,  •■•:y>i-  Posons 

ai  «î  a,n 

•  •  •}  Pm=  } 

«0 

bn 

■■■'      i''=Tr/ 

il  est  clair  que  l'égalité  ^  =  o  est  encore  la  condition  nécessaire  et 

suffisante   pour  que  les  deux  polynômes  F  et    G  aient  une   racine 

commune. 

En  remplaçant  respectivement  dans  <R,  qui  est  un  polynôme  en/»,, 

p-2i  •  •  •?  P/n  du  degré  n,  un  polynôme  en  ^,,  q2,  ■  • .,  qn  du  degré  /;?, 

1  -Il  a,      a9  a„i        by     b^  b„  1  ,•      ^ 

les  variables  par  — .  —,  •••,  — et  7-?  -r-,  •••,  j-,  on  obtient  une 

expression  rationnelle  en  «o,  «i,  . . .,  a„i  et  6,,  6,,  62,  . . .,  bn-,  homo- 
gène par  rapport  aux  variables  du  premier  groupe  et  aux  variables  du 
second  groupe;  un  monôme  en  /?,,  yOo,  . . .,  p,u  qui,  par  rapport  à  ces 
variables,  est  du  degré  /i,  est  remplacé  par  un  monôme  en  a,,  «o^  — 
a,n  divisé  par  a„  ;  de  même,  un  monôme  en  ^,,  q.,,  ...,  q„  qui,  pîn' 
rapport  à  ces  variables,  est  du  degré  ni  est  remplacé  par  un  monôme 


p-â,' 

""-â. 

*1 

1 


ÉQUATIONS   ALUÉBKIQt'ES.  867 

eu  ^,,  b.>,  . . .,  0,t  divisé  par  b'^'  ;  il  résulte  de  là  que  R  —  cR «„/>(,"  est 
un  polynôme  homogène  en  «oi  «m  •  •  ••  ««*  du  degré  n  par  rapport  à 
ces  variables,  un  polynôme  homogène  en  6,,,  6,,  . . .,  b„  du  degré  Wi 
par  rapport  à  ces  variables.  11  y  a  dans  R  des  termes  qui  ne 
contiennent  pas  eflectivement  rto,  d'autres  qui  ne  contiennent  pas 
ellectivement  6„. 

Le  polynôme  R  en  «„,  a,,  ...,  «,„,  ^o?  ^m  •••?  ^//  défini  par  les 
égalités 

K  =  ca«'j6-  =  6;"  I<0-i)F(72)...F(j'„)  =  (-0'»"<G(.r,)G(:rj)  ...G(:r,„j, 

où  il  est  bien  entendu  que,  dans  le  troisième  membre,  les  fonctions 
symétriques  de  yi,jK25  •••?y«  doivent  être  remplacées  parleurs  expres- 
sions au  moyen  de 

bi  b^  ba 

cl  ([ue,  dans  le  quatrième  membre,  les  fonctions  symétriques  de  x^^ 
x->t  •  •  '1  Xni  doi\entétre  remplacées  par  leurs  expressions  au  moyen  de 

«i  «■)  a  ,11 

est  ce  qu'on  appelle  le  résultant  des  deux  polynômes  F  et  G. 

L'égalité  R  =:  o  est  la  relation  qui  doit  exister  entre  les  coefficients 
des  polynômes  F  et  G  pour  que  ces  polynômes  aient  une  racine  com- 
mune lorsqu'on  suppose  «oj  ^o  dilïerents  de  o. 

Lorsque  a„  est  nul  sans  que  6o  le  soit,  il  est  clair  que  la  valeur  de  R 
est  donnée  par  l'expression 

oii  F,  désigne  maintenant  le  polynôme 

Fi  =  «,  a;'"-»  -f-  «2  37'"-*-+-. . .-+-«/« 

et  où,  dans  le  second  membre,  les  fonctions  symétriques  de  jKi» 
^,,  ...,  y,i  doivent  toujours  être  remplacées  par  leurs  expressions 
en  </,,  q-i,  . . .,  f/n',  or,  l'expression 

K.  =  6;"-»F.0',)F,l7,j...F,(j„) 


368  CHAPITRE    XVI. 

n'est  autre  chose,  d'après  la  théorie  générale,  que  le  résultant  des  deux 
polynômes  F,  (^)  et  Ct{x);  c'est  un  polynôme  en  a,,  a^,  ...,  «/«,  bo, 
Z>,,  ...,  bfi.  Lorsqu'on  y  fait  a<,=  o,  R  se  réduit  à  6oR)  ;  la  condi- 
tion R,  =  o,  en  supposant  que  60  ne  soit  pas  nul,  est  la  condition 
nécessaire  et  suffisante  pour  que  F,  et  G  aient  une  racine  commune. 
D'où  la  conclusion  suivante  : 

La  condition  R=:o  est  une  condition  nécessaire  pour  que  les 
deux  équations  F  =  o,  0  =  0  aient  une  racine  commune  ;  si  R  est 
nul,  on  peut  ajlfirmer  ou  que  ces  deux  équations  ont  une  racine 
commune,  ou  que  Von  a  à  la  fois  «0=0,  60=  o  :  dans  ce  dernier 
cas,  en  employant  la  terminologie  expliquée  au  n°  239,  on  peut 
dire  que  les  deux  équations  ont  une  racine  commune,  finie  ou 
infinie. 

De  ce  que  tout  polynôme  du  degré  n  en  /)i,  /)2,  ...,/>,„,  du  degré  ni 
en  qi,  . . .,  qn,  qui  s'annule  lorsque  les  deux  équations/(ar)  =  o,  g{x)  =  o  ont 
une  racine  commune,  ne  peut  différer  de  èR  que  par  un  facteur  numérique,  il 
suit  immédiatement  que  tout  polynôme  homogène  en  ay,  aj,  ...,  a,,»  et  du 
degré  n  par  rapport  à  ces  variables,  homogène  en  bi,  b^,  ...,  6„  et  du 
degré  m  par  rapport  à  ces  variables,  qui  s'annule  lorsque  F{x)  et  G(x)  ont 
une  racine  commune,  ne  peut  différer  de  R  que  par  un  facteur  numérique.  Tels 
sont,  par  exemple,  les  déterminants  de  Sylvester  et  de  Bézout,  que  l'on  a 
appris  à  former  aux  n"^  167,  168,  169  et  dont  la  nullité  exprime  que  les  deux 
polynômes  F{x)  et  G{x)  ont  un  diviseur  commun. 


27o.   On  désigne  sous  le  nom  de  discriminant  du  polynôme 

f(x)  =  aoX'"-h  Uix'''-^-^-.  .  .-H  a„i—  ao{x  —  xi){x  —  x^). .  .(x  —  x„i) 

le  résultant,  divisé  par  a^,  de  ce  polynçme  et  de  sa  dérivée;  en  vertu 
des  identités 

f'{Xi)  =  ao{Xi  —  Xi){Xi  —  X:i)...(Xi—X,n), 

on  reconnaît  de    suite  que    le  produit  /'(x,)/'(j:;2)  ••  •/^(•2^m)   est 


égal  à  ( —  i)      -      «o"-^?  en  désignant  par  A  le  produit  des    carrés  des 
différences  des  racines   de  l'équation  f{x)  :=  o.  Le  résultant  R  des 


ÉQUATIONS  ALGÉBKIQLKS.  869 

deux  polynômes /et/'  défini  comme  plus  haut  est,  d'ailleurs, 

R  =  (-!)'«('«-«)<«-' /'(a7,)/'(^2).../'(^/„) 
»«(/w  — Il 

=  (/«ao)"'/(r.  )/(72) . . .  /00«-.  )  ; 

en  désij;nant  parj-),jKi5  ••••.JK/«_(  les  racines  de  la  dérivée /(x). 
Ces  formules  peuvent   servir  à   calculer  A;    si,    par  exemple,   on 

suppose 

f{x)  —  a^x^-^  3ai  J72-H  ia-iX  -+■  «3, 

on  aura 

f'{x)  —  3{aQX--\--i.aiX-^ai)^ 

et  l'on  doit,  en  désignant  par  j^,,  y-,^  les  racines  de  ce  dernier  poly- 
nôme, calculer/(jK,  )/(y2)  :  on  a,  d'ailleurs, 

a(iX'^-\-  àuix^-^  iUîX  -+-  as 

X  /  (t'i\  «o«2  —  <^i  rto«3 —  a,  a, 

=  (iioX^-h  laix  -H  a^)  [  x  -^ +  '■* ^  H ^ 

\  «0/  «0  «0 

et,  par  suite, 

\  /•/       x        /    «o«î— «1         ,    «o«.i— «i«2\/    «laa— «1  «o«3  — «i«î\ 

'^•^^•^'^=  r — â, — -^''^       ^7;^      )  V — ^^^''^  — â, — ) 

.(iioai — a-.y  a^  {a^a, —  aj  )  (aoaj  —  a,  «2)  2ai        («««ï— «'«2»* 

=  4 i '-i  • i 1 7, — - — 

_  (ao«3— «i«2)*— 4(«o«2— «1  )(«i«;i— «2) 
d'où,  enfin  (  '), 

A  = ^fao«s— «1«2)*—  4(«u«2— «î)(«i«2— «1)J- 

Cette  quantité  A  est  intéressante;  tout  d'abord,  la  condition  A  =  o 


(')  On  voit,  sur  cet  exemple,  que  K  contient  a„  en  facteur.  Il  en  est  ainsi  en 
général,  et  le  discriminant  de/{x)  est  un  polynôme  en  «„,  a,,  ...,  a,„.  Désignons  en 
effet  par  /!c,  f'i  les  dérivées  partielles,  où  l'on  a  fait  t  =  i,  du  polynôme  /{x,t) 
déduit  de  /{x)  en  le  rendant  homogène.  L'identité  m  /{x)  =x/^-Jr/i  permet  de 
montrer  que  H  est  égal  au  résultant  des  deux  polynômes  (eni;)  /^  cl  f't,  multiplié 
par  m^~"'a^. 

T.  -  II.  3. 


370  CHAPITRK   XVI. 

est,  en  général,  la  condition  nécessaire  et  suffisante  pour  que  l'équa- 
tion f{x)  =  o  ait  une  racine  multiple.  Dans  le  cas  d'une  équation 
du  troisième  degré,  il  suffit  de  se  reporter  aux  expressions  du  pre- 
mier degré  en  y^^  y2,  que  l'on  a  substituées  à  f{y\),  /(jKa)?  pour 
reconnaître  que  la  racine  double,  si  A  est  nul,  ne  peut  être  que 

i{a\ — aoa2) 

Je  laisse  au  lecteur  le  soin  de  reconnaître  que  si  l'on  avait  à  la 
fois  A  =  o,  ao«2 — a^=o,  l'équation  proposée  aurait  une  racine 
triple. 

Dans  ce  même  cas  d'une  équation  du  troisième  degré,  si  l'on  suppose 
que  les  coefficients  «oj  <^i5  «25  «3  sont  réels,  la  condition  A  >»  o  est  la 
condition  nécessaire  et  suffisante  pour  que  l'équation  proposée  ait  ses 
trois  racines  réelles.  En  effet,  si  tout  d'abord  les  racines  a:,,  x-y^  x-^ 
sont  réelles,  il  est  clair  que  A  est  positif;  la  condition  A  >»  o  est 
nécessaire.  Si  les  racines  ne  sont  pas  toutes  réelles,  il  j  en  a  une 
réelle  et  deux  imaginaires,  puisqu'il  j  a  toujours  un  nombre  pair  de  ra- 
cines imaginaires  quand  les  coefficients  sont  réels  (n°  1 14).  Soient  Xi 
la  racine  réelle,  x.^  et  .273  les  racines  imaginaires,  forcément  conju- 
guées :  les  difTérences  x^  — .Xo,  x,  —  x^  sont  imaginaires  conjuguées; 
leur  produit,  égal  au  carré  de  leur  valeur  absolue,  est  positif;  il  en 
est  de  même  de  (;r,  —  x^Y  (^i  —  ^3)^;  d'ailleurs  x-i  —  x^  est  pure- 
ment imaginaire  ;  son  carré  est  négatif,  A  est  donc  négatif.  Si  A  est 
positif,  il  ne  peut  j  avoir  de  racines  imaginaires  ;  la  condition  A  >  o 
est  donc  suffisante. 

276.  Transformation  des  équations.  —  Étant  données  une  équa- 
tion du  degré  n 

y(a:)  =  «0^"-!-  aiX"-^-\-. .  .-1-  a„  =  o 

et  une  fraction  rationnelle  |- — -?  dont  je  supposerai  qu'elle  est  irré- 
ductible et  que  son  déterminant  '^{x)  est  premier  à/(x),  on  propose 
de  former  une  équation  dont  les  racines  soient  les  quantités 


ÉQUATIONS   ALGKIUUQLi:   .  Sjl 

o(.r] 


(lue  Ton  olilleiit  en   remplaçant,   dans   '   '     >  x  par  les  racines  x 


I 


.r-j,  . . .,  J?«  de  l'équation  /{^)  =  o. 

On  a  traité,  aux  n"^  2G8,  ...,  271,  quelques  cas  particuliers  de  ce 
|)roblènie  général. 

L'équation  cherchée  est,  en  désignant  l'inconnue  par  y, 

ou,  en  multipliant  par  'l{Xi  )  '^'(^a)  • . .  '^{-^ii)-)  ^ui  n'est  pas  nul, 

['^{^i)r  -  ?(-^i)J  [^{^î)r  -  ?(-^2)j  . . .  [^{oc.,)y  -  9(^„)]  =  o. 

Le  premier  membre  est  manifestement  une  fonction  symétrique 
entière  de  o:,,  x-,^  •••5  x,t\  c'est  donc  un  polynôme  F(jk)  du 
degré  /i,  dont  les  coefficients  peuvent  s'exprimer  en  fonction  eatière 

de  — >  —7  •  ••»  — •  Si  l'on  se  reporte  à  la  théorie  de  Téliuiinalion,  on 
«0    «0  "0 

voit  (jue  l'équation  F(jk)  =  t)  n'est  autre  chose  que  le  résuUat  de 
l'élimination  de  x  entre  les  deux  équations 

/(x)  =  o,         ^{x)y—^{x)  =  o\ 

c'est  ce  qu'il  était  aisé  de  prévoir  d'après  la  définition  même  de  Téli- 
unnation  :  si,  en  efiet,  on  désigne  par  y^  une  racine  de  l'équation 

cherchée,  jKi  doit  être  la  valeur  que  prend  ~ — -  pour  une  des  racines  j:-, 

de  l'équation  /(x)  =  o,  en  sorte  que  celte  dernière  équation  et 
l'équation  <!/(x)jk,  —  'f  (^)  =  o  doivent  avoir  la  racine  commune  x^  ; 
en  d'autres  termes,  y,  doit  être  une  des  racines  de  l'équation 
(en  y)  obtenue  en  éliminant  x  entre  les  deux  équations  /(x)  =  0, 
•^{x)y  —  '^(^)  =  o.  Inversement,  si  jk,  est  une  racine  de  l'équation 
«n  y  obtenue  par  l'élimination  qu'on  vient  de  dire,  les  deux  équa- 
tions en  x^  f{^)  =  Oj  ^{^')yi  —  'f  (•^)  ^^  o  ont  une  racine  commune; 
si  l'on  désigne  cette  racine  commune  par  r,,  on  voit  que  jKi  doit  être 
égal  à  la  valeur  que  prend  l'expression  '  quand  on  y  remplace  x 
par  a;,. 

Toutefois,  ce  dernier  raisonnement   ne  montre   pas  comment  se 
correspondent  les   racines   multiples   des    deux    équations  f{x)  ■=^  o 


37'2  CHAPITRE    XVI. 

,  et  F(^)  =  o  :  celte  correspondance  va  résulter  clairement  du  premier 
point  de  vue  auquel  on  s'est  placé. 

Si  l'on  pose,  en  général,  y^  =  't.^^l  (k  =  i,  2,  ...,  /i),  il  est  clair 
que  l'équation  F(r)  =:  o  aura  exactement  autant  de  racines  égales 
àyk  qu'il  y  aura  de  racines  de  l'équation /(.r)  =  o  donnant  à  ^- —  la 
même  valeur  que  x^;  si,  parmi  les  racines ^7,,  .2:25  ■  ■  ■■,  ^n  ^^f{^)i  ilj 
en  a  p  qui  fassent  acquérir  à  j- — -  la  valeur  jka,  l'équation  F(y)  =  o 
admettra  jK/f  pour  racine  z^''^'";  cette  conclusion  s'applique,  d'ailleurs, 
que  les  racines  :r,,  x-,,  ...,  Xa  qui  font  acquérir  la  valeur  j'a  à  ^7-— : 
soient  égales  ou  inégales  ('). 

Bornons-nous,  désormais,  au  cas  où  les  racines  :ri,  x-,^  ...,  Xk  de 
l'équation  proposée  sont  inégales.  Si  jj  de  ces  racines  font  acquérir 

à  )  .'      la  valeur  y^^  les  deux  équations  en  o:, 

f{x)  =  o,        yj,<^{x)—^{x), 

ont  p  racines  communes,  le  plus  grand  commun  diviseur  des  deu\ 
premiers  membres  est  du  degré  />,  et,  si  Ton  a  pu  calculer  y^,  on 
obtiendra  les  p  racines  communes  en  égalant  à  o  le  plus  grand 
commun  diviseur  et  en  résolvant  l'équation  ainsi  obtenue. 

Si,    en    particulier,    il    n'y   a   qu'une    seule   racine  .r^  de  l'équa- 

lion  f{x)  =  o  qui  fasse  acquérir  à  V','    .  la  valeur  y/^,  le  plus  grand 

commun  diviseur  sera  du  premier  degré,  ses  coefficients  s'exprime- 
ront rationnellement  au  moyen  des  coefficients  des  deux  équa- 
tions (n"  72);  il  en  sera  de  même  de  x^,  qui  sera,  par  conséquent,  de 

la  forme  ^7^'  en  désignant  par  ^{y),  ^V{y)  deux  polynômes  dont 


(')  Dans  le  cas  étudié  plus  haut,  où  l'on  avait 

deux  valeuis  inécales  de  x  ne  pouvaient  faire  acquérir  à  -^, — -  la  même  valeur,  il 

n'en    est    plus    de    même,   lorsque  l'un  des  deux  polynômes  »  et  4'    est   d'uu    degré 
supérieur  à  i. 


KQUATIONS  ALGÉBRIQIES.  SjS 

les  coefficients  seront  composés  rationnellement  an  moyen  des  coeffi- 
cients àe  f[x)^  de  •\{x)  et  de  o[x). 

Pour  obtenir  ces  polynômes  ^{y)  et  ^(y),  on  effectue  les  opéra- 
tions du  plus  grand  commun  diviseur  sur  les  deux  polynômes  en  a*, 
\f{x)  el  y^{x)  —  'f(^),  en  laissant  y  indéterminé,  et  l'on  s'arrête 
quand  on  est  parvenu  à  un  reste  du  premier  degré  en  .x\  ce  reste  est 
précisément  ^(y)x  —  ^'(j);  il  n'y  a  pas  à  craindre  qu'il  s'annule 
identiquement  pour  y=zyk^  c'est-à-dire  que  ^{y)  et  W(y)  soient 
divisibles  \iAT y — yk-,  puisque,  s'il  en  était  ainsi,  les  deux  équations 
auraient  au  moins  deux  racines  communes. 

Supposons  qu'on  ait  résolu  l'équation  F(jk)  =  o;  quel  parti  peut-on 
en  tirer  pour  la  résolution  de  l'équation  f{x)  =  o,  dont  je  continue 
à  supposer  que  toutes  les  racines  sont  simples? 

A  une  racine  simple  yk  de  l'équation  F(jk)  =  o,  correspond  une 
seule    racine    Xk    de    l'équation   f{Jo)  =  o,    qui    sera    précisément 

x/(=  „   •  ^   •  Si  toutes  les  racines  de  l'équation  F(y)  =  o  sont  simples, 

on  obtiendra  toutes  les  racines  de  l'équation /(^)  =  o  en  remplaçant, 

^(  y) 
dans      '      ,  y  par  les  racines  yi,  y-2,  . . .,  JKm  de  l'équation  F(jk)  ^  o. 

A  une  racine  y»"!*'*,  y^,  de  l'équation  F  (y)  =  o  correspondent/?  ra- 
cines de  l'équation /(^)  =  o,  que  l'on  obtient  par  la  résolution  d'upe 
équation  du  degré  p.  Si  l'on  avait  p  =  n,  en  sorte  que  /(y)  fût  la 
puissance  n'*""®  de  r — y/i-,  le  plus  grand  commun  diviseur  entre y*(x) 
ety/t'!^(x')  —  'f  (^)  serait  f{x);  la  résolution  de  l'équation  F(y)  =  o 
n'avancerait  en  rien  la  résolution  de  l'équation /(j?)  =  o. 

Etant  donnée  l'équation  en  x,  f{x)  =  o,  de  degré  n,  former  l'équa- 
tion en  y  dont  les  racines  sont  les  valeurs  que  prend  ^ — r  quand  on 
y  remplace  x  par  les  racines  de  f{x)\  c'est  ce  qu'on  appelle  faire,  sur 
l'équation  f(^x)^=o^  la  transformation  rationnelle  ^  =  ^ — -'  On 
suppose  '\{x)  premier  à  /(x). 

Celte  Iransfoniialion  peutêiie  remplacée  par  une  transformation  entière 
y  =  g(_x),  où  g{x)  est  un  polynôme  de  degré  inférieur  à  n;  on  va  montrer, 
en  elTet,  qu'il  existe  un  tel  polynôme  g{x)   qui,  lorsqu'on  y  remplace  x  par 

les  racines  Xi,  x^,  . . . ,  x^  de  f{x),  prend  les  mêmes  valeurs  que  —- — ■  • 

Les  polynômes  ^{x)  et /{x)  étant  premiers  entre  eux,  on  peut  (n"82)  dé- 
terminer deux  polynômes  A,  B,  tels  que  l'on  ail  idenliquemcnl  A^  -h  B/=  i  ; 


374  niAPiTiu-:  xvi. 

on  aura,  d'ailleurs, 

<f(a-)  _  A«p  _      Acp 

d'oii  il  résulte  que,  pour  les  valeurs  de  cr  qui  annulent /(r),  on 


Si  maintenant  on  désigne  par  ^(ar)  le  reste  de  la  division  de  A<p  par/,  il 
est  clair  que  le  polynôme  g{x),  de  degré  inférieur  au  degré  de/(j7),  prendra 
les  mêmes  valeurs  que  A«p  pour  les  valeurs  de  x  qui  annulent/;  la  transfor- 
mation y  =  g{.r)  est  équivalente  à  la  transformation  y  =   [-^—i  elle  conduira 

à  la  même  équation  en  y. 

L'équationy(a7)  =  o  étant  donnée,  il  peut  y  avoir  intérêt  à  faire  sur  elle  la 
transformation  générale^^  =  ffix),  où  g{x)  est  un  polynôme  de  degré  n  —  i 
à  coefficients  indéterminés, 

ff{x)  ■=  aoari-i  -l-aia"»-2  -H.  ,  .^-a„_,, 

et  à  déterminer,  s'il  est  possible,  les  coefficients  de  façon  à  obtenir  une  équa- 
tion enjKpIi's  simple  que  l'équation  donnée  en  x.  Si  l'on  peut  résoudre  la 
transformée  en  jk,  ^  [y)  =  o,  on  a  vu  plus  haut  comment  cette  résolution  sert 
à  la  résolution  de  l'équation  proposée.  Si,  en  particulier,  l'équation  F(j)')  =  o 
n'a  que   des  racines  simples,  chaque  racine  de  l'équation /(.r)  peut  s'obtenir 

rationnelle    en  y,   fraction    que   l'on    peut,    d'ailleurs,    ainsi   qu'on    vient    de 
l'expliquer,  remplacer  aussi  par  un  polynôme  G(^),  de  degré  inférieur  à  n. 
Les  coefficients  de 

^ {y )  =  [y  -  g i^i)\[y  - gi^i)]-  -  -[y -  gi^n'^] 

sont  des  polynômes  homogènes  en  %q,  aj,  ...,  a„_i  ;  on  voit  de  suite  que  le 
coefficient  de  ^"-^"  est  un  polynôme  du  degré  k  en  a©,  aj,  .. .,  a,,-!,  dont  les 
coefficients  sont  des  fonctions  symétriques  entières  en  a^i,  x.^^  . . .,  ar„  et  s'ex- 
priment ainsi  en  fonction  des  coefficients  à&f{x). 

Si,  en  particulier,  on  veut  faire  disparaître  le  terme  en  y'^''^  et  le  terme 
cn.y'1-^^  on  obtiendra  entre  «o,  «i,  ...,  a.,--i  deux  équations  qui  seront  l'une 
du  premier  degré,  l'autre  du  second;  on  pourra  donc,  par  des  opérations  élé- 
mentaires, trouver  des  valeurs  de  ao,  a,,  ...,  a„_i  qui  répondent  à  la  question  : 
en  général,  «  —  2  de  ces  coefficients  resteront  arbitraires. 

Le  lecteur  peut,  par  exemple,  appliquer  celte  méthode  en  supposant /(ir) 
du  troisième  degré;  la  transformation  ^  =  a?^ -f- a  a; -f- ^,  en  choisissant  con- 
venablement  a  et    ^,  conduira  à    une    équation   de  la   forme   j^*-i-A  =  o;  la 


EQUATIONS    ALGEBRIQUES. 


résolution  de  l'équation /(j? 
lion  ^3  H-  A  =  o  ('). 


3-5 

o)  est  alors  ramenée  à  la  résolution  de  l'équa- 


277.  Le  problème  que  l'on  a  traité  dans  le  numéro  précédent  peut  être  géné- 
ralisé. 

Considérons  une  fonction  rationnelle 


?(^ 


-p) 


4'('3l.^2, 


dont  les  deux,  termes  sont  des  polynômes  en  «i,  Sj,  ...,  Zp  et  supposons  que 
le  dénominateur  ne  s'annule  pas  quand  on  y  remplace  «i,  Zt,  ...,  Zp  par  p 
des  racines  Xi,  Xi,  ...,  x„  de  l'équalion  donnée/(a:)  =  o,  rangées  d'une  façon 
quelconque.  On  peut  se  proposer  de  former  une  équation  en  ^  dont  les  racines 
soient  les  valeurs  que  prend  la  fraction  précédente  quand  on  y  remplace  Z|, 
Sj,  . .  .,  Zp,  par /j  des  racines  de  l'équation  f{x)  =  o. 

Supposons   qu'on  ait  formé   les  n{n  —  i)...(n — />-Hi)   arrangements   des 

n  racines  arj,  x^,  . . .,  x„,  p  à  p,  et  qu'on  remplace  dans  la  fraction  -^  les  va- 
riables ^i,  Zi,  ...,  Zp  respectivement  par  les  nombres  qui  figurent  dans  ces 
n{n  —  i)...(n — /)^-I) arrangements;  on  obtiendrait  ainsi  les  n(n.  —  i)...(n—p-hi) 
racines  de  l'équation  en  y.  Le  premier  membre  de  celte  équation  est  donc  le 
produit  de  facteurs  binômes  de  la  forme 


J'(ara.,-ra,,   •  •  • ,  ^a,,)r  —  ?C^a, ,  ^a,: 


^a^), 


où  X(Xii  a^a,,  .•■,  Xx,^  forment  un  arrangement  p  k  p  des  n  racines  Xi, 
Xi,  ...,  XnC^);  l'ensemble  de  tous  ces  facteurs,  et  leur  produit,  ne  changent 
pas  quand  on  effectue  une  permutation  quelconque  sur  les  racines,  puisqu'une 
telle  permutation  ne  modifie  pas  l'ensemble  des  arrangements  p  à  p.  Le  pro- 
duit de  ces  facteurs  sera  donc  un  polynôme  en  y,  du  degré 


n{n  —  i). .  .(n 


0, 


dont   les  coefficients  sont  des  polynômes   symétriques   en  a*],  0:^21  •••■,^11  et 
s'expiimeronl  donc  rationnellement  au  moyen  des  coefficients  de /(x). 

Il  peut  arriver,  soit  en  vertu  d'une  certaine  symétrie  des  fonctions  cp,  '\i  par 
rapporta  quelques-unes  des  variables  Zj,  Zf,  ...,  Zp,  soit  en  vertu  des  valeurs 
spéciales  des  racines  de /(a,'),  que  le  premier  membre  de  l'équation  en  y  soit 


(')  L'élimlniUion  ilc  x  entre  les  deux  équalions/(  j;)  =:  o,  x--\-cix  -h  p  —y  =  0  s« 
fait  simplement  par  la  méthode  du  n°  ÎG7;  on  pourra  se  borner  au  cas  où  /(x)  est 
de  la  forme  x^-h  px  -\-  q. 

(')  On  peut,  si  on  le  préfère,  dire  que  les  indices  a,,  ot.^,  ....  a  forment  un  arran- 
gement/? kp  des  n  numéros  i,  2,  ...,  n. 


376  CHAPITRE    XVI. 

une  puissance  /•'*'"'  exacte,  parce  que  les  n{n  —  i)...(n — />-<-i)  arrange- 
ments se  partagent  en  groupes  de  r  termes,  chaque  arrangement  d'un  même 

groupe  fournissant  la    même  valeur  de  la  fraction  rationnelle  -- •  L'étude  des 

cas  où  cette  circonstance  se  pioduit  et  du  parti  qu'on  peut  en  tirer  pour  la 
résolution  de  l'équation /(a?)  =  o  constitue  un  des  Chapitres  les  plus  impor- 
tants delà  théorie  de  la  résolution  algébrique  des  équations,  théorie  qui  est 
en  dehors  du  cadre  de  ce  Livre. 

Supposons  que  la  fraction  rationnelle  se  réduise  à  un  polynôme  à  deux  va- 
riables co(3i,32);  l'équation  en  jk  sera,  en  général,  du  degré  n{n  —  \).  Si  le 
polynôme  cp(^i,  z^)  est  symétrique  en  5,,  z^^  à  chaque  racine  «f(37a,,  Xa..)  cor- 
respondra une  racine  égale  ^{xo>.,  x^^)^  et  l'on  voit  de  suite  que  le  premier 
membre   de  l'équation  en  y  est  la    racine   carrée  d'un    polynôme    de   degré 

n{n  —  1  )     . ,  •    .    , ,  ,        •     , .  , 
— ;  il  est  aise  d  obtenir  directement  ce  polynôme. 

Pour  cela  on  n'aura  qu'à  faire  le  produit  des  facteurs  de  la  forme 

/  N  1)1-  1  1         «  (  '^  —  0 

y  —  ^{xa,^1  X(x,j  que  1  on  obtient  en  remplaçant  a:"a,,  Xix^  par  les  com- 
binaisons  deux  à   deux  des  n  quantités  Xi,  x^,   ...,Xn',    l'ensemble   de   ces 

n(n—  1)  ,  .      .  , ,  ,   ,    ,  .  , 

; combinaisons   n  étant   pas  altère    par  une   permutation   quelconque 

oiïectuée  sur  les  n  lettres  Xi,  x-i^  . . . ,  a7„,  le  produit  ne  sera  pas  non  plus  altéré 

par  une  telle  permutation  :  ce  sera  un  polynôme  en  y,  du  degré  — -^ -, 

dont  les  coefficients,    fonctions  symétriques  de  a^i,  a72,  ...,  a" ,,,  s'exprimeront 

rationnellement  au  moyen  des  coefficients  de/"  (r).  Le  produit  des  — ^^ 

facteurs  de  la  forme  jk  —  çC-^ap  ^aj  sera  le  premier  membre  de  l'équation 
cherchée. 

Celle-ci  sera  particulièrement  aisée  à  former  quand  l'équation  proposée 
f{x)  =  o  est  du  troisième  degré  ;  la  fonction  ©(a?,,  a^j),  symétrique  en  a^j,  x^,, 
peut,  en  effet,  s'exprimer  au  moyen  des  coefficients  du  polynôme  du  second 

degré  — et,  par  suite,  s'exprimer  en  fonction  entière  de  X3.  En  d'autres 

X  Xz 

termes,  il  y  a  un  polynôme  en  x^  ^{x)  tel  que  l'on  ait 

tp(a7i,  a^i)  =  0(3-3), 

l'équation  cherchée  sera 

[y  -^{x,)\[y  -%{x,)]{y  -^(x,)]  =  o; 

en  d'autres  termes,  la  transformation  considérée  reviendra  à  faire  la  transfor- 
mation _/  =  6  {x). 

Par  exemple,  les  équations  qui  ont  pour  racines  les  sommes  ou  les  produits 


ÉQUATIONS  ALGÉBRIQUES.  877 

de  deux  racines  de  l'équation  x^  -\- px  -h  q  =  o  s'obtiennent  en  remplaçant 
dans  cette  équation  x  par  — ^  ou  par  —  —  •  l'"ormons  pour  cette  même  équa- 
tion, dont  je  désignerai  par  a,  b,  c  les  racines,  l'équation  qui  a  ponr  racines 
les  quantités  (b  —  c)-,  (c  —  a)^,  (a  —  by.  On  a 

^  a 

'i.q  _       a^ -k-iap  —  o.q  _  '\q  —  ap 


Cette  expression  suppose  a  différent  de  o.  On  obtiendra  des  expressions 
analogues  pour  (c — a)^.  {a  —  6)^,  en  supposant  qu'aucune  des  racines  ne 
soit  nulle,  c'est-à-dire  que  q  soit  différent  de  o;  l'équation  cherchée  en  j   a 

pour   racines  les  valeurs  que  prend  — ^ ^-—  quand  on  y]  remplace  x   par  a, 

b,  c;  on  l'obtient  en  faisant  sur  l'équation  x^-{- px  -\-  qr  =  o  la  transformation 

'iq  —  px      .. 
y  =  -^ — ;  elle  est 

ou,  en  divisant  par  q,  chassant  les  dénominateurs  et  ordonnant, 

j'  -+-  6py^  -+-  gp'^y  -+-  4/^*  -+-  27  g^^  =  o  ; 

si  l'on  savait  résoudre  cette  équation,  on    n'aurait,  pour  avoir  les  racines   de 
l'équation  proposée,  qu'à  en    substituer  les  racines  jki,  JK21  ^3  dans   l'expres- 
se 
sion  '—  • 

En  appelant  toujours  a,  6,  c  les  racines  de  l'équation  x^-^-px-hp  =  0,  le 
lecteur  reconnaîtra  sans  peine  que,  si  l'on  fait  sur  les  expressions 

ab^  -+-  bc^ H-  ca2,     a-b  +  b-c  -h  c-a 

toutes    les    permutations    possibles,    elles    se    reproduisent  toutes    deux,    ou 
s'échangent;  les  coefficients  de  l'équation  du  second  degré 

(y  —  ab^—  bc- —  ca^)(y  —  a-b  —  b-c  —  c^a)  =  o 

sont  des  fonctions  symétriques  entières  de  a^  b,  c;  elles  s'expriment  aisément 
au  moyen  de/),  q. 

Si  l'équation /(a?)  =  o  est  du  quatrième  degré,  et  si  l'on  en  désigne  par  a, 
b,  c,  d  les  racines,  les  trois  quantités 

ab  -h  cd,     ad  -+■  bc,     ac  ■+-  bd 


3-8  CHAPITRE    XVI. 

se  reproduiront,  dans  leur  ensemble,  par  les  vingt-quatre  permutations  des 
lettres  a,  6,  c,  d  :  on  a  appris  à  former,  au  moyen  des  coefficients  de  f  {x)y 
les  coefficients  de  l'équation  du  troisième  degré  dont  les  racines  sont  ab-^cd^ 
ad  -f-  bc,  ac->rbd{  n"  266  ). 


278.  Équations  réciproques.  —  Revenons  aux  transformations  qui  portent 
sur  une  seule  racine,  pour  en  faire  l'application  aux  équations  réciproques 
n'admettant  ni  la  racine  r,  ni  la  racine  —  i,  qui,  par  conséquent,  sont  de  degré 
pair  et  dans  lesquelles  les  coefficients  à  égale  distance  des  extrêmes  sont  égaux. 

(n"270). 
Soit 

f{x)  =  aoa72«-i-a,a72«-i  -f-  a^x^"'^  -i-. .  .-h  a^x^ -^  aix  -h  ao  =  o 

une  telle  équation;  à  chaque  racine  Xi  correspond  une  racine  inverse  — ;  en 

d'autres  termes,  les  2n  racines  de/(a7)  peuvent  être  rangées  sur  deux  lignes 
telles  que  les  suivantes  : 

Xi,        Xi,         ...,       Xn, 


Jj'expression  x  -\ ,  quand  on  y  remplace  x  par  les  in  racines,  ne  prend 

que  71  valeurs  distinctes,  car  la  substitution  de  x^  ou  de  —  à  ^  donnent  évi- 
demment les  mêmes  résultats.  Si  donc  on  faisait  sur  l'équation  f{x)  =  o  la 
transformation  y  =  x -{ >  on  obtiendrait    une  équation  du  degré  an  dont 

les  racines  seraient  égales  deux  par  deux;  son  premier  membre  serait  un 
carré  parfait,  comme  on  le  voit  de  suite  en  se  reportante  la  décomposition  en 
facteurs;  ce  serait  le  carré  du  polynôme 

F  (y)  =  (y  —yi){y  —fi) . .  .(r  -  yn), 

en  posant,  pour  abréger, 

71=^1+—'  J2  =  -^2-^— '  •••'  ya  =  ^n+—' 

"^  Xi  Xi  X,i 

On  va  montrer  tout  à  l'heure  comment  on  peut  obtenir  les  coefficients  de 
F(j)  en  fonction  rationnelle  de  a^,  «i,  ,..,  «„.  Observons  que,  lorsqu'on 
aura  formé  le  polynôme  F(jk),  la  résolution  de  l'équation  /{x^  —  o,  du 
degré  1.11,  sera  ramenée  à  la  résolution  de  l'équation  F(^)  =  o  du  degré  n,  et 


EQUATIONS  ALGÉBRIQUES.  879 

(les  n  équations  du  second  degré 


I 

I 

en  efTet, 

réquation 

^^^=^'-^^ 

I 


par  exemple,    a    pour   racines  a^j  et  —  •  On  voit  ici  apparaître  la  propriété 

a'i 

essentielle  du  polynôme  F(j')  :  quand  on  y  remplace  y   par  x -\ >  les  fac- 
teurs du  premier  degré  qui  le  composaient  se  mettent  sous  la  forme 

X  X  ' 

il  se  met  lui-même  sous  la  forme  >  en  désignant  par  g(x)  un  polynôme 

de  degré  in  qui  n'est  autre  chose  que  —  /(^),  comme   il  résulte  de  suite  de 

la  décomposition  de/(.r)  en    facteurs   du   premier  degré.  On  a  donc  identi- 
quement en  X 

lorsque,  dans  le  premier  membre,  on  remplace  j'  par  a:  H • 

Je  vais  montrer  comment  ou  peut  former  ce  polynôme  F(j'). 
Oa  a 


±/ix)  =  ao(xn^±^-i-a,  (x" 

-+-  «2  (  x"-^  H )  -l- ,  .  .  -4-  a,,-i 


I 

I 

a? -H  - 

X 

D'un  autre  côté,  il  est  aisé  de  former  un  polynôme  tw.  y  qui  se  change  iden- 
tiquement tn  xP  -\ quand  on  y  remplace  j'  par  x  -\ —  • 

Si,  en  effet,  on  regarde  y  comme  étant  mis  simplement,  pour  abréger,  à  la 
place  de  07  H >  l'équation  du  second  degré  en  2, 

^*  —  yz  -\-\  =  o, 

aura  pour   racines  x  tX.  —\  xp  -\ sera  la  somme  des  o''^'""  puissances  de  ses 

'  x'  XP  r  V 


38o  CHAPITRE    XVI. 

racines;  elle  s'exprimera  en  fonction  entière  des  coefficients  de  l'équation  du 
second  degré,  c'est-à-dire  en  fonction  entière  de  y,  ce  sera  un  polynôme 
en  y,  désignons-le  par  V;,;  les  formules  de  Newton,  pour  ce  cas,  montrent 
que  l'on  a 

V/,+2  — V/,+,7  +  Vp  =  o; 

c'est,  d'ailleurs,  ce  qu'il  est  aisé  de  reconnaître  directement  en  se  reportant  à 
la  définition  de  \p  :  cette  relation,  en  y  regardant  Vq  comme  égal  à  2,  Vi  comme 
égal  à  y,  permet  de  calculer  successivement 

V2=JK2  —  2,  Vs^JK^-S^,  Vi=JK''-4r^-f-2, 

On  reconnaît  de  suite,  par  induction,  que  V,,  est  un  polynôme  en  7  du 
degré  p,  commençant  par  yP,  à  coefficients  entiers,  dans  lequel  tous  les 
termes  sont  de  même  parité. 

Quant  au  polynôme  cherché  F (j'),  il  est  évidemment  donné  par  la 
formule 

«oF(j)  =  ao  V„  ■+-  ai  V„_i  -h. .  .+  a„_i  Yi -f- a„. 


279.  Équations  binômes.  —  Considérons  l'équation  binôme  x''—  i  =  o,  en 
nous  bornant  au  cas  où  r  =  vl/i  -+- 1  est  un  nombre  impair;  en  supprimant  la 
racine  i,  on  voit  que  les  a/i  racines  imaginaires  de  l'unité  (n"  100)  sont  ra- 
cines de  l'équation 

372«  -+.  a72ra-l  -1-  .  .  .  _}_  a;  _}_  ,   =0. 

En  appliquant  la  méthode  précédente,  on  en  ramènera  la  résolution  à  1% 
résolution  de  l'équation  du  n'"""  degré  en  y, 

V„  -f-  V„_,  -^ . . .  -f-  V,  -t-  I  =  o, 

et  à  la  résolution  de  n  équations  du  second  degré.  On  a  vu  au  n"  100  que 
les  2rt  racines  imaginaires  z-''^'""  de  l'unité  s'obtiennent  en  donnant  à  /{  les 
valeurs  1,2,  ...,  n  dans  les  expressions 


en  sorte  que  les  n  racines  de  l'équation  en  y  s'obtiendront  en    donnant  à  k 
les  valeurs   1,2,  ...,  «  dans  l'expression 


yk  =  xk  -\ =  2  cos 

Xi- 


7.kTZ 


ÉQUATIONS   ALGÉBRIQUES.  38 1 

Inversement,    la    résolution    de    l'équation    en  y   fournit    les    valeurs    de 
cos  — — ^  >   celle  de   l'équation   en  x  fournit,   outre  ces   valeurs,  celles  de 

2  rt  -f-  I 

ikT. 
sin  • 

in  -\-  I 

Pour  /•  =  3,  /i  =  I,  les  équations  en  a;  et  en  jk  sont  respectivement 
a;* -+- 37  H- I  =  o,        j -f- I  =  o. 

La  seconde   équation  montre  que   l'on  a   cos  —  =  —  -  >  les  racines  de  la 
première  sont 

—  I  -h  t  l/i  2  TT  .     .       2  Tt 

a  =  —  =  cos  -  -  -i-  «  sin  —-  > 

2  3  3 

—  I  —  /  «/'î                   2  7:  .    .      IT.  f 
a*  =  =  cos  —. i  sin  -—  =  -  • 

2  3  3a 

Supposons    mainlenanl    qu'on    prenne    /•  =  5,    «  =  2;    on     a     à    résoudre 

l'équation 

37^  -+-  a?3  -+-  37^  -i-  ar  -H  I  =  o, 

et,  pour  cela,  à  résoudre  l'équation 

Vî-i- Vi-i-i=j2_^7-t-i  =o; 


les  deux  racines  de  cette  équation  sont 


/^ 


;   elles  doivent  être  égales 


à2cos-Tp,  2cos''-;  c'est  évidemment  la    racine    positive    qui    est  égale   à 
5  5 

2-  , 

2  cos  ^-  ;   on  a  donc 


2TC 

y\  —  1  cos  -7- 


sjl 


4^ 

y. 2,  =  2  cos  -j-  = 


-vTs 


Pour  achever,  on  doit  résoudre  les  équations 

x^ — yiX-hi  =  o,         x^ — j2  ^ -*- I  =  o, 
la  première  a  pour  racines 


_  yi±  \Jy\  —  4  _  jKi  ±  Is/k  —  y\  _  —  »  -t-  v^^  _j_  •  v/10  +  2  v/5  ^ 

~~  •!.  2  4  4 


Ces  deux  racines  doivent  coïncider  avec  xx  et  — j  c'est-à-dire  avec 

^1 


2  71      ,      .     .       2  7: 
cos  —r-  ±  l  SUl  — :—  1 
3  3 


382  CIIAIMTUE    XVI. 

la  distinction  se   fait  de  suite  en  considérant  le  sif'ne  des  coefficients  de   i: 


on  a 


■2  TC  .     .       -2  -T  I-i-  1/5  .  V   I  O  -f-  >.  \/'i 

Xi  =  COS  — h-  l  Sin  -—    =    ; 'r-  l  ; 

554  4 


v/5        .  v  I  o  -H  '2  \/ô 


et  de  même,  en  résolvant  la  seconde  équation  du  second  degré, 
471    ...     ait        —i  —  \/: 


I  4TC  .     .         |7t 

—  —  cos  -; i  sin  — r-  = 

Xi  0  J 


v/,o 

— 

.v/5 

4 

v',o 

— 

■>.  v/5 

On  connaît  donc 


•2  Tt         .     3  Tt        V  1 0  -I-  J!  v/a 

sin  -:-  =  sin  — -  =   ; ; 

3  5  4 


i  -71  .  TT  V   1 0  ■!  v/5 

—  =  Sin    -    = 

554 


c'est-à-dire  les  demi-côtés  des  deux  pentagones  réguliers  inscrits  dans  le 
cercle  de  rayon  1  ;  les  valeurs  de  cos  -7-  et  de  cos  -  fournissent  les  apothèmes 
•de  ces  polygones.  De  même  les  relations 


3  71         .     -.1  t: 
cos  —  =  sin  -^  , 


(Î-T. 

/  71  î  TT  \  71  .47^ 

—     =  cos  —    =  sin  -—  , 

\2  5  /  10  5 

I 


'tt        2  7r\  .     Zt.  -xt. 

sin  ( —  )  =  sin  —  =  cos  -r- 


71  4  TT  \  .77  4  t: 

Sin  I -^  )  =  sin  —  =  cos  -r-, 

•i.  0   /  10  a 

•dans  lesquelles  on  connaît  les  valeurs  des  troisièmes  membres,  fournissent  res- 
pectivement les  apothèmes  et  les  côtés  des  deux  décagones. 

280.  Équation  du  troisième  degré.  —  On  a  vu  que  la  résolution  d'une 
■équation  du  troisième  degré  pouvait  toujours  se  ramener  à  la  résolution  d'une 
équation  de  la  forme 

•(1)  x^-\-  px  -i-  q  —  o, 


ÉQUATIONS  ALGÉBRIQUES.  383 

OÙ  p  Cl  q  sont  des  nombres  réels  ou  imaginaires.  En  remplaçant  dans  celle 
équation  x  par  ^  -\-  z,  on  obtient  de  suite  l'équation 

(2)  jr3^z3-i-q-h{3j^z-i-p){y  -h  z)  =  o. 

Pour  que  la  somme  de  deux  nombres  y,  z  soit  racine  de  l'équation  (i),  il 
faut  et  il  suffit  que  ces  deux  nombres  vérifient  l'équation  (2);  assujettissons 
les  deux  nombres^,  z  à  vérifier  l'équation 

<3)  3^z-+-p  =  o; 

il  faut  et  il  suffit,  pour  que  leur  somme  soit  une  racine  de  (1),  qu'ils  vérifient 
en  outre  l'équation 

(3)  ^3h_^.-.+  ^  =  o. 

Réciproquement  à  chaque  racine  de  l'équation  (i)  correspond  un  syslènje  de 
deux  nombres  dont  la  somme  est  égale  à  cette  racine  et  dont  le  produit  est 

égal  à  —  r^y  qui  par  conséquent  vérifient  la  seconde  équation  (3). 

Si  donc  on  résout  les  deux  équations  (3)  par  rapport  à  ^  et  à  z  et  si  l'on 
ajoule  deux  valeurs  correspondantes  de  7- et  de  z,  on  obtiendra  une  racine  de 
l'équation  (1)  et  chaque  racine  de  l'équation  (i)  pourra  être  obtenue  de  cette 
façon. 

On  tire  de  la  première  équation  (3)  3  = —  -^  >  et  en  portant  dans  la  seconde 
équation  (3)  on  obtient  l'équation 

ou 

(4)  r^-H^j'^-H  (— iy=o, 

qui  est  du  sixième  degré,  mais  seulement  du  second  degré  en^*. 

En  portant  une  racine  quelconque  de  cette  équation  (4)  dans^;'  —  ~  ,  on 
obtiendra  une  racine  de  l'équation  (i);  réciproquement  toute  racine  de  l'équa- 
tion (1)  peut  s'obtenir  en  remplaçant,  dansj' —  ^,  y  par  quelque  racine  de 

1  équation  (4). 

L'équation  (4)  étant  du  sixième  degré,  il  semble  qu'on  doive  trouver  pour 

y  —  7,—   six  valeurs,    et   par  suite   six    racines  pour  l'équation   du  troisième 

degré.  Qu'on  ne  trouve  effectivement  que  trois  valeurs  distinctes,  c'est  ce  qui 
résulte,  en  gros,  de  ce  que  les  deux  équations  (3)  ne  changent  pas  lorsqu'on 
_v  échange   les  lettres  y   et   s;   de  ce  que,  par  conséquent,  l'équation  (4)  ne 


384  CHAPITRE    XVI. 

change  pas  quand  on  y  change  y  en  —  .;p-  ;   c'est  ce  que  le  raisonnement  qui 

suit  va  d'ailleurs  montrer  d'une  façon  précise. 

L'équation  (4),  regardée  comme  une  équation  du  second  degré  en^*,  donne 
deu\  valeurs  pour^*,  à  savoir 


IX  racines  carrées 


dans  ces  deux  expressions,  1  /  4-  -+-  77  désigne  l'une  des  deu^ 

de  ^^ — h— 5  choisie   arbitrairement   :    il   est  naturel,  lorsque  cette  dernière 

4         27 
quantité  est  réelle  et  positive,  de  regarder  le  radical  comme  ayant  la  signifi- 
cation arithmétique. 

Dans  tous  les  cas,  ce  radical  doit  être  regardé  comme  conservant  la  même 
signification,  une  fois  choisie,  dans  toutes  les  formules  où  il  figure.  Le  produit 

p3         /        p\» 
deji  par 7^  est  égal  à  —  =^  =  (  —  j  1  • 


Désignons  par  y^  l'une  des  trois  racines  cubiques  de  —  1  "^  1  /  /   "^  ,'> 

si  cette  dernière  quantité  est  réelle,  il  sera  naturel  de  choisir  pour  j'j  la  racine 
cubique  réelle;  si  elle  est  imaginaire,  on  choisira  la  racine  cubique  que  l'on 
voudra;  puisque  l'on  a 

P""     _  l P^ 

l'une  des  trois  racines  cubiques  d 


•^'  27  jï        V       3^1 


y\ 


V    4        -i-l 


sera  égale  à  —  -—-;  c'est  celle-là  que  je  désignerai  par  72;  lorsque  /?,  q  sont 

^y\ 

réels,  que  ^  -+-  —  est  positif,  que    l'on  a  choisi    pour  yx  la    racine    cubique 

4        '-*7 
réelle  àç.  y\,  y^  est  aussi  la  racine  cubique  réelle  de^;^!- 

„    .          .                           —  I  -(-  i  v3  , ,  ,  .  ,  .  .         .      .         j 

Soit  maintenant  a  =  —  1  une  des  racines  cubiques  imaginaires  de 

l'unité;    l'autre    racine    cubique    de     l'unité,    conjuguée    de    celle-là,     sera 

i 
vement  (11"  99) 


«2=  —  ;  les   trois   racines   cubiques   de  y\   et  de  y\  sont  respect 


•3-yu    a^ji,   yt-,    «72,    «^.r-. 


ÉQl  ATIONS   ALGÉBRIQUES.  'i85 

telles  sont  les  six  racines  de  l'équation  (4);  en  portant  ces  six  valeurs  dans 

P  -  j  P 

y — ^ — >  on  trouve,  a  cause  de  ^)  jKî  =  — t' 
i  y  j 


^y\ 


p  2t- » 

Les  trois  derniers  résultats  ne  sont  pas  distincts  des  trois  premiers;  les  trois 
racines  de  l'équation  (  i)  sont 


3",= 

II 

^.n 

=.ri 

-^ji, 

X.2  = 

p 

P 

=  ^  ji 

-+-  7.'^  y 

1 

7.-y 

3a2ji 

—  ^-j' 

■^^y-i 

en 

posant 
.71  = 

^- 

yt^ 

-\A'- 

V 

V    4        -^j 


ces  deux  racines  cubiques   étant  choisies  de  laçon  que  leur  produit  soit  égal 

Les  expressions  qui  figurent  dans  les   seconds   membres    des    formules  qui 
fournissent  les  trois  racines  sont  plus  avantageuses  pour  le  calcul  numérique 

que  celles  qui  figurent  dans  les  troisièmes;  le  calcul  de  _;Ki — "T^  '  par  exemple, 

i  Yi 

n'exige  qu'une  extraction   de  racine  cubique;  le  calcul  de  y\-r- yt  en  deman- 
derait deux. 

Cherchons  la  condition  pour  que  deux  racines,  X\  et  x^  par  exemple,  soient 
égales;  on  doit  avoir  alors  ^j -t-J'î  =  «/iH-^^Jîi  ou,  successivement, 

j,  =  — (i-i-a)^2=  ^Vî'      y\=y\' 


386  CHAPITRE    XVI. 

et,  par  conséquent 


^  -1-  -^  =  o; 


on  arriverait  à   la   même  conclusion  en  écrivant  que    x^  est  égal  à  X3  ou  x^ 

à  X3.  C'est  un  résultat  que  l'on  connaissait  déjà. 

Arrêtons-nous  un  instant  sur  le  cas  où  p  el  (/  sont  réels. 

(/'        p^ 
Il  y  a  alors  trois  cas  à  distinguer,  suivant  que H  —  est  positif,  nul,  ou 

négatif. 

Dans  le  premier  cas,  y'\,  y\  sont  réels  et  distincts;  il  en  est  de  même,  d'après 
les  conventions  que  l'on  a  faites,  de  y\,  yi\  x^  est  rée\,x^  et  x^  sont  des  ima- 
ginaires conjuguées,  puisque  a  et  a-  sont  des  imaginaires  conjuguées.  On 
reconnaît  de  suite  que,  dans  ce  cas,  le  coefficient  de  i  ne  peut  être  nul  ni 
dans  x-i  ni  dans  3-3. 

Dans  le  second  cas,  y\,  y\  sont  égaux,  on  a 

Xi^iy,         372  =  a73  =  (a  +  a2jjKi  =  — J'i. 

Dans  le  troisième  cas,  r\,  y\  sont  des  imaginaires  conjuguées;  on  ne  sait 
pas,  par  des  opérations  élémentaires,  extraire  leurs  racines  cubiques,  en  sorte 
que  les  expressions  trouvées  pour  a?,,  x^,  .7-3  sont  impropres  au  calcul  numé- 
rique. On  remarquera  que,  dans  ce  cas,  p  est  certainement  négatif,  car,  autre- 
£2  p^ 

i 
on  l'a  prescrit,  sont  des  imaginaires  conjuguées. 

Il  suffit  de  prouver  pour  cela  que  le  produit  yxy^  ou  — -Ç  est  égal  au  carré 

de  la  valeur  absolue  de  l'un  ou  l'autre  fadeur;  or  le  carré  de  la  valeur  absolue 

de  jf ,  ou  de  y\,  est 


'iAsJ-'i-€- 


p 


le  carré  de  la  valeur  absolue  de  ^1  ou  de  jks  est  donc  —  ~ 

Les  nombres ^1  et  y^  étant  conjugués,  il  en  est  de  même  des  nombres  a>'i, 
a^jKî,  et  des  nombres  cL'^y^^  a.y-i  :  Xi,  x-^,  a?.-,  sont  réels. 

Pour  les  calculer  numériquement  on  pourra  procéder  comme  il  suit  : 
En  posant 

(  5  )  —  i-  z=  r  cos  co,  t  /  —  ^  —  —  =  /•  si  n  w, 


(6,  .  =  /-! 


q 

cosco  = i- 

■i.r 


KQIATIONS    AUiÉBRIQl  KS.  ^87 

à  cause  de  la  seronde  formule  (5),  sinto  doit  être  positif;  on  ciioisira  pour  w 
la  valeur  comprise  entre  o  et  ir  que  détermine  la  seconde  équation  (G);  et  l'on 
aura  ensuite  à  résoudre  l'équation 

y'^  =  r  (costo  -H  t  sinw), 

dont  les  trois  racines  sont  (  n"  99) 

3/-  /  w         .    .     to  \  . 

yi  =  y''  I  cos  -  -4-  i  sin  -  l, 

^ri=  Vf  (cos — 

3 /-    /  tù  -h  l\ 

a2j-,  =  \/r     cos  :;- 


S 


c'est  d'ailleurs  arbitrairement  qu'on  a  choisi  l'expression  de  ^1  ;  les  valeurs 
de  ^2,  a-^2,  a^i  sont  respertivement  conjuguées  de  celles-là,  et  l'on  a  fina- 
lement 

:,/-  CO 

.ri=  2  v^z-cos  -, 

3/-  a»  -I-  -2  TT 

Xi  =  2  /''COS 


=  .Vr 


3 

CO  -f-  4iT 


i 

Le  calcul  se  fera  aisément  au  moyen  des  Tables  trigonométriques. 

281.  Équatiou  du  quatrième  degré.  —  La  résolution  d'une  équation  du 
quatrième  degré 

{7)  x'*-+- A.x'^+- ïix^-+- Cx-i- D  —  o 

se    ramène   aiséujent  à    la    résolution   d'une    équation    du   troisième  degré  et 
d'équations  du  second  degré. 

Les  deux  premiers  termes  peuvent  être  regardés  comme  les  deux  premiers 

termes  du  carré  de  x^ ->, x,  en  sorte  que  l'équation  proposée  peut  s'écrire, 

en  désignant  par  X  un  nombre  qu'on  se  réserve  de  déterminer  plus  tard, 

lx3-^-x-hXy={-i\  —  B)xi^(M  —  C)x-^li—D. 

Déterminons  X  de  façon  que  le  second  membre  soit  un  carré  parfait,  c'est- 
à-dire  par  l'équation  du  troisième  degré 

<8)  (AX  — Gj2— 4(2X  — B)(X2- D)  =  o. 


388  CHAPITRE    XVI. 

Nous  regarderons,  dans  ce  qui  suit,  X  comme  une  racine  de  cette  équation, 
d'ailleurs  arbitrairement  choisie;  l'équation  du  quatrième  degré  pourra  alors 
s'écrire 

A  .  \2      ,    ,        ..     /  AÀ  — C\2 


(  372  -4-  —  a-  -i-  X  I    =  (-il  —  B  )  (  : 


;  À  —  B  /    ' 

celle-ci  se  décompose  en  deux  équations  du  second  degré,  savoir 


A         ,         ,     ^- ;^  /         AX-G' 


La  résolution  de  ces  deux  équations  fournira  les  quatre  racines  de  l'équa- 
tion (7).  Malgré  l'intérêt  qu'offre  l'étude  approfondie  de  celte  méthode  de 
résolution,  je  ne  m'y  arrêterai  pas. 

On  doit  à  Abel  d'avoir  montré  que  si  l'on  considère  une  équation  générale 
du  /i''"'"'*  degré  _/( 37)  =  o,  c'est-à-dire  une  équation  dans  laquelle  les  coefficients 
sont  arbitraires,  on  ne  peut  pas  la  résoudre  par  radicaux,  dés  que /i  dépasse  4  ; 
on  entend  par  là  qu'il  est  impossible  de  constituer  une  chaine  d'équations 
binômes,  en  nombre  fini 

37^»  =  A , ,  xi'^  =  A,,  xV-  ^k-i, 

dans  lesquelles  Ai  s  exprimerait  rationnellement  au  moyen  des  coeffi- 
cients de/(a:-),  A2  au  moyen  de  ces  coefficients  et  des  racines  de  la  première 
équation  binôme,  A3  au  moyen  de  ces  mêmes  coefficients  et  des  racines  des 
deux  premières  équations  binômes,  etc.,  telles  enfin  que  les  racines  de  l'équa- 
tion proposée  s'exprimassent  rationnellement  au  moyen  des  coefficients  de  cette 
équation  et  des  racines  des  équations  binômes. 

Pour  l'équation  x^^  px  -\-  q  ^=  ^^^  cette  chaîne  d'équations  binômes  est  for- 
mée par  les  équations 

-=(!M'    .--!--. 

011  z'  est  une  racine  de  l'équation  en  z\  les  racines  de  l'équation  proposée 
s'expriment  rationnellement  au  moyen  des  racines  de  l'équation  en  y. 


282.  Résolution  des  équations  simultanées.  —  Deux  équations 

(I)  f{x,y)^o,         ^(a-,  jK)  =  o, 

étant  données,  où  les  premiers  membres  sont  des  polynômes  en  x^y^ 
la  résolution  de  ces  équations  peut  être  ramenée  à  la  résolution 
d'équations  à  une  inconnue. 


ÉQIATIONS    ALGÉBRIQUES.  889 

Soit  J7oi  y»  une  solution  de  ces  deux  équations;  les  deux  équa- 
tions en  ^ 

ont  une  racine  commune  y  =  j^q  ;  réciproquement,  si  x^  est  un 
nombre  tel  que  les  deux  équations  précédentes  en  )^  aient  une  racine 
commune  j^o?  il  est  clair  que  le  système  Xo,  jKo  constituera  une  solu- 
tion des  équations  proposées. 

D'où  la  marche  suivante  : 

On  éliminera  l'une  des  inconnues,  y  par  exemple,  entre  les  deux 
équations  (i);  on  parviendra  ainsi  à  une  équation 

(3)  R(.r)  =  o, 

dont  les  racines  seront  précisément  les  nombi*es  x,,  telles  que  les 
équations  (2),  en  y,  aient  une  racine  commune  au  moins.  L'équa- 
tion (3)  étant  résolue  et  Xo  étant  une  de  ses  racines,  les  deux  poly- 
nômes, en  i',  /'(^Tq,  y)  et  g{x,t,  y)  auront  un  plus  grand  commun 
diviseur;  en  égalant  ce  plus  grand  commun  diviseur  à  o,  on  formera 
une  équation  dont  les  diverses  racines  seront  les  valeurs  de  y  que 
l'on  peut  associer  à  Xq  pour  avoir  une  solution  des  équations  propo- 
sées. Dans  le  cas  où  les  deux  équations 

n'ont  qu'une  racine  commune,  le  plus  grand  commun  diviseur  sera 
du  premier  degré;  à  la  racine  a?,,  de  l'équation  résultante  R(.r)  =  o, 
on  ne  pourra  associer  qu'une  seule  valeur  )^o  de  y^  laquelle  s'expri- 
mera rationnellement  au  moyen  de  Xo  et  des  données. 

Supposons  que/(ir,  ^),  g{x,  y)  soient  les  polynômes  généraux  (avec  des 
coefficients  littéraux,  qu'on  laissera  arbitraires),  l'un  du  degré  n  ^n  x,  y, 
l'autre  du  degré/?;  en  les  ordonnant  par  rapport  à  y,  on  les  mettra  sous  la 
forme 

/ix,y)  =  Ao  V"  -+-  \iy"-^  ^...-r-  A„. 
g(x,y)^Bc,yi>^  B.j'/'-' -+-...--  B„; 

Ao,  Al,  ...,  A„  d'une  part,  Bq.  B,,  ...,  B,,  d'autre  part,  sont  des  polynômes 
en  X  dont  les  degrés  respectifs  sont  marqués  par  les  indices  correspondants. 
Ao  et  Bq,  en  particulier,  sont  des  constantes. 

Le  résultant  R(a"),  obtenu  en  éliminant^,  est  une  somme  de  monômes  de  la 


SgO  CHAPITRE   XVI. 

forme 

KAa..Aa,...Aa,-B^.....B5p, 

OÙ  K  est  un  coefficient  numérique;  tous  ces  monômes  sont  du  poids  np 
(n"274).  Tel  est  le  degré  de  R(a?)(').  En  donnant  des  valeurs  numériques 
aux  coefficients  A<t  f{x^ y^^  g{x,y),  ce  degré  pourra  s'abaisser.  Pour  chaque 
racine  Xq  de  R(a7),  les  deux  polynômes  en  y^  fixo^  y),  gix^^^  y),  ont.  en  gé- 
néral, une  racine  commune  jKq  et  une  seule  :  l'ensemble  des  deux  nombres  a^o, 
j'o "Constitue  une  solution  des  deux  équations 

f(x,y)^o,         g(x,y}  =  o, 

qui  ont,  par  conséquent,  np  solutions,  en  général. 

Lexamen  des  cas  particuliers,  et  de  la  façon  dont  il  taut  entendre  ce  théo- 
rème :  Deux  équations  des  degrés  respectifs  n.  p  ont  np  solutions,  est  en 
dehors  du  cadre  de  ce  Livre.  Je  me  borne  à  signaler  quelques-unes  des  diffi- 
cultés qu'en  présente  la  démonstration  :  il  y  a  d'abord  lieu  d'examiner  le  cas 
où  le  degré  de  R(a7)  s'abaisse  au-dessous  de  np,  et  où  l'on  dit  que  les  deux 
équations  ont  des  solutions  infinies,  ce  qui  demande  à  être  précisé.  Ensuite,  il 
peut  arriver  qu'à  une  racine a^o  de  R(.?)  correspondent  plusieurs  racines  com- 
munes des  deux  équations  (en  jk) 

On  démontre  alors  que,  s'il  y  a  r  racines  communes  à  ces  deux  équations, 
iPo  est  une  racine  multiple  de  R(a:),  d'ordre  de  multiplicité  /-.  Enfin,  il  y  a 
encore  lieu  de  tenir  compte  de  l'ordre  de  multiplicité  de  certaines  solutions, 
si  l'on  veut  que  le  théorème  reste  exact;  cela  ne  va  pas  sans  difficulté  :  en 
effet,  si  pour  une  équation  à  une  inconnue  F(a7)  =  o,  dont  le  premier  membre 
est  un  polynôme,  la  signification  des  mots  racine  multiple,  ordre  de  multi- 
plicité, a  pu  être  précisée,  on  n'a  nullement  expliqué  ce  qu'il  fallait  entendre 
par  ceux-ci  :  une  solution  multiple  des  équations /(a?,  y)  =  o,  g{x^y)^=  o. 

Je  me  borne  relativement  à  ce  sujet  à  quelques  indications  très  rapides, 
sur  une  méthode  qui  d'ailleurs  offre  un  assez  grand  intérêt  théorique,  et  qui 
a,  en  géométrie  analytique,  d'intéressantes  applications. 

Désignons  par/(a;,  jk),  ^(^.JK)  des  polynômes  en  ir,  7,  dont  on  suppose 
maintenant  qu'ils  aient  des  coefficients  numériques. 


(')  On  reconnaît  sans  peine  que  le  coefficienl  de  x'^\'   n'est  autre  cliose  que  le  ré- 
sultant des  deux  polynômes  en  y 

*,i  .K''  -t-  *i  y  '  +  •  •  •  -i-  6^» 

ei>  désignant  en  général  par  a^,  b^  les  coefficients  de  x'^  dans  A„,  B^^. 


ÉQUATIONS    ALGÉRRIQl  ES.  Sgi 

Sup|)0!Jons  qu'on  élimine  cr,  y  entre  les  trois  équations 

(4)  /(•^,y)  =  o,         ff(a-,y)  =  n,        y  =  ux -h  v, 
ce  qui  revient  à  éliminer  x  entre  les  équations 

(5)  /{a:,  ux -+- v)  =  o,         g(x,ux-hv)  =  o. 
On  obtient  ainsi  une  équation 

(6)  c'a  (M,  v)  =  o. 

Soit  3:0,  yo  u"«i  solution  des  équations  /=  0,^  =  0;   les  équations  (4)  seront 
vérifiées,  quel  que  soit  u,  si  l'on  prend 


x  =  x^, 


y=yo, 


:  Vo  —  UXt,: 


il  suit  de  là  que  l'équation  (6)  sera  vérifiée,  quel  que  soit  m,  lorsqu'on  y  rem- 
place f  par^o — «^0,  pourvu  que  Xq,  yo  constituent  une  solution  des  équa- 
tions /=  o,  ^^  =  o.  En  d'autres  termes,  dans  ces  conditions,  le  polynôme 
.•A(m,  r),  qui  devient  identiquement  nul  quand  on  y  remplace  v  parj^^o—  "-^o, 
est  divisible  par  v -+■  uxq  —  Xo-  Soit  Uo,  t'o  ""^  solution  de  l'équation 


.■R  (  M,  V)  =  o  ; 


les  deux  équations  en  x 


/(X,  UqX  -h  Vi,)  =  0,  g(X,  UqX  -f-  Vq)  =  o 

admettent  une  solution  commune  Xq;  les  deux  équations 

f(x,y)  =  o,         g'(x,y)=^o 

ailmettent  la  solution  x^^  yo=  u^Xo  -^  fo,  et  l'on  |)eut,  en  vertu  du  premier 
laisonnement,  affirmer  qite  A.{u,  v)  est  divisible  par  v -h  ux'f,  —  Yq.  Chaque 
solution  de  deux  équations/ =  o,  g  =  o  entraine  l'existence  «l'un  facteur  du 
piemier  degré  en  m,  v  qui  divise  A.{u,  v);  chaque  facteur  du  premier  degré 
v-i-7.u-h^  qui  divise  Aia,  f)  entraine  l'existence  d'une  solution  a^o  =  a, 
jKo  =  —  p  des  deux  équations/ =  0,^  =  0.  La  résolution  des  deux  équations 
/=  o,  j§'  =  o  est  ramenée  à  la  décomposition  en  facteurs  du  premier  degré  du 
polynôme  ,•^l  (  a,  v),  et  chaque  facteur  du  premier  degré  fournit  une  solution 
des  deux  équations  proposées,  solution  dans  laquelle  les  valeurs  de  x  el  y  se 
trouvent  naturellement  associées,  sans  qu'on  ait  besoin,  comme  dans  la  pre- 
mière méthode,  de  former  un  plus  grand  commun  diviseur.  Enfin  les  notions 
de  solution  multiple,  d'ordre  de  multiplicité,  se  présentent  maintenant  d'une 
façon  assez  naturelle  :  on  dira  que  .ro,  yo  est  une  solution  multiple  d'ordre 
de  multiplicité  r  des  deux  équations  proposées  si  ,'fl(  «,  t^)  est  divisible  par 
(v  -+-  UX(,  —yo)''  sans  èlre  divisible  par  (v  ■+■  ux^  —^0 )''*''• 


392  CHAPITRE   XVI. 

283.   J'appliquerai  la  métliode  exposée  au  début  du  numéro  pré- 
cédent au  cas  de  deux  polynômes  du  second  degré  en  x,  y, 

f{x,  y)  =  ax^    -ha'y^  -+- 'i  h"  .ry  -h 'i.  b' x    -h'ihy   -f- a"  (  •  ), 
ff(x^y)=:aix^-ha\  y^  ■+■  'i.b'lxy  ^  ib'^x  -^  ■i.b^y  -\-  a'[^ 

OÙ  je  supposerai  que  l'un  au  moins  des  coefficients  «',  a\  de  y'^  n'est 
pas  nul.  On  aura  à  former  le  résultant  Rfar)  des  deux  polynômes 
en  y 

où  l'on  a  posé,  pour  abréger, 


a   =  a 
ai  =  a'. 


=  ■ib"x  -+-  ib^  y   =  ax^    ^  J.b'x  -+-  a", 

=  'ib\x  -h  "ibi^         Y,  =  GiX'^  ^  ■ib'iX  ■+-  a"  : 


on  a  (n-  268) 

On  reconnaît  de  suite,  sur  cette  expression,  que  R(^)  est,  en 
général,  du  quatrième  degré;  a, y  —  ay,,  ajî>,  —  a,  ^,  [3y,  —  j3,  y  sont 
en  général,  des  degrés  respectifs  2,  i ,  3.  Si  a^n  est  une  racine  de  R(a^), 
les  deux  équations  en  y  ont  une  racine  commune,  dont  on  obtient  la 
valeur  en  remplaçant  x  par  x^  dans  la  fraction  rationnelle 


il  n'y  a  aucune  difficulté  si  .r,,  n'annule  pas  a^,  —  a,  j3  ; 


au  cas  ou  x^ 


(')  Il  convient  d'expliquer  cette  notation  ;  on    a  déjà  employé,  au  n"  46,  la  nota- 
tion, qui  s'explique  d'elle-même, 

ax--h  a'y--l-  a" z'--{-  ^byz  -^  -ib' zx-h  2b"xy 

pour  représenter  un  polynôme  homogène  du  seconti  degré  en  x,  y,  z,  ou,  comme  on 
dit,  une  forme  quadratique  ternaire,  lin  faisant  z  ~  1  dans  le  polynôme  homogène, 
on  obtient  un  polynôme  du  second  degré  en  x,  y  écrit  sous  la  forme  employée  dans 
le  texte.  Il  est  souvent  commode  de  regarder  ainsi  un  polynôme  en  x,  y  du  degré  n 
comme  provenant  d'un  polynôme  homogène  en  a?,  y,  z  du  degré  n,  où  l'on  a  fait 
z  =  i,  et,  inversement,  d'associer  à  un  polynôme  en  x,  y  le  polynôme  homogène 
en  X,  y,  z  que  l'on  obtient  en  complétant  chaque  monôme  de  degré  p  <.  n  par  un 
facteur  z"-P;  en  supposant  z  =  t,  les  deux  polynômes  sont  identiques. 


ÉQUATIONS  ALGÉBRIOLKS.  SqS 

annulerait  cette  expression,  on  voit  de  suite  sur  l'expression  cleR(x), 
puisque  R(J7)  et  a[3,  —  a,  ^  sont  nuls  pour  x  =  x^^  que  a, y  —  ay, 
est  aussi  nul;  pour  la  même  valeur  de  x,  j^y, —  |i,y  est  nul  aussi; 
car  les  deux  égalités 

a^i  —  ai  3  ^  o, 

si  l'on  écarte  le  cas  où  a  et  a,  sont  nuls,  entraînent  [ii,y —  [3y,  =  o. 
Le  facteur  x  —  Xn  divise  a,  y  —  ay,  ;  [x  —  x^)-  divise  (a,  y  —  ay,  y  ; 
il  divise  aussi  (ajâ,  —  a,  |^)(i3y,  —  ^«y),  puisque^  —  ^o  divise  chacun 
des  facteurs;  x  —  ^„  est  nue  racine  double  de  R(.c);  d'autre  part, 
pour  X  =  Xo,  les  quantités  a,,  ^,,  y,  sont  proportionnelles  à  a,  ^,  y; 
les  deux  équations  du  second  degré  en  y  ont  leurs  deux  racines  com- 
munes ;  on  associera  chacune  de  ces  deux  racines  à  Xq  et  l'on  obtiendra 
ainsi  deux  solutions  des  équations  proposées  :  les  deux  autres  racines 
de  R(j7),  si  elles  sont  simples,  fourniront  chacune  une  solution.  On 
en  obtient  bien  quatre  en  tout,  en  supposant  que  le  degré  de  R(a7) 
ne  se  soit  pas  abaissé  au-dessous  de  4  (  '  )• 

Le  seul  cas  où  l'on  puisse  avoir  plus  de  quatre  solutions  est  celui 
où  K{x)  est  identiquement  nul.  Supposons  qu'il  en  soit  ainsi;  alors, 
pour  cliaque  valeur  de  x,  les  deux  équations  en  y  ont  une  solution 
commune  fournie  par  la  formule 

le  numérateur  est  du  second  degré  eux,  et  le  dénominateur,  du  premier; 
il  est  aisé  de  \oir  que  le  numérateur  est  divisible  par  le  dénomina- 
teur :  soit,  en  ellet,  /•  la  racine  de  ce  dernier;  il  faut  prouver  que  /• 
annule  ^y, —  |i,y  :  or,  c'est  ce  qui  résulte  de  l'expression  du  poly- 
nôme K{x),  qui,  par  hypothèse,  est  identiquement  nul  :  pour  x  =  /*, 
a  j,  —  a,  3  est  nul,  donc  aussi  ay,  —  a,  y  et  l'on  a  déjà  dit  que  les  deux 


(')  Dans  le  cas  où  x,,  annule  a^, —  a,  fl,  ^Yi—  ?iï»  '1   ^''^^  s*^  garder  de  chercher, 
afin  d'avoir  la  valeur  correspondante  de  y,   la   limite  vers  laquelle  tend  le  rapport 

— '-! ^-^  quand   x  s'approche  de  x,,.  Tout  est  fixe  ici,  il  n'y  a  pas  lieu  de  chercher 

a^,—  a,  3  ^  ^*^  "  J       f 

une  limite. 


394  CHAPITRE    XVI. 

égalités 


enlraîuaient  ^3y,  —  ,3,y  =  o;  en  faisant  la  division  de  ^Sy,  —  |3,y  par 
a[i,  —  a,  p,  on  voit  que  )^  se  met  sous  \a  forme  y  =z  m  x -\- n .  Par 
conséquent,  dans  ce  cas,  les  deux  équations 

sont  vérifiées  quel  que  soit  x  quand  on  prend  povir  y  la  valeur 
mx-^n\  cela  revient  à  dire  que/(x,  y)  el  g{x^  y)  s'annulent  iden- 
tiquement quand  on  y  remplace  y  par  mx  -\-  n,  ou  encore  que  ces 
deux  polynômes  sont  divisibles  par  y  —  mx  —  n. 

Ainsi,  la  circonstance  qu'on  vient  d'étudier  se  présente  quand  les 
deux  polynômes  /(x,y),  g{x.y)  se  décomposent  l'un  et  l'autre  en 
un  produit  de  deux  facteurs  du  premier  degré  et  que  l'un  de  ces  fac- 
teurs est  commun  aux  deux  produits  :  outre  les  solutions  qui  annulent 
ce  facteur  commun,  les  deux  équations  /=  o,  g  =  o  ont  encore  une 
solution  que  l'on  obtient  en  égalant  à  o  les  seconds  facteurs  et  en 
résolvant  les  deux  équations  du  premier  degré  ainsi  obtenues  (<). 

Les  raisonnements  précédents,  relatifs  au  cas  où  ^{x)  est  identi- 
quement nul,  supposent  toutefois  que  a,3,  —  a,  ^  ne  soit  pas  identi- 
quement nul,  auquel  cas  un  raisonnement  déjà  utilisé  deux  fois  mon- 
trerait que  a,  y  —  ay,  serait  aussi  identiquement  nul  ;  il  suffit  d'écrire 
qu'il  en  est  ainsi,  en  remplaçant  a,  jS,  y,  a,,  [3,,  y,  par  leurs  expres- 
sions explicites  pour  reconnaître  que,  alors,  les  coefficients  du  poly- 
nôme g{x^  y)  sont  proportionnels  aux  coefficients  du  polynôme 
/(.r,  y)\  toute  solution  de  l'une  des  équations  /=  o,  g  ■=  o  est  une 
solution  de  l'autre. 

Je  laisse  au  lecteur  le  soin  de  traiter  le  cas  où  d  et  a\  seraient  nuls 
simultanément. 


(  '  )  Le  résultai  qu'on  vient  d'obtenir  se  généralise  sans  peine  :  supposons  que 
/(^,  y),  g{x,  y)  soient  des  polynômes  quelconques  en  x,y  et  que  le  résultant  de 
ces  deux  polynômes  regardés  comme  des  polynômes  en  y  soit  identiquement  nul.  Les 
deux  polynômes  f  e.1  g  regardés  comme  des  polynômes  en  y  ont,  quel  que  soit  x, 
un  plus  grand  commun  diviseur  :  soit  6(27,  r)  ce  plus  grand  commun  diviseur;  je 
suppose  que,  après  l'avoir  ordonné  par  rapport  à  y,  on  ait  débarrassé  ses  coefficients, 
qui  sont  des  polynômes  en  x,  de  tout  diviseur  commun,  en  sorte  que  %{x^  y)  soit 
primitif  au  sens  du  n"  81  ;  les  deux  polynômes  /  el  g  seront  divisibles  par  ^{x,  y). 


ÉQUATIONS  ALGKBRIQUES.  SgS 

Le  problème  de  la  résolution  de  deux  équations  du  second  degré  y*  =o, 
g  =  o  peut  être  abordé  par  une  autre  méthode,  dont  je  dirai  quelques  mots, 
en  raison  de  l'importance  qu'elle  offre  en  géométrie  analytique.  J'aurai  besoin 
pour  cette  méthode  de  la  condition  qui  doit  exister  entre  les  coefficients  a, 
a',  a",  b,  b' ,  h"  d'un  polynôme 

J\x^  y)  =  ax^-h  a'y'^-\-  ib" xy  -4-  ib' x  -t-  ib y  -\-  a" 

pour  qu'il  se  décompose  en  deux  facteurs  du  premier  degré  en  x^y.  Suppo- 
sons a' ^  o.  Si  f{x^y)  se  décompose  en  deux  facteurs  du  premier  degré,  ces 
deux  facteurs  doivent  contenir  y,  sans  quoi  leur  produit  ne  pourrait  repro- 
duire un  terme  en  y'^\  ils  sont  donc  de  la  forme 


et  l'on  doit  avoir  identiquement 

fi^i  y)  —  <^'(y  —  f"-^'  —  "■)  (  y  —  "^'  ^  —  "■''>• 

Supposons  qu'il  en  soit  ainsi;  si  l'on  résout  l'équation  du  second  degré 
(en  y),  /(x,  y)  =  o,  les  deux  racines  devront  être  mx  -t-  n.  m' x  -h  n';  on  sait 
que  la  quantité  sous  le  radical  représente,  à  un  facteur  numérique  près,  le 
carré  de  la  différence  des  racines,  c'est-à-dire,  ici,  [(m  —  m')x  -h  n  —  «']*. 

Ainsi,  dans  le  cas  où  /  se  décompose,  le  polynôme  en  x  que  l'on  obtient  sous 
le  radical,  en  résolvant  par  rapport  à  y  l'équation 

a' y^ -h  'ii  b" X  -\-  b  ) y  -n  ax-  -h  -Jib' X  -h  a"  =  o, 

doit  être  un  carré  paifait;  or,  en  effectuant  cette  résolution,  on  trouve 

_       b" X  -\-  b  ±  ^(b" X  -h  by^  —  (  a x^  -\-  -i  b' X  -\-  a"  ) a' 

y^  -■  •> 

la  quantité  sous  le  radical  est 

(6"* —  aa').r*-f-  i.{bb" —  a' b')x  -\-  b^ —  a  a" \ 
elle  est  un  carré  parfait  si  l'on  a 

(  I  )  (  bb"  -  ab')-  —  (  b"-  —  aa'  ){b-  —  a  a"  )  —  o. 

Si  cette  condition  est  vérifiée,  la  t|uanlilé  sous  le  radical,  en  supposant 
6"*—  na'  différent  de  o,  est  le  carré  de 

,-T-jn ;  /  bb" —  a' b'  \ 

\  b"-  —  aa    I 


396  CHAPITRE    XVI. 

en  sorte  que  f{x,  y)  est  le  produit,  multiplié  par  a',  des  deux  facteurs 


hb"—a'b'\ 


V'x^b 

y-^   a'    - 

\/b"^—  aa' 
a' 

b"x  ^  b 

y^        a'        ^ 

v/6"2  -^  aa' 
a' 

b"^—  aa 


Si  b"^  —  aa'  était  nul,  bb"  —  a' b'  devrait  aussi  être  nul  à  cause  de  la  condi- 
tion (1),  la  quantité  sous  le  radical  se  réduirait  à  une  constante,  la  décompo- 
sition apparaîtrait  ainsi  immédiatement. 

Lorsque  a'  est  différent  de  o,  la  condition  (i)  est  donc  nécessaire  et  suffi- 
sante pour  que  /(a?,  y)  se  décompose  en  deux  facteurs  du  premier  degré;  or 
le  premier  membre  de  l'équation  (i)  est  le  produit  par  —  a'  de  la  quantité  (  '  ) 

A  =  aa' a" -^  '>.bb' b"  —  ab^ —  a'  b'-  —  a" b"'^. 

Si  a'  était  nul,  sans  que  a  le  fût,  il  suffirait  d'intervertir  le  rôle  des  lettres 
X,  y  pour  retrouver  la  même  condition;  si  a'  et  a  étaient  nuls  tous  deux,  la 
relation  entre  x,y  qu'exprime  l'équation  f{x,  y)  —  o  deviendrait  une  rela- 
tion homographique;  le  cas  de  décompositit)n  a  été  traité  au  n°  69;  on  recon- 
naît sans  peine  que,  dans  ce  cas  aussi,  la  condition  A  =  o  exprime  que  le 
polynôme  f(x^  y)  est  le  produit  de  deux  facteurs  du  premier  degré. 

Arrivons  maintenant  à  la  résolution  des  deux  équations  du  second  degré 
y  =  o,  ^  =  o  et  cherchons  à  déterminer  une  relation  du  premier  degré  en  .r,  y 

y  =  ax  -I-  V 

telle  que  les  solutions  des  deux  équations  simultanées 

/(^. /•)  =  «'       y^ux-^v 

soient  les  mêmes  que  les  solutions  des  deux  équations 

(')  Celte  quantité  A  a  déjà  été  rencontrée  au  n°  13J;  c'est  le  déterminant  des  trois 
formes  linéaires 

ax  +  b" y  +  b' z,     b" x  -\-  a' y  -^  bz.     b' x -^  by -^  a" z 

qui   ne  sont    autre   chose   que  les  demi-dérivées  partielles  du  polynôme  homogène 
ax'^-i-  a'  y-+  a" z'^-h  ibyz  -+-  ib' zx  -t-  'xb" xy;  l'identité 

{bb'—a'b'y—  (aa'—  b"''){a'a"—  6^)  =—  Aa' 

ne  diffère  pas  de  l'identité  A"A  —  B'-=  Aa'  que  l'on  a  signalée  au  n"  135. 


ÉOfATIONS   AL(iKBRIQl  ES.  897 

C'est  pour  le  moment  ii  et  v  qui  sont  les  inconnues;  il  est  clair  que,  si  l'on  a 
déterminé  ces  inconnues  auxiliaires,  la  résolution  de  l'un  ou  de  l'autre  des 
deux  systèmes  précédents  fournira  (en  général)  deux  solutions  du  système 
/  =  o,  ^  =  0. 

Par  hypothèse,  les  deux  équations  en  x 

fix,  UX  -I-  (^)  =  o,  gi^i  ux  -\-  v)  —.  o 

doivent  être  identiques;  s'il  en  est  ainsi  le  premier  membre  de  la  seconde  ne 
doit  différer  du  premier  membre  de  la  première  que  par  un  facteur  constant, 
que  je  désignerai  par  — X;  en  d'autres  termes,  l'expression 

\  f{x^  ax -\- V)  ^  g{x^  UX -^  v)    ■ 

doit  être  identiquement  nulle;  en  d'autres  termes  encore,  l'expression 

doit  s'annuler  identiquement  quand  on  y  remplace  jk  par  aar-t-p,  ou,  ce  qui 
revient  au  même,  le  polynôme  (en  x,  y)  'k /{x,  y)  -\-  g{x,  y)  doit  être  divi- 
sible par  y  —  ux —  v:  il  doit  donc  être  décomposable  en  facteurs  du  premier 
degré. 

Réciproquement,  supposons  qu'on  connaisse  un  nombre  X  tel  que  le  poly- 
nôme (en  a-,  y)  X/-)-  g  soit  décomposable  en  un  produit  de  deux  facteurs  du 
premier  degré  %x  ^  P.X  ~^  Y'  *'^  "+■  P  /  +  T'  *^"  sorte  qu'on  ait  identiquement 

X/+^  =  (aa7-H  |ijK-+-Y)(a'a7-f-  §>-f-Y'X 

il  est  clair  que  toute  solution  des  deux  équations  y  =  o,  g  =  o  devra  annuler 
l'un  des  facteurs  du  second  membre,  et  que  l'on  obtiendra  les  solutions  de  ces 
deux  équations  en  résolvant,  d'une  pari,  les  deux  équations 

/=(),         aj"-i- Pj'-t- Y  =  o 

et,  d'autre  part,  les  deux  équations 

/— o,         %'x  ■+■ '^' y -h  Y  =  o, 

on  obtiendra  ainsi,  en  général,  quatre  solutions  qui  vérifieront  l'équation 
g  =  o. 

D'où  la  méthode  suivante  : 

On  cherche  un  nombre  X  tel  que  le  polynôme  du  second  degré  (en  or,  y) 
X/-1-  g  se  décompose  en  deux  facteurs  du  prefnier  degré;  on  a  pour  cela  à 
résoudre  une  équation  du  troisième  degré  en  X,  A(X)  =  o,  dont  on  obtient  le 
premier  membre  en  remplaçant  dans 

A  =  aa'  a"  -\-  ibb'  ù" —  ab'^  —  a'  b'^ —  a"b"^ 


398  CIIAPITRK    XVI. 

a,  a',  a\  .  . .  par  \a-h  a,,  Xa'-f-  a',,  Xa" -h  a'[,  .  .  .;  «],  a\^  «'(,.••  désignent, 
comme  plus  haut,  les  coefficients  de  g-{x,y). 

Ayant  une  racine  Xo  de  cette  équation,  on  décompose  Xq /h-  g  en  deux  fac- 
teurs; cela  revient  à  résoudre,  comme  on  l'a  expliqué  plus  haut,  l'équation 
^0/-+-  ^  =  o  pai'  rapport  à  y  [ou  k  t);  on  obtient  ainsi  les  deux  équations  du 
premier  degré  olx  +  f^y  +-  y  =  o.  'x' x  h-  |i' 7  -4-  y' =  o,  dont  il  faut  adjoindre 
successivement  l'une  et  l'autre  à  l'équation  /=  o,  potir  obtenir  les  quatre 
solutions  des  équations  /  =  o,  g  ^=  o.  On  voit  que  la  résolution  de  ces  deux 
équations  revient  à  la  résolution  d'une  équation  du  troisième  degré,  et  de  trois 
équations  du  second  degré. 

Le  lecteur  pourra  appliquer  cette  méthode  au  cas  où  l'on  suppose 

/(  x^  y)  —  j'^-h  Axy  -i-  \ij  -h  Cx  -+-D, 
g{T,y)  ^T^—y; 

il  retrouvera  ainsi  une  proposition  déjà  obtenue  :  la  résolution  de  l'équation 
du  quatrième  degré 

x''-h  \x^^  Bx--h  Cx  +  D  =  o, 

qui  résulterait  visiblement  de  l'élimination  de  y  entre  les  deux  équations 
y  =  o,  ^  =  o,  se  ramène  à  la  résolution  d'une  équation  du  troisième  degré  et 
d'équations  du  second  degré. 

284.  Lorsqu'on  regarde  x,  >'  comme  les  coordonnées  d'un  point, 
une  équation  J\x^  y)  =  o  définit  une  courbe,  à  savoir  le  lieu  des 
points  dont  les  coordonnées  x,  y  vérifient  cette  équation.  Lorsque 
f{x,  y)  est  un  polynôme,  le  degré  de  ce  polynôme  est,  par  définition, 
le  degré  de  la  courbe  dont  l'équation  est  /(^,  y)  =  o  :  la  courbe  est 
alors  algébrique  \  elle  est  transcendante,  lorsque  son  équation  ne 
peut  pas  se  ramener  à  la  forme  /(^,  y)  =  o,  oii  /est  un  polynôme 
en  X,  y.  L'étude  des  courbes  algébriques,  définies  comme  on  vient 
de  l'expliquer,  est  un  des  objets  essentiels  de  la  Géométrie  analytique. 

La  recherche  des  solutions  (réelles)  de  deux  équations  simultanées 
fipc^y)  =  o,  g{x^  y)  =  o  revient  à  la  recherche  des  points  dont  les 
coordonnées  vérifient  à  la  fois  ces  équations,  ou,  ce  qui  revient  au 
même,  des  points  communs  aux  deux  courbes  qu'elles  définissent. 
Le  problème  qu'on  a  traité  dans  le  numéro  précédent  est  le  même 
que  le  problème  de  l'intersection  de  deux  courbeâ  du  second  degré, 
ou,  comme  on  dit,  de  deux  coniques;  la  seconde  méthode  revient  à 
la  recherche  des  sécantes  communes  à  ces  deux  coniques.  La  première 
faisait  dépendre  cette   recherche  de  la  résolution  d'une  équation  du 


KQUATIONS  ALGKBRIQIES.  899 

quatrième  degré,  dont  les  racines  étaient  les  abscisses  des  points 
communs  aux  deux  courbes. 

Inversement,  étant  donnée  une  équation  numérique  cp(.r)  =  o,  à 
une  seule  inconnue,  lorsqu'on  sait  former  deux  équations /(:c,  jk)=:o, 
gi^x^  y)  ^  o  telles  que  l'équation  donnée  '^{x)  =.  o  soit  le  résultat  de 
l'élimination  de  y  entre  ces  deux  équations,  et  que  la  construction 
des  deux  courbes  qu'elles  définissent  est  aisée,  il  peut  être  commode 
d'efTectuer  avec  soin  la  construction  de  ces  deux  courbes,  et  de 
mesurer  les  abscisses  de  leurs  points  d'intersection,  pour  avoir  des 
valeurs  approchées  des  racines  réelles  de  l'équation  '-^{x)  =  o. 

La  méthode  même  qui  fait  le  fond  du  Chapitre  précédent  et  qui 
consiste,  pour  résoudre  approximativement  l'équation  ©(a7):=:o,  à 
construire  la  courbe  dont  l'équation  est  y  =  'f(x).,  rentre  dans  celle 
qu'on  vient  de  dire  puisque  l'équation  z>{x)  =  o  peut  être  regardée 
comme  résultant  de  l'élimination  de  y  entre  les  deux  équations 
y  —  ^{x)  :=  o  et  y  =  o. 

On  a  fait  une  autre  application  de  la  méthode  générale  quand  on  a 
ramené  la  résolution  de  l'équation  transcendante  tangj?  =  iP  à  la 
recherche  des  points  d'intersection  de  la  droite  dont  l'équation  est 
y  =  X  el  de  la  courbe  transcendante  dont  l'équation  est  y  =  tang^. 
Il  est  aisé  de  multiplier  les  applications. 

Si  l'équation  proposée  o{x)^=o  peut  se  mettre  sous  la  forme 
»,  (.r  )  -h  'f  a(j^)  =  o,  on  pourra  prendre,  pour  les  équations 

/(x,y)^o,         g{x,y)  =  o, 
les  équations 

y  —  ^i{x)  =  o,         ^-f-(p,(a-)  =  0 

€t,  si  les  courbes  qu'elles  définissent  sont  aisées  à  tracer,  chercher 
les  abscisses  de  leurs  points  d'intersection.  Par  exemple,  on  peut 
remplacer  la  résolution  de  l'équation  x'^ -{- px -h  q  =  o  par  la 
recherche  des  points  communs  à  la  courbe  dont  l'équation  est  y  =  x^ 
et  de  la  droite  dont  l'équation  est  y  -+-  px  +  ^  =  o.  La  même  courbe 
{y  ^=  .r ')  pourra  servir  pour  toutes  les  équations  du  troisième  degré. 
Il  est  à  peine  besoin  de  dire  que  cette  méthode  s'applique  aussi  bien 
aux  équations  transcendantes  qu'aux  équations  algébriques. 

On  peut  interpréter  les  dernières  lignes  du  numéro  précédent  en 


4oO  CHAPITRE   XVI. 

disant  que  la  résolution  de  l'équation  du  quatrième  degré 
x'*^  A-r»-)-  B;r2-i-  C.r-H  D  =  o 

revient  à  la  recherche  des  abscisses  des  points  communs  aux  deux 
courbes  définies  par  les  équations 

X-  —  y  =  o,  , 
jî  -h  A  J7  K  -H  B  jK  -1-  G  .r  -+-  D  =  o. 

qui,  lorsqu'on  se  donne  les  coefficients  numériques  A,  B,  G,  D,  sont 
assez  aisées  à  construire  avec  quelque  exactitude. 

On  peut  d'ailleurs  donner  un  meilleur  procédé  pour  résoudre  gra- 
phiquement une  équation  du  quatrième  degré  :  dans  cette  équation, 
on  fait  d'abord  disparaître  le  terme  du  troisième  degré  (n"l268)  :  on 
la  ramène  ainsi  à  la  forme 

x'*-\-  hx''^^  ex  -^  d  =  o. 

La  résolution  de  cette  dernière  équation  revient  à  la  recherche  des 
abscisses  des  points  communs  aux  deux  courbes  déiinies  par  les  équa- 
tions 

x''- —  J'  =  o, 

:  y''-^  b  y  ■^- ex  ^  d  ^=^  O. 

Cette  dernière  équation  peut  être  remplacée  par  celle  qu'on  obtient 
en  ajoutant  membre  à  membre,  c'est-à-dire  par  l'équation 

x^-^ y''--^  {b  —  \)y  -^  c.r  -\-  d  —  o 
ou 

sous  cette  forme,  on  reconnaît  un  cercle  dont  le  centre  a  pour  coor- 

1  '  c  è  —  I  ,  ,  ^  /(6  — 1)2  c2  T  .  .  • 
données , et  dont  le  rayon  est  * /- ; — —  -H  y  —  a.  Ainsi 

la  résolution  d'une  équation  quelconque  du  quatrième  degré  peut  être 
remplacée  par  la  recherche  des  points  d'intersection  d'une  parabole, 
tracée  une  fois  pour  toutes,  dont  l'équation  est  )^=:  a-,  et  d'un  cercle, 
dont  les  éléments  dépendent  des  coefficients  de  l'équation  du  quatrième 
degré.  En  remplaçant  l'équation  du  troisième  degré  x'^  -\- px  -{- q  =^  o 


ÉQUATIONS    AI.GÉBRIQLKS.  4"! 

par  l'équation  du  quatrième  degré  x''  -\-  px-  -{-  qx  =^  o^  on  voit  que 
ce  procédé  permet  de  résoudre  graphiquement  une  équation  du  troi- 
sième côté  :  on  devra,  parmi  les  points  d'intersection  du  cercle  et  de 
la  parabole,  laisser  de  côté  l'origine  des  coordonnées,  qui  correspond 
à  cette  racine  nulle  que  l'on  a  introduite. 

Dans  les  exemples  qui  précèdent,  l'une  des  équations /(a:,  j^)  =  o, 
g{x^  y)^=  o^  qui  conduisent  à  l'équation  cp(jc)==o  lorsqu'on  éli- 
mine^, contenait  toujours  celte  variable  au  premier  degré;  lorsqu'il 
n'en  est  pas  ainsi,  on  doit  prendre  une  précaution  dans  l'application 
de  la  méthode  précédente  ;  il  pourrait  arriver  en  effet  que,  pour  une 
racine  réelle  Xq  de  l'équation  'f  (a)  =  o,  les  deux  équations 

eussent  deux  racines  communes  imaginaires,  auxquelles  ne  corres- 
pondraient donc  pas  de  points  d'intersection  des  deux  courbes  ;  la 
méthode  laisserait  ainsi  échapper  la  racine  réelle  x^  de  l'équation 
'^{x)  =  o.  J'ai  dit  plus  haut  que,  alors,  Xf,  doit  être  une  racine  double 
de  l'équation  obtenue  en  éliminant  y  entre  les  deux  équations 
/{x,  y)  =  o,  g{x,  y)  =  o  :  ce  point  n'a  d'ailleurs  été  établi  que  dans 
le  cas  où  ces  deux  équations  étaient  du  second  degré. 

Les  procédés  qu'on  vient  d'indiquer  peuvent  être  variés  et  généra- 
lisés dans  divers  sens.  L'étude  systématique  de  méthodes  qui  peuvent 
fournir  rapidement,  au  moyen  de  graphiques  ou  d'instruments  très 
simples,  la  solution  approchée  d'un  très  grand  nombre  de  problèmes 
numériques,  a  pris,  sous  le  nom  de  No  m  o  graphie,  une  grande 
extension. 


§  3.  —  ÉQUATIONS  NUMÉRIQUES  A  UNE  INCONNUE. 

28o.  Les  méthodes  qu'on  a  développées  dans  le  Chapitre  précé- 
dent pour  la  résolution  numérique  des  équations  à  une  inconnue 
(séparation  et  approximation  des  racines)  s'appliquent  aux  équa- 
tions dont  le  premier  membre  est  un  polynôme  ;  on  a  pris  soin,  dans 
ce  Chapitre,  de  faire  remarquer  comment,  pour  les  équations  de 
celte  sorte,  il  était  possible  de  compléter  le  théorème  relatif  à  la  sub- 
stitution de  deux  nombres  et  le  théorème  de  Rolle.  Il  me  reste  à  dé- 
velopper quelques  propositions  importantes  qui  sont  spéciales  aux 
T.  -  II.  26 


402  CHAPITRE   XVI. 

équations  a]gél)riques  et  qui  se  rapportent  principalement  à  la  sépa- 
ration des  racines  ('  ). 

Le  problème  posé  au  n"  151  {Trouver  le  nombre  de  racines 
réelles  dUine  équation  qui  appartiennent  à  un  intervalle  donné) 
a  été  complètement  résolu  pour  les  équations  algébriques  ;  je  me  bor- 
nerai toutefois,  sur  ce  sujet,  à  la  règle  des  signes  de  Descartes  et  à  ses 
conséquences. 

286.  Considérons  une  suite  de  n  nombres  réels,  dont  aucun  n'est 
nul, 

a,     [i,      ..    ,     X,     X; 

on  dit  que  deux  termes  consécutifs  de  cette  suite  présentent  une 
variation  (de  signe)  s'ils  sont  de  signes  contraires,  qu'ils  présentent 
une  permanence  (de  signe)  s'ils  sont  de  mêmes  signes.  Le  nombre  de 
variations  de  la  suite  augmenté  du  nombre  de  permanences  est  évi- 
demment égal  au  nombre  d'intervalles,  c'est-à-dire  à  «  —  i . 

Les  observations  suivantes  sont  immédiates  : 

Si,  entre  deux  nombres  de  signes  contraires  a,  b,  on  introduit  un 
terme  intermédiaire  c,  la  suite  de  trois  termes  a,  c,  b  présentera  une 
variation,  comme  la  suite  «,  b. 

Si,  entre  deux  nombres  de  mêmes  signes  «,  6,  on  introduit  un 
terme  intermédiaire  c,  la  suite  de  trois  termes  a,  c,  b  présentera 
deux  ou  zéro  variations. 

Revenons  à  la  suite  a,  ^,  . . .,  X. 

Si,  entre  deux  termes  consécutifs  de  cette  suite  qui  présentent  une 
variation,  on  introduit  un  terme  intermédiaire,  la  nouvelle  suite  ainsi 
formée  présentera  le  même  nombre  de  variations  que  la  précédente. 


C)  Le  but  est  toujours  de  dimiinier  el  de  diriger  les  làlonnements  qui  conduisent 
à  ces  racines.  On  remarquera  que,  en  Arithmétique  même,  c'est  là  le  caractère  des 
règles  qu'on  enseigne  pour  faire  une  division  ou  extraire  une  racine.  On  ne  doit  pas 
se  faire  illusion  sur  la  valeur  pratique  des  expressions  algébriques  des  racines  d'une 
équation,  lorsqu'on  possède  de  pareilles  expressions.  Pour  les  réduire  en  nombres,  il 
faudra  faire  ces  tâtonnements  qu'enseigne  l'Arithmétique,  et  il  n'est  pas  inutile 
d'observer  que  la  n)éthode  pour  extraire  une  racine  carrée,  par  exemple,  qu'on  qua- 
lilie  à'abrégée,  n'est  que  l'application  de  la  méthode  d'approximation  de  Newton.  Je 
rappelle  encore  que  les  expressions  algébriques  des  racines  d'une  équation  du  troi- 
sième degré  sont  inapplicables  quand  les  trois  racines  sont  réelles. 


KQIATIONS    ALGKUIUOUKS.  4o3 

Plus  brièvement,  on  dit  que,  en  introduisant  ce  terme,  le  nombre  de 
variations  n'est  pas  altéré.  De  même,  en  supprimant  un  terme  inter- 
médiaire entre  deux  termes  de  signes  contraires. 

Si,  entre  deux  termes  consécutifs  de  même  signe,  on  introduit  un 
nouveau  terme,  le  nombre  de  variations  ne  change  pas  ou  est 
augmenté  de  deux  unités.  Si  l'on  supprime  un  des  termes  intermé- 
diaires de  la  suite  compris  entre  deux  termes  consécutifs  qui  ont  le 
même  signe,  le  nombre  des  variations  n'est  pas  modifié  ou  est  diminué 
de  deux  unités. 

En  supprimant  dans  la  suite  a,  [i,  . . .,  a  autant  de  termes  intermé- 
diaires que  l'on  veut,  le  nombre  de  variations  reste  le  même,  ou  est 
diminué  d'un  nombre  pair.  En  supposant  que,  dans  la  suite,  on  sup- 
prime tous  les  termes  intermédiaires,  pour  ne  garder  que  les  termes 
extrêmes  a,  ).,  on  arrive  aux  conclusions  suivantes  :  si  les  termes 
extrêmes  a,  \  sont  de  mêmes  signes,  la  suite  présente  un  nombre  pair 
de  variations,  qui  peut  être  nul.  Si  les  termes  extrêmes  a,  X  ont  des 
signes  contraires,  le  nombre  de  variations  de  la  suite  est  impair. 

On  ne  change  pas  le  nombre  de  variations  d'une  suite  en  chan- 
geant tous  ses  termes  de  signe  ou  en  renversant  l'ordre  de  tous  ses 
termes. 

J'arrive  maintenant  à  l'énoncé  du  théorème  (ou  règle  des  signes)  de 
Descartes. 

Considérons  un  polynôme  ordonné  .f(x)  et  appelons  nombre  de 
variations  de  ce  polynôme  le  nombre  de  variations  de  la  suite  de 
ses  coefficients  (non  nuls)  :  le  nombre  de  racines  positives  du  po- 
lynôme est  égal  on  inférieur  au  nombre  de  ses  variations  ;  la 
différence  entre  ces  deux  nombres  est  paire.  Chaque  racine  doit 
être  comptée  pour  autant  de  racines  qu'il  y  a  d'unités  dans  son  ordre 
de  multiplicité. 

L'une  des  démonstrations  que  l'on  a  données  de  ce  théorème 
j)ermet  de  le  rattacher  au  théorème  de  RoUe  :  c'est  celle  qui  suit. 

Je  supposerai  toujours  dans  ce  qui  suit  que  le  polynôme  considéré 
n'a  pas  de  racines  nulles.  Si  ce  polynôme  était  divisible  par  xP,,  on 
n'aurait  qu'à  supprimer  le  facteur  a:/';  le  polynôme  auquel  on  par- 
vient ainsi  a  les  mêmes  racines  positives  et  le  même  nombre  de 
variations  que  le  polynôme  proposé. 

La  seconde  partie  de  l'énoncé  s'établit  immédiatement  en  substi- 
tuant o  et  +  00  dans  f{x)  :  si  les  deux  coefficients  extrêmes  sont  de 


404  CHAIMTRK   XVI. 

mêmes  signes,  le  poljnomey(^)  a  un  nombre  pair  (peut-être  nul)  de 
racines  positives;  il  présente  alors  un  nombre  pair  de  variations;  si 
les  deux  coefficients  extrêmes  sont  de  signes  contraires,  le  polynôme 
a  un  nombre  impair  de  racines  et  de  variations;  dans  les  deux  cas,  la 
différence  entre  le  nombre  des  racines  et  le  nombre  des  variations  est 
paire. 

Observons  encore  que  le  théorème  de  Descartes  est  évident  pour 
les  équations  du  premier  degré;  le  lecteur  n'aurait  aucune  peine  à 
•constater  qu'il  est  encore  vrai  pour  les  équations  du  second  degré. 

Admettons  qu'il  soit  vrai  pour  les  polynômes  de  degré  n  —  i  ;  je 
vais  établir  qu'il  est  vrai  pour  un  polynôme  quelconque  f{x)  de 
degré  n.  Il  est  vrai,  par  hypothèse,  pour  la  dérivée  /'(x),  qui  est  de 
degré  n  —  i .  Je  désignerai  par  V  et  V  les  nombres  des  variations  des 
polynômes  f(x)  ei  f  {x)  que  je  supposerai  ordonnés  par  rapport 
aux  puissances  décroissantes  de  la  variable.  Le  premier  coefficient 
ée /(x)  [et  de  f'(x)]  est  supposé  positif.  Les  coefficients  de/'(:r)  sont 
ceux  de,/(^)  multipliés  par  des  nombres  positifs  :  toutefois,  il  n'y  a 
pas,  dans  /'{x),  de  coefficient  correspondant  au  terme  constant 
'de/(x).  Le  nombre  de  variations  de  f'{x)  est  le  nombre  de  varia- 
tions de  la  suite  des  coefficients  de/(j7),  dont  on  a  supprimé  le  der- 
nier. On  a  V  =  V  ou  V  =  V'-l-i,  suivant  que  les  deux  derniers 
termes  de  f{x)  présentent  une  permanence  ou  une  variation. 

Soient  «i,  «a?  ••  •?  <^p  les  racines  positives  de  f{x)  rangées  par 
ordre  de  grandeur  croissante,  avec  les  ordres  de  multiplicité  a,, 
iXî,  ...,  dp.  Le  nombre  de  racines  positives  de  f{x),  en  tenant 
compte  de  leur  ordre  de  multiplicité,  est  P  =  a,  +  7.2  + . . . -[- a^; 
elles  fournissent,  ainsi  qu'il  a  été  expliqué  au  n"  253, 


racines  positives  de  la  dérivée,  communes  à  f{x)  et  à  f'{x).  En 
vertu  du  théorème  de  Rolle,  il  y  a  d'ailleurs  au  moins  une  racine 
de  f'{x)  intérieure  à  chaque  intervalle  de  la  suite  a,,  «a?  •••■>  «p^ 
c'est-à-dire  au  moins />  —  1  racines  positives  autres  que  celles  qu'on 
a  déjà  comptées;  il  peut  encore  s'en  trouver  entre  o  et  «,  entre  cip 
cl  4-  oc.  En  résumé,  si  l'on  désigne  par  P'  le  nombre  de  racines  posi- 
tives de  f'{x),  on  a 

P'=  P  —/>+/>-  i  +  A-  =  1'  _  ,  +  A- 


KQUATIONS    ALGKBKIQLES.  ^oS 

en  désignant  par  k  un  entier  positif  ou  nul;  le  théorème  de  Descartes 
s'appliquant  par  hypothèse  à  la  dérivée,  on  a 

P_,  +  A^V',        P^V'+i  — A  IV'-f-ii  V  +  i; 

si  P  n'était  pas  inférieur  ou  égal  à  V,  il  faudrait  donc  qu'il  fût  égal 
à  V  +  i;  mais  cela  est  impossible,  puisque,  alors,  la  différence 
entre  P  et  V  serait  impaire.  Le  théorème  est  démontré. 

Quand  il  n'y  a  pas  de  variations,  il  ne  peut  y  avoir  de  racines  posi- 
tives, en  vertu  du  théorème  précédent  :  cette  conclusion  est  évidente  a 
priori,  puisque,  alors,  tous  les  termes  du  polynôme  sont  de  même 
signe  quand  x  est  positif  :  leur  somme  ne  peut  être  nulle. 

Quand  il  y  a  une  variation  seulement,  il  y  a  au  plus  une  racine  po- 
sitive :  il  y  en  a  sûrement  une,  puisque  les  termes  extrêmes  du  poly- 
nôme sont  de  signes  contraires.  Dans  ce  cas  encore,  la  démonstration 
directe  esl  aisée. 

Le  polynôme  /(^),  en  effet,  si  l'on  suppose  qu'il  commence  par 
un  terme  positif,  peut  s'écrire  sous  la  forme  g{oc)  —  ^i^)  en  dési- 
gnant par  ^{x)  et  h(x)  des  polynômes  ordonnés  à  termes  tous  po- 
sitifs et  pour  lesquels  le  degré  du  second  est  inférieur  au  degré  /•  du 
dernier  terme  de  ^'  (^)  ;  on  a  alors 

X''  X<'  X''      ' 

supposons  que,  dans  le  second  membre,  on  ait  effectué  la  divisioni 
par  X''  de  chaque  monôme  de  g{x)  et  de   h{x)\   tous  les  termes- 

^  {  'r  \  ,  Iti  ^  \ 

de  ^-^  ont  des  exposants  positifs  ou  nuls,  tous  ceux  de  — —■  ont  des- 

,  •  (•        ^  V  .  •    •  ^(^)  A 

exposants  negatiis;  lorsque  x  croit  par  valeurs  positives,  ^-^  croit^ 

h(x)  .  f(x) 

décroît:  il  en  résulte  que  est  constamment  croissant  et  ne 

xf^  '  ^  xi- 

peut  s'annuler  qu'une  fois;  d'ailleurs  le  polynôme  /(x)  s'annule  cer- 
tainement puisqu'il  a  des  valeurs  de  signes  contraires  pour  x  =  o- 
el  X  =  -\-(X>. 

La  règle  due  à  Descartes  permet  d'obtenir  une  limite  du  nombre- 
de  racines  négatives  de  l'équation  y'(:r)  =  o,  lesquelles  ne  sont  autres- 
que  les  racines  positives  de  la  transformée  en  —  x,  /( —  x)  =  o^ 
changées  de  signe.  Dans  ce  qui  suit,  je  désignerai  par  V  et  V|  les- 
nombres  respectifs  de  variations  de  la  proposée  et  de  la  transformée,. 


4o6  CHAPITRE    XVI. 

par  P,  P,  les  nombres  respectifs  de  racines  positives  de-l'iine  et  de 
l'autre;  P,  est  le  nombre  de  racines  négatives  de  la  proposée.  On 
a  P^V,  P,^V,  ;  les  différences  V  —  P,  V,  —  P,  sont  des  nombres 
pairs  ;  V  H-  V,  est  une  limite  supérieure  du  nombre  de  racines  réelles 
de  l'équation  proposée  (qui  n'a  pas  de  racines  nulles);  si  n  est  le 
degré  de  celte  équation,  on  voit  que  le  nombre  de  ses  racines  ima- 
ginaires est  égal  ou  supérieur  à  n  —  V  —  V, . 

Consiflcrons,  par  fixemple,  l'équation 

x^ -\-  x^ -{- "i  x^  —  -ix  —  I  =  o  ; 

elle  a  une  racine  positive  puisqu'il  y  a  une  variation  et  une  seule;  la  trans- 
formée en  —  X  a  deux  variations;  la  proposée  a  zéro  ou  deux  racines  négatives; 
elle  a  une  ou  trois  racines  réelles;  elle  a  deux  ou  quatre  racines  imaginaires. 
Considérons  encore  l'équation 

a?"  -H  axP  -1-6  =  0, 

où  l'on  suppose  a  >  p. 

1°  Supposons  n  ex.  p  pairs,  il  y  a  évidemment  autant  de  racines  positives 
que  de  racines  négatives.  Si  a  et  6  sont  positifs,  il  n'y  a  pas  de  racines  réelles  ; 
si  a  et  6  sont  négatifs,  il  y  a  une  racine  positive  et  une  négative;  de  même 
si  a  est  positif  et  b  négatif.  Si  a  est  négatif  et  b  positif,  il  peut  y  avoir  deux 
ou  zéro  racines  positives. 

■2°  Supposons  n  et  p  impairs;  la  transformée  en  —  x  est  x"-^  axi'  —  è  =  o. 
Si  a  est  positif,  il  n'y  a  qu'une  racine  réelle,  qui  est  de  signe  contraire  à  b. 
Pour  a  <  o,  6  >  o,  il  y  a  une  racine  négative,  zéro  ou  deux  racines  positives. 
Pour  a  <  o,  6  <  o,  il  y  a  une  racine  positive,  zéro  ou  deux  racines  négatives. 

3°  Supposons  n  pair  et />  impair  ;  la  transformée  en  —  a;  est  x"^ — axi'-\-b^^o. 
Si  b  est  positif,  il  y  a  zéro  ou  deux  racines  réelles;  s'il  y  en  a  deux,  elles  sont 
de  signe  contraire  à  «.  Si  6  est  négatif,  l'équation  proposée  a  une  racine  po- 
sitive et  une  négative. 

4°  Supposons  n  im|>air  et  />  pair,  la  transformée  en  — a;  est  x"  —  axi'  —  b  —  o. 
Si  b  est  positif,  il  y  a  une  racine  négative,  zéro  racine  positive  si  a  est  po- 
sitif et,  si  a  est  négatif,  zéro  ou  deux  racines  positives.  Si  b  est  négatif,  il 
y  a  une  racine  positive,  zéro  racine  négative  si  a  est  positif,  zéro  ou  deux  si  a 
est  négatif;  en  tout  trois  racines  réelles  au  plus. 

On  peut  faire,  sur  l'évaluation  de  la  somme  V  +  V),  quelques 
remarques  générales  qui  nous  conduiront,  en  particulier,  à  cette 
conséquence  importante  : 

Le  nombre  de  racines  positives  d'une  équation  dont  toutes  les 


ÉQUATIONS    ALGÉBRIQUES.  f\Oy 

racines  sont  réel/es  est  égal  au  nombre  de  variations  du  premier 
membre  de  cette  équation. 

Considérons  deux  termes  consécutifs  de  f{x)\  soit  o  la  difTérence 
de  leurs  degrés;  soit  8'  le  nombre  d'unités  que  ces  deux  termes 
apportent  dans  la  somme  V  +  V,  ;  o'  est  nul  si  les  deux  termes  consi- 
dérés présentent  une  permanence  dans  f{x)  et  dans  /( — x)\  ô'  est 
égal  à  I  s'ils  présentent  une  permanence  dans  l'un  des  polynômes 
et  une  variation  dans  l'autre;  8'  est  égal  à  s>,  si  les  deux  termes  pré- 
sentent une  variation  dans  f{x)  et  dans  ./(—  x). 

Supposons  0  impair  :  l'un  des  termes  consécutifs  est  de  degré  im- 
pair et  change  de  signe  quand  on  change  .r  en  —  x;  l'autre  terme  est 
de  degré  pair  et  ne  change  pas  de  signe  ;  si  les  deux  termes  présentent 
une  variation  dans  l'un  des  polynômes  f{x),  /{ —  x),  ils  présentent 
une  permanence  dans  l'autre  ;  on  a  8'=  i. 

Si  8  est  pair,  les  deux  termes  sont  de  degré  pair  ou  de  degré  im- 
pair; quand  on  change  .r  en  — x,  ils  ne  changent  ni  l'un  ni  l'autre, 
ou  bien  tous  deux  changent  de  signe  :  on  a  8'=  o  si  les  deux  termes, 
dans  f{x)^  présentent  une  permanence;  on  a  8'=  2  s'ils  présentent 
une  variation. 

Dans  tous  les  cas  8  —  8'  est  un  nombre  pair,  positif  ou  nul. 

V  +  V,  est  égal  à  la  somme  des  différents  nombres  8'  qui  corres- 
pondent aux  divers  couples  de  termes  consécutifs  de  /{x)  ;  c'est  ce 
que  j'exprimerai  en  écrivant 

quant  à  la  somme  S  8  de  toutes  les  différences  de  degrés  relatifs  à  ces 
mêmes  couples,  elle  est  évidemment  égale  à  la  différence  n  entre  le 
degré  du  premier  terme  de  /(x)  et  le  degré  o  du  dernier  terme. 

La  différence  n  — (V-|-V,  )  =  S8  —  S8'  =  S(8  —  8')  est  un  nombre 
pair,  positif  ou  nul,  puisque  chacun  des  termes  de  la  somme  2(8  —  8') 
est  un  nombre  pair,  positif  ou  nul. 

En  vertu  de  cette  remarque  et  du  théorème  de  Descartes,  on  peut 
poser,  en  désignant  par  a,  p,  ^,  des  nombres  entiers,  positifs  ou  nuls, 

V-f-V,=  /t  — 2a,        P  =  V— 2p,        P,=  V,  — ?.p,. 

On  en  conclut 

n  =  V  -+-  Vi-f-  '^a  =  V  ^  Pi-+-  -17.  -hi^-h  '2^1. 


4o8  CHAPITRE   XVI. 

Comme  on  a  d'ailleurs  /?  =  P+  P,  +  2I,  en  désignant  par  2I  le 
nombre  de  racines  imaginaires  de  /(^),  on  a 

2l  =  2a-f-28-i-2Jir, 

si  l'on  sait  d'avance  que  2I  est  nul,  on  sera  assuré  que  a,  ^,  jB,  sont 
nuls;  ,3  et  ^,  étant  nuls,  on  a  P  =  V,  P|  =  V,  ;  le  nombre  de  racines 
positives  de  l'équation  proposée  est  égal  au  nombre  de  variations 
qu'elle  présente. 

Dans  le  cas  général  il  y  a  au  moins  un  nombre  de  racines  imagi- 
naires égal  à 

2a  =  /i  — V  —  V,  =  2(ô  —  8'). 

Pour  une  équation  donnée,  il  est  très  aisé  de  déterminer  le  nombre 
n  —  V  —  V,  et  d'obtenir  ainsi  une  limite  inférieure  du  nombre  de 
racines  imaginaires.  L'expression  S(8  —  S')  n'est  pas  non  plus  sans 
intérêt;  comme  les  nombres  S'  sont  au  plus  égaux  à  2,  on  voit  que, 
dans  une  équation  dont  toutes  les  racines  sont  réelles,  aucun  nombre  5 
ne  peut  dépasser  2  ;  aucun  nombre  5  ne  peut  être  égal  à  2  si  le  nombre 
correspondant  8'  est  égal  à  o,  c'est-à-dire  si  les  deux  termes  consécu- 
tifs dont  les  degrés  diffèrent  de  S  =  2  unités  ont  des  coefficients  de 
même  signe.  Entre  deux  termes  consécutifs  d'un  polynôme  f{-v) 
dont  toutes  les  racines  sont  réelles,  il  ne  peut  manquer  plus  de  deux 
termes;  si  les  coefficients  des  deux  termes  consécutifs  sont  de  mêmes 
signes,  il  ne  peut  en  manquer  deux. 

Lorsqu'on  sait  qu'une  équation  a  toutes  ses  racines  réelles,  on 
reconnaît  immédiatement  le  nombre  de  ses  racines  positives  et  le 
nombre  de  ses  racines  négatives. 

Pour  une  telle  équation,  il  est  aisé  de  reconnaître  combien  de 
racines  réelles  sont  supérieures  à  un  nombre  donné  a;  en  effet,  les 
racines  du  polynôme  /(a?  +  a)  sont  les  racines  du  polynôme  f{jc) 
diminuées  de  a  ;  le  nombre  de  racines  de  .f{x)  supérieures  à  a  sera 
donc  le  nombre  de  racines  positives  du  polynôme 

/(:r  +  a)=/(a)+  -/'(a) +— /"(«)+...+  ;-^—^/""(a), 

c'est-à-dire  le  nombre  de  variations  v  de  la  suite 

/(a),     /'(a),     ...,      A«)(a), 
d'où  l'on  a  supprimé  les  termes  nuls,  s'il  y  a  lieu. 


ÉQUATIONS   ALGÉBRIQUES.  /\0g 

De  même,  le  nombre  de  racines  de  l'équation  supérieures  à  b  est 
donné  par  le  nombre  v'  de  variations  de  la  suite 

f(h),    f'{b),     ...,    /(")(6). 

Le  nombre  de  racines  comprises  entre  a  et  b  est  donc  v  —  t'',  en 
supposant  a  <C  b. 

Ce  théorème  ne  s'applique  qu'aux  équations  dont  toutes  les  racines 
sont  réelles  :  dans  le  cas  général,  on  démontre  que  le  nombre  f  —  v'y 
calculé  comme  on  vient  de  l'expliquer,  est  supérieur  ou  égal  au 
nombre  de  racines  comprises  entre  a  et  b,  et  que  la  différence 
entre  v  —  v'  et  le  nombre  de  racines  est  paire  ;  je  me  borne  à  énoncer 
ce  théorème,  qui  est  connu  sous  les  noms  de  Budan  et  de  Fourier. 

Une  autre  transformation  que  celle  qu'on  vient  d'indiquer  permet 
de  trouver,  au  moyen  du  théorème  de  Descartes,  une  limite  supé- 
rieure du  nombre  de  racines  d'une  équation  donnée  /(x)  =  o  com- 
prises entre  deux  nombres  donnés  a  el  b  (a  <^  b). 

Si  l'on  pose  y  =  . ,  il  est  clair  que,  lorsque  x  croît  de  a  k  b,  y 

croît  de  o  à  4-  00  ;  pour  les  autres  valeurs  de  x,  y  est  négatif;  le  nombre 
de  racines  de  l'équation /(.r)  =  o  qui  sont  comprises  entre  a  et  b  sera 

donc  égal  au  nombre  de  racines  positives  de  l'équation /( —)  =  o; 


■y 

on  mettra  cette  équation  sous  forme  entière,  on  comptera  le  nombre 
de  variations  et  l'on  obtiendra  ainsi  un  nombre  égal  ou  supérieur  au 
nombre  de  racines  de  l'équation  f(^x)=  o  qui  sont  comprises  entre  « 
et  6;  si  l'équation  en  x  avait  toutes  ses  racines  réelles,  il  en  serait  de 
même  de  l'équation  en  y,  le  nombre  de  variations  de  cette  dernière 
donnerait  exactement  le  nombre  de  racines  de  l'équation  en  x  com- 
prises entre  a  et  b. 

Exemples.  —  L'équation 


a  ses  quatre  racines  réelles  (n"  198). 

En  chassant  les  dénominateurs  et  en  ordonnant,  elle  prend  la  forme 

a*  —  -x^—  3x^-r-  I <)3"  —  2  =  o  ; 


4lO  CHAPITRE   XVI. 

on  voit,  par  le  théorème  de  Descartes,  qu'elle  a  trois  racines  positives  et  une 
racine  négative.  En  désignant  son  premier  membre  par /(a?),  on  a 

/'(t)       —  J\X^  —  •M3p'^     -    \0X  -hiQ 
^/"  (X)    —  6x^  —  'HT    —  .) 

l^f"(x)=^x  -7 
Jj/"(.r)=i. 

Cherchons,  par  exemple,  combien  il  y  a  de  racines  entre  o  et  i,5.  Ce 
nombre  est  égal  à  la  différence  de  variations  entre  les  deux  suites 

—  2,  -+-  19,  —  5,       —  7,       I  ; 

—  3,3r2"),     — '^9,75,     —  ii,     —I,       i; 

c'est-à-dire  3  —  i  =  2.  Il  y  a  donc  deux  racines  positives  entre  o  et  i  ,5.  On 
sait  d'ailleurs  (n"  198)  que  les  racines  de  l'équation  proposée  sont  respective- 
ment situées  dans  les  intervalles  de  la  suite 

—  2,     —  I,      I,     2,     -+-  oc; 

puisqu'il  y  a  trois  racines  positives,  la  racine  comprise  entre  — i  et  1  est  cer- 
tainement positive;  comme  il  y  a  deux  racines  comprises  entre  o  et  i,5,  on 
voit  aussi  que  la  racine  comprise  entre  r  et  2  est  comprise  entre  i  et  i,5. 
Considérons  l'équation 

i-{-  IX  -Jr-ix^-^. .  .-h  (n-h  \)  x'^=  o. 

Le  théorème  de  Descartes  n'apprend  rien  sur  cette  équation,  si  ce  n'est 
qu'elle  ne  peut  avoir  de  racines  positives,  ce  qui  est  d'ailleurs  évident.  Mais 
on  sait  (n"  229)  que  le  premier  membre,  multiplié  par  (x  —  i)^,  devient 

(/H-  l)a7«+2—  („  _|_  2).Z-"  +  l-(-  I. 

Ce  dernier  polynôme  admet  les  racines  de  l'équation  proposée  et,  en  plus, 
la  racine  1,  qui  est  double.  Il  a  d'ailleurs  deux  variations.  Les  racines  néga- 
tives de  ce  polynôme,  s'il  en  a,  sont  les  mêmes  que  les  racines  de  l'équation 
proposée;  or  la  transformée  en  — x  n'a  pas  de  variations  si  n  est  pair;  elle 
en  a  une  si  n  est  impair;  l'équation  proposée  a  donc  une  racine  réelle,  et  une 
seule,  dans  ce  dernier  cas.  Elle  a  toutes  ses  racines  imaginaires  quand  n  est 
pair. 

287.  Limites  des  racines.  —  11  est  utile,  afin  de  diminuer  le 
nombre  des  essais  à  faire  pour  séparer  les  racines  d'une  équation, 
de  savoir  trouver  des  limites  entre  lesquelles  elles  soient  certaine- 
ment comprises. 


i 


KQUATIONS   ALGEBRIQUES.  4ll 

J'indiquerai  d'abord  un  procédé  pour  trouver  une  limite  supé- 
rieure de  la  valeur  absolue  des  racines  réelles  ou  imaginaires  d'une 
équation  à  coefficients  réels  ou  imaginaires,  plus  avantageux  que  le 
procédé  un  peu  grossier  que  l'on  a  indiqué  aux  Chapitres  II  et  VIF. 

Soient 

f{x)  =  a:" -H  ai 37"-'  -\-.  .  .-+-  a„^i.v  ■+-  a„ 

un  polynôme  quelconque  et  a  un  nombre  réel,  supérieur  à  i  et  au 
moins  égal  à  la  plus  grande  des  valeurs  absolues  des  coefficients 
«,,  ...,  ««_,,  a„.  Si  l'on  désigne  par  x'  la  valeur  absolue  de  x^  on 
aura  évidemment 

\/{x)  \  ^x'"^ —  a(.T''^-*-\-  x'"-^-h. .  .  -f-  I  ). 

Supposons  x'^  I,  le  second  membre  de  l'inégalité  précédente,  qui 
est  égal  à  x'" ^—r- — —,  est  plus  grand  que 

ax'"^         x'"(x'—\  —  a) 
X  "  —  —7 =  ; • 

X   I  X   I 

On  a  donc 

x'"(x'  —  \  —  a) 
\f(-'r)\^ ^^1 

et,  si  l'on  a  x'^i  -^  a^  on  sera  certain  que  /  (x)  ne  peut  être  nul; 
a  -h  I  est  donc  une  limite  supérieure  des  valeurs  absolues  des  racines 
de  l'équation  proposée;  en  particulier,  les  racines  réelles  sont  com- 
prises entre  —  i  —  «  et  i  4-  «,  ces  expressions  sont  commodes  à 
cause  de  leur  grande  simplicité;  on  peut  toutefois  en  trouver  de  meil- 
leures. Je  me  borne,  dans  ce  qui  suit,  aux  équations  à  coefficients 
réels  et  à  leurs  racines  réelles. 

Je  vais  montrer  comment,  pour  une  équation  à  coefficients  réels, 
on  peut  obtenir  une  limite  supérieure  des  racines  réelles.  En  cher- 
chant, pour  la  transformée  en  —  x,  une  pareille  limite,  puis  en 
changeant  le  signe  du  résultat,  on  aura  évidemment  une  limite  infé- 
rieure des  racines  de  la  proposée.  Lorsque  l'équation  proposée  a  des 
racines  positives,  on  peut  se  servir  de  la  transformée  en  -  pour  avoir 

une   limite  inférieure  de  ces  racines  :  on  n'a  qu'à  prendre  l'inverse 
de  la  limite  supérieure  des  racines  positives  de  cette  transformée. 
Je   me  borne  donc  à  la   recherche    d'une  limite   supérieure    des 


4l2  CHAPITHK    XVI. 

racines  de  l'équation  proposée.  Je  supposerai  que  le  coefficient  de 
la  plus  haute  puissance  de  x  soit  positif,  en  sorte  que  le  premier 
membre/(;r)  de  l'équation  soit  positif  pour  x  positif  et  très  grand. 
11  suffit  de  trouver  un  nombre  A  tel  que  l'on  ait  certainement 
/(;r)  >>  o  pour  X  ^  A. 

Si  l'on  avait  une  pareille  limite  A'  pour  les  racines  de  l'équation 
dérivée /'(:r)  =  o,  on  serait  sûr  que,  pour  x  >  A',  la  fonction /(j?)  est 
croissante;  tout  nombre  supérieur  ou  égal  à  A'  qui  la  rend  positive 
est  une  limite  supérieure  des  racines  de/(x-  )  :  on  substituera,  dans 
f{x)^  A'  à  la  place  àe  x;  si  le  résultat  est  positif,  A'  sera  une  limite; 
si /(A')  est  négatif,  on  substituera  à  la  place  de  x  des  nombres  plus 
grands  que  A',  par  exemple  des  nombres  entiers  croissants,  jusqu'à 
ce  qu'on  en  trouve  un  qui  rende /(^)  positif. 

Supposons  que  f{x)  soit  de  degré  n;  sa  dérivée  n'^'"'' est  une  con- 
stante posi  tive,  sa  dérivée  (  /i  —  i  )'*''"''  est  du  premier  degré  ;  on  obtient 
de  suite  sa  racine  ou  un  nombre  plus  grand;  on  en  conclut,  par  le 
procédé  qu'on  vient  d'indiquer,  une  limite  supérieure  des  racines  de 
/(«-2)^^  puis  de /'«-3)^,  ...,  enfin  de/(a7). 

Considérons,  par  exemple,  l'équation 

x'*^  -jx^  —  bx"^-^  i^x  —  2  =  o  ; 

la  racine  àef"'{x)  est  1  <2;  en  substituant  -i  et  3  dans  ^f"{x)^  on  trouve 
des  résultats  négatifs;  mais,  pour  a:  =  4,  le  résultat  est  positif;  4  est  une 
limite  supérieure  des  racines  d&f"{x);  en  substituant  4  dansy(j;),  on  trouve 
un  résultat  négatif;  mais,  pour  a?  =  5,  le  résultat  est  positif;  5  est  une  limite 
supérieure  des  racines  de  /'(x);  5,  6  et  7  substitués  dans  /(x)  donnent  des 
résultats  négatifs;  8  donne  un  résultat  positif;  c'est  une  limite  supérieure  des 
racines;  les  essais  qui  précèdent  montrent  en  outre  que  la  plus  grande  racine 
est  comprise  entre  7  et  8. 

Le  procédé  suivant  donne  d'ordinaire  une  limite  un  peu  moins 
bonne  que  l'application  de  la  règle  qu'on  vient  d'expliquer  et  qui 
est  due  à  Newton,  mais  il  est  d'une  application  plus  rapide. 

On  observera  d'abord  que,  si  un  polynôme  'f{x),  dans  lequel  le 
premier  coefficient  est  positif,  a  une  variation  et  une  seule,  et,  par 
conséquent,  une  racine  positive  et  une  seule,  tout  nombre  a  qui,  mis 
à  la  place  de  x,  donne  un  résultat  positif,  est  plus  grand  que  cette 
racine.  Pour  un  tel  polynôme  on  obtiendra  la  limite  cherchée  par  des 
essais  successifs. 


ÉQUATIONS   Al.GÉBIUQl'ES.  4l3 

Soit  niaintenanl  un  polynôme  /(^),  dont  je  suppose  que  le  pre- 
mier coefficient  soit  positif;  on  le  décomposera  en  une  somme  de 
polynômes 

(p,(ar)  -+-  Ot(x)  H-.  .  .-H  o,,(a»), 

dont  chacun  est  ordonné  par  rapport  aux  puissances  décroissantes 
de  X,  commence  par  un  terme  à  coefficient  positif  et  ne  comporte 
qu'une  variation;  le  dernier  peut  n'en  comporter  aucune  mais  doit 
toujours,  bien  entendu,  commencer  par  un  terme  à  coefficient  positif. 
On  cherche  un  nombre  «i  supérieur  ou  égal  à  la  racine  positive 
de  o^  (x),  un  nombre  a-,  supérieur  ou  égal  à  la  racine  positive  de 
'f2[x),  ...,  un  nombre  ap  supérieur  on  égal  à  la  racine  positive  de 
'fp(x),  s'il  y  en  a  une;  si  '•^p{x)  n'a  pas  de  variation,  on  prendra 
ap^=o.  Le  plus  grand  des  nombres  a,,  a^?  ••••.  «/>  sera  une  limite 
des  racines  dey(x),  car  pour  les  valeurs  de  x  supérieures  à  ce  nombre, 
chacun  des  polynômes  cp,(.r),  cp2(^),  ...,  '^p{x)  sera  positif. 

Par  exemple,  dans  l'équation  qu'on  vient  de  traiter,  on  peut  prendre 

<^i{x)  ^  x'*  —  -jx^ — ô.r-,  ip2(^)  =  i^x  —  2; 

le   nombre   8,    mis   à   la  place  de    .r,  rend  o\{x)  et  Oi{x)  positifs;  c'est  une 
limite  supérieure  des  racines  positives  de  l'équation  proposée. 

Cherchons  une   limite    inférieure    des    racines   positives,  et,  pour  cela,  une 
limite  supérieure  des  racines  positives  de  l'équation 

ix'*  —  19373  H-  5a;2  -+-70:  —  1  =  0, 

on  peut  prendre  ici 

o,(ar)  =^  ix*  —  icj.r',         o<,(x)  —  3X^-^  "jx  —  i  ; 

^  annule  ^i{x)  et  rend  (^i{x)  positif. 

Le  nombre  yî  ou  le  nombre  plus  petit  0,1  peut  donc  servir  de  limite  infé- 
rieure des  racines  positives. 


288.  L'utilité  des  propositions  et  des  méthodes  exposées  dans  les 
deux  numéros  précédents  pour  la  séparation  des  racines  d'une  équa- 
tion algébrique  ressort  suffisamment. 

Il  convient  de  remarquer  que,  pour  une  telle  équation,  on  peut 
toujours  supposer  qu'elle  n'a   [)lus  que  des  racines  simples;   il  suffit 


4l4  CHAPITKE    XVI. 

(le  lui  appliquer  la  méthode  du  n"  119.  Je  ne  reviens  pas  sur  le  parti 
qu'on  peut  tirer  du  théorème  de  Rolle. 

Le  théorème  de  Descartes  fournit  un  premier  renseignement  sur 
le  nombre  de  ses  racines  positives  et  négatives.  Après  avoir  déter- 
miné des  limites  supérieure  et  inférieure  de  ces  racines,  on  cherche 
H  séparer  ces  racines,  par  exemple  en  substituant  dans  le  premier 
membre  des  nombres,  que  l'on  se  gardera  de  prendre  en  dehors  des 
limites;  lorsqu'on  sait  que  toutes  les  racines  sont  réelles,  on  peut 
procéder  régulièrement  dans  cette  recherche,  puisqu'il  est  alors  aisé 
de  connaître  le  nombre  de  racines  contenues  dans  un  intervalle.  Les 
racines  étant  séparées,  on  cherche,  par  de  nouvelles  substitutions,  à 
resserrer  suffisamment  l'intervalle  dans  lequel  chaque  racine  est  en- 
fermée pour  qu'on  croie  pouvoir  appliquer  utilement  quelqu'une  des 
méthodes  d'approximation. 

Il  peut  se  faire  qu'une  équation  algébrique  ait  des  racines  ration- 
nelles, et  il  importe  de  savoir  déterminer  exactement  ces  racines. 

289.   Recherche  des  racines  rationnelles.  —  Soit 

k^X''  -r-  Al  37"-'  -t-  .  .  .  -H  A„  =  O 

une  équation  à  coefficients  entiers  ('),  dont  je  désignerai  le  premier 
membre  par  f{x).  Supposons  qu'elle  admette  une  racine  ration- 
nelle —  ,  les  nombres  entiers  p  el  q  étant  premiers  entre  eux;  le  cas 
ovi  q  serait  égal  à  i  n'est  pas  exclu.  Le  pol_ynome/(.a:)  est  divisible 
par  X  —  -  ou  par  qx  — p.  Ce  dernier  polynôme  éldinl  primitif ,  au 

sens  du  n"  5o,  la  division  ne  doit  introduire  au  quotient  aucun  terme 
fractionnaire;  en  particulier,  Aq  et  A„  doivent  être  respectivement 
divisibles  par  q  el  p,  puisque  le  premier  et  le  dernier  coefficients  du 
quotient  s'obtiennent  en  divisant  respectivement  Aq  et  A„  par  q  et 
par  — p;  d'ailleurs,  les  coefficients  du  quotient  de  la  division  par 
qx  —  p  sont  les  coefficients  du  quotient  de  la  division  par  x  —  —  res- 


(')  Lorsque  les  cuelTicienls  dune  équation  sont  des  nombres  rationnels,  on  n'a 
qu'à  multiplier  tous  les  coefficients  par  un  nonibre  convenable  pour  les  rendre  en- 
tiers. Quant  au  cas  où  les  coefficients  sont  irrationnels,  il  n'y  a  pas  lieu,  en  général,, 
(le  s'en  occuper. 


ÉQUATIONS  ALGKBKIQLES.  4l5 

pecti veinent   divisés  pai*  q  ;   d'où,    en    se   reportant   à    la   règle    du 
n'  54,  les  conclusions  suivantes  : 

Si  la  fraction  irréductible  —est  racine  de  Inéquation  à  coejji- 
cients  entiers 

Aoa7"-i-  Al 37"-'  -f-. .  .-+-  A„=  o, 
les  nombres 

Bo=Ao,     B,=  Boi?-HAi,     Bi=B,  ^+A,,     ...,     B„_,  =  B„_2  ^ -f- A„_, 
sont  entiers  et  divisibles  par  q^  le  nombre 

B„=  B„_,  ^-^  ,\„=  Ao^  +  A,^  ^..._t-A„ 
est  nul ('). 

Le  quotient  de/(.r)  par  j:  —  —  est  alors 

Bo3^"-'+  B,r"-2-h.. .+  B„_i, 


(')  Ces  propositions  s'établissent  directement.  De  la  supposition 
A„  p"  +  V|  />"   '  <7  + . .  .4-  .\„^"  =  0 
on  tire  successivement 


-  (  -^1   />""'+    ^iP"~''Ç  +•  •  •-+-  ■^nÇ'""')» 


7 


—  (A.,  /?"-'-f-  \^p-'-^q  -+-,.  .-f- A„^"-3), 


lk^._A.. 


Les  seconds  membres  sont  entiers;  les  premiers  doivent  l'être  aussi;  q  est  premier 
àp  et,  par  conséquent,  à  toutes  les  puissances  de  p;  en  vertu  de  la  première  éga- 
lité, il  divise  A„  donc  B,  est  entier;  en  vertu  de  la  deuxième  égalité,  q  divise  B,, 
donc  B.^  est  entier;   la  dernière  égalité   montre   à    la  fois  que  q  divise  B„_,  et  que/) 

divise  A„.  La  condition  B„  =  o  exprime  que  —  est  racine  de  l'équation  /{x)  =  o. 


4lG  CHAPITRE   XVI. 

et  le  quotient  àef[x)  par  q x  —  p  est 

b;  ^•''-'  -t-  B'i  ^«-2  +  ...-+-  b;,_i  , 

en  désignant  par  B^,  B', ,  . . .,  B^^_,  les  quotients  de  la  division  par  q 
des  nombres  Bo,  B|,  ...,  B«_,  ;  les  nombres  Bj,,  B',,  ...,  ^',^_^  sont 
entiers. 

Pour  essayer  une  fraction  —  >  afin  de  reconnaître  si  elle  est  racine 

de  l'équation /(:r)  =  o,  on  écrit  sur  une  ligne  horizontale  les  coeffi- 
cients 

Ao,     Al,     A2,      ...,     A„-,,     A„ 

de  cette  équation,  en  ayant  soin  de  remplacer  par  des  zéros  les  coeffi- 
cients manquants  ;  sous  le  premier  coefficient  Ao  on  écrit  B'^,  =  —  ; 
B', ,  que  l'on  écrira  sous  A,,  est  égal  à  —^ ^-,  chacun  des  coeffi- 
cients B.',,  Bj,  ...,  B^^_,  se  déduit  du  précédent  en  le  multipliant 
par /?,  en  ajoutant  celui  des  nombres  Aq,  A|,  ...,  A„_,  au-dessous 
duquel  on  doit  le  placer,  et,  en  divisant  la  somme  par  q  ;  le  nombre  B,',, 
formé  d'après  la  même  loi,  doit  être  nul. 

Si  l'un  des  coefficients  que  l'on  est  amené  ainsi  à  écrire  n'est  pas 

entier,  ou  si  B^^  n'est  pas  nul,  —  n'est  pas  racine  de  l'équation. 

Si  —  est  racine  de  l'équation  f{x)  =  o,  —  sera  racine  de  la  trans- 
formée en  -  ,  c'est-à-dire  de  l'équation 

A„  a7«  +  A„_i  a7«-i  -t- . . .  +  Ao  =  o. 

On  pourra  aussi  bien  s'adresser,  pour  un  essai,  à  cette  équation 
qu'à  la  proposée;  d'où  une  nouvelle  suite  de  conditions  que  je  me 
dispense  de  répéter,  et  qu'on  trouverait  d'ailleurs  aussi  en  faisant  la 
division  du  polynôme  f{x),  ordonné  suivant  les  puissances  crois- 
santes de  X  par/?  —  qx.  C'est  à  la  dernière  équation  qu'il  faudra 
s'adresser  si  l'on  veut  essayer  un  nombre  entier  p,  parce  que,  ainsi, 
on  peut  être  prévenu  plus  tôt,  en  rencontrant  un  coefficient  fraction- 
naire, que  l'essai  ne  doit  pas  réussir.  Pour  la  même  raison,  c'est  la 
première  méthode  qu'il  faudra  suivre  si  l'on  veut  essayer  une  fraction 

de  la  forme  -•  D'une  façon  générale,  on  choisira  plutôt  la   prejuière 


ÉQUATIONS  ALGÉBRIQUKS.  417 

méthode  ou  la  seconde  suivant  que  p  est  plus  petit  ou  plus  «rand 
quey('). 

Les  nombres  rationnels  à  essayer  sont,  d'ailleurs,  en  nombre  limité  r 
pour  les  obtenir,  on  cherchera  les  diviseurs  de  A„  et  de  A,,,  on  for- 
mera un  tal)leau  contenant  tous  les  diviseurs  de  -\«  et  toutes  les  frac- 
tions ayant  pour  numérateur  un  diviseur  de  A„,  pour  dénominateur 
un  diviseur  de  A(,  ;  toutes  ces  fractions  devront  être  réduites  à  leurs, 
plus  simples  expressions;  tous  les  nombres  du  tableau  seront  affecti-s- 
des  signes  -H  et  — ,  on  ne  gardera  que  ceux  qui  sont  distincts. 

On  supprimera  tous  ceux  qvii  seraient  en  dehors  des  limites  assi- 
gnées aux  racines. 

Voici  une  remarque  à  l'aide  de  laquelle  on  peut  éliminer  certains, 
des  nombres  à  essayer  : 

Soit  —  une  fraction  irréductible  (le  cas  où  q  est  égal  à  i  n'est  pas. 

exclu).  Soit  'f  (.3")  le  quotient  de  la  division  du  polynôme /(.r)  par 
(fx  — />,  quotient  qui  doit  avoir  tous  ses  coeffîcienis  entiers.  L'iden- 
tité f{x)  =  i^qx  — />)  'f  (.r)  montre  que,  si  l'on  attribue  à  x  une  va- 
leur entière  quelconque,  le  nombre  entier  /(^)  doit  être  divisible 
par  le  nombre  entier  qx  — p.  En  particulier,  les  nombres  entiers. 
y^i)  et /( — i)    doivent   être    respectivement    divisibles    par  q  —  p 

et  q  H-/?;  on  rejettera  ceux  des  nombres  —  qui  ne  satisferaient  pas  à 

celte  condition;  en  particulier,  on  rejettera  les  nombres  entiers /> 
tels  que/?  —  i  et/>  -h  i  ne  divisent  pas  l'un  et  l'autre  les  nombres /(i)» 
et/(-i). 

Remarquons  enfin  qu'on  peut  toujours  ramener  la  recherche  des; 
racines  rationnelles  à  la  recherche  des  racines  entières  :  en  effet,  une- 
équation  à  coefficients  entiers  étant  donnée,  on  peut  toujours,  en 
multipliant  ses  racines  par  un  nombre  entier  convenablement  choisi^ 
la  remplacer  par  une  équation,  à  coefficients  entiers,  dans  laquelle  le 
coefficient  de  la  plus  haute  puissance  de  x  soit  égal  à  i .  Pour  une 
pareille  équation,  les  racines  rationnelles  sont  nécessairement  en- 
tières.  Il  ne  restera   plus,   après  avoir  calculé  ces  racines  entières,^. 


(')  Cela   n'a  rien  d'absolu,  surtout  si  la   fraclion  —est  voisine  de    i   en   valeur 

absolue  .  si  q  était  un   nombre  premier,  ce  serait  une  raison   pour  choisir   la  pre- 
mière méthode. 

T.  -  II.  11 


4l8  CHAPITRE    XVI. 

qu'à  leur  donner  comme  dénominateur  le  nombre  entier  par  lequel 
on  a  multiplié  toutes  les  racines  de  la  proposée. 

La  remarque  suivante  permet  quelquefois  de  reconnaître  rapidement  qu'un 
polynôme /(a?),  à  coefficients  entiers,  n'a  pas  de  racines  entières.  Soit  m  un 
nombre  naturel  quelconque  :  on  reconnaît  de  suite  que,  si  deux  nombres 
entiers  a  et  6  donnent  le  même  reste  quand  on  les  divise  par  m,  il  en  est  de 
même  des  deux  nombres  entiers/(a), /(6).  Il  résulte  delà  que,  si  l'on  substi- 
tuait dans /(a;),  à  la  place  de  x,  tous  les  nombres  entiers  de  —  oo  à  -t-  oo,  et  si 
l'on  calculait  les  restes  de  la  division  par  m,  les  restes  se  reproduiraient  pério- 
diquement de  m  en  /n  (1);  pour  obtenir  tous  les  restes  possibles,  il  suffira  de 
substituer,  dans/(^),  m  nombres  entiers  consécutifs. 

Ceci  posé,  l'un  de  ces  rentes  doit  être  nul  si  /(^)  admet  une  racine  en- 
tière a,  à  savoir  le  reste  qui  correspond  à  celui  des  nombres  substitués  qui, 
divisé  par  m,  donnerait  le  même  reste  que  a. 

Si  donc,  parmi  les  m  résultats  de  substitution,  aucun  n'est  divisible  par  m, 
on  est  sûr  que  l'équation /(a;  )  —  o  n'a  pas  de  racines  entières. 

En  particulier,  si  les  deux  nombres /(o)  et /(  i  ),  ou /(o)  et/(— i)  sont  tous 
les  deux  impairs,  l'équation  y(a7)  =  o  n'a  pas  de  racines  entières;  elle  n'en  a 
pas  non  plus  si  aucun  des  trois  nombres /(— i),  /(o), /(i)  n'est  divisible 
par  3.  La  première  de  ces  conclusions  s'établit  sans  peine  directement. 

Exemple.  —  Soit 

f^x)  =  •l'èx^-^-  \Z^x^ ~  33037* —  i53oa73  —  i  iSa?^ —  i666.r  -i-  -245 

le  premier  membre  de  l'équation  proposée;  d'après  le  théorème  de  Descartes, 
il  peut  y  avoir,  au  plus,  deux  racines  positives  et  deux  racines  négatives. 
Le  polynôme 

28^«-H  i36a75—  335  37*—  i53o^3_,  ,«^2  _  i666a7 

n'a  qu'une  variation;  il  est  positif  pour  a;  =  4  5  il  eu  est  de  même  a  fortiori 
de /(a;)  pour  les  valeurs  de  a;  égales  ou  supérieures  à  4  ;  4  est  une  limite  supé- 
rieure des  racines  (n"  287), 
On  a  d'ailleurs 

y(—  a-j  =  a'*(28a7^  —  i36a?  —  335)  H-  a72(i53oa-  —  uS)  -f-(i666a7  -H  •i!\^). 

La  première  parenthèse  est  positive  pour  a7=  7,  il  en  est  de  même  des  deux 
autres  polynômes  placés  entre  parenthèses  :  —  7  est  une  limite  inférieure  des 
racines  de  l'équation  proposée.  Je  me  dispense  de  chercher  une  limite  infé- 
rieure des  racines  positives,  une  limite  supérieure  des  racines  négatives. 


(')  La  période  peut  d'ailleurs  être  plus  courte;  le  nombre  de  termes  qui  la  com- 
posent est  nécessairement  un  diviseur  de  m. 


EQUATIONS  ALGEBRIQUES. 


4'9 


On  a 


/(i)  =  -324<',        /(-O-îSHo. 

Les  diviseurs  de  28  et  de  245  sont  respectivement 

I,     2,       4,     7,     II,       28; 
I,     7ï     49»     5)     3J,     245. 

Les  nombres  distincts  à  essayer  seraient,  d'après  cela. 


49, 


1 1 

2 

±1 
4    ' 

±  I 

.4          28         -- 

±7        rt7 
•>^    '       4    ' 

49 

2 

±49 

±5, 

±5        ±5        ±5 
^^   '       4    '       7 

±5       ±5 
'        .4   '       28 

35, 

=!=35 
2 

±35 
4 

2 

±  245 

En  supprinnant  ceux  qui  tombent  en  dehors  des  limites,  et  les  nombres  d=  1, 
déjà  essayés,  il  reste 

±1        — I        ±1        ±_i_       ±\  ±7        ±7 

2    '        4     '        7    '        14'       '^8   '  2    '         4     '            '' 

±5        ±  •)        ±5  ±  J 

2    '        4    '        14   '  28 

La  règle  relative  à/(i),/(—  i)  permet  d'écarter  les  nombres 


:  I 

■7-  j 


)        ni  :) 


28 


il  reste  à  essayer 


I        ±1        ±1        ±7 


Les  essais  relatifs  à  -,  -,  -  sont  figurés  ci-dessous;  on  s'est  arrêté  dès  qu'on 
247^  ^ 

a  |)u  voir  que  le  terme  suivant  ne  serait  pas  entier. 

28     i36     —535     —  i")3o     —118     —  iGW)     245 


i4       75     — i3o     —  8ji) 


4       20     —    |5     —  22 j     —  49     —  '■*4  >         o. 


420  CHAPITRE    XVI. 

L'essai  a  réussi  pour  -  et  les  nombres  écrits  en  dernier  lieu  sont  les  coeffi- 
cients du  quotient  de /(a?)  par  'jx  —  i  ;  on  remplacera,  dans  les  essais  ulté- 
rieurs, y(a7)  par  ce  quotient,  qui  est  plus  simple.  Il  n'y  a  pas  lieu  d'essayer  une 

seconde  fois  -  puisque  7  ne  divise  pas  4-  Pour  essayer  -,  au  lieu  de  faire  la 

7  2 

division  par  -xx  —  7,  les  polynômes  étant  ordonnés  par  rapport  aux  puissances 
décroissantes  de  x,  on  essaiera  la  division  du  polynôme  ordonné  par  rapport 
aux  puissances  croissantes  par  7  —  "hx  :  le  calcul  est  indiqué  ci-dessous  : 

245     49     'J'^'.S     4'     — 20     — 4, 
35     17       37     17  9.         o. 

L'essai  réussit  encore  :  -  est  racine  de  la  proposée:  on  a  les  coefficients  du 
quotient  de  la  division  par  7  —  ix\  ordonné  par  rapport  aux  puissances  crois- 
santes de  x\  on  peut  se  dispenser  d'essayer-  une  seconde  fois,  car  on  savait, 

par  le  théorème  de  Descartes,  que  l'équation  f{x^  ne  pouvait  avoir  plus  de 
deux,  racines  positives;  au  surplus,  sur  le  polynôme  même  auquel  on  parvient, 
on  reconnaît  qu'il  ne  peut  y  avoir  de  racines  positives.  Il  ne  reste  plus  qu'à 

essayer  les  nombres j  — -  ■,  —  5;  l'essai  de  est  inutile,  puisque  7  ne 

divise  pas  le  coefficient  2  de  la  plus   haute  puissance  de  x;  pour  essayer , 

on  fera  la  division  par  7  -t-  ix^  les  deux  polynômes  étant  ordonnés  suivant  le& 
puissances  croissantes  de  a?;  le  calcul  est  indiqué  ci-dessous  : 

35     17       37     17     2, 
5       I         5       I     o. 

Il  n'y  a  pas  lieu  d'essayer  une  seconde  fois  ;  il  reste  à  essayer  la  divi- 
sion par  5 -\- X  qui  donne  les  coefficients  : 

I     o     I     o. 

On  voit  que  —  5  est  racine  et  que  le  quotient  est  x"-  ^\.  Finalement,  on  voit 
que  l'on  a 

=  (7a?  — i)  (2a"  — 7)(2^-f-  7)(a7-i-  5  )(a72_i_  ,). 

On  \oit  que  les  essais  se  font  assez  rapidement  :  ils  ne  supposent 
nullement  que  l'équation  considérée  ait  été  débarrassée  de  ses  racines 
multiples.  Tout  au  contraire,  quand  on  a  affaire  à  une  équation  du 


ÉQUATIONS   ALGÉBRIQUES.  42' 

troisième  degré  ou  à  une  équation  du  quatrième  degré  (dont  le  pre- 
mier membre  n'est  pas  un  carré  parfait),  et  que  les  coefficients  de  ces 
équations  sont  rationnels,  il  est  souvent  plus  commode,  au  lieu  de 
rechercher  par  la  méthode  du  n"  1 19  leurs  racines  multiples,  d'appli- 
quer le  procédé  qu'on  vient  d'indiquer. 


EXERCICES. 

289.  Résoudre  l'équation 

'jx^-h  \x-^  ix  —  I  =  o, 
sachant  qu'elle  a  deux  racines  dont  la  somme  est  —  i. 

290.  Résoudre  l'équation 

•ix^  —  ir^-h  ix  —  I  =  o. 
sachant  qu'elle  a  deux  racines  dont  le  produit  est  égal  à  r. 

291.  Résoudre  l'équation 

./••■î  -^  ix-  —  'ix  —  9  =  o, 
sachant  qu'elle  a  deux  racines  symétriques. 

292.  Résoudre  l'équation 

a**  —  i\x--h  II  X  —  f)  =  o, 
sachant  qu'elle  a  deux  racines  dont  la  différence  est  'i. 

293.  Résoudre  l'équation  ' 

x^  -4-  ;')  J-- —  la •>.  î  =  o 

sachant  qu'elle  a  deux  racines  dont  le  rapport  est  —  2. 

294.  Trouver,  en  partant  des  relations  entre  les  coefficients  et  les  racines,  la 
condition  à  laquelle  doivent  satisfaire/?  et  ^  pour  que  l'équation  x^-^px-hq  =  0 
ait  deux  racines  égales  :  cette  condition  étant  vérifiée,  résoudre  l'équation. 

293.  Établir  des  formules,  analogues  à  celles  de  Newton,  qui  donnent  les 
sommes  des  puissances  semblables  négatives  des  racines  d'une  équation. 


422  CHAPITRE   XVI. 

296.  Vérifier,  en  supposant  ^{x)  =  x'^-i-  px  -\-  q^  les   identités  établies  au 
n"  68. 

297.  Calculer  les  coefficients  de  l'équation 

x^  -1-  A  j^2  _i.  p  ^  _j_  (]  _  o 

connaissant  la  somme  des  carrés,  la  somme  des  cubes  et  la  somme  des  qua- 
trièmes puissances  des  racines  de  cette  équation. 

298.  Soit  f{x)  un  polynôme  dont  on  donne  les  coefficients  et  dont  on  désigne 
les  racines  par  a,  b,  c,  . . .,  Z. 

Montrer,  en  développant  en  série  ordonnée  suivant  les  puissances  croissantes 

de  -  les  deux  membres  de  l'identité 


f{x)      '  X 


a        X  —  h 


et  en  égalant  dans  les  deux  séries  les  coefficients  d'une  même  puissance  de  -  -, 

X 

qu'on  parvient  à  des  formules  qui  donnent  les   sommes  des  puissances  sem- 
blables positives  des  racines  de  l'équation /(a?)  —  o. 

En  développant  suivant  les  puissances  croissantes  de  .r,  on  parvient  à  des 
formules  qui  donnent  les  sommes  des  puissances  semblables  négatives. 

299.  Si  une  fonction  symétrique  entière  des  variables  a,  6,  c,  . .  .,  /  s'annule 
quand  on  y  fait  a  =  b.  elle  est  divisible  par  le  produit  des  carrés  des  diffé- 
rences de  ces  variables. 

300.  Si  une  fonction  symétrique  entière  des  variables  a,  b,  c  est  divisible 
par  le  déterminant 

i  I  I 
abc 
«2      b^     c* 

elle  est  divisible  par  le  carré  de  ce  déterminant. 

301.  Le  carré  du  déterminant  (n"  149) 


ÉQUATIONS   ALGÉBRIQIKS.  4^3 

est  un  délerminant  symétrique  dont  les  éléments  s'expriment  au  moyen  des 
sommes  So,  S|,  S2,  ...,  Sj,,-,  des  puissances  semblables  des  variables  Xi 
.r,,  . .  .,  x„. 

Déduire  de  là  un  moyen  pour  calculer  le  produit  des  carrés  des  différences 
iL;s  racines  d'une  équation  du  rt'*™"  degré  dont  on  donne  les  coefficients. 
Appliquer  à  l'équation  x^-h px  -\-  q  =  o. 

I]02.  Soient  a,  b,  c  les  racines  de  l'équation  x^ —  3.r  -h  t  =  o;  former  l'équa- 
tion dont  les  racines  sont  a* —  2,  6*  —  2,  c* —  2,  et  celle  dont  les  racines  sont 

I              I             I 
I ,  '—7'  • 

abc 

Montrer  que,  si  l'on  forme  la  suite  indéfinie 

a,         aj  =  a^ — 2,         ai=a\  —  2,         as— al  —  •>.,  ..., 

les  nombres  a,  a,,  a^  sont  différents  :  la  condition  nécessaire  et  suffisante  pour 
que  l'on  ait  a,,=  a,/,  en  désignant  par  p  el  q  clés  nombres  naturels,  est  que 
p  ~  q  soit  divisible  par  3. 

Calculer  les  valeurs  de  a6*-f-  6c^-i-  ca*,  ba^-\-cb'^  -^ac'^. 

303,  Soit /(a?)  =  o  une  équation  du  /l'^mc  degré  et  soit  a  une  racine  cubique 
imaginaire  de  l'unité. 

Montrer  que,  dans  le  \>roà\i\l  f{x)f{'xx)f{aL^x)^  les  termes  dont  le  degré 
n'est  pas  divisible  par  3  disparaissent. 

Si  l'on  désigne  par  ^{ y)  ce  que  devient  ce  produit  cjuand  on  y  remplace  x^ 
par  X,  l'équation  cp(^)  =  o  a  pour  racines  les  cubes  des  racines  de  l'équation 
proposée. 

30i.  Soil,  en   général,   S,j  la   somme  des   «'*•""   puissances  des   racines  de 

c 
l'équation  algébrique /(ar)  =0;  le  rapport     ""^'  ,  quand  n  augmente  indéfini- 
mont,  a  pour  limite  celle  des  racines  de  l'équation  f(x)  =  o  dont  la  valeur 
absolue  est  la  plus  grande,  en  supposant  qu'il  y  ait  une  racine  dont  la  valeur 
absolue  dépasse  celle  de  toutes  les  autres. 

Si  les  coefficients  de  l'équation  f{x)  =  0  sont  réels  et  si  la  racine  qui  a  la 
plus  grande  valeur  absf>lue  est  positive,  cette  racine  est  la  limite  de  (^S,j  quand 
n  augmente  indéfiniment  (  n»  226,  à  la  fin). 

Former  les  équalions  qui  ont  pour  racines  les  puissances  2,  4,  8,  16  des 
racines  de  l'équation  x^ — 3a7-l-i  =  o  :  quel  est  l'ordre  d'approximation  que 

16/ 

l'on  obtient  en  prenant  \/sl,  y^Sg,  \  Sie  pour  la  valeur  de  la  plus  grande 
racine  positive  de  cette  équation  ? 

305.  Trouver  les  conditions  pour  que  les  deux  équations 

a:'  -+-  a  a?*  -+-  6  a:  -+-  c  =0. 
ar» -(- a'a?* -t- 6'a7 -H  c' =  o 

aient  une  racine  double  commune. 


4.i4  CHAPITRE    XM. 

306.  Résoudre  cl  discuter  l'équation 

x'>-\-  ax^-+-  bx^-h  ax  -4-1  =  0, 

oii  a,  b  sont  des  nombres  réels  donnés;  en  regardant  a,  b  comme  les  coor- 
données d'un  point  M,  on  demande  de  reconnaître,  d'après  la  position  du 
point  M,  le  nombre  de  racines  réelles  de  l'équaiion  proposée. 

Décomposer  le  premier  membre  en  facteurs  réels  du  second  degré,  dans  le 
cas  où  l'équation  du  second  degré  en  z 

z^—  >.-^  az  -+-  b  —  o 
.a  ses  racines  réelles. 

307.  Appliquer  à  l'équation 

a?*  -+■  ax^  -+-  bx^  -+-  ax  +  1  =  0 
Sa  méthode  du  n"  181. 

308.  Trouver  le  produit  des  carrés  des  différences  des  racines  de  l'équation 
..x"  —  1  =  0. 

309.  Appliquer  les  formules  de  résolution  de  l'équation  du  troisième  degré 
-à  l'équation  (en  a;) 

a?"*  —  3yzx  -+-  y^ -h  z^  =  o  ; 
•décomposer  le  premier  membre  en  facteurs  du  premier  degré. 

310.  Soient  a  une  racine  cubique  imaginaire  de  l'unité  et  a,  b,  c  des  variables 
«quelconques;  si  sur  l'expression  a  +  a^  -f-  a^c  on  fait  toutes  les  permutations 
j)0ssibles  des  lettres  a,  b,  c  on  obtient  les  six  quantités 


a  -h  cub  -h  ol"^  c^ 

a  -\-  xc  -h  x^b, 

a  {a  -h  (xb  -\-  OL^c), 

a  (a  -h  xc  -h  x^h), 

a2(a  H-  aô  -H  a'^c). 

x-{a  -+-  xc  -h  x^b). 

L'expression  (a  +  aô -i- a^c)-^  n'est  susceptible  que  de  deux  valeurs  quand 
•on  y  permute  les  lettres  a,  b,  c  de  toutes  les  manières  possibles.  Montrer  que 
-cette  expression  s'exprime  rationnellement  au  moyen  des  fonctions  symé- 
triques élémentaires  de  a,  b,  c  et  de  l'une  ou  de  l'autre  des  quantités 

bc''-{- ca^  + ab'-^     b-c -h  c^a -+- a-b. 

Désignant  maintenant  par  a,  b,  c  les  trois  racines  de  l'équation 

x^-{-px-h  q  =  o, 


ÉQUATIONS   ALGÉBRIQLES.  4"^5 

OÙ  /)  et  gr  sont  des  nombres  donnés,  on  forme  l'équation  du  second  degré  dont 
les  deux  racines  sont  6c'+ ca* -+- «6*,  b^c  -h  c^a  -h  a^b.  Exprimer  a,  b,  c 
au  moyen  de  ces  deux  racines  et  des  données. 

311.  Soient  a,  b,  c  les  racines  de  l'équation 

(i)  x^-hpar  -i-  q  =  o, 

supposées  inégales. 

Le  polynôme  du  second  degré 

,  (^  — 6)(3"- c)  (ar:  —  c)(ar-a)  >x^a)(x  —  b) 

^''>      J"  (a~  b){a  —  c)  (b  -c)ib  -a)  {c  -a)(c  —  b) 

prend  respectivement  les  valeurs  ^,  c,  a  quand  on  y  remplace  respectivement. r 
par  a,  b,  c  (n°  67). 

Montrer  que  ses  coefficients  s'expriment  rationnellement  au  moyen  dep,q, 
\l—  \p^—>.-q^. 

Klffectuer  complètement  les  calculs  en  supposant /)  =  —  3,  ^  =  i. 

Quel  est  le  résultat  de  l'élimination  de  x  entre  les  équations  (i)  et  (2)? 

312.  On  a  appris,  au  n"  109,  à  former  l'équation  de  degré  n  tw  x  que 
l'on    obtient   en  faisant    cos6=:a;   dans    l'équation    cosn6  =  cosa,    et   dont 

les  racines  sont  les  n  valeurs  que  prend  l'expression  cos ^j  quand  on 

y  fait  /-  =  o,  I,  ?.,  .  . .,  n  —  i.  Déduire  de  celte  équation  les  égalités 

a  a  ^ -XTz         a -t- 4  TC  o  —liim  —  1)7:        (—•)'" — cosa 

cos cos cos  .  .  .  cos = , 

•'.ni  i.in  Km  •xin  ,im-{ 

n  a  -!-•>, 71  a  -\-  \-  a  -r-  f\ni-:i        cosa 


où  m  désigne  un  nombre  naturel. 

En  remplaçant  dans  la  première  a  par  it  et  m  para/),  en  rapprochant  dans 
les  4/?  facteurs  du  premier  membre  ceux  dont  les  arguments  diffèrent  de  -n, 
puis  en  utilisant  la  relation  %\n?.x  —  Jisinj:  cos.r,  on  parvient  à  l'égalité 

.,a     .    ^a.-\-T.    .      a-f-:i7:  ..«-•-C/'  —  Otz        sin*a 

sin'  —  sin^ sin- .  . .  sin^ ' =  > 

P  P  p  p  •>-»/'-* 


d'où 


.     a     .     a -+- T            .     a.-^(p  —  \)T.         ,    sina 
sin       sin ...   sin =  db 


p  p  p  •>./'-' 

Si  l'on  a  o  <  X  <  7:,  on  doit  évidemment  prendre  le  signe  -h.  Montrer  que  le 


4'''<'  CHAPITRE    XVI. 

lapporl 


lorsqu'on  lui  attribue  sa  vraie  valeur  pour  les  valeurs  de  a  qui  en  annulent  les 
deux  termes,  est  une  fonction   toujours  continue  de   a  :  conclure  de  là  et  de 

l'égalité  précédente  qu'il  a  toujours  la  valeur 

Kn  faisant  tendre  a  vers  o  dans  l'égalité 

.     a     .     a -e- TT    .    a-f-.>.r            .     % -\- ( p  —  i)7t        sina 
sin—  sin sin ...  sin  — —  =  , 

établir  la  relation 


.       TU 

.     271    .     3tt 

in  — 

sin  —  sin  — 

P 

P           P 

(p 


d'où  l'on  déduira 


3  71                 .        pT.  \/>.p 

sin ...  sin  —^ —  - — i— 


■>.p  -    I  i/)  -h  I  ip-T-  i  ip  4- 

313.   Résoudre  par  radicaux  les  équations  (n"  109) 

(  I  -h  ix  )"—  0  —  ix}" 


(I  -I-  ix)'  ^  (i  —  ix  )" 


M. 


Montrer  que,  si  A  est  réel,  la  seconde  équation  a  toutes  ses  racines  réelles. 

La  première  équation  a  toutes  ses  racines  réelles  si  A  est  compris  entre  —  i 
et  -i-i.  Qu'arrive-t-il  quand  A  est  égal  à  ±  i?  Combien  l'équation  a-t-elle  de 
racines  réelles  quand  A  est  réel  mais  plus  grand  que  i  en  valeur  absolue? 

314.  Si  l'on  a,  identiquement  en  x, 

a  (ax  -h  x'  y-  -+-  -ib  {(XX  -h  a'  )  i^x  -h  '^'  )  -i-  c  (^x  -^  ^'  )^  =  A  x^  -^  iB  X  -+-  C, 
a'(ixx-r-  ce' y  -^  9. b' (V.X  -h  a  )  (px  -h  P')  -+-  c'(  pa? -+-  [3')2  =  k' x^ -+- 2B' x  ■+■  C , 


2BB'-  AC— A'G 


:(a;5'— a'p)2(266'— «c'— a'c). 


Montrer  que  la  condition   ibb' —  ac' —  a' c  —  o  est  la  condition  nécessaire 
et  suffisante  pour  que  le  rapport  anharmonique —  :   — j soit  égal 


KQUATIONS    ALGEBRIQUES.  4^7 

il  — I,  en  désignant  par  ar,,,  aci  les  racines  de  a x^ -+-•?. b x -^-  c,  par  x'q,  x\,  les 
racines  de  a'a7*-f-  7.b' x  -t-  c' . 

Montrer  que  le  résultant  des  deux  polynômes  Ax'-H  2  Ba:-)- G,  A'x^-i-iB'x-hC 
e«l  égal  au  résultant  des  deux  polynômes  a x'^ -h  ^.bx -h  c,  a' x^ -h  1  b' x -{- c' 
multiplié  par  (a^S' —  ^'p)*. 

315.  Reprenant  les  notations  du  n"  274,  on  vérifiera  d'abord  que  si,  dans 
l'expression 

on  remplace  respectivement  xi  et  yj  par 

—  Pxi-h-ct'  —  i3jK,-H« 

(n"  271),  elle  deviendni 

(gp'  -a'P)""ll(yj—Xi) 
\ni'x-~^x,}\"\\\(0L-prj)\"'' 

Soient  maintenant  F(a7,  t)  et  G(.r,  t)  les  polynômes  F(a:)  et  G{x}  rendus 
homogènes  :  on  a 

aoU(^—i^Xi)  =  F  (a,  p), 
6on(a-^j^y)  =  G(a,  ^). 

Conclure  de  là  que,  si  l'on  pose 

'l>(X)  =  F(aX -+-«',  pX  +  ^';,         r(X)  =  G(aX  +  a',  pX-+- jî'), 

le  résultant  des  polynômes  «ï>(X)  et  r(X)  sera  égal  au  résultant  des  polynômes 
F(x)  etG(a:),  multiplié  par  (a^'— a' P)'«"- 

316.  Si  l'on  a,  identiquement  en  x, 

ao(-xx  -h  7.')"^-+-  a i  {OCX  4-  a')«-i  (  ^^7  -t-  ^') 

-+-a2(a:r-f-a')'«-2(iîa7-H  ^'y-  -^.  .  .^  a^iP  x  -i-  P')" 
=  *Âo.r''-i-  A,  a; '-'-h  X-xX^-^-h.  ..h-  A„, 

le  discriminant  du    polynôme    Xq x" -{-...-+-  \,,    est  égal  au  discriminant  du 
polynôme  ao^" 4-. ,  .-H  a„  multiplié  par  (a[3' — a'^)"'"-". 

317.  Soit  /(X,  Y)  un  polynôme  de  degré  n,  homogène  en  X,  Y;  on  y 
regarde  X,  Y  comme  des  formes  linéaires  en  x,  y 

X  =  ax  -+-  %'y,         \  =  <^x  -{-  P'y  ; 


4^8  CHAPITRE   XVI. 

le  polynôme /(X,  Y)  devient  alors  un  polynôme  en  a?,  j' que  je  désignerai  par 
?(^)  J');  montrer  que,  si  l'on  pose 

X'=  a-r'-i-a'j',         Y' =  ^x'-+-  ^'y\ 

on  a  identiquement  en  x,y,  x' ,  y' 

x'Vx'.  +  2  X'  Y'/iv  ^-  ^'^fx>  =  ^'-  ?%  -^  -^^'y'i'xy + r''  ?>, 

et,  symboliquement  (n"  48), 

(x'Fi+Y'F^)'-  =  (,^'/;+y/;v      (/•  =  !,  2,  ...,n). 

On  parvient  à  ces  identités  en  remarquant  qu'on  doit  avoir,  quel  que  soit  k, 

/{X  +  kX',  Y  +  ^Y')  =  ^(:v-i-kx\y  +  ky') 

et  en  égalant,  dans  les  deux  membres,  les  coefficients  d'une  même  puissance 
de  k. 

Enoncer  et  démontrer  la  proposition  analogue  pour  les  polynômes  homo- 
gènes à  un  nombre  quelconque  de  variables. 

Déduire  delà  qu'on  a  ,  identiquement  en  x,y^ 

?U9;.-  Wsy)'  =  [/x^/ï.-  (/xï  )]-Ma!3'  -  a'§)^ 

318.  Des  identités 

où /désigne  un  polynôme  du  n'^""  degré  homogène  en  x,  y,  déduire  que  le 
polynôme 

/;>(/y)-^-  2/;',./;/;+/;.(/;)-2 

est  divisible  par/;  montrer  que  le  quotient  est 

319.  Résoudre  les  systèmes 

k  a;^  -î-  y2 —  9,  =  o, 

(I)  -^ 

/  y^  —  xy  ^  %x  -h  y  —  "i  —  o, 


(II) 


x--\-  y^  —  2  =  0, 
xy  —  'IX  —  2^-1-  3  =  0. 


ÉQUATIONS  ALGEBRIQUES.  429 

Pour  chacun  de  ces  systèmes,  l'équation  en  x,  obtenue  en  éliminant^,  admet 
des  racines  multiples. 

On  appliquera  à  ces  exemples  les  deux  méthodes  expliquées  dans  le  n"  28.'}. 

320.  Résoudre  le  système 

yz  —  x-=  a, 

zcf-  —  r-  =  b, 
xy  —  z*  =  c. 

321.  Soit /(a;)  =  o  un  polynôme  du  degré  n,  dont  toutes  les  racines  soient 
réelles  et  distinctes  :  il  en  est  de  même  du  polynôme 

f{x)-^cif'{x)  =  o 

où  a  est  une  constante  (réelle)  quelconque;  du  polynôme 

f{x)  +  S,f'{x)  -^  s.,f"{x)^  .  .  .  +  SrP'-^ix) 

OÙ  «1,  52)  •••■,  S,-  sont  les  r  premières  fonctions  symétriques  élémentaires  de  n 
constantes  réelles  quelconques.  On  suppose  /•  <  n. 

322.  Soit/(a:-,  y)  un  polynôme  homogène  en  x,  y  de  degré  n;  on  appellera, 
dans  ce  qui  suit,  racines  d'un  tel  polynôme  les  valeurs  du  rapport  —  pour  les- 
quelles il  s'annule. 

Si  le  polynôme /(a:, ^)  a  ses  n  racines  réelles  et  distinctes,  les  polynômes/^., 
/)'  fji^ifxyify'^ifjL-^-,  •  '  •  onl  aussi  leurs  racines  réelles  et  distinctes. 
Il  en  est  de  même  des  polynômes 

^'fx-^y/y,    ^''-fx-'^-i-x'  y'r^y  +  y'^fy^,     ... 

où  x\  y'  sont  des   constantes  réelles   quelconques,  et,  en  général,  du  poly- 
nôme {p^n) 

{x'f'x^y'fyy, 

où  la  puissance />'*™«  est  symbolique  (n"  48). 

Si  dans  chacun  de  ces  polynômes  on  regarde  x,  y  comme  des  constantes 
et  x\  y  comme  les  variables,  les  polynômes  en  x\  y'  ont  encore  leurs  racines 
réelles  et  distinctes. 

Le  polynôme 

H  =/;,/;,- (/;,)2 

a  toutes  ses  racines  imaginaires. 

Dans  le  cas  oii/(x,  y)  est  du  troisième  degré,  on  obtient  la  condition  né- 
cessaire et  suffisante  pour  que  ce  polynôme  ail  ses  trois  racines  réelles  en 
écrivant  que  les  racines  du  polynôme  H  sont  imaginaires. 


43o  CHAPITKE   XVI. 

323.  Trouver  quatre  nombres  en  progression  géométrique  connaissant  leur 
produit  et  leur  somme. 

324.  Soit  ABC   un   triangle  rectangle  en   A,  dont  on  désignera  les  côtés, 
opposés  aux  angles  A,  B,  G,  par  a,  6,  c. 

Soient  AA',  BB',  CC  les  bissectrices  intérieures  limitées  aux  côtés. 
Déterminer  ce  triangle  connaissant 

r  a         et     AC, 

1"  BB'     et     ce, 

3°  a         et     AA'. 

325.  Nombre  de  racines  réelles  des  équations 

a?  —  -TT  +  —  —...  +  (—  I  )" 


'2/1-4-1 

(x  -h  71  —  i)" —  n"  rr  =  o, 
2  (a-  -I-  n  —  ()''-*-•—  n"  (n  -+-  i).r- —  /i"(2n  —  i)=  o. 

326.  En  égalant  les  parties  réelles  et  les  coefficients  de  i  dans  les  deux 
membres  de  l'équation 

{X'+-  vi)^=  A  -+-  Bt, 

où  A,  B,  ce,  y  sont  supposés  réels,  on  parvient  aux  deux  équations 

x"^ —  Sa^jK^  =  A, 
?>x^y  -  jK*  =  B; 

éliminer  j'  entre  ces  deux  équations;  on  parvient  à  une  équation  du  neuvième 
degré  en  x,  qui  se  réduit  au  troisième  en  posant  x^  —  u.  Montrer  que  les  trois 
racines  de  l'équation  en  u  sont  réelles.  Gomment,  de  la  résolution  de  cette 
équation,  pourrait-on  déduire  les  racines  cubiques  de  A  -i-  B  i? 

327.  Soit  f{x)  un  polynôme  du  troisième  degré,  à  coefficients  réels; 
soient  a,  p  les  racines  de  la  dérivée  y  (a;). 

D'après  le  théorème  deRolle,  si  les  trois  racines  de/(a7)  sont  réelles  et  dis- 
tinctes, les  nombres  a,  (3  sont  réels  et  distincts  et  l'on  a/(a)/(P)<  o. 

Montrer,  réciproquement,  que  cette  dernière  inégalité  implique,  d'une  part, 
la  réalité  des  nombres  a,  j3;  d'autre  part  les  deux  inégalités /(a)  <o,/(P)>o, 
en  supposant  a  <  [i  et  le  coefficient  de  x^  positif  dans  f{x)  :  ce  dernier  point 
résulte  de  ce  que  la  dérivée  est  négative  dans  l'intervalle  (a,  P). 

Gonclure  de  là  que  la  condition  y( a) /(ji)  <  o  est  nécessaire  et  suffisante 
pour  que  le  polynôme /(a?)  ait  ses  trois  racines  réelles  et  distinctes.  Exprimer 
cette  condition  au  moyen  des  coefficients  def(x). 


KQIATIONS   ALGÉBRIQUES.  4-^' 

Soit  X  la  racine  du  reste  de  la  division  de  f{x)  par  f'(x)  :  la  condition 
/(a)/(P)  <  o  revient  à  dire  que  le  nombre/'(X)  doit  être  de  signe  contraire 
au  coefficient  de  x^  dans/(.r). 


3!28.  Soit/(:r)=o  une  équation  du  quatrième  degré,  à  coefficients  réels, 
dont  les  quatre  racines  sont  réelles  et  distinctes,  et  dans  laquelle  le  coefficient 
de  37*  est  positif.  Montrer  que  l'équation  du  troisième  degré  en  ^  obtenue  en 
éliminant  .r  entre  les  équations 

f{x)  =  0,  y—f{x)^0 

a  une  variation  et  deux  permanences. 

329.  Soit 

f{x)  —  x'*-{   \ax'^-^\Sbx^-\- f\cx -\- (( 

un  polynôme  du  quatrième  degré  à  coefficients  réels  :  on  a 

f{x)^\f'(x){x^<,)+K{x), 
en  posant 

R(a:)  =  l{b  —a'^)x^--^i{c  —  ab)x-^d—ac. 

Montrer  que,  si  les  quatre  racines  de /(a-)  sont  réelles  et  distinctes,  les  deux 
racines  a,,  a^  de  R(a7)  sont  aussi  réelles  et  distinctes  et  que  l'on  a  b  —  a'  <  o. 

Les  conditions  nécessaires  et  suffisantes  pour  que  l'équation /(a,)  =  o  ait 
ses  quatre  racines  réelles  et  distinctes  sont 

ai  —  li 
exprimer  au  moyen  de  a,  b,  c,  d  les  premiers  membres  des  deux   deinièrei 


330.  Soit  ^(a;)  un  polynôme  de  degré  n  dont  toutes  les  racines  sont  réelles 
et  distinctes;  soient  a,  b,  ....  /  ces  racines. 

Tout  polynôme  g(x)  du  degré  n  —  i  dont  les  racines  sont  réelles  et  dis- 
tinctes et  telles  que  deux  racines  consécutives  de  cp(ar)  comprennent  entre 
elles  une  racine  de  g{x),  et  une  seule,  peut  être  mis  sous  la  forme 

<f{x) 1 ;-   -h  .  .  .   -1 -. 

^      '  \x  —  a        X  —  b  X  —  t / 

en  désignant  par  A,  B,  ..  .,  L  des  constantes  de  u>êmes  signes. 


432  CHAPITRE   XVI. 

331.  Si,  en  désignant  par  a  une  constante  positive,  le  nombre  de  variations 
du  polynôme  cp(a;)(a7  —  a)  n'est  pas  égal  au  nombre,  augmenté  d'une  unité, 
des  variations  du  polynôme  9(^7),  ce  dernier  a  des  racines  imaginaires. 

Après  avoir  multiplié  le  polynôme 

f{x)=  Ao.r"'+  Ai.zr'"-i-f-  A2a7"»-2-)-  ..,-+-  A„i 

par  X  —  a,  on  peut  choisir  a  de  manière  à  annuler  le  coefficient  d'un  terme 
dans  le  produit  f{x){x — a).  Conclure  de  là  que  le  polynôme  f{x)  a 
certainement  des  racines  imaginaires  si  les  quantités  A|,  —  Ap-iA^+j, 
^J)+\  —  ^p^p+i  sont  de  signes  contraires,  ou  si  l'une  d'elles  est  nulle. 

Un  polynôme  dont  trois  coefficients  consécutifs  sont  en  progression  géomé- 
trique a  des  racines  imaginaires. 

Un  polynôme  dont  quatre  coefficients  consécutifs  sont  en  progression 
arithmétique  a  des  racines  imaginaires. 

332.  Si  «1,  «2)  •••>  «/t  sont  des  nombres  réels  ou  imaginaires  dont  les  va- 
leurs absolues  soient  moindres  que  i,  les  valeurs  absolues  des  racines  de 
l'équation 

I  -t-  «1  a"  H-  «2  a:--  4-  .  .  .  -H  a,j  37"  =  o 

sont  supérieures  à  4. 

333.  Si  l'on  su[)pose  \  a^l  <  i ,  n  —  \,  i et  si  l'on  désigne  par  f(x)  la 

somme  de  la  série 

i  -i-  aix  -^  «2a?2-t-  . .  .  -ir-a,iX'^-\-.  . ., 

absolument  convergente  pour  toutes  les  valeurs  de  x  telles  que  l'on  ait  |a;|  <i, 
les  racines  de  l'équation  f{x)  =  o,  vérifiant  l'inégalité  |a7l<i,  sont  supé- 
rieures à  f,  en  valeur  absolue. 

334.  Soient  a,  6,  c,  ...,  /les  racines  du  polynôme /(a;);  montrer  que  l'on 
a  identiquement 

1  ,  •  ,  '  _/'H'r)-f(x)f"(x)^ 


{X  —  a)-        (x  —  Oy-        '"       (x—ly  f'\x)  ' 

montrer  que  si  le  polynôme  f{x)  a  toutes  ses  racines  réelles,  le  polynôme 
f''^{x)  —  f{x)f"{x)  a  toutes  ses  racines  imaginaires. 

33s.  On  considère  une  suite  Vo,  Vi,  ...,  V„,  ...  de  polynômes  en  x  dont 
les  deux  premiers  sont  donnés;  Vo  est  une  constante  positive,  Vj  est  du  pre- 
micîr  degré;  les  autres  se  déduisent  de  ceux-là  par  une  relation  de  la  forme 

V„^a„V„_,-i- 6„V„-2=o        (6=2,3,...), 


ÉQUATIONS  ALGÉBRIQUES.  433 

OÙ  a,j,  ba  sont  des  polynômes  en. a?  donnés,  a„  est  au  plus  du  premier  degré 
en  JT,  ba  au  plus  du  second  degré.  Il  en  résulle  que  V,j  est,  en  général,  du 
rt'^'ne  degré  en  ar;  je  suppose  que  le  coefficient  de  a?"  ne  soit  jamais  nul. 

Je  suppose  en  outre  que,  lorsque  x  appartient  à  l'intervalle  (a,  p  )  où  a  est 
plus  petit  que  p,  bn  soit  constamment  positif,  que,  pour  x  =  ol,  V„  soit  du 
signe  de  ( — i)"  et  que,  pour  x  =  ^,  V,j  soit  positif,  enfin  que  la  racine  de 
l'équation  Vj  =  o  soit  comprise  entre  a  et  p. 

Tels  sont,  par  exemple,  les  polynômes  X,j  et  P„  définis  aux  exercices  36 
et  38,  en  supposant  a  =  —  i,  ^  =  i  (  '  ). 

Montrer  (par  induction)  que  les  racines  de  l'équation  V„  =  o  sont  réelles  et 
distinctes,  comprises  entre  a  et  ^  et  que,  entre  deux  racines  consécutives  de 
l'équation  V,»  =  o,  il  y  a  une  racine,  et  une  seule,  de  l'équation  V„_i  =  o. 

336.  Si  une  équation  à  coefficients  rationnels  admet  une  racine  de  la  forme 
a  -h  b  v//7,  où  a,  6,  p  sont  trois  nombres  rationnels  dont  le  dernier  n'est  pas 
un  carré,  elle  admet,  au  même  ordre  de  muliiplicité,  la  racine  a  —  b  \J p. 

337.  Si  rt,  6,  c,  p  sont  des  nombres  rationnels  dont  le  dernier  n'est  pas  un 
cube  parfait,  et  si  l'on  a 

a  -\-  b  y  p  -f-  c  v'/)-  =  o, 

on  a  nécessairement  a  =:  o,  6  =  o,  c  =  o. 

On  parvient  aisément  à  la  démonstration  de  cette  propriété  en  multipliant 
l'égalité  précédente  par  y p^  et  en  regardant  les  deux  équations  ainsi  obtenues 
comme  des  équations  du  premier  degré  dont  \J p  et  \//>'^  seraient  les  inconnues. 

Si  une  équation  à  coefficients  rationnels  admet  une  racine  de  la  forme 
a  -H  6  \ p  -H  cy//>'  où  a,  6,  c,  p  sont  des  nombres  rationnels  dont  le  dernier 
n'est  pas  un  cube  parfait,  elle  admet,  au  même  ordre  de  multiplicité,  les 
racines 

a  -1-  6a  ^ p  -f-  ca'*  \J p--,     «  -H  b'x'^\/p  -f-  ca.  '{/p-, 

en  désignant  par  a  une  racine  cubique  imaginaire  de  l'unité. 

338.  Trouver  les  racines  rationnelles  de  l'équation 

<jx' —  iSx^ —  i/\Sx^->r  ■i6x^-\-  igç)x^ —  Sx  —  6o  =  o. 

339.  Soit  A  la  plus  grande  des  valeurs  absolues  des  rapports 

A,        A,  A„ 

Ao        Ao  Ao 


(')  5a/-  ta  définition  du  polynôme  F  .   Voir  V Errata,  à  lu  (in  du  tome  II. 
T.  -  II.  a8 


434 

Pour  que  a^xi'  -{-aixi'- 
il  faut  que  l'on  ail 


CHAPITRE    XVI. 

.+•«/, soit  un  diviseur  de  r\()X"-{-A.iT"-^-{-...-hA„ 


|l|<C'/(.-A),  |^|<Cï(,  +  A)S 

«0  I  I  «0  I 


?'     <('^A)/> 


Montrer  que,  si  Ao,  Ai,  .  ..,  A„  sont  des  nombres  entiers,  la  recherche  des 
diviseurs  à  coefficients  entiers  du  polynôme  Ao«"'-l-. .  .-i- A„  n'exige  qu'un 
nombre  limité  d'essais.  Dans  cette  recherche,  on  peut  se  borner  aux  diviseurs 

de  degré  p^-  • 

Trouver  les  diviseurs  à  coefficients  entiers  du  second  degré  du  pojynome 


■1X*-+-  W 9.07'' 


4a7-  3. 


340.   Dans  l'équation 

(«0-1-  if>o)  x'^-\-  (ai  -I-  ibi)  x"-^ 


(a„-4-  ibn)  =  o, 


on  suppose  que  ao,  bo,  «i,  ^i,  .  - .,  ««,  b„  sont  des  entiers  réels. 

Démontrer   que,   si   cette   équation   admet  une  racine  de  la  forme  a  -+-  i|3 
où  a,  p  sont  des  entiers  réels,  il  existe  des  entiers  réels  a'.  j3'  tels  que  l'on  ait 


ibr. 


(a-r-{^)(a'-hiP'); 


af,  -+-  bfi  est  alors  divisible  par  a^-i-  p^. 
Trouver  les  racines  de  l'équation 


lui  sont  de  la  forme  a 


X^ —  237  +  10  =  0 


a  et  j3  étant  des  entiers  réels. 


CHAPITRE  XVII. 

NOTATION    DIFFÉRENTIELLE.   COURBES   PLANES. 


§  1.  —  NOTATION  DIFFÉRENTIELLE. 

290.  Considérons  une  fonction /(x,)',  2)  de  variables  indépen- 
dantes J7,  y^  z,  admettant  des  dérivées  partielles  f'^,  /'y,  f'^  I  j'écris 
ici  trois  variables,  mais  celles-ci  peuvent  être  en  nombre  quel- 
conque. 

Les  différentielles  (du  premier  ordre)  des  variables  indépendantes 
jc,  y,  z  sont,  par  définition,  de  nouvelles  variables  indépendantes 
<(ue  l'on  fait  correspondre  respectivement  aux  premières  et  dont  on 
désigne  chacune  en  plaçant  la  lettre  d  devant  la  variable  à  laquelle 
«lie  correspond  :  ainsi,  dx  est  la  différentielle  de  x,  dy  la  différen- 
tielle dejK,  etc. 

On  nomme  différentielle  (du  premier  ordre)  (')  de  la  fonction 
J\x,y,  z)  des  variables  indépendantes  x,y^  z,  la  forme 

fx  dx  -^  /;.  dy  H-  /:  (/s , 

linéaire  en  dx,  dy,  dz,  dont  les  coefficients  sont  les  dérivées  partielles 
./l'  fyffz  ^^  1^  fonction /(j7,  y,  z)  par  rapport  aux  variables  x,y,  z. 
Cette  différentielle  de/(^,  j-,  z),  que  l'on  représente  par  df,  est  ainsi 
une  fonction  des  variables  indépendantes  x,y,  z  et  dx,  dy,  dz,  linéaire 


(')  Dans  tout  ce  Livre  il  ne  sera  question  que  de  différentielles  du />/-e/?j/e/o/'rf/-e, 
•ou,  comme  on  dit  encore,  de  dij/érentielles  premières,  aussi  je  supprimerai  ordi- 
nairement cette  qualification.  Je  dois  prévenir  aussi  le  lecteur  que  les  différentielles 
<du  premier  ordre)  dont  il  sera  question  sont  celles  que,  dans  le  Calcul  différentiel 
et  intégral,  on  qualifie  de  didérentielles  totales:  il  ne  sera  pas  question  de  différen- 
Xielles  partielles. 


436  CHAPITRE    XVII. 

par  rapport  aux  trois  dernières.  Elle  est  identiquement  nulle  lorsque 
les  dérivées  y^,  f'^  f'^  sont  identiquement  nulles  et  seulement  dans  ce 
cas;  dire  que  la  dérivée  f'^.  est  identiquement  nulle,  c'est  dire  que  la 
fonction  f{oc^y^  z)  reste  constante  quand  x  varie,  ou  que  cette  fonc- 
tion ne  dépend  pas  de  x  ;  dire  que  les  dérivées  f'j.,  J'y,  f'^  sont  iden- 
tiquement nulles,  c'est  dire  que  la  fonction  f{x^  y,  s)  ne  dépend  ni 
de  X,  ni  de  jk,  ni  de  z,  ou  que  cette  fonction  est  une  constante.  Dans 
l'expression  f'x^'X  -^  f'ydy  -\~  f'^dz  de  la  diflerentielle  r//',  l'une  des 
dilïerentielles  dx^  dy^  dz  peut  disparaître;  dy  et  dz  disparaîtraient 
si  les  dérivées  f'^  f'^  étaient  identiquement  nulles,  si  la  fonction 
f{x^y^z)  ne  dépendait  effectivement  que  de  a?,  et  seulement  dans 
ce  cas.  En  particulier,  si  la  fonction  ,f\x,y^  z)  se  réduisait  à  x,  sa 
différentielle  se  réduirait  à  dx,  puisque  les  dérivées  partielles  de  x 
par  rapport  aux  variables  x^  y,  z  sont  respectivement  i ,  o,  o  :  les 
notations  relatives  à  la  différentielle  d'une  fonction  et  à  la  différen- 
tielle d'une  variable  sont  cohérentes. 

Dans  le  cas  où  l'on  a  affaire  à  une  fonctiony' (^)  d'une  seule  va- 
riable indépendante  x,  la  différentielle  f{x)  dx  de  cette  fonction 
est  le  produit  de  la  différentielle  dx  par  la  dérivée  /'(x)  de  la 
fonction.  La  définition  est  la  même  que  dans  le  cas  d'un  nombre 
quelconque  de  variables,  si  ce  n'est  qu'il  n'y  a  plus  lieu  de  parler  de 
dérivée  partielle. 

Au  lieu  d'employer  les  notations  ff-i/y-,  /"^  pour  désigner  les  déri- 
vées partielles  delà  fonction /(.r,  j,  z),  on  peut  aussi  bien  employer 
les  notations  ^^  4-  ^  ,.  (n"214)  et  écrire  la  différentielle  de/(x,  j',  z} 
sous  la  forme 

df=^dx-^'ldy^fdz. 
•^        dx  c(7  àz 

L'emploi  des  d  (en  ronde)  est  utile  pour  distinguer  les  symboles  dj\ 
dx.,  dy.,  dz  des  différentielles  df\  dx.,  dy,  dz.  Pour  nous,  les  symboles 
isolés  dj\  dx.,  ây,  dz  n'ont  pas  de  sens  ou  sont,  tout  au  plus,  la 
trace  de  certaines  opérations  qui  conduisent  aux  dérivées  partielles, 

représentées  par  les  symboles  -r-?  j-t  ^>  lesquels  représentent  le 
résultat  d'opérations  effectuées  sur  la  fonction  /". 

A  la  vérité,  la  confusion  qui  est  ainsi  évitée,  dans  le  cas  de  plu- 
sieurs variables  indépendantes,  par  l'emploi  des  lettres  d,  ne  le  sera 


NOTATION    DIFFÉRENTIELLE.    COURBES   PLANES.  437 

plus  dans  le  cas  d'une  fonction  f{oc)  d'une  seule  variable  indépen- 
dante, fonction  dont  on  représente  la  dérivée  (n"  213)  par  -^.  et  dont 
la  différentielle  s'écrira  donc  df^  -^  dx\  mais,  dans  ce  cas,  il  n'y 
a  aucun  inconvénient  à  regarder  le  symbole  ^  comme  le  quotient 

obtenu  en  divisant  par  dx  la  différentielle  df^  qui  n'est  autre  chose 
que  le  produit  par  dx  de  la  dérivée  de  fi^x)  :  il  n'y  a  aucune 
confusion  à  craindre. 


291.  L'importance  de  la  forme  df=zf'^dx-\-f',.rly-{-f'^dz  tient 
essentiellement  à  la  façon  dont  cette  forme  se  conserve  quand  on 
change  les  variables  indépendantes. 

Supposons  que,  dans  la  fonction  /{x,  y,  z)  de  x,  y,  s,  on  regarde 
ces  variables  comme  des  fonctions  g{u,  i'),  h(Uj  f),  k(u,  v)  de  va- 
riables indépendantes  m,  v  :  ces  dernières  variables  peuvent  être  en 
nombre  inférieur,  égal,  ou  supérieur  au  nombre  des  variables  x,y,  z. 
J'écris  deux  variables  u,  p,  comme  j'ai  écrit  trois  variables  x,  y,  z  : 
le  nombre  des  variables  est  ici  sans  importance.  La  fonction  /(^x,y,  z) 
devient  alors  une  fonction  F(m,  v)  des  variables  indépendantes  if,  v, 
admettant,  à  ce  titre,  une  différentielle 

c/F  =  f;,  (lu  +  f;,  dv. 

Je  vais  démontrer  que  si,  dans  la  ïorme  f^dx  -k-f'y  dy  -{-fi  dz,  on 
remplace,  d'une  part,  les  variables  x,  y,  z  par  g{u,  v),  h(u,  v), 
k(u,  v)  et,  d'autre  part,  les  différentielles  dx,  dy,  dz  par  les  diffé- 
rentielles des  fonctions  g(u,  v),  h{u,  t'),  k(u,  v)  des  variables  indé- 
pendantes a,  V,  c'est-à-dire  par 

dg  =  fr'u  du  -H  g'^  dv, 
dh  =  h'„  du  -f-  ll'^,  dv, 
dk  =  k',1  du  -+-  k\,  dv, 

Veupression  fj.  dx -h  fy  dy -h /.  dz   se    change    identiquement    en 
dF  =  l\  du  4-  F[,  dif. 

En  effet,  par  les  substitutions  précédentes,  l'expression 

A  d-r  -h/y  dy  -+-/:  ds. 


438  CHAPITRE   XVII. 

devient 

f'x ( S'u  d"-  -^  g'v  dv)  -\-  fy{h'n,du  -^  h'^,  dv)  -^  fl ( /f J^  du  -4-  k'^,  dv ) 

=  (/x  g'u  -^fy  K  ^  fz  k'u  )du-h{  fi.  g'^  -+-/;  K  +  fk  K  )  dv  ; 

mais,  en  vertu  du  théorème  des  fonctions  composées  (n"  217),  on  a 

Pu=fxg'u  ^fyK  +/i/'«,  F;  =fxg'^  -^fyK^f'zK- 

Le  résultat  de  la  substitution  est  donc  bien  F„  du  +  F[,  dv^  comme 
on  l'avait  annoncé.  Il  est  clair  que  la  démonstration  ne  dépend  en 
aucune  façon  du  nombre  des  variables  x^  y,  z  ou  u^  v. 

Cette  proposition  est  capitale,   parce  qu'elle  permet,  dans  l'égalité 

(  I  )  df  =  /j,.  dx  -^  /;  dy  -^Jldz, 

de  ne  pas  regarder  x^y^  z  comme  des  variables  indépendantes.  Si  x^ 
y,  z  sont  des  fonctions  de  variables  quelconques^  /doit  être  regardé 
comme  une  fonction  de  ces  variables,  (//'comme  la  différentielle  de  f 
à  ce  nouveau  point  de  vue;  dx,  dy,  dz  doivent  être  regardés  non 
plus  comme  des  variables  indépendantes,  mais  comme  les  différen- 
tielles des  fonctions  x,  y,  z  des  nouvelles  variables.  Enfin,  il  est 
bien  entendu  que,  dans  les  dérivées  partielles /"4, /^,  /^,  on  doit 
remplacer  x,  y,  z  par  leurs  expressions  au  moyen  des  nouvelles  va- 
riables. Dans  ces  conditions,  la  formule  (i)  subsiste  identiquement 
par  rapport  aux  nouvelles   variables  et  à  leurs  différentielles. 

Supposons,  en  particulier,  que  x,  y,  z  soient  des  fonctions  de  la 
variable  indépendante  t 

x  =  g{t),       y=h{t},        z=A-(t), 

f  devra  être  regardé  comme  une  fonction  (composée)  de  la  seule 
variable  L  :  la  formule  (i)  devient  alors 

d/=  lAg'it)  +  f:yà'(t)  ^flk'it)]  dt- 
elle  veut  dire  que  la  dérivée  par  rapport  à  ^  de  la  fonction 

f[g{t),  /i(t),  k(t)] 

n'est  autre  chose  i\\\e  f'j.g' {t) +J\  h' {t)  ^  f'^k' {t)\  on  retrouve  ainsi 
la  règle  des  fonctions  composées;  ce  n'est  pas,  bien  entendu,   une 


NOTATION    DIFFÉRENTIELLE.    COURBES    PLANES.  4^9 

nouvelle  démonstration  de  celte  règle,  sur  laquelle  on  s'est  appuyé 
pour  démontrer  le  théorème  fondamental. 

IMus  particulièrement,  supposons  c\iie/(x)  soit  une  fonction  de  la 
seule  variable  ;r,  et  que  l'on  y  regarde  x  comme  une  fonction  g{t) 
de  la  variable  t]  la  relation 

d/=f(x)dx=f[g(t)]ff'it)dt 

\eut  dire  que  la  dérivée  de  la  fonction  /"[^(^j]  par  rapport  à  t  est 
/'[i^{t)]o' {^)  '•  c'est  le  théorème  des  fonctions  de  fonction. 

(ly  ,  . 
La  notation  -^  a  été  introduite  primitivement  comme  un  pur  sym- 
bole pour  désigner  la  dérivée  y'  =/'(x)  d'une  fonction  /'(x)  de  .r; 
on  a  observé  plus  haut  qu'il  n'y  avait  pas  d'inconvénient  à  la  regarder 
comme  représentant  le  quotient  de  la  division  par  la  diflerentielle  dx 
de  la  diflerentielle  dy  =  y'd.x.  Si  l'on  y  regarde jv'  et  x  comme  des  fonc- 
tions g{l)^  h{t)  d'une  variable  quelconque,  et  si  l'on  continue  de 
regarder  dy^  dx  comme  les  diflérentielles  de  y  et   de  jp,   à  savoir 

^'{t)  dl^  h'{t)'dt^  elle  représentera  le  rapport 'f^rrr .  c'est-à-dire  la 

dérivée  de  lafonctiony'(j;  )  =^(^)de  x  que  l'on  obtient  lorsque  l'on 
remplace,  dans  g{t)^  t  par  la  fonction  de  x  que  l'on  tirerait  de 
l'équation  a;  =  h{t). 

Plus    particulièrement,  -j-  représentera  la    dérivée  de  la  fonction 

in\erse  de  f{x)  (n"  210),  c'est-à-dire  la  dérivée  (par  rapport  à  y) 
de  la  fonction  x  =  ¥[y)  que  l'on  obtient  en  résolvant  par  rapport 
à  X  l'équation  y  =  f[x). 


292.  Supposons  (|ue  l'équation  /(.r,  y,  z)  ■=  o  définisse  z  comme 
une  fonction  de  x^  y  (\n'i  la  vérifie  identiquement,  c'est-à-dire  comme 
une  fonction  de  .r,  y  qui  rende  identiquement  nulle  la  fonction 
/(x,y,  Z).  Si  l'on  attribue,  dansy(.r,^,  z)^  cette  signification  à  z, 
la  diflerentielle  de  la  fonction  des  deux  variables  indépendantes  .r,  y, 
([ue  devient  alors  /(x^  y,  z),  est  identiquement  nulle;  c'est-à-dire 
<[ue  l'on  doit  avoir  identiquement  en  x,y,  dx,  dy 

f'x  dx  +/;  dy  -\-fi  dz  =  o, 
quand  on   regarde  dz  comme  la    diflerentielle  de   la   fonction  z  des 


44o  CHAPITRE   XVII. 

deux  variables  x,  y  que  définit  l'équation /(a;,  )',  5)  :=  o;  on  a  donc, 
en  conservant  la  même  signification  aux  variables,  identiquement 
encore, 

..=_|.._£.„ 

et  cette  dernière  égalité,  rapprochée  de  la  définition  de  la  difieren- 
tielle  d'une  fonction,  montre  que  —  ^  »  ~~'ff  ^^^^  '^^  dérivées  par- 
tielles de  la  fonction  z  des  deux  variables  x^y. 

Supposons  encore  que  les  deux  équations  simultanées 

^{x^y^  z,  II,  (')  =  o,         '^{x,y,  z,  u,  v)  =  o 

définissent  u  et  v  comme  des  fonctions  de  ti^ois  variables  indépen- 
dantes x^  j-,  3,  fonctions  qui  rendraient  o  et  'h  identiquement  nuls 
quels  que  fussent  a;,  y,  z]  en  regardant  u  et  v  comme  ayant  cette 
signification,  on  a 

-r^  du  ^  -^  dv  -\-  -^  dx  ^  -^  dy  -{-  ^  dz  =  o, 

du  dv  dx  ôy    ^         dz 

dà     j  dili    ,         d<b    ,  àih    j  àii    . 

— ^  du  -\-  -T^  di>  -^  —^  dx  -+-  rr-  dy  -\ — -^«3  =  0, 

au  ôv  dx  ôy    •'         oz       ^ 

d'où  l'on  tire,  en  résolvant  par  rapport  à  du^  d<^\, 

\  ov  dx        dv   dx / 


du 


do    d'\i        d'if)  d^ 
du  dv         du  dv 


dv 


/d^   d^_d_^  ^  W^^_ 

\  du  dx        du  dx  J 

d(p   d'i^  d'i^    do 

du  dv        du  dv 

et  ces  égalités  montrent  que  les  dérivées  partielles  des  fonctions  m, 
par  rapport  à  :r,  ...  sont  respectivement 


à<f  di\i 

d^  d<f 

d^  do 

d<^   d^ 

du 

dv   dx 

dv   dx 

dv 

du  dx 

du  dx 

dx  ' 

do   d'h 

diiji   d(f  ' 

dx 

c^cp     d<^ 

d'\t   df 

du  dv 

du  dv 

du  dv 

du    dv 

NOTATION    DIFFERENTIELLE.    COURBES    PLANES. 


44l 


293.  Jacobien.  —  Soient  /(«,  t»,  w),   g{u^  v,  w  ),   h{u^v,w)  trois  fonc- 
tions (')  de  trois  variables  u,  v,  w,  leurs  différentielles 

ou  ôv  aw 


(') 


dg=.''^du-^tfd.^^-fd^, 
Ou  or  dw 

dh  =  —-  d  u  -\-  —-  dv  -ir-  —-  dw 
du  dv  dw 


sont  des  formes  linéaires  en  du^  dv,  dw,  le  déterminant  de  ces  formes 


\   ô£  âf  ôf_ 

du  ôv  dw  i 

d£  d_£  ^    I 

du  ôv  ôw  ! 

dh  dh  dh    \ 

du  dv  dw   ! 


est  ce  qu'on  appelle  \e  jacobien  ou  le  déterminant  fonctionnel  des  fonctions/, 
g,  h.  On  le  représente  souvent  par  la  notation  abrégée 

d(/.g,  h) 

d(u,  f ,  w) 

On  dit  que  les  trois  fonctions/,  ^,  h  des  trois  variables  u,  v,  w  ne  sont  pas 
indépendantes,  quand  il  existe  entre  elles  une  relation  telle  que  F(/,  g,  h)  =  o, 
qui  est  vérifiée  identiquement  en  u,  v.  w;  dans  ce  cas  les  trois  formes  li- 
néaires (i)  en  du,  dv,  dw  ne  sont  pas  indépendantes,  puisque  l'égalité 

(^K    ..       dF   ,  dF    .. 

-df^-dg^-dh  =  o 

doit  être  vérifiée  identiquement  en  du,  dv,  dw  quand  on  y  remplace  df,  dg, 
dh  par  les  seconds  membres  des  égalités  (i)  :  le  déterminant  des  formes  (i), 
ou  le  jacobien  des  fonctions/,  g.  h,  est  donc  identiquement  nul. 

On  démontre  que,  réciproquement,  les  trois  fonctions  /,  g,  h  des  trois 
variables  u,  v,  w  ne  sont  pas  indépendantes  quand  leur  déterminant  fonc- 
tionnel est  identiquement  nul. 

Supposons  i|ue,  dans/,  g,  h,  on  regarde  u,  v,  w  comme  des  fonctions  d'au- 
tres variables  x,  y,  z,  en  même  nombre,  et  que,  dans  les  seconds  membres  des 


(  '  )  Le  lecieur  n'aura  aucune  peine  à  étendre  ce  qui  suit  à  n  fonctions  de  n  variabies. 


442  CHAPITRE   XVII. 

égalités  (i),  on  remplace  du^  dv,  dw  par  leurs  expressions 

du 


ou    ,          du    , 
-T-  flu-  H dy 


dx 


Oz 


dz. 


(2) 


dv     ,  àv    ,         <)v    , 

-—  dx  -h  -—  dy  -h  -—  dz, 
dx  dy    -^        '"' 


ôz 


avD 


dw  j  dw    , 

-—dy-\ — ^-  dz, 
dy    -^ 


dx  '       '    dy  "•"  dz 

ces  seconds  membres  deviendront  les  différentielles 


(3) 


des  fonctions  y", 
minant 


dx 


■f-dy^  -^dz, 
ux  dy  dz 

îfdx^'-fdy^'fdz^ 
dx  4X  dz 

dit  j         dh    ,         dh  , 

-—  dx  -+-  -r—  dy  -+-    -  dz 
dx  dy    -^         dz 


h  regardées  comme  des  fonctions  de  x,  y^  z;   le  déter- 

à(/,  ff,  h) 

dix,  y,  z) 


de  ces  dernières  formes  linéaires  en  dx,  dy,  dz  n'est  autre  chose  que  le  jaco- 
bien  des  fonctions/,  g,  h  regardées  comme  des  fonctions  de  a;,  j'.  z.  On  a  vu, 
aux  n'"*  161  et  162,  que  ce  déterminant  était  égal  au  produit  du  déterminant 
des  formes  linéaires  en  du,  dv.  dw  qui  constituent  les  seconds  membres  des 
égalités  (i)  par  le  déterminant  des  formes  (2),  linéaires  en  dx,  dy,  dz,  lequel 
n'est  autre  chose  que  le  jacobien 

d{  u,  V,  w) 

dix.  y,  z) 

des  fonctions  a,  v.  w,  regardées  comme  des  fonctions  de  a;',  ^,  .3;  nous  sommes 
donc  parvenus  à  l'identité 


(4) 


dif,g,k)  ^  d{f,g.  II)  dju,  V.  w) 
dix,  y,  z)        diu,  V,  w)   dix.  y,  z) 


qui  constitue  une  des  propriétés  fondamentales  du  jacobien. 

En  particulier,  si  a,  3,  y,  1' ,   j3',  y',  a",  '^",  y"  désignent  des  constantes  et  si 
l'on  désigne  par  A  le  déterminant 


^'      P' 


i"    Y" 


sera  e";ai 


NOTATION    DIFFÉRENTIELLE.    COURBES   PLANES.  44^ 

,     .       ^.       (^(F,  G,  H)  j 

le  lacobien des  trois  fonctions 

F  =a/   -H  ^g  +Y^. 

H  =  ay-4-PV  +  Y"/* 

^(/>  ëi  h)    à(u^  V,  w)  à(u,  V,  w) 

Hessien.  —  On  appelle  hessien  d'une  fonction  de  n  variables  le  jacobien 
des  /*  dérivées  partielles  de  cette  fonction  par  rapport  à  ses  n  variables 

Bornons-nous,   pour  établir  la    propriété   fondamentale  du  hessien,  au  cas 
d'une  fonction  o(m,  v^  w)  de  trois  variables  «,  v^  w. 
Soient 

dç  _  (h^  _    d 

^  ~  au  ^  ~  ôv'  *  ~  àw 

les  dérivées  partielles  de  cette  fonction. 

Supposons  que,  dans  la  fonction  o(m,  p,  iv),  on  fasse  le  changement  de  va- 
riables 

I    u  —  j-x  ^  x  y  -^  t" z  -H  a'", 

(■3)  .   V   =  rpx^^'y^^'z-^^f, 

\  w  =  '[x  -\-  y  y  -I-  y"-  -*-  y'", 

en  désignant  para,  a',  . . .,  y'"  des  constantes  :  je  désignerai  par  A  le  détermi- 
nant des  coefficients  de  jr,  _/,  z  dans  les  seconds  membres. 

Par  le  changement  de  variables,  la  fonction  <p(a,  v,  tv)  deviendra  une  fonc- 
tion <1>(J7,  y^  z)  des  variables  a-,  j',  z\  je  poserai 

_,  (>*  f.  ù^  (>* 

r=— -,  c>=—  ,  H  =  — -• 

diF  o'j'  dz 

Mon  but  est  <rétablir  que  le  hessien  de  la  fonction  ^{x^  y^  z)  des  va- 
riables X.  V,  z.  c'est-à-dire  le  jacobien  — -— ^ — ^ — -  des  fonctions  F,  G,  H,  est 
le  produit  par  A*  du  hessien  de  la  fonction  cp(a,  p,  w)  des  variables  a,  r,  w, 
c'est-à-dire  du  déterminant  fonctionnel    ,/  '      -,  dans  lequel,    après  avoir 

elfectué  les  opérations,  on  regarde  a,   v,   w  comme  des  fonctions  de  x^  y,  z 
définies  par  les  équations  (5). 

D'après  la  définition  de  la  fonction  *  et  le  théorème  des  fcjnctions  composées 
on  a 

Ox        Ou  âx        dv  Ox        dw  dx         •'        ^*        '     ' 


444 

et,  de  même, 


CHAPITRE  xvn. 

H  =  a"/+[3\^  +  Y'7». 


Les  fonctions  F,  G,  H  définies  par  ces  égalités  sont,  comme  /,  g^  h,  des 
fonctions  de  m,  v,  (v  ;  pour  obtenir  les  dérivées  partielles  de  ^{x.  y,  z)  par 
rapport  à  a7,  y^  2,  on  doit  remplacer,  dans  af  ■+-  ^g  -+-  y/j,  ...,  les  variables  u, 
V,  w  par  leurs  expressions (5)  en  x,  y.  z. 

A  (  Vf      p      \1\ 

Le  hessien  de  la  fonction  ^(x,   v,  z)  ou  — - — - — - — :  est  d'ailleurs   égal  au 

^    '  •^'     ^         ô{x,  y,  z)  ^ 

produit  du  iacobien  — - — - — des  fonctions  F,  G,  H  regardées  comme  des 

'^  •'  d(u,  V,  w)  )       )  & 

fonctions  des  variables  u,  v,  w  par  le  jacobien 


â(x,  7,  z) 


=  A 


des  fonctions  m,  v^  w  des  variables  x,  y,  z  que  définissent  les  égalités  (5). 
D'autre  part,  si  l'on  se  reporte  à  l'expression  des  fonctions  F,  G,  H  au  moyen 
dey,  g,  /î,  on  voit  que  l'on  a 

d(F,G,U)  ^^d(f,g,h)^ 
d(u,  i>,  w)  d(u,  v^  w)' 

on  a  donc  finalement 


à(F,  G,  H)  ^  ^^  d{f.  g,  h)  _ 
à(x,  y,  z)  (>{t^i  ^1  ^) 

C'est  la  proposition  énoncée. 

Le  hessien  d'une  forme  quadratique  ternaire  (c'est-à-dire  d'une  forme  du 
second  degré  à  trois  variables) 

cp(M,  V,  w)  —  au'^-h  a'  v^-\-  a  w'^-\-  ibvw  -k-  ib'  wu  -\-  'ib" uv 
n'est  autre  chose  que  le  produit  par  8  du  déterminant 


a  b'  b' 
b'  a'  b 
b'      b      a!' 


=■  aa' a!' ■+-  ibb' b"  —  ab'^  —  a' b'^  —  a" b"^. 


Il  résulte  du  théorème  précédent  que,  si  l'on  désigne  par 

^{x,  y^  z)  —  aix'^-\-  a[y^-h  à\  z^-+-  ibxyz-^  i.b\zx  -t-  %b\xy 


NOTATION    DIFFÉRENTIELLE.    COURBES   PLANES. 

ce  que  devient  la  forme  (p(M,  i^,  w)  quand  on  y  fait 
u  =  XX  -^  %' y  -H  a" 3, 

w  =  'ix^iy~^Yz, 
on  a  identiquement  en  a,  «',  . . .,  6",  a,  [i,  .  . .,  y" 


445 


a, 

b'\ 

b\ 

a! 

b" 

b' 

% 

^ 

Y 

b\ 

a\ 

bx 

= 

b" 

a' 

b 

X 

%' 

^' 

i 

b\ 

b, 

d\ 

b' 

b 

a" 

a" 

?* 

'{" 

quand  on  remplace  ai,  a\.  ...,  6J  par  leurs  expressions  en  a,  a',  ...,  6", 
a,  p,  ...,'{"'•  1^  lecteur  vérifiera  sans  peine  que  ces  expressions  sont  données 
par  les  formules 


«!  =  ?(«,  P,  'D, 


'f(^'>  ?',  T')>         aï  =  tp(a",  [i",  y"), 


*i  =  T  (>?»"  ^  ??fj"  -+-  ï?r'  )  =  i  (^"?^  ■+-  ^"f'^i  -+-  T"'-fY  ). 
b"i  -- 1  (ît'?;  ^  ?'?fs  +  Y>r  )  =  4  («'fa'  ^-  ^?V  -^  ï?r  )• 

Les  notations  telles  que  cpa>  ?3î  fy  désignent  ce  que  deviennent  les  déri- 
vées ©,'(,  çl,,  o'iv  quand  on  y  remplace  a,  v,  w  par  a,  p,  7. 


î294.  Différentielles  de  diverses  fonctions.  —  Si  A,  B,  G  désignent 
des  constantes  et  m,  t',  w  des  fonctions  de  variables  quelconques,  la 
différentielle  de  la  fonction  A«  +  Bp  +  G(V  sera  \du  -+-  Hdv-\~Cdw  : 
cela  résulte  de  la  définition  quand  m,  ç,  tv  sont  des  variables  indépen- 
dantes :  cette  forme  subsiste  dans  tous  les  cas  d'après  le  théorème 
fondamental. 

Le  même  mode  de  raisonnement  conduit  aux  conclusions  suivantes, 
où  M,  t»,  w,  ...  désignent  soil  des  variables  indépendantes,  soit  des 
fonctions  de  variables  indépendantes  : 

La  différentielle  du  produit  uvw  est  viv  du -{- uw  dv -{- in' div; 

La  différentielle  du  rapport  -  est 

Enfin  toutes  les  règles  relatives  aux  dérivées  de  fonctions  simples  .r'", 
Igd?,  e*^,  sinx,  coso:,  tang^,  arcsinj:.  ..  .,  conduisent  à  l'expression 


446  CHAPITKE    XVII. 


des  difFérentielles  de  ces  mêmes  fonctions  :  on  a,  par  exemple  ('), 


I  -f-  x^ 

Considérons  l'une  de  ces  égalités,  la  dernière  par  exemple  ;  elle  a 
un  sens  un  peu  plus  étendu  que  la  proposition  suivante  :  la  dérivée 

de  arctang\r  est j;  elle  conserve  un  sens  en  effet  quand  on  y  re- 
garde X  comme  une  fonction  de  fonction,  ou  une  fonction  composée  ; 
on  peut  écrire,  par  exemple. 


d  (  arctang  -  )  = 


V  du  —  u  dv 


Un  grand  avantage  de  la  notation  différentielle  consiste,  comme 
on  le  voit,  en  ce  qu'elle  permet  de  ne  pas  spécifier  la  ou  les  variables 
indépendantes,  et  cela  en  vertu  du  théorème  fondamental  du  n°  !291, 
lequel  réunit  en  particulier  les  théorèmes  relatifs  aux  dérivées  des 
fonctions  de  fonctions,  des  fonctions  composées,  des  fonctions  in- 
verses, des  fonctions  implicites. 

295.  On  a  ti'ès  souvent  l'occasion  de  regarder  les  différentielles  û^.r, 
dy^  dz  des  variables  indépendantes  qui  figurent  dans  une  fonction 
f{x^y^  z)  comme  des  accroissements  infiniment  petits  donnés  aux 
variables  .r,  y^  z. 

D'ordinaire,  on  fait  même  figurer  cette  supposition  dans  la  défi- 
nition des  différentielles;  je  me  suis  écarté  de  cette  habitude  parce 
que,  comme  le  lecteur  a  déjà  pu  s'en  convaincre  par  ce  qui  précède, 
la  supposition  que  les  différentielles  sont  des  accroissements  donnés 
aux  variables,  ou  qu'elles  sont  infiniment  petites,  n'intervient  nulle- 
ment dans  un  très  grand  nombre  de  cas;  d'un  autre  côté  je  n'ai  con- 
sidéré au  Chapitre  XIV  que  des  infiniment  petits  qui  dépendaient 
à' une  variable. 

Lorsqu'on  regarde  dx^  dy,  dz  comme  des  accroissements  donnés 
aux  variables  x^  y,  z,  l'accroissement  correspondant  de  la  fonction  / 


(')  On  emploie  ou  l'on  supprime  les  parenthèses  suivant  que  l'on  craint  ou  qu'on 
ne  craint  pas  des  confusions  possibles  :  j'ai  écrit  d{x'"-)  el  non  dx'"  parce  que  cette 
dernière  façon  d'écrire  représente  la  puissance  /»■«"■"  Atdx,  (rfar)'",  si  Ion  veut. 


{ 


NOTATION    DIFFÉRENTIELLE.    COURBES    PLANES.  44? 

est 

f{x  -+-  dx,  y  -+-  dy,  z  ■+■  dz)  — /(t,  y,  z) 

ou,  d'après  le  n"*  2iS,  fj-dx  -^/'^  dy  -{-f'^ffzj  en  supposant  que,  dans  les 
dérivées/'^,  /'y, /'g,  on  remplace  respectivement  x,  y,  z  par^  +  ôfl^a?, 
y  H-  ^dy^  z  -+-  ^dz,  où  G  désigne  un  nombre  compris  entre  o  et  i  ; 
lorsque  dx,  dy,  dz  sont  regardés  comme  des  infiniment  petits  et  que 
les  dérivées  partielles  sont  continues,  les  diflerences  entre  les  valeurs 
que  prennent  ces  dérivées  pour  x.y,  z  et  pour  x -i-^dx, y -{- ^dy, 
z  -t-  9<^/s  sont  elles-mêmes  infiniment  petites,  et  l'on  conçoit  qu'on 
puisse  dire,  en  employant,  pour  les  fonctions  de  plusieurs  variables, 
un  langage  analogue  à  celui  qu'on  a  employé  pour  les  fonctions  d'une 
seule  variable,  que  la  diflerentielle  df  de  la  fonction /est  la  partie 
principale  de  l'accroissement  de  cette  fonction,  partie  principale  que 
l'on  obtient  en  regardant,  dans  l'expression  exacte  de  cet  accroisse- 
ment, les  dérivées  partielles  comme  ayant  les  valeurs  relatives  au  sys- 
tème X,  y,  z  des  variables  et  non  au  système  x-\-hdx,  j-{-^dy, 
z  +  ^dz. 

Cette  façon  de  parler,  que  je  ne  préciserai  pas  davantage  en  général, 
est  très  claire  quand  il  s'agit  d'une  fonction  /(x)  d'une  seule  variable 
et  c'est  sur  ce  cas  que  je  vais  m'arréter  un  instant. 

Si  l'on  regarde  dx  comme  un  accroissement  infiniment  petit  donné 
à  la  variable  unique  x,  l'accroissement  infiniment  petit  correspon- 
dant de  la  fonction /(x)  est 

f{x^dx)—f{x)  =f{x^bdx)dx=f'{x)dx-h^f"(x-^^'dx)dx^,  ..  . 

et  il  est  clair  que,  si  dr  est  regardé  comme  l'infiniment  petit  princi- 
pal,/'(x)  dx  sera,  sauf  pour  les  valeurs  particulières  de  xqui  annule- 
raient/(j?),  la  partie  principale  du  second  membre  :  la  différentielle 
de  /(x)  peut  donc,  en  excluant  le  cas  exceptionnel  qu'on  vient  de 
signaler,  être  définie  comme  la  partie  principale  de  l'accroissement 
de  f{x),  quand  on  donne  à  .r  un  accroissement  infiniment  petit  dx, 
qu'on  regarde  comme  l'infiniment  petit  principal. 

La  différence  entre  l'accroissement  de  /(x)  et  d/  est  du  second 
ordre,  au  moins  quand  la  formule  de  Taylor  s'applique. 

Plaçons-nous  au  point  de  vue  géométrique  :  si  la  courbe  ci-dessous 
représente  la  fonction^  =:y*(.r),  si  Mest  le  point  de  cette  courbe  dont 


448  CHAPITRE   XVII. 

les  coordonnées  sonl  ^,  y;  si  M'  est  le  point  de  la  courbe  dont  l'ab- 
scisse est  X  -j-  dx,  en  sorte  que  dx  soit  l'équivalent  algébrique  du 
vecteur  MR,  parallèle  à  Ox^  l'accroissement  de  la  fonction  sera  l'équi- 


valent algébrique  du  vecteur  RM',  la  diflerentielle  de  jasera  dy  =  RT, 
le  point  T  étant  sur  la  tangente  en  M;  la  différence  entre  l'accrois- 
sement de  la  fonction  et  la  différentielle  sera  l'équivalent  algébrique 
du  vecteur  TM',  qui  est  un  infiniment  petit  du  second  ordre  quand 
on  regarde  dx  =  MR'  comme  l'infiniment  petit  principal. 

On  dit  souvent  que  x  -h  dx,  y  -+■  dy  désignent  les  coordonnées 
d'un  point  de  la  courbe  infiniment  voisin  du  point  x,  y  :  cela  n'est 
vrai  que  si  l'on  néglige  les  infiniment  petits  du  second  ordre;  x  -\-  dx^ 
y  -\-  dy  r\ç.  sont  pas,  dans  la  figure,  les  coordonnées  du  point  M'  voisin 
du  point  M,  mais  bien  les  coordonnées  du  point  T,  sur  la  tangente. 


§2. 


COURBES  PLANES. 


296.  Jusqu'ici,  on  n'a  guère  considéré  que  des  courbes  (ou  des 
traits  de  courbe)  définis  par  une  équation  telle  que  jk  =/(-2^);  à  une 
valeur  de  x  correspond  alors  une  seule  valeur  de  jk;  en  d'autres 
termes,  les  courbes  que  l'on  a  considérées  n'étaient  rencontrées  qu'en 
un  point  par  les  parallèles  à  l'axe  des  j^- 

Si  l'on  reste  à  ce  point  de  vue  et  si  l'on  veut,  par  exemple,  repré- 
senter analytiquement  un  cercle  de  rayon  /•,  et  dont  le  centre  est  à 
l'origine,  il  faut  deux  équations,  à  savoir 


sJr-^  —  x-'-, 


-v/7 


NOTATION    DIKKERENTIELLE.    COURBES    PLANES.  4  49 

chacune  définit  une  nioilié  du  cercle.  Pour  d'autres  courhes  un  peu 
plus  compli(|uëes,  il  faudrait  de  même  trois,  quatre,  . . .  équations. 

A  la  vérité,  on  peut  dire  que  le  cercle  tout  entier  est  représenté 
par  l'équation  unique  x^-\-y'^ — /-=o,  laquelle  définit  implicite- 
ment les  deux  fonctions  j^  de  x  que  l'on  a  écrites  plus  haut.  L'étude 
des  courhes  représentées  par  une  équation /(j:,  y)  =  o,  qui  peut 
ainsi  définir  implicitement  plusieurs  fonctions  j^  de  z",  en  particulier 
dans  le  cas  où  /{x,j)  est  un  polynôme  en  x,  j,  est  un  Chapitre  très 
important  de  la  Géométrie  analytique.  Dans  ce  dernier  cas,  la  courbe 
est  dite  algébrique;  son  degré  est  le  degré  du  polynôme  /{x,y)- 
En  décomposant  celte  courhe  en  parties  telles  que  chacune  ne  soit 
rencontrée  qu'en  un  point  par  les  parallèles  à  l'axe  des  y,  on  définit 
sans  ambiguïté  les  fonctions  que  léquation  /(j",jk)  =  o  définit  impli- 
citement. 

Un  autre  façon  de  représenter  une  courbe  plane  consiste  à  regarder 
les  coordonnées  jc,  y  d'un  point  de  cette  courbe  comme  des  fonc- 
tions/(<),^'(/)  d'une  variable;  la  courbe  est  alors  le  lieu  des  points  .r,  y 
dont  les  coordonnées  sont 

^=/(f),      y^git) 

quand  /  varie  entre  certaines  limites. 
Par  exemple  les  équations 

a^  =  a-t-a'/,         y  =  b -\- b' t 


Fi  g.  85. 


Y 

^^ 

0 

X 

XI,  a  savoir  une 


définissent  une  droite  quand  t  varie  de   —  x) 
droite   passant  par  le  point  A  de  coordonnées  a,  b  et  parallèle  à  la 
T.  —  II.  29 


45o  CHAPITRIv   XVII. 

direction  qui   va  de  l'origine  au   point  A'  de  coordonnées  a',  b' ,  et 
dont  les  cosinus  directeurs  sont  (n"  94) 


en  effet,  si,  sur  la  droite  ainsi  définie,  on  prend  le  point  A  pour  ori- 
gine et  la  direction  de  O  vers  A'  pour  direction  positive,  les  coordon- 
nées d'un  point  quelconque  M  sont  données  par  les  formules 

.r  =  a  -1-  /•  cosa,         y  —  b  -\-  r  sina, 

en  désignant  par  r  l'équivalent  algébrique  du  vecteur  AM  :  ces  coor- 
données coïncideront  avec  celles  du  point  a-\-a'l^  b-^b't^  si  l'on 
suppose  1=  t\Ja''^-\-  b'-;  quand  t  croît  de  o  à  +  oo,  le  point  consi- 
déré décrit  à  partir  du  point  A  la  demi-droite  AB  dont  la  direction  est 
précisément  celle  de  O  vers  A';  quand  t  varie  de  o  à  — oo,  le  point 
décrit  la  demi-droite  opposée. 

Considérons  maintenant  les  équations 

.r  =  a -f- a72,         y  =  b-^b't^, 

elles  rentreraient  dans  le  tjpe  précédent  en  posant  /-=/';  on  voit  que 
le  point  X,  y  se  trouve  toujours  sur  la  demi-droite  AB;  quand  t  croît 
de  — 00  à  -h  00,  il  décrit  cette  demi-droite  deux  fois,  une  première 
fois  dans  le  sens  de  B  vers  A,  quand  t  croît  de  —  oo  à  o  ;  une  seconde 
fois  dans  le  sens  de  A  vers  B,  quand  l  croît  de  o  à  -t- oc.  Il  passe 
deux  fois  par  la  même  position  pour  des  valeurs  symétriques  de  t. 

Le  lecteur  n'aura  aucune  peine  à  se  rendre  compte  de  la  forme  des 
courbes  définies  par  des  équations  de  la  forme 

3"  =  a  -+-  a'  ti',         y  =z  h  -\-  b'  tl. 

Il  est  commode,  en  général,  de  regarder  la  variable  t  comme  repré- 
sentant le  temps;  les  équations  x  z=f(t),  y  ^=.  g{t)  définissent  alors, 
dans  le  plan,  la  position  d'un  mobile  à  chaque  instant  ^,  et  la  courbe 
n'est  autre  chose  que  la  trajectoire  de  ce  mobile. 

Si  l'on  considère  deux  époques  quelconques  t  eX,  t-\-  h^  auxquelles 
correspondent  deux  positions  M,  M'  du  mobile,  on  sait  qu'on  appelle 
vitesse  moyenne   du  mobile,   pendant   l'intervalle    de    temps   A,  la 


NOTATION    DIKtKRENTIKLLE.    COURBES    PLANES.  4^1 

vitesse  d'un  mobile  qui  se  meut  d'un  mouvement  uniforme  sur  la 
droite  MM'  de  manière  à  passer  en  M  et  en  M'  aux  époques  telt->r-h. 
Celte  vitesse  est  un  vecteur  MK.  dont  le  sens  est  le  sens  de  M  vers  M' 
ou  de  M'  vers  M  suivant  que  k  est  positif  ou  négatif.  Les  projections 
de  ce  vecteur  sur  les  axes  ont  l'espectivement  pour  équivalents  algé- 
briques 

flt^ln-  fit)      g{t^h)~-g{t)^ 
A  '  h 

la  limite  de  ce  vecteur  MK,  quand  //  tend  vers  o,  est  la  vitesse  à 
l'instant  f,  et  les  équivalents  algébriques  des  projections  du  vecteur 
limite  sur  les  axes  sont  respectivement  les  déri\ées  y"(«),  g'(t);  ces 
deux  quantités  définissent  sans  ambiguïté  une  direction  sur  la  tan- 
gente en  M,  la  direction  de  la  vitesse,  la  direction  dans  laquelle  se 
meut  le  mobile  quand  la  variable  t  augmente  :  c'est  la  direction 
(n"  QA)  du  vecteur  qui  \a  de  l'origine  au  point  dont  les  coordonnées 
sont  f  (i),  g'{t);  les  cosinus  directeurs  de  cette  direction  sont 


le  radical  est  la  valeur  absolue  de  la  vitesse. 
Les  diflerentielles 

ifx  =  /'{t)dt,         dy  =z  g'{t)dt, 

lorsqu'on  regarde  c?^  comme  l'infiniment  petit  principal,  peuvent  être 
regardées,  en  négligeant  les  infiniment  petits  du  second  ordre,  comme 
les  accroissements  des  fonctions  x,  y  quand  on  donne  à  la  variable  t 
l'accroissement  h^=  dt\  en  sorte  que,  dans  les  mêmes  conditions,  on 
peut  dire  que  x  -\-  dx,  y  -\-  dy  sont  les  coordonnées  du  point  de  la 
courbe  qui  correspond  à  la  valeur  t  -\-  dt. 

Rigoureusement  parlant,  x  +  dx^  y  -h  dy  sont  les  coordonnées, 
non  d'un  point  de  la  courbe,  mais  d'un  point  de  la  tangente  :  c'est  à 
ce  dernier  point  de  vue  qu'il  faut  se  placer  quand  on  veut  regarder  dt 
non  comme  un  infiniment  petit,  mais  conune  un  nombre  arbitraire, 
(^ue  dt  soit  infiniment  petit  ou  non,  le  vecteur,  porté  par  la  tangente, 
qui  a  pour  origine  le  point  dont  les  coordonnées  sont  x^  y  et  pour 
extrémité    le   point   dont   les    coordonnées    sont   x  -\-  dx^    y  -\-  dy, 


45a  CHAPITRE   XVII. 

et  qui  est  déterminé  quand  on  se  donne  dt^  joue  un  rôle  important 
dans  la  théorie  des  courbes.  11  a  pour  projections  sur  les  axes  des  vec- 
teurs dont  les  équivalents  algébriques  sont  dx  et  dy  (  '  )  ;  il  est  la 
somme  géométrique  de  ces  deux  vecteurs. 

Il  convient  de  remarquer  que,  pour  une  valeur  ^i,  qui  annulerait 
à  la  fois /'(i),  et  g''{i),  les  formules  qui  donnent  en  général  les  cosinus 
directeurs  de  la  tangente  deviennent  illusoires  pour  t  =  ti.  La  pente 
de  la  tangente  en  ce  point  s'obtiendra  par  la  méthode  générale  en 
cherchant  la  limite,  pour  A  =  o,  du  rapport 

f{t,  +  h)-f{t:)' 

Si  la  formule  de  ïaylor  s'applique,  ce  rapport,  dans  le  cas  qui  nous- 
occupe,  est  égal  à 


'ifv. 


sa  limite,  lorsque  /"(it)  est  différent  de  o,  est  évidemment  /-,/.. \  r 
lorsque/"(f,)  est  nul  sans  que  o"(^,)  le  soit,  la  tangente  est  parallèle 
à  l'axe  des  j^. 


297.  D'une  façon  générale,  quand  on  veut  étudier  la  forme  de  la 
courbe  définie  par  les  équations  x  =f{t),  y  =  g{l)  aux  environs 
d'un  point  A,  correspondant  à  une  valeur  ^,  du  paramètre,  ou,  ce  qui 
revient  au  même,  le  mouvement  du  mobile  M  défini  par  ces  équations 
aux  environs  de  l'époque  ^,,  on  pose  t=ti-\-h,  et  l'on  cherche  des 
expressions  approchées  de  x  et  de  y  pour  les  valeurs  de  h  voisines 
de  o;  si,  en  particulier,  la  formule  de  Taylor  est  applicable  aux  deux 


(')  C'est  là  la  forme  correcte  du  langage  :  on  se  permet  souvent  d'abréger  un  peu 
et  de  dire  que  les  projections  sont  dx,  dy  :  d'une  façon  générale,  il  est  permis, 
lorsqu'on  ne  craint  pas  d'ambiguïlé,  de  désigner  un  vecteur  par  son  équivalence 
algébrique  :  cela  suppose  essentiellement  que  Vaxe  auquel  on  rapporte  le  vecleur 
soit  bien  défini.  Je  rappelle  qu'un  axe  comporte  une  direction  (positive)  et  une  unité 
de  longueur. 


I 


NOTATION    niKKKRENTIELLE.    COURBES   PLANES.  453 

fondions /(t),  g(t),  on  aura 

^  =  /('.)  +  7/'(^.)+^.r(/.)+..., 

Les  formules  approchées  s'obtiennent  en  limitant  les  développe- 
ments. On  obtient  ainsi  les  coordonnées  d'un  point  m,  exprimées  au 
moyen  de  la  variable  h:=t  —  ^j  ;  le  point  m  est  voisin  de  M  lorsque  h 
est  voisin  de  o  et  décrit,  dans  ces  conditions,  un  petit  trait  de  courbe 
voisin  de  la  trajectoire  du  point  M.  La  construction  du  point  m  défini 
par  les  formules 

est  manifeste;  le  vecteur  0//i,  qui  va  de  l'origine  au  point  m,  est  la 
somme  géométrique  de  /?  +  i  vecteurs,  ayant  tous  le  point  O  pour 
origine  et  aboutissant  aux  points  dont  les  coordonnées  sont  /(tt) 
€l  g{ti).  -  f'{tt  )  et  r' {({)■,  . .  •  ;  la  première  de  ces  extrémités  est  le 
point  A,,  où  le  point  M  se  trouve  à  l'époque  tf.  La  seconde,  quand  h 
varie,  se  déplace  sur  la  droite  qui  va  de  l'origine  au  point  de  coor- 
données /'(^,),  g'{i{)',  la  troisième  sur  la  droite  qui  va  de  l'origine 
au  point  de  coordonnées  "^      '»  >  etc.;  lorsque  les  deux  dérivées 

qui  correspondent  à  un  vecteur  sont  nulles,  ce  vecteur  est  lui-même 
nul. 

Si,  en  particulier,  on  ne  garde  que  les  deux  premiers  termes,  on 
aura,  pour  les  coordonnées  du  point  m, 

Ces  formules,  lorsque  Avarie  de  —  oo  à  H-  oo,  définissent  une  droite  : 
cette  droite  n'est  autre  chose,  comme  on  l'a  vu  plus  haut,  que  la  tan- 
gente à  la  trajectoire  du  point  M,  au  point  A,  (').  Ceci  suppose  tou- 


(  ')  Kn  prenant  un  terme  de  plus  dans  les  expressions  de  x,  y  il  est  aisé  de  recon- 
naître la  position  de  la  courbe  par  rapport  à  la  tangente,  le  sens  de  la  convexité,  etc. 


454 
tefoi 


CHAPITRE   XVII. 


is  que  1  on  n  a 


pas  à  la  fois/'(^,)  =  o,  or'(ti)=  o,  c'est-à-dii 


l'on  n'est  pas  dans  la  circonstance  exceptionnelle  signalée  un  peu  plus 
haut. 

Pour  l'étude  de  cette  circonstance,  bornons-nous  au  cas  où/"(^,) 
et  ^'{tf  )  sont  différents  de  o  ;  on  peut  prendre  comme  formules  appro- 
chées 


/(^i)+-/'(^i). 


y=^^(tO 


g"  (M); 


ces  équations,  lorsque  Avarie,  définissent  non  plus  une  droite,  mais  seu- 
lement une  demi-droite,  partant  du  point  de  coordonnées /(^,),  g'(ti), 
dans  la  direction  parallèle  à  celle  qui  va  de  l'origine  au  point  de  coor- 
données -  /"(tt),  ~g^'{fi)  et  de  même  sens.  Lorsque  h  varie  de  —  e 
à  e,  £  étant  un  nombre  positif",  le  point  m,  défini  par  les  formules  pré- 
cédentes, décrit  deux  fois,  dans  des  sens  opposés,  un  petit  segment 
de  cette  droite,  laquelle  n'est  autre  que  la  tangente  en  A,,  puisqu'elle 
passe  par  ce  point  et  que  sa  pente  est  '  •  Le  mouvement  du  point  M 
se  rapproche  beaucoup  de  celui  du  point  m. 

Pour  nous  rendre  compte  de  ce  mouvement  du  point  M  et  de  la 
forme  de  sa  trajectoire  aux  environs  du  point  A.,,  prenons  un  terme 

Fia.  86. 


7       Ai 


de  plus  dans  les  développements,  et  considérons  le  point  m'  dont  les 
coordonnées  sont 


à 


NOTATION  DIFFÉRENTIELLE.  COL  HBES  PLANES.  455 

en  supposant  que  les  deux  quantités /'"(;,  ),  ^"{i\)  ne  soient  pas 
nulles  toutes  les  deux;  pour  déduire  le  point  m' du  point  m,  on  devra 
regarder  ce  point  m  comme  l'origine  d'un  vecteur  mm'  équipollent 
au  vecteur  qui  va  de   l'origine  au  point  dont  les  coordonnées  sont 

-p-/'"{if  ),  -r  g"'{t\  ).  Ce  dernier  vecteur  est  situé  sur  la  droite  OP  qui 

va  de  l'origine  au  point  P  de  coordonnées /'"(/,  ),  g"'{ti),  de  même 
sens  si  h  est  positif,  de  sens  contraire  si  h  est  négatif".  Je  suppose  que 
la  droite  OP  ne  soit  pas  parallèle  à  la  tangente  A,  m  au  point  A|, 
c'est-à-dire  quey"(<,),  g"'{ti)  ne  soient  pas  proportionnels  à /"(<,), 
g"{it)'  Alors,  le  point  m'  reste  d'un  côté  de  la  droite  A,  m  quand  h 
est  positif,  de  l'autre  côté  quand  h  est  négatif;  il  décrit  ainsi  deux 
traits  de  courbe  tangents  en  A,,  à  la  droite  A,  //?,  de  côtés  diflerents  : 
leur  réunion  forme,  en  A,,  une  sorte  de  bec.  Le  poiAt  A,  est  ce  qu'on 
appelle  un  point  de  rebroussemenL  de  la  trajectoire  du  point  m'  : 
ce  point  de  rebroussement  est  dit  de  première  espèce  lorsque,  comme 
dans  l'étude  précédente,  les  deux  traits  de  courbe  sont  de  part  et 
d'autre  de  la  tangente.  La  trajectoire  du  point  M  offre  la  même  dispo- 
sition. 

Je  laisse  au  lecteur  le  soin  de  montrer  que,  si  l'on  avait  y'"'(^,  )  =  o, 
^"'(^,)z=oet  si  les  deux  dérivées/"^ (^),  g^^ {t)  n'étaient  pas  nulles 
toutes  deux  pour  ^  ==  <,,  ou  proportionnelles  à  f'\l\  ),  ^'('i  ),  la  tra- 
jectoire   de    M   présenterait   en    A,    un   point  de  rebroussement  de 


seconde  espèce,  où  les  deux  traits  de  courbe  seraient  tangents  en  A,, 
à  la  droite  A,  //i,  d'un  même  côté  (  '  ). 

Comme  cas  très  particulier,  il  peut  arriver  que  les  deux  traits  de 


('  )  Je  lui  laisse  aussi  le  soin  d'examiner  les  différents  cas  qui  peuvent  se  présenter, 
lorsque /"(/,),  ^"(/,)  sont  nuls:  les  explications  qui  précèdent  suflisent  pour  recon- 
naître comment  on  doit  procéder  dans  ces  diirérents  cas. 


456  ClIAPrTRK    XVII. 

courbe  soient  confondus,  et  que  le  point  M,  lorsque  h  croît  de  — e 
à  -h  £,  rebrousse  chemin  à  partir  du  point  A,,  sur  la  même  courbe 
qu'il  a  dt\jà  parcourue  :  l'exemple  de  la  demi-droite  définie  par  les 
équations  x  =  a -\-  a'f^,  y  =  b  ^  b' l-  suffit  à  montrer  qu'il  peut  en 
être  ainsi.  Cette  circonstance  exceptionnelle  ne  se  présente  pas  dans  un 
intervalle  où  les  dérivées /'(<),  g'{t)  sont  continues  et  où  l'uned'elles 
ne  s'annule  pas,  puisque,  dans  un  tel  intervalle,  l'une  des  coordon- 
nées x^  y  du  mobile  varie  toujours  dans  le  même  sens  :  elle  ne  peut 
donc  se  présenter  dans  un  intervalle  où  les  dérivées  ne  s'annulent 
pas  à  la  fois.  Dans  un  tel  intervalle,  on  peut  dire  que  les  points  de  la 
courbe  se  succèdent  dans  un  ordre  déterminé,  l'ordre  dans  lequel  ils 
sont  rencontrés  par  le  mobile  quand  t  croît  :  on  sait  alors  nettement 
ce  qu'on  veut  dire  en  parlant  d'un  point  qui  en  précède  un  autre, 
d'un  point  qui  est  situé  entre  deux  autres,  etc. 

Le  mobile  rebrousserait  chemin,  à  partir  de  l'époque  ^,,  si,  dans  les 
deux  développements  de  /(<,  +  A),  _^(/,  +  //)  suivant  les  puissances 
de  A,  tous  les  termes  de  degré  impair  disparaissaient.  Dans  ce  cas,  on 
voit  qu'il  y  aurait  une  infinité  de  couples  de  valeurs  distinctes  t' ,  t" 
telles  que  l'on  eût  à  la  fois 

/{(')=  fit"),        fi^{f')=ff(t")- 

on  les  obtiendrait  en  posant  <'=  ^,  +  /i,  f  z=  t^  —  h. 

Dans  le  cas  où  les  équations  précédentes  admettraient  une  solution 
en  t\  f  {i' 7^  t")  sans  en  admettre  qui  fussent  voisines  de  celles-là, 
cela  voudrait  dire  simplement  que,  à  l'époque  /',  le  mobile  se  trouve 
à  la  même  position  qu'à  l'époque  t"  ;  la  courbe  présenterait  un  foiiit 
double. 


298.  Je  n'ai  rien  supposé  sur  cette  variable  t  à  chaque  valeur  de 
laquelle  correspond  un  point  de  la  courbe;  elle  s'introduit  souvent 
d'une  façon  naturelle,  par  la  définition  géométrique  de  la  courbe;  il 
y  a  toutefois  quelques  variables  sur  lesquelles  il  convient  de  s'arrêter 
un  peu,  en  raison  de  leur  importance,  tant  pour  en  éclaircir  la  signi- 
fication que  pour  montrer  comment  on  les  détermine  en  fonction  de  <, 
quand  la  courbe  est  définie  par  les  équations  de  la  forme  x  =  f{t), 
y  =  g{i). 

On  peut,   sur  une  courbe  donnée,  fixer  un  point  par  son  abscisse 


NOTATION    DIFFÉRKNTIELLK.    COLHBES    PI.ANKS.  457 

curviligne.  Pour  cela,  on  commence  par  choisir  sur  la  courbe  un 
point  Ao,  Vorigine  des  arcs,  correspondant,  par  exemple,  à  une 
valeur  t^  du  paramètre  t.  A  partir  de  ce  point  on  peut  décrire  la 
courbe  dans  deux  sens  différents,  correspondant  l'un  aux  valeurs 
croissantes  de  f,  l'autre  aux  valeurs  décroissantes;  on  choisit  l'un  de 
ces  sens  comme  étant  le  sens  positif,  l'autre  le  sens  négatif.  Tout  ceci 
est  parfaitement  clair  pourvu  qu'on  reste  sur  une  portion  AB  de  la 
courbe  correspondant  à  un  intervalle  dans  lequel  les  fonctions /(/), 
g{t),  /'  (t),  g'  {t)  sont  continues,  et  dans  lequel  les  deux  dernières 
fonctions  ne  s'annulent  pas  à  la  fois.  C'est  ce  que  je  supposerai  dans 
ce  qui  suit. 

Soit  M  un  point  quelconque  (')  de  la  courbe;  l'abscisse  curviligne 
de  ce  point  JM  sera,  par  définition,  un  nombre  dont  la  valeur  absolue 
est  la  longueur  de  l'arc  \M  (n"  126)  et  dont  le  signe  est  -h  ou  —  sui- 
vant que,  pour  aller  du  point  Ao  vers  le  point  M,  il  faut  marcher,  sur 
la  courbe,  dans  le  sens  positif  ou  dans  le  sens  négatif.  Le  lecteur  a 
été  familiarisé  avec  cette  notion,  au  moins  par  la  trigonométrie.  La 
position  du  point  IM  est  définie  sans  ambiguïté  par  son  abscisse  cur- 
viligne s  ;  il  est  clair  que  ses  coordonnées  x,  y  sont  des  fonctions  de 
cette  variable  ;  il  importe  de  savoir  exprimer  s  en  fonction  de  ^;  on 
pourra  exprimer  ensuite  t,  x,  y  au  moyen  de  s. 

11  est  nécessaire,  pour  résoudre  cette  question,  de  définir  d'une 
façon  précise  ce  qu'est  la  longueur  de  l'arc  d'une  courbe.  On  a,  à  la 
vérité,  esquissé  au  n"  26  une  telle  définition;  mais  cette  définition  ne 
s'applique  qu'à  certaines  courbes  planes  (2),  Il  serait  assez  facile  d'en 
déduire,  pour  ces  courbes,  la  proposition  suivante  : 

Si  deux  ftoinls,  sur  une  courbe,  sont  infiniment  voisins,  les  lon- 
gueurs de  rare  infiniment  petit  limité  par  ces  deux  points  et 
de  la  corda  qui  le  sous  tend  sont  des  infiniment  petits  équiva- 
lents. 

Je  prierai  le  lecteur,  soit  d'admettre  cette  proposition  comme  un 
postulat  impliqué  dans  la  notion  vague  de  la  longueur  d'un  arc  de 


(')  On  suppose  toutefois  que  le  point  A„  et  le  point  M  sont  sur  le  même  trait  de 
courbe  :  on  ne  prendra  pas,  par  exemple,  les  deux  poinis  A  et  M  sur  deux  branches 
différentes  d'une  hyperbole. 

(')  Je  ne  parlerai  pas,  dans  le  présent  Livre,  des  courbes  de  l'espace. 


458  CHAPITHE    XVll. 

courbe,  soit,  s'il  veut  se  placer  à  un  point  de  vue  plus  logique,  de  la 
regarder  comme  une  condition  imposée  à  toute  définition  de  cette 
longueur.  Cette  définition  doit,  en  outre,  être  telle  que,  si  A,  B,  C 
sont  trois  points  de  la  courbe,  l'arc  AC  soit  la  somme  des  arcs  AB 
et  BC,  quand  le  point  B  est  situé  entre  les  points  A  et  C.  Je  vais 
montrer  que  ces  deux  conditions  suffisent  à  déterminer  l'arc  s  d'une 
courbe,  compté  à  partir  d'une  origine  A„,  comme  une  fonction  du  pa- 
ramètre t  qui  fixe  chaque  point  de  la  courbe  :  [la  fonction  ainsi 
obtenue  sera,  si  l'on  veut,  la  définition  même  de  l'arc;  j'aurai  l'occa- 
sion d'indiquer  plus  tard  comment  cette  définition  'se  raccorde  avec 
celle  qu'on  tire  de  la  considération  de  la  longueur  d'une  ligne  brisée 
inscrite  dans  la  courbe. 

Soit  s  l'abscisse  curviligne  du  point  M  correspondant  à  la  valeur  t 
du  paramètre;  supposons  qu'on  donne  à  ce  paramètre  un  accroisse- 
ment positif  h,  et  qu'à  la  valeur  t  +  h  du  paramètre  corresponde  le 
point  M'  de  la  courbe;  il  se  peut  que,  le  paramètre  croissant  à  partir 
de  t,  l'abscisse  curviligne  s  augmente  ou  diminue  ;  plaçons-nous  dans 
le  premier  cas;  lorsque  jl'on  passe  de  la  valeur  /  à  la  valeur  l-hfi, 
l'abscisse  curviligne  s  augmente  de    l'arc    positif   MM';  la  limite  du 

rapport  — r — »  quand  h  tend  vers  o,  est  la  dérivée  de  s  par  rapport 

à  t;  pour  l'évaluation  de  cette  limite  on  peut  remplacer  arc  MM'  par 
l'infiniment  petit  équivalent  corde  MM';  on  a  donc  à  évaluer  la 
limite,  pour  ^  =  o,  du  rapport  (') 

/[/,  i^k)  —f(  t)  [^-^Iffit^h)-  ,:,"((  )y 

h  ' 

où  le  radical  a  la  signification  arithmétique.  En  vertu  de  la  formule 
des  accroissements  finis,  ce  rapport  peut  s'écrire,  en  désignant  par 
e,  7)  des  nombres  positifs  compris  entre  o  et  i , 


^f2(t-^zh)^^'Ht^r,h); 


sa  limite,  quand  h  tend  vers  o,   est  évidemment  \]f''{l)-\-g''{t)  : 


(')  J'ailmets  ici  la  formule   suivante,  1res  aisée  à   démontrer  :  la  distance  de  deux 
points  dont  les  coordonnées  rectangulaires  sont  x,  y  et  x',y'  est 

i^\x'  -x)-  +  ij'  —y  y. 


NOTATION    DIFFÉRENTIELLE.    COURBES    PLANES.  459 

on  a  donc  dans  ce  cas 

On    voit    immédiatement  que,    dans   le    cas    où   l'arc   s    diminue 
lorsque  t  augmente,  l'on  a 


De  là  résulte  une  méthode  pour  évaluer  les  arcs  d'une  courbe 
plane,  analogue  à  celle  qu'on  a  donnée  au  n"  2î22  pour  évaluer  les 
aires. 

On  détermine  une  fonction  '^{l)  dont  la  dérivée,  par  rapport  à  t, 
so'xl  \^/f'-{t)-\- g'-{t).  En  supposant  que  les  arcs  croissent  en  même 
temps  que  /,  on  voit  que  ç  —  '^{f)  doit  être  une  constante,  puisque 
la  dérivée  de  cette  fonction  est  nulle  :  la  valeur  de  cette  constante 
est  égale  à  la  valeur  —  c3(^o)  de  s  — 'f  (0  pour  ^  =  ^o  5  on  doit  donc 
avoir  5  =  '^(^)  —  »(<o)-  ^^  aurait  de  même  5  =  c3(^o)  —  'f  (0'  *^  ^^^ 
arcs  croissaient  lorsque  ^diminue.  L'expression  »(?,  )  —  'f(^o)j  oîi 
<p(^)  désigne  une  fonction  primitive  de  la  fonction  essentiellement 
positive  \//'-{t)  -+-  g''-{t),  représente,  lorsque  f,  est  plus  grand  que  /q? 
la  longueur  (absolue)  de  l'arc  de  courbe  décrit  par  le  pointer  =/(/), 
y  =  g{t)  quand  t  varie  de  ^0  à  ^,. 

La  formule  générale  [-7:)  = /''(O  +  ©'(Oj  dans  le  cas  où  l'on 
suppose /(/)  =  ^,  en  sorte  que  le  paramètre  t  n'est  autre  que  l'ab- 
scisse X  d'un  point  de  la  courbe,  montre  que  l'on  a 

ds 


4.-^^' 


en  désignant  par  y'  la  dérivée  de  y  par  rapport  à  x\  on  prendra  le 
signe  -h  ou  le  signe  —  devant  le  radical,  suivant  qu'on  est  convenu 
de  faire  croître  ou  décroître  les  arcs  quand  x  croît. 

Lorsqu'on  est  parvenu  à  exprimer  l'arc  v  au  moyen  de  fonctions 
connues  du  paramètre  qui  détermine  chaque  point  de  la  courbe,  on 
dit  qu'on  a  reclijié  cette  courbe. 


46o  CHAPITRE    XVII. 

Les  expressions 

fjf)  g'jt) 

représenlenl,  comme  on  l'a  vu  plus  haut,  les  cosinus  directeurs  de  la 
direction  qui,  sur  la  tangente,  correspond  à  t  croissant,  c'est  la  direc- 
tion de  la  vitesse  quand  t  désigne  le  temps;  la  valeur  de  cette  vitesse 


e,is/r^{t)  +  g-'-{t). 

Les  expressions 

dx 
dt 
ds 
di 

dx 

-  Ts' 

-dt 

ds 

dt 

dy 
"  ds 

.  ds 
seront  les  cosinus  directeurs  de  la   même  direction  si  -7-  est  positif, 

si  les  arcs  croissent  lorsque  t  croît,  de  la  direction  opposée  si  les  arcs 

décroissent  lorsque  t  croît;  elles  sont,  dans  tous  les  cas,  les  cosinus 

directeurs  de  la  direction  qui,  sur  la  tangente,  correspond  aux  arcs 

ds  . 

croissants.    La   quantité  -%-  est  l'équivalent   algébrique  de  la   vitesse 

quand  on  prend  pour  direction  positive,  sur  la  tangente,  cette  direc- 
tion qui  correspond  aux  arcs  croissants. 


299.  Désignons  par  a  l'angle  dont  il  faut  faire  tourner  la  partie 
positive  de  l'axe  des  a",  pour  l'amener  parallèlement  à  cette  direction 
positive  sur  la  tangente  (  '  ),  on  aura 

dx  dy 

—r-  =  cosa,  -—  =  sina 

ds  ds 


(i)  dx  =  dscosoL^         dy  =  ds  sina. 

Ici  encore  la  variable  indépendante  n'est  pas  désignée;  ^,  JK,  s,  a 
peuvent  être  des  fonctions  d'une  variable  quelconque  :  cette  variable 
peut,  en  particulier,  être  s  ou  a.  Ces  formules  expriment  que  dx  et 


(')  Cet  angle  est  déterminé  à  2 A-  prés;  il  définit  la  direction  considérée. 


NOTATION    DIKFÉRENTIELLE.    COLRBES    PLANES.  46l 

dy  sont  les  équivalents  algébriques  des  projections  sur  les  axes  d'un 
vecteur  porté  sur  la  tangente,  dont  l'équivalent  algébrique  est  ds^ 
quand  on  choisit  la  direction  définie  par  l'angle  a  comme  direction 
positive  sur  la  tangente,  j'ai  déjà  appelé  l'attention  sur  ce  dernier 
vecteur  dont  l'origine  et  l'extrémité  sont  les"  points  de  coordon- 
nées X  el  y^  X  -\-  dx  ely  -[-  dy.  11  figure  la  différentielle  ds  de  l'arc  ; 
je  l'appellerai  à  l'occasion  le  vecteur  «5;  la  îor mule  ds'^  =  dx'^  -\-  dy^ 
n'est  autre  chose  que  la  relation  entre  l'hypoténuse  d'un  triangle 
rectangle  et  ses  côtés  :  peu  importe  d'ailleurs  qu'on  regarde,  ou  non, 
dx.,  dy.,  ds^  dt  comme  des  infiniment  petits;  mais  il  ne  faut  pas  ou- 
blier que  ces  quantités  ne  sont  déterminées  que  quand  on  se  donne 
la  variable  indépendante  et  sa  différentielle  :  si  t  est  la  variable  indé- 
pendante, dx.,  dy,  ds  sont  les  dérivées  de  x,  jk,  s  par  rapport  à  t  res- 
pectivement multipliées  parla  différentielle  dt\  ainsi  le  vecteur  ds., 
dont  les  projections  sont  dx  et  dy.,  a,  lorsque  dt  est  positif,  la  même 
direction  que  la  ^itesse,  à  savoir  la  direction  qui  va  de  l'origine  au 

point  dont  les  coordonnées  sont  -7-5  -t-\    il  a  la  direction  opposée 

si  dt  est  négatif;  en  d'autres  termes  encore,  la  direction  du  vecteur  ds., 

quand  la  dilFérentielle  dl  est  positive,  est  la  direction  dans  laquelle 

on  marche  sur  la  courbe  ou  sa  tangente  lorsque  t  croît. 

.   ,  ds  . 
La  quantité  -j-  joue  un  rôle  important  dans  la  théorie  des  courbes 

planes  :  on  la  regarde  comme   l'équivalent  algébrique  d'un  vecteur 

dont  l'origine  est  le  point  M  de  la  courbe  auquel  correspond  la  valeur 

ds 
de  -,-  ,   porté  sur  la   normale  à  la   courbe  en  ce   point,  la   direction 

positive  choisie  sur  la  normale  étant  définie  par  l'angle   x-\ Les 

cosinus  directeurs  de  cette  direction  sont 


('-?) 


dy             ■     /         '^\  ^^ 

iin  a  =  —  -~-  ,  sin  |  a  h |  =  cosa  =  —r  ■ 


ds  \         2  /  ds 


L'angle  qu'elle  fait  avec  la  direction  OY  est  aigu  ou  obtus  suivant 

dx 
que  -T  est  positif  ou  négatif,  suivant  que  s  et  x  varient  ou  non  dans 

le  même  sens. 

Supposons  que  -7-  soit  positif;   5  et  a  varient  alors  dans  le  même 

sens;  par  suite,  ol  el  x  varient  ou  non  dans  le  même  sens  suivant 


462  CHAPITRE    XVII. 

que  -7-  est  positif  ou  négatif;  dans  le  premier  cas,  la  pente  de  la  tan- 
gente augmente  avec  x^  la  courbe  (n"249)  toui-ne  sa  concavité  vers 
le  haut,  au  voisinage  du  point  M  ;  elle  est  située  au-dessus  de  la  tan- 
gente ;  il  en  est  de  même  de  la  direction  positive  sur  la  normale, 
qui  fait  un  angle  aigu  avec  la  parallèle  à  la  direction  OY  menée  à 
partir  du  point  M;  dans  le  second  cas,  la  courbe  est  située  au-dessous 
de  la  tangente;  il  en  est  de  même  de  la  direction  positive  sur  la  nor- 
male, qui  fait  un  angle  obtus  avec  la  parallèle  à  OY. 

On  reconnaît  de  la  même  façon  que,  si  -j-  est  négatif,  la  direction 

positive  sur  la  normale,  à  partir  du  point  M,  est  située,  par  rapport 
à  la  tangente,  de  l'autre  côté  que  les  points  de  la  courbe  voisins  du 
point  M, 

Par  conséquent,  dans  tous  les  cas,  le  vecteur  dont  l'origine  est  le 

point  M  et  dont  l'équivalent  algébrique  est  -j-  est  situé,  par  rapport 

à  la  tangente  en  M,  du  même  côté  que  la  courbe  dans  le  voisinage 
de  M;  les  coordonnées  de  l'extrémité  de  ce  vecteur  sont 

-,  ds  I  TiX  ^  ds       .      I  TT  \ 

(.)  X=:.r+-cus(^a+  J,  Y  =  j^  -  -  sm  (^a -^  -  j  ; 

cette  extrémité  s'appelle  le  centre  de  courbure  relatif  au  point  M; 
le  cercle  décrit  de  ce  point  comme  centre,  et  passant  parle  point  M, 
est  le  cercle  de  courbure  (ou  cercle  osculaleur)  en  ce  point,  et  le 
rajon  de  ce  cercle  est  le  rayon  de  courbure  relatif  au  point  M  . 

On  appelle  courbure  moyenne  d'une  courbe  entre  deux  points  voi- 
sins M,  M'  le  rapport  à  la  longueur  de  l'arc  MM'  de  l'angle  aigu  formé 
par  les  deux  tangentes  aux  points  M,  M';  c'est  la  valeur  absolue  du 

rapport  —,   en  désignant  par  Aa,  A.v  les  accroissements  de  a  et  de  5 

quand  on  passe  du  point  M  au  point  M'.  Dans  un  cercle,  cette  cour- 
bure moyenne  est  constante  et  égale  à  l'inverse  du  i^ayon  du  cercle. 
La  courbure  au  point  M  est  la  limite  de  la  courbure  moyenne  quand 
le  point  M'  se  rapproche  du  point  M,  et  le  rayon  de  courbure  en  M 
est  le  rayon  d'un  cercle  qui  aurait  même  courbure  que  la  courbe 
proposée  en  M. 

Ce  rayon  de  courbure,   à  proprement  parler,  est  la  valeur  absolue 

de  -J--  Je  donnerai  toutefois  le  nom  de  rayon  de  courbure  au  vec- 


NOTATION    DIFKKRENTIELLK.    COLRBES    PLANKS.  463 


ds 


leur  précédemment  défini,  ou   à  la  quantité  R^  —  avec  son  sig, 


dx 


ne. 


En  tenant  compte  des  formules  (i)  et  (2),  les  coordonnées  du 
centre  de  courbure  peuvent  s'écrire 

IV  <^*     •  «Ç/ 

I  ds  dx 

le  lieu  de  ce  point,  quand  le  point  M  décrit  la  courbe  proposée,  est 
ce  qu'on  appelle  la  développée  de  cette  courbe  :  cette  développée 
correspond  point  par  pointa  la  proposée;  on  peut  la  regarder  comme 
définie  par  les  formules  précédentes. 

Il  est  aisé  de  trausformer  les  formules  précédentes  de  manière  à 
les  rendre  immédiatement  applicables  quand  on  se  donne  .r,  >'  en 
fonction  d'une  variable  quelconque  t  :  je  désignerai  par  des  accents 
les  dérivées  prises  par  rapport  à  cette  variable;  on  a 

dy       y' 
tanga  =  -^  =  •^; 
°  dx        X 


l'angle  a  ne  peut  difterer  de  arc  tang^H-  que  d'un  multiple  de  tc,  on  a 
donc 

d{  arc  tang"  ,  )  „    ,         „    ,  „    ,         „    , 

\  X   I        y  X  —  X  y        y  X  —  x  y 


(5) 


dt  x'-'-^y'-^ 

dx  _  X   _         X  s''^  dy  _  y' 


doL         a'         y"x'~x"y'  dt         a'         y"  x — y' x" 

et,  par  suite, 

(6)  X=X--^'f""-^r/,  X=y^^l^nJ^, 

y  x  —  X  y  y  x  —  x  y 

de  même 

.(7)  ^  =  î  =  ^i±l±zli: . 

d%        1'  y' x'  —  x"y' 


464  CIIAIMTRK    XVII. 

Lorsqu'on  prend  l'abscisse  x  pour  \ariable  indépendante,  on  a 

(8)  x=._i^^\     ^=y-'^'' 

^^'  doL  y 


Observons,  à  propos  des  formules  (5  ),  que,  si  a  augmente  en  même 
dx 


•    dx  •  •/•     I  1  •    . 

temps  que  x^  si   -7-    est  positii,   la  courbe    tourne  sa  concavité  vers 


le  haut  (n"  249).  Le  signe  de  la  quantité  — — — ; — —  fait  donc  con- 
naître le  sens  de  la  concavité.  Les  points  d'intlexion  sont  déterminés 
par  les  valeurs  du  paramètre  pour  lesquelles  y  >r' — x"y'  s'annule  en 
changeant  de  signe. 

300.  Considérons,  par  exemple,  la  chaînette  définie  par  l'équation  (') 

y  =  cliir. 

Prenons  l'origine  des  arcs  au  sommet  A  et  convenons  de  faire  croître  les 
arcs  quand  x  croît.  On  a  alors 

<^y         I  ^*         / To  i 

-,-  =  sh.r,  -=-  =  i/i -t- sh-a7  =  clia-, 

dx  dx 


(')  l.e  sommet  de  la  courbe  est  en  A  sur  l'axe  des  _;k  à  une  distance  de  l'origine 
égale  à  l'unité  de  longueur.  Si  l'on  ne  voulait  pas  spécifier  ainsi  l'unité  de  longueur 
et  considérer  une  chaînette  placée  de  la  même  façon  par  rapport  aux  axes  et  telle 
que  l'ordonnée   du  sommet  fût  égale  à  a,  on  prendrait  son  équation  sous  la  forme 

Y  X 

-  =  ch  -  :  on  passe  de  cette  seconde  courbe  à  la  première  en  posant  \  =  ay, 
a  a 

X  =  ax  Tous  les  nombres  qui  mesurent  des  longueurs,  pour  la  première  courbe, 
devraient,  pour  la  seconde,  èlre  multipliés  par  a;  tous  ceux  qui  mesurent  des  aires 
devraient  èlru  multipliés  par  a'-.  Si  l'on  a  entre  des  longueurs  relatives  à  la  première 
courbe  une  certaine    relation,  en  remplaçant  dans  cette  relation  chaque  longueur  / 

par  -,   on    obtiendra    une   relation  (homogène)  entre   les  éléments  analogues  pour 

la  seconde  courbe.  Toute  relation  homogène  entre  les  lignes  de  la  première  figure  est 
vraie  pour  la  seconde.  Les  angles  sont  les  mêmes  dans  les  deux  figures. 

Les  remarques  faites  ici  pour  une  chaînette  s'appliquent  dans  tous  les  cas  ana- 
logues, lorsqu'on  veut  passer  d'une  ligure  où  Ton  a  spécifié  l'unité  de  longueur  à  une 
autre  figure  où  cette  unité  n'est  pas  spécifiée. 


NOTATION    DIFFERENTIELLE.    COURBES   PLANES. 


465 


et,  par  suite,  s  =  shx,  puisque  sh  ar  est  une  fonction  primitive  de  cha^  qui 
s'annule  pour  :r  =  o;  on  a  ensuite 


dx  I 

COSa  =  -—    =  — 

as         c  h  37 


dy        shx         ,  , 

sina  =  —V-  =  -7 —  =  u\x,         tanga  =  sn.r  ; 
ds        cha*  " 


l'angle  a  peut  être  supposé  pris  entre  —  -  et  -h  —  ;  il  n'est  autre  chose  que  la 

fonction  <le  x  que  l'on  a  définie  au  n"  ;204  comme  Vainplitude  hyperbolique 
de  ./-■;  on  a 


dx^ 
d% 


ç\\x 


±-,u^- 


doL 


tha- 


Le  rayon  de  courbure  et  les  coordonnées  du  centre  de  courbure  sont  donnés 
par  les  formules 

ds  I 

-,-  =  -p- —  =  cos^a, 
dx        cW^x 

^  =  X  ^  'shx  chx,         Y  =  2chj'. 


Soient  M  le  point  dont  l'abscisse  est  a;,  P  sa  projection  sur  l'axe  des  x, 
N  et  T  les  points  où  la  normale  et  la  tangente  rencontrent  cet  axe,  Q  et  R  les 
projections  de  P  sur  la  tangente  et  la  normale,  C  le  centre  de  courbure  rela- 
tif au  point  M.  Le  lecteur  n'aura  aucune  peine  à  établir  les  propriétés  sui- 
vantes : 

Dans  le  rectangle  PQMR,  les  cùlés  PQ,  MR  sont  égaux  à  OA;  les  côtés  QM 
et  PR  sont  égaux  à  l'arc  AM  de  la  chaînette.  L'aire  du  rectangle  est  égale  à 
l'aire  OAMP  comprise  entre  l'axe  des  x^  la  chaînette  et  les  deux  droites  OA, 
PM. 

Le  point  M  est  le  milieu  des  points  N,  C. 

T.  —  H.  3o 


466  CHAPITRE    XVII. 

Les  coordonnées  du  point  Q  sonl 


X  —  X  —  t  h  X, 


cha: 


Le  lieu  de  ce  point  Q,  lorsque  x  varie  de  — oo  à  -I-  oo,  est  une  courbe  nom- 
mée tractrice;  elle  est  tangente  en  Q  à  la  droite  QP:  la  longueur  de  sa  tan- 
gente, limitée  au  point  de  contact  et  à  l'axe  des  x^  est  donc  constante  et 
égale  à  OA. 

Considérons  la  cycloïde  définie  par  les  équations 

^  =  ^  —  sin  /,        y  =  \  —  cos  t. 
En   faisant  varier  <  de  o  à  air  on   obtient  un  trait  de  courbe  tel  que  celui 

Fig.  89. 


que  l'on  a  figuré,  symétrique  par  rapport  à  la  droite  B'B(a;  =  it);  la  courbe 
entière,  obtenue  en  faisant  varier  <  de  —  00  à  -t-  00,  se  compose  de  parties 
qui  se  déduisent  de  celle  que  l'on  a  figurée  par  une  translation  parallèle  à  l'axe 
des  ir,  translation  définie  par  un  vecteur  équipollent  à  nOA  =  2mr,  n  étant 
un  entier  positif  ou  négatif:  la  courbe  a  ainsi  une  infinité  de  points  de 
rebroussement,  tous  situés  sur  l'axe  des  x.  On  a 


dx 
ITt 


1  sin2 


dj 
dt 


.     t         t 

9.  sin-  cos- 

2         2 


ds  ,  .  t 
-j-  =±2  sin  - 
dt  1 


Convenons  de  compter  les  arcs  à  partir  du  point  0  (^  =  o),  et  de  les  faire 
croître  quand  x  (ou  t)  croît.  On  aura  alors,  quand  t  appartient  à  l'intervalle 

(o,  2TT), 


ds  .    t 

— -  =  i  sin  - 
dt  2 


On  observera  que,  dans  l'intervalle  suivant  (air,  4it),  cette  formule  ne  con 


NOTATION    niFFÉRENTIELLE.    COURBES    PLANES.  4^7 

viendrait  plus,  puisque  sin  -  serait  négatif;  il  faudrait  prendre 

ds  ■    t      ..^ 

^=-as.n-     (i). 

Je  supposerai  que  l'on  reste  dans  le  premier  intervalle  :  —  4  cos  -  est  une 
fonction  primitive  de  i  sin  -• 


On  a  donc,  puisque  s  doit  s'annuler  pour  /  =  o, 

s  =  4(  I  —  cos  -  I  =  8  sin^!  - 


(Cette  formule  n'est  plus  valable  quand  t  dépasse  la  valeur  air;  elle  donne- 
rait, par  exemple,  s  =  o  pour  t  —  ^r..)  On  a  ensuite 

dx 

cosa  =  -T- 

ds 


.     t               (iz        t\ 
sin  -  =  cos , 

dy  t  .     /Tz        t\ 

na  =  -y-  =  cos  -  =  sin  ( : 

ds  2  \  2         2  /  ' 


on  peut  prendre  a  = :  cet  angle  décroît  de  -  à '-  quand  t  varie  de  o 

à  iT.. 

Je  laisse  de  côté  les  interprétations  géométriques  de  ces  résultats. 


301.  Revenons  au  cas  général  et  considérons  une  courbe  (C)  pour 
laquelle  les  coordonnées  x^y  d'un  point  quelconque  sont  exprimées 
au  moyen  d'un  paramètre  que  nous  pouvons  d'ailleurs  ne  pas  spéci- 
fier. 


(  '  )  Des  circonstances  du  même  genre,  dont  l'oubli  conduit  à  des  erreurs,  se  pré- 
sentent pour  une  courbe  détinie  par  des  équations  x=f{t),  y  =  g{t),  lorsque 
/''(')-+- ^'M')  est  un  carré  parfait,  ou  lorsqu'on  peut  mettre  un  facteur  carré  en 
évidence  dans /''(/)  +  ^'2(f  )  :  si  l'on  a,  par  exemple, /'^(  <)  -^  g'^'it)  =  <f^{t)  <if{t) 
et  si  l'on  écrit 

il  importe  de  faire  attention  aux  valeurs  de  t  qui  annulent  v{t)  et  pour  lesquelles 
f  (<;  changent  de  signe.  De  telles  valeurs  correspondent,  en  général,  à  des  points  de 
rebroussement.  Si  l'on  convient,  par  exemple,  que  les  arcs  doivent  croître  avec  t,  on 
devra  nécessairement  changer  le  signe  du  second  membre,  lorsque  t  passe  d'un  inter- 
valle où  (p(0  es^  positif  à  un  intervalle  où  <f{t)  est  négatif. 


468 

CHAPITRE   XVII. 

En  posant 

R  =  ^         ou         ds=Rd%. 

les  formules  (i)  du  numéro  précédent  deviennent 
dx  =  R  cos  a  dix,         dy  =  R  sin  a  dx  ; 

celles-ci  montrent  que  les  dérivées  de  a;  et  dey,  considérées  comme 
des  fonctions  de  a,  sont  respectivement  R  cos  a,  Rsina.  Inversement, 
s'il  arrive  que  les  dérivées  de  x,y  par  rapport  à  une  certaine  variable  x 
se  trouvent  être  de  la  forme  R  cosa,  Rsina,  on  est  certain  que  cette 
variable  désigne  l'angle  dont  il  faut  faire  tourner  l'axe  des  ûs  pour 
l'amener  parallèlement  à  la  tangente  et  que  R  est  le  rajon  de  cour- 
bure. 

Les  coordonnées  du  centre  de  courbure  ou  du  point  de  la  déve- 
loppée (D)  qui  correspond  au  point  x,  y  de  la  courbe  (G),  sont 
données  par  les  formules 

X  =  a?  —  Rsina,         Y  =^  h- R  cosa, 

équivalentes  aux  formules  (3)  du  numéro  précédent.  Dans  ces  for- 
mules X,  Y,  x^  y,  R,  a  dépendent  d'un  même  paramètre  t]  les  diffé- 
rentielles de  toutes  ces  quantités  sont  déterminées  quand  on  se 
donne  /  et  û?^;  on  a  d'ailleurs 

d\  =  dx — R  cosa<5?a  —  c?R  sina, 
dY  =  dy  —  R  sin  a  doL  H-  d\\  cosa, 

OU,  en  tenant  compte  des  i'ormules  dx  =  R  cos  a  de/.,  dy  =  R  sin  a  t/a, 
d\  =  dH  co^  (a  ^ '^] ,  d\  =  dnsm(x  +  ^\. 

Ces  formules  expriment  que  âfX,  d\  sont  les  projections  sur  les  axes 

d'un  vecteur  dK  rapporté  à  la  direction  définie  par  l'angle  a  H ;  on 

sait  d'ailleurs  que  f/X,  r/Y  sont  les  projections  sur  les  axes  du  vec- 
teur dS  qui  figure  la  différentielle  de  l'arc  de  la  développée  ;  les  deux 
vecteurs  dS,  «'R,  qui  ont  mêmes  projections  sur  les  axes,  sont  équipol- 
lents.  On  voit  d'abord  que  la  tangente  à  la  développée  est  parallèle  à 


I 


NOTATION    DIFFERENTIKLI-E.    COURBES    PLANES. 


469 


la  direction  définie  par  l'angle  a-|-  -,  c'est-à-dire  que  cette  tangente 
à  la  développée  coïncide  avec  la  normale  à  la  proposée;  si  sur  cette 
tangente  on  choisit  comme  direction  positive  la  direction  définie  par 
l'angle  a  H — ,  on  aura,  entre  les  équivalents  algébriques  des  deux 
vecteurs,  la  relation  dS  =  dK  ou  d(S  —  R)  =:  o  ;  S  —  R  est  donc  une 
constante.  11  résulte  de  là  que  l'arc  de  la  développée,  qui  va  du  point  M 
au  point  M',  est  égal  à  la  différence  R  —  R'  des  rayons  de  courbure 
relatifs  aux  deux  points  m,  m'  de  la  courbe  (C)  auxquels  corres- 
pondent les  points  M,  M'  de  la  développée. 


302.  Coordonnées  polaires.  —  On  a  jusqu'ici  représenté  chaque 
point  M  du  plan,  rapporté  à  deux  axes  rectangulaires  OX,  OY,  par 
ses  coordonnées  T^y.  Le  procédé  suivant  est  aussi  très  employé. 

Fig.  90. 


Une  direction  quelconque  OA,  partant  du  point  O,  peut  être  défi- 
nie par  l'angle  to  dont  il  faut  faire  tourner  OX  pour  l'amener  sur  OA; 
sur  la  droite  indéfinie  qui  porte  OA,  prenons  la  direction  OA  comme 
direction  positive;  un  point  quelconque  M  de  cette  droite  est  défini 
sans  ambiguïté  par  l'équivalent  algébrique  p  du  vecteur  OM;  les  deux 
nombres  p,  to  sont  ce  qu'on  appelle  les  coordonnées  polaires  du 
point  M  ;  l'axe  OX  prend  alors  le  nom  d'axe  polaire;  le  point  O  s'ap- 
pelle le  pâle. 

Les  coordonnées  x,  y  du  même  point  sont  données  par  les  for- 
mules 

37  =  pcosw,         _7=:psinw. 

11  est  commode,  dans  un  grand  nombre  de  questions,  d'envisager 


470  CHAPITRE   XVII. 

deux  axes  (mobiles)  liés  au  point  M;  la  direction  positive  est,  pour 
le  premier,  la  direction  OA,  définie  par  l'angle  tu  et,  pour  le  second, 
la  direction  perpendiculaireOB,  définie  par  l'angle  to  H — ;  l'angle  AOB 
a  la  même  disposition  géométrique  que  l'angle  XOY.  Par  rapport  à 
ces  axes  les  coordonnées  du  point  M  sont  p  et  o. 

Si  l'on  suppose  que  p  soit  une  fonction  de  w  ou  que  p  et  oj  sont 
des  fonctions  d'un  paramètre  <,  on  définit  une  courbe;  les  formules 
précédentes  donnent  les  expressions  de  .r,  y  en  fonction  de  /  ;  les 
théories  développées  aux  n"*  298,  299  s'appliquent  ici;  on  a,  en  par- 
ticulier, 

dx  =  do  cos  w  H-  p  flfw  cos  (  <o  h ], 

\  2/ 


dy  =  c?p  sin  (o  -4-  p  afw  sin  [  to  -|-  -  j  • 


Ces  formules  expriment  que  dx  et  dy  sont  les  sommes  des  projec- 
tions sur  les  axes  des  x  et  des  y  des  vecteurs  d^  et  p  diù  rapportés 
aux  axes  OA,  OB;  la  somme  géométrique  de  ces  deux  derniers  vec- 
teurs a  donc  pour  projections  sur  les  axes  OX,  OY  les  vecteurs  dx, 
dy;  cette  somme  géométrique  n'est  pas  autre  chose  que  le  vecteur  â?5, 
qui  figure  la  différentielle  de  l'arc  de  la  courbe.  Inversement, 
puisque  les  directions  OA,  OB  sont  perpendiculaires,  les  projections 
de  ce  vecteur  ds  sur  les  axes  OA  et  OB  ont  pour  équivalents  algé- 
briques d^  et  p  diù. 

De  même  les  équations 

dx       dû  du) 

=  -f-  coshi^  p  -j-  cos  I 


dt        dt  '^  dt 


dy        do    .  d(x>    .    /  TzX 

~  =  -^  sin  tu  -h  p  — r-  sm    o)  -I-  - 
dt        dt  ^  dt        \  a  / 


expriment  que  les  projections  du  vecteur  vitesse  sur  les  axes  OA  et  OB 
ont  pour  équivalents  algébriques  -k->  ^-rr',  si  l'on  désigne  par  V 
l'angle  dont  il  faut  faire  tourner  l'axe  OA  pour  le  rendre  parallèle  à 
ce  vecteur  et  de  même  sens,  on  aura 

'di  .   ,,  ^  dt 


cosV=  .  sinV 


\/m-A^.i      s/m- 


"m 


NOTATION    DIFFÉRENTIELLE.    COURBES    PLANES.  471 

Le  dénominaleur  commun  de  ces  expressions  est  la  valeur  absolue 
de  la  vitesse.  L'angle  V,  quand  on  prend  la  direction  OA  pour  ori- 
gine des  angles,  définit  la  direction  qui,  sur  la  tangente,  correspond 
à  < croissant;  tangV=  p^  serait  la  pente  de  la  tangente  si  l'on  pre- 
nait pour  axes  des  coordonnées  les  directions  OA  et  OB;  on  aura 


S-vADMfJ' 


suivant  que  l'on  regarde,  ou  non,  les  arcs  comme  croissants,  quand  t 
croit. 

Si  l'on  prend  (o  pour  variable  indépendante  et  si  l'on  désigne  par  p' 
la  dérivée  de  p  prise  par  rapport  à  (o,  on  aura 

fiinV=  '  »  tangV  = -^; 


la  direction  sur  la  tangente,  définie  par  l'angle  V,  correspondrait  alors 
à  to  croissant. 

Si  l'on  choisit  cette  direction  sur  la  tangente  comme  direction 
positive,  on  a,  en  désignant  par  a  l'angle  qui  la  définit  en  prenant  la 
direction  OX  comme  origine  des  angles, 

ds 


s'  =  -j—  =  \/p^-+-  p'^,         a  =  V  -H  ti), 
puis,  pour  le  rayon  de  courbure, 

_   û?5    _         rfw         _  _         (p*-|-p'*)*        . 

~  dct  ^  d\  ~~  d  p         p2-J-  2p'2 —  pp*' 

iH — ;—        I -I-     ,-arctane;^,        '  '  ^' 

dixt  dio  p 

on  obtient  une  formule  un  peu  plus  simple  en  posant 


u 


>  on  a 


,  "■  P  «  ,        '     /— ; n 

d                   p              d                   u  u''^ —  uu' 

-j-  arc  tang-,  = =—  arc  tanc  -,  =  —    — 7— 

«a»                  "  p                dit)                 "  Il  u*  -H  M  * 


ui  U  ■+■  u") 


472 


CHAPITRE    XVII. 


EXERCICES. 

341.  Construire  la  courbe  définie  par  les  équations 

Evaluer  l'arc  de  cette  courbe,  compté  à  partir  de  l'origine,  en  prenant  pour 
sens  positif  le  sens  correspondant  à  /  croissant.  Pour  quelle  valeur  de  t  cet 
arc  est-il  égal  à  2v/3? 

Calculer  l'expression  du  rayon  de  courbure,  les  coordonnées  du  centre  de 
courbure;  construire  la  développée. 

342.  Soit  M  un  point  d'une  courbe  rapportée  à  des  coordonnées  rectangu- 
laires OX,  O  Y;  soient  P  la  projection  de  M  sur  l'arc  des  ;r,  T  et  N  les  points 

f'g-  91- 


où  la  tangente  et  la  normale  rencontrent  cet  axe;  on  a,  en  désignant  par  _;^'  la 
valeur  de  la  dérivée  dejK  par  rapport  à  x  relative  au  point  M, 


0T  = 


ON 


x^yy 


PN  =yy\ 


|MT 


Vi 


|MN|  =  |jv/- 


Les  lignes  TP  et  PN  s'appellent  respectivement  la  sous-tangente  el\A  sous- 
normale. 

En  conservant  (i)  les  notations  des  n""  298,   299,  300,  302  et  prenant  pour 


(')   C'est  ce  <|u'on  fera  pour  tous   les  exercices  du  présent  Chapitre  où  intervien- 
dront les  lettres  s,  a,  R,  o,  w. 


NOTATION    DIFFÉRENTIELLE.    COIRBES    PLANES.  473 

directions  positives,  sur  la  tangente  et  la  normale,  les  directions  définies  par 
les  angles  a  et  a  H —  ;  on  a 


y 


y 


MT  = ^-,  MN  =  — 

sina  cosa 


;U;^  Soit  M  un  point  de  la  courbe  de  coordonnées  polaires  p,  co;  p  est  une 
fonction  de  to  qui  définit  la  courbe;  p'  désignera  sa  dérivée. 

Fig.  92. 


Soient  OA,  OB  les  directions  définies  par  les  angles  w,  w -h  -(n"302). 
Soient  MT,  MN  la  tangente  et  la  normale  limitées  à  la  droite  indéfinie  qui 
porte  la  direction  OB.  On  a 

0T=-^',  ON=p',  T\  =  p'+^', 

P  P 


MT 


''V^'^p^r      iMN|=/p-2-+-p'^ 


Les  lignes  OT,  ON  s'appellent  respectivement  la  sous-tangenle  et  la  sous- 
normale. 


344.   Rayon  de  courbure  et  développée  de  l'ellipse  définie  par  les  équations 
a?  =  acosï,         ^  =  6sinf; 
de  l'hyperbole  définie  par  les  équations 

X  =  acUt,        j'  =  6  sh  t: 


474  CHAPITRE    XVII. 

de  la  parabole  définie  par  l'équation 

J>/2=  •i.px. 

S-IS.  Construire  la  spirale  d'Archimède  et  la  spirale  logarithmique  définies 
respectivement,  en  coordonnées  polaires,  par  les  équations 

p  =  aw,         p  =  ae'"'*, 

où  a  et  m  désignent  des  constantes. 

La  spirale  d'Archimède  est  la  seule  courbe  pour  laquelle  la  sous-normale  soit 
constante.  L'arc  compté  à  partir  du  pôle  est  proportionnel  au  rayon  vecteur. 

Si  l'on  fait  tourner  la  spirale  logarithmique  d'un  angle  quelconque  autour 
du  pôle,  on  obtient  une  courbe  homothétique  à  la  proposée,  le  centre  d'homo- 
thétie  étant  le  pôle.  Le  rayon  vecteur  coupe  la  courbe  sous  un  angle  constant; 
elle  est  la  seule  courbe  à  jouir  de  cette  propriété.  Trouver  la  longueur  de  l'arc 
de  la  courbe  compté  à  partir  du  point  dont  les  coordonnées  sont  a>  =  o,  p  =  a. 

346.  Le  mouvement  d'un  point  M  sur  une  spirale  logarithmique  étant  défini 
par  les  formules 

x  =  ae"^^cost,        y  =^  ae'"^^  s'mt, 

montrer  que  l'hodographe  des  vitesses  est  semblable  à  la  trajectoire;  que  le 
quadrilatère  dont  les  sommets  sont  le  point  M,  le  centre  de  courbure  corres- 
pondant, les  extrémités  de  la  vitesse  et  de  l'accélération  en  donnant  à  ces 
vecteurs  le  point  M  pour  origine,  reste  semblable  à  lui-même.  Quels  sont  les 
lieux  décrits  par  les  trois  sommets  autres  que  le  point  M? 

347.  A  chaque  point  m  d'une  courbe  (C),  dont  les  coordonnées  x,  y  sont 
exprimées  en  fonction  de  l'arc  s  de  cette  courbe  compté  à  partir  d'une  origine 
fixe,  on  fait  correspondre  un  point  iVl  de  coordonnées  X,  Y  par  les  formules 

X  =  a^  -1-  /  cos  a,         Y  =  y  -+-  /  sin  a, 

où  l  est  une  fonction  de  s  ;  montrer  que  le  vecteur  qui  a  pour  origine  le  point  M 
et  dont  les  projections  sur  la  tangente  et  la  normale  ont  pour  équivalents 
algébriques 

dl         l 

ds         R 

est  tangent  en  M  à  la  courbe  décrite  par  ce  point. 

Déterminer  l  en  fonction  de  s  de  manière  que  la  tangente  en  m  à  la  courbe  (G) 
soit  normale  à  la  courbe  lieu  du  point  M.  Cette  dernière  courbe  est  dite  alors 
développante  de  la  courbe  (C).  Montrer  comment  on  peut  la  construire 
géométriquement. 

Quel  est  son  rayon  de  courbure?  Sa  développée? 


NOTATION    DIFFERENTIELLE.    COURBES    PLANES.  473 

348.  Former  les  équations  qui  expriment  les  coordonnées  d'un  point  de  la 
développante  d'un  cercle  en  fonction  de  l'arc  de  cercle.  Forme  de  la  courbe. 
Rectification. 


349.   On  a  donné  au  n"  300  l'expression  des  coordonnées  d'un  point  d'une 
tractrice  sous  la  forme 

sh«  I 

exprimer  ces  coordonnées  :  i"  en  fonction  de  l'angle  a  ;  2"  en  fonction  de  l'arc  s, 
compté  à  partir  du  point  situé  sur  l'arc  des  ^. 


350.  Une  courbe  définie  par  l'équation  y  =  f  [x)  est  tangente  à  l'axe  des  x 
à  l'origine  des  coordonnées.  Quelle  est,  pour  ce  point,  l'ordonnée  du  centre  de 
courbure?  Montrer  que  ce  point  est  la  limite  du  point  d'intersection  de  la 
normale  en  O  et  d'une  normale  infiniment  voisine.  On  considère  deux  points 
de  même  abscisse  infiniment  voisins  du  point  O,  pris  sur  la  courbe  et  le 
cercle  osculateur  en  O;  montrer  que  la  différence  de  leurs  ordonnées  est 
un  infiniment  petit  du  troisième  ordre,  quand  on  regarde  l'abscisse  comme 
l'infiniment  petit  principal 


3d1.  Considérons  deux  courbes  (C),  (C)  :  Sur  la  courbe  (G  ),  on  compte  les 
arcs  dans  un  sens  déterminé,  à  partir  du  point  A  ;  de  même  sur  la  courbe  (  C  ), 
à  partir  du  point  A';  on  regarde  comme  correspondant  sur  les  courbes  (C) 
et  (C)  deux  points  M,  M'  tels  que  les  arcs  A\I,  A' M'  soient  égaux;  aux  points 
M,  M'  les  deux  directions,  sur  les  tangentes,  qui  correspondent  aux  arcs  crois- 
sants, sont  regardées  comme  correspondantes. 

Laissant  la  courbe  (C)  fixe,  on  place  la  courbe  (C)  de  manière  que  le  point  A' 
coïncide  avec  le  point  A  et  que  les  deux  directions  correspondantes  des  tan- 
gentes coïncident;  on  fait  mouvoir  la  courbe  (C)  de  manière  qu'elle  soit 
toujours  tangente  à  la  courbe  (G)  et  que  le  point  de  contact,  considéré  comme 
appartenant  à  la  courbe  (G')  et  le  même  point  considéré  comme  appartenant 
à  la  courbe  (,C),  se  correspondent  toujours;  c'est  ce  qu'on  appelle  faire  rouler 
la  courbe  (G')  sur  la  courbe  (G). 

La  cycloïde,  définie  au  n°  300,  peut  être  regardée  comme  le  lieu  décrit  par 
un  point  d'un  cercle  qui  roule  sur  une  droite;  la  normale  à  la  cycloïde,  en  ce 
point,  passe  par  le  point  de  contact  du  cercle  et  de  la  droite;  la  tangente 
passe  par  le  point  du  cercle  diamétralement  opposé. 

La  développée  de  la  cycloïde  est  une  cycloïde  égale. 


;iS2.  On  appelle  épicycloïde  la  courbe  décrite   par  un   point  d'un  cercle 
mobile  qui  roule  sur  un  cercle  fixe.  Les  coordonnées  d'un  point  quelconque  de 


476  CHAPITRE   XVn. 

cette  courbe  peuvent  être  mises  sous  la  forme 

(  X  =zir  —  r')  cos(^o-t-  t) -^  r  co?,  (to->!-  t  —  -7  ^  )  ' 

(1)  /  ^  ''     ^  . 
(  jK  =  (  /•  —  r' )  sin  ( /rt  H-  0  +  '*'  sin  Uo  -H  <  —  p  M  ; 

I  /■  I  et  I  /•'  I  désignent  les  rayons  des  cercles  fixe  et  mobile;  le  premier  cercle  a 
son  centre  à  l'origine;  les  deux  cercles  sont  tangents  intérieurement  si  r  et  r' 
sont  de  mêmes  signes,  extérieurement  dans  le  cas  contraire. 
Montrer  que  la  courbe  définie  par  les  deux  équations. 

(  a"  =  A  cos(Xm -t- a  ) -H- A' cos(X' M -t- u.'), 

(2)  < 

{  y  =  B  sin  (Xm  H-  [j.)  -4-  B'  sin  (  X' m  -+-  [ji'), 

où  u  est  un  paramètre  variable  et  où  A,  B,  A',  B',  X,  [j.,  X',  \i  sont  des 
constantes,  peut,  dans  le  cas  où  XA-i-X'A'  est  nul,  être  regardée  de  deux 
façons  différentes  comme  une  épicycloïde,  soit  en  prenant 

'•=A-+-A',  _  A'[jn- A>' 

/•'  =  A',  ^"  ~       A  +  A'      ' 


soit  en  prenant 


r  =  A  -+-  A',  _  A  [X  -+-  A>' 

/■'=A,  *'~  ~A~:PA^' 


Les  équations  (2)  représentent  encore  une  épicycloïde  lorsque  X  A  —  X'A'  est 
nul. 

Pour  l'étude  ultérieure  de  la  courbe,  définie  parles  équations  (i),  on  pourra 
supposer  ^0  =  o. 

La  normale  à  l'épicycloïde  engendrée  par  le  point  P  du  cercle  mobile  passe 
par  le  point  de  contact  des  deux  cercles. 

Rectifier  la  courbe  :  exprimer  les  coordonnées  d'un  point  de  la  courbe  en 
fonction  de  l'angle  a,  de  l'arc  s. 

La  développée  de  l'épicycloïde  engendrée  par  un  point  P  du  cercle  mobile 
est  homothétique  à  l'épicycloïde  engendrée  par  le  point  Q  du  cercle  mobile 
diamétralement  opposé,  dans  ce  cercle,  au  point  P;  le  centre  d'homothétie  est 

à  l'origine,  le  rapport  d'homothétie  est    ,  • 


3f>3.  Soient  a?,  y  les  coordonnées  d'un  point  d'une  courbe,  que  l'on  suppose 
exprimées  en  fonction  de  l'arc  s. 


NOTATION    DIFFÉRENTIELLE.    COURBES    PLANES.  477 

Établir  les  formules 

— —  =  A„  CCS  a  —  D„  sina, 
as" 

d"-y 

-r-  =  A„  sina  -+-  Bn  cosa, 

as" 

où  A„,  B„  désignent  des  fonctions  de  s  définies  par  les  formules 


dAn        B„  _  dB„        A„ 

A,      =1,  Bi       =  o, 


en  sorte  qu  on  a 

A  A  '  A  3R'  /  dR\ 

A,=  o,  A3  =  -^,,  ^^=Rr'  •••'  r  =  -5sj 

B2=^,  ^^--R^'  *^*-  Ri  ' 

Si  l'on  suppose  que  les  coordonnées  x,  y  soient  développables  suivant  les 
puissances  de  s,  on  aura  en  désignant  par  o^o,  J'o,  «o,  «n>  ^;m  '')  '"',  •••  'es 
valeurs  de  x^  j,  a,  A„,  B„,  R,  R',  ...  pour  s  =  o, 

.r  =  a:o  -I-  X  cosao  -I-  Y  cos  /  oto  -+-  -^  j ,  ^  =  jKo  -+-  X  sin  ao  -H  Y  sin  /  ao  H 

en  posant 

-,  s  s2  53 

X  =  a,  — h  Ui h  as T  -I-.  . ., 

I  1.2  I . 2 . j 

Y  =  6,  -  +  ^*,  —  -^  63 -^^  ^. . .. 
1  1.2  I .2.3 

Ces  dernières  formules  qui  peuvent  s'écrire  explicitement 

.,  s'^  r'  s'* 

s*         r  s^        -xr''^ — /•/•"—(    , 

Y  = 1 s*-*-. . . 

ir        G  /•*  24  r'^ 

peuvent  être  regardées  comme  exprimant,  en  fonction  de  l'arc  s,  les  coor- 
données d'un  point  d'une  courbe  rapportée  à  des  axes  rectangulaires,  l'origine 
<les  coordonnées  O  coïncidant  avec  l'origine  des  arcs  sur  la  courbe  et  la  tan- 
gente en  ce  point  étant  prise  pour  axe  des  X. 

Trouver  les  preu)iers  termes  ilu  développement,  suivant  les  puissances  des, 
de  v/X2-H  Y2,  de  tanga,  de  a, 


47^  CHAPITRE   XVII. 

334.  On  se  donne  une  courbe  et  sur  cette  courbe  un  point  fixe  O;  soient  M 
un  point  de  la  courbe  infiniment  voisin  du  point  O,  P  la  projection  de  M  sur 
la  tangente  en  O,  T  le  point  où  celte  tangente  rencontre  la  normale  en  M,  K  le 
point  où  la  normale  en  M  rencontre  la  normale  en  O,  C  le  centre  de  courbure 
relatif  au  point  O,  on  demande,  en  regardant  l'arc  OM  comme  l'infiniment 
petit  principal,  d'évaluer  les  parties  principales  des  infiniment  petits 

OM,     PM,     OT,     TM,     CK,     arcOM  —  OM, 

OK  — MK,     OT  +  TM-OM,     angle  TOM,     angle  MTP, 

angle  TMO,     angle  TOM  —  angle  TMO. 

355.  Soient/,  ^,  h  trois  polynômes  homogènes  en  37,  j,  z.  du  même  degré. 
Démontrer  que  le  jacobien  de  f,  g,  h  s'annule  ainsi  que  ses  dérivées  partielles 
du  premier  ordre  pour  tout  système  de  valeurs  de  a?,  y,  z  qui  annulent/,  g^  h. 

356.  Déterminer  la  constante  a  de  manière  que  le  hessien  du  polynôme 

a?^  -t-    ^3  _,_    ^:i  3  ^  ^yjr; 

soit  divisible  par  ce  polynôme;  a  étant  ainsi  déterminé,  montrer  que  le  poly- 
nôme 37* -f- 7'3 -(- ^3 — iaxyz  se  décompose  en  facteurs  linéaires. 

357.  Même  question  pour  le  polynôme 

•iy^z--\-  iz^x^-\-  'xx-y^ —  a(a7'  -f-  /'*-+-  z'*). 


CHAPITRE  XVIII. 

NOTIONS  DE  CALCUL  INTÉGRAL. 


§  1.  -  INTÉGRALE  DÉFINIE. 

303.  On  a  indiqué  au  n**  26  la  définition  de  1  aire  d'une  courbe, 
et  l'on  a  montré  au  n"  222  comment  on  pouvait  calculer  l'aire  d'une 
courbe  comprise  entre  les  deux  parallèles  à  l'axe  des  j^  dont  les  équa- 
tions sont  a;  =  a,  x  ^  b^  l'axe  des  x  lui-même  et  la  courbe  dont 
l'équation  est  y  =  f{x),  lorsque  f{x)  est  une  fonction,  continue 
dans  l'intervalle  (a,  b),  dont  on  connaît  une  fonction  primitive  F(x)  : 
cette  aire  est  F(b)  —  F(a),  en  adoptant  certaines  conventions  rela- 
tives aux  signes,  qui  ont  été  précisées  au  n"  222. 

Je  vais  maintenant  montrer  comment  l'on  peut  évaluer  approxima- 
tivement une  pareille  aire,  lors  même  qu'on  ne  connaît  pas  de  fonc- 
tion primitive  de  /(x);  nous  parviendrons  ainsi  à  l'importante  notion 
de  V intégrale  définie. 

Je  supposerai  d'abord  a<Cb;  je  supposerai  en  outre,  pour  éviter 
toute  complication  concernant  les  signes,  que  dans  l'intervalle  (a,  b) 
la  fonction  /(j:)  soit  positive.  Je  supposerai  enfin  que,  dans  ce  même 
intervalle,  la  fonction  f{x)  varie  toujours  dans  le  même  sens;  je  rai- 
sonnerai dans  le  cas  où  elle  est  croissante. 

Intercalons  entre  les  nombres  «,  b  les  nombres  croissants  .r,, 
x-i^  ...  5  x„_i  ;  en  d'autres  termes,  subdivisons  l'intervalle  («,  b) 
en  n  intervalles  partiels  (a,  J7,),  (^,,0:2),  .  .  .  ,  {x,i-\,  b).  Soient  A, 
M,,  M2,  ...,  M„_.,,  B  les  points  de  la  courbe  définie  par  l'équa- 
tion jk  =  f{x)i  dont  les  abscisses  sont  ai,  :z:,,  X21  •  •  . ,  ^«_i,  b]  dans 
la  figure  on  a  pris  /i  =  4- 

Par  chacun  des  points  A,  M,,  .  .  .  ,  M„_),  B  on  a  mené,  jusqu'à 
l'axe  des  2?,  les  parallèles  AA',  M,  M',,   ...,  M„_,  M',,_,,  BB'  à  l'axe 


48o  CHAPITRK    XVIII. 

des  y  et  l'on  a  figuré  les   rectangles  A'AP,M',,   M,  M ,  Po  M'., ,   ..., 
M',j_,M„_,  P/jB'   dont   aucun   point  n'est  extérieur   au    contour  (S) 

Fig.  93. 


formé  par  la  droite  A' A,  l'arc  de  courbe  AB,  les  droites  BB',  B'A', 
en  sorte  que  le  polygone  A'AP,  M,  .  .  .  M,/_,  P«  B',  constitué  par  la 
réunion  de  tous  ces  rectangles,  n'a  aucun  point  extérieur  à  (S);  je 
désignerai  ce  polynôme  par  (^£)  et  son  aire  par  ^\  On  a  figuré  aussi 
les  rectangles  A'Q,  M,  M',,  M',  QjM,M;,  ...,  M;,_,Q„BB'  dont  les 
sommets  Q,,  Q2,  ...,  Q,,  sont  extérieurs  au  contour  (^S),  lequel 
a  tous  ses  points  situés  à  l'intérieur  ou  sur  le  périmètre  du  poly- 
gone A'Q,M,  Q2  •  .  .  Q«BB',  formé  par  la  réunion  des  rectangles;  je 
désignerai  par  (  ^)  ce  dernier  polygone  et  par  ^  son  aire.  Le  poly- 
gone (y;^)  est  ce  qu'on  a  appelé  au  n"  i26  un  polygone  intérieur  à  (S), 
le  polygone  (^)  est  extérieur  à  (S). 

La  diflerence  ^ —  y?  n'est  autre  chose  que  la  somme  des  aires  des 
rectangles  .AQ,  M,  P,,  MiQsMsP,,  ...,  M„__,Q„BP«  que  la  courbe 
traverse  diagonalement. 

L'aire  S  limitée  par  le  contour  (S)  est  plus  grande  que  y?,  plus 
petite  que  ^;  ^  est  une  valeur  approchée  de  S  par  défaut,  ^  est  une 
valeur  approchée  par  excès;  pour  l'un  ou  l'autre  nombre  l'erreur  est 
moindre  que  ^ — 9?;  on  prévoit  qu'en  prenant  les  nombres  j"), 
X.21  •  •  •  -,  Xn  suffisamment  approchés,  cette  erreur  pourra  être  rendue 
aussi  petite  que  l'on  voudra  :  c'est  ce  qui  va  d'ailleurs  être  établi 
rigoureusement. 


NOTIONS    DE   CALCLL    INTÉGRAL.  48 I 

Reinanjuons  en  passant  que  cette  démonstration  même  donnera 
à  la  notion  de  l'aire  S  une  entière  clarté.  On  a  expliqué  au  n"  26  que 
cette  aire  devait  être  définie  comme  plus  grande  que  l'aire  de  tout 
polj'gone  intérieur  à  (S),  comme  plus  petite  que  l'aire  de  tout  poly- 
gone extérieur  à  (S),  et  que  cette  double  inégalité  suffisait  à  définir 
le  nombre  S  d'une  manière  précise,  pourvu  qu'on  ait  établi  qu'il  se 
trouve  des  polygones  extérieurs  et  des  polygones  intérieurs  dont  les 
aires  aient  entre  elles  une  difierence  moindre  que  tel  nombre  positif 
que  l'on  voudra  :  or  c'est  ce  qu'on  va  prouver  pour  les  polygones  (^^), 
(^)  dont  on  vient  de  décrire  la  construction. 

Kn  pensant  à  l'expression  des  aires  des  rectangles  dont  la  réunion 
forme,  d'une  part,  le  polygone  (^),  d'autre  part,  le  polygone  (^), 
on  voit  de  suite  qu'on  a 

^$  =  {crt  —  a)/(a)   ^  (x^- x^  )f{x^  )  ^. .  .4-  (6  -  Xn-i  )/(^„-i), 
^=  (Xi  —  a)f(xi)  ^  {Xi—  Xi)f{Xi)  -^. .  .^  {b  —  xn-x)f(b), 
^_  y?  =  (^-i- a)  [/(a:,) -/(«)] -+- (a-2- a-,  )  |/(a7j  ) -/(d^,  )] +.  . . 

^{b  —  X„^,)[f{b)—fiXn-i)\. 

Désignons  par  r^  la  plus  grande  des  différences  .r,  —  «,  X2 — J^t,  ..., 
b  —  Xh\  ;  puisque  ces  différences  sont  toutes  positives,  comme  aussi 
les  différences /(x,)  — /(a), /(xa)—/(x,),  •  ■  ■  ,  JW  — /{x„_t), 
<tn  aura  é\idemment 

l-  «i*!  rj/  Xi  )-f(a)-^f(x,)-/{x,)-^...^f{b)  -f(xn-i)]. 

Or  la  quantité  entre  crochets  n'est  autre  chose  que  /(à)  — /(«); 
en  sorte  que  l'on  a 

^-(S^r,[/(b)-f(a)]. 

Cette  inégalité  apparaît  d'ailleurs  en  imaginant  que  les  petits  rec- 
tangles dont  la  somme  est  égale  à  ;^ — ^  soient  empilés  les  uns  au- 
dessus  desaulres.de  manière  que  leurs  côtés  de  gauche  soient  tous  sur 
une  parallèle  à  l'axe  des  y,  ils  seront  tous  intérieurs  au  rectangle 
ayant  deux  côtés  (parallèles  à  l'axe  Ses  y)  de  longueur /(6)  —  /{cl) 
et  deux  côtés  (parallèles  à  l'axe  des  x)  de  longueur  rj. 

Il  suffit  de  prendre  les  nombres  x,,  x.^^  .  .  . ,  Xn-\  de  manière  que 
T.  -  II.  3i 


482  CHAPITRE    XVIII. 

la  plus  grande  des  différences  r,  —  (7,  x-^  —  jr,,  ...,  h  —  .z'„_,   soil 

éffale  ou  inférieure  à  -r—r — — ?: — r  »  pour  être  sûr  que  la  différence  ù  —  ^ 

soit  moindre  que  le  nombre  positif  e,  que  l'on  peut  choisir  arbitrai- 
rement. C'est  ce  que  l'on  avait  annoncé. 

On  exprime  ce  même  résultat  en  disant  que  S  est  la  limite  des 
nombres  <J?,  ou  ^,  quand  on  fait  grandir  //  indéfiniment  de  manière 
que  les  intervalles  partiels  dans  lesquels  on  a  divisé  l'intervalle  («,  h) 
décroissent  indéfiniment.  Cette  façon  de  parler  demande  quelque 
explication  : 

A  chaque  mode  de  décomposition  de  l'intervalle  (<7,  b)  eu  inter- 
valles partiels,  par  l'intercalation  de  nombres  intermédiaires  x,, 
^27  •••?  •'^n-\i  correspond  un  polygone  (^j?),  un  polygone  (^),  un 
nombre  ri,  à  savoir  la  plus  gi'ande  des  différences  entre  deux  consé- 
cutifs des  nombres  a,  .r,,  .  . .  ,  Xn^\,  b.  Quand  on  change  le  mode 
de  décomposition,  les  nombres  <J;\  ^,  yj  varient;  il  faut  entendre  que 
la  différence  entre  le  nombre  fixe  S  et  les  nombres  variables  ^j?,  ^ 
peut  être  supposée  aussi  petite  qu'on  le  veut,  pourvu  que  r;  soit  suffi- 
samment petit. 

Si  l'on  considère  le  mode  spécial  de  décomposition  de  l'inter- 
valle (a,  b)  qui  résulte  de  l'intercalation  des  nombres  croissants  J?,, 
x.,^  . .  .  ,  x„_i  entre  a  et  b,  et  si  l'on  désigne  par  ^(,^21  •  •  •  ?  ^n  des 
nombres  qui  appartiennent  respectivement  aux  intervalles  (a,  .r,  ), 
(.27,,  .To),  .  .  .  ,  {xn-ii  b),  il  est  clair  que  le  nombre 

S  =  (  a?,  -  «  )/(  ^1  )  +  ^  ^2  -  37,  )  /■(  $2  )  -^  .  ■  .  -i-  (  b  -  Xn-x  )/(  \n  ), 

qui  mesure  évidemment  la  somme  des  aires  de  n  rectangles  respecti- 
vement compris  entre  les  rectangles  dont  se  composent  {^)  et  (^), 
est  compris  entre  9:'  et  ^,  en  sorte  que  ce  nombre  peut,  lui  aussi, 
être   regardé   comme   une  valeur  approchée  de  S  avec    une   erreur 

moindre  que  ^^^^^^^^^- 

soi.  On  peut  aussi,  dans  la  somme  S,  remplacer  les  nombres /(^i), 
/(^a)?  •  •  •  1  fÇ^n)  pai"  des  nombres  /,,  fi-,  .  .  .  ,  /«  qui  en  diffèrent  très 
peu;  on  aura  ainsi  une  somme 

2:'=  {Xx—a)fi  +  (Xi—Xi)/i-\-...'i-{b  —Xn-i)/n, 


NOTIONS   DE    CALCIL    INTÉGRAL.  483 

qui,  pomvii  que  les  différences 

soient  aussi  petites  qu'on  le  veut  quand  les  intervalles  partiels  sont 
suffisamments  petits,  différera  aussi  peu  qu'on  le  voudra  de  S  ou  de  S 
et  fournira  ainsi  une  valeur  aussi  approchée  qu'on  voudra  de  S,  tou- 
jours sous  la  condition  que  les  intervalles  partiels  soient  assez  nom- 
breux et  assez  petits.  La  différence  S  —  S'  est  en  effet  égale  à 

(a^i—  rt)£i-(-  (072— :r,)£2-f-.  .  .-f-  {b  —  Xn-\)tn- 

Puisque  toutes  les  différences  Xi  —  a^  x^ —  .a;,,  . .  . ,  b  —  .r«._,  sont 
positives,  on  aura,  en  désignant  par  s  la  plus  grande  des  valeurs  abso- 
lues des  nombres  s,,  So.  .  .  . ,  £«, 

12  —  S'|<£(o", —  a -\- Xi— Xy-^. .  .-^  b  —  Xn-\)         ou         £(6— a); 

il  suffit  de  prendre  les  intervalles  assez  petits  pour  que  t{b  —  a)  soit 
inférieur  au  nombre  qu'on  veut.  La  proposition,  dont  on  verra  l'utilité 
dans  les  applications,  est  démontrée. 

Il  n'est  pas  inutile  de  faire  remarquer  ce  qu'il  j  a  de  général  dans 
le  procédé  que  l'on  a  employé  pour  obtenir  des  valeurs  approchées 
de  l'aire  S.  On  a  commencé  par  la  séparer  en  bandes  étroites  par  des 
parallèles  à  l'axe  des  jk  :  ^  est  la  somme  des  aires  de  ces  bandes; 
à  chaque  bande  on  a  ensuite  substitué  un  petit  rectangle  soit  inté- 
rieur, soit  extérieur  :  la  somme  des  rectangles  intérieurs  fournit  une 
valeur  approchée  de  S  par  défaut,  la  somme  des  rectangles  exté- 
rieurs fournit  une  valeur  approchée  par  excès. 

La  demi-somme  des  rectangles  intérieurs  et  extérieurs,  ou,  ce  qui 
revient  au  même,  la  somme  des  trapèzes 

\'AM,M',,     M,  M.MjM;,     ,..,     M'„_,M„_,BB', 

fournirait  évidemment  une  meilleure  approximation  :  l'erreur  com- 
mise serait  la  somme  des  aires  manifestement  très  petites  comprises 
entre  la  courbe  et  les  cordes  MM,,  M,  M^,  .  .  .  ,  M„_,  B.  Dans  le  cas 
de  la  figure,  où  la  concavité  de  la  courbe  est  tournée  vers  le  haut, 
la  somme  des  trapèzes  fournirait  évidemment  une  valeur  approchée 
de  S  par  excès;  ce  serait  l'inverse  si  la  convexité  était  tournée  vers  le 


484  CHAPITRE    XVIII. 

haut.  La  valeur  approchée  de  l'aire,  ainsi  obtenue,  (piand  ou  suppose 
les  bases  de  tous  les  trapèzes  égales  à ,  est 

Je  reviendrai  plus  tard  sur  cette  formule,  pour  en  donner  des 
applications  numériques. 

On  à  ensuite  expliqué  qu'on  pouvait  substituer  aux  petites  bandes 

d'autres  rectangles  que  les  rectangles  intérieurs  ou  extérieurs,  ayant 

mêmes  bases  que  ces  derniers  et  des  hauteurs  peu  difterentes  :  une 

idée  assez  naturelle  et  qui  fournit  une  assez  bonne  approximation 

consiste  à  prendre  pour  hauteur  de  chaque  petit  rectangle  l'ordonnée 

de  la  courbe  relative  au  milieu  de  l'intervalle;  en  supposant  encore 

11,              y    b  —  a  .  .      .   ,    1 . 

tous  ces  intervalles  égaux  a  ,  on  parvient  ainsi  a  1  expression 

approchée  de  l'aire 

Au  lieu  de  décomposer  l'aire  S  en  petites  bandes  qu'on  remplace 
par  des  rectangles  ou  des  trapèzes,  on  aurait  pu  la  décomposer  en  un 
grand  nombre  de  petites  parties  t,,  o-^,  .  .  .  ,  t,,,  aux(|uelles  on  aurait 
substitué  des  valeurs  approchées  a-',,  3-'.,,  .  .  .  ,  a-^^,  en  commettant  les 
erreurs  a,,  x^i  •••?  *■«•  Si  l'on  désigne  par  ji  la  valeur  absolue  de 
la  plus  grande  des  erreurs  relatives 


l'erreur    commise    en     substituant    la     somme     c',  +  t.,  +  .  .  .  +  o-^^ 

à  S  =  T,  4-  3-2  +  •  •  •  +  ^«  sera  moindre  que 

|a,  I  +  |a,  |+...+  |a„|  <  [3(al^-  a2  +  ...-4-a„)<  ^S; 

si  donc  on  peut  s'arranger  pour  que  ^  soit  plus  petit  que  tel  nombre 
qu'on  voudra,  on  pourra,  de  cette  façon,  obtenir  S  avec  telle  approxi- 
mation qu'on  voudra. 


NOTIONS  DE  CALCUL  INTÉGRAL.  480 

30o.  Laissons  ces  généralités  pour  revenir  aux  modes  d'évaluation 
de  S  que  nous  avons  considérés  tout  d'abord,  et  nous  aHranchir 
de  quelques  restrictions  imposées  à  la  fonction /(.r). 

On  a  supposé  que  cette  fonction  variait  toujours  dans  le  même 
.sens  quand  a:  croissait  de  a  à  b;  s'il  n'en  était  pas  ainsi,  si  l'ordonnée 
de  la  courbe  allait  tantôt  en  croissant,  tantôt  en  décroissant,  mais  si 
l'on  pouvait  décomposer  l'intervalle  («,  b)  en  un  nombre  fini  d'inter- 
valles partiels  tels  que,  dans  chacun  d'eux,  l'ordonnée  allât  toujours 
en  croissant  ou  toujours  en  décroissant,  ou  restât  toujours  constante, 
il  est  clair  que  le  raisonnement  du  n"  303  s'appliquerait  à  chacun  des 
intervalles  partiels.  L'aire  limitée  par  la  courbe,  l'axe  des  x  et  les 
deux  parallèles  à  l'axe  des  y,  serait  alors  la  somme  d'aires  partielles 
relatives  chacune  à  l'un  des  intervalles  partiels  et  il  est  clair  qu'elle 
pourrait  être  encore  obtenue  approximativement  par  l'une  ou  l'autre 
des  formules 

(a-i  —  a)f(a)    +  (:r2  —  .r,  )/(.r,  )  -i- . . .  -H  (  6  —  x„-x  )/(a"„-,  ), 
(a-i  — a)/(,T,  )  -H  (a72— 37,  )/(.r2)-4-...-|-(A  — ar„_,)/(6), 
(ar,  — a)/($,)  ■^{Xi—Xi)fC^i)  -(-...-+-(6— a-,,. ,)/(«„), 

en  désignant  par  ;r,,  x^^  .  • .  ,  ^«_i  des  nombres  croissants  intercalés 
entre  a  et  6,  par  ^,,  Çj,  .  . . ,  Ç„_,  des  nombres  appartenant  respecti- 
vement aux  intervalles  («,  Xi  ),  {x.^,  x^)^  .  . . ,  {x,i-i,  b),  et  cela  avec 
une  approximation  aussi  grande  qu'on  voudra,  pourvu  que  les 
nombres  intercalaires  soient  suffisamment  nombreux,  et  les  diffé- 
rences Xi  —  a,  x-i  —  J?!,  .  .  .  ,  6  —  x„_f,  suffisamment  petites. 

On  a  supposé  que  la  fonction  y"(:r)  était  toujours  positive  dans  l'in- 
tervalle (a,  b);  s'il  n'en  est  pas  ainsi,  augmentons  toutes  les  ordonnées 
de  Id  courbe  d'un  même  nombre  positif  A  assez  grand  pour  que,  dans 
l'intervalle  («,  6),  la  fonction  A -\- f(x)  soit  toujours  positive;  cela 
reviendra  à  faire  subir  à  la  courbe  primitive  une  translation  parallèle 
à  l'axe  des  y,  à  l'élever  de  manière  que  toutes  ses  ordonnées  soient 
positives.  L'aire  primitive  S,  délimitée  par  la  courbe  y  :=  f(x),  l'axe 
des  X  et  les  deux  parallèles  à  l'axe  des  y,  se  trouve  alors  augmentée 
d'un  rectangle  dont  la  surface  est  A (6  —  a).  11  est  à  peine  besoin  de 
dire  que,  pour  l'évaluation  du  nombre  S,  on  doit  adopter  les  conven- 
tions relatives  aux  signes  que  l'on  a  précisées  au  n"  222,  c'est-à-dire 
regarder  comme  positives  les  parties  de  l'aire  qui  sont  au-dessus 
de  l'axe  des  x,  comme  négatives  celles  qui  sont  au-dessous. 


4oD  CHAPITRE    XVIII. 

Soit  maintenant  S  =  A(b  —  a)  +  S  Taire  de  la  courbe  limitée  par 
l'axe  des  x,  la  courbe  dont  l'équation  est  y  =  A  +  f(j^),  et  les  deux 
parallèles  à  l'axe  des  ».  En  supposant  les  nombres  intercalaires  crois- 
sants Xf ,  œ.,,  .  .  . ,  x,i_i  assez  nombreux  et  assez  rapprochés,  le  nombre 

(^i-«)fA-t-/(^,)]  +  (^,-^,)|A+/(b)J+---+(*-^«-i)[A+/(U)] 

différera  aussi  peu  qu'on  voudra  de  S  :  or,  ce  nombre  est  la  somme  de 

A(a7i  —  a  +  a?î  —  a?,-t-.,.-t-è  —  0Pn-\)  =  (b  —  a)A 
et  de 

(a",-a)/(S,)-4-(a7,-^,)/(^2)+.-.+  (6---^«-.)/(^«); 

par  conséquent,  dans  ce  cas  encore,  cette  dernière  quantité  diffère 
aussi  peu  qu'on  le  veut  de  S,  qui  est  égal  à  '!£  —  A(6  —  a). 

Supposons  enfin  a'^b\  Intercalons  entre  les  nombres  a,  b  les 
nombres  décroissants  ^,,  jr^,  ...,  ^«_i  ;  les  nombres  6,  J:,/_), 
Xn~ii  ••  •?  -^tj  '^'  formeront  une  suite  croissante,  et  en  désignant  tou- 
jours par  ç,j,  ^n-i:  '■■■,  il  des  nombres  quelconques  appartenant  aux 
intervalles  (6,  .r„_,),  (a7„_,,  .r„„o),  . . .,  (j;,,  a),  le  nombre 

(Xn-i—  b)f{  ^„)  -t-  (Xn-î—Xn-i)f(.U-l  )+...+  («—  ^i  )/(' ^i  ). 

pourvu  que  n  soit  assez  grand  et  que  les  différences  positives  .t,i_j  —  by 
Xn-i  —  ^«_i,  •..,  a  —  .r,,  soient  assez  petites,  différera  très  peu  de 
l'aire  limitée  par  l'axe  des  a-,  la  courbe  et  les  deux  parallèles  à  l'axe 
des  y^  en  regardant  toujours  comme  positives  les  portions  de  cette 
aire  qui  sont  situées  au-dessus  de  l'axe  des.r  et  comme  négatives  celles- 
qui  sont  au-dessous;  le  nombre 

différera  donc  très  peu  de  la  même  aire,  changée  de  signe.  Or,  dans 
le  cas  où  l'on  suppose  a  >»  6,  la  convention  adoptée  au  n"!222  consiste 
précisément  à  regarder  comme  positives  les  parties  de  l'aire  situées 
au-dessous  de  l'axe,  comme  négatives  celles  qui  sont  au-dessus.  Si 
donc  on  continue  d'adopter  cette  convention,  l'expression  précédente 
représentera,  dans  tous  les  cas,  l'aire  considérée,  avec  l'approxima- 
tion qu'on  voudra,  pourvu  que  n  soit  assez  grand  et  que  les  diffé- 
rences x^  —  a,  X.2  —  x^^    ...,   b  —  Xm_i,   toutes   positives   ou    toutes 


NOTIONS    DE    CALCUL    INTÉGRAL.  487 

négatives,  soient  suffisamment  petites  en  valeur  absolue;  l'expression 
précédente,  par  conséquent,  diflerera  aussi  peu  qu'on  voudra  de 
l'expression  F(6)  —  F(Vï),  où  F(x)  désigne  une  fonction  primitive 
de/(.r). 

806.  Ce  dernier  résultat  peut  d'ailleurs  s'établir  directement  :  on 
a,  en  elVet,  en  supposant  que  les  nombres  «,  a:,.  . . .,  Xn-\i  b  se  sui- 
vent par  ordre  de  grandeur  croissante  ou  décroissante, 

¥{b)--  V(a)  =  F(J7,)—  F(a)-f-  F(x,)  —  F(>,  )-f-   ..-h  F(6)—  F(^„_,), 
ou,  en  appliquant  la  formule  des  accroissements  Unis, 

F(6)  —  F(  a  )  =  (.r,  —  a)  yC^'i  )  -H  (  :r,  —  a-,  )/(  f^  )  +. .  .+  (6  -  :f„-i )/($'„)  ; 

i',,  l'.,,  ..,.  l',i  désignent  des  nombres  convenablement  choisis,  appar- 
tenant respectixement  aux  intervalles  («,  x^  )  (.r,,  .r^,),  . . .,  (.i"/,._i ,  b); 
la  dillérence  o  entre  le  second  membre  de  l'égalité  précédente  et 
Texpression 

(  -fi  —  a)  /(^t)  -^  { Xi—  xi)  f(l,)  ^ . ,  .-h  i  b  —  x„^t)  /(  l,) 

où  ^,,  ^.,1  •••'  Ç/i  désignent  des  nombres  quelconques  appartenant 
respectivement,  comme  ;,,  ^^,  ...,  ;^^,  aux  intervalles  («oj^O? 
(j;,,  x.,),  .  • .,  (J^«_t,  b),  est  égale  à 

(^. -«)[/(?;  )-/($i)j  +  (^2--z^i)  1/(^2  )-/(b)]+-.  • 
-^ib-x„-o{/a:,)-/iU)\- 

Or,  pourvu  (|ue  les  intervalles  partiels  (rt,  j:",),  (.r,,Xa),  ..., 
(.r„_,,  b)  soient  suffisamments  petits,  les  différences 

/<^;)-/(?.),      /(?'2)-/(b).        ...,      fi^'n)-/(l.) 

peuvent  être  supposées  moindres,  en  valeur  absolue,  que  tel  nombre 
positif  que  l'on  voudra  (').  Les  quantités  JC,  —  a,  x.j  —  Xf,  ..., 
b  — .r„_,  sont  toutes  positives  ou  toutes  négatives  :  dans  les  deux  cas, 


(')  Ceci  est  vrai,  pourvu  que  la  fonction /(x)  soil  continue,  et  a  été  démontré  au 
n"  215  dans  le  cas  on  celte  fonction,  dans  i'intervHlle  (a,  6),  admet  une  dérivée  qui 
reste,  en  valeur  absolue,  moindre  «|u'un  nombre  positif  fixe. 


488  CHAPITRE   XVIII. 

on  a 

I  8  I  la  I  r,— a  H- .r»  —  .r, -+-...-(- 6  —  r„_,  |     ou     a.\b  —  a\; 

pour  que  k  ditVérence  entre  F(^)  —  F(a)  et 

(  .r,  _  rt  )  /(  ^,  )  -+-  ( .rj  ^  ,r ,  ^  /(  'î  )  -+-  .  .  .  -^  (  />  -  x„„,  )/($„) 

soit  moindre  que  le  nombre  positif  j'3,  arbitrairement  donné,  il  suffira 
donc  de  prendre 


a< 


\b^a\ 


307.  On  dit  que  la  fonction  /(.r),  définie  dans  l'intervalle  (a,  6), 
est  intégrable  dans  cet  intervalle  s'il  existe  un  nombre  S  jouissant  de 
la  propriété  suivante  : 

Quels  que  soient  les  nombres  :r,,  x.,^  ...,  .r„_i  intermédiaires  entre  a 
et  b  et  rangés  par  ordre  de  grandeur  croissante  si  l'on  aa<C.b,  par 
ordre  de  grandeur  décroissante  si  l'on  a  a^  b,  quels  que  soient  les 
nombres  ^,,  ia,  ...,  i«  appartenant  aux  intervalles  (a,  .r,),  (.r,,  ara),  ..., 
{x„_i,  b),  la  différence  entre  S  et  l'expression 

(Xi  —  a  )  /(^i)  -^(Xi  —  xi)  fC^i)  ~\-. .  .^  {b  —  x„-i)  f{^n) 

est  moindre,  en   valeur  absolue,   que  tel  nombre   positif  e   que  l'on 
voudra,  pourvu  que  les  diflerences,  toutes  positives  ou  toutes  néga- 
tives, Xi  —  a,    X2  —  Xt,    ...,    b  —  x„_i    soient   moindres   en   valeur 
absolue  qu'un  nombre  positif,  convenablement  choisi,  d'après  e. 
Le  nombre  S,  s'il  existe,  se  représente  par  le  symbole 


/ 


/{x)dx, 


qui  s'énonce  somme  de  a  à  b  de  f{x)  dx. 

Le    signe  /  (somme)  est  un  S  déformé,  il  rappelle  qu'on  a  affaire  à 
la  somme  des  éléments 

r'' 

dans   le    symbole  /     f{x)dx^   l'élément  de  l'intégrale,  /(x)  g?./:,  est 


NOTIONS   DE   CALCUL    INTKGKAL.  489 

la  trace  de  ces  éléments;  dx^  en  particulier,  où  la  lettre  d  est  la  lettre 
initiale  du  mot  différence^  est  la  trace  des  difllerences  ^,  —  a, 
x-i  —  X,,  . . .,  b  —  x„  _,;  dx  n'est  pas  la  difll'érentielle  de  la  variable  x, 
définie  comme  on  Ta  fait  au  n"  290;  toutefois,  on  verra  bientôt  qu'il 
est  avantageux  d'employer  le  même  symbole  ici  et  pour  cette  notation 
(lilVérentielle,  qu'on  a  expliquée  au  Chapitre  XVII. 

Les  nombres  a  ei  b  sont  la  limite  inférieure  et  la  limite  supé- 
rieure de  V intégrale  définie 


f 


h 
f{x)  dx. 


L'intervalle  (a,  />)  est  ^ intervalle  d'intégration. 

Supposons  qu'on  prenne  les  n  intervalles  partiels  (a,  6), 
(jf,,.r2),  ...,  {x„..i^b)  dans  lesquels  on  subdivise  l'intervalle  (a,  6) 
pour   obtenir   une    valeur   approchée   de    l'intégrale    définie,     égaux 

à  =  /' ;  on  voit  que  la  valeur  de  l'intégrale  définie  sera  la  limite 

vers  laquelle  tend  l'expression 

l>  —  a 


n 


/(or)-h/(x-^h)  +/(x  +  ?.h)-h..  .-h/[x-^in  -  i)h\  \ 


lorsque  n  augmente  indéfiniment  et  que,  par  conséquent,  h  tend 
vers  o.  L'existence  de  cette  limite  résulte  de  celle  de  l'intégrale 
définie. 

On   appelle  valeur  moyenne  de    la    fonction  f{x)   dans  l'inter- 
valle (a,  b)  la  limite  de  l'expression 

f{a)-^f{a  -t-  A)  -+-. . .-!-/[ g  -+-{n  —  i)h\ 
n 

quand  //  croît  indéfiniment  (et  que  h  tend  vers  o),  cette  limite  est 
évidemment  égale  à 

^    f"na:)dx. 

3(IS.    Il  résulte   des    explications  données   au    commencement    du 
précédent  numéro  que  l'intégrale 


J    f{x)dx, 


49»  CHAPITRE    XVIII. 

c'est-à-dire  le  nombre  S  dont  s'approche  la  somme 

(^,- «)/($,)  + (^2-^1) /(b)  +  ...+ (6 -^„-,)/(U), 

dans  les  conditions  que  l'on  a  dites,  existe  bien  quand  la  fonc- 
tion/(^)  est  continue  dans  l'intervalle  {a,  b)  et  que  cet  intervalle 
peut  être  décomposé  en  un  nombre  fini  d'intervalles  partiels,  dans 
chacun  desquels  la  fonction  est  soit  croissante,  soit  décroissante,  soit 
constante;  l'intégrale  est  alors  égale  à  F{b)  —  F(a),  en  désignant 
par  F(^)  une  fonction  admettant  f{x)  pour  dérivée  dans  l'inter- 
valle (a,  b). 

Si  l'on  avait  a=^  h,  l'intégrale  définie  serait  regardée  comme  nulle. 

On  prouve  l'existence  de  cette  intégrale  définie  dans  des  cas  beau- 
coup plus  étendus  :  en  particulier,  on  démontre  qu'une  fonction /(^') 
est  intégrable  dans  tout  intervalle  («,  b)  où  elle  est  continue,  dans 
tout  intervalle  où,  sans  même  être  continue,  elle  est  soit  croissante, 
soit  décroissante. 

La  notion  géométrique  d'aire,  qui  a  été  mon  point  de  départ,  suffit 
pour  qu'on  se  rende  compte  que  la  continuité  de  la  fonction  f{x), 
dans  l'intervalle  («,  ^),  n'est  pas  nécessaire  pour  que  l'intégrale  définie 
ait  un  sens. 

Supposons,  en  etfet,  que  la  fonction /(oc)  soit  représentée  de  a  à  c 

^'ig-  94- 


par  l'arc  AC,  de  c  à  6  par  l'arc  C,  B,  en  sorte  que,  pour  x  un  peu  plus 
petit  que  c,  la  fonction  f{x)  soit  très  voisine  de  C'C  et  que,  pour  x 
un    peu   plus    grand  que  c,    cette   même   fonction    soit  très    voisine 

r'' 

de  C'C,;  le  symbole  /  f(x)dx  représente  naturellement  l'aire 
limitée  par  le  contour  A'ACG,BB',  aire  qui  est  la  somme  des  aires 


NOTIONS    DE    CALCUL    INTÉGRAL.  491 

A' A  ce,  ce,  BB',  représentées  respectivement  par 


f  f{T)dx,  r  f(x)dx. 


Il  n'importe  gas  que,  pour  j;  =  c,  on  attribue  à  la  fonction  f{x)  la 
valeur  C'G  ou  la  valeur  C'C,,  puisque  cette  valeur,  quand  on  envi- 
sage rintégrale  définie  comme  limite  d'une  somme,  n'intervient  que 

dans  le  dernier  élément  de  /    f{x)clx^  ou  dans  le  premier  élément 

de  /    f[x)dx  :  ces  deux  éléments,  qu'on  peut  supposer  aussi  petits 

qu'on  veut,  n'ont  pas  d'influence  suf  la  valeur  exacte  des  intégrales. 
On  peut,  dans  la  première  intégrale  partielle,  regarder  G'C  comme  la 
valeur  àe  f(^x)  pour  jc^cet,  dans  la  seconde,  adopter  la  valeur  G'C|. 
On  ramène  ainsi,  par  une  décomposition  de  l'intervalle  {a,  b)  en 
deux   intervalles   partiels  (a,  c),  (c,  b),  l'intégrale   proposée,   où   le 

*»igne    d'intégration  /  portait  sur  une    fonction  discontinue  /(x),   à 

deux  intégrales  où  ce  signe  porte  sur  une  fonction  continue  dans  l'in- 
tervalle (a,  c)  et  sur  une  fonction  continue  dans  l'intervalle  (c,  b).  La 
seconde  fonction  ne  continue  pas  la  première. 

Les  mêmes  considérations  s'appliqueraient  évidemment  au  cas  où 
la  fonction  /(x)  admettrait,  entre  a  et  b,  un  nombre  fini  de  discon- 
tinuités. Elles  supposent  toutefois  essentiellement  que  la  fonction /(a') 
soit  finie;  le  cas  où  cette  fonction  devient  infinie  dans  l'intervalle 
(a,  b)  demande  une  étude  particulière;  j'en  donnerai  plus  loin 
quelques  exemples  simples. 


309.    Bien  que  quelques-uns  des  théorèmes  qui  suivent  n'impliquent 
pas  cette  restriction,   je  supposerai  que  les  fonctions  sur  lesquelles 

porte    le    signe  /  soient   continues  dans  l'intervalle  d'intégration  et 

satisfassent  aux  conditions  énoncées  plus  haut,  sous  lesquelles  l'inté- 
grale définie  apparaît  nettement  comme  l'aire  d'une  courbe. 

I.    On  f, 
(0  j    /{x)dx==—  I    /■{x)dx. 


492  CHAPITRE    XVIII. 

Celte  proposition  résulte  immédiatement  de  la  définition,  soit 
qu'on  regarde  l'intégrale  comme  limite  d'une  somme,  soit  qu'on  se 
reporte  aux  conventions  du  n"  222  relatives  aux  aires;  au  reste,  si  l'on 
désigne  par  F(^)  une  fonction  primitive  de /(a:),  l'égalité  précédente 
équivaut  à  celle-ci  : 

Fib)  —  Fia)  =  —[F{a)  —  Fib)]. 
IL   On  a 

(a)  J  f{x)  dx  =  J^  /(.v)  dx-^  1"  f(x) 


dx. 


Cette  proposition  résulte  encore  immédiatement  de  la  définition, 
au  moins  lorsqu'on  suppose  a  <C  c  <i  b^  soit  qu'on  se  reporte  à  la 
règle  pour  additionner  des  aires  contiguës,  soit  qu'on  regarde  les 
intégrales  comme  des  limites  de  sommes,  en  faisant  figurer  le 
nombre  c  parmi  les  nombres  intermédiaires  k  a,  b  que  l'on  introduit 
pour  évaluer  la  première  intégrale.  Ces  démonstrations  s'applique- 
raient aussi  au  cas  où  l'on  aurait  a  >>  c  >>  ^.  D'ailleurs,  si  l'on  a 
a  <  è  <;  c,  on  aura  (  '  ) 

mais,  à  cause  de  /     = —  /     ,  cette  égalité  entraîne  celle  qu'on  veut 

J/,  Jf. 

démontrer;  même  démonstration  si  l'on  a  c<.a<.b,  etc.  Au  reste, 
la  formule  générale,  en  introduisant  la  fonction  primitive  ï''( a:),  équi- 
vaut à  celle  cl 

F(6)-F(a)  =  [F(c)-F(a)|  +  [F(6)-F(c)]. 

Quels  que  soient  les  nombres  a,  6,  c  la  formule  (2)  peut  s'écrire 
sous  la  forme  plus  symétrique 


(3)  J  f{x)dx^J  f(x)dx+J  f{x) 


dx  =  o. 


(•)  Dans  les  formules  de  ce  genre,  on  se  dispense  souvent  d'écrWt  f{x)  dx  sous 
les  signes   / ,  quand  aucune  confusion  n'est  à  craindre  :  il  est  bien   entendu  que  les 

signes   /  doivent  porter  sur  la  même  fonction  f{x). 


NOTIONS  DE  CALCUL  INTK(iRAL.  49? 

III.    Si  dans  l'intervalle  (a,b)  la  fonction  f{x)  est  toujours 
positive,  l'intégrale  définie 


I 


h 
f(x)dx 


est  positive  ou  négative  suivant  que  l'on  a  b^  a  ou  b  <^a. 

Cela  résulte  encore  de  la  définition,  ou  de  ce  que  la  fonction  primi- 
tive F(j:)  croît  avec  x.  L'intégrale  est  évidemment  nulle  si  la  fonc- 
tion /(.r)  est  constamment  nulle  dans  l'intervalle  («,  /;);  si  l'on  sait 
seulement  que  /{x)  est,  dans  cet  intervalle,  positive  ou  nulle,  on  peut 
affirmer  que  l'intégrale  est  positive  ou  nulle;  on  peut  alors  affirmer 
que  l'intégrale  est  positive  s'il  y  a  un  intervalle  (a,  [3)  compris  dans 
l'intervalle  («,  b)  -à  l'intérieur  duquel  la  foncliony(jt:)  ne  s'annule  pas. 

1\  .  Si  A  ^^  B  sont  des  constantes,  on  a 

(4.)  i    \kJ\x)-^hg{x)]dx  =  kff(x)dx-^Bj     g{x)dx. 

Cette  proposition  apparaît  immédiatement  en  regardant  l'intégrale 
comme  la  limite  d'une  somme  :  elle  résulte  alors  de  l'identité 

(a7,-a)|A/(^,)-^B^($,)J  +  (-^2-^i)[A/(^2)-+-B^(^2)]+... 

Elle  résulte  aussi  de  ce  que  AF(x)-|-  BG(j:)  est  une  fonction 
primitive  de  A  f{x)  +  ^g{x)  si  F(û:)  et  G(^)  sont  des  fonctions 
primitives  de  f{x)  et  de  g{x). 

L'égalité  (4)  contient,  comme  cas  particulier,  les  égalités  suivantes  : 

I      \/(x)  dx  =  A.  I     /{x)dx, 

I     [fix)^  g(x)\dx  =  I    f{x)dx^  j     g{x)dx. 

V.  Si,  pour  toutes  les  valeurs  de  x  appartenant  à  P intervalle 


t 


494  CHAPITRE    XVIII. 

{a,  b),  la  fonction  f{jc)  vérifie  les  inégalités 

où  ni  et  M  sont  des  constantes,  on  a,  en  supposant  a  <<  6, 


(5)  in{b  —  a)si    f{x)dx'L'Si(b^a 


en  etiet,  les  intégrales 

Ç   {f{x)  —  ni\dx,  f    [M  -f{x)\dx 

sont  positives  ou  nulles;  la  première  est  certainement  positive,  s'il  y 
a  un  intervalle  (a,  [i)  compris  dans  (a,  b)  où  la  fonction  /(r)  reste 
supérieure  à  /«  ;  de  même  pour  la  seconde,  s'il  y  a  un  intervalle  où 
la  fonction  reste  inférieure  à  M.  Les  égalités 

Xb  ^b 

\f{,x)  —  m  I  rfa?  =    /     f(x)dx—m(b  —  a), 

^b  b 

/      [m—f{x)]dx=:M{l)-~a)—j    f{x)dx 

permettent  d'achever  la  démonstration. 

On  a  admis  (n"  215)  que  la  fonction  continue  f{x)  admettait  dans 
l'intervalle  (a,  b)  une  plus  grande  valeur  et  une  plus  petite  valeur  et 
qu'elle  passait  par  toutes  les  valeurs  inteinnédiaires  :  le  théorème 
s'applique  en  prenant  pour  m  et  M  cette  plus  petite  et  cette  plus 
grande  valeur;  on  voit  ainsi  que  le  théorème  qu'on  vient  d'établir 
peut  être  remplacé  par  le  suivant  :  il  y  a  un  nombre  ^  appartenant  à 
l'intervalle  (a,  b)  ('),  tel  que  l'on  ait 

(6)  f  f(x)dx=f(i)(/?~a). 

(iCtte  égalité  ne  suppose  pas  a  <C  b. 


(  ')  Je  laisse  de  côté  la  démonstration  de  ce  fait  que  ;  peut  être  supposé  différent 
de  a  et  de  b\  elle  est  aisée  pour  les  fonctions  auxquelles  je  me  borne,  qui  sont,  dans 
des  intervalles  finis,  ou  croissantes,  ou  décroissantes,  ou  constantes. 


NOTIONS   DE  CAI.CII,   intk(;rai..  495 

Si  F(.r)  est  une  fonction  primitive  de  ./(^),  l'égaUté  (6)  équivaut 
à  l'égalité 

F(b)-F(a)=f(i){b  —  a), 

qui  n'est  autre  chose  que  la  formule  des  accroissements  finis. 

Je  laisse  au  lecteur  le  soin  d'interpréter  géométriquement  ces  résul- 
tats quand  on  regarde  l'intégrale  définie  comme  représentant  une 
aire. 

Je  lui  laisse  aussi  le  soin  d'établir  la  proposition  plus  générale 
qu'exprime  l'égalité 


(.7) 


f    fi^)g(^)dx  —  f{'^)  I     g(x)dx, 


où  ^  désigne  un  nombre  appartenant  à  l'intervalle  (a,  b)  et  où  g{x) 
est  une  fonction  qui  garde  toujours  le  même  signe  dans  cet  inter- 
valle. La  démonstration  se  fait  aisément  en  considérant  les  inté- 
grales 

f   g{x)\f{x)  —  m]dx,      J    g{x)[M-f{x']\dx, 
dont  le  signe  s'aperçoit  de  suite. 

310.   On  a  vu  au  n"  ^29  que,  si  la  série  entière  en  x 

ao -H  ai  ar  -+- . . . -I-  «„ a^" -t- . . . 

est  absolument  convergente  dans  l'intervalle  (a,  ^),  sa  somme /"(j?) 
avait  pour  fonction  primitive  la  somme  F(a;)  de  la  série 

x"^  x"-^^ 

anX  -+-  ai —  -h . ,  .-\-  a„ -f-..., 

2  n  H-  I 

qui  est  absolument  convergente  dans  le  même  intervalle;  si  «,  b  ap- 
partiennent à  cet  intervalle,  l'égalité 


r  f{x)dx  =  F[b)-  F(  a) 


45)6  CHAPITRE    XVIII. 

entraîne  les  suivantes  : 


I     f{a;)dx  =  ao(b  —  a)-{-ai - 


62— a«  è"-+-i 


n 


=  I      aodx  -^  I      aix  dx  -^.  .  .-^  I      a„ x"^  dx  -+ 
D'une  façon  générale,  si/(.r)  est  la  somme  d'une  série 

(/)  /i  {x)+Mx}+..  .+Mx)  +. . . 

dont  les  termes  sont  des  fonctions  de  x^  et  si  l'on  a 

(I)       J      f{x)dx=J      fdx)dx-^J      /,(x)dx+...-^   I      fn{x) 


dx 


la  série  qui  figure  dans  le  second  membre  étaiat  convergente,  on  dit 
que  la  série  (/)  est  intégrahie  terme  à  terme. 

Il  en  est  ainsi  lorsque  les  nombres  a,  b  appartiennent  à  un  inter- 
valle (A,  B)  tel  que,  dans  cet  intervalle,  la  fonction  fn{x)  soit  con- 
tinue et  moindre  en  valeur  absolue  qu'un  nombre  positif  a,^,  la 
série 

(a)  ai+ a,-!-.  ,  .-)- a„  +  .  .  . 

étant  convergente. 

La  démonstration  est  immédiate  en  admettant  que  les  fonc- 
tions/(x),  y«(x)  soient  intégrables.  Désignons,  en  effet,  par  R«(.r) 
et  p«  les  restes  respectifs  des  séries  (  /")  et  (a),  limitées  à  leurs  /i»"'""* 
termes. 

On  a,  d'une  part,  jR„(^)|<;p,;  dans  lintervalle  (A,  B),  et^ 
d'autre  part^ 

J        Kn{x)dx=J        [f{x)-fi(X)-f^^X)-...-fn{x)\dx. 

La  valeur  absolue  du  premier  membre  est  moindre  que 

I      p,idx  =  (b  —  «)p«; 


NOTIONS    DE    CALCl  L    INTKGHAL.  497 

il  en  est  de  rnème  de  la  valeur  absolue  du  second  membre  ou  de 

J  f{x)dx-J    /\(.r)dr- 1'  /,(x)dx-...-J'  fn{x)dx, 

c'est-à-dire  de  la  dilïerence  entre  le  premier  membre  de  l'équa- 
tion (i)  et  la  somme  des  n  premiers  termes  de  la  série  qui  figure  dans 
le  second  membre.  Cette  différence  devenant  aussi  petite  qu'on  veut, 
en  valeur  absolue,  quand  n  augmente  indéfiniment,  la  convergence 

de  la  série,  Taffirmation  que  sa  somme  est  égale  à  /  ./X^"),  sont  éta- 
blies. Enfin  l'expression  (6  —  a)  p,j  fournit  une  limite  supérieure  de  la 
valeur  absolue  du  reste. 


3H.   L'intégrale  définie 


/ 


h 

f{x)d.i 


dépend  de  ses  limites  a,  b.  Si  on  la  considère  comme  la  différence 
F(ft)  —  F(«)  entre  les  valeurs  que  prend  pour  x  =i  b  et  x  =■  a  la 
fonction  primitive  F(.27)  de  f{x)^  il  est  clair  que  sa  dérivée  par  rap- 
port à  sa  limite  supérieure  est  f{b)  ('),  que  sa  dérivée  par  rapport  à 
sa  limite  inférieure  est  — ./(«)• 

Lorsqu'on  regarde  une  intégrale  définie  comme  une  fonction  de  sa 
limite  supérieure,  par  exemple,  il  arrive  souvent  qu'on  la  représente 
par  un  symbole  tel  que 


f  f{^)dx: 


(')  On  arrive  aisément  à  ce  résultai  sans  passer  par  Tintermédiaire  de  la  fonc- 
tion primitive  ¥{x);  si,  en  effet,  on  donne  à  è  un  accroissement  p,  l'accroissement 
correspondant  de  l'intégrale  définie  est 

/  f{x)dx-         /(x)dx=  /{x)dx=^/a), 

en  désignant  par  \  un  nombre  appartenant  à  l'intervalle  (6,  6-4-^).  Le  rapport 
de  l'accroissenienl  de  l'intégrale  à  ^  est  /(^);  il  a  pour  limite /(  6)  quand  p  tend 
vers  o.  Ce  raisonnement  ne  diffère  pas  de  celui  du  n"  222,  qui  conduit  à  l'évaluation 
de  l'aire. 

T.  -  II.  3a 


498  CHAPITRE    XVIII. 

il  faut  observer  que  la  lettre  x  figure  dans  ce  symbole  avec  deux  sens 
essentiellement  différents,  comme  variable  d^ intégration  dans 
f{x),  et  comme  limite  supérieure  de  l'intégrale  définie.  Il  doit  être 
bien  entendu  que  le  précédent  symbole  a  le  sens  de 


/ 


b 
f(x)dx  =  F(6)—  F(a), 


où  l'on  a  remplacé  b  par  x  :  c'est  l'aire  limitée  par  la  courbe  repré- 
sentative de  la  fonction,  l'axe  des  x,  les  deux  parallèles  à  l'axe  des^ 
dont  tous  les  points  ont  pour  abscisses  a  pour  la  première,  x  pour  la 
seconde.  Au  contraire,  l'élément  d'intégration y(.r)  (/^  doit  être  re- 
gardé comme  l'un  quelconque  des  éléments 

dont  la  somme  est  à  peu  près  égale  à  l'intégrale  définie. 

312.  Les  deux  remarques  que  voici,  relatives  l'une  au  cas  où  la 
fonction y(.r)  est  paire,  l'autre  au  cas  où  elle  est  impaire,  sont  sou- 
vent utilisées. 

Supposons  que  la  fonction  f{x)  soit  paire  et,   dans  l'expression 

approchée  de  l'intégrale    /    f{x)dx^   changeons   de  signe   tous  les 

nombres  «,  Xi^  x^-,  .  ■ .,  x„-\^  x^  i,,  ^27  ■  •  •  1  ^//,  on  voit  de  suite  que 
tous  les  éléments  de  la  somme  sont  changés  de  signe,  de  là  résulte 
immédiatement  l'égalité 

J     f{x)dx=-J    f{x)dx- 
de  même,  quand  la  fonction /(a:)  est  impaire,  on  a 

J     f{x)dx=J  f{x)dx. 

La  vérité  de  ces  deux  égalités  apparaîtra  aussi  bien  au  lecteur  s'il 
pense  à  la  représentation  géométrique  et  aux  conventions  concernant 
les  signes,  qu'on  a  adoptées  au  n°  222.  Ces  égalités,  lorsqu'on  suppose 
que  a  est  nul,  peuvent  s'exprimer  de  la  façon  suivante  :  l'intégrale 


NOTIONS    DE    CALCUL    INTÉGRAL.  499 

/f{x)  dx  est  une  fonction  impaire  de  x  quand  f{^x)  est  une  fonc- 

tion  paire;  elle  est  une  fonction  paire  de  x  quand /(j;)  est  une  fonc- 
tion impaire.  Ces  propositions  peuvent  être  regardées  comme  les  réci- 
proques de  celles-ci  :  la  dérivée  d'une  fonction  impaire  de  x  est  une 
fonction  paire;  la  dérivée  d'une  fonction  paire  de  x  est  une  fonction 
impaire. 

Notons  encore  les  égalités  suivantes  :  si  la  fonction  J\x)  est  paire 
on  a 

f  f{x)dx=^  f    +  f     =-  f       +  f    =■,  f  f{x)dx. 
Si  la  fonction /(jc)  est  impaire,  on  a 

/    /(x)dx  =  o. 

§  2.  -  INTÉGRALES  INDÉFINIES  ET  INTÉGRALES  DÉFINIES. 

313.  La  définition  de  l'intégrale  définie  fournit  un  moyen  de  la 
calculer  approximativement.  C'est  un  point  sur  lequel  je  reviendrai 
bientôt.  On  obtient  une  expression  explicite  de  l'intégrale  définie, 
quand  on  a   une  fonction  primitive  de   la  fonction  /(x)  qui  figure 

sous  le  signe  /  ('  )  ;  c'est  de  la  recherche  de  la  fonction  primitive  d'une 
fonction  donnée  /{x),  dans  quelques  cas  simples,  que  je  vais  main- 
tenant m'occuper.  Une  telle  fonction  primitive  est  dite  une  intégrale 
indéfinie  de  la  fonctiony"(j:)  et  se  représente  par  le  symbole 

jf{x)dx, 

qui  s'énonce  somme  de  f{x)  dx  et  où  ne  figurent  pas  de  limites  :  une 
telle  fonction  n'est,  comme  on  l'a  vu  au  n°  222,  déterminée  qu'à  une 
constante  additive  près. 


(')  Dans  quelques  cas  particuliers,  on  peut,  pour  des  valeurs  spéciales  des  limites, 
trouver  une  expression  explicite  sans  connaître  de  (onction  primitive.  Les  recherches 
de  cette  nature  sont  en  dehors  du  cadre  du  présent  Livre. 


5oo  CHAPITRE   XVIII. 

J'écris  ci-dessous  les  valeurs  explicites  d'un  certain  nombre  d'inté- 
grales indéfinies;  elles  résultent  immédiatement  des  régies  de  dériva- 
tion établies  au  Chapitre  XIJl.  Je  crois  inutile  d'entrer  dans  plus 
d'explications  à  propos  de  ces  formules,  que  le  lecteur  doit  arriver  à 
pouvoir  retrouver  immédiatement  :  a  et  b  y  désignent  toujours  des 
constantes,  dont  la  première  est  supposée  différente  de  o.  Les  seconds 
membres  peuvent  être  augmentés  d'une  constante  arbitraire  :  il  en  est 
toujours  ainsi  quand  on  écrit  l'expression  d'une  intégrale  indéfinie  ; 
c'est  une  remarque  que  je  fais  une  fois  pour  toutes  : 


XIII. 
XIV. 


I.  I  (ax^  b )"'  dx  =  ^"f^  '^ — l i,n:^  —  i) 

J  (m-hi)a 

II.  r_^^    =ilg|a^  +  è|, 

Tir  r     dx 

III.  / =  arc  tan"  37, 

J    I-4-.T2 

/dx            \  .     \\-\-  x\  , 
=  -  Iff    =  arfï  tha7, 
i  —  x-^        -2   ^  I  t  —  :r  I            ^  ' 

/dx 
v/i-^2 

/'        =  Ig  I  ^7-1-  \/x'^-r-  a  I  =—  lg| — X-+-  <Jx'--\-a  I  -i-lg|  a|, 
y  x-  -t-  a 

I  cos(ax  +  b)dx  =  -  sin{ax  ^  b), 
VHI.      /  sin  {a X  -\^-  b)  dx  ^ cos(a^  -+-  b) 

IX.  /  e^-^-^i'dx  =  -  6"-^+''', 
J  a 

X.  I  ch(ax-hb)  dx  =  -  sh{ax -i- b), 

XI.  I  sh(ax-\-b)  dx  =  -  ch{ax -^  b), 

XII.  /  langa?  dx  =  —  Ig  |  cosa:  |, 


IV. 

V. 

VI. 

VII 


/"  dx         ,1  X  \ 

j  iw  =  '«^'"'s^|• 


NOTIONS  DE  CALCtI.  INTÉGRAL.  5oi 

Ces  formules  ne  doivent  pas  être  maniées  sans  précaution,  parce  que 
les  fonctions  qui  y  figurent  peuvent  devenir  discontinues,  imaginaires 
ou  même  n'avoir  aucune  signification  :  jusqu'à  ce  qu'on  prévienne 
du  contraire,  les  quantités  imaginaires  seront  formellement  exclues. 

314.  Pour  ce  qui  concerne  la  formule  I,  on  doit  donc  rejeter  les 
valeurs  de  x  qui  rendraient  ax  -\-  b  négatif  si  m  n'est  pas  un  entier 
ou  une  fraction  irréductible  à  dénominateur  impair  et  il  est  nécessaire 
de  faire  attention  aux  valeurs  qui  annulent  ax  -\-  b  quand  m  est 
négatif,  parce  que,  alors,  [ax  +  6)'"  devient  infini. 

Si,  dans  l'intervalle  (Xo,  x,),  ax-\-b  est  toujours  positif, 
l'égalité 


(i)  /      {ax  -^  b)"^  dx  = 


(m  -h  i)a 


qui  se  déduit  immédiatement  de  la  formule  I,  est  toujours  valable, 
quel  que  soit  le  nombre  m,  différent  de  —  i  ;  elle  est  aussi  valable 
quand  m  est  un  nombre  positif,  entier  ou  égal  à  une  fraction  à  déno- 
minateur impair,  et  cela  quelles  que  soient  les  limites  Xo  et  Xi  ;  ou 
encore  lorsque,  m  étant  positif,  d'ailleurs  quelconque,  ax-\-b  s'an- 
nule pour  l'une  des  limites  Xq,  Xf,  mais  reste  positif  à  l'intérieur  de 
l'intervalle  (x^,  x,  ). 
On  a,  par  exemple. 


dx 


r'.id.  ■''- 

,T 

.(.v/^-,)         ^„ 

2 

3            -''" 

4             4 

3 

= 

3(3^3-,)       _^. 

VT 


les  valeurs  numériques  ont  été  calculées  avec  une  erreur  moindre 

que  jio"'^.  L'expression    /       \/xdx  n'a  pas  de  sens. 

Considérons  maintenant  ce  qui  arrive  lorsque,  m  étant  négatif, 
ax  -\-  b  s'annule  pour  une  des  limites  de  l'intégrale;  on  suppose  que, 
à  l'intérieur  de  l'intervalle  d'intégration,  (ax  -+-  b)"^  a  un  sens  réel; 
{ax  -\-  b)"^  devenant  infini  pour  x  =  .r<  ou  x  =  Xo,  la  définition  de 


5o2  CHAPITRE    XVllI. 


l'intégrale  définie  tombe  en  défaut,  et  la  figure  géométrique  qui  a  été 
le  point  de  départ  de  cette  définition  est  profondément  modifiée. 

Considérons,    par   exemple,   en    supposant    d'abord    Xt    inférieur 
à  I,  l'intégrale 


r 


dx 


-    f        (i  —  x)    ^  dx  =  —  2  \/ l  —  Xi- 


Le  second  membre  tend  évidemment  vers  2,  lorsque  x^  tend 
vers  I  ;  il  en  est  de  même  du  premier  et  il  est  naturel  d'attribuer  la 
valeur  ?.  au  symbole 


r^    dx 

L     yj  \  —  X 


'0     V 

qui  n'a  pas  de  sens  par  lui-même. 

Si,  en  supposant  toujours  x,  inférieur  à  i ,  on  considère  maintenant 
l'intégrale  définie 

dx  /■*'  -^ 

(  I  —  x)   -  dx  = 


\/\  —  Xi 


on  voit  de  suite  que  le  second  membre  croit  indéfiniment  et,  par 
suite,  ne  tend  vers  aucune  limite  quand  x,  tend  vers  i  ;  il  n'y  a  pas 
lieu  d'attribuer  un  sens  au  symbole 


dx 


\/{\  —  x)^ 
Les  deux  courbes  définies  par  les  équations 


y  = 


y/i  —  X  \J{\  ~  xy 


ont  des  formes  analogues  dont  le  schéma  ci-dessous  donne  une  idée 
suffisante.  Elles  sont  toutes  deux  asymptotes  à  la  droite  dont  l'équa- 
tion est  X  =  I  ;  la  seconde  courbe  est  manifestement  au-dessus  de  la 
première.  Si  B  est  le  point  de  la  première  courbe  ou  de  la  seconde 
qui  a  pour  abscisse  X(,  l'aire  OABB'  représente  l'une  ou  l'autre  des 


NOTIONS    DE   CALCUL    INTEGRAL. 


5o3 


deux  intégrales  dérinie»; 


/•"'     dx  r''        dx 

Jo      v/l  — ^■'  Jo       v/('  — ^)» 


Fig.  95. 


Lorsque  B'B  s'approche  indéfiniment  de  l'asymptote,  l'aire  OABB' 
tend  vers  la  limite  2  dans  le  premier  cas;  elle  augmente  indéfiniment 
dans  le  second  cas.  Il  y  a  lieu,  dans  le  premier  cas,  de  regarder 
comme  finie,  et  égale  à  2,  l'aire  comprise  entre  l'axe  des  x,  l'axe  desjK, 
la  courbe  et  son  asymptote;  de  regarder  cette  aire  comme  infinie,  dans 
le  second  cas. 

Considérons,  d'une  façon  générale,  l'intégrale   /     f{x)dx,  où  la 

fonction  f{x)  devient  infinie  pour  l'une  des  limites,  pour  la  limite 
inférieure  oTo  par  exemple,  la  fonction /(x)  étant  d'ailleurs  continue 
dans  l'intervalle  (xj,,  x,)  quel  que  soit  le  nombre  x,',  intérieur  à  l'in- 
tervalle  (xo,  X,);    si    l'intégrale   /     f{x)dx   tend  vers    une    limite 

quand  x\,  tend  vers  Xo,  en  restant  toujours  intérieur  à  l'intervalle 
d'intégration,  cette  valeur  limite  sera,   par  définition,   la  valeur  du 

symbole   /      f\x)  dx  :  ce  dernier  symbole  n'aura  pas  de  sens  s'il  n'y 

a  pas  de  valeur  limite. 

Le  cas  où  la  fonction  devient  infinie  à  la  limite  supérieure,  celui 
où  elle  devient  infinie  aux  deux  limites  se  traitent  de  la  même  façon. 


5o4  CHAPITRE   XVIII. 

On  donnera  des  exemples  un  peu  plus  loin.  Je  laisse  de  côté  le  cas 
où  la  fonction  devient  infinie  pour  x  compris  entre  les  limites  d'inté- 
gration. 

Pour  ce  qui  est  de  l'intégrale 

(rt.r  -(-  6)'«  dx^ 


£ 


lorsque  l'une  des  limites  est j  et  que  la  fonction  {ax  -\-  b)'"  est 

réelle  dans  l'intervalle  (xq,  ^,),  elle  a  un  sens  si  m  est  plus  grand 
que  —  1 ,  elle  n'en  a  pas  si  m  est  inférieur  à  —  i .  Cela  résulte  aisé- 
ment de  la  formule  (i). 

Examinons  maintenant  ce  qui  se  passe  quand  une  des  limites  de 
l'intégrale  devient  infinie. 

Supposons  que  x^  soit  plus  petit  que  Xt  et  que  la  formule  (i)  soit 
applicable,  quelque  grand  que  soit  x,  ;  faisons  grandir  Xt  indéfini- 
ment, la  valeur  absolue  de  aXi  4-  b  grandira  indéfiniment;  il  en  sera 
de  même  de  la  valeur  absolue  de  (aXf  +  6)'"+'  si  m  -+- 1  est  positif; 
si,  au  contraire,  m  -)-  i  est  négatif,  (aXt  -+■  è)'"+'  tendra  vers  o  et  le 

second  membre  aura  pour  limite -^ ;  le  lecteur  aperçoit 

de  suite  la  signification  de  l'égalité 


/ 


,  (axo  -h  b)' 

(ax-h  b)"tdx=—^       "  ^ 


(m-+-i)a 


où  l'on  suppose  essentiellement  que  m  soit  inférieur  à  — i ,  et  que 
(ax  -+-  b)'"-  soit  réel  pour  toutes  les  valeurs  de  x  supérieures  ou 
égales  à  a^^;  lorsque  m  est  supérieur  à  — i,  le  premier  membre  n'a 
pas  de  signification. 

D'une  façon  générale,  si  la  fonction /(^)  est  continue  dans  l'inter- 
valle (^To,  Xi)^  lorsque  x^    est  un  nombre  plus  grand   que.ro,   6t   '^i 

l'intégrale  /  f  [x)  dx  tend  vers  une  limite  quand  ^,  augmente  in- 
définiment, cette  limite  est,  par  définition,  la  valeur  du  symbole 


X 


f{x}dx. 


NOTIONS    DE   CALCUL   INTÉGRAL.  SoS 

De  même,  si  l'intégrale  /      /(•^)  dx  tend  vers  une  limite  quand  x^^ 
tend  vers  — oo,  cette  limite  sera,  par  définition,  la  valeur  du  symbole 

On  a,  par  exemple, 

Le  lecteur  reconnaîtra  sans  peine  la  signification   géométrique  de 

ces  égalités;  la  courbe  dont  l'équation  est  y  =■  —,  est  asymptote   à 

l'axe  des  J7,  des  deux  côtés  ;  la  première  intégrale  représente  l'aire 
comprise  entre  cette  asymptote,  la  courbe  et  la  droite  dont  l'équation 
est  57  :=  I  . 

Arrivons  maintenant  à  la  formule  II  du  n"  313.  Elle  conduit  à  l'éga- 
lité 

/■*'      dx  1,1  «^1  -+■  b  I 

ax  -\-  b        a    *|rt,ro-l-6|' 

le  second  membre  a  un  sens  pourvu  qu'aucun  des  nombres  Xo,  ^i  ne 

soit  égal  à ;  mais  le  premier  n'en  a  point  quand  ax  4-  b  s'annule 

pour  une  valeur  de  x  appartenant  à   l'intervalle  (J7„,   x^)^  puisque, 

alors,  r  devient  infini  dans  les  limites  d'intégration.  Dans   ce 

'  ax  H-  o  '^ 

cas  la  formule  (2)  est  ina/>plicable;  le  lecteur  reconnaît  de  suite,  sur 
cette  formule,  que  le  premier  membre  devient  infini,  en  valeur  ab- 
solue, quand  l'une  des  limites  d'intégration  s'approche  de >  ou 

quand  l'une  des  limites  devient  infinie.  Puisque,  dans  la  formule  (.».), 
ax  -\-  h  ne  doit  pas  s'annuler  dans  les  limites  d'intégration,  aXa-{-  b 
et  axs  -h  b  sont  de  mêmes  signes,  leur  rapport  est  positif,  et  l'on  peut 
tout  aussi  bien  écrire 


/ 


dx  I    ,     ax\ 

=  -  Ig 


a    "  a  a-u  -(-  6  ' 


5o6  CHAPITRE   XVIII. 

cette  forme  est  même  avantageuse,  parce  que  Je  second  membre  n'a 
pas  de  sens  quand  ax  -\-  b  s'annule  dans  l'intervalle  (  j^o?  ^i)- 
On  a,  par  exemple, 

r^  dx       /•"'  dx      .  ... 

/*^  '  dx       r  '  dx        r  °°  dx 
—  j    /     — ,     /      — n'ont  aucune  signification. 

Quand  on  applique  la  formule  III  au  calcul  d'une  intégrale  définie, 
arc  tang^  doit,  comme  il  a  été  dit  au  n  '  199,  être  compris  entre 
—  -  et  H — ;  je  me  borne  à  écrire  les  formules  ('  ) 

/**         dx        _       /*"  dx         _    TT 

J^  \   -^  X'^    ~  , 7    ^     I   -H  J^2    ~    .2  ' 

/•^'      dx 

J     ^        1  +  ^' 


dx 

=  71. 


Quand  on  applique  la  formule  IV  au  calcul  d'une  intégrale  définie, 
on  doit  supposer  que  les  deux  limites  sont  supérieures  à  i  ou  toutes  les 
deux  inférieures  à  —  i ,  ou  bien  qu'elles  sont  toutes  les  deux  comprises 
entre  —  i  et  4-  i ,  sans  quoi  la  fonction  — — — ^  deviendrait  infinie 
dans  les  limites  d'intégration;  on  peut  écrire  dans  les  trois  cas 


/ 


dx            i    ,     (i  -Ha7i)(i  —  .^0  ) 
=  —   Itj;  ^ " 

X'^  X     "   (l  Xi){\-^X^) 


Le  cas  où  l'une  des  limites  serait  —  i  ou  i  est  formellement  exclu. 
L'emploi  du  symbole  arg  th:c  suppose  |  .r  |  <;  i . 


./ 


(')  Quand   la    fonction /(^)  est  continue   dans  tout  intervalle  et  que  l'intégrale 

f  [x)  dx  tend  vers  une  limite,  soit  lorsque  j:,  tend   vers    -(- oo,   soit  quand  x^ 

tend  — 00,  cette  intégrale  tend  certainement  vers  une  limite  lorsque  x^  et  x^  tendent 
indépendamment  l'un  vers  +  oo,  l'autre  vers  —oc,  et  cette  limite  est,  par  définition, 

la  valeur  du  symbole  /         f{x)dx\  on  a  alors,  quel  que  soit  x' , 


f       /{x)dx=J      J\x)dx-^J        /( 


x)  dx. 


NOTIONS    DE   CALCUL    INTÉGRAL.  5o7 

Des  observations  analogues  concernent  les  formules  XII,  XIII, 
XIV,  quand  on  les  applique  au  calcul  d'intégrales  définies;  les  limites 
d'intégration  doivent  être  telles  que  sinx  pour  la  formule  XIII, 
cosj?  pour  les  formules  XII  et  XIV  ne  s'annulent  pas  dans  l'intervalle 
d'intégration.  Dans  un  intervalle  où  sinj;  ne  s'annule    pas,   tang  — 

garde  le  même  signe  ;  de  même  cos  x  et  tang  (  - 
valle  où  cos.r  ne  s'annule  pas. 


On  aura,  dans  ces  conditions, 


tang  — 


r""'    dx  ^  %  r    *    dx 


=  h 


[  TZ  Xx\ 


Xr,  J  COSa?  /lî  Xr.\ 

tang-»  ^'V,  tang(^-+-?j 

Par  exemple. 


X 


27C  71 

dx         .  "  3         Ig3 

tang-, 

r^    dx  ,     '""^T       ,  37: 

L      cos^         ^  3  71        "        ^    8  ' 

•"  tang  y 

(^uand  on  applique  la  formule  V  au  calcul  d'une  intégrale  définie, 
les  limites  doivent  appartenir  à  l'intervalle  ( —  i,  i).  Je  me  contente 
d'écrire  les  formules 


dx 


\h 


Lorsque  a  est  positif,  la  formule  VI  s'applique,  quelles  que  soient 
les  limites  d'intégration;  la  quantité  x-\-  \ja-\-  x-  est  toujours  posi- 
tive. Dans  le  cas  où  a  est  égal  à  i,  on  a 


aig  ihx. 

Cette  formule  et  la  formule  VI  montrent  que  les  relations 

dx 

y  = 


X  v/'--*-^'    ^  X 


5o8  CHAPITRE   XVIU. 

entraînent  les  suivantes 

X  =  sinjK,         a?  =  sh2. 

Lorsque  a  est  négatif,  il  faut,  pour  appliquer  la  formule  VI  au 
calcul  d'une  intégrale  définie,  supposer  les  limites  soit  égales  ou  su- 
périeures à  \J —  «,  soit  égales  ou  inférieures  à  —  y/ —  a.  On  peut  aussi 
introduire  les  fonctions  hyperboliques,  en  partant  de  ce  que 

arg  ç\\x  =  lg(a?  -\-  y/a;2—  i) 

et  — argch( — x)  sont  des  fonctions  primitives  de  -—=r  qui  con- 

\/x^  —  I 

viennent,  la  première  quand  x  est  supérieur  ou  égal  à  i,  la  seconde 

quand  x  est  inférieur  ou  égal  à  —  i . 

Relativement  aux  formules  VII  et  VIII,  j'observerai  que  les  inté- 


/     cos(ax  -hb)  dx,  1     sin 


(ax  -h  b)  dx, 


regardées  comme  des  fonctions  de  leur  limite  supérieure  x,  sont, 
lorsque  a  n'est  pas  nul,  des  fonctions  périodiques  de  x,  la  période 
étant — -;  ces   intégrales  sont  nulles  toutes  les  fois  que  la  difïerence 

Xo  —  X  est  un  multiple  entier  de  —  ;  ces  fonctions  changent  entière- 
ment de  caractère  quand  a  est  nul  :  elles  sont  alors  respectivement 
égales  à 

(X  —  xo)cos.b,         {X  —  Xo)s,'inb. 

Les  détails  dans  lesquels  je  suis  entré  montrent,  sur  des  cas 
simples,  les  précautions  à  prendre  pour  le  calcul  des  intégrales 
définies. 

Je  vais,  maintenant,  faire  quelques  observations  sur  les  intégrales 
définies  portant  sur  des  fonctions  imaginaires. 

315.  Tout  d'abord,  il  doit  être  entendu,  conformément  à  ce  que 
l'on  a  dit  pour  ce  qui  concerne  les  fonctions  primitives,  que  la  variable 
d'intégration  et  les  limites  de  l'intégrale  seront  toujours  supposées 
réelles.  Le  cas  contraire  est  formellement  exclu  de  ce  Livre.  Je  pré- 
viens en  outre  que  les  seules  fonctions  imaginaires  que  je  considé- 


NOTIONS    DE   CALCUL   INTÉGRAL.  5o9 

rerai  dans  la  suite  seront  des  polynômes,  des  fractions  rationnelles, 
des  fonctions  exponentielles,  des  sinus  et  des  cosinus.  Les  loga- 
rithmes, les  arc  sin.  ...  de  quantités  imaginaires  n'ont  pas  été  définis 
et  sont  formellement  exclus  du  présent  Livre. 

Soh/{x)  une  fonction  de  la  variable  réelle  x,  qui  puisse  se  mettre 
sous  la  forme  zi(x)  +  i'l{x),  en  désignant  par  z>(x)  et  •}(^)  des 
fonctions  réelles,  l'intégrale  définie 

où  Xo  G^  JC\  sont  des  nombres  réels,  sera,  par  définition,  égale  à 
/       o{x)  dx -\- i  1       ^{x)dx', 

on  suppose,  bien  entendu,  que  les  intégrales  définies  qui  figurent 
dans  cette  dernière  expression  ont  un  sens.  On  voit  que,  si  l'on  dé- 
signe par  ¥{x)  une  fonction  primitive  de/(.r)  au  sens  du  n°  223,  on 
pourra  encore  écrire 


f    'f{x)dx=¥{x,)-¥{x,). 


Les  formules  VII,  VIII,  IX,  X,  XI  subsistent  sans  modification, 
que  les  constantes  a  et  b  soient  réelles  ou  imaginaires. 

On  en  déduit  le  moyen  d'obtenir  la  fonction  primitive  de  toute 
fonction  de  x  obtenue  en  remplaçant,  dans  un  polynôme  quelconque 
en  a,  v^  ...,  les  variables  par  des  expressions  de  la  forme  e«^+*  ;  la 
substitution  étant  faite;  il  est  clair,  à  cause  de  l'identité  e-^ey  =  e^+^, 
que  l'expression  considérée  devient  une  somme  de  termes  de  la 
forme  Ye^-^'+r',  où  A,  a,  ^  peuvent,  d'ailleurs,  être  des  constantes 
réelles  ou  imaginaires;  chacun  de  ces  termes  s'intègre  par  la  for- 
mule IX.  En  se  rappelant  les  formules  d'Euler  qui  permettent  de 
passer  des  fonctions  sin,  cos  à  la  fonction  exponentielle,  on  voit  de 
suite  que  le  procédé  qu'on  vient  d'indiquer  réussit  pour  toute  fonc- 
tion de  X  obtenue  en  remplaçant,  dans  un  polynôme  quelconque 
en  M,  V,  ...,  les  variables  par  des  expressions  de  la  forme  6**^+*, 
sin(ax  -h  b),  cos{ax  -+-  b). 


5 10  CHAPITRE    XVUI. 

On  a,  par  exemple, 


/  e"-^  coshx  dx  =    /    (  — 


dx 


i\  a-\-bi  ~^  a  —  bi  )  ~  a^  -+-  b^  ^"'^' 

dx 


/-                                r  fe^a,bi)x_e{a-bi)x\ 
I  e"^sin  bxdx  =  I       : | 

^  j^  /e(a+bi}x  ^  (.ja-bi)x \  _  a  i'xnbx  —  bcosbx 

~  2t  \  a^bi  a  —  bi)     ^  «2_+_  ^2  ^      ' 

la  démonstration  même  prouve  que  ces  foi-mules  subsistent,  que  a,  b 
soient  réels  ou  imaginaires,  pourvu  que  a^  -\-  b'^  ne  soit  pas  nul. 
Pour  calculer  les  intégrales 


/  cos'"xdx,  I 


sin'"  X  dx. 


OÙ  m   désigne  un   nombre  naturel,  on  remplacera  cosa;,  sin^,   par 

^ ; —. ?  et   l'on  appliquera  la  formule  du  binôme,  de 

manière  à  avoir  tine  somme  de  termes  de  la  forme  e'*^,  où  a  est  un 
nombre  entier  positif  ou  négatif,  multipliés  par  des  coefficients  nu- 
mériques. Au  reste,  le  calcul  même  montre  sans  peine  que  cos^'";r, 
cos^"*~'.r,  sin-'"j?,  sin^'"~'  x  peuvent  être  mis  respectivement  sous  les 
formes 

cos*'«a7     =  Aocos2/na7 -h  Al  cos(2An  —  2)37-+-. ,  .-t- A,„_,  cosaa;^- A,„,    ■ 
co%ïm-\x  —  Bo  cos(2w  —  i)x  ^  BiC0s(2/«  —  3)37  H-. .  .-h. ,  .H-B,„  cosa?, 
sin*'" 57      =  Go  co^imx  -f-  Ci  cos(2/rt  —  •i)x  -\- . .  .-\-  G,„_i  cos^a:  -(-  G,„, 
sin2'«-ia7  =  Do  sin(2/n  —  \)x  ■+-  Di  sin(2m  —  3  jj-  -i-. .  .-h  D„j  sina-. 

Les  coefficients  A,  B,  C,  D  sont  des  constantes  numériques  aisées 
à  calculer  en  se  reportant  au  n''97;  je  me  contente  d'écrire  les  pre- 
mières de  ces  formules 


COS*a7 

= 

1  -1-  CO^'iX 

2 

cos*a7 

cos3a"  -+■  3  cus.r 

4 

COs4a7  -1-  4  COS2a7-4- 

3 

8 
cos4a7  —  4  cos2a-  -1- 

3 

3  sin  a;  —  sinSa- 
sin-^a^^  


NOTIONS    DE    CALCUL   INTKGRAL.  5ll 

On  a,  par  exemple, 


/ 


cos^x  dx  —  —  sin3,i-4-  -  sinar. 

1-2  4 


316.  Plus  généraleinenl,  un  calcul  du  même  genre  conduit  sans 
peine  à  la  fonction  primitive  d'un  produit  de  cosinus  ou  de  sinus 
portant  sur  des  expressions  de  la  forme  ax  -\-  b.  On  arrive  aisément 
au  même  résultat  sans  passer  par  la  considération  des  nombres  ima- 
ginaires; observons  d'abord  qu'on  peut,  à  cause  de  la  relation 

si  n(  a  37-1-6)  =  —  co%  iax  -{-  b  -\ j, 

se  borner  au  cas  où  le  produit  ne  contient  que  des  cosinus  ;  dès  lors 
les  formules 

vtcosacos  ^  =  ces  (a  H-  [ii)  -i-  cos(a  -i-  ^  ), 
4  ces  a  cos  p  ces  Y  =  -i  cosy  ces  (a  -i-  ji)  -i-  2  cosYCOs(a  —  ^) 
=       cos(a -f- ^ -H  Y) -H  cos(a -H  P  —  Y) 
-H  cos(y  -I-  a  —  ji)  -1-  cos(y  —  3£  -I-  P) 

montrent  qu'un  produit  de  la  forme  2"  cosacos^S.  . .  cosX,  où  figurent 
n  cosinus,  est  une  somme  de  cosinus  d'expressions  de  la  forme 
(adr^±...ztX);  si  toutes  les  expressions  a,  [3,  ...,  X  sont  de 
la  forme  ax  -|-  6,  il  en  sera  de  même  de  l'expression  a  ±  [S  ±:...rizX; 
on  ramène  ainsi  le  produit  à  une  somme  que  l'on  sait  intégrer  terme 
par  terme. 

On  a  par  exemple 

/   cos(a.r -H  6)  cos(a'.r -t- 6')  rf.r  =       -    /  cos[(a -h  a')  x -^  b -h  b']  dx 

H —    /  cos  [(a  —  a')x-\-b  —  b']dx. 

On  voit  que  le  second  membre  est  susceptible  de  formes  différentes 
suivant  les  cas;  si  «  -f-  a'  et  a  —  a'  sont  différents  de  o,  on  aura 


/ 


,,          ,    ,          ,,,    ,              siaUa-h  a  )x-h  b -h  b  ] 
cosiax -{- b)cos(a  X -i- b)  dx  =      ■ ; 

sin[(a  —  a)  x'-\-  b  —  b'\ 
2  (a  —  a'  ) 


5l2  CHAPITRE    XVIII. 

Si  a  est  éeal  à  ciL  ou  à  —  «',  on  aura,  suivant  les  cas, 


sin  (iaar -i- 6  +  6')        x 

^ ; 1 cos(  6  —  h'). 


I   co%{ax  -\-  b)  co?, {a X  -\-  b')dx  — 

//              tx         /                   »,      ,          sin  ('jtaa? -4- 6  —  b')        x 
co%(ax  +  b)  cos(—  ax  -\-  b  )  dx  =  ^ -\ cos(è  -t-  6  ). 

Ces  dernières  formules  supposent  a  difï'érent  de  o. 

Lorsque  a  et  a!  sont  des  nombres  entiers,  on  voit  que  l'intégrale 

ç,(i'i,{ax -^b)co%{a' X -\- b' )dx 

est  nulle  si  les  valeurs  absolues  de  a  et  de  a!  sont  différentes,  qu'elle 
est  égale  à  7rcos(è  —  6'),  ou  à  ■;icos(6  +  è'),  si  l'on  a  «=  «'^  o,  ou 
«= —  a'^  o;  elle  serait  égale  à  2Ttcos6  cosè',  si  l'on  avait  a  =  «'=  o. 
En  particulier,  si  a,  a'  sont  des  nombres  entiers  qui  ne  sont  pas 
nuls  tous  les  deux,  on  a,  dans  tous  les  cas. 


,j:-0  +  21t  ^J-„H-27I 


/  cosaa?  sina'a?  </a7  =  O,  /  sin  aar  cosa'iP  rfa?  =  o, 

puis,  si  les  deux  nombres  a  +  a!  et  a  —  «'  sont  l'un  et  l'autre  diffé- 
rents de  o, 

,X|,4-2  7t 


I  cosaa;cosa'a;(/a:^  =  O,  /  %\nax  %\na! x  dx  =  o\ 

or.  «-^rv 


enfin 


^  co%^axdx  —  -ri,  \  s'in-^ax  dx  =  t.     (i). 


317.  Changement  de  la  variable  d'intégration.  —  Si  F(^)  est  une 
fonction  primitive  de/(^)  et  si  cp(^)  est  une  fonction  quelconque 
de  t  admettant  pour  dérivée  'f'(^),  il  est  clair  que  F[tp(«)]  sera  une 
fonction  primitive  de/[cp(^)]  cp'(^);  en  d'autres  termes,  l'égalité 

(1)  Jf(x)dx  =  F{x) 


(')  L'exercice  378  est  une  application  très  importante  de  ces  divers  résultats. 


NOTIONS   DE   CALCIL    INTÉGKAL.  5l3 

entraîne  l'égalité 

Ce  résultat  se  retient  très  aisément  en  remarquant  que,  si  l'on  re- 
garde dx,  dt  comme  des  différentielles,  la  différentielle  de  la  fonc- 
tion '^{t)  est  précisément  ^' {t\  dt]  en  sorte  qu'on  peut  dire  que  l'éga- 
lité (2)  se  déduit  de  l'égalité  (i)  en  j  remplaçant  x  par  ^{t)  et  dx 
par  ^'(t)dt,  comme  s'il  s'agissait  de  différentielles.  C'est  ce  qu'on 
avait  annoncé  au  n"  305  :  bien  que  le  symbole  dx  qui  figure  sous  le 
signe  /  ne  soit  pas,  à  proprement  parler,  une  différentielle,  l'emploi 
de  ce  symbole  n'offre  que  des  avantages,  puisqu'il  se  trouve  soumis 
aux  mêmes  règles  de  calculque  les  différentielles  proprement  dites ('). 
Rien  n'empêche,  d'après  cela,  d'écrire  le  premier  membre  de  l'éga- 
lité (2)  sous  la  forme 

f/[^(t)]d^{t). 

En  particulier,  si  l'on  suppose  o  (t)  :::=i  at  -+-  b,  a  et  b  étant  des 
constantes,  on  voit  qu'on  a 


/ 


f{at-^  b)adt  =  ¥{at->r-b)\ 


ce  qui,  sauf  le  nom  de  la  variable,  revient  à  dire  que,  si  F(ip)  est  une 
fonction  primitive  àef{x).  -¥{ax  -\-  b)  est  une  fonction  primitive 
àe  f{ax  -{-  b);  en  fait,  cette  remarque  a  été  déjà  appliquée  pour  les 
formules  ?,  Il,  VIII,  IX,  X,  XI  :  la  formule  VIII,  par  exemple, 
résulte  de  la  remarque  qu'on  vient  de  faire  et  de  ce  que  sinar  est  une 
fonction  primitive  de  cosx. 

318.   Cette  même  remarque  va  nous  fournir  le  moyen  de  déduire 
des  formules  III,  IV,  V,  VI  les  fonctions  primitives  des  fonctions 


Xx'^-^  i\ix  -\-  C  ^x  _ 


(')  1^1;  lecteur  qui  puiii-àuivra  ses  oludes  inalliéiiialiques  reconnaiira  qu'il  n'en  est 
plus  (le  irième  quand   il  s'agit  d'intégrales  multiples. 

T.  -  II.  33 


aiij  CHAPITRE    XVUI. 

OU,  si  l'on  veut,  les  expressions  des  intégrales  indéfinies 
dx  r  dx 


\/Ax-'-+-  iBx-i-C 
L'identité 

(a7  -f-  —  j    -f-  - — '-— 

suggère  immmédiatement  l'idée  du  changement  de  variable 

X  -\~  —  =  l.        dx  =  dt 
A 

qui  change  les  deux  intégrales  précédentes  en 

/' cU /* (U 

Pour  ramener  ensuite  le  binôme  t--\-  — -t7 —  à  la  forme  z-±  i  qui 

figure  dans  les  formules  III,  IV,  V,  VI,  il  suffira  de  faire  le  change- 
ment de  variable 

y/ÂÇ-^n^ ,  ou  .^/B^^^ÂC 

'"A  A 

suivant  que  AC  —  B^  est  positif  ou  négatif,  suivant  que  le  trinôme 
proposé  k.x'^-\-  2  ^x  +  G  a  ses  racines  imaginaires  ou  réelles. 
Considérons  d'abord  la  première  intégrale 


.r.       T.                            v/AC— B«                ,         v/AG— B^j 
AC  —  B2  >  (>,         t  = ; z,  dt  = dz. 


On  a 

r     /AG  —  B2 


r dx^ \_      r         dt  _  i_ 

J    A:p2^^.Bx  +  G  ~  A     /       ,       AG  -  B^  '  '  A 

]  -  B^  J    ^- 


dz 


dz  I 


^'=-8',..+  ,) 


v/AG  -  Bi  J    ^'+  '         /AC  -  B^ 


NOTIONS   DK   CALCUL   INTÉGRAL.  5l5 

et,  finalement, 


/ 


dx  I  A  J7  -+-  B 


Aa-2^2Ba7-G       y/AG  — B2  "v/^VG  — B«' 

on  a,  en  particulier  ('), 

dx  sgn A 


/ 


^     Kx'-^i^x^Q,        v/AG  — B» 


A  j?  I    B 
en  effet,  quand  x  tend  vers  +00,  -  tend  vers  +00,  ou  vers  — ao, 

'^  Vag-B2 

suivant  que  A  est  positif  ou  négatif,  l'arc  tangente  tend  vers  ^^  ou  —  -> 
suivant  que  A  est  positif  ou  négatif.  On  a  les  mêmes  distinctions  à 
faire  quand  x  tend  vers  — c». 

Dans  le  cas  qu'on  vient  de  traiter,  la  fonction  sous  le  signe    /    est 
continue,  quel  que  soit  x. 

AG-B^<o,        t  =  ^^^.^         di^^^^ï^d.. 

On  a 

d.r  \         r  dt  _,  ,-     ,/- 


1    Ax^-^iBx-^C        A      /     ^,       B-^-AG        /fii-AG.'    '- 


'  U" 


2  v/B2  —  AG       I  I  ^  -  I       -2  /B2  -  AG 


/B2_  AG  — A.r  — B 


/Bî-  AG4- A^-^B 


v/B2— AG  "k-^-' 


en  désignant  par  o^',  x"  les  racines  du  trinôme  Ax'--\- t.Bx -i- C, 
raugées  dans  un  ordre  tel  que  l'on  ait  ^' — x"  =  ^ ;  la  for- 
mule n'est  applicable  que  si  les  deux  limites  d'intégration  sont  toutes 
deux  supérieures  à  x',  x",  ou  toutes  deux  inférieures  à  .r',  x",  ou 
toutes  deux  comprises  entre  x'  et  x".  On  peut  écrire  aussi,  dans  le 


(')  Je  rappelle  que  sgnA  =  -i-—  représente  -i-i  ou  —  i,  suivant  que  A  est  positif 
ou  négatif. 


5l6  CHAPITRE   XVIU. 

dernier  cas, 


r  dx 

J    A  3;2  -I-  2  B  ; 


^     Aa7  +  B 
tn 


'^  +  G       y/B2— AG  v/B'-— AG 

3»  AC  — B2=:o,  on  a 

r dx —  [ 

J    A  ir2  -+-  2  Bx-^  G  ~  A  .r  -f-  B  * 

La  formule  ne  s'applique  que  si  —  -r-  n'appartient  pas  à  l'inter- 
valle d'intégration. 

Arrivons  à  l'intégrale    /  

^         J   ^Ax-^^-2Bx-^C 

Supposons  d'abord  A  négatif;  on  doit  supposer  les  racines  du  tri- 
nome  Aa?2+  aB^-t-C  réelles  (B- — AC  >  o),  sans  quoi  le  radical 
serait  toujours  imaginaire;  on  aura  alors 

/dx  I  /"  dx 

en  faisant  le  changement  de  variables, 

B       /b-2—  a  g  ^         v/B'— AG  ^ 

a?  -h  —  =  T 5,  dx  — dz, 

A  —  A  —  A 

il  vient 

dx  -I       /•       dz 


r  dx  _     —  I       /•       dz       _     —  i 

J    /A^'2-t-7,B,r  +  G  ~  y/^^^J    y/î^^^  ~  \/~^^^' 

r  dx  — I  .       A.r-1-B 

/  —  = arc  SI  n  —  ; 

J    </Kx-^-^iBx-\-C        /—A  s/^'  —  AG 


la  formule  n'est  applicable  que  si  les  limites  d'intégration  appar- 
tiennent à  l'intervalle  formé  par  les  deux  racines  x' ,  od'  du  trinôme;, 
en  désignant  par  x'  la  plus  petite  et  par  x"  la  plus  grande,  on  a 


A^'+B  =  v^B^— AG,         kx"  ^B  =  — v/B2— AG, 
et 

/  •'                   dx                          —  1     r           •    /        X                 -1             ~ 
/       — ==^=1  =  —=z  [ arc  sin ( —  i  )  —  arc  sin  i]  = ■ 

J ..     v/A^-^+2Ba7  +  G        /-A  /^  A 


NOTIONS   DE   CALCUL   INTÉGUAI..  5l7 

Supposons  maintenant  A>  o.  Un  calcul  tout  pareil  et  la  formule  VI 
montrent  que  l'on  a 


/ 


dx 


v/Aa7î-h2Bj^-f-G        v/A 


~  Ig  I  Ar  +  B -(- v/ A  v/Aa-2-4- aBar -+- G  |. 


Je  laisse  au  lecteur  le  soin  de  montrer  que  la  quantité  placée  entre 
deux  barres  verticales,  dans  le  second  membre,  est  toujours  positive 
quand  les  racines  du  trinôme  A:r--h2B^  +  G  sont  imaginaires. 
Lorsque  ces  racines  sont  réelles  el  distinctes,  elle  est  positive  si  x  est 
supérieur  à  la  plus  grande  des  racines,  négative  si  x  est  inférieur  à  la 
plus  petite.  Ce  dernier  point  résulte  sans  peine  de  l'identité 

(A^-HB-+-v/Av/A:r2-^2Ba-  +  G)(Aar-HB— v/Âv/A:r2-f-2Bar— G)  =  B2  — AG. 

Les  limites  de  l'intégrale  définie  doivent  être  toutes  deux  plus 
grandes  que  la  plus  grande  des  racines  ou  toutes  deux  plus  petites 
que  la  plus  petite. 

Lorsque  B- —  AG  est  nul,  on  a 


/dx  _     I         /^       dx 

Considérons  l'intégrale  indéfinie 

dx 


v/Â        '^1" 


/: 


On  peut  l'écrire 


On  aura  donc,  si  a  est  positif. 


/dx        _       sgna-      1 
X  ^x-  -Ha  /«      1 


5l8  ,  CHAPITRE   XVIIl 

et,  si  a  est  négatif, 


f         (tx  fisnx       I 

/  ri=—  = —      I     = arcsin 


Si  l'on  applique  cette  formule  à  une  intégrale  définie,  les  deux  li- 
mites de  l'intégrale  doivent  être  de  mêmes  signes  et,  si  a  est  négatif, 
être  toutes  deux  au  moins  égales  à  y-  —  «,  ou  au  plus  égales  à  —  \/ —  a. 

319.   Les  formules  évidentes 

/u'  dx  r  du       .         . 

/—     dx  =   j  u'^"'udx= ! I  d{u-'"+')= ^^ i'n^i), 
W"                       J                                        —in-r^\J                                        '  ■"           -■•'"-I 

r-j!L-^dx=  T-^', 

J    \+  u-  J     i  -i-  «■■ 


(m  —  i)u' 

du 

arc  tan"  u. 


OÙ  u  est  une  fonction  de  x  dont  la  dérivée  est  u\  se  rallachent  si  l'on 
veut  à  la  théorie  précédente,  ou  au  théorème  des  fonctions  de  fonc- 
tion, dont  elles  sont  des  conséquences  immédiates.  Il  convient  de  se 
familiariser  avec  leur  application,  de  savoir  reconnaître,  par  exemple, 
si  le  numérateur  d'une  fraction  est,  à  un  facteur  constant  près,  la 
dérivée  du  dénominateur  ou  la  dérivée  d'une  fonction  dont  le  déno- 
minateur est  une  puissance. 
Ainsi 

r     e°-^       ,  I     r    de"^ 

I    dx  —  -    I    =  Isrfn- e«-^), 


f 


(A.  +  B)./.r  ',„|A,=  +,B^  +  C1. 


kx--i-  :i  lia--  4-  G 

Cette   dernière  formule,   dans  laquelle  le  premier  membre  peut 
s'écrire 

r         X  dx  w  C  '^^ 

J     A^^^-aB^  +  C  "^     ,/    Â.r2+2Br  +  C' 
montre,  puisque  l'on  a  l'expression  de    /   -r—^ — —^ -^^  qu'on  peut 


NOTIONS    DE    CALCUL    INTÉGRAL.  SlQ 

obtenir  l'expression  des  inléffrales  de  la  forme    /  -r —rr ?;»  et, 

r^  ^  J    A.r«-f- 2Ba7-f- G         ' 

par  suite,  celle  des  intéiirales  de  la  forme    /  - — ,'^~„ '~^,  oùaelb 

'^  ^  J     A  .r*  -I-  2  B  .r  -4-  G 

sont  des  constantes. 
De  même  la  formule 

/•^A^r+B^^^  =    r./v/A^^-^.Brr  +  G  =  ^  ^x'^^ -iBt  ^  C, 
.1    t/Aj^-i-t-7.  B.r-h  G       J 

et  les  résultats  précédemment  obtenus  permettent  d'évaluer  les  inté- 

erales  du  tvpe    /     . 
^  .  '   v'A./2-^9.B./;^G 

On  a 

r        dx  r     d\"x  ,.     ^ 

/    — i Ti 7,  "^   / IT — ^  =  arc  lang(lgar). 

320.  Les  applications  précédentes  du  changement  de  variable  ont 
été  faites  en  vue  de  la  recherche  de  l'intégrale  indéfinie;  celle-ci  une 
fois  obtenue,  il  n'y  a  qu'à  prendre,  pour  en  déduire  une  intégrale  dé- 
finie, les  précautions  relatives  à  la  continuité,  etc.,  sur  lesquelles  on 
a  insisté  au  n"  314;  il  importe  de  se  rendre  compte  de  la  façon  dont  il 
convient  d'opérer  en  général  quand  on  fait  un  changement  de  va- 
riable X  =  o(t)  dans  une  intégrale  définie    /     f{^)  dx. 

Je  suppose  essentiellement  que  la  fonction /(:r)  soit  continue  dans 
un  intervalle  (A,  B)  auquel  appartiennent  les  limites  Xq,  Xt,  que  la 
fonction  f(t)  soit  de  même  continue,  ainsi  que  sa  dérivée  ®'(^),  dans 
l'intervalle  (a,  [3),  et  que  les  valeurs  qu'elle  prend  quand  t  varie  dans 
l'intervalle  (a,  ^)  appartiennent  toujours  à  l'intervalle  (A,  B), 

Soit  F(x)  une  fonction  primitive  de/(.r);  elle  sera  aussi  continue 
dans  l'intervalle  (A,  B)  et  l'on  aura 


/' 


f{x)dx  =  F(a:-i)  — F(;ro). 


Quant  t  appartient  à  l'intervalle  (a,  ^),  la  dérivée  par  rapport  à  t 
de  F[ç(^)J  est  /[■f{ty\'s'(l),  et  l'on  aura,  quels  que  soient  les 
nombres  ^o  et  f,,  appartenant  à  l'intervalle  (a,  ^), 

f  '/|'f(Mj?'(0  =  F[9('.)l-«'l?(/o) 

•    'o 


5lO  CHAPITKE    XVIII. 

et,  par  suite, 

(i)  r  V[?(0]?'(0  =  F(a7i)-F(.ro)=   f    'f{cc)dx, 

pourvu  que  ^o  et  ^,  appartiennent  à  l'intervalle  (a,  fj)  et  satisfassent 
aux  équations 

cf(;^o)  =  ^o,      'f(«i)=-a7,. 

Lorsque  t  varie  de  ^o  à  ^i,  sans  sortir  de  l'intervalle  (/q,  t\)i  x  =  {p(<) 
qui  passe  de  la  valeur  x^  à  la  valeur  .xr,  peut  sans  inconvénient 
osciller  dans  cet  intervalle,  ou  même  sortir  de  l'intervalle  (a7o,  x^)^ 
pourvu  que  les  conditions  précédentes  soient  vérifiées.  Ce  point,  qui 
ressort  clairement  de  ce  qui  précède,  s'établit  sans  peine  par  des  con- 
sidérations géométriques  que  je  laisse  au  lecteur  le  soin  de  déve- 
lopper. 

Au  reste,  lorsque  l'équation  .r  =  cp(/)  permet  de  définir  une  fonc- 
tion <  =  '}(^),  inverse  de  cp(z)  (n"  199)  qui  varie  toujours  dans  le 
même  sens  quand  x  va  de  ^o  «  -f^i,  il  sera  naturel  de  clioisir  pour  t^ 
et  f ,  les  valeurs  que  prend  cette  fonction  ■} (.r)  pour  x  =  Xo,  x^  x,. 

La  formule  (i)  ne  s'appliquerait  plus  si,  lorsque  t  varie  de  t^  k  tf, 
les  valeurs  de  la  fonction  x  =  'f{t)  sortaient  de  l'intervalle  (A,  B)  où 
la  continuité  de/(x)  est  assurée. 

J'ai  supposé  dans  ce  qui  précède  la  formule  du  changement  de 
vai'iable  résolue  par  rapport  à  x.  Si  Ton  se  donne  inversement  la  for- 
mule t  =  ■ii{x)  et  si  l'on  sait  former  une  fonction  continue  g{l)  telle 
que  l'on  ait 

•t^  =A'-[<{'(^)1 

'ifl    {X  )  •      LTV        yj 

pour  les  valeurs  que  prend  la  fonction  '^(x)  quand  x  varie  de  Xn  à  Xt, 
on  aura 

(2)  f       f{x)dx=     f      gU)dt 

en  prenant  ^o  =  '}(^o)j  f-\  =  'M^')'  ainsi  qu'on  le  vérifie  immédiate- 
ment en  faisant,  dans  le  second  membre,  le  changement  de  variables 


NOTIONS    DE   CALCUL    INTÉGHAL.  .Vil 

Considérons,  par  exemple,  en  supposant  b-  —  c  négatif,  l'intégrale 

r'' dx 

J ,.       {3r--\-  -ibx  -I-  c)" 

OÙ  n  est  un  nombre  entier,  au  moins  égal  à  2;  l'intégrale  indéfinie, 
en  posant  x  -\-  b  =1  \Jc  —  6-'  tang/,  deviendra 

on  a  vu  au  n"  315  comment  se  calculait  cette  intégrale  indéfinie;  on 
n'aura  ensuite  qu'à  appliquer  la  formule  (i)  en  prenant  poi:r  Iq,  tt 
les  nombres  définis  sans  ambiguïté  par  les  formules 


/m  =  arc  tanff  — .           1,  =  arr.tan" — 

/c  —  b-^                                        y/c  —  6* 

On  aura. 

en  particulier. 

•C. 

/         ,  +  i 

dv                       1        /                                ■>. 

9. 

I 
~4. 

=  -  ("arc  lan-  /3  -^  arc  lang  -^j  =  ^  • 

321.  Intégration  par  parties.  —  La  recherche  de  la  fonction  primi- 
tive du  produit  uv'  d'une  fonction  connue  m  de  x  par  la  dérivée  d'une 
fonction  connue  v,  se  ramène  immédiatement  à  la  recherche  de  la 
fonction  primitive  du  produit  u'v,  puisque  la  dérivée  de  uv  est  égale 
à  u'i^-{-  uç'y  en  sorte  que  la  fonction  primitive  de  uv'  est  égale  à  uv 
moins  la  fonction  primitive  de  mV;  en  d'autres  termes,  on  a 

(i  )  /  dv' t/x  =  iiv —    I  va' dx. 

Cette  formule,  quand  on  a  afi'aire  à  une  intégrale  définie,  s'écrit  sou- 
vent 

(•2)  /       uç' dx  =  [uv]',}—  I       vu' dx, 


:V«*  CIIAI'ITIIK   XVIIl. 

eii  désignant  par  le  symbole  [«*']!>  la  différence  entre  les  valeurs  que 
prend  le  produit  ui^  pour  r  =  x,  et  pour  a:  =  Xo- 

La  formule  (i),  ou  (-i).  à  laquelle  on  donne  le  nom  de/o/mule  d'in- 
tégration par  parties,  est  avantageuse  toutes  les  fois  qu'on  sait  cal- 
culer   /  uvdx. 

Si,  en  particulier,  u  est  une  de  ces  fonctions  qui,  comme  lg;r, 
arc  tanga:,  . . .,  ont  une  dérivée  algébrique  simple,  la  formule  (i)  per- 
mettra souvent  de  ramener  le  problème  proposé  à  un  problème  plus 
aisé. 

Soit  par  exemple  à  calculer     /  x'^  \^x  dx{n  -i-  i  jzt  o). 

En  supposant  v  =  — ,  u  — .  Iga"  dans  la  formule  (i),  elle  deviendra 


n 


/  x't  ]«^x  dx  = /   X' 

on  a  en  particulier,  pour  n  —  o, 

/   Ig.r  dx  =  X  Igx  —  X. 

Soit  encore  à  calculer 

/  /r2  -H  a 


dx 


dx. 


On  a,  en  prenant  v  =  x,  u  ~  \/x--^a, 

/^ x^ -\- a  dx  ^=  X  \/ X- -{- a —    /  ■  dx  ; 

J    \/x'^  -t-  a 

d'autre  part,  on  a 

/,  dx  =    I    —  ■  dx  =     /   ^x^-  -t-  a  dx  —  a    I       

v/:r2-Hrt  J      \/x^-^a  .'  J    \/x^ 

on  en  conclut 

/Jx-  -i-  a  dx  —  ^  l  X  J X-  -^  a  -^  a    j  —     '  |  > 

/x'-dx  I    /       /— /'       dx       \ 


dx 


NOTIONS    DK   CALCUL    INTÉGRAL.  SlS 

l'intégrale  qui  figur.3  dans  les  seconds  membres  a  été  calculée  dans  le  n°  318. 
Plus  généralement,  on  a,  en  prenant 


i>  =  T  -\-  —■>  H  =  yX  X-  H-  >.  Ba:  -+-  C, 


on  a  d'ailleurs 

(Aa'  +  B)î=  A(A3:2-t-2Ba-^C)  +  B-^-  AC, 

et,  par  suite, 

r      /•     (  A.r  H- B)îr/r 
A    /    v/Aj-î-4-  2B.r-i-  C 

=     rv/A.--^.B.r^C^.r-^^^^    f--^^^^ .. 

d'où 


r/ 


A  :r2  -I-  2  B  .^  H-  c  d.r 


=  —  I  (  Aar-t- B)/A.rS-t-v»J}j-H-  C  +  (AC  — B»)    /  • 

•^A   L  J    VA^'-t-'^^^  +  ^J 

Ici  encore,  l'intégrale  qui  figure  dans  le  second  membre  est  connue. 
La  formule  (n°  213) 

\uv^"^—  M'f(«-»)+  M%''«-2'  — ...d=?<('''pl=  M (^("+"±  ;*(«+•' (^ 
dx 

conduit  à  une  formule  plus  générale  que  la  formule  (i),  à  savoir  : 

elle  s'appliquera  quand  la  fonction  dont  on  cherche  la  fonction  primitive  est 
le  produit  dune  fonction  connue  par  la  dérivée  (  n -t- 1  )''^"'*  d'une  fonction 
connue.  Une  belle  application  de  cette  formule  concerne  le  cas  oij  v  est  de  la 
forme  e«^,  a  étant  une  constante,  et  où  u  est  un  polynôme  de  degré  /î,  poly- 
nôme dont  la  dérivée  (n-f-i)'^'"*  est  identiquement  nulle,  en  sorte  que  l'inté- 
grale du  second  membre  disparaît  et  que  l'on  a 

//  Il        u         a"  ,    u"  \ 


I 


5a4  CHAPITRE   XVIII, 

formule  qui  se  vérifie  immédiatement  en  prenant  les  dérivées  des  deux  membres. 
En  se  reportant  au  n"  315,  on  reconnaît  de  suite  que  la  formule  précédente 
est  valable  quand  a  est  imaginaire,  en  particulier  quand  il  est  égal  à  ±  i\  on 
en  conclut,  en  supposant  toujours  que  v  soit  un  polynôme  de  degré  «, 

/  u.ç,o%xdx  =  {u  —  ii!'-^iC^ — ...)  sina7 -4- (w'— ?/"-+-.. .  )  cosa?, 

/   u^\\\x  dx  =  {u' —  lî" -^.  .  .  )  sina?  —  (  »  —  m"  4- if'^  —  .  .  .  )cosir. 

La  méthode  d'intégration  par  parties,  ou  plutôt  une  méthode  fondée 
sur  la  même  identité,  permet  souvent  d'obtenir  des  formules  de 
réduction  qui  sont  très  précieuses.  Les  formules  que  l'on  désigne 
ainsi  ramènent  d'ordinaire  le  calcul  d'une  expression  qui  dépend 
d'un  nombre  entier  n  à  celui  d'expressions  semblables  mais  relatives 
à  des  valeurs  moindres  de  cet  entier. 

Considérons  par  exemple  l'intégrale 


'-/ 


X"  dx 


OÙ  n  est  un  nombre  entier. 
La  dérivée  de  xP  \  \  —  x-  est 

/ .r/'-^-'  /j.r/'-i(i  —  a?')  xp^^ 

pxi'-W^  —  ^-' ,  = ,  , 

^  \  —  x'^  ^  l    -  x'^  ^  l X- 

_    pxP-^  (p  -+-  i)  xi'-^\ 

y/ 1  —  x^  \J  V  —  x^- 

on  en  conclut 

(3)  XV  y/ 1  -  X'-  =  p  iS.,,-1  —  (/?  -h  l)  À/,+1 . 

Si  n  est  un  nombre  entier  positif,  on  aura  donc,  en  remplaçant 
dans  cette  formule  p  successivement  par  n  —  i ,  n  —  >,  n  —  5,  les 
égalités 

n 

A  '^  -  '^   A 


X"- 

V.- 

—  x'^ 

n 

X"- 

-.r2 

NOTIONS   DE   CALCLL    INTÉGKAL.  b'iS 

La  dernière  de  ces  formules  sera,  suivant  que  n  est  pair  ou  impair, 


9, 


A|  = —  VI  —  ^'-. 

Puisque  A(,=  /         '        =  arc  sina?  est  connu,  ces  formules  permet- 
J   V<—x- 

tront,  dans  tous  les  cas,  de  calculer  de  proche  en  proche  les  quan- 
tités Ao,  An,  Ae,  ...,  A,,  si  n  est  pair,  les  quantités  A3,  A3,  ...,  A^ 
si  n  est  impair.  Le  lecteur  pourra  calculer,  dans  les  deux  cas,  l'expres- 
sion explicite  (')  de  A„.  Je  me  borne  aux  remarques  suivantes,  qui 
sont  immédiates. 

Si  n  est  pair,  A„  contient  un  terme  transcendant,  en  arc  sin^,  et  le 
produit  par  y/i  —  x'^  d'un  polynôme  en  ce,  de  degré  n  —  i,  dont  tous 
les  termes  sont  de  degré  impair. 

Si  n  est  impair,  A^  est  le  produit  par  y/i  —  x'^  d'un  polynôme  en  x 
de  degré  n  —  i ,  dont  tous  les  termes  sont  de  degré  pair. 

Dans  tous  les  cas  on  doit  ajouter  à  l'expression  de  A,^  la  constante 
arbitraire  qui  figure  dans  toute  intégrale  indéfinie. 

Je  laisse  au  lecteur  le  soin  de  traiter  le  cas  où  n  est  un  nombre  entier 
négatif;  il  verra  encore  que  le  calcul  de  A„  se  ramène  au  calcul  de 
quantités  connues. 

Revenons  au  cas  où  n  est  un  entier  positif  :  et  faisons  maintenant 

^'  '    xi>  dx 


r    xp  i 


La  formule 


-—    {xl>^l  —37»)    =     ^_ 


qui  a  été  notre  point  de  départ,  et  qui  montre  que  xP\/i  —  x*  est  une  fonction 
primitive  du  second  membre,  montre  que  l'intégrale  définie  de  ce  second 
membre,  prise  entre  les  limites  o  et  1,  est  nulle  quand  on  suppose  />  >  o, 
puisque  xp\/\  —  x*  est  nul  pour  a?  =  o  et  pour  x  =  i;  cette  remarque  fournit 


(')   loir  Ex.  100. 


5->6  CHAPITRE    xviri. 

la  relation 

d'où,  en  supposant  successivement  p  =  ■>.n  —  i,  ■>  n  —  3, 


•>.  /t  —  1 
j.  n  —  3 


A.,        =  -  Ao= 


on  déduit  de  là 


A 

on  aura  de  même 


>.n  —     I  ,  =   —   '. — ~. ~ 


A  ^'*         A 


A 


"i  .  2     /'       .r  rt.r  2  r        / 1 1        2 


et,  par  suite, 

•2 . 4  •  6 . .  .  2  /i  2  .^j.  6 ...  2  /i 


Aîn+i — 


3 . 5 . 7 . . .  (  7.  n  -t-  I  )        1 . 3 .  3 . .  .  (  2  /t  —  I  )  2  /i 


Ces  formules  conduisent  très  naturellement  à  des  inégalités  intéressantes 
on  voit  de  suite  que,  pour  x  compris  entre  o  et  i,  on  a 


v/ 1  —  x^        \J  I  —  X-        \J  \  —  x'^ 

d'oii  l'on  conclut,  en  se  reportant  à  la  signification  géométrique  de  l'intégrale 
définie, 

A2,i-i>  A2„>  Aî/i-n 

et,  en  utilisant  les  résultats  précédents, 

2.4  .(■)...(  2  rt  —  2  )        I  i.3.,')...(2/t—  I)  TT        ^2 . 4  6 ...  2  n  I 


1 .3.  >.  .  .(2rt  —  3)  2n  —  I  2. 4. G   ..i.n       2         i.3.5...(2n  —  i)  2/i  +  i 

LI.3. 3. .  .(2/t  —  ()J     >.n         2        L  1.3.5. .  .(2«  —  i)J    a/i  +  i' 


NOTIONS    DE   CALCUL   INTEGRAL. 


L'expression  approcliée  de  -  que  fournissent  ces  inégalités  est  due 
à  Wallis. 


322.   Intégration  des  fractions  rationnelles.   —  On  a  vu  (n"*  60, 

f(x) 
117)  qu'une  fonction  rationnelle     \    \  était  la  somme  d'un  polynôme 

A 
entier  en  x,  et  de  fractions  de  la  forme  - — — — -  >  en  désignant  par  a 

quelque  racine  de  'f{x),  par/?  un  nombre  naturel  inférieur  ou  égal 
au  degré  de  multiplicité  de  cette  racine  et  par  A  une  constante.  Le 
polynôme,  qui  n'existe  d'ailleurs  que  si  le  degré  du  numérateur  /{x) 

est  au  moins  égal  au  degré  du  dénominateur,  s'intègre  de  suite;  il 

A 

en  est  de  même  du  terme  -, r-  >  si  a  est  réel;  on  a  alors 

(x  —  a)P  ' 

{1  /    : =  A    /   (x  —  a)-i>  dx  = , 

,J    {x  —  ay  J    ^  '  (p~i){x—a)i>-^ 

quand/?  est  plus  grand  que  i,  et 
r  Kdx 

quand/?  :=  1 . 

Il  n'y  a  de  difficultés  que  quand  le  dénominateur  o(x)  admet  des 
racines  imaginaires. 

Il  convient  toutefois  dé  remarcpier  que,  même  si  a  est  imaginaire, 
la  formule  (i)  continue  d'être  valable,  pourvu  que/?  soit  plus  grand 
que  (i);  c'est  seulement  la  formule  (2)  qui  n'a  plus  de  sens. 

Supposons  d'abord  que  les  coefficients  de  /(.r)  et  de  'f  (.r)  soient 
réels;  aux  racines  réelles  de  'f(-r),  s'il  y  en  a,  correspondront  des  élé- 
ments simples  réels  qui  s'intègrent  de  suite;  quant  aux  racines  ima- 
ginaires, elles  vont  par  couples;  à  une  racine  imaginaire  a +  3/ 
(a,  j3  réels),  correspond  une  racine  conjuguée  a —  '^i,  du  même  ordre 
de  multiplicité;  à  un  élément  simple  tel  que 


(.r-a-  '^1)1' 
(A,  li  réels),  correspond  un  élément  simple  conjugué 

A  —  B  t 

(x~-OL-h^i)l'' 


528  CHAPITRE   XVIII 


Lorsque  p  est  plus  grand  que  i,  ces  éléments  simples  fournissent  de 
suite  une  partie  de  la  fonction  primitive  cherchée,  à  savoir 


—  A  — Bt  -  A-+-Bt 


la  somme  de  ces  deux  fractions  est  évidemment  réelle;  c'est  une  frac- 
tion dont  le  dénominateur  est  (/>  —  i)  [(a?  —  a)^+  ^^jp-»  ^^  Jont  le 
numérateur  est 

—  A    [(a^  — a—  ^i)''~'  +  (^  — 3'-+-  P0''~'] 
+  Bt[(a7  —  a  —  '^i)i>-^  —  (x  —  'x-^  PO''"']  ; 

il  suffit  d'effectuer  le  développement  des  puissances  (/>  —  j^emes  pour 
voir  comment  les  termes  en  /  disparaissent. 

Ce  procédé  ne  réussit  plus  quand/?  est  égal  à  i  ;  il  introduirait  des 
logarithmes  de  quantités  imaginaires;  mais  il  suffît  de  réunir,  avant 
l'intégration,  les  deux  éléments  conjugués 

A  -f-  B  f  A  —  B  t 


X  —  a  —  [â  t        X  —  a  H-  ^  i 
pour  mettre  leur  somme  sous  la  forme 

■iA(.r  —  aj  —  2B  j3 
{x  —  a)-^-h  P» 
on  a  d'ailleurs 

r2A(a7-a)  — aB^   ,  .      r   i(.r  -  %)  dx  ^    1 


A  Ig  [(^  —  a /'h-  p^j  —  2B  arc  tang — ^ — • 


Si,  par  exemple,  la  fonction  à  intégrer,  que  je  prends  toute  décomposée,  est 
I  I  I  -t-  -2  «:  1  —  -ii  i  I 


(x-\-iy'         (x—iY        37  —  I  —  f         X  —  I -1- t         X  —  l 
on  voit  que  la  fonction  primitive  s'obtiendra  en  ajoutant  à 


log    = -t-  Ig 

°     37  -H  I   I  I  -H  3-2 


X  ■ 


s. 


NOTIONS   DE   CALCUL    INTÉGRAL.  SîQ 

la  fonction  primitive  de 

•li  —  I  2 i -h  I      _  —  ^{x  —  I )  -f-  4 

T — l+t         T — I—  i  {x  —  l)*-HI 

■c'est-à-dire 

—  Ig(a7* —  ix  4-  2)  -(-  4  arc  tang(a7  —  i). 

■Considérons  encore  l'intégrale 

r  dx 

j    Aa"''-f-  2  Bar  -f-  C' 
■en  supposant  réelles  les  racines  x' ,  x"  du  trinôme  Aa:*-h  aBar-t-  G;  on  a 


k{x  —  x'  ){x  —  x")        A 
•et,  par  suite, 


(2^  —  a7)\ar  —  a;         x  — 


dx  I  ,    1 37  —  .r  ' 


.7    Aa-2+2Ba-  +  G        .2/82  — AC    ^  |  a:  —  a:-"  | 
en  supposant  les  racines  x\  x"  rangées  dans  un  ordre  tel  que  l'on  ait 


„       'Av/B^— AG 
X  —X  = -, 


Au  lieu  de  réunir,  avant  d'intégrer,  deux  éléments  simples  conjugués,  dont 
le  dénominateur  est  du  premier  degré,  on  peut,  en  remontant  à  la  définition 
<le  l'intégrale  d'une  fonction  à  coefficients  imaginaires,  calculer  directement 
l'intégrale 

r       dx 

J    X  —  a  —  bi  ' 


•où  «  et  6  sont  supposés  réels;  on  a,  en  effet,  par  définition, 

r  dx  _     r    (x~a)dx  .    r  b  dx 

J    X  —  a—bi~J    {x  —  ay-^b^         J    (x  —  a)^-\-b'^ 


=  Ig  \/x  —  a)*H-  ^*  -t-  i  arc  tang  — j- — 
£n  supposant  que  Xq  et  Xi  soient  des  nombres  réels,  on  aura 


J,;     x—a  —  bi~   "=  /(a:o  — a)*-t-62 


.  /                 Xx  —  a  Xq—  a  \ 

H-  i  [  arc  tang  — -. arc  tang  — - —   1  • 

T.  -  II.  ^ 


53o 


CHAPITKE    XVIII. 


Le  second  membre  s'interprète  géométriquement  d'une  façon  simple,  que  le 
lecteur  n'aura  pas  de  peine  à  établir. 


Fi  g.  96. 


JOo      0 


Figurons,  conformément  aux  conventions  habituelles,  les  points  Xq,  xi  (sui 
l'axe  des  quantités  réelles;,  et  le  point  a  -;-  bi. 
Dans  l'intégrale 

dx 


L 


X  —  a  —  bi 


la  partie  réelle  est  le  logarithme  du  rapport  des  distances  du  point  a -\-  bi 

aux  points  Xi  et  a^o  et  le  coefficient  de   i  est  l'angle  (compris  entre  —  tu  et  ti> 

sous  lequel   on    voit,    du    point  a  ■+-  bi,   le   vecteur   qui   va  du    point  x^,   au 

point  Xi\  cet  angle  est  positif  ou  négatif  suivant  qu'il  a  la  disposition  directe 

ou  la  disposition  inverse;  on  peut  dire  encore  qu'il  est  de  même  signe  que  le 

b 
^•apport —  • 


En  employant  la  méthode  précédente,  on  voit  que  l'on  peut  effectuer  toute 
intégrale  du  type 


/ 


où  Xq,  Xi  sont  des  nonibres  réels  et  qù/(x),  <f(x)  sont  des  polynômes  premiers 
entre  eux,  à  coefficients  réels  ou  imaginaires,  en  supposant  que,  dans  l'inter- 
valle (a7o,  a^i  ),  le  dénominateur  tp(a7)  ne  s'annule  pas.  L'intégrale  n'a  pas  de 
sens  quand  f{x}  s'annule  dans  cet  intervalle. 

La  méthode  générale  s'applique  sans  difficulté  à  une  intégrale  du  type 


/ 


/(  T  )  dx 


(Aa7-^+2li.r  ^C)« 


ou  f{x)  est  un  polynôme;  il  n'est  toutefois  pas  inutile  d'indiquer  une  autre 
méthode  pour  traiter  ces  intégrales,  en  particulier  dans  le  cas  où  les  coeffi- 
cients sont  réels,  et  où  les  racines  du  trinôme  sont  imaginaires.  D'abord,  en 


NOTIONS    DE   CALCUI,    INTKGKAI,.  JiSl 

B 

prenant  ^ -^-  t  P*^""*  variable,  on  ramènera  cette  intégrale  à  une  intégrale  du 
type 


r  ff{x)dx 


un   peut,   en   séparant   dans  g{x)  les   termes  de  degré  pair  et  les  termes  de 
degré  impair,  mettre  gix)  sous  la  forme 

g{x)  =  '^{x'^)  -^  x'i^{x^); 

tn  ordonnant  ensuite  «f(a:*)  et  <j/(^^)  suivant  les  puissances  de  a?* -f- a,  puis  en 

divisant  par  (a:* -(-a)«,  on  voit  qu'on  mettra  -^ sous  forme  d'une  oartie 

entière  et  de  termes  delà  forme 

\r  B 


Les  premiers  s'intègrent  immédiatement;  on  a  en  effet 

r      T  dr       _\      rd{x^~OL)_  —  f 

./    (>*-i- a)/'  ~  '2  ./    (a-*-f-a)/'   ^  -i.ip  —  \)(x'--^'x)i>-- 

si  p  est  plus  grand  que  i  et,  si/?  est  égal  à  i. 


/ 


X  dx  I  ,    ,    , 

r-  -H  a        •>. 


Quant  aux  autres  termes,  on  a  déjà  donné  une  méthode  pour  les  intégrer, 
qui  consiste  à  poser  a- =  y/a  tangf  ;  on  peut  aussi  obtenir  une  formule  de 
réduction.  Il  suffit  pour  cela  de  prendre  la  dérivée  de  .r(.r*-H  a)-/'^-',  qui  e-t 

rf    r       /      .  s  .1  '  i'>P  2)5** 

dx^  '  -•        (x'--^t)i"'^  (.rî-i-a)/' 

—  _        >P—'^       ^  ('ip  —  l)i , 
~        (a---t- a)/'- '         (a-^-ha;/'' 
on  déduit  de  là 

dx  ip  —  î     r  dx 


fdx        _  '^P  ~  '^     f  "^ 

(a?*-t-  a)/'  ""  ip  —  1  J    (.7-2  j-  a)/'-i  ^ 


(  2^  —  -i.)  {x-  -f-  a)/'-'  ' 


on  peut  au  moyen  de  cette  formule  exprimer  l'intégrale  cherchée  au  moyen 
de 


r     dx 

I    ./•-  -+■  a 


53a 


CHAPITRK   XVIII. 


32'î.  Un  très  grand  nombre  d'intégrales  peuvent,  par  un  change- 
ment de  variables,  se  ramener  à  celles  qu'on  vient  d'étudier,  qui 
portent  sur  une  fonction  rationnelle.  J'indique  d'abord  quelques 
exemples  où  le  changement  de  variable  s'aperçoit  immédiatement. 

Considérons  une  intégrale  du  tjpe 

oùf(x,y)  est  une  fraction  rationnelle  en  ^,  JK  et  où  y  est  mis,  pour 

abréger,  à  la  place  de  (  —j^ — r-,  )  ?  en  désignant  par/?,  q  des  nombres 
entiers  et  par  a,  b,  a',  b'  des  constantes,  telles  que  ab' —  a'  b  ne  soit 
pas  nul;  si  l'on  pose 

acc-hb         ^^                     h't'i—h              ,          (ab'—a'b)  ,    , 

^7,  a- = — ,  d.r=- ; qtl-'^dt, 


a' X -\- b'  a  —  a' l'i  (a—dt'i)"- 

on  ramènera  évidemment  la  quantité  sous  le  signe    /   à  être  ration- 
nelle. 

Plus  généralement,  considérons  les  intégrales  du  tjpe 


/    /(a?,    ?/.,    f,    (!',     .  .  .  )  ' 


Ix 


où/(^,  M,  v^  (f,  .  .  .)  est  une  fonction  rationnelle  en  x^  m,  v^  (p,  . .  . 
et  où  M,  (',  (v,  ...  sont  mis  pour  abréger  à  la  place  de 


ax  -i~  b  \'/        /  (i  r  -{-  b  \  '/' 


/  ax  -i-  b  y/        /  (i  r  -{-  b  \'/'        î  ax  ^  b  \'/" 
[a'x-hb'J    '      \a'.r-i-b')    '      [a'x^b'J     ' 

yo,  q,  //,  q\  p",  q\  .  .  .  étant  des  entiers;  il  suffira  de  faire  le  chan- 
gement de  variables 

ax  -\-  b   _ 

a'  X  +  //  ' 

en  désignant  par  r  un  entier  qui  soit  divisible  par  q,  q',  q",  .... 

3l2i.   Voici  maintenant  une  remarque  générale  : 

Considérons  l'intégrale    /  R(^,  y)  dx,  où  R(.r,  y)  est  une  fonction 


NOTIONS   I)K   CALCUL   INTÉGRAL.  533 

rationnelle  de  x,  y  et  où  r  est  une  fonction  algébrique  de  x^  c'est- 
à-dire  une  fonction  de^  telle  que  l'on  ait  identiquement  cp(.r,/)  =  o, 
en  désignant  par  «p(:zr, .)')  un  polynôme  en  x^  y. 

L'équation  c3(j7,y)=:o  définit  y  comme  une  fonction  implicite 
de  x\  pour  que  cette  fonction  soit  complètement  définie  dans  un 
intervalle  (A,  B),  il  faut  qu'on  sache  quelle  racine  de  l'équation 
(en^)  '^(j7,y)=  o  il  faut  associer  à  chaque  valeur  de  x  appartenant 
à  l'intervalle  (A,  B);  je  suppose  que  cette  fonction  j'  =  6(37)  soit 
continue  dans  cet  intervalle,  et  qu'il  en  soit  de  même  de  la  fonc- 
tion R[a:,  9(.r)].  Si  x^^  X\  appartiennent  à  l'intervalle  (A,  B)  le 
symbole 

\\\x,^{x)\dx 


f 


a  alors  un  sens  précis. 

Au  point  de  vue  géométrique,  la  définition  précise  de  la  fonc- 
tion ^{x)  revient  à  isoler,  sur  In  courbe  algébrique  définie  par 
l'équation  !p(j7,  y)  =  o,  un  trait  continu  qui  n'est  rencontré  qu'en  un 
point  par  les  parallèles  à  l'axe  des  y,  et  qui  va  d'un  point  dont  l'abscisse 
est  A  à  un  point  dont  l'abscisse  est  B.  Ce  trait  de  courbe  représente 
la  fonction jK^  ^{^)i  dans  l'intervalle  (A,  B). 

Supposons  qu'il  existe  des  fonctions  rationnelles  de  t^ 

x  =  g{t),         y  =  h{t), 

continues  dans  l'intervalle  (a,  |3)  et  telles  que,  lorsque  t  varie  dans  cet 
intervalle,  le  point  dont  les  coordonnées  sont  ,r,  )'  décrive  précisé- 
ment ce  trait  de  courbe;  pour  évaluer  l'intégrale  /  R(^,  y)  dx^  on 
fera  le  changement  de  variable 

x=:g{t),         dx^h'{t)flf\ 

la  fonction  y  =  0(;r),  par  ce  changement  de  variables,  se  changera 
en  h{t)  et  l'intégrale  proposée  deviendra 

f  \[g(t),h{t)]h\t)dt, 
^0  et  ^,  étant  des  valeurs  de  ^,  appartenant  à  l'intervalle  (a,  ^),  telles 


554  CHAPITRE    XVlll. 

que  l'on  ait 

^0=^(^0),         a:,  =  ^(/,). 

La  quantité  sous  le  signe  /  est  maintenant  rationnelle  en  t  et  le  pro- 
blème est  par  conséquent  ramené  à  celui  qu'on  vient  de  traiter. 

325.  Digression  sur  Les  courbes  unicursaies.  —  On  voit  d'après 
cela  l'importance  des  courbes  algébriques,  dites  unicursaies,  telles 
que  les  coordonnées  de  leurs  points  s'expriment  rationnellement  en 
fonction  d'un  paramètre  t. 

Dire  que  la  courbe  algébrique  dont  l'équation  est  o(x,y)  =  o  est 
unicursale,  c'est  dire  qu'il  existe  deux  fonctions  rationnelles  g{t), 
h{t)  telles  que  le  lieu  des  points  dont  les  coordonnées  œ,  y  annulent 
le  polynôme  cp(a7,  y)  est  le  même  que  le  lieu  des  points  dont  on 
obtient  les  coordonnées  x^  y  en  donnant  à  l  toutes  les  valeurs  pos- 
sibles dans  les  formules  x  =  g{t)^  y  =  h{t). 

En  d'autres  termes,  si  la  courbe  dont  l'équation  est  o{x^  y)  ^  o  est 
unicursale,  d'une  part,  à  chaque  valeur  de  t  correspond  un  point  de 
la  courbe  dont  les  coordonnées  x^  y  sont  fournies  par  les  formules 
précédentes,  en  sorte  qu'on  doit  avoir  identiquement  (en  ^), 

t^[g{t),h{t)]  =  o, 

et,  d'autre  part,  à  chaque  point  de  la  courbe,  à  chaque  système 
de  valeurs  :r,  y  qui  annulent  le  polynôme  o{x^y)  correspond  au 
moins  (')  une  valeur  de  t  telle  que  l'on  ait  x  =  g{t)^  y  =  li{t). 

Par  conséquent,  si  .r,  y  sont  les  coordonnées  d'un  point  de  la 
courbe,  les  deux  équations  précédentes  considérées  comme  des  équa- 
tions en  t  ont  au  moins  une  racine  commune.  Réciproquement,  il  est 
clair  que,  si  ces  deux  équations  ont  une  racine  commune,  le  point 
dont  les  coordonnées  sont  x  =  g{t),  y  =  h(t')  est  un  point  de  la 
courbe  :  l'équation  cp(^,  j/-)  =  o  est  la  condition  nécessaire  et  suffi- 
sante pour  que  les  deux  équations  (en  l)  x  =  g{t),  y^=li(t)  aient 
une  racine  commune. 


(')  On  démontre  que,  si  la  courbe  est  unicursale,  on  peut  choisir  les  fonc- 
tions g{t),  h{t)  de  manière  qu'à  chaque  point  de  la  courbe  (sauf  des  points 
exceptionnels,  en  nombre  fini)  ne  corresponde  qu'une  valeur  de  t. 


NOTIONS    OE   CALCUL   INTEGRAL.  J>5 

Les  courbes  du  second  degré  sont  unîcursales. 
Soit  en  effet 

(U  Aa7*-f-  >.BarK-+- G^*-+- aDa: -H  aE^-f- F  =  o 

l'équation  d'une  telle  courbe,  équation  dont  je  désignerai  le  premier 
membre  par  (f{x,y)\  soient  en  outre  x^^  y^  les  coordonnées  d'un 
point  fixe  pris  arbitrairement  sur  cette  courbe,  en  sorte  qu'on 
ait  (f)(xo, yo)  =  o;  on  commencera  par  faire  le  changement  de 
variables 

qui  revient  à  transporter  les  axes  parallèlement  à  eux-mêmes,  de 
façon  que  la  nouvelle  origine  coïncide  avec  le  point  dont  les  coor- 
données étaient  primitivement  x^,  y^]  à  cause  de  l'identité  (n"48) 

<f(xo-h\,yo-^  Y)  =  (p(a7o,  Jo)  -+-  X  o',.^ -f-  Y  ç;.^  4- AX^ -^  •îBXY  -i-  GY», 

on  voit  que  les  valeurs  de  x,  y  qui  vérifient  l'équation  o(x,y) 
s'obtiendront  en  ajoutant  à  x^,  y^  des  valeurs  de  X,  Y  qui  vérifient 
l'équation 

<î)  AX2-4-9.BXY-+-GY2+Xo;.^-)-  Y<p;.^=o. 

Si,  dans  cette  équation,  on  fait  Y  =  ^X,  et  qu'on  supprime  le  fac- 
teur X,  elle  devient 

(A-¥-iBt-h  G<2)X-+-(ï>;.^-h^cp^^=  G. 
On  voit  que  l'équation  (2)  est  vérifiée  quel  que  soit  t,  si  l'on  prend 

v_   -?.'.■„ -^?.;.,        Y-/X- jzl5kzi!îk 

et  que,  inversement,  à  chaque  système  de  valeurs  de  X,  Y  qui  vérifient 
l'équation  (2),  correspond  en  général  une  valeur  ^  de  ^  pour  laquelle 
les  seconds  membres  des  égalités  précédentes  prennent  respecti- 
vement les  valeurs  X,  Y.  Les  expressions  de  x,  y  que  l'on  tire  de  là 
sont  de  la  forme 

.r.  a-\-  ibt-^  ct^  _  a' -ir 'ih' t -^  c' l^ 

^  ^'~  A-f-'2Bf-+-G<î'         y~  A-+-2B^  +  G^' 


536  CHAPITRE   XVIU. 

Ce  sont  des  fractions  rationnelles  en  t  dont  les  termes  sont  du  second 
degré  et  dont  les  dénominateurs  sont  les  mêmes.  Je  laisse  de  côté  la 
démonstration  de  la  réciproque,  en  vertu  de  laquelle  une  courbe 
définie  par  des  équations  telles  que  (3)  est  une  courbe  du  second 
degré  (<). 

Au  lieu  de  faire  le  calcul  comme  on  vient  de  l'indiquer,  il  revient 
au  même  de  résoudre  les  deux  équations 

par  rapport  à  x^  y,  ce  qui  revient  à  prendre  l'intersection  de  la 
courbe  donnée  et  d'une  droite  variable  passant  par  le  point  fixe  x^j 
^0  de  cette  courbe;  l'équation  du  second  degré  en  x^ 

?[^,  J^o+«(^  — ^o)]  =  o, 

a  une  racine  connue  x^;  l'autre  racine  s'exprime  rationnellement 
en  ^,  elle  fournit  ainsi  l'expression  de  x  au  moyen  de  t\  l'expression 
de^  est  ensuite  fournie  par  la  formule  y  =^ y^-\-  t(x  —  ^o)- 

Enfin  on  peut  encore  opérer  de  la  façon  suivante,  que  le  lecteur, 
s'il  est  familier  avec  la  géométrie  analytique  et  l'emploi  des  coor- 
données homogènes,  raccordera  sans  peine  avec  la  méthode  qu'on 
vient  d'indiquer. 

On  résout  par  rapport  à  x,  y  le  système  d'équations 

t^(x,y)  =  o,        y  =  mx-{-t, 

en  choisissant  la  constante  m  de  manière  que  l'équation  en  x^ 
o{x^  mx -\- t)  =:o,  qui  est  en  général  du  second  degré  en  Xy 
s'abaisse  au  premier;  il  suffira  pour  cela  de  prendre  pour  m  l'une 
des  racines  de  l'équation  du  second  degré 

m^ -+- i  B  m -h  A  =  o. 
Ayant  ainsi  choisi  m,  on  obtient  sans  peine  x  et  y  exprimés  ration- 


(  '  )  Il  y  aurait  exception  si  le  déterminant 


était  nul  ;  les  équations  (3) 


abc 

a'    b'    c' 

ABC 

définiraient  alors  une  droite,  dont  une  ou  plusieurs  parties  seraient  décrites  deux  foi* 
quand  t  varie  de  — oo  à  +  qo. 


NOTIONS    DE    TALCLL    INTÉGHAL.  537 

nellement  en  t.  Cette  méthode,   si  l'on  ne  veut  introduire  que  des 
éléments  réels,  suppose  B- — AG^o. 

Voici  un  exemple. 

On  demande  d'exprimer  x  et  \/ax'^-{- ibx -\- c  rationnellement 
en  t.  Ce  problème  rentre  bien  dans  ceux  qu'on  vient  de  traiter  :  il 
revient,  en  effet,  à  exprimer  x  et  y  rationnellement  en  t  de  ma- 
nière à  vérifier  l'équation  du  second  degré  y^^  ax^-\-  ibx  -|-  c;  on 
choisira  pour  Xç^  un  nombre  quelconque  qui  rende  le  second  membre 
positif,  et  pourra  l'une  des  deux  valeurs  de  ûi  \/ a  x''^^ -[-  "i.  b  x  ^ -\-  c  ) 
supposons,  par  exemple,  c  >>  o  :  on  pourra  prendre  3?,,=  o,  yo=  y/c^ 
et  remplacer  y  par  ^c  +  Y;  on  aura  alors,  pour  l'équation  entre  Y 
et  J7, 

Y^-i-  2y/c  Y  =  ax^-\-  ibx\ 

en  posant  Y  =  tx^  et  résolvant  par  rapport  à  :r,  on  trouve 

•xib  —  t\fc)  — t-sfc -^  "i-bt  ~  asfc 

X  =  -^ ,  y  = —  . 

Si  a  est  positif",  on  peut  résoudre  les  deux  équations 
^2  ~  ax-  -h  1  b  X  -^-  c,         y  =  X  \J a  ~  t. 

On  trouve  ainsi 

_        c  —  t-  _  V-  \/a  —  •).  bt  -^  c  \J a 

^^  'i{t./^-b)'         "^"^         9.(t/^.  —  b) 

Dans  le  cas  où  la  courbe  çp(x,  j)  =  o  n'est  pas  du  second  degré, 
on  ne  peut  pas,  en  général,  exprimer  x,  y  rationnellement  en  t; 
cela  n'est  possible  que  pour  des  courbes  spéciales,  et  cette  possibilité 
est  liée  à  l'existence  de  points  multiples  sur  la  courbe. 

Supposons  que  le  polynôme  (^(x,y)  ne  contienne  pas  de  terme 
constant,  c'est-à-dire  que  la  courbe  dont  l'équation  est  '^(^x, y)  =  o 
passe  par  l'origine  :  imaginons  que  le  polynôme  soit  ordonné  comme 
il  a  été  expliqué  au  n"  44,  en  mettant  d'abord  les  termes  du  premier 
degré,  s'il  y  en  a,  puis  les  termes  du  deuxième  degré,  puis  ceux 
du  troisième  degré,  etc.  Si  les  termes  du  plus  bas  degré  dans  'f(x,  y) 
sont  du  ^'«"^  degré,  on  dira  que  l'origine  est,  pour  la  courbe,  un 
point  />"P*'',  ou  un  point  multiple  d'ordre  de  multiplicité  p.  L'origine 


538  CHAPITRK   XVIII. 

est  un  point  simple  de  la  courbe  s'il  j  a  des  termes  du  premier  degré. 

Soit  maintenant  Xç^,  jKo  un  point  quelconque  de  la  courbe;  rem- 
plaçons, dans  o{x,  y)^  x  el  y  par  j7o+  ^  etyo+  Y  et  ordonnons 
le  poljnome  (en  X,  Y)  ©(^To+X,  /n+Y),  comme  il  vient  d'être 
expliqué  :  si  les  termes  du  plus  bas  degré  sont  du  degré  /),  on  dira 
que  le  point  dont  les  coordonnées  sont  x^^  jKo  est  un  point  yt?"?'*'  de  la 
courbe  dont  l'équation  est  'f  (^,  y)  =  o. 

Pour  que  Xq,  y^  soient  les  coordonnées  d'un  point  multiple,  il  faut 
que  l'on  ait  (n°  48)  : 

?('^o,  JKo)  =  o,  cp',.^^  =  o,  o'y^^  =  o, 

Si  les  conditions  écrites  explicitement  sont  vérifiées,  le  point  considéré 
est  au  moins  double. 

Je  vais  montrer,  dans  le  cas  où  le  poljnome  (D(x,y)  est  du  troi- 
sième ou  du  quatrième  degré,  le  parti  qu'on  peut  tirer  de  la  connais- 
sance d'un  point  double  ;  je  suppose  de  suite  que  ce  point  double 
soit  l'origine  des  coordonnées;  s'il  n'en  était  pas  ainsi,  on  commen- 
cerait par  faire  la  transformation  expliquée  plus  haut.  Dans  le  cas  du 
troisième  degré,  si  l'origine  est  un  point  double  de  la  courbe,  l'équa- 
tion de  celle-ci  doit  être  de  la  forme 

ax^-^-  bxy  -\-  cy^^  aa^'-t-  '^x^y  -t-  -^xy"^-^  ^yi=  o; 

il  suffît  de  résoudre  cette  équation  et  l'équation  y  =  tx,  pour 
obtenir  x  et  y  exprimés  rationnellement  au  moyen  de  t  :  les  courbes 
du  troisième  degré  qui  admettent  un  point  double  sont  unicursales. 
On  voit  que  x,  y  s'expriment  par  des  fractions  de  même  dénomi- 
nateur dont  les  termes  sont,  au  plus,  du  troisième  degré. 

Dans  le  cas  d'une  courbe  du  quatrième  degré,  si  l'origine  est  un 
point  triple,  le  même  procédé  permet  d'obtenir  x,  y  en  fonction  de  t. 
Si  l'origine  est  un  point  double,  l'équation  peut  se  mettre  sous  la 

forme 

F (r,  y)  ^  G(x,  y)  -^  H{x,  y)  =  o, 


pectivement  du  second,  du  troisième  et  du  quatrième  degré;  en  rem- 
plaçant y  par  tx  dans  cette  équation,  on  obtient,  après  avoir  sup- 
primé le  facteur  x'^, 

F(i,t)  +  xGU,t)-hx^H{i,t)  =  o  '■ 


NOTIONS   DE   CALCUL   INTÉGRAL.  539 

On  en  lire 


^  —  G(i,0±v/G«(i,0-4F(i.0H(i,<) 


Le  poljnome  en  t  sous  le  radical  est  en  général  du  sixième  degré  ; 
s'il  arrivait  que  ce  polynôme  admît  deux  racines  doubles,  ou  une 
racine  quadruple,  en  sorte  qu'on  pût  le  mettre  sous  la  forme 

Kî(0(A/-^-^B/  +  G), 

X  se  mettrait  sous  la  forme 


_  —  0(1.  0±  K(r VA^^-i-B^-t-G 

or,  on  a  vu  plus  haut  qu'on  pouvait  exprimer  t  en  fonction  rationnelle 
d'une  autre  variable  t'  de  manière  que  ^A^-'H-B^H-G  s'exprimât 
aussi  rationnellement  en  fonction  de  ^';  dans  ce  cas,  x  et,  par  consé- 
quent, j^=  tx  s'expriment  rationnellement  en  fonction  de  i' . 

On  peut  encore  essayer,  pour  une  courbe  du  troisième  ou  du  qua- 
trième degré,  dont  l'équation  est  ^(a?,  j)')  =  o,  de  résoudre  les  deux 
équations  simultanées 

cp(a7,  _^)  =  o,         y  ^  nix -^  t\ 

en  choisissant  la  constante  m  de  manière  que  l'équation  en  x 

(f(x,  mx  -h  t  )  =  tt 

soit  du  premier  degré  quand  ç  est  du  troisième  degré,  du  second 
degré,  au  plus,  quand  cp  est  du  quatrième  degré.  Si  cela  est  possible, 
il  est  clair,  lorsque  l'équation  en  x  est  du  premier  degré,  qu'on  peut 
exprimer  rationnellement  x,  y  au  moyen  de  t;  dans  le  cas  où,  le  poly- 
nôme œ(ar,  j)  étant  du  quatrième  degré,  on  peut  ramener  l'équation 
en  X  à  être  du  second  degré,  x  s'exprime  rationnellemenl,  comme 
tout  à  l'heure,  au  moyen  de  t  et  d'un  radical  du  second  degré,  qui 
porte,  en  général,  sur  un  polynôme  du  sixième  degré;  ici,  encore,  s'il 
arrive  que  ce  polynôme  soit  le  produit  d'un  carré  parfait  par  un  tri- 
nome  du  second  degré  en  t,  la  courbe  est  unicursale. 

Une  étude  approfondie  du  sujet  conduit  à  des  méthodes  générales 


54o  CHAPITHE    XVIII. 

pour  reconnaître  si  une  courbe  du  /î'^'""  degré  est,  ou  non^  unicur- 
sale,  et  pour  exprimer  rationnellement,  au  moyen  d'un  paramètre  t^ 
lorsque  cela  est  possible,  les  coordonnées  d'un  point  quelconque  de 
la  courbe.  Les  recettes  que  j'ai  indiquées  plus  haut  réussissent  en  fait, 
lorsque  le  degré  de  la  courbe  ne  dépasse  pas  4-  Je  ne  m'arrêterai  pas 
à  le  démontrer. 


326.   Applications.  —  Les  intégrales  du  type 


OÙ  y  est  mis,  pour  abréger,  à  la  place  de  \lS.x-  +  2  B.27  +  G,  peuvent, 
par  le  procédé  qu'on  vient  d'expliquer,  être  ramenées  à  des  intégrales 
qui  portent  sur  des  fonctions  rationnelles. 
Il  en  est  de  même  des  intégrales  du  type 


/   R(cosa7,  sina:)  «afjT, 


OÙ  R  est  une  fonction  rationnelle  de  cos:c  et  de  sin^;  on  observera 
d'abord  que  ces  intégrales  se  ramèneraient  au  type  précédent  en 
posant 

cosa?  =  jt,         %\\\.x  =  ±  y/i  —  M^î,         dx  =  dz  -  ; 

/i  —  «■- 

on  ramène  la  quantité  sous  le  signe   /  à  être  rationnelle  en  posant 
x—f'  .  Il  ,  -y.  dt 


tang— =  ^,         cosa7  =  -■,  sina;=  — — ->  dx  =■ 


je  reviendrai  d'ailleurs  sur  les  intégrales  des  deux  types  précédents. 

La  courbe  (folium  de  Descartes),  définie  par  l'équation 

x^  -\-  y'^  —  a  xy  —  o , 

est  unicursale;   les  coordonnées   d'un  quelconque  de  ses  points  s'expriment 
par  les  formules 

at  at- 

y 


I  +  f »  •"         1  -4-  if» 


NOTIONS    DE   CALCUL    INTÉGRAL.  54  I 

€11  supposant  que  t  varie  de  o  à  -l-  oo,  le  point  x,  y  décrit  une  courbe  fermée, 
tangente  aux  deux  axes,  dont  je  me  propose  de  calculer  l'aire. 


La  courbe  admet  une  tangente  parallèle  à  l'axe  des  y;  on  trouverait  la 
valeur  t'  de  t  qui  correspond  au  point  de  contact  A,  en   cherchant  la  valeur 

dx 
positive  de  t  qui  annule  -5-    Le  point  A  sépare  la  boucle  OMANO  en  deux 

traits  de  courbe  OMA,  ANO. 

Le  premier  est  décrit  par  le  point  x,  y  quand  t  croît  de  o  à  f '  ;  à  ce  trait 
correspond  une  fonction  y  =  ^{x),  vérifiant  l'équation  de  la  courbe,  définie 
dans  l'intervalle  (o,  a)  en  posant 


a/-' 


auand  t  croît  de  o  à  /',  x  croît  de  o  à  a  et  y  de  o  à p"  I-'C  second  trait  de 

courbe  est  décrit  quand  t  croît  de  f'  à  -f-  00  ;  à   ce   second  trait  correspond 
une  fonction  y  =i^^{x)^  vérifiant  encore  l'équation  de  la  courbe;  quand  t 

croît  de  <'  à  -+-  00  ,  37  décroît  de  a  à  o,  _;k  varie  de 


à  o.  L'aire  cherchée  est 


d'ailleurs  égale  à 


f    (ii(x)dx  -   r    <){x)dx:, 


dans  chacune  des  intégrales  faisons  la  substitution 

f.  t 


Ix  ^=  a    '      "  ^„  d 


Oi(a:)  et  6(ar)  prendront  la  forme  ^;  mais  aux  valeurs  de  .r  qui  vont  de  o 

à  a,  correspondent,  pour  la  première  intégrale,  les  valeurs  de  t  qu"  vont  de 
-f-  00  à  ^',  et,  pour  la  seconde  intégrale,  celles  qui  vont  de  o  à  ?';  l'a're  cher- 
chée sera  donc 

r''  att-^ji  —  it^)  f'  "JJlllZ—£lf/t 


542 

On  a  d'ailleurs 


CHAPITBE   XVIII. 


f:-.f"-.f"-r-f: 


L'aire  cherchée  est  donc 


Si  l'on  pose 


u  —  i^  t'i,         du  =  3 1^  dt, 


on  voit  de  suite  que  u  varie  de  i  à  -+-  oo  quand  t  varie  de  o  à  t»  et  l'on  ar- 
rive, pour  l'aire  cherchée,  à  l'expression 


Le  calcul  s'achève  immédiatement;  l'aire  cherchée  est  égaie  à  — • 

La  courbe  du  quatrième  degré  (lemniscate  de  Bernoulli)  définie  par  l'équa- 
tion 

a   la    forme   figurée  ci-dessous;  cherchons  à  évaluer  l'aire  OAM  située  dans, 
l'angle  des  coordonnées  positives. 


Fig.  98. 


L'origine  est  un  point  double;  en  résolvant  par  rapport  à  ce,  y  l'équatiou 
de  la  courbe  et  l'équation^  =  mx,  on  trouve 


a  yi  —  m- 


y  =  - 


v/i  —  m* 


NOTIONS   DE    CALCUL    INTÉGRAL.  543 


X  et  y  s'expriment  rationnellement  au  moyen  de  m  et  de  y  \  —  m*;  comme  ces 
deux  quantités  s'expriment  rationnellement  au  moyen  d'un  paramètre,  en  po- 
sant, par  exemple, 

on  voit  que  37  et^;'  peuvent  s  exprimer  rationnellement  au  moyen  de  t  et  que 
la  courbe  considérée  est  unicursale;  mais,  pour  l'objet  que  l'on  a  en  vue,  il 
suffit  de  prendre  m  pour  variable;  on  reconnaît  tout  d'abord  que,  lorsque  m 
croît  de  o  à  i,  le  point  dont  les  coordonnées  sont 


_  am  \j  \  —  nv- 

décrit  l'arc  AMO;  ces  deux  formules,  ou  le   trait   de   courbe,  définissent  _^ 
comme  une  fonction  de  x  dans  l'intervalle  (o,  a). 

Le  problème  consiste  dans  l'évaluation  de  l'intégrale  /     y  dx.  Si  l'on  y  fait 

la  substitution 


t\J  \  —  /«*  ,    ^  /n(3 — ^/n*) 


(I  -H  m^  j*  \/ \  —  /«* 
aux  limites  o  et  a  de  a7  correspondront,  pour  m,  les  limites  i  eto,  et  l'on  aura 

'  nr^{  3  —  m») 


r  ydx  =  a-^f   ""^^-"^; 


dm. 


on  a  affaire  à   une  intégrale  portant  sur  une   fonction   rationnelle  que  l'on 
pourra  traiter  par  la  méthode  du  n"  317;  on  peut  aussi  posei- 

m  =  tangO,         dm  =  — -g; 
cos*6' 

lorsque  6  croît  de  o  à  —  j  m  croit  de  o  à  i,  on  a  donc 

■^^ ^dm=  sin2  0(3cos«0-sinî0)rf0 


=  '/" 


(cosaO  — cos4  0)c^e 


.544  CHAPITRE   XVIII. 

a" 
L'aire  cherchée  est  -^,  l'aire  totale  de  la  lemniscate  est  a*. 
» 

327.  Je  reviens,  après  ces  exemples,  aux  intégrales  du  type 
R(x,y)dx, 


/' 


oiî  R  est  une  fonction  rationnelle  de  a7  et  de  j^  et  où  y  est  mis  à  la 
place  de  y  Aa7-+  aB^r  H-  C;  je  vais  indiquer  un  autre  procédé  d'in- 
tégration. Rien  n'empêche  de  supposer  B  nul,  puisque  l'on  peut  tou- 
jours commencer  par  faire  la  substitution  x  -\-  j  ==  x' ;  c'est  ce  que 
je  ferai  dans  ce  qui  suit.  On  peut  supposer  aussi  que  la  fraction  ration- 
nelle R(^,  y)  ne  contient  j^  qu'au  premier  degré  puisque  l'on  peut 
remplacer  y2«  qi  y-^n+t  respectivement  par  (Ax'+G)",  {kx'^-'rC)"y; 
■on  peut  donc,  en  désignant  par  M,  N,  P,  Q  des  polynômes  en  ic,  sup- 
poser que  K(x,y)  a  été  mis  sous  la  forme 

_  MP_— NQ(A:f2-+-C)    ,  (NI*  — MQ)  A3^2-i-G 


H^)  /A.r2^-G 

OÙ  f(cc)  est  une  fraction  rationnelle  en  x,  où  g{x)^  h{x)  sont  des 
polynômes  en  x;  puisque  l'on  sait  trogver  la  fonction  primitive  d'une 
fraction  rationnelle  y(^),  le  calcul  de  /  Y{(x, y)dx  est  donc  ramené 
à  celui  de  l'intégrale 

V(^)  dx 

^(^)  v/A.r-2+C* 


fi 


Je  me  bornerai,  dans  la  suite,  au  cas  où  les  racines  de /(x)  sont 
réelles.  En  décomposant  la  fraction  y-j — t  en  éléments  simples,  on 
voit  de  suite  que  tout  est  ramené  à  effectuer  des  intégrales  qui  appar- 
tiennent respectivement  aux  types 


37"  d.T  r  d.i 


r   X»-  dx  r 

J  \/Xx-^-h~C  J  (x  —  a)i>  v/Aa-2-i-  G  ' 

■OÙ  /i  et/?  sont  des  entiers  positifs  ou  nuls. 


NOTIONS    Dt:   CALCUL   INTÉGRAL.  5jj 

Considérons  d'abord  les  premières;  quand  /i  =  uni  -{-  i  est  impair, 
il  est  avantageux  de  faire  la  substitution 

\x^-^  C  =  z^,         S.X  ilx  —  z  dz 
<pii  donne 

^2'"+' </./;         r  /z'i—C\'n  dz 


rx'-"'+i  d.r  _  r l± 

J   v/Ar2^G  ~J   \ 


On  dé\eloppera  ensuite  (  — ^ — -)      par  la  formule  du  binôme;    le 

calcul  s'achèvera  sans  peine. 

Quand  n=^im  est  pair,  on  obtiendra  une  formule  de  réduction, 
d'après  le  procédé  indiqué  au  n"  321,  en  partant  des  formules 

(  j-2"'-i  v/Aa-2-f-  G)  =  ' 


•).  m  A 


/x^"^  dx  ,    rx'^"'^'^dx  , 

v/A^2^G  J  v/A^^+G 


dant  la  dernière  permettra  de  ramener  de  proche  en  proche  le  calcul 

,      /'  x^'"^  dx     ,       1    •   1      r      dx 
de  /    ,  a  celui  de  /    , 

J    v/A3:2-4-C  J   y/Xx'--i-C 

Quant  aux  intégrales  du  tjpe 


 


{x  —  a)i>i/\x^-^-C 

n 

on   pourrait  les  obtenir  par  une  voie  analogue;  on  peut  aussi  faire 
la  substitution 

I             ,             dz 
X  =  a  -h  ->  dx  = —t 

<|ui  donne 

dx  /*  zi-dz 


j 


(x  —  a)!'  JAx-^-^C  I     ,   /"'    ,       ,,       iXa 

SA*-  »  dz 


/zf-  »  dz 
— —  — 

v/(Aa2-+-G)>5iH-2Aa- 


il  convient  de  remarquer  (|ue,  si  l'on  a  alî'aiie  primitivement  à  une 

intégrale  définie,  prise  entre  les  limites  Xo  et  J"|,  le  nombre  a  ne  doit 

T.  -  II.  35 


546  CHAPITRE   XVIII. 

pas  appartenir  à  l'intervalle  (^05  -^i  )  si  l'on  veut  que  cette  intégrale 
ait  un  sens;  par  suite,  entre  les  limites  correspondantes  de  la  nouvelle 
intégrale,  z  ne  changera  pas  de  signe;  sgnz  sera  toujours  égal  à  i  ou 
toujours  égal  à  — i;  l'intégrale  précédente  appartient  au  type  que 
l'on  vient  d'étudier. 

Si  a  était  nul  et  si  p  était  impair,  il  conviendrait  encore  de  faire  le 
changement  de  variable  Ax^-\-  C=y. 

328.   Considérons  maintenant  les  intégrales  du  type 
/  R(sina7,  cosa?)  dx, 

OÙ  R(sina7,  cos^r)  désigne  une  fraction  rationnelle  en  sin.r,  cos.r. 

Si  l'on  a  affaire  à  une  intégrale  définie,  les  limites  Xo,  ^1  doivent 
être  telles  que  la  fonction  R(sin.r,  cos^r)  soit  continue  dans  l'inter- 
valle {Xoi  Xi  ). 

On  a  vu  qu'une  intégrale  de  ce  type  se  ramenait  à  une  intégrale 
portant  sur  une  fonction  rationnelle  en  posant 

,           -idt            ■  .                >A                             I  — /2 
X  ^=  1  arc  tansf^,  ax  =  -»  sina?  =  -»  cosar  =  ; 

il  convient,  toutefois,  de  remarquer  que  t  variant  de  —  00  à  +00,. 
X  varie  de  —  u  à  -f-  tt;  la  méthode  s'applique  sans  difficulté  à  une  in- 
tégrale définie  dont  les  limites  appartiennent  à  l'intervalle  ( —  tt,  tc)  ; 

1  Xn  Xi 

on  aura  alors,  en  posant  to=^  tang— ,  i,  =  tang  — , 

r'^'u/  •         ^^     r''  x>(  "^t    \-t^-\  dt 

I       Rfsina?,  cosa')  dx  =   I      a  R     -.  • • 

Elle  ne  peut  s'appliquer  sans  modifications  lorsque  l'un  des  nombres 
a^o,  X\  est  en  dehors  de  l'intervalle  (  —  r,  it).  Il  faut  alors  ramener  les 
limites  de  l'intégrale  à  être  comprises  dans  cet  intervalle  :  on  y  par- 
viendra en  fractionnant  au  besoin  l'intervalle  d'intégratiom  Sup- 
posons d'abord  o  <iXi  —  Xq<^  air;  déterminons  un  nombre  entier  n 
tel  que  l'on  ait  (') 

—  TT  <  a-o—  «T^  <  O, 


(')  n  sera  la  valeur  approchée,  à  une  unité  prés,  par  excès  de  —  • 


NOTIONS    DE   CALCUL   INTÉGRAL.  547 

et  faisons  la  substilulion 

sin^  et  cosx  seront  remplacés  par  a  sin^  et  acosy  ('),  a  étant  égal 
à  ( —  i)"  ;  l'intégrale  devient 


/  R(a  sin^;',  a  cosj')  c?/. 


Si  a:^  —  mz  appartient,  comme  Xq  —  aitt,  à  l'intervalle  ( —  tt,  tî),  le 
problème  est  résolu  :  si  ^,  —  mz  est  plus  grand  que  tz,  on  écrira 


la  première  intégrale  rentre  dans  les  conditions  voulues;  pour  calcu- 
ler la  seconde,  on  fera  le  ciiangement  de  variable 

y  =  Tz-i-  z,         dy  —  dz^ 

sin^  et  cosy  sont  remplacés  par  —  sins,  —  cosz  et  la  seconde  inté- 
grale est  remplacée  par 

/J-,-(n  +  l)7r 
R( —  asin^,  —  acos^)  dz^ 

qui  rentre  aussi  dans  les  conditions  voulues,  puisque  x^  —  (n  +  \)-k. 
ne  peut  être  supérieur  à  tz. 

Si  l'on  avait  maintenant  x^  —  Xo>2  7r,  ce  qui  ne  peut  d'ailleurs 
arriver  que  si  la  fonction  R(sin^,  cosj?)  est  continue  dans  tout  inter- 
valle, on  partagerait  l'intervalle  (:ro,  Xk)  en  intervalles  tels  que 

(a7o,  a7o-t- 2  71),     (a-o-l- 2Tt,  aTo-H  47^))      •••5     (a"o+ 2mr,  a^j), 

donc  chacunaurait  une  étendue  égale  ou  inférieure  à  iiz  et  l'on  serait 


(')  Comme  le  nom  de  la  variable  d'intégration  n'importe  pas,  on  emploie  souvent 
la  même  lettre  x  pour  désigner  la  nouvelle  variable  :  on  dit  alors  que  l'on  rem- 
place X  par  mz  +  x;  les  limites  x„  et  x^  sont  remplacées  par  x^—  m:,  Xt—  mz;  la 

quantité  sous  le  signe   /  ne  change  pus,  si  n  est  pair. 


54S  CHAPITRE   XVIH. 

ramené  à  des  intégrales 


/  '  /  '         •••'  / 


que  1  on  sait  traiter. 

On  observera  qu'une  intégrale  de  la  forme 


R(sina?,  cosa?)  dx, 


où  la  fonction  sous  le  signe    /   est  supposée  continue  dans  tout  inter- 
valle, est  indépendante  de  Xq  :  en  effet,  on  peut  l'écrire 

en  remplaçant  dans  la  dernière  x  par  21:  + x,  on  la  ramène    à   la 
;  elle  détruit  la  première  et  l'on  a,  quel  que  soit^,,, 


^.r„  +  21ï  ^2 


si,  en  particulier,  on  prend  Xo  =  —  ir,  on  voit  que  l'intégrale  consi 
dérée  est  égale  à 


/         R(sina7,  cosa:)  rfa;  =    /         -iRI ^,- 


—  t^\      dt 


Les  calculs  que  l'on  vient  d'expliquer  sont,  dans  certaiiks  cas, 
susceptibles  de  simplifications.  Si  la  fonction  R(sinj7,  cosj;)  peut 
être  mise  sous  forme  de  fonction  rationnelle  de  sin2a7,  cos2.r,  ce 
qui  arrivei-a  en  particulier  si  R(sinx,  cosa;)  est  rationnel  en  sin-x, 
cos-x,  il  sera  avantageux  de  prendre  pour  nouvelle  variable  non  pas 

tang-  ,  mais  bien  tang.2;;  il  y  aura,  pour  ce  qui  concerne  les  limites, 

à  prendre  des  précautions  analogues  à  celles  sur  lesquelles  je  viens 
d'insister. 


NOTIONS    DE   CALCUL   INTÉGRAL.  549 

3;29.   Telles  sont,  par  exemple,  les  intégrales  du  type 


J  a  cos2 


d.v 


X  -^  b  sin^a? 


sur  lesquelles  je  vais  m'arrêter  un  instant. 
J'observe  d'abord  que  les  intégrales  du  type 


f dJL =f. 

J  a  cos^a; -H  6  sin-â: -I- c      J  ( 


d.v 


a-\-  c)  cos^ar  -^  (b  -\-  c)  sin-a™ 


rentrent  dans  le  type  précédent;  il  en  est  de  même  des  intégrales  du 
type 

dx  /"*  dx 


r        dx 

J  A  cosa:  -+-  B 


■j 


(A-hB)cos2  - -+-(B  —  A;sin'-- 


après  que  l'on  y  a  remplacé  x  par  ix;  plus  généralement  les  inté- 


grales 

dx 

A  cosa' -4- B  sina^' -+- G 

ventrent  encore  dans  le  même  type  :  si  l'on  détermine,  en  effet,  un 
angle  a  tel  que  l'on  ait 

A  =  /■  CCS  a,         B  =  /'  sin  x, 
elles  prennent  la  forme 

r dx 

J   r  cos(a7  —  a)  4-  g' 

et  il  suffit  de  remplacer  x  par  cl-\-  x  pour  les  ramener  à  un  type  que 
l'on  vient  d'examiner. 

Ceci  posé,  pour  ce  qui  est  des  intégrales 


f — . 

J   a  cos- 


dx 


X  -h  b  sin*a7' 


on  aura  à  distinguer  deux  cas,  suivant  que  a  et  ^  sont  de  mêmes 
signes  ou  de  signes  contraires.  Le  cas  où  l'une  de  ces  constantes 


550  CIIAPITRK   XVIII. 

serait  nulle  se  traite  immédiatement,  puisque  l'on  a 
dx  C  dx 


r   dx  r   dx 

/  5—  =  tanga?,  /     ■   ,      =  — 


cotanga:  = 


tanga? 


1°  Supposons  que  a  et  6  soient  de  signes  contraires.  Si  l'on  a 
affaire  à  une  intégrale  définie,  prise  entre  les  limites  x^  et  :r,,  il  faut, 
pour  que  cette  intégrale  ait  un  sens,  que  le  dénominateur 


a  cos^ar-H  h  sin'-'a? 


ne  s'annule  pas  dans  l'intervalle  (j^o?  X\)-,  en  d'autres  termes  que  l'on 
n'ait  pour  aucune  valeur  de  x  appartenant  à  cet  intervalle 


/ 


Supposons  qu'il  en  soit  ainsi;  on  pourra,  par  des  procédés  ana- 
logues à  ceux  qui  ont  été  décrits  plus  haut,  quitte  à  fractionner  l'in- 
tégrale, s'arranger  pour  que  les  limites  appartiennent  à  l'intervalle 


-j  -  j.  puis  faire  la  substitution 


a7  =  arctang/,         dx  =  -■,          sin^a?  = 

<2 

cos2a:  = 

I 

qui  ramène  l'intégrale  à  la  forme 

r     dt 

j  a^bt^' 

que  l'on  sait  traiter  :  aux  limites  Xq.,  a?,  correspondront  les  limites 
^0=  tang^o,  /»=:tang.r,. 

On  peut  d'ailleurs   se    dispenser  de    ramener   les  limites  à  être 

comprises  entre et  H Si,  en  effet,  on  pose  tanga  =  i /  —  r' 

la  substitution  précédente,  faite  sans  se  préoccuper  des  limites,  con- 
duit aux  égalités 

/dx  _   C      dt       _  I  I  tanga?  —  tanga  | 

a  cos^a-  -h  b  sin^a^  ^  J  a  -\-  bt^  ~    ib  tanga  *'  |  tanga:  -f-  tanga  | 

I  sin(a7  -  a) 


20  tanga   "  |  sin(a7 -4- a) 


NOTIONS   DE   CALCUL   INTÉGUAL.  55l 

l'égalité  des  membres  extrêmes  veut  dire  que  la  dérivée  du  dernier 

membre  est ; — ^-t—',  c'est  d'ailleurs  ce  que  le  lecteur  n'aura 

point  de  peine  à  vérifier;  pour  appliquer  celte  formule  à  la  détermi- 
nation d'une  intégrale  définie,  prise  entre  les  limites  Xo  et  Xf,  il  suffit 

que  la  fonction  Ig   -!— '^    soit  continue  dans  Tintervalle  (^o,  ^t  )^ 

^  °  I  sin(a:  -f-  a)  |  \    "»     «/' 

c'est-à-dire  que  -!— 7 ^  ne  s'annule  pas  et  ne  devienne  pas  infini, 

•ou  encore  que  x  ne  prenne  dans  cet  intervalle  aucune  valeur  de  la 
forme  dz  a -f-  mu,  m  étant  un  nombre  entier;  or,  pour  une  telle  va- 
leur, on  aurait 

langa:  =  tang(±a)  —± 


et  l'on  a  supposé   que  cela  ne  pouvait  avoir  lieu  dans  l'intervalle 
(xo,Xt)  afin  que  l'intégrale   proposée  eût  un  sens.   On  peut  donc 


/■^' dx _  I  r.     I  sin(.ri  — g)  |  1  sin(a7o—  a)  j  1 

a  cos^a?  -+-  b  sin*a?  ~  'ib  tanga  [  *"  |  sin(a7i-i-  a;  j         "  |  sin(  a"o-t-  a)  |  J 
_  I  sin(ari  —  a)  sin(a?o-f- «) , 


ai  tanga  °  sin(a7i-4- a)  sin(a?o — a)' 

■dans  la  dernière  expression,  la  quantité  sous  le  signe  Ig  est  positive, 
•car  les  deux  facteurs  sont  de  mêmes  signes. 
On  a,  par  exemple, 


/ 


dx  ,     ,/'"l"6--3r"H-6---3. 


TT  TTX       .       /  371 


.      Tt     .       7  71 

sin-sin  <-r- 

~~VJl  ^    .     Stt    .    7: 

^v^       sin  —  sin- 

1  1 


— -Igsinî^  =  -^  =  0,4... 


Considérons  maintenant  les  intégrales  du  tyj  e 


/ 


dx 

008^37  -f-  b  S\\\^X 


Sri  CHAPITRE    XVIII. 

OU  a  et  b  sont  de  mêmes  signes  ;  dans  ce  cas,  la  fonction  sous  le  signe  / 

est  toujours  continue  ;  on  peut  appliquer  ici  les  méthodes  générales, 
il  est  plus  aisé  de  se  rappeler   que  la    fonction    toujours   continue 

(n"  211)  Arc  tang  (  l/-  tang^  j,  dont  la  valeur  est  comprise  entre  les 

,.,,Tr           ,              ,                            j  '   •     '            /«^  sf^na 
mêmes  multiples  de  -  que  le  nombre  .x,  a  pour  dérivée ,    .  ,    > 

en  sorte  qu'on  peut  écrire 

r  d^  sgnrt  ,  ( ,    /~b  \ 

On  a,  par  exemple,  en  supposant  a,  h  positifs, 


, /      a  C0S-.7 


dx 


X 


b^\\\'^x        x\Jab 

dx  '2  - 

a  cos'^ X -+- b  s'in- X        \faî) 


La  méthode  qu'on  vient  d'expliquer  suffît  à  faire  comprendre  que^ 
au  lieu  des  fonctions  arc  tang  .r,  arc  sin^,  ...,  définies  sans  ambi- 
guïté au  n"  200,  il  peut  être  avantageux  d'introduire  des  fonctions 
Arc  tang.  Arc  sin,  appropriées  au  problème  spécial  qu'on  a  en  vue,  et 
différentes  de  celles  qu'on  vient  de  rappeler.  Supposons,  par 
exemple,  que  les  limites  de  l'intégrale  à  calculer  soient  x^^  x^  et  que 
l'on  soit  amené  à  y  faire  le  changement  de  variable  t  =  tanga?,  la 
tangente  variant  d'une  façon  continue  dans  l'intervalle  {x^,  x^  )  dont  je 

ne  suppose  pas  que  les  bornes  appartiennent  à  l'intervalle  ( ?  -); 

soient  d'ailleurs 

^o=tanga7o,         ^i  =  langa:^i; 

il  y  a  une  détermination  de  Arctang^,  telle  que,  t  variant  de  ùq  à  ti, 
cette  détermination  varie,  sans  oscillation,  de  Xq  'À  Xi]  il  sera  tout 
naturel  de  la  choisir. 

J'observerai  aussi  qu'il  est  parfois  couimode  d'effectuer  l'intégration 
sans  trop  se  préoccuper  des  limites,  de  parvenir,  comme  on  le  peut,  à 
une  fonction  qui  admette  comme  dérivée  le  coefficient  de  dx  sous  le 


NOTIONS    UK   (;AL(;tL    INTKUHAL. 


553 


signe  /  et  de  s'assurer  ensuite  que  les  conditions  de  continuité  sous 
lesquelles  on  peut  appliquer  la  formule  fondamentale 


/ 


/{.r)dx  =  F(xi)-F{xo), 


sont  vérifiées. 

Si,  par  exemple,  on  fait  dans  rinlégrale 

r         dx 

J    langj'  —  tanga 
la  substitution  tanga:  =  t,  on  la  ramène  à  la  forme 
dt 


I 


(I  ^ '*)(<  — langa) 

,     r      dt  ^     r  tdt       .  r    dt 

—  cos^  a  I cos^  a  1 —  sin  a  cos  a  1 

J    /  — tanga  J     i -i- t^  J     \ -^  t'- 


=  cos^a  lî 


tan  g  a?  —  lança 


X  sina  cosa. 


/i  -t-  lang-a    | 
On  en  conclut  que  la  fonction 

F(r)  =  cos-a  Ig  |  sinfa?  —  a)\  — x  sina  cosa 

admet  pour  dérivée 

tanga'  —  tanga 

D'un  autre  côté,  si  l'intégrale  doit  être   prise  entre  les  limites  a^o,  Xi,  il  n« 

doit  y  avoir  dans  l'intervalle  (xo,  Xi)  aucune  racine  de  l'équation 


tang: 


tanga  =  o 


sin(a7  —  a) 


dans  ces  conditions  la  fonction  F{x)  est  continue  dans  l'intervalle  {xq^x^)  et 
l'on  peut  écrire 


—  r 

cosa  J,. 


dx 


tanga:  —  tanga 


cosa  Ig 


sinCa*! 


sin(a:„— a) 


(a^i  —  a"o)  sina. 


On  peut  même,  dans  le  second  membre,  supprimer  les  deu\  barres  vcrti- 

1  •        •  .•  •  ..1-1,  •        sin(a"  —  a)         , 

cales,  car.  dans  les  conditions  que  1  on  a  dites,  lexpression  -: — garde 

^  '  sin(a-o —  a) 

son   signe  dans  tout  l'intervalle  (a^o,  a-]);   elle   est  positive  pour  a:  =  Xy,  elle 

l'est  encore  pour  x  =  a-|. 


554  CHAPITRE    XVIII. 

En  particulier, 


/: 


dx  lg2         7t  y/s 


à  un  tiemi-millième  près,  par  excès. 


—  =  0,6.7, 


330.   Enfin,  il  convient  de  dire  encore  un  mot  du  cas  où  la  fonc- 
tion R(cosa7,  sinic),  qui  figure  dans  l'intégrale 


/ 


R(cosa7,  sinip)  dx^ 


est  un  poljnome  en  cos.r  et  sin^;  on  a  déjà  donné,  au  n°  315,  une 
méthode  pour  traiter  ce  cas  ;  on  peut  aussi  remarquer  que  tout  se 
ramène  au  calcul  des  intégrales  du  type 


/   cos/'iFsin 


'I X  dx. 


OÙ  /^  q  sont  des  nombres  entiers  positifs  ou  nuls.  Il  est  aisé  de 
trouver  une  formule  de  réduction  pour  cette  intégrale,  que  je  dési- 
gnerai par  Ap^^.  On  a,  quels  que  soient  les  entiers  a,  (3, 

-j— (cos^a?  sinPa?)  =  —  a  <^o's^-'^x  sinP+i.r  -F  p  cos*+'a7  sinP-'ar 


=  —  a  cosi''-*a7  sinP-ia7(i  —  cos^a?)  -f-  p  cos*+ia7  sinP-'a? 
=       (a  -+-  P)  cos«+ia7  sinP-i^r  —  a  cos*-'a7  sinP-'a? 
=  —  (a+  P)cos«-'a7  sinP+'a?  -+-  j3  cos^-'a:  sinp-ia?, 


d'où  l'on  déduit 


(a -4-  P)  Aa+i,p-i  —  aAa-i,p-i  =  cosa.r  sinPa?, 
(a  -+-  p)Aa-i,p+i+  pAa_,,p_,  =  cosaa;  sinPa?, 


et,  par  suite. 


=  {q  — i)Ap^q-z — cos/'+»a7sin?-*a:. 

Ces  formules  ramènent,  de  proche  en  proche,  le  calcul  de  A^^  au 
calcul  d'une  intégrale  du  même  type    où  p,  q  sont  égaux  à  o    ou 


NOTIONS    DE    CALCUL   INTEGRAL.  555 

à  I .  Au  reste,  elles  pourraient  encore  servir,  en  les  résolvant  par 
rapport  à  A^_2,,,,  ^p,q-i  s'ip  et  q  étaient  négatifs.  En  restant  dans  le 
cas  où  /?,  q  sont  positifs,  on  observera  que,  si  l'on  désigne  par  A^^ 

rinlégrale  A^^^  prise  entre  les  limites  o  et  -5  on  a 


tant  que  p,  q  sont  plus  grands  que  i;  il  est  aisé  de  déduire  de   là 
l'expression  de  A^^. 

Lorsque  l'un  des  nombres  /;,  q  est  impair,  on  procède  aulrement 
pour  le  calcul  de  A^,^  :  si,  par  exemple,  p  est  impair,  on  écrira 

/    cosP X  sin^ X  dx  =   1  sin'!'a7(i — sin^a?)   2    ds'\nx=  j   ti{\  —  t^)   2    dt, 

en  posant  t  =  sinx  :  on  n'a  plus  qu'à  intégrer  une  fonction  entière. 
Signalons  encore  les  intégrales  du  tjpe 


i  R(e=^)dx, 


où  R(e^)  est  une  fonction  rationnelle  de  e*";  le  cas  où  R(e^)  est  un 
poljnome  en  e^  a  déjà  été  traité.  On  peut  poser,  en  général, 

dt 

e^=/,  a7  =  lg/,  dx  =  — , 

jK{e-)dx=f^dt- 
on  est  encore  ramené  à  une  différentielle  rationnelle. 

§  3.  -  ÉVALUATION  APPROCHÉE  D'UNE  INTÉGRALE  DÉFINIE. 

331.   J'ai  déjà  donné,  au  n°  304,  quelques  indications  sur  ce  sujet. 
Lorsqu'on  ne  sait  pas  trouver  l'expression  explicite  d'une  intégrale 
définie 

J  f{x)dx, 
c'est  aux  méthodes  d'approximation  qu'il  faut  avoir  recours;  il  con- 


556  CHAPITRE    XVIII. 

vient  d'observer  d'ailleurs  que  l'expression  explicite  elle-même  ne 
permet  pas,  d'ordinaire,  autre  chose  qu'un  calcul  approché,  et  qu'elle 
n'est  pas  toujours  plus  avantageuse,  même  à  ce  point  de  vue,  que  les 
méthodes  indiquées  au  n"  304  et  sur  lesquelles  je  dois  m'arrêter  un 
|)eu.  Quoi  qu'il  en  soit,  la  possibilité  d'évaluer,  avec  telle  approxi- 
mation qu'on  veut,  une  intégrale  définie  montre  nettement  que,  si 
l'on  regarde  l'une  des  limites,  la  limite  supérieure  par  exemple, 
comme  une  variable,  l'intégrale  définie  est  une  fonction  de  cette 
variable  (n"  194-).  La  classification  des  fonctions  ainsi  définies,  l'étude 
(le  leurs  propriétés,  constitue  un  Chapitre  très  important  de  l'A.na- 
Ijse.  La  première  chose  à  faire  est  d'apprendre  à  les  calculer;  pour  le 
reste,  je  me  borne  à  remarquer  que  les  théorèmes  sur  la  variation  des 
fonctions  s'appliquent  naturellement  à  l'étude  de  la  variation  de  la 

fonction    /    /(a?)  dx^  dont  la  dérivée  par  rapport  à  x  est  f{x)  :  c'est 

seulement  sur  le  calcul  numérique  que  j'insisterai. 

Je  supposerai  que  la  fonction  Ji^x)  est  continue  dans  l'intervalle 
(rtr,  6);  j'en  désignerai  une  fonction  primitive  par  F(a7)  en  sorte 
(ju'on  ait 

f{x)dx=¥{b)-¥{a)- 


I 


naturellement,  on  ne  supposera  pas  que  la  fonction  F(x)  soit  connue; 
F(^)  est  simplement  un  symbole  commode  pour  les  explications 
théoriques;  enfin  je  supposerai,  comme  au  n"  304,  que  l'intégrale 
mesure  une  aire,  décomposée  en  bandes  étroites  par  des  parallèles  à 
Taxe  des^;  l'aire  exacte  d'une  de  ces  bandes  a  une  expression  de  la 
forme 

f(x)dx  =  Fi^)-.Fioc); 


I 


où  je  supposerai  a  <  i^. 

On  remplace  cette  aire  par  une  expression  approchée  ;  si  l'on 
connaît  une  limite  de  la  valeur  absolue  de  l'erreur  que  l'on  commet, 
la  somme  de  ces  limites,  relatives  aux  diverses  bandes,  fournira  une 
limite  supérieure  de  l'erreur. 

La  différence  h  =  ^  —  a  des  abscisses  des  parallèles  à  l'axe  des  y 
qui  limitent  la  bande  est  petite;  je  la  regarderai  comme  du  premier 
ordre,  en  employant  un  langage  analogue  à  celui  de  la  théorie  des 


NOTIONS    DE    CALCUL    INTKGRAL.  5'ty 

infiniment  petits  (n"  245,  note  du  n"  19);  je  regarderai  h"  ou  le  pro- 
duit de  h"  par  un  nombre  que  l'on  suppose  être  ni  très  petit  ni  très 
grand,  comme  étant  du  /?'*'"«  ordre.  Ce  langage  coïnciderait  avec  celui 
du  n"  24o  si  l'on  regardait,  par  exemple,  a  comme  fixe,  ^  comme 
variable  et  [^  —  a  comme  l'infiniment  petit  principal. 

La  méthode  même  qui  a  conduit  tout  d'abord  à  la  définition  do 
l'intégrale  définie  consiste  à  prendre  h /{et.)  ou  hf{^)  comme  valeur 
approchée  de  l'aire  de  la  bande;  l'erreur  est  alors,  dans  le  premier  cas, 

F(a^/,)_F^a)-/,/(a); 

en  supposant  que  la  formule  de  Tajlor  s'applique  et  en  remplaçant 

F  (  a  -f-  /i  )  par 

F(a)  +  AF'(a)-H  ^  ^-(a) -4-. .  .=  F(a)  + /j/(a) -t- ^/'(a) +.  . ., 
l'expression  de  cette  erreur  devient 

^' /■(.)-..... 

On  voit  qu'elle  est  du  second  ordre,  en  supposant  que  /'(a)  ne 
soit  pas  très  grand,  en  valeur  absolue.  La  conclusion  serait  la  même 
si  l'on  avait  choisi  la  valeur  approchée  h/{p). 

Si  l'on  prend  pour  l'aire  de  la  bande  l'aire  -[fC^)  +/(^)]?  l'erreur 
sera 

F(  a  ^  A)  -  F(a)  -  ^  [/(«  +  /O  +/(«)] 
EUe  sera,  en  général,  du  troisième  ordre  ('). 


(')  En  prenant  la  valeur  h  fi — ; — -\  =  h  /  (x -\ )  que  l'on  a  encore  indiquée 

lu  n"  304  comme  valeur  approcliée,  on  trouve  que  l'eircur  est 


558  CHAPITRE  xvm. 

Supposons  qu'on  ail  divisé  l'inLervalle  («,  b)  en  n  parties  égales 
à  A,  et  qu'on  remplace  chacune  des  n  bandes  ainsi  obtenues  par  le 
trapèze  correspondant;  on  commettra  sur  chaque  bande  une  erreur 
comparable  à  h^  ;  on  peut  donc  s'attendre,  sur  le  tout,  à  une  erreur 
comparable  à 

nh3=  {b-a)/i^=  '^  ~,^^\ 
c'est-à-dire  à  une  erreur  du  second  ordre. 

On  peut  d'ailleurs  donner  une  meilleure  évaluation  de  l'erreur 

F(§)-F(a)-i^[/(a)+/(P)], 

commise   sur    chaque   bande    :    représentons     cette     erreur    par  A(3  —  a)^, 
A  étant  un  nombre  qu'il  s'agit  d'évaluer;  pour  cela,  considérons  la  fonction 


elle  est  aussi  du  troisième  ordre,  à  peu  près  moitié  moindre,  et  de  signe  contraire. 
On  est  conduit,  par  ce  calcul  même,  à  une  méthode  encore  préférable  :  il  montre  en 
effet  que,  dans  la  somme  des  développements  suivant  les  puissances  de  h  des  quantités 

F(a+/0-F(a)-  ^  [/(a) +/(  jî)], 


[f(«  +  A)-F(«)-A/(^)], 


les  termes  en  h,  ^',  h^  disparaissent  :  le  développement  de 

F(«  +  A)  _  F(a)-|[^/(a) -<-/(?)  + 4 /(^^)], 
=  F(a  +  /i)-F(a)-  ||^/(a)+/(a4- A)+4/(^a+^)l 

commence  donc,  par  un  terme  du  quatrième  degré  au  moins;  en  fait,  ce  développement 
commence  par  le  terme 

—  fiy(a) 


valeur 


L'expression  ^   /(a) +/(P) +  4/(^^ -]\    fournit    donc  une    très  bonne 

approchée  de  l'aire  F(p)  —  F(a)  de  la  bande  considérée;  celte  expression  est  exacte 
quand  /(x)  est  un  polynôme  du  troisième  degré,  au  plus,  comme  il  résulte  du 
calcul  même,  puisque,  alors,  les  dérivées  d'ordre  égal  ou  supérieur  à  4  sont  idenli- 


f 


NOTIONS    DE   CALCIL    l.NTKtiKAL.  55^ 

de  X 

cp(a7)  =  F(a-)-F(a)-^^[/(a)+/(ar)]-A(a;-a)3. 

Pour  37  =  p,  celte  fonction  est  nulle  d'après  la  définition  de  A;  pour  x  —  rt.y 
elle  est  nulle  identiquement,  ainsi  que  sa  dérivée 

il  en  résulte  que  sa  dérivée  seconde 


doit  s'annuler  pour  un  nombre  ^  intermédiaire  à  a,  j3,  c'est-à-dire  qu'on  a 


quemeiil  nulles.  D'où  l'interprétation  géométrique  suivante  : 

Par  les  ti'ois  points  de  la  courbe  proposée  dont  les  abscisses  sont  a, -y  p,  or» 

fait  passer  une  courbe  ayant  une  équation  de  la  forme 

^^  =  A  +  Ba;  +  Ca7'+  Da;^ 

et  l'on  substitue  à  la  bande  proposée  celle  que  limite  cette  dernière  courbe.  Quelle 
que  soil  la  courbe,  ayant  une  équation  de  cette  forme,  qui  passe  par  les  trois  points, 
le  résultat  est  le  même.  La  plus  simple  de  ces  courbes  est  évidemment  une  parabole 
ayant  son  axe  de  symétrie  parallèle  à  l'axe  des  y. 

La  méthode  d'approximation  fondée  sur  l'emploi  de  la  formule  précédente  est  due 
à  Simpson.  Il  est  bien  aisé  de  voir,  en  supposant  qu'on  ait  divisé  l'intervalle  (a,  6) 
en  2/1  parties  égales  et  qu'on  pose 

a7,=  a  +  A,        x^—a-^ih,         ...,        a7j„_,  =  a  +  (2/1  —  i)/t, 

qu'elle    conduit    à    prendre    pour    valeur    approchée    de     l'intégrale    /      f{x)dx 

^  a 
l'expression 

|[P  +  2Q  +  4R], 

où  l'on  suppo-^e 

P  =  f{a)-^f{b), 

Q  =/(  X,  )-<-/(  ar,  )+...  +  /(  a:,„_,  ), 

R  =/(  X,  )-+-/(  a:3  )+... -t- /(  a:,„_,  ). 


I. 


56o  CHAPITRE   XVIII. 

et  que  l'erreur  peut  être  mise  sous  la  forme 

D'une  part,  on  obtiendra  ainsi  aisément  une  limite  de  celle  erreur  si  l'on  a  une 

limite  des  valeurs  absolues  de /"(a?)  dans  l'intervalle  (a,  3);  d'autre  part,  la 

forme  même  qu'on  vient  de  trouver  conduit  naturellement  à  une  amélioration 

de  la  méthode  :  si,  en    effet,    on    suppose   qu'on  divise   l'intervalle  (a,  b)  en 

.      1       .    ,        b  —  a  ,       , 

/i  parties  égales  a  ti  =  et  qii  on  tasse 

Xi  =  a  -{-  h,         x.2=  a  -j-  7.h,         ...,         a?„_,  =  aH-(«  —  i}/i, 

que  l'on  désigne  par  ^j,  ^o,  ...,  ^„  chacun  des  nombres  analogues  à  ^,  relatifs 
aux  intervalles  partiels  (ai,Xi),  {xi,Xi),  ...,  (x,i-i,b)  et  par  S  la  sommi- 
des  trapèzes,  on  aura  (exactement) 

/(a^)dx  =  S--[f"ao+/"(U)-^---^f"(U)] 

-=  S  —  —  [(a^i  —  «)/"($,  )  -H  (:rî—  37,  )  /"(  $2  )  -T-.  . .  -^  (  6  —  Xn-x  )  J"  (\n  )]. 

La  première  expression  de  l'intégrale  montre  que,  si  l'on  désigne  par  M  un 
nombre  égal  ou  supérieur  aux  valeurs  absolues  de/"  (a7j  dans  l'intervalle  (a,  b), 
l'erreur  commise  en  prenant  S  pour  la  valeur  de  l'intégrale  est  moindre  que 

«M  A3        (6_a)M/t2 


Dans  la  seconde  expression,  on  voit  que  la  quantité  entre  crochets,  si  n  est 
assez  grand,  est  voisine  de  l'intégrale 


X 


f\x)dx^J\b)-f\a). 


On  pourra  donc  prendre  pour  valeur  approchée  de  l'inlégrale 

s-(^[/'(6)-/'(«)]. 


Cette  expression,  appliquée  à  la  bande  dont  Faire  exacte  est  F(P)  — F(a), 
fournirait,  comme  valeur  approchée  de  cette  bande,  l'expression 


NOTIONS    DE   CALCUL   INTÉGRAL.  56l 

Un  calcul  analogue  à  celui  qu'on  vient  de  faire  pour  calculer  l'erreur,  con- 
duirait à  la  relation  (*) 

en  désignant  par  $'  un  nombre  compris  entre  a  et  p.  Dans  cette  nouvelle 
formule,  le  dernier  terme  est  identiquement  nul  quand /(ar)  est  un  polynôme 
de  degré  inférieur  à  4;  dans  ce  cas  la  formule 

donne  la  valeur  exacte  de  l'intégrale.  La  même  relation  permet  de  reconnaître 
aisément  que  l'erreur  commise  en  adoptant  cette  dernière  valeur  pour  l'inté- 
grale est  moindre  en  valeur  absolue  que 

(-^  {b  —  a)M'A» 


en  désignant  par  M'  un  nombre  égal  ou  supérieur  à  la  plus  grande  des  valeurs 
absolues  de/'^(a7)  dans  l'intervalle  (a,  b)  (*). 

Appliquons  ceci  à  la  recherche  de  la  valeur  de  l'intégrale 


r'     dx 


dont  on  sait  que  la  valeur  exacte  est  —  =  0,785398  1 . . .. 

En  divisant  l'intervalle  (0,1)  en  cinq  parties  égales,  on  a  à  calculer  les  va- 
leurs des  six  ordonnées  correspondant  aux  abscisses  o,  -,   -■)  -■)  %i  r  :  on  doil 

^  5       3       3       5 

ajouter    la    demi-somme    des    ordonnées    extrêmes   et   les   quatre    ordonnées 
intermédiaires;  le  calcul  est  indiqué  ci-dessous;  il  a  été  fait   avec   six  déci- 


(' )   Le  même  genre  de  raisonnement  conduit,  pour  la   méthode  de  Simpson,,  à  la 
relation  suivante  : 


F(?)-F(a) 


^[/<->-/<^)-4/(^)]-<-£^/"<r 


(')  Il  est  clair  qu'on  pourrait  continuer  ainsi.  Le  résultat  général  est  contenu  dans 
une  formule  due  à  Euler,  dite  formule  sonirnatoire  d'Euler-Maclaurin. 

T.  -  IL  36 


562  CIIAPITRK    XVIIl. 

maies  : 

0,75 

0,961539 

0,862069 

0,735294 

0,609736 


3, 918658 

le  résultat  multiplié  par  o,v.  donne  pour  la  somme  des  trapèzes 

S  =0.7837316. 

Il  est  manifeste  que,  si  l'on  veut  se  borner  à  la  méthode  des  trapèzes,  pro- 
prement dite,  on  a  fait  les  calculs  avec  un  trop  grand  nombre  de  décimales; 
il  n'en  est  plus  de  même  si  l'on  tient  compte  du  terme  correctif,  dont  la  valeur 
est  ici 

- —  =  0,001666. . .; 
600 

en  ajoutant  0,0016667  à  la  valeur  trouvée  pour  S,  on  trouve  pour  l'intervalle 
la  valeur 

0,7853983 

dont  la'difTérence  avec  la  valeur  exacte  est  moindre   que  2.10-''.  Je  laisse  au 
lecteur  le   soin  de   comparer  l'approximation  à  laquelle  on  arrive  à  la  valeur 
limite  indiquée  plus  haut  ('). 
Considérons  encore  l'intégrale 


X 


e-^"  dx. 
0 


Il   sera  tout  d'abord  nécessaire   de  se  rendre  compte   de  l'erreur  que  l'on 
commet  en  substituant  à  cette  intégrale  une  intégrale  de  la  forme 


dx^ 


(')  L'emploi  du  terme  complémentaire  est  commode  si  l'on  se  donne  la  fonction 
f  {x)  par  son  expression  analytique.  Il  n'en  serait  plus  de  même  si  la  courbe  dont 
on  a  représenté  l'équation  ^^v  y  —  f  {x)  était  simplement  tracée,  la  fonction  f  {x) 
étant  seulement  connue  (  approximativement)  par  sa  représentation  graphique.  C'est 
ce  qui  arrive  souvent  dans  les  applications  pratiques.  Le  tracé,  d'après  la  courbe, 
de  la  tangente,  qui  peut  fournir  la  valeur  de /' (a?)  est  quelque  peu  arbitraire. 
L'emploi  de  la  méthode  de  Simpson,  indiquée  plus  haut  en  Note,  est  préférable. 


NOTIONS   DE   CALCLL   INTÉGRAI..  563 

OÙ  A  est  un  nombre  positif  suffisannncni  grand.  On  a,  en  supposant  B>  A, 

'  X  dx. 


J-    e--H.<^J^     e-.- 


L'intégrale  qui  figure  dans  le  second  membre  est  égale  à 


La  relation 

-A' 

TA' 


I 


e-^   dx  < 


où  il  est  manifeste  que   le   second  membre   peut  être  supposé  aussi  petit  que 
l'on  veut,  pourvu  que  A  soit  assez  grand,  permet  d'établir  rigoureusement  que 

l'intégrale    /     e~''  dx^  qui  augmente  en   même   temps  que  sa  limite  supé- 

rieure,    tend   vers   une   limite  quand  x  tend   vers  -h  oo  et  que  l'erreur  que 

l'on  commet  en  substituant  à    /      e—»' <ate  l'intégrale    /     g-*' <far  est  moindre 

que  — —  ;    si  l'on  prend  par  exemple  A  =  3;  on  aura 

-^    =  o , OOO  O I o .  .  .  . 

o 

Pour  calculer  l'inlégrale    /     e~-^^  dx,  je  supposerai   qu'on    partage   l'inter- 

valle  (o,3)  en  six  parties  égales;  on  a  à  calculer  les  valeurs  de  g-*'  pour  a;  =  o, 

-j   1,   -,  2,   -)  3;  les  calculs  ont  été  faits  avec  des  tables  à  cinq  décimales; 

dans  l'addition  qui  est  faite  ci-dessous,  le  premier  nombre  représente  la  demi- 
somme  des  ordonnées  extrêmes,  les  suivants  sont  les  ordonnées  intermédiaires 

o,5oooi 
0,77880 
0,86788 
o,io54o 
0,0 18  3?, 
t»,ooi  y 3 
o ,  000  I  '2 

1,77246 


564  CHAPITRE   XVI ir. 

On  a  dune,  en  multipliant  par  ->  pour  la  somme  des  aires  des  trapèzes, 

S  =  0,88623. 

g— 9 
Le  terme  complémentaire  est  ici  —r- ;  il  n'aiïecte  que  la  dernière  décimale  et 
8 

il  n'y  a  guère  lieu  d'en  tenir  compte,  vu  l'incertitude  manifeste  de  ce  dernier 

chiffre;    en  fait,  les  quatre  premières  décimales  se  trouvent  exactes  (•). 


332.  Lorsque  la  fonction /(a;)  qui  figure  dans  l'intégrale 
S=  f  f{x)dx 
est  développable  en  une  série 

intégrable  terme  à  terme  (n"  310),  et  telle  que  la  série  des  intégrales  soit 
rapidement  convergente,  on  a  là  un  moyen  naturel  d'avoir  une  valeur  appro- 
chée de  S.  Il  est  tout  indiqué  quand  la  fonction  f{x)  n'est  connue  que  par 
son  développement  en  série  (/).  Il  s'applique  en  particulier  quand  la  fonc- 
tion y(a7)  est  développable  en  série  entière  ou  en  série  de  Taylor. 

Je  considérerai,  à  titre  d'exemple,  le  cas  où  la  fonction /( \- h\   est 

développable  par  la  formule  de  Taylor 


/ 


(^'-*)  =  /(^)-"/f-^)-^y'(^j 


En  faisant  dans  l'intégrale  proposée  le  changement  de  variable  x  —  — ; h  A, 

clic  devient 

h  — a 

et  l'on  trouve  de  suite,  en  désignant  par/o,  /„,  /ô^,  ...  les  valeurs  de  la  fonc- 

(')  On  démontre  que  la  valeur  exacte  de  l'intégrale  est 
^  =o,8862j.... 


NOTIONS    DK   CALCUL    1NTÉ(;RAL.  ">65 

a  -^  b 


lion  f{x)  et  de  ses  dérivées  d'ordre  pair  pour  x 


J.2*  1.2  -i.l*  \.l.\. 


{b-  CT)2"+'         /^-^ 


(an -+-1)2*"    1.2...  2/1 

Celte  formule  s'appliquera  utilement,  en  particulier,  dans  le  cas  oii  l'inter- 
valle (a,  h)  est  petit,  en  sorte  que  les  termes  décroissent  rapidement.  On  a 
déjà  signalé  le  procédé  d'approximation  qui  consiste  à  ne  garder  que  le  pre- 
mier terme 

ib  —  a)J{ 


§  4.  -  APPLICATIONS  GÉOMÉTRIQUES. 

333.  Je  vais  donner  un  certain  nombre  d'applications  de  la 
méthode  générale  expliquée  au  n"  304,  pour  parvenir,  quand  on 
ne  sait  pas  le  faire  directement,  à  l'évaluation  d'une  quantité  Q.  On 
décompose  cette  quantité  en  petites  parties  qu'on  puisse  évaluer 
approximativement  :  si,  en  particulier,  tous  les  éléments  sont  positifs 
et  si  l'erreur  relative  commise  sur  chacun  d'eux  est  moindre  que  p, 
l'erreur  relative  commise  sur  la  somme  est  aussi  moindre  que  ^.  Si  l'on 
peut  faire  correspondre  la  décomposition  de  Q  à  une  décomposition 
d'un  intervalle  (a,  b)  en  intervalles  partiels  (a,  Xf),  (a:,,  572),  ..., 
{x„,b),a^a;i,X2,  .  .  .,a:«,  6  étant  des  nombres  rangés  par  ordre  de  gran- 
deur, si  l'on  sait  mettre  l'expression  approchée  de  chaque  partie  de  Q 
sous  une  forme  telle  que  (^/>+t  —  Xp)  f(lp),  où  ^p  désigne  un  nombre 
appartenant  à  l'intervalle  (Xp,  Xp^^)  et  /(x)  une  fonction  continue 
dans  l'intervalle  (a,  6),  la  somme 

(a',-a)/($,)-+-(^2-^i)/(b)-f-...^-(6-  Xn-O/an) 

fournira  une  expression  approchée  de  la  mesure  de  Q;  cette  somme 
diffère  aussi  peu  qu'on  le  veut,  pourvu  que  les  intervalles  partiels 
soient  suffisamment  petits,  de  l'intégrale 


/ 


0 

/{x)dx, 


(|ui  sera  la  mesure  cherchée. 


566  CHAPITRÉ    XVIII. 

Il  arrive  souvent  que  la  mesure  de  Q  manque,  tout  d'abord,  de 
définition  précise;  c'est  l'intégrale  même,  à  laquelle  on  parvient  ea 
se  guidant  sur  la  nature  de  la  question,  qui  fournit  cette  définition. 
Dans  le  cas  où  l'on  possède  a  priori  celle  définition,  on  peut,  au  lieu 
d'employer  le  procédé  qu'on  vient  de  décrire,  se  servir  du  mode  de 
raisonnement  que  l'on  a  appliqué  au  n"  222  pour  les  aires  et  au 
n"  298  pour  les  arcs  :  on  regarde  Q  comme  un  état  d'une  grandeur 
variable  dépendant  d'une  variable  indépendante  x  et  l'on  cherche 
la  dérivée  de  cette  fonction.  Le  lecteur  n'aura  pas  de  peine  à  recon- 
naître que  ce  mode  de  raisonnement  s'appliquerait  à  plusieurs  des  cas 
qu'on  va  examiner. 

Au  reste,  dans  ces  applications,  je  ne  m'attarderai  pas  à  établir 
rigoureusement  la  légitimité  des  résultats  en  étudiant,  par  exemple, 
les  petites  erreurs  commises  dans  l'évaluation  des  parties  et  en 
montrant  qu'elles  n'ont  pas  d'influence.  La  répétition  serait  par  trop 
fastidieuse. 

Je  commencerai  par  une  observation  concernant  les  arcs, 

334.  Arcs.  —  La  règle  que  l'on  a  donnée  au  n°  298  pour  calculer 
l'arc  de  la  courbe  définie  par  les  équations 

compris  entre  les  deux  points  qui  répondent  aux  valeurs  /o?  t'  du 
paramètre,  consiste,  lorsque  les  arcs  croissent  avec  ^,  à  former  la 
différence  F(<')  —  F(^o)  en  désignant  par  F(^)  une  fonction  primi- 
tive de  \jf''{l-)-\-g''^{t)]  elle  revient  à  dire  que  l'arc  s'exprime  par 
l'intégrale  définie 


s: 


VfHty^Tnndi- 


Supposons  les  nombres  t^,  ^,,  ...,  /«_!,  t'  rangés  par  ordre  de 
grandeurs  croissantes,  et  les  intervalles  (^05^1)5  (^15^2)5  •••  très 
petits;  la  somme 


OÙ  0,,  80,  .  .  . ,  6,2  sont  des  nombres  qui  appartiennent  respectivement 
aux  intervalles  parliels,  diffère  très  peu  de  l'intégrale  définie,  si  ces- 


NOTIONS   DE   CALCUL    INTÉGRAL.  507 

intervalles  sont  très  petits.  Ainsi  qu'on  l'a  déjà  fait  observer  au  n"  298, 
les  quantités  qui  multiplient  les  différences  tf  —  to,  . . . ,  t' —  tn-i  dif- 
fèrent très  peu  des  rapports  que  l'on  obtient  en  divisant  respective- 
ment par  ces  différences  les  longueurs  des  cordes  qui  joignent  au 
suivant  chacun  des  points  Mq,  M(,  . .  .  ,  M'  de  la  courbe  qui  corres- 
pondent aux  valeurs  tg,  tt,  .  .  .  ,  t'  du  paramètre.  En  remplaçant  cha- 
cun des  éléments  de  la  somme  précédente,  qui  sont  tous  de  mêmes 
signes,  par  la  corde  correspondante,  l'erreur  relative  commise  sur 
chaque  élément  est  très  faible;  il  en  résulte  que  l'erreur  relative  com- 
mise sur  la  somme  est  aussi  très  faible;  d'où  la  conclusion  suivante^ 
annoncée  au  n°  298. 

La  longueur  d'un  arc  de  courbe  Mo  M'  diffère  aussi  peu  qu'on 
le  veut  de  la  longueur  de  la  ligne  brisée  MqM,,  ...,  M'  pourvu 
que  les  points  consécutifs  Mo,  M,,  . . .,  M'  correspondent  à  des  valeurs 
du  paramètre  croissantes  et  suffisamment  rapprochées. 

La  démonstration  suppose  l'existence  et  la  continuité  des  dérivées. 


335.  Aires  en  coordonnées  polaires, 
rapportée  à  des  coordonnées  polaires. 


—  Considérons  une  courbe 


Fig-  99- 


Supposons  qu'on  veuille  avoir  l'aire  comprise  entre  les  deux  rayons 
vecteurs  OA,  OB,  et  l'arc  de  courbe  AB,  dont  l'équation  estp=:/(w); 
et  dont  on  obtient  tous  les  points  en  faisant  varier  w  depuis  la  valeur  a, 
qui  correspond  à  la  direction  OA,  jusqu'à  la  valeur^,  qui  correspond 
à  la  direction  OB.  La  variable  w  va  jouer  ici  le  rôle  de  la  variable  x 
du  raisonnement  général.  On  décomposera  le  secteur  curviligne 
à  évaluer  en  petits  secteurs  curvilignes  <t  par  des  rayons  vecteurs  par- 


568  CHAPITRE    XVIII. 

tant  du  point  O;  l'un  de  ces  petits  secteurs  est  limité,  par  exemple, 
par  les  rayons  OM',  OM"  qui  correspondent  aux  angles  polaires  w',  0/  ; 
on  lui  substitue  le  secteur  circulaire  OM'P,  dont  l'aire  est  -  p^  (to" —  oj') 
en  désignant  par  p  la  valeur  du  rayon  vecteur  OM';  on  parvient  ainsi, 
pour  l'évaluation  de  l'aire,  à  la  formule 


Si  le  pôle  était  intérieur  à  un  contour  défini  par  l'équation  p  =y(o>), 
et  dont  on  obtiendrait  tous  les  points  en  faisant  varier  w  dans  un  inter- 
valle de  2  71,  l'aire  limitée  par  ce  contour  se  calculerait  par  une  for- 
mule telle  que 

Si  le  pôle  était  sur  le  contour  même,  et  si  l'on  obtenait  tous  les 
points  de  ce  contour  en  faisant  varier,  dans  la  relation  p  =2/(10),  w  de  a 
à  a  -f-  71,  on  aurait  pour  la  surface 


2  X 


32  du). 


L'angle  a  serait  l'angle  polaire  d'une  direction  choisie  sur  la  tangente 

Fig.  100. 


au  pôle,  La  formule  doit  être  modifiée  si  le  pôle  est  un  point  angu- 
leux de  la  courbe,  ou  si  celle-ci  traverse  sa  tangente. 

Considérons  le  cas  où  le  pôle  est  extérieur  au  contour  de  l'aire;  je 


NOTIONS    DE   CALCUL    INTÉGRAL.  369 

suppose  que  celle  aire  soit  comprise  enlre  les  deux  tangentes 
extrêmes  0\,  OB  correspondant  aux  angles  polaires  a  et  ,3,  et 
qu'une  droite  menée  par  le  point  O  rencontre  le  contour  en  deux 
points  ;  l'aire  cherchée  est  la  différence  des  deux  aires  OAMB, 
OAPB;  le  lecteur  reconnaîtra  de  suite  qu'elle  est  égale  à 


w  )  doi, 


en  désignant  par/(w)  la  différence  0M=* — OP'^  des  carrés  des  rayons 
vecteurs  OM,  OP  qui  correspondent  à  l'angle  polaire  w. 

A  propos  des  coordonnées  polaires,  je  rappelle  qu'on  a  calculé  la 
différentielle  de  l'arc  (n"  302);  il  résulte  de  l'expression  trouvée  que 
l'arc  d'une  courbe  limitée  à  deux  points  qui  correspondent  aux 
angles  polaires  a,  '^  est  donné  par  la  formule 


£ 


v/pî-f-p'Sf/t, 


en  désignant  par  p'  la  dérivée  de  p  par  rapport  à  to. 

Si  p  et  0)  étaient  exprimés  en  fonction  d'un  même  paramètre  t,  l'aire 
serait  donnée  par  une  formule  telle  que 


{\/^'m-m 


dt, 


Exemples.  —  Considérons  l'ellipse  définie  par  l'équation 


P  = 

l  -(-  2  COSO) 


570 


ClIAPITHE    XVIII. 


a  est  le  demi-grand  axe;  s  est  l'excentricité,  l'origine  est  un  foyer;  l'axe 
polaire  est  dirigé  vers  le  sommet  A  le  plus  rapproché  du  foyer  0.  L'aire  du 
secteur  OAM  est  donnée  par  la  formule 

«2(1  — ç2)    r"^  d<M 


X      (1 


(1  -+-  £COSOJ)2 


Je  laisse  au  lecteur  le  soin,  en  appliquant  les  méthodes  générales,  de  jus- 
tifier la  substitution 


(i/f^ 


w  =  aarc  tangl  I  /  tang  —  I, 


où  la  fonction  qui  figure  dans  le  sjcond  membre  est  celle  qui  a  été  définie 
au  n"  199;  on  trouve  ainsi 


0= ,  /       (l  —  £C0SM)a«  = . 


(u  —  £  sinw), 


où  la  valeur  de  u  correspond  à  celle  de  w  (i). 

Pour  avoir  l'aire  totale  de  la  courbe,  on  doit  faire  w  =  2it,  m  =  air;  et  l'on  a 

alors  S  ^  71    .  =  izab. 

Considérons   la   courbe   définie  par   l'équation    p  =  où   m   est   un 

cos'"  — 
m 
nombre  entier,  positif  ou  négatif;  on  trouve  sans  peine 


v/p2+p'2  = 


cos'"-^' 


l'arc  de  la  courbe,  compris  entre  les  deux  points  correspondant  aux  valeurs  a, 
P  de  0),  sera  donc 


cos"'+^'  — 


si  m  +  I  est  positif,  on  doit  supposer  que  cos —  ne  s'annule  pas  dans  l'inter- 
valle  (a,  P).    La   courbe    se   réduit  à    une   droite    pour    m  =  i,    à   un  cercle 


(')  L'angle  u  est  ["anomalie  excentrique  du  point  M;  le  lecteur  retrouvera  cette 
formule  par  des  considérations  géométriques,  en  regardant  l'ellipse  comme  la  pro- 
jection du  cercle. 


NOTIONS    DE   CALCUL    INTEGRAL. 

pour  m  =  —  i  ;  pour  m  =  3,  on  a 


571 


/ 


cos* 


=  3lang--<-  tangs-, 


3r     3r\ 


la  formule  est  valable  tant  que  to  est  intérieur  à  l'intervalle  [ -' •  — ^  ]• 

336.  Intégrales  relatives  à  un  arc  de  courbe.  —  On  considère  un 
arc  AB  d'une  courbe  qui,  rapportée  à  des  coordonnées  rectangulaires, 


i'^ie.  102 


est  définie  par  les  équations 

Pour  désigner  le  point  de  cette  courbe  qui  correspond  à  la  valeur  t 
du  paramètre,  je  me  permettrai  de  dire,  d'une  façon  abrégée,  le 
point  t.  Je  suppose  l'arc  décrit  en  faisant  varier  t  àe  a  k  b.  On  se 
donne,  en  outre,  une  fonction  ^{t)  de  la  variable  t.  On  divise  l'arc  AB 
en  petits  arcs,  on  multiplie  la  longueur  de  chacun  de  ces  arcs  partiels 
par  la  valeur  de  la  fonction  cp(f)  pour  une  valeur  du  paramètre  t 
correspondant  à  quelque  point  de  cet  arc  partiel;  on  fait  la  somme 
de  tous  les  produits  ainsi  obtenus;  on  demande  de  quelle  limite 
s'approche  cette  somme,  quand  le  nombre  des  arcs  partiels  augmente 
indéfiniment  et  que  la  longueur  de  chacun  d'eux  diminue  indéfi- 
niment. 

Le  petit  arc  dont  les  extrémités  correspondent  aux  valeurs  t\  t"  du 
paramètre  peut  être  remplacé  par  {f  —  t')\/f''^{l')  -^  g''^{t')'i  la 
limite  cherchée  est 


■J  \/f"'{t)-^gHt)'i  t)dt, 


5;»  CHAPITRE    XVIII. 

OU,  en  sup|)osant  que  les  arcs  croissent  en  même  temps  que  ^, 


I 


%,(i)<iv. 


en  prenant  l'arc  de  courbe  5,  compté  à  partir  d'une  origine  fixe,  pour 
variable,  en  désignant  par  4» (-s)  la  fonction  de  s  qui  remplace  cp(^)  et 
par  a,  (3  les  valeurs  de  l'arc  qui  correspondent  aux  points  A,  B,  on 


--   /      <\{s)ds. 


Regardons  la  courbe  comme  un  fil  matériel  très  fin;  soit  k  la  den- 
sité (')  du  fil  au  point  <,  l'intégrale 


/ 


représente  alors  la  masse  du  fil  :  elle  se  réduit  à  la  longueur  pour  /i  =  i . 
On  démontre,  en  Mécanique,  que,  si  cp(^)  désigne  la  distance  à  une 

droite  fixe  du  point  t  de  la  courbe,  l'intégrale    /    ko{t)-j-dt  divisée 

r'^    ds 
par  la  masse  M=  /     /i-^<:/^  donne  la  distance  du  centre  de  gravité 


(')  Si  l'on  considère  un  arc  Ue  la  courbe,  ou  plutôt  du  fil,  la  densité  moyenne 
de  cet  arc  est  le  rapport  de  sa  masse  à  sa  longueur.  Soit  A  un  point  de  la  courbe; 
envisageons  un  petit  arc  de  courbe  contenant  le  point  A;  admettons  que  la  densité 
moyenne  tende  vers  une  limite,  quand  Tare,  en  se  rapetissant,  tend  à  se  réduire  au 
point  A,  cette  limite  sera  la  densité  au  point  A.  Inversement,  en  supposant  cette 
densité  continue,  la  masse  d'un  petit  arc  s'obtient,  avec  une  erreur  relative  très 
petite,  en  multipliant  la  longueur  de  l'arc  par  la  densité  en  l'un  quelconque  de  ses 
points  :  d'où  l'expression  de  la  masse  sous  forme  d'intégrale. 

Considérons  de  même  une  surface  matérielle  (plaque  mince,  membrane,  etc.);  la 
densité  mojenne  d'une  portion  de  cette  surface  s'obtiendra  en  divisant  la  masse  de 
cette  portion  par  son  aire  :  si  celte  portion  se  rapetisse  autour  d'un  point  .\  et  si  la 
densité  mojenne  tend  vers  une  limite,  cette  limite  est  la  densité  en  A. 

Considérons  enfin  un  volume  limité,  rempli  de  matière.  La  densité  moyenne  d'une 
portion  de  cette  matière  s'obtiendra  en  divisant  la  masse  de  cette  portion  par  son 
volume.  En  faisant  tendre  le  volume  vers  o,  on  obtient  la  densité  en  un  point. 

Je  désignerai  la  densité  en  un  point  par  k;  elle  dépend  en  général  de  ce  point; 
quand  elle  est  constante,  la  matière  du  fil,  de  la  membrane,  du  corps  est  dite  homo- 
gène. Dans  les  applications  géométriques  on  suppose  souvent  /r  —  i. 


NOTIONS   DE   CALCUL   INTÉGRAL.  57$ 

à  celte  droite;  en  particulier  les  coordonnées  X,  Y  de  ce  centre 
de  gravité  sont 

jc,  y  doivent  être  remplacés  par  f(t),  g{t). 

Par  exemple,  pour  l'arc  de  cercle  défini  par  les  équations  a:  =  /'Cos/, 
y  =^  r  sin^,  quand  t  varie  de  —  a  à  +  a,  on  a  ^  =  /-  et  les  coordon- 
nées du  centre  de  gravité  sont,  en  supposant  la  densité  égale  à  i, 

I      r^*  »           .          sina           -,         I       r"*"*       .       , 
X  =  /        /-s  cos  t  dl  =  /• >  Y  =  /         /-î  sin  t  dt  =  o. 

i 

Si  la  fonction  cp(/)  représente  le  carré  de  la  distance  du  point  t  de 
la  courbe  à  une  droite  fixe,  l'int('grale 

est  ce  qu'on  appelle  le  moment  d' inertie  de  l'arc  de  courbe  par  rap- 
port à  la  droite;  ainsi  le  moment  d'inertie  par  rapport  à  l'axe  des  x 
est 


j  'y'dt''^- 

'^  Il 


Par  exemple,  le  moment  d'inertie  par  rapport  à  l'un  des  axes  d'un 
segment  de  droite  homogène  de  longueur  /,  parallèle  à  cet  axe  et  situé 
à  une  distance  de  lui  égale  à  a  s'obtient  en  multipliant  la-  par  la 
densité. 

Si  la  fonction  '^(^)  désigne  le  carré  de  la  dislance  du  point  t  de  la 
courbe  à  un  point  fixe,  l'intégrale 

est  le  moment  d'inertie  de  l'arc  de  courbe  par  rapport  à  ce  point.  Le 
moment  d'inertie  par  rapport  à  l'origine  est  ainsi 

/•''  ds 

il  est  la  somme  des  moments  d'inertie  par  rapport  aux  deux  axes. 


5yf\  ClIAPITUE    XVIll. 

Le  moment  d'inertie  d'une  circonférence  de  cercle  de  rajon  /•,  par 
rapport  à  son  centre,  est  i-rzkr^ ^  en  supposant  la  matière  homogène. 

337.  Intégrales  relatives  à  une  aire  plane.  —  Considéions,  dans 
le  plan,  un  contour  (C)  limitant  une  aire  X;  je  supposerai,  pour 
simplifier,  que  ce  contour  (C)  soit  rencontré  en  deux  points  seu- 
lement par  les  parallèles  à  l'axe  des  y,  comprises  entre  les  tangentes 
parallèles  à  cet  axe,  tangentes  que  je  suppose  conespondre  aux 
abscisses  a  et  b.  La  longueur  interceptée  sur  une  parallèle  qui  cor- 
respond à  l'abscisse  x  est  un  nombre  positif  qui  dépend  de  x  et  que 
je  désignerai  par  ^{x).  C'est  la  différence  entre  les  ordonnées  des 
deux  points  de  la  courbe  qui  ont  x  pour  abscisse. 


Fig.  I 

>3. 

Y 

A 

f 

3' 

B 

VI'  ■" 

"Ô 

X 

Ceci  posé,  imaginons  qu'on  décompose  l'aire  X  en  bandes  très 
étroites  par  des  parallèles  à  l'axe  des  j-,  que  l'on  multiplie  l'aire  de 
chacune  de  ces  bandes  par  la  valeur  '^j{x)  d'une  certaine  fonction 
relative  à  un  point  de  la  bande  (peu  importe  lequel);  on  fait  la 
somme  de  tous  les  produits  ainsi  obtenus,  et  l'on  demande  de  quelle 
limite  cette  somme  s'approche  indéfiniment  quand,  le  nombre  des 
bandes  croissant  indéfiniment,  l'épaisseur  de  chacune  décroît  indéfi- 
niment. 

On  substitue  à  l'aire  de  la  bande  M'M"P"P'  qui  correspond  aux 
limites  x' ,  od'  l'aire  d'un  rectangle  qui  aurait  pour  base  l'épais- 
seur x^'  —  x'  de  la  bande  et  pour  hauteur  M'P'=  o{x')  ou  M"P";  on 
substitue  au  produit  partiel  relatif  à  cette  bande  la  quantité 

il  apparaît  alors  que  la  limite  cherchée  est  l'intégrale 


/     ^{x)^(x)  dx. 


NOTIONS   DE   CALCUL   INTÉGRAL.  575 

Si  l'on  prend  ^(x)  =  i,  l'intégrale  représentera  évidemment 
l'aire  X. 

Regardons  l'aire  X  comme  une  plaque  homogène  dont  l'épaisseur 
€St  négligeable.  On  montre,  en  Mécanique,  que,  si  l'on  prend 
^(;r)  =  X,  l'expression 

—    /      (f(x)xda: 
=-^  ./„ 

€st  l'abscisse  du  centre  de  gravité  de  cette  plaque.  L'ordonnée  de  ce 
centre  de  gravité  s'obtiendrait  d'une  façon  analogue  en  décomposant 
l'aire  A,  en  bandes  étroites  par  des  parallèles  à  l'axe  des  x. 

Dans  les  mêmes  condilions,  si  l'on  prend  d»(jr)  =  .r-,  l'intégrale 


x)x^  dx, 


où  i/r  est  la  densité  (supposée  constante),  est  ce  qu'on  appelle  le 
moment  d^ inertie  de  la  plaque  par  rapport  à  l'axe  des  j'. 

Considérons,  par  exemple,  une  plaque  rectangulaire  ayant  ses 
côtés  respectivement  égaux  à  a  et  à  ^;  le  côté  de  longueur  ^  est  sup- 
posé parallèle  à  l'axe  des  y;  soit  x^  l'abscisse  du  centre  de  la  plaque; 
en  supposant  la  densité  égale  à  i,  le  moment  d'inertie  de  la  plaque 
par  rapport  à  l'axe  des  y  sera 


/ 


2  Q 

&x-'d.T=  -^i\-îxl-\-a^-). 


Les   moments  d'inertie  de  la  plaque  par  rapport  au  côté  de  lon- 
gueur ^  et  par  rapport  à  la  parallèle  menée  par  le  centre  à  ce  côté 

a3  3     a»  S 
seraient  respectivement  -^>  — -- 


338.  Intégrales  relatives  à  un  volume.  —  Considérons  un  vo- 
lume V  limité  à  deux  plans  (A),  (B)  parallèles  à  un  plan  fixe  (H)  que 
le  lecteur  pourra  se  figurer  comme  étant  horizontal.  Imaginons  un 
axe  OZ  perpendiculaire  au  plan  (H)  et  le  perçant  en  O.  Le  point  O 
servira  d'origine  sur  l'axe  OZ  ;  chaque  point  M  de  cet  axe  sera  déter- 
miné, comme  d'habitude,  par  l'équivalent  algébrique  du  vecteur  OM, 


576  CHAPITBE   XVIII. 

équivalent  algébrique  que  j'appellerai  la  cote  du  point  M.  Un  pian 
quelconque  (P)  parallèle  au  plan  (H)  est  déterminé  par  la  cote  du 
point  où  il  rencontre  l'axe  OZ;  ce  même  nombre  sera  la  cote  du 
[)lan  (P).  Je  suppose  que  les  cotes  des  plans  (A)  et  (B)  soient  a  el  b 
et  que  l'on  ait  a  <ib. 

Ceci  posé,  tout  plan  parallèle  au  plan  (H),  compris  entre  les 
plans  (A)  et  (B),  détei^mine  dans  le  volume  V  une  section  dont  l'aire 
dépend  de  la  cote  ,:;  du  plan  sécant.  Je  suppose  qu'on  sache  évaluer 
celte  aire,  que  je  désigne  par  o{z).  Imaginons  qu'on  découpe  le  vo- 
lume V  en  plaques  minces  par  des  plans  parallèles  au  plan  (H),  dont 
je  désignerai  les  cotes  successives  par  «,  z^,  z.^,  ...,  z,t_,,  b;  soit  cr  le 
volume  d'une  de  ces  plaques,  limitée  par  les  plans  dont  les  cotes 
sont  2'  et  z"  ;  on  ne  sait  pas  évaluer  le  volume  a-,  mais  on  lui  substi- 
tuera le  volume  o{z'){z"  —  z')  d'un  cylindre  droit  dont  la  hauteur 
sera  l'épaisseur  z" —  z'  de  la  plaque  et  dont  la  base  sera  la  section  par 
le  plan  de  cote  z'  ',  on  aurait  pu  tout  aussi  bien  prendre  pour  base  la 
section  par  le  plan  de  cote  z"  ou  par  un  plan  intermédiaire.  Dès  lors^ 
on  aperçoit  de  suite  que  le  volume  cherché  sera 


V  =   /     (o{z)dz. 


Imaginons  que,  après  avoir  décomposé  le  volume  en  plaques  minces,  on 
multiplie  le  volume  de  chaque  plaque  mince,  comprise,  par  exemple, 
entre  les  deux  plans  de  cotes  z' ,  z" ^  par  la  valeur  d'une  certaine  fonc- 
tion <]>(s)  pour  un  nombre  appartenant  à  l'intervalle  (5',  s"),  qu'on 
fasse  la  somme  de  tous  ces  produits  et  qu'on  veuille  la  limite  dont 
s'approche  cette  somme  quand,  le  nombre  des  intervalles  partiels 
(a,  2,  ),  (s,,  ^2)?  •••?  {^n-\i  b)  augmentant  indéfiniment,  l'étendue 
de  chacun  de  ces  intervalles  diminue  indéfiniment;  on  trouvera  pour 
cette  limite 


/ 


'^{z)^{z)dz. 


On  démontre  en  Mécanique  que  la  cote  Z  du  centre  de  gravité  du 
volume  V,  supposé  rempli  par  une  matière  homogène,  est  donnée  par 
la  formule 


I   r 


NOTIONS    DE   CALCUL    INTÉGRAL.  577 

Supposons  en  particulier  que  le  volume  V  soit  de  révolution  autoui 
de  OZ;  les  sections  planes  seront  des  cercles  ayant  leurs  centres 
sur  OZ;  le  rayon  x  de  chacun  de  ces  cercles  dépendra  de  la  cote  z  du 
plan  sécant,  et  la  relation  x^=f{z)  entre  ce  rayon  et  la  cote  n'est 
autre  chose  que  l'équation  de  la  courbe  méridienne  dans  un  plan 
passant  par  OZ  et  coupant  le  plan  (H)  suivant  OX. 

L'expression  du  volume  sera  alors 


■X'- 


n{z)dz 


la  cote  du  centre  de  gravité  sera  alors 


-vl-^' 


{z)dz. 


339.  Surfaces  de  révolution.  —  Considérons  maintenant  la  surface 
engendrée  par  la  révolution  autour  de  OZ  d'une  courbe  AB  située 
dans  un  plan  ZOX  tel  que  celui  qu'on  vient  de  définir;  désignons 
par  a,  b  les  cotes  des  plans  (A),  (B)  menés  par  les  points  A,  B  aux- 
quels l'arc  de  courbe  est  limité  et  qui  contiennent  les  cercles  décrits 
par  ces  points. 


Tout  plan  de  cote  c,  parallèle  au  plan  (H)  et  compris  entre  les 
deux  plans  (A),  (B),  coupe  la  surface  de  révolution  suivant  un  cercle 
dont  le  rayon  x  est  égal  à/(5),  en  supposant  que,  dans  le  plan  méri- 
dien, l'équation  de  l'arc  AB  soit  x  =f(z). 

Ceci  posé,  décomposons  la  surface  de  révolution  en  petits  rubans 
T.  -  II.  37 


578  CHAPITRE-   XVllI. 

circulaires  par  les  plans  parallèles  au  plan  (H)  dont  les  cotes  sont  «, 
JZi,  z-i,  ...,  Z/i_t,  b;  soient  z',  z"  deux  de  ces  cotes  consécutives;  le 
petit  ruban  de  surface  correspondant  sera  assimilé  à  la  surface  latérale 
d'un  tronc  de  conc  de  révolution  à  bases  parallèles  ;  l'arête  de  ce  tronc 
de  cône  sera  la  corde  de  l'arc  de  la  courbe  méridienne  dont  les  extré- 
mités répondent  aux  cotes  s'  etz",  corde  dont  la  longueur  sera  à  peu 
près  égale  à  (z"  —  ^')  y/i  4-/'^(g'). 

La  demi-somme  des  circonférences  de  base  du  tronc  de  cône  est 
"^[fi^')  +/(^")]  *^"j  ^  P^"  près,  271/(5');  on  substituera  à  la  surface 
du  tronc  de  cône,  ou  du  petit  ruban  circulaire,  la  quantité 


iTz^i+f'Hz'ifiz'jiz-z'); 

la  somme  de  toutes  les  expressions  analogues  est  une  expression  aj) 
prochée  de  l'intégrale 


S=J      11zf{z)^l-^f'Hz)dz=J      17zf{z)^dz, 

en  désignant  par  s  l'arc  de  la  courbe  Â.B,  compté  à  partir  d'un  point 
fixe  et  croissant  quand  z  croît.  C'est  cette  intégrale  qu'on  prendra 
pour  la  surface  engendrée  par  la  révolution  de  la  ligne  AB.  Elle  peut 
s'écrire 

S=   /      9. 7rF(s)  ds^ 

lorsqu'on  prend  pour  variable  d'intégration  l'arc  s  de  la  courbe  qui 
correspond  à  chacun  de  ses  points  :  a  et  ^  désignent  alors  les  valeurs 
de  s  qui  correspondent  aux  points  A  et  B,  et  ¥{s)  désigne  ce  que 
devient /(s)  quand  on  y  remplace  z  en  fonction  de  s. 

Les  explications  précédentes,  relatives  à  l'évaluation  d'une  surface 
de  révolution,  sont  notoirement  insuffisantes  en  tant  que  démonstra- 
tion de  la  formule  à  laquelle  on  parvient.  Tout  d'abord  celte  surface 
qu'on  prétend  évaluer  n'a  pas  même  été  définie;  dans  l'évaluation  ap- 
prochée que  l'on  fait  des  petits  rubans  circulaires,  on  n'a  aucune 
idée  de  l'erreur  qu'on  comuiet.  Ces  explications  toutefois  peuvent 
être  regardées  comme  amenant  d'une  façon  assez  naturelle  la  formule 

finale    /     2tcF(5)  ds  et  il  est  légitime  d'adopter  celte  formule  comme 

* 
définition  de  la  surface  de  révolution. 


NOTIONS    DE    CAIXUL   INTÉGRAL.  579 

La  cote  Z  du  centre  de  gravité  de  la  surface  de  révolution  regardée 
comme  homogène  serait  donnée  par  la  formule 


SZ  =   /      ■nzzf{z)    ,~ 


'>'.„. 


Le  lecteur  n'aura  aucune  peine  à  retrouver,  en  se  servant  de  ces 
formules,  les  expressions  classiques  des  volumes  et  des  surfaces  que 
Ton  considère  en  Géométrie  élémentaire.  Voici  quelques  autres 
exem[>les  : 

Supposons  qu'on  veuille  évaluer  un  volume  V  tel  que  celui  qu'on 
a  considéré  un  peu  plus  haut,  pour  lequel  la  surface  d'une  section 
soit  une  fonction  de  la  cote  :;  de  la  forme  A  c^  +  Bz-+ Gs  +  D  ;  on 
aura 

\=         {Az3^Bz*-{-Cz-hD)dz 


=  {b  —  a)     7A(a'-+-a2è-f-  ab^-h  b^ 


-^  iB(a2-l-a6  +  è2)-f--C(a4-6) 


^- 


On  peut  regarder  b  —  a  comme  la  "hauteur  du  volume;  si  l'on 
désigne  par  P,  Q  les  sections  extrêmes,  les  bases,  et  par  R  la  section 
moyenne  du  volume,  on  aura 


D, 


P 

= 

Aa3 

+  Ba2 

H-  Ga-f-D, 

Q 

= 

A63 

H-B62 

-f-G6 

+  D, 

R 

= 

^C 

^) 

3 

1   +B 

(^ 

'y 

-(- 

c 

a  ■+- 
■y. 

6 

et  l'on  trouvera  sans  peine  (') 


V=^^(P  +  Q  +  .iR). 


Si  A  était  nul,  la  cote  du  centre  de  gravité  du  volume  considéré, 
supposé  homogène,  s'obtiendrait  par  une  formule  analogue. 


(')  C'est  une  conséquence  immédiate  de  la  noie  du  n"  331  à  propos  de  la  méthode 
de  Simpson. 


58o  CHAPITRE   XVIII. 

Le  volume  et  la  surface  engendrés  par  la  cycloïde 

X  ^  a{t — sin/),         y  =  a{t—co?<t) 

tournant  autour  de  Taxe  des  a:,  sont  respectivement 

/    17:11  piTZ 

■ny'^  dx        =     Tza^  I       (1  —  cas  t)^dt         =  S-n^a', 

/•'-^"           ds    ,                      r^^\                     .     t    ,         i\/\T.a^ 
S  =   /  -i-y  -j-  d.T  =  ^  r.a-  I        (1  —  cos  t  )  sin  -  dt  =  — 

340.  Intégrales  doubles.  —  Considérons,  comme  plus  haut,  un 
contour  (C)  limitant  une  aire  plane  X',  imaginons  qu'on  subdivise 
cette  aire  en  parties  de  dimensions  très  petites.  J'entends  par  là  que 
la  distance  maximum  de  deux  points  de  cette  aire  est  très  petite;  les 
bandes  que  l'on  a  considérées  plus  haut  ne  satisferaient  pas  à  cette 
condition,  car  leur  épaisseur,  seule,  a  été  supposée  très  petite.  Sup- 
posons qu'on  multiplie  chaque  aire  partielle  par  la  valeur /(^,  j) 
d'une  fonction  continue  de  x  el  de  y  relative  à  un  point  x,y  intérieur 
à  l'aire  partielle  ou  situé  sur  son  petit  contour;  puis,  qu'on  fasse  la 
somme  de  tous  les  produits  ainsi  obtenus  pour  toutes  les  aires  par- 
tielles dans  lesquelles  on  a  décomposé  X.  On  démontre  que  cette 
somme,  évidemment  variable  avec  les  divers  modes  de  décomposi- 
tion, avec  la  façon  dont  on  choisit  les  points  .r,  y  intéricvus  aux 
aires  partielles,  s'approche  indéfiniment  d'une  limite  fixe  quand,  \c 
nombre  des  aires  partielles  croissant  indéfiniment,  leurs  dimensions 
décroissent  indéfiniment.  Cette  limite  est  ce  qu'on  appelle  une  i/ilé- 
grale  double. 

Je  n'expliquerai  pas  ici  comment  on  effectue,  en  général,  le  calcul 
d'une  pareille  limite;  je  me  bornerai  à  des  cas  particuliers,  en  admet- 
tant l'existence  de  la  limite. 

Supposons  d'abord  que  la  fonction  f{x,y)  ne  dépende  pas  de  y 
et  désignons-la  par/(a;).  Adoptons,  comme  mode  de  décomposition 
de  l'aire  JU,  une  division  en  petits  carrés  par  des  parallèles  aux  axes, 
et  considérons  la  file  de  petits  carrés,  intérieurs  à  (C),  compris  entre 
deux  parallèles  consécutives  à  l'axe  des  y,  qui  correspondent  aux 
absci  .SJ.5  .r',  x" ',  cette  file  de  petits  carrés  constitue  une  bande,  au 
sens  du  n    38G;  ou  \a  forjner  la  partie  de  la  somme  de  produits  par- 


NOTIONS  DK  CALCLI.  INTÉGRAL.  58 1 

licls  qui  correspondent  à  ces  petits  cariés.  Donnons  la  même  abscisse  ; 
à  cliacun  de  ces  points  intérieurs  aux  petits  carrés  pour  lesquels  on  a 
à  prendre  la  valeur  de  la  fonction  /{x),  par  laquelle  on  multipliera 
l'aire  du  petit  carré;  /(^)  se  mettra  en  facteur  dans  tous  les  produits 
partiels,  l'autre  facteur  sera  la  somme  des  aires  de  tous  les  petits 
carrés,  c'est-à-dire  l'aire  de  la  bande,  à  savoir,  (x" — x')o{x'),  en 
désignant  comme  au  n"  3li6  par  o{x')  la  longueur  de  la  bande,  la 
portion  de  la  parallèle  à  l'axe  des  j'  comprise  à  l'intérieur  du  con- 
tour (C);  la  partie  de  la  somme  qu'on  veut  évaluer,  relati\o  aux 
petits  carrés  dont  l'ensemble  constitue  la  bande,  est  ainsi,  approxi- 
mativement, 

/(x')^(x-')(x"—a-'), 

et  la  limite  cherchée  est 

^  f{x)^{x)dx, 

en  désignant  par  a  et  b  les  abscisses  des  parallèles  extrêmes  à  l'axe 
àesy^  en  dehors  desquelles  on  ne  rencontre  plus  le  contour.  On  est 
ramené  à  un  résultat  déjà  obtenu.  Il  est  clair  qu'on  pourrait  procéder 
d'une  façon  analogue  si  la  fonction  /(.r,  ))  ne  dépendait  que  de  v. 

Supposons  maintenant  que  la  fonction y'ij?,  y)  représente  le  carré  de 
la  distance  du  point  j:*,  y  à  l'origine.  La  limite  de  la  somme  obtenue 
en  multipliant  chaque  aire  partielle  par  x- -\- y-  est  ce  qu'on  appelle 
le  moment  cC inertie,  par  rapport  à  l'origine,  de  l'aire  d,  pour  une 
densité  partout  égale  à  i.  Il  est  clair  que,  au  lieu  de  multiplier  chaque 
aire  partielle  par  x- -^ y^  et  de  faire  la  somme,  on  peut  multiplier 
chaque  aire  partielle  par  x-  et  faire  la  somme  des  produits,  puis 
chaque  aire  partielle  par  j^-  et  faire  la  somme  des  produits,  puis  enfin 
ajouter  les  résultats  :  le  premier  résultat  est  ce  qu'on  a  appelé,  au 
n"  336,  le  moment  d'inertie  par  rapport  à  l'axe  des  y;  le  second  est 
le  moment  d'inertie  par  rapport  à  l'axe  des  x'^  on  sait  évaluer  chacun 
de  ces  moments  d'inertie,  leur  somme  est  le  moment  d'inertie  par 
rapport  à  l'origine.  On  sait  ramener  le  calcul  de  chacun  d'eux  à 
l'évaluation  d'une  intégrale  définie. 

Si  la  densité,  au  lieu  d'être  i,  était  égale  à  A",  on  devrait  multiplier 
les  résultats  par  A",  en  supposant  toujours  la  matière  homogène. 

Supposons  par  exemple,  en  prenant  la  densité  égale  à    i ,  qu'on 


58'2  CHAPITRE   XVIII. 

veuille  évaluer  le  moment  d'inerlie,  par  rapport  à  un  de  ses  sommets, 
d'une  plaque  rectangulaire  dont  les  côtés  sont  égaux  à  a,  [3.  11  suffiia 
de  faire  la  somme  des  moments  d'inertie  de  la  plaque  par  rapport  à 
deux  côtés  non  parallèles  ;  on  trouve  ainsi 

Le  moment  d'inertie  de  la  même  plaque  par  rapport  à  son  centre 
serait  évidemment  égal  à  quatre  fois  le  moment  d'inertie,  par  rapport 
à  l'un  de  ses  sommets,  d'une  plaque  rectangulaire  dont  les  dimensions 

sont  -.  -:  il  serait  donc  — — t: — ^—^■ 
•).    x  6 

Considérons,  en  prenant  toujours  la  densité  égale  à  i,  le  moment 
d'inertie,  par  rapport  à  son  centre,  d'un  cercle  de  rayon  /•;  décompo- 
sons la  surface  de  ce  cercle  en  couronnes  circulaires  très  étroites  par 
des  cercles  concentriques;  décomposons  ces  couronnes  en  petits  tra 
pèzes  curvilignes  par  des  rayons  très  rapprochés  issus  du  centre;  con- 
sidérons en  particulier  la  petite  couronne  limitée  par  les  cercles  de 
rayons  très  peu  différents  r',  r";  multiplions  la  surface  de  chacun  des 
petits  trapèzes  qui  la  composent  par  le  carré  /  '-  de  la  distance  d'un 
point  de  ces  trapèzes  au  centre  et  ajoutons  les  résultats;  r'^  se  met 
en  facteur  dans  la  somme,  l'autre  facteur  est  l'aire  de  la  couronne, 
c'est-à-dire  Tc(r"* — r'^)  ==  71(7-'+ ;-^')  (/•" — /•')  ou,  à  peu  près, 
27i;''(/'" — /•');  la  partie  de  l'intégrale  qui  correspond  à  la  couronne 
circulaire  est  donc,  à  peu  près, 

•XTZ  r"''{i"  —  /•'). 
Le  moment  d'inertie  de  la  plaque  circulaire  sera  par  conséquent 

r''     .^     ^'''* 

I       2  7:  r^  dr  — 

Le  moment  d'inertie,  par  rapport  à  son  centre,  d'une  couronne  cir- 
culaire limitée  par  deux  cercles  concentriques  de  rayons  /*,  et  r^ 
serait 

^7t(/1  -/•!). 


NOTIONS  i)K  (:An:i:t,  intkgkai,.  ■)SJ 

1)11.  Moment  d'inertie  d'un  volume.  —  Considérons  tin  v(tluine  V; 
imaginons  qu'on  le  liécoinpose  en  j)elils  volumes  partiels  de  dimen- 
sions très  j^etites  et  qu'on  multiplie  cliacjue  volume  partiel  |)ar  le  carré 
<le  la  distance  d'un  de  ses  points  ((|u'on  peut  prendre  arbilrairemeul 
à  une  droite  fixe  OZ;  puis  qu'on  fasse  la  somme  de  tous  les  produits 
ainsi  obtenus.  On  démontre  que  cette  somme,  qui  varie  évidemment 
avec  les  modes  de  décomposition,  avec  les  points  de  chaque  volume 
partiel  dont  on  prend  la  distance  à  OZ,  s'approche  indéfiniment 
■d'une  limite  fixe  quand,  le  nombre  des  volumes  partiels  augmentant 
indéfiniment,  les  dimensions  de  chacun  d'eux  (Jiminuent  indéfini- 
ment. Cette  limite  est  ce  qu'on  appelle  le  moment  <V inertie  par  rap- 
port à  la  droite  OZ  du  volume  V  supposé  rempli  par  une  matière  de 
•densité  égale  à  i .  Si  la  densité  était  k  et  la  matière  homogène,  le  ré- 
sultat calculé,  comme  on  vient  de  l'expliquer,  devrait  être  multiplié 
par  k. 

Supposons  d'abord  que  le  volume  V  soit  un  cylindre  droit,  de 
hauteur  A,  dont  les  génératrices  soient  parallèles  à  OZ  et  dont  la  base, 
limitée  par  un  contour  (C),  soit  située  dans  le  plan  (H),  perpen- 
diculaire en  O  à  OZ,  et  divisons  cette  base  \i!)  en  un  très  grand 
nombre  d'aires  partielles  de  dimensions  très  petites  ;  considérons 
l'une  |i  de  ces  aires  partielles  et  soit  /•  la  distance  d'un  de  ses  points 
au  point  O;  regardons  j3  comme  la  base  d'un  petit  cylindre  droit,  très 
fin,  de  hauteur  /i;  on  reconnaît  de  suite  que  son  moment  d'inertie 
est,  à  très  peu  près,  ^/</-;  si  l'on  fait  la  somme  de  toutes  les  quan- 
tités analogues,  afin  d'avoir  une  expression  approchée  du  moment 
d'inertie  du  cylindre  proposé,  k  se  mettra  en  facteur  et  le  second 
facteur,  somme  de  toutes  les  quantités  telles  que  j^/'-,  différera  très 
peu  du  moment  d'inertie  de  la  base  itî,  par  rapport  au  point  O;  si  l'on 
désigne  ce  moment  d'inertie  par  B,  le  moment  d'inertie  du  cylindre 
sera  BA. 

Considérons  maintenant  un  volume  V  quelconque,  compris,  en 
reprenant  les  notations  du  n"  337,  entre  deux  plans  perpendiculaires 
à  OZ,  de  cotes  «  et  6;  supposons  qu'on  sache  évaluer  le  moment 
d'inertie  '\{z)  de  la  section  faite  dans  le  volume  V  par  un  plan  per- 
pendiculaire à  OZ,  de  cote  ^,  par  rapport  au  point  où  ce  plan  ren- 
contre OZ.  En  décomposant  V,  par  des  plans  parallèles,  en  plaques 
minces,  en  remplaçant  chacune  de  ces  plaques  par  un  cylindre 
droit  de  même  épaisseur,  et  dont  la  base  scit  l'une  des  bases  do  la 


584  CHAPITKE   XVIII. 

plaque,  on  reconnaît  sans  peine  que  le  moment  d'inertie  de  V,  par 
rapport  à  OZ,  est  donné  par  l'intégrale 

.6 


/ 


^{z)dz: 


j'ai  supposé  la  matière  homogène  et  de  densité  égale  à  i  ;  si  la  densité 
était  égale  à  A*,  la  matière  étant  toujours  homogène,  on  devrait  mul- 
tiplier les  résultats  par  k. 

En  continuant  de  prendre  la  densité  égale  à  i ,  on  voit  que  le  mo- 
ment d'inertie  d'un  parallélépipède  droit  de  dimensions  a,  ['i,  y,  par 
rapport  à  l'une  de  ses  ai^êtes,  ayant  pour  dimension  y,  est  -^'  (a^  -f-  jî^). 
Le  moment  d'inertie  par  rapport  à  la  parallèle  à  ce  côlé  menée  par 
le  centre  est  '^  (a-H-  [3-). 

Le  moment  d'inertie  d'une  sphère  par  rapport  à  un  diamètre  est 


'/" 


{r'^  —  z^f-dz  ==  — /•■ 


§  5.  -  ÉQUATIONS  DIFFÉRENTIELLES. 

3i2.  On  appelle  e'^«rt//oA  différentielle  (ordinaire)  une  équation 
entre  une  variable  indépendante  x^  une  fonction  inconnue  y  et  ses  dé- 
rivées j-',  .x",  y'" t L'ordre  d'une  équation  dififérentielle  est  l'ordre 

de  la  plus  haute  dérivée  qui  y  figure.  Intégrer  une  pareille  équation^ 
c'est  trouver  la  fonction  de  x  la  plus  générale  telle  que,  en  rempla- 
çant dans  l'équation  jK,  y' i  y" -,  .  •  .  pav  celte  fonction  et  ses  dérivées, 
cette  équation  soit  vérifiée  identiquement  en  x.  Cette  fonction  s'ap- 
pelle V intégrale  générale  de  l'équation. 

On  dit  que  la  résolution  de  l'équation  est  ramenée  aux  quadra- 
tures, quand  elle  est  ramenée  à  la  recherche  de  fonctions  primitives. 

On  trouve  des  équations  différentielles  du  premier  ordre  en  cher- 
chant à  déterminer  une  courbe  plane  par  quelque  propriété  de  la 
tangente. 

Soit  M  un  point  d'une  courbe  plane  (G)  rapportée  à  des  axes  rec- 
tangulaires OX,  OY.  Soit  P  la  projection  de  M  sur  OX;  soient  MT,, 
UN  la  tangente  et  la  normale  en  M,  limitées  au  même  axe.  Soient  y 
|*l)rdonnée  du  point  M  ely'  la  pente  de  la  tangente  en  ce  point. 


NOTIONS    DE   CALCUL    INTÉGRAL.  585 

On  donne  aux  vecteurs 

TP=  ^,,         PN=jy 

les  noms  de  sous-tangente  et  de  sous-nonnale  ;  toute  relation  entre 
les  coordonnées  du  point  M,  la  sous-tangente  ou  la  sous-normale,  ou 
encore  quelqu'une  des  lignes  OT,  ON,  MT,  MN,  . . .  dont  on  a  donné 
les  oppressions  [Ex.  342,  Ch.  XVII),  est  une  équation  dilïerentielle 
du  [)remier  ordre. 

L*ur  exemple,  les  courbes  dont  la  sous-normale  est  constante  et 
égale  à  a  sont  définies  par  l'équation  dilTérentielle  yy^  =  a\  le  pre- 
mier membre  est  la  dérivée  de  —,  le  second  la  dérivée  de  ax:  la  dlf- 
féience  entre   —  et   ax   doit   donc    être    une   constante;   toutes    les 

courbes  satisfaisant  à  la  condition  imposée  ont  une  équation  de  la 
forme 


où  C  est  une  constante  arbitraire;  inversement,  toute  courbe  ayant 
une  équation  de  cette  forme  satisfait  à  la  condition  énoncée,  comme 
on  le  voit  en  prenant  les  dérivées  des  deux  membres. 

De  même,  les  courbes  telles  que  leur  sous-tangente  soit  constante 
et  égale  à  a  sont  définies  par  l'équation  difTérentielle 

y'  _  '^  ^?,y  _  ■ . 

y  d.r  a  ' 

on  en  conclut  que  leur  équation  est  de  la  forme 

hr  =  7,  -^  <^'      y  =  ^''^  '  =  Ce", 

en  désignant  par  C  la  constante  e^.  Réciproquement,  toutes  les 
courbes  définies  par  une  telle  équation  ont  leur  sous-tangente  con- 
stante et  égale  à  a. 

Dans  ces  deux  exemples,  l'intégration  a  introduit  une  constante 
arbitraire  C;  on  n'a  pas  trouvé  une  courbe,  mais  une  famille  (ou  un 
faisceau)  de  courbes  dont  chaque  individu  s'obtient  en  donnant  à  la 
constante  C  une  valeur  numéri{|ue  particulière. 


586  cHAPiTaE  XVIII. 

343.  Considérons,  inversement,  une  famille  de  courbes,  définie 
par  l'équation /( a:, jK,  G)  =  o  où  C  est  une  constante  arbitraire;  il  est 
aisé  de  voir  que  toutes  les  fonctions  y  de  x  définies  (implicitement) 
par  l'équation  J  (x,  y,  C)=  o  vérifient  une  même  équation  différen- 
tielle :  la  dérivée  j'  d'une  telle  fonction  s'obtient,  en  effet,  au  moyen 
de  l'équation 

en  éliminant  C  entre  cette  équation  et  l'équation /(.r,  y,  C)  =  o,  on 
trouve  une  équation  'f{x,  y,  y')  =  o  qui  doit  être  vérifiée  pour 
cliaque  système  de  valeurs  de  x,y,  y'  auxquelles  on  peut  associer  un 
nombre  C  tel  qu'on  ait  à  la  fois 

f{x,y,c)  =  o,     /j.  +y/;  =  o. 

Imaginons  qu'on  résolve  la  première  équation  par  rapport  k  y,  on 
en  tirera  y  en  fonction  de  x  et  de  C,  y  =  ^{x,  G);  la  dérivée 
y'  =  'Yjci^i  G)  de  cette  fonction  par  rapport  à  x  est  identique  à  la  va- 
leur qu'on  tirerait  de  l'équation /^H-j''/' =  o,  après  y  avoir  remplacé 
y  par  'IÇx,  G);  quels  que  soient  les  nombres  x  et  G,  l'équation 
cp(a-,  jK,  J'')  =  o  est  vérifiée  quand  on  y  remplace  y  par  <]^(^,  G), 
y'  par '|^(j",  G);  en  d'autres  termes,  l'équation  o(x,y,  y')  ==  o  est 
vérifiée  identiquement  (en  .r  et  G)  quand  on  y  remplace  y  et  y'  par 
la  fonction  'ii{x,  G)  et  par  sa  dérivée.  Toutes  les  fonctions  obtenues 
en  donnant  à  G  des  valeurs  numériques  quelconques  sont  des  solu- 
tions ou  intéj^rales  particulières  de  l'équation  différentielle  du  pre- 
mier ordre  o  (x,  y,  y')  =  o  (  '  ). 

Puisque  jk' est  la  pente  de  la  courbe  dont  l'équation  est  jk  =  ^(^,  G), 


(')  On  démontre  que  la  fonction  4'(-r,  G)  est  la  solution  la  plus  générale  de  cette 
équation,  c'est-à-dire  que  toute  solution  peut  s'obtenir  en  donnant  à  C  une  valeur 
convenable.  Toutefois,  d'une  part,  cet  énoncé  aurait  besoin  d'explications  et  île  res- 
trictions :  il  n'est  pas  toujours  exact  si,  comme  je  le  ferai  le  plus  souvent  dans  ce 
paragraphe,  on  se  limite  au  cas  des  variables  et  des  constantes  réelles.  D'autre  part, 
même  en  restant  dans  le  réel,  il  comporte  une  exception  si  la  courbe  dont  l'équation 
est  _7' =  4'('^)  C)  admet  une  enveloppe  :  cette  enveloppe  définit  y  comme  une  fonc- 
tion de  a;  qui  vérifie  l'équation  difl'érentielle  sans  rentrer  dans  le  type  '^{x,  C);  cette 
solution  est  dite  solution  ou  intégrale  singulière.  L'équation  y'^ -\- y'"^  —  i ^  par 
exemple,  a  pour  intégrale  générale  jk  =  sin(a7-i-C)  (n°  347)  et  pour  intégrale  singu- 
lière les  deux  droites  y  =±\.  Je  n'insisterai  pas  sur  ce  sujet. 


NOTIONS    DE    CALCUL    INTÉGRAL.  587 

on  voit  que  l'équation  o(x,  y,y  )  =  o  exprime  une  propriété  de  la 
tangente  commune  à  toutes  les  courbes  de  la  famille. 

On  dit  que  ce\X^, équation  différentielle  a  été  obtenue  par  l'élimi- 
nation de  la  constante  G. 

L'élimination  de  la  constante  se  fait  immédiatement  quand  l'équa- 
tion de  la  famille  de  courbe  est  résolue  par  rapport  à  G,  quand  elle 
est  sous  la  forme  F(.r,  jk)  =  G;  l'équation  différentielle  est  ici 
F^+j/F^^i  o.  Réciproquement,  une  équation  différentielle  de  celle 
forme  exprime  que  si,  dans  l'expression  F(:r,jK)7  on  regarde^  comme 
une  fonction  de  x,  la  dérivée  de  F(.r,  y)  est  nulle;  il  en  résulte  que 
Yi^x^y')  est  une  constante  :  l'intégrale  générale  de  l'équation  diffé- 
rentielle F^-hj>^'F^^o  est  F  (a?,  jk)  =  constante. 

La  recherche  de  l'intégrale  générale  d'une  équation  différentielle 
donnée  C3(:r,  y,  y')  =  o,  la  recherche  des  courbes  qui  représentent 
une  fonction  de  x  qui  vérifie  cette  équation,  sont  deux  problèmes 
identiques  :  on  a  pris  l'habitude  de  parler  d'une  courbe  qui  vérifie 
une  équation  différentielle,  d'une  courbe  intégrale  d'une  équation 
différentielle,  pour  parler  d'une  courbe  qui  représente  une  fonction 
vérifiant  l'équation  différentielle,  d'une  courbe  telle  que  les  coor- 
données x^  y  d'un  quelconque  de  ses  points  et  la  pente  y'  de  la 
tangente  en  ce  point  vérifient  l'équation  différentielle. 

Si  une  courbe  (S),  définie  par  des  équations  telles  que  .r  =/(/), 
y  =  g(t)^  est  une  courbe  intégrale  de  l'équation  (^{x,  y,  y'),  cette 
dernière  équation  doit  être  vérifiée  identiquement  en  t,  quand  on  y 

ff'  (t) 
remplace  x^y^y'  respectivement  par/(^),  g{t)^   AA'  P"^^4'^c  celte 

dernière  quantité  est  la  pente  delà  tangente  au  point  t.  Réciproque- 
ment, si  l'on  a,  identiquement, 

la  courbe  définie  par  les  équations  x=/{t),  y=.g[t)  est  une 
courbe  intégrale. 

344.  La  solution  générale  d'une  équation  différentielle  du  premier 
ordre  (^{x^  y^  y')  =  o  contient  une  constante  arbitraire;  c'est  ce 
qu'ont  montré  les  exemples  donnés  aux  numéros  précédents,  c'est  ce 
que    montre    encore    l'exemple   des   équations  différentielles   de  la 


588  CHAPITBE   XVIII. 

forme  y  =:/(.r)  donL  la  solution  la  plus  générale  est  évidemment 
y  =  F (x) -{- C,  en  désignant  par  F(x)  une  fonction  primitive 
de  /{x)  et  par  G  une  constante  arbitraire;  c'est  ce  que  montre, 
enfin,  l'exemple  des  équations  différentielles  du  premier  ordre  obte- 
nues par  l'élimination  d'une  constante  arbitraire.  Il  est  d'ailleurs 
facile  de  s'en  rendre  compte  d'une  façon  générale,  par  un  raisonne- 
ment que  je  présenterai  d'ailleurs  sans  chercher  à  y  mettre  aucune 
rigueur. 

Si  l'on  se  donne  un  point  A,,,  de  coordonnées  Xq,  y^,  l'équation 
^(j7o,  yo,  y')  =  o  détermine  une  ou  plusieurs  valeurs  dey';  choisis- 
sons-en une  y'^  et  construisons  la  droite  passant  par  Aq  et  dont  la 
pente  estj^^;  sur  cette  droite  prenons  un  point  A,  de  coordonnées 
Xi,yij  très  voisin  de  Aq;  l'écpiation  ^[^'i^yi,  y')  =o  détermine  une 
ou  plusieurs  valeurs  de  y'  ;  j'admets  que,  en  raison  de  la  continuité,  il 
y  en  ait  une  >',  (|ui  soit  voisine  de  y[^  ;  je  construis  une  seconde  droite 
passant  par  A,  et  de  pente  y\  ;  elle  fera  un  angle  très  aigu  avec  la 
première  droite;  sur  cette  seconde  droite  je  prends  un  point  A2  très 
voisin  (le  A,,  de  manière  que  l'angle  AqA,  Ao  soit  très  voisin  de  deux 
droits:  l'équation  o{x-2,  y-i-,  y')  =^  o,  où  Xo,  y-i  désignent  les  coor- 
données du  point  Aj,  détermine  de  même  une  valeur  y'.,  de  /'  très 
voisine  de  y\  ;  on  regardera  y'.,  comme  la  pente  d'une  droite  pas- 
sant par  A2,  droite  sur  laquelle  on  prendra  un  point  A3  très  voisin 
de  Ao,  de  manière  que  l'angle  A,  A^  A3  soit  très  voisin  de  deux 
droits.  En  continuant  de  la  même  façon,  de  proche  en  proche,  on 
formera  une  ligne  brisée  Ao  A,  A^ .  . .  A,, . . ..  dont  les  côtés  seront  très 
petits,  et  qui  ressemblera  fort  à  une  courbe  partant  du  point  arbitrai- 
rement choisi  Aq.  Les  côtés  de  cette  ligne  brisée  pourront  être  re- 
gardés, approximativement,  comme  des  tangentes  à  une  courbe; 
d'ailleurs  les  coordonnées  de  chaque  sommet  et  la  pente  de  la  droite, 
de  la  tangente  si  l'on  veut,  qui  le  joint  au  sommet  suivant,  vérifient 
l'équation  o(x,  y,  y').  La  ligne  brisée  ainsi  obtenue  peut  donc  être 
regardée  à  peu  près  comme  une  courbe  intégrale  de  cette  équation. 
On  démontre  d'ailleurs  rigoureusement,  sous  certaines  conditions, 
que,  lorsque  le  nombre  des  côtés  augmente  indéfiniment  et  que  la 
longueur  de  ces  côtés  diminue  indéfiniment,  on  s'approche  indéfi- 
niment par  ce  procédé  d'une  véritable  courbe  intégrale.  Si  l'on 
admet  qu'il  en  est  ainsi,  on  voit  qu'il  existe  (au  moins)  une  courbe 
intégrale  de  l'équation  différentielle  qui  passe  par  un  point  donné  Aq; 


NOTIONS   DE    CAIXtl,   INTÉGRAL.  SSg 

il  n'en   existera  qu'une   si    l'équation    difiérenlielle  est  du  premier 
degrë  enjK'. 

On  arrive  à  la  même  conclusion  analytlquement.  L'équation 
o{x,  y,y)^o  étant  supposée  résolue  par  rapport  à  y',  on  en  tire 
y  =  ^Çx,  y);  puis,  en  prenant  les  dérivées, 

y  =  f)x  +j' o.v  =  Ox  +  4/(^,r)  o;-  = , 


En  continuant  de  la  même  façon,  on  voit  que  les  dérivées  succes- 
sives j-',  y,  y,  ...  de  la  fonction  y  s'expriment  au  moyen  de  x,  y  : 
les  valeurs  numériques  k'„,  y"^,  y"^,  ...  de  ces  dérivées  pour  x  =  .ry 
sont  donc  déterminées,  si  l'on  se  donne  la  valeur  j^o  que  doit  prendre 
la  fonction  j'  de  x  pour  x  =  Xq.  Admettons  que  la  série 

soit  convergente  dans  un  certain  intervalle,  comprenant  ^o  5  elle  dé- 
finira, pour  les  valeurs  de  x  voisines  de  Xq,  une  certaine  fonction 
y  z=y(^),  et  il  est  clair  que  cette  fonction  est  la  seule  qui  puisse 
être  représentée  par  une  série  entière  en  x  —  x^  et  se  réduise  à  y^ 
pour  X  =  Xo^  à  pouvoir  vérifier  l'équation  différentielle  y'  =  >l{x,y). 
L'étude  des  conditions  dans  laquelle  la  série  est  convergente,  la  dé- 
monstration, d'ailleurs  facile,  de  ce  fait  que  la  somme  de  cette  série 
vérifie  ellectivement  l'équation  différentielle  sont  en  dehors  du  cadre 
du  présent  Livre. 

Au  lieu  de  procéder  comme  je  viens  de  l'expliquer,  il  revient  au 
même  de  partir  d'une  série  entière  en  x  — x^ 

tZç,  -h  ai(cc  —  a•^))  -h  az{x  —  Xoy  -^... 

à    coefficients   indéterminés,  de    remplacer  dans  l'équation    donnée 

'^{^'i  y-i  y')  =^1  y  V^^  cette  série,  y'  par  la  série 

ai-+-  9.ai{x  —  Xo)  -I-  3 «3 (a?  —  Xt,y  -+-. . ., 

et  d'écrire  que  l'équation  ainsi  obtenue  est  identique  enx,  ou  plutôt 
en  X  —  Xo]  on  parvient  ainsi  à  des  relations  entre  les  coefficients a„, 
«,,  c/o,  . . .  qui  permettent  (sauf  exception)  de  déterminer  ces  coeffi- 


Sgo  cn\i>iTHK  XVIII. 

cients  en  fonction  du  premier.  On  a  donné,  au  Chapitre  XIV,  des 
applications  de  cette  méthode  à  des  équations  difTérentielles  particu- 
lièrement simples. 

Ces  aperçus  suffiront  au  lecteur  pour  se  rendre  compte  que,  si  l'on 
se  donne  une  équation  différentielle  du  premier  ordre  o{x^  y^y')-=io^ 
du  premier  degré  en  j^',  il  y  a,  en  général,  une  courbe,  et  une  seule, 
qui  vérifie  l'équation  différentielle  et  qui  passe  par  un  point  donné  A^. 
Ilyaurait,  en  général,  deux  pareilles  courbes  si  l'équation  différentielle 
était  du  second  degré  en  y\  etc.  Or  c'est  là  précisément  le  caractère 
des  courbes  d'une  famille  dont  l'équation  ^[x,  y^  C)  =:  o  contient 
une  constante  arbitraire  C;  les  courbes  de  cette  famille  qui  passent 
|)ar  le  point  Aq  sont  déterminées  :  on  les  obtient  en  donnant  à  C  la 
valeur  (ou  les  valeurs)  que  l'on  tire  de  l'équation  •!/(:r(,,  j/'y,  C)  =  o. 
Inversement,  on  a  vu  que  toutes  les  courbes  d'une  même  famille  véri- 
fiaient une  équation  différentielle.  Il  est  donc  à  prévoir  que  l'inté- 
gration d'une  équation  différentielle  du  premier  ordre  conduit  à  une 
famille  de  courbes,  dont  l'équation  contient  une  constante  arbitraire. 
C'est  ce  qu'on  vérifiera  dans  les  divers  exemples  qui  seront  traités 
un  peu  plus  loin. 

Auparavant,  je  veux  encore  signaler  un  autre  point  de  vue  duquel 
on  peut  envisager  une  équation  différentielle  o{x^  y,  y')  =  o,  que  je 
supposerai,  pour  éviter  les  difficultés  relatives  aux  diverses  détermi- 
nations, du  premier  degré  enjy'.  On  peut  regarder  cette  équation 
comme  faisant  correspondre  à  chaque  point  A,  de  coordonnées  x,  y, 
une  droite  passant  par  ce  point,  à  savoir  la  droite  dont  la  pente  y^ 
est  déterminée  par  l'équation  ':^{x,  y,  y')=zo.  Cette  droite  n'est  autre 
chose  que  la  tangente  à  la  courbe  de  la  famille,  définie  par  l'équation 
différentielle,  qui  passe  par  le  point  A.  Inversement,  à  chaque  droite 
du  plan  définie  par  l'équation  y  =  ax  -\-  b^  on  peut  faire  corres- 
pondre un  ou  plusieurs  points  situés  sur  cette  droite,  et  dont  on 
obtient  les  coordonnées  x,  y  en  résolvant  les  deux  équations 

(f{x^y,  a)  =  o,        JK  =  (i^  -+-  b. 

Une  courbe  intégrale  quelconque  (S)  peut  être  regai^dée  comme 
un  lieu  de  points  tels  que  les  droites  correspondantes  soient  précisé- 
ment les  tangentes  à  cette  courbe  en  ces  points,  ou  comme  l'enveloppe 
de  droites  dont  chacune  correspond  au  point  où  elle  touche  son 
enveloppe. 


NOTIONS    DE    CALCUL    INTÉGRAL. 


agi 


Notons  en  passant  que  l'équation  'j>{x,y,  a)  =  o  entre  les  variables 
X,  y  représente  le  lieu  des  points  de  contact  des  tangentes  aux  courbes 
de  la  famille  définie  par  l'équation  diflerenlielle  qui  sont  parallèles  à 
une  droite  de  pente  a. 

Après  ces  généralités,  je  vais  passer  en  revue  quelques  équations 
différentielles  du  premier  ordre  pour  lesquelles  la  recherche  de  la 
solution  générale  se  ramène  à  la  recherche  de  fonctions  primitives  : 
toutes  les  fois  qu'il  en  est  ainsi,  on  dit  que  l'équation  se  /amène 
aux  quadratures  ('  ). 

345.  Si  l'équation  différentielle  est  du  premier  degré  en^'  ou,  ce 
qui  revient  à  peu  près  au  même,  si  cette  équation  est  résolue  par 
rapport  à  r',  son  premier  membi'Ç  peut  se  mettre  sous  la  forme 

v^{x,y)-\-  y''i^{x,y)  =  o, 
ou,  en  emplojanl  la  notation  différentielle, 

<:^{x,y)dx^  'i^{x,y)  dy  =  o. 

Il  peut  arriver  que  ^(x^y)  et  ^(x,y)  soient  les  dérivées  partielles 
d'une  même  fonction  F(x,y)  (=^),  et  qu'on  s'en  aperçoive  immédia- 
tement, en  regardant  l'équation.  La  solution  la  plus  générale  de  cette 
équation  est  alors  F(x,y)  =  C,  en  désignant  par  C  une  constante 
arbitraire,  ainsi  qu'on  l'a  déjà  dit  un  peu  plus  haut.  Dans  ce  cas,  le 
premier  membre  de  l'équation  différentielle 

(f{x,y)  dx  -f-  ^(^x^y)  dy  =  o 

est  la  différentielle  de  ¥{x,y)]  on  dit  habituellement  qu'il  est  une 
différentielle  exacte. 


(')  EJfectuer  une  quadrature  ou  trouver  une  fonction  primitive  sont  des  expres- 
sions qu'on  prend  dans  le  même  sens;  l'origine  de  la  première  façon  de  parler  est 
évidente  :  déterminer  une  aire  (ou  trouver  le  carré  équivalent  à  celte  aire)  revient, 
comme  on  l'a  vu,  à  la  recherche  d'une  fonction  primitive. 

(')  Une  condition  nécessaire  pour  qu'il  en  soit  ainsi  est  que  l'on  ait  identiquemenl 
en  X,  y 

d'-s  _  d<\i  ^ 
dy  ~  dx^ 

celte  condition  est  d'ailleurs  suffisante,  je  ne  m'arrêterai  ni  à  l'établir,  ni  à  montrer 
comment,  lorsqu'elle  est  vérifiée,  on  peut  déterminer  la  fonction  F{x,y). 


599.  CHAPITRE    XVIII. 

La  courbe  intégrale  qui  passe  par  le  point  a^o,  J'n  a  évidemment  pour 
équation  F(x,y)  —  F(xo,yo)  =  o.  Cette  équation  peut  aussi  bien  être 
regardée  comme  l'intégrale  générale  de  l'équation  proposée,  et  l'on 
peut  j  regarder  l'une  des  quantités  .ro,^,,  comme  la  constante  arbi- 
traire, en  attribuant  à  l'autre  une  valeur  numérique  quelconque  ('). 

Par  exemple  l'équation 

xy-^y  =  o,        ou        xdy-^-ydx  —  o, 

a  pour  intégrale  générale  xv  =  C.  La  famille  de  courbes  qui  vérifient 
l'équation  diflerentielle  est  formée  d'un  faisceau  d'hyperboles 
équilatères   admettant    pour    asymptotes   les    axes   coordonnés. 

Le  premier  membre  de  l'équation .r  <i)^  — y  dx  =:  o  n'estpas,  comme 
il  est  aisé  de  le  voir,  une  difi'érentielle  exacte;  il  devient  la  différen- 
tielle de  -~  quand  on  l'a  divisé  par  x'-]  l'intégrale  générale  de  l'équa- 
tion X  dy  — y  dx  =  o  est  donnée  par  l'équation  y  =  Gj:,  qui  repré- 
sente les  diverses  droites  passant  par  l'origine. 

346.  Séparation  des  variables.  —  On  dit  que,  dans  une  équation 
différentielle  du  premier  ordre,  les  variables  sont  séparées  lorsqu'on 
peut  mettre  cette  équation  sous  la  forme 

ou 

^{x)  dx  -\-  ij{y)  dy  ■=  o, 

çp(:r)  et  'Kjk)  désignant  respectivement  des  fonctions  de  x  seul  et 
dejK  seul  : 

Si  l'on  désigne  respectivement  par  <ï>(.r)  et  par  W(j')  des  fonctions 
primitives  de  cp(:r)  et  de  4'(jK)j  c'est-à-dire  des  fonctions  dont  les 
dérivées,  prises  par  rapport  à  :r  et  y,  soient  respectivement  <p(^) 
et  <i'(jK),  on  sera  évidemment  dans  le  cas  qu'on  a  examiné  dans  le 


(•)  Il  semble  que  dans  l'équation  F(a;, jk)  —  F(a7o,y„)  =  o,  dont  on  vient  de  dire 
qu'elle  était  l'intégrale  générale  de  l'équation  différentielle,  il  y  ait  deux  constantes 
arbitraires,  a7„  et  j'„,  et  non  pas  seulement  une.  Mais  on  voit  bien  ici  que  ces  deux 
constantes,  qui  n'entrent  que  dans  la  combinaison  V^Xg^^y^),  n'en  forment  qu'une,  à 
savoir  cette  combinaison  elle-même.  Une  observation  analogue  peut  se  faire  dans  le 
cas  général. 


NOTIONS  DE  CALCUL  INTÉGRAL.  '       5g3 

numéro  précédent  et  l'intégrHle  générale  de  l'équation  proposée  sera 

la  diderentielle  du  premier  membre  est,  en  effet,  cp(.r)  dx  -\-  'l'(j)  dy. 
On  ('cril  souvent  celle  intégrale  sous  la  forme 


/   (f{a:)dx-+-    I   <\>{y)dv  =  C: 


dans  le  premier  membre,  les  Intégrales  ne  désignent  pas  autre  chose 
que  des  fonctions  primitives  des  fonctions  'f  (:J7),  '^{y)'  Cette  équation 
peut  s'écrire 


<■) 


f    '^ix)dr^  y^   'h{y)dy  =  (:. 


oii  Xff,  yf)  désignent  des  nombres  choisis  arbitrairement  (pourvu  que 

les  intégrales  définies  aient  un  sens),  puisque,  aussi  bien,    /    o(^)  dx 

est  une  fonction  de  x  dont  la  dérivée  est  o{x).  Le  changement  des 
valeurs  attribuées  à  x^,  y^  revient  à  changer  la  valeur  de  C,  ainsi 
qu'on  le  voit  immédiatement. 

Si  l'on  cherche  à  déterminer  la  constante  C  de  manière  que  la 
courbe  définie  par  l'équation  (i)  passe  par  le  point  donné  ^To»  J'o?  ^^ 
trouve  de  suite  C:=  o;  la  courbe  cherchée  a  pour  équation 


Cette  dernière  équation  peut,  ainsi  que  l'équation  (i),  être  regardée 
comme  l'intégrale  générale  de  l'équation  différentielle.  C'est  l'une  des 
quantités  Xq,  y^f  qui  joue  le  rôle  de  constante  arbitraire. 

Si  par  exemple  on  veut  chercher  les  courbes  telles  que  toutes  les 
normales  passent  par  un  même  point,  [par  l'origine  par  exemple,  on 
trouve  de  suite  l'équation  différentielles?  H- jkj^'=:  o;  les  variables  sont 
séparées;  la  solution  générale  est  x^-\-y^=C,  c'est-à-dire  les  cercles 
ayant  leur  centre  au  point  donné. 

Une  équation  différentielle  étant  donnée,  on  cherchera  toujours 
d'abord  à  séparer  les  variables,  soit  directement,  soit  en  faisant  quelque 
T.  -  II.  38 


Sy4  .  CHAPITRK   XVIII. 

heureux  changement  de  variable.  Il  n'est  pas  d'ailleurs  toujours  pos- 
sible d'j  parvenir. 

347.  La  séparation  des  variables  est  immédiate  lorsque  l'une  de 
ces  variables  ûc  ety  manque  dans  l'équation  différentielle. 

Supposons  d'abord  que  la  variable  y  manque;  l'équation  est  de  la 
forme  ^{x^y')  =  o;  en  la  résolvant  par  rapport  ^ y' -,  on  la  met  sous  la 
formejK' ==  4'(^)'  ^^  ^'^^  immédiatement  ramené  aux  quadratures;  la 
solution  générale  est 


/+( 


x)  dx  H-  C. 


Remarquons  que  toutes  les  courbes  qui  appartiennent  à  la  famille 
définie  par  cette  équation  se  déduisent  de  l'une  quelconque  d'entre 
elles  par  une  translation  parallèle  à  l'axe  des  y.  C'est  ce  qu'on  pouvait 
prévoir  sur  l'équation  cp(a:',  jv')  ^  o,  qui  montre  que  toutes  les  tan- 
gentes à  ces  courbes  en  des  points  situés  sur  une  même  parallèle  à 
l'axe  des  jK  sont  parallèles.  Réciproquement  les  courbes  qui  peuvent 
se  déduire  d'une  courbe  donnée  /(^,  y)^o  par  une  translation 
parallèle  à  l'axe  des  y  ont  évidemment  une  équation  de  la  forme 
f{x^y  +  G)  =  o;  en  éliminant  C  entre  cette  équation  et  l'équation 

/i(^, JK  +  G) +y/;  (37,^ -t- C;  =  o, 

on  élimine  à  la  foisjK  et  G,  il  reste  une  équation  qui  ne  contient  plus 
que  X  eiy . 

Supposons  maintenant  que  la  variable  x  manque  (');  l'équation 
différentielle  est  de  la  forme  (o{y^y')  =  o;  en  la  résolvant  encore 
par  rapport  ky'  elle  prend  la  forme jk'=  ^{y)i  ou 

^  =  ^iy),  -^,=dx. 

dx        ^^•^'"  <i^{y) 

Dans  la  dernière  forme,  la  séparation  des  variables  est  efi'ectuée  et 


(')  Au  fond,  les  deux  cas  ne  sont  pas  distincts,  comme  il  apparaît  immédiatement 
quand  on  emploie  !a  notation  difTérenlielie  et  qu'on  ne  spécifie  pas  la  variable  indé- 
pendante. Il  n'importe  pas  que  cette  variable  s'appelle  x  ou  y. 


NOTIONS   DK   CALCUL   INTKGRAL.  'SgJ 

)il  que  la  solution  générale  esl  donnée  par  la  foimule 


fi 


Joutes  les  courbes  de  cette  famille  se  déduisent  de  l'une  d'elles  par 
une  translation  parallèle  à  l'ave  des  x;  inversement,  une  famille  de 
<;ourbes  qui  jouissent  de  cette  propriété  donne  lieu  à  une  équation 
din'érentielle  où  x  manque. 

J'ai  fait  observer  que  les  deux  cas  n'étaient  réellement  pas  distincts  ; 
je  vais  raisonner  sur  le  second  cas,  le  lecteur  verra  sans  peine 
comment,  dans  le  premier  cas,  les  remarques  qui  suivent  doivent  être 
modifiées. 

il  se  peut  que  la  résolution  par  rapport  à  y  de  l'équation 
'•s{.y,y)  =  o  présente  des  difficultés,  ou  conduise  à  des  formules  dont 
la  complication  cache  le  moyen  d'effectuer  les  quadratures,  et  qu'il 
soit  au  contraire  aisé  de  remplacer  l'équation  '^(y,y)=  o  par  des 
équations  de  la  forme 

y=J'(J\      y^sith 

telles  que  l'ensemble  des  valeurs  àey^  y  que  l'on  obtient  en  faisant 
varier  l  coïncide  avec  l'ensemble  des  valeurs  de  y,  y  qui  satisfont  à 
l'équation  cp(j/-,y')  =  o.  C'est  ce  qui  arrive  en  particulier  lorsque, 
regardant  pour  un  instanty  e\.y  comme  les  coordonnées  d'un  point, 
la  courbe  définie  par  cette  dernière  équation  est  unicursale. 

11  est  alors  tout  naturel  de  prendre  t  pour  variable  indépendante  et 
de  chei'cher  une  fonction  li{t)  telle  que  les  deux  équations  x  =  h{t)^ 
y=f(^t)  définissent  une  courbe  intégrale;  il  suffit  pour  cela  que  la 

pente  .,  ■■  de  la  tangente  à  cette  courbe  soit  précisément  ^(/);  c'est- 
à-dire  que  la  fonction  inconnue  k{t)  est  déterminée  par  l'équation 
différentielle 

/'(O 


,,,^  =  ^(0; 


on  en  tire 

Jii  courbe  intégrale  est  définie  par  les  deux  é({uations 


596  CHAPITRE   XVIII. 

on  observe  que,  sous  eetle  forme,  la  propriété  qu'ont  les  courbes  de  la 
Camille,  de  se  déduire  l'une  de  l'autre  par  une  translation  parallèle  à 
Taxe  des  x^  apparaît  tout  aussi  clairement. 

Exemples.  —  On  considère  la  famille  de  courbes  (G)  définies  par  l'équation 

_^  -4-  G  =  y/a/ja?, 

où  la  constante  p  reste  la  même  pour  toutes  ks  courbes,  où  le  paramètre  G, 
constant  pour  une  courbe,  varie  d'une  courbe  à  l'autre  :  toutes  ces  courbes 
sont  égales  et  se  déduisent  l'une  de  l'autre  par  des  translations  parallèles  à 
l'axe  desjK;  chacune  d'elles  est  une  branche  de  parabole,  située  au-dessus  de 
son  axe  de  symétrie;  toutes  ces  paraboles  ont  leur  sommet  sur  l'axe  des  y.  Par 
chaque  point  du  plan,  dont  l'abscisse  est  positive,  passe  une  courbe  (G)  et 
une  seule. 

On  demande  de  trouver  une  courbe  qui  soit  rencontrée  à  angle  droit,  en 
chacun  de  ses  points,  par  celle  des  courbes  (G)  qui  passe  par  ce  point  :  une 
telle  courbe  est  ce  qu'on  appelle  une  trajectoire  orthogonale  des  courbes  (G). 

Soient  x,  y  les  coordonnées  d'un  point  de  cette  trajectoire  ;  par  ce  point  passe 

une  courbe  de  la  famille,  dont  la  pente  est  \/ -j—',  la  pente  de  la  trajectoire 

orthogonale,  en  ce  même  point,  sera  —  *  /  —  ;  cette  trajectoire  orthogonale 
sera  donc  une  intégrale  de  l'équation 


dont  l'intégrale  générale  est 

y- 


en  désignant  par  G'  une  constante  arbitraire.  Gette  dernière  équation  définit 
une  famille  de  courbes  que  j'appellerai  les  courbes  (G');  chacune  d'elles  est 
une  trajectoire  orthogonale  des  courbes  (G)  :  toutes  les  courbes  (G)  qu'elle 
rencontre,  elle  les  rencontre  à  angle  droit. 

Par  chaque  point  du  plan,  dont  l'abscisse  est  positive,  passe  une  courbe  (G'): 
les  diverses  courbes  (G')  qui  passent  par  les  différents  points  d'une  courbe  (G  > 
la  rencontrent  à  angle  droit;  chaque  courbe  (G)  est  une  trajectoire  orthogo- 
nale des  courbes  (G'). 

Si  l'on  considérait  les  paraboles  (Gi)  définies  par  l'équation 

{y  -\-  OxY—  ipx^ 
et  les  courbes  (G',)  définies  par  l'équation 


NOTIONS    DE   CALCIL    INTÉGRAL.  ^J 

et  si  l'on  désignait  sous  le  nom  de  branche  supérieure  pour  l'une  quel- 
conque de  ces  courbes  la  partie  qui  est  située  au-dessus  de  son  axe  de  symé- 
trie, on  reconnaîtrait  sans  peine  que  les  branches  supérieures  des  courbes  (C,  ) 
sont  les  trajectoires  orthogonales  des  branches  inférieures  des  paraboles  (G|). 
Si,  en  général,  l'équation  différentielle  d'une  famille  de  courbes  est 

l'équation  différentielle  d'une  trajectoire  orthogonale  de  ces  courbes  est 

I 


Inversement,  la  première  équation  est  l'équation  différentielle  des  trajec- 
toires orthogonales  des  courbes  définies  par  la  seconde  équation. 

En  reprenant  les  notations  de  l'exercice  34.2,  Ghap.  XVII,  on  demande  de 
trouver  une  courbe  telle  que  si,  par  le  point  N,  on  mène  une  parallèle  à  l'axe 
des  ^jusqu'à  la  tangente  en  M,  la  longueur  de  cette  droite  soit  constante  et 
égale  à  la. 

On  trouve  de  suite  l'équation  différentielle 

d'où 


dx 

■y 

puis,  en  posant  ^  =  (2a  — y  )i^, 

lat^  ,  iat         ,  ,  ,         ;«/=' 


dy  =  ,    -*    '    ,  dt,  dx 


(i^r^r- 


dt. 


H  substitution  <  =  tang«  est  tout  indiquée  par  le  dénominateur  i-^t^;  on 
trouve  alors 

dx  =± ^- — —  (i  -f-  tang2«)  du  =±  ^a  s\n-u  du; 

(1 -f-tang^M)*"-  "      ^ 

sin-iu  \ 


X  =  C±  -ia    I    (i  —  cos  2  u  )  du  =  C  ±  vi  a  M 

l'^n  exprimant  j'  au  moyen  de  la  même  variable  «,  on  a 

■la  tans-  "  .   » 

y  =  2__  =  2  a  sin^  «  =  «  (  1  —  cos  Jt  u ). 

•^         1  -H  tang2  u  ' 

En  remplaçant  2  u  par  v  on  obtient,  pour  les  équations  des  courbes  cherchées 

X —  Q.-±i  a{\?  —  i\xvv)^        y  =  a{\  —  co'Àv). 


^f)^,  CIIAPIIRK    XVIII. 

Il  est  inutile  de  conserver  le  double  signe  dans  l'expression- de  x,  comme  le 
montre  immédiatement  le  changement  de  c  en  —  v. 
La  courbe  définie  par  les  ('■qualions 

.r  =  ai  V  —  sin  r  ),         y  =  ail  —  cos  v  ) 

Cil  une  cycloïde  (n"300);  toutes  les  courbes  clierchées  se  déduisent  de  celle-là 
par  une  translation  parallèle  à  l'axe  des  x. 

En  conservant  toujours  les  mêmes  notation?,  on  demande  de  déterminei-  les 
courbes  telles  que  l'on  ait  TN  =  a. 

On  trouve  de  suite  l'équation  diiïérenticlle 

en  prenant  y=t   pour  variable   indépendante,  on   reconnaît  que  la   c()urbe 
cherrliée  est  définie  par  les  deux  équations 

nt  dx        ail  —  t^  ) 


I  H- /^  dt         tif-ht^y- 

dont  la  dernière  s'intègre  aisément  en  posant  i^  =  a;  on  trouve  finalement 

X  =  ai  — '--    -+-  Ig4 /— î — ^  ]  -+-  C, 
al 

Soient  M  un  point  d'une  courbe,  G  le  centre  de  courbure  correspondant,. 

N  le  point  où  la  normale  rencontre  l'axe  des  x;  on  demande  de  déterminer  la 

MC 
courbe  par  la  conditition  que  le  rapport  |rrr.  soit  constant  et  égal  à  k. 

En  mettant  brutalement  le  problème  en  équation  on  parvient  à  une  équation 
différentielle  du  second  ordre;  un  choix  convenable  des  variables  va  permettre 
de  n'introduire  que  des  équations  différentielles  du  premier  ordre,  appartenant 
aux  types  où  manque  une  variable. 

Reprenons  les  notations  du  n"  299;  à  chaque  point  M  de  la  courbe  corres- 
pondent son  abscisse  curviligne  s  (les  arcs  étant  supposés  comptés  à  partir 
d'un  point  fixe),  l'angle  a  dont  il  faut  faire  tourner  l'axe  des  x  pour  l'amener 
parallèlement  à  la  tangente,  etc.  En  prenant  pour  direction  positive  sur  la 
normale  la  direction  définie  par  l'angle  an —  ?  les  équivalents  algébriques  de& 
vecteurs  MG,  MIN  seront 

AIG=^,  M\=--^. 

aa  Cf>s  3£ 


NOTIONS  DE  CALCUt.  INTÊGUAL.  Sq^ 

On  devra  donc  avoir 

ds  cosa  _       .^ 

^^'  di  ~y~        ' 

on  a,  d'ailleurs, 

<'a)  Jx  =  ds  cosa,         dy  =  ds  sina  ; 

en  éliminant  ds  entre  la  dernière  des  équations  (i)  et  l'équation  (i),  on 
parvient  à  l'équation  différentielle 

dy  /csina    , 

-=^  = da  : 

y  cosa 

les  variables  sont  séparées;  on  trouve  pour  l'intégrale  générale 

y  =  a  cos^'a, 

en  désignant  par  a  la  constante  d'intégration;  en  remplaçant,  dans  l'équa- 
tion (i),  y  par  sa  valeur  on  obtient 

ds  =  ka  cos*  -'  a 

et,  en  remplaçant  dans  la  première  équation  (2), 

dx  =  —  Aa  cos^'xdr. 

d'où  X  =  G  —  ka  j  cos^at/a;  on  donnera  à  l'intégrale  définie  la  limite  supé- 
rieure a,  et  une  limite  inférieure  arbitraire,  o,  par  exemple;  la  modification  de 
celle  limite  inférieure  revient  à  changer  la  valeur  de  la  constante  C;  toutes 
les  courbes  cherchées  se  déduisent  de  l'une  d'elles  parades  translations,  ou  par 
un  déplacement  de  l'origine;  en  sorte  qu'on  peut  dire  que  les  courbes  cherchées 
sont  définies  par  les  équations 


Jf       COS^: 
0 


(3)  x——kaj      cos^arfa,        j- =  a  cos^ 


sans  m'arréter  à  la  distinction,  suivant  les  valeurs  de  A',  des  formes  de  ces 
diverses  courbes,  je  me  contente  d'observer  que,  pour  /:  =  1 ,  on  a  un  eercle, 
pour  k  =  2,  une  cycloïde,  .... 

Lorsque  k  est   négatif,    il   est  avantageux   de    faire  le  changement  de  va- 
riables (n"  204)  défini  par  les  équations 

I  .  ,  ,  dn 

sin  a  =  th  II,  dt  =  — — 

clw/ 


6oo  CHAPITRE   XVIII. 

Cl  de  substituer  aux  équations  (3)  les  équations 

X  —  —  a/i    I     ch-'~^  u,  du,  y  =  a  eh-''  «; 

|)our  k  =  —  I,  on  obtient  une  cliaînette  ;  pour  k  r=  —  a  une  parabole,  elc. 
Lorsque  k  est  un  nombre  entier  impair  et  positif,  ou  un  entier  pair  et  négatif, 
la  courbe  est  algébrique. 

348.  Équations  différentielles  linéaires.  —  On  appelle  équation 
différentielle  linéaire  homogène  du  /î'^"'«  ordre,  ou  encore  équa- 
tion différentielle  linéaire  sans  second  membre,  une  équation  du 
type 

(i)  Aoy«)+  A,y«-"  +  . . .+  A„_i7'-f-  A„jK  =  o, 

dans  laquelle  le  second  membre  est  o  et  dans  laquelle  le  premier 
membre  est  une  forme  linéaire  (')  par  rapport  à  y  et  à  ses  dérivées, 
jusqu'à  l'ordre  /i,  y' ,  y" ^  .  .  .,  JK^"~'\  .>'^"^  ^^^  coefficients  A„, 
A,,  .  . .,  A„  de  celte  forme  étant  des  fonctions  données  de  x.  Je  me 
bornerai  dans  ce  qui  suit  à  l'élude  des  équations  du  premier  et  du 
second  ordres,  c'est-à-dire  des  équations  apparleriant  à  l'un  ou  l'autre 
des  types 

Aoy+A|jK  =  o,         Aoy-+- A,y-H  A2.X  =  o; 

mais,  avant  de  m'y  arrêter,  je  veux  faire  les  observations  suivantes, 
qui  sont  évidentes  sur  la  forme  générale. 

Soit  u  une  fonction  de  x  qui  vérifie  l'équation  (i),  c'est-à-dire 
une  fonction  de  x  telle  qu'en  remplaçant  dans  le  premier  membre  de 
cette  équation  y  et  ses  dérivées  par  u  et  les  dérivées  de  m,  le  premier 
membre  devienne  identiquement  nul,  la  fonction  Gw,  où  G  est  une 
constante  arbitraire,  sera,  comme  ?/,  une  solution  de  l'équation  (i). 

Si  u  et  V  sont  des  fonctions  de  x  qui  vérifient  l'équation  (i),  m  -t-  *' 
sera  aussi  une  solution  de  cette  équation;  il  en  sera  par  conséquent 
de  même  de  Gw  +  GV,  en  désignant  par  G  et  G'  des  constantes  arbi- 


(')  C'est-à-dire,  conformément  aux  cooventions  expliquées  au  n»  129,  un  polynôme 
homogène  et  du  premier  degré.  J'ai  conservé  le  mot  homogène  dans  le  texte,  pour 
éviter  toute  confusion. 


NOTIONS    DE   CALCUL    INTEGRAL.  6oi 

Iraires.  Les  deux  solutions  u  et  v  ne  sont  pas  regardées  comme  dis- 
tinctes si  leur  rapport  est  constant. 

Supposons  que  M,,  «a,  . .  .,  «„  soient  des  fonctions  de  x  qui  véri- 
fient l'équation  (i),  la  fonction 

G,  «1 -t-  CjUj -+-... -I-  G«u„, 

où  C,,  Ca,  ...,  C«  sont  des  constantes  arbitraires,  sera  aussi  une 
solution  de  cette  équation.  On  démontre  que  c'est  la  solution  la  plus 
générale  de  l'équation  (i)  lorsque  les  fonctions  m,,  «2,  ...,  u„  sont 
linéairement  indépendantes,  c'est-à-dire  lorsqu'il  n'y  a  pas  de  nombres 
constants  c,,  Ca,  .  .  .,  c„  tels  que  l'on  ait  identiquement  en  x 

Cl  «1 -H  Cj  «2 -4- . . . -H  c„  «„  =  o. 

On  appelle  équation  différentielle  linéaire  avec  second  membre 
toute  équation  du  type 

(•2)  Ao^'"'h-  A,j'«-i)-4-...-h  A,j_,y-4-  Kny  =  B, 

où  B  est  comme  Ao,  A,,  .  .  .,  A,,  une  fonction  donnée  de  x. 

Il  est  à  peine  utile  de  faire  observer  au  lecteur  que  le  fait  qu'on  a 
fait  figurer  B  dans  le  second  membre  n'a  aucune  importance. 

Supposons  que  l'on  connaisse  une  solution  u  de  l'équation  diffé- 
rentielle linéaire  (2).  Si,  dans  cette  équation  (2),  on  remplace  y 
par  M  -f-  5,  en  prenants  pour  fonction  inconnue,  il  est  clair,  en  tenant 
compte  de  l'hypothèse,  que  cette  équation  sera  remplacée  par  l'équa- 
tion sans  second  membre 

Ao^'"'-!-  Ais'^-i'-H..  .-i-  A„-iz'-+-  AnZ  =0, 

qui  est  maintenant  linéaire  et  homogène  en  z,  z',  z",  .  ,  .,  z^"^;  d'où  la 
conclusion  suivante  : 

La  solution  générale  d'une  équation  différentielle  linéaire  avec 
second  membre  s'obtient  en  ajoutant  à  n'importe  quelle  solution 
particulière  de  cette  équation  la  solution  générale  de  l'équation  ob- 
tenue en  remplaçant  le  second  membre  par  o. 

La  recherche  d'une  solution  particulière  de  l'équation  avec  second 
membre  peut  être  simplifiée  par  la  remarque  suivante,  qui  est  évi- 
dente. 


6o2  OIUPITUR    XVIU. 

Si  le  second  membre  est  la  somme  de  deux  quantités  B,  -+-  Bj,  on 
obtiendra  une  solution  de  l'équation  proposée  en  ajoutant  une  solu- 
tion de  l'équation  où  le  second  membre  serait  B,  et  une  solution  de 
l'équation  où  le  second  membre  serait  Bj.  Dans  toutes  les  équations, 
bien  entendu,  le  premier  membre  est  le  même. 

349.  L'équation  linéaire  homogène  du  premier  ordre  peut  s'écrire, 
après  qu'on  a  divisé  par  le  coefficient  de  y',  sous  la  forme 

y-i-ay  =  o, 
en  désignant  par  a  une  fonction  donnée  de  x;  en  l'écrivant 

y 

y 

les  variables  sont  séparées,  on  trouve  de  suite,  pour  l'intégrale  géné- 
rale, 

Igj^  -+-   /  a  dx  -h  C  =  o, 

en  désignant  par  C  et  G'  des  constantes  arbitraires  dont  la  seconde 
est  liée  à  la  première  par  la  relation  C'=  e~^.  Cette  forme  de  l'inté- 
grale générale  met  bien  en  évidence  ce  que  l'on  a  annoncé  plus  haut. 
La  solution  la  plus  générale  de  l'équation  différentielle  linéaire  du 
premier  ordre  sans  second  membre  s'obtient  en  multipliant  par  une 
constante  arbitraire  une  solution  particulière,  à  savoir  ici  e~''"^'^;  on 

pourrait   remplacer    /  a  r/x  pa^    /     adx^   en   désignant  par  x^  un 

nombre  fixe  quelconque,  qui  peut  d'ailleurs  jouer  le  rôle  de  constante 
arbitraire. 

Par  exemple,  l'intégrale  générale  de  l'équation  y'x  -j-  y  =:  o  est 

-C-  C 


X 


ou  jK^  =  C.  L'intégrale  générale  de  l'équation ^'+  x"ys=  o,  lorsque  n 
n'est  pas  égal  à  —  i ,  est 


=  Ce' 


NOTIONS    DE    «îALCUt-   INTÈGHAt,.  6o'i 

Observons  que  le  premier  membre  de  l'équation  y -{-  ay  =  o, 
quand  on  le  multiplie  par  e-''^''-^,  devient,  quelle  que  soit  la  fonction  jk, 
la  dérivée  de  ye^"'^-^,  puis(jue  la  dérivée  de  <?-''«<'-*^  est  ae^"^^  :  de  là 
résulte  une  nouvelle  démonstration  du  résultat  auquel  on  vient  de 
parvenir;  l'équation  proposée  équivaut  à  Téquation 


(ye^urU^ 


d'où  Ton  déduit,  en  désignant  par  C  une  constante  arbitraire, 

Considérons  maintenant  une  équation  différentielle  linéaire  du 
premier  ordre  avec  second  membre  (  '  ), 

(0  y-^ay=h, 

OÙ  cr,  b  sont  des  fonctions  données  de  .r. 

Un  des  procédés,  pour  parvenir  à  la  solution  de  cette  équation,  con- 
siste à  y  remplacer  la  fonction  j>''  par  le  produit  de  deux  fonctions  u,  f  ; 
réqualion  devient  alors,  en  ordonnant  par  rapport  à  c  et  à  sa  dérivée. 

(  u'  ■+-  au  )  V  -f-  uv'  =  b  ; 

on  détermine  u  par  la  condition  que  le  coefficient  de  c  soit  nul,  c'est- 
à-dire  par  l'équation  u' -{-  au  =^  o,  cette  dernière  équation,  sauf  le 
nom  de  la  fonction  inconnue,  n'est  autre  que  l'équation  homogène 
obtenue  en  supprimant  le  second  membre  de  l'équation  (i):  on  en 
tire  u  =  A^'"'/"''-^,  en  désignant  par  A  une  constante. 

Si  l'on  adopte  cette  valeur  de  m,  il  est  clair  que  le  produit  uv  véri- 
fiera l'équation  (i)  si  l'on  a  uv'=  b  et  ne  la  vérifiera  que  dans  ce  cas  : 
on  obtiendra  donc  v  par  la  formule 


r/x 


(')  On  (lit  liabilucllemeiit  :  une  ('(/nation  différentielle  linéaire  du  premier 
ordre,  sans  rien  ajouter;  il  importe  de  remarquer  que  le  mot  linéaire  n'est  plus 
alors  pris  avec  la  signification  qu'on  lui  a  donnée  au  n"  1?9;  il  remplace  les  mots  du 
premier  degré. 


6o4  CHAPITKE    XVI M. 

et  la  solution  la  plus  générale  de  l'équation  (i)  sen 

b 


y  =11 


U>-'-) 


C  désigne  une  constante  arbitraire. 

Il  semble  qu'il  j  ait  dans  l'expression  de  y  deux  constantes  arbi- 
traires, C  et  X;  mais  il  est  clair  que  \  disparaît  du  produit  u  f  —<tx] 

les  deux  constantes  n'entrent  que  par  leur  combinaison  aG;  au  reste, 
il  résulte  clairement  du  raisonnement  même  par  lequel  on  est  parvenu 
à  la  solution  générale  qu'on  peut  prendre  pour  u  n'importe  quelle 
solution  de  l'équation  «'+««=0,  c'est-à-dire  attribuer  à  \  telle 
valeur  numérique  que  l'on  veut.  Il  suffit  de  faire  figurer  dans  le 
résultat  la  constante  G. 

En  résumé,  pour  avoir  la  solution  la  plus  générale  de  l'équation  (i), 
on  détermine  d'abord  une  solution  u  de  l'équation  sans  second  membre 

et  l'on  multiplie  celte  solution  par  une  fonction  primitive  de  -7  aug- 
mentée d'une  constante  arbitraire. 
On  peut  écrire  y  sous  la  forme 


y  =  e-J'«  dx  (     I    Ij^Sa  dxdx  -{-QA. 


Gette  dernière  forme  revient  à  dire  que  la  dérivée  de  ye^"^-^'  doit 
être  be^^^^.  G'est  là,  d'ailleurs,  une  conséquence  immédiate  de 
l'équation  diflerentielle  et  de  ce  que  le  produit  par  e^^^^  de  y' -]-  ay 
est,  comme  on  l'a  fait  observer,  la  dérivée  de  yef'^^^. 

On  a  vu  que  l'intégrale  générale  de  l'équation  (i)  peut  s'écrire  sous 
la  forme  j'  =  GP  -+-  Q,  en  désignant  par  G  la  constante  arbitraire  et 
en  posant 

P  =  e-/arfx.  Q  =  e-/a  dx    I    l)gSadx  dx 


-Sa  dx    I    ffgSa  < 


inversement  toutes  les  fonctions  de  la  forme  GP  H-  Q,  satisfont,  quel 
que  soit  G,  à  l'équation  difTérentielle  linéaire  du  premier  ordre 

Pj'— P>=  PQ'-P'Q; 
l'identification  de  cette  équation  avec  l'équation  y-J^  ay  =  b,  four- 


NOTIONS    DE   CALCUL   INTEGRAL.  6o5 

nira    au  lecteur  un  moyen  de  retrouver  l'expression  de  l'intégrale 
générale. 

Si  a  et  6  sont  des  constantes,  l'intéarrale  générale  est 


&^ 


(/ 


fj^ax  flçg.  _^  G  )  =  - 


Ge- 


observons  que  la  solution  -  est  évidente;  conformément  à  une  obser- 

vation  antérieure,  on  obtient  la  solution  générale  en  ajoutant  à  cette 
solution  particulière  l'intégrale  générale  de  l'équation  sans  second 
membre  JV''+  ciy  =  o. 


3o0.  Dans  tout  ce  qui  précède,  on  a  supposé  implicitement  que  la  variable, 
les  fonctions  données  ou  inconnues  étaient  réelles;  mais,  en  supposant  toujours 
essentiellement  que  la  variable  a-  soit  réelle,  il  convient,  pour  ce  qui  suit, 
d'observer  que  le  résultat  qu'on  vient  d'obtenir,  relatif  à  l'intégrale  générale 
de  l'équation  y -h  ay  =  b,  subsiste  lorsque  a  et  6  sont  des  constantes  imagi- 
naires; la  fonction^  la  plus  générale  de  la  forme  P-4-Q*,  où  P,  Q  sont  des 
fonctions  réelles  de  la  variable  réelle  x,  qui  satisfasse  à  cette  équation  est  tou- 
jours donnée  par  la  formule 

où  G  [est  maintenant  une  constante  réelle  ou  imaginaire,  et  où  l'exponen- 
tielle e-"^  a  la  signification  qui  a  été  précisée  au  n°239;  cela  résulte  de  ce  que, 
quelle  que  soit  la  fonction  y,  la  dérivée  par  rapport  à  ar  de  ye"-'  est 

eax(^y^ay); 

si  l'on  veut  que  la  fonction  y' -h  ay  soit  égale  à  6,  il  faut  donc  que  l'on  ait 

d  ,  .       ,  d    Ib 

(yeaa.)  =  be"-^=  -r-  (  -  e«- 

et  que,  par  conséquent,  la  différence  entre  je"-^  et  —  e«-^  soit  une  constante, 

qui  peut  d'ailleurs  être  imaginaire;  c'est  le  résultat  annoncé. 

Par  exemple,  on  voit,  dans  le  cas  où  b  est  nul  et  où  l'tin  suppose  a  =  a  -(-  ji/» 
que  la  solution  la  plus  générale  de  l'équation  /'-H  (a -h  '^i)y  est  donnée  par 
la  formule 

j'  =  (A-i- Bt)(cospj;  — tsin^a:)e-='-^. 


6o6  CHAHITHE    XVllI. 

Gela  revient  à  dire  que  les  fonctions  réelles 

P  =  (Acospa:-  H-  B  s'in  ^ t ) e-<=^^ , 
Q  =  (  B  CCS  par  —  A  sin  ^a;)e~<^^, 

où  A,  B  désignent  des  constantes,  constituent  la  solution  la  plus  générale  des 
-équations  différentielles  simultanées 

P'-i-aP  — ^Q  =o,         Q'-+- ^P-f-aQ  =  o, 

•où  tout  est  supposé  réel. 

351.  Exemples.  —  Cherchons  les  courbes  telles  que  la  tangente  renconlrr 
J'axe  des  y  en  un  point  fixe  d'ordonnée  égale  à  a.  On  trouve  de  suite  l'équa- 
tion différentielle  y — y'x  =  a,  ou 

,       I  a 

On  aperçoit  de  suite  la  solution  particulière  y  =  a;  la  solution  générale  de 
S'équation  sans  second  nnembre  est  jk  =  Cx;  l'intégrale  générale  est  j  =  Ca^-i-a. 

Soit  à  intégrer  l'équation 
<i)  y{\  —  x'^)  —  xy  =  \\ 

l'intégrale  de  l'équation  sans  second  membre  est 

•elle   est  susceptible  de  deux  formes  distinctes,  dont   l'une  — r==:  convient 

v/i  —  x^ 

pour  I  a?  I  <  I ,  dont  l'autre  '        convient  pou r  a--  >  i  (  *  ). 

\/x'^  —  1 

Elles  vont  conduire  à  deux  formes  de  la  solution  générale,  dont  l'une 
■conviendra  dans  le  premier  cas,  l'autre  dans  le  second.  Quant  à  la  constante  X, 
on  peut  dans  l'un  ou  l'autre  cas  lui  donner  la  valeur  i. 

Dans  le  premier  cas,  que  je  considérerai  spécialement,  la  solution  générale 
-sera  donnée  par  la  formule 


(')  On  passerait  de  l'une  à  l'autre  par  le  cliaagement  de  X  en   i\;  voir  la   note 
<lu  n°  343. 


NOTIONS    l)K   CALCIL    IXTKGRAL.  O07 

elle  serait  donnée,  dans  le  second  cas,  par  la  formule 


^^__C_ 


^x*—l  \.J       •— ^*  J  ^.Ti  —  I  s/x*—i 

Cherchons  à  déterminer  les  coefficienls  a»,  «i,  ....  a„,   ...  de  la  série 

ao-H  «jar  -H. .  .-f-  a,ja:«-+-. . . 

supposée  convergente,  de  manière  que  la  somme  de  cette  série  vérifie  l'équa- 
tion proposée. 

On  écrira  que  le  terme  constant  est  égal  à  1  et  que  les  coefficients  des  diiïé- 
renles  puissances  de  x  dans  l'expression 

{i  —  x*){ai-Jt-  9.atX  -h. .  .-{-  na„x>'-'  -h. .  .) — x^a^-i-  a,  /-+-. .  .-¥-a„x'' -h. ..) 

sont  nuls;  on  trouve  ainsi 

ai  =  i,         itti — ay  =  o,         ia-i — •j>.«i  =  o, 

et,  en  général, 

«a„— (/i  —  i)a„_2=  o        («  =  i,  3, . ..). 

Les  équations 

a,=  1, 

3  03=  2  ai, 

5as  =  4  «3, 


(2n-+-i)a2„4-i=  ina2n-\ 

déterminent  successivement  les  coefficients  à  indice  impair;   on   trouve,   en 
multipliant  membre  à  membre, 

VI .  4 . 6 . . .  -i  n  I 


1 . 3 . 5 . . .  (  -2  n  —  I  )  2  /i  -+- 1 

Les  équations 

2a2  =  «0, 


2«aî„  =  (2«  — ija2„-î 

déterminent  les  coefficients  d'indice  pair  en  fonction  de  ao\  on  trouve  comi 
tout  à  l'heure 

1 . 3 .  5 . . .  (  2  «  —  I  ) 

2.4.().  .  .2/1 


/(•^) 

- 

X  -+- 

7  T 

-1- 

■x.k 
1.3 

') 

g(T) 

= 

1    + 

Ix^ 

-H 

1.3 

•2.4 

ar'' 

6o8  CHAPITRE    XVIII. 

On  en  conclut  que  l'équation  proposée  est  vérifiée  par  l'expression 

f(x)^a>ig{x), 

en  désignant  par  «y  une  constante  arbitraire,  et  en  posant 

2.4.6...  A /i  :r2"+i 

1 . 3  . 5 . . .  (  2  rt  —  I  )  •>.  rt  ■+-  I 

I  .  3 .')...(  -2  /i  —  I)      ^ 

•H j-r. ./■="  +  .... 

On  reconnaît  tJe  suite  que  ces  deux  séries  sont  convergentes  à  l'intérieur  de 
l'intervalle  ( — 1,  1).  En  vertu  même  du  calcul  que  l'on  a  fait,  toute  série 
entière  eu  x  qui  vérifie  l'équation  proposée  peut  se  mettre  sous  la  forme 
f{x)-^ra^g(^x). 

L'intégrale  générale  de  cette  équation,  en  supposant  |  a?  |  <  i,  est 


elle  se  réduit  à  G  pour  .r  =  o;  l'intégrale  f{x)  -i-  a^gix)  se  réduit  à  «o-  On 
en  conclut,  puisqu'il  n'y  a  qu'une  seule  solution  de  l'équation  (1)  qui  prenne 
une  valeur  donnée  pour  une  valeur  donnée  de  la  variable,  que  les  deux 
fonctions 

arcsin:r  G  ..  r^     ,     -, 

+  -j=^y        f{x)-\-Cg{x) 

yj  l  —  x-         V'  •  —  ^ 
sont  identiques;  ceci  devant  avoir  lieu  quel  que  soit  G,  on  a  certainement 
arcsina-  ,     ^  1 

fix)=- rrr^,  g{x}= ; 

\/  I  —  a"-  y  '  ^ 

la  seconde  formule  nous  était  déjà  connue;  la  première  nous  fournit  un  déve- 

,  -11     arc  sina;  ,  .  -.         ,  .     , 

loppement  simple  de  ■  en  série  entière,  développement  que  I  on  savait 

\^  i  ^x^ 

d'avance  exister,  puisqu'on  peut  l'obtenir  en   multipliant  les  deux  séries  qui 

représentent    arcsina?  et  .    séries   que  Ion   sait  être  convergentes  a 

y/i  —  x'^ 

l'intérieur  de  l'intervalle  (  —  1,  i). 

Le  résultat  que  l'on  vient  d'obtenir  a  été  présenté  comme  une  conséquence 

de  l'intégration  de  l'équation  (1).  Si  l'on  s'était  proposé,  a  priori,  de  chercher 

la  forme  du  développement  de  la  fonction 


v/7=:^^ 


NOTIONS    DE   CALCUL   INTÉGRAL.  609 

il  aurait  été  naturel  de  chercher  quelque  relation  simple  entre  la  variable, 
cette  fonction  et  sa  dérivée  (ou  ses  dérivées).  Celte  relation  s'obtient  de  suite 
en  prenant  les  dérivées  des  deux  membres  de  l'égalité  précédente,  écrite  sous 
Il  forme 

y  ^\  —  37-  =  arc  sina;, 

t't  l'on  retombe  immédiatement  sur  l'équation  (i).  Il  est  d'ailleurs  inutile  ici, 
pour  la  suite,  d'intégrer  l'équation  (i).  On  sait  que  le  développement  est  pos- 
sible; on  reconnaît  aisément  qu'il  ne  doit  contenir  que  des  termes  du  degré 
impair  ei  qu'il  est,  par  conséquent,  de  la  forme 

a,  a:  -h  «3 a?'  -H  ...  +  '^m-y-x  ^*"'^*  -+-.... 

Les  coefficients  ai,  %%^  ...,  «2/1+1,  ...  se  déterminent  comme  on  l'a  expliqué. 

On  est  tombé  ici  sur  une  équation  linéaire,  avec  second  membre,  du  pre- 
mier ordre,  particulièrement  simple.  Je  signale  une  autre  application  du  même 
procédé  qui  va  nous  servir  à  déterminer,  au  moyen  d'une  équation  différen- 
tielle, les  coefficients,  non  plus  d'une  série,  mais  bien  d'un  polynôme;  la  ques- 
tion est  de  la  même  nature;  un  polynôme  en  x  peut  être  regardé  comme  une 
série  entière  en  x,  dont  tous  les  coefficients  sont  nuls,  à  partir  d'un  certain 
rang. 

On  a  vu  au  n°  109  que  la  fonction  ^  =  cos(/i  arc  cosa-),  qui  s'obtient  en 
remplaçant  cosa  par  x  dans  l'expression  de  cosna,  était  un  polynôme  en  x 
du  degré  n,  dans  lequel  le  coefficient  de  x"^  était  2"-'  et  dont  tous  les  termes 
sont  de  même  parité. 

On  a,  par  un  calcul  facile, 

dy  n 


dx     /r=: 


sin(/î  arc  cosx) 


-r(\/^-~^--J-]  = ;= cos(/tarccosj7)  = . — — 

<lx\  dxj  ^^  _^2  ^\  —  x 

Ou  \uit  que  la  fonction  j'  vérifie  l'équation  différentielle 


ou  encore 

,.,  0-.^)g-:r;5^-f.,0'  =  o; 

nous  tombons  ici  sur  une  équation  linéaire  homogène  du  second  ordre.  On 
sait  qu'il  existe  un  polynôme  de  la  forme 

Aoa""-4-  A,a:''-î-h...-h  A/, x" -«/'-+-... 
T.  -  II.  h 


6lO  CHAPITRE    XVIII. 

qui  •véri'fie  cette  équation;  on  substituera  le  palynome  dans  l'équation  (-2)  et 
l'on  écrira  que  les  coefficients  des  différentes  puissances  de  x  sont  nuls  :  on 
obtient  ainsi  une  relation  entre  deux 'coefficients  consécutifs  du  polynôme, 


A„  =  - 


{n  —  a,/>  -h  I  )  (  -n  —  2/?  h-  i  ) 


/>-! 


4/>(/l— yO) 

d'où  l'on  déduit  sans  peine 

A  =  (   \Y^"'~' '^^p ^ ^) ('^  —  '^p -^ '^y("'  —  "^p -^ ^) •  •  •  "■  s^ 

''  ifxi.i...px{n  —  p){n—p-^i)...(n  —  \)     *" 

ou,  en  supposant  /J  >  i  et  en  remplaçant  Aq  par  ?.«-', 

'  2 . 3  . . .  p 

On  peut  donc  écrire 

-  cos('/iarccosa7)=  —  (aa;)"—  (•2x)"^-^-\ (aa^)"-*  — .... 

n  n  9 

_,-(_,).  (n-a/>+  ■)(.-y>+.)  ■  ■  ■  (n-p-0  ^.^^y,_,„^ 

Il  convient  de  remarquer  que  les  deux  premiers  termes  n'obéissent  pas  à  la 
loi  du  terme  général  :  dans  ce  terme,  p  doit  prendre  les  valeurs  a,  3, 

si  n  est  pair,  les  valeurs  2,  3,  . . .,  si  n  est  impair.  Le  dernier  terme  est 

-2  ^i^ 

(— 1)2 —)  dans  le  premier  cas  et  ( — 1)   ^    aar  dans  le  second  (•). 


2 


352.  Une  équation  différentielle  linéaire  (homogène)  du  second 
ordre  peut  s'écrire 

en  désignant  par  p  et  q  des  fonctions  données  de  x. 

Considérons  le  cas  où  ces  fonctions  se  réduisent  à  des  constantes 
réelles  et  cherchons  si  l'équation  admet  des  solutions  de  la  forme  e'"-^, 
en  désignant  par  r  une  constante.  Le  premier  membre  de  l'équation, 
quand  on  y  remplace  y  par  e'"-^,  devient  e^^ {^'^  -\-  pi^  4-  ^);  il  sera  iden- 
tiquem-ent  nul  (e'^^  sera  une  solution)  «i  r  est  une  racine  de  l'équation 


(')  Cf.  Ex.  36  et  37. 


NOTIONS   DK   CALCtX   INIKtiUM-  6ll 

du  second  degré 

r^-h  pr  -h  q  =  o  ; 

supposons  que  cette  équation  ait  deux  racines  réelles  et  distinctes  /'i 
et  Ta;  on  trouve  ainsi  deux  solutions  e'".^,  e''*^  dont  le  rapport  n'est 
pas  constant;  il  en  résulte  que 

€st  une  solution  de  l'équation  proposée,  siC,  et  Cj  désignent  des  con- 
stantes :  si  l'on  admettait  la  proposition  générale  énoncée  au  n"  348, 
on  serait  assuré  que  c'est  là  la  solution  générale  :  c'est  ce  que  l'on  éta- 
blira d'ailleurs  dans  un  instant. 

Si  les  deux  racines  sont  distinctes,  mais  imaginaires,  le  calcul  pré- 
cédent conserve  une  signification.  On  sait  ce  que  signifie  l'expres- 
sion e'-^  quand  r  est  imaginaire  et  x  réel,  ce  que  sont  ses  dérivées 
re''-^,  ,.2grj;  .  Qjj  ggj  encore  certain  que  e''>^,  e'"»^,  où  r,  et  r.^  sont  des 
nombres  imaginaires  conjugués  a  -f-  ^t,  a  —  ^f,  sont  des  solutions  de 
l'équation  différentielle.  Les  fonctions 

eft^=  eaJ^(cospa7  -+■  t  sin^x), 
e'-.^=  ea-rfcos^x— tsinp>a:) 

sont  imaginaires  conjuguées.  La  fonction  C|  e''«'^4- Cje'"»^  est  tou- 
jours une    solution  de  l'équation  proposée;   elle  sera  réelle  si  l'on 

pose 

G;  =  a  -i-  bi,         C2  =  a  —  bi, 

a  et  b  étant  des  nombres  réels  ;  on  a  alors 

Cc'i-'-i-  Gj  <;'■•.•'•=  (a  -+-  ùi)(co<,^jr-^  t  sin^j-)e«* 

-+-  (a  —  ùijicos^x  —  tsin^3?)e** 
=  <»a  cos^JT  —  -aôsin^-r  )«*«; 

il  suit  de  là  qu€  les  fonctions  réelles 

satisfont  à  l'équation  différentielle.  C'est  ce  que  le  lecteur  n'aura  au- 
cune peine  à  vérifier.  L'intégrale  générale,  en  admettant  toujours  Ih 


6l2  CHVPITRIv  XVIII. 

même  proposition,  est 

Ae*-^  cos^a?  ■+-  Be»^  sin^a" 

en  désignant  par  A  et  B  des  constantes  réelles  quelconques. 
On  peut  l'écrire 

Re^^sinPicv  —  k) 

en  désignant  par  R  et  A"  de  nouvelles  constantes  arbitraires  liées  aux 
premières  par  les  relations 

A  =  — Rsin^Â-,         B=Ucos,3A-. 

On  peut  supposer  R  >>  o. 

On  observera  les  différences  de  nature  entre  les  fonctions  que  l'on 
trouve  comme  solutions  de  l'équation  différentielle.  Une  fonction  de  la 
forme  C,  e''>^+  C-ye''^''  où  C,,  C2,  /"i,  /•2  sont  des  quantités  réelles  ne 
s'annule  pour  aucune  valeur  de  x  si  les  constantes  C|,  C2  sont  de 
même  signe,  elle  s'annule  et  change  de  signe  pour  une  valeur  de  x, 
et  une  seule,  si  C)  etCg  sont  de  signes  contraires.  L'influence  du  signe 
de  l't,  /'a  se  fait  sentir  sur  la  façon  dont  se  comporte  la  fonction  pour 
j-  :=  =t  00,  pour  X  =  H-  00  par  exemple  :  en  supposant  /^  >  f'i  on  peut 
écrire 

quand  x  devient  très  grand,  la  quantité  entre  crochets  tend  vers  C^  ; 
si  /'o  est  positif,  y  deviendra  infini  en  valeur  absolue  et  du  signe 
de  C2  ;  si  J'2  est  négatif, jk  tendra  vers  zéro  ;  il  s'approchera  de  Co  si  f., 
est  nul. 

Les  fonctions  de  la  forme  y  =  R<î°""sin[3(^  —  A)  se  comportent 
tout  autrement,  elles  s'annulent  et  changent  de  signe  pour  toutes  les 
valeurs  de  x  de  la  forme  x  =  k  -+-  mz,  n  étant  un  entier  quelconque. 
La  courbe  sinueuse  qui  les  représente  rencontre  l'axe  des  x  en  une 
infinité  de  points  équidistants;  si  a  est  positif,  e^^  tend  vers  H-  00  en 
même  temps  que  a?  (et  beaucoup  plus  rapidement).  Il  est  clair  que 
pour 

T  — /{  ^  {'in-i- i)  ^         (n  entier) 

y  a  des  valeurs  très  grandes  en  valeur  absolue,  positives  ou  négatives 


NOTIONS    DE   CALCl  I.    IMKGRAI,.  Ol'i 

suivant  que  n  est  pair  ou  impair,  de  plus  eu  |)lus  grandes  à  mesure 
(|ue  n  devient  plus  grand.  Les  précédentes  valeurs  de  x  ne  sont  pas 
d'ailleurs  celles  qui  correspondent  aux  maxima  et  aux  minima  de  /; 
celles-ci  sont  données  par  l'équation 

Au  contraire,  quand  a  est  négatif  et  que  x  tend  vers  +  oo,  la  courbe 
se  rapproche  rapidement  de  l'axe  des  x. 

Lorsque  les  deux  racines  de  l'équation  r- -\- pr -\- q  ■=  o  sont  égales, 
la  marche  précédente  ne  fournit  qu'une  solution  de  l'équation  difle- 
rcntieile;  il  faut  en  chercher  une  seconde;  on  y  parvient  par  une  mé- 
thode qui  va  nous  fournir  en  même  temps  la  démonstration  de  ce  que, 
dans  les  autres  cas,  on  a  bien,  en  efl'et,  obtenu  la  solution  générale 
de  l'équation. 

Si,  dans  l'expression  y" -\-  py' -^  qj-,  on  remplace  y  par  lé  pro- 
duit iiv  de  deux  fonctions  quelconques  de  x^  cette  expression,  en 
ordonnant  par  rapport  à  p  et  à  ses  dérivées,  devient 

uv" -^  {lit!  -^ pu)v' -+-  ('(«"-t-yoti'-l--  qii)     ('  ). 

Supposons  maintenant  que  u  soit  de  la  forme  e'-^,  /•  étant  une  con- 
stante, et  que  p  el  q  soient  des  constantes,  l'expression  précédente 
deviendra 

e'^'lv" -^  {-ir  -\- p)v'-^  (r^-h  pr  -f-  g)v]. 

Il  est  clair  que,  si  l'on  se  donne  ;*,  la  solution  la  plus  générale  de 
l'équation  proposée  s'obtiendra  en  multipliant  par  e''^  la  solution  la 
plus  générale  de  l'équation 

v''-+-{-2r-i-p)v'-+-  (/-î  -^  pr-+-  q)v  =  o, 

dans  laquelle  on  observera  que  le  coefficient  a/-  -\- p  àe  v'  est  la  dé- 
rivée par  rapport  à  /•  du  coefficient  r-  -\- pr  -{-  q  de  v.  En  prenant 

(')  Ce  calcul  s'applique  lors  même  que  p  el  q  sont  des  fondions  iie  x;  le  lerleur 
en  conclura  sans  peine  que,  lorsque  l'on  connaît  une  solution  d'une  équation  dilté- 
renlielle  linéaire  homogène  du  second  ordre,  sa  résolution  complète  se  ramène  à  une 
quadrature  et  à  l'intégration  d'une  équation  linéaire  du  premier  ordre. 


6l4  CHAPITRE   XVIII. 

pour /•  une  racine  r,  de  r--{-pr-\-q^  Téquation  précédente  devient 

P" -f-  (  9. /'i  -f- />)  (^' =  O. 

C'est  là,  si  l'on  regarde  v'  comme  la  fonction  inconnue,  une  équation 
linéaire  liomogène  du  premier  ordre,  à  coefficients  constants. 
On  en  tire 

et,  par  suite, 

en  désignant  par  C,  C,,  Co  des  constantes;  on  en  conclut  que  la  solu- 
tion la  plus  générale  de  l'équation  proposée  est 

en  désignant  par  /-o  la  seconde  racine  de  l'équation  /-  +  yt?/-  -+-  y  =  o  r 
ces  résultats  sont  valables  lors  même  que  les  racines  r»,  /'a  sont  ima- 
ginaires conjuguées;  mais  il  faut  prendre  alors,  pour  les  constantes  C,, 
et  Cj,  des  nombres  imaginaires  conjugués,  si  l'on  veut  avoir  pour  jv 
une  fonction  réelle.  On  retrouve  donc  ainsi,  complètement  démon- 
trés, les  résultats  annoncés  plus  haut. 

Il  reste  à  examiner  le  cas  où  les  racines  du  trinôme  r^  -\- pr  -{-  q 
sont  égales;  l'équation  en  v  se  réduit  alors  à  v" z=  o,  d'où  Ton  déduit 
(''=  C,  V  =  Cx  -+-  G  en  désignant  par  C  et  C  des  constantes;  l'inté- 
grale générale  de  l'équation  proposée  est  alors 

j  =  (Ccp  -h  c )e     ^ 

Dans  tous  les  cas,  les  constantes  sont  déterminées  si  l'on  se  donne 
j)Our  une  valeur  de  x,  la  valeur  de  y  et  de  sa  dérivée,  un  point  de  la 
courbe  intégrale  et  la  tangente  en  ce  point. 

353.  Considérons  maintenant  une  équation  différentielle  linéaire 
du  second  ordre  avec  second  membre 

où  je  suppose  encore  que  p  ei  q  soient  des  constantes.  La  méthode 
précédente  fournit  un  moyen  de  ramener  l'intégration  de  cette  équa- 


NOTIONS   DE   CALCUL   INTÉGRAL.  6l5 

tion  aux  quadratures  quelle  que  soit  la  fonction  donnée  de  x  qui 
figure  dans  le  second  membre;  en  effet,  en  substituant  dans  cette 
équation  e''^v  à  la  place  dey  et  en  supposant  que  /•  soit  une  racine  de 
l'équation  r'^-\- pr  +  çr  =  o,  on  trouve,  après  avoir  divisé  par  e'"-^, 

«^"-f- (2  r -4- /))(''=  ke-''^\ 

c'est  une  équation  linéaire  du  premier  ordre,  si  l'on  regarde  v'  comme 
la  fonction  inconnue  ;  on  en  déduit  p',  puis  v^  par  des  quadratures  ; 
cette  méthode  s'applique  en  particulier  quand  /•  est  une  racine 
double. 

Dans  le  cas  où  A  est  un  polynôme  en  x^  ou  une  somme  d'exponen- 
tielles, il  vaut  mieux,  le  plus  souvent,  chercher  une  solution  particu- 
lière de  l'équation 

y''-\-py'^qy  =  K, 

puis  ajouter  à  cette  solution  particulière  la  solution  générale  de 
l'équation  sans  second  membre. 

Si  A  est  une  constante,  —  sera  une  solution. 

Si 

A  =  Aoa?'»-f- Aia''*-i-+-. ..-+-  Aaa7'»-«+. .  .-h  A„ 
est  un  poljnome  de  degré  /i,  on  cherchera  une  solution  de  la  forme 

en  substituant  et  en  égalant  dans  les  deux  membres  les  coefficients 
d'une  même  puissance  de  x^  on  formera  11+  i  équations  du  premier 

degré 

qa„  —  A.„ 

qa^  -+- pna„=  Ai, 
qa^-^  (n  —  a  -+-  i)/?«.a-i  +  («  —  «-+■  'i-){n  —  a  -t-  !)««-!=  A^, 

qui  permettront  de  déterminer  sans  ambiguïté  les  coefficients  a„, 
«,,  ,  . . ,  «a,  . . .,  a„,  lorsque  q  n'est  pas  nul. 

Si  q  était  nul,  on  serait  ramené  à  une  équation  du  premier  ordre  en 
prenant  y  pour  inconnue;  au  reste,  la  même  méthode  s'appliquerait, 
en  prenant  un  polynôme  du  (n  +  i)'"'"*'  degré  pour  y  au  lieu  de 
prendre  un  polynôme  du  /i'^"^. 


6l6  CHAPITRE    XVIII. 

Dans  le  cas  où  A  est  une  exponentielle  de  la  forme  ae"*^,  a  et  /;* 
étant  des  constantes,  on  cherchera  une  solution  de  Xdiîorixve  y  =  \e"^'^  ; 
on  satisfera  à  l'équation  en  prenant 


X  = 


ptn 


si  m'^  -\- pm  -4-  q  n'est  pas  nul  ;  si  m-  -{-  pm  -{-  q  est  nul  on  cherchera 
une  solution  de  la  même  forme  mais  où  \  soit  du  premier  ou  du  second 
degré  suivant  que  im-\- p  n'est  pas  nul  ou  est  nul;  on  trouvera  sans 
peine,  suivant  les  cas,  que 


sont  des  solutions. 

Lorsque  A  est  de  la  forme  Be"*^,  où  B  est  un  poljnome  en  x,  on 
posera  dans  l'équation  proposée  y=ve"^^^  on  la  ramènera  à  une 
équation  linéaire  où  le  second  membre  est  un  poljnome,  équation 
que  l'on  traitera  comme  il  a  été  expliqué. 

Une  remarque  que  l'on  a  faite  pour  une  équation  linéaire  d'ordre 
quelconque  montre  que  l'on  saura,  en  ajoutant  des  solutions  obtenues 
par  les  méthodes  précédentes,  trouver,  dans  le  cas  où  A  est  la  somme 
de  polynômes  et  de  termes  exponentiels  de  la  forme  Be"'-^,  une  solu- 
tion particulière  de  l'équation  avec  second  membre.  Le  cas  où  l'on 
aurait,  en  outre,  des  termes  de  la  forme  Bsin/??J7,  Bcosm^r, 
Bsin(//fjr  +  n)  rentre  dans  celui  que  l'on  vient  d'examiner,  puisque 
le  sinus  et  le  cosinus  peuvent  être  remplacés  par  des  combinaisons 
d'exponentielles  imaginaires  ;  la  méthode  précédente  permettra,  en 
ajoutant  des  solutions  qui  soient  des  imaginaires  conjuguées,  de  par- 
venir à  une  solution  réelle,  que  l'on  peut  d'ailleurs  trouver  directe- 
ment par  des  procédés  analogues  à  ceux  que  l'on  vient  de  décrire. 

L'équation 

y'-\-a^y  =  o 

où  a  est  une  constante  réelle,  admet  pour  intégrale  générale 

jK  =  A  co'iax  -+-  B  sinaa?  =  R  sina(a7  —  a^o); 

où  A,  B,  R,  Xq  sont  des  constantes  arbitraires;  on  peut  déterminer  ces  con- 


.NOTIONS    DE   CALCUL    INTÉGRAL.  6|- 

stantes  par  la  condition  que,  pour  une  valeur  donnée  de  x,  y  el  y'  prennent 
(les  valeurs  données  (•). 

Si  l'on  veut,  par  exemple,  que,  pour  x  =  Xo,  y  soit  nul  et  y  égal  à  i,  ou 
prendra  ^  =  -sina{x  —  xq).  L'équation 

y~  a'^y  =  o 
a  pour  solution  générale 

y  =  A  e«^ -^  B e-«^  =X'  chax-^  B'  slm:p, 

»n  désignant  par  A,  B,   A',  B'  des  constantes  arbitraires.  Suivant  que  A,  B 
sont,  ou  non,  de  même  signe,  y  peut  se  mettre  sous  l'une  des  formes 

Kcha{x  —Xq),     Rsha(a7  —  x^) 

où  R  et  xo  sont  des  constantes  :  ces  expressions  vérifient  l'équation  dilFéren- 
lielle,  quelles  que  soient  R  et  x^. 
Considérons  l'équation 

y" — y  =  3e2^-f-  x^e-' —  sin.r. 

L'intégrale  générale  s'obtiendra  en  ajoutant  à  Ae^-4-  B«-*,  où  A  et  B  sont 
des  constantes  arbitraires,  les  solutions  particulières  des  équations  dont  les 
seconds  membres  sont  3e*^,  x^e^,  —  %mx.  Pour  la  première,  on  trouve  e^-^; 
pour  la  seconde,  on  commence  par  poser  j'  =  ve^  et  l'on  forme  l'équàlion  en  v 
v"-¥-  iv'  =  x^  qui  admet  pour  solution 

vi.r'  —  .3x-  -I-  3.r 
V  =  : 


on  pourra  écrire  la  troisième  sous  la  fornie 

I        .        I  . 

Y   —   K  =  —    — :  e'^^  H -.  6~^' 

•^  "^  Il  M 

et  déterminer  des  solutions  particulières  des  équations 

y — r  =  -  T;-  «",         7"  -  r  =  ~i  «  "^'. 

on  trouvera  les  deux  solutions  conjuguées -;-.e-^',  —  — . e-^',  dont  la  somme 

^i  il 

(.')  Cette  observation  s'applique  à  toutes  les  équations  du  second  ordre  :  cela  est 
évident  quand  il  s'agit  d'équations  linéaires  à  coefficients  constants,  avec  ou  suns 
second  membre.  En  d'autres  termes,  la  courbe  que  définit  l'équation  est  délermincc 
quand  on  se  donne  un  point  de  celte  courbe  et  la  tangente  en  ce  point. 


6l8  CHAPITRE   XVIII. 

est-sinjp;  on  arrive  au  même  résultat  en  cherchant  directement  une  solution 

2 

de  l'équation  y  —  y^  —  sin  r,  qui  soit  de  la  form3  a '>in  p,  a  étant  une 
constante. 

On  aura  finalement  pour  l'intégrale  générale  de  l'équation  proposée 

y  =  Ae-*^-f-  Be-^-H  e-*  h e^+  -  %\ViX. 

Considérons  encore  l'équation 

y"  —  'ly' -\- y  =  4  sin' a?; 

l'intégrale  de  l'équation  sans  second  m3mbre  est  e*(Ay-l-B),  en  désignant 
par  A  et  B  des  constantes  :  on  remplacera  le  second  msmbre  par 

3  sina?  —  sin3  .r 

pour  le  ramener  à  l'un  des  types  précédents  et  l'on  cherchera  des  solutions 
particulières  des  équations  dont  les  seconds  membres  sont  Ssin^p,  — sinSa?; 
pour  la  seconde,  par  exemple,  on  cherchera  un3  solution  de  la  forme 

a  sin  Bar  +  b  cosSa:^; 

le  premier  membre,  en  y  remplaçant  j'  par  cette  expression,  deviendra 

sin3a7(  —  8a-i-66)-+-  cos3a?(— 86  —  6a), 

et  Ton  déterminera  les  constantes  a  et  6  par  les  équations 

—  8a-4-6è=  — 1,         —èb  —  6a  =  o, 

d'où  l'on  tire 

a  =  o,o8;         6  =  —  o,  o6. 

On  obtiendra  finalement  pour  l'intégrale  générale 

y  =  e^{A.x-hB)-\-i,5  cosa?  -4-  o,o8  sin  3  a?  —  o,o6  cos3ar. 

354.  Je  terminerai  en  donnant  un  exemple  de  la  recherche  d'une 
série  dont  la  somme  vérifie  une  équation  difTérentielle  linéaire  du 
second  ordre,  à  savoir  l'équation 

(i)  {x^  —  x)y"-Jr[ioL-h'^-h\)T  —  ^(]y'-+-oi.^y  =  o, 

où  a,  ^,  Y  sont  des  nombres  qualeonquas  dont  le  dernier  toutefois 
n'est  pas  un  entier  nul  ou  négatif. 


NOTIONS   DE   CALCUL    INTKGRAL.  6l^ 

Cherchons  à  vérifier  cette  équation  par  une  série  entière  en  ar, 
à  coefficients  indéterminés  a^,  a,,  . . .,  ««,  ...  ;  on  remplacera  respec- 
tivement dans  le  premier  membre  j^,  y',  y  par 

«0-1-        ai.r -t-,  .  ,-4-  a^x"^     -4-..., 

ai -h       •;; «2 a" -f- .  .  . -f-  na„a7''-' -+-.  . ., 

iaf+-  2.3a3T  -+-... -4-  (rt  —  i)rta,i a? ■'-»-(-. . .  ; 

on  ordonnera  par  rapport  k  x  et  Ton  écrira  que  le  résultat  est  identi- 
quement nul;  on  trouvera  ainsi,  en  égalant  à  o  le  coefficient  de  x",  la 

relation 

_       (n-f-«)(/i-^^> 

d'où  l'on  déduit 

a(a  +  I ) .  . .  (a -4- rt)  ?(  p -+- I  ) . . .  (  p  +  n  ) 

C^n-^-^  =  ^'o  " ; ; ^ • 

i  .■?,..  .(n  -{-i)'[(^  -h  i). .  Ay  -^  n) 

En  appliquant  la  règle  relative  au  rapport  d'un  terme  au  précédent 
on  reconnaît  sans  peine  que  la  série 


)fii^  +  i^...(P-Hn  — r) 


-? 

X 

-^ 

a(a-f-i)?' 

(P  +  O 

ï  .•; 

•  .•^T<ï 

-+-•) 

a(a-t-0-- 

.(a-1-  n 

I .  -2 . . .  /t  Y  i  Y  —  '  ^   . .  (  Y  -H  /i  —  I  ) 

est  convergente  à  l'intérieur  de  l'intervalle  ( —  i,  i),  divergente  à  l'ex- 
térieur; je  laisse  de  côté  ce  qui  concerne  les  valeurs  ±  i .  On  désigne 
cette  série  sous  le  nom  de  série  hy per géoniétriq ue  et  sa  somme,  qui 
est  une  fonction  continue  de  x  pour  toute  valeur  de  x  intérieure  à 
l'intervalle  (— i,  i),  par  la  notation  F(a,  jiJ,  y,  x).  L'équation  (i) 
admet  donc  comme  solution  la  fonction  a^F^CL^  [3,  y,  x)^  en  désignant 
par  «0  une  constante  arbitraire  ;  elle  n'admet  pas  d'autre  solution  qui 
soit  développable  en  série  procédant  suivant  les  puissances  entières 
et  positives  de  x. 

Le  calcul  de  ««  revient  au  calcul  de  la  valeur,  pour  ;r  =  o,  de  la 
dérivée  /i^^""*  de  jk-  En  égalant  à  o  la  dérivée  /i'^'"'  du  premier  membre 
de  l'équation  (i),  on  trouve  de  suite  la  relation 

(^2  —  x)y^"^i^  -4- [(a  4-  ^  -f-  2 n  -4-  i)  jr  —  Y  —  /i]  y^"  ^"  -*-(«  +  n){'i  4-  /i)/t'»'  =  o, 


e-itt  CHAPITHK    XVIII. 

entre  Irois  dérivées  consécutives  ^^"^,  j^^"+'^,j^f""^2';  en  faisant  ^  =  o 
dans  cette  relation,  la  dérivée  [n  +  2)''''°*  disparaît  et  l'on  trouve, 
entre  les  valeursjKo'^''  6tj>^^"'  des  dérivées  pour  ^' =  o,  la  relation 

(ï  +  «)  Ji)"^''  =  («  +  «)(?  -^  /^)jr 

qui  équivaut  à  la  relation  trouvée  plus  haut  entre  a^^.,  et  «„. 

On  est  ici  dans  un  cas  très  particulier;  pour  j?  =  o,  toutes  les  déri- 
vées d'une  fonction  y  qui  vérifie  l'équation  (i)  sont  déterminées  par 
les  valeurs  que  cette  fonction  prend  pour  ^  =  o  ;  il  en  serait  de  même 
pour  ^  =  I ,  tandis  que,  pourt  oute  autre  valeur  x  =  a^  toutes  les  déri- 
vées s'exprimeraient  au  moyen  des  valeurs  que  prennent,  pour  x  =;  a, 
les  fonctions  jK  et  jk'j  en  sorte  que  le  développement  (en  supposant  qu'il 
soit  légitime)  suivant  les  puissances  de  ^  —  a  dépendrait  des  deux 
valeurs  pour  x  =  a  dej^  et  dej^',  qui  joueraient  le  rôle  de  constantes 
arbitraires. 

Il  ne  faut  pas  conclure  du  calcul  précédent  qu'il  n'y  a  pas  d'autres 
fonctions  à  vérifier  l'équation  (i)  que  la  fonction  <7oF(a,  ^,  y,  x), 
mais  seulement  qu'il  n'y  a  pas  d'autre  fonction  que  celle-là  qui  satis- 
fasse à  l'équation  et  qui  soit  développable  en  série  entière  en  x. 

La  fonction  F(a,  [3,  y,  x)  jouit  d'un  très  grand  nombre  de  pro- 
priétés, parmi  lesquelles  je  me  contente  d'indiquer  les  suivantes  : 

Elle  se  réduit  à  un  polynôme  quand  a  ou  ^  est  un  nombre  entier 
négatif. 

On  a 

d>'V(cL,<^,y,x)        a(a+i)...(a-f-n— i)3(B  +  t)...(S-f-«-i),, 


T(ï  +  i) 

(ï  + 

n  - 

) 

(i  +  ar)« 

= 

F(- 

n, 

1, 

i,  - 

-X), 

Igd-t-^r) 

= 

a:F(i 

,  • 

•2 

X), 

"1 X 

= 

•207  F 

(i 

, 

3 

'    '2 

'■'•') 

cosrta 

= 

F(n 

- 

n, 

-  > 
2 

sin* 

')■ 

NOTIONS    DE   CALCUL    INTEGRAL.  62I 


EXERCICES. 

338.  EfTectuer  les  intégrations  indiquées  ci-dessous  (*  ). 

/Ig- 37  </./•,        /  x\"Tdx,        I   -^^— d.r,        I    — '——, 

I   (n-a;-îj(arc  langJ7)«fl^a-,         / -^  «tr, 

/(ave  s\u.T)'^  dx  f, 
7^-  — •        /   (tanga: -e- tang'a")rf^-, 
/i  — ;r^              J 

j  (y^  -I-  \/x)  dx, 
I  X  avcs'inx  dx,        j  a;"  arc  lang.r, 

fi/^^dx,    f^V^:r,dx,    f  -—!l^- 

J\    x  —  i  J  J    ^^ax^-^îbx-^cf 

/'     (x^'-A-  \)  dv  r  dx 

J      (a---i-  4.7-    ^   l)'^  '         J      (1  -f-   a--)    (  I  -)-  37  -i-  a--)-  ' 

r  dx        r  dx_       r  iir_       r       dx 

J    slia-'      J    cil  a?'      J    liia-'      J    sli.T- — slirt' 

r       dx  r       dx  r 

J    chx  --  c'.ia'      J    lUx  —  tlia'      J 


cosa  cosa- 


3^)9.  Calculer  avec  deux  chiffres  significatifs  exacts  les  intégrales  définies 

r*  dx  /•'  dx  r^'^sin*-x-^i  cos^a- 

J   ^   i-+--2cusa-'      J^     (i-H-i  siurj^î'      J,,^cos-x-\-isin-x       ' 

r^^H^/TT^  r'         dx 

J,         ^^T—[     ''^'      J    ,   (,  +  a;+a-*)*' 
i 

/     {^i  —  X- —  %— '^xY  dx,  pour  a  =  Tr  — 2,  ^  =  4  —  3' 


I  </a". 


(')  Dans  tous  les  exercices  de  ce  CUapilru  n  désignera  un  nombre  naturel. 


■622  CHAPlTftE   XVni. 

360.  Que  devient  l'intégrale 


J    )/(x  —  a){b  —  a:r) 


•quand  on  y  fait  la  substitution  définie  par  l'équation 

X  —  a  _  b  —  T 
sin*<  cos*/ 

Que  deviennent  les  intégrales 

/d.T  r  rÎT  r  dnr 

(372-4-1)  v^a2— 3-2'      j    {x^^\)  y/iP^-i-  «2'      j    {x-^-)r\)/x' 


<^x^ —  a* 
<|uand  on  y  fait  respectivement  les  substitutions 

a?  — acos/,         a7  =  asli/,         x  =  ac\ït'î 

361.  Évaluer  les  intégrales 

1 

/'  ^^  r'  dx  r* d.r 

/•^^         ^.^ 

J3       (a72Hr  •2)\/a72—  I 

362.  Calculer  la  partie  entière  de  la  racine  de  l'équation 

/\/x''-+-  i  f/x  =  10^. 

363.  i"  Si  l'on  pose  (>) 

y  =  ax^-h  2,bx -h  c,         0  ==  a^c  —  b^, 

.  _  r  dx 

on  a  (2) 

^  -.         /              ^     -.             ax  -i-  b 
nnoôii — {in  —  i)«->„_i= 


(')  Dans  les  exercici  s  361,  3G5  jk  el  5  conserveront  la  même  significalion. 
(^)  Sur  la  résolution  (i«s  équations  de  cÊlte  forme,  voir  Exercice  IGO. 


NOTIONS    ttE  CALCUL   INTEGRAL.  tiiS 

En  déduire 

2 n  8y»       _  -iti —  1   a  (-in  —  i)(2/t  —  3)   a*     ^ 

ax-i-6''*~'~^2n-2  8^"^  (.;,.rt_2)(2,„_4)   8?^  ■+■••• 

(2n—  i)(2«  —  3).  ..(a/i  —  -i/'-t-i)  af 

{in  —  i)(2n  — 3)...3   a"-'     ^^_j 
"^  (an  — 2)('2/i  — 4)...2  S"-^-^" 

(an  — 0(2 /i  —  3)..  .1   a« 
■^       2n('2n  — 2)...2        S^    "' 

où  l'on  suppose 

Établir  les  formules  analogues  qui  suivent,  pour  lesquelles  la  signification 
de  5n  est  donnée  chaque  fois;  en  déduire  chaque  fois  l'expression  explicite 
de  5„.  Dans  quels  cas  l'expression  de  r)„  rst-elie  algébrique? 

dx 


/•      dx 


(2n  — i)Sr3„  — ('irt— •2)a  5„_,  =  — T^rrï 


3" 


ina$>n — (^n  —  i)8  <i),i_i  =  (aa; -t- 6)_^    ^    , 
^n^=   f  (ax-^'b)"  /y  dx^  3o=    /  sfydx, 

(n-t-  2)3„-4-(«  —  i)o  <-3«_î  =  (aa:  -h  6)«-»j'*. 

.        r{ax  ^  hy  dx         .        rrfx 

n5„-4-  (n  — i)S5„_2  =  (aar-i-6)"-'  y/^. 


J    (a^- 


624  CHAPITRE   XVIII. 

3Bi.   Démontrer  que,  si/>  est  différent  de  i,  on  a 


(  ax  -^  b  >/'-  2 


r  (ax  -^  b  I 


dx  = 


(ax  -1-  h)i' 


{p  —  \)<^ 


/»-! 


;{6j.  Si  a  s  est  positif,  on  a 
dx 


f 


a  s/ y  —  y/rt  i 
I  (aar  -\-  h)a 


h 


y/a  ô       la  v^r  -H  v/«^  I 


En  supposant  x  choisi  de  manière  que  y  soit  positif,  la  quantité  entre  dei 
barres  est  du  même  signe  que  a  et  8. 
Si  ao  est  négatif,  on  a 

dx 


ItZ: 


b)\/y 
3i)6.  Montrer  que  l'on  a 

J     CO: 


sgn(aa:- ■■*-  6)  .    /    J — o    \ 

°  .  ■  arcsini  — j- 

JZT^  \ax-\-b) 


dx 


X  —  cosa        sin« 


r       dx         _  __^_ 

I    sina-  —  sina  cos 


.       X  -h 

a 

•1 

.       X 

a 

•2 
X  — 

a 

•?. 

X  -i- 

cos 

a 

l'our  l'une  ou  l'autre  intégrale,  si  x  varie  dans  un  intervalle  où  le  dénomi- 
nateur ne  s'annule  pas,  la  quantité  entre  les  deux  barres  ne  s'annule  pas  et  ne 
devient  pas  infinie. 

Que  devient  la  première  formule  quand  on  fait  tendre  a  vers  o? 

367.  Montrer,  en  désignant  par  cp(a7)  l'une  ou  l'autre  des  foncti  )ns  sinr, 
cosiT,  que,  si  l'on  pose 

dx 


J  L?(-^ 


)  — ?(«)J" 


ci''^ («)-■),=  c,(a  )^i  — 


■:.'{x} 


'^  (  .r  )  —  cp  (  or  ) 


csV.-r  ) 


)(  I)  —  Z>{  (I  )["' 


NOTIONS   DE    CALCUL    INTÉGRAL.  625 

368.  Évaluer  la  longueur  de  l'arc  de  l'une  ou  de  l'autre  des  courbes  définies 
par  les  équations 

ou  par  les  équations 

a'-  —  6»        „  .  «2  —  A! 


cos'^,  y  = -, siji^^, 

..  '  -^  h  ' 

.r  =  -  fos^  -f-  -  cos ■;>.<,  y  =  -sin  /  —  -  sin>. /. 

369.  On  considère  la  courbe  définie  en  coordonnée?  polaires  par  les  équa- 
tions 

p=  r— 1  w=  (tangf  —  t). 

(  m  cos  t  )'"  -  ' 

on  demande  quelle  relation  il  y  a  entre  le  rayon  vecteur  et  l'arc   de  cette 
courbe,  compté  à  partir  du  point  A  qui  correspond  à  ^  =  o. 

En  prenant  m  =  -,  on  fait  croître  t  de  la  valeur  o  jusqu'à  ce  que  w  soit 

égal  à  -  ;  soit  B  le  point  de  la  courbe  auquel  on  aboutit  ainsi  ;  évaluer  l'arc  AB 

ot  l'aire  du  secteur  OAB  (O  est  le  pôle). 

370.  Construire  la  courbe  définie  par  les  équations 

37  =  cos*<  H- Ig  sin<,         y  —  i\ntco%t. 

Evaluer  la  longueur  de  l'arc  compris  entre  les  deux  points  de  rebroussement. 
Evaluer  l'aire  située  dans  l'angle  des  coordonnées  positives,  limitée  par  la 
courbe  et  l'axe  des  j'. 

371.  Aire  de  la  boucle  de  la  courbe  définie  par  l'équation 

{a  -\-  x)  (x'^-^y^)  =  '?.ay-. 
Aire  comprise  entre  la  courbe  et  son  asymptote. 

372.  Construire  la  courbe  définie  par  léquation 

y^  —  xx^  (i  H-  a;)  -4-  37*=  o, 

montrer  que  celte  courbe  est  unicursale.  Évaluer  l'aire  comprise  entre  les 
deux  branches  de  courbe  qui  aboutissent  à  l'origine  et  la  droite  dont  l'équa- 
tion est  a;  =  I. 

T.  -  II.  4o 


626  CHAPITRK   XVIII. 

373.  La  courbe  définie  par  l'équation 

est  unicursale;  elle  est  fermée.  Evaluer  l'aire  qu'elle  limite. 

374.  Aire  de  la  courbe  fermée  définie  en  coordonnées  polaires  par  l'équatioa 

(A  cos^to  -f-  2B  cosw  sinto  -+-  C  sin2w)p2  =  i  ; 
on  suppose  AG  —  B*  positif. 

375.  Montrer  que  la  courbe  définie  par  l'équation 

y^(x-i-  3a)  =  (a  —  x)  {X  -^  7.ay 

est  unicursale.  Soient  O  l'origine  des  coordonnées,  I  le  point  double  de  la 
courbe,  A  le  point  autre  que  le  point  I,  où  elle  rencontre  l'axe  des  x,  B  le 
milieu  de  01. 

En  désignant  par  M  un  point  quelconque  de  la  courbe,  quelle  relation  y 
a-t-il  entre  les  angles  AOM,  AIM? 

Soient  M,  M'  deux  points  voisins  de  la  courbe,  JMi  et  M',  les  points  où  les 
droites  IM,  IM'  rencontrent  la  parallèle  à  l'axe  des  y  menée  par  le  point  B; 
on  demande  d'évaluer  la  limite  du  rapport  des  aires  du  triangle  OMiM'j  et  du 
secteur  compris  entre  OM,  OM'  et  l'arc  de  courbe  MM'. 

Déduire  du  résultat  une  expression  géométrique  de  l'aire  du  secteur  OAM.. 

376.  On  a,  en  supposant  que/?  et  q  soient  des  nombres  naturels, 

{x  —  a)P-i{x  —  b)i-^dx  =  (—1)7-1(6  —  a)P+^ 


I 


'  ,(7>-i)!(g'-i)! 


(p  +  q-l)] 
377.  On  a  (n°321) 


iF2"  +  l  2.  4...  2/1 

:  CIX 


y/l_a.2  3.5...(2/H-l) 

X^"  _.    r  .  3  .  .  .  (  2  n  —  I  )    TT 


'0      y/l  — ip2  2.4...2/i  2 

Montrer  que 

r  2.4...2/1       _    r'x^'^+'dxl        I 

est  un  pol^'nome  de  degré  2/1,  et  que  ce  polynôme  est  formé  par  les  n -{- i 


NOTIONS   DE   CALCUL   INTÉGRAL.  627 

premiers  termes  du  développement  en  série  entière  de 
(-2/1-1-1)  - 


.(2/1-4-1)   y/,_.,.î 

Montrer  que  l'expression 

f  1.3... (2/1 —  I)  .  r'  x^-"dxl        I 

I  -^ ^arcsin.7^ —  /       -^=    — ;::; 

L       '->..4..-2/i  J^      /,_a;iJ/,_ 


est  un  polynôme  du  degré  a/i  — i  et  que  ce  polynôme   est  formé  par  les   n 
premiers  termes  du  développement  en  série  entière  de 

1 .3. .  .(a/i  —  î)  a  résinai 


2. 4.. .2/1        /7^~^ 

378.  On  suppose  que,  dans  l'intervalle  ( — tt,  tz),  la  fonction /(a:)  soit  déve- 
loppable  en  une  série  de  la  forme 

ÎAo-HAiCosa:-i-Bjsina7-hAîCos2a:'-(-B2sin2a:-h...-l-A„cos/ia?-i-B„sin/iaj'-i-... 

en  désignant  par  Ao,  A,,  . . . ,  A„,  B„,  . . ,  des  constantes,  et  que  la  série  obtenue 
en  la  multipliant  pas  cosnx  ou  par  sinnx  soit  intégrable  terme  à  terme. 
Montrer  que  l'on  a 

A„=  -    /     /{x)cosnxdx,  B„=-    /     f(x)sinnxdx. 

A  quel  développement  parviendrait-on  en  appliquant  ces  formules  au  cas  où 
l'on  aurait/(a7)  =  xl 

379.  Construire  les  courbes 

^  =  e-'*sina:,         ^  =  e--*'sina: 

pour  les  valeurs  positives  de  x.  Pour  a:  >  i ,  la  seconde  courbe  est  constamment 
située  entre  l'axe  des  x  et  la  première. 

Chacune  forme  au-dessus  et  au-dessous  de  l'axe  des  a7  une  infinité  d'arches. 
Numérotons  ces  arches  r,  2,  3,  ...,  en  commençant  parcelle  qui  part  de  l'ori- 
gine. Soient,  en  valeur  absolue,  U„  et  «„  les  aires  respectives  des  arches  de 
rang  n.  Les  séries 

U,-hUî4-...-(-U«-h..., 
sont  convergentes. 


6a8  CHAPITRE   XVIII. 


L'intégrale     /      e-'^^^sinx'dx  tend  vers  une  limite  quand  x  augmente  indéfi- 


380.  La  courbe  définie  par  l'équation^  =  sina?*  forme  aussi  des  arches  au- 
dessus  et  au-dessous  de  l'axe  des  x;  l'aire  A„  de  la  /i'^™*  arche  est,  en  valeur 
absolue, 


pyji'TZ  ^v^nTt  — v/(n  — Dît 

1/  sinx^dx=  sin[t^-h-it\/in  —  i)T.]c/t: 


montrer  que  l'on  a  A„  <  yZ/nt —  /(«  —  i)-ii,  que  la  série  A,  —  Aj-4-  A3—  ... 
est  convergente,  que  l'intégrale  /  sinx^dx  tend  vers  une  limite  quand  x 
augmente  indéfiniment. 


381 
finimen 


T  ,•      .       ,       /"^sina;   ,  ,  ...  ,  .    , , 

L  intégrale     /      ax  tend  vers  une  limite  quand  x  augmente  inde- 
xe        ^ 


38!2.  Évaluer  avec  deux  chiffres  significatifs  exacts  les  intégrales 

r'^sina;,                /''^'«'^->j  /*'      ^x        , 

I      ax,  I        ax,  I       _  dx, 

r^,    r 


"''   dx  .        ,  ■        , 

siiia^^'  dx. 


383.  Déterminer  les  constantes  numériques  A,  B,  C,  X  de  manière  que  les 
dérivées  de  la  fonction 

1  f{x)  dx  —  a:^[A/(a)  -h  B/(a  -+-  Xa;)  -H  G/(«-h  x)\ 

soient  nulles  pour  a?  =  o,  jusqu'au  quatrième  ordre  inclusivement.  l'^n  déduire 
une  justification  de  la  méthode  d'approximation  exposée  dans  la  note  du  11"  331. 

384.  Déterminer  les  constantes  numériques  A,  B,  G,  D,  X,  jji  de  manière  que 
les  dérivées  de  la  fonction 

i  f{x)dx  —  x[Af(a)  -+-  ByVa  ■+■  Ix)  -+  ^'^/{a  -1- jji.r)  -+-  D/(a  -f-  x)] 

a 

soient  nulles  jusqu'au  sixième  ordre  inclusivement,  pour  x  =  o. 


NOTIONS    DE   CALCUL   INTKGRAL.  629 

Les  constantes  étant  ainsi  déterminées,  montrer  que  l'expression  précédente 
est  nulle  identiquement  quand /(a?)  est  un  polynôme  du  cinquième  degré,  au 
plus. 

385.  Déterminer  (  '  )  le  centre  de  gravité  d'un  arc  de  cycloïde,  ou  de  chaînette, 
dont  on  donne  les  extrémités. 

386.  Déterminer  le  centre  de  gravité  d'un  secteur  circulaire,  de  la  surface 
limitée  par  une  cycloïde  et  sa  base,  de  la  surface  limitée  par  une  demi-ellipse 
et  l'un  des  axes. 

387.  Volume  et  surfare  engendrés  par  une  cycloïde  tournant  autour  de  sa 
base;  par  une  chaînette  limitée  à  une  perpendiculaire  à  l'axe  et  tournant  au- 
tour de  l'axe;  centre  de  gravité  de  ce  dernier  volume  et  de  cette  dernière  sur- 
face. 

388.  En  reprenant  les  notations  de  l'exercice  3i2,  on  demande  de  déterminer 
les  courbes  telles  que  l'une  des  lignes  TN,  MT,  MN  soit  constante. 

389.  En  reprenant  les  notations  de  l'exercice  343,  on  demande  de  déter- 
miner les  courbes  (en  coordonnées  polaires)  telles  que  l'une  des  lignes  MT, 
MN,  TN  soit  constante. 

Évaluer  pour  cette  dernière  courbe  l'arc  qui  va  du  pôle  au  point  de  rebrousse- 
ment,  l'aire  comprise  entre  cet  arc  et  la  corde. 

390.  En  conservant  les  mêmes  notations,  trouver  la  courbe  telle  que  la  sur- 
face du  triangle  MTN  soit  constante.  Forme  de  la  courbe. 

On  considère  l'arc  de  courbe  qui  part  de  l'origine  et  qui  aboutit  au  premier 
point  d'intersection  avec  l'axe  des  x.  Évaluer  la  longueur  de  cet  arc,  l'aire 
comprise  entre  cet  arc  et  l'axe  des  x. 

391.  Intégrer  les  équations  différentielles 

392.  Trajectoires  orthogonales  des  cercles  de  rayon  constant  tangents  à  l'axe 
des  X. 


(•)  Dans  les  exercices  relatifs  aux  centres  de  gravité  on  supposera  toujours  la  ma- 
tière homogène  et  la  densité  égale  à  i. 


63o  CHAPITRE    XVIII. 

393.  Séparer  les  variables  dans  les  équations  différentielles 

z:  =/(.,,      ^' =/(,,,      y=/(J). 

Pour  la  dernière  on  prendra  ~  —  t  pour  variable  indépendante,  et  l'on  ra- 
mènera l'intégration  de  l'équation  à  celle  de  l'équatio 


(il        f(t)  —  l 

394.  Montrer  comment  on  peut  ramener  à  des  quadratures  l'intégration  d( 
équations  appartenant  à  l'un  des  types 

quand  la  courbe  dont  l'équation  esiy"(X.  Y)  =  o  est  unicursale. 


39.').  Trouver  les  trajectoires  orthogonales  du  faisceau  de  paraboles  définies 
par  l'équation  jK^  =  ipx,  où  p  est  un  paramètre  variable. 

396.  Ramener  aux  quadratures  rintégralion  de  l'équation 

f'-^  Ay  -h  By"  =  o 

où  A,  B  sont  des  fonctions  données  de  a?,  en  prenant — -^^  pour  fonction  in- 
connue. 

Trouver  la  fonction  de  x  qui  vérifie  l'équation  différentielle  xy' — y  -\-  y^  =  o 
et  qui,  pour  x  =  \,  prend  la  valeur  i. 


397.  Chercher  les  solutions  de  l'équation 

(i)  (aa?  + 6)2  —2"  _^  A  (aa7+ 6)-^  H- Br  =  o 

'  ri.r^  dx  ' 

qui  sont  de  la  forme  {ax  -\-  h)''  :  a,  b,  A,  B  désignent  des  constantes. 

Quel  changement  de  la  variable  indépendante  faut-il  faire  dans  l'équation 
précédente  pour  la  ramener  à  la  forme 

où  a,  S  sont  des  constantes? 


NOTIONS   DE   CALCUL    INTÉGRAL.  63 I 

Que  devient  le  premier  membre  de  l'équation  (2)  quand  on  y  fait  le  change- 
ment de  variable  x  =  e'.  Déduire  du  résultat  la  solution  générale  de  l'équa- 
tion (i). 

Quelle  est  la  forme  de  celle  solution  quand  l'équation  en  r 

r  ( /'  —  I  )  -4-  a /■  -h  j5  =  o 
a  ses  racines. égales? 

398.  Trouver  la  solution  générale  du  système  d'équations 

dz  ,  ,, 

où  flf,  b,  a',  b'  sont  des  constantes. 

On  pourra  prendre  les  dérivées  des  deux  membres  des  deux  équations,  éli- 
miner z  et  -j— ,  et  faire  dépendre  la  résolution  de  l'intégration  d'une  équation 

dx 
différentielle  linéaire  du  second  ordre  en  y. 

Chercher  directement  les  solutions  de  la  forme  y  =  Xe'"^,  z  —  fAC-^,  en  dé- 
signant par  >.,  |JL,  /'  des  constantes. 

Examiner  le  cas  où  l'équation 

{a  —  /•)  {b' —  /■)  —  a  b  =  o 
a  une  racine  double. 

399.  Dans  l'équalion  différentielle  homogène 

„    d'^Y  dy 

on  fait  le  changement  de  variable  x  =  Vf{t)\  on  obtient  ainsi  une  nouvelle 
équation  différentielle  linéaire  du  second  ordre  entremet  t. 
Déterminer   la  fonction  cp(<)  de  façon  que,   dans  la  nouvelle  équation,  le 

coefficient  de  —-  soit  nul.  Intégrer  l'équation  à  laquelle  on  parvient  et  l'équa- 
tion proposée. 

400.  Si  les  fonctions  u,  v  vérifient  l'équalion  différentielle 


dlL_^^dj_ 

dx^-  dx  -^ 


632  CHAPITBR    XVIII. 

OÙ  A  et  B  sont  des  fonctions  de  a?,  on  a 

u'v  —  v'  Il  =  Ge-^^'^^. 

Soit  (a,  P)  un  intervalle  dans  lequel  on  suppose  que  les  fonctions  A,  u,  v, 
u',  v'  sont  continues.  Dans  cet  intervalle  aucune  des  fonctions  u,  v  ne  peut 
avoir  de  racine  commune  à  sa  dérivée.  Entre  deux  racines  consécutives  de 
l'une  des  fonctions  u,  v  û  y  a.  une  racine  de  l'autre,  et  une  seule. 


401.  Montrer  d'après  la  proposition  précédente  que,  lorsque  l'on  connaît  une 
solution  d'une  équation  différentielle  linéaire  homogène  du  second  ordre,  l'in- 
tégration de  cette  équation  se  ramène  à  l'intégration  d'une  équation  linéaire 
du  premier  ordre.  L'intégrale  générale  est  de  la  forme  Cu-hC'v  en  désignant 
par  M,  V  deux  solutions  dont  le  l'apport  n'est  pas  constant  et  par  G,  G'  des 
constantes  arbitraires. 

Intégrer  l'équation 


372) 


d'y 

dx- 


dx 


\y  =  o 


sachant  qu'elle  admet  la  solution  y  =  ix"^ —  i. 
Intégrer  l'équation 

..d'^y  dy 


sachant  qu'elle  admet  la  solution  y  =  ix^ —  i. 


402.  Si  A,  B,  G  sont  des  fonctions  de  x  telles  que  l'on  ait  identiquement 


A" 

A' 

A 

B" 

B' 

B 

G" 

G' 

G 

en  désignant  par  A',  A",  ...  les  dérivées  de  A,  . . . ,  il  existe  trois  constantes  X, 
|ji,  V,  non  toutes  nulles,  telles  que  l'on  ait  identiquement 


XA-i-[jiB-hvG 


403.  L'équation  différentielle 


(i-x^-) 


dW 

2  \         -^ 


dx^ 


dy 
dx 


n{n-+-  i)y  =  0 


NOTIONS    DE   CALCUL   INTÉGRAL.  633 

admet   comme   solution   un   polynôme   P„(a7)  (Ex.  38)  (•);  montrer   qu'une 
seconde  solution  de  l'équation  est 

dx 


r       dx 

\J  {i  —  x^-)py 


montrer  que,  si  l'on  décompose  en  fractions  simples  l'expression ? -, 

(i  —  X*)  Pf, 

les  résidus  (n°  110)  relatifs  aux  racines  de  l'équation  P„  =  o  sont  tous  nuls;  en 

P  X    I    I 

conclure  que  la  seconde  solution  est  de  la  forme  —  Ig h  Q„,  Q„  étant  un 

polynôme.  On  pourra  se  servir,  pour  déterminer  les  coefficients  de  ce  poly- 
nôme, de  l'équation  obtenue  en  remplaçant,  dans  l'équation  proposée,  y  par 
l'expression  précédente. 

404.  Soit  Prt  le  polynôme  du  degré  n  formé  par  les  n-\-  i   premiers  termes 

du  développement  en  série  entière  de  ;  montrer  qu'il  existe  un  poly- 

y/i  —  X 
nome  Q„  de  degré  n  tel  que  l'on  ait  identiquement,  en  x, 

(I  — a7)P»4-a7«+'Q„=i, 

qu'il  existe  une  constante  a„  telle  qu'on  ait  identiquement,  en  x, 

Pn—-J.{l  —  x)P'„  =  oLnX", 
(«-M)Q«+^Q'„  =  a«P«. 

Déterminer  celte  constante  et  les  coefficients  du  polynôme  Q„. 
Les  équations  P^  =  o,  Q«  =  o  n'ont  pas  de  racine  réelle  quand  n  est   pair; 
elles  en  ont  une  seule  quand  n  est  impair. 
Intégrer  les  deux  équations 

f  2(l  —  x)  y  =  X,iX", 

(n-hi)  5  H-  xz'=  a„P„. 


(')  La  relation  entre  trois  polynômes  F„  doit  èlve  rétablie  ainsi  : 
nP„(a7)  — (2/1  — i)arP„_,(j;)  +  («-i)  P„.Aa;)  =  o, 
elle  permet  de  calculer  successivement  les  polynômes  P„,  en  prenant 
P,=  i,        P,=  x. 

FIN  DU  TOME  SECOND. 


ERRATA  DU  TOME  PREMIER. 


Page    58,  ligne     i6,     au   lieu  de 

•>  i3o  »  i8 

«  iSo  »  20 

'-  '37  »  17 

>•  3.4 1  >'  10 

»  345  >>  16 

»  348  »   4  et  5 

»  348  «  8 


^             ih^-\-a 

/î>e 

2  6-'  -f-  a 

"  "^^                36 

36^ 

(2n-M) 

» 

(2rt-l) 

2            2 

» 

Pl  =  ar 

diviseur 

.) 

dividende 

jK  +  5  +  1. 

» 

Y 

-t--3  -+-  1  =  0. 

sz 

» 

SX 

qu'il  occupera 

» 

qu 

'ils  occuperont 

de 

» 

des 

ERRATA  DU  TOME  SECOND. 
Page  iSg,  ligne  «g,   effacez  PRIMITIVES. 


r 


TABLE  DES  MATIÈRES 

DU  TOME  SECOND. 


CHAPITRE   XI 

SÉRIES. 

Page» 
Séries i 

Exercices /iq 


CHAPITRE   XII. 

FONCTIONS    d'une  VARIABLE    RÉELLE. 

§  1.  —  Généralités 57 

§  2.  —  Définition  de  diverses  luiictions 82 

Exercices 106 

CHAPITRE  XIII. 

DÉRIVÉES. 

§  1.  —  Définition,  calcul  des  dérivées no 

§  2.  —  Théorèmes  fondamentaux  sur  la  variation  des  fonctions.  Fonctions  pri- 
mitives. Dérivées  et  fonctions  primitives  de  fonctions  d'une  variable 
réelle  à  coefficients  imaginaires.  Étude  de  la  variation  des  fondions.     iSg 

Exercices 172 

CHAPITRE  XIV. 

SÉRIES     DE    FONCTIONS. 

§  1.  —  Séries  dont  les  lermes  sont  des  fonctions  d'une   variable.  Séries  entières 

tn  X 177 

§  2.  —  Développements  en   séries  de  quelques  fonctions  simples.    Formules  de 

Taylor  et  de  Maclaurin 194 

§  3.  —  Cas  où  la  variable  est  imaginaire.  Fonctions  exponentielles  et  circu- 
laires.  Fractions  rationnelles 229 


ftSG  TABLK    DES   MATIÈKES. 

l'ages 
§  4.  —  Infinimenl  petits  et  infiniment  grands 241 

Exercices a58 


CHAPITRE  XV. 

APPLICATIONS    A    L'ÉTUDE    d'UNK    FONCTION,   A    LA  SKl'AHATION    ET  AU   CALCUL 
DES    RACINES    d'UNE    ÉQUATION. 

§  1.  —  Élude  de  la  variation  d'une  fonction  donnée afifi 

§  2.  —  Séparation  des  racines 28q 

§  3.  —  Calcul  approclié  des  racines  d'une  équation 3oo 

Exercices 3,5 

CHAPITRE  XVI. 

ÉQUATIONS    ALGÉBRIQUFS. 

§  1.  —  Relations  entre  les  coefficients  et  les  racines.  Fonctions  symétriques 822 

§  2.  —  Élimination 3^5 

§  3.  —  Équations  numériques  à  une  inconnue 4oi 

Exercices 421 

CHAPITRE  XVII. 

NOTATION    DIFFÉRENTIELLE.    COURBES    PLANES. 

§  1.  —  Notation  différentielle 435 

§  2.  —  Courbes  planes 4  ',8 

Exercices ',-2 

CHAPITRE  XVlll. 

NOTIONS   DE    CALCUL    INTÉGRAL. 

§  1.  —  Intégrale  définie 4-9 

§  2.  —  Intégrales  indéfinies  et  intéj;rales  définies 4cjC) 

§  3.  —  Evaluation  approchée  d'une  intégrale  définie 555 

§  4.  —  Applications  géométriques 565 

§  5.  —  Equations  différentielles 584 

Exercices 621 

Errata  des  Tomes  I  à  11 G34 

FIN  DE  LA  TABLE  DES  MATIÈRES  DU  TOME  SECOND. 


Paris.  —  Imprimerie  GAUTHIER-VILLARS,  quai  des  Grantls-Auguslins   55. 


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