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Full text of "Leçons d'anatomie Comparée ... recuellies et publiées sous ses yeux / par C. Duméril (and afterwards C.L. Duvernoy) etc"

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PLCECONS 
D'ANATOMIE COMPARÉE 


5 DE G. GUVIER. 


- MEMBRE DE L'INSTITUT NATIONAL, 


Professeur au Collége de France et à l’Ecole 
centrale du Panthéon, etc. ; 


 Recueillies et publiées sous ses yeux par 
C. DumÉRIL , chef des travaux anatomiques 
de l'École de Médecine de Paris. 
Xttf, 


TOME TI. 
Cowzzxaxr LES ORGANES DU MOUVEMENT. 


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PARI tee 


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“Aurourx, IMPRIMEUR DE L'INSTITUT 
1 NATIONAL DES SCIENCES ET DES ARTS. 


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Poe 


ds, Eds. E 
D.E..Gii2,C UUV EE Rs 
De l'Institut national de France, etc., 


A JEaAN-Cr4 ne MERTRUD ; professeur 
de l’anatomie des animaux ‘au Muséum 
. æHistoire naturelle de Paris. 


1e livre que je vous adresse vous doit som. 
existence ; car, si mes leçons ont eu quelqu’in- 
térêt, élles le tiennent sur - tout de l’usage 
que vous et vos collèoues , m'avez permis de 
faire de la belle collection qui est maintenant 
confiée à vos soins, et à la formation de la- 
quelle vous avez tant contribué , lorsque Dau- 
benton la créoit , lorsqu'il y puisoit les maté- 
riaux de la partie la plus importante d’un 
ouvrage immortel (1). 


(1) Le citoyen Mertrud à été démonstrateur d'anatomie 
au jardin des Plantes, depuis.1750 jusqu'à l'époque de l'érec- 
tion dé cet établissement en école spéciale d'Histoire naturelle, 
qu'il fut nommé professeur d'Anatomie comparée ; c’est lui qui 
a travaillé avec Daubenton à l'anatomie de la plupart des 
L 4 «a 


i) Lettre & J. C. Mertrud. 


Aujourd’hui que cette collection, enrichie 
par une administration sage et par un travail 
dssidu , surpasse toutes celles qui existent dans 
son genre; aujourd'hui qu’elle présente, dans le 
plus bel ordre et dans le plus grand développe- 
ment, toutes les parties du corps animal prises, 
dans les espèces les plus éloignées, depuis celles 
qui RpechEn le plus de l’homme par leur per- 
fection , jusqu’à celles où l’on n’apperçoit plus 
qu’une pulpe à peine ‘organisée, la-simple: ana- 
tomie comparée est presque devenue un jeu : il 
suffit d’un coup-d’œil pour äppércevoir les varia- 
tions, les dégradations successives de chaque or- 
gane; et si re effets que, ces organes produisent 
ne sont pas encore expliqués » c'est qu'ilÿ.a.dans 
les corps vivans quelque chose de plus.que ces 
fibres, que ces tissus. qui frappent nos yeux ; 
c'est que la partie mécanique de l'organisation 
n’est, pour ainsi dire, que l'instrument passif 


quadrupèdes décrits dans la grande Histoire naturelle. Buffon, 
qui l’aimoit ét qui l'estimoit, a parlé de lui avec Éloge. dans 
plusieurs volumes de son immortel ouvrage. Son: attachement 
à sa patrie lui a fait refuser des postes brillans qui lui ont 
été offerts par des puissances étrangères, et entre autres 
celui de premier chirurgien du roi de Naples, qui lui fut 
offert en : 770 , et celui de premier chirurgien du roi d'Espagne, 
auquel il a réellement été nommé en 1772. Il est l'inventeur 
de plusieurs procédés ingénieux relatifs aux préparations ana- 
tomiques. 


» 


[ + 


Lettre à JC. Mertrud. 


de la vitalité, et qu'entre le premier ébranle- 
ment. des élémens imperceptibles et le mouve- 
merit sensible qui en est le dernier résultat, 
il se passe une multitude de mouvemens in- 
termédiaires dont nous n’avons aucune notion. 
Combien de combinaisons, de décomposi: 
tions ont eu lieu dans cet intervalle ? com- 
bien d’affinités ont joué F Et quel seroit le phy- 
siologiste qui oseroit seulement hasarder quel- 
ques conjectures sur le plus grand nombre des 
opérations qui se passent dans cet impénétra- 
ble laboratoire ? tant la chimie humaine, 
malgré les heureux efforts de nos contempo: 
rains, est encore dans l’enfance, lorsqu'on la 
compare à celle de la nature! ! 

à: Cependant ces ténèbres ne doivent point 
nous effrayer ; c’est à l’anatomiste à y porter 
les premières lueurs,: c’est à lui de faire con- 
noître au. physiologiste la partie! matérielle 
des phénomènes et les instrumens des opéra- 


tions ; de décrire les canaux que les liquides 


parcourent , les condutteurs qui transmettent 
les fluides , d'en suivre les embranchemens et 
d'en reconnoître toutes les communications : 
c'est à lui de mesurer la vitesse de chaque mou- 


… xemient et d’en déterminer la direction. 
Mais, pour remplir cette tâche d’une ma- 


mière satisfaisante , il re doit pas s'arrêter 
mniquement à ce que les phénomènes ont d’in- 
aÿ 


iv Lettre à J. C. Mertrud. 
dividuel ; il faut qu’il distingue sur-tout ce 
qui fait la condition générale et nécessaire de 
chacun d’eux : et pour cela, il faut qu’il les 
examine dans toutes les modifications que peu- 
vent y apporter leurs combinaisons avec d’au- 
tres phénomènes ; il faut aussi qu’il les isole, 
qu’il les débarrasse de tous les accessoires qui 
les voilent ; en un mot, il faut qu’il ne se 
borne point à une seule espèce de corps  vi- 
yant, mais qu'il les compare toutes, et qu’il 
poursuive la vie et les phénomènes dont elle 
se compose dans tous les êtres qui en ont reçu 
quelque parcelle, Ce n’est qu’à ce prix qu’il 
peut espérer de soulever le voile mystérieux 
qui en couvre l'essence. 

En effet, la physiologie doit nécessairement 
suivre la même marche que toutes celles des 
sciences physiques que l’obscurité et'la com- 
plication des phénomènes n’ont point encore 
permis de soumettre au calcul ; ne possédant 
aucun principe démontré, d’où les faits parti- 
culiers puissent se déduire comme des consé- 
quences, c’est dans la série de ces faits séule- 
ment que la science consiste jusqu'ici ; et nous 
ne pouvons espérer de remonter à des. causes 
générales qu’autant que nous aurons classé les 
faits, et.que nous serons parvenus à les ranger 
sous quelques lois communes: mais la physio- 
logie n'a pas pour cet effet le même avantage 


Lettre à J. C. Mertrud. (e 


que les sciences qui opèrent sur des substances 
non. organiques ; que la chimie et la physique 
expérimentale , par exemple. Celles-ci peuvent 
réduire à une simplicité presque indéfinie les 
problèmes qu’elles se proposent ; elles peuvent 
isoler les substances dont elles veulent recon- 
noître les rapports et La nature, et les com- 
biner ou les rapprocher successivement de toutes 
les autres. Il n’en est pas de même de la phy- 
 siolosie. Toutes les parties d’un corps vivant 
sont liées; elles ne peuvent agir qu’autant 
qu'elles agissent toutes ensemble : vouloir en 
séparer une de la masse, c’est la reporter dans 
l’ordre des substances mortes, c’est en changer 
entièrement l'essence. Les machines qui font 
l’objet de nos recherches ne peuvent être dé- 
montées sans être détrnites; nous ne pouvons 
 connoître ce qui résulteroit de l'absence d’un 
ou de plusieurs de leurs rouages, et par con- 
séquent nous ne pouvons savoir quelle est la 
. part que chacun de ces rouages prend à l’effet 
total. [h 

Heureusement la nature semble nous avoir 
préparé .elle-même des moyens de suppléer à 
cette impossibilité de faire certaines expériences 
- sur les corps vivans. Elle nous présente dans les 
differentes classes d'animaux presque toutes les 
combinaisons possibles d'organes; elle nous 
. Les montre réunis, deux à deux, trois à trois, 
a 11} 


Y) Lettre à J. C. Mertrud. 


et dans toutes les proportions ; il n’en est, 
pour ainsi dire , aucun dont elle n’ait privé 
quelque classe ou quelque genre ; et il suffit 
de bien examiner les effets produits par ces 
réunions , et ceux qui résultent de ces priva- 
tions, pour en déduire des conclusions très- 
vraisemblables sur la nature et l’usage de cha- 
que organe et de chaque forme d’organe. 

On peut observer la même marche, pour 
déterminer l’usage des diverses parties d’ur 
organe, et pour reconnoître celles qui sont 
essentielles ,, et les distinguer de celles qui ne 
sont qu'’accessoires. Il suffit de suivre cet 
organe dans toutes les classes qui l'ont recu 
et d'examiner quelles sont les parties qui s’y 
trouvent toujours , et quel changement opère 
dans les fonctions relatives à cet organe , l’ab- 
sence de celles qui manquent dans certaines 
classes. 

Maïs il n’est pas permis de borner ses re- 
cherches à quelques espèces: souvent une seule 
négligée recèle une exception qui détruit tout 
un système. Cette méthode de raisonner en phy- 
siologie ne peut devenir rigoureuse qu’autant 
qu'on approchera de la connoiïssance complète 
de l’anatomie des animaux; cependant, si dans 
son état actuel, cette dernière science ne peut 
nous conduire encore directement à des décou- 
vertes certaines, elle ést déja du moins la pierre 


Lettre à J. C. Mertrud. vi} 


de touche des résultats obtenus par toutes les 
autres voies , et il a souvent suffi d’un seul 
fait d'anatomie comparée, pour détruire un 
échafaudage entier d’hypothèses physiologiques. 

Aussi a-t-on reconnu dans tous les temps l’im- 
portance de l’anatomie comparée; et si l’abus 
qu'on en avoit fait vers la fin du siècle dernier, en 
donnant trop souvent pour humaïnes des organi- 
sations propres aux animaux, avoit porté à la 
négliger dans la première moitié du siècle présent, 
on l’a reprise avec ardeur, et une multitude 
. d'hommes recommandables s’y sont livrés de 
préférence depuis un certain nombre d’années. 

On doit au Muséum national d'histoire na- 
turelle de Paris la justice de dire que les sa- 
vans qui y ont été employés, ont coritribué 
dans tous les temps à encourager et à pro- 
pager cette étude. Les noms de Dzverne” , de 
l'errein , de Petit sont célèbres dans les 
fastes de la science; Buffon lui donna un 
nouvel essor , en faisant voir son importance 
dans la partie caractéristique de l’histoire na- 
turelle; son digne collaborateur , Dauberton , 
ent fit par ses immenses travaux la base désor- 
mais inébranlable de la zoologie ; il encourag'ea , 
il aida de ses conseils , et de la communica- 
tion des objets confiés à sa garde, cet autre 
de vos élèves qui auroit porté à son faîte l’ana- 
tomie comparée, si le malheur des temps me 

a iv 


vi) Lettre à J. C: Mertrud. 


nous l’eùt enlevé dans la force de l’âge. Ecrivain 
élégant, physiologiste ingénieux , anatomiste 
profond , Ficg - d’Azyr ne sera jamais rem- 
placé; mais du moins ceux qui le formèrent 
existent encore; les trésors qu'ils lui confièrent 
sont augmentés ; leurs dépositaires trouveront 
pour en faire usage des hommes aussi dévoués 
et aussi reconnoissans. 

Les savans qui composent l’administration 
actuelle du Muséum étoient dignes de suivre 
les glorieux exemples de leurs prédécesseurs ; 
aussi aï-je reçu de leur part, comme de la 
vôtre , tous les secours que je pouvois atten- 
dre d’un amour éclairé pour la science, 
embellis de toutes les graces dont pouvoit les 
orner la plus noble amitié. Rien n’a été épar- 
gné de ce qui pouvoit conduire à des décou- 
vertes , ou seulement à compléter le système 
de nos connoïissances en anatomie comparée. 
Les correspondans du Muséum ont imité l’exem- 
ple de l’administration. Le citoyen Baïllon 
sur-tout , ce naturaliste si connu par les obser- 
vations précieuses qu'il a fournies à Buffon, 
et par celles qu’il continue de faire , m’a pro- 
curé , avec un empressement et une ’généro- 
sité sans égale , les oiseaux et les poissons les 
plus rares. Le citoyen Hombert du Havre , qui 
se livre avec le plus grand succès à l’étude 
des mollusques et des vers marins , m'en a 


Leitre à J. C. Mertrud. ix 


communiqué un grand nombre qui m'ont été 
très-utiles par leur conservation parfaite; les 
citoyens Beauvois, Bosc et Olivier , revenus, 
les deux premiers, de l'Amérique septen- 
trionale ; le troisième, du levant de l'Egypte 
et de la Perse, ont bien voulu me donner 
quelques -uns des objets précieux qu’ils ont 
rapportés ; aussi je crois n'avoir aucun sujet 
d’envier la position où se trouvoit Aristote, 
lorsqu'un conquérant , ami des sciences , et 
savant lui-même, lui soumettoit des hommes 
et lui prodiguoit des millions pour le mettre 
à même d'avancer l’histoire de la nature. 

Cette assertion n’étonnera point lorsqu'on 
saura qu'il m'a été permis de disséquer , non 
seulement les animaux qui sont morts à la mé- 
nagerie, mais encore ceux qui avoient été ras- 
semblés depuis un grand nombre d’années de 
toutes les parties du monde , et conservés dans 
la liqueur ; collection que le temps seul a pu 
porter au degré de perfection où elle est au- 
jourd’hui , et pour laquelle aucune puissance 
mauroit pu suppléer à celle du temps. 

En m'ouvrant yos trésors, en m’associant 
aux travaux nécessaires à leur arrangement 
« et à leur augmentation, vous ne m'avez im- 
posé qu'une condition ; c’est d’en faire fjouir 
les naturalistes, par une description digne de 
leur importance. 


x Lettre à J. C. Mertrud. 


Vous savez avec quelle assiduité jy travaille, 
mais vous savez aussi mieux que personne Com- 
bien de temps un pareil ouvrage exige; les faits 
appellent les faits. Quelque -riche qu’on en’soit, 
on en desire toujours. Tantôt c’est une espèce 
que l’on voudroit comparer à celles que l’on 
connoît déja ; tantôt c’est un organe sur lequel 
on youdroit encore tenter quelques essais pour 
en mieux développer la structure. Dans d’autres 
endroits on a besoin de réflexions plus pro- 
longées ; on ne sent pas encore assez bien l’en- 
semble de son objet, les rapports de ses parties. 
C’est sur-tout en histoire naturelle qu’on est 
toujours mécontent de ce qu’on a fait, parce 
que la nature nous montre à chaque pas qu’elle 
estinépuisable. La partiemécanique seule, comme 
les préparations , les dessins et les gravures, exi- 
geront un temps qu'aucun soin, aucune dépense 
ne pourroient abréger. 

Ainsi je ne puis raisonnablement espérer de 
terminer mon ouvrage d’ici à plusieurs années; 
cependant je m’efforce de faire jouir , autant 
qu’il est en moi, les jeunes anatomistes de 
tout ce que les collections contiennent déja de 
neuf et d’important; je leur développe les rap- 
ports que les faits nous laissent déja entrevoir; 
ét ne me bornant point à leur exposer dans un 
ordre quelconque les observations consignées 
dans les ouvrages imprimés, je ne leur cache 


Lettre à J. C. Mertrud. x) 


aucune de celles que j'ai eu occasion de faire, 
en marchant, quoique de loin, sur les traces des 
auteurs célèbres qui m'ont précédé. Cette cor- 
fiance de ma part, et ces efforts pour rendre le 
. corps de la science aussi complet que l’état actuel 
des observations le permettoit, ayant attiré à mes 
cours quelques élèves pleins de talens et d’assi- 
duité , ils ont pris la peine de recueillir mes 
leçons avec beaucoup d’exactitude , et il en est 
résulté divers manuscrits, qui pourroïent être 
considérés comme des ouvrages élémentaires 
différens pour la marche , et, à ce que je crois, 
plus complets pour la matière que ceux qui 
ont paru jusqu'ici sur l’ensemble de l’anatomie 
comparée ; et tout imparfaite que devoit être 
léur rédaction , il en a couru des copies qui 
ont été employées utilement dans quelques 
autres cours , et même dans quelques ouvrages 
imprimés ; abus très-léger , à la vérité , et qui 
ne m'empêchera point de continuer à faire con- 
noître les observations qui me sont propres , à 
tous ceux qui pourront le desirer , mais suffi- 
sant cependant pour que je tâche de m’assurer 
par l'impression la date et la propriété de quel- 
ques-unes. Une raison d’un autre genre a encore 
contribué à me déterminer à consentir à la 
publication d’un de ces manuscrits; c’est le 
besoin réel où sont la plupart des élèves qui 
 fuivent un cours quélconque, d’avoir un ouvrage 


xi) Lettre à J. C. Mertrud. 


qui contienne , dans un ordre convenable |: le 
détail des faits qui en font l’objet ; détail qu'il 
est presque impossible de rendre avec exacti- 
tude dans un débit oral, où l’on se laisse tou- 
jours emporter davantage aux vues et aux ré- 
flexions propres à captiver l’attention des audi- 
teurs, et où ceux-ci d’ailleurs ne pourrroient 
saisir assez rapidement ces faits, sur-tout quand 
ils sont aussi nombreux et aussi variés que dans 
l’anatomie comparée. Enfin j'ai pensé que cette 
impression pourroit encore être agréable et utile, 
non seulement aux anatomistes qui ne peuvent 
suivre mes leçons, mais à toutes les personnes qui 
s'occupent de physiologie et d’histoire naturelle, 
et qui n’ont cu jusqu'à présent aucun livre qui 
contint un ensemble systématique sur l’organisa- 
tion interne des animaux. Quoiqu’on ne puisse 
et ne doive considérer celui-ci que comme un 
espèce d’abrégé ou de programme de l’ouvrage 
auquel je travaille , il n’en est pas moins vrai 
qu'il contient déja un ensemble imposant de 
faits, et qu’il peut servir de base à des recher- 
ches ultérieures très - multipliées. Peut - être 
donnera-t-il lieu aux personnes qui s’intéres- 
seront à son objet, de publier les faits neufs ou 
isolés qui se seront présentés à elles , et qui 
pourront occuper une place dans le grand plan; 
peut-être m’indiquera-t-on des vues ct des cor- 
rections importantes ; en un mot, je ne regret 


L 


Lettre à J. C. Mertrud. xl} 


terai point d’avoir livré à la critique un Ouvrage | 
imparfait , s’il peut en revenir, par moi ou 
par d’autres , quelque bien à la science. 

Ces leçons ont été rédigées, comme le titre 
l'indique , d’après mes démonstrations orales, 
par l’un de mes plus chers élèves et de mes meil- 
leurs amis , le citoyen Duméril , dont les talens 
viennent d’être récompensés Er place impor- 
tante de chef des travaux anatomiques de l’école 
de médecine, qui lui a été décernée après un con- 
cours solemnel. Ayant suivi mes cours pendant 
quatre ans , il a recueilli si exactement tout 
ce que jy ai développé, qu’il auroit été dif- 
* ficile à moi-même de le faire mieux. J'ai revu 
son manuscrit avec le plus grand soin ; j'ai 
suppléé par-tout les faits de détail qui n’étoient 
point susceptibles d’être exposés dans des leçons 
publiques; j'ai rectifié les choses que j'avois pu 
avancer trop légèrement ; j'ai ajouté ce que mes 
dissections ou mes lectures m’ont appris depuis 
que j'ai fait les leçons auxquelles’ elles se rap- 
portent , et je n’hésite point aujourd’hui à re- 
connoître cet ouvrage comme le mien, et à 
avouer ‘toutes les ‘assertions qui y sont con- 
ténues. 

‘Au reste, ce n ’est point dé'sa plume seu- 
lement que le citoyen Duméril à contribué 
à cet ouvrage. Il im’à toujours secondé dans 
les bé nues dissections qu’il m'a fallu faire; 


xiv Letire à J. C: Mertrud. 


il en a suivi plusieurs d’après des vues qui lux 
étoient propres , et que lui suggéroïent, ses 
connoissances étendues en histoire naturelle 
et en physiologie ; et je dois à sa perspicacité 
un multitude d'observations piquantes et de 
faits curieux qui m’auroient échappé. 

Je dois aussi beaucoup à la complaisance 
du citoyen Rousseau , votre aide -anatomiste 
au Muséum d'histoire naturelle. Cet homme 
aussi modeste qu'infatigable méritera la re- 
connoissance de tous les anatomistes par les 
travaux pénibles qu’il a exécutés, sous..vos. or- 
dres , pour la restauration et laugmentation 
de la collection d’anatomie ; et'il m’auroit été 
impossible sans lui de rendre mes leçons dignes 
de paroître en public. 

On concevra aisément la nécessité d’un tel 
secours , si on réfléchit combien les dissec-: 
tions ont besoin d’être multipliées pour un ou- 
vrage du genre de celui-ci, et combien sont 
rares les occasions de faire celles de certaines 
espèces. Celui qui ne décrit que le corps hu- 
main , travaille tranquillement sur un, objet 
dont il ne lui reste que quelques parcelles à 
découvrir, et qu'il peut retrouver chaque fois 
qu'il veut vérifier ou corriger ses observations. 
Celui quis’occupe des animaux, lorsqu’ilktrouve 
l’occasion d’en disséquer un qui ne l’a point 
été, est obligé de tout décrire; si l'espèce est 


Leitre à J. C. Mertrud. XY 


rare , s’il n’a pas l'espoir de la voir plus d’une 
fois, ni de rien rectiñer , il faut qu’il mette 
plus d’exactitude dans ses recherches, en même 
temps qu'il en doit faire un plus grand nom- 
bre ; il faut alors passer les jours et les nuits 
dans un travail aussi mal-sain que fatisant. 

| Aussi la proie purement mécanique dus étu- 
des nécessaires à celui qui se livre à l'anatomie 
comparée, est-elle si pénible qu’il seroit im- 
possible à un seul homme d’y suflire , s’il w’étoit 
secondé par des amis aussi zélés que. lui. 

Ils m'ont été d’autant plus nécessaires , 
que mes lecons , aïnsi que les lecteurs s’en 
appercevront aisément:, sont par-tout fon- 
dées sur l’observation , et que, hors quelques 
faits. sur lesquels j'ai: soigneusement allégué 
mes autorités , j'ai vu par moi-même tout 
ce -que j'avance. C’est ce qui a rendu peu né- 
cessaire , dans l’abrégé actuel , les citations 
multipliées que je ne négligerai cependant point 
dans mon grand ouvrage ; car je reconnois 
qu'il est juste de consacrer la mémoire des pre- 
imiers -Observateurs d’un fait utile. Ainsi dans 
les endroits où je ne cite personne, je ne pré- 
tends. nullement être regardé comme inven- 
teur, mais je crois devoir être considéré comme 
un autorité à ajouter à celles qui peuvent déja 
exister sur les mêmes faits. 

Au reste, ce défaut de citations dans les choses 


xvj Letire & J. C. Mertrud. 

qu'il m'a été possible de vérifier moi-même, et 
que j'ai le plus souvent démontrées publique- 
ment dans mes cours, ou dont les preuves sont 
déposées dans la collection d'anatomie du Mu- 
séum , vient plutôt de ce que ces démonstra- 
tions et cette exposition publique rendoient 
toute autre autorité inutile, que de ma néoli- 
gence à m'enquérir de ce qui avoit été fait 
avant moi. Je ne crois pas être resté très en 
arrière de mes prédécesseurs ; et si jai cru 
dans beaucoup de cas qu’il étoit plus aisé de 
recourir à la nature, que de chercher à ex- 
pliquer les descriptions obscures ou insuffi- 
santes de plusieurs modernes, ou que de passer 
LE aa Fe pour rencontrer quelques pierres 
précieuses, enfouites dans les discussions dé 
philosophie scholastique qui remplissent les 
auteurs du seizième siècle : je regarde ‘cette 
méthode comme un avantage que mon heu- 
reuse position me procuroit, en me dispen- 
sant d’avoir recours à la compilation , et point 
du tout comme un sujet de reproche. 

Ce qui’m'a sur-tout guéri de l’envie de cons- 
truire avec des matériaux étrangers, ce sont 
les résultats informes qu’ont obtenus de cette 
facon quelques auteurs estimables , mais dé- 
pourvus des moyens d’observer. Ils n’ont pu 
éviter de reproduire des choses fausses , d’au- 
tres inexactes ou même contradictoires ; et 


Leitre à J. C. Mertrud. xvij 


comme l'aspect constant de la nature ne maï- 
trisoit point leur imagination, ils n’ont pu 
s'empêcher de créer des systèmes, ni de mettre 
dela partialité dans leur jugement sur les faits, 
en choisissant de préférence ceux qui favori- 
soient leur manière de voir. 

Vous devinez aisément que le plus grand. 
mombre de ces auteurs se trouve dans une 
nation , qui, toute excellente qu’elle est par son. 
génie inventif et par son infatigable patience 
dans les recherches de tout genre , n’a pas tou- 
jours su contenir dans des bornes convenables 
son penchant à montrer de l’érudition, penchant 
qui ne vient peut-être que de trop de modestie et 
d’une déférence mal entendue pour les autres. 

Une autre nation non moins admirable 
par la bardiesse de ses vues , et la force qu’elle 
déploie dans les travaux relatifs aux sciences, 
semble avoir donné dans un excès opposé à 
celui que je viens de reprendre ; en méprisant, 
un peu trop les étrangers, en n’estimant et 
même en ne consultant presque que ses compa-- 
triotes. Cette espèce d’orgueil , utile peut-être en. 
politique, ne peut, dans les sciences et sur-tout 
dans les sciences de faits, que rétrécir les 
idées , et conduire à une sécheresse qui fait 
le caractère de quelques-uns de ses auteurs en 


histoire naturelle et en anatomie comparée. 


"Vous trouverez, j'espèré ,.que j'ai fait mon 
z u 


xvij . Lettre à J. C. Mertrud. 


possible pour éviter ces deux écueils, et qu’en 
m’efforçant d'observer toujours la nature, jem’ai 
point voulu marcher sans guide , et que j'ai 
étudié ceux qui pouvoient m'indiquer des sen- 
tiers nouveaux ou utiles. 

Je crois avoir employé les principales dé- 
couvertes des auteurs modernes qui ont traité 
l'anatomie d’une manière physiologique. Les 
Stenon, les Swammerdam, les Collins, les Du 
verney , les Petit, les Lyonnet, les Haller, 
les Monro , les Hunter , les Geoffroy, les 
Vicq-d’Azyr , les Camper, les Blumenbach, les 
Scarpa , les Comparetti , les Kielmeyer., les 
Poli, les Harwood , les Barthez, m'ont fourni les 
données d’où je suis parti; et quoique j’aie revu 
par moi-même une grande partie de ces don- 
nées, ce n’est pas moins à ces hommes célèbres 
que la gloire en est due, puisque , sans leursécrits, 
le plus grand nombre des faits consignés dans cet 
ouvrage me!seroient échappés. 

Je dois aussi reconnoîtreles services que m'ont 
rendus les naturalistes les plus récens. Depuis 
que l’histoire naturelle prend enfin lanature pour 
base de ses distributions, ses rapports avec l’ana- 
tomie sont devenus plus intimes ; l’une de ces 
sciences ne peut faire un pas sans que l’autre 
en profite. Les rapprochemens que la première 
établit indiquent souvent à Vautre les recherches 
qu’elle doit faire. Aussi, sans parler de Daubenton 


+ 


Lettre à J. C, Mertrud. xix 


et de Pallas, également placés au premier rang 
dans l’une comme dans l’autre science, je suis 
redevable de beaucoup de vues, et sur-tout de 
plus de régularité dans ma marche, aux nou- 
veaux zoologistes , parmi lesquels je dois sur- 
tout nommer Ray, Klein, Linné, Buffon, Lacé- 
pède, Lamarck, Bloch, Fabricius, Latreille » et 
tous ceux qui ont tenté par différentes voies de 
s'approcher de cette méthode naturelle unique, 
qui doit faire le but de tous les efforts des natura- 
listes quoiqu’elle soit peut-être la pierre philo- 
sophale de leur art. 

Quelques-uns de ces hommes célèbres m’ho- 
norant de leur amitié, je n’ai pas moins pro- 
fité de leurs Conversations que de leurs écrits; 
et plusieurs de mes idées ont pris leur source 
dans les leurs, dont je me suis tellement nourri, 
que j’aurois souvent peine à reconnoître ce que 
je dois plus particulièrement à chacun d’eux. 

J'ai cherché à me rapprocher un peu plus 
de cette méthode naturelle, dans les tableaux 
qui sont dans ce volume, que je ne l’avois fait 
dans mes élémens de zoologie : et je crois 
avoir fait dans la distribution des animaux 
plusieurs changemens avantageux, dont je dois 
aussi une partie aux recherches des hommes 
que je viens de nommer ; ainsi on reconnoîtra . 
. sans peine que j'ai profité du travail du citoyen 
Lacépède sur les oiseaux et sur les mammifères, 


bi 


} 


xx Lettre à J. C. Mertrud. 


et de celui du citoyen Lamarck sur les testacés, 
et que la division des reptiles est celle ‘qu’a 
proposée récemment le citoyen Brongmiard. 

Vous reconnoîtrez , sans doute, dans ces 
aveux, le desir de rendre un témoignage écla- 
tant de reconnoiïssance à tous ceux dont les 
idées ou les travaux m'ont été utiles; mais 
je souhaite encore plus que vous y voyiez celui 
d'encourager et d’entretenir cet esprit commu- 
nicatif, si noble, si touchant , qui règne au- 
jourd’hui parmi la plupart des naturalistes. 
Occupés de défricher ensemble le vaste champ 
de la nature, ils sont, pour ainsi dire, en 
communauté de travaux et de succès ; et pourvu 
qu’une découverte soit faite, il leur importe 
peu qui d'eux ou de leurs amis y attachera 
son nom. 

Je me repose d’ailleurs sur le jugement des 
personnes instruites en anatomie, pour discerner 
les observations qui me sont absolument propres ; 
et jespère qu’on les trouvera assez nom- 
breuses pour me justifier d’avoir consenti à 
l'impression prématurée de ces leçons. Il m'est 
d'autant plus permis d’exprimer cet espoir, 
que je n'ai d’autre mérite, à cet égard, que : 
celui d’avoir profité d'une position favorable. 

Ce n’est point dans la partie qui concerne 
le corps humain que j’ai pu prétendre à donner 
des observations neuves ; je n’en ai dit que ce 


Lettre & J. C: Mertrud. Xx}j 
qui est nécessaire pour en rappeler l’idée au 
lecteur : et quoique mes descriptions soient 
faites sur le cadavre, :à l'exception de quel- 
ques détails de névrologie pour ‘lesquels j'ai 
suivi Sabattier et Sæmmering , elles ne diffè- 
rent de celles de mes prédécesseurs que par 
l'expression. ra 

. Le citoyen Durmnéril a inséré presque par- 
tout sa nouvelle nomenclature , qui est analo- 
gue à celle qu’avoit proposée le citoyen CAaus- 
sier, et qu'ont modifiée, chacun à leur ma- 
rière, les citoyens Dumas et Girard. Sans at- 
tacher à cet objet une grande importance , il 
sera cependant intéressant que les anatomistes 
conviennent de quelque fixation dans leur 
idiome. 

La physiologie n’occupe aussi qu’une place 
accessoire ; je n’en ai inséré quelque chose, 
que pour diminuer un peu la sécheresse des dé- 
tails anatomiques , et pour indiquer diverses 
vues que l’anatomie comparée peut lui fournir. 

C’est dans le même esprit que j'ai cité des 
traits qui n’appartiennent qu’à l’histoire na- 
turelle proprement dite : il s’agissoit presque 
toujours de rappeler au lecteur quelque fait 
propre à appuyer les théories anatomiques, 
ou d'indiquer quelques,corrections que les ob- 
Servations d'anatomie comparée rendent nécess 
Saires dans les distributions méthodiques. 

D ii 


Xxij Lettre à J. C. Mertrud. 


Tels sont les motifs qui m’ont dirigé dans 
la publication de ces leçons. Il ne me reste 
qu'à exprimer le desir que les naturalistes 
ne m'accusent point d'y ‘avoir cédé trop tôt, 
et que l’ouvrage leur paroïsse assez utile pour 
les engager à me pardonner les imperfections 
qui s'y trouvent encore. 

Accordez-moi en ‘particulier l’indulgence que 
méritent, sinon l'importance de mon travail, du 
moins les sentimens: respectueux et sincères 
avec lesquels vous l'offre votre PRE et 
votre ami. 


Au Jardin des Plantes, le 28 ventose an 8; * 


AN. SEE 5 RO D 0 
DES MATIÈRES 


Contenues dans ce premier volume. 


L si pages: 
ETTRE à à Av Mere L'UASS ch 
PREMIÈRE LEÇON. Considérations sur, l'co- 
Dmoniennimale ; date jeeuee ein paul e 18 + 2 
Anricie I. Esquisse générale des fonctions que Le corps 
Wnemalexerce. + x r «= =. 20 Sym Ne à « e 2010, 
Anrierë Il. Idée générale des organes dont le corps 
animal ‘est composé. « ‘à ee + © © + = + 19: 
Anricie . Tableau des cles différences que 


Les animaux présentent dans chacun de leurs systêmes 
d'organes. + + +... + + + + 34. 


Arricre IV. Tableau des rapports qui existent entre 
Les variations des divers systémes d'organes, » + 45. 


A: V. Division des animaux d'après l’ensemble 
de Leur organisation. ee + + + = + e 60. 


DEUXIÈME LE CON. Des organes du. mouve= 
ment en général... . . «+ + + + 5 ++ + 89. 

Arricus L De la fbre musculaire. LD APE 0) 77 4 

AnTiçe I. De La substance des os, et des parties 


«dures qui en tiennent lieu «  , . à + «+ + + 103, 


b 1e 


XxIV L IR STE 
Arrticre III. Des jonctions des os et de leurs mouve-, , 

MERS Meier Te cher 0. Ve. ok 6 + 
ARTICLE IV, Des tendons , de la composition des 


musoles et de leur action: fe A » 5 ea 133. 


Arricre V. Remarques générales sur le squelette. . . 144. 


TROISIÈME LE CON. Des os et des ele | 


du {ronc, à . .. . > L2 [2 L2 . e e e C2 L] > o C2 150. 


Agrtccr I. Dés os de l'épine. «. = = » 12 ee 0» Did. 
MMM Dans l'homme. + + à =) +101 où ee en: celà ZDTEe 
B.: Dans les mammifères A M US UE J:54. 
Nombre des vertèbres. . à + + + «  . 1bid. 

+. PFôportions entre Les-Yébions de ren té ir58. 

3°. Formes des diverses vertèbres. . . © #60. 
ces Wertèbres di cols. ans me ere Te à suc ibid. 

8. Vertèbres.du dos... » » » 3 ave \nme 203. 

y. Vertèbres des lombes;s + 1e sers je : 2,164. 

À Wertèbres du sacrum. « se à CE 4 Ibid. 

. Verièbres F la queue « Te ee Es . 3 3 165. 

re GES Les. OISEAUX « RER PER À ge er u 167. 


UN R 


CL ne e AT" 


F7 


D. Dans les reptiles. Da AR de 


{A L: 


Ë. Dans les POISSORS «| RC Re AD ar. 477 


Arricur Il. Des muscles de l'épine Nat 


355 chui tp 
À. Dans l'homme. "7 2 SOS EE NERSSSE TATEe 


B. Dans les mammifères. D res 2 AT + 94 185 


Le 
ss 
# 


a. Les relèveurs de la queue. EE VS, 187. 
_b. Les abaisseurs de la queue. + ° 
c. Les latéraux de la queue. * à 
C-Dbns Les oiseaux. LAINE TE 
D. Dons les! réptiles. "ONCE 


E° Dans Les poissons à à = a 1 SLR T201T9E. 


ARTIÔLE TI. Des côtes et du sternurm, . 2 ? 7, = a02 


+. + -« pages 123; 


pESs MADIÉRES. 


A. Dans l'homme. à » à 


+ pages 


2 B. Dans Les mammifères. . + + ou + ee 


: C: Dans ‘Les oiseaux. “« 


° 


*e 


D: Dans Les repniles. . 1. 


l E..Dans Les poissons... 


ArTicce IV. Des muscles .des 
+ A.-Dans l’homme. à + 
°B. Dans les mammifères. 
> C. Dans Les oiseaux + « 
» D. Dans les reptiles... 
L1, E. Dans les poissons » « 


Anrrceze V. Des mouvemens de La 


ANS À. Dans d'homme. + + « 
© B.-Dans les: mammifères. 
+ C.. Dans les, oiseaux: + 
“AN D. Dans Les reptiles. « 
e E.. Dans les poissons... 


° 


tête sur 


Arricze VI. Des muscles -de. La tête.. 


: A. Dans l'homme. « + + 
ec B. Dans les mammiferes. 
ù C.. Dans les ciseaux. » « 
\, D. Dans Les reptiles. + . 
Cias Le Dans Les PORSORS > è 


Ep 


QUATRIÈME LECON. De l'extrémité 


Lirieure, ou du membre. pectoral . 


AnTteux TI. Des ‘os dt para site 


A. Dans l'homme. : : : 
si @£ - B. Dans les 17 

LC, Dans les oiseaux.” . 
D. Dans les repriles.. :. 


Le] 
2 


L 


Arricie Il. Des muscles de l'épaule, 


STETTLINL. ee 


e 

+ 
> 

L] 


XXV) TABLE 


A. Dans. l'homme. ; à à «à + + = + « « pages 293. 


. «+ B. Dans Les mammifères. .- . « « « + + e: 
C;. Dans Les oiseaux. » + 0 eo 0e 


D. Dans Les reptiles. « . + « «+ 


ArTicce HI: De- l'os du bras. « + + à 
A. Dans l'homme. . « … . + » + 0 
B. Dans les mammiferes. « + «+ « 
C. Dans Les oiseaux. « à + + + ee 
D.. Dans Les reptiles. « » # + « «+ 


Arricze IV. Des muscies dy bras. « 
À. Dans l'homme. « » +" + % ° 
B. Dens les mammifères. «jure. 
C Dans Les oiseaux. «+ + ne etat 


D. Dans les reptiles. , «+ ere 


ARTICLE V. Des os de l'avant-bras. » « 
À." Dans l'homme. ” ” = 2% 4 
B. Dans les mammiferes. + + « . 
C:- Dans les. oiseaux, à As re rases le 
D., Dans les. reptiles. s° …. à + etats 


ArTicze VI. Des muscles de l’avant-bras. 


I. Les-fléchisseurs + à + 
A."Dars l'homme. + » 7 1 NN à 
B. Dans les mammiferes. ‘à : « +. 
Durs desioiseaut ts Te LR re 

Il Des exrénsenrs à «46 Q AS A 
À. Dans l'homme : 5 4 PVR, 
B. Dans les mammifères, 4 à « 
CDans des, oiseaux « . «à RL 

MF Des oupinereurs. |: «4 en 

Dies homme: . 3.3 LES 


. Dans Les mammiferes. « « + +. + 


oO & »- 


Mans des oiseaux... =, 74 14 


* 


. 255, 
+ 262. 
: 263 
: 265 
+ ibid. 


_h 266. 
4 268. 
‘. 269. 


« 290. 


À 2092 


. 2bid. 
« zbid. 


- ibid. 


« 293. 
. 294. 
+ 1bid. 
« ibid. 
» 206. 


. 6 297... 


, ibid. 
s ibid. 


208 


pres MATIÈRES. XXVŸ 


Anricze VII. Les pronateurs. » + + + + + + pages 298. 
MM ns l'homme + + ee ee ee "ed à 3 2bid 
B. Dans les mammifères. « « + + + + à - + + 2bid. 
PR Dons As: oPseaux, à un sbero nm X 5:5:299%ù 
"Anrieze VIII. Muscles de: l'avant-bras des reptiles . ibid. 
ARricce IX: Des os de: la main + "1e iv « + 300. 
1. Des os du carpe ou poignet. à .. + « + +. + ibid, 
DA, Dans l'honfme. : 5 5 3-5 , 'aeuis te 8 Kd 1bid. 
B. Dans Les mammifères. + + + + + le à ee 302« 
MD os dumétacarpe. «à à + stnoNe amis: à 200 
A..Dans l'homme. . « & +. see à eee + 307e 
B. Dans les mammifères. . , 4 5e, % + 41e à ibide 
MIE Des os; des doigts à à +» aiatmer ernà envie (d 200e 
A° Dans l'homme. "ee « cris ++ ibid 
B. Dans les mammifères. . . . . . . . . . . 300. 
IV. Des os de la ‘main dans les oiseaux PORN A 
V. Des os de la main dans les reptiles, + +. +315. 
DC XX. Des muscles de la main; + … exe de 317. 
I. Muscles du carpe et du métacarpe. AN 4 p: RE 777 
Ms l'homme ny a Sie UE ete Ne dre 
PB Dôns Les mammiferes, ;. + . eV. ) . , 42318. 
MD ns les oiseaux, à 2 4 2 10e du Le 31 9e 
DD Les répriles, ms UN Te Sue ot a 220 
DRE les des derpis à 4e. D'ata eee + IEEE 
À. Dans l’homme et les mammiféres. + + + + 321. 
BNP rs des oiseau e Je 4 Eh RP AT 305, 
Rs Hestréprnles. à à 1 SUN NE ne 329. 
III. Täbleau de la longueur des différentes parties 
du membre pectoral dans Les mammifères... » + + 330 
Ânriere XI. De l'extrémité antérieure dans Les pois- 
Ne DU US Sr Ne 992 
AU RNA 0 at IE A rest nf 2 7 à 
Re AP ERRRE R  N 3 


XXVit) TABLE 


CINQUIÈME LEÇON. De l'extrémité postérieure 


lou du membre abdominal. , +.» + « 


Amrieze L. Des os du bassin. à ‘eo so. + + 0 


A. Dans l'homme. s » + + + + +. 
B. Dans les mammiferes. « 
C. Dans les oiseaux. . + e «+ 
D. Dans Les reptiles, + + + à «.% e 
ARTICLE Il. Des muscles du bassin «1... 
A. Dans l'homme, « + « en. 
B. Dans les mammifères. : % +... 
*C. Dans les. oiseaux. » à 3 ee. 
D. -Duns- Les: reptiles, « + + te te 
ARTICLE III. De l'os de la cuisse.  ". à 
ALT rST homme. 3 NS NRNEEERRNE 
B. Dans les mammifères. + "2." 
C. Dans Les" oiseaux: CRAN 


D." Dans frs Yephites Te NN 


ARTICLE IV. Des muscles de La cuisse... 
I. Muscles du grand trochanter. + « . 
À. Dons l'homme. : : 2. 
B. Dans les mammifères. SA NUE 


CDs Les co rbatie Ne NON ES 


L 
e 
LI 

L 

. 


e 


CU 6 
e 


C3 


- 


° 


. … . pages 338, 


. 2bid. 
+ 2bid, 
à 341. 
. 346. 
347. 
. 349. 
. ibid. 


+ 2.1bid. 


. cbid. 
: 350. 
. ibid. 
* JA. 
502. 
+953, 


ES 0 


. 1bid. 
. ibid. 
ibid. 
Of 


13 OR 


IT. Muscles du petit trochanter et de La face interne 
ARR SRE TR 


de La cuisse. + ee + « « ss « + 


À, Dans l'homme. sEa 


B. Dans Les mammifères. F'ÉÉTR SRE 


C. Dans Re OISEAUT: à SUR o 
ll. Muscles de la cuisse des reptiles. . 
ARTICLE V. Des os 2 la jambe. de a à 
À. Dans l'homme. : . : CE EU 


B. Dans les mammifères. SR errO TE 


+. 1b1d. 


3 359. 
. zbid. 


. « 362. 


$ 


. ébri!. 


BETA 


DEs MATIÈRES. XXIX 


C. Dans Les oiseau. VE, EU 1, + + pages 366. 
Mens des )repuiles NS PONS Res 5: d 367. 


ArrTicre VI. Des muscles de la jambe. . « . . . . ibid. 
Mers lhommenses ee tel ste telie te ee + 201Qe 
B. Dans Les mammifères. 4 + + + + + « + + - 369, 
DES les oise ee Neo: Me Pen. 
M Dinstlee reptiles ns NAN d'a + 10 1072 


Arricze VII. Des os du cou de pied, ou du tarse, et 
PE Cdt du TAC ATSE. nd à. (0, «ie besreperpa re à DTA 
M BDars l'horme: . his) es (8e 0 in ele à IDiGe 
B. Dans les mammiferes.. . . . . «+ + « + . . 376. 
Dans les aiseants re (à Note ie hate \e le ,te le 2007 
Dr ans des reptiless de 2 eieliel ue ete te JO, 


ArTticze VIII. Des muscles du coude-pied ou dutarse, 
ME ceux du metatarse nn Lee ln ea elre ere here O2 
À. Dans l'homme, les mammiferes et Les oiseaux . ibid, 
D Dis lesirepiuies 2 ESC ONU TE à 1e etat in le JO0. 


ArTicre IX. Des os des doigts du pied, et de leurs 
RMADETRENS. ele te, me ete le ee ne ee 1e 210 007. 
Mibuss homme. dE à louis nel OU ANR bide 
D Dbrs lesmammrperesss 27." NT 295868: 
M Ders les oisenut els 2e 0 el 3090. 
DDens Les\rèpriles, se LR BREL zh. 


AnTicre X. Des muscles des doigts du pied... . . . 391. 
| I. Les muscles extenseurs des doigts. 4 9 + + +  2bid. 
ns l'homme ©). Vs unie (ie +, + 11de 

B. Dans Les Manrmiferess Sale ali fe ie cos. +, 292% 
Tes 0 NA EN RR EREN  T  15RA 

Il. Les mustles fléchisseurs des doïgts.. . « + . . 303. 
CDR lobe. À 2,0 USD SR GENS, 14, 

B. "Dans les : mammifères. . 1." 304. 
CDans let optanne sr Es 8 1 D, 1306, 


XXX TABLE 
IT. Muscles des doigts dans les reptiles. . pages 397. 
IV. Tableau de La longueur en mètres des différentes 

parties du membre abdominal dans les mammi- 


re D 5 Lion Ve + NE APN 


Arricis XI. De l'extrémité postérieure dans les pois- 

dans = - ou «à + + + opt + © PU 300 
I. Des Sue sin + + + 7e Luis a. ve et Ma alle COTE 
M RS muscles... 7e ae MIO CS UT 403. 


SIXIÈME LEÇON. Des organes du mouvement 
* dans les animaux sans vertebresi . . , + . + +." 406. 
Arricze I. Organes du mouvement des mollusques cé- 
ie à DE ts Mae ROME TUE 
. Muscles du corps." à à e à + « + « « + ibid. 
Se Mascles "des piéds "TTL SR Mers 
39, Muscles des Ventouses. "2". 5.20. 3 409. 
Arrice Il. Organes du mouvement des mollusques gas- 
ÉÉTODOMES.. +. eme heat 1e - se, aa e NME 
Anrice III. Organes du mouvement des mollusques 
acéphales ee ee - A1 
Arricre IV. Organes du mouvement des crustacés. … 423. 
ds Ne 9e: CNSDHE 


Li Dee queue 1er re) dite 
dr. 


10e Parties. Spldes VS 1 Sale ete 


2°. Museles SOA US SRE 423. 
Tres pates" MSP LPTEANTE Le 28 ce 
19. Parties S01et & ete let elle 21 eee (NS TELE 
2 Mnsees INR" TE da «Sr ue JS .« 428. 


Sétest eS à ce dde RON NS ST ESS 
LsMuscles des chenilles, se see a le el 
IT. Muscles de La larve d'un scarabé « . © + core + 438. 
III. Muscies dé la larve d'un hydrophile. ; v. - = 441. 


DES MATIÈRES. XXX) 
IV. Muscles de la larve d'un capricorne. . à pages 443. 
Arricce VI. Organes du mouvement dans les insectes 


RTS ENTRE RTC 7 444 
1°, De la tête . nieunetie tenais) tele "me ll" . 445. 


2°, Du corseler ou du thorax. + à » + + 448. 
D De la ponrine sen le Te,» 0 3 1e 449% 
4°. De l'abdomen ou du ventre . . . . . . 450. 


DD asimremaress le Ts OR es à "9 408 


Anrricze VII. Organes du mouvement dans les vers . . 462. 
Arricce VIil. Organes du mouvement dans les 700- 
phytes. ss... eu ee ee +  : 467. 


SEPTIÈME LE CON. Des organes du mouvement, 


e A . 
considérés en action, + + + + + + » +» = © + + 471. 


MCE Le Le Stertan! 0 0" Me tn  1bid, 
A. Station sur deux pieds à corps vertical. . . . . 473. 
B. Station sur deux pieds à corps non vertical. + . 470. 
Ge Sranon sur quatrespiedss in le ee = pee ABlx 


ce ll De le marche. ue sis e ds 4842 
iMarche) sur deuxipieds. à 24 nie ee à «485 
Be Marche, sur quatre, pieds. e die sise) 2e 480) 


Arricre Il. De l'action de saisir et de celle de grimper . 493. 
Ne Das: Sn du set PL nee 496. 
MncLE V. Dé la naration!. 7 5o1. 


A D vor D Je ON ROUE RE ro 


Fin p5 14 Taszes, 


L 
\ due AU 


PECONS 
D'ANATOMIE COMPARÉE. 


PREMIÈRE LECON: 


ConNsIDÉRATIONS préliminaires sur 
Péconomie animale. 


ARTICLE PREMIER. 


Esquisse générale des fonctions que le CRT 
animal exerce. 


Lo $E de la pie est une de ces idées générales 
et obscures produites en nous par certaines suites 
- de phénomènes, que nous voyons se succéder dans 
un ordre constant et se tenir par des rapports mu- 
“tuels. Quoique nous ignorions la nature du lien qui 
les unit , nous sentons que ce lien doit exister , et 
cela nous suffit pour nous les faire désigner par 
un nom que bientôt le vulgaire regarde comme 
le signe d’un principe particulier, quoiqu’en effet 
ce nom ne puisse jamais indiquer que l’ensemble 
. des phénomènes qui ont donné lieu à sa formation. 


Ainsi notre propre corps, et plusieurs autres 
À 1 À 


Fe J°'° Lecox. Économie animale. 


qui ont avec lui des rapports de forme et de struc- 
ture plus ou moins marqués, paroissant résister 
pendant un certain temps aux lois qui gouvernent 
les corps bruts, et même agir sur tout ce qui 

les environne, d’une manière entièrement con- 
 traire à ces lois , nous employons les noms de we 
etde force vitale pour désigner ees exceptions, au 
moins apparentes , aux lois générales. C’est donc en 
déterminant exactement en quoi ces exceptions 
consistent, que nous fixerons le sens de ces mots. 
Considérons pour cet effet les corps dont je viens 
de parler , dans leurs rapports actifs et passifs 
avec le reste de la nature. 

Examinons, par exemple, le corps d’une femme 
dans l’état de jeunesse et de santé : ces formes 
arrondies et voluptueuses, cette souplesse gracieuse 
de mouvemens, cette douce chaleur, ces joues 
teintes des roses de la volupté, ces yeux brillans 
de l’étincelle de l'amour ou du feu du génie ; cette - 
physionomie égayée par les saillies de l’esprit, 
ou animée par le feu des passions; tout semble 
se réunir pour en faire un être enchanteur. Un 
instant suilit pour détruire ce prestige : souvent 
sans aucune cause apparente le mouvement et le 
sentiment viennent à cesser ; le corps perd sa cha- 
leur ; les muscles s’affaissent et laissent. paroître les 
saillies anguleuses des os; les yeux, deviennent 
ternes , les joues ét les lèvres livides, Ce.ne sont là 
que les préludes de changemens plus. horribles: 
les chairs passent au bleu, au verd, au noir ; elles 


Ant. I. Fonctions organiques. 3 
aiürent l'humidité ; et pendant qu’une portion 
s'évapore en émanations infectes, une autre s’écoule 
en une sanie putride , qui ne tarde pas à se dissiper 
aussi : en un mot, au bout d’ an petit nombre de 
jours , il ne Lite plus que quelques pr incipes 
terreux ou salins ; les autres élémens se sont dis- 
persés dans les airs et dans les eaux pour entrer 
dans de nouvelles combinaisons. 

IL est clair que cette séparation est l’effet naturel 
de l’action de l’air, de l humidité, de la chaleur , 
en un môt de tous les corps extérieurs, su le hs 
mort, et qu’elle a sa cause dans l’ AÉrAHOÉ élective 
de ces divers agens pour les élémens qui le com- 
posoient. Cependant ce corps en étoit également 
entouré pendant sa vie ; leurs affinités pour ses 
molécules étoient les mêmes ; et celles-ci y eussent 
cédé également, si elles n’avoient pas été retenues 
ensemble par une force supérieure à ces affinités , 
qui n’a cessé d’agir sur elles qu’à l'instant de la 
mort. < 

Voilà de tous les phénomènes dont les idées par- 
ticulières entrent dans l’idée générale de la vie 
celui qui paroït d’abord en constituer l’essente , 
puisque nous ne pouvons concevoir la vie sans 
lui, et qu'il existe évidemment sans interruption 
jusqu’à l'instant de la mort. 

Mais V’étude suivie d’un corps vivant quelconque 
nous montre bientôt que cette force qui retient 
ensemble les molécules malgré les forces exté- 
rieures qui tendent à les séparer , ne borne pas 

A 2 


À 1° Lecox. Économie animale. 


son aclivité à ce résultat tranquille , et que sa 
sphère s'étend au-delà des limites du corps vivant 
lui-même. Il ne paroît pas du moins que cette 
force diffère de celle qui attire de nouvelles mo- 
lécules pour les intercaler entre celles qui existoient 
déja ; et cette action du corps vivant pour aitirer 
les molécules environnantes n’est pas moins con- 
tinuelle que celle qu'il exerce pour retenir les 
siennes propres: car, outre que l’absorption des 
matières alimentaires, et leur passage dans le 
fluide nowrricier et par lui à toutes les parties , 
ne souffrent guère d'interruption, et se continuent 
d’un repas à l’autre, il ÿ a une autre absorption 
qui se fait continuellement à la surface extérieure, 
et une troisième qui a lieu par l'effet de la respi- 
ration. Ces deux dernières sont même les seules 
aui existent dans tous les corps vivans qui ne di- 
gèrent pas , r’est-à-dire dans toutes les plantes. 

Or, comme les corps vivans ne croïssent pas 
D Befmnent : mais que la nature a assigné à chacun 
d'eux des dites qu’il ne peut passer, il faut qu'ils 
perdent d’un côté au moins une grande partie de 
ce qu'ils reçoivent de l’autre; et en effet une obser- 
vation attentive a appris que la transpiration et 
une multitude d’autres voies leur enlèvent conti- 
nuellement de leur substance. 

Cela doit modifier l’idée que nous nous étions 
formée d’abord du principal phénomène de la 
vie : au lieu d’une union constante dans les molé- 
cules , nous devons y voir une circulation conti- 


P 


Arr. IL. Fonctions organiques. 5 


nuellé du dehors au dedans, et du dedans au 
dehors , constamment entretenue et cependant fixée 
entre certaines limites. Aïnsi les corps vivans doï- 
vent être considérés comme des espèces de foyers, 
dans lesquels les substances mortes sont portées suc- 
cessivement pour s’y combiner entre elles de di- 
verses manières, pour y tenir une place et y 
exercer une action déterminées par la nature 
dés combinaisons où elles sont entrées, et pour 
s’en échapper un jour afin de rentrer sous les lois 
de la nature morte. 

Seulement il faut observer qu'il y a une diffé- 
rence dépendante de l’âge et de la santé, dans la 
proportion des parties qui entrent dans ce torrent , 
et de celles qui en sortent ; et que la vitesse du 
mouvement général varie également selon les diffé- 
rens états de chaque corps vivant. 

Il paroïit même que la vie s'arrête par des 
causes semblables à celles qui interrompent tous 
les autres mouvemens connus, et que le durcis- 
sement des fibres et l’obstruction des vaisseaux 
rendroient la mort une suite nécessaire de la vie, 


\ 


comme le repos est celle de tout mouvement qui 
ne'se fait pas dans le vide, quand même l'instant 
n'en seroit pas prévenu par une multitude de causes 
* étrangères au corps vivant. 

Ce mouvement général et commun de toutes les 
parties est tellement ce qui fait l'essence de la vie, 
que les parties que l’on sépare d’un corps vivant 
netardent pas à mourir, parce qu’elles n’ont point 


À 5 


6 1°° Leçon. Économie animale. 


elles-mêmes de mouvement propre , et ne font 


que participer au mouvement général que produit 


leur réumion, en sorte que, selon l'expression de 
Kant , la raison de la manière d’être de chaque 
partiemd’un corps vivant réside dans l’ensemble , 
tandis que, dans les corps bruts , chaque partie 
l'a en elle-même. 

Cette nature de la vie une fois bien reconnue 
par le plus constant de ses effets , il étoit naturel 
qu'on recherchât quelle est son origine, et com- 
ment elle est communiquée aux corps qu’elle doit 
animer. On est remonté à l’enfance des corps vi- 
vans ; on a cherché à se rapprocher le plus qu’il 
a été possible de l'instant de leur formation: mais 
on ne les a jamais apperçus que tout formés, et 
jouissant déja de cette force vitale, produisant 
déja ce mouvement de tourbillon dont on vouloit 
connoitre la première cause. En effet, quelque 
foibles que soient les parties d’un fœtus où d’une 
graine dans les premiers instans où il nous est pos- 
sible de les appercevoir , ils exercent cependant 
dès lors une véritable vie, et ils ont déja en 


eux le germe de tous les phénomènes que cette 


vie doit développer par la suite. Ces observations 
s’étant étendues à toutes les classes de corps vivans, 
elles nous ont amenés à ce fait général , qu'il 
n’est aucun de ces corps qui nait fait autrefois 
partie d’un corps semblable à lui, dont il s’est 
détaché ; tous ont participé à la vie d’un autre 
- corps avant d'exercer par eux-mêmes le mouve- 


Arr. I. Fonûtions organiques. 7 


ment vital, et c’est même par l'effet de la force 
vitale des corps auxquels ils appartenoient alors, 
qu'ils se sont développés au point de devenir sus- 
ceptibles d’une vie isolée : car , quoique plusieurs 
espèces aient besoin pour produire de l’action par- 
ticulière de l’accouplemeut , il en est beaucoup qui 
produisent sans cela ; aïnsi cet accouplement n’est 
qu’une circonstance particulière dans certains cas, 
qui ne change point la nature essentielle de ja 
génération. Le mouvement propre aux corps vi- 


vans a donc réellement son origine dans celui de 


leurs parens ; c’est d’eux qu'ils ont reçu l’impulsion 
vitale , et il est évident d’après cela, que, dans 
l’état actuel des choses , la vie ne naît que de la 
vie, et qu'il n’en existe d’autre que celle qui a été 
transmise de corps vivans en corps vivans par une 
succession non interrompue. 

Ne pouvant donc remonter à la première ori- 
gine des corps vivans, nous n'avons de res- 
source pour chercher des lumières sur la vraie 
nature des forces qui les animent , que dans 
l'examen de la composition de ces corps, c’est-à- 
dire de leur tissu et du mélange de leurs élémens : 
car, quoiqu'il soit vrai de dire que ce tissu et ce 
mélange sont en quelque façon le résultat de l’ac- 
tion des forces vitales qui leur ont donné l’être 
et qui les ont maintenus, il est clair aussi que ces 
forces ne peuvent avoir que là leur source et leur 
fondement ; et si la première réunion de ces élé- 
mens mécaniques et chymiques d’un corps vivant 


À 4 


L 
8 1° Lecon. Économie animale. 


quelconque a été effectuée par la force vitale du 
corps duquel il descend, on doit trouver en lui 
une force semblable et les causes de cette force, 
puisqu'il a à exercer une action pareille en faveur 
des corps qui doivent descendre de lui. 

Mais celle composition des corps vivans nous 
est trop imparfaitement connue, pour que nous 
puissions en déduire clairement les effets qu'ils 
nous présentent. Nous voyons qu’en général ils 
sont composés de fibres ou de lames, dont l’en- 
semble forme une suite de mailles plus où moins 
serrées, qui fait la base de tous leurs solides , 
tant de ceux qui ont de l'épaisseur en tout sens, 
que de ceux qui représentent eux-mêmes des lames 
et des filamens : nous connoissons les formes , la 
consistance, la position des plus grands de ces 
solides , les ramifications des plus considérables de 
leurs vaisseaux , la direction des fluides qu'ils con- 
tiennent ; mais leurs branches délicates et leur 
texture intime échappent à nos instrumens. De 
même nous connoissons les caractères chymiques 
des divers fluides les plus apparens, ainsi que des 
substances concrètes ; nous les décomposons jus- 
qu’à un certain point : mais non seulement cette 
analyse est très-imparfaite , puisque nous ne pou- 
vons les recomposer ; les phénomènes nous ap- 
prennent encore qu'il doit exister plusieurs fluides 
qu'il nous est jusqu’à présent impossible de saisir. 

On auroit donc tort de s'appuyer sur l'inutilité 
des efforts que les physiciens ont faits jusqu'ici 


v 


Arr. I. Fonctions organiques. 9 


pour lier les phénomènes des corps vivans aux 
lois générales de la nature , et d’en conclure que 
ces’ phénomènes sont absolument d’un ordre dif- 
férent. 

Mais , d’un autre côté , il seroit téméraire d’en- 
treprendre de nouveau cette tâche , tant que nous 
n’aurons que des connoissances si bornées des corps 
dans lesquels ces phénomènes se manifestent : nous 
ne pourrons en donner qu’une exposition empi- 
rique , et non un sysléme raisonné ; et tous nos 
travaux sur l’économie organique se réduiront 
à en faire l’histoire. 

Cependant , si nos connoissances sur la composi- 
lion des corps vivans ne suffisent pas pour l’ex- 
plication des faits qu’ils nous présentent , nous 
pouvons du moins les employer pour reconnoître 
ces corps, même hors de leur action, et pour en 
distinguer les débris long-temps après leur mort; 
car nous ne trouvons dans aucun des corps bruts 
ce tissu fibreux ou cellulaire, ni cette multiplicité 
d'élémens volatils, qui forment les caractères de 
l'organisation , et des corps organisés, soit qu'ils 
vivent actuellement , soit qu'ils aient vécu. | 

Ainsi, tandis que les solides bruts ne se com- 
posent que de molécules polyèdres qui s’attirent 
par leurs faceties et ne s’écartent que pour se 
séparer, qu'ils ne se résolvent qu'en un nombre 
très-borné de substances élémentaires pour nos ins- 
trumens , qu’ils ne se forment que de la combinaison 


de ces substances et de l’aggrégation de ces molé- 


L, . . 
30 1°"° Leçon. Économie animale. 


cules, qu’ils ne croissent que par la juxta-posilion 


de molécules nouvelles qui viennent envelopper 
par leurs couches la masse des premières, et qu’ils 
ne se détruisent que lorsque quelque agent méca- 
nique vient en séparer les parties, ou que quelque 
agent chymique vient en altérer les combinaisons , 
les corps organisés, tissus de fibres et de lames 
dont les intervalles sont remplis de fluides, se ré- 
solvent presque entièrement en substances vola- 
tiles , naissent sur des corps semblables à eux, et 
ne s’en séparent que lorsqu'ils sont assez développés 
pour agir par leurs propres forces , s’assimilent 
continuellement les substances étrangères, et, les in- 
tercalant entre leurs molécules, croissent par une 
force intérieure, périssent enfin par ce principe 
intérieur et par l'effet même de leur vie. 

L'origine par génération, accroissement par 
nutrition, la fin par une véritable rnort, tels 
sont donc les car actères généraux et communs à 
tous les corps organisés : mais si plusieurs de ces 
corps n’exercent que ces fonctions-là et celles qui 
en sont les accessoires, et n’ont que les organes né- 
cessaires à leur exercice, il en est un grand nombre 
d’autres qui exercent des fonctions particulières , 
lesquelles non seulement exigent des organes qui 
leur soient appropriés , mais encore modifient 
nécessairement la manière dont les fonctions géné- 
rales sont exercées , et les organes qui sont propres 
à ces fonctions. | 

De toutes ces facultés moins générales , qui sup- 


2 


Arr. L Fonctions organiques. 11 


posent l’organisation ; maïs qui n’en sont pas des 
suites nécessaires , la faculté de sentir et celle de se 
mouvoir à volonté , en tout ou en partie, sont les 
plus remarquables, et celles qui ont la plus grande 
influence dans la détermination des autres fonctions. 

Nous avons la conscience que ces facultés existent 
en nous, et nous les attribuons, par analogie et 
d’après les apparences, à un grand nombre d’autres 
êtres , que nous nommons, à cause de cela, les 
étres animés, ou , d’un seul mot, les arzimaux. 

Ces deux facultés paroissent être nécessairement 
liées. D'abord l’idée même de mouvement volon- 
laire contient en elle celle de sensibilité; car on 
ne conçoit point de volonté sans desir, et sans sen- 
timent de plaisir ou de peine. Il peut bien exister 

des corps qui, quoïiqu’inanimés , manifestent à l’ex- 

lérieur des mouvemens produits par un principe 
interne ; mais ces mouvemens sont de même nature 
que tous ceux qui constituent les fonctions essen- 
tielles à la vie, et ne peuvent mériter le nom de 
volontaires. 

D'un autre côté , la bonté avec laquelle la na- 
ture a traité toutes ses productions ne nous permet 
guère de croire qu’elle ait privé des êtres sus- 
cæptibles de sensation , c’est-à-dire de plaisir et de 
peine, du pouvoir de fuir l’une et de tendre vers 
autre jusqu’à un certain point ; et si parmi les 
malheurs trop réels qui affligent notre espèce, un 
des plus touchans est celui de l’homme de cœur 
qu'une force supérieure retient dans l'impuissance 


12 | bi Lecox. Économie animale. 

de résister à l'oppression, les fictions poétiques les 
plus propres à exciter notre pitié sont celles qui 
nous représentent des êtres sensibles enfermés: 
dans des corps immobiles ; et les pleurs de Clo- 
rinde , sortant avec son sang du tronc d’un cyprès, 
devoient arréter les coups de l’homme le plus fa- 
rouche. 

Mais indépendamment de la chaîne qui lie cés 
deux facultés, et du double appareil d’organes 
qu’elles exigent, elles entraïnent encore à leur suite 
plusieurs modifications dans les facultés communes 
à tous les corps organisés; et ces modifications, 
jointes aux deux facultés propres, sont ce qui 
constitue plus particulièrement la nature des ani- 
maux. 

Par exemple, pour ce qui concerne la nutrition, 
les végétaux, qui sont attachés an sol, absorbent 
immédiatement par leurs racines les parties nu- 
tritives des fluides qui l’imbibent : ces racines, 
subdivisées à l'infini, pénètrent dans les moindres 
intervalles, et vont, pour ainsi dire, chercher au 
loin la nourriture de la plante à laquelle elles 
appartiennent ; leur action est tranquille , continue, 
et ne s’interrompt que lorsqne la sécheresse les 
prive des sucs qui leur sont nécessaires. 

Les animaux, au contraire, qui ne sont point 
fixés , et qui changent souvent de lieu, devoient 
pouvoir transporter avec eux la provision de sucs 
nécessaire à leur nutrition ; aussi ont-ils recu une 
cavité inférieure dans laquelle ils placent les rma- 


Arr. I. Fonctions organiques. 13 


tières qui doivent leur servir d’alimens , et dans les 
parois de laquelle s’ouvrent des pores ou des vais- 
seaux absorbans , qui sont, selon l’expression éner- 
gique de Boerhaaye, de véritables racines inté- 
rieures. La grandeur de cette cavité et de ses orifices 
permettoit à plusieurs animaux d’y introduire des 
substances solides. Il leur a fallu des instrumens 
pour les diviser , des liqueurs pour les dissoudre : 
en un mot la nutrition n’a plus commencé immé- 
diatement par l’absorption de substances telles que 
le sol ou atmosphère les fournissoient ; il a fallu 
qu'elle fût précédée d’une multitude d'opérations 
préparatoires , dont l’ensemble constitue la di- 
gestion. 

Ainsi la digestion est une fonction d’un ordre 
secondaire , propre aux animaux , et dont l’exis- 
tence, ainsi que celle de la cavité alimentaire 
dans laquelle elle s'opère, est nécessitée chez eux 
par la faculté qu’ils ont de se mouvoir volontaire- 
ment ; mais ce n’en est pas la seule conséquence. 

Les végétaux ayant peu de facultés , ont une 
organisation très-simple ;- presque toutes leurs par- 
ties sont composées de fibres parallèles, ou peu 
divergentes. De plus, leur position fixe permettoit 
que le mouvement géñéral de leur fluide nourri- 
cier füt entretenu par les simples agens extérieurs : 
aussi paroït-il qu'il se porte de bas en haut par l’effet 
de la succion de leur tissu spongieux ou capillaire 
et de l’évaporation qui se fait à leur cime , et que 
son mouvement dans ce sens est d'autant plus 


34 °° Lrecon. Économie animale. 

rapide que cette évaporation est plus grande ; quäl 
peut même devenir rétrograde lorsqu'elle vient 
à cesser, ‘ou à se changer en absorption par la 
frotheur et l'humidité de l'air. 

Non seulement les animaux, destinés à changer 
continuellement de lieu, et à se treuver dans 
toutes sortes de situations et de températures, 
devoient avoir en eux-mêmes un principe actif de 
mouvement pour leur fluide nourricier ; maïs leurs 
facultés plus nombreuses et plus développées, exi- 
geant une complication d'organes beaucoup plus 
grande, leurs diverses parties étant très-compo- 
sées, souvent très - divergentes, pouvant même 
värier leurs positions et leurs directions respec- 
tives, il falloit, pour porter ce fluide dans des 
détours si multipliés, des moyens plus puissans 
et autrement disposés que dans les végétaux. 

Aussi, dans la plupart des animaux , est-il con- 
tenu dans des canaux innombrables, qui sont tous 
des ramifications de deux troncs qui communiquent 
ensemble, de manière que l’un reçoit dans ses ra- 
cines le fluide que l’autre a poussé dans ses branches, 
et le rapporte au centre d’où il doit être chassé de 
nouveau. 

C’est à cet endroit où les déux grands troncs 
communiquent, qu'est placé le: cœur, qui n’est 
autre chose qu’un organe dont les contractions 
poussent avec violence ce fluide dans tous les 
rameaux du tronc artériel ; car il y a aux deux 
orifices du cœur des soupapes disposées de ma- 


Arr. I. Fonctions organiques. 15 


nière que le fluide contenu dans tout le système 
vasculaire ne peut marcher que dans le sens que 
nous venons d'indiquer , c’est-à-dire du cœur vers 
les parties par les artères, et des parties au cœur 
par les veines. 

C’est dans ce mouvement de rotation que consiste 
la Girculation du sang , qui est, comme on voit, 
une autre fonction d’un ordre secondaire propre 
aux animaux , et dont le cœur est l’agent prin- 
tipal et le régulateur: mais cette fonction est 
moins nécessairement lice à la faculté de sentir et 
de se mouvoir que ne l’est la digestion ; car nous 
verrons que deux classes nombreuses d'animaux 
sont entiérement privées de circulation, et se 
nourrissent , à la manière des végétaux, par une 
sunple imbibition du fluide préparé dans le canal 

_ intestinal. 
Dans ceux qui ont une circulation, le sang paroit 
m'être qu'un véhicule, qui recoit continuellement 
de la cavité alimentaire, de la surface extérieure 
du corps et des poumons , des substances di- 
verses qu'il s’incorpore d’une manière intime, 
et par lesquelles il remplace celles qu'il fournit 
‘4, toutes les parties pour leur conservation et 
pour leur accroissement. C’est lors de son pas- 
sage aux dernières extrémités des artères, que 
le sang opère la véritable nutrition des parties; 
aussi change-t-il, dans ce passage , de nature et de 
couleur, et ce nest que par l’accession des diverses 
substances que. je viens d'indiquer, que le sang 


6 °° Lecon. Économie animale. 


veineux redevient propre à la nutrition, ou, en 
un seul mot, redevient du sang artérie L. 

C’est par des vaisseaux particuliers, nommés 
lymphatiques, que le sang veineux reçoit les 
substances que la peau et le canal alimentaire lui 
fournissent ; c’est aussi par eux qu'il reçoit le ré- 
sidu même de la nutrition, et les molécules qui 
se détachent des différentes parties, pour être trans- 
mises hors du corps par les différens couloirs. F 

Quant aux poumons, l’air qui y pénètre opère 
sur le sang veineux une espèce de combustion , 
dont il paroïît que tous les corps organisés ont 
besoin pour vivre ; car elle à lieu dans tous, quoique 
de manières fort différentes. Les végétaux et les 
animaux qui n’ont point de circulation , respirent 
(c’estle nom que porte cette action de l'air sur le 
fluide nourricier ) par toute leur surface, ou par 
des vaisseaux qui introduisent l’air dans les divers 
points de l’intérieur de leur corps. Il w’y a que 
ceux qui ont une circulation véritable, qui respi- 
rent par un organe particulier , parce que le sang 
venant chez eux d’une source commune qui est 
le cœur , et y retournant sans cesse, les vaisseaux 
qui le contiennent ont pu être tellement disposés, 
qu'il ne se rendit aux autres parties qu'après: 
avoir passé par le poumon ; ce qui ne pouvoit avoir 
lieu dans ceux où ce fluide est répandu par-tout 
d’une manière uniforme , sans être contenu dans 
des vaisseaux. 

Ainsi la respiration pulmonaire ou branchiale 


Arr. E Fonctions organiques. 17 
est. une fonction d’un troisième ordre, dont l’exis- 
tence dépend de celle de la circulation, et qui est 
une suite éloignée des facultés qui caractérisent 
les animaux. 

. Il n’est pas jusqu’à la génération dont le mode 
dans les animaux ne soit dépendant de leurs facul- 
tés particulières, du moins pour ce qui concerne la 
fécondation des germes ; car la faculté qu’ils ont 
de se mouvoir et de se porter l’un vers l’autre : 
de désirer et de sentir , a permis de leur accorder 
toutes les jouissances de v amour : et quant à la par- 
tie purement mécanique, leur fluide spermatique 
a pu rester à nud , et être porté immédiatement 
sur les germes ; tandis que dans les végétaux, qui 
n'ont par eux-mêmes aucun moyen de lancer ce 
fluide, il a fallu qu'il fût renfermé dans de pe- 
tites capsules , susceptibles d’être transportées par 
les vents, et qui forment ce qu’on nomme la pous- 
sière des étamines. Ainsi, pendant que, pour la 
plupart des autres fonctions, les animaux ont reçu 
des appareils plus compliqués, à cause des fa- 
cultés qui leur sont païticulières , ces mêmes fa- 
cultés ont permis que celle-ci s’exerçät chez eux 
d’une manière plus simple que dans les végétaux. 
Ces exemples montrent combien les seules fa- 
cultés de sentir et de se mouvoir, que les animaux 
ont reçues de plus que les végétaux , ont d’in- 
fluence sur Îles organes de toutes celles qui sont 
‘communes à ces deux sortes d'êtres. La compa- 
aison que nous ferons dans la suite des divers 


Dr 2 B 


18 19e Lecow. Economie animale. 


ordres d'animaux , nous montrera de même que 
les modifications de chacune de leurs fonctions 


principales exercent une influence pareille sur 


toutes les autres : tant il y a d’ensemble et d’har- 
monie entre toutes les parties d’un corps vivant 
quelconque. 
T'elles sont les fonctions principales qui composent 
l’économie animale ; on voit qu’elles peuvent se rap: 
porter à trois ordres. Il en est qui constituent les ani- 
maux ce qu’ils sont, qui lesrendent propres à remplir 
le rôle que la nature leur a assigné dans l’arrange- 
ment général de l’univers; en un mot, qui seroient 
suffisantes pour les faire exister, si leur existence 
ne devoitêtre que momentanée. Ce sont la faculté de 
sentir et celle de se mouvoir ; celle-ciles met en état 
d'exécuter certaines actions, et l’autre les déter- 
mine pour telle ou telle des actions dont ils sont 
capables. Chacun d’eux peut être considéré comme 
une machine partielle, coordonnée à toutes les 
autres machines dont l’ensemble forme ce monde ; 
les organes du mouvement en sont les rouages, 
les leviers, en un mot toutes les parties passives : 
mais le principe actif, le ressort qui donne l'im- 
pulsion à toutes les autres parties, réside unique- 
ment dans la faculté sensitive, sans laquelle Pani- 
mal, plongé dans un sommeil continuel, seroit 
réellement réduit à un état purement végétatif ; 
et la plante elle-même pourroit être appelée , 
comme l’a dit Buffon, un animal qui dort. Ces 
deux fonctions forment le premier ordre, et 
portent le nom de fonctions animales, 


Ar. IL. Séruciure des organes. 
Mais les machines animales ot de plus Au 
telles que nous construisons, un principe intérieur 
d'entretien et de bases : il consiste dans 
l’ensemble des fonctions qui servent à nourrir le 
corps , c’est-à-dire la digestion , l'absorption , la 
circulation , la respiration, la transpiration et 
les excrétions ; ; elles forment le second ordre, et 
portent le nom de fonctions vitales. 

Enfin , la durée de chaque animal étant déter- 
minée selon son espèce, la génération est une fonc- 
tion d’un troisième ordre, destinée à faire rem- 
placer les individus qui périssent par des individus 
nouveaux ;, et à maintenir l'existence de chaque 
espèce. 

Après avoir considéré ces fonctions en elles- 
mêmes et dans leurs rapports réciproques, exa- 
minons les organes par lesquels elles s’exercent. 


ARTICLE IT 


Pdce générale des organes dont dé corps er) 
est comnposé,. 


Aucuxe partie du corps animal n’est enlière- 
ment composée de molécules solides ; toutes don- 
nent des fluides par l’expréssion ; où en perdent 
par l’exsiccation : aussi présentent - elles toutes un 
tissu aréolaire , ou semblable à des mailles. 

La division Haiaue des solides conduit tou- 
jours en dernier résultat à de petites lames, où 


B a 


I" Leçon. Économie animale. 

2 filamens qui semblent en être les molé- 
cules élémentaires. Lorsque les petites lames 
sont écartées, et qu’elles interceptent des vides 
sensibles, elles forment ce qu'on nomme de Ia 
cellulosité. Non seulement cette ;cellulosité enve- 
loppe et pénètre les parties les plus denses, mais 
elle paroît presque toujours .en former la base ; 
car les membranes ne consistent qu’en unk cellulo- 
sité plus serrée , dont les lames sont plus rap- 
prochées , et plus exactement couchées les unes 
sur les autres, et la macération les résout en une 
cellulosité ordinaire. Les vaisseaux ne sont que 
des membranes contournées en cylindres ; et toutes 
les parties molles du corps, si on en excepte les 
fibres, semblent être 1in assemblage de vais- 
seaux , et ne différer entre elles que par la na- 
ture des fluides que ces vaisseaux contiennent ;, 
par leur nombre , leur direction , et la consistance 
de leurs parois. 

L'analyse chymique de ces substances tanf 
solides que fluides nous y démontre un assez 
petit nombre de principes qui se trouvent presque 
tous dans chacune d’elles , quoique dans des pro- 
portions très-différentes. Quelques terres, quelques 
sels, le phosphore, le carbone, l’azoth, l'hydrogène, 
Voxygène, un peu de soufre, un peu de fer, com- 
binés d’un grand nombre de manières , produisent 
divers composés | comme la gélatine , l’albumine } 
la fibrine , etc. , qui, en s’unissant à leur tour , 
forment les solides et les fluides animaux tels que 


Arr. Il. Structure des organes. 23 


nous les connoiïssons. Maïs, tout éloignés que nous 
sommes d’une analyse complète, nous voyons assez, 
non seulement que nous altérons ces composés par 
nos expériences, mais encore que plusieurs de 
leurs principes échappent tout-à-fait à nos inctru- 
mens. 

L’organe général par lequel nous exercons la 
faculté de sentir , est la substance médullaire. Dans 
tous les animaux où nous pouvons la distinguer , 
élle est divisée en filets, qui, partant de certains 
centres, se distribuent à un grand nombre de parties 
du corps, où ils paroissent avoir encore d’autres 
usages que celui de procurer des sensations. Les 
centres dont ces filets partent, communiquent en- 
semble d’une manière plus ou moïns intime, et 
il y a plusieurs de ces filets qui semblent n'avoir 
d'autre usage que celui d'établir ces communica- 
tions. 

Le nerf, touché immédiatement par un corps 
étranger , nous fait sentir de la douleur, quoique 
son contact avec les parties du corps qui lui sont 
naturellement contiguës , n'ait point d’eflet sen- 
sible: dans l’état de santé. Ceux des nerfs par les- 
quels nous avons la sensation des objets exté- 
rieurs, sont pourvus, à leurs extrémités, d'organes 
disposés chacun d’une facon particulière , et qui 
sont toujours dans un rapport admirable avec la 
nature des objets que chacun de ces sens doit nous 
faire connoitre. 

…L'organe général du mouvement est la fibre 


B5 


22 pee LEcox. Économie. animale. 
chartue ou musculaire. Cette fibre se coentracta 
en se fronçant par lempire de la volonté, mais 
la volonté n'exerce ce pouvoir que par l’inter- 
mède du nerf. Il n’est aucune fibre charnue qui 
ne reçoive un filet nerveux, et l’obéissance de 
la fibre cesse lorsque la communication de ce filet 
avec le reste du système est interrompue. Certains 
agens extérieurs, immédiatement appliqués sur la 
fibre , la font aussi se contracter , et ils conser- 
vent leur action sur elle , même après la section 
de son nerf, ou sa séparation totale du corps, 
pendant un temps plus où moins long, selon les 
espèces d'animaux. Cette faculté de la. fibre est 
ce que l’on nomme son irritabilité. Dépend-elle 
encore dans ce dernier cas de la portion nerveuse 
qui est demeurée dans la fibre après la section, 
et qui en fait toujours partie essentielle ? ou bien 
l’action de la volonté elle-même n'est-elle qu’un 
ças particulier et l'effet d’une action irritante du 
merf sur la faculié inhérente à la fibre? Cette 
dernière opinion est celle de Haller et de son 
école ; mais chaque jour semble ajouter à la vrai- 
semblancé de Popinion opposée. è ÿ 
Quoï qu'il en soit, toutes les parties intérieures 
dur corps: qui doivent produire quelque compres- 
sion sur les substances qu’elles contiennent , ont 
leurs parois garnies de fibres charnues , et recoï- 
vent des filets nerveux ; telles sont les artères, les 
intestins , le cœur, etc. Mais le principal usage 
de ces.fibres ‘c’est la formation des r1uscles : ‘on 


Arr. I. Structure des organes. 3 
nomme ainsi des faisceaux de fibres charnues s. 
dont les deux extrémités sont altachées à des par- 
ties mobiles du corps animal ; lorsque les fibres 
qui composent le muscle se raccourcissent, les deux 
points auxquels il s’insère se rapprochent, et c’est 
par ce seul moyen que sont produits tous les mou- 
_vemens extérieurs du corps et des membres , 
même ceux qui sont nécessaires pour transporter 
le corps en totalité d’un lieu à un autre, 

Les animaux qui ne peuvent que ramper n’ont 
leurs muscles attachés qu’à divers points de 
leur peau , à laquelle ils impriment les dilatations 
et les contractions alternatives. qui sont les seuls 
mouvemens dont ils soient susceptibles ; mais ceux 
qui se meuvent, en tout ou en partie avec quelque 
vitesse et par des pas ou des sauts marqués, 
ont leurs muscles attachés à des parties dures, 
soit intérieures , soit extérieures , qui servent 
comme de leviers, et qui prennent les unes sur 
les autres des points d’appui que l'on appelle. 
leurs articulations. f 

On nomme squelette. l’ensemble de toutes ces. 
parties dures : lorsqu'elles sont recouvertes par 
les muscles, elles portent le nom d’os ; lorsqu'elles. 
les recouvrent, elles prennent ceux de test, de 
coquille ou d’écaille , selon leur plus où moins 
de consistance. Dans les deux cas , elles renfer- 
ment toujours les viscères , et elles déterminent 
la forme extérieure du corps et les proportions de 
ses diverses parties. 


B 4. 


24 1°" Leçon. Économie animale. 


Les articulations sont pourvues d'autant de mus- 
cles qu’il est nécessaire pour les différens mouve- 
mens dont elles sont susceptibles, chacun de ces 
muscles entraînant l’os auquel il s’attache dans sa 
propre direction. Ils peuvent être considérés comme 
les puissances motrices ; leur force , le point de 
leur insertion, la longueur et le poids des parties 
attachées au levier qu’ils doivent mouvoir , déter- 
minent la vitesse et la durée du mouvement qu’ils 
peuvent produire. C’est de ces diverses circons- 
tances que dépendent la force du saut, létendue 
du vol, la rapidité de la course, l'adresse pour 
la préhension , qui ont été attribuées aux diffé- 
rentes espèces d'animaux : mais, comme nous 
l'avons vu plus haut , tout cet appareil resteroit 
immobile sil n’étoit animé par le système -ner- 
veux. 

La substance blanche et molle qui fait l’essence 
de ce système est divisée en filets , qui se rappro- 
chent les uns des autres pour s’unir en faisceaux, 
qui deviennent toujours plus composés jusqu’à 
leur union au faisceau commun de tous les nerfs, 
qui porte le nom de moelle épinière, et dont l’ex- 
irémité antérieure aboutit au cerveau , c’est-à-dire 
à une masse médullaire plus ou moiïns grande, 
et diversement figurée selon les espèces. 

Nous ne nous apperceyons de l’action des corps 
extérieurs sur le nôtre qu’autant que les nerfs qui 
en sont affectés communiquent librement avec le 
faisceau commun, et celui-ci avec le cerveau. Une 


ArT: II. Sfructure des organes. oh 


ligatare ou une rupture, en intérceptant la com- 
munication physique, détruisent aussi la sensation. 
Le seul sens qui appartienne généralement à 
tous les animaux, et qui s'exerce dans presque 
toute la surface du corps de chacun d'eux , c’est 
le toucher. IL réside dans les extrémités des nerfs 
qui se distribuent à la peau, et il nous fait con- 
noître la résistance des corps et leur température. 
Les autres sens semblent n’en être que des mo- 
difications plus exaltées , et susceptibles de per- 
cevoir des impressions plus délicates. Tout le 
monde sait que ces sens sont la vue, qui réside 
dans l’œil ; l’ouie, qui réside dans l'oreille; l’odo- 
rat, qui réside dans les membranes de l’intérieur 
du nez ; et le goût, dont le siége est sur les tégu- 
mens de la langue. Ils sont presque toujours situés 
à la même extrémité du corps , qui contient le cer- 
veau, et que nous appelons la tête ou le chef. 
La lumière , les vibrations de l’air, les émana- 
tions volatiles , flottantes dans l’atmosphère, et 
les parties salines ou dissolubles dans l’eau et dans 
la salive , sont les substances qui agissent sur ces 
quatre sens ; et les organes qui en itransmettent 
Paction aux nerfs sont appropriés à la nature de 
chacue d'elles. L’œil présente à la lumière des len- 
tilles transparentes qui en brisent les rayons; 
loreille offre à l’air des membranes et des fluides qui 
en reçoivent les ébranlemens ; le nez aspire l’air qui 
doit aller aux poumons , et saisit au passage les 
Napeurs odorantes qu’il contient ; enfin la langue 


96 1° Lecox. Économie animale, 
est garnie de papilles spongieuses qui s’imbibenê 
des liqueurs savoureuses qu’elle doit goûter. : 
C’est par ces moyens que nous avons le sentia 
ment des choses qui se passent autour de nous : 
mais le système nerveux nous procure aussi celui 
d’un grand nombre de celles qui se passent en. 
nous ; et indépendamment des douleurs internes 
qui nousaverlissent de quelque désordre dans notre. 
organisation , et de l’état désagréable où nous met- 
tent la faim , la soif et la fatigue, c’est par lui que. 
nous ressentons les angoisses de la crainte, les. 
émotions de. la pitié, les desirs de l’amour. Ces. 
dernières sortes de sensations semblent être plu- 
tôt les effets de la réaction du système nerveux 
que d’impressions immédiates ; et comme à la vue. 
d’un danger imminent nous nous écartons sans, 
que la volonté paroisse avoir eu le temps d’inter- 
venir , elle ne paroït de même entrer pour rien. 
dans le transport où nous met la présence de l’objet 
aimé , ni dans les larmes que nous arrache laspect. 
de la vertu malheureuse. Ces effets du système. 
nerveux tiennent aux communications nombreuses. 
que des nerfs particuliers, nommés sympathiques, 
établissent entre divers rameaux du tronc général, 
et par le moyen desquels les inpressions seftrans- 
mettent plus rapidement que par le cerveau. Ces 
nœuds, qui portent le nom de. gangéions lorsqu'ils. 
sont renflés , sont des espèces de cerveaux secon- 
daires, et l’on observe qu’ils sont d'autant plus gros. 
et plus multipliés que le cerveau principal est moins. 
considérable, 


Arr. Il. Structure des organes. 27 
Lafaculté de-sentir , et celle de se contracter, 
qui dans la plupart des animaux sont exclusivement 
propres, l’une à la substance nerveuse , et l’autre 
à la fibre charnue , paroissent être également ré- 
pandues dans toutes les parties de certains ani- 
maux gélatineux dans lesquels on napperçoit ni 
fibres ni nerfs. 

C’est par le moyen de ces deux facultés que 
les animaux sentent , desirent et se procurent” 
leurs besoins. Le plusirrésistible de tous est celui de 
la faim , qui rappelle sans cesse à l'animal la néces- 
sité de fournir de nouvelles matières à sa nutrition. 
Cette troisième fonction commence dans la bouche, 
où lestalimens sont pris , et , lorsqu'ils sont solides, 
mâchés , et imbibés de liqueurs dissolvantes. De 
la üls traversent le canal alimentaire , qui est plus 
ou-moins long , plus ou moins contourné et dilaté, 


dont les parois sont composées de plusieurs tuni- 
ques continues et analogues à celles qui forment 
les tégnimens extérieurs du corps. | 

+ Ces parois agissent d’une manière mécanique 
sur les substances qu’elles contiennent par les con- 
tractions légères des fibres qui les revètent, et 
d'une manière chymique par les liqueurs qui 
s’y versent. 

- La premitre dilatation du canal alimentaire se 
nomme lPestomac. Il est quelquefois multiple, et 
ses parois produisent un suc qui y réduit les ali- 
mens en une bouillie homogène pendant le séjour 
qu'ils y font. Le reste du canal porte plus parti- 


b8 1° Leçon. Économie animale. 
culièrement le nom de boyaux ou d’intestins. In- 
dépendamment des humeurs que leurs parois pro- 
duisent , il y en a qui sont séparées de la masse 
du sang par des glandes , et qui pénètrent dans 
l'intestin par des conduits particuliers. Les plus 
remarquables et les plus générales de ces glandes 
sont le foie et le pancréas. La première sur-tout, 
qui produit la bile , est toujours d’un volume con- 
“sidérable ; et indépendamment de leffet de sa 
biqueur sur les intestins , elle en a un autre très- 
marqué sur le sang lui-même , qu’elle débar- 
rasse de plusieurs principes. 

C’est dans les intestins que les alimens aché- 
vent de devenir propres à fournir les matières né- 
cessaires pour la nutrition. Ces matières sont ab- 
sorbées pendant l’acte de la digestion, soit par les 
pores mêmes de ce canal dans les animaux qui 
n'ont pas de circulation, soit, dans ceux qui en 
ontune , par des vaisseaux très-déliés qui les por- 
tent dans le système général des vaisseaux nour- 
riciers. Ce sont les vaisseaux lymphatiques qui, 
trés distincts des veines sanguines dans les animaux 
voisins, de l’homme, s’en rapprochent par degrés 
dans les animaux inférieurs, et ne peuvent plus 
en étre distingués dans ceux dont le sang est blanc. 
Les vaisseaux lymphatiques et les veines sanguines 
ont des parois minces sans fibres apparentes, et 
sont garnis intérieurement de vealvules toutes diri- 
ges dans le sens que doit avoir le fluide qu'ils 
charient, c’est-à-dire du côté du cœur. Les artères 


« 


Arr. TI. Structure des organes. 29 


au contraire sont robustes et musculeuses , mais 
n’ont point de valvules, lPimpulsion violente du 
coeur suffisant pour y imprimer au sang une direc- 
tion constante. : 

Mais le chyle, ou la liqueur produite par la 
digestion, ne suilit pas pour renouveler le sang 
veineux, et pour lui rendre la faculté de nourrir 
les parties ; il faut qu’il éprouve le contact de l'air 
ayant de rentrer dans le torrent artériel. C’est ce 
qui s’opère par la respiration. Ses organes con- 
sistent en général, dans les animaux qui ont des 
vaisseaux sanguins, cn une ramification de ces 
vaisseaux , qui multiplie leur surface à tel point, 
que presque toutes les molécules du fluide ne sont 
séparées de l’élément ambiant que par une pellicule 
assez mince pour ne pas en arrêter l’action. Cette 
ramification se fait sur les parois de certains feuillets 
dans les animaux aquatiques , et sur celles de cer- 
taines cellules dansles animaux aériens. Dans le pre- 
mier cas, l’organe se nomme branthie ; dans le 
_ deuxième, poumon. Lorsqu'il n’y a point de vais- 
seaux, Pairarrive dans toutes les parties du corps et 
agit sur le fluide nourricier à l'instant même où ikse 
combine avec les parties du corps qu’il doit nour- 
rir : c’est le cas des insectes qui ont des trachées. 
On sent aisément qu'il doit y avoir des organes 
musculaires appropriés à chacune de ces espèces 
de respiration pour attirer ou chasser le fluide 
ambiant vers l’endroit où il doit agir sur le sang. 
Oest l’oflice des côtes , du diaphragme , des muscles 


50 Ï°". Lëcon: Économié animalé, 
du bas ventre, des couvercles des ouïes, et dé 
plusieurs autres parties selon les diverses espèces, 

L'air n’a pu être employé à la formation de la 
voix que dans les animaux qui respirent par des 
poumons cellulaires , parce que ce n’est que chez 
eux qu’il entre et sort par un tnbe unique et alongé. 
À un ou à deux endroits de ce tube se trouvent 
des membranes susceptibles de tension , que l’air 
fait vibrer en passant contre elles, et qui pro- 
duisent alors les sons variés que nous appelons 
voix. Les animaux qui n’ont point de voix pro- 
prement dite ne sont pas pour cela tous dé- 
pourvus de la faculté de produire un son , mais 
il a lieu chez eux par d’autres moyens. 

Le sang éprouve à son passage, dans l’organe 
respiratoire , une espèce de combustion quile dé: 
barrasse d’une partie de son carbone en l’enle- 
vant sous forme d’acide carbonique , et qui aug- 
mente par là la proportion de ses autres élémens. 
L'effet de cètte opération sur l’air respiré est de 
le priver de son oxygène , qui est le seul des flui- 
des aériformes qui puisse servir à la respirations 
Son effet sur le sang est moins connu : on sait que 
dans les animaux à sang rouge il en rehausse la 
couleur , et lui donne la faculté de déterminer le 
cœur à se‘contracter. Il y a même lieu de croire 
que c’est celte action de l'air sur le sang qui donne 
médiatement aux fibres charnues leur faculté con- 
tractile. Le sang a besoin de perdre encore plu 
sicurs autres principes ; les reins , qui en séparent 


Arr. IL Structure des organes. 3 


Vurine et qui se trouvent dans tous les animaux à 
sang rouge ; lui en enlèvent plusieurs par cette 
voie. Les différentes substances qui s’échappent 
par les pores de la peau , et celles qui coulent con- 
tinuellement par ceux du canal intestinal ; et dont 
une grande partie passe avec les excrémens, le 
-débarrassent des autres. Ces trois sortes d’excré- 
tions se suppléent l’une l’autre jusqu’à un certain 
point, et paroissent en cela tendre toutes à un 
but commun. 3 

Tel est l’ensemble des organes qui constituent 
Vanimal considéré individuellement , et qui suffi 
sent à son existence isolée, tant qu’il ne s’agit point 
de multiplier son espèce ; tel est , dis-je, leur en- 
semble dans les animaux d’un ordre élevé : mais 
il s’en faut bien qu’ils soient tous réunis dans 
tous les animaux, Nous verrons. qu’à mesure qu’on 
descend dans l’échelle des êtres , ils disparoissent 
successivement , et qu’on finit par ne trouver dans 
les derniers des animaux que ce qui est nécessai- 
rement lié à l’idée d'animal , c’est-à-dire un sac 
sensible, mobile, eticapable de digérer. 

En are bien la manière d’agir de tous 
ces organes , on s’apperçoit que tout ce qui se passe 
dans le corps animal s’opère par la combinaison 
et la décomposition des fluides qui y sont con- 
tenus. On donne à l'opération animale par laquelle 
un fluide est séparé d’un autre, ou est formé 

d'une partie des élémens de l’un mélés avec une 
Partie de ceux d’un autre , le nom de secrétion 2 


L : ñ - “ 
82 1° Lecow. Économie animale: 


et on borne ordinairement ce nom à ceux de ces 
changemens qui se font dans les diverses espèces 
de glandes, c’est-4-dire dans les corps plus ou 
moins épais, dans lesquels les vaisseaux sanguins 
-se subdivisent à l'infini pour laisser transsuder de 
leurs extrémités l’humeur que la glande doit sé= 
parer du sang. Mais l’économie animale nous pré- 
sente une foule d’autres transformations ou sépaz 
rations d’humeurs qui méritent également ce nom. 
On ne peut guère concevoir que les nerfs agis- 
sent sur les fibres musculaires , sans qu’il arrive 
un changement chymique dans la mature d’un 
fluide quiseroit contenu dans les uns par l’acces- 
sion de celui qu'y transmettraient les autres, ni 
que les objets extérieurs agissent sur les nerfs au 
trement qu’en produisant un changement du même 
genre : ce fluide, contenu dans le système ner- 
veux, aura du être séparé du sang par le cerveau, 
eten général par tout l’organe médullaire. Le 
sang lui-même n'arrive à son état parfait qu’a- 
prés avoir laissé une multitude de substances 
se séparer de lui dans les poumons, les reins, 
le foie, étc., et en avoir reçu d’autres qui elles- 
mêmes avoient éte séparées de la masse alimen- 
taire par les vaisseaux lactés. Cette masse ne de- 
vient propre à fournir le chyle qu'après avoir à 
son tour reçu du sang des liqueurs diverses qui 
‘en ont été séparées par plusieurs organes, et le 
sang ne nourrit les parties qu’il arrose que par les 
molécules qui se séparent de sa masse , dans le 


Arr. Il. Structure des organes. 36 


même temps que d’autres molécules se séparent 
des parties pour retourner à la masse du sang par 
les vaisseaux Iymphatiques,. 

Enun mot , toutes les fonctions animales parois- 
sent se Due à des transformations de fluides ; ; 
et c’est dans la manière dont ces transformations 
s’opérent , que giît le véritable secret de cette ad- 
mirable économie , comme c’est dans leur bon état 
et leur marche régulière que consiste la santé. 

Si nous n’appercevons pas d’une manière aussi 
nette ce genre de changement , lorsque les germes 
d'individus nouveaux se développent sur ou dans 
le corps de leurs mères, on le retrouve du moins 
dans la manière dont se prépare la liqueur du 
male , qui, dans les espèces où l’accouplement est 
nécessaire , excite ou occasionne ce développement 
par sa présence ; et comme ce développement lui- 
même se fait de la même manière que l’accroisse- 
ment ordinaire , il rentre dans la règle générale. 

Ces organes de la génération , les seuls dont il 
nous reste à parler , sont ceux qui préparent la 
liqueur prolifique et la portent sur les germes, et 
ceux qui doivent contenir et protéger les germes 
pendant les premiers temps de leur développement. 
Les premiers constituent le sexe masculin, et les 
seconds le féminin. 

Les testicules sont les glandes qui séparent la 
- liqueur séminale; plusieurs autres glandes prépa- 
rent des humeurs qui doivent s’y mêler. La verge 
ést traversée par le canal de la semence : elle se 

1 C 


34 1° Lecox. Économie animale. 


gonfle par l’accumulation du sang qu’y produisent 
les nerfs excités par le desir , et devient par là 
en état de pénétrer dans le vagin, qui conduit à 
la matrice ou'aà l’oviductus, et d’y lancer le fluide 
qui doit réveiller les germes. L’oviductus, ou la 
trompe , recoit l’œuf au moment où il se détache 
de l'ovaire , le conduit au dehors si l’animal est 
ovipare , ou dans la matrice s’il est vivipare. Le 
petit germe se développe, et tire sa nourriture 
soit du corps de sa mère par la succion d’un tissu 
considérable de vaisseaux qui tiennent à ceux de 
son propre corps, soit d’une masse organisée qui 
lui est attachée de la même manière , et qui forme 
ce qu’on nomme le jaune de l’œuf, ou le vitellus. 
Lorsqu'il est parvenu au poïnt convenable ; la ma- 
trice le repousse au dehors , où il brise la coque de 
Vœuf pour s’échapper. . 


ARTICLE IIT. 


Tableau des principales différences que les 
animaux présentent dans chacun de leurs 
systémes d'organes. 


. 


OK voit, par l’article précédent , que ce qui est 
commun à chaque genre d'organes, considéré dans 
tous les animaux , se réduit à très-peu de chose, et 
qu'ilsne se ressemblentsouvent que par l'effet qu’ils 
produisent. Cela a dû frapper sur-tout à l’égard 
de la respiration, qui s’opère dans les différentes 


Le 


Art. IL Différences des organes. 55 


classes par des organes si variés , que leur struc- 
ture ne présente aucun point commun. Ces diffé- 
rences dans les organes de même genre sent pré- 
cisément l’objet de l’anatomie comparée ; et l’ex- 
posé rapide que nous allons faire des principales, 
sera , pour ainsi dire , le ‘plan général de ce cours. 
Nous allons donc reprendre chaeune des fonc- 
tions dont nous venons de traiter, et examiner les. 
divers degrés d’énergie He a, et les moyens 
particuliers par lesquels’ elle s’opère Se les dif- 
férens animaux. 

Les organes du mouvement noûs présentent 
d’abord deux grandes différences dans leur posi 
tion respective : tantôt les os forment un squelette 
intérieur , articulé, recouvert par lés ‘muscles ; 
tantôt il n’y a point d’os à l’intérieur, mais seule- 
ment des écailles ou des coquilles qui recouvrent 
la peau, au dedans de laquelle sont le$ muscles; 
. ou bien enfin il n’y a aucune partie dure qui 
_ puisse servir de levier ou de point d'appui dans 

les mouvemens. 
Les animaux qui sont dans le premier cas ont 
tous lé corps soutenu dans son milieu par une co- 
lonne formée de plusieurs pièces osseuses, em- 
pilées les unes sur les autres, et nommée épine 
du dos, ou colonne vertébrale: aussi portent-ils le 
nom d'animaux vertébrés. Ce sont les manimi- 
Jères , les oiseaux , les reptiles et les poissons. 
Les animaux sans vertèbres, ou sont entière- 
ment mous et sans aucune partie dure , ou ont 
C 2 


356 1°"° Leçon. Économie animale. 


le corps et les membres enveloppés dans des pièces 
ccailleuses articulées les unes sur les autres, où 
bien enfin ils sont enfermés dans des coquilles. 
Ce sont les vers mous , les insectes , et les 
testacés. 

C’est ensuite par le plus ou le moins de déve- 
loppement de certaines parties que Îles animaux 
de ces diverses classes deviennent susceptibles 
des diverses sortes de mouvemens. 

Les organes des sensations présentent plusieurs 
sortes de différences : les unes ont rapport à la 
partie interne du système nerveux , les autres aux 
sens extérieurs. Les premières produisent trois 
classes : celle des animaux qui n’ont point de sys- 
tême nerveux apparent, et dans lesquels on ne 
découvre ni vaisseaux ni nerfs ; ce sont les zoo- 
phytes ou les polypes : celle des animaux dans 
lesquels il n’y a que le cerveau qui soit au-dessus 
du canal alimentaire, et dont tout le reste du fais- 
ceau commun des nerfs est situé au-dessous , et 
contenu dans la même cavité que les autres vis- 
cères ; ce sont les mollusques, les crustacés , les 
insectes, et une partie des vers articulés : enfin 
celle des animaux dont le faisceau commun des 
nerfs est tout entier du côté du dos, au-dessus 
du tube alimentaire , et renfermé dans un canal 
qui traverse la colonne vertébrale; ce sont tous 
les animaux vertébrés. Leurs ganglions sont placés 
aux côtés de leur cordon médullaire , ou épars 
dans les grandes cavités, Parmi les animaux sans 


Arr. II Différences des organes. : 57 
vertèbres , il y en a qui n’ont de ganglions que 
dans les grandes cavités , comme les mollusques , 
et d’autres qui les ont tous sur le cordon médul- 
laire même, dont ils paroissent être des renîle- 
mens : ce sont les insectes et quelques vers arti- 
culés. 

Les différences dans les sens extérieurs concer- 
nent leur nombre , ou le degré d'énergie de cha- 
cun d’eux. 

Tous les animaux vertébrés ont les mêmes sens 
que l’homme. 

La vue manque aux zoophytes , à plusieurs vers 
articulés, à plusieurs larves d’insectes , et aux 
mollusques acéphales, L’ouïie ne se retrouve, au 
moins nous n'avons encore apperçu ses organes, 
que dans quelques mollusques et dans quelques 
insectes. Les trois autres sens , mais sur-tout le 
toucher et le goût, ne paroïssent jamais manquer. 

Mais chacun de ces sens peut varier beaucoup 
par son énergie et par le degré de complication 
de ses organes. La perfection du toucher, par 
exemple , dépend de la délicatesse des tégumens 

extérieurs , et de la division des extrémités qui 

exercent plus particulièrement ce sens, en s’appli- 
quant d’une manière plus ou moins exacte aux 
corps que lanimal peut eonnoître. C’est sur-tout 
dans le nombre , la mobilité des doigts et la peti- 
_tesse des ongles, que l’anatomiste trouve des carac- 
tères importans. 

Les yeux peuvent être plus ou moins mobiles, 

C3 


58 1° Leçon. Économie animale. 


plus ou moins couverts, plus où moins nombreux. 
Les oreilles peuvent être plus enfoncées dans l’inté- 
rieur du crâne , ou plus exposées au dehors ; elles 
peuvent même être pourvues de cornets extérieurs 
qui rassemblent les rayons sonores. Les membranes 
dans lesquelles l’odorat réside, peuvent être plus 
ou moins étendues ; celles qui sont le siége du goût, 
plus ou moins tendres et humides : mais ce n’est 
qu'aux articles particuliers de chacun de ces sens que 
mous pourrons nous étendre sur les différences qui 
en résultent. j 

Les organes de la digestion offrent deux grandes 
différences dans leur disposition générale. Dans 
certains animaux ( la plupart des zoophytes ) 
les intestins forment un sac qui n’a qu’une seule ou- 
verture , laquelle sert à la fois d'entrée aux alimens 
et d’issue aux excrémens : tous les autres ont pour 
ces usages deux ouvertures distinctes aux deux 
extrémités d’un canal unique ; mais les replis de 
ce canal peuvent être Lels, que ces deux ouvertures 
soient plus ou moins rapprochées. Une auire dif- 
férence qui influe beaucoup sur la nature des ali- 
mens appropriés à chaque espèce , c’est que dans 
certains animaux la bouche est armée de denis ou 
d’autres parties dures , propres à broyer des subs- 
tances solides, tandis que dans d’autres elle en 


est dépourvue : dans ce dernier cas, l’animal ne 


peut qu'avaler des corps entiers si sa bouche est 
large , ou seulement sucer des substances fluides , 
si sa bouche est en forme de tube. La forme de 


AnT: II. Différences des organes. 39 


ces dents influe elle-même beaucoup sur la nature 
des corps que l’animal peut soumettre à sa masti- 
cation ; et le reste du canal alimentaire est aussi 
très-différent en structure , selon les différentes 
matières que la bouche peut lui envoyer : de la 
la plus ou moins grande longueur de ce canal, le 
nombre plus ou moins grand des estomacs et des. coœ- 
cums , etc. Tout ce détail doit être renvoyé aux 
articles particuliers. ? 

Le chyle, produit par l’action des organes digestifs 
sur les substances alimentaires, est transmis aux 
parties de deux manières différentes : ou il transsude 
simplement au travers des parois du canal intestinal 
pour baigner tout l'intérieur du corps, ou bien 
ilest absorbé par des vaisseaux particuliers qui 
le portent dans la masse du sang. Le premier 
cas est celui des zoophytes, et, selon moi , aussi 
celui des insectes ordinaires, qui ne paroïssent 
avoir \ aucune sorte de vaisseaux propres à la cir- 
culation. Quant aux autres animaux , savoir, les 
mollusques et tous les animaux à vertèbres qui 
ont des vaisseaux absorbans , ils offrent deux nou- 


- velles différences. Les derniers ont le sang rouge , 


et. la lymphe et le chyle blancs; les. autres ont 
presque tous ces deux fluides de la même couleur. 

Les'animaux vertébrés eux - mêmes différent 
entre eux par la couleur du chyle , qui est blanc 
opaque dans,les mammifères , . et transparent 
comme d'autre lymphe dans les oiseaux , les 
reptiles et les poissons. Aussi ces trois dernières 

C 4 


4o 1°" Lecon. Économie animale. 


classes n’ont-elles point de glandes conglobées à leurs 
vaisseaux chylifères, tandis qu’elles sont très-nom- 
breuses dans la première. 

La circulation du sang fournit dans ses organes 
des différences très -importantes. D'abord il y a 
des animaux qui n’en ont point du tout, les z7- 
sectes ‘et les zoophytes. Ceux qui en ont une 
l'ont double où simple. Nous nommons circula- 
tion double celle où aucune partie du sang vei- 
neux ne peut rentrer dans le tronc artériel qu’a- 
près avoir fait un circuit particulier dans l’organe 
de la respiration , qui doit être formé des expan- 
sions de deux vaisseaux , lun artériel , l’autre 
veineux , à peu près aussi gros chacun, quoique 
moins longs que les deux principaux vaisseaux 
du corps. Telle est la circulation de l’homme, 
des z"ammifères, des oiseaux , des poissons , et 
de beaucoup de r10/lusques. 

Dans la circulation simple, une grande partie 
du sang veineux rentre dans les artères sans passer 
par le poumon, parce que cet organe ne reçoit 
qu’une expansion d’une branche du tronc arté- 
riel ; telle est la circulation des reptiles. 

Il y a encore d’autres différences dans l'existence 
et la position des cœurs ou des organes muscu- 
laires destinés à donner l’impulsion au sang. Dans 
la circulation simple il n’y en a jamais qu’un : 
mais lorsqu'elle est double , il y en a quelquefois 
à la base de lartère principale, et à celle de 
artère pulmonaire ; d’autres fois il n’y en a 
qu'à l’une des deux seulement. ; 


_— 


æ, 


Arr. II. Différences des organes. 41 


Dans le premier cas , les deux cœurs , ou plutôt 
les deux ventricules , peuvent être unis en une 
seule masse, comme dans l’homme , les mammi- 
fères et les oiseaux , ou bien ils peuvent être sé- 
parés comme dans les sèches. 

Dans le cas où il n’y a qu’un seul ventricule, 
il peut étre placé à la base de l’artère du corps, 
comme dans les /imaçons et d’autres mollusques, 
ou à la base de l’artère pulmonaire, comme dans 
les poissons. . 

Les organes de la respiration sont également 
féconds en différences remarquables. Lorsque l’élé- 
ment qui doit agir sur le sang est de l’air atmo- 
sphérique, il pénètre dans l’intérieur même de 
l’organe respiratoire ; mais lorsque c’est de l’eau, 
elle glisse simplement sur une surface plus ou 
moins multipliée. 

Ces feuillets sont ce qu'on nomme des bran- 
chies. On en trouve dans les poissons el dans beau- 
coup de mollusques. Au lieu de feuillets, on y voit 
quelquefois des franges où des houppes. 

L'air pénètre dans le corps par une seule ou- 
verture ou par plusieurs. Dans le premier cas, 
qui est celui de tous les animaux qui ont un poz- 
mon proprement dit, le canal qui a reçu l'air se 
subdivise en une muititude de branches qui'se ter- 
minent dans autant de petites cellules réunies or- 
dinairement en deux masses, que l’animal peut 
comprimer ou dilater. | 

Lorsqu'il y a plusieurs onvertures, ce qui ne 


‘ 


42 I Luçon. Économie animale. 


se voit que dans les insectes, les vaisseaux qui 
reçoivent l’air se ramifient à l'infini pour le 
porter à tous les points du corps sans exception ; 
c’est ce qu’on nomme la respiration par des tra- 
chées. 

Enfin les zoophytes, si on en excepte du moins 
les échinodermes, n’ont aucun organe apparent 
de la respiration. 

Les organes de la voix ne présentent que deux 
différences qui puissent être regardées comme gé- 
nérales, elles dependent de la position de la glotte 
où se forme le son. Dans les oïseaux elle est au 
bas de la trachée ou du tube qui conduit l’air , 
à l’endroit où il se divise en deux branches pour 
aller aux poumons : dans les quadrupèdes et les 
reptiles , elle est au haut de la trachée , à la base 
de la langue. : 

Il n’y a que ces trois classes qui aient une glotie; 
mais les autres animaux produisent des sons par 
d’autres moyens. T'antot ils y emploient le frot- 
tement de certaines parties élastiques, tantôt le 
battement de quelques autres parties dans l’air, 
ou même le mouvement rapide de certaines por- 
tons d’air qu’ils retiennent en quelque endroit de 
leur corps. 

La génération nous fournit des différences de 
deux genres. Les unes sont relatives aux actions 
qui l’occasionnent , les autres à son produit, 

Dans un petit nombre d'animaux qui appar- 
tiennent presque tous à la classe des zoophytes, 


/ 


"à 


Arr. II. Différences des organes. 43 
la génération so fait sans aucun accouplement, et 
e jeune animal croît sur le corps de l'adulte 
comme un bourgeon sur un arbre. Les autres ne pro- 
duisent qu’en vertu d’un accouplement, et sont par 
conséquent pourvus des deux sexes ; mais ces deux 
sexes peuvent être séparés dans des individus dif- 
férens ou réunis dans le même. Ce n’est que dans 
des mollusques et des zouphytes que ce dernier 
cas a lieu : tous les animaux à vertébres, et les 
insectes, ont les sexes séparés. 

Les animaux qui sont hermaphrodites peuvent 
se satisfaire seuls , comme les coquillages bivalves : 
ou bien ils ont besoin d’un accouplement réci- 
proque, dans lequel chacun des deux individus fasse 
à la fois les fonctions de mâle et de femelle ; c’est 
ce qui arrive dans les limaçons et les autres mol- 
lusques qui rampent sur le ventre. 

Le produit de la génération est ou un bour- 
geon qui se développe en un animal demeurant 


quelque temps sur le corps dont il provient, et 


en formant comme une branche où un fœtus qui 


se développe dans la matrice de sa mère, à la- 


quelle il tient par un plexus de vaisseaux, et qui 
en sort vivant; ou enfin un fœtus enveloppé 
dans une coque , avec une substance qui lui adhère 
par des vaisseaux, et qu'il doit absorber avant 
que d'éclore. Ce sont les générations rar 
vivipare , et ovipare. La première n’a lieu que 


dans Le zoophytes et quelques vers ,arti- 


culés ; la seconde , que dans l’homme et les mam- 


&4 I°'* Lecox. Économie animale.: 


mifères seulement : la troisième est commune à 
tous les autres animaux ; et lorsque leurs petits 
sortent vivans de leur corps, comme cela arrive 
dans la vipère , c’est que les œufs sont éclos dans 
l'oviductus. 

Enfin, si nous considérons les états par lesquels 
le jeune animal est obligé de passer avant de 
devenir lui-même propre à perpétuer son espèce , 
nous trouvons encore deux principales différences : 
les uns ont à peu près en naissant la ferme qu’ils 
conserveront toujours, à quelques parties peu consi- 
dérables près , qui devront encore se développer, 
ou qui devront changer leurs proportions : les autres 
ont au contraire une forme toute différente de leur 
état parfait, et doivent non seulement produire et 
développer des parties nouvelles, mais encore en 
perdre des anciennes ; ce sont les animaux qui doi- 
vent subir une rnétamorphose. On n’en a observé 
encore que parmi les insectes et parmi les reptiles 
sans écaille , c’est-à-dire les grenouilles et les sa- 
lamandres. : 

Telles sont les principales variétés que nous 
offrent les organes affectés à chacune des fonctions 
animales. 

Nous devons encore en observer une bien im- 
portante , qui s'étend à plusieurs de ces fonctions : 
c'est celle qui concerne les organes secrétoires. 
Dans les quatre classes d'animaux à vertébres, 
et dans celles des mollusques , ce sont ou des 
glandes, ou au moins des expansions de vaisseaux 
sanguins, 


per: 


Arr. IV. Rapports des organes. 45 


Ce nom de glandes leur est appliqué en par- 
ticulier, lorsqu'ils forment des corps d’une cer- 
taine épaisseur. 

C’est ce qui n'arrive point dans les insectes, qui 
n’ont pour organes secrétoires que des tubes plus 
ou moins longs qui attirent dans le tissu SpONSIEUx 
de leurs parois toute la partie qu'ils doivent sé- 
parer de la masse du fluide nourricier. 

On connoît bien peu encore les organes secré- 
toires des zoophytes , si toutefois ils en ont de 
particuliers. 


ARTICLE IV. 


Tableau des rapports qui existent entre les 
variations des divers systêmes d'organes. 


L’arricre précédent nous a fait connoître les 
principales différences dont les organes affectés 


à chaque fonction animale sont susceptibles, dans 
leur structure , ou dans leur manière d'agir. Le 


nombre de ces différences auroit été beaucoup plus 
grand , si nous avions pu entrer dans le détail , et 
descendre aux choses moins importantes; cepen- 
dant, telles que nous les avons énoncées , on voit 
qu’en supposant chacune de celles d’un organe 
unie successivement avec celles de tous les autres, 
on produiroit un nombre très-considérable de com- 


binaisons qui répondroient à autant de classes d’a- 


nimaux, Mais ces combinaisons, qui paroissent pos- 


46 I Leçon. Economie animale. 


sibles , lorsqu’on les considère d’une manière abs- 

; q 

traite, n'existent pas toutes dans la nature, parce 
ue, dans l’état de vie, les organes ne sont pas 

que, ) £ 

simplement rapprochés, mais qu’ils agissent les 


uns sur les autres, ét concourent tous ensemble 


à un but commun. D’aprés cela‘les modifications 
de l’un d’eux exercent une influence sur celles 
de tous les autres. Celles de ces modifications qui ne 
“peuvent point exister ensemble, s’excluent récipro- 
quement, tandis que d’autres s’appellent, pour ainsi 
dire, et cela non seulement dans les organes qui sont 
entre eux dans un rapport immédiat, mais encore 
dans ceux qui paroissent au premier coup d’œil 
les plus éloignés et les plus indépendans, 

En effet, il n’est aucune fonction qui n’ait be- 
soin de l’aide et du concours de presque toutes 
les autres , et qui ne se ressentent plus ou moins de 
leur degré d'énergie. 

La respiration , par exemple , ne peut s’opérer 
qu’à l’aide des mouvemens du sang , puisqu'elle 
ne consiste que dans le rapprochement de ce 
fluide avec l’élément environnant ; or, comme c’est 
la circulation qui imprime les mouvemens au 
sang , elle est, pour ainsi dire, un moyen néces- 
saire pour procurer la respiration. 

La circulation elle-même a sa cause dans lac- 
tion musculaire du cœur et des artères; elle ne 
s’opère donc qu’à l’aide de l'irritabilité. Celle-ci, 
à son tour, tire son origine du fluide nerveux, 
et par conséquent de la fonction de la sensibilité, 


ART. IV. Rapports des organes. 47 


qui remofite , par une espèce de cercle , à la cir- 
culation , cause de toutes les secrétions, et de 
celles du fluide nerveux comme des autres. 

Que seroit la sensibilité , si la force musculaire 
ne venoit à son secours , jusque dans les moindres 
circonstances ? À quoi serviroit le toucher, si on 
me pouvoit porter la main vers les objets palpa- 
bles? et comment verroit-on, si on ne pouvoit tour- 
ner la tête ou les yeux à volonté ? 

C’est dans cette dépendance mutuelle des fonc- 
tions , et ce secours qu’elles se prêtent récipro- 
quement , que sont fondées les lois qui déterminent 
les rapports de leurs organes, et qui sont d’une 
nécessité égale à celle des lois métaphysiques ou 
mathématiques : car il est évident que l’harmo- 
mie convenable entre les organes qui agissent les 
uns sur les autres, est une condition nécessaire 
de l’existence de lêtre auquel ils appartiennent, 
et que si une de ses fonctions éloit modifiée d’une 
manière incompatible avec les modifications des 
autres , cet être ne pourroit pas exister. 

Nous allons voir les principaux de ces rapports, 
en comparant deux à deux les diverses fonctions 
animales. Ainsi, pour commencer par un des plus 
évidens , nous voyons que le mode de la respira- 
tion est dans une dépendance constante de la ma- 
nière dont se fait le mouvement du fluide nour- 
ricier. Dans les animaux qui ont un cœur et des 
Vaisseaux , ce fluide se rassemble continuellement 
"dans un réservoir central, d’où il est lancé avec 


/ 


48 Ie LEcon. Économie animale. 


force vers toutes les parties: c’est toujours du 
cocur qu'il y arrive, et il retourne toujours au 
cœur avant d'y revenir. Il pouvoit donc ètre ex- 
posé dès sa source à l’action de l’air : et en effet, 
avant de se rendre par: l'aorte et ses rameaux 
aux parties qu'il doit nourrir, ïl commence par 
faire un tour dans les poumons ou dans les bran- 
chies pour y subir cette action. Mais il n’en étoit 
pas de même dans les animaux qui , comme les 
insectes , n’ont ni cœur ni vaisseaux : leur fluide 
nourricier n’a point de mouvement régulier , il ne 
part point d’une source commune, et il n’étoit 
pas possible que sa préparation s’opérât dans un 
organe séparé avant qu'il se distribuât dans le 
reste du corps, puisque , sorti comme une rosée 
des pores du canal intestinal, il baigne continuel- 
lement toutes les parties, et qu’elles y puisent 
sans cesse les molécules qui doivent s’interposer 
entre celles qui les constituent déja. T/action de 
l’air ne pouvoit donc s'exercer qu’au lieu et au 


moment même de cette interposition ; et c’est ce 


qui arrive très-parfaitement par la disposition des 
trachées, n’y ayant aucun point solide du corps 
des insectes où les fines ramifications de ces vais- 
seaux aériens n’aboutissent et où l’air n’aille immé- 
diatement exercer son action chymique. Comme 
nous voyons clairement les causes de ce rapport 
entre. les organes de ces deux fonctions , nous 
sommes autorisés à présumer que d’autres rap- 


ports également constans qui existent entre elles ; 


Val 2 


: 


ART. IV. Rapports des organes. 49 


sont aussi fondés sur quelques causes du même 
genre, quoiqu'elles ne soient pas aussi évidentes 
pour nous. | 

C’est ainsi que parmi les animaux qui ont des 
vaisseaux , et qui jouissent d’une double circula- 
tion, ceux qui respirent lair immédiatement en 
le recevant dans les cellules de leurs poumons, 
ont toujours les deux troncs de leurs artères rap- 
prochés , et armés de ventricules musculaires unis 
en une seule masse, tandis que ceux qui ne res- 
pirent que par l’intermède de l’eau qu'ils font 
passer entre les feuillets de leurs branchies, ont 
toujours ces deux troncs séparés, soit que l’un et 
laütre soit pourvu de ventricules, comme dans 
les sèches, soit qu'il n’y en ait qu’à l’un des deux 
seulement , comme dans les poissons et les mol- 
lusques. …. @ 

On appercoit un peu mieux la raison des rap- 
ports qui lient l'étendue et le mede de la réspi- 


ration aux diverses espèces de mouvemens géné- 


vaux dont chaque animal est susceptible ; et qui 
font que l’air leur est d’autant plus nécessaire, 
‘que leur manière de se mouvoir les met à même 
de s’en procurer davantage , ou, ce qui revient au 
même , que ceux qui peuvent le plus aisément 
chercher l’air pur sont précisément ceux qui ont 
le plus de besoin de le respirer. 


— Les expériences modernes ont montré qu’un 


des principaux usages de la respiration est de 
animer la force musculaire , en rendant à la fibre 
J D 


5o 1e Lecon. Économie animale. 


son irritabilité épuisée ; et nous voyons en effet 
que parmi les animaux qui respirent l’air immé- 
diatement, ceux qui ont la circulation double, 
et dont chaque molécule de sang veineux ne peut 
retourner aux parties qu’après avoir respiré , c’est- 
à-dire les oiseaux et les mammifères, non seu- 
lement se tiennent toujours dans l’air même, et 
s’y meuvent avec plus de force que les autres ani- 
maux à sang rouge, mais encore que chacune de 
ces classes jouit de la faculté de se mouvoir, pré- 
cisément dans le degré qui correspond à la quan- 
tité de sa respiration. Les oiseaux, qui sont, pour 
ainsi dire , toujours dans l’air, en sont autant im- 
prégnés au dedans qu’au dehors : non seulerent 
la partie cellulaire de leurs poumons est fort con- 
sidérable , mais ces organes ont encore des sacs 
ou des appendices qui se prolongent par tout le 
corps. Aussi les oiseaux consomment-ils , dans un 
temps donné, une quantité d’air beaucoup plus 
grande, à proportion de leur volume, que les 
quadrupèdes; et c’est-la sans doute ce qui donne 
à leurs fibres une force instantanée si prodigieuse, 
et ce qui a rendu leur chair propre à entrer 
comme puissance motrice dans des machines qui 
exigeoient des mouvemens si violens pour être 
soutenues dans l'air par les simples vibrations 
des ailes. 

Les mammifères semblent tenir, pour la force 
des mouvemens et pour la quantité de la respi- 
ration, une espèce de milieu entre les oiseaux et 


ART. IV. Rapports des organes. 51 


les reptiles , qui forment l’extrémité opposée. La 
respiration semble n’être chez ceux-ci qu’une chose 
accessoire; ils peuvent s’en passer presque aussi lon g- 
temps qu'ils veulent : leurs vaisseaux pulmonaires 
ne sont que des branches des grands troncs. Aussi 
d’une part leurs organes du mouvement les rédui- 
sent-ils, à rester contre terre dans les endroits 
obscurs et étouffés au milieu des miasmes ; leur 
instinct les porte à s’enfermer souvent dans des 
cavités où l'air ne peut se renouveler , ou même 
a s’enfoncer sous les eaux pendant une grande 
partie de l’année : et de l’autre part, leurs mou- 
vemens sont assez généralement lents , et ils pas- 
sent une partie de leur vie dans un repos presque 
complet. 

Et comme c’est une des conditions de l’existence 
de tout animal que ses besoins soient froportion- 


nés aux facultés qu’il a pour les satisfaire , l’irrita- 


bilité s’épuise d'autant moins aisément que la respi- 
ration est moins ellicace et moins prompte à la répa- 
rer. C’est ce qui fait qu’elle se conserve si bien dans 
les reptiles , et que leurs chairs palpitent si long- 
temps après qu’ils sont morts, tandis que’ celles 
des animaux à sang chaud perdent cette faculté 
en se refroïidissant. 

Ce rapport du degré de la force motrice aÿec 
la quantité d’action de l'élément ambiant se trouve 
confirmé par l’exemple des poissons , qui, ayant 
le sang froid comme les reptiles, ont aussi comme 
eux peu de force musculaire, et une irritabilité 


D 2 


r, À , 
52 1°° Lecon. Économie animale. 


susceptible de se conserver long-temps : il ne faut 
pas que la vélocité avec laquelle plusieurs d’entre 
eux nagent, fasse iilusion à cet égard, parce que, 
se trouvant dans un élément aussi pesant qu'eux, 
ils n’ont aucune force à employer pour se sou- 
tenir. 

Au reste, si leur respiration a le même résultat 
que celle des reptiles , c’est par d’autres moyens 
qu’elle l’obtient. Leur circulation est double, à la 
vérité, comme dans les animaux à sang chaud ; 
mais conne il n’y a que l'air mélé à l’eau qui 
agisse sur leur sang , le peu d’activité de l’élé- 
ment a besoin d’être compensé par le prompt re- 
tour des molécules du sang dans l’organe pulmo- 
naire : et nous trouvons encore ici un nouveau 
rapport entre les modifications des organes respi- 
ratoires et de ceux de la circulation; cest que les 
animaux , de quelque classe qu’ils soient, qui res- 
pirent par des branchies et par l'intermède de 
l’eau , ont tous la circulation double , tandis que 
parmi ceux qui respirent l’air lui-même, il y en 
a plusieurs qui l’ont simple , savoir ceux qui n’a- 
voient pas besoin d’une irritabilité excessive : 
mais il paroît qu'un degré au-dessous auroit été 
insuflisant à l’entretien de la force musculaire, et 
que la réunion de ces deux modes qui affoiblissent 
Vun cet l’autre l'effet de la respiration, auroit 
empêché le renouvellement de l’énergie de la 
fibre. 

Le système nerveux a aussi des rapports ayec 


Art. IV. Rapports des organes. 53 
la respiration , relativement aux variétés qu’on 
observe dans l’une et l’autre de ces fonctions. Les 
sens extérieurs sont beaucoup moïins énergiques , 
et le cerveau beaucoup moins grand , dans les 
animaux à sang froid , où il n’occupe qu’une pe- 
tite partie du crâne , que dans ceux à sang chaud, 
où il en remplit toute la cavité. C’est sans doute 
le peu de mobilité de la fibre qui. exigeoit ce peu 
d'activité dans les organes qui la mettent en jeu ; 
des sensations vives et des passions fortes au- 
roient épuisé trop vite les forces musculaires : et 
voilà comment les modifications des organes des 
sens se trouvent liées médiatement à celles des 
organes de la respiration. 

Mais quelle est la cause secrète qui fait que , dans 
tous les animaux qui respirent par des organes sé- 
parés , les masses médullaires sont en petit nombre, 
ét rassemblées dans le crâne , ou du moins écartées 
de la moelle épinière , tandis que, dans ceux qui 
respirent par des trachées, des ganglions presque 
égaux sont répartis sur toute la longueur de ce 
cordon? Et pourquoi ne trouve-t-on jamais de sys- 
tême nerveux apparent dans les animaux qui n’onf 
point d'organes particalièrement destinés à la respi- 
ration? Ces deux rapports rentrent dans la classe 
de ceux dont les causes nous sont inconnues. 

La digestion elle-même n’est pas exempte de rap- 

port avec la respiration : celle-ci étant une des fonc- 
tions qui consomment et expulsent avec le plus de 
rapidité les substances dont notre corps est composé, 


D 5 


54 I Lecox. Economie animale. 


les forces digestives sont généralement d’autant plus 
puissantes que la respiration est plus complète, 
afin que la quantité des molécules qui arrivent 
soit proportionnée à celle des molécules qui s’é- 
chappent. 

C’est , pour ainsi dire , par l’entremise de ces liai- 
sons qui existent entre les modifications des organes 
de la respiration , et celles des organes de plusieurs 
autres fonctions , qu’une partie de ces derniers se 
trouvent avoir entre eux des rapports que rien 
ne sembloit d’abord nécessiter. Voilà pourquoi les 
oiseaux ont en général l’estomac le plus robuste 
et la digestion la plus prompte ; voilà pourquoi ils 
répètent si souvent leurs repas , tandis que les rep- 
tiles , qui semblent en tout point leurs antipodes 
parmi les animaux à sang rouge, nous étonnent 
par le peu d’aliment qu’ils prennent, et la longueur 
des jeûnes qu’ils peuvent soutenir. Ce n’est point 
par la nature des organes du mouvement qui 
caractérisent ces deux classes, que ces différences. 
dans les forces digestives sont nécessitées | mais 
bien par celle des organes de la respiration, dont 
les modifications sont en rapport immédiat avec 
celles des organes du mouvement. 

On sent aisément que ces deux degrés si dif- 
férens de force digestive dépendent de deux dis- 
positions également différentes dans les erganes 
alimentaires , et que chacune de ces dispositions 
ne pourra coexister qu'avec celle qui lui corres- 
pondra dans les organes respiratoires ; et celle-ci 


ArT. IV. Rapports des organes. 55 


étant aussi toujours liée avec une disposition éga- 
lement déterminée dans ceux du mouvement , 
dans ceux des sensations , dans ceux de la circu- 
lation, ces cinq systèmes d’organes sont , pour ainsi 
dire, tous régis et gouvernés par chacun d’eux en 
particulier. 

- Au reste, le système des organes digestifs a 
aussi des rapports immédiats avec ceux des organes 
du mouvement et de la sensibilité : car la dispo- 
sition du canal alimentaire détermine d’une ma- 
nière absolue l’espèce d’alimens dont l’animal peut 
se nourrir ; et on sent que sil ne trouvoit pas 
dans ses sens et dans ses organes du mouvement 
les moyens de distinguer et de se procurer ces 
sortes d’alimens, il ne pourroit subsister. 

Ainsi un animal qui ne peut digérer que de la 
chair , doit , sous peine de destruction de son espèce, 
avoir la faculté d’appercevoir son gibier, de le 
poursuivre , de le saisir, de le vaincre, de le 
dépecer. Il lui faut donc, de toute nécessité, une 
vue perçante, un odorat fin, une course rapide , 
de l’adresse et de la force dans les pattes et dans 
les mâchoires. Ainsi jamais une dent tranchante 
et propre à découper la chair ne coexistera dans 
la même espèce avec un pied enveloppé de 
corne, qui ne peut que soutenir l’animal, et 
avec lequel il ne peut saisir. De là la règle que 
tout animal à sabot est herbivore ; et ces règles 
encore plus détaillées, qui ne sont que des corol- 


laires de la première, que des sabots aux pieds 
D 4 


56 [Ie Lxcox. Économie animale. 


indiquent des dents molaires à couronne plate, 
un canal alimentaire très long, un estomac ample 
ou Pre , et un grand nombre d’autres rapports 
de même genre. 

Ces lois, qui déterminent Îles rapports des sys- 
tèmes d'organes affectés aux différentes fonctions , 
exercent également leur puissance sur les diffé- 
rentes parties d’un même systême , et en lient les 
variations avec la même force. C’est sur-tout dans 
le système alimentaire, dont les parties sont plus 
nombreuses et plus distinctes , que ces règles trou- 
vent des applications plus évidentes. La forme des 
dents, la longueur, les replis, les dilatations du 
canal alimentaire, le nombre et l'abondance des 
sucs dissolvans qui s’y versent , sont toujours dans 
un rapport admirable entre elles et avec la nature, 
la düreté , la dissolubilité des matières que lPani- 
mal mange, au point que l’homme exercé, qui 
connoit une de ces parties, peut aisément deviner 
la plupart des autres , et qu’il petit même, d’après 
les règles précédentes, étendre ses conjectures 
aux organes des autres fonctions. 

La même harmonie existe entre toutes les parties 
du système des organes du mouvement. Comme 
3l n’y en a aucune qui n’agisse sur les autres et 
qui n’éprouve leur action, sur-tout lorsque l’animal 
se meut en entier, toutes leurs formes sont en 
rapport. Il n’est presque aucun os qui varie dans 
ses facettes, dans ses courbures, dans ses pro- 
éminences , sans que les autres subissent des 


Arr. IV. Rapports des organes. 57 


variations proportionnées; et on peut aussi, à la 
vue d’un seul d’entre eux, conclure jusqu’à un cer- 
tain point celle de tout le squelette. 

Ces lois de coexistence que nous avons indi- 
quées jusqu'ici, ont, pour ainsi dire, été déduites, 
par le raisonnement , des connoïssances que nous 
avions de l'influence réciproque des fonctions et de 
l'usage de chaque organe. L'observation les ayant 
confirmées, nous nous trouvons en droit de suivre 
une marche contraire dans d’autres circonstances ; et 
lorsque l’observation nous montre des rapports 
constans de forme entre certains organes, nous 
devons en conclure qu'ils exercent quelque action 
Vuri sur l’autre; nous pouvons même être menés 
par-là à des conjectures heureuses sur les usages 
de l’un ou de l’autre. C’est ainsi que la grandeur 
plus considérable du foie dans les animaux qui 
respirent moins , et la privation totale où en sont 
les insectes dont la respiration est la plus com- 
plète qu'il soit possis'e, puisque tout leur corps 
est, pour ainsi dire, un poumon, ont fait penser 
que le foie supplée jusqu’à un certain point à ce 
dernier organe , en enlevant comme lui au sang 
ses deux principes combustibles. 

C’est ainsi qu’on se rend raison de la blancheur 
et de l’opacité du chyle dans certains animaux, 
tandis que dans d’autres il est aussi transparent 
que la lymphe, lorsqu'on sait que les premiers 
sont précisément tous ceux qui ont des mamelles 
et qui allaitent leurs petits. C’est même principa- 


58 1° Leconw. Économie animale. 


lement par l’étude approfondie de ces rapports, 
et par la découverte de ceux qui nous ont échappé 
jusqu’à présent , que la physiologie a le plus d’es- 
poir d’étendre ses limites : aussi doit-elle regarder 
l'anatomie comparée comme une des plus riches 
sources de son perfectionnement. 

Au reste, en demeurant toujours dans les bornes 
que les conditions nécessaires de l’existence pres- 
crivoient, la nature s’est abandonnée à toute sa 
fécondité dans ce que ces conditions ne limitoient 
pas; et sans sortir jamais du petit nombre des 
combinaisons possibles entre les modifications essen- 
telles des organes importans, elle semble s’être jouée 
à l’infini dans toutes les parties accessoires. Il ne 
faut pas pour celles-ci qu’une forme, qu’une dis- 
position quelconque soit nécessaire ; il semble même 
souvent qu’elle n’a pas besoin d’être utile pour 
être réalisée : il suffit qw’elle soit possible, c’est- 
à-dire, qu’elle ne détruise pas l’accord de l’en- 
semble. Aussi trouvons-nous,, à mesure que nous 
nous éloignons des organes principaux , et que 
nous nous rapprochons de ceux qui le sont moins, 
des variétés plus multipliées ; et lorsqu’on arrive 
à la surface, où la nature des choses vouloit que 
fussent précisément placées les parties les moins 
essentielles , et dont la lésion est la moins dan- 
gereuse, le nombre des variétés devient si consi- 
dérable , que tous les travaux des naturalistes n’ont 
pu encore parvenir à en donner une idée. 

Dans toutes ces combinaisons , il s'en trouve 


ART. IV. Rapports des organes. 59 


nécessairement beaucoup qui ont des parties com- 
munes , et il y en a toujours un certain nombre 
qui ne différent que très - peu , en sorte qu’en 
plaçant les unes auprès des autres celles qui se 
ressemblent le plus , on peut en établir une espèce 
de suite qui paroïtra s'éloigner comme par degrés 
d’un type primitif, C’est sur ces considérations que 
reposent les idées. que certains naturalistes se sont 
formées d’une échelle des êtres qui les rassemble- 
roit {ous en une série unique, commençant au 
plus parfait et finissant au plus simple, à celui 
qui seroit doué des propriétés les moins nombreuses 
et les plus communes, et telle, que l’esprit passe- 
roit de l’un à l’autre sans presque appercevoir 
d'intervalle , et comme par nuances insensibles. En 
effet , en restant dans certaines limites, et sur-tout 
en considérant chaque organe isolément et en le 
suivant dans toutes les espèces d’une classe, on le 
voit se dégrader avec une uniformité singulière ; 
on l’apperçoit même encore en partie, et comme 
en vestige, dans des espèces où il n’est plus d’au- 
cun usage , en sorte que la nature semble ne l’y 
avoir laissé que pour demeurer fidèle à la loi de 
ne point faire de saut. Mais d’une part les organes 
ne suivent pas tous le même ordre de dégrada- 
tion : tel est à son plus haut degré de perfection 
dans une espèce , et tel autre l’est dans une espèce 
toute différente, de manière que si on vouloit 
ranger les espèces d’après chaque organe considéré 
enparticulier , il y auroit autant de séries à former 


| D L . 
60 I Læcon. Economie animale. 


que l’on auroit pris d’organes régulateurs, et. 
que, pour faire une échelle générale de perfec- 
tion , il faudroit calculer l’effet résultant de chaque 
combinaison ; ce qui n’est presque pas possible. 

D'un autre côté, ces nuances douces et insen- 
sibles s’observent bien tant que l’on reste sous 
les mêmes combinaisons des organes principaux, 
fant que ces grands ressorts centraux restent les 
mêmes. Tous les animaux chez lesquels cela a lieu 
semblent formés sur un plan commun, qui sert de 
base à touies les petites modifications extérieures : 
mais du moment où on passe à ceux qui ont d’autres 
combinaisons principales , il n’y a plus de ressem- 
blance en rien , et on ne peut méconnoître l’inter- 
valle ou le saut le plus marqué. 

Quelque arrangement qu’on donne aux animaux 
à vertèbres et à ceux qui n’en ont point, on ne 
parviendra jamais à placer à la fin de l’une de 
ces grandes classes , ni à la tête de l’autre, deux 
animaux qui se ressemblent assez pour servir de 
lien entre elles. 


ARTICLE V. 


Division des animaux d’après l’ensemble de 
leur organisation. 


L’ANATOMIE comparée ayant pour but d'indiquer 
les différences que présente chaque organe consi- 
déré dans tous les animaux , son exposition seroit 


Arr. V. Division des animaux. 62 
trés-longue et très-embrouillée, si on étoit obligé 
de nommer chaque fois tous les animaux dans 
lesquels tels ou tels organes ont une structure uni- 
forme. Il seroit beaucoup plus commode d'en indi- 
quer la totalité sous un nom de classe ou de genre 
qui les comprendroit tous : mais, pour que cela se 
püt , il faudroit que tous les animaux qui composent 
un genre ou une classe, eussent de la ressem- 
blance , non pas dans un organe seulement, mais 
dans tous; autrement on seroïit obligé d’adopter des 
classes et des genres nouveaux , et une nomencla- 
ture particulière , chaque fois que l’on traiteroit 
d’un nouvel organe, ce qui produiroit une confu- 
sion plus grande que celle qu’on vouloit éviter. 
C’est cependant ce qui arriveroit, si on prenoit les 
caractères de ses subdivisions des différens degrés 
dans des organes et dans des modifications d’or- 
ganes choisis au hasard et arbitrairement. Pour 
peu que l’organe qu’on auroit choisi se trouvât 
étre parmi les moins importans, parmi ceux qui 
ont le moins d'influence sur l’ensemble, il n’y 
auroit pas de raison pour que les autres organes 
se ressemblassent dans tous les animaux où celui-là 
se ressembleroit : ainsi on ne pourroit rien affirmer 
touchant ces autres organes, qui convint à toute 
une des classes on à tout nn des genres d’animaux 
que l’on auroit distingués par des caractères pris 
dans cet organe peu important. 

Supposons, par exemple, qu’on ait divisé Îles 
animaux en volatiles, en terrestres et en aquatiques, 


62 I° Lecox. Economie animale. 


comme on le faisoit autrefois ; il se trouveroit dans 
la première classe, outre les oiseaux ordinaires , 
des mammifères (les chauves-souris ), des reptiles 
( le dragon ), des poissons ( les diverses espèces de 
poissons volans ) , et une multitude d'insectes. Il en 
seroit de mème, plus ou moins, des deux autres 
classes. Ainsi, si on vouloit parler d’un seul de leurs 
organes , du foie, par exemple, on ne trouveroit 
pas une seule qualité qui püt lui être attribuée dans 
toute une classe, ni une qui füt affectée exclusive- 
ment à l’une des trois, à l'exception des deux autres. 

Cet exemple est propre, par son évidence, à 
montrer de quelle importance il est de bien choisir 
les caractères de ses divisions ; car, quoiqu’on ne 
fasse plus aujourd’hui, dans la formation des mé- 
thodes et des systèmes d'histoire naturelle, des 
fautes aussi grossières que celle-là , plusieurs natu- 
ralistes n’ont pas laissé d’adopter, même dans ces 
derniers temps, des divisions qui ont aussi , dans le 
détail , de ces sortes de résultats. 

Le but de toute bonne méthode est de réduire la 
science à laquelle on l’applique, à ses moindres 
termes, en élevant les propositions qu’elle comprend 
à la plus grande généralité dont elles soient suscep- 
tibles. Ainsi , pour en avoir une bonne en anatomie 
comparée, il faut qu’elle soit telle, que l’on puisse 
assigner à chaque classe, et à chacune de ses sub: 
divisions, des qualités communes touchant la plus 
grande partie des organes. On peut arriver à ce but 
par deux moyens différens , qui peuvent se servir 


‘Arr. V. Division des animaux. 63 


de preuve et de vérification l’un à l’autre : le pre- 
mier , et celui auquel tous les hommes ont dû avoir 
recours naturellement, c’est de passer de l’obser- 
vation des espèces à leur réunion en genres, eten 
collection d’un ordre supérieur , suivant qu’on s’y 
voit conduit par l’ensemble de leurs attributs ; le 
second, que la plupart des naturalistes modernes 
ont employé, est de fixer d’avance certaines bases 
de division , d’après lesquelles on range les êtres à 
mesure qu’on les observe. 

Le premier moyen ne peut tromper ; mais il 
n’est applicable qu’aux êtres dont on a une connois- 
sance parfaite. Le second est d’un usage plus géné- 
ral; mais il est sujet à erreur. Lorsque les bases 
qu'on a adoptées ne rompent point les combinai- 
sons auxquelles l’observation conduit, et lorsque 
ces bases sont indiquées par les résultats de l’ob- 
servation , les deux moyens se trouvent d’accord, 
et on peut être certain que la méthode est bonne. 

Mais, dans le cas où il n’est pas possible d’em- 
ployer le premier moyen, il faut calculer par le 
raisonnement la valeur de ses bases ; et c’est là que 
l’importance des organes dans lesquels on les prend 
est d’un grand secours. Les naturalistes n’ont pas 
ignoré ces principes; et c’est sur ces considérations 
qu'ils ont établi leurs distinctions entre les organes 
du premier, du second , du troisième rang, etc. 

Mais ils auroient dû porter plutôt leur attention 
sur les fonctions elles-mêmes que sur les organes : 
car toutes les parties , toutes les formes, toutes les 


Ê D L L2 L 
64 J°"° Lecon. Économie animale. 


qualités d’un organe du premier rang , ne sont pas 
également propres à fournir des caractères pour les 
classes supérieures ; ce sontseulement celles de ces 
formes et de ces qualités qui modifient d’une ma- 
mère importante la fonction à laquelle cet organe 
est affecté , celles qui lui donnent, pour ainsi dire, 
une autre direction et d’autres résultats. Toutes les 
autres considérations auxquelles un organe, de 
quelque rang qu'il soit, peut donner lien , ne sont 
d'aucune importance tant qu’elles n'influent pas 
directement sur les fonctions qu’il'exerce. C’est ce 
qui a égaré quelques naturalistes, qui ont cru que 
tout étoit important dans un organe important , 
et qui ont bouleversé sans raison des divisions bien 
faites. Au reste, ce n’est pas ici le lieu de nous 
appesantir sur ces principes, et encore moins de les 
appliquer : la formation des méthodes est l’objet de 
l’histoire naturelle proprement dite ; l’anatomie les 
reçoit, pour ainsi dire , toutes faites. C’est d’elles 
qu’elle prend ses premières directions : mais elle 
ne tarde pas à leur rendre la lumière qu’elle en a 
reçue d’abord ; elle est-:même la plus forte épreuve 
de leur bonté ; et c’est en appliquant une méthode 
d'histoire naturelle à l’anatomie comparée, qu’on 
est bientôt en état de reconnoître si elle s’écarte 
ou non de la marche de la nature. 

Nous allons donc porter nos regards sur l’en- 
semble du règne animal, et reconnoître ce que les 
familles des divers rangs qui le partagent , ont 
chacune de commun dans leur organisation. Cette 


M" 


| 

ART. V. Division des animaux. , 65 
revue générale nous est encore nécessaire pour une 
autre fin : dans les descriptions que nous ferons 
dans la suite de ce cours , des différens organes et de 
leurs conformations variées, nous serons à chaque 
instant obligés de citer les divers genres et les 
diverses familles d'animaux ; il faut donc que nous 
en ayons au moins une connoissance sommaire , 
et c'est ce que nous procurera l’examen que nous 
allons en faire. 

Le règne animal entier se divise d’abord en deux 
grandes familles : celle des animaux à vertèbres 
et à sang rouge, et celle des animaux sans verté- 
bres, qui ont presque tous le sang blanc.  * 

Les premiers ont toujours un squelette intérieur 
articulé , dont le principal soutien est la colonne. 
vertébrale, qui porte la tête à son extrémité anté- 
rieure, et dans le canal de laquelle est renfermé 
le faisceau commun des nerfs; son extrémité posté- 
rieure se prolonge le plus souvent pour former la 
queue ; les côtes, qui manquent rarement , s’atta- 
chent aux deux côtés de cette colonne. Iln’y a jamais 
plus de quatre membres, dont il peut manquer 
cependant une paire, quelquefois même les deux. 

Le cerveau est toujours renfermé dans une cavité: 
osseuse particulière de la tête, nommée le crâne. 
Les nerfs de l °F tes tous , par des filets, 
à la formation d’un cordon nerveux, qui tire son 
origine de quelques-uns des nerfs du crâne, et qui 
se distribue à la plupart des viscères. 

Les sens sont toujours au nombre de cinq. IH ya 


1, " E 


66 y I°"° Leçon. Economie antmale. 
toujours deux yeux mobiles à volonté ; l’oreille a 
toujours au moins trois canaux semi-circulaires; le 
sens de l’odorat réside toujours exclusivement dans 
des fosses creusées au devant de la tête. 

La circulation se fait toujours au moins par un 
ventricule charnu ; et lorsqu'il y en a deux, ils ne 
sont jamais séparés. Les vaisseaux lymphatiques 
sont distincts des veines sanguines. SR 

Les deux mâchoires sont toujours horizontales, 
et la bouche s’ouvre par leur écartement de haut en 
bas. Le canal intestinal est continu depuis la bouche 
jusqu’a l’anus, qui est toujours situé derrière le 
bassin , c’est-à-dire derrière la ceinture osseuse 
qui porte les extrémités postérieures. Les intestins 
sont entourés d’un sac membranéux nommé péri- 
toine. Il y a toujours un foie et un pancréas qui y 
versent des liqueurs dissolvantes , et une rate dans 
laquelle une partie du sang qui doit se rendre au 
foie, subit une préparation préalable. 

Il ÿ a toujours deux reins pour la séparation de 
urine , situés aux côtés de l’épine et hors du péri- 
toine ; les testicules sont au nombre de deux. Sur 
les reins sont toujours deux corps dont l’usage est 
inconnu ;, et qu’on a nommés capsules atrabilaires. 

Ces animaux à vertèbres se subdivisent à leur 
tour en deux branches : ceux à sang chaud, et 
ceux à sang froid. 

_ Les animaux vertébrés et à sang chaud ont 
toujours deux ventricules au cœur et une circula- 
tion double. Ils respirent par des poumons, el ne 


æ Arr. V. Division des animaux. 67 


peuvent se passer de respirer. Leur cerveau remplit 
exactement la cavité du crâne; leurs yeux se fer- 
ment par des paupières. Leur oreille a son tympan 
enfoncé dans le crâne ; toutes les parties du laby- 
rinthe sont étroitement enveloppées par les os, 
et on y voit toujours, outre les canaux semi-circu- 
läires, un organe à deux loges, analogue au lima- 
cou. Leurs narines communiquent toujours avec 
Varrière-bouche , et servent au passage de l'air 
pour la respiration. Leur tronc est toujours envi- 
ronné de côtes, et ils ont presque tous quatre 
membres. 

C’est plutôt par des privations que par des pro- 
priétés communes, que les animaux vertébrés et à 
sang froid se ressemblent. Plusieurs d’entre eux 
sont privés de côtes; il y en a qui n’ont aucun 
membre. Leur cerveau ne remplit jamais toute la 
cavité du crâne; leurs yeux ont rarement des pau- 
pières mobiles. Le tympan de leur oreille, lorsqu'il 
existe, est toujours à fleur de tête ; il manque sou- 
vent, ainsi que les osselets : le limaçon manque 
toujours. Les diverses parties de l'oreille ne sont 
point attachées au crâne d’une manière très-serrée ; 
souvent même elles sont libres dans la même cavité 
que le cerveau. 

Chacune de ces deux branches se subdivise en 
deux classes. 

. Celles des animaux à sang chaud sont les 71am- 
mifères et les oiseaux. 

Les mammifères sont vivipares, et nourrissent 

E 2 


68 I°° Leçon. Economie animale. 


leurs petits, dans le premier âge , du lait fourni var. 
leurs mamelles; ils ont, en conséquence, toujours 
une matrice à deux cornes : les mâles ont toujours 
une verge qu'ils peuvent introduire. 
Leur tête est portée sur la première vertèbre par 
deux éminences. Les vertèbres du cou ne sont jamais 
moins de six, ni plus de neuf. Leur cerveau est 
plus compliqué que dans les autres animaux : il a 
des parties qu’on ne trouve point dans les autres 
classes , telles que le corps calleux , la voûte, le 
pont, etc. 
. Leurs yeux n’ontque deux paupières ; leur FE 
a quatre osselets articulés, et un limacon vérita- | 
blement spiral ; leur langue est entièrement molle 
et charnue ; leur peau est recouverte de poils dans 
le plus grand nombre, et il y en a au moins quel- 
ques-uns dans tous. ” 

Leurs poumons sont étroitement resfonnés dans 
la poitrine, qui est séparée de l'abdomen par un 
diaphragme charnu. Ils n’ont qu’un larynx, situé à 
la base de la langue , et recouvert par une épiglotte 
lorsque l’animal avale. 

Leur mâchoire inférieure est seule mobile; toutes 
les deux sont garnies de lèvres. 

Leur canal bihiaire et le pancréatique s’insèrent 
au même point. Leurs vaisseaux lactés charient un 
chyle blanc laïteux , et ils traversent une multitude 
de glandes conglobées situées dans le mésentère. 
Une membrane nommée épiploon, suspendue à. 
l'estomac et aux parties voisines , recouvre les 


Arr. V. Division des animaux. 69 


intestins par-devant. La rate est toujours dans le 
côté gauche , entre l’estomac, les côtes et le dia- 
phragme. ! 

Les oiseaux sont ovipares. Ils n’ont qu’un seul 
ovaire et un seul oviductus ; ce qui leur estentiere- 
inent particulier. La tête ne porte sur la première 
vertèébre du cou que par une seule éminence. Les 
Yértèbres du cou sont très-nombreuses ; le Sternum 
. est fort large. Les membres de devant ne peuvent 
servir qu'à voler, et l’oiseau ne marche que sur 
ceux de derrière. | 

Leurs yeux ont trois paupières. Leur oreille n’a 
jamais de pavillon extérieur: son tympan n’a qu'un 
osselet; son limacon est en cône légèrement courbé. 
Leur langue a un os intérieurement. Le corps est 
fecouvert de plumes. Les poumons sont attachés 
aux côtes , et se laissent traverser par Vair, qui 
communique dans tout le corps, ay ayant aucun 
diaphragme. La trachée a un SU à chacune de 
ses extrémités ; le supérieur n’a point d’épiglotte. 
Leur bouche est un bec revêtu de corne, sans 

vres, ni dents, ni gencives, dont les deux mandi- 
buüles sont mobiles. 

Le pancréas ét le foie produisent chacun plu- 
sieurs canaux excréteurs, qui entrent dans l’intestin 
par divers points. Le chyle est transparent , et 1l 
ny a point de glandes mésentériques, ni d’épiploon. 
La rate ést au centre du mésenttre. Les uretères 
aboutissent dans une cavité commune aux excré- 
mens solides et aux œufs, nommée cloaque. I n’y 
a point de vessie, E 5 


70 I" Leçon. Économie animale. 


Les classes des animaux à sang froid sont les 
reptiles et les poissons. 

Les reptiles diffèrent entre eux par des points 
trés-importans, et ils n’ont pas peut-être des qualités 
communes en aussi grand nombre que les autres 
classes. Il y en a qui marchent, d’autres qui volent, 
d’autres qui nagent ; un grand nombre ne peut que 
ramper. Leurs organes des sens, et sur-tout l’o- 
reille , varient presque autant que ceux du mouve- 
ment ; elle n’a cependant jamais de limaçon. Leur 
peau est ou nue , ou revêtue d’écailles. Leur cerveau 
est toujours trés-petit. Leurs poumons floitent dans 
la même cavité que les autres viscères, mais ne se 
laissent point traverser par l'air ; les cellules en 
sont fort grandes. Il n’y a qu’un larynx sans épi- 
glotte. Les deux mâchoires sont mobiles. Il n’y a 
ni épiploon , ni glandes mésentériques; la rate est 
au centre du mésentère. La. femelle a toujours 
deux ovaires et deux oviductus. Il ya une vessie. 

… Les poissons respirent par des organes en forme 
de peignes, disposés aux deux côtés de leurcou, 
entre lesquels ils font passer l’eau ; ils n’ont eñ 
conséquence ni trachée , ni larynx, ni voix. Leur 
corps est disposé, pour nager ; leurs nageoires man- 
quent quelquefois. Outre les quatre qui représen- 
tent les membres, ils en ont de verticales sur le 
dos , sous la queue et à son extrémité. 

Leurs narines ne servent point à la respiration ; 
leur oreille est entièrement cachée dans le crêne; 
leur peau est nue, ou recouverte d’écailles; leur 


ArT. V. Division des animaux. 71 


langue est osseuse; leurs deux mâchoires sont mo- 
biles ; le pancréas est souvent remplacé par des 
coϾcums ; il y a une vessie ; les ovaires sont doubles. 

Les animaux privés de vertèbres n’ont pas au- 

tant de choses communes , et ne forment pas une 
série aussi régulière que ceux dont nous venons de 
parler ; cependant leurs parties dures, lorsqu'ils 
en ont, sont généralement à l'extérieur, du moins 
lorsqu'elles sont articulées. Leur système nerveux 
n’a pas sa partie moyenne renfermée dans un étui 
osseux ; elle flotte dans la même cavité que les 
autres viscères. | 

Il n’y a que le cerveau qui soit au-dessus: du 
canal alimentaire ; il fournit deux branches qui 
enveloppent l’oœæsophage comme un collier , et dont 
Ja continuation forme le reste du faisceau commun 

; des nerfs. 
 Îls ne respirent jamais par des poumons cellu- 
laires , et aucun d’eux n’a de voix. Leurs mâchoires 
ont hote sortes de directions ; souvent même ils 
n’ont que des suçoirs. Ils n’ont jamais de reins, ni 
d'urine. Ceux d’entre eux. qui ont des membres 
articulés , en ont toujours au moins six. 
. Considérés anatomiquement , ils doivent étre di- 
visés en cinq classes. 

Les mollusques forment la première. 

Leur corps est charnu , mou, sans membres 
articulés , quoiqu'il ait quelquefois en dedans des 
pièces dures, et qh’il soit souvent recouvert par des 
écailles pierreuses. Tls ont des. vaisseaux artéricls 


E 4 


4 { 


72 I°"° Leçon. Economie animale. 


et veineux, dans lesquels le sang subit une véri- 
table circulation. IT 

Ils respirent par des branchies ; leur cerveau est 
une masse distincte, de laquelle partent les nerfs 
et une moelle alongée ; il y a des ganglions en 
divers endroits du corps. 

Les sens extérieurs varient pour le nombre, 
quelques-uns ayant des yeux et des oreilles bien 
marqués, tandis que d’autres paroïissent réduits au 
goût et au toucher. Il yena beaucoup qui peuvent 
macher , et d’autres qui ne peuvent qu avaler. 

I y a un foie volumineux qui fournit beaucoup 
de bile ; les organes de la génération sont fort variés. 

Les crustacés forment la seconde classe. 

: Leur corps est revêtu de pièces écailleuses. lÎls 
ont des membres articulés souvent très- nombreux. 
Leur système nerveux consiste dans un Tong cordon 
noueux; des ganglions duquel partent tous les nerfs. 

On leur voit des yeux composés, durs, mobiles, 
et des ortilles , maïs très- imparfaites. Ils ont, pour 
le toucher, des antennes ét des palpes comme les 
insectes. Il y a un cœur, dés vaisseaux artériels 
et veineux, et des nantes pour la respiration. 
Leurs mâchoires sont transversales, fortes et nom- 
breuses ; leur estomac a des dents à l'intérieur ; 
de ide cœcums fournissent une humeur 
brune qui tient lieu de bile. Le mâle a deux verges ; 
la femelle deux ovaires. 

Les insectes forment la troisième classe. 

Dans leur état parfait , îls ont, comme les crus- 


ART. V. Division des animaux. 73 


tacés, des membres articulés et des antennes ; la 
plupart même ont des ailes membraneuses qui leur 
permeitent de voler : ceux-là ont tous passé par 
d’autres états, dont l’un est souvent entièrement 
immobile. Tous ont le système nerveux semblable 
à celui des crustacés; mais ils n’ont ni cœur ni 
vaisseaux , etne respirent que par des trachées. 
Non - seulement le foie, mais toutes les glandes 
secrétoires, sont remplacés chez eux par de longs 
vaisseaux qui flottent dans leur abdomen. La forme 
de leur canal intestinal est souvent très- différente 
dans le même individu , selon ses trois états. 

Les animaux qui ressemblent à des larves d’in- 
sectes, et ont, comme elles, le cordon médullaire 
noueux , peuvent étre joints aux insectes, quoi- 
qu ils ne se métamorphosent point : mais il y en a 
dans le nombre qui ont des vaisseaux sanguins bien 
éyidens, et qui doivent faire une classe à part, inter- 
médiaire enire les mollusques , les crustacés et leÿ 
insectes ; tels sont les vers de terre et les sangsues. 
. Cette classe étant, la quatrième , les zoophytes 
fpmeront la cinquième. g 


; Hs. ont, les parties. de leur corps s disposées en 
étoile, ou en rayons d’un cercle. &u,centre duquel 
! seroit "F bouche; ils n’ont:ni coœur-ni vaisseaux, S 
et. on ne leur apperçoit ni cerveau ni nerf. 

… Reprenons chacune de, ces neuf grandes classes, 
qu forment le règne animal , et divisons-les elles- 
mêmes en Lenllos d’un ordre inférieur. 


La classe des manumifères nous.présente d’abord 


ee 


C 


74 I°'° Lecon. Economie animale. 


“un ordre dont les espèces sont privées de pieds de 
derrière, et ont le cou si court et la queue si épaisse, 
qu'on les prendroit, au premier coup d’œil , pour 
des poissons : aussi se tiennent - ils constamment 
dans l’eau , quoiqu’ils ne puissent respirer que 
l'air ; maïs leurs nayines s’ouvrent au sommet de 
leur tête, afin qu’ils puissent inspirer cet air sans 
faire sortir leur museau de l’eau. Ces narines leur 
servent aussi à expulser l’eau superflue qui entre 
dans leur bouche chaque fois qu'ils veulent avaler 
leur proie. Elles sont par-là peu propres à exercer 
le sens de l’odorat , pour lequel la nature a pratiqué 
des cavités particulières. 

Les cétacés , c’est le nom qu’on donne & à cet 
ordre de mammifères , ont la peau lisse’, recou= 
vrant un lard épais; point de pavillon à l'oreille ; 
des dents qi servent à retenir la proie et non àla 
mâcher , et qui sont quelquefois remplacées par des 
lames de corné ; un estomac multiple; un canal 
intestinal uniforme, sans coecum ; des reins très- 
divisés ; des poumons et un foie dont les lobes sont 
peu nombreux ; un larynx en forme de pyramide, 
qui va s’ouvrir dans les narines ; des testicules cachés 
en dedans, et des mamélles situées aux côtés de 
la vulve. Leurs pieds de devant sont tellement 
raccourcis , les os et les articulations en sont telle- 
ment Cactiés sous la peau, qu'ils représentent des 
espèces de rames, uniquement propres à nager. 

Parmi les mammifères à quatre extrémités, il y 
en a un assez grand nombre qui ont les doigts telle- 


Ant. V. Division des animaux. 95 


ment enveloppés de corne , que leurs pieds ne 
peuvent servir qu’à les soutenir dans la course 
et dans la marche. 

Ils sont tous herbivores , et ont en consé- 
quence des dents disposées pour broyer les subs- 
tances végétales; leurs intestins sont très-longs, 
et rendent leur ventre gros. Ils forment trois 
familles. 

Celle des ruminans, qui est la plus nombreuse , a 
le pied fourchu ; leur mâchoire supérieure manque 
de dents incisives, elles y sont remplacées par un 
bourrelet de substance calleuse. Leur estomac est 
divisé en quatre cavités, et les alimens qui ont tra- 
versé les deux premières, reviennent à la bouche 
pour être mâchés une seconde fois. Leur canal 
intestinal est extraordinairement long, ainsi que 
leur cœcum. Leur graisse devient dure et cassante 
par le refroidissement. Leurs mamelles sont situéès 
entre les cuisses de derrière. La verge du mäle n’a 
point d’os à l’intérieur. 

«Celle des pachy dermes a plus de deux doigts aux 
pieds, et des incisives aux deux mâchoires,, souvent 
d'énormes canines. Leur estomac a quelques étran- 
glemens , mais il n’est point divisé en. plusieurs. 
poches, et ces animaux ne ruminent point. Leurs 
mamelles s'étendent sous le ventre lorsqu'elles 
sont nombreuses. 

Celle des solipèdes n’a qu’un doigt apparent à 

| chaque pied ; des incisives aux deux mâchoires; un 
estomac simple, petit; mais de trés-gros irtestins, 


y a". $ 
76 T° LÆçox. Economie animale. 


et sur -tont un énorme coœcum. Leurs mamelles 
sontda ns l’aîne, commé celle des ruminans. Les 
cétaeés et les animaux à sabot, en général, ont le 
foie très-peu divisé. 

Les mammifères, dont les doigts sont distincts, 
et seulement armés d’onglets à leur extrémité, pré- 
sentent aussi plusieurs familles, auxquelles on peut 
assisoner des caractères communs , tirés de l’en- 
semble de leur organisation. 

Ta moins noïnbreuse et la moins parfaite est 
celle des paresseux. Quoique leurs doigts ne soient 
pas enveloppés de corne, ils sont réunis par là 
peau, et ne peuvent se mouvoir séparément; ils 
sont d’ailieurs peu nombreux. Les dents incisives 
manquent aux deux mâchoires. L’estomac est qua- 
druple , comme dans les ruminans; mais les ali- 
mens ne reviennent point à la bouche. Les ma- 
melles sont placées sur la poitrine ; et les pieds de 
dévant sont si longs, qu’ils gênent beaucoup l4 
marche de l’animal. NA ae: 

‘Une setonde famille, qui ressemble aussi à la 
précédente par le peu de liberté des doigts et par 
le défaut dincisives, est céllé dés édentés : “praseere 
de leurs espèces manquent mêmé absolument de 
dents. Leur estomac est simple; leurs mamellés 
sont sous l’abdomen ; ils ont tous le museau plus 
ou moins alongé, etsont la plupart couverts d’armes 
défenbives  éomime des écailles ; des cuirasses, etc. 

‘Les rongeurs forment une troisième famille de 
mammifèrés ‘onguiculés , caractérisée par deux 


Art. V. Division des animaux. 77 
longues incisives a l’extrémité de chaque mâchoire, 
que suit un intervalle vuide, sans canines. Cette 
organisation les force de limer leurs alimens, ou 
de les réduire en petits fragmens , au lieu de les 
couper en morceaux , comme font ceux qui ont 
beaucoup d’incisives courtes. Les rongeurs se nour- 
rissent de matières végétales ou animales, ou mêlent 
les unes aux autres , selon que leurs molaires ont 
des couronnes plates, ou armées de peintes, ou 
seulement éleyées en tubercules mousses. Leurs 
intestins sont longs, leur estomac simple ; ils ont 
presque toujours un grand coœcum. Leurs pieds de 
derrière sont plus longs que les autres, et leur 
donnent une marche sautillante ; quelquefois même 
ils sont si longs , que ces animaux ne peuvent em- 
ployer ceux de devant à la marche. 

Les carnassiers , qui ne différent pas beaucoup 
des rongeurs par la disposition de leurs ongles, 
ont une denture bien plus complète ; leurs incisives 
sont courtes et fortes , leurs canines grosses et poin- 
tues , et leurs molaires dentelées et tranchantes ; 
et ces rois sortes de dents forment ensemble une 
série non interrompue. Le canal alimentaire des 
camnassiers est court; leur estomac et leur coœcum 
petits. Ce dernier n’existe même pas dans ceux 
d’entre eux qui marchent sur la plante entière du 
pied, ou dont le corps très-alongé est porté sur 
des pieds très-courts : tous ont le ventre plus 


ou moins grêle, à cause de la petitesse de leurs 
intestins, 


78 F'° Leçon. Economie animale. 


Ces deux familles , les rongeurs et les carnassiers, 
ont les mamelles situées sous le ventre , et l’urètre 
enveloppé en partie dans un os. T'ous les quadru- 
pèdes dont nous venons de parler , ont la verge 
renfermée dans un étui attaché au ventre. 

Les mammifères amphibies forment une petite 
famille semblable aux carnassiers par beaucoup de 
circonstances, mais dont les membres sont si courts, 
qu’ils ne peuvent guère s’en servir que pour nager. 

Les chauves-souris sont encore une petite famille 
assez semblable aux carnassiers par ses dents et ses 
intestins, mais dont les doigts, très -alongés, ont 

‘Jéurs intervalles remplis , ainsi que ceux des mem- 
bres , par ‘une peau fine qui les met en éiat de 
voler. Elles n’ont point de cœcum. Leurs mamelles 
sont sur la poitrine , et leur verge est pendante. 

Ces deux dernières circonstances se retrouvent 
dans les quadrumanes , ceux de tous les mammi- 
fères qui ressemblent le plus à l’homme. Ils ont, 
comme lui, le pouce des mains séparé des autres 
doigts , et suscepüble de leur être epposé lorsqu'il 
s’agit de faire quelque opération délicate : celui des 
pieds l’est de même ; mais il est plus court que les 
autres doigts, qui sont aussi longs que ceux des 
mains. Les dents sont comme celles de l’homme ; 
seulement les canines sont plus alongées que les 
autres dents. Le canal alimentaire est composé , 
comme dans l’homme , d’un estomac simple, de 
petits et de gros intestins, et d’un coœcum gros 

“et court, excepté dans quelques espèces. Le foie‘ 


Arr. V Division des animaux. 79 


des animaux onguiculés est divisé en lobes plus 

nombreux que dans l’homme et les animaux à 

sabots. 

Laglasse des oiseaux ne présente pas autant de 
caractères anatomiques que celle des mammifères , 
pour distinguer en familles les espèces qui la com- 
posent. La forme de leurs pieds ne détermine pas, 

comme dans les quadrupèdes, le genre de leurs 
alimens, parce que la faculté de voler, et celle de 
_ nager et de plonger, leur donnent d'autre moyens 
de poursuivre leur proie. 

Les oiseaux de proie proprement dits ne sont 
pas les seuls qui vivent de chair. On les distingue à 
‘ leur bec et à leurs ongles crochus. Leur estomac 
est membraneux ; leurs cocums très-courts ; leur 
larynx inférieur n’a qu’un seul muscle. 

Les oiseaux piscivores, de la famille des oiseaux 
de rivage, tels que les Aérons, etc. ont un grand 
estomac membraneux , et un cocum unique et très- 
court. 

D’autres piscivores, de la famille des oiseaux 
nageurs, les cormorans, pélicans, etc., et de celle 
des passereaux , les martins-pécheurs ; ont aussi 
un estomac membraneux. Il se retrouve tel dans 
des oiseaux vivant de vers, comme les pics. elé.s 
mais il esttrès-musculeux dans la plupart des ailes 
oiseaux , et sur-tout dans ceux qui vivent uniqué-: 
ment de grains. e 

Les autres parties intérieures ne fournissent point 
des caractères assez saillans ; où bien ces parties 


80 1° Leçon. Économie animale. 


m’exerçant point une grande influence sur len- 
semble , elles sont trop variables dans leurstructure. 
En nous bornant donc à la considération des 
organes du mouvement, nous trouvons, outFe la 
famille des oiseaux de proie, dont nous venons de 
parler , celle des ozseaux nageurs, quiont les pieds 
courts, palmés, le plumage serré , huilé , et qui se 
tiennent sur les eaux ; celle des oiseaux de rivage, 
qui ont les pieds longs, les jambes nues par en-bas, 
le cou et le bec alongés , et qui marchent à gué sur 
le bord des eaux , ou dans les ruisseaux et les ma- 
rais ; celle des gallinacés, qui ont les‘ pieds courts, 
le vol pesant , ou même qui ne volent point du tout, 
le bec court et voüté , et qui se tiennent à terre, où 
ils vivent de graïns : ceux-ci ont tous un jabot très- 
ample , un gésier fort charnu, des intestins , et sur- 
tout deux coœcums très-longs ; leur larynx inférieur 
n’a point de musele propre. La famille des grim- 
peurs se distingue par ses doigts disposés deux en 
avant et deux en arrière , et par la faculté que cette 
organisation leur donne de grimper dans toutes 
les directions sur les troncs des arbres. Ïl y en a 
parmi eux qui ont un estomac membraneux , et 
mänquent de cœeum, les pics ; d’autres l’ont mus- 
culeux, et manquent également de coœcum , les 
perrôquets ; d’autres enfin ont des coccums et un 
gésier, les coucous, etc. : les uns vivent d'insectes, 
les autres de fruits. 
Les genres très-nombreux d'oiseaux qui n’ont pu 
entrer dans les familles précédentes, sont connus 


Arr. V. Division des animaux. 82 


sousles noms généraux de passeres et de coraces 
par les naturalistes. 11 est difficile de leur assigner 
des caractères communs ; mais on peut encore 
établir parmi eux des tribus d’un ordre inférieur , 
qui forment des réunions assez naturelles. Telles 
sont : celle des petits oiseaux à bec fin , qui vivent 
d'insectes, et quittent nos climats en hiver; celle 
des petits oiseaux à gros bec, qui vivent de graines, 
et dévastent les champs cultivés ; celle des oiseaux 
à bec long et épais, qui vivent de fruits , dé grains 
et de substances animales , et dont plusieurs ne 
dédaignent pas même les charognes , etc. 

Les reptiles se prêtent beaucoup mieux que les 
oiseaux à une division régulière : ceux d’entre eux 
qui n’ont point de pieds, ou les serpens, ont une 
forme de corps très-alongée, à laquelle celle des 
viscères correspond ; leurs mâchoires sont mobiles 
l’une et l’autre, et les deux branches de chacune 
peuvent s’écarter au point que l’animal avale des 
corps plus épais que lui; leur langue cartilagi- 
neuse et fourchue rentre et sort à volonté d’une . 
espèce de gaîne ; leur estomac est alongé, mem- 
braneux ; leur canal alimentaire est court et sans 
coœcum. Le male a deux verges hérissées de pointes: 
la femelle produit des œufs revêtus d’une coque , 
qui éclosent quelquefois dans l’oviductus. 

Il n’y a que très-peu de reptiles à deux pieds. 

Parmi ceux qui en ont quatre , on doit distinguer 
les tortues ,. qui sont en partie couvertes d’un test 
osseux , et les lézards, qui ont la peau écaïlleuse , 

‘4 F 


" 4 ‘ 
82 1° Leçon. Economie animale. 


d’avec les grenouilles et les salamandres, qui'ont 
la peau nue, parce que les deux premiers genres 
pondent des œufs tout fécondés , dont la coque est 
dure , et que les petits qui en sortent ont la forme 
qu'ils.doivent toujours conserver; tandis que les 
deux autres pondent des œufs mous, qui s’enflent 
après être entrés dans l’eau, et que leurs petits ont 
d’abord une forme assez semblable à celle des 
poissons , vivent comme eux dans l’eau , et res- 
pirent ‘par des branchies pendant un temps assez 
long, après lequel ils prennent la forme de leurs 
parens. | 

Les poissons se distinguent en deux familles prin- 
cipales , trés-diférentes en nombre. La plus petite, 
celle descko ndroptérygiens , ressemble assez à 
certains reptiles, surtout par les organes de la 
génération de ia femelle , qui consistent en deux 
oviductus très-longs , aboutissant d’une part aux 
ovaires, et de l’autre à une matrice commune. 

La seconde famille comprend tous les autres 
poissons , parmi lesquels Panatomiste ne peut établir 
d'autre distinction que celle qui est fondée sur la 
dureté des os, et qui sépare les poissons cartilagi- 
neux des poissons osseux. Les autres caractères 
employés par les naturalistes ont rapport à la 
position respective des nageoires, et à quelques 
pièces peu importantes qui peuvent se trouver de 
plus ou de moins dans les parties qui recouvrent 
extérieurement les brarclmies ; mais elles n’indi- 
quent rien de constant dans l’organisation interne. 


Se 1 PR PR EE 


AnT. V: Division des animaux. 85 


Ta classe des mollusques se divise en trois ordres , 
qui paroissent parfaitement naturéls. Le premier 
comprend les animaux nommés céphalopodes, 
parce qu'ils portent les pieds sur la tête’; leur corps 
est en forme de sac; ils ont trois cœurs ; ils respi- 
rent l’eau par des branchies ; leur bouche est au 
centre des pieds , et ressemble à un bec; leùr tête 

porte aussi des yeux très-srands, et’a des oreilles 
dans l’intérieur ; leur estomac est musculeüx éomme 
ungésier ; leur foie est très-volumineux: Une glande 
particulière produit une liqueur noire, qu'ils répan- 
dent dans le besoin pour obscureir l’eau dela mer 
et s’y cacher. Leurs sexes sont séparés! 111 | 

Les gastéropodes , ainsi nommés parce qu'ils 
rampent sur le ventre; forment le second ordre. 
Is ontune tête mobile, souvent pourvue de tenta- 
cules ; leur cœur est simple; leurs orgänes de la 
respiration varient em forine et en position ; selon 
les genres ; leur foie est trés-volumineux. Les deux 
sexes:sont réunis dans tous les individus : maïs ils 
newpeuvent se féconder eux-mêmes, et ils ont 
besoin, pour cela , d’un accouplement réciproque. 
Un grand nombre d'espèces sont pourvues de co- 
quilles, mais ces coquilles ne sont jamais bivalves. 

C’est dans le troisième ordre , celuides acéphales, 

qu'on entrouve de telles. Il y a bien quelques-uns 

de ces animaux qui rampent aussi sur le ventre : 

mais leur tête est enveloppée sousle manteau charnu 

dont les coquilles sont doublées ; où plutôt il n’y a 

Point de tête du tout , mais seulement une bouche. 
F 2 


\ 


84 I°'° Leçon. Economie animale. 


Le cœur est simple , situé vers le dos , et les bran- 
chies sont des feuillets placés des deux côtés, en 
dedans du manteau. Ces animaux n’ont point d’ac- 
couplement du tout. Plusieurs ne peuvent même 
changer de place , et restent perpétuellement atta- 
chés aux rochers. ts 
Les vers, que nous plaçons à la suite des mol- 
lusques, sont ceux dés animaux qui portoient autre-: 
fois ce nom, dans lesquels. on observe un système 
vasculaire , uni à une moelle épinière, noueuse 
comme celle des insectes. Ils forment deux familles ; 
ceux qui ont dés branchies apparentes au dehors, 
et ceux qui en sont privés. Ces derniers paroissent 
avoir les sexes réunis comme les gastéropodes. | 
Les crustacés ne fournissent non plus que deux 
divisions. 
Les insectes se divisent d’abord en deux grands, 
embranchemens. Le premierscomprend ceux qui 
ne peuvent mâcher des corps solides, et ne vivent. 
qu’en suçant des liqueurs végétales où animales. 
Les uns (les Aémiptères ou ryngotes) ne subissent 
qu’une demi-métamorphose, c’est-à-dire que les 
larves ne diffèrent des-insectes parfaits que par les” 
ailes dont elles manquent. Ces insectes ont un bec 
aigu , qui contient plusieurs soies capables d'entamer 
‘la peau. Leur estomac est simple , musculeux ; 
leurs intestins assez courts. 
D’autres ( les diptères ou antliates ) subissent 
une métamorphose complète. Leur larve ressémble 
à un ver; leur nymphe est immobile. L’insecte 


ART. V. Division des animaux. 85 
parfait n’a que deux ailes ; son suçoir est armé de 
soies ou de lancettes, et ils ont souvent en outre une 
trompe charnue à deux lèvres; les trachées don- 
nent dans des sacs à air , qui occupent souvent la 
plus grande partie de l’abdomen. 

Un troisième ordre, celui dés papillons (Zépi- 
doptères ou glossates ), subit aussi une métamor- 
phose complète. Sa larve (la chenille) est pour- 
vue de fortes mâchoires, d’un canal intestinal, 
court, droit, gros, très-musculeux, de vaisseaux 
hépatiques très-longs, et de vaisseaux propres à 
produire de la soie. L/insecte parfait a des boyaux 
très-minces, tortueux ; un estomac boursouflé , des 
trachées garnies de vésicules, etc. Sa bouche est un 
double siphon contourné en spirale. 

Enfin il y a un petit nombre des insectes de cet 
“embranchement qui n’ont point de métamorphose 
du tout , et ne prennent jamais d’ailes. 

L'autre embranchement , celui des insectes pour- 
vus de mâchoires et se nourrissant de substances 
solides , comprend aussi plusieurs ordres. Les 
coléoptères ont deux ailes qui peuvent se replier 
sous deux étuis, Leur métamorphose est complète ; 
leur larve a six pattes courtes, un corps en forme 
de ver, une tête écailleusé , des mâchoires fortes, 
un intestin court et gros, quatre longs vaisseaux 
hépatiques, des trachées tubuleuses, etc. L’insecte 
parfait a quatre mâchoires, dont les deux infé- 
rieures portent les palpes , et sont en partie recou- 
vertes par la lèvre inférieure > qui en porte aussi. 

F 3 


86 [°° Leçon. Economie animale. 


Son canal intestinal est souvent beaucoup plus long 
que celui de la larve. Les parties de la génération 
remplissent la plus grande partie de l'abdomen. 

Cet ordre pourroit être lui-même subdivisé en fa- 
milles, dont plusieurs ont de trés-bons caractères ana- 
tomiques ; par exemple : Les scarabées ; leur larve 
a un canal alimentaire divisé en estomac, intestim 
grêle, colon et rectum ; le colon est gros êt bour- 
souflé ; l'estomac a plusieurs couronnes de cœcums; 
les trachées sont tubuleuses, L’insecte parfait a des 
intestins très-longs, minces, sans dilatations sen- 
sibles : ses trachées sont vésiculaires ; ses testicules 
sont très-nombreux. Les carnassiers , qui ont six 
palpes : leur canal intestinal, dans l’état parfait, 
est trés-court ; ils ont deux estomacs, dont le se- 
cond: est velu par dehors, etc. 

Le second ordre des insectes à mâchoires est 
celui des orthoptères ou ulonates. Les étuis de 
leurs ailes sont mous; elles se replient en éventail 
dessous. Leurs mâchoires sont recouvertes par une 
pièce particulière, nommée galète. Leur estomac est 
quadruple ; souvent même il y en a plus de quatre: 
leurs vaisseaux hépatiques sont extrêmement nom- 
breux et multipliés. Ces insectes ne subissent qu’une 
demi-métamorphose ; on voit même souvent dans 
leurs larves l’ébauche des parties de la génération. 

Le troisième de ces ordres comprend les névro- 
pières , dont les quatre ailes sont garnies de ner- 
vures qui se croisent en forme de treillis. {1 paroit 
peu naturel dans son ensemble , n'ayant pas beau- 


Arr. V. Division des animaux. : 87 


coup de caractères anatomiques communs ; mais il 
comprend quelques familles naturelles remarqua- 
bles, comme : Les Zibelles ou odonates ; leur larve 
atteint sa proie de loin , par l’extensionsubite qu’elle 
peut donner à la lèvre inférieure ; son canal ali- 
mentaire est court, droit, et peu dilaté à l’endroïit de 
Pestomac ; le rectum est en même temps l'organe 
principal de la respiration , les trachées y prennent 
presque toutes leurs racines : les parties internes 
de l’insecte parfait sont plus grêles que celles de la 
larve , et ses trachées sont vésiculaires. Les agna- 
thes : leur larve est long-temps sans se métamor- 
phoser , mais l’insecte parfait périt au bout de 
quelques heures; il n’a que des vestiges de mä- 
choires, etc. 

Le quatrième ordre est celui des zyménopières 
ou piézates, qui ont quatre ailes veinées ,maïs non 
en treillis. Ces insectes out des rapports avec les 
coléoptères par la disposition de leurs mâchoires 
et par leur métamorphose complète. Leur canal 
intestinal , fort gros dans l’état de larve , l’est beau- 
coup moins dans l’insecte parfait, où il n’a qu’une 
où deux légères dilatations, C’est parmi les hymé- 
noptéres que se trouvent les insectes les os indus- 
trieux, et notamment les abeilles. 

Enfin il y a un petit nombre d'insectes à mâ- 
choires, sans ailes, dont il n’y a rien à dire de 
général concernant leur anatomie. 

Les zoophytes se divisent très- naturellement, 
selon l’ordre de leur simplicité. Le premier ordre, 
F 4 


“ 


88 ‘© I‘ Leçon. Economie animale. 


les échinodermes, comprend des zoophytes pourvus 
de pieds , de dents, d’un estomac et d’un canal 
intestinal distincts, et qui ont des organes respira- 
toires bien marqués ; ce sont les oursins, les étoiles 
de mer, etc. On peut faire un second ordre de ceux 
qui ont encore des organes digestifs , ou des organes 
respiratoires distincts, sans dents; ce sont les rré- 
duses, les actinies , etc. Enfin les polypes, tant 
ceux qui sont nus , que ceux qui se forment ces 
demeures pierreuses appelées coraux, semblent ne 
consister qu’en un sac gélatineux dont l’ouverture 
est entourée de quelques tentacules, et ils se trou- 
vent placés au dernier rang de l’animalité. 


N. B. Les tableaux placés à la fin de ce volume 
contiennent le résumé du chapitre précédent, et 
l’'énumération de tous les genres qui entrent dans 
les différentes divisions et subdivisions que nous 
venons d'exposer. 


DEUXIÈME LECON. 


Des organes du mouvement en général. 


} 


Not s allons employer la première partie de ce 
cours à décrire les organes du mouvement, c’est- 
à-dire les os et les muscles ; mais, avant de traiter 
de ce qui regarde chaque os et chaque muscle en 
particulier , ex@minons la structure mécanique, la 
nature chymique et les fonctions organiques du 
système osseux et du système musculaire en général, 
et les variations qu’ils subissent sous ces trois" Tap- 
ports, dans les diverses classes d'animaux. 


ARTICLE PREMIER 
De la fibre musculaire. 


Ux£ portion quelcohque de muscle présente , au 
premier coup d’œil, des filamens tantôt rouges, 
tantôt blancs, selon l'espèce d'animal dent elie 
vient , qui sont rangés aux côtés les uns des autres, 
el semblent former des faisceaux minces, ou plutôt 
des filamens plus gros, qui eux-mêmes constituent 
le muscie par leur réunionsOn voit quelques inter- 
valles entre les faisceaux : dans les animaux à sang 

rouge et les mollusques, ces intervalles sont remplis 
par une ceLulosité plus fine que celle qui sépare les 


go II Leçon. Des organes du mouvement. 


muscles, et moins serrée que celle qui forme leurs 
enveloppes. Les filamens qui composent chaque 
faisceau sont unis par une cellulosité encore plus 
fine que toutes les autres ; et lorsqu'on examine un 
de ces filamens au microscope, on voit qu'il se 
divise encore en filamens plus petits, quoique sem- 
blables et réunis de laméme manière. Cette divi- 
sion se continue aussi loin que nous pouvons la 
suivre, et nos instrumens ne nous en montrent 
point le terme. 

Les derniers de ces filamens, gu les fibres lès 
plus déliées que nous puissiens appercevoir, ne 
paroissent point creuses : on ne voit nullement 
qu’ellesicontiennent une cavité ; et il semble qu’on 
peut'les regarder comme les réunions les plus sim- 
ples des molécules essentielles de la substance 
charnue. En effet, elles se forment , on pourroit 
même dire se crystallisent à vue d’ocil, lorsque le 
sang se fige; car lorsqu'un muscle a été débarrassé, 
par l’ébullition et la macération, du sang, des 
autres humeurs, et en général de toutes les subs- 
tances étrangères à sa fibre , qu’il pouvoit contenir, 
il présente un tissu filamenteux, blanc, insoluble , 
même dans l’eau bouillante, et ressemblant, par 
toutes ses propriétés chymiques , à la substance qui 
reste dans le caillot du sang, après qu’on en a 
enlevé la partie colorante par le lavage. Cette 
matière a sur-tout, par l’abondance d’azote qui 
entre dans sa composition , un caractère d’animalité 
peut-être plus marqué que les autres substances 


4 


Arr. I. De la fibre musculaire. 91 


animales. Les élémens de la substance fibreuse 
paroissent donc tellement rapprochés dans le sang, 
qu'il suflit d’un peu de repos pour qu’ils se coa- 
gulent; et les muscles sont sans doute, dans l’état 
de vie, les seuls organes capables de séparer cette 
matière de la masse du sang , et de se l’approprier. 
Ce n’est pas seulement le sang rouge qui con- 
tient de la fibrine (les chymistes ont donné ce 
nom à la substance qui nous occupe ): le fluide 
blanc qui tient lieu de sang à tant d'animaux , en 
contient également ; mais elle ne s’y prend pas en 
caillot ; et ses filamens nagent seulement dans le 
sérum (1). k 

Comme les substances dont se forme le sang ne 
contiennent ; au moins dans les animaux qui se 
nourrissent d'herbe , rien qui ressemble à cette 
matière fibreuse, et que, même dans ceux qui 
vivent de chair, elle paroît se décomposer par l’acte 
del a digestion, et n’est plus manifestementconte- 
nue ni dans leur chyle ni dans leur lymphe, on 
peut croire que c’est par la respiration que la 
composition du sang se trouve altérée , de manière 
à le rendre propre à engendrer cette substance. 
Cette idée s’appuie sur la nature des opérations 


(1) Cette observation n'ayant point encore été publiée 
par son auteur, je dois dire qu’elle appartient au citoyen 
Hombert (du Havre), chymiste très - ingénieux , qui 


| IR \ : < , 
soccupe avec succès de la chymie animale comparée. 


2 II Læcon. Des organes du mouvement. 
LT » le] 


chymiques qui constituent Pacte de la respiration , : 
et sur l’effet de cette fonction dans le système orga- 
nique. En effet, la respiration enlevant sur-tout 
au sang de l’hydrogène et du carbone, elle y aug- 
mente la proportion de l’azote ; et, comme on sait 
que c’est elle qui entretient l’irritabilité musculaire, 
il est naturel de penser qu’elle le fait en augmen- 
tant la quantité de la substance dans laquelle seule 
cette irritabilité réside. | 

Mais , quoiqu'il n’y ait point d’irritabilité sans 
fibrine , ceite propriété ne se manifeste point dans 
la fibrine pure , isolée, et hors de l’agrégation 
organique ; elle ne la conserve que dans l’état de 
vie , eltant que subsistent ses connexions naturelles 
avec les nerfs et les vaisseaux, ou du moins avec 
leurs dernières branches. En effet , 1l n’est point de 
chair distinctement telle , qui ne soit pénétrée dans 
tous les sens par des filets nerveux ; et quoiqu’on 
ne puisse suivre ces filets jusqu’aux endroits où ils 
se distribuent à chaque fibre en particulier , la sen- 
sibilité de toutes les portions , même les plus 
exiguës, de la substance musculaire, ne permet pas 
de douter que cette distribution m’ait lieu. Les 
animaux qui n’ont point de nerfs distincts et séparés 
n’ont point non plus de fibres charnues visibles ; 
et, comme nous l’avons déja vu, l’irritabilité et la 
sensibilité ne paroïssent point exclusivement attri- 
buces chez eux àdes systèmes particuliers d'organes. 
L'existence des vaisseaux et celle de la cellulosité 
ne sont ni aussi nécessaires ni aussi générales ; 


Arr. I. De la fibre musculaire. 93 


. car'les muscles des insectes , quoique très-distincts 
et très-puissans , ne contiennent ni l’une ni les 
autres. Les fibres qui composent ces muscles sont 
simplement contiguës.et parallèles, sans être adhé- 
rentes ; et comme elles ne sont fixées que par leurs 
extrémités , si on coupe leurs attaches, elles s’écar- 
tent , se séparent, comme les fils d’une toile dont 
on arrache la trame. La cellulosité est même déja 
très-rare dans les muscles des mollusques, quoi- 
qu’ils aîent des vaisseaux assez nombreux; mais, 
dans tous les animaux à sang rouge, les fibres mus- 
culaires sont fortement unies par le tissu.cellulaire, 
et elles sont par-tont entrelacées de nombreux 
vaisseaux sanguins. 

La substance colorante du sang paroïît même 
s'attacher iéflavec une sorte de préférence à la sub- 
stance fibreuse ; comme lors de la formation du 
caillot , puisque la couleur rouge paroît plus 
particulièrement propre à la chair musculaire , 
quoique d’autres espèces d'organes paroissent bien 
contenir autant de sang à proportion. Au reste, à 
la couleur près , la tibre des animaux à sang blanc 
est absolument semblable à celle des animaux à 
sang rouge : ceux-ci présentent plusieurs nuances 
de rouge, certaines classes ayant en général les 
muscles plus pâles , savoir , les reptiles et les pois- 
sons , etles muscles eux-mêmes n'ayant pas tous la 
même intensité de rouge. 

L'irritabilité museulaire est cette propriété qu'a 
la fibre charnue de se raccourcir en oscillant, et en 


94 IT Leçon. Des organes du mouvement. 


se fronçant à l’occasion de certaines actions déter. 
minées , extérieures à la fibre elle -même, et dans 
lesquelles on ne voit point de cause mécanique d’un 
tel raccourcissement. Cette propriété est bien dis- 
tincte de leur élasticité qui leur est commune avec 
beaucoup d’autres corps naturels, et d’une auire 
faculté qui léur est commune avec beauconp de 
parties du corps vivant, par laquelle elles tendent 
continuellement à se raccourcir , et le font en effet, 
sitôt qu’elles sont libres: l’irritabihté n’est point 
continuelle ; et lorsqu'elle existe, elle les fait se 
raccourcir, malgré les obstacles ordinaires. 

- Les choses qui excitent occasionnellement les 
fibres à s’'irriter, sont de cinq ordres : la volonté ; 
des actions extérieures dirigées sur les nerfs; des 
actions extérieures dirigées sur la fibréèlle-même ; 
des actions mixtes, dans lesquelles on opère sur le 
nerf et sur la fibre; et enfin certains états maladifs, 
ou certaines passions violentes. 

La volonté, dans l’état de santé et de veille, exerce 
l'empire le plus constant et le plus prompt sur ceux 
des muscles qui, pour cette raison, ont été nommés 
volontaires. Il y en a un petit nombre qui ne lui 
sont point soumis ; ce sont ceux qui produisent dans 
l’intérieur les mouvemens nécessaires à la vie, 

et qui ne peuvent être interrompus, comme le 
cœur et les intestins. Il faut remarquer que quel- 
ques-uns de ces muscles, qui sont involontaires 
dans l’homme et dans plusieurs animaux, obéissent 
à la volonté dans d’autres; tel est, par exemple, 


/ 


ART. I De la fibre musculaire. 95 


Vestomac des animaux ruminans, dont les mouve- 
mens se dirigent à leur gré dans deux sens différens. 
Quelques autres paroissent d’une nature mixte, en 
ce que la volonté peut bien en arrêter l’action , mais 
que l'habitude nous les fait mouvoir, sans même 
que nous y pensions, ni que nous ayons besoin de 
le‘vouloir formellement ; tels sont les muscles de la 
respiration. 

Les muscles absolument involontaires sônt con- 
tinuellement exposés à l’action d’une causeirritante, 
de l’ordre des extérieures, puisque le sang veineux 
qui arrive à chaque diastole détermine le cœur à 
se contracter, et que les alimens en font autant sur 
les intestins. On conçoit par-là qu'ils n’ont pas besoin 
de la volonté pour agir, et que la volonté ne peut 
les arrêter ; car un muscle exposé à nu à l’action 
de causes irritantes se contracteroit même dans 
l’homme vivant , indépendamment de toute partici- 
pation de la volonté. On doit même remarquer que 
les nerfs de ces muscles involontaires sont généra- 
lement moindres que ceux des autres muscles, au 
point qu'on a douté long-temps que le cœur 
en eût véritablement, et cependant l’irritabilité 
des premiers est plus durable et plus facile à ré- 
veiller.que celle des seconds; ce qui prouve que 
cette faculté n’est pas entièrement en rapport avec 
la grandeur des nerfs, quoiqu’elle dépende , au. 
moins en partie, de ces derniers organes. 

” En effet, la cause irritante dont nous parlons, 
la volonté, n’agit que par l’intermède des nerf ; 


É Ne 
6 II° Lrcon. Des organes du mouvement. 
9 8 


et si un nerf est coupé ou lié, les muscles auxquels 
il se distribue n’obéissent plus. On peut imiter cette 
action de la volonté en ébranlant, ou piquant, ou 
déchirant les troncs nerveux ; il en résulte sur-le- 
champ des convulsions dans toutes les parties mus- 
culaires auxquelles leurs ‘branches aboutissent, 
et cela a lieu même après la mort. L’irritation de 
la moelle alongée après la décollation agite tous 
les muscles du visage , et celle de la partie cervicale 
de la moelle épinière met tout lé corps en con- 
vulsion. 

On pourroit , jusqu’à un certain point , regarder 
les passions violentes comme des actes d’une volonté 
fortement excitée , et alors il se trouveroit des cas 
où celle-ci agit même sur les muscles involontaires : 
les palpitations du cœur et des grands vaisseaux , 
la suspension même de leurs mouvemens, en sont 
des exemples. 

On sait qu'onpeut empêcher ces accidens en 
modérant par la sagesse l'exaltation des sentimens 
qui les occasionnent ; la volonté a même, dans les 
maladies nerveuses qui pareissent avoir le moins 
_ de rapport avec les passions, du moins avec celles 
qu'on peut ressentir dans le moment, le pouvoir 
d’en empêcher les accès, lorsqu'on prend sur soi 
d'y résister avec fermeté. 

L'action de la volonté snr les muscles n’est donc 
pas immédiate ;, elle dépend d’une action du nerf 
sur la fibre , que nous pouvons déterminer en vertu 
de cet empire à jamais incompréliensible que l’ame 


# 
Arr. I. De la fibre musculaire. 97 


: exerce sur le système nerveux : mais si ce rapport 
de l’entendement avec le nerf estau-delà des bornes 

_ fixées à nos: connoissances , il n’est pas impossible 

_quenous découvrions un jour la nature du rapport 
du-nerf avec la fibre, qui ne peut être que pure- 
ment physique , et de corps à corps. 
| Les expériences galvaniques rendent extrème- 
ment probable que cette action s'opère par un 
fluide invisibie , dont les nerfs sont les conducteurs 
dans le corps ohne et qui change de nature ou 
de quantité sur la fibre, dans des circonstances 
déterminées. 

Ces expériences consistent, comme ôn sait, à 
établir entre un muscle et le tronc des nerfs qui s'y 
* rendent, une communication extérieure , au moyen 
d’une substance, ou d’une suite de substances, qui 
s'étendent de l’un à l’autre. Les métaux ne sont pas 
les seules substances qu’on puisse employer, et en 
général ces conducieurs ne sont pas exclusivement 
les mêmes que ceux de l’électricité. On a réussi 
quelquefois en laissant de l’intervalle dans la série 
des excitateurs ( c’est le nom qu’on donne à ces 
substances étrangères ); ce qui prouve qu'il y a une 
- atmosphère. 

A instant où le contact a lieu , le muscle éprouve 
… de violentes convulsions; ces expériences réussissent 
sur le vivant, et sur les animaux récemment morts, 
4 même sur les parties séparées du corps, absolument 
gomme celles de lirritabilité hallérienne , sans qu’il 


nullement besoin de corps pointus, ou de 
soi ps P ; 
1 , G 


98 II° Leçon. Des organes du mouvement. 


hiqueurs âcres, et même dans des cas où ces moyens 
ont perdu leur effet. 

Il est évident que les convulsions galvaniques ne 
peuvent être rapportées qu’à un changement d’état 
intérieur du nerf et de la fibre, à la production 
duquel ces deux organes concourent. On a même, 
dans les sensations galvaniques qui arrivent sur le 
vivant , lorsqu’on établit la communication excita- 
trice entre deux branches nerveuses , la preuve 
que ce changement d’état peut avoir lieu dans le 
nerf seul, soit qu’il consiste en un simple mouve- 
ment de translation, ou en une décomposition chy- 
mique. La fibre seroit donc simplement passive 
dans ces contractions : mais il faudroit toujours 
reconnoiïtre qu’elle est la seule partie du corps 
constituée de manière à recevoir cette sorte d’im- 
pression de la part du nerf; car des nerfs se distri- 
buent à une multitude d’autres parties sans leur 
communiquer la moindre apparence d’irritabilité. 

Ainsi l'influence et le concours du nerf sont bien 
démontrés dans quatre des causes irritantes que 
nous avons établies plus haut; c’est-à-dire la volonté, 
les passions et maladies nerveuses, une action 
mécanique dirigée immédiatement sur le nerf, et le 
galvanisme , où l’on agit a la fois sur le nerf et sur 
la fibre. 

Il reste un cinquième ordre de causes irritantes 
à examiner: celles qui agissent, lorsqu'on les 

applique iramédiatement sur la fibre , et sur la fibre 


seule; c’est-à-dire tous les stimulus extérieurs, 
#5 + 


Arr. I. De la fibre musculaire. 99 


comme des corps pointus, etc. Comme il ny a 
aucune portion musculairé qui ne soit pénétrée par 
la substance nerveuse , il est difficile de ne pas 
Vaffecter en touchant la fibre, et il peut paroître 
probable que les contractions que celle-ci éprouve 
dans ce cas, proviennent, comme dans tous les 
précédens, de l'influence du nerf dont le fluide 
intérieur aura changé d’état par l’action du stimulus. 
Un muscle arraché du corps conserve sans doute 
encore assez de portion nerveuse pour être quelque 
temps irritable , et les muscles sur lesquels la volonté 
a perdu son empire par une paralysie, ou par la 
hgature du nerf, peuvent également obéir aux 
stimulus extérieurs, parce que le nerf, dans cet 
état, conserve la faculté de produire ou de trans- 
mettre le fluide qui doit faire contracter la fibre ; 
car, comme nous ignorons absolument la manière 
dont la volonté agit sur les nerfs, nous ne pouvons 
pas prétendre fque l'interruption de son action 
doive être constamment accompagnée de l’interrup- 
tion de celle que les nerfs eux-mêmes exercent sur 
les muscles. # 
… Au reste, tout prouve que cette action du nerf 
sur la fibre n’emporte pas nécessairement con- 
science et sensation. Cela se voit par ces exemples 
de membres insensibles , qui non seulement se 
contractoient par les stimulus, maïs qui obéissoient 
même quelquefois à la volonté; par ceux des vis- 
cères , qui sont dans un mouvement continuel en 
nous sans que nous nous en appercevions; et enfin 


G 2 


100 II= Leçon. Des organes du mouvement. 


par les expériences faites sur des fragmens d’ani- 
maux : car'il paroît répugner aux notions que nous 
avons du 105, et de l’unité de notre être, d’accorder 
des sensations à ces fragmens , quoiqu'il faille 
ayouer que nous avons plusieurs exemples d’ani- 
maux dans chaque partie desquels il se forme , à 
l'instant même de leur division , un centre particu- 
lier de sensations el de volonté. Cette différence de 
V'irritabilité , même de celle qui est volontaire, 
d'avec la sensibilité proprement dite, est encore 
mieux prouvée par les expériences d’Arnemann, 
dans lesquelles un nerf coupé et réuni a recouvré, 
au bout de quelqme temps s la première de ces 
facultés, et non l’autre. Les nerfs et leurs fonctions 
ne dépendent de l'intelligence qu’autant qu’ils 
tiennent à l’arbre général des nerfs: mais ils pa- 
roissent pouvoir exercer par leur prôpre substance 
la partie purement physique de ces fonctions ; et si 
elles dépendent d’un fluide, ce fluide doit pouvoir 
naître de tous les points de la substance médullaire. 
C’est l’opimon de Reil, et elle s’appuie sur des 
expériences déja anciennes de Stenon et d’autres , 
dans lesquelles la ligature d’une artère paralyse 
les muscles auxquels elle se rend. 

Tout ce que nous venons de dire s’applique éga- 
lement aux diverses classes d'animaux. T'outes sont 
irritables , et toutes celles où il y a des nerfs et 
des muscles distincts sont sujettes au galvanisme. 
M. Humboldt en a même tiré un moyen ingénieux 
‘de distinguer dans les plus petits animaux les nerfs 


L. 
Arr. L De La fibre musculaire. 101 


d'avec les artères, ou d’autres parlies, en se servant 
d’une aiguille d’or et d’une d'argent , qu’on applique 
Vurne aux museles , l’autre au filet dont on veut 
reconnoître la nature, et qu’on fait se toucher par 
leur autre extrémité. Si c’est un nerf, des contrac- 
tions doivent s’ensuivre. 

Une fois qu’on a reconnu que le concours du nerf 
est nécessaire pour produire la contraction de la 
fibre, et que de son côté la fibre charnue est seule 
susceptible de subir cet effet de la part du nerf, il 
resteroit à savoir comment, par quel agent, par 
quel intermède, le nerf produit cet effet sur elle. 
Ce qui fait la principale difhculté de cette question, 
est la force prodigieuse avec laquelle les muscles 
se contractent, et la grandeur des poids qu'iis peu- 
vent soulever dans l’état de vie, tandis qu'immé- 
diatement après la mort ils sont déchirés par des 
poids infiniment moindres. Cela porte à croire qu’au 
moment de l’action , non seulement les particules 
qui composent la fibre tendent à se rapprocher dans 
le sens de sa longueur , mais encore que leur cohé- 
sion ; ou la ténacité de la fibre , devient à l'instant 
même beaucoup plus grande ; sans quoi sa tendance 
à se raccourcir n’empécheroit pas sa rupture. Or, 
en supposant même, ce qui paroît au moins bien 
difficile, qu’on puisse imaginer des textures de fibres 
telles que l’accession d’un fluide où d’une vapeur 
puisse leur donner cette tendance , il faudra tou- 

jours convenir qu'il n’y a qu’un changement subit 
dans leur composition chymique, qui puisse en 


G 5 


 { 
102 IE Leçon. Des organes du mouvement. 


augmenter aussi vite et aussi fortement la cohésion. 
Nous ayons déja des exemples de la prodigieuse 
force avec laquelle ies molécules des corps tendent 
à prendre une nouvelle situation, pour peu que 
leur mélange chymique soit changé ; et le plus 
connu de tous est celui que fournit l’eau qui se 
glace. La perte d'un peu de calorique dispose ses 
molécules à se solidifier en aiguilles ; et elles le 
font avec tant de force, qu’elles font éclater les vases 
lés plus solides. La fibre vivante et contractée n’est 
donc plus , absolument parlant, le même corps, n’a 
plus le même mélange chymique que la fibre lâche; 
et ce sont les diverses causes irritantes qui opèrent 
sur elle ce changement par le moyen du nerf. 
Est-ce en perdant eten abandonnant au nerf quel- 
qu’un de ses élémens, ou bien est-ce en recevant 
du nerf quelque élément nouveau , que la fibre 
change aïnsi sa composition ? car on ne peut choisir 
qu'entre ces deux partis. Quel est d’ailleurs cet 
élément qui passe de l’un à l’autre ? existoit-il tout 
formé dans lun des deux , et est-il simplement 
iransmis à l’autre ? ou bien se forme-t-il à l'instant 
de l’irritation par composition ? ou enfin se déve- 
loppe-t-il par décomposition? Voilà les questions dont 
1l faut s'occuper ; les nouvelles expériences galva- 
niques, et celles plus anciennement connues sous 
1e nom impropte de #7agnétiques , jointes aux dé- 
couvertes de la chymie moderne , et suivies avec 
la délicatesse et la précision qu’on met aujourd’hui 
dans la physique, nous permettent d’en espérer la 


Anr. IL. De la substance des os. 103 


sélution. Mais pour engager les hommes à se livrer 
à ces recherches, il ne faut pas les habituer à rap- 
porter chaque effet particulier à une fo rce propre 
et occulte. 


ARTICLE IL. 


De la substance des os et des parties dures qui 
en tiennent lieu. 


Les os des animaux à sang rouge ont une orga- 
nisation et une manière de croître toutes différentes 
de celles des parties qui les remplacent dans les 
autres animaux; il faut donc en traiter séparé- 
ment. 

La substance des os, abstraction faite de la moelle 
et des autres corps ho dont on ne peut la 
débarrasser complétement , donne à l'analyse une 
quantité variable de gelée animale, ou gélatine, 
dissoluble dans l’eau bouillante , se prenant en ge- 
lée par le refroidissement , altérable par le feu et 
la putréfaction, et d’une matière terreuse , disso- 
luble dans les acides, que l’on a reconnue être une 
combinaison de chaux et d’acide phosphorique , ou 
un phosphate de chaux. 

La quantité du phosphate de chzux sugmente 
avec. l’âge dans les os: la gélatine, au contraire, 
s’y trouve d’antant plus abondante, que Von se 
rapproche davantage de l’époque de la naïssance ; 
et dans les premiers temps de la gestation, les os 
| G 4 


\ 


104 IT Leçon. Des orsanes du mouvement. 


du fœtus ne sont que de simples cartilages, ou de 
la gelée durcie ; car le cartilage se résout presque 
entièrement en gelée par l’action de l’eau bouil- 
Jante. Dans les très-jeunes embryons, il n’y a pas 
même de vrai cartilage, mais une substance qui 
a toute l’apparence et même la demi - fluidité de la 
gélatine ordinaire, mais qui est déja figurée et 
enveloppée par la membrane qui doit par la suite 
devenir le périoste. Dans ce premier état, les os 
plats ont l’air de simples membranes ; ceux des o$ 
qui doivent se mouvoir les uns sur les ‘autres 
ont déja des articulations visibles, quoique le pé- 
rioste passe de l’un à l’autre et les enveloppe tous 
dans une gaîne commune : mais ceux qui nie seront 
distingués que par des sutures, ceux du crâne, par 
exemple, forment un tout continu , où rien n’an- 
nonce que ces sutures existeront un jour. 

C’est dans cette base. gélatineuse quese dépose, 
par degrés, le phosphate de chaux ; qui doit donner 
aux os leur opacité et leur consistance : mais il 
ne s’y dépose pas uniformément; encore moins 
s’y mêle-t-il de manière à former avec elle un 
tout homogène. 

I s’y développe des fibres ou des lames d’abord 
séparées, que des fibres ou des lames nouvelles 
viennent réunir, et qui finissent par s’étendre en 
tout sens. 

La surface est plus généralement formée de 
fibres serrées et rapprochées plus ou moins régu- 
liérement ; c’est-à-dire divergentes en rayons dans 


rs ré 


 Anr. IL De la substance des os. 105 


lestos plats, et parallèles dans les os longs. Ces 
fibres maissent de’ certains centres que l’on nomme 
points d’ossification. Chaque os long en à ordinai- 
rement trois : un vers son milieu, qui l'entoure 
comme un anneau, et dont les fibres s'étendent 
parallèlement à Paxe ; et un principal à chaque 
extrémité, accompagné quelquefois de plusieurs 
plus petits: même lorsque les trois pièces osseuses - 
qui résultent de l'extension successive dé ces trois 
centres d’ossificalion, sont parvenues à se toucher, 
elles démeurent quelque temps sans se souder, et 
il ya entre elles'une coùche purement gélatineuse, 
que l’eau bouillante du la macération peuvent dé- 
truire! Ces extrémités portent , tant qu’elles sont 
ainsi distinctes , le'nom d’épiphyses*, par oppo- 
sition avec lé corps de Pos, qui porte celui de 
dicphiyse. Dans les o$ plats, les’centres d’ossifi- 
cation représentent, pour aisi dire, des soleils dont 
les rayons sont les fibres osseuses que leur blan- 
cheur opaque fait ressortir à œil, sur le fond 
deti-transparent du cartilage dans lequel elles se 
développent. Dans les os ronds, ces centres res- 
semblent à des grains ou à des noyaux. Dans les 
oS"très-anguleux , ils ont des positions et des formes 
variées. 

Lorsque’ les fibres d’un centre sont parvenues, à 
toucher de toutes paris celles des centres voisins , 
lesros ne sont plus séparés que par des sutures, 
qui peuvent. s'effacer plus ou moins promptement. 
Plusieurs’des fibres s’écartent pour se rapprocher 


106 Il‘ Lecçox. Des organes du mouvement. 


de leurs voisines, à droite ou à gauche ; en sorte 
qu’au total il en résulte un véritable réseau: des 
couches nouvelles se placent sur ou sous les pre- 
mières, et donnent à cette partie extérieure des 
os un aspect lamelleux. On a coutume de regarder 
comme des os simples ceux dont les parties ossifiées 
se soudent dès la première jeunesse, comme les 
vertèbres , los occipital, le ‘frontal, etc. ; tandis 
qu’on regarde comme des os distincts ceux qui ne 
se soudent avec les os voisins que dans un âge 
très-avancé , et on leur donne des noms particu- 
liers. Ainsi le frontal, qui demeure quelquefois 
séparé des pariétaux jusque dans la dernière vieil- 
lesse , est regard comme un os. distinct ; maïs en. 
même temps on le regarde comme un os simple, 
quoique les deux parties qui le composent toujours 
dans les premières années, restent souvent séparées 
jusqu'a trente et quarante ans. 

Pendant que la surface des os arrive, par cette 
accumulation successive de phosphate calcaire , à 
une consistance plus ou moins grande, leur inté- 
rieur reçoit aussi des lames et des fibres de cette 
même substance, mais qui s’y rapprochent ordinai- 
rement beaucoup moins : les lames y sont jetées, 
pour aïnsi dire, au hasard, comme les lames molles 
le sont dans le tissu cellulaire ordinaire ; en sorte 
que leur ensemble représente une véritable cellu- 
losité durcie par l’accession de la matière terreuse. 
À mesure que ce tissu spongieux prend de la con- 
sistance , la substance gélatineuse qui remplissoit - 


Arr. II De la substance des os. 107 


d’abord toute la solidité de l'os, semble disparoître, 
et se concentrer dans les parties vraiment ossifiées. 
11 se forme par là des vuides qui viennent à être 
occupés graduellement par une malière grasse, 
appelée suc moelleux. Les choses restent toujours 
ainsi dans les os plats, où cette partie spongieuse 
el imbibée de moelle , comprise entre deux sur- 
faces compactes, est nommée diploé. Mais dans les 
os longs il se forme au milieu du corps de l’os 
un vuide plus considérable , qui s'étend successi- 
yement vers les extrémités, en faisant disparoitre 
la substance spongieuse ; de façon qu’à la fin les 
forme un véritable tube, dont les extrémités seu- 
lement sont remplies par une spongiosité osseuse, 
et dont toute la partie moyenne est occupée par 
une espèce de cylindre d’une moelle renfermée 
dans une membrane très-fine, et pourvue de vais- 
seaux et de nèrfs abondans, qui y pénétrent par 
les trous de la substance compacte de l’os. 
L’ossification ne se fait pas avec la même rapi- 
dité dans tous les animaux, ni dans tous les os du 
même animal. Ainsi nous voyons que dans l’homme 
êt dans les autres mammifères, les os que ren- 
ferme l'oreille interne sont non seulement ossifiés 
avant tous les autres, mais encore qu'ils les sur- 
passent tous par leur densité, et par la quantité 
proportionnelle de phosphate de chaux qu’ils con- 
tiennent. L’os de la caisse du tympan, dans les 
cétacés, et sur-tout dans la baleine et le cachalot, 
devient d’uné densité et d’une dureté supérieures 


108 Il° Lecox. Des organes du mouvement. 


à celles du marbre. Sa coupe paroïît aussi homo- 
gène , et ne laisse appercevoir aucun vestige ni de 
fibres, ni de tissu cellulaire, ni de vaisseaux. Il 
est au contraire d’autres os qui ne prennent qu’assez 
tard la {consistance qu’ils doivent avoir : les épi- 
physes, par exemple, ne s’ossifient qu’assez long- 
temps après le corps des os auxquels elles appar- 
tiennent. Il y a enfin des cartilages qui, dans cer- 
taïnes classes d'animaux , n’admettent jamais assez 
de phosphate calcaire pour obtenir une consistance 
entièrement osseuse ; tels sont ceux des côtes et du 
larynx : en sorte que, malgré la propension qu’a 
en général la gélatine à recevoir la substance cal- 
caire, comme on le voit par l’exemple des tendons 
et des autres organes blancs qui s’ossifient plus aï- 
sément que les autres, et quoiqu'il n’y ait aucun 
os qui n'ait été auparavant à l’état de cartilage, il 
y a plusieurs cartilages qui ne se changent jamais 
en os. ÿ 

Les mêmes différences qui existent à cet égard 
entre les divers os d’une même espèce, se re- 
trouvent d’espèce à espèce à l’égard du squelette 
entier. 

Non seulement les os d’un animal prennent 
d'autant plus tard la dureté qu'ils doivent avoir, 
que cet animal est plus de temps à prendre son 
accroissement ; mais il y a des animaux dont l’os- 
sification n’est jamais complète, et dont le sque- 
lette demeure toujours cartilagineux. Tels sont les 
squales, les raies, les esturgeons, et tous les 


Arr. II. De la substance des os: 109 


poissons nommés à cause de cela les cartilagmeux, 
ou les chondroptérygiens ; et quoique les os des 
poissons ordinaires , des reptiles et des serpens ; 
durcissen: davantage, ils conservent cependant tou- 
jours beaucoup plus de flexibilité, et la partie gé- 
latineuse y reste dans une proportion beaucoup 
plus considérable que dans ceux des animaux à 

._ sang chaud. Aussi ces animaux-là croïissent-ils pen- 

dant toute leur vie; car on a remarqué que c’est 
le cartilage seul qui croit, et qu'une fois que l’os 
a atteint toute sa dureté, il a aussi atteint toutes 
ses dimensions. Alors l’animal ne peut plus prendre 
que de la grosseur ; c’est même là l’époque où 
commente la marche rétrograde de son économie, 
et où il fait les premiers pas vers la vieillesse et 
la décrépitude. 

Indépendamment de la rapidité de l’ossification 
et des proportions entre les partiès constiluantes 
des os, les animaux différent entre eux par le tissu 
de ces os, et par les cavités de différente nature 
qu'on y observe. L'homme a un tissu intérieur 
très-fin ; les lames de sa spongiosité sont minces et 
rapprochées ; les endroits où ce tissu approche da- 
vantage de l’apparence d’un réseau, présentent des 
fibres longues et déliées. Les quadrupèdés ont gé- 
néralement ce tissu plus grossier ; les cétacés l'ont 
plus lâche : leurs cellules sont plus grandes ; les 
lames qui les forment , plus larges ; et il est facile 

— de distinguer les fibres de la partie extérieure, 
» qui, dans les mâchoires et les côtes des baleines 


/ 


a10o I° Lecçox. Des organes du mouvement. 


et des cachalots, deviennent, par la macération ; 
aussi distinctes que celles d’un bois à demi pourri, 
quoiqw’elles ne suivent pas à beaucoup près pour 
la grandeur la proportion des animaux. auxquels 
elles appartiennent, la fibre osseuse ayant en gé- 
néral , ainsi que la musculaire , des dimensions qui 
paroissent dépendre plutôt de son mélange chy- 
mique que d’autres circonstances. 

Les os des oiseaux sont d’une substance mince, 
ferme , élastique , et qui semble formée de lames 
collées les unes sur les autres. Les reptiles et les 
poissons montrent en général plus d’homogénéité : 
la matière calcaire semble plus uniformément ré- 
pandue dans la gélatineuse ; et cela devient d’au- 
tant plus marqué, qu’on s'approche davantage des 
poissons cartilagineux , dans lesquels la gélatine 
prend le dessus et semble masquer les parcelles 
de phosphate qui s’y mêlent. 

Plusieurs animaux n’ont point de grandes ca- 
vités médullaires, même dans leurs os longs. On 
n’en trouve aucune dans ceux des cétacés et des 
phoques. Caldesi avoit remarqué cela, il y a 
long-temps, à l’égard de la tortue ; et je l’ai ob- 
servé comme lui: cependant le crocodile en a 
de très-marquées. 

. Il se développe encore dans certains os d’autres 
cavités qui ne contiennent point de moelle, et 
qui portent le nom de szrzus : elles communiquent 
plus ou moins immédiatement avec l'extérieur. 
L'homme en a dans l'os frontal, dans le sphé- 


ART. TI. De la substance des os. 111 


noïde, dans les os maxillaires qui communiquent 
avec la cavité nasale. 

Dans plusieurs mammifères , ces sinus s'étendent 
beaucoup plus loin ; ils pénètrent dans une grande 
partie de l’épaisseur du crâne; ils vont jusqu’à 
V’occiput dans le cocon ; et ce sont eux qui gon= 
flent si singulièrement le crâne de l'éléphant. Ils 
pénètrent jusque dans l’épaisseur des os des cornes 
dans les bœufs , les boucs et les moutons. Les 
gazelles ont seules, parmi les animaux à cornes 
creuses, le noyau de leur corne solide ou spon- 
gieux, sans grande cavité. 

Nous avons d’autres sinus dans l’os temporal, 
qui communiquent avec la caisse du tympan. C’est 
sur-tout dans les oiseaux que ceux-ci s'étendent ; 
ils y occupent autant de place que les sinus du nez 
dans les quadrupèdes; ils ont même sur le crâne de 
la chouette le même effet que les autres sur celui 
de l'éléphant. 

Les oiseaux ont à cet égard une structure fort 
particulière : tous leurs os, presque sans exception, 
sont vuides à l’intérieur ; mais leurs cavités ne con- 
tiennent que de l’air, et jamais de moelle. Ce sont 
de véritables sinus dans leur genre, qui, au lieu 
de se borner à la tête, comme ceux des quadru- 
pèdes , s'étendent à tout le squelette et qui sont en 
communication directe avec les poumons; l’air qu’on 
pousse dans la trachée artère, sortant par un trou 
fait à un os quelconque, et réciproquement. Ceite or- 
ganisation réunit dans leurs os la légéreté et la force 


\ 


a12 IT Lxçon. Des organes du mouvement. 


dont ils ayoient besoin pour le genre de mouvement 
qui leur avoit été assigné ; et elle les éloigne comme 


tout le reste de leur structure, des animaux à sang 


froid, dans les os desquels les cavités quelconques 
sont rares ou peu considérables. 

Le périoste est une membrane blanche, forte, 
qui adhère à toute la superficie des os, excepté 
à leurs facettes articulaires : on lui donne le nom 
de périchondre, lorsqu'il ne recouvre que des car- 
tilages. Cette membrane a beaucoup de vaisseaux ; 
c’est par elle que passent ceux qui portent le sang 
aux cartilages et aux os. On sait que la gélatine est 
contenue en nature dans le sang, et qu’elle fait une 
assez forte partie du sérum, ou de la portion .de 
ce fluide qui demeure liquide lors de la formation 
du caillot. On sait également qu’il y a du phosphate 
de chaux dans le sang , et sur-tout que le lait, nour- 
riture naturelle de l’homme et de plusieurs ani- 
maux à l’époque où leur ossification est la plus 
active, contient beaucoup de cette substance. Ainsi 
on conçoit aisément d’où les os tirent leur nourri- 
ture ; maïs on n’est pas d’accord sur la manière 
dont le phosphate calcaire s’y dépose : les uns pen- 
sent qu'il transsude des parois des artères; d’autres, 
qu'iltraverse simplement leursextrémités ouvertes; 
d’autres enfin , que les artèress’ossifientelles-mêmes. 
11 seroit peut-être plus probable qu’il se combine 
avee la gélatine du cartilage, et que ceite combi- 
naison a lieu sur-tout à l’époque où l’abondance du 
phosphate est plus considérable dans le sang par 


ee 


Ave: II. De la substance des os. 113 
Îe genre, de nourritufe queprend l’animal, ou par 
la disposition. générale des organes qui agissent 
dans la foymation de son sang. On ne sait que trop 
qu'il ya dés maladies dans lesquelles le phasphate 
-culéaire se trouve enleÿé aux os par des aflinités- 
-pluspuissantes ; et d’autres où sa:trop grande abon- 
_ «dance porté la rigidité dans des organes auxquels 
_elle est nuisible, où produit des excroissances plus 
Low imoms -monstrueuses. Sa mauvaise proportion 
dans le corps vivant y cause les maladies les plus 
douloureuses et les plus. incommodes. 
-n Parmi les phénomènes les plus singuliers de 
: Vostéogénie ; ou du développement de a substance 
osseuse, l'anatomie comparée nous présente sur< 
stout la formation du'bois du cerf. 
Ce bois, dans son état parfait, est un véritable 
os, et par sontissu:, et par ses élémens : sa partie 
extérieure est dure, compacte, fibreuse ; l’interne 
est spongieuse, très-solide, sans grands vuides, sans 
scavitémédullaire , et sans sinus. On sait assez quelles 
sont ses formes extérieures, soit dans les différentes 
espèces ; telles que: l'élan, le renne , le daim, le 
-cerf > le cheyreuil, etc., soit aux différens âges 
-d’üne même espèce, Ces objets apparliennent à 
histoire naturelle proprement dite. Sa base adhère 
et fait corps avec l’os frontal, de manière qu’à cer- 
“aines époques on ne pourroit point déterminer dans 
leur tissu intérieur de limite entre l’un et l’autre: 
mais la peau qui recouvre le front ne va point au- 
“delà ; un bourrelet osseux et dentelé l’arrête ; et il 
M H 


114 Il° Leçon. Des organes du mouvement. 


n’y a sur ce bourrelet et sur le reste du bois, ni 
peau ni périoste. On y voit seulement des sillons 
plus ou moins profonds, qui sont des vestiges des 
vaisseaux qui rampoient à sa surface lorsqu'il étoit 
encore mou. Ce bois, ainsi dur etnu, ne demeure 
jamais qu’une année sur la tête du cerf : l’époque 
de sa chüte varie selon les espèces; mais lorsqu'elle 
est prochaine, on voit, en le sciant longitudinalement, 
une marque de séparation rougeâtre entre lui et 
la proéminence de l’os frontal qui le porte. Cette 
marque devient de plus en plus forte ; et les par- 
ticules osseuses qui se trouvent en cet endroit fi- 
nissent par perdre leur adhérence. À cette époque, 
un choc, souvent léger , fait tomber l’un et l’autre 
de ces bois, à deux ou trois jours de distance au 
plus. 

La proéminence de l’os frontal ressemble alors 
à un os rompu ou scié en travers, sur lequel on 
apperçoit à nu le tissu spongieux. La peau du 
front ne tarde pas à la recouvrir ; et lorsque le 
bois doit repousser , on voit s’élever un tubercule, 
qui est et qui demeure couvert par une production 
de cette peau, jusqu’à ce qu’il ait acquis son par- 
fait accroissement. Pendant tout ce temps, ce tuber- 
cule est mou et cartilagineux : sous sa peau est un 
véritable périoste sur lequel rampent des vaisseaux , 
souvent gros comme le petit doigt, qui pénètrent 
dans tous les sens la masse du cartilage. Celle-ci 
s’ossifie petit à petit comme tout autre os ; elle 
passe par les mêmes états qu’un os’de fœtus ou 


Arr. Il! De la substance des os. 115 


d’enfant , et elle finit par devenir un os parfait. 
Pendant ce temps le bourrelet de sa base, entre 
les dentelures duquel passent les vaisseaux ; se dé- 
veloppe aussi. Ces dentelures , en grossissant, res- 
serrent les vaisseaux, et enfin les obstruent : alors 
la peau et le périoste du bois se dessèchent, meurent 
et tombent ; et l’os se retrouvant à nu , ne tarde 
pas à tomber luimême pour renaître de nouveau, 
et toujours plus considérable. 

Les bois de cerf sont sujets à des maladies abso- 
lument semblables 4 celles des os ordinaires. On 
en voit dans lesquels la matière calcaire s’est 
extravasée, et a formé différentes exostoses ; et 
d’autres où elle s’est trouvée trop peu abondante, 
et qui sont restés poreux , légers et sans consis- 
tance. 

Les coquilles sont des enveloppes d’une substance 
calcaire, d’un tissu tantôt feuilleté , et tantôt aussi 
dense et aussi dur que le marbre : elles servent 
d’enveloppe à un grand nombre d’animaux de la 
classe des mollusques ; et chacun sait que la va- 
riété de leurs formes , les nuances plus ou moins 
tranchées de leurs couleurs, et l’éclat de leur nacre, 
en font un des plus beaux ornemens des cabinets 
des curieux. L'histoire naturelle fait suffisamment 
* connoître leurs formes, et les rapports de ces formes 
avec les. ordres et les genres des animaux qui les 
habitent : il n’est question ici que de leur texture, 
de leur accroissement , et de la manière dont elles 
sont liées au reste du corps. 

H 2 


#16 II° Leçon. Des organes du mouvement. 


Elles sont composées, comme les os, d’une ma- 
tiére calcaire , intimement unie à une substance 
gélatineuse , et qu'on peut également en séparer 
par le moyen des acides : mais cette matière n’est 
point disposée par lames ou par fibres ; elle est 
uniformément répandue dans tout le corps de la 
coquille ; on distingue seulement dans quelques 
espèces des couches assez faciles à séparer, et 
collées les unes sur les autres, comme les feuilles 
de papier qui forment un carton. L'observation a 
appris que ces couches n’existent point toutes dans 


à à eue RE 
les jeunes animaux ; il n’y a que les plusintérieures, 


qui sont en même temps les plus petites. À mesure 
que l'individu avance en àge , il se forme à la face 
interne de la coquille une couche nouvelle qui dé- 
borde toutes les couches précédentes ; en sorte que 
cette coquille prend à chaque fois un accroissement 
en longueur et en largeur, comme en épaisseur. 
Voila des faits certains : il suffit, pour s’en assurer, 
de comparer des coquilles de même espèce qui 
aient appartenu à des individus de différens âges ; 
on verra toujours moins de couches à celles qui 
proviennent d'individus plus jeunes. Les jeunes 
moules, qu’on peut observer avant même qu’elles 
aient quitté la matrice de leur mère, n’ont alors 
qu’une seule couche à leur coquille, et cette co- 
quille n’est pas pour cela molle ou gélatineuse : 
elle a la même rigidité que la coquille adulte ; et 
si elle est beaucoup plus fragile, c’est qu’elle est 
beaucoup plus mince. 


Art. IL. De la substance des os. 117 


Mais ces couches qui doivent successivement venir 
en augmenter l'épaisseur , sont-elles produites par 
développement , ou par simple juxta-position ? Des 
vaisseaux nourriciers vont-ils déposer le suc cal- 
caire dans les divers points de leur épaisseur , où 
transsudent - elles seulement au travers de la peau 
de l'animal pour se coller aux couches préexis- 
tantes ? Voilà des questions sur lesquelles les phy- 
siologistes ne sont point d'accord. 

Le CORPS des limaçons ne paroïît adhérer à la 
coquille qu’à l'endroit des muscles seulement ; et 
Réaumur ayant placé entre ce corps et les en- 
droits de la coquille qu’il avoit cassés exprés, des 
pellicules minces , ces cassures ne se sont point ré- 
parées , tandis que celles où aucun obstacle n’ar- 
rétoit les sucs qui pouvoient y arriver de la sur- 
face de la peau, se remplissoient promptement. 

Ces faits prouveroïient en faveur de la simple 
juxta-position , d’une matière transsudée ; cepen- 
dant on voit, d’un autre côté, que l'huître et la 
moule adhèrent à leur coquille non seulement par 
les muscles , mais encore par tout le bord de 
leur manteau. De plus , l’huitre a toujours à sa 
valve convexe , entre les deux dernières couches 
calcaires , un vuide considérable , rempli d’une eau 
fétide et amère , etqui communique avec lPintérieur 
du corps par une ouverture particuliere. Comment 
ce vuide se formeroit-il , et sur-tout comment se 
détruiroit-il à chaque nouvelle formation de couche, 
si des vaisseaux artériels et des vaisseaux absorbans 


H 3 


118 II° LEcon. Des organes du mouvement. 


ne pénétroient dans l’intérieur des couches , n’en 
déterminoient la position, et n’en enlevoient de 
temps en temps les molécules ? 

Quelques observations semblent prouver qu'il y 
a des testacés qui se dépouillent entièrement de 
leurs coquilles à certaines époques, pour en pro- 
duire de nouvelles : mais cette reproduction pour- 
roit bien aussi se faire par développement comme 
celle des bois de cerf; el si c’est aussi un dévelop- 
pement qui produit les couches intérieures des co- 
quilles qui ne tombent point , on pourra le, com- 
parer à celui qui produit les couches intérieures des 
cornes creuses des bœuf, des moutons, et de tant 
d’autres mammifères ruminans , et même à celui 
qui produit l’épiderme dans tous les animaux ; c’est- 

_à-dire que ce sera un desséchement , une espèce de 
mort d’une membrane qui sembloit avoir une sorte 
d'organisation tant qu’elle étoit restée à l’abri du 
coniact de l’élément extérieur , ou qu’elle n’avoit 
pas acquis toute la solidité qui lui convenoit. 

Il paroït que c’est la la manière dont se déve- 
loppent toutes les parties dures qui remplacent les 
os dans les animaux sans vertèbres. Dans les écre- 
visses , par exemple, la croûte calcaire, qui leur 
tient lieu en même temps de peau et de squelette, 
ne croît plus lorsqu’elle a une fois atteint son degré 
de dureté ; l’animal n’en continue pas moins pour 
cela à développer toutes ses parties molles. Lors- 
qu’elles sont trop serrées par l’enveloppe , celle-ci 
se fend et se détache; mais il s’en trouve à point 


‘ 


Aer. Il. De la substance des os. 119 


nommé une autre dessous , qui se formoit pen- 
dant que l’autre perdoït sa connexion avec le corps, 
et mouroit, pour ainsi dire. Cette enveloppe nou- 
velle est d’abord molle, sensible, et même pourvue 
de vaisseaux ; mais une quañtité de molécules cal- 
caires , amassées auparavant dans l’estomac , ne 
tardent pas à y être portées, à la durcir, à en obs- 
truer les pores et les vaisseaux , à la rendre, enun 
mot , toute semblable à celle qu’elle a remplacée. 

Les insectes ne prennent leur dureté complète 
que lorsqu'ils ont acquis leur dernière forme , et 
qu'ils ne doivent plus changer de peau ; mais toutes 
les peaux qu’ils ont rejetées auparavant , quoique 
plus molles , étoient mortes , et déja remplacées par 
d’autres qui s’étoient développées dessous lors- 
qu’elles sont tombées. 

Ainsi toutes ces parties dures extérieures dans 
les animaux à sang blanc , quelles que soient d’ail- 
leurs leur consistance et leur nature chymique , 
doivent plutôt être comparées à l’épiderme , aux 
ongles et aux cornes.creuses , qu’à de véritables os, 
par leur manière de croitre. On doit peut-être en 
dire autant de certaines parties extérieures des 
poissons , quoique leur substance soit véritablement 
osseuse : je veux parler des boucliers de l’estur- 
geon et du cycloptère, et des tubercules épineux de 
la raie. 

Quelques animaux à sang blanc ont aussi des 
parties dures dans leur intérieur ; mais elles ne 
sont point articulées de maniére à servir de base à 

H 4 


120: II° Læcon. Des organes du mouvement. 


des membres mobiles , et leur tissu diffère aussi 
considérablement des os ordinaires. Les plus re- 
marquables de ces sortes de parties dures sont les 
deñts de l'estomac des écrevisses, dont nous ren 
voyons la description , ainsi que celle des dents or- 
dinaires , à l’article où nous traiterons de la diges- 
tion , et les os des sèches et des So or dont nous 
allons donner une idée. 

. La sèche ordinaire ( sepia officinalis ) a dans 
les chairs de son dos un corps ovale, convexe en 
avant et en arrière , blanc , ferme , friable , de 
substance calcaire. Ce corps n’a point d’adhérence 
avec les chairs , dans lesquelles il se trouve, pour 
. ainsi dire, comme un corps étranger qui s’y seroit 
introduit : aucun vaisseau, aucun nerf visible, ne le 
pénètre, et il ne donne attache à aucun tendon. Il 
est composé de lames minces , parallèles, qui ne 
se touchent pas immédiatement , maïs dans les in- 
iervalles desquelles sont une infinité de petites co- 
lonnes creuses qui vont perpendiculairement d’une 
lame à l’autre , et qui sont disposées en quinconce 
très-régulier, Comme les lames sont planes, et que 
les deux faces de l’os sont convexes, elles les cou- 
pent nécessairement. Les endroits de ces intersec- 
tions sont marqués sur les faces par des stries cur- 
vilignes trés-régulières. Cet os a des espèces d’ailes 
qui sont d’une nature moins opaque , moins cas- 


sante , et plus ressemblante à une corne mince et 


élastique. 
C'est aussi à cette dernière substance que res- 


Aer. IT. De La substance des os. 121 


semblent les parties qu’on a appelées os dans les 
calmars ( sepia loligo:): elles sont transparentes , 
élastiques , assez cassantes ; leur forme est tantôt 
celle d’une feuille, tantôt celle d’une lame d’épée. 
Leur connexion avec les parties molles est la mème 
que celle de l’os du calmar. 

On trouve aussi une petite plaque , demi-cornée, 
denu-friable, dans l’épaisseur du lobe charnu qui 
recouvre les branchies de l’aplysie, et même üil y 
en a une encore plus petite dans le manteau de la 
limace. 

Tout fait croire que ces diverses parties dures 
de l’intérieur des mollusques se développent par 
couche , comme leurs coquilles, et que ce sent des 
espèces de coquilles internes. 

Deux genres que nous plaçons parmi les z00- 

phytes , mais qui devront peut-être être rangés plus 
haut lorsque leur organisation sera plus compléte- 
ment connue , les étoiles de mer ( asterias } et les 
oursins ( echinus ), ont une espèce de squelette, 
dont la nature paroît se rapprocher aussi de celle 
des coquilles des mollusques. 
… Dans les oursins, c’est une enveloppe calcaire 
solide , souvent très-dure , percée d’une foule de 
petits trous qui laissent passer des pieds, membra= 
neux , et garnis de tubercules, sur lesquels jouent 
librement des pointes d’une substance analogue à 
celle de la coquille. 

Dans les étoiles de mer, la partie calcaire forme 
une tige composée de beaucoup de petites ver- 


:22 II° Leçon. Des organes du mouvement. 


tèbres artieulées, qui règne sous le milieu de cha- 
cune des branches du corps , et à laquelle tient une 
sorte de grillage osseux qui soutient tout le reste de 
l'enveloppe de cette branche , et qui se fait remar- 
quer même à l’extérieur par sa saillie et par les 
tubercules de différentes figures qui hérissent toute 
la surface. | 

Cette tige osseuse ne peut pas être regardée comme 
absolument extérieure , parce qu’elle est recou- 
verte en dehors par un épiderme et par d’autres 
parties molles. C’est peut-être la plus forte excep- 
tion à la règle que les animaux à sang blanc nent 
jamais de squelette intérieur articulé. 

On n’a point suffisamment examiné comment se 
{ait l’accroissement de ce squelette de l’étoile de mer. 
Ceux de quelques 2o/othuries sont absolument de la 
même nature. 

Enfin les coraux et les autres zoophytes et litho- 
phytes ont des parties dures, tantôt cornées , tan- 
tôt calcaires , tantôt spongieuses , mais qui croissent 
par simple juxta-position., ou tout au plus par dé- 
veloppement successif de plusieurs couches, comme 
les coquilles. Il en est dans lesquels ce développe- 
ment se fait à l’extérieur , et où la substance sen- 
sible enveloppe les couches anciennes par des 
couches nouvelles qu’elle recouvre elle-même. Tels 
sont tous les Z#hophytes etles cératophytes. 

Dans d’autres, les parties qui ont une fois atteint 
leur dureté n’augmentent plus en grosseur ; mais 
il se forme seulement de nouvelles pousses , où 


ART. IL Des jonctions des os. 123 


mème de nouvelles branches, à leursextrémités.T'els 
sont tous les zoophytes articulés. Toutes ces pro- 
ductions contiennent un mélange de matière ter- 
reuse et de gélatine animale, comme les os et les 
coquilles. : 


ARTICLE IIL 


Des jonctions des os , et de leurs mouvements. 


ON sait que les os se divisent , d’après leurs 
formes, en os longs, en us plats, et en os dont toutes 
les dimensions sont à peu près égales. 

On connoît les noms imposés à leurs éminences , 
à leurs creux , à leurs échancrures , et ceux qui 
désignent l’état de leurs surfaces ; toutes ces choses 
sont de simple description , et auroient pu s’expri- 
mer sans un si grand appareil de termes techniques. 

Nous ne nous arrêterons qu’à ce qui concerne 
leurs articulations , parce que ce sont elles qui dé- 
terminent les mouvemens dont les os sont suscep- 
tibles | et qu’elles ont une trés-grande influence 
dans l’économie des divers animaux. 

Il y a de ces articulations qui ne permettent 
aucun mouvement ; d’autres laissent exécuter un 
mouvement obscur et très-borné ; d’autres enfin 
sont disposées de manière que les os qui les com- 
posent se meuvent l’un sur l’autre librement , soit 
dans un seul , soit dans plusieurs sens. 

Non seulement les os correspondans ne sont pas 


124 II° Leçon. Des organes du mouvement. 


toujours articulés de la même manière dans tous les 
animaux , mais encore il y en a qui , ne se tou- 
chant même pas dans la plupart , s’articulent ou 
s’engrènent les uns avec les autres dans quelques 
espèces : il y a même des animaux dans lesquels 
on observe des espèces d’articulations particulières 
qui n'existent point dans les autres. 

On nomme suture une sorte d’articulation sans 
mouvement ; ou de syrarthrose , qui a lieu lorsque 
deux os plats se touchent par leurs bords sans 
intermédiaire : elle est dentée , lorsque ces bords 
ont des dents qui engrènent les unes dans les autres; 
harmonique ; lorsqu'ils se touchent simplement ; 
et écailleuse , lorsque le bord aminci de l’un re- 


couvre celui de l’autre. Les os du crâne et de la 


face de l’homme présentent des exemples de ces 
diverses sortes de sutures : ce sont même les seuls 
qui soient unis de cette façon dans le corps humain; 
mais on en trouve d’autres exemples dans les ani- 
maux. Les côtes de la tortue sont extrêmement 
élargies, et s’engrènent entre elles et ayec les ver- 
tébres du dos pour former le test. Ces sutures en 
ont même imposé à plusieurs naturalistes , qui ont 
pris des fossiles de tortue pour des fragmens de 
cränes humains. Les pièces du sternum de la tortue, 
ou plutôt de son plastron , sont aussi unies entre 
elles par des sutures dentées. Il en est de même de 
plusieurs des os qui forment la ceinture osseuse à 
laquelle sont attachées les nageoires pectorales des 
poissons. L'union inférieure et mitoyenne est une 


Arr. IL Des jonctions des os. 125 


suture dentée très-parfaite dans les si/ures , et dans 
quelques autres genres applatis horizontalement 
par-devant. 

Les unions des os de la tête des mammifères sont 
à peu près semblables à ce qu’on observe dans 
celle de l’homme , et les unes et les autres dis- 
paroissent avec l’âge par les progrès de l’ossifica- 
tion. Les os de la tête des oiseaux et dés poissons 
s'unissent presque tous par es sutures harmo- 
niques et écailleuses , et ils paroïssent se souder 
ensemble avec plus de promptitude que ceux des 
quadrupèdes. 

On remarque dans les parties latérales de la 
tête des poissons , et dans les couvercles de leurs 
branchies , une espèce particulière d’articulalion , 
qui ressemble à la suture écailleuse , en ce qu’elle 
consiste dans le recouvrement des bords amincis 
de deux os plats , mais qui en diffère , parce qu’elle 
permet un mouvement plus ou moins étendu , par 
lequel ces os peuvent se ployer ou glisser l’un sur 
l’autre. 

La gomphose est une seconde espèce d’articu- 
lation sans mouvement , dans laquelle un os entre 
comme un pivot dans une fosse d’un autre os , où 
il est contenu comme un arbre l’est dans la terre 
par sa racine. Les dents en sont le seul exemple dans 
l’homme et dans les quadrupèdes. Le poisson scie 
en offre un second dans les crochets -qui sont en- 
foncés aux deux côtés de son long museau , et qui 
lui ont donné le nom qu’il porte. 


’ 


126 II° Lecox. Des organes du mouvement. 


En revanche , ses véritables dents , non plus que 
celles des raies et des squales , ne sont point atta- 
chées ainsi, mais tiennent seulement à la peau; 
tandis que dans d’autres poissons elles sont entière- 
ment soudées aux os des mâchoires , ou même que 
ces os tiennent seuls lieu de dents. 

Nous devons rapporter ici une troisième espèce 
d’articulation immobile , dont l'homme n’offre point 
d'exemple. C’est celle où un os , ou autre partie 
dure recue dans une cavité , reçoit lui-même dans 
une cavité de sa base une éminence du fond de 
celle dans laquelle ïl est recu. Les ongles des chats 

‘et de plusieurs autres quadrupèdes à fortes grifles 
s’unissent ainsi avec les dernières phalanges des 
doigts. Les défenses du r10rse sont de même en- 
filées par un pivot qui tient à la base de leur 
alvéole. 


Les articulations qui ne permeltent qu’un demi- 


mouvement, ou les anphiarthroses, sont telles, non 
par la figure des parties osseuses qui les consti- 
tuent , mais par des substances cartilagineuses 


ou ligamenteuses , placées entre les os qui forment 


les articulations, et qui s’y unissent étroitement. Les 
os du bassin sont tellement liés par ces sortes 


de cartilages intermédiaires , que leur mouve-. 


ment est presque nul, à moins d'efforts très-con- 
sidérables. 
Les corps des vertèbres ont beaucoup plus de jeu 
les uns sur les autres, parce que la substance qui 
les unit est plus épaisse et plus flexible, Leur union 


DIN 


DU TC LL, vs. 


CR is Ed ES 


Arr. IT, Des jonctions des os. 127 


se fait dans les quadrupèdes et les poissons de la 
même manière que dans l’homme : mais, dans le 
cou des oiseaux et dans toute l'étendue de l’épine 
des serpens , leur articulation est entièrement mo- 
bile ; elle se fait par des facettes que rien ne joint 
ensemble , et qui ne sont retenues que par une 


capsule ligamenteuse , comme celles de nos os du 


bras ou du pied : de là vient en partie leur grande 
mobilité. 
On pourroit encore rapporter aux articulations 


demi-mobiles celles des os du carpe et du tarse, 


qui , quoique pourvus de facettes articulaires, Die 


et lisses, sonttellement serrés dans les ligamens en- 


vironnans, qu’ils ne se meuvent les uns sur les autres 
qu’ayec beaucoup de peine , et dans un espace très- 
petit. Mais la disposition de leurs facettes donne un 
caractère plus important , qui doit faire ranger les 
articulations dans la troisième classe ; celle des ar- 
ticulations libres, , ou diarthroses. 

En effet, dans les jonctions des deux classes pré- 
cédentes, és bords ‘ou les faces des os qui forment 
Vunion , ou se touchent immédiatement , ou sont 
collées Votes l’autre par une NS qui s’at- 


tache elle-même à toute l'étendue de ces faces ou 
- de ces bords; le périoste se continue d’un os à l’autre, 


et s’attache plus intimement encore à l’endroit de 


 Punion qu’à tout le reste de leur superficie. 


Au contraire , dans les articulations mobiles dont 
nous allons parler , les faces des os qui se regar- 
dent sont libres et distinctes ; elles sont enduites 


128 IT° Lrçow. Des organes du mouvement. 


chacune d’uñ cartilage lisse et poli, et leur inter- 
valle est rempli par une liqueur, et quelquefois par 
des corps solides , comme des glandes ou un disque 
cartilagineux. 
Les deux os sont attachés par une continuation 
du périosté , qui ne revêt point les cartilages arti- 
culaires, mais qui passe d’un os à l’autre , et forme 
aïnsi une espèce de capsule däns laquelle les faces 
articulaires sont renfermées, de manière que rien 
me peut sortir de leur intervalle ni y entrer. Al y 
a souvent encore d’autres igamens , soit en dedans, 
soit en dehors de la capsule, qui la fortifient , où 
qui bornent le mouvement des os plus que la cap- 
sule seule ne lauroit pu faire. 
C’est du nombre et de la roideur de ces liga- 
mens, et encore plus de la forme des creux et des 
éminences des faces articulaires dés os , que dépen- 
dent l'étendue et la direction des mouvemens: 
‘Un os qui s'articule avec ‘un autre par une de 
ses extrémités ; ne peut se mouvoir sur lui que de 
deux manières : par flexion, où par torsion. La 
flexion a lieu lorsque los mu rapproche de lossur 
lequel il se meut celle de ses extrémités qui est 
6pposée à l’articületion ; car c’est lorsque les deux 
os sont en ligne droite} que cette extrémité ‘estle 
plus éloignée. : La torsion ‘a lieu lorsque los mu 
tourne autour de son propre axe , ou autour d’un 
‘axe imaginaire pris dans l’espace , et passant par 


+ Varticulation.” 


* On sent aisément que la torsion ne peut avoir 


ART. II. Des jonctions des os. 199 


lieu qu'antant que les faces articulaires sont planes 
ou sphériques , et qu'il n’y a que ces dernières seu- 
lement qui puissent permettre les flexions dans tous 
les sens. Mais pour peu que ces faces soient en 
portion de cylindre , ou qu’elles soient chacune 
en partie convexe ct en partie concave , le mou- 
vement de flexion sera borné en un seul sens ; l’os 
demeurera toujours dans le même plan, tant que 
celui auquel il tient ne sera pas déplacé , et il dé- 
crira un secteur de cercle , dont le centre sera dans 
Farüculation. 

L’articulation qui né permet de flexion que dans 
un seul sens, se nomme ginglyme ; celle qui la 
permet dans tous les sens, ézarthrose , ou ar- 
throdie , selon que les faces sont plus où moins 
convexes , et qu’elles permettent des flexions plus. 
ou moins complètes. 

Lorsqu'un os tient à un autre par deux extré- 
mités , il est réduit à tourner autour ; c’est une 
espèce particulière de ginglyme, à late on à 
donné le nom de rotation. 

La têle est attachée an tronc , la mâchoire l’est 
à latête, et toutes les parties des extrémités le sont 


. entre elles par ces différentes espèces d’articula- 
_ “ions mobiles ; mais elles ne le sont pas toujours 


de la inême manière : ainsi la tête des mammifères 
s'articule par ginglyme ; célle des oiseaux par 
arthrodie ; le radius de l’homme s'articule par 


-arthrodie avec l’humérus, et par rotation avec le 


gubitus ; dans les rongeurs, les cochons , etc., il 


: A5 


130 11° Leçon. Des organes du mouvement. 
tient à l’'humérus par ginglyme, et il est immo- 
bile sur le, cubitus ; il s’y soude même entièrement 
dans certaines espèces. 

Quelques poissons présentent des modes parti- 
culiers d’articulations mobiles , dont le squelette de 
l’homme et des mammifères n’offre point d’exemple. 

Le premier, qui pourroit aussi se rapporter au 
ginglyme, est l’articulation en anneau , dans lequel 
un os est comme enfilé par une branche, ou du 
moins par une proéminence cylindrique et presque 
détachée d’un autre os. Les premières épines des 
nageoires anales de quelques chétodons sont atta- 
chées ainsi. 

Le second est une articulation qui peut devenir 
immobile au gré de l’animal. L’os mobile a un petit 
crochet, et l’animal peut, en tordant cet os, faire 
entrer ce petit crochet dans une fosselte, de l'os 
immobile ; et en lui faisant faire une légère flexion 
- il V’y accroche, de manière que l’os ne peut plus 
étre dérangé qu’en reprenant une marche préci- 
sément contraire à celle qui l’a mis dans cet état, 
et que tout effort dans un autre sens est inutile. C’est 
ainsi que les silures et les épinoches fixent les pre- 
mières épines. de leurs nageoires pectorales , lors- 
qu’ils veulent s’en servir pour le combat. 

Nous ayons déja. parlé plus haut de lespèce 
d’articulation mobile qui a lieu entre les bords 
amincis de deux os plats, et qui leur permet de 
glisser l’un sur l’autre. On trouve dans les oiseaux 
une autre espèce d’articulation qui permet aussi 


Anr. HI. Des jonctions des os. 13t 


ce glissement, mais qui a lieu entre des facettes 
planes. Les arcades palatines du bec supérieur des 
canards en ont de telles , qui correspondent à d’au- 
tres situées à la base du crâne. 

Les mollusques n’ont d’articulations qu’à leurs 
coquilles : celles des coquilles bivalves se réduisent 
en général à des ginglymes plus où moins com- 
posés , selon le nombre plus ou moïns grand des 
dents et des fossettes qui entrent les unes dans les 

autres. Il n’y a ni capsule ni cartilages articulaires: 
en dehors est un ligament élastique qui force les 
valves à s’ouvrir lorsque les muscles qui les tiennent 
ordinairement fermées se relachent. Les coquilles 
multivalves ont leurs pièces attachées ensemble par 
une membrane cartilagineuse commune, ou bien 
ces pièces sont toutes attachées immédiatement au 
corps de l'animal. Dans les chitons, elles se meuvent 
les unes sur les autres en faisant glisser leur bord 
en recouvrement. Dans les anatifes, il n’y a qu’un 
mouvement commun d'ouverture et de fermeture, 
qui à lieu par ginglyme comme celui des bivalves. 
Les opercules de quelques univalves , notamment 
des mérites, sont aussi articulés par ginglyme à 
la coquille principale. 

Les crustacés et les insectes ont un systême com- 
mun d’articulations, qui tient à la position de leurs 
parties dures en dehors des muscles. Ces parties 
dures étant faites en étui, et les muscles remplis- 
sant leur milieu, elles ne peuvent pas s’articuler 
par des surfaces simples et pleines ; il ne peut donc 

1 2 


352 IF Leçox. Des organes du mouvement. 


point y avoir chez eux d’arthrodies ni d’énarthrose, 
Toutesleurs articulations mobiles se réduisent à trois. 
Le ginglyme est la seule dans les parties qui ont 
besoin d’un point d'appui solide, parce que les 
enveloppes écailleuses des membres , étant tubu- 
leuses, doivent s’appuyer au moins par deux points: 
de leur contour ; ce qui détermine nécessairement 
le ginglyme. Quant aux parties qui n’ont pas be- 
soin d’un appui solide, elles sont simplement sus- 
pendues par des ligamens , ou bien elles s’articulent 
par emboîlement. 

‘L/emboîtement se fait lorsqu'une partie entre et- 
est emboîtée dans une autre. C’est ainsi que les 
hanches des insectes sont emboîtées dans le thorax, 
et que les anneaux de leur abdomen le sont les uns 
dans les autres. Comme la partie qui reçoit etscelle 
qui est reçue sont l’une et l’autre des segmens de 
sphéroïde , celle-ci peut exécuter le mouvement de 
torsion : elle peut s’enfoncer plus ou moins, soit 
également dans tout son contour, soit plus d’un: 
côté que de l’autre ; mais elle ne peut point avoir 
de flexion proprement dite. 

Les parties des insectes qui sont articulées en 
ginglyme, et qui sont principalement les différentes 
portions de leurs jambes, sont fortement échancrées 
du côté où la flexion doit être plus complète ; Pin- 
tervalle est garni d’une membrane souple , et il 
n’y a point d’autre ligament. Les tubercules et les 
Lossettes articulaires sont tellement arrangts, qu’on 
ne peut les luxer sans les rompre ; des courbures 


Arr. IV. Des tendons ei des muscles. 133 


très légères, qui en font des espèces de crochets, 
produisent cet effet avantageux. 


LA 


AëR TICLE IV. 


Des tendons, de la composition des muscles, 
et de leur action. 


LA forme de l'articulation détermine le nombre, 
l’espèce et la direction des mouvemens que les os 
qui la composent peuvent exécuter. 

Le nombre et la direction des muscles qui s’y 
attachent déterminent ceux de ces mouvemens qui 
s’exécutent en effet. 

Le muscle s’aitache à l’os par le moyen du tendon. 
Le tendon est d’une texture fibreuse comme le 
muscle : mais ses fibres sont plus serrées, plus 
fermes, d'un blanc argenté ; il s’y rend moins 
de vaisseaux, et point de nerfs : sa substance est 

esque entièrement gélatineuse , et il ne possède 
A sensibilité, ni irritabilité ; ce n’est qu'un lieu 
passif par lequel le muscle agit sur l'os. 

Il y a cependant des plans ou des intervalles ten- 
dineux , soit dans l’intérieur , soit à la surface de 
plusieurs muscles : ceux même qui servent à leur 
insertion pénètrent plus ou moins dans la substance 
charnue , et s’y mêlent ou s’y entrelacent de diffé- 
rentes manières. La forme des tendons varie autant 
que celle des muscles : ceux qui sont larges et 


minces portent le nom d’ aponéyroses. 
| 


154 IT° LEçox. Des organes du mouvement. 


En qualité de gélatineux, le tendon a une grande 
affinité pour la substance osseuse ou le phosphate 
calcaire ; il la reçoit facilement, sur-tout lorsque 
son action est très-souvent répétée, et qu'il est 
employé à des mouvemens violens, Les oiseaux 
pesans , et qui marchent beaucoup, ont les tendons 
de leurs jambes ossifiés de très-bonne heure. Il en 
est de même des gerboises et des autres quadrupèdes 
qui sautent toujours sur les jambes de derrière. 

Les tendons des crustacés et des insectes, dans 
les muscles des cuisses et des jambes, sont d’une 
nature différente de celle des tendons des animaux 
à sang rougé ; ils sont durs, élastiques , et sans 
fibres apparentes : les fibres charnues les enve- 
loppent et s’insèrent à leur surface. Souvent le 
tendon s'articule lui-même avec l’étui écailleux 
qu’il doit mouvoir , comme un os pourroit s’arti- 
culer avec un autre : il est joint à cet étui par un 
ligament membraneux. C’est ce qu’on peut voir 
sur-tout dans les grandes pattes des écrevisses. 

Les mollusques n’ont point de tendons ie 
à leurs museles, ce qui provient sans doute de ce 
que la couleur est la même dans la partie ten- 
dineuse et dans la partie charnue ; car, quant à la 
nature chymique , il est certain que la macération 
et la coction détachent nettement les muscles des 
parties dures, ce qui ne peut avoir lieu que par 
la dissolution de leur moyen d’union. Ce moyen 
n'est donc pas de la fibrine comme le reste du 
muscle, puisqu'il seroit alors indissoluble. 


Arr. IV. Des tendons et des muscles. 155 


Il est probable que les fibres musculaires élémen- 
taires exercent toutes une force égale au moment 
où elles se contractent : mais la manière dont elles 
sont disposées dans chaque muscle , et celle dont le 
muscle lui-même l’est par rapport à l’os où à la 
partie quelconque qu’il doit mouvoir, donnent à 
cette force un emploi plus ou moins avantageux. 
On ne peut donc pas estimer l’action d’un muscle 
par sa masse seule , ou par la quantité des fibres 
qui le composent ; il faut encore considérer tes 
deux autres circonstances : la composition du muscle, 
et son insertion. 

Les muscles se divisent en simples et en com- 
posés. Les simples sont ceux dont toutes les fibres 
ont une disposition semblable : les plus ordinaires 
“sont les muscles ventrus ; leurs fibres sont presque 
parallèles, et forment un faisceau alongé, dont le 
contour est arrondi; leur partie charnue est plus 
où moins renflée dans le milieu, qui se nomme le 
ventre , et elle s’amincit vers les deux extrémités , 
où eile se termine dans les tendons. Une autre 
espèce est celle des muscles plats, à fibres paral- 
lèles : ils forment des espèces de membranes char- 
nues, qui, au lieu de se terminer dans des tendons 
amincis , finissent par des aponévroses ou des mem- 
branes tendineuses. Ces deux espèces peuvent avoir 
et ont quelquefois des tendons ou des aponévroses 
dans leur milieu ou dans d’autres points de leur 
étendue. On voit que dans l’une et dans l’autre 
l'action totale est égale à la somme de toutes les 

I 4 


156 IT° Lecow. Des organes du mouvement. 


aclions particulières des fibres ; et que s’il y a du 
désavantage, il vient de l'insertion générale ; non 
de la HRONHERS 

Il n’en est pas de même dans deux autres espèces 
de museles simples, les rayonnésetles penniformes. 

Les muscles rayonnés sont ceux dont les fibres 
sont disposées comme les rayons d’un cercle, et. 
viennent d’une base plus où moins étendue se - 
réunir à un tendon mince, en s’inclinant plus ou 
moins les unes vers les autres. 

Les penniformes sont ceux dont les fibres sont 
disposées en deux rangées , qui s’unissent dans une 
digne moyenne en faisant deux à deux des angles 
plus où moins ouverts, à peu près comme les barbes 
d’une plume. Le tendon est la continuation de cette 
ligne moyenne. | 

Il est facile de voir que, dans ces deux sortes 
de muscles, la force totale, ou la résultante , est 
moindre que la somme totale des forces compo- 
santes , et qu'elle égale seulement la somme des 
diagonales des parallélogrammes , que l’on forme- 
roit en prenant deux à deux les fibres qui font 
angle ensemble. 

Le muscle composé est celui qui consiste dans 
T'assemblage de plusieurs muscles qui s'unissent en 
un tendon commun. Ces muscles composans peuvent 
être semblables ; mais on en voit quelquefois de 
irès-différens, des rayonnés , des ventrus, etc., se 
réunir pour former un musc'e composé. L'action 
particulière de chacun d’eux peut s’estimer d’après 


Arr. IV. Des tendons et des muscles. 147 


les ebservationis précédentes : on calenie ensuite leur 
action totale selon leur plns ou moins d’inclinaison. 

+ Ily a enfin des muscles qui n'ont qu'un seul 
ventre et des tendons divisés ; et d’autres qui ont 
plusieurs parties charnues , et plusieurs tendons en- 
trelacés ensemble de diverses manières. Cette der- 
nière espèce peut se nommer zzuscles compliqués. 

De ces diverses dispositions résultent les forces 
absolues des muscles ; leur insertion détermine leur 
effet réel. On peut rapporter à huit les rc 
espèces d’insertions musculaires. 

Les muscles peuvent être destinés à comprimer 
les parties molles contenues dans une cavité quel- 
conque ; alors ils enveloppent cettecavité dans divers 
sens , comme des membranes ou des rubans. Telle 
est la disposition des muscles de notre abdomen et 
de notre diaphragme ; telle est celle des muscles 
_des limaces, et des autres mollusques" et vers nus, 
qui peuvent se contracter en tous sens. Lorsque ces 
sortes de muscles agissent simultanément , c’est 
pour faire sortir quelque matière du corps ; comme 
des œufs, des excrémens, ete, mais d'ordinaire ils 
agissent alternativement , et alors leur effet est 
d'augmenter un des diamètres de la cavité qu’ils en- 
tourent en diminuant l’autre. C’est ainsi qu’à chaque 
inspiration l’abdomen grossit en se raccourcissant, 
et que le contraire arrive à chaque expiration. 
C'est ainsi que lès Zimaces , les sangsues , etc. 
s'alongent et se raccourcissent en faisant agir, 
dans le premier cas, leurs muscles transverses ou 


158 II° Lxçox. Des organes du mouvement. 


annulaires, et dans le second , leurs muscles Fe 
tudinaux. 

C’est ausside cette manière qu’agissent les muscles 
qui doivent alonger ou raccourcir , relâcher ou 
roidir quelque partie molle du corps , comme la 
langue de l’homme et des quadrupèdes , les cornes 
du limaçon. 

Le cœur, les intestins , les artères , ont aussi des 
muscles de cette espèce. 

D'autres muscles sont destinés a ouvrir ou à fermer 
quelque ouverture molle : alors les uns l’entourent 
comme des anneaux ; on les nomme sphincters : 
les autres s’insérent done manière plus ou moins 
directe aux bords de l’ouverture. Lorsqu'ils sont 
étendus uniformément autour , elle conserve sa 
_ figure, et se dilate ou se resserre uniformément. La 
paupière du poisson lune, l'anus du limaçon, en 
sont des exemples. Lorsque ces muscles ont des di- 
rectiomfs différentes , et forment divers angles avec 
les bords qu'ils doivent écarter , la forme de Pou- 
verture est fort variable ; telles sont les lèvres de 
l'homme, : aucun animal n’approche de lui pour 
‘la mobilité de cette partie; aussi aucun d’eux-n’at-il 
"une physionomie aussi expressive. 

Un troisième emploi des muscles est d'étendre 
ou de replier comme un rideau une membrane qui 
doit couvrir quelque partie , telle que les paupières 
de l’homme , des quadrupèdes et des oiseaux. 
Lorsque ces muscles sont dans l'épaisseur même 
de la membrane , leur disposition est pareille à 


Arr. IV. Des tendons et des muscles. 159 


celle dont nous avons parlé tout à l’heure ; mais 
lorsqu'ils sont placés en dehors , il y a des dispo- 
sitions de poulies assez compliquées. Nous les ex- 
poserons en parlant de l’œil des oiseaux. 

Un quatrième emploi des muscles peut être de 
faire tourner ou rouler une masse globuleuse, libre 
et appuyée de toutes parts , comme l’œil dans l'or- 
bite, ou la bouche du limaçon dans sa tête. Ils en- 
tourent alors cette partie comme des portions de 
cerceau , et elle se tourne du côté du muscle qui 
se coutracte le plus. , 

Ces quatre modes d’action reviennent , au fond , 
tous , à celui des sphincters , ou des muscles circni- 
laires : ce sont toujours des portions de ceinture 
ou des ceintures entières, qui se rétrécissent ou se 
serrent sur les parties qu’elles ceignent. 

. Les suivans, dans lesquels les muscles agissent 
sur des os ou d’autres parties dures, peuvent être 
comparés à l’action des cordes au moyen desquelles 
on tire quelque objet résistant. La partie tirée peut 
Vêtre également dans toutes ses parties, de manière 
qu’elle demeure toujours parallèle à elle-même. 
Tel est le mouvement par lequel nôus élevons 
ou nous abaissons notre os hyoïde et notre larynx. 
Les fibres musculaires peuvent y être considérées 
comme des cordes qui tirent dans le sens même 
dans lequel le mouvement doit se faire ; ce qui 
est leur emploi le plus avantageux : c’est ce que 
nous voyons dans les muscles sterno-hyoïdien, et 
gémio-hy oidien : ou si elles divergent , elles sont en 


| 


10 Il° Leçon. Des organes du mouvemént. 


égale quantité des deux cotés , et la résultante du 
muscle est employée de la manière la plus avan- 
tageuse ; c’est ce que nous voyons dans le r7ylLo- 
lyoïdien , le scapulo-hyoïdien. 

Mais lorsque l'os tiré est articulé en un point 
quelconque , il ne peut plus être tiré en masse, 
et il doit être considéré comme un levier , dent le 
point d’appui est dans l’articulation. 

* Lorsque l’articulation est entre les deux extré- 
mités , et que les muscles sont placés à l’une d'elles, 
- l'os forme.un levier du premier genre. Nous en 
avons un exemple dans la mandibule des écre- 
visses. Les muscles qui s’attachent à l’olécrâne 
et au talon, nous en fournissent aussi. Le plus 
remarquable est le tibia des oiseaux nommés 
grèbes et castagneux, qui porte une longne apo- 
physe , élevée RE du genou, et qui luitient 
lieu de rotüle. : 

Mais le cas le plus ordinaire est celui où l’articu- 
lation est à une des extrémités de l'os ; alors la 
position la plus favorable pour le muscle, c’est de 
venir d’un autre os parallèle à celui qu’il doit mou- 
voir , ou ne faisant ayec lui qu’un angle fort petit : 
tel 2 le cas des muscles intercostaux , des 1nter- 
épineux et intertransversaires » Cf dé ceux qui 
rapprochent certains os disposés en éventail , comme 

‘ ceux des membranes qui couvrent les branchies 
des poissons, ou ceux des ailes du dragon volant ; 
encore ces muscles ont-ils presque toujours une 
obliquité qui n’étoit point nécessitée par la posi- 


VER 


Arr. IV. Des tendons et des muscles. 2141 


tion de leurs attaches , et qui en diminue considé- 
räblement la puissance. 

Les muscles qui ferment la bouche de l’homme 
et le bec des oiseaux , peuvent aussi être comparés 
aux précédens par leur position avantageuse, rela- 
tivéement à leur peu d’obliquité ; mais ils s’insèrent 
beaucoup plus près qu'eux du point d'appui, ce 
qui leur Ôte beaucoup de force. 

Le dernier mode d'insertion des muscles, et 
celui qui est le plus ordinaire de tous , est lors- 
qu'un muscle attaché à un os s’insère à un autre 
qui, s’articulant médiatement ou immédiatement 
avéc le premier, peut être étendu de manière à 
former avec lui une ligne droite , et peut se fléchir 
sur lui jusqu’à former un angle souvent très-petit. 
Cë mode est le plus désavantageux de tons, à cause 
de Pobliquité extrême de l'insertion , lorsque l’os 
mobile est dans l’état d'extension, et à cause de 
Sa proximité du point d'appui. Le premier de ces 


désavantages est en partie corrigé par ce qu’on ap- 
. pelle les têtes des os. Leurs extrémités articulaires 


sontordinairement renflées , en sorte que les ten- 
dons des muscles, se courbant autour de cette con- 
vexilé pour s’insérer au-dessous , font avec le corps 
de l’os ou le levier un angle plus ouvert que si ces 


têtes n’existoient pas ; ce qui rend V’obliquité ce 


Pinsertion moindre et moins variable. 

Quant à la proximité du point d'appui, elle 
étoitnécessaire pour ne point rendre les membres 
monsirueusement gros dans l’état de flexion, mais 


# 


a42 T° Leçon. Dés organes dumouvement. 


sur-tout pour pouvoir produire une flexion prompte 
et complète : car, la fibre musculaire ne pouvant 
perdre qu’une fraction déterminée de sa longueur 
dans la contraction , si le muscle s’étoit inséré loin 
de Particulation, l'os mobile ne se seroit rapproché 
de l’autre que d’une petite quantité angulaire ; au 
lieu qu’en s’insérant très-près du sommet de Pangle, 
un pelit raccourcissement produit un rapproche 
ment considérable. C’est aux dépens de la force 
musculaire que cet effet a lieu : aussi ces sortes de 
muscles exercent-ils un pouvoir qui surpasse l’ima- 
gination. 

Noustrouvons cependant, en anatomie comparée, 
des exemples de muscles qui s’insèrent très-loin du 
point d'appui. Les oiseaux en ont un qui s’étend du 
haut de l'épaule à l'extrémité de l’avant-bras la 
plus voisine du poignet ; mais c’est que tout l’angle 
formé par le bras et l’avant-bras est rempli chez 
eux par une membrane destinée à augmenter la 
surface de l’aile. | | j 

C’est aussi le peu de raccourcissement de la fibre 
musculaire qui fait que les os courts , qui doivent 
être entièrement fléchis , le sont par des muscles at- 
tachés à des os éloignés. Les vertèbres et les pha- 
langes des doigts sont dans ce cas. Des muscles qui 
se seroient étendus de l’un à l’autre de ces os seu- 
lement , n’auroient pu leur imprimer des inflexions 
suiEsantes : ceux des phalanges auroient de plus 
beaucoup trop. grossi les doigts. Ces sortes de 
muscles ayoient besoin que leurs tendons fussent 


Art. IV. Des tendons et des muscles. 14% 


fixés sur tous les os sur lesquels ils passent : sans 
quoi, lorsque ces os se fléchissent de manière à 
former un arc, les muscles et leurs tendons restés 
en ligne droite en auroient formé comme la corde a £ 
de là les ligamens annulaires , les gaînes, et les per- 
forations. Ce dernier moyen , qui n’a lieu que pour 
les fléchisseurs des doigts des mains et des pieds de 
l’homme, des quadrupèdes et des reptiles, et pour 
ceux des pieds seulement des oiseaux , consiste en 
ce que les muscles qui doivent aller plus loin sont 
placés plus près des os, et que leurs tendons per- 
forent ceux des muscles qui s’insèrent plus près , et 
qui sont placés sur les premiers. Il n’y a qu’une 
seule perforation lorsqu'il n’y a que trois phalanges ; 
les oiseaux qui ont un doigt à quatre , et un à cinq 
phalanges, y ont deux perforations , et par:consé- 
quent trois muscles, un perforé , un perforant et 
perforé , et un perforant. 

Les vertèbres qui doivent exercer de grands mou- 
vemens, comme celles du cou des oiseaux et celles 
de la queue des quadrupèdes , ont aussi des muscles 
trés-éloignés ; mais leurs longs et minces tendons 
sont renfermés dans des gaïînes , dont ils ne sortent 
que vis-à-vis du point où chacun d’eux doit s’insérer. 


xä& II° Leçon. Des organes du mouvement. 
ARTICLE VV. 
Remarques générales sur le 6quelette. 


: Nous avons déja vu que le squelette est l’as- 
semblage des parties dures qui soutiennent le corps, 
et qu’il en fait comme la charpente. Dans les ani- 
maux sans vertèbres eu à sang blanc , il est exté- 
rieur ; et sa forme est la même que celle de l'animal, 
puisqu'il en renferme toutes les parties. Dans les 
anunaux vertébrés , il ne détermine que les pro- 
portions et les formes les plus importantes : aussi 


leur squelette ne diflère-t-il Fe autant que leur. 
figure extérieure , et il y a même éntre toutes ces! 
charpentes osseuses des rapports dont on né se dou-: 
teroit point, à l’aspect des parties qu'ils soutiennent. 


En général , les os qui composent les squeleltes 
sont tous articulés de manière à former un en- 
semble dont toutes les parties sont liées ; cepen- 
- dant il y a des exceptions à ceite règle. L’os qui sou- 
&ent la langue n’est attaché aux autres que par des 


parties molles dans les quadrupèdes et les oiseaux , 


quoiqu'il soit vraiment articulé au reste du sque- 
lette dans les poissons. L’extrémité antérieure toute 
entière n’est attachée que par des muscles dans les 
quadrupèdes sans clavicules ; mais elle tient au 
sternum par une clavicule , simple dans les quadru- 
pèdes qui en ont, et double dans les oiseaux. Les 
poissons l'ont Gare liée à l'épine par une cein- 
ture osseuse. 


Arr. V. Remarques sur le squelette, 145 


En revanche , leur extrémité postérieure est gé- 
néralement libre , et située simplement dans les 
chairs, tandis que les autres animaux l'ont forte- 
ment aitachée au reste du squelette par le moyen 
du bassin. s 

Les os qui composent le squelette se rapportent à 
trois divisions principales ; le tronc, le tête, et les 
extrémités. 

La tête ne manque jamais : les deux extrémités ‘ 
manquent aux, serpens et à quelques poissons ; 
l'extrémité postérieuremanque aux poissons apodes, 
c’est-à-dire saus nagtoires ventrales , et aux mam- 
mifères cétacés. L’extrémité aniérieure ne manque 
seule qu’à une espèce de lézard. Aucun animal ver- 
iébré n’en a plus de quatre , à moins qu’on ne 
veuille mettre dans ce nombre l'espèce d’aile du 
dragon-volant, petit animal voisin de nos lézards. 

Le tronc est formé par les vertèbres , dont l’en- 
semble se nomme l’épine du dos , par les côtes et 
par le sternum. Les vertèbres ne manquent jamais , 
quoique leur nombre soit extrêmement variable. 
Le sternum manque aux serpens et aux poissons, 
à moins qu’on ne veuille donner le nom de sternum 
à la partie antérieure de la ceinture osseuse qui sup- 
porte les nageoires pectorales , ou les extrémités 
antérieures des poissons. Les côtes manquent aux 

grenouilles, aux raies, aux squales, et à un 
grand nombre des poissons cartilagineux. 

Les vertèbres qui portent des côtes , se nomment 
vertèbres dorsales ; celles qui sont entre les dor- 


À K. 


146 II° Leçon. Des organes du rnouvement. 


sales et la tête , se nomment cervicales ; celles qu# 
sont derrière les dorsales, lombaires ; celles qui 
tiennent au bassin ou à l’extrémité postérieure , 
sacrées ou pelviennes ; et celles qui forment la 
queue , coccygiennes où caudales. Il wy a que 
quelques mammifères en très-petit nombre (les rous- 
settes) et le genre des grenouilles , qui n’aïent point 
de coccyx. Plusieurs poissons n’ont pas de cou. On 
sent que , dans les animaux qui n’ont pas de côtes, 
la distinction entre les trois premières espèces de 
vertèbres n’a plus lieu , ét que celle entre les trois 
dernières disparoit dans ceux qui n’ont point d’ex- 
trémité postérieure , ou chez qui elle n’est’ me 
attachée à V épine. | 
Les côtes qui vont des vertèbres au stérnum, s se 
nomment vraies côtes : celles qui n’atteignent pas 
jusque-là, se nomment fausses côtes. Ces dernières 
sont toujours postérieures dans les quadrupèdes. II 
y en a enavant et en arrière dans les oiseaux. 
Cette distinction cesse d’avoir lieu dans les animaux 
où il n’y a point de sternum. Il faudroit établir des 
dénominations particulières pour les côtes qui tien- 
nent au sternum sans aller jusqu'aux vertèbres , 
comme le crocodile nous en offre, où pour celles 
qui viennent des vertèbres et s’unissent en avant 
à la côte correspondante , sans que le sternum existe 
entre elles, comme on en voit dans le caméléon. 
. La tête est toujours à l’extrémité antérieure de 
a colonne vertébrale , à celle qui est opposée à la 
queue. Elle se divise en trois parties , qui peuvent 


Anr. V. Remarques sur le squelette. 147 
être entre elles dans des proportions différentes , 
mais qui ne manquent jamais : ce sont le crâne, qui 
contient le cerveau , et dans les paroïs duquel sont 
creusées les cavités de l'oreille interne , et souvent 
uve partie de celles du nez; la face , qui contient 
les orbites, les fosses nasales , et qui se termine en 
bas par la mâchoire supérieure ; enfin la mâchoire 
inférieure. Celle-ci est toujours mobile , même dans 
le crocodile, quoiqu’on aït dit le contraire : la 
supérieure est immobile dans l’homme , les qua- 
drupèdes, et quelques reptiles , comme les fortues, 
le crocodile , etc. ; mais elle est plus ou moins mo- 
bile dans les oiseaux , les serpens et les poissons. 

Les extrémités , lorsqu’elles sont complètes , se 
divisent en quatre parties , qui sont, pour celles de 
devant , l'épaule , le bras , l’avant-bras et la main ; 
pour celles de derrière , la hanche, la cuisse, la 
jambe et le pied. Cette distinction n’a pas lieu dans 
les poissons , dont les extrémités ne consistent qu’en 
osselets rayonnés ; c’est-à-dire , disposés en éven- 
tail, et articulés avec la partie correspondante à 
l'épaule ou à la hanche : encore pourroit-on trouver 
quelque analogie entre les os qui composent ces 
parties , et les divisions des extrémités dans les 
autres animaux qui en onf. 

L’épaule est composée d’une omoplate couchée 
contre le dos, et d’une clavicule attachée au ster- 
num, qui manque à quelques quadrupèdes et aux 
cétacés , comme nous venons de le voir , maïs qui 
est double dans les oiseaux , les tortues , les gre- 


K 2 


148 II° Lecon. Des organes du mouvement. 


nouilles et plusieurs lézards. L’omoplate ne manqué 
jamais, tant que l’extrémité existe. Le bras n’est 
jamais formé que par un seul os : l’avant-bras l’est, 
presque toujours de deux ; lors même qu’il en a 
qu’un , on y voit un sillon, ou quelque autre ves- 
tige de sa composition la plus ordinaire. La main 
varie pour le nombre des os ; mais ceux qui y sont 
forment toujours un poignet ou carpe , un corps de 
main ou métacarpe , et des doigts. Cela a lieu même 
-dans les oiseaux , dont les doigts sont enveloppés 
dans une peau recouverte de plumes , et dans les 
cétacés, où toute l’extrémité antérieure est réduite 
à une figure de rame ou de nageoire. 

Les parties du squelette sont généralement dis- 
posées d’une manière symmétrique; en sorte que 
ses deux moitiés sont les contrépreuves l’une de 
Vautre. Il n’y a que le genre de poisson nommé 
pleuronectes , qui comprend les solés, les plies, les 
turbots, etc. dans lequel la tête est tellement con- 
tournée , que les deux yeux et les deux narines 
sont du même côté ; mais la symmétrie existe dans 
le reste du squelette. 

Chaque classe et chaque ordre d’animaux ont 
‘des caractères particuliers, relatifs à leur squelette ; 
ils consistent dans la forme générale du tronc et des 
extrémités, dans la présence eu l’absence de celles- 
ci, et dans le nombre et la forme particulière. des 

os qui composent ces différentes parties. 

Nous exposerons tout cela en détail dans les le- 
çons suivantes : il convient seulement de remar- 


Arr. V. Remarques sur le squelette. 149 


quer ici que lorsqu'un animal d’une classe a quelque 
ressemblance avec ceux d’une autre classe par la 
forme de ses parties et par l’usage qu’il en fait, 
cette ressemblance n’est qu’extérieure , et n’affecte 
le squelette que dans la proportion , mais non pas 
dans le nombre ni dans l’arrangement des os. 
Ainsi , quoique les chauves-souris paroissent avoir 
des espèces d’ailes , un examen attentif démontre 
que ce sont de véritables mains , dont les doigts sont 
seulement un peu plus alongés. De même, quoique 
les dauphins et les autres eétacés paroïssent avoir 
des nageoires toutes d’une pièce , on trouve sous 
la peau tous les os qui composent l’extrémité an- 
térieure des autres mammifères , raccourcis et 
rendus presque immobiles. Les ailes des manchots, 
qui ressemblent aussi à des nageoires d’une seule 
pièce, contiennent également à l’intérieur les mêmes 
os que celles des autres oiseaux, 


TROISIÈME LEÇON. 


Des os et des muscles du tronc. 


ARTICLE PREMIER; 
Des os de l’épine. 


A Dans l'Homme. 


L: ÉPINE de l’homme est divisée en cinq régions > 
savoir , celle de la queue, caudale ou eoccygienne; 
celle du bassin , sacrée ou pelvienne ; celle des 
lombes, ou /ombaire ; celle du dos, ou dorsale ; 
et enfin celle du cou , cervicale ou trachélienne. 

La région de la queue a très-peu d’étendue; elle 
est composée de trois ou quatre petits os articulés 
les uns avec les autres , et supportés par la pointe 
du sacrum, avec lequel la première pièce se soude 
souvent. 

La région pelvienne est composée de cinq ver- 
tébres soudées , et ne formant qu’un seul os , qu’on 
nomme le sacrum. Il est parabolique , plat et mince 
en bas, concave en avant , convexe en arrière. Il 
s’articule en haut avec le corps de la dernière ver- 
tébre des lombes par une facette ovale , coupée 
obliquement de devant en arrière , et forme avec 
les lombes un angle saïllant en avant , plus aigu 

\ 


Anr. I. Des os de l’épine. 151 


dans la femme. Deux autres facettes, dirigées en 
arrière, servent à sa jonction avec les os des îles. 
Cet os est percé de quatre paires de trous pour la 
sortie des nerfs. On apperçoit en arrière des émi- 
mences qui correspondent à toutes les apophyses 
des vertèbres qui ont formé cet os dans le jeune 
âge. Les apophyses épineuses , sur-tout, sont très- 
distinctes : les deux dernières sont fourchues. 

ILy a cinqvertèbres aux lombes. Leur corps est 
plus large que haut ; leurs apophyses épineuses 
sont horizontales, comprimées, et comme tronquées 
à leur pointe. Leurs apophyses articulaires supé- 
rieures ont leur facette tournée en dedans ; les 
inférieures l'ont en dehors : enfin les apophyses 
transvérses sont longues , applaties , dirigées di- 
rectement sur les. côtés. 

Les vertébres dorsales, qui sont au nombre de 
douze , vont en diminuant de grosseur depuis la 
dernière jusqu'à la quatrième ou cinquième , et 
ensuite en augmentant jusqu’à la première. Leur 
corps est semblable à à celui des vertèbres lombaires. 
Leurs apophyses épineuses sont plus longues , en 
prisme triangulaire, et dirigées en bas ; les trois su- 
Périeures se redressent et deviennent presque ho- 
rizontales. Les apophyses articulaires supérieures 
ont leur facette dirigée en arrière, et les inférieures 
en avant. Les apophyses transverses soni courtes , 
horizontales, un peu dirigées en arrière : elles ont 
en avant une facette contre laquelle appuie le 


“ubercule de la côte correspondante. Ces facettes 
K 4 


4 


152 III° Lecox. Des os ei desmuscl. du tronc. 


regardent obliquement en bas dans les vertébres 
supérieures , et en haut dans les inférieures. Il ya 
de plus sur le bord latéral de chaque articulation du 
corps des vertèbres , un petit enfoncèment commun 
aux deux vertèbres, dans lequel est reçue la tète 
de la côte. 

Des sept vertèbres cervicales , les cinq inférieures 
sont semblables à celles du dos, mais plus petites, 
La face supérieure de leur corps est échancrée , 
et reçoit l’inférieure de la vertèbre précédente. Le 
plan de ces faces est incliné en avant. Les apo- 
physes transverses sont dirigées un peu en ayant, 
et en bas, excavées en un demi-canal , et percées 
d’un trou. Les épineuses sont fourchues , excepté 
les deux plus basses. 

La seconde vertèbre du cou , nommée axis ou 
odontoide, diffère des autres par son apophyse épi- 
neuse, qui est beaucoup plus longue et plus haute; 
par le trou dont est percée son apophyse transverse, 
qui , au lieu de la perforer verticalement, s ‘y di- 
rige d’une manière transversale , et Scribe ainsi 
un canal oblique; par une apophyse pointue , por- 
tant une facette articulaire en devant, qui s’élève 
de la face supérieure du corps ; enfin, parce que 
son articulation avec la première vertébre se fait 
seulement par deux facettes applaties qui correspon- 
dent aux apophyses articulaires desautres vertèbres. 

La première vertèbre cervicale , qu’on appelle 
encore l’ailas , est un simple anneau qui n’a 
presque point d’apophyse épineuse , point de 


Arr. L Des os de l’épine. * 153 


corps ; mais deux facettes pour l'articulation avec 
la seconde, et deux autres qui reçoivent les con- 
diles au moyen desquels elle s’articule avec la 
tête. Les apophyses transverses sont très-longues 
et percées d’un trou. 

La longueur du cou est à peu près moitié de celle 
dudos , et les deux tiers de celle des lombes. 

Lorsque l’homme se tient debout, la colonne ver- 
tébrale a quatre courbures. La région du sacrum 
est concave en devant, celle des lombes est con- 
vexe ; celle du dos est concave , et celle du cou est 
convexe. | 

Les vertèbres de l’homme sont susceptibles de 
divers petits mouvemens les unes sur les autres; 
mais ces mouvemens , quoique très-marqués dans 
la totalité de l’épine , sont très-petits pour chacun 
des os qui la composent. Chaque vertèbre peut se 
porter un peu en avant en appuyant sur la partie 
antérieure de son corps ; en arrière , en se flé- 
chissant dans le sens des apophyses épineuses ; et 
enfin de côté, en glissantun peu sur les apophyses 
articulaires. Un grand nombre de ligamens affer- 
missent ces articulations ; mais les indiquer pour 
une des vertèbres, c’est à peu prés les faire con- 
noître pour la totalité. 

Le corps de chacune des vertèbres est revêtu , 
tant en dessus qu’en dessous, d’une substance carli- 
lagineuse élastique , dont la solidité diminue gra- 
duellement du centre à la circonférence. Les apo- 
physes obliques ont aussi chacune leurs capsules 


154 III° Leçon. es os et des muscl. dutronc. 


articulaires, Mais toute la partie antérieure du corps 
des vertèbres est recouverte d’un surtout large de 
fibres tendineuses ou ligamenteuses, très-solides , 
qui s'étendent de la première vertèbre à l'os sacrum. 
Il y a de même en arrière du corps, dans l’mté- 
rieur du canal vertébral , une autre toile tendi- 
neuse qui s'étend depuis l’apophyse odontoide jus- 


qu'à l'os sacrumm. Chacune des apophyses , tant 


épineuses que transverses, a aussi un petit liga- 
ment qui l’unit à celle qui la précède ou qui la 
suit. La dernière vertèbre s’unit absolument de la 
même manière avec l’os sacrum. 


B. Dans les mammiféres. 


L’épine des quadrupèdes. peut différer par le 
nombre des vertèbres, par les proportions respec- 
üves du cou, du dos, des lombes , du sacrum et 
du coccyx, par la courbure totale et par la forme 
de chaque vertèbre. 


1°. Nombre des vertèbres des mammifères. 


Les vertèbres cervicales sont toujours au nombre 
de sept, excepté dans le paresseux à trois doigts, 
qui en a neuf. Les cétacés en ont souvent deux où 
plusieurs de soudées ensemble : par exemple , les 
deux premières, dans les dauphins et narsouins 3 
les six dernières , dans les cachalots ; maïs on en 
voit toujours les parties. Seulement il y a alors an- 
kilose. 


Arr. I. Des os de l’épine. 155 


© Quantaux autres vertèbres, leurs diversnombres, 
dans les différentes espèces , n’ont point de rapport 
constant avec les familles maturelles , ainsi qu’on 
peut le voir par la table ci-dessous. 

Dans les cétacés , il n’y a point de bassin pro- 
prement dit, et par conséquent on ne peut établir 
‘aucune distinction entre les vertèbres des lombes , 
celles du sacrum , et celles de la queue. 

Il n’y a qu’un trés-petit nombre de mammifères 
qui n'aient point de vertèbres de la queue. T'elle 
est la roussette. 


TaBgrEeAau du nombre des vertèbres dans les 
mammifères. 


VERTÈBRES | VERTÈBRES | VERTÈBRES |. VERTÈBRES 


ESPÈCES. 


dorsales. lombaires. cacrées.  [coccygiennes. 
°F AU ete 12 5 5 4 
; Orang-outang. . 12 4 3 4 
HAücko! |. . : 13 5 4 5 

Gibbon 14 3 6 

Coaïta ef 14 3 2 32 
: : "PAR 14 7 4 25 
Marikina , . . . 12 7 I 26 

RAM. . . 12 7 3 plus de 16 
FMaïmon . . . . 12 7 1 13 
| Macaque 3 Lo AE 12 7 1 5 
Bonnet-chinois . 11 7 3 20 
Bapton. .|. . - 12 7 1 31 
Magot,. . . . . 12 7 I 3 
7 3 13 


156 III° Leçon. Des os et des musel. du tronc. 


VERTÈBRES | VERTÈBRES | VERTÈBRES | VERTÈBRES 


dorsales. lombaires, sacrées. |coccygiennes: 


IPongo, . .". 12 4 - 4 
H'Alouate . . .. 14 4 5 25 
HIMococo . . . . 12 7 3 18 
tek) OURS, 15 9 1 + 9 
B|Tarsier, . , « . 14 5 3 plus de 17 
\ Roussette . . . 4 z o 
| Chauve-souris. . 5 4 12 
EI Noctul . . 7 3 6 
lIFer-à-cheval. . 6 5 12 
ë Galéopithèque . 6 è 27 
A Hérisson. . . . 7 4 12 
HTanrecitt Lee 6 3 8 
Musaraigne. _ . 7 3 17 
iTaupe .: : /.1 4.0. 6 7 11 
H|Ours blanc. . . 6 7 ii 
É|Ours brun. . . 6 5 plus de 4 
h Blaireau . . . 5 3 16 
HiGlouton . . . . 5 3 18 
Coati 6 AR PME 6 1 plus de 10 
RATON: 7 k 3 20 
Loutre Ge 6 3 21 
Marke, c11fe, 6 3 18 
Belette. 6 3 14 
ACivetté. . . . . 6 3 20 
PREAON eme à 6 3 23 
AI Tipres ed, 7 4 19 
Panthère . . . . 7 3 24 
H|Couguar . . . . 7 3 22 
RL Ghat 2 PENREMERN 7 3 22 
Dhien 02 1 6 3 22 


Ant. I. Des os de l’épine. 157 


VERTÈBRES | VERTÈBRES | VERTÈBRES | VERTÈBRES 


ESPE # Fes: dorsales lombaires. secrées. coccygiennes. 
F7 | 
DD + - 13 7 3 19 | 
enard. . . . - 15 HN 3 20 
Hièue . 16 4 2 plus de 8 
Crabier 13 ; 6 5 plus de 16 
Marmose. … « . 15 6 I 29 
Phalancer . 13 6 1 30 
Porc-épic. be 14 5 4 plus de 8 
HLièvre LL. . 12 7 4 20 
Een SIL 12 7 2 20 
Cabine À. . 13 6 2 a de 4 
Cochon-d’Inde , 13 6 4 6 
@ 13 6 5 7 
. 12 8 #4 7 
dise TR 15 5 3 23 
12 8 3 13 
13 7 6 22 
13 7 3 15 
13 7 4 23 
biere 13 7 3 26) M 
Ne 13 3 7 4 23 
said: » 12 7 4 24 
Do due 12 7 3 23 
? 13 6 4 15 
LÉ 13 7 2 18 
sole 13 7 4 ME. 
Fourmilier:. . . 16 2 4 RE 
Pangolin .. . . 15 | 5 3 23 
Phatagin. . . . 13 5 2 45 
AA. 0. 11 4 3 39 
T7 23 2 4 plus de7 
19 ALTER 14 4 3 


358 III Lrçon. Des os et des muscl. du tronc. 


VERTÈBRES | VERTÈPRES | VERTÈBRES | VERTÈBRES 


ESPÈCES. 


dorsales. lombaires, sacrées. [côccygiennes. 
RS 

20 3 #4 . 24. 

14 5 3 “plus de 4 

20 4 3 PQ 

19 3 4 D 22 

. a 7 4 17 

Dromadaire.. . 12 7 4 - 18 
BR aile. 15 6 3 11 
Girafe. . . . « 14 5 4 18 
Antilope. . - 13 6 PAUL . 19 
Gazelle. , . . . 13 5 5 11 | 
Chamois 5 13 5 4 Tue de 7 
Hot he CRUE 13 6 4 12 
Brebis. . |. 15 6 4 16 
BŒR Se + 9 ele 13 6 4 16 
Cheval. 18 6 2 17 
Couaga È 18 6 7 18 
Phoque 15 + Fo ne 2 Ex 12 
Dauphin . . . . 13 V6 A2 PR 
Marsouin. , + . 13 J 


2°. Proportions entre les régions de l’épine des 
quadrupèdes. 


La longueur du cou ne dépend point dunomb re 
des vertèbres cervicales , puisque ce nombre ne 
change presque point, conne nous l’ayvons vu, - 


Arr. L Des os de Pépine. 159 
| En général , la longueur du couesttelle, que, 
_ jointe à celle de la tête , elle égale celle du train de 
devant ; autrement les quadrupèdes n’auroient pu ni 
F paître , ni boire. Dans tous ceux où cette règle a 
lieu, la grosseur de la tête est en raison inverse de 
la longueur du cou; autrement les muscles n’eus- 

_ sent pu la soulever. 
* Cette règle n’a pas licu dans les animaux qui 
portent les objets vers leur bouche au moyen des 
inains , mi dans l’éléphant , qui supplée aux mains 
par sa trompe , ni dans les cétacés qui vivent dans 
Veau même où se trouve leur nourriture. Ces der- 
miers sont de tous les mammifères ceux qui ont le 

cou le plus court. 

C’est principalement de la longueur des lombes, 
laquelle tient au nombre des vertèbres qui les com- 
posent, que dépend la taille-grêle ou ramassée des 
animaux, ainsi qu’on le voit dans le /ori, etc. 


Mr 


4B1LEAU de la longueur en mètres des régions de 
D ni. l’épine dans les mammifères. 


LOMBES. | SACRUM. 


QUEUES. 


Homme ‘ 


0,14 0,03 
Danse" at: 0,11 0,05 Ô,04 0,02 
0,29 0,13 0,10 0,02 
0,09 0,09 0,03 «1. 0,42 
ln PE ÉTAR 
Roussette . . . 0,07 0,05 0,04 


|Chauve-souris . 


160 IIT° Lrcos. Des os et des muscles du tronc. 


ESCEUFEURE BPRE FOIS TENTE 


. 


Cochon-d’Inde 


Éléphant. AS 
lICochon . . . 
à Rhinocéros. , 
Dromadaire . 
HiGirafe . . . . 
Boutin... 1: 
Denis seu 


{ 


« V’ertèbres du cou. 


LOMBES. 


SACRUM. 


—_——— 


0,03 0,03 0,03 
0,04 0,02 0,04. 
0,28 0,17 0,19 
0,15 0,06 0,15 
0,13 0,04 0,20 
0,10. 0,04 0,30 
0,13 0,03 0,47 
0,32 0,09. 0,36 
0,13 0,03 0,32 
0,21 0,05 0,36 
0,10 0,02 0,40 
017 0,03 0,09 
0,06 0,02 0,02 
0,04 0,08 0,10 
0,06 0,04 0,61 
0,25 0,21 1,02 
0,25 o,11 0,30 
0,20 0,22 0,69 
0,49 9529 0,44 
0,35 0,24 0,93 
0,35 0,20 0,60 
0,30 0,12 0,15 
24 | où17 | o,47 
0,9 
a  Vn. -d 
0,82 
SE, nn À 


3°. Forme des diverses vertèbres dans Les 
mnaïnmifères. 


Les vertèbres cervicales des singes ne diffèrent 
guère des nôtres que parce que leurs apophyses 


cm un mé not Es 


nes. 2, 


“ 


Ant. I Des os de l’épine. ET 


Epineuses sont plus fortes et non fourchues , et que 
leurs corps empictent plus les uns sur le autres 
en devant, ce qui sert à mieux soutenir la tête. 

C’est sur-tout dans le porgo que leurs apophyses 
épineuses sont excessivement lon gues , sans doute à 
cause de la grosseur de sa tête et de la longueur 
de son museau. 

Dans les carnassiers , les apophyses transverses 
des vertèbres cervicales moyennes Peut une 
orme comprimée d'avant en arrière : il n° y aque 
les deux dernières qui forment gouttière. Leurs 
trous sont presque dans le corps de la vertébre. 
L’atlas et l’axis sont beaucoup plus grands. Les apo- 
 physes transverses de l’atlas sont trés-grandes : » ef 
plates d'avant en arrière ; l’apophyse épineuse de 
V’axis est très-haute , el se prolonge tant sur l’atlas 
que sur la troisième vertèbre : elles fournissent par- 
dà des attaches suffisantes aux muscles qui doivent 
mouvoir et soutenir la tête de ces animaux ; qui est 
placée très-désayantageusement. Les antres apo- 
… physes épineuses sont courtes , excepté la dernière; 
elles sont dirigées plus ou moins vers la tête. 

Dans les taupes et les mnusaraignes, iln'y a point 
_ du tout d’ apophyses épineuses aux vertèbres cervi- 
cales : elles forment de «simples anneaux , entre 
- lesquels il y a beaucoup de jeu. 

» Parmi les édentés , les fourmiliers et les tatous 

26 les six dernières vertèbres cervicales soudées 
ensemble. Le cerps de toutes ces vertèbres est large 
ebapplali en avant, et forme une espèce de gout- 

NX L 


162 III Lecon. Des os et des muscl. dutronc, 


tière pour loger l’oœsophage dans toutes les espèces 
de cette famille. ÿ 

: Les rongeurs ont à peu près la même disposition 
des corps de leurs vertèbres, ainsi que le cochon, le 
tapir et le rzinocéros. Les apophyses transverses 
du cochon ont la partie antérieure de leurs extré- 
mités comprimée et élargie , en sorte qu’elles pa 
roissent doubles. 

L’éléphant, dont le cou est très-court , a des ver- 
tébres qui ressemblent assez à celles des singes. ‘ 

Dans les ruminans |, à mesure que le cou s’a- 
longe , les apophyses épineuses diminuent. Elles 
sont presque nulles dans les chameaux , la gi- 
rafe, etc. ; sans cela elles auroïent empêché le cou 
de se ployer en arrière. Les transverses sont com- 
primées , et forment deux angles ; un supérieur 
dirigé. en avant, et un inférieur qui se ‘porte de 
côté. Dans ceux qui ont le cou court, ces deux 
angles forment des apophyses transverses doubles. 
Tels sont le bœuf, la chèvre, le mouton, etc. 

Les vertèbres cervicales du cheval sont assez sem- 
blables à celles des ruminans. Dans les uns et dans 
les autres, les corps des vertèbres ont en avant des 
espèces de crètes longitudinales. 

En général, dans les quadrupèdes, l’avant-der- 
nière cervicale porte sur les parties latérales du 
corps deux éminences applaties qui forment une 
espèce de gouttière. 

Dans le dauphin , l’atlas ressemble assez à celui 
de l’homme : l’axis est très-mince , et soudé à l’atlasi 


‘ 


Arr. I. Des os de l’épine. 165 


les cinq autres sont presque aussi minces que du 
papier. | 

Dans le cachalot , les sept vertèbres sont sou- 
dées ensemble : les cinq intermédiaires sont exces- 


siyement minces. 


g Les vertèbres du dos. 


Les vertèbres dorsales des singes ne diffèrent pas 
beaucoup des nôtres ; seulement leurs apophyses 
‘ épineuses s’alongent et se redressent un peu dans 
les 72acaques et les magots. 
Les chauves-souris n’ont point du tout d’apo- 
physes épineuses ; elles sont remplacées par de 
-très-petits tubercules qui manquent même dans quel- 
ques espèces, de sorte que la colonne vertébrale ne 
présente aucune aspérité en arrière. Leur canal ver- 
tébral est d’un très-grand diamètre dans cette région. 
Dans les vrais quadrupèdes , ces apophyses sont 
d'autant plus longues , plus droites et plus fortes, 
que la tête est plus lourde , ou portée sur un plus 
long cou ; il falloit en effet qu’elles fournissent au 
ligament cervical des attaches proportionnées à 
l'effort qu’il avoit à supporter. 
Ainsi la girafe , le chameau , le bœuf , le 
rhunocéros , l'éléphant , sontles quadrupèdes chez 
 lesquelselles sont les plus longues. C’est une erreur 
decroire qu’elles soutiennent la bosse du chameau ; 
car cette bosse n’est composée que de graisse. 
Le dauphin les a médiocres , mais droites, et 
moindres que celles des lombaires , ‘parce que 


L 2 


164 ITL° Lecox. Des os et des muscl.du tronc. 


celles-ci donnent attache aux énormes muscles de 
la queue. 


y. Les vertèbres lombaires. 


Les vertèbres lombaires des singés ont des apo- 
physesépineuses et transverses un peu dirigées vers 
la tête. Cette direction est encore bien plus mar- 
quée dans les chiens et les chats, qui ont ces pro- 
éminences plus longues. Dans les quadrumanes et, 
les carnassiers, en général, il y a au côté extérieur 
de chaque apophyse articulaire postérieure une, 
pointe dirigée en arriere ; en sorte que l’apophyse 
articulaire antérieure de la vertébre suivante est 
prise ainsi entre deux proéminences , ce qui en 
gêne beaucoup le mouvement. Cette pointe existe 
aussi dans les rongeurs , mais elle est générale- 
. ment plus courte. Cette disposition ne se retrouve 
point dans les autres ordres. La grandeur des 
apophyses tranëverses est un signe de la force des 
reins : c’est ce qu’on voit dans le bœuf, le cheval, 
le rrarsouin, etc. 


à. Les vertèbres sacrées. 


Le sacrum des mammifères est , en général, 
beaucoup plus étroit que celui de l’homme , et 
forme avec l’épine une seule ligne droite ; en sorte 
qu'il ne lui présente pas une base solide pour la 
station , comme nous le verrons mieux en traitant 
du bassin. 

Sa forme est presque toujours en triangle alongé. 


ART. I Des os de l’épine. 165 


Dans chaque ordre , les espèces qui ont l'habitude 
de se tenir quelquefois debout , l'ont , proportion 
gardée, plus large que les autres: tels sont les 
singes, les ours, les paresseux. 

Les apophyses épineuses, qui sont très-courles 
dans l’homme et les singes, s’alongent un peu dans 
les carnassiers : elles viennent à se rapprocher et à 
former une crête continue dans le rAinocéros , la 
plupart des ruminans, mais sur-tout dans la {aupe, 
qui a cette crête très-longue , ainsi que l'os lui- 
même. 

Dans la roussette , Vos sacrum forme une longue 
pointe comprimée , dont l’extrémité se soude avec 
les tubérosités des ischions , sans porter de coccyx. 


e Les vertèbres de la queue. 


Les vertèbres de la queue des mammifères sont 
de deux sortes : celles qui conservent un canal pour 
le passage de la moelle épinière, et celles qui n’en 
ont plus. Ces dernières ont généralement une forme , 
prismatique ; elles vont en diminuant de grosseur 
vers l'extrémité de la queue ; elles n’ont que de 
légères proéminences pour les attaches des muscles. 

Les autres sont les plus voisines du sacrum : elles 
ont des apophyses articulaires et transverses, et des 
épineuses d'autant plus marquées , que ces ani- 
maux meuvent leur queue plus souvent et plus for- 
tement. 

Ceux qui l’ont prenante , comme les sapajous , 
ont en dessous, à la base du corps de chaque ver- 

L 5 


166 III° Lxcow. Des os et des muscl. dutronc. 


tèbre, deux petites proéminences, entre lesquelles 
passent les tendons des muscles fléchisseurs. 

Les mammifères qui ont la queue longue et mo- 
bile , ont souvent deux ou trois petits os surnumé- 

‘raires , situésà la face inférieure sur l’union de quel- 

ques vertèbres , ordinairement depuis la troisième 
ou la quatrième jusqu’à la septième ou huitième. 
On a dit de ces os qu'ils avoient la forme d’un V. 
Ils donnent attache à des muscles. 

Le castor , qui emploie sa queue comme une 
truelle , est remarquable par la grandeur de ses 
apophyses transverses, et parce que ses apophyses 
épineuses inférieures sont plus grandes que les su- 
périeures ; ce qui lui donne la force avec laquelle il 
abaisse sa queue pour gâcher la terre. 

_Comme l’épine des cétacés diffère absolument de 
celle des quadrupèdes par sa forme , qui approche 
beaucoup de celle des poissons , nous croyons utile 
d’en rapprocher ici les particularités. 

Des sept vertèbres cervicales , la première seule 
est bien distincte et porte une apophyse épineuse 
très-prononcée. 

Les vertèbres dorsales ont d’abord des apophyses 
articulaires à la base des apophyses transverses : 
mais vers la neuvième vertèbre il n’y en a que 
de supérieures ; car, à cette hauteur, ces apophyses 
articulaires se reportent à la base des apophyses 
épineuses du côté de la tête, en formant une espèce 
de coulisse dans laquelle est reçue l’apophyse épi- 
neuse qui précède, 


Arr. I. Des os de l’épine. 167 


Les vertèbres lombaires et caudales ne peuvent 
ètre distinguées en aucune manière , puisqu'il n’y 
a point de bassin. On peut remarquer cependant 
que les apophyses transverses, qui sont très-longues 
dans les premières lombaires , se raccourcissent 
sensiblement en avançant vers la queue , et s’effa- 
cent enfin tout-à-fait dans les dernières. 


C, Dans Les oiseaux. 


Le nombre des vertèbres qui composent les di- 
verses régions de l’épine , est ausi irréguliérement 
variable dans les oiseaux que dans les quadrupèdes, 
comme on peut le voir par le tableau ci-dessous. 


T14BLEAU du nombre des vertèbres dans Les 
oiseaux. 


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168 IIT° Lxecon. Des os et des muscl. du tronc. 


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f|Chardonneret.,. . . : 11 8 11 8 
Mésange... . . EDEN 11 Fa 11 7 
Movette il: 41, 7 Ve Melle de 9 10 7 
Rouge-gorge. 4 Re 10 8 10 rs 
; Hirondelle... . . 2 8 11 9 
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Colibri.. . a 9 9 8 
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170 IIT° Lecox. Des os et des muscl. du tronc. 


ÆEn général, il y en a beaucoup au cou. Leur 
nombre s’élève de dix à vingt-trois : celles du dos va- 
rient de sept à onze. Il n’y a point de vertèbres lom- 
baires proprement dites , toutes celles qui s’étendent 
depuis le thorax jusqu’à la queue, étant soudées en 
une seule pièce avec les os des îles : la queue est 
courte, et n’en a qu'un petit nombre, desept à neuf. 

La partie la plus variable pour sa longueur pro- 
poitionnelle est le cou ; il est d'autant plus long 
que les pieds sont plus élevés, excepté dans quel- 
ques oiseaux nageurs , où il est beaucoup plus long, 
parce qu’ils devoient chercher leur nourritureau- 
dessous de la surface des eaux sur laquelle ils 
flottent. 

Les corps des vertèbres cervicales s’articulent , 
non par des facettes planes, qui ne souffriroient 
qu’un mouvement obscur, mais par des facettes 
en portions de cylindre , qui permettent une flexion 
trés-grande. Les trois, quatre ou cinq vertèbres 
supérieures ne peuvent se fléchir qu’en avant, et 
les autres ne le peuvent qu’en arrière. Cela fait 
ressembler le cou des oiseaux à la lettre S ; et c’est 
en rendant les deux arcs qui composent cette cour- 
‘ bure , plus convexes ou plus droits, qu’ils raccour- 
cissent ou qu'ils alongent leur cou. 

Les apophyses articulaires de ces vertèbres su- 
périeures regardent en haut et en bas ; les autres 
en avant et en arrière. 

Au lieu d’apophyses transverses , ces vertèbres 
cervicales d'oiseaux n’ont qu’un bourrelet placé à 


Arr. I Des os de l’épine. 171 


la partie supérieure , et dont l'extrémité antérieure 
produit un stylet qui descend parallèlement au 
corps. 

1 n’y a que les plus inférieures et les plus supé- 
rieures qui aient des apophyses épineuses bien mar- 
quées ; mais elles en ont en avant comme en ar- 
rière. Les intermédiaires ont en avant deux crêtes 
qui forment un demi-canal , et en arrière un tu- 
bercule souvent fourchu , ou, lorsqu'elles sont 
alongées , deux lignes âpres. 

Ces dispositions étoient nécessaires pour loger les 
tendons nombreux des muscles qui produisent les 
mouyemens si compliqués du cou des oiseaux. 

L’atlas a la forme d’un petit anneau. Ïl ne s’ar- 
ticule avec la tête que par une seule facette. 

Autant le cou des oiseaux est mobile , autant 
leur dos est fixe. Les vertèbres qui le composent 
ont des apophyses épineuses qui se touchent : elles 
sont liées ensemble par de forts ligamens. La plus 

” grande partie de ces apophyses est souvent soudée 
en une pièce unique, qui règne comme une crête 
tout le long du dos. Les, apophyses transverses pro- 
duisent , par leurs extrémités, deux pointes, diri- 
gées l’une en avant , et l’autre en arrière : elles 
vont rejoindre celles des deux autres vertèbres; 

_. quelquefois même elles se soudent avec elles, 
comme le font les apophyses épineuses entre elles. 
Cette disposition étoit nécessaire pour que le tronc 
restât fixe dans les violens mouvemens que le vol 
exige. Aussi les oiseaux qui ne volent point, comme 


: 192 IIT° Leçon. Des os et des muscl. du tronc. 


l’'autruche et le casoar , ont-ils conservé de la mo- 
bilité dans la colonne épinière. 

Les dernières vertèbres dorsales se trouvent sou 

vent placées. sous la crête de l’os des îles , et alors 
elles se soudent, comme les lombaires, dans la 
grande pièce des hanches; ce qui fait que ce n’est 
souvent que par les trous des nerfs qu’on peut esti- 
mer le nombre des vertèbres qui y entrent. 
* Les vertèbres de la queue sont plus nombreuses 
dans les espèces qui la meuvent avec plus de force, 
comme la pie , l’hirondelle. Elles ont des apophyses 
épineuses en dessous comme en dessus , et des apo- 
physes transverses fort longues. La dernière de 
toutes , à laquelle les pennes sont attachées, est plus 
grande, et a la forme d’un soc de charrue , ou d’un 
disque comprimé. Le casoar, qui n’a point de queue 
visible , a ce dernier os conique : dans le paon , 
au contraire , il a la figure d’une plaque ovale , 
située horizontalement. 


D. Dans les reptiles. 


Le nombre des vertébres et tous les autres attri- 
buts de l’épine varient plus dans cette classe d’ami- 
maux que dans toutes les autrés. 

Dans les tortues, on compte sept vertèbres au 
cou ; la première n’est qu’un simple tubercule, dont 
la portion annulaire est distincte. La facette par 
laquelle il s'articule avec la tête est formée de 
trois plans , un antérieur , et deux latéraux. Le 
point auquel ils se réunissent est plus saillant’, 


A2 


AnT. I. Des os de l’épine. 173 


et donne attache à un fort ligament. La facelte arti- 
culaire qui l’unit à la vertébre qui suit, est une 
cavité glénoïde ; la seconde vertébre , et celles qui 
viennent ensuite ; portent une crête saillante et lon- 
gitudinale au devant de leur corps. Les apophyses 
articulaires descendent plus bas que le corps. Il n’y 
a point d’apophyse épineuse , excepté à la seconde, 


où elle se dirige en avant , et à la troisième, où elle 


n’est qu’un simple tubercule, Les deux dernières se 
soudent à un certain âge. 

Il y a huit vertébres au dos : elles sont toutes sou- 
dées avec les côtes et la carapace, en une seule pièce 
immobile. Aussi n’ont-elles ni apophyses , ni facettes 
articulaires. Chacune d’elles est plus étroite dans 
son milieu qu’à ses extrémités. 

Celles des lombes et du sacrum sont aussi soudées 
dans la carapace ; mais celles de la queue sont libres 
et mobiles. 

Le condyle que forme leur corps par son arti- 
culation avec la vertèbre voisine, au lieu de regarder 
la tête , comme dans les cervicales, est au contraire 
tourné en arrière. Ïl y a aussi au bas du corps, 
en avant, deux petits tubercules; mais toutes les 
apophyses de ces vertèbres sont comme dans les 
mammifères. 

Parmi les lézards, le crocodile a sept vertèbres 
cervicales , dont les cinq dernières ont les apophyses 
transversestellement engrenées, qu’il ne peut point 
fléchir le coude côté.Ce nombre de septse trouve dans 
la plupart des lézards ; cependant le caméléon n’en 


194 IT° Lrcox. Des os et des muscl. du tronc. 


a que deux. Dans tous, les vertèbres sacrées sont em 
petit nombre,et ne forment point un grand ossacrum. 

- Les grenouilles n'ayant point de côtes, on ne 
pêut établir de distinction entre les trois premiers 
ordtes de vertébres. 

: Elles en ont généralement huit de la nuque au 
bassm , toutes pourvues d’assez longues apophyses 
transverses ; la derniére les a plus longues, et tou- 
chant aux os des iles : dans les crapauds , les apo- 
physes transverses sont très-larges, et semblables à 
des fers de hache. Il n’y a pour tout os sacrum 
qu'un os long, pointu et comprimé, sans coccyx. 
La dernière vertèbre est soudée avec cet os dans le 
pipa, qui a aussi les apophyses transverses de la 
deuxième et troisième vertèbre bien plus longues 
que les autres, et presque semblables à des côtes. 

Les salamandres ont quatorze vertèbres de la 
tête au sacrum ; toutes sont de forme à peu près 
semblable, à l'exception de la première , qui reçoit 
la tête, et de la dernière, qui s’articule avec le 
sacrum. Ces deux extrêmes seulement manquent 
des rudimens de côtes, qui sont de petits os alongés, 
mobiles , et véritablement articulés sur les apo- 
physes transverses qui se dirigent en arrière. Les 
apophyses articulaires sont larges, imbriquées ; les 
postérieures appuient sur les antérieures, de ma- 
nière à s'opposer au mouvement de l’épine en 
arrière. Il n’y a qu’une seule vertèbre pour le 
sacrum ; mais il y en a vingt-sept à la queue. 

Dans les serpens , les vertèbres forment à elles 


1 


\ 


Arr. I. Des os de l’épine. 175 


seules presque tout le squelette ; elles ont, à peu de 
ehose près, la même figure depuis la tête jusqu’à 
la queue; on y distingue très-bien un corps, des 
apophyses épineuses , articulaires et transverses. 
Dans quelques espèces, comme dans le boa, les 
apophyses épineuses qui règnent le long du dos, 
sontséparées les unes des autres, et se permettent ré- 
ciproquement un mouvement assez marqué. 'l'outes 
les fois qu’on observe cette disposition des apophyses 
épineuses, le corps des vertébres ne présente du 
côté du ventre qu’une ligne saillante peu marquée. 

Dans d’autres espèces de serpent, au contraire, 


_ comme celui & sonnettes, les apophyses épineuses 
. sont longues et si larges , qu’elles touchent les unes 


aux autres ; elles ont pour base les apophyses 
obliques, qui s’entrecouvrent comme des tuiles. Il 
résulte de cette disposition, que le mouvement de 
l’épine est très-borné du côté du dos, mais que 
son mouvement du côté du ventre est beaucoup 


plus étendu. Les corps des vertèbres jouent là 


facilement les uns sur les autres, et portent une 
épine trés-aigué, dirigée vers la queue, qui ne 
borne le mouvement qu’autant qu’il pourroit pro- 
duire une luxation. 

Les premières vertèbres ne différent de celles du 
reste du corps que par les rudimens des côtes, qui 
sont beaucoup plus petits: aussi n’y a-t-il point de 
cou dans ces animaux. 

Les vertèbres dela queue sont seulement dis- 
tinctes , parce qu’elles ne portent point de côtes , 


» 


176 IE° Lecox. Des os et des muscl. du tronc. 


et que leurs épines, tant ventrales que dorsales ; 
sont doubles , où forment deux rangées de tuber- 
cules. L’articulation du corps des vertèbres les unes 
sur les autres est très - remarquable. La partie 
antérieure du corps de la vertèébre présente un 
tubercule arrondi demi - sphérique ; et la partie 
postérieure offre, au contraire, une cavité corres- 
pondante; de sorte que chacune des vertèbres est 
articulée en genou avec celle qui la suit et avec celle 
qui la précède. Ce mode d’articulation explique très 
bien le mouvement du corps des reptiles, qui, en 
général, s'exécute sur les côtés, et non de haut en 
bas, comme le représentent les peintres. 


Tableau du nombre des vertèbres dans les reptiles. 


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Caméléon . . . 3 17 3 1 69 
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Salamandre. . . 1 _12 1 1 26 
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‘Grenouille . . . 10 en tout. 


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pus: SC SUR ë& en tout. : 

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Arr. I. Des os de Pépine. 


F. \ 


177 


29 SERPENTS. 


SU 2 ? VERTÈBRES VERTÈÉRES 
MUEISPECES. 
portant les côtes. | à la queue. 


Mipère  ( berus ). .. . . . She 100 Fes 55 
Serpent a lunetttes (naia). | . . 192 . . |. . 63 
Couleuvre à collier (natrix). | . . 204 . . |, . 112 
Mmphisbeneis ie 1020 DO IIpZ Ge Dir 7 
Boa-devin (constrictor.) . . | . . 252 ee. 52 
HERVE RENAN NAN RE PME 77 SU plus de 6o 
Serpent à sonnettes. . . . | , . 175 . .|.. 26 
te 32 102.01 


E. Dans les poissons. 


Les vertébres des poissons osseux ont des corps 
» tantôt cylindriques, tantôt anguleux , tantôt com- 
primés; elles ne s’articulent que par leurs corps 
seulement. Leurs parties annulaires ne se touchent 
point , et elles n’ont point d’apophyses articulaires, 
On! peut les diviser en deux classes : les caudales, 
qui ont une apophyse épineuse en dessus, et une en 
dessous ; et les abdominales ou dorsales, qui en ont 
en dessus seulement. Celles-ci ont ordinairement aux 
côtés des apophyses transverses auxquelles les côtes 
sont aitachées. 
Les apophyses épineuses, tant supérieures qu'in- 
férieures, sont trés-longues, sur-tout dans les pois- 


L | M 


CR CE - 
' 


1798 UT Lecon. Des os et des muscl. dutronc. 
sons comprimés latéralement , comme les pleu- 
ronectes , chétodons , etc. C’est dans la base des 
supérieures qu'est creusé le canal dans lequel passe 
la moelle épinière ; il y en a dans la base des infé- 
rieures un autre pour les vaisseaux sanguins. -Cette 
disposition est à peu près la même dans les poissons 

cartilagineux ; mais tous les cartilages sont soudés 
ensemble , et l’on ne peut guère y distinguer is 
les apophyses épineuses. 

Une vertèbre de poisson est très-facile à recon- 
moître d'avec celle de tout autre animal par la 
configuration du corps qui présente en devant et 
en arrière des cavités coniques qui, étant réunies 
avec de semblables enfoncemens du corps de la 
vertèbre voisine , forment, dans toute la lon- 
gueur de la colonne vertébrale , des cavités com- 
posées des deux cônes qui se joignent par leur 
base. Ces cavités renferment une substance car- 
tilagineuse , composée de fibres concentriques , 
dont celles du centre sont beaucoup plus molles. 
C’est sur ce cartilage que s’exécutent les mouvemens 
‘ de chacune des vertèbres. 

La dernière vertèbre de la queue est ordinaire- 
ment de forme triangulaire applatie, et dans une 
direction verticale ; elle porte, sur son extrémité 
posenenres des empreintes articulaires qui corres2 
pondent à de petits osselets alongés qui soutiennent 
la nageoire de la queue. 

Outre les parties durés qui soutiennent le corps 
des poissons, il y a quelques petits os absolu- 


ART. 1. Des os de l’épine. 179 


ment hibres, et sans articulation , qui servent seu- 
lement de point d'appui aux muscles du corps. Il 
en est d’autres qui ont la même direction que les 
apophyses épineuses de la colonne vertébrale, et 
qui soutiennent les nageoires du dos et de l'anus. 
Ces derniers diffèrent beaucoup de forme dans les 
espèces diverses de poissons. T'antôt ils sont trian- 
gulaires , et tantôt applatis, arrondis, .ou dentés en 
scie sur un ou plusieurs angles. Ces petits osselets 
sont maintenus en situation par un ligament qui 
les unit aux apophyses des vertébres. Ils sou- 
üennent chacun un ou plusieurs des rayons des 


| nageoires. 


14 


TABLEAU du nombre des vertèbres dans Les 
poissons. 


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180 III° Lecow. Des os et des muscl. du tronc. 
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HMalarmat, . . . . . . 
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HiTriglevolant . . . . . 
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Arr. II. Des muscles de l’épine. 181 


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Hareng.. . . . . « . 4 38 ll 18 
Saumon rhomboïde. . I 12 1 20 
Brochet (Lucius) . . . 4 35 u 20 
|Brochet espadon . . . nm 34 3 1 
Silure matou . . . . 1 12 és 30 
MIOIIGAMRER Se eee ei 1 6 1 28 
Fistulaire. . . +. . . ü 59 1 22 


À RIT LOL E ET 


Des muscles de l’épine. 


4. Dans l’homme. 


Lépine de l’homme dans sa portion lombaire 
et dorsale n’a qu'un mouvement obscur de chaque 
vertébre en tous sens sur sa voisine, duquel il 
résulte, au total, des inflexions assez considérables. 
La portion cervicale est un peu plus mobile. En 
général, la colonne vertébrale peut aussi se tordre 
jusqu’à un certain point sur elle-même. 

Ses muscles sont nombreux et compliqués. 

En arrière , il y a, 1°. les iuterépineux : ils 
sont disposés en deux rangées entre les apophyses 


épineuses de toutes les vertèbres ; il y en a vingt- 
M 5 


182 IE Lecox. Des os et des muscl. du tronc. 
trois de chaque côté ; ils peuvent courber l’épine er 
arrière. 

2°. Les inter-transversaires, qui ont à peu près 
la même forme que les précédens ; ils sont placés 
entre une apophyse transverse et celle qui la suit. 
Lorsque ceux d’un côté agissent séparément , ils 
courbent l’épine de ce côté la; lorsqu'ils agissent 
ensemble, ils la maintiennent dans l’état de rec- 
titude. , 

3°. Les épineux transversaires , qui s'étendent 
obliquement des apophyses transverses inférieures, 
et des tubercules du sacrum aux apophyses épi- 
neuses supérieures , et forment une masse serrée 
qui garnit toute l’épine, et se nomme le srand 
muscle épineux transversaire(multifidus spinæ). 

4°. L’épineux du cou, qui s’attache aux apo- 
physes transverses des vertébres eervicales, depuis 
la seconde jusqu’à la sixième , de manière à ce que 
les languettes supérieures recouvrent les inférieu- 
res. il s’insère inférieurement aux sept premicres 
apophyses épineuses des vertèbres dorsales par des 
languettes tendineuses distinctes. 

5°. Le demi-épineux du dos : il est situé trans- 
versalement sur l’épine , plus bas que le précédent. 
11 s'attache d’une part aux apophyses épineuses des 
deux dernières vertèbres du cou, et des cinq pre- 
mières du dos; et de l’autre il s’insère aux apophyses 
transverses des vertèbres du dos, depuis la septième 
jusqu’à la dixième. | 

6°. L’épineux du dos, couché transversalement, 


3 À 
Arr. IL Des muscles de l'épine. 183 
plus bas et en partie au-dessôus du précédent, forme 
des faisceaux concentriques, qui en haut s’attachent 
aux apophyses épineuses des vertèbres dorsales : 
depuis la deuxième jusqu’à ia huitième, et qui s’in- 
sèrent par en-bas aux trois dernières apophyses 
ponenses des vertèbres dorsales, et aux deux pre- 
micres des lombes. 
7°. Le long dorsal. Il est plus superficiel , situé 
a des précédens. La direction de ses fibres 
gst inverse de la leur ; il prend naissance sur le 
sacrum par un fort tendon ; il s’attache aussi aux 
épines lombaires, et il monte ensuite jusqu’à l'apo- 
physe transverse de la septième vertébre du cou , 
en donnant une rangée interne de languettes à toutes 
les apophyses transverses du dos, et une rangée 
externe aux huit dernières côtes. 

8. Le transversaire du cou, ou grand trans- 
versaire ; qui est situé entre le haut du long dorsal 
et les précédens. Il s’étend des cinq lou six pre- 
mières apophyses des vertèbres du dos jusqu’à la 
troisième, quatrième et cinquième apophyse trans- 
verse des vertèbres du cou. On le regarde comme 
un accessoire du long dorsal. 

0. Le sacro- lombaire: placé en dehors des 
précédens, il s’attache aux mêmes points que le long 
dorsal, avec lequel il se confond inférieurement en 
haut. Il s’insère, par autant de languettes tendi- 
neuses , à l’angle de toutes les côtes, et à l’apophyse 
transverse de la dernière vertèbre cervicale. 

10°. Enfin le cervical descendant, où transver- 


M # 


184 TIT° Lecon. Des os et des muscl. du tronc. 


saire gréle, qui est situé entre le long dorsal et le. 
sacro-lombaire. 11 s'attache supérieurement aux 
apophyses transverses des vertèbres cervicales qui 
suivent la troisième, et il se termine par des lan- 
guettes tendineuses , qui croisent celle du sacro- 
lombaire, aux angles de toutes les côtes. Ce muscle 
est encore un accessoire du sacro-lombaire. 

Tous ces muscles de l’épine doivent être consi- 
dérés en masse si on veut se former une idée nette de 
leur manière d’agir et des mouvemens qu’ils opèrent. 

Ainsi cette masse de fibres charnues et aponévro- 
tiques qui occupe la partie postérieure de lépine , et 
qui semble prendre naiïssance sur le sacrum, peut 
_être considérée comme un seul muscle ( sacro- 
spinien ) formé .de trois branches principales. 

L'une, la plus interne, la plus rapprochée des 
apophyses épineuses , répondant aux muscles nom- 
més l’épineux du cou et l’épineux du dos, qui doit 
maintenir l’épine dans un état de rectitude et la 
porter en arrière lorsqu'elle s’est inclinée en devant. 
- La seconde portion, qui est intermédiaire, et qui 
forme ce que les anatomistes ont nommé le sacro- 
lombaire, et son accessoire ou transversaire gréle, 
qui agit comme les précédens. 

Enfin la troisième portion est externe ; ‘elle est 
formée par le long dorsal et son accessoire ou grand 
transversaire du cou ; elle a absolument les mêmes 
usages que les deux autres. vs, 

Viennent ensuite les petits muscles situés entre 
chaque paire dé vertèbres. Ils forment trois séries. 


AnT. Il Des muscles de l’épine. 185 
Les transversaires épineux ( tansverso - spi- 
niens ) ; 
Les interépineux ( 2z{erspiniens ) ; 
Les inter-transversaires ( inter-transversiens ), 


I n'y a qu'un seul muscle situé au devant de 
l’épine, qui agisse spécialement sur elle; c’est le /ong 
du cou ( præ-dorso-atloidien ) qui est attaché 
sur le corps des trois premières vertèbres du dos, 
et qui s’insère au tubercule antérieur de l’atlas ; il 
doit fléchir le cou en devant. 

Les vertèbres de la queue ou du coccyx sont 
susceptibles d’un pètit mouvement en arrière et en 
devant , qui est opéré par deux paires de muscles 
qu’on nomme : 

L'ischio - coccy gien ( ischio-caudien ) ; il s’at- 
tache sur l’épine de lischion et s’insère aux parties 
latérales des os du coccyx. Lorsque les deux muscles 
agissent ensemble , ils portent un peu les os en 
arrière. 
Le sacro-coccygien ( saero-caudien ): il vient de 
la face interne de l’os sacrum , et s’insère à la face 
interne des os du coccyx, qu'il relève par sa con- 
traction. 


B. Dans les mammifères. 


Les muscles de l’épine des sirges sont , à peu de 
chose près , les mêmes que ceux de l’homme. Ils ne 
différent guère que par la force de leurs tendons. 

Ceux des chauve-souris sont si grêles, qu'on 


186 IT Leçox. Des os et des muscl. du tronc. 


n’appercçoit qué quelques fibres tendineuses à la 
face spinale. 

Les autres mammifères n’offrent aucune diffé- 
rence que celle du nombre des languettes , qui 
dépend de celui des vertèbres. Dans le cochon , par 
exemple ; l’épineux du dos commence bien sensi- 
blement sur la première apophyse épineuse du dos, 
par une languette toute charnue. Il y en a une 
toute semblable à chaque apophyse épineuse qui 
suit, Elles se joignent toutes ensemble pour former 
des tendons qui s’insèrent aux apophyses épineuses. 
de chaque vertébre des lombes. 

Les mouvemens de la queue dans les mam- 
mifères sont beaucoup plus sensibles que dans 
. l’homme. C’est un membre de plus que la nature 
leur a accordé ; car quelques-uns s’en servent pour 
se suspendre et s’accrocher aux arbres. Le plus 
grand nombre l’emploient comme un fouet pour . 
chasser les insectes parasites ; d’autres, comme les 
cétacés , la meuvent pour diriger leur corps en 
nageant. Les castors l’émploient comme une truelle 
pour construire leurs habitalions, etc. etc. On con- 
çoit qu'il a fallu un plus grand nombre de muscles 
que ceux de l’homme pour opérer ces mouvemens 
divers. ; 

La queue des mammifères est susceptible de 
trois sortes de mouvemens : | 

L'un par lequel elle se redresse ou s'élève ; un 
autre par lequel elle se fléchit ou s’abaisse ; et un 
troisième par lequel elle se porte sur les côtés. 


Arr. Il. Des muscles de l’épine. 187 


Ces mouvemens par leur combinaison en pro- 
duisent encore de secondaires ; elle peut se tordre 
sur son axe , se rouler en spirale dans le même plan 
et en tire-bourre, comme dans les animaux à 
queue préhensile. 

Trois classes de muscles opèrent ces mouvemens ; 
ils diffèrent beaucoup de ceux de l’homme, comme 
nous allons le voir. 

a. Ceux qui relèvent ou redressent la queue : 
ils sont toujours situés à la face supérieure ou 
spinale. . 

1°. Les sacro-coccygiens supérieurs( lombo- 
sus-caudiens ). Is commencent sur la base des 
apophyses articulaires des trois ou quatre dernières 
vertèbres des lombes, sur celles du sacrum et des 
vertèbres caudales qui en sont pourvues, par des 
languettes charnues qui diminuent insensiblement 
de largeur. Il part dela masse commune des tendons 
grèles opposés aux digitations charnues. Le premier 
de ces tendons est le plus court. Il se porte du côté 
interne, et s’insére à la base de la première des ver- 
tèbres caudales qui n’ont point d’apophyses articu- 
laires. Le second tendon se porte à la suivante, et ainsi 
de suite. Il y a ordinairement treize tendons. Ils sont 
reçus chacun dans une gouttière ligamenteuse qui 
leur sert de gaïîne. Toutes ces gaines sont réunies par 
un tissu ligamenteux qui les enveloppe comme dans 
une espèce d’étui. 


188 III° Lecon. Des os et des musclL. du tronc. 


Lorsque les deux muscles agissent ensemble , ils 
doivent relever la queue ou la plier en dessus. 

2°. Les inter- épineux, Vépineux oblique ou 
Zombo-sacro- -coccygien, Vicq d’Azir. Ces muscles 
sont la continuation des muscles inter-épineux de 
l’épine ; mais comme les apophyses épineuses de la 
queue sont courtes et souvent remplacées par deux 
tubercules qui #épondent aux apophyses obliques , 
les attaches varient un peu. Voilà peut-être la 
raison qui a fait regarder ces muscles comme dis- 
tincts par beaucoup d’anatomistes. 


b. Les muscles qui abaissent ou plient la queue 
en dessous. Ceux-ci prennent tous naissance dans 
l'intérieur du bassin, et se prolongent plus ou moins 
sous la face inférieure de la queue. Ils forment 
quatre paires. 


1°. L'iléo-sous- caudien ou iléo coccygien de* 
Vicq-&’Azyr. Il vient de la partie interne où 
pelvienne de l’iléon, forme une portion charnue 
alongée dans l’intérieur du bassin , et se termine à 
l'un des os en forme de V, placés au-dessous de la 
queue ; quelquefois, comme dans le raton , entre 
le cinquième et le sixième os ; quelquefois entre le 
septième et le huilième, comme dans le sarigue. 
Ce muscle doit abaisser la queue et l’ apps for- 
er contre l’anus. 
Le sacro-sous-caudien ou sacro-coccygien 
inférieur , Vicq-d'Azyr. Ce muscle est l’antago- 
iste du lombo-sus-caudien ; il lui ressemble absolu 


Arr. Il Des muscles de l’épine. 189 


ment ‘par sa structure. Il vient de la face inférieure 
du sacrum et des apophyses transverses des ver- 
tèbres caudales qui en sont pourvues, par une por- 
tion charnue qui diminue insensiblement de grosseur 
et forme autant de tendons qu’il y a de vertèbres 
caudales sans apophyses transverses. Ces tendons 
sont recus dans des gaines semblables à celles du 
lombo-sus-caudien, et s’insèrent à la base de cha- 
cune des vertèbres en dessous , à commencer ordi- 
nairement par la septième. 

5°. Les sous-caudiens ou inter -coccygiens, 
Vicq-d’Azyr, sont situés sous la ligne moyenne infé- 
rieure de la queue. Ils commencent sur l’union de 
la première avec la seconde vertébre caudale , et 
forment une portion allongée qui s’insère d’abord à 
Vos en forme de V des quatrième, cinquième et 
sixième vertcbres. Ils reçoivent en même temps de: 
petites portions charnues qui vont toujours en dimi- 
nuant de grosseur , et qui se portent de plus en plus 
loin en s’insérant inférieurement à la base de chaque 
ôs de la queue. 

4. Le pubo-sous-caudien ou pubo-coccygien 
de Vicq-d’Azyr. Ce muscle n’existe pas dans le 
raton; mais il est très-distinct dans le chien et le 
sarigue. Il est mince , s’attache à tout le détroit supé- 
rieur du bassin, comme une toile charnue qui se 
termine en pointe et va s’insérer au-dessous de læ 
queue sur les apophyses ou tubercules de la base 
de la quatrième et cinquième vertèbres. Il pro- 
dujt le même effet que l’iléo-sous-caudien. 


#90 ITI° Lecox. Des os et des muscl. du tronc. 


c. Les muscles qui portent la queue sur les côtés. 
1 n’y en a que deux , qui sont : 


1°. L'ischio - caudien ow ischio - coccy gien 
externe, Vieq-d'Azyr. Il s’attache à la face pel- 
® wienne ou interne de l’ischion au-dessous ét der- 
rière la eavité cotyloïde, et il se porte en arriére sur 
les apophyses iransverses des vertèbres de la queue. 

Dans le chien il n’a qu’une languette charnue qui 
s'insère à la quatrième vertèbre. 

Dans le raton, qui n’a pas de pubo-sous-cau- 
diens , il s’insère par autant de digilations charnues 
aux sept vertèbres caudales qui suivent la troisième, 

Dans le sarigue il se termine aux quatre pre- 
micres vertèbres de la queue. 

9°, Les inter-transversiens ou inter-transver- 
sal, Vicq-d’Azyr. Ces muscles sont étendus en une 
seule bandelette musculaire et aponévrotique entre 
toutes les apophyses transverses. Leurs tendons sont 
plus distincts à la face supérieure de la queue. 

En résultat il y a donc huit paires de muscles à la 


queue. 


C. Dans Les diseaux. 


Les oiseaux n’ont point de muscles pour la partie 
dorsale de lPépine. Leur cou seul est mobile; il 
_ porte beaucoup de muscles. Ce sont : 

Des inter-transversaires, qui sont à peu près dis- 
posés comme ceux des mammifères, 

Des épineux transversaires, qui vont oblique- 


Arr, Il. Des muscles de l’épine. 191 


ment des apophyses transverses inférieures aux apo- 
physes épineuses de la vertébre supérieure , mais 
seulement du côté où chaque vertèbre se fléchit. 
Ainsi dans les premières vertèbres ils sont situés en 
devant , et dans les autres en arrière. 

Un muscle analogue au cervical descendant ou 
au sacro-lombaire qui vient des apophyses épi- 
neuses du dos , et qui se termine à l’apophyse trans- 
verse de la seconde vertèbre par un très-long tendon. 
Selon les espèces , il s’en détache des langueltes 
charnues dont cinq ou six se portent sur les apo- 
physes transverses des vertèbres inférieures du 
cou. Chacune de ces languettes reçoit à son inser- 
tion deux ou trois petits trousseaux musculaires qui 
viennent ces deux ou trois apophyses épineuses 
inférieures. 

Dans la buse, par exemple, le tendon qui s'in- 
sère à lasseconde vertèbre recoit cinq languettes qui 
viennent des cinq apephyses épineuses du cou qui 
suivent la troisième. La seconde languette , qui s’in- 
sère à l’apophyse transverse de la cinquième ver- 
tébre , en recoit des apophyses énincuses des trois 
cervicales qui la suivent. De même le troisième ten- 
donqui s’insère à la sixième apophyse transverse , 
reçoit quatre languettes qui viennent des apophyses 
épineuses des vertèbres cervicales , depuis la sep- 
tième jusqu'a la dixième , et ainsi de suite. Mais on 
retrouve d’autres nombres pour d’autres espèces. 

Toutes les languettes accessoires sont placéés 
entre les deux grands cervicaux descendans. 


192 H° Lxçox. Des os et des muscl, dustronc. 


Le long antérieur du cou: c’est un muscle très- 
composé dans. les oiseaux, Chaque stylet des apo- 
physes transyerses de celles des vertèbres qui se 
flèchissent.en arrière , en reçoit un tendon ; et ce 
tendon en descendant reçoit des languettes muscu- 
laires de plusieurs des vertèbres qui sont au-dessous. 

Dans la buse, que nous, prendrons encore ici 
pour exeniple., les tendons. des stylets supérieurs 
recoivent leurs langueites des vertèbres plus hautes. 


Dans le héron, les tendons desstylets snpérieurs 


ont leurs ventres ou parties charnues attachés aux 
vertébresles plus basses ; etenveloppent en-partie 
lestendons des stylets inférieurs ,exéepté cependant 
ceux des trois dernières vertèbres cervicales qui 
sont conime dans la buse. 


D. Dans, les reptiles. er 


I] y a peu dé muscles de l’épine dansla grenouille. 
L'analogue de l’ischio-cocey gien est un muscle 


large, mince, : qui occupe iout lintervalle compris 


entre le long os du coccyx et.les iléons ; ses fibres 
sont obliques. IL doit rapprocher le coccyx de la 
direction de l’épine. ii : 
:T’analogue du Zombo-costal, naït 1, ie du 
précédent par une sorte dé pointe attachée au 
coccyx. Il s'étend jusqu’àla tête, où il s’insère ; mais 
il donne des fibres en passant à chacune des apo- 
physes transverses , ce in forme à sa surface des 
espèces d’interseclions. 
L’oblique supérieur vient dé la tête sur les bords 


à Arr. IL Des muscles de l’épine. 193 
du trou occipital , et s’insére à la premicre apo- 
physe transverse de l’épine dorsale. 

Il n’y a qu’un petit droit antérieur. Il vient de 
la base du crâne au-dessous du trou vertébral, et 
s’insère à la première apophyse transverse. 

Les znier - transversaires sont comme dans 
l’homme. 

Les muscles de l’épine de la salamandre res- 
semblent beaucoup à ceux de la grenouille. Ceux 
de la queue ont beaucoup de rapport avec les 
muscles des poissons. 

L’épine de la 1ortue n’a de mouvemens que dans 
les portions du cou et de la queue ; celles du dos et 
des lombes ayant les vertèbres soudées, n’ont aucun 

muscle. 

Les muscles du cou diffèrent beaucoup de ceux 
de l’homme. Les mouvemens qu’ils opèrent sont 
ceux de l’alongement, par lequel la tête est portée 

- en avant , au-dela du test, et ceux de rétraction , qui 
ramènent la tête sous la carapace en produisant la 
flexion du cou en Z. 

Le premier des muscles propres au cou s’atlache 
sous le bord antérieur latéral de la carapace, et 
s’insère à l’apophyse transverse de la première ver- 
#ébre. If relève le cou et le porte en arrière. 

Un autre vient de la partie moyenne antérieure 
de la carapace, et s’insère par quatre languettes 

_charnues, qui restent long-temps séparées, aux apo- 
l physes articulaires des troisième , quatrième , cin- 
quième et sixième vertèbres du cou. Il ramène le 


1 N 


104 IIT° Leçon. Des os et des muscl. dutronc. 


cou en arrière lorsque la tête est très-alongée , et ïl 
la porte en devant lorsqu'elle est en arrière. 

Des troisième, quatrième et cinquième vertébres 
du cou naît, sur leurs apophyses articulaires, un 
muscle formé de trois languettes, lesquelles, après 
s’être réunies, forment deux tendons dont l’un 
s’insère à l’apophyse transverse de la première , et 
l’autre à l’apophyse épineuse de la seconde. Ce 
muscle fléchit le cou sur lui-même en lui faisant 
décrire une courbe dont la convexité est en dessous, 
mouvement qui ramène la tête sous le test. 

L’analogue du long du cou naît sous la carapace 
au-dessous du corps de la seconde vertèbre dorsale, 
et monte le long du cou en fournissant des lan- 
guettes aponévrotiques à toutes les apophyses trans- 
verses jusqu’à la deuxième où il s’insère. C’est en- 
core un rétracteur de la tête, 

Il y a des muscles interarticulaires bien pronon- 
cés, qui, par leur contraction, doivent relever 
chacune des vertèbres et par conséquent étendre 
le cou. : 

L'’analogue du transversaire épineux , situé à la 
partie postérieure du cou, vient de toutes les apo- 
physes transverses supérieures, et s’insére aux , 
apophyses épineuses jusqu’à la sixième. 

Enfin un muscle court qui vient de dessus le corps % 
des prenüères vertèbres dorsales au-dessous de la 
carapace , s’insère aux apophyses articulaires de la 
sixième et de la septième vertèbre cervicale. C’est 
un muscle propre à cet animal qui commence à OpÉ- 


Arr. IT. Des muscles de l’épine. 195 


rer l'extension du cou , lorsque la tête est cachée 
sous le test, 


E. Dans les poissons. 


Les muscles de l’épine des poissons sont très- 
différens de ceux des autres animaux à sang rouge. 
Leur situation et leur action sont absolument chan- 
gées. 

… Dans les mammifères , les oiseaux et les reptiles, 
ces muscles sont situés au-devant ou en arrière des 
vertèbres. Dans les poissons , au contraire , ils sont 
placés latéralement. De cette différence de posi- 
tion dépend celle du mouvement produit. Chez les 
premiers, la colonne vertébrale se fléchit princi- 
palement en avant , ou se redresse enarrière. Son 
mouvement latéral est moins sensible : il est beau- 
coup plus marqué dans les poissons chez lesquels 
il produit l’action de nager ; tandis que le mouve- 
ment de l’épine, du côté du: ventre ou du dos, 
est presque nul. 

Les fibres charnues qui déterminent le mouve- 
ment de la colonne vertébrale ; sont entrelacées 
dune manière si compliquée , qu’on ne peut guères 
les distinguer que par plans, et c’est ainsi que nous 
allons les considérer. 

Lorsqu'on a enlevé les écailles et la peau , on 
trouve au-dessous une masse charnue , composée 
1°. de fibres réunies en petits trousseaux , parallèles 
et longitudinaux, disposés en ares, dont la convexité 
regarde la tête. Tous ces arcs sont reçus les uns 

N 2 


196 Ie Lecow. Des os et des muscl. du tronc. 


dans les autres , et la ligne d’intersection qui les dis- 
tingué paroît produite par une aponévrose , dans 
l'épaisseur de laquelle on trouve souvent une arête 
ou petite portion osseuse flexible. C’est ce qu’on ob- 
serve très-facilement dans la carpe , le brochet, le 
merlan , etc. 2°. Aux extrémités de ces arcs, vien- 
nent se joindre, du côté du dos et du ventre, d’autres 
fibres musculaires qui ont une direction différente. 
Les supérieures ou dorsales suivent deux lignes, en 
forme de V ou d’angle, dont l’ouverture regarde la 
tête. Elles fournissent, par leur surface , beaucoup 
de filamens aponévrotiques qui se terminent par de 
petits tendons : ils s’attachent et se perdent dans 
la peau. Le plan de fibres inférieures ou coslales 
est composé de petits muscles intercostaux , dont la 
longueur est égale à la distance respective de cha-- 
cune des côtes ou des apophyses épineuses infé- 
rieures. 
Ces trois plans de fibres sont tellement unis entre 
eux , qu'ils ne peuvent être considérés que comme 
un seul et même muscle qui s’attache au corps et 
aux apophyses de toutes les vertèbres et à la tête. 
On l’a nommé muscle latéral, Il produit tous les 
mouvemens latéraux du corps, et principalement 
ceux de la queue : il est trés-facile d’expliquer sa 
manière d’agir. En eflet, la contraction des fibres 
de l’un des côtés du corps, produit le rapproche- 
ment de la queue vers la tête dans le même sens. 
Lorsque la queue est une fois dans cet état de flexion 
latérale, elle ne peut être ramenée à sa direction 


Am. Îl. Des muscles de l'épaule. 197 


naturelle que par le raccourcissement des fibres du 
côté opposé ; mais quand , par l’action de celle-ci , 
elle est entraînée au-delà de la ligne droite , elle 
produit le mouvement contraire. C’est par suite de 
ces directions latérales et alternatives que s’exé- 
cute principalement l’action de nager ou la progres- 
sion propre au poisson. 

Les ostracions dont tout le corps , à l’exception 
des mächoires et des membres , est renfermé sous ” 
un test corné , dont la solidité approche de celle de 
Vos , ont des muscles latéraux un peu différens. On 
les retrouve sous les parois de la peau, Ils ont à peu 
près le même volume , mais ils ne s’attachent qu’à 
la têtc et à la queue uniquement. Les attaches sur 
les vertèbres du corps auroient été inutiles , puis: 
qu’il n’y a que la partie de la queue, située hors 
du coffre , qui puisse se mouvoir. La texture de ces 
muscles latéraux est aussi beaucoup plus simple : 
leurs fibres sont presque toutes longitudinales. 

Comme les côtes et les muscles manquent, ces 
parties sont remplactes par une aponévrose de 
couleur argentée brillante, qui forme le parois de 
l'abdomen et double la face interne du test. 

La queue de ce genre de poissons a une paire de 
muscles particulière qui paroît accessoire du latéral. 
Leur forme est pyramidale; ils sont situés à la face 
abdominale ou inférieure du corps , depuis environ 
sa partie moyenne jusqu’à la partie de la queue 
qui est au dehors du test. Ils s’attachent à la face in- 
terne de la paroi ventrale du coffre , et se terminent 

AN 18 


108 IIT° LEcox. Des os ei des muscl. du tronc. 


par de petits tendons au dessous et sur les côtés des 
trois dernières vertèbres de la queue, qu’ils doivent 
abaisser un peu en la portant de côté. | 

Dans l'intervalle que laissent entre eux les deux 
muscles latéraux du corps dans les poissons ; on 
trouve, du côté de la carène dorsale , des muscles 
très-grèles et très-longs , dont le nombre varie sui- 
vant l’existence , ou le nombre des nageoires dor- 
sales. On les a nommés les r7uscles du dos. 

Iln’y en a qu’une paire dans ceux qui n’ont point 
de nageoires dorsales , comme quelques espèces de 
gymnotes. Ils viennent de la nuque et se terminent 
à la nageoïre de la queue : ils sont formés de petits 
ventres charnus , très-courts , avec de longues inter- 
sections tendineuses. 

Dans les poissons , qui n’ont qu’une seule nageoire 
dorsale , comme les /oches, la carpe, la tanche , etc. 
il y a deux paires de ces muscles : la première est 
située dans l'intervalle de la nuque à la nageoire; 
et la seconde , dans celui de cette nageoire dorsale 
à celle de la queue. 

Quand il y a deux nageoires du dos, comme dans 
le zzuge, les zées , etc. on trouve trois paires de 
muscles : une entre la nuque et la première na- 

geoire; une seconde entre les deux nageoires du 
dos; et la troisième entre la seconde rageoire du 
dos et celle de la queue. 

Tous ces muscles s’attachent aux premiers rayons 
de chacune des nageoires , et les meuvyent en les re- 
levant ou Les développant. 


Arr. II. Des muscles de l’épine. 199 


- T1 y a des muscles absolument analogues à ceux- 
ei sous la carène du ventre. 

Dans la carpe, par exemple, il y en a deux 
paires : lune s’étend de la symphyse des os , en 
forme de ceinture , qui reçoivent les nageoires pec- 
torales; et elle se termine , de l’un et de l’autre 
côté , dans le tissu ligamenteux qui unit les deux 
nageoires ventrales. Les petits ventres charnus qui 
la composent sont au nombre de quatre ou de cinq, 
très-distans les uns des autres ; ils ressemblent à des 
grains de chapelet. 

L'autre paire s’étend de la réunion des nageoires 
de l’anus aux premiers rayons de la nageaire de la 
queue. Les ventres charnus sont encore plus grêle : 
et les tendons beaucoup plus alongés. 

Les nageoires du dos , de l’anus et de la queue , 
ont de petits muscles particuliers , destinés à les 
étendre et à les plier. 

La direction et les attaches des petits muscles de 
la nageoire de la queue varient. Les plus longs 
viennent ordinairement des trois avant-dernières 
- vertèbres de la queue ;, ils sont les plus extérieurs ; 
ils se terminent aux cinq ou six rayons externes, ou 
les plus longs , de chaque côté. 

D’autres naissentsur les deux dernières vertèbres; 
ils ont la même direction en éventail que les pré- 
cédens ; mais ils se terminent aux rayons intermé- 
diaires. : 

Enfin il y a , à la base des rayons mêmes , deux 


muscles à fibres courtes obliques, qui se terminent 
N 4 


200 JII°. Lecon. Des os et des muscl. du trone. 


sur chacnn d’eux par autant de digitations. Ceux-ci 
servent à fermer la nageoire , tandis que les pre- 
miers servent à l’ouvrir , ou à l’épanouir. 

Les muscles des nageoires dorsales sont à peu. 
près disposés de la même manière : ceux qui sont 
destinés à les étendre , s’attachent aux apophyses 
épineuses dorsales des vertèbres : ceux'qui les plient 
sont courts, et s'étendent obliquement sur les petils 
osselets ou raÿons qui composent ces nageoires. 


Les muscles extenseurs de la nageoire de l'anus 
s’attachent sur des épines particulières des verté- 
bres à leur face abdominale : ceux qui sont propres 
à la plier, sont courts et couchés à la base des 
rayons. 


Nous terminerons cet article des muscles de l’é- 
pine des poissons par lexposition de ceux de la 
raie. 

Ces muscles se rapprochent beaucoup de la forme 
de ceux que nous avons reconnus dans la queue de 
quelques quadrupèdes. 

Ils sont disposés sur deux plans et sont an nombre 
_ de quatre ; deux latéraux supérieurs, et deux laté- 
raux inférieurs. 


Les latéraux supérieurs viennent de la partie 
moyenne de la colonne vertébrale, au-dessus de lab 
domen, par une portion charnue , reconverte de 
fortes aponévroses. Arrivée à la hauteur du bassin, 
il s’en détache de petiles portions tendineuses qui 
glissent dans des gaines parallèles , et qui se portent 


Arr. IL Des muscles de l’épaule.  20ù 


successivement vers la ligne moyenne où elles se 
fixent à la partie supérieure de chacune des ver- 
tèbres de la queue. La fibre charnue accompagne 
ces tendons quelque temps après leur séparation du 
faisceau commun. 

Dans la partie inférieure de la queue , ces mus- 
cles latéraux supérieurs reçoivent des accessoires 
de chaque côté; mais ce sont de simples tendons 
qui paroissent seulement destinés à s’opposer à une 
extension trop violente dans l’un ou dañs l’autre 
sens. 

Chacun des tendons des muscles latéraux tire la 
vertèbre de la queue sur laquelle il s’insère dans le 
sens de son'ction ; et du mouvement commun de 
rétraction , résulte la flexion ou la courbure géné- 
rale de la queue en dessus. 

Les muscles latéraux inférieurs de la queue pren- 
. nent aussi naissance sur les lombes, comme les pré- 
cédens ; mais plus extérieurement. Ils ont la même 
disposition à peu près, avec cette différence cepen- 
dant que leurs tendons se contournent un peu et se 
placent sous la queue où ils se fixent à chacune des 
vertèbres. Ils reçoivent aussi des accessoires tendi- 
neux , et produisent des mouvemens dans un sens 
opposé aux premiers , c’est-à-dire , qu’ils recour- 
bent la queue en dessous : leurs tendons sont beau- 
coup plus grêles que ceux des latéraux supérieurs; 
ils se bifurquent à leur extrémité, et chacun d’eux 
laisse passer dans sa bifurcation celui de la vertèbre 
suivante , de sorte qu’ils se servent mutuellement de 


202 IIT° Lxrcow. Des os et des muscl. du tronc. 


gaines , et qu'ils sont tous , excepté le dernier, père 
forés et perforans. 


ARTICLE IIL 
Des côtes et du sternum. 


À, Dans l’homme. 


LA poitrine de l’homme a la forme d’un cône 
applati, dont la base est en bas et le sommet 
tronqué en haut. Elle est formée en arrière par 
la portion dorsale de la colonne vertébrale , que 
nous ayons déja décrite ; en devant pÿ un os DE 


appelé le sternum , et sur les côtés par vingt-: 


qualre arcs osseux qu’on nomme les côtes. 

Le sternum est un os applati, alongé, L’une 
de ses extrémités , la supérieure , s’articule ayec 
les clavicules ; l’autre est libre , inférieure. Celle-ci 

) | , 
supporte, un cartilage , qui quelquefois s’ossifie , 
et qu’on nomme le cartilage xyphoïde ou ensi- 
forme ( appendice sternale). Les deux longs côtés 
de cet os recoivent, dans de petits enfoncemens 
y 9 : 2 
les cartilases des sept premières côtes. Le sternum 
5 Pptp 


est souvent formé de deux portions ; mais elles 


se soudent le plus ordinairement avec l’âge. Cet 
os est enveloppé d’une toile ligamenteuse , extré- 
mement solide tant au dehors qu’au dedans de la 
poitrine. Son appendice abdominale est retenue en 
outre par un fort ligament, qui, de sa surface 


Arr. III Des côtes et du sternum. 205 


externe , se porte obliquement vers le cartilage de 
la dernière côte sterno-vertébrale. Ce ligament 
s'oppose au renversement de Vappendice du côté 
le l'abdomen , dans les efforts violens de la poi- 
ane!  ” 

Les côtes sont au nombre de douze de chaque 
côté. Ce sont des os longs, un peu applatis, qui 
sont courbés dans leur longueur, et dont la con- 
cavité regarde l’intérieur de la poitrine. L'une de 
leurs extrémités se termine par deux petites fa- 
cettes articulaires, séparées entre elles par une 
ligne saillante. Elle est reçue sur les parties la- 
iérales du corps de deux vertèbres. Cette extré- 
mité vertébrale de la côte se rétrécit ensuife un 
peu ; puis elle présente, à sa face postérieure , 
une nouvelle facette articulaire qui répond à l’a- 
pophyse transverse de la vertébre la plus infé- 
rieure des deux avec lesquelles la côte s'articule. 
La côte continue de se porter ainsi en arrière 
dans la même direction : mais bientôt elle pré- 
sente une espèce de déviation subite pour se por- 
ter en devant- Le point où se fait ce changement 
diffère dans chaque côte. Dans les supérieures il 
est plus près de la vertèbre , mais inférieurement 
il en est très-éloigné. On nomme ce point, qui 
donne attache à quelques tendons, l'angle de la 
côte. L’extrémité sternale a une petite fossette 
dans laquelle est reçu le cartilage, intermédiaire 
qui l’'unit au sternum. Iln’y a que sept côtes qui se 
rendent directement au sterrurr. On les a nommées 


204 IIT° Leçon. Des os et des muscl. du tronc. 


. vraies côles, où mieux sterno-vertébrales. Les 
cinq autres ont des prolongemens carlilagineux par 
lesquels elles s'unissent les unes aux autres. On 
les appelle fausses côtes, ou simplement verté- 
brales. 


Les côtes de l’homme sont comme tordues sur 
leur axe , de sorte que, lorsqu'on les pose sur un 
plan horizontal , l’une de leurs extrémités est tou- 
jours soulevée. 


Les côtes n'ont qu'un mouvement borné d’élé- 
vation et d’abaissement. Leurs articulations sont 
affermies par un grand nombre de ligamens. Les 
facettes articulaires de l’extrémité vertébrale ont 
des capsules qui les maintiennent sur le corps 
des vertèbres et sur leurs apophyses transverses. 
L'espace qui est compris entre ces deux facettes 
est aussi maintenu fixe, à l’aide de deux liga- 
mens, dont l’un se porte à l'apophyse transverse 
de la vertèbre supérieure, du côté interne , et 
l’autre à l’apophyse oblique inférieure de cette 
méme vertèbre , mais du côté externe. L’extré- 
mité sternale est aussi entourée d'une petite cap- 
sule , qui la joint à son cartilage de prolongement. 
Il y a en outre, dans chacun des espaces inter- 
costaux, une toile ligamenteuse qui unit le bord 
Aou d’une côte avec le bord supérieur de 
celle qui la suit. 


La dernière côte vertébrale a un petit ligament 
particulier, qui la fixe inférieurement aux apo- 


RE”. 


Arr. III. Des côtes et du sternum. 205 


physes transverses de la premitre et de la seconde 
vertèbre lombaire. 


B. Dans les mammifères. 


La configuration de la poitrine des mammifères 
est sujelte à varier. Dans ceux qui ne sont point 
claviculés , elle est en général comprimée par les 

côtés, et le sternum forme en devant une saillie 
plus ou moins marquée. Dans les carnassiers, la 
poitrine est plus alongée. 

Le nombre et la forme des côtes varient aussi 
beaucoup selon les familles. Dans les quadrumanes, 
elles sont toujours au nombre de douze à quinze. 
Dans les carnassiers vermiformes, il y en a 

‘quelquefois jusqu’à dix-sept, ordinairement très- 

étroites. Elles différent peu en nombre dans les 
autres familles. Dans les herbivore, elles sont 
larges et épaisses. Le cheval en a dix-huit, le 
rhinocéros dix-neuf, et l'éléphant vingt. Celui 
des animaux qui en a le plus est l’urau, quien 
a vingt-trois de chaque côté. Le tatou a les deux 
premières côtes extrêmement larges en comparai- 
son des suivantes. Le fourmilier. à deux doigts 
a les côtes si larges , qu’elles sont placées les unes 
au-dessus des autres comme les tuiles d’un toit. 
. Cette disposition rend très-solides les parois de la 
poitrine de cet animal. 

Le sternum de l’orang et du pongo est large 
Dans toutes les autres espèces de singes, il est 

- étroit et formé de sept à huit pièces. 


206 III° LEcow. Des os et des muscl. du tronc. 


La roussette et toutes les chauve - souris ont le 
sternum étroit , mais présentant antérieurement 
une carène élevée et une extrémité antérieure, 
élargie sur les côtés, en forme de ‘T', pour recevoir 
les clavicules. 

Dans la taupe l'extrémité claviculaire du ster- 
num est prolongée en avant des côtes; elle s’ap- 
platit latéralement , et reçoit sous le cou les deux 
courtes clavicules. 

Le cochon a un sternum fort élargi en arrière 
et étroit en devant. 

Dans le rhinocéros, le cheval et l'éléphant, 
le sternum est prolongé antérieurement et applati 
sur les côtés. 

Les cétacés ont un sternum large et peu épais, 
sur-tout à la partie antérieure. 


TagzirreAau du nombre des côtes dans Les 
| mammifères. 


ESPÈCES. TorTarxz. VRAIES. | Fausses. 


Homme .,.1.1.1|1.4 12002 Ft 5 
DA O7 At are tel IN VE DA Ne a Pr. A Tate 
One Pier NT NN UN 5 
Pongo. . + « OL er MESA 7 120 
Roussette.@.1.0:710402/23 20e CAT er 6 
Chauve-souris « . | . . 12 ,. 7 Fe 
Taupe de ONMMNE Les 19 © 8 : 5 
1Hérisson. 4.4. botte setir d'|era SAGE 


Arr. IL. Des côtes et du sternum. 207 


ESPÈCES. ToTaz. VRrAreESs. | FAUSSES. 
14 0 Me ee O NN ae 5 el] 

DR RO LS ETOILES, 
DONS d'A TO LDC 2° NAS CAN RS TE r CNEN 
E ONCE ANODEL RMOTAE) SAN EUR 

SOS TRTA AUS Le UT ete he OiRte > VOLE 

Ge a 2 Pl US PRE Ce) RCE ; 
13 9 - Pt 4 et AU 

13 …. 9 . SE 
TAN à ee eZ IN ON TS à D 

12 MAL OVAEMAUT 
aide Un omis 26 ST . || 
- . 16 8 SUPER 
- Nes te "6 7 an 

Éléphant MOSS DE RAS ONE ENT ST HET EURE 15 LT: 
Cochon. . . .:. L'24 14,4 ler, 7 ARE 
Rhinocéros - , . | « . 19 . . |. . 7 . 12 . || 
Dromadaire. . . | - . 12 AR 05 1.-. ll 
Girafe .-. + 5 . |. . 14 8 . 6 ,.|i 
Bœut. … ./". 101". 13 CRAN AULe sn BEA 

Cerf . ent) ne 8 . DT. te 
Cheyal . . . . . | . . 18 se 10475 .-0 
Dauphin. . . . .| . . 13 .. |... 6 MRSRR USA 
Darsouin. ONE ya vire ré AE tr El 


C. Dans Les oiseaux. 


La poitrine des oïseaux est en général fort éten- 
due : elle n’est cependant formée que par des côtes 
et le sternum ; mais ce dernier os a d’autres formes 
et d’autres dimensions que celui des mammifères. 

Les côtes présentent plusieurs particularités. On 
peut les distinguer aussi en sterno-vertébrales et 


s08 IIT° Leçon. Des os et des muscl. du tronc. ke 


en vertébrales proprement dites; mais elles ne 
sont pas situées de même que celles des mammi- 
fères. Les vertébrales sont le plus ordinairement 
en devant ; il y en a quelquefois aussi en arrière. 
L’extrémité vertébrale est bifurquée ; l’une des : 
fourches porte sur le corps de la verièbre, et 
l'autre sur son apophyse transverse. L’extrémité 
sternale reçoit une portion osseuse qui remplace 
le cartilage sterno-costal ; elle fait avec cette por- 
tion un angle obtus , dont la partie rentrante est 
dirigée en devant. 

La partie moyenne de la côte présente en outre 
une particularité caractéristique, Elle porte à son 
bord postérieur une apophyse applatie , alon- 
gée , dirigée. obliquement en arrière, au-dessus 
de la côte qui suit; de manière que toutes ces 
côtes prennent des points d'appui les unes sur les 
autres. 

Le sternum des oïseaux est très-large, presque 
quarré. Il a peu d’épaisseur. Il recouvre non 
seulement le thorax, mais une grande parlie de 
l'abdomen. Sa face interne ou postérieure est 
concave , l’antérieure convexe ; et dans tous ceux 
qui volent, elle porte sur sa ligne moyenne 
une crête saillante en forme de quille de navire. 
L’extrémité claviculaire de l'os est comme tron- 
quée pour recevoir latéralement les deux grosses 
clavicules. T/extrémité abdominale est plus mince ; 
souvent elle est percée de trous pour rendre los 
plus léger, Elle est aussi tronquée quelquefois, et 


AnrT. III. Des côtes et du sternum. 209 


ne porte que deux angles plus où moins alongés, 
quelquefois trois très - distincts de chaque côté, 
comme dans le jacana, le martin-pécheur. 

La grandeur du sternum et la forme de sa 
crête étoient destinées à donner aux muscles abais- 
seurs de l’aile des attaches trés-étendues. Elles va- 
rient selon que l’oiseau a besoin de voler plus ou 
moins haut, plus ou moins vite, plus où moins 
long-temps. 

Le sternum de l’autruche et du casoar , qui ne 
volent point, n’a point de crête ; mais il est grand 
et bombé comme un bouclier. 

C’est l’étroitesse du sternum qui donne aux réles 
et aux poules d’eau cette forme comprimée qui 


. caractérise leur habitus. 


ILest de même fort étroit et entièrement osseux 
dans les grues et les demoiselles de Numidie, dont 
les mâles ont , en outre , le haut de la quille creusé 


- pour ioger les circonvolutions de la trachée artère. 


Dans les gallinacés , la crête du sternum ne 
commence que fort bas, et elle n’est indiquée 
vers le haut que par deux lignes saillantes qui 
s'élèvent insensiblement en courbe concave pour 
former. cette quille. Elles sont aussi doubles, mais 
petites, dans la chouette etla spatule. 

Les hérons , le cygne, les morneaux, le cor- 
beau ; n’ont qu’une ligne saillante à l’origine de la 
quille. Dans le Aéro, elle est très-saillante et à 
tranchant convexe ; dans le cygne et le canard, 
elle est en ligne droite. , 

1 O 


210 III° Lucow. Des os et des muscl. du tronc. 
D. Dans les repliles. 


Le thorax des reptiles varié beaucoup pour la 
composition. Les grenouilles ont un sternum et 
point de côtes ; les serpens , des côtes et point de 
sternum ; les Zortues , des côtes soudées à la cara- 
pace , et un sternum confondu dans le plastron ; 
le crocodile et les lézards, des côtes parfaites, 
mais un sternum en grande partie cartilagineux. 

Le crocodile a la première portion du sternum 
osseuse , prolongée , recevant les deux clavicules ; 
le reste de sa longueur est cartilagineux ; il va 
s'unir au pubis , et il fournit aux parois de l’ab- 
domen huit cartilages cylindriques. Les côtes sont 
en tout au nombre de douze: Les deux premitres 
et les deux dernières ne s’aitachent pas au ster- 
num. Les côtes intermédiaires portent sur leurs 
bords postérieurs des cartilages en partie ossi- 
fiés, qui tiennent lieu des angles de celles des 
oiseaux. Toutes les dernières côtes, à commen- 
cer de la cinquième, ne s’articulent plus que 
sur les apophyses transverses des vertèbres qui 
sont là très-alongées. Les cinq premières s’arti- 
culent en deux points de la vertèbre, sur le corps 
et sur l’apophyse transverse. 

L’iguane et le tupinambis n’ont que la pre- 
mière portion du sternum ossifiée. Elle est large, 
reçoit six côtes et les clavicules. Les autres côtes 
sont libres. 

Le caméléon a aussi la première pièce du 


\ 


Arr. HI. Des côtes et du sternum. on 


sternum ; mais presque toutes les côtes recoivent 
des cartilages , qui , se portant vers la ligne 
moyenne , se réunissent avec leurs opposés. 

Les grenouilles, qui sont privées de côtes, ont 
cependant un sternum très-prononcé ; 1l forme en 
devant un appendice, cartilagineux, terminé par 
un disque, qui se trouve placé sous le larynx ; 
il reçoit ensuite les ciavicules ; puis il s’élargit, et 
se termine enfin par un autre disque placé au- 
dessous de l’abdomen , et servant à l’attache des 
muscles. 


Les salamandres ont des côtes si courtes, 
qu’elles ressemblent aux apophyses transverses des 
vertèbres ; elles n’ont qu’un seul point d’articu- 
lation sur lequel elles sont peu mobiles. Ces rudi- 
mens de côtes sont au nombre de douze de chaque 
côté. Ces reptiles n’ont pas de sternum propre- 


ment dit, mais l’épaule en tient lieu en partie, 
comme nous le verrons par la suite. 


La carapace des tortues est formée par les 
dilatations de huit côtes ou bâtons osseux qui 
prennent naissance sur les unions des vertèbres, 
et se terminent à un rebord qui entoure toute la 
carapace. Ces dilatations sont unies ensemble par 
de véritables sutures , qui sont situées transver- 
salement. 


On remarque en dessus, le long de la partie 
moyenne , une rangée de petites plaques osseuses 
presque quarrées, unies intimement entre elles par 


O 2 


912 II Læçow. Des os et des muscl. du tronc. 


synarthrose, qui sont en même nombre que les ver- 
tèbres dont elles font partie. 

Le rebord osseux est formé d’un grand nombre 
de pièces soudées entre elles, qui, par leur réu- 
nion , forment un limbe à trois faces, une supé- 
rieure qui appartient à la carapace , une inférieure 
qui se joint au plastron à l’aide d’une peau très- 
coriace , et une interne qui présente une rainure 
dans laquelle sont reçues les extrémités des côtes. 
Cependant le rebord osseux n’a pas la même forme 
à sa portion antérieure. Il y a là une pièce osseuse 
quarrée , convexe en dessus, concave en dessous , 
qui porte une épine pour l’attache des muscles. 
Son bord antérieur est de plus découpé en crois- 
sant. Il y a aussi quelques petites pièces particu- 
lières au-dessus de la queue. 

Le plastron de la 1ertue, dépouillé de la peau 
épaisse qui le recouvre, offre dans quelques es- 
pèces une seule plaque solide, formée de plu-: 
sieurs pièces unies par synarthrose ; dans d’autres, 
cette plaque est percée à jour, et formée de plu- 
sieurs os, dont les uns sont situés dans la ligne 
moyenne en devant et en arrière , et les autres 
placés latéralement et unis à l’aide des premiers 
qui les soutiennent. 


E. Dans les poissons. 


Les poissons n’ont pas de poitrine proprement 
dite ; toute la cavité du tronc est occupée chez 
eux par les viscères de l’abdomen. Cette cavité 


Arr. III. Des côtes et du sternum. 219 


varie beaucoup en figure et en étendue ; elle est 
comprimée par les côtés, applatie horizontalement, 
ou à peu près arrondie. Son étendue fait une 
partie plus ou moins considérable de la longueur 
du corps, selon les espèces. En général, les pais- 
sons de l’ordre des abdominaux ont cette cavité 
plus longue, mais cette règle nest pas du tout 
constante. La cavité est bornée en arrière par l’apo- 
physe inférieure de la première vertèbre caudale, 
qui a souvent un volume très-considérable , et 
presque toujours une forme particulière. Ainsi, 
dans les pleuronectes, elle est grosse , arrondie 
en avant, et se termine en bas par une forte 
épine , etc. 

La cavité abdominale est enfermée latéralement 
“par les côtes, ivrsqu’elles existent. Les raies, 
les squales, les syngnathes , les tétrodons, les 
diodons, les cycloptères, les Jistulaires, etc. 
par exemple, n’en ont pas. L’esiurgeon , le ba- 
liste , Vanguille, V'uranoscope, les pleuronectes, 
l’anarrhique,les zées, n’en ont que de fort courtes. 
Les trigles , la loricaire , l’uranoscope , les 
cottes ont leurs côtes à peu près horizontales ; elles 
embrassent presque toute la hauteur de la cavité 
dans les perches, les carpes, les brochets , les 
chétodons , etc. Enfin elles s’unissent à un ster- 
num dans le zeus vomer , les harengs où elu- 
pées, le salmone rhomboïde , etc. Le syng- 
rathe hippocampe, ou petit cheval marin, à 
des espèces de fausses côtes produites par les tu- 

O 3 


214 JII° Leçon. Des os et des muscl, du tronc. 


bercules osseux de sa peau, qui entourent son 
corps comme des ceintures. 

Il n’y a qu’un petit nombre de poissons dont on 
_ puisse dire qu’ils aient un sternum. Outre ceux que 
nous venons de nommer , il y en a dans lesquels le 
sternum ne sert point à attacher les côtes : telle 
est la dorée ( Zeus faber), si toutefois on peut 
nommer sternum la série de petits os plats non 
articulés, qui règnent le long du tranchant infé- 
rieur de son abdomen. 

Le nombre des côtes et leur grosseur varient 
aussi beaucoup. Les silures, les carpes , les ché- 
todons, les ont plus grosses à proportion. Dans 
le genre des Aarengs, au contraire, elles sont 
fines comme des cheveux. Beaucoup de poissons 
les ont fourchues , d’autres les ont doubles, c'est 
à-dire que deux côtes partent de la même ver- 
tébre de chaque côté. 


ARTICLE I V. 
Des muscles des côtes et du sternum. 


À. Dans l’homme. 


Les côtes ne servent guëre qu'aux mouyemens 
de l'inspiration et de l'expiration. Les muscles qui 
agissent sur ces os les élèvent ou les abaïssent. 

Les releveurs des côtes sont : le scalène (tra- 
chélo-costien ) qui naît des apophyses transverses 
des’ cinq dernières vertèbres du cou, et s’insère par 


AT. IV. Des muscles des côtes. 215 


quatre digitations à la partie postérieure des trois 
premières côtes. 

Les intercostaux internes et externes (inter- 
costiens ). Ces muscles forment deux couches et 
occupent tous les intervalles compris entre les côtes. 
La direction de leurs fibres est oblique en sens 
contraire : celles de la couche externe se portent 
d’une côte supérieure vers le cartilage de la côte 
qui suit ; celles de linterne se dirigent du cartilage 
de la côte inférieure jusqu’à la supérieure du côté 
de l’angle , ou postérieurement. 

Les releveurs des côtes (transverso-costiens ) 
s'étendent des apophyses transverses de la dernière 
vertèbre du cou, et des onze premières du dos jus- 
qu’à l’angle des este 

Le petit dentelé postérieur supérieur ( dor$o- 
costien) vient des apophyses épineuses des deux 


dernières vertèbres du cou et des deux premières 


du dos, et s’insère aux trois ou quatre vraies côtes 
supérieures , la première exceptée. 

Les abaisseurs des côtes sont: 

Le petit dentelé postérieur inférieur (lombo- 
costien ), qui naît sur les apophyses épineuses des 
trois dernières vertèbres du dos et sur les deux pre- 
mières des lombes , et s’insère par des digitations 
aux quatre dernières fausses côtes. I les tire en bas 
et en dehors. 

Le sternum n’a qu’un muscle qui agit manifeste- 
ment dans l’abaissement des côtes. On l’a nommé è 
triangulaire du sternum ( sterno-costien ) ; 


O # 


216 IITI° Leçox. Des os et des muscl. du tronc. 


vient de la re inférieure et moyenne de cet os, 
et monte jusqu'aux cartilages des cinq dernières 
vraies côtes. 

D'autres muscles s’attachent encore aux côtes ; 
mais ils ont une action moins marquée sur ces 
os , qui paroissent en grande partie destinés seu- 
lement à leur donner des points fixes. Ce sont le 
diaphragme et les müscles de l’abdomen qui servent 
à la respiration et à la formation des paroïs mobiles 
du bas-ventre, 

Le diaphragme est une cloison charnue et ten- 
dineuse qui sépare la cavité de la poitrine de celle 
du bas-ventre. Il est situé obliquement entre l’ap- 
pendice sternale et les de des vertèbres lom- 
baires. Ce muscle s’attache à l’appendice sternale, 
aux deux dernières vraies côtes , et au bord des 
cartilages de toutes les fausses côtes. Il s’insère en 
arrière au corps des vertèbres lombaires par deux co- 
lonnes charnues, qu’on nomme piliers. Ce muscle 
“est tendineux dans sa partie moyenne, charnu sur 
ses bords. Il est recouvert en dessus par la plèvre, 
en dessous par le péritome.Nous reviendrons plus 
particulièrement sur ses usages en trailant de la 
respiration. Il est percé de trois trous en arrière : 
celui qui est à droite donne passage à la veine cave, 
par celui qui est à gauche passe l’œsophage ; enfin 
le postérieur laisse passer l’aorte , la veine azygos , 
et le canal thorachique. 

Il y a cinq paires de muscles, qui forment les. 
parois de l'abdomen. Ce sont : 


Arr. IV. Des museles des côtes... °17 


L’oblique externe où grand oblique ( costo- 
abdominien }; il s’attache aux huit dernières côtes 
par autant de digitations, et s’insère à la crête des 
os des îles et du pubis. Ses fibres descendent de 
dehors en dedans. ? 

L’oblique interne ou petit oblique ( iléo-abdo- 
minien ), qui nait sur la crête des iléons et du pubis, 
et s’insère au bord de toutes les fausses côtes , et 
même à la dernière des sterno-vertébrales et à 
lappendice sternale. Ses fibres descendent de de- 
dans en dehors. 

Les droits du bas-ventre ( sterno-pubiens ) s’at- 
tachent à la branche supérieure du pubis , et s’inse- 
rent sur les trois dernières côtes siterno-vertébrales, 
sur la première vertébrale et sur l’appendice ster- 
nal par quatre digitations. Dans leur trajet, ces 
muscles sont recouverts par une gaine aponévro- 
tique que produisent les muscles obliques. Ils s’y 
insèrent même en quelques points ; ce qui forme 
plusieurs lignes tendineuses transversales ordinai- 
rement au nombre de quatre. 


Les pyramidaux ( pubo-ombiliens ) naissent 
aussi sur la branche supérieure du pubis , et se 
terminent , en diminuant beaucoup de largeur, dans 
la ligne blanche, près de l’anneau ombilical. 


Les transverses du bas-ventre( lombo-abdomi- 
riens ) s'attachent, d’une part , par un tendon large 
et mince presque aponévrotique aux apophyses 
iransverses et épineuses des quatre vertèbres supé- 


218 III° Lecon. Des os ei des muscl. du tronc. 


rieures des lombes. Ils portent leurs fibres presque 
transversalement à la ligne blanche. 

Les muscles droits et pyramidaux fléchissent le 
tronc en avant : les obliques peuvent Te fléchir la- 
téralement : enfin les transverses agissent sur les 
parois de l’abdomen , comme une sangle , et le 
compriment de toutes parts. 


B. Dans les mammifères. 


Les muscles des côtes ne présentent pas de dif- 
férences remarquables dans les mammifères. Ceux 
du bas-ventre diffèrent un peu de ceux de Phomme 
dans ieur longueur proportionnelle. C’est sur-tout 
dans les muscles droits et pyramidaux que cette 
différence est trés-sensible ; car , dans les carnas- 
siers , les droits se portent souvent jusqu’à l’extré- 
mité antérieure du sternum , et alors les pyrami- 
daux le plus ordinairement n’existent pas. 

Le diaphragme des chauve-souris a deux piliers 
trés-forts qui forment une espèce de cloison charnue 
sur la longueur de l’épine, en dedans de l’abdomen. 

Nous décrirens, à l’article de la génération , les 
muscles propres à la bourse abdominale des didel- 
phes où sarigues , etc. 


C. Dans les oiseaux. 


Le scalène des oïseaux ne diffère aucunement 
des releveurs des côtes, qui des apophyses"‘trans- 
verses de chaque vertébre se portent au tranchant 
antérieur de chaque côte : les plans supérieurs sont 


Î 
1 


Le À 


Arr. IV. Des muscles des côtes. 219 
les plus épais ; ils deviennent très-minces sur les 
dernières côtes. 

Lés intercostaux internes et externes ont aussi 
une direction contraire dans leurs fibres ; mais ils 
moccupent que les intervalles compris entre les 


coudes des articulations et les apophyses angu- 


leuses , à l’exception des dernières côtes où ces 
muscles existent en devant el en arrière, parce qu'il 
n’y a pas la d’apophyses. 

Le triangulaire du sternum vient de la partie 
supérieure et latérale de cet os , etse porte au tran- 
chant de la seconde articulation de la première des 
côtes sterno-vertébrales. Il part de la d’autres fibres 
qui se portent à la deuxième, et ainsi de suite. Ces 
fibres deviennent de plus en plus minces. Leur direc- 
tion est presque parallèle à l’axe du corps de l'oiseau. 

€ n'y a point de diaphragme dans les oiseaux. 

Leur bas-ventre est recouvert de trois couches 
de muscles bien distinctes , toutes transversales ; 
mais leurs fibres ont des obliquités diverses. 

L'analogue de l’oblique externe ases fibres trans- 
verses. Il s’attache à la crête de l’os des îles, re- 
couvre les prolongemens du sternum, et s’insère à 
la seconde où à la troisième côte. Son aponévrose 
postérieure est très-mince : celle qui l’unit à celui 
du côté opposé est très-forte. 

L'analogue du petit oblique est entièrement 
charnu ; il est un peu moins large que le précédent. 
Il s’attèche au tranchant postérieur de la dernière 
côle , ets’msère au tranchant antérieur de l'iléon. 


290 IIT° Lecon. Des os el des muscl. du tronc. 


L’analogue du transverse forme la troisième 
couche. Ses fibres transverses sont un peu séparées 
entre elles, et comme par faisceaux ; il a les mêmes 
attaches que les précédens. 


I n’y a ni rnuscles droits, m1 pyramidaux. 


D. Dans les reptiles. 


Dans les grenouilles, qui sont privées de côtes, 
et dans lés tortues, chez lesquelles ces os sont im- 
mobiles , les muscles qui doivent s’y attacher se 
portent sur d’autres parties. 


Ainsi dans les tortues , dont le plastron tient lieu 
des muscles abdominaux , ceux-ci se portent sur 
le bassin qu’ils meuvent. 


En général, on peut faire pour ces animaux cette 
observation très-remarquable , que les formes si 
singulières des muscles et des os semblent étrelé- 
pendantes l'une de l’autre. En effet, les muscles 
n'étant pas situés au-dessus des os, ne les ont pas 
modelés, pour ainsi dire; et l’immobilité de ces 
derniers , en dénaturant la forme du tronc, a donné 
_à ces muscles d’autres figures , d’autres usages. 
Les muscles du bas-ventre de la grenouille n’of- 
frent aucune particularité, si ce n'est que la peau 
n'est point adhérente à leur surface , et qu’au lieu 
de s’attacher aux côtes, ils sont unis au sternum par 
de fortes aponévroses. 


On peut faire la même observation dans les sa- 
lamandres. 


<- 


4 


Arr. V. Des mouvemnens de la tête. 9921 
E. Dans les poissons. 


Les espaces compris entre les côtes sont occupés 
par des muscles à fibres courtes et obliques, ana- 
logues aux intercostaux ; mais les grands muscles 
latéraux du corps qui s’insérent aussi aux côtes , les 
font mouvoir en masse, à peu près de la même ma- 
nière qu'ils agissent sur les vertèbres de la queue. 


ARTICLE V. 


Des mouvemens de la tête sur l’épine. 


Nous devons considérer la tête sous deux as- 
pects : 1°. comme une cavité osseuse qui contient 
et protége le cerveau et les principaux organes des 
sens ; c’est ce que nous ferons dans la seconde 
partie de ce cours : 

2°. Comme une masse plus ou moins pesante, 
articulée avec le cou, et qui peut être mue sur lui 
en différens sens. C’est sous ce dernier rapport 


qu’elle va nous occuper ici. 


À. Dans l’homme. 


La tête de l’homme est composée de deux parties: 
une boîte ovale , nommée créne, dont le dessus-et 
les côtés sont presque également convexes , et dont 
la face inférieure est plus plane , et monte oblique- 
ment d’arrière en avant , le corps étant supposé 
vertical. Sous la portion antérieure de cette der- 


220 Il° Lrcow. Des os et des muscl. du tronc. 


nière , est située la seconde partie de la tête , qu’on 
nomme la face. Sa forme est presque celle d’un 
prisme, dont la base , où est le palais, seroit une 
parabole ; elle est traversée directement d’avant en 
arrière par le canal des narines , et s’élargit vers 
le haut, en devant , pour fournir la place des or- 
bites ; de chacun de ses côtés part une espèce de 
branche , qui se porte en arrière pour se rejomdre 
au crâne , el qui porte le nom d\urcade zygoma- 
tique. C’est sous l’endroit où elle s’unit au crâne, 
qu'est articulée la #74choire inférieure, qui, avec 
la portion cylindrique indiquée plus haut , achève 
de compléter la face ou le visage. Un des carac- 
tères particuliers à l’homme , est que les deux mâ- 
choires ne se portent que très-peu plus en avant 
que l’extrémité supérieure et antérieure de la boîte 
du crane , que nous nommons le front. 

Ce n’est pas ici le lieu d’entrer dans un plus grand 
détail sur les trous, les sutures , les éminences et 
les cavités de toutes ces parties: Nous y revien- 
drons dans un autre article. 

La partie du plan inférieur du crâne , située plus 
en arricre que la face , est ce qu’on nomme l’oc- 
etput, où plus particulièrement la base de crâne. 
L'occiput a une convexité irrégulière d’une autre 
courbure que celle du crâne lui-même , et en est 
séparé en arrière par une ligne saillante, qui 
représente deux. arcs de cercle ; qu'on nomme 
arcades occipitales. 

-: Les extrémités latérales de cette ligne produisent 


! 


mn bna à 


nu Ati 


Arr. V Desmouvemens de la léte. 293 


chacune une grande tubérosité | nommée l’apo- 
physe mastoide , qui est située dernière le trou de 
l'oreille ; et un peu plus bas. Au côté interne de 
sa base, est un creux , nommé la rainure mas- 
toïdienne. Précisément entre les deux apophyses 
mastoides , est le grand trou occipital qui donne 


passage à la moelle de l’épine , laquelle se rend du 


crâne dans le canal commun des vertèbres. 

La partie osseuse, située devant ce trou , jusqu’à. 
la base postérieure du demi-cylindre qui forme la 
face , se nomme apophyse basilaire. | 

Du milieu de l’arcade occipitale au bord pos- 
térieur de ce trou , va une ligne saillante , droite, 
nommée l’épine de l’occiput. Son extrémité pos- 
térieure forme une éminence , nommée tubérosité 
occipitale. 

La tête est articulée sur la première vertèbre, de 
manière que le canal de celle-ci répond au grand 
trou occipital. ; 

Cette articulation se fait par deux facettes sail- 
Jantes , situées au bord antérieur du trou occipital, 
regardant un peu en avant et en dehors. On nomme 
ces éminences condyles occipitaux. Elles sont re- 
çuëés dans deux cavités correspondantes de l’atlas, 
et forment avec cette première vertèbre un gin- 
glyme qui ne permet de mouvement bien marqué 
à la tête , que celui par lequel elle décrit une portion 
de cercle dans un plan vertical d’avant en arrière. 

L’atlas est articulé également par deux facettes 
latérales et un peu antérieures avec l’axis. Ces 


\ 


994 IIL° Læcow. Des os et des muscl. du tronc. 


facettes étant plus planes , permettent un mouve- 
ment de rotation de l’atlas et de la tête sur l’axis, 
qui en a tiré son nom. 

La partie antérieure de cette seconde vertébre 
produit une apophyse qui monte derrière la partie 
antérieure de l’atlas, et s’articule avec elle par une 
facetie. On la comparée à une dent, et on l’a 
nommée odontoide. Le veste du mouvement rota- 
toire de la tête est produit par la torsion de la por- 
tion cervicale de l’épine. 

Enfin ses mouvemens d’inclinaison à droite et à 
gauche sont produits en partie par son articulation 
sur atlas, mais sur-tout par les cinq vertèbres cer- 
vicales inférieures, auxquelles leurs facettes articu- 
laires, tournées directement en arrière , laissent 
beaucoup de liberté dans le sens latéral. 

. Plusieurs ligamens affermissent cette ar üiculation, 

et facilitent ses mouvemens: les uns unissent les arcs 
de l’atlas avec l’occiput , et forment là deux fortes 
membranes; les autres enveloppent les condyles 
dans leur articulation avec l’atlas, et en font la 
capsule articulaire. De plus , il part du sommet de 
l’apophyse odontoïde un ligament qui va s’msérer 
au bord antérieur du grand trou occipital , et qui 
détermine l’axe du mouvement... Il ÿ en a aussi de 
latéraux. Enfin, pour que cette apophyse ne blesse, 
point la moelle épinière contenue dans Île canal 
vertébral , il y a un ligament situé Lransversale= 
ment dans l’intérieur de Panneau de 1 l’ailas ,; qui 
la maintient en situation. 


= 


LI FE 
AÂnr. V. Des mouvemens de la téle. 995. 


La position des deux condyles sur lesquels la 
tête porte , est telle, qu'ils partagent , à très-peu 
près, en deux parties égales , une ligne qu’on ti- 
reroit de la partie la plus sællante en arrière, jus- 
qu'aux dents incisives. Il en résulte que , dans la 


station verticale, la tête est en équilibre sur Pépine. 


béts — - de 


+ 


Le plan du trou occipital est presque perpendicu- 
laire à celui des yeux, et parallele à celui du palais; 
ce qui fait que, dans la station verticale , les yeux 
et la bouche sont dirigés en avant. 

L'homme est le seul dans lequel ces deux dispo- 
sitions aient lieu complétement. Les nègres mêmes 
ont déja la portion antérieure de la ligne ci-dessus 
indiquée, plus grande que la postérieure , parce 
que leurs mächoires s’alongent un peu. 


B. Dans les mammifères. 


Dans lorang -outang, non seulement les mä- 
choires s’alongent encore plus , mais le trou occi- 
pital semble se porter en arrière , et remonter vers 


la face postérieure du crâne , de manière que son 
plan forme avec celui des orbites un 2e de 60° 


seulement. 

Ce prolongement va toujours en augmentant dans 
les autres quadrupèdes , à mesure qu’ils s’éloignent 
de l’homme. Non seulement les mâchoïres, ou plu- 
tôt la face, finissent par former plus des trois quarts 


de la tête , mais encore l’apophyse basilaire s’a- 


longeant repousse graduellement le trou , et la 
face occipitale en arrière et en haut, en sorte qu'ils 


he ‘ P 


226 IL Leçow. Des os et des muscl. du tronc. 
finissent par étre non plus dessous , mais derrière 
le crâne, et que le plan de ce trou, faisant toujours 
avec le plan commun des orbites des angles plus 
petils, lui devient parallele, et finit par re plus le 
croiser au-dessous, mais au-dessus de la tête. 

De là la différence de direction de la tête des 
auadrupèdes , qui est telle, que , si l’épine étoit 
verticale , il faudroit , pour que la tête fût en équi- 
libre , que les yeux fussent dirigés en arriére, et 
la bouche vers le ciel. 

Dans la station à quatre pieds , la tête des qua- 
drupèdes n’est point soutenue sur l’épine par son 
propre poids, mais seulement par les muscles et 
les ligamens , et sur-tout par celui nommé cervi- 
cal, qui vient des apophyses épineuses des vertèbres 
du cou et du dos , pour s’attacher à l’épine de l’oc- 
ciput. 

Comme l’homme n’a pas besoin de ce ligament 
dans sa position ordinaire , il y est si foible , que 
plusieurs anatomistes en ont nié l’existence. 

Les quadrupèdes , au contraire , l’ont d'autant 
plus fort, qu’ils ont la tête plus pesante , ou le 
cou plus long. Dans le cheval , il tient aux apo-. 
physes épineuses des vertèbres du dos dans une 
largeur de deux mains ; et il se porte par des la- 
nières à trois ou quatre de celles du cou. Les car- 
nivores l'ont un peu moindre , mais c’est dans l’é/é- 
phant qu’il est le plus fort ; il y entre dans un creux 
particulier de l’occiput. La taupe a ce ligament en 
grande partie ossifié , parce qu'elle l’emploie non- 


a 


PPT 


ES EN FPT 


AnrT. V. Des mouvemens de la tête. 227 


seulement pour soulever sa tête, mais encore des 
masses de terre considérables. 

La face occipitale du crâne faisant dans les mam- 
mifères, par sa position , un angle beaucoup plus 
aigu avec sa calotte que dans l’homme, l’arcade 
occipitale y est plus vive et plus aiguë; elle forme 
des figures différentes selon les espèces. Les apo- 
physes mastoides , gardant toujours la même incli- 
naison avec le plan du palais, diminuent par degrés 
l'angle qu’elles font avec la face occipitale, et 
finissent par être dans le même plan qu’elle. 

Dans les singes , en général , les éminences mas- 
toides sont presque effacées. Dans toutes les espèces 
qui ont le museau alongé et de fortes dents laniaires, 
les arcades occipitales supérieures forment une crête 
saillante. T'els sont particulièrement , le bonnet 
chunois , le magot , le cynocéphale , le macaque, 
le papion, le traite et le pongo. 

La chauve-souris a la base du crâne comme 
courbée. Le grand trou occipital se trouve absolu- 


ment en arriere : les apophyses transverses de la 


première vertébre sont applaties sur les côtés : les 
caisses de l'oreille , qui sont très-grosses et comme 


soufflées, présentent une grande saillie à la base 


du crâne. 

La base du crâne et l’occiput de la taupe n ont 
aucune apophyse saillante. 

Les ours, et en général les gros carnassiers , 
portent à la face postérieure de la tête des crêtes sail- 
lantes , et dans une direction presque perpendicu- 


P 2 


598 III° Leçon. Des os et des muscl. du tronc. 


laire au trou occipital : les apophyses transverses 
de l’atlas sont aussi très-larges. 

Le lion, le tigre, le loup et le renard ont la 
‘protubérance eccipitale extrèmement saïllante : leur 
téle est presque triangulaire en arriére. : 

Dans les rongeurs, la face est très-prolongée, le 
crâne alongé , arrondi en dessus, plat en dessous ; 
l'articulation en arrière, l’atlas élargi dans ses apo- 
physes transverses. 

La tête du fourrnilier est arrondie, et n’a au- 
cune apophyse saillante , quoique la face soit co- 
nique et très-prolongée. 

L'éléphant a la tête tronquée presque vertica- 
lement en arrière. [’occiput est comme cubique : 
les condyles sont sur le bord postérieur. La protu- 
bérance occipitale externe est remplacée par un 
enfoncement considérable dans lequel est une crête 
longitudinale pour l’attache du ligament cervical. 

Dans le cochon, la tubérosité occipitale est large, 
échancrée et presque perpendiculaire aux condyles. 

Le rhinocéros a l’occiput plus oblique , et l’atlas 
aussi large que la tête. 

Les solipèdes et les ruminans ont les apophyses 
transverses de l’atlas applaties, dirigées en devant, 
et l’apophyse mastoïde alongée ; de sorte que le 
mouvement latéral et antérieur de la tête sur la 
première vertébre est très-borné par cette confor- 


mation. . 


Enfin les cétacés ont un atlas large, soudé avec 
l’axis. Ses deux fosses condyliennes correspondent 


ArT. V. Des mouvemens de La téte. 329 


aux larges condyles de l’occiput, qui est arrondi. 
L’articulation se fait à son extrémité la plus pos- 
térieure. 


C. Dans les oiseaux. 


La tète des oiseaux est disposée de manière 4 
exercer des mouvemens trés-marqués sur la co- 


lonne vertébrale : elle est toujours articulée en 


arrière par un seul condyle ou tubercule demi- 
sphérique , situé au bas du grand trou eccipital. Ce 
tubercule est reçu dans une fossette correspondante 
du corps de la première vertébre. 

Il en résulte non seulement que le mouvement 
a plus d’étendue dans les sens verticaux, mais qu'il 
y a une rotation horizontale : aussi voyons-rous les 
oiseaux tourner leur tête au point de placer leur 
bec entre les ailes, lorsqu'ils veulent dormir, tandis 
qu'aucun quadrupéde ne peut porter le museau dans 
cette direction. 

Les apophyses mastoïdes se prolongent en une 
crête saillante qui se porte en dessous et en avapt 
vers la ligne moyenne où elle se réunit avec celle 
de l’autre côté. 

L'occiput est arrondi dans ceux qui ont le -bec 
court ; il est applati et offre quelque crête dans ceux 
qui l’ont alongé. 

Dans le cormoran , la protubérance occipitale 
supporte un os alongé, triangulaire , qui paroît pro- 
venir de l’ossification du ligament cervical. 

La première vertébre des oiseaux est un simple 

P 5 


250 II Leçon. Des os et des muscl. du tronc. 


anneau osseux un peu plus épais en devant , où il 
s'articule avec le condyle occipital , et en dessous 
par une facette plane avec la seconde vertèbre. 

La seconde vertèbre des oiseaux présente aussi 
sur la fàce supérieure une apophyse odontoïde ; 
mais elle est très-courte et proportionnée à la hau- 
teur de l’anneau de l’atlas, 


D. Dans Les reptiles. 


La tête des reptiles est toujours articulée très en 
arrière ; mais les mouvemens dont elle est suscep-' 
tible varient beaucoup selon les espèces. 

Dans le crocodile , il n’y a qu'un seul condyle, 
situé au dessous du trou occipital ; l’atlas est formé 
de deux portions ; une postérieure, qui a la forme 
d’un segment d’anneau ; une antérieure , qui est 
plus épaisse , reçoit le condyle et s'articule avecla 
seconde vertébre : il a deux apophyses latérales , 
longues , applaties , dirigées en arrière , qui rem- 
placent les apophyses transverses. 

#* L'apophyse odontoïde de la seconde vertèbre est 
courte et srosse ; elle s’articule dans une cavité du 
corps de l’atlas. Cette seconde vertèbre a des apo- 
physes transverses, semblables à celles de la pre- 
mière. 

Les auires lézards ont à peu près la même con- 
formation ; maïs le tubercule paroït comme par- 
tage en deux par un sillon longitudinal superficiel. 

Les tortues n’ont aussi qu’un seul condyle. Dans 
celles de terre , ïl est prolongé, divisé en deux 


Li 


Apr. V. Des mouvemens de la tête. 931 


comme celui des lézards : dans celles de mer, il 
présente trois facettes articulaires en forme de 
treffle. Comme ce tubercule est trésenfoncé dans 
la cavité correspondante de l’atlas , le mouvement 
de la tête sur le côté doit être extrêmement gêné. 
Les autres mouvemens de la tête des tortues sont 
ceux de protraction et de rétraction : ils dépen- 
dent de la flexion et de l’extension des vertébres 
cervicales. Nous les ayons déja décrits. 


Les grenowlles,les crapauds et les salamandres 
ont la tête articulée par deux condyles sur une pre- 
miére vertèbre peu mobile. 

Les serpents ont trois faceltes disposées en 
trefle, rapprochées en un tubercule au dessous du 
trou occipital. La tête n’est pas plus mobile sur 
l'atlas , que les autres vertèbres ne le sont entre 


elles. 


E. Dans les poissons. 


L'occiput des poissons est comme une troncature 
verticale du crâne. Le tubercule par lequel il 
s’unit aux vertcbres, est unique et placé au-des- 
sous ‘du trou occipital. Cette union se fait à l’aide 
de cartilagés, par des surfaces plates ou concaves ; 
de sorte que le mouvement doit être très-borné 
dans tous les sens. La partie supérieure de l’oc- 
ciput, dans quelques espèces , présente des apo- 
physes latérales , applaties , très-saillantes , et par- 
ticulièrement une épine longitudinale, qui se ter- 

P 4 


252 III° Læecow. Les os et des muscl. du tronc. 


mine au-dessus du grand trou de la moelle épi- 
nière. 1 | 

La base du crâne dans le plus grand nombre 
n’est formée que par une crète longitudinale plus . 
ou moins arrondie. ‘ 

Dans quelques espèces , comme le 72erlan, la 
perche, le salmone, etc. la protubérance occipi- 
tale est très-prolongée en une vive arrôûte. 

Les squales et les raies ont la tête articulée 
avec la colonne vertébrale par deux condyles ; 
mais cette articulation est peu mobile et maintenue 
fixement par des fibres ligamenteuses. 


À. PR: ET C'LIB AVE 
Des muscles de la téte. 


À. Dans l’homme. 


Les muscles qui. meuvent la tête de l’homme 
viennent de la première, de la séconde, ou de 
plusieurs autres vertèbres cervicales. 

Ceux qui viennent de l’atlas sont : 

1°. Le petit droit postérieur , ( atloïdo- occi= 
pitien) qui, de l’apophyse épineuse de la première 
vertèbre , se termine au milieu du bord ‘posté- 
rieur du trou occipital. Il-porte l’occiput directe- 
ment en arrière , et meut la tête sur l’atlas, « 

Le petit droit antérieur (trachéli-sous- 
occipilien). Ce petit muscle s'attache à la portion 
annulaire antérieure de l’atlas , et il s’insère à 


Arr. VI. Des muscles de la tête. 253 


l'apophyse basilaire. Il produit absolument le mou- 
vement contraire du précédent. Il ramène la face 
en devant et en bas. 


5°. Le petit droit latéràl {mastoïdo-atloïdien), 
dont l’attache la plus fixe est sur l’apophyse trans- 
verse de l’atlas, et l’insertion à l’apophyse mas- 
toïide du même côté. Il fléchit un peu la tête de 
côté en la portant vers l'épaule. 

4°. Le petit oblique, ou oblique supérieur (at- 
loïdo-sous-mastoïdien ), qui va de la même apo- 
physe, en montant en dedans, vers le bord pos- 
térieur du grand trou , du côté de l’apophyse mas- 
toide, Ce muscle produit une petite rotation de 
la tête sur l’atlas, en même iemps qu'il la flé- 
chit en arrière. je 


Les muscles qui viennent de la seconde vertèbre 
ne sont que deux : 


L'un appelé le grand droit postérieur ( axoëdo- 
occipitien ). I1 s'attache à l’apophyse épineuse de 
Vaxis, et s’insère à l’occipital en recouvrant le 
petit droit postérieur aux usages duquel il participe, 
en opérant cependant un mouvement en arrière 
beaucoup plus marqué. 


L'autre a été nommé le grand oblique, ou 
oblique inférieur (axoïdo-atloidien). I va de la 
même apophyse épireuse, en se portant en de- 
hors vers l’apophyse transverse de l’atlas où il 
s'insère ; de sorte que c’est plutôt un muscle : de 
Vépine que de la tête, IL fait tourner l’atlas sur 


254 II Leçox. Des os et des muscl. dutronc. 


l’axis, ce qui produit le mouvement latéral de 
la première vertèbre que suit la tête. 

Il y a cinq muscles de la tête qui viennent des 
autres vertèbres cervicales. Ce sont : 
1°. Le grand complexus (trachélo-occipitien), 
qui tient par des digitations aux apophyses trans- 
versales des quatre dernières vertèbres cervicales, 
et des trois premières dorsales. Il se porte sur le 
derrière du cou, et va s’insérer à l’occiput au- 
dessus de tous les précédens. Il est intimement 
uni, par son bord postérieur , ayec un autre ap- 
pelé le digastrique. Ce muscle est manifestement 
un extenseur ou un fléchisseur de la tête en 
arriére. 

2°, Le digastrique du cou ( dorso-trachélien), 
qui vient également par des digitations , des apo- 
physes transverses des cinq vertèbres du dos, de- 
puis la deuxième jusqu’à fa sixième , et de l’apo- 
physe épineuse de la première, s’insère à l’occiput 
sur le précédent : il a le même usage. Son milieu 
est étroit et tendineux, ce qui luia fait donner le 
nom de digastrique. 

3°. Le petit complexus (trachélo-mastoidien), 
qui vient par des digitations des apophyses trans- 
versés des six dernières cervicales et des trois 
premières dorsales, et se porte, en montant le 
long du cou , à l’apophyse mastoide. Il reçoit près 
de son insertion une longue digitation du muscle 
appelé le /ong dorsal. 1] fléchit la tête en arrière 
en la faisant tourner un peu sur son axe, lors- 


Arr. VI Des muscles de la téte. 235 


qu'il agit sans celui du côté opposé ; lorsque ces 
deux muscles se contractent ensemble, ils main- 
tiennent la tête droite. Ils sont opposés au sterno- 
mastoidien. 

Ces trois muscles sont recouverts par : 

4°, Le splénius de la téte (cervico-mastoïdien), 
qui vient des apophyses épineuses des cinq der- 
nières vertèbres cervicales et des deux premières 
dorsales. Il s’insère à l’arcade occipitale près de 
l’'apophyse mastoïde. 11 à le même usage que le 
petit complexus. Sa portion externe qui vient des 
deux vertébres dorsales suivantes, et qui se porte 
aux apophyses transverses des deux premières 
cervicales, peut être regardée comme ün muscle 
de l’épime : on l’a nommée splénius du cou. 

5°. Enfin le grand droit antérieur (trachélo- 
sous-occipitien). Il est étendu sur toute la lon- 
gueur des vertèbres cervicales en devant, depuis 
la deuxième jusqu’à la sixième , et il s'insère à 
Vapophyse basilaire de l’occipital. C’est un flé- 
chisseur de la tète en devant. 
"Quelques muscles de l'épaule, qui ont des at- 
taches à la tête , comme le srapèze, le sterno- 
mastoidien , et les muscles du Zarinx, de Pos 
hyoide, et de la rnéchoire , agissent aussi sur la 
tête , et pourroient être indiqués ici. 


B. Dans les mammifères. 


Les petits muscles de la tête existent dans Îles 
quadrupèdes comme dans l’homme , et y ont les 


256 IT Leçon. Des os et des muscl. du tronc. 


mêmes attaches ; seulement ils sont d’autant plus 
grands, que les deux premières vertèbres le sont 
elles-mêmes. Ainsi, excepté dans les singes et les 
cétacés, le grand oblique et le grand droit pos- 
térieur sont généralement fort considérables. 

En général le digastrique du cou n’est point 
divisé en deux ventres, par un tendon ‘intermé- 
diaire. Dans les carnivores il a sur toute sa lon- 
gueur des inscriptions tendineuses , transversales, 
et il est couché sur le grand complexus , dont il 
est fort distinct ; en sorte que ces animaux sem- 
blent avoir trois complexus ; mais dans le cheval, 
il lui est entièrement uni par le haut. 

Le spléniuss’attache auligament cervical danstous 
les animaux qui ont ce ligament trés-élevé au-dessus 
des vertébres. Il y est toujours plus considérable que 
dans l’homme. C’est dans ja taupe qu’ilest. le plus 
fort. Ce muscle n’a point de portion qui s’attache 
aux apophyses iransverses cervicales , dans les 
carnivores ; celles de ses fibres qui vont à l’apo- 
physe mastoide s’y insèrent par un tendon qui 
leur est commun avec le petit complexus. Dans 
le cheval, la portion du splémius qui appartient ! 
à la tête , s’insère toute entière à l’apophyse mas- 
toïde par un tendon grêle, qui lui est commun 
avec le petit complexus, lequel ne reçoit de lan- 
guettes que de la troisième vertébre cervicale , et 
des deux premières dorsales. Quant au splénius , il 
fournit en outre trois languettes aux apophyses 
transverses des trois vertèbres cervicales qui 


ArT. VI. Des muscles de La téte. 237 


suivent l’atlas. Le tendon de la première lui est 
commun avec celui du grand transversaire du cou. 


C. Dans les oiseaux. 


Les oiseaux n’ont point de splénius. 


Le digastrique du cou est très-isolé du com- 
plexus. Il s'étend depuis le milieu du dos, ;usqu’à 
l’arcade occipitale. Ses deux ventres sont simples 
et sans languettes. Son tendon mitoyen est trés- 
grèle. 


Il paroït manquer dans ‘les oiseaux à très-long 
cou, comme le éron. 


Le grand complexus ne tient qu'aux apophyses 
articulaires et aux faces latérales de quelques ver- 
tebres cervicales, comme à la troisième ou’ à la 
quatrième , ou bien à la seconde et à la troisième. 

Le petit complexus vient des crètes antérieures 
des trois vertèbres qui suivent la seconde , ou bien 
de la seconde et de la troisième. Il s’attache à 
Poccipital en dehors du précédent. Ces trois paires 
de muscles en occupent toute l’arcade. 


Les oiseaux ont trois muscles droits postérieurs. 


Le petit et le grand, analogues à ceux de 
l'homme ; et le très-grand, qui, venant aussi de 
lapophyse épineuse de l’axis, recouvre les ‘deux 
autres. 

Il y a un grand oblique ; mais point de petits. 


1 y a aussi un droit latéral. Enfin, les deux 


258 III° Læecon. Des ns el des muscl. dutrone. 


droits antérieurs existent. Le grand ne vient que 
des trois où quatre premières vertèbres. 


D. Dans les reptiles. 


Les muscles de la tête des tortues ne peuvent 
recevoir les mêmes dénominations que ceux des 
mammifères et des oiseaux , parce que le test 
donne attache au plus grand nombre. Nous nous 
contenterons donc de les indiquer par leurs attaches. 
Ainsi, le cou étant vu par derrière , on remarque : 
1°. au bord antérieur de la carapace, vers l’angle 
de la lunule , un muscle large qui se porte aux 
parties latérales et postérieures de la tête, où il 
s’insère. 11 porte la tête en arrière. 

2°, Au dessous et du milieu de la lunule anté- 
rieure de la carapace , prend naïssance un autre 
muscle mince , arrondi, qui, en s’éloignant de 
celui de l’autre côté, décrit une figure de V, et 
va s’insérer au côté externe du précédent. Il a le 
même usage. 

5°. L'analogue du splénius de la téte provient 
des apophyses épineuses des troisième , quatrième 
et cinquième verlébres du cou , par des languettes 
distinctes , et s’insère sur l’arcade occipitale. C’est 
un releveur de la tête. 

4°. L’analogue du grand droit antérieur s’at- 
tache aux tubercules inférieurs des quatre ver- 
tèbres cervicales qui suivent la première, et s’in- 
sère , par uné portion toute charnue et plus grosse, 
dans la fosse basilaire au-dessous du condyle. 


Arr. VI. Des muscles de la téte. 259 


5°, Le trachélo-matoïdien vient des tubercules 
inférieurs de la seconde et de la troisième ver- 
tèbres cervicales, par deux tendons minces et 
aponévyrotiques. Il s’insère , par une portion plus 
épaisse et toute charnue , à l’éminence qui corres- 
pond à l’apophyse mastoide. C’est un fléchisseur 
latéral de la tête. 

6°. Enfin, à la partie supérieure de l’épine cer- 
vicale est un muscle court, qui, du bord infé- 
rieur du trou que forment les fosses temporales, 
vient s’insérer sur les apophyses épineuses de la 
première, seconde et troisième vertèbres cervicales. 
! Le cou vu en devant, on remarque : 

L’analogue du sterno-mastoïdien s'attache sur 
les fortes aponévroses qui recouvrent l'os du bras 
vers son articulation avec l’omoplate. Son tiers infé- 
rieur seul est visible, lorsqu'on a enlevé la peau, les 
deux autres étant recouverts par un muscle à fibres 
transverses, qui tient lieu de 7y/0o-hyoïdien et du 
peaucter. I s’insère sous l’apophyse qui correspond 
à la mastoïde. Il doit tirer la tête en dedans, et 
relever un peu l'épaule. |, 

Le long antérieur de la tête s'attache à l’épine, 
.sur la troisième vertébre du dos, et s’insère, par 
un tendon grêle, à l’apophyse basilaire de l’occi- 
pital. 

Les grenouilles ont très-peu de muscles de la 
tête , le plus grand nombre de ceux qui s’y at- 
tachent étant des moteurs de l'extrémité antéricure, 
ou des muscles propres à la colonne vertébrale. 


240 III° Leçon. Des os et des muscl. du tronc. 


L’analogue de l’oblique supérieur vient de la 
première apophyse transverse de l’épine, et s’in- 
sère à la partie supérieure de l’occiput. Sa direc- 
tion est oblique de dehors en dedans. 

L’analogue du petit droit antérieur est attaché 
sur l’aphophyse transverse de la première vertèbre, 
et s’insère à la base du crâne , au-dessous du grand 
trou occipital. 

Voilà les deux seuls muscles propres à la tête. 
Ils sont les mêmes dans la salamandre terrestre. 


E. Dans les poissons. 


_ Les poissons osseux n’ont point de muscles par- 
Bculiers pour mouvoir leur tête. Les muscles laté- 
raux du corps qui s’y insèrent, lui impriment des 
mouvemens peu sensibles : maïs les raies ont trois 
muscles destinés à cet usage, que nous croyons 
devoir faire connoïlre ici. L'un sert à mouvoir la 
tête sur le tronc, ét les autres à relever et à 
abaisser l'extrémité du museau: Le premier est 
situé au-dessus du corps et de la cavité des bran- 
chies. Il est attaché à. la colonne vertébrale et à 
la portion antérieure de l’arc osseux qui soutient - 
les grandes aïîles : il s’insère à l’extrémité posté- 
rieure de la tête , qu’il relève sur l’épine. 

Des deux muscles du museau , le supérieur 
vient aussi de la portion antérieure de la ceinture, 
qui soutient les aïles ou nagcoires , par une por- 
tion charnue courte , dont le tendon grêle et cylin- 
drique est recu dans une gaine muqueuse, qui se 


/ 


DEP T ee? 


Arr. VI. Des muscles de la tête. 941 


glisse au-dessus des branchies, et se porte à la 
base du museau , où il s’insère et qw’il releve. 
L'inférieur est situé au- du corps et 
dans, la its des branchies, où “1.5: ’attache'sur les 
premiers cartilages de la colonne. vertébrale. Il se 
porte HS eï-dehors et puis en dedans, 


_ de maniere à décrire une courbe dont la convexité 


est extérieure. Il s’msère presque tout charnu à 
la base du bec, qu il fléchit où courbe du côté 
du ventre. 


QUATRIÈME LEÇON. 


L 
De l’extrémité antérieure , ou membre 
pectoral. 


ARTICLE PREMIER. 


Des os de l’épaule. 
À. Dans l’homme. 


box uLE de l’homme est formée de deux os, 
qu’on nomme l’omoplate et la clavicule. 

L’omoplate ou scapulurn a la figure d’un triangle 
presque rectangle , dont la situation dans l’état du 
repos est telle , qu’un des côtés est parallèle à l’é- 
pine. 

Son plus long côté regarde obliquement en de- 
hors et en bas : on le nomme bord castal. Le plus 
court côté est vers le haut : on l’appelle cervical ou 
supérieur. L’angle supérieur , antérieur ou ex- . 
terne , est tronqué par une facette articulaire , 
ovale, sur laquelle se meut la tête de l’os du bras, 
ce qui l’a fait nommer Auméral. Au-dessus de cette 
facette articulaire est une saillie du bord supérieur, 
qui se porte en devant et se recourbe en bas. C’est 
ce qu’on nomme l’apophyse coracoïde. 

La face convexe de l’omoplate porte vers son tiers 


Arr. I. Des os de l’énaule. 243 


supérieur une apophyse ‘qui la coupe transversale- 
ment ; et qu'on nomme l’épine. Cette éminence se 
prolonge en une portion libre applatie ; qui se porte 
au-dessus de l’angle huméral : c’est l’acromion. 
La partie de cette face , qui est au-dessus de l’é- 
pine , se nomme fosse sus-épineuse ; et l’on ap- 
pelle sous-épineuse celle qui est au-dessous. 

La clavicule est un os long et fort à double 
courbure , appuyant l’une de ses extrémités ; celle 
qui est applatie, contre le haut du sternum; et 
l’autre, contre la concavité de l’acromion. Cette 
dernière extrémité suit les mouvemens de l’omo- 
plate, qui glisse en tous sens sur la partie pos- 
térieure des côtes auxquelles il n’est point articulé, 
mais seulement attaché par des muscles. Chacun de 
ses bords , ou.de ses angles, peut aussi s’en écarter, 
ou se presser contré elles. 

L’épaule de l’homme , et par conséquent toute 
son extrémité supérieure , n’est articulée au reste 
du squelette que par le bout de la clavicule qui se 
joint au sternum. 

Quelques ligamens unissent l’omoplate à la cla- 
vicule , et ce dernier os au sternum. Les premiers 
viennent de son apophyse eoracoïde , et se fixent à 
l'extrémité acromienne de la clavicule. Les seconds 


. sont : d’abord , ’interclaviculaire , qui unit en- 


semble les deux extrémités des clavicules en arrière 
du sternum ; ensuite d’autres fibres qui, de la face 
inférieure de la clavicule, se portent obliquement 
au cartilage de la première côte. Enfin , chacune 


Q 2 


o44 IV° Lzucon. De l'extrémité antérieure. 
des extrémités de la clavicule porte sa capsule ar- 


ticulaire , dont l’une s’attache au pourtour de la fa- 
cette acromienne , et l’autre à celle du sternum. 


B. Dans les mammifères. 
F 


Les épaules des mammifères diffèrent de celles 
de l’homme par l’absence ou les proportions de la 
clavicule , et par la conformation de l’omoplate. 

La clavicule existe dans tous les quadrumanes , 
ä-peu-près comme dans l’homme : elle manque 
entièrement dans tous les animaux à sabots ; tels 
que les éléphans , les pachydermes , les ruminans 
et les solipèdes. Quant aux animaux onguiculés , il 
n’y a rien de général. En effet, parmi les carnivores, 
les chéiroptéres, (les chauve-souris particuliére- 
ment l’ont très-grosse et très-forte } des pédimanes 
et la plus grande partie des plantigrades : savoir, 
les taupes , les musaraignes et les hérissons l'ont 


parfaite : le reste , c’est-à-dire les carnassiers , 


comme chiens , chats, belettes, ours , coatis , 
ratons ,loutres , phoques , etc. n’ont que des oscla- 
viculaires , suspendus dans les chairs , qui ne tou- 
chent ni le sternum, ni l’acromion, etqui manquent 
même entièrement be quelques individus. 

La clavicule de la taupeiest sur-tout remarquable 


par sa grosseur qui l'emporte sur sa longueur ; ce : 


qui lui donne une forme très-singuliére. Elle est 

liée à l’acromion par: un ligament , et elle s’arti- 

cule avec l’humérus par une large facette.. 
Parmi les rongeurs, la clavicule est partaite dans 


CT 


+ gs 


Arr. I. Des os de l’épaule. 245 


les écureuils, les rats , les castors , les porces- 
épices ; elle manque aux darnans et aux cabiais. 
Les lièvres ont la clavicule suspendue dans les 
chairs. 

On retrouve cet os dans beaucoup d’édentés , tels 
que les tatous, les fourmiliers , lès paresseux. 
Dans ces derniers , il porte à son extrémité sternale 
une apophyse qui sort de l’axe de l'os presqu’à 
angle droit ; mais la clayvicule manque entitremen 
dans les pangolins. 

Les cétacés n’ont aucun vestige de clavicule. 

On voit par cet exposé, que la clavicule existe 
dans tous les animaux qui portent souvent leurs bras 
en ayant, soit pour saBir , comme les singes, les 
rongeurs, soit pour voler , comme les chauve- 
souris ÿ etc. Qu'elle manque tout àfait dans ceux 
qui ne se servent de leurs extrémités antérieures 
que pour marcher, et qu’il y en a des rudimens 
dans ceux qui tiennent le milieuentreces deux classes 
opposées. 

En effet , la clavicule est un puissant arc-boutant 
qui empêche le bras («e se porter irop en avant ; 
aussi verrons-nous: cet os double dans les oiseaux. 

L’omoplate des sages a l'angle spinal, celui 
qui répond au postérieur -supérieur, plus obius, et 
par conséquent le côté qui lui est opposé plus long ; 
ce qui fait que celui qui regarde l’épine se rétrécit. 
On observe la même conformation dans les z2akis. 

Dans l’omoplate des carnivores, le bord spinal 
( celui qui regarde l'épine ) s’arrondit ; ce qui fait 


Q 3 


246 IV° Leçon. De l'extrémité antérieure. 


que l’angle postérieur est aussi très-obtus. La fosse 
sur-épineuse devient presqu’autant , et même quel- 
quefois plus grande que l’autre, Dans ceux quine 
sont point claviculés , l’apophyse acromion devient 
moins saillante , et il y a une autre éminence di- 
rigée en arrière , presque perpendiculairement à 
Vépine de l’omoplate : elle se trouve aussi dans 
les hérissons et les pédimanes. F/apophyse cora- 
coïde manque dans la plupart : on la retrouve ce- 
pendant dans le hérisson , les chéiroptères et les 


pédimanes. Le corps de l’omoplate s’alonge dans 


le érisson et encore beaucoup plus dans la taupe, 
dans laquelle il ressemble à un os long , et n’a de 
vestige d’épine que vers le tranchant postérieur et 
au-devant du tnbercule qui tient lieu d’acromion. 
La situation de los est telle, que sa longueur est 
parallèle à la colonne épinière. 

Les chéiroptères ont seuls le bord spinal tres- 
long , et l’angle postérieur aigu. 

Dans les rongeurs, l’omoplate a, en général; la 
même forme que dans les carnivores ; car la lon- 
gueur de l’acromion dépend de l'existence de la cla- 
vicule. Il en est de même de celle de l’apophyse 
coracoïde. Les Zièvres ont sur l’apophyse acromion 
une autre saillie osseuse qui s'élève à angle droit 
et se porte en arrière. Cette apophyse récurrente 
est fort longue ét assez grêle : elle fait, vers la 
partie postérieure , un angle saillant assez marqué. 

Les ruminans et les solipèdes ont l’omoplate étroit 
vers le dos, et alongé vers Le cou ; comme les ami- 


Arr. IL Des os de l'épaule. 24 


maux précédens. L’épine est plus rapprochée du 
bord antérieur ( celui que nous avons nommé cer- 
vical ou supérieur dans l’homme ) : elle est comme 
tronquée , et n’a ni acromion ni apophyse récur- 
rente ; il n’y a point non plus d’apophyse cora- 
coïde. 

Le cochon et le rhinocéros présentent dans l’é- 
pine de l’omoplate une particularité très - remar- 
quable : cette épine s’efface presqu’entièrement 
vers l’angle huméral ; mais il s’élève à peu près 
vers sa moitié une apophyse extrémement saillante 
qui se porte vers le bord costal. 

l'éléphant a un omoplate figuré en lozange , 
dont l’épine se termine par deux grosses apophyses, 

dont l’une se dirige en avant et forme l’acromion ; 

et l’autre ; qui est beaucoup plus forte , se porte en 
arrière. Celle-ci a quelque rapport avec cette apo- 
physe récurrente, qu’on remarque dans quelques 
rongeurs , et particulièrement dans le Zièvre. 

Parmi les cétacés, le Zauphin et le marsouin ont 
le bord spinal de l’omoplate arrondi et fort grand: 
lépine est trés-rapprochée du bord cervical ; elle ne 
se distingue point du plan Je la fosse sous-épineuse. 
La fosse sur-épineuse a une échancrure profonde 
qui paroît provenir d’un défaut d’ossification. Au- 
dessus de l'angle huméral , on voit une lame sail- 
lante qui se continue avec l’épine \ et qui semble 
correspondre à l’acromion : dans d’autres mam- 
mifères de la même famille , la fosse sur-épineuse 
est encore moins prononcée. 


Q 4 


288 IV° Lëécon. De l'extrémité antérieure, 


On voit que l’omoplate est d'autant plus étendu , 
dans le sens parallèle à lépine , que l'animal fait 
faire à ses bras des efforts plus violens , parce que 
cette configuration fournit aux muscles qui le fixent 
contxe le tronc des attaches plus étendues. Aussi 
Vhomme et les singes , maïs sur-touties chauve 
souris et les taupes, approchent-ils le plus de l’ex- 
trême alongement qu’on trouvera dans les oiseaux. 


C. Dans les oiseaux. 


. ù Fr Es s 
L'épaule des oiseaux est composée de trois os, 


qui sont : la c/avicule, la fourchette et Vomoplate. 
. La clavicule est un os droit, large ; applati 
d'avant en arrière , qui s'articule par une tête large 
et comme tranchante dans une fosseite cerrespon- 
dante, au coté du bord antérieur du sternum, dans 
laquelle elle a peu de moüvement. Elle se porte 
en ayant el un peu de côté , où elle s’élargit pour se 
diviseren deux courtes apophyses : l’une antérieure, 
inférieure et interne , s’unit à la fourchette ; l’autre 
postérieure , supérieure et externe, s’articule avec 
Vomoplate, et forme avec elle une fossette dans la- 
quelle est reçue la tête de l’humérus. 

L'ormoplate est alongé dans le sens qui est pa - 


rallèle à l’épine , et très-étroit dans le sens op- 


posé , souvent pointu , mais quelquefois tronqué 
postérieurement , toujours plat et sans épine. La 
tête où l'extrémité humérale devient plus épaisse. 
pour -s’unir à la clavicuie. En dehors, est la por- 
tion de la facette que ces os présentent en commun 


ART. I. Des os de l'épaule. 249 


à la tète de l’humérus ; en dedans, est une petite 


poiñte qui répond à l'extrémité de la fourchette: 
cependant ces trois os , dans leur réunion , laissent 
entr'eux un petit intervalle, ou espace libre. 

La fourchette ou V'o$ furculaire est impaire et 
commune aux deux épaules : elle est élastique et a 
la forme d’un V. Sa pointe est dirigée en arrière : 
ses deux branches appuient contre les têtes humé- 
rales des deux clavicules. Par son élasticité , elle 
les empêche de se rapprocher dans les mouvemens 
violens du vol. 

Les oiseaux de proie diurnes ont une fourchette 
très-forte dont les branches sont courbées : leur 
convexité est en avant, et l’angle de leür réunion 
est arrondi et éloigné du sternum. 

Les oiseaux de proie nocturnes ont la fourchette 
foible ; a branches presque dreites, à angle obtus, 
rapproché du sternum. 

Les perroquets Vont foble : la convexité des 
branches est en dchors. L’angle ; formé par leur 
rencontre, est obtus et distant du sternum. 

Dans les passeraux , cet os est de figure presque 
parabolique , à angle rapproché du sternum. Il faut 


‘enexcepter cependant les 2/rondelles et les engou- 


levents, qui l'ont petit comme les oiseaux de proie. 

Les gallinacés l'ont presque parabolique. L’angle 
est prolongé en une apophyse applatie latérale- 
ment , d’où part un Bgament qui va aïteindre Îa 
quille du sternum, qui est très-basse dans ces oi- 
sceaux. 


. 


250 IV° Leçon. De l'extrémité antérieure. 


Les canards, les harles, les flamants ont une 


fourchette conformée comme celle des oiseaux de 
proie. 

Dans les Aérons et le cormorun , l'angle de la 
fourchette s'articule avec Îe sommet de la quille du 
sternum. Il est soudé avec cet os dans les grues, 
les cigognes , le jabiru , et dans le pélican. 

Les deux branches de la fourchette sont sépa- 
rées dans l’autruche | et chacune se soude avec 


la clavicule et avec l’omoplate du même côté, de 


manière que ces trois os n’en forment plus qu’un 
seul éxtrémement applati et percé d’un trou vers 
l'extrémité qui s’unit au sternum. 


Dans le casoar , il n'existe de la fourchette 


qu'une sorte d’apophyse , au bord interne de da 
tête de la clavicule, quien est comme un rudiment. 
On voit que la fourchette est d'autant plus libre, 
plus forte et plus élastique , que l’oiseau vole mieux, 
et que les fonctions de cet os sont plus nécessaires. 
Quant aux oiseaux qui ne volent point du tout, il 
y est à peu près réduit à rien , ou du moins il est 
hors d’état d’écarter , par sa résistance , les têtes 
des clavicules ; il n’y en a plus qu’un rudiment. 


D. Dans les reptiles. 


Dans les quadrupèdes ovipares , la cavité hu- 
mérale de l’épaule est formée en partie par Pomo- 
plate , et en partie par la clavicule. 

L'omoplate est sans épine ; il est alongé ; il se 
rétrécit et devient plus épais vers son cou. 


bé 1 


Arr. I. Des os de l’épaule. 251 


La clavicule est simple , courte et plate , unie 
au sternum dans le crocodile et les lézards. Elle 
est large et presque quarrée dans l’iguane'et le 
caméléon. Dans le tupinambis , elle est très- 
grande, ovale , plus longue d’avant en arrière , 
et elle a deux espaces non ossifiés. 

La grenouille etle crapaud ont deux clavicules 
à chaque épaule ; elles s’attachent aux deux extré- 
mités du sternum. Leur omoplate est brisé , formé 
de deux pièces articulées, dont la supérieure se 
reporte vers l’épine. C'est la même chose dans 
le pipa. Les clavicules antérieures paroissent cor- 
respondre ici à la fourchette des oiseaux. La cla- 
vicule , le sternum et la première pièce de l’omo- 

plate sont soudés. 

_ Les salamandres ont l'épaule conformée d’une 
manière toute particulière. L’omoplate , la clavi- 
cule et le siernum ne font qu’une seule pièce qui 
reçoit la tête de l’os du bras. Cette épaule est car- 
tilagineuse dans sa majeure partie. La portion qui 
correspond à l’omoplate est plus distincte que les 
autres : elle se porte vers l’épine , où elle recoit 
les muscles qui doivent la mouvoir. La portion cla- 
viculaire regarde la tête : celle qui tient lieu de 
sternum se porte sous la poitrine , sans s’unir ce- 
pendant à celle du côté opposé ; celle du côté droit 
glisse au-dessus de celle qui est à gauche. Cette dis- 
position permetune plus grande dilatation de la poi- 
trine dans l'inspiration. 

Les tortues ont aussi les trois os qui se réunis- 


te de. 
"4 


252 IV° Læcçon. De extrémité antérieure. 


sent pour former la cavité humérale!, et qui COTTES- 
pondent à l'omoplate , à la fourchette et à la cla- 
vicule. 

Mais comme la disposition respective de ces os 
est extrémement remarquable , nous avons cru ne- 
cessaire d’en donner une description particulière: 

L’un des os s’étend de la base du rudiment de 


la première cote, sur laquelle il est attaché par um 


Lgament , jusqu’à la hauteur de la cavité humérale 
où il s’unit intimement avec les deux autres. 

Le second os pourroit êlre regardé commela 
continuation du premier, auquel il s’unit à la hau- 
teur de la cavité humérale qu’il forme en partie. II 
est attaché , par son autre extrémité , au plastron : 
de forts ligamens unissent cette extrémité à celle 
de los postérieur. 

Ces deux os ainsi unis sont légèrement courbés 
en dehors; de manière à laisser entr'eux et ceux 
de l’autre côté un espace ovalaire , par lequel pas- 
sent l’oœsophage, la trachée et plusieurs muscles. . 

Le premièr paroïf correspondre à la clayicule; 
et le second à la fourchette. 65120 

Enin le troisième os de l’épaule est placé dessous 
les viscères de Fabdomen ét de la poitrine ; plus 
près du plastron ; il est alongé et s'étend depuis \la 
cavité humérale, dont il forme la portion inférieure, 
jusques sur le bas-ventre, Il semble tenir lieu d’o- 
moplaie par le nombre de muscles auxquels ll 
donne aitache : mais sa situation est entièrement 
opposée. Un ligament tres-fort unit cet os au second. 


Es 


Ant. IL Des muscles de l’épaule 253 


Notu. Comme le membre pectoral des poissons 
ne peut pas être comparé d’une manière positive 
à celui des autres animaux vertébrés , nous avons 
cru devoir en faire une description particulière , 
qu'on trouvera à la fin de cette leçon. 


PAR TTCLENTE 


Des muscles de l’épaule. 


0] 


À. Dans l’homme. 


L’épaule de Phomme est mue par plusieurs mus- 
cles qui lui impriment quatre sortes de mouvemens 
principaux , qui souvent se combinent. Dans l’un 
de ces mouvemens ,; l'épaule se-porte au-devant 
de la poitrine ; par le second , qui est opposé au 
premier , elle est ramenée en sens contraire , et le : 
corps s’e//ace ; par le troisième , les épaules sont 
tirées en bas et maintenues abaissées : on dit alors 
que le cou est dégagé ; et par le quatrième, les 


LA L A r 
€paules sont portées vers la tête ou relevées. 


Ces muscles sont au nombre de huit. 

1. Le grand dentelé ( scapulo-costien }) est at- 
taché en dessous au bord spinal de l’omoplate. Il 
s’épanouit, pour se fixer par des digitations à la 
face externe des côtes, depuis la première jusqu’à 
la neuvième. Par ses digitations inférieures , ce 
muscle attire l'épaule en bas en même-temps qu'il 
la ramène en devant; par la contraction des digi- 


254 IV° Lecon. De l'extrémité antérieure. 
tations supérieures , il la porte en haut, ou vers la 
tête : enfin, par l’action des digitations moyennes, 
il maintient fixement l’épaule en ayant. 

2. Le dentelé antérieur ; qu’on nomme aussi 
petit pectoral ( costo-coracoidien ) tient, d’une 
part , à l’apophyse coracoïde ; et de l’autre, il s’at- 
tache par trois digitations à la face antérieure des 
côtes depuis la troisième jusqu’à la cinquième. L’o- 
bliquité des fibres de ce muscle détermine l’abais- 
sement de l’angle huméral de l’omoplate , en même 
temps qu’elle attire l’épaule en devant. 

9. Le releveur, ou l’angulaire de l’omoplate 
( trachélo-scapulien ) est attaché à l’angle posté- 
rieur supérieur de l’omoplate. Il se porte vers le 
cou , où il s’attache par des languettes sur les apo- 
physes transverses des vertèbres, depuis la seconde 
jusqu’à la cinquième. Il relève l’omoplate en ar- 
rière, en abaissant un peu l’angle huméral, cet os 
faisant alors une espèce de bascule. 

4. L’omo-hyoidien , ou coraco-hyoidien ( sca- 
pulo-hyoïdien)s’étend du bord supérieur de l’omo-- 
plate, près de l’apophyse coracoïde, jusqu’à la base 
et sur les cornes de l’os hyoïde où il se fixe. Il doit 
abaïsser un peu l’os hyoïde et servir ainsi à la dé- 
glutition plutôt qu'aux mouvemens de l'épaule. 

5. Le trapèze, ou cuculaire ( dorso-sus-acro- 
mien) a ses attaches, d’une part, à l’arcade 
occipitale et à toutes les apophyses épineuses , tant 
cervicales que dorsales ; et de l’autre , il s’insère 
sur toute la longueur de l’épine de l’omoplate et 


Ji 


Arr. II. Des muscles de l'épaule. 255 


sur une parlie de la clavicule. Ce muscle agit en 
sens opposé dans ses contractions partielles, comme 
le grand dentelé : en effet ;, sa partie supérieure re- 
lève l'épaule , sa portion moyenne la porte en ar- 
rière , et l’inférieure l’abaisse. 

6. Le rhomboïide ( dorso-scapulien ) est situé 
sous le précédent. Il s’attache aux apophyses épi- 
neuses de la cinquième , de la sixième et de la sep- 
tième vertèbres cervicales, etaux quatre premières 
des dorsales : de-là il se fixe sur le tranchant de 
l’épine de lPomoplate au-dessous de son arète. Sa 
direction est oblique ; il se porte en dehors en des« 
cendant. Ce muscle paroît propre à porter l’omo- 


_ plate en arrière , en même-temps qu'il le relève 


un peu en raison de l’obliquité ascendante de ses 
fibres. 

7. Le sous-clavier ( costo-clavien) est situé sous 
la clavicule , et n’a d’étendue que l'intervalle com- 
pris entre cet os et la première côte , espace dans 


lequel il est situé obliquement. Il fixe la clavicule 


sur la poitrine dans les mouyemens violens de l’é- 
paule. 

8. Les terno-clerdo-mastoïdien, dont nous avons 
parlé en traitant des mouvemens de la tête, peut 
aussi agir dans ceux de l’épaule par la portion qui 
s'attache sur la clavicule ; mais le mouvement qu’il 


produit est très-borné. 


B. Dans les mammifères. 


Le grand dentelé est plus étendu dans les mam- 


s 


256 IV° Lrcon. De l'extrémité antérieure. 
miferes que dans l’homme ; car il s’y attache par 
des digitations non-seulement aux côtes , mais en- 
core aux apophyses transverses des vertèbres du 
cou. Cela étoit nécessaire aux animaux qui mar- 
chent sur les quatre pieds, pour empêcher plus 
efficacement lomoplate d’être repoussé vers l’épine. 
Ce muscle forme , avec son correspondant , une 
espèce de sangle qui soutient le thorax. Comme il 
a la même éiendue dans les singes, c’est une des 
preuves que ces animaux sont destinés à marcher à 
quatre. Leur grand dentelé donne même des di- 
gitations à toutes leurs vertèbres cervicales , tandis 
que dans plusieurs carnivores il n’en donne qu'à 
une parlie. À quatre, par exemple , dans le chaï : 
à cinq , dans le chien, ainsi que dans l'ours et dans 
le lapin. Dans le dauphin qui ne marche point , le 
grand dentelé ne se fixe point aux vertèbres du cou. 
Le petit pectoral manque dans les carnivores et 
dans les animaux a sabots. Le cheval a un muscle 
qui le remplace : 1l prend naissance sur les côtes 
par des digitations ; puis il va se rendre au bord 
antérieur de l’omoplate ; maïs il s’umit en passant 
aux fibres du grand pectoral pour s’attacher en 
partie à l’humérus. Dans le dauphin , il est remplacé 
par un muscle qui n’a qu’une digilation insérée 
sur le sternum vers l’extrémité antérieure : elle se 
fixe au-dessus de la cavité humérale de l’omoplate. 
Le releveur de l’omoplate présente des variétés 
nombreuses par le nombre et l'insertion de ses at- 
taches. Dans les singes , par exemple , il ne se 


hd 


An. II. Des muscles de l'épaule  °5, 


se fixe point à l’angle , mais à l’'épine même de l’o- 
moplate , près de l’acromion. Il est là recouvert par 
le trapèze qui n’est point divisé. Dans les carni- 
vores et les rongeurs, son trajet est plus grand ; 
il s'approche davantage de l’extrémité humérale 
de l’épine de l’omoplate, et le trapèze étant par- 
tagé , il passe entre ses deux portions. Dans le 
chat , il n’a. que deux attaches supérieures : l’une 
à l'apophyse transverse de la première vertébre 
cervicale ; et l’autre à l’apophyse basilaire de l’oc- 
cipital. 

Dansle chien et dans l’ours , il ne s’attache qu’à 
la première vertèbre du cou. Dans le /apin, iln’a 
d'attache qu’à l’apophyse basilaire seulement. Vicq- 
d’Azir l’a regardé comme un muscle particulier , 
et l’a nommé acromio-basilaire. 

Dans le mouton , il vient de la première ver- 
tèbre , et s’insère à la portion antérieure de l’épine 
de l’omoplate ; il manque tout-à fait dans le cheval. 

Dans le dauphin , il s’attache à l’apophyse trans- 
verse de la première vertèbre ; mais son tendon 
s’épanouit sur toute la face externe de l’omoplate. 

Le irapèze et le sterno-cléido-mastoïdien sont 
àä-peu-près dans les siges comme dans l’homme ; 
mais dans les autres mammifères , ils se compli- 
quent tellement, que l’on est obligé de les décrire 
ensemble. Ainsi, dans ceux des carnivores et des 
rongeurs qui n’ont point de clavicules parfaites , 
le cléïdo - mastoidien ( qui est fort distinct du 
sterno-mastoidien ), etla portion clayiculaire du 

1 R 


258 IV° Leçon. De l'extrémité antérieure. 
delioïde n'étant point séparés par un os fixe PE 
forment ensemble qu’un seul muscle , qui agit im- 
médiatement sur l’humérus. On pourroit l’appeler 
masto-hurnérien. La portion claviculaire du tra- 
pèze vient aussi s’attacher à leur point de réunion, 
et ces trois muscles forment ensemble celui que les 
anatomistes appellent r7uscle commun de la téte, 
de l’encolure et du bras. Cette portion claviculaire 
du trapèze est très-distincte de la portion scapu- 
lire : elle en est même séparée par le releveur de 
l’omoplate qui passe entre elles ; elle est plus ou 
moins étendue , selon les espèces. 
_ Ainsi, dans le chien et dans le chat, ses fibres 
viennent en partie du ligament cervical. Dans le 
lapin , il n’en vient que de l’occiput. Dans l’ours, 
cette portion antérieure du trapèze se divise encore 
en deux muscles. Les fibres qui viennent de l’occi- 
pital , forment un tendon qui va s'attacher au ster- 
num , au même point que le sterno-mastoïdien. 

Dans le mouton , il ne naît de l’apophyse mas- 
toide qu’un tendon qui se partage bientôt en deux 
. faisceaux musculaires, dont l’un va au sternum , et 
l’autre, qui est analogue du c/é;do mastoïdien , va 
se confondre dans la portion du frapèzé corres- 
pondante à la claviculaire , à peu près vis-à-vis le 
milieu de la longueur du cou , et forme avec elle 
et avec la portion claviculaire du deltoïde un seul 
muscle qui va jusqu’à l’humérus, comme dans les 
espèces précédentes. 

Dans le chesal, il n'y a que cette portion du 


Arr. Il. Des muscles de l'épaule. 259 


trapèze que l’on nomme ascendante dans l’homme, 
et qui s’insère à la partie postérieure de l’épine de 
l’'omoplate. Il y a aussi un s{erno-mastoïidien ; 
mais au lieu du releveur , du clédo-mastoïdien 
et des portions claviculaires du trapèze et du del- 
loïde , on rie trouve qu'un seul muscle attaché à 
Vapophyse mastoide , et aux apophyses transverses 
de quelques vertèbres cervicales, supérieures, qui 
passent au-devant de la tête de l’humérus : ce muscle 
descend le long de la face interne du bras pour s’y 
insérer inférieurement. 

_Le dauphin n’a point de portion clavicuülaire du 
muscle trapèze. Ce muscle est lui-même très-mince, 
couvre tout l’omoplate et s’insère vers son cou. Le 
sterno-mastoidien est très-épais, très-Véhtru , ét il 
y à à son côté externe un muscle à peu près pareil 
qui va de l’apophyse mastoïde, s imsèrer sous la tête 
de l’humérus. : | 

Nous devons encore indiquer ici un muscle mince, 
atiaché dans le /apin à l’épine de l’omoplate , recou- 
vrant le sur-épineux, et s'insérant à l'os claviculaire. 

Le rhomboïde s'étend, dans les singes, jusqu’à 
Vocciput. Ses fibres occipitales, qui y sont quelque- 
fois séparées des autres, le sont toujours dans les 
carnivores , et elles y forment un muscle particu- 
lier que les anatomistes ont appelé occipito sca- 
Pulaire, ou grand releveur de l’ormoplate. 

Dans le cheval, cette portion antériéure du 
rhomboïde ne s'attache qu’au ligament cervical, 
C’est le releveur propre de l’omoplate des hip- 
potomistes, R 2 


260 IV Leçon. De l'extrémité antérieure. 

Le rhomboïde du dauphin est petit, et n’a point 
de portion antérieure distincte. 

Le coraco-fyoidien ne présente aucune parti- 
cularité dans le sirge. Il n’existe pas dans les ani- 
maux qui n’ont pas de clavicule , nid’apophyse co- 
racoïide, pas même dans le chien. 

Le sous-clavier n’a rien de remarquable dans 
les singes ; il n’existe point dans les mammifères 
non claviculés. 

Nous sommes obligés de décrire à part les mus- 
cles de l’épaule de la taupe, à cause de leur sin- 
gularité. 

La portion cervicale du grand dentelé est simple, 
“extraordinairement épaisse , ventrue, el ne s’at- 
tache qu'aux dernières vertèbres. Il n’y a pour 
tout trapèze , que deux trousseaux de fibres char- 
nues qui viennent des lombes , er qui s’insèrent aux 
extrémités postérieures des omoplates. Ces deux 
faisceaux étant à peu près parallèles, écarteroient 
ces extrémités plutôt que de les rapprocher , si 
elles n’étoient pas unies par un ligament trans- 
versal trés-fort. L'usage de ces deux bandes mus- 
culaires est donc de faire faire à toute la partie 
antérieure du corps un mouvement de bascule 
vers lé haut. 

Le rhomboide a presque toutes ses attaches sca- 
pulaires à ce même ligament transversal , commun 
aux deux omoplates. Il s’insère au ligament cervi- 
cal qui est toujours ossifié ; ainsi son usage est de 
relever la tête avec force. 


Arr. Il Des muscles de l'épaule. 261 


C’est ce que fait encore plus efficacement le 
muscle analogue à sa portion occipitale, Les fibres 
en sont parallèles à l’épine ; elles passent sous celles 
du rhomboïde proprement dit , pour s'attacher 
au ligament transverse , et leur extrémité anté- 
rieure s’insère sur le milieu du crane. 

Le sterno et le cléido-mastoidien n’ont rien de 
particulier , et le releveur de l’omoplate manque. 

Le petit pectoral’est fort grêle ; 1l s’attache aux 
parties antérieures des premières côtes et au li- 
gament qui joint la clavicule à l’omoplate. 

La clavicule a deux muscles : l’un qu’on pour- 
roit nommer swrclavier , s'attache au premier os 
du sternum et à l’angle antérieur de la grosse tête 
de la clavicule ; l’autre s’attache aussi sur le ster- 
num, mais plus bas, etil se fixe auprès de l’autre. 

Nous décrirons aussi particulièrement les mouve- 
mens de l'épaule dans les chauve-souris,parce qu'ils 
différent beaucoup de ceux des autres mammifères. 

Le grand dentelé est situé au-devant du petit 
pectoral ; il s’attache à toutes les côtes et non au 
cou ; il s’insère au bord externe et inférieur de 
l’omoplate. 

Le sous-clavier n’est remarquable que par son 
volume , qui est respectivement très-considérable. 

Le petit pectoral'a trois digitations ; il s’insère à 
l’apophyse coracoïide, qui est très-forte, par un 
tendon large. : 

Le trapèze ne s'attache ni à l'arêle , ni aux apo- 
physes cervicales , mais aux onze premières dor- 


R 5 


262 IV° Leçon. De l'extrémité antérieure. 
sales ; il s’insère à la facette triangulaire de l'angle 
cervical de l’omoplate. 

Le rhomboiïde n'offre aucune particularité. 

Le releveur de l’omoplate vient des cinquième 
et sixième vertébres du cou. 

Le sterno-mastordien ne s’attache pas a la cla- 
vicule. ra 


C. Dans Les oiseaux. 


L’omoplate des oiseaux est mü par quatre mus- 
cles, qui sont analogues à ceux des mammifères ; 
mais , en général, ceux de la partie supérieure 
sont trés-petits et grêles ; ils n’ont point d'attache au 
cou ni à la tête. Cette disposition tient probablement 
à la longueur et à la mobilité du cou. 

Le grand dentelé, ou sous scapulaire de Vicq- 
d'Azir est partagé en quatre ou cinq languettes 
plates, qui proviennent de la moitié du bord infé- 
rieur de l’omoplate vers l'extrémité libre , et qui 
vont s’insérer aux cinq premières côtes. La première 
est presque parallèle à l’épine : la seconde est plus 
oblique ; les trois dernières sont épaisses et vont 
directement à l’épine ; c’est-à-dire , qu’elles lui sont 
perpendiculares. | 

Le costo-scapulaire, de Vicq-d’Azir , est un 
muscle qui ressembleroit assez à une languette, sé- 
parée du grand dentelé ; mais qui, attaché plus 
en devant sur le bord inférieur de l’omoplate, va 
en descendant s’insérer à la première côte. 

Le trapèze est composé de deux portions : l’une 


ART. II. Des muscles de l'épaule. 263 


est attachée aux apophyses épineuses de la der- 
nière vertébre du cou et de la première du dos; 
elle se porte vers la partie inférieure et interne de 
la branche de la fourchette : l’autre portion est beau- 
coup-plus longue ; elle tient aux apophyses épi- 
neuses des vertèbres du dos quisuivent la première, 
et va obliquement en devant se fixer au tranchant 
supérieur ou spinal de lPomoplate. 

Le rhomboïde est recouvert en partie par le tra- 
pèze, et en partie par le grand dorsal immédiate- 
ment. Il tient aussi aux apophyses épineuses des 
vertèbres dorsales : il s’attache à la partie la plus 
postérieure du bord spinal de l’omoplate, 


D. Dans les reptiles. 


’ 


Dans la grenouille qui n’a pas de cotes , le 
muscle grand dentelé a ane tonte autre forme qui 
paroît aussi dépendre en partie de l'absence des 
vertèbres cervicales : il forme trois muscles dis- 
tincts. ' | 

Le premier vient de l’occiput prés du trou occi- 
pital ; ilse divise en deux ventres , qui s’insérent à 
Vangle spinal supérieur de l’omoplate : lun , du 
côté interne; l’autre , du coté externe. 

Le second provient de la deuxième apophyse 
transverse , et se porte sous la portion dorsale de 
l’omoplate vers son bord spinal. + 

Le troisième s’attache à la troisième apophyse 
transverse , et se porte sous le précédent en s’ap- 


A 
prochant davantage du bord. 
R 4 


264 IV° Fecon. De l'extrémité antérieure. 

Il y a de plus à l’omoplate un muscle propre, 
situé à la face interne entre les deux portions qui 
la constituent et qui la représentent brisée ; il doit 


rapprocher ces deux parties, et, par ses contrac-: 


tions,rendre l’angle qu’elles font ensemble plus aigu. 
Il n’y a point de muscle analogue au petit pec- 
toral. 
_ Le releveur , ou angulaire de l’omoplate , est 
remplacé par un muscle très-considérable qui naît 
de la base de l’occiput ; il diminue sensiblement 
en se portant vers l’épaule , et il s’insère sous le 
bord postérieur de la partie cartilagineuse de l’o- 
moplate. 

. L'omo-hyoidien est long et grêle : il vient de la 
grande corne inférieure de l’os hyoïde , et s’insère 
sous le cou de l’omoplate. | 

Le trapère n'existe point: 

L’analogue du romboïde est très-mince ; il naît 
sur les apophyses dorsales , et s’insère au tranchant 
spinal de l’omoplate. 

Il n’y a point de muscle sous-clavier. 

Le sterno-mastoïdien n'a qu’un ventre qui est 
étendu obliquement , de la partie postérieure de la 
tête derrière l’oreille , au cou de la partie osseuse 
ded’omoplate : il doit rapprocher l’épaule de la tête 
et la relever. 

Nous décrisigns à part les muscles de la tortue, 
car ils différent considérablement de ceux des autres 
animaux à sang rouge : ils sont au nombre de trois 
seulement. " 


Arr. IL De l’os du bras. 265 

Lun qui, quoique très-différent du trapèze, 
pourroit lui être comparé pour Pusage , s’attache 
sous le bord de la carapace entre les côtes, depuis 
la seconde jusqu’à la ciñquième. Il est très-mince, 
et se porte au bord externe du troisième os de l’é- 
paule , qui paroît correspondre à l’omoplate. 

L’analogue du releveur de l’omoplate s’insère au 
milieu de la courbure que forment, par leur réu- 
nion , les deux premiers os de l’épaule , et il s’at- 
tache par sept languettes charnues aux apophyses 
transverses des sept vertèbres du cou. 

Un autre petit muscle alongé est attaché sous la 
carapace, vers l'extrémité sternale de la premiere 
côte, et s’insère à l’extrémité dorsale du premier 
os de l'épaule. C’est peut-être l’analogue du costo- 
clavien. 


. 


AR EI C LE: LIT 
De l'os du bras. 


À. Dans l’homme. 


Le bras est formé d’un seulos, nomméAwmérus, 
qui s'articule avec l’épaule et avec l’avant-bras. Il 
est reçu dans une facette articulaire de lomoplate , 
qui est de figure ovale , et sur laquelle ses mouve- 
mens s’exercent en toussens. L’os du bras est alonge: 
nous ne considérons ici que son articulation avec 
l’omoplate ou son extrémité scapulaire. Elle se 
termine par une portion arrondie , convexe cl 


266 IV° Leçon. De l'extrémité antérieure. 


oblique , qu’on nomme la tête de /’humérus. Cette 
portion est distingute du reste de l'os , par une 
petite rainure circulaire , qu’on appelle le cou. On 
y remarque aussi deux apophyses peu saillantes : 
l’une postérieure , plus grosse | qu’on nomme la 
grosse tubérosité ( trochiter ) ; l'autre antérieure, 
plus petite , appelée la petite tubérosité ( trochin.) 
Ces éminences sont séparées l’une de l’autre par 
une espèce de canal, ou de goutière longitudinale, 


dans laquelle glisse le tendon du muscle scapulo-" 


radien ou biceps. La tête de l’humérus est main- 
tenue .dans la fosse articulaire de l’omoplate , à 
l’aide "d’une capsule ligamenteuse , qui, du bord 
osseux et cartilagineux de la cavité, se porte au 


cou de l’humérus. Le tendon du muscle biceps qui 


pénètre dans celte arliculation , produit aussi l’effet 
d’un ligament. La partie moyenne de l’os est à pew 
près cylindrique. Dans l'extrémité scapulaire , il 
y a cependant quelques éminences pour l'insertion 
des muscles. L’os s’élargit et s’applatit vers l’extré- 
mité cubitale , que nous ferons connoitre en traitant 
de l'articulation de l’avant-bras. 


B. Dans les mammifères. 


L’humérus est toujours simple dans toutes les 
classes : il y varie peu par sa forme ; quant à sa 
proporlion'avec le reste de l’extrémité antérieure, 
on remarque dans les mammifères qu’il se rac- 
courcit à mesure que le métacarpe s’alonge. C’est 
ainsi que , dans les animaux à canon, il est caché 


bé. 


nr: 


} 


Arr. II. De l'os du bras. ‘ 267 


jusqu’au coude sous la peau ; il est trés-alôngé, pro- 
portionnellement à tout le corps, dans les chauve. 
souris et dans les paresseux. 

Les guenons ont l’humérus plus arqué en arrière 
que l’homme. Sa partie supérieure y est en prisme 
triangulaire , tant ses crêtes sont aiguës. La grande 
tubérosité s’y élève davantage au-dessus de la tête. 

Le pongoetles autres sirgesl’ontcommel’homme, 
seulement un peu plus court ou plus iong. 

Les grands carnassiers ont l’humérus arqué : 
sa tête sort beaucoup de l’axe. La grande tubéro- 
sité est fort large , applatie, et élevée au-dessus de 
la tête. 

Du reste, ils ne présentent entre eux , non plus 
que les rongeurs et les édentés, d’autres différences 
bien sensibles que dans la longueur proportion- 
nelle de, cet os et dans la saillie de ses crêtes. Dans 
le castor, par exemple , il est extrémement élargi 
à son extrémité cubitale , et il porte vers son tiers 
supérieur une large apophyse transversale. Sa 
figure est triangulaire. 

La grande tubérosité du cockon, celle du tapir 
et du rAinocéros se partagent en deux. La ligne 
àpre de ce dernier se termine en bas par une tu- 
bérosité très-saillante. 

On la retrouve, quoique moindre, dans le cheval, 
dont la petite tubérosité est aussi creusée en canal. 

Les ruminans , en général, ont la grande tubé- 
rosité très-élevée, et la ligne âpre saillante. Dans 
le chameau, la petite tubérosité est plus élevée que 
l’autre , et creusée en canal, 

3 


. 268 IV° Lzecon. De l'extrémité antérieure. 


Dans les cétacés , l'os du bras est extrêmement 
court , arrondi vers le haut , avec une légère tubé- 
rosité extérieurement. 

Le plus singulier de tous les humérus des mam- 
mifères , est celui de la taupe. I] ne s’articule pas 
seulement avec l’omoplate par une petite tête , 
mais encore avec une facette de la clavicule , par 
une autre que l’on peut regarder comme apparte- 
nante à la grande tubérosité. Entre celle-ci et la tête 
de l’os est une fosse profonde. La crête de la pe- 
tite tubérosité est si large , que cette partie de l’hu- 
mérus représente un quarré placé verticalement , 
de manière que la ligne äâpre est supérieure. Le 
reste du corps de l’os qui est très-court se courbe 
vers le haut, défaçcon que la partie qui s'articule 
avec l’avant-bras resarde le ciel. Il résulte de cette 
disposition, que le coude est en l’air, au-dessus de 
l'épaule, et que la paume de la main regarde en 
dehors, ce qui étoit nécessaire pour le genre de 
vie de cet animal. 


(l 


C. Dans Les oiseaux. : 


«+ L’humérus des oiseaux s'articule à la fois avec 
d’omoplate et avec la clavicule , par une éminence 
en portion de roue qui est à peu près dans le plan 
des deux crêtes. Sous sa tête, derrière la crête in- 
terne, est une cavité profonde. La crète externe ou 
supérieure est mince et fort saillante; l’interne est 
plus courte et plus mousse. 

En général , lhumérus des oiseaux est cylin- 


Arr. If. De l'os du bras. 259 


drique dans sa partie moyenne , excepté dans le 
manchot, où il est singuliérement applati de droite 
à gauche, de sorte qu’à son extrémité radiale , les 
osdé l’avant-bras s’articulent l’un au-dessus de l’autre 
sur une même ligne. 

Dans l’autruche, lhumérus est très-long et courbé 
sur la convexité des côtes. Il est très - court dans 
le casoar. 


D. Dans les reptiles. 


L’humérus des tortues a une forme tout-à-fait 
singuhère. Comme dans les oiseaux il s'articule à 
la fois avec l’omoplate , la clavicule et la fourchette, 
par une grosse tête de forme ovale, dont le grand 
diamètre est dans le sens de l’applatissement de l’os. 
Au-dessus de cette grosse tête, s’élève une éminence 
considérable, qui, par sa courbure et ses fonctions, 
a des rapports avec l’olécräne,apophyse qui manque 
ici à l'os de l’avant-bras. Au-dessous de la tête est 
une autre éminence moins saillante, mais plus âpre, 
qui donne aussi attache à des muscles, et qui tient 
heu de petite tubérosité. Le reste du corps de l'os 
est applati, plus étroit dans la partie moyenne. 

Dans le crocodile , los du bras est arrondi, 
mais un peu courbé, en forme d’S sur sa longueur. 
Cet os , par son extrémité scapulaire , ressemble un 
peu au tibia. Sa tête, au lieu d’être arrondie, est 
plate, et sa tubérosité qui est unique , est antérieure, 
en forme de crête , un peu contournée du côlé in- 
terne. 


270 IV° Exçon. De l’extrémilé antérieure. 
Dans les autres Zézards et dans les grenouilles, 
l'humérus ne présente aucune particularité. 
Il n'y en a point dans les serpens, puisqu als sont 


U 


privés de membres. 
ARTICLE I V. 
s Des muscles du bras. 


. À. Dans l’homme. 


L’humérus de l’homme est mis en mouvement par 
des muscles qui s’attachent au tronc, et par d’autres 
qui sont fixés à l’épaule. 

Les premiers sont : 

Le grand pectoral ( sterno-humérien) ; il s’at- 
tache au sternum, à la portion sternale de la cla- 
vicule et aux sept premières côtes. Il couvre le de- 
vant de la poitrine, et s’insère à cette portion de la 
ligne äpre de l’humérus qui fait le rebord extérieur 
de la gouttière bicipitale. Il porte l'os du bras en 
avant et en dedans dans quelque position qu’il soit ; 
il le fait aussi tourner un peu sur son axe. 

Le grand dorsal ( lombo-humérien ) s'étend 


depuis los sacrum , la crête de Vos des îles, les 


épines des ee lombaires, les sept dernière 
du dos , et enfin les quatre dernières côtes verté- 
brales, jusqu’à la partie postérieure et inférieure de 
la grosse tubérosité de l’humérus , où il msère son 
tendon grêle et large. Ce muscle enveloppe le tronc 
par derrière; il porte l'humérus en arrière et un 
peu en bas. | 


ne 


Arr. IV. Des muscles du bras. 271 
Les seconds sont : 


1°. Ceux qui s’attachent aux faces de l'omop late- 

Le sur-épineux (sus-scapulo-trochitérien); :l 
est situé dans la fosse sus-épineuse. Son tendon 
passe au-dessus de l'articulation, et se fixe à la 
grosse tubérosité de l’os du bras qu'il relève. 

Le sous-épineux ( sous-scapulo-trochitérien ), 
qui occupe la fosse sous-épineuse : son tendon s’in- 
sère à la face antérieure de la tête de l’humérus : 
qu'il tourne en dehors sur son axe. 


Le sous-scapulaire ( scapulo-trochinien ) qui 
est attaché sur toute la face costale de l’omoplate, 
et qui insère son tenden sur la petite tubérosité de 
los du bras qu’il fait tourner en dedans sur son 
axe, et qu’il rapproche contre le corps. 


2°. Ceux qui s’attachent aux éminences de l’omo- 
plate. 1 


Le deltoide ( sous-acromio-humérien. ) Ce 
muscle est fixé à tout le. bord inférieur de la clavi- 
cule, vers sa moitié scapulaire , à l’acromion et à 
üne portion de l’épine de l’omoplate. Il est com- 
posé de plusieurs portions ventrues penniformes et 
radiées, qui se réunissent en un tendon commun qui 
s’inseré à la ligne âpre intérieure de lPhumérus, 
vers son fiers scapulaire, en dehors du. tendon du 
grand pectoral. C’est le plus puissant releveur du 

bras. 

Le petit rond paroît être une portion du muscle 
sous-épineux : il vient du tranchant inférieur de 


272 IV° Lecox. De l'extrémité, antérieure. 
l’'omoplate , et se fixe à la face externe de la têle de 

l’humérus. | MU 
Le grand rond( scapulo-humérien) ; 1 vient de 
Vangle inférieur ou costal de l’omoplate, et se porte 
un peu au-dessous de la tête de l’humérus, à la 
face interne ; il produit la même action que les pré- 

cédens. | 
* Le coraco-brachial ( coraco-humérien ) s'étend 
de l’apophyse coracoïde, où il prend naissance par 
un tendon commun avec la tête coracoïdienne du 
biceps, jusqu’au milieu de l’humérus, dans la di- 
rection duquelil se porte le long de la face interne. 
Ce muscle relève le bras sur l’épaule , et, dans quel- 
quelques circonstances , peut mouvoir l’omoplate 
sur-le brass 0h 


B. Dans les mammifères. 


Tous les muscles du bras existent dans les mam- 
miféres , avec quelques modifications cependant. 

Ainsi le grand pectoral est généralement plus 
charnu et composé de faisceaux plus distinets. 

Dans les singes , sa portion claviculaire va à la 
ligne âpre en descendant plus bas. Les fibres de la 
portion sternale s’y rendent aussi dans trois direc- 
tions. Îl y a de plus deux portions costales : une 
antérieure , plus grande, qui va à la grande tubé- 
rosité ; une postérieure , plus petite , qui se porte au 
cou de los sous la tête, de sorte que ce muscle pa- 
roit composé de quatre ou cinq autres. 


Dans les mammifères, qui n’ont point de clavi- 


2 


ut T.,.6.n 


Arr. IV. Des muscles du bras. 215 


cules parfaites. même dans {e dauphin , il y a une 
première portion sternale qui va perpendiculaire- 
ment à la ligne âpre, et qui forme avec la portion 
correspondante de l’autre côté , ce que l’on a appelé 
le muscle commun aux deux bras ; c’est lui qui 
produit l’entre-croisement des jambes de devant. 

Dans les carnivores, en général, ce muscle com- 
mun se subdivise encore en plusieurs portions , 
dont une partie se rend vers le bas de l’humérus em 
se portant très-obliquement en arrière. Ce muscle 
commun existe aussi dans les ruminans. Le mouton 
a de plus un autre rnuscle commun tout différent, 
qui s'étend de la région sternale au cubitus , et 
acheve ainsi d’enfermer le bras dans letronc. Il 
paroît devoir se rapporter plutôt au pannicule 
charnu qu’au grand pecteral. Dans le cheval, c’est 
ce dernier muscle commun qui porte chez les hip- 
_potomistes le nom de muscle commun aux deux 
bras , et qui produit ce croisement des deux avant- 
bras que les écuyers nomment chevaller. 

Une seconde portion du grand pectoral, plus 
profonde et beaucoup plus considérable que le 
muscle commun, se porte de toute la lorigueur du 
sternum, obliquement vers la tête de l’humérus. 
Elle est quelquefois elle-même divisée en plusieurs 
faisceaux. 

Le grand dorsal des quadrupèdes differe peu 

"de celui de l’homme!, mais ces animaux ont un 
muscle de plus; car le pannicule charnu( cutano- 


 humérien ) produit un tendon très - remarquable 


1. S 


274 1V° Lircçon. De l'extrémité antérieure. 

qui s’insère à l’hamérus tout près du grand dorsal. 
Celui-ci unit le sien à celui du grand rond, et 
donne attache à l’une des portions de l’extenseur 
du coude. 


Dans le dauphin il y a un petit muscle dont la. 


direction et les usages paroissent les mêmes que 
ceux du grand dorsal ; mais qui prend ses attaches 


aux côtes par des digitations. Il est tout-à-fait recou- 


vert par la portion dorsale du pannicule charnu. 
Les muscles sur-épineux , sous-épineux, sous- 
scapulaire , grand et petit ronds, ne different de 
ceux de l’homme que par leur proportion que dé- 
termine la figure de l’omoplate. 
Le sur-épineux est généralement plus grand que 
le sous-épineux , ce qui est le.contraire de l’homme. 


Dans le dauphin ces muscles sont peu distinctset 


oblitérés , excepté le sous-scapulaire. 
Nous avons déja vu comment, dans les animaux 


qui n’ont point de clavicules parfaites, la portion 


claviculaire du deltoide s’unit à celle du trapèze. 
Il ne. nous reste donc plus à traiter que de sa por- 
tion scapulaire. | 

Cette portion scapulaire paroît elle-même divisée 
en deux ; celle qui vient de l’acromion et celle qui 
provient de l’épine et plus souvent de toute la por- 
tion sous-épineuse de lomoplate. Elles s’unissent , 


s’entre - croisént, et forment un tendon commun . 


qui se fixe à la ligne äpre de l’humérus. 


Dans le rnouton, la portion acromiale est très-" 


petite , et dans le cheval il n’y en a plus du tout. 


L 


+: LRFR Le 


AnT. IV. Des muscles du bras. 275 


Aussi son deltoïde qui a la même direction que le 
sous-épineux , porte-t-il le nom de Zong abducteur 
du bras. 
Le coraco-brachial existe , même dans ceux qui 
m'ont point d’apophyse coracoïde, et s’attache là à 
une petite éminence du bord supérieur de l’omo- 
- plate. Son tendon est commun avec celui de la por- 
| tion du biceps qui naït de l’apophyse coracoïde , 
dans ceux où le biceps a deux têtes. 
…. Les singes ont le coraco-brachial divisé en deux 
portions , dont l’inférieure règne tout le long de la 
» face postérieure et interne de l’humérus, 
- Dans l'ours, la portion inférieure est grêle et va 
s’'insérer au condyle externe. Elle donne, de son 
milieu , une languette qui va se joindre au biceps 
etrqui en représente la tête coracoïde. 
"Dans les chiens , les chats, les lapins, le cheval, 
le biceps n’a qu’une tête ,et le coraco-brachial une 
seule portion qui n’a rien de commun avec le 
biceps. 
» Dans la taupe, le grand pectoral! est d’une 
… épaisseur-extraordinaire et presque aussi grand que 
- dans. les oiseaux. Il est formé de six portions qui 
toutes s’attachent à la face antérieure de la portion 
quarrée. de l’humérus. Quatre de ces portions 
viennent du sternum pour s'attacher aux différens 
sles et bords de cette face. La cinquième vient de 
a clavicule et couvre cette face tonte entière ; enfin 
a sixième va transversalement d’un bras à dabtre: 

L Le, grand dorsal-est considérable. Il est divisé 

S 2 


276 IV° Lecox. De l'extrémité antérieure. 

en deux portions et s’insère à là face postérieure de 
la portion quarrée de l’humérus. Le grand rond, 
qui s’insère au même endroit que lui , est d’une gros- 
seur énorme. C’est au moyen de ces trois muscles 
que l’animal creuse et pousse la terre en arrière. 
Les autres muscles de l’humérus de la taupe ne 
présentent d’autres différences que celles qui sont 
déterminées par la figure singulière des os. 

Le muscle analogue au grand pectoralest formé 
de trois portions, ou plutôt detrois muscles bien 
distincts dans les chauve-souris. 

L'un, situé au lieu ordinaire, s’étend de Ia ligne 
saillante du sternum à la tête de l’humérus qu’il 
recouvre , et il s’insère à la grosse tubérosité anté- 
rieure. 

Le second vient de toute la longueur de la clavi- 
cule et de la partie antérieure de l’épine du ster- 
num, et s’insère derrière la grosse tubérosité au- 
dessus du précédent, dont il aide l’action dans les 
mouvemens de l’aile. 

Le troisième est recouvert en partie par le pre- 
mier. Il s’attache aux dernières côtes près de leurs 
cartilages sternaux. Ses fibres remontent presque 
verticalement sous l’aisselle pour s’insérer à la crête 
de l'os du bras, qui est ici très-longue. 

Le grand dorsal n’est qu’une bandelette charnue 
qui vient des tubercules épineux des denx dernières 


veriébres dorsales. Il a quelques connexions avec. 
\ . x x r . ds 
le trapèze. Il s’insère à l’humérus en unissant son. 


tendon à celui du grand rond dans le creux de 
laisselle, 


À 


= 


Arr. IV. Des muscles du bras. 277 


Les muscles sur et sous-épineux , ainsi que le 
sous-scapulaire , n’offrent aucune particularité qui 
soit digne de remarque. 


Le delioide ne s’aitache point du tout à la clavi- 
cule, à moins qu’on ne regarde la seconde portion 
du grand pectoral comme en faisant partie ; il est 
étendu sur toute la face externe de l’omoplate où il 
forme deux portions, dont l’une est inférieure et 
plus mince que l’autre. Leur tendon réuni passe 
au-dessus de l’articulation et s’insère à la crête 
de l’humérus. 


Il n’y a point de muscle petit rond. Le grand 
rond n'offre rien de particulier ; il unit son tendon 
à celui du grand dorsal. 


- I n’y a point de coraco-brachial. 


C. Dans Les oiseaux. 


Les oiseaux ont trois muscles pectoraux, tous 
attachés à leur énorme sternum et agissant sur la 
tête de l’humérus. 


1°. Le grand, qui à lui seul pese plus que tous 
les autres muscles de l’oiseau pris ensemble , s’at- 
tache à la fourchette, à la grande crête du sternum 
etaux dernières côtes ; il s’insère à la ligne âpre 
trés - saillante de leur humérus. C’est par son 


_ moyen que les oiseaux. donnent les violens coups 


d’ailes nécessaires pour le vol. 


2°, Le moyen ( Vicq-d’Azyr) placé dans l’angle 
que fait le corps du sternum avec sa crête et daus 
S 9 


278 IV Lecox. De l’extréinité antérieure. 
l'intervalle de la fourchette et de la clavicule. Son 
tendon passe dans le trou formé par l’union de la 
fourchette , de la clavicule et de l’omoplate, comme 
sur une poulie, et s’attache au-dessus de la tête de 

 lhumérus qu'il releve. C'est au moyen de cette 
disposition de poulie que la nature a pu placer ainsi 
un releveur à la face inférieure du tronc et abaisser 
d’autant le centre de gravité, sans quoi l'oiseau 
auroït été exposé à culbuter dans l’air. 

8°. Le petit ( .Vicq-d’Azyr ) attaché à l’angie 
latéral du sternum et à la base de la clavicule , se” 

«porte sous la tête de l’humérus et rapproche cet os 
du corps. + 

Il y a de plus deux petits muscies attachés à lu 
face interne du haut de la clavicule , qui s’insèrent à 
la grosse tubérosité inférieure de la tête de l’humé- 
rus, et rapprochent cet os du tronc. 

Le-grand dorsal des oiseaux.est formé de deux 
parties. L’antérieure va; directement s'insérer à la 
face postérieure du milieu de la ligne âpre. La pos- 
térieure va en montant obliquement s’insérer sous 
la tête de l’os. L'une et l’autre est très-mince. 

Quoiqu’ils n’aient ni épine, ni apophyse coracoïde 
à leur omoplate , on y voit des muscles analogues 

aux sur et Sous-épineux et'au grand rond. 

Leur deltoïde peutse distinguer en deux parties, 
une claviculaire et une scapulaire. Cette dernière 
n’est attachée que vers le cou de l’omoplate, Leur 
insertion s'étend fort bas sur l’humérus. 


Ÿ 
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à 


vz 


\ Arr. IV. Des muscles du bras. 279 
D. Dans les reptiles. 


Le muscle grand pectoral de 1 grenouille est 
formé de deux portions placées l’une au-dessus de 
Vautre. Elles produisent deux tendons qui s’in- 
sérent sur les deux bords de la gouttière humérale. 

Le grand dorsal vient de la partie inférieure du 
dos où il est nunce. Il devient plus épais et s’attache 
sur la partie large de l’omoplate qu’il recouvre en-, 
tiérement; il s’insère à l’humérus par un tendon fort 
vers son tiers supérieur et interne. 

Iln’y a dansla grenouille ni sur nisous-épineux. 

Le sous-scapulaire ou le coraco-brachial (var 
le muscle dont nous parlons ici les remplace l’un 
et l’autre ) s’attache à la face interne de l’omo- 
plate à à son union avec la clavicule , et s’insère à 
l'humérus vers son tiers supérieur à la face interne. 

Le deltoïde est ici formé de trois portions. Une 
grêle , qui est la plus longue, vient de la partie 
antérieure du 'sternum. La seconde s’attache sur 
l'union de la clayicule avec l’ omoplate à‘la face in- 
terne, se contourne sur l'os au-dessus de l’articula- 
tion, se joint à la première en passant sur un tendon 
grèle, et s’insère enfin en partie à la ligne âpre et 
en partie au bas de l’humérus. La troisième por- 
tion de ce deltoïde est distincte : elle vient en partie 
de l’omoplate et de la clavicule, et s'attache à l’extré- 
mité scapulaire de l’os du bras. 

* In’ya ni petit m grand rond. 
Outre ces muscles dont nous avons trouvé les 
S 4 


280 IV° Lrcow. De l'extrémité antérieure. 


analogies , il en est un qui vient de la partie posté- 
rieure de la seconde branche transversale du ster- 


num, et qui se fixe à l'humérus par une attache 


large au bord interne de la gouttière. IL peut être 
regardé comme un accessoire du grand pectoral. 
Cette conformation paroïît être la même dans les 
salamandres. 
Si les Zortzes ont moins de muscles de l’épanle , 
elles en ont beaucoup plus qui s’insèrent au bfâs. 


L’analogue du grand pectoral est composé de : 


cinq portions : 

Deux superficielles, dont l’une s’attache à une 
arête de la partie antérieure du plastron, et va 
s’insérer à la petite tubérosité de l’os du bras. 
L'autre est beaucoup plus étendue. Elle s’attache 
à une grande partie de la face interne du plastron, 
et s’insère aussi par un tendon applati à la petite 
tubérosité de l’humérus ; mais elle se continue par 
une aponéyrose qui se répand en éventail sur la 
face inférieure du bras et même de l’avant-bras. 

Des trois portions profondes du grand pectoral , 
l’une est attachée à la majeure partie du second os 
de l’épaule , et s’insère à l’os du bras au-dessous de 
son articulation scapulaire; l’autre s’attache sur V’épa- 
nouissement du ligament inter-osseux qui réunit le 
second os de l’épaule avec le troisième , et va jomdre 
intimement son tendon à celui de la portion précé- 
deunte. Enfin la troisième , qui est la plus profonde de 
toutes , s’attache à la face supérieure du troisième 
os de l’épaule, c’est-à-dire à celle qui regarde la 


Arr. IV. Des muscles du bras. 281 


carapace. Elle unit son tendon aux deux précé- 
dentes. 

L'analogue du deltoide est formé aussi de deux 
portions : l’une est attachée à une crête de la por- 
tion antérieure du plastron; l’autre , qui est son 
accessoire, est plus profonde , et se joint à sa corres- 
pondante. Elles s’insérent par un tendon commun à 
la petite tubérosité de l’humérus, qu’elles rappro- 
chent du cou dans l’action de nager. 

Un autre muscle beaucoup plus profond paroit 
encore accessoire du deltoïde. Il s’attache à l’extré- 
mité dorsale et à tout le bord interne de l’os de l’é- 
paule qui correspond à la clavicule, et vient s’insé- 
rer à l’humérus au-dessous de la petite tubérosité. 

On trouve à la face interne du bras un muscle qui 
s’attache à l’extrémité libre de la face sternale du 
troisième os de l’épaule, et qui s’insère vers le tiers 
inférieur de l’humérus par un tendon grêle. Il a 
quelque analogie avec le sterno-radien de ae gre- 
nouille , dont il fait l’oflice. 

Le releveur du bras est un très-gros muscle qui 
s’attache à la face sternale du troisième os de l’é- 
paule en embrassant son bord externe!, et qui s'in- 
sère à l’apophyse olécraniforme du bras qu'il 
porte en haut et en dehors. 

L’analogue du grand rond s'attache au cou du 
troisième os de l’épaule du côté externe , et s’instre 
à l’humérus entre ses deux tubérosités. Il porte le 
bras en arrière. 

Un autre muscle qui paroïît remplacer le grand 


282 IV° Lecox. De l'extrémité antérieure. 


dorsal, vient de l’intérieur de la carapace, où 1l: 


s'attache obliquement dans l'intervalle compris 
entre les deux premières côtes. Il s’insère au corps 
de l’os du bras derrière la grosse tubérosité , par un 
tendon applati: Il vorte l’os du bras vers la cara- 
pace quand l’animal est à quatre pattes. 

Un muscle dont l’action paroït être la même que 
celle du releveur du bras , s'attache à toute la face 
interne de l’os de l'épaule qui répond à la clavicule, 
et s’insére à toute la longueur de l’apophyse olécra- 
niforme ou grosse tubérosité de l’os du bras; il est 
trés-charnu et comme formé de deux portions. 

Enfin l’analogue du scapulo-radien s'attache au 


bord antérieur de la cavité humérale , et s’insère 


sur Ja face externe et supérieure de l’os du bras par 
un tendon grêle qhi s'étend même jusqu’à la base 
du radius : il étend le membreet le porte versla tête. 


ARTICLE Vi 


Des. os de l’avant-bras. » 


À. Dans l’homme. 


Dans l’homme, le quart inférieur de l’humérus 
9 q | 


s’élargit insensiblement par deux lignes saillantes 
qui, nées de ses deux côtés, s’écartent pour finir 


par deux tubercules considérables nommées con- 


dyles : interne épitrochlée , Vexterne épicondyle. 
La ligne du côté interne est plus courte ; maïs son 
condyle est plus saïillant. Cette portion de l’humérus 


nt EE 


Ant. V. Des os de l’avant-bras. 283 


est, donc comprimée d'avant en arrière ; la face 
antérieure est convexe , la postérieure plane: Entre 
les condyles le bord inférieur a deux éminences 
qui contournent ce bord. L'interne, en forme de 
poulie , c’est-à-dire de canal circulaire légérement 
concave , est un peu oblique et son extrémité pôsté- 


rieure est plus large et plus en dehors; il y a au- 


dessus un grand creux pour recevoir l’o/écräne. 

La seconde éminence est simplement convexe, 
et finit en arrière , précisément sous le bord infé- 
rieur de l'os , ensorte que son circuit n’est que moitié 
de celui de la poulie. 

Los du coude, plus gros vers l’humérus , a une 
cavité sémi-eirculaire , dite sy gmoide , qui reçoit la 
poulie de l'humérus sur laquelle elle est comme 
moulée. Son bord postérieur est formé par lofé- 
créne. L’antérieur , plus saillant , par l’apophyse 
coronvide. 

LLe plan dans lequel se fait le mouvement est 
dans l’axe du cubitus, et non dans celui de l’hu- 
mérus , à cause de l’obliquité de la poulie; ensorte 
que dans la flexion l'extrémité inférieure du cubitus 
estrapprochée du corps. 

Cette extrémité est moins grosse que l’autre; 
elle a une petite tête à face plate, à bord externe 
rond et saillant , à bord interne présentant une apo- 
physe styloïde. 

L'os du rayon a une tête ronde , à face articu- 
laire. légèrement cave, répondant à l’apophyse 
externe , Ou petite tête de l’humérus , et pouvant 


\ 


284 IV° Lecow. De l'extrémité antérieure. 


s’y mouvoir comme le cubitus sur la poulie. Mais 
cette tête peut encore tourner sur son centre ; cela 
est facilité par une facette articulaire du bord ex- 
terne de l’apophyse coronoïde du cubitus , sur la- 
quelle appuye le bord cylindrique de la tête du 
radins. La tête inférieure , qui est beaucoup plus 
large , sur-tout en dehors , a une facette semblable 
qui appuye sur le bord externe de la tête inférieure 
du cubitus ; et comme le bord opposé de cette tête 
inférieure du radius est plus éloigné de l’axe de 
mouvement , lorsque la tète supérieure tourne sur 
son centre , ce bord décrit un cercle autour de la 
petite tête du cubitus, et entraîne avec lui la main 
qui tourne alors sur los sémi-lunaire , lequel pose 
sur cette petite tête du cubitus , comme une porte 
sur son gond. 

De-là les mouvemens de supination , lorsque le 
radius fait le bord externe de l’avant-bras; et que 


la paume de la main est tournée en avant, et de 


pronation , lorsque le radius fait le bord interne de 
Vavant-bras, et que la paume de la main regarde 
en arrière. 

Les Hgamens qui unissent à l’humérus et entre 
eux les os de l’avant-bras sont de plusieurs sortes: 
il y a d’abord autant de capsules articulaires que de 
facettes correspondantes ; ensuite il y.a , sur les 
côtés du coude, deux ligamens. L'un vient du con- 
dyle interne , et se porte à l’apophyse coronoïde ; et 
l'autre , venant de l’épitrochlée, se fixe au ligament 
capsulaire du rayon. Quant aux deux os de l’avant- 


Anr. V. Des os de l’avant-bras: 285 


bras , il sont maintenus en situation par le ligament 
inter-osseux, qui, du bord cubital du rayon, se 
porte au bord radial du cubitus, et par un petit 
ligament oblique , qui ; du petit tubercule de lolé- 
érâne, se porte obliquement à la tubérosité du 
radius. 


B. Dans les mammifères. 


Dans les singes, les os sont arrangés de même, 
excepté que, dans quelques-uns , comme le éyno- 
céphale , les mandrills, les magots, les guenons, 

: Vapophyse coronoïde du cubitus est plus étroite , et 
sa facette radiale plus profonde. Dans les sapa- 
jous', en général, on remarque un trou dont la 
ligne saillante interne de l’humérus est percée. Cet 
os est souvent percé au fond de la cavité qui re- 

. Goit l’olécrâne dans l’extension. Leur cubitus est 
plus comprimé. 

* L’articulation de l’avant-bras des pédimanes res- 
semble à celle des sapajous. 

"Les chauve-souris et le galéopithèque n’ont 
point de cubitus, ou au moins elles n’en ont qu’un 
rudiment qui a la forme d’un stiletgréle, placé 
au-dessous du radius , qui demeure distinct jus- 
ques vers le quart inférieur. Il résulte de-là , que ces 
amimaux n’ont point les mouvemens de pronation 
et de supination. 

Dans les carnivores , l’olécrâne est comprimé , 
et prolongé plus en arrière que dans l’homme. La - 
poulie west plus concave en avant, parce que la 


286 IV° Ixcon. De l'extrémité antérieure. 


facette radiale , en grandissant avec la tête du ra- 
dius , a trop entamé l’apophyse coronoïde. 

Dans les chiens , la tête du radius a une cavité 
pour la petite tête de l'humérus , et une saïllie pour 
le sillon qui la sépare ée la partie antérieure 
de la poulie. La rotation du radius devient par-là 
obscure. Le bord postérieur de l’échancrure sig- 
noïde entre dans le trou , dont le fond de la cavité 
postérieure de l’'humérus est percé. La saillie de 
la ligne âpre extérieure est plus considérable. 
L’interne a un trou comme dans les sapajous. 

Malgré la briéveté des os dans la phoque, leur 
articulation est la mème. 

Il en est de mème dans quelques rongeurs, comme 
le paca , l’'agouti , le castor (ce dernier a la ligue 
âpre externe très-saïllante ); dans d’autres, comme 
le cabiai, le lièvre , le rat , lapophyse coro- 
noïde du cubitus est entièrement effacée; et on ne 
voit que le radius à la partie antérieure de l’ar- 
ticulation. Sa tête forme un ginglyme , ayant une 
cavité pour la petite tête de l’humérus , et une 
saillie pour la portion antérieure de la poulie. . 

La rnarmotte , le porc-épic, etc. tiennent une 
espèce de milieu par la petitesse de leur apophyse 
coronoïde ; il n’y a point de trou à la ligne âprein- 
terne de l’humérus dans le dernier de ces ani- 
maux. 5 

La gerboise a ses apophyses comme les singes. 

Les pachydermes , ( comme le rhinocéros ; le 
cochon, le tapir ) ont le radius entièrement an- 


Anr. V. Des os de l’avant-bras. 287 


térieur,, et le cubitus postérieur ; ils font ensemble 
un seul mouvement de ginglyme dans une poulie 
unique. La petite tête de l’humérus est tout-à-fait 
effacée par en bas ; le radius est au bord interne , 
et le cubitus au bord externe de l'avant - bras. 
Quoique ces os soient distincts, il n’y a plus du 
tout de rotation possible. 

Dans l'éléphant , la partie antérieure de la ca- 
.vité sigmoïde , on lapophyse coronoïde , se par- 
tage en deux saillies à facettes caves, tournant sur 

«les bords saillans d’une poulie unique. Entre elles 
est la tête de radius : elle est petite et appuie sur 
la saillie externe et sur le canal moÿen de cette 
poulie ; car , comme elle est oblongue , elle ne peut 

, y tourner. La partie inférieure du radius se porte 
au côté interne ; ainsi le bras est toujours en pro- 
mation. La tête inférieure du cubitus est plus grande 
"que celle du radius, ce qui ést unique parmi les 
‘mammiféres. 

Dans les animaux qui suivent, le eubitns n’est 
plus qu'un appendice immobile dis radius, et sa 
ncavité sigmoïde une continuation de la facètte arti- 
culaire de la tête du radius, qui ne décrit sur une 
“poulie unique qu’un mouvement dé ginglyme. 

Lercubitus est soudé au radius dans presque toute 
sa longueur chez les ruminans. On ne l’en distingue 
que par un sillon qui laisse cepeudant une fente en 
haut et en bas dans la girafe ; les cerfs et quelques 
gazelles ; en ‘haut.seulement dans les vaches et 


moutons , nulle part dans le chameau et le dro- 
madaire, 


288 IV° Lecon. De l'extrémité antérieure. 

On voit dans les solipèdes un sillon et une fente 
en haut. 

Les pachydermes, les ruminans et les solipèdes 
ont la tête inférieure du radius comprimée d'avant 
en arrière, et le dos de la main toujours tourné 
en avant. 

On voit par cette série de conformations que la 
rotation de la main devient d'autant plus difficile , 
que l'animal s’en sert moins pour la préhension, 
etqu’il emploie plus exclusivement son extrémité 
antérieure pour la station et la marche. En effet, 
ces derniers usages exigeaient une pronation cons- 
tante et une fermeté qui était incompatible avec la 
possibilité de la supination. ; 

C’est par une raison semblable que les chauve- 
souris et les oiseaux sont privés de. cette rotalion. 
Si leur main et leur radius avoient pu tourner, la 
résistance de l'air anroit produit ce mouvement à 
chaque coup d’aile , en auroïit rendu le plan vertical , 
et le vol eût été impossible, 

Voyons maintenant quelques animaux dont la 
structure n’a pu entrer dans l’aperçu général que 
nous venons de présenter. 

Dans la éuupe , la position de l’humérus est telle 
que sa tête inférieure est la plus élevée; ensorte 
que quoique l’avant-bras soit dans un état moyen 
entre la pronation et la süpination , le coude se 
trouve en l’air, le radius et le pouce en dessous, 
et la paume tournée en dehors. Chaque condyle a 
une apophyse en forme de crochet regardant vers 


Arr. V. Des os de l’avant-bras. 289 
l'épaule. L’olécrâne est très-prolongé , terminé par 
une lame transverse. Le cubitus est comprimé en 
lame long#udinale. Un ligament très-fort unit l’apo- 
névrose palmaire et le poignet au condyle interne. 
Le bord de la tête du radius se prolongeant sous la 
petite tête de l’humérus , elle paroît ne pouvoir 
tourner. Le trou existe à la ligne âpre intérieure de 
l’humérus. 

Dans le phoque, le cubitus est comprimé ; il y a, 
au lieu de la grande échancrure sigmoïde , une 
facette pour l'articulation avec l’humérus, et une 
autre oblique pour celle du radius. Celui-ci a une 
large tête qui frotte par son bord interne dans la 
poulie. Son corps est comprimé et très-large par le 
bas. Le trou existe à la ligne äpre interne. [olé- 
crane est comprimé , haut et court. 

Dans le /amantin , les têtes supérieure et infé- 
rieure des deux os sont soudées. à 

Dans le dauphin , ces deux os sont comprimés ef 
plats , et paroissent unis par syncondrose avec l’hu- 
mérus et le carpe. 


Il en est de même dans le cachalot , et sans doute 
dans tous les autres cétacés. 


C. Dans Les oiseaux. 


Le bas de l’humérus des oiseaux est à-peu-près 
comme dans l’homme. Il y a de même entre les 
condyles deux apophyses articulaires, dont l’externe 
n’est pas en portion de sphère , mais au contraire , 
comme une portion de roue ; de sorte que le radius 


1. T 


290 IV* Leçon. De l'extrémité antérieure. 


peut bien se fléchir et s’étendre dessus, mais non y 
tourner sur son centre. Celle qui répond à la poulie 
est toute convexe et arrondie. Le cubitûs s'étend 
et se fléchit dessus par une cavité qu'il a, et il 
porte aussi sur l’apophyse externe par une autre 
cavité moindre. L’olécrâne est très-court. 

Le radius plus grêle que le cubitus lui demeure 
parallèle. Sa tête inférieure est plus petite que celle 
du cubitus ; elle se termine par une facette trian- 
gulaire. 

La tête inférieure du cubitus se termine en por- 
tion de, poulie , sur laquelle le deuxième os du 
carpe exécute ses mouvemens pour l’adduction et 
l’'abduction de la main. 

Le manchot s'éloigne un peu de cette disposition. 
Les os de l’aile de cet oiseau sont étendus sur un 
même plan en forme de nageoire. Le radius et le 
cubitus sont entiérement applatis , et s’articulent 
par arthrodie à deux tubercules placés l’un au- 
dessus de l’autre, au-bas du tranchant antérieur de 
lhumérus. Ensorte que l’aile du manchot est à celle 
des autres oiseaux , ce que le membre thorachique 
des cétacés est à celui des autres mammifères. 


D, Dans les reptiles. 


L’humérus du crocodile se termine par deux 
tubérosités arrondies. Sur l’externe tourne la tête 
cave du radius. Entre deux appuie la tête ronde, 
convexe du cubitus, sans olécrâne ni cavité sig- 
moide. Elle est la plus grande; c’est le contraire. 
pour celle d’en bas.’ 


Art. V. Des os de l’avant-bras. 291 


C’est à peu près la même disposition dans le ca- 
méléon ; mais les os y sont plus alongés, et la tête 
inférieure du radius est plus petite que celle du 
cubitus. 

Dans la grenouille , los unique de l’avant-bras 
s'articule par une tête concave sur une grosse ‘tubé- 
rosité ronde du bas de l’humérus entre ses deux 

ondyles. On voit, vers le bas élargi de cet os, un 
sillon de chaque côté , seul vestige d’une distinction 
en deux 05. 

Les deux os de l’avant-bras des De: Ar 
sont situés l’un au-dessus de l’autre. Le cubitus qui 
est mférieur , et qui est un peu plus long que le ra- 
dius, n’a point d’olécräne ; mais il y a une espèce 
de rotule dans le tendon de ses muscles exienseurs, 
L’extrémité cubitale de l’os du bras.est très-élargie ; 
la facette articulaire qui la termine est convexe, et 
permet au radius et au cubitus de tourner ensemble 
en tous sens. | 

Les deux os de l’avant-bras des £ortues de mer 

-sont toujours dans un état forcé de pronation. Le 
radius qui est beaucoup plus long que le cubitus, 
auquel il est uni par une. substance cartilagineuse , 
est inférieur et s’avance jusques sous le poignet. 

Ces deux os se ressemblent beaucoup par leur 
extrémité humérale, formée d’une seule facette con- 
cave reçue sur une poulie correspondante de Los 
du bras: Leur articulation est telle qu’ils peuvent se 

. mouvoir ensemble latéralement et un peu de haut 
en bas pour l’action de nager. . 

dE 


202 IV° Lecox. De l’extrémité antérieure. 
ARTICLE VI. 


Des muscles de l’avant-bras. 
I. Les fléchisseurs. 


À. Dans l’homme, 


L’avant-bras de l’homme se meut sur le bras 
par un seul mouvement de flexion et d’extension. 

Les muscles fléchisseurs sont : 

1°. Le biceps ou fléchisseur de l’avant-bras 
( scapulo-radien) qui prend son attache par deux 
tendons ; l’un interne , qui lui est commun avec le 


muscle coraco-brachial , sur l’apophyse coracoïde ; 


il est fort court : l’autre externe , beaucoup plus 
long , qui naît du bord supérieur de la cavité glé- 
noïde de l’omoplate , et glisse sur la tête de l’humé- 
rus, dans la gouttière qui est entre ses deux tubéro- 
sités. Il s’insère inférieurement à un tubercule de 
la face cubitale du radius , un peu au-dessous de 
son cou. À 1 

2°, Le brachial interne ( huméro-cubitien ) a 
son attache au tiers cubital de la face antérieure 
de l’humérus , et s’insère par un tendon à unie tu- 
bérosité qui est au-devant de l’apophyse coronoïde 
du cubitus. | 


B. Dans les mammifères. 


Ces deux muscles sont dans les sirges comme 


Arr. VI. Des muscles de l’avant-bras. 293 


dans l’homme ; mais le brachial interne ÿ remonte 
jusques vers le cou de l’humérus. 

Dans les carnivores , le scapulo-radien ne peut 
plus porter le nom de biceps ; attendu qu’il n’a plus 
qu’une seule tête attachée au bord de la cavité glé- 
noïde de l’omoplate : cependant la tête coracoï- 
dienne de ce muscle est représentée dans l’ours 
par une petite languette que lui fournit le coraco- 
brachial. 

Quant au brachial interne , il s’attache à la 
partie postérieure et externe de l’humérus , et il est 
situé au côté externe du scapulo-radien ; il s’insère 
au cubitus comme dans l’homme. 

Il en est de même dans les rongeurs , les rumi- 
nans et les solipèdes : cependant , dans cette der- 
nière famille , les hippotomistes ont donné à ces 
deux muscles les noms de /ong et court fléchis- 
seur de l’avant-bras. 


C. Dans Les oiseaux. 


Dans les oïseaux , le long fléchisseur ; qui re 
répond pas précisément au biceps , a une aïtache 
scapulaire tendineuse longue, et une humérale très- 
courte sous la tubérosité inférieure ; il s’insère au 
cubitus. Le court est extrémement petit ; il a son 
attache à la ligne âpre interne, et se porte ; en s’é- 
panouissant un peu, sur la face interne de la tête 
du cubitus. 

Il y a de plus le profond fléchisseur de Vicq- 
d’Azir, Il est attaché au condyle externe sous le court 

T5 


294 IV° Lecown. De l’extrémité antérieure. 
supinateur , et s'étend à tout le tiers supérieur du 
cubitus , où il s’insère à sa face radiale. 


II. Les extenseurs. 


À. Dans l’homme. 


Dans l’homme , l’avant-bras est étendu par le 
triceps brachial( scapulo-olécranien ) composé de 
trois portions qui se réunissent en un tendon com- 
mun inséré à l’olécräne. On leur a donné des noms 
différens. La première , qui’ a son attache au bord 
de l’omoplate , sous la cavité glénoïde , a été ap- 
pelée le /ong extenseur. La seconde , le court 
extenseur ; elle vient de la face postérieure de 
l'humérus au-dessous de sa tête. Enfin la troisième, 
qu'on nomme le brachial-externe , s'attache à da 
face latérale externe de ce même os. Il y a en- 
core un petit trousseau de fibres charnues qui vient 
du condyle externe de l’humérus , et qui s’insère à 
la partie supérieure du cubitus ; il est accessoire 
des précédens. On l’a nommé anconé ( épicondylo- 
cubitien.) 


B. Dans les mammifères. 


. Dans les singes , il y a de plus une quatrième 
portion , qui a son attache au tendon commun du 
grand,dorsal et du grand rond. En outre , le tendon 
supérieur du long extenseur règne sur presque tout 
le bord inférieur ou costal de l’omoplate. 

., On retrouve aussi dans les carnivores cette qua- 
trième portion; mais, dans ces animaux , la partie 


‘ 


Ant. VI. Des muscles de l’aveant-bras. 205 


qui répond au court extenseur de l’homme se sub- 
divise en plusieurs , qui ont leurs attaches en dif- 
férens points de l’humérus. Cette portion se divise 
en-quatre dans le chien , chez lequel le brachial 
interne est extrémement large , et le long exten- 
seur occupe tout lé bord postérieur de l’omoplate; 
elle se partage en deux dans le cat , qui a le long 
extenseur et le brachial externe semblables à ceux 
de l’homme. 

Parmi les rongeurs, le lapin a trois portions 
semblables à celles de l’homme. Il a de plus celle 
qui vient du tendon commun du grand dorsal et 
du grand rond , et un faisceau qui , ayant la 
même origine que le long extenseur , se confond 
très-haut avec le brachial interne. 1 

Le cheval a les trois portions de l’homme ; sa- 
voir, le long extenseur , que Bourgelat appelie gros 
extenseur ;il est triangulaire et extrémement épais. 
Le brachial externe ou court extenseur; et le 
court extenseurourmoyen extenseur de Bourgelat. 
Il a de plus la quatrième portion attachée au ter- 
don commun du grand dorsal et du grand rond, 
mais qui paroît tenir d’une manière plus évidente 
au bord de l’omoplate. 

Il semble que cette grande force et ceite multipli- 
cation des extenseurs de l’avant-bras dans les qua- 
drupèdes', tiennent à leur utilité dans le mouvement 
progressif ; ils remplissent dans ces animaux , pour 
l'extrémité antérieure , les mêmes fonctions que 
lès extenseurs du talon pour l'extrémité postérieure, 

T4 


4 


296 IV° Leçon. De l'extrémité antérieure. 


et ils font effort pour porter en avant le corps de 
l'animal quand le pied du devant a pris son point 
d'appui. Ces muscles n'existent pas dans les cétacés 
chez lesquels les deux os de l’avant-bras ne sont 
point mobiles sur celui du bras. 

. On trouve le petit muscle , appelé anconé dans 
l’homme , chez tous les animaux ci-dessus. 

Les chauve-souris n’ont qu’un muscle fléchis- 
seur de l’avant-bras et un extenseur. Le fléchisseur 
est formé supérieurement de deux ventres charnus, 
dont l’un s’attache au-dessus de la cavité humé- 
rale de l’omoplate , et l’autre à l’apophyse cora- 
coïde. Leur ‘tendon commun commence vers le 
tiers supérieur de l’os du bras, et s’insère à la face 
antérieure de l’extrémité humérale de l’os unique 
de l’avant-bras. 

L’extenseur est aussi formé supérieurement par 
deux ventres, dont l’un des tendons s’attache der- 
rière , et sur la grosse tubérosité de l’os du bras, et 
l’autre au-dessus de l’angle huméral de l’omoplate. 
Leurs fibres se réunissent vers le tiers supérieur 
du bras : elles forment bientôt après un tendon, qui 
passe derrière l'articulation et se fixe à l’olécrâne. 
Il y a dans son épaisseur une espèce de rotule. 


C. Dans les oiseaux. 


Les oiseaux ont le muscle extenseur de l’avant- 
bras, composé de deux portions une scapulaire, 
que Vicq-d’Azir a nommée long extenseur , etune 
autre Aumérale , qui forme le court extenseur de 
ret anatomiste. Il v a aussi wn netit anconé. 


Arr. VI. Des muscles de l’avant-brus. 297 


« 


II. Les supinateurs. 


Les os de l’avant-bras se portent l’un au-dessus 
de l’autre, et entraînent la nain dans leur mouve- 
ment , de manière à ce que la paume regarde le 
ciel ou la terre : c’est ce qu’on appelle mouvemens 
de supination et de pronation. 


A. Dans l’homme. “ 


La supination s’opère dans l’homme, à l’aide de 
deux muscles, qu’on nomme /ong et court supi- 
nateurs. 

Le court. ( épicondylo-radien ) tient au condyle 
externe de l’humérus, et à la partie voisine de la 
capsule articulaire. Il va obliquement embrasser la 
partie supérieure du radius qu’il fait tourner sur 
son axe de dedans en dehors. 

Le long supinateur ( huméro-sus-radien ) at- 
taché également au condyle externe, mais au-dessus 
du précédent , produit un tendon grêle qui s’insère 
au bord externe de la tête inférieure du radius, 
qu’il fait tourner sur celle du cubitus de dedans 
en dehors. 


B. Dans les mammifères. 


Les singes ont absolument les mêmes muscles. 

Les chauve-souris n’ont point de muscles des- 
tinés à produire la supination. Ce mouvement les 
auroit privées de la faculté de voler. 

Le chat et le chien ont le court supinateur seu- 
lement ; le long leur manque. 


298 IV° Leçon. De l'extrémité antérieure. 

Le lapin n’a ni lun ni l’autre. 

Ils manquent également aux pachydermes , ; AUX 
ruminans , et aux solipèdes. 


C. Dans Les oiseaux. 


Ces animaux n'ont point de muscles supina- 
teurs. 


IV. Les pronateurs. 
À. Dans l’homme. 


La pronation s’effectue par deux muscles ; le 
rond et le quarré pronateurs. 

Le rond ( épitrochlo-radien) est placé à l’op- 
posé du court supinateur. Il s’attache au condyle in- 
terne de l’humérus , et vient s’insérer à la partie 
supéricure interne du radius. 

Le quarré ( cubito-radien) est étendu directe- 
ment entre les quarts inférieurs ou carpiens des os 
du coude et du rayon, à leur face interne. 


B. Dans Les mammifères. 


Les singes et les carnivores ont ces deux mus- 
cles disposés de la même manitre. 

Les chauve-souris, qui n’ont qu’un os unique à 
l’avant-bras, où seulement un rudinent d’os du 
coude , sont privées de muscles pronateurs. 

Le lapin n’a que le rond pronateur, dont l’effet 
est extrémement borné , vu le peu de mobilité du 
rayon. | 

Les ruminans et les solipèdes n’ont aucun prona- 
teur. 


AnT. VI. Des muscles de l’avant-bras. 209 


Dans les cétacés, qui n’ont point l’avant-bras mo- 
bile sur le bras’, il n’y a aucuns des muscles propres 
à le mettre en pronation ou en supination. Des ru- 
dimens aponévrotiques des muscles sont seulement 
étendus sur toute la surface des os et affermissent 
leur articulation. 


C. Dans Les oiseaux. 


Les oiseaux ont deux muscles qui occupent la 
place du rond pronateur , et qui ont des atlaches 
semblables ; ils paroissent servir de fléchisseurs. 


Il y en a aussi un petit au même lieu que le court 
supinateur qui semble destiné à fléchir l’avant bras; 
leur usage est absolument changé. 


V. Muscles de l’avant-bras des reptiles. 


La grenouille n’a point de muscle biceps, pro- 
‘ prement dit; il est remplacé par un autre beau- 
coup plusfort , qui est situé à la poitrine au-dessous 
du grand pectoral. Il a les mêmes attaches. Arrivé 
sur l'articulation du bras , il produit un fort ten- 
don qui passe dans la gouttière humérale, et dans 
un anneau tendineux produit par les deux por- 
tions du grand pectoral , au-dessous du deltoïde ; il 
va s’insérer à l’extrémité humérale du radius, av- 
dessous de la capsule : on pourroit le nommer 
sterno-radien. 


Il n’y a point de brachial interne. 


300 IV° Lecox. De l’extrémité antérieure. 


Le triceps brachial est composé de trois por- 
tions , à peu-près comme dans l’homme , mais elles. 
sont proportionnément plus Se 

ln "y a qu’un supinateur qui s’insère sur le 
pHsnet ; ; il vient du condyle externe. 

I n’y à aussi qu’un pronateur qui naît sur + 
condyle interne , et s’attache au poignet. 

Dans la tortue de mer, ces muscles sont presque 
tous aponévrotiques ,et ne produisent qu’un très- 
petit mouvement , le membre étant changé en na- 
geoïre comme dans les cétacés. Ce sont les muscles 
du bras qui, en général, produisent les mouve- 
mens de l’avant-bras. 


ARTICLE VII. 
Des os de La main. 


La main est composée d’un grand nombre d’os 
‘qui en rendent les plus petites parties très-mobiles. 
Les uns sont situés dans sa partie supérieure , ou la 
plus voisine de l’avant-bras. On les nomme os du 
carpe ou du poignet. 


I. Des os du carpe. 
A. Dans l’homme. 


Ils sont petits , et présentent beaucoup de facettes 
qui correspondent aux différens points de leur arti- 
culation ; ils sont disposés sur deux rangées , com- 
posées chacune de quatre os : la première de ces 
rangées s'articule dans les fossettes des extrémités 


ArT. VII. Des os de la main. 501 
carpiennes du radius et du cubitus. Le radius leur 
présente une grande facette un peu cave , trenquée 
vers le cubitus, et portant une pointe au côté interne. 
La facette du cubitus est beaucoup plus petite. 

Deux des petits os de la première rangée s’arti- 
culent avec la facette du radius. On nomme lun ; 
le scaphoïde ; et l’autre, le séni-lunaire. Untroi- 
sième est reçu sur la facette du cubitus ; c’est celui 
qu’on appelle cunéiforme. Ce dernier porte sur sa 
face interne , vers son bord cubital, un petit os 
arrondi , qui fait saillie vers la paume de la main. 
D’après sa forme , ou d’après sa situation, on l’a 
nommé pisiforme , ou hors de rang. 


Les trois os de la première rangée qui s’articu- 


lent avec l’avant-bras , sont maintenus par un liga- 
ment capsulaire très-lâche , qui contient intérieu- 
rement un cartilage inter-articulaire, dont la forme 
est triangulaire: Il se porte aussi des fibres ligamen- 
teuses à l’os cunéiforme ; elles viennent de l’é- 
chancrure articulaire du cubitus. On les nomme le 
ligament transverse externe. Il y en a deux autres 
à peu près semblables du côté interne qui viennent 
de Vapophyse stiloïde du radius : l’un se fixe à l’os 
scaphoïde , et l’autre au tubercule de l'os sémi- 
lunaire. 

Quant à la seconde rangée des os du poignet , 
deux sont articulés avec le scaphoïde. Ce sont, 
le trapèze qui supporte la première phalange du 
pouce ; il a une éminence saillante au-dedans de la 
main et le érapézoide , sur lequel s’articule l'os 


302 IV° Lecox. De l'extrémité antérieure. 
métacarpien de l'index. Vient ensuite le grand 
os qui s'articule , tant sur le scaphoïde que sur le 
‘sémi-lunaire, et qui supporte l’os métacarpien du 
doigt du milieu, et une petite portion de celui 
de l’annulaire. Enfin /’unciforme ou os crochu ÿ 
qui s'articule sur le cunéiforme , supporte le doigt 
annulaire et l’auriculaire ou petit doigt | et pro- 
duit à la paume de la main une grande apophyse 
en forme de crochet. 

Le carpe se meut sur l’ayant-bras en avant, en 
arrière et sur le côté ; mais les mouvemens de ses 
parties entre elles et ävec le métacarpe sont à 
peine sensibles, quoique très-réels , afin de donner 

. plus de douceur à ses mouvemens. Leur union 
est telle cependant, que toute la main peut être 
mue par un seul muscle , inséré à l’un des os qui la 
composent. 

Une capsule articulaire unit la première rangée 
des os du carpe à la seconde , et une autre joint 
celle-ci aux bases arliculaires des os métacarpiens, 
Quant aux autres ligamens du carpe , ils sont des- 
tinés à unir entre eux, de diverses manières, chacun 
des os, de sorte que leur figure et leur direction 
varient beaucoup. 


B. Dans les marnmifères. 


Le carpe des singes a un os de plus que celui 
de l’homme. I] est sitné entre les bases du pyrami- 
dal et du grandos ; il semble résulter d’un partage 
de l'os trapézoïde, Leur ‘os pisiforme est plus 


ArT. VII. Desos de la main. 503 


saillant, parce que sa forme est beaucoup alongée, 
et qu'il sert, pour ainsi dire , de talon à la main. 

Il y a de plus, presque une » Quelques points 
ossifiés dans les tendons des muscles ; on. les re. 
garde ordinairement comme des osselets surnumé- 
raires. Il y en a deux, par exemple, dans le £gibbon 
et le z72agot : l’un, dans le tendon du cubital ex- 
terne , sur le joint du pisiforme avec le cunéiforme ; 
l'autre , hors de rang , sur le bord du scaphoïde 
et du trapèze : le premier manque dans les sa- 
pajous. 

Dans les rousettes, il y a deux os au premier 
rang : savoir , un grand au bord radial:; et un très- 
petit à celui qui répond au cubital ; on retrouve les 
quatre os ordinaires du second rang : le troisième, 
celui qui correspond au second doigt, a une très- 
grande face au-dedans de la main. 

Dans les carnivores , en général , mais particu- 
lièrement dans les chiens , les chats les hérissons, 
les mmusaraignes , les ours et les phoques, le 
scaphoïde et le sémi-lunaire ne forment, par leur 
réunion, qu'un grand os. Dans les chats il y a sur 
le bord interne du carpe un petit os surnuméraire, 
semblable au pisiforme de l’homme, mais situé au 
bord opposé. Le pisiforme des carnivores est fort 
alongé , effournit une espèce de talon aux pattes 
eue Cette dernière particularité n’a pas 
lieu dans le phoque. 

L'os qui répond à celui qu’on nomme grand »s 


dans l’homme , est fort petit du côté du dos de la 
main, 


304 IV° Lzecçon. De l’extrémité antérieure. 


Ceux qui n’ont qu’un vestige de pouce , comme 
la 2yène , ont le trapèze très-petit. 

Le glouton est dans le même cas ; aussi a-t:l 
un appendice stiliforme de plus au carpe ; il est 
situé sous l’os scaphoïde. 

Dans la taupe , il y a les mêmes neuf os que 
dans les singes , et de plus un grand os semblable 
à un fer de faux qui garnit le bord radial de la main 
dans toute sa longueur, et lui donne cette largeur 
et cette figure de pelle qui la rend propre au 
genre de vie de l’animal. La taupe a encere ceci 
de singulier , que ses doigts sont très-courts , recou- 
verts par la peau , et qu'il n’y a que ses grands 
ongles qui soient visibles au-dehors. 

Parmi les rongeurs , le lièvre a les os comme 
les singes ; mais le castor , la marmotte , l’écu- 
reuil et les rats ont , comme les carnivores , un os 
unique pour le scaphoïde et le sémi-lunaire. L’os 
surnuméraire est aussi grand que le pisiforme or- 
dinaire, et souvent beaucoup plus. Il porte même 
quelquefois un second os surnuméraire , comme 
dans la gerboise etla marmotte ; ensorte qu'il y a 
de chaque côté un os hors de rang d’égale grosseur. 

En général, dans les rongeurs , le pyramidal 
est divisé en deux, comme dans lesysirges. Le 
porc-épic n’en diffère qu’en ce que le pyramidal 
n'y est point divisé et qu’il y a un os surnuméraire 
entre le pisiforme et l’os métacarpien du cinquième 
doigt ; il est attaché sur l’os crochu. | 

Dans les cabiais, le scaphoïde et le sémi-lunaire 


. AnT. VII Des os de la main. 305 


men font qu'un sans os surnuméraire. Il y en a 
cependant un petit dans le cochon d’inde. Le paca 
et l'agouti n’ont pas l’os pyramidal divisé, quoi- 
qu'il lewsoit dans le cabiai proprement dit , ainsi que 
dans le cochon d’inde.Ces deux animaux ont, pour 
tout rudiment du pouce , un petit os , situé sur le 
trapèze , avec lequel il est articulé. Dans la mar. 
motte et les «gouts, ce rudiment est composé de 
trois osselets. 

_ Le fourmilier didactyle a quatre os au premier 
rang du carpe ; deux radiaux , un cubital et un 
long pisiforme , ou hors de rang. Il n’y a que deux 
os à la seconde rangée ; ils correspondent au se- 
cond et au troisième doigt. Sur le bord radial du 
premier, est un vestige de pouce , formé d’une 
seule pièce. Sur l’extrémité cubitale de l’autre , est 
un vestige bi-articulé du doigt annulaire où qua- 
trième doigt, et un beaucoup plus petit, d’une 
seule pièce , rudiment du cinquième doigt. 

Le paresseux à trois doigts n’a que cinq os au 
carpe : trois à la première rangée , parce qu’il n’y a 
point de pisiforme , et deux seulement à la seconde. 

Le carpe des pangolins paroît avoir sept os comme 
celui des carnivores. Le cachicame en a huit , et 
un rudiment du petit doigt. 

L’éléphant a huit os au carpe comme l’homme; 
mais ils ont une autre configuration. Le pisiforme 
est alongé ; les autres sont en forme de coins. 

Parmi les pachydermes , le cochon a, à sa pre- 
mière rangée , les quatre os de l’homme ; mais à 


1 V 


x 
506 1V° Lecon. De l’extrémilé antérieure. 
la deuxième, le trapèze est tres-petit, et il ne porte 
‘pas même de vestige de pouce. C’est la même chose 
dans le tapir , dont la main ne diffère de celle du co- 
chon,que parce que les doigts latéraux sont plus longs. 
L'hippopotame est absolument dans le même cas. 

Quoique le rAinocéros n'ait que trois doigts ; 
comme le pyramidal , le grand os et l’unciforme 
appartiennent chacun à un des trois, il ne manque 
que le trapèze; mais il y a un os surnuméraire sur 
le bord du scaphoïde , et un sur celui de Punci- 
forme , comme dans le porc-épic. | 

Les ruminans ont les quatre os ordinairesa la pre- 
mière rangée ; mais ils sont plus étroits, à propor- 
tion de leur hauteur. La plupart en ont deux à la 
seconde : le chameau cependant en a trois. 

Les solipèdes en ont quatre à la première rangée, 
et: trois à la seconde. 

Les os du carpe des dauphins et des autres cé- 
tacés sont extrémement applatis, presque tous de 
figure hexagone , formant comme un pavé par leur 
réunion, Ils ont trois os à la première rangée, et 
deux seulement à la seconde. 


II. Os du métacarpe. 

Chacun des doigts de la main est supporté à sa 
base par un os alongé, qui est uni avec les pareils 
des autres doigts , de manière à ne faire sur eux 
que des mouvemens obscurs. On l'appelle os du 
métacarpe, 


Art. VIL Des os de la main. 
À. Dans l’honrme. 


Le pouce, qui n’a que deux phalanges , est le seul 


Lund 
907 


doigt dont l'os du métacarpe puisse s’écarter , et se 


rapprocher des autres d’une manière sensible; aussi 
est-il opposable aux autres doigts. Tous les autres 
ne peuvent s’écarter au-delà de l'étendue que leur 
fixent des lisamens situés dans les espaces qui sont 
entre eux, et qu'on nomme n{er-métacarpiens. 
Ces os sont en outre retenus sur la seconde rangée 
de ceux du poignet, par des ligamens articulaires 
qui sont en grand nombre. On les distingue en pal- 
mnaires , en sus-palmaires , et en latéraux. Les os 
du métacarpe présentent à leur extrémité digitale 
un tubercule arrondi , sur lequel est reçue la pre- 
mière phalange de chaque doigt. À leur extrémité 
carpienne , on remarque plusieurs facettes : la 
principale correspond aux os du carpe , et les 
autres, plus petites et latérales, aux os métacarpiens 
oisins. Ces os sont à peu près droits dans l’homme. 
B. Dans Les mammifères. 


Les mammifères ont généralement autant d’os du 
métacarpe qu'ils ont de doigts : à l'exception des 
ruminans , dans lesquels ces deux os se soudent dès 
la première jeunesse en un seul , qu’on nomme 
l'os du canon. 


1! 


Ces os du métacarpe s’aléngent d’autant plus, que 
les animaux marchent davantage sur l'extrémité 
des doigts, et qu'ils se servent moins de la main 
Pour saisir, 


V 2 


508 IV° Lecox. De l'extrémité antérieure. 


Tout le métacarpe est relevé, et forme ce que 
l’on nomme vulgairement la jambe de devant dans 
les chiens , les chevaux , les moutons. 

Dans le paresseux à trois doigts , les trois. 05 
du métacarpe sont soudés entre eux par leur base, 
et avec le rudiment d’un quatrième doigt, au moins 
dans l'individu adulte qu’on conserve au Muséum. 

Les os du métacarpe sont aussi soudés les uns 
aux autres, et extrémement applatis dansles cétacés. 


III. Os des doigts. 


Les doigts sont les avances libres et mobiles qui 
terminent la main. 


A. Dans l’homme. 


Ils sont au nombre de cinq. Chacun d’eux , à 
l'exception du pouce , est composé de trois phalanges 
ou arlicles , dont le premier , ou celui qui est recu 
sur l'os du métacarpe , est le plus long. Le plus 
petit est celui qui termine le doigt et qui porte ongle 
( ongueal ). TI est facile de reconnoître ces pha- 
langes les unes des autres. La première porte à sa 
_ base une facette articulaire concave , arrondie , qui 
_ correspond à l'extrémité digitale du métacarpe. La 
seconde porte à sa base une facette articulaire , 
formée par deux petites fosses , séparées l’une.de 
Vautre , au moyen d’une petite ligne saillante ; et 
la den enfin est terminée par une surface ra- 
boteuse et non articulaire. Li 


Ces trois os vont en diminuant insensiblement 


Ron. - Cacao "Hu" à Es 
\ 


ART. VII, Des os de la main. 909 


de grosseur , et ils sont à peu près droits dans toute 
leur ‘longueur. Iis portent à chacune de leurs 
extrémités une capsule articulaire et des ligamens 
latéraux : beaucoup de fibres et de gaines ligamen- 
teuses maintiennent en outre e@situation les ten- 


"dons des muscles de la main qui s’y insèrent. 


… B. Dans les mammifères. 


 En.comptant les rudimens imparfaits et souvent 
cachés sous la peau, il n’y a jamais moins de trois 
doigts, ni plus de cinq dans les mammifères. 

Les solipèdes en ont deux imparfaits et un par- 
fait , en tout trois. 

Le rhinocéros , trois parfaits. 

Les-ruminans , deux imparfaits , deux parfaits, 


en tout quatre. 


Le tapir et l’hippopotame, quatre parfaits. 

Tous les animaux onguiculés en ont cinq, tant 
parfaits qu'imparfaits. 

Tout doigt parfait a trois phalanges , Ps le 
premier du côté radial , ou le pouce, qui n'en a 
jamais que deux. Elles peuvent se fléchir tout-à- 
fait, mais non s'étendre au-delà de la ligne droite, 


exceptée la première phalange , et quelquefois les 


dernières , dans quelques genres. 

Les quadrumanes ont, comme l’homme , le pouce 
séparé et opposable aux auires doigts. C’est ce qui 
forme le véritable caractère de la main ; mais le 
pouce est toujours plus long dans l’homme , à pro- 
portion des autres doigts,que dans les quadrumanes, 


V 5 


510 IV°. Lecow. De l'extrémité antérieuré. 
dont la main n’égale point à cet égard la perfection 
de la nôtre. Il est même oblitéré et caché sous la 
peau dans le coaïta ( Simia paniscus. Lin.). | 

La dernière phelange , ou celle qui porte l’ongle, 
est moins applaué et plus pointue que celle de 
l’homme. Les os du métacarpe et les premières 
phalanges sont aussi beaucoup plus courbés du 
coté de la paume de la main. 

Les roussettesetlès chauve-souris ont les phalan- 
ges excessivement alongées, principalement les der- 
niéres qui sont très-pointues , et qui ne portent point 
d'ongles : le pouce ne participe point à ces chan- 
gemens. Il est court et onguiculé. 

Dans les carnivores, le pouce reste parallèle aux 
autres doigts ; aussi ces animaux sont-ils privés de 
la faculté de pincer ou de saisir les petits objets. 


Dans le phoque, le pouce est plus long que les 


autres doigts Il leur est presqu’égal en longueur 
dans les ours, les blaïreaux, les ratons , les coatis. 
\ Les sarigues l’ont de très-peu plus court. 

Il est manifestement plus court dans les belettes, 
les civeites, les chats et les chiens. 

Il est oblitéré et réduit à une seule phalange dans 
la Ayène. 

La forme des dernières phalanges et des sccohes 
est très-remarquable dans la famille des chats , 
‘animaux qui ont la faculté de relever leuxs ongles, 
afin qu’ils ne s'émoussent pas en appuyant sur le 
sol dans la marche. 

La seconde phalange est triangulaire. Deux de 


LT 1 
Arr. VII Des os de la main. 311 


ses faces sont latérales , et la troisième plantaire, 
où inférieure. Du côté interne ou de celui qui re- 
garde le pouce , la face latérale présente une espèce 
de torsion telle , que la partie moyenne est oblique 
et comme échancrée. 

Latroisième phalange, ou celle qui porte l’ongle, 
est plus singulière encore par sa forme, ses articu- 
lations et ses mouvemens. 

La figure de cette phalange est celle d’un cro- 
chet fait de deux parties : l’une, dirigée en avant, 
courbée, tranchante et pointue , reçoit l’ongle, dont 
la forme est à peu près la même. La base de cette 
première portion fait une espècé de capuchon os- 
seux dans lequelest reçue la base de l’ongle comme 
dans une gaine , mais de manière à ne pouvoir être 
repoussée en arrière. La seconde partie du crochet 


est placée en arrière : elle s'élève presque vertica- 


lement, et n’est articulée qu’à sa portion la plus 
inférieure : elle se prolonge au-dessous de l’arti- 


culation en deux appendices, qui donnent attache 


aux muscles propres à fairesaillir l’ongle, ou à fléchir 
la phalange, ce qui revient au même. L’articulation 
de cet os est en effet disposée de manière que, dans 
son extension , qui se fait beaucoup au-delà de la 
ligne droite , il éprouve un véritable renversement 


_ en-dessus et en-arrière sur la seconde phalange 


du côté interne ou radial, de sorte que l’échancrure 
latérale de la seconde phalange sert alors à loger 
la troisième , et que, dans cet état, la pointe de 


Vongle , bien loin de toucher le sol , regarde le ciel. 
V 4 


512 IV° Eecon. De l'extrémité antérieure. 


Cette position renversée est celle du repos. Ea 
phalange y est maintenue par deux sortes de liga- 
mens : savoir, la capsule articulaire , et deux liga- 
mens latéraux qui viennent de la seconde phalange. 

Dans l’ordre des rongeurs, il y a un pouce par- 


fait, mais plus court dans les lèvres , les castors , : 


les gerboises : un pouce oblitéré de deux phalanges 
dans les écureuils , les rats , les porcs-épics , le 
paca, l’agouti, etc. enfin un pouce oblitéré d’une 
seule pièce dans le cabiaï , le cochon dinde, la 
marmotte, elc. En général , les dernières phalanges 
sont trés-étroites |, alongées ; presque droites et 
pointues. Il faut en excepter cependant le grand 
cabiai , dont les dernières phalanges sont triangu- 
laires et enveloppées dans un véritable sabot corné. 

Les édentés offrent beaucoup de variations dans 
le nombre des doigts du pied de devant. Eneffet, 
le famnanoir et le fourmilier & quatre doigts ; ou 
tarnandua , ont le pouce oblitéré. Il est aussi obli- 
téré , de même que le cinquième doigt, dans le pa- 
resseux tridactyle ou l’ai, qui présente beaucoup 
d’autres particularités très - remarquables ; car ses 
trois doigts parfaits se soudent quelquefois entre 
eux par les bases des os métacarpiens , ce qui 
gène considérablement leurs mouvemens ; ensuite 
chacun de ces doigts n’est composé que de deux 
phalanges , dont les articulations , tant sur les os du 
métacarpe que sur elles-mêmes, ont lieu par des 
poulies , dont les rainures sont étroites et très-pro- 
fondes. Il résulte de cette disposition, que les moû- 


ArT. VII. Des os de la main. 313 


vemens latéraux sont absolument impossibles. Enfin 
la dernière phalange est beaucoup plus longue que 
la première : elle est recouverte par l’ongle dans 
presque toute sa longueur ; elle présente aussi à sa 
base üne espèce de gaine osseuse ou de capuchon, 
qui est beaucoup plus profond en dessous qu’en 
dessus. ; 

Le pouce , le deuxième et le cinquième doigt sont 
oblitérés dans le fourmilier didactyle, et le pa- 
resseux & deux doigts ou unau. 

… L’éléphant a cinq doigts parfaits ; mais tous les 
cing sont presque entièrement cachés sous la peau 
épaisse qui enveloppe le pied. 

Dans les animaux à sabots qui ont quatre doigts, 
comme le cochon, le tapir et l’hippopotame, on 

voit aussi un petit os qui est le rudiment du pouce. 
Le cochon a ses deux doigts de côté plus courts et 
ne touchant point à terre : ils sont cependant par- 
faits quant au nombre des os qui les composent. 
Dans ces animaux , la dernière phalange est moulée 
dans intérieur de la corne qui termine le pied. 

Lés ruminans n’ont , comme nous l'avons vu, 
qu'un seul os du métacarpe qui supporte les deux 
doigts, qui forment ce que l’on nemme le pied 
fourchu. Plusieurs espèces ont encore à la racine des 
deux doïgts parfaits deux petits os, souvent revétus 
d'ongleis, qui représentent deux autres doigts. La 
dernière phalange de chaque doigt est toujours de 
formetriangulaire. Deux des faces sont latérales : 
celleiqui regarde le doigt voisin est plane ; l’autre 
est convexe. 


314 IV° Lecox. De l’extrérnité antérieure. 


Dans le cheval et les autres solipèdes, iln’ya, 
pour tout vestige des doigts latéraux , que deux 
stilets placés aux deux côtés de l’os du canon. Les 
trois phalanges du doigt unique qui existe portent le 
nom de paluron , de couronne , et d’os du petit 
pied. Cette dernière phalange a la forme du sabot; 
elle est arrondie, plateen dessous,convexe endessus. 

Les cétacés ont toutes les phalanges applaties , 
réunies en nageoire et souvent cartilagineuses. Tels 
sont, en particulier, le r12arsouin , le dauphin , le 
cachalot. 


IV. Des os de la main dans les oiseaux. 


Il n’y a qu'une seule rangée au carpe des oi- 
seaux ; la seconde paroissant soudée à la a qui 
représente le métacarpe. 

Cette rangée n'est formée que de deux os. Un 
radial de figure rhomboïde , qui empêche le mé- 


tacarpe de trop s’étendre , et un cubital , en forme 


de chevron , dans l'angle rentrant duquel sem- 
boîte le bord cubital de l'os du métacarpe. Il a sou- 
vent un tubercule qui répond au pisiforme des mam- 
mifères. 

L’os du métacarpe est fait de deux branches sou- 
‘dées par leurs extrémités. 


Ilporte , au côté radial de sa base , sur une apophyse 
particulière , ou même sur un petit os séparé , un os 


stiloïde, qui lient lieu de pouce. Sur l’extrémité de cet 
° os du métacarpe , il y a un long doigt , composé de 
deux phalanges. La première est presquerectangu- 


# 


Art. VIL Des os de la main. 315 


laire,  comprimée comme un couteau ; la seconde ést 
stiloïde. IL y a aussi un doigt court, aride seule pha- 
lange , qui a la figure d’un stilet. 

Le pouce porte les pennes bâtardes. Le grand 
doigt et le métacarpe , les pennes primaires. Le 

… petit doigt n’en perte aucune ; il est caché sous la 

peau. 

Tous les os de la main, ou de l’aile des nanchots, 
sont applatis comme des lames minces. 


V. Des os de la main dans les reptiles. 


… Ja grenouille le crapaud et la salamandre ont 
lle carpe formé de trois rangées : la première est 
_ faite de deux os, un radial et un cubital ; la se- 
(4 conde de trois, dont le plus grand porte un rudi- 
À ment de pouce à deux articles ; la troisième rangée 
; rest aussi composée deitrois os ; le second doigt porte 
sur le premier de ces os ;-le quatrième doigt est 
f articulé sur le second os 5 le doigt du milieu sur 
| l'un et l’autre ; le petit ii sur le troisième os : 
F la première rangée touche la troisième en dessous, 
parceque la deuxième est cunéiforme. Il n’y a point 
d'os hors-de rang. 
Dans la tortue bourbeuse , la première rangce 
“est d’unsseul os qui sépare le radius du cubitus : la 
seconde: rangée est formée de deux os et d’un petit 
à hors de: rang ; situé sur le bord cubital : la troisième 
rañgée est composée de cinq ; dont un pour chaque : 
os di métacarpe. 
ut la tortue franche ; 1 y a trois os au 


516 IV° Lecox. De l’extrémilé antérieure. 
premier rang : le. cubital étant plus long, les deux 
du devant ne vont pas plus ayant. La, troisième 
rangée est composée de trois os seulement pour 
les cinq os métacarpiens, et d’un petit os hors de 
rang , situé du côté radial. 

Le crocodile a la première rangée formée de 
deux os longs parallèles : plus, deux petits os, hors 
de rang radiaux. 

RARE D nombre des ,phalanges varie dans ces ani- 
maux. 

Le crocodile a la main arrondie; deux phalanges 


au pouce , trois au second doigt.,iguatre au doigt du . 


milieu et au quatrième; “et trois seulement au cin- 
qpièmee À, {ii 

Le carnéléon a trois doigts. dun doté , et deux 
de l’autre , qui forment , avec les trois qui leur sont 
opposés , une “espèce de tenaille. Le nombre des 
phalanges, est le même que dans le:erocodile., à 
l'exception du cinquième-doigt qui en a quatre... 


La salamandre a le cinquième doigt oblitéré,;;.€t : 


son pouce n’a qué deux-phalanges. Hoi si 
La grenouille m'a; quune seule  phalange, au 
pouce , qui ést oblitéré ; elle en a deux ,seulément 
aux. deux doigts qui suivent.,.'et trois äux;deux 
aulres. ab pr al sich a tr D 429 
La, main de la 1ortue franche est applatie, 
alongée, en forme de nageoïire , terminée,en pointe; 
ellé à; deux ‘phalanges au ‘pouce ,. trois aux trois 
doigts suivans , et deux seulement.au dernier. 
La même conformation a lieu dans la tortue bour- 
beuse , si ce n’est que sa main est plus arrondie. 


Arr. VIIL Des muscles de la main. 317 


DPARTICLE, VITIT 


Des muscles de la main. 


TI. Muscles du carpe. et du métacarpe. 


A. Dans l’homme. 


Lés muscles qui agissent sur le carpe et le méta- 
carpe prennentles noms de radiaux et de cubitaux, 
selon le bord de l’avant-bras , le long duquel ils sont 
étendus ; et ceux d’internes et d’externes, d'après 
le condyle de l’humérus auquel ils s’attachent. 

\ Il n’y a, parmi les os du carpe, que l'os pisi- 

“ jorme qui donne insertion à un de ces muscles. 

 C'estle cubital interne ( epitrochlo-carpien ) qui 
a son attache fixe au condyle interne de l’humérus, 
et à la face postérieure du cubitus, et s'étend le 
long du bord cubital de l’avant-bras. 
_ Le cubital externe ( cubito sus-métacarpien ) 
attaché à l’autre condyle , et marchant en dehors 
du muscle précédent , se porte à la base externe 
de los métacarpien du petit doigt. 
… Leradialinterne ( epiutrochlo-métacarpien) ve- 
nant du condyle interne de l’hamérus , donne un 
tendon qui passe sous lè crochet de los unciforme 
pour aller s'attacher à la base de l’os métacarpien 
de l'index. thai 

Il y a deux radiaux externes véhant du condyle 
externe , marchant au-dessus l’un de l’autre au côté 
externe du radius , et allant s’insérer: le premier, 
(Aumero sus-métlacarpien ) à la base externe de 


318 IV° Leçon. De l'extrémité antérieure. 


l'os métacarpien de l'index ; le second, ( epicondylo 


sus-métacarpien ) à celle du rnédius. 
B. Dans les rnammifères. 


Les singes ont ces cinq muscles comme l’homme, 
ainsi que le chat et l’ours. 

Le chien n’a qu’un seul radial externe qui se di- 
vise en deux tendons. Le /apin est dans le même 
cas. 

Dans tous les animaux multidigités, les muscles 
externes approchent , en agissant de concert, le dos 
de la main de celui de l’avant-bras. 

Les internes produisent le mouvement contraire. 
Les cubitaux , en agissant de concert , portent la 
main en dehors vers le bord cubital de l’avant-bras, 
et les radiaux opèrent le mouvement contraire. 

Dans les animaux à canon , chez lesquels la main 
ne peut se fléchir et s’étendre , le radial externe 
( extenseur droit antérieur du canon, Bourgelat ) 
s'attache à la base antérieure du métacarpe ou 
canon , et l’étend. 

Le radial interne ( fléchisseur interne, Bour- 
gelat ) s’insère à sa base postérieure. Le cubital 
interne ( fléchisseur oblique, Bourgelat ) s’insère 
à l’os analogue au pisiforme; et le cubiial externe 
(fléchisseur externe , Bourgelat) à ce même os, 
et se prolonge sous ceux du carpe. 6 

Tous ces muscles sont autant de fléchisseurs. 

Les muscles qui meuvent la main ou le poignet 
de la chauve-souris sont en petit nombre , mais 
ils sont très-remarquables. 


CE 


{ 


Arr. VIIL Des muscles de la main. 319 


L’analogue du cubital externe s'attache à l'humé- 
rus, et à la convexité du radius jusqu’à sa moitié. 
Sontendon s’insère à la partie supérieure et interne 
du carpe, qu’il étend par un mouvement d’ab- 
duction. 

L’analogue du cubital interne vient d’une por- 
tion charnue, commune à tous les muscles de l’avant- 
bras ; il s’imsère au côté externe de la première pha- 
lange du dernier doigt. C’est un fléchisseur, ou 
adducteur du carpe. 

L’analogue de l’adducteur du pouce vient aussi 
de la portion charnue commune : il porte oblique- 
ment son tendon sur la face supérieure de l’avant- 

bras, en croisant le tendon du cubital externe. Il 
“ se fixe au côté interne du carpe , à la base du 
| pouce, 


 C. Dans Les oiseaux. 
. 


Le métacarpe des oiseaux ne peut ni se fléchir, 
… ouse rapprocher de la face interne , ni s'étendre 
ou se rapprocher de la face externe de l’avant-bras. 
Il ne peut exécuter que l’addnction en se rappro- 
- chant du radius , et l’abduction en se rapprochant 
du cubitus. Mais comme il n’y asque ces deux mou- 
yemens , on pourroit leur donner les noms d’exten- 
sion et de flexion, comme l’a fait Vicq-d’Azir ; néan- 
“moins, pour qu'il soit plus aisé de les comparer à 
… ceux de l’homme, nous leur laisserons les premiers 
noms. 
Le cubital interne a la même position que dans 


‘520 IV° Leçon. De Pextrémité antérieure. 
les marimifères. Il s’aitache de même au condyle 
interne , et va s’insérer au tubercule de los en 
forme de chevron. Il y a-un petit muscle sous le 
précédent, auquel il est parallèle ; il produit un 
long tendon , qui donne des languettes à toutes les 
pennes secondaires, et qui s’insère au bord posté- 
rieur du métacarpe. 

Le cubital externe est placé sur la face posté- 
rieure du cubitus. Son tendon passe entre la pre- 
micre penne secondaire et la dernière primaire , 


pour s’insérer au bord interne de la base de l’os 
du métacarpe. 


Le radialest unique, mais composé de plusieurs 
portions qui viennent du condyle externe, et une 
du radius. Le tendon commun s’insère au tubercule 
du métacarpe qui porte le pouce : c’est quelquefois 


un osselet séparé , comme nous l’avons vu. 
Le 
D. Dans les reptiles. 


Dans les {oriues de mer qui ont le carpe applaf 
et propre à nager , les muscles ne sont que de 
simples bandelettes de fibres aponévrotiques , qui 

affermissent chacune des articulations. 

Nous n’avons pu “encore examiner ceux des autres 
reptiles. 


II. Muscles des doigts. 


Les muscles des doigts sont des extenseurs , des 


fléchisseurs , des adducteurs , des abducteurs : ils \ 


sont communs ou propres, et longs ou courts c’est- 


En 7 


ne 


tt 


Arr. VIT. Des muscles de la main, ; 32x 
a-dire, ou’ situés le long de l’avant-bras , ou prove- 
nants.seulement du carpe et du métacarpe. 


À. Dans l’homme et les mammifères. 


Les muscles longs des doigts. 

1°. Les extenseurs , ils sont tous situés à la face 
externe. 

L'extenseur commun (epicondylo sus-onguien) 
vient. du condyle externe de l’humérus. Il donne 
des languettes a tous les doigis , excepté au pouce. 
On le trouve dans tous les quadrupèdes. Le nombre 
de ses languettes égale celui des doigts, sans comp- 
ter le pouce : quatre dans la plupart ; deux dans les 
ruminans , un dans les solipèdes. C’ést l’extenseur 
antérieur de Bourgelat , et l’exienseur du pied de 
la Fosse. 

L'extenseur propre du petit doigt (epicondyli 
Sus-orrguien ) placé du côté cubital du précédent , 
a les mêmes attaches. Dans l’homme, il ne donne 
de languette qu’au petit doigt. Dans les sz2ges , il, 
en donne aussi une au quatrième. Dans les chiens 
ët les ours , il en donne une troisième au médius. 
Dans le chat , au lieu d’un seul muscle , il yena 


deux, un pour le petit ou dernier doigt , et un 


pour de quatrième et le troisième. Dans le Zapin, 
il n’y en a qu’un seul qui donne deux languettes, 
comme dans les singes. 

Dans les ruminans , l’extenseur du petit doigt 


. étend le doigt externe; et l’extensenr de l’index 


le doigt interne. À 
1 X. 


52e IV° Lecox. De l’extrémité antérieure. 

‘Dans le cheval , il y a deux muscles : un plus 
éloigné de l’extenseur antérieur analogue de l’ex- 
tenseur commun. Il a été nommé l’extenseur latéral 
par Bourgelat, et l’extenseur du paturon par la 
Fosse. Son tendon va au côté de la première pha- 

 lange du doigt unique. Un second placé entre deux, 
dont le tendon, après être passé au-devant du carpe, 
va s’unir obliquement à celui du précédent. Les hip- 
potomistes cités regardent ce tendon comme une di- 
gitation de l’extenseur antérieur. 

L’extenseur propre de l'index ( cubilo sus-on- 
guien ) est situé profondément contre la partie infé- 
rieure externe des os de l’avant-bras dans l’homme. 
11 ne donne de tendon qu’à l’index ; mais il est 
quelquefois accompagné d’un extenseur propre du 
médius. 

Dans les singes, il donne un tendon à l'index et 
un au médius. 

Dans le chien et le chat, il est comme dans 
l’homme , mais il s’étend j usqu’à la dernière articu- 
lation. 11 manque tout-à-fait dans le lapin, les ru 
minans et le cheval. 

Le pouce a deux extenseurs propres. 

LeZong(cubito sus-phalangien ) placé au-dessus 
de l’extenseur de l’index , passant sous le ligament 
annulaire externe , et étendant son tendon jusqu’à 
la première phalange. 
© Le court ( cubito sus-onguien ) placé au bord 
radial du précédent, dont le tendon accompagne 


Anr. VII. Des 1nuscles de la main. 595 
celui de l’abducteur, et s'étend jusqu’à la deuxième 
phalange. 

Dans les singes , le dernier unit intimement son 
tendon à celui de l’abducteur, ou manque tout-à- 
fait. 

Le court extenseur du pouce manque dans le 
chat , le chien, l'ours et le lapin. Le long existe 
dans ces‘espèces , et donne dans l’owrs un tendon 
à l'index. 
 Lés ruminans et le cheval n’ent ni l’un ni l’autre. 

2°. Les abducteurs des doigts. 


Le long abducteur du pouce ( cubito sus-méta- 
carpien) placé au-dessus et du côté radial des pré- 
‘cédens, croise les tendons des radiaux sur la tête 
inférieure du radius, se porte au côté radial de los 
métacarpien du pouce. 


Il existe de même dans les singes , les chiens, 
les chats , les ours , les lapins , etc. 


. Dans le cheval etdansles ruminans,il s'attache au 
côté interne de la base de l’os métacarpien unique, et 
devient /’extenseur oblique ducanon de Bourgelat. 


5°. Les fléchisseurs des doigts , ls sont tous à 
la face interne. | 

Le fléchisseur sublime ( epitrochlo-phalangi- 
rien ) est un composé de plusieurs muscles distincts , 
qui s'unissent de différentes manières , et finissent 
par fournir des languettes tendineuses perforées aux 
doigts qui suivent le pouce, 

X 2 


524 IV° Lxcon, De l'extrémité antérieure. 

Le long fléchisseur du pouce { radio-sous- 
onguien ) paroït lui être uni d’une manière fort 
intime. Il est à son côté radial ; il s’étend jusqu’à la 
deuxième phalangc. , 

Le fléchisseur profond ( cubito-sous.onguien), 
placé contre les os, donne des languettes perfo- 
rantes aux quatre doigts qui suivent le pouce. T'elles 
sont les choses dans l’homme. 

Dans les sirges, 11 n’y a pas de {ong fléchisseur 
du pouce ; mais le profond se partage en cinq lan- 
guettes , dont une va au pouce, doigt auquel le 
sublime n’envoye pas de tendon. 


Dans le chien , le fléchisseur du pouce unit son 
tendon à celui du profond , duquel il se resépare 
ensuite pour se porter au pouce , à sa deuxième 
phalange. 

Le fléchisseur sublime donne une languette à la 
première phalange du pouce , mais elle n’est point 
perforée. 

Ïl en est de même dans le chat ; maïs le fléchis- 
seur du pouce n’y est pas si distinct du profond, qui, 
au reste , se divise assez visiblement en autant de 
muscles que son tendon produit de languettes, 

Dans le Zapin , le profond donne une languette au 
pouce , mais non le sublime. 

Dans les ruminans , le fléchisseur sublime et le 
profond donnent chacun deux languettes , et le flé- 
chisseur du pouce unit son tendon à celui du fléchis- 
seur profond. 


Aer. VII. Des muscles de la main. 395 


Dans le cheval, il y a deux muscles également ; 
Vun perforant, et l'autre perforé , mais qui ne don- 
nent chacun qu’une languette. 


_B. Dans Les oiseaux. 


Les doigts des oiseaux ne pouvant exécuter que 
l’adduction et Tabduction , les muscles précédens 
ont changé d'usage chez ces animaux, ét ces deux 
fonctions ont été réparties entre les nées? sans 
rapport constant avec la face de l’avant-bras à la- 
quelle ils adhèrent; ensorte que si on donnüit à l'ad- 
ductionle nom d'extension, et à l'abduction eclai 
de flexion, comme on le pourroit, les fléchisseurs 
he seroient pas tous à là facé interne , ni les exten- 
seurs tous à l'externe. Les fléchisseurs dé Phone 
séroïent même devenus extenseurs.. 


1°. Les adducteurs. (Æxtenseurs de Vi léa-d'À Azir.) 


TL’adducteur. de. la première phalenge xépond 
au fléchisseur, sublime. Al est attaché. au condyle 
interne, marche au-dessusdu cubital interne, passe 
sur, la face interne de l’os en chevron, le long du 
dos du métarcarpe , et s’insère à la base de la 
première, phalinge du grand doigt. 

L'adducteur interne de la deuxième phalange 
répond au fléchisseur profond. 1 marche le long 
de la face interne du cubitus. Son tendon s'étant 
rapproché de celui du précédent va plus loin jus- 
qu'à la base de la deuxième phalange ; il n’y a pas 
de perforation. 


X 3 


526 IV° Ercox. De l'extrémité antérieure, 

L'adducteur du pouce répond au long fléchis- 
seur du pouce; il est placé entre le précédent et 
l'os cubitus. Son tendon va à la base du bord radiak 
de l’os du pouce. 

L’adducteur externe de la deuxième phalange 
répond, à l’extenseur propre de l’index ; il est 
attaché.au condyle externe , et situé. le long de la 
face. externe du radius. Son tendon s'étend sur le. 
dos. du mé stacarpe , CE va jusqu’à la base radiale de 
Ja deuxième. phalange du grand doigt. + \ 

2°, Les abducteurs (fiéchisseurs Virq- d'Azir ). 

. L abducienr €omnun qui répond a l’ extenseur 
commande. l’homme, Il s'attache au condyle.. ex; 
terne , marche en dehors du précédent le long, de 
la face, externe. du xadius. Son tendon. , parvenu 
vis-à-vis le carpe, se divise en deux : un pour la 
base cubitale de l'os du pouce ; l’autre poux celle 
de la prémière phalange du grand doigt. 

La main de l’homme a encore un grand nombre 
de muscles courts qui viennent des os du carpe on 
du métacarpe , et qui se ‘termineñt aux doigts. 

Lun est superfeiel, placé sousla peau dela paumo 
de la main, à laquelle il est attaché d'ume part; etde. 
l’autre , aux aponévroses palnaires. On le nomme /& 
chair quarrée, le palmaire cutàäné (palmo-cutien). 

Des autres muscles, les uns appartiennent au 
pouce. Tels sont: 

Le court abducteur ( Ve 2 sus-phalangien); it 
vient de l’oë trapèze , et s’insère au bord externe des 
deux phalanges du pouce. 


Arr. VIIL Des muscles de la main. Say 

Le court ftéchisseur ( carpo-phalangien.) naït 

de presque toute la face inférieure des os du carpe, 
et se termine à la première phalange. 

. L’opposant (carpo-métacarpien ); il vient duli- 
gament du carpe et de l'os trapèze , et s’insère à l’os 
du métacarpe qui soutient le pouce. 

 L'adducteur  ( métacarpo-phalangien ) ; il 
s'étend du premier -et du second os du PAC ERPS à 
la première phalange du pouce. 


Le petit doigt a aussi deux petits muscles propres, 
qu'on nomme : l’un, 

Le court fléchisseur ou opposant ( carpo- -mnéta- 
carpien ) ; il s'attache à l'os crochu, et s'insère à 
los du métacarpe du côté'interne ; ilrend concave 
la paume de la main , et fléchit le petit doigt. 


L'autre, /’abducteur ( carpo-phalangien) ; il 
nait aussi sur l'os crochu , et s'attache au bord ex- 
terne de la première phalange. 


Œnfin il est de petits muscles de la main com- 
muns à tous les doigts. Ce sont : 

Les Zormnbricaux (palino-phalangiens); ils sont 
au nombre de quatre ; ils s’altachent sur les ten- 
dons du muscle fléchisseur: profond , et s’insérent 
aux côtés internes des premières phalanges des 
doigts excepté le pouce. ls sont auxiliaires du 
muscle fléchisseur profond. 

Les inter-osseux inférieurs ou inlernes , et les 
supérieurs ou externes (rmélacarpo sus - - phalar- 
giens), qui occupent les intervalles compris entre les 

X 4 


558 IV° LeEcox. De lextrémité antérierre. 

os métacarpiens , et qui s’insèrent aux deux cotés 
et au-dessus de la première phalange de chaque 
doigt. ” 


Les chauve-souris n’ont qu'un seul extenseur 
et des fléchisseurs des doigts. 


L’extenseur des doigts est un petit muscle qui 
vient du condyle externe de l’hnmérus , passe sur 
le carpe , et produit un tendon extrémement fin 
qui se porte sur la convexité de chacune des pha- 
langes , et se termine à la derniére. 

Le /léchisseur commun vient de la masse charnue 
du bord interne de l’avant-bras ; ïl produit un ten- 
don grêle qui passe sous le carpe , où il produit 
cinq petites languettes qui vont s'unir au fléchis- 
seur propre de chacun des doigts, 

Enfin iles fléchisseurs propres , qui sont au 
nombre de quatre , prennent naissance sur le carpe, 
à la base des premières phalanges , où ils forment 
üm petit corps charnu qui reçoit le tendon: du flé- 
chisseur commun , et il se continue avec lui jusqu'à 
Pextrémité du doigt, dont äl fléchit les phalanges 
les’ unes sur les autres. 

Le pouce paroît avoir aussi de petits muscles par- 
tüiculiers, dont les fibres courtes viennent de toute 
la face palmaire du earpe, et forment une petite 


pyramide , dont le sommet se fixe à la base de la ? 


première phalange, 
Dans les cétacés , les muscles des doigts ne sont 
que de simples bandelettes aponévyrotiques,.propres 


Arr. VII. Des muscles de la main. 529 


à affermir les rudimens des os qui ne sont plus mo- 
biles les uns sur les autres. 


\ 


C. Dans Les reptiles. 


Les muscles de la main de la grenouille et de 
la s&lansandre sont à-peu-près les mêmes que ceux 
de l’homme. 

Ceux du pouee manquent , excepté l’extenseur: 
Il vient du condyle externe, et s’insère aux der- 
nières phalanges. 


Il Y a un extenseur des deux derniers doigts qui 


nâîl aussi du condyle externe, et qui s’insère à leurs 


dernières phalanges. 


Les autres muscles varient peu. 


Dans les tortues de mer , les muscles de la main 
sont remplacés par des irousseaux de fibres apo- 


-névrotiques et tendineuses qui affermissent les ar 
ticulations dans l’action de nager. 


Nous n'avons pas eu encore occasion de les étu- 


dier dans les autres reptiles, 


830 IV° Eco. De l'extrémité antérieure. 


\ 
Tarrrau de la longueur en mètres des différentes: 
parties du membre pectoral dans les mammifères. 


NOMS. 


Homme . . . . | 0,79 0,33 0,26 0,03. 0,97 9,10 
AL + MON. |. 0,28 0,10 O,LL 0,01 0,02 0,04 
Orang nt. . | 0,38 0,12 | 14 0,01 0,04 0,07 
Pongow at. 1,00 0,35 0,38 0,03 | o,10. 0,14 
Roussette . .. .| 0,575. | o,1 0,19 0,015 | o,11 0519 
Chauve-souris . 0,19 0,035 | 0,06 2,005 | 0,05 0,04 

tn 

Taupe. RARE 0,105 0,02 0,02 o,0û, 0,015 
Héri MS 
ÉTISSON . « « «| 0,14 0,04 0,04 0,03 O,0I 5 0,01 2 
Ours marin. . . 0,88 0,30 0,33 0,03 0,10 0,12 
Glouton . . . .| 0,34 0,12 0,12 o,01 0,03 0,06 

Le] 2 2 

Raton. . . . .| 0,35 0,10 0,13 o,01 0,03 0,06 


Loutre.. . . . 0,24 0,09 0,08 0,01 0,03. 0,03 
Phoque PACE Mr 0,08 0,11 0,02 0,02 . 0,07 
Ligns: stp 110 0,85 0,32 0,30 0,03 0,10 0,11 
OT ESMRNENNR L 0,27 0,09 * O,11 0,01. 0,03 0,93 
Loupe 2.0 0,53 0,18 0:19 | o,o2 0,07 0,07 
Sarigue . . «4 0,19 0,06 0,08. 0,01 0,02 a,02 
Hrèvre. . Le 0,29 0,10 0,12 0,01 0,03 | 0,03 
Cochon-d'Inde . | 0,12 _0,04 0,04 0,01 0,01 0,01 
NE: Lu < 0,19 0,15 o,01 0,03 0,10 
Phatagin. . . | 0,15 0,05 0,05: 0,005 | o,o1 0,04 
Éléphant. . « .| 1,53 0,77 0,45 O;11 0,10 GO 
Cochon . . . . | 0,67 0,20 0,24, 0,04 0,09 KT 
Rhinocéros, . . | 1,42 0,46 | 0,55 0,08 0,20 0,19 
Dromadaire . .| 1,49 0,35 0,97 0,06 0,30 0,21 
Giraffe « . . .| 2,44 0,51 0,91 0,08 0,72 L'Lu 
Bœuf . . . . . | 1,00 0,26 QE 9:04 CPE ve 
Cerf... ..| 110 | o25 | 038 | o,of | o,27 | on16 
Cheval... . . .| 0,92 DEA 0,34 0,04 018, si 
NS D | 
Dauphin... .[+ + «+ . . . . . 0,22 en tout. «1 


ro 


IRON. 1. Jus e «à «ik 2 "0,10 EN TOUL: 
. ? 


Arr. IX. De la nageoire pectorale. 551 
ARTICLE IX. 
De l'extrémité antérieure danses poissons. 


"1°. Des os. 


L’extrémité antérieure des poissons est leur na- 

gcoire pectorale. Elle est composée , comme toutes 
leurs nageoires, d’un certain nombre de rayons 
où de filamens osseux , formés chacun d’une 
multitude d’articulations , et soutenant une mem- 
brane commune. Il y a quelquefois un ou deux de 
ces rayons qui sont d’une seule pièce osseuse. On 
les nomme épineux. 
» Dans la plupart des poissons ;: cette nageoïire se 
meut dans un plan horizontal, qui ‘est; a:peu-près 
perpendiculaire à son propre plan;; c’est-à-dire, 
que dans l'état de repos , elle est collée icontre le 
coté du corps , et qu’elle: peut s’en écarter plus où 
moins jusqu'à faire avec lui un angle droit ou plus 
que droit. J 

Mais dans quelques-uns , comme les raies, les 
squales ,-etc, les deux nageoires sont dans un même 
plan horwontal , et, lorsqu'elles se meuvent, elles 
frappent de haut en bas, ou de bas en haut, sui- 
vant une direction verticale. 

La nageoire pectoralè ne manque qu’à un trés- 
petitnombre de poissons ; comme les r1wrènes , 
les cécilies , etc. ù 


352 IV® Leçon. De l'extrémité antérieure. 

Dans ceux qui l'ont, elle est généralement arti- 
culte et attachée fixement avec la tête, dans les 
poissons osseux , ou avec l’épine dans les raies, etc. 

Dans les raigs , les nageoires pectorales forment 
les grandes ailes qui donnent au corps une forme 

_rhomboïdale. Elles sont formées d’une quantité 
immense de rayons, très-rapprochés , à beaucoup 
d'articles ; ils tiennent tous à un cartilage parallèle 
à l’épine; qui. peut se subdiviser en deux ou trois, 
et quis’articule lui-même par le haut, à un autre 
qui tient fixement à l’épine. En dessous ,-il y'a une 
forte barre transversale , commune aux cartilages 
des deùx nageoires ;, et qui sert à la fois de sternum 
et de clavicule. Cette barre inférieure existe aussi 
dans les squales ; maïs on n’y voit pas d’articula- 
tion avec d'épine ; leurs nageoires pectorales sont 
beaucoup plus ‘petites. 

Dans les poissons osseux ,'‘et dans plusieurs qui 
doivent être regardés comme tels, quoique lesichtio- 
logistes les-aient rangés parmi les cartilagineux ; 
(tels sont les’ balistes', ete. ) les nageoires pec- 
torales sont attachées à une ceinture osseuse, qui 
exñtoure le corps derrière les branchies , et qui sou- 
tient le bord postérieur de leur ouverture. 

Cette ceinture est formée d’un os de chaque coté, 
articulé à angle postérieur supérieur du crâne, 
et descendant sous la gorge pour s’unir à son corres- 
pondant. Ces os peuvent être regardés comme des 
omoplates. La portion. située au-dessus de la na- 
geoire est simple , mince ; celle qui estau-dessous, 


Arr. IX. De la nageoire pectorale, 553 
a en avant une lame saillante qui tient lieu d’épine, 
et c’est dans l’angle que cette lame forme avec le 
corps de l'os, que sont logés les muscles abduc- 
teurs , etc. 

La portion du corps de l’os, située derrière cette 
lame, est plus ou moins large, selon l’étendue que ces 
muscles ont dû avoir. Il y a quelquefois à cet en- 
droit un intervalle non ossifié : c’est le cas du trigle 
volant , des zées , etc. La vive en a deux , ainsi 
que le z2erlan. 

Cette lame est extrémement large dans les ché- 
todons , les zées , les anarrhiques. 

La figure de cet os , l'angle sous lequel il se joint 
à son correspondant, ceux qui le découpent , va- 
rient selon les espèces. Dans les poissons, compri- 
méswverticalement, ils s'unissent par un angle aigu. 
Dans ceux qui sont déprimés , ils se contournent 
en dedans , ensorte que leur union fait ter 
une li gne droite. 

Dans beaucoup de poissons , sur-tout dans ceux 
_ de la famille des thorachiques , comme pleuro- 
mectes , cottes, zées, chætodons , perches, etc. 
dans les balistes et plusieurs autres , la partie su- 
périeure produit une grande épine , qui descend 
directement derrière la nageoire ; et qui sert d’at- 
tache aux adducteurs. Cette épine est mobile , et 
a recu le nom impropre de clavicule par quelques 
anatomistes. 

Les rayons qui soutiennent Ja membrane ne s’ar- 
ticulent pas immédiatement à cette ceinture, Il y a 


554 IV° Läsçon. De l'extrémité anicrieure. 
entre elle et eux un rang de petits os plats, sé- 
parés par des intervalles cartilagineux qwon pour- 
roit comparer aux os du carpe. 

Ïl y en a quatre très-grands dans {’anarrhique, 
le rouget (trigla cucullus) le malarmat , le trigle 
volant ; quatre petits dans le z7erlan , le pleuro- 
necte; huit en deux rangées dans la dorée, ( Zeus 
Faber.) trois grêles et cylindriques dans le si/ure, 
cinq dans les chœtodons , les perches, etc. 

Lorsque le premier rayon de la nageoire pec- 
orale est épineux , comme dans la /oricaire , 
quelques silures , etc. il s'articule immédiatement 

‘avec l'os en ceinture. s 

Cette articulation est remarquable dans quelques 
silures , et quelques épinoches qui peuvent à vo- 
lonté tenir cet aigwllon couché contre le corps, 
ou perpendiculaire et fixementarrèlé ; ce qui leur 
sert d’un très-bon moyen de défense. 

Los en ceinture a pour cet objet un tubercule en 
forme de cylindre, en avant duquel est un trou. 
L’épine de la nageoire s'articule sur ce cylindre 
par un creux , en avant et en arrière duquel est 
une apophyse saillante. Lorsque cette épine est 
dans état d'extension, l’apophyse antérieure qui 
est en forme de crochet entre dans le trou que nous 
venons d'indiquer ; et l’épine se tournant un peu sur 
son axe, cette apophyse s’accroche contre le bord 
du trou , de manière que l’épine ne peut plus être 
fléchie à moins que de refaire sur son axe un tour 
en sens contraire du premier, Cette épine est armée 


Arr. IX. De la nageoire pectorale, 555 


de dentelures , qui funt partie de la substance même 
de l'os. Il y ena de directions opposées sur les deux 
côtés de l’épine du silure asprède , et d’un seul 
côté dans les espèces nommées casquée, matou et 
plusieurs autres. 

Les nageoires pectorales sont excessivement lon- 
gues , et servent à voler dans les trigla hirundo, 
volitans et evolans ; scorpæna volitans ; exo- 
cœtus volitans , et quelques autres poissons. 

Leursituation varie beaucoup, suivant lesespèces: 
elles sont très-près des branchies dans les exocètes ; 
elles sont au contraire très - éloignées dans les 
@lennies , etc. 


_2°. Des muscles. 


La nageoire pectorale des poissons osseux est 
maintenue fixement par l'os plat qui s'articule avec 
l'angle postérieur du crâne, et qui correspond à l’o- 
moplate. Deux muscles forts s’attachent à la partie 
inférieure ou la plus large de cette espèce d’omo- 
plate, et s’insèrent à l’extrémité élargie ou posté- 
rieure de Pos en forme de cœur qui soutient la 
langue. Ce sont les analogues des sterno-hyoïdiens. 

* Un autre muscle qui fait l'office de diaphragme , 
et qui sépare la cavité des branchies de celle de 
l'abdomen, s’insère d’une part à la pointe de l'os qui 
soutient les branchies, et de l’autre se termine à la 
crête interne de la base de l’omoplate. 

La clavicule est aussi mue par un petit muscle qui 
s’attache à son extrémité libre , et qui s’insère en 


556 IV° Lzaçon. De l'extrémité antérieure. 
partie sur l’omoplate , et se perd en partie dans 
ceux qui recouvrent le ventre. 

Mais la nageoïire est mue en particulier sur l’o- 
moplate par deux ordres de muscles , dont les uns 
sont situés à la face externe et inférieure, et les 
autres à la face interne ou supéricure. 

Le premier muscle de la face externe recouvre 
tous ceux de cette même face ; il occupe la partie 
antérieure de la fosse sous-épineuse , et il s’insère 
par un grand nombre de digitations tendineuses à 
chacune des éminences des rayons de la nageoire. 
Ce muscle écarte la nageoire du flanc et la porte 
en devant en lui faisant couper l’eau. ” 

Le premier enlevé, on en trouve deux autres; 
l’un plus interne , dont les fibres se dirigent oblique- 
ment au-dehors , et se terminent aussi par de petites 
languettes aux éminences de chacun des rayons. 
Il abaisse la rageoire, la rapproche de sa cor- 
respondante , la rend verticale et la dirige en bas. 

Le troisième muscle est plus externe : il s'attache 
dans presque toute la largeur de la fosse ; maïs en 
s’approchant de la nageoire , il diminue de largeur 
et se termine enfin en s’attachant aux rayons les 
plus externes. Par ses contractions , il éloigne du 
corps la nageoire et la porte vers la {ète en lui 
faisant frapper l’eau. : 

Les muscles de Ja face interne sont aussi dis- 
posés par couches. Le plus lopg et le plus externe 
s'étend depuis l’épine supérieure de l’omoplate qui 
s'articule ayec le crâne jusqu’à la base des rayons 


Arr. IX. De la nageoire pectorale 937 
de la nageoire. Dans ce trajet, il augmente considé- 
rablement de volume, et il se trouve croisé par la 
clavicule. En se raccourcissant, il ramène directe- 
ment en dehors le plan de la nageoire en l’éloi- 
gnant du corps. Ce muscle en recouvre un autre 
par sa partie inférieure. Ce dernier a beaucoup plus 
de fibres ;. il occupe toute la partie de la fosse sous- 
scapulaire qui se trouve au-dessous de la clavicule; 
il opère absolument le même eflet que le précé- 
dent, en ramenant cependant davantage le plan 
de la nageoire vers la tête. Il y a de plus des fibres 
musculaires attachées à la base des rayons , dont les 
directions diverses rapprochent ou éloïgnent les uns 
des autres tous ces. petits:os , de manière à épanouir 
ou. à fermer l’espèce d’éventail qu'ils constituent. 

… Les muscles des nageoires pectorales dé la raie, 
» forment deux couches charnues très-épaisses, qui 
couvrent ces nageoires en dessus et en dessous, et. 
… quissont divisées en autant de faisceaux que ces: na- 
geoires ont de rayons. Ç 


CINQUIÈME LEÇON. 


De lextrémité postérieure, ou membre 
abdominal. 


ARTICLE PREMIER. 
Des os du bassis: 


À. Dans l’homme. 


Le bassin de l’homme est une espèce de ceinture 
osseuse qui entoure obliquement le bas du tronc, 
de manière que sa partie postérieure ;, qui est fixe- 
ment attachée aux côtés de l’os sacrum ;‘est plus 
élevée , et que la partie antérieure est plus basse. 

Cette partie supérieure et postérieure :est faite 
comme de deux ailes de forme presque demi-cireu- 
laire, dont la face antérieure et concave regarde 
un peu en dedans, et dont la face postérieure con- 
vexe se prolonge € Fe côté de l’épine pour Cas la 
portion qui s'attache à l’os sacrum. 

Le bas de chacune de ces deux ailes se rétrécit 
en une espèce de cou , et se prolonge un peu infé- 


rieurement jusqu'à une grande cavité hémisphé- 


rique, nommée la cavité cotyloïde , qui sert à loger 
la tête du fémur. Du bord antérieur de cette cavité, 
part une branche qui se dirige en avant et en dedans 
jusqu'à ce qu’elle rencontre la branche correspon- 


ART. 4 Des os du bassin. 559 


dante de l’autre côté pour'achever la portion an- 
térieure de la ceinture. Du bord inférieur de cette 
même cavité, part une aûtre branche qui se dirigé 
en bas , de manjiére à laisser entre elle et le sacrinn, 
une grande échancrure , nommée échancrure is- 
chiatique. Après être descendue ün peu plus bas 
que le coccix , cette branche remonte en avant et 
en dedans jusqu’à ce qu’elle se réunisse à la pre- 
mière , à l'endroit où celle-ci touche sa correspon- 
dante de l’autre côté ; ensorte qu’il reste de chaque 
coté , dans cette partie antérieure de là ceinture 
Rise par le bassin ; un intervalle yuide , en- 
touré d’un cercle osseux , et nommé trou ovalaire 
ou sous-pubien. 

Le plan de chaque moitié de cette portion an- 
térieure regarde age mens en bas ét de côté. La 
suture qui sépare en avant ces deux moitiés sé 
nomme syr2phise du pubis. Les deux os qui, joints 
à l'os sacrum , forment le bassin , portent le nom 
d’oscoxaux ,d’os des hanches, où d’os innominés. 

Dans la jeunesse , cés os sont divisés en trois 
partiés, qui contribuent toutes les trois à la forma- 
tion de la cavité cotyloïde. On les à long-tenps 
regardés comme des os particuliers , au*quels 6n 
& donné des noms différens. Savoir : 1°. l’z/é0n ou 
Vos des îles , qui est cétté portion supérieure en 
forme d’aile, dont le hord supérieur et demi-cir- 
Culaire se nomme la créte de l’os des les , et 
dont l'angle que produit sa jonction avec la courbe 
réntrante qui va former le cou, se nomme l’épiné : 

d'a 


\ 


340 V°Lecox. De l'extrémité postérieure. 


2°. le pubis ; qui forme la barre transverse an- 
térieure, et la portion qui descend le long de la 
symphise ; et 5°. l’ëschion qui entoure le trou 
ovalaire en arrière et en dessous. Sa portion la 
plus inférieure se nomme la {ubérosité de lis- 
chion ; c’est sur elle que nous nous asseyons. Le 
bord de cette dernière portion qui regarde l'os sa- 
crum,, a, à la hauteur de la cavité cotyloïde, un 
petit crochet dirigé en arrière. On l’appelle l’épine 
ischiatique. 

Le bord supérieur du pubis se continue sur le 
bas de la face interne de l’iléon , en une ligne 
saillante qui règne jusqu’à lendroit où celui-ci se 
joint au sacrum , et qui, conjointement avec la 
saillie que fait l’os sacrum lui-même par son angle 
avec le reste de l’épine, divis@ le bassin en deux 

_ parties ; le grand bassin, qui est supérieur , et le 
petit , qui est inférieur. 

Cette saillie rentrante se nomme le détroit an- 
térieur du bassin. Elle forme unetespèce d’ellipse , 
dont le plan fait avec le sacrum un angle très- 
marqué , et un autre avec la partie lombaire de l’é- 
pine. Son axe d’avant en arrière est un peu moindre 
que le transverse. ‘ 

Tous les os qui forment le bassin sont maintenus 
entre eux par des ligamens très-forts , dont quel- 
ques-uns même concourent à former sa cavité. Ceux 

* qui unissent la portion iléale de l’os des hanches au 
sacrum , viennent de l’apophyse transverse de la 
dernière vertèbre lombaire , ou de la base et'des 


cit 


"4 


Art. Ï. Des os du bassin. 541 


apophyses de l'os sacrum. Les trousseaux qu’ils 
forment sont plus où moïns longs et étendus. Ils 
vont se fixer à la partie postérieure de la crête de 
l'iléon. 

+ La portion ischiale est aussi fixée par deux forts 
ligamens qui complettent la cavité du petit bassin 
enarrière. F/un vient de la tubérosité , et se porte 
au bord latéral du sacrum : l’autre naît aussi de 
Vischion ,. maïs particulièrement sur son épine , et 
se porte fransversalement sur les bords du sacrum 
et du coccix, en unissant ses fibres à celles du 
précédent. 

Le pubis d’un côté est uni à celui de: Pautre 
côté par un cartilage intermédiaire, qui forme ce 
que nous ayons nommé la symphise. Cette articu- 
lation est recouverte d’un fort ligament qui la rend 
immobile. 

Enfin les os de la queue ou du coccix sont 
fermement attachés à l’os sacrum. par des capsules 
articulaires et des ligamens qui les revétent entière- 
ment. On les a distingués en antérieurs ,. latéraux 
et postérieurs. , 


_B. Dans Les mammifères. 


Nous avons vu que dans les quadrupèdes, en 
général, le sacrum se continue presque dans la 
même ligne que lépine. On peut encore remarquer 
que Si on les plaçoit de manitre que leur épine 
ft verticale , les plans des deux moitiés antérieures 
du bassin regarderoient en avant et en dehors, 


V 3 


. 
. 


942 V° Leçon, De l'extrémité postérieure. 

et non en bas comme dans l’homme. Ils regarde- 
roient même en haut dans les animaux à sabot , 
c'est-à-dire que ces plans étant prolongés , rencon- 
treroient la prolongation de l’épine, au-dessous du. 
bassin dans l’homme , au-dessus dans les animaux 
à sabot , et qu’elle lui demeureroit parallèle dans. 
Ja plupart des animaux disités. Cette remarque est 
importante à cause de la position du fémur. 


Les os iléons des singes sont plus étroits que 
ceux de l’homme, plats , regardans en avant ; leur 
cou est plus alongé : il en résulte que le plan est 
presque en ligne droite avec l’épine, et que son 
diametre d'avant en arrière est plus long que le 
transverse. Le bassin fournit par-là au tronc une 
base beaucoup moindre , car cette base doit être 
estimée d’après une coupe perpendiculaire du FOBE 
ou du cylindre auquel elle appartient. 


Le pongo de Batavia a les iléons beauconp plus, 


larges que les autres singes ; mais leur direction 
est la même. 


Les espèces qui ont des callosités aux fesses, ont 
les tubérosités ischiales très-grosses. 


Dans les carnivores, les os des îles ne regar- 
dent pas en avant par leur face abdominale ; mais 
celle-ci est dirigée du coté de l’épine. Leur portion 
supérieure n’est guères plus large que leur cou. 
C’est leur face externe qui est concave. Leur crête 
a si peu d’étendue , que leur figure est presque celle 
d’un fer de hache. 


‘ 


Arr. I. Des os du bassin. AE 
DansV'ours’, elle est un peu élargie , et l’épine se 
détourne en dehors, maïs la position totale resté la 
même. La branche de l’ischion qui va en arrière se 
continue avec le cou de l’iléon en une ligne droite, 
quifaitavec l’épine un angle d'environ trente degrés. 
Comme le diamètre d’avant en arrière du détroit 
antérieur est moins long que dans les singes , ses 
proportions particulières se rapprochent de celles 
de l’homme ; mais la base qu'il fournit au tronc 
n’en est que plus petite. 

On obsérve parmi les carnivores deux anomalies 
remarquables : l’une dans là taupe , dont les os 
coxaux'sont presque cylindriques et si serrés contre 
V’épinedans toute leur longueur; que 1é détroit an- 
tétieur est d’une petitesse extraordinaire. La por- 
tion ischiale de cet os est aussi très-prolongée en 
arrière ; l’autre dans la rowssette, qui a les deux 
tubérôsités dé l’ischion soudées ensemble et avec 
Véxtrémité du sacrum. | 

Däns les pédimanes, où animaux à bourse, comme 
lesarigue , la marmotte , le kanguroo , etc. le 
bassin est aussi trés-remarquable , non-seulement 
en ce que les trous ovalaires sont trés- grands et le 
délrôitd’un petit diamètre ; mais sur-tout par la 
présence d’un 6s articulé et mobile sur le pubis. Cet 
os donné attache à des muscles particuliers qui sou- 
tiénnent uñe ‘bourse dans laquelle sont les ma- 
melles : nous les ferons connoître à Particle dé {a 
génération. On a nommé ces os z2arsupiaux ; ils 


sont de forme alongée, un peu applatie. 
Y 4 


| 
544. V° Lrçow. Îe l'extrémité postérieure. 


Dans les rongeurs, la forme générale et la position 


du bassin est à-peu-près la même que dans les. car-!. 


nassiers ;. les os des îles regardent plus où moins en. 


avant ,: ou plutôt en dessous , selon les. espèces ; la, 
ligne saillante, de leur face abdomirale se continue. 


parallèlement à l’épine,, jusqu’à leur crête qui est 


très-étroite.. Cette saillie donne quelquefois à ces os. 


une forme prismalqtér dont leur tranchant véri- 
table ne,seroit qu'une arète. Leur épine se recourbe 
en dehors. 

- C'est. aussi là Ia forme des iléons dans les {atous, 


les pangolins et les fourmiliers , tandis que les. 


paresseux.les, ont très-larges 7 regardant en avant, 


avec un.pubis circulaire. très-grand:.,..ce, qui. Lun [ 
donne un détroit fort: large .et peu, oblique... Ces 
quatre genres ayant la tubérosité de.Fischion rap- : 


pasphres où même. soudée au sacrum, ‘il. n’y & 


qu un trou au lieu d’ une échancrureïischiatique., 
Le bassin du cochon ne diflère -guêres de. celui { 


des carnassiers que paree .que ses ischions se pro- 
iongent, davantage en arrière , et que l’échancrure 
ischiatique entame davantage l'os des. iles... : 

Dans le tapir, et surtout dans les ruminans,, l’éz 
chancrure s’élargissant encore davantage, le: cou 


de liléon s’alongeant , et son épine se prolongeant 


en dehors, cet as prend la figure d’un T ou d’un. 


marteau, articulé par une branche au sacrum., et 
dont le cou feroit le manche. Sa face sbeoniNe 
regarde obliquement du côté de lé épine du dos. Son 
cou forme avec lischion un angle très-ouvert. On 


ArrT. I. Des-os du bassin. 545 


voitsaillir son épine au dessous de la peau , ainsi 
que Jastubérosité de l’ischion. La ligne qui passe 
pances deux points, forme avec l’épine unangle très: 
prononcé. La cavité cotyloïide est à-peu-près au mi- 
lieu de cette ligne. 

Dans les ruminans fortement rablés, comme les 
bœufs, la partie antérieure est tres-large. Le bufle 
Va même plus large que Vos n’est long , et presque 
perpendiculaire au cou. Dans les espèces moindres. 
elle devient de plus en plus étroite, et oblique en 
dehors et en avant. Les chameaux l’ont arrondie. 
C’est la. face externe de l’os qui est concave dans 
ces-animaux. Le détroit antérieur forme , avec l’é- 
pine du dos, un grand: angle; :ce qui donne bien 
plus d’ampleur au,ventre. 

La. figure de cet.os est. à-peu-près la même dans 
le cheval, mais il a les ailes trés-larges , et le cou 
font court. La cavité cotyloïde répond à-peu-près 
au tiers postérieur de la ligne ci-dessus indiquée: 

L'éléphant et le rhinocéros ont la partie anté-. 
rieuretrés-large en tout sens ; la crête en est ar- 
rondie ;, la face abdominale concave. L’aile qui est 
durcôté du sacrum est plus grande que l’autre dans 
Véléphant ; elles sont à-peu-prés égales dans le 
rhinocéros , et le cou y est proportionnellement 
plus long. Ces énormes bassins donnent aux ventres 
de ces deux animaux leur monstrueuse capacité. 
Leplan du détroit antérieur est presque _perpen- 
diculaire à l’épine.…. 

Le bassin des phoques ne diffère de celui des 


546 V° Lecox. De l'extrémité postérieure. 
carnassiers, et sur-tout des /outres, que parce quil 
est étroit et fort alongé , et que les pubis , ainsi que 
ceux des loutres , se portent beaucoup en arrière; 
mais les cétacés n’ont pour tout vestige de bassin 
que deux petits os plats et minces , suspendus dans 
les chairs aux deux côtés de l'anus. 


-C, Dans Les oiseaux. 


Les os coxaux ne font avec les vertèbres des 
lombes et le sacrum qu’un seul os dans les oiseaux. 
Ce n’est plus alors que les linéamens du bassin: On 
reconnoît cependant, en général , le trou ova- 
laire dans les squelettes. Commie la ‘portion ischialé 
est presque toujours soudée au saérum, l’échan- 
crure ischiatique devient un. trou: Le pubis, au 
lieu d’aller rejoindre son correspondant, se porte 
directement en arrière sous la forme d’un stilet. 

Dans les oiseaux qui sont jeünés encore , la 
partie correspondante au sacrum est percée äjour 
entre les apophyses transverses des vertèbres qui 
ont formé cet osrdans son principe ; alors le ‘trou 
oYalaire et l’ischiatique ne sont. que deux échan- 
crures qui indiquent très-bien les trois portions de 
V’os coxal. 

Dans les oiseaux de proie , le trou ovalaire est 
petit et le pubis très-gréle , alongé , souvent-articulé 
sur la portion ischiale. 

Dans les passereaux, le trou ovalaire s’alonge 
beaucoup et devient même plus grand que l’ischia- 
tique. Cet alongement est encore plus sensible dans. 
les oiseaux de rivage. 


Arr. I. Des os du bassin. 347 


Le plongeon a l’os des îles extrémement petit ; 
Vischion très-volumineux est soudé, dans toute sa 
longueur, avec le sacrum. Les pubissonttrès-grèles ; 
ils se rejoignent en s’élargissant beaucoup, maisils 
ne sont pas complètement soudés. C’est ce qu’on 
remarque, en général , dans tous les oiseaux d’eau. 

Dans l’'autruche et le casoar, Vischion est tout- 
à-fait séparé du coccix, qui s’unit avec une longue 
production de l’iléon. Le bas du pubis s’élargit 
heaucoupi, se recourbe. et s’unit à son correspon- 
dant dans l’autruche , mais non dans le casoar , 
chez lequel les ischions sont en outre entièrement 
séparés des pubis , et.se portent dans la même di- 
rection. 


18 Dans les reptiles. 


ei 


- Dans. la tortue de, mer franche, c’est la partie 
: de, lfos. coxal qui correspond au pubis qui est la 
plus considérable. Elle vient-de la cavité cotyioïde, 
par une portion épaisse qui se porte en avant, et 
s’élargit, en une lame. plate et mince ; divisée en 
deux, parties : l’une, qui se porte vers la ligne 
moyenne: par laquelle les deux os correspondans 
sejoignent ; l’autre est. libre, et se dirige. du côté 
externe. La portion qui est analogue à l'iléon est 
courte , étroite et épaisse ; elle appuie sur le test, 
et se joint au sacrum ; enfin la partie qui corres- 
pond à l’ischion , se porte en arrière et en bas , et 
forme le véritable cercle osseux du bassin. 

Cette conformation est si singulière , que le bassin 


348 V° Lecon. De l'extrémité postérieure. 

de cette tortue, vu hors de sa situation naturelle, 
pourroittrès-aisément être confondu dans ses parties; 
car les pubis ressemblent aux iléons, les ischions 
aux" pubis, et les iléons aux ischions. 

I1 y a de plus une particularité très-remarquable- 
dans le bassin des tortues ; c’est que l'iléon , et 
par conséquent la masse entière du bassin auquel 
cet os est soudé, est mobile sur la colonne verté- 
brale. 

Dans le crocodile et le tupinambis ; la‘ dispo- 
sition du bassin a béaucoup de rapport aveéc'celur 
des tortues. Dans le crocodile | les pubis reçoivent 
les côtes ventrales. Dans le caméléon et Piguane , 
ils sont étroits , et les ischions forment une crête saïl- 
lante par Fe réunion. 

Dans la grenouille , le pipa et le crapaud , les 
iléons sont très-alongés ; les pubis et les ischions 
sont courts et soudés en une seule pièce solide, dont 
la symphise forme une crête plus où moïns ar- 
rondie. 18 

C’est absolument la même conformation dans la 
salamandre. Les féons sont étroits et presque cy- 
lindriques , et les PE soudés entièrement aux 1s- 
chions ne forment qu’une ÉxR plaque osseuse sans: 
aucun trou. 


Arr. II. Des muscles du bassin. 549 
ARE GE. LI 


' Des muscles du bassin. 


A. Dans l’homme. 


Les muscles du bassin de l’homme sont en petit 
nombre : 1°. le guarré des lombes ( iléo-costien ) 
occupe l'intervalle compris entre l'os des îles au- 
quel il s'attache , et la dernière fausse côte à laquelle 
il donne une de ses insertions ; les autres se portant 
aux apophyses transverses des quatre premières 
verlébres lombaires. Tl agit ici plus manifestement 
sur l’épine que sur le bassin. 

2°. Le petit psoas ( prælombo-pubien ) naît sur 
le corps de la dernière vertèbre dorsale, et forme 
un tendon plat et mince qui s'attache à l’éminence 
iléo-pectinée : il fléchit le bassin sur l’épine. 


B. Dans les mammifères. 


Dans presque tous les quadrupèdes , ces muscles 
ont les mêmes attaches ; ils ne différent que par les 
proportions qui dépendent du nombre des vertèbres 
lombaires. Le petit psoas manque dans le rat. 

Dans les chauve-souris, il n’y a point de quarré 
des lombes ; mais le petit psoas est très-fort et son 
aponévrose fort large. 


C. Dans Les oiseaux. 


Dansles oiseaux, il n y anipetit psoas, ni quarré 
des lombes. 


550 V° Lrcox. De l'extrémité postérieure. 


D. Dans les reptiles. 


Dans la tortue , le muscle analogue au quarré des 

lombes s’épanouit sous la carapace entre les deux 
avant-dernières côtes, et il s’attache à l’iléon vers 
l'articulation de cet os avec le sacrum, cette arti- 
cula'ion étant ici mobile. 
_ Cette même mobilité du bassin est aidée par l’a-. 
nalogue du muscle droit du bas-ventre , qui, comme 
nous l’avons vu, au lieu de s’étendre sous le ventre, 
s'attache sous l’extrémité postérieure du plastron 
par deux ventres charnus , l’un en devant , l’autre 
en arrière, qui viennent s’insérer tous deux au 
bord antérieur de la branche externe du pubis. 

Il n’y a pas de petit psoas dans les grenouilles. 
Le quarré des lombes s’élend de la longue spo 
physe transverse de la troisième vertèbre_ jusqu’à 
TEE du long os du bassin qui répond à l'iléon; 
il s’insère sur cel os qu al porte vers la tête, parce 
qu’il est mobile comme dans les tortues. . 

N. B. Nous ne traiterons de l’extrémité posté- 
rieure, ou de la nageoire ventrale des poissons ; 
qu’à la fin de cette leçon. 


ARTICLE II. 


PE 


De l’os de la cuisse. 


La cavité cotyloïde est creusée en demi-sphière. 
Son bord a une échancrure vis-à-vis le trou ovalaire 
ou sous-pubien qui répond à l’axe de l’os de la cuisse 
Torsque Phomime est debout. La direction de cette 


- 


Arr. II. De l’os de la cuisse. 551 


cavité est de côté, en bas , et très-peu en avant. Le 
bord de cette cavité articulaire est garnie d’un li- 
gament très-fort qui augmente beaucoupson étendue 
dans l’état frais. 

Dans les mammifères , l’échancrure de la cavité 
cotyloïde répond aussi au trou sous-pubien ; mais 
la différence de position da plan de ce trou fait 
qu'il faut que l’os de la cuisse soit perpendiculaire 
à l’épine ; ou fasse avec elle un angle aigu en avant, 
afin que son axe réponde à cette échancrure. C’est 
en effet là la position du fémur lorsque ces ani- 
maux sont tranquilles sur leurs quatre pattes. L’angle 
que fait le fémur avec la colonne vertébrale dans les 
carnivores est presque droit ; il est aigu dans les ani- 
maux à sabots. La direction de cette cavité dans les 


. mammifères est aussi conforme à celte position du. 


fémur; elle est telle, que lorsque l’épine est ho- 


mizontale , elle-regarde en dehors et en bas : cepen- 


dant dans les animaux qui nagent beaucoup , comme 
la loutre et le castor , elle regarde directement de 
côté ; et même un peu vers le haut. 


de Dans l’homme. 


Le fémur lui-même est un os simple presque 
cylindrique , légèrement arqué en dedans et en 
ariière, Son extrémité supérieure. est élargie et 
@ dénx/apophysesiune , présque dans la direc- 
tion ‘de l’axe | nommée le grand trochanter ;;'et 
üné autre -qui rentre en dedans, et fait avec 
l'axe un angle obtus par en bas: On la nomme 


552 V° Lrçox. De l’exirémilé postérieure. 
cou ; elle se termine par une tubérosité sphé- 
rique , qui joue en tous sens dans la cavité coty- 
loïde, et qui s’appelle la 1éte du fémur. Cette ar- 
ticulation est maintenue par un ligament éapsulaire 
qui vient de tout le pourtour de la cavité , et qui 
s’insère autour du cou et de la tête du fémur. ILy 
a en outre dans l’articulation un ligament rond.qui 
naît dans la petite fossette de la cavité cotyloïde, 
et qui s'attache dans un enfoncement de la partie 
moyenne de la tête de l’os de la cuisse. Sousle cou, 
un peu en arrière , est un. petit tubercule , nommé 
petit trochanter ou trocantin, et le long d la face 
postérieure règne une ligne saillante ; nommée 
ligne âpre du fémur. 


B. Dans les mammifères. 


. 


L'os de la cuisse est toujours unique dans toutes 
les classes d'animaux. Sa forme varie peu ; maïs 
sa proportion, avec les autres parties du membre 
abdominal, dépend en général de celle du métatarse. 

Dans les ruminans et les solipèdes , par exemple, 
ilest si court, qu’il est comme caché contre l’abdo- 
men par les chairs. C'est ce qui a fait qu’on nomme 
vulgairement cuisse dans ces animaux , la partie qui 
correspond réellement à la jambe. 


119 


Le fémur n'est point arqué dans les mammi- | 
fères. Son cou yest aussi beaucoup plus.court,i, et | 
plus perpendiculaire à l’axe,,.de sorte que. la tête | 
st tout-à-fait dirigée en dedans, et.que le, grand 


trochanter s’y élève au-dessus d’elle. 


» 


Aer. I. Des os de la cuisse. 353 
Dans les singes , le fémur est absolument cylin- 
drique , etn’a, pour ainsi dire, point de ligne âpre. 


Dans lé tapir , la partie moyenne de los de la 


2 cuisse est très-applatie : elle a, à son bord externe, 


une crête saillante quise termine par une apophyse, 
en forme de crochet. 


Cette conformation est encore plus frappante dans 
le rinocéros. Le grand trochanter , et cette apo- 
physe en forme de crochet, sont très-prolongés et 
se rejoignent presque de manière à former un trou 
entre eux et le corps de l’os. 

Ce crochet existe aussi dans le cheval, dans le 
tatou et dans le castor. 


Dans le phoque , le fémur est si court, que ses 
deux extrémités articulaires font plus de la moitié 
- de sa longueur. 


C. Dans les oiseaux. 


Los de la cuisse des oiseaux na qu'un seul tro- 
chanter. Il est toujours trés-court, én proportion 
des os de la jambe. Sa forme est cylindrique. Il est 
presque toujours droit , rarement arqué, comme 
dans le cormoran, le plongeon , le castagneux. 


Dans l’autruche , los de la cuisse est très gros, 
en comparaison de celui du bras. Il en a près 
de quatre fois le diamètre. Ses deux extrémités sont 
Plus grosses que sa partie moyenne qui est presque 
triangulaire. 

1 Z « 


354 V° Lrcçon. De l'extrémité postérieure, 


\ 


D. Dans les reptiles. 


. 
L'os de la cuisse des quadrupèdes ovipares res- 


semble à celui des autres animaux, : cependant il 
a une double courbure , plus où moins prononcée ; 
il présente en devant une convexité vers l’extré- 
mité tibiale , et une concavité du côté du bassin. 
Dans la tortue , il y a des trochanters bien pro- 
noncés ; mais on n’en retrouve plus dans les Zézards 
ni dans les grenouilles. 

La coupe du fémur est en général arrondie, 
‘excepté dans le pipa où elle est trés-applatie. 


ARTICTE.IY. 


Des muscles de la cuisse. 


4. Muscles du grand trochanter. 


Les muscles qui se portent au grand trochanter 
du fémur , font tourner cet os sur son axe dans la 
cavité cotyloïde ; soit en portant la pointe du pied 
de dedans en dehors, soit en opérant le mouve- 
ment contraire : ils peuvent aussi éloigner un peu 
la cuisse de la direction de l’épine , ou, ce qui re- 
vient au même , l’écarter de l’autre cuisse. 


À. Dans l’homme. 

La couche la plus voisine des os est composée 
des suivans : s 

1°, Le petit fessier ( iliitrochantérien ) quis’at- | 


Anr. IV. Des muscles de la cuisse. 555 
1 


tache à la partie antérieure et inférieure de Vos 
des îles, et qui s’insère par un tendon mince au 
bord antérieur et supérieur du grand trochanter ; 
il relève directement la cuisse de côté. 

2. Le pyramidal ( sacro-trochantérien ) qui 
vient de l’intérieur du bassin, où 1l s'attache à la 
partie supérieure du bord latéral de los sacrum , 
et qui s’insère par un tendon grèle au haut du grand 
trochanter , derrière le précédent ; il fait tourner la 
cuisse sur son axe de dedans en dehors. 

5°. Les muscles jumeaux (ischii-trochantérien ) 
prennent leurs attaches au bord postérieur de lis- 
chion , et s’insèrent au sommet du grand trochan- 
her. Rire le précédent , auquel leurtendon s’unit 
. un peu ; aussi produit-il a-peu-prés le même effet, 

4°, L'obturateur interne ( sous-pubo-trochan- 
“iérien ) dont l’attache est à la face interne du rebord 


fu 


+ 
x et de Ja membrane du trou ovalaire ou sous- pubien , 


RC Pers ee LL 


lé “et qui s’insère, par un tendon grêle qui se contourne 

“autour du bord postérieur de l’ischion , au sommet 
“du grand trochanter , entre les deux jumeaux qui 
lui forment une espèce de gaine. 11 agit comme eux, 
mais avec beaucoup plus de force ,; à l’aide de la 
poulie dérivative sur laquelle il glisse. 

m 5% Le quarré de la cuisse ( ischio-trochanté- 
rien ) qui s'attache à la tubérosité de l'ischion ; et 
#insère au bord postérieur du grand trochanter 
sous les précédens. C’est un rotateur de la cuisse 
quil porte de dedans en dehors. 

6°. Sur le petit fessier et le pyramidal est couché 
745 


+ 


- 


2 


856 V° Lecow. De l'extrémité postérieure. 


le moyen fessier (ilio-trochantérien ). I] s'attache 
à toute la grande circonférence de l’os des îles, et 
ramasse ses tibres pour les insérer au grand trochan- 
ter. Il relève la cuisse, et la porte en dehors , comme 
le fait le petit fessier. 
7°. Enfin le grand fessier ( sacro-fémorien ) 
recouvre une partie des précédens et tous les petits 
- muscles ci-dessus. Il vient du bord postérieur de l’os 
des îles et même du sacrum , et il s'attache à la 
face postérieure du fémur, plus bas que-le grand 
trochaniter. C’est un muscle très-fort, qui redresse 
puissamment le tronc sur la cuisse, porte la cuisse 
en arrière , et est un de ceux qui agissent le plus 
puissamment dans les mouvemens du membre ab- 
dominal. 


B. Dans les mammifères. 


Dans les singes , l'alongement de l'os des îles 
rend le moyen et le petit fessier plus considérables ; 
mais l’analogue du grand fessier est le plus petit 
des trois. ; 

Le quarré est proportionné à la grosseur de la 
tubérosité de l’ischion. 

Les chauve-souris ont un petit fessier qui des- 
cend presque verticalement de Piléon sur la cuisse ; 
elles n’ont point de pyramidal , de jumeaux, d’ob- 
turateur interne, ni de quarré. | 

Dans les carnivores et les rongeurs , on retrouve 
la même petitesse proportionnelle du grand fessier 
que dans les singes. | 


a te 


Arr. IV. Des muscles de la cuisse. 557 


Le moyen et le grand fessier n’offrent aucune par- 
ticularité. 

Dans le cheval , l’analogue du grand fessier 
{nommé par Bourgelat petit fessier ) est en grande 
partie aponévrotique : outre le ventre ordinaire, 
il en reçoit un long et grèle, dont l’attache supé- 
rieur est au sommet de l'os des îles. 

Le fessier moyen est très-considérable , s’atta- 
chant aussi au sacrum et à toute la membrane qui 
est entre cet os, celui des iles et l’ischion. C’est 
principalement ce muscle qui produit les ruades ; il 
s'attache à celte apophyse particulière , qu'on peut 
regarder comine un troisième trochanter. 

Lesautres petits muscles du grand trochanter sont 
dans les quadrupèdes comme dans l’homme. 


C. Dans Les oiseaux. 


Les trois fessiers ont lès mêmés proportions que 
dans les quadrupèdes. 

L’analogue du grand est le muscle nommé py- 
ramidal par Vicq-d’Azir. Le petit, qui est attaché 
au tranchant antérieur de l'os des îles , est son 
iliaque. 
_ Le véritable pyramidal manque , ainsi que Îles 
jumeaux. L’analogue du quarré est fort grand. 


L'obiurateur interne, aa lieu de passer par le 
row qui correspond à l’échancrure ischiatique , 
passe par le haût de celui qui est analogue à l’o- 

a 4 
. Li 5 


= 


558 V° Leçon. De extrémité postérieure. 
valaire. Il ÿ a même dans qhelques oiseaux une 
trayerse pssifiée qui lui forme un trou particulier. 


IT Muscles du petit trochanter et de la face 
interne de la cuisse. 


Les muscles qui. vont au petit trochanter et à 
la face interne de la cuisse, la fléchissent ou la rapr 
prochent .de l’autre. Ce sont : 


de Dans Phorime. 


1. Le psoas ( (prélombo-trocantinien ) qui s’at- 
tache supérieurement aux côtés des vertèbres lom- 
baires el des dernières dorsales , et s’insère par un 
tendon grêle au petit trochanter ; il relève la cuisse 
ou Ja porte directement en devant. 

2. L'iliaque ( ilio-trocantinien ) qui s’attache 
supérieurement à la face interne de l’os des îles, 
dont l’insertion au petit trochanter est commune 
avec Île psoas et produit le même effet que lui. . 
5. Le pectineus ( pubo-fémorien) qui s'attache 
au bord supérieur du pubis., et s’insère par un ten- 
don gréle au-dessous du petit-trochanter. I] aide 
un peu l’action des muscles précédens. 

4. Les trois adducteurs ( sous-pubo , sous- 
pubi, ischii Jémor 1ens) , OU triceps adducteur, qui 
prennent leurs attaches : savoir ; le premier au- 
dessus de la symphise du pubis ; le second , sur sa 
branche descendante ; le troisième , sur la tubéro- 
sité de l’ischion, et qui s'étendent à la ligne âpre du 
fémar , où le second s’insère entre les deux autres 


Art. IV. Des muscles de la cuisse: 359 


et un peu plus hant qu'eux ; ils portent la cuisse 
en dedans , ou les rapprochent l’une de l’autre. 

5. L’obturateur externe (sous-pubo-trochanté- 
rien externe ) couvre le trou ovale, et s’insère der- 
rière et dans la cavité du grand trochanter ; il fait 
tourner la cuisse sur son axe de dehors en dedans. 


B. Dans les mammifères. 

Dans les quadrupèdes , en général, le psoas et 
l'iliaque sont beaucoup plus alongés que dans 
l’homme. | 

Le pectineux du chien est ventru, et prolonge son 
tendon inférieur jusqu’au bas du fémur ; cela n’est 
pas ainsi dans les autres quadrupèdes. 

Les chauve-souris n’ont ni psoas , ni iliaque. 
Leur pectiné est long et gréle , ainsi que lobtura- 
téur externe. Elles n’ont qu’un adducteur de la 
cuisse qui vient de la symphise du pubis , et qui 
s'insère à la partie du fémur qui répond à son tiers 
coxal ou supérieur. 

Lies cétacés n’ont aucun rudiment des muscles de 
la cuisse. 4 


C, Dans Les oiseaux: 


lies oiseaux n’ont ni psoas , niilraque, ni obtu- 
rateur externe. Le muscle que Vicq-d’Azir a nommé 
iliaque, n’est autre chose que le petit fessier. Ils ont 
deux adducteurs aux places ordinaires. 


fl y à, dans le lieu qu’occupe le pectineux des 
quadrupèdes , un petit muscle grêle, qui se pro- 
| Ze 


560 V° Leçon. De l’extrémilé postérieure. 
Jonge jusqu’au genou. Son tendon passe oblique- 
ment pardessus, et se glisse derrière la jambe 
pour s'unir au fléchisseur perforé du second et du 
unquième doigt. Nous en parlerons par 14 suite. 


D. Dans les reptiles. 


Dans la grenouille , il n’y a qu’un seul fessier ; 
il remplace le moyen ; il vient de la partie alongée 
qui tient lieu d’iléon , et se fixe au-dessous de la tête 
du fémur. 


Le pyramidal vient directement de la pointe du 
coccix , ets’attache vers le tiers supérieur du fémur. 


Les jumeaux et l’obturateur interne n'existent 
point. | 

Le quarré de la cuisse est alongé ; il vient de la 
symphise postérieure de l’ischion , et s’attache au 
côté interne du fémur , vers son tiers supérieur. 

Il n’y a ni grand ni petit psoas. 

L'iliaque est plus alongé. 

Le pectiné descend jusques vers la moitié du 
fémur. CE 

Les trois adducteurs ont les mêmes attaches que 
dans l’homme. 

L’obturateur externe existe , quoiqu'il n’y ait 
point de trou ovalaire. Il vient de la symphise du 
pubis, et ses fibres s’attachent sur la capsule arti- 
culaire. 

Dans les tortues , les muscles de la cuisse pro- 
duisent les mouvemens prepres à nager, c'est-à- 


ArT. IV. Des miiscles de la cuisse. 561 


dire Vabduction , l’adduction , l’abaissement et 
l'élévation de la cuisse. 

L’analogue du long adducteur prend naissance 
sur la symphise du pubis, et s’insère au fémur 
vers son liers tibial , du côté interne. 

Unautre muscle, dont l’analogie avec ceux de 
l’homme , ne peut être facilement reconnue, s’at- 
tache sur le sacrum en-dedans , et s’insère au petit 
trochanter. C’est encore un adducteur de la cuisse. 


Un muscle , composé de différens, faisceaux ra- 
diés , s’attache à la large face inférieure du pubis, 
et forme un gros tendon qui s’insère au pelit tro- 
“chanter. Il remplace le psoas et l’iliaque dont il 
produit Leffet. 


L'analogue du court adducteur vient dela sym- 
© 
hise des ischions , et du ligament inter-osseux des 
; 5 

pubis , et il s’insère au fémur au-dessous du petit 
trochanter. 

Le muscle qui correspond au grand fessier sat. 
tache à l’épine vis-à-vis de la dernière côte, et 

P € » 

. s’insère à l’os de la cuisse au-dessous du grand tro- 
chanter, - 


Les analogues du moyen et du petit fessier sont 
à peine distingués l’un de l’autre. Ils s’attachent 
à la face interne du pubis , et s’insérent au grand 
trochanter. 


L’analogue de l’obturateur interge s'attache à la 
face interne de l’iléon , et au bord supérieur de la 
cavité cotyloïde , et s’insère au grand trochanter. 


562 V° Leçon. De l'extrémité postérieure. 
A'R T I CHEN WA 
Des os de la jambe. 


Fos de la cuisse dans l’homme devient plus épais: 
à son extrémité tibiale. Il forme là deux éminences 
qui sortent de l'axe de los; on les nomme condyles 
du fémur (intra et extra condyles ). Hs portent 
chacun une facette articulaire en portion de roue, 
qui correspond à celle du tibia , l’un des os, de la 
jambe. Ils sont aussi comme séparés en devant par 
une large rainure ou enfoncement articulaire dans 
lequel glisse la rotule, petit os situé sur le genou. 
Derrière ces condyles est un enfoncement qu’on. 
nomme la fosse poplitée. 

Les deux condyles du fémur sont inégaux ; de 
sorte que si on élève le fémur en les appuyant sur 
un plan horizontal , l’axe de l’os penche en dehors. 
Cette observalion est digne de remarque; car dans. 
les quadrupèdes la coupe des condyles est hiorizon- 
tale, et les deux axes des fémurs sont parallèles 
dans l’état de repos ; tandis que dans les oiseaux la 
coupe oblique des condyles est telle que les extré- 
mités coxales et tout l’axe de l’os se reportent vers 
Ja ligne moyenne en sens contraire de celui de 
l’homme. 10 M 


A. Dons lhômme. à 


La jambe est formée de deux os. L'un plus gros, 


Arr. V. Des os de la jambe. 563 
appelé tibia; Vautre plus grêle , attaché au côté 
externe du précédent , nommé le péroné. 

Le tibia s'articule avec le fémur par une large 
face qui présente deux légers enfoncemens corres- 
pondans aux condyles du fémur. L’extrémité {emo 
ralé de cet os est beaucoup plus large que la parte 
moyenne , et a trois arêtes longitudinales 1 
continuentisur près des trois quarts de sa long, 
Celle qui est antérieure se nomme créle du til. 
elle s’applanit dans le haut en une large face trian- 
gulaire rûde. Celle du côté externe regarde le pé- 
roné , et sert d’attache à une membrane qui remplit 
“intervalle de ces deux os et qu’on nomme /ga- 
ment inlerosseux. La troisième arète est interne 
et un peu postérieure. 

L'extrémité supérieure du péroné est attachée 
‘sous une avance de celle du tibia à son angle externe 
étpostérieur ; et comme le corps de Pun’etde l’autre 
#'amincit , il y a entre eux un intervalle plus large 
vers le haut, qui se rétrécit vers le bas. Le péroné a 
aussi trois arètes longitudinales. 

Les deux os ne sont pas susceptibles d’un mou- 
vement de rotation l’un sur l’autre, comme le sont 
ceux de Pavant-bras. 

Trois sortes de ligamens fixent le péroné a 
L'un est une capsule qui unit la facette de 1 
inité supérieure à celle de la tête dutibia. Le second 
est une membrane ligamenteuse qui remplit tout 
l’espace compris entre les deux os et s'attache aux 
deux angles qui $e regardent. La troisième sorte 


ia. 


xtré- 


364 V° Lrcon. De l'extrémité postérieure. 


est produite par des fibres qui viennent obliquement … 
du tibia et se portent à la malléole externe en 
devant et en arrière. | | 

Sur l'articulation du fémur avec le tibia ; entre 
les condyles du premier, est placé un petit os: 
presque circulaire, un peu pointu vers le bas, con- 
vexe et rude en avant, ayant en arrière deux 
facettes qui correspondent à celles du fémur. Il est 
suspendu à cet endroit par des ligamens et des 
muscles , et empêche le tibia de s’étendre au-delà 
de la ligne droite ; on le nomme la rotule. C’est cet 
os qui forme l’angle du genou. 

T?articulation des quatre os qui forment le genou 
est affermie par un grand nombre de ligamens. Il 
y a d’abord une capsule qui vient du pourtour des 
condyles du fémur, et qui s'attache eux bords de la 
rotule et du tibia. Des trousseaux ligamenteux se 
portent ensuite dans diverses directions. Les uns 
naissent sur le condyle externe du fémur , et se 
fixent au côté interne de la tête du tibia. Un autre 
venant du condyle interne s’attache au côté externe 
de l'os de la jambe ,et même au péroné. Dans l’in- 
térieur même de l'articulation sont situés deux liga- 
mens placés en sautoir l’un au-dessus de l’autre ; 
on nomme les {igamens croisés ; ils viennent 
de | den postérieure des condyles du fémur, et 
se portent au milieu de la ligne saillante qui sépare 
les deux fosseites articulaires de la tête du tibia. 
Deux ligamens inter-articulaires , de figure sémi- 
lunaire , sont aussi interposés entre le tibia et le 


Arr. V Des os de la jambe. 365 


fémur ; ils sont maintenus en situation par de petits 
trousseaux de fibres ligamenteuses qui viennent de 
différens points de la capsule. Enfin la rotule a un 
ligament particulier très-fort, qui de sa pointe se 
porte à l’épine du tibia. Il paroïît être de nature 


tendineuse , et produit par la terminaison du tendon 


. des muscies extenseurs dans l’épaisseur desquels se 


développéroit cet os sur-articulaire. 


B. Dans les mammifères. 


Les os de la jambe sont généralement les mêmes 
dans les mammifères que dans l’homme. 


Dans les singes la crètè antérieure du tibia est 
peu marquée. 
Dans la chauve-souris le péroné est extrême- 


ment grêle; et comme les fémurs sont tournés en 


arrière, il arrive que les jambes se regardent par 
leur coté péronien. 

Dans la taupe le péroné se soude au tibia vers 
son liers inférieur. 


Le tibia de l’ours est un peu arqué en devant : 
la tubérosité de son arête antérieure est très-sail- 
lante, et les faces articulaires très en arriere. 

Le chien a le péroné attaché dans toute la ne 
gueur. du tibia en arrière. 

Le phatagin, le tatou, les paresseux ont le 
péroné assez gros, éloigné du tibia et courbé. 

Les rongeurs ont le péroné tout-à-fait en arrière. 
Dans les r'ats il se soude au tibia vers le tiers infé- 


366 V° Leçon. De l'extrémité postérieure. 


rieur. Il forme un grand espace triangulaire vuide 
dans le haut. 

Dans l’éléphant , le rhinocéros et le cochon , le 
péroné est applati et collé dans toute la longueur du 
tibia. 

Dans les ruminans il n’y en a plus du tout. Cet os 
paroît remplacé par une petite pièce osseuse placée 
sur le bord externe de l’astragal au - déssous du 
tibia, et formant la malléole externe. 

Enfin dans le czeval le péroné n’est plus qu’un 
rudiment stiloïde qui se soude avec l’âge à la à PAFÈe 
supérieure du tibia. 


À / - 
C. Dans Les oiseaux. 


Les oiseaux ont la partie inférieure du fémur 
disposée à peu-près comme celle de l’homme. 

Leur jambe est aussi formée par le tibia, le 
péroné et la rotule. 

Le tibia ne diffère guère de celui des mammi- 
fères que par son extrémité inférieure, comme 
nous le verrons à l’article du tarse. La tubérosité 
antérieure et supérieure a presque toujours deux 
crêtes saillantes. 

Le péroné se soude toujours avee le tibia , et ne 
parvient jamais jusqu’à l’extrémité inférieure. 

Le plongeon et le castagneux ont le tibia pro- 
longé en avant de son artEt tion avec le fémur. 
Cette avance a trois faces. Elle remplace la rotule 
et donne attache aux muscles. 

Dans le #17anchot cette prolongation du tibia se 


+ 


Aer. VI. Des muscles de la jambe. 367 


fait déja remarquer ; mais la saillie qu’elle forme 
au devant du genou n’est guéres que d’un centi- 


mètre. 


D. Dans les reptiles. 


Les quadrupèdes ovipares ont le tibia et le pé- 
roné disüncts et séparés l’un de l’autre dans toute 
leur étendue. Ce sont deux os à peu près d’égale 
grosseur dans les fortues et les lézards. 

Les grenouilles n’en ont qu’un cependant ; mais 
une rainure indique le point de leur réunion. 

En général le péroné et le tibia s’articulent immé- 
diatement avec le fémur dans ces animaux. 


ARTICLE VI 


. Des muscles de la jambe. 


A. Dans l’homme. 


Les extenseurs de la jambe se terminent tous par 
un tendon commun qui s'attache à la rotule , et se 
continue jusqu’à la tubérosité antérieure du tibia. 
Ces muscles sont au nombre de quatre, dont les 
trois premiers , savoir , le vaste interne, le vaste 
externe et le crural, sont regardés par plusieurs 
comme un seul muscle qu’ils nomment {riceps de 
la cuisse ( trifémoro-rotulien ). Le crural est 
attaché à toute la face antérieure du fémur; le 
vaste externe vient de la région du grand trochan- 
ter et Vinterne de celle du petit. 


568 V° Leçon. De l'extrémité postérieure. 

Le quatrième extenseur est le sréle où droit 
antérieur (ileo-rotulien ). I tient à lépine de l’os 
des îles, et s'étend tout le long du devant de la 
cuisse. 

Les fléchisseurs de la jambe s’attachent au côté 
interne de la tête du tibia, excepté un seul qui 
s'attache au péroné. C’est le biceps ( ischio-péro- 
nien ) qui reçoit une partié de ses fibres de la tubé- 
rosité de l’ischion, et une autre du milieu de la 
ligne àpre du fémur. Ces deux portions s'unissent 
en un tendon grèle qui s’insère à la téte du péroné. 

De la même tubérosité de l’ischion , viennent 
deux autres muscles placés derrière le biceps. 

Le demi-membraneux ( ischio-soustibien ) et le 
demi-nerveux (ischio-prétibien ). Le premier 
s’insère au tibia par un tendon plat et mince, et le 
second un peu plus bas par un tendon grèle et rond. 
Sous le demi-nerveux s’insére le couturier ( iléo- 
prétibien ), qui vient de l’épine de l'os des îles, 
et passe en écharpe sur le devant et le dedans de 
la cuisse, et un peu plus bas: 

Le gréle ow droit interne ( pubio-prétibien ) 
qui vient du bas de la symphise du pubis, ét 
descend droit le Iông de la face interne de la cuisse. 

Enfin ke poplité ( poplito-tibien j est un petit 
muscle situé derrière lé genou , et qui va du con- 
dyle externe du fémur obliquement à la tête interne 
du tibia. pat & 

Tous ces muscles forment, conjointement avec 
les adducteurs du fémur, ete. cette masse longue et 


Arr. VI. Des muscles de la jambe. 359 
arrondie qui entoure cet os et que nous appelons 
la cuisse, Ils sont tous renfermés dans.une gaîne 
aponéyrotique nommée fascia-lata; qui est pour- 
vue d’un muscle particulier ( z/é0-fascien) , dont les 
fibres sont recouvertes entièrement par les aponé- 
yroses. 


B. Dans les mammifères. 


Les singes ont la cuisse un peu moins ronde que 
l’homme ; leurs muscles différent PP des siens ; 
excepté le biceps. | 

Dans les quadrupèdes en général la cuisse étant 
pressée contre le flanc, la masse charnué! qui là 
forme est comprimée. C’est le couturieret le gréle 
antérieur qui en forment le tranchant antérieur 
dans les carnivores et les rongeurs. 

Dans le cheval le conturier devient plus cénsi- 
dérable , et porte le nom de long adducteur, par 
opposition avec le grêle interne , qui $y nomme 
le court adducteur. 

Dans tous les quadrupèdes et même: dans les 
singes ; le muscle analogue du biceps de l’homme 
n'a qu'une seule tête à l’os ischion; il couvré une 
grande partie de la face externe de la cuisse , ét 
«donne »non-seulement des fibres aù péroné , mais 
<ncôre à-toute la longueur de l’aponévrose fascia- 
lataÿ ensoïte qu’il fait aussi l'office d’extenseur de 
la cuisse.» C’est dui-que Bourgelat nomme: Nr 
vaste dansle chien et le cheval. 

Le gréle interne s’élargit dans les quadrupèdes, 

1, À a 


350 V° Lecox. De l’extrémitéepostérieure. 


et sur-tout dans ceux qui ont le fémur court. Aussi 
forme-tal, sur-tout dans les animaux à sabots , un 
muscle :trés-considérable ; c’est lui que Bourgelat 
nomme, court adducteur, t@ndis qu'il donne le 
nom de gréle interne à l’analogue du demi-ner- 
veux. 

Le demi-membraneux et le demi-nerveux se 
trouvent dans tous les quadrupèdes comme dans 
l'homme ; mais-ils s’insèrent l’un et l’autre au tibia 
par une aponévrose large. Il faut remarquer aussi 
que leur insèrlion s’y fait beaucoup plus bas que 
dans l'homme, ce qui retient toujours la jambe 
dans un état de demi-flexion, qui est une des causes 
qui empêchent les quadrupèdes de marcher de 
bout. Les singes ont aussi cette insertion très-bas. 

Les extenseurs, c’est-à-dire le grêle antérieur et 
le iriceps, se retrouvent dans tous les quadrupèdes 
comme dans l’homme, à quelques différences près 
dans les proportions... 

Les chauve-souris, dont les extrémités posté- 
rieures paroïssent retournées de manière qu’elles 
se Héchissent en devant, n’ont que deux muscles 
propres à la jambe, l’un qui remplace le coutu- 
.rier, le gréle inierne , le demi-membranenx et le 
demi-nerveux ; il naît par deux ventres charnus 
séparés entre eux, et entre lesquels passe l’adduc- 
teur de la cuisse. Le premier vient de-la partie 
antérieure de l’iléon , et l’autre en pare ‘du:pubis 
et de lischion. Ils forment un tendon'cominañ qui 
.se porte à-la-partie antérieure de la jambe,(:quide- 


AnT. VI Des os de la jambe. 351 
vroit être la postérieure ) , etil s’insère sur le tibia 
au dessous de son axticulation avec le fémnr. C’est 
le fléchisseur de la jambe, 


L’extenseur de la jambe s'attache par un. senl 
ventre charnu sur l'extrémité supérieure du fémur. 
Son tendon est grêle et s’insère à l'extrémité posté- 
rieure de la jambe, qui, nous le répétons , est ici 
comme retournée. 


C. Dans les oiseaux. 


Dans les oiseaux les extenseurs de la jambe sont 


à peu prés comme dans les ser Go ; ils ont 
trois fléchisseurs. 


Le plus externe paroït l’analogue du biceps de 
l’homme. Il tient à toute la crète ischiatique, et 
donne un tendon rond , qui passe par ane poulie li- 
D eue sous l'articulation du BAD et s’in- 
sère au péroné. 1 


Le plus interne est l’analogue du démni-membra- 
neux. Il vient de l’extrénnité ischiatique , et va s’in- 
sérer au côté mterne de la:tête du tibia. 

Le troisième , qui est intermédiaire , manque 
dans'plusieurs oiseaux , notaminent dans les oiseaux 
de proie ; il vient de cette mêmererête ischiatique. 
Son tendon reçoit du bas du fémur un second pac- 
quet de fibres charnues ; il passe entre les gastrocné- 
nuens, et s’insère à la face postérieure du tibia. 

Le coufurier forme le tranchant antérieur de la 
cuisse; mais il est plus à la face interne: 


Aa 2 


572 V' Lxçox. De l'extrémité postérieure. 
D. Dans les reptiles. 


La grenouille a les cuisses arrondies comme 
l’homme , et les muscles de la jambe très-pro- 
noncés. 

Le triceps fémoral n’est formé que de deux por- 
tions bien distinctes. Le vaste externe et le crural 
ne forment manifestement qu’une seule portion. 

Il n’y a point de droit antérieur. 

Le biceps de la jambe n’a qu’un seul ventre: Il 
vient de la partie postérieure intérieure de l’iléon, 
et descend à la face prétibiale du côtéexterne, car 
il n’y a point de péroné. 

Le demi-membraneux est comme dans l’homme ; 
mais le demi-nerveux est formé de deux ventres, 
dont l’un s’attache à la symphise du pubis, et l’autre 
à celle de l’ischion. 


Le couturier est situé directement au-devant de la : 
cuisse , sans se contourner. 

Le grêle interne n'offre aucune différence. 

Il n’y a point de poplité distinct. 
… Dans la tortue , les muscles. de la jambe présen- 
tent quelques différences , qui tiennent à la fonction 
de nager., à laquelle sont destinées les extré- 
mités. tk 

L’analogue du demi-membraneux s’attache au li- 
gament inter-osseux du bassin , et vient former une 
forte aponévrose sous la face inférieure de la jambe. 


L’analogue du demi-nerveux s'attache aussi au 


Arr. VI Des os de la jambe. 375 


ligament inter-osseux . Il passe sous le jarret , et 
s’insère au tibia qu'il fléchit. . 

L'’analogue du couturier prend naïssance sur le 
pubis, près du ligament inter-osseux. Il se porte 
sur le genou , pour s’insérer au tibia qu'il étend. 

Un muscle composé de deux portions charnues , 
qui viennent l’une et l’autre des parties latérales 
du sacrum , s’insère sous laætète du tibia et fléchit 
la jambe. Il a beaucoup d’analogie par sôn action 
avec le biceps dont il diffère par les attaches. 

Un autre muscle aponévrotique comme celui du 
fascia-lata , très-mince dans sa portion chartiue , 
s'attache sur les côtés de la queue: Il se porte sous 
la peau de la nageoire presque vis-à-vis du talon ; 
il ploye la jambe sur la cuisse , et étend le ri 
sur la jambe. F4 5 
+ L'analogue du biceps s'attache ‘an sacrüum et à 
J'iléon ; il se porte à la face externe de la jambé , 
où il s’insère sur le péroné. 

L’extenseur de la jambe n'offre rien de parti- 
culier. 

L’analogue . du droit antérieur vient de la face 
interne du pubis , et s’unit aux tendons communs 
des extenseurs. 


% Aa 3 


574 V° LEçon. DeVextrémité postérieure. 


ARTICLEUVIL 


Des os du coude-pied ou du tarse , et de ceux 
j du métatarse. 


re ! 


A. Dans l’homme. 


Los tibia, à-péu-prés triangulaire dans le‘haut et 
dansysa-partie moyenne , redevient rond vers le 
bas, où,il.s’évase sensiblement ; il! est tronqué par 
une.faee-articulaire plate. Dans le milieu , est une. 
légére élévation allant. d’avant en arrière. Au côté 
anterne ,estune production descendante j qui forme 
la UE interne, | 

Contre la face externe de cette tête ie du 
tibia , il y a une facette qui y est creusée, et sur 
laquelle appuye los: péroné , dont Fextrémité se 
prolonge plus bas;;pour former la: rnalléole éx- 
terne plus longue que l’interne.. 

: Entrelles. deux mälléoles ; rtsouis la face articu- 
faire du tibia , est contenue la porlion en poulie, 
où demi-cyhindrique ‘de: l’astragal,,-premier os 
ducoude- pied ,.ou du tarse, | 

‘I sy meut librement en ginglyme, en faisant 
faire au pied un mouvement de bascule ; mais 
comme Varticulation est lâche, il a encore un 
mouvement borné sur les côtés. 

Outre sa portion articulaire, l’astragal a eux pro- 
ductions courtes el grosses ; une qui descend en avant 
et qui se porte un peu en dedans, l’autre en arrière, 


” 


Arr. VIH. Des,os du coude-pied. 355 


et en dehors. La première reçoit l’os scaphoïde sur 
son bord digital, et appuye, par une faceite de sa 
faceinférieure , sur une apophyse particulière du cal- 
canéum; l’autre porte sur le corps nrème du calca- 
1LÉUIN. 

Ce second os du tarse a , outre l’apophyse de sa 
face interne sur laquelle appuie la production an- 
térieure de l’astragal , une-production en avant, qui 
se dirige un. peuen dehors , et est parallèle au côté 
de .celle de l’astragal ; et plas bas, sans le dépas- 
ser : l’autre se porte en arrière, et:s y termine par 
une grosse tubérosité qui saillit en bas et forme le 
talon. 


La production. antérieure du MR ne porte l’os 


| cuboide , qui soutient les deux os métatarsiens 


des deux derniers doigts. Ceux, des trois premiers 
portent sur les trois os cunéiformes, qui sont placés 
au-devant de l'os scaphoïde. 

Plusieurs ligamens affermissent l’articulation des 
os de la jambe avec ceux du coude-pied. Les uns 
viennent de la malléole externe ou de l’extrémité 
tarsienne du péroné, et se portent à l’astragal et au 
calcanéunr. Un autre-nait sur la malléôlé interne ou 
tibialé set se porte à l’astragal etau'pourtour de los 
naviculaire ; sa figure cst'triangulaire. Enlin une 
capsule articulaire unit la cavité articulaire du:tibia 
au pourtour de la:facette ou de: la poulie de Pos 
fahaal. 

Les.os métatarsiens sont parallèles, et de longueur 
presque égale, et mzintenus par A lijgamens ana- 
logues à ceux du métacarpe. ÂÀa 4 


356 V° Lecox. De l'extrémité postérieure. 
Es 


» Lov 12 
B. Dans les mammifères. 


Les quadrupèdes digités ont presque tous lesos 


du tarse fort semblables à ceux de l’homme, Voici 


les principales différences. 


Dans les singes: 

La facette de l’astragal qui regarde le péroné est 
presque verticale : celle qui regarde la malléole 
tibiale est au contraire fort oblique , et la produc- 
tion antérieure. de cet os est plus dirigée en-dedans. 
Il en résulte que le pied appuie plus sur le bord 
externe que sur la plante. 


Le calcanéum n’a pas celte grosse tabérosité du 
talon. Son'extrémité postérieure est au contraire re- 
courbée vers le haut ( excepté lé Pongo de Ba- 
tavia, qui Pa comme l’homme ). | 


Le premier cunéiforme est plus court que dans 
l’homme , et a un sillon marqué pour les muscles 
propres au pouce. , 


L'os métatarsien du pouce est de moitié, plus 
court que les autres , et s’en écarte librement. 


Le tarsier et le gelago ont le calcanéum et le 
scaphoide excessivement alongés , ce qui rend toute 
leur extrémité postérieure disproportionnée, velce 
qui pourroit faire regarder le pied d’un de ees ani- 
maux comme une main avec son avant-bras. 


Les pédimanes , dont le péroné égale le tibia par 
‘en bas, ont l’astragal fort petit , articulé à-peu-près 
également entre deux ; leur calcanéum est court : 


ART. VIL. Des os du coude-pied. 377 


le prémier cunéiforme fort grand , et _. forme sé- 
milunaire. 

Le sarigue a un petit os surnuméraire sur le bord 
du premier cunéiforme. 

Dans les carnivores , la saillie moyenne de la 
face inférieure du tibia est plus forte , et le gin- 
glyme plus prononcé que dans l’homme. Les mou- 
vemens latéraux y sont plus obscurs. 

Le premier. cunéiforme est moins grand à pro- 

Dorion des autres. 

Le talon est plus prolongé ; ïl se termine tout 

droit dans ceux qui ne marchent que sur les doigts. 
Il a un léger tubercule dans ceux qui marchent sur 
\ la plante entière. 

Ceux qui n’ont que quatre doigts ont le premier 
cunéiforme plus petif. 

Leschauve-sosuris ordinaires ont le calcanéum con- 
sidérablement alongé. C’estun os stiloïde,caché dans 
épaisseur des membranes de Paiïle qu’il soutient ; 
mais dans la roussette, la tubérosité du calcanéum se 
reporte au dessous du pied ; elle est recourbée 
comme celle de l’os cunéiforme du carpe de l’homme. 

Parmi les plantigrades , la fawpeest remarquable, 
parce que sontarse s’articule seulement avec Îe tibia 
auquel le péroné est entiérement soudé par en bas. 

Les rongeurs ont le calcanéum trés-aiongé en 
arrière. 

Parmi ceux d’entre eux qui ont cinq doigts par- 
faits , on remarque ce qui suit : 

Dans le castor, l'os scaphoïde se divise en deux 


378 V° Leçon. De l'extrémité postérieure. 


parties; une placée au-devant de l’astragal ;* et 
portant le deuxième et le troisième cunéiforme , 
et une en-dedans de l’astragal, portant le cunéi- 
forme du pouce, et un os surnuméraire applati; 
posé le longdu bord interne du tarse. C’est la même 
disposition dans la #2armotte. 

Le porc-épic et le paca ont le scaphoïde divisé ; 
mais l’os surnuméraire n'existe pas dans ces ami- 
maux. 

L'écureuil a cette partie interne du scaphoïde 
extrémement petite ; elle ne porte point le cunéi- 
forme du pouce. 

Dans tous, le scaphoïde forme un tubercule sous 
la plante : celui du paca est alongé. | 

Parmi ceux qui n’ontque quatre doigts , la ger- 
boise du Cap , qui a le pied trèsalongé , a le 
tubercule inférieur du scaphoïde alongé et fort saïl- 
Jlant. Sur le bord interne du tarse sont des os plats 
alongés, qui sont probablement des rudimens de 
pouce. 

Il n’y a rien de semblable dans le /apin et le 
lièvre , animaux qui ressemblent à la gerboise 
par le tubercxie du scaphoïde. 

Dans le cabiai et V’agouti., qui, n’ont que 
trois doigts , il y.a cette partie interne du sca- 
phoïde, qui porte un seul os servant de premier 
cunciforme et de rudiment de pouce en dehors ; 
sur le cuboïde est un petit os servant de rudiment 
de petit doigt. 

Parmi les édentés , le tarse du paresseux a trois 


Art. VII Des os du coude-pied. 379 


doigts est très-remarquable par son articulation et 
par,sa forme. Il n’est composé que de quatre os : 
V’astragal , le calcanéum. et les deux cunéiformes. 
Lastragal s’articule avec Le péroné, le calcanéum 
et le grand cunéiforme. Son articulation avec le pé- 
roné à lieu au moyen d’une fossette conique dont est 
creusée sa face supérieure, etdans laquelle est recue 
Pextrémité de l’os dont la figure correspondenrelief 
à celle en.creux de l’astragal. Sur la partie Jatérale 
interne , il y a une facëtte articulaire , convexe, qui 
-roulesur la portion externe de l'extrémité tarsienne 
du tibia. Il résulte de ce mode d’articulation , que le 
pied du paresseux negpeut s’élevér et s’abaisser , 
mais, seulement décrire les mouvèmens. latéraux 
d’adduction et, d’abduction,, au moyen desquels il 
acquiert la facullé d’embrasser le, tronc des: arbres 
et d'y: grimper , mais qui lui rendent l’action de 
marcher extrémement pénible... \ 

La facette articulaire du calcanéum est un simple 
tubercule reçu dans une fosselte de l’astragal , :ce 
. qui aide encore les mouvemens dont nous venons 
de parler. Sa tubérosité, ou le talon , est très-alongé 
et forme plus des deux tiers de cet os. 

Les deux cunéiformes ne présentent aucune par- 
ticularité. L’interne:s’articule avec l’astragal ; l’ex- 
terne avec le calcanéum. PT 

L'éléphant a le tarse et le métatarse très-courts. 
Du reste, ces partiés n’ont rien de particulier, sice 
West que le cuboïde ayance en-dedans jusqu'au de- 
vant du scaphoïde. 


580 V° Lecox. De l'extrémité postérieure. 


Dans le cochon, il y a sur le scaphoïde les trois 
cunéiformes ordinaires, et un dessous le premier 
qui paroît un rudiment de pouce. 

Le taptr et le rhinocéros n’ont que deux cunéi- 
formes. Il faut remarquer que tous les animaux 
dont on a parlé jusqu’ici,ont autant d'os métatarsiens 
que de doigts. 

Les ruminans ont le cuboïde et le scaphoïde 
soudés , excepté dans le chameau où ils sont dis- 
tincts. Il y a au côté externe de la poulie de l’astra- 
gal un os qui paroît représenter la tête inférieure 
du péroné. Il s'articule sur le haut du’ calcanum. 

Il n’y a que deux cunéifôrmes ; ils sont soudés 
dans la giraffe. Les deux os métatarsiens se soudent 
toujours en un canon, comme ceux du métacarpe. 

Dans les solipèdes!, il y a deux cunéiformes , et 
le scaphoïde est distinct du cuboïde. L’osselet pé- 
ronien manque , ainsi que la facette du calcanéum 
qui le reçoit. 

L’os du métacarpe est aussi unique , et est appelé 
lecanon de derrière. À chacun de ses côtés est ün 
petit stilet osseux. 


C. Dans Les oiseaux. 


Dans les oiseaux,en général, le péronése termine 
en se soudant au milieu du tibia. Celui-ci finit par 
deux condyles en roue , entre lesquels est une es- 
pèce de poulie. L’os unique qui représente le tarse 
et le métatarse , a à sa tête une saillie moyenne , et 
deux enfoncemens latéraux ; il se meut par consé- 


. Arr. VIL Des os du coude-pied. 581 


quent en ginglyme ; en se fléchissant en avant, 
mais en s'étendant jusqu'a la ligne droite seulement. 

Sa longueur proportionnelle varie ; elle est ex- 
cessiye dans les oiseaux de rivage , qw’on a appelés N 
pour cette raison , échassiers. 

Par en bas, il se termine par trois apophyses, 
en forme de poulies, pour les trois doigts antérieurs. 
Ilya au bord interne un osselet qui supporte le 
pouce. 

Dans les Æibous , l’apophyse du doigt externe a 
sa courbure dirigée en-dehors ,etseulementconvexe, 
ce qui permet à ce doigt de tourner horizontale- 
ment dessus. 

Elle est tout-à-fait dirigée en arrière dans les oi- 
seaux grimpeurs. 

L’'osselet manque dans ceux qui n’ont pas de 
pouce. 

L’autruche n’a que deux apophyses articulaires 
qui correspondent à ses deux doigts. 

Le manchot a les trois os qui représentent le 
tafse et le métatarse séparés les uns des autres dans 
leur partie moyenne; mais ils sont réunis par 
leurs. deux extrémités dont l’une reçoit le tibia, et 
l’autre les trois doigts. 


D. De les reptiles. 


L'os astragal s’articule avec le tibia , et le calca- 
néum avec le péroné dans tous les eptiés. 

Le tarse du crocodile a cinq os, un astragal , un 
calcanéum , deux cunéiformes qui répondent aux 


582 V° Trcox. De l'extrémité postérieure. 
deux métatarsiens moyens , et un hors de rang qui 
répond au métatarsien externe. 

Il y a quatre os du métatarse. 

L’os hors de rang sert à porter le petit doigt 
dans la tortue bourbeuse. Dans Ja tortue franche, 
il est trés-applati. Le calcanéum et l’astragal ÿ ‘sont 
extrêmement petits. 

Dans les grenouilles , Vastragal et le calcanéum 
sont fortalongés, et pourroïent être pris au premier 
coup-d’oœil pour le tibia et le péroné , s'ils ne for- 
moient pas la troisième articulation de l’éxtrémité 
postérieure. Il y a audevant quatre petits cunéifor- 
mes , cinq os du métatarse , et un très-petit qui 
forme crochet. Il en est de même dans le p'pa et le 
crapaud. 


ARTICLE NA TE 


Des muscles du conude-pied où du tarse, et de 
ceux du rnétatarse. 


Les muscles qui agissent sur le pied , sont: 
2: 1°. Ceux qui agissent sur le talon par le moyen du 
tendon d’Achiile ; ils étendent le pied , ét sont/les 
principaux agens de la marche et du saut. 

2°, Ceux qui le fléchissent. dé 5 

3°, Ceux qui'en relèvent lun ou Vautre bord. 

Le tendon-d’'Atchille quis’insère à là tête-du cal- 
canéum ; a trois ventres musculaires , les deux gus- 
trocrémiens, Vinterne-et externe (bi-fémoro-cal- 


Arr. VIIL Des mucles du coude-pied. 383 


canien ) qui ont leurs attaches aux deux condyles 
du fémur, et qui composent le gras de la jambe , 
et'le soléaire ( tibio-calcanien) placé au-devant 
d'eux , attaché dans l’homme , où il est fort consi- 
dérable , à la face postérieure de la partie supé- 
rieure du péroné et du tibia. 

Ces muscles sont très-considérables dans l’homme 
qui a les gras de jambe plus forts qu'aucun qua- 
drupede. 

Ces trois muscles se rencontrent toujours : le so- 
léaire est moins considérable dans les quadrupèdes 
que dans l’homme ; il s’attache à la face externe de 
la tête supérieure du péroné. 

Il est sur-tout très-grèle dans les ruminans et les 
solipèdes. 

Dans l’homme , le gréle-plantaire ( fémori- 
culcanien ) laisse épanouir son tendon sur le bord 
externe du tendon d’Achille , et n’a guëres d'autre 
usage que d’en soulever la capsule ; aussi estil très 
petit. 

Dans les singes , il se continue manifestement 
avec l’aponévrose plantaire. Nous verrons plus loin 
que , dans les autres quadrupèdes , il tient lieu de 
£échisseur perforé. 

Dans les oiseaux, les tendons des gastrocnémiens 
restent séparés jusques tout ‘près du talon. Le s0-1 
léaire est porté du côté interne , et s’y: attache le 
long d’une ligne âpre qui appartient au tibia. Il est 


proportionnellement plus considérable que danses 
quadrupèdes. 


584 V° Leçon. De l'extrémité postérieure. 


Le pied est fléchi sur la jambe , et la jambe sur 


le pied par le tibial ou jambier antérieur ( tibio- 


sus-Larsien) qui est attaché à la face antérieure du 


tibia. Son tendon , après ayoir passé dans le ligament … 
annulaire de la jambe , se porte au bord interne du 


pied , et s’insère au premier cunéiforme et au mé- 
tatarsien du pouce. 

Dans les animaux qui n’ont pas de pouce ( le 
chien, le lapin), il s’insère au métatarsien du 
deuxième doigt , qui est chez eux le premier. 

I! doit toujours y relever un peu le bord interne 
du pied: 

Dans les bifulques et solipèdes , il s’insère à la 
face antérieure de la base de l'os du canon. 

Il en est de mème dans les oiseaux. 

Outre l’action du tibial antérieur , le bord interne 


äu pied est encore relevé par le #bial postérieur | 


oujarbier postérieur (tibio-sous-tarsien) attaché 


à la face postérieure du tibia. Son tendon se glisse 
derrière le malléole interne , et va s’insérer sous law 


plupart des os du tarse. 


Son tendon contient dans les sirges un os sésa-" 


moide considérable , placé sous l’os scaphoïde. 
Dans les animaux sans pouce , tels que le chten, 


le tendon du tibial postérieur s’insère au bord'ex- 
terne de la base de l’os métatarsien du premier 


doigt, et même dans le lapin, il s’étend jusqu’à la 
première phalange ; ensorte qu'il-sert d'abausiess 
à ce doigt là. 


Il manque tout-à-fait dans les quadrupèdes à 


canon ef dans les oiseaux, 


Ant. VIII. Des muscles du coude-pied. 385 

Le bord externe du pied est releyé par les 
muscles péroniers. L’homme en a trois, qui sont 
attachés à l'os péroné, et dont les tendons passent 
derrière la malléole externe. 

Le long péronier ( péronéo-tarsien ) s'engage 
sous l’os cuboïde, et traverse la plante du pied 
pour s’insérer à l’os métatarsien du pouce , et au 
premier cunéiforme. 

Le court ( péronéi-sus-métatarsien ) va droit 
s'insérer à la base externe de l’os métatarsien du 
petit doigt. 

Le moyen ( péronéo-sus-métatarsien ) va jus- 
qu'a celle de sa première phalange , et sert à écar- 
ter ce doigt des autres. 

Le Zong péronier a dans les singes l'office essen- 
tiel de rapprocher le pouce des autres doigts. Dans 


les animaux qui n’ont point de pouce , il va s’in- 


sérer à l’os métatarsien du premier doigt. 


Dans les animaux ruminans, il traverse de même 
sous la jointure du canon, et va sinsérer au pre- 
mier cunéiforme. / 

Les déux autres péromiers sont dans les singes, 
et dans les onguiculés, comme dans l’homme , ex- 
cepté que, dans le /apin, le moyen donne aussi un 
tendon à la première phalange du pénultième doigt, 
ensorte qu’il y fait les fonctions d’abducteur des deux 
doigts externes. 

Dans les ruminans , il en donne aux deux doigts. 


Le court y manques - 
“t Bb 


586 V° Lrcon. De l’extrémité postérieure. 

Le cheval n’a qu'un seul péronier qui unit son 
tendon à celui de lextenseur du doigt , sur le milieu 
de la face antérieure du canon. 

Dans les oiseaux , il y a le court péronier qui 
s’insère à la base externe de l’os du métatarse , et 
un-muscle qui paroît être analogue du m10yen pé- 
ronier ( l'accessoire des fléchisseurs des doigts, 
Vicq-d’Azir.) Son tendon se bifurque ; une des la- 
nières se porte en arrière, et s’attache à la face pos- 
térieure de la tête du métaiarse ; l’autre descend le 
long de la face externe de cet os, et ya s'unir à 

celui du fléchisseur perforé du doigt moyen. 


B. Dans les reptiles. 


Dans la grenouille , le gastrocnémien n’a qu’un 
seul ventre ; il a cependant un petit tendon , pas 
lequel il s’msère au bord externe de la tête du tibia. 
Son tendon se porte sur le talon, y glisse sur un os 
sésamoïde , et s'épanouit sous le pied pour former 
l’aponévrose plantaire. 

Il n’y a ni soléaire , mi plantaire grêle. 

Le jambier antérieur vient de la partie infé- 
rieure du fémur par un fort tendon ; vers le 
milieu du tibia il se divise. en deux ventres, dont: 
lun interne envoie son tendon à la base tibiale du 
long os du tarse , et l’autre externe au même os un 
peu plus en dehors. 


Un accessoire de ce muscle naît de la partie 
moyenne antérieure du tibia , et se porte du côté 
interne à la base du long os dwtarse. 


_ ART: IX. Des os des doigts du pied. 587 


Le jambier postérieur est comme dans l’homme ; 
mais il ne se fixe qu’à un seul os du tarse (celui qui 
est long et du côté interne. } 

Il n’y a qu’un seul muscle auquel la désignation 
de péronier puisse convenir. Il mail d’un tendon 
grêle , attaché au condyle externe du fémur, et il 
s’insère à la base du tibia, du côté externe, par deux 
portions tendineuses , dont l’une s’étend jusqu’à los 
du tarse. Il agit comme extenseur de la jambe sur 
la cuisse, ou plutôt de la cuisse sur la jambe. 

Oatre ces muscles qui se portent de la jambe sur 
le pied , il y en a un autre qui vient de l’extrémité 
tarsienne du tibia à son bord interne ; il passe entre 
les deux ventres du jambier antérieur, et va , très- 
obliquement, se fixer à l’extrémité digitale du long 
os du tarse, du côté interne. 

Dans la fortue de mer franche , les muscles du 
pied sont remplacés par des fibres aponévrotiques, 
un peu charnues, qui servent seulement à affermir les 
articulations, età tenir les nageoires bien étendues, 


ARTICLE IX. 
Des os des doigts du pied, etde leurs mouvemens. 


. À. Dans l’hornme. 


Les doigts du pied ont trois phalanges , excepté 
le pouce qui n’en a que deux. Il'est dans l’homme 
le plus long et le plus gros : les autres vont en di- 
Minuant jusqu’au cinquième; ils sont courts, et 


Bb 2 


383 V° Lecox. De l'extrémité postérieure. 
démeurent parallèles entre eux; leurs ligamens 
sont les mêmes que ceux des doigts de la main. 


B. Dans les mammifères. 


Les quadrumanes et les pédimanes ont leurs doigts 


plus longs que l’homme ; mais le pouce est plus court 


que les'autres , et son os du métfatarse peut s’écarter 
et s'opposer , comme dans le pouce de la main. 

L’aie-aïe, parmi les rongeurs , paroît jouir de la 
même faculté. 

Parmi les carnivores, le pouce demeure toujours 
uniet parallèle aux autres doists. Tiesours,les coatis, 
les civettes , les blaireaux, lesratonset lestaupes , 
Vont presque égal aux autres doigts. Les belettes et 
les musaraignes l'ont de très-peu plus court. 

Dans les chats et les chiens, il ést oblitéré abso- 
lument. 

Parmi les rongeurs, le castor a le poucé presque 
égal aux autres doigts ; la r2armotte , le porc-épie 
et les rats, l’ont plus court, Le paca Va presque obli- 
‘téré ; il l’est tout-à-fait, et réduit à un seul os dans 
la gerboise du Cap. Les lièvres n’en ont pasmême 
un rudiment. 

Dans les cabiais , l’agoutiet le cochon d'Inde, le 
pouceet le petit doigtsont réduitschacun à un seul os. 


Le jerboa ( mus jaculus) et l’alactaga ( musw 


sagitta) ont leurs trois os métatarsiens moyens sou- 
dés ên un seul canon. Les deux doigts latéraux sont 


distincts , mais plus courts dans le jerboa. Ils sont 
oblitérés dans l’alactaga. 


Tete MS PEN 


Arr. IX. Des os des doigts du pied. 589 
Parmi les édentés, les fourmmiliers, l’oryctérope, 
les pangolins et les tatous ont cinq doigts. Le 
pouce est le plus court dans tous. Le petit doigt l’est 
aussi dans les fatous. 

Dans les paresseux , le pouce et le petit doigt 
sont réduits à un seul os très-petit. Les autres as 
du métatarse sont soudés par leur base. Il n’y a 
que deux phalanges aux orteils : celle qui porte 
l’ongle est beaucoup plus grosse que l’autre. 

Dans les familles d'animaux qui suivent , les os 
du métatarse méritent une considération toute par- 
+ticulière. Dans l’é/éphant et les pachydermes , leur 
extrémité tarsienne porte une surface plate ; et 
celle qui répond aux phalanges est un tubercule 
convexe , qui porte en-dessous une ligne saillante 
longitudinale au milieu de) l’os. Dans les soli- 
pèdes , cette ligne existe en-dessus et en-dessous. 
Dans les ruminans , dont le canon est formé des 
deux os du métatarse , on distingue toujours par 
une ligne enfoncée , qui ressemble à un trait de scie, 

la réunion des deux os. Cette disposition est la 
. même dans les membres pectoraux. 


L'éléphant a cinq doigts parfaits. 
Le cochon quatre. 
Le tapir et le rhinocéros trois. 


Les ruminans , ont deux doigts parfaits sur un seul 
os métatarsien , et deux petits attachés derrière le 
bas de ce même os, qui a quelquefois de chaque 
côté un os en forme de stilet. 
Bb 5 


-590o V° Lrcox. De l'extrémité postérieure. 


Tes solipèdes ont un doigt parfait et deux impar- 
faits, réduits à un seul os en forme de stilet. 


C. Dans Les oiseaux. ù 


Dans les oiseaux , le nombre des phalanges va 
en augmentant, à partir du pouce , en allant au qua- 
trième doigt qui en a toujours le plus. 

T'ous ceux qui ont quatre doigts , ont le nombre 
des phalanges disposé ainsi qu’il suit : 

2 3 4 5. 


Parmi ceux qui n’ont que trois doigts , le casoar 
les a composés ainsi, 4. 4. 4, Les autres les 
ont,9 , 4,6. 

L’autruche, qui n’en a que deux, aquatre pha- 
langes à chacun. 


Ceux qui ont quatre doigts les ont , ou tous les 
quatre en avant ( les martinets), ou trois en avant, 
un en arrière (la plüpart), ou deux en avant, 
deux en arrière , les grimpeurs ( perroquets , 
toucans, barbus , coucous, couroucous , pics). 

Ceux qui n’ont que trois doigts les ont tous en 
avant. Ce sont l’outarde , le casoar , les pluviers We 
VAuitrier, Véchasse. 


Parmi les palmipèdes, la/batros, les pétrels 
et les pingoins ont le pouce oblitéré. 
D. Dans les reptiles. 


Le nombre des doigts varie beaucoup dans les 
reptiles. En voici le tableau. 


Arr. X. Des muscles des doigts du pied. 391 


Nombre des phalanges des doigts du pied des 
reptiles, sans compter les métatarsiens , en 
commençant par le pouce , ou le doigt interne. 


Crocodile - - + + 2. 3. 4. 4. 
Liézard - - + + + 2, 5. 4. 65. 4, 
Caméléon : + - + 3 3. 4. 4. 53. 
Salamandre «+ + + 2. 3. 3. 3. 
T'ortue-franche +: + 2. 3. 3. 4, 2. 
T'ortue-bourbeuse + 2. 3. 3. 3. 2. 
Grenouille + + + + 1, 2 92 3 4. 53. 


ARTICLE X. 
» 
Des muscles des doigts du pied. 
Les doigts du pied , comme ceux de la main, 
ont des muscles extenseurs , fléchisseurs ; abduc: 
teurs, adducteurs ; communs ou propres; longs 
ou courts. 


: I. Les muscles extenseurs sont : 
À. Dans l’homme. 


Le long extenseur commun ( péronéo-sus- 
onguien ), 

Le long extenseur du pouce ( péronéi-sus- 
onguien ), 

Sont placés à la face antérieure de la jambe , der- 
rière le tibial antérieur ; leurs tendons passent 


Bb 4 


592 V° Leçon. De l'extrémité postérieure. 
sous le ligament annulaire de la jambe. Le second 
envoie le sien au pouce : le premier, aux quatre 
autres doigts. Ils s'étendent jusqu’à leur extrémité. 

Le court extenseur commun , ou pédieux ( cal- 
canéo-sus-ongutien), étendu sur la face supé- 
rieure du pied , donne des tendons aux cinq 
doigts2® 


B. Dans les mammifères. 


Les singes ont ces trois muscles comme l’homme. 
Il y a de plus chez eux, au côté interne du long 
extenseur du pouce , un long abducteur du pouce 
qui manque dans l’homme. 

Les autres digités n’ont que les trois muscles 
de l’homme ; l’exténseur du pouce manque dans 
ceux qui n'ont point de pouce, comme le chier 
et le lapin. 

Les quadrupèdes à canon ont des fibres char- 
nues , venant du canon, et allant s’insérer au tendon 
du long extenseur, qui représente le pédieux. 

Dans les bisulques, le doigt interne a un exfen- 
seur propre qui représente celui du pouce. Il 
manque dans les solipèdes. 


C. Dans Les oiseaux. 


Les oïseaux ont /e long extenseur des trois 
MEL] pue LA ÈUE x 
doigls antérieurs , répondant à notre long exten- 
senr commun. Il n'y en a pas de long pour le 
pouce. à 

Au lieu de pédieux, la face antérieure du mé- 
tatarse porle quatre muscles distincts. 


Arr. X. Des muscles des doigts dupied. 593 
1°. L'extenseur propre du pouce ; 
2, L'extenseur propre du médius ; 
39, L'abducteur du premier doigt ;. 
Et 4°, l'adducteur du troisième doigt. 


IL. Les fléchisseurs des doigts sont : 
( 


A. Dans l’homme. + 
… Le long fléchisseur du pouce (tarso-phalan- 
gien ), et le long fléchisseur des quatre autres 
doigts (tibio-sous-onguien). Placés à la face pos- 
térieure de la jambe , au devant des muscles du 
tendon d'Achille , ils donnent des languettes qui 
s'étendent aux dernières phalanges des doigts. 
Celles du second perforent celles du court fléchis- 

sewr commun ( calcanéo-sous-onguien ). 

de troisième fléchisseur ‘est placé sous la plante 
du pied , il a son attache au calcanéum, et donne 
des languettes perforées aux quatre doigts. 

Le /ong fléchisseur du pouce donne une lan- 
guette tendineuse qui va se souder au tendon du 
long fléchisseur commun. Ce tendon a de plus une 
masse charnue particulière, placée au dessus du 
court fléchisseur commun, et venant comme lui 
du calcanéum, maïs allant s’insérer au tendon du 
long fléchisseur commun, C’est ce qu'on nomme 
la chair carrée. 

Le pouce et le petit doigt ont de plus chacun 
un court fléchisseur propre, ( tarso-phalangien 
di pouce et du petit orteil), mais non perforé. Hs 
s’insérent'à la base de leurs premières phalanges. 


LS 


394 V° Lecox. De l'extrémité postérieure. 

L’aponévrose plantaire ne tient point au muscle 
plantaire grêle. Elle est fixée d’une part au ca!- 
canéum, de l’autre aux têtes inférieures des os 
du es: et aux bases des premières pha- 
langes. Elle n’est l’organe d’aucun mouvement vo- 
lontaire. 


B. Dans les mammifères. 


Dans les singes, les fléchisseurs sont autrement 
disposés. 1°. Le plantaire grêle se continue ma- 
nifestement avec l’aponévrose plantaire , et lui 
communique son action. 2°, Les deux Zongs flé- 
chisseurs et le court sont mélés ensemble d’une 
façon fort compliquée , que voici. 

a. La partie du court fléchisseur qui vageu 
premier doigt est seule attachée au calcanéum. 
Lile donne à ce doigt une languette perforée. 

b. Le long fléchisseur du pouce ( du moins 
l’analogue de celui qui mérite ce nom dans l’homme) 
donne une languette au pouce, comme à l'ordinaire, 
et deux languettes perforantes aux troisième et 
quatrième doigts. 

Le long fléchisseur commun donne deux 
languettes perforantes au deuxième et au cinquième 
doigts. 

d. Les trois languettes perforées des troisième, 
quatrième et cinquième doigts ne viennent pas 
du calcanéum , comme dans l’homme ; mais leurs 
fibres charnues sont attachées au tendon du fléchis- 
seur commun que nous venons de décrire. 


Nrr.X. Des muscles des doigts dupied. 395 

e. Les tendons de ces deux longs muscles sont 
fortement unis. 

f. La chair carrée s’attache par une aponévrose 
mince au tendon du long fléchisseur du pouce, 
et envoie une bande tendineuse forte à celui du 
long fléchisseur commun. 


Les courts fléchisseurs propres du pouce et du 
petit doigt sont comme dans l’homme. Telle est 
organisation du zz7andrill en particulier, et d’un 
grand nombre de singes. 


Dans d’autres, cependant , cela n’est pas toujours 
tout-à-fait de même ; mais l’essentiel est constant. 


Dans les autres quadrupèdes , le court fléchis- 
seur commun manque tout-à-fait; mais le gréle 
plantaire, devenu plus gros que dans l’homme 
et les singes, y remplit l’oflice de fléchisseur 
commun perforé. 


Le long fléchisseur commun y est, comme à 
- l'ordinaire , perforant. 


L'un et l’autre fournissent autant de languettes 
que le nombre des doigts l’exige ; quatre dans le 
chien et le lapin , deux dans les ruminans , une 
dans les solipèdes. 


Quoique le chien, les ruminans et les solipèdes 
n'aient point de pouce, le /ong fléchisseur du 
pouce n’y existe pas moins ; il soude son tendon 
à celui du féchisseur commun perforant. Nous 
ne l’avons pas vu dans le Zapin, 


396 V° Leçon. De l'extrémité postérieure. 
C. Dans les oiseaux. 


Les longs fléchisseurs des oiseaux sont divisés 
en trois masses ; deux placées au devant des mus- 
cles du tendon d’Achille ; une au devant de celles-ci, 
et tout contre les os. 

La première est composée de cinq portions , dont 
trois peuvent être regardées comme formant un 
seul muscle fléchisseur commun perforé. 

Il naît par deux .ventres , dont l’un vient du 
condyle externe du fémur, l’autre de sa face pos- 
iérieure. Celui - ei forme directement le tendon 
perforé du médius , qui recoit l’un de ceux du 
péronier. Le second ventre donne ceux de l’z2dex 
etdu petit doigt. C’est dans ce muscle que se perd 
l'accessoire fémoral des fléchisseurs, qui ést un 
muscle situé à la face interne de la cuisse, dont le 
tendon passe par dessus le genou. Ils sont unis par 
des fibres qui vont de l’un à l’autre. Ces tendons 
s’insérent aux troisièmes phalanges. 

Les deux autres muscles de cette première masse 
sont les fléchisseurs à la fois perforans et perfdrés. 

Ils naissent au dessous des précédens , et vont, 
l’un à l’index , et l’autre au rédius , en perforant 
deux des tendons précédens. Ils s’insérent à leurs pé- 
nultièmes phalanges. 


Les' deux autres masses sont les fléehisseurs. 


perforans, ils fournissent les tendons qui vont aux 
dernières phalanges. L'une est pour les trois doigts 
antérieurs ; l’autre pour le pouce , et donne une 


AnT.X. Des muscles des doigts du pied. 397 
languette qui s’unit à la languette perforante de 
l'index. 

Il y a un court fléchisseur du pouce placé à la 
face postérieure du tarse. 


IL. Muscles des doigts dans les reptiles. 


Il n’y à point de long extenseur commun des 
orteils dans la grenouille. Il n’y en a point non 
plus de propre au pouce. 

Le court extenseur commun est fort distinct. 
Il s'attache à toute la longueur du long os externe 


du tarse, et se porte obliquement aux quatre doigts, 


excepté au petit, et il se termine aux dernières 
phalanges. 

Il y a des muscles zrter-osseux supérieurs et 
inférieurs. Ils sont très-apparens au nombre de 


dix. Leur direction est trés-oblique. 


… Le fléchisseur commun des orteils est situé sous 
le long os du tarse, du côté interne , et il est re- 
couvert par l’aponévrose du gastrocnémien. Par- 
venu sur les petits os du tarse , il se divise en 


. cinq tendons, qui reçoivent en dessous des fibres 


musculaires accessoires, qui paroissent provenir 
d’un muscle placé sous le long os du tarse , du côté 
interne. Il représente, peut-être , le /ong fléchis- 
seur. 

Dans les tortues franches , tous ces muscles sont 


remplacés par des trousseaux de fibres aponévro- 
tiques, 


/ 


598 V° Leçox. De l’extrémité postérieure. 


LEE PIRE COTE EEE PE RDS EEE DEN SU CA CALE STORE SEMESTRE 
MÉTA- 
E SPÈ C'E S. | Torar. | Cuxsse, | Jamse. | TARSE. | proue 
Homme . . . . 0,46 0,39 O,11 0,08 
DARute dre 0,13 0,12 0,03 0,04 
Orang. s Ve 0,09 0,09 0,03 0,04 
Pongo ..: . . 0,28 0,24 0,07 9,10 
Roussette . . . 0,05 0,07 0,005 | ©,01 
Chauve-souris . 0,02 0,02 0,01 0,00 5 
Taupe. « : . 0,02 0,02 0,005 O,01 
Hérissen . . . . 0,03 0,04 0,015 | 2,02 
Ours marin. . . 0,35/ 0,27 o,11 0,09 
Glouton . . . . 0,14 0,13 0,03 0,0) 
Raton. . 0,12 0,13 .0,04 0,04 
Loutre.. . . 0,09 0,09 0,03! 0,04 
Phoque . . . . 0,06 0,13 0,06 0,04. 
LrOnElen lee 0,35 0,39 O,11 0,12 
CLÉ RCE 0,11 11 0,04 0,05 
Loup . «+ . . _ 0,20 0,20 0,07 0:07 
Sarigue . . . . 0,07 0,07 0,02 0,02 
Dièvre. + . + . 0,12 0,14 0,04 0,05 . 
Cochon-d’Inde . 0,05 0,05 0,015 | 0,02 
LT NME ee O,11 O,11 0,04. 0,03 
Phatagin. . . . 0,09 0,05 0,02 0,01 
Éléphant, see 0,85 0394 0,19 0,08 
Cochon . . . . 0,27 0,23 o,11 0:09 
Rhinocéros. . . 0,59 0,37 0,18 CrEz 
Dromadaire . . 0,50 0,40 0,15 0,33 
Giraffe . . . . 0,50 0,60 0,24 0:74 
Brut. een 0,91 0,91 0,14 GE 
Perte UE 0,32 0,36 0,15 Oôt 
Dheval Tu 0,33 0,27 os12 Oro 


Dauphin... 
Marsouin . . « 


! 


Arr. XI De la nagpeotre ventrale. 399 


ARTICLE XI. 
De l'extrémité postérieure dans les poissons. 


1°, Des os. 


Les nageoires ventrales des poissons leur tiennent 
lieu de membres abdominaux. La situation et la 
forme de ces nageoires varient beaucoup ; elles 
manquent même tout-à-fait dans la famille des 
poissons apodes , comme les anguilles, les gym- 
notes , les anarrhiques, etc. et dans quelques 
genres des chondroptérigiens et des branchiostéges : 
tels sont les /amproies , les syngnathes , quelques 
“balistes, les ostracions, les tétrodons , etc. 

Tantôt ces nageoires sont placées sous la gorge , 
au- dessous de l’ouverture des branchies et en 
‘avant des nageoires pectorales. Les poissons ainsi 
conformés ont reçu le nom de jugulaires. 

. Tantôt elles sont situées un peu en arrière et 
en descous des nageoires pectorales. On a nommé 
ces poissons thorachiques. 

Enfin elles sont dans la situation qui paroît la 
plus analogue à celle des autres animaux , et qui 
paroît ici la plus ordinaire; c’est-à-dire , sous le 
xentre et plus rapprochées de l'anus que des 
nageoires pectorales. "L'els sont les poissons nom- 
més abdominaux. 

Les nageoires ventrales sont composées de 
deux parties principales : l’une, qui est formée 


4äoo V° Lrcox. De l'extrémité postérieure. 

de rayons recouverts par une double membrane , 
paroît toujours au dehors , et fait la nageoire 
proprement dite : l’autre est interne, elle repré- 
sente les os coxaux ou le bassin; elle s'articule 
souvent avec d’autres os du tronc, et recoit toujours. 
les rayons de la nageoire qui se meuvent sur elle. 

Le bassin n'est jamais articulé sur l’épine; il 
ne forme point une ceinture osseuse autour de 
l'abdomen. Les os qui le composent sont ordi- 
nairement applatis et de figure diverse ; ils se 
touchent par leur bord interne. Il n’y a que les 
squales et les raies. qui aïent un os unique, 
transversal et presque cylindrique, aux deux exiré- 
mités duquel s’articulent les nageoires. La situation 
du plan des os du bassin sur les paroïs de l’ab-. 
domen varie et suit les formes du corps. Dans les 
poissons applatis ils sont tournés obliquement et 
forment la carêne du ventre par leur bord interne. 
Dans les poissons à abdomen large ou cylindrique 
ils forment une plaque plus ou moins horizontale. 

Dans les poissons jugulaires et thorachiques, 
les os du bassin sont toujours articulés avec le 
bas de la ceinture qui soutient les nageoires pecto- 
rales. Leur figure et leur situation respective va-w 
rient beaucoup , comme nous allons le voir. 

Dans la vive et l’uranoscope ces deux os sont 
soudés ensemble par leur bord interne; leurs faces 
inférieures se regardent et laissent entre elles un: 
espace ovalaire. L’angle de leur réunion faitsaillie 
dans la cavité de l’abdomen. 


+ e 


Arr, XI. De la nageoire ventrale. Loi 
Dans les cottes, les sciènes ; les chétodons; les 
perches , les os du bassin sont aussi soudés entre 
eux par leur bord interne; ils sont applatis , alon gés, 
et leurs bords externes se portent en dessous de 
manière à former une fosse. Ÿ 
Dans le trigla-cuculus , ou rozgét, cestos ne 
sont réunis. que par l'extrémité postérieure de leur 
bord interne ; ils sont très-larges, applatis, et forment 
un bouclier ovale, dont la partie moyenne est 
échancrée, et l'extrémité postérieure très-prolongée 
en pointe. 
Les os du bassin des pleuronectes portent les 
nageoires à leur extrémité la plus antérieure ; ils 


«sont soudés en une pyramide quadrangulaire dont 


la pointe est en arrière et en haut , et la base en 


_ devant. 


Dans quelques gastérostes les os du bassin sont 


séparés , extrémement alongés , et reçoivent à-peu- : 
prés dans leur milieu une HE mobile Fe tient 
lieu de nagcoire. 


Dans la dorée ( Zeus-Faber , Linné), les 6s 
du bassin sont triangulaires, applatis; ils:se touchent 
dans toute leur face, qui devroit être inférieure. 
Leur angle antérieur est arrondi et recoit la na- 
geoire ; les deux autres sont très-alongés en pointé, 
Pun en dedans de l’abdomen , l’autre én dehors 


sur les côtés du sternum. Dans le zeus-vomer 3 


ces os sont très - peüts et cylindriques. 
Dans les poissons abdominaux , les os du bassin 
nes'articulent janiais avec ceux de l'épaule, où 
1 C c 


4o2 V° Lxco. De l’extrémité postérieure. 
avec la céinture des nageoires pectorales. Ils. sont 
situés dans la partie moyenne et inférieure du 
ventre , plus ou moins rapprochés de l’anus. 


Le plus ordinairement ces deux os sont séparés 
Jun de l’autre, et maintenus en situation par des 
ligamens, Dans les carpes, ils sont alongés et ne 
se touchent que vers leur tiers postérieur. Dans 
les harengs , ils sont très-pelils ; rapprochés, et 
font suite aux petits os qui tiennent lieu de stérnum- 

Ceux du brochet ordinaire sont larges, trian- 
gulaires , rapprochés par leur pointe anférieure, 
écartés par leur extrémité postérieure, ; qui est plus 
large et qui reçoit la nageoire. 


Dans l’arableps , ils sont très-écartés et portent: 
à leur bord externe une épine très-alongée., qui 
remonte vers la colonne vertébrale et se courbe 
dans la direction des côtes. \ 


Dans les sélures les os du bassin sont soudés 


entre eux; ils forment un écusson arrondi dans 
sa partie moyenne ;, et souvent épineux en devant; 
ils portent les nageoires à leur bord externe et 
postérieur. 

Enfin dans la Zoricaire les os du bassin sont 
soudés en une seule pièce, dont l’échancrure 


postérieure forme l’ouverture de l’anus. Les na 


geoires sont articulées à son bord externe. 

La nageoire proprementdite , est composée, dans 
les poissons ordinaires, d’un certain nombre de 
rayons osseux simples ou fourchus, supportés par 


OR IS ED 


EE 


ArT. XI. De La nageoire ventrale. 403 


une où deux rangées de petits osselets placés entre 
eux et les os du bassin. Les rayons qui forment 
cette Donc se meuvent sur les osselets, de 
matière à s'éloigner ou à se rapprocher les uns 
des autres comme les bâtons d’un éventail ; c’est 
ce mouvement qui produit l'expansion ou té plis- 
sement de la nageoiré; mais ils se meuvent encore 
envtotalité et avec les osselets sur lés Os du bassin, 
“de manière à éloigner ou à ra :pprochér | ja Magie 
du: corps. gaie me 
“ Les rayons des nageoires ventrales sont ordinai- 
À Dot plus courts que ceux des nageoires pectorales, 
“li nagcoire ventrale des poissons chondropté- 
sien a une conformation particulière. Deux car: 
tilages principaux s’articulent sur © l'extrémité dé 
D du bassin : un ; qui est ‘extérne , forme une 
espèce de doigt à sept ou huit atiétos* : l’autre, 
‘est interne, reçoit tous les autrés rayons de 


ämageoire, qui sont souvent au POÈTE de ve 
lestrente. 


| 4 Lee Rene +? 


Les nageoires ventrales se meuvént de haut en 
“bas et de dedans en dehors. Les muscles qui les 
Portent de haut en bas, ou les abaissent , sont 
situés” à la face externe ou inférieure du bin 


ceu% qui les élévent sont couchés sur la face supé- 
 iéüre où abdominale de ces os. 


tipf: WY à ordinairement qu'un muscle destiné à 
abaisser la nageoire ventrale. Il occupe toute la 
Ce 2 


4o4 V° Leçon. De l’extrémité postérieure. 


face inférieure de l’os du bassin. Dans les poissons 
jugulaires et dansles thorachiques, il s'étend même 
jusques sur la clevicule ; il se termine par plusieurs 
languettes tendineuses , qui se fixent sur les-osselets 
et sur les bases des rayons. En même-temps que 
ce muscle , par la contraction générale de ses fibres, 
abaisse la nageoire, il écarte l’un de l’autre des 
deux bords de cette nageoire de mamière à la déve 
lopper ou à la dilater. al 

Les muscles qui relèvent les nageoires ventrales 
ne sont que deux, situés à la face abdominale 
de l’os du bassin. Le plus près du milieu ‘est de 
figure pyramidale : il porte par sa base sur toute 
la longueur des osselets qui soutiennent les rayons ; 
il ramène la nageoire en arrière, ou la rapproche 


du corps en même-temps qu’il éloigne le bord 
externe de la ligne moyenne. us 

Le plus éloigné de cette ligne est couché immé= 
diatemnent sur la face abdominale de l’os du bassins, 
et recouvert en partie par le précédent. Il'est: 
beaucoup plus large que lui. Ses fibres se portent 
obliquement de dehors en dedans vers le bord 
interne de la nageoire ventrale, qu’il ramène en 
dehors en même temps qu'il la porte en totalité 
en arrière. 4 

Il y a de plus sur la base ou l'articulation FA 
rayons de la nageoire avec les osselets inter-arti- 
culaires , de petits muscles absolument analogues, 
à ceux que nous avons fait connoître en traitant 
des mouvemens de la nageoire de la queue, 


Arr. XI. De la nageoire ventrale.  Lo% 


Dans le genre cycloptère les nageoires ventrales 
sont unies l’une à l’autre à l’aide d’une membrane , 
et font une espèce d’entonnoir au-dessous des na- 
geoires pectorales. 

Dans le genre gobius les deux nageoires n’en 
forment qu’une seule placée au-devant de l’anus. 

Les muscles des nageoires ventrales des raies 
sont à-peu-près disposés comme ceux de leurs na- 
geoires pectorales. 


Ec 


SA 


ER NL 25 


SIXIÈME LEÇON. 


Des organes di mouvement des animanx 


sans vertèbres. 


BR TECEE PREMIER. 


Organes du mouvement des mollusques 
céphalopodes. 


L Es mollusques, dont la tête est garnie d’appen- 
dices alongés sur lesquels ils marchent, et qu’on 
nomme les céphalopodes, ont deux ordres de 
muscles : les uns appartiennent au corps, les autres 
sont propres aux pieds ou aux tentacules. 


1°. Muscles du corps. 


Le sac qui forme le corps de ces animaux, 
dépouillé de sa peau extérieure , présente un tissu 
musculeux de fibres très-serrées. La couche la plus 
extérieure paroît avoir une direction longitudinale 
dans ses fibres ; la couche moyenne est trans- 
versale. Les plans de fibres qui viennent ensuite 
ont des obliquilés diverses. Elles agissent toutes 
de manière à applatir le sac, à l’alonger , à le 
courber , à le fléchir ; mais on ne peut assigner, 
d’une manière positive, l’action de chacun de ces 


ART, I. Céphalopodes. 4o7 


plans, l’organisation musculaire de cette partie 
étant très-compliquée. 

On trouve dans le dos de ces animaux, sous la 
peau, un corps plus ou moïns solide. Dans la 
seiche, c’estune espèce d’os formé dediverses lames 
minces paralléles les unes aux autres, séprées par 
de petites colonnes disposées en quinconce. Cet os est 
ovale, plus épais au centre, mince à la circon- 
férencé. Dans les autres espèces sa forme varie 
beaucoup, mais la matière en est généralement 
élastique , transparente comme du verre. Sa surface 


est quelquefois imprimée de sillons longitudinaux. 


Les poulpes en manquent tout à-fait. 

Deux muscles forts naissent à la face interne 
du sac, de chaque côté de cet os. Ils se dirigent 
vers la tête. Arrivés la, ils se bifurquent. T’une 
des branches s’insère à la tête ; l’autre unit ses 
fibres à celle du sac au bord duquel elle se termine. 

2°. Muscles du pied. 

Les céphalopodes ont huit pieds coniques, plus 
ou moins alongés, disposés en cercle autour de 
leur bouche sur le sommet de leur tête. Ils peu- 
vent les diriger et les ployer dans tous les sens, et 
ils les accrochent sur les corps à l’aide des ventouses 
dont ils sont garnis en dessous. Les muscles qui 
opèrent ces mouvemens sont en grand nombre. 
On peut cependant les distinguer en céux qui sont 
communs à tout le pied, et en ceux qui sont propres 
aux ventouses. 

Au - dessous de ‘la peau on trouve un muscle 

Cc 4 


ho8 VI° Leçon. Mouv. des an. sans vert. 


très-mince dont les fibres sont unies par un tissx 
cellulaire lâche. Il suit la peau dans ses différens 
contours , et peut être regardé comme un peaussier 
dont l’usage est de fronçer la peau pour donner 
plus de force aux muscles qui sont situés au- 
dedans#het auxquels il sert comme de sangle. 

Entre chacun des pieds , et sous la peau qui les 
réunit par leur base, on trouve deux muscles 
minces, couchés l’un au-dessous de l’autre, dont 
les fibres sont transverses. L’un prend naissance 
sur la ligne moyenne et longitudinale du pied, 
du côté opposé aux ventouses, et va directement’ 
s’insérer sur la même ligne du pied voisin , de l’un 
et de l’autre côté. 

L'autre prend naissance sous les véntouses mêmes, 
se porte sur les parties latérales du pied, et enfin 
forme une membrane musculeuse , à fibres trans- 
verses, qui se porte sous le muscle précedent , 
et va s’insérer à l’autre pied, absolument de la 
même mamière dont il a prisnaissancè. Cette double 
membrane musculeuse a quelque rapport avee 
celle qui réunit les doigts des oiseaux palmipèdes, 
les canards, les oïes, etc. Elle forme un disque 
circulaire qui règne entre toutes les bases des pieds. 
Ces deux muscles doivent servir à rapprocher les 
pieds; le second peut, de plus, écarter les deux 
rangées de ventouses l’une de l’autre. Il s’étend 
dans toute la longueur du pied, mais: il devient 
plus mince vers l’extrémité. 

Au - dessous de’ ces trois couches de muscles 


rt. }. Céphalopodes. 409 


w 


(les deux transverses et le peaussier) , on en trouve 
un unique très-considérable , dont la forme conique 
détermine celle du pied. À la surface il paroît umi- 
quement formé de fibres transverses ; mais lors- 
qu'on le coupe dans ses différens'sens, on recon- 
moit qu'il a des fibres longitudinales. L’entrelace- 
ment des fibres est absolument le même que celui 
du muscle lingual de l’homme au centre. Dans 
Vaxe de ce muscle est un espace libre dans lequel 
on trouve des vaisseaux et des nerfs très-gros. 

Les ventouses s’attachent par des bandelettes 
charnues , de directions diverses, selon les espèces, 
sur la face inférieure de ce muscle et sur un 
plan de fibres plus manifestement longitudinal. 
On convoit que le muscle cylindrique sert à em- 
brasser les corps. Sa structure s’accorde avec l’action 
qu'il produit. Q 


… 5°, Muscles des ventouses. 


… Les sucçoirs ou ventouses sont formés d’une calotte 
musculaire à fibres rayonnantes , qui par leur rac- 
courcissement en diminuent la capacité. Maisil y a, 
. awbord de la calotte , tout contre le disque, sous le 
muscle cylindrique, un autre plan defibres circulai- 
res en forme de sphincter , qui rend la ealotte plus 
convexe. Enfin chacune des ventouses est retenue 
et mue sur le pied par des bandelettes musculeuses 
- qui s’entrelacent. les unes dans les autres, et se 
- joignent enfin à celle du muscle transverse inférieur 
du pied, Cela est du moins ainsi dans le poulpe. 


410 VI° Lecow. Mouv. des an. sans vert. 


Dans le calmar et dans la seiche les ventouses 
sont attachées par des pédicules musculeux très- 
minces. 

Quand l'animal approche l’un ou plusieurs de 
ses suçoirs d’une.surface , pour l'appliquer plus 


intimement, il le présente applati. Lorsqu'il y est: 


collé par l’harmonie des surfaces , il en contracte 
le sphincter , ce qui produit une cavité au centre 
de laquelle il se forme un vuide. Par ce méca- 
nisme, le suçoir s'attache à la surface avec une 
force proportionnée à son diamètre et au poids 
de la colonne d’eau et d’air dont il est la base. 
Cette force, multipliée par le nombre des suçoirs, 
donne celle avec laquelle tout où partie des pieds 
s’attache au corps : aussi est-il plus facile de dé- 
chirer ces pieds que de les séparer de l’objet que 
: l'animal veut retenir. 

Dans les seiches et les calmars, ouverture du 
suçoir est entourée d’une zone cartilagineuse et 
dentelée ; dans les poulpes , ce n’est qu’un disque 
charnu , plat, percé dans son milieu. 

Indépendamment des huit pieds que nous venons 
de décrire , et qui sont seuls dans les poulpes ; 
les seiches et les calmars en ont deux autres 
beauvoup plus longs, plus minces, et qui ne portent 
de ventouses qu’à leur extrémité , qui est élargie. 
Leur organisation est au reste la même que celle 
des autres pieds. 


ART. IL Gastéropodes. 411 
ARTICLE II. 


Organes du mouvement dans les. mollusques 
gastéropodes. 
Nous ne décrirons pas ici les muscles qui servent 
à la mastiçation ou à la déglutition , ni ceux qui 
appartiennent aux organes de la gémération, aux 
sens de la vue et du toucher : nous les ferons 
connoître particulièrement en traitant de ces fonc- 
tions. 
Quant aux organes de la locomotion des gasté- 
ropodes, ils résident principalement dans cette 
partie inférieure de leur corps, sur laquelle ils 
se traînent , ét qu’on nomme leur pied. C’est une 
“masse charnue formée de fibres qui se croisent en 
plusieurs sens et qui peuvent lui faire prendre toutes 
les figures possibles. Le plus ordinairement elle a 
“celle d’un ovale plus pointu par derrière : mais par 
les contractions variées dont ces fibres sont sus- 
| ceptibles , elles l’étendent ou le contractent en tout 
ou en partie de manière à produire ce mouvement 


"AT 


progressif si lent que tout le monde connoît dans 


eh Qu à Lu he 


la limace. a 

* On. apperçoit très- DORE les fibres musculaires 
-transverses du pied de; la limace, quand elle est 
ouverte par le dos. Elles viennent des bords du 
pied et serrendent à deux lignes tendineuses , 
moyennes et longitudinales, Au-dessous, de ces 


&i2 VI° Leçon. Mouv. des an. sans vert. 


fibres on en rencontre d’autres dans une directio®" 
contraire, mais elles sont tellement entrelacées 
qu’il est difficile d’en distinguer les plans. 

Dans la seyllée le pied n’est qu’un sillon longi- 
tadinal tracé dans la longueur du ventre de l’animal. 
C’est à l’aide de ce sillon qu'il embrasse les tiges | 
de fucus sur lesquelles il se traîne. Au reste , l’orga- 
nisalion de ce pied est à-peu-près la même que 
dans la limaée. 

Dans la patelle le plan le plus inférieur est 
formé par des fibres transversales qui, sur les bords, 
sont entrelacées d’un grand nombre d’autres fibres, 
circulaires. Le plan supérieur est un muscle com-. 
posé de deux rangées de fibres, qui forment um 
angle aigu par leur rencontre sur une ligne moyenne“ 
qui répond au long diamêtre du pied : il a aussi” 
sur son bord quelques fibres circulaires. 

Le plan inférieur, par ses contractions , alonge « 
l’ellipse du pied en même-temps quille rétrécit 5" 
tandis que’ le supérieur le raccourcit en l’élargis-« 
sant. Voilà le mécanismé qui produit la marche. 
Enfin les fibres circulaires diminuent en tous sens 
sa surface, la font se bomber en dessus, et pro- 
duisent par là un'vuide qui attache avec force 
l'animal sur le plan qui le supporte. 

Les mollusques qui marchent sur le ventre, et. 
dont le corps est recouvert par une ou plusieurs | 
coquilles, et qu’on nomme testacés, ont de plus | 
que les gastéropodes nuds, des muscles destinés. 
à faire rentrer leur corps dans la coquille ou à 
Ven faire sortir, 


rase 


SR 


‘h 


{ 


. Arr. IT. Gastéropodes. 413 


Ces coquilles ou demeures ambulantes varient 
beaucoup pour la forme. Le plus ordinairement 
elles sont faites d’une seule pièce de configuration 
diverse. Simple et non contournée , comme dans 
les patelles. En spirale applatie , comme dans les 
planorbes. En spire. globuleuse ou pyramidale, 
comme dans les Aélices ,lesbulimes., les bulles, etc, 

Iln/yà que le seul génre des oscabrions qui, 
parmi des gastéropodes, ait une coquille formée 
de plusieurs pièces. 

Dans'les -patelles; lé piéd est retenu autour 
de la coquille par une rangée de fibres qui s’at- 
tachent circulairement autour de cette coquille , 
etrvont, après avoir percé le manteau, s’insérer 
surles bords du pied, en s’entrelaçcant avec ses 
“fibres circulaires. Elles laissent en devant un espace 
libre pour le passage de la tête. Ce muscle, par ses 
“contractions, rapproche la coquille du pied et 
Wcomprime le corps : en se relchant il la laisse sou- 
Mever par l’élasticité du corps. 

Dans le Zimaçon des jardins , il y a deux muscles 
forts qui tirent le pied et tout le corps au dedans 
de coquille. Ils ont leur attache fixe à la colu- 
mélle ou à l'axe, et après avoir pénétré dans le 
corps'sous sa partie spirale , ils se portent en avant 
sous l'estomac , et épanouissent leurs fibres en 
plusieurs languettes qui s’entrelacent avec celles 
… dés'muscles propres du pied , en en pénétrant la 
substance. D’après ces points d’attäche on conçoit 
très-facilement leur manière d’agir. 


414 VIS Txcçox. Mouv, des! an. sans vert. 


Lorsque l'animal , renfermé dans sa ‘coquille, 
veut en ressortir , son piediet sa tête y sont forcés 
par des fibres circulaires qui entourent le corps 
immédiatement au-dessus: du pied. 


ARTICLE FETE 


Des organes di mouvement des Me: 
acéphales. 

Les mollusques acéphales ont le corps enveloppé 
par une membrane en grande partie musculeuse 
qu’on nomme le manteau. Cette enveloppe charnue 
est plus ou moins complète, selon les genres, 
comme nous le verrons par là suite. 

En général, le manteau est recouvert par des 
valves ou coquilles dont les formes et les propor- 
tions varient. Peu de genres. sont privés. de cette: 
enveloppe solide. Tels sont Fopendent les-ascidies: 
et les biphores. 

Les valves des coquilles sont disposées de mia- 
nière à pouvoir se mouvoir l’une sur l’autre ; à 
laide d’ayances osseuses qui sont reçues dans l’une 
d'elles, ou qui.se reçoivent réciproquement ; ‘et 
forment une véritable charnière. . Elles sont-en 
outre réunies par un ligament élastique’, de subs- 
tance cornée, .qui tend continuellement à les‘ouvrir 

La charnière des coquilles offre tant de diffé= 
rences ; que, les naturalistes en ont tiré les carac- 
tères des genres. 


AnT, IL. Acéphales. 415 


En eflet, les Auïtres , les placunes , les péle- 
rines , les arondes , etc. n’ont point de dents du 
tout à leur charnière. Les pholades et les myes 
en ont une seulement à l’une des valves; maïs elle 
m'est point reçue dans une fossette. Les so/ens ont 
la charnière fermée par une dent de chaque valve 
qui fait saillie dans l’intérieur. Ces deux avances 
se rencontrent et se meuvent l’une sur l’autre. 

Les anomyes , les unio , les spondiles , les 
cames et plusieurs autres ont une ou deux dents 

“sur une valve seulement , et elles sont reçues dans 
des fossettes AE es de la valve opposée. 
Les vénus, les bucardes et les mactres ont à 
Pune et à l’autre valye des dents qui se recoivent 
réciproquement. Enfin les arckes ont une multitude 
de petites dents qui s’engrénent Jes unes dans les 
“autres. Toutes ces conformations , ou facilitent le 

jeu des charnières, ou en affermissent l’articula- 
tion; enfin elles permettent uné ouverture plus 
ou moins grande des valves. 
. Le ligament élastique, qui tend continuellement 
ä ouvrir les valves, n’est point toujours situé aux 
mêmes points de la coquille. Les rnoules, par 
exemple, ont le ligament à un des côtés des valves. 
Les placunes ont un petit appendice osseux qui 
fait saillie dans l’intérieur de chaque valve; et c’est 
sur cette partie qu'est reçu le ligament qui les tient 
réunies. Les pernes ont à chaque valve plusieurs 
fossettes opposées deux à deux, qui logent autant 
de petits ligamens. 


416 VI Leçon. Mouv. des an. sans vert. 


Les coquilles des acéphales offrent, en outre , ! 
beaucoup d’autres particularités. On trouve les 
valves immobiles , et soudées par leur angle, dans” 
les jambonneaux. Les tarets ont le corps renfermé 
dans un tube calcaire , et sont armés de deux" 
petites valves mobiles qui leur servent à creuser 
le bois. Les térébratules ont intérieurement à l’une 
de leurs valves deux appendices osseux qui sou= 
liennent leur corps , et leur servent de char- 
pente , etc. 

Cette membrane contractile qui revêt tout le: 
corps des mollusques acéphales, et,qu’on nomme 
le manteau, est un véritable muscle qui présente ! 
beaucoup de variétés. Tantôt, et c’est dans le” 
plus grand nombre , il est ouvert par devant 
dans le sens des valves : telles sont les Æxétres’ 
les moules, etc. Tantôt, comme dans les coquilles. 
dont les deux bouts restent toujours ouverts ; telles” 
que les so/ens, les myes , les pholades, ete., il:est 
percé aux deux extrémités. Troisièmement enfin," 
le manteau enveloppant tout le corps de lanimal ,” 
comme un sac, n’a d'ouverture qu’à l’une de ses! 
‘extrémités. C’est ce qu’on remarque dans les” 
ascidies. / 

Le manteau de l’Auftre est formé de deux pièces: 
de même forme que la coquille. Elles se colléntn 
au corps par derrière ou du côté de la charnière ,# 
et s'étendent jusqu'aux ‘bords des valves. Leurs 
substance est molle , demi-transparente ; parcourue“ 
par un grand nombre de bandes musculeuses. Elles! 


ART. II. ÆAcéphales. 47 


sont percées par le muscle qui ferme les écailles, 
L'’extrémité libre de ce manteau est double. L'un 
des bords est plissé comme un falbala et fes- 
tonné. L'autre est garni de petits tentacules comiques 
et contractiles. 

Le manteau des autres acéphales difftre par la 
forme générale que-nous avons fait connoître plus 
hant ; par les tentacules dont le bord est garni; par 
les différens tuyaux qui en sont des prolongemens; 
enfin par les muscles qui le percent, 

L'ouverture qui sert de sortie aux excrémens, 
et celle qui est destinée à entrée de l’eau et des ali- 
mens , se prolongent quelquefois en des espèces de 
tuyaux qui sont la continuation du manteau. C’est ce 
que l’on nomme trompes. Lés Auftres , les moules, 
les mulettes ou unio , les anodontites n'ont qu’une 
seule de ces ouvertures, l’anus. L'eau entre sim- 
plement par la large fente du manteau. Dans les 
bucardes, chacun de ces deux trous s’alonge de 
quelques lignes. Celui de la respiration est plus 
long et plus gros. Ils sont plus alongés encore et 
plus inégaux dans les vénus, tellines, mactres et 
quelques autres genres. Les so/ens en ont aussi 
deux; mais dans les pholades, les deux tuyaux 
sont réunis en une seule trompe charnue très- 
épaisse , qu’ils traversent dans sa longueur sans se 
réunir. 

Les tentacules qui, dans les acéphales à manteau 
ouvert en devant, sont placés au bord du man- 
leau, sur-tout vers l'anus, sont situés à l’orifice 


1 D d 


418 VI‘. Lecon. Mouv. des an. sans vert. 


des trompes , dans fes espèces à tuyaux. Ils, sont 
branchus dans la roule qu’on mange. ( Mytulus 
edulis. Linné. ) 

Comme les valves des coquilles tendent conti- 
nuellement à s’ouvrir par l'effet du ligament élas- 
tique placé du côté de la charnière, et qui fait 
l'office de muscle , il falloit que l’animal qu’elles 
recélent eût la faculté de les fermer à volonté. 
Aussi , selon les genres, y a-t-il toujours un ou 
deux muscles destinés à cette fonction. 

Dans les Auftres , il n’y en a qu’un seul situé 
à-peu-prés au centre de la coquille , derriere le 
foie et au milieu du manteau. Il s'attache à l’une 
et l'autre valve , et, par sa contraction , il les serre 
lune contre l’autre avec une force étonnante. Il 
en est de même dans les pêrnes, les arondes , les 
spondiles. 

Il y a deux muscles pour fermer la coquille 
dans les moules, solens, vénus , mactres, bu- 
cardes, etc. Ils sont toujours éloignés l’un de l’autre 
vers les extrémités des coquilles longues, et géné- 
ralement rapprochés du bord'où est la charnière, 
afin qu’un irès-petit relâchement de leur part 
produise une ouverture d’un plus grand arc au 
bord opposé. 

Un grand nombre de mollusques acéphales ont 
la faculté de transporter leur demeure testacée 
d’un lieu dans un autre , à l’aide d’un appendice 
musculéux qu'ils font rentrer et sortir à volonté, 
et avec lequel ils s’accrochent et se traînent sux 


Arr. IT. Æcéphales. 419 


le sable et les rochers. On a nommé cet appendice 
le pied de l'animal. 

L'Auttre, les spondiles , plusieurs peignes, les 
anomies , eten général presque toutes les coquilles 
inéquivalves , n’ont aucun pied , et sont dépourvues 
de la faculté de changer de Leu à volonté. 

Un des pieds les plus simples est celui de /’ano- 

dontite des étangs, (mytilus anatinus,  Linné } 
Il est placé au-devant du corps, vers le bord des 
coquilles. Sa forme est oblongue comprimée. On 
remarque à chaque côté et exlérieurement une 
couche de fibres venant du fond ‘de la coquille. Il 
y a intérieurement d’autres fibres , dont les unes 
croisent les premières à angle droit, et d’autres 
wmussent les deux couches extérieures en s’y alta- 
chant circulairement. Par cette disposition , on con- 
. çoit facilement que l’animal doit pouvoir changer 
à son gré les trois dimensions de ce pied ou de l’une 
de ses parties. Il parvient par son moyen à placer de 
champ sa coquille , et il rampe alors avec son pied , 
comme le limacon avec le sien. 
On retrouve ce pied simple dans la pholade ; 
sa forme est presque sphérique , tronquée par une 
surface plate. La partie que Läinné a reconnue 
dans le so/en, et qu'il a comparée à un gland dans 
son prépuce , est le pied à l’aide duquel cet animal 
s’enfonce dans le sable et s'élève à sa surface. Le 
pied sort dans ces deux genres par l'ouverture de la 
coquille opposée à celle d’où sortent les tubes. 

Le pied des bucardes est un peu plus composé, 

D d 2 


42o VI° Lrcon. Mouv. des an. sans vert. 


Jl a un appendice triangulaire qui peut se re- 
courber, saisir de sa pointe la matière glutineuse 
qui forme les fils, et la tirer en longueur. Mais 
c’est le pied de la rnoule de mer ( mytilus edulis } 
qui est le mieux organisé de tous. Il ressemble à 
une petite langue garquée d’un sillon longitudinal , 
susceptible de s’alonger beaucoup en se rétrécis- 
sant, et de se raccourcir jusqu’à avoir la forme 
d’un cœur. Cinq muscles de chaque côté meuvent 
cet organe. Deux viennent des extrémités de la 
coquille, auprès de ceux qui servent à la fermer. 
Les trois autres viennent de son fond et du creux 
des rates. Tous entrent dans le pied , et s’y en- 
trelacent avec ses fibres propres , comme les mus- 
cles extrinsèques de la langue de l’homme se joi- 
gnent au lingual. La totalité de l’organe est en- 
veloppée d’une gaîne formée de fibres transver- 
sales et circulaires, d’une couleur pourpre obscure. 
Ce pied sert également à filer et à ramper. Ce 
dernier office se remplit comme dans tous les 
bivalves; le premier se fait en saisissant par la 
pointe le gluten que fournit une glande située sous 
sa base , et en Je tirant en longueur dans le sillon 
décrit plus haut. 


Nous ferons connoiître ailleurs la glande qui se- 


crète cette humeur propre à former le fil. 


ArT. IV. Crustacés. 421 
NARSPYE Crau Er LV: 
Organes du mouvement des crustacés. 


Le système musculaire des crustacés se borne aux 
mouvemens des pattes, de la queue et des fausses 
pattes ; car dans cet ordre il n’y a point de muscles 
pour mouvoir la tête sur le corselet, puisque ces 
deux pièces sont soudées ensemble. Les antennes , 
les mandibules et les palpes ont à la vérité des mus - 
cles particuliers ; mais nous ne les ferons connoïtre 
qu’en traitant des divers organes auxquels ils ap- 
partiennent. 


I. De la queue. 


La queue est une partie principale du corps pour 
le plus grand nombre des crustacés. C’est un mem- 
bre très-fort et très-mobile dont ils se servent avec 
beaucoup d’avantagetant pour sauter que pour nager. 


1°. Parties solides de la queue. 


Dans plusieurs zzonocles la queue est formée 
par de longs filets, qui dans le po/yphemus sont 
solides et mobiles sur leur base seulement. 

Les crabes ont la queue courte , applatie , et se 
reployant sous le corps dans un enfoncement placé 
entre les pattes. 

Les pagures ou bernards-l’hermite ont une 
queue molle sans écailles, qu’ils ont l'habitude d’in- 
troduire dans une coquille vuide ou dans la cavité 
fortuite de quelque pierre. 

C’est dans les écrevisses proprement dites, que 


D 4 5 


422 VI Lecon. Mouv. des an. sans vert. 


la queue mérite une description particulière. Elle 
est formée de six segmens principaux et terminée 
par cinq lames. Les segmens varient un peu entre 
eux pour la forme. Ils sont convexes en dessus et se 
recouvrent les uns les autres comme destuiles. En 
dessous ils sont plus étroits et réunis par une mem- 
brane lâche qui leur permet un grand mouvement. 
Ils portent là, dans l’angle de réunion de leur por- 
tion inférieure avec la dorsale , des espèces de na- 
geoires crustacées, bordées de cils et formées de 
plusieurs articulations. On lesnomme fausses pattes 
ou pattes natatoires. Elles se meuvent de devant 
en arrière et un peu de dehors en dedans, à Païde 
de petits muscles contenus dans l’intérieur de chaque 
article , mais qui ne différent pas assez de ceux des 
vraies paites pour les décrire en particulier. 

Les cinq lames qui terminent la queue sont deux 
paires et ne impaire; celle du milieu est articulée 
directement avec le dernier segment. C’est sous 
cette lame que se trouve l’ouverture de l'anus. 
Dans quelques espèces elle est comme brisée dans 
son milieu et susceptible d’un petit mouvement. Les 
deux lames latérales sont supportées par une pièce 
commune qui s’articule avec le dernier segment de 
la queue. La lame la plus interne est simple et ciliée 
seulement comme celle du milieu à son extrémité ; 
mais l’externe est commge articulée vers son tiers 
inférieur , ou plutôt formée de deux pièces dont la 

‘ première recouvre par son extrémité , qui est den- 
telée , Ja petite qui la suit, dont le bord est garni de 
cils très-serrés. 


ART. IV. Crustacés.  : 423 

Les muscles qui meuvent cette queue, ont une 
conformation si singulière ;'que nous croyons utile 
d'en faire une espèce de description monogra- 


phique. 


2°. Muscles de la queue. 


Les muscles de la queue dans l’écrevisse forment 
deux masses distinguées l’unede l’autre par le canai 
intestinal. La masse dersale est plus mince et 
moins composée. On y remarque trois sortes de 
fibres. 

Lés premières forment un muscle qui s'attache 
dans la partie dorsale du corselet vers son quart 
postérieur. Il se dirige ensuite obliquement de de- 
vant en arrière et de dedans en dehors vers les 
parties latérales du premier segment de la queue 
où il s’insère. Lorsque le muscle d’un côté agit se- 
 parément , il porte la queue à droite ou à gauche. 
D ue tous deux agissent ensemble , ils doivent 
la redresser quand elle est fléchie et la maintenir 
droite. 

. La seconde et l troisième série de fibres muscu- 
laires s'étendent sur toute la longueur du dos en 
eux lignes parallèles très-contiguës. Elles viennent 

_des parties latérales et supérieures de la cloison du 
corselet sur laquelle s'appliquent les branchies ; 
elles s’attachent là par diverses digitations. Arrivées 
sur le premier anneau de la queue, on rmENGRe 
à lafurface une petite intersection, et l’on voit qu'un 


petit trousseau de fibres se contourne pour s insérer 
Da 4 


42% VI Leçon. Mouv. des an. sans vert, 


à ce premier anneau et ainsi de suite pour chacurt 
de ceux qui suivent. Cette disposition donne à la 
bande interne une apparence de corde tordue. 

La portion externe de la masse dorsale est for- 
mée de fibres distinctes et longitudinales. 

Ces trois ordres de muscles ont beaucoup de rap- 
port avec les muscles droits du dos des chenilles , 
comme nous le verrons par la suite. 

La masse venlrale des muscles de la queue est 
beañcoup plus épaisse et plus compliquée que celle 
du dos. Pour se faire une idée précise de sa compo- 
sition, nous la décrirons comme vue sous trois faces. 
H'abord par le dos , ceux dont nous venons de par- 
ler étant eñlevés , ainsi que le canal intestinal ; 
ensuite vue par- dessous, c’est-à-dire, les écailles qui 
recouvrent la queue en dessous étant enlevées ainsi 
que les nerfs ; enfin vue par le côté interne , c’est- 
à-dire, le muscle coupé dans la ligne moyenne lon- 
gitudimale , afin d’en appercevoir la structure in- 
ierne. 

Le muscle ventral de la queue, vu par le dos, 
prend naissance dans Pintérieur du thorax, au- 
dessus de la partie osseuse grillagée qui renferme 
les muscles des hanches. Ce muscle est alors par- 
tagé en droit et gauche ; chacun d’eux est formé 
de trois larges digitations. Arrivés sur le premier 
segment de l’abdomen , ses fibres longitudinales 
plongent sous d’autres qui sont contournées et qui 
les embrassent. Le reste du muscle , sur toute la 
longueur de la queue, est ainsi formé de deux 


D Te re do pe à x on a ren fs tnt 


ART. IV. Crustacés. 495 


séries de fibres convexeset courbées parallélement 
les unes à côté des autres, séparées de droite à gau- 
che par une goutière dans laquelle est logé le canal 
intestinal. 

Le muscle ventral de la queue, vu par des- 
sous, présente trois ordres de fibres bien mar- 
qués. La première série est produite par la face 
inférieure des digitations qui s’insèrent sur les gril- 
lages osseux du thorax, La secondé série est formée 
de fibres obliques qui sont la’ continuation des pre- 
mières , et qui s'étendent de la ligne moyenne dans 
laquelle est situé le cordon médullaire des nerfs, jus- 
ques sur les partieslatérales des anneaux,dans l’angle 
qui résulte de la réunion de la portion dorsale avec la 
ventrale. Il y a deux forts trousseaux de fibres pour 
chacun des angles des anneaux, depuis le premier 
jusqu’au sixième. Enfin la troisième série est pro- 
duite par des lrousscaux impairs de fibres trans-. 
verses qui décrivent des arcs dont la convexité est 
inférieure. Ces cerceaux musculeux applatis cor- 
respondent à l'intersection de chacun des anneaux, 
et paroiïssent former autant de poulies dérivatives 
pour les fibres obliques dont nous venons de parler: 

Enfin le muscle ventral de la queue coupé longi- 
tudinalement dans sa partie moyenne, ressemble à 
une corde dont les spires seroient peu obliques. Les 
fibres qui correspondent aux trousseaux transyerses 
sont distinctes et plus étroites. 

Ds cette smguliére complication il résulie que ce 
muscle , isolé de toutes ses adhérences, ressemble à 


&o6 VI Lecon. Mouv. des an. sans vert. 


une tresse très-serrée dont chacun des fils, au lieu 
d’agir dans la direction longitudinale , se meut obli- 
quement dans le canal formé par les fibres voisines. 


/ 


IT. Des pattes. 


Les pattes des crustacés varient pour le nombre 
el la forme. Dans les r120on0cles elles prennent des 
figures très-différentes ; tantôt elles tiennent lieu de 
palpes, de mächoires, de nageoires , de bran- 
chies, etc. Elles varient beaucoup aussi pour la 
forme dans les crabes, sur-tout la première paire. 
Nous allons décrire comme exemple des organes 
du mouvement des paites , celles des écrevisses. 


1°, Parties solides des pattes. 


Les pattes des crustacés de la famille des écre- 
visses, sont le plus ordinairement au nombre de cinq 
de chaque côté ; elles sont toutes formées de six arti- 
culations. | 

La première paire est la plus grosse et forme ce 
que l’on nomme la serre ou pince. 

La anche tient au thorax ; elle n’est mobile 
que de devant en arrière ; elle supporte lune des 
divisions des-branchies , ainsi que la seconde pièce 
de la patte qui représente la cuisse. Celle-ci est 
très-applatie, courte , presque quarrée , lisse et un 
peu courbe. Le plan de son articulation est pa- 
rallèle à la longueur de la pièce ; et comme les deux 
muscles qui la meuvent s’insèrent aux deux points 
des plus éloignés, la cuisse se trouve située horizon- 


AT. IV. Crustacés. 427 


talement ; elle se meut en charnière sur la hanche ; 
son mouvement est combiné ; elle se porte de devant 
en arrière et de dehors en dedans. Son mouvement 
sur’ la jambe est très-borné ; il se fait seulement 
de bas en haut, et produit l’application contre le 
thorax. La troisième articulation , qui correspond 
à la jambe , est aussi un peu applatie , sur-tout à 
son extrémité fémorale. Elle est un peu courbe, 
dans le sens de la cuisse ; ce qui correspond à la 
convexité que forme le corselet. La jambe, à son 
extrémité tarsienne , devient plus épaisse , plus! 
grosse et épineuse, Elle se meut très-peu sur la 
cuisse. La quatrième articulation est comme in- 
termédiaire entre la pince et la jambe, sur la- 
quelle elle se meut en angle très-prononcé. La 
pince est la cinquième articulation , la plus grosse 
de toutes. Elle se termine du côté externe par une 
avance pointue et épineuse., et reçoit au côté in- 
terne un pouce mobile et opposable. Le mouve- 
ment de la pince sur la quatrième pièce se fait 
de dehors en dedans. 

Les deux paires de pattes suivantes ressemblent 
en petit aux serres, avec cette difilérence que le 
pouce , ou l'articulation qui le représente, n’est 
pas plus gros que la pièce immobile. 

Les deux dernières paires de pattes diffèrent 
des trois autres en ce qu’elles ne se terminent pas 
par une serre, mais par un seul ongle mobile. 
Quant au reste , elles sont en tout semblables à la 
troisième et à la quatrième paire. 


* 


&e8 VI° Lecon. Mouv. des an. sans vert. 


Muscles des pattes. 


Chacune des articulations des pattes a deux mus- 
cles , un extenseur , et un fléchisseur. 
- L’extenseur de la hanche est situé dans l’inté-: 
rieur du corselet sur la pièce cornée qui soutient 
les branchies, un peu en devant de la hanche, , 
qu'il tire en avant. 

Le fléchisseur de la hanche est aussi attaché 
sur la pièce cornée qui soutient les branchies ; maïs 


| 
1 
L 
. L4 LA . à 
il est placé en arrière , et produit le mouvement M 
contraire du précédent. 1 
L’extenseur de la cuisse est plus fort que le « 
fléchisseur ; il est attaché dans l’intcrieur de la 
hanche, à sa portion antérieure, et s’insère à l’émi- 
nence supérieure de l'articulation de la cuisse. Il 


est plutôt abaïsseur. 


Le fléchisseur de la cuisse, ou mieux le rele- 
veur, est plus court que le précédent. Il occupe 


la partie postérieure interne de la cuisse, et s’in- 
sère à l’éminence inférieure de l’articulation. 
L’extenseur de la jambe est situé dans l’intérieur 
de la cuisse, dont il occupe toute la largeur. fl 
s'inmsère au bord externe de l’articulation de la M 
jambe. 
Le fléchisseur de la jambe est moins fort que M 
son extenseur. Il est couché sous lui, et s’insère M 
au bord interne de l'articulation. 
L’extenseur de la première pièce du tarse s’at- # 
tache intérieurement à tout le bord supérieur dem 


ART. V. Larves d'insectes. 429 


“ 


Ja jambe , et s’insère à l’éminence la plus élevée 
de l'articulation de la quatrième pièce. 

Le fléchisseur de la première pièce est attaché 
aussi dans l’intérieur de la jambe, mais à son bord 
inférieur ; et il s’insère à l’éminence la plus basse 
de l'articulation. 

L’extenseur de la serre et son fléchisseur occu- 
pent et partagent l’intérieur de la quatrième pièce. 
Leur place détermine leurs fonctions. 

L’extenseur du pouce est un trés-pelit muscle 
qui occupe la partie supérieure de la pince. 

Le fléchisseur du pouce s’attache à tout le reste 
de la pince. Il a un fort tendon osseux intermé- 
… diaire plat et oblong. Il est très-volumineux. 


ARTICLE V. 
Organes du mouvement des larves d'insectes. 


Les insectes changeant de forme à certaines 
époques de leur vie , présentent beaucoup de dif- 
férences dans les organes destinés à leurs mouve- 
mens. Pour connoiïtre ces animaux sous ce rap- 
port, il faut donc les étudier dans leurs divers 
états. 


Tous les insectes aïlés qui subissent une méta- 
morphose complète différent beaucoup dans leur 
premier état , de celui qu'ils doivent avoir par la 
suite, La principale de ces différences ,porte sur 


450 VI LEecox. Mouv. des an. sans vert. 


leurs organes du mouvement. On les nomme alors 
larves où chenilles. Ts gardent cette forme plus 
ou moins long-temps après être sortis de l’œuf. 

Dans cet état , les insectes sont recouverts d’une 
peau flasque et molle, divisée en segmens ou 
anneaux susceptibles de se mouvoir les uns sur 
les autres, à l’aide de bandelettes musculaires 
situées dans l’intérieur du corps. 

Souvent c’est sur ces anneaux seulement que 
l'insecte rampe , à la manière des reptiles, ou en 
appuyant alternativement chacun des segmens de 
son corps sur le plan qui le supporte. Telles sont 
les larves des insectes à deux ailes ou diptères, 
et un grand nombre de celles des hy ménoptères. 


Quelquefois la surface de ces anneaux est hérissée 


d’épines, de soies roides ou de crochets, pour 
donner plus de prise à leur point d'appui sur les 
corps. C’est ce qu’on observe dans quelques 
mouches , oëstres , tipules , stratyomes, syr- 
phes, etc. 

Le corps des larves de quêlques ordres d'in- 
sectes porte en dessous, du côté de la tête, six 
pattes formées chacune de trois petites articulations, 
dont la dernière est écailleuse et terminée en 
crochet. À l’aide de ces membres, l’insecte peut, 
en les opposant les uns aux autres , embrasser une 
portion des corps environnans , s’y accrocher , et 
tirer ensuite vers ce point fixe le reste de son 
corps. C’est ainsi que sont ordinairement confor- 


mées les larves des coléoplères, et beaucoup de 
celles des névroptères. 


ne 


ART. V. Larves d'insectes. 431 


D'autres larves de coléoptères ( celles qui vivent 
dans l'intérieur du bois, comme les capricornes, les 
leptures, les rhagies , etc.) ont les six pattes excessi- 
vement courtes et presque nulles ou de nul usage. 

Elles se meuvent dans les sinuosités, qu’elles 
creusent à l’aide de leurs mandibules avec les- 
quelles elles s’accrochent, et au moyen de plaques 
on de tubercules dont leur peau est garnie sur le 
dos et sur le ventre; ce qui donne à leur corps 
une forme tétraëdre. On pourroit comparer leur 
manière de marcher à celle des ramoneurs qui 
grimpent dans les cheminées. 

Enfin les lépidoptères et les larves de quelques 
genres d'hyménopteres ont , en outre des six pattes 
écailleuses articulées , un nombre variable d’autres 
fausses pattes non articulées, terminées par des 
crochets disposés en cercles et demi-cercles , et 
attachés à la peau sur des appendices ou tuber- 
cules rétractiles, à l’aide desquels elles marchent 
en se cramponant sur les corps. 

Les larves des insectes à demi-métamorphose , 
comme celles des Rémiptères, et celles des insectes 
saut métamorphose, comme les aptères, la puce 
exCeptée , ne présentent aucune différence avec 
V'insecte parfait , quant aux pieds. 

Après cet exposé des organes extérieurs du mou- 
vement des larves, nous croyons utile de décrire 
en particulier les muscles de quelques-unes. Ainsi 
nous ferons connoître successivement ceux des 
chenilles : de la larve d’un scarabé, qui vit sous 


* 


452 VI° Lrçon. Mouv. des an. sans vert. 


terre ; d’un Aydrophile ; qui nage ; et d’un capri- 
corne, qui vit dans les sinuosités du bois. 


TI. Muscles- des chenilles. 


La couche la plus profonde des muscles de la 
chenille est formée de quatre rangées principales. 
Deux répondent au dos , et deux au ventre. Leur 
direction est longitudinale, 

Ceux du dos sont séparés entre eux par le 
vaisseau longitudinal, et de ceux du ventre par 
les trachées. 

Ils commencent sur l’union du premier anneau 
avec le second , par deux faisceaux de fibres un 
peu séparées entr’elles, qui s’insèrent à une espèce 
de ligne tendineuse produite par l’union du second 
anneau avec le troisième. Il en est de même entre 
tous les anneaux du corps. Sur le troisième , les 
fibres des deux faisceaux, quoique distinctes encore, 
sont beaucoup plus grosses. Sur le quatrième , il 
n’y a plus que le faisceau interne dont les fibres 
soient séparées. La fibre se continue , sans inter- 
section apparente , sur tous les autres anneaux. Elle 
diminue d’épaisseur vers les derniers , et forme de 
nouveau plusieurs faisceaux , d’abord, trois , 5 
quatre , enfin cinq ou six. 

Ces muscles, par leur contraction, raccourcissent 
le corps lorsqu'ils agissent avec ceux du ventre; ils 
le recourbent en dessus lorsqu'ils agissent sans eux. 

Les muscles longitudinaux du ventre sont séparés 
entre eux par le cordon médullaire, et d'avec ceux 


CE 


Arr. V. Larves d'insectes. 433 


du dos, par les trachées. Ils ont absolument la 
même direction que ceux du dos. Ils commencent 
aussi sur l’union du premier avec le second anneau 
par des faisceaux nombreux qui se réunissent sur 
le troisième , où ils ne semblent plus former qu’une 
seule masse. Les fibres se séparent ensuite plus bas 
ou plus haut, selon les espèces, et forment quatre 
à cinq cordons charnus, qui se terminent vers la 
dernière paire de pattes fausses. 

Ces muscles sont auxiliaires des dorsaux dans 
le raccourcissement du corps. Ils leur sont opposés 
lorsqu'ils agissent séparément ; car alors ils recour- 
bent le corps en dessous. 

- Entre les muscles longs du dos et la peau on en 
trouve de courts , mais dont la direction est oblique. 

Les uns sont étendus de dehors en dedans, vers 
- la ligne dorsale, entre les intersections annullaires. 

Les autres occupent aussi le même intervalle : 
mais sont opposés en direction; de sorte qu'ils 
forment avec eux une espèce de V en se portant 
de dedans en dehors. 

Ces deux ordres de muscles obliques n’ont pas 
par-tout la même quantité de fibres. Celles qui sont 
placées dans les premiers anneaux sont plus étroites 
et plus longues. Celles du quatrièmè , cinquième 
et sixième sont beaucoup plus courtes. Elles de- 
Viennent ensuite, dans quelques espèces, beaucoup 
plus longues et plis nombreuses, Dans d’autres, au 
contraire , elles continuent d’être larges ét courtes. 

Ces fibres agissent isolément sur chaque-anneau, 

3 Ee 


454 VI Leçon. Mouv. des an. sans vert. 


qu’elles raccourcissent par leurs contractions simul- 
tanées : mais comme elles ne s’étendent pas sur 
toute la longueur de l'anneau, les parties qui cor- 
respondent aux plis, et sur lesquelles les muscles 
obliques ne passent plus, s’alongent quard , par 
l’action de ces derniers , l’anneau diminue de dia- 
mètre ; ce qui facilite la progression. 

Sous les muscles-longs du ventre , il y en a une 
seconde couche dont les fibres sont obliques. Ils 
oht beaucoup de rapport avec ceux du dos. On peut 
aussi, d’après leurs directions, les distinguer en 
deux ordres. 

Les uns sont plus rapprochés de la ligne moyenne 
ventrale, dans laquelle est étendu le cordon noueux 
des nerfs. Ils se portent , en montant de dedans en 
dehors, dans les intervalles de chacun des anneaux. 

Les autres ne sont point aussi obliques, à l’excep- 
tion des trois premières paires supérieures ; de 
manière que ces muscles forment avec les précédens 
une espèce d’À figuré ainsi. 

Les muscles obliques de dedans en dehors , ou 
les plus internes, ont beaucoup de fibres. Ils sont or- 
dinairement composés de trois ou quatre faisceaux 
distincts. Ceux qui remontent de dehors en dedans, 
ou les plus externes , ont moins de fibres, et jamais 
plus de deux peau 

Ces muscles doivent agir à peu près comme les 
obliques du dos ; mais aussi ils doivent étendre 
immédiatement la peau des pattes sur lesquelles ils 
sont situés. 


Arr. V. Larves d'insectes. 455 


Outre les muscles longitudinaux et obliques du 
dos et du ventre , il en est de latéraux , c’est-à- 
dire, qui sont situés au-dessous et au-dessus des 
stigmates ou boutonnières, qui doivent êlre décrits 
à part. Ils sont de trois ordres. Il en est de droits, 

de transverses et d’obliques. 

_ Les muscles droits latéraux sont placés entre 
chacun des anneaux, au-dessus des stigmates. Ils 
sont tous situés longitudinalement ‘au-dessus les 
uns des autres. Leurs points d’attache sont recou- 
verts par les muscles transverses. Ils doivent re- 
courber le corps sur les côtés lorsqu'ils agissent 
séparément , et lorsqu'ils se contractent de concert 
ayec le long du dos et du ventre, raccourcir le 
corps , et aider ainsi la progression. 

. Les muscles transverses latéraux sont de deux 
sortes. Les uns, un peu plus longs que les autres, 
naissent sur les intervalles laissés libres par l’at- 
tache des droits latéraux, et s’insèrent à la termi- 
maison des obliques externes du ventre. Ils forment 
un peu l’éventail dans la disposition de leurs fibres. 
Les autres ont les faisceaux de fibres parallèles ; 
ils sont un peu plus courts, et sont étendus dans 
chacun des anneaux entre les muscles droits laté- 
raux et les obliques du ventre. Ces muscles doivent 
diminuer le diamètre de chaque anneau, et par 
conséquent l’alonger dans chacun de ses plis ; ce 
qui est une des conditions de la progression. 

Les muscles obliques latéraux sont situés de l’un 
et de l’autre côté des droits. Ils se portent, en 


Ee 2 


Au i EN 
né 7 VTESS 
/ : "#0 


456 VI Leçon. Mouv. des an. sans vert. 


montant obliquement de bas en haut, sous l'inser- 
tion de chacun de ces mêmes muscles droits laté- 
raux , dont ils aident le mouvement lorsqu'ils agis- 
sent ensemble. | 

Tels sont les muscles du corps en général; mais 
les vraies et les fausses pattes , ainsi que la tête, 
ont des muscles propres qu'il faut décrire sépa- « 
rément. 

Les muscles des pattes vraies ou écailleuses sont | 
situés dans l’intérieur des trois articulations qui les | 
forment. On peut les distinguer en ceux qui meuvent 
ces articulations ; et en ceux qui agissent sur l’ongle 
qui les termine. 

Les muscles de la première pièce ou article sont 


au nombre de cinq ou six faisceaux attachés au 
rebord supérieur , et s’insèrent aussi au rebord : 
supérieur de l’article suivant. Ceux du second article 

sont, à peu près , en nombre égal , et s’insèrent au 

rebord supérieur du troisième. 

Les muscles de l’ongle se terminent par deux 
tendons ; mais ils sont formés de plusieurs faisceaux 
qui s’attachent, les uns sur le second et le troisième 
article, par deux plans bien distincts ; les autres, 
sur une ligne qui correspond à la convexilé de M 
l'ongle ; etenlin , les dernières, sur celle quirépond M 
à sa concavité. Ces deux tendons s’insèrent à deux 


tubercules de l’extrémité supérieure de l’ongle , du - 
côté de sa concavité ét de sa pointe : ils servent à M 
le fléchir. Il est probable qu’il se redresse par . 
l’élasticité de son articulaüon. 


Arr. V. Larves d'insectes. 437 


Les muscles des pattes membraneuses ou fausses 
sont au nombre de deux pour chacune. Leur di- 
rection, par rapport au corps, est à peu près 
transversale. Ils s’étendent, du centre de la patte 
où ils s’insèrent, jusqu’au-dela du stigmate du côté 
du dos , où ils s’attachent par des bandelettes laté- 
rales et plus ou moins obliques. L/un de ces muscles 
est situé au-devant de l’autre, qu'il recouvre en 
partie. 

Leur usage est de retirer le centre de la patte 
en dedans , et de faire rentrer dans l’intérieur les 
crochets dont son limbe est armé. 


Ilrest probable que les muscles obliques du 
ventre produisent l’effet contraire par leurs con- 
tractions. 

Quant aux muscles de la tête, nous ne ferons 
connoître ici que ceux qui produisent son mouve- 
ment total. Nous renvoyons les autres aux diverses 
fonctions auxquelles ils sont destinés. 

» Lès muscles qui agissent sur la tête la fléchissent 
en dessus , en dessous et sur les côtés. 

Les fléchisseurs en dessus sont en grand nombre : 
ils S’attachent sur le second et sur le premier 
anneau, et ils s’insèrent à divers points de locciput: 
les uns plus près de la lighe moyenne ; les autres, 
plus latéralement. Ils forment, en général, deux 
faisceaux. Le plus interne est le moins volumineux. 


Les fléchisseurs latéraux sont trés-obliques. Ils 
prennent naissance de la partie inférieure ou 


Ee &# 


458 VI Leçon. Mouv. des an. sans vert. 
ventrale du corps , et se portent sur les parties 
latérales de l’occiput. 

Les fléchisseurs en dessous paroïissent être la 
continuité des muscles droits du ventre. Ils sont 
formés de huit ou neuf faisceaux. 

IL. Muscles de la larve, d’un scarabe,. 

Le corps des larves des scarabés est arqué, 
convexe, du côté qui répond au dos; concave , du 
côté des pattes. Le dos et le ventre sont séparés 
parunrebord membraneux , plissé., situé au-dessous 
des stigmates. Ces larves n’ont que six pattes arti- 
culées, il n’y en a point de membraneuses. 

Quand on ouvre la larve dans la longueur du 
corps, soit par le dos , soit par le ventre , on dis- 
tingue trois couches de muscles profonds : les laté- 
rales , les dorsales et les ventrales. 

La couche des muscles du dos est formée de 
deux séries de fibres assez distinctes, L'une externe, 
occupant les intervalles des dix premiers anneaux ; 
c’est-à-dire , de ceux qui sont garnis de stigmates. 
Les muscles qui la forment sont étroits et dans 
une direction longitudinale. La seconde série est 
produite par des fibres un peuobliques étendues dans 
le même espace, mais plus vers la ligne moyenne. 
Ces muscles sont plus larges et plus forts du côté 
de la tête ; plus étroits et moins fibreux vers la 
queue , ils se terminent entre le onzième et le 
dixième anneau, par un filet charnu très-étroit. 

L'usage de ces muscles doit être de raccourcir 
la portion dorsale de chacun des anneaux ; mouye- 


Arr. V. Lärves d'insectes. 439 


ment qui diminue la convexité de cette partie et 
sert ainsi à la progression. 

Entre le neuvième et le dixième anneau il y a, 
vers la ligue moyenne , deux petits muscles un peu 
obliques; mais entre le douzième et le dernier 
on n’appercçoit plus qu’une série de petits muscles 
courts qui occupent toute la convexité que décrit 
la courbe. Ces muscles agissent manifestement 
comme les précédens, et sont leurs accessoires. 

Quand on a enlevé la première couche des mus- 
cles du dos, on rencontre au-dessous des fibres 
toutes semblables , maïs opposées en direction. 

Enfin , à celte même couche dorsale on apperçoit 
des lignes de fibres musculaires très-courtes au- 
dessus du plein que forment inférieurement le neu- 
vième et le dixième anneaux. Ces petits muscles 
servent très-probablement , mais d’une manière 
moins sensible , aux mêmes usages que tous les 
. précédens. 

La couche des muscles du ventre a beaucoup 
danalogieavec celle du dos. Comme eux, ils forment 
des plans opposés en direction, les plus profonds 
se portant du côté interne, et ceux qui sont les 
plus proches de la peau se dirigeant en montant 
du côté externe, ce qui produit dans Ja ligne 
moyenne ventrale une petite figure très-régulière- 
ment rhomboïdale au milieu de chaque anneau. 

L'action de ces muscles est opposée à celle des 
muscles du dos. 

Sur le dernier segment et vers la partie qui corres- 

Le 4 


44o VI° Lxcon. Mouv. des an. sans vert. 


pond à l’anus, on remarque un trousseau de fibres 


transversales qui doivent par leur contraction 
.servir de sphincier. 

La couche latérale des muscles est formée de 
trois ordres de fibres bien distinctes par leur direc- 
tion. Ils représentent une sorte de lacet passé dans 
des mailies. Tous ces museles sont situés derrière 
les stigmates, et s’insèrent aux plis qui séparent 
le ventre d'avec le dos , de l’un et de l’autre côté, 

Le premier ordre est absolument transversal ; il 
s'étend sur l’union de chaque anneau avec.le sui- 
vant, dans l’espace compris entre les museles ven- 
traux et les dorsaux. Il doit manifestement, par 


ses contraclions , diminuer le diamètre du corps, 
et par conséquent l'étendre sur sa longueur. Ces. 


muscles sont en général trés-étroits. 

Le second ordre est formé par des fibres ohliques 
qui se porient en montant de dehors en dedans, 
vers la ligne moyenne ventrale de l’union d’un 
anneau inférieur sur; l’umion du précédent. Ces 
muscles sont larges et très-forts. [ls servent à former 
le plis de séparation entre le dos et le ventre. 

Le troisième ordre est moins oblique que le 
précédent, dont il paroït l’accessoire. Chacun des 
muscles qui le composent vient du milieu d’un an- 
neau et va s’insérer sous la tête, ou insertion des 
précédens, c’est-à dire , du côté du ventre. 

Il faut remarquer que les deux derniers anneaux 
n’ont point de ces muscles latéraux. 

Les muscles de la tête sont très-forts. Les fléchis- 


Art. V.. Larves d’insectes. 441 


seurs sont attachés sur les muscles ventraux , au- 
dessus de l'union du second anneau avec le troi- 
sième. Ils sont formés de trois faisceaux principaux, 
qui s’insérent , en se rapprochant les uns des autres, 
sur la partie postérieure et inférieure de la tête 
à la base de la ganache. 

Les muscles extenseurs ou releveurs de la tête 
sont aussi formés de trois faisceaux, mais plus 


Mongs et plus forts. Il s’attachent sur la région laté- 


rale en plongeant sous les muscles transverses et 
obliques , depuis le sixième anneau où s’attache 
l'un d'eux , et le cinquième et le quatrième, qui 
en reçoivent chacun un autre; ils s’insèrent aux 
parties latérales postérieures de la tête. 


III. Jluscles de la larve Dar hy drophile. 


" Les larves d’hydrophiles sont alongées. Leur 
corps est un peu applati, tous les anneaux en sont 
distincts. Non-seulement elles marchent assez vite, 


- mais encore elles nagent avec beaucoup de vélocité, 


l 


par les diverses inclinaïsons qu’elles donnent subile- 
ment et successivement à leur corps. 

Ces larves, ouvertes dans leur longueur, offrent 
aussi quatre ordres de muscles : ceux du ventre, 
du dos êt des côtés. | 


Les museles du ventre ont beaucoup de rapport 


… avec ceux des chenilles ; ils sont formés de deux 


couches distinctes. La plus profonde, ou celle qui 


se trouve Ja première quand le ventre est vu 


ouvert par le dos , est formée de fibres longitu- 


442 VI° Lecon. Mouv. des an. sans vert. 


dinales avec des intersections qui correspondent 
à chaque anneau ; la seconde couche , ou celle 
qui se trouve la plus voisine de la peau , estentière- 
ment recouverte par la précédente. Elle est com- 
posée de fibres obliques qui s’entrecroisent, en 
forme d’X , et qui sont étendues dans la longueur 
de chaque anneau. 

Les muscles du dos sont alongés , étendus dela 
tête à la queue, et forment de chaque côté deux 
cordons de fibres qui paroïssent torses sur elles- 
mêmes comme des cordes : ils sont un peu plus 


larges du côté de la tête. Toutes leurs fibres s’insé- 


rent en partie au rebord inférieur d’un anneau 
antérieur , et au rebord supérieur de l'anneau qui 
suit. | 

Au-dessous de ces muscles longs, il en est d’obli- 
ques qui se croisent en X, et qui s'étendent de la 
partie moyenne d’un anneau au rebord antérieur 
de l’anneau qui suit. 

Les muscles latéraux profonds ont une direc- 
tion transverse ; il sont nombreux. Chaque anneau 
en porte trois ou quatre dont la direction respec- 
tive est telle qu'ils ressemblent à des N ou à des 
M couchées sur le côté. E Z 

Au-dessous des transverses latéraux, il en est 
de longitudinaux un peu obliques qui forment un 
plan assez large qui se confond avec les obliques 
du ventre, mais ce plan n’est point interrompu 
dans sa longueur ; de manière que ses fibres dé- 
terminent les grands mouvemens du corps comme 
les longs. du dos ct du ventre. 


ArT. V. Larves d'insectes. 443 


Les muscles des pattes sont les mêmes que ceux 
qu’on retrouve dans les insectes parfaits. 

La tète n’a point ici de muscles particuliers. 
Les lonss du dos s’insérant à l’occiput , deviennent 
des extenseurs. La première paire des transverses 
latéraux , s’attachant au-dessous de la tête, produit 
la flexion latérale. Les muscles longs obliques 
$e terminant à la partie inférieure de la tête devien- 
nent de véritables fléchisseurs. 


IV. Muscles de la larve d’un capricorne. 


On retrouve dans la larve du capricorne les 
mêmes muscles que dans celles des scarabés : 
mais comme la forme du corps de ces deux sortes 
de larves diffère beaucoup, il s’ensuit quelques 
variations dans les formes et l'étendue des organes 
musculaires. 

… La tête des larves de la famille des capricornes 
rentre en grande partie dans l’intérieur de la peau, 
à la volonté de l’animal. Des muscles très-forts, 
mais qui sont les mêmes que ceux que nous avons 
décrits dans le scarabé, sont destinés à cette fonc- 
tion. Comme la tête, qui est très - large, rentre 
dans le corps , l'extrémité qui la reçoit est un peu 
plus grosse , et les muscles qui meuvent les anneaux 
ont beaucoup plns d’étendue. | 

Les tubercules charnus , applatis, qui règnent le 
long. du dos et du ventre, sont les espèces de pieds 
dont cette larve se sert pour avancer son corps. Ils 
se meuvent par les contractions alternatives des 


444 VI Leçon. Mouv. des an. sans vert. 


muscles qui leur correspondent. Ainsi cette larve 
marche également sur le dos et sur le ventre. 


ARTICLE VI 


Des organes du mouvement dans les insectes 
parfaits. 


Parmi les animaux sans vertèbres , les insectes 
doivent occuper le premier rang , par le grand 
nombre des mouvemens dont ils sont susceptibles. 
On retrouve en effet dans ces petits êtres toutes 
les conditions nécessaires pour produire les actions 
volontaires dont le jeu nous étonne dans les ani- 
maux vertébrés beaucoup plusgrands. Ils réunissent 
même plusieurs des facultés dont nous trouvons , 
dans les autres animaux peu d’exemples de com- 
binaison; car les insectesmarchent, courent, sautent, 
nagent et volent aussi bien que les mammifères, 
les oiseaux , les poissons exercent l’une on plu- 
sieurs de ces facultés. ; 

Il est probable que les insectes doivent ce grand 
avantage aux articulations nombreuses dont leur 
corps est formé. Nous devons donc étudier ces 
articulations diverses avant d’entrer dans l’examen 
des actions qu’elles permettent et déterminent. : 

On peut , en général, diviser les corpsdes insectes 
en téte, corselet, poitrine , abdomen et membres. 
Cependant quelques genres , les scorpions, les 
Jaucheurs, et les araignées , par exemple, n’ont 


Anr. VI. {Insectes parfaits. 445 


pas la tête séparée du cerselet. D’autres aptères , 
comme les ju/es, scolopendres , tiques, mittes, 
puces, etc. ont le corselet et l’abdomen confondus. 
Enfin , dans quelques autres insectes l'abdomen est 
en toutouen partie prolongé en une queue mobile 
destinée à des mouvemens particuliers. T'els sont 
les scorpions , les panorpes. | 

Voyons maintenant les articulations diverses de 
toutes ces parties , abstraction faite de leurs formes 
extérieures qui sont du ressort de la simple histoire 
naturelle. 


1°. De la tête. 


 L’articulation de la tête des insectes sur le tho- 
rax présente deux sortes de dispositions principales. 
Dans l’une , les points de contact sont solides , et le 
mouvement est subordonné à la configuration des 
parlies. Dans l’autre , l'articulation est ligamen- 
teuse ; la-tête et le thorax sont réunis et main- 
tenus rapprochés par des membranes. 

L’articulation de la tête, par le contact des parties 
solides, se fait de quatre manières différentes. 

Dans la conforMation la plus ordinaire ;. la tête 
porte, à la partie qui correspond à la gorge, un 
ou deux tubercules lisses que reçoivent des cavi- 
tés correspondantes de la partie antérieure.du 
corselet. C’est ce qu’on observe dans les scarabés, 
les lucanes , les capricornes, et dans le plus grand 
nombre des coléoptères. Dans ce premier cas la tête 
est mobile de devant en arrière, et la bouche se 
dirige en avant et en dessous. 


L | 


446 VI° Lecox. Mouv. des an. sans vert. 


Le second mode d’articulation solide a lieu lors- 
que la partie postérieure de la tête est absolument 
arrondie et tourne sur son axe dans une fossette 
correspondante de la partie antérieure du thorax, 
comme on le voit dans les caransons , les bec-. 
mares , les brentes, les réduves , etc. l'axe du 
mouvement est alors au centre de l’articulation , et 
la bouche de l’insecte se porte également en devant 
et en arrière, en dessus'et en dessous, à droite 
et à gauche. 

La troisième sorte d’articulation , par surfaces 
solides, a lieu lorsque la tête, tronquée postérieure- 
ment et présentant une surface plate, est articulée 
tantôt sur un tubercule du thorax , tantôt sur 
une autre surface applatie et correspondante, 
comme dans presque tous les hyménoptères et dans 
le plus grand nombre des diptères , tels que 
les mouches, les syrphes , les asiles, les stra- 
tyomes, etc. 

La disposition de la quatrième sorte aixtet 
tion permet à la tête le seul mouvement de char- 
nière angulaire. Nous n’en copnoissons jusqu'ici : 
d'exemples que dans quelques espèces du genre 
aitelabe de Fabricius. La tête de ces insectes se 
termine en arrière par un tubercule arrondi, reçu 
dans une cavité correspondante du thorax; le bord 
imférieur de cette cavité est échancré , et ne permet 
le mouvement de la tête que dans un seul sens. 

Il n’y a guères que dans les insectes orthoptères 
et dans quelques névyroptères qu’on remarque l’är- 


‘ 


Arr. VE Jnsectes parfaits. 4 


ticulation ligamenteuse : la tête, dans cette dispo- 
sition articulaire , n’est génée que dans ses mou 
vemens vers le dos, parce qu’elle est là retenue 
par une avance du thorax ; mais en dessous elle 
est absolument libre. Les membranes ou ligamens 
s’étendent du pourtour du trou occipital à celui 
de la partie antérieure du corselet , ce qui donne 
une grande étendue au mouvement. 
… Les muscles qui meuvent la tête sont situés dans 
lintérieur du corseiet, Nous nous bornerons à faire 
connoitre ici ceux qui se trouvent le plus géné- 
“ralement. Les releveurs ou extenseurs de la tête 
“sont ordinairement situés dans la partie supérieure 
du corselet, et les abaisseurs inférieurement. 

Immédiatement au-dessous de la partie moyenne 

à dorsale du corselet , on trouve une paire de muscles 

“qui s’attachent à la portion antérieure de l’écusson, 

_ quand cette partie existe ; ou à la partie supérieure 
“de la poitrine : ces muscles s’insèrent à la partie 

“postérieure et supérieure de la tête, au bord du 
trou occipital. Ils tirent la tète en arrière et la re- 
lèvent quand elle est baissée. 

Sur les parties latérales de cette première paire , 
on en trouve une autre beaucoup plus grêle qui, 
s’insérant aussi sur le bord du trou occipital, mais 
plus extérieurement , se dirige obliquement vers les 
parties latérales et postérieures du corselet, où elle 
s'attache. Ces muscles font tourner la tête de côté , 

lorsqu'ils agissent séparément ; ils la redressent 
et portent la bouche dans la ligne moyenne, lors- 


448 vr Lzecon. Mouv. des an. sans vert. 


qu'ils se contractent ensemble. On devine aisément “ 
que dans les insectes dont Particulation de la tête 
se fait en genou, ces muscles rotateurs sont beau- 
coup plus forts et plus prononcés. à 

Les fléchisseurs de la tête sont aussi au nombre 
de quatre, deux de chaque côté. 

La première paire s'attache dans la partie Fate 
etinférieure de la poitrine , sur une petite apophyse 
cornée qui, dansles coléoptères , est de figure quar- 
rée, avecles quatre angles terminés par des branches 
solides. Ces muscles se portent directement à la 
partie inférieure du trou oceipital. D’après leur. 
position, ils doivent perter directement la tète en 
arriére. 

La seconde paire , beaucoup plus courte, vient 
de la partie inférieure latérale du corselet , etse 
porte sur le côté des précédens aux usages desquels 
elle participe , quand les deux muscles agissent en= 
semble ; mais quand l’un d’eux se cétitFaé sépa- 
rément, il fléchit la tête de son coté. | 


2°. Du corselet ou du thorax. 


Le thorax ou le corselet des insectes est situé 
entre la poitrine et la tête. Cette pièce reçoit la w 
première paire de pattes , et contient les muscles 
propres à en mouvoir les premières articulations, « 
ainsi que la tête. Le peu d’étendue du corselet 
est remarquable dans les hyménoptères. Souvent 
on ne. l’apperçoit pas du côté du dos ; cependant 
dans les chrysides il forme une articulation au de- 


Arr. VI. {nsectes parfaits. - 449 
vant dela poitrine , qu’on distingue tres-facilement. 
Le corselet présente encore une particularité de 
conformation qui produit le saut dans le taupin. 
Ce sont d’abord deux pointes postérieures et laté- 
rales qui s'opposent à son trop grand renversement 
sur la poitrine, et. ensuite en dessous. une pointe 
unique , recourbée, que l'animal fait ‘entrer avec 
xessort dans une fossette de la poitrine. 


8°. De la poitrine. 


La poitrine est la troisième articulation du corps 
des insectes. C’est sur cette partie que sont, arti- 
culées, en dessus, les ailes de ceux qui.en ont, 
et en dessous , les quatre pattes postérieures. La 
face dorsale de la poitrine porte souvent , dans sa 
partie moyenne, une apophyse ou appendice 
corné , dont la figure varie, et qu’on nomme l’écus- 
son. La situation entre les ailes de cet appendice 
paroït indiquer qu'il leur sert de point d’appui dans 
le vol. Les lépidoptères cependant n’en ont point. 

Il y a aussi en dessous, dans la ligne moyenne 
et entre les hanches , une arête longitudinale plus 
où moins saillante , selon les genres , qu'on nomme 
le sternum; elle est très-remarquable dans les 
buprestes, les dytisques , les hydrophiles. 

C’est dans l’intérieur de la poitrine que sont con- 
tenus les muscles qui meuvent.les ailes et les quatre 
dernières pattes , comme mous le verrons en trai- 
tant des membres. Mais il paroït aussi que cette 
parlie est susceptible de compression et de dilata- 

1 F£ 


450 VI° Lecon. Mouv. des an. sans vert. 


tion ; au moins , trouve-t-on dans son intérieur des 
muscles très-forts qui rapprochent la partie dor- 
sale de la ventrale. Peut-être servent:ils plutôt au 
mouvement général des ailes : c’est ce que nous 
n’avons pu déterminer encore d’une manière pré- 
cise. Quoi qu’il en soit, ces muscles sont au nombre 
de quatre de chaque côté : leur couleur et leur 
texture différent de celles des autres muscles ; car 
ils sont d’un jaune rougeâtre et d’un tissu fort lâche. 


4°. De l’abdomen ou du ventre. 


L’abdomen des insectes est la quatrième et der- 
mière portion du tronc. Il est ordinairement com- 
posé de plusieurs anneaux , dont le nombre est 
très-variable. Tantôt il est sessile, c’est-à-dire , 
tellement rapproché de la poitrine qu’il semble 
en étre la suite, commedans la plupart des coléop- 
tères ; les z#2ouches & scie, les urocères , les 
scorpions , etc. Tantôt il est pétiolé, c’est-à-dire 
qu'il y a entre la poitrine et l’abdomen un étran- 
glément très-marqué, comme dans les guépes et le 
plus grand nombre des hyménoptères; quelques 
diptères, lès araignées , etc. Quelquefois l’abdo- 
men est terminé par un aïguillon, des soies , des 
lames , des pointes , des poils , des fils alongés, etc. 
mais ces conformations sont du ressort des natura- 
Listes, et nous ne devons considérer ici que les 
mouvemens de l'abdomen. Ils sont de deux sortes : 
. l’un total et l’autre partiel. 

Le mouvement total de l’abdomen n'est bien 


Art. VI. Znsectes parfaits. 454 


marqué que dans les insectes chez lesquels il est 
pédiculé. Il y à alors une” véritable articulation 
solide , une espèce de charnière dans laquelle le 
premier anneau est échancré en dessus et reçoit une 
portion saillante de la poitrine sur laquelle elie se 
meut. Cette articulation est rendue solide par des 
ligamens élastiques qui ont beaucoup de force. Des 
muscles attachés dans l’intérieur de la poitrine 
s’insèrent à ce premier anneau, et déterminent 
l'étendue de son mouvement. 

Quant aux insectes dont l'abdomen est sessile , les 
muscles qui meuvent la premiére pièce sont les 
mêmes que ceux qui agissent d’un anneau sur um 
autre. 

Le mouvement partiel des anneaux est produit 
par des muscles très-simples: ce sont des fibres 
musculaires qui s'étendent de tout le bord antérieur 
d’un anneau, au bord postérieur de celui qui 
- précède. Siles fibres du côté du dos se contractent, 
parggxemple , l’abdomen devenant plus court en 
dessus , se recourbe vers le dos. Si ce sont les 
fibres du côté du ventre ou les latérales qui se 
raccourcissent , l'abdomen se fléchit sous le ventre, 
ou se porte de l’un ou de l’autre côté. L’étendue 
du mouvement est ensuite subordonnée au nombre 
ét à l'espèce d’articulation des anneaux. Dans les 
coléoptères , par exemple , les anneaux ne font 
que se toucher par les bords, et le mouvement 
est très-borné ; tandis que dans les hyménoptéres 
les anneaux du ventre sont autant de petits cerceaux 

| F£ 2 


459 VI° Lrçon. Mouv. des an. sans vert, 


qui s’emboitent les uns dans les autres, comme 
les tubes d’une lunette, et dont il ne paroït sou- 
vent au-dehors que le tiers de l’étendue. 

T'els sont les mouvemens dont le ventre des insectes 
parfaits est susceptible. 


5°. Des membres. 


Il nous reste encore à étudier l’organisation des 
membres. Commençons par les pattes, et voyons 
successivement quel est leur z2ombre ; leur forme 
générale, leur composition , leur proportion res- 
pective, leurs mouvernens. 

Le nombre des pattes varie, Il n’y en a jamais 


ni plus ni moins de six dans les insectes ailés: . 


mais le nombre en est très-variable parmi ceux 
qui n’ont pas d'ailes. Les poux, les puces , les 
podures , les forbicines , les mnittes , en ont six 
attachées comme dans les insectes aïlés ; les scor- 
pions , les araignées , les faucheurs en ont huit ; 


les cloportes, les jules et les scolopendres en ont . 


à tous les anneaux de leur corps; la tête êt la 
queue exceptées. Dans les uns , on en trouve deux 


paires par anféau, et dans les autres une seule 


paire. : 

La forme générale des paites dépend de la ma- 
nière de vivre des insectes. Sont-ils destinés à 
demeurer dans l’eau , à nager ? alors les pattes 
sont applaties , longues , ciliées. Doivent-elles ser- 
vir à fouir la terre? elles sont élargies , crénelées, 
tranchantes. Servent-elles seulement à la marche ? 
ellés sont longues , cylindriques. Sont-elles propres 


ArT. VI Jnsectes parfaits. 453 


au saut ? la cuisse est plus grosse , la jambe plus 
alongée , souvent arquée. Enfin d’après ces con- 
formations diverses on peut très-bien reconnoître, 
même dans l’insecte mort , ses habitudes , sa ma- 
mière de vivre. , 

Les pattes des insectes sont cozposées de quatre 
parties principales , qu’on nommé la Lanche, la 
cuisse ou fémur , la jambe ou tibia, le tarse 
ou doigt. 

Chacune de ces parties est enveloppée dans um 
étui de substance cornée. Elles jouent lune sur 
Vautre par ginglyme, parce que la substance dure 
étant en dehors, l'articulation n’a pu se faire par 
moins de deux tubercules. Le mouvement de 
chaque article ne se fait donc que dans un seul 
plan , à l'exception de celui de la hanche, comme 
nous allons le voir. 


: La hanche joint la patte au corps et joue dans. 


une ouverture correspondante du corselet on de 
la poitrine , sans y étre articulée d’une manière 
positive , mais comme emboîitée. La figure de la 
hanche varie. Chez les insectes auxquels les pattes 
me servent qu'à la marche, comme les capricornes, 
les chrysomèles , le plus grand nombre des hy- 
ménoptères , des diptères, etc. les hanches sont 
globuleuses et forment un véritable genou des 
_ mécaniciens. Mais chez ceux dont les pattes devoient 
avoir ce mouvement latéral nécessaire à l’action 
de nager , de fouir la terre, etc. la hanche est 
large , applatie , et a ordinairement son plus grand 
FES 


“ 


454 VI Leçon. Mouv. des an. sans vert. 


diamètre dans la direction transversale du corps. 
Dans quelques-uns même , comme les dytisques , 
la hanche postérieure est soudée et immobile. Elle 
est comprimée en forme de lames dans les blattes, 
les forbicines, et quelques autres genres d’insectes 
qui marchent trés-vile. 

Le fémur suikimmédiatement la hanche , à la 
partieMnterne de laquelle il s’articule, de manière 
à être parallele à la face inférieure du corps 
dans l’état de repos ; ses mouvemens, sur cette 
première pièce , se bornent à celui de devant en, 
arrière. La nature et l’étendue du mouvement 
de la cuisse paroissent avoir déterminé ses formes. 
Dans les insectes qui marchent beaucoup et qui 
volent peu, comme les carabes , les cicindèles, etc. 
ill ya, à la base du fémur, une ou deux émi- 
nences qu’on nomme trochanters. Elles paroïssent 
destinées à éloigner les muscles de l’axe de l’arti- 
culation. Chez ceux qui avoient besoin de muscles 
forts pour sauter , la cuisse est épaisse et souvent 
alongée , comme dans les sauterelles , les allises , 
quelques charansons , les puces, etc. Dans ceux 
qui fouissent la terre et chez lesquels la cuisse 
doit opérer un fort mouvement, elle porte une 
facette articulaire qui correspond au plat de l& 
hanche sur laquelle elle appuie. C’est ce qu’on 
observe dans les pattes antérieures des scarabés , 
des scarites , des taupes- grillons , etc. Enfin la 
forme de la cuisse est toujours subordonnée au 
genre du mouvement. : 4 


AnT. VI. fnsectes parfaits. 455 


La jambe est la troisième articulation de la 
patte. Elle se meut en angle sur la cuisse , et n’est 
point susceptible d'autre mouvement. La figure du 
tibia dépend essentiellement des usages auxquels 
il est destiné. C’est ce qu’on voit dans les insectes 
nageurs, où il est applati etcilié; dans les fouisseurs, 
où il est crénelé et tranchant sur ses bords. Dans 
les népes, les nantes et plusieurs autres, la patte 
antérieure est terminée par un onglet, et forme, 
avec la cuisse, une espèce de pince ou de tenaille 
dont ces insectes se servent pour retenir leur proie, 
qu'ils dévorent toute vivante. 

Le doigt ou tarse des insectes forme la dernière 
pièce de la patte. Il est ordinairement composé de 
plusieurs articles, dont le dernier est terminé par un 
ou deux ongles crochus. Ces articles jouent les uns 
sur les autres ; et quelquefois même ils sont oppo- 
sables au tibia, et forment ainsi une, espèce de 
pince. La configuration du tarse est toujours en 
rapport avec la manière de vivre de l’insecte. Les 
. articles sont grêles ; à peine distincts, sans pelottes 
mi houpes, dans le plus grand nombre de ceux 
qui creusent la terre , et qui marchent peu à sa 
surface, comme les scarabés , les escarbots , les 
sphéridies , les scarites, les sphex, etc. Hs sont 
applatis en nageoires, ciliés sur leurs bords ; ef 
souventprivés d’ongles-dans les insectes quinagent, 
comme les 4ydrophiles, tourniquets, naucores , 
corises, etc. Ils sont garnis de pelottes visqueuses, 


de houppes soyeuses ou de tubercules charnüs , vé- 
F£ 4 


er | 
La 


"4 


456 VI° ELrçon. Mouv. des an. sans vert. 


siculeux, chez ceux qui marchent sur des corps 
lisses et glissans, comme dans les 20#ches , les 
chrysomèles , les capricornes, les thrips, ete. Il 
sont formés de deux ongles mobiles , et opposables 
dans ceux qui doivent marcher et s’accrocher sur 
lès poils, comme les poux, les ricins, les cirons. 
L'un des articles est extrêmement dilaté , et couvert 
de poils disposés sur des lignes parallèles, dans les 
mâles de quelques espèces du genre crabro et de 
quelques dytisques. 

Le tarse est terminé par un seul ongle dans quel- 


, » » 
ques zzé/o/onthes , les népes , etc. ; par deux dans . 


le plus grand nombre des insectes; par deux et un 
appendice forchu au milieu , dans les cerfs-volans. 
Le nombre des articles des tarses varie beau- 
coup. Il y en a cinq dans le plus grand nombre 
des coléoptères , dans tous les hyménoptères et 
les diptères; quatre dans les familles des ckaran- 
sons , des chrysomèles , des capricornes ; des 
sauterelles'; trois dans les demoiselles, les Jorji- 
cules; un seul dans les pieds de devant des r7antes, 
des zépes,, des naucores ; enfin pas du tout dans 
les paites antérieures des papillons nymphales. 
La proportion respective des pattes détermine , 
jusqu’à un certain point, l'espèce de marche de 
chaqneïns ecte. Si les pattes sont égales entre elles , 
par exemple, il en résulte un mouvement uni- 
formé ; mais dont la vitessevarie d’après leur 
longueur. Ainsiles espèces quiles ont loñgues mar- 
chent fort vite. C’est ce qu'on -voit dans les fau- 


\ 


Arr. VI. Znsectes parfaits. 457 


cheurs ; les araignées, les scolopendres, les asyles, 
les rhagions , les capricornes , les molorques, 
les Des; les carabes, etc. ; tandis que ceux: 
qui ont les pattes courtes ont une marche très- 
lente. Tels sont les jules, les tiques, les gallin- 
sectes femelles , etc. 

Lorsque les pattes antérieures sont plus longues , 
“elles retardent le mouvement. C’est ce qui arrive 
dans les éphémères, les mantes , les népes, les 
ranatres , et dans quelques espèces de scarabés, 
de capricornes , de clytres, etc. Aussi ces sortes” 
de pattes ne servent aux insectes qui en sont pour- 
“vusque pour saisir les corps en quelques circons- 
“iances , et s’y accrocher. 

- Lorsque les pattes postérieures sont plus longues, 
“elles donnent à l’insecte la faculté de sauter. C’est 
“ce qu'on voit dans les sauterelles , les grillons , 
Les puces, etc. Cependant il est des insectes qui, 
n'ayant pas les jambes plus longues, ont les cuisses 
“très-grosses , et garnies de muscles qui leur donnent 
a faculté de sauter. T'els sont les altises, les cica- 
delles | quelques charansons et quelques zchneu- 
mons. 

» Enfin il est des insectes qui ne sautent pas, quoi- 
qu'ils aient les pattes postérieures longues et les 
cuisses très grosses. T'els sont quelques bruchus de 
Fabricius, les zortes , les œdernères, les leucopses, 
les chalcides , etc. Mais tous ces insectes ont les 
jambes très-arquées. 

Nous pouvons étudier maintenant les organes 


458 VI LEcon. Mouv. des an. sans vert. 


du mouvement des pattes. Celui de chaque article 
ne se fait que dans un seul plan. Il n’est opéré 
que par deux muscles quissont enveloppés dans 
l’article précédent, un extenseur et un fléchisseur. 

Dans les coléoptères, les hanches se meuvent par 
une espèce de rotation sur leur axe longitudinal, 
lequel, comme nous l’avons dit , est placé en tra- 
vers, et fait avec l’axe ou ligne moyenne du corps 
un angle plus ou moins approchant de 90°. La 
cuisse étant attachée à l’extrémité interne de la 
hanche, est d'autant plus écartée de la cuisse 
opposée, qu’elle est plus fléchie sur sa propre 
hanche, On sent que la position du plan dans lequel 
celte flexion se fait, dépend de la situation de la 
hanche. Lorsque celle-ci est tournée en avant, le 
plan est vertical. Lorsqu’elle est tournée en arrière, 
il devient toujours plus oblique , et même hori- 
zontal dans les espèces qui nagent. C’est donc du 
mouvement peu sensible de la hanche que dé- 
pendent les mouvemens les plus remarquables de 
la patte. | 

Les muscles de chaque paire de hanches et de 
cuisses sont placés dans la partie du corselet ou 
de la poitrine qui est au-dessus; et, pour les bien 
voir, il faut couper le corps de l’insecte par tranches 
verticales. 

Au-dessus de la dernière paire, dans la poitrine , 
est une pièce écailleuse en forme d’Y. Sa tige 
donne attache au muscle qui fait tourner la hanche 
en arrière en s'insérant à son bord postérieur. 


À Glle. 7 


Arr. VI. Jnsectes parfaits. 459 


Celui qui la fait tourner en avant est attaché au dos, 
ets’insère par un tendon mince àson bord antérieur. 

Le muscle qui étend la cuisse, en la rapprochant 
de lautre , est très-considérable, et s’attache à 
toute la branche de la pièce en forme d’Y, pour 
s’insérer au bord interne de la tête de la cuisse. 
Son antagoniste est logé dans l’épaisseur même de 
la hanche. 

Quant aux deux paires de cuisses antérieures, 
les muscles qui les étendent sont attachés aux par- 
ties dorsales quileur répondent , et non à des pièces 
intérieures particulières : mais ceux qui les flé-. 
chissent sont toujours situés dans l’épaisseur même 
des hanches. 

Les muscles qui font tourner celles-ci sont aussi 
attachés aux parois du corselet ; savoir, celui qui 
les porte en arrière , à la partie dorsale ; et celui 
qui les porte en avant , à la partie latérale. Dans 
les dytisques , dont la hanche de derrière est, 
comme nous l’avons vu, soudée et immobile, ces 
muscles semblent se porter au fémur, qui en a 
ainsi quatre ; deux extenseurs et deux fléchisseurs. 

Les autres ordres d’insectes sont, à peu près, 
conformés de la même manière que les coléoptères. 

Les muscles de dla jambe sont situés dans l’in- 
térieur de la cuisse. L/extenseur est court et grêle, 
altaché à son bord externe ( le fémur supposé 
étendu dans la longueur du corps ). Le fléchisseur 
est beaucoup plus fort et plus long. Il est situé du 
côté interne , et dans toute la partie supérieure. 


460 VI° Leçon. Mouv. des an. sans vert. 


Il y a de même deux muscles pour chacun des 
articles du tarse. L'un, sur la face supérieure ow 
dorsale : c’est un extenseur ; il est petit. I/autre, 
sur la face inférieure , plus marqué , et agissant 
comme fléchisseur. 

Les ailes sont , comme nous l’avons vu, des 
membres attachés aux parties latérales de la poi- » 
trine. Elles sont destinées spécialement au vol. Un 
ordre entier d'insectes en est privé, kes aptères; um 
autre ordre n’en a que deux , les diptères : maïs le 
plus grand nombre en a quatre.Celles-ci varient beau- 
coup par leur nature. Dans les hyménoptères et les 
névroptères, les quatre ailes sont entièrement mem- 
braneuses. Celles des lépidoptères sont recouvertes 
d’écailles farineuses diversement colorées. Dans 
les coléoptères , les deux ailes supérieures sont des 
étuis cornés plus où moins solides , qu’on nomme 
élytres. Elles recouvrent entièrement les deux 
inférieures , qui sont membraneuses, et se plient M 
en charnière sur un coude qu’elles forment à 
leur bord externe. Dans les orthoptères , les 
ailes supérieures sont des élytres ou étuis demi- 
membraneux , recouvrant les deux ailes inférieures F: 
qui se plissent sur leur longueur, sans se plier 
transversalement , à l’exception du genre des for- 
Jicules. Enfin, dans les hémiptères, les ailes infé- 
rieures membraneuses se replient et se croisent sous 


AE ER 


des; élytres , moitié coriaces , moitié membraneux.… 
Il y a toujours au-dessous de l’aile, dans les 
insectes qui n’en ont que deux , un autre petits 


Art. VI. Znsectes parfaits. 451 


rudiment d’aile , de figure alongée et cylindrique , 
terminé par un pelit bouton ou petite tête solide. 
On nomme cette partie le balancier , parce qu’on 
suppose qu’elle sert à linsecte pour maintenir l’é- 
quilibre de son corps dans le mouvement rapide 
de ses ailes. Ce qu'il y a de certain et de connu 
à cet égard, c’est que toutes les fois que l’insecte 
frappe l'air avec l'aile, on voit un mouvement 
très-rapide dans le balancier. Il y a en outre , dans 
les diptères , une écaille membraneuse voütée entre 


“le balancier et l’aile. On la nomme cuilleron. Le 


balancier , dans ses-mouvemens , frappe rapide- 


“ment cette partie, et' paroît produire sur elle ce 


bourdonnement si connu que les mouches font en- 


“tendre en volant. 


à 


. j J : 
Les muscles qui meuvent les ailes ne nous sont 


“point encore bien connus. Il paroïtroit qu'il y en 
a de deux sortes : les uns, petits et courts, qui 


Sont destinés à les étendre ou à les plier en même 


.émps qu'ils les éloïgnent ou les rapprochent de 


Taxe du corps; et d’autres, un peu plus longs, 


propres à produire le mouvement d’élévation et 
d’abaissement par lequel l’air frappé, fait éprouver 
à Vinsecte la résistance qui détermine la nature 
déson mouvement dans l’espace. 

Les élytres des coléoptères, des orthoptères et 
des hémiptères ne paroissent pas servir manifeste- 
ment à l’action du vol, à moins qu’ils ne soient mus 
également par l’action des muscles de la poitrine. 

La manière dont se plient ou se plissent les 


462 VI° Lecon. Mouw. des an. sans vert. 


ailes mérite quelques considérations. Le citoyen | 
Jurine, de Genève, a fait des observations fort . 
curieuses sur les nervures des ailes supérieures . 
dans les hyménoptères , et y a trouvé des notes 
caractéristiques très-remarquables, au moyen des- 
quelles il a établi des genres forts naturels. Sa 
méthode , appliquée aux autres ordres, offriroit 
peut-être aussi de très-bons résultats. Le genre des 
cicindèles , par exemple, porte au coin de l’aile. 
une espèce de disque transparent. Les perce-oreilles | 
ont des ailes qui se plient trois fois transversale- 
ment , et qui se plissent ensuite dans leur lon- 


gueur , etc. 
Toi se termine l’étude des organes du mouve- 
ment dans les insectes parfaits. eu 


ARTICLE, VEE 
Des organes du mouvement dans les vers. 


Les vers ne sont pas pourvus d’organes du 
mouvement aussi parfaits que les chenilles. Privés 
de pattes écailleuses et membraneuses , quelques- \ 
uns se traînent ouvrampent sur le corps à l’aidé de » 
poils ou de soies roides, dont ils sont recouverts 
en tout ou en partie. Tels sont les aphrodites,, « 
les amphinomes, les néréides, les lombrics; etc. 
Deux ordres de muscles servent à leur mouvé- 
ment, ‘4 

Les uns s'étendent dans toute la longueur de 
leur corps, et forment quatre faisceaux. princi-M 


ART. VII. Jers. 463 


paux, dont deux appartiennent au ventre et 
deux au dos. Ces quatre muscles constituent, pour 
ainsi dire , la masse du corps. On les trouve im- 
imédiatement au-dessous de la peau. Leurs fibres 
sont parallèles ; mais leur longueur n'excède pas 
celle des anneaux. Ils sont interrompus dans les 
plis de chacun d’eux par des espèces d’intersec- 
tions que produit un tissu cellulaire serré. C’est à 
l'intérieur qu'on reconnoît plus manifestement 
lorganisation de ces muscles. On voit qu’ils sont 
“séparés entre eux par une ligne longitudinale, et 
“enveloppés dans des espèces de poches d’un tissu 
“cellulaire très-serré qui répondent à chaque anneau 
“du corps. Ces quatre muscles produisent les grands 
“mouyemens. Quand ceux du dos se contractent 
en tout ou en partie , par exemple, ils relèvent la 
portion du corps à laquelle ils appartiennent. Le 
même effet, mais en sens contraire , est produit 
par Péction contractile des muscles du ventre. 
“Le second ordre des muscles des vers est spé- 
cialement destiné au mouvement des épines ou 
soies roides. Leur nombre égale celui des faisceaux 
dépoils. Ainsi les faire connoître pour l’un d’eux , 
cest la même chose que si on les décrivoit pour 
tous. 
… Lessoies, les poils, les épines , les tubercules, etc. 
qui font plus ou moins de saillie à la surface du 
corps de ces animaux, sont manifestement mobiles: 
Is rentrent et sortent à volonté. Les muscles qui 
Produisent ces mouvemens ne sont visibles que 


464 VI° Lrcox. Hlouv. des an, sans vert, 


lorsque l’animal est ouvert, qu'il est privé de 
canal intestinal, et que sa peau est retournée. Alors 
on remarque que chaque faisceau de poils est re 
dans la concavité d’un cône charnu, dont la ba 
est attachée aux muscles longitudinaux , et dont | 
sommet: se fixe à l’extrémité interne des po 
Toutes les fibres qui forment ce cône sont long 
tudinales , mais enveloppées par un tissu cellulaire 
serré. Par leur contraction, elles tirent les p 
au-dehors et dans le sens qu’elles déterminer 
Cette première sorte de muscles, qui appartien 
chacun des faisceaux de poils, pourroit être nom= 
mée les muscles protracteurs des épines. : 
Le mouvement par lequel les épines sorties 
peuvent rentrer dans l’intérieur , est produit par 
une autre sorte de muscles, qu’on pourroit appeler | 
rétracteurs. Ils ont beaucoup moins de fibres que 
les premiers : aussi leur action doit-elle être foiblé 
Ils sont couchés sur la face interne des muscles 
longs, à peu de distance des trous dont ceux-ci sont 
percés pour laisser passer les poils; et ils s’ins 
sèrent au faisceau même des épines, à peu prés 
à la hauteur où celles-ci doivent entrer intérieæ 
rement. On conçoit que lorsque les muscles pro à 


tracteurs se contractent, ils poussent au-dehors JE 
rétracteur , qui, lorsque celui-ci se contracte à so! 
tour , tend à reprendre le parallélisme de 
fibres , et tire ainsi les épines en dedans. " 

C'est à l’aide de ces muscles et des épines quäls 
meuvent que ces vers rampent et changent len 
ment de lieu. 


Art. VIL Fers. 465 


Une autre famille de vers, dépourvue d’épines 
et de soies , n’a pas la même organisation muscu- 
laireé: aussi sa manière de ramper diffèret-elle 
beaucoup de celle des premiers. 

Ils se trainent à l’aide des deux extrémités de 
leur corps , qu'ils appliquent alternativement sur 
le plan qu'ils veulent parcourir. Une organisation 
particulière les rend propres à ce genre de pro- 

gression. On pourroit en former deux ordres. 

Les uns, comme les sangsues , et plusieurs 
“autres vers intestinaux , ont la tête et la queue 
terminées par une espèce de disque charnu con- 
tractile qui ressemble un peu à ceux des poulpes. 

“organisation de ces deux disques, qui font Polfice 
“de ventouses ou de suçoirs, n’est pas facile à déter- 
| miner ; car, lorsque la peau qui les recouvre est 
enlevée , on n y voit que des fibres très-déliées en- 
“trelacées diversement. , 
% Quoique cet ordre de vers à sucoirs soit très- 
ontractile , on a cependant beaucoup de peine à 
éconnoitre les muscles qui meuvent leur corps. 
E effet, toute leur peau peut être regardée comme 
ünemuscle où une espèce de sac charnu , à fibres 
circulaires et longitudinales, qui renferme les vais- 
sSeaux , les viscères et les glandes. Cette peau mus- 
culeuse est épaisse , et recouverte intérieurement 
par un tissu cellulaire très-serré et trés-solide. 

Borsque le ver veut changer de lieu , le corps 
Mappuyé sur l’une de ses extrémités, à l’aide de la 
ventouse qui la términe , il contracte isolément les 

1 Gg 


466 VI LEcox. Mouv. des an. sans vert. 


fibres circulaires de sa peau ; alors son corps di 14 
minue de diamétre , et s'alonge. Quand son extré-" 
milé libre est parvenue aïnsi au point sur lequel … 
le ver a voulu la porter , il l'y applique, et le Ÿ 
suçoir y colle pour devenir le point fixe d’un « 
nouveau mouvement : car l’animal, après avoir 
détaché son premier suçoir mis en usage , le ra- 
méne,vers le second, à l’aide des fibres longitudi- 
nales de sa peau, et ainsi de suite. Voilà le 
mécanisme de la progression des vers à disques 
terminaux. 

Le second ordre des vers qui ne marchent qu’en 
s’appliquant par les deux extrémités de leur Corps ;, 
comprend le plus grand nombre des intestinaux: 
Ceux-ci ne sont point aussi contractiles que les 
sangsues, et leurs mouvemens sont plus lents. Leur 
tête, au lieu d’être terminée par un disque, est 
quelquefois armée de crochets, à l’aide desquels ils 
se cramponent sur les parties qu’ils sucent. Tels 
sont le Zænia commun , le cucurbitain , les Ay- 
datides , les crampons , les échinorin que , les 
uncinaires , etc. etc. La disposition des crochets et 
leur courbure varient beaucoup: Les naturalistes 
les ont décrits. 


Ant. VIIL Des zoophytes. 467 
AR TECLE. V:ILTL 
Des organes du mouvement dans Les zoophytes. 


Les organes du mouvement des zoophytes varient 
tant dans leur nature , leur forme et leur action, 
que pour en donner une idée précise y nous serons 

… obligés de les étudier particulièrement et successi- 
vement dans certains ordres de ces animaux. En 
effet, il y a souvent plus de différence de forme 
entré un animal infusoire et un échinoderme , par 
exemple, qu'entre un reptile et un poisson, qu'entre 
un poisson même et certains mammifères. 

Dans l’exanen des parties qui servent aux mou- 
…_vemens des \zoophytes, nous suivrons la marche 
des naturalistes , et nous les étudierons d’abord dans 
“ceux qu'on appelle échinodermes, qui, pour la 
%: plupart, ont des pieds réiractiles nembreux, et 
he une enveloppe plus ou moins solide. 


Ces pieds rétractiles sont des espèces de suçoirs 
…. dont l’organisation est à-peu-près semblable dans 
es trois genres qui composent cet ordre. Chacun 
devces suçoirs peut se contracter isolément. Leur 
forme est, à peu près, celle d’une ampoule à long 
tube, remplie d’une humeur très-fluide, dont les 
parois sont formées par des fibres circulaires. La 
portion tubuleuse ou alongée de ces ampoules est 
la seule qui paroisse au-dehors de l’animal quand il 

a le pied alongé. Elle est terminée par une espèce 


_ 


Gg a 


468 VI° Lecox. Mouv. des an. sans vert. 


de disque à partie moyenne concave. La portion 
sphérique est renfermée dans l’intérieur du corps. 
D’après cette organisation du pied, il est facile d’ex- 
pliquer lemécanisme de son action. L’humeur con- 
tenue dans l’intérieur de l’ampoule devient, par son 
déplacement, la cause du mouvement. Aiïnsile pied: 
supposé rentré dans le corps, la partie sphérique 
de l’ampoule est beaucoup plus grosse. Le pied 
sort-il au dehors ? les parois de l’ampoule se con- 
tractent , chassent le fluide qu’elle contient dans 
l'intérieur du tube, qui grossit et s’alonge. Le pied 
rentre-t-il ? c’est alors la tunique du tube qui se 
contracte, et qui chasse l'humeur dans l’ampoule. 

Le nombre et la position de ces pieds varie 
beaucoup , même parmi les espèces , comme nous 
allons le reconnoître: en considérant les différens 
genres. 

Les Loloturies sontrecouvertes d’une peau épaisse 
et coriace, qui peut se raccourcir et s’alonger au 
gré de l’animal. Des bandes musculaires longitu- 
dinales , dont la largeur et le nombre varient selon 
les espèces, et d’autres bandes transverses plus 
minces , étendues sur toute la surface interne , 
produisent ces deux mouvemens. Les animaux 
compris dans ce genre ont les pieds disposés de di- 
verses manières : quelques espèces même en sont 
privées. Les autres les ont tantôt épars sur tout le 
corps, tantôt situés du même côté, et quelquefois 
disposés enr rangées longitudinales. 

Les étoiles de mer ou astéries ; ont le corps 


Arr. VIII. Des zoophytes. 469 


recouvert d’un tissu fibreux très-serré , dont les 
mailles sont remplies par des grains de substance 
calcaire dont la forme et la grosseur varient. Cette 
espèce de peau crustacée est cependant susceptible 
d'un mouvement qui, quoique lent, est très-remar- 
quable. Leur corps est divisé, le plus ordinairement, 
en cinq branches, qui portent les pieds. Ceux-ci sont 
rangés en plusieurs files dans toute la longueur de 
ces branches du coté de la bouche. Ces branches 
sont quelquefois garnies d’épines ; souvent leur 
partie moyenne est entièrement calcaire ; mais 
articulée à son origine , et mobile sur la partie 
centrale du corps. 

Les oursins sont encroûtés d’une peau entière- 
ment calcaire , dont la surface est garnie de tuber- 
cules disposés d’une manière très - régulière, et 
sur lesquels s’articulent et se meuvent des épines 
qui varient pour la forme , la grosseur et la Ion- 
gueur. Il est très-diflicile de voir les fibres qui 
meuvent ainsi ces épines au gré de l'animal; car 
on ne reconnoit dans leur articulation qu’une subs- 
tance ligamenteuse très-solide , qu’il est très-dif- 

file de couper. Les pieds sortent du corps de 
Vamimal par des trous dont la coquille est percée 
d’une manière trés-régulière, et qui forment des 
lignes symétriques et parallèles que les naturalistes 
ont nommées anbulacres , parce qu'ils les ont 
comparées à des allées de jardin. 

On ne reconnoïit plus les organes qui produisent 


le mouvement dans les autres ordres de zoophytes; 
Gg5 


470 VI° LEcon. Mouv. des an. sans vert. 


ils échappent là à nos recherches par leur transpa- 
rence. Un grand nombre ont la bouche garnie 
de tentacules mobiles au gré de l’animal, à l’aide 
desquels 11 saisit sa proie. Les r7éduses nagent en 
déplaçant l’eau par des mouvemens alternatifs qui 
rendent leur corps tantôt plat, tantôt convexe. 
Les actinies ont, dans la peau coriace qui les 
FÉCORE rune telle faculté contractile , qu’elles 
prennent à volonté les formes les plus dissemblables. 
Tantôt applaties en disque , tantôt élevées en cône, 
tantôt alongées en cylindie , etc. etc. Dans les 
hy dres. on ne retrouve plus que des tentacules 
mobiles. Dans les vorticelles, les rotifères ; on 
apperçoit , à l’aide des instrumens, des cils de 
figures diverses tournant sur leur axe avec une 
rapidité étonnante. 

Nous devons terminer ici l’étude anatomique 
des organes du mouvement, puisque nous ne pou- 
vons plus qu’en reconnoître les formes exté- 
rieures que les naturalistes ont décrites, et que 
notre but est seulement d’en faire connoître la 
structure intérieure. 


SEPTIÈME, LEÇON. 


Des organes du mouvement considérés 


el actiort. 


N ous ayons vu dans toute cette première par- 
tie de notre ouvrage, les formes, les connexions 
et les rapports de tous les organes du mouvement. 

Nous avons sur-tout appuyé sur les articulatioris 
de chaque os, et l’action particulière de chaque 
muscle , et sur les variations que ces choses subis- 
sent dans les divers animaux. 

Voyons à présent l'effet qui résulte de l’action 
simultanée ou successive de tous ces organes ; dans 
la production des mouvemens généraux et partiels 


“dont les animaux sont susceplibles ; et examinons 


comment ces effets sont modifiés par les différences 
des organes de chaque espèce. 


ARTICLE PREMIER. 
De la station. 


La station est cet état dans lequel un animal 
se lient sur ses jambes dressées et fermes. 

Si un homme ou un animal, qui se tient debout, 

venoit à mourir subitement , ou cessoit, par quelque 
Gg 4 


/ 


472 © VII Leçon. Des mouvemens. 


autre cause, de faire les efforts nécessaires pour 

le maintien de sa station , toutes les articulations 
de ses jambes céderoient sous le poids de son 
corps et se fléchiroient. La station est donc pro- 
duite uniquement par l’action soutenue des muscles 
extenseurs de toutes les articulations; les fléchis- 
seurs y entrent pour rien, et c’est-là une des 
causes pour lesquelles une station constante est 
plus fatiguante que la marche qui dureroit le 
même temps , mais dans laquelle les extenseurs 
cesseroient alternativement d'agir, pour céder aux 
fléchisseurs. 

Il y a cependant des animaux dans lesquels 
certaines articulations sont maintenues dans l’état 
d'extension par leur propre forme, et par les 
ligamens qui s’y attachent. Telle est la ciégogne. 
Son fémur s’articule sur son tibia par une facette, 
dans le milieu de laquelle est un creux où entre 
une saillie du tibia. Pour fléchir la jambe, il faut 
que cette saillie sorte du creux, et passe sur son 
bord postérieur ; alors elle tiraille nécessairement 
les ligamens , plus que dans l’extension , lorsqu'elle 
est logée dans sa fossette. Ces ligamens doivent 
donc maintenir la jambe étendue comme des espèces 
de ressorts , et sans que les muscles ayent besoin 
d'y contribuer. 

C’est pour cela que ces sortes d’oiseaux peuvent 
passer des jours et des nuits sur un seul pied sans 
se fatiguer. 

Mais les choses ne sont point ainsi dans l’homme 


1 


4 
: 


. 


Arr. I. De la station. 473 


et dans les quadrupèdes ; leurs muscles seuls les 
retiennent. Au reste il ne faut point se représenter 
l'extension qu'ils produisent comme une immobi- 
lité parfaite ; elle consiste plutôt dans une suite de 
vacillations , c’est-à-dire de flexions et d’extensions 
alternatives très-petites. - 

Les animaux peuvent se tenir debout sur deux 
pieds , ou sur quatre, ou sur davantage. 

Ceux qui se tiennent sur deux pieds, peuvent 
avoir alors le corps vertical, où plus ou moins 
approchant de l'horizontale. 


À. Station sur deux pieds, & corps vertical. 


Pour qu’un corps puisse se tenir dans une posi- 
tion verticale , il faut que toutes ses parties soient 
“disposées de manière à être facilement maintenues 
“en équilibre ; que les muscles aient la force d’en 

“corriger continuellement les mouvemens d’aber- 

“ration, que la ligne de gravité du corps entier, 
…iombe dans les bornes du plan qu’occupent les 
“appuis du corps, ou ses pieds, et enfin que les 
Pieds eux-mêmes soient disposés de manière à 
Saisir, pour ainsi dire, les inégalités du sol, 
et as y cramponner. 

L'homme est le seul animal qui réunisse toutes 
ces conditions au degré nécessaire. 

D'abord quant à la ligne de gravité, il est clair 
que plus la surface circonscrite par les pieds est 
large , plus il est difficile que cette ligne en sorte. 
Or, Vhomme a les pieds plus larges, et il peut 


4n4 VII° Leçon. Des mouvemens. 


les écarter l’un de l’autre plus que les autres 
animaux. 


L’écartement des pieds de l’homme tient, 1°. à” 


la largeur ‘du bassin, qui surpasse proportionnel- 
lement celle de tous les animaux , qui auroient 
d’ailleurs quelqu’une des autres conditions requises 
pour la station perpendiculaire , comme sont les 
quadrumanes et les carnassiers; 2°. à la longueur 
et à l’obliquité du col du fémur, qui portent cet 
os plus en dehors, et le dégagent mieux de son 
articulation que dans tout autre animal. 
La grandeur dela surface du pied de l’homme tient 
à ce qu'il appuye le tarse , le métatarse et tous les 
doigtsaterre , ce qu'aucun autre animal ne fait aussi 


parfaitement ; les siges ‘et les ours mêmes ayant M 


le bout du calcanéum relevé, tandis que dans 
l’homme il forme au contraire une saillie en bas 
comme pour soutenir le pied par derrière. Les 
didelphes approchent aussi beaucoup de l’homme 
par leurs pieds de derrière , mais ils manquent 
de toutes:les autres conditions. Les quadrupèdes, 


qui ont le tarse plus alongé que l’homme, l’ont . 


plus étroit, et ne touchent la terre que du bout 
des doigts. 
L'homme surpasse également les autres quadru- 
pèdes par la forme avantageuse de son pied, et 
par son aptitude à se bien affermir sur le sol. | 
Il est plat en dessous, et ses deux bords ap- 
puyent également à terre ; dans les autres animaux, 
il est ordinairement convexe , ou bien, comme 


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Arr. I. Ze la station. 475 


dans les singes, il est articulé avec le tibia de 
manière à .n'appuyer à terre que par son bord 
extérieur. Au reste, cette disposition étoit néces- 
saire aux singes, pour leur laisser le libre usage 
de leurs pouces et de leurs longs doigts. Cette 
même longueur des doigts , qui leur est si commode 
pour saisir les branches, leur nuit sur un sol plat ; 
car ils perdent d'autant plus de leur force qu'ils 
sont plus longs, lorsqu'ils ne peuvent que presser 
“et non entourer quelque partie arrondie. ‘Ceux 
de l’homme , au contraire , sont courts et épais; 
son pouce est très-fort , et plus long que les autres 
4 ce qui nee d'autant Pafendie du pied, 
met ne se retrouve point dans les autres mammiferes. 


à VA “Ces doigts n’ont en dessous ni ongle ni corne qui 


les empêche de se bien appliquer au sol, et d’en 


x | discerner les inégalités. 


— Enfin le court fléchisseur des doigts est tout 
“entier sous le pied, et prend sa première origine 
en avant du talon ; il n’a rien de commun avec 
lesmuscle appelé mal-à-propos plantaire grêle, 


qu se fixe au calcanéum avec les autres exten- 


seurs du pied ; le long fléchisseur passe à côté du 
calcanéum, en sorte que ni l’un ni l’autre ne sont 
génés par le talon, lorsqu'il appuye contre terre. 

Dans les autres mammifères, et même en partie 
#3 singes , le muscle plantaire grêle sert à 
fléchir les doigts; il passe sur la tête du calcanéum , 
et il seroit empêché dans son action si cette têle 
le comprimoit en appuyant contre terre. 


476 VII Leçon. Des mouvemens. 


Le poids du corps tend à fléchir la jambe en 
“avant sur le pied. C’est donc par le moyen des 
extenseurs du talon, qu’elle est maintenue dans 


plus épais dans l’homme, à ‘proportion , que dans 
aucun autre mammifere, excepté , peut être, ceux 4 
qui font de grands sauts. C’est pour cela que 
l’homme seul a de vrais mollets , et que les hommes 
qui font le plus d’usage de ces muscles, comme 
les sauteurs , les ont plus épais que lesautres. 


Ta cuisse de l'homme se trouve , dans la station , 
former une même ligne avec le tronc et avec lau 
jambe ; -dans les quadrupèdes , au contraire, elle“ 
est collée contre le flanc, et forme , avec l’épine M 
un angle souvent aigu. Voilà pourquoi elle est” 
plate dans ces animaux et ronde dans l’homme. 


Lés extenseurs de la cuisse sont, à proportion, | 
plus forts dans l’homme. C’est le contraire pour 
les fléchisseurs , qui, de plus, descendent beau-w 
coup plus ‘bas sur la jambe dans les quadrupèdes, 
et empêchent par là de se redresser entièrement 
sur la cuisse. | | 

Dans ce redressement la rotule remonte dans 
une rainure placée au bas et au- devant du 
fémur , qui s'étend plus haut dans l’homme que 
dans les autres espèces. ei 


Les mouvemens de la cuisse sur le bassin se # 
font dans toute sorte de sens, mais le poids dum 


ArT. I. De la station. 477 


corps tend principalement à la faire fléchir en 
avant. C’est pour cela que ses extenseurs , et sur- 
tout le grand fessier, sont si considérables dans 
lhomme, qui est le seul animal qui ait de véri- 
tables fesses, comme il est le seul qui ait de vrais 
mollets. ; 
els sont les moyens par lesquels nos He 
tés inférieures nous fournissent une base suffisante 
et des colonnes solides pour supporter le tronc. Il 
faut que le tronc lui-même puisse se maintenir 
“en équilibre dans loutes ses parties. 
ñ Le premier des avantages de l’homme ; à cet 
“égard, est la largeur de son bassin. Elle fait que 
mon tronc est en repos sur une base étendue, 
et que les muscles de l’ahbdomen ‘et tous ceux qui 
“viennent du bassin ont sur les parties supérieures 
“une prise suffisante pour en redresser sur-le-champ 
Svacillations. Dans tous les animaux multidigités , 
bassin est si étroit que le trone représente une 
framide renversée : on sent aisément qu'avec 
ie telle forme son équilibre seroit beaucoup plus 
icile à maintenir, si ces animaux vouloient se 
tenir debout. Les animaux qui approchent un peu 
de Phomme par la largeur de leur bassin , savoir 
es änimaux à sabots, ont tantd’autres empêchemeus, 
que cette HRÈÉE de leur organisation leur devient 
Double. Il n’y a que les ours et les paresseux dans 
_ lesquels la largeur du bassin, qui est cependant 
d: moins considérable que dans l’homme, ne 
oït pas entièrement contrariée par la forme des 


f 


478 VII LEçon. Des mouvemens. 


pieds; aussi ces espèces se tiennent-elles plus À 
fréquemment debout que les autres. 

Le second avantage de l’homme , c’est la Pt 
lité avec laquelle il tient sa tête droite : nous avons 
vu , en parlant de son articulation , que la cause 
en est dans la posilion du trou occipital sous le M 
milieu de la tête , et dans la direction de la bouche 
et des, yeux en avant. Ces deux circonstances 
nuiroient autant à sa marche sur les quatre mem- 
bres , qu’elles lui sont utiles pour se tenir sur 
deux seulement. L’homme marchant à quatre ne 
pourroit, regarder devant lui. Il auroit même de 
la peine à soulever sa tête, parce qu’elle est très- 
pesante, que ses muscles sont foibles , et que le 
ligament cervical lui manque. 

“On remarque encore dans l’organisation de. 
l’homme quelques circonstances qui, sans l’aider 
à se tenir debout, l’empécheroient cependant dés 
se tenir sur ses es extrémités. Ses membres" 
postérieurs sont trop longs , à proportion des an- 
térieurs, ce qui oblige même les enfans qui ne“ 
peuvent se tenir sur leurs pieds, à cause de leur 
foïblesse, à ramper sur les genoux ou à écarter w 
les jambes d’une manière très-génante; et même 
alors leur tête se remplittellement de sang ; qu'ils 
sont obligés de chercher un appui pour se redres-w 
ser , en s’y accrochant. + ® 

Les quadrupèdes qui veulent setenir uniquement » 
sur leurs pieds de derrière , soit pour employer 
ceux de devant à la préhension ; Soit pour qué 


ART. 1. De La station. 47ÿ 


leur tête ne soit point trop abaissée, s’assoient , 
au lieu de se tenir debout, c’est-à-dire qu’ils 
s'appuient à la ‘fois sur les pieds de derrière jus- 
qu'au talon, et sur les fesses : encore faut-il pour 
cela que leur train de devant soit'petit à propor- 
“tion, comme dans les singes, les écureuils , les 
sarigues , etc. autrement sa pesanteur l’emporte ; 
et même étant assis, l’animal est obligé d'appuyer 
“les pieds de devant, comme font les chiens , les 
chats, etc. 
a Quelques quadrupèdes s’aident de leur queue 


“comme d’un troisième pied pour élargir la base 
ÿ 


…de leur corps. Lorsqu'elle est robuste, ils peuvent 
se tenir ainsi pendant quelque temps. C’est ce 
“qu'on voit dans les £arguroos et les gerboises. 


\ 


B: Séation sur deux pieds à corps non vertical. 


… Les oiseaux , dont les extrémités antérieures 
rment les ailes, ne pouvoient les employer, ni 
a se soutenir , ni à saisir les objets; il falloit donc 
qu'en se tenant sur'leurs pieds de derritre, ils 
jussent néanmoins porter le bec à terre ; il falloit 
aussi, à cause du vol, que le centre de gravité 
eleur corps fût à-peu-près sous les épaules, pour 
“pouvoir être soutenus par les ailes. Ainsi leur corps 
_devoit être plus pesant par devant. Ces deux con- 
“ditions sont les causes de toutes les parlücularités 
“que l’on observe dans les proportions de leur 
- squéletie. 


? { . 
D'abord, pour que, dans la station ce même 
; ) ? 


480 VII Lecon. Des mouvemens. 


centre vint à être soutenu par les pieds, il a fallw 
que ceux-ci se portassent en avant : de là la grande 
flexion de la cuisse, et celle du tarse sur la jambe. 
La longueur des doigts antérieurs contribue aussi 
à étendre pardevant la surface sur laquelle peut 
tomber la ligne de gravité ; eten général , la lon- 
gueur de ces doigts est telle , que l’oiseau peut très- 
aisément se tenir sur un seul pied, sans que ses 
vaciliations puissent porter cette ligne en dehors 
d’une si large base. | 

Les oiseaux dans lesquels les pieds sont trop 
en arrière du corps, comme les grébes et les pin- 
gouins , sont obligés de se tenir presque vertica- 
lement. 

La longueur et la flexibibilité du cou servent 
encore beaucoup à faire varier la posilion du 


centre de gravité, selon que l’équilibre l’exige. . 


Dans la station , les oiseaux portent la tête relevée, 
ou ils la reculent même vers le dos, et la placent 
sous l’aile pour dormir , afin qu’elle charge d’au- 
tant le point qui répond au-dessus des pieds. 
Nous avons déja vu , au commencement de cette 
leçon , le moyen mécanique à l’aide duquel les 
oiseaux à longs pieds tiennent leur jambe étendue 
sur le tarse , sans avoir besoin d'imprimer à leurs 
muscles une contraction volontaire. Borelli avoit 
indiqué , il y a longtemps , celui par lequel les 
oiseaux qui se perchent serrent les branches sans 
avoir besoin d’une attention constante, et même 
en dormant.-Il consiste en ce que les tendons des 


ArT. 1. De Ta station. ! 481 


fléchisseurs des doigts passent sur l'articulation du 
talon, et même qu'il se joint à eux un muscle qui 
vienbde la région du pubis , et qui passe sur l’ar- 
ticulation du genou. Lorsque ces deux articula- 
tions se fléchissent , elles tirent nécessairement sur 
. ces tendons , et elles font fléchir les doigts : aussi ne 
- peut-on ployer le genou et le talon d’un oiseau, même 
; mort , sans lui faire fléchir les doigts. Le simple 
poids de son corps, en affaissant ses cuisses et ses 
| jambes , doit donc lui faire serrer mécaniquement 
les branches sur lesquelles il se perche. Nous ne 


cette explication soient valables, ni que les hypo- 
“thèses qu’on lui a substituées soient admissibles. 


» C. Sfation sur quatre pieds. 


« Nous avons vu ci-dessus quelles sont les causes 
qui empêchent les quadrupèdes de se tenir debout, 
“Ces causes deviennent d'autant plus fortes , que les 
“animaux sont plus parfaitement quadrupèdes ; c’est- 
| à-dire , qu'ils peuvent moins quitter la station sur 
quatre pieds; et elles sont accompagnées de moyens 
« particuliers propres à favoriser cette dernière sortie 
… de station. ke 
La station sur quatre pieds fournit à Panimal une 
» base très-considérable sur laquelle il est soutenu : 
mais, à cause de la pesanteur du cou et de la'tête, 
» le centre de gravité ‘est plus voisin des jambes de 
devant que de celle de derrière ; en sorte que l’ex- 
trémitéantérieure, qui n’a point de support à donner 
1. Hh 


482 VII Lecon. Des mouvemens. 


au corps dans l’homme , en soutient presque toute la 
charge ici. Elle a reçu , en conséquence, des exten- 
seurs beaucoup plus puissans , sur-tout ceux du 
coude , comme nous l’avons vu en les décrivant. 
L’omoplate est fortement abaïissée , et par consé- 
quent le tronc soutenu entre les épaules, par un 
muscle grand dentelé plus étendu que dans l’homme; 
en un mot, tout ce que l'extrémité postérieure 
paroît avoir perdu en force musculaire , semble 
être passé à l’antérieure. 

La tête se trouvant hors de la verticale , et pro- 
jetée en avant sur un cou souvent très-long, il a . 
fallu beaucoup plus de moyens pour la soutenir. 
Ils consistent dans l’épaisseur des muscles cervi- 
caux et l'étendue de leurs attaches, et dans la 
force du ligarnent cervical. Ces deux circonstances 
d'organisation ne se trouvent pas dans l’homme , 
dont la tête se soutient par sa propre position. 
L'une et l’autre existent dans un degré d’autant 
plus fort, que la tête est plus lourde , ou qu’elle 
supporte des cornes plus grandes : maïs lorsqu'elle 
doit soulever encore ules fardeaux étrangers, comme 
dans la taupe , les muscles se renforcent étonnam- 
ment, et le ligament «cervical s’ossilie. 

Le corps pèse entre les quatre jambes , et tend 
à courber l’épine vers le bas par son poids. Ce 
sont les muscles du bas-ventre, et sur-tout les 
muscles droits, qui empêchent cette courbure, par 
leur tension à en produire une contraire et à faire 
voñter l’épine. Les extense urs de l’épine ne ser-. 


ART. I De la station. 485 


vent point à cela ; car léër action seconderoit, au 
contraire , celle du poids du tronc. Ces muscles 
de l'abdomen contribuent sur - tout avec force à 
voüter la colonne vertébrale dans les espèces revé- 
tues d’écailles ou d’épines, et qui ont l’habitude de 
+ serouler en boule lorsqu’elles apperçoivent du dan- 
ger, comme le Aérisson , les tatous, les pangolins. 
Ces muscles sont plus forts dans ces espèces que 
dans toutes les autres. Le pangolin à longue queue 
…. ou phatagin a deux productions tendineuses et 
… même presque ossifiées , qui s'étendent depuis le 
cartilage xiphoïde jusque près du bassin. 
Les jambes des mammifères se fléchissent en 
avant et en arrière, dans des plans à peu près 
parallèles à lépine, et peu éloignés du plan moyen 
du corps, dans lequel agit la pesanteur. Les qua- 
drupèdes ovipares , au contraire, ont leurs cuisses 
dirigées en dehors , et les inflexions de leurs pattes 
. se font dans des plans perpendiculaires à l’épine: 
par là, le poids du corps agit par un levier beau- 
coup plus long pour empêcher le redressement du 
5 genou. Aussi ces animaux gardent-ils toujours les 
Senoux pliés, et leur ventre traîne à terre entre 


leurs jambes. C’est de là que leur est venu le nom 
de reptiles, 


H h 2 


48% VII° Lecow. Des mouvemens. 
« 
ARTICLE ILE 


De la marche. 


Tous les mouvemens progressifs par lesquels 
l'homme et les animaux transportent leur corps 
entier d’un lieu à un autre, exigent qu’une vitesse 
déterminée soit imprimée, dans une certaine direc- 
tion , aux centres de gravité de ces corps. Pour cet 
effet, il faut qu'il y ait un déploiement d’un cer- 
tain nombre d’articulations plus ou moins fléchies , 
dont la position soit telle, que leur déploiement 
soit libre du côté du centre de gravité, et gêné 
du côté opposé, ensorte que la plus grande partie du 
mouvement ait lieu dans le premier de ces sens. 

On peut comparer le corps animal qui veut se 
mouvoir en entier, à. un ressort à deux branches, 
dont l’une des deux est appuyée contre un obstacle 
résistant. Si ces branches , après avoir été rappro- 
chées par une force extérieure, sont rendues à leur 
liberté primitive, leur élasticité tendra à les écarter 
également, jusqu'a ce qu’elles soient revenues à 
faire l’une avec l’autre l'angle qu'elles faisoient 
avant la compression : mais la branche appuyée ki: 
contre l'obstacle ne pouvant le forcer , le mouve- 
ment se fera en entier dans le sens opposé, et le 
centre de gravité du ressort s’écartera de cet obstacle 
avec une viiesse plus ou moins grande. L 


ArT. I! De la marche. 485 

C'est là l’image la plus simple et la plus vraie 
qu’on puisse se faire des mouvemens progressifs 
des animaux. Les muscles fléchisseurs de la partie 
qu'ils emploient dans chaque sorte de mouvement, 
représentent la force étrangère qui comprime le 
ressort. Les muscles extenseurs représentent l’élas- 
ticité qui tend à en écarter les branches ; et la ré- 


“sistance du sol, ou celle du fluide dans lequel ils 


se meuvent, représente l’obstacle. 


La marche est un mouvement sur un sol fixe, 
dans lequel le centre de gravité est mü alternative- 
ment par une partie des extrémités, et soutenu 
par l’autre partie, sans que le corps soit jamais 


entièrement suspendu au - dessus du sol. On la 


distingue ajnsi du saut, qui est un Clancement 
de tout le corps en l'air, et de la course, qui est 
une suite de sauts bas. 


À. Marche sur deux pieds. 


Les animaux qui se tiennent debout sur deux 
pieds , savoir , l'homme et les oiseaux, , marchent 
aussi sur deux pieds; mais plusieurs quadrupèdes, 
dans lesquels la station sur deux pieds est très- 
difficile, peuvent cependant marcher ainsi pendant 
plus ou moins de temps avec assez de facilité, parce 
qu'en général la marche est moins pénible que la 
station ,.les mêmes muscles n’y étant pas dans une 
contraction aussi constante ; et parce qu'il est plus 
facile de corriger les vaallations par d’autres va- 

Hh 5 


486 VII Leçon. Des mouvenens. 


cillations contraires et alternatives, ce qui est aisé 
en marchant, que de les empêcher tout-à-fait. 

Lorsque l’homme veut marcher sur un terrein 
uni , il porte d’abord un de ses pieds en ayant; 

alors son corps est également appuyé sur les deux 

jambes. L’angle que celle qui est la plus avancée 
fait avec le tarse est obtus ; celui de l’autre est 
aigu. Il étend ensuite le talon de celle-ci. Le bout 
du pied ne pouvant repousser le sol , il faut que 
le talon et tout le reste de la jambe soient élevés ; 
car autrement, le talon ne pourroit s’étendre. Par 
là, le bassin et le tronc sont porlés en haut, en 
avant et un peu de côté, en tournant autour du point 
fixe que leur fournit le pied immobile, et par un 
rayon, qui est la jambe qui appartient à ce pied, 
laquelle vient à faire avec lui un angle toujours 
plus petit; alors la jambe qui a donné cette im-. 
pulsion est aussi portée en avant, pour y appuyer 
son pied sur,le sol; et l’autre jambe, qui vient 
amsi à faire un angle aigu avec le pied, étend à 
son tour son talon, et fait de même tourner le 
bassin et le tronc sur la première jambe. 

On voit que, par ces mouvemens , ie centre de 
gravité du corps est porté en avant à chaque pas, 
Mais qu’en même temps il se porte alternativement 
à droite et à gauche pour être soutenu par les deux 
jambes, chacune à leur tour. On voit aussi que 
chaque jambe , immédiatement après avoir étendu 
son talon , se fléchit et s’élève pour se porter en 
avant; s'étend pour appuyer son pied sur le sol; 


ñ. 
D ar. II. De la marche. 487 


tourne sur ce pied comme sur un point fixe pour 
recevoir le poids du corps; puis étend de nou- 
veau son talon pour reporter ce poids sur l'autre 
jambe. 

Chaque jambe portani à son tour le corps , comme 
dans une station qui se feroit sur un seul pied, 
les extenseurs de la cuisse et du genou agissent 
alors pour empêcher ces articulations de s’aflaisser. 
Les fléchisseurs de ces mêmes articulations agissent 
l'instant d’après , lorsque cette jambe, après avoir 
poussé le corps sur l’autre, doit être relevée pour 
se porter en avant. Les trois articulations princi- 
pales de chaque jambe sont dirigées en sens con- 
traire , afin que, dans leur flexion, le pied se 
trouve élevé immédiatement au-dessus de l4 place 
qu'il occupoit dans leur extension. Sans cela, elles 
n’auroiént pu se fléchir sans jeter le pied en avant 
ou en arrière. 

Ce mouvement d’ondulation du corps ne pou- 
vant se faire d’une manière parfaitement égale des 
deux côtés , est ce qui empêche l’homme de mar- 

cher en ligne droite , et même de conserver une 
direction constante, s’il ne fait pas une grande atten- 
tion pour corriger ses écarts. Voilà pourquoi un 
… homme re peut marcher droit les yeux fermés. 
Lorsque l’on marche sur un plan incliné descen- 
dant , ou lorsqu'on descend un escalier ; la jambe 
avancée est plus basse que celle qui est restée en 
arrière ; et le corps tomberoit sur la première avec 
une vitesse dandlense et fatigante, si on n’avoit 


- HR # 


; # 
488 VII Leçon. Des mouvenrerrs. 
soin de le retenir au moyen des extenseurs de à 
hanche , qui ne le laissent descendre que par de- 
grés. Voilà pourquoi la descente fatigue les reins. 

Lorsque l’on marche sur un plan incliné ascen- 
dant, ou lorsqu'on monte un escalier, il faut à 
enaque pas, non-seulement transporter horizontale- 
ment le corps, comme dans la marche sur un ter- 
rein plat, maïs le soulever contre son propre poids, 
au moyen des extenseurs du genou de la jambe 
avancée , et de ceux du talon de ka jambe restée 
en arriére : voilà pourquoi on se fatigue les genoux 
et les mollets en montant. On atde l'avantage à 
pencher alors le corps en avant, parce qu’on rac- 
courcit d'autant le levier par lequel son poids agit 
sur le genou. 

Lorsque Pon marche à {rès-grands pas, on éprouve 
une fatigue analogue à celle que produit l’action de 
monter, parce que les jambes s’écartant beaucoup, 
le corps est plus bas à l'instant de leur écartement , 
et qu'il faut qu’il soit soulevé à proportion , en tour- 
nant alternativement sur chacune d’elles. 

L'homme ne balance guère ses bras pour s’aider 
dans sa marche, que lorsqu'il est sur un chemin 
très-étroit dont il ne peut s’écarter : alors il em- 
ploie lous les moyens possibles pour corriger ses 
vacillations. Mais les singes, lorsqu'ils veulent mar- 
cher , en ont toujours besoin ; et ce sont ceux 
qui les ont le plus longs qui s’en servent avec le 
plus d'avantage , comme le gibbon et l’orang- 
ailangs 


Art. IL De la marche. 489 
B. Marche sur quatre pieds. 


Lorsqu'un quadrupède veut marcher , aprés avoir 


_ légèrement fléchi les articulations de ses pieds de 


derrière , il les étend pour porter son corps en 
avant. La partie du poitrail étant poussée en avant 


par ce mouvement, auquel contribuent sur-tout 


/ 


les extenseurs du genou et du talon, les pieds de 
devant se trouvent inclinés en arrière ; et l’animal 
fimroit par tomber , s’il ne les portoit à instant 
même en avant pour les soutenir. Alors il retire 
le tronc sur les pieds de devant ainsi fixés, et 
l'impulsion des pieds de derrière recommence. 

Mais il faut bien remarquer que ces mouvemens 
ne se font pas à la fois par les deux pieds de chaque 
paire , lorsque l’animal ne fait que marcher ; car 
alors l’animal seroït nécessairement suspendu en 
entier pendant un instant au-dessus du sol; et ce 
ne seroit plus une marche, mais une suite de sauts, 
qui porte en particulier {e nom de galop forcé, 
et dont nous parlerons plus bas. 

Deux pieds seulement contribuent à la forma- 
tion de chaque pas , un de devant et un de der- 


‘rière : mais tantôt ce sont ceux du même côté, 


tantôt ceux des côtés opposés. 


«Ce dernier cas est celui de la marche que les 


écuyers nomment /e pas dans les chevaux. Le pied 
de devant droit se porte en avant pour soutenir le 
corps qui y est poussé par l'extension du pied de 
derrière gauche : en méme-temps, celui-ci se fléchat 


490 VII Leçon, Des mouvemens. 


pour se porter en avant. Pendant qu'ils sont en 
l'air, le pied de derrière droit commence à s’é- 
tendre ; et au moment où ils se posent , le pied de 
devant gauche se porte en avant pour soutenir 
l'impulsion du pied droit, qui lui-même se porte 
aussi en ayant. Le corps se trouve ainsi porté alter- 
nativement sur deux pieds placés en diagonale. 

Lorsque le pied de devant droit part pour sou- 
tenir le corps poussé en avant par le pied gauche 


droit , cette marche se nomme l’amnble. Le corps : 


étant porté alternativement sur deux pieds de 
même côté, est obligé de se balancer à droite et 
à gauche pour ne pas tomber; et c’est ce balan- 
cement qui rend cette allure douce et agréable 
pour les femmes et les personnes foibles. 

Dans les animaux qui ont les pieds de devant 
plus longs , et chez lesquels la partie antérieure 
du corps est la plus forte, c’est le pied de devant 
qui donne l'impulsion principale au corps en s’é- 
tendant. Alors le pied de derrière part pour le 
suivre ; et ce n’est qu’au moment où celui-ci s’étend 
à son tour , que le pied de devant s'élève. On dit 
que c’est ainsi que marche la giraffe. 

Mais lorsque les pieds de devant sont par trop 
disproportionnés , et sur-tout lorsque le train de 


derrière est foible et mal articulé, comme nous 


l'avons vu dans la description de celui du pares- 
Seux , l’animal ne peut que se traîner au moyen 
des pieds de devant, en les étendant en avant , et 
les fléchissant ensuite pour attirer le corps après 


Éd 


Anr. IL De la marche. 491 


eux , les pieds de derrière ne l’aidant que foible- 
ment par leur impulsion. C’est là ce qui rend la 
marche des paresseux si pénible. 

Les animaux qui ont les pieds de devant très- 
courts à proportion de ceux de derrière ne pour- 
roient soutenir assez efficacement leur corps, et 
tomberoient sur le nez à chaque impulsion de ceux- 
di, s’ils n’avoient la précaution de se cabrer ; c’est- 
a dire, d'élever le train de devant en entier avant 
de le pousser en avant par le moyen des pieds de 
derrière : aussi ne marchent-ils point, à proprement 
parler ; ils ne font que sauter. C’est le cas de Ia 
plupart des rongeurs ; comme les lièvres, les rats, 
et  sur-tout les gerboises. Ce n’est que lorsqu'ils 
montent, que ces animaux peuvent marcher réel- 
Jement. Lorsqu'ils veulent aller lentement en plaine, 
ils sont réduits à se mouvoir sur leurs pieds de 
devant , et à trainer simplement ceux de derrière. 
| Cela se voit dans les Zapins , et encore mieux dans 
les grenouilles. 

Lorsque les pieds de derrière sont très-écartés, 
leur impulsion devient plus latérale ; il en résulte 
que le tronc est poussé à chaque pas alternativement 
sur les côtés, et que la démarche en devient tor- 
tueuse. C’est ce qui se remarque dans les animaux 
hageurs, dont le genre de vie exigeoit cet écartement 

des pieds de derricre. T'els sont les loutres , les 
Caslors , les tortues, etc. 


492 VIE Lxçox. Des mouvemens. 
À RETC BEBE TL 
De l’action de saisir, et de celle de grimper. 


L'homme et un certain nombre d’animaux 
peuvent empoigner les objets, en les entourant et 
-en les serrant de leurs doigts; il faut pour cet 
cfet des doigts séparés , libres, flexibles, et d’une 
certaine longueur. L'homme n'en a de tels qu’à 
la main ; mais les sirges et beaucoup d’autres ani- 
inaux en ont aux mains et aux pieds. 

Il n'y a que l’homme , les singes et les makis, 
qui aient les pouces séparés, et qui puissent les 
opposer aux autres doigts , ‘en formant une espèce 
de tenaille; aussi n’y a-t-il qu'eux qui puissent tenir 
d’une seule main des objets mobiles. Nous ver- 
rons, dans un auire chapitre, la grande difié- 
rence qui existe cependant entre la main des singes 
et celle de l’homme , et l’avantage qu’a cette der- 
nière pour toutes les opérations délicates qui exigent 
qu'on saisisse ou qu’on pince de très-petits conps. 
Les autres animaux, qui ont les doigts assez grêles 
et assez mobiles pour porter ainsi les objets, sont 
obligés de les tenir à deux mains ; c'est ce que 
font les écureuils , les rats, les sarigues, etc. ; 
d’autres qui ont les doigts plus courts , et qui, 
d’ailleurs, sont obligés de s'appuyer sur leurs 
pieds de devant , comme les chiens et les chats < 
ne peuvent retenir les corps qu’en les fixant contre 


D-Laic's 


Arr. IT. De l’action de saisir. 493 


le sol Avec leurs pattes. Enfin ceux qui ont les 
doigts réunis et rapprochés sous la peau, ou en- 
veloppés de sabots de corne , ne peuvent exercer 
aucune préhension. 

Nous avons déja yu que la perfection de la pré- 
hension est toujours accompagnée de celle de la 
faculté de tourner la main sur l’avant-bras; et que 
ans les animaux qui en sont pourvus, les os de 
. épaule y sont disposés de manière à empècher 
déplacement de l’omoplate en avant. 


Cette faculté de saisir et d’empoigner ferme- 
$ “ment, est très-utile aux animaux dans l’espèce de 
mouvement progressif que l’on nomme grimper. 
Ce mouvement consiste à se suspendre en ser- 
rant fortement les inégalités des branches, ou 
-ioute autre chose susceptible d’être empoignée ou 
accrochée, et de s'élever ainsi par des efforts suc- 
| cessifs cale la direction de la pesanteur. 

L'homme est un assez mauvais grimpeur, parce 
“qu'il ne peut empoigner qu'avec ses mains; ses 
» pieds ne peuvent que s’appuyer , ce qui leur donne 
… beaucoup moins de solidité pour élever le corps 
par le déploiement des talons et des genoux. Il 
14 est obligé d'employer principalement ses bras, en 
l les portant en avant, et en tirant ensuite son 
“ corps sur eux après qu'il a fixé ses mains. 

Les quadrumanes sont les grimpeurs par ex- 
cellence : ils peuvent également bien saisir avec: 
leurs quatre extrémités; et la position de leur ex- 
trémité de derrière, dont la plante regarde en 


Î 


494 VII Lrçon. Des mouvemens. 


dedans au lieu d’être dirigée en dessous, les favo- 
rise encore. | 

Les autres animaux , qui grimpent continuelle- 
ment, comme les sarigues , les phalangers, les 
Jourmiliers et les paresseux, ont aussi cette dispo- 
sition. Les deux premiers genres ont le pouce 
presque tout-à-fait dirigé en arrière , et formant 
une sorte de talon irès-puissant. Dans les pares- 
seux et les fourmiliers , il y à au talon une pro- 
tubérance considérable qui remplit, jusqu'à un 
certain point, k même effet. ù 

Plusieurs quadrumanes , les sarigues , les pha- 
dangers et les fourmiliers, ont, pour ainsi dire, un 
cinquième membre, qui les aide à grimper. C’est 
leur queue , au moyen de laquelle ils peuvent 
saisir les corps presque aussi fortement qu'avec une 
main. Les muscles qui produisent, ce mouvement 
ne différent de ceux des autres queues que par 
une force plus grande, 


. 


Le genre des chats grimpe en enfonçant ses 
griffes aiguës, tranchantes et crochues dans les 
corps. Nous avons déja vu comment ces ongles 
sont retenus en arrière et entre les doigts, la 
pointe tournée vers le ciel, par le moyen de deux 
ligamens élastiques, indépendans de la volonté de 
l'animal. Lorsqu’il veut s’en servir , il fait agir le 
fléchisseur profond des doigts, qui fait tourner 
la dernière phalange sur la pénultième , et dirige 
la pointe de l’ongle en dessous. C’est aussi par ce 


moyen que les chats saisissent les objets mobiles, 
et qu'ils déchirent leur proie, 


Arr. II. De l’action de saisir. 495 


Lesparesseux ont une disposilion contraire dans 
les digamens. Leurs ongles sont naturellement 
reployés sous les doigts, et l’animal est obligé de 
les étendre D le moyen des muscles extenseurs, 
lorsqu il veut s’en servir. Au reste, ces doigts sont 
fort EE commodes à cet animal, n ’étant compo- 
que de deux phalanges , dont une très-courte, 
et l’autre entièrement revêtue par l’ongle ; et les 
05 métacarpiens étant soudés ensemble et immo- 


Les oiseaux grimpeurs se retiennent aussi par le 


“moyen de leurs ongles aux inégalités de l’écorce ; 
ce sont principalement les ongles de derrière qui 
‘servent à les soutenir , et à empêcher les culbutes. 
* Quelques genres, comme les grimpereaux et les 
» siitelles , n’ont qu’un seul doigt dirigé en arrière, 
mais il est-très fort : la plupart en ont deux , pour 


êtré mieux soutenus. Le genre des pics et celui 
des grimpereaux ont encore un autre arc-boutant, 


- quiest leur queue , dont les pennes sont très-roides, 


et se fixent avec force contre les surfaces sur les-. 

quelles ces oiseaux grimpent. | 
Les oiseaux ne peuvent exercer la préhension 

que par le moyen de leurs A et comme ils 


* en ont besoin pour se soutenir , il n’y a qu’un petit 
nombre de genres qui les employent à cet usage; 


excepté toutefois en volant, parce qu’alors leurs 


“pieds sont libres; et quelques espèces en nageant 
d’un seul pied, comme les pélicans et les cor- 
“morans. 


. , ! 


496 ” VIE Leçon. Des rmouvemens, 


Les espèces qui se servént le plus souvent d'un 
de leurs pieds pour porter à la bouche , pendant 
qu’elles sont debout sur l’autre, sont les perro= 
guets et les chouettes ; d’une part à cause de la 
disposition commode de leurs doigts , et de l’autre, 


n 


à cause de la pesanteur de leur tête, qui leur cau- 
seroit des chütes fréquentes, s’ils vouloïent tou- 
jours la porter en avant pour becqueter. 

Les espéces d'oiseaux de rivages qui, par la 
nature de leurs articulations, n’ont pas besoin de: 
grands efforts pour les tenir étendues, ont Phabi- 
tude de rester sur un seul pied , en tenant: de 
l'autre une pierre ou quelque autre corps pesant 
pour se donner plus d’aplomb. 

Le caméléon, parmi les reptiles , semble être 
aussi avantagé que les quadrumanes parmi les mam- 
mifcres, relativement à la faculté de grimper, | 
à cause de ses mains en tenaille et de sa queue 
prenante. 


ARTICLE IV. 


Du saut. 


2% 


Le saut est un mouvement qui élève le corps | 
tout entier au-dessus du sol , et par lequel, il est, 
comme jeté en l’air, et demeure sans aucun appui, 
pendant un instant, dont la longueur déperd de 
la force de la projection. 

Le saut se fait par un déploiement subit des arti- 
eulations inférieures jusqu’à la dernière inclusive-M 


TABLEAU GÉNÉRAL DES CLASSES DES ANIMAUX. 


n Vivipare: 
Sang chaud : cœur à deux ventricules, | Aivipres 1 des mamelles « 
Vipares + pôint dé mamelless 


1° Mammifères, + Mammalia: 
2, Oiseaux... Aver. 


Vaenréantis.h,, À 


= Sang froid ; cœur à un yentricule vf Des poumons, accompagnés quelquefois de branchie 3. Reptiles Anplibia. | 
u- AMAUE, 0e Det branches anne ponaa te tee 07 NET TT de er | 
arte entn os . Une mi lle épinière simple : point de membres articulés,» 5. Mollusques:»= Mof/urca: | 
la en [A be BOUTe 0 moelle) épinière noueuses: point de membresiarticul ENT TRE 
5e NVERNTÉNNÉS,., Une moelle épinière noueuse : désmembros articulés. 7: Crustacés « Crustacea: 
ï- Point de vaisseaux sanguins... cf fc maelle épinière noueuse : des membres articulé: B: Insectes. Insecta, 
À ‘int de moelle épinière : point de! membres articulés » 9: Zoophytes.. Zoophyta { 
nt 
: ë 
s PIRE MOI ENREUI AB LE AU. 
*. à | 
è CLASSIFICATION DES MAMMIFEÈRES 
Ê 
[Eu J. Les Bnvawss. Pouces séparés aux extrémités supérieures) 3 mme.sssseos Homo, 
setlement, & ee NE ae 0e 1. DA. ft 
Orangs <<... Pitheeus: 
5 ; 
ee” Sapajous-- se Cullitrir. 
à ac . 3 Guenons.--..r Cércopithecus. 
5 Singeseensse Simiar nest" À pricaquesse. += Cynoetphalure 
e Babouin “. Phpio. 
Alouates.=.".. Cebuse 
>} EF. 1. Lrs QuapnuMANEsS, Pouces séparés aux quatre pieds. 1 = SRE 
Indtise : Indris. 
: Makisssoseonss Lemur.sesees Loris + Loris. 
Galhgos « + Galago: 
; Tarsiers - Tarsius. 
| ps j IAURFLEES =: => Preropus. 
Les trois sorFs delents: -. Chiauvessouris. Wespertilios 
à Chaures-sourise« éspertilo.s noloph inoloplus. | 
1 A. Les Cnemorrbnes. Mains alongées : haures-souris spertilia. se se ai HT s. 
branes s'étendant du col à l'anus, yllostomes:-« PAyl/ostoma. | 
membre s Noctilions +... Noctilio. 


entre les pieds + + + «+ + » + : = *  "VGaléopithiques: Gakcopithcuse 


+ Erinaceus. 
+ Sétiger. 


Hérissons 


Hénssons«."**« Eyfnaceus, 


Tenrecs 
Sorez- 


Musaraigne » 
| Désman » : Mygale: 


‘ ji e pouces 
D. Les PLANTIGRADES, Point d P 
séparés : plante entière du pied appuyée, 
sur le sol... -. eee 


Ghryso-Clore--« Chryso-CHloris. 


Seilopesr-==--- Seslopse 


Taupes ses. Tu/pa. 


I Tr eo. 
f F. HI. Les Cannasstens. Ours pau 
Pointde poucesiséparés, Dhireeux . a us. 
| aux pieus de devant. Tr ee . ne L 
| atons =. Procyon. 
Kiukajous «2e Potos. 


Mangoustes «+. JeAneumon. 


Martes =. Musrelas 
.. »-... Lutra. 


Mephtis. 


Martes srsmns. Mustelaisnss Loutres- 


Mouffètes» 


"+ Wiverra. 
Felis. 


À oxczrs.. 
Janniyonrs. Point de pouces sé-) Civertes. 
Chats 


: pieds n'appuyantquesurlesdoigts: 


Chiens» « Canis. 


Hyaens. 


: ‘ ñ . RÉ us Sarigues 2 Ditéphss 
D. JADE Pouces séparés dux pied { RE Dites Fe 
de derrièreseulement, . « . y: Phalingists. 
| À | Kanguroos += Aangerais % 
| Y Porc-épics <=» Aystrirs ; 
ñ | à Lidrres-erreee Zepus- eve Lo $ 
} a 
Cabiais ++ Cavia tr TER : ne 
{ « Cave. 
=. k Castorssesss..« Custor-el 
F. IV. Lus Ronçzuns. Défaut de canines seulement . : + «he + ei. Soumettre Polatouchess+.. Preromys. 
fs q Écurcuils:..... Scivrus. 
s AycAyonce..e Cheironiie 
È Marmottes 
| î Cain pagnols + 
' | k + Dates. 
: à 
4] 


Ratsesssssses Musrs 


DE 


= 


Défaut d'unbsorte de dents. { 


nee: 


MIFÈRES. . h: + Myrmecophoge. 


Echidnar 
Manis. 


Échidnéss see 
Pasgol 


Fourmiliers + 


Orycteropus. 
Dusypurs 


F. V, Lns Épnxris. Défalt d'incisives et de canines. + +: * : 


| F. VI, Lis Tanoronanss Délaut d'nentVes coule | » Reader Mégiher ser c+ Mgachrium. 


+ Eliphas. 
. Tapir 


Tapies 


F. VIT. Les Pacurpanatsss Plus de deux doigts : plus de deux sabots .4 Cochon" Su 
Hippopotame. … AÆippogétimus. 


Dimans 
Rhinocéros 


E, VIII Les Nusmwaxs Deux doigts: deux sabots. + 


EF, JX, Lus Soriniis, 


X. Lis Aston ( 


U Wailies.-cerese. COLurrix. 


A Bon) Faisans. cr. Phasiannus, 
Cogs esse Gallus, 


(22 
DTIS « 


A réa TIUS« 


oma. 
icopterus. 
Bec-ouvert-sese /Jians, 
| Héronssss..sss Ardea. 
sssssres Cicogne «+... Ciconsa. 

TI. Grtige sc ou sole ee Grus. 

As. Ombrette--.+.+ Scopus. 
1 ni 
TVZrOSÉTA. 


Vanneaux +++: Tringa. 
Chevaliers s+s1°+ 7Totanus. 


Maubèches +. Calidris, 


drius. 


Æ see 


Bécasse-.-.-... Scolopaz: 


à 
AT °°° À Courlisressrss. Numenius. 


CPC A De ...… Gallinula. 


Pélicanessessre Pelecanus. 
Cormorane++-.+ Phelacrocorax. 
Frégatessesss.e Fregafa. 
RSR Sue. 


aATIUSesse.ess 


;4e { Foulque +.+..+. Tulica. 
| 


_— 


SFR OMNEN PANB INE AU, 
CLASSIFICATION DES OISEAUX 


Tête et partie du col sans plumes .., Nupicozres....... Vaulours«-+.« Wufturi 


Pieds courts; doigts armés d'ongles « Gynaëtos. 
forts ; bec crochu. . , . , Ds 

- Tuwo. 

- Mileus. 

+ Taleo: 


Tête) couverte de plur 
ù nes; cire à la 
RArAcEs 4, + Æccrrirres..(Lase dubec Ë S 


Coacc sasssues.. PLUBCOLLES...... Fauconses--t+ Füléosr.…..... 


Faucons + 
dête applatie de deyant en arrière; 
Een ent tr Hibous----.-.. Our. 


...... Nrcréninxs . Chouitiess- ee. Srire 


ouettosseerss Srriretrersurs 


k fes-giclles.. Lanise Tyrans=ec..... Tyrannus. 
A bec dont la mandibule/est échan- [éEmades: More. CT ra ur 
crée vers le bout ....., + CRÉNIROSTRES. Merles «+ Turdis: Gobc=motchies - Muscicopa. 
Côtingas + Arpelis. 
Tangaras Tanngrsr 


Phytotoma. 
«+ Momatus. 
Dücerès: 


A bec dont les bords sont dentelés, Dunrinosrnes .. 


Pliytotome 
Momot.» 
Calao «- 


A bec droit, fort, comprimé, sans mener. ue. 

échancrure....,,..,,,....,.,... Préninosrnes. Rolliers = Corucias 
Oeaux-depare 

++ Paradisea 


Casques... (Orpi. 


Gaciques.» 
Troupiales. 
Curoug 


Quatre doigts; trois devant, un 
derrière. Doïgts externesunis en 
tout où en partie. . . . . 


Étourneaux Sturnks. 


Loxia. 
Crcérostre: 
Chtoris. 
Dyrrhulas 
Colius. 


"+. Passenraux. , . Pyssenrs. « . \(A bec conique. 


tetenesr..s CoxinOsTnes..... 


Moïneaux..-- Trngilla. 

Pinsons: Cælebs 

cé nerets.. Corduelis. 
.. Widua. 


Moineaux. 


» Tringillas ==. 
Bruants + 


« Enberiza 


Mésanges «+ 
Manskins: 
Alouettes 

ecs-fins «+ 


Veuve 
Silria. 


Fauyettes . 
EE Rouge-gorges--+ Erithacus. 


A bec grêle en poinçon ou en alène. Sururinosrnxs. 


2 
D 
4 
F 
$ 

REC F 

SE A 

8 £ + 
—— 


+ Ficedule. 
- Tegulus. 


= Motailla, 


Hocliequeues 


A beccourt, core horizontalement, 


Hirondelles 
fendu très-avant. 2.9 Pranmmosters: 


Martünets. 


+ Hirmdo. 
+ Apur. 


f Hirondelles.»-+ Airundo 
Lnpoulevents: -« Coral 


Sitelle 


Grimpereaux «- Certhia. Colib Trochyl da: 
e Colibris. Trckÿlus, .. DA Neon enr 
A bec grêle, alongé, solide. ....... Ménurnosraxs.... .{ Huppes- Upnpas {LOkerunoudie + Oxnrhiness. 
Mero, 720 
Alcedor 
Todurs 


». Gallula. 
+ Picus, 
Jynz, 
Cuculis. 


1. CuxÉInOsTnEs. 


A deux doigts en avant etdeux en 


ss arrière, « «.. «. « « « «+ GRIMPEURS+., SCANSORES. .. 
LSPSUET Crobphaga. 
Turacus, 
Musophaga. 
Couroucous Trogon, 


Barcbuste Bucco 
J'oucans --... Mamphastos, 
Perroquats «+. Psitfacus veve ee 


Pigeonst+..-« + Colunla. 


A bec gros et léger. .…,........... LivInOsrnrs...... 


.«. Psittacula. 


Tetmro. 


Tétras. rs 


(e 
| . FAC 
Aïles ordinaires propres au yol..... Azrcrnipes ..... | 


Tiense Paiansse 
allie 
Doigts de devant réunis à leur base ‘ 
par une courte membrane, .... GArrinacÉs, . GarriNar... « 
Struthios . 
Aïles trop courtes pour le vol: . Bnévrrexnss SAR, 
és 
Didus. 
Ps0) qe 
ñ Palaneder. 
A bec court et gros ...,.,.....,.... BRÉVInOSTRES. Scrpestariuse 
Coneroma, 1 
Phenkopicrus. 
HS Bac-ouvert-+se+ JJiant, L 
Ardea. 
Ciconia. 
A bec long et fort, en couteau... Currnimosrnns., Gras | 
Séopus, 
A tarses élevés, nuds : les deux al 
É A bec long, foible, applati horizon 
| doigts externes réunis. © COS CHASSIERS, ,.. GRAZLAr, , . .| tülement.....…. ve . Larmosrnes... Platéles. Ë 
Rccurvirostras 
{ anneaux Tringa. 
v : 1 {NGlievaliers Totanus. 
A bec grêle, long et foible.+...... Loxcmosrars, id Phaliropus. Maubêches «++ Calidrir, 


2 Scolopazt 


Bécassesssnerce Séalpersr ve CNET 


Jaematopus. 
alles. 


TFulica, 


À beo médiocre, comprimé....,.,, Phessinosnnes + 
1 Gullinula. 


Foulque ++ 
Poule-d'eau 


Pelecanus. 
Phelacrocoras+ 


Ë 
LE 


u-en-queuc» PAgon. 
Anes Plobx 


A doigts réunis xpa 
membranes. 


# Jarges 
.,:. Parwimbpes, 


« ANSERES à 


0 Kurtus. 


ymése.es Callionymus. 
fo eco Trachinus. 
{|| he scopes «+ Uranoscopus. 


LA 


ts se... Cottus. 
Sses se... Scorpaena. 


Sd. Drr0ld: 
eoil 9 
'4 


Server Gobius. 
| let sers Muilus. 

[us +... Scomber. 
ches + ++. Gasterosteus., 
ures +... Macrourus. 
le ..... Lonchiurus. 

S eousvese JOhTNIUS. 


RL Min in Qc 
Le ....... Ecleneis. 


payres ve. Mormyrus. 


15 : ...... Cyprinus. 
t!S 0... Mugil. 

| 
L'ætse.sere. Exocætus. 


nèmes-... Polynemus. 
| ngsees.e.. Clupea. 
-tines ...... Athérina. 
ditines se... Argentina, 
| jonseesesss Salmo. 
| netseosssse Esor. 
Î 
| 


ES. Cobitis. 

lèpes ++. Anableps. 
B'éocssoee ISLUTUSe 
stats... Platysomarus. 
hractes --+ Cataphractus. 
SSierS cvs Loricaria. 
Sooonssrse AmiGe 


canthes +++ Acanthonofus. 


laires se. Fistularia. 


Une carapace 


À deux oreilltites au cœur, . 


REPTILES. 4... 


À une seule oreillette au cœur. . 


TRIO SEM TAB IE AU: 


CLASSIFICATION DES REPTILES. 


; dés mûchoires reyètues 


: Tortues... Tosru 
detcorne ee eU MR M ere Les CIÉLONIEAS . + Tortues srrsess Tesfudo {fGhelemtes... génee 
Grocodiles ..... Crocodilus. 
Jguanes: Ar aTES 
Dragons + Draco. 
Stellion ...... S4/he. 
Corps couvert d'écuilles; des dents: + + Les sAuRIENS 44 Lérrdirstite Zaeeréaistit*t( Gecko... Gao. 
Scinques «2, Seine, 
Clialgides.... Chaleis. 
Sépatrnsre, Ses, 
Orrets + Anguis. 
Amphisbè: Amphisbæna 
. Cécilies *Crecilia 
Corps couvert d'écailles ; point de pieds; Acrocordes =... Acrocordon: 3 
rl re L : lb PARLE Vipérenes. pz 
jamais de branches... CS OPHIDIENS + .{ Angahas Ang A iperas 
Couleuvre . Colaer =... | Aspicsese Une 
Dos. Couleuvres Coluber, 
Serpens à son- 
metlés sevtuue Croralus. 
Grenouille ana. 
Grenouilles «+. Rana se... 4 Rainélies + Hjla. 
Peau nue ; des pieds; des branchies dans Gi CURE 
leurpremier Agen, 4 MN Les BATRACIENSE A anren. ce OL 


Salamandres-«+ Sa/amandra:»1« 


Tritonsuss.... Triton: 


Sirônesr cree. Siren. 


CO) Ari 


A branchies fixes. Les Cnonpnorténrorens. . 


A squelette carti- 
lagineux.. .... 


POISSONS. 


Point de nageoires 
ventrales-...,., Lrs Arones...,.,,.,... 


Nageoireyventrales i 
siluéen en avant 
des péttorales.., LEs JUGULAIRES ..,,. su 


A squelette os- 


Nageoïres ventrales 
BCUXS ere 0 000 


situées sous les 
pectorales....., Les DnonAcrqure ..,,... 


Nageoires ventrales 
situées en arrière 
de es... Lus Anpomrxaux.,, 


C EL AS SMIC ANT-LOUN=SDAErS 


L 
A branchies libres. Les BnAncurosrècrs. ... 


| Def dont 


AV ED A BR LE À U: 
POISSONS. 


Des 


Lamproies +... Petromyzon. 


Doulhe ronde au bout du museau. , . . ss. st tt" Gastrobranches + Myzine. 
aies! Roja. 

5-9 GEO : 4 + + + { Squiles Squelus. 

Bouche transverse sous lo museau, » + + + « : : » « { Suis Snene RER 


Datrachus* » Batrachus. 


2 


ouche transverse sous lo museau; des dents. . «+ + + ++ - + * : . Polyodon(#«--. Polyodon. 
$ Esturgeons Acipenser. 
Douche transverse sous le museau; point de dents n + + + : : « + : : dé vd bd era rs 
{ Syngnatese Syngnathus. 
Bouche au Lout du museau; point do dents . «+++ d'u bd Centrisques «+. Centriseus. 
Balistes. 
Houche au bout du museau des dents, « « « : - «+ + + +: DE Oitracior, 
Tetrodons +... Téfmodons, 
Ovoï. » Ovoïdes. 
Les os des môchoires tenant lieu de dents. - + : « + - » D Ro on 20 S FR 
Diodons. =. Diodon. 
{ Baudrbies-----. Lophius 
Bouche très-fendue ; beaucoup de potites dents: «+ » - + + « CHOC AE NO à GES * À Cycloptères--. Cyclopreres. 
Anguilles - Murnens. 
Murèsess: Gymnothoraz. 


Synbranelies + 
Cécilies 
Gymnotes 


Synbranchus. 
Sphagebranchue. 
Gymnotus. 


Bla e LEE 0 0 © do à à CO OT ot En no CLÉS 0 OC re Lrichiurus. 
Gymneterus. 
Ophidiume 
Aumodytes Ammodyres. 
Anarrhiques..- Anarrlichas, 
Boucle sous le museau, ; + ++ sets D Co eo 
A-tbte non-ouirassdes à «ne num de me tits. 
| Cullionymies-.« Colfonymus. 
À te" cuirassé. TT 0 DOPRUD CN A CR LE ET 
AE RAI Uranoïcopes +" Uranoscopus. 


» Cottus. 
+ Scorpaena. 


Nagtôices dorsales en partie épiueuses ; tte TU 


+ Gasterosteus, 
« Macrourus. 
+ Lonchiurus. 
«+ Johnius. 

» Soiuena, 


» Zeuss 


« Srromateus. 
» Theuthis, 


Napeoîres dorsales en partie épineuses ; tête non cuirassée,, 


Une seule nageoire dorule . + 


Epineleplus. 
Lobrus 
Sparus. 


Os des müchoires nuds, tenant lieu de dents: sn. 


Scarésensrsss.s Srarus. 


Les deux yeux du même côté. + + +: » « ' “+ Pleuroncctes + 


Pleuronectes, 


Le corps téds-alongés « « « : « 


“On dique Mioé ur Tltéte ee 


Poiut d'opereula aux branchiea » 


Point de dents ss + 


ES 


(M poiat de “barbillons ». 


'lanteau mere, 
| 


| 


LERERI) 


Huîtresesssss. Osfrez. 
Houlettes cos Pedum. 


YOIELS Se0606s6e DOLET: 
Sanguinolaires « Sanguinolaria. 


per, 


Glycimères: . . Glycimeris. 


Myes. 0.06. Mya. 
Cyrtodaires +. Cyrtodaria. 


Pholades «es. Polas. 


Chars cer 0. Giœnia. 


NE 
.s Er ie 


k 
| % Tarets-ssvssose Teredo. 
1] À Fistulanes-ecre Fistulana. 
À 
à Térébratulesese Terebratula. 
À ulases.$ Calcéoles.--..e Calceola. 
è À Hyales ....s Hyalaea. 
Î 
L | 
Î 
Î 
l 
| 


te 


CINQUIÈME TABLE A 0 
CLASSIFICATION DES MOLLUSQUES. 


Dont la tête est 


ù Couro) = 
cules qui serve nnée de tenta. 


NT, 
RUE ieds MU Fan. l, Cérmaroronm, « 


É PDO TES S Eine . Sciches- 
Téstacés 


: Sepiae 
1. Loligo: 


o Ch 
{ Argonautes Argonauts. Lopus 


Nautiles se Nautilus. 


San coquille ; ou dont la coquille est cachte par les chiai 


Testacella, 
Sigarets. Sigarituss 
Aflysiessee-<. Aplyaiae 
D, De plusieurs pièces, Muvrivarres, , Oscabrions. r-= Chiton: 
Re eine i Fissurelles +++. Fissurella, 
sur le ventre , di qurampent 


Patellesr+ Patellas 
Entelles ni Grépidules Crpidul. 


Calyptrées Calyptrara. 
Ormier.…...-. Halyotis. 
2 ee pe rites Nerita. 
Néritesrssmss.. Neritas sesuss ces Nafica, 
Sabots... Turbo. 
Sabotss.s..e... Turboesss..s.«Q Cyclastomes--+ Cyclostoma. 
Turritelles ss. Türritellas 
g__n 
Ouverture entire - » 


En conc. Contyazyrs 
Il. Gasrénoropss. . . 


Vermets-..s.. WMermetus. 


Pyramidelles ++ Pyramidella. 
Trochise 
Tonpies.---- = ZYchms sr eee Se 
Sotartume 
Bulles-.-...... Dulla. 
Planorbis. 
Helir: 


PE on JF er llaires +++ Ampullaria. 


+ Mélania. 


À coil 
apparente 
fl + Bulimus 
+ Achatina. 
+ Voluta. 
. Mitra. 
OLLUSQUES En spirale, Srrnirauves folutes: +++. Folure re À Crea «2e Moninelles 
Ouverture … échancrée De OMR 
par en bas, . . . Gtiooce Ovula. 
Porcelaines. + Cypraea. 
Cônes Conus. 
Tarrières Terebellums 
: Génie... Cent: 
Pleurotonioss «= Plrétômes 
RÉEL omau PA 
Pourpress- ce. Marezvess.es (0 Fascioläires =. Fosciolaria. 
Pyralerserec Pyrale 
Roche: Murez. 
ee on Mn Te Un 
a ne Strombes Stronbus. 
urerture cansliqulée.{ Strombes.+++s+. Srrombus see... Plérocères....« Péerocéns, 
Rostellaires: + Ros#élaréa. 
Casques « Cassie 
Harpes Harpa. 
Duccins + Buccinum: mice SR TI Aec 
L 


Térebræ. 
«« Purpura. 
Nusses Nasa. 
+ Ascidia. 
K nee) ri + Salpa. 
A Bantesu membranoux ou corince, sans coquilles eue 
« Thalia. 


$ Huitres Ostreze 
À Houlettes Pedum. 


Laz 

Inéquivalres. » : - - cree Spondylus. 

A4 : Placuna. 
: Anomia. 


- Pecten. 


Équivalves; un pied : 
otre anper ton) And tree Dar 


RS Mulètes ter. Unio: 


Arondes « Avicula 


dé tenracules articulés | propre à filer; jroint 
Sans tête distincte . Marteaux Malleus. 


Arondes «e..- Avicula.! 
II. Acérmazes, ni de bras ciliés, . . Ç de tub Fiona % 


Moules « Mjtuluse 


Modioles Mouiolus. 


Limes- + Lima. 
Ouvert parilerant; point | Équiralves ; un pied] Pernes, + Pere 
Moulosssess ce Aya eee 


Jambonneaux+-: Pinna. 
Tellin, “ Tellinas 


3 cdi. 
Bucardes «=-.. Cardism pe Fo 


Jsocardes Tiocardia. 


Crussatelles Crassatellas 


Vénus 
Mérétrices 


Mactres « Mactra. 
Muctres « + Müctraw- amies Lurraria 
Des tubes au manteau 
pour l'anus A la res. 
piration: Le picd son= 
Nent propre &Bler, ; ( Vépussssrsres. Penusrsssss Le 
ia, 
Copie. 


Cardites + Curdita. 
Cames» Chamassrssuss «À Mridacuess.sss Midacna. 
Hippopes eee. Hippopus. 


Donacess..""." Donaz. 


À manteau 


* Arca. 
Archésis#ressie Arca 


2 fans n Fine 


| 
| 
| 


bras ciliés se roular pre 


| 


ina pieds ui tul 


SIXIÈME TABLE AU. 
CEASSIFICATION DES VERS. 


Des organes extérieurs pour la respiration : des soies aux côtés du corps 


dans cet ordre ou en former un voi 


Siliguaria: 
- Amphitrite. 
BREPRES Terre re Dentalione 
Des soies aux côtés du COTE NC 0 0e … fre 
" ee Va Thialas 
Point d'organes extérieurs pour la respiration . . . . . . . . . 
Sang 
Point de soies aux côtés du corps Moio ou | [ou es 
(rer Planaria 
Dragonneaux Gordius 
Tœo: . - Tœnia. 
ne Hyditides » 
2 à Le Re ; à ñ . ;: : remière famille . . . - + .« + « + {Lipules. 
Animaux semblables aux vers, dont l'organisation n’est pas encore suflisamment connue pour déterminer s'ils doivent entrer - Linguatules » 


n des zoophytes. . . . . . . 


"(seconde famille. . . 


fAscarides 


Ascoris. 
VEtitousiles autres vers intestins. 


SERPENT EUR AN BE ANUS 
CLASSIFICATION DES CRUSTACÉS 


Limulus 


Calÿgus. 
Jpus. 

Cyclops. 

Polÿphemur. 


Moxocres.. 


Cyclopes 
Polyphème 
CRUSTACÉS... 2 
TInachus. 
Pagurus. 
Astacus: 
Palinurus 
Scyllarus: 


Écnévrsses.., 


Langoustes + 
Gigales de mer 
Mantes de mere. Squillas 


Anatomie comparée. Premier volume, 


ICORNES. 


| 
VORES. . 


Antexes. : | 


RS IES, « 


Tronromess.. 


AntenSTOMES. 


ANOTOXES .....,, 
Cardinales. .... 
Lagries...,.... 
Cisteles ,...,., 
Œdémères. .….. 


Charensons..…., 
Attélabes..,... 
Brentes,..,,,,, 
Anthribes ...., 
Brachycères ... 
Rhinomacres .. 
Bruches ...,.., 


Noloxrus. 
Pyrochroa. 
Lagria. 
Cistela. 
Œdemera, 


Curculio. 
Altelabus. 
Brentus. 
Anthribus. 
Brachycerus, 
FRhinomacer. 
Bruchus. 


Priones........  Prionus. 
Lamies,....... Lamia. 
Capricornes ... Cerambrir. 
Saperdes ... Saperdu. 
Callidies ., Callidiurn. 
Spondiles .,... Spondilis. 
Rhagies ...,,., Rhagium. 
Leptures ..,.., Leptura. 
Donacies..,... Donacia. 
Necydales .,.., Necydalis, 
fEostriches. .. Bo strichus. 
(Gi PS es COST, 
Hépiales ...... ÂMepialus. 
Noctuelles..... ÆMoctua. 
Phalènes ....., Phalæna. 
Pyrales......., Pyralis. 
Teignes ....... Tinea. 
Allucites ....., _A/lucita. 
Ptérophores ... Pierophorus, 
Tipules......., Tipula. 

{ Cératoplates... Ceratoplatus. 
Scatopses..,... Scalopsus, 
Mouches ...... ÂMusca. 
Syrphes sus. Syrphus. 
Rhingies .. Rhingia. 
Strstiomes. .... #Slralyornis. 

Éries.......e. Ceria. 
PA EM .... Nemotelus, 
Anthrax....... ÆAnthrax. 
Bibions ....... Bi010. 

Rhagions.. R'agio. 
Taons..... Tabanus. 
Empis......... Æmpis. 
Bombiles.,...,. Bombilius. 
Myopes ......, Myopu. 
Conops......., Conops. 
Stomoxes...... S/omoxris. 
Asiles ,...,... Asilus. 
Cousins ....... Culez. 
Hippobosques.. Ærrpobosca, 
Oestres..,.,s.. Oestrus. 
Puces....",.... Pulez. 

TES. + pes .. Pediculus. 

Mitesresossoss. ACarus. 


A mûchoires: . 


CLASSIFICATION DES INSECTES. 


Pont ailes nt. se. GNATHAPTÉNEG re ee 


Quatre nilos réticulées +. . « . .. . . NÉVROPTÈRES. . , -- 


À bilomen 
pédieulés,e 


(Quatre ailes veindes. + . . . . . . . . . . . HYMÉNOPTÈRES,. 


A sbdomen fPalpes à peine apparens; tarrière trés-auillante 
sessile. 


Quatre ailes ; les supérieures dures, les inférieures 
pliées transveralement. . , . . . . ., . . COLÉOPTÈRES. . . . , . . 


Quatre iles; lesMPérieuros dures, les inférieures 


pliées longitudinfement , : 4 , , . .. , ORTHOPTÈRES. , . « «. « + {Corcelet tr-alongé : ss. 


Quatre ailes sourit croisées ; bec articulés « HÉMIPTÈRES, . . . 


Quatre ailes couvertes d'écaillesy trompe roule en 
Apitales à eee eee due e ee à LÉPIDOPTÈRES, "44. 


DAME MEMSU U 


Plusieurs) paires de mâchoires 


Cut lan, 
Deux mchoires ; des pattes à chaque anneau du corpr + D. rMivurian 


, =... Anxéton. ; { . 


.... Potrofiraus, {oi 


Téte réunio au corcelet; 8 pattes; alulômen sans PALLES = + 2" "" 


[Täte distincte; 6 pattes 
Tite rlistinere 


4. + Sérica go! 
à shdomen terminé par des soies - + te" 


G pattes ; sbdomen sans poils + = = + + = on 


Ono#atus . , -{ 


Le Libellales 


boucle; ailes étendues dans le repos»: 


Terrolles 


Aie 
Pre 
te 


'Lèrre recouvrant la 
Pts 
© Bouche saillante; ailes /couchéos sur le carpe dans le réponde nr 7 0 Ter “AK 


e rgases 
Bouche très-perite ; potut de mandibules Re htc A0. Qt 


nn 
Ent Étrérs 
DEVIS.  « = dRamlis. ue Nues 
Lärre prolôngée, formant une trompe 5 Otto 0 0 OH dope fs. Dr 
fouLe bieur 
£ e xunes. - Lun Taupe 
Ailes supérieures ployées dans leur longueur; antennes grossissant à l'extrémité » DURLEPEME : : Lotuis Area 
Antennes Lrfides 1 abdomen concate en de RE A Tin Chr 
sions Dee Lee Phanheere PAendur 
seu Sas 
NTNOPuILES LÀ Cabane. Cas 
Antennes Gliformes ailes non ployéesÿ abilomens rond, Avr courte ot,» MANTHOPNTEES É EE 
Bénbiens Member 
Lars Tara 
Foussseuns. - {seu sr 
Antennes sétacéen, de 1a à 13 articles, se roubnelen spirale - + = = +: = + "MOIHR Rs [ET TPM. 
Donne Dior 
Antennes sétacéces ; brisées ; abilomen arrondi; aïguillons + » + - ##» * : : 2 * tMrnuèonr. pense nm 
Fraofes..". Even 
Antennes , brisées de 30 articles; tarribre aaillante=e » =» = + 2 2 eee © «+» IMAMCTIRODES: Lrehorumantss. Laharomen 
Antennes fliformes on en masse j tarridre en ppirales = = = + nee en Csimn Onr 


eee at «en UReet 


Palpes trés-sillans; tarrière dentélée en acie 


RO Ce cle Rrmnrr 


A G palpes. . 


| 4palpos. 
} Antennes 6n masaue. : + 


Ailes se pliant en long et en travers ÿ aus lérminé par une pince « - -  . + « ee 
Corps applati y tête rentrant sous le corcelet « 


+ » Antennes fliformes on sétacées. à à +» » « + - » »» - CAnsANIERS 


2 =: « 2 LameutiGonmEs. (sure 
CEE 


Aphoie 


Saab 


Cerfrolnsss 
LHNTTEER 
Pamlaeres 
‘ Snedradiere 
4 Searaber 
Antennes en masi feuilletée. . . .. ... 


Nleropheres» 
- & 
É At 


_…....,. - DRACHÉLITR us 
mrnterras (EH 


Antennes en masse perfôliée ou sole 


Criyiconxes. 


Antennes moniliformes ; élytres courtes . « 


AMélyires duress +» ++. =. «4 à Prncrmots. 


Antennes fliformes. 


Aélytres molles , : -.- 2... 


Arivrrnes 


A'élyires dures +. - 


Fire 4 Antennes yariabl 


A élyiren molles + « 


Antennes grenues, renflées au out; corps applati, . . . . . PLamironues. 


T bai 
Antennes Gliformes ou moniliformes, corps|bombé, . …..  Hensironss Gel 


Gribsars. 


Antennes porlées sûr un bec. 4 +. ,, , «. . « - . -. . . - ROSRICOnxES. 
È 
Antennes sétiformes ; , . 44 ,....,".Lioxirvons. . 
s Craans 
Antennes en massue ; corps souvent cylindrique. . . -. «+ TÉmÉrironmrs QApae 
Celyäios 


péstérieures, longues} propres au Haut ; Corps cylindrique + » . 


‘Bec naissant à la partie antérieure de In ÉLE MEN es 


[Bec paroissant naltre du col,» » 


Ailes non croisées, étendues, : : : esse use Prat 


Antennes terminées par une masse aollde « « «sr. 
Antennes courbôcs à leur extrémités à ms. 


Antennes repilées vers Hour milieu : «+ see es. :Funconnm, fé 
à Es té 


Hemarsstur 
2 semble 
armee 


Ebfémtteiorer EpRemee 


ne 
{ se 


} ru. 
Mais: 


ETS 
Chteles scie 
Œlémdrens 


de | 


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APE, 
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Ursserar. 


+ Tenthreds 


Drtlieur. 


Teams. 1 
Phatreere 
Patrsti 
Srraterdron. || 


Gsrapers 
Coprs | 
ArSätar, 

Sara) 
Da 
Cristian 


Trier. 
Tran 
Nicrophorur. 
Spa. 
Na 
Elopherur 
Hyper. 
Histers + 
Labrer 
Byrriur. 
Anirerur. 
Déermaster. 
Siertrtaur. |] 
Paderas 
Oxrpsrus. 
Anobium 
Pilisur, 


Srélarie, 
Dépresir, 


ob 
To 
air 
cos 
Prie. 
Lire 
eur 


Uum. 
Wule. V 1 


OPHYTES. 


\Attachés A un troncsolide. phone j' 


NRÉRUMVA INA NE ME CRIER AN CINE RO CA BI E A 


CLASSIFICATION DES ZOOPHY 


A enveloppe calcaire ou coriac 
intéricure . 


intestins flottans dans la cayité , 
one ere ee » .. ÉcurNonenmes,, . 


Asterie 
Holothiure 
Siponcles + 


A enveloppe charnue ou gélatineuse; intestins creusés et adhérens 


Oursinsessss.... Echinbstesss 


U. 
T ES: 


Asterkte 
Holobirias 
Sipunbllas, 


l 


Actinies ss Actiniatsere 
dans la masse du corps. - , « Me 4. . . . +. Onrrss Ds Be. - . . 
os Méduse =... + Medias. 
Rotifères Robifer. 
Urachions. + Brachionus. 
Crès-petits; nageant dans les liqueurs. +. . . . . : . . -. Ixrusommrs. D. Deus Ter 
richodes - richoda 
Leuc Leucopkrus 
Ettous les autres vers infusoires, 


A corps gélatineux, croissant par bourgeons . . . . . , . .. Povrrs . Polÿpes à 


quets, +. 


Dont la substance médullaire traverse un axe corné 
en polypes sur les rameaux . . + 


, ét se termine 


Capsulaires - 


Dont chaque polype est renfermé dans une cellule comée ou Cellulaire 
calcaire, sans tenir à un axe médullaire . 


+ = + dFlustres - 


- + Escanss . 


Corallines ++ 


Antipaile 


e, des creux 


axe solide est recouvert d'une chair sensi 


de laquelle sortent les polypes + . « - .. CénatoruvTeS « « + « « » (sis 


ennalules 
Véretilles- 


Ombellules 
Dont l'axe ou la base pierreuse a*des creux qui servent de 


réceptacles aux polypes « 


Me + cie eme de Ltriorirrashes AN 


Dont la base est spongieuse, friablesou fibreuse . 


DC CIO bn one ie 


iüfomie compa 


«. Premier volume. 


Polypes à bras +» 


Flosculaires 
+ à + « -: Zoornvrss proprement ais fr Hicoce 


Sertulaires +++ 


jores + 


rai : {üilicpores = 


Hydra. 


Wortitella 


Floscalria. 
Tububria: 
Caprilria» 
Sertuleria 


Cellilæia. 
Flustra, 
Corallso, 


Antipithe. 
- Gorgoua: 
+ Côralliim, 


+ Madrnora 
.. Milo 


+ Aleyoïium. 
+ Spongi. 


Brisses 


(ous 


Spatagues » 


Actinie + 
lLoantke 


see Echine. 
=. Drissus, 
:+ Spatagis. 


Actinias 


* Zounthurs 


Art. IV. Du saut. 497 


ment, qui avoient êté ployées auparavant plus que 
de coutume. Ce déploiement inprime aux os qui 
les composent des mouvemens violens de rotation, 
dont l'impulsion se communique au centre de gra- 
vité du corps, et le lance ayec une vitesse déter- 
minée , plus ou moins directement opposée à la 
pesanteur. 


Le corps sautant doit être considéré comme un 
projeclile qui perd par degrés la vitesse qu’il a 
acquise pour monter, parce que la pesanteur lui 
imprime à chaque instant une vilesse contraire. 
Ainsi sa vitesse de départ étant donnée, on peut 
déterminer le chemin qu’il décrira dans l'air, 
l'instant et le lieu de sa chüte. Va 

La vitesse du départ, et par conséquent l’éten- 
due du saut, dépend de la longueur proportion- 
nelle des os, et de la force des muscles. Aussi 
les animaux qui sautent le mieux sont-ils ceux 
qui ont les cuisses et les jambes de derrière les 
plus longues et les plus épaisses , comme les £ar- 
guroos, les gerboises, les grenouilles, les allises, 
des sauterelles, les puces, etc. 


L'espace que les petits animaux franchissent 
d’un seul saut est plus considérable, à proportion, 
que celui que franchissent les grands animaux , 
parce que, lorsque les forces sont propoïtionnelles 
aux masses , elles leur impriment des vitesses 
égales , et les espaces parcourus dépendant uni- 
quement des vitesses , ils doivent être à peu près 

1. Ji 


498 VII Lecon. Des mouvemens. 


les mêmes pour les petits animaux que pour les 
grands. 

La direction du saut dépend de la position du 
centre de gravité par rapport au membre dont il 
reçoit l'impulsion : c’est pourquoi l’homme et les 
oiseaux sont les seuls qui puissent sauter vertica- 
lement , parce qu’ils sont les seuls où le trenc soit 
verticalement au-dessus du membre qui produit 
le saut ; cependant ils peuvent aussi sauteren avant, 
en donnant plus de force à la rotation de la cuisse 
qu’à celle de la jambe, ou même en arrière, en 
faisant le contraire. 

Les quadrupèdes et les insectes ne peuvent sauter 
qu’en avant. Les araignées, qui ont de chaque côté 
plusieurs longues pattes, sautent de côté comme en 
avant. 

La course est une suite de sauts bas faits alter- 
nativement sur chaque jambe. Elle ne diffère de 
la marche que parce que le corps est élancé à 
chaque pas, et que le pied postérieur est élevé 
avant que l’antérieur soit posé. Elle est plus rapide 
que la marche mème à grands pas, parce que 
la vitesse acquise se conserve et s’augmente à chaque 
élan, par la nouvelle vitesse qui vient s’y ajouter: 
aussi ne peut-on s’arrèter subitement en courant, 
tandis qu'en marchant on peut s'arrêter à chaque 
pas. C’est cette vitesse acquise par la course, qui 
favorise les sauts en avant, en ajoutant à celle que 
le saut lui-même peut denner dans ce sens, mais 
elle nuiroit à un saut vertical ; elle l’empécheroït | 


ART. IV. Du saut. 499 


Ce 


même entièrement. Le coureur penche son corps 
en avant , afin que son centre de gravité soit dans 
la position nécessaire pour être poussé dans ce sens 
par la jambe postérieure ; il est obligé aussi de 
porter l’autre jambe rapidement en avant pour 
empêcher la chûte. Le moindre obstacle qui ar- 
rête celte jambe , et l'empêche d’arriver assez tôt 
pour soutenir le corps, fait tomber le coureur : les 
retards de ce genre étant beaucoup plus dange- 
reux dans la course que dans la marche, à cause 
de la plus grande vitesse, les chûtes y sont plus 
fréquentes. 

L'homme ne varie sa manière de courir qu’en 
faisant ses pas plus ou moins longs, ou plus ou 
moins rapides ; mais les quadrupèdes les varient 
encore par l’ordre selon lequel ils élévent chacun 
de leurs pieds ou le ramènent à terre. 

Le trot est une course dans laquelle les pieds 
opposés en diagonales partent à la fois, et tombent 
à la fois, chaque paire alternativement , de ma- 
nière cependant qu’il y a un instant très-court où 
ils sont tous les quatre en l’air. Cela produit une 
allure égale, dont les pas se font entendre en deux 
temps. 

Le galop est une course dans laquelle l’animal 
soulève , à chaque pas, son train de devant, et 
Vélance par le déploiement de celui de derrière. 
Lorsque les deux pieds de devant tombent à la fois, 
et ensuite les deux pieds de derrière aussi à la 
fois, c’estle galop forcé, qui est l’espèce de course 

Ji 2 


500 VII° Lxcow. Des mouvemens. 


la plus rapide que le cheval puisse exécuier, et la 
seule qu’aient lés chiens, les lièvres, etc. Dans cette 
sorte de course, les pas du cheval se font aussi enten- 
dre en deux temps. Le galop ordinaire est lorsque 
les deux pieds de devant sont inégalement avancés 
et tombent l’un après l’autre. On le divise en galop à 
trois et quatre temps, parce que les pieds de derrière 
peuvent aussi ne retomber que l’un après l’autre. 
Au reste tous ces objets ont été suffisamment déve- 
loppés par les écuyers et les hippotomistes. 

Ii y a plusieurs genres d'animaux qui sautent au 
moyen d'organes différens des pieds, mais toujours 
par un déploiement subit de plusieurs articulations 
successives. 


Les serpens sautent en ployant leur corps en : 


plusieurs ondulations qu'ils détendent toutes à la 
fois , ou successivement, selon qu'ils veulent se 
donner plus ou moins de vitesse. Ils peuvent être 
aidés par les écailles de leur ventre, qui se re- 
dressent, et ensuite se reportent contre le corps, 
mais il n’y a que quelques genres qui puissent 
employer ce moyen. 

_ Certains poissons sautent aussi au-dessus des 
cataractes, en ployant leur corps fortement ét 
en le débandant ensuite. 

Les écrevisses à longue queue, sur-tout les 
salicoques, sautent en déployant leur queue qu’elles 
avoient recourbée sous le corps. 

La larve de mouche , appelée vulgairement ver 
du fromage , se contourne en cercle, se contracte 


ArT. V. De la natation. 5oz1 


le plus qu’elle peut ; puis se débandant subitement, 
elle est lancée à une distance assez considérable. 

Les podures ont une queue formée de deux arti- 
culalions , qu’elles reployent sous leur abdomen, 
et qui leur fait faire des sauts très-considérables 
en se détendant. 


Au RUE EC Ta Ve 
De la natation. 


Le saut ordinaire a lieu sur un sol fixe, qui 
résiste parsa masse ef son peu de flexibilité. Si ce 
sol cédoit jusqu’à un cerlain point, en vertu de 
ce qu’il seroit mou ou élastique, le saut pourroit 
avoir lieu cependant; mais le mouvement en ar- 
rière que le sol auroit reçu seroit autant de dimi- 
nué sur la vitesse du saut, qui est produite par 
la résistance du sol, et qui est par conséquent 
d'autant plus grande que cetie résistance est plus 
complète ; car pour suivre l’exemple que nous 
avons pris d’abord d’un ressort à deux branches, 
quise débande , il est clair que si l’une des extré- 
mités n’éprouvoit pas plus de résistance que l’autre, 
le milicu duressort ne changeroiïit point de place: 
mais pour peu qu'il y ait de différence, il faut 
qu'il y ait un mouvement vers l’opposite du corps 
résistant. 

La natation et le vol sont des sauts qui ont lieu 
dans des fluides, et qui sont produits par la ré- 

li5 


502 VII® Lecow. Des mouvemens. 


istance de ces fluides à admettre le mouvement 
que les animaux qui nagent ou qui volent leur im- 
priment par l’impulsion de certaines surfaces qu’ils 
meuvent ayec beaucoup de vitesse. 


Cette vitesse a besoïn d’être d’autant plus grande 
que le milieu est plus rare , et il faut que les muscles 
qui la produisent aient une force bien supérieure 
à celle qui est exigée pour le simple saut sur un 
milieu solide ; mais il y a encore ure condition 
de plus pour les mouvemens qui ont lieu dans des 
fluides. Comme l'animal est entièrement entouré 
par ces milieux , il trouveroit une résistance égale 
de toutes parts, et la vitesse qu’il auroit acquise, 
en frappant le fluide en arrière, seroit bientôt 
perdue par celui qu'il seroit obligé de déplacer 
en ayant, s’il ne pouvoit diminuer considérable- 
ment sa surface immédiatement après s’en être 
servi pour donner le coup, 


La natation et le vol ont été attribués à des 
animaux de classes très-différentes : il y en a même 
qui réunissent ces deux espèces de mouvement ; 
mais cependant l’une se trouve exécutée de la 
manière la plus parfaite par la classe des pois- 
sons, et l’autre par celle des oiseaux. Nous consi- 
dérerons’d’abord les moyens que ces deux classes 
y employent, el nous les comparerons ensuite à 
ceux des espèces des antres classes. 


Les poissons eux-mêmes ne nagent pas {tous 
bien , comme tous les oiseaux ne volent pas. Ceux 


ArT., V. De la natation. 5oË 


qui nagent le mieux sont ceux qui ont le corps un 
peu alongé, et médiocrement comprimé. 

La natation peut se faire dans un plan hori- 
zontal , ou dans des directions plus ou moins in- 
clinées. Voyons d’abord celle qui a lieu dans un 
plan horizontal. Le poisson supposé en équilibre 
avec l’eau (et ii a des moyens de s’y mettre que 
nous indiquerons ), lorsqu'il veut se porter en 
avant , ploye sa queue en deux sens diflérens , 
comme en S, parle moyen des muscles latéraux, 
si forts et si compliqués, que nous avons décrits. 
Il étend ses mageoires du dos, de l'anus et de la 
queue , le plus qu’il peut, pour augmenter d’au- 
tant la surface de sa queue. Alors il la déploye 
avec une grande vitesse, et selon que nous l'avons 
exposé ci-dessus , la résistance du fluide, c’est-à- 
dire la différence de la vitesse qu'il admet ; d'avec 
celle que l'effort du poisson tendoit à lui imprimer , 
tient lieu , pour ainsi dire, d’un appui solide, qui 
force la machine entière du poisson à se porter 
en avant avec le reste de cette vitesse. 

L'eau qui est au-devant du poisson résiste moins 
à son mouvement en ayant, d’abord parce que la 
vitesse avec laquelle il avance est beaucoup moindre 
que celle avec laquelle ïl tendoit à étendre sa 
queue ; ensuite parce que sa queue est revenue à 
la ligue droite, et qu'il ne présente plus au fluide 
que la largeur peu considérable de son corps. 

Comme il faut qu'il reploie sa queue pour frap- 


per un second coup, ce mouvement se faisant en 
Ji 4 


.5o4 VII Tzrcon. Des mouvemens. 


sens contraire de l'extension , produiroïit de la 
part du fluide une résistance égale en sens con- 
traire, qui anéantiroit le mouvement , si les sur- 
faces étoient restées les mêmes; mais alors lés 
nageoires du dos et de l’anus sont couchées contre 
le corps. Celle de la queue est serrée et rétrécie: 
d’ailleurs ce ployement se fait avec beaucoup plus 
de lenteur que le. développement, qui est subit 
et violent. C’est après avoir passé par la ligne 
droite que la queue se reploye une seconde fois. 
Elle se fléchit alors précisément en sens contraire; 
et l’impulsion qui en résulte ayant ‘une obliquité 
égale, mais opposée à celle qui a résulté du pre- 
mier coup, la direction du corps reste droite” 
C'est en frappant plus fort dans un sens que 
dans l’autre que le poisson se dirige à droite ou 
à gauche, et qu’il tourne horizontalement. 
Quant à ses mouvemens en haut et en bas, ils 
paroissent dépendre , dans la plupart des poissons , 
de leur vessie natatoire. Nous décrirons la forme, 
les connexions et la structure intime de cet 
organe important, lorsque nous traiterons des sécré- 
tons. Îci, où nous ne considérons que son usage 
dans le mouvement progressif : il nous sufit de 
dire que c’esb une vessie plus ou moins grande, 
tantôt simple, tantôt double, mais dont alors les 
deux parties communiquent ensemble par un canal 
étroit, qui est situé dans l’abdomen des poissons, 
tout contre l’épine du dos. I y a le plus souvent 
un conduit qui mène de cette vessie dans Poœso- 


ART, V. De la natation. 5o5 


phage, ou dans l’estomac; mais il paroït que ce 
conduit ne laisse passer l’air contenu dans la vessie, 
qu'autant que l’animal y consent. Cet air est pro- 
duit , du moins-je crois pouvoir le prouveridans 
le chapitre déja annoncé , par le moyen de cer- 
tains organes qui le séparent de Ia masse du sang, 
et dans un poisson bien portant, il tient toujours 
la vessie distendue. 

Lorsque l’on crève la vessie natatoire, le poisson 
ne peut plus s'élever dans l’eau, et il se tient tou- 
jours couché sur le dos. Il en résulte que cette vessie 
donne au dos la légèreté convenable pour qu’il 
demeure en haut, et que dans son état de plus 
grande extension, elle rend le corps entier du 
poisson assez léger pour s'élever dans l’eau. Il y 
a même des poissons dans lesquels la chaleur la 
dilate tellement, que lorsqu'ils sont restés quelque 
temps à la surface de l’eau à un soleil ardent, 
ils ne peuvent plus la comprimer assez pour redes- : 
cendre. Mais, dans l’état ordinaire, le poisson la 
comprime précisément au degré qu'il faut pour 
être en équilibre avec l’eau, lorsqu'il vent demeurer 
dans un plan horizontal ; il la comprime encore 
davantage lorsqu'il veut s’enfoncer. 

Cette compression a lieu au moyen des muscles 

latéraux du corps , qui tendent à rétrécir cette vessie 
en l'alongeant. Alors, sous une surface égale elle 
renferme moins de capacilé, puisqu'elle s'éloigne 
davantage de la forme sphérique. 4 
Les poissons qui n’ont point de vessie natatoire 


bof. VIT. Leçon. Des mouvemens. 


ont beaucoup moins de moyens de changer leur 
hauteur dans l’eau. La plupart restent au fond, 


à moins que la disposition de leur corps ne leur 


permette de frapper l’eau de haut en bas ayec 
beaucoup de force : c’est ce que font les raies avec 
leurs vastes nageoires pectorales , qui portent avee 
raison le nom d'ailes , puisque le moyen que ces 
poissons employent pour s'élever, est absolument 
le même que celui des oiseaux. 

Les pleuronectes frappent l’eau de haut en bas 
avec les côtés de leur corps, parce qu’ils ne nagent 
pas comme les autres poissons le dos en haut et le 
venire en bas , mais dans une position très-oblique, 
à laquelle ils sont aussi forcés par la position de 
lcurs yeux, qui sont tous les deux du même côté. 

Ces raies et ces pleuronecles ne pouvant com- 
modément frapper l’eau à droite et à gauche , sont 
obligés, pour conserver au total une direction hori- 
zontale, de faire une suite de sauts, c’esta-dire , 
de frapper plus fortement avec leur queue vers le 
bas ; ce qui les élève un peu: et ce mouvement, 
en se combinant avec la pesanteur , les ramène 
par une courbe près de la ligne horizontale, d’où 
ils repartent par un nouveau saut, comme nous 
Pexpliquerons plus au long en parlant du vol des 
oiseaux. 

C’est aussi le même moyen qu’employent les 
cétacés , dont le corps est d’ailleurs aussi parfaite- 


ment organisé pour la natalion que celui des pois- 


sons ; dont ils diffèrent cependant en ce point, que 


PORN ITS 


ART. V. De la natation. 507 


les principaux efforts de leur queue sont dirigés 
dans le sens vertical. La vessie natatoire est sup- 
pléée chez eux par les poumons, qu’ils peuvent 
comprimer et relächer au moyen des muscles inter- 
_costaux et du diaphragme. 

Les nageoires pectoraleset ventrales ne paroissent 
pas être d’un grand usage dans le mouvement 
progressif des poissons ; mais ils s’en servent pour 
se tenir en équilibre et en repos, en les étendant 
chaque fois qu’il faut corriger une vacillation, Ils 
les employent aussi pour les ‘égères inflexions de 
leur mouvement progressif, et pour s’empêcher de 
tomber sur le côté en nageant. Cependant ceux 
qui les ont très-grandes en font sans doute un 
usage plus eilicace : mais on n’a point d’obserya- 
tions 25sez exactes sur cet objet. 

11 y a plusieurs classes d’animaux qui nagent à la 
manière des poissons , c’est-à-dire par les inflexions 
. de leur corps. T'els sont les serpens et les larves 
d'insectes à corps alongé et sans nageoires , comme 
celles des dytisques, des hydrophiles , des éphé- 
mères , des tipules aquatiques , des cousins, etc. 

Mais les quadrupèdes, les oiseaux aquatiques , 
les quadrupèdes ovipares et les crustacés nagent 
au moyen de leurs pieds, qui sont pour eux ce 
que les rames sont pour un bateau. . 

La rame, dans son état tranquille , fait avec le 
bateau se angles ; un en avant et un en 
arrière , qui peuvent être égaux ou différens. Le 
batclier meut cette rame de manière à rendre l’ingle 


508 VII LEGON. Des mouvemens. 


qu’elle fait en avant plus ouvert , et celui qu’elle 
fait en arrière plus aigu. Si l’eau ne résistoit point , 
le bateau ne changeroit pas de place ; mais sa résis- 
tance arrétant le mouvement de la rame, l’angle 
en question s'ouvre par le mouvement que le 
bateau prend en avant. Cette impulsion une fois 
donnée , le batelier retire sa rame ou lui fait 
tourner son tranchant , pour qu’elle n'arrête point 
le mouvement, et il recommence les mêmes opé- 
rations pour donner une seconde impulsion. 

Le corps des oiseaux d’eau est naturellement 
plus léger que l’eau, à cause de leurs plumes grasses 
et imperméables à l’humidité, et à cause de la 
grande quantité d’air contenue dans les cellu- 
les de leur abdomen. Ils sont donc absolument 
dans le cas du bateau, et n’ont besoin d'employer 
leurs pieds que pour se mouvoir en avant. Ces 
pieds sont très en arrière, parce que leur effort 
est plus direct, et qu'ils n’ont pas besoin de sou- 
tenir le devant du corps que l’eau soutient suffi- 
samment. Les cuisses et les jambes en sont courtes, 
pour laïsser moins d’effet à la résistance de l’eau 
sur les muscles. Le tarse en est comprimé pour 
fendre l’eau; et les doigts sont très-dilatés, ou 
mème réunis par une membrane, pour former 
une rame plus large, et frapper l’eau par une 
plus grande surface : maïs lorsque l’oiseau reploye 
son pied pour donner un nouveau coup, il serre 
les doigts les uns contre les autres pour diminuer 
la résistance. 


Arr. V. De la natation, 5og 

Lorsque ces oiseaux veulent plonger, ils sont 
obligés de comprimer fortement leur poitrine pour 
chasser l’air qu’elle peut contenir, d’alonger le 
cou pour faire pencher leur corps en avant, et 
de frapper avec leurs pattes en haut, pour rece- 
voir de l’eau une impulsion vers le bas. 

Quelques oiseaux d’eau, notamment le cygne, 
prennent le vent avec leurs aïles en nageant , et 
s’en servent comme de voiles. | 

Les quadrupèdes quinagent le mieux sont ceux qui 
ont les intervalles des doigts garnis de membranes, 
comme la foutre, le castor, etc. ; maïs les autres peu- 
vent aussi nager plus ou moins facilement , en se 
servant de leurs quatre pieds : ceux de derrière 
ser vent à lancer le corps en avant, et ceux de de- 
vant à soutenir sa partie antérieure, qui est la plus 
lourde. L'homme est de tous les mammifères celui 
qui a le plus besoin de se servir de ses mains, 
à cause de la pesanteur de sa tête. Il est même 
à peu près le seul qui ne sache pas nager natu- 
rellement. 

Les phoques et les morses , dont le corps ap- 
proche le plus de celui des cétacés et des poissons 
pour la forme, sont aussi de tous les mammifères 
ceux qui nagent le mieux ; et ils sont nommés à 
juste litre amphibies, 


510 VII. LECON. Des mouvemens. 
A: RON CE EJENIT. 
Du vol. 


Lorsq@un oiseau veut voler , il commence 
d’abord par s’élancer dans l'air , soit en sautant 
deterre , soit en se précipitant de quelque hau- 
teur. Pendant ce temps-là, il élève l’humérus, et 
avec lui toute l’aile, encore ployée ; il la déploye 
ensuite dans un sens horizontal , en étendant l’avant- 
bras et la main : l’aile aÿant acquis ainsi toute 
l'étendue de surface dont elle est susceptible , 
loiseau l’abaisse subitement, c’est-à-dire qu'il lui 
fait faire, avec le plan vertical de son corps, un 
angle plus ouvert par en haut ,-et plus aigu par 
en bas. La résistance de l’air à admettre ce mou- 
,vement qui lui est subitement imprimé, reporte 
une partie de l’eflort vers le corps de l'oiseau, 
qui est mis en mouvement de la même manière 
que dans tous les autres sauts. Une fois l’impul- 
sion donnée , l'oiseau serre l’aile, en reployant 
les articulations, et illa relève pour donner en- 
suite un second coup. ; 

La vitesse que Poiseau acquiert ainsi pour mon- 
ter , est graduellement diminuée par l’effet de la 
pesanteur , comme celle de tout autre projectile, 
et il arrive un instant où cette vitesse est nulle, 
et où l'oiseau ne tend ni à monter ni à descendre. 
S'il prend précisément cet instant pour donner un 


Lu 


ArT. VI, Du vol. 51 


nouveau coup d’aile , il acquerra une nouvelle 
vitesse ascendante , qui le portera aussi loin que 
la première , et en continuant ainsi il montera d’une 
manière uniforme. 

S'il donne le second coup d’aile avant d’arriver 
au point où la vitesse acquise par le premier est 
anéantie, il ajoutera la nouvelle vitesse à celle 
qu’il avoit encore, et en continuant ainsi il mon- 
tera d’un mouvement accéléré. 

S'il ne vibre pas à l'instant où sa vitesse ascen- 
dante est anéantie , il commencera à redescendre 
avec une vitesse accélérée. S'il se laissoit retomber 
jusqu’à la hauteur du point de départ, il ne pour- 
roit remonter aussi haut que la première fois, à 
moins d’une vibration d’ailes beaucoup plus forte ; 
mais en saisissant dans sa chüte un point tel, que 
la vitesse acquise pour descendre , et le moindre 
espace qu’il y a à redescendre, se compensent réci- 
proquement, il pourra, par une suite de vibrations 
égales, se maintenir toujours à la même hauteur. 

S'il veut descendre, il n’a qu’à répéter moins 
souvent ses vibrations, où même les supprimer 
tout-à-fait. Dans ce dernier cas, il tombe avec 
toute l’accélération des graves : c’est ce qu’on 
nomme fondre ou descente foudroyante. 

L'oiseau qui descend ainsi peut retarder subite- . 
ment sa chüte en étendant ses ailes, à cause de la 
résistance de l'air qui augmeme comme le carré 
de la vitesse; et il peut , en y ajoutant quelques 
Yibrations, se mettre de nouveau en état de s’éle- 
ver. C’est ce qu’on nomme-une ressource, 


512 VII LEÇON. Des mouvernens. 

Nous avons jusqu'ici considéré le vol comme 
simplement vertical , sans avoir égard à ses autres 
directions. Il ne peut être tel que dans les oiseaux 
dont les ailes sont entièrement horizontales , et il 
est probable qu’elles le sont dans les alouettes, les 
cailles et les autres oiseaux que nous voyons s’élever 
verticalement; maïs dans la plupart des autres , 
l'aile est toujours plus ou moinsinclinée, et regarde 
en arrière. La cause en est sur-tout dans la lon- 
gueur des pennes , qui présentent plus d'avantage 
à la résistance de l’air qui agit sur leur extrémité, 
et qui en sont plus élevées à cause que leur point 
fixe est à leur racine. Il paroït cependant que cette 
inclinaison peut varier jusqu’à un certain point 
par la volonté de l’oiseau. ) 

Quoi qu’il en soit, on doit considérer les mouve- 
mens obliques comme composés d’un mouvement 
vertical sur lequel seul peut agir la pesanteur, 
et d’un mouvement horizontal qu’elle ne. peut al- 
térer. 

Ainsi , lorsque l'oiseau veut voler horizontale- 
ment en avant , il faut qu'il s’élève par une direc: 
tion oblique , et qu’il donne son second coup d’aile 
lorsqu'il est près de retomber à la hauteur dont 
il est parti. Il ne volera point dans une ligne droite ; 
mais il décrira une suite de courbes d'autant plus 
surbaissées ; que son mouvement horizontal l’em- 
portera davantage:sur le vertical. 

S'il veut monter obliquement , il faudra qu'il 
vibre plutôt; s’il vent descendre obliquement , il 


ART. VI. Du vol: 513 


vibrera plus tard ; mais ces deux mouvémens se 
feront également par une suite de courbes. 

Il paroît qu’il y a des oiseaux qui ne sont pas 
maîtres de diminuer autant qu’ils veulent l’obli- 
quité de leurs'ailes , et dans lesquels le mouvement 
horizontal est toujours très-considérable, Si ce mou- 
vement vient encore à être favorisé par le vent, 
ces sortes d'oiseaux ne pourront monter que par 
une ligne trés-inclinée. C’est pourquoi les oiseaux 
de proie, appelés mobles par les fauconniers , 
sont obligés de voler contre le vent, lorsqu'ils veu- 
lent, s’élever perpendiculairéement; autrement ils 
seroient  émportés à de grandes distances. Ces 
oiseaux ont un mouvement horizontal plus grand 
a proportioh , parte que les pennes antérieures 
de leurs ailes sont fôrt longues, et que les extré- 
mités en sont serrées les unes contre les autres. 
Dans les oiseaux ignobles , au contraire , les pen- 
nes du bout de l’aile ont leurs extrémités écartées 
et laissant passer l’air entre élles; ce qui lui donne 
moins de prise pour rendre l’aile oblique. 

*Les inflexions du‘ vol, à droite ou à gauche, 
se font principalement par l'inégalité des vibra- 
tions des aïles. Pour tourner à droite , l'aile gauche 
vibre plus souvent ou avec plus de force ; le côté! 
gauche est alors mu plus vite , et il faut bien que 
le corps tourne : l'aile droîte fait de mémetoürner 
à gauche. Plus le vol est rapide en avañt, plus 
il est difficile à une aïle de surpasser l’autre en 
vitesse, et moins les inflexions sont brusques. 
1 Kk 


514 VII Leçon. Des Mouvemens. 


Voilà, pourquoi lesoiseaux à vol rapide ne ven 
nent que par de grands circuits. 1191508. SrrOWE 
. La: queue, en s’étalant, contribue à soutenir la 
partie: postérieure du corps; en l’abaissant lors- 
que d'oiseau a acquis une vitesse en avant, elle, 
produit un retardement qui fait relever 'la partie! 
postérienre.-du corps; etabaisse l’antérieure. Elle: 
produit. un. effet contraire en se relevant. Cer- 
tains. oiseaux l’inclinent de côté ,. pour:/s’en äider: 
comme. d’un gouvernail, lorsqu'ils veulent changer 
leur. direction horizontale. do inoe 
‘Le premier élan que l'oiseau se ne est pro-! 
duit par un saut ordinaire dés  pieds:: Ceux; qui 
ont les pieds. trés-courts et les.ailes très-longues ,» 
comme les.mnartinets ,! les fous, etc. me; peuvent 
sauter. assez.haut pour avoir l’espace nécessäiré: 
au développement de ces 'ailes : ‘aussi, lorsqu'ils: 
sont. à terre. ils ne, prennent leur vol, qu'avec! 
beaucoup de peine. | 1od ub est 
IL.est:à peine besoin de SE que la résistance les 
l'air est d'autant plus grande que. la masse-frappée: 
à Ja.fois est, plus considérable, et que c’est pouf 
celaïque-les oiseaux à ailes courtes sont, obligés: 
d’en répéter si souvent.les, vibrations, qu'ils: se! 
fatiguent vite, et ne peuvent. voler long-temps. 
Tels sont les mouvemens qui constituent. le vol | 
des oiseaux: Voyons comment ces tres ;ont été 
xendus capables de les exécuter. | 
Leur, tronc est un ovale plus large. par Had ar 


plus étroit par derrière ; leur épine est à ;peu près, 


Arr. VI, Du vol. ‘515: 


inflexible et plus courte à proportion que dans 
les quadrupèdes : ce qui fatigue moins les muscles 
de l’épine, et rend plus facile le changement de 
‘position du centre de gravité, qui devoit être sus- 
pendu entre les ailes dans le vol, et sur les pieds 
dans la station. Leur tête est généralement petite, 
et le bec acéré en pointe , forme commode pour 
fendre l'air. Leur ‘cou est plus long, beaucoup plus 
flexible que celui des mammifères, pour suppléer 
au défaut des bras et à l’inflexibilité du tronc , et 
pour changer, suivant le besoin, la position du 
centre de gravité, en portant la tête en avant 
ou en la retirant en arriére. 

Il falloit que ce centre de gravité fût constam- 
ment dans la partie inférieure du corps, autre- 
ment l’oiseauw n’auroit pu s'empêcher de tomber 
sur le dos. C’est ce que produisent la grandeur 
des muscles pectoraux abaïsseurs de laile , et la 
position des releveurs, qui sont situés sous le tho- 
xax et non dessus, comme dans les quadrupèdes. 

La légèreté du corps des oïseaux leur donne 

 lauési plus de facilité pour s’élever. Elle est pro- 
duite par les vuides de leurs os , qui les allègent 
sans les afloiblir ;. un cylindre creux étant plus 
robuste qu’un plein de même poids et de même. 
longueur : et encore mieux par les grandes cel- 
lules aériennes qui occupent plusieurs parties de 
deur.eorps, et qui sont toutes en communication 
“avec le poumon. Fair que les oiseaux respirent les, 
-goufle de toutes parts , sur-tout à cause de la dila.. 
KK à 


516 VII° Leçon." Des mouvemens. 
tation. qu'il reçoit par la igrande chaleur de leur 
corps. Nous décrirons toutes ces cellules en trai- 
tant des organes de la respiration. | 
Enfin, le tissu des plumes , et sur-tont celui des 
pennes , et leur fermeté élastique , contribuent 
pussamment au vol par. la légèreté et la ‘grande 
étendue qu’elles . donneht aux ailes. Nôus les 
décrirons en détail, en traitant des tégumens de 
ces animaux. Mais ce ne sont pas seulement leurs 
plumes qui servent à agrandir l'aile ; l'angle com- 
pris entre l’humérus et l’avant-bras, et celui qui 
est entre l’humérus et le tronc, sont garnis: d’une 
expansion de la peau, qui est tendue ‘par des 
muscles particuliers que nous décris en trai- 
tant du pannicule charnu. 


Il y a des oiseaux qui ne volent point du tont : 


ce sont les autruches, parmi les terrestres , et les 
pingoins et les manchots, parmi les aquatiques. 


Leurs ailes sont si petites qu’elles paroissent n’être 


là que pour ne pas faire d'exception trop marquée 
aux règles de ressemblances des classes. 

En revanche , il y a des mammifères qui volent 
assez bien, quoique sans avoir d’ailes., Ce sont 
les chauve-souris ; leurs bras, leurs avant-bras, 
et sur-tout leurs quatre doigts sont excessivement 
alongés, et interceptent un grand espace, qui est 
rempli par une membrane fine, qui s’étendencore 
jusqu'aux pattes, et des deux côtés de la queue. Elle 
forme une surface assez étendue et assez ferme 
pour élever dans l’air l’animal auquel elle appar- 


- 


d 


Arr. VI. Du vol. 517 


tient Les chauve-souris ont d’ailleurs des muscles 
pectoraux très-puissans, un corps court, étroit 
et grèle en arrière, de manière que le centre 
de gravité est sous les ailes; mais cette disposi- 
tion-de leur corps , qui les rend propres au vol, 
‘fait aussi qu’elles ne peuvent que ramper, parce 
que leurs jambes de derrière ne peuvent pas les 
soutenir seules. 


D’autres mammifères, savoirles galéopithèques , 
les polatouches ou écureuils volans, et les phalan- 
gers volans , ont des membranes entre les pattes, 
mais sans alongement des doigts; elles ne peuvent 
servir à les élever, mais elles les soutiennent as- 
sez bien en l'air pendant quelque temps, et les 
mettent à même de faire de très-grands sauts en 
descendant , auxquels on ne peut point donner le 
nom de vol. É 


Le dragon est un petit lézard des Indes orien- 
tales, qui se soutient aussi en l’air pendant quel- 
ques instans, au moyen d’une membrane soute- 
nue comme un éventail, sur quelques rayons 
osseux articulés à l’épine du dos. 


Les ailes des poissons volans sont assez analogues, 
pour la structure , à celles du dragon; mais elles 
sont formées par l'extension des nageoires pecto- 
rales , ou de quelques rayons situés au-dessous de 
ces nageoires. Elles ne fournissent pas non plus à 
un vol continu. 


N. B. En décrivant les muscles et les autres 
Kk 5 


L 
518 VII. Lecon. Des mouvemens, etc. 


‘organes du mouvement des animaux à sang blanc ; 
nous en ayons assez expliqué l’emploi pour que 
nous n’ayons pas besoin d’y revenir ici. 


Fin du premier volume, 


A DDITIONS 


Au premier volume. 


Page 84, après la ligne 17: Ces deux divi- 
sions correspondent aux deux genres établis par 
Linnæus sous les noms de cancer et de m0- 
nocles. 

Page 192, après la ligne 16: 

Les muscles de la queue des oiseaux sont courts, 

mais très-marqués et faciles à disséquer. Les uns 
sont destinés à relever ou à abaisser la queue; les 
autres la portent sur les côtés. 
‘1 ny a que deux muscles releveurs de la 
queue, un pour chaque côté. Vicq-d’Azyr les a 
nommés releveurs: du cocceyx ( sacro-sus-cau- 
diens }; 1ls tiennent à la partie postérieure et su- 
pétieure des os du bassin et du sacrum , et se 
portent à la face externe des apophyses trans- 
verses des vertèbres de la queue , par des lan- 
guettes tendineuses , qui descendent obliquement ; 
aux apophyses épineuses supérieures de ces ver- 
tèbres et au dernier os de la queue , sur lesquels 
ils s’insèrent. Lorsque l’un d’eux agit isolément, 
ik doit porter la queue de: côté , en même temps 
qu'il la releve. 

Les abaisseurs de la queue sont aussi au nom- 
bre de deux seulement, un pour chaque côté: Vicq- 
d’Azyr les a appelés abaisseurs du cocey x ( sacro- 


so 


520 à Additions: : 

sous-caudiens ). Ils sont placés dans l’intérieur du 
bassin. Leur forme est pyramidale , ils tiennent 
par leur base à l’échancrure postérieure de l’os 
des îles et à la pointe du sacrum: Ils viennent aussi , 
en partie des apophyses transverses des premières 
vertèbres de la queue, et ils s’insèrent par des 
languettes tendineuses aux apophyses épineuses 
des mêmes vertèbres , et à la lozange saillante du 
dernier os qui porte les pennes. Il .. absolu- 
ment comme le précédent ; mais. én'senis con- 
traire. 

Les fléchisseurs latéraux dela queue sont-tous 
éloignés de la ligne moyenne et au nombre de 
quatre de chaque côté. RTE 

Le premier et le pluslong de tous a: été nommé 
cruro-coccygien par Vieq-d'Azyr (fémoro-cau- 
dien ). Il vient du fémur , sur lequel il s'attache 
postérieurement vers son fiers supérieur, ét il va 


,s'insérer au côté supérieur de la lozange du der 


nier os de la queue. Il porte la queue de ‘côté 
lorsqu'il agit seul. Lorsque les deux se contrac- 
tent, ils fléchissent la queue inférieurement où l’a: 


‘baissent. C’est à ce muscle qu’on doit attribuer cet 


abaissement forcé de la queue qui a liew lorsque 
l'oiseau court. 

‘ Le second s’insère d’une part au ligament qui re- 
tient la penne la plus extérieure de la queue sur le 
dernier os , et il s’attache au tranchant postérieur de 
la branche de l’os pubis. Lorsque ces deux mus- 
cles agissent ensemble , ils étalent les plumes en 


Additions. | 521 


éventail ; ils font faire la roue à la queue des 
paons, des dindons ; des faisans , etc. 

Le troisième est presque parallèle au précédent; 
mais il est situé à son côté interne. Il s'attache aussi 
au pubis, mais un peu à la branche de l’ischion , 
et va se fixer à l’angle latéral de la lozange sail- 
lante , qui est située , comme nous l’avons dit , au- 
dessous du dernier os de la queue. 

Le quatrième est le plus court de tous ; Vicq- 
d’Azyr l’a nommé moteur latéral du coccy x. {tient 
à la pointe externe des apophyses épineuses des 
quatre vertèbres de la queue qui suivent la pre- 
mire, et il s’insère au bord latéral du ligament 
qui joint les pennes de la queue. Il étale aussi les 
pennes , mais moins fortement que le second ; dont 
on doit le regarder comme un accessoire. 


Page 565, ligne 25 : Le péroné des sarigues 
est fort gros et très-arqué ; ce qui l’écarte beau- 
coup du tibia. 


* 


Es 


{Fu vu Tzs à corriger avant la lecture, dans 


j le premier volume. 


Pages 20, ligne 26 : au lieu de azoth, lisez azote. 

34, ligne 17: au lieu de où, lisez ou. 

37, ligne 27 : au lieu de peut, lisez veut. 

46, ligne 18 :’au lieu de représente, lisez ressente. 

47, ligne 3: au lieu de celles ; lisez celle. 

62, ligne 11 : au lieu de exception, lisez exclusion. 
116, ligne 12: au lieu de intérieures , lisez extérieures. 

123, ligne 9 : au lieu de us, lisez os. 
124, ligne 24 : au lieu de des fossiles , lisez des tests fossiles. 
239, ligne 30: au lieu de hoïdien, lisez hyoïdien. 
144, ligne 14 : au lieu de qu’ils, lisez qu’elles. 
156, ligne 9 : au lieu de noctul, Hsez noctule. 
180, ligne 19 : au lieu de épinohe, lisez épinoche. 
183, ligne 26: au lieu de inférieurement en haut , lisez inférieu» 

rement, En haut. 

184, ligne 22 : au Heu de intermédiaire, lisez externe. 
1bid., ligne 26 : au lieu de externe, lisez intermédiaire. 
197, ligne 1 : au lieu de de l'épaule, lisez de l’épine. 
201 , ligne 1 : au lieu de de l'épaule , lisez de l'épine. 
205, ligne 16: au lieu de herbivore, lisez herbivores. 
239 , ligne 2 : au lieu de matoidien, lisez mastoïdien.. 
255, ligne 25 : au lieu de les terno- , lisez Le sterno-. 
259, ligne 9: au lieu de passent, lisez passe. 
291, ligne 8 : au lieu de oudyles, lisez condyles. 
295, ligne 6 : au lieu de interne, lisez externe. 
303, ligne 12: au lieu de rousettes, lisez roussettes, 
318, ligne 18 : au lieu de ne peut se, lisez ne peut que se. 
326, ligne 19 : ajoutez entre les lignes 19 et 20, en titre ;. 

Muscles courts des doigts, 

353, ligne 1 : au lieu de des os, lisez de l’os. 
359 , lignes 12 et 28 : au lieu de pectineux , lisez pectineus.. 
389, ligne 12 : au lieu de calcanum, lisez calcaneum. 
384, ligne 15 : au lieu de bifulques , lisez bisulques. 
457, ligne 2 : au lieu de asyles, lisez asiles, 
462, ligne 7 : au lieu de forts, lisez fort. 
466, ligne 22: au lieu de échinorinque, lisez échinorinques.. 
499, ligne 10: au lieu de pied gauche, lisez pied de derriéres. 


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