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Full text of "Leçons d'anatomie Comparée ... recuellies et publiées sous ses yeux / par C. Duméril (and afterwards C.L. Duvernoy) etc"

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LEÇONS 


D'ANATOMIE COMPAREÉ. 


PE O N°% 
D'ANATOMIE COMPARÉE 


DE G'OUNIER, 


MEMBRE DE L'INSTITUT NATIONAL,, 
; / 


Professeur au Collége de France et à l’Ecole 
centrale du Panthéon, etc.; 


Recueillies et publiées sous ses yeux par 
C. Dumérit, chef des travaux anatomiques 
de l’École de Médecine de Paris. 


TOME Il 
CoxrEex4n tr LES ORGANES DES SENSATIONS. 


BAUDOUIN, IMPRIMEUR DE L'INSTITUT 
NATIONAL DES SCIENCES ET DES ARTS. 


a 


AN VIII 


MA ORNE 


DES MATIÈRES 


Contenues dans ce second volume. 


pages. 
Hormiime LEÇON. De la tére, considérée 


comme réceptacle des principaux organes des sens, . 1. 


Articce I. Du crâne, de sa forme et de ses proportions 


avec La fac... ee ee ee ee ee 2 


Anricze II. Des os qui composent le crâne. , + . 15. 
REDoes) l'hommests 2 TU ee je lee Ve elite BD 

B. Dans Les mammifères. . « « + + . + + « + 20. 

1°, Nombre des os du crâne des mammifères. . ibid. 

2°, Connexions des os du crâne des mammifères . 22. 

30, Forme des os du crâne des mammifères . . 24. 

CA Dans les oisbant "es", Ne) sales nor DT 

D. Dans les reptiles. . . + . + +. . à + + + 29, 

É Dans les. porssansi. 1e 2 Loi Te ut 22, 


AnrTicce III. Des éminences et des enfoncemens de l'in- 
M ue crane. es ve tee RON te: te eee, DD 
Dans L'homrre. ri Ver NOM UE A7. ZA 
B. Dans les mammiferes. . ... . . . + « . . 35, 
C'Dans es oiseaux ne = 0 LOT SUN, 10 
D. Dans les reptiles... .. , +. m1 « « 42. 
FDars des: poissons tiers AO 7, Gb 


2. a 


i) 


TAB LE 


Arricze IV. Des trous de la base du crâne . . pages 43. 
À. Dans l'homme. + + + + « 


B. Dans les mammifères et les oiseaux. . 
. Trous optiques « … + » © + + + 
. Fente sphéno-orbitaire. . 


ArTice V. Des os qui composent la face. 
A. Dans l'homme. . 


IDrTou rond. e = es 
. Trou ovale, « + + - + 
. Trou déchiré antérieur . 
. Canal carotidien. .". « 
. Trou déchiré postérieur. 
. Conduit auditif interne . 
C. Dans. Les reptiles et les poissons 


0 L LA LL L2 LL ibid, 


. 


B. Dans les mammiferes. . + « . 


C. Dans Les oiseaux. . « + + 
D, Dans les reptiles, « . « 
E. Dans Les poissons «+ « . 


ArTicie VI. Des fosses de la face. 


À. Dans l'homme. . « «+ . 


B. Dans les animaux. . . . « . 

194 

2° 

30 
ArrTicse VII. Des trous de la face.. 


Fosses nasales. » + + 
Fosses orbitaires. .« « « 


Fosse temporale... . . 


° 


AD ar Bon ENS 


B. Dans Les animaux . . . 


1° 


a 
104 
4°. 
2 5e, 


. Fente sphéno-maxillaire. 


Trous orbitaires internes . 


PT PARIS LS 2 2 
Trou sous-orbitaire. . . 


Canal sphéno-palatin. . 


L LL eo 71. 
A 


++. 77. 


efte.'e zbid. 


où» 115 7 


ss à EbÈ, 
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RES 7.17 à 


ER 
= OA 


L LL . ibid, 
cry 08. 
sta CE: 0m 


. .. 91: 


DES MATIÈRES. 


NEUVIÈME LECON. Du cerveau des animaux ver- 


ne. MN RES LE ee... pages 03: 


Arricce I. De l'organisation du systéme nerveux en 


Renée ts es ele te ere 


AnrrTicze Il. Du systéme nerveux considéré en action . 


Anricze III. Comparaison générale des différens systêmes 


MOERPELN ES er ee) lee Tete) a) est Here 


ArrTicze IV. Description du cerveau de l'homme. . 


A. Le cerveau de l'homme vu à sa face supérieure 


Le cerveau de l'homme vu par le côté... . 


Le cerveau de l'homme vu par sa base. 


B. 

C. 

D. Développement du cerveau... . 

E, Coupes du cerveau . + « « + 
1°, Coupes verticales. . « . + . 
(29, Coupes horizontales. . . . 

F. De l'origine des nerfs. . + .°. 
1°. Du nerf olfactif. . . + . . 
2°, Du nerf optique. … « + .« « 
39, Du nerf oculo - musculaire. . 
4°. Du nerf pathétique. . « « . 
5°. Des nerfs trijumeaux. .. . 
6°, Du nerf abducteur.. . . . . 
7°. Du nerf auditif, ou portion 


CRE] 
CC] 
CC 


molle 


de la 


SÉDEUE pres es PLU LATE Led 0 


8°. Du nerf facial, ou portion dure de la septième 


PATES 5e Ve ee 


9°. Des nerfs glosso-pharyngien , vague et spinal, 


vulgairement nommés nerfs de la huitième paire .…. 


10°. Du nerf grand hypoglosse . + - + . . . 


a à 


sv» 


11} 


1bid. 


1v TABLE 


AnrrTicze V. Du cerveau des mammifères. + . . pages 
1°. Proportion de la masse du cerveau avec le 


COPPS Velo, ee je je, 7,1, 4 eye lepetis 
2°, Proportion du cerveau avec Le cervelet et la 


moelle alongée. . . + ee ee + + + 

3°. Forme générale. + +. ee eo + ue 

4°. Circonvolutions , . «ee » + + + 

5°, Développement des parties intérieures . + . 

6°. De La base du cerveau, et de l'origine des 

nerfs. see le jie. jer es tele Ve tu tisse) tanrs 
ARTICLE VI. Du cerveau des oiseau%, « +. . + « . 
ÂArrTicre VII. Du cerveau des reptiles . . + . + . . 


ArTicze VIII. Du cerveau des poissons . + + + + : 
1°, Nœuds des nerfs olfactifs. «+ . . . . … . 
2°, Éminences de l'intérieur des hémisphères. . 
A NCERVELEE Ve! 4 ee DS TERRES 
4°, Tubercules situés en arrière du cervelet . . . 


5°. Origine des nerfs . . «+ +... «71 ae 


ARTICLE IX. Résumé des caractères propres aux cerveaux 


des quatre classes d'animaux vertébrés, . . . + . . 
ARTICLE X. Des enveloppes du cerveau. . + « « « 
ARTICLE XI. Des vaisseaux du cerveau. « « « « 


ARTICLE XII. De la moelle épinière. . . . . « . . 
1°, Vaisseaux de La moelle épinière . « , . . 


2°, Enveloppes de la moelle épinière. . . . . 191. 


. DIXIÈME LE CON. Distribution des principaux 


nerfs dans les animaux vertébrés. . « . . . . 


ARTICLE ]. Du nerf olfactif, ou de la première paire 
dE il'ehcéphales IS STE Be € ce Ve Te MN 
À, Dans l'homme et les mammifères. . + « « « . 


193. 


1 94. 
ibid, 


pes MATïIËRESs. y 


PB. Dans Les oiseaux.. + + + + + + + + + pages 196. 
C. Dans les reptiles. . +... + + + + + + + ibid. 
D. Dans Les poissons . + + + + + + + + + + + ibid. 


Anricze Il. Du nerf optique, ou de la seconde paire 


de l'encéphale. . , . ne ne + + + 


Arrieze III. Des nerfs de la troisième, quatrième et 
sixième paires. « + + + + + + + + + € ++ + + + 199. 
1. Du nerf oculo-musculaire , ou de la troisième 
En le de te et de ee ete SG Éds 
II. Du nerf pathétique, ou de la quatrième paire» .« 200. 
III. Du nerf abducteur, ou de la sixième paires + 201. 


Arricze IV. Des nerfs de la cinquième paire, ou tri- 
Hume Lex ve, nel pe tonne a ranle cet pute te 0.‘ zbid. 
I. Du nerf ophthalmique, première branche de la 
cinquième paire … Sn NE PE A de 
Re hommes 2, due pile etai e :s ÆDFE 
B. Dans les mammifères, + . ... + . + + + + 204. 
II. Du nerf maxillaire supérieur , deuxième branche 
de la cinquième paire: “2, +... +" - - 206. 
LTD PO NRA TRE sr 7277 5 
B. Dans les mammifères. . . . . + . + + « . 209. 
TI. Du nerf maxillaire inférieur, troisième branche 
de La cinquième paire. «.. . . « + + . + + + 211, 
Dans L'homme ie à à me NA cet ÉD 
KB. Dans. les mammifères. . . . à . . « . . + 213. 
IV. Du nerf de la cinquième paire dans Les oiseaux . 215. 
V. Du nerf de la cinquième paire dans les reptiles . 216. 
VI. Du nerf de la cinquième paire dans les pois- 


See SET Re DRE A PR ir 


1974 


ARTICLE V. Du nerf facial, ou petit sympathique de 
SO Ua tee ne La a Se Le FOR as at DA. 
À. Dans l'homme’, . . . . ... . « +. + . ibid, 


@ il] 


y) TABLE 


B. Dans Les mammifères + + + + + + + + pages 


C. Dans les oiseaux et dans les reptiles... 


D: Düns les poïssons +  " LIN 2,1 a 


ArTiciz VI. Du nerf acoustique, où portion molle du 
MÉRRIMUUEER ee = ee 01 1ati et lot lat) NBA 


ArTice VII, Du nerf vague, appelé vulgairement la 


buitième pairé ou pneumo-gastriques + « + « . 
A "Dans l'homme: ce: MEME EURE 
B. Dans les mammiferes. … +. 4 + : « & 
C. Dans les oiseaux et les reptiles . . . . 


D.. Dans les “poissons? "4:00 EU à 


ARTICLE VIII. Du nerf glosso-pharyngien. . + + +. 


ARTICLE IX. Du nerf hypoglosse, ou de La douzième 


PATES: an ea le > EN IE AS AS VS 


ARTICLE X. Des nerfs sous-occipital et cervicaux. 
A Dans) Dames Poe RON RER 
B. Dans les mammifères , . . . . . - . . 
C:-Dans lesvrsente ne SET ME 
PB: Dans les reptiles MR CE NE ETe 
E. Dans les poissons: ne te, e 


* ArTiczE XI. Du nerf diaphragmatique . . . . . 


ArTice XII. Des nerfs dorsaux et lombaires. : 
À. Dans: Phemme:. ue 2 ee NX ae 
B. Dans les mammifères et les oiseaux . . 
GC. Denis les’ reptiles) ONE Ve 41 ST UT 8 
D. Dès les porssonsit Lot Li Su ete 


ArTice XIII. Des nerfs pelviques et caudaux. . 


ARTICLE XIV. Du plexus brachial, et des nerfs du 


membre thoracique. 72125, 4 LUS Pa 
Av Déns l'homine. 2 ENST RAS TS 
a? Ou nef médian: : 2 MER NES 


pes MATIÈRES. Yi 


29. Du nerf cubital.. . + ,1. + + + + pages 260. 
30, Du nerf radial. ..….….. +. + +. 261. 
4°. Du nerf axillaire.. +... +. + 262. 
5°, Des nerfs thoraciques et scapulaire « + . zbid. 
6°. Du nerf cutané externe ou musculo-cutané , 263. 
7°. Du nerf cutané intérne..» « + +16 +. + e ibid, 
B. Dans les mammiferes. + + + + + + + + + 264. 
CM Danslen oiseaux Le Le de soient kabQle76:266: 
D. Dans les reptiles... .. ee 268. 
E. Dans les poissons e + + « LA AA REC, le: 272 


Arricte XV. Des nerfs du membre abdominal. +: 275. 

M Dins Lomme she te ana te 4e GUrEL à Je 2DEd. 

1°. Du nerf sous-pubien, ou obturateur.. .. ibid. 

2°, Du nerf.fémoral antérieur, ou crural + .". 276. 

39, Du nerf ischiadique ou sciatique . + + + ibid. 

4°. Du nerf tibial, ou poplité interne . + ., +277. 

59, Du nerf péronier, ou poplité externe. + 278. 

B. Dans Les mammifères. « «+ « + > + + + + 279. 

CA Din: lesioiseque ne san ae ae a CUT re 200 

D. Dans les reptiles. . + + + + + + + + + + 282. 

E. Dans les poissons . + + + ++ + + + + + 284. 
Arricze XVI. Du nerf grand sympathique , appelé 

encore grand intercostal ou trisplanchnique. « - + + 285. 

MbDars l'homme an dunes Nid ar. excel e 2Bid, 

B. Dans les mammifères. + « + + + + + + + + 289. 

C' Dans Les oiseaux. tea ete 2 êe Co detre 299: 

D. Dans les vrephiles. + 4 he tale ue + 206: 

E. Dans Les poissons . . . « «.« e # se v1° 207: 


ONZIÈME LEÇON. Description . des systÈmes 


nerveux des animaux sans vertèbres « 5 + 7e} =. + 298. 


ARTICLE JL. . Cerveau et nerfs des mollusques céphalopodes . 299. 
a iv 


vij ; TABLE 


Anrricre II. Cerveau et nerfs des mollusques gastéro- 


DOBES ++ Nb allene, ren: Le . 
. Dans le limaçon à coquille. . 
. Dans la limace. .. . 
. Dans l'aplysie. . … +. + 
. Dans la clio boréale... …. 
BUDans da. doris. 1.12). 1e4020 


.… Dans da scyllée.. .e .e + 


OH O& >» 


H. Dans le bulime des étangs. . 


e 


+ Dans l'oreille de mer. « +. « . 


e 
e 
e 
L2 
e 
° 


. + . pages 302. 


. 2bid. 
. 303. 


. + 304. 


+ 303. 
. ibid. 
. 306. 
. tbid. 
+ 308. 


Arricee III. Cerveau et nerfs des mollusques acéphales . 309. 


À. Dans les anodontes..… 
B. Dans les ascidies.  . «-: 


C. Dans les tritons.. … 


ARTICLE IV. Cerveau et nerfs des crustacés. 


A. Dans l'écrevisse ordinaire... « + + . 


B. Dans le crabe ordinaire. « + . 


C: Dans’ lé cloperte. . + + : . 


D. Dans’ les monocles. . à 


ArTicie V. Cerveau et nerfs. des larves 


A. Coléoptères. . Re 
19, Larve du monocéros . … . 


2°, Larve du cerf-volant... . 


3°, Larve du grand hydrophile. 


4°. Larve du dytisque bordé. . 
B. Orthoptères et hémipières. . . 
GC: HymEnapteres. {147.178 
D. Névroptères.. . . . . OUT 


. 


. + + 


d'insectes . 


ERERMORIPES NS MS TUE 


Ro Dipreres Ni Oh EN: 


° 


. 2bid. 
+ 312. 
. 1bid. 
OA: 
. ibid. 
+ 316. 
317. 
à zbid, 
« 318. 
.« 2bid. 
< ibid. 
. 320. 
+ 321. 
+ 322. 
EL. 
- 2bid. 
+ 325. 
. 327. 
992. 


ARTICLE VI. Cerveau et nerfs des insectes parfaits. . 334. 
MrÉMÉbpières ES rs ces Lot OU Ve CNE. 


DES MATIÈRES. 1x 
1°, Dans le cerf-volant. . + . . . . «+ pages 334. 


2°, Dans le scarabée monocéros... « . + + + 336. 

3°, Dans les dytisques et les carabes..…- . 0097: 

4°. Dans le grand hydrophile. . . . + + +. 339. 
B. Orthoptères. .. ne ee 341. 
CNHEmipteres «4 aie eue els Sole . 346. 
D. Lépidoptères. . + « + + + Ra ut Ve OL ÉPMRES PAPAS 
EE Névropreres. je 0e + se ee eve à 350. 
F. Hyménoptères. . . . . + + + + + zbid. 
PE prereR NT M ele ls Tee la ee :e ibid. 
H. Aptères à mâchoires. « + + + + + + + + + 352. 


ArTicze VII. Cerveau et nerfs des vers. . . + + + + 353. 
29, Dans l'aphrodite hérissée . « . . . + « - ibid. 

2°, Dans Les sangsues.. . . . . + . . + + + 355. 

39, Dans le lombric terrestre. . . « + + + . 356. 

4°. Dans le dragonneau . . + + + « . . 107: 

5°. Dans les néréïdes et les amphinomes . . . ibid. 

6°. Dans le lombric marin. . . . . . . + «ibid: 

7°. Dans l'ascaride lombrical. , . + . . . - ibid. 


Arrticre VIII. Des animaux dans lesquels on n’a point 
encore reconnu de systéme nerveux distinct . « + : 359. 


DOUZIÈME LECON. De l'organe de La vue, 
qu delæl........ 364. 
Anricze I. Idée générale de la vision, + . * » e. … ébide 
ArrTicze Il. Du nombre, de la mobilité, de la gran- 
deur. relative, . de la position et de la direction des 
yeux dans les divers animaux, . «  . : . + . . 370. 
Arricre III. De /a forme totale du globe de l'œil, de 
La forme et de la proportion de ses chambres , et de 


la densité de ses parties transparentes, . . . . . . 395. 
En Rene LS tan te où ER de Lie tr PE 


Le 


JT A BEL E 


B. Proportions. , + . + + + + + « + + . pages 360. 
C.: Consistance,; à. ares MENU 


ARTICLE IV. De La première tunique de l'œil, ou de 
Laïsclépatique. ‘+. "2" SS RNRIR PNEMEPAErLIO ET. 


ArTicze V. De la cornée transparente et de La con- 
DE sou: eût ie AD ST OS PARTS EEE 
ARTICLE VI. De La SRE tunique & l'œil, ou k La 
choroïde et de ses annexes « «à. - . 394. 
AxDens l'homme: ss". 14 50e ed. 
B: Dans des animaux)... 1.) Se EME Re 
9, Dés, proces. ciliaires. . + «ets 20e eee 
2%, De là rüyschienne à + "UT 10e TN 400. 
S9,4 02 tapis: * 10e NSP ARR EE 


4°. De La glande choroïdienne des poissons . . 403. 
ArTicze VII De l'iris, _de la pupille et de leurs 

MOUVEMENS à a de ee ee ie SSSR RER 

A. Texture de iris. dinde Us Le ee Re RENTE 

Bis Fibres de luuée: à à ne à + er 0 Ton 

re 2 CRUE 

D''Feûre de a’ pupilie LE er TOME ho. 

E. Membrane pupillaire . 


C. Mouvemens de l'iris. . . . 


+ » A1 1. 
ArTicre VIII. De l'entrée du nerf optique dans l'œil, 


de l’origine de La rétine, de sa nature et de ses 
limites £ à. ! 51 let ie 0: Parle tie: le) ME AE 
À. Entrée du Fe optique" "0" 0e "lee LEUR 
. Dans les mammiferes. . © + . + + + + + ibid. 
2OMDuns Les oiseau) AIO 51 0.. 7NER Mer dE 
39. Dans Les reptiles et les poissons. «+ + . 417. 
A Dausules seiches. ss ave De 13 te TRES MAO: 
Bnltcane e eus SDS VEUT. 


ArticLe. IX. De la nature des parties ÉUASPRTERERS de 
leurs membranes . … . net etre + NOR AO. 


DES MATMERES. x) 


y ‘A LE 
A Humeur vitrée … ee de à à + . + pages 420. 
B. Cristallin. eine » de) lettre le 4 ele re), es SN 421. 
C. Humeur aqueuse . +. + + SOS DU ee +7 NS. 


Arricze X. De la suspension du globe de l'œil et de 
Re EN pee Valabene ee Re 1e A2 


Anricze XI. Des paupières et de leurs mouvemens « 428. 
De hommes: Mie Ta ef ielelle les )1a 20ide 
B. Dans les mammifères. . + « . . . . + + « 429. 
CDS LE eme An su AND TEE terre 420. 
D. Dans les reptiles... » à à à e ee + + + + 432. 
E. Dans Les poissons + : . «+ « . «+ ui, 454. 
F. Dans les mollusques. ; : . . . . + + . ibid, 


Arricre XII. Des glandes qui entourent l'œil. . . . 436. 
Ds Berre AU een e 2 19 +» Hide 
B. Dans les mammifères. . . +. + + + + + 438. 
CUBensiles otage UMA Se re ta 4AOS 
Pt Dans des ‘repiles ao "a 208 à ee de Sat AT, 


Artice XIII. De l'œil des insectes et des crustacés . ibid. 


TREIZIÈME LEÇON. De l'organe de Buse. où 
orale ELA En eee APRES ED, CHEN 3. 446. 


AnTicze I. Du son, et de l'ouïe en général. . . . . ibid. 


AnrTicie Il. Des diverses formes’ de la membrane qui 
renferme la pulpe auditive, ou du labyrinthe mem- 
Dnans, LERS ent A A né et nv inc ag #6: 

Dans des‘\étrebifses. à 3 ST TON id. 

Dans Lestselches SN 6 NUS SENS 1454 

. Dans les poissons à branchies Libres. . . . , ibid. 

. Dans les poissons à branchies fixes. . . . . 460. 

… Duns \les' reptiles )5 2 à: 5 SAMIR à 462. 

… Dant-les ‘otseaut, à: 5 S'ÉRONE Re 464. 

«Dans les’ mammifères, ÿ : 5 SE, 465 


Es DS ee 


xij TABLE 


ARTICLE III. De la manière dont le labyrinthe mem: 
braneux est renfermé dans Les os, ou du labyrinthe 
OSSEUX. ee ee + + e + + + +.» + + - pages 469. 

A. Dans Les poissons à branchies libres. . . . . ibid. 
B. Dans les chondroptérygiens. . + « . . . . . 471. 
C: Dans les reptiles. . . + «se 1e © OÙ 472. 
D. Dans Les oiseaux et dans les mammifères. . . ibid: 


ARTICLE IV. Des cavités situées entre Le labyrinthe et 

l'élément extérieur, ou de la caisse du tympan et de 
Ses npatrenan ces sun le" à ‘0 et el AE - 478. 
À. Dans- les, reptiles. «7h su cotarest À + ET AT TE 
B. Dans-des oiseaux) 6 SR Nr EE 
C. Dansiles mammiferes VS ARS DEN ARBE 
2 Eftérieur. dé Ha loss ss RE VATRE 

2°, Divisions intérieures et cellules mastoï- 
ditnnes . 0 joe eue lu ele Eule AARE 
3°. Configuration et proportions des fenêtres. «+ , 480. 
4. La trompe d'Eustache, . . . . . . . = 491. 
D. Description de la caisse des cétacés . + . . . 492. 


ARTICLE V. Du tympan et de son cadre osseux . . . 493. 
1°. Substance du tympan. . . .., . , . . ibid. 
2°. Surface et direction du tympan. . .…. . . . 4095. 
99. Cadre du 1yrpe > ie a es ORNE 496. 


AnrTicze VI. Des osselets qui établissent une commu- 
nication entre le tympan et La fenêtre ovale, et de 
ÉEUTS MSC NE US AS CE HEAR « 490. 

À. Les SR TO RD SN gx 2e DO RENE 
À. Dans lesimammiferes 250 5 à Ni 
29. Le menti Us de de der ics 57 1 NME 
2°. L'erclumes jh, es Lite ts NOR 
3% L'os. lenticulaire., 18 EN Le «ete "4504. 
AP EEIET ee à = ete ce IS SSRES 


DES MATIÈRES. par) 


B. Dans les oiseaux «_. + . + + + = + - pages 505. 
C. Dans Les reptiles. + + + + + + à + + + « 506. 
ML uscles en Ne D de je does «+ °° MÉ200, 


Arricce VII Du méat auditif externe, de la conque 
de l’orerlle et de ses: muscles à + +. eo + + + 511 
1°. Le méat externe osseux . .« « + « + + . . 513. 
2°, Le méat externe cartilagineux et la conque. . 515. 
ai Le grandeurs 440 42 0eme etant este 516. 
DU) direction Ne MEN NS NE EEE de 
CL fipureNS el open Ref ele Mir Bar. 
ALES Neminences Nes MN NEUTRE VE NON STE 
e. La composition. . . . + . « + . . . . 519. 
PM TIES VIS les Mae LR en Olan EE SC 
AC Dars L'homme ts ele ee site esta ie 2Bzd: 
B. Dans les mammifères... . . . .« . . . 521. 
a. Qui vont de La tête à l'écusson. . . . . 522, 

b. Qui vont de La tête à la conque ou au tube 
DentiorentieN Me lente (le MEN Ne retie eNo 2t 

c. Qui unissent l'écusson à la conque ou au 
MAÉ Pal lee aies MIN 01 Cu LU. Pare QUAD aiLNe e fa ref: AE 
a. Les superficiels ARS DE | PEN EI AC LOI CO ET 
Bas pro andere + nes PAT ER Aer où le: Bd 

d. Qui vont d'une partie de la conque à une 


CLR ONE OSEO RE 


AnrrTicre VIII. De a distribution des nerfs dans l'in- 
Druride doreilles rie Bite de de tane aa re 


QUATORZIÈME LEÇON. Du sens du toucher, 


e1 de tous Les organes qui s'y rapportent. . . . . . 534. 
ArTicre Î. Des sensations que Le toucher nous procure . ibid, 


Anrice II. De la peau et de son organisation. . . 539. 
1%: -Dé d'énidermes « + 5 M Sen ire à 40 


XIV TABLE | 
2°, Du tissu muqueux . + + « + + «+ : pages 549. 
39, Du. tissu papillaire. . … +. . . * le... 554. 


49% Du cuir. ee Le e ,;% ne je. ce SE fa re 557. 


Arricze III. Des muscles de La ee ou du panni- 


D MIT. de se des sm o 2e le A 0) UC 
Arricee IV. Des rs de la peau, et de la graisse 
5 CRE . + ei; l'en AN ere . 572. 


; Des de Less RONA ee ES 7 7e 
0, Du tissu adipeuxs: ae e Ne tele ee 97e 
1748 V. Des doigts et de leurs dispositions relau- 


vement. au sens du.ioucher . ... 1. + + le) « + 579. 


Arricce VI. Des appendices qui suppléent aux doigts 
dans l'exercice du sens du toucher, . + . « + . . . 589. 


Arricce VII. Des parties insensibles qui munissent 
les organes du toucher et Les préservent contre des 
impressions trop fortes. + + + + + = + + » «+ « 593 
RO MES POS.» De ee tatin ee lee UN ET ATEN 
DGIDES plémen à ete | 2 NE ee ae RD AIIMERE 
28, es: corhes,.e ce 1 ele lol EURE 
A%, Des onples..:..: "0": Vos Va Mete ET ER 
5%. Des écailles. "TS SET ER OURS 
6°, Des parties insensibles dans les animaux sans 


DENTEDTES. + 00e tale VEe et (8 Ne CUIR 


QUINZIÈME LEÇON. Des organes de l’odorat 
ST Dr RE D Ge 


et du goût. Sn PTE 


SECTION PREMIÈRE. Des organes de l’odorat. . . . . 627. 
ArTicze I. Du sens et de ses organes en général . ibid. 
Arricee II. De la forme et de La grandeur de la cavité 
hasale NN Ne 0, OU BRNAN As. MERS. 
Arricse lil. Des sinus qui augmentent la capacité de 


Va cavité. nasale. 4%) .. es a le lets DUT, 


“ 


DES MIA TIÈRES. XV 


À. Dans l'homme... . . . . . + . . , pages 634. 


B. Dans les mammifères... . . . + . . . . . ibid. 


Arricze IV. Des lames saillantes qui multiplient les 
surfaces. dans l'intérieur de la cavité nasale., . . . 630. 
RU ADIEU al à la ete) ele Ve le + ‘ZAR 
B. Dans les mammifères... + + . + - . + + . 641. 
19: Les corners Erférteurs.. 1 Ve eus 2 zbid. 

2°, Les cornets supérieurs et Les cellules ethmoi- 
DORE lee le hateetie Vol etre Tab eine 644. 
Lo Dans. les oiseau SN ANUS at he TE 646. 
D: Dans les reptiles.» . . à à 4 3 ee » je 64e 
Mars Es porssons à ee 4e et à fe ° + 646. 


ArTicce V, De la membrane pituitaire, , + + . . . 649. 


ArTicre VI. Des nerfs qui se distribuent dans l’in- 
DEreUr Nes arinesi". le. "er UD EUX DA QUE, 1651. 
LNerf olfacrifis is eut s ts Bi ee ie ve derbi, 
À. Dans les mammifères. . . . 4 + . . 652. 
Lame crbléer heu SU 2 Saut a 7 Dr ds 
D Nerf ol fabenf DS ue eu die 2 CH AS de. 682, 
MrMars Jesbaiscamx:" à Ou ARTE Sole CU 
HAE lecnrepales ia a Te RS AR Cr 655, 
PR Mans UE parssons 220 2" 07 M En) (UE ne + 2070. 
IT. Nerf de la cinquième paire . . . . . . . . . 656. 


AnrTicre VII. Des cartilages qui couvrent l'entrée des 
narines , et de leurs muscles. . . . . . . 
Dons) Fhomme, sie SUR LL TNT TGS 
AUDE Curtrienes 

AA Les miscles. ee LU EU NU ét 

B. Dans les mammiftres.. . . . . . . 

€ Dans les ba de LE EN MN GER 

D Dans les reptiles". à 11182107 Xe MEN UE zdrd! 

E, Dans les poissons, . , 


xvj  Tasre Des MATIÈRES. 

ArrTicze VIII. Des narines des cétacés et de leurs jets 
d'eaut : SIP TO RU RS VAE 

ArTicce IX. Des organes de l’odorat dans les animaux 


invertébrés. + «ee ee ee ee 0 + 0. + 674: 


SECTION DEUxIÈME. Des organes du goër. . . . . . 676. 

Arricce I. De La sensation du goût. . . . . . . . 1bid. 
_ ArrTicLe Il. De la substance de la langue, de sa forme 

er de sa mobilité, . . ee + = + «+ + 678. 

ArrTicte III. Des tégumens de La langue. . . . . . 684. 

A Dans l'homme"... SR NRA re. 

B. Dans les mammifères. . . . . FOSC 686. 

C: Dans les oiseaux. ISSU TE AO 

D'AiDars less repules. Jr tes tot rate 604: 

E. Dans les poissons... , . + . . + + + + + 695. 
Anrriczë IV. De la distribution des nerfs dans l’inté- 

rieur. de la Langue... «5 A stt 0 48EE 002606: 


EN DE '/L A'MTPANS: LE 


. 
L 


nu mare un Mar > dut 


+ 


LECONS 


D'ANATOMIE COMPARE. 


HUITIÈME LEÇON. 


Dr la téte, considérée comme réceptacle 


des principaux organes des sens. 


; traitant des organes du mouvement, nous 
n'avons parlé de la tête que relativement à sa 
masse, aux mouvemens dont elle est susceptible, 
et aux muscles qui agissent sur elle. Si nous nous 
en tenions là, nous n’en aurions qu’une connois- 
sance très-incomplète, L'histoire de ses os fait la 
principale partie de l’ostéologie comparée, parce 
qu'ils sont les plus variables et les plus compliqués 
de tout le squelète : d’ailleurs ils sont importans 
à connoître à cause du grand nombre de parties 
essentielles auxquelles ils servent de soutien ou 
d’enveloppe. Le cerveau , les principaux nerfs, les 
organes de la yue, de Vouie, de l’odorat et di 
goût, ceux de la manducation et de la déglutition, 
une partie de ceux de Ja respiration et dela voix, 
sont renfermés dans la tête, ou du moins sont atta- 


2 À 


e  Viil° Leçon. Ostéologie de La téte. 

chés à quelqu'un de ses os, ou en traversent les 
trous et les canaux. C’est donc ici que nous devons 
la décrire, à la fin du traité des organes des mou- 
vemens, afin de compléter l’ostéologie , et au com- 
mencement de celui des organes des sensations , 
pour que nous connoissions d’avance le lieu assigné 
à chacun d’eux. | 


ARTICLE PREMIER. 


Du créne, de sa forme et de ses proportions 
avec la face. 
, 

La tête est formée de deux parties principales: 
le crâne, qui est une boîte osseuse contenant le 
cerveau ; et la face, aggrégation de plusieurs os 
formant des cavités assez compliquées dans les- 
quelles sont renfermés les organes de la vue, de 
V’odorat et du goût. Ceux de l’ouïe sont contenus 
dans les parois latérales du crâne. 

Les deux organes qui occupent la plus grande 
partie de la face sont ceux de l’odorat et du goût. 
Plus les organes de ces deux sens sont développés, 
plus la face acquiert de volume ; plus sa proportion 
avec le crâne est à son avantage. Au contraire à 
plus le cerveau grandit, plus le crâne qui le con- 
tient augmente en capacité ; plus il devient consi- 
dérable en comparaison de la face. 

Ainsi un grand crâne et une petite face indiquent 
‘un grand cerveau , un odorat et un goût peu dé- 


* 


Apr I Forme du. cräneé. : RTE 


veloppés: un petit crâne et une grande face indiquent 
les propoitions contraires; un cerveau peu yolu- 
m à. 4x, et des organes du gout et de l’odorat très- 
parfaits. 

Or, la nature de chaque animal dépenden grande. 
partie de l'énergie relative de chacune de ses fonc- 
tions ; il est, pour ainsi dire, entraîné-et maîtrisé 


par celles de ses sensations qui sont les plus fortes. 


Nous en voyons tous les jours des exemples parmi 
nous, quoique les différences qui peuvent exister 
à cet égard d’un homme à un autre soient: beau- 
coup moindres que celles que l’on. peut remarquer 
entre des espèces diflérentes d'animaux. Nous, 
verrons de plus dans la suite, que le cerveau, 
centre commun de tous. les nerfs, est aussi le lieu 
auquel aboutissent toutes les perceptions , et l’ins- 
trument au moyen duquel notre esprit combine 
ces perceptions, les compare , en tire des résultats, 
en un mot, réfléchit et pense. 

.Nous verrons également que-les animaux parti- 
cipent d'autant plus à cette dernière faculté, ou 
du moins paroissent en approcher d’autant plus 
près , que. la masse de substance méduilaire qui 
forme leur cerveau surpasse dayantage celle qui 
constitue le reste de leur système nerveux ; v’est- 
à-dire, que l'organe central des Pa PR l'em- 
porte oo sur leurs fus extérieurs. 

La proportion respective du crâne et de.la face 
indiquant immédiatement celle du cerveau , avec 
deux des principaux organes extérieurs, est donc 


A 2 


4 VIII: Leçon. Ostéologie de la téte.. 


aussi un indice du plus ou moins de perfectior 
des facultés intérieures comparées avec Les exté- 
rieures. Mais il y a une considération de aus 
qui ajoute à son importance comme indice ; c'est 
que les deux sens en question sont ceux qui agissent 
sur es animaux avec Île plus de force ; ceux qui 
les maîtrisent le plus puissamment , à cause de 
l'énergie que deux des besoins les plus pressans, . 
la faim et l’amour , communiquent à leurs impres- 
sions. Les actions auxquelles ces besoins déterminent 
sont aussi celles dans lesquelles il entre le plus 
d’aveugle fureur , le plus de brutalité , s’il est permis 
de s'exprimer ainsi, lorsqu'il ne s’agit pas de 
l’homme. 

Il n’est pas étonnant, d’après cela, que la forme 
de la tête et les proportions des deux parties qui 
la composent soient des indices des facultés des 
animaux , de leur instinct, de leur docilité , en 
un mot de tout leur être sensible ; et c’est là ce 
qui rend l'étude de ces proportions si importante 
pour le naturaliste. 

Nous verrons bientôt que l’homme est celui de 
tous les animaux qui a le crâne le plus grand et 
la face la plus petite ; et que les animaux s’éloignent 
d’autant plus de ces proportions, qu'ils deviennent 
plus stupides ou plus féroces. 

Parmi les différens moyens que l’on a employés 
pour exprimer commodément les proportions de 
ces parties, un des plus simples, mais qui n'est 
pas toujours suffisant, c’est la ligne faciale de 


TPS." 25e 


Arr. 1. Forme du crâne. E 
Camper , et l'angle qu’elle fait avec Ia base du 
crâne. La ligne faciale est censée passer par le 
bord des dents incisives supérieures et par le point 
le plus saïllant du front. La ligne de la base du 
crâne est celle qui coupe longitudinalement en deux 
un plan passant par les trous auditifs externes et 
par le bord inférieur de l'ouverture antérieure 
des närines. Il est clair que plus le crâne aug- 
mente en volume, plus le front doit sailhr en 
avant ; plus la ligne faciale doit faire un grand 
angle avec celle de la base du crâne. Au contraire, 
à mesure que le crâne diminue, cette ligne doit 
s’incliner davantage en arriére. Nous allons voir 
par le tableau des différentes ouvertures de l'angle 
facial , que l’homme est celui qui l’a le plus ou- 


‘vert, et qu'il devient toujours plus aiga dans les 


mammifères qui s’éloignent de Fhomme, dans les 
oiseaux, les reptiles et les poissons. Le vulgaire 
même est habitué à attribuer de la stupidité aux 
animaux qui ont le museau très -alongé, comme 
les grues et les bécasses, qui ont même fait 
proverbe : et lorsque quelque circonstance vient 
à relever là ligne faciale , sans augmenter la 
capacité du crâne , comme cela a lieu ; par 
exemple, dans l'éléphant et dans la chouette, à 


_eause de la grande épaisseur du diploé de leurs 


os du front ; nous trouvons à ces sortes d’ani- 
maux un air parüculier d'intelligence , et nous 
sommes portés à leur attribuer des qualités qu'iis 
n’ont pas réellement. On sait que la chouette étoit. 


À 5: 


6 VIII: Ercow."Osiéologie de la tête: 
l'eblôme dela sagesse, et. que’ l'éléphant porte 
aux Indès un nom qui indique qu’il a la raison 
en partage.” 

Les anciens paroïissent avoir senti ces rap- 
ports : non seulement ils ont très-bien remarqué 
que la ligne faciale relevée étoit un signe d’une 
nature plus’ généreuse, et un des caractères de la 
beauté ; mais ils l’ont avancée outre nature , et 
Vont fait s’incliner un peu en avant , dans les. 
figures auxquelles ils vouloient donner un air plus 
qu'humain ; dans les statues des dieux, et dans 
celles des héros, ou des hommes qu'ils vouloient 
faire participer à la divinité. Il semble qu'ils 
aient voulu placer l’homme entre ces sortes d'êtres 
plus parfaits, et les brutes, et qu’ils aient voulu 
indiquer par cette inclinaison en sens contraire , 
que ces dieux et ces héros étoient encore plus 
éloignés que l’homme, des formes et de la nature 
des brutes. 


À. Dans l’homme et les mammifères. 


Cet angle étant déterminé de la manière que 
j'ai indiquée plus haut, et qui est celle de Camper, 
on trouve que les têtes européennes l’ont ordinaiï- 
rement de 80°; cellés de mongoles, de 75 ; et 
celles de nègres, de 70; avec des variations de 
quelques degrés, relatives à l’âge et aux individus: 
Par exemple, les enfans ont la face plus courte, 
à cause que leurs dents de derrière ne sont pas 
développées : cela rend leur ligne faciale plus 


Fr 


Arr. IL. Forme du crâne: 7 


droite , et c’est une des causes qui fait que leur 
visage est constamment agréable, et qu'il enlaidit 
ae toujours avec l’âge. Les anciens ont donné 
jusqu’à 90° à l'angle facial de leurs figures d'hommes, 
lorsqu'ils vouloient leur imprimer un car actère au- 
guste ; et ils sont allés jusqu'à près de 100° dans 
leurs figures de divinité. C’est ce qui leur rend les 
yeux plus enfoncés , et ies branches de Ia machoire 
inférieure plus courtes que dans la nature. 


L'orang-outang a cet angle de 65° ; les sapajous 
et les gwenons, d’environ Go; les magots et les 
macaques , d'environ 45: enfin les mandrills, qui 
* sont les plus méchans et les plus féroces de tous 
les singes, de 30° seulement. Dans ies espèces 
qui ont l'oreille très-relevée , et la fosse gutturale 
très - profonde, comme le pongo de Balavia, et 
Valouatte, la petitesse de cet angle w’indique pont 
un alongement proportionnel du museau. Il fau- 
droit, pour bien rendre cette circonstance , que 
la ligne de la base du crâne fût tirée parallè- 
lement au plancher des narines. 


Au reste, même avec cette modification , l’angle 
facial n’est important que dans l’espèce humaine 
et parini les quadrumanes, parce qu’ils n’ont que 

de très-petits sinus frontaux qui ne relèvent pot 
la ligne faciale d’une quantité sensible, et parce 
que le nez reste au-dessous de cette ligne. 


Mais, parmi les quadrupèdes , il y en a, comme 
les carnassiers , les cochons , quelques raminans, 


| A & 


8 VIII Lrçow. Ostéologie de la téle. 


et surtout léléphant, dont les sinus frontaux 
gonflent tellement le eräne, qu’ils relèvert la Egne 
faciale beaucoup au-delà de ce qu’exigeroit la. 
proportion du cerveau. Dans d’autres, comme le 
morse et la plupart des rongeurs, le nez occupe 
un si grand espace, que le crâne est incliné en 
arrière , et n’a aucune ce ses parois libre en de- 
vant ; de façon qu'on ne sauroit même par où faire 
passer la ligne faciale. Enfin les cétacés ont le crâne 
releyé en pyramide , au-dessus d’une face très- 
prolongée, mais applatie horizontalement ; en sorte 
que l’inclinaison de leur ligne faciale seroit plus 
forte qu’il ne faudroit pour tre relative à la ca- 
pacité réelle äe leur face. 

Voici cependant un tableau des grandeurs de 
l'angle facial dans un certain nombre d’animaux , 
en tirant une ligne parallèle au plancher des na- 
rines et une autre qui passe par le bord antérieur 
des alvéoles , et qui touche la convexité du crâne, 
soit que le point de contact soit caché par la face, 
ou à découvert au-dessus d’elle : 


Européen enfant. + + + + + + + + + 90°. 
Européen adulte. - 
Européen décrépit. 
Nègre adulte - + + + + + + + + + + 70. 


° Ca 
LA e 
L2 L2 
Û Q 
L2 L2 
e e 
[1 L2 

I @ 
GO Qt 
L] [2 


Orang-outang jeune + - + + + + + . 67. 
Sapajou. e e . Co « e e e e e + e e 65. 
Guenon talapoin. » 
eune mandrill + » 


L e 
Q e 
° ° 
® ° 
Q e 
L e 
0 0 
L C] 
S CG 
er 


Anr. !. Forme du créne. 9 


FAN (RE OR LE OT LA 
Patous see Delon ie lee ete où Te 1 
Chien dogmin-)- + # + + + + - + 58. 
Chien mâtin, la tangente prise à la 
surface externe du crâne. + + + 41. 
— à la surface interne + + + + - + + 00. 
Hyène, à la surface externe + + + + 40. 
— à la surface interne + + + + - + + 26, 


L 
Se 


Léopard, à la surface interne + - 
pard, 


(On ne peut mener de tangente à sa surface 
externe, à cause de la convexité du nez.) 


Tièvre. PA PA MES Se Po MER ae RTE et Er ON 
Marmotte. + + + + + + + + + + + + 26. 
Porc-épic re itS CC e e e eo e e 29, 


(Tous trois sont mesurés par la surface interne , 
parce qu’on ne pent mener de tangente à l’ex- 
terne. ) 


f 


Pangolin + - 


e 
0 
e 
© 
° 
s 
0 
° 
° 
e 
« 


p< 

5q. 
Babi-roussa. «- + + + + + + + + + « 20. 
Bélier autel 84.0 a) te Let lei e alle latte le 50. 


Cheval . - - 
Dauphin - : 


23. 


2B: 


L] 
L1 
e 
0] 
e 
LL 
L 
L] 
e 

Q 

L1 


L 
. 
0 
e 
L 
° 
° 
6 
CI 
e 
e 


Mais on peut découvrir des rapports plus im- 
portans, en considérant le crâne et la face dans 
une coupe verticale et longitudinale de la tête. 
Relativement à leur proportion respective, le crâne 


10 VIII Lecow. Ostéologie de la tête. 


_occupe dans cette coupe une aire tantôt plus grade s 


tantôt momdre, tantôt a-peu-près égale à à celle qu’oc- 
cupe la face. x 

Dans Prune l'aire de la coupe du crâne 
est à-peu-près quadruple de celle de la face, en 
n’y comprenant point la mâchoire inférieure. 


Dans le nègre , le crâne restant le même, l’aire 


de la coupe de la face augmente d’environ un cin- 


quième : elle n’augmente que d’un dixième dans 
le calmouque. 

La proportion est encore un peu moindre dans 
Vorang-outang. Dans les sapajous , Vaire de la 
face est presque moitié de celle du crâne : elle lui 
est presque égale dans les rnandrills et dans la 
plupart des carnivores , excepté les variétés de 
chiens à museau court, comme le doguin, qui ont 
la face un peu moindre à proportion du crâne. 
Les rongeurs, les pachydermes, les ruminans et 
les solipèdes ont tous l’aire de la coupe de la face 
plus grande que celle du crâne : parmi les ron+ 
geurs, le lièvre et la marmotte l’ont d’un tiers 
plus grande ; elle est plus que double dans le 
porc-épic ; elle est presque double dans les rumi- 
nans, un peu plus que double dans les cochons , 
à-peu-près triple dans l’hippopotame , presque qua- 
druple dans le cheval. 

Le morse et l'éléphant ont une grande face, à 
cause de la hauteur de leurs alvéoles ; mais “e 
ne peut ètre considérée ici comme augmentant 
l’étendue des organes des sens. 


RE, TL 


nr Cd 


j Art. I. Forme du crâne. 11 


Les cétacés ont un crâne très-bombé et une face 
très-plate, ce qui diminue l’aire proportionnelle 
de celle-ci : d’ailleurs cette face n’est point occupée 
par le néz dans toute son étendue, et ne peut être 
considérée ici sous ce rapport, Son aire peut étre 
dans le dauphin d'environ un tiers plus grande que 
celle du crâne. 

Pour ce qui concerne leur figure , la coupe du 
crâne de l’homme, si on en continuoit la courbe 
en dessous, depuis le trou- occipital jusqu'à la 
racine du nez, formeroit un ovale un peu plus 
étroit en ayant, et dont le grand axe seroït à- 
peu-près parallèle au plancher des narines, ou 
du moins très-peu incliné en arrière, et se rap- 
porteroïit au petit, comme 5:4. Mais cette cour- 
bure est remplacée dans l’espace que je viens 
d'indiquer , et qui forme la limite du crâne et de 
la face, par une ligne irrégulière qui forme un 
angle saillant au dedans de cet ovale. La coupe 
de la face est un triangle dont le plus grand 
côté est celui qui touche au crâne , et le moindre 
celui qui répond au dehors. L’angle que celui-ci 
fait avec le troisième côté où le palais, est pré- 
cisément l’angle facial. 

Dans les singes, le grand axe s’alonge un peu 
par rapport au petit; la ligne de séparation du 
crâne et de la face devient plus droite, et le côté 
antérieur ct l’inférieur du triangle de la face s’a- 
longent au point que le côté qui touche le crâne 
devient-le plus petit des trois dans les eyrocéphales 


52 VIT Leçox. Ostéologie de la tête. 


etles r7andrills, et reste tel dans les autres qua 
drupèdes,. 

L’ovale du cräne est plus étroit par devant dans 
les carnassiers et les rongeurs ; il l’est par derrière 
dans les rumiinans et le cheval. On voit à sa voüte 
un fort angle rentrant dans ceux qui ont une sépa- 
ration osseuse entre le cerveau et le cervelet. 

Son grand axe s'incline en avant dans les car- 
nassiers , relativement au plancher des narines, 
et en arricre dans tous les herbivores. La forme 
et la direction sont dans le morse comme dans 
les carnassiers. 

La coupe du crâne du dauphin est presque trian- 
gulaire , mais à côtés convexes et à angles arrondis. 
Un des cotés est antérieur, un postérieur, dans 
lequel est percé le trou occipital ; et le troisième 
qui forme la base du crâne, et qui correspond à 
la ligne de jonction du srâne et de la face des 
autres animaux, se trouve cependant tout entier 
en arrière de la face, et est même parallèle à 
la voûte du palais. 

On peut aussi considérer la coupe verticale 
transversale du crâne, c’est-à-dire celle qui se fait 
par un plan perpendiculaire à son grand axe. 

Elle forme dans l’homme une portion très-consi- 
dérable d’un cercle, dont il ne manque qu’un 
segment vers le bas, qui fait un peu moins du 
tiers de la circonférence. Le crâne du nègre est 
un peu plus plat sur les côtés que celui de l’Eu- 
ropéen, parce que ses fosses temporales sont plus 


ie - je à din 


Arr. I. Forme du crâne. 13 


grandes et plus enfoncées ; cela lui rétrécit le visage 


par le haut, mais il s’élargit par en bas à cause de 
la proéminence des pommettes. 

Dans les carnassiers, cette coupe produit une 
demi-ellipse , arrondie vers le haut, et dont la base 
est à-peu-près égale à la hauteur. 

Dans le cochon, c’est un ovale dont la hauteur 
surpasse la largeur , et dont les côtés sont échancrés 
par de forts angles rentrans vers les rochers. 

Dans le cheval, c’est un ovale plus large que 
haut , et dont la moitié inférieure a à-peu-près la 
même courbure que la supérieure. 

Ces remarques sont d’autant plus intéressantes, 
que, dans tous les mammifères , le cerveau se moule 
dans la cavité du crâne, qu'il remplit exactement ; 
en sorte aue la connoissance de la partie osseuse 
donne au moins celle de la forme extérieure du 
cerveau. 


B. Dans Les oiseaux. 


La coupe longitudinale et verticale du cräne des 
oiseaux représente généralement un ovale plus 
étroit en avant, dont le côté qui répond à la face 
est moins convexe que celui qui est supérieur et 
postérieur , et dont le grand axe est dirigé en haut 
et en avant. Les chouettes seules ont une coupe 
ovale, dont le grand axe est presque vertical, et 
qui se rétrécit à peu près également en haut et 
en bas. 

La face des oiseaux étant formée principale- 


A 


14 Vur Leçon. Ostéologie de la téte. 


ment par leur bec, c’est la grandeur et sur-tout 
la longueur de celui-ci qui détermine leur phy- 
sionomie ; mais comme le nez n’en occupe souvent 
qu’une très-petite partie, et que la langue est souvent 
si petite qu’elle ne remplit pas à beaucoup près 
toute la bouche, on ne peut pas tirer de la pro- 
portion du crâne des oiseaux à leur face les mêmes 
inductions que ces parties fournissent dans les qua- 
dupèdes. 


C. Dans les reptiles et les poissons. 


Le cerveau des reptiles et celui des poissons 
n’occupant qu’une petite partie de la cavité de leur 
crâne , la forme et la grandeur de cette cavité 
m'est point un indicateur important. La tortue l’a 
grande, étroite de droite à gauche, élevéeenavant, 
surbaissée en arrière. Ses parois latérales sont 
presque verticales ; son fond est parallèle au palais. 
La forme extérieure de la tête et son volume ap- 
parent sont dus à des os accessoires entre lesquels 
etle crâne est un grand espace occupé par des 
muscles et des glandes. 

Cette petitesse de la cavité du crâne, relative- 
ment au volume extérieur de la tête, est encore 
plus extraordinaire dans le crocodile, où cette 
cavité admet à peine le pouce dans un individu de 
quatre mètres de longueur , et où l’aire de la coupe 
du crâne ne fait pas la vingtième partie de celle 
de toule la tête. La figure de cette coupe est ob- 
longue, un peu plus large par devant, descendant 


RS, 


ArT. IL Os du crâne. 15 


en arrière. Il y a un enfoncement considérable 
pour la glande pituitaire. Elle n’est pas plus large 
que haute , et les parties latérales de la tête ne re- 
couvrent, comme dans la tortue, que les fosses 
temporales. 

Le crâne des grenouilles et des salamandres est 
presque prismatique. 
: Celui des poissons est généralement fort petit en 
comparaison du reste de la tête ; mais ses formes 
varient beaucoup, et ne se rapportent ni à celles 
du cerveau, ni à celles des parties environnantes ; 
elles approchent cependant le plus souvent de 
Vovale. 


ARTICLE II. 
Des os qui composent le crâne. 


À, Dans l’homme. 


La boîte osseuse qui forme le crâne est divisée 


*en un certain nombre d’os par des sztures. On 


nomme ainsi les articulations immobiles qui unissent 
ces os. Elles disparoissent plus ou moins avec l’âge, 


. parce que les dentelures réciproques, par lesquelles 


les bords des os contigus s’engrainent, se soudent 
plus tôt ou plus tard. Cependant, comme il en reste 
toujours des traces et que leur. situation ou leur 
disposition est sujette à varier dans les diverses 


\ 
= espèces d'animaux, leur connoissance devient très- 


utile à l’anatomiste qui veut reconnoitre la partie 


26 VIII: LEcon. Ostéologie de La tête, 


et l’espèce de crâne auxquelles on pourroit rap- 
porter des fragmens de têtes fossiles. Nous allons 
étudier ces sutures, ou les lignes de démarcations 
extérieures entre chacun des os du crâné dans les 
diverses espèces d'animaux, en commençant par 
celui de l’homme, 

uit os forment la boîte du crâne ; ils sont tous 
appuyés sur l’un d'eux qui se trouve situé à la 
base du crâne, à la voüte duquel il sert pour 
ainsi dire de clef. On l’a comparé a la figure 
d’une chauvesouris, et on l’a nommé sphénoïdA / 
ou cunéiforme, parce qu’il remplit les fonctions 
d’un coin à l'égard des os entre lesquels il se 
trouve enclavé. 

Jous allons considérer ici son contour, abs- 
traction faite de ses éminences et de ses trous. Il 
est borné en avant par une ligne courbe, dont 
la concavité est antérieure et qui règne oblique- 
ment sur le fond de chaque orbite dont le sphé- 
noïde oceupe le côté externe et l’enfoncement. On 
nomme cette ligne suture sphénoïdale. Arrivée à 
l'angle temporal de l’orbite, elle se porte direc- 
tent en arrière dans la fosse. temporale J jusqu’à 
ce qu’elle touche l’os des tempes. Elle sépare l'os 
sphénoïde du frontal dans presque toute sa lon- 
sueur : ses deux extrémités seulement touchent 
aux pariétaux. Le sphénoïde est borné de chaque 
côté par une autre ligne courbe qui fait un angle 
aigu avec la première, et qui le sépare du tem- 
Le ai: on la nomme sphéno-tempôrale ou la suture 


ArT. IL Os du cräne. C7 


temporale du sphénoïde. Sa concavité est externe ; 
elle descend et se porte en arrière en se rappro- 
chant du milieu de l’os, de manière que son bord 
postérieur est beaucoup moins étendu que l’anté- 


rieur. Ce bord postérieur est divisé en trois lignes 


presque droites : une moyenne parallèle au milieu 
de son bord antérieur, et deux latérales qui se 
portent obliquement en arrière en se joignant 
chacüne au bord externe du même côté par un 
angle aïgu. La partie moyenne de ce bord posté- 
rieur sépare le sphénoïde de l’occipital : on la nomme 
suture basilaire. Cette suture n’existe que dans le 
jeune âge. Les deux os se réunissent par la suite 
et n’en forment plus qu’un seul. Ses parties laté- 
rales le séparent du rocher de los des tempes. 
L’axe longitudinal du sphénoïde est à peu près 
moilié de son bord postérieur , et un peu plus 
du quart de l’antérieur. 

Des différens points du contour de l’os sphénoïdal 
partent les lignes qui séparent tous les os du crâne. 
La suture fronialé ou coronale part d’un point 
très-voisin de son angle latéral supérieur , et re- 
vient au point correspondant de l’autre côté, après 
avoir coupé presque verticalement la voûte du 
crâne. C’est cette suture qui borne en arrière l’os 
qui forme le front et la voüte supérieure des 
orbites. Cet os nommé frontal est divisé dans 
les enfans par une suture longitudinale | qui se 
conserve quelquefois jusques dans un âge très- 


ayancé. Tantôt elle produit dans le point de contact 
2 B 


{ 


18  VIIT° Leçon. Ostéologie de la téte. 


des deux pièces un enfoncement peu sensible, ef 
tantôt une ligne plus où moins saiïllante : ‘on la 
nomme suture r2édiane, ou frontale propre. Le 
contour de l'os frontal est à peu près demi-circu- 
Jaire tronqué inférieurement, où il se reploie en 
dedans pour former la voüte des orbites. Sa hau- 
teur verticale est à peu près les deux tiers de sa 
largeur. 

De l’angle externe et supérieur du sphénoïdal 
part une autre suture qui continue à former le 
bord de l’os temporal. Sa courbure est presque 
arculaire : on la nomme suture écaillease, parce 
que les bords des os qui la forment sont taillés 
en biseau aux dépens de la lame interne du tem- 
poral et de la lame externe du pariétal. Lorsqu'elle 
a décrit environ le tiers d’un cercle, le bord du 
temporal se redresse, et formant avec elle un 
angle obtus et rentrant, il se dirige en arrière jus- 
qu'à ce qu'il vienne gagner l'os occipital. 

Du point de jonction de la suture basilaire avec 
la suture pétro-sphénoïdale part de chaque côté 
une ligne qui sépare le rocher d'avec l'os occi- 
pital. Ces deux lignes se courbent en dehors jusques 
vis-à vis le milieu de chaque condyle occipital, où 
elles se portent tout-à-coup en arrière , et remontent 
un peu.pour achever Je contour de l’os temporal. 
Toute cette partie postérieure du. bord de l'os 
porte le nom de suture 7zastoidienne. 

Le temporal forme par sa partie mince et presque 
circulaire une portion de la partie latérale du crâne. 


SE fre 


ArT. I. Os du crâne. 19 


Son bord postérieur s’ayvance en s’arrondissant du 
côté de l’occiput, et son bord inférieur produit 
cette proéminence épaisse et dure appelée rocher, 
située entre l’apophyse basilaire et le bord pos- 
térieur latéral du sphénoïde et faisant partie de la 
base du crâne. Ce rocher est séparé du reste de 


Vos dans les fœtus humains: sa position est obli- 


quement rentrante d’arrière en avant. 

La suture lambdoïde où occipito-pariétale, qui 
achève le contour de l’os occipital, part du milieu 
de cette suture mastoïdienne et remonte un peu 
en arrière, de manicre qu’elle forme un angle 
avec sa correspondante. Elle unit l’occipital avec 
les pariétaux qui sont les os qui achèvent de com- 
pléter supérieurement la vaüte du crâne. La portions 
de Loccipital, comprise entre son grand trou et 
le sphénoïde, se nomme apophyse basilaire. Elle 
est presque quarrée dans l’homme, un peu plus 
étroite en avant et fort courte. Dans les jeunes 
sujets, elle est séparée du reste de l’os par deux 
sutures qui coupent la portion antérieure des con- 
dyles. Le reste de l’os qui forme locciput, pro- 
prement dit, est d’une forme ovale très-bembée, 
terminée en pointe supérieurement ; sa position est 
telle que, lorsque l’homme est debout , l'apophyse 
basilaire monte un peu en avant et son autre partie 
en arricre, | 

Les deux pariétaux sont séparés l’un de l’autre 
par unc suture longitudinale, nommée pariétale 
ou sugitlale. Leur contour est quadrangulaire. Le 

B 2 


so VIII Leçon. Ostéologie de la tête. 


bord par lequel ils se touchent est le plus long ; 
leur bord temporal est le plus court et le plus 
concave ; leur convexité est à peu près uniforme. 

Le frontal a entre les deux orbites un espace 
vuide, quarré long, borné en arrière par le sphé- 
noïde qui est rempli par la lame criblée de l’os 
ethmoïde : on appelle la ligne de. démarcation 
suture ethmoidale. 


B. Dans les mammifères. 


Les principales différences qu’offrent les os des 
crânes des mammifères consistent dans le nombre 
des os qui les constituent; dans les connexions de 
ces os; enfin, dans la forme particulière que chacun 
d’eux affecte. Nous allons donc considérer les crânes 
dans les diverses familles sous ces trois points de 
vue généraux. 

1°. Nombre des os du crâne des mammifères. 


Les quadrumanes ont tous les huit os du crâne ; 
mais souvent le sphénoïde est divisé en deux parties, 
dont l’une forme les aïles orbitaires et les apophyses 
clinoïdes antérieures, et l’autre les ailes temporales, 
les apophyses clinoïdes postérieures et la fosse ba- 
silaire. Les deux pariétaux se soudent de très- 
bonne heure dans les chéiroptères, de manière à 
ne former qu’une seule pièce. Il en est à peu près 
de même dans tous les autres carnassiers qui ont 
de plus, presque toujours, l’os frontal partagé en 
deux pièces, au moyen d’une suture médiane. 
La caisse de l’os temporal est séparée du reste 


: 


ART. II. Os du crâne. 21 


de los par une suture, qui se soude rarement dans 
les genres chat, chien et civette. 

La caisse du temporal est aussi séparée dans 
les rongeurs, et l’os frontal reste divisé en deux 
pièces. Leur pariétal est tantôt simple, comme 
dans les Zévres, les cabiais , le porc-épic, la mar- 
motte , les rats, les écureuils ; tantôt double, 
comme dans les souris, les loirs, le lapin. 

Le frontal et les pariétaux de l’éléphant se 
soudent de bonne heure avec tous les autres os 
du crâne, et de manière à former une calotte où 
l’on n’appercçoit plus de traces des sutures. 

Dans le cochon, le tapir et l’hippopotame, les 
deux pariétaux ne forment qu’une pièce unique. 
Leur frontal est double. Le rhinocéros a le pa- 
riétal et le frontal doubles; mais ce dernier se 
soude de bonne heure. Le sphénoïde des animaux 
de ceite famille et des deux suivantes reste très- 
long-temps divisé en deux pièces ; l’une forme 
Vaile orbitaire ou les petites ailes d’Ingrassias ; 
Vautre produit les grandes aïles ou les apophyses 
temporales, qui sont ici beaucoup moindres. Cette 
disposition est absolument opposée à celle qu’on 
observe dans l’homme. 

Les ruminans et les solipédes ont le frontal long- 
témps divisé par la suture médiane. Les deux pa- 
riétaux sont, chez ces animaux, remplacés par 
une pièce unique qui forme la calotie du crâne : 
la caisse de leur temporal est toujours distincte. 

Le phoque a deux pariétaux et deux pièces aw 

B 5 


/ 

9 VIII Leçon. Ostéologie de la tête. 
frontal, ainsi que le morse. Le lamentin n’a qu'un 
seul pariétal, et la caisse du temporal est séparée 
du corps de los. | 

Dans les cétacés, les pariétaux se soudent de 
trésbonne heure avec Porchiel et les en nb ” 
de manière que ces cinq os n’en font qu’un seul. 
Los de l'oreille est toujours séparé, et n’est maïin- 
tenu rapproché contre le crâne que par des parties 
molles. Le sphénoide demeure plus long - temps 
distinct, et même il reste divisé en plusieurs pièces. 


2°. Connexions des os du cräne des mamini- 
fères. 


Parmi les quadrumanes, Île crâne de l’orang- 
outang approche beaucoup de celui de l’homme 
pour la forme; il en diffère cependant par la con- 
nexion des os. En effet , l’aile temporale du sphé- 
noïde est extrêmement étroite; elle ne s'étend pas 
jusqu’au pariétal, et elle ne touche au frontal que 
par son extrémité la plus supérieure, en sorte 
que le temporal s'articule en partie avec le frontal. 
La suture temporale est dentelée et les bords de 
Vos ne se recouvrent point en biseau. Dans le jocko, 
Vos sphénoïde ne touche par cette portion de son 

, aile temporale, ni le frontal, ni le parictal; mais 
Vos temporal s'articule immédiatement avec celui 
de la pommette, par sa partie écailleuse. 

Dans les rnandrills, les cynocéphales, les 
magots et les guenons , la connexion est la même 
que dans l’orang-outang. 


» 


Arr. IL Os du crâne. 23 


Dans les sapajous, l'os frontal ne touche point 
l'aile temporale du sphénoïde, en sorte que le 
pariétal s’articule avec l’os de la pommette. Dans 
les alouates, les connexions sont les mêmes que 
dans l’homme. 


Les connexions des os du crâne entre eux sont 
les mêmes chez tous les carnassiers que dans 
l’homme, 


Dans tous les rongeurs le sphénoïde ne sarti- 
cule qu'avec le frontal et le temporal, sans toucher 
au pariétal. Son étendue dans la fosse orbitaire et 
temporale est très-bornée. 


Dans les fatous, les pangolins et les paresseux , 
on retrouve les mêmes connexions que dans les ron- 
geurs; mais dans les fourmiliers , Vos pariétal se 
porte sous le crâne et s’unit dans une assez grande 
étendue avec le sphénoïde, à la partie postérieure 
de ja fosse temporale et orbitaire. 

Dans l'éléphant, les os du crâne se soudent de 
très - bonne heure , et ne forment qu’une séule 
piéce : l'os de l'oreille est toujours distinct et sé- 
paré du temporal. 


Dans le cochon, le tapir, le rhinocéros et 
l’ippopotame, le sphénoïde ne s’unit point au 
pariétal, et ses grandes ailes n’occupent qu’un très- 
petit espace dans la fosse orbitaire et temporale. 
Les ailes orbitaires paroissent peu au dehors, 
quoiqu’elles aient plus d’étendue que les grandes 
ailes. L’os de l’oreille, qui est fort distinct, est 

B 4 


4 VII Lxçon. Ostéologie de la tête. 


cependant soudé par sa base au pourtour du conduit 
auditif de l’os temporal. 

Le sphénoïde des ruminans s’articule , comme 
dans l’homme, avec tous les autres os du crâne; 
mais son aile orbitaire, qui est très-étendue, est 
cachée en grande partie dans l’intérieur de la ca- 
vité cérébrale et recouverte par le feuillet orbi- 
taire de l’os frontal. 

Dans les cétacés en général, les sutures qui 
subsistent après la première jeunesse sont toutes 
écailleuses. 


3°. Formes des os du cräne des mammifères. 


Le contour du frontal de l’orang - outang est 
plus irrégulier que dans l’homme. Les arcades 
orbitaires sont moins surbaïssées. Dans les sapa- 
jous, son contour est triangulaire, et se termine 
en pointe vers le sommet de la tête. Dans les autres 
singes cet os est à peu près ovale, et les arcades 
orbitaires sont presque droites. Ces arcades forment 
dans tous les singes, comme dans l’homme, le 
bord antérieur du frontal, parce que la racine du 
nez y est très-étroite. Dans les rnakis, elle com- 
mence à s’élargir, et les yeux deviennent obliques : 
ce qui donne à leur frontal une figure rhomboïdale. 

Les frontaux des carnassiers, et en général de 
tous les mammifères qui suivent, jusqu'aux cétacés, 
forment une surface irrégulière de prisme ou de 
cylindre, à laquelle on peut considérer trois faces 
principales; une supérieure, qui touche par devant 


ART. IL Os du cräne. 25 


au museau, et par derrière au reste du crâne; et 
deux latérales qui descendent chacune dans la fosse 
orbitaire et temporale de chaque côté. 

La forme de la face supérieure est sur-tout dé- 
terminée par la position des orbites : ils répondent 
à la partie antérieure de ses bords latéraux dans 
les chiens, les chats, les ours, les roussettes, les 
belettes, les sarigues, etc., et donnent à cet os 
une figure rhomboïdale. Dans les rongeurs, les 
orbites échancrent la partie moyenne des bords 
latéraux du frontal, et lui donnent une figure plus 
ou moins rectangulaire. 

Il en est de même dans le galéopithèque. 

Les hérissons , les taupes, les musaraignes , 
les fourmiliers, quelques phoques, les morses , 
les rhinocéros n’ont point d’arcades orbitaires, 
proprement dites ; le frontal y est simplement ré- 
tréci et à peu près cylindrique entre les orbites: 
il s’élargit en arrière. 

Dans les kippopotames, les ruminans et les 
solipèdes , le frontal s’élargit et forme une voûte 
au dessus de chaque orbite. 

Enfin, dans les cétacés, le frontal est étroit de 
devant en arrière ; il ressemble à un bandeau 
étendu en travers sur le crâne; mais comme, sui- 
vant les lois de la structure des têtes de mamnx- 
fères, c’est lui qui doit faire les plafonds de l'orbite, 
il descend pour cela au dessous des os maxillaires , 
en sorte que l’ordre des positions est entiérement 
renversé ici pour maintenir celui des congexions.. 


26 VIII LEcoN. Ostéologie de la tête. 


Les pariétaux de l’orang-outang ne différent 
de ceux de l’homme que parce que leur bord tem- 
poral est presque droit. Ceux des singes sont plus 
étroits et deviennent plus obliquangles à mesure 
que le crâne s’applatit. Ils reprennent ‘uné forme 
presque rectangulaire dans les carnassiers et les 
édentés. Nous avons déja vu qu’ils sont unis en 
une seule pièce dans beaucoup de rongeurs. Cette 
pièce est aussi à peu près quarrée ; mais elle est 
tantôf plate, tantôt arrondie, tantôt surmontée d’une 
crête. 

Les raminans ont aussi un pariétal d’une seule 
pièce. Dans les cerfs, la plupart des antilopes , 
les moutons, les chèvres, il est large, et envoie 
de chaque côté un ruban étroit dans la fosse tem 
porale : sa situation est au devant de l’arcade. 
occipitale. Dans le chameau, il est plus étroit et 
porte une crête longitudinale. Dans le genre des 
bœufs , et dans l’antilope bubale , il ‘est situé 
derrière la crête occipitale , et représente un ruban 
qui entoureroit transversalement le derrière de 
la tête, 

Dans les solipèdes , le pariétal qui est unique 
est à-peu-près quarré , etsitué en avant de la crête 
occipitale. 

Nous avons déja indiqué les formes de l’os occi- 
pital , en parlant, dans le premier volume, des mou- 
vemens de la tête sur l’épine. 

Nous ne décrirons ici que la partie écailleuse 
du temporal, nous réservant de traiter du rocher. 


Arr. Il. Os du erâne. ù 27 


à l’article de l’oreille. La partie écailleuse du 
temporal forme dans l’orang-outang , et dans 
la plupart des singes, un trapèze dont le côté su- 
périeur est le plus long. La hauteur de ce trapèze 

‘warie selon que le crâne est plus ou moins élevé. 
Les sapajous sont ceux dans lesquels cette dimen- 
sion est la plus courte. 

Les carnassiers ont la partie écailleuse à-peu- 
près comme les singes. , 

* Dans les rongeurs elle est très-étroite en arrière. 

Elle est un peu arrondie dans les édentés à mu- 
seau court , dans les ruminans et les pachydermes. 

- Il faut remarquer encore que l’apophyse mas- 
toide ne fait partie de cet os que dans l’homme et 
les singes , et que dans tous les autres mammifères 
elle appartient à l'os occipital. 

Nous traiterons de l’apophyse zygomatique du 
temporal à l’article de la face, et sur-tout à celui 
de la mastication. 

Nous parlerons de l’ethmoïde à l’article de o- 
dorat. 
Nous avons fait connoître assez le sphénoïde pour 
que nous n’ayons pas besoin d’y revenir. Nous trai- 
terons de ses apophyses à l’article de la face, 


C. Dans les oiseaux. 


Les os qui composent le crâne des oiseaux se 
réunissent de très-bonne heure , et ce n’est que dans 
les très-jeunes sujets qu’on peut en appercevoir les 
sutures, ‘ 


28 VII Lecon. Osféologie de la tête. 


Ces os répondent, par le nombre et par la posi- 
tion, à ceux des mammifères. Il y a deux frontaux 
qui se prolongent en avant pour former la voûte 
des orbites. Lorsque les oiseaux portent quelque 
corne ou quelque crête, c’est aussi sur le frontal 
qu’elle est attachée. 

Derrière les frontaux sont deux très-petits os 
pariétaux. 

Les temporaux occupent les côtés du crâne etla 
région auriculaire. 

Le sphénoïde ne peut pas être distingué d’avec 
Voccipital , même dans les sujets où les autres su- 
tures sont très-visibles. 

Il faut encore remarquer que cet os sphéno- 
occipital se soude avec les temporaux plutôt.que 
les autres os ne le font entr’eux. 

Cependant dans les oiseaux qui sortent de l’œuf , 
on voit une suture qui s'étend transversalement en 
Ligne droite d’une oreille à l’autre , et qui sépare le 
sphénoïde d’avec l’occipital. Ce dernier os a alors 
à-peu-près la forme d’un anneau, et il est lui-même 
subdivisé en quatre portions : une supérieure, deux 
latérales , et une inférieure très-petite. 

Le sphénoïde forme la plus grande partie de la 
base du crâne. Il est à-peu-près triangulaire, et æ 
en avant une petite éminence à laquelle s’articu- 
lent les arcades palatines dont nous parlerons ex 
traitant de la face. Il n’a point d’ailes ptérygoïdes 
et ne touche point à l’ouverture postérieure des 
narines. 


ART. IL Os du ‘crâne. 29 

Le temporal n’a point d’apophyse zygomatique; 
mais il en a une petite qui contribue à la forma- 
tion du bord postérieur de l’orbite. 

Le frontal , après avoir recouvert une partie du 
crâne, se prolonge en avant en une lame plus ou 
moins large qui forme le plafond des orbites, et 
dont les bords latéraux sont ordinairement échan- 
.crés par ces fosses. Les deux orbites ne sont séparés 
Vun de l’autre que par une lame verticale qui ap- 
partient également à l’os frontal , et qui est atta- 
chée à la lame qui forme leur plafond. 

Les éminences osseuses que l’on remarque sur 
les têtes du casoar, du calao , de la pintade , 
et de quelques Loccos, etc. sont des renflemens 
de celte portion supra-orbitaire du frontal. Leur 
intérieur est rempli par un diploé très-lâche, 


D. Dans les reptiles. 


Dans le crocodile , Vos de la base du crâne peut 
ètre considéré comme une pyramide tronquée , 
trés-irrégulière , dont la pointe est en bas , et sur 
la base de laquelle est creusée la cavité du crâne. 
Cette pyramide a trois faces : une postérieure qui 
forme l’occiput , et deux latérales. La face occipi- 
tale est à-peu-prés triangulaire. Un de ses angles 
est inférieur ; les deux autres sont supérieurs, et se 
prolonsent extraordinairement de côté el en arrière 
pour former d'énormes apophyses articulaires qui 
reçoivent la mâchoire inférieure. Leur position est 
presque horizontale. C’est au milieu de cette face 


8o VIII‘ Lecon. Ostéologie de la tête. 


qu’est le grand trou occipital , et sous lui le condyle 
unique pour l'articulation avec la colonne verté- 
brale. 

De ce trou partent trois sutures qui subdivisent 
l’occiput en autant d'os particuliers. 

Un pariétal unique forme le plafond du crâne : 
au devant de lui est un frontal également unique 
qui forme le plafond des orbites. 

L’os temporal est placé de chaque côté du pa- 
riétal, et appuie en partie sur cette proéminence 
articulaire pour la mâchoire inférieure , dont nous 
ayons parlé en traitant de l’occiput. 

De chaque côté est une petite arcade , différente 
de l’arcade zygomatique , qui laisse entre elle et le 
pariétal un grand trou rond qui pénètre dans la 
fosse temporale. Cette arcade est formée en partie 
par une apophyse du temporal, et en partie par 
un os particulier qui s’articule sur la jonction du 
pariétal et du frontal. Cet os particulier remplace 
Vapophyse post-orbitaire du frontal des mammi- 
fères ; car ildescend derrière l’orbite pour se joindre 
à l’os de la pommette, et terminer avec lui le cadre 
de l'orbite. : 

Cette composition du crâne du crocodile se re- 
trouve dans les autres lézards, malgré les grandes 
différences de forme, de proportion et de direc- 
tion des parties. Ainsi dans le caméléon , les trous 
par lesquels les fosses temporales communiquent 
sur le crâne sont si grands , et les bords osseux qui 
les forment sont si minces, que ces derniers repré- 


Î 


ART. I. Os du nan 33 


sentent trois branches grêles qui s’élèvent pour sou- 
tenir l'espèce de casque qui disingue cet animal. 
Les apophyses articulaires se portent en-dessous au 
lieu de se porter en-arriére. . 

Cette dernière particularité se retrouve aussi dans 
les autres lézards ; mais ils n’ont point les crêtes 
du caméléon , etle dessus de leur cräne est large 
comme"dans le crocodile. 

. Le crâne des grenouilles et celui des salarnan- 
dres est d’une forme presque cylindrique , applati 
en-dessus et élargi par-derrière. Les frontaux sont 
en rectangle alongé, et remplissent l’intervalle des 
orbites. Le pipa est beaucoup plus applati que les 
autres espèces. 

Les éminences qui doivent servir à l'articulation 
de la mâchoire se portent directement sur les côtés. 

La composition du crâne des tortues’ ressemble 
plus à celle du crocodile qu’à celle des grenouilles. 
Les frontaux ne forment de même que la voûte 
des orbites , et le crâne ne passe point entre ces 
cavités. Ils sont très-courts , et les pariétaux sont 
trois fois plus longs qu'eux. Ces derniers ne se 
bornent point à recouvrir le crâne ; mais ils s’éten- 
dent de chaque côté pour former une voûte sur la 
fosse temporale. Dans les tortues de mer, cette 
voüte est complétée par deux os particuliers qui 
s’étendent depuis le pariétal jusqu’à l’arcade zygo- 
matique , et dont l’antérieur borne l’orbite en- 
arrière. 


Les apophyses articulaires sont dirigées en en-bas 


52 VII Lecon. Ostéologie de La tête. 


comme dans le caméléon. Au-dessus de celles-ci ef 
du trou auditif, sont des apophyses mastoïdes con- 
sidérables, qui dans les tortues de terre sont poin- 
tues supérieurement , et qui sont arrondies et mar- 
quées d’un sillon longitudinal dans celles de mer. 


Il y a dans les serpens deux frontaux presque 
quarrés et un pariétal unique. Leur crâne s’avance 
entre les orbites comme dans les grenouilles. L/0os 
de l’occiput a une apophyse dirigée en arrière , et 
portant un os particulier mobile , añalogue à los 
quarré des oiseaux, auquel s’articulent la mâchoire 
inférieure et les arcades qui forment la supé- 
rieure. 


E. Dans les poissons. 


Les os du crâne des poissons se soudent de très- 
bonne heure ; et comme les sutures qui les unis- 
sent entre eux sont écailleuses , il est difficile d’en 
reconnoître les traces : en général, le crâne des 
poissons ne forme qu’une très-petite portion de la 
tête. Sa figure varie beaucoup ; maïs comme il n’est 
recouvert que de la peau , ses formes se manifes- 
tent au-dehors, et ont été assez bien décrites par les 
naturalistes pour que nous nous dispensions de les 
faire connoître ici. 


‘ 


Arr. Îl. Zrégalités de l’intèr. ducräne. 33 


PUR RAD OOL BIT TL 
Des éminences et des enfoncemens de l’intérieur 
du cräne, 


À. Dans l’homme. 


LA voûte supérieure du crâne est presque lisse 
intérieurement; elle ne présente que des impres- 
sions produites pâr les vaisseaux de la dure-mèré 
ou par les circonvolutions du cerveau. La plus re- 
rarquable de ces empreintes est celle qui règne 
longitudinalement dans tout le milieu de cette voûte 
et qui répond au sinus longitudinal. Maïs la base 
du crâne, ou son plancher, est trés-inégale , et on 
y remarque des cavités et des éminences très-pro- 
noncées. Elle peut même se diviser en trois ré- 
gions ou grandes fosses. 

- La fosse postérieure est nommée cérébelleuse, 
parce qu’elle est occupée en grande partie par le 
cervélet. C’est la plus profonde de toutes; on l'a 
aussi nommée occipitale inférieure. C’est dans sa 
partie la plus profonde qu’est percé le grand trou 
occipital, en avant duquel est une légère exca- 
wation qui monte ôbliquement en avant, et qui 
se termine là en une arête saillante qui a de chaque 
côté un petit crochet nommé apophyse clnoide 
postérieure. Cette arête forme la borne antérieure 
de la fosse dont nous parlons: Elle appartient à 
l'os sphénoïde; mais le large canal qui est derrière 


£ . C 


54 VII LEcon. Ostéologie de la téte. 


elle, et dont nous venons de parler, est formé 
en grande parlie par l’apophyse basilaire de l’os 
occipital, et se nomme fosse basilaire. 

Du côté de chaque apophyse clinoïde, part une 
arête saillante qui se dirige obliquement en arrière, 
et qui achève d’enceindre pardevant la grande fosse 
cérébelleuse ; cette arête appartient au rocher du 
temporal. Le contour de cette fosse en arrière est 
cerné par une ligne saïllante qui part, comme les 
branches d’une croix , d’une tubérosité moyenne 
et interne de l’os occipital, de laquelle part éga- 
lement une autre ligne saillante qui descend jus- 
qu’au bord du grand trou occipital , et divise ainsi 
la fosse cérébelleuse en deux dans sa longueur. 
On remarque encore dans cette fosse des empreintes 
vasculaires dont nous parlerons ailleurs. 

La fosse antérieure est celle dont le niveau est 
le plus élevé. Elle est située au-dessus des orbites 
et du nez; elle s’unit par-devant, sans aucune sé- 
paration marquée, à la voûte supérieure du crâne; 
en arrière , elle est séparée des fosses moyennes 
par une vive arête concave en arrière, formée par 
aile orbitaire du sphénoïde. Ces deux arêtes se 
* portent vers la ligne moyenne et en arrière; elles 
se terminent presque vis-à-vis les apophyses cli- 
noïdes postérieures, mais un peu plus en dehors, 
chacune par un crochet appelé apophyse clinoïde 
antérieure. l'intervalle situé entre ces deux cro- 
chets est une autre arêle, moins vive qui achève 
de cerner en arrière la fosse antérieure du crâne. 


ART. IL /négalités de l’intér. du crâne. 35 


Le milieu de cette fosse est plus enfoncé ; il est 
formé par la lame criblée de l’ethmoïde qui porte 
dans son milieu une arête tranchante en forme de 
soc de charrue, appelée la créte de cog ou créte 
ethnoïdale ; ses parties latérales sont bombées 
et raboteuses, 

Les fosses moyennes du crâne occupent l’espace 
qui est entre la fosse antérieure et la postérieure. 
Ainsi nous avons déja indiqué leurs limites. Leur 
niveau est intermédiaire entre celui des deux autres: 
comme la fosse antérieure et la postérieure occupent 
plus d’étendue à la partie moyenne que sur leurs 
côtés, elles s’y rapprochent beaucoup l’une de 
l’autre. L’intervalle qui les y sépare et qui est placé 
entre les quatre apophyses clinoïdes, est plus élevé 
que les fosses moyennes , et porte le nom de selle 
turcique ou sphénoidale. 


B. Dône les mammifères. 


Les trois grandes fosses de la base du crâne exis- 
tent dans les mammifères ; mais elles y deviennent 


d'autant moins profondes , et les éminences qui 


leur servent de bornes s’affaissent d’autant plus, 
que l’on s'éloigne davantage de l’homme. On s’ap- 
perçoit déja dans le jocko que la fosse du cervelet 
est presque de niveau avec les fosses moÿennes 5 
que la selle turcique est plus affaissée , et l’arête 
des petites ailes moins vive. La lame criblée de 


l’ethmoïde est plus viré et elle n’a point de 
crête. 


e | Ca 


36  Vill° Leçon. Ostéologie de la tête. 


Les 7nandrills, les magots, et les diverses es- 
pèces de guenons ne différent du jocko que parce 
que leur fosse postérieure est plus étroite et moins 
profonde, attendu que leur rocher se porte plus 
directement en arrière, et que la face occipitale 
de leur crâne est plus relevée. La fosse frontale 
a ses deux convexités latérales plus bombées, sut- 
tout dans les guenons. 

Dans les sapajous , les ailes orbitaires du sphe- 
noide n’ont point d’arête. Au lieu de fosse anté- 
rieure, il y a unesconvexité. Les fosses intermé- 
diaires sont aussi profondes que la fosse postérieure. 
La selle sphénoïdale est presque de niveau avec 
‘elles, et la lame criblée s’y trouve dans un enfon- 
cement étroit. | 

Dans les alouates, la fosse postérieure, les in- 
termédiaires et la selle sphénoïdale ne forment 
qu'un seul plan sur lequel s'élèvent les deux rochers 
et les quatre apophyses-clinoides. Au lieu de fosse 
antérieure, il y a une espèce de paroi oblique dont 
le milieu est enfoncé, et conduit à une très-petite 
lame criblée. 

Cette égalité de niveau de toutes les parties de 
la base du crâne se retrouve dans tous les car- 
nassiers, dans lesquels la fosse antérieure n’est sou- 
vent point distinguée des fosses intermédiaires, mais 
forme seulement un canal court et large terminé 
en avant par une très-grande lame criblée. Cepen+ 
dant il fautemarquer que dans l’ours, les fosses 


moyennes sont séparées des antérieures par une 


u L 2 
. 


L 


CA 


€ 


Arr. UT. Inégalités de l’intér. du créne. 37 
arête saillante attachée au côté du crâne, et qui 
appartient en partie à l’os frontal, et en partie à 
Vos pariétal. Dans le phoque, au contraire , il n’y 
a point de fosse antérieure proprement dite, et le 
devant du crâne s’élève perpendiculairement comme 
une muraille, et porte la lame criblée à sa partie 
supérieure. La fosse supérieure est un peu plus 
marquée dans le m10rse. On conçoit aisément que, 
dans tous ces animaux , à mesure que la fosse cé- 
rébelleuse s’applatit, et que le trou occipital se 
porteenarrière et en haut, la fosse basilaire s’alonge; 
la limite postérieure de la fosse cérébelleuse re- 
monte en même temps et finit par former une cein- 
ture qui coupe verticalement le crâne, et qui se 
trouve située au-devant du cervelet. Dans la plu- 
part des carnassiers, elle estformée par une lame . 
saillante large et mince, qui se continue sur les 
rochers , et qui semble faire une chambre parti- 
culière pour le cervelet. Les carnassiers n’ont point 
de selle sphénoïdale proprement dite; leurs apo- 
physes clinoïdes sont peu considérables. 

. Dans les rongeurs, la base du crâne est fort 
unie. Il n’y a presque point de distinction entre 
la fosse antérieure et les moyennes. L’arète des 
rochers est peu aigue; les apophyses clinoïdes - 
n'existent que dans un petitnombre d’espèces,comme 
dans les lièvres et les agoutis. Le lieu de la selle 
est même enfoncé dans le cabiai. 

Il y a de même peu de différences de niveau entre 


les fosses du crane des édentés. Leur lame criblée 
C:3 


58 VIII‘ cs Ostéologie de la téte. 


est située dans un enfopcement que distingue une 
arête verticale. La limite entre les fosses moyennes 
et postérieures n’est pas très-marquée dans les pa- 
resseux, les tatous et les fourmiliers; mais dans 
le pangolin, c’estune large cloison verticale percée 
dans son milieu d’un trou oval. 

Les trois fosses sont très-distinctes dans l'éléphant. 
La moyenne est la plus enfoncée ; leur séparation 
se fait par des saïllies mousses. La lame criblée 
de l’ethmoïde occupe presque tout le fond de la 
fosse antérieure, parce que le nez se trouve sous 
le crâne, comme dans l’homme ; et non devant, 
comme dans les carnassiers, les rongeurs, etc. La 
selfles hénoïdale n’est pastrès-élevée ; les apophyses 
clinoïdes sont courtes, sur-tout les postérieures. 

Dans le rAinocéros, les fosses antérieures et 
moyennes ne sont point distinguées l’une de l’autre. 
La fosse postérieure est plus profonde que les autres, 
et elle est séparée des moyennes par une arête 
saillante et aiguë qui n’est point attachée au rocher, 
mais qui est située en avant d’eux. L/endroit qui 
répond à la selle sphénoïdale est beaucoup plus 
enfoncé que les fosses moyennes, au lieu d’être 
relevé comme dans l’homme. La partie qui cor- 
respond aux apophyses clinoïdes postérieures n’est 
point attachée, comme dans les autres animaux , à 
la base du crâne ; mais elle s'étend, comme un pont, 
de l’une des fosses moyennes à l’autre, tandis que 
la selle sphénoïdale qui est, comme nous venons 
de le dire, beaucoup plus basse que ces fosses, com- 


ART. III. fnégalités de l’intér. du crâne. 59 


munique sous ce pont avec l’apophyse basilaire de 
l’occipital. + 

Dans l’zippopotame , les troïs fosses et la selle 
sont de niveau, et il n’y a même de distinction entre 
elles qu’une lame saillante qui correspond aux apo- 
physes clinoïdes postérieures. Les rochers dont la 
figure est très-irrégulière, saillent dans l’intérieur 
du crâne, mais n’y établissent point de cloisons 
régulières. Il en est de même dans le tapir; mais 
dans le cochon, la fosse postérieure se trouve plus 
basse que les autres dont elle est distinguée, comme 
dans le rinocéros, par une saïllie placée en avant 
des rochers. Les apophyses clinoïdes postérieures 
sont attachées au fond du cràne. Les antérieures 
n'existent pas , et le lieu qui correspond à la selle 
est enfoncé et fort large. Les fosses antérieures ne 
se distinguent des moyennes que par un peu plus 
d’élévation et une légère convexilé. Tous ces pa- 
chydermes ont la lame criblée de l’ethmoïde tres- 
large, très-enfoncée et divisée en deux parties par 
une crête très-épaisse. 

Dans les ruminans, les fosses moyennes sont à 
peine distinguées d'avec la fosse antérieure. La 
selle sphénoïdale est fort large et beaucoup plus 
basse que les fosses moyennes entre lesquelles elle 
est située : elle se continue sur le même niveau avec 
la fosse postérieure, dont elle n’est distinguée que 
par une petite lame qui correspond aux apophyses 
clinoïdes postérieures. La selle sphénoïdale des cerfs 
et des chameaux est moins enfoncée que celle des 


C4 


&o VIII Lecon. Osféologie de la tête. 


autres genres. Les lames criblées de l’éthmoïde sont 
larges, mais elles sont plus enfoncées, ‘et séparées 
par une crête plus large dans le chameau que 
dans les autres genres. Dans les chevrotins, la 
fosse antérieure est un peu plus élevée, à propor= 
tion, que les moyennes. | 

Dans les solipèdes, la selle est moins enfoncée 
que dans la plupart des ruminans; et il y a sur 
chaque rocher une arête saillante qui s’étend jus- 
qu'a la voûte supérieure du crâne, comme dans 
les carnassiers. 

Dans les cétacés, la fosse cérébelleuse est dis- 
ünguée des fosses moyennes par une cloison laté- 
rale ; mais tout le fond du cräne est presque de 
niveau, et il n’y a ni fosse ethmoïdale niflame 
criblée. Les fosses moyennes sont très-écartées l’une 
de l’autre ; et un peu plus élevées que la fosse 
cérébelleuse ; il n’y a point d'apophyses clinoïdes. 
Ce n’est pas par le rocher qu’est formée la ligne 
de démarcation entre les fosses moyennes et pos- 
térieures. Cette crête est située en avant, 


C. Dans lessoiseaux. 


Le crâne des oiseaux est divisé en deux fosses 
principales, dont l’une est située au-dessus et un peu 
en avant de l’autre. La première contient le cer- 
veau proprement dit, et répond par conséquent 
aux fosses antérieures et. à une partie des fosses 
moyennes de l'homme. La seconde contient les 
couches optiques, le cervelet et la moëlle alongée, 


An. IX. Znégalités de l’intér. du crâne. 41 


et répond à une partie des fosses moyennes et à 
la fosse cérébelleuse de l’homme. La ligne qui sé- 


pare ces deux fosses est aiguë et horizontale. Sur 


les côtés, mais par derrière, elle remonte pour 
former une arcade au-dessus du cervelet. La fosse 
supérieure est séparée en deux parties par une 
légère proéminence convexe produite par la voûte 
dé lorbite; mais la fosse inférieure présente plu- 
sieurs cavités, remarquables. 

Il y a d'abord de chaque côté, sous larète qui 
la sépare de la première fosse, une cavité arrondie 
pour loger la couche optique correspondante. Entre 
ces deux cavités optiques, en est une qui corres- 
pond à la selle sphénoïdale, et dans laquelle on 
voit un creux particulier pour la glande pituitaire. 
Ces trois petites fosses forment ensemble une es- 
pèce d’arc dont la convexité est en avant. Dans sa 
concavité et devant le trou occipital, est une qua- 
trième fosse qui répond à la fosse basilaire de l’homme 
et sert comme elle à supporter la moëlle alongée. 

La fosse inférieure du crâne des oiseaux étant 
beaucoup plus étroite que la supérieure, l’épaisseur 
de ses parois latérales se trouve occupée par les 
cavités de l'oreille interne. 

Les différences qui existent parmi les oiseaux 
relativement à ces fosses de l’intérieur du crâne, 
sont fort peu considérables ; ellesne consistent guères 
que dans le plus où le moins de profondeur de cha- 
cune d'elles. On remarque en général que leur 
inésalité est moindre dans les oiseaux nageürs et 


%2 VIN Lxçox. Ostéologie de la tête. 


ensuite dans ceux de rivage, et qu’au contraire 
les perroquets et les oiseaux de proie sont ceux 
chez lesquels cette inégalité est la plus grande. 


D. Dans les reptiles. 


La: forme générale de la cavité du crâne des 
reptiles est oblongue, presque d’une égale largeur, 
seulement un peu rétrécie entre les oreilles. La 
tortue à une espèce de selle turcique dont les quatre 
apophyses clinoïdes sont dirigées en avant. La fosse 
sphénoïdale est un peu enfoncée dans les serpens ; 
mais elle n'a pas d’apophyses clinoïdes : c’est un 
enfoncement sémi-lunaire dont le plan est oblique 
de devant en arrière. 

La fosse basilaire est plus basse que les autres 
dans le crocodile et quelques tortues. 


E. Dans les poissons. 


+ Nous n’avons également que fort peu de choses 
à dire sur l’intérieur du crâne des poissons. Comme 
leur cerveau ne remplit pas. exactement la cavité, 
celle-ci n’est pas modélée sur les éminences de ce 
viscère , et les différens enfoncemens qu’on y re 
marque ne sont point séparés par des arêtes vives. 
La base en est presque généralement plane à l’excep- 
üon d’un enfoncement qui se trouve dans quelques 
espèces, et qui correspond, par la place qu'il oc- 
cupe, à la fosse basilaire, mais qui est destiné à 
contenir tout le cerveau. à 

Le crâne des poissons osseux s’élargit entre les 


AnrT. IV. Trous du crâne. A5 


oreilles au lieu de s’y rétrécir, parce que ces or- 
ganes sont contenus dans la même cavité que le cer- 
veau. C’est le contraire dans les chondroptéri- 
giens. 


Û 


ARTICLE IV. 


LL 
Des trous de la base du cräne. 


À. Dans l’homme. 


x 


La base du crâne est percée d’un assez grand 
nombre de trous qui donnent passage aux nerfs et 
aux-vaisseaux. Les uns communiquent avec la face ; 
les autres s'ouvrent dans la partie située en arriére. 
Le plus considérable de ces derniers est le grand 
trou occipital, qui donne passage à la moëlle alon- 
gée et aux vaisseaux qui l’accompagnent. IL est situé 
au fond de la fosse cérébelleuse , immédiatement au 
bas et en arrière de la fosse basilaire dans l'os oc- 
cipital. Son contour est ovale. Son plus grand dia- 
mètre est de devant en arriére. Sous la partie anté- 
rieure de chacun de ses bords latéraux , est une 
des proéminences par lesquelles la tête s’articule 
avec la colonne vertébrale, et qu'on nomme les 
condyles occipitaux. Dans l'épaisseur de chacun de 
ces condyles , est percé un petit canal qui se porte 
de dedans en dehors, et un peu en avant et en 
haut, et qui donne issue aux nerfs de la neuvième 
paire. C’est le trou condylien.antérieur qui donne 
passage au nerf grand hypoglosse, Un peu plus en 


Ba Virton Oo lose Ne tte, 


dehors et en arrière, on voit dans le crâne un autre 
petit trou qui manque quelquefois , et qui se porte 
en arrière et en bas et donne issue à une petite 
veine. C’est le trou condylien postérieur. 


2 


Un peu en avant et en dehors est un grand trou, 
formé par le bord postérieur du rocher et par los 
occipital , qu’on fiomme le trou déchiré posté- 
rieur. Îl est situé précisément au bas d’une impres- 
sion formée derrière le rôcher par le grand sinus 
latéral. Une autre impression , produite par le sinus 
pétreux inférieur , aboutit également à ce trou , et 
c’est en effet par lui que tout le sang du cerveau 
descend dans la veine jugulaire. Ce trou donne 
en même temps issue au Z2erf vague, au glosso- 
pharyngien,eta Paccessoire de la huitième paire. 
La partie qui transmet le glosso-pharyngien est sou- 
vent séparée par une petite lame osseuse. 

À la face postérieure du rocher , un peu au- 
dessus du trou déchiré , est un enfoncement conique, 
dirigé en dehors, qui pénètre dans l’intérieur du 
rocher, et s’y termine par deux trous, dont l’infé- 
rieur transmet le nerf acoustique dans le labyrinthe 
de l’oreille , et dont l’autre sert d’entrée à un canal 
qui loge le nerf facial dans son trajet au travers du 
rocher, et se termine entre les apophyses mastoïde 
et styloïde , par un petit trou nommé s/y/o-mastoi- 
dien. T/enfoncement dont nous venons de parler 
se nomme le canul auditif interne. 

La fosse cérébelleuse présente encore de chaque 
eôté de petits trous pour le passage de vaisseaux 


me ns ce it fe ascmer »  ttiiintt JE 


Arr. IV. Trous du crâne. 45 


sanguins. L'un est situé dans la partie du temporal, 


en arrière de l’apophyse mastoïde. Son trajet est 
très-oblique ; il répond en dedans à la cavité du 
sinus latéral. 
L'autre, nommé agueduc de Cotünni, est placé 
vers la crête du rocher au-dessus et en dehors du 
conduit auditif interne. Il laisse passer quelques 
petits rameaux veineux. 


Dans la fosse moyenne on remarque les trous 
suivans : ” 


1°. Le trou déchiré antérieur, situé entre la 
pointe du ‘rocher et l’angle postérieur de la selle 
sphénoïdale,, et dont les bords sont formés par le 
temporal , le sphénoïde et l’occipital : il est fermé 
dans l’état frais par une substance cartilagineuse ; 
mais à son côté externe est un autre trou, par le- 
quel l'artère carotide entre dans le crâne , et qui 
n'est que l'issue d’un canal tortueux , dont l’entrée 


- est à la face inférieure du rocher immédiatemertt en 


ayant du trou téchiré postérieur. Ce canal se 
nomme carotidien ; il transmet , outre l'artère, le 
nerf grand sympathique. 


_ À cette même face inférieure du rocher, en avant 
de l'entrée du canal carotidien , se voit l'issue d’un 
autre canal qui communique avec la caisse de l’o- 
reille , et qui fait partie de la trompe d’Eustache. 
ou conduit guttural de l’oreille. 


Dans los sphénoïde , un peu en avant du rocher , 
en dehors du trou déchiré antérieur , est un grand 


46 VII Lrcox. Ostéologie de la téte. 
trou appelé ovale, et qui a en effet cette figure ; 
il transmetau-dehors le troisième rameau de la cin- 
quième paire de nerfs, appelé maxillaire infé- 
rieur. 

Un peu en arrière et en dehors du trou ovale, 
est un petit trou, nommé épineux , qui donne pas- 
sage à une artère. . 


En dedans de ce même trou ovale, tout près de 
l'angle postérieur de la selle sphénoïdale , est un 
autre petitttrou qui donne passage à une veine. 


Pius en avant encore , mais un peu moins prés 
de la selle , est le trou rond quise porte en avant 
et transmet au dehors la seconde branche de la 
cinquième paire de nerfs nommée /m7axillaire su- 
périeur. Il est plus petit que le trou ovale. 


Enfin sous le rebord aigu qui sépare la fosse an- 
térieure de la fosse moyenne , est une longue fente 
qui part de l’angle antérieur de la selle, et se porte 
obliquement en dehors et en avant ; elle commu- 
nique dans le fond de l’orbite, et y transmet la 
premiére branche de la cinquième paire ou ophtal- 
mique de FFillis, et la troisième, quatrième et 
la sixième paires entières des nerfs du cerveau, 
ainsi que l'artère orbitaire interne. On la nomme 
fente orbitaire supérieure ou sphéno-orbitaire. 


Les trous optiques s'ouvrent dans le crâne, un 
peu au-dessus du bord antérieur de la selle, eten 
dedans des apophyses clinoides antérieures. Ils se 
portent obliquement en dehors dans l’orbite où ils 


EP TT PE EE CE 


ART. IV. Trous du crâne. 47 


transmettent le zerf optique et l’artère centrale 
de la rétine. 


Enfin les trous nombreux de la lame criblée de 
l’ethmoïde ( il y en a environ 40 ) occupent le fond 
de la fosse antérieure , et donnent issue au zerf ol- 
Jactif pour se rendre dans le nez. 


Au-devant de la crête ethmoïdale, dans son union 
avec l’os frontal, on voit un pelit trou qui donne 
passage à une petite veine qui se rend dans le nez. 
On l’a nommé letrou borgne ou fronto-ethmoïidal. 


B. Dans les mammifères et les oiseaux. 


Nousallons examiner successivement lesvariations 
que subissent dans les mammifères et les oiseaux, 
les principaux trous de la base du crâne. Nous com- 
mencerons par ceux qui sont situés antérieurement. 
Nous ne parlerons point du trou occipital dont nous 
ayons déja traité dans la troisième leçon , à l’article 
de l’articulation de la tête. 


1°, Trous optiques. 


a. Les trous optiques des singes sont moins écar- 
tés l’un de l’autre que dans l’homme. 


Dans les carnassiers , ces trous et leur intervalle 
sont recouverts quelquefois par une lame osseuse, 
dirigée d’avant en arrière comme un toit. 

Ils ne sont séparés, dans quelques rongeurs ; 
comme l’agouti, que par une lame verticale mince 
qui manque même tout-à-fait dans le Zièvre. Ce- 


48 VII Leçon. Ostéologie de la téte. 


pendant ils sont très-séparés dans le plus grand 
nombre des espèces. 

Dans le fourmilier & quatre doigts, les trous 
optiques sont très-grands el réunis à leur naissance, 
de’ manière à former une petite fosse sur la portion 
orbitaire du sphénoïde. Ces trous sont trés-petits 
dans le fatou , et principalement däns le pangolin ; 
ils n’offrent aucune particularité dans le paresseux. 

Les trous optiques de l’é/éphant prennent nais- 
sance dans un canal commun, tracé sur le corps de 
Vos sphénoïde, et à l’origine duquel on voit un trou 
qui pénètre dans l’intérieur de l'os. Ues trous se di- 
rigent obliquement en formant un angle trés-ouvert 

.en devant. 

Dans le rhinocéros , les trous optiques sont dis- 
üincts; ils se portent presque directement en de- 
vant , et forment uncanal , dans l’épaisseur des os, 
de près d’un décimètre de longueur. ; 

Dans /’hippopotame , ces trous sont très-distans 
l’un de l’autre ; ils sont plutôt ovales que ronds. 

Leur direction et leur distance respective varient 
dans les ruminans. Dans le chevrotin , il n’y a 
qu'un seul trou optique , partagé par le vomer. 

b. Les trous optiques des oiseaux sont situés en 
avant de la petite fosse qui est entre leurs deux fosses 
optiques. Ils ne sont séparés l’un de l’autre que 
par Ja même lame verticale ne sépare leurs or- 
bites. 

La partie de cette lame qui leur répond étant 
quelquefois échancrée comme dans le cog, etc. ils 


ART. IV. Trous du cräne. * 4 


paroissent alors ne former qu’un seul trou lorsqu'on: 
les considère à l’intérieur du crâne. 


2°. Fente sphéno-orbitaire. 


a. La fente sphén6-orbitaire des szrges est très- 
courte , el se réduit même à un simple trou ovale , 
excepté dans {’orang-outang où elleest comme dans 
l’homme. 

Dans les carnassiers , elle est toujours ovale et 
en forme de canal. 

Dans les rongeurs , il n’y a qu’un seul trou à l’in- 
térieur qüi tient lieu à la fois de la fente sphéno- 
orbitaire et du trou rond. 

Dans le fourmilier & deux doigts , la fente 
sphéno-orbitaire , qui est très-distincte da trou op- 
tique dans l’intérieur du crâne , se confond avec 

- ce trou dans la fosse orbitaire et temporale ; elle 
est arrondie et s'annonce long-temps avant de percer 
le crâne par un sillon ou canal tracé sur sa base. IL 
en est de même dans les autres fourmiliers et ta- 
tous , ainsi que dans les paresseux ; mais chez ces 
derniers , la fente , au lieu d’être arrondie dans 
l'intérieur du crâne , y est de forme triangulaire. 

« Cette fente est un très-grand trou, arrondi dans 
l'intérieur du crâne de /’éléphant. {1 se porte di- 
rectement en bas dans la fosse temporo-oi bitaire ; 
mais au-devant de ce trou on en remarque un autre, 
qui se dirige horizontalement dans lépaisseur des 
os. À l’extérieur, ces deux trous , ainsi que celui 


du nerf optique , sont recouveris par une lame 
2 D 


5o VIII Lecox. Ostéologie de la tête. 
osseuse qui s’étend de l’angle orbitaire supérieur à 
la partie la plus reculée de l’os sus-maxillaire, de 
sorte qu'on ne voit dans l'orbite aucun trou, mais 
seulement ce large rebord osseux. 

Dans le rhinocéros , la fente sphéno-orbitaire 
tient lieu en même temps du trou rond. Elle forme 
un canal arrondi, dont l’ouverture intérieure est 
située dans la fosse sphénoïdale qui est très-pro- 
fonde. Son ouverture externe est recouverte par 
une feuillure osseuse au fond de la fosse tempo- 
rale. k 

Dans /’A:ppopotame, c’est un simple trou rond 
d’un grand diamètre. 

Dans les ruminans , cette fente est aussi un trou 
arrondi inférieurement, mais tronqué et anguleux 
en dessus. 

Dans les solipèdes , cette fente est coupée dans 
sa longueur par une ligne saillante osseuse, qui en 
forme deux trous distincts. 

b. Il n’y a point de fente sphéno-orbitaire dans 
les oiseaux ; mais elle est remplacée par quatre 
trous particuliers : un au-dessus du trou optique, 
pour le nerf de la quatrième paire ; deux derrière, 
fort près l’un de l’autre, pour celui de la troisième , 
et pour l’ophtalmique de la cinquième ; enfin un 
sous la base du crâne en avant , qui répond en 
dedans à la fosse basilaire, pour celui de la sixième, 


5°. Le trou rond. 


a. Le trou rond des singes se trace long-temps 


Arr. IV. Trous du crane. 51 


avant sa sortie du crâne par un sillon sur la face 
interne de l’os sphénoïde , près la selle. 


Dans les carnassiers , il est plutôt ovale que rond 
et très-grand. 


Dans les rongeurs , il se confond souvent avec la 
fente sphéno-orbitaire , comme dans le porc-épic, 
le cabiai , la marmoite.. 


Parmi les édentés, le trou rond est toujours dis- 
tinct , et forme un canal plus ou moins long dans 
l'intérieur des os. 


CT 


Dans /’éléphant, le trou rond est confondu avec 
la fente sphéno-orbitaire. Il en est de même dans 
le rhinocéros , l’hippopotame , les ruminans et 
les solipèdes. 


 b. Il n’y a dans les oiseaux qu’un seul trou qui 
remplace le rond et l’ovale de l’homme. Ilest percé 
dans la ligne qui sépare la fosse optique d’avec la 
basilaire. 


4°. Le trou ovale. 


Des singes, n’est pas percé dans le sphénoïde uni- 
quement, mais il est compris entre le sphénoïde et 
le rocher. 

Celui des carnassiers est tout entier dans le sphé- 
noïde. Dans plusieurs espèces , comme l'ours , les 
chats et la civette , le bord externe de ce trou est 
protégé par une lame osseuse qui s'étend sur le 
trou ovale et jusqu’à la fente sphéno-orbitaire. 

Loge Ë 
Dans le phogue, l'ours, le blaireau et la rous- 
He 


52 VIII Leçon. Ostéologie de la tête. 
sette, ce trou manque, ou plutôt il s’y réunit avec 
le trou rond, 

Parmi les rongeurs, la mnarmotte , lagouti, 
l’écureuil , ont un trou ovale distinct ; maïs dans 
le cabiai et le porc-épic, il se confond avec le 
trou déchiré antérieur. 

Dans le {atou à dix bandes, et le fourmilier & 
guatre doigts, le trou ovale ou n’existe pas, ou 
bien se trouve confondu, soit avec les trous déchirés 
qui sont réunis , soit avec le trou rond qui est très- 
grand et de forme alongée. 

Dans les paresseux , le trou ovale est très-dis- 
tinct. 

Dans Z’éléphani , le trou ovale est confondu avec 
le trou déchiré antérieur qui est très-grand. Il en 
est de même dans /’kippopotame. 

Le trou ovale est d’un très-grand diamétre dans 
les ruminans , animaux chez lesquels iln'y a point 
de trou déchiré antérieur. 

Il n'existe point chez les solipèdes. 


5°, Le trou déchiré antérieur. 


a, Il manque, dans les singes, ainsi que dans les 
carnassiers. I! esttrès-grand dans plusieurs rongeurs, 
comme le cabiai, le porc-épic, la marmotte. On 
le voit aussi dans Pagouti et dans le lièvre, mais 
il manque dans l’écureuil. 

Ce trou est très - petit dans le pazgolin et les pa- 
resseux. Il est confondu avec le postérieur dans le 
.atou à dix bandes, 


ArT. IV. Trous du crâne. 53 


IL est très-grand , à proportion des autres , 
dans /’éléphant , et très-distinct du canal caroti- 
dien. 

. Dans l’Aippopotame , il est confondu avec le pos- 
térieur. 

‘Le trou déchiré antérieur n’existe point dans les 
ruminans. 

Il est confondu avec le postérieur dans les soli- 
pèdes. 

b. Les oiseaux n’ont point de trous déchirés 
antérieurs. 


6°. Le canal carotidien. 


Il est dans les sages comme dans l’homme ; maïs 
il est beaucoup plus court et moins tortueux dans 
les carnassiers. 

Il n'existe pas dans les rongeurs , et l’artère v 
. passe immédiatement par le trou déchiré antérieur. 

Il est percé dans l'épaisseur du rocher de l’é/é- 
phant , et ilse termine à l’extrémité interne de son 
angle antérieur. Il est confondu avec les trous dé- 
chirés dans /’hippopotame, ainsi que dans les 
oiseaux. 


7°. Le trou déchiré postérieur. 


a. N'offre aucune particularité dans les singes, 
ni dans les carnassiers. I} est petit dans la plupart 
des rongeurs ; il forme un trou très-arrondi dans 
le pangolin et le paresseux. Maïs le trou condy- 
lien antérieur est tres-remarquable dans ces ani- 


D 3 


54 VII Lecon. Ostéologie de la tête. 


maux ; car il est très-gros et situé en avant du 
condyle. 

Le trou déchiré postérieur de l'éléphant estovale 
ettrès-grand. Il n’y a point de trou condylien anté- 
rieur. 

Dans le rinocéros , les trous déchirés antérieur 
et postérieur sont confondus en une large fente qui 
entoure le rocher. Le trou condylien antérieur est 
très-distinct et très-gros. Il y en a quelquefois même 
deux du même côté qui se réunissent en un seul. 

Dans les ruminans , le trou déchiré postérieur 
est une fente très-étroite en arrière et arrondie 
en devant dans la biche, étroite en devant et ar- 
rondie en arrière dans le chameau. 

b. Dans les oiseaux , c’est un petit trou rond situé 
au-dessous et en dedans de l’ouverture extérieure 

de l’oreille. 


8°. Le conduit auditif interne. 


a. Dans les singes, au-dessus et en dehors du 
conduit auditif interne, il y a un enfoncement plus 
large que lui, et non percé dans son fond, qui sert 
à loger une protubérance du cervelet. Il manque 
dans l’orang-outang et dans le jocko. | 

Dans les carnassiers, l’enfoncement aveugle est 
plus profond encore que dans les singes. 

Le trou auditif interne de l'éléphant est recou- 
vert par une large feuillure osseuse du recher , à 
la pointe duquel il se trouve placé. 

Dans le rhinocéros, il est petit, ovale, placé 


Arr. IV. Trous du cräne. 55 


au milieu du rocher. Son grand diamètre est de 
devant en arrière. 

Dans l’hippopotame , il est situé au milieu du 
rocher; son diamètre est très-grand, et ses bords 
font une espèce de pavillon osseux. 

Dans les ruminans, il n’offre aucune remarque 
particulière ; il est situé au milieu du rocher. Il 
en est de même des solipèdes. 7 

b. Le conduit auditif interne des oiseaux est gé- 
néralement assez considérable. 


C. Dans les reptiles et les poissons. 


Dans les reptiles et dans les poissons, la partie 
antérieure du crâne n’est souvent pas fermée, et 
il y a là un grand espace vuide au travers duquel 
passent les nerfs olfactifs, sans se subdiviser en plu- 
sieurs trous particuliers. C’est du moins ce que l’on 
remarque dans lé caméléon , l’iguane, les tortues, 
le brochet, Vanarrhique, etc. D’autres fois le trou 
olfactif est étroit et cependant simple comme dans 
le crocodile. Il est double dans les grenouilles 
et les salamandres. Les raies et les squales en 
ont aussi deux fort éloignés lun de l’autre. 

Les trous optiques sont aussi quelquefois réunis 
en un seul; tel est le cas du crocodile. Ceux de 
la tortue sont fort écartés l’un de l’autre, et ne 
se distinguent du grand trou qui est au-devant du 
crâne, que par une petite traverse osseuse ; il en 
est de même dans le brochet. Dans les grenouilles, 
les raies, l’'anarrhique, et, à ce qu'il paroît ; 


D 4 


56 VIII Lrcon. Ostéolosie de Lx tête. 


dans beaucoup de poissons , les trous optiques sont 
fort écartés et percés aux côlés du crâne. Il wy 
a point dans ces animaux de fente sphéno-orbitaire, 
et les petits nerfs qui vont aux yeux passent chacun 
par un trou particulier. 


Il n’y a généralement qu’un seul trou de chaque 
côté pour les trois branches de la cinquième paire, 
lequel remplace par conséquent le trou rond, le 
trou ovale et en partie la fente sphéno-orbitaire. 
Ce trou est cependant subdivisé en trois dans la 
carpe. 

Le trou auditif interne n'existe que dans les 
reptiles et les poissons chondroptérygiens; les autres 
poissons ayant la cavité de l’oreille réunie avec celle 
du crâne, n’ont point ce trou. 


Il y a dans les poissons un fort grand trou pour 
la huitième paire qui est trés-considérable , et un 
petit au côté du grand trou occipital pour la neu- 
vième. 1 faut remarquer que les vaisseaux veineux 
ne passent pas par ce trou comme dans les mam- 
miières et les ciseaux. 


AR TFPCREV: 
Des os qui composent la face. 


À. Dans l’homme. 


Nous avons déja vu que la face est toute celte 
partie de la tête située sous la partie antérieure 


Ant. V. Os de la face. LL] 


du crâne : sa forme est principalement déterminée 
par les os de la mâchoire supérieure ou maxillaires 
(sus-maxillaires), et c’est par eux que nous allons 
en commencer la description. 

Lorsque les os maxillaires sont réunis , leur 
base commune représente une parabole; elle est 
voûtée en dessous pour former le palais, et son 
pourtour est occupé par les alvéoles des dents. 
Une suture qui va d’avant en arrière divise cetle 
base en deux demi-paraboles. Le corps des os 
s'élève d'abord sur cette base, en gardant la même 
courbure ; maisil netarde pas à s’élargir sur les côtés 
et à s’applatir par devant. Sa partie supérieure, 
dont une portion sert de plancher à l'orbite, est 
plane , presque triangulaire et inclinée en devant 
et en dehors. Les bords internes des faces supé- 
rieures des deux os ne se touchent pas comme 
ceux de leur base; ils sont au contraire très- 
écartés l’un de l’autre par la fosse nasale qui perce 
la face horizontalement d’avant en arrière entre. 
les deux ox maxillaires, et à laquelle la voûte du : 
palais sert de plancher. L’angle externe de la face 
supérieure de chaque os maxillaire est encore plus 
incliné en dehors.que le reste: ce qui donne à 
l'élargissement latéral de ces os une forme pointue. 
C’est sur cette proéminence externe , appelée apo- 
physe malaire, qu’est articulé l’os de la pommette 
(os jugal), l’un de ceux par lesquels la face se 
joint au crâne. 

De l'angle interne et antérieur de cette même face 


58 VII Lucox. Ostéologie de la tête. 


orbitaire de l’os maxillaire, ainsi que du bord anté- 
rieur du corps de los, s’éléve une autre apophyse, 
appelée montante ou nasale, qui forme le bord 
interne de l'orbite, et va s’articuler avec une apo- 
physe correspondante de l’os frontal. Entre les apo- 
physes nasales des deux os maxillaires sont placés 
les deux os du nez, os quarrés ou rasaux, qui for- 
ment une espèce de chapiteau au dessus de l’entrée 
des fosses nasales : voilà l’un des points par lesquels 
la face s'attache au crâne. 

Entre ces planchers des orbites fournis par les os 
maxillaires est situé l’os efhmoïde. Nous avons 
déja vu, à l’article du crâne, que sa lame criblée 
ferme le frontal entre les deux voûtes des orbites. 
De chaque bord latéral de cette lame en descend 
une autre, mince, plane et presque verticale, qui 
va joindre le bord interne de la face supérieure 
de l’os maxillaire du même côté, et forme ainsi 
la paroi interne de l'orbite. On a autrefois donné 
à cette lame le nom d’os planum. Entre elle et 
l’apophyse nasale du maxillaire reste un petit espace 
fermé par un os mince, appelé unguis ou la- 
crymal. 

Par ce que nous venons de dire de l’ethmoïde 
on voit qu'il forme le plafond de la fosse nasale. 
Ce plafond est très-irrégulier. Nous traiterons de 
ses différentes lames et sinus en parlant de l’odorat. 
Remarquons seulement ici une lame verticale qui 
règne longitudinalement le long de sa partie 
moyenne, et qui, se continuant avec l’os voner, 


ART. V. Os de la face. 59 


au moyen d’un cartilage, partage en deux portions 
presqu'égales la cavité des narines. 

Cette cavité des narines se porte en arrière au- 
delà des os maxillaires. Son bord postérieur est 
formé en partie par le sphénoïde , et en partie 
par les os palatins. 

Le sphénoïde contribue à terminer en arrière 
la cavité des narines, par le moyen de deux apo- 
physes qui descendent presque verticalement de 
chaque côté de son corps entre les trous ovale et 
rond : on les appelle apophyses ptéry goides ; elles 
sont divisées en arrière par une fosse en deux 
lames nommées ailes internes et éxternes, et qui 
servent à donner attache à quelques muscles. 

Entre le bord antérièur de cette apophyse et 
le bord postérieur de l’os maxillaire supérieur, 
du même côté, est situé los du palais ou pala- 
tin, petit os composé de deux lames ou parties 
principales ; une inférieure horizontale , qui se 
continue avec la voûte du palais et en fait le bord 
postérieur; l’autre qui monte contre la paroïinterne 
de la fosse nasale, en doublant l’os maxillaire 
jusqu'a venir s’articuler dans le fond orbite au 
corps du sphénoïde et à l’os ethmoïde._ 

On voit à présent comment se fait la jonction 
moyenne de la face avec le crâne par le frontal, 
l’ethmoïde et le sphénoïde. Il nous reste à voir 
comment se fait sa jonction latérale. Pour cet effet 
nous n'avons qu’à décrire l’os de la pommette ou 
Vos jugal, 


60 VII Leçon. Ostéologie de la tête. 


IT est attaché , comme nous l’avons vu, sur l’apo- 
physe malaire. Sa face externe présente quatre 
bords. Premièrement, celui par lequel il s’attache à 
cette apophyse, et qui forme une suture oblique 
sur le devant de la face et sous l’œil; secondé- 
ment, celui par lequel il achève avec le frontal 
et le maxillaire de compléter le cadre antérieur de 
l'orbite. I1 se joint dans cette partie au frontal 
par une apophyse montante, qui correspond à 
l’apophyse orbitaire interne de ce dernier os. 
Derrière cette apophyse est une lame qui se porte 
un peu en dedans et en arrière pour s'unir à 
l'aile orbitaire du sphénoïde, et compléter avec 
cet os la paroi externe de l'orbite. Enfin, les deux 
autres bords de l’os jugal sont séparés par une 
apophyse, appelée zygomatique, qui s’attache à 
une autre que l’os temporal envoie en avant, et 
forme avec elle une espèce d’anse de chaque côté 
de la tête, appelée zygoma, arcade zygomatique 
ou jugale. L’apophyse zygomatique de l'os tem- 
poral naït un peu au dessus et en avant du con- 
duit auditif externe par une double ligne saillante , 
et forme à elle seule près des deux tiers de l’ar- 
cade jugale. C’est sous sa base qu'est creusée la 
fossette glénoïde qui sert à l'articulation‘ de la ma- 
choire inférieure, dont nous n’allons dire qu’un 
mot pour compléter la description des os qui com- 
posent la face, nous réservant de la décrire plus 
en détail en traitant de la mastication. 

Sa courbure est à peu près la même que celle 


Art. V. Os de la face. 61 


du bord alvéolaire de l’os sus-maxillaire. Sa sur- 
face se continue dans les hommes blancs avec celle 
de la machoiïre supérieure ; maïs dans les nègres, 
ces deux surfaces font par devant un angle de 70". 
Ses parties latérales se prolongent plus en arrière 
ets’élèvent vers l’arcade zygomatique. Cette branche 
montante est à peu près quarrée ; son bord supé- 
rieur est fortement échancré : à l’angle postérieur 
est le condyle qui sert à l’articulation; l’antérieur, 
nommé apophyse coronoïde, est applati et pointu ; 
elle donne attache aux muscles qui servent à la 
mastication. , 


B. Dans les mammifères. 


C’est principalement de la forme et de l’étendue 
des os maxillaires que dépendent celles de la 
face. 

Les quadrupèdes ont en outre, de plus que 
l’homme , deux os appelés inter-maxillaires , in- 
cisifs ou labiaux, situés à l'extrémité du museau 
entre les maxillaires : ils portent les dents incisives. 
Cette différence des quadrupèdes d’avec l’homme 
n'est pas au fond très-considérable ; car la suture 
qui sépare ces os d'avec les maxillaires existe aussi 
dans les foctus humains, et elle s’oblitère d’assez 
bonne heure dans quelques quadrupèdes. Le sque- 
lète du jocko du Muséum, quoiqu’assez jeune , 
n’en offre point de trace; mais elle est très-distincte 
dans celui de lorang-outang. 

La face des singes ne diffère pas, au reste, de 


62 VII Lecow. Ostéologie de la téte, 


celle de l’homme par la manière dont elle est 
attachée au crâne, ni par les os dont elle est com- 
posée. La grande différence de sa forme provient 
de ce que les os du palais et les os maxillaires 
sont plus alongés, à proportion de leur hauteur, 
et de ce que leur partie antérieure, au lieu d’être 
presque verticale, est plus ou moins inclinée en 
avant. 

Ce prolongement de la face diffère beaucoup, 
selon les espèces. On peut le déterminer par l’angle 
que fait son plan antérieur avec sa base ou le 
palais. Cet angle est d'autant plus aigu que la face 
est plus alongée. 

Il n’y a souvent qu’un seul os du nez fort étroit. 
Les sapajous l'ont toujours double. [’intervalle 
entre les orbites est plus étroit que dans l’homme ; 
il se réduit même quelquefois en arrière à une 
simple cloison : cela est ainsi dans les guwenons et 
dans les sapajous ; mais les orangs, les magots 
et les alouates ont cet intervalle assez épais pour 
que les fosses nasales remontent jusques-là. 

La face des carnassiers se distingue de celle 
des précédens. Premièrement , parce que les 
apophyses montantes des os maxillaires sont beau- 
coup plus larges , ce qui repousse les orbites sur 
les côtés ; secondement, parce que leur face orbi- 
taire ne forme point le plancher de l’orbite, mais 
sa paroi antérieure; troisièmement, parce que 
l'os de la pommette ne s’articule ni avec le frontal, 
ni avec le sphénoïde, et qu'il ne contribue à 


Arr, V. Os de la face. 63 


former que l’arcade zygomatique et le bord infé- 
rieur de l’orbite; quatrièmement, parce que l’orbite 
n'est fermé ni par derriére, ni par dessous, et 
qu'il communique librement avec la fosse temporale ; 
cinquièmement, parce que les os palatins sont très- 
alongés et forment une partie considérable de la 
paroi interne de l’orbite à laquelle los ethmoïde 
ne contribue pas. 

Le museau varie aussi par ses degrés d’alon- 
sement ; mais l'ouverture antérieure du nez n’est 
pas percée dans sa surface ; elle en tronque l’extré- 
mité plus ou moins obliquement. 

L’os lacrymal avance un peu sur la joue dans 
quelques espèces , comme le galéopithèque. 

L’écartement des orbites des rongeurs est encore 
plus grand que celui des carnassiers. Leurs os inter- 
maxillaires qui sont immenses, à cause de la gran- 
deur de leurs dents incisives, repoussent leurs os 
maxillaires fort en arrière. Ces derniers forment 
une grande partie de la paroi interne de l’orbite, 
dans laquelle les os du palais n’occupent qu’un petit 
espace. La paroi antérieure est formée par une 
apophyse de l’os maxillaire qui s’avance pour con- 
tribuer à la formation de l’arcade zygomatique ; 
ensorte que l’os de la pommetle se trouve suspendu 
dans le milieu de larcade, entre l’apophyse du 
maxillaire et celle du temporal. Il ne se joint point 
au frontal, ni au sphénoïde. L’alongement des os 
du nez fait aussi que l’ouverture en est placée tout- 
a-fait à l’extrémité du museau. 


G4 VII Lrçox. Ostéologie de la téte. 


La face de /’éléphant a les plus grands rapports 
avec celle de rongeurs. La grandeur des os inter- 
maxillaires , la posilion des maxillaires, celle de 
l'os de la pommette et ses connexions sont les mêmes. 
Seulement, la hauteur des alvéoles des défenses a 
repoussé le nez vers le haut, et en a raccourci 
les os; ce qui change tout-à-fait la physionomie 
de cette tête. 

La face des paresseux est très-courte supérieu- 
rement à proportion du crâne ; les os maxillaires 
s'étendent à la face interne des orbites; l’os de la 
pommette n’est attachée qu’à l'os maxillaire ; il ne 
s’unit pas à l’apophyse zygomatique du temporal, 
mais il reste entre ces deux os un intervalle vuide. 
L'os de la pommette a une longue apophyse des- 
cendante. Quoique ces animaux n’aient point de 
dents incisives , ils ont cependant deux très-petils 
os inter-maxillaires qui forment le bord inférieur 
de l'ouverture des narines. 

Dans les édentés à long museau, la face est de 
forme conique ; les os maxillaires ne s’étendent 
point jusqu’aux orbites. Los lacrymal étant trés- 
grand les en sépare, et l’os palatin, qui est très- 
long, forme seul le bas de la paroi interne de 
cette fosse. Les apophyses ptérygoides sont rem- 
placées par deux lames qui se continuent avec les 
os palatins, et se joignent l’une à l’autre en-dessous 
pour prolonger le canal des narines jusqu’auprès du 
grand trou occipital. {/arcade zygomatique n’est 
point entièrement ossifiée dans les fourmuliers et 


AA 


Arr. V. Os de la face. 65 


les pangolins ; mais elle est complète dans l’oryc- 
térope ou fourmilier du Cap et dans les tatous. 
L’os de la pommette s’y trouve placé à peu près 
comme dans les rongeurs. 

La forme et la disposition des os de la face 
dans les cochons est, à peu de chose près , ja 
même que dans les carnassiers, excepté que les 
os lacrymaux avancent davantage sur la joue. 
Dans le éapir, Vos maxillaire se porte en arrière 
sous Porbite, auquel il fournit une espèce de 
plancher horizontal. Les os du nez ne forment 
point une voûte qui enferme cette cavité avec les 
os maxillaires : ils lui fournissent seulement une 

espèce d’avant-toit qui supporte le haut de la 
trompe. 

L’os maxillaire du rhinocéros passe sous l’or- 
bite comme dans le. tapir ; les os du nez ne for- 
ment pas non plus avec les maxillaires un canal 
conünu; mais ils forment une espèce de voûte 
suspendue , très - épaisse, qui supporte la corne. 
Lorsqu'il y a deux cornes, celle de derrière est 
supportée par l'os frontal. L/0os inter-maxillaire 
est très-petit. 

Les os du nez de l’hippopotame sont disposés 
comme ceux du cochon : ses inter-maxillaires sont 
très-grands ; ses maxillaires ne forment point de 
plancher sous l’orbite ; leur partie antérieure se 
porte beaucoup en dehors pour loger les dents 
canines. C'est là ce qui donne à l’hippopotame 
cette grande largeur de museau, L’os de la pommette 


2 E 


66  VIIl° Lxçow. Ostéologie de la tête. 

a une apohyse post-orbits&ire, qui va presque 
joindre celle du frontal ; maïs elle ne s’unit point 
au sphénoïde , et l'orbite n’est point séparé, par 
derrière, de la fosse temporale, quoique son cadre 
soit presque complet. 

Le daman (hyrax), qui doit être rapporté à 
l'ordre des pachydermes et non à celui des ron- 
geurs, comme on l’a fait jusqu'ici, ressemble au 
cochon par la disposition des os de la face. Elle 

est seulement beaucoup plus courte à proportion, 
et l’os maxillaire passe sous l’orbite de manière 
à en former le plancher inférieur, comme dans 
le tapir. 

_ La face des ruminans a beaucoup de rapport 
avec celle du cochon. Les os: inter - maxillaires 
sont plus prolongés en avant : ïls ne portent de 
dents que dans le chameau. Les os maxillaires 
forment sous l'orbite un plancher peu étendu. Los 
lacrymal s'étend fort avant sur la joue, où il est 
percé de différentes manières, sur-tout dans les 
cerfs. L’apophyse post-orbitaire de l'os de la pom- 
mette s’unit par une suture à une apophyse pareille 
du frontal, et complète ainsi le cadre de l'orbite ; 
mais comme elle ne touche point au sphénoïde, 
il reste par-derrière une vaste communication 
entre l'orbite et la fosse temporale. 

La face des solipèdes diffère peu de celle des 
rumivans, excepté que ce n’est pas une apophyse 
de l’os de la pommette qui remonte pour atteindre 
le frontal, mais au contraire une apophyse du 


. 
| 
L- 
s 
U 


ART. Y. Os de la face. 67 


frontal qui descend pour s’unir au corps de l’os 
de la pommrtte derrière l'orbite. 


Les orbites vont toujours en s’écartant dans les 
ruminans et dans les solipèdes. 

Dans le morse, la grandeur des alvéoles des 
canines gonfie beaucoup les os maxillaires, et 
donne au devant du museau une figure boursou- 
flée ; mais la connexion des os y est à peu, près 
la même que dans les carnassiers. 

Le lamantin a ses os maxillaires très-peu élevés 
en hauteur. Ils forment un plancher sous l'orbite, 
et se portent ensuite très-loin derrière lui. Cette 
fosse étant très-avancée , le frontal envoie en avant 
et en dehors une apophyse pour venir former le 
plafond de l’orbite et pour contribuer à enceindre 
l'ouverture antérieure de la fosse nasale, qui est 
très-grande , et dont le plan regarde. vers le ciel. 
Ses os inter-maxillaires sont fort étendus, quoi- 
qu'ils ne portent point d’incisives. 

Dans les cétacés, les os maxillaires et inter- 
maxillaires sont prolongés en une espèce de bec 
applati qu’ils divisent en quatre bandes parallèles , 
dont les os inter - maxillaires forment les deux 
moyennes, et les maxillaires les deux externes. 
Ceux ci seulement portent des dents dans les espèces 
qui en ont. La fosse nasale est perwe verticale- 
ment au devant du crâne. Les os inter-maxillaires 
remonfent jusqu’à elle et l’entourent par devant 
et sur les côtés. Les os maxillaires remontent éga- 
lement, de manière qu’ils se trouvent couvrir en 


E a 


68 VIII Leçon. Ostcologie de la tête. 


dessus toute la partie du frontal qui forme la voûte 
de l’orbite ; mais eux-mêmes n’entrent pas dans 
cette cavité. Les os du nez sont deux petits tu- 
bercules implantés dans le frontal au dessus de 
l'ouverture des narines. [’os de la pommette a 
la forme d’un stylet suspendu par des cartilages 
au dessous de l'orbite. Le cadre de cette dernière 
fosse se complète en arrière par le moyen d’une 
apophyse du frontal qui descend se joindre avec 
l’apophyse zygomatique du temporal ; mais les fosses 
orbitaires et temporales communiquent ensemble 
au dessous de cette apophyse. 


C, Dans Les oiseaux. 


Nous avons déja vu que le frontal des oiseaux 
se prolonge au dessus des orbites en une plaque 
plus ou moins épaisse, plus ou moins étroite , 
plus ou moins échancrée, sous laquelle est située 
verticalement la cloison qui sépare ces deux fosses 
et qui adhère par son bord supérieur à l’os frontal, 
et par son bord postérieur au sphénoïde. Le bord 
inférieur et l’antérieur de cette cloison sont libres 
de toute adhérence; mais ils s’articulent avec l'os 
du bec, comme nous le verrons. 

L’os lacrymal ou onguis s'articule à l'angle 
externe et antérieur du frontal. Il a deux apo- 
physes principales: l’une va de haut en bas ét 
forme le rebord antérieur de l’orbite; l’autre se 
porte d’avant en arrière et forme la proéminence 
du sourcil. Cette dernière apophyse est sur-tout 


ART. V. Os de la face. 6g 


très-marquée dans les oïseaux de proie diurnes, 
où elle est prolongée par une épiphyse en forme de 
lame , et où elle produit une saillie considérable 
au dessus, de l’œil. | 

Dans l’autruche , 1 y a une série de petits 
osselets qui continue cette arcade jusqu’au bord 
supérieur de l'orbite, en laissant un vuide entre 
elle et le frontal. Cette apophyse est très-courte 
ou manque même tout-à-fait dans les cAoueltes , 
les perroquets , les oiseaux de rivage et les pal- 
mipèdes. 

Quant à l’apophyse descendante de l’os lacrymal, 
c’est dans les perroquets qu’elle est la plus con- 
sidérable ; elle s’y porte en arrière pour former 
le bord inférieur de l’orbite, qui n’est complet que 
dans ce seul genre. 

Les canards sont, après les perroquets, ceux 
dans lesquels cette apophyse est la plus longue : 
il ne s’en faut que très-peu que le cadre de leur 
orbite ne soit complet. 

Tout le reste de la face des oiseaux est formé 
par l'os du bec supérieur , qui représente à lui 
seul les os maxillaires, inter-maxillaires, nasaux 
et palatins des mammifères. On voit même quel- 
quefois des sutures qui correspondent à celles qui 
séparent ces os dans les mammifères. 

La forme de l’os du bec est généralement la 
même que celle du bec lui-même, auquel il sert 
de moule ou de noyau. Il représente plus ou moins 
exactement une mæitié de cône ou de pyramide, 


E 3 


\ 


mo VIII Ercox. Ostéologie de la tête. 


dont la face convexe est én dehors et en dessus, 
et dent la face plane ou même concave tient lieu 
de palais. Nous ne nous arrêterons pas à décrire 
les différens contours et les courbures diverses du 
bec. C’est un des objets de l'histoire naturelle or- 
dinaire, et nous ÿ reviendrons d’ailleurs en trai- 
tant de la manducation. 

La base de ja face convexe du bec s’unit à 
l'extrémité antérieure du fronial, tantôt par une 
articulation mobile, tantôt en s’y soudant tout-à- 
fait, mais de manière cependant à conserver quelque 
mobilité , parce que la lame osseuse est plus ou 
moins élastique à cet endroit. 

La base de la face palatine de ce bec se par- 
tage en quatre branches qui se hortent en arrière, 
en divergeantf , et qui sont tantôt arliculées et tantôt 
entièrement soudées à l’os du bec. Les deux exté- 
-rieures correspondent aux arcades zygomaliques ; 
elles sont généralement grèles et, vont s’articuler 
en arrière à un petit os particulier aux oiseaux, 
et nommé l'os quarré, qui se meut lui-même sur 
le temporal en avant de l'oreille. Les deux arcades 
intermédiaires correspondent aux apophyses pté- 
rygoides de l’homme et des mammifères. Elles 
restent presque parallèles , sont placées sous la 
cloison des orbites, et n’ont guères que moitié de 
la longueur des arcades zygomatiques ; maïs à leur 
extrémité postérieure tient un petit os grêlé, qui 
va aussi s’articuler à l’os quarré. Nous décrirons 
en détail toutes ces parties et les variations qu’elles 


ART. V. Os de la face. 71 


subissent, à l’article de la manducation, attendu 
que c’est d'elles que dépend la mobilité du bec 
supérieur dans les oiseaux. C’est à cet os quarré 
que s’arlicule le bec inférieur. 


D. Dans les reptiles. 


Dans le crocodile, la face ressemble à une 
moitié de cône irrégulièrement applati à sa face 
convexe. Elle est formée principalement par deux 
os maxillaires et deux nasaux disposés presque 
parallèlement, deux inter-maxillaires qui forment 
le bout du museau et qui entourent l’ouverture 
du nez comme un anneau. 

Les os analogues aux lacrymaux sont au nombre 
de quatre, deux de chaque côté. L’os de la pom- 
mette, qui est fort grand , après avoir formé le 
bord inférieur de l’oxbite et donné une petite apo- 
physe pour son bord postérieur, va directement 
en arrière se joindre à cette grande protubérance 
mastoïde, de manière que la fosse temporale ne 
communique au dehors que par un trou plus petit 
que l'orbite , et qu’elle est en grande partie cou- 
vérte par ces os comme par une voute. 

Les fosses nasales se continuent en un tuyau 
long et étroit jusque sous le trou occipital; elles 
sont percées dans les os du palais et dans un os 
particulier qui est l’analogue des apophyses pté- 
rygoïdes du sphénoïde. Il est situé précisément 
sous le crâne , et s’élargit de chaque coté pour 
former une espèce d’aile carrée et presque 

E 4 


72 VIII‘ Læcow. Ostéolagie de la tête. 


horizontale , qu’une branche osseuse transverse 
unit de chaque côté à l’os maxillaire et à celui 
de la pommette, de manière à laisser un grand 
trou dans la voûte du palais, de chaque côté. 

Dans le caméléon , la face est concave supé- 
rieurement, et bordée par une arête dentelée 
dans tout son pourtour. On y voit deux trous qui 
communiquent avec les orbites, et deux autres 
ovales qui répondent aux incisifs de la face pala- 
tine. Quant aux os qui forment la face, ils sont 
à peu près les mêmes que ceux du crocodile. Les 
autres lézards présentent moins de différence en- 
core. 

La grenouille et la salamandre ont les os du 
nez et inter-maxillaires très-courts et plus larges 
que longs, ce qui arrondit leur face en devant. 
L’os maxillaire est grêle et a à peine besoin de 
se rétrécir pour former Parcade zygomatique. Les 
orbites sont grands et n’ont point de plancher, de 
sorte qu’ils communiquent avec la fosse palatine. 
Les os palatins font le bord antérieur de la fosse 
orbitaire inférieurement ; ils ressemblent à des 
secteurs de cercle ; leur circonférence est munie de 
dents pointues. Le canal des narines est très-court 
dans la sa/amandre: ik n'y a qu’un simple trou 
dans la grenouille. 

La face du pipa est excessivement asia 
mais les os sont les mêmes que dans la grenouille ; 
les fosses orbitaires sont ovales, et on ne voit aucune 
ouverture qui ressemble au canal des narines. 


Ant. V. Os de la face 1 


La face des serpens est à peu près arrondie 
comme celle des lézards. Entre le frontal et le 
pariétal est un os particulier qui termine en arriére 
le cadre de l’orbite. I n’y a point d’os de la pom- 
mette dans ces animaux. On distingue assez bien 
deux os du nez, deux maxillaires supérieurs, deux 
inter-maxillaires , des os analogues aux arcades 
palatines des oiseaux, qui sont garnis de dents, et 
qui vont s’articuler sur los qui tient lieu du carré 
avec la mâchoire inférieure. Deux os particuliers 
unissent ces arcades avec les maxillaires supérieurs. 

Il y a de plus, dans les espèces à dents ou 
crochets venimeux, comme la vipère, le serpent 
à sonnettes, deux petits os particuliers, mobiles 
et articulés, qui supportent ces dents. Iis sont situés 
sur les os inter-maxillaires et sur l’extrémité an- 
térieure de la branche osseuse qui joint l’os maxil- 
laire supérieur avec l’arcade palatine. 

Dans les tortues, la face est arrondie en de- 
vant et bombée de toute part. On y remarque à 
peu près les mêmes os que dans le crocodile. Les 
os inter - maxillaires se soudent de bonne heure 
avec ceux de la mâchoire supérieure. Les ana- 
logues de celui de la pommette sont au nombre 
de trois; l’un qui s’articule avec le temporal et 
avec les deux autres: il est placé en arrière et 
forme l’arcade zygomatique. Les deux autres por- 
tions sont reçues sur l’extrémité antérieure : l’une 
se porte en dessus et s’unit à l’angle orbitaire du 
frontal ; l’autre se porte en bas et s'articule avec 


7h VIII Lxcon. Ostéologie de la téte. 
V'apophyse postérieure et externe de los maxillairé 
supérieur. 

Les os du palais sont larges et forment la voûte 
postérieure des fosses nasales. 


En général, les os de la face des tortues se 
couvrent les uns les autres par leurs bords taillés 
en lames minces, et il est très-diflicile d’en ap- 
percevoir les sutures. 


Dans les Zortues de mer, les fosses temporales, 
qui sont {rès-profondes, sont recouvertes. par une 
lame osseuse qui forme au dessus d’elles une voûte 
très solide. d 


E. Dans les poissons. 


Les poissons ont en général, comme les oiseaux, 
une cloison ou lame verticale entre les orbites 
qui descend de la base du crâne. Cette lame est 
très-remarquable dans l’anarrhique, où elle est 
entièrement osseuse. Dans le plus grand nombre 
des autres poissons, elle est membraneuse et sou- 
tenue inférieurement par une tige osseuse cana- 
liculée, qui se porte vers le bout du museau, où 
elle se soude en s’élargissant. C’est un os qui à 
quelque rapport avec le vomer. Il est fort alongé 
dans le rnerlan, le turbot, etc. 

Les os du palais sont petits: c’est sur eux qu’est 
reçue l'extrémité antérieure du vomer. Ils sont 
garnis de dents dans un grand nombre de poissons. 
La forme de ces dents, et la manière dont elles 


1 


Anr. V. Os de la face. 75 


sont disposées, varient beaucoup : c’est ce que nous 
verrons à l’article de la mastication. 

Deux os, et même quelquefois quatre, vont de 
la partie antérieure et supérieure du crâne jusqu’à 
l'extrémité antérieure du vomer : ils représentent 
les os du nez; ils recouvrent les nerfs olfactifs ; 
ils laissent entre eux un petit intervalle libre dans 
le silure casqué. 

Comme dans les oiseaux, il y a de chaque côté 
du crâne un grand os mobile qui porte la mâchoire 
inférieure et les arcades palatines ; maïs il sou- 
tient de plus ici l’opercule des branchies. Au lieu 
d’être carré, il est alongé, applati et courbé sur 
sa longueur, de manière à présenter en devant 
son tranchant concave, et en arrière ou aux bran- 
chies le tranchant convexe. Cet os est excessive- 
ment large dans les pleuronectes. Il reçoit des 
lames accessoires dans la perche, le brochet et 
un grand nombre d'autres poissons. 

Les arcades palatines paroïssent faire partie des 
os maxillaires supérieurs ; elles s’articulent sur 
Vos qui soutient la mâchoire inférieure; elles sont 
souvent applaties et rejetées sur les parties latérales 
de la bouche, comme dans la dorée , le merlan, 
_ le Aareng, etc. ; elles sont cylindriques vers leur 
partie moyenne, applaties en arrière, garnies de 
dents en avant, et situées dans la partie moyenne 
de la bouche dans le /oup de mer ou anarrhique. 

- Les arcades zygomatiques sont situées oblique- 
ment et en descendant de devant en arrière entre 


76  VIIT Lecow. Ostéologie de != tête. 


Vextrémité du museau , derrière les os inter- 
maxillaires et la partie moyenne ou postérieure 
de la mâchoire inférieure. Souvent leur extrémité 
postérieure w’atteint pas l’os analogue au carré des 
oiseaux : alors elle reste libre entre les chairs , 
comme dans le kareng, le brochet, la perche, la 
vive, et quelques pleuronectes , comme la plie 
et la sole. Ces arcades zygomatiques ne portent 
jamais de dents. 

Au devant des extrémités antérieures des arcades 
sont deux os munis ordinairement de dents. On 
peut les regarder comme des inter - maxillaires ; 
ils forment la partie antérieure du museau : ils 
sont très-gros et très solides dans l’ararrhique ; 
étroits et très-alongés en arrière dans le r2erlan, 
la perche, la vive; courts, triangulaires et ap- 
platis dans le brochet , les chœtodons. Celui du 
côté où les yeux ne sont pas est beaucoup plus 
développé dans les pleuronectes. 

Outre les deux apophyses orbitaires, antérieure 
et postérieure , que forme la partie antérieure du 
crane , il y a au dessous de l’érbite un os ou une 
suite de petits os qui complètent le cadre de cette 
cavité ; ils paroissent analogues aux os lacrymaux ; 
ils manquent au simulacre d’orbite qui se trouve 
sur un des côtés de la tête des pleuronectes. 

La face des chondroptérygiens, quoique semblable 
par sa composition à celle des autres poissons, en 
diffère cependant, parce qu’elle n’est arliculée avec 
le crâne qu’au moyen de l’os analogue au carré 
des oiseaux. 


Arr. VI. Fosses de la face. 
A RARE ES VE 
Des fosses de la face. 


À. Dans l’homme. 


EN regardant la face par devant, on appercçoit 
trois fosses principales : le nez et les deux orbites. 

L'ouverture antérieure du nez est ovale et échan- 
crée dans le bas par une petite épine; elle est 
bordée par quatre os, les maxillaires et les nasaux. 
Nous décrirons plus en détail l'intérieur de cette 
fosse à l’article de l’odorat. 

Les orbites sont deux fosses, dont le bord est 
irrégulièrement arrondi et presque rhomboïdal ; 
elles vont en se rétrécissant en entonnoir. Les bords 
de léur ouverture sont à peu près dans le même 
plan. Trois os contribuent à la formation de ces 
bords, le frontal, le maxillaire et los jugal. Sept os 
forment leurs parois ;savoir, le frontal, l’ethmoïde, 
le lacrymal , le palatin, le sus-maxillaire, le jugal et 
le sphénoïde. Leurs parois interne, externe et 
inférieure sont presque planes; la supérieure est 
concave. Les parois internes ou nasales des deux 
orbites sont parallèles entre elles. La paroi interne 
fait avec l’externe un angle d’environ 45, et les 
axes des deux orbites font ensemble un angle 
semblable. | 

En considérant la face par le côté, on y voit 
un grand enfoncement situé derrière l'orbite , appelé 


78 VIII LEço. Ost'ologie de la téte. 


fosse temporale : il est en grande partie impri- 
primé contre le crane. L’arcade zygomatique |asse 
comme un “pont sur cet enfoncement, qui pénètre 
d'autant plus vers la ligne moyenne de la tête, 
qu'il descend davantage. Sa partie la plus creuse 
est située entre la face postérieure du maxillaire 
supérieur et la partie adjacente du sphénoïde. 
Elle est située à la mème hauteur que l'arcade, 
et porte le nom de fosse zygomalique ; elle sert 
à loger des muscles : on la voit aussi en consi- 
dérant la face par dessous. mt 

On voit de plus, dans cette dernière situation, la 
fosse palatine ou la voûte du palais cernée en avant 
et de côté par les dents. L’extrémilé postérieure 
des fosses nasales et à leur côté les fosses ptéry- 
goïidiennes, situées entre les deux ailes de ce 
mom qui appartiennent à l’os sphénoïde ; enfin, 
tout l’espace compris entre le trou occipital et le 
bord postérieur du palais est nommé fosse gut- 
turale. 


BE. Dans les animaux. 


Nous allons considérer chacune des fosses de la, 
face à part dans toutes les classes d'animaux. 


1°. Fosses nasales. 


a. l'ouverture antérieure de la fosse nasale est, 


dans le 7ocko comme dans l’homme, plus large 
par en-bas. 


Dans l’orang-outang, les sapajous, les alouates 


Art. VI. Fosses de la face. 79 


et quelques guenons , elle est ovale, et sa plus 
grande largeur est dans le milieu. Dans d’autres 
guenons , comme le bonnet-chinois, etc. , dans 
les magots et les z7andrills, elle est plus large 
vers le haut. Tous ces animaux l'ont couchée sur 
la face et entourée par quatre os seulement, les 
nasaux et les inter-maxillaires. 

Dans les carnassiers , elle se rapproche davan- 
tage du hout du museau. Sa forme est à peu près 
ronde ou plus large vers le haut ; elle est plus 
inclinée en arrière dans le genre des phoques 
que dans les autres. 

Dans les rongeurs , elle tronque verticalement 
le bout du museau. Sa forme est celle d’un cœur, 
dont la partie large est en haut. 

Il en est à peu près de même dans les édentés. 

Cependant l'ouverture des narines des paresseux 
est entourée par six os; savoir, les inter-maxillaires, 
les maxillaires et les nasaux. Dans les fourmiliers, 
cette fosse se prolonge jusque vers le trou occi- 
pital. 
Les fosses nasales de l'éléphant s'ouvrent à 
peu près à égale distance entre le sommet de la 
tête et le bord alvéoiaire. Elles son! beaucoup plus 
larges que hautes , et représentent deux ovales joints 
ensemble. 

Parmi les pachydermes, les os d'1 nez du cochon 
forment une ayance pointue sur l'ouverture des 
fosses nasäles. Il y a entre leur pointe et la partie 
gorrespondante des os inter-maxillaires deux petits 


8o VIII Leçon. Ostéologie de la téte. « 


os particuliers, qui servent à renforcer le boutoir : 
on les a nommés os-du boutoir. Dans le rhAino- 
céros, et sur-tout dans le tapir , l’ouverture des 
narines s'étend beaucoup plus en longueur. Les 
os du nez avancent sur elle jusqu’au-delà de son 
extrémité antérieure dans le rhinocéros, et jusqu’au 
tiers de sa longueur seuiement dans le tapir : elie est 
entourée dans l’un et dans l’autre par six os. Dans 
VAippopotame , Vouverture du nez est très-large et 
dans une situation verticale au bout dy museau. 

Dans les ruminans, cette ouverture est très- 
grande, inclinée en arrière. Les os du nez ne 
forment qu’une courte avance dentelée dans les 
bœufs, les cerfs, le chameau et le chévrotin , 
pointue dans les antilopes, les brebis et les chèvres. 

Cette avance est longue et pointue dans le 
cheval. 

Le morse a au milieu du bout de son épais 
museau une petile ouverture arrondie. Dans le 
dugong et le lamantin, il y a une très - large 
ouverture ovale dirigée vers le haut: les os du 
nez sont très-pelits. 

L'ouverture des narines est dirigée vers le ciel 
ou même en arriére dans les cétacés. Elle est 
plus largé que longue, et entourée de six os : ceux 
du nez sont de petits tubercules, 

b. Les fosses nasales des oiseaux ne forment 
point un canal dirigé d'avant en arrière; mais 
seulement une cavité qui occupe l’épaisseur de la 
base du bec, et qui s’ouvre en dessus par les deux 


7 


Arr. VI. Fosses de la face. 81' 


narines, et en dessous par une fente que laissent 
entre elles les deux arcades palatines. Elle n’est 
point séparée de lPorbite en arrière par une lame 
osseuse; mais il y a. un espace plus ou moins 
grand qui n'est que membraneux. 

L'ouverture extérieure des narines est percée 
à la base de la surfacel convexe du bec. Sa figure 
et sa grandeur varient beaucoup : nous la ferons 
connoître à l’article de l’odorat. | 

c. La fosse nasale des tortues est un large 
espace qui occupe toute l’épaisseur du museau en 
ayant des yeux, et qui est fort court d'avant en 
arrière. Elle s’ouyre en dehors par un grand trou 
presque quarré , dont le plan est peu incliné, et 
en arrière par deux trous ronds qui répondent 
presqu'au milieu du palais: son ouverture anté- 
rieure est entourée par six os. 

Celle du crocodile est un long canal étroit qui 
règne depuis le bout du museau jusque sous 
Vocciput. Son ouverture antérieure regarde le ciel; 
elle n’est entourée que par les deux os inter- 
maxillaires seulement. 

D’autres lézards ont les narines ouvertes presque 
comme celles des oiseaux, c’est-à-dire en dehors 
sur le museau et en dedans au milieu du palais. 

Elles sont encore plus courtes dans les gre- 
nouilles. 

d. Les fosses nasales des raies et des squales 
sont de simples cavités creusées dans l'os et ne 
communiquant point avec la bouche. Il en est de 


2 F 


So VIII Lecon. Ostéologie de la téte. 


même dans plusieurs poissons osseux , tels que 
les 1rigles; maïs dans la plupart des autres ces 
fosses ne sont osseuses qu’en partie et sont com- 
plétées par des membranes. 


2°, Fosses orbitaires. 


a. Tous les singes ont les orbites dirigés en avant 
comme l’homme, et même l’angle que font leurs 
axes est plus petit. La forme de ces cavités, les 
os qui les entourent , ne présentent point de diffé- 
rence ; mais la figure de ses bords varie. Le jocko 
les à comme l’homme. L’orang - outang et les 
sapajous les ont d’un ovale unifomne, plus haut 
que large. Dans les guenons, l’arcade supérieure 
est moins courbe que le reste, ce qui produit un 
angle marqué du côté du nez : leurs fosses sont 
plus larges que hautes. Cette différence est encore 
plus grande dans les magots. 

T’angle que forment les axes des orbites s’agran- 
dit toujours dans les autres animaux, aïnsi que 
nous l’avons déja remarqué. Les bords de ces fosses 
sont à peu près ronds dans les carnassiers , les 
rongeurs, les édentés et lès pachydermes ;' mais 
il y a ioujours-en arriére un arc qui n’est point 
fermé! par les os: il n’y a même point de cléison 
entre l’orbite_et' la fosse ‘temporale. Nous avons 
déja indiqué, à l’article de la face, les différences 
qui existent dans le nombre et. tipo des.os qui 
contribuent à former cette fosse. 

Les ruminans ét lessolipèdes ont un orbite rond 


tt à D . fé: Le, ee 


. Arr. VI Fosses. de la face. 85 
dont le bord est complet ;-mais il n’est point séparé 
de la fosse temporale,.par.une cloison. 

La voûte de l’orbite des cétacés est demi-cir- 
culaire : leurs deux axes sont en ligne droite : il 
n’y a point du tout de plancher. 30 À 

b. Les fosses orbitaires des oiseaux sont sem- 
blables aux impressions qu’auroient-produites deux 
doigts, en serrant le crâne dans un état de mollesse. 
Elles n’ont point de. plancher osseux en dessous. 
La lame qui les sépare n’est quelquefois ossifiée 


qu’en partie. L'espace membraneux est même 


trés-large dans quelques espèces ; mais il »’y a 


‘rien de constant à cet égard. 


c. Les fosses orbitaires des reptiles ne sont 


jamais séparées de la fosse temporale par une cloi- 


son, mais seulement par une branche osseuse qui 
encore n’est complète que dans les Zézards. et les 


. tortues, et qui ne l’est point dans les grenouilles, 


les salumandres et les serpens. 

Le plan des bords de l’orbite est latéral dans 
les tortues , les serpens, le caméléon : il est plus 
ou moins dirigé vers le ciel dans le crocodile, 
les salamandres et les grenouilles. 

Sa figure varie de la circulaire à la triangu- 
laire. ; 

Le plancher n’est jamais complet : où il manque 
entièrement; ou il est percé d’un très-grand trou : 
il en est de même de la cloison, 

d. La fosse orbitaire des poissons varie beau- 
coup par sa figure, sa direction el la composition 

F a 


84 VIII Lecox. Ostéologie de la téte. 


de ses bords. Latérale dans la plupart des poissons ; 
elle regarde le ciel dans quelques-uns, comme 
l’uranoscope et une multitude d’autres. Les pleu- 
ronectes n’en ont qu’une seule de parfaite. On 
peut à peine discerner la seconde dans leur sque- 
lète, parce qu’elle est transportée du même côté 
que l’autre, extrêmement petile et difforme, 


Le bord inférieur est formé dans les uns par 
une pièce continue analogue à l’os de la pommette, 
et dans d’autres par une série de petits os suspéndus 
par des ligamens, ou articulés les uns avec les 
autres : il y en a le plus souvent oinq. 


Il n’y a jamais de séparation osseuse entre les 
orbites et les fosses temporales et palatines. 


3°. Fosse temporale. 


a. L’étendue de la fosse temporale dépend de 
la grandeur de l’espace creusé sur le côté du crâne 
et de la convexité en dehors de l’arcade zygoma= 
tique. Cette fosse est entièrement occupée par le 
muscle crotaphite ou releveur de la mâchoire in- 
férieure : nous croyons plus à propos de renvoyer 
son étude à l’article de la manducation. 


Il en sera de même des fosses palatine, pté- 
rygoidiennes et gutturale. 


ArT. VH. Trous de lu face. 85 
"ARTICLE VIT 
Des trous de la face. 


A. Daus l’homme. 


LA fosse orbitaire communique avec l’intérieur 
du crâne par le trou optique et par la fente sphéno- 
orbitaire, dont nous avons déja parlé ; avec la 
portion profonde de la fosse temporale, par la fente 
sphéno - maxillaire, qui s’étend entre Paile orbi- 
taire du sphénoïde et la face orbitaire du maxil- 
laire, qui ne se joignent point ensemble : c’est par 
cette fente que la partie des nerfs de la cinquième 
paire pénètre de l'orbite dans la fosse tempo- 
rale; avec la fosse nasale , par un ou deux petits 
Tous, placés tantôt dans le frontal, tantôt dans sa 

ure avec l'os planum : on les nomme trous 
orbitaires internes antérieurs: ils livrent passage 
* au nerf nasal qui provient de la branche ophthal- 
mique de la cinquième paire; et par le canal 
lacrymal creusé le long du bord interne de cette 
fosse, partie dans l’apophyse montante de l'os 
maxillaire, et partie dans l’os lacrymal; il descend 
presque verticalement dañs le nez; il loge le canal. 
Jacrymal. dec 

La fente de MNT se prolonge un peu 
en descendant dans la fosse temporale. Tout-à- 
fait dans sa partie la plus profonde est le trou 
sphéno-palatin, formé par une échancrure de 

F5 


86 VIII -Lecow. “Ostéologie - de: Ta ‘tête. 
la partie de l’os du palais qui s'articule avec le 
corps du sphénoïde ; il donne en partie dans le 
nez, et sert en partie d’orifice à un petit eonduit 
qui descend entre l’os palatin et l’apophyse pté- 
rygoïde, et finit par s’ouvrir vers l’angle postérieur 
de la voûte du palais par un trou qu’on nomme 
gustatif,\ ou gustatif postérieur. [1 laisse passer 
une petite branche du nerf de la cinquième paire 
vers son rameau maxillaire supérieur. 

Il ya encore dans cette même voûte du palais, 
dans sa suture moyenne, immédiatement derrière 
les dents incisives, un trou impair nommé 2ncisif. 
C’est. par ce trou que passent des rameaux du 
nerf maxillaire supérieur. 

Enfin ; sur le devant de la face, sous Torbite 
on apperçoit un trou nommé sous-orbilaire,, Q 
sert d’issue à un petit canal creusé sous le planct 
de. l'orbite , par ‘lequel passe la terminaison 
nerf maxillaire supérieur. On en remarque aussi 
un béaucoup':plus petit au dessus de l'orbite, qui 
n’est quelquefois : qu’une ‘échancrure, et qu’on 
nomme trou surcilier , par leqüel-passe la branche 
frontale du nerf RL ue 


B. Dans Les animaux. 


Nous Sie maintenant considérer les princi- 
paux trous de la face, et les suivre dar toutes 
les classes d'animaux. 


Nous renvoyons le canal lacrymal à l’article 
des yeux. 


ART. VII Trous de la face: 87 


1°. Fente sphéno-maxillaire. 


La fente sphéno-maxillaire des singes est beau- 
coup plus courte, à proportion, que celle de 
l’homme. Elle se réduit à un simple troù dans 
quelques sapajous ; elle est entiérement fermée 
‘dans l’alouate ; elle est remplacée en partie par 
untrou du crâne situé derrière l'orbite à l'endroit 
le plus profond de la fosse zygomatique, et pro- 
bablement aussi par un assez grand trou rond percé . 
dans l’os de la pommette. 3° 

Dans tous les animaux qui n’ont pas de cloison 
entre l'orbite et la fosse temporale, il nya point 
de fente sphéno - temporale : ainsi elle n'existe 
ni dans les mammifères différens des quadrumanes, 
ni dans aucune autre classe. 


( 


2°. Trous orbitaires internes. 


Les trous orbitaires internes, antérieur et pos- 
terieur, sont très-petits dans les singes. Le der- 
“nier manque même souvent : il est percé dans los 
frontal. x at es 

Dans les carnivores, le trou antérieur est très 
grand ét se trouve placé à la partie inférieure de 
l'orbite dans l’os maxillaire. Le trou- postérieur 
se termine dans le crâne par une ouverture placée 
en arrière et au dessus de la lame criblée. 

Dans les rongeurs, le trou antérieur est comme 
dans les carnassiers; le postérieur est plus petit, 
situé absolument en arrière de la lame criblée, 

F 4 


88 VIIE Lrcox. Ostéologie de la téte. 


Dans les édentés, le trou orbitaire interne an- 
térieur est situé absolument dans le bas de l'orbite 
et perce los palatin; le postérieur au contraire 
est situé au dessus et un peu au devant de l’or- 
bite dans lPépaisseur de l'os frontal. 

Dans l’éléphant, les deux trous orbitaires in- 
ternes sont percés dans l’os frontal ; l’antérieur , 
un peu au devant de la fente orbitaire, et le pos- 
térieur , sous le feuillet osseux qui recouvre cette . 
_ fente. L'ouverture de celui - ci dans le crâne est 
située en arrière, et un peu au dessus de la lame 
criblée. 

Il en est à peu près de même dans les pachy- 
dermes. 

Dans les ruminans et dans les solipèdes, le 
trou orbitaire interne antérieur est très- grand, 
percé dans le bas et au devant de l’orbite entre 
l'os palatin et l’os sphénoïde ; le postérieur est aussi 
considérable , et se porte sur les côtés et en arrière 
de la lame criblée. 

-. On a beaucoup de peine à reconnoitre ces trous 
dans les cétacés, parce qu’ils sont recouverts par 
des lames osseuses : ils sont très-petits. 

Les trous orbitaires internes n’existent pas dans 
les animaux diflérens des mammifères. 


3°. Trou incisif. 


a. Le trou incisif appartient aux os inter-maxil- 
laires dans tous les mammifères ; il est simple et 
petit dans l’£omme, le jocko et l’orang-outang; 


AETRE D  TT 


AnT. VIL Trous de la face. 89 


gmais il s'agrandit un peu dans les autres singes, 
et dans les carnassiers il est double. 


Parmi les rongeurs, les lèvres l’ont extrême: 
ment grand et occupant même plus d'espace que 
la partie solide du palais. Dans les autres genres 
ils sont moindres ; ils occupent à peu près le milieu 
de l’espace compris entre les incisives et les mo- 
laires. j 
Les édentés, qui n’ont que de très- petits os 
inter-maxillaires, ont aussi le trou incisif petit et 
placé tout près du bout du museau. ; 

Il est simple et alongé dans le fapir et le rh1- 
nocéros ; remplacé par un long canal étroit dans 


l'éléphant. 


Les ruminans l’ont extrémement grand, ovale 


-et double tout au bout du museau. 


Ils sont à peu près semblables, mais moindres, 
dans les chevaux et les cochons. 

IL est presque nul dans le znorse; petit et fort 
éloigné du bord alvéolaire dans le dugong; simple, 
ovale; grand, tout près du bout du museau, dans 
le Zamantin. 

Les cétacés n’en ont aucun. . 


b. Dans quelques oiseaux , comme le Aéro, 


le flamant , Vaigle, ete., les trous incisifs sont 
‘nombreux et petits; il n’y en a qu’un médiocre 


et placé vers la base du bec dans le canard, 
le Æocco, le cormoran., la spatule , etc. Le 
casoar Va petit et situé vers la pointe du bec, 


go VIII Lxcox. Ostéologie de la téte. 


Les chouettes, les cogs, l'ont assez grand: il est 
énorme dans lautruche. 


_c. Le trou incisif du crocodile est considérable, 
ainsi que celui de la grenouille et de la sala- 
mandre. La tortue en a deux très-petits : nous 
n'avons pu les voir dans les autres Zézards. 


d. Il ne peut pas y avoir de trou incisif dans 
les poissons , puisqu’il n’y a point de cavité nasale 
proprement dite. 


4°, Trou sous-orbitaire. 


Le trou sous-orbitaire n’est simple que dans le 
jocko. Il y en a deux petits dans l’orang-outang 
et les sapajous ; trois dans la plupart des gue- 
nons et des magots ; quatre owcinq dans les 
cynocéphales et les mandrills : le macki n’en a 
qu'un. 

Il n’y en a de même qu’un qui mérite plutôt 
le nom d’anté- ou de præ-orbitaire, qui est assez 
grand, dans lés carnivores; il est situé plus en 
avant dans les chiens que dans: les autres genres. 


Dans les rongeurs, il est simple et excessive- 
ment large. Dans les cabiais , les agoutis, les 
porcs-épics; les rats, et sur-tout dans les ger- 
boises , il égale: presque l’orbite en largeur ; ‘il 
y est percé idans l’apophyse malaire du maxil- 
Jaire. … © 

Dans les autres genres de rongeurs, comme les 
Zièvres, les castors, les écureuils, les marmottes, 


ART. VIL Trous de la face. 91 


il est petit et placé sur ou même devant les pre- 
mières molaires. 

Tl'est simple et petit dans les paresseux, mais 
dans les édentés à long museau il forme un canal 
creusé dans la base de l’apophyse malaire de los 
maxillaire. 

L’éléphant Va assez grand et percé dans la 
base de‘ l’apophyse malaire. 

Les autres pachydermes l'ont à peu près comme 
le chien. 

Il en est de même des ruminans et des solipèdes. 

Les phoques, le morse et les lamantins V’ont 
placé dans la base de l’apophyse malaire. 

Il y en a trois ou quatre dans les célacés, 
situés dans une ligne longitudinale : l’un d’eux 
est même percé dans l’os inter - maxillaire. Les 
supérieurs ont une direction rétrograde. La po- 
sition de l’os maxillaire dans ces animaux fait que 
ces trous sont au dessus de l’orbite, au lieu d’être 
au dessous. | 

Il n’y en a-pas dans les oïseaux , ni dans leg 


autres classes, attendu que les mammifères ont 
seuls des lèvres. 


5°. Canal sphéno-palatin. 


Le canal sphéno-palatin des singes ne diffère 
point de celui de l’homme. 

Mais dans tous les animaux dont la fosse tem- 
porale n’est point séparée de l’orbitaire par une 
cloison , on en distingue très-facilement l'ouverture 


g2 VIII Lecow. Ostéologie de la tête. 


supérieure siluée dans le bas et sur le devant de la 
fosse temporale; elle donne toujours entrée à deux 
canaux, dont l’un va dans le nez, et l’autre au 
palais. Ce dernier est quelquefois très- court ; il 
a souvent deux. ou treis ouvertures palatines ; il 
est presque horizontal dans les cétacés. 

Il n’y en pas dans les oiseaux; mais on le re- 
trouve dans les reptiles sous la forme d’un simple 
trou percé dans l’os palatin, et non d’un canal. 


NEUVIÈME LEÇON. 
Du cerveau des animaux vertébrés. 


ARTICLE PREMIER. 


De l’organisation du systéme nerveux en 
général. 


: OR nerfs et le tronc commun auquel ils abou- 
tissent tous , c’est-à-dire la moelle de l’épine et 
l’encéphale , sont l’organe commun et intérieur 
des sensations et de la volonté. 


Quelque action que les corps extérieurs exercent 
sûr le nôtre, nous n’en avons le sentiment qu’au- 
tant que les nerfs qui se terminent à la partie 
qui recoit cette action, remontent librement jusqu’à 
la moelle de l’épine et par suite au cerveau. 


Si on lie ces nerfs, ou qu’on les coupe, toutes 
les parties auxquelles ils se rendent deviennent 
insensibles , quelque voisine que soit du cerveau 
la ligature ou la section. 


Ainsi, si on lie ou qu’on coupe la moelle elle- 
même dans le cou, tout le corps devient paraly- 
tique et insensible , quoique les viscères puissent 
conserver quelque temps leurs mouvemiens, à 


du IX° Leçon. Du cerv. des anim. vertébrés. 


cause qu'ils reçoivent une grande partie de leurs 
nerfs immédiatement du cerveau ; enfin une com- 
pression générale du cerveau supprime sur-le- 
champ toute espèce de sensation. 

Ces observations ont fait naître l’idée du ser- 
sorium commun, où d’un centre auquel abou- 
tissent les impressions de tous les nerfs et qu’on 
suppose dans le cerveau. k 

Mais il y a plusieurs animaux dans lesquels 
cette union d’une branche de nerf avec leur tronc 
commun nest pas nécessaire pour produire le 
sentiment: on peut, par exemple, enlever en- 
tiérement le cerveau d’une tortue, d’une gre- 
nouille, sans que ces animaux cessent de montrer 
par leurs mouvemens qu'ils ont encore des sen- 
sations et une volonté. $ 

Il y a des insectes et des vers qui, étant coupés 
en deux ou en plusieurs morceaux , forment à 
l'instant même deux ou plusieurs individus qui 
ont chacun leur sytème de sensation et leur volonté 
propre : ce n’est que dans les animaux les plus 
parfaits et les plus voisins de l’homme que l’assem- 
blage des diverses parties du système nerveux, et 
sur-tout la présence de ses parties centrales , est 
absolument nécessaire pour que les fonctions dé 
ce système aïent lieu. - 

Cette nécessité est-d’autant plus grande que les 
parties centrales sont plus volumineuses ,| propor- 
tionnellement aux ramifications : plus la. masse 
de matière médullaire est également réparte, 


» 
\ 


Arr. I. Organisat, du systéme nerveux. 05 


moins le rôle des parties centrales est essentiel. 
Les animaux dans lesquels cette substance qui 
donne les sensations est répandue dans tous les 
points du corps et non rassemblée en filets, c’est-à- 
dire les polypes, peuvent être divisés, pour ainsi 
dire , à l’mfini, et chacun de leurs fragmens de- 
vient un individu doué de son 7204 particulier. 


On pourroit penser d’après cela qu’au fond toutes 
les parties du système nerveux sont homogènes 
ét susceptibles d’un certain nombre de fonctions 
semblables, à peu près comme les fragmens d’un 
grand aimant que l’on brise deviennent chacun 
un*aimant plus petit qui a ses pôles et son cou- 
rant; et que ce sont des circonstances accessoires 
Sbléhont et la complication des fonctions que ces 
parties ont à remplir dans les animaux très-élevés 
qui rendént leur concours nécessaire, et qui font 
que chacune d’elles a une destination particulière. 


Il paroït en effet, quant à ce dernier point, que 
si certains nerfs ne nous, procurent que des sen- 
sations déterminées , et que si d’autres ne rem- 
plissent également que des fonctions particulières, 
cela est dû à la nature des organes extérieurs 
dans lesquels les premiers se terminent, et à la 
RÉ de vaisseaux sanguins que reçoivent les 
autres, à leurs divisions, à leurs réunions, en un 
mot ; à toute sorte de circonstances accessoires 
plutôt qu’à leur nature intime. 


C’est ce que nous allons voir, en examinant en 


06 IX° Leçon. Du cerv. des an. vertébrés. 


général la distribution du système nerveux, sa 
texture et sa substance. 

Quant à la distribution, on remarque que dans 
tous les animaux qui ont des nerfs distincts, ces 
nerfs naissent d’une masse commune qui, le plus 
souvent, se prolunge en une espèce de queue, 
nommée n20elle épinière. L’extrémité antérieure 
de cette queue est toujours plus ou moins renflée 
en plusieurs tubèrcules ou éminences qui , dans 
les animaux à vertèbres, sont situés dans la tête, 
et portent le nom commun d’ezcéphale. 

Il y a des animaux (quelques mollusques) dans 
lesquels il n’y a qu’une masse sans prolongement. 

Les nerfs naissent par paires de ce tronc com 
mun ou de la masse qui en tient lieu, et ils se 
ramilient comme les branches d’un arbre pour se 
rendre aux parties qu’ils doivent animer... 

Quelques-uns de ces nerfs ont une origine simple ; 
mais la plupart naissent ou sortent du tronc par 
plusieurs filets, qui se réunissent ensuite pour for- 
mer un faisceau commun. 

Les branches principales de nerfs ne vont pas 
toujours en se subdivisant : il arrive au contraire 
très-souvent que plusieurs branches, soit du même 
nerf, soit de nerfs très - diflérens , se réunissent 
et se reséparent de différentes manières pour for- 
mer des plexus d’où naissent de nouveaux troncs 
de nerfs. 

Les rameaux ne vont pas non plus toujours en 
. Sminuant de grosseur à mesure qu'ils se divisent; 


Arr. I. Organisat. du systéme nerveux. 97 


très-souvent un rameau se trouve plus gros que 
la branche dont il part. 

Il est même facile de voir que les nerfs doivent 
aller en grossissant vers les extrémités ; car la 
peau qui est sensible par-tout, et qui a par con- 
séquent des nerfs par-tout, est plusieurs centaines : 
de fois plus grande en surface que toutes les ra- 
cines des nerfs prises ensemble. 

Il y a des cordons nerveux qui établissent une 
communication entre une multitude de nerfs très- 
différens, en se rendant de l’un à l’autre. Presque 
toujours il y a à l’endroit de ces communications 
un renflement, ou une petite masse de matière 
médullaire , qui semble n'être qu’un plexus plus 
resserré , et qu’on nomme ganglion. 

Très-souvent des filets venant de plusieurs nerfs 
se réunissent dans un pareil ganglion, et il en 
sort d’autres filets qui vont se rendre à diverses 
parties. | à 

Quelquefois aussi un nerf simple se renfle pour 
former un ganglion , et se rétrécit ensuite. 

D'après cette description sommaire , on voit que 
la comparaison du système nerveux à un tronc 
et à des branches n’est pas parfaitement exacte. 
On doit plutôt le considérer comme un réseau 
compliqué, dont la plupart des fils communiquent 
les uns avec les autres, et où se trouvent en 
différens endroits des masses ou des renflemens 
plus ou moins marqués, qui peuvent être regardées 
comme les centres de ces communications. 

2 G 


08 IX° Leçon. Du cerv. des an. vertébrés. 


Cependant la partie moyenne de ce réseau 
conserve toujours une grandeur plus considérable, 
une connexion plus immédiate et une influence 
plus forte sur toutes les autres parties. 


Mais les degrés de cette influence varient autant 
que ceux de sa grandeur proportionnelle. 


Dans les animaux d’un ordre élevé, la moelle 
épinitre est incomparablement plus grosse que 
les nerfs qui en sortent, et l’encéphale surpasse 
encore beaucoup la moelle épinière en grosseur. 
Ces deux circonstances sont plus remarquables dans 
l’homme que dans tout autre animal. Son cerveau 
est le plus gros de tous à proportion du reste du 
système nerveux. Dans les autres animaux à sang 
chaud, le cerveau diminue de volume à propor- 
tion que la moelle alongée et épinière grossit. 
Dans les animaux à sang froid , et sur-tout dans 
quelques poissons, l’encéphale surpasse à peine 
la moelle alongée en grosseur. Dansles mollusques , 
il ny a qu'un cerveau, d’où les nerfs partent 
comme des rayons pour aller former des ganglions 
épars presque aussi gros que le cerveau lui-même. 
Dans les insectes, le cerveau n’est guères plus 
gros que chacun des nombreux renflemens de la 
moelle épinière, et il produit ses nerfs de la même 
manière que ces renflemens produisent les leurs. 
À mesure que l’on descend dans l’échelle des 
animaux , on trouve donc la substance médullaire 
moins concentrée dans une région particulière du 


Arr. I. Organisat. du systéme nerveux. 9G 


système, et plus également distribuée entre toutes 
ses parties. 

La texture du système nerveux peut être con- 
sidérée dans le cerveau, dans la moelle alongée 
et épinière, dans les nerfs et dans les ganglions. 

Le cerveau des animaux à sang rouge et à 
vertèbres présente une masse plus ou moins 
épaisse , plus ou moins molle, facile à couper et 
à écraser , légèrement gluante, et dans laquelle 
on remarque deux substances principales, la cor- 
ticale et la médullaire, et deux autres moindres 
en étendue, la r2o/le et la noire. Le cerveau 
des animaux à sang froid est plus mou que celui 
des animaux à sang chaud:il y a des pou 
qui l’ont presque fluide. 

La substance corlicale est rougeâtre et demi- 
transparente ; elle paroït homogène à l'œil. Ce- 
pendant les injections y pénètrent jusq’à un cer- 
tain point , et montrent qu’elle est en grande partie 
composée de vaisseaux sanguins. Sa position, re- 
lativement à la substance médullaire, varie selon 
les divers endroits du cerveau; mais, dans le 
pourtour des hémisphères et du cervelet, elle 
est à l’extérieur : de là son nom. La limite entre. 
ces deux substances est tranchée : elles ne se. 
changent point par degrés l’une dans l’autre. La 
substance corticale n’a point de sensibilité : sa 
quantité proportionnelle va en diminuant dans les 
animaux à sang froid : il y en a plus à propor- 
tion dans l'homme que dans les autres animaux. 

G 2 


100 IX° Lecon. Du cerv. des an. vertébrés. 


La substance médullaire est blanche, opaque, 
plus ferme que la corticale; elle paroït à l'œil 
composée de fibres très- fines dont les directions 
varient. On n’y distingue”que peu de vaisseaux, 
et les injections ne pénètrent point dans son tissu 
intime. Elle occupe la plus grande partie de l’in- 
iérieur du cerveau, et la moelle alongée et épi- 
nière en sont des prolongemens. Leur texture est 
toute semblable à celle de la partie médullaire du 
cerveau. On y remarque de même des apparences 
de fibres, et il s’y mêle dans l’intérieur quelque 
peu de substance grise. 

La substance molle est grisâtre , demi-transpa- 
rente, presque fluide; elle tapisse en quelques 
endroits la surface du cerveau. La substance noire 
ou noirâtre teint la substance médullaire en deux 
endroits. 

Les substances médullaire et corticale des ani- 
maux à sang blanc ne présentent point de diffé- 
rence dans leur couleur , et on a même assez de 
peine à en observer dans leur consistance. Il n’y 
a que les crustacés et les insectes qui aient une 
«espèce de moelle épinière; elle est formée d’un 
double cordon médullaire, réuni d’espace en espace 
par des ganglions : on pourroit peut-être la regar-. 
der plutôt comme un nerf grand sympathique. 

La texture des nerfs doit être considérée, dans 
leur cours , à leur extrémité cérébrale ou à leur 
origine, et à leur terminaison dans les parties. 

Le nerf n’est pas seulement cnveloppé par des 


ArT. L Organisat. du systéme nerveux. 104: 


membranes qui paroissent être la continuation de 
celles qui entourent le cerveau. Ces membranes, 
auxquelles des modernes ont donné le nom de 
névrilème , pénètrent aussi dans l’intérieur, et y 
forment des cloisons qui séparent les filets mé- 
dullaires les uns d’avec les autres. On peut dis- 
soudre la substance médullaire par des lessives 
alcalines : il ne reste alors que les tuyaux formés 
par le névrilème. On peut dissoudre celui-ci par 
les acides : alors restent les filets médullaires: on 
voit qu’ils sont mélés et anastomosés ensemble de 
plusieurs manières. Les nerfs reçoivent beaucoup 
de sang qui est transmis à leur substance par les 
vaisseaux du névrilème , comme le sang du cer- 
veau lui arrive par les vaisseaux que la pie-mère 
lui fournit. 

On donne le nom d’origine des nerfs à leur 
partie la plus voisine du cerveau ou de la moelle 
de l’épine, lorsqu'ils ne sont point encore entrés 
dans l’étui que leur fournit la dure-mère. 

Quelques nerfs paroissent tirer les fibres mé- 
dullaires qui les composent de la surface de quel- 
qu’une des parties du cerveau : tels sont notam- 
ment les nerfs olfactif et optique dans tous les 
animaux à sang rouge, et l’acoustique dans les 
mammifères et dans les oiseaux. D’autres semblent 
sortir de l’intérieur même de sa substance , où on 
peut en suivre les racines, comme celles d’un 
arbre dans la terre. T'el est sur - tout le nerf de 
la troisième paire dans les mammifères; mais la 


G 5 


102 IX° Lecow. Du cerv. des an. vertébrés. 


plupart des nerfs naissent par plusieurs filets qui 
tiennent à la moelle alongée ou épinière, et qui 
se rapprochent pour former les troncs nerveux : 
cela est du moins ainsi dans tous les animaux à 
sang rouge pour les nerfs qui suivent l’acoustique, 
c’est-à-dire à compter de la paire vague. 

Il est probable que tous les nerfs pénètrent dans 
la substance du cerveau et de la moelle plus pro- 
fondément que les yeux ne peuvent les y suivre. 
On a même cru qu'ils s’y. croisent, de manière 
que ceux qui se rendent du côté gauche du corps . 
viennent du côté droit du eerveau, et récipro- 
quement. Il est certain que des blessures faites à 
un côté du cerveau ont souvent produit une pa- 
ralysie au côté opposé du corps. On voit aussi 
clairement la croisure des nerfs optiques des pois- 
sons , et on la conclut dans les autres animaux, 
de ce que l’un des deux est souvent plus petit au 
dessus et au dessous de l’endroit où ils se con- 
fondent en se croisant. Les fibres qui composent 
la moelle de l’épine semblent aussi se croiser dans 
le sillon qui la divise. 

Dans les animaux à sang blanc La nerfs sortent 
simples du cerveau ou des autres ganglions qui 
leur donnent naissance ; mais ils ne sortent jamais 
immédiatement de la moelle de l’épine. On ne 
peut distinguer leurs fibres sur ni dans ces gan- 
glions où tubercules. 

La terminaison des nerfs est différente, selon 
les parties auxquelles ils se rendent. Ceux qui se 


Anr. I. Organisat. du systéme nerveux. 103 


distribuent dans l’intérieur sont accompagnés par 
le névrilème jusqu’à leurs extrémités les plus 
imperceptibles. Le nerf optique se termine par 
une expansion nerveuse qui tapisse l’intérieur de 
l'œil; lacoustique, par des filets qui nagent dans 
une pulpe gélatineuse. Les nerfs du goût se dilatent 
dans les papilles de la langue ; ceux du toucher 
se terminent dans celles de la peau, etc. 

Les ganglions des animaux à sang rouge ne 
paroissent différer des plexus nerseux que parce 
que les filets qui les composent sont plus serrés 
et plus intimement unis ; même les ganglions 
simples, c’est-à-dire formés par un seul nerf, se 
résolvent dans la macération en plusieurs filets 
qui s’anastomosent ensemble. 

Il paroït qu'il en est de même dans les mol- 
lusques ; mais dans les crustacés, les insectes et 
les vers, les ganglions ne sont que des renfle- 
mens homog@ñes. du cordon médullaire auquel ils 
tiennent. 

On voit, par tout ce qui précède, que nous 
n'avons que des notions très-bornées sur le véri- 
table tissu de cette substance médullaire, qui fait 
véritablement la partie essentielle du système ner- 
veux. Est-ce un simple amas de vaisseaux excré- 
teurs ? est-ce une espèce de glande , un parenchyme? 
est-ce simplement une masse homogène comme: 
un métal fondu ? Chacune de ces opinions a ses 
partisans et ses adversaires. 

La nature chimique de cette substance médullaire 

& 4 


104 IX° Læecon. Du cerv. des an. vertébrés. 


n’est pas non plus entièrement connue. Cependant 
on voit déja qu’elle diffère essentiellement des 
autres matières animales ; elle est soluble dans la 
potasse caustique et en partie dans lhuile ; elle 
n’est point grasse; elle ne donne point d'huile par 
l'expression ; elle se délaye dans l’eau sans s’y 
dissoudre. L'alcool en extrait à chaud une subs- 
tance qui se précipite lors du refroidissement en 
aiguilles ou en petites lames, qui se laïsse écraser 
et étendre entre les doigts, se ramollit un peu à 
la chaleur de l’eau bouillante, noircit à une cha- 
leur plus grande, et se brûle, sans se fondre, en 
répandant la même odeur et en laissant le même 
charbon que les autres substances animales. La 
partie médèllaire des nerfs présente les mêmes 
résultats chimiques que la partie médullaire du 
cerveau. 


ARTICLE IE 
Du systéme nerveux considéré en action. 


LE système nerveux est susceptible d’une action 
relative à notre faculté sensitive, et d’une autre 
qui ne concerne que nos fonctions vitales et vé- 
gétatives. À la première de ces actions se rappor- 
tent les sensations et les mouvemens volontaires; 
à-la seconde, tient l’influence des nerfs sur | 
la digestion, la circulation et les sécrétions. Les 
sympathies et les changemens physiques, qui sont 


1 


Art. II. Action du systéme nerveux. 105 


la suite de certaines idées ou de certaines passions, 
semblent participer de ces deux espèces d'actions. 


Les sensations se divisent en externes, internes 
et spontanées. Les premières sont produites par 
les corps extérieurs qui viennent frapper nos sens. 
Les secondes, par des changemens d’état qui arri- 
vent dans les parties intérieures du corps où les 
nerfs se rendent. Les troisièmes ressemblent aux 
unes et aux autres, quant à l'effet; mais elles ont 
pour cause un changement qui arrive dans les 
nerfs ou dans le cerveau même, sans être pro- 
‘voqué extérieurement. Les sensations que nous 
avons dans les songes ressemblent absolument à 
celles que produisent les corps exlérieurs : cepen- 
dant elles ne doivent leur origine qu’à des mou- 
vemens qui naissent dans le cerveau par des 
causes intérieures , €t elles peuvent être excilées 
ou calmées par certains remèdes. 


Des hommes qui ont perdu les yeux rêvent 
souvent qu’ils voient : ceux qui ont perdu le bras 
croient quelquefois, même étant éveillés, y res- 
sentir des douleurs, etc. 


Ces sortes de sensations contribuent à éclaircir 
la marche des autres ; elles confirment ce que les 
sections et les ligatures des nerfs avoient déja 
appris, que ce n’est pas dans les organes exté- 
rieurs que nous sentons, mais seulement dans le 
centre du système nerveux, et que les organes 
extérieurs ne servent qu’à recevoir l’action des 


106 IX° Leçon. Du cerv. des an. vertébrés. 


corps et à la transmettre aux nerfs qui la pro- 
pagent plus loin. | 

Elles nous montrent de plus'que cette propaga- 
tion n’est pas due à quelque substance ou à quelque 
ébranlement que les corps extérieurs pourroiené 
seuls communiquer, mais à un changement d’etat 
qui peut naîlre de causes internes. 

Ce changement peut aussi être produit par des 
causes externes toutes différentes de celles qui l’occa- 
sionnent ordinairement. Un coup sur l'œil, le contact 
des deux métaux différens, dont on place l’un sous la 
lèvre supérieure, l’autre sous la langue , nous font 
voir un éclair, tout comme si la lumière avoit 
vraiment frappé notre œil. Cela ne peut s'être 
fait qu’en établissant dans le nerf optique un chan- 
gement semblable à celui que produit la lumière. 

D’autres phénomènes fournissent quelques no- 
tions de plus sur la nature de ce changement 
d’état. Il semble , par exemple, que la faculté de 
sentir se consomme ou s’épuise, non seulement 
en général dans un corps fatigué de sensations 
trop vives et trop soutenues, mais aussi dans chaque 
organe en particulier. Des sensations foibles ne 
se font presque pas appercevoir lorsqu'elles suc- 
cèdent à des sensations beaucoup plus fortes. La 
même sensation s’affoiblit par la durée, quoique 
les corps extérieurs qui la causent restent les 
mêmes. Par exemple, si après avoir regardé fixe- 
ment le ciel lors du crépuscule, dans un point où 
quelque corps obscur se projette sur le fond bleu, 


Arr. Il. Action du systéme nerveux. 107 


on détourne la vue sur une autre partie du ciel, 
on verra toujours la figure de ce corps obscur ; 
mais, elle sera plus éclairée que le reste du ciel. 
C'est que la partie de la rétine sur laquelle l’ombre 
tomboit, sent plus vivement la lumière que le 
reste de cette membrane , qui étoit déja exposé 
à la lumière lorsque cette partie-là se reposoit. 
C'est la raison contraire qui fait que les yeux qui 
ont fixé un corps très - lumineux voient pendant 
quelque temps une tache obscure de même contour 
que ce corps, qui les suit par - tout où ils se 
portent. 

Les autres sens présentent des exemples pareils, 
mais un peu moins évidens, parce qu’on a l’avan- 
tage de comparer ici deux parties d’un même 
organe également frappées, mais dont l’une l’est 
depuis plus long-temps que l’autre. , 

Cette expérience montre que les nerfs ne ser- 
vent pas simplement d’une manière passive dans 
les sensations ; qu'ils ne sont pas seulement les 
conducteurs d’une matière fournie par les corps 
extérieurs , ni même les réservoirs d’une maticre 
qui ne seroit qu'ébranlée par ces corps, mais que 
la substance qui produit les sensations est sujette 
à se consommer ou à perdre de son activité par 
l'usage. 

Il y a des phénomènes qui montrent que la 
susceptibilité générale des nerfs pour les sensations 
peut varier par des causes extérieures aux nerfs 
eux - mêmes, qui ne peuvent guères agir qu’en 


», 
108 IX° Lecon. Du cerv. des an. vertébrés. 


altérant leur substance. Certains remèdes affoiblis- 
sent ou raniment cette susceptibilité : une inflam- 
mation l’exalte souvent à un point excessif : est-ce 
en augmentant la sécrétion de cette matière ner- 
veuse ? Le changement le plus remarquable qui 
arrive dans cette susceptibilité, c’est le sommeil. 


On est porté à penser qu’il est dû à l’épuisement 


momentané de la substance essentiellement sensi- 
tive. Mais comment dépend - il jusqu’à un certain 
point de la volonté ? et comment les réveils arrivent- 
ils subitement , ou par des causes qui ne paroiïssent 
point propres à faire renaïtre cette substance ? 
Pourquoi le froid produit-il le sommeil ? Cet état 
ne seroit-il pas plutôt , d’après ces observations, 
un changement dans la nature chimique de la 
substance nerveuse ? 

Au reste, qu’une substance quelconque , con- 
tenue dans les nerfs, soit consommée par les sen- 


sations , ou qu’elle recoive seulement quelque 


altération dans son mélange chimique, et soit, pour 
ainsi dire, neutralisée, il faut toujours qu’elle soit 
retenue dans le nerf tout le long de son. cours, 
sans pouvoir en sortir qu'à ses deux extrémités. 
Elle n’y est pas retenue, elle ne s’y meut pas 
comme le sang dans les vaisseaux. Rien ne prouve 
que les nerfs soient tubuleux ; aucun phénomène 


n'indique qu’ils se vuident lorsqu'ils sont coupés : 


d’ailleurs, quels vaisseaux auroient des parois assez 
compactes pour retenir un fluide aussi subtil que 
doit l’ètre celui-la? Il est bien plus vraisemblable 


cs tete ins de ts. d - uen 


7 


EN AE 


” 


ART. Il Action du systéme nerveux. 109 


qu’elle est retenue dans les nerfs, comme la ma- 
tire électrique l’est dans les corps électriques par 
communication et isolés ; et que le système nerveux 
est son seul conducteur, tandis que toutes les autres 
parties du corps animal sont pour elle des corps 
cohibans. 

De quelque manière que se transmette l’action 
reçue , il faut, du moins dans les animaux très- 
élevés, qu’elle se propage jusqu’au cerveau; mais 
quelle est ia partie du cerveau qui est particu- 
lièrement destinée à en recevoir l'impression ? 
On a perdu dans des blessures de grandes por- 
tions de ce viscère, sans éprouver d’affoiblisse- 
ment dans la faculté sensitive. Lorsque les bles- 
sures ont pénétré plus avant, elles ont causé des 
douleurs et des convulsions qui altéroient trop 
le résultat de l’expérience ; ces moyens ne sont 
donc pas propres à résoudre la question. On a 
cherché à établir des conjectures fondées sur la 
structure des parties; on a cru que ce sensorium 
commun devoit se trouver dans quelque partie 
centrale , à laquelle on pourroit supposer que 
tous les nerfs aboutissent. Les uns ont choisi la 
glande pinéale; d’autres le corps calleux : mais 
ce dernier ne se trouve que dans les mammi- 
fères, la glande pinéale que dans les animaux à 
sang rouge; encore n'est-elle pas très-visible dans 
tous les poissons. Le cervelet est la seule partie 
de l’encéphale qui existe constamment dans tous 
les animaux qui ont un système nerveux visible : à 


to IX° Lecon, Du cerv. des an. vertébrés. 


ce titre il avoit des droits; mais M, Soœmmering 
a pensé qu'une partie solide n'étoit point assez 
mobile, ni assez promptement altérable pour ad- 
mettre les impressions des nerfs avec la rapidité 
que l’on observe en eflet. Ayant remarqué en 
outre que tous les nerfs paroïssent aboutir média- 
tement ou immédiatement aux parois des ventri- 
cules, et que ces ventricules contiennent toujours 
une certaine quantité d'humeur, il a prétendu que 
c’est précisément cette humeur qui satisfait à toutes 
les conditions du problème , et que c'est elle qui 
doit être regardée comme le centre des sensa= 
tions. 

L’anatomiste aura rempli sa tâche , lorsqu'il 
aura conduit l’ébranlement nerveux jusqu’à son 
centre, et lorsqu'il sera venu à bout d'établir avec 
certitude ce que nous n'avons avancé jusqu'ici 
que comme des conjectures plus ou moins pro- 
bables. 

Comment, à l'instant même de ce changement 
arrivé dans le système nerveux, se forme-t-il en 
nous une idée, une image dont nous ayons la 
conscience ? comment ces idées s’accumulent-elles 
dans notre mémoire? comment pouvons-nous les: 
reproduire par notre imagination, les combiner 
par notre jugement, en tirer des conclusions, en 
abstraire les points communs? les effets de l’habi- 
tude , ceux de l’attention : ce sont- là les objets 
que la métaphysique peut établir historiquement, 
mais que la physiologie ne peut expliquer. 


/ 


Arr. Il. Action du systéme nerveux. 11% 


Cependant la physiologie nous montre qu’il y a 
*un certain ordre de mouvemens corporels qui cor- 
respond exactement à ces mouvemens , à ces com- 
binaisons d'idées. Une méditation trop prolongée 
produit dans le cerveau un sentiment de fatigue; 
certains états maladifs changent l’ordre naturel 
des idées, en suppriment ou en présentent sans 
cesse’ d’un certain genre, les brouillent, les con- 
fondent ; Pâge les‘affoiblit; le vin, l’opium y pro- 
duisent des changemens fort considérales. D’autres 
alimens ou d’autres remèdes y en produisent de 
moindres, chacun selon son espèce et selon la 
disposition du sujet. D'ailleurs l’imagination et la 
volonté ont des effets physiques sur le corps, qui 
semblent, pour aïnsi dire, une répercussion des 
effets que les changemens physiques du corps ont 
sur elles. 

Ces effets de la volonté et de l'imagination cons- 
tituent deux autres ordres d’actions animales du 
système nerveux. L'ordre qui comprend les mou- 
vemens volontaires .a déja été exposé dans le pre- 
mier volume, en traitant de la fibre musculaire. 
Nous y avons vu qu’il est certain que les nerfs 
sont l’organe par lequel la volonté contracte les 
muscles, et qu'il est probable que eite contrac- 
tion a lieu par un changement chimique que le 
nerf occasionne dans la fibre ; mais la matière 
qui produit ce changement est-elle la même que 
celle qui nous donne des sensations , et est-elle 
transmise par la même portion du nerf ? Comment, 


112 IX° Lecon. Du cerv. des an. vertébrés. 


dans certaines maladies, conservons-nous le libre 
mouvement de nos membres, en y perdant touts 
sentiment? Cela arrive-t-il par une altération 
qui n’affecte que l'organe extérieur du toucher 
et non le nerf? Pourquoi, dans le cochemar, la 
forte volonté que nous avons d'échapper à l’objet 
imaginaire qui nous oppresse, reste-t-elle sans effet 
et ne peut-elle mouvoir le moins du monde ‘otre 
corps ? Pourquoi, lorsqu'un nerf est coupé et ensuite 
ressoudé , ne rétablitil que les mouvemens et non 
les sensations ? 

Quelques personnes ont pensé que les enveloppes 
des nerfs étoient le conducteur de leur force mo- 
trice, et leur partie médullaire celui de leur 
sensibilité. On pourroit ajouter aux raisons qu’elles 
en ont données, que les enveloppes des nerfs 
communiquent avec les ventricules par le moyen 
des plexus choroïdes qui sont des continuations 
de la pie-mère. Cependant il faut avouer que cette 
idée est encore trop hypothétique. % 

Il y a des effets qui tiennent à l’imagination , 
comme le mouvement volontaire tient à la volonté. 
Ils se réduisent presque à une augmentation subite 
de certaines sécrétions, ou à l'accumulation du 
sang dans ceftaines parlies; et il faut, avant d’en 
chercher l'explication , examiner la part que le 
système nerveux peut avoir dans les fonctions pu- 
rement végétatives de notre corps. 

Cette part n’est pas douteuse: on sait que l’in- 
fluence des nerfs sur les organes vitaux, et de 


Arr, If. Action du systéme nerveux. 113. 


ceux-ci sur les nerfs est réciproque. Le chagrin, 
l'excès dans l'application de l'esprit altèrent la 
digestion, diminuent la sécrétion du suc gastrique, 
celle de la sèmence ; d’un autre côté, un estomac 
trop chargé émousse la sensibilité , appelle le 
sommeil. Si on répète trop souvent ce genre d’excès, 
on s’appésantit l'esprit. Une dépense excessive de 
fluide spermatique détruit la mémoire, éteint l'ima- 
gination , rend sensible et craintif à l’excés ; les 
remèdes propres à raviver la faculté” de penser 
donnent aussi de l'énergie et de la vigueur aux 
organes vitaux. Les maladies qui abattent le plus 
la faculté de sentir et de penser font aussi tomber 
le corps dans nn état d’inertie dont une prompte 
dissolution est bientôt la suite; celles qui exaltent 
cette faculté jusqu’à la fureur sont ordinairement 
accompagnées de chaleur, d'irritation et d’une aug- 
mentation de vitesse danstous les mouvemens vitaux. 

Si on y fait attention, on verra que la part 
que les nerfs prennent à toutes ces fonctions peut 
se! réduire à leur influence sur l'irritabilité des 
artères. C’est en maintenant cette irritabilité que 
les nerfs propagent la circulation jusqu'aux der- 
nières extrémités des vaisseaux , et qu'ils entre- 
tiennent toutes les sécrétions : c’est en l’exaltant, 
qu'ils augmentent ces sécrétions. 

Or tous les changemens physiques qui ont lieu 
dans le corps, par suite des images qui occupent 
notre esprit, rentrent dans le mème ordre d'action. 
Dans l’état ordinaire, notre ame n’a aucun empire 


2 H 


114 IX° Læcow. Du cerv. des an, vertébrés. 


sur les organes de la circulation ; la volonté ne 
peut en arrêter le jeu : mais lorsque des images 
vives exaltent tout ou partie du système nerveux, 
leur influence s'étend jusqu’à cette partie des fibres 
musculaires qui président à la circulation ; ainsi 
l’espoir d’un évènement très - desiré fait palpiter 
le cœur ; des idées voluptueuses portent le sang 
dans les cellules des corps caverneux et produisent 
l'érection ; la colère, la honte le portent à la peau 
du visage , d’où il est répoussé ensuite par/la réac- 
tion des vaisseaux : c’est pourquoi ces passions font 
rougir et pâlir. Une terreur subite aagmente sur- 
le-champ la sécrétion des sucs intestinaux et cause 
une diarrhée ; l'aspect d’un bon repas fait jaillir 
la salive d’un affamé : il lui suffit même d’en 
entendre parler, pour que l’eau lui en vienne 
a la bouche , comme ïl suffit à un homme dé- 
licat d'entendre parler de choses dégoûtantes pour 
que son estomac se soulève. La tristesse et la joie, 
portées à l’excès ; augmentent tellement la sécré- 
tion des larmes , qu’elles ne peuvent s’écouler : 
par les points lacrymaux et qu’elles tombent sur 
la joue. 

‘: Dans d’autres circonstances, l’action de l’ima- 
gination ne sort pas du système nerveux. Elle se 
borne à produire des sensations dans certaines 
parties du corps, indépendamment de toute im- 
pression extérieure ; la crainte, l’espérance q ui en 
est toujours mêlée, produisent une sensation sin- 
gulière dans la région précordiale. Cette sensation, 


Arr. IL Action du systéme nerveux. 2115 


qui a lieu sans doute dans les plexus de cette 
région, est d’ordinaire le précurseur du relâche- 
ment de ventre qu’excitent les nerfs qui sortent 
de ces plexus : comme, par wie marche contraire, 
Vaccumulation du sang dans les corps caverneux 
est le précurseur de cette sensation si vive qui est 
portée à son comble à l'instant de léjaculation. 
Des efforts, pour se rappeler à la mémoire cer- 
tains états douloureux que l’on a éprouvés, ra- 
mènent quelquefois ces états eux-mêmes. 

La susceptibilité du système nerveux, pour être 
ainsi gouverné par l'imagination, peut varier 
encore plus que celle pour éprouver des sensa- 
tions extérieures. L'âge de l’individu , son sexe, 
sa santé, la manière dont 11 a été élevé corporel- 
lement et moralement, l’empire que sa raison a 
sur son imagination, l'état momentané de son ame, 
produisent à cet égard des différences étonnantes, 
et comparables à celles que les maladies, le som- 
meil , les drogues, etc., peuvent apporter à la 
susceptibilité pour les sensations. 

Il se manifeste encore dans le système nerveux 
certains phénomènes qui dépendent de l'union de 
divers nerfs entre eux, soit par des cordons qui 
les unissent, soit par l’intermède du cerveau. 
Ces phénomènes se nomment syrpathies. Ils 
consistent en mouvemens involontaires , qui même 
ne sont point dus à des contractions musculaires, 
ou bien en sensations qui ont lieu dans des endroits 
différens de ceux qui sont affectés, et cela sans 


H 2 


116 IX° Lrçon. Du cerv. des an. vertébrés. 


que la volonté ni l'imagination y entrent pour 
rien, souvent même sans que nous soyons avertis 
du véritable endroit affecté, ou du mouvement 
qui a lieu. 

Un exemple de sympathie due à l’union de nerfs 
entre eux est l’éternuement qui suit les irritations 
des narines ; ceux des nerfs des narines qui vien- 
nent de la branche ophthalmique de la cinquième 
paire tiennent par le moyen du grand sympa- 
thique aux nerfs du diaphragme, et c’est par celte 
voie que l’ébranlement se communique. L'éter- 
nuement qui a lieu lorsqu'on regarde une vive 
lumière est dù à l’union des nerfs ciliaires avec 
le nerf de la cmquième paire. L'irritation se com- 
munique au nez et de là au diaphragme. 

Un autre exemple de même genre consiste dans 
les grands changemens que les yeux présentent 
dans les diverses maladies de l’intérieur du corps. 
Ces changemens, si importans pour le médecin, 
sont presque tous dus à l’union du nerf grand- 
sympathique avec celui de la cinquième paire et 
par lui avec les ciliaires. 

Des sympathies ont lieu encore plus fréquem- 
ment, lorsque différentes parties du corps reçoivent 
des branches d’un même nerf, qui peuvent com- 
muniquer l’irritation. 

T'elles sont les larmes qu’excite une odeur forte ; 
elles viennent de ce que le nerf ophthalmique 
donne en même temps des branches aux narines 
et à la glande lacrymale. 


Arr. IL Action du systéme nerveux. 117 


Le vomissement que produit un doigt énfoncé 
dans la gorge est dû à ce que la huitième paire 
se distribue au pharynx et à l'estomac, etc. 

Cette huitième paire ou ce nerf vague, et le 
grand intercostal ou trisplanchnique sont précisé- 
ment les nerfs qui produisent le plus de ces sortes 
de phénomènes, parce qu'ils se distribuent à un 
grand nombre de parties , et qu'ils contractent des 
unions avec beaucoup d’autres nerfs : aussi ont:ils 
été nommés grand et moyen sympathique. 

Pour terminer ce tableau rapide de Paction du 
système nerveux, il faudroit indiquer aussi lac- 
tion que les systèmes nerveux de deux individus 
 différens peuvent exercer l’un sur l’autre. L'abus 
qu’en ont fait des charlatans, et l’exagération avec 
laquelle ils en ont parlé, l'ont tellement décriée , 
qu'il est presque interdit aux philosophie d’en 
parler. 

Il faut avouer qu'il est très - difficile, dans Îes 
expériences qui lont pour objet, de distinguer 
VPeffet de l'imagination de la personne mise en 
expérience d’avec l'effet physique produit par la 
personne qui agit sur elle, et le problème se 
trouve souvent trés-compliqué. Cependant les effets 
obtenus sur des personnes déja sans connoissance 
avant que Vopération commencât, ceux qui ont 
heu sur les autres personnes après que l’opération 
même leur a fait perdre connoïssance, et ceux 
que présentent les animaux, ne permettent guères 
de douter que la proximité de deux corps animés, 

H à 


118 IX° Lrcow. Du cerv. des an. vertébrés. 


dans certaines positions et avec certains mouve- 
mens, n'ait un effet réel, indépendant de toute 
participation de l'imagination d’une des deux. Il 
paroït assez clairement aussi que ces effets sont 
dus à une communication quelconque qui s'établit 
entre leurs systèmes nerveux. 

11 faudroit enfin pouvoir comparer l’action du 
système nerveux dans les divers ordres d'animaux, 
comme nous y comparerons sa structure et sa 
distribution; mais cet:examen présente des diffi- 
cultés insurmontables ; parce que nous ne pouvons 
connoitre les affections des animaux que par des 
signes équivoques. 

Les mouvemens volontaires et les sensaiions di- 
rectes ont lieu, dans tous les animaux qui ont des 
nerfs, par les mêmes moyens que dans l’homme. 
Les différences dans leurs mouvemens dépendent 
en partie de la mobilité intrinsèque de leurs fibres, 
et en partie de la disposition de leurs muscles et 
des parties auxquelles ils s’attachent. Nous avons 
exposé ces différences dans toute la première partie 
de cet ouvrage. 

Les différences dans leurs sensations dépendent 
du nombre de leurs sens et de la perfection des 
organes affectés à chacun d’eux. Les animaux 
voisins de nous ont le même nombre de sens que 
nous. Quelques-uns de ces sens sont même dans 
certaines éspéces plus parfaits par la structure de 
leurs organes, et susceptibles d’impressions plus 
vives et plus délicates que les nôtres. À mesure 


ART. Il. Action du systéme nerveux. 119 


que les espèces s’éloignent de nous, elles perdent 
en nombre de sens et en perfection de certams 
organes ; mais peut-être quelques-unes d’elles ont- 
elles aussi des sens dont nous n’avons nulle idée. 
Nous examinerons spécialement ces objets dans 
cette seconde partie. aa 

Nous ignorons s’il y a des différences dans la 
sensibilité intrinsèque du système nerveux des dif- 
férens animaux; c’est-à-dire, si une impression 
égale, appliquée à un organe également parfait, 
affecteroit tout animal avec la même force, et il 
est évident que nous ne pourrons jamais le savoir. 

Les animaux voisins de nous ont, comme nous, 
des sensations spontanées ; il s’excite en eux des 
images, sans que des objets extérieurs aient besoin 
de les frapper. Les chiens et les perroquets rêvent. 
Nous ignorons si les espèces trés-inférieures éprou- 
vent quelque chose de semblable. 

Les passions produisent dans les animaux des 
effets pareïls à ceux qu’elles produisent chez nous. 
L'amour se manifeste de la même manière dans 
toutes les classes. La terreur lâche le ventre aux 
quadrupèdes et aux oiseaux ; la peur les fait 
trembler ; elle rend bien des insectes immobiles : 
mais les animaux présentent moins que nous de 
ces sortes de phénomènes, parce qu'ils ne sont 
pas maîtres de leur imagination, qu’ils ne peuvent 
pas la diriger vers certains objets, et se donner 
des passions factices. Nous ignorons même s'ils 
peuvent exalter assez leur imagimalion pour entrer 

H 4 


120 IX° Leçon. Du cerv. des an. vertébrés. 


comme nous en colère, en desir, en crainte sur 
de simples idées ou de simples souvenirs, et sil 
ne faut pas la présence réelle de l’objet qui cause 
ces passions pour les exciter en eux. On sait ce- 
pendant que les animaux voisins de nous, les 
mammifères el les oiseaux, ont des regrets, et 
qu'ils manifestent par des signes évidens la tris- 
tesse que leur cause Pabsence ou la perte d’une 
compagne ÿ d’un ami ou d’un bienfaiteur , . tout 
comune ils savent leur témoigner leur attache- 
ment par les caresses les plus vives, sans aucun 
besoin du moment. 

Ces mêmes animaux donnent des preuves mul- 
tipliées d’une mémoire souvent très-parfaite. IL y 
en a même quelques-uns qui paroïissent montrer 
un certain degré de jugement. 

Mais existe-t-il quelque chose de semblable dans 
les classes inférieures, et sur-tout dans les der- 
nicres ? c’est ce que nous ignorerons probable- 
ment toujours. 

Pouranoi, avec tant de ‘ressemblance dans la 
structure du système nerveux, dans le mode de 
son action, dans le nombre et la structure ‘des 
principaux organes exlérieurs, y a-t-il une diffé- 
rence si énorme quant au résultat total entre 
Phomme et l’animal le plus parfait ? 

Cela tient-il à une meilleure proportion «entre 
les perfections des organes extérieurs ,#en sorte 
que lun l’emporte moins sur l’autre ? ou bien l’or- 
gane intérieur, dans lequel se passent toutes les 


Arr. III. Comparaison des syst. nerv. 121 


opérations intermédiaires entre la sensation reçue 
et le mouvementt exécuté, c’est-a dire l’organe de 
la perception , de la mémoire, du jugement, a- 
t-il des différences plus grandes que celles qu’on 
y remarque? ou bien enfin, la substance dont ces 
diverses opérations sont des modifications est-elle 
d’une nature différente ? 

Ce ne sont plus là des questions anatomiques. 
Les sympathies ou les effets qui résultent des 
connexions des nerfs entre eux, et l’inflüence des 
nerfs sur les fonctions végétales ou végétatives, 
sont soumises aux mêmes lois dans les animaux 

que dans l’homme. | Ù 


ARTICLE IIl 


Comparaisonbgénérale des différens systémes 
nerveux. ; 

Ex comparant ensemble tous les systèmes nerveux 
ontrouve qu'ils n’ont qu’une seule partie commune: 
c'est un tubercule impair situé à l’extrémité an- 
térieure du système , et produisant constimment 
deux faisceaux latéraux et transverses, ou deux 
jambes qui l’unissent au reste du système. 

Cette partie paroît toujours correspondre à celle 
qu’on nomme cervelet dans l’homme. Le cervelet 
des animaux vertébrés à sang rouge est toujours 
précédé de plusieurs paires de tubercules , formant 
pour l’ordinaire une masse plus grande que la 


92 IX° Lecow. Du cerv. des an. vertébrés. 


sienne , et unie au reste du système par deux 
faisceaux longitudinaux ou deux jambes, qui s’entre- 
mêlent en se croisant avec celles du cervelet, de 
manière que celles - ci sont confondues dans la 
masse commune qui forme la racine de la moelle 
alongée et épinière , et ne laissent aucun vuide 
entre elles. Ces tubercules forment ce qu’on nomme 
le cerveau , et présentent dans les diverses classes 
beaucoup de variétés, que nous expliquerons dans 
les articles suivans. 

Dans les animaux’ à sang blanc ou sans ver- 
tébres, il y a bien aussi des tubercules pairs en 
avant de la partie correspondante au cervelet ; 
mais ces tubercules sont beaucoup plus petits, très- 
écartés l’un de l’autre, et ne tiennent au cervelet 
que par des filets nerveux et séparés. Les jambes 
du cervelet laissent entre elles un grand inter- 
valle, dans lequel passe l’œsophage comme dans 
un collier. 

La longue production de l’encéphale, nommée 
moelle alongée et épinière, reste dans les animaux 
vertébrés du côté du dos, au dessus du canal 
intestinal ; elle est enfermée dans le canal des 
vertèbres. Les deux faisceaux qui la forment sont 
intimement unis, et on n’apperçoit de trace de 
leur distinction qu’un sillon longitudinal en avant 
et en arrière. Dans les animaux non vertébrés, 
lorsque cette production existe, elle ne se forme 
qu’au dessous de l’oœsophage par la réunion des 
deux jambes du cervelet. Ses deux faisceaux restent 


ArT. III. Comparaison des syst. nerv. 125 


ordinairement distincts dans la plus grande partie 
de leur longueur , et ne s’unissent que d’espace 
en espace par le moyen des nœuds d’où partent 
les nerfs ; mais trés-souvent aussi cette production 
n'existe pas. % 

Dans ceux des animaux à sang blanc, qui n’ont 
pis de production médullaire , c’est-à-dire dans 
les mollusques , les troncs nerveux partis des 
jambes du cervelet se renflent en ganglions, où 
se réunissent deux ou trois pour former un gan- 
glion commun, et c’est de ces ganglions seulement 
que partent, du moins pour l'ordinaire , les filets 
qui se rendent aux PARUS 

Dans les animaux à sang blanc, “ ont une 
production médullaire double et noueuse, c ’est-à- 
dire les insectes, les crustacés et certains vers, 
les nerfs naissent tous des nouds ou ganglions 
de la moelle, ou de quelqu’un des gAnglpue anté- 
rieurs au arf 

Dans les animaux à sang rouge, les nerfs de 
l’épine naïssent de la moelle épinière par deux 
paquets de filets médullaires qui se réumssent après 
que le paquet postérieur a formé un ganglion. Ils 
se séparent ensuite en deux troncs, dont l’anté- 
rieur communique avec le nerf grand-sympa- 
thique par un ou deux filets, et il y a encore un 
ganglion à l’endroit de cette réunion. 

Les nerfs de l’encéphale ne présentent point 
une pareille disposition ; mais les différens tuber- 
cules qui forment l’encéphale semblent eux-mêmes 


124 IX° LecoN. Du cers. des an. vertébrés. 


servir de ganglions, du moins à plusieurs nerfs 
qui en sortent: cela est évident pour le corps can- 
nelé, à l’égard du nerf olfactif; pour la couche 
optique, à l'égard du nerf de même nom. Le nerf 
de la cinquième paire a un tubeycule particulier 
trés-marqué dans les poissons. Celui de la huitième 
parcit avoir le sien dans l’éminence olivaire das 
les mammifères. Celui de la troisième et celui de 
la quatrième n’en ont pas de si évidens, à moins 
que les testes ne passent pour tels à l’égard de ce 
dernier. 


Le nerf grand - sympathique, qui se trouve 
constamment dans tous les animaux à sang rouge; 
n'existe dans aucun animal à sang blanc, à moins 
qu’on ne veuille regarder comme tels les deux 
filets nerveux qui réunissent tous les ganglions , 
et que nous avons nommés moelle épinière dans 
les crustacés, les insectes et les vers. 


Alors ces animaux-là n’auroient pas non plus 
de moelle épinière, et l'absence de cette production 
médullaire seroit le caractère commun de tous les 
animaux a sang blanc. 


- Arr. IV. Du cerveau de l’homme. 13925 


L 


ARTICLE I V. 


Description du cerveau de l’homme. 


À. Le cerveau de l’homme, vu & sa face 
supérieure , 


Lorsqu’ox à enlevé la calotte du crâne et la 
dure-mère, présente un ovale, dont la longueur 
est à la largeur à peu près comme 4 à 5. Cet 
ovale est un peu plus étroit par devant ; sa con- 
vexité est assez uniforme, et telle que la hauteur 
est à peu près moitié de la largeur. 


Un sillon profond, dans lequel entre la faux, 
partage longitudinalement cet ovale en deux parties 
à peu près égales, qu’on nomme hémisphères. 

On ne voit point le cervelet à cette face supé- 
rieure, parce qu'il y est entièrement recouvert 
par le cerveau. 


Les sillons sont très-nombreux et très-profonds. 
Il y en a qui ont jusqu’à 0,021 de profondeur; ils 
se contournent de cent manières différentes. Leurs 
intervalles ont la partie visible au dehors, large 
d'environ 0,01, plus ou moins: ces intervalles 
ont l’aspect d’un paquet de petits boyaux. 


En comptant ceux qui touchent à la ligne de 
séparation des deux hémisphères, on en trouve 
dix-huit ou vingt: en comptant dans une direc- 
tion transverse, on en trouve dix ou douze; mais 


126 IX° Lecon. Du cerv. des an. vertébrés. 


ces nombres dépendent des lignes sur lesquelles 
on compte. 

La face par laquelle les hémisphères regardent, 
est plane: on y voit des sillons comme à leur face 
convexe. Cette face a 0,04 de hauteur. La faux 
n'étant pas aussi haute ne sépare pas entièrement 
ces faces, et les hémisphères s’unissent au dessous 
de la faux par des vaisseaux et de l1 cellulosité. 

En écartant les hémisphères l’un de lautre , on 
voit qu'il y a au fond du vallon qui les sépare 
une espèce de pont de substance médullaire , qui 
va de l’un à l’autre, en s’enfonçant sous eux. 41 
m'occupe pas toute la longueur de ce vallon, mais 
laisse en ayant un espace égal au tiers de sa propre 
longueur, et en arrière, un autre double du pre- 
mier. Il ne fait donc lui-même que moitié de la 
longueur des hémisphères : on voit qu’il se replie 
sous lui-même à ses deux extrémités. 


B. Le cerveau de l’homme, vu par le côté, 


Présente à son contour supérieur une ligne courbe, 
assez semblable à une moitié d’ellipse; mais son 
contour inférieur est très-irrégulier. Il y a d’abord 
une ligne concave , qui règne de l’extrémité pos- 
térieure en descendant jusqu’au milieu de la lon- 
gueur totale, qui est aussi le point le plus bas. 
C’est sous cette ligne concave qu'est le cervelet 
qui est entièrement situé sous le cerveau. 

Le contour du cervelet, considéré ainsi de profil, 
équivaut à peine en aire au huitième de celui 


1 


ART. IV. Du cerveau de l’homme. 127 


du cerveau. La partie du cerveau située au dessus 
du cervelet est ce qu’on nomme le lobe postérieur 
du cerveau. Cette partie saïllante vers le bas, qui 
termine la ligne concave dont nous venons de 
parler , est ce qu’on nomme le Jobe moyen. Cette 
ligne se recourbe en avant; et après y avoir con- 
tinué à être convexe , se termine par un sillon 
profond dirigé en arrière, qui se dessine sur la 
face latérale du cerveau, et qui achève de dis- 
tinguer le lobe moyen de l’antérieur. Celui - ci 
occupe en avant de ce sillon à peu près un quart 
de la longueur totale du cerveau ; mais en dessous 
et vers la ligne moyenne il se prolonge en arrière 
au côté interne du lobe moyen, jusqu’à l’enfon- 
cement où est la glande pituitaire. 

Cette face latérale du cerveau présente des 
sillons aussi nombreux et aussi irréguliers que la 
face supérieure. 


C. Le cerveau de l’homme, vu par sa base, 


Présente quatre éminences ou monticules qui 
correspondent aux fosses de la base du crâne. 
L'un de ces monticules est situé en arriére, et 
comprend la face inférieure du cervelet, la moelle 
alongée et le pont de varole. Lies deux monticules 
latéraux et intermédiaires forment ce que l’on 
nomme les lobes moyens du cerveau : les deux 
antérieurs comprennent ce que l’on appelle les lobes 
antérieurs. 

* Entre ces quatre monticules est un endroit très- 


128 IX°. Lrcown. Du cerv. des an. veriébrés. 


enfoncé, qui contient l’entonnoir , les tubercules 
mainillaires et l’origine des nerfs optiques, et au 
dessus duquel, dans cette position renversée, se voit 
la glande pituitaire. 

Le monticule postérieur est un ovale irrégulier 
dont le diamètre transverse est au longitudinal à 
peu près comme 4 à 5. Cet ovale est fortement 
échancré en arrière, à cause de la division du 
cervelet; en avant, au contraire, le pont de va- 
role forme une saillie arrondie vers l'enfoncement 
du milieu de la base du crane. 

Les deux lobes du cervelet ont leur contour 
extérieur arrondi: leur surface, médiocrement 
convexe, assez égale, n'ayant que deux éminences 
remarquables; savoir, une arrondie de chaque 
côté, un peu en dehors et en arrière de l’endroit 
où le pont de varole s'enfonce dans la substance ; 
et une autre plus grande et ovale à la partie an- 
térieure de la ligne par laquelle les deux lobes 
du cervelet se touchent. Toute leur surface est 
marquée de sillons peu profonds et assez régulié- 
rement parallèles , environ à une ligne de distance. 
Leur direction est presque parallèle au bord des 
lobes, excepté vers l’antérieur qu'ils coupent obli- 
quement. 

_ La protubérance annulaire, ou le pont de 
varole, représente une espèce de croissant. Son 
bord antérieur est convexe et presque demi-circu- 
laire : son bord postérieur est concave. 

Sa surface présente une substance médullaire ;. 


ART. IV. Du cerveau de l’homme. 12% 


dont les fibres sont parallèles entre elles et aux 
deux bords ; elles se rapprochent en dehors pour 
former les deux cornes de cette espèce de crois- 
sant, lesquelles s’enfoncent dans le cervelet sous, 
ou plutôt sur sa petite éminence arrondie. Cette 
protubérance annulaire correspond à la fosse ba- 
silaire de los eccipital : sa plus grande largeur est 
double de sa longueur. 

La moelle alorgée se montre imniédiatement 
derrière le pont de varole, qui a l’air de lui avoir 
formé une sorte de collier et de l'avoir comme 
étreinte. Sa- base est plus large , et elle se rétrécit 
par degrés, de manière à représenter une espèce 
de bulbe. On voit un sillon longitudinal dans son 
milieu et un autre vers chacun de ses côtés. En 
dedans du sillon latéral est une légère éminence 
ovale que l’on nomme olivaire. Entre l’éminence 
olivaire et le sillon du milieu sont des fibres lon- 
gitudinales, que l’on appelle érninences pyrami- 
dales. Il y a un petit creux triangulaire entre les 
bases des éminences pyramidales et le bord pos- 
térieur du pont de varole. Un autre enfoncement 
transverse se fait aussi remarquer entre les émi- 
nences olivaires, et les sépare de ce même bord. 
Les fibres de la portion de la moelle alongée qui est 
située en dehors de chaque éminence olivaire se 
dirigent obliquement en dehors et en avant. 

Les deux monticules latéraux ou les /obes moyens 
du cerveau ont un contour à peu près triangu- 
laire ; ils présentent des sillons irréguliers , comme 


2. l 


130 IX° Lecon. Du cerv. des an. vertébrés. 


tout le reste de la surface du cerveau. Ils sont 
séparés des antérieurs par un sillon nommé scissure 
de Sylvius, et dans lequel est reçu le bord pos- 
térieur des petites ailes du sphénoïde. 

Tout ce qui est au devant de ces deux monti- 
cules appartient aux lobes antérieurs du cerveau. 
Ils sont beaucoup moins convexes et moins saillans ; 
ils présentent également des sillons irréguliers, 
et les nerfs olfacuifs sont couchés sur eux dans 
cette position renversée parallèlement à la ligne 
moyenne qui les sépare. ‘ 

Pour distinguer ce qui se trouve dans l’enfon- 
cement situé entre ces quatre monlicules , il faut 
presser le cervelet et le pont de varole en arrière 
et les lobes moyens sur les côtés : alors on apperçoit 
les jambes du cerveau, qui sont deux cylindres 
médullaires qui paroissent à l’œil être la conti- 
nuation de la moelle alongée après son passage 
sous le pont de varole. Ils se touchent par leur 
bord interne, et se dirigent en avant en se por- 
tant un peu en dehors, où ils s’enfoncent chacun 
de son côté sous la masse du cerveau entre ses 
lobes antérieurs et moyens. Ils sont là croisés 
chacun par un des nerfs optiques qui sortent de 
ce même enfoncement et se dirigent en avant et 
obliquement en dedans pour venir s'unir dans 
la ligne moyenne. Il reste entre les jambes du 
cerveau et les nerfs optiques un espace en lozange, 
à la partie postérieure duquel on voit deux tuber- 
cules blancs arrondis, appelés marmnillaires” Le 


Arr. IV. Du cerveau de l’homme. 131 


reste de cet espace est occupé par un cône de 
substance cendrée, nommé l’ertonnoir, quise pro- 
longe en une tige mince adhérente à l’union des 
nerfs optiques, et se terminant dans la glande 
pituitaire qui, dans cette posilion renversée, se 
trouve placée au dessus d’elle et la recouvre. 


D. Développement du cerveau. 


Pour bien connoïtre les parties intérieures du 
cerveau, il faut couper ses jambes immédiatement 
au devant du cervelet et du pont de varole : on 
voit alors que le cerveau proprement dit ne tient 
au reste de l’encéphale que par un croissant d’en- 
viron 0,08 de largeur, qui forme précisément la 
coupe des jambes du cerveau , et qui occupe à 
peu près le milieu de la face inférieure du cer- 
veau ainsi séparé. 

Sur son bord supérieur est une solution de 
continuité qui est la coupe de l’aqueduc de Syl- 
vius, dont nous parlerons par la suite; et en 
écartant un peu les. jambes du cerveau qui est 
au dessus , on voit qu’il y a sur cet aqueduc une 
espèce de pont médullaire , dont la face supérieure 
présente quatre éminences arrondies, que l’on 
nomme les tubercules quadri-jumeaux. 

Les supérieurs et antérieurs , nommés zates , 
sont un peu plus grands et de forme ovale. Les 
inférieurs et postérieurs, nommés testes, sont 
arrondis et un peu plus petits ; mais ils se pro- 
longent obliquement au côté externe des nates. 

I 2 


132 IX° Lecow. Du cerv. des an. vertébrés. 


À l'endroit où ce prolongement vient à rencon- 
trer la racine du nerf optique qui, comme nous 
l’avons dit en décrivant la base du, cerveau, 
contourne la jambe en remontant obliquement en 
arrière , on remarque une autre petitewéminence 
qui pourroit être regardée comme appartenant à 
une troisièm@æ paire de tubercules (1). Entre les 
testes en äfrrière est un petit frein triangulaire 
grisätre assez dur. 


Le nerf optique, un peu avant d’être remonté 
jusqu’à l’éminence latérale du testis, s’élargit, se 
parlage par un petit sillon en deux parties, dont 
la plus extérieure, aprés avoir formé un petit 
tubercule ovale, semble s'épanouir sur la partie 
postérieure d’une grosse éminence appelée couche 
optique. 

Les deux couches optiques représentent en- 
semble par leur face supérieure, qui est cachée 
sous le cerveau , un espace triangulaire échancré 
par derrière. (C’est dans cette échancrure que 
sont les tubercules quadri-jumeaux. ) Les côtés de 
cet espace sont bombés, le milieu en est enfoncé 
longitudinalement ; et lorsqu'on écarte l’une de 
Vautre les deux couches optiques, on voit qu’il 
y a entre elles une solution de continuité qui porte 
le nom de troisième ventricule. Cette solution 
de continuité n’est pas complète ; il passe d’une 


(1) Vicq-d'Azir, pl. XVI, n°. 54. 


ArT. IV. Du cerveau de l'homme. 133 


de ses faces à l’autre une production de substance 
pulpeuse presque fluide, appelée la commissure 
molle des couches optiques. 

Ce ventricule communique par lagueduc de 
Sylvius, qui passe sous les tubercules quadri- 
jumeaux, avec un autre qui est sous le cervelet, 
et qu'on nomme quatrième ventricule. 

La partie antérieure du troisième s’enfonce entre 
les tubercules mamillaires et l’union des nerfs 
optiques, pour y former une espèce d’entonnoir 
de substance pulpeuse , appelé ir7fundibulum. 

Les bords supérieurs de ce troisième ventricule 
sont marqués chacun d’une ligne blanche, qui se 
prolonge en arrière pour former le pédoncule 
de la glande pinéale, petit corps ovale, cendré, 
ie) au dessus des tubercules quadri-jumeaux. 
Cette même ligne blanche se prolonge en avant 
vers le bas, et se recourbe subitement pour s’unir 
à un gros cordon médullaire qui forme l’une des 
moitiés du pilier antérieur de la voûte. | 

Un peu en avant de cet endroit est une poutre 
médullaire transverse qui passe d’un côté du cer- 
veau à l’autre, et qui se nomme la commissure 
antérieure du cerveau. É 

Il y a une autre commissure presque semblable 
sur l'entrée de l’aqueduc de Sylvius et sous les 
pédoncules de la glande pinéale : on l’a appelée 
commissure postérieure. L'entrée de l’aqueduc 
a été appelée l'anus. 

Entre la commissure antérieure et l’union des 

1 3 


154 1X°. Lecow. Du cerv. des an. vertébrés. 


nerfs optiques est un espace qui n’est fermé que 
par la membrane pie - mère et par une couche 
très-mince de cette substance pulpeuse qui revêt 
tout l’intérieur du troisième ventricule : on la 
nommé la vulve. 

En dehors et en avant des couches optiques, 
sont deux autres monticules également cachés sous 
le cerveau , que l’on nomme corps cannelés, à 
cause de leur texturè interne, que nous décrirons 
ailleurs. 


nn 


Ces corps cannelés sont larges en avant, et s’y 


rapprochent de la ligne moyenne ; ils se rétré- 
cissent en arriére et s’y écartent l’un de l’autre 
pour faire place aux couches optiques; ils se ter- 
minent par une queue qui suit exactement le con- 
tour de la couche optique et de la racine du nerf 
du même nom, et ils se terminent en dessous par 
un petit élargissement obtus, en sorte que chaque 
corps cannelé représente un fer à cheval, dent 
lune des branches seroit beaucoup plus grosse 
que l’autre. Dans la position naturelle du cerveau 


ce fer-à-cheval est placé de champ, de manière, 


que la grosse branche est en haut et un peu plus 
en avant et en dedans que l’autre. 
Dans le sillon qui sépare le corps cannelé de 
la couche optique , du même côté, est un ruban 
de substance médullaire qui suit le même contour, 
et que l’on nomme bandelette sémi-circulaire. 
Toute la partie du cerveau proprement dit, qui 
est visible à l’extérieur, est en quelque sorte un 


Arr. IV. Du cerveau de l’homme, 135 


appendice des corps cannelés; mais un appendice 
qui les surpasse infiniment en volume dans l’homme. 
Cette masse de chaque hémisphère tient à tout le 
bord externe des corps cannelés ; et après s'être 
portée en bas et en dehors, elle se recourbe en 
haut et en dedans pour s’adosser à celle du coté 
opposé et s’unir au corps calleux. Fa portion de 
cette masse qui tient à la queue recourbée du 
corps cannelé forme ce que lon nomme le Zobe 
moy ent. 

La partie postérieure des hémisphères et du 
corps calleux lui-même se reploie en dessous, et 
leur repli pénètre sous eux, en recouvrant les 
tubercules quadri-jumeaux et les couches optiques : 
il arrive ainsi, en se rétrécissant toujours, jusques 
au dessus de la commissure antérieure du cerveau, 
où il se termine par deux cordons médullaires 
qui pénètrent dans la substance de chaque couche 
optique : ce repli porte le nom de vote à trois 
‘ piliers. En arrière, il est uni immédiatement à 

la face inférieure du corps calleux; en avant, 
_cette union se fait par deux lames de substance 
médullaire qui forment une cloison très - mince , 
nommée le septum lucidum. Les bords de la 
voûte se prolongent en arrière en s’écartant l’an 
de l’autre, de manière à former un triangle, et 
descendent dans l’intérieur du lobe moyen en sui- 
vant à peu près la même courbure que les queues 
des corps cannelés. Derrière chacun de ces bords 
est un renflement de la largeur du doigt qui suit 
I 4 


156 IX° Lecon. Du cerv, des an. vertébrés. 


encore la même eonrbure, et que l’on nomme 
corne d’ammonm ou pied de cheval-marin. Sous 
ce même bord est une bandelette grisâtre et ser- 
pentante, et comme festonnée , que lon nomme 
le corps frange. 

La surface inférieure de la voûte présente une 
_ ou deux stries longitudinales sous son milieu et em 
devant. En arrière, se voient des fibres trans- 
verses qui sont la suite de celles du corps ealleux. 
Les différens replis dont les hémisphères sont 
composés, ne s’unissant point l'un à l’autre par 
leur face interne, ils interceptent une grande ca- 
vité dans chaque hémisphère : ces deux cavités 
se nomment les ventricules antérieurs du cer- 
veau. Elles peuvent être comparées, par la forme, 
à la leltre Æ majeure italique couchée K. La 
voûte dé leur branche supérieure est formée par 
le corps calleux, et son plancher par le corps 
cannele. La branche descendante contient la queue 
du corps cannelé en devant , et la corne d’ammon 
en arrière. L’angle de réunion de ces deux branches 
pénètre en arrière dans la portion de l'hémisphère 
qui est au dessus du cervelet, et y forme un cul- 
de-sac qui se contourne en dedans , appelé cavité 
digitale. À sa face interne est une SORTE éminence 
nommée ergot. 

Les deux ventricules ne sont séparés lun de 
l’autre dans leur partie antérieure que par le 
septum lucidum , et ils communiqueroient l’un 
avec l’autre sous la voûte sans une production de 


ArT. IV. Du cerveau de l’homme. 137 


Ja pie-métre, que nous ‘décrirons dans la suite 
sous le nom de plexus choroïde , et qui ne leur 
laisse de communication qu'un pétit trou près du 
pilier antérieur. C’est par ce même endroit qu'ils 
communiquent avec le troisième ventricule , et par 
Jui avec le quatrième ; en sorte que ces quatre ca- 
vités n’en font, à proprement parler , qu’une seule. 

Il y en a une cinquième entre les deux lames 
du septum lucidum, maïs qui n’a point de com- 
munication à l’extérieur : c’est le cinquième ven- 
tricule. J 

Le cervelet tient au reste dglencéphale par 
deux troncs méduilaires , l’un à droite et l’autre 
à gauche, qui semblent prendre racine dans son 
intérieur pour entrecroiser leurs fibres avec celles 
de la moelle alongée: Les fibres du plan inférieur 
de chacun de ces troncs se continuent pour former 
le pont de varole , et pour s’unir ensemble sur 
la ligne moyenne. Celles du plan supérieur forment 
un faisceau plus mince, qui se dirige vers les 
éminences testes, et qui est joint au faisceau, du 
côté opposé, par une lame très-mince de substance 
médullaire, appelée valvule du cerveau. Le bord 
postérieur de cette valvule s’unit à la masse du 
cervelet. 

Le cervelet ne touche point à la partie supé- 
rieure de la moelle alongte ; mais il est placé sur 
elle comme un pont. La solution de continuilé qui 
existe entre eux , se nomme le quatrième ven- 
tricule, 


138 Ix° Leçon. Du cer. des an. vertébrés. 


Cette cavité communique avec le troisième par 
Vaqueduc de Sylvius. Sur le fond de ce ventri- 
cule est une empreinte angulaire, nommée plume 
& écrire. 

Le cervelet lui-même est divisé en trois parties ; 
deux latérales beaucoup plus grandes, appelées 
ses lobes ; et une moyenne beaucoup plus petite , 
cachée dans le sillon qui sépare les deux autres, 
qu’on nomme protubérance sermiforme. 


E. Coupes du cerveau. 


On peut faire dans la masse du cerveau plu- 
sieurs coupes profres à en faire connoître la struc- 
ture : les unes se font dans le sens vertical; d’autres 
dans le sens horizontal et oblique. 


1°. Coupes verticales. ” 


La plus essentielle des coupes verticales est cellè 
qui partage le cerveau en deux parties égales, 
en laissant les deux hémisphères intacts, ainsi 
que les corps cannelés et les couches optiques, 
et en coupant par le milieu le corps calleux , la 
voûte, les trois commissures, la glande pinéale, 
les tubercules quadri-jumeaux , le cervelet, le pont 
de varole et la moelle alongée. 

Cette coupe montre, 1°. que le corps calleux 
a une courbure presque parallèle à celle de la 
voûte du crâne.; qu’il se reploie en avant et en 
arrière sous lui-même; 2°. que la voûte est une 
continuation de son repli postérieur; 3°. quelle 
septurn lucidum est un espace triangulaire ren- 


» 


ART. IV. Du cerveau de l'homme. 159 


fermé entre le corps calleux, son repli antérieur et la 
voûte ; 4°. que la commissure antérieure , l'union 
des nerfs optiques et le iubercule mammillaire 
font ensemble un triangle à peu près équilatéral: 
Cette coupe montre bien aussi le grand vuide du 
milieu du crâne, qui commence en avant à l’en- 
tonnoir , puis forme le troisième ventricule, l’aque- 
duc de Sylvius et le quatrième ventricule. La 
coupe de .ce dernier est triangulaire; celle de 
l’aqueduc est longue et étroite; celle du troisième 
ventricule à peu près demi-circulaire, et sa partie 
qui descend vers l’entonnoir presque quarrée. La 
partie coupée de la moelle alongée et du pont de 
varole montre des fibres croisées, plus ou moins 
remarquables. On en voit quelquefois un faisceau 
qui vient des environs du quatrième ventricule, et 
se recourbe pour donner naissance à la troisième 
paire de nerfs. 

La coupe du cervelet montre des linéamens 
médullaires qui représentent un arbre à cinq 
branches principales, subdivisées deux fois de suite 
en branches plus petites: on l’appelle arbre de 
vie. Toutes les coupes parallèles  celles-là , mais 
plus sur le côté, présentent la même figure. 

En pénétrant dans cette coupe verticale, et en 
s’approchant toujours du côté extérieur, on dé- 
couvre plusieurs choses remarquables : 1°. que le 
pédoncule du pilier antérieur de'la voûte s’en- 
fonce dans la substance de la couche optique pour 
seterminer au tubercule mammillaire; 2°, que de ce 


aio IX° Lecon. Du cerv. des an. vertébrés. 


même tubercule part un autre faisceau médullaire 
qui remonte également dans la substance de la 
couthe optique jusques vers sa face supérieure ; 
5°. que les fibres des jambes du cerveau se con- 
tinuent au travers de la couche optique jusques 
dans le corps cannelé, et au travers du pont de va- 
role jusques dans la moelle alongée ; 4°. que l’émi- 
nence olivaire présente dans son intérieur un linéa- 
ment grisätre qui en fait tout le tour en serpentant. 
Comme ce linéament se montre de quelque manière 
que l’on coupe l’éminence, on voit qu’elle doit 
contenir un corps dont la surface est très-inégale 
et endüite d’une couche mince de substance grise 
dont les coupes forment ces linéamens. 


2°. Coupes horizontales. 


Les coupes horizontales peuvent commencer par 
la face supérieure ou par l’inférieure. 

Lorsque l’on coupe supérieurement les deux 
hémisphères au niveau du corps calleux, on dé- 
couvre le plus grand espace médullaire qui puisse 
être démontré dans le cerveau : il n’y a alors que 
les bords où l’on voie de la substance grise, tout 
le reste est blanc et porte le nom de centre ovale 
de Vieussens. | 

Si l’on pénètre plus bas, les deux ventricules 
antérieurs se découvrent aussitôt. On voit de cette 
manière que leurs cornes antérieures, sont rap- 
prochées lune de l’autre, tandis que les postérieures 
s’écartent. Ç 


Arr. IV. Du cerveau de l’homme. 341 


En enlevant tout-à-fait le corps calleux, on met 
à découvert la voûte à trois piliers, et l’on voit 
bien sa forme triangulaire : on pénètre aussi dans 
le cinquième ventricule , en écartant les deux 
cloisons qui forment le septum lucidum. Coupant 
alors le pilier antérieur de la voûte, et rejetant 
la voûte elle-même en arrière, on met entière- 
ment à découvert la face supérieure des couches 
optiques, l’ouverture, du troisième ventricule, les 
trois commissures et les trois tubercules quadri- 
jumeaux : l'œil peut mème plonger j a à dans 


l’infundibulum. 


En faisant de nouvelles coupes plus profondes , 
on voit que l’intérieur des corps cannelés est 
rempli de stries blanches qui semblent venir des 
couches optiques et par elles des jambes du cer- 
veau. Ce sont ces stries blanches # séparées par 
des stries cendrées, qui leur ont valu le nom de 
corps cannelés. 


En pénétrant davantage encore, on voit que la 
commissure antérieure du cerveau se prolonge de 
chaque côté dans la substance des couches optiques, 
sous forme d’un trait blanc assez semblable à un 
arc à tirer des flèches. La commissure postérieure 
se perd presqu’aussilôt après avoir pénétré dans 
la substance des couches optiques. 

Les corps ou tubercules quadri-jumeaux coupés 


- horizontalement présentent une substance grisâtre 
… à peu près uniforme. 
- 


142 IX° Lecon. Du cerv. des an. vertébrés. 


Les coupes horizontales du cervelet montrent 
des lignes blanches dont la direction est de droite 
à gauche, et qui sont précisément les mêmes dont 
les coupes verticales forment l’arbre de vie. 


Les coupes horizontales de la moelle alongée et 
du pont de varole montrent les mêmes directions 
de fibres que nous avons déja décrites. Celles des 
jambes du cerveau présentent dans leur intérieur 
une tache d’un brun noirätre. 


Par des coupes horizontale: faites à la face in- 
‘férieure on peut mettre a découvert plusieurs choses 
intéressantes. Premièrement, le repli postérieur 
du corps calleux qui forme en dessous un gros 
bourrelet en arrière de la voûte proprement dite; 
secondement , les deux corps frangés qui partent 
chacun de l’une des extrémités de ce bourrelet, 
et se portent sœus les piliers postérieurs de la voûte 
dont ils suivent exactement la courbure ; troisièe- 
mement , la coupe des jambes du cervéau, dans 
laquelle on voit la tache noire qui forme dans ce 
sens une espèce de demi-cercle ; quatriémement , 
de cette manière on montre en situation la face 
inférieure de la voûte et la lyre; enfin, en en- 
levant la voûte on met à découvert la pe infé- 
rieure du corps calleux , c’est-à-dire le plafond 
des ventricules supérieurs, à la partie moyenne 
duquel tient le septum lucidum par les deux laines 
qui le forment. 


Arr. IV. Du cerveau de l’homme. : 143 


, F. De l’origine des nerfs. 
1°. Du nerf olfactif. 


Le nerf olfactif est couché sous les lobes anté- 
rieurs du cerveau dans un sillon voisin et parallele 
a la ligne moyenne. 

TL’extrémité antérieure , qui appuie sur la lame 
cribleuse de l'os ethmoïde , est de substance grise. 
Le reste de la longueur du nerf est blanc, en 
prisme triangulaire ; sa base s’élargit et se divise 
en trois racines marquées par autant de filets blancs, 
qui se perdent dans la substance grise du cerveau. 
L'une, intérieure, se porte en dehors jusque dans 
la scissure de Sylvius où elle se perd; la seconde, 
extérieure, remonte à la face interne de l’hémi- 
sphère jusques vers le corps calleux; la troisième, 
moyenne, est beaucoup plus courte que les deux 
autres et manque même quelquefois. 


2°. Du nerf optique. 


Le nerf optique prend visiblement naissance 
par des fibres qui se voient à la partie supérieure 
des couches du même nom. Il descend en dehors, 
en entourant comme un ruban les jambes du cer- 
veau, dont il est séparé par son bord interne, 
mais en s’y unissant par le bord externe. Il se 
rapproche de la ligne moyenne au devant de l’en- 
tonnoir ou il s’unit intimement à son correspondant, 
de manière que ni l’ocil, ni le scapel ne peuvent 


144 1X° Lrcon. Du cerv. des an. vertébrés. 
discerner s'ils se croisent ou s'ils ne font que se 
réunir. Après ce point de réunion, ils s’écaitent 
de nouveau pour sortir du crâne par les trous 
opliques. La portion qui est en avant de leur 
réunion est cylindrique. 


5°. Du nerf oculo-musculaire. 


Ce nerf naît à peu près du milieu de la jambe 
du cerveau, un peu en avant du pont de varole ; 
mais on peut suivre son origine dans l’intérieur 
de cette jambe. C’est un filet médullaire qui pé- 
nètre en remontant et en se courbant en arrière 
jusque sous le plancher du quatrième ventricule. 
On a cru mal-à-propos que ce filet se rendoit au 
tubercule mammillaire. Ce nerf se porte un peu 
sur le côté pour sortir du crâne par la fente sphéno- 
orbitaire, après avoir traversé l’épaisseur de la 
dure-mère. 


4°. Du nerf pathélique. 


Il naît par quelques filets derrière les éminences 
testes au côté du petit frein. On voit derrière lui, 
sur la valvule du cerveau, quelques fibres blanches, 
dont les unes vont gagner le pont de varole, et dont 
les autres ont une direction plus ou moins divergente 
avec les premières. Ces fibres paroïssent quelquefois 
contribuer à sa formation. 

Ce nerf se glisse entre le lobe moyen du cer- 
veau et la partie adjacente du pont de varole et 
de la jambe; et après avoir parcouru un fort long 


ART. IV. Du cerveau de l'homme. 145 


trajet , il sort du crâne par la fente sphéno-orbi- 
taire derrière les apophyses clinoïdes postérieures. 


5°. Des nerfs tri-jumeaux. 


Le nerf de la ciquième paire vient de la partie 
de la jambe du cervelet, qui forme le pont de 
varole très- près de sa sortie hors du cervelet. 
M. Soemmerring assure qu’on peut quelquefois le 
suivre dans la substance de cette jambe jusques 
sous le plancher du quatrième ventricule. Il est 
très-mou à son origine; mais il devient bientôt 
fort dur et se divise en une multitude de filets 
disposés en un ruban applati. Ce ruban se partage 
en trois faisceaux qui ont valu à ce nerf le nom 
qu’il porte de tri-jumeau ou tri-facial, ét qui eux- 
mêmes portent le nom de nerfophtalmique, maxil- 
laire supérieur et maxillaire inférieur. 


6°. Du nerf abducteur. 


La sixième paire de nerfs commence sur le bord 
postérieur du pont de varole par quelques filets qui 
viennent du sillon qui sépare le pont d’avec les émi- 
nences pyramidales. Quelques-uns dés filets parois- 
sent venir du pont lui-même ; ils se portent directe- 
ment sous le pont de varole, en avant vers la 
pointe du rocher, où ils pénètrent dans les sinus 
cavernoux pour se porter ensuite dans l'orbite, 
comme nous l’indiquerons. 


146 IX° Leçon. Du cerv. des an. vertébrés. 


ï 


7°. Du nerf auditif, ou portion molle de la 
septième paire. 


Le nerf acoustique paroît naître par plusieurs 
fibres blanches, dont le nombre varie de cinq à deux, 
et qui se voient sur le plancher du quatrième ven- 
tricule. Ses filets se rapprochent et descendent sur 
les côtés de la base de la moëlle alongée, pour 
y donner naissance à ce nerf qui se sépare de la 
masse un peu plus en dehors que le précédent. 
Il se rend dans l’intérieur de l’oreille , où nous 
suivrons sa distribution à l’article du sens de l’otie. 


8°. Du nerf facial, ou de la portion dure 
de la septième paire. 


Il tire son origme du sillon qui sépare le 
pont de varole de la moëlle alongée, un peu plus 
en dehors que les éminences olivaires, par une 
portion en forme de bandelette, et par une autre 
qui paroît un peu plus fibreuse, mais qui ne tarde 
pas à s'unir intimement à la première. Il entre 
dans un canal de la dure-mère qui lui est com- 
mun avec le nerf acoustique, et entre avec lui 
dans le trou auditif interne. 


9°. Des nerfs glosso -pharyngien, vague et 


spinal, vulgairement nommés nerfs de la hui- 
tième paire: 


Le nerf glosso-pharyngien et le vague naissent 
dans le sillon qui borne extérieurement l’éminence 


$ ® 


ART. IV. Du cerveau de l’homme. 147 


olivaire. Le glosso-pharyngien est plus antérieur, 
et est formé par trois, quatre ou: cinq: filets. Le 
vague est formé par un nombre beaucoup plus 
considérable qui occupe tout le reste de ce sillon. 

Le spinal vient de plusieurs filets qui naissent 
de la moëlle de l’épine sur ses côtés, en descen- 
dant jusqu'aux racines des quatrième, cinquième, 
sixième. et quelquefois septième paire cervicale. 
Il se rapproche du nerf vague, et il sort avec 
lui et le glosso - pharyngien par le trou déchiré 
postérieur. 


10°. Du nerf grand hypoglosse. 


Ce nerf, qui forme la douzième paire, quoi- 
qu'il soit nommé vulgairement la neuvième, prend 
naissance sur la moëlle alongée , un peu au dessous 
et entre les éminences olivaires et pyramidales , 
par un grand nombre de filets grèles formant une 
sorte de cercle. Ces filets se réunissent bientôt en 
deux ou trois faisceaux qui se portent vers le trou 
unique ou double qui traverse l’os occipital au 
devant de son condyle. 


- ARTICLE V. 
Du cerveau des mammifères. 


LE cerveau des mammifères contient absolument 
les mêmes parties que le cerveau de l’homme, 
disposées à peu près dans le même ordre ; mais ïl 


K 2 


148 IX° Leçon. Du cerv. des an. vertébrés. 


varie par ses proportions, avec le reste du corps, 
par ses proportions avec le cervelet et la moëlle 
alongée , par sa forme générale, par ses circon- 
volutions, par son développement intérieur, enfin, 
par les différences que présentent la base et l’ori- 
gine des nerfs. 


1°. Proportion de la masse du cerveau avec 
le reste du corps. 


Îl est très-difficile, pour ne pas dire impossible , 
d'établir cette proportion d’une manière compa- 
rative , parce que le poids du cerveau reste à 
peu près le même pendant que celui du corps 
varie considérablement, et quelquefois du simple 
au double selon qu’il est plus maigre ou plus gras : 
c’est ainsi que cette proportion a été indiquée dans 
le chat, comme 1 à 156 par un auteur, et comme 
1 à 82 par un autre; dans le chien, comme 1 à 
305 , et comme 1 à 47, etc. 


Voici cependant une table de ces proportions 
recueillies de différens auteurs et de nos propres 
observations. On verra que, toutes choses égales, 
les petits animaux ont le cerveau plus grand à 
proportion ; que l’homme n’est surpassé que par 
un petit nombre d’animaux, tous maigres et peu 
charnus, comme les souris, les petits oiseaux, etc.; 
que, parmi les mammifères, les rongeurs ont assez 
généralement le plus grand cerveau, et les pa- 
chydermes le plus petit; que les animaux à sang 


L 


Ant. V. Du cerveau des mammifères. 149 


froid l’ont énormement plus petit que ceux à sang 
chaud, etc. 


L2 L2 L2 L2 e Je e L2 A be LE: 1 
Homme. : ° 25e 23e 25e 2e 


Selon qu’il est jeune où vieux. 
q ] 


Lo] 


ORANGS. 
1 C2 L L1 L L 2 L 2 LE o. . 6. eo. L2 LA [2 L 
Gibbon > 


S APATEUS, 


T 1 1 ® L1 L LES L23 L2 L2 L2 L_2 L 2 a- e [2] L_2 L 
Saimiri 5 
T7 Li) L2 LE eo. e- L] Li L 2 L2 LE L 1 L L 1 L] e JL 
Saï : Le 
Rte 0 ; 
Ouistiti à ef er e e. © +- e e + + æ ee. e- 3x° 
m . 
Coaï ta s 6e. © + © + 9» e + 9 e o + + eo. FT ù 
GUENONS. 
Malbrouc j eune. +. + +. + o- e©- e- © o- 0: re 
Callitriche et Patas-e + + + + + + + + 
n 1 
Mone 0 ®æ © © 06. © ©, © +. ©. » e 2 e za 
1 
Mangabey © +- © e- e- +. + © ©. + +. e e- PT 
MacorTs et MAcAQUESs. 
î 1 
Macaque. LJ e e e e ee e e e. e e ee e G6°- 
| 1 
Masgot. e .+. = e >. e: ele. ei is, e-,e eve Tor 


Papion- + + ee ee eee + + 


MaAkxkrzrs. 


Mococo jeune + - + + + ee + 
Mari see ee ee ee 0 


K 3 


150 IX° Leçon. Du'cerv. des an. vertébrés, 


CHEÏROPTÉÈRES. 
DO vis ss vsee ee) she ae 
PLANTEIEGRADES. 


Taupe. 0 e ee UN Tiers alter 'é de, latins 
Ours e . 0 ee. e CR e . . . . . 
Hérisson. + + + + + + + + + + + + + 


C'AURONUT V O RES 


Chien ee an ie. l'ett re à Er ue ALER, AC 


Henadrds "net 22m)" LANTA ER 
; De] 1 ADM RNCS a PS EE ES US. 
COTE L AOL RONA ESS ANRT TETE IE _ ME 
Panthère: * es. +. : 
Marte.” rs street steel ee ae lle 
Furet. ‘rs... ets) + sae le 


Castor: ee où je Ve jun po 1e re la nes 
PARUS QI) UNUR ARUS Tu fi RUE 
Lapin. SGD Le SUD HU ADP I PR a 
Ondatra. A Melle e lets re) bee) 
OS TS US ENT een PS MST TS TS 
Some UT SENS LS die lee 
Mulote es ee + + 


L'-] 
als 
L2 


Arr. V. Du cerveau des mammifères. 151 


PACHYDERMES. 


Éléphant + se... +... Lu 


500 2 
Le 
FÉES ss. 
1 1 
Cochons. & Verrat- + » + + - + D. ——. 


de Siam - ee + + + + 


RumINANS. 


Cerf.» eee te cie odhe, os ekuipess 


90 

Chevreuil jeune + + + + + + + + + + 

#4 1 e. . . ° , e ° . e. 0 1 RM 6 

Brebis. + + LA 

ÿ LA L1 L 2 L 1 Abe: 

Boœuf. sit is nelle. Lipgneltie tte )ls si, 

Veau. ° e a Le sen fetes ).s raie tp» s'ée Se. 
SOoLIPÉDES. 

2,4, 0e 1 et EL CRAS 1e oE 

Chevale + - - + « : . 


Ane. . . . * . e e. . . e . . e e e. BE? 


1 ELU 1 
Dupin. ie Se "ecoles ru 
Marsouin. + + + + + + + + + + » (1). 


® (a) Pour ne pas revenir à cet objet dans les articles où 
nous traiterons du cerveau des autres classes, nous ajoutons 

ici une table de la proportion du cerveau au reste du corps 
- dans quelques oiseaux, reptiles et serpens : elle est prise en 

partie de Haller, et en partie de nos propres observations. 


O:r!s EAUX. 


LT, IS CR TP ENTER VOOR TO RE PERRET SE 


Maucon » 1437 SORA. late eue or let SR 


Moineau: ee: D: er vi sftey cure; el, 'e\ je1 ele Niéite =. 


SUN LE Vos de nu de ve ut a ete DPI re 1 


152 IX° Leçon. Du cerv. des an. vertébrés. 


2°. Proportion du cerveau avec le cervelet 
et la moelle alongée. 


Il est facile d’obtenir avec justesse la proportion 
du poids du cerveau avec celui du cervelet, parce 
qu'aucune variation dans la santé, la’ graisse des 
individus, etc., ne peut avoir d'influence ci. 

Cette proportion est plus considérable dans 


Harine te D ET en se ve ve te ET TRS 
Pinçons à à ue au cnoug ne 0106 « Se 
Rougegorge. … ei net e 
Merle à + ne € + + ee + + +, « + + © e Fe 

à « 


Ada en Et es RS TRE 


Canarde . . ...... 4.4 eee + 


Die. ss. mess me ee + De 


REPTILES. 


: . 
Tortue de terre. + . +. 5 + + ne 0 le a 
Tortue de mer. . eee + +: 
GCouleuvré à collier »:... + sn à m1e e elleere 
x 


Énienhgtile 2484 de 2 état scie à TERRE 


Poissons. 


at En 1 pr) Ls 


RE RO een ete 7 efie je ee ee 


Chmaide mere nn US Se 0. et 
Thone 4 et nude es e oise da rte 
Brochettes eh eu ae Le 2 19 el ME 
Éarper dir de ed eus eco MR IE 


Silure gianis Ê e le {ee “ele 28 æ e ee + +. + ee. 7; Te 


Arr. V. Du cerveau des mammifères. 153 


l’homme que dins presque tous les autres mam- 
miféres, ainsi qu’on le verra par la table ci-jointe. 
Les rongeurs sont ceux qui ont le cervelet le plus 
grand , à proportion du cerveau. 


Dans l’homme , le cervelet 


comme « : 

© Saimiri. + - 
SAT le, le 
Magot + + : 
Papion. + : 
Mone. + + + 
Chien, :- 
Chat. - - - 
Taupe : - : 
Castor + + :- 
Rat, - . - 
Souris > + +» 
Lièvre - - - 
Sanglier. + : 
Bœuf. «+ - : 
Mouton. + : 
Cheval. -+ : 


e 
L1 


° 


est au cerveau 


RAA VOO à À 
ae 2 LE 
ÉRCON: PE 
ne) AMIE (7 
sde AUD 
PARUS PAC REX: 
se MTS: 
se > Mot O 
OR 
is. L'EURO. 
ME TOR 
s Vel MUC US 
«Us bien 0: 
nie AU. 
shiric er 0 
NE UNE à 
sus hote 


La proportion du cerveau avec la moelle alongée 
s’estime par la mesure de leurs diamètres. M. 
Soemmerring et M. Ebel ont fait voir que cette 
proportion est plus à l'avantage du cerveau dans 
Phomme que dans tous les autres animaux, et 


qu’elle est un très-bon indicateur de la perfection 


de l'intelligence, parce que c'est le meilleur in- 


154 IX* Lecon. Du cerr. des an. vertébrés, 


dice de la prééminence que lorgane de la ré- 
- flexion conserve sur ceux des sens extérieurs. Ce- 
pendant il y a aussi quelques exceptions à cette règle: 
le dauphin en est une preuve remarquable. 


Voici un tableau des proportions entre la lar- 
seur de la moelle alongée à sa base, et la plus 
grande largeur du cerveau dans quelques animaux. 


Dans l’homme , la largeur de la moelle alon- 
gée, après le pont: de varole, est à celle 
du cerveau, comme. + + + + + 207. 

Dans le singe bonnet chinois, comme 1 : 4. 

Dans le macaque à queue courte. + 1: 15. 

CRIER Se 4 de 50 d'en are 27 Folie ue 

QU te fo. te Ho te Ms fe 0 te ren" e 


MAISON 6 rares setis0 de ve tte te MID 


Lapin. Dh elle ra re lite ds rte, Ho setiretile : 8. 

3. 
(Otete rer MC NS SE PCT NE PE ET SET: 
BÉGR « + sine piges se ca ape LÀ 
Cerf. !- en 0 + 0e eme de en 5. 
Chevreurl es “es 72046 ve ee LS 15. 


6 
5 
8 
3 
OÙ. ‘e re fe re fuyre: te ds ta re + ! ©: Sig 
5 
5 
2 
1 
5 


BoœtEt ie un re role ie volte = 7e INDIE: 


Veau : me Sépvie nie] je" je dei Natie Lau 5. 
Cheyaln ie mens eee «+ Die 
Dauphin. + + + + + + + + + + + 1 : 13(a). 


(1) Nous ajoutons ici un tableau de la proportion de 
ces mèmes parties dans quelques oiseaux. 


Faucon: © ‘ee ee. + joel es! semelle +, 1e 194 34. 


NWPES PSP RE ER 


CO 


ArT. V. Du cerveau des mammifères. 155 


3°. Forme générale. 


Les différences dans la forme générale du cer- 
veau dépendent principalement du plus ou moins de 
volume et de développement de ces deux appen- 
dices des corps cannelés, que nous nommons les 
hémisphères. Ces parties sont plus épaisses en 
tous sens dans l’homme que dans aucun autre ani- 
mal. C’est ce qui produit la rondeur de son cer- 
veau. 


Les singes commencent à l'avoir plus applati. 
Leurs hémisphères se prolongent aussi , en ar- 
rière, comme dans l’homme, pour y former les 
lobes postérieurs qui posent sur le cervelet; mais 
dans tous les autres quadrupèdes, à commencer 
par les carnassiers , non-seulement les hémisphères 
sont minces , et par conséquent le sillon qui les 
sépare peu profond et le cerveau applati en 
dessus; mais encore les lobes moyens sont beau- 
coup moins bombés vers le bas, et les postérieurs 
n'existent point du tout. Le cervelet se voit à dé- 
couvert en arrière du cerveau. 


Quant au contour , les cerveaux des singes sont 


MROUEETÉ at SAMAROD EUR PMU ROC LE /r qe 
Cardin re, Er CERN ot 
Dindone . , + 1 ONE 1 AVG DIR So 
PMIDIRGAU does. 62 0e Mel es (8 el SMS, 10e 


156 IX° LEcon. Du cerv. des an. vertébrés. 


aussi assez semblables à celui de l’homme parleur 
forme ovale ; mais dans les carnassiers , ils sont 
proportionnellement plus étroits en avant et se 
rapprochent davantage de la forme triangulaire. 
Cela se voit sur tout dans le chien et le sarigue. 


Quelques rongeurs , comme le Zièvre et le lapin, 
ont aussi cette forme : mais d’autres , tels que le 
castor et le porc-épic, ont le contour du cerveau 

‘presque circulaire. 


Dans les autres herbivores , il forme généra- 
lement un ovale plus large par derrière que par 
devant. 


Le cerveau du dauphin est. d’une forme très-- 
extraordinaire : ses hémisphères sont fort épais 5. 
il recouvre le cervelet pardessus ; il est arrondi. 
de toutes parts , el presque du double plus large 
que long. 


Le cervelet de l’homme ayant son lobe moyen 
caché sous les deux autres , semble au premier 
coup-d’œil n’en avoir que deux , dont le- contour 
est à-peu-prés arrondi. 


Dans les autres animaux , et même dans les 
singes, ce lobe moyen est plus grand à propor- 
tion et est visible au-dehors. Il égale même les 
deux autres lobes dans les rongeurs ; maïs on le: 
retrouve dans le dauphin proportionnellement 
plus petit que dans les singes. 


Arr. V. Du cerveau des maminifères. 157 


4°. Circonvolutions. 


Le cerveau de l’homme est celui de tous qui a 
les circonvolutions les plus profondes , et il ya 
peu d'animaux qui les aient aussi nombreuses. 


Les singes en ont beaucoup moins que lui, sur- 
tout les sapajous. Le lobe postérieur n’en a même 
presque aucune , excepté dans le jocko et le, gib- 
bon , chez lesquels ce lobe est séparé en avant du 
reste par un sillon transverse très-marqué. 


Dans les carnassiers , les sillons sont assez nom- 
breux, et ils observent un certain ordre qui se 
retrouve le même dans la plupart des espèces. On 
en voit en arrière deux de chaque côté , parallèles 
à la ligne du milieu , et en avant un court qui la 
traverse en croix. 

Les rongeurs , en général, n’ont presqu’aucune 
circonvolution sensible. Leurs hémisphères sont 
presqu’entiérement lisses, ou ne montrent que 
quelques lignes peu enfoncées ; maïs on retrouve 
beaucoup de circonvolutions dans les animaux à 
sabots , et sur-tout dans quelques ruminans et dans 
les chevaux. 


Le dauphin a des circonvolutions nombreuses 
et profondes. 


Tous les mammifères ont la surface du cervelet 
marquée de sillons transversaux , parallèles et 
rapprochés comme dans l’homme ; mais ils diffe- 
rent entre eux par d’autres sillons qui le divisent 


158 IX° Lxrçow. Du cerv. des an. vertébrés. 


en lobules , et qui semblent y former des circon- 
-volutions analogues à celles du cerveau. 

Ils sont assez nombreux dans les carnassiers , les 
ruminans et les solipèdes. On en voit moins dans 
les autres ordres. 


5°, Développement des parties intérieures du 
cerseau dans les maminifères. 


Les tubercules quadri-jumeaux augmentent de 
grandeur proportionnelle dans les animaux qui 
s’éloignent de l’homme , et sont fort considérables 
dans les herbivores , tant rongeurs que ruminans 
et solipèdes. Ces herbivores ont tous les rates 
arrondis et beaucoup plus grands que les {estes ; 
ce qui fait penser que cest parmi eux que les 
anciens ont vu et nommé ces tubercules. © 

Dans les sirges , leur proportion respective est 
à peu près la même que. dans l’homme, ; mais 
dans les carnassiers , les testes sont généralement 
plus grands.que les rates. 

Dans le dauphin , ils ont au moins le triple du 
volume. 

Les tebercules que nous avons indiqués dans 
l’homme ,. comme formant une troisième paire, 
deviennent, dans le mnaki et dans le chien, aussi 
gros que ceux des deux autres paires; mais ils ne 
sont que peu ou point sensibles dans les ruminans. 

Les couches optiques , le troisième , le quatrième 
ventricule et la glande pinéale ne présentent point 
de diérences remarquables. | 


ART. V. Du cerveau des mammifères. 159 


Les corps cannelés ne différent guères que par 
un peu plus ou un peu moins de largeur. Il en 
est de même du corps calleux et de la voûte. Les 
cornes d’ammon sont généralement plus grandes à 
proportion dans les quadrupèdes. Leur surface 
ne présente point de boursouflure comme dans 
l’homme. 


Les ventricules antérieurs n’ont de cavité digi- 
tale que dans l’homme ét dans les singes. Cette 
partie n’existe dans aucun autre mammifère. Sa 
présence dépend de celle des lobes postérieurs. 


6°. De la base du cerveau et de l’origine des 
nerfs. 


La base du cerveau présente beaucoup moins 
d’inégalités dansles quadrupèdes que dans l’homme. 
La partie de l’enionnoir est beaucoup moins, en- 
foncée ; les lobes moyens et le pont de varole sont 
moins saillans. Les féminences pyramidales se 
| davantage en arrière. Quant aux nerfs , 


il n’y a que l’olfactif qui présente des différences 
remarquables. 


Les singes seuls l’ont, comme l’homme , dé- 
taché jusqu’à sa basse de la masse du cerveau 
et en forme de filet médullaire. Dans les autres, 
on n ’appercçoit que quelques traits blanchûtres, et 
il y a au lieu de nerf nne grosse éminence cen- 
drée qui remplit la fosse ethmoïdale | et dont 
l'intérieur contient une cavité qui communique avec 


160 IX° Lecox. Du cerv. des an. vertébrés, 


le ventricule antérieur. C’est cette éminence que les 
anciens avoient RPREee Caroncule marmillaire. 

Le dauphin n’a point du tout de nerfs olfactifs, 
ni rien qui les remplace , et il en est de même 
de plusieurs autres cétacés. 

Il résulte de ces observations, que le caractère 
propre du cerveau de l’homme et des singes con-. 
siste dans l'existence du lobe postérieur et de la 
cavité digitale ; celui du cerveau des carnassiers 
” dans la petitesse des zates relâtivement aux testes; 
celui du cerveau des rongeurs dans la grandeur 
des nates, et dans l’absence ou le peu de profon- 
deur des circonvolulions ; celui du cerveau des 
animaux à sabots dans la grandeur des rates, 
jointes à des circonvolutions nombreuses profondes; 
celui du cerveau des cétacés dans sa grande hau- 
teur et sa grande largeur, et dans l’absence totale 
des nerfs olfactifs. On voit aussi que les herbi- 
vores ont tous les 7ates plus grands que les £estes, 
et que c’est le contraire, dans les carnivores. 
T/homme et les quadrumanes ont seuls des nerfs 
olfactifs proprement dits : ils sont remplacés dans 
les vrais quadrupèdes par les caroncules mamil- 
laires , et ils manquent dans les cétacés. 


ARTICLE VI. 


Du cerveau des oiseaux. 


Ls cerveau des oiseaux se distingue au premier 
coup-d’œil, parce qu'il est formé de six masses ou 


Art. VI, Cerveau des oiseaux. - 161 
tubercules, tous visibles à l’extérieur ; savoir, deux 
_.hémisphères, deux couches optiques , un cerveilet, 
‘et une moëlle alongée. 

- Les deux hémisphères représentent une figure 
° de cœur très-bombée , dont la pointe'est en avant. 
Les deux couches optiques sont deux tubercules 
arrondis placés sous les hémisphères , maïs qui 
n’en sont point enveloppés. Le cervelet n’a qu'un 
” seul lobe comprimé latéralement. La moëlle alon- 
gée n’a ni éminences pyramidales et olivaires, ni 
pont devarole ; elle représente une large surface 
unie, entre les deux couches optiques. Les jambes 
du cervelet y pénètrent immédiatement sans former. 
de saillie. . 

_ Les hémisphères ne présentent aucune circon- 
volution ; il n’y en a point non plus sur les couches 
optiques : mais le cervelet a des siries transverses, 
parallèles et serrées comme dans les mammiféres. 

Les oiseaux n’ont point de corps calleux, ni de 
voûte, ni de cloison transparente. Lorsque lon 
écarte les deux hémisphères , on voit qu'ils sont 
séparés selon toute leur hauteur, et qu'ils ne 
s’unissent l’un à l’autre qu’en arrière vers la commis- 
sure antérieure du cerveau. La face par laquelle ils 
se touchent présenté des lignes rayonnantes blanches 
qui viennent de cetté commissure. Ceite surface 
est formée par ‘une cloison mince qui sert de paroi 
interne aux ventricules antérieurs. Cette cloison 
est, comme à l’ordinaire, un repli de l’appendice 
du corps cannelé; mais cet appendice se trouve 
2 L 


162 IX° Leçon. Du cerv. des an. vertébrés. 


très-petit chez les oiseaux, dans lesquels le corps 
cannelé forme à lui seul presque tout l’hémisphéere. 
Il est de la forme d’un rein et n’a point de queue: 
aussi les ventricules antérieurs ne se recourbent- 
ils point en dessous comme dans les mammifères, 
et il n’y a point par conséquent de corne d’am- 
mon. Derrière leur cloison interne est une fente, 
par laquelle ils communiqueroient ensemble et 
avec le troisième , si le plexus choroïde ne s’y 
opposoit. 

La commissure antérieure se prolonge de chaque 


côté dans la substance des hémisphères, comme. 


cela a lieu dans l’homme et dans les quadrupèdes. 
Le troisième ventricule est situé entre les couches 


optiques. Les lignes blanches qui le bordent su- 


périeurement se prolongent, comme à l'ordinaire, 
pour servir de pédicule à la glande pinéale : il 
a en avant et en arrière une commissure blanche. 
Le fond du troisième ventricule communique 
dans l’entennoir. Sa partie postérieure commu- 
nique aussi avec le quatrième ventricule; mais la 


voûte placée sur cette espèce d’aqueduc n’est pomt 


surmontée de tubercules quadri - jumeaux. C’est 
une simple lame mince , qui n’est autre chose que 
la valvule du cerveau prolongée davantage en 
devant. 

Le quatrième ventricule est semblable à celui 
des mammifères, et contient aussi l'impression 
longitudinale appelée plume & écrire. 

Les couches optiques contiennent chacune un 


home dE à à. 


> Arr. VI Cerveau des oiseaux. 165 


ventricule qui communique avec les autres dans 
l’aqueduc de Sylvius. 

Il n’y a point d’éminences ou tubercules ma- 
millaires : les corps cannelés ne présentent point 
dans leur intérieur de stries alternatives blanches 
et grises. L’arbre du cervelet est moins composé 
que dans les mammiftres. 

Entre les corps cannelés et les couches optiques 
sont quatre éminences arrondies, qui se voient 
mieux dans l’autruche que dans les autres oiseaux. 
Les premieres sont situées en avant de la commissure 
antérieure, dans les ventricules antérieurs mêmes; 
les autres sont en arrière de cette commissure , 
et font saillie dans le troisième ventricule, à peu 
près au lieu où se trouve la commissure molle des 
mammifères. Ces tubercules n’ont point d’analogues 
dans le cerveau de l’homme ; mais nous leur ex 
trouverons dans celui des poissons. 

Les nerfs olfaclifs naissent de la pointe même 
des hémisphères, dont ils semblent, pour ainsi 
dire, être la continuation, et non pas de la base 
de cette partie, comme cela a lieu dans les mam- 
mifères. 

Les autres nerfs de l’encéphale ne présentent 
point de différences dans leur origine. 


L 2 


164 IX° Ezcox. Du cerv. des an. vertébrés. 


QURNT I CE, ELNQRE 
Du cerveau des reptiles. 


(Toures les parties du cerveau des reptiles sont 
lisses et sans circonvolutions. Les couches optiques 
sont placées en arrière des hémisphères , et n’en 
sont point recouvertes. Elles contiennent chacune , 
comme dans les oiseaux, un ventricule qui com- 
munique avec le troisième. On voit , aux deux extré- 
mités de celui-ci, les commissures antérieure et 
postérieure ; maïs il n’y a point de commissure 
molle; il n’y a point non plus de tubercules quadri- 
jumeaux. 

Dans la tortue les hémisphères forment un ovale. 
Leur partie antérieure est séparée de la posté- 
rieure par un sillon, et représente une espèce de 
bulbe qui sert comme de racine aux nerfs olfactifs. 
Ce bulbe est troïs fois moindre que l’hémisphère. 
L'intérieur de l’hémisphère est creusé comme à 
l'ordinaire par un ventricule, et contient un corps 
analogue au cannelé , qui ressemble assez, pour la 
“forme, à celui des oiseaux. 

Les couches optiques ne sont pas plus ‘grandes 
que les bulbes des nerfs olfactifs. Leur forme est 
à peu près arrondie : elles se prolongent en dessous 
et emavyant sous les hémisphères pour produire le 
nerf optique. La valvule du cerveau se trouve 
entre elles et le cervelet, sans être surmontée m1 


ArT. VII. Cerveau des reptiles. 165 


précédée d’aucun tubercule, et elle donne , comme 
à l’ordimaire, naissance au nerf de la quatrième 
paire. 

En avant des couches optiques, sous la partie 
postérieure des hémisphères, est un tubercule qui 
correspond à celui que nous avons remarqué dans 
les oiseaux. 

Le cervelet est à peu près hémisphérique. Le 
quatrième ventricule pénètre assez avant dans son 
épaisseur. 

Dans la grenouille, les hémisphères sont plus 
alongés et plus étroits. Les couches optiques sont 
plus grandes à proportion des hémisphères : leur 
ventricule est très-sensible. C’est le contraire dans 
les salamandres, dont les couches optiques sont 
petites, et dont les Re ne sont presque cy- 
lindriques. 

Le cervelet de ces deux genres de reptiles est 
applati , triangulaire et couché en arrière sur la 
moëlle alongée. 

Dans les serpens , les deux hémisphères forment 
ensemble une masse plus large que longue. Les 
couches optiques sont presque globuleuses , et 
moitié plus petites que les hémisphères, en arrière 
desquels elles sont situées. Le nerf olfactif n’a point 
de bulbe sensible, Le cervelet est extrêmement 
petit, applati, et a la forme d’un segment de 
‘cercle. 

Dans tous ces animaux, la face inférieure du 
cerveau est presque unie, les couches optiques ne 

L5 


2:66 IX° Lecon. Du cerv. des an. vertébrés. 


faisant point de saillie vers le bas, et le pont de 
varole n’existant point du tout. 


Les nerfs olfactifs proviennent , comme dans 
les oiseaux, de l’extrémité antérieure des hémi- 
sphères. Les nerfs optiques semblent tirer leur ori- 
gine d’une éminence commune située sous le milieu 
des hémisphères. Les autres nerfs ne présentent 
point de particularités quant à leur origine. 


ARTICLE VIII. 


Du cerveau des poissons. 


Les différens lobes et tubercules qui composent 
le cerveau des poissons sont placés à la file les 
uns des autres, de manière que l’ensemble ne 
présente point une masse commune plus ou moins 
approchante de la forme ovale, mais une espèce de 
double chapelet. Cette comparaison est d’autant plus 
juste que, dans la plupart des espèces, ces tuber- 
cules sont plus nombreux que dans les animaux 
dont nous avons parlé-jusqu’a présent. 


Le cervelet estioujours impair ; il est plus grand 
à proportion que dans les animaux à sang chaud, 
il surpasse même souvent les hémisphères en vo- 
lume. 


Les deux hémisphères existent toujours ; îls 
sont généralement de forme ovale, sans circonvo- 
lution apparente, et contiennent chacun un ven- 


Arr. VIIL. Cerveau des poissons. ‘167 


tricule dont le plancher présente une saillie ana- 
logue aux corps cannelés. 


Les couches optiques sont constamment situées, 
comme dans les oiseaux , au dessous des hémi- 
sphères. Elles sont plus petites qu'eux et contien- 
nent aussi chacune un ventricule. 


Des deux cotés de l’origine de leur moelle alongée, 
en arrière du cervelet, sont presque toujours des 
tubercules qui paroïissent donner naissance à plu- 
sieurs paires de nerfs, et qui sont souvent aussi 
considérables que leurs hémisphères. Il y a quel- 
quefois entre eux un tubercule impair qui forme 
comme un second cervelet. 


Les nerfs olfactifs forment, à leur origine, des 
renflemens ou des nœuds dont le nombre varie, 
et qui sont souvent si volumineux que plusieurs 
auteurs les ont pris pour le véritable cerveau. 


Enfin, il y a dans plusieurs poissons, sous la 
voùte commune des hémisphères, tantôt deux, 


tantôt quatre tubercules qui varient pour la figure : 


et pour les proportions, mais qui présenteroient 
une analogie frappante avec les tubercules quadri- 
jumeaux , s’ils n’étoient pas, comme leurs analogues 
dans les oiseaux , situés en avant et en dessus des 
couches optiques. + 


Le cerveau des poissons est toujours très-pelit 
à proportion de leur corps. Il ne remplit jamais 
entièrement la cavité du crâne. La surface des 
hémisphères est toujours lisse. 11 n’y a que le cer- 

L 4 


= 


— 


168 IX° Lxconw. D cerv. des an. vertébrés. 


velet et les tubercules de ses côtés qui présentent 
quelquefois des rugosités. 

Les cerveaux des différentes espèces de pois- 
sons peuvent différer entre eux : premièrement, 
par le nombre et la forme des nœuds du nerf 
olfactif ; secondement , par le nombre et la 
forme des éminences contenues dans l’intérieur 
des hémisphères; troisièmement , par la forme 
du cervelet; quatrièmement, par les tubercules 
situés en arrière du cervelet. Nous allons les exa- 
miner sous ces diflérens rapports. 


1°. Nœuds des nerfs olfactifs. 


Dans les raies et les squales ces nœuds sont 
soudés ensemble en une seule masse plus large 
que longue, qui surpasse du double les hémisphères 
en grandeur; elle ne contient aucune cavité, et 
son intérieur est entièrement formé d’une substance 
médullaire homogène, De chacune de ses parties 
‘latérales part le nerf olfactif proprement dit : c’est 
ce que plusieurs auteurs nomment le cerveau, et 
d’autres, les lobes antérieurs du cerveau. 

Dans l’esturgeon, ces nœuds sont alongés, étroits : 
ils sont simples, ovales et plus petits que les hé- 


misphèresddans le cycloptère et le tétrodon lune. 


Le gen ude, c’està-dire les mortes, les mer- 
lans, les à simples, arrondis. Ils sont même dans 
Ja morue presque aussi grands que les hémisphères. 
Les labres et tout le genre cyprin, c’est-à-dire 


les carpes, les barbeaux les tenches, elc., les 


Arr. VIII. Cerveau des poissons. 169 


ont aussi simples et arrondis; mais on y voit un 
sillon léger qui leur donne la forme d’un‘rein. 
Dans les pleuronectes, les harengs, les brochets, 
les perches et tout le genre des saumons, qui 
comprend les truites et les éperlans, 11 y a deux 
paires de nœuds dont lantérieure est plus petite 
que l’autre , mais qui n’égalent point le volume 
des hémisphères; enfin, dans le genre des an- 
guilles, il y a trois paires de ces nœuds, qui vont 
en diminuant de grosseur à commencer par la 
dernière : ce qui fait que leur cerveau. présente 
en tout dix tubercules en avant du cervelet, dont 
huit supérieurs (les six nœuds et les deux hé- 
misphères) et deux inférieurs, qui sont les couches 
optiques, 


2°. Eminences de l’intérieur des hémisphères, 


a. Les corps cannelés ne sont pas sensibles dans 
les raies et les squales, où l'intérieur du ventri- 
cule ne présente aucune éminence. Dans la plu- 
‘part des autres poissons ils représentent deux ares 
de cercle, dont la concavité est dirigée en dedans, 
et du bord convexe desquels partent des stries 
médullaires très-fines ; qui se prolongent transver- 
salement sur les parois internes du ventricule. Ces 
corps cannelés sont plus ou moins larges selon 
les espèces. Ils forment deux ovales saillans dans 
le merlan. Leur extrémité antérieure se rapproche 
davantage de la ligne moyenne que la postérieure. 
Un peu plus en avant qu'eux est la commissure 


170 IX° Lecox. Du cerv. des an. vertébrés. 


antérieure du cerveau. Entre eux est un sillon 
qui conduit dans le troisième veniricule. La por- 
tion supérieure de chaque hémisphère n’est, comme 
dans les autres animaux à sang rouge, qu’un ap- 
pendice de ces corps cannelés, qui se recourbe en 
dessus pour former une voüte. 

b. Les tubercules semblables aux quadri-jumeaux 
n'existent pas dans les raies et les squales. Il n’y 
en a qu’une seule paire dans les anguilles, les 
gades et les karengs, qui forme une éminence demi- 
ovale en avant du cervelet entre les extrémités pos- 
térieures des corps cannelés. Les brochets, les 
truites et saumons, les perches en ont deux paires, 
qui forment quatre petits tubercules arrondis, dont 
les postérieurs sont un peu plus gros. 

Dans le genre des carpes il y a aussi quatre 
tubercules, maïs très-inégaux : les postérieurs sont 
petits et arrondis ; les antérieurs sont extrèmement 
alongés en forme de cylindres, et se recourbent en 
dehors et en arrière pour suivre la courbüre des 
ventricules latéraux dont ils remplissent toute la 
capacité. Leur face postérieure est marquée d’un 
sillon longitudinal. 


3°. Cervelet. 


Le cervelet des poissons ne recouvre pas seule 
ment le quatrième ventricule : cette cavité s'élève 
aussi dans sa substance. Il est tantôt arrondi, et 
tantôt plus ou moins approchant de la forme co- 
nique. Les raies etles squales l'ont irrégulièrement 


‘Arr. VUI. Cerveau des poissons. 171 


sillonné : il est lisse dans presque tous les autres. 
On ne voit dans son intérieur d’autres vestiges 
d'arbre de vie que quelques lignes blanchâtres et 
peu marquées. Lorsque sa forme est conique, 
‘comme dans la morue et la carpe, sa pointe se 
recourbe un peu en arrière, et lui donne la forme 
d’un bonnet phrygien. 


Tubercules situés en arrière du cervelet. 


Ces tubercules sont propres aux poissons, & 
moins qu’on ne les regarde comme tenant la place 
des éminences olivaires. 

Dans la raie, ils sont volumineux, irrégulière- 
‘ment sillonnés, et donnent évidemment naissance 
à la plus grande partie de la cinquième paire. 

La carpe les a aussi grands que Îles hémisphères, 
en forme de reins, et entre eux un gros tubercule 
arrondi, qu’on Dotéro norimer un second cer- 
velet, mais qui tient immédiatement à la partie 
dorsale de la moëlle alongée, et qui ne renferme 

aucun ventricule. 

Dans le merlan et la morue, ils sont ovales , 
placés tout-à-fait au dessus de la moëlle : il en est 
a peu près de même dans l’anguille et le congre- 

Ces parties sont peu sensibles dans les brochets, 
les truites, les saumons et les perches, 


Origine des nerfs. 


Dans les poissons, les nerfs olfactifs ne sont que 
la continuation des noeuds placés en avant des 


“72 IX° LEÇON. Du cerv. des an, vertébrés. 


_hémisphères. Le trajet qu’ils parcourent avant 
d'arriver aux narines est souvent très-long. Les 
optiques naïssent sous le cerveau où les couches 
du même nom se trouvent aussi placées. Ces nerfs 
sont trés-gros , et composés, tantôt de plusieurs 
filets distincts, tantôt d’un seul ruban applati, qui 
est quelquefois plissé longitudinalement sur lui- 
même. Ils se croisent sans se confondre, en sorte 
qu’on voit clairement que celui du côté gauche se 
rend à l’œil droit, et réciproquement. ‘ 

Le nerf de la cmquième paire a son RE si 
près de celle du nerf acoustique, qu’il semble n’en 
former qu’un seul avec lui. Le facial est en re- 
vanche très-distinct du nerf acoustique. Le nerf 
de la huitième paire est trés-gros : les autres ne 
présentent rien de particulier. 


AE TEE C L'ESEX 


Résumé des caractères propres aux cerveaux 
des quatre classes d'animaux vertébrés. 


DE l’examen que nous venons de faire il résulte, 

1°, Que le caractère qui distingue le cerveau 
des mammifères, d’avec celui des autres animaux 
à sang rouge , consiste : | 

a. Dans l’existence du corps calleux, de la voûte, 
des cornes d’ammon et du pont de varole; 

b. Dansla position des tubercules quadri-jumeaux 
sur l’aqueduc de Sylvius; | 


Arr. IX. Caractères des cerveaux. 173 


c. Dans l’absence de tout ventricule aux couches 
optiques , et dans la position de ces couches en 
dedans des hémisphères ; 

d: Dans les lignes alternativement grises et 
blanches de l’intérieur des corps cannelés. 

2°, Le caractère propre du cerveau des oiseaux 
consiste : 

a. Dans la cloison mince et rayonnante qui 
ferme chaque ventricule antérieur du côté in- 
terne. 

5°. Le caractère propre du cerveau des reptiles 
consiste : 

a. Dans la position des couches optiques der- 
rière les hémispheres. # 

4°. Le caractère propre du cerveau des poissons 
consiste : , 

a. Dans les nœuds du nerf olfactif et les tuber- 
cules situés en arrière du cervelet. 

5°. Les trois dernières classes ont en commun les 
caractères suivans, par lesquels elles se distinguent 
de la première : 

a. Ni corps calleux, ni voûte, ni leurs dépen- 
dances ; 

b. Des tubercules plus ou moins nombreux, 
situés entre les corps cannelés et les couches op- 
tiques ; : 

c. Des ventricules dans ces couches, et leur dé- 
gagement des hémisphères ; 

d. L'absence de tout tubercule entre les couches 
et le cervelet, ainsi que de tout pont de yarole, 


174 IX° Lecox. Du cerv. des an. vertébrés. 

6°. Les poissons ont certains caractères communs 
avec les oiseaux, qui ne se retrouvent point dans 
les deux autres classes. Ce sont, 

a. La position des couches optiques sous la base 
du cerveau ; : 

b. Le nombre des tubercules placés en avant 
de ces couches ordinairement de quatre. 


7°. Les poissons et les reptiles ont en commun, 
pour caractère qui les distingue des deux premières 
classes, l'absence de l'arbre de vie dans le cer- 
velet. | 

8°. Tous les animaux à sang rouge ont en commun 
les choses suivantes: 

a. La division principale en hémisphères, couches 
optiques et cervelet ; 

b. Les deux ventricules antérieurs pairs, le troi- 
sième et le quatrième impairs, l’aqueduc de Syl- 
vius, Pinfundibulum, la communitation ouverte 
entre toutes ces cavités; 

c. Les corps cannelés et leurs appendices en 
forme de voûte , nommés hémisphères ; 

d. Les commissures antérieure et postérieure; 
et la valvule du cerveau ; 

e. Les corps nommés glandes pinéale et pitui- 
taire ; 

f. L'union du grand tubercule impair, ou cer- 
velet, par deux jambes transversales avec le reste 
du cerveau, qui naît des deux jambes longitudi- 
nale de la moelle alongée. 


ART. IX. Caractères des cerveaux. 195 


9°. IL paroît aussi que l’on entrevoit certains rap- 
ports entre les fâcultés des animaux et les proportions 
de leurs parties communes. 

Ainsi la perfection de leur intelligence paroît 
d'autant plus.grande, que lappendice du corps 
cannelé qui forme la voûte des hémisphères est 
plus volumineux. 

L’homme a cette partie plus épaisse, plus étendue 
et plus reployée que les autres espèces. 

À mesure qu’on s'éloigne de l’homme, elle de- 
vient plus mince et plus lisse ; à mesure qu’on 
s'éloigne de l’homme , les parties du cerveau se 
recouvrent moins les unes les autres; elles se 
développent et semblent s’étaler davantage en lon- 
gueur. 

Il paroît même que certaines parties prennent 
dans toutes les classes un développement relatif 
à certaines qualités des animaux. Par exemple, 
les tubercules quadri - jumeaux antérieurs des 
carpes qui sont les plus foibles , les moins carnas- 
siers des poissons, sont plus gros à proportion, 
comme ceux des quadrupèdes qui vivent d’herbes. 
On peut espérer, en suivant ces recherches, d’ac= 
quérir quelques notions sur les usages particu- 
liers à chacune des parties du cerveau ou de l’en- 
céphale. 


176 IX° Leçon. Du cerv. des an. vertébrés. 


ARTICLE X. 


Des enveloppes du cerveau. 


1 
y 
Daxs tous les animaux à sang rouge, le cer- 
veau , ainsi que les autres parties du système 


nerveux, est enveloppé par trois nrembranes. 


Celle qui le touche immédiatement a été appelée 
la pie-mere; l'externe se nomme la dure - mère, 
et celle qui est intermédiaire a été désignée par 
le nom d'arachnoide. 


a. La dure-mère est une membrane épaisse , 
opaque , très - solide, qui tapisse toute la cavité 
osseuse du crâne et du canal vertébral. 

La plupart des fibres de la face externe sont 
longitudinales , et la plupart de celles de la face 
interne sont transversales; mais il y en a beau- 
coup d’autres qui suivent diverses directions. | 


Dans le crâne, la dure-mère est intimement 
unie aux os; elle leur sert de périoste; elle paroiît 
comme veloutée à sa face externe; elle est lisse 
et brillante à sa face interne. Dans le canal ver- 
tébral, elle est plus lâche et n’est point intimement 
unie aux os; mais son organisation est la même. 
Cette membrane est regardée par les anatomistes 
comme formée de deux lames, quoiqu'il soit très- 
difficile de les séparer. Entre ces deux lames 
rampent les vaisseaux sanguins, et la lame interne 


Art. X. Enveloppes du cerveau. 197 


paroït se détacher de l’externe pour former divers 
replis. 

On sait que dans l’homme on en a décrit sept, 
1°. la faux du cerveau, qui s'étend de la crête 
ethmoïdale à l’épine occipitale interne , dont le 
bord inférieur libre, plus étroit en avant, plus 
large en arrière, se trouve engagé entre les deux 
hémisphères qu’il sépare l’un de l’autre ; 

2°. La tente du cervelet, qui sépare les deux 
lobes postérieurs du cerveau d’avec le cervelet ; 
elle provient de la dure-mère au devant des deux 
branches de la croix occipitale, et se porte vers 
les apophyses clinoïdes postérieures, en laissant 
un vuide par lequel plongent les prolongemens 
médullaires du cerveau; 

9°. La faux du cervelet, qui répond à la ligne 
inférieure de la croix occipitale, et qui se pro- 
longe un peu entre les lobes du cervelet; 

4°. Les deux replis qui s’étendent des apophyses 
clinoïides antérieures aux postérieures, et circons- 
crivent ainsi la fosse pituitaire ; 

5°. Enfin, les deux replis qui séparent les fosses 
antérieures du cerveau d’avec les moyennes, en 
se contournant sur les apophyses orbitaires de l’os 
sphénoïde , qu’on nomme petites ailes d’Ingrassias. 

Dans les mammifères, la faux du cerveau di- 
minue beaucoup de longueur et de largeur. 

La tente du cervelet, au contraire, a beaucoup 
de consistance ; elle est même soutenue par une 
lame osseuse dans ceux qui sont très-prompts à 


2 M 


. 178 IX° Leçon. Du cerv. des an. vertébrés. 


la course, cemme nous l’avons indiqué à l’ar- 
ticle III de l’ostéologie de la tête. Ce repli semble 
destiné à empêcher les deux parties de l’encé- 
phale de se froisser, dé la même manière que la 
faux du cerveau peut obvier à ce que l’un des 
hémisphères pèse trop sur l’autre lorsque la tête 
repose sur un coté. # 

La faux du cervelet disparoit entièrement dans 
les animaux chez lesquels le processus vermiforme 
fait plus de saillie que les lobes latéraux, comme 
dans tous les véritables quadrupèdes. 

On retrouve dans les oiseaux la faux du cer- 
veau ; elle a, dans le dndon, la forme d’un 
segment de cercle ; elle s'étend du milieu de 
l'intervalle des ouvertures des nerfs olfactifs 
jusqu’à la tente du cervelet. La faux du cervelet 
manque ; sa tente est peu étendue, soutenue par 
une lame osseuse, et il y a en outre deux replis 
particuliers , un de chaque côté, qui séparent les 
hémisphires d'avec les couches optiques. 

Dans les animaux à sang rouge et froid, il n’y 
a aucun de ces replis. La dure-mère des reptiles 
et des poissons est toujours adhérente à la sur- 
face interne du crâne; elle est même séparée du 
cerveau par une humeur muqueuse ou huileuse 
plus ou moins solide. 

b. La membrane arachnoïde a été nommée 
ainsi par rapport à sa texture extrêmement déli- 
cate et transparente, qui l’a fait comparer à une 
toile d’araignée, Elle enveloppe la pie-mère ; mais 


À 


. 


À 


Le 
2 


‘Arr. X. Enveloppes du cerveau. 159 
tlle ne s’enfonce pas avec elle dans les sillons du 
cerveau ; elle est tendue au dessus de ces enfon- 
cemens , et forme là comme un pont, à l’excep- 
Lio cepéndant des endroits dans lesquels se pro: 
ionge la membrane interne de la dure-mére; elle 
forme un vaste entonnoir , dans lequel est reçus 
la moelle épinière. Ce sac paroît naître dans 
 Vhomme immédiatement au déssous de l’origine des 
nerfs optiques. 

Dans les animaux à sang froid ,ichez lesquels, 
comme nous l’avons déja dit, le cerveau ne remplit 
pas toute la cavité du crane à beaucoup prés ; 
l’arachnoïde est remplacée par une cellulosité 
lâche qui occupe tout l’espace compris entre la 
.dure et la pie - mère, et elle est ordinairement 
abreuvée d’une humeur de consistance de gelée, 
comme dans les poissons cartilagimeux, et quel- 
quefois sanguinolente. Dans la carpe et dans le 
saumon , cette humeur ressemble à une écume 
huileuse. | 

c. La pie-mère est la membrane qui enveloppe 
immédiatement la substance du cerveau; elle s’en- 
fonce dans tous les sillons qui sont tracés sur s4 
surface et qui en forment les circonvolutions. Elle 
paroïît composée de vaisseaux sanguins ; mais ce- 
pendant les artères et les veines ne font que la 
pénétrer. On a remarqué qu’elle est beaucoup plus 
solide , et qu’elle a un plus grand nombre de 
vaisseaux sur les eñdroits où elle ne recouvre 


que la substance grise du cerveau, que dans ceux 
M s 


+ 


180 IX° Leçon. Du cerv. des an. vertébrés. 


où elle enveloppe la substance médullaire et les 
nerfs : elle suit aussi la moelle vertébrale qu’elle 
enveloppe; elle pénètre dans plusieurs ventricules : 
mais elle ne-s’attache point à leurs parois; elle 
flotte dans leur intérieur en y supportant les vais: 
seaux : on nomme les prolongemens qu’elle y 
forme plexus choroïdiens. 

Les replis de la pie-mère, qui pénètrent dans 
les circonvolutions, sont attachés à la substance 
du cerveau par une cellulosité fine qui paroïît être 
produite par des vaisseaux sanguins d’une ténuité 
extrème. 

Le plus grand des prolongemens de la pie-mère 
se trouve dans les mammifères, dans la partie des 
ventricules antérieurs qui correspond au dessous 
de la voûte et au dessus des couches optiques. 
C’est une toile vasculeuse repliée sur elle-même 
et formant une espèce de cordon. Lorsqu'elle est 
étendue, on lui trouve une forme à peu près trian- 
gulaire. Les vaisseaux qui la pénètrent sont entre- 
lacés d’une manière bien plus serrée sur les bords 
de cette toile : ce sont eux qu’on désigne plus 
particulièrement sous le nom de plexus choroïdes, 
Il y a encore un plexus à peu près semblable au 
milieu de la face inférieure de cette toile, et positi- 
vement sur l’ouverture du troisième ventricule. 

Dans les oiseaux, il y a deux bandes étroites 
qui pénètrent dans les ventricules et qui en oc- 
cupent toute la longueur. 

Il y a bien une disposition analogue dans les 


Arr. {I Vaisseaux du cerveau. 181 


poissons ; mais là le plexus adhère aux parois des 
ventricules et n’y flotte pont. 

On trouve deux autres prolongemens de la pie- 
mère dans le quatrième ventricule situé sous le 
cervelet, un pour chaque côté. Ils sont libres et 
sans adhérence bien marquée: il n’y en a pas 
dans les oiseaux. 


À RDC LE XE 
Des vaisseaux du cerveau, 


Dans l’homme six artères principales se rendent 
dans le crâne, trois de chaque côté; l’une se 
distribue dans la dure-mère, on la nomme artère 
sphéno-épineuse ; les deux autres se divisent dans 
le cerveau : on les désigne sous le nom de caro- 
tides internes et de vertébrale. 

L’artère sphéno-épineuse est une branche de la 
maxillaire interne qui pénètre dans le crâne par 
le petit trou de l’avance postérieure de los sphé- 
noïde. Parvenue dans l’intérieur du crâne, elle 
monte vers la face interne de l'os pariétal; elle 
se divise là, dans l'épaisseur de la dure - mère, 
en un grand nombre de ramifications qui s’anas- 
tomosent entre elles, et que l’on a comparées dans 
l’homme aux nervures d’une feuille de figuier. 
Ceite disposition est la même dans tous les autres 
mammiféres. 

La caroiide interne sort du conduit osseux de 

M 5 


382 IX°,. Lecon. D cerv. des an. vertébrés. 


l’ostemporal, rampe quelque temps dans l’épaisseux 
de la dure - mère , où elle baigne dans le sang 
veineux contenu dans le sinus caverneux ; elle 
pénètre enfin dans le crane derrière les aÿophyses . 
clinoïdes antérieures : on la nomme alors artère 
cérébrale. Elle donne là plusieurs ramuscules qui 
se distribuent aux parlies voisines, et toujours em 
arrière un gros rameau qui va s'unir au tronc 
des artères vertébrales , et se on nomme artère 
commriniquante. 

Deux petils rameaux qui vont se rendre au 
plexus choroïde naïssent ordinairement de l’artère 
cérébrale lorsqu'elle a fourni la communicante. Le 
tronc se bifurque ensuite. L'une des branches se 
porte en devant au dessus du corps calleux, ce 
qui la fait appeler artère calleuse ; elle fournit, 
ainsi que toutes les autres Dm Uone beaucoup de 
ramuscules aux parties voisines. L'autre branche 
est un peu plus grosse que l’antérieure ; elle se 
porte en dehors à la surface des hémisphères 
dans l’épaisseur de la pie-mère et dans la scissure 
de Sylrius, où elle se divise et se subdivise à 
Vinfini pour pénétrer par des artérioles exirême- 
ment délicates dans la substance même du cer- 
veau. 

Les artères vertébrales, après de nombreuses 
inflexions dans le canal formé par les trous dont 
sont percées les apophyses transverses des cinq 
vertèbres intermédiaires du co}, arrivent dans le 
crâne par le grand trou occipital; elles se portent 


ArT. XI. Vaisseaux du cerveau. 185 


en devant dans la fosse basilaire de l’os occipital ; 
elles s’unissent là pour ne former qu’un tronc com- 
commun, nommé artère basilaire ; mais elles 
donnent auparavant deux branches de chaque côté 
au pont de varole : celles-ci se ramifent à la face 
inférieure du cervelet. L'une des ramifications 
porte le nom de spinale postérieure, parce qu’elle 

| pénètre dans le quatrième ventricule, et qu’elle 
suit en arrière la moelle épinière jusqu’à la hau- 
teur des vertèbres lombaires. Des mêmes artères 
vertébrales proviennent les spinales antérieures, 
qui se réunissent vers les nerfs grands hypoglosses 
en un tronc unique, lequel descend dans le canal 
vertébral au devant de la moelle épinière jusqu’au 
sacrum, en donnant beaucoup de petites branches 
qui s’anasiomosent avec d’autres artères. 

Le tronc basilaire se bifurque de nouveau pour 
produire les artères supérieures du cervelet si- 
tuées entre le cerveau et le cervelet, et de plus 
les artères communiquantes qui, comme nous 
l'avons vu, s'unissent aux carotides. 

Les veines du cerveau ne forment point de gros 
troncs ; elles débouchent dans des conduits d’une 
structure particulière, nommés sirzus. Ils sont for- 
més par des duplicatures de la dure-méère, collés 
aux os par une cellulosité épaisse et munis dans 
leur MR tissu cellulaire et de brides li- 
gamenieuses. Les veines s’y insérent d’une ma- 
nmière contraire au cours du sang. Le but de cette 
organisation paroït être d'empêcher le reflux du 


Ma 


184 IX° Lecon. Du cerv. des-an. vertébrés. 


sang veineux qui pourroit comprimer le cer- 
veau. ; 

Tous les sinus dégorgent le sang qu’ils contien- 
nent, soit directement, soit médiatement, dans 
une sorte de dilatation , qu’on nomme golfe des 
jugulaires. Ce golfe est situé au dessus du trou 
déchiré postérieur, par lequel la veine sort du 
crane. 

Les sinus de l’homme sont le Zongitudinal 
postérieur, qui règne le long du bord convexe 
de la faux; le Zongitudinal inférieur, situé sur 
son bord concâve ; le droit, qui de l’extrémité 
postérieure du précédent va s’aboucher avec l’un 
ou l’autre des sinus latéraux. Ceux-ci se distinguent 
en droit et en gauche ; l’un reçoit ordinairement 
à lui seul le sang du sinus longitudinal supérieur ; 
l’autre reçoit aussi le plus ordinairement celui qui 
est contenu dans le sinus droit. Ils suivent chacun 
de leur côté le sillon tracé entre le cerveau et le 
cervelet à la base du rocher; ils descendent et 
suivent son bord postérieur jusqu'au golfe des 
jugulaires. 

Le sinus circulaire de la selle sphénoïidale 
entoure la glaude pituitaire ; il se décharge dans 
deux grands réservoirs situés sur les côtés de la 
selle, nommés sinus caverneux , au inilieu des- 
quels baignent dans le sang l’anfre carotide e+ 
plusieurs paires de nerfs. On nomme pétreux 
inférieur un conduit veineux qui va du sinus ca- 
“verneux au golfe du jugulaire; enlin , l'on a désigné» 


\ 


RO. 7 


ArT. XI. Vaisseaux du cerveau. 185 


sous le nom de sinus pétreux supérieur, un autre 
petit conduit qui suit l’angle saillant du rocher et 
qui débouche dans le sinus droit. 

Les vaisseaux sanguins de l’intérieur du crâne 
des mammifères ne diffèrent de ceux de l’homme 
que par leur position. Nous avons indiqué dans 
la huitième leçon les cavité de l’intérieur du 
crâne et les sillons qui y sont tracés. Ces sillons 
étant les traces des vaisseaux indiquent jusqu’à un 
certain point leur position. Aïnsi, d’après la des- 
cription du canal carotidien, du trou épineux et 
du trou vertébral, on voit les points desquels 
partent les artères. Quant à celles du cerveau, 
elles sont à peu près disposées comme celles de 
l’homme ; mais elles suivent d’autres courbures 
déterminées par les formes des lobes. 

Cependant il est une disposition particulière des 
vaisseaux autour de l’artère carotide, au moment 
où ce vaisseau pénètre dans le crâne: c’est ce 
que les anciens anatomistes ont nommé réseau 
admirable ( rete mirabile ) On avoit avancé 
d’abord que cette disposition de vaisseaux, existoit 
dans l’homme; mais il est bien reconnu mainte- 
nant qu'on ne la retrouve que dans un certain 
nombre d'animaux. Voici sa distribution la plus 
générale : le réseau admirable est le produit d’un 
plexus d’artérioles rameuses qui proviennent de 
lartère carotide, et qui entourent la glande pi- 
tuitaire. Tous ces ramuscules dans lesquels l’artère 
sembloit s’étre dissoute d’abord se réunissent de 


186 IX° Lrcon, Du cers. des an. vertébrés. 


nouveau en un seul tronc: cela paroît être ainsi 
au moins dans le plus grand nembre des carnas- 
sicrs. L’éléphant et le castor n’ont point offert 
cette disposition. 

Dans les oiseaux , les vaisseaux artériels et veineux 
sont analogues à ceux des mammifères. Nous ne 
les avons pas encore gen étudiés : nous nous propo- 
sons de faire des recherches à cet égard, ainsi 
que pour ceux des reptiles. 

Dans les poissons , et spécialement dans les 
cartilagineux, comme les raies, les squales, les 
vaisseaux artériels du cerveau proviennent de deux 
troncs récurrens de la première paire de veines 
branchiales. Ces deux artères remontent en devant 
vers le crâne qu’elles percent en dessous à peu près 
dans le point de son union avec la colonne ver- 
tébrale. Parvenues dans la cavité encéphalique, 
elles se partagent chacune en trois rameaux, l’un 
qui descend dans le canal vertébral, pour s'unir 
à son correspondant de l’autre côté et à un petit 
tronc moyen dont nous parlerons par la suite. La 


réumion de ces trois rameaux forme une grosse : 


artère qui suit la moelle épinière en dessous, et 
qu’on pourroit nommer l'artère spinale. Il s’en 
sépare beaucoup de ramifications qui suivent le 
trajet des nerfs. Le second rameau de lartere 
vertébrale se porte obliquement en avant au dessous 
de la moelle épinière ; il rencontre là le tronc 
moyen et le rameau correspondant de l’autre côté: 
nous en parlerons par la suite. Le troisième 


5 


ArT. XI Vaisseaux du cerveau. 187 


rameau de l’artère vertébrale est le plus antérieur ; 
arrivé sur la naissance de la moelle épinière, :1l 
donne deux rameaux qui se rendent à un anneau 
vasculaire produit par le vaisseau moyen qui passe 
au travers, de manière à former une espèce de », 
ou de phi grec majeur, accompagné de deux 
moitiés de cercle accolés en sens opposé 98c. Le 
rameau continue encore de se porter en avant à 
la hauteur des nerfs de la huitième paire ; il s’en 
détache là de nouveau deux troncs qui, venant à 
se rejoindre, font le commencement du vaisseau 
moyen, dont nous avons parlé plusieurs fois, et 
qui finit par former l'artère spinale en suivant 
ainsi toute la ligne inférieure du cerveau. Le 
rameau antérieur, continuant de se porter en avant, 
fournit beaucoup de petites artérioles au cerveau ; 
il passe sous l’origine du nerf de la cinquième paire ; 
et, enfin, arrivé sous le tubercule olfactif ; il s’y 
épanouit en patte d’oie et l’environne de toutes 
parts. 

T'els sont les rameaux principaux de l’encéphale 
des poissons. Les vaisseaux veineux sont aussi 
fort nombreux, et rampent dans la graisse ou la 
liqueur muqueuse dont est enveloppé le cerveau. 
Nous ne les connoissons pas encore assez pour 
pouvoir les décrire, 


188 IX° Lecon. Du cerv. des an. vertébrés. 


AR EI C LE XTTE 
De la moelle épinière. 


Le prolongement de l’encéphale qui sort du 
crâne par le grand trou occipital a été nommé 
la moelle épinière. Elle paroît produite, ainsi 
que nous l’avons vu, par l’union des appendices 
médullaires du cerveau et du cervelet. 


La moelle vertébrale paroît au dehors entière- 
ment composée de substance blanche, mais dans 
l’intérieur elle est un peu plus grise. Recouverte 
de ses membranes, elle a plus de consistance que 
le cerveau; mais elle se liquéfie presque aussitôt 
qu’on lui enlève cette enveloppe. Ce prolongement 
médullaire est presque cylindrique, un peu com- 
primé; il semble formé de deux cordons séparés 
entre eux par deux sillons: l’un, du côté du corps 
de la vertébre ; et l’autre, du côté de son apo- 
physe épineuse. En écartant un peu les bords 
des sillons , on appercoit des fibres qui semblent 
s’entrecroiser et qui réunissent les deux faisceaux 
de la moelle. La grosseur de la moelle vertébrale 
varie dans les différens points du canal qu’elle 
parcourt. En général le canal des vertèbres est 
d’un plus grand diamètre daus la partie inférieure 
du col: c’est aussi dans cet endroit que la moelle 
épinière est plus grosse. Elle éprouve encore une 


ArT. XII De la moelle épinière. 189 


sorte de renflement vers les dernières vertèbres 
du dos. Dans la région lombaire, elle se rétrécit 
et devient conique, et finit enfin par un filet qui 
appartient à son enveloppe, et qui va se fixer à 
l'extrémité du canal vertébral. Cette disposition 
est à peu prés la mème dans tous les animaux à 
sang rouge. 


La moelle épinière donne naïssance à autant 
de paires de nerfs qu'il y a de trous de conju- 
gaison entre les vertèbres. On désigne ces nerfs 
sous le nom de la région de la colonne vertébrale 
par laquelle ils sortent. 


Les nerfs cervicaux sont au nombre de sept 
dans le plus grand nombre de mammifères , à 
l'exception du paresseux à trois doigts et des cé- 
tacés. Dans les oiseaux, ce nombre est beaucoup 
plus grand. Il est moindre le plus ordinairement 
dans les reptiles, et souvent il n’y en a point du 
tout dans les poissons. 


Les nerfs des autres régions varient aussi extré- 
mement : nous n’en apportons point ici d'exemples, 
parce que nous répéterions ce que nous ayons déja 
indiqué dans l’article I de la ITT°. lecon. 


L'origine de tous nerfs vertébraux est à peu près 
semblable. Ils paroissent produits par deux racines, 
dont l’une vient de la partie antérieure du cordon, 
et l’autre de la postérieure. Ces deux racines sont 
séparées entre elles par un prolongement mem- 
braneux, dont nous parlerons par la suite, en 


190 IX° Leçon. Du cerv. des an. vertébrés. 


traitant des enveloppes. Ils sortent du canal ver: 
tébral par deux trous distincts dont est percée la 
dure-mère au devant des trous invertébraux. Ils 
se réunissent ensuite en formant un ganglion qui 
produit les nerfs vertébraux, que nous décrirons 
dans la lecon suivante. 


Vaisseaux de la moelle épinière. 

Les artères de la moelle épinière sont nombreuses, 
Les vertébrales lui en fournissent deux : l’une 
antérieure , et l’autre poslérieure, qu’on désigne 
sous les noms de spinales. Elles se distribuent dans 
l'épaisseur de la pie-mère , et plusieurs filets pé- 
nètrent dans la substance médullaire même. Les 
autres artères proviennent des cervicales, des in- 
tercostales, des lombaires, des sacrées et des coc- 
cigiennes ; elles entrent dans le canal par les trous 
qui donnent sortie aux nerfs, et elles communi- 
quent avec les autres et entre elles par un grand 
nombre de fines anastomoses. ù 

Les veines de la moelle épinière sont aussi fort 
nombreuses. Leurs plus petites ramifications rams 
pent dans l'épaisseur de la pie-mère, et elles se 
dégorgent dans deux sinus longitudinaux de la dure- 
mère qui revet le canal vertébral. Ces deux smus 
s’umissent par des veines de communications trans- 
versales qui répondent à chacune-des vertèbres. 
La première de ees branches communicantes se 
dégorge dans les fosses jugulaires; les autres dé« 


on. 


D RS 


CN 


Arr. XIT. De la moelle épinière. 191 


gorgent : savoir, les cervicales dans la veine ver- 
tébrale ; les dorsales , dans les veines intercostales; 
enfin, les lombaires et les sacrées, dans les veines 
du même nom. 


Enveloppes de la moelle épinière. 


Nous avons vu, à l’article des enveloppes du 
cerveau, que les membranes de ce viscère se pro- 
longent dans le canal vertébral, et recouvrent la 
moelle épinière. Le tout est contenu dans ce canal 
osseux formé par les vertèbres, dont le nombre 
et les articulations varient beaucoup , ainsi que 
nous l’avons déja vu dans la troisième lecon en 
traitant des os de l’épine. Nous avons omis là les 
conformations qui tiennent à la sortie des nerfs : 
nous allons en parler ici. 


La partie annulaire de chaque vertébre a, de 
chaque côté, une échancrure située à la partie in- 
férieure dans celles des lombes et dans les infé- 
rieures du dos. Elle est commune aux deux bords 
des vertèbres adjacentes dans les premières dor- 
sales et dans les cervicales. Il n’y a qu’un simple 
trou dans l’odontoïde ou deuxième cervicale, 


Telle est l'issue des nerfs dans la vlupart des 
mammifères et des oiseaux , et même dans le cro- 
codile. Cependant quelques quadrupèdes, comme 
le cheval, ont des trous au lieu d’échancrures. 
Dans les poissons, comme les parties annulaires 


192 IX° Lecon. Du cerv. des an. vertébrés, 


ne se touchent point, on ne retrouve ni trous, ni 
échancrures. 

La pie-mère présente une disposition particu- 
lière dans l’intérieur du canal vertébral. De chaque 
côté du cordon, elle se prolonge entre chacune 
des racines des nerfs vertébraux, de manière à 
former autant de dentelures qu’il y a de paires 
de nerfs. Cette duplicature de la pie-mère porte 
le nom de Zigament dentelé. I commence vers 
le bord du trou coccipital, et ses dentelures se 
terminent vers les premières vertèbres lombaires : 
alors il se confond avec la pie - mère et se fixe 
avec elle. Cette disposition est la même dans les 
mammifères et les oiseaux. 


Éd. sus : cn. 


DIXIÈME LEÇON, 


Distribution des principaux nerfs dans 


les animaux vertébrés. 


Y 


ENT avoir vu, dans la dernière lécon, ce 
qui concerne la partie centrale du système ner= 
veux, nous allons suivre aujourd’hui les branches 
de ce système dans leur distribution aux parties, 
Ce que cette distribution nous offre de plus re- 
marquable , c’est la fidélité de la nature à suivre 
un plan général, dont elle ne s’écarte que le 
moins ‘qu’elle peut dans lés diverses espèces. 
{ Nous avons eu déja des preuves répétées de 
cette constance à l'égard du squelète et dés muscles: 
elle est plus remarquable éncore à l’égard des 


| nerfs, parce que la conformité y est plus exacte, 


quoiqu'au premier coup d’oœil eile paroisse moins 
nécessaire. 

Les parties analogues reçoivent constainment 
leurs nerfs de la même paire dans tous les ani 
maux, quelle que soit la position de ces parties 3 
quels que soient les détours que cette paire est 
obligée de faire pour s’y rendre, Les nerfs ana- 
logues ont toujours une distribution semblable $ 
ils se rendent toujours aux mêmes parties Mêie 
les plus petites paires: celles dont la distribuhoñ 

2 NN 


194 X° Leçon. Distrib. des princip. nerfs. 

est la plus bornée, ou qui pourroient être le plus 
aisément suppléées par les paires voisines , comme 
la quatrième et la sixième, conservent leur exis- 
tence et leur emploi. 

T1 semble assez naturel de conclure de là, que 
les nerfs ne sont pas entièrement semblables entre 
eux, et ne conduisent pas par-tout un fluide ab- 
solument identique, comme le font, par exemple, 
les artères ; mais qu'il y a dans la structure de 
chacun d’eux, dans leur manière d’agir, dans 
leur action secrétoire, quelque particularité rela- 
tive aux fonctions et à la nature de l’organe qu'ils 
vont animer. 

C’est sur-tont sous ce rapport que la comparai- 
son détaillée des nerfs dans les diverses classes 
peut intéresser le physiologisie. 


ARTICLE PREMIER. 


Du nerf olfactif, ou de la première paire de 
l’encéphale. 


À. Dans l’homine et les mammifères. 


Nous avons indiqué de quelle manière naît le 
nerf olfactif dans l’homme, dans les mammifères 
et dans les autres classes d'animaux à sang rouge : 
nous allons maintenant le suivre dans la cavité 
du crâne jusqu’à l’endroit où il pénètre dans l’or- 
gane de l’oderat, 


Art. 1. Nerf olfactif. 199 


Dans l’homme , aussitôt que le nerf olfactif est 
parvenu à la face inférieure du cerveau , il se 
porte en devant au dessus de la membrane arach- 

noïde , en s’approchant de plus en plus de celui 
du côté opposé, de sorte que lorsqu'ils sont arri- 
vés sur la lame criblée de l’os ethmoïde , ces nerfs 
ne sont plus séparés l’un de l’autre que par la 
faux du cerveau. Dans ce trajet, le nerf est reçu 
dans un sillon peu profond du lobe antérieur. 
Lorsqu'on Ven fait sortir, il paroît triangulaire ; 
il se termine en devant par un petit tubercule 
très-mou , de couleur cendrée , dont la substance 
pénètre dans la fosse nasale par les trous dont 
est percée la lame criblée de lethmoïde. 

* Les singes ont ces nerfs disposés à peu près 
comme ceux de l’homme; mais ce sont les seuls 
animaux qui les présentent distincts et de forme 
alongée. «Dans tous les autres, au lieu du cordon 
blanchâtre qui constitue le nerf olfactif, on n’ap- 
perçoit plus qu’une grosse éminence cendrée qui 
remplit la fosse ethmoïdale. Cetie partie méaul- 
laire est creusée et communique avec la cavité 
du ventricule antérieur. C’est même à cette dis- 
position singulière qu’on doit attribuer l'ignorance 
dunerf elfactif, dans laquelle les anatomnistes out 
été si long temps, et l’erreur qui avoit fait penser 
aux anciens que ces nerfs, qu’ils nommoient procès 
ou caroncules mammillaires, étoient des conduits 
qui transportoient la prétendue pituite du cerveau 


dans la cavité des narines, 
N 2 


196 X° Lrcon. Distrib. des princip. nerfs. à 

Parmi les mammiféres , les marsouins et les 
dauphins n’ont point du tout de nerfs olfactifs. 
Il est probable que les autres cétacés n’en ont 
point non plus, puisqu'ils n’ont point de trous 
ethmoïdaux. 


B. Dans les oiseaux. 


Le nerf olfactif des oiseaux, après s’être séparé 
du cerveau de la manière dont nous l’avons in- 
diqué, se glisse dans un canal ossçux, où il est 
accompagné d’un vaisseau veineux : il parvient 
ainsi dans la cavité des narines. 


C. Dans les reptiles. 


Ce nerf se porte aux narines, à peu près de 
même que dans les oiseaux ; mais il est plus long. 
Le canal qui le reçoit est en partie osseux et en 
partie cartilagineux. Les deux canaux n’ont qu’une 
ouverture commune dans l’intérieur du crane. En 


général les nerfs olfactifs des reptiles sont beau- - 


coup plus solides que dans les classes précédentes. 


D. Dans les poissons. 


- Les poissons cartilagineux, comme la raie et 
les squales, ont des nerfs olfactifs très-mous. C’est 
un bulbe oblong qui se dirige obliquement en 
devant vers les narines, à des distances plus ou 
moins grandes du cerveau, selon les espèces. 
Dans le squale nommé galeus, le nerf est d’abord 
grêle , puis il se renfle et forme un gros ganglion. 


Arr. I. Nerf olfactif. 197 


Dans celui, que Linné a désigné par le nom de 
catulus , ce nerf a beaucoup de rapport avec ceux 
du plus grand nombre des mammifères; il est gros, 
court, tubuleux, entouré de substance cendrée ; 
il se termine par un ganglion sémi-lunaire , qui 
est séparé de la narine par une cloison membra- 
neuse. Celle-ci porte plusieurs enfoncemens dont 
chacun est percé de plusieurs trous qui laissent 
pénétrer les rameaux nerveux dans les mem- 
branes. 

Les poissons épineux ont des nerfs olfactüifs longs 
et très-grèles. Dans ceux qui ont le bec alongé, 
ce nerf est reçu dans un tuyau cartilagineux. Dans 
ceux qui ont le museau court, le nerf n’est re- 
vêtu que d’une membrane fine , qui paroît la même 
que celle qui contient l’humeur grasse ou huileuse 
qui recouvre le cerveau. 

Dans le plus. grand nombre de ces poissons, le 
nerf est de même largeur dans ses différentes 
parties. Cependant le genre cyprin et celui des 
gades ont ce nerf renflé à lextrémité nasale, 
en un ganglion arrondi qui forme une espèce de 
cupule. 


À R EH CL BEL. 


Du nerf optique, ou de la seconde paire de 
l’encéphale. 


Nous ne décrirons encore ici le trajet du nerf 
optique que depuis de point où il se sépare de 


N 53 


198 X° Leçon. Distrib. des princip. nerfs. 

son entrecroisement jusqu’à celui où il entre dans 
le globe de l’œil pour'former la rétine. Nous fe- 
rons connoître sa terminaison dans la lécon du 
sens de la vue. 

Dans tous les animaux à sang rouge , Sans EXCEpP- 

tion, le nerf optique vient d’un tubercule parti- 
culier du cerveau, ainsi que nous l’avons indiqué. 
Après s'être entrecraisé avec celui qui lui corres- 
pond , il se rend directement à l’œil du côté op- 
posé. 
_ Dans les mammifères, les oiseaux et les reptiles, 
il est très-difficile de distinguer ces nerfs dans leur 
union ; mais dans les poissons, et sur - tout -dans 
ceux qui ont un squelète osseux, on voit mani- 
festement que ces nerfs se croisent sans se con- 
fondre : ils sont à la vérité collés par de la cel- 
lulosité. On reconnoït et l'on démontre là très- 
facilement que le nerf optique du côté gauche va 
à l'œil droit, et vice versé. Dans les poissons 
cartilagineux ce croisement est moins apparent. 

Le nerf optique des gros animaux présente une 
structure trèsremarquable, Son névrilème , ou l’en- 
veloppe qui lui est fournie par la pie -mère, le 
partage intérieurement en un grand nombre de 
canaux longitudinaux, qui contiennent la substance 

édullaire. On parvient à rendre cette structure 
très-sensible , en faisañt dissoudre la partie mé- 
dullaire par la macération ; on soufle ensuite le 
nerf et on le fait dessécher. 

Les coupes de ce nerf , ainsi préparées, dé- 


“Arr. II. Nerf oculo-musculaire. 199 


montrent la disposition des canaux qui le par- 
courent. 

Au reste, ces filets nerveux sont beaucoup mieux 
séparés dans les nerfs optiques des poissons , et 
n’ont point ici besoin de préparation particulière 
pour être démontrés. Ils sont ordinairement ap- 
plattis comme les autres nerfs, et ils paroissent 
quelquefois formés par une lame médullaire très- 
minte, plissée plusieurs fois sur elle-même et con- 
traciée en forme de cordon : cela a lieu notamment 
dans la morue et l’espadon. 


AR FI CG. EX UT. 


Des nerfs de la troisième , quatrième ef 
sixième paires. 


I. Du nerf oculo-musculaire, ou de la troi- 
sième paire. 


APrÈs avoir percé la dure -mère au coté de 
lapophyse clinoïde postérieure, chacun de ces 
nerfs se glisse dans l’épaisseur de cette membrane 
pour parvenir vers la partie la plus large de la 
fente sphéno-orbitaire. Arrivé dans l'orbite , il se 
partage en deux branches : l’une petite, qui se 
distribue dans le muscle droit supérieur de J’œil 
et dans le releveur de la paupière supérieure : 
souvent il contribue à la formation du gangiion 
ophthalmique qui produit les nerfs ciliaires; Pautre 
branche est un peu plus considérable. Elle se 


N 4 


200 X° LEcon. Distrib. des princip. nerfs. 


partagé én'trois rameaux : l’un se rend dans le 
muscle abducteur de l’œil; le second, dans le 
muscle droit inférieur , et le troisième se termine 
dans le müscle grand oblique. . 

Cette description abrégée de la disposition du 
nerf oculo-musculaire dans l’homme convient à 
peu près à tous les animaux à sang rouge. Dans 
tous, il pénètre dans l'orbite par un trou parti- 
culier, quand il n’y a point de fente sphéno- 
orbitaire , soit seul, soit avec quelqu’un des autres 
nerfs destinés à l’organe de la vue, et il se dis- 
tribue de la même mamière. Au reste, nous re- 
viendrons éncore sur ce nerf, et sur ceux qui 
suivent , à l’article de l’organe de la vue. Nous 
remarquons seulement ici que, dans les raies et 
les sqguales, poissons dont le globe de l'oeil est 
supporté par un pédicule mobile , l’une des 
branches du nerf oculo-musculaire passe au tra- 
vers de ce pédicule cartilagineux par un trou 
particulier , afin d’aller se distribuer dans les 
muscies qui sont situés au dessous. 


WT. Du nerf pathétique, ow de la quatrième 
paire. de nerfs. 


Ces nerfs percent la dure-mère en arrière des 
précédens et un peu plus vers la ligne moyenne. 
ls sont les plus grêles de ceux qui sortent de 
la base du crâne. Logés dans l'épaisseur de la 
dure-mère, ils se portent vers la fente orbitaire 
supérieure, et pénètrent dans l'orbite par la partie 


Arr. IV. Des nerfs trijumeaux. 901 


la plus large de cette fente. Lorsqu'ils y sont par- 
venus , ils sé dirigent vers la voüte et se terminent 
dans le muscle grand-oblique. 

La distribution de ce nerf est la même dans le 
grand nombre des animaux à sang rouge que nous 
avons pu examiner. 


IUT. Du nerf abducieur, ou de la sixième 
paire de nerfs. 


Le’tronc unique, ou les deux rameaux qui 
composent ce nerf dans l’intérieur du crâne, 
percent la dure-mère au dessus de la pointe du 
rocher. Ils glissent quelque temps dans son épais- 
seur et parviennent dans le sinus caverneux , où 
ils se réunissent. Ce nerf augmente alors un peu 
de grosseur ; il reçoit ou donne un ou plusieurs 
petits filets qui communiquent avec le nerf grand- 
intercostal, lorsqu'il est encore baïgné dans le sang 
du sinus; après quoi il pénètre dans l'orbite par 
la fente supérieure, et il va se distribuer dans 
l'épaisseur du muscle abducteur de l’oil. ù 

Nous avons observé la même disposition dans 
les autres animaux à sang rouge. 


AR PRE CLÉ. PV: 


Des nerfs de la cinquième paire , ou tri-jumeaux. 
+ 

Novs avons indiqué de quelle maniere se par- 

tage le nerf de la cinquième paire dans les animaux 


202 X° Leçon. Distrib. des princip. nerfs. 


à vertèbres : nous allons suivre maintenant à leur 
sortie du crâne chacune de ses branches dans les 
différentes classes, en commençant par la branche 
ophthalmique , ou celle qui se rend à l'œil. 


. EL Du nerf ophthalmique , première branche 
de la cinquième paire dans l’homme et les 
mammifères. 


À. Dans l’homme. 


+ 


La première branche de la cinquième paire sort 
du crâne par la fente sphéno - orbitaire avec la 


troisième, la quatrième et la sixième paire; sou- 


vent même elle donne à la quatrième paire un 
rameau transversal très - remarquable. Avant de 
parvenir dans l’intérieur de l'orbite, et lorsqu’elle 
est encore enveloppée de la dure-mère, elle se 
partage en trois rameaux; l’un se porte .vers le 
bord nasal; le second , vers la voûte ou le bord 
rontal , et le troisième, vers le bord temporal 
de l'orbite : le second est le plus gros des trois. 
Le rameau nasal est inférieur et interne : il 
se divise presque de suite en deux ramuscules. 
T/un se porte vers le nerf optique, s’unit avec 
le ‘pelit rameau de la troisième paire qui se porte 
au muscle petit oblique de l’œil, et par sa réunion 
produit un gonflement nerveux, appelé ganglion 
lenticulaire ou ophthalmique. C’est par ce gan- 
glion que sont ordinairement formés les nerfs.ci- 
liaires disposés en deux faisceaux. Ils sont composés 


Rss. 


,. Anr. IV. Des nerfs tri-jumeaux. 206 


chacun de plusieurs filets qui se rendent oblique- 
ment dans le bulbe de l’œil, où nous aurons occa- 
sion de les examiner en traitant de cet organe. 
L'autre ramuscule, nommé ethmoïdal, produit 
souvent aussi une ou deux petites branches qui 
vont s’unir au faisceau des nerfs ciliaires. Il con-, 
tinue de se porter le long du bord nasal de lot 
bite; et lorsqu'il est arrivé vers le trou orbitaire 
interne antérieur , il se bifurque. L'une de ces bifur- 
cations entre dans le trou, suit le canal dont il est 
l'ouverture, rentre dans le crâne au dessous de la 
dure-mère , en ressort vers le bord antérieur de 
la lame criblée, pénètre dans la membrane na- 
sale, et se perd au dessus des cornets supérieurs 
et sur les côtés de la lame verticale. La seconde 
bifurcation se porte vers la poulie du muscle grand- 
oblique, et se divise en un grand nombre de filets, 
dont quelques-uns se portent à la peau du front 
vers l’angle nasal de l'orbite; d’autres, au muscle 
orbiculaire des paupières, quelques - uns dans le 
muscle frontal , à la caroncule et dans les mem- 
branes des voies lacrymales. Ordinairement quel- 
ques - uns de ces filets s’unissent à d’autres qui 
proviennent du nerf facial et du sous-orbitaire. 
Le second rameau du nerf ophthalmique est 
appelé frontal. Il est situé entre le périoste de 
la voùte de l'orbite et le. muscle releveur de la 
paupière supérieure. Il se sépare presque des sa 
naïssance en deux ramuscules : l’un, plus interne, 
se porte vers la poulie du muscle grand-oblique 


204 X° Lecon. Distrib. des princip. nerfs. 


de l’œil et va s’unir avec quelques filets produits par 
la seconde branche de la bifurcation du rameau 
ethmoïdal; l’autre , plus externe, se porte au dehors 
de l’orbite par le trou ou l’échancrure sus-orbitaire 
et s’épanouit sur {le front, en donnant des filets 
à la peau, aux muscles et au périoste environ- 
Le 

Enfin , le troisième rameau du nerf ophthalmique 
a été nommé /acrymal: il est situé vers le bord 
temporal ou externe de l'orbite, et se porte vers 
la glande lacrymale. Avant de parvenir à cette 
glande, il se divise en plusieurs filets : l’un perce 
la glande et se perd dans la conjonctive ; un autre 
se distribue presqu’entièrement dans la glande; un 
troisième , et quelquefois un quatrième , après avoir 
percé aussi la glande, se partagent en sept ou huit 
filamens, dont plusieurs passent dans la fosse tem- 
porale par la fente sphéno-maxillaire, et s’unissent 
a d’autres filets du nerf temporal profond : l’un 
d'eux perce l'os jugal, se porte sur la joue, et 
s’unit avec des filets du nerf facial. 


B. Dans les mammifères. 


C’est par la fente , ou plutôt par le trou sphéno- 
orbitaire, qui est en même-temps le trou optique, 
que parvient dans l’orbite la branche ophthalmique 
des mammifères. Elle se sépare des deux autres 
branches dans l’intérieur du crâne , et elle rampe 
dans l'épaisseur de la dure-mère avec la troisième, 
la quatrième et la sixième paire. Aussi-tôt qu’elle 


Arr. 1V. Des nerfs trijumeaux, 205 


est arrivée dans l’intérieur de l’orbite, elle se par- 
tage, comme dans l’homme, en trois rameaux. 
Celui du côté interne de l'orbite ; qui correspond 
au nasal, est le plus gros des trois. Il se divise 
en cinq ou six ramusCules; les uns pénètrent dans 
les sinus frontaux par quelques petits trous de la 
voûte orbitaire , qui sont assez sensibles dans le 
- mouton ; d’autres, beaucoup plus gros, pénètrent 
dans la cavité nasale par le trou orbitaire interne. 
Enfermés dans un canal osseux, ils remontent 
dans le crâne par les grands trous de la lame 
criblée de l’ethmoïde que nous avons indiaués, 
puis ils en ressortent par les trous ethmoïdaux, 
pour se distribuer sur la membrane nasale : ils 
sont très-faciles à suivre dans les ruminans. Un ou 
deux autres se rendent dans le muscle releveur 
de la paupière supérieure. L'un de ces ramus- 
cules concourt à la formation du ganglion lenti- 
culaire. De ce ganglion partent, dans le chien, 
deux filets ciliaires qui se divisent ensuite, el trois 
ou quatre filets dans le veau. Enfin, un ou plu- 
sieurs de ces ramuscules vont se terminer dans le 
muscle oblique inférieur et dans la glande de 
Harderus, dont nous parlerons à l’article du sens 
de la vue , en traitant des larmes. Ces nerfs sont 
sur-tout très-remarquables dans les ruminans. 
Le raämeau moyen de l’ophthalmique est supé- 
rieur. Il est couché sous la voüte osseuse de l’or- 
bite : il se divise en deux filets principaux. L’un, 
externe, fournit deux filamens qui se perdent dans 


206 X° Leçon. Distrib. des princip. nerfs. 


les muscles droït supérieur et releveur du sourcil ; 
en s’anastomosant avec d’autres filets nerveux. Le 
filet interne donne des divisions au muscle droit 
interne ; et sur-tout une très-remarquable , souvent 
très-grosse, qui, passant par l'échancrure ou trou 
surcilier , vient s'épanouir sous la peau du front 
où elle se perd dans les muscles. 

Le troisième rameau du nerf ophthalmique est 
composé d’un grand nombre de filets qui, quoique 
rapprochés, sont très - distincts: ils se perdent 
presque tous dans la glande lacrymale. 


II. Du nerf maxillaire supérieur, seconde 
branche de la cinquième paire dans l’homime 
et les mammifères. . 


À. Dans l’hornme. 


Sortie du crène par le trou rond de l'os 
sphénoïde, cette branche fournit presqu'aussitôt 
un petit filet qui entre daus l'orbite par la fente 
inférieure de cette fosse. Ce tilet s’unit avec un 
autre qui appartient au nerf lacrymal avec lequel 
il passe, ainsi que nous l'avons indiqué, dans un 
petit canal de l’os de la pommette pour s'épanouir 
sur la joue, en s’anastomosant avec le nerf facial 
et le sous -orbitaire, et quelquefois en arrière 
avec des filets temporaux du maxillaire inférieur. 

La branche maxillaire supérieure, arrivée dans 
l'intervalle qui existe entre la base‘des apophyses 
ptérigoïdes et la partie supérieure de la tubérosité 


CA TRE COTES 


AnT. IV. Des nerfs trijumeaux. 207 


malaire , il s’en détache un ou deux rameaux qui 
dans ce dernier cas se réunissent presqu’aussitôt 
et forment un ganglion ou renflement qui se 
trouve situé au devant dw trou sphéno - palatin. 
Il part de ce ganglion beaucoup de filamens qui 
se portent dans des directions diverses, et qui 
forment des nerfs très-remarquables : ils sont sujets 
a varier dans leur nombre, mais rarement dans 
leur distribution. < 

Il en part d’abord, du côté interne, quatre ou 
cinq filets qui, entrant par le trou sphéno-palatin 
dans les narines, se distribuent dans la membrane 
olfactive. | 

En arrière du ganglion naît un petit filet qui, 
s’engageant dans le canal de la base de l’apophyse 
ptérygoïde, se porte en arrière vers la pointe du 
rocher. On a nommé ce nerf sidier, d'après 
l’auteur qui a le premier fait connoître sa distri- 
_bution. À sa sortie du canal le nerf.se bifurque. 
L'une des branches rentre dans le crâne , passe, 
par un petit trou du rocher qui aboutit au canal 
du nerf facial , et s’unit à ce nerf. L'autre branche 
de la bifurcation du nerf vidien pénètre dans le 
canal de l’artère carotide , et s’unit là aux filets de 
la cinquième paire qui se joignent au nerf grand 
sympathique. Quelquefois aussi ie {let suit la ca 
rotide et ne s’unit au grand sympa.hique que dans 
le ganglion cervical supérieur. 

Enfin , de la partie inférieure du ganglion sort 
le plus gros filet nerveux qui paroît être la 


oo8 X° Leçon. Distrib. des princip. nérfs: 


continuation du tronc. Il s'engage dans le canal 


ptérygo-palatin en grande partie. Il se divise là 


en plusieurs filamens qui traversent de petits canaux 
osseux. Les uns se portent dans la membrañe 
olfactive, et d’autres, en arrière, sé perdent dans 
la luette et dans les petits muscles. Le tronc sort 
par le trou palatin postérieur, et se portant en 
devant , il se divise en deux ou irois rameaux 
sur la voûte du palais. 

Après avoir donné les deux filets qui produisent 
le ganglion sphéno-palatin, la branche maxillaire 
se porte vers l’ouverture du canal sous-orbitaire ; 
mais avant d’y entrer , elle fournit un petit ra- 
meau, appelé a/véolaire, qui se divise souvent 
en deux autres : l’un pénètre dans ie sinus maxil- 
laire ; l’autre se porte sur les alvéoles, dans les- 
quelles il pénètre : il donne aussi beaucoup de 
filamens aux gencives et aux muscles des lèvres. 

Engagée dans le canal sous-orbitaire, la branche 
prend alors le nom de sa position.\l s’en détache 
un rameau assez considérable qui se porte dans 
épaisseur de los, pénètre dans le sinus et se 


distribue dans les racines de presque toutes les : 


dents. Le tronc sort de l’os par le trou sous-orbi- 
taire; parvenu sur la face, il se fait un épanouis- 
sement de tous ses filets qui se perdent dans tous 
les mustles de la face, et dont un grand nombre 


s'unissent aux ramifcations du nerf facial 


Ÿ 


Arr. IV. Des nerfs trijumeaux. 209 


B. Dans les mammifères. 


Nous avons déja dit que lés nerfs maxillaires 
sortent du cräne, dans le plus grand nombre de 
ces animaux, par un même trou situé dans la 
fosse moyenne au devant de la pointe du rocher, 

Parvenu au dehors du crâne, le tronc unique 
s’élargit beaucoup, et les filets qui le composent 
semblent s’entrecroiser de mamière que, des deux 
rameaux qu'ils forment, bientôt après le posté- 
rieur ou sous-maxillaire paroît produit par les filets 
antérieurs, et le rameau antérieur ou sus-maxillaire 
par les filets postérieurs. Cette disposition est très- 
remarquable dans les chiens ; elle l’est beaucoup 
moins dans les ruminans, 

La branche maxillaire supérieure se porte presque 
horizontalement de derrière en devant. Parvenue 
à la partie antérieure et inférieure de la fosse 
temporale , elle se divise en un grand nombre dé 
filets ; l’un des trousseaux, composé de quatre à 
cinq filets considérables, se porte vers le trou 
sphéno - palatin. La le trousseau se partage en 
deux. L'une des branches se porte dans la cavité 
des narines, et fournit un très-gros rameau qui va 
s'épanouir dans le tissu charnu du palais. Quel- 
quelois, comme dans les ruminans, ce rameau 
se sépare du tronc, même ayant qu'il entre dans 
le trou sphéno palatin. 

L'autre branche du nerf sus - maxillaire, qui 
entre par le trou sphéno - palatin, se glisse dans 

2 a) 


210 X° Leçon. Distrib. des princip. nerfs. 
l'épaisseur de los de la mâchoire supérieure, envoie 
des ramuscules à toutes les dents, et sort par le 
trou sous-orbitaire pour s’épanouir en patte d’oie 
sur la face, et s’anastomoser avec le nerf facial. 

Mais, outre ces deux nerfs principaux produits 
par la branche maxillaire supérieure, ilest d’autres 
filets très-remarquables qui s’en détachent presque 
aussitôt après sa sortie du crâne. 

Il s’en sépare d’abord un petit filet très - grêle 
qui, après s’être anastomosé avec un ganglion, 
dont nous parlerons par la suite, se porte dans 
l'épaisseur du muscle temporal, qu'il traverse et 
auquel il donne beaucoup de filamens : il perce 
ensuite la partie inférieure de l’orbite, et pénètre 
dans le nez. 

Un autre filet beaucoup plus remarquable vient 
de la branche sphéno - palatine. Elle forme un 
ganglion auquel aboutissent plusieurs autres filets 
et entre autres celui dont nous avons parlé plus 
haut. Il s’en sépare ensuite un nerf plat qui, 
quoique beaucoup plus gros, paroït être la conti- 
nuité du filet qui nous occupe; il se glisse dans 
l’épaisseur des os entre le palatin et la convexité 
de l’apophyse piérygoïde ; il fournit là plusieurs 
filets, dont un très-dislinct descend sur le plancher 
des narines. 

Telle est la distribution générale du nerf sus- 
maxillaire dans les mammifères. On peut voir sur 
cette description succincte , prise d’après le chien, 
le lapin, le mouton et le veau, qu'il n’y a ici 


Arr. ÎV. Des nerfs tri-jumeaux.  81à 


de différence avec l’homme que celle que devoit 
nécessairement entraînex la conformation des os 
de :la face. 


IT. Du nerf maxillaire inférieur , troisième 
branche de la cinquième paire, dans l’homme 
et dans les mammifères. 


À. Dans l’homme. 


Celle-ci est la plus grosse des trois branches que 
fournit le nerf tri-facial ; elle sort, comme nous 
Vavons vu, par le trou ovale du sphénoïde; elle 
paroït à la base du crâne sur le rebord qui sé- 
pare la fosse temporale de la gutturale en dedans 
du muscle ptérygoïdien externe. Elle se divise 
presqu'aussitôt en deux troncs principaux, l’un 
supérieur , l’autre inférieur, Le premier se sub- 
divise en cinq rameaux, et le second en trois, 
en sorte que le nerf se trouve divisé en huit. 

1. Le premier rameau envoie quelques filets à 
Varticulation de la mâchoire et au crotaphite ; puis 
se portant au dessus de léchancrure qui existe 
entre les deux apophyses, il pénètre dans l’épais- 
seur du muscle masseter dans lequel il se distribue, 

2 et 5. Le second rameau du premier tronc se 
porte dans la partie postérieure et profonde du 
muscle crotaphite. Le troisième se porte aussi dans 
la même direction, mais un peu plus antérieu- 
rement; il s’anastomose souvent avec un filet du 
verf lacrymal , comme nous l’ayvons indiqué. 

O 2 


212 X° Læçon. Distrib. des princip. nerfs. 

4. Le quatrième rameau passe entre les deux 
muscles ptérygoïdiens auxquels il donne quelques 
petits filets; puis se portant au dehors du muscle 
buccinateur , il se divise en un grand nombre de 
filets, dont les uns se portent dans ce muscle, 
ainsi que dans ceux des lèvres en général, et les 
autres s’umissent au nerf facial. 

5. Le cinquième rameau est un des plus petits; 
il se porte dans le muscle ptérygoïdien interne 
et dans ceux du voile du palais. 

6. Le sixième rameau paroîit être le tronc du 
nerf lui-même : aussi lui conserve-t- on le nom 
de nerf #axillaire inférieur proprement dit. 
Il se glisse entre les deux muscles ptérygoïdiens 
et se dirige vers le canal dentaire de la mâchoire 
inférieure; mais avant d'y pénétrer, il donne 
quelques filets dans les muscles mylohyoïdien et 
digastrique et dans les glandes sous - maxillaires. 
Lorsqu'il est entré dans le canal, il se distribue 
dans les racines de chacune des dents, et se con- 
tinue en un filet qui sort par le trou mentonier, 
et qui se divise dans les muscles de la lèvre in- 
férieure en s’anastomosant un peu avec les filets 
du nerf facial. 

7. Le septième rameau est destiné à la langue; 
il se porte avec le précédent entre les muscles 
ptérygoïdiens. Il: reçoit là un petit filet qui pro- 
vient du nerf facial , et qui a été nommé la corde 
du tympan: il se dirige vers la langue. Arrivé 
vers l’origine du muscle stilo-glosse, au dessus de 


ART. IV. Des nerfs tri-jumeaux. 215, 


4 glande maxillaire , il produit quelques filets qui 
souvent se réunissent et forment un petit ganglion 
duquel partent des filets qui percent cette glande, 
après quoi le nerf se glisse entre le muscle hyo- 
glosse et la glande située au dessous de la langue. 
Il pénètre dans l’épaisseur de cet organe, et se 
distribue dans sa substance dans les muscles qui 
y. aboutissent et dans la peau qui la recouvre. 

8. Enfin le huitième rameau est celui qui est 
le plus postérieur : il naïît souvent de deux racines 
entre lesquelles passe une petite artère. Le tronc 
unique passe derrière le condyle de la mâchoire 
au devant du conduit auditif; il donne beaucoup 
de filets qui se portent sur les parties voisines. Il 
se subdivise en une grande quantité de filets dont 
beaucoup s’anissent au nerf facial sur la partie 
externe du muscle temporal : ce qui lui a fait don- 
ner le nom de temporal superficiel. 


B., Dans les mammifères. 


Nous avons indiqué la disposition de cette branche 
dans les mammifères à sa sortie du crâne par le 
trou ovale. Elle fournit, presque aussitôt après 
sa séparation, un rameau assez gros, qui se porte 
dans les glandes parotide et. maxillaire. 1] s’en 
sépare ensuite deux autres: l’un interne, qui se 
divise et qui se perd par plusieurs filets dans 
l'épaisseur des muscles et dans la substance même 
de la langue ; l’autre externe, qui donne beau- 
coup de ramifications aux muscles ptérygoïdiens , 


O 5 


914 X° Lrcon. Distrib. des princip. nerfs. 


à ceux des joues et des lèvres qu’elles traversent 
pour se porter sous la peau de la face, où elles 
s'unissent aux filets du nerf sous - orbiture et à 
ceux du nerf facial. Le plus gros filet, ou la 
continuation de la branche elle - même , pénètre 
dans le canal dentaire, s’y distribue aux dents, 
et se termine dans les muscles de la lèvre en 
formant une patte d’oie qui vient du trou menton- 
nier. Les autres petits filets se retrouvent à peu 
près comme dans l’homme. 


Dans le peau , aussitôt après sa sortie du crâne 
le nerf maxillaire inférieur se divise en quatre: 
portions principales, La plus postérieure, qui est 
la troisième en grosseur, se porte derrière et sous 
le condyle de la mâchoire où elle se divise en deux 
rameaux : l’un, grèle, qui pénètre dans la glande 
parolide, où il se divise en beaucoup de filets 
qui s'unissent à ceux du nerf facial; l’autre ra- 
meau suit le contour de la mâchoire, et se porte 
au devant du muñle ; il s’unit en passant sur la 
joue avec la branche moyenne du nerf facial, 
dont il avoit reçu déja auparavant plusieurs filets 
anastomotiques. 


La branche suivante du maxillaire inférieur est 
la plus grêle des quatre. Elle est très - longue, 
suit la branche de la mâchoire et va se perdre dans 
les muscles buccinateurs et dans les glandes buc- 
cales. 


La troisième branche pénètre dans le canal 


Arr. IV. Des nerfs tri-jumeaux. 215 


dentaire, et s’y distribue, comme nous lavons 
indiqué pour les mammifères en général. 


Enfin la quatrième branche est la linguale : c’est 
la plus grosse et la plus antérieure. Elle est ap- 
platie et forme un ruban large; elle se termine 
en éventail par des rayons qui se terminent dans 
les muscles de la langue et des paroïs de la bouche. 


IV. Du nerf de la cinquième paire dans les 
oiseaux. 


K } 
La cinquième paire des oiseaux présente à peu 
près la même distribution que dans les mammi- 
fères. 


Le nerf ophthalmique sort du crâne par un 
trou particulier de l'orbite en dehors du nerf op- 
tique. Il rampe quelque temps dans lépaisseur de 
l'os , ayant de parvenir au dehors. Il est gros et 
décrit une courbe qui suit la voûte de Porbite. II 
ne commence à se diviser qu’en delà de la fosse; 
il pénètre ordinairement dans l’épaisseur des os 
de la face au dessus des sinuosités nasales. Il se 
divise en trois branches : la supérieure est la plus 
petite, elle va se perdre dans la membrane pi- 
tuitaire ; la seconde branche est la plus grosse des 
trois et la plus longue, elle est reçue dans un 
canal osseux, passe au dessus des narines et vient 
se terminer à l'extrémité du bec en un grand 
nombre de divisions ; la troisième branche paroît 

0 4 


16 X° Leçon. Distrib. des princip. nerfs. 


se perdre entièrement dans la peau qui chi eBRS 
le pourtour de l’ouverture des narines. 


Le nerf maxillaire supérieur sort par le même 
trou que l’inférieur , précisément au dessus de 
l'os carré. Il se porte de derrière en devant à la 
partie inférieure de l'orbite ; il donne dans ce trajet 
deux filets, l’un qui s’unit à des ramifications du 
nerf ophthalmique , l’autre qui remonte vers le 
côté interne dans l'épaisseur des muscles ptérygoi- 
diens. Il pénètre dans l’épaisseur des os maxillaires 
pour se perdre sur les parties latérales du bec. 
Dans les canards, la distribution en est très-remar- 
quable. Chacun des crans dont est marqué le bec 
paroit recevoir quatre ou cinq filets. 


Le nerf maxillaire inférieur se sépare du su- 
périeur, et se dirige obliquement en en - bas ; 
il donne d’abord des rameaux aux muscles pté- 
rygoïdiens et au muscle nommé quadrangulaire, 
que nous ferons connoïtre en traitant de la mas- 
Hcation. Le tronc descend ensuite en dehors ; et 
arrivé à la mâchoire inférieure , il se divise en 
deux branches : une interne, et une externe. F/in- 
terne , qui est la continuation du tronc, pénétre 
dans le canal maxillaire, et se rend ainsi jusqu’à 
Vextrémité antérieure de cette mandibule. Dans 
les oiseaux qui ont des dentelures, comme les ca- 
nards, chaque dent reçoit des filets de ce nerf. 
La branche externe se détache de la précédente 
en perçant l’os de la mandibule, ct se répand 


Li 


Arr. IV. Des nerfs trijumeaux. 917 


en dehors sous la peau ou la substance cornée qui 
revêt le bec jusqu’à son extrémité. 


V. Du nerf de la cinquième paire dans les 
reptiles. 


Les reptiles ont les trois branches de la cin- 
quième paire. Dans les tortues de ner, l’ophthal- 
mique glisse quelque temps dans l’épaisseur de la 
dure-mère avant de pénétrer dans l’orbite. Il donne 
des filets à la fosse nasale, aux muscles du globe 
de l’œil et sur-tout aux deux glandes lacrymales. La 
branche maxillaire supérieure est la plus grosse 
des trois : elle est unie à l’inférieure dans son 
origine ; mais, parvenue dans l'intérieur de l’or- 
bite, elle s’en sépare pour prendre une autre 
direction ; elle se glisse sur le plancher de l'orbite 
en décrivant une courbe très- marquée, dont la 
convexité est extérieure. De la concavité de la 
courbe, ou du côté interñe, partent une infnité 
de ramuscules qui vont se perdre dans la glande 
lacrymale. Le tronc se divise ensuite en deux ra: 
meaux : un interne, qui répond au nerf sphéno- 
palaün et au sous-orbitaire: Il fournit des filets au 
palais, aux narines ; et, arrivé à la partie anté- 
rieure de l'orbite, il se porte en dehors et vient 
s'épanouir sur la face. L'autre rameau du tronc 
principal est extérieur ; il glisse aussi sur le plan- 
cher de l’orbite, aux os duquel il donne plusieurs 
filets; il vient enfin s'épanouir sur la face à la 


4 


218 X° Leçon. Distrib. des Princip nerfs. 


partie inférieure de l’orbite , et s’anastomoser avee 
les autres nerfs faciaux. 

La branche maxillaire inférieure se porte presque 
verticalement en en-bas à la partie postérieure 
de l'orbite , au devant de l’apophyse pierreuse et 
articulaire du temporal. Elle donne, dans son trajet 
jusqu’à la mâchoire inférieure , plusieurs filamens 
qui se perdent dans les muscles temporaux et pté- 


rygoïdiens , entre lesquels elle se glisse. Parvenue 


à la mâchoire inférieure au devant de la facette 
articulaire, elle pénètre dans l’ouverture oblongue 
qui y est tracée, et se divise dans l’intérieur de 
l'os. Elle fournit en dedans de la mâchoire plu- 
sieurs filets qui se perdent dans les muscles de la 
langue , et en dehors quelques autres qui se ra- 
mifient sous la peau. 


VI. Du nerf de la cinquième paire dans les 
poissons. 


On retrouve aussi dans la cinquième paire des 
poissons les trois branches qui s’observent dans 
l’homme. 

L’ophthalmique ou la plus supérieure s’élève 
dans le crâne et se porte obliquement en dehors et 
en avant vers la partie postérieure de l'orbite, dans 
lequel elle pénètre. Arrivée là, elle présente quel- 
ques variations, selon les espèces, dans la manière 
dont elle se subdivise. Ordinairement elle fournit 

- {rois rameaux principaux, comme dans la carpe, 


_ 


ART. IV. Des nerfs tri-jumeaux. 219 


le saumon, la morue, et probablement dans les 
autres poissons épineux; mais, dans la raie et 
dans le sguale-scie, cette division a lieu beau- 
coup plus tard et au delà de l'orbite, comme nous 
le verrons en décrivant ces rameaux. | 

Le premier rameau est le plus grêle et le plus 
interne ; il va se terminer au pourtour de la ca- 
vité des narines. Dans la raie, la branche passe 
au delà de l’orbite sans se diviser. Bientôt après 
il s’en détache deux filets; l’un, plus gros, traverse 
au dessus de la narine , lui donne plusieurs ra- 
muscules et passe au delà pour se perdre dans la 
païtie latérale du bec. Dans le squale - scie, la 


partie de la branche ophthalmique qui se rend. 


aux narines est peu remarquable : se sont de simples 
filets qui se détachent de la branche que nous 
allons examiner par la suite. l 

Le second rameau du nerf ophthalmique du côté 
interne dans les poissons épineux est le plus con- 
sidérable des trois. Il se divise en deux, dont 
Pun se ramifie dans les parties charnues de la 
lèvre supérieure, où elles s’unissent avec les filets 
du nerf maxillaire supérieur; Pautre va se dis- 
tribuer aux parties molles voisines de Pangle de 
la bouche : il en ést au moins aïnsi dans le sax- 
mon et dans la carpe. Dans les raies, c’est la 
continuation du tronc qui tient heu de ce rameau. 
IL se dirige en avant vers l'extrémité du bec où 
il se termine. Dans le squale-scie , le rameau qui 
nous occupe se porté au dessus des muscles du 


220 X° Lecon. Distrib. des princip. nerfs. 
bulbe de l'œil, et se dirige en ayant dans une 
rainure pratiquée au dessus du bec ; il se divise 
là, du côté externe, en une infinité de filamens 
en forme de treillis, dont les ramifications pa- 
roissent se porter aux dents ou crocheïs qui arment 
ce bec. 

. Le troisième rameau de l’ophthalmique se porte 
sur les parties latérales de la face, et se distribue 
aux muscies des mâchoires dans les poissons épi- 
neux. Ce rameau n’existe pont dans la raie ; 
mais dans le sguale-scie il est trés-distinct et très- 
gros; il se glisse dans l’orbite au dessous des deux 
muscles supérieurs de l'œil, en donnant quelques 
filets qui vont se porter dans le bulbe, puis il se 
dirige en avant pour se confondre avec le pré- 
cédent. 

Nous ne devons pas omettre ici une particularité 
très-remarquable, sur laquelle nous reviendrons 
cependant par la suite à l’article des secrétions : 
c’est que les deux branches du nerf ophthalmique, 
dont nous venons de parler, paroissent changer 
de nature à l’endroit de leur réunion. Elles pren- 
nent là une couleur noire et une consistance par- 
ticulière. Nous avons eu occasion de faire la même 
observation sur cette couleur noire du nerf dans 
le squale - milandre , où elle est encore plus 
marquée , et où la distribution du nerf est sur- 
tout très-importante. Dans cette espèce de poisson, 
toute la partie avancée de la tête au devant de la 
bouches: percée de pores nombreux par lesquels 


ART. IV. Des nerfs tri-jumeaux. 991 


suinte par la moindre compression une humeur 
gélatineuse. Lorsque la peau est enlevée, on voit 
que cette humeur est contenue dans des espèces 
de cellules formées par un tissu fibreux blanc 
très-serré. Sur les parois de ces cellules aboutissent 
en grand nombre les extrémités du nerf qui nous : 
occupe. Nous reviendrons par la suite aux usages 
. présumés de cette liqueur : nous ne voulons ici 
qu'indiquer l'observation. 


La seconde branche de la cinquième paire, qui 
représente le nerf maxillaire supérieur, est inter- 
médiaire. Elle se glisse au dessous du nerf optique 
vers la partie moyenne et inférieure du crâne. 
Parvenue au dessous des narines, elle se divise 
en deux, trois ou plusieurs rameaux, dont les 
uns se portent vers l’angle de la bouche, et se 
terminent dans les barbillons lorsque ces appendices 
existent ; les autres se portent vers la partie moyenne, 
où ils se distribuent dans l’épaisseur des lèvres. 
Il en est au moins ainsi dans les poissons épineux 
que nous avons eu occasion d’observer. 


Le squale-scie et la raie présentent des obser- 
vations différentes. Dans le premier de ces poissons, . 
le maxillaire supérieur se divise presqu’aussitôt 
après sa sortie du crâne , au dessous de l'orbite, 
en trois branches principales. La première , qui 
se porte en avant, est très-grosse, passe au dessous 
des muscles de l’œil auxquels elle donne quelques 
filets. Il s’en détache sur-tout un qui se porte dans 


»22 X° Leçon. Distrib. des princip. nerfs. 


le bulbe de l'œil, puis elle passe à la face infé- 
rieure de la racine du bec, donne quelques filamens 
au pourtour des narines, et pénètre enfin dans le 
canal longitudinal du bec qui reçoit l’ophthalmique. 
La branche moyenne est composée de plusieurs fila- 
meus qui se distribuent aux muscles de la bouche; 
enfin, la dernière branche se porte aussi en grande 
partie dans les muscles de la bouche, et princi- 
pgalement vers l'angle, où elle se ne dans la 
peau qui forme les lèvres. Dans la raie bouclée, 
la disposition est à peu près la même ; mais on 
remarque que les filets qui dans le squale-scie pa- 
roissent se terminer aux crochets du bec se terminent 
dans les boucles ou aiïguillons dont sont armées 
diverses espèces de raies. 


La troisième branche de la cinquième paire, 
ou la maxillaire inférieure ne présente aucune 
particularité. Dans les poissons osseux, arrivée 
vers l’angle de la mâchoire, elle se perd dans les 
os qui la forment par des filets déhiés dont le 
nombre varie. Dans les chondro-ptérygiens, ce 
nerf se dirige beaucoup plus en arrière et se dis- 
tribue aux muscles de la mâchoire inférieure. 


ART. V. Du nerf facial. 223 


ARSPACRUE | V. 


Du nerf facial, ou petit sympathique de 
Winslow. 


À. Dans l’homme. 


Nous avons indiqué de quelle manière naît 
ce nerf, et comment il est presque toujours dis- 
tinct de la portion molle. Parvenu dans le conduit 
auditif interne, il s’engage dans le canal nommé 
agueduc de Fallope. | 


Il suit ses différentes courbures, et reçoit la 
la branche du nerf vidien, que nous avons indi- 
qué en traitant du ganglion sphéno - palatin de 
la branche sus-maxillaire. Il fournit ensuite deux 
petits filets dans la caisse du tambour pour Îles 
muscles des osselets de l’ouie, et un autre plus 
considérable , quelques lignes avant de sortir par 
-le trou stilo-mastoïdien. Ce filet s'engage dans un 
! petit canal osseux qui le conduit dans la caisse 
du tambour ; il passe sous l’enclume sur le tendon 
du muscle interne du marteau; il sort par un 
petit trou pratiqué à la base de la caisse pour 
communiquer avec le rameau lingual de la troi- 
sième branche du nerf tri- facial, ou cinquième 
paire , à laquelle il s’unit en formant avec elle 
un angle aigu. L 


Sorti de la base du crâne, le tronc du nerf 


LA 


224 X° Leçon. Déstrib. des princip. nerfs. 
facial se divise en plusieurs rameaux , dont le 
nombre varie, mais s'élève souvent à celui de 
qualorze ou de quinze. 

Le plus postérieur a été nommé occipital. I] 
se porte derrière l’apophyse mastoïde , s’unit à 
un rameau d’une paire cervicale supérieure, et se 
divise ensuite en deux ramuscules, dont l’un se 
perd sur la conque de l'oreille , et l’autre dans 
la peau et la partie supérieure des muscles du col. 

Le second rameau communique d’abord par 
un ou deux filets avec la partie supérieure du 
ganglion cervical du nerf grand-sympathique ; il 
se termine dans les muscles qui proviennent de 
l’apophyse stiloïde : aussi J’a-t-on appelé stilo- 
hyoïde. 

Le troisième rameau se porte dans le muscle 
digastrique. | 

Le tronc du nerf facial se glisse ensuite dans 
la glande parotide, qu’il traverse et à laquelle il 
fournit un grand nombre de filets. 

Le quatrième rameau, produit par le facial, 
se distribue à la partie antérieure de la conque 
de l'oreille et sur l’aponévrose du muscle crota- 
phite. 

Le cmquième et le sixième rameau se distribuent 
à peu près de la même manière, et ont entre 
eux des anastomoses très- nombreuses : on les a 
nommés nerfs {enporaux Où jUgaux. 

e septième rameau a beaucoup de rapport avec: 
lè précédent ; il s’unit avec eux et les branches 


ART. V. Du nerf facial. 225 


voisines, et se porte sur le muscle orbiculaire des 
paupières, au dessus duquel 1l se termine par-une 
espèce de plexus. 

Le huitième rameau se partage presqu’aussitot 
après sa naissance en trois autres, qui se portent 
aussi sur le muscle orbiculaire des paupières, mais 
dans sa portion inférieure. 

Le neuvième rameau se glisse entre le conduit 
de la glande parotide , le muscle zygomatique et 
le masseter. Il se porte vers l’angle interne de 
l’œil en formant un large plexus sur la face, et 
en s’unissant avec un grand nombre de filets du 
nerf sous-orbitaire. 

Le dixième, le onzième, le douzième et le 
treizième rameau se portent aussi sur la face, 
mais les uns au dessous des autres ; ils fournissent 
des filets à tous les muscles et forment un véri- 
table réseau nerveux sous la peau. 

Le quatorzième rameau suit le bord dé la mâ- 
choire inférieure ; il se perd dans les muscles de 
la lèvre inférieure, et s’unit aussi au lacis nerveux 
de la face. 

Il sort enfin de la glande parotide un grand 
nombre de petits filamens qui proviennent de la 
division du nerf facial. Quelques-uns s’unissent aux 
filets des rameaux que nous avons décrits ; d’autres 
se perdent dans le muscle peaucier et dans la 
peau. 

IL résulte de cette distribution du nerf facial, 
qu'il recouvre tout le visage, les tempes, les oreilles 


2 P 


226 X° Lecon. Distrib. des princip. nerfs. 

et une portion de l’occiput et du col, et qu'il 
communique avec un grand nombre de nerfs : ce 
qui lui a fait donner le nom de petit sympathique 
par Winslowr. 


B. Dans les mammifères. 


On retrouve presque toutes ces branches dans 
les mammifères : les différences tiennent seulement 
aux formes diverses des parties auxquelles elles 
se rendent et à l'étendue des muscles. Dans les 
animaux dont la conque de loreille est très- 
longue, par exemple, le rameau qui s’unit à la 
première paire cervicale est beaucoup plus gros 
et peut être suivi fort aisément.sur la surface des 
cartilages, où 1l accompagne les vaisseaux sanguins ; 
de même, dans les carnassiers, les rameaux qui 
se portent sur le muscle crotaphite sont beaucoup 
plus gros. On peut remarquer en général que les 
filets qui forment le réseau facial sont très-flexueux. 

Comme nous avons fait des recherches parti- 
culières sur ce nerf, dans le veau, nous croyons 
utile d’en présenter ici une espèce de monographie 
succincte. 

Il sort du crâne par la scissure pratiquée à la 
base de l’apophyse mastoïde; il traverse la glande 
parotide, dans lépaisseur de laquelle il donne 
beaucoup de filets; il s’en détache sur - tout une 
branche très-remarquable , laquelle s’unit à une 
autre du maxillaire inférieur , comme nous l’avons 
indiqué plus haut, À sa sortie de la glande parotide, 


‘ 


Det ne de 


ÂnT. V. Du nerf facial, 22% 
je nerf facial se partage en quatre rameaux: deux 
remontent au devant de l'oreille, et se portent 
dans les parties supérieures; latérales et postérieures 
de la face; les deux autres se portent sur ses 
parties antérieures. Le plus inférieur de ces ra- 
meaux se divise, se subdivise et s’anastomose en 
tout sens avec les filets du nerf menñtonnier ; le 
supérieur recoit un gros filet du maxillaire infé- 
rieur qui passe derrière le condyle de là mâchoire : 
ainsi, unis en un seul tronc, ils forment une grande 
patte d’oie qui s’anastomose avec le sous-orbitaire: 

Ce nerf facial présente une particularité très- 
remarquable à son origine. Il a deux racines ; 
l’une, qui est la portion duré du nerf auditif, et 
qui est engagée dans l’intérieur du conduit, dont 
elle sort par la scissure de Glaser ou par le trou 
stylo-masloïdien, qui sont ici la même ouvertute; 
l’autre racine paroît provenir d’un ganglion con- 
sidérable de la partie postérieure du nerf vague. 
Ce ganglion est logé dans un enfoncement parti- 
eulier de la face inférieure de los de la caisse : 
il paroït aussi s'unir là avec le nerf grand sÿm- 
pathique , qui prend une consistance presque car- 
tilagineuse. Deux ou trois filets courts concourent 
à la formation de la racine du nerf qui nous 
occupe ; il devient de suite assez gros et pénètre 
dans la scissure , où il rencontre l’autre racine du 
nerf facial ; il {ui donne un filet, et continue de 


se porter en dehors au devant et au dessous dé 
l'oreille 


» - 


P 


228 X° Leçon. Distrib. des princip. nerfs. 

Dans les /apins , le nerf facial sort immédia- 
tement au dessuvus du cartilage de l'oreille et du 
trou auditif externe, dont il n’est même séparé 
que par une pelite saillie osseuse. 


C. Dans les oiseaux et dans les reptiles. 


Ce nerf facial existe; mais il est grêle, parce 
que ces animaux n'ayant point de lèvres, et leur 
bouche , ainsi que la plus grande partie de leur 
face, étant recouverte par une substance cornée 
ou écailleuse , il doit y avoir peu de mobilité et 
de sensibilité. Cependant on retrouve quelques- 
uns des rameaux : ils sont difficiles à poursuivre 
par la dissection , à la vérité ; mais leur tronc 
existe constamment. 


D. Dans les poissons. 


Le nerf facial est trés - considérable dans les 
poissons carlilagineux. Il se sépare du cerveau 
par un seul tronc très-distinct du nerf auditif, qui 
appartient ici à la cinquième paire ; mais bientôt 
après , et dans la cavité même du crâne, il se sé- 
pare en deux rameaux : l’un, qui remonte en 
dessus, et qui perce le crâne par un trou particulier 
pour se distribuer sous la peau; l’autre, plus 
gros, qui se porte horizontalement vers la cavité 
de l’oreille, dans laquelle il pénètre par un trou 
particulier. Parvenu dans cette cavité , il se porte 
sous la vésicule qui contient la matière calcaire 
amilacée de oreille, où il s’unit à la portion 


Art. VI. Du nerf acoustique. 229 


auditive de la cinquième paire. Le tronc commun 
perce ensuite la cavité de l'oreille pour se porter 
au dehors et se distribuer par un grand nombre 
de ramifications aux parties molles qui enveloppent 
la tête. 


ARS D PIC Er Er) NE 


Du nerf acoustique, ou portion molle du nerf 
auditif. 


A l’article de l’origine des nerfs dans chacune 
des classes d'animaux, nous avons vu de quelle 
manière se sépare l’acoustique. Comme il est très- 
court , et qu'il pénètre dans l’organe presqu'aussi- 
tot après sa naissance, nous ne ferons, pour ainsi 
dire, qu'indiquer ici ses rapports avec le facial, 
ou la portion dure dans la cavité cérébrale. 

Dans l’homme et dans les mammiféres, il pé- 
nètre avec le facial dans le cul-de-sac que forme 
le conduit auditif interne du temporal , et ïl entre 
dans le labyrinthe par plusieurs trous, dent le 
nombre et la grandeur sont sujets à varier. Nous 
indiquerons , à l’article de l'oreille, sa distribution 
ultérieure dans cet organe ; il est très-mou, et on 
n’y reconnoît point de fibres comme on en voit dans 
tous les autres nerfs, l’olfactif excepté. 

Dans les oiseaux , les deux nerfs sont à peu près 
dans le même rapport. L’acoustiqueesttrès-gros, mou 
et rougeätre : il est reçu dans un conduit profond 


P3 


250 X° Lecow. Distrib. des princip. nerfs, 
de la face interne du cräne, d’où il pénètre dans 
le labyrinthe par plusieurs petits trous. 

Dans les reptiles, il en est à peu près de même 
que dans les oiseaux. 


Mais, dans les poissons , le nerf acoustique est 
trés-séparé du facial. Il se rapproche même telle- 
ment de l’origine de la cinquième paire, qu’on 
ne peut l’en regarder que comme une branche. 
Dans les cartilagineux, comme les raies, il pé- 
nètre dans la cavité de l'oreille par un trou par- 
ticulier et non par une lame criblée, comme 
dans les autres classes. Dans les poissons épineux, 
comme l'oreille se trouve libre et dans la même 
cavité que le cerveau , il se distribue directement 
dans cet organe. | 


ARTICLE VIE 
Du rerf vague, appelé vulgairement la huitième 
| paire, ou pneumo - gastrique. 


À. Dans l’Lomme. 


Les filets nombreux qui composent ce nerf à 
sa séparation de la masse cérébrale se rapprochent 
en un cylindre applati, et sortent de la cavité du 
crâne par une ouverture oblongue de la dure-mère, 
placée au dessous du trou déchiré postérieur. 


Un autre nerf qui remonte du canal de l’épine, 
où il se détache par plusieurs filets de la moelle 


+ PET 


AUS 


Ant. VE. Du nerf vague. . 251 
épinière , sort par le même trou: on l’a nommé, 
pour celte raison, l’accessoire du nerf vague. 

Parvenus à la base du crâne, ces nerfs prennent 
une destination différente. Le nerf vague propre- 
ment dit se distribue aux poumons et à l’estomac. 
L’'accessoire va se porter vers les muscles de 
l'épaule. 

Le tronc principal communique d’abord avec 
le grand hypoglosse, avec le grand sympathique, 
les paires cervicales supérieures et le glosso-pha- 

_ryngien. 

11 descend ensuite presque verticalement au 
devant du col, près de l'artère carotide et du 
grand sympathique jusqu’à la poitrine ; mais dans 
son trajet il fournit aux parties voisines beaucoup 
de filets que nous allons indiquer. 

L'un est destiné au larynx, et se distribue aux 
muscles et aux glandes de cette partie. Un autre 
s’en détache vers la partie moyenne du col; et 
formant une arcade en dedans , il remonte vers 
le nerf grand hypoglosse. De la convexité de cette 
arcade se détachent quelques filamens qui des- 
cendent dans la poitrine où ils se portent sur le 
péricardo, dans l'épaisseur duquel ils se distribuent 
en formant un plexus, qu'on nomme cardiaque 
supérieur. 

Parvenu à la hauteur des clavicules, le nerf 
vague du côté ganche donne en devant des filets 
qui vont s'unir aux plexus que nous venons d’in- 
diquer. Les filets analogues de l’autre côté sont 


F4 


À 


232 X° Leçon. Distrib. des princip. nerfs. 


produits par le nerf récurrent ; après quoi le tronc 
se portant en dedans pénètre dans la poitrine 
entre les veines et les artères. Il se partage bientot 
en deux grosses branches; l’une plus externe, qui 
est la continuation du tronc, et l’autre interne, 
appelée nerf récurrent, parce qu’elle remonte et 
ressort en partie de la poitrine. 

Cette branche récurrente forme un conteur, ou 
une anse autour de l’aorte du côté gauche, et de 
l’artère sous clavière du côté ‘droit. 

Le récurrent gauche donne des filets qui, s’unis- 
sant à quelques autres, produits par le grand sym- 
pathique , forment le plèxus pulmonnaire autour 
de l’artère pulmonaire et de Paorte, etse distribuent 
. au Cœur, après avoir pénétré dans le péricarde, 
en produisant là le plexus cardiaque inférieur. 
Les branches récurrentes de l’un et de l’autre côté , 
parvenues vers la trachée-artère, se divisent en 
filamens, dont quelques-uns remontent jusqu’au 
larynx et se distribuent aux petits muscles de cet 
organe, sous le nom de nerfs Zaryngés. 

Le tronc du nerf vague, après avoir fourni les 
récurrens , passe derrière les vaisseaux pulmo- 
naires et donne beaucoup de filets qui, se con- 
tournant autour des bronches, produisent un plexus 
désigné sous le nom de pulmonaire, qui reçoit un 
filet du nerf grand sympathique. 

Ïis continuent de descendre ensuite dans la poi- 
trine le long de l’œsophage, auquel ils donnent beau: 
coup de filets, l’un en:deyant, l'autre en arrière. 


Arr. VII, Du nerf vague. * 233 


Ils arrivent ainsi tous deux dans le bas - ventre, 
où ils forment un plexus considérable sous l’en- 
veloppe de l'estomac, produite par le péritoine. Ils 
fournissent aussi quelques filets aux plexus hépa- 
tique , splénique et solaire, comme nous le ver- 
rons en traitant du grand sympathique. 

Le tronc accessoire du nerf vague se sépare de 
ce dernier à sa sortie du crâne; il se porte un 
peu en arrière en descendant le long du col; il 
traverse la portion supérieure du muscle sterno- 
mastoïdien, auquel il donne quelques filets ; il se 
porte ensuite au muscle trapèze, dans lequel il se 
termine après avoir donné quelques filets aux deux 
splénius entre lesquels il se glisse. 


B. Dans les mammifères. 


Cette distribution du nerf vague étoit à peu 
près la même dans quatre on cinq espèces de 
mammifères, sur lesquels nous avons fait des 
recherches à cet égard. Le veau seul nous a offert 
une particularité que nous avons indiquée à l’article 
du nerf facial; mais les anastomoses avec le grand 
sympathique , les nerfs récurrens, les plexus car- 
diaque et pulmonaire ne nous ont présenté de 
différence que dans le nombre des filets, ce qui 
peut dépendre de l’adresse du prosecteur. Les 
espèces que nous avons disséquées sont le chien, 
le raton, le cocon, le narc-épic. 


284 X° Leçon. Distrib. des princip. nerfs. 


C, Dans les oiseaux et les reptiles. 


Nous n'avons également rien de remarquable : 
à dire sur le nerf vague des oiseaux et des rep- 
tiles, quoique nous ayons fait la préparation de 
ce nerf dans plusieurs espèces. On voit évidem- 
ment qu'il se distribue aux poumons, au cœur , 
à l’œsophage et à l’estomac, et qu’il forme des 
plexus sur ces organes, comme en produit le nerf 
grand sympathique autour de toutes les artères 
du tronc. À sa sortie du crâne , le nerf vague 
s’entrecroise avec le lingual et le glosso-pharyngien; 
ils se séparent ensuite : le glosso-pharyngien est 
en arrière, le vague au milieu et le lingual en 
devant. Le nerf vague ne sort pas toujours par 
un trou unique. Il est formé de deux ou trois 
filets, qui se rejoignent ensuite en recevant un 
filet de communication du glosso-pharyngien et un 
peu plus bas du lingual; puis le nerf, augmen- 
tant un peu de diamètre, descend dans la poitrine. 


D. Dans les poissons. 


Le nerf vague présente une disposition toute 
particulière dans les poissons, et cette différence 
tient à celle des organes de la respiration, aux- 
quels ce nerf paroît le plus spécialement destiné. 
En eflet les poumons, ou les branchies des pois- 
sons, se trouvent situés immédiatement au dessous 
du crâne, de sorte que le trajet des nerfs est, 
très-court; de plus, comme la distribution du nerf 


7 ART. VIL Du nerf vague. 335 


se fait presqu'aussilôt après sa sortie du crâne, il 
n'y a, pour ainsi dire, point de tronc commun. 

Nous allons décrire d’une manière générale ce 
qui est commun dans la disposition de ce nerf: 
nous en ferons connoître ensuite les particularités 
dans les espèces, | 

Les branches du nerf vague se distribuent à 
trois parties distinctes ; les unes, qui sont anté- 
rieures, plus grosses, et ordinairement au nombre 
de quatre de chaque côté, sont destinées aux 
branchies ; elles représentent le nerf vague des 
mammiféres. Les secondes, qui sont beaucoup plus 
grèles, au nombre de deux ou de trois de chaque 
côté, se distribuent aux muscles qui meuvent la 
langue dans la base des dents branchiales et à la sur- 
face de Poœsophage. Enfin, lestroisièmes sont uniques 
de chaque côté ; elles forment un très-gros nerf qui 
parcourt toute la longueur du corps du poisson, 
immédiatement au dessous de cette ligne qu’on 
nomme latérale, 

Les nerfs branchiaux sortent du crâne par un 
trou commun , et se portent, en s’éloignant les uns 
des autres, vers chacune des branchies. Avant d’y 
arriver, ils se bifurquent. La branche postérieure 
va se glisser dans la gouttière qui règne le long 
de la convexité de l’os qui soutient la branchie Be 
dans son trajet elle fournit une quantité considé- 
rable de petits rameaux aux replis en forme de 
>eigne. 

La branche antérieure se porte dans la gouttière 


236 X° Lecon. Distrib. des princip. nerfs. 


semblable pratiquée dans la concavité du même 
osselet, et s’y divise de la même manière. Le 
rameau antérieur de la première branche rentre 
dans le crâne, et paroïît se porter dans l’oreille. 

Les branches moyennes du nerf vague, que nous 
en avons distinguées par rapport à leur distribu- 
tion, naissent quelquefois du même tronc que le 
dernier branchial, et se divisent ensuite en deux 
ou trois rameaux; mais, le plus ordinairement, 
ce sont autant de branches distinctes qui sortent 
du crâne par le trou commun. [l’une de ces 
branches donne des ramificalions aux muscles qui 
meuvent les branchies et à ceux qui agissent sur 
les dents du palais. Une autre beaucoup plus grosse 
se porte le long de l’œsophage , auquel elle se 
distribue de manière à pouvoir être suivie jusque 
sur l'estomac. La troisième de ces branches s’unit 
aux nerfs cervicaux qui se portent à l’épaule ou 
à la nageoire pectorale. 

Enfn, la dernière branche du nerf vague, qui 
paroiït particulière aux poissons, est ce long nerf 
longitudinal de la ligne latérale du corps. Nous 
Vavons constamment rencontré dans tous les pois- 
sons , et sa distribution est à peu près la même 
dans fous. Quand on remonte à son origine, il 
est très-facile de reconnoïtre que c’est la branche 
la plus postérieure du nerf vague, qui, au lieu 
de descendre vers la gorge, se porte presque 
horizontalement en arrière et au dehors, de ma- 
nière à devenir presque superdicielle. Il n’est re- 


Arr. VIIL Du nerf glosso-pharyngien. 257 


couvert que par la peau , et maintenu par un tissu 
cellulaire lîche qui lui permet quelques sinuosités. 
Ce nerf est à peu près d’une grosseur égale dans 
toute sa longueur, de sorte qu’on pourroit le con- 
fondre très-facilement avec un tendon: il ne paroît 
point s’anastomoser avec d’autres nerfs ; ou s'il 
s’umt aux inter - vertébraux , les filets en sont 
extrêmement grèles. Arrivé vers la queue, il se 
termine par une irradiation de filets très -menus 
qui se distribuent sur les rayons de la nageoïire. 

Telle est en général la disposition du nerf vague 
dans les poissons. Les variétés qu’il offre tiennent 
à la conformation des espèces : ainsi, dans les 
poissons choudro - ptérygiens, comme les raies, 
les squales , etc. , ce nerf est beaucoup plus alongé, 
et tous ses rameaux proviennent d’un tronc unique 
qui ne se divise que lorsqu'il est arrivé vers 
l’organe auquel il doit se dis'ribuer. Dans ces mêmes 
poissons, les deux nerfs longitudinaux se trouvent 
aussitôt situés du côté du dos et plus rapprochés. 

Les autres différences ne sont point assez re- 
marquables pour que nous les décrivions en par- 
ticulier. 


PMP DCLLCE CV LE L'E 
Du nerf glosso - pharyngien. 


Nous avons indiqué de quelle manière se 
séparent de l’encéphale les fiets qui forment ce 


»58 X° Luçon: Disirib. des princip: nerfs: 


nerf, et les motifs qui ent engagé les anatomistes 
modernes à le considérer comme une paire par- 
ticulière : nous allons le suivre maintenant dans 
sa distribution. 

Il sort du crâne par un trou différent de celui 
de la huitième paire, pratiqué dans l’épaisseur de 
la dure-mére. Le trou jugulaire dans lequel passe 
la veine du même nom sépare ces deux nerfs; 
Encore enveloppé par la dure-mère, il éprouve 
un petit renflement, et il s’en détache deux filets: 
l’un qui se porte en arrière vers le conduit au- 
ditif, et un autre qui, perforant la dure-mère, va 
s’unir à la paire-vague. 

Parvenu à la base du crâne, il recoit des filets 
du nerf facial et du nerf vague ; il se divise ensuite 
en plusieurs rameaux , dont l’un sé distribue en 
partie aux muscles qui s’attachent à l’apophyse 
styloïde et va se terminer dans les muscles de la 
langue. Ün autre rameau sunit au nerf grand 
hypoglosse ; d’autres, enfin, se distribuent aux 
muscles du pharynx avec quelques filets du nerf 
grand sympathique, et forment un plexus qui en- 
veloppe les artères carotides; mais la principale 
destination de ce nerf est pour la langue et le 
pharynx. 

Telle est la distribution de ce nerf dans l’homime, 
Les mammifères, les oiseaux et les reptiles ne 
nous ont présenté aucune différence remarquable 
à cet égard. Nous n'avons pas, à la vérité, ponssé 
nos recherches aussi loin qu’on l’a fait dans l’homme ; 


D ES 


ART. VHIL Dunerf glosso-pharyngien. 539 


cependant nous avons reconnu que ce nerf se 
portoit et se terminoit dans la langue, après avoir 
fourni des filets aux muscles qui la meuvent. Dans 
la cigogne, par exemple , il sort de la base du 
crâne , par le trou situé au dessous de l’orcilie, 
et qui correspond au déchiré postérieur. Il naît 
là par deux filets qui se réunissent presqu'aussitot 
et forment un ganglion quadrangulaire alongé, qui 
envoie un pelit filet interne au devant des muscles 
du col; une petile branche en arriére, qui s’unit 
à la huitième paire, et une grosse branche en-bas 
au devant du col. Celle-ci est la continualion du nerf 
lui-même ; elle descend le long de l’oœsophage et se 
divise en deux principales : l’une qui remonte au 
devant du col, et qui se distribue aux muscles de 
l'os hyoiïde qui l’embrassent en forme de cornets; 
l’autre, qui descend sur les parois latérales de 
l’œsophage, et qui fournit une branche au nerf 
Hngual avec lequel elle s’anastomose. Le réste du 
nerf continue de sé porter sur l’œsophage. On voit 
par cet exemple que la distribution du glosso- 
pharyngien est à peu près la même que dans 
l’homme. 

Dans les poissons, le nerf qui tient lieu du 
glosso - pharyngien est évidemment une divisiorr 
du nerf vague qui se sépare du premier rameau 
branchial, de sorte qu'ici le glosso-pharÿngien est 
la plus antérieure des branches du nerf vague. Il 
se divise en un grand nombre de filets qui pé- 
nètrent les muscles de la langue, dans lesquels 


240 IX° Leçon. Distrib. des princip nerfs. 


ils se subdivisent. Le tronc lui - même vient se 
perdre sous la partie inférieure de la gorge au 
devant et entre les branchies. 


ARE T CL E D 
Du nerf hypoglosse, ou de la douzième paire. 


Ces nerfs sortent, comme nous l’avons vu, par 
le trou condylien antérieur. Parvenus hors du 
crâne, ils sont cylindriques et communiquent aussi- 
tôt par quelques filets avec les branches du nerf 
vague , avec celles des deux premitres paires 
cervicales, et principalement avec le ganglion cer- 
vical supérieur du nerf grand sympathique. Après. 
quoi, ils se portent en devant et un peu en dehors 
jusque derrière les muscles sterno - mastoïdiens. 
Iis s’en détache là une forte branche qui suit la 
veine jugulaire jusqu'à peu près au milieu du 
col, où elle forme un arc qui remonte au devant 
du col, où il se termine en s’unissant à quelques 
filets qui viennent des premières paires cervicales. 

De la convexité de cet arc partent quelques 
ramuscules qui se terminent dans les muscles. 

À deuxtravers de doigt de cette première branche, 
les nerfs hypoglosses en donnent une autre qui 
se distribue toute entière dans l’épaisseur du muscle 
thyro-hyoïdien. 


Enûn, les troncs s’engagent entre les muscles 


Anr. IX. Du nerf grand hypoglosse. 31 
hyoglosses et mylo-hyoïdiens, en recevant quel- 
ques filets du rameau lingual de la branche maxil- 
daire inférieure ; ils s’enfoncent enfin dans l'épaisseur 
des muscles de la langue en se distribuant dans 
leur substance. 

Dans les mammifères, ce nerf présénte la même 
disposition que dans l’homme. Dans le veau, sa 
couleur est bleuâtre, et il pourroit être pris faci- 
lement pour une veine; il reste ainsi coloré jusqu’à 
te qu'il soit arrivé près et en dedans de la branche 
de la mâchoire inférieure; il se distribue dans les 
muscles et dans l’épaisseur même de la langue 
vers sa partie moyenne. 

Dans les oiseaux, le nerf hypoglosse sort aussi 
du crâne par le trou condylien en arrière de la 
paire vague. Îl est très-grêle à son origine ; il se 
porte au devant de la paire vague qu’il croise en 
sautoir , et avec laquelle il s’unit en partie; il 
s’en détache la un petit filet qui se porte vers la 
poitrine en suivant la veine jugulaire. En conti- 
nuant de se porter en devant, le tronc de lhy- 
poglosse vient croiser le glosso-pharyngien: alors 
il passe sous la corne de l'os hyoïde, et se porte 
vers le larynx supérieur , où il se termine après 
s'être divisé auparavant en deux rameaux , dont 
l’inférieur se porte en devant et au dessous de 
la langue , et le supérieur au dessus et en dedans 
de la langue. ; 
Nous w’avons reconnu aucun nerf analogue au 
grand hypoglosse dans les poissons. 

2 Q 


= 


æ2 X° Lnçon. Distrib. des princip. nerfs. 
ARTICLE X. 
Des nerfs sous - occipital et cervicaux. 


À. Dans l’homme. 


LE tronc formé par la réunion des deux racines 
du nerf sous - occipital perce la dure - mère au 
dessous de la courbure de l'artère vertébrale. Il 
glisse quelque temps dans l'épaisseur de cette 
membrane , et en sort sur le bord du trou occi- 
pital en arrière des condyles. Il se dirige alors vers 
l’échancrure de l’apophyse articulaire de la pre- 
miere vertèbre, où il passe au dessous de l'artère 
vertébrale : après quoi il forme un ganglion, par 
lequel sont produits de petits filets qui se distribuent 
dans les muscles droit et oblique de la tête. Le 
tronc se contourne ensuite au devant de l’apo- 
physe transverse ; il communique par un rameau 
antérieur avec le grand sympathique, la paire 
vague, l’hypoglosse et avec la première ‘paire 
cervicale par un rameau postérieur. Il se dirige 
vers l'intervalle triangulaire des petits muscles de 
la tête , et se distribue à presque tous les muscles 
qui s’attachent à l’os occipital dans leur partie su- 
périeure. 

La première paire cervicale naît de la même 
manière que le précédent. Sortie par l'échancrure 
pratiquée entre la prennère et la seconde vertèbre 
ærvicale, cette paire de nerfs forme un ganglion 


_ 


Arr, X. Des nerfs sous-occip. et cerv. 245 


qui fournit deux rameaux principaux : l’un, anté- 
rieur , qui communique ayec la branche inférieure 
du nerf sous - occipital, le grand sympathique, 
l’'hypoglosse et la raire cervicale suivante ; l’autre, 
postérieur. plus considérable; dont quelques filets 
s'unissent à la branche postérieure du sous-occi- 
‘pital et à celle de la paire cervicale suivante; le. 
_reste du nerf se distribue dans les muscles de la 
partie postérieure du col. Un des filets se porte 
en ayant, communique ayec l’hypoglosse et se 
perd dans quelques-uns des muscles de l’os hyoïde 
et dans les glandes du larynx. 

La seconde paire cervicale se divise comme 
toutes les autres en deux rameaux : l’antérieur est 
le plus gros. Il communique en haut et en bas 
. avec les deux paires cervicales voisines , avec le 
sympathique et l’hypogiosse, enfin avec le rameau 
de la paire ou des paires cervicales suivantes qui 
produisent le diaphragmatique, après quoi elle 
se divise en plusieurs branches. 

L'une. se porte en arrière dans les muscles du 
col ; une autre en devant et de côté sur les parties 
latérales de l'oreille, où elle communique avec un 
rameau du nerf facial ; une troisième se porte vers la 
branche ascendante de la mâchoire , se distribue 
en partie dans la glande parotide et en partie sur 
les tégumens de l’oreille ; une quatrième se perd 
au devant du col dans le muscle peaucier.. Toutes 
les autres branches se, réunissent entre elles et 
avec le nerf accessoire de la huitième paire, en 


Q 2 


o44 X° Leçon. Distrib. des princip. nerfs. 
formant ainsi un plexus qui produit un grand 
nombre de filets sur les parties latérales du col, 
dont quelques-uns communiquent avec le grand 
sympathique. 

Quant à la division postérieure du tronc de 
ce nerf, elle s’unit avec les nerfs cervicaux voi- 
sins, et se perd dans les muscles splénius , com- 
plexus , long dorsal, et transverse des vertèbres. 

C’est par l’échancrure pratiquée entre la troi- 
sième et la quatrième vertébre du col que sort 
la troisième paire cervicale. Elle se divise comme 
toutes les autres en deux rameaux. 

L’antérieur se partage en deux : le premier 
recoit le filet de la paire précédente, puis se dis- 
ribue dans le muscle angulaire de l’omoplate et 
dans le sterno-mastoïdien; le second se bifurque. 
L'un de ses filets s’unit à la paire suivante , em 
donne ‘quelques-uns qui se joignent au facial, et 
un autre plus marqué, qui constitue le nerf dia- 
phragmalique; l’autre filet de la bifurcation se joint 
à la quatrième paire , et s’unit en partie au nerf 
grand sympathique. 

Le rameau postérieur se distribue dans les té- 
| gumens et les muscles du col en arrière. 

La quatrième paire se partage en deux comme 
tous les autres nerfs vertébraux à la sortie du 
canal. Le postérieur se perd en partie dans les 
muscles du dos. L’antérieur, qui est le plus gros, 
communique avec la branche de la paire précé- 
dente qui forme le nerf diaphragmatique ; elle 


Anr. X. es nerfs sôus-occip. et cerp. 345 


communique aussi ayec le grand sympathique, et 
se divise en trois branches. Deux s’unissent à la 
_paire suivante et concourent à la formation du 
plexus brachial ; la troisième se porte vers l’omo- 
plate et se distribue dans les muscles de l’épaule. 

La cinquième, la sixième et la septième paire 
de nerfs cervicaux peuvent être considérées en 
commun. Elles communiquent toutes avec les 
parties voisines et avec le nerf grand sympathique. 
La cinquième paire donne des filets aux muscles 
postérieurs du col, à ceux de la partie antérieure 
de la poitrine : quelquefois elle concourt par un 
filet à la formation du diaphragmatique ; enfin, 
elle se porte dans le plexus brachial. Ea sixième 
se porte principalement par deux gros troncs dans 
le plexus brachial : le premier reçoit celui de 
la paire précédente , et donne des filets au muscle 
grand dorsal ; le second donne aussi un filet au 
muscle grand pectoral. La septième, enfin, pro- 
duit de même deux gros troncs pour le plexus 
brachial , qui s'unissent plutôt ou plus-tard à 
celui de la sixième. Le cordon inférieur fournit 
un ou deux filets pour les muscles sous-clavier et 
pelit dentelé antérieur. 


B. Dans les marnmifères. 


Les nerfs sous-occipital et cervicaux ne pré- 
sentent pas de diflérences remarquables. Is naïssent 
de la même manière que dans l’homune. La gros- 
seur et létendue des filets nerveux qu'ils pro- 


Q & 


046 X° Leçon.“ Distrib. des princip. nerfs. 
duisent tient à l’augmentation ou à la diminution: 
respective et relative au volume des organes aux- 
quels ils sont destinés. Tous ont le même nombre 
de nerfs, à l'exception du paresseux à trois doigts, 
qui doit en avoir deux paires de plus, puisque, 
comme nous l’avons vu dans la troisième leçon, 
cet animal a neuf vertébres cervicales. 


C. Dans les oiseaux. 


Les nerfs cervicaux varient beaucoup en nombre. 
Les extrêmes connus sont de dix à vingt-trois, 
ainsi que le nombre des vertébres. Leur dispo- 
sition est analogue à: celle qu’on observe dans 
l’homme. Cependant ces nerfs sont respectivement 
beaucoup plus gros ; ils sont très-flexueux; ils se 
perdent en grande partie sous la peau du col, où 
on peut les suivre très- facilement. Il n’y a que 
la dernière, ou très-rarement les deux dernières 
paires cervicales qui concourent à la formation du 
plexus. brachial. 


: D. Dans les reptiles. 


Les fortues ont huit paires de nerfs cervicaux. Ils 
se distribuent à peu près comme dans les mammi- 
fères. Les trois dernières paires concourent à la 
formation du plexus brachial. Dans le /ézard 
verd, il y a quatre paires de nerfs cervicaux; 
mais les deux dernières seulement entrent dans 
la composition du plexus. Dans les sa/amandres 
et dans les grenouilles, on ne peut pas distinguer 


Arr. X. Des nerfs sous-occip. et cerw. 45 


véritablement les nerfs cervicaux d’avec les dor- 
saux , puisqu'il n’y a point de côtes. Entre la 
premiére et la seconde vertèbre sort une paire de 
nerfs qui se portent aux muscles de la partie in- 
Férieure de la gorge et sous la peau qui les re- 
couvre : ils donnent aussi quelques filets à l'épaule, 
D’après cette manière de se distribuer, on peut 
regarder ces nerfs comme de véritables cervicaux. 
Dans les grenouilles , il n’y a véritablement que 
deux paires qui entrent dans la composition du 
plexus: dans la sa/arnandre , il y en a très-dis+ 
tinctement quatre. 


E. Dans les poissons. 


Comme on ne peut pas distinguer d’une maniere 
positive les vertèbres cervicales d’avec les dor- 
sales, il est trés-difficile de pouvoir faire connoitre 
la distribution des nerfs cervicaux. Il n’y en a 
jamais plus de quatre qui puissent mériter ce 
nom , et souvent il n’y en a pas du tout. Quand 
ces nerfs existent, ils se distribuent aux parties 
qui avoisinent la gorge , ou bien ils se portent 
vers la nageoire péectorale , sur laquelle ils s’épa- 
nouissent, ainsi que nous l’indiquerons en traitant 
des nerfs brachiaux, 


x48 X° Leçon. Distrib. des princip. ET fre 
ARTICLE. X'I 


- Du nerf: diaphragmatique. : 1 lei 

C’EsT principalement de la quatrième paire’des 
nerfs de Ja moelle épinière que vient'ce nerf; 
mais il reçoit aussi, comme nous avons eu le 
soin de l'indiquer, un filet considérable de la 
paire suivante, quelquefois même un troisième 
plus grêle de la sixième paire, et en-outre très: 
ordinairement un ramuscule qui provient--de la 
convexité de l’arcade que forme au devant, du 
col le nerf grand hypoglosse. ! 

Ce. nerf, ,tomposé par. les rameaux que nôus 
venons de faire comnoître., descend au devant du 
col en un tronc grêle, auquel s'unissent quelques 
filets des deux dernières paires cervicales et:du 
ganglion ‘cervical du nerf grand sympathique. Il 
donne quelques fibrilles aux muscles scalènes.et 
à la glande thymique lorsqu'elle existe , après quoi 
3l passe dans la poitrine entre la veine et, l’ar- 
tère sous-clavières ; se colle au replis moyen: de 
la plèvre; passe au devant, des’ vaisseaux .pul- 
monaires, puis sur les parties latérales dupéri, 
carde jusqu'au diaphragme. 

C'est là que se termine ce nerf; il se distribue, 
comme par une irradiation, dans l'épaisseur du 
muscle. Quelques-uns des filets passent cependant 
à la face abdominale, et communiquent avec le 


AnT. XI. Du nerf diaphragmaiique. 249 
plexus sous - gastrique du nerf grand sympa- 
thique. 

Le nerf diaphragmatique des mammiféres est 
en tout semblable à celui de l’homme. Quant à 
sa racine première , elle est sujette à varier, ainsi 
que cela s’observe même dans l’homme. Cepen- 
dant le plus ordinairement ce nerf provient de 
la quatrième paire cervicale et des deux suivantes. 
Il reçoit aussi le filet du nerf hypoglosse et du 
grand intercostal. Au reste sa description ne mé- 
rite pas de détails particuliers. 

* Dans les oiseaux , nous n’avons pas reconnu de 
nerf diaphragmatique. Cependant il pourroit.se 
faire que les muscles qui s’attachent aux poumons 
et qui forment sur leur surface une si grande 
aponévyrose, reçussent quelques filets nerveux : 
nous avouons qu’ils ont échappé à nos recherches. 

Dans les reptiles, il n’y a point de nerf dia- 
phragmatique, à moins qu’on ne veuille regarder 
comme tels:les paires cervicales qui se perdent 
dans: les muscles dela gorge chez les reptiles privés 
dé côtes, comme. les sélamandres et les gre- 
zouilles, aniwaux dans lesquels les muscles dont 
nous parlons font; l’effet du diaphragme, ainsi 
que nous le ferons connoître à l’article de la res- 
piration. | TÈT 
Dans les poissons qui sont privés dé poumons’, 
il n’y a point de -ñerf diaphragmatique : cepen- 
dant on retrouve quelque analogie dans la fonction 
présumée et sur-tout dans la! distribution d’une 


25o X° Lecon. Distrib. des princip. nerfs. 


des premières paires vertébrales qui se porte à 
la paroi musculeuse qui sépare la çavité des 
branchies d’avec celle du bas-ventre. Ce nerf est 
sur-tout très -remarquable dans la raie et dans 
la carpe. 


ARTICLE XII. 
Des nerfs dorsaux et lombaires. 


À. Dans l’homme. 


Les nerfs dorsaux sortent du canal de la moelle 
épinicre par les trous que forment les échancrures 
correspondantes des deux vertèbres qui se touchent. 

La première paire sort entre la première et 
la seconde vertébre dorsale, et la dernière entre 
la deuxième du dos et la première des lombes. 


Tous, à leur sortie du trou inter - vertébral ; 
se partagent en deux branches : une postérieure ;, 
plus petite, qui pénètre dans les muscles du dos 
el qui s’y distribue , ainsi qu'aux tégumens de 
cette partie; la branche antérieure, plus grosse, 
qui communique par un ou deux filets avec. le 
nerf grand sympathique , et qui envoie quelques 
ramuscules aux muscles inter-costaux et à ceux 
du devant de la poitrine et de l’abdomen,, se glisse 
ensuite dans l’intervalle compris entre deux côtes 
pour se porter vers le sternum. 

:.La première paire des nerfs dorsaux est très< 


* An. XII Des nerfs dorsaux et lomb. 25x 


remarquable , en ce qu’elle contribue à la for- 
mation du plexus brachial, en s’unissant à Ja 
dernière paire cervicale. 

Les deux paires suivantes ont quelques ramus- 
cules qui percent les parties latérales de la poi- 
trme , el qui se portent de dedans en dehors sur 
les tégamens du bras du côté interne. 

La douzième paire se distribue en partie dans 
les muscles du bas-ventre et sous les tégumens ; 
en partie dans les muscles quarrés des lombes, 
grand dorsal, petit dentelé inférieur , et sous la 
peau des fesses. 

Les nerfs lombaires varient pour le nombre à 
peu près comme les vertébres. Ils sont ordinai- 
rement au nombre de cinq, quelquefois de quatre, 
rarement de six. Ils sont d’autant plus gros qu'ils 
proviennent d’une vertèbre plus inférieure, de 
sorte que le cinquième est ordinairement le plus 
volumineux. 

_ À leur sortie des trous inter-vertébraux, ils se 
partagent en deux branches, l’une antérieure et 
l'autre postérieure. La première branche envoie 
un nombre de filets indéterminés, qui s’unissent 
à chacun des ganglions lombaires du nerf grand 
sympathique, et avec chacune des paires précé: 
dente et suivante ; elle en donne aussi quelques 
uns aux muscles du bas-ventre, quarré des lombes, 
iliaque et à la peau. Ordinairement ces dernières 
ramifications sont flexueuses, afin de pouvoir suivre 
les paities dans leur extension. 


252 X° Leçon. Distrib. des princip. nerfs. 

Quant à la branche postérieure, elle se perd 
dans les muscles de la partie inférieure de l’épine. 
Le nombre des rameaux et leur division varient 
beaucoup. 

La première paire lombaire fournit un petit 
rameau qui va se distribuer dans le muscle cre- 
master et dans les testicules chez les hommes. Dans 
les femmes, ce filet se porte en partie à la ma- 
trice, et en partie à la peau des parties externes 
de la génération. 

La seconde paire donne aussi des filefs qui se 
distribuent de la même manière que ceux de la 
précédente, dont SR érrosaales descend 
quelquefois jusqu’au genou. 

La troisième paire, la quatrième et la cinquième 
ont à peu près: une distribution analogue. 

Les principales branches de chacun de ces nerfs 
s'unissent entre elles, et forment trois nerfs très- 
remarquables, que nous verrons par la suite. 

Le premier, est le nerf fémoral antérieur , 
vulgairement. le. crural. 

Le second, est le nerf souws-pubien, vulgaire- 
ment obturateur. 

Le troisième , qui est le produit d’un plexus 
des nerfs lombaires avec les sacrés antérieurs ; 
est le nerf: ischiatique. 


B. Dans les mammifères et les oiseaux. 


Ces nerfs sont absolument semblables dans ces 
animaux; ils ne yarient que par leur nombre, 


Arr. XIII. DÈ nerfs pelv. et caudaux. 253 


On peut s’en former une idée, en consultant les 
tableaux du nombre des vertèbres, que nous ayons 
donnés dans la troisième lecon. 


C. Dans les reptiles. 


Nous renverrons encore ici aux tableaux que 
nous avons rédigés pour indiquer le nombre des 
vertèbres, afin de faire connoître celui des nerfs 
auxquels leurs échancrures donnent issue. Quant 
à leur distribution, elle est la même que dans 
les autres animaux. Si nous. l’indiquions de nou- 
veau, nous ne ferions que répéter ce que nous 
avons fait connoître pour l’homme. 


D. Dans les poissons. 


Il n’y a point de différences distinctes entre les 
nerfs de la colonne vertébrale: tous se distribuent 
dans les espaces inter-costaux, et ne présentent 
ancune particularité. 


AURITTC LE. X TIME 
Des nerfs pelviques et caudaux. 


Lzs nerfs pelviques ou sacrés sortent du canal 
vertébral par les trous appelés vulgairement sacrés, 
ordinairement au nombre de cinq, quelquefois 
plus, quelquefois moins. La branche postérieure 
qui sort par les trous postérieurs est la moins 
çonsidérable ; elle s’unit à sa sortie ayec la branche 


\ 


254 X° Lecon. Distrib. des princip. nerfs. 
supérieure et avec l’inférieure; élle se distribue 
par beaucoup de flamens dans la peau des fesses 
et dans les parties latérales de l'anus. La branche 
antérieure est celle qui produit les nerfs sacrés ou 
pelviques proprement dits. 

La première paire se porte vers l’échancrure 
ischiatique dans l’intérieur du bassin. Après avoir 
fourni quelques filets aux ganglions inférieurs du 
grand nerf sympathique, elle s’unit et se confond 
avec la paire sacrée qui suit. Puis, un peu plus 
loin, elle reçoit le gros tronc formé par la qua- 
trième et la cinquième paire des lombes; elle 
donne en outre un rameau qui, se séparant du 
cordon ischatique , lorsqu'il passe dans l’échan- 
crure, va se distribuer dans l’épaisseur du muscle 
moyen fessier. 


La seconde paire fournit des rameaux qui se 


distribuent à peu près de la même manière que 
ceux de la première ; maïs elle se partage dans 
l'intérieur du bassin en deux portions, dont la 
supérieure s’unit au tronc de la première paire, 
comme nous l’avons vu, et dont la seconde va 
se confondre avec la troisième paire pour former 
le nerf ischiatique. Deux filets se détachent de la 
partie postérieure de cette paire et la suivent dans 
l’échancrure; mais ils s’en séparent au delà. L'un 
se perd dans le muscle grand fessier ; l’autre s’unit 
à un rameau de la paire suivante, forme un petit 
tronc unique et se resépare ensuite pour se dis- 
tribuer à la partie postérieure de la cuisse ét de. 


Arr. XIII. Des nerfs pelv. et caudaux. 255 


la jambe au dessous de la peau et aux tégumens 
de la fesse, de l'anus et du pénis ou de la vulve. 


La troisième paire s’unit, ainsi que nous l'avons 
indiqué, au cordon inférieur de la seconde. Elle 
est beaucoup plus petite, donne d’abord des filets 
pour le grand sympathique, ensuite elle en fournit 
un grand nombre qui se distribuent dans l’inté- 
rieur du bassin sur le col de la vessie dans l’homme, 
et sur les parties latérales du vagin dans la femme : 
ils forment là un plexus très-considérable , en 
s’unissant à des filets du nerf grand inter-costal ; 
elle fournit encore beaucoup de rameaux, dont 
les uns se portent à la partie postérieure de la cuisse, 
et d’autres sous la peau des fesses. 


La quatrième paire des nerfs sacrés se distribue 
à peu près de la même manière que la précé- 
dente. Eile donne en outre quelques filets aux 
muscles de l’anus, et un gros rameau qui s’unit 
à d’autres qui viennent du nerf sciatique pour 
former un tronc très-remarquable, qui passe entre 
les deux ligamens sacro-sciatiques , et qui se par- 
tage ensuite en deux branches, dont l’une se perd 
dans les muscles de l’anus et dans l’obturateur 
interne , et l’autre se porte aux muscles du pénis 
<t sous les tégumens de cet organe , ou sous les 
tégumens de la vulve dans la femme. 


Enfin, la cinquième paire, qui est la moins 


grosse de toutes, se distribue à peu près comme 
.k quatrième. 


@56 X° Lrçon. Disirib. des princip. nérfs. 

Il n’y a point de nerfs caudaux ou coccygiens 
dans l’homme. K 

Les mammifères et les oiseaux ne présentent 
pas de différences dignes de remarque dans leurs 
nerfs pelviques. Il y a des nerfs de la queue dans 
les mammifères ; ils sortent du canal vertébral 
par les trous dont sont percées les premières ver- 
tèbres caudales: nous allons les faire connoitre 
d’après le Zapin. 

La première paire sort entre la dermière pièce 
du sacrum et la première vertébre de la queue. 
Elle sort du bassin au devant du muscle ischio- 
coccygien par l’échancrure ischiatique ; elle se 
partage alors en deux branches , l’une qui s’unit 
au nerf sciatique, l’autre qui continue de se porter 
entre le bassin et la queue jusque dans une glande 
située sous la sixième paire caudale, glande dans 
laquelle cette branche se termine; mais dans ce 
trajet elle s’unit à beaucoup d’autres nerfs; elle 
en produit d’autres , et constitue ainsi un plexus 
très- remarquable, que nous nommerons plexus 
caudal. 

La première branche, ou plutôt le premier filet 
qui s’en détache , se glisse sous les muscles fessiers , 
dans l’épaisseur desquels il se perd ; puis, du côté 
interne , il s’y joint un petit filet anastomotique qui 
paroît provenir de la seconde paire caudale ; du côté 
externe, trois ou quatre filets qui forment un 
plexus en forme de réseau, duquel partent beaw- 
coup de filamens pour les muscles et un gros filet 


l 


ArT. XIV. Du plexus brachial. ; 254 


qui se plonge dans le bassin et qui ya se perdre 
dans la verge, où on le suit très-facilement, parce 
qu’il diminue peu de grosseur. Ensuite et du côté 
interne, trois ou quatre filets qui proviennent de 
la troisième, quatrième et cinquième paire des 
nerfs caudaux : puis de nouveau, du côté externe, 
cinq ou six filamens pour les muscles de la verge 
et ceux qui s’attachent à l'ischion; enfin, le tronc 
de la première paire caudale se termine dans la 
glande dont nous avons parlé. 

Dans les reptiles et les poissons, les nerfs sacrés 
et caudaux ne sont pas disüncts. Nous avons in- 
diqué la distribution de ceux qui se portent aux 
- pattes de derrière, ou aux nageoires ventrales. 
Ceux de la queue ressemblent aux intercostaux: 
ils se perdent dans les muscles. 


ARTICLE XV 


Du plexus brachial, et des nerfs du membre 
thoracique. 


A. Dans l’homme. 


Nous avons indiqué de quelle manière les nerfs 
cervicaux inférieurs produisent par leur .union le 
plexus brachial. Cet entrelacement nerveux est 
tel qu’il est assez difficile de suivre chacune des 
quatre paires de nerfs qui le forment , lorsqu'elles 


viennent à se séparer pour se distribuer au bras; 
2e R 


258 X° Leçon. Distrib. des princip. nerfs. 


Tous ces nerfs passent dans l’intervalle compris 
entre les deux muscles scalènes, et c’est là qu'ils 
s'unissent ordinairement à la première paire dor- 
sale. Lorsque ces nerfs se séparent, ils forment 
trois faisceaux principaux , desquels naïssent tous 
les nerfs du bras. 

Du faisceau moyen proviennent les nerfs r1édiarz 
et cubital. 

Par le faisceau postérieur sont produits les nerfs 
radial et axillaire.. | 

Enfin, du faisceau externe sortent les nerfs 
thoraciques , scapulaire , cutané externe, et le 
cutané interne. 

Cependant cette disposition est si sujette à varier, 
qu’on ne peut rien donner de certain à cet égard; 
mais quelque soit la naissance des nerfs que nous 
venons de nommer, ils se retrouvent constamment 
en même nombre. Nous allons maintenant les 
suivre dans leur distribution. 


1°. Du nerf médian. 


Ce nerf est un des plus gros du bras, à la partie 
moyenne et antérieure duquel il se trouve situé, 
sur le bord interne de l’artère brachiale : il des- 
cend ainsi sans produire de filets remarquables 
jusqu’au devant de Particulation de l’avant-bras. 
Il se olisse là entre le tendon du nerf brachial 
interne et le rond pronateur , auxquels il envoie 
quelques filamens , ainsi qu’à la peau. Il produit 
encore en cet endroit plusieurs autres filets très- 


Art. XIV. Du plexus brachial. 559 


remarquables : l’un se perd dans le muscle radial 
externe, et l’on peut même le suivre très- loin 
dans son épaisseur ; les autres sont destinés au 
palmaire grêle et au profond ; mais le plus cons- 
tant de tous est celui qu’on nomme zzterosseux, 
lequel, après avoir reçu un filet anastomotique du 
nerf radial, comme nous le dirons, donne des 
filamens au muscle long - fléchisseur du pouce 
et au profond ; perce le ligament interosseux , 
auquel il donne un filet, et reparoït à la face 
externe de l’avant-bras pour se perdre dans le 
muscle long-fléchisseur du pouce et dans le quarré 
pronateur. 

Le tronc du nerf médian suit les muscles flé- 
chisseurs des doigts, et parvient avec leurs tendons 
à la face palmaire de la main. Il s’en détache plu- 
sieurs filets pour les muscles , l’aponévrose pal- 
maire et la peau qui la recouvre ; enfin, il se divise 
en quatre ou cinq rameaux principaux à peu près 
vers l'extrémité digitale des os du métacarpe. L'un 
des rameaux se perd dans les muscles du pouce ; 
le second se partage en deux filets qui, après 
avoir donné des filamens qui se perdent dans 
l’adducteur du pouce, se portent sur les bords 
et s’anastomosent à leur extrémité, en formant 
une arcade de laquelle partent un nombre consi- 
dérable de filets. Le troisième rameau produit 
aussi deux filets qui se portent de même sur les 
bords du doigt indicateur. Le quatrième se dis- 
tribue à peu près de la même manière sur le 


R 2 


#60 X° Lecon. Distrib. des princip. nerfs. 
doigt du milieu : quelquefois cependant il ne fournit 
qu’un des filets latéraux, le radial ayant été donné 
par le troisième rameau; enfin, le cinquième 
rameau se distribue au bord radial; il se porte le 
long du bord cubital du quatrième doigt, et du bord 
sadial du cinquième : quelquefois cependant il ne 
fournit qu’au petit doigt. Ces quatre rameaux di- 
gitaux donnent aux muscles Ilombricaux, à la gaine 
des tendons et aux tégumens de petits filamens qu’il 
est impossible de poursuivre, mais qui sont en très 
grand nombre. 


2°. Du nerf cubital. 


I1 descend le long de la partie interne du bras 
jusqu’auprès du coude, où il est reçu dans'‘un 
sillon particulier de l’épitrochlée de l’humérus. I 
donne là quelques filets à la peau qui recouvre 
l’olécrâne et aux muscles qui s’y insèrent. Le trone 
du nerf traverse l’aittache du muscle cubital in- 
terne , et suit la face palmaire de l’avant-bras sur 
son bord cubital. Il envoie dans son trajet jusqu’au 
poignet plusieurs filamens pour la capsule arti- 
culaire du pli du bras et pour les muscles flé- 
chisseurs des doigts. Arrivé au ligament annullaire 
du carpe, ou un peu auparavant, il se divise en 
deux branches : l’une qu’on désigne sous le nom de 
dorsale , et l’autre sous celui de palmaire. 

La branche dorsale se subdivise en filamens qui, 
s’unissant entre eux et avec d’autres du nerf ra- 
dial, se perdent dans la peau du dos de la main, 


Arr. XIV. Du plexus brachial. 261 


La branche palmaire fournit le rameau cubital 
ou les deux rameaux latéraux du petit doigt, en 
s’anastomosant avec le cinquième rameau du nerf 
médian. Elle donne aussi des filets profonds pour 
les muscles lombricaux et les interosseux. 


3°. Du nerf radial. 


Le nerf radial est le plus gros de tous ceux 
du bras ; il est situé, aussitôt après sa séparation 
du plexus, immédiatement entre le nerf eubital et 
l'artère axillaire ; il fournit presque de suite quelques 
filets qui vont se perdre dans Ia peau et dans 
le muscle triceps brachial. Le tronc du nerf passe 
ensuite derrière l’os du bras, qu’il contourne pour 
reparoître à sa face externe entre les muscles bra- 
chial externe , long supinateur et le brachial an- 
térieur. Il produit encore là un rameau sous-cutané 
qui suit la veine céphalique jusque sous le poignet, 
et plusieurs autres pour les muscles radiaux et 
supinateurs. Au dessus de l’articulation du rayon 
avec l’os du bras le tronc du nerf radial traverse 
le court supinateur, et continue de se porter à 
la face externe de l’avant-bras : il donne là beau- 
coup de filets aux muscles; il se divise ensuite en 
deux branches , dont l’une, après avoir passé sous 
le ligament annullaire de la convexité du carpe, 
se perd dans la peau et les parties qui reccuvrent 
le dos de la main; l’autre branche , qui est la 
plus grosse, se partage bientôt en deux autres 


avant d'arriver au ligament annulaire du poignet, 
FE. 5 


262 X° Leçon. Distrib. des princip: nerfs. 
L'une se divise en deux rameaux; le premier sé 
termine sur la face dorsale du pouce et sur celle 
de l'indicateur ; le second se porte aussi sur le 
doigt indicateur, le médius, et même souvent sur 
Vannulaire. l’autre branche se porte aussi sur la 
convexité de la main et des doigts, et se distribue 
a peu près comme l’autre : elle est cependant moins 
grosse ordinairement. 


4°, Du nerf axillaire. 


On ä encore nommé ce nerf articulaire : il n’est 
souvent qu’une branche du radial. Couvert du 
deltoïde, sous lequel il se glisse, il Iui donne 
quelques filets , ainsi qu'aux autres muscles qui 
avoisinent l’articulation de Phumérus, comme le 
grand rond, le grand dorsal, le grand dentelé 
et le sous-scapulaire. I/un de ses rameaux les plus 
remarquables se perd dans la capsule articulaire 
de l’humérus. 


5°. Des nerfs thoraciques et scapulaire. 


Les nerfs thoraciques naissent quelquefois sé-. 
parément du plexus brachial ; ils se distribuent 
principalement dans les muscles pectoraux, et se 
perdent dans les glandes mammaires et dans la 
peau qui les recouvre. 11 y a souvent un rameau 
postérieur qui se distribue dans l'épaisseur du muscle 
long du dos ( /ombo-humérien ). 

Le nerf scapulaire se glisse derrière l’échancrure 
de l’apophyse coracoiïde, donne des filéts aux 


Arr. XIV. Du plexus brachial. 263 


muscles sous et sus - épineux et au sous - sca- 
pulaire. 


6°. Du nerf cutané externe, ou musculo- 
cutané. 


Celui-ci perfore le muscle coraco-brachial; et, 
situé ensuite entre les muscles biceps et brachial 
interne , il leur fournit des filets nombreux. Par- 
venu vers la partie moyenne du bras, il se divise 
en deux branches : l’une, superficielle; l’autre » 
profonde. 

La superficielle est plus grosse ; elle descend 
avec la veine céphalique au dessus du tendon du 
muscle biceps au devant du pli de l’avant-bras, 
où elle se divise en beaucoup de ramuscules. Les 
uns se perdent en partie dans le long-supinateur 
et dans la peau, où ils s’anastomosent avec d’autres 
filets du nerf radial ; d’autres ramuscules descendent 
jusque sur la main en se divisant et se subdivisant 
dans la peau. 

La branche profonde du musculo-cutané se perd 
presqu’en entier dans le muscle brachial interne, 
L'un des filets pénètre, avec l'artère huméraire 
proprement dite, dans la cavité médullaire de l'os. 


7°. Du nerf cutané intérne. 


Ce nerf provient quelquefois du cubital; il suit 
le bord postérieur et interne de l’os du bras entre 
la peau et les muscles. Arrivé sur l’avant-bras, 


il se partage en beaucoup de rameaux qui se 
R 4 


264 X°. Lecon. Distrib. des princip. nerfs. 
perdent dans la peau , dans laquelle on peut suivre 
leurs ramifications jusque sur la main. 


B. Dans les mammifères. 


Le plexus brachial est produit par les trois der- 
nières paires cervicales et par la première du dos. 

Le nerf articulaire est essentiellement formé 
par la cinquième paire cervicale dans le Zapin , 
et il n’y a que l’un de ses filets qui entre dans 
la composition du plexus. 

Les nerfs thoraciques se détachent de l’entre- 
lacement , et se distribuent à tous les muscles dé 
Vaisselle : on: retrouve aussi un nerf analogue au 
scapulaire. 

Les nerfs cutanés interne et externe ne sont 
point des cordons distincts, mais seulement des 
branches des trois cordons principaux qui repré- 
sentent les nerfs médian , cubital et radial. 

Le médian produit à la partie moyenne du 
bras un filet qui, se distribuant aux muscles et à la 
peau, peut être regardé comme un musculo-cutané. 
Parvenu au devant du pli de l’avant-bras, ül 
s’en détache beaucoup de filets qui pénètrent pro- 
fondément avec le tendon du biceps, et qui se dis- 
iribuent aux muscles, Le tronc continue de suivre 
les muscles de la face palmaire de l’avant-bras. 
Il se partage en deux rameaux qui passent par 
deux coulisses particulières des ligamens du carpe, 
et qui se distribuent à chacun des doigts à peu près 
comme dans homme. 


I PS 


se Le PSS Te nn ne nr 7 


Arr, XIV. Du plexus brachial. 265 


Le nerf cubital est le plus externe et le plus 
grêle des trois. Vers la partie moyenne du bras 
äls’en détache un filet pour les muscles extenseurs 
du coude et pour la peau. Ce filet paroït tenir 
lieu du nerf cutané externe. Le tronc du cubital, 
arrivé au devant de l'articulation du bras, perce 
_Jes aponévroses des muscles qui s’insèrent au con- 
dyle externe. Il glisse le long de l’os du coude 
sur le ligament interosseux , donne des filets aux 
muscles fléchisseurs des doigts, et se termine par 
deux autres fort longs, dont l’un se porte à la 
face externe de la patte où ilse perd dans la peau; 
Vautre suit la face palmaire , et se distribue à 
peu près comme dans l’homme. 

Le nerf radial est aussi le plus gros des trois 
cordons. Il tourne autour de l’humérus en four- 
nissant des rameaux aux muscles extenseurs du 
coude. Paryenu à la partie externe du bras, et 
glissant entre les muscles biceps et triceps bra- 
chiaux, il se partage en plusieurs rameaux : l’un 
devient externe et se porte au devant du pli du 
bras sous la peau ; les autres se perdent dans les 
muscles de la partie antérieure de lavant-bras. 

‘Enfin, le tronc lui-même, après avoir fourni 
aux muscles , se partage en plusieurs filets qui se 
perdent dans la peau qui recouvre la convexité des 
doigts. 


266 X° Lxçon. Distrib. des Princip. nerfs. 


C. Dans les oiseaux. 


Le plexus brachial des oiseaux est essentielle- 
mement formé par la dernière paire cervicale et 
les deux premières dorsales. Cet entrelacement ne 
forme qu’un seul faisceau, duquel partent tour 
les nerfs du bras. ; 

Les premiers cordons qui sortent du plexus sont 
destinés aux muscles grand et moyen pectoraux, 
ainsi qu’au sous-clavier; ils sont gros et au nombre 
de quatre. 

Il s’en détache ensuite un petit filet qui tient 
lieu du nerf articulaire, et qui se distribue aux 
museles qui entourent la tête de l’humérus et à 
sa, capsule articulaire. 

Viennent ensuite deux gros cordons principaux 
qui sont destinés à l’aile. | 

L'un se porte sous la face interne ou inférieure 
de l'aile. Il donne d’abord des filets aux muscles 
biceps et deltoïde ; puis, suivant le bord interne 
du biceps, il arrive au pli de l’avant-bras. sans 
donner de rameaux remarquables. Parvenu au 
dessus de l’articulation de l’avant-bras, immédia- 
tement sous la peau, il se divise en trois branches. 
L’externe est la plus grêle; elle se perd en partie 
dans les muscles radiaux et dans la peau qui re- 
couvre le pouce ou Vaile bätarde. La moyenne 
se glisse profondément au dessous des muscles 
auxquels elle se distribue ; un des filets perce le 
‘Tigament interosseux et passe à la face supérieure. 


ART. XIV. Du plexus brachial. 267 


ŒEnfin, la troisième branche ou l’interne passe 
comme le nerf cubital sur le condyle interne de 
Jhumérus dans les tendons des muscles qui y 
insèrent ; elle se partage là en beaucoup de filets : 
Vun se porte sur la capsule articulaire de l’avant- 
bras avec le bras et dans la peau qui recouvre 
le coude; quelques-uns sont destinés aux muscles 
fléchisseurs du métacarpe ; deux autres, enfin, 
plus remarquables et plus longs, suivent le bord 
inférieur de l'aile sous la peau, et viennent se 
perdre dans celle qui recouvre les doigts à leur 
face interne. Il paroît que ce nerf tient lieu en 
même temps de médian , de cubital et de musculo- 
cutané. 

L'autre cordon principal du plexus brachial se 
contourne autour de l’humérus, et vient se porter 
à sa face supérieure en donnant d’abord des filets 
très-sensibles pour les muscles extenseurs du coude, 
puis deux autres très-remarquables encore qui se 
distribuent comme une espèce de pate d’oie sous 
la peau et les membranes situées entre le bras 
et l’avant-bras. Ces branches paroiïssent tenir lieu 
du nerf cutané interne: Le tronc du nerf conti- 
nuant de descendre le long du bras, et parvenu 
à l'articulation de l’avant - bras, se trouve placé 
à la face interne, mais vers le bord radial de 
V’avant-bras. Il perce le tendon du muscle radial 
externe; et arrivé à la face externe ou supérieure, 
il se divise en deux branches : l’une, courte, qui 
se perd sous la peau qui recouvre la face externe 


268 X° Leçon. Distrib. des princip. nerf, 


du cubitus ; l’autre, plus longue, située entre les 
deux os de lavant-bras sur la membrane inter- 
osseuse. Lorsqu'elle est parvenue à l'articulation 
du poignet, elle passe par une coulisse particu- 
lière , et se divise bientôt après en trois filets : l’un 
court pour le pouce, et deux autres pour chacun 
des doigts, à la face externe de chacun desquels ils 
se portent sous la peau jusqu’à leur dernière articu- 
lation, où l’on en apperçoit encore des traces. 

Il est évident que ce cordon tient lieu du nerf 
radial, et que par l’une de ses branches il rem- 
place le cutané interne. Cette description est faite 
d’après le canard et la cigogne : nous présumons 
qu'il n’y a pas de différence dans les autres oiseaux. 


D. Dans les reptiles. 


Dans la tortue, les trois dernières paires des 
nerfs cervicaux et la première des dorsaux sé 
portent au membre thorachique , en formant un 
plexus, ainsi qu’il suit. La cinquième paire cer- 
vicale se porte en arrière des quatre autres qu’elle 
croise dans leur direction, et auxquelles elle s’unit 
en passant; puis elle fait le tour de l’omoplate, 
qui est ici articulée avec la première vertèbre du 
dos. Nous reviendrons sur, sa description. La 
sixième paire cervicale se porte directement sur 
la longueur de l’omoplate et à sa face interne; elle 
est croisée en arrière par la cinquième ; et vers 
le tiers postérieur de l’omoplate elle reçoit la 
septième paire. Celle-ci est grêle; elle est. croisée 


Arr. XIV. Du plexus brachial. 269 


par la cinquième et la première dorsale ; elle vient 
s’unir, comme nous venons de {e dire. La pre- 
mière paire dorsale s’unit en partie à la septième 
presqu’à sa sortie du canal vertébral, et vient se 
porter aux muscles de l'épaule. 

Nous allons suivre maintenant chacun des cordons 
que nous avons indiqués. 

Le gros nerf produit par la cinquième paire 
cervicale , parvenu derrière et près de la véri- 
table articulation de l’omoplate avec l’épine, se 
partage en trois branches: l’une, qui n’est qu’un 
filet, paroït se porter à la capsule articulaire; une 
seconde, qui est très - applatie, et des bords de 
laquelle partent une infinité de rameaux qui se 
portent aux muscles et à la peau, paroït tenir 
leu du rnusculo - cutané ; la troisième branche 
suit les muscles de l’omoplate sous la peau, et 
descend jusqu’au bras sans donner de rameaux 
remarquables. Il s’en détache là plusieurs pour 
les muscles extenseurs de l’avant-bras. Le tronc 
continue de se porter en avant et s’épanouit en 
se perdant sur la peau de l’avant-bras, où on le 
suit jusqu’à la main : il tient peut-être lieu de 
cubital. 

La sixième paire des nerfs cervicaux, après 
avoir concouru , ainsi que nous l’avons indiqué, 
à la formation du plexus brachial, se porte le 
long de l’omoplate du côté interne. Vers son 
‘tiers postérieur elle reçoit la septième. Le nerf 
devient alors beaucoup plus gros; mais bientôt 


270 X° Leçon. Distrib. des princip. nerfs. 


après il se divise en deux. L'un, grêle, passe dans 
l’échancrure pratiquée entre la fourchette et la 
clavicule , et paroît s'épanouir là sur la capsule 
articulaire de l’humérus après avoir fourni des 
filamens nombreux aux muscles qui l'entourent. 
Ce nerf pourroit être regardé comme l’analogue 
de l’articulaire dans l’homme. Le tronc du nerf 
lui-même, qui tient évidemment lieu du rnédian, 
parvenu à la hauteur de l'articulation de l’humérus 
avec l’omoplate, donne des filets aux muscles en- 
vironnans. Lorsqu'il est arrivé à la face palmaire 
de l’avant-bras , il se partage en trois rameaux, 
dont deux sur le bord cubital s’enfoncent profon- 
dément dans les muscles; le troisième, beaucoup 


plus gros, suit le bord radial de l’avant- bras; 


arrivé à la base du pouce, il se porte à la paume 
de la main et envoie des filets à chacun des doigts. 
La septième paire cervicale s’unit, comme nous 
l'avons dit à la sixième, à la partie postérieure 
de l’omoplate , pour former le nerf médian et 
Varticulaire : ainsi nous ne reviendrons pas sur 
sa description. | 
La première paire dorsale se perd dans les 
muscles de l'épaule et ne suit pas du tout le bras. 
Le plexus brachial du /ézard diffère un peu 
de celui de la tortue : il est formé par les deux 
paires dorsales et par les deux dernières cervicales. 
l’avant-dernière cervicale ne fournit qu’une de 
ses branches au plexus, l’autre se porte sur le col. 
Dans la grenouille, les nerfs qui doivent se 


Arr. XIV. Du plexus brachial. 97x 


distribuer au bras proviennent d’un très-gros cordon 
qui sort entre la seconde et la troisième vertèbre. 
C’est le plus gros cordon nerveux de tout le corps ; 
il reçoit peu après un filet nerveux de la paire 
suivante avec lequel il s’unit intimement. Ce cordon 
se dirige vers l’aisselle ; il s’en détache une branche 
qui va au dessus de l’épaule et qui se perd dans les 
muscles de cette partie. Le tronc continue de se por- 
ter vers le bras. Bientôt après il se bifurque ; mais, 
outre les deux rameaux principaux qu'il forme, 
il s’en détache quelques filets qui se rendent aux 
muscles extenseurs de l’avant-bras et à la capsule 
articulaire de la tète de l’humérus. 

Des deux cordons nerveux, l’un se porte au devant 
de l’os du bras et représente le nerf médian ; il 
s’en détache quelques filets pour les muscles et la 
peau. Arrivé au pli de l’avant-bras, le nerf plonge 
dans l’épaisseur des muscles avec le tendon du 
muscle sterno-radien , qui tient lieu du biceps. Il 
se divise ensuite en deux rameaux placés l’un 
au dessus de l’autre ; le plus grêle, entre les muscles 
fléchisseurs des doigts; le plus gros, sur le sillon 

-qui indique la réunion des deux os de l’avant-bras. 
Ils passent sous les ligamens du carpe; et, par- 
venus à la paume de la main, le superficiel se 
perd dans-la peau qui la recouvre, et le profond 
se partage à chacun des doigts, à peu près comme 
cela a lieu dans l’homme : il donne aussi quelques 
filets aux muscles de la main. 

L'autre cordonnerveux représente le nerfradial; 


272 X° Leçon. Distrib. des princip. nerfs. 
il se contourne autour de l’humérus. Il fourmt 
d’abord au muscle extenseur de l’avant-bras; con- 
tinuant de descendre autour de l’humérus, il arrive 
au devant de son articulation avec l'os unique de 
Vavant-bras, du côté radial. Il pénètre là dans 
l'épaisseur des muscles, puis il repasse à la face 
externe de l'avant - bras: il se partage ensuite. 
L'un des rameaux se perd sous la peau; l’autre 
passe sous le dos de la main où il se perd sur 
la convexité des doigts. On voit, d’après cette des- 
cription, que les nerfs du bras de la grenouille 
‘ressemblent beaucoup à ceux de l’aile des oiseaux. 
Dans la salamandre , les nerfs du bras se dis- 
tribuent comme dans la grenouille ; mais leur plexus 
est formé par deux paires cervicales et par deux 
dorsales , si l’on peut regarder comme vertébres 
du dos celles qui portent des rudimens de côtes. 
Il n’y a pas de nerfs brachiaux dans les serpens. 


E. Dans les poissons. 


Les nerfs de la nageoïire pectorale des poissons 
épineux proviennent des deux premières paires 
vertébrales. Ces deux nerfs naissent à une assez 
grande distance l’un de-lautre, et traversent le 
premier muscle qui se porte de l’épine sur la 


prenuére côte, et qui paroit tenir lieu de scalène.- 


- Dans le saumon, l’antérieur est si rapproché 
de la paire vague, qu’il pourroit en être regardé 
pour une branche , si on ne reconnoissoit qu’il 
sort par un trou particulier. Dans la carpe, il en 


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a 


Arr. XIV. Du plexus brachial. 23 


est séparé par le dernier os branchial. La seconde 
paire vertébrale, destinée à l'épaule, est située 
plus en arrière et plus rapprochée de la ligne 
moyenne du corps, derrière l’œsophage. Ces deux 
nerfs se portent directement en bas vers la lame 
interne de l’os de l'épaule, où ils se réunissent 
sans se confondre cependant. La première paire 
vertébrale se partage alors en deux cordons, et 
il part de, ces trois nerfs des filets anastomotiques 
qui en font une sorte de plexus. Beaucoup de ces 
filets se distribuent aux muscles adducteurs de la 
nageoire. Lie cordon qui s’est détaché de la pre- 
mière paire vertébrale paroît aussi se terminer 
dans ces muscles; mais auparavant il s’en détache 
un filet assez remarquable qui se distribue à la 
membrane qui sépare la cavité branchiale de la 
thoracique ou abdominale , qui sont ici confondues. 
Ne pourroit-on pas regarder ce filet comme l’ana- 
Icgue du diaphragmatique ? nous y sommes très- 
portés, 

Les deux cordons nerveux brachiaux passent 
par le trou pratiqué au devant et au dehors de 
Varticulalion de la nageoire avec l'épaule. Ils 
s'unissent là et ils produisent une irradiation de 
filets nerveux dont plusieurs se perdent dans les 
muscles de la face externe de J'épaule, dans. la 
capsule articulaire oblongue qui reçoit les osselets 
du cerpe; enfin, un des filets se porte sous la peau 


qui forme la membrane des rayons. 


b 


Dans les poissons cartilagineux , comme les raies, 


3 S 


- 274 X° Leçon. Distrib. des princip. nerfs. , 


la distribution des nerfs brachiaux, ainsi que leur 
nombre , sont bien différens. Les vingt premitres 
paires vertébrales sont reçues dans un canal car- 
tilagineux derrière la cavité des branchies ; elles 
s'unissent là, et forment un gros cordon unique 
qui se porte vers la partie moyenne de la nageoire 
en traversant la barre cartilagineuse sur laquelle 
s'articulent les rayons. 

Ce premier cordon continue de se porter en 
avant le long de la barre cartilagineuse , en dé- 
crivant un arc dont la concavité est antérieure. De 
ce gros cordon se séparent autant de filets qu'il 
y a de rayons de la nageoire : tous ces filets se 
perdent dans les muscles et peuvent être suivis 
jusqu'aux bords de laile. 

Les quatre on cinq paires vertébrales qui suivent 
les vingt premières se réunissent de même en un 
gros cordon qui se subdivise ensuite en sept où 
huit filets pour les rayons moyens de l’aile: ceux- 
là sont presque perpendiculaires à la moelle ner- 
yeuse que contient le canal vertébral. 

Les paires de nerfs vertébraux qui suivent jusqu’à 
environ la quarante - quatrième s’unissent deux à ! 
deux, et forment un cordon qui va percer la barre 
cartilagineuse de la partie postérieure de l'aile ; 
ils se divisent dans les muscles de la même manière 
que les précédens, de sorte que la préparation « 
des nerfs de l’aile de la raie présente une dispo 
giion très-singulière. ÿ 


Ant. KV. Des nerfs du mermnb. «bdom. 955 
ARTICLE XV, 


Des nerfs du membre abdominal, 


À. Dans l’homme. 


Ex faisant la description des nerfs lombaires 
êt sacrés nous avons indiqué déjà de quellë manière 
sont formés les principaux troncs des nerfs qui se 
distribuent dans l’extrémité inférieure. Nous allons 
tnaintenant les suivre en particulier. 


1°. Du nerf sous-pubien, ou obturateur. 


Ce nerf provient du plexus des paires lombaires, 
La hauteur à laquelle il s’en détache n’est pas 
constante ; il se porte vers le petit bassin en sui- 
vant le côté interne du tendon du muscle psoas, 
et il se dirige vers le trou sous-pubien, Il fournit 
quelques filets au muscle obturateur interne, passe 
par le trou de la membrane obturatrice, et pro- 
duit de nouveaux filets qui se perdent dans l’ob- 
turateur externe , après quoi ilse partage en deux 
branches : l’une antérieure , l’autre postérieure. 

La ‘première se perd dans les muscles pecliné, 
grêle interne et crural , en descendant presque jus- 
qu'au genou. 

La branche postérieure se distribue à peu prés 
de la même maniere ; ; mais elle est située plus 
profondément, 


5 9 


276 X° Leçon. Düistrib. des princip. nerfs. 
2°. Du nerf fémoral antérieur ou crural. 


C’est ordinairement par le plexus des quatre 
prenuères paires des nerfs lombaires qu’est formé 
ce cordon. Il suit l’artère fémorale dans son trajet 
sur la petite rainure que laïssent entre eux les 
muscles iliaque et psvas , auxquels il donne quelques 
filets. Arrivé sous l’arcade inguinale, il se divise 
en un nombre considérable de rameaux destinés 
aux muscles. 


Il y en a ordinairement un pour le muscle droit 
antérieur; quatre ou cinq pour le triceps fémoral ; 
quelques-uns pour le couturier, dont plusieurs se 
portent ensuite sous la peau ; enfin, il en est pour le 
Jascia lata, le pectiné, le grêle interne et le 
demi-tendineux. ' 

Les deux filets les plus longs se portent sous 
la peau de la cuisse du côté interne; l’un : suivant 
à peu prés la direction de l'artère fémorale, s’épa- 
nouit à la hauteur du genou; l’autre est beaucoup 
plus gros; il descend jusque sur le pied, en sui- 
vant à peu près la veine saphène, dont il em- 
prunte le nom; il reçoit souvent un rameau du 
perf sous-pubien vers le milieu de la cuisse ; il 
se distribue principalement à la peau. 


5°. Du nerf ischiadique ou sciatique. 


C’est le plus gros des nerfs du corps. Il est 
ordinairement produit par les deux dernières paires 
des lombes et les trois premières du sacrum ; il 


j 


ce Cr 


Arr. XV. Des nerfs du memb. abdom. 277 


sort du bassin entre les muscles jumeaux et py- 
ramidal par l’échancrure ischiatique. Il donne la 
quelques filets pour les muscles obturateur interne, 
jumeaux et carrés de la cuisse. Situé aïnsi à la 
partie postérieure , il descend de la tubérosité 
ischialique vers le trochanter. Parvenu à la partie 
moyenne de la cuisse, ou plus bas vers le genou, 
il se partage en deux cordons qui continuent de 
descendre, et qui passent sous le jarret : ils prennent 
alors le nom: l’un, de poplité interne ou tibial ; 
et l’autre, de poplité externe ou péropier. 

Dans son trajet, le long de la cuisse, le nerf 
sciatique fournit en outre de petites branches aux 
muscles demi-nerveux, demi-membraneux, au. 
biceps, aux abducteurs de la cuisse. 

Sous le jarret, il en donne d’autres aux muscles 
poplité , demi - tendineux, biceps et gastro-cné- 
miens. | 

Il produit à souvent aussi un rameau, qui quel- 
quefois naît plus bas du nerf péronier. Ce rameau, 
se portant sous les muscles du tendon d'Achille , 
du côté du péroné, se distribue, à la hauteur du 
pied, dans la peau qui recouvre cette partie; il 
se continue même sur le dos du pied jusqu'aux 
extrémités des orteils. 


4°. Du nerf ibial ou poplité interne. 


C’est la division interne du tronc du nerf sciatique, 
lorsqu'elle est parvenue au delà du jarret. Le cordon: 


u'il forme suit à peu près la longueur du muscle 
à peu p 


S. 9 
3 


\ 


278 X° Leçon. Distrib. des princip. nerfs. 
plantaire grêle dans la partie moyenne des muscles 
du gras de la jambe, auquel il donne beaucoup 
de rameaux; il en fournit aussi au muscle poplité , 
dont quelques filamens accompagnent l'artère #:- 
biaire proprement dite, ou celle qui entre dans 
Vos ; if en donne encore aux muscles tibial pos- 
térieur , long fléchisseur du gros orteil et fléchis- 
_seur commun des orteils. En continuant de des- 
cendre, le tronc se porte vers la malléole interne. 
1! passe là dans la rainure pratiquée entre le tibia 
et le calcanéum avec les tendons des fléchisseurs. 
Parvenu sous la plante du pied, il prend le nom 
de nerf plantaire interne. Celui-ci donne quelques. 
filets aux petits muscles court-fléchisseur des doigts, 
au transverse des orteils, aux courts abducteur 
et adducteur du gros orteils il se partage ensuite 
en quatre branches qui se distribuent aux muscles 
lombricaux , inter-métatarsiens el à la peau des 
orteils auxquels il donne des branches qui se 
distribuent, à peu près comme le nerf médian à 
Ja main, en formant aussi une arcade qui se joint 
au nerf poplité externe, ainsi que nous l’indique- 
yons« 


5°. Du nerf péronier ow poplité externe. 


C’est au delà du jarret que I# branche externe 
&u sciatique prend ce nom. Elle donne d’abord 
des filets qui se portent en devant sous la peau 
de la jambe et du pied, et qui s’imissent aux 
rameaux cutanés du nerf sciatique ; il se glisse 


Arr. XV. Des nerfs du memb. abdom. 279 


ensuite le long du péroné; et se contournant vers 
le tiers supérieur de cet os, il se divise là en 
trois rameaux, dont deux sont superficiels et l’autre 
profond. - 

Le rameau profond se distribue dans Tes muscles 
de la partie antérieure de la jambe, et se porte 
jusque sous la peau du genou et du pied, en «don- 
nant quelques filets au court extenseur et aux inter- 
osseux supérieurs. | 

Quant aux rameaux superficiels, ils se portent 
tous deux sous l’aponévrose de la jambe. Le pre- 
mier en ressort vers la partie moyenne, et se 
porte à la peau jusque sur le pied. Le second 
perce aussi l’aponévrose vers la partie moyenne 
de la jambe, se porte sous la peau vers la mal- 
léole externe. Parvenu sur le pied, ïl se divise 
en plusieurs filets qui, comme ceux du précédent , 
se terminent sur les parties laiérales de chacun 
des orteils. 


B. Dans les mammifères. 


Les nerfs lombaires et pelviques, qui sont des- 
tinés au membre abdominal, forment un plexus 
avant de se distribuer à ces parties. En général, 
il est le même que dans l’homme, où les diffé- 
rences sont peu essentielles. Les cordons nerveux 
sont absolument en même nombre, et se divisent 
de la même maniere. 

Le nerf fémoral antérieur naît le plus ordinai- 

Lo rement avant le sous-pubien. Dans le pli de l’aine 
| S 4 


280 X° Leçon. Distrib. des princip. nerfs. 

il produit une irradiation de filets musculaires ; 
Vun d’eux, très - remarquable , se porte sous la 
peau en suivant la veine saphène : on peut le 
suivre jusque sur le pied. 

Le nerf sous - pubien passe aussi par le trou 
ovale avec le tendon du muscle obturateur interne. 
Il se distribue aux muscles de la cuisse. 

Le nerf éciatique est aussi produit par les paires 
sacrées ; il reçoit ordinairement des filets anasto- 
motiques des paires caudales. Il n’offre au reste 
aucune différence essentielle d’avec l’homme. 


C. Dans les oiseaux. 


Le nerf obiurateur provient aussi du plexus 
formé par les paires lombaires. Il passe par le 
trou sous-pubien avec le tendon de l’okturateur 
interne, et se divise aussitôt après sa sortie du bassin 
en un grand nombre de rameaux qui se terminent 
dans les muscles qui enveloppent l'os de la cuisse, 
et principalement dans ceux qui entourent son 
articulation et dans les muscles adducteurs. 

Le fémoral est évidemment formé par les trois 
dernières paires des nerfs lombaires qui forment 
un plexus au dessus du bassin, et duquel se dé- 
tache le nerf oblurateur. Paryenu dans l’aine, le 
nerf crural se partage en trois branches principales , 
lesquelles se divisent et se subdivisent dans les diffé- 
rens muscles de la face antérieure et interne de 
la cuisse : beaucoup se terminent à la peau, sur 
laquelle on les suit très-faciiement. 


Art. XV. Des nerfs du memb. abdom. 281 


Le nerf sciatique est produit dans les oiseaux 
principalement par les quatre paires pelviennes 
supérieures; il se porte vers l’échancrure ischia- 
tique du bassin, derrière la cavité cotyloïde. Sorti 
du bassin , il se divise en deux portions principales: 
l’une postérieure , qui est un faisceau composé de 
sept à huit branches qui se perdent dans les muscles 
fessiers et adducteurs de la cuisse; l’autre portion 
est un cordon simple, très-gros, qui paroît être 
le tronc du nerf. Il suit la direction du fémur ; 
donne quelques branches grêles qui se portent dans 
les muscles fléchisseurs de la jambe. Arrivé vers 
la partie moyenne et postérieure de l'os de la 
cuisse , le tronc se divise en deux : l’un, qui est 


le plus rapproché des os et qui paroît être le poplité 


externe ; l'autre, qui est le plus gros et qui tient 
Leu du £b1al. 

Ce dernier, arrivé à la hauteur du jarret, se 
divise en deux branches. La plus grosse des deux: 
se partage en six ou sept rameaux destinés aux 
muscles de la partie postérieure de la jambe et 
principalement aux jumeaux et au solaire; Pautre 
branche continue de se porter derrière les os de 
la jambe. Arrivée sous le talon, elle passe dans 
une coulisse, et continue de se porter dessous les 
os du métatarse; parvenue vers leur extrémité 
digitale, elle se partage en quatre, ou trois, ou 
deux portions, selon le nombre des doigts de 


Voiseau. Ces filets se portent sur le bord péronier 


de chacun des doigts. 


282 X° Leçon. Distrib. des princip. nerfs. 

Le nerf poplité externe , ou la seconde branche 
principale du sciatique est, comme nous lPavons 
dit, celle qui est la plus près des os. Arrivée sous 
le jarret, elle se porte vers le bord péronier de 
la jambe et se partage en beaucoup de filets qui 
se perdent dans les muscles de la partie antérieure 
de la jambe. Deux des filets, beaucoup plus gros 
et plus longs, suivent les os de la jambe : l’un, 
sur le bord péronier; l’autre, sur le tibial. Ils 
passent ainsi au dessus de Particulation du tarse 
dans deux coulisses qui leur sont particulières : 
ils se rapprochent ensuite etse trouvent situés dans 
la goutière antérieure des os du métatarse, après 
quoi ils se reséparent de nouveau. La branche 
tibiale se porte entre le second et le troisième doigt, 
et la péronière entre le troisième et le quatrième, 
quand il existe ; elles en suivent les bords et s’y 
terntinent sous la peau près de l’ongle. On voit, 
par cette description, faite d’après la cigogne 
spécialement, quoique nous ayons fait des re- 
cherches à cet égard dans plusieurs autres oiseaux ; 
que les nerfs du membre abdominal sont à peu 
près les mêmes que dans l’homme. 


D. Dans les reptiles. 


Dans les Zézards, il y a un petit filet nerveux 
qui provient du nerf fémoral et qui tient lieu du 
nerf sous-pubien. Le nerf fémoral lui-même est 
formé des deux dernières paires lombaires et passe 
au dessus des os du bassin pour se distribuer aux 


Ant. XV. Des nerfs du memb. abdom. 283 


muscles de la partie antérieure de la cuisse. Le 
nerf sciatique est produit par les trois paires de 
perfs qui suivent et qui reçoivent aussi un filet de 
la derniére paire lombaire. Le cordon unique qu’elles 
forment suit le bord interne de la cuisse; et en 
se subdivisant dans Îles muscles il se porte jus- 
qu'aux doigts du pied. 
La distribution des nerfs du membre abdominal 
est à peu près la même dans la sa/amandre. II 
n’y a de différences que dans la manière dont le 
_plexus est formé. Ici le nerf fémoral est produit 
par une seule paire lombaire qui envoie une 
branche au plexus sciatique qui est formé par les 
deux paires suivantes. 
Dans la grenouille , trois paires de nerfs 
entrent dans la composition du plexus fémoral ; 
elles parcourent toute la longueur des os iléons, 
qui sont ici fort étendus, avant de se réunir pour 
former le plexus. À la hauteur de la cuisse il 
s’en sépare un nerf qui tient lieu de fémoral 
antérieur , quise distribue, comme par une irra- 
diation, aux muscles de la partie antérieure de la 
cuisse. Le reste du plexus se porte dans le bassin 
et forme un gros cordon sa se porte à la partie 
postérieure de la cuisse, qu’on peut regarder comme 
, le nerf sciatique. 1] s’en détache de suite un grand 
mombic de filets pour les muscles de la cuisse. 
Vers la partie moyenne et postérieure, il se partage 
en deux branches qui passent sous le jarret etquire- 
présentent les deux nerfs poplitésinterne et externe, 


284 X° Lecow. Distrib. des princip. nerfs. 


qui se distribuent ensuite à la patte de derrière à 
peu près de la même manière que dans le pied 
de l’homme. 


E. Dans les poissons. 


La nageoire ventrale, qui représente le pied 
de derrière, reçoit des nerfs qui proviennent des 
paires veriébrales. 

Dans les poissons cartilagineux , comme la raie, 
huit à neuf paires se portent directement en dehors 
vers la nageoire ventrale. Les quatre ou cinq pre- 
miéres se réunissent en un seul tronc qui passe 
par un trou particulier dont est percé le cartilage 
qui soutient les rayons; les autres paires se portent 
directement au dessus des rayons. Tous ces nerfs 
se distribuent sur les muscles, absolument de la 
même manière que dans la nageoire pectorale. 

Dans les poissons épineux, comme Îles si/ures, 
les paires vertébrales qui se distribuent dans les 
muscles intercostaux envoient des filets qui vont 
se perdre dans les muscles propres à mouvoir la 
nageoire. Quelques-uns des filamens peuvent être 
manifestement suivis jusque sur la membrane qui 
recouvre les rayons. 


Art. XVI. Du nerf grand sympathique. 285 
ARTICLE X VI. 


{ 3 : 
Du nerf grand sympathique , appelé encore 
grand intercostal ou tri-splanchnique. 


À. Dans l’homme. 


C£ nerf ne peut point être considéré. comme 
provenant immédiatement du cerveau. Il commu- 
nique avec la cinquième et la sixième paires en- 
céphaliques , avec les trente paires des nerfs cer- 
vicaux, avec le glosso - pharyngien et la paire 
vague , et dans tous ses points de communication 
il éprouve des renflemens irès-remarquables. 

La portion du nerf grand sympathique, qui est 
la plus voisine du cerveau, s’observe dans le canal 
carotidien de l’os temporal, où elle forme un plexus 

_autour de l'artère carotide. Nous avons indiqué 
déja les filets qui l’unissent à la sixième paire et 
celui qu'il paroït recevoir du ganglion sphéno- 
palatin du maxillaire supérieur, sous le nom de 
nerf Vidien. 

Les filets nerveux qui produisent le plexus ca- 
rotidien se rassemblent à la base du crâne en un 
seul tronc qui forme un renflement alongé, de 
couleur rougeâtre, qui s’étend jusqu’à la troisième 
vertébre , et qu’on nomme ganglion cervical su- 
périeur. Ce ganglion reçoit des filets dès son ori- 
gine de la première et de la seconde paire cervicale, 
quelquefois du glosso-pharyngien et du nerf vague, 


286 X° Lecon. Dusirib. des princip. nerfs, 
avec lequel il est toujours uni ainsi qu’avec l’artère 
carotide, parune toile celluleusetrés-serrée. Sa figure 
est oblongue, ovale, plus pointue inférieurement. 

Après avoir subi ce renfleméent , le tronc du 
nerf , qui est alors assez grêle, descend le long 
et derrière l’artère carotide jusqu’à la partie in- 
férieure du col, où il forme un nouveau ganglion 
nommé cervical inférieur. Dans ce trajet, il reçoit 
ou donne des filets à chacune des branches cervicales 
par sa partie posiérieure. Il s’en détache d’autres de 
sa partie antérieure pour le pharynx et pour les 
graisses, dont les filamens, en s’unissant entre eux, 
produisent autour des artères carotides des plexus 
très-grêles. Les muscles de la face antérieure du 
col en reçoivent aussi un grand nombre. Enfin, 
parmi les autres filamens qui, par leur ténuité, 
échappent aux recherches, on en remarque quel- 
ques-uns qui, s’unissant aux filets de la paire vague, 
pénètrent dans la poitrine et vont fofmer le plexus 
cardiaque inférieur , ainsi que nous l’avons indiqué 
en décrivant le nerf vague. 

Le ganglion cervical inférieur est applati. Sa 
figure varie; elle est oblongue , triangulaire ou 
carrée, selon les individus. Îl est ordinairement 
situé au devant de l’apophyse transverse de la 
septième vertèbre du col. Il manque quelquefois, 
et alors il se confond avec le premier ganglion 
thoracique. Il reçoit ordinairement des filets des 
quatre dernières paires cervicales , rarément des 
paires dorsales. Il paroït en produire d’autres qui, 


Arr. XVI. Dunerf grand sympathique. 287 


se portant du côté interue , vont $e joindre au ré- 
current de la paire vaguc, au nerf dijaphragmatique, 
aux nerfs qui produisent les plexus cardiaques 
supérieur et inférieur. 

Le tronc du nerf sympathique , situé derrière 
l'artère vertébrale, entre dans la poitrine; et par- 
venu au dessus ou un peu au dessous de la tête 
de la première côte , encore recouvert par l’artére 
sous-clavière , il éprouve un nouveau renflement 
qu’on a nommé ganglion thoracique supérieur. 
A ce ganglion viennent se rendre beaucoup de 
filets nerveux des paires cervicales inférieures, 
parmi lesquels il y en a toujours un très-remar- 
quable de la première paire dorsale, et quelque- 
fois même un autre de la seconde paire. Il produit 
trois ordres de filamens : les uns vont s’unir au 
plexus cardiaque; les seconds forment un plexus 
autour des artères sous-clavière et vertébrale; les 
autres se perdent dans les muscles scalène et long 
du col. 

La suite du nerf grand sympathique dans la 
cavité de la poitrine est un peu plus grosse que 
sur le col ; elle est collée au dessous de la plèvre 
et passe par dessus les têtes des côtés. Dans son 
trajet jusqu'au diaphragme, elle reçoit les filets 
des paires dorsales à angle aigu. À chacun des 
points d'union ‘il se forme un renflement ou gan- 
glion qu’on désigne par des dénominations numé- 
viques. Leur forme varie ainsi que leur grosseur. 

À la hauteur du sixième ganglion , il se détache 


#88 X° Leçon. Distrib. des princip. nerfs. 
ordinairement du nerf cinq ou six branches qui 
se portent en bas et en dedans vers le corps des 
vertèbres. Elles s'unissent là et il en résulte un 
cordon particulier qui pénètre dans le bas-ventre 
par une ouverture du diaphragme, muscle auquel 
il donne quelques filets : on nomme ce cordon 
nerf splanchnique. 
Arrivé dans le bas-ventre, le cordon dont nous 
venons de parler s’applatit presqu’aussitôt et forme 
une espèce de lunule nerveuse au devant de l’aorte. 
Sa forme l’a fait désigner sous le nom de ganglion 
sémi-lunaire. Ynférieurement , il se joint à celui 


du côté opposé. Il en sort un grand nombre de 


filamens: les uns sont pour le diaphragme ; beaucoup 
d’autres se portent sous forme de plexus autour 
de l’aorte et des artères rénale, cœliaque et. mé- 
sentérique supérieure. 

On nomme en particulier plexus solaire celui 
qui enveloppe l'artère cœæliaque , et qui reçoit 
beaucoup de filets de la paire/vague. Les autres 
plexus ont tiré aussi leur nom de leur situation 
sur les artères coronaire stomachique , splénique 
et hépatique. 

Quant au tronc même du grand sympathique, 
que nous avons laissé dans la poitrine , il continue 
de descendre jusqu’au diaphragme; mais du derniér 
ganglion thoracique, et quelauefois de lavant- 
dernier, il se détache un filet appelé petit nerf 
splanchnique qui va s’unir au grand, lors de son 
passage au travers du diaphragme. 


Arr. XVI. Dunerf grandsympatlique. 289 
La manière d’être du grand sympathique dans 
intérieur du bas-ventre est à peu près la même 
que dans la poitrine. Il éprouve sur chaque ver- 
tébre lombaire un renflement auquel viennent se 
rendre deux ou trois filets de chacune des paires 
lombaires. Il s’en détache aussi beaucoup de filets 
qui vont se joindre aux plexus que nous avons 
fait connoiître. Ils en forment un particulier autour 
de l'artère nésentérigue inférieure , des artères 
spermatiques et hypogastriques, dont ils prennent 
les noms. Le dernier plexus donne des filets à 
toutes les artères voisines, au colon et äu rectum, 
aux urétéres, à la vessie et aux parties de la gé- 
nération. . 
Parvenu dans le bassin, le grand sympathique 
continue de se porter sur l’os sacrum; arrivé vers 
les vertébres caudales , les deux troncs devenus 
trés-grèles s’unissent et forment un dernier gan- 
ghon. Dans ce trajet il y a autant de renflemens 
que de nerfs sacrés : il arrive cependant quelque- 
fois qu’il n’y a point du tout de ganglion. 
Ainsi se termine le nerf grand sympathique dans 
l’homme. : 


B. Dans les mammifères. 


Le nerf grand sympathique des mammiféres 
est à peu près semblable à celui de l’homme. Nous 
allons en présenter une description faite d’après 
des recherches exactes dans le Z/owp, le raton, 
le porc-épic, le mouton et le veau. 

\ 


2 A 


°9o X° Leçon. Disirib. des princip. nerfs: 

Le grand sympathique s’unit manifestement dans 
l’intérieur du crâne et dans l’épaisseur de la dure- 
mère avec la cinquième et la sixième paire de 
nerfs : cette anastomose est très-remarquable. 

À son entrée dans le cräne par le trou déchiré, 
il est très-distinct du nerf vague, mais très-adhérent 
au périoste de l'os de la caisse. Lorsqu'on tend 
Je cordon qu'il forme, en le tirant à soi, on voit 
qu’il se divise en six ou sept filets qui forment 
entre eux un réseau à mailles très-serrées. À deux 
ou trois lignes de là , selon la grosseur de l’animal, 
tous ces filamens se serrent entre eux et s’unissent 
si intimement de nouveau, que.le ganglion qu'ils 
forment paroît comme cartilagineux dans sa coupe. 
De ce ganglion partent des filets extrêmement nom- 
breux, dont les uns très-courts vont se porter dans 
le nerf de la cinquième paire, et dont les autres 
plus longs et plus grèles forment une espèce de 
réseau de couleur rougeâtre , entremèlé de vais- 
seaux sanguins. C’est ce réseau que Willis a re- 
gardé comme un pelit rete admirabile. T1 paroit 
que la communication avec la sixième paire se fait 
à l’aide de ce réseau qui enveloppe le nerf de toute 
part, et dont il est trés-diflicile de le dégager. Au 
reste, nous n'avons pas remarqué de branche par- 
ticulière d’anastomose dans le”veau et dans le 
bélier. 

Dans son trajet au travers du trou déchiré, le 
nerf grand sympathique donne un filet nerveux 
qui entre dans la caisse du temporal; il s’unit aussi 


v 


en Li D Se a 


er 


Aür. XVI. Du nerf grand sympathique. 99% 
Î4 d’une manière intime, avec la huitième paire , 
dont il se détache à la base du crâne pour for- 
mer un gros cordon. 

À quelques lignes de distañce de sa sortie du crâne 
le grand sympathique se renfle en un gros ganglion 
rougeûtre ; de forme alongée et ovale : c’est le 
ganglion cervical supérieur. La manière dont 
il s’unit aux nerfs voisins est analogue à ce qu on 
observe dans l’homme. | 

Après avoir donné où recu les différentes 
anastomoses avec les nerfs voisins, le ganglion 
cervical supérieur se termine en un filet grêle qui 
se porte" à la partie antérieure du col au devant 
du muscle long du col jusqu’à la septième ver- 
tèbre. Dans ce trajet il recoit des filets nerveux 
irès-grêles de toutes les paires cervicales: 

Au devant de la dernière vertébre du col il 
forme une anse qui se porte de dedans en dehors 
vers la première côte, sur la têle de laquelle 1l 
s’unit au premier ganglion thorachique. 

De la convexité de l’anse partent plusieurs filets 
qu, parvenus dans la poitrine, glissent le long 
du médiastin sur le péricarde où ils se perdent. 
D’autres forment un plexus autour de l'artère sous- 
_claviaire. 

Le premier ganglion thorachique est de figure 
sémi-lunaire plus ou moins alongée, selon l’animal. 
Sa concavité est interne. Par son bord convexe, 
il reçoit ou donne quatre ou cinq filets nerveux. 
Le plus supérieur se glisse le long de l'artère 


T 2 


“A 
°92 X° Læcçox. Distrib. des princip. nerfs, 
vertébrale, et pénètre avec elle dans le canal en 
formant autour d’elle un plexus qu’on suit très- 
haut, et qui probablement entre dans le crâne avec 
Vartère. Les autres filets unissent à la dernière 
paire cervicale et aux deux premières dorsales. 

De la concavité, ou du bord supérieur et in- 
terne de ce premier ganglion thorachique, partent 
un, deux ou trois filets qui se portent transver- 
salement ou obliquement en en-bas vers les ar- 
tères pulmonaires à leur entrée dans le poumon; 
ils s'unissent là au nerf vague pour former les 
plexus pulmonaire et cardiaque inférieur. 

Le tronc du nerf grand sympathique continue 
de descendre dans la poitrine jusqu’au diaphragme, 
en formant au dessus de la tête de chaque côte 
un ganglion qui recoit un filet nerveux de chacune 
des paires vertébrales; enfin, il traverse le dia- 
phragme, en formant un cordon unique qui est 
le véritable nerf sp/anchnique. 

Parvenu dans la cavité abdominale , le nerf 
splanchnique se porte vers la ligne moyenne au 
dessous de l’estomac; il se divise souvent là en 
deux cordons qui se réunissent ensuite. De cette 
sorte d’anneau nerveux sort un tronc principal, 
ou quatre à cinq filets quise réunissant entre eux 
auprès de l'artère céliaque forment un ganglion 
souvent de figure sémi-lunaire. Des bords de ce 
ganglion partent beaucoup de iilets qui enveleppent 
les artères stomachiques, splénique et hépatique, 
et qui tiennent lieu du plexus solaire. D’autres 


an TPS 


Arr. XVI. Du nerf grand sympathique. 593 


filets enveloppent l’artére rénale , autour de laquelle 
ils forment aussi un plexus. 

Le tronc du nerf grand sympathique continue 
de descendre dans la cavité abdominale sur les 
parties latérales du corps des vertèbres. Chacun 
de ces ganglions est à peu près de forme qua- 
drangulaire alongée. Des deux angles supérieurs, 
lun reçoit là continuation du tronc, l’autre la 
paire vertébrale. Des deux inférieurs , l’interne 
donne une branche qui va se porter sur l’aorte et 
concourir à quelques-uns des plexus qui entourent 
chacune des artères qui en proviennent; l’autre 
produit la continuation du tronc. 

Au reste le nerf grand sympathique se comporte , 
à ce qu'il paroïit, dans tous les mammifères comme 
dans l’homme ; il produit lef mêmes plexus, avec 
quelques différences dans le nombre des filets et 
dans les figures que forment les ganglions ; mais 
ces dispositions sont même sujètes à varier, 


.C. Dans les oiseaux: 


Le nerf grand sympathique a beaucoup de rap 
ports avec celui des mammifères. Il entre dans 
le crâne par la même ouvertnre que celle par 
laquelle sortent le nerf vague et le glosso-pha- 
ryngien ; il s’unit aussi avec la cinquième et la 
sixième paire. Le premier ganglion, ou celui qui 
tient lieu de cervical supérieur, est de forme 
lenticulaire ; il est situé immédiatement sous le crâne ; 
il communique presqu’aussitôt ayec la neuvième 


T5. 


x 


594 X° Leçon. Distrib. des princip. nerfs. 
paire et sur-tout avec la huitième, avec laquellé 
il a l’apparence de se confondre entièrement. 

On ne retrouve aucune trace du nerf grand 
sympathique sur le col des oiseaux; mais dans 
l’intérieur de la poitrine on voit se détacher du 
‘plexus pulmonaire , formé par la paire vague, 
un très-gros filet nerveux qui va s’unir au premier 
ganglion thorachique. 

C’est ici que le grand sympathique des oiseaux 
commence à devenir véritablement remarquablé. 

Ce premier ganglion.nerveux devient comme 
un centre duquel partent en divergeant huit filets 
nerveux différens : l’un’ va s’unir au piexus des 
nerfs brachiaux ; le second remonte le long du col 
par le canal vertébral avec l’artère, et au milieu 
de chacune des vertebres il forme un petit gan- 
glion, de chacun desquels partent de petits filets 
pour chacune des paires cervicales. Il nous a été 

impossible de le suivre jusqu'à la tête dans le 
Joulque, le canard, le cygne et la buse. Le troi- 


sième filet va se confondre avec le plexus cardiaque 


formé par la paire vague. Les trois filets suivans 
se portent du coté interne et vers l’ayance que 
forment les corps des vertèbres, pour produire un 
cordon particulier sur lequel nous reviendrons. 
Enfin, le septième et le huitième filet servent à 
unir ce ganglion avec le suivant : l’un passe au 
dessous de la tête, et l’autre au dessus, de manière 
a former une sorte d’anse de figure lozangique 
dans laquelle la tête de la côte est reçue, 


ET ot, 


Arr. XVI Du nerf grand sympathique. 295 


Chacun des ganglions qui suit forme ainsi une 
irradiation nerveuse, composée de cinq, six où sept 
filets, dont quatre, deux supérieurs et deux infé- 
rieurs, servent d'union au ganglion qui précède où 
qui suit; un ou deux à la formation d’un cordon 
nerveux qui tient lieu du nerf splanchnique , et un 
dernier qui va s'unir avec la paire de nerfs dor- 


saux située au dessous. 


Le cordon qui est formé par toutes les branches 
internes du nerf grand intercostal, et qui tient 
heu de nerf splanchnique, suit l’artère aorte de 
Vun et de l’autre côté. Parvenu à la naissance du 
trépied de la céliaque, les filets nerveux qui pro- 
viennent des ganglions thorachiques produisent en 


. s'unissant avec lui un, deux, ou trois reuflemens, 


desquels partent une infinité de filets qui enve- 


loppent les artères de toutes parts. Les ganglions 


remplacent ici sensiblement ceux qu’on désigne par 
le nom de sémi-lunaires dans l’homme, et les filets 


qui en proviennent tiennent lieu du plexus solaire. 


Il se forme encore d’autres plexus sur les artères 
rénale et mésentérique inférieure. 


Le tronc du nerf continue de suivre le corps 
des vertèbres; mais les ganglions deviennent moins 
sensibles lorsqu'il n’y a plus de côtes, et on ne 
s’apperçoit plus alors que d’un petit renilement 
au point où s’unit la paire vertébrale. Maïs il part 
du côté interne de chacun de ces petits renflemens 
deux ou trois filets qui viennent former un plexus 

à 


, 


296 X° Lecox. Distrib. des princip. nerfs. 
sur l'artère aorte, en s’unissant avec ceux du côté 
opposé. 

On voit évidemment la continuation du nerf grand 
sympathique jusque sur les dernières vertèbres de 
la queue. Il est très-facile de les suivre dans le 
cygne. | 


D. Dans les reptiles. 


Nous n'avons pu étudier le nerf grand sympe- 
thique que dans la tortue bourbeuse; mais il n’est 
bien distinct que dans l’intérieur de la carapace. 
Il y a bien une disposition analogue à celle du 
premier ganglion cervical; cependant le nerf vague 
lui est tellement adhérent qu’on ne peut l’en sé- 
parer. Sur le col nous n’avons vu aucun filet qu’on 
puisse regarder comme le tronc du nerf. 

On voit très-bien sur le péritoine ét sur le corps 
des vertèbres des ganglions-nerveux qui sont ma- 
mifestement produits par le grand intercostal. 

Les ganglions sont absolument semblables à ceux 
_des oiseaux ; ils ent deux filets supérieurs et deux in- 
férieurs qui passent sous l’apophyse transverse de 
la vertèbre qui s’unit à la carapace. Du bord in- 
terne de chacun d’eux part un nerf splanchnique 
qui va former des plexus autour de ehaeune des 
artères que produit l’aorte ; il en part un ‘aussi 
qui concourt à la formation du plexus pulmonaire. 

On suit très-bien ce nerf jusque sur les parties 
latérales des premières vertèbres de la queue. 


Arr. XVI. Dunerf grand sympathique. 297 


E. Dans les poissons. 


On retrouve aussi le nerf grand sympathique ; 
mais il est extrêmement grêle. C’est un simple filet 
nerveux qui se trouve situé de l’un et de l’autre 
côté de la colonne vertébrale dans la cavité abdo- 
minale. On reconnoît mamifestement qu’il fournit 
des filets au péritoine, et que ces filets se pro- 
longent autour des artères qui se perdent sur les 
intestins. On voit aussi qu'il y a des filets de com- 
munication pour chacune des paires vertébrales ; 
mais il n’y a point de ganglions sensibles au point 
où s'opère cette union, 

Le nerf grand intercostal paroït entrer dans le 
crâne par le canal dont est percée la première 
vertèbre : il suit là les vaisseaux sanguins. ; 


ONZIÈME LEÇON. 


Description des systémes nerveux des 


animaux sans vertèbres. 


Por les nerfs, comme pour les muscles, les 
animaux sans vertébres ne sont point tous formés 
sur un plan commun, etils présentent de si grandes 
disparités, que nous sommes obligés d'adopter une 
marche différente de celle que nous avons suivie 


dans les trois dernières leçons. IL faut que nous 


procédions ici comme nous l’avons fait en traitant 
des organes du mouvement de ces mêmes ani- 
maux; il faut, dis-je, que nous considérions le 
système nerveux dans leur: différentes classes et 
dans leurs principaux genres. Ce qui est communt 
à quelques-unes de ces classes se réduisant à peu 
de chose , ce que nous en avons dit aux articles TEE 
et V de la [°° leçon, et à l’article III de la IX° 
suffira , et nous allons de suite entrer dans les 
détails. 


sn DE at Sins: 


re 


"D 


Arr. I. Nerfs des céphalopodes. 999 


ARTICLE PREMIER. 


Cerveau et nerfs des mollusques céphalopodes, 


Daxs les poulpes , les sèches et les calmars, 

le système nerveux paroîtse rapprocher, à quelques 
égards, de celui des animaux à sang rouge. Le 
cerveau est renfermé dans une cavité particulière 
creusée dans le cartilage de la tète , lequel est 
percé de différens trous qui donnent passage aux 
œcrf. ; 
_ Ce cartilage de la tête a la forme d’un anneau 
creux et irrégulier. Sa partie postérieure est plus 
épaisse et contient le cerveau. Sa partie antérieure 
renferme les oreilles et un canal demi-circulaire 
qui communique de chaque côté avec la cavité du 
cerveau et qui contient le collier médullaire. L’oœso- 
phage traverse le centre de cet anneau cartilagi- 
neux , et se trouve par conséquent entouré par 
le cordon médullaire comme dans tous les autres 
animaux à sang blanc. Les parties latérales de 
l'anneau cartilagineux ont des proéminences qui 
forment de chaque côté une espèce d’orbite. 

Le cerveau se divise en deux parties distinctes : 
une plus voisine de l’œsophage, dont la surface 

. est lisse; et une autre plus voisine du dos, qui est 
arrondie et striée longitudinalement. 

Le collier médullaire sort des parties latérales 
de ces deux portions : c’est dans le poulpe une 


Boo XI° EEçon. Nerfs des an: sans verièb. 


masse applatie en forme de lame, dont la partie 
antérieure produit quatre gros nerfs qur, avec les 
quatre pareils de l’autre côté, vont se rendre er 
devant dans les huit pieds qui couronnent Îa 
tête : nous reviendrons sur leur distribution. Em 
dessous , ces lames se joignent et complettent ainsi 
le tour de l’oœsophage. 

Deux autres paires principales naissent de chaque 
côté tout près de l’origine du collier. La première est 
la paire optique : elle se rend directement dans l’or- 
bite. Après y avoir fait un trajet très-court, elle 
pénètre dans la sclérotique et s’y dilate en un 
ganglion plus gros que le cerveau et qui a la form 
d’un rein, dont le côté concave est du côté du cer- 
veau. La substance de ce ganglion paroïît la même 
que celle du cerveau. Sa convexité produit plu- 
sieurs centaines de petits nerfs fins comme des che- 
veux, qui traversent la choroïide par autant de 
petits trous pour aller former la rétine. 

La seconde paire est celle des muscles du sac. 
Son origine est un peu au dessous de celle de la 
précédente. Chacun de ses nerfs descend oblique- 
ment; et après être sorti de la cavité cérébrale, 
il se glisse entre les muscles qui retiennent la tête, 


et se porte sur la partie latérale du sac assez près. 


de son bord supérieur entre le corps etles branchies. 
F1 s’y partage en deux branches, dont l’une des- 


cend directement vers le fond du sac, et dont” 


autre se dilate en un ganglion arron&i qui produit 
une multitude de nerfs disposés en rayons. Ces 


| 
l 


Arr. I. Nerfs des céphalopodes.  3o1 


merfs se distribuent tous aux fibres charnues du 
sac et des nageoires. 

La partie antérieure et inférieure du collier 
donne encore naissance à deux paires de nerfs. 
La premitre paire est celle des nerfs acoustiques : 
ils sont très - courts, attendu qu’ils ne font que 
traverser une lame cartilagineuse pour pénétrer 
dans l’oreille et s’y épanouir. 

La deuxième paire sort du cartilage par deux 
trous très-rapprochés et situés au dessous desoreillles. 
Les deux nerfs qui la composent descendent en 
dedans du péritome vers le fond du sac. Arrivés 
à peu près à la hauteur du cœur, ils forment 
un plexus assez compliqué, dont sortent tous les 
nerfs qui se rendent aux différens viscères. 

Chaque pied a un nerf qui le traverse d’une 
extrémité à l’autre comme un axe , et qui est 
situé dans un canal, que nous avons déja décrit 
en traitant des #muscles de ces pieds. Ce nerf et 
renflé d’espace en espace par de nombreux gan- 
glions qui le rendent comme tuberculeux, et de 
chacun desquels partent dix ou douze filets ner- 
veux : ces filets percént en divergeant les muscles 
de l’intérieur du pied auxquels ils fournissent ; 
mais ils se rendent principalement aux ventouses. 

Cette description du système nerveux.est prise 
du poulpe. Les autres céphalopodes n’en diffèrent 
guères que parce que leur cerveauest moins distinc- 
tement divisé et ne présente pas des sillons aussi 
piarqués. 


D 


Fo2 XI° Leçon. Nerfs des an. sans vérièb, 
ARTICLE IT. 
Cerveau et nerfs des mollusques gastéropodes. 


A. Dans Le limaçon à coquille (helix pomatia). 


LE cerveau se trouve placé sur l’œsophage., 
derrière une masse ovale de muscles qui enve- 
loppe la bouche et le pharynx, et que nous dé- 
crirons à l’article de la mastication. Son contour 
est à peu prés sémi- lunaire ; sa partie concaye 
est en arritre : les angles du croïssant se pro- 
longent de chaque côté en un filet qui entoure 


V’œsophage comme un collier. Les glandes sali- 


vaires et le muscle qui retire en dedans la bouche 
et le cerveau passent aussi au travers de ce collier. 

Les deux cordons produits par le cerveau se 
réunissent au dessous de l’osophage et du muscle en 
un gros ganglion arrondi, dont lewolume surpasse 
de près de moitié celui du cerveau. Tous les nerfs 
partent de l’une ou de l’autre de ces deux masses. 

Ceux que fournit le cerveau sortent des parties 
latérales de son bord convexe. 

Il y en a d’abord deux pour la masse charnue 
de la bouche, puis un de chaque côté pour les 
petites cornes , puis deux pour chaque grande 
corne , dont un se rend à la base de cette corne 
et pénètre dans sa substance musculaire ; l’autre 
se rend à l’œil. Celui:ci se replie beaucoup sur 
lui-même quand la corne rentre au dedans. Il y 


: 
- 
| 


Arr. Il. Nerfs des gastéropodes. 3805 


æencore quelques autres filets qui se rendent à la 
base des parties de la génération et dans les muscles 
moteurs de la tête. 


Le gros ganglion inférieur produit d’abord trois 
grands nerfs: un pour la verge, un autre pour 
les viscères, et le troisième pour les muscles qui 
retirent tout l’animal dans sa coquille. La face in- 
férieure de ce ganglion produit ensuite deux grands 
faisceaux qui se portent en arrière, et qui ayant 
passé entre les deux muscles dont nous venons 
de parler , se distribuent dans toutes les pärties 
charnues du pied. La figure que SWammerdam 
donne des nerfs du limacon paroît avoir été prise 
de la limace plutôt que du limaçon à coquille. 


B. Dans la limace ( limax rufus ). 


Le cerveau est aussi placé ‘derrière l’œsophage; 
mais il forme comme un ruban étroit situé en travers 
et qui s’élargit un peu à ses parties latérales, dont 
chacune produit ensuite un filet pour entourer l’œso- 
phage. Le ganglion qui est formé par la réunion de 
ces deux filets est plus considérable que le cerveau. 


De ce ganglion partent deux troncs principaux 
qui se portent en ligne droite, chacun de son côté, 
tout le long du dessous du corps, en conservant 
une direction à peu près parallèle, et en donnant 
chacun de leur bord externe une multitude de filets 
qui pénètrent dans la substance charnue de la peau. 


D'autres filets, en très-grand nombre, partent 


5o4 XI° Lecon. Nerfs des an. sans vertèb. 


immédiatement du ganglion inférieur pour se rendre 
dans cette même peau. 

Deux nerfs de chaque côté partent de ce même 
ganglion inférieur pour se rendre aux viscères , 
en suivant la distribution des artères. 

Quant au cerveau proprement dit, il donne 
d’abord de chaque côté un nerf pour, Ja masse 
charnue de la bouche, puis deux pour chacune 
des grandes cornes, l’un desquels va à l’œil , et 
tient lieu de nerf optique: plus en dehors viennent 
les nerfs des petites cornes. 

C. Dans l’aplysie, animal marin très-semblable 
aux limaces, mais respirant par des branchies 
qui forment une espèce de buisson sur le dos, et 
qui sont recouvertes par un opercule particulier ; 
le cerveau. est placé comme dans le limaçon ; 
mais les filets qui entourent l’oœsophage produisent 
deux ganglions, un de chaque côté, qui sont réunis 
eux-mêmes par un filet mince. 

Le cerveau produit de sa partie antérieure deux 
filets grêles qui entourent la masse charnue de la 
bouche , et qui vont se réunir sous elle en un 
petit ganglion d’où partent les nerfs des lèvres. 
Le cerveau donne ensuite des nerfs aux cornes 
et aux yeux, qui dans cet animal sont situés entre 

les cornes, et:aux parties mâles de la génération. 


Les deux ganglions latéraux donnent une multi- 


tude de nerfs à toutes les parties charnues du pied 
“et de la peau. Ils produisent aussi chacun un long 
cordon qui va se réunir à son correspondant sur 


Arr. Il. Nerfs des gastéropodes. 506 


l'aorte très-près de sa sortie du cœur, et donner 
naissance à un ganglion lenticulaire, duquel sortent 
tous les nerfs qui se rendent aux divers viscères. 

D. La clio boréale, petit animal sans pied, ne 
pouvant que nager, et respirant par deux branchies 
en forme d'ailes, situées sur la nuque, mais du 
reste assez semblable aux limaces, a un système 
nerveux analogue à celui de l’aplysie. 

Son cerveau, formé de deux lobes arrondis, et 
fournissant immédiatement des nerfs aux tentacules, 
donne naissance aussi à un double collier. L’an- 
térieur va, comme dans l’aplysie, sous la bouche, 
former un petit ganglion. Le postérieur a un ganglion 
de chaque côté, qui fournit des nerfs à la peau 
musculeuse qui entoure le corps. Chacun d’eux 
en produit un ou deux autres d’où naissent les 
nerfs des viscères. 

E. Dans les doris , qui sont des animaux marins 
assez semblables aux limaces, mais qui respirent 
par des branchies extérieures disposées en étoiles 
autour de l'anus, le cerveau est très - gros , en 
proportion avec le reste du corps et sur-tout par 
comparaison avec celui des autres gastéropodes. 
Il est étranglé dans sa partie moyenne et comme 
formé de deux lobes réunis ; sa forme est alongée 
transversalement et comme quarrée ; il est situé 
immédiatement au dessus de l’origine de l’œso- 
phage, derrière la masse orbiculaire des muscles 
qui forment les parois de la bouche. 

Il part du cerveau six nerfs de chaque côté : 


2 ‘ts à 


506 XI° Læcow. Nerfs des an. sans vertéb. 


une paire est destinée aux muscles de la bouche, 
une autre aux tentacules ; la troisième est un 
cordon qui se porte au dessous de l’oœsophage pour 
se perdre dans les muscles du pied, où on les 
apperçoit très-distinctement sur les parties latérales 
de la face interne; la quatrième et la cinquième 
se portent au dessus de la masse des intestins et 
donnent à la peau du dos; enfin, la sixième se 
termine dans les parties de la génération. 

F, Dans la scyllée, autre animal marin assez sem- 
blable aux limaces, mais qui respire par des 
branchies en forme d’ailes rangées par paires sur 
le dos, et qui rampe sur un sillon de son ventre, 
le collier qui entoure l’œsophage est un simple 
cordon qui ne se grossit point en dessous pour y 
former un ganglion. Le cerveau qui est au dessus 
est de forme ovale ; il envoie des nerfs à la bouche 
et aux cornes; mais il n’y a point de nerfs optiques, 
attendu que cet animal n’a point d’yeux. 

Les nerfs des viscères naissent de la partie in- 
férieure du collier, et ceux des muscles de ses 
parties latérales. 

G. Dans l’oreille de mer(halyotis tuberculata), 
il n’y a point au dessus de l’œsophage de gan- 
glion qui tienne lieu de cerveau : on voit seule- 
ment un filet nerveux situé transversalement au 
dessus de l’œsophage derrière la bouche. De la 
partie moyenne et antérieure de ce filet partent 
quatre pelits rameaux, deux de chaque côté, qui 
vont se perdre dans les parois de la bouche. 


Arr. Il. Nerfs des gastéropodes.. 307 


À chaque extrémité du filet nerveux transversal 
on observe un ganglion fort gros, aplati, de la 
circonférence duquel partent beaucoup de nerfs 
“pour les parties voisines : nous allons les faire 
connoitre, 

De la face extérieure de ce ganglion partent 
de chaque côté trois filets : un pour le tentacule, 
en forme de soie, qui est situé au dessus de la 
bouche ; les deux autres sont destinés au tentacule 
aplati et en rondache, placé plus en arrière et sur 
les parties latérales. L'un, le plus postérieur, paroît 
destiné à l’œil ; il est plus gros: l’autre semble se 
perdre dans les parties musculeuses. 

Supérieurement part un autre filet très-remar- 
quable, qui se reporte au dessus de "l’œsophage 
qu'il enveloppe en s’unissant à celui de l’autre 
côté. Âu point de réunion, on voit un petit ren- 
flement, et il en part quatre nerfs, deux de chaque 
côté de la ligne moyenne. L'un, plus extérieur , 
se perd dans les muscles de la langue; l’autre suit 
la ligne moyenne de l’œsophage, et se ramifie 
sur les intestins. 

Inférieurement partent plusieurs petits rameaux 
qui se terminent dans les muscles en forme d’éven- 
tails qui soutiennent la langue. 

Enfin, absolument en arrière, le ganglion se 
prolonge en un gros cordon nerveux, situé sur 
les côtés et au dessous de l’œsophage; il est très- 

 aplati en se portant en arrière; il décrit une courbe 
“ de figure sémi-lunaire , de sorte que les deux nerfs 


V 2 


308 XI° Leçon. Nerfs des an. sans vertèb. 


de chaque côté se rapprochent et viennent enfin 
à se toucher à la base de la langue et au dessous 
de la partie antérieure du gros muscle qui tient 
Vanimal attaché à sa coquille. 

Du contact des deux nerfs résulte une espèce 
de ganglion, duquel partent deux troncs très- 
remarquables qui sont destinés aux intestins. On 
peut les suivre au dessus de l’estomac, et on én 
voit entrer quelques ramifications dans le foie. 

Après la formation du ganglion qui fournit les 
nerfs viscéraux , les deux troncs percent par deux 
trous différens l’épaisseur du muscle du pied. Ces 
deux trous sont l’origine de deux canaux qui 
règnent days toute la longueur du pied sur les parties 
latérales d’un autre canal moyen, qui paroît des- 
tiné à distribuer le sang de l'animal. 5 

Les deux nerfs logés dans les canaux latéraux 
se distribuent par un grand nombre de petits trous 
dans Pépaisseur des muscles très-charnus du pied 
et. de la coquille, où on peut les suivre avec assez 
de facilité. 

H. Dans le bulime des étangs (helix stagnalis 
Tin.) et dans le planorbe corné (helix cornea), 
le cerveau consiste aussi en deux masses latérales, 
séparées par un étranglement, Ce qui est remar- 
quable, c’est que dans. les animaux fraïs, ces 
masses sont d’une couleur rougeñtre assez vive. 
La distribution des nerfs différe peu de ce qu’on 
voit dans le colimacçon ordinaire. 


ART. JL. Nerfs des acéphales. 30g 


ARTICLE II. 


* 


Cerveau et nerfs des mollusques acéphales. 


Le système nerveux des mollusques acéphales 
est formé sur un plan beaucoup plus uniforme 
que celui des gastéropodes. Dans tous les acéphales 
testacés, depuis l’huîtré jusqu’à la pholade et au 
taret, il ne présente aucune différence éssentielle. 
Il est toujours formé de deux ganglions; un sur 
la bouche, représentant le cerveau ; et unautre 
vers la partie opposée. Ces deux ganglions sont 
réunis par deux longs cordons nerveux qui tiennent 
lieu du collier ordinaire , mais qui éccupent un 
espace beaucoup plus grand, puisqué le pied, 
lorsqu'il existe, et toujours l'estomac et le foie, 
passent dans l’intervalle de ces cordons. Tous les 
nerfs naissent des deux ganglions dont nous par- 
lons. 

A. Dans les anodontes ou moules d’élang, dans 
es bucardes, les vénus, les mnactres, les mya, 
ét en général dans toutes les bivalves qui ont deux 
muscles cylindriques, un à chaque extrémité de 
leurs valves, destinés à les rapprocher, la bouche 
est placée auprès d’un de ces muscles et l'anus 
auprès de l’autre. Le pied sort vers le milieu 
du bord de la coquille, et les tubes des excré- 
mens et de la respiration, lorsqu'ils existent, sortent 
‘par le bout de cette coquille opposé à celui où 

V 5 


| AE 


310 XI° Lrcox. Nerfs des an. sans vertèb. 


est la bouche. Le cerveau est situé sur le bord 
antérieur de la bouche; il est de forme transver- 
salement oblongue ; il fournit deux cordons en 
avant, qui se portent sur le musele voisin, et qui, 
en se détournant chacun de son côté, entrent dans 
les lobes du manteau et rampent chacun tout le 
Tong du bord du lobe dans lequel il a pénétré. 
Le cerveau fournit de chaque côté quelques filets 
aux tentacules membraneux qui entourent la 
bouche, &t de son bord postérieur naissent les 
deux cordons analogues au collier médullaire des 
autresanimaux sans vertèbres. Ces cordons rampent 
chacun de son côté sous la couche musculeuse qui 
enveloppe le foie et les autres viscères, et qui se 
continue en s’épaississant pour former le pied qui 
est souvent une filière. 

Arrivésau muscle postérieur qui ferme les valves, 
ils se rapprochent l’un de l’autre, et s’unissent 
en se renflant pour former le deuxième ganglion. 
Celui-ci est d’une forme bilobée : il est au moins 
aussi gros que le cerveau, et toujours. beaucoup 
plus facile à distinguer. Il donne deux nerfs prin- 
cipaux de chaque côté, et les quatre ensemble 
représentent une espèce de sautoir. Les deux an- 
térieurs vont en remontant un peu du côté de la 
bouche, et, après avoir décrit un arc, ils pénètrent 
dans les branchies. Les deux autres passent sur 
les muscles postérieurs, absolument comme ceux 
du cerveau sur l’antérieur ; et après lui avoir 
gonné quelques filets, ils se rendent dans le manteau 


4 
| 


Arr. Il. Nerfs des acéphales. 314 
dont ils suivent le bord jusqu’à ce qu’ils se joignent 
à ceux du cerveau, ce qui en fait un cercle con- 
tinu. Nous ne savons point encore d’où viennent 
dans ces animaux les nerfs des viscères. 

Dans les acéphales testacés , dont le pied sort 
par une extrémité toujours ouverte de la coquille, 
et les tuyaux par l’extrémité opposée , c’est-à-dire 
dans les solens et les pholades, la bouche est 
moins proche d’une extrémité , et le cerveau par 
conséquent. Les nerfs qui sortent de celui-ci font - 
donc un trajet plus long avant de diverger pour 
aboutir au manteau. En revanche, les cordons du 
collier en font un bien plus court avant de s’unir. 
Il y a un assez grand espace, sur-tout dans ‘les 
solens, entre la masse des viscères située dans la 
base du pied, et le muscle postérieur. C’est dans 
le milieu de cet espace, entre les branchies de 
Vun et de l’autre côté, qu'est situé le deuxième gan- 
glion : il est rond, et beaucoup plus visible que 
dans les autres espèces. Les nerfs qu’il donne sont 
au reste absolument les mêmes. 

Dans l’Auitre, qui na point de muscle à la 
partie antérieure, le cerveau se trouve, ainsi que 
la bouche , sous l’espèce de capuchon que le man- 
teau forme vers la charnière. Ses nerfs vont im- 
médiatementdans le manteau lui-même. Le ganglion 
est situé sur la face antérieure du muscle unique, 
immédiatement derrière la masse des viscères. Les 
merfs qu’il fournit sont les mêmes que dans les 
précédens. 


N # 


+ 


312 XI° Lecos. Nerfs des an. sans vertéb. 


B. Les ascidies sont des animaux marins, enve- 
loppés d’un étui coriace ou gélatineux et immobile, 
percé de deux ouvertures, dont l’une sert à la 
sortie des excrémens, et l’autre à l’entrée de l’eau 
dans les branchies. Ces branchies sont en forme 
d’un très-grand sac, et elles sont enfermées, ainsi 
que les autres viscères, dans un autre sac mem- 
braneux, de même forme que l’étui extérieur , 
mais plus petit, et n’y tenant absolument que par 
- les deux ouvertures. C’est sur ce sac membraneux 
qu'on voit le ganglion inférieur; sa posilion est 
entre les deux ouvertures, mais plus près de celle 
qui correspond à l'anus. Il fournit quatre nerfs 
principaux ; deux remontent vers l’ouveriture su- 
périeure ou de la respiration ; deux autres des- 
cendent vers celle des excrémens. Il y en a de 
moindres, quise dispersent dans tout le sac mem- 
braneux , dont nous avons parlé. Nous n’avons 
pu voir encore ceux qui aboutissent au cerveau, 
ni de cerveau lui-même, qui est sans doute situé 
sur la bouche, comme à l’ordinaire. La bouche 
est dans le fond du sac des branchies. 

C. Dans les fritons , de Länneus, c’est-à-dire dans 
les anatifères et les glands-de-mer ou balanites 
(Zepas , Lan. ), qui sont peut-être plus voisins des 
crustacés et sur-tout des monocles que des mol- 


lusques, le système nerveux tient une sorte de 


milieu entre celui des mollusques et celui des 
crustacés et des insectes, 
Le cerveau est placé en travers sur la bouche, 


| 


_ 


Arr. II. Nerfs des acéphales. 513 


qui elle-même est située dans la partie du corps 
qui répond au ligament, et au fond de la coquille. 
1 donne quatre nerfs aux muscles placés dans cette 
partie et à l'estomac, et deux autres qui, après 
avoir embrassé l’oœsophage , se rendent dans cette 
partie alongée du corps qui porte ces nombreux 
tentacules cornés, articulés et ciliés, que l’animal 
fait sortir de sa coquille. Ces deux filets, après 
avoir formé un ganglion au point de leur rappro- 
chement , marchent serrés l’un contre l’autre entre 
cés tentacules, en formant pour chacune de leurs 
paires une paire de nerfs correspondante; mais on 
ne voit point de ganglions sensibles aux endroits 
où ces paires de nerfs prennent naissance. 

Il résulte de ce que nous avons dit dans les 


deux articles précédens et dans celui - ci: 


Que le système nerveux des mollusques consiste 


‘en-un cerveau placé sur l’œsophage , et en un 


nombre variable de ganglions, tantôt rapprochés 
de ce cerveau, tantôt épars dans les différentes 
cavités, ou placés sous les enveloppes musculaires 
du corps ; que ces ganglions sont toujours liés au 


cerveau , et entre eux par des cordons nerveux 


qui établissent üne communication générale entre 
ces diverses masses: médullaires ; que les nerfs 
naissent tous, soit du cerveau, soit des ganglions ; 
enfin , qu'il n’y a aucune partie qui puisse être 
comparée à la moelle alongée et épinière. 


514 XI° Leçon. Nerfs des an. sans verteb. 
ARTICLE I V. 
Cerveau et nerfs des crustacés. 


LEs crustacés , qui ressemblent tant aux insectes 
par leurs organes du mouvement, quoiqw’ils en 
différent beaucoup par ceux de la circulation et 
de la respiration, ont aussi un système nerveux 
semblable à celui des insectes, du moins quant 
aux parties essentielles. 

Dans les écrevisses à longue queue, la partie 
moyenne du système est un cordon noueux qui 
se prolonge d’une extrémité du corps à l’autre ; 
dans celles à courte queue , vulgairement nommées 
crabes, il y a au milieu de l’abdomen un cercle 
médullaire d’où les nerfs du corps partent comme 
des rayons. 

Dans ces divers animaux, le cerveau est placé 
à l'extrémité antérieure du museau, et par con- 
séquent assez loin de la bouche, qui s’ouvre sous 
le corselet: c’est ce qui fait que les cordons du 
collier de l’œsophage sont plus alongés que dans 
d’autres espèces. ; 

À. Le cerveau de l’écrevisse ordinaire ( astacus 
fluviatilis. Fab.) est une masse plus large que 
longue, dont la face supérieure est assez distinc- 
tement divisée en quatre lobes arrondis. Les lobes 


moyens produisent de leur bord antérieur chacun: 


un nerf qui est l’optique. Il se rend directement 
dans le tubercule mobile qui porte Pœil, et il s’y 


à 
: 
4 
| 
: 


ART. IV. Nerfs des crustacés. 315 
dilate et s’y divise en one multitude de filets qui 
formient im pinceau , et aboûtissent à tous les petits 
tubercules de Post 

De la face inférieure du cerveau naissent quatre 
autres nerfs qui vont aux quatre antennes et qui don- 
nent quelques filets aux parties voisines. Les cordons 
qui forment le collier naissent du bord postérieur 
du cerveau; ils donnent chacun vers le milieu 
de leur longueur un gros nerf qui va aux man- 
dibules et à leurs muscles ; ils se réunissent sous 
l'estomac en un ganglion oblong qui fournit des 
nerfs aux diverses paires de mâchoires. À partir 
de cet endroit, les deux cordons restent rapprochés 
dans toute la longueur du corselet, et y forment 
cinq ganglions successifs, placés entre les articu- 
lations des cinq paires de pattes. Chaque paite 
recoit un nerf du ganglion qui lui correspond, 
et ce nerf pénètre jusqu’à son extrémité : c’est 
celui de la serre qui est le plus gros. Les cordons 
médullaires arrivés dans la queue s’y unissent si 
intimement , qu'il n’est plus possible de les dis- 
tinguer. Ils y forment six ganglions, dont les cinq 
premiers fournissent chacun deux paires de neris. 
Le dernier en produit quatre, qui se distribuent 
en rayons aux nageoires écailleuses qui terminent 
la queue. 

Le bernard l’hermite ( Pagurus. Fabr.) dont 
la queue n’est point recouverte d’écailles articulées, 
paroït avoir beaucoup moins de ganglions que 

 Vécrevisse: on ne lui en voit que cinq. 


516 XI° Lecox. Nerfs des an. sans veriéb. 


Dans les nantes de mer (squilla. Fabr. ), il 
y a dix ganglions, sans compter le cerveau. Celui 
qui est à la réunion des deux cordons qui ont 
formé le collier donne aux deux serres et aux trois 
paires de pattes qui les suivent immédiatement , 
et qui, dans ces animaux, sont presque rangées 
sur une même ligne transversale : aussi ce ganglion 
est-il le plus long de tous. Chacune des trois paires 
suivantes a son ganglion particulier. Il y en a ensuite 
six dans la longueur de la queue, qui distribuent 
leurs filets aux muscles épais de cette partie. Le 
cerveau donne immédiatement quatre troncs de 
chaque côté : savoir, l’optique, ceux des deux 
antennes et le cordon qui forme le collier. Comme 
les antennes sont placées ici plus en arrière .que 
le cerveau , leurs nerfs se dirigent en arrière pour 
s’y rendre. | 

B. Dans le crabe ordinaire (cancer moœnas.A.), 
le cerveau ressemble à celui de l’écrevisse par 
sa forme et sa situation; il fournit aussi des nerfs 
analogues, mais qui se dirigent plus sur les côtés 
à cause de la situation des yeux et des antennes. 
Les cordons médullaires qui forment le collier 
donnent aussi chacun un nerf aux mandibules ; 
mais les cordons se prolongent beaucoup plus en 
arrière que dans l’écrevisse, sans se réunir : ils 
ne le font que dans le milieu du thorax, et là 
commence une masse médullaire , figurée en anneau 
ovale, évidée dans son milieu et huit fois plus 
grande que le cerveau. C’est du pourtour de cet 


\ 


Arr. IV. Nerfs des crustacés. 317 


anneau que naissent les nerfs qui vont aux diverses 
parties; il fournit six nerfs de chaque côté pour 
les mâchoires et les cinq pattes, et il y en a un 
onzième ou impair qui vient de la partie posté- 
rieure et se rend dans la queue. Il représente, 
pour ainsi dire, le cordon noueux ordinaire ; mais 
ses ganglions, s’il en a, ne sont point visibles. 
C. Dans le cloporte (oniscus asellus), les deux 
cordons qui composent la partie moyenne du système 
nerveux ne sont pas entièrement rapprochés. On 
les distingue bien dans toute leur étendue. Il y a 
neuf ganglions sans compter le cerveau ; mais les 
deux premiers et les deux derniers sont si rap- 
prochés qu’on pourroit les réduire à sept. 


D. Dans les monocles. 
[ 


Nous ne cennoissons point le système nerveux 
du crabe des Moluques ( /imulus gigas, Fab., 
monoculus polyphemus , Tän.) ; mais celui de 
Papus (monoculus apus, Lin.) est si peu distinct 
que cette particularité, jointe à quelques autres 
de son organisation , nous porteroit presque à 
ranger cet animal dans la classe des vers articulés. 
Le cerveau est un petit globule presque trans- 
parent, situé sous l'intervalle des yeux. Le cordon 
médullaire est double et a un renflement à cha- 
eune des nombreuses articulations du corps; mais 
le tout est si mince et si transparent qu’on a peine 
à s'assurer de la véritable nature de cet organe. 


318 XI° Lecox. Nerfs des an. sans vertèb. 


CR TICLE'V: 


Cerveau et nerfs des larves d’insectes. 


A. Coléoptères. 
1°. Larve du monocéros (scarab. nasicornis ). 


Nous décrirons en particulier les nerfs de cette 
larve, parce qu’ils diffèrent essentiellement, par 
leur distribution, de ce qu’on observe dans les 
autres coléoptères. 

Le cerveau est situé sous la grande écaïlle qui 


recouvre la tête immédiatement au dessus de l’ori- 


gine de l’œsophage. Il est formé de deux lobes 
rapprochés qui sont très-distincts en devant et en 
arrière. De la partie antérieure partent quatre 
nerfs, deux de chaque côté, qui vont se perdre 
dans les barbillons et dans les parois de la bouche. 

Des parties latérales et un peu postérieures de 
ce cerveau sort une paire de nerfs qui, embras- 
sant l’oœsophage, se reporte en dessous pour for- 
mer le cordon nerveux que nous décrirons tout- 
àa-l'heure. 

De la face inférieure du cerveau , ou de celle 
qui appuie sur l’œsophage, naît une autre paire 
de nerfs qui se portent d’abord en devant, puis 
se recourbent en dedans et au dessus de la ligne 
moyenne et supérieure de l’oœsophage, en s’ap- 
prochant l’un de l’autre. Lorsqu'ils sont en contact, 


NS RS RS SE 


ArT. V. Nerfs des larves. 319 


ils se réunissent et forment un petit ganglion qui 
produit un nerf unique, lequel continuant de se 


porter en arrière, passe au dessous du cerveau, 
suit l’oœsophage jusqu’à l’estomac; arrivé là, il se 
renfle de nouveau en un ganglion qui produit 
quelques petits nerfs destinés à l’estomac, et un 
plus considérable qui continue de suivre la lon- 
gueur du canal intestinal. On en voit sortir d’es- 
pace en espace des filets latéraux qui se perdent 
dans les tuniques de ce tube. Ce nerf est analogue 
à celui que Lyonnet a décrit sous le nom de ré- 
current dans la chenille du cossus. 


La moelle épinière, que nous avons vu être 
produiie par la paire de nerfs postérieurs du cer- 
veau, est fort grosse à son origine ; elle forme 
un gros ganglion fusiforme qui peut avoir 0,005 
de longueur sur un demi-millimètre de largeur. 
On remarque dans sa partie antérieure quatre ou 
cinq étranglemens , mais si rapprochés qu'ils ne 
paroissent que comme des sillons transversaux. La 
partie postérieure de ce ganglion est lisse. 

F 


Des parties latérales de ce gros ganglion, qui 
dépasse de très-peu le troisième anneau du corps, 
partent en divergeant un très-grand nombre de 
filets nerveux. Ceux qui sont plus près de la tête 
remontent un peu; ceux qui viennent ensuite sont 
presque transverses; enfin, ceux qui suivent se 
portent de plus en plus en arrière. La longueur de 
chacun d’eux est en raison de leur distance de la 


. 


5°0o XI° Leçon. Nerfs des an. sans vertèb. 


partie antérieure de ce ganglion, de sorte que les 
deux filets les plus postérieurs sontaussi les plus longs. 

2°. Les nerfs de la larve du cerf volant {lucanus 
cervus ) sont très - différens de ceux de la larve 
du scarabée nasicorne, quoique ces insectes soient 
très-rapprochés par leur genre. 

Le cerveau est composé de deux lobes contigus 
presque sphériques; ils produisent quatre nerfs 
en avant pour les antennes et les parois de la 
bouche. Deux en dessous, qui se portent en devant 
pour retourner ensuite en arrière , passent de 
nouveau sous le cerveau , et forment le nerf qu’on 
désigne sous le nom de récurrent; enfin, deux 
nerfs en arrière, qui forment un collier autour 
de l’œsophage et se rejoignent en dessous pour 
produire le cordon nerveux du corps. 

Ce cordon est formé de huit ganglions qui s’éten- 
dent jusqu'au neuvième anneau du corps. Ces 
ganglions sont à des distances différentes les uns 
des autres; ils sont joints entre eux par des cor- 
dons nerveux très-grèles et rapprochés. 

Le premier ganglion du côté de la tête est très- 
gros, presque sphérique ; il est suivi presque 
immédiatement du second qui est de moitié plus 
petit, et qui n’en est distinct que par une espece 
d’étranglement. Du premier partent de chaque 
côté quatre paires de nerfs : l’une remonte dans 
la tête; les trois autres se perdent en divergeant 
dans les muscles du ventre et dans ceux qui 
meuvent la tête. Le second ganglion, outre Îles 


Art. V. Nerfs des larves. Jai 
deux nerfs qui l’unissent à ‘celui qui suit, en pro- 
duit deux autres qui se portent aussi en arrière 
et qui se perdent dans les muscles dun quatrième 


anrncau. 


Le troisième ganglion et les suivans jusqu’au 
huitième sont semblables au second, avec cette 
différence qu'ils sont beaucoup plus distans les 
uns des autres, et que plus ils descendent , plus 
les filets qu'ils produisent deviennent longs; en- 
fin, lé huitième et le neuvième ganglion sont 
tellement rapprochés qu’ils semblent n’en faire 
qu'un seul, dans la partie moyenne duquel on 
n’appercoit qu'un petit étranglement. Il sort de: 
ce double ganglion trois paires de nerfs qui sont 
très-alongés et qui se portent jusqu'aux environs 
de l'anus. à 


3°. Les nerf des larves de capricorrnes, d’Aydro- 
philes, de carabes et de staphylins étant à peu 
près les mêmes, nous ne les faisons connoître que 
pour lune d'elles, et nous prenons pour exemple 
celle du grand kydrophile (hydrophilus piceus). 


Le cerveau se trouve placé dans la tête au dessus 
de Porigine de l’œsophage : il est formé de deux 
lobes très-rapprochés. De sa partie antérieure il 
donne des filets aux palpes, aux antennes et aux 
paroïs de la bouche. De ses parties latérales partent 
deux cordons qui entourent l’œsophage, et qui 
sont l’origme du cordon nerveux situé au dessous, 
Il est probable qu’il naït aussi de sa partie inférieure 


2 " 


522 XI° Lrçon. Nerfs des an. sans vertéb. 


des nerfs récurrens ; mais nous n’avons pas encore 
pu les découvrir. 

Le cordon nerveux est composé de dix ganglions 
qui produisent chacun trois paires de nerfs, lesquels 
vont se perdre dans les muscles sans donner dis- 
tinctement aux intestins : ce qui fait croire qu'il y 
a un nerf récurrent. | 

Le premier ganglion est fort gros; il se pro- 
longe en arrière par deux filets nerveux assez 
distans l’un dé l’autre. Le second est à peu près 
semblable ; mais le troisième est très -rapproché 
da quatrième, qui ne donne qu’un seul filet en 
arrière. Tous les autres jusqu’au dixième, n’offrent 
aucune particularité. Ce dernier a un étrangle- 
ment sensible ; de la première portion de l’étran- 
glement sort de chaque côté un filet unique, et de la 
seconde trois paires; de manière que de ce dernier 
ganglion il naît quatre paires de nerfs. La der- 
ère paire est destinée aux rudimens des parties 
de la génération, qui sont très-distinctes dans ces 
larves, lorsqu’elles approchent de leur dernier 
terme d’accroissement. 

4°, Le cerveau de la larve du ditisque bordé (dy- 
tiscus marginalis. L.) est sphérique, composé d’un 
seul lobe situé dans la tête au dessus de l’origine de 
Vœsophage. De sa partie antérieure partentquelques 
filets nerveux pour les parties de la bouche, et 
de ses parties latérales, deux nerfs qui sont les 
optiques. Ceux-ci sont composés de deux parties 
très-distinctes par la forme. La première portion, 


Ant. V. Nerfs des larves. 325 


ou celle qui tient au cerveau, est de forme ovale , 
plus pointue par l’extrémité qui tient au cerveau. 
L'autre extrémité, qui est arrondie, produit un nerf 
grèle , lequel se rend directement à l'œil. Il est 
à peu près de même grosseur dans toute son étendue; 
mais il se renfle, à son extrémité libre, en un bulbe 
d’où partent les filets nerveux de l'œil. 

Les deux cordons qui embrassent l’oœsophage 
sont courts et gros; ils viennent de la face infé- 
rieure du cerveau et se réunissent immédiatement 
au dessous de l’œsophage en un gros ganglion, de 
figure carrée, qui produit en devant les nerfs 
des mandibules, et en arrière deux cordons qui 
se portent de la tête dans le corselet. 

C’est entre ce premier ganglion de la moelle 
nerveuse et le second'qu’est la plus grande dis- 
tance ; elle est plus du double de celle qui existe 
entre les deux suivans. Le second ganglion est 
arrondi ; il produit latéralement deux paires de 
nerfs: l’antérieure, pour les muscles qui agissent 
sur la tête; la postérieure, pour ceux qui meuvent 
les paites antérieures. En arrière sont deux cor- 
dons qui se portent dans la poitrine. 

Le troisième ganglion est en tout semblable au 
second; il fournit des nerfs à la paire de pattes 
intermédiaires, 

Le quatrième ganglion est aussi produit par les 
deux cordons qui viennent du précédent;il est situé 
sur l’union de l’abdomen avec la poitrine; il est 
plus large que long; il produit latéralement deux 

| X 9 


524 XI° Leçon. Nerfs des an. sans vertèb. 


paires de nerfs qui, parallèlement transversales, 
se perdent dans les muscles. | 

Les huit autres ganglions sont tous grouppés les 
uns à la suite des autres et laissent entre eux un 
si petit intervalle qu'à peine peut-on y apperce- 
voir les deux filets nerveux qui les unissent. Ils 
vont aussi en décroissant de grosseur sans dimi- 
nuer de largeur à mesure qu'ils se portent en 
arriére. Tous fournissent latéralement une paire 
de nerfs trés-longue et flottante dans l'abdomen, 
qui, pour la plupart, se terminent dans les muscles 
qui meuvent les anneaux. On en voit cependant 
une paire se porter dans les parties qui sont les 
rudimens de celles de la génération. 


B. Orthopières et hémiptères. 


Les nerfs des larves d’insectes orthopteres et 
hémiptères ne présentent point de différence sen- 
sible avec ce qu’on observe dans leurs insectes 
parfaits : nous ne les ferons: donc connoïtre qu’en 
décrivant ceux-ci. Fi 


C. Æyménopières. 


Dans la larve d’une mouche & scie ( ten- 
thredo, Tin. ), dont la tête est grosse, large: et 
munie d’yeux, le cerveau est très-large et court; 
il semble formé de quatre bulbes presque sphé- 
riques et d’égale grosseur. Les deux extérieurs 
servent de base aux nerfs optiques, qui sont grêles 
et qui se renflent peu à leur autre extrémité. 


Arr. V. Nerfs des larves. 925 
Le premier ganglion est produit par deux très- 
petits nerfs qui viennent de la partie inférieure 
du cerveau, et qui, après avoir embrassé l’oœso- 
phage , se réunissent sur le premier anneau du 
corps; il fournit aux muscles des pattes, et se ter- 
mine en arrière par deux autres nerfs qui, à une 
ligne de distance, produisent un second ganglion 
et ainsi de suite. Le cordon nerveux est ainsi for- 
mé de onze ganglions sans compter le cerveau. 
Plus les ganglions s’éloignent de la tête, plus ils 
diminuent de grosseur : ils sont tous à peu près de 
forme arrondie. 


D. Névroptères. 


Dans la larve du fourmi-lion ( myrmeleon for- 
micarium), le système nerveux a quelques rapports 
avec celui des larves des diptères, que nous dé- 


_crirons par la suite. 


Il y a un cerveau situé dans la tête ; il produit 
les nerfs analogues à ceux que nous avons déja 
fait connoître pour les autres insectes. 

La moelle nerveuse est composée d’abord de 
deux ganglions , composés eux - mêmes de deux 
lobes rapprochés. Ces deux premiers ganglions 
sont séparés des autres et contenus dans la partie 
qui correspond aux paites où dans le thorax. 

Le reste de la moelle épinière se trouve ren- 
fermé dans l’abdomen : c’est une suite de huit 


ganglions extrêmement rapprochés, formés chacuñ 


de deux lobes : le premier est de près du double 


526 XI° Lecown. Nerfs des an. sans vertèb. 


plus gros que les sept autres. Cette série de 
ganglions ressemble, à l'œil, à l’extrénuté de 
la queue du serpent à sonneltes. Le dernier est 
arrondi et non didyme ; les autres sont plus larges 
que longs. Tous ces ganglions fournissent des 
nerfs aux muscles. Il est probable que cette dis- 
position et ce rapprochement des ganglions sont 
dus aux changemens qui doivent arriver à l’insecte 
au moment de sa métamorphose, parce qu’alors 
son abdomen occupe six fois plus d'espace que 
dans lPétat de larve. | 

En effet, dans les névroptèrés, dont la larve 
est à peu près aussi alongée que l’insecte parfait, 
les ganglions sont séparés comme à Pordinaire. 

La larve de l’éphémère en a onze, sans compter 
le cerveau, qui donne deux gros nerfs optiques. 
Trois ganglions sont dans le thorax et sept dans 
l'abdomen. Les six premiers de tous donnent plus 
de nerfs que les cinq derniers. 

Les larves de demoiselles ont un petit cerveau 
bilobé qui produit des nerfs optiques plus ou 
moins grands selon les espèces. Le genre des aësnes 
est celui qui les a les plus grands. Le reste du 
système consiste en une suite de ganglions de gran- 
deurs imégales. Dans les aësnes, le corselet en 
contient six, dont les deux derniers sont les plus 
gros de tous. Il y en a sept pelits et égaux entre 
eux dans l'abdomen. 


ART. V. Nerfs des larves. : 327 
L) 
E. Lépidoptéres. 


Le système nerveux des chenilles consiste en 
une suite de treize ganglions principaux qui four- 
nissent des filets à toutes les autres parties du 
corps. 

Le premier de ces treise ganglions est situé 
dans la cavité de la tête. Il est couché au dessus 
de l’œsophage et tient lieu de cerveau. Il paroit 
formé en dessus par la réunion de deux tuber- 
cules arrondis; en dessous, il est concave et cor- 
respond à la convexité de l’œsophage. 


Ce ganglion communique avec le reste du cordon 
nerveux par deux a filets qui embrassent l’oœso- 
phage ,et qui vont s'unir en dessous à la partie : 
antérieure et latérale du ganglion suivant ; il pro- 
duit en outre huit paires de nerfs. 


La première s’unit en partie à d’autres filets , 
en produit quelques-uns pour l’oœsophage , et forms 
‘au dessous de la lèvre supérieure plusieurs gan- 
glions très-remarquables. Le plus gros et le plus 
postérieur , que Lyonet a nommé premier gan- 
glion frontal, se prolonge en arrière en un gros 
nerf récurrent qui suit toute la longueur du corps 
du côté du dos. Ce nerf récurrent donne des filets 
à Voesophage et à ses muscles. Il pénètre dans le 
vaisseau dorsal, et en ressort ensuite pour glisser 
le long de l’œsophage jusqu’à l’estomac. Ce nerf 
produit, de distance en distance , des filets très- 

X 4 


328 XI° Leçon. Nerfs des an. sans vertèb. 


solides qui maintiennent l’œsophage attaché à la 
peau du dos. 


Outre le nerf récurrent dont nous venons de 
parler , il sort du ganghon frontal postérieur plu- 
sieurs filets pour les muscles de l’œsophage, et 
deux pour le second ganglion frontal , duquel 
partent encore plusieurs filamens pour l’oœsophage, 
et sur-tout un très-remarquable, qui, par son ren- 
flement presque subit, constitue le troisième gan- 
glion frontal qui fournit encore plusieurs filets à 
l’'œsophage. 

La seconde paire de nerfs du cerveau paroît 
principalement destinée à l’antenne, quoiqu’elle 
fournisse à plusieurs autres parties voisines. 

La troisième paire se termine spécialement dans 
l'antenne et dans les muscles qui la meuvent. 

La quatrième paire est propre à l'œil de chaque 
coté; elle suit la bronche qui s’y rend, et se 
partage en’six branches qui pénètrent dans cha- 
cun des six yeux qui, par leur réunion, forment 
celui de la chenille. 


La cinquième se porte un peu en arrière, où 
elle se partage en deux branches : l’une, posté- 
rieure, pour les muscles adducteurs de la mä- 
choire ; l’autre, antérieure, qui se perd dans les 
membranes qui recouvrent les écailles du front, 

La sixième et la septième paire se réunissent 
pour former un ganglion, duquel partent beau- 
coup de filets pour l’œsophage et ses’ muscles. 


Arr. V. Nerfs des larves. 329 

Enfin, la dernière paire du cerveau se perd 
entiérement sur une bronche. 

Mais, outre ces nerfs produits par le premier 
ganglion nerveux, il en raïît plusieurs autres que 
nous ne ferons qu'indiquer. D'abord on voit qu’il 
produit beaucoup de filamens pour le canal dorsal ; 
ensuite un filet assez long qui se termine sur les 
bronches entre le second et le troisième ganglion; 
enfin, un anneau nerveux qui embrasse l’oœso- 
phage en dessous, comme une sangle , en lui 
donnant beaucoup de filets. 

Le second ganglion est intimement uni avec le 
troisième , et n’en est distingué que par un étran- 
glement. Les nerfs qui provienent de la partie an- 
térieure paroïissent produits par le premier gan- 
glion, comme ceux qui sont produits par la partie 
postérieure semblent naïtre du troisième, 

Outre les deux fileis qui font le collier autour 
de l'œsophage, et qui unissent lé premier gar- 
glion avec le second, celui-ci a quatre paires de 
nerfs très-dislincts. 

La plus antérieure se dirige en devant jusqu’à la 
bouche; mais dans son ‘trajet elle se partage en 
deux branches : l’une, qui se termine dans la langue 
et dans les parties voisines ; l’autre qui se porte sur 
les parties. latérales, où elle se subdivise pour 
donner «les filets à la mandibule, à la mâchoire, 


Là la lèvre supérieure en communiquant avec le 
premier ganglion et avec le second du front. 


La seconde paire se porte à la mâchoire; mais 


530 XI° Leçon. Nerfs des an. sans vertèb. 


11 s’en détache beaucoup de filets pour les muscles 
et les parties voisines. 

La troisième paire est destinée à la fière et à 
ses muscles. Elle fournit dans son trajet beaucoup 
de filets aux vaisseaux soyeux et aux muscles de 
la tête. 

La quatrième paire naît près de l’étranglement 
qui indique la réunion des deux ganglions entre 
la tête et le premier anneau. Elle se perd en partie 
dans la graisse, dans la peau du col et dans les 
muscles qui s’insèrent à la tête. 

Le troisième ganglion, qui, comme nous l’avons 
indiqué, est uni au second, ne produit que trois 
paires de nerfs, dont l’une, la postérieure, m'est 
que la continuation du cordon nerveux des deux 
autres paires ; l’antérieure se perd entièrement 
dans les muscles et dans la psau. La paire inter- 
médiaire se distribue aussi à cette partie; mais elle 
donne principalement aux muscles qui meuvent 
les articulations de la jambe. 

Nous avons déja dit que chacun des ganglions 
communique avec celui qui précède ou qui suit 
par deux filets qui sont distincts dès leur origine, 
eu qui sont la bifurcation d’un tronc unique. Du 
milieu de cette bifurcation, depuis le troisième 
ganglion jusqu’au onzième , il naît un autre petit 

nerf, que Llyonet a nommé bride épinière. Ce 
nerf impair est situé dans la ligne moyenne; 
il se partage bientôt en deux branches qui sui- 
vent les divisions des bronches et pénètrent ave 


ART. V. Nerfs des larves. 531 


quelques - unes d'elles dans le vaisseau  longi- 
tudinal. ) 


Le quatrième et le cinquième ganglion produisent 
in même nombre de nerfs dont la distribution est 
‘aussi à peu près semblable. Leur paire antérieure 
fournit aux muscles et à la peau des anneaux 
auxquels elle correspond. I/intermédiaire donne 
aux muscles de la jambe plus particulièrement. 


Le sixième ganglion, qui correspond au qua- 
trième anneau du corps, donne aussi deux paires 
de nerfs qui se distribuent aux muscles et à la 
peau. F3 

Les cinq ganglions suivans se distribuent à peu 
près de la même manière. 


Le douzième ganglion et le treizième , qui est 
la terminaison du cordon nerveux, sont très-rap- 
prochés l’un de l’autre, quoique distincts. La dis- 
tribution des nerfs que produit le premier n’offre 

«rien de remarquable; mais ceux que fournit le 
second sont trés-alongés, parce qu’ils sont destinés 
aux derniers anneaux, dans la peau et les muscles 
desquels la première paire se perd en partie. La 
seconde paire ne se subdivise que lorsqu'elle est 
parvenue dans le dernier anneau; elle produit là 
un plexus dont beaucoup de filets se portent sur 
le gros intestin. Le tronc paroït se terminer sur 
les parois du rectum vers sa terminaison. 


552 XI° Luçon. Nerfs des an. sans verteb. 


F. Diptères. 4 


Les nerfs de la larve du stratyomys ont quelques 
rapports avec ceux de la larve du scarabée nasi- 
corne. 


- Le cerveau est formé de deux lobes rapprochés 
presque sphériques ; il est situé au dessus de l’œso- 
phage à la hauteur du second anneau du corps. 
De sa partie antérieure sortent beaucoup de petits 
filets nerveux qui se distribuent aux paroïs de la 
bouche, aux mandibules et à toutes les parties 

@roisines. Ces nerfs sont très-distincts, sur-tout ceux 
qui s’écartent davantage de la ligne moyenne. 


De la partie postérieure de ces deux lobes qui 
forment le cerYeau naissent deux très-gros cordons, 
qui embrassent l’œsophage et qui sont l’origine de 
la moelle nerveuse. 


Ce cordon nerveux est très- court et d’un dia- 
mètre de près de moitié moindre que celui du 
cerveau ; il est formé de onze ganglions très-rap- 
prochés , qui produisent chacun une paire de nerfs. 

Ces nerfs se portent directement en arrière. C’est 
à tort que SWammerdam a représenté ce cordon 
contourné en queue de scorpion, et ne produisant 
des nerfs que du côté gauche seulement. Il est vrai 
que ceux qui naïssent du côté droit sont parallèles 
au cordon, tandis que ceux du côté gauche s’en 

_écartent davantage. Les ganglions ainsi rapprochés 
sont au nombre de onze et dans une direction 


Art. V. Nerfs des larves. 524 


droite. Les nerfs qu’ils produisent sont trés-alongés ; 
ils se perdent dans les muscles. 

Les nerfs du ver du fromage (musca putris. Län.) 
sont fort curieux quant à la nianière dont ils se 
distribuent. 

Le cerveau est placé immédiatement au dessus 
de l’origme de l’osophage derrière la tête. Il est 
très-gros en proportion du reste du corps; il est 
arrondi en arrière et échancré en devant comme 
s'il étoit formé de deux lobes. 

De la partie antérieure sort une paire de nerfs 
qui se porte en avant pour se distribuer aux parties 
de la bouche, et aux paroïs mêmes de cette cavité. 
Il est à remarquer que ces nerfs. éprouvent un 
renflement très-sensible avant de se distribuer aux 
parties. 

En arrière , le cerveau présente une ouverture 


_par laquelle passe Poœsophage. La partie nerveuse 


située sur ses côtés pourroit être regardée comme 
les cordons qui produisent la moelle et tout ce qui 
se trouve au dessous de l’œsophage comme la 
moelle elle-même. 

De l’origine de la moelle nerveuse sortent deux 
paires de nerfs qui se reportent en ayant et qui 
se distribuent principalement aux viscères et à 
quelques-uns des muscles des anneaux antérieurs. 

La troisième paire de nerfs que produit cette 
moelle est la plus remarquable; elle provient de 
la partie qui correspond à peu prés au troisième 
ganglion. Nous disons à peu près, parce que 


354 XI° Læcon. Nerfs des an. sans vertéb. 
‘dans cet insecte les ganglions sont tellement rap 
prochés les uns des autres , que la moelle ne 
semble en faire qu’un seul , à la surface du- 
quel on appercoit seulement douze rides trans- 
versales qui indiquent le nombre des ganglions. 
Cette troisième paire s'étend presque transversa- 
lement. À quelque distance de sa séparation, elle 
se renfle en un ganglion , et puis se partage en 
plusieurs filets : ce sont ces ganglions que Swam- 
merdam présume être destinés aux muscles des 
ailes quand elles existeront dans l’insecte. 

De chacun des autres étranglemens part une 
autre paire de nerfs destinés aux muscles du corps. 
Ces nerfs ne présentent au reste rien de parti- 
culier, 


ARTICLE VI 
Cerveau et nerfs des insectes parfaits. 


A. Coléoptères. 


1°, Das le cerf-volant (lucanus cervus), on 
trouve, comme dans sa larve, un cerveau com- 
posé de deux lobes sphériques rapprochés, situé 
au dessus de l’œsophage. De sa partie antérieure 
naissent deux petits nerfs qui se terminent dans 
les palpes et autres parties de la bouche. Il est 
probable qu’il doit y avoir un nerf récurrent ; 
mais jusqu'ici il a échappé à nos recherches. 


* 


Arr. VI Nerfs des insectes. 335 


Sur les parties latérales du cerveau se voient 
deux ganglions presqu’aussi gros que chacun des 
lobes; ils ont la forme d’une poire et sont appuyés 
par leur base sur le cerveau; ils se prolongent pres- 
que transversalement en un gros nerf destiné en 
grande partie pour l’œil. Avant d’y arriver, on en 
voit se détacher d’abord un filet grêle qui entre dans 
la grande mandibule; puis, plus extérieurement, 
un autre filet un peu plus gros, qui pénètre dans 
la cavité de l’antenne; enfin, le nerf lui-même, 
parvenu à l’œil, se renfle de nouveau en un bulbe, 
duquel partent une infinité de petits nerfs que nous 
décrirons en traitant de loëil. 

En arrière , le cerveau produit deux petits nerfs 
trés-grèles et très-longs qui suivent la longueur de 
V’œsophage jusqu’au point d'union de la tête avec 
le thorax, immédiatement au dessus du condyle 
articulaire : alors les deux nerfs situés au dessus 
de l’œsophage produisent un ganglien de forme 
alongée ovale , duquel naissent plusieurs filets ner-. 
veux qui se rendent aux muscles qui meuvent les 
mandibules et à ceux qui agissent sur la tête. Ce 
ganglion se termine en arrière par deux nerfs 

parallèles qui, arrivés au milien du thorax au 
dessus de l’attache des deux paires de pattes, 
forment un second ganglion de figure hexagone. 
Celui-ci fournit des filets aux muscles des pattes 


, et se termine aussi en arrière par deux nerfs 


grèles et parallèles qui se prolongent jusqu’au dessus 
de l’union du corselet avec la poitrine; ils pro- 


336 XI° Lecçox. Nerfs des an. sans vertèb. 

duisent là un troisième ganglion qui a la forme 
d’un croissant dont la convexité est en arrière. 
De cette convexité partent deux autres neris qui 
produisent presque de suite un autre ganglion de 
même forme , mais moins large. Celui-ci produit 
cinq nerfs : deux latéraux, destinés aux muscles 


des pattes intermédiaires, dans la hanche desquelles : 


on les voit entrer; en arrière, deux grêles, qui 
vont se distribuer dans les muscles des pattes 
postérieures et. dès ailes; le cinquième est situé 
dans la ligne moyenne : il est aussi plus gros. 
Presqu’aussitot il se renfle en un ganglion de 
figure olivaire , qui sêtpartage en arrière en deux 
filets extrêmement grêles , qui se portent dans 
Vabdomen en formant comme un pont dans la 
poitrine , où ils sont placés dans la ligne moyenne 
que laissent entre eux les muscles des pailes et 
des ailes de l’un et de l’autre côté. 


2°. Le scarabée monocéros (scarabœus na- 
-sicornis. Lin.) diffère sous l’état parfait de ce 
‘que nous ayons observé dans sa larve par rap- 
port'aux nerfs. | 
- Les nerfs optiques, qui sont ici fort distincts et 
assez gros, se rendent à l'œil, dans lequel on 
les voit pénétrer par une intlinité de filets quand 
on fait une coupe horizontale de cet organe. 

Le cordon nerveux offre une variation bien 
sensible, Dans la larve, il n’y avoit qu'un seul 
ganglion; ici, il y en a plusieurs de trés-distincts, 


Re oc por nt Mardi 


TP EI ES 


V 


! 


AgrT. VI. Nerfs des insectes. 337 


Le premier est situé au dessus du condyle; il 
provient des deux filets postérieurs du cerveau, 
et donne aux muscles qui meuvent la tête sur le 
corcelet. De sa partie postérieure partent deux 
filets qui se portent dans la poitrine, s’y réunissent 
vers la partie moyenne et forment un ganglion 
triangulaire. De ses bords latéraux naissent trois 
- paires de nerfs qui se distribuent dans les muscles. 
De son angle postérieur partent deux nerfs parallèles 
qui se portent dans la poitrine pour former un troi- 


-sième et un quatrième ganglion très - rapprochés 


l'un de lautre, et qui paroissent divisés en deux 
lobules qu’indique un sillon longitudinal. C’est 
de ces deux ganglions que partent tous les autres 
nerfs du corps par irradiation, absolument de la 
même manicre que dans la larve. 

4°, Le système nerveux est entièrement semblable 
dans les dytisques et dans les carabes. Le cer- 
veau est formé de deux gros hémisphères séparés 
entre eux par un sillon longitudinal. De la partie 
antérieure sortent les nerfs de la bouche, et des 


parties latérales ceux des yeux et des antennes. Ceux 


des yeux sont courts et diffèrent beaucoup de 
ceux des lucanes : ils sont de forme pyramidale. 
Leur base correspond à l’oil, et leur sommet au 
cerveau. Nous n'avons pas vu de nerfs récurrens. 

Les deux filets qui produisent le cordon nerveux 
partent du cerveau, non en arrière, mais en dessous 
à côlé des nerfs optiques. Ils sont très - courts, 
parce qu'ils se portent directement au dessous 


2 hé 


3538 XI° Læcox. Nerfs des an. sans verteb. 


de l’œsophages Ils donnent quelques filets aux 
muscles et à l’oœsophage. 

. Le premier ganglion qu’ils forment est situé sous 
une espèce de pont de matière cornée, situé dans 
la partie moyenne de la tête, et qui donne attache 
aux muscles des mâchoires; il est de forme alongée 
et quadrangulaire; il occupe à peu près tout l’es- 
pace qui correspond au condyle , au dessus duquel 
il est situé. ) 

Il se termine en arrière par deux filets qui 
marchent parallèlement , et qui viennent former un 
second ganglion dans la partie moyenne du cor- 
selet. Celui-ci fournit des nerfs aux muscles des 
pattes antérieures : on les voit entrer dans la cavité 
des hanches. 

« Le troisième ganglion est comme bilobé, ou 
formé de deux. bulbes ovalaires , dont l’union se 
distingue par un sillon longitudinal. Ce ganglion 
est situé longitudinalement au dessus du-bord an- 
térieur inférieur de la poitrine ; il fournit aux 
muscles des pattes intermédiaires. 

Le quatrième ganglion est très-près du précé- 
dent ; il est de forme arrondie, et fournit aux 
muscles des pattes postérieures et des ailes. 

Le cinquième et le sixième ganglion sont à très- 
peu d'intervalle l’un de l’autre; ils sont de forme 
arrondie; ils fournissent aux muscles qui meuvent 
Vabdomen sur la poitrine. 

Le reste de la moelle épinière est une suite 
de cinq ganglions , tellement rapprochés les uns des 


Arr. VI Nerfs des insectes. 339 


autres, qu’ils semblent n’en former qu’un seul à 
la simple vue ; ‘mais à la loupe on les reconnoïît 
très-distinctement: on apperçoit même les deux 
filets que chacun d’eux produit pour former le 
suivant. Le cinquième ganglion présente un sillon 
transversal qui semble indiquer la réunion de deux. 
Cette fin de la moelle épinière est comme flottante 
dans la cavité abdominale, mais au dessus des 
intestins. 

5°," Dans le grand hydrophile (hkydrophilus pi- 
ceus. Lin. ), le cerveau situé dans la tête et au 
dessus de l’origine de l’œsophage est composé de 
deux bulbes sphériques accolés. Des parties laté- 
rales partent les nerfs optiques qui se prolongent 
jusqu'aux yeux sans changer de diamètre, mais 
qui se terminent là par un bulbe triangulaire qui 
produit extérieurement Une infinité de filets. 

De la partie antérieure du cérveau on voit sortir 
quelques filets destinés auxs parties de la bouche ; 
on y remarque aussi un petit ganglion sphérique 
qui paroît appartenir au nerf nécurrent qui suit 
l’œsophage. 

Inférieurement naissent deux filets qui doivent 
produire le cordon médullaire. [ls embrassenit l’oœeso- 
phage dans leur écartement, et se réunissent im- 
médiatement au dessous et encore dans la cavité 
de la tête pour former un petit ganglion, duquel 
partent les nerfs qui sont destinés aux muscles des 
mandibules et des palpes. | 

Deux cordons nerveux proviennent de la partie 


Ya 


\ 


540 XI° Leçon. Nerfs des an. sans vertèb. 


postérieure de ce premier ganglion; ils se glissent 


presqu’aussitôt après leur naïssance sous un arc 
corné qui est produit par la face interne de la 
ganache : on les voit reparoître par derrière et se 
porter dans le corselet. 

Ils produisent un second ganglion positivement 
dans sa partie moyenne; il est de figure quadran- 
gulaire. Aux angles antérieur et postérieur sont 
les nerfs de la moelle, et par les latéraux sont 
produits ceux destinés aux muscles des pattès an- 
térieures. = 


L’mtervallé compris entre le second et le troi-. 


sième ganglion de la moelle, non compris le cer- 
veau, est très-grand. Ce troisième ganglion corres- 
pond à l'insertion des patles intermédiaires, Il est 
gros et de forme arrondie; il fournit des nerfs 
aux ailes et à la paire de paltes intermédiaires. 
En arrière, il produit deux cordons qui, à une 
demi-ligne au plus de distance, se renflent et for- 
ment un quatrième ganglion presqu'aussi gros 
que le précédent, qui fournit de sa partie infé- 
rieure beaucoup de filets nerveux pour les gros 
muscles des paites postérieures qui sont spéciale- 
ment destinées à nager. Deux autres cordons très- 
courts, produits par la partie postérieure de ce 
ganglion, se renflent en un cinquième, moitié 
moindre, duquel part en arrière un cordon unique. 
Celui-ci se glisse dans une espèce de gouttière 
longitudinale pratiquée. au dessus de l’appendice 
corné , qui donne aitache aux “muscles des hanches 


# 


ArT. VI. Nerfs des insectes. 941 


et que nous avons décrit dans le premier vo- 
lume. 

A la partie postérieure et évasée de cet appen- 
dice paroît un sixième ganglion; puis, à quelque 
distance, et positivement au dessus de l’union de 
l'abdomen avec la poitrine , un septième. De ces 
deux ganglions il ne part qu’une seule paire de 
nerfs qui sont destinés aux muscles. 

Il n’y a que deux ganglions dans l’abdomen : 
l’un correspond à la partie moyenne du second 
anneau ; l’autre, qui est le dernier et le neuvième, 
ést situé au dessus de l’union de ce second segment 
avec le troisième. [/avant-dernier ganglion est en 
tout semblable aux deux précédens ; mais le neu- 
vième est de moitié plus gros et produit en arrière 
quatre paires de nerfs, qui se portent et vont se 
distribuer de l’un et de l’autre côté dans les parties 
de la génération. 


B. Orthoptères. 


Dans la blatte d'Amérique ( blatta Ameri- 
cana ), le cerveau est composé de deux lobes 
séparés par une échancrure très-distincte en de- 
vant. Les nerfs optiques naissent sur les côtés, 
et sa partie antérieure donne quelques filets aux 
parois-de la bouche et aux instrumens de la man- 
ducation. 

Les cordons nerveux qui produisent la moelle 
viennent de sa face inférieure; ils se portent di- 
rectement en dessous en embrassant étroitement 


d' 


342 XI° Lecon. Nerfs des an. sans vertèb. 


l'oœsophage ; ils se portent ensuite parallèlement, 
mais très-distincts l’un de l’autre, vers le corselet. 
Quand ils sont arrivés à sa partie moyenne, ils 
forment un ganglion très-gros, duquel partent trois 
paires de nerfs latéraux et une postérieure. Des 
latéraux, les premiers remontent obliquement vers 
la tête pour fournir aux muscles qui la meuventsur 
le thorax et qui agissent sur les antennes et sur les 
parties de la bouche. Les autres donnent aux muscles 
de la première paire de paites. 

Les nerfs postérieurs se portent parallèlement 
en arrière. Au milieu de la poitrine ils produisent 
un ganglion plus considérable encore que le second. 
Celui-là fournit latéralement les neifs des pattes 
intermédiaires et postérieures, ainsi qu'aux muscles 
des ailes; il produit aussi en arrière d'eux cordons 
qui, par leur réunion sur la jonction de l’abdo- 
men avec la poitrine, forment un quatrième gan- 
glion qui est couché sur une avance de substance 
cornée qui donne attache aux muscles des hanches. 

Après ce quatrième-ganglion il n’y a plus qu'un 
seul nerf qui, d’espace en espace, produit quelques 
petits renflemens : on en compte cinq. Chacun 
d'eux produit une paire de nerfs pour les muscles 
des anneaux de l'abdomen. Le cinquième est le plus 
gros; il produit en outre deux nerfs qui se rami- 
fient dans les parties voisines de l’anus. 

Dans la sauterelle & sabre ( locusta viridis- 
sima. Lin. ), le cerveau situé dans la tête au dessus 
de l’œsophage est formé de deux lobes qui ont la 


ART. VI. Nerfs des insectes. : 343 


forme de poires; ils sont accolés par leur base, 
et se prolongent par leur sommet en un nerf 
optique qui va se rendre dans l’œil de l’un et de 
l’autre côté. 

De la partie antérieure partent encore deux 
nerfs, de forme pyramidale, dont la base pose 
sur le cerveau. De la pointe naissent quelques filets 
qui se perdent dans la mandibule, la mâchoire et 
sa galette, ainsi que dans la lèvre supérieure. 

Entre ces deux nerfs antérieurs, on voit un 
petit ganglion qui provient de la réunion de deux 
filets de la face inférieure du cerveau. C’est le 
nerf récurrent qui suit le canal intestinal. 

En arrière, et un peu au dessous, naissent les 
deux cordons qui sont l’origine de la moelle ner- 
veuse ; ils embrassent l’oœsophage, au dessous duquel 
ils se portent directement et forment un ganglion. 

Ce premier ganglion est protégé et recouvert 
d’une espèce de pont de substance cornée, de cou- 
leur rougeûtre ; il fournit aux muscles de la tête, 
dans laquelle il ést encore renfermé , ainsi qu’à 
ceux de la bouche. En arrière, il produit deux 
| longs cordons nerveux qui pénètrent dans le cor- 
selet. 

Environ vers la partie moyenne du thorax, et 
au devant de l’appendice, qui donne attache aux 
muscles des hanches de la paire des paltes anté- 
rieures , ces, deux cordons s'unissent et forment 
un gros ganglion , composé des deux lobes et 
irrégulièrement quadrangulaire , dont les côtés 


Y 4 


544 XI° Lecow. Nerfs des an. sans vertèb. 
produisent plusieurs filets pour les muscles des 
pattes de devant., 

De la partie postérieure de ce second ganglion 
de la moeile naissent deux filets qui pénètrent dans 
la poitrine. Entre ces deux filets passent des ap- 
pendices solides des hanches qui donnent insertion 
aux muscles. Ces filets forment un troisième gan- 
glion qui correspond à l'intervalle moyèn compris 
entre les pattes intermédiaires. Ce ganglion donne 
aux muscles des ailes et des païtes. 

Le quatrième ganglion est aussi contenu dans 
la poitrine , situé au devant et entre la paire de 
pattes postérieures; il est produit par deux cordons 
nerveux du ganglion précédent, et donne en arrière 
deux autres cordons si rapprochés, qu'ils paroissent 
à la vue simple n’en former qu’un seul. Ce nerf 
est recu et caché dans une espèce de gouttière 
longitudinale, pratiquée au dessus de la pièce trian- 
gulaire qui donne attache aux muscles des pattes. 

Les autres ganglions, qui sont tous situés dans 
l'abdomen, sont au nombre de six. Ils sont tous, 
à l’exception du dernier, de même grosseur et 
de même forme, à égale distance, et produits par 
deux cordons semblables, très-rapprochés entre 
eux. Ils donnent chacun deux paires de nerfs pour 
les muscles des anneaux du ventre. 

Le dernier ganglion de la moelle, ou le dixième, 
est de moitié plus gros que les cinq précédens ; 
il est situé au dessous des parties de la génération, 
auxquelles il se distribue par quatre paires de filets. 


\ 


ART. VI. Nerfs des insectes. 545 


Dans la courtillière (acheta gryllo-talpa), 
le cerveau est aussi formé de deux lobes arrondis 
et sur-tout trés-distincts en arrière. 

On en voit sortir visiblement le nerf des palpes, 
des antennes, des yeux lisses et des yeux pro- 
prement dits. 

En général, les nerfs de la moelle épinière sont 
semblables à ceux de la blatte. Les deux premiers 
ganglions sont produits par deux nerfs : lé premier, 
qui est dans le corselet, fournit aux muscles de la 
têle, de la poitrine et des pattes antérieures ; le 
second , qui est plus gros et dans la poitrine, donne 
à ceux des ailes et des pattes intermédiaires et pos- 
‘ rieures. 11 fournit encore deux nerfs en arrière 
qui produisent le premier ganglion abdominal ; 
mais dés-lors le cordon ‘est unique , applati comme 
un ruban, sur la longueur duquel on ne compte 
que quatre ganglions, situés à des distances diffé- 
rentes les unes des autres. Chacun d’eux produit 
deux paires de nerfs qui se portent én arrière 
pour se distribuer dans les nerfs : le premier cor- 
Tespond à la partie moyenne du prémier anneauh 
du ventre; le second, au troisième; le troisième, 
au cinquième ; enfin, lé dernier, â4u neuvième: 

Ce dernier ganglion est le plus remarquable de 
tous ; il est ovale, et de toute sa circonférencé 
partent des nerfs qui vont se distribuer dans les 
parties voisines. Deux, plus gros que les autres, 
se portent en divergeant en arrière, et représentent 
ainsi une bifurcation de la moelle épinière. Les 


3546 XI° Lecçox. Nerfs des an. sans vertèb. 
nerfs qui en résultent sont destinés aux organes 
de la génération. 


C. Hémiptères. 


Dans le scorpion aquatique & corps ovale 
{nepa cinerea. Lin.), le système nerveux con- 
siste essentiellement en trois ganglions. 

Le premier, qui tient lieu de cerveau, est 
sitné dans Ja tête; il est formé de deux lobes rap- 
prochés. Ces lobes sont pyriformes ; ils se touchent 
par leur base; leur sommet est obliquement dirigé 
ent avant vers les yeux, dans lesquels ils se ter- 
minent en servant ainsi de nerfs optiques par leur 
extrémité antérieure. De la partie moyenne et 
antérieure de.ces lobes il part aussi quelques filets 
pour les parties de la bouche. 

En arrière, le cerveau produit deux cordons 
qui embrassent l’œsophage en passant au dessous. 
Ils'se réunissent à l’origine de la poitrine en un 
ganglion.tétragone, dont chacun des angles produit 
ou reçoit plusieurs nerfs : l’antérieur reçoit les 
deux cordons qui viennent du cerveau ; le pos- 
térieur:, les deux qui sont la suite de la moelle 
épinière. 

Les latéraux produisent chacun un faisceau de 
quatre nerfs qui sont destinés aux muscles de la 
poitrine et de la paire de pattes antérieures. On 
voit l’un d’eux entrer dans la cavité de la hanche. 

Les deux nerfs produits par l’angle postérieur 
du second ganglion se portent parallèlement en 


# 


ArT. VI. Nerfs des insectes. 547 


arrière. Arrivés dans la poitrine au dessus de l’ap- 
pendice corné qui donne altache aux muscles des 
hanches des pattes intermédiaires et po-térieures, 
ils se renflent en un gros ganglion arrondi, beau- 
coup plus volumineux que le cerveau, des ‘bords 
duquel partent une infinité de nerfs comme les 
rayons d'un soleil. 

Les deux filets les plus remarquables sont extré- 
mement longs et grêles ; ils s'étendent de la poi- 
trine jusque près de l'anus : nous les avons vu 
se terminer par trois ramuscules dans les parties 
de la génération du mâle, en donnant cependant 
aux parties voisines quelques filamens. 

Tous les autres filets qui proviennent de ce 
troisième et dernier ganglion sont destinés aux 
muscles. On distingue sur-tout très-bien ceux qui 
* appartiennent aux palles moyennes et intermé- 
diaires : ils sont un peu plus gros. 


D. Lépidoptères. 


Nerfs de la phalène zig-zag. (bombyx dis- 
par. Lin.) 


Le cerveau est presque sphérique ; cependant 
on apperçoit dans sa ligne moyenne un sillon lon- 
gitudinak, De sa partie antérieure partent quelques 
petits nerfs excessivement grêles. Sur les côtés sont 
deux gros nerfs optiques qui se rendent dans la 
concavité de l’œil, où ils se terminent par un bulbe 
duquel partent une infinité de filets. 


348 XI° Leçow. Nerfs des an. sans vertéb. 


F'oesophage passe immédiatement derrière le 
cerveau par un petit intervalle triangulaire, dont 
les côtés postérieurs sont formés par les deux 
cordons de la moelle épinière qui marchent ensuite 
accolés et ne formant plus qu’un tronc unique , dans 
la partie moyenne. duquel on n’apperçoit qu’un 
sillon longitudinal. Parvenu dans le corselet, il se 
forme un ganglion, teint à sa surface d’une cou- 
leur rougeàtre, qui produit en arrière deuxtnerfs,, 
lesquels laissent entre eux un petit intervalle par 
léquel passent les appendices cornés qui donnent 
attiche aux muscles des hanches. Derrière ces ap- 


pendices, et dans ceite même cavité de la poitrine, 


ces deux cordons se réunissent de nouveau ét pro- 
duisent un second ganglion beaucoup plus gros , 
des parties latérales duquel partent beaucoup de 


nerfs pour les muscles des ailes et des païtes. Il” 


se prolonge en arrière en un cordon unique qui, 
lorsqu'il est arrivé au dessus de l’articulation de 
la poitrine avec l’abdomen, se renfle de nouveau 
et forme ainsi un troisième ganglion. 

Il est à remarquer que ce gros ganglion, qui 
a la forme d’un cœur, est le seul qui avec le 
cerveau soit d’une couleur absolument blanche, 
tandis que tous les autres offrent une teinte plus 
où moins foncée , et sur lesquels on voit à la loupe 
des points rougeatres plus ou moins alongés et si- 
neux qui ressemblent assez bien à des vaisseaux 
sanguins, tels qu’on les voit dans les glandes in- 
jectées. 


Arr. VI. Nerfs des insectes. 549 


Ce troisième ganglion se prolonge en un cordou 
unique qui, au dessus du premier anneau de 
l'abdomen, produit un quatrième ganglion. Celui-ci, 
ainsi que ceux qui suivent, donne de l’un et de 
Pautre côté un petit nerf grêle, mais trés-long, qui 
passe sous les fibres musculaires, absolument de 
la même manière que les fils de la trame passent 
sur la chaîne. Leur direction est absolument trans- 
versale. ’ + 

Le cinquième ganglion ne diffère pas du pré- 
cédent ; il se prolonge en un cordon unique, dans 
lequel on apperçoit trés-bien encore le sillon lon- 
gitudinal. Il est situé dans la partie moyenne du 
troisième anneau de l’abdomen. à 

Le sixième ganglion, en tout semblable au pré- 
cédent , est placé au milieu du quatrième anneau. 

Enfin , le septième et dernier ganglion est beau- 
coup plus gros que ceux qui le précèdent dans 
labdomen ; il est de forme ovale, situé sur la 
lunule qui termine le cinquième anneau en arrière 
du côté du ventre. Outre les nerfs destinés aux 
muscles du cinquième anneau , qui en partent par 
deux paires distinctes, il se termine en arrière 
par quatre autres paires , lesquelles paroissent des- 
tinées aux parties de la génération et aux muscles 
des derniers anneaux de l’abdomen qui, dans la 


femelle, sont alongés en forme de queue , qui sert 
à la ponte. 


550 XI° Leçon. Nerfs des an. sans verteb. 


E. Névroptères. 


Les insectés à ailes nues, c’est-à-dire les hymé- 
noptères, les nevroptéres et les diptères, ayant 
souvent de très-grands yeux, ont des nerfs optiques 
proportionnés : c’est ce qu’on voit sur-tout dans 
les demoiselles. Leur cerveau est formé de deux 
très - petits lobules; maïs leurs nerfs optiques se 
dilatent en deux larges plaques qui ont la figure 
d’un réin, et qui tapissent toute la surface de lœil 
qui regarde le dedans de la tête. Le reste de 
leur cordon médullaire est très mince et garni de 
douze ou treize ganglions très-petits, dont le der- 

nier aboutit, comme à l'ordinaire , aux parties 
de la génération. 


F. Æyménoptères. 


Le cerveau de l'abeille est petit et divisé en 
quatre lobes; il produit immédiatement les nerfs 
qui vont aux diverses parties de la bouche et les 
‘ deux grands nerfs optiques qui se dilatent, pour s’ap- 
pliquer derrière chaque œil, comme dans les demoi- 
selles. Il y a ensuite sept ganglions, dont trois dans 
le corselet et quatre dans l'abdomen. Le dernier 
de tous fournit principalement aux parties de la 


génération. 


G. Diptères. 


La mouche apiforme ( syrphus tenax. Lin. ) 
a un très-petit cerveau formé de deux lobes très- 


14 ART. VI. Nerfs dés insectes. 301 


rapprochés, mais distingués par un sillon longitu- 
dinal , de la partie antérieure duquel part un nerf 
assez gros, quise partage ensuite pour les antennes 
et la trompe. 

Les nerfs optiques sont trés-gros, cylindriques 
et d’un diamètre égal à la longueur du cerveau, 
sur les parties latérales duquel ils sont appuyés ; 
ils se terminent à leur extrémité par un très-gros 
bulbe quë correspond à la largeur de l'œil. 

Le premier ganglion de la moelle est produit 
par deux cordons qui proviennent de la partie 
postérieure du cerveau, et qui embrassent l’œso- 
phage comme un collier. Il est très-grêle et situé 
dans la poitrine ; il fournit une paire de filamens 
pour les muscles des pattes antérieures. 

Le second ganglion et les suivans, qui sont au 
nombre de trois, ne sont unis les uns aux autres 
que par un cordon unique. Le dernier de tous 
est plus gros de moitié que celui qui le précède ; 
il se termine par huit ou neuf filamens destinés 
aux parties voisines de l’anus. Le premier des 
trois est placé dans la poitrine, où il donne aux 
muscles des ailes et des pattes. Les deux autres 
sont dans l’abdomen. I/avant-dernier est situé au 
dessus de l’unioñ du troisième anneau avec le 
quatrième , et le dernier sur le bord antérieur et 
inférieur du cinquième anneau. 

Dans l'asile crabroniforme , on n’appercoit 
aussi qu'un seul cordon pour l’union des ganglions 
abdominaux, qui sont au nombre de six. 


552 XI° Leçon. Nerfs des an. sans vertéb." 


Le cerveau est semblable à celui du syrphuss 
mais les bulbes formées par les nerfs optiques sont 
encore plus larges à proportion , vu la grandeur 
des yeux qu'ils ont à tapisser par derrière. 


H. Apières à mâchoires. 


Dans la grande scolopendre ( scolopendra mor= 
sitans), le cerveau a une forme très-singulière ; 
ileest, comme à l'ordinaire , composé de deux lobes 
presque sphériques , qui produisent latéralement 
des nerfs optiques très-courts, qu’on voit se di- 
viser long-temps avant d’arriver dans l’œil : les 
filets sont au nombre de quatre ; mais en avant 
naissent deux nerfs si gros qu’ils paroissent faire 
partie du cerveau dont ils ont le diamètre. Ces 
nerfs sont spécialement destinés aux antennes, 
dans lesquelles on les voit entrer et où on peut 
les suivre, car elles sont très-larges. 


Les deux cordons qui embrassent l’œsophage 
se portent directement en bas; ils produisent un gres 
gauglion sur l’union du premier anneau avec la tête. 
Le premier ganglion fournit deux nerfs en arritre 
et plusieurs sur les côtés. Il existe ainsi un ganglion 
absoliment de même forme au dessus de chacune 
des articulations , de sorte qu'il y en a vingt-quatre 


très-distincts; le dernier seul est plus petit, plus: 


rapproché du précédent et comme flottant dans 
l'abdomen. Chacun d’eux produit trois paires de 
nerfs: une qui remonte du côlé de la tête; une 


Arr. VII Nerfs des vers. - * 353 
secondè qui se porte transversalement : toutes deux 
sont destinées aux muscles du ventre; la troisième 
descend et se porte en arrière et en haut: elle 
fournit aux musclés latéraux et à ceux du dos. 


L 


ARTICHE VII 
Cerveau et nerfs des vers. 


Querqurs genres de vers présentent un système 
erveux très-distinct , et organisé à peu près comme 
celui des crustacés et des insectes; mais il y en 
à d’autrés dans lésquels cette partie devient si 
-obseure qu’on a peine à en reconnoître l’existence. 
Aussi cétte classe de vers, qui, par rapport aux 
de Ses génres au déssus même de la plupart des 
imséctes ,-s’abaissé -t-elle presque au niveau des 
zoophyÿtes , par rapport aux organes des sens. 

1°: Dans l'aphrodite hérissée, on distingue très- 
bien le systême nerveux. On voit immédiatement 
dérrière’ les tentacules, placés au dessus de la 
bouche, un gros ganglion nerveux qui est le cerveau; 
. il'ala forme d’un cœur, dont la partie la plus large 
et bilobée regarde en arrière ; de la partie pointue 
et antérieure partent deux petits filets pour les 
tentacules ; et des parties latérales, quelques autres 
beaucoup plus grêles encore pour les parois de la 
bouche. Ce ganglion est situé immédiatement au 
dessus de l’origme de l’œsophage. 

2 Z 


854 XI° Leçon. Nerfs des an. sans vertèb. 


Les deux cordons qui naissent du cerveau et 
qui forment le collier sont très - grêles : ils sont 
aussi fort longs; ils augmentent sensiblement de 
grosseur en s’approchant du point de leur réunion : 
c’est alors qu’ils donnent naissance l’un et l’autre 
à un gros filet nerveux! que’ nous appellerons ré- 
current. Ces neris sont très-distincts ; ils se portent 
en devant vers le point où l’ossophage, qui est très- 
“court, se joint à l’estomac. On les suit facilement 
à l’oeil nu sur, les parties. latérales de ce viscère 
qui est long et très-musculeux. Avant de paryenir 
aux intestins qui font suite à l'estomac, ils se renflent 
en un ganglion, duquel partent une infinité de 
fibrilles nerveuses. 

Les deux, nerfs du collier produisent par. ce 
réunion un très-gros ganglion, qui est 'bifurqué en 
devantet qui setrouve placéimmédiatementderrière 
la bouche et au dessous de l’oœsophage : c’est l’extré- 
mité antérieure du cordon nerveux. On.n’en voit 
pas sortir de filets. À ce premier, ganglion-en 
succède un autre, qui n’en est distinct que par 
un petit étranglement. De celui-ci partent. deux 
filets nerveux qui se portent un peu. em devant 
dans les muscles du ventre ; vient ensuite. une 
série de ganglions beaucoup plus espacés, qui pro- 
duisent chacun six nerfs, trois de chaque côté; 
ils se perdent dans les muscles. Ces ganglions sont 
au nombre de douze. 

Le cordon nerveux qui fait suite, et qui occupe 
le tiers postérieur du corps, ne présente plus 


Arr. VIL Nerfs des vers. 355 


de renflement sensible; mais il en part éncore, 
d’espace en espace, des ae de nerfs; enfin, où 
peut suivre ce cordon jusqu’à l’extrémité du corps. 


2°, Dans les sangsues , 


. 


Le système nerveux est un cordon longitudinal, 
composé de vingt-trois ganglions. 

Le premier est situé au dessus de loœsophage ; 
il est gréle et arrondi; il fournit en devant deux 
filets ténas, qui se portent au dessus du disque 
de la bouche. De ses parties latérales naît une 
grosse paire de nerfs, qui forme un collier autour 
de l’œsophage en se portant en dessous pour s'unir 
au second ganglion. 

Celui-ci est de figure triangulaire; il paroït formé 
de la réunion de deux tubercules. Deux de ses 
angles sont antérieurs et latéraux ; ils recoivent les 
nerfs qui proviennent du premier ganglion. L'autre 
est postérièur : il se prolonge en un nerf d’une 
demi-ligne de longueur au plus qui produit le 
troisième ganglion. Par la partie antérieure du 
ganglion triangulaire que nous décrivons , sont 
produits deux petits nerfs qui se perdent sur l’œso+ 
phage autour de la bouche. 

Les dix-neuf ganglions qui suivent ont absolu- 
ment la Même forme et produisent chacun deux 
paires de nerfs; ils ne diffèrent que par le plus ou 
le moins de distance qui existe entre chacun d’eux. 

Le troisième est très- rapproché du second, 


ainsi que nous l'avons indiqué. Les trois suivans 
Z 2 


556 XI° Leçon. Nerfs des an. sans verteb. 


sont à peu près à une ligne et demie de distance; 
mais ceux qui suivent, depuis le septième jusqu’au 
vingtième , sont distans de trois ou quatre lignes ; 
enfin , les trois derniers sont très-rapprochés. 
Tous ces ganglions sont situés au dessous de 
la longueur du canal intestinal , auquel ils donnent 
par leur face supérieure beaucoup de filamens ner- 
veux ; ils produisent de chaque côté deux nerfs 


qui pénètrent sous les muscles longitudinaux et 


transverses, dans l’épaisseur desquels ils se-perdent. 
Ces nerfs sont opposés dans leur direction, de 
manière qu'ils représentent une sorte d’X. 

La tunique de ces nerfs est noirâtre et très- 
solide, ce qui fait qu'avant que la pièce ait sé- 
journé dans l’alkool, le système nerveux ressemble 
à celui des vaisseaux. 


5°. Dans le Zombric terrestre, 


‘Le cordon nerveux tire son origine’ d’un gan- 
glion situé au dessus de l’ossophage. Ce ganglion 
est formé de deux tubercules rapprochés, mais 
très-distincts : il en part une paire de petits nerfs 


pour les parois de la bouche, et deux très - gros 


cordons qui embrassent l’oœsophage en forme de 
collier pour se réunir au cordon , dont l’origine 
paroît ainsi bifurquée. Trois paires de pétits nerfs 
naissent de cette origine : l’une vient du cordon 
même; et les autres, de ses parties latérales; elles 
se portent toutes dans les muscles de la bouche. 

La tige nerveuse se continue jusqu’à l’anus, en 


Arr. VII Nerfs des vers. 557 


suivant la partie inférieure de l'intestin. Sa grosseur 
- ne diminue pas sensiblement, et les étranglemens 
ñe sont pas très-remarquables : de sorte qu’il n’y 
a point ici de véritables ganglions. 

Il sort une paire de nerfs entre chacun des an- 
neaux du corps. Ces nerfs se glissent sous les 
muscles longitudinaux, où ils disparoissent en s 
ploñgeant entre eux et la peau. 

Lorsque le cordon nerveux est arrivé à l’anus, 
il se termine en formant un plexus qui se perd 
sur 1 paroïs de cette ouverture. 

°. Dans le dragonneau ( gordius argillaceus. 
dr ),- il n’y a qu’un seul cordon nerveux sem- 
blable à celui du lombric terrestre, maïs dont les 
étranglemens sont encore moins sensibles. 


5°. Dans les néréides et les amphinomes, 


On trouve dans la peau du ventre un cordon 
longitudinal qu’on pourroit regarder comme ner- 
veux ; on y voit autant d’étranglemens qu’il y a 
d’anneaux au corps : nous n’avons remarqué au- 
cun filet nerveux sortant de ce cordon. 

6°. Dans le ver qu’on appelle /ombric marin 
(lombricus marinus. Tin.), qui, par ses carac- 
tères extérieurs, est plus voisin des néréïides que 
des lombrics, le système nerveux est le même 
que dans les néréides ; mais il va en grossissant 
vers la partie moyenne du corps, où il est beau- 
coup plus distinct. 


7°. Dans l’ascaride ns de l’homme et du 
, : Z 3 


558 XI° Lecox. Nerfs des an. sans vertéb. 


cheval, il paroït qu’il y a deux cordons nerveux 5 
ils se remarquent dans toute la longueur du corps 
sur les parties latérales du ventre. ‘ 

Ces nerfs se réunissent au dessus de l’œsophage, 
positivement à sa naissance sur la bouche ; ils sont 
là très-grêles , et ne produisent pas de ganglion 
remarquable. La grosseur des filets est moindre 
vers leur origine que vers leur extrémité, c’est-a- 
dire du côté de l’anus; mais ils sont égaux et absolu- 
ment semblables entre eux dans leurs diverses 
parties. D’abord on n’y remarque que de petits 
points granuleux qui vont en grossissant à mesure que 
le nerf descend. Lorsqu'il est parvenu au milieu de 
la longueur du corps, on le voit formé de gan- 
glions carrés, peu éloignés les uns des autres ; 
‘ enfin, à la terminaison, dans une longueur de 
six lignes à peu près, le nerf devient de plus ex. 
plus grêle, et finit par un trés-petit filet qui s’unit 
à celui de lPautre côté. , 

Les détails dans lesquels nous sommes entrés , 
dans les articles IV, V, VI et VII de cette leçon, 
nous montrent évidemment dans l’organisation des. 
systèmes nerveux une analogie aussi grande que 
dans les formes extérieures, dans la disposition 
des muscles, et dans ceile singulière division de 
tous ces animaux en une suite d’anneaux ou de 


segmens : analogie qui doit nous empêcher d'établir. 


° entre les trois classes des crustacés, des insectes. 
et des vers, des limites aussi tranchées que celles, 
qui existent entre .elles.et celle des mollusques. 


| 
| 


| 
” 
À 
4 
# 
4 


Arr. VIIL. Animaux sans nerfs. 559 
Ces ganglions presque égaux , répartis d’une 
manière uniforme sur un cor@on qui s'étend sur 
toute la longueur du eorps, semblent être placés 
là pour que chaque segment ait son cerveau à 
soi, et ils nous conduisent par degrés à la diffusion 
générale de la substance médullaire qui a lieu 
dans les zoophytes. 


ARTICLE VIITL. 


Des ànimaux dans lesquels on n’a point encore 
reconnu de systéme nerveux distinct. 
Nowus ne rangeons point ici les animaux de la 
classe des vers ou de celle des mollusques, dans 
‘ lesquels leur extrême petitesse ou la mollesse de 
leurs parties n’a pas encore permis de mettre au 
jour ce système. I’analogie ne permet pas de 
douter de son existence, lorsque les parties qui 
l’accompagnent constamment existent: ainsi les 
douves ( fasciola ), ayant des vaisseaux , un 
foie , etc., doivent aussi avoir des nerfs, quoique 
‘nous nayons pu encore les développer. 
= Nous ne doutons pas non plus que plusieurs des 
vers intestins, ceux sur-tout qui ont une forme 
cylindrique , n’aient une moelle à peu près pa- 
reille a celle que nous avons décrite dans les grands 
_ascarides :: elle s’est ‘bien retrouvée dans le gordius, 
comment n’existeroit-elle pas dans l’échinorhinquez 
le strongle, etc., ete? 


Z à 


360 XI° Lxcox. Nerfs des un. sans verteb. 


Mais il y a des animaux dans lesquels lanalogie 
nous abandonne, et auxquels on ne pourra attri- 
buer un systême nerveux que lorsqu'on laura vu 
distinctement : ce sont quelques vers intestins, assez 
différens par la forme de ceux que nous venons 
d'indiquer, et la plupart des zoophytes. 

Nous allons en examiner quelques-nns. 

- Les étoiles de mer ( astérias) ont des parties 
que l’on pourroit juger assez semblables à des nerfs; 
mais il faudroit faire des expériences galvaniques 
sur des individus vivans, poux en constater, dé- 
finitivement la nature. Autour de l’œsophage s’ab- 
serve une ceinture de substance molle et blanchâtre, 
d’où partent dix filets : deux pour chacune des 
branches qui forment le corps de l'étoile. Les deux 
filets qui appartiennent à chaque branche étant 
arrivés à la base de la tige osseuse et articulée 
qui lui sert de principal soutien, se réunissent par 
un cordon court qui se rend directement de l’un 
à l’autre ; ils se continuent ensuite l’un et l’autre 
tout du long de cette tige, jusqu’à l’extrémité de 
la branche en diminuant toujours de grosseur. À 
l'endroit où ils se réunissent, part de chacun d’eux 
un faisceau de filets qui se distribuent sur l’esto- 
mac, qui, dans ces animaux, est situé au milieu 
du corps entre les cinq branches. 

L'aspect de tous ces filets est plutôt tendineux 
que nerveux, et c’est sur-tout cela qui nous em- 
pêche de nous décider encore. 

Dans les vraies kolothuries ( parmi lesquelles 


ArT. VIIL Animaux sans nerfs. 561 


onne doit compter ni les thalies, ni la petite valère, 
(hol. physalus. Lin. ), on trouve quelque chose 

d'assez semblable à ce que nous venons de décrire 
dans l'étoile ; mais l'aspect enMest beaucoup plus 
nerveux, et c’est une forte confirmation de nos 
conjectures. 

C’est sur-tout dans les espèces d’Lolothuries qui 
ont cinq paires longitudinales de muscles, comme 
le priapus et le pentactes, qu’on voit bien Îles 
parties dont nous parlons. Entre-les deux muscles 
qui composent chaque paire règne un cordon blanc, 
légèrement serpentant, marqué d’anneaux trans- 
verses absolument comme les nerfs ordinaires. Les 
cinq cordons vont en grossissant jusque vers l’œæso- 
phage, où il nous a paru qu'ils s’unissoient pour 
l’envelopper par un cordon. 

Les sipunculus, qui sont plus semblables aux 
holothuries qu’à tout autre animal, quoique les 
naturalistes les aient jusqu'ici rapprochés des /om- 
brics , n’ont qu’un seul cordon blanchätre ; mais 
il ressemble parfaitement à ceux des holothuries, 
et il vient de même embrasser l’œsophage par 
son extrémité antérieure. 

Si ces observations portent en effet sur de vrais 
nerfs , il faudra séparer les échinodermes d’avec 
sis autres zoophytes pour en former une classe 

à part. . 

Nous n'avons encore rien observé dans les 
oursins qui ressemble à des nerfs; mais l’analogie 
ne permet pas de les séparer des étoiles de mer, 


362 XI° Læecon. Nerfs des an. sans vertèb.. 


ni des holothuries; une espèce de ce dernier genre 
- ayant même été nommée autrefois, avec assez de 
gaison , OUTrSin COTiace. 


Les actinies à méduses forment, dans le 
classe des zoophytes, une seconde famille qui ap- 
proche assez de la précédente, et sur-tout du genre 
des Aolothuries, par l’arrangement de ses parties 
internes ; mais il n’a pas été possible d'y rien 
appercevoir qui püt être pris pour des nerfs. 


Quant aux Aydres ou polypes à bras et aux 
genres voisins, qui forment avec les animaux des 
coraux, la troisième et la plus simple famille des _ 
zoophytes, nous avons déja eu occasion de dire 
plusieurs fois qu’on n’observe dans leurs corps 
qu’une pulpe gélatineuse et homogène, sans or- 
ganisation apparente. 

Cependant tous ces animaux ont des sensations 
très-distinctes. Non-seulement leur toucher est fort 
délicat; non-seulement ils s’apperçoivent des mou- 
vemens qui agitent l’eau dans laquelle ils se 
tiennent , mais ils sentent parfaitement les degrés. 
de la chaleur et de la lumière. L'expansion des. 
actinies correspond parfaitement à la sérénité de 
Vair ; le polype à bras s’apperçoit très-bien de la. 
présence de la lumière.: il l'aime et il se dirige 


i 


constamment vers elle. 

Les animaux microscopiques paroissent se rap- 
procher en -partie de la nature des hydres par 
leur substance uniforme et gélatineuse ; il y en 


ART. VIIL Animaux sans nerfs. 365 


a cependant quelques-uns dans lesquels on remarque 
une organisation plus compliquée et plusieurs sortes 
de viscères intérieurs ; mais on imagine aisément 
que nous n'avons pas même songé à nous assurer. 
s'ils possèdent ou non un système nerveux. 


D'OUZIÉEMELECON. 
De l'organe de la vue, ou de Pæil. 


ARTICLE PREMIER. 


Îdée générale de la vision. 


LL: vue nous fait distinguer la quantité, là couleur 
et la direction des rayons lumineux qui viennent 
frapper notre œil. C’est par la différence des cou- 
leurs qu’elle nous fait reconnoître les limites des 
corps en hauteur et en largeur; et c’est par la 
différence dans l'intensité de la lumière , qu’elle nous 
en fait reconnoître les profondeurs et les inéga- 
lités, lorsque nous l’aidons de l’expérience acquise 
par le sens du toucher; enfin, c’est par la direc- 
ton des rayons qu’elle nous fait juger de la ligne 


‘ dans laquelle ces corps sont situés. Quant à la 


distance réelle, la vue seule ne pourroit nous la faire 
connoître immédialement. Il faut qu’elle soit encore 
ici aidée de l’expérience acquise par le toucher, 
et que nous jugions cette distance d’après la gran- 
deur et le degré de lumière connus des objets. 
comparés à leur grandeur et a leurs degrés de 
lumière apparens. 


Arr. L De La vision. 565 


La vue ne nous faisant connoître immédiatement 
que les quantités , qualités et imnouvemens des rayons 
à l'instant même où ils frappent l’œil, nous sommes 
sujets à errer, lorsque nous voulons en lirer des 
conclusions relatives, aux corps mêmes qui nous 
envoient ces rayons. Ainsi des rayons réfléchis 
par un miroir nous font voir des corps dans une 
direction où il n’y en a point ; des rayons brisés par 
des verres changent à nos yeux la grandeur ap- 
parente des corps dont ils viennent. Lorsque nous 
ne. evonnoissons pas la vraie grandeur d’un corps, 
mous nous trompons sur sa distance , et vice 
vers&.. Un corps très-éclairé nous paroît plus voisin 
lorsque ceux qui sont entre nous et lui sont dans 
Fombre, etc. etc. | 

- Les rayons ne se font sentir à nous qu'autant 
qu'ils frappent une membrane nerveuse de l'œil , 
nommée rétine ; et. ils ne nous procurent une 
sensation conforme au corps d’où ils, viennent, 
qu'autant qu'ils tombent sur la rétine : précise 
ment. dans l’ordre selon lequel ils sont: partis. de 
ce corps. Pour cet effet, il faut .que, tous les rayons 
qui viennent d’un F4 points de ce: corps se ras- 
semblent en un point de la rétine ,,et que tous 
ces points de réunion soient disposés comme ils 
le sont dans le corps dont ils forment l’image. : 

Cette nécessité est une chose de simple expé- 
rience ; car il est aisé de conceyoir:que nous ne 
connoissons pas plus la nature: intime de la vue 
que celle de tous les autres sens, et que nous ne 


866 XII Leçox. De l'œil. 
pourrons jamais savoir pourquoi ce sont là les 
conditions des idées qu’elle nous procure. 

Les rayons qui partent d’un point, allant né- 
cessairement en divergeant, ils ne peuvent se réunir 
en un autre point qu’en étant brisés par quelque 
corps transparent qu’ils traversent : cela se fait 
dans l'œil comme däns linstrument d’optique 
nommé chambre obscure. T’oœil est percé d’un 
trou , nommé pupille, derrière lequel.est un corps 
transparent de forme lenticulaire, nommé cristal- 
lin, plus dense que le miliéu dans lequel Pani- 
mal habite, et que les autres fluides qui remplissent 
Vocil. Le cône des rayons qui d'un point lumineux 
quelconque se rendent à la pupille , forme, après 
avoir traversé le cristallin, un autre cône dont 
le sominet frappe la rétine lorsque l’œil est bien 
éonstitué. Ces deux cônes ont leurs axes presqu’en 
digne droite; celui qui est perpendiculaire au milieu 
du cristallin va donc directement au fond de lœil: 
Celui qui vient du haut va frapper en bas; celui de 
gauche va à droite ; ainsi des autres, etil se forme sur 
la rétine une image renversée de l’objet: maiscomme 
nous jugeons dé la situation de chaque point lumi- 
neux par la direction des rayons qui en viennent ; 
nous dévons voir les corps, droits, comme nous les 
voyons en efet. | 

Si les rayons étoient parallèles, ils se réuniroient 
dans le point qu’on nomme, en dioptrique, le foyer 
des rayons parallèles ; mais ceux qui viennent 
d’un point dont la distance est finie, étant divergens, 


ART. I De la vision. 567 . 


ont leur point de réumion un peu plus éloigné du 
cristallin que ce foyer; et ceux qui viennent d’un 
point très-proche, divergeant encore davantage , 
se réunissént encore un peu plus loin. 

Un «œil déterminé ne doit donc voir distincte- 
ment que des objets placés à une certaine distance, 
Si! son cristallin a beaucoup de force réfringente, 
c'est-à-dire, s’il est très-dense et très-convexe, ou 
sisa rétine est éloignée du cristallin, il ne pourra 
distinguer que les objets les plus proches ; si son 
cristallin est plat et moins dense, ou sa rétine plus 
. voisine du cristallin, il ne distinguera que les objets 
éloignés. 

De là les différentes portées de vue d’un homme 
à un autre , et celles encore plus différentes d’une 
espèce d'animal à une autre. 

. Maïs comme le même homme peut, avec quelque 
attention, distinguer le même objet à des éloigne- 
mens. rise et dont on peut assigner les limites 
pour ‘chaque individu ; comme sur-tout certains 
animaux distinguent à des distances extrêmement 
différentes ; les oiseaux, par exemple, qui apper- 
coivent leur proie du plus haut des airs, et qui 
ne la perdent pas de vue pour cela, lorsqu'ils 
la touchent : il faut que l'œil puisse changer la 
position de ses’ parties <n rapprochant et en éloi- 
gnant sa rétine de son cristallin, ou bien qu'il 
puissé augmenter sa force réfringente en augmen- 
tant la convexité de -quelques-unes de ses parties 
transparentes ; ou, enfin, qu'il ne laisse entrer, 


‘368 XI Lecon. De l'œil. 


lorsqu’on-regarde des objets très-rapprochés, que 
les rayons les plus voisins de l'axe, et par con. 
séquent les moins divergens. Nous verrons dans 
la suite les moyens par lesquels on suppose que 
ces changemens s’opèrent. Aucun de ces moyens 
ne résout pleinement le problème. Peut-être que 
les limites de la vision distincte sont beaucoup plus 
ressérrées qu'on ne croit, et que dans beaucoup 
de cas elle ne paroït telle que parce ‘qu’elle est 
aidée du souvenir que l’on a de l’objet: 


Au devant du cristallin est ordinairement une 
humeur, nommée aqueuse, égale en densité à 
l'eau pure; et derrière lui en est toujours une 
autre beaucoup plus abondante et un peu plus 
dense, nommée vitrée. L’agueuse ne manque qu’à 
quelques animaux qui vivent toujours dans l’eau. 
On suppose que la réunion de ces trois corps de 
densité différenté doit produire le même effet que 
celle des trois verres dont on compose les objectifs 
des lunettes achromatiques : c’est-à-dire qu’elle doit 
corriger la diflérence de réfrangibilité des rayons. 
En effet ces rayons sont ofdinairement composés : 
les blancs le sont de sept rayons simples ; et comme 
ils ne se brisent pas sous le même angle, les images 
formées sur la rétine seroiènt bordées d’un iris, 
comme celles que produisent les lunettes ordinaires, 
si cette disposition destrois humeurs n’existoit pas. 


Cependant l'œil est éncore sujet à voir ce que 
l'on nomme des couleurs accidentelles. Lorsque 


À 
LE 
‘ 
à 

| 

[Ab 

# 


” 4 


ArT. I. De la vision. 369 


la rétine a été trop fatiguée par certaines couleurs, . 
elle leur est moins sensible ; et si on jette la vue sur 
une des couleurs composées dont celles-la font partie, 
la composée nous paroït comme elle seroit si celle 


dont on est fatigué n’y entroit point. 


Ainsi, lorsqu'on a fixé une tache blanche, et 
qu’on ‘porte la vue sur des corps blancs, on y 
voit une tache obscure de même contour que celle 
qu'on a fixée; si la tache qu’on a fixée étoit noire, 
c'étoit un repos, êt l’œil voit par-tout une tache plus 
claire; si la tache étoit rouge, on en voit sur le blanc 
une verditre ; si elle étoit jaune, on en voit une 
bleuâtre ; une rougeûtre, si elle étoit verte, etc., etc, 


Il ne faut pas oublier que l’humeur aqueuse a 
aussi une grande influence sur la réfraction des 
rayons par sa convexité, sur-tout dans les animaux 
qui vivent dans l'air. C’est probablement cette con- 
vexité jointe à celle que prend le vitré , qui supplée 
à l’action du cristallin dans les yeux que l’on a opérés 
de la cataracte, c’est à-dire dont le cristallin devenu 
opaque a été enlevé. 

Beaucoup d'animaux ne peuvent voir le même 
objet que d’un seul œil à la fois; l’homme n’en 
emploie non plus qu'un, lorsqu'il veut voir très- 
distinctement : pour la vision ordinaire , tant que 
les images tombent sur les places correspondantes 
des deux rétines, et que les deux yeux sont à 
peu prés égaux, nous ne distinguons point ces 
images, et nous voyons les objets simples; mais 


2 A a 


570 XII. Lecox. De l'œil. 


pour peu qu’un œil soit tordu ou tourné différem- 
ment de l’autre, ou lorsqu'ils sont très-inégaux , 
nous voyons double. | 


ARTICLE IT. 


Du nombre, de la mobilité, de la grandeur 
relative, de la position et de la direction des 
yeux dans les divers animaux. 


Tous les animaux à sang rouge, sans excep- 
tion, ont deux yeux mobiles placés dans des cavités 
du crâne nommées orbites, et composés des mêmes 
parties essentielles que ceux de l’homme. Aucun 
d’eux n’en a ni plus, ni moins : il n’y a que des 
exceptions apparentes, lorsque les yeux sont cachés 
par la peau, comme dans, le rat zemni (mus 
typhlus), ou lorsque le même œil ayant deux 
pupilles paroït double , comme dans le poisson 
nommé cobitis anablebs. 

La même chose a lieu aussi dans les mo/lusques 
céphalopodes , ou seiches. 

La plupart des gastéropodes ont aussi deux 
yeux, mais très-petits et placés, ou à fleur de tête, 
ou sur des tentacules charnus et mobiles; à la 
base de ces tentacules dans les uns, sur leur milieu 
ou à leur pointe dans d’autres, ainsi qu'on peut 
le voir dans les livres des naturalistes. Il n'y a 
guères que les clios, les scyllées, les /ernées, 
qui en soient privés dans tout cet ordre. 


ArT. II. Nombre des yeux, etc. 371 


Il n’y a d’yeux dans aucun mollusque de l’ordre 
des acéphales. 


Les yeux des insectes paroissent d’une nature 
différente de ceux des animaux dont nous avons 
parlé jusqu'ici. Ils se divisent en composés ou 
chagrinés, dont la surface présente au micros- 
cope une multitude de tubercules, et en simples, 
qui n’en présentent qu’un seul. 


Tous les coléoptères èt les papillons de jour 
ont deux yeux chagrinés seulement, sans yeux 
simples. Ces yeux sont quelquefois divisés par une 
traverse , et paroissent alors doubles : cela a lieu 
dans les gyrins. On prétend avoir vu des yeux 
simples dans quelques papillons de nuit. 


Les orthopières, les hémiptères , les Aymé- 
nopières , les névroptères , les “diptères ont, à 
quelques exceptions près, deux yeux chagrinés 
et trois yeux simples placés entre les deux autres. 
Dans ces exceptions sont compris les éphémères et 
les phryganes, qui n’ont que deux yeux simples 
extrêmement grands dans quelques espèces du 
premier genre ; les #émérobes et les fourmi-lions, 
qui n'ont point d’yeux simples. 


Aucun insecte ailé n’est dépourvu d’yeux com- 
posés. 

Parmi ceux qui sont sans ailes , les uns n’en 
ont que de composés, les c/oportes; d’autres n’en 
ont que de simples : savoir, les faucheurs, quatre ; 

À a 2 


572 XII° Leçon. De l’œil. | 
les araignées et les scorpions, six ou huit; les 
jules etles scolopendres ; un assez grand nombre ; 
d’autres enfin, les /épismes , _ limules , eic., 
en ont des Heu sortes. 


Les écrevisses ont presque toutes des yeux com- 
posés, placés sur des pédicules mobiles. 


Les larves des insectes à demi-métamorphose 
ont les yeux semblables à ceux de leurs insectes 
parfaits; mais celles des insectes à métamorphose 
complète n’ont jamais que des yeux simples qui 
varient beaucoup pour le nombre, selon les espèces. 
Les chenilles, par exemple, en ont six de chaque 
côté ; les fausses chenilles, où larves de mouches- 
à scie, deux seulement , ainsi que celles des abezlles, 
des sitratyomes , etc. Plusieurs de ces larves à 
métamorphose complète n’ont point d’yeux du 
tout. à 


Il y auroit une infinité d’autres observations à 
faire sur la forme , la position, la direction des 
yeux des insectes et de leurs larves, et sur les effets 
qui en résultent pour leur vision; mais toutes ces 
choses se voyant à l’extérieur, nous devons les 
abandonther aux naturalistes. Voyez d’ailleurs notre 
article XIII. 


Parmi les vers articulés, on trouve quelquefois 
de petits tubercules qui ressemblent assez aux yeux 
simples des insectes pour qu’on les ait aussi re- 
gardés comme tels. Quelques sangsues en ont 
deux, quatre, six ou huit. On en trouve dans 


ART. Il. Nombre des yeux, etc. 573 
quelques zéréides deux ou quatre; dans quelques 
naïdes , deux seulement, etc. 

Aucun zoophyte Wa rien montré jusqu'ici qui 
ressemblät à des yeux. 

Les yeux sont toujours placés à la tête, excepté 
dans quelques: insectes sans ailes, où la tête se 
confond avec le corselet, c’est-à-dire dans les arai- 
gnées , les faucheurs, les scorpions, etc. 

La grandeur relative de l’œil varie sans nul 
rapport avec les classes, ni même avec les genres 
naturels. Cependant les très-grands animaux ont 
généralement l’œil petit à proportion. T'els sont 
les cétacés, les éléphans, les rhinocéros, les 
hippopotames. ' 

Il est aussi fort petit dans les animaux qui vivenf 
presque continuellement sous la terre, les Zaupes, 
les musaraignes, les rats-taupes, quelques cart- 
pagnols. 

Les mammifères frugivores ; qui grimpent aux 
arbres, les ont généralement grands, les r7akis, 
les écureuils, les Loirs, etc. 

Un très-grand œil est le plus souvent un signe 
que l’animal peut voir dans Pobscurité. Les ch«uve- 
souris ne sont pas une exception réelle à cette 
règle, parce qu’il ne paroît pas que ce soit leur 
vue qui les dirige dans leur vol, comme nous le 
verrons en traitant du toucher. 

Les poissons ont presque tous de grands yeux , 
sans doute parce qu'ils vivent dans un milieu plus 


obscur par lui-même. 
Aa3 


57 XIF Leçox. De l'œil. 

Les mollusques céphalopodes les ont très-grands, 
sur-tout le calmar, tandis qu’ils sont à peine vi- 
sibles dans ceux des gastéropodes qui en ont. 

Si l’on examine tous les yeux chagrinés et lisses 
des insectes, on trouvera ‘qu’ils présentent à la 
lumière des surfaces oculaires plus grandes, à 
proportion, qu'aucun animal des autres classes, 
quoique chaque. œil en particulier soit très-petit. 


Les yeux de l’homme et des singes sont dirigés 
en avant; les derniers les ont même plus rap- 
prochés de la ligne moyenne que l’homme. 


Le tarsier (Zemur tarsius Pall.: didelphis ma- 
crotarsus. Gmel.) est de tous les mammifères celui 
dans lequel ils sont le plus rapprochés. ; 


Dans les autres quadrupèdes, les yeux s’écartent 
toujours plus lun de l’autre, et se dirigent vers 
les côtés. Ils sont un peu dirigés en bas dans les 
cétacés. Les oiseaux les ont tous dirigés latérale- 
ment, excepié les chouettes, dans lesquelles ils 
regardent en Avant comme dans l'homme. 


Tous les reptiles les ont latéraux. 


Les poissons varient beaucoup à cet égard; les 
uns ayant les yeux tout-a-fait dirigés vers le ciel, 
comme l’uranoscope; d’autres les y portant très- 
obliquement (les ca//yonymes,les raies); quelques- 
uns les ayant tous les deux dirigés d’un même 
côté du corps (les pleuronectes ). Cependant la 
très-grande partie des poissons a les yeux dirigés 
latéralement. , 


Arr. III. De la forme de l’œil, etc. 3755 


Tous les animaux qui les ont entièrement ainsi, 
ne peuvent contempler les objets qu'avec un seul 
œil a la fois. 


ARTICLE IIL. 


De la forme totale du globe de l'œil, de la 
Jorme et de la proportion de ses chambres, 
et de la densité de ses parties transparentes. 


L’@rz devant être considéré comme une 
machine de dioptrique , il est très - important 
&. connoître les circonstances qui peuvent en dé- 
terminer l'effet. Ce sont les formes, les propor- 
tions et la densité de la lentille cristalline, et des 
deux humeurs qui l’accompagnent. 


À. Forme. 


L’'œil dépend , quant à sa forme générale, du 
milieu dans lequel habite l’animal auquel il ap- 
partient. Il est presque sphérique, où du moins 
très-approchant de la sphère dans l’homme et dans 
les quadrupèdes qui se tiennent à la surface de 
la terre , c’est-à-dire dans la partie la plus basse 
et la plus dense de l'atmosphère. Lä cornée forme 
seulement à sa partie antérieure une légère saillie, 
qui vient de ce que sa convexité appartient à 
une sphère plus petite que celle du reste de lœil. 
Cette différence n’est cependant pas sensible dans 
le porc-épic, le sarigue, etc. Le globe est em 

| Aa 4 


376 XII° Leçon. De lP’œil. 


génénéral unffpeu moins convexe par devant que 
par derrière (1). 


\ 


(1) Pour déterminer avec encore plus de précision de combien 
le globe de l'œil s'approche ou s'éloigne de la forme, sphé- 
rique, on peut faire une table de la proportion de son axe avec 
son diamètre transverse. 


L 


Axe, Diamètre transverse 
Homme CUIR Ale e el. e ter are Et 


OU su males 9 Vale dela LOS AO 
Singe . Es 28 | 4 
UE 9 ST NT RUN EN ee AU MT St AE # 
Bœuf- DUR ANS ea TR D 7 NB ee 20" 2 Vs. 
Ghaval er MT US ET ET ARTE ae 


Baleine , . , . * DE 


0 
e 
e 
e 
. 
0 
. 
e 


Mesures prises en dedans. 


Marsouin. . 1 


En dehors: 3 

Axe. . Diamètre postéricur, ] 
Chonette. "MS MUR CIRE TS) 
Mauro es gr LT ne RO | 


PRUCRE «+ al Ele «al à 0e M 


Comnie certains yeux s’écartent aussi dans leur coupe, de 
droite à gauche," de la forme circulaire, on pourroit égale- 
ment faire une table de la proportion de leur diamètre vertical, 
ou de leur hauteur, avec leur diamètre transverse ou leur 
largeur : en voici quelques exemples. 5 

La hauteur est à la largeur 
Dans le bœuf. ... . comme. . 4 : ., 37 — 38. 

RUE neue 


ee ele Ce € DR on TES 
em 


Arr. II. De la forme de l’œil, etc. 57% 
Dans les poissons et dans les cétacés qui habitent 
dans l’êau, l’applatissement de la partie antérieure 
de l’œil est beaucoup plus considérable , au point 
que , dans beaucoup de poissons, l'œil représente 
une demi-sphère dont la partie plane est en avant, 
et la partie convexe en arrière. Dans la raie, ïl 
y a de plus un applatissement à la partie supé- 
rieure ; en sorte, que l’œil est comme un quart 
de sphère, coupé par deux grands cercles per- 
pendiculaires lun à l’autre. Quelques poissons, 
notamment la lote, font exception à cette règle, 
et ont aussi la cornée très convexe. 

Dans les oiseaux qui se tiennent toujours plus 
ou moins élevés dans l’atmosphère, l’œil s’écarte 
de la forme sphérique, dans un sens contraire à 
celui des poissons. Sur sa partie antérieure, qui 
est tantôt plate, tantôt en forme de cône tronqué, 
est enté un court cylindre, fermé par une cornée 
trés-convexe et quelquefois absolument hémisphé- 
rique, mais app?rtemant toujours à une sphère 
beaucoup plus petite que la convexité postérieure. 

Cest sur-tout dans les chouettes que la partie 
conique est considérable. Son axe est double de 
celui de la partie postérieure; mai: dans les autres 
oiseaux le cône est pour l’ordinaire très-applati. 
Son axe est, dans le vautour, moitié de celui de 
la partie postérieure ou du segment de sphère, 

Cëétte différence entre les yeux des trois classes 
tient à la proportion qui existe entre la densité 
du milicu dans lequel les animaux habitent, <t 


à 


378 XII° Leçon. De l'œil. 


celle de l'humeur aqueuse de Poil. Comme 
celle - ci est de la même densité que* l’eau, 
elle ne briseroit point les rayons qui viendroient 
de ce miheu ; ainsi son effet seroit nul dans les 
poissons: c’est pourquoi elle n’y existe point, ou 
y est du moins réduite à une très-pelite épaisseur. 
Dans un air très-raréfié, comme celui où se tiennent 
les oiseaux, le pouvoir réfringent de l’humeur 
aqueuse est considérable : aussi existe-t-elle en 


quantité et avec une surface très-convexe. Les 


quadrupèdes sont sur la limite de ces deux classes 
extrêmes, par la structure de leur œil, comme 
par le milieu qu'ils habitent. L’humeur aqueuse 
manque entièrement dans les seiches. 

La convexité du cristallin est en raison inverse 
de celle de la cornée; et par conséquent son 
épaisseur , en raison inverse de celle de FPhumeur 
aqueuse. 

Les poissons ont un cristallin presque sphérique , 
et même quelquefois absolument sphérique; il fait 
saillie au travers de la pupille , et ne laisse presque 
point de place pour l’humeur aqueuse. On en 


trouve aussi un extrémement! convexe dans les. 


cétacés et dans quelques quadrupèdes et oiseaux 
sujets à plonger souvent , comme les phoques, 
les cormorans , etc. Celui des reptiles est aussi 
très-convexe. 

Dans les oïseaux, le cristallin est en fomme de 
lentille applatie ; dans les mammifères, la lentille 
qu’il forme est plus convexe ; l’homme est de tous 


Anr. lil. De la forme de l'œil, etc. 579 


les mammifères celui qui l’a le plus plat. Dans 
tous ces animaux , il est composé de deux segmens 
de sphère, dont le postérieur appartient généra- 
lement à une sphère plus petite (1). Ses dimensions 


ro 


() Un moyen simple de comparer les convexités des dif- 


férens cristallins, c’est la table suivante du rapport de leur 


x . \ . = AIRE 
axe à leur diamètre, extraite en partie des observations de 


Petit (Mémoires de l'Académie des sciences, 1727), et en 


partie de celles qui nous sont propres. 


- L'axe est au diamètre 


Dans 


ee 
a 
— 
— 
—+ 
— 
el 


a 
ms 


l'homme . 
Singe scie 
Bœuf.+ . . 
Cheval . . 
Chien. . . 
Lièvre. . . 
Loutre.. . 
Marsouin . 
Baleine « « 
Chouette. . 


Perroquer. 
Vautour- . 
Tortue . 
Grenouille. 
Saumon.+ . 
Espadon- . 
Alose » « « 
Brochet. . 


WU ITIRI 


Jai 


b 


oO no I NIJY HI Où E © KR 


ei 


ESS 


R NN D CG 


.. 


2 généralement. 


8. 
2 


380 XIIS Lecow. De lPœil. 


et ses proportions ne sont pas entièrement constantes 
dans chaque espèce ; il est généralement plus 
convexe dans les jeunes sujets que dans les vieux. 


Il est facile de voir que cette convexité du cris- 
tallin doit suppléer à celle de la cornée. Dans les 
animaux où la cornée est convexe, les rayons, 
déja convergens lorsqu'ils arrivent au cristallin, 
n'ont pas besoin d’être si fortement rapprochés par 
celui-ci : c’est le contraire dans ceux où la cornée 
est plate. 


B. Proportions. 


Pour déterminer l’espace qu’occupent le cris- 
tallin et les deux humeurs, il faut faire geler les 
yeux, et les couper dans cet état par un plan qui 
passe par leur axe. Il y a cependant cet incon- 
vénient, que la gelée dilate inégalement les diffé- 
rentes parties de l’œii. De cette. manière on voit 


Dans le barbeau.e . + © . : = 41 : 12 généralement. 

—\Carpes 206 ee 14 19. 

— Maqyereaue . . . .. — 12 : 13. 

NEA QUE TR Pa AT AT. 

— Squale. . . . . . .. — 21 : 22. 

PT AC M5 1 

— Hareng.- . . . . .: —10 : 11. 

NT ARERe ere Se EUR 8. 

— Anguilles . 4 . « . 1 == 11 : 12. 

mm Congre.-. . : . ..—= 9:10. 


Arr. III De la forme de l'œil, etc. 58x 
que l’œil de l’homme est celui de tous où le cristallin 
occupe le moins de place, et que les poissons sont 
ceux où il en occupe le plus. 

J'axe de l'œil étant 1, l’espace que chacune 
de sès trois parties occupe sur cet axe peut être 
représenté par les fractions suivantes, 


Humeur aqueuse. Cristallin. Humeur vitrée: 


Homme: 5 arm A er de 
Chuen.n ss ue honte. A7 a ee 
Bœufie she ME, noue 5. 
Mouton 01.4, es: SM ete a 
Cheval. + + : ete ee 
Méônetle. Jen ee 1 eue ie 
Hareng + +. Le. Does 7e 


Il seroit aussi intéressant de connoître la pro- 
portion du volume total occupé par chacune des 
trois parties transparentes. L’œil de l’homme est, 
parmi les mammifères, celui où l’humeur vitrée 
est la plus abondante, à proportion; il en a vingt 
fois autant que d'humeur aqueuse. Dans le bœuf, 
il y en a dix fois; dans le mouton, neuf fois 
autant. 


C. Densité. 


Si la table suivante, donnée par Monro, des den- 
sités spécifiques des différentes parties transparentes 


382 XTI° Leçon. De l'œil. 


de l'œil, dans le bœuf et la morue, est exacte, 
on en conclura que les différences à cet égard, 
entre les mammifères et les poissons, ne sont pas 
considérables : l’eau distillée y est supposée 1000. 


Dans le bœuf. Dans la morue, 

Pesanteur spécifique de l'humeur aqueuse--+ 1000 +++ 1000. 
— De l'humeur vitrées +++ 1016 +++ 1013. 

— Ducristallin entiere<e. 1114 +++ 1165. 

— De sa partie extérieure. 1070 +++ 1140. 

— De son noyau-+++++++ 1160 +++ 1200. 


Mais il faut remarquer, quant à leur pouvoir 
réfringent , qu’il doit être plus considérable que 
la densité ne l'indique, à.cause de la nature en 
partie inflammable des humeurs de l'œil. Il est 
possible que ces mêmes humeurs contiennent davan- 
tage de ces parties inflammables dans certaines 
espèces que dans d’autres, et que par conséquent 
leur pouvoir réfringent ne soit pas précisément 
dans le rapport. de leur densité. 
N . 

D. Consistance. 

La dureté du cristallin est plus grande dans les 
animaux où il est le plus convexe. Le cristallin 
de l’homme est un des plus mous. Celui des oiseaux 
et des mammifères se laisse écraser avec quelque 
facilité : sa partie moyenne est cependant plus 
dure. Dans les poissons, cette partie moyenne 
devient subitement plus dure et forme un noyau 
qui ne se laisse diviser qu'avec beaucoup de peine. 


Arr. I. De la forme de l'œil, etc, 385 


Le cristallin des seiches est aussi très- dur. La 
dureté du cristallin augmente avec l’âge dans 
toutes les espèces. L 

Les parties extérieures et. dotés molles du cris- 
tallin sont aussi moins denses. Il ést probable que 
cette disposition doit empêcher les rayons d’être 
réfléchis, comme ils le seroïent en partie , s'ils 
passoient subitement par trois milieux différens. 
Cela arrive ainsi dans leur passage au travers 
des objectifs des lunettes achromatiques, et le 
nuage laiteux qui résulte de ces réflexions répétées 
est un des principaux défauts de ces instrumens. 

L'humeur aqueuse, qui est très-fluide dans les 
amimaux à sang chaud , se trouve visqueuse et 
filante dans les poissons. 

L’humeur vitrée est généralement d’une consis- 
tance semblable à celle du bjanc d’œuf; et comme 
elle est contenue dans des cellules, elle a l’ap- 
parence d’un corps circonscrit et non fluide : c’est 
ce qui lui a fait donner par beaucoup d’anato- 
mistes le nom de corps vitré,. 

Les données précédentes ne suffisent point pour 
calculer parfaitement l'effet de l'œil ; il faudroit 
avoir encore la longueur absolue des rayons des 
sphères , auxquelles appartiennent dans chaque 
animal les courbures antérieures et postérieures 
de la cornée et du cristallin, et celle de l’axe 
de l’humeur aqueuse du cristallin et du vitré ; 
enfin, le pouvoir réfringent de ces trois corps 
transparens comparé à celui de l’eau distiliée. 


584 XII Læecox. De l'œil. 

On pourroit alors déterminer le foyer des rayons 
parallèles, et on sauroit à quelle distance lPani- 
mal distingue le plus facilement des objets; et en 
ajoutant à ces points principaux ce que ous dirons 
dans la suite des moyens qu'ont les diverses classes 
de changer la figure de leur œiïl, on détermine- 
roit les limites de leur faculté visuelle. 

Nous n'avons que d’ung manière incomplète 
et peu sûre les dimensions que je viens de de- 
mander. En voici cependant un tableau, tiré de- 
Petit, de Monro et de nos propres observations. 


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Homme, & . 0,017 | 0,016 0,012 0,003 | 0,0045 0,014 
Chien. . « . | ++... 0,014 0,012 |, 0,005 0,008 | 0,008 
Bœuf... . .| -..... 0,025 | 0,021 | 0,006 | o,o14 | 0,017 
Mouton. . . | -.... GA 30e ae 004. 0,010 | o,o12 
l'Oheval aa Ten ele ENS, 0,00) 0,116 0,019 
j| Lapin. . . . |... o014414 001411224014 0,011 
|| Marsonin de 
[ln 4,5. 1. ,1.2..:9 [0,016 |: ojo14 |... 0,012 
Dindon.. . ,| ++... 0,012 (ejofe}ni ETES 0,005 
| Hibou, . « . | se. GO MAC ONONIR SET: 0,012 
Q 
|| Saumon deo,5| +... 006 004 ...6 | 0,002 
l| Brochet de 
0,008 


0,65, « « «| sun 0,010 0,009 | ec... 


Arr. IV. De la sclérotique. 385 
L 1 

On n’a presque rien sur le pouvoir réfringent 

des trois humeurs. Pour calculer celui d’un eris- 

tallin dont on connoïît bien les courbures, il fau- 

droit mesurer à quelle distance il rassemble les 

‘rayons parallèles. Selon Monro, pour un cristallin 

de bœuf, dont le rayon de la courbure antérieure 

étoit de + de pouces , gt celui de la postérieure 
de % ; 


postérieure ; et pos un cristallin de znorue, dont les 


le foyer étoit a de pouce derrière la face 


courbures sont de et de et des le foyer. étoit 
à seulement dans l'air, jé a + 5 dans l’eau; mais 
4 ne donne point l’épaisseur de ces cristallins, et 
il n’explique point de quelle mesure il s’est servi. 


ARTICLE I V. 


De la première tunique de l’œil,; ou de la 
sclérotique. 


LA sclérotique enveloppe tout le globe de lPoœil, 
. à l'exception de la partie antérieure, où elle laisse 
un grand vuide que ferme la cornée. 

+ C’est la sclérotique qui détermine la figure de 
V’œil : d'aprés cela , elle n’a pu être absolument 
molle et flexible que dans les animaux dont loœil 
est à peu près globuleux, c’est-à-dire dans l’homme 
et les quadapedes ; parce que cette figure s’ob- 
tient d’elle - même par la résistance à peu près 
uniforme des fluides contenus dans l’œil à la pression 
de ses tuniques ; mais dans tous les aniniaux où 


2 | B b 


586 XII Leçox. De l'œil. 


Poil s'éloigne davantage de la forme sphérique, 
comme les cétacés, les poissons et les oiseaux, 
cette membrane est maintenue par des parties dures 
accessoires, ou par une plus grande solidité dans 
son tissu et une épaisseur plus considérable. 

Dans l’homme et dans la plupart des mammi- 
fères, la sclérotique est une membrane blanchâtre , 
opaque , médiocrement épaisse, assez molle, ne 
présentant au premier coup d’œil aucune organi- 
sation apparente ; mais se résolvant par la macé- 
ration en un tissu cellulaire composé de filets 
entremêlés en tous sens. Cette structure se dé- 
couvre sans préparation dans l’œil des cétacés, 
et sur-tout dans celui de la baleine. Les parties 
latérales de la sclérotique ont dans ce dernier 
animal près d’un pouce, et son fond près d’un 
pouce ‘et demi d'épaisseur : les parties latérales 
sont très-dures. On voit en les coupant que leur 
substance est formée de fibres qui ont l’apparence 
tendineuse , et qui interceptent des mailles remplies 
d’une autre substance comme fongüeuse, plus brune 
et plus flexible que ces fibres. Jia partie postérieure 
est beaucoup plus molle, parce que les mailles 
y sont plus grandes et en partie remplies d’une 
substance huileuse. Ces deux parties, la molle et 
la dure ; sont séparées d’une maniere tranchée, 
et l’une ne passe point par degrés à la nature de 
l'autre. 

Le nerf optique parcourt la portion postérieure 
de la sclérotique par un canal d’un pouce et demi 


ART. IV. De la sclérotique. 387. 


de longueur , dont les parois sont formées par la 
dure-mère ; et il est très- visible que. les. fibres. 
blanches , qui font la base de la sclérotique, -se 
détachent successivement de la face externe de 
la dure-mère, dont elles semblent être un. épa- 
nouissement. Cela pourroit décider , en faveur des 
anciens, la question de savoir si la $clérotique est 
ou non une continuation de la dure-mère: question 
assez difficile à résoudre dans les autrés:animaux 
où ces deux membranes ne.se touchent.que dans 
un espace très-mince. La sclérotique du 72arsouin 
n’a que deux à trois lignes d'épaisseur ; mais elle 
présente la même structure que celle de la baleine. 
Celle des quadrupèdes proprement dits-ne-s’écarte 
en rien d’essentiel de celle de l’homme. L'une 
et l’autre sont généralement plus épaisses à leur 
partie antérieure; mais cette épaisseur vient, des 
tendons des muscles de l’œil qui.s’y insèrent. 

Dans le phoque, la sclérotique :est épaisse par 
devant, et encore plus par derrière; mais'la zone 
moyenne est mince et flexible. 

La sclérotique des oiseaux est mince, flexible 
et assez élastique par dont Elle a li un.aspect 
bleuâtre , assez brillant ; on n’y appercait point de 
fibres distinctes. Elle ne reçoit pas-le nerf optique 
par un simple trou , mais par un canal qui.perce 
obliquement son épaisseur. Sa partie antérieure 
se divise en deux lames, dans l'intervalle desquelles 
est reçu un cercle de: pièces osseuses ; minces , 


dures, oblongues, qui empiètent les unes.sur les 
Bb 2 


388 XII° Læecon. De l’œil. 


autres comme des tuiles, et qui donnent à cette 
partie antérieure une grande fermeté et une forme 
constante. Ces osselets sont presque plats dans la 
plupart des oiseaux, où ils ne forment qu’un disque 
annulaire peu bombé ; ils sont légèrement arqués 
et concaves en dehors dans les Æ:bous , où ils 
forment un tube, dont la figure est celle d’un cône 
tronqué assez long : on en compte ordinairement 
une vingtaine. 

La tortue a, à la pénié antérieure de la sclé- 
rotique, lesmêmes lames osseuses que les oiseaux. 
Ces lames sont enfermées dans cette membrane, 
sans être continues à sa substance: elles s’en sé- 
parent nettement par un léger effort. 

‘Il y en a aussi à la sclérotique du caméléon, 
et à celle de plusieurs autres /ézards; maïs elles 
n’en forment point le disque antérieur : elles en 
entourent la partie latérale. 

Dans les poissons ; la sclérolique est-cartilagi- 
neuse, homogène, demi-transparente, élastique et 
assez ferme pour conserver sa forme par elle-même, 
quoique fort mince dans certaines espèces. Dans 
la raie , elle est renflée en arrière en un tubercule, 
par lequel l’œil s'articule ‘avec une tige  parti- 
culière dont nous parlerons. La sclérotique de 
Vesturgeon est plus épaisse que la cavité de Poil. 
Elle représente, pour ainsi dire, une sphère car- 
tilagineuse, dans une partie de laquelle seroitcreusée 
une petite cavité tapissée par les autres membranes, 
Le saumon l’a d’une ligne d'épaisseur en arrière , 


Art. TV. De la sclérotique. 589 


et d’ane dureté presque osseuse en ‘avant: Cette 
dureté de la portion antérieure se 1 rekrouve dans 
beaucoup d’autres espèces. 

La sclérotique des seiches, des poulpes et des 
calmars est singulière. En arrière elle est fort 
éloignée du globe de l'œil: le gros ganglion du 
nerf optique et plusieurs parties glanduleuses se 
trouvent entre deux. La. sclérotique ‘forme donc 
en arrière un cône tronqué, dont la partie- pointue 
tient au fond de l'orbite : c’est a cette portion 
que s’attachent les muscles. La partie antérieure 
serre le globe de l’œil de près; elle est très-molle, 
comme. gluante ; elle se laisse déchirer très-aisé- 
ment, et présente un tissu. feûtré tout particulier. 
Elle se raffermit dans l’espfif de vin; dans quelques 
espèces, elle a un brillant métallique. Comme il 
n’y a point de: cornée, lai sclérotique est percée 
vis-à-vis du cristallin d’un trou qui n’est pas assez 
large pour laisser voir l'iris sans dissection. 

Dans toutes les espèces la sclérotique est doublée 
en dedans d’une membrane très mince, ordinai- 
ment noirâtre, qui. lui adhère fortement et que 
l’on croit un. prolongement de la:pie-mère. Dans 
le. Zion, il nous a été facile de la. suivre jusque 
sous. la cornée, où elle devient ferme et trans-” 
parente , et dont elle se détache assez. facilement, 

La sclérotique est: non seulement le. point d’in- 
sertion des muscles droits et obliques. de l'œil; 
elle donne encore attache à ceux de la troisième 
paupière dans les oiseaux et dans beaucoup de 


Bb5 


596 XIE Leçon. De. Fœil. 

reptiles: ]Dansrioutes les classes elle transmet, par 
des trous) dont elle est: percée, le nerf optique , 
les nerfs ciliaires et les vaisseaux de intérieur 
de l'œil." 

On croit que sa flexibilité dans l’homme et dans 
les quadrupèdes permet aux muscles de la com- 
primer , et en poussant ainsi les humeurs en avant, 
de gonfler la cornée pour rendre l’oœil capable de 
distinguer des objets très - proches ; mais elle ne 
peut avoir celte utilité dans les animaux où elle 
est inflexible ‘en tout ou en partie , comme les 
cétacés , les oiseaux et les boissons, et cependant 
les limités de leur vision distincte sont, du moins 
dans beaucoup d'espèces, plus grandes que .celles 
de l’homme. LL JE“ 


ART-IC BE V. 
De la'cornée transparente et de la conjonctive. 


LA cornée est cette partie transparente qui est 
comme encadrée dans le vuide que laïsse la sclé- 


rotique en avant de l’œil. Nous avons vu, dans 


Varticle TT, quelles sont les variétés à l’égard de 
‘sa convexité: elle en présente aussi à l’égard de 
son contour. | 

Elle n’est pas toujours parfaitement circulaire : 
dans l’homme et dans les mammifères , elle est 
plus large que longue, et nn peu plus Ctroite du 
côté du nez, 


ROSE ES ee EE 27 En 


l 


ArT. V. Cornée et conjonctive. 391 


Son diamètre transverse ou sa largeur'est, à sa 
hauteur, 


Dans le bœuf, comme. «+ + +. 27 : 25. 


Dans tous les animaux, la cornée est composée 
de laines minces , transparentes , collées ensemble 
par une cellulosité serrée, et formant par leur 
assemblage un ménisque plus épais dans le milieu 
que sur ses bords, et qui peut déja par lui-même 
faire converger les rayons-lumineux. Ces lames 
se laissent aisément séparer: àau scalpel, sur - tout 
après une légère macération. 

D’après les expériences de Home, la: cornée 
devient plus convexe , lorsqu'on regarde des objets 
rapprochés ; et plus plane , lorsqu'on en regarde 
d’éloignés. Dans le premier cas, elle rapproche 
avec plus de force lès rayons plus divergens. 

Quelques-uns ont attribué cet effet à la contrac- 
tion des procés ciliaires; d’autres, à celle de l’iris : 
il est plus probable qu’il est produit par les muscles 
droits de Poil; mais il n’est. pas suflisant pour 
expliquer Ja clarté de la vision à des distances 
très-différentes. y 

La cornée est la seule partie dont on retrouve 
l’analogue dans les yeux des insectes. Il paroït 
même qu’elle leur tient lieu de cristallin : elle y 
est entièrement dure et écailleuse. 

On a regardé long-temps la cornée comme une 
continuation de la sclérotique ; on a reconnu depuis 
que c’est une membrane particulière. Il ne faut 

. Bb 4 


592 2 XIE Leçon. De l'œil. 


pas croire cependant qu’elle soit toujours simple- 


ment attachée à la sclérotique par de la cellulosité. 


Les boids des deux membranes se. pénètrent ré- 
ciproquement : c’est ce qu’on voit sur-tout dans la 
baleine. Les fibres de la sclérotique y pénètrent 
‘dans l’épaisseur de la cornée , sous forme de lignes 
bla: ches très-déliées, mais assez longues et bien 
vibes, Où1 les distiigue aussi très-bien dans le 
rtioc rose | -* 

La coupe de la séparation de ces deux mem- 
branes est quelquefois droite , comme nommément 
dans la baleine, le rhinocéros, etc.; d'autrefois, 
c’est une espèce de: biseau ; et la cornée se glisse 
sous le ‘bord de la sclérotique : c’est le cas de 
Vhomme, du &œuf',.etc. ; d'autrefois encore le 
bord de la sclérotique est double et embrasse celui 
de la cornée comme une pince : cela est ainsi dans 
le lièvre. 

C’est sur-tout dans le sgwale - milandre: qu’on 
voit bien la séparation de la cornée d’ayec la sclé- 
rolique ; elles forment un biseau , mais tel que 
c’est la sclérotique qui s’amincit derrière la cornée, 
et non celle-ci, comme à l’ordinaire. La scléro- 
tique est blanchâtre; la cornée jaunatre , et il y 
a de plus entre deux un tissu cellulaire. serré, 
mais trés-iisible, qui semble être une production 
de la conjonctive qui pénètre dans l'oeil pour aller 
s'unir au Hligoment ciliaire et à l'iris. 

Les seiches n’ont point de cornée, et louver- 
fie antérieure de leur sclérotique n'est: garnie 


ArT. V. Cornée et conjonctive. ‘ 393 
par rien; le cristallin fait sailbe au travers et il 
n'ya point d'humeur aqueuse. Cependant on trouve 
sous leur conjonctive une membrane particukère, 
sèche, fiñe, transparente, qui enveloppe la sclé- 
rotique elle-même, et dont la partie antérieure 
tient lien de cornée. 

La conjonctive est cette partie de Ta peau qui, 
après s’être reployée pour doubler la face interne 
de.la paupière en prenant un tissu plus fin et 
des vaisseaux plus nombreux, se reploie en sens 
contraire et devient plus fine encore pour couvrir 
1e devant de l’œil, auquel elle adhère très-forte- 
ment , sur-tout à la cornée, dont on ne peut la 
séparer que par la macération. La partie de la 
c@njonctive qui recouvre la cornée est transparente. 
Celle qui est sur la sclérotique forme ce qu’on 
nomme le blanc de l’œil, et est en effet de cette 
couleur lorsque ses vaisseaux sanguins ne sont 
point gonflés et rendus trop visibles par l’inflam- 
mation. RON 

Cette description, prise de l’homme , convient 
_à tous les animaux qui ont des paupières, à l’excep- 
tion de la couleur de la partie analogue au blanc 
de l’œil qui varie quelquefois ; mais dans les espèces 
qui r’ont point de paupières, comme la plupart 
des poissons , la peau passe directement au devant 
de VPœil, sans former aucun repli : quelquefois 
même elle n’y adhère pas très-fortement. C’est 
ce qu’on voit sur-tout dans l’arzguille, qui se peut 
corcher sans qu'il reste de trou à l'endroit de 


394 XII Lecow. De l'œil. 


Poil : la peau y a seulement un espace arrondi 
et transparent. Îl en est de même dans les serpens 
et dans les seiches. 

Dans le poisson coffre (ostracion Ÿ, la con: 
jonctive est si semblable au reste de la peau, qu'on 
y voit des lignes qui y forment les mêmes com- 
partimens que sur tout le corps de ce poisson. 


Nous trouvons parmi les mammifères une espèce 
de rat, dans laquelle la peau n’est pas même trans- 
parente à l'endroit de l’œil; mais elle y est re- 
couverte de poil comme ailleurs ; et l’ocil, qui 
au reste a à peine la grosseur d’un grain de pavot, 
est parfaitement inutile. Ce rat est le zerni (nus 
typhlus). Une anguille ( murena cæcilia ), et 
la myxine (gastrobranchus cæcus) sont aveugles 
de la même manière , par le défaut de transpa- 
rence de la conjonctive. | 


ARTICLE VI 


De la seconde tunique de l’œil, ou de la 
choroide et de ses. annexes. 


( À. Dans l’homme. 


LA choroïde tapisse intérieurement toute la 
‘sclérotique, dans la concavité de laquelle elle se 
moule ; elle ne s’y colle dans la plus grande partie 
de son étendue que par un tissu cellulaire très- 
lâche ; mais ces deux membranes sont liées par 


: 

4 

4 

7 

"4 
A 
f 


js 


Arr. VI. De la choroïde. 395 


des nerfs et des vaisseaux qui percent la scléro- 
tique pour se rendre à la choroïde, ou pour la 
traverser elle-même. Leur partie antérieure , celle 
qui est voisine de la cornée, est unie plus inti- 
mement par un cercle d’un tissu cellulaire comme 
cotonneux, abreuvé d’une mucosité blanchâtre ; 
que l’on a nommé le ligament ciliaire. I est plus 
épais et plus serré en avant; il s’amincit et dis- 
paroît en arritre. À la face opposée à ce ligament, 
c’est-à-dire à la face concave, tout autour du bord 
antérieur de la choroïde, on voit sa lame interne 
former des plis très-fins et disposés en rayons; 
‘ils représentent en quelque sorte le disque d’une 
fleur radiée, et leur ensemble se nomme corps 
ciliaire. Lies lames saillantes qui résultent de ces 
plis portent leur extrémité antérieure un peu vers 
l’axe de l’œil , en s’écartant de la cornée, en sorte 
que toutes les extrémités de ces lames interceptent 
un espace circulaire, dans lequel est précisément 
placé le cristallin ; il paroïît même que ces extré- 
mités , que l’on nomme les procès ciliaires, s’at- 
tachent au devant de tout le bord aigu de la capsule 
du cristallin et contribuent à la fixer. Les lames 
qui composent le corps cilhaire s’impriment en 
creux sür la face antérieure du vitré , qui remplit 
toute la partie de lPœil située derrière eux. 
Après avoir produit par ses plis ou lames saillantes 
en dedans et par leurs prolongemens la belle cou- 
ronne que nous venons de décrire , la choroïde 
se continue pour former un voile annulaire , 


596 XII Leçon: De Pœil. 

placé entre la cornée et le cristallin, et qui porte 
le nom d’uvée ; il est percé dans son milieu d’un 
trou qui porte le nom de pupille, et recouvert 
par sa face antérieure d’une membrane également 
annulaire , que l’on voit au travers de la cornée 
et qui se nomme l'iris. Nous en parlerons dans 
Particle suivant. | 

Cette partie de la seconde tunique, qui est située 
au devant du ceristallm., est presque plane dans 
l’homme ; elle a quelquefois de la convexité dans 
les animaux , mais toujours moins que le reste de 
la tunique, qui a absolument la même courbure 
que la sclérotique. 

C’est’ entre cet applatissement de la seconde 
tunique et la convexité au contraire plus grande 
de la cornée qu’est située la première chambre 
de l’œil que remplit l’humeur aqueuse: 

La substance de la choroïde est très-mince et 
très- délicate. Les bonnes injections font voir qu’elle 
est presque entièrement composée d’un triple tissu 
vasculaire. Ses artères forment d'abord le tissu 
extérieur. La plupart pénètrent au travers de la 
sclérôtique , trés-prés du nerf optique , et se ré- 
pandent:sur toute la choroiïde en se divisant pas 
des angles très-aigus : on les nomme artères ci- 
liaires. courtes, pour les distinguer de deux troncs 
qui vont presque jusqu’à l'iris sans se bifurquer 
et qui sé nomment ciliaires, longues. Lie üssu 
intérieur est formé par les extrémités de.ces mêmes 
artères qui, ayant percé la choroïde | forment à 


En ions d <a 


Arr. VI. De la choroïde. 397 


sa face interne un réseau si uniforme et si fin, 
qu'on n’en distingue les mailles qu'avec une forte 
loupe. Le troisième tissu est intermédiaire; il est 
formé par les veines. Leur marche est singulière ; 
elle représente des arcs irréguliers qui aboutissent 
à certains centres, et forment des espèces de tour- 
billons. Ce sont ces vaisseaux -là qu’on voit le 
mieux sans injection. 

. La face interne de la choroïde est tapissée dans 
l'homme d’une mucosité noirâtre, ou même ab- 
solument noire et terne, qui peut sé détacher ou 
s’absterger avec le doigt ou avec un pinceau, et 
qui sert à empêcher que des rayons réfléchis par 
les parois internes de l’œil ne troublent la vision 
qui se fait par les rayons directs. C’est par la 
même raison qu'on noircit l’intérieur de tous les 
instrumens de dioptrique. On voit à la loupe un 
léger velouté lorsqu'on a enlevé ce vernis. La lame 
interne de la choroïde semble d'un tissu plus ferme 
que le reste de son épaisseur, et porte en parti- 
culier le nom de ruischienne. 

Les procès ciliaires et l’uvée ont, les mêmes 
Vaisseaux , le même duvet et le même vernis noir 
que le reste de la choroïde. Les procès ciliaires 
laissent même une empreinte remarquable de ce 
vernis Sur le devant du corps vitré lorsqu'on les en 
sépare , ce que le reste de la membrane ne peut pas 
faire à cause de la rétine qui est entre deux. 


598 XIF Leçox. De l'œil. 
B. Dans Les animaux. 


: La choroïde existe dans tous les animaux dont 
on connoît bien les yeux; elle est toujours vas- 
culeuse et enduite au moins en partie à sa face 
concave d’une mucosité particulière. Elle varie par 
les procès ciliaires, par la couleur et le tissu de 
son fonds, par la séparation plus ou moins facile 
de la ruischienne, et par la disposition de ses vais- 
seaux. 


1°. Des procès ciliaires. 


Les mammifères et les oiseaux ont tous des procès 
ciliaires : on en trouve dans quelques reptiles et 
même dans les seiches ; mais ils manquent à presque 
tous les poissons. 

Dans l’homme, chacune des lames des procès 
cilaires représente un triangle scalène tres-alongé; 
un côté, celui par: lequel la lame tient au reste 
de la choroïde, est convexe. Le bord qui touche 
au vitré concave, et celui qui est voisin de l'iris, 
est beaucoup plus court que les deux autres. T/angle 
qui touche la capsule eft arrondi : tous les bords 
libres sont légèrement dentelés. Cette dentelure 
est bien plus sensible et se change en véritable 
frange dans les grands animaux, comme le bœuf, 
ie cheval et le rhinocéros : cela est aussi dans la 
baleine , où angle qui retient la capsule se pro- 
longe beaucoup plus en pointe que dans les pré- 
cédens. Dans les carnassiers, notamment dans le 


D en D ne 


& £de he are dant ne ie "à 


ET 


Arr. VI. De la choroïde. +:  3og 


Zion , les lames ont le côté de leur base moins 
long, à proportion des autres côtés, que dans les 
animaux précédens, de façon que l'angle opposé 
est plus saillant : on n’appercoit sur les bords au- 
cune dentelure. Dans toutes ces espèces, il y a une 
lame sur deux ou sur trois, plus courte que les 
autres, mais sans aucun ordre absolument ré- 
gulier. 

Les oiseaux ont leurs lames ciliaires peu saillantes; 
ce ne sont presque que des stries serrées et peu 
ondoyantes. Il y a cependant des différences entre : 
les espèces. 

Dans le 2ibou, elles sont plus fines, plus serrées 
et plus nombreuses; dans l’autruche , elles sont 
plus grosses et plus lâches ; mais, dans tous les 
oiseaux, leur extrémité tient très - fermement à 
la capsule du cristallin. 

Dans la tortue, les procés ciliaires sont si peu 
saïllans, qu’on les reconnoitroit à peine pour tels 
sans la belle empreinte qu’ils laissent sur le vitré; 
mais dans le crocodile, ces procès. sont très-beaux 
et très-prononcés : ils se terminent chacun par un 
angle rectiligne presque droit. J’ai vu des procès 
en forme de fils alongés, mais en petit nombre, 
dans une grande rainette étrangère. Il y en a 
aussi de tels, mais peu marqués, dans le crapaud, 
Je n'en ai point appercu dans les Z/ézards ordi- 
naires , ni dans les serpens. 

IL y a un corps et des procès ciliaires très-marqués 
dans le squale-milandre, Lies lames en sont presque 


400 XII Lecox. De l'œil. 

aussi saillantes que dans les oiseaux ; et après avoir 
formé une très-courle pointe qui touche à la capsule 
du cristallin, elles se continuent avec les stries de 
Puvée.. 

Je nai pu voir la même structure dans la rare ; 
mais il est certaïn qu'il n’y a rien d’approchant 
dans les poissons osseux ; leur uvée se continue 
sans interruption avec leur ruischienne , et forme 
avec elle une tunique uniforme sans aucune partie 
saillante en dedans. 

On ne voit nulle part si distinctement l’usage 
des procès ciliaires pour retenir le cristallin que 
dans l’oœcil des seiches et des poulpes. Leur procès 
cilaire forme une large zone ou diaphragme, dans 
l'ouverture de laquelle le cristallin est véritable- 
ment enchassé. Ce cristallin a tout autour un sillon 
circulaire profond, qui le divise en deux hémi- 
sphères inégauxC'est dans ce sillon que pénètre - 
le procès ciliaire, et il s’y attache si fixement 
qu’on ne peut l’en ôter qu’en le déchirant. Ce procès 
n’est point formé de lames seillantes , mais d’une 
membrane continue, dont le:. deux faces sont mar- 
quées d’un cercle formé d’une quantité innom- 
brable de stries rayonnantes très - fines, qui pré- 
sentent à l’œil un spectacle très-agréable. 


2. De la ruischienne. 


La ruischienne se laisse à peine distinguer de 
la choroïde dans l’homme, les singes, les petits 
quadrupèdes et les oiseaux ; mais dans les grands 


Arr. VI. De la choroide. 4ox 


quadrupèdes , quoiqu’on ne puisse la séparer sans 
endommager l’une ou l’autre, on la distingue par 
son tissu plus fin, serré , et comme homogène. La 
coupe de la choreïde ne présente au microscope 
que les ouvertures béantes des petits vaisseaux qui 
la composent; celle de la ruischienne est solide 
et ressemble à celle d’une simple membrane, de 
l'épiderme par exemple : c’est ce qu’on voit sur- 
tout très - bien dans l’œ:il de la baleine, où les 
ouvertures des vaisseaux sont sensibles à°loœil nu, 
et où l’on en reconnoît aisérnent les trois couches. 

Les parties latérales et antérieures de la ruis- 
chienne sont toujours, comme nous l'avons dit, 
enduiles d’un vernis muqueux plus ou moins noir : 
il est d’un rouge pourpre dans le calmar, qui 
est probablement avec les autres seiches la seule 
exception à cette règle. Quelques oiseaux l'ont 
seulement d’un brun roux foncé. Ce vernis vient 
quelquefois à manquer dans certaines espèces, par 
l'effet d’une maladie qui leur blanchit aussi les 
poils. Les Zapins blancs, les nègres blancs, les 
souris blanches sont dans ce cas. Leur ruischienne 
est alors transparente , et toutes les parlies de la 
choroïde sont d’un blanc que lesnombreux vaisseaux 
qui fampent dans ceite membrane font paroitre 
rose. 


9°, Du tapis. 


Le fond de la ruischienne n’est enduit que 
d’une couche souvent très - légère de ce vernis, 
2 € c 


Lo2 XII Lecon. De Pœil, : 


au travers de laquelle on appercçoit sa couleur ; 
qui varie singulièrement selon les espèces. L/homme 
et les singes l’ont brune ou noirâtre; les Zièvres, 
les /apins, les cochons , d’un brun de chocolat ;mais 
les carnassiers, les ruminans, les pachydermes, 
les solipèdes et les cétacés ont des couleurs vives 
et brillantes à cette partie. Le bœuf l’a d’un beau 


vert doré , changeant en bleu céleste ; le cheval ; 


le bouc , le bubale, le cerf, d’un bleu argenté, 
changeant en violet; le r7outon, d’un vert doré 
pâle, quelquefois bleuâtre; le Zion, le chat, 
l'ours, le dauvhin, Vont d’un jaune doré pale; 
le chien, le loup et le blaireau , d’un blanc 
pur, bordé de bleu. On nomme cette partie co- 
lorée de la ruischienne le éap1is. Elle n’occupe 
pas tout le fond de l'œil, mais seulement un côté, 
celui dans lequel le nerf. optique né perce point. 

Il est difficile de soupçonner l'usage d'une tache 
si éclatante dans un lieu si peu visible. Monro , 
et d’autres avant lui, ont cru que le tapis du 
bœuf est vert, pour lui représenter plus vive- 
ment la couleur de son aliment naturel ; mais 


cette explication ne convient pas aux autres espèces: : 


Les oiseaux et les poissons n’ont aucun tapis. 
Leur ruischienne est uniformément noiratfe et 
enduite par-tout de mucosité : il y en a même 
beaucoup plus sur son fond qu'ailleurs dans les 
poissons. La raie fait une exceplion apparente à 
cette règle; elle a le fond de l'œil d’une belle 
couleur d'argent, produite par la transparence 


\ 
# 


Arr. VI: De la choroïde. 403 


de sa ruischienne , qui laisse voir la couleur de sa 


choroïde. 


4°. De la glande choroïdienne des poissons. - 


La ruischienne et la choroïde des poissons 
forment deux membranes bien distinctes, et faciles 


“à séparer. La ruischienne est noire et composée 


d’un lacis d’mnombrables vaisseaux; la choroïde 
est,\ou blanche , ou argentée, ou dorée, très-mince 
et peu vasculeuse. 

Entre ces deux membranes est un corps, que 
les uns ont nommé glande; les autres muscle , 
et qui mérite d’être décrit. Sa couleur est pour 
l'ordinaire d’un rouge vif ; sa substance est molle 
et plutôt glanduleuse que musculeuse, du moins 
n’y distimgue-t-on point de fibres, quoique des vais- 
seaux sanguins forment des lignes plus foncées et 
presque parallèles à sa surface. Sa forme est.ordi- 
pairement cellesd’un cylindre mince , qu’on auroit 
contourné autour du nerfoptique, comme un anneau; 


# l'anneau n’est cependant pas complet : il en manque 


toujours un segment plus ou moins long. Queique- 
fois, comme dans le perca labrax, il est com- 
posé de deux pièces , une de chaque côté du nerf 
optique ; d'autrefois, il n’est pas roulé en cercle; 
mais sa courbure est irrégulière : c'est ce qui a 
lieu dans le saumon, dans le poisson-lune (te- 
traodon-mola ) et dans la 720rue; mais les carpes 
et la plupart des autres poissons l’ont d’une figure 


très-approchante du cercle, 
Ca'z 


4o% XI Lecon. De l'œil. 


Ceux qui pensent que l’œil doit changer de 
figure, selon la distance des objets qu’il veut voir, 
croient que le corps dont nous parlons est un 
muscle destiné à produire cet effet en contractant 
la choroïde; mais il nous semble que les nom- 
breux vaisseaux déférens qui en sortent le doivent 
plutôt faire regarder comme une glande destinée 
à séparer quelques-unes des humeurs de l'œil. 
Ces vaisseaux sont blancs, fins, tréstortueux, et 
paroissent traverser la ruischienne : on les voit 
très-bien dans le poisson-lune et dans le Zabrax. 
Dans la 1orue , ils sont extrêmement gros; ils 
s’anastomosent ensemble et sont tous recouverts 
d’une mucosité blanche et opaque. 

Haller a fait de ces vaisseaux une troisième lame 
intermédiaire de la choroïde, qu’il a nommée vas- 
culaire. Le corps glanduleux lui-même reçoit 
beaucoup de vaisseaux et des nerfs qui viennent de 
l’ophthalmique , et dont le tronc marche quelque 
temps dans une gaîne commune avec le nerf optique, 
après que sa propre gaîne a débouché dans celle 
de ce dernier, comme une veine dans une veine 
plus grosse. 

Cette glande n’existe point dans les chondropté- 
rygiens, c’est-à-dire dans les raies et les squales, 
dont l’œil se rapproche davantage de celui des 
mammifères, comme nous l’avons déja vu pour 
le tapis et les procès ciliaires. La choroïde de ces 
deux genres est, comme à l'ordinaire, un triple 
tissu de vaisseaux, qui a de l'épaisseur et de la 


be TE ES 0 Es En à à. 


+7 


Art. VII De l'iris. 405 


consistance. La ruischienne est très-mince et trans- 
parente ; entre deux est une couche de matière 
argentée. 

Les seiches, qui ont plusieurs corps glanduleux 
entre leur sclérotique et leur choroïde, n’en ont 
point entre celle-ci et la ruischienne. Ces deux 
membranes sont même queïquefois difficiles à sé- 
parer. La choroïde est plus épaisse, plus molle, 
plus vasculeuse; la ruischienne est mince et sèche : 
il n’y#a point de tapis. Tout l'œil est tapissé en 
dedans d’un vernis d’un pourpre foncé. 


ART CERN TE 
De l'iris, de la pupille et de leurs mouvemens. 


Nous avons vu, dans l’article précédent, que 
Vuvée, cette production de la choroïde qui forme 
un voile annulaire ou un diaphragme au devant 
du cristallin, est recouverte à sa face antérieure 
d’une substance particulière qui porte le nom 
: d'eris. 


A. Texture de l'iris. 


L’iris est un tissu demi-fibreux, demi-spongieux , 
qui est collé de la manière la plus intime sur 
l’uvée , et qu’on ne peut en séparer qu'avec peine 
et dans les plus grands animaux. Il est plus épais 
et plus lâche à sa grande circonférence du côté 
du ligament ciliaire, où il semble se terminer. 


Cc3 


= 


06 Kite Lucon. De l'œil. 


I y est plus facile à séparer; mais vers les bords 
de la pupille il va en s’amincissant, et il ne peut 
plus se distinguer de l’uvée qui le double. 

* Les artères ciliaires longues, arrivées vers la 
grande circonférence de l'iris, s’y bifurquent et 
l'entourent d’un cercle, d’où partent ses artères 
propres qui sont nombreuses et en rayons, et qui 
s’anastomosent ensemble pour former un second 
cercle plus petit. 

Il recoit une grande quantité de petits rdimeaux 
des nerfs ciliaires, qui, après avoir percé la sclé- 
rotique et entouré longitudinalement la choroïde 
comme des rubans, mais’ sans y pénétrer , se 
perdent dans l'iris. 

Les ‘stries qu’on remarque sur l'iris de l’homme 
sont simplement distinctes par leur couleur plutôt 
que par leur saillie. lies‘ représentent dé petites 
flammes quise dirigent en convergeant vers la 
pupille. I y a sur le bord de ce trou un cercle 
plus étroit et plus foncé que le cercle extérieur. 
Ces lignes, droites lorsque: Viris est dilaté ‘et la 
pupille rétrécie, sont flexueuses dans le cas con- 
traire. ; 

On sait assez que la couleur totale de ee varie » 
dans les défférens hommes, du bleu au jaune et 
à l’orangé foncé. Quelques animaux domestiques 
préséntént aussi des variétés dans la couleur de 
leurs yeux; on en voit aux chevaux, aux chiens; 
mais lés animaux sauvages ont généralement une 


couleur fixe pour chaque espèce, 


Arr. VIL De l'iris. Ao7 


Dans les. mammifères, cette couleur est le plus 
souvent d’un fauve foncé, ou brune. On y voit 
moins de stries colorées que dans les yeux de 
Vhomme ; et dans ceux dont la pupille n’est pas 
ronde , on apperçoit souvent des plis inégaux qui 
proviennent des mouvemens de l'iris. 

Les oiseaux ont généralement l'iris d’une surface 
unie et d’une couleur matte, qui varie à l'infini 
selon les espèces, et qui est souvent trés- vive, 
comme d’un beau jaune, d’un beau rouge, d’un 
bleu clair, etc. Son tissu paroït, au microscope, 
‘composé de mailles forméés par l’entrecroisement 
d’une multitude de fibres très-fines. La membrane 
de l’uvée est si fine dans les oiseaux, que, lors- 
qu'on en a abstergé le vernis, elle est absolument 
transparente , et que l'iris paroît de la même cou- 
leur des deux côtés. 

Dans les poissons au contraire c’est l'iris qui 
est une membrane si fine, que lon voit l’'uvée au 
travers, qui montre au premier coup d'œil, par 
son éclat doré et argenté, qu’elle est la conti- 
nuation de la choroïde , qui est de la même nature 
comme nous l’avons vu précédemment. 

L'iris des reptiles tient un peu à celui des 
poissons par la dorure qu’il présente ; mais les 
vaisseaux y sont plus visibles que dans les autres 


espèces. Ils forment un beau réseau sur celui du 
crocodile. 


Ce 


408 XII Leçon. De l'œil. 
B. Fibres de l’uveée. ! 


La face postérieure de l’uvée présente des stries 
serrées qui se continuent ayec les procès ciliaires. 
Cesstries, peu sensibles dans l’homme, le sont beau- 
coup dans les grands ruminans , sur-tout dans le 
bœuf, qui les a plus fortes que le cheval, quoique 
-son œil soit plus petit; il les a même plus fortes 
que la baleine. 

Le rhinocéros les a aussi très - fortes, et elles 
règnent jusque près du bord de la pupiile. Dans 
les autres espèces, elles laissent vers ce bord un 
espace lisse. Ces siries ne se montrent pour l’or- 
dinaire ni dans les oïseaux, ni dans les poissons : 
on en voit cependant des vestiges dans locil des 
grands squales , comme le zzilandre, le requin, etc. 


On les a long-temps regardées comme museu- 
laires. On croit aujourd’hui que ce sont de simples 
replis de la/membrane. 


C. Mouvemens de liris. 


Tiris est destiné à empécher qu'il n'entre dans 
l’œil trop de rayons venant d’un même point, et 
que la lumière étant trop intense, n’affeete dou- 
loureusement la rétine. Pour cet effet, lorsque 
les objets que l’on regarde sont vivement «éclairés, 
l'iris se dilate , et la pupille se rétrécit ; lorsque 
ces objets sont obseurs, le mouvement contraire 
a lieu; le cône de rayons qui a son sommet au 
point lumineux et sa base à la pupille, ayant par 


ART. VII De Ziris. 4og 


ce moyen une base d'autant plus grande: que les 
rayons qu’il contient sont moins serrés, la quantité 
absolue de rayons reste à peu près la même, à 
moins que les différences dans l'intensité dela 
Juinière ne soient trop considérables. 


Ce mouvement est ordinairement involontaire ; 
il dépend uniquement des rayons qui tombent sur 
la rétine: une lumière qui ne tomberoit que sur 
l'iris lui-même ne lui causeroit aucun mouvement. 
Cette membrane n’est point irritable ; et comme 
elle n’a aucune liaison immédiate avec la rétine, 
on ne peut chercher la cause de leur sympathie 
que dans le cerveau. Lorsqu'un œil seul est frappé 
par la lumière ,il se contracte seul. Dans le sommeil, 
la pupille est contractée et l'iris dilaté. Il y a 
quelques cas où une forte attention à considérer 
certains objets, ou une terreur subite, causent 
des mouvemens dans l'iris sans qu'il arrive de 
changement dans l'intensité de la Inmièere. 


Ce mouvement est même absolument volontaire 
dans quelques animaux. Il y a long-temps qu’on 
le sait du perroquet. I] est nul, ou à, peu près 
nul dans les poissons. k 

Lorsque nous regardons un objet de très-près, 
notre -pupille se rétrécit: d’une part, parce que 
la lumière qui vient d'objets rapproches est plus 
abondante; de l’autre, parce que cette contraction 
ne laïsse entrer dans l’œil que les rayons les moins 
divergens, et écarte une partie de ceux qui le 


&10 XIE Lecox.' De l'œil. 
seroient trop pour pouvoir être réunis sur la 
rétine. 

Cependant unter a prouvé que ce rétrécisse- 
ment de la pupille ne suffit pas pour expliquer 
la facilité avec laquelle le même œil peut voir 
les objets éloignés et les objets voisins; et qu’il 
falloit avoir recours à d’autres moyens, quoique 
Haller et Sabbatier n’aient voulu admettre que 
celui-là. 


D. Figure de la pupille. 


La forme de la pupille varie dans les différentes 
espèces. Lorsqu'elle est dilatée, elle est générale- 
ment ronde; elle reste aussi à peu près ronde 
lorsqu'elle se rétrécit, dans l’homme, les singes,, 
beaucoup de carnassiers et dans les oiseaux ; 
mais elle se rapproche d’une ligne verticale dans 
le genre des chats, en passant par différens losanges 
toujours plus étroits , selon que la lumière est plus 
vive. Dans le bœuf et dans les autres ruminans, 
elle est transversalement oblongue, et elle devient | 
dans son plus grand resserrement une ligne trans- 
versale-MDans le cheval, elle est aussi transver- 
salement oblongue, et son bord supérieur forme 
une convexité festonnée de cinq festons plus épais 
que le resté du contour. Dans la baleine, elle 
est aussi transversalement oblongue. Dans le daw- 
‘phin, elle approche de la figure d’un cœur. 

Le crocodile a sa pupille semblable à célle du 
chat; elle est rhomboïdalé dans les grenouilles. 


Art. VIL De l'iris. 41a 


La tortue Va ronde, ainsi que le caméléon et 
les Zézards ordinaires. 

Le gecko Va rhomboïdale. 

La raie a une particularité très - remarquable. 
Le bord supérieur de sa pupille se prolonge en 
plusieurs lanières étroites, disposées en rayons, 
et représentant ensemble une palette. Ces lanières 
sont dorées en dehors, et noires en dedans. Dans 
Vétat ordinaire, elles sont reployées entre le bord 
supérieur de la pupille et le vitré; mais lorsqu'on 
presse le haut de l’œil avec le doigt elles se dé- 
veloppent, et ferment la pupille comme une jalousie. 
Il est probable que dans l’état de vie cette fer- 
meture a lieu, ou à la volonté de l’animal, ou par 
Veffet d’une vive lumière. La torpille peut entie- 
rement fermer sa pupille par le moyen de ce 
voile. Aucun autre poisson, pas même un squale, 
ne nous a rien présenté de semblable.’ 

+ Dans les seiches, lagpupille a la forme d’un 
rein. 

E. Membrane pupillaire. 


Dans les fœtus humains , avant‘le septième mois, 
la” pupille est fermée par une membrane très- 
fine, continue à l’uvée, et qui em reçoit ses vais- 
seaux. Elle se déchire et disparoïît ensuite, et on 
n’en trouve plus de vestige dans l’enfant,nouveau- 
né. On a observé cette membrané dans:les foetus 
dés atitres mammifères; mais on prétend qu’elle 
n'existe point dans ceux des oiseaux |, 


419 XII Lrcox. De l'œil. 
ARTICLE VELIL 


De l'entrée du nerf optique dans l’œil, de l’origine 
de la rétine, de sa nature et de ses limites. 


À. Entrée du nerf optique. 


Nous avons vu dans la IX® leçon l’origine du 
nerf optique; nous l’avons suivi dans la X° jusqu’à 
son entrée dans l’oœil. 11 faut dire ici comment il 
pénètre dans cet. organé, et de quelle manière 
il y donne naissance à la rétine. 


. Dans les mammifères. 


Le nerf optique des mammifères, arrivé à la 
sclérotique , commence à diminuer de diamètre ; 
il forme en traversant celte tunique un cône tronqué, 
d’antant plus alongé, qu’elle est elle-même plus 
épaisse ; arrivé à la chopoïde, il la perce par un 
iron rond, fermé d’une petite membrane criblée 
‘ d’une multitude de petits pores, au travers desquels 
la substance médullaire qui a traversé les longs 
canaux-dont ce nerf est composé, semble s’écouler 
pour se mêler infimement et former cetle expan- 
sion nerveuse qui double toute la concavité de la 
choroïde, et que l’on nomme rétine. 

Cette pointe du nerf optique fait quelquefois 
une légère saillie en dedans de l'œil. Dans le 
dièvre et le lapin, au lieu d’un petit disque rond 
et criblé, l'extrémité du nerf fait une saillie au 


ArT. VII. De la rétine. 413 


dedans de l'œil, et se dilate en une espèce de 
cupule ovale, légèrement concave dans son milieu, 
et des bords de laquelle naït la rétine. 

Dans la plupart des mammifères, on voit autour 
‘de ce point des fibres blanchâtres, un peu plus 
opaques que le reste de la rétine et disposées en 
rayons. 

Dans le lièvre et dans le lapin, ces fibres forment 
deux longs pinceaux , un à droite, l’autre à gauche; 
leur finesse et leur blancheur vive, que relève 
encore le fond brun de la choroïde qui paroît 
au travers du reste de la rétine, les rendent très- 
agréables à la vue. 

Dans l’homme, on observe à côté de l’entrée 
du nerf, à peu près au point qui répond à l’axe 
de l’œil, un petit pli de la rétine, qui forme une 
légère convexité lorsqu'on a enlevé les membranes 
plus extérieures. Au milieu de ce pli est un point 
transparent, que l’on prend au premier coup 
d’œil pour un trou. Les ,bords de ce point sont 
teints en jaune dans les adultes, mais non dans 
lenfant qui vient de naître. Cette particularité de 
l'œil de l'homme, qui avoit échappé à presque 
tous les aratomistes, jusqu’à M. Soœmmerring, ne 
se retrouve que dans l’œil des singes. Nous l’avons 
observée dans le cynocéphale, dans la guenon 
blanc-nez, etc. Dans le premier, la partie trans- 
parente est bien plus large que dans l’homme, 
et de forme ovale. Il y a quelquefois une tache 
jaune à côté, mais qui n’est pas constante. 


414 -XIT° Lecox. De l'œil. 

Le mâki, qui de tous les mammifères approche 
le plus des singes, n’a qu'un léger repli, sans 
tache , ni point transparent, et les autres espèces 


n'ont rien d’approchant, 
k R 


2°. Dans Les oiseaux. 


Dans les oiseaux, le nerf optique arrivé à la 
sclérotique se continue obliquement en une longue 
queue cônique, qui se glisse dans une gaine de 
même figure, creusée dans l'épaisseur de cette 
membrane et dirigée en en-bas et obliquement en 
avant. La lame de cette gaine qui touche lœil est 
fendue dans toute sa longueur par une ligne étroite 
qui laisse passer la substance du nerf, Cette fente 
existe aussi dans la partie correspondante de la 
choroïde , et même elle y est plus longue, parce 
que la pointe du nerf conserve son obliquité après 
avoir percé la sclérolique. Il arrive de là que le 
nerf optique forme au dedans de l’œil, au lieu 
d’un disque rond, comme dans les brie sh 
une ligne ronde étroite , très- blanche, des deux 
bords et des deux curbntes de lagriellée naït la 
rétine. 

Mais ce qui est plus singulier encore, c’est la 
membrane plissée qui est suspendue à/toute la 
longueur de cette ligne blanche , et que quelques- 
uns ont nommée la bourse noire; et d'éutres; le 
peigne de l'œil des oiseaux. 

Cette membrane paroït être de la même nature 


que la choroïde, quoiqu’elle n’y tienne point du 


Art. VII. De la rétine. 415. 


tout; elle est de même très-fine , très-vasculeuse 
etenduite d’un vernis noir. Ses vaisseaux viennent 
d’une branche particulière de l’artère ophthalmique, 
différente des deux qui appartiennent à la cho- 
roïde. Ils descendent sur les plis de la membrane 
noire, et y forment des arbuscules très-agréables 
à voir lorsqu'ils sont injectés. 

Cette membrane pénètre directement dans l’in- 
térieur du vitré, comme un coin qu'on y auroit 
enfoncé; elle est dans un plan vertical, oblique- 
ment dirigé en avant. Son angle le plus voisin de 
la cornée dans les espèces où elle est très-large, 
-et tout son bord antérieur dans celles où-elle cé 
étroite, arrive jusque près du bord inférieur de 
la capsule du cristallin. Dans quelques espèees , 
elle s’en approche tellement, qu’il est difficile de 
dire si elle ne s’y attache pas : tel est le cas du 
vautour , de la cigogne , du dindon, selon 
Petit, etc. Mais il est d’autres oiseaux dans les- 
quels elle en reste à quelque distance, et où elle 
ne paroît s'attacher qu'à quelques-unes des nom- 
breuses lames qui partagent le vitré en ceilules. 

Dans la cigogne , le héron , le dindon, cette 
membrane ést plus large dans le sens parallèle 
à la queue du nerf optique que dans le sens 
contraire. Dans l’autruche, le casoar, le hibou, 
elle a des dimensions opposées; elle est plissée 
comme une manchette, dans le sens perpendicu- 
laire à la queue du nerf optique. Les plis sont arron- 
dis dans la plupart des espèces; dans l’uxtruce 


416 XII° Leçon. De l'œil. 
et le casoar, ils sont comprimés, tranchans et 
si hauts perpendiculairement au plan de la mem- - 
brane, qu’elle a, au premier aspect, l’air d’une 
bourse cônique ; plutôt que d’une seule membrane. 
Aussi est-ce dans ces deux espèces que les pre- 
nuers académiciens de Paris, qui l’ont découverte » 
l’avoient nommée bourse noire. Les plis varient 
pour le nombre : il y en a 16 dans la cigogne, 
10 où 12 dans le canard et dans le vautour , 
15 dans l’autruche:, 7 dans le grand-duc. 

Il est difficile d’assigner le véritable usage de 
cette membrane. Sa position doit faire tomber sur 
elle une partie des rayons qui viennent des ob- 
jets placés aux côtés de l'oiseau. Petit a cru qu’elle 
étoit destinée à absorber ces rayons et à empêcher 
qu'ils ne nuisissent à [a vue distincte des objets 
placés en avant. D'autres ont pensé, et cette opi- 
nion a été répétée depuis peu par M. Home, 
qu’elle est pourvue d’une force musculaire, et 
que son usage est de rapprocher le cristallin de 
la rétine , lorsque l’oiseau veut raccourcir son axe 
de. vision pour mieux voir les objets éloignés. Ce- 
pendant on n'y voit auc fibre charnue; ‘et les 
expériences qui prouvent qu’êlle se contracte après 
la mort ne sont pas absolument concluantes : 
d’ailleurs, comme elle s'attache au cristallin par 
ie côté, elle ne pourroit le mouvoir qu’obliquement. 
Haïler la regarde comme un simple soutien des. 
vaisseaux qui doivent se rendre à la capsule du 
cristallin, | 3 - 


Art. VIIL De la rétine. 417 


5° Dans les reptiles et les poissons. 


Dans tous les reptiles, le nerf optique traverse 
les membranes de l’œil directement et par un trou 
rond, comme dans les quadrupèdes; il forme en 
dedans un petit tubercule, des bords duquel naït 
la rétine. * 

Il en est de même dans un grand nombre de 

“poissons, comme la raie, où le tubercule est mam- 
melonné, le squale, toutes les carpes et beau- 
coup d’autres. Les fibres rayonnantes qui naissent 
des bords de ce disque y sont même plus sensibles 
que dans la plupart des quadrupèdes; mais il y 
a un certain nombre de poissons dans lesquels la 
formation de la rétine ressemble, à quelques égards, 
à celle qui a lieu dans les oiseaux. 

Je ne puis encore nommer tous les genres dans 
lesquels on troûve cet arrangement: je l’ai vu dans 
les saumons et les truites, dans les Aarengs, 
les maquereaux, les perches, la morue ; la dorée 
(zeus faber) et dans le poisson - lune : il est 
probable qu’il existe dans beaucoup d’autres. 
Voici en quoi il consiste : le nerf optique perce 
à la vérité les membranes par un trou rond ; mais, 
après avoir traversé la ruischienne, il forme deux 
longues queues blanches qui suivent le contour de 
cette dernière membrane. Ces deux queues, quoique 
parallèles , ne sont point contiguës; mais une pro- 
duction de la ruischienne passe entre deux pour 
pénétrer dans l’épaisseur du vitré. La rétine naît 


2 Dd 


418 XII Leçon. De l'œil. 

des bords opposés de ces queues, comme elle naït 
dans les oiseaux de la ligne blanche unique. La 
production de la ruischienne aune formetriangulaire 
curviligne , que Haller a comparée à une cloche. 
Elle est noire, vasculeuse comme le reste de la 
membrane , et elle vient s’attacher par son extré- 
mité à un côté de la capsule du cristallin, abso- 
lüment comme le peigne des oiseaux. IL paroït 
qu’elle fournit de même des vaisseaux sanguins 


à cette capsule. 


4°, Dans Les seiches. 


Dans les seiches, les nombreux filets optiques , 
après avoir percé la choroïde , se confondent en 
une seule membrane qui est la rétine. 

B. Rétine. 

Cette membrane est une des moins consistantes 
du corps animal. Demi - transparente, molle, se 
déchirant par son propre poids, elle prend un 
peu plus de dureté et d’opacité dans l’esprit-de- 
vin; elle n’est qu’appliquée à la cheroïde sans 
y adhérer aucunement. 

Dans tous les animaux qui ont un procès ciliaire, 
elle se termine tout autour à la racine de ce 
procès; elle y est coupée nettement. Dans les 
oiseaux, elle y forme même un bourrelet. 

On pourroit penser qu'elle s’aittache plus inti- 
mement à la face antérieure du corps vitrée, ‘et 
que c’est ce qui la fait rompre à cet endroit 


"4 


art 


ART. VIil. De la rétine. k19 


: Torsqu'on enlève ce corps. L’empreinte que les 


procès ciliaires laissent à cette même face a pu 
favoriser cette opinion, que quelques-uns ont 
étendue jusqu’à croire que la rétine couvre même 
le devant du cristallin : ils supposoient sans doute 
que cette portion de la rétine reste adhérente dans 
les sillons que ces procès impriment surile vitré , 
et qu’elle est couverte par le vernis qu'ils y 
laissent. 

Mais dans les animaux qui n’ont point de procès 
ciliaires, la rétine se termine de même brusque- 
ment vers le commencement de l’uvée , et rien 
n'empêche de voir que la face antérieure du 
vitré n’en conserve aucune portion 

La face interne de la’ rétine est parcourue de 
vaisseaux nombreux qui viennent de l’artère cen- 
trale du nerf optique. Ces vaisseaux donnent plus 
de consistance à sa lame interne qu’à l’externe , 


qui n’est que pulpeuse. C’est sur - tout dans les 


poissons qu'il est facile de distinguer et même .de 


séparer ces deux lames. Linterne , qu’on a nom- 


mée arachnoïde, y présente des fibres très-déliées, 
mais très-visibles. 

La rétine est la partie la plus sensible de 
tout le corps animal, puisque la lumière, qui 
n’affecte aucun autre organe, y cause de la dou- 
leur lorsqu'elle est trop vive; et cela n’est pas 
étonnant : car , indépendamment de la nature 
entièrement nerveuse de cette membrane , les 
parties qui sont situ£es au devant d'elle ne tendent 


D d 2 


&20 XII Leçon. De œil. 


point à amortir l’effet de la lumière , comme c’est 
le but des tégumens qui sont sur les autres nerfs, 
par rapport aux divers corps extérieurs; mais elles 
tendent au contraire à renforcer cet effet, en 
rassemblant les rayons dans un espace plus étroit. 


AR TIC PET ETIX: 


De la nature des parties transparentes de l’œil ; 
de leurs membranes propres , etc. 


A. Humeur vitrée. 


CETTE humeur, qui occupe la plus grande 
partie de l'œil, est renfermée dans sa membrane 
propre, qui l’est elle-même dans la rétine, mais 
sans adhérer aucunement à cette dernière, si ce 
n'est peut-être par quelques vaisseaux. 


La membrane du vitré, qu’on nomme aussi 
hyaloïde , est très - fine et parfaitement transpa- 
rente. L’esprit-de-vin ne la rend point opaque. 
Sa,face antérieure se divise en deux lames qui 
embrassent étroitement la capsule du cristallin, et 
entre lesquelles on peut introduire de l'air qui y 
produit un canal circulaire, inégalement bour- 
 souflé, nommé canal godronné, de Petit. 

L'intérieur de sa cavité est divisé en une inf- 
nité de cellules par des cloisons de même nature 
_que la membrane extérieure, qui s’y répandent M 
eu tout sens : c’est ce qui fait qu’il ne suflit pas-m 


‘Arr. IX. Des parties transp. de l'œil. Los 


de percer la membrane hyaloïde pour la vuider, 
l'humeur vitrée ne pouvant couler à la fois de 
toutes ces cellules. 


L'humeur vitrée est gluante comme du blanc 
d'œuf ; un long séjour dans l’esprit-de-vin la 
rend quelquefois parfaitement concrète. Nous con- 
servons des vitrés d'oiseaux durcis de cette manière ; 
d'autrefois, l’humeur se dissout dans l’alcohol, et 
il ne reste que ses membranes presque vuides : 
nous ignorons à quoi tient cette différence dans 
le résultat. 


Durci par l’alcohol, ou par la gelée, le vitré 
se partage aisément en une multitude de lames 
lenticulaires qui ont probablement été moulées 
dans les cellules qui contiennent cette humeur. 


Toutes ces choses sont communes à tous les ani- 
maux dont nous avons décrit les yeux. 


B. Le cristallin. 


La lentille cristalline est enfermée sans adhé- 
rence dans une capsule membraneuse , transpa- 
rente, molle, qui adhère fortement dans un creux 
de la face antérieure du vitré. Cette capsule parcit 
simplement cellulaire. Sa moitié antérieure est 
plus dure que l’autre ; elle perd plus difficilement 
sa transparence que le cristallin même. 


Célui-ci est plus dur dans son centre qu’à son 
extérieur. Il se durcit et devient absolument opaque 
par la cuisson et l’alcohol ; mais son centre 

D d 3 


422 XII° Lecox. De Fœil. 
conserve même alors quelque transparence, et ne 
prend qu’une couleur jaune. 

Dans les grands animaux, le cristallin ainsi 
macéré se divise en une infinité de lames qui 
s’emboitent toutes les unes dans les autres : les 
plus intérieures sont les plus difficiles à séparer. 

Ces lames se divisent elles - mêmes en. fibres 
rayonnantes, extrêmement fines, qui viennent de 
deux centres situés aux deux extrémités de l’axe, 
comme les méridiens viennent des deux pôles sur 
les globes géographiques. 

Cette structure se voit très-bien dans le bœuf, 
la baleine, etc. 

Quelquefois le cristallin se divise plutôt, dans le 
sens des fibres que dans celui des lames; il forme 
alors des secteurs ou quartiers : cela arrive ainsi 
dans les mammifères et les oiseaux, mais beau- 
coup moins dans les poissons. 

Le cristallin des seiches se partage facilement 
en deux hémisphères, dont la limite est marquée 
à l’extérieur par un sillon profond. Chacun d’eux 
consiste aussi en une infinité de calottes concen- 
iriques et composées de fibres rayonnantes. 

Ces fibres, qui se trouvent dans tous les cris- 


tallins, ont été regardées par quelques anatomistes 


comme musculaires. et capables de faire varier 
la convexité de cette lentille, selon la distance des 
objets qu’on veut voir distinctement ; mais les yeux 
dont on a ôté le cristallin n’ont pas de limites plus 
resserrées que les autres pour la vision distincte. 


7 a es 


rte. 


AVS RL mn 


Arr. IX. Des parties transp. de l’œil. 423 


Entre le cristallin et sa capsule on trouve gé- 
néralement un peu d’une humeur particulière. 


Cette capsule recoit dans l’homme et dans les 
mammifères sa nourriture d’une artère qui vient 
du nerf optique, traverse le vitré qu'elle nourrit 
aussi par quelques branches, et vient former à 
la face postérieure de la capsule un réseau très- 
compliqué, dont les branches s’étendent jusqu'à 
sa face antérieure. | 


Dans les oiseaux, elle reçoit ses vaisseaux des 
artères de la membrane plissée , vulgairement 
nommée le peigne. Ces vaisseaux viennent eux- 
mêmes de l'artère centrale du nerf optique. 


On croit que le cristallin en reçoit quelques 
branches : certains anatomistes le supposent nourri 
par imbibition. 

LL 


C. L’humeur aqueuse, 


Est une liqueur limpide , simplement épanchée 
dans toute la partie de l’œil qui est au devant 
du cristallin; sa plus grande partie est au devant 
de l'iris. On a beaucoup disputé sur la quantité 
qui s’en trouve derrière cette membrane; il est 
constant que, cette quantité est très-petite, On pré- 
tend due dans l’homme l’humeur aqueuse est un 
peu plus légère que l’eau distillée, comme 975 : 1000. 
Elle n’a point dodeur ; sa saveur est légèrement 
salée; elle ne devient point opaque par l’esprit- 
de-vin; elle s’exhale au travers des pores de le 


Dd 4 


Â24 XII° Lecçox. De l'œil. 

cornée, et c’est sa déperdition qui rend cette 
membrane flasque après la mort. Toutes ces choses 
sont communes à tous les animaux vertébrés. 


AR AI C'LE : X. 


De la suspension du globe de l'œil et de ses 
muscles. | 

Dans tous les animaux à sang rouge l’œil est placé 
dans une cavité de la face, nommée orbite, dent 
nous avons décrit les formes et les compositions 
dans divers articles de la VIIT* leçon. Il peut s’y 
mouvoir plus ou moins, et il s’y appuie sur des 
corps de nature différente. 

L’orbite étant le plus souvent conique ou oblong, 
il reste derrière le globe un espace qu’il ne peut 
remplir. 

Dans tous les animaux à sang chaud, cet espace 
est rempli de graisse ; elle y forme une espèce de 
de coussinet, sur lequel le globe de l'œil s’appuie 
et se meut sans se blesser. C’est la diminution 
de cette graisse dans les vieillards qui fait que 
leur œil s’enfonce dans l'orbite. 

T’orbite des oiseaux étant beaucoup moiïns pro- 
fond à proportion que celui des mammifères, leur 
coussinet de graisse est moins épais, et leur œil 
a moins de jeu : aussi en appercçoit-on à peine les 
mouyemens. 

Les raies et les squales ont une disposition 


Arr. X. Des muscles de l’œil. 425 


particulière. Leur œil est articulé sur l'extrémité 
d’une tige cartilagineuse, qui s'articule elle-même 
dans le fond de l'orbite. De cette maniére les 
les musclés agissent sur un long lévier, et ont 
beaucoup plus de force pour mouvoir l'oeil. 

Dans les autres poissons, l’œil repose sur une 
masse plus ou moins étendue d’une substance gé- 
latineuse contenue dans un tissu cellulaire lâche. 
Cette masse tremblante et élastique donne à l’œil 
un appui qui se prête à tous ses mouvemens. 

Les seiches ayant une sclérotique cônique, qui 
s'attache au fond de l'orbite, ce n’est pas entre 
elle et l'orbite, mais entre elle et la choroïde que 
sont placés des corps glanduleux qui servent à 
soutenir le globe. Comme sa partie fixée aux bords 
du trou optique est pointue , elle conserve malgré 
cette fixation quelque mobilité. 

Les muscles de l’œil de l’homme sont au nombre 
de six; il y en a quatre droits, qui s’attachent 
aux bords du trou optique, et viennent coller leurs 
tendons à la partie antérieure du globe, où ils 
épaississent la sclérotique et parviennent ainsi 
jusqu'aux bords de la cornée. 

Les deux autres sont nommésobliques. L’oblique 
supérieur ou trochléateur vient aussi du fond 
de l’orbite ; il passe son tendon dans une poulie 
cartilagineuse , située à la voûte de cette cavité, 
et le porte en rebroussant en arrière et en dehors 
pour l’attacher à la sclérotique sous le droit externe 
ou abducteur. 1/oblique inférieur vient de la paroï 


496 XII Leçox, De l'œil. 
interne de l'orbite, ei passe sous l'œil pour s’in- 
sérer à son côté externe. 

-Les singes ont les mêmes muscles que l’homme , 
et en même nombre; mais les autres maminifères 
en ont au moins un de plus. 

C’est celui qu’on nomme suspenseur ou muscle 
choaioïde, c’est-à-dire en forme d’entonnoir ; dans 
les ruminans et les chevaux, il forme en efet un 
entonnoir ou un cône alongé, dont la pointe est 
fixée au bord du trou optique, et qui s'étend dans 
tout l'intervalle qui est entre les quatre muscles 
droits. Son insertion est un peu plus en arrière 
que les leurs. Plusieurs espèces , comme la plupart 
des carnassiers et les cétacés, ont 7... par- 
tagé en quatre, en sorte qu'ils ont huit muscles 
droits. 

Dans le rhinocéros, il ne se divise qu’en deux. 

Les muscles obliques ne présentent point de 
différence dans les mammifères. 

Les oiseaux et les poissons ont tous six muscles 
seulement; quatre droits, qui viennent, comme 
dans l’homme, des bords du trou optique; et deux 
obliques, qui viennent l’un et l’autre de la paroi 
antérieure de l'orbite ; ils ont leur attache très- 
près l’un de l’autre, et vont s’insérer l’un au 
dessus , l’autre au dessous du globe, sans que le 
supérieur passe par une poulie, comme dans les 
mammiftres. 

Dans les oiseaux, tous ces muscles s’attachent 
à la partie molle de la sclérotique, et on ne peut, 


Art. X. Des muscles de Pœil ko 


G 


sans les déchirer, suivre leur tendon jusqiva sa 
partie osseuse. Ils sont beaucoup plus courts à 
proportion que dans les autres classes. 

Dans la tortue, on trouve les six muscles ordi- 
naires, disposés comme dans les poissons, et de 
plus quatre petits qui embrassent de près le nerf 
optique , et s’épanouissent sur Ja portion convexe 
de la sclérotique, après avoir été comme bridés 
par le muscle de la troisième paupière, dont nous 
parlerons par la suite. 

Il en est absolument de même dans lé crocodile. 

Dans les grenouilles et les crapauds, il y a 
un grand muscle en entonnoir, qui embrasse Île 
nerf optique et ne se divise qu’en trois portions. 
Ses fibres inférieures avancent davantage vers lé 
bord de l’œil que les supérieures. 

Il y a de plus un seul muscle droit à la partie 
inférieure, par conséquent une abaïsseur ; et un 
seul trés-court muscle oblique, qui s'attache à la 
paroi antérieure de l'orbite, et s’insère directe- 
ment dans la partie voisine du globe. Le muscle 
de la troisième paupière bride tellement la partie 
inférieure de celui en entonnoir, qu’il est tiraillé 
lorsque ce dernier se gonfle, et voilà pourquoi la 
troisième paupière s'élève lorsque l’œil s’abaisse , 
come nous le verrons mieux par la suite. 

L’oœil de |la seiche n’a que deux petits muscles: 
un supérieur, et un antérieur ( en supposant la 
tête en haut). Û 


! 
L 
L 


428 XII Lecow. De l’œil. 


AR TICL'E XIE 


Ses 


Des paupières et de leurs mouvemens. 


Les paupières sont des voiles membraneux , 
formés par des replis de la peau, et destinés à 
couvrir l’œil dans l’état de repos; à nettoyer sa 
surface par leurs mouvemens ; à en écarter par 
leur clôture subite les petits corps qui pourroient 
l’irriter; et même, dans certains cas, à favoriser 
la wision, en diminuant la trop grande affluence 
des rayons lumineux. 


À. Dans l’homme. 


L'homme n’a que deux paupières, dont la com- 
missure est transversale. Leur épaisseur est remplie 
par des muscles et une cellulosité serrée , dont 
quelques-uns ont fait un ligament. La face qui 
touche l’œil est très - fine et très - abondante en 
vaisseaux. La face externe est semblable au reste 
de la peau. Le bord de chacune est renforcé 
par un cartilage, nommé tarse , qui va d’un angle 
de la commissure à l’autre, est arrondi et forme 
avec son opposé un petit canal du côté de l'œil, 
par lequel les larmes s’écoulent du côté du nez. 
Ces bords des paupières sont encore garnis d’une 
rangée de poils, connus sous le nom de cils. 


Les paupières de l’homme n’ont que deux 
muscles : un orbiculaire qui les ferme; et un rele- 


ES 


ART. XI. Des paupières. 429 


veur, quirelève la supérieure. L’inférieure s’abaisse 
par sa propre élasticité. Le muscle orbiculaire 
entoure les paupières de fibres concentriques et 
circulaires , qui ont leur attache fixe dans l’angle 
interne ou nasal, où il y a même quelques autres 
fibres dont la direction est transverse. Le muscle 
releveur de la paupière supérieure vient du fond 
de lorbite au dessus des muscles droits de l’œil, 
et se dilate dans l'épaisseur de celte paupière. 

Dans l'angle interne des paupières, est un petit 
repli en forme de croissant , qui n’est sensible 
que lorsque l’œil se tourne du côté du nez: c’est 
un vestige de la troisième paupière qui est déve- 
loppée dans d’autres animaux. 


B. Dans les mammifères. 


Les singes ne différent point de l’homme, à 
l'égard des paupières. 

Dans les autres quadrupèdes , la troisième pau- 
pière devient de plus en plus considérable, quoi- 
qu’elle n'ait dans aucun de muscle propre, et 
qu'elle ne puisse couvrir entièrement l’œil. Elle 
est ordinairement sémi-lunaire : c’est ainsi qu’on 
l’observe dans les rminans , les édentés, les 
pachy dermes. 

Le rhinocéros l'a épaisse et charnue. Dans le 
lièvre, son bord libre est convexe : il en est de 
même dans les rats, les agoutis, etc. 

Dans presque toutes les espèces, on y remarque 
une rangée de pores, qui laissent sans doute passer 


430 XII Lecox. De l'œil. 
quelque humeur onctueuse. Souvent une partie. 
de son épaisseur est occupée par une lame carti- 
lagineuse : celte plaque a été nommée o7glée par 
les hippotomistes. Le Zèvre l’a triangulaire et 
fort grande. 
On voit dans quelques mammifères , outre les 
muscles ordinaires des deux paupières , deux 
couches de fibres qui viennent du pannicule 
charnu, et qui servent, l’une à abaisser la pau- 
pière inférieure, Haie à relever la supérieure. 
‘Les cétacés ont leurs paupières si épaissies par 
la graisse huileuse qui est entre les deux lames, 
qu’elles sont presque immobiles. Elles n’ont point 
de cils; il n’y a aucun vestige de la troisième 
paupiére. 


C. Dans les oiseaux. 


Les oiseaux ont trois paupières; les deux or- 
dinaires; dont la commissure est horizontale; et 
une troisième, verticale, située dans l’angle nazal 
de l'œil, mais qui peut le couvrir entièrement 
comme un rideau. Les deux premières couliennent 
entre leur peau extérieure et l’interne ou conjonc- 
tive une membrane ligamenteuse, qui se continue 
dans l'orbite et en tapisse toute É cavité. 

C’est sur-tout la paupière inférieure qui couvre 
l’osil en s’élevant; elle est. plus grandè que la supé- 
rieure et bien plus épaisse. Sa face interne pré- 
sente une plaque ovale, presque cartilagmerise 
et parfaitement lisse : l'orbiculaire des paupières 


Arr. XI Des paupières. 431 


passe sons cette plaque ; mais dans Îa paupière 
supérieure il touche immédiatement le bord. Le 
reléyeur de la paupière supérieure ne s’insère 
que vers l’angle externe; son attache fixe est à 
la voûte de l'orbite. La paupière inférieure a un 
abaisseur particulier qui vient du fond de l'orbite. 
Il ny à point de cartilage au bord de ces pau- 
pières, et il n’y a qu’un petit nombre d'oiseaux 
qui y aient des cils, encore sont - ce plutôt des 
plumes à barbes courtes que de vrais cils. Cés 
plumes sont très-remarquables dans le calao. 

Il n’y a qu’un petit nombre d'oiseaux dans 
lesquels la paupière supérieure s’abaisse autant que 
linférieure s'élève. Tels sont entre autres les 
chouettes et les engoulevents. 

La troisième paupière, où la membrane tligno- 
tante, devoit avoir une certaine transparence ; 
car les oiseaux regardent quelquefois au travers : 
et c’est elle qui permet à l’aigle de fixer le soleil; 
elle ne pouvoit donc contenir de muscle dans son 
intérieur : c’est là la raison du singulier appareil 
qui la met en mouvement. 

“Deux muscles ont leur attache fixe au globe 
de d'œil, à la partie postérieure de la sclérotique. 
L'an, nommé le. quarré dela troisième 
paupière, est, fixé vers le haut de l'œil et un 
peu en arrière ; ses fibres descendent vers le nerf 
optique , et se terminent en un tendon d'une espèce 
toute particulière. Il ne s’insère nulle part; mais 
il forme un canal cylindrique, qui se courbe un 


432 XII Lecox. De Poil. 
peu autour du nerf optique, en traversant Ja 
direction des fibres du muscle. Le second muscle, 
nommé le pyramidal, est fixé au côté de cette 
même partie postérieure du globe, qui est près 
du nez , un peu vers le bas. Ses fibres se ramassent 
en un tendon, en forme d’une longue cordelette, 
qui traverse tout le canal du muscle précédent, 
comme il feroit la gorge d’une poulie ; et après 
avoir fait ainsi plus d’un demi-cercle, il se porte 
dans une gaine cellulaire de la sclérotique par 
_ dessous l’œil jusqu’à la partie inférieure du bord 
libre de la troisième paupière où il s’insère. 
On sent aisément que l’action simultanée de 
ces deux muscles doit tirer avec force ce cordon 
tendineux, et amener par son moyen la troisième 
paupière sur l’œil. Elle retourne dans l’angle des 
deux autres paupières par sa propre élasticité. 


D. Dans les reptiles. 


Les reptiles varient singulièrement pour le 
nombre et la disposition de leurs paupières. Les 
serpens n’en ont point du tout; les crocodiles, 
les tortues en ont trois, et la troisième est ver- 
ticale , comme dans les oiseaux. Il y en à trois 
aussi dans les grenouilles ; maïs la troisième y 
est horizontale comme les deux autres. 

Les paupières horizontales des crocodiles et 
des tortues se ferment exactement; elles ont chacune 
un renflement à leur bord, mais sans aucun ail. 
Leur troisième paupière est demi - transparente ; 


éd n HR 


Arr. XI. Des paupières. 453 


élle sé meul d'avant en arrière , et peut couvrir 
tout l’œil. Elle n’a qu’un seul muscle qui remplace 
le pyramidal des oiseaux; il est de même fixé à 
la partie postérieure du globe vers le bas; et 
aprés avoir tourné autour du nerf optique, il re- 
passe sous lœil pour porter son tendon à cette 
paupière ; mais il n’y a ni le muscle carré, ni 
sa gaine, comme dans les oiseaux. 

Dans les autres lézards, il y a des variétés 
assez fortes. 

Les lézards ordinaires ont pour paupières une 
espèce de voile circulaire, tendu au devant de 
Vorbite et percé d’une fente horizontale qui peut 
se fermer par un sphincter , et s’ouvrir par un 
releveur et un abaïisseur. Sa partie inférieure a 
un disque cartilagineux, lisse, rond , comme dars 
les oiseaux. Îl y a de plus une petite paupière 
interne, mais sans muscle propre. Elle manque 
tout-à-fait au caméléon, dont la fente est d’ailieurs 
si petite qu’on voit à peine sa prunelle au travers. 
Le gecko n’a point de paupière mobile. Son oeil 
est protégé par un léger rebord de la peau, 
comme dans les serpens. Il paroït qu’il en est de 
même dans le scinque. 

Dans les grenouilles et les crapauds ; la pau- 
pière supérieure n’est qu'une saillie de la peau, 
à peu près immobile; l’inférieure est plus mobile, 
elle a un bord renflé; mais la troisième , qui se 
meut de bas en haut, est celle que ces animaux 
emploient le plus. Elle est très - transparente ; 

2 E e 


34 XII Læcçow. De l'œil. 


elle n’a qu'un muscle placé transversalement 
derrière le globe de l’œil, et qui forme de chaque 
côté un tendon mince qui va s’insérer à l’extré- 
mité correspondante du bord libre de cette troi- 
sième paupière. 


Les salamandres n’ont que deux paupières 
horizontales, charnues et très-peu mobiles. Ils ne 
paroît pas qu’elles puissent entièrement couvrir 
l'oeil. 


E. Dans les poissons. 


Dans la plupart des poissons, il n’y a aucune 
paupière mobile. Dans quelques - uns , ainsi que 
nous l’avons déja vu, la peau passe devant l’œil 
sans même former un repli; d’autres n’ont que 
de légères saillies, des espèces de sourcils plutôt 
que des paupières. La plupart des poissons osseux 
ont, à chaque angle de l'orbite, un voile vertical 
et immobile , qui n’en couvre qu'une petite partie. 
C’est ce qu’on peut voir aisément dans lerzaquereau, 
le saumon, etc. 


Le poisson - lune ( tetraodon mola) nous a 
présenté une particularité que nous n’avons point 
vue ailleurs. Son œil peut être entièrement cou- 
vert par une paupière percée circulairement, et 
qui se ferme au moyen d’un vrai sphincter. Cinq 
muscles disposés en rayons, et s’attachant au fond 
de l'orbite, en dilatent l’ouverture. 


Aër, XI. Des paupiérés. 455 
P. Dans Les mollusques. 


Les seiches et les mollusques qui n’ont pas les 
yeux à l’extrémité de leurs tentacules, n’ont aucune 
paupière. La peau couvre l’œil, comme dans les 
serpens et les anguilles ; mais les //maces, les 
escargots, etc., ont une organisation bien plus 
compliquée et plus sûre que des paupières pour 
protéger leur oeil. 

Cet œil est situé à l'extrémité d’un tube charnu, 
nommé corne ou tentacule , qui peut rentrer en 
entier dans la tête, où qui peut en sortir en se dé- 
roulant comme un doigt de gant. Nous avons décrit, 
dans notre premier volume , page 413, les muscles 
qui retirent le /:naçon dans sa coquille. À chacun 
d’eux , sur son bord externe s’attache le muscle 
particulier d’un des yeux. Ce muscle pénètre 
dans l’intérieur de la corne et va se fixér à son 
extrémité, en sorte que lorsqu'il se contracte, et 
encore mieux lorsqu'il est aidé par la contraction 
du grand muscle du corps, il tire cette extrémité 
de la corne en dedans, comme lorsqu'on veut 
retourner un bas. Des fibres annulaires qui en- 
tourent toute la longueur de cette même corne 
la déroulent en se contractant successivement et 
reproduisent ainsi l’œil au dehors. Dans la /zmace 
sans coque, les muscles rétracteurs des yeux s’at- 
tachent simplement à la masse charnue qui forme 
le pied. Les cornes ou tentacules inférieurs qui 
_ne portent point d’yeux ont le même mécanisme. 


Ee 2 


436 XII° Leçon. De l’œil. 
ARTICLE XII. 


Des glandes qui entourent l'œil. 


A. Dans l’homme. 


Daxs les animaux qui vivent dans l’air , le 
devant de l’œil seroit bientot desséché et sali par 
la poussière , si une humeur limpide ne l’humec- 
toit, et ne le lavoit continuellement ; il seroit 
blessé par une infinité de petits corps, d'insectes, etc., 
si des substances onctueuses ne les arrétoient sur 
les bords des paupières et entre les cils : c’est la 
Vusage des glandes dont l’œil est entouré, et qui, 
dans l’homme, se réduisent à trois sortes : la 
glande lacrymale , les glandes de. Meibomius 
_ et la caroncule lacrymale. 

La glande lacrymale est située dans le haut de 
. Porbite, au dessus de la paupière supérieure , un 
peu vers la tempe; elle paroït composée de grains 

blanchâtres, et forme deux petits lobes. Il en’ part 
six où sept canaux très-fins, qui descendent dans 
l'épaisseur de la paupière et s'ouvrent à sa face 
interne, un peu au dessus du cartilage qui la 
borde. 

L’humeur des larmes suinte continuellement de 
ces petites ouvertures ; elle se répand au devant 
de l’œil ; et chaque fois que les paupières se ferment, 


elles poussent une partie de cette humeur dans 


Arr. XII Glandes lacrymales. 437 


le petit canal triangulaire, qui est formé par leurs 
bords et le globe, vers leur angle interne ou nasal. 

Une matière grasse, séparée par les glandes 
de Meibomius, vernisse les bords des paupières, 
et empêche l'humeur des larmes de‘les mouiller 
et de passer par dessus. Ces glandes sont situées 
dans lépaisseur des deux paupières vers leurs 
bords. Elles sont composées de petits follécules , 
rangés sur des lignes verticales et parallèles , au 
nombre de plus de trente à la paupière supérieure, 
et de plus de vingt à l’inférieure. Leurs ouvertures 
sont de petits trous qui règnent tout le long du 
bord de chaque paupière. 

Lorsque l'humeur des larmes est arrivée: vers 
Pangle nasal de Pœil, elle y est ‘absorbée par 
deux pelits pores, percés dans deux éminences 
qui se trouvent à-cette extrémité des paupières , 
et nommés points lacrymaux. Chacun d’eux 
conduit dans un petit canal, et les deux canaux 
aboutissent au sac lacrymal, qui se vide dans 
le nez par un canal que nous avons indiqué, 
page 85 de ce volume. 

La caroncule lacrymale est placée dans l’angle 
interne ou nasal des paupières; on la voit sans 
dissection « c’est une. masse petite, arrondie et 
rougeâtre, composée de sept follécules distincts ‘ 
qui produisent une humeur épaisse et blanchätre, 
dont l’usage paroïît être sur-tout de garantir les 
points lacrÿmaux , en arrêtant les corps légers 
qui pourroient s’y infroduire. 


Ee à 


458 XII Leçon. De Fœil. 
B. Dans les mammifères. 


Les quadrupèdes ont , pour la plupart, les mêmes 
glandes que l’homme, et plusieurs d’entre eux 
en ont une*de plus. 

La glande lacrymale, proprement dite, est sub- 

divisée en deux ou trois corps dans les ruminans; 
quelques grains séparés ont chacun leur canal 
excréteur très-court, 
.. Dans le Lièvre, le lapin, la glande lacrymale 
est très-grande;.elle s’étend au dessus et au dessous 
de l’œil; elle, remplit l'intervalle entre le crane 
et l’apophyse qui, dans ces animaux, soutient 
le sourcil ; elle passe derrière l’œil, s'enfonce sous 
J’arcade zygomatique, ressort de l'orbite du côté 
du nez, et se termine à cet endroit par un grand 
renflement ; elle ne m'a paru,avoir qu’un seul 
canal excréteur , qui perce la paupière supérieure 
vers l’angle postérieur. 

La glande Mricunère à certaines espèces de 
quadrupèdes et qui manque à l’homme porte le 
nom de glande de Harderus , quoiqu’elle ait été 
vue et décrite bien avant cet anatomiste. Elle est 
toujours située dans l’angle interne ou nasal, et 
sépare une humeur épaisse et blanchâtre, qu’elle 
verse par un orifice situé sous le vestige de la troi- 
sième paupière. Dans les ruminans , elle est ob- 
longue, d’une consistance assez dure, Dans le 
lièvre, elle a l’air d’être formée de deux parties, 
unies seulement par de la çellulosité, et subdi- 


‘ 
\ 


PE PRRESELS 


Arr. XII. Glandes lacrymales. 439 


visées chacune en beaucoup de lobes. La partie 
supérieure est plus petite et blanchätre ; l’inférieure, 
beaucoup plus grande , est rougeâtre ; elle est 
considérable et double dans le rat d’eau. 


Elle existe aussi dans les carnassiers, l’é/éphant, 
le cochon, où elle est ovale, le paresseux, etc. 


La caroncule existe dans les ruminans comme 
dans l’hornme ; elle y est composée d’un plus grand 
nombre de follécules. 

Je n'ai pu la voir dans le Zièvre, ni dans plu- 
sieurs autres rongeurs. 

Les voies par lesquelles les larmes s’écoulent 
présentent aussi des différences. 


Les ruminans ont les points lacrymaux et les 
conduits comme l’homme. Quelques genres de cet 
ordre sont encore remarquables par les larmiers , 
où fosses lacrymales : ce sont de petites fosseites 
- creuses sur la joue, une au dessous de chaque 
œil près de son angle nasal, et communiquant 
avec cet angle par un petit sillon. Elles se trouvent 
dans les cerfs et dans les antilopes ou gazelles, 


Le cochon a deux points lacrymaux : on les 
trouve aussi dans les paresseux et les fourmiliers. 


Dans des Zièvres , les lapins, et sans doute 
dans quelques genres voisins , il n’y a pas de 
points lacrymaux , mais une fente en croissant 
sous le bord inférieur de la troisième paupière, 
qui conduit dans un canal lacrymal unique, Les 
bords de cette fente sont garnis de cartilages. Il 

" Ee 4 


430 XI Leçox. De lœil. 
y a dans le canal une petite valvule sémi-lunaire, 
qui empêche l’humeur de revenir vers Poil. 

Les cétacés n’ont, comme la plupart des animaux 
qui vivent constamment dans l’eau, ni glande, ni 
points lacrymaux. On voit seulement sous la pau- 
pière supérieure des lacunes d’où s'écoule une 
humeur épaisse et mucilagineuse. 


C. Dans les oiseaux. 


On trouve dans les oiseaux Ia glande lacry- 
male et celle de Harderus : il n’y a point de ca- 
roncule. La glande de Harderus est beaucoup 
plus grande que l’autre, ordinairement de forme 
oblongue et de couleur de chair; elle est située 
entre le muscle releveur et l’adducteur, ou quel- 
quefois, comme dans le dindon , entre Padduc- 
teur et l’oblique inférieur, et produit un canal 
excréteur unique qui se glisse dans l’épaisseur 
de la troisième paupière et s'ouvre à sa face 
interne. Cette glande répand une humeur jaune 
et épaisse. La glande lacrymale des oiseaux est 
drdinairement fort petite, à peu prés ronde, très- 
rouge et située à l’angle postérieur. Elle se dé- 
charge par deux ou trois petits canaux assez vi= 
sibles, précisément dans l’angle des deux paupières 
horizontales. 

Les oiseaux du genre des canards ,'et d’autres 
oiseaux d’eau et de rivage, ont un corps glandu- 
lux, dur, grenu, qui occupe toute la partie 
supérieure de l’orbite, et se contourne en arrière 


Arr. XII. Glandes lacrymales. h4x 


pour suivre la courbure de Pocil. Dans le morillon 
(anas fuligula), il est si large qu’il touche son 
correspondant par dessus le crâne. Ce corps paroît 
tenir lieu de la glande lacrymale ; je n’en ai ce- 
pendant pas encore vu le canal excréteur. 

Les oiseaux ont tous deux trous pour l’écoute- 
ment des larmes, placés dans l'angle antérieur 
entre les deux premières paupières et la troisième, 
larges et non bordés de cartilage , mais mous 
comme le reste de la peau environnante. | Ils 
donnent presque immédiatement dans le sac nasal 
situé dans la base du nez. 


D. Dans les reptiles. 


Les reptiles varient autant à l'égard de leurs 
glandes lacrymales qu’à celui de leurs paupières. 

Les tortues de mer ont une glande irès-con- 
silérable à l'angle postérieur; elle est rougeûtre,, 
grenue ; divisée en, lobes, et s'étend jusque sous 
la voûte qui recouvre la tempe. 

Dans les tortues d’eau douce ,;on trouve deux 
pelites glandes noirâtres, qui existent aussi dans 
les crapauds et les grenouilles, mais dont je ne 
conmmois pas bien les canaux excréteurs. 

Les serpens paroissent n'avoir aucune glande 
autour de l'œil, non plus que les poissons. 


à4e XII° Lecow. De l'œil. 


ARTICLE XI ET 


4 


De l’œil des insectes et des crustacés. 


CE que nous avons à dire concerne#principa- 
lement les yeux composés ; car les yeux simples 
sont trop petits pour être disséqués. 

La structure de l’œil des insectes est si diffé- 
rente de ce qu’on observe dans celui des autres 
animaux ; et même des mollusques, que l’on auroit 
peine à croire qu'il püt être un organe de la 
vue, si des expériences faites à dessein ne l’avoient 
démontré. En effet, si on coupe , ou sion couvre 
avec quelque matière opaque les yeux de la 
demoiselle , elle va se heurter contre les murs; 
si on couvre les yeux composés de la guépe, 
elle s'élève droit en l'air, et monte à perte de 
vue; si on couvre aussi ses yeux simples, elle 
reste immobile, et ne peut plus être déterminée 
à prendre son ol A 

La surface de l’œil composé présente au micros- 
cope une multitude innombrable de facettes hexa- 
gones , légèrement convexes et séparées les unes 
‘des autres par de petits sillons, dans lesquels sont 
très-souvent des poils fins et plus ou moins longs. 

Ces facettes forment toutes ensemble une mem- 
brane dure et élastique , qui, lorsqu'on l’a débar- 
rassée des substances qui lui adhèrent par derrière, 
est fort transparente, 


ArT. XIII. @il des insectes. 445 


Chacune des petites facettes peut être considérée 
ou comme une cornée, ou comme un cristallin ; 
car elle est convexe en dehors, concave en dedans, 
maïs cependant plus épaisse au milieu qu'aux bords, 
et c’est la seule partie transparénte qui se trouve 
dans ce singulier oil. 

Immédiatement derrière cette membrane trans- 
parente est un enduit opaque, qui varie beaucoup 
en couleur selon les espèces, et qui forme même 
quelquefois dans un seul et même œil des taches 
ou des bandes de couleur différente. Sa consistance 
est la même que celle du vernis de la choroïde; 
il bouche entièrement le derrière des facettes sans 
laisser aucune ouverture.pour le passage de la 
lumière. : 

Derrière ce vernis se trouvent des filets je 
châtres, très-courts, en forme de prismes hexa- 
gones, serrés les uns contre les autres comme 
les carreaux d’un pavé, et précisément en même 
nombre que les faceties de la cornée. Ils pé- 
nètrent chacun dans le creux d’une de ces facettes 
et n’en sont séparés que par le vernis dont j’ai 
parlé plus haut. S'ils sont de nature nerveuse, 
comme j'ai lieu de le croire, on pourroit consi- 
dérer chacun d’eux comme la rétine d’une des 
facettes ; mais on aura toujours à expliquer comment 
la lumière peut agir sur une semblable rétine au 
travers d’un vernis opaque. 

Derrière cette multitude de filets perpendiculaires 
à la cornée , est une membrane qui leur sert à 


444 XIF Lrcon. De Pœil. 


tous de base, et qui est par conséquent à peu 
près parallèle à cette même cornée. Cette mem- 
brane est très-fine , d’une couleur noirâtre qui tient 
à son tissu intime, et qui ne lui est point donnée 
par ün vernis; on y voit des lignes blanchätres 
très-fines, qui sont des trachées, et qui produisent 
des branches encore plus fines qui pénètrent entre 
les filets hexagones jusqu’à la cornée. On pourroit , 
par analogie, donner à cette membrane le nom 
de choroïde. 

Derrière cette choroïde est appliquée une 
expansion mince du nerf optique, qui est une 
vraie membrane nerveuse, parfaitement semblable 
à la rétine des animaux à sang rouge. Il paroiît 
que les filets blancs qui forment les rétines par- 
ticulières de chaque facette sont des productions 
de cette rétine générale, qui ont percé la mem- 
brane que j'ai nommée choroïde par une multi- 
tude de petits trous presque imperceptibles. 

Pour bien voir toutes ces parties il faut couper 
la tête d’un insecte dont les yeux soient un peu 
gros , et la disséquer par derrière : on enlève 
alors chaque partie dans un ordre inverse de celui 
‘dans lequel je les aï décrites. | 

Dans:les écrevisses, en général , l’œil est placé 
sur un tubercule mobile. E extrémité, arrondie de 
toute part, et quelquefois alongée en cône, présente 
à la loupe les mêmes facettes que les yeux des 
insectes. Lorsqu'on coupe longitudinalement ce 
tubercule, on voit que le nerf optique le traverse 


ArT. XIII. il des insectes. 445 


par un canel cylindrique qui en occupe l'axe. 
Arrivé au centre de la convexité de l’œil il forme 
un petit bouton, d’où partent en tout sens des 
filets très-fins, qui rencontrent à quelque distance 
la membrane choroïde, qui est à peu prés con- 
centrique à la cornée, et qui enveloppe cette brosse 
sphérique de l'extrémité du nerf, comme le feroit 
un capuchon. Toute la distance entre cette choroïde 
et la cornée est occupée, comme dans les insectes, 
par des filets blanchâtres, serrés, qui se rendent 
perpendiculairement de l’une à l'autre, et dont 
Vextrémité qui touche à la cornée est également 
enduite d’yn vernis noir. 

Ces filets sont la continuation de ceux qu’a produits 
le bouton qui termine le nerf optique, et qui ont 
percé la choroïde. 


encore | | 
TREIZIÈME LEÇON. 


De l'organe de l’ouïe, ou de l’oreille. 


\ 


ARTICLE PREMIER. 


Du son, et de l’oul&en général. 


Le son, et plus généralement Je bruit, est une 
sensation qui se produit en nous , lorsque certains 
corps que nous nommons sozores sbnt mis en 
vibration , et communiquent médiatement du immé- 
 diatement leur mouvement vibratile à l’air qui 
nous entoure, ou à tout autre corps qui aboutisse 
à notre oreille 5 c’est l'oreille qui, étant affectée de 
ce mouvement, nous en donne le sentiment et nous 
fait entendre. | 

Nous distinguons dans le son des qualités de 
divers ordres, et indépendantes l’une de l’autre ; 
savoir , 1°. la force qui dépend de l’étendue des 
vibrations du corps qui cause le son. Plus ces 
vibrations sont grandes , plus le son est fort. 
Cette étendue de vibrations dépend elle-même de 
la force de l'impulsion qui les a causées. 2°. Le 
“ion qui dépend de la sétesse de ces mêmes 
vibrations. Plus le corps sonore en fait dans un 
temps donné , plus le on est haut ou aigu ; moins 
il en fait, plus le ‘on est bas ou grave, On 


ER € <. à 


ART. I. Du son et de l’oute. 447 


connoît parfaitement les lois de ‘cette vitesse, et 

les circonstances qui la déterminent. Toutes choses 

égales d’ailleurs , elle est en raison inverse de la 

longueur des corps sonores , et en raison directe 

de leur tension, soit que la cause de celle-ci soit 

extérieure ou qu’elle tienne à la nature même du 

corps sonore. 9°. La qualité du timbre ; elle dé-: 
pend dela composition intime du corps sonore ; 
c’est d’après elle que nous distinguons le son 
argentin ,; le son fiuté, le son sourd, le son 
éclatant, etc. etc. On n’en connoît point les lois. 

4°, Les voix , dont on exprime les diverses espèces 
par les lettres nommées voyelles , &, e,1, 0, w, 

ai ou, eu, etc. On ignore absolument à quoi tient 
cette modification du son, quoique l’on sache assez 

quels sont les mouvemens que l’homme et les ani- 
maux doivent imprimer .à leurs organes vocaux 
pour les produire. 5°. Les articulations , dont on 
exprime les diverses espèces par les lettres nom- 
mées consonnes , D, c, d, etc. On est à leur égard 
dans la même ignorance que pour les voix. Aussi 
n’est-on encore parvenu à imiter les unes et les 

autres que très - imparfaitement par nos instru- 
mens. 

L’oreille de l’homme distingue tous ces ordres 
de qualité dans un seul et même son, et elle le 
fait avec une justesse admirable dans les personnes 
exercées, et sur-tout dans les musiciens de pro- 
fession. Les mammifères nous donnent des preuves 
qu'ils distinguent très-bien les qualités qui ont rap- 


448 XIII° Leçon. De l'oreille. 


port à la parole, c’est-à-diré les voix et les arti- 
culations; car nous voyons tous les jours qu’ils 
retiennent le son et la signification de plusieurs 
mots. Quelques-uns d’entre eux sont vivement 
affectés par certains tons. Les tons aigus font souf- 
frir les chiens ; nous voyons aussi que les bruits 
violens les épouvantent : ainsi ils distinguent ces 
deux ordres de qualités. Les oiseaux n’ont pas 
un sentiment moins exquis du fon, de la vozx, 
de l'articulation, du timbre mème, puisqu'ils 
apprennent à chanter avec tant de justesse , et que 
ceux dont les organes de la voix le permettent 
savent contrefaire , à s’y méprendre , la parole de 
Vhomme , avec toutes les modifications qu’y met- 
tent les individus qu’ils imitent. 

Quant aux animaux à sang froid , nous savons 
bien que plusieurs d’entre eux s’appellent par 
certains sons , que d’autres qui ne peuvent en pro- 
duire peuvent du moins en entendre , come 
les carpes qui viennent au son de la cloche qui 
leur annonce leur repas, etc. etc. Maïs nous igno- 
rons quelles sont les qualités de ces sons qu'ils 
distinguent et jusqu’à quel point va à cet égard 
la finesse de leur sens. 

Nous en savons encore bien moins touchant les 
animaux à sang blanc, quoique nous ayons Ja 
preuve que plusieurs d’entre eux ne sont pas dé- 
pourvus de la faculté d'entendre. AE 

Il seroit bon de déterminer aussi les limites 
dans lesquelles Poreille de chaque animal perçoit 


| 


| 


ART. I. Du son et de l’ouïe. : 449 


chacune des qualités du son. Ainsi à l'égard de ja 
force , il y a des sons beaucoup trop foibles pour que 
nous puissions les entendre, que certains animaux 
entendent encore très-bien ; il y a des sons si forts 


qu'ils nous assourdissent , et que d’autres animaux 


pourroient peut-être supporter. À légard du ton, 
il y en a de trop graves et d’autres trop aigus 
pour que nous puissions les entendre. Les mu- 
siciens en ont même assigné les limites entre deux 
nombres de vibrations dont les rapports sont entre 
eux comme 1 à 1024, Peut-être ces limites ne sont- 
elles pas les mêmes pour tous les animaux. Il y a 
une grande différence d’un homme à un autre pour 
la faculté de distinguer deux tons trés-voisins. Elle 
peut être plus grande encore d’un animal à un 
autre. 

À l'égard des voix et des articulations, il y a 
des peuples qui distinguent certaines lettres, entre 
lesquelles d’autres peuples ne sentent point de 
différence. Ainsi du reste. 

La perfection de l'oreille ne suit pas le même 
ordre pour toutes les qualités du son. Telle oreille 
-éstrtrès-délicate pour entendre les sons les plus 
foibles, qui ne vaut rien poùr distinguer un ton 
d’ayec un autre, et vice versa. Si on observe de 
telles différences d’un homme à un autre , à plus 
forte raison! doivent-elles exister entre les divers 
animaux. 

Ilest clair qu'il doit se passer dans l'oreille, au 


- moment où l’on entend uelque chose de cor- 
> queuq 


2 FF. 


&5o XIII Lrcox. De l'oreille. 


respondant à chacune des qualités du son ; mais 
on est encore bien éloigné de savoir quoi, puisque 
l’on ne sait pas même encore ce qui est nécessaire 
pour qu'il y ait en général owie, ou perception 
de son. 

C’est ici que se fait sentir l’avantage de l’ana- 
tomie comparée. Il est bien naturel de croire que 
les parties qui se trouveront constamment dans 
tous les animaux qui entendent , seront celles qui 
sont absolument nécessairés à l’ouie en général ; 
et que celles-là auront un rapport plus particulier 
avec tel ou tel ordre de qualités du son , qui se 
trouveront plus développées dans ceux des ani- 
maux qui perçoivent plus parfaitement cet ordre 
de qualités. è 

C’est ce dernier point qui présente seul de la 
difficulié, parce qu’il nous est presque impossible 
de nous assurer de l’espèce et du degré des per- 
ceptions de tout ce qui n’est pas nous. 

Quant aux parties essentielles à l’ouie , d’après 
l'examen que nous allons faire des oreilles dans 
tous les animaux où on en a découvert, il se 
trouve que la seule partie qui existe constamment, 
est cette pulpe gélatineuse , et enveloppée d’une 
membrane fine et élastique, dans laquelle se résol- 
yentles dernières extrémités du nerf acoustique , 
et qui remplit le labyrinthe, depuis l’homme jus- 
qu'à la seiche ; les organes de l’ouie n'étant point 
encore connus dans les animaux placés au-dessous 
de la seiche dans l’échelle des êtres , quoique plu- 


“ 


Aer. L Da son et de l’oute. 451 


sieurs d’entre eux donnent des preuves mani- 
festes qu’ils ne sont pas privés de ce sens. 

Il est donc à peu près démontré que c’est dans 
cette pulpe , ou plutôt dans les filets nerveux qui 
y flottent oufqui y rampent , que réside le siège 
de l’ouie. On peut se représenter assez naturelle- 
ment le rapport de cette substance avec les mou 
vemens extérieurs qui sont la cause du son. Cette 
pulpe si tremblante doit admettre avec facilité 
les ébranlemens que lui transmettent les vibra- 
tions des corps sonores , et les communiquer aux 
filamens nerveux. Une fois le mouvement arrivé 
là ,; ce qui reste nécessaire pour produire la per- 
ception, échappe à l’anatomiste comme au méta- 
physicien. 

Les autres parties qui ne se trouvent point dans 
toutes les oreilles, ne peuvent être regardées que 
comme des accessoires propres à renforcer ou à 
modifier la sensation, chacun à sa manière. Il 
en est quelques-unes dont on peut conjecturer 
l'effet d’une manière assez plausible ; il n’est pas 
douteux , par exemple, que le pavillon extérieur 
de Voreiïlle , si développé dans certains quadru- 
pèdes , ne serve à renforcer le son , comme le 
cornet qu’employent les sourds; il est très-probable 
que les grandes cavités à parois osseuses qui en- 
.tourent le labyrinthe dans beaucoup d'animaux , 
produisent un effet semblable par la résonnance 
de leurs voutes solides et élastiques. On a pensé 
que la membrane mince et tendue du tympan 


Ff2 


452 XIII Lecow. De Poreille, 


pouvoit transmettre , par le moyen des osselets 
qui lui sont attachés , la vibration de l’air extérieur 
au labyrinthe, d’une manière très-vive, et que la 
volonté pouvoit lui donner , par le moyen des 
muscles qui agissent sur ces mêmes osselets, le 
degré de tension précisément nécessaire pour la 
mettre à l’unisson des sons auquels on desire don- 
ner une attention particulière. 

On a cru que la lame spirale et décroissante 
qui partage le limaçon des quadrupèdes en deux 
rampes, étoit composée de fibres osseuses ; qui, 
diminuant de longueur dela base à la pointe de 
cet organe , se trouvoient propres à être ébranlées 
chacune par un ton particulier. Auparavant on 
attribuoit la même faculté aux anneaux osseux 
qui composent les canaux sémi-circulaires , et qu’on 
croyoit aller en diminuant graduellement depuis 
les deux extrémités de chaque canal jusqu’à son 
milieu. 

La trompe d’Eustache a été regardée comme 
une voie supplémentaire pour les sons qui ne peu- 
vent point arriver à l'oreille par le méat externe; 
d’autres, l'ont prise pour un canal par lequel 
s’écoulent les humeurs superflues de la caisse , 
etc. etc. k 

Les recherches dans lesquelles nous allons entrer 
peuvent-éclaircir plusieurs de ces questions inté- 
ressantes ks | 


Auwr. IL. Du labyrinthe membraneux. 453 
ARTICLE IL 


Des diverses formes de la membrane qui ren- 
ferme la pulpe auditive, ou du labyrinthe 
mernbraneux. 


LA membrane qui renferme la pulpe auditive 
est transparente , assez fine, singulièrement élas- 
tique, et se soutenant en conservant sa forme par 
elle-même et indépendamment des appuis qui 
l'entourent. Cependant elle est plus fine et plus 
foible dans les animaux où elle est embrassée de 
plus près par les os, et sur-tout dans l’homme 
et dans les mammifères. Dans les jeunes animaux 
elle est plus épaisse, plus humide, et plus facile 
à séparer des os que dans lès vieux. 


À. Dans les écrevisses, 


La membrane du labyrinthe ne mérite gueres 
ce dernier nom ; elle représente une petite bourse 
renfermée dans un cylindre écailleux, ouvert par 
les deux bouts. L’extrémité par laquelle ce petit 
cylindre s’unit avec la base de l’antenne, laisse 

 péssér lés nerfs dans la bourse : l'extrémité op- 

posée est fermée par une membrane élastique qür 
peut porter le nom de {y mpanr ,ou mieux encore 
dé fenétre ovale. 

Cette membrane est immédiatement frappée par 
Pair ou par l’eau, dans laquelle se tient l'animal. 


F£5 


45% XIII Lecox. De Poreille. 


Il suffit de regarder avec un peu d’attention Îa 
base des grandes antennes, à sa face inférieure, 
pour appercevoir ce tympan. 

Fabricius et Scarpa Vont décrit en détail. 


B. Dans les seiches , 


L’oreille est présque aussi simple que dans les 
écrevisses; maïs elle est entièrement cachée dans 
Vépaisseur du cartilage annulaire qui sert de base 
aux grands tentacules ou pieds de ces animaux. 

La membrane du labyrinthe est aussi une simple 
bourse, de forme ovale ou arrondie. Dans la 
seiche commune (sepia oficinalis ), elle a en 
dedans plusieurs proéminences coniques , disposées 
irrégulièrement. Ces proéminences manquent dans 
les autres espèces. Dans la pulpe qui la remplit 
est suspendu un petit corps, de substance ossense 
dans les seiches proprement dites, et semblable 
à de l’amidon daus le poulpe. me 

Celui de la seiche commune a la forme d’une 
petite valve de conque. : 


C. Dans les poissons & branchies libres, 


Le labyrinthe membraneux commence à se 
compliquer. Il est toujours composé de trois vais- 
seaux sémi-circulaires plus ou moins grands, qui 
aboutissent tous à un sac plus ou moins divisé 
par des étranglemens, et qui contient dans som 
interieur , outre la puple ordinaire, des osselets, 
au nombre d’un, de deux ou de trois, selon les 


Arr. II. Du labyrinthe membraneux. 455 


“espèces, qui sont dans les poissons osseux d’une 
dureté égale à celle de la pierre; ils y sont 
toujours suspendus au milieu de la pulpe par un 
grand nombre de fibrilles nerveuses. Uhacun des 
. trois canaux sémi-circulaires a un renflement, em 
forme d’ampoule, près de l’endroit où il pénctre 
dans le sac, et deux de ces canaux se réunissent 
par une de leurs extrémités, en sorte qu'il n'y 
a que cinq ouvertures pour la communication. 
des canaux avec le sac, au lieu de six qu'il y 
auroit sans cette réunion. 

Tout ce qui regarde ces trois canaux se retrouve 
dans les classes supérieures, comme nous le verrons. 
Cet appareil entier est situé dans les côtés de la 
cavité du crâne , et s’y trouve fixé par du tissu 
cellulaire, des vaisseaux et des brides osseuses où 
cartilagineuses. 

Les poissons différent . uns des autres par la 
forme et la proportion des parties de leur laby- 
rinthe , et par celles des osselets pierreux qu’il 
contient. 

Des trois canaux, l’un se dirige obhquement 
en avant et en dehors dans un plan presque ver- 
tical ; le second en arrière et en dehors, aussi 
dans un plan vertical; le troisième est presque: 
horizontal et extérieur aux deux autres. Ce sont 
Vextrémité postérieure du premier, et l’ antérieure 
du second, qui se réunissent en un seul canal pour 
pénétrer dans le sac. Leurs deux autres extrémités 
et Les deux du troisième y entrent chacune à part. 

FLA 


456 XIE Ixcçow. Dé l'oreillé, : 

L: renflement est dans les deux premiers canaux 
près de celles de leurs extrémités qui ne s'unissent 
point ; le troisième l’a à son extrémité antérieure. 

Il y a dés différences assez marquées dans la 
longueur proportionnelle des canaux, par rapport 
aux dimensions du sac; mais en général, dans 
les pois-ons osseux , ces canaux sont moins longs 
que dans les cartilagineux. | 

Le poisson-lune, la baudroye et Vesturgeon 
les ont extrêmement longs et minces. Parmi les 
osseux ;, le brochet et le thon les ont plus longs 
que les carpes ; les anguilles et les saumons, etc. 

Le sac varie beaucoup plus que les canaux 
sémi-circulaires. 

Dans le poisson- lune, c'est un simple cône, 
dont Ja pointe est du côté du cerveau, et dont la 
base s’élargit pour recevoir les trois canaux. Dans 
Testurgeon ; c’est un large disque applatti et 
vertical ; appliqué contre la paroi latérale et 
interne du crane, et qui reçoit aussi immédiate- 
ment les trois canaux. Dans la baudroye, c’est 
#ussi un sac simple : ainsi il paroïît que c’est un 
curacliere général de tous les cartiligineux, à 
Branchies libres, de n’avoir point ce sac divisé; 
imuis dans la plupart des autres poissons, 1 partie 
üù aboutissent les canaux , et que. noùs nomme- 
rons le sinus, est séparée du reste, que nous. 
nommerons proprement le sac, par un étrangle- 
ent, 

Le sinus ést ordinairement alongé d'avant en 


D RE Le, n 


Atr. 1, Du labyrinthe membraneux. 457 


arrière, et mince ; le sac est ovale et repose sur 
le plancher même du cräne, de manière à se 
trouver souvent très-rapproché de celui de l’autre 
oreille. Quelquefois ii s'enfonce dans une fosse de 
ce plancher. 

Le brochet a ün petit appendice creux, tenant 
à la partie postérieure du sinus par un canal très- 
mince, et se fixant par son autre extrémité au 
crâne , tout près du bord du trou occipital. C’est 
en quelque sorte une troisième division du sac: 
on ne l’a trouvée jusqu'ici que dans ce seul 
poisson. 

Dans le porsson-luñne ; le sac ne contient pour 
tout osselet que quelques grumeaux d’une matière 
plutôt muqueuse que crétacée. Dans l’esturgeon, 
il n'ÿ à qu’un seul osselet, triangulaire , dont le 
noyau dur est enveloppé en partie d’une matière 
crétacée. 

Dans les poissons osseux , et même dans quelques 
cartilagimeux, comme la baudroye, il y a toujours 
trois osselets, dont deux dans le sac, un grand 
qui.est le principal de tous, et un petit en arrière 
de Jui, Le troisième osselet, Qui est aussi for 
petit, est dans le sinus commun des canaux. 

Leurs formes, leurs manières d’adhérer au sac 
méritent d’être notées, sur-tout à l’égard du plus 
grand. | 

l'est pour l'ordinaire oblong d'avant en ätricre, 
placé obliquement dans son sac, convexe à sa face 
imterne, concave à l’externe, 


‘458 XITI* Leçon. De l'oreille. 

La face interne est lisse et marquée d’un sillon 
dont la direction varie selon les espèces. La face 
externe présente des aspérités. Le bord supérieur 
est ordinairement dentelé d’une manière plus thar- 
quée que l’inférieur, et l’extrémité antérieure a 
souvent des tubercules où des avances: il y en 
a deux dans l’osselet du brochet , du maquereaw 
et du zareng ; trois dans celui de la carpe, dont 
là moyenne est en forme de stilet: les morues et 
autres gades , les rougets, les labres, etc., ont 
cette extrémité arrondie et sans pointes. 

La grandeur proportionnelle de cet osselet varie 
beaucoup. IFest petit dans l’arguille,l'uranoscope, 
les pleuronectes, la dorée, le brochet; médiocre 
dans le Aareng; grand dans les gades et sur- 
tout la morue, dans la carpe et dans beaucoup 
de thorachiques. 

Sa forme générale est ovale dans la morue et 
beaucoup de gades; presque ronde, avec un angle 
rentrant, dans les cyprins, comme la carpe, la 
bréme, la tanche ; la rosse, et dans les sz/ures ; 
irrégulièrement triangulaire dans le brochet, le 
saumon et les autres truites, l’esturgeon, etc. 

Le sillon dont cet osselet est marqué paroît 
former , avee une production de la membrane du 
sac qui rentre en dedans de lui-même, un petit 
canal qui parcourt une partie de l’intérieur de 
ce même sac. Ce sillon est ordinairement longi- 
tudinal, Quelquefois il a la courbure d’un fer à 
cheval; il est presque circulaire dans la carpe. 


Arr. II. Du labyrinthe membraneux. 459. 


Dans la morue, il est remplacé par une côte 
saillante. 

On voit presque toujours des stries transversales 
qui vont de ce sillon au bord de los, et qui logent 
les nombreux filets nerveux qui s’y attachent. Ces 
stries sont sur-tout très-marquées dans la carpe, 
où elles sont disposées en rayons. 

. Les dentelures du bord sont presque égales tout 
autour dans la morue, qui les a mousses, et dans 
la carpe, qui les a pointues; il n’y en a que d’un 
côté , et à un bout seulement, dans les saurnons, 
les truites, les PERTE 5 ; le congre n’en a que 
trois à son bord supérieur, etc. } 
Le second osselet de l’oreille interne des pois- 
‘sons est ordinairement en arrière du grand et un 
peu plus.en dehors. Sa forme est le plus souvent 
demi-lunaire, et sa concavité tournée en avant. 
La cerpe Va d’une forme particulière et sem- 
blable à un fer de lance. Sa grandeur varie ; 
mais il est toujours beaucoup Vu petit que le 
premier. 

Le troisième osselet est dans 1 sinus ; quelque: 
fois il est\si voisin du .grand, qu'on a peine à 
le distinguer au coup d'œil. Les gades, les 
scomnbres , etc., l'ont triangulaire ; les trigles , 
lenticulaire ; le brochet, arrondi et inégal. Dans 
la carpe, il est un peu plus grand que dans les 
autres à proportion; sa surface y est âpre, et som 
bord dentelé. 

Cassérius, qui a décrit le premier l'organe de 


466 XIII Luçon. De l'oreille, 

l'oute des poissons, regardoit ces osselets comme 
analogues au marteau, À l’enclume, etc., des 
quadrupèdes. | 

On a pensé depuis, et Carnper sur-tout a montré 
que ces masses suspendues dans une gelée trem- 
blante, et pouvant être ébranlées par les moindres 
vibrations extérieures , pouvoient communiquer 
cet ébranlement aux nombreuses fibres du nerf 
acoustique auxquelles elles sont suspendues. 

La cloison que ces osselets forment dans les 
sacs qui les contiennent, au moyen des mem- 
branes intérieures de ces mêmes sacs, et les fibres 
nerveuses dont cette cloison est garnie, portent à 
regarder ces sacs comme assez analogues à l’or- 
gane à deux loges, que nous nommons limaçon 
dans l’homme à cause de sa forme. 


D. Dans les poissons & branchies fixes, 


On retrouve les mêmes parties que dans les 
autres, mais disposées d’une manière différente. 
Le sac est placé à peu près horizontalement et 
de figure triangulaire ; un des angles, celui qui 
est le plus voisin du cerveau, se prolonge en un 
canal qui perce le crâne et va jusqu’à la péau 
extérieure , où il n’est fermé que par une mêm- 
brane mince. Cette petite membrane se distinguë 
sans aucune dissection, parce qu’elle forme au 
dehors un petit enfoncement tres-près de la nuque 
de l'animal. Elle est très-probablement analogüe 
à la fenêtre ovale des animaux d’un ordre plus 


{ 


Am. IL Du labyrinthe none 461 


élevé, et elle fait aussi les fonctions de tympan. 
Le second angle du sac est postérieur ; il est arrondi 
ou ovale, et contient la plus grosse des pierres ; 
le troisième angle est dirigé en avant et en dehors. 
C’est vers lui que sont placées les deux petites 
pierres. Il y a trois canaux sémi-circulaires, ayant 
chacun une ampoule , comme dans les autres 
poissons: l’un est antérieur et se dirige oblique- 
ment én avant et en dehors; le second est externe 
et-horizontal ; le troisième, postérieur, et dans 
uu plan presque vertical, dirigé obliquement en 
arrière et en dehors. Les extrémités sans ampoule 
des trois canaux communiquent avec l’angle in- 
terne du sac; le premier et le troisième tout près 
de la fenêtre ronde , le second un peu plus bas. 
Quant à leur autre extrémité , le premier et le 
sécond la réunissent ensemble, et communiquent 
par un canal commun avec l’angle externe du sac; 
le troisième revient seul à ce sac vers son angle 
interne, et son extrémité qui porte une ampoule 
s’y réunit très-près de l’endroit d’où l’autre est 
partie, Tout cet appareil est rempli, comme à 
l'ordinaire , d’une pulpe gélatineuse ; les pierres 
contenues dans le sac ne ressemblent en rien par 
la dureté à. celles des poissons osseux. Leur 
consistance est absolument celle de l’amidon hu- 
mecté d’eau, et elles se laissent de même écraser 
sousles doigts. La plus grande est arrondie d’um 
côté , comprimée et.rectiligne de l’autre. Les deux 
prises sont. à peu près ovales. 


\ 


462 XIII° Lecox. De loreille. # 


Tout ce que je viens de dire est commun aux 
raies et aux sguales. Les espèces de ces deux 
genres ne différent entre elles que par les pro- 
portions des canaux et du sac, différences qui se 
réduisent même à très-peu de chose. 


E. Dans les reptiles, 


Le labyrinthe membraneux est composé des 
mêmes parties que dans les poissons, c’est-à-dire, 
de trois canaux et d’un sac; mais il y a dans 
quelques espèces une partie de plus. 

Dans les salamandres , qui n’ont, ainsi que 
les poissons, aucune autre partie de l'oreille que 
le labyrinthe, les troïs canaux sont situés au dessus 
du sac; ils sont surbaissés , et forment ensemble 
un triangle presque équilatéral. Chacun d’eux a 
son ampoule ; le sac contient une pierre, de con- 
sistance d’amidon, comme dans les raies et les 
squales. 

Les grenouïlles et les crapauds ne diffèrent 
presque point des salamandres par le labyrinthe 
membraneux ; elles ont les mêmes parties dans 
la même position, et leur sac contient aussi une- 
pierre amylacée. Leurs trois canaux forment 
presque un cercle complet par leur réunion. 

Les crocodiles et les /ézards ont aussi/les trois 
canaux, mais plus grands, et approchant davan: 
tage de former chacun une circonférence entière. 
Le sac est situé à proportion plus vers l’intérieur 
de la tête ; ses parois membraneuses sont garnies 


ART. II. Du labyrinthe membraneux 463 


de plusieurs vaisseaux sanguins , très-visibles sur- 
tout dans le crocodile. Les pierres qu’il contient , 
au nombre de trois, sont fort petites et encore 
plus molles que celles des poissons chondropté- 
rygiens; enfin, et ceci est remarquable , leur la- 
byrinthe a une partie de plus que ceux que nous 
avons examinés jusqu'ici: un premier vestige de 
limaçon. C’est une production du sac, en forme 
de cône, légérement arquée , qui se porte sous 
le crâne et vers la ligne moyenne, et qui se trouve 
divisée en deux loges, ou plutôt en un double 
canal, par une cloison cartilagineuse double. Une 
des loges communique avec le sac; l’autre, qui 
est la continuation de la première, mais revenant 
sur elle-même, va aboutir à un très- petit trou, 
fermé d’une membrane qui le sépare de la caisse 
du tympan. : 

Cet organe est. absolument semblable à celui 
que les oiseaux possèdent tous. Comparelti est le 
premier qui l'ait décrit dans les /ézards. Il est 
très-grand dans le crocodile, et on peut le pré- 
parer aisément dans les très- jeunes individus. 

Il est plus difficile à voir dans le caméléon, 
et dans le /ézard marbré ; on en trouve aussi un 
vestige dans les serpens. Mais la production que 
l’on pourroit comparer à ce cornet où à ce ves- 
tige de limaçon, dans la tortue, est si semblable 
à ce que nous avons nommé le sac proprement 
dit dans les poissons, ‘et par sa forme et par les 
petites pierres molles qui y sont contenues | qu’on 


46% , XIE Leçon. De l’orerlle. 


ne peut douter que ce sac ne soil vraiment l’ana; 
logue du limaçon de l’homme , et que la partie 
que nous avons nommée le sinus, ne soit l’ana- 
logue du vestibule. C’est donc sur-tout par le plus 
grand développement du limaçon qu’on peut 
juger de la perfection du labyrinthe de ces diverses 
oreilles. 

Les tortues et les serpens ont aussi des canaux 
sémi-circulaires comme les autres reptiles. La tor- 
tue les a fort courts à proportion. 


Dans les animaux à sang chaud en général, 
où le labyrinthe est toujours étroitement enveloppé 
dans les os , il est composé , dans toutes les espèces, 
de trois canaux sémi- circulaires, ayant chacun 
une ampoule , d’un sinus commun de ces canaux, 
nommé vestibule, et d’un organe à deux loges 
ou deux rampes nommé /imaçon , mais qui n'est 
vaiment ‘contourné en spirale qué dans les mam- 
mifères. 


F. Dans les oiseaux, 


Le limacon est, comme dans le crocodile , co- 
nique , légèrement arqué , oblus à sa pointe , situé 
obliquement d'avant en arrière et de dehors en 
dedans sous la partie mférieure du crane: Sa cour- 
bure est telle que sa concavité est tournée en 
arriére. La cloison qui le sépare en deux loges, 
est composée de deux lames cartilagineuses étroites, 
réunies par une membrane mince dans toute leur 

. Hongueur ; et légèrement tordues sur elles-mêmes. 


Arr. Il. Du labyrinthe membraneux. 465 


Elles adhèrent foiblement aux parois de l’organe. 
Sa loge postérieure est la plus courte , et com- 
munique avec la caisse du tympan par la fenêtre 
ronde , qui est fermée par une membrane. L'anté- 
rieure , plus longue , donne dans le vestibule et 
m’est point fermée. 

Le vestibule est petit, à peu prés arrondi; les 

canaux sémi-circulaires sont disposés ainsi qu'il 
suit. Le plus grand est vertical, et obliquement 
dirigé d’arrière en avarit et de dedans en dehors. 
Le second est horizontal, et dirigé en dehors. Le 
troisième est vertical, il croise le second, et sa 
direction est contraire à celle du premier. Dans les 
passéreaux , le premier canal est plus petit , et situé 
plus en arrière relativement aux deux autres , que 
dans les autres oiseaux ; les autres différences de ces 
canaux sont peu importantes. Ils paroïssent cepen- 
dant plus grands dans les oiseaux de proie, sur 
tout les nocturnes, et dans les passereaux ; que dans 
les gallinacées et les palmipèdes. Le cornet à 
deux loges , ou limacon, est plus approchant de la 
verticale , dans le casoar et dans l’autruche , que 
dans les autres oiseaux. L'awiruche est de tous 
celui qui a ce cornet plus petit. C’est dans Vote 
qu'il se porte le plus directement vers la ligne 
moyenne. 


G. Dans les mammifères. 


Le labyrinthe ne diffère de celui des autres 


animaux , que parce que l’organe à deux loges, 
2 G g 


466 XIII* Lecon. De l'oreille. 


fait véritablement plusieurs tours de spirale au- 
tour'd'un axe conique, et représente par consé- 
quent très-bien une coquille de limaçon. 

Les trois canaux dans l’2omme :sont presque 
égaux. Aucun ne croise l’autre. [horizontal est 
un peu plus petit. Le vertical antérieur , et le 
postérieur s'unissent par une de leurs extrémités. 
Chacun des trois a une ampoule, mais peu ren- 
flée. Le vestibule est un peu arrondi. Le limaçon 
est situé en avant et un peu en dedans ; le plan 
de sa base est presque vertical, et dirigé obli- 
quement d’arrière en avant et de dehors! en de- 
dans. La largeur de cette base n’excède pas celle 
du canal horizontal. 

La spirale fait deux tours et demi, elle dimi- 
nue rapidement, en sorte que le limaçon approche 
en total de la forme globuleuse. Comme l’axe du 
Timacçon est oblique; les deux rampes sont, l’une 
antérieure et externe , l’autre interne et posté- 
rieure. L’interne, qui est plus près de la base du 
limaçon est un peu plus longue , et se redresse pour 
aboutir à la fenêtre ronde qui donne dans la caisse 
du tympan. L’externe, qui est plus près de la pointe, 
va au vestibule, qui communique lui-même avec 
la caisse par la fenètre ovale. Les proportions 
entre les parties du labyrinthe varient beaucoup 
plus dans les espèces. 

Dans les chauve-souris proprement dites, et 
encore plus dans le fer-a-cheval , le limaçon sur- 
passe beaucoup les canaux sémi-circulaires en 


. 
J 
*, 


+ 


\ 


ART. IL Du labyrinthe membraneux. 489 


grandeur. Le limaçon du fer-G-cheval est quatre 
fois plus large que la circonférence d’un des ca- 
naux , ét le diamètre de sa cavité est dix fois plus 
grand que celui de la leur, 

- Cette disproportion est beaucoup moindre dans 
la roussette. 

Dans la -plupart des carnassiers, et dans le 
cochon , l'éléphant et le cheval, le limaçon est 
aussi plus grand à proportion des canaux que dans 
l’homme ; mais dans la taupe il est petit. Le /ièvre 
l’a aussi plus petit à proportion que l’homme. La 
proportion de celui des ruminans est à peu près 
la même que dans l’homme. Dans tous ces ani- 
maux , sa forme est celle que les conchyliologistes 
nomment turbinée , c’est - à- dire en cône arrondi 
ou bombé ; et le nombre de ses tours est, comme 
dans l’homme , de deux et demi. 

Le cochon-d’Inde , le cabiat et le porc-épic, 
ont un limaçon turriculé, et dont les tours sont 
au nombre de trois et demi. Ce sont les seuls 
exemples que je connoisse de ce nombre. Le rat 
ordinaire n’en a comme les autres quadrupèdes 
que deux et demi. 

Dans les cétacés, le limacon est fort grand; 
toutes ses parties sont bien développées ; maïs sa 
spirale reste presque dans le même plan , sans 
s'élever sur son axe ; il ne fait d’ailleurs qu’un tour 
etdemi. Les canaux sémi-circulaires sont si minces, 
que Camper en a long-temps nié l’existence. Ils 
y sont cependant absolument comme dans les 


Gga 


468 XIII Leçon. De l'oreille. 


autres mammifères ; et je les ai bien disséqués 
dans un fétus de baleine. 

La proportion entre les deux rampes du limacon 
n’est pas non plus la même dans tous les animaux. 
Celle qui donne dans le tympan, est un peu plus 
grande que l’autre dans l’zomme , le chien, le 
paresseux, l'éléphant, le cheval, le dauphin; la 
différence est très-sensible dans la chauve-souris, 
Les rampes sont à peu près égales dans l’Azppopo- 
tamne , le cochon. Celle qui donne dans le vesti- 
bule est la plus grande dans le veau , la chèvre , le 
mouton, le lièvre , le rat, le cochon d'Inde, le 
chat, etc. Mais dans ces animaux même , la partie 
de la rampe du tympan, qui est très-proche de la 
fenêtre ronde , s’évase, et devient plus large que 
l'autre. 

En général, dans les mammifères , le labyrinthe, 
pris dans son ensemble, est beaucoup plus petit 
à proportion du reste de la tête que dans les 
oiseaux. Le labyrinthe de ces deux classes ne 
contient plus aucune pierre , on n’y voit que 
quelques parties blanchâtres qui proviennent de 
l'épanouissement des extrémités nerveuses dans la 
pulpe gélatineuse qui le remplit. Nous en parle- 
rons ailleurs, 


Rss bte 7 Mn. 


ES NET | 


Arr. [IL Du labyrinthe osseux. 469 


ARTICLE III. 


De la manière dont le labyrinthe membraneux 
est renfermé dans les os, ou du labyrinthe 
osseux. 


Le labyrinte membraneux , dans les animaux 
vertébrés , est d’autant plus complétement ren- 
fermé dans les os, et d'autant plus étroitement 
embrassé par eux , que l’animal est plus parfait, 
-et que la communication de son oreille avec laïr 
extérieur est plus ouverte. 


À. Dans les poissons à branchies libres, 


Le labyrinthe est renfermé dans la même cavité 
que le cerveau , c’est-à-dire dans le crâne ; les os 
ne lui présentent que quelques enfoncemens dans 
lesquels il est retenu par des vaisseaux et de 
la cellulosité ; seulement une partie des canaux 
demi-circulaires est engagée dans des poulies ou 
dans de courts canaux osseux. 

Dans le poisson-lune , le vaste enfoncement la- 
téraldu crâne, dans lequel est l'oreille , n’est 
divisé que par deux colonnes cartilagineuses minces, 
dont l’une est horizontale, et fournit une poulie 
au canal sémi - circulaire potérieur ; l’autre est 
verticale , et en fournit une au canal horizontal; 
mais l'intervalle entre ces colonnes et les parois 
du crâne étant dix fois plus grand que le dia- 
Gg5 


éro XII Lxcox. De l'oreille. 


mètre des canaux , ils sont suspendus dans cet 
espace par des vaisseaux et de la cellulosité. Le 
canal vertical antérieur n’a pas même ure telle 
colonne , et le sac qui est fort petit n’a point de 
“ereux sur le plancher, pour s’y enfoncer. 

Dans la baudroye , les colonnes cartilaginenses 
deviennent plus larges , et se rapprochent davan- 
tage des parois du crâne; dans les poissons osseux, 

‘cela augmente encore, au point que les canaux 
sémi-circulaires ont tous une portion plus ou moins 
considérable de leur longueur, engagée dans des 
canaux osseux. Le canal postérieur et l’horizon- 
tal, y sent toujours plus engagés que lantérieur. 
Celui-ci n’a qu’un mince pilier osseux dans l’a- 
guille , le brochet , le rouget , le maquereau ; il 
n’a même qu’un sillon dans la dorée | et quelques 
jugulaires ; il a un canal osseux un peu moins 
court dans la 77orue , la earpe ; les deux autres 
sont presque entièrement enfoncés dans les os. 
Dans le saumon, la carpe , le sac est ordinaire- 
ment enfoncé dans un creux de la base du crâne ; 
plus ce sac est séparé du sinus ou vestibule , plus 
la fosseite qui le reçoit devient profonde : c’est ce 
qu'on voit dans la 772orue , maïs sur-tout: dans la 
carpe, le hareng, où cesac est étroitement enve- 
lopé dans un antre osseux, qui n’a d’issue que 
celle par où passe le canal étroit qui joint de sac 
au sinus. di 

Dans tous ces poissons osseux , le sinus , et les 
extrémités des canaux sont libres dans la cavité 


Arr. II. Du labyrinthe osseux. Aya 


du crâne ; et les nerfs n’ont pas besoin de percer 
lés os pour y arriver. 

L’esturgeon commence à avoir son oreille plus 
séparée de la cavité qui contient le cerveau: Ses 
trois cananx sont tous engagés dans les cartilages 
par toute leur longueur ; les canaux cartilagineux 
qui les reçoivent sont un peu plus larges qu'eux. 
Le sac, auquel ils aboutissent , est appliqué de 
très-prés contre la paroi du crâne , et il y a entre 
lui et cette cavité une membrane très-épaisse , 

attachée par plusieurs productions ligamenteuses , 
et percée de plusieurs trous pour laisser passer 
les nerfs. 


B. Dans les chondroptérigiens , 


Ou poissons à branchies fixes , tels que les raies 
etlessguales, le labyrinthe membraneux tout entier | 
est renfermé dans une cavité HotReNBRe : creusée 
dans l'épaisseur des os du crâne, à côté ét en 
arricre de celle qui contient le cerveau, et ne 
communiquant avec celle-ci que par les trous qui 
donnent passage aux nerfs. 

Cette cavité semble moulée sur le labyrinthe mem- 
braneux lui- même; elle est formée comme lui 
de trois canaux , et d’un antre auquel ils abou- 
tissent ; mais toutes ces parties sont bien plus 
larges que celles qu’elles contiennent, et ces der- 
nières n’adhèrent point à leurs parois, sont sus- 
pendues au milieu d'elles par les vaisseaux , les 
nerfs et la cellulosité, Cette largeur du labyrinthe. 

G g 4 


UE XIII Lecox. De loreille. 


osseux fait que les extrémités des canaux sémi- 
circulaires membraneux se trouvent dans la ca- 
vité qui contient le sac des pierres. C’est à cette 
cavité que répondent du côté interne les trous 
qui laissent passer les nerfs, et du côté extérieur 
le trou nommé fenêtre ovale, qui n’est fermé que 
par une membrane , et par la peau qui passe 
dessus. 


C. Dans les reptiles, 


Le labyrinthe osseux des reptiles ressemble à 
celui des czondroptérigiens, c’est-à-dire qu'il en- 
veloppe tout le labyrinthe membraneux ; mais plus 
ou moins étroitement. 


Dans la tortue, la paroi du vestibule qui le 
sépare du crâne ne s’ossifie point. Elle reste en 
partiè membraneuse. 


Dans le crocodile et les autres Zézards, le 
labyrinthe osseux serre de près le membraneux, 
ou le revêt par-tout d’une lame mince et dure. 


D. Dans les oiseaux et dans les mammifères, 


Le labyrinthe membraneux est enveloppé si 
complétement et si étroitement par les os, qu’on 
en a long-temps méconnu l'existence. On l'a re- 
gardé le plus souvent comme le périoste interne 
des cavités osseuses qui le contiennent; lorsqu'on 
l’a trouvé desséché et racorni en filets dans ces ca: 
vités, on l’a décrit sous les noms de zones ner- 


Art. III. Du labyrinthe osseux. 473 


veuses des canaux sémi-circulaires , de cloison 
membraneuse du vestibule. 

Scarpa et Comparetti ont rétabli cette partie dans 
sa dignité. En effet, en l’examinant dans des sujets 
jeunes et frais , on trouve qu’elle ne diffère point 
de son analogue dans les poissons ; qu’elle est vrai- 
ment la partie essentielle du labyrinthe , et que les 
cavités osseuses ne sont là que pour lui servir 
d’étuis. 

Le labyrinthe osseux des oiseaux est formé 
d’une lame osseuse , mince et dure, si exacte- 
ment moulée sur le labyrinthe membraneux, qu'on 
distingue même les renflemens qui contiennent les 
ampoules des canaux sémi-circulaires : comme il 
est placé dans l’épaisseur de los temporal et occi- 
pital, dont les deux tables ne sont séparées que 
par un diploé très-rare, et très-facile à enlever , 
il est fort aisé de le mettre à nu , de manière 
à en faire voir toutes les parties. 

Quelques - unes , notamment deux des canaux 
sémi-circulaires , sont même visibles au dedans du 
crâne, sans aucune préparation. Les cellules acous- 
tiques , dont nous parlerons par la suite, formant 
des vides antour etdanssles intervalles du laby- 
rinthe | rendent encore sa préparation plus facile. 

Dans les mammifères, le labyrinthe est ordi- 
naïrement enveloppé par la substance du rocher 
de lostemporal, qui est si dense, qu’on ne peut 
point, dans l’animal adulte, distinguer les lames 
qui lenveloppent , du reste de l'os; et les cavités 


474 XITI° Leçon. De l'oreille. 


qui composent ce labyrinthe , ont l’air d’être creu- 
sées dans ce rocher , comme les carrières ou les 
mines le sont dans les rochers véritables. 

Ce n’est que dans les fétus qu’on peut débar- 
rasser le labyrinthe osseux, de la substance qui 
Venveloppe, et qui n’a point alors acquis la même 
dureté que la lame qui le forme. 

11 y a cependant quelques espèces , et elles sont 
du nombre de celles qui entendent le mieux , qui 
ont point de cette substance pierreuse autour 
de la lame mince de leur labyrinthe osseux. 

Dans la taupe, par exemple , les trois canaux 
sémi- circulaires sont libres et visibles vers l’inté- 
rieur du crâne sans aucune préparation. Son lima- 
çon est enveloppé d’une cellulosité presqu’aussi 
lâche que celle des oiseaux. 

Dans les chauve-souris , l'énorme limaçon est 
visible sans aucune préparation sous la base du 
crâne , où il fait une saillie très-considérable , et 
pareille à celle que fait la caisse du tympan dans 
beaucoup d'espèces. Leurs canaux sémi-circulaires 
se voient dans l’intérieur du crâne comme dans 
la taupe. 

Dans la chauve-souris- bec-de-lièvre ( Fesp. 
leporinus ) , c’est au-dedans du crâne que le lima- 
con fait saillie. 

Dans le cochon-d' Inde ( cavia cobaia ) et dans 
le cabiat ( casia capybara ) , c’est au-dedans de la 
eaisse , sous les deux fenêtres; sa saillie a la forme 
d’un mammelon. Cela est de même dans la, #2ar- 


Ant. IH. Du labyrinthe osseux. 475 


motte, dans le porc-épic, et plus on moins dans 
tous les rongeurs : il saillit aussi un peu en dedans 
de la caisse dans l'éléphant. 

Les animaux qui ont la substance du rocher la 
plus dure sont les cétacés. 

D’après Ia description que nous avons donnée 
du labyrinthe membraneux , on sent aisément que 
le vestibule osseux doit avoir cinq trous, pour les 
extrémités des canaux sémi-circulaires ; un pour 
la rampe du limaçon qui communique avec lui; 
et un qui est la fenêtre ovale, et qui donne dans 
la caisse du tympan. 

Nous ne nous arrêterons point à décrire les 
différences que présentent les grandeurs, les figures 
ét les positions respectives de ces sept trous. 

Le limaçon osseux se contourne autour d’un axe 
conique, que l’on pourroit comparer à la fusée 
d’une montre, et dont la hauteur et la base sont 
dans des proportions différentes selon les espèces. 
La coupe de chacun des tours du limaçon osseux 
n'est pas ronde ; maïs il y a du côté de l’axe 

une échancrure aiguë , qui est la coupe de la partie 
osseuse de la lame spiralé qui divise tous ces tours 
en deux rampes. 

Dans l’homme , il n’y a que cette portion de 
la lame qui touche à l’axe qui soit osseuse. L'autre 
partie est entièrement membraneuse ; mais il n’en 
est pas de même dans tous les animaux. Dans le 
dauphin il n’y a qu’une fente très-étroite qui par- 
tage la lame dans toute sa longueur en deux par- 


476 : XIIT° Lrcox. De Poreille. 


ties , dont celle qui touche à l’axe est trois fois plus 
large que l’autre. Cette fente seule est complétée 
par une membrane dans l’état frais. 


Dans ce même dauphin, la partie osseuse de 
celte cloison qui touche à l'axe a sous sa base et 
dans la rampe qui aboutit au tympan un petit canal 
qui en suit la courbure d’une extrémité du limacon 
à l’autre. La coupe transverse de ce canal est 
ronde; ses paroïs sont très-minces. Il formeroit une 
troisième rampe dans le limacon ; mais il est pro- 
bable qu'il sert à envelopper un vaisseau ou un 
nerf. D'ailleurs son diamètre diminue en sens con- 
traire de celui des rampes , et c’est vers la pointe 
du limacon qu’il est le plus gros. On en voit aussi 
un , mais beaucoup plus petit à proportion dans les 
TUIINANS. ’ 


Nous croyons avoir suffisamment décrit l’exté- 
rieur du rocher des quadrupèdes , dans les articles 
WI et IV de la VIII lecon. Celui des cétacés mé- 
rite d’être considéré à part. Il ne s'articule point 
avec les os du crane; il est suspendu par des liga- 
mens sous une cavité où une voüte située à chaque 
coté de la base du crâne, et formée en. grande 
partie par l’os occipital]. 

Le rocher lui-même peut être considéré comme 
formé de deux portions soudées ensemble; la caisse, 
que nous décrirons ailleurs ,-et le rocher: propre- 
ment dit, qui contient le labyrinthe. 


+ La face supérieure de cette seconde portion a 


ART. II. Du labyrinthe osseux. 477 


vers son bord interne une proéminence demi-circu- 
laire qui répond à un trou de la base du crâne, 
et où l’on remarque un creux qui est le méat auditif 
interne : c’est dans cette proéminence qu'est le 
limacon. La portion externe de ce même rocher 
proprement dit est bien plus grande que la proé- 
minence dont nous venons de parler. Elle forme 
en partie une voute sur la caïsse. Elle est oblongue 
dans les dauphins , grossièrement arrondie et se 
prolongeant en arrière en une apophyse raboteuse 
dans les cachalots, profondément bilobée dans le 
lamantin , etc. 

C’est ici le lieu de dire un mot des aqgueducs. 
Ce sont deux canaux qui établissent une commu- 
nication entre le labyrinthe et l’intérieur du crâne, 
différente de celle qui donne passage aux nerfs. 
L'un donne dans le vestibule près de l’orifice com- 
mun des deux canaux sémi-circulaires qui s’unis- 
sent ; son orifice, du côté du crâne, est triangulaire, 
et situé au-dessus et en arrière du méat auditif 
interne ; l’autre donne dans le lHimaçon à sa rampe 
tympanique , tout près de la fenêtre ronde, et 
pénètre dans le crane sous le bord inférieur du 
rocher , et sous ce même méat interne. On les 
retrouve dans tous les mammifères : ils sont très- 
larges dans le dauphin | principalement celui du 
tympan. | 

Dans d’autres animaux, ce dernier ne forme 
qu’une fente étroite du côté du crâne. T'els sont 
Véléphant , le cheval ; je ne les ai pas assez exa- 


478 XIIT° Lecow. De l'oreille. 

minés dans les autres espèces. On trouve aussi deux 
canaux analogues dans les oiseaux , selon Cormpa- 
retts. Leur usage nous paroïit encore sujet à con- 
testation. 


» A RTS CE (TV 


Des cavités situées entre Le labyrinthe et l'élément 
extérieur, où de la caisse du tympan, et de 
ses apparlenances. 


Daxs les poissons & branchies libres, tant 
cartilagimeux qu’osseux , il n’y a aucune commu- 
nication entre le labyrinthe et l’extérieur; toutes 
les parties de l'oreille sont enfermées dans le crâne 
et recouvertes par les os. 

Dans les poissons à branchies fixes ou chon- 
dropiérygiens , le labyrinthe aboutit par un petit 
canal à une ouverture des os située à la partie 
postérieure de la tête, et fermée par une mem- 
brane et par la peau. Il n’y a rien de plus entre 
l'oreille et l’élément ambiant. | 

Parmi les reptiles, la salarmandre à son la- 
byrinthe entièrement enfermé dans le crâne, 
et sans aucune communication avec l'extérieur , 
comme les poissons à branchies libres; mais les 
autres genres de cet ordre ont tous une fenêtre 
nommée ovale, sur laquelle appuie une platine 
osseuse, qui correspond à ce que l’on nomme 
Vétrier dans l’homme. Le genre des /ézards à 


NME. © 


ArT, IV. De la caisse du tympan. 479 


une ouverture de plus, mais qui n’est fermée 
que par une membrane, et qu’on nomme fenétre 
ronde. Ces deux ouvertures existent dans tous 
les oiseaux et dans tous les quadrupèdes, ainsi 
que nous l’avons vu précédement. 

La cavité située au devant, et qui est plus ou 
moins compliquée , se nomme la carsse ; elle 
communique avec la bouche par un.canal ou par 
une simple ouverture béante, nommée trompe 
d’Eustache ; et avec l’extérieur, par une ‘autre 
ouverture, fermée tantôt d’une membrane mince, 
tantôt d’une peau épaisse et même écailleuse, 
nommée #ympan. La platine osseuse qui couvre 
la fenêtre ovale s’unit par un manche d’une seule 
pièce, où par une chaine de quelques osselets. 
articulés ensemble avec cette membrane du tympan, 


et peut en communiquer les ébranlemens dans 


l'intérieur du vestibule. 
Nous allons examiner particulièrement dans cet 
article les diverses conformations de la caisse, 


A. Dans les reptiles. 


Elle n'existe, pour ainsi dire, pas du tout dans 
les serpens ; le manche de la platine est enfermé 
dans les chairs, et son extrémité touche à la peau, 
prés de l’articulation de la mâchoire: inférieure. 

Dans les crapauds et les grenouilles, la caisse 
a toute sa partie postérieure membraneuse; elle 
communique immédiatement avec l’arrière-bouche 
par un grand trou, qui se voit en ouvrant sim- 


» 


480 XIII Leçon. De l’orerlle. 


plement la bouche de l’animal ; elle est très-petite 
et presque entièrement membraneuse dans le pipa, 
où le labyrinthe n’aboutit à la fenêtre ovale que 
par un trèés-long canal. 

La caisse est aussi membraneuse en arrière et 
en dessous dans les /ézards ordinaires et dans le 
caméléon. Elle y communique avec le fond du 
palais par un large canal court. 

La caisse du crocodile peut se diviser èn deux 
parties : une externe, très-évasée, et fermée en 
dehors par le tympan et par la peau, mais toute 
‘entourée d'os ; et une interne, séparée de la pre- 
mière par un étranglement, et à laquelle abou- 
tissent les deux fenêtres et quelques cavités analogues 
aux cellules mastoïdiennes de l’homme, mais beau- 
coup plus grandes. Une de ces cavités est placée 
entre les canaux sémi-circulaires, et une autre se 
dirige en arriére et en dehors. Cette caisse est située 
vers la partie supérieure du crâne. 

La caisse de la tortue est beaucoup plus laté- 
rale; elle est moins évasée par dehors, et l’étran- 
glement qui sépare la partie externe de l’interne 
est moins marqué, parce que la saillie qui le 
forme est arrondie et non aiguë, comme dans le 
crocodile. Cette portion intérne de la caisse se 
prolonge en arrière en une grande cellule arrondie. 
Dans le fond, vis-a-vis le tympan, est un canal 
étroit, où s’enfonce losselet, ét qui aboutit à la 
fenêtre ovale. La trompe d’Eustache ést un canal 
de longueur médiocre, qui se porte en bas et un 


1 


Apr, IV. De la caisse du tympan. 481 


peu én arrière, et aboutit au palais, derrière et 
en dedans de l'articulation de la mächoire. 


+ B, Dans les oiseaux, 


La caisse est aussi très-évasée en dehors : ses 
parois, postérieure et inférieure , sont formées 
par une saillie de l’os occipital. L’antérieure est 
en grande partie complétée par un os particulier 
aux oiseaux, et que l’on nomme carré. Nous le 
décrirons en traitant de l’articulation de la mâchoire 
inférieure. 

Elle communique avec trois grandes cavités qui 
se prolongent plus ou moins dans l’épaisseur des os 
du crâne, et qui caractérisent éminemment l’organe 
de l’ouïe des oiseaux. Ces cavités, fermées de lames 
osseuses, minces et élastiques, sont sans doute 
très-sonores , et renforcent beaucoup l’action du 
son sur le labyrinthe, qu’elles entourent de toutes 
parts. C’est sur-tout dans le genre des chouettes, 
et dans l’espèce de l’effraye, plus que dans toutes 
les autres, que ces cavités sont étendues. La pre- 
mière s'ouvre à la partie supérieure de la caisse, 
et s’étend dans toute la largeur de l’occiput jusqu’à 
celle qui appartient à l’oreille de l’autre côté, avec 
laquelle elle se réunit sur le trou occipital. La 
seconde s'ouvre à la partie postérieure et infé- 
rieure de la caisse; elle ne s’étend qu'entre les 
canaux sémi-circulaires : c’est la plus circonscrite 
des trois. La troisième s’ouvre à la partie anté- 
rieure de la caisse, au dessus de la trompe d’Eustache. 

2 | Hh 


482 XIII Lecon. De l'oreille. 


Elle marche au dessus de cette trompe et s’étend 
dans toute la largeur de la base du crâne ; elle 
se réunit à celle de l’autre côté sous l'endroit où 
est la glande pituitaire : ainsi les deux caisses 
de l’effraye communiquent ensemble par deux 
endroits différens. Le cornet analogue au limacon 
est entouré par cette troisième cavité. 

Cette énorme étendue des cavités attenantes à 
la caisse n'existe à ce point que dans la seule 
effraye. Dans les autres Aibous et chouettes, 
elles sont déja un peu Moindres, et elles diminuent 
de plus en plus jusqu’au casoar et à l’'autruche, 
qui sont de tous les oïseaux ceux qui les ont les 
plus petites. L’ezgoulevent, comme oïseau noc- 
turne , et ayant besoin d’une ouïe délicate, les a 
aussi fort grandes. Les oiseaux de proie diurnes, 
et les gallinacés ont la première et la troisième 
en forme de boyau conique et étroit,"et sans com- 
munication d’un côté de la tète à Fu La se- 
conde, ou celle d’entre les canaux sémi-circulaires, 
est plus grande dans les oiseaux de proie diurnes 
que dans les chouettes, parce qu’elle se porte en 
dehors derrière le bord postérieur de la caisse, 
Ces cavités sont généralement petites dans les 
palmipèdes et les oiseaux de rivage; elles pa- 
roissent manquer tout-à-fait à plusieurs perroquets, 
dont le crâne a son épaisseur uniformément remplie 
d’un diploé très-lâche; mais, en revanche, leur 
caisse même a en arrière une concavité plus con- 
sidérable que celle des autres oiseaux. 


ArT. IV. De la caisse du tympan. 483 


La trompe d’Eustache est entièremént osseuse 
dans les oiseaux. C’est un canal conique qui com- 
mence à la partie antérieure et inférieure de la 
caisse par une large ouverture, et qui marche 
sous la troisième des cavités décrites ci - dessus, 
dont il n’est séparé que par une lame mince; il 
se porte obliquement en dedans, en se retrécis- 
sant toujours , et aboutit à une petite ouverture 
très-près de la ligne moyenne , et par conséquent 
aussi très - près de l’ouverture de la trompe de 
l'autre côté. Ces deux ouvertures répondent au 
palais, à quelque distance en arrière dés narines 
internes. ‘ 

Tes deux fenêtres par lesquelles le labyrinthe 
des oiseaux communique avec leur caisse, sont 
situées l’une au dessus de l’autre dans un enfon- 
cement qui est vis-àä-vis la membrane du tympan. 
Une traverse osseuse mince les sépare. La fenêtre 
dite ovale, c’est-à-dire celle qui donne dans le 
vestibule , est au dessus de la ronde qui donne 
dans le limaçon ; mais toutes deux sont vraiment 
de forme ovale. La fenêtre ronde est la plus grande, 
et souvent de beaucoup. 


C. Dans les mammifères, 


La caisse présente des différences très-remar- 
-quables de grandeur, de forme, de composition 
et de distribution intérieure. 

Dans l’zomme, la caisse est une rh presque 
hémisphérique , dont le tympan seroit le grand 

H h 2 


48% XIII* Leçon. De l'oreille. 


cercle; elle ne fait aucune saillie en dehors ou 
en dessous du crâne. Ses parois sont très-iné- 
gales. Celle qui est vis-à-vis du tympan pré- 
sente une saillie en dos d’äne, qui monte obli- 
quement d'avant en arrière, et qu’on nomme pro- 
montoire. La fenétre ovale est au dessus. Son 
grand diamètre est transverse et presque double 
du petit; elle regarde directement le tympan. La 
fenétre ronde est au dessous du promontoire; elle 
regarde en arrière et un peu en dessous. l’une 
et. l’autre est un peu enfoncée. II y a dans la 
caisse quelques creux légers, que l’on pourroit 
comparer aux cellules des oiseaux , mais qui n’en 
seroient qu’un trés-foible vestige : ils ne sont pas 
les mêmes dans tous les individus. Il y en a un 
au dessus et en avant de la fenêtre ovale, et un 
autre en arrière de la ronde. Celui-ci communique 
dans les adultes avec les cellules qui se déve- 
loppent à un certain âge dans l’intérieur de l’apo- 
physe mastoïde du temporal. La trompe d’Eustache 
commence à la partie antérieure et: inférieure de 
la caisse par un trou presque rond; elle forme 
un canal osseux, qui va en bas et en dedans 
jusque vers la pointe du rocher, où il est le plus 
étroit; il s’y ouvre dans un autre canal cartila- 
gineux qui va, en s’élargissant, se terminer dans 
Varrière-bouche, près de l’apophyse ptérygoïde in- 
terne, et par conséquent près de l’orifice posté- 
rieur de là narine du même côté, par un pavillon 
évasé, bordé d’un bourrelet saïllant. 


4 
“ 


ART. IV. De la caisse du tympan. 485 


1°. Extérieur de la caisse dans les mammifères. 


Dans les singes, les guenons , les magois, le 
rocher ne fait guères plus de saillie Atdesed ts du 
crane que dans l’homme ; et la caisse reste cachée 
dans le rocher ; l’apophyse mastoïde devient très- 
petite , ou.même nulle, mais les cellules mastoï- 
 diennes s'étendent davantage dans le reste. de 
Vos temporal. 

Dans les autres mammiferes, à commencer par 
les sapajous , la caïsse s’agrandit considérable- 
ment , et forme sous le crâne une protubérance 
très-forte. : 

Cette protubérance est ovale, et son grand axe 
est longitudinal dans les sapajous , les Dlaireaux, 
les civettes , les martres. 

Elle est un peu plus arrondie, et son grand axe 
rentre obliquement en dedans dans les chiens, les 
chats; les coalis. ’ 

Elle est presque ronde dans les Zèvres , les 
castors. 

Elle est demi ping dans les roussettes, 
les pangolins. 

Elle est plus ou moins anguleuse dans les rumi- 
nans , le cabiai, le paresseux , l’hippopotame , 
l'éléphant , le rhinocéros. 

Elle est plane et touche celle de lautre côté, 
en sorte que le crâne paroît lisse en dessous dans 
la taupe. 

Dans les fourmiliers, le plancher des narines, 

Hh3 


486 XIII: Lecox, De l'oreille. 


se continuant entre les deux œisses, empêche qu’on 
ne voie leur saillie sous le crane. 

Celle de lours ne fait aucune saillfe au dehors. 

Celle du cochon forme une longue saillie en 
forme de sac ou de massue, plus étroite par l’en- 
droit où elle tient au crâne. 

Dans la plupart des mammifères digités, il n’y 
a , pour toute apophyse mastoiïde | qu’une légère 
protubérance de cette saillie de la caisse, ou bien 
la caisse elle-même en tient lieu ; mais dans le 
cabiai , le cochon-d’Inde , les cochons, les rumi- 
nans et les chevaux, ily a derrière la caisse une 
longue apophyse qui remplace la mastoïde , mais 

ui appartient à l’occipital. 

Dans la plupart des carnassiers et des rongeurs, 
les parois qui forment cette saillie sont minces, 
dures , et laissent entre elles un grand vide. Dans 
les éochons au contraire, tout l’intérieur est presque 
rempli par une cellulosité serrée. 

Dans les carnivores , les rongeurs , cette: lame 
contournée qui ferme la caisse se distingue par 
une suture du reste du rocher , et ne s’y soude 
que dans un âge avance. 

. Dansles chats et les civettes, elle est subdivisée 
elle-même en deux par uné autre suture; la partie 
postérieure ressemble beaucoup à une! coquille, 
et est parfaitement représentée par la caisse de la 
baleine, à l'épaisseur prés que celle-ci a de plus. 


ART. IV. De la caisse du tympan. 487 


2°, Division de l’intérieur de La caisse et cel- 
lules mastoidiennes. 


Le cadre ovale qui soutient le tympan, est à 
peu près parallèle à la paroi de la caisse qui lui 
est opposée. Il répond à peu près au milieu de 
celte paroi dans l’homme, le singe , le chien , le 
blaireau , les martes , les rongeurs , les rumi- 
Rans , etc. Dans tous ces animaux, le promontôire 
répond à la partie moyenne ou postérieure du 
tympan , mais il reste toujours un intervalle entre 
lui et cette membrane ; et les parties de la caisse , 
situées devant et derrière le promontoire , ne sont 
point fortement séparées. Mais dans les genres du 
chat et de la civette, il y a une arrête osseuse 
qui va du bord postérieur et inférieur du tympan 
au promontoire , et qui se prolongeant oblique- 
ment partage la caisse en deux parties inégales , 
qui ne communiquent ensemble que par un trou. 
L’anitérieure et externe est la caisse proprement 
dite, dans laquelle sont les osselets et la fenêtre 
oyale. L’autre partie, qui est, beaucoup plus 
grande , contient la fenêtre ronde. Dans le Zion , 
la fenètre ronde répond précisément à la ligne de 
séparation, et est située, dâus le trou qui sépare 
les deux parties. On pourroit regarder ia partie 
postérieure comme analogue aux grandes cellules 
des oiseaux , et elle paroit n'avoir: été donnée 
qu’à des animaux qui entendent très-bien. 

Il y a dans beaucoup de carnassiers , et même 

H h 4 


488 ° XIII Lecow. De l'oreille, 


dans ceux que je viens de nommer , une autre 
arrête osseuse , mais moins large , et transver- 
sale ; elle ne paroït servir qu’à soutenir le cadre 
du tympan. Le cheval en a un assez grand 
nombre de semblables. 

Dans les sapajous et les fourmiliers ,; 41 y a 
aussi uné cellule accessoire de la caisse qui en 
est séparée par une arrête osseuse ; mais cette 
cellule est placée au devant de la caisse propre- 
ment dite, où donne le tympan. Le paresseux en 
a une dans la base de l’arcade zy gomatique: 

Dans l'éléphant , la caisse ne forme qu’une seule 
grande cavité, sans cloison dans l’intérieur ; mais 
les parois en sont garnies d’une multitude de-lames 
saillantes qui se croisent dans toute sorte ‘de sens, 
et qui produisent une multitude de cellules et de 
sinus irréguliers. On trouve déja des vestiges de 
semblables cellules dans les irrégularités: et les 
enfoncemens de la caisse de plusieurs rongeurs, 
notamment du cabiai ;-du cochon-d’ Froies de la 
marmotte, du porc-épic.: 

Dans l ji popotame, la°caïisse proprement dite 
est extrêmement petite ; maïs elle communique par 
un trou avec une seconde cavité, divisée dans son 
intérieur en un grand nombre de cellules irrégu- 
lieres, et analogue à celle du lion , de la civette , etc. 

Dans le phoque et dans le morse ; la caissé est 
très-grande , arrondie de toute part et.sans division. 


ART. IV. De là caisse du tympan. 489 


3°. Configuration et proportion des fenêtres 
ronde et ovale. | | 


Nous avons déja vw que la fenêtre ronde qui 
donne dans une des rampes du limacon, n’est fer- 
mée que par une membrane tendue ; comme elle 
regarde toujours en arrière, on peut croire que 
c’est principalement elle qui doit recevoir les sons 
produits par la résonnance de cette chambre pos- 
térieure de la caïsse que nous/venons de décrire, 
et-qui.est si distincte dans les animaux nocturnes, 
le-chat , le lion , etc. Scarpa regarde ceite mem- 
. brane de la fenêtre ronde comme un tympan secon- 
daire. Lcè 

Dans l’homme, ces deux fenétres méritent , 
par leur figure , les noms qu’elles portent, quoi- 
qu'elles ne soient point entièrement régulières. 
L’ovale est un peu plus grande que la ronde. 

Dans les autres animaux , il y a des variations 
considérables dans la grandeur respective et dans 
la figure , au point que-les noms d’ovale et de 
ronde me conviennent plus. Nous leur substitue- 
rons ceux de fenêtres vestibulaire et cochléaire, 
-o'Les singes les) ont'# peu près comnie l’homme. 

Dans les chauve-souris, la cochléaire est la plus 
pränidé:p 06 0HloBsTet Res | 

Dans la taupe, les fenêtres sont ovales toutes 
les deux ; il y a une traverse qui va d’un bord de 
là fenêtre vestibulaire là l’autre, en passant entre 
dès jambes de l’étrier :'c’est ce qui a causé l'erreur 


4qo XITI° Leçon. De l'oreille. 


de Derham, qui a cru que l’étrier de la taupe 
n’avoit point de platine , mais qu’il appuyoit une 
de ses jambes sur la fenêtre ronde, et l’autre sur 
l’ovale. Cette disposition se retrouve dans plusieurs 
autres mammifères. Dans la 77armotte , la tra- 
verse osseuse qui enlile l’intervalle des jambes de 
l’étrier est même si grosse , que l’étrier une fois 
enlevé, on croiroit qu'il y a deux fenêtres vestibu- 
laires. Ceite traverse est toujours creuse et donne 
passage à des vaisseaux. 

* Dans les carnassiers en général , la fenêtre co- 
chléaire est la plus grande. Elle l’est de près du : 
double dans les chats et les civettes. L’hermine 
les a presque égales. Dans le sarigue , la vesti- 
bulaire est ronde; la eochléaire irrégulière et plus 
pelite. | 

Dans le castor et la marmotte, cette dernière 
est triangulaire; dans le /èvre elle a la forme 
d’une petite Yente presque verticale ; la vestibu- 
laire y est ronde et beaucoup plus grande. 

Le cochon-d’Inde les a presque égales, diri- 
gées toutes déux en haut, et séparées seulement 
par une barre mince. ; 

Elles sont ovales toutes deux, et à peu près égales 
dans les édentés. 

Dans les ruminans , c’est la cochléaire qui est la , 
plus grande. Le veau Va presque double. Le 
cochon l’a aussi du double plus grande, et très- 
voisine de l’autre. Elle est trois fois plus grande 
dans l’Aippopotame ; au contraire dans l’éléphant , 


ART. IV. De la caisse du tympan. 401 


elle est très-petite , irrégulière , et cachée derrière 
une avance du promontoire. 

La cochléaire est la plus grande re les soli- 
pèdes et dans les cétacés. 


4°, La trompe d’Eustacke, 


Présente peu de différences remarquables dans 
les quadrupèdes , dans sa partie osseuse. Cette 
partie est plus courte dans les carnassiers, que dans 
l’homme. Dans les chats et les civettes , Cest une 
fente étroite plutôt qu’un canal; on peut se la 
représenter comme un espace resté vide dans la 
suiure qui unit l’os de la caisse au rocher propre- 
ment dit. à 

La loutre , le blaireau, les belettes, etc. ont 
un simple trou , séparé du reste de la caisse par 
un arrête saillante longitudinale. Dans le Zièvre, 
son origine dans la caisse est un trou triangulaire. 
Dans le cabiai , c’est d’abord un demi - canal 
creusé à dla paroi interne ; qui devient entier 
en-perçant la pointe du rocher. | 

Dans l'éléphant, c'est un long et large canal 
qui commence sous le tympan, etse termine à la 
pointe du rocher. Ses parois sont lisses et sans 
cellules. 

Nous n'avons point encore assez examiné la 
partie cartilagineuse de la trompe dans les qua- 
drupèdes | pour pouvoir la décrire. 

Dans le cheval, le bas de la trompe cartila- 
. gineuse communique dans un grand sac membra- 


492 XIII Leçon. De l'oreille. 


neux, placé au côté de l’arrière-bouche, et qui, 
dans quelques circonstances , se remplit de pus, 
et presse alors le gosier d’une manière dange- 
reuse. 


D. Description particulière de la caisse des 
célacés. 


La caisse des cétacés mérite d’être décrite à 
part. Elle est formée par une lame osseuse qui 
a l'air d’avoir été roulée sur elle-même , et on 
peut la comparer ; pour la forme , à ces coquilles 
qu'on nomme bulla, excepté que le côté épais, 
au lieu de contenir une cavité en spirale, est tout- 
à fait solide. Cette partie épaisse est l’interne. Elle 
a plus de deux pouces d’épaisseur dans le cachalot. 
Son bord est mousse et arrondi. Le côté opposé 
est plus mince et son bord est irrégulier ; c’est 
entre deux de ses apophyses qu'est placé le tym- 
pan. Cette caisse adhère au rocher par son extré- 
mité postérieure , et par une apophyse de la partie 
antérieure de son bord mince. Dans les dauphins , 
l'apophyse antérieure du tympan remonte aussi 
jusqu’au rocher ; mais dans les cachalots elle n’y 
atteint point. L’extrémité antérieure de la caisse est 
toute ouverte , et c’est là que commence la trompe 
membraneuse, qui, en montant le long de l’apo- 
physe ptérygoïde, et en perçant l’os maxillaire, 
aboutit à la partie supérieure du nez. Cette posi- 
tion de l’orifice de la trompe , et la grandeur de.ce 
canal doit le rendre plus utile que le méat externe 


«> 


ART. V. Du iympan. 403 


pour faire percevoir aux cétacés les sons qui ont 
lieu dans l’air ; nous verrons , en traitant de l’odo- 
rat, que, par un arrangement non moins singu- 
lier , c’est-aussi la trompe d’Eustache qui conduit 
les émanations odorantes au lieu où réside ce 
sens. 

Touverture par laquelle cette trompe commu- 
nique avec le nez, est garnie d’une valvule qui 
ne permet point à l’eau d’y entrer lorsque l’ani- 
mal l’élance en jet par ses narines. 


ARE CEE UV, 


Du tympan, et de son cadre osseux. 


LE tympan est la membrane qui ferme l’ou- 
verture- extérieure de la caisse, et qui reçoit 
immédiatement les vibrations de l'air, pour en 
transmettre l’effet dans l’oreille interne: 


1°. Substance du tympan. 


Les animaux sans caisse, comme les poissons, 
les salamandres n’ont pas de tympan. Cette mem- 
brane manque aussi à plusieurs reptiles qui ont 
une caïsse , et en particulier au carnéléon. La 
peau passe sur l’ouverture extérieure de leur 
oreille sans éprouver de changement dans son 
épaisseur, ni dans sa nature, et on ne peut sas- 
surer que par la dissection de l’existence de cet 
organe. En enlevant la peau et quelques portions . 
de muscles, on trouve cependant dans quelques 


äg4 : XIII° Leçon. De l'oreille. 


espèces, et notamment dans l’orvet, une sorte de 
tympan membraneux. 

Dans la tortue , là vaste ouverture extérieure 
de la caisse est fermée par une plaque cartilagi- 
neuse très - épaisse, recouverte elle - même par 
une peau écailleuse toute semblable à celle du 
reste de la tête. : 


Dans les grenouilles et les crapauds, le tympan 
est à fleur de tête, et la peau qui le recouvre 
devenant plus fine le fait reconnoïtre par une 
tache ovale, plus lisse que le reste de la tête, 
et ordinairement d’une couleur particulière. 


Dans les lézards ordinaires, le tympan est 
aussi à fleur de tête, mais trés-mince, lisse , trans- 
parent, la peau devenant aussi lisse et aussi fine 
à cet endroit que sur la cornée de lœil. 


Dans le crocodile , il est de même nature, mais 
plus enfoncé dans la tête, et recouvert par deux 
lèvres charnues qui tiennent lieu d’oreille externe. 


Tous les animaux à sang chaud, oiseaux, cé- 
tacés et quadrupèdes, ont, ainsi que l’homme, 
le tympan mince, transparent, . sec, élastique , 
plus ou moins enfoncé dans la tête, et précédé 
d’un canal qui l’est lui-mème dans une partie de 
ces animaux par la conque ou l'oreille externe. 


Malgré sa finesse, le tympan se divise toujours 
en trois lames au moins : une qui lui est propre; 
une interne, qui est la continuation de la mem- 
brane interne de la caisse, qui l’est elle-même de 


ù 


; 
l 
| 


ART. V. Du tympan. 495 


celle de la bouche; et une externe, qui l'est de 
la peau. 


> 


2°. Surface et direction du tympan. 


Le tympan de l’homme et de tous les 72am- 
mifères est une surface conique, dont la pointe 
est dirigée en dedans, et la concavité en dehors. 


Ce cône est très -évasé, et sa pointe ne répond 


pas au milieu de sa base. La taupe fait excep- 
tion à cette règle, son tympan est plane. 


Dans tous les oiseaux c’est le contraire des mam- 
mifères : sa partie saillante est dirigée en dehors. 
Dans les /ézards:, sa pointe, moins saïllante que 
dans les oiseaux, est aussi dirigée en dehors. Il est à 
peu près plane dans les grenouilles et les tortues. 


Le tympan est de niveau avec les parties voi- 
sines de la tête, et par conséquent à peu près 
vertical dans tous les animaux qui l’ont à fleur 
de tête; mais, dans ceux qui l’ont enfoncé, son 
inclinaison , et par rapport à la tête elle-même, 
et par rapport au méat auditif externe, varie con- 
sidérablement. Nous allons la considérer ici par 
rapport à la tête, en supposant la tête droite et 
le plan du palais horizontal. 


Le tympan regarde obliquement en haut et de côté 
dans le crocodile ; obliquement en bas, en arrière et 
de côté dans la plupart des oiseaux ; et même 
d'autant plus en bas, que l’oiseau entend mieux les 


“sons foibles : ainsi la chouette l'a très-oblique. Il 


496 XHI° Leçon. De l'oreille. 
se rapproche davantage de la verticale dans l’oce, 
le perroquet. 

Dans les quadrupèdes, le tympan est ausi d’au- 
tant plus oblique au canal externe , et regarde 
d’autant plus vers le bas, que l’animal entend 
mieux. La taupe, dont l’ouie est très-fine ; malgré 
le défaut de conque, a son tympan presque pa- 
rallèle à la base du crane et servant de plancher 
à la caisse. La raison de cette disposition est sans 
doute que cette obliquité donne plus d’étendue 
au tympan : en effet, c’est une autre règle tirée 
de l'observation, que plus le tympan est grand, 
plus l'oreille (toutes choses égales d’ailleurs) en- 
tend distinctement les sons foibles. 

Le tympan est presque aussi oblique que dans 
la taupe, dans les loutres, les belettes, le blai- 

reau : il est aussi très-oblique dans le pangolin. 
AI est presque vertical, et regarde en avant, 
dans l’Aomme, les singes, les chiens, les chats, 
les civettes , les coatis. 

Il est presque vertical, et rétayde directement 
de côté dans les Zièvres, les cabiais , les mar- 
mottes et la plupart des ruminans,. 


5°. Cadre du tympan. 


Le tympan est attaché à un cercle osseux que 
Von nomme son cadre. Ce cadre, qui termine le 
méat auditif externe du côté de la caisse, en est 
la portion qui s’ossifie la première; il est à peu 
près rond, et ne fait en dedans qu’une légère 


Art. W. Du tympun: 407 
saillie, en avant de laquelle est un sillon dans 
l’omme. Dans un grand nombre de mammifères, 
il forme en dedans de la caisse une saillie qui 
représente une lame étroite, contournée en cercle 
ou en ellipse, dont un des bords seroit attaché à 
la paroi externe de la caisse, et dont l’autre seroit 
libre. Ce bord libre est plus ou moins aigu, et 
plus ou moins évasé selon les espèces ; il est 
souvent soutenu par des artères saillantes qui 
viennent de différens endroits de la caisse se joindre 
perpendiculairement à la lame qui forme ce bord. 
Nous en avons déja parlé plus haut. 

Ce cadre saillant n’est pas entièrement complet. 
Il lui manque presque toujours verg le haut un 
segment qui fait une portion plus ou moins grande 
de sa circonférence, selon les espèces. Le cochon- 
d'Inde, le paca, le phoque et le fourmilier sont 
les seuls dans lesquels je l’aie vu complet : encore 
_ dans ce dernier fait-il si peu de saillie, qu’on dis- 
tingue mal où il finit. 

Il lui manque presque tout son quart supérieur 
dans le chat, le chien, le lapin, le rat. La portion 
manquante est un peu moins grande à proportion 
dans les ruminans et les solipèdes : l’éléphant 
manque de toute la moitié supérieure. 

La figure de ce cadre est pour l'ordinaire nn 
ovale dont le grand axe descend obliquement 
en avant, et dont l’arc antérieur est moins con- 
vexe que le postérieur. Cet ovale est plus oblong 
- dans les carnassiers que dans les herbivores. IL 
2 Ji 


498 XIH®. Leçon. De l'oreille. 


approche de la figure circulaire, et a ses côtés 
presque égaux dans le cochon-d’Inde , le paca: 
le /apin est après eux celui qui l’a le plus ré- 
gulier. 

L’Aomme et le fourmilier l’ont presque circu- 
laire : il l’est absolument dans la taupe. 

Dans les cétacés, il n’y a point de cadre du 
tympan proprement dit ; maïs la caisse a trois apo- 
physes qui en échancrent l’ouverture très-irrégu- 
lièrement, et lui donnent une figure à trois lobes 
irégaux. 

Dans les oiseaux, le cadre du tympan n’est pas 
aussi marqué que dans les quadrupèdes, et ne 
‘fait pas de saillie en dedans de la caisse. Il y,a 
des espèces, comme l’effraye , où il est complet; 
d’autres souvent très-voisines , comme le grand- 
duc, où il est interrompu à sa partie antérieure, 
et où la membrane s’attache à los carré de l’arti- 
culation du bec inférieur, dont une apophyse fait 
toujours, comme nous l’avons dit, partie de la 
paroi antérieure de la caisse. 

La figure du cadre des oiseaux est aussi un 
ovale oblique , dont le grand axe descend oblique- 
ment en ayant; mais elle est ordinairement plus 
approchante de la figure ronde que dans les qua- 
drupèdes. 

Le grand axe se porte moins en avant dans 
plusieurs passereaux ; mais toutes ces différences 
sont peu importanles. 


Dans les reptiles, le cadre du tympan ne se” 


ArT. VI. Des osselets. 499 


marque par aucun bord saillant : c’est en arrière 
qu'il est interrompu. Son grand axe est vertical 
dans la Zortue et les Zézards ordinaires, et som 
arc antérieur y est le plus convexe. Dans le cro- 
codile, c’est un ovale régulier, dont le grand axe 
se dirige obliquement en arrière. 


ARTICLE VI. 
4 Qi 
Des osselets qui établissent une communication 


entre le tympan et la fenétre ovale , et de 
leurs muscles. 


. I. Des os. 


Tous les animaux qui ont une vraie fenêtre 
vestibulaire , l’ont fermée par une platine osseuse, 
qui a da mére figure qu’elle , et qui communique , 
soit au tympan, soit, lorsqu'il n’existe pas, à la 
peau , ou très-près de la peau , par une tige, 
tantôt simple et ne fesant avec la platine qu'un 
seul et même osselet, tantôt composée de deux 
ou de quatre os , de figures très-variées. Nous com- 
mencerons la description de cette’ chaîne d’osse- 
lets, par les r1ammifères, dans lesquels elle est 
plus compliquée. 


2 
À. Dans les mammifères, 
Ils ont tous quatre osselets , qui portent les noms 


dernarteau, d’enclume, de lenticulaire et d’étrier; 
L'ia 


boo XHI° Leçox. De l'oreille. 
le marteau est toujours formé d’un manche 
alongé, mince , et pointu , qui adhère à la mem- 
brane du tympan, selon une ligne qui va de son 
bord supérieur au sommet du cône qué cette mem- 
brane forme, et d’une tête, qui fait angle avec le 
manche , et se porte obliquement en dedans de 
la caisse en se dirigeant un peu en haut et en 
arrière. 
L’enclume s'articule avec la tête du teau , 
par une facette articulaire. Sa partie opposée se 
divise en deux pointes, dont l’une se porte direc- 
tement en arrière, et dont l’autre descend presque 
parallèlement au manche du marteau , mais en 
se portant un peu plus en arrière et en dedans. 
L'’extrémité de cette seconde apophyse s'articule 
avec l’osselet /enticulaire, le plus petit des os du 
corps des mammifères , et par lui avec l’éérier. 
Celui-oi prend son nom de sa figure qui est celle 
d’un étrier à monter à cheval : il fait un angle pres- 
que droit avec la branche de l’enclume qui le 
supporte , et se portant directement en dedans va 
appliquer la plaque ovale qui le termine sur la 
fenêtre ovale. Chacun de ces os varie en grandeur, 
en figure et en position dans les différentes espèces. 
Nous allons examiner quelques-unes de ces varia- 
tions. » 


1° Le marteau, 


Dans l’Aommne , le manche du marteau est Iépé- 


“rement comprimé, un peu arqué , de manière que 


, 


ArT. VE Des osselets. 5o1 


sa pointe se dirige obliquement en avant. La tête 
est un peu plus longue , et fait avec lui un angle 
de 120 degrés ; elle se termine par une masse 
ovale , arrondie au bout, dont la face posté- 
rieure présente à l’enclume une facette arti- 
culaire composée de quatre petits plans. Sur l’angle 
que fait la tête avec le manche est une pointe 
dirigée en haut. On la nomme l’apophyse courte 
du marteau. Le col, ou la partie un peu étranglée 
de la tête a une petite apophyse en avant qui se 
prolonge comme un stylet, et qu’on nomme l’apo- 
physe grèle du marteau, et une petite lame 
sajllante et oblique en arrière et en dessus. 

Celui de l’orang-outang ne diffère de celui de 
l'homme que parce que la masse qui termine la 
tète est un peu plus pointue. : 

* Dans le sapajou, la tête est de moitié plus 
courte que le manche, La facette articulaire oc- 
cupe toute sa partie postérieure. L’apophyse grèle 
s’élargit en urre lame qui occupe tout le bord anté- 
rieur. L’apophyse courte est effacée. Elle se re- 
trouve bien marquée dans les guenons; mais la 
ête y est aussi en ligne droite avec le manche 
et fait une saillie en avant; elle ne se distingue du 
manche dans l’alouatte que par sa grosseur subits. 

Dans les chiens et les chats, le manche est en 
longue pyramide à trois faces, dont la plus étroite 
adhère au tympan. La tête fait un angle aussi fort 
que dans l’homme. Son col est mince , et se tourne 
en avant; mais l’apophyse gréle ou antérieure ; 

115 


5o2 XIE Lecon. De l'oreille. 


qui est fort longue , s’élargit en une lame mince 
qui remplit l’angle que la tête fait en avant avec 
le manche. La comte est très-saillante ; et il ya 
à la face interne du col une troisième apophyse 
qui remplace la petite arrète de l’homme. 

Les autres carnassiers n’offrent de différence 
que dans la longueur des apophyses. L’antérieure, 
par exemple , est plus longue et plus étroite dans le 
blaireau ; plus courte et plus large dans la loutre. 

-Eile est très-large dans la {aupe, et donne à son 
marteau.une figure presque rhomboïdale. 

Dans les rongeurs , le manche est comprimé 
comme une lame de couteau , et adhère au tym- 
pan par un de ses tranchans ; le col de la tête fait 
avec lui un angle fort ouvert sur lequel est l’apo- 
physe courte , comme à l'ordinaire. La tête, après 
avoir reçu l’enclume par sa face postérieure , porte 
sa masse à l’opposite , c’est-à-dire en avant. Cette 
masse est ovale dans le cabiai et le cochon-d’Inde , 
pointue dans le /apin et le rat. Le manche du 
paresseux est comme dans les rongeurs. La tête 
ressemble à celle du marteau de l’homme. Le 
fourmilier ne diffère du paresseux que parce que 
le col est plus mince, et le pangolin que parce 
qu'il y est très-court. 

Dans tous ces animaux, à compter des rongeurs, 
la petite apophyse interne ou postérieure du col est 
presque nulle. Elle se retrouve bien marquée dans 
le cochon etles ruminans , dont l’osselet ressemble 
beaucoup à celui des carnassiers. 


Arr. VI Des osselets. 503 


Lephoque a le manche comprimé ; le col court 
sans presque  d’apophyse antérieure ; la tête 
légèrement aplatie, et circulaire d’avant en ar- 
rière. is 

Dans le dauphin , il n’y a point de manche ; 
mais le tympan a la forme d’un entonnoir alongé, 
et sa poinie vient se fixer au bas du col, qui est 
comme tronqué obliquement. L’apophyse anté- 
rieure est longue et arquée. Les facettes pour 
l'articulation de l’enclume sont'dirigées non tout- 
ä-fait en arrière, mais un peu en dessus, à 
cause de la position du labyrinthe en dessus de 
la caisse. Le marteau de la baleine est tout sem- 
blable , mais du double plus grand. 


2°. L’enclume f 


Présente beaucoup moins de différences que le 
marteau. Dans tous les mammifères , ces deux os 
s’articulent ensemble par un ginglyme trés-serré , 
composé au moins de deux faces, et le plygisou- 
vent de quatre; de manière que chaque os a une 
convexilé croisée par une concavité : la principale 
différence des enclumes des diverses espèces con- 
siste dans la longueur et la grosseur respectives de 
leurs deux apophyses. 

Dans l’omme , la supérieure , attachée à l’os dé. 
la caisse par un ligament, est plus grosse et plus 
courte que l’inférieure qui s'articule avec l’étrier 
par le moyen de l’os lenticulaire ; celle-ci est ar- 
quée , de manière que sa convexité regarde em. 

Li 4 


5o% XIII Tecox. De l'oreille. 

dehors. Elles font ensemble un angle presque 

droit. C’est la même chose dans l’orang-outang. 
Dans les gwenons , l’apophyse supérieure devient 

plus grèle. Elle égale presque l’autre en longueur 

dans les sapajous. En général dans les singes 

la rainure articulaire devient plus profonde. 


Les deux apophyses sont grèles et presque 
égales dans le chat; le chien les a comme l’homme. 
Les belettes, loutres, phoques , ont la supérieure 
fort courte. L’enclume de la taupe est singuliére. 
Son apophyse inférieure ou stapédienne est très- 
courte et menue ; l’autre est trés - grande , oblon- 
gue , et creusée en arrière comme une cuiller. Il 
seroit possible qu’elle logeât un muscle. 


Les lièvres , les rats ont l’apophyse stapé- 


dienne très-longue, et l’autre presque nulle. Elles: 
se rapprochent davantage de légalité dans les 


cabiais. 

Elles sont presque égales, et font un angle obtus 
dans fe paresseux. 

C’est la supérieure qui est la plus grèle dans le 
mMmoutOr. 

Elles se dirigent toutes deux vers le haut dans 
le dauphin. 


5°. L’osselet lenticulaire , 


Malgré sa petitesse ; présente aussi des diffé 
rences , mais elles sont trop minutiemses pour 
que nous nous y arrétions. 


1 
1 Ta 


ArT. VI. Des osselets, . 5oë 


4°, L'étrier 


Difière par l’écartement et la courbure de ses 
branches , par la grandeur du vide qui est entre 
elles , et par la forme de sa platine. 

Dans l’Aomme, par exemple , les branches sont 
arquées, et la platine demi-ovale. Dans le sapa- 
jou, elles sont presque droites, et la platine en 
ellipse étroite. Aucun animal n’a les branches plus 
arquées et plus écartées à proportion que la taupe, 
dont la platine est une ellipse très-alongée et très- 
étroite. Dans tous les animaux, la branche posté- 
rieure est plus grosse que l’antérieure. Dans les 
cétacés, il y a , au lieu de deux branches, un 
corps solide , conique comprimé , et percé seule- 
ment d’un très-petit trou. Cette partie de l’étrier 
représente dans le /amantin un cylindre qui au- 
roit élé tordu; d’un côté, est une rainure oblique, 
et le trou a l’air d’une piquure d’épingle. La face 
de ce même étrier qui est attachée à la fenêtre, 
est extrémement convexe. 


B. Dans Les oiseaux. 


Les oiseaux n’ont qu’un seul osselet, composé 
de deux branches qui font un coude. La première 
est attachée au tympan même, depuis son bord 
postérieur inférieur , jusqu’au sommet du cône 
saillant qu’il forme vers le dehors : ainsi sa direc- 
tion est presque contraire à celle du manche du mar- 
teau , dont cette branche tient cependant la place, 


5o6 XII Leçox. De loreille. 


À l'endroit où elle se joint à la seconde partie, sonf 


deux petites apophyses cartilagineuses, dont la pos- 


térieure se joint encore par son extrémité libre à 
une troisième branche qui va regagner la pre- 
mière partie de l’os , et forme avec elle un triangle 
presque rectangle, dont les trois côtés sont attachés 
au tympan. L'autre parlie de l’osselet , après avoir 
fait un angle aigu avec cette première branche , 
s'enfonce directement dans la caisse , sous forme 
d’une tige grèle, et, après s’être un peu évasée et 
quelquefois divisée en deux ou en quelques petits 
filets osseux, elle se termine par une platine ovale 
ou triangulaire , qui ferme la fenètre vestibulaire, 
comme le fait l’étrier dans les mammifères. Il n’y 
ade différence d’un oiseau à l’autre que pour la 
grandeur de cet osselet, et pour la figure de sa 
platine ; les petites branches adhérentes au tympan 
varient aussi par leurs inclinaisons et leurs gran- 
deurs respectives , mais d’une manière trop pe 
importante pour que nous la notions. 


C. Dans les reptiles. “ 


La grenouille et le crapaud ont deux osselets 
à leur oreille; l’un tient lieu du marteau etde 
Venclume. Il est atiaché au tympan par une branche 
mince, avec laquelle la partie qui pénètre dans la 
caisse fait un angle aigu ; cette partie est en forme 
de massue ; son extrémité interne est la plus grosse, 
et s’articule par une double facette au second 


osselet , qui remplace l’étrier , et qui a la forme 


en ec 


ART. VI. Des osselets. Mr S0o7 
d’un demi-ellipsoïde , appliqué à la fenêtre ovale 
par sa face plane. Ces deux osselets ne sont que 
cartilagineux. "4 

Les lézards et les tortues ont plus de rapport 
avec les oiseaux , par leur osselet simple , à tige 
mince, dure , à platine ovale ou triangulaire ; il 
s’attache au tympan dans les /ézards , et sur-tout 
dans le crocodile, par une branche cartilagineuse ; 
mais dans la tortue il s'implante directement par 
son extrémité extérieure dans la masse cartilagi- 
neuse que forme le tympan lui-même. 


La platine du crocodile est en ellipse alongcte. 
Son grand axe est longitudinal. 


Dans la tortue , l'os s’élargit comme une trom- 
pette ; il s’applique à la fenêtre par une face con- 
cave , régulièrement ovale. 


Les serpens ont un osselet sans tympan ; son 
extrémité extérieure touche à l’os qui supporte la 
mâchoire inférieure ; ikest entouré par les chairs, 
et va s’appliquer à la fenêtre par une platine con- 
cave dont les bords sont irréguliers. 


‘La platine du caméléon ressemble aussi au pa- 
villon d’une tfompette ; sa tige se perd dans les 
chairs en devenant cartilagineuse. 

Les salamandres n’ont sur leur fenêtre ovale 
qu'un petit couvercle cartilagineux , sans lige, et 
caché par les chairs. 


5o8 XI Leçon. De l'oreille, 
II. Les muscles. 


L’homme et les mammifères ont quatre muscles 
à leurs osselets : trois au marteau, et un à l’étrier. 

L’enclume n’en a aucun. Elle est attachée par 
sa tête à la face postérieure de celle du marteau, 
et par l’extrémité de son apophyse supérieure à 
Vos des tempes dans le fond de la caisse en haut 
et en arrière. Elle participe à tous les mouyemens 
du marteau, qui lui font faire une bascule sur sæ 
jambe fixe. 


Ceux du marteau sont : 


1. L'interne, qui vient de la partie cartilagi- 
neuse de la trompe , marche dans un demi-canal 
‘pratiqué dans le rocher sur la partie osseuse de 
la trompe ; peu après son entrée dans la caisse , ik 
rencontre une éminence située en avant de la fe- 
nétre ovale, et nommée bec-de-cuiller. A1 con- 
tourne son tendon sur une traverse de cette émi- 
nence ; et le dirigeant en dehors , l’insère au 
manche du marteau , à sa face interne, et sous 
son apophyse grèle. Il tire le marteau entier en 
dedans , et tend la membrane du tympan; et par 
le mouvement que le marteau communique à l’en- 
clume, la jambe supérieure de celle-ci, restant 
fixée , l’autre doit décrire un arc de dehors en. 
dedans, et pousser l’étrier dans la fenêtre ovale. 


2, L’extsrne marche parallèlement au précé- 
dent , mais plus en dehors, et s’insère à l’apo- 


ÀrT. VI. Des osselels. ! 5og 


physe gréle du marteau, qui est elle-même logée 
dans un petit canal pratiqué au - dessus du bord 
supérieur du cadre du‘tympan. Ce muscle est si 
foible qu’on a peine à s'assurer de sa vraie na- 
ture. Il doit tirer le marteau en avant; tendre 
la moitié postérieure du tympan, et donner à l’en- 
‘clume un mouvement de bascule qui abaisse un 
peu sa tête, porte l’extrémité de son apophyse 
inférieure en arrière , et ébranle l’étrier sur la 
fenêtre ovale. L 

5. Le laxateur vient de la voûte du méat ex- 
terne , près le tympan, passe par l’échancrure 
du cadre de celui-ci, et s’'insère à la petite saillie 
oblique du col du marteau. Il doit tirer cet os en 
. dehors ; et par conséquent relâcher le tympan ; 
et par suite du mouvement communiqué à l’en- 
clume , il doit retirer un peu l’étrierdé la fenêtre 
ovale. l 

Le muscle de l’étrier est placé dans un creux 
d’une éminence située en arrière de la fenêtre 
ovale près du bord postérieur de la caisse, et qu’on 
a nommée éminence pyramidale ; son tendon en 
sort pour se porter directement à la brañche pos- 
térieure de l’étrier , qu'il tire en arrière, en sou- 
levant un peu sa partie antérieure. 

Nous n’avons pas suivi ces muscles dans beau= 
coup de mammifères ; mais nous en avons vu la 
plupart, et sur-tout celui de l’étrier , et l’interne 
du marteau ; dans plusieurs espèces où ils ont 
présenté peu de variétés. 


510 XIII Leçon. De l'oreille. 


Il nous a paru que le dauphin n'avoit point de 
muscle du marteau; mais il en a bien certaine- 
ment un pour l’étrier , qui s'attache très-haut, 
et non au milieu d’une des branches, comme dans 
l’homme. 


La pression de l’étrier sur la fenètre ovale 


doit avoir un double effet : le premier, d’ébranler 
tout l’intérieur du labyrinthe ; le second, de com- 
primer la substance gélatineuse qui le remplit, et 
de la faire se reporter par le limaçon sur la mem- 
brane de la fenêtre ronde, qui doit se trouver 
par là beaucoup plus tendue. 

C’est sur-tout ce second effet que doit produire sa 
pression lorsqu'elle est fixe, et causée par l’action 


des muscles ; c’est sans doute lorsque nous vou-. 


lons écouter avec beaucoup/d’attention que nous 
les contractons. 

Quant au simple ébranlement , ou à la simple 
secousse , elle peut aussi résulter de l’ébranlement 
occasionné au tympan par les vibrations de lair. 
C’est probablement une des causes immédiates de 
l’ouïe. | 

Les atimaux qui n’ont point de muscles à leurs 
osselets n’en reçoivent que cette première: espèce 
de pression. Il seroit intéressant de rechercher 
s’ilssont maitres d'écouter avec plus ou moims d’at- 
tention. 

Les oiseaux ont un petit muscle situé en arriére 
de l’orcille sur l’occiput ; il pénètre dans la caisse 


at à trou , et va s’insérer à l’hypothénuse du 


\ 


L L / 
Arr. VIL Du méat auditif externe. 511 


petit triangle rectangle que forment sur le tÿmpan 
trois des branches de losselet, L'effet de ce muscle 
est de tendre le tympan en faisant saillir davan- 
tage ‘en dehors la pointe du cône que cette mem- 
brane forme. Deux filets qui paroissent tendineux 
s'opposent à ce que ce mouvement ne devienne 
trop fort. Un d’eux, qui est très-long, s'attache à 
l’apophyse antérieure du cartilage attaché au tym- 
pan, et va se fixer dans la cellule située au-dessus 
de latrompe d’Eustache. L'autre monte et se fixe 
sur le pilier qui sépare l’entrée de cette cellule de 
celle qui est située au-dessus du labyrinthe. 

Nous ne connoissons pas suffisamment les mus- 
cles des osselets des reptiles , et les descriptions de 
Comparetti ne nous ont point paru assez claires 
pour pouvoir suppléer à nos propres observations. 

Il nous paroïît que les serpens , les caméléons 
et les sa/amandres en sont entièrement privés, 
et qu’ils sont au moins très-peu visibles dans les 
tortues. 


AC ORNE TE NO CEE EVE 


Du méat auditif externe, de la conque de 
l’oreille,, et de ses muscles. 


Les reptiles n’ont aucun: méat auditif externe: 
le crocodiie est le seul qui en ait quelque appa= 
rence, parce que la-peau forme au dessus de son 


tympan une espèce de lèvre ou de couvercle 
e 


b12 XII* Leçon. De l'oreille. 


qui le cache entièrement, à moins d’être soulevé, 
C’est là sans doute ce qu'Hérodote regardoit comme 
l'oreille externe du crocodile, à laquelle al dit que 
les Egyptiens altachoient des pendans. 


Le méat externe des oïseaux est très-court ; il 


ma ordinairement pour orifice qu'un simple trou 
à fleur de tête, entouré de plumes d’une struc- 
ture particulière. Elles sont fines, élastiques; leurs 
barbes sont simples, minces, élastiques, écartées 
les unes des autres, et laïssant passer l’aïr entre 
elles. Ces plumes sont couchéessavec beaucoup de 
régularité sur le trou qu’elles recouvrent. Il y a 
des oiseaux dans lesquels elles s’alongent et prennent 
diverses formes : tels: sont l’outarde | Voiseau- 
mouche, nommé Auppe-col;Voiseau de paradis, 
nommé sijilet, etc. 


Dans les Lzibous et les chouettes, l’'orifice exté- 
rieur de l’oreille est placé au fond d’une grande 
cavité, creusée autour de chaque côté de la tête, 
revêtue en dedans d’une peau nue, dont les replis 
forment des cloisons qui la divisent presque comme 
la conque de l’homme, à laquelle cette cavité 
ressembleroit, si elle étoit libre et saillante au 
dehors. 

Les plumes eflilées qui la recouvrent forment 
les cercles qui donnent à la physionomie de ces 
oiseaux son caractère singulier: L’ef/raye a au 
bord antérieur de cette cavité un opercule mem- 


braneux de forme carrée. 
4 | 


RP Épe d à 


Es more 


. Arr. VIL Du méat auditif externe. 515 
Nous allons à présent examiner l'oreille externe 
dans l’homme et les mammifères. 


a?, Le méat: externe osseux. 


Le méat andibif externe ‘est osseux dans sa partie 
inférieure ou celle qui est la plus voisine du 
tympan ; sur cette partie osseuse s'attache par des 
membranes où des ligamens la partie tubnleuse 
du cartilage de loreille externe, qui ne fait quelque- 
fois qu'une seule pièce avec la conque, mais qui en 
est aussi quelquefois séparée. 

Les cétacés sont les seuls mammifères qui n'aient 
point de méat osseux ; leur méat externe est un 
canal cartilagineux ; très-mince, qui commence à 
la surface de la peaü (où il admettroit à ‘peine 
une épingle dans le dauphin), et qui s'enfonce 
en serpentant dans le lard qui est sous la peau, 
pour pénétrer jusqu’au tympan. 

Däns tous les aûtres genres, il y a un canal 
osseux plus ou moins long, du moins lorsqu'ils 
sont adultes; car ce-canal est plus long-temps à 
s’ossifier que la plupart des autres os de l'oreille. 
Le cadre du tympan seul est ossifié dés la pre- 
mière enfance, et conserve sa grandeur pendant 
que le reste de l'os Free prend de l’accroisse- 
ment. : | 

Le méat externe osseux de l’aomme est court, 
droit, et se porte presque horizontalement en 
dedans et un peu en avant; sa coupe est üun ovale 
dont le grand axe descend d’avant en arrière; son 


2 K k 


514 XIII Leçon. De l'oreille. 


diamètre reste à peu près le même dans toute sa 
longueur. 

Il est un peu plus long et plus étroit, à pro- 
portion, dans les gzenons, et encore plus dans 
les magots ;ily descend un peu, maïs il s’y porte 
moins en avant que dans l’homme. Il est très- 
court et circulaire dans les sapajous et les chauve- 
souris. 

Dans les carnassiers, en général, il se dirige, 
comme dans l’homme, à peu près horizontale- 
ment ; il va droit en dedans, sans se diriger en 
avant ni en arrière, dans les chiens, les chats ; 
le blaireau. 

Il se dirige un peu en avant dans le coat. 

Il se dirige en arrière dans la loutre, le putois s 
et, en général, dans le genre nustela. 

La iaupe a un canal externe fort singulier ; 
en restant très-plat dans le sens vertical , il va en 
s’élargissant dans le sens horizontal, etle grand: 
tympan circulaire lui sert de plafond, comme il 
sert de plancher à la caisse. 

Ce canal se dirige fortement en bas dans les 
rongeurs, sur-tout dans les Zévres; il se porte 
aussi en avant dans ce dernier genre et dans la 
marmotte ; 

Il va directement en dedans et en bas dans le 
castor ; | 

Et il se porte en arrière dans le porc-épic. 

Les cabiais et les agoutis l’ont court, se por- 
tant droit en dedans, Sous son bord inférieur est 


AnT. VIL Du méat auditif externe. 515 


un trou qui pénètre dans la caïsse, et qui, dans 
quelques espèces, s’unit avec le méat même par 
une fente. 

Les paresseux, les pangolins , les fourmiliers 
ont le méat externe très-court, large et circulaire. 

Il est grand, long, et se dirige trés-peu en bas 
et en arrière dans l'éléphant. 

IL descend de 45 degrés dans le rhinocéros et 
dans l’hippopotame, sans se diriger ni en avant, 
ni en arrière. Dans le babiroussa, son inclinai- 
son est la même; mais il se porte un peu en avant. 
Dans le cochon ordinaire, il va encore plus en 
descendant, et se porte aussi en avant. Tous ces 
animaux l'ont très-long et très-étroit. 


Il ra plus court dans Je cheval; il y descend 
un peu moins rapidement, etil s’y porte un peu 


en arrière. 
Enfin, dans les ruminans, il va directement 
en dedans, mais en remontant un peu. 


2°. Le méat externe cartilagineux et la conque. 


Les cétacés exceptés, il y a très-peu de mam- 
mifères qui n'aient point à l’orifice du méat au- 
ditif externe cette espèce d’évasement ou de pavillon 
cartilagineux que l’on a nommé conque. 


Ceux qui en sont privés sont, parmi les car- 
nassiers , la Zaupe et quelques musaraignes ; 
parmi les rongeurs, le zemni et quelques rats- 


taupes; parmi les édentés, les pangolins, et 
Kk 2 


\ L 
516 XI Lecon. De l'oreille. 


parmi les amphibies, le z20rse et plusieurs espèces 
de phoques. è ; 

… Dansles animaux qui sont pourvus d’une conque, 
ou d’une oreille externe, elle varie à Pinfini par 
sa grandeur, sa direction , sa figure, ses éminences 
intérieures , la composition de son tube, et enfin 


par ses muscles. 
\ 


a. La grandeur. Les animaux qui se font re- 
marquer par la grandeur de l'oreille sont presque 
tous timides ou nocturnes, et par conséquent ont 
besoin de bien entendre: les ruminans foibles , 
gazelles, cerfs, l’äne, les lièvres et quelques 
petits rongeurs, et sur-tout les chauve-souris. 

Il y en a beaucoup parmi ces dernières qui 
ont l’oreille plus grande,que toute la tête; et une 
espèce , l’oreillard, qui l'a presque aussi grande 
que le corps. 

L’éléphant d'Afrique est aussi remarquable 
par son énorme oreille, plate, ouverte ‘et serrée 
contre. le corps, et par conséquent peu propre à 
remplir les fonctions de cornet acoustique. L’élé- 
phant des Indes V’a semblable, mais béaucoup plus 
petite. 


b. La direction."Les naturalistes ont remarqué 
que l'ouverture de la conque se dirige plus souvent 
en avant dans les animaux qui chassent, et en 
arrière dans ceux qui fuient; mais ce mouvement 
tient à leur besoin du moment, et non à une dis- 
position anatomique ; car tous les animaux qui ont 


= 


\ Art. VII. Du méat auditif externe. 517 


des oreilles un peu longues , peuvent les diriger 
à volonté, excepté peut-être le vespertilio spasma, 
dont les deux grandes oreilles sont réunies par 
leur bord interne, et par conséquent très - peu 
mobiles. 

Les oreilles, dont la partie supérieure de la 
conque ‘est pendante, sont un signe d’esclavage : 
les chiens , les moutons, les chèvres, les cochons, 
en ont de telles dans quelques-unes de deurs va- 
riétés domestiques. L’é/éphant a l'oreille pendante, 
mais par la partie postérieure et inférieure de la 
conque, et non à la manière des précédens. 

c. La figure. La conque de l'oreille de l’homme 
a pour contour un demi-ovale, dont la partie in- 
férieure, plus étroite, se termine par un lobule 
rempli de graisse. Le bord antérieur est adhérent 
au reste de la peau, et presque rectiligne, sauf 
les éminences dont nous parlerons; le supérieur 
et. le postérieur sont libres et saillans. 

Dans les orangs et les sapajous , le lobule 
diminue et la partie libre devient plus considé- 
rable, mais elle demeure ronde. Dans les guenons 
et les macaques, elle devient un peu pointue 
vers le haut; dans les sagouins, elle est même 
échancrée en arrière par une sinuosité. Dans'les 
autres genres, l'oreille varie en figure , sans rapport 
direct avec les ordres auxquels ils appartiennent. 
Elle est en géneral d’autant plus elliptique qu’elle 
est plus grande, Les petites variations de ses con- 
tours étant entièrement extérieures sont du ressort 

Ha  Kk5 


518 XIII Lecow. De loreille. 

de l’histoire naturelle ordinaire ; il suffit de ren: 
voyer nos lecteurs aux gravures qui représentent 
les quadrupèdes. 


d. Les éminences. Les éminences de l’oreille 
humaine sont, 1°. ce repli de son bord supérieur 
et postérieur, nommé l’Aélix : il rentre en dedans 
au bas de sa partie antérieure, et se termine au 


°,. cette 


dessus et en arrière du trou auditif; 2°. 
saillie aiguë, presque parallèle à lPhélix, en arrière, 
qui traverse ensuite l'oreille obliquement, et qu’on 
nomme l’anthélix ; 5°. léminence située au devant 
du trou auditif et nommée tragus ; 4°. celle qui 
est située derrière, et qui termine l’anthélix par 
en bas, et qu'on nomme antitragus. 

Le repli qui forme l’Aélix diminue dans les 
singes, disparoît dans les sapajous, les sagouins 
et dans tous les autres animaux : tous ont le bord 
de l'oreille tranchant. L’anthélix s’applanit , ou 
est remplacé par une éminence transverse située 
trèés-profondement. 

Le tragus, qui se voit encore dans le chien, 
se réduit dans les /ièvres , les chevaux, etc., à 
une légère avance du bord supérieur de la conque 
sur l’inférieur. 

C’est sur-tout dans les chauve - souris que le 
tragus est développé, et qu’il prend des formes 
singulières. 

L’oreillard Va si grand, qu’on a supposé à cef 
animal une conque double ; il est fourchu dans 


Arr. VIL Du méat auditif externe. 519 


le V’esp. spasma ; dentelé dans le #. Zeporinus 
et dans le 7. crenatus ; ovale, arondi, pointu, etc., 
dans d’autres espèces. Il peut servir à empêcher 
Virruption trop violente de l'air dans l'oreille 
lorsque l'animal vole. L’antitragus des chauve- 
souris est généralement arrondi; il se prolonge quel- 
quefois en avant par delà le tragus, jusqu’au coin 
de la bouche : cela est ainsi dans le 7. molossus. 


Dans quelques musaraignes, c’est l’antitragus 
qui sert d’opercule à Poreille; il la ferme très- 
exactement dans le musaraigne aquatique de 
Daubenton. 


e. La composition. Loreille externe de l’homme 
n’est faite que d’une pièce; le pavillon devient 
tubuleux , et se continue ainsi jusqu’au méat osseux 
auquel il se soude. Seulement on remarque une 
fente ou incision irrégulière. 


Dans les animaux dont les oreilles sont un 
peu longues et très-mobiles, le tube de l’oreille 
est partagé en deux parties, dont l’une tient à la 
. conque ; l’autre forme un cartilage particulier et 
tubuleux, qui s'attache au méat osseux par un 
ligament , et qui a, ainsi que la portion qui tient 
à la conque , une fente longitudinale. Il résulte 
de cette division que le tube peut sè raccourcir 
et s’alonger, comme se dilater et se rétrécir.. 

Ces animaux ont de plus un troisième cartilage, 
applati, posé au dessus de la partie tubiforme, 
ne faisant point partie de la concavité de l'oreille, 

KKk 4 


520 . XINH° Eco. De oreille, 
mais seryant seulement de point-d’appui à plusieurs 
muscles. :, . | 

Ce cartilage est triangulaire dans le cheval; 
«En croissant dans le mouton; pointu, en arnére, 
et bilobé en avant dans 1 lapin, et rhomboïdal 
dans le chien : nous le nommerons lécusson. 


rates muscles. À saisit 
A. Dans l’homme. ‘* 


Les muscles de l'oreille externe dépendent, pour 
leur nombre, de sa grandeur et de sa mobilité ; 
pour leurs figures et proportions, de sa position, 
laquelle dépend à son tour de celle de Porifice 
extérieur du méat osseux. 

Cet orifice est toujours situé prés et derrière 
l'articulation de la mâchoire inférieure : ainsi ül 
est d’autant plus en arrière et'plus voisin de l’oc- 
ciput, que les mâchoires sont plus longues à pro- 
portion du crâne; et il est d’autant plus élevé, 
par rapport à l’ensemble de la tête , que les branches 
montantes de la! mâchoire inférieure :sont plus 
hautes et le crâne plus plat. Ainsi, à partir de 
l’homme , il se porte toujours plus en haut et.en 
arrière, et-les deux oreilles se rapprochent d’au- 
tant plus que l’on descend davantage jusqu'aux 
solipèäes, qui sont le dernier terme du-rappro- 
chement, er à] | 

Les muscles qui agissent sur l’oreille de l’homme 
se réduisent à trois qui viennent de diverses parties 


ART. VII Du méat, auditif externe. 521 


de la tête, et à cinq qui vont d’un point de la 
cohque à un autre. 

Les trois premiers sont : 1°. le sxpérieur , mince, 
rayonuant, recouvrant une partie de la tempe, et 
s’attachant à la partie supérieure de la convexité 
de la conque ; 2°, l’antérieur , peu distinct du pré- 
cédent, petit, venant des environs de l’arcade 
zygomatique, et aboutissant à la partie antérieure 
de la convexité de la conque ; 3°. le postérieur, 
petit, divisé en quelques languettes venant de l’oc- 
cipital, et s’insérant derrière la conque. 

Les cinq muscles de la conque sont : 1°. le grand 
hélicien ; il naît au dessus du tragus, et se perd 
sur le contour antérieur de l’hélix; 2°. le petit 
hélicien: il s'étend sur la partie de l’hélix qui 
traverse la conque ;/5°. le tragien : ses fibres 
s'étendent transversalement sur le (ragus; 4° Vanti- 
tragien naît sur l’anti-tragus, et se perd sur le 
contour intérieur de l’anthélix; 5°. l'anthélicien, 
ou transversal de l'oreille : il traverse le repli creux 
qui correspond sur la face dorsale de l’oreille, à la 
saillie que l’anthélix fait sur sa face concave. 

Ces muscles n’ont aucun usage sensible sur la 
plupart des hommes : on en a vu cependant quel- 
ques-uns-mouvoir plus ou moins l'oreille. 


B. Dans les quadrupèdes. 

Les muscles de l'oreille des quadrupèdes sont 
généralement très-nombreux. On peut, les diviser 
bn quatre classes: 1°, ceux qui viennent de quelque 


LÉE] XIII Leçon. De l'oreille. 


partie de la tête s’insérer à l’écusson; 2°. ceux 
qui, venant de la tête, s’insèrent à la conque ou 
à son tube; 3°. ceux qui réunissent l’écusson et 
la conque; enfin, 4°. ceux qui vont d’une partie 
de la conque à une autre. Leur usage est de tirer 
l'oreille dans toutes sortes de directions, où de la 
faire tourner sur son axe, et cela de manière 
que sa surface supérieure tourne en avant ou en 
arrière, et l’inférieure dans les sens opposés. 
: Nous allons examiner ces muscles dans le cheval, 
le mouton, le lapin et le chien. 


a. Muscles qui vont de la téte à l’écusson. 


1°. Le vertico-scutien vient de la ligne moyenne 
de tout le sommet de Ia tête dans le chien, et 
du bord supérieur de la fosse temporale dans le 
cheval, et s’insère au bord supérieur de l’écusson. 
Il se réduit, dans le mouton, à une bande qui 
vient de dessus et de derrière lorbite, et, dans 
le Zièvre, à une encore plus étroite de la crête 
occipitale seulement : c’est le commun de Lafosse, 
le fronto - auriculaire de Girard. Il relève les 
deux oreilles en rapprochant leurs convexités l’une 
de l’autre. 

2°. Le jugo-scutien vient, dans le cheval, de 
V’'arcade zygomatique, et monte en arrière s’insérer 
au bord antérieur de l’écusson. Dans le chien, il 
vient de la peau, des joues, et se dilate beaucoup 
vers le haut, pour s’attacher, non seulement à l’écus- 
son, mais encore au bord antérieur du préeédent : 


ArT. VIL Du méat auditif externe. 525 


il manque au lièvre et au mouton: il tire l'oreille 
en avant et un peu en haut. 

3°. Le cervico-scutien vient du ligament cer- 
vical, et s’attache au bord postérieur de l’écusson: 
il est propre au chien et au lapin; il rapproche 
les deux oreilles en arrière. 


b. Muscles qui vont de la tête à la conque 
de l’oreille, ou & son tube. 


4°. Le vertici-aurien vient du sommet de la 
tête, passe sous le vertico-scutien, et s’épanouit 
sur la conque vers son bord antérieur : il est 
propre au cheval et au mouton : il rapproche 
puissamment les deux conques en les redressant. 

5°. Le surcili - aurien remplace le précédent 
dans le Zèvre et le chien; il vient de l’arcade 
surcilière , passe devant le bord de l’écusson et 
s'attache sur la conque ; dans le Zièvre, par un 
tendon mince ; dans le chien, en s’épanouissant 
trés-près du bord antérieur , et après s’être presque 
um dans toute sa longueur au bord antérieur du 
vertico-scutien. Il relève la conque et la porte 
en avant. 

6°. Le cervici-aurien vient du ligament cer- 
vical , passe derrière le bord de l’écusson, et 
s’épanouit sur la conque , qu’il porte en arrière 
en la rapprochant de l’autre. 

7°. L'occipiti-aurien vient des environs de la 
crête occipitale, et passe sous l’écusson et sous le 
muscle précédent, pour s'attacher à la conque 


524 -XIN° Lecow. De l'oreille. 
qu'il relève, mais sans la porter en arrière : ïl 
manque au lièvre. 

8°. Leccervici-tubien profond vient du ligament 

P 5 

cervical sous l’anté-précédent ; il s’insère à l’origine 
du tube de l'oreille, qu'il tire en arrière: il est 
double dans le cheval : il manque au lièvre: 


9°. L’occipiti-aurien rotateur vient de la partie 
postérieure de Pocciput, et va s’insérer en écharpe 
sur la partie de la conque voisine de son tube. 
Ce muscle se trouve dans tous les animaux à 
longues oreilles. C’est lui qui fait tourner l’oreille 
sur son axe, en dirigeant sa concavité en dehors 
et en arricre lorsqu'elle est droite , en bas lorsqu'elle 
est horizontale. 

10°. Le parotido - aurien vient de la glande 
parotide et de la partie voisine de la peau, s’in- 
sère sous la conque près du tragus, et abaisse 
l'oreille : il se trouve dans tous les animaux. Le 
lièvre Va plus long que les autres. 

11°. Le jupo-aurien : il.est bien marqué dans 
le mouton, où il part de la base antérieure de 
l’arcade zygomatique, et va en arrière s’insérer 
au bord de la congue le plus près du trou au- 
ditif : il est double dans le chien. Une de ses 
parties vient de la peau de la joue; l’autre, du 
bord postérieur du jugo-sculien, Dans le cheval, 
il en vient une du milieu de l’arcade, et une du 
bord postérieur du jugo-scutien. ILüre horizon- 


talement l'oreille en avant; le lièvre en manque. 
À d j r . 


Art. VII. Du méat auditif externe. 525 

2°, Le jugo-aurien-profond: c’est un petit 
muscle grêle qui ne manque à aucun de ces ani- 
maux. Il vient de la partie de l’arcade zygoma- 
tique voisine de l'articulation dé l4 mächorre in- 
férieure, et se porte à la partie de la, conque 
voisine du tube un peu en dessus. IL doit servir 
principalement à raccourcir le tube de l’oreille. 


Le cheval a encore:deux muscles ‘qui appar- 
tiennent à cette classe, ‘et qui ne:sont pas au 
les autres espèces , savoir : 


15°. Le vertici-aurien-rotateur : if vient du 
somimet' de la tête, prés de la proëéminence occi- 
pitalé ; passe sous l'angle postérieur ide l’écusson 
et sur Rocco : se porte obliquement.en 
avant, et va s'épanouir en écharpe sur ia partie 
antérieure de la conque voisine de-son tube? 1l 
tourne l'oreille ‘sur son axe, en faisant regarder 
sa concavité en avant et en dedans lorsqu'elle est 
- ell ira: suce u horizontale. 


14, Le ver tict-aurien profond à uüné origine 
commune avec le précédent : il s’en séparé sous 
lécusson , et descend, entre la tête et la conque 
pour s’insérer à la partie de celle-ci qui regarcle 
en dedans lorsque sa concavité regarde en dehors à 
et qui est la plus voisine du tube. Son usage doit 
être d’alonger le tube de l'oreille. À 


F4 de, 


526 XIII Leçon. De oreille. 


c. Muscles qui unissent l’écusson à la conque 
ou au tube de l'oreille. k 


«. Les superficiels, qui s’attachent sur l’écusson. 


15°. Le scutien antérieur va du bord inférieur 
et de l’angle antérieur de l’écusson sur le devant 
de la conque, qu'il fait tourner sur son axe, et 
regarder le ciel, et en avant lorsqu'elle est ho- 
rizontale : il manque dans les chiens à oreilles 
pendantes. | 

16°. Le scutien postérieur du même bord et 
quelquefois de même angle, se porte en arrière 
sur le dos de la conque qu'il relève : il ranane 
dans le Zièvre. 


8. Les profonds, qui s’attachent sous l’écusson. 


17°. Le scutien-rotateur vient de dessous l’écus- 
son, et se porte en écharpe derrière la partie de 
la conque voisine du tube; il lui fait tourner sa 
concavité vers la terre et en arrière quand elle 
est horizontale : il est double dans le Zèvre. 


d. Muscles qui vont d’une partie de la congue 
de l’oreille à une autre. 


Il n’y en a point dans le mouton, et un seul 
dans le cheval, savoir : 


ù 


18°. Le tragien: il est placé sur Ja fissure de 
la conque dont il fait croïser les bords; il rétrécit 
par conséquent l’entrée du méat externe. Il existe 


4 
t 


| 


Ant. VIIL De la distribution des nerfs. 527 


aussi dans le chien et dans le Zèvre : dans ce 
dernier , il est accompagné du 

19°. tubo - hélicien, qui va du tube cartila: 
gineux à la conque, et qui raccourcit le tuyau 
de l’oreille. 

On trouve dans le chien : 


20°. Le plicateur de l’oreille analogue de l’Aé- 
licien de l’homme; il règne le long du bord an- 
térieur de la conque près de sa base; il plie et 
abaisse la partie supérieure de l'oreille. 

Enfin, le chien et le cheval ont sur le dos de 
leur conque , 

21°. Des fibres charnues éparses, qui sont les 


analogues de lanthélicien ou du transversal de 
loréille de l’homme. 


ARTICLE VIII 


De la distribution des nerfs dans l’intérieur 
de l'oreille, 


Nous avons parlé du canal auditif interne, 
pages 4% et 54 de ce volume. Son fond est situé 
a peu prés vis-à-vis du milieu du limaçon. Il est 
divisé en deux fossettes pâr une arête osseuse : 
la supérieure contient un trou destiné au nerf 
facial, et un amas de petits pour une branche 
du nerf acoustique; la seconde en contient plusieurs 


598 XI Leçon. De brel) 


autres amas pour les autres branches du nerf 
acoustique. 
Nous avons décrit r origine de ce nerf, pages 146, 
172, et son trajet jusqu'à l'oreille, pages 229 et 
230. La fossette inférieure, par laquelle il pé- 
nètre presque tout entier, est ovale; son grand 
diamètre est transverse. En avant est un enfonce- 
ment particuliers qui correspond à la base de l’axe 
conique du limaçon : il est percé d’une infinité de 
“petils trous disposés en spirale, et qui donnent dans 
les trous de cette cavité. Dans la partie postérieure 
de cette fosselte, sont d’autres amas de pareïls petils 
trous, mais disposés en rond : un de ces amas conduit 
dans le vestibule ; deux autres dans des canaux demi- 
circulaires. Il y en a un quatrième situé, comme 
nous venons de le dire, dans la fossette supérieure. 
Ces pelits trous donnent dans des canaux qui se 
subdivisent encore beaucoup entraversant les paroïs 
osseuses, de manière que le nerf arrive dans le 
labyrinthe, dans un degré de division inexpri- 
mable. Ceux de ces canaux qui entrent dans le 
limaçon, après avoir suivi les parois de son axe, 
pénètrent , selon Scarpa, dans l’épaisseur de sa 
cloisontosseuse , et s ouvrent au bord libre de cette 


3 N 
ss = 


cloison. 
Le nerf acoustique, une fois renfermédans:le 


canal auditif interne, paroît comme tordusur lui- 

même; et ses filets, qui commencent à ‘devenir 

manifestes, décrivent une spirale oblique. 
Ils ne tardent pas à se diviser en quatre faisceaux, 


ART. VIII. De la distribution des ner fs. 529 


dont un répond au commencement du canal 
semi- circulaire supérieur et de l’externe ; un à 
celui du postérieur, et un troisième au milieu du 
vestibule ; le quatrième, qui est la continuation 
du tronc, achève de se tordre en spirale pour 
suivre la série des petits trous qui donnent dans 
le limaçon; il remplit de ses filets tous les tubes 
dont ces petits trous sont les orifices, et se dis- 
tribue ainsi dans cette partie du labyrinthe, pour 
se terminer dans la partie membraneuse de la 
cloison. Ces filets ont entre eux de nombreuses 
anastomoses le.long de l’axe pyramidal. 

Quant aux trois autres faisceaux, le premier, 
qui est le plus grand, ayant pénétré dans le ves- 
tibule osseux par un des petits cribles dont nous 
avons parlé , se divise en deux petites parties 
qui se rendent aux ampoules des deux canaux 
semi-circulaires dont il est voisin. 

Le second se rend, sans se diviser, dans l’am- 
poule du canal postérieur. Les filamens de ces 
deux faisceaux se terminent dans ces ampoules 
en s'y étalant en éventail , et en y formant une 
espèce de cloison. Les canaux ne reçoivent de 
nerf dans aucune autre de leurs parties. 

Le troisième faisceau est situé entre les deux 
précédens ; il se rend dans le vestibule membra- 
neux, et se distribue sur sa paroi interne par un 
réseau aussi mou que compliqué. 

C’est ici le lieu de décrire le trajet du nerf 


facial au travers de l'oreille. Nous avons vu lori- 
2 LA 


550 XIII Leçon. De loreille. 


gine de ce nerf, page 146. Le trou où il entre 
au fond du canal auditif interne est l’orilice d’un 
canal long et diversement recourbé , nommé aque- 
duc de Fallope : ce canal perce d’abord le rocher 
en montant en dehors; il ne tarde pas à recevoir 
un autre petit canal qui vient d'avant en arrière 
et qui amène une branche du nerf vidien de la 
cinquième paire , pour l’unir avec le facial. 
(Voyez, page 207.) L’aqueduc se dirige ensuite 
subitement en arrière, et traverse le haut de la 
la caisse, où il est en partie membraneux; ensuite 
il redevient osseux, se courbe et ‘descend verti- 
_calement et parallèlement à la partie postérieure 
de la caïsse jusqu’au trou stylo-mastoidien. 
Nous avons décrit, page 224 et suivantes, la 
distribution du facial après sa sortie de ce dernier 
trou ; mais, pendant qu'il parcourt l’aqueduc, 
il donne, 1°. un nerf au muscle interne du mar- 
teau ; 2°. un à celui de l’étrier; et 5°. un long 
filet qui traverse la caisse , ainsi que nous l'avons 
vu, page 225, pour aller s'unir à un rameau du 
maxillaire inférieur de la cinquième paire. On 
nomme ce filet la corde du tympan, parce qu'il 
est placé derrière cette membrane comme la corde 
qui traverse sous celle d’un tambour. Il part à angle 
aigu ; et en montant dans un petit canal qui 
s’ouvre dans la caisse sous l’éminence nommée 
pyramide; il ressort de la caïsse par la: fissure 
de Glazer : nous en avons déja parlé, pag: 295. 
Le méat externe recoit des nerfs du maxillaire 


Arr. VII De la distribution des nerfs. 551 


inférieur de la cinquième paire, de son rameau 
temporal superficiel. (7’oyez, pag. 215.) Le dos 
de la conque , et ses muscles, en reçoivent du 
rameau occipital du facial (Foyez, page 224.), 
et de la seconde paire cervicale (Foyez, p. 245.), 
qui en donne aussi à la partie concave de la 
conque ; mais cette partie en reçoit davantage 
d’un autre rameau du facial. (Woyez, p. 224.) 

Les nerfs de l'oreille interne des mammifères 
ne diffèrent en rien d’essentiel de ceux de l’homme. 
Ceux de l'oreille externe sont plus gros et plus 
nombreux, en raison de la grandeur de la conque 
et de ses muscles; mais ils tirent leur origine des 
mêmes paires. 

Dans les oiseaux ; l’enfoncement qui tient lieu de 
canal auditif interne est ovale; son grand diamètre 
est presque horizontal. Il offre cinq trous pour 
le passage des nerfs, dont un pour le nerf facial, 
et quatre pour l’acoustique. De ces derniers, trois 
donnent dans le vestibule osseux, et un dans le 
limaçon. Les trois rameaux de l’acoustique, qui 
vont aux canaux semi-circulaires, pénètrent dans 
leurs ampoules et s’y divisent comme dans l’homme 
et les mammifères. Celui du limaçon se rend-dans 
le supérieur des deux cartilages qui forment la 
cloison de cet organe; et parvenu vers le milieu 
de sa longueur, le perce et se distribue en patte 
d'oie dans la pointe du cône du limaçon. Plu- 
sieurs filets remontent en sens contraire du tronc 
pour se rendre dans la base de ce même cône. 


Lila 


552 XIIT° Leçon. De l’oreille. 


Le nerf facial des oiseaux reçoit un filet du 
nerf vague, pareil à celui que nous avons décrit 
dans le veau, page 226. Il traverse l’oreille dans 
un canal osseux ; et après être sorti de la caisse, 
il se rend principalement dans le palais. 

Dans les reptiles et dans les poissons, mais 
sur-tout dans ces derniers, on voit encore mieux 
que dans les animaux à sang chaud, avec quelle 
constance les branches du nerf acoustique se ren- 
dent aux ampoules des canaux sémi-circulaires. 
Dans les reptiles, il se partage avant de péné- 
trer dans le labyrinthe osseux, et il y arrive 
par plusieurs trous. Dans les poissons chondrop- 
térygiens, il y arrive par un seul trou, et ne 
se divise que lorsqu'il y est. Dans les autres 
poissons, il n’a besoin de percer aucune cloison 
osseuse, l’oreille étant dans la cavité du crâne ; 
mais il sort, par plusieurs branches, du nerf de la 
cinquième paire, dont il fait partie. 

Dans les raies et les squales , il y a toujours 
deux rameaux : l’un, qui est plus petit, donne 
des filets au sac vers le petit corps amilacé, et 
se partage ensuite aux ampoules du canal anté- 
rieur et de l’horizontal ; l’autre, plus grand, forme 
une belle patte d’oie dans la portion du sac qui 

_ contient le grand corps amilacé. Ses nombreuses 
branches ont entre elles de fréquentes anastomoses. 

Le nerf facial entre dans l'oreille par un trou 
particulier. Il va se joindre à une branche de 
Yacoustique, qui doune dans l’ampoule du canal 


[N 


AnT. VIII. De Ja distribution des nerfs. 533 


postérieur , puis il s’en resépare pour sortir par 
un second trou et se distribuer aux tégumens de 
la tête et aux muscles voisins. 

Les nerfs acoustiques des poissons sont souvent 
au nombre de trois ou quatre, qui partent sépa- 
rément du nerf de la cinquième paire: il en va 
aux ampoules, et au sac qui contient les pierres. 
C’est sur-tout sur ces pierres qu’ils s’épanouissent 
en nombreux filets. Lorsqu’elles sont grandes, 
les réseaux formés par ces filets sont de la plus 
grande beauté. On peut les voir principalement 
dans la morue. La grandeur des réseaux décroit 
avec celle des pierres. 


L13 


QUATORZIÈME LEÇON. 


Du sens du toucher, ét de tous les 


organes. qui sy rapportenë. 


ARTICLE PREMIER. 


Des sensations que le toucher nous procure. 


ke sens du toucher semble nous mettre dans 
une communication plus intime avec les corps 
extérieurs que ceux de la vue et de l’ouie, parce 
qu'il n’y a point d’intermédiaire entre ces corps et 
nous lorsqu'ils affectent ce sens : aussi quoiqu'il 
ne soit point exempt d'erreurs, il y est moins 
sujet que les autres sens, et il sert à en vérifier et à 
en compléter les impressions, sur-tout celles de la 
vue. C’est par le toucher seul que nous recevons 
l’idée des trois dimensions des corps, et par con- 
séquent de leur figure, comme solides. C’est par 
la pression plus ou moins forte, plus ou moins 
directe, que les diverses parties d’un corps exer- 
cent sur notre peau, lorsque nous l’y appliquons, 
que nous reconnoissons si ce corps est plat, on 
arrondi, ou diversement anguleux; c’est par l’éga- 
lité ou l'inégalité de cette pression, et par la force 


Arr. I. De la sensation en elle-méme. 535 


du frottement, lorsque nous passons quelque partie 
de notre peau sur la surface d’un corps, que nous 
jugéons si cette surface est lisse, ou rude, ou 
raboteuse. Les degrés de résistance que les: corps 
opposent à la pression du nôtre, en tout ou en 
partie, nous font juger s'ils sont mobiles ou immo- 
biles, durs, mous, liquides ou fluides; la pression 
ou la percussion qu’ils exercent eux-mêmes. sur 
nous, lorsqu'ils se meuvent ou qu'ils tendent. à 
se mouyoir , nous font connoiître les forces dont 
ils sont animés et la direction de ces forces. 

Toutes. ces actions des corps extérieurs sur le 

nôtre. sont. purement mécaniques, et les sensa- 
tions, qu’elles. produisent en, nous ne pourroient 
être occasionnées par un changement chimique 
de notre système nerveux qu’autant que la simple 
compression pourroit former ou détruire quelques- 
unes,des combinaisons qui entrent dans ce système; 
ce-qui, au reste, n’auroit rien de contraire à 
analogie: car. on.saitque la combinaison du feu 
avec l’eau, par exemple, qui produit la vapeur, 
peut. être détruite par ce moyen-là. 
Mais. le sens .du toucher nous procure aussi des 
sensations d’un autre genre ,.et qui paroissent dues 
à une-pénétration. plus intime d’un des élémens 
ambians dans notre propre corps: je veux parler 
du chaud et du froid. 

La sensation de la chaleur ou du froid dé- 
pend de la proportion qui existe entre la quan- 
tilé de calorique que nous gagnons ou que nous 

LI14 


7 


5356 XIV Leçon. Du toucher. 


perdons dans un instant donné, et celle que’nous 
gagnions ou que nous perdions dans l'instant pré- 
cédent ; mais elle n’est point en rapport direct 
avec la chaleur absolue des corps, ni même avec 
la proportion entre leur chaleur et celle du nôtre. 
Toutes choses égales d’ailleurs, les corps qui 
sont à un degré de température plus élevé que 
le nôtre nous paroïssent chauds ; ceux qui sont 
moins élevés nous paroisssent froids. Cependant 
lorsque nous venons de toucher un- corps trés- 
froid, si nous en touchons un qui l’est moins, 


nous le trouvons chaud, quoïqu’il le soit encore 
beaucoup moins que notre propre corps : c’est ainsi 
que les caves et l’eau de source paroïssent chaudes. 
en hiver, parce qu’elles ont conservé leur tem- 
pérature ordinaire lorsque les autres corps en ont 
changé. 3 

Lorsque nous touchons successivement deux corps 
de densité, ou, pour parler encore plus exacte: 
ment, de capacité différente pour le calorique, 
celui qui a le plus de cette capacité noùs paroît le 
plus froid, quoique tous deux soientau même degré 
de température, parce qu’il nous enlève plus de ca- 
lorique que l’autre dans un temps donné : c’est pour- 
quoi le marbre, les métaux paroïssent toujours 
froids ; l’eau paroït plus froide que l'air, et Pair 
que l’on trouvoit froid avant d’entrer dans l’eau 
froide paroît chaud lorsqu'on en sort, etc. 

Les corps qui sont bons conducteurs du calo- 
rique, où qui le transmettent rapidement, paroïssent 


_. 


Art. I. De la sensation en elle-méme. 557 


plus froids par la même raison : c’est pourquoi, 
à épaisseur égale, la soie et la laine sont plus 
chaudes que la toile. 


Cette partie du sens du toucher est sujette à 
beaucoup plus d’erreurs que celle qui a rapport 
à la figure et à la pression des corps, parce que 
notre jugement y entre pour beaucoup plus. 


L’organe général du toucher est la peau qui 
recouvre tout notre corps: ou plutôt, ce sont les 
extrémités des nerfs qui se terminent à cette peau. 


Cet organe est susceptible d’une sensibilité plus 
ou moins grande, selon que les nerfs y sont plus 
nombreux, plus à nu, et moins embarrassés dans 
des parties insensibles |, ou recouverts par ces 
parties. La chaleur des corps, leur résistance gé- 
nérale et leurs mouvemens se font sentir d’autant 
plus parfaitement, que cette sensibilité générale 
est plus délicate, 

Lorsqu'il s’agit des mouvemens, de la résis- 
tance , et de la chaleur d’un liquide ou d’un fluide, 
et sur -tout si le corps qui doit les sentir y est 
plongé, la force de la sensation dépend encore de 
la grandeur de la surface que le corps sensible pré- 
sente à ce liquide ou à ce fluide ; mais lorsqu'il 
s’agit de reconnoître les formes des solides, et 
sur-tout des plus petits, il faut quelque chose de 
plus ; il faut qu'une peau très-sensible soit étendue 
sur plusieurs parties menues, divisées et mobiles, qui 
puissent embrasser le solide par ses différentes 


538 XEV® Leçon. Du toucher. 
faces, en. palper les plus légères inégalités.et en 
saisir les parties les plus délices. 


Ainsi la perfection totale du sens du ‘toucher 
dépend de la-finesse de la: peau, de l’abondance 
de ses nerfs, de l'étendue de sa surface, de l’ab: 
sence des parties insensibles qui la recouvrent;, 
du nombre, de la mobilité et. de la délicatesse des 
appendices par lesquelles l’animal peut examiner 
les corps. 


:Comme:le toucher-est le ‘plus:umportant de tous 
É. sens, ses degrés de perfection ont une influence 
prodigieuse sur Ja. nature des divers animaux. 
D'après l'exe amien que nous en. allons faire, on 
verra que l'homme est de fous les animaux éme 
tébrés celui, qui a je. toucher le plus parfait ; mais, 
parmi les animaux sans vertèbres, ce sens se per- 
fectionne d’ autant plus que les ré se dégradent, 
et ceux qui n’ont point d'autre sens que ‘celui. 
là, l'ont si SAAUS » que quelques-uns d entre” eux 


semblent méme -pâlper la lumière. 


9 LD: CR 


_ 

Nada oibe hf des sensations, dont nous venons 
de parler, et qui ont un rapport. direct: ayec les 
qualités des. corps extérieurs ,.nous en Éprouvons 
d’autres à la. peau, sur-tout.aux endroits où .elle 
est le plus mince et le plus abondante en. nerfs, 
qui. sont plutôt relatives à J'irritation produite sur 
les nerfs par certains mouyvemens, de ces Corps , 
qu’à leur nature et à leurs qualités, et qui, ap- 
partiennent plutôt à l’ordré des sensations internes, 


ART. IL De la peau. 559 


qu’à celui des externes. T'els sont les chatouillemens, 
les picotemens et les démangeaisons. 

Enfin, la peau remplit une fonction différente 
de celle Fe toucher, ét qui consiste dans la‘trans- 
piration et dans l’absorbtion ; c’est-à-dire , dans 
V’exhalation d’une partie des élémens de nos fluides, 
et dans, inhalation d’une partie des fluides qui 
nous environnent. 

Cette ‘seconde espèce de: fonction, n’apparte- 
nant point aux sensations, nous aurons à en traiter 
ailleurs. 


APR TD HORHE «Tri do 4 


De'la' peau et de son organisation. 


: 


Toure la surface! de lanimal est recouverte 
par un ôrgané d’une structure particulière, qu’on 
nomine là peau. C’est une membrane appliquée 
sur tous lés points par lesguels se termine le corps, 
et dont l'épaisseur varié ‘suivant les différentes 
parties qu’elle recouvre et selon Les espèces d’ani- 
maux. | 

L'organisation de la peau paroît être essentiel- 
lement la’même dans toutes les classes d'airimaux 
à vertèbres. Les différences. extérieures ‘qu’elle 
présente tiennent au plus on au moins de déve- 
loppement de certaines parties sur-ajoutées , ainsi 
que nous le ferons connoître par la suite. Om ne 
peut pas établir d’une manière aussi générale la 


54o XIV Leçon. Du toucher. 


structure de la peau dans les animaux sans ver- 
tébres. Nous verrons cependant qu’elle a quelque 
analogie/dans ses parties avec celle des animaux 
vertébrés, 

La peau de tous les animaux à vertèbres est 
composée de quatre couches plus ou moins dis- 
tinctes ; mais que l’anatomiste sépare et peut dé- 
monirer facilement. La plus profonde se nomme 
derme, cuir ou corium ; celle qui vient ensuite 
a été appelée corps ,.ou tissu mammillaire ou 


papillaire; la troisième, le réseau, le corps ré- 


ticulaire, ou le tissu muqueux ; enfin, la qua- 
trième, ou la plus externe, a reçu le nom d’épi- 
derme ou de surpeau. 

On ne distingue pas aussi facilement toutes ces 
parties dans les animaux non vertébrés. Quelques- 
unes de ces couches sont beaucoup mieux pro- 
noncées ; d’autres le sont moins. Il y a même des 
espèces dans lesquelles on ne les retrouve pas 
toutes : c’est ce que. nous indiquerons plus au 
long en traitant successivement de chacune de ces 
couches. 


1°. De l’épiderme. 


Ainsi que son nom l'indique, cette couche est 
la plus superficielle. C’est une pellicule transpa- 
rente et insensible qui s’oppose au contact im- 
médiat des nerfs de l’animal avec le fluide dans 
lequel il est plongé; elle péaètre aussi dans toutes 
les ouvertures du corps, et en tapisse l’intérieur 


ne de SR TE D 


"e 


ART. Il. De la peau. 541 


pour les préserver du contact de l’air ou de l’eau: 
ainsi on la retrouve sur lœil, dans le conduit 
de l'oreille, les narines, la bouche , l’anus, la 
vulve, etc.; mais on la désigne alors sous des 
noms différens , comme nous l'avons indiqué déja 
en traitant de la comonctive, de la membrane 
du tympan, et comme nous le dirons par la 
suite en traitant des autres organes. 


La consistance de l’épiderme varie suivant le 
milieu dans lequel lanimal est plongé et obligé 
de vivre ; il est sec et comme corné dans ceux 
qui vivent à l'air; il est muqueux et plus ou 
moins visqueux dans les animaux qui habitent 
dans l’eau. | 


Dans les animaux qui sont soumis continuelle- 
ment à l’action desséchante de l’air, l’épiderme 
paroît plissé diversement, selon les parties de la 
peau sur lesquelles il adhère. Ce sont des sortes 
de rides, de mammelons , de cercles, de spires, 
qui correspondent par leurs reliefs et par leurs 
creux aux éminences et aux enfoncemens de la 
peau, principalement à ceux du tissu muqueux 
et des écailles, quand celles-ci existent. 


En général, l’épiderme est beaucoup plus épais 
sur les parties qui sont le plus exposées au frotte- 
ment, comme sous la plante des pieds, dans la 
paume des mains et dans toutes les autres parties 
dont les animaux se servent fréquemment , soit 
pour marcher, soit pour saisir les corps. 


542 XIV® Leçon. Du toucher. 


C’est dans l’enfoncement des sillons de l’épi- 
derme qué se remarquent les trous par lesquels 
sortent les poils. Ce sont des espèces d’entonnoirs 
ou de prolongemens coniques qui paroissent avoir 
été poussés en dehors par les poils, auxquels ils 
servent de gaines. 


Dans les animaux qui ont des écailles au lieu 
de poils, l’épiderme enveloppe ces parties en tout 
sens et s’y colle intimement. 


Dans l’homme, l’épiderme est généralement très- 
mince, à l'exception de la partie qui revêt la 
plante des pieds et la paume des mains. Le frotte- 
ment, le desséchement, soit par la chaleur, soit 


par certains réactifs chimiques, le durcissent consi- 
dérablement ; ils le changent en une sorte de 


corne qui émousse, et fait même perdre totale- 
ment la sensation du toucher. Nous en avons des 
exemples très-remarquables dans les forgerons, 
les teinturiers, ainsi que dans les hommes qui 
marchent pieds nus, principalement sur les sables 
brülans. à 


Les sillons de l’épiderme tracent des figures à 
plusieurs angles sur le dos de la main; des lignes 
parallèles et alongées dans la paume et sous. la 
plante des pieds; des arcs, des sinuosités et des 
spirales très-singulières, symétriques et trés-rap- 
prochées au dessous de l'extrémité des doigts. 


Les mammifères ont l’épiderme à peu près sem- 
blable à celui de l’homme ; il est \d’autant plus 


éd 


ART. IL De la peau. 543 


mince, que les poils qui le recouvrent sont plus 
serrés. Celui qui revêt les ailes des chauvesouris 
est aussi très-mince et forme des sillons de figure 
polygone, à peu près semblables à ceux qu’on 
remarque sur le dos de la main de l’honime. 


Dans le porc-épic, il est mince et peu distinct 


see 


des autres couches de la peau, qui est comme g 


latineuse. 


On retrouve l’épiderme, quoique desséché et 
comme écailleux , sur la queue des animaux qui 
l’ont préhensile, sur celle du castor, des rats, 
de l’ondatra, et sur les écailles qui recouvrent 
_le corps des pangolins et des tatous. $ 


Dans l'éléphant , le rhinocéros et l’hippopo- 
lame, dont la peau est fort épaisse et profonde- 
ment sillonnée, l’épiderme, qui est épais, et dont 
la superficie est hérissée de petites lames qui s’en 
détachent comme des écailles, s'enfonce dans les 
différens sillons. Celui de la plante du pied pré- 
sente une structure tout-à-fait singulière. Il est par- 
tagé à l'extérieur par des enfoncemens profonds 
à peu près circulaires, à six ou à huit pans plus 
où moins réguliers, dans chacun desquels sont 
renfermés une infinité de petits polysones beau- 
coups plus irréguliers, qui rendent la surface de 
la peau comme chagrinée. Ce même épiderme, 
détaché de l’animal et vu par sa face interne’; 
offre des lignes très-saillantes à la place des sillons 
qui déterminent les grands polygones; il en pré- 


544 XIV® Leçon. Du toucher. 


sente aussi d’autres beaucoup plus petites, qui 
correspondent aux pelits polygones. Il résulte de 
celte disposition une espèce de treillis en relief, 
d’un dessin assez régulier, qui ressemble à une 


dentelle à larges points. 


Les cétacés ont un épiderme très- lisse, sans 
aucun pli remarquable , toujours enduit d’une hu- 
meur muqueuse et un peu huileuse, qui s’oppose à 
la macération de l’animal par son séjour dans 
l’eau. 

Dans les oiseaux, l’épiderme du corps est très- 
mince et forme des plis qui correspondent aux 
espèces de quinconces, sur lesquels les plumes 
sont disposées. Celui des pattes est lisse, brillant 
et comme formé d’écailles cornées ; il recouvre 

les différentes plaques polygones qu’on observe 
sur les pailes des gallinacés et des oiseaux de 
rivage, et dont nous parlerons à l’article des 
écailles ; il s’enlève à certaines époques de l’année, 
principalement dans le temps de la mue. 


Chez tous les animaux dont nous venons de 
parler, à l’exception des cétacés , l’épiderme se 
détache par petites écailles pellucides qui rendent 
la surface de leur peau comme farineuse. Dans 
quelques mammifères ; ce renouvellement de lépi- 
derme a lieu à une certaine époque de l’année, 
en même temps qu'ils changent de poils; dans 
les autres, il ne s'opère que petit à pelit et en 
tont temps, comme dans l’homme, 


RCE Ale LS nt à 


SEPT ERA gr OU 


a 


© 


Arr. Il..De la peau. 545 


L'épiderme des tortues n’est bien distinct que 
sur la peau du col et des membres; il est ana- 
logue à celui des salamandres, que nous décrirons 
tout à l’heure. Celui qui recouvre les écailles de 
la carapace et du plastron est extrêmement mince ; 
il s’enlève par plaques transparentes, dont la fi- 
gure est absolument la même que celle des plaques 
cornées. 

Dans les sa/amandres et les grenouilles, l’épi- 
derme est une membrane muqueuse qui revêt tout 
le corps, et qui tombe par lambeaux à plusieurs 
époques de l’année. 

L'épiderme des lézards et des serpens recouvre 
et enveloppe entièrement les écailles; il s’en dé- 
tache en. une seule pièce et comme un fourreau 
à une certaine époque de l’année, et on observe 
dans ces sortes de dépouilles jusqu’à la portion 
de sphère qui formoit la cornée transparente. 

Dans les poissons, l’épiderme qui recouvre tout 
le corps, les nageoires et autres appendices, paroît 
toujours. dans un état de mollesse; il ressemble 
quelquefois à une simple muvosité qui envelop- 
peroit de toutes parts le corps dé l'animal. C'est - 
cet épiderme muqueux qui rend en général le 
corps des poissons si difficile à saisir : il s’enlève 
aussi par lambeaux à certaines époques de l’année. 

Nous verrons par la suite, en traitant des tu- 
niques intérieures des organes dans lesquels l'air, 
l’eau ou les alimens pénètrent, que l’épiderme 


qui s’y prolonge, et qui forme leur couche interne, 
à M m 


546 XIV° Lecox. Du toucher. 


y devient aussi presque muqueux, et qu’il a beau- 
coup de rapport avec celui de l'extérieur des 
poissons. 

On retrouve aussi un épiderme dans les ani- 
maux sans vertèbres. Ceux qui vivent dans l’eau 
Vont ordinairement muqueux et d’une épaisseur 
très-variable dans les diverses espèces. 

Dans les céphalopodes, il est à peu près comme 
dans les poissons. 

Dans les gastéropodes nus, il a beaucoup de 
rapports avec celui des salamandres < des gre- 
nouilles. . 

Dans les testacés, en général, on retrouve 
l’épiderme à la surface des coquilles. Dans celles 
de terre, comme les Aélices, c’est une pellicule 
sèche qui se détache très-facilement, lorsqu’après 
la mort de l’animal son test a été exposé aux 
intempéries de l’atmosphère, où lorsqu'on le plonge 
dans l’eau bouillante. Dans les azodontes, les 
moules et autres bivalves, on voit un épiderme 
semblable qui enveloppe extérieurement la co- 
quille. Cet épiderme manque toujours à la sur- 
face des parties saillantes sur lesquelles Panimal 
traîne sa coquille sur le sable, parce qu'il s’y 
est usé. Dans quelques espèces de coquilles, l’épi- 
derme est épais et velu: ce qui l’a fait nommer 
drap de mer. Il est très-remarquable dans plu- 
sieurs espèces du genre arche de Linneus : c’est 
même pour exprimer cette particularité, qu’il en 
a désigné une sous le nom de velue, pilosa. 


Arr. I, De la peau. 547 
+ Dans tous les testacés, l’épiderme qui enveloppe 
la coquille se continue avec la pellicule qui revêt 
Vanimal ; mais il éprouve le même changement 
que Phi qui, dans les animaux à vertèbres, pé- 
nètre dans l'intérieur du corps. Ïl est mince et 
comme muqueux sur toutes les parties qui ne sont 
pas soumises à l’action du fluide ambiant. Aussi, 
dans les espèces de gastéropodes, dont la coquille 
est cachée sous la peau et ne sert pas de défense, 
Vépiderme ne change:t-il pas de nature. Nous en 
avons des exemples dans quelques espèces d’apli- 
sies et de scyllées, ainsi que dans l’animal qui 
produit la coquille nommée, par Linné, helix 
halyotoidea (Lam: sigaret). 3 
Dans les crustacés et dans les insectes, soit sous 
Pétat de larve, soit sous celui de nymphe ou 
d’insecte parfait, il y a un véritable épiderme; 
mais comme celte peau , lorsqu'elle est une fois 
desséchée et durcie , n’est plus susceptible de 
s’étendre pour se prêter à l'accroissement de l’ani: 
mal,‘ à mesure que linsécte augmente de volume , 
et à des époques déterminées pour chaque espèce, 
maïs sur. lesquelles la chaleur atmosphérique paroît 
avoir beaucoup d'influence , lanimal quitte son 
épiderme dont il sort comme d’un fourreau. On 
| nomme 7zue cette crise, à laquelle l’insecte est 
souvent plusieurs jours à se préparer, et qui lui 
_ est quelquefois mortelle. La plupart des chenilles 
de papillons et de bombices changent ainsi sept 
fois de peau avant de passer à l’état de chrysalide, 
M m 2 


548 XIV° Leçon. Du toucher. 


L'écaille martre ( bombyx caja) quitte ainsi près 
de dix fois sa peau. Au reste, nous avons l’in- 
tenlion de revenir plus particulièrement sur la 
mue à l’article des métamorphoses, dans la leçon 
sur la génération. 

Il y a un épiderme très-distinct dans les vers. 
On le détache facilement de la peau dans les 
‘dombrics qui ont été soumis pendant quelques 
heures à l’action de l’esprit-de-vin , ou qui ont 
macéré quelques jours dans l’eau : c’est une pel- 
licule assez solide qui peut s’enlever en une seule. 
pièce. Dans le ver nommé sipunculus saccatus, cet 
épiderme est même entièrement séparé du corps, 
qui est libre et flottant dans son intérieur, comme 
s’il étoit renfermé dans un sac. Les sangsues et. 
quelques autres vers ont l’épiderme muqueux 
comme celui des mollusques gastéropodes. 

Il est assez difficile de déterminer la nature de 
V’épiderme dans les zoophytes, et même de re- 
connoître dans plusieurs s’il existe. Les étoiles de 
ner , les oursins et les actinies paroissent en être 
pourvues. Il y 2 bien une pellicule dans les 7né- 
duses ; mais elle est si mince et si transparente, 
qu’il n’est pas probable qu’elle ait plusieurs couches. 
Les autres zoophytes, comme les Lydres, etc., 
sont muqueux à leur surface, qui est trop molle 
pour qu’on puisse y distinguer aucune membrane. 


ART. IL De la peau. 549 


2°, Du tissu muqueux. 


Il se trouve, comme nous l’avons dit, immé- 
diatement entre l’épiderme et le corps papillaire. 
Ce n’est point une couche membraneuse, mais 
plutôt un enduit d’une mucosité, dont la couleur 
varie dans les diverses espèces d’animaux et quel- 
quefois même dans différentes parties de leur 
peau. C’est même de la couleur du corps muqueux 
que dépend celle de la peau de l'animal; car, 
dans tous ceux dont la peau est colorée , on peut 
enlever l’épiderme presque pellucide, et le cuir 
ne participe jamais de cette couleur. 

Il paroît que l’influence des rayons solaires dé- 
termine jusqu’à un certain point la coloration de 
la peau de l’homme; elle est blanche dans les 
pays tempérés; elle brunit de plus en plus dans les 
pays chauds; enfin, elle devient noire dans les 
contrées brülantes de l’Afrique et de l'Asie. Ne 
pourroit-on pas rapporter la cause de ces variétés 
& la diversité de la lumière qui colore les corps 
vivans , en leur enlevant l’oxigène , et en déve- 
loppant le carbone et l'hydrogène qu’ils conte- 
noient? En effet, les hommes qui s’exposent au 
hâle se basannent, au lieu que ceux qui habitent 
dans les souterreins s’étiolent comme les plantes 
et deviennent extrêmement blancs. 

La couleur du tissu muqueux varie beaucoup 
dans les mammifères. Il paroït déterminer, ainsi 


que nous le verrons par la suite, celle des. ongles 
M m 5 


550 XIV® Lecon. Du SHARE. 


et des poils. Souvent même il se retrouve coloré 
dans la cavité des organes où il se prolonge avec 
la peau ; comme sur le palais, la langue, le 
conduit auditif, la conjonctive et la membrane 
nasale des singes, des chiens, des ruminans, 
des cétacés. ; 

Le corps muqueux des mammifères a très-peu 
de couleurs vives. Il est blanc sur les joues de 
quelques mandrills ; rouge , violet et carmin sur 
les fesses et sur le nez de ces mêmesssinges ; il 
est d’un beau blanc argenté sur le ventre des 
célacés. 

C’est dans cette dernière famille des mammi- 
fères que le tissu muqueux a le plus d'épaisseur; 
car, dans le dauphin et le marsouin, À a près 
d’un demi-millimètre sur les parties du dos et de 
la tête qui sont colorées en noir. On ne peut mieux 
le comparer pour la consistance et la couleur qu’au 
noir que produit la graisse des essieux. ‘ 

Le tissu muqueux est peu distinct dans les oiseaux 
et presque foujours blanchâtre dans toutes les 
parties que recouvrent les plumes ; maïs sa cou- 
leur sûr les pattes, les cires et les caroncules de 
la tête est très-sujette à varier. 

Sur les tarses et les doigts, elle est souvent 
noire, comme dans les corbeaux, les dindons, 
quelques canards, les cignes, etc.; grise, comme 
dans les poules, les paons ; bleue, comme dans 
quelques mnésanges; verte, comme dans la poule, 
d’eau ; jaune , comme dans l’aigle ; orangée, 


Arr, Il. De la peau. 554 


comme dans la cigogne ; rouge, comme dans le 
chevalier , etc. 

Le corps muqueux est noir dans la caroncule 
des cignes; gris, dans la cire du bec de beaucoup 
de perroquets ; blanc, dans les joues de l’ara bleu; 
vert, dans la cire du bec’ de l’épervier ; jaune, 
dans celle de la plupart des oiseaux de proie 
diurnes ; rouge, sur le col et les. joues du roi des 
vautours, etc.; en général, il est. adhérent à la 
peau; il s’enlève même dificilement par la ma- 
cération, et la dessication le décolore compléte- 
ment. 

C’est aussi à la présence du tissu muqueux que 
sont dues les couleurs des reptiles. 

Dans les tortues, par exemple , non-seulement 
Ja peau qui revêt les pattes et le cou est diver- 
sement colorée par le tissu muqueux, mais c’est 
à ce même tissu que sont dues les taches symé- 
triques qu’on remarque sur les écailles : c’est ce 
qu’on reconnoït par la dissection. En effet, la peau 
du corps s’amincit beaucoup en s’approchant du 
plastron et de la carapace ; elle passe par dessous 
les écailles qui recouvrent ces parties, et qui sont 
elles-mêmes recouvertes par l’épiderme et le tissu 
muqueux, dont la couleur varie, forme les taches 
qu’on voit au travers, de leur transparence. 

Il en est de même des salamandres et des 
grenouilles. Lie tissu muqueux varie encore ici 
davantage pour les couleurs : il est noir, brun, 
gris, blanc, vert, jaune , aurore, carmin, etc. 

. Mm 4 


552 XIV® Lecon. Du toucher. 


On retrouve aussi un corps muqueux sous les 
écailles des lézards et des serpens, el ses cou- 
leurs sont extrèment variées. | ‘ 

Les poissons sont cependant ceux de tous les 
animaux à vertèbres dont le tissu réticulaire est 
le plus remarquable par les couleurs éclatantes 
et métalliques dont il brille. On y retrouve celles 
de l’or, de l’argent, du cuivre, de Fétam, du 
plomb, et même toutes celles que peuvent prendre 
ces métaux par leurs divers degrés d’oxidation. 
Les couleurs étant du ressort de Phistoire natu- 
relle proprement dite , nous voulons seulement 
indiquer ici qu’elles proviennent du corps muqueux 
qui adhère fortement à la face interne des écailles, 
‘avéc lesquelles on lenlève souvent. 

La plupart des mollusques ont un tissu mu- 
queux au dessous de leur épiderme. 

Dans les céphalopodes , il est le plus souvent 
coloré en bleu où en rouge; mais il forme une 
couche très-mince. 

Celui des gastéropodes varie beaucoup, ainsi 
qu'on en a un exemple frappant dans les /imaces. 
Il est épais, visqueux; mais il se dissout complé- 
ment dans l’eau. 


Peut-être, et nous sommes très-portés à le croire 


la substance même de la coquille est-elle vraiment 


analogue au corps muqueux , quoique ce rom de 


muqgueux ne lui convienne plus? 
En effet, le test calcaire se trouve immédiate- 
ment au dessous de l’épiderme; il se renouvelle 


Arr. Il. De Za peau. 553 


lorsqu'on en a enlevé quelques parties. C’est un 
enduit sans organisation apparente, et non une 
membrane ; il est produit par couches, successives; 
enfin , il est coloré, et ses nuances varient à 
Pinfini. 

Dans les crustacés, le corps muqueux se trouve 
aussi représenté par le test calcaire situé au dessous 
de l’épiderme. Sa couleur est ordinairement vert- 
sombre , quelquefois rouge, blanche ou noire. 
L'alcool, les acides, et sur - tout l’action du feu 
font passer la couleur verte à une nuance de rouge 
souvent très-éclatante : c’est ce: que nous voyons 
tous les jours sur nos tables dans les écrevisses. 

Dans les insectes qui sont encore sous la forme 
de larves, on voit entre l’épiderimne et les muscles 
une couche, de substance muqueuse , dont les 
couleurs varient à infini dans les diverses espèces. 
C’est sur-tout dans les chenilles et dans les larves 
de quelques hyménoptères, qu’elle est remarquable 
par les couleurs; elle donne à leurs corps les teintes 
les plus pures et les plus vives, dont les nuances 
et la symétrie sont admirables. Le blanc, le 
pourpre, le violet, le bleu, le vert, le jaune, 
laurore, le noir, etc., s’y trouvent distribués de 
la manière la plus régulière et la plus éclatante. 

Nous croyons aussi que c’est au tissu muqueux 
desséché et mélangé avec la substance cornée qu’on 
doit atiribuer les couleurs dont brillent les insectes 
parfaits ; car, lorsque les lépidoptères sont dans 
leur chrysalide, les petites écailles colorées qui 


554 XIV: Lrçon. Du toucher. 


doivent orner leurs ailes sont alors sous un état 
de mucosité assez semblable à celle qu’on trouve 
sous la peau des chenilles. Les couleurs des 
araignées sont aussi dues à cette mucosité : on la 
trouve sous leur peau; elle a l’apparence de 
petits points glanduleux dont les nuances varient 
beaucoup. Mais, danë les coléoptères et dans plu- 
sieurs autres ordres , les couleurs de la peau sont 
fondues dans son, tissu corné, à peu près comme 
celles des testacés le sont dans leurs coquilles 
calcaires. 

Parmi les zoophytes, il n’est qu’un petit nombre 
d'espèces dans lesquelles on puisse distinguer le 
tissu muqueux ; il est même si mince alors qu’on 
ne peut le séparer de la peau: c’est ce qui a 
lieu dans quelques astéries et dans les actinies. 
Il paroïît se confondre avec le test calcaire qui 
sert de demeure à plusieurs autres: c’est ce qu’on 
obsérve dans plusieurs espèces d’oursins , de 
coralines, dans les cératophytes et dans beaucoup 
de Kthophytes. 


3°. Du tissu papillaire. 


Les anatomistes ont désigné sous ce nom la partie 


de la peau qui se trouve entre le cuir et le corps 
muqueux. Ce n’est point une couche membraneuse 
comme l’épiderme, mais une surface produite par 
l’aggrégation et le rapprochement d’une infinité 
de petits tubercules de formes diverses, qu’on croit 
être produits par les dernières extrémités des nerfs 


Ca 


Arr. IL De la peau. .. 555 


cutanés : aussi les nomme-t-on 7zammelons ou 
papilles nerveuses. 
Quoique ces tubercules soient de figures très- 
Mifférentes , leur structure est à peu près la même. 
. On la développe assez facilement par la macéra- 
tion dans l’eau, continuée pendant quelques jours ; 
on voit alors que chacun d’eux est formé par le 
rapprochement de fibrilles réunies par leurs bases 
à peu près comme les poils d’un pinceau.-'Tantôt 
les fibrilles du centre sont plus longues que celles 
de la circonférence, alors la pupille est de figure 
conique ; tantôt elles sont à peu près de même 
longueur , et alors le mammelon est applati. 
‘C’est principalement dans ces papilles que réside 
le sens du toucher : aussi les voit-on en plus grand 
nombre et beaucoup plus prononcées sur la langue, 
sur les lèvres et sur les extrémités des doigts. 
Dans l’homme, les mammelons sont sur - tout 
remarquables sous la plante des pieds et à la paume 
des mains; ils sont irès-serrés et très-rapprochés 
les uns des autres, distribués sur des lignes qui 
correspondent à celles que l’on voit à extérieur, 
-et dont nous avons déja parlé en traitant de l’épi- 
derme. Ceux qui se trouvent sous les ongles forment 
une MER, Asp , dont les fibrilles très-serrées 
sont toutes obliquement dirigées vers lextrémité 
du doigt. Les fibrilles des lèvres sont disposées de 
la même mavwière ; mais elles sont encore plus 
déliées, plus longues et plus serrées entre elles. 
Il en est à peu près de même dans tous les 


556 XIV® Erçox. Du toucher. 


mammifères; mais les mammelons se dévelop- 
pent d'autant plus, que les parties auxquelles 
ils correspondent servent davantage au tact. Dans 
la taupe, la, musaraigne et le cochon, les mam- 
imelons nerveux sont très-visibles sur le museau ; 
ils forment des houppes dont les fibres sont très- 
serrées ;. on les retrouve sur la trompe de l’élé- 
phant, et nous les avons très - distinctement ob- 
servés sur la queue du sarigue - crabier. 1] est 
probable qu'il en est de même dans tous les 
mammifères à queue préhensile : nous n’en n’avons 
pas remarqué sur la peau du dauphin et du mar- 
SOUL. 

Les oïseaux n’ont de papilles distinctes que sous 
la plante des pieds et sous les doigts. Elles forment 
des mammelons très - rapprochés et disposés par 
lignes parallèles : on les démontre facilement dans 
les pattes de volailles, dont on enlève l’épiderme 
par l’action du feu : on les voit aussi sur la mem- 
brane qui réunit les doigts des oiseaux palmipèdes. 

Les reptiles sont dans le même cas que les 
oiseaux. On ne voit guères de papilles que sous 
leurs pattes; elles sont très-grosses et mammelo- 
nées dans plusieurs espèces de /ézards, et no- 

.tamment dans le caméléon. On n’en Éistingue pas 

du tout dans les fortues de mer, dont les pattes 
prennent la forme de nageoire. Il n’y en a pas 
du tout non plus dans les serpens, ou bien elles 
m'ont pas la forme de mammelons. 

Nous navons rien observé sous la peau des 


et TR OR 


ART. IL De la peau. 557 


animaux à sang blanc qui puisse être regardé 
comme des papilles nerveuses : cependant, dans 
les mollusques céphalopodes, on voit parvenir 
quelques filets nerveux dans de petits globules 
qui nous ont paru glanduleux , et dont la peau 
est hérissée. Dans tous les autres mollusques on 
suit bien quelques filamens nerveux jusque dans 
la substance de la peau ; mais nous ne les ayons 
pas vu y former de papilles. 


4°, Du cuir. 


On nomme ainsi la dernière couche de la peau 
ou la plus profonde. Les anatomistes sont par- 
venus à développer sa structure d’une maniéré 
très-évidente, à l’aide de certaines préparations, 
et particulièrement en la faisant macérer dans 
l’eau. Ils ont démontré que son tissu est un composé 
de fibres d’une substance gélatineuse , qui se croisent 
en tout sens, et qui sont tellement entremélées 
qu’on ne peut les comparer qu’à une étoffe feutrée. 
Parmi ces fibres, on a reconnu un grand nombre 
de fines ramufications de nerfs et de vaisseaux 
artériels, veineux et lymphatiques, sur lesquels 
nous reviendrons dans un article particulier. 

Cette organisation: du cuir est telle, que Îes 
fibres qui le composent sont susceptibles de s’alonger 
et de s’étendre en tout sens. Son extensibilité étoit 
nécessaire pour donner à la surface de l’animal 
la faculté de résister à l’action physique des corps. 

On a profité dans l’économie de celte même 


558 XIV° Leçon, Du toucher. 


propriété de la peau, en lui donnant certaines 
préparations, pour l’employer aux divers usages 
dans lesquels il faut de la force et de la souplesse, 
et où il y a un grand frottement à éprouver * c’est 
ce qui constitue l’art du corroyeur. On en a rap- 
proché les fibres, ou on les a écartées pour appli- 
quer le cuir à d’autres usages, et c’est ce qui a 
produit les arts du tanneur, du mégissier , du 
parcheminier , du marroquinier, etc. 

Dans l’homme, le cuir est épais de deux à trois 
millimètres dans certaines parties du corps, comme 
dans la région du dos et des lombes ; mais il 
n’a guères qu'un demi- millimètre sur les bras 
et sur le ventre. Par la macération et la pré- 
paration de Vart du mégissier, on voit que les 


fibres qui entrent dans sa composition sont longues 


fines, irès-solides, maïs réunies d’une mamière lâche. 

Dans les mammifères en général , le cuir est 
aussi plus épais dans la région du dos, et beau- 
coup plus mince dans celle du ventre. 

Dans lès oiseaux, le cuir -est beaucoup moins 
épais que dans les tél en : cependant il a 
beaucoup de consistance dans quelques familles , 
particulièrement dans celles des oiseaux de proie 
et des palmipèdes. Il est excessivement mince, 
mème proportionnellement, dans quelques espèces 
de mnésanges et de bec-fins. 

Les reptiles, dont le corps n’est point, ou n’est 
qu’en partie couvert d’écailles, ont une peau très- 
serrce et trés-denise. Nous en avons un exemple 


un ARS UE en SE  n 


En re 


Re ba 


Arr. Il. De la peau. : 559 


dans les tortues, les salamandres, les grenouilles 
et les crapauds. Dans ces deux derniers genres 
en particulier, le cuir est trés - remarquable, en 
ce qu’il n’adhère pas au corps dans tous ses points, 
comme dans les autres animaux chez lesquels il 
est intimement uni avec le tissu cellulaire; il n’ad- 
hère là qu’au pourtour de la bouche dans la ligne 
médiane du corps sur les aisselles et sur les aines. 
Dans toutes les autres parties, le corps est libre dans 
son cuir, où 1l est contenu comme dans un Sac. 


Les lézards et les serpens sont dans le même 
cas que les poissons. / 


On retrouve dans cette classe d'animaux un 
derme, ou cuir fort tenace au dessous des écailles; 
mais 1l est intimement adhérent aux muscles, et 
mème d’une manière beaucoup plus serrée que 
dans les autres classes; il est très - épais dans 
l'esturgeon, quelques sguales, les raies, l’an- 
guille, etc. ; il est mince, au contraire, dans les 
poissons qui ont les écailles larges, comme les 
cyprins , les spares. 


Parmi les animaux non vertébrés, noûs n’avons 


reconnu de véritable cuir que dans les seiches 


et autres céphalopodes. IL est appliqué imimédia- 
tement sur les muscles à l’aide d’un tissu cellu- 
laire très-dense : 1l est lui-même trés- coriace et 
difficile à déchirer : ses fibrilles sont très-tenues: 


Dans tous les autres ordres, on ne retrouve 
aucune partie qu’on puisse comparer au cuir : il 


56e XIV® Lecox. Du toucher. 


y a bien une pellicule au dessous du. test des 
crustacés ; mais elle est fine, transparente, et elle 
a trés-peu de consistance. Dans les insectes sous 
Vétat de larve, la peau qui s’enlève par couche, 
dans le temps de la mue, est de même nature 
et de même épaisseur que celle qui se trouve 
dessous et qui doit lui succéder. L’enveloppe même 
des chrysalides coarctées, telles que celles des 
lépidoptères et des diptères, ne peut être regardée 
comme le cuir: c’est plutôt une espèce d’épiderme 
corné. Enfin, sous l’état parfait , on ne retrouve 
dans ‘les tégumens des insectes aucune partie qui 
puisse être comparée au cuir. Les vers et les 
zoophytes sont absolument dans le même cas. 


ART PCP'ETTTE 


Des muscles de la peau, ou du panrnicule 
charnu. 


Nous avons fait connoître, dans Particle pré- 
cédent , la nature et l’organisation des différentes 
couches des tégumens : nous allons étudier ici les 
mouvemens dont la peau est susceptible, et les 
organes qui les produisent. | 


Dans l’homme, la peau a très-peu de mouvement: 


aussi le muscles qui s’y insèrent ont-ils peu de force 
et détendue. Ils sont au nombre de trois paires: 
deux de ces muscles sont spécialement destinés à 


ArT. IL. Du pannicule charnu. 561 


mouvoir la peau du front et de la tête, ét le 
‘troisième agit sur les tégumens du col et des joues. 1 

Tout l’espace compris entre l’occiput et la partie 
supérieure des orbites, immédiatement au dessous 
du cuir, est occupé par un muscle digastrique, en : 
grande partie aponévrotique , et qu'on nomme 
fronto-occipital (occipito-frontien)., Les fibres 
charnues sont très - courtes et situées aux deux 
extrémités de la large aponévrose qui forme comme 
une calotte au dessus du crâne. Les antérieures 
sont attachées à la peau au dessous des sourcils ; 
les postérieures s’insèrent à une ligne transversale 
supérieure de l’os occipital; elles se glissent par 
leur autre extrémité sous la calotte aponévrotique 
à laquelle elles se fixent. Ces muscles sont plus 
prononcés dans certains sujets que dans d’autres: 
ils sont destinés à relever les sourcils; ils froncent 
aussi la peau du front et produisent ainsi les rides 
transverses plus ou moins parallèles qu’on y re- 
marque. | 

Immédiatement au dessous des fibres charnues 
antérieures de loccipito-frontal , dans la ligne qui 
correspond aux sourcils, on trouve d’autres fibres 
charnues, qui s’attachent d’une part à l’éminence 
nasale de l’os ‘du front, et de l’autre, en partie 
à la peau des sourcils, et en partie aux fibres 
charnues dont elles sont recouvertes. Ces petits 
muscles, qu’on a nommés surciliers ( fronto- 
surciliens ), contrebalancent l’action des occipito- 
frontaux. Ils rapprochent aussi les sourcils lun 


2 Nn 


\ 


562 XIV* Lecox. Du toucher. 
de l’autre, et froncent aïnsi la peau qui recouvre 
l'origne du nez. 

Enfin, la troisième paire de muscles peaussiers, 
dans l’homme, occupe toute la partie antérieure 
du col : c’est une espèce de membrane charnue 
située immédiatement au dessous de la peau; elle 
s'étend de la partie antérieure de la poitrine, 
où elle prend naïssance , par des fibres charnues, 
sréles et très-distantes, sur le tissu cellulaire qui 
recouvre les muscles grand pectoral et deltoide, 
jusque sur les parties latérales des joues, où elle 
s'attache en partie à la mâchoire inférieure et en 
partie à l’arcade zygomatique. Hi 

Ces muscles sont extrêmement minces, mais 
* très-lâches dans la partie inférieure du col; ils 
deviennent plus épais à mesure qu’ils se rétré- 
cissent. 

Il est assez diMficile de déterminer l’action de ces 
-muscles peaussiers (1horaco-faciens). Ils agissent 
sur la bouche par leur union aux muscles des 
lèvres; ils entrent ainsi pour beaucoup dans l’expres- 
sion de la physionomie; ils froncent les tégumens 
du col et du menton, et y produisent des rides 
très-remarquables. 

Il y a bien encore quelques fibres musculaires 
sous la peau des bourses génitales de l’homme, 
qu’on nomme le dartos ; maïs ces fibres sont très- 
grêles ; elles varient beaucoup, et ne constituent 
pas un muscle proprement dit : elles sont destinées 
à froncer la peau de ces parties. 


Arr. IL Du pannicule charnu. 563 


Dans tous les mammifères , on retrouve les 
mêmes muscles peaussiers. Ceux de la tête sont 
ordinairement moins prononcés ; mais aussi celui 
du col est plus fort, et il y en a un particulier 
qui, de toute la peau du ventre et même des 
cuisses, vient s’insérer à l’humérus. 

Dans les singes et dans les chiens, il y a un 
occipito-frontal : 41 est aussi très-mince ; mais ses 
fibres charnues sont proportionnellement plus 
longues. En outre, on trouve sous la peau de 
la face des fibres charnues qui lui communiquent 
le mouvement qui fait froncer dans ces animaux 
la partie latérale des joues et du nez. 

Le peaussier du col, dans les singes, tient à 
la peau par un tissu cellulaire très-serré; il se 
prolonge sur la face et va s’unir avec les fibres 
que nous venons de faire connoïître. Dans les 
chiens, nous n’avons vu que des fibres charnues 
très-grèles sur le col. 

Le peaussier du ventre, dans ces animaux, 
est, aussi fort adhérent à la peau. Ses fibres 
recouvrent la poitrine et l’abdomen; elles vien- 
nent toutes se réunir sous Vaisselle, où elles 
s’attachent par un ou deux tendons au dessous de 
la tête de l’humérus avec le tendon du $rand 
pectoral. Ce peaussier du ventre, dans tous les. 
mammifères, a la même insertion, de sorte qu’il 
sert aux mouvemens du, bras, et qu’on pourroit 
le nommer dermo-humérien. 

Dans les quadrumanes, les cheiroptéres et les 

Nn 2 


564 XIV° Leçon. Du toucher. 


carnassiers mâles, on trouve aussi des fibres mus-, 
culaires dans la peau des bourses génitales; elles 
sont même, proportion gardée, plus visibles dans 
les chauve-souris, que dans l’homme. 

Dans le raton, le peaussier du ventre est en 
même temps un rétracteur très-puissant du pré- 
puce; il forme un faisceau de fibres, d'environ 


deux doists de largeur, qui vient s’attacher au: 
8 8 » d 


prépuce en décrivant un ovale avec celui du côté 
opposé. Le reste du muscle qui recouvre le ventre 
est mincé. En devant, le muscle s’attache à l’hu- 
mérus par deux languettes distinctes. 


Dans la marmotte, le peaussier du col est 
à peu près comme dans l’homme; mais au dessous 
de celui-là on en retrouve un autre plus épais, 
qui en forme comme la doublure, mais qui monte 
plus haut vers la tête, où il se termine sous les 
parties latérales de la tête, et même sur la face 
et le museau. 

Celui du corps occupe tout le dos, depuis l’ori- - 
gine de la queue jusqu’à la pointe postérieure du 
trapèze. Sur le ventre, il vient du pubis, des aines 
et des fesses : toutes les fibres se réunissent sous 
Vaisselle où elles forment deux tendons, l’un qui 
s’insère avec ceux du grand dorsal et grand rond 
réunis , et l’autre avec celui du grand pectoral. 


Il y a très-peu de variations dans les autres 
espèces de mammifères. Dans presque tous il se. 
glisse sous la peau des parties génitales mâles, 


x 


| 
; 
: 
! 
M 


Arr. IT. Du pannicule charnu. 565 


sur-tout dans ceux qui lancent leurs urines par 
bonds. 

On retrouve un muscle peaussier, même dans 
le dauphin ; il vient des parties latérales du corps, 
et se termine à l’os du bras. 

Comme le hérisson d'Europe présente une 
organisation plus compliquée et trés-curieuse des 
muscles peaussiers , nous allons en donner une 
description abrégée. 

Il faut d’abord se rappeler que ces muscles, 
étant attachés à la peau, changent de position 
avec elle, de sorte qu’ils n’ont de constant que 
leurs attaches : nous allions donc supposer l’animal 
dans certaines positions, pour que l’on puisse re- 
trouver plus facilement les parties décrites. 

Le hérisson, supposé roulé sur lui- même, 
‘comme lorsqu'il veut se défendre; tout son corps 
se trouve enveloppé sous la peau par un sac de 
fibres charnues et concentriques, de forme ovale. 

Toutes ces fibres sont intimement adhérentes à 
la peau et même à la base des épines dont elle 
est hérissée et dont on a peine à les détacher avec 
les instrumens. La bourse charnue qu’elles forment 
est plus épaisse au pourtour de son ouverture qui 
répond au ventre ; elle forme là une espèce de 
sphincter ou de muscle à fibres orbiculaires. 

Lorsque le hérisson est alongé, comme lorsqu'il 
court ou qu'il est sur ses paltes, le muscle que 
nous venons de faire connaître est tout-à-fait changé 
de figure ; il forme sur le dos un ovale, dont la 

. Nn5 


2 


566 _ XIV® Egçon. Du toucher. 


partie moyenne est trés-mince, et dont le pour- 
tour beaucoup plus épais est plus élevé. Aux dif: 
férens points de ce pourtour s’attaächent plusieurs 
muscles accessoires. 

Du côté de la tête, ou à la pointe antérieure 
de l’ovale, on en voit deux paires : l’une s’attache 
dans la ligne moyenne et s’insère sur les os du 
nez; l’autre, plus extérieure, semble confondre 
ses fibres entre les orbiculaires externes , et s’in- 
sère en ayant sur les parties latérales du nez et 
sur les os incisifs. 

À l'extrémité postérieure de lovale s’aîtache 
une autre paire de muscles larges et de forme 
pyramidale , qui se continuent aussi avec les fibres 
orbiculaires externes : leur pointe tendineuse s’in- 
sère aux parties latérales de la queue, vers son 
extrémité. | 

Il y a encore quelques autres muscles silués 
sous la peau du côté du ventre, ou plus profon- 
dément sous le grand muscle orbiculaire. 

L'animal écorché, et supposé vu par le ventre, 
on y distingue au premier apperçu trois portions 
charnues. 

La première est située sous la gorge, et cor- 
respond au peaussier du col; elle vient de l’ori- 
gine de la poitrine sous la peau, et va s’insérer 
sur les parties latérales de la tête vers les oreilles. 
Celle d’un côté s’unit à l’autre par une intersec- 
tion médiane ou ligne graisseuse. 

La seconde vient de la ligne moyenne du 


Rd D ie ne ee à à 


Arr. IL Du pannicule charnu. : 567 


sterpum , et se porte obliquement en s’épaissis- 
sant et diminuant de largeur au dessus des épaules 
pour aller se joindre au bord du grand muscle 
orbiculaire. 


La troisième portion ventrale est encore plus 
mince que les deux autres; elle est étendue sur toute 
la surface de l’abdomen ; elle vient du pourtour 
de l’anus, des parties latérales de la queue, de 
l’origine des cuisses. Arrivée sur les côtes , elle 
se partage en deux portions : l’une interne, plus 
large, se glisse sous l’aisselle , et s’insère à la 
partie supérieure interne de los du bras; l’autre 
externe, se prolonge sur les parties latérales pour 
s'unir au grand peaussier orbiculaire vers le col. 


Tels sont les muscles que l’on apperçoit à la 
couche superficielle; il y en a quelques autres 
encore qui en sont des appendices et qui sé trouvent 
couchés sous ceux du dos. 


L'un vient de la tête, où il est attaché sur le 
bord postérieur du conduit auditif de lun et de 
l’autre côté; il se perd en arrière dans l’épaisseur 
de la pointe antérieure de l’orbiculaire. 

Un autre petit trousseau charnu vient des der- 
nières apophyses cervicales en se perdant dans le 
muscle peaussier du dos. 

Enfin, au dessous de ce grand peaussier orbi- 
culaire du dos, on remarque des fbres,transver- 
sales qui forment un plan très-mince, dont les 
antérieures s’attachent à la partie supérieure in- 

| Nn 4 


568 XIV: Leçon. Du toucher. 


terne de l’humérus, et les postérieures au troussean 
externe de la troisième portion ventrale. 

Etudions maintenant l'usage de ces muscles, 

L'animal, supposé roulé en boule, estenveloppé 
par le muscle orbiculaire. S'il veut conserver cette 
position, il lui suffit de faire contracter les fibres 
du pourtour qui sont très-fortes, et qui font, pour 
cacher le ventre en fermant la bourse, l’effet d’un 

sphincter. 

L'animal veut-il se dérouler? les fibres du 
milieu de l’ovale se contractent ; les externes se 
relâchent d’abord, et laissent sortir le ventre et 
les pattes : puis toutes les fibres circulaires se 
contractent ensemble et se rapprochent sur le dos. 

Par cette contraction en tous sens les muscles 
accessoires se trouvent tendus et aptes à se con- 
tracter : les antérieurs relèvent la tête et l’étendent 
vers le dos. 

Les postérieurs relèvent la queue. 

Ceux de la couche profonde relèvent la tête 
_ét le col, et l’animal peut alors marcher. 

Le hérisson s’appercçoit-il de quelque danger ; 
veut-il se rouler en boule ? 

F’orbiculaire se relâche, et les muscles de la 
queue et de la tête alongent l’ovale; les profondes 
transverses qui s’attachent sur la portion externe 
du peaussier du ventre l’élargissent. 

Tout cède'alors. Les-fléchisseurs et le peaussier 
du col et de la poitrine rapprochent la tête du 
ventre; lé peaussier et les muscles de l’abdomen 


ART. IL. Du pannicule charnu. 569 


approchent la queue et les cuisses de la tête; les 
fléchisseurs des membres se contractent. Le grand 
orbiculaire glisse sur les côtes; et se contournant 
par ses bords, et reprenant par là la forme d’une 
bourse, il maintient l’animal pelotonné. 

Les muscles peaussiers du 1atou (dasypus) ne 
sont point aussi forts, ni aussi compliqués que 
ceux du hérisson, quoique ces animaux aient: 
aussi la faculté de se rouler en boule. 

Le grand peaussier du dos est plus épais sur 
les bords du ventre, où il est fortement adhérent 
au pli qui réunit la peau de l’abdomen avec celle 
du dos. Il adhère à la peau des aines et des 
aisselles ; il envoie aussi quelques prolongemens 
qui s’attachent à la tête et à la queue; mais ses 
fibres charnues sont très-minces. Quelques-unes se 
détachent d’espace en espace pour s’insérer au 
bord antérieur de chacune des bandes osseuses 
qui recouvrent le dos de l'animal. 

Les peaussiers du ventre sont aussi très-grèles; 
ils fournissent quelques fibres charnues à la verge, 
et le trousseau qu’elles forment a beaucoup. de 
ressemblance avec ce que nous avons observé 
dans le raton; mais il est moins épais. 

Le peaussier du col existe; mais il est très- 
mince : il se prolonge sous les écailles de la face. 

Dans les oiseaux, ces muscles sont plus pro- 
noncés dans certaines espèces, particulièrement 
lorsque l'oiseau meut à sa volonté les plumes de 
la huppe , du col, du croupion , comme dans les 


570 XIV® Lecon. Du toucher. 

huppes , les kakatoës , les Aérons, etc. Nous 
allons les faire connoïtre dans l’oie, oiseau sur 
lequel il est très-facile de les disséquer. 


Le peaussier du ventre s'attache sur la septième 
et la huitième côtes par deux digitations charnues 
comme le grand dentelé ; il est large , applati et 
se dirige obliquement en devant et en haut vers 
Varticulation scapulaire de los du bras. Arrivé 
au dessus de la tête articulaire, il s’insère à la 
peau. 

Il y a aussi sur la partie latérale externe de 
chacun des muscles grands pectoraux quelques 
fibres charnues. Dans l’épaisseur de la peau, elles 
se confondent immédiatement au dessus de l’ais- 
selle avec le tendon du grand pectoral. 


Immédiatement au dessus de la partie large et 
plane de los pelyien entre les deux iléons, on 
remarque sur la peau deux petits plans charnus, 
dont les fibres courtes et comme mammelonées 
agissent sur les plumes de cette partie et les re- 
dressent. 

On voit aussi le long de la peau du col des 
bandes longitudinales de fibres musculaires qui 
meuvent cette partie : ils forment deux plans 
distincts, sur-tout sur les côtés. 

Dans les grenouilles, il n’y a point de musele: 
peaussier du corps, parce que la peau ne lui est 
point adhérente ; mais on trouve sous la gorge 
des fibres qui s’attachent au pourtour de la mâchoire 


D'OR 


‘  Anr. I. Du pannicule charnu. 573 


et qui s’insèrent au tissu cellulaire qui unit la 
peau à l’origine de la poitrine. 
. Dans les tortues , le peaussier du col est très- 
visible , et ïl semble formé de deux parties; àl 
est étendu depuis et dans toute la concavité de 
la mâchoire inférieure jusqu’au bas du col à la partie 
antérieure du plastron. Une ligne médiane cellu- 
laire le réunit avec celui de l’autre côté; il prend 
naissance sur les apophyses transverses des ver- 
tèbres cervicales. Etendu sur tous les muscles du 
col, il leur sert comme de sangle. Dans sa partie 
inférieure, il est percé par le sterno-mastoïdien 
qui, comme nous l'avons dit, vient des parties 
latérales du plastron. 

Lorsque l’on a enlevé la peau des poissons 
épineux, tels que la carpe, on trouve des fibres 
musculaires qui lui sont intimement adhérentes. 


Elles sont divisées en deux portions par une ligne 


longitudinale qui indique la situation de la colonne 
vertébrale. On y voit des inscriptions tendineuses 
qui tiennent à la peau ; elles décrivent des courbes 
dont la convexité regarde la queue. Voilà les 
seules parties qu’on puisse regarder comme les 
muscles peaussiers des poissons. 

Dans les animaux non vertébrés, à corps mou, 
il n’y a, pour ainsi dire, que des muscles peaus- 
siers ; où du moins le plus grand nombre des muscles 
sont attachés à cette partie : mais comme ils servent 
aussi à la locomotion , nous les avons fait connoître 
en décrivant les organes du mouvement. 


572 XIV° Leçon. Du ioucher. 


ARTICLE I V. 


Des glandes de la peau, et de la graisse sub- 
| cutanée. 


1°, Des glandes. 


La surface de la peau s’enduit naturellement 
de substances qui paroissent destinées à la pré- 
server de l’action des élémens ambians, et qui 
sont différentes selon l’espèce des animaux et le 
séjour que chacun d’eux habite. 


Cette humeur est onctueuse dans l’homme et 
dans les autres animaux à sang chaud. C’est une 
espèce de graisse qui s’accumuleroit petit-à-petit 
sur la peau, si on n’avoit soin de la laver. 

Dans les animaux à sang froid, c’est une vis- 
cosité de la nature de la gélatine, et qui ne se 
dissout point dans l’eau froide. Ces animaux l’ont 
d’autant plus abondante , que leur séjour dans 
l’eau est plus continuel, et que leur corps est 
moins bien recouvert d’écailles ; elle semble être 
un supplément de cette dernière espèce d’armure. 
Ainsi les poissons sans écailles, comme les raies 
et les sguales, ont beaucoup de cette humeur , 
en comparaison de ceux qui ont de grandes écailles. 
Parmi les reptiles, ceux qui ont des écailles , 
comme les couleuvres et les lézards, ont la peau 
presque sèche; et ceux qui ont la peau nue, 


\ 


AnT. IV. Des glandes de la peau. 575 


#omme les salamandres , les grenouilles, l'ont 
constamment lubréfiée par une viscosité abondante. 

Les crapauds et les salamandres peuventmême 
augmenter à volonté l’excrétion de cette liqueur, 
et la faire sortir comme une rosée de tous leurs 
pores. 

Parmi les animaux à sang blanc, la plupart 
des mollusques produisent une liqueur gluante qui 
leur lubréfie toute la peau; ils la font même jaillir 
avec abondance au moindre danger : c’est ce qu’on 
observe sur-tout sur les /?maces, etc.; mais les 
espèces qui ont la peau dure et écailleuse ne ré- 


pandent rien de semblable, et leurs excrétions n’ont 


lieu que dans des points déterminés de leurs corps. 
Le même animal ne produit pas la même espèce 
de substance par toutes les parties de sa peau. 


Dans l’homme, par exemple, il y en a de trois 


sortes, sans parler de la sueur. Un suc huileux 
très-subtil transsude au travers des pores de toute 
la peau, et empêche pendant quelque temps l’eau 
pure de s'étendre dessus. Ce suc enduit aussi les 
cheveux et tous les poils, et finit par les rendre 
gras lorsqu'on ne les nettoie point assez souvent, 
Une espèce d’onguent en produit dans certains 
endroits , et notamment entre les cheveux, aux 
aisselles , aux genoux, elc., par de petits follé- 
cules visibles à l’œil; il s’attache à la peau en 
se durcissant, et y produit des espèces d’écailles 
que le frottement et l’eau en détachent; enfin, 
des glandes , dont lés ouvertures sont très-visibles 


574 XIV° Lrcox. Du toucher. 

en certains endroits, fournissent une matière cé: 
rumineuse, concrète, et qui s’en laisse exprimer 
en forme de petits vers : il y en a de telles aux côtés 
du nez, derrière les oreilles, sous les paupières, 
autour du bouton du sein, au périnée, dans le 
pli de l'aime, et on en trouve presque par-tout 
d’épars , hors peut-être à la paume de la “main 
et à la plante du pied. 

On pourroit aussi rapporter ici l'espèce de pom- 
made fétide qui s’'accumule en grumeaux entre le 
gland et le prépuce, et sous les nymphes, et celle 
qui enduit les bords de l'anus. 

On ne connoït point les organes qui produisent 
le suc de la première espèce, Il est possible qu'il 
soit une simple exhalaison de la graisse qui est 
toujours plus où moins abondante sous la peau. 

Les follicuies qui produisent l’onguent de la 
seconde espèce sont trés-petits, arrondis ou oblongs. 
Leurs canaux excréteurs sont gréles et tortueux. 

La troisième sorte d’onguent est produite par 
des glandes que l’on a nommées sébacées, et qui 
sont quelquefois composées. 

La peau des quadrupèdes est enduite des subs- 
tances semblables aux nôtres. Quelques-uns en 
oxft de grands amas sur certaines parties de leurs 
corps, par exemple, dans les aines. Les glandes 
ou follicules particuliers nous ont paru peu sen- 
sibles dans la peau des cétacés ; mais, en revanche, 
elle transsude par-tout un suc huileux si abondant, 
qu'elle est par-tout lisse et glissante. 


TA CT 


* Art. IV. Des glandes de la peau. 575 


Dans les oiseaux, les glandes sébacées sont peu 
visibles, et situées plus profondement sous la peau; 
ils ont sur le croupion une glande conglomérée 
d’une structure particulière , dont ils expriment 
une huile qui leur sert à imbiber leurs plumes. 
Nous en parlerons en traitant des sécrétions excré- 
mentitielles. C’est aussi là que nous parlerons de 
plusieurs autres glandes propres à certaines espèces 
de quadrupèdes, comme celles qui produisent le 
musc, la civette, le castoreum, etc. 

* Les glandes cutanées sont plus visibles dans les 
animaux à sang froid que dans les précédens. 

Les salamandres en ont plusieurs rangées le 
long du dos, qui font des saillies ou des verrues 
à la peau. 

Les crapauds en ont d’éparses irrégulièrement 
sur toute la surface de leur corps; et on leur en 
voit sur-tout deux grosses derrière les oreilles, 
qui s’ouvrent par plusieurs petits trous. Ces glandes 
produisent une humeur acre , qui est un poison 
pour les animaux très-foibles. 

Dans les lézards, on xoit sous chaque cuisse 
une rangée très-régulitre de petits pores, d’où 
sort aussi une humeur visqueuse, 

Mais on ne voit nulle part les pores qui trans- 
mettent la viscosité de la peau, ni les sources qui 
la produisent, aussi bien que dans les raies et 
les sguales. 

Le dessus et le dessous du corps de ces poissons 


présentent des pores multipliés et très-gros, qui sont 


576 XIV® Lecon. Du téuohèr: 


les orifices d'autant de vaisseaux excréteurs transpa- 
reñs. Dans les grands syuales, ces vaisseaux ont la 
grosseur d’un tuyau de plume. Ils partent tous par 
faisceaux, etsans se diviser en branches, de certains 
centres, plus ou moins nombreux selon les espèces, 
où paroit se former l’humeur absolument gélati- 
neuse qui les gonfle. Ces centres n’ont cependant 
point l'apparence glanduleuse ; on n’y distingue 
qu’une cellulosité remplie elle-même de cette hu- 
meur, et à laquelle se distribuent sur-tout un très- 
grand nombre de nerfs. Il ÿ en a, dans la raie, 
deux principaux, situés vers Les côtés de la bouche. 
Le squale milandre w’en a qu’un dans l’épaisseur 
du museau. Nous reviendrons sur cet objet à 
l’articie des sécrétions. 

Dans les poissons osseux, la liqueur visqueuse 
sort principalement par les trous situés le long 
de ce sillon qui parcourt longitudinalement chaque 
côté de leur corps, et qu’on nomme ligne laté- 
rale. Ces trous appartiennent à autant de petits 
tuyaux, qui viennent d’un plus grand situé der- 


rière ce sillon dans toute sa longueur. Ce grand 


vaisseau arrivé à la tête s’y divise en plusieurs 
branches, qui se répandent sur les deux mächoires, 
et dont deux s'unissent vers le haut du museau. 
Les raies et les squales ont aussi ces grands 
vaisseaux visqueux de la tête, indépendamment de 
ces nombreux pelits que nous venons de décrire, 
et qui leur sont propres. 

On voit ces vaisseaux et les pores où s’ouvrent 


+ sb 


ArT. IV. Des glandes de la peau. 577 


leurs petites branches sur la tête du chimæra 
monstrosa, mieux que sur tous les autres poissons. 
Les pores sont encore très-visibles sur le brochet 
(esox lucius ) et sur l’orphie (esox bellone). 


2°, Du tissu adipeux. 


Une cellulosité plus ou moins lâche réunit la 
peau aux chairs qu’elle recouvre. Cette cellulo- 
sité ne manque presque que dans les grenouilles 
et les crapauds, où la plus grande partie de la 
peau, quelques endroits exceptés, n’adhère aux 
chairs que par les vaisseaux et les nerfs. 

On trouve aussi dans les oiseaux, et principa- 
lement sous leurs aisselles, de grands espaces où 
la peau n’adhère que d’une manière très-lâche, 
et laisse introduire de lair dans l'intervalle. 

Si l’on en croit Sparrmann, le ratel où blaireau 
mangeur de miel du Cap, présente une dispo- 
sition semblable. 

La cellulosité subcutanée est ordinairement 
remplie d’une graisse dont la fluidité et l’épaisseur 
varient selon les espèces et selon l’état de chaque 
individu. Tout le monde sait que, parmi les qua- 
drupèdes , le cochon est celui qui l'a plus épaisse 
et plus uniforme, et qu’elle y porte le nom de 
lard. 

"Les célacés ont un lard encore plus épais que 

celui du cochon, et dont la graisse est si liquide 
qu'elle s'écoule sous forme d’huile, sans avoir 
besom d'être exprimée. 


2 Oo 


578 XIV: Leçon. Du ioucher.. 


Les animaux dans lesquels la graisse subcu- 
-tanée est très-abondante éprouvent une grande 
diminution dans la sensibilité de la peau. 

Dans les animaux à sang froid, il n’y a point 
de graisse subcutanée proprement dite; quelque- 
fois seulement le dessous de la peau est imbibé, 
comme le reste du corps, d’un suc oléagineux. 
C’est ce qu’on voit, par exemple, dans le saumon 
et les autres truites. D'autrefois on y trouve des 
substances d’une nature différente. Le poisson- 
lune, par exemple, a sous sa peau une couche 
‘épaisse de deux ou trois travers de doigt d’une 
substance blanche, semblable à du lard , mais 
qui présente tous les caractères chimiques de 
l’albumine. 

L'usage de ces diverses substances placées sous 
la peau paroît être d’amortir les coups et les autres 
chocs venant du dehors, et de diminuer leur 
effet sur les chairs; mais la graisse, en général, 
a plusieurs autres usages, comme de donner du 
jeu à toutes les parties entre lesquelles elle s’in- 
terpose, et sur-tout d’être en quelque sorte un 
magasin de substance nutritive, propre à être re- 
pompée et portée dans le sang pour le renou- 
yeler. 

Cela se remarque sur-tout dans les animaux qui 
passent une partie de l’année sans manger : comme 
ceux qui dorment l’hiver , les chenilles, lorsqu’elles 
passent à l’état de chrysalides, etc. Ces animaux 
ne tombent dans ces espèces de léthargies qu’après 


ArT. V. Division des membres. 579 


avoir accumulé une grande quantité de graisse, 
qui se trouve consommée à leur réveil. 

“Ils ont pour elle des réservoirs particuliers , 
que nous décrirons dans les ours , les Loirs, les 
marmottes , les chenilles, etc., à l’article de la 


nutrition. 
A B TI CEE V. 


Des doigts, et de leurs dispositions relativement 
au sens du toucher. 


Nous avons fait connoïtre, dans la quatrième 
et dans la cinquième leçon, le nombre , la forme 
et l’usage des os et des muscles des membres et 
des doigts par rapport à leurs mouvemens. Nous 
allons considérer ici ces appendices sous un autre 
aspect, et comme appartenans à l'organe du toucher, 
. Les doigts sont sur-tout destinés à nous faire 
connoitre les formes des corps. 

Deux circonstances perfectionnent ou affoiblissent 
cette partie du tact. Premièrement, la division de 
la main et du pied en doigts plus où moins nom- 
breux , longs , distincts, mobiles; secondement , 
la forme de ces doigts et la nature des tégumens 
qui les recouvrent , les arment ou les protègent: 
voilà le sujet de cet article. FA 

Plus la main est divisée en doigts distincts et 
mobiles, plus l’organe du toucher est parfait : 


aussi l’homme possède-til ce sens dans un très-haut 
Oo 2 


580 XIV® Lecon. Du toucher. 


degré. Les singes ont, à la vérité, la main orga- 
nisée, comme celle de l’homme ; mais, comme 
nous l’avons dit en traitant des muscles, tome 1, 
pag. 320 et suiv., ils ne peuvent mouvoir les 
doigls séparément, puisqu'il n’y a ni extenseur , 
ni fléchisseur propre. En outre, le pouce est plus 
court et ne peut être opposé aussi aisément aux 
autres doigts : or c’est dans cette opposition des 
doigts que réside la faculté de saisir les objets 
les plus minces, et de distinguer leurs plus pe- 
tites éminences. Âu reste, si la main des singes 
est moins parfaite sous ce rapport , ils ont plus 
d'avantage dans l’organisation de leurs pieds, 
dont les doigts sont beaucoup plus longs et plus 
mobiles. 

Dans l’homme et dans le plus grand nombre 
des quadrumanes, les doigts sont minces , arrondis, 
couverts par une peau serrée, sur laquelle les 
papilles nerveuses sont en grand nombre, et dis- 
posées d’une manière très -régulière. Leur extré- 
mité n’est recouverte d’un ongle qu’en dessus. Cet 
ongle est plat ou sémi-cylindrique. Les sagouins 
seuls (simia rosalia, jacchus , etc. , Län.) ont 
lextrémité du doigt enfermée dans un ongle corné 
et pointu comme celui des carnassiers. 

Les cheïroptères n’ont point les doigts de la 
main susceptibles de saisir les corps solides, puis- 
qu’ils sont tous renfermés entre deux fines mem- 
branes : aussi n’ont-ils pas, à un haut degré, cette 
partie du sens du toucher qui se rapporte aux 


ArT. V. Division des membres. 58x 


formes de ces corps; mais, en revanche, la grande 
étendue que ces membranes présentent à l’air les 
rend si propres à en reconnoître la résistance, 
les mouvemens et la température, qu’on s’est cru 
obligé de supposer un sixième sens à ces animaux. 
 Spallanzani avoit observé que des chauve-souris 
aveugles, et abandonnées à elles-mêmes, s’envo- 
loient malgré cette cécité , enfiloient les souter- 
reins sans se heurter contre les murs; que même 
elles y tournoient exactement, selon que l’exi- 
geoient les inflexions les plus compliquées; qu’elles 
discernoiïent les trous dans lesquels étoient leurs 
nids , et savoient éviter les cordages, les filets et 
les autres obstacles que l’on avoit mis sur leur 
passage. 

Il chercha alors à déterminer par quel sens 
étoient dirigés ces animaux. 

Ce n’étoit pas la vue, puisqu'on les avoit privées 
de cet organe ; ce n’étoit pas l’ouie, car on avoit 
de plus bouché très - exactement les oreilles à 
quelques individus ; ce n’étoit pas l’odorat, puisque 
dans d’autres on avoit ajouté la précaution de leur 
obstruer exactement l’ouverture des narines. 

Il en conclut que les chauve - souris ont un 
sixième sens, dont nous n’avons aucune idée. Le 
citoyen Jurine a fait d’autres expériences, qui 
tendent à prouver que c’est par l’ouie qu’elles 
se dirigent; mais il nous paroît que les opérations 
qu'il à fait subir aux individus qu’il a privés de 
la faculté de se diriger, ont été trop cruelles, et 

O0 5 


582 XIV® Lecow. Du toucher. 


qu’elles ont plus fait que de les empêcher d’en- 
tendre. Il nous semble qu’il suffit de leur organe 
du toucher pour expliquer tous les phénomènes 
que les chauve-souris présentent. 

En effet, les os du métacarpe et les phalanges 
des quatre doigts qui suivent le pouce, sont exces- 
sivement alongés. La membrane qui les unit pré- 
sente à l’air une énorme surface. Les nerfs qui 
s’y distribuent sont nombreux et très-divisés; ils 
forment un réseau admirable par sa finesse et le 
nombre de ses anastomoses. Il est probable que, 
dans l’action du vol, l'air, frappé par l'aile où 
par cette main si sensible, imprime à cet organe 
une sensation de chaleur, de froid, de mobilité, 
de résistance , qui indique à l’animal les obstacles 
et la facilité qu’il rencontre dans sa route. C’est 
ainsi que les hommes aveugles discernent âvec 
les mains, et même par le visage, l’approche 
d’un mur, d’une porte de maison, d’une rue, 
avant de les toucher , et par la seule sensation du 
choc différent de l'air. 

Le pouce et les doigts des pattes postérieures, 
dans les chauve-souris, sont semblables par leur 
disposition à ceux des autres carnassiers. 

Dans les plantigrades, dont les doigts sont très- 
courts et peu mobiles, le plus généralement au 
nombre de cinq , la sensation du toucher doit 
cependant être un peu plus parfaite que dans les 
carnivores; car la plante entière de leurs pieds 
est privée de poils : et comme le contact avec les 


ART. V. Division des membres. 583 


corps qu'ils touchent est plus immédiat, la sen- 
sation doit être plus vive, mieux perçue. 

La taupe a les mains extrêmement élargies, 
et fous les doigts réunis jusqu’à l’ongle. 

Les pédimanes viennent naturellement après les 
plantigrades par la perfection présumée du toucher, 
puisque leur gros orteil est écarté des autres doigts : 
ce qui fait de leur pied de derrière une espèce 
de main. Ce doigt est proportionnellement fort 
gros, alongé , très - mobile, privé entièrement 
d’ongle , et élargi à son extrémité libre. . 

L'orang roux, ou vrai orang - outang, est 
avec ces pédimanes le seul animal à pouce de der- 
rière séparé, qui n'y ait point d’ongle. 

Les carnivores, qui ne marchent que sur l’extré- 
mité des doigts qui sont courts et tous dirigés 
dans le même sens, sont par là même beaucoup 
moins favorisés quant au sens du toucher: ce 
dont ils sont en général compensés par celui de 
l’odorat. Le plus grand nombre ont la derniére. 
phalange enfermée dans un ongle tranchant. Dans 
le genre des chats et des civettes, cette phalange 
se recourbe en arrière et ne sert plus du tout au 
toucher pendant tout le temps que J’animal marche. 

Parmi les rongeurs, les lièvres, les écureuils 
_et les rats , qui marchent sur les quatre pattes, 
mais sur l'extrémité des doigts, dont les der- 
nières phalanges seules sont séparées les unes 
des autres, ont un ongle alongé, conique, qui 
enveloppe toute la partie du doigt qui est libre. 

00 4 


584% … XIV° Læcow. Du toucher. 

Quelques cabiais et le porc - épic ont presque 
tous les doigts enfermés dans des sabots, comme 
ceux des cochons. L’aye - aye ( sciurus mada- 
gascartiensis, Lin.) est sur-tout remarquable par 
la division des doigts des pattes de devant. Toutes 
les phalanges sont excessivement alongées, sur- 
tout celles du doigt du milieu, a l’aide duquel 
il va saisir les insectes sous l’écorce des arbres. 
Cet animal est aussi le seul qui, parmi les ron- 
geurs, ait le gros orteil séparé des autres et op- 
posable. 


Enfin, les tLanguroos et les gerboises, qui ne. 


marchent que sur les pieds de derrière, ont les 
pattes de devant divisées comme celles des rats, 
et armées d’ongles pointus ; maïs les pieds de 


_derrière ont les doigts enveloppés dans des sabots. . 


Les édentés ont généralement les doigts réunis 
par la peau jusqu'aux ongles. Quelques-uns même, 
comme les paresseux , ne marchent que sur la 
convexité de leurs ongles qui se recourbent sous 
la plante du pied. L’oryctérope a des ongles plats, 
excessivement larges: Plusieurs 1atous les ont 
presqu’en forme de sabot. Dans tous ces animaux, 
les doigts du pied, dont le nombre varie de quatre 
à deux, n'ont de mouvement que dans le sens 
de l’exiension et de la flexion , disposition qui 
vient de la profondeur des poulies qui servent à 
larticulation de leurs phalanges. 

L’éléphant et le rhinocéros ont tous les doigts 
réunis par une peau épaisse et calleuse ; ils ne 


D 


Arr. V. Division des membres. 585 


sont même distincts au dehors que par le nombre 
des sabots qui sont placés sur les bords du pied. 

L'hippopotame , le tapir et les cochons ont 
les doigts plus séparés; mais ils ne marchent que 
sur leurs extrémités qui sont enveloppées de sabots. 

Tous les ruminans, sans exception , n'ont que 
deux doigts enveloppés de sabots de forme trian- 
gulaire , sur lesquels ils marchent. La face infé- 
rieure , celle qui regarde la terre, est plus molle 
et comme tuberculée ; l’extérieure est convexe 
et lisse; enfin, la troisième, ou celle qui regarde 
l’autre doigt et un plan vertical. Le chameau seul 
diffère un peu par la forme du sabot, qui est 
petit, plus régulièrement triangulaire et prolongé 
en dessous par une corne qui garnit toute la plante 
du pied. 

Enfin, dans les solipèdes, il ny a plus qu'un 
seul doigt terminé par un sabot sémi-circulaire , 
sur lequel l’animal marche... 

Pour terminer cet article de la division des 
membres dans les mammifères, il nous reste encore 
à parler de quelques dispositions relatives au mou- 
vement, mais qui influent sur le toucher. 

Nous ayons déja fait connoître une de ces par- 
ticularités pour les chéiroptères. Parmi les car- 
nassiers, les Zoutres, les phoques, un didelphe, 
une musaraigne; et parmi les rongeurs, le castor, 
l’'ondaira, etc., qui plongent et nagent souvent, 
ont tous les pieds palmés, c’est-à-dire que leurs 
doigts sont réunis par une membrane. 


586 XIV° Lecox. Du toucher. 


Enfin, dans le zzorse et dans les célacés, on 
ne distingue plus dans les pattes les doigts qui 
les formoient : ce sont de véritables nageoires , 
sur le bord desquelles on remarque cependant 
encore, dans les morses et dans un /amantin , 
les rudimens ou les restes des ongles qui indiquent 
les cinq doigts qu'on retrouve en effet, mais masqués 
sous la peau coriace qui les enveloppe étroite- : 
ment. 

Dans les oiseaux, le membre thorachique n’est 
pas destiné à palper : aussi, non seulement il n’est 
pas divisé extérieurement en doigts ou appendices , 
mais encore il est presque toujours entièrement 
couvert de plumes longues et serrées. Il n’y a 
donc que les pieds qui soient doués de la faculté 
de palper : encore s’y trouve-t-elle très-émoussée 
par les lames cornées, ou écailles, qui recouvrent 
les tarses et les doigts, souvent par les plumes 
même, et toujours par les cals qui les garnissent en 
dessous sous la forme de verrues et de durillons. 

Nous avons déja vu, forme 1, page 5do, le 
nombre et la direction des doigts dans les diflé- 
rens oiseaux. Îls ne sont revêtus, dans aucune 
espèce, de sabots, mais seulement garnis d’ongles 
qui les renforcent sans nuire au sens du toucher. 

Dans les oiseaux nageurs ou palmipèdes, comme 
les canards, les doigts antérieurs sont réunis par 
une membrane qui s’étend jusqu’à leur extrémité. 
Quelquefois le pouce est aussi réuni aux autres 
doigts par cette membrane ; et cependant les 


Arr. V. Division des membres. 587 


oiseaux chez lesquels cela a lieu sont de tous les pal- 
mipèdes ceux qui se servent le plus de leurs pattes 
pour palper et saisir les corps. Une courte membrane 
réunit seulement à leur base les doigts de devant 
dans les oiseaux gallinacés. Les deux doigts externes 
sont encore ainsi réunis à leur base dans beau- 
coup d'oiseaux de rivage et de proie. 


Les passereaux , en général, ont les deux doigts 
externes intimement unis par leurs premières pha- 
langes, et, dans quelques genres , comme les 
martins-pécheurs , les guépiers, jusque près de 

_ leur extrémité. 

Les membranes écailleuses qui bordent les doigts, 
dans quelques oiseaux de rivage, et leur longueur 
excessive ainsi que celle des ongles, dans d’autres, 
sont encore des obstacles au toucher. 


Quoique , d’après tout ce que nous venons de 
dire, ce sens soit très - obtus dans les oiseaux , 
néanmoins les oiseaux grimpeurs, sur - tout les 
perroquets, sont, avec les chouettes, ceux qui 
J’ont encore le plus parfait et qui en font le plus 

* d'usage. 

Le nombre des doigts et leur.mobilité varient 
plus dans les reptiles que dans toutes les autres 
classes. 


Les lézards ordinaires en ont généralement 
cinq de diverses longueurs, très-propres à em- 
brasser en tout sens les objets. Quelques -uns, 
eomme les crocodiles , les ont palmés du moins 


588 XIV® Leçon. Du toucher. 


aux pieds de derrière; d’autres, comme le gecko, 
les ont revètus en dessous d’écailles tuilées. 

Le caméléon les a réunis par la peau jusqu’aux 
ongles, en deux parties qui font la pince: la peau 
de leur surface inférieure est pourvue de papilles 
très-sensibles. Les /ézards très-alongés , nommés 
seps et chalcide, n’ont que trois doigts très-petits. 
Les salarnandres et les grenouilles les ont nus 
et sans ongles: aussi jouissent-elles d’un toucher 
très-délicat : il doit l'être encore plus dans les 
rainettes, dont l'extrémité des doigts s’élargit en 
un disque spongsieux qui peut adhérer aux corps 
avec force; mais, dans les tortues, où ils sont 
palmés , ce sens est moins parfait. Enfin, les 
serpens sont absolument privés de pieds et de 
doigts. À 

C’est aussi le cas des poissons; leurs nageoires, 
umiquement destinées au mouvement, ne sont 
presque d’aucun usage pour percevoir les formes 
des corps. 

Ce que nous avons dit, dans la VI° leçon, ‘du 
nombre et de la abs Ad des pattes dans les ani- 
maux sans vertèbres, nous paroit suflire pour 
qu’on puisse en déduire les divers degrés de per- 
fection que ces parties doñnent au tact. 


Arr. VI. Des appendices. 589 
ARTICLE VI. 


Des appendices qui suppléent aux doigts dans 
l'exercice du sens du toucher. 


Ourre les doigts, plusieurs animaux ont reçu 
diverses parties assez mobiles et assez sensibles 
pour exercer la faculté de palper. Dans les espèces 
privées de doigts, ou dont les doigts sont enve- 
loppés de substances insensibles , ces appendices 
les remplacent. 

Les queues de quelques mammifères, comme 
les sapajous, les didelphes, une espèce de porc- 
épic, plusieurs du genre fourmilier, etc., sont 
organisées de manière à pouvoir embrasser les 
corps et à les saisir comme avec une main. Nous 
avons fait connoître, dans la IIL°. leçon, la forme 
des os et la disposition des muscles qui servent 
à ces sortes de mouvemens. Les nerfs qui s’y 
distribuent sont en grand nombre; ils proviennent 
de la terminaison de la moëlle épinière, et ils 
sortent par les trous intercaudaux. Ces sortes de 
queues sont ordinairement privées de poils sur la 
partie de leur face inférieure par laquelle elles 
saisissent les corps. . 4 

On trouve des queues semblables dans quelques 
reptiles, comme le caméléon, et le corps entier 
des serpens remplit le même oflice en s’entor- 
tillant autour des corps qu’ils veulent palper : ce 


Ego XIV® Lecox. Du toucher. 


qui leur est d'autant plus utile, qu’ils sont privés 
d’ailleurs de doigts et de tout autre appendice 
propre à leur procurer la sensation du tact. 

Dans d’auires espèces de mammifères, dont les 
doigts peu nombreux sont en outre enveloppés de 
sabots de corne dans toute la partie qui appuie 
sur les corps, le sens du toucher semble avoir 
été relégué dans les lèvres , qui sont les parties les 
plus mobiles. Nous en avons un exemple dans 
les ruminans et les solipèdes. Nous ne décrirons 
pas ici les muscles de ces parties : ils trouveront 
leur place dans la leçon sur la mastication; mais 
les lèvres en elles - mêmes ont une organisation 
toute particulière. Le nerf facial et celui de la 
cinquième paire s’y subdivisent en une infnité 
de rameaux. Ils s’anastomosent en formant des 
plexus nombreux qui donnent à cette partie un 
sentiment exquis. On sait que c’est elle qui nous 
procure la plus délicieuse de toutes les sensations 
du toucher. 

Dans beaucoup d’animaux, des glandes nom- 
breuses et serrées forment une couche au dessous 
de la peau, qui est mince, tendue et couverte de 
poils rares, parmi lesquels s’en trouvent quelques- 
uns de longs, roides, implantés chacun dans une 
papille mammelonées et verruqueuse : on leur 
donne le nom de moustaches. 

Ces poils communiquent facilement, à cause de 
leur roideur, aux nerfs des lèvres les moindres 
ébranlemens qu’ilsrecoivent des corps environnans; 


_ Arr. VE Des appendices. b9x 


et, sous ce rapport, ils peuvent, quoique insen- 
sibles par eux- mêmes, être rangés parmi les 
appendices qui servent au toucher. 

La lèvre supérieure du rhinocéros se prolonge 
en un petit appendice, dont cet animal se sert 
pour palper, empoigner, arracher , etc. : nous 
n’en connoissons point les muscles. 

Les cochons , les taupes, les musaraignes, 
qui ont un museau mobile, long et pointu , auquel 
on donne en particulier le nom de grouin, pa- 
roissent aussi l’employer au sens du toucher. 
Souvent il y a dans,son épaisseur un petit os 
particulier , de forme diverse selon les espèces , 
et maintenu entre les incisifs et les nasaux, au- 
quel on donne le nom d’os du boutoir. Les 
muscles du grouin seront décrits à l’article de 
l’odorat, afin de réunir là tout ce qui a rapport 
au nez des animaux. 

La trompe de l'éléphant et celle moins alongée 
du tapir et de la mnusaraigne musquée ou des- 
iman seront aussi décrites dans cette même lecon 
de l’odorat; mais puisqu'elles servent à ces ani- 
maux comme une véritable main, nous les indi- 
quons ici comme des appendices destinés à l’organe 
du toucher. 

Les crêtes, ou parties charnues qui ornent la 
tête de plusieurs genres d’oiseaux, sur-tout dans 
la famille des gallinacés, comme les cogs, les 
dindons , etc., sont peut-être aussi destinées à la 
perception du toucher. En effet, ces parties sont 


592 XIV® Leçox. Du toucher. 


dénuées de plumes; elles sont molles et flasques, 
et les nerfs qu’elles reçoivent, quoiqu’en petit 
nombre, doivent reporter à l’animal les impres- 
sions des corps extérieurs. 

Dans les animaux qui n’ont point de membres 
à doigts mobiles , destinés à palper les corps, comme 
les poissons, les appendices sont plus nombreux, 
plus longs et plus variés. On a donné diffé- 
rens noms à ces prolongemens de la peau, qui 
sont ordinairement de figure conique alongée. On 
a appelé barbillons ceux qui sont placés aux en- 
virons de la bouche ou sur les lèvres; {entacules, 
ceux qui sont attachés au dessus et sur les côtés 
de la tête. Quant à ceux qui proviennent des 
parties latérales du corps, on leur a laissé le nom 
de doigts. 

Les barbillons sont ordinairement mollasses ; 
ils reçoivent quelques filets de nerfs qui vien- 
nent de la cinquième paire. Il n’y en a qu’un 
seul dans la morue, et d’autres gades ; deux 
dans les surmulets, etc.; quatre très-courts dans 
la carpe; quatre dans le barbeau ; six où huit 
dans les /oches et dans plusieurs si/ures , où ceux 
de la mâchoire supérieure sont souvent très-longs. 
La baudroie, le gadus tau, et d’autres en ont 
un grand nombre autour des lèvres. 

Les tentacules sont à peu près organisés comme 
les barbillons. Dans plusieurs espèces du genre 
baudroie (lophius), ces appendices sont suscep- 
tibles de se mouvoir et de se courber ‘en différens 


ART. VI. Des appendices. 595 


sens à la volonté de l’animal; on prétend même 
qu’il s’en sert comme d’une amorce pour pêcher 
les petits poissons. Dans l’espèce appelée Aistrio, 
le tentacule antérieur se partage comme un YŸ, 
dont les branches se terminent par une masse 
charnue : les autres sont très-longs et coniques. 
Plusieurs percepierres et scorpènes en ont sur 
les sourcils. 

Les appendices latéraux du corps , que les 
ichtyologistes nomment doigts, ont une tige 1os- 
seuse articulée, et qui est semblable à celle des 
rayons de la nageoire pectorale, dont ces doigts 
ne diffèrent que parce qu’ils sont libres et séparés. 
On en remarque principalement dans: les érigles 
et dans les polynèmes. 

Il y a plus de variétés encore pour ces appen- 
dices dans les animaux à sang blanc. 

‘Nous ne parlerons pas ici des bras des cépha- 
lopodes, que nous avons déja décrits à l’article 
des organes du mouvement. 

Nous ne nous arrélerons pas non plus beau 
coup aux cornes charnues des gastéropodes. Nous 
avons décrit celles du l/imaçon, dans la leçon de 
l’œil. Celles des autres genres n’en différent guères 
que parce qu’elles ne peuvent pas sé rouler et 
se dérouler comme un doigt de gant; mais ‘que 
leurs fibrés musculaires peuvent seulement, les 
roidir et les relacher.! 

Plusieurs espèces ont des appendices semblables 
tout autour du manteau : telles sont les patïelles,, 

2 Pp 


5a4 XIV Leçox. Du toucher. 


les Aalyotides, etc. Parmi les acéphales, la 
plupartont aussi de ces appendices, et même très- 
nombreuses. Dans les espèces où le manteau s’ouvre 
tout entier, il y en a tout autour, et sur-tont vers 
Panus : telles sont les Auitres, les moules, les 
anodontes, etc. Dans celles où le inanteau ne 
s'ouvre que par un tube, les appendices sont 
attachés au pourtour de son orifice #telles sont 
les pénus, les cœurs, etc. Le tube lui - même 
leur fournit un excellent instrument du tact. Les 
bras charnus et ciliés des Zingules et des téré- 
bratules ne sont pas moins propres à cet emploi; 
mais ceux des anatifes doivent être bien inférieurs 
à cause de: leur substance cornée. 


On retrouve aussi des barbillons dans plusieurs 
espèces de vers. Ils paroissent quelquefois formés 
de différentes articulations , comme les antennes 
des insectes; et nous avons vu des nerfs se porter 
dans ceux de l’aphrodite et des néréides. Il n'y 
en a pas dans les Z/ombrics et dans les sangsues ; 
mais ces dernières y suppléent par les deux disques 
qui terminent leurs corps. 


“Les antennes des insectes paroïssent principale- 
ment destinées au sens du toucher. Nous avons : 
indiqué les nerfs qui s’y portent. Les entomolo- 
gistes ont décrit leurs formes, qui sont très-nom- 
breuses ; ils en ont même tiré des caractères pour 
les genres : il seroit donc superflu de s’y arré- 
der ici. La 


Arr. VIL Des parties insensibles. 595 


Quelques larves ont des tentacules rélractiles 
comme celles des limaces. 

Dans celles de-plusieurs espèces de papillons, 
comme le Podalire, le Machaon, V Apollon , 
c’est une branche unique qui sort entre l’occiput 
et le corps, et qui se bifurque à son extrémité 
comme un Ÿ. Cet appendice paroït plutôt un moyen 
de défense contre la piquure des ichneumons 
qu'un organe du toucher : il est enduit d’une li- 
queur amère et odorante. 

Dans le bombyce à queue fourchue (vinula), 
les appendices rétractiles, comme celles des li- 
maces, sont situées au dessus de l’anus à l’extré- 
mité de deux espèces ide cornes charnues. 

Les bras, les aigrettes, les bouquets de plusieurs 
zoophytes, les innombrables tentacules des étoiles, 
des oursins, des actinies , les rameaux compliqués 
des méduses, sont encore d’excellens organes du 
toucher ; mais ils ont été suflisamment décrits par 
les naturalistes. 


ARTICLE VIL 


Des parties insensibles qui munissent les or- 
ganes du toucher , et les préservent contre 
des impressions trop fortes. 


L’ÉPILERME défend la peau, et enipêche le 
contact des corps .extérieurs de devenir doulou- 
reux ; mais il ne sufliroit pas dans toutes les cir- 

Pp 2 


596 XIV® Leçon. Du toucher. 


constances , et la nature l’a armé de diverses 
parties de même nature que lui, mais de formes 
et d’épaisseurs, différentes, qui servent à le ren- 
forcer; ce sont les poils , les plumes , les écailles, 
les ongles et les cornes. 


1°. Des poils. 


Les poils sont des filamens de substance cornée 
qui paroissent spécialement destinés à garnir la 
peau des mammifères. Une de leurs extrémités 
est implantée dans l’épaisseur même du cuir et 
souvent jusques dans le pannicule charnu. Cette 
extrémité est renflée en un bulbe plus ou moins 
gros , renfermé dans une gaïne membraneuse. 
épaisse , qui contient quelquefois une goutelelte 
de sang. Plus le poil est jeune , plus ce follicule 
est gros. Si on vient à le piquer alors , le sang 
qui en sort le fait affaisser , et il devient très-mol. 

Toute la partie du poil ,-qui est au-dehors de 
la peau , se nomme la fige: c'est un cône très- 
alongé , dont l’extrémité libre forme le sommet. 
Le poil croît par sa base : e’est ce qui fait que les 
jeunes animaux les ont’ beaucoup plus fins que 
les vieux, et c’est pour cela que dans les per- 
sonnes auxquelles on les coupe , ils semblent au- 
Eee en nombre , quoiqu'ils n’'augmentent en 
effet qu’en diamètre. 

Les poils, en sortant de la peau, entiginst avec 
eux une petite portion de l’épiderme qui forme à 
leur base une espèce de gaîne. Cette couche se 


Art. VII. Des parties insensibles. 597 


détache petit à petit sous forme d’écailles trans- 
parentes et comme farineuses. 

Les animaux naissent avec les poils de certaines 
parties de leurs corps , plus ou moins développés ; 
d’autres ne se manifestent qu’à une certaine épo- 
que de la vie , ou par suite de leur accrois- 
sement. 

Comme les cheveux et les autres poils de 
l’homme sont très grêles , il est difficile d’en étu- 
dier la structure: mais les soies du sanglier, et 
les moustaches des chats et autres carnassiers, 
peuvent très-bien servir à ces sortes de re- 
cherches. 

Quand on examine à la loupe une soie de san- 
chier, on voit qu’elle est cannelée dans toute sa 
longueur par une vingtaine de sillons , formés 
par autant de filamens , dont la réunion constitue 
la surface du poil. Au milieu de la soie sont deux 
canaux dans lesquels est contenue une humeur 

qu’on a nommée la moëlle : par la dessication les 
filamens du poil se séparent les uns des autres 
en commençant par la pointe, comme on Île voit 
dans les svies des brosses ; alors les cavités mé- 
dullaires sont vidées , on n'y voit plus que quelques 
lames qui s’y croisent en divers sens. 

Les poils de l'élan, du mnusc, du hérisson, 
du tenrec , du porc-épic, etc. ne sont pas tout-à-fait 
semblables : leur surface est recouverte d’une lame 
cornée , dont l'épaisseur varie, sur laquelle on 
observe quelques cannelures. L'intérieur est rempli 


Pp5 


598 XIV® Lecon. Du toucher, 


par une substance spongieuse blanche , et qui paroît 
an premier coup d'œil semblable à la moëlle du 
süreau ( sambucus ). 

La couleur des poils paroît en partie due à 
celle du tissu muqueux; puisque , comme nous 
Vavons dit, dans les animaux dont le pelage est 
pie ou de diverses couleurs , les différentes taches 
que forment les poils indiquent celles de la peau 
qu'ils recouvrent. 

Dans l’espèce humaine même, il y a des rapports 
marqués. Les négres ont néféralenient les cheveux 
noirs ; les individus qui ont les cheveux roux ont sou- 
vent à la peau des taches de son ou de rousseur. 
Ceux qui ont les cheveux noirs ent le teint “plus 
brun que les personnes blondes. 

La couleur des poils réside dans leur substance 
cornée, et non dans leur moëlle , qui est ordinai- 
rement blanche. Cela est sur tout évident dans les 
piquans du porc-épic. Les couleurs varient presqu’à 
Vintini, il y a des poils qui ont des couleurs diffé- 
rentes dans diverses parties de lenr longueur. On 
peut consulter sur cet objet les ouvrages des na- 
turalistes. 

La forme des poils est le plus souvent ronde 
comme dans les cheveux, les crins ; ils sont applatis 
sur la queue de l’Aippopotame et sur le corps du 
tamanotir; onduleux et comme gauffrés dans plu- 
sieurs espèces de ruminans , et plus particulière- 
ment dans le rnusc (moschus moschiferus ). 

Leur surface présente des cannelures en spirale 


Arr. VII. Des parties insensibles.  59g 


dans les mulets ; ils sont fins, longs et soyeux dans 
quelques variétés de chèvres, de chats, etc.; 
ils sont crépus et frisés dans les béliers; ils sont 
roides et dressés dans les cochons, les hérissons, les 
porc-épics, etc. Leur grande épaisseur, dans ces 
deux derniers, leur a fait donner le nom d’épines. 

Dans les animaux domestiques, le climat influe 

beaucoup sur la nature des poils. Dans le nord, 
ils deviennent longs et roïdes, comme on le voit 
au chien de Sibérie , au bélier d'Islande, etc. 
Dans le climat d'Espagne et de la Syrie, ils de- 
viennent touffus , fins, soyeux : tels sont les z2outons 
d’Espagne, les chiens de Malle ou bichons, 
les chèvres, les chats et les lapins d’Angora. 
Dans les pays très-chauds, ils deviennent rares, 
ou se perdent tout-à-fait, comme dans les chiens 
de Guinée, nommés vulgairement chiens turcs, 
et aux zzoutons d'Afrique et des Indes. 
! On a désigné par des noms divers toutes les 
variations que présentent les poils, par rapport 
à la partie qu'ils recouvrent ; et c'est delà que sont 
venus les noms de cheveux, de cils, de sourcils, 
de mnoustaches ,; de barbe, etc. 

Tous les mammifères, à l'exception des cétacés, 
ont des poils plus où moins nombreux : nous allons 
indiquer brièvement leur disposition dans les dif- 
férentes familles. 

L'homme a tont le corps couvert de poils rares, 
mais si fins dans quelques parties, qu’on a beau- 
coup de peine à les apperceyoir. Ceux de la tête 

Pp4 


600 XIV® Lecon. Du toucher. 


et de la barbe sont les plus longs; ceux des 
aisselles et du pubis viennent ensuite; ceux de 
l’intérieur du nez et des oreilles, des cils et des 
sourcils; enfin, ceux des diverses parties du corps. 
Il en a plus sur la poitrine et sur le ventre que 
sur le dos : ce qui est le contraire des autres 
animaux. La paume de la main et la plante du 
pied n’en ont jamais. 


Dans les singes proprement dits, les poils de 


la tête ne sont ordinairement pas plus longs que 
les autres. Ceux qui recouvrent les avant - bras 
sont redressés du côté du coude, au lieu d’être 
dirigés vers la main dans lorang-outang et dans 
quelques autres espèces : ce qui est une ressem- 
blance qu'ils ont avec l’homme. Dans un grand 
nombre de quadrumanes, les fesses sont calleuses 
et entièrement privées de poils. 

Parmi les cheiroptères, dont le poil est court, 
fin et comme velouté, les galéopithèques en ont 
sur la membrane des côtés de la queue et sur 
les oreilles. Le vespertilio lasiurus, Laän., en 
a aussi sur la membrane de la queue. Les autres 


espèces n’en ont que de trés-rares sur les mem- 


branes des ailes, du nez et des oreilles. 

Les hérissons n’ont de ces piquans dont nous 
avons parlé, que sur le dos et la tête. Les poils 
des membres et du dessous du corps sont des soies 
roides. Les {enrecs ressemblent à cet égard aux 
hérissons : quelques espèces ont même des soies 
et des piquans entremélés, 


’ 


Ant. VIT. Des parties insensibles.  Goi 


Dans les taupes et les musaraignes, le poil 
est si court, si fin et si serré , que leur peau est 
aussi douce au toucher que le velours. 

Dans les carnivores , le poil varie beaucoup. 
Dans les espèces à poils fins, comme les 7rartes, 
les zibelines , les hermines , les fouines, etc., 
il y en a de deux sortes : les uns plus près de 
la peau, très - fins, très - serrés et comme entre- 
mélés ; les autres plus longs et plus roides, les 
seuls qui paroissent à la surface : ce sont ces 
deux sortes de poils qui constituent les bonnes 
fourrures. 

Il en est à peu près de même parmi les ron- 
geurs à poils fins. Dans les porc-épics, les pi- 
quans de la tête, du col et du ventre sont plus 
grêles, plus courts et plus flexibles que ceux du 
dos. Sur la queue, il y a une douzaine de poils qui 
ressemblent à des tuyaux de plume, tronqués à 
leur extrémité libre; ils sont fistuleux. Leur autre 
extrémité est pleine ; grêle et très- flexible. Ce 
sont ces tuyaux qui résonnent lorsque Vanimal 
agite sa peau : il paroît même qu'il peut y faire 
entrer son urine, pour la lancer ensuite au loin 
comme avec un goupillon. 

Aucune famille ne présente plus de variétés 
_pour les poils que celle des édentés. 

Dans le tamanoir ( myrmecophaga jubata), 
le poil est large, plat, avec un sillon longitudinal 
sur l’une et l’autre face, en sorte qu’il ressemble à 
une feuille de graminée desséchée, D'autres espèces 


6o2 XIV® Lrcçox. Du toucher. 


de fourmiliers, comme celui à deux doigts, ont 
au contraire une laine trés-fine. Plusieurs ont des 
écailles dures et tranchantes qui sont couchées les 
unes au dessus des autres comme les tuiles d’un 
toit : tel est le cas des pangolins (manis, Län.). 
D'autres ont des piquans, comme le fourmilier 
épineux (echidna). Le genre des tatous(dasypus), 
outre les écailles ou bandes osseuses à comparti- 
mens réguliers qui revêtent leur dos et leur tête, 
ont des poils rares, courts et roides, semblables 
à ceux des éléphans ; mais ces poils. tombent 
avec l’âge. 

Les cochons sont, parmi les pachydermes, 
ceux qui ont le plus de poils: on les nomme sofes ; 
elles sont rares, et souvent fendues à leur extré- 
milé libre. Les autres genres en ont très-peu. 

Nous avons déja indiqué la nature des poils de 
élan et du muse. Les bœufs, les cerfs, les anti- 
lopes, la girafe, ont généralement le poil court. 
Les chameaux ont un poil très-fin et très-doux, sur- : 
tout la vigogne (camelus vicunna ) : tous ont des 
callosités dénuées de poils sur les genoux et sur 
la poitrine. Les chèvres ont le poil long et fin; elles 
ont le menton garni d’une espèce de barbe pointue. 
Les brebis ont un poil long, frisé, crépu, entre- 
mêlé, auquel on a donné le nom de /aine. 

Les solipèdes ont généralement lès poils eourts 
comme les ruminans. On a donné plus particu- 
lièrement le nom de crins à ceux du eol et de la 
queue, qui sont beaucoup plus longs. 


ArT. VIT. Des parties insensibles. 605 


Les amphibies ont le poil court, roide et très- 
serré. 

Nous avons déja dit que les cétacés en Sont 
totalement privés. 

Les poils de tous ces animaux, quelque soit la 
forme qu’ils affectent , laines, soies, épines, pi- 
quans, écailles , etc., donnent par l’analyse chi- 
mique à peu près les mêmes résultats. Soumis à 
J'action du feu et à l’air libre, ils se fondent ou 
se liquéfient d’abord en se boursouflani ; ils donnent 
ensuite une flamme blanche et se réduisent en 
charbon noir , très-difficile*à incimérer. , 

Traités par la distillation à feu nu, on en retire 
une liqueur rougeatre , qui contient du prussiate 
d’ammoniaque et un autre sel à base d’ammo- 
niaque, combinée avec un acide animal parti- 
culier, que Berthollet a nommé zoonate d’am- 
moniaque. Le charbon qui reste au fond de la 
cornue est léger ; il contient du carbone et du 
phosphate de chaux. 

: Les poils ne se dissolvent pas entièrement dans 
l’eau bouillante ; maïs il-s’en détache une matière 
mucilagineuse qui est la moëlle : ils sont entiè- 
ment solubles dans les alcalis caustiques et dans 
quelques acides. 


. 2°. Des plumes. 


Elles sont propres aux oiseaux, comme les poils 
aux mammifères, les écailles aux reptiles et aux 
poissons. ] 


604 XIV® Lecow. Du toucher. 


Avant de faire connoître les formes et les nom- 
breuses variétés auxquelles les plumes sont sujettes, 
nous croyons utile de parler de leur structure ; 
et, pour en donner une idée plus nette, nous 
allons indiquer de quelle manière elles se déve- 
loppent. 

Lorsque le petit oiseau sort de l’œuf, et pen- 
dant les premiers jours de sa naïssance, il est 
recouvert de poils plus ou moins serrés, excepté 
_ sur la région du ventre. Ces poils, qui varient 
en couleur et en épaisseur, sortent de la peau 
par faisceaux de dix à douze. Ils-sont implantés 
dans un bulbe ou follicule qui paroît contenir le 
rudiment ou la gaîne de la plume. En effet, quand, 
au bout de quelques jours, la plume se manifeste 
au dehors sous l’apparence d’un tuyau noirûtre, 
on voit que le faisceau commun des poils est ad- 
hérent à son sommet, et que même il pénètre 
dans l’intérieur de la gaine. 

À mesure que la plume croît et se développe, 
le poil tombe. Dans quelques familles, comme 
celle des oiseaux de proie, il reste long - temps 
adhérent à son extrémité, sous la forme d’une 
espèce de duvet. 

Les oiseaux n’ont de poils qu’à cette seule époque 
de leur vie; car lorsque, par la suite, les plumes 
croissent de nouveau, comme dans le temps de 
la mue, il n’y a pas d'apparence de poils. 

Nous avons dit que la gaine, de la plume se 
manifestoit quelques jours après que l’oiseau étoit 


ART. VII. Des parties insensibles.  6o5 


sorti de l’œuf : ce sont les pennes ou ggandes 
plumes des ailes et de la queue qui se manifestent 
les premières ; puis les couvertures, ét enfin les 
petites plumes du corps. 

Cette gaine est un tube fermé de toutes parts, 
excepté à son extrémité implantée dans la peau. 
On y remarque un petit trou, ou ombilic, par 
lequel les vaisseaux sanguins pénètrent dans la 
cavité du tube : aussi, lorsqu'on l’arrache, produit- 
on une-petite hémorrhagie. 

Lorsque la gaine est sortie de la peau, elle se 
fend par l’action desséchante de l’air et par la 
force expansive des parties contenues. Il s’y fait 
une déchirure longitudinale, et l’on en voit sortir 
l’extrémité de la tige de la plume. Plus celle- ci 
croit, plus la gaine se déchire, et ses tuniques 
desséchées se détachent sous formes d'écailles 
légères et pellucides. 

Si, dans ce période, on ouvre ce tuyau suivant 
sa longueur , on observe qu’il est formé de couches 
nombreuses et cylindriques d’une matière cornée 
et transparente , et qu'il renferme un cylindre 
d'une matière gélatineuse, dans laquelle rampent 
des vaisseaux sanguins. 

Le sommet de ce cylindre gélatineux est co- 
nique et plus dur que le reste; il est enveloppé 
d’une couche de matière noire, qui est le premier 
rudiment des barbes de la plume. 

L’accroissement de ce cylindre gélatineux se 
fait en longueur. La partie conique, qui en fait 


606 XIV Leçon. Du toucher. 


le sommet, sort de la gaîne, et fait sortir avec 
elle cette couche de matière noire, qui se fend 
en se desséchant, et forme les premières barbes. 
La tige de la plume s’alonge et se durcit en même 
temps. À peine le premier cône est:il sorti de la 
gaine , qu'il s’en forme un second qui en sort à 
son tour, en développant de nouvelles barbes, 
et en donnant un nouvel accroissement à la tige, 
mais toujours par sa base. Enfin, lorsque la tige 
et toutes ses barbes sont sorties de la gaïne, l’in- 
térieur detcelle-ci se dessèche, et on n’y voit plus 
que des cônes membraneux enfilés les uns dans 
les autres, qui sont semblables à ceux dont le dé- 
veloppement avoit poussé les barbes au dehors, 
et qu'on nomme lame de la plume. | 
Lorsque la plume a pris tout son accroissement, 
son tuyau ou sa portion tubuleuse se solidifie et 
fait continuité avec la tige, dont il contenoit au- 
paravant le germe: c’est un cylindre qui joint la 
force et l’élasticité à la légèreté spécifique. La 
matière sèche et vésiculeusé qu’on y remarque 
est le résidu ou la trace du gros canal charnu, qui 
existoit dans un âge moins avancé : c’est une sorte 
de corps caverneux, composé de plusieurs petits 
godets à la suite les uns des autres. Plus ces godets 
s’approchent de la tige, plus ils s’alongent : ils 
deviennent alors semblables à de petits entonnoirs 
plus où moins alongés selon les espèces , et qui 
sont emboîtés les uns dans les autres. Le dernier 
de ces godets se partage en deux: l’un qui passe 


Art. VI. Des parties insensibles. 607. 


au dehors de la ligne dans le sillon longitudinal 
qu’on y remarque; l’autre, qui pénètre dans l’in- 
térieur même de la tige. 

La tige de la plume fait la continuité du tube, 


C’est un cône plus ou moins alongé , convexe sur 
une face, plat et sillonné sur l’autre, sur les parties 


latérales duquel s’attachent les barbes. Toute la 


superficie de la tige est recouverte par la matière 


cornée, qui semble provenir du tube. Son inté- 


rieur est rempli par une substance spongieuse 
blanche, très-légère, d’une nature particulière , 
semblable à celle qu’on trouve dans les piquans 
du porc-épic. 


Les barbes sont de petites lames de substance 
cornée , qui sont implantées sur les côtés de la tige. 
Elles sont appliquées dans toute leur longueur les 


“unes contre les autres comme les feuillets d’un 


livre , tantôt d’une manière très-serrée , comme 
dans les plumes d’oie ou de cygne, tantôt d’une 
manière lâche, comme dans les plumes du crou- 
pion du paon. 


Ces barbes sont elles-mêmes des tiges sur les 
bords desquelles sont implantés une infinité de 
poils, tantôt lâches et isolés les uns des autres , 


tantôt composés et subdivisés eux-mêmes , mais le 


plus souvent si fins et si serrés , qu’on ne peut les 
appercevoir qu’à, l’aide de la loupe. C’est par 
ces poils ou ces barbules, que les barbes de 


la plume sattachent les unes aux autres d’une 


608 XIV® Lecon. Du toucher. 
manière si intime, qu'elles s’opposent au passage 
de l’air. 

lelle est l’organisation générale des plumes. 
Voyons maintenant les varietés qu’elles offrent. 

Tous les oiseaux changent de plumes au moins 
une fois l’année : l’ancienne plume est chassée 
par une nouvelle , qui obstrue les vaisseaux des- 
tinés à sa nourriture. Toutes les plumes ne tom- 
bent pas à la fois. La mue a lieu, pour le plus 
grand nombre, aux époques de la ponte. 

On a donné des noms divers aux plumes, sui- 
vant les régions qu’elles occupent ; elles sont dis- 
posées en quinconce sur le corps ; il n’y en a ja- 
mais sur les lignes latérales du col et de la poi- 
trine , ainsi que sur la région de l’ombilic. On a 
donné le nom de pennes aux grandes plumes des 
ailes et de la queue. Celles qui sont implantées sur 
l’avant-bras , ont été nommées secondaires. Leur 
nombre varie beaucoup ; mais il est constamment 
de dix pour celles qui sont attachées sur les os 
. du métacarpe et des doigts qu’on appelle pennes 
primaires. 

Nous allons donner quelques exemples des princi- 
pales variétés des plumes , abstraction faite decelles 
des couleurs, qui sont si vives et si nombreuses ; que 
nous manquerions d'expressions pour les décrire. 

On pourroitnommer plumes sans barbules;'toutes 
celles du casoar; les pennes des ‘ailes de cet oiseau 
sont seulement au nombre dé cinq , ét semblables 
à des piquans de porc-épic. ‘Les autres plumes 


Lé 


ART. VII. Des parties insensibles.  60y 


du corps ont deux tiges dans un même tuyau ; 
et leurs barbes sont espacées, longues et sans bar- 
bules ; elles ressemblent à des crins. 

Les plumes qui forment l’aigrette du paon 
m'ont pas de barbules dans leur partie moyenne 
et inférieure. Celles qui forment l’aigrette de l’oi- 
seau royal ardea pavonina ), sont torses en 
spirales sur. elles-mêmes , et leurs barbes ne sont 
que des poils fins. Celles ‘de la huppe de l’aigrette 
(ardea garzetta Lin), appartiennent aussi à cette 
division. Dans le dindon mâle , il y a un bouquet 
de poils à la base du col, qu’on peut regarder 
comme des plumes sans barbes, etc. 

:Nous appellerons plumes läches , celles dont 
les barbules quoique très-visibles et souvent très- 
longues , sont trop espacées pour pouvoir s’accro- 
cher les unes aux autres. T'elles sont celles des 
hypocondres de l’oiseau de paradis , du croupion 
du paon mâle, des cuisses du jabiru et de 
l'oiseau royal, celles du corps dans les tou-, 
cans, celles qui forment le pourtour des oreilles 
dans la chouette, etc. 

Le nom de plumes flottantes conviendroit tres- 
bien à celles dont les barbes , quoique pourvues de 
barbules , ne s’accrochent point et demeurent flexi- 
bles. Telles sont celles de la queue de lPau- 
truche. 

Les oiseaux de proie nocturnes , ont des plu- 
mes douces et les barbes couvertes d’un duvet 
long et soyeux, qui fait qu’à peine entend-on ces 


2 Q q 


610 XIV® Leçon. Du toucher. 


oiseaux voler. On poureeÿ les appeller plumes 
.duvetées. 

D'autres oiseaux ont les plumes du M garnies 
de barbes si fines et si luisantes , qu’on pourroit 
les nommer soyeuses ; telles sont celles du bou- 
vreuil, du piauhau$ ( muscicapa rubricollis), 
du tangara septicolor , du pélican blanc ; celles 
de laiète du manaquin à téte rouge , du momoë 
(ramphastos momota. ) 

Nous nommerons satinées les plumes dont les 
barbes serrées portent des barbules longues , fines 
conne de la soie et couchées sur leur surface 
de manière à imiter le satin ; telles sont celles du 
croupion dans le nerle ‘doré, les plumes de la 
queue de la pie, celles du col dans le canard 
commun , etc: 

Nous appellerons zzrétailiques es plumes dus 
les barbes brillent de couleurs qui semblent pro- 
venir de métaux polis. Telles sont. celles de plu- 

sieurs colibris , du jacamar , du .couroucou, du 
paon mâle ; du sijilet, etc. Cet éclat vient de ce 
que les barbes en sont larges et présentent une 
surface lisse à l’œil. 

Nous désignerons par le nom de gemmacées, 
toutes les petites plumes dont les barbes terminent 
la tige par des demi-cercles embriqués les uns 
sur les autres comme des écailles de poisson: 
Pélles sont celles de la tête et de la gorge du rubis 
topaze ; de la tête et du ventre de l'oiseau 7104- 
che émeraude améthiste. Elles ont un éclat su- 


: 

Akr. VIL Des parties insensibles. Gas 
périeur à celui des précédentes, et qui imite les 
pierres précieuses. Il est dû à l’extrêème densité 
de leurs barhes , et au poli de leurs surfaces. 

Enfin nous ferons un ordre des plumes ordi- 
Haires , comme celles des poules, des pigeons, 
des rolliers , des corbeaux , etc. etc. 

Tous les oiseaux ont des plumes sur quelques 
parties de leur corps ; plusieurs espèces en ont 
même jusque sur les doigts , telles sontles chouettes, 
quelques variétés de poules , de pigeons ; d’au- 
tres en sont privés sur certaines parlies de leur 
corps , comme les vautours, les dindons sur la 
tête ; d’autres sur les jambes , comme l’autruche, 
les échassiers, etc. quelques-uns même sur les 
ailes, comme les manchots. 

Les recherches chimiques sur la composition 
des plumes , ont prouyé qu’elles ont la plus grande 
analogie avec les poils ; on en obtient les mêmes 
produits par les mêmes moyens ; elles contien- 
nent cependant moins de matière mucilagineuse. 


3°. Des cornes. 


Ce sont des prolongemens de substance cornée j 
qui se développent sur la tête de certaines espèces 
de mammifères , principalement dans la famille 
des ruminans , et sur plusieurs autres parties des 
animaux, ‘ 

* Nous avons déja décrit le développement des 
bois ou des cornes caduques, dans Particle secund 
de notre deuxième leçon , eu traitant de l’ostéo- 


Qa 2 


612 XIV® Lecox. Du toucher. 


génie. Ici nous allons nous occuper des cornes à 
chevilles osseuses qui prennent de l’accroissement 
par leur base, et qui par leur nature ont beau- 
coup de rapport avec les tégumens. 

Au troisième mois de la conception , lorsque le 
fœtus de la vache est encore contenu dans les 
enveloppes ; l’os frontal cartilagineux ne présente 
aucun indice des cornes qu’il doit porter par la 
suite ; vers le septième mois , l’os devenu en partie 
osseux présente dans ses deux portions un petit 
tubercule , qui paroît produit par le soulevement 
des lames osseuses ; bientôt après , ces tumeurs os- 
seuses se manifestent au-dehors ; elles soulèvent la 
peau qui devient même calleuse en cet endroit: plus 
la tumeur va croissant , plus la callosité durcit ; 
elle devient enfin cornée en s’alongeant ; c’est 
une sorle de gaîne , qui recouvre extérieurement 
le prolongement osseux de Pos frontal. Entre cette 
gaine et los sont des ramifications nombreuses de 
vaisseaux sanguins destinés à la nourriture de la 
partie osseuse. 

Les cornes ne sont donc qué des gaines d’une 
substance solide , dure , élastique et insensible, 
qui protégent le prolongement osseux de l’os du 
front. Ces gaines sont en général de figure co- 
nique, plus large par leur base, extrémité par 
laquelle elles prennent leur accroissement. Elles 
ont différentes courbures suivant les espèces. Les 
naturalistes les ont fait connoître. Elles présentent 
aussi différentes cannelures ou sillons transyerses 


Art. VII Des parties insensibles. 613 
qui dépendent de l’âge de l’animal, et qui le dé- 
notent d’une manière centaine , suivant les espèces. 

La texture des cornes paroïît avoir béaucoup 
de rapport dans les genres chèvre, brébis, an- 
tilope et bœuf ;'ce sont des fibres d’une substance 
analogue à celle des poils qui paroissent aglutinés 
d’une manière très-solide. Dans les deux premiers 
genres ces fibres sont courtes et se recouvrent par 
lits superposés comme les tuiles d’un toit. Dans les 
deux autres elles sont plus longues , plus serrées , 
et forment des cornets plus alongés, enchassés les 
uns dans les autres. 

Les rhinocéros ont des cornes qui paroïssent 
s’éloigner un peu de celles des ruminans; car elles 
n’ont pas de chevilles osseuses | et ne sont pas 
situées sur les os frontaux , maïs sur ceux du nez. 
Cependant ces prolongemens sont formés de la 
même substance. On reconnoît même plus distinc- 
tement dans celles-ci les fibres analogues aux poils 
dont elles paroissent composées. En effet la base 
de ces cornes présente à l’extérieur une infinité 
de poils roides qui semblent se séparer de la masse, 
et qui rendent cette surtace rude au toucher comme 
une brosse. Quand on scie cette corne transversa- 
lement et qu’on l’examine à la loupe , on distingue 
une änfinité de pores qui semblent indiquer les 
intervalles qui résultent de la réunion des poils 
aglutinés. Si c’est sur sa longueur que la corne 
est divisée; des sillons nombreux , longitudinaux 
et parallèles, démontrent encore cette structure. 


Qgq 5 


614 XIV® Lecox. Du toucher. 


Cette espèce de corne ne tient qu’a la peau. Celles 
du rhinocéros bicorne paraissent même être tou- 
jours plus ou moins mobiles; et lorsqu'elle est 
fixe, comme dans l’unicorne , il y a une mucosité 
épaisse , interposée entre sa base et l’os sur lequel 
elle est attachée. 

La couleur des cornes dépend , comme dans les 
poils, de celle du tissu muqueux. Leur analyse 
chimique donne des produits semblables. La cha- 
leur les ramollit et les fond même. C’est le moyen 
employé dans les arts pour les faire servir à diffé- 
rens usages. 

Ii résulte de cet examien des cornes qu’elles 
différent essentiellement des prolongemens osseux 
qu'onnomme bois dans le genre des cerfs. Ceux- 
ci croissent par leur extrémité libre ; ils sont re- 
couverts par la peau pendant le temps de leur 
croissance ; ils tombent et se reproduisent à une 
certaine époque de l’année. Les autres croissent 
par ieur base ; elles ne sont pas recouvertes de la 
peau ; elles sont permanentes. 

On retrouve plusieurs autres parties cornées dans 
les animaux. Telles sont les protubérances de la 
tête dans les calaos , la peintade., le casoar, etc: 
Ce sont des lames de substance cornée qui revé- 
tent des sinus osseux dont nous avons déja parlé , 
ou dont nous traiterons par la suite en faisant 
connoître les organes auxquels ils sont destinés. Il 
en sera de même de la corne qui recouvre les 
machoires des oiseaux et de plusieurs reptiles ; 


ArT. VIT. Des parties insensibles. 615 


des aïguillons de laile et des ergots des tarses. Au 

reste la forme de ces parties est plus du ressort 
. dé la zoologie ordinaire que de celui de l’ana- 
tomie. 


4°. Des ongles. 


On nomme ainsi les prolongemens cornés ‘qui 
arment et protègent l'extrémité des doigts dans les 
mammifères , les oiseaux et les reptiles. Ils sont, 
le plus souvent, en même nombre que les doigts 
et leur forme , ainsi que nous l’avons indiqué dans 
l’article de la division des extrémités, paroît dé2 
pendre de celle de la dernière phalange. ‘Ils sont ; 
pour aïnsi dire , à ces phalanges., ce que les cornes 
creuses sont aux proéminences du frontal qu’elles 
revétent. 

Les ongles sont comme. enchassés dans une 
duplicature de la peau. On nomme racine la 
partie qui est recouverte par la peäu. C’est par 
cette portion qu'ils acquiérent leur accroïssement 
absolument comme les poils ; mais ils s’asent à l’ex- 
trémité opposée par le frottement sur’le sol et par 
les autres usages auxquels l'animal les emploie. 
Aussi leur voit-on prendre un accroissement ex- 
cessif dans les animaux qu’on tient en captivité, 
en leur- laissant peu de mouvemens. 

Il n’y a de sensible dans l’ongle que la partie” 
qui adhère à la peau. Celle qui est hbre petit être 
coupée ou déchirée sans c:casionner aucune dou- 
leur. 


Q aq # 


616 XIV Leçon. Du toucher. th} c 


La couleur dépend de celle du tissu muqueux , 
ainsi que nous l'avons déja dit. : - | 

Dans l’homme les ongles se manifestent dès le 
troisième mois de la conception. Le développe- 
ment a lieu à peu près de même que dans la corne 
- à cheville osseuse que nous avons déja décrite. Ce 
ñe sont d’abord que des espèces de cartilages ‘qui 
prennent de plus en plus la consistance nécessaire. 
Presque tous les animaux naïssent ainsi avec leurs 
ongles plus ou moins développés. 

Les ongles de l’homme et de la plupart des on- 
guiculés paroissent formés de couches superposées , 
extrémement minces. Les lames antérieures: sont 
plus longues que celles de la face. inférieure: De 
sorte qu'à leur surface on ne s’apperçoit pas: de 
ceite sorte d’imbrication ; mais dans les maladies; 
et par une coupe transversale de l’ongle, lorsqu'il 
est bien desséché , cette structure devient mani- 
feste.. Souvent on voit, à la superficie de V’ongle, 
des stries ou côtes parallèles , très-fines et longitu- 
dinales, qui paroissent dues à là manière dont cette 
partie s’est moulée sur les papilles qu’elle recouvre. 

Les ongles semblent destinés à protéger l’extré- 
mité des doigis. Ils manquent généralement aux 
doigts que :les animaux n’emploient ni pour mar- 
cher ni pour saisir. Nous en avons des exemples 
dans les chauve-souris, dans les ailes des oiseaux, 
à l'exception de quelques espèces des genres £a- 
nichi (palamedea) vanneau, pluvier et jacane , 
dans les nageoires de plusieurs tortues, et les pattes 


ART. VII. Des parties insensibles. 617 


de quelques autres reptiles aquatiques, comme les 
grenouilles , les salamandres , etc. Enfin dans les 
membres ou nageoires de poissons. 

, Les oiseaux n’ont généralement d’ongles qu’aux 
doigts des pieds de derrière: ils sont forts et sem- 
blables à ceux des carnassiers, dans les oiseaux 
de proie; plats dans les palmipèdes; grèles , 
pointus et trés-alongés sur le doigt postérieur des 
alouettes et des jacanas. ( Parra. Lin.) 

L’ongle est dentelé sur l’un de ses côtés dans le 
doigt du milieu des engoulevents ( ni hossaiee lot 
Lin. ), et des hérons. 

- IL y à un ongle surnuméraire ou à cheville 
osseuse, une sorte de corne sur les tarses du plus 
grand nombre des gallinacées. On lenommeépéron 
ou ergot. Le paon dela Chine ( pavo:bicalca- 
ratus ) en a deux. Ils deviennent fort longs dans 
le cog. On fait même l'expérience curieuse de 
couper cet ergot lorsqu'on chapone les poulets 
pour le fixer à la place de la crête. Il prend là de 
nonveau racine , et acquiert un très-grand accrois- 
sement. 

‘Les .ongles n’offrent aucune particularité dans 
les reptiles. 

L’analyse des ongles a donné aux chimistes à peu 
prés les mêmes résultats que celle, des poils et des 
plumes, parlies avec lesquelles ils ont beaucoup 
de rapport , et parle mode de développement et 
par Ja structure. 

+ Les sabots: diffèrent des ongles ; parce qu'ils 


618 XIV® Leçon. Du toucher. 


envelopent la :phalange en dessous comme. en 
dessus , et qu'ils ne sont ni pointus ni tranchans, 
mais que la rencontre de leurs deux surfaces forme 
un contour arrondi et mousse. 

Leur intérieur est remarquable par les sillons 
profonds et réguliers, qui reçoivent des lames sail- 
lantes de la phalange , et qu’on ne voit point dans 
ies ongles proprement dits. C’est sur-toût dans le 
rhinocéros et dans l'éléphant que ces sillons sont 
remarquables. Ils sont aussi très-forts dans le che- 
val, mais moins dans les ruminans. 

Entre l’ongle et la phalange est toujours une 
couche de matière muqueuse ; et dans la partie 
inférieure du sabot, il y a une substance molle et 
abondante en nerfs ; qui donne à cette partie une 
sorte de sensibilité. w 


. Des écailles. 


Ce sont des lames ou petites plaques de subs- 
tance soit cornée ; soit osseuse, qui recouvrent cer- 
taines parties du corps des animaux à vertèbres. 

Les écailles ont, avec les poils ; les plumes, les 
cornes et les ongles les plus grands rapports para 
manière dont elles se développent , leur usage et 
leur analyse chimique. 

La plupart des écailles pourraient être: aphuléu 
des cornes excessivement plates , comme tes poils 
des cornes excessivement gréles:.:, OR Lx < 

Presque tous les reptiles et le plus grand satibe 
des poissons sont entièrement recouverts d'écailles. 


Arr. VII. Des parties insensibles. 619 


Parmi les mammifères on n’en remarque que sur 
quelques parties du corps dans un petit nombre 
d'espèces , et dans les oiseaux il n’y en a le plus 
souvent que sur les pattes. 

Nous désignons ici, par le nom d’écarlles , des 
parties fort différentes entre elles ; mais jusqu'ici 
on a compris sous celle dénomination toutes celles 
que nous allons faire connoître d’une maniére gé- 
nérale, en les étudiant dans les quatre classes d’ani- 
maux vertébrés. : 

Celles des pangolins et des phatagins sont des 
espèces d’ongles plats , leur substance est cornée. 
Elles sont épaisses , libres dans leur tiers antérieur, 
taillées en biseau et tranchantes ; adhérentes à la 
peau par le reste de leur étendue , extérieurement 
cannelées dans leur longueur , sur-tout dans le 
phatagin où elles se terminent ordinairement par 
trois pointes, sillonnées transversalement du côté 
qui regarde la peau , et paroissant formées de 
lames qui se recouvrent comme g tuiles d’un 
toit. | 

Dans les tatous les écailles sont de petits com: 
partimens d’une substance calcaire reconverte d’un 
épidérme épais, lisse et comme vernissé. 

Dans le castor les écailles. qui recouvrent la 
queue sont semblables à celles des paites des 
oiseaux. | 

Ilen est de même de celles de la queue dans 
les rats, les sarigues , et dans plusieurs autres 
animaux à queue préhensile, r, D Q 


# 


620 XIV®. Leçon. Du toucher. 


Les écailles des pattes d’oîseaux sont des lames 
minces de substance cornée. 

Les espèces d’écailles qui recouvrent les ailes 
des r#2anchots ne sont que des plumes très-conrtes, 
dont les barbes sont collées à l’épiderme. 

: Parmi les reptiles, les écailles varient beaucoup 
suivant les genres. Ainsi, dans les tortues , ce 
sont des plaques d’une substance cornée , tantôt 
très- denses et très-dures , comme dans le plus grand 
nombre ; tantot molles et flexibles, comme dans 
l'espèce nommée matarnata , et plusieurs autres. 
Quelquefois ces écailles se recouvrent comme les 
tuiles d’un toit, comme dans le caret: alors elles 
sont lisses où cannelées longitudinalement. Quel-: 
quefois elles forment des compartimens de figures 
diverses : alors elles sont plus ou moins bombées, 
‘entourées de sillons ou de cannelures concentriques,, 
au milieu desquels sont des pointsrugueux, saillans, 
mousses, comme dans les espèces nommées: géo- 
métrique , grecque , etc. 

Dans le Mode. les écailles sont osseuses, 
disposées par bandes, comme dans les fatous ; 
elles sont embriquées , comme dans quelques pois- 
sons ; elles portent une arête ôu ligne saillante 
sur leur longueur. à 

Dans le: plus grand, nombre des Zézards et dé 
serpens , les écailles ne sont que de petites plaques 
ou compartimèens de là peau ;.entre lesquelles s’en- 
fonce etse moule l’épiderme. Les scinques et les 
orvets ont de véritables écailles; quise recouvrent 


Art. VIL Des parties insensibles. 621 


comme des tuiles, à la mamière de celles des. 
poissons. 

Dans cette dernière classe, on désigne , sous 
le nom d’écailles, toutes les plaques solides dont 
la peau est recouverte ; mais la nature de ces 
parties insensibles, leur structure, leur usage, 
obligent de les considérer plus en détail. 

Nous nommons écailles des plaques cornées, 
minces , embriquées comme les cottes de mailles, 
ordinairement taillées en croissant dans leur extré- 
mité libre, comme dans les carpes , le bro- 
chet, etc. Ces plaques présentent le plus ordi- 
nairement des lignes longitudinales rudes au tou- 
cher ; elles sont colorées dans leur tiers externe ! 
par l’enduit du tissu muqueux. Celles qui se trouvent 
au dessus de la ligne latérale ont ordinairement 
un sillon longitudinal tracé sur la face qui regarde 
le corps. Quelquefois elles sont percées d’un trou 
oblique , par lequel passe un canal membraneux. 
Ces écailles sont couvertes de pointes rudes dans 
les balistes ; elles sont dentelées très-finement sur 
leurs bords, dans la so/e ( pleuronectes solea ); 
elles sont très-petites dans les anguilles, où l’on 
ne peut les appercevoir que lorsque la peau est 
desséchée ; mais elles acquièrent jusqu’à sept cen= 
timétres de longueur dans une espèce de sparé, 
nommée la grande écaille. C’est sur-tout dans ce 
poisson qu'il est facile d’en observer la structure. 
On y voit, outre les lignes longitudinales, ou 
plutôt rayonnantes, dont nous avons parlé, des 


Tr 


622 XIV® Lecon. Du toucher. 

stries concentriques qui semblent indiquer que 
celte partie croît en tous sens par l’addition de 
nouvelles couches, comme les cornes et les ongles. 


On pourroit nommer écussons osseux des plaques 
de substance calcaire , qui sont retenues dans l'é- 
paisseur de la peau. Dans les coffres ( ostra- 
cion ), etc., ce sont de petits compartimens de 
figure régulière, disposés par ordre comme des 
mosaiques. Dans l’esiurgeon, ces plaques sont 
de formes diverses , excavées extérieurement par 
des trous nombreux, et portant une arête saillante 
et longitudinale. Dans le turbot ( pleuronectes 
maxinmus ), ces écussons sont petits, en forme 
de trochisques. Dans le brochet caiman ( esox 
osseus ), les plaques sont rhomboïdales, recou- 
vertes d’un épiderme serré et luisant. 


Dans la raie bouclée, les boucles ou aiguillons 
sont des pointes recourbées , de substance osseuse 
et transparente. La base de cet aiguillon est blanche, 
opaque, creuse intérieurement , portant l’empreinte 
des fibres musculaires sur lesquelles elle est im- 
plantée. 

Ces aiguillons sont à peu près semblables dans 
plusieurs espèces de diodon et autres; mais ils 
n’ont pas de base ronde et creuse comme dans 
la raie. 

Dans l'espèce de sguale nommée par Linné 
acanthias, les écailles ou les prolongemens qui 
en tiennent lieu sont de petites lames hérissées, 


Arr. VII. Des parties insensibles. 62% 


applaties , recourbées , figurées en feuilles de 
myrthe, avec une arête moyenne et longitudi- 
nale. 


Dans d’autres espèces du même genre, comme 
la roussette ; dans la theutie, le rémora ; etc., 
la peau est recouverte de petits tubercules extré- 
mement durs, trésrapprochés les uns des autres, 
rudes au toucher , auxquels le nom d’écailles ne 
peut pas convenir. 


Ces écailles sont recouvertes dans les poissons, 
ainsi que dans toutes les autres classes, par l’épi- 
derme , qui est plus ou moins épais, plus ou 
moins mou, selon les espèces. C’est cet épiderme 
seul que les serpens perdent lors de la mue. Les 
écailles qui sont dessous restent adhérentes à la 
peau. Il paroiït que les poils, ies cornes et les 
ongles se forment aussi sous lPépiderme ; et que 
lorsqu'on n’en trouve plus sur cés parties, c’est 
qu'il a été desséché et usé par le frottement. 


Toutes ces parties insensibles sont dépourvues 
de nerfs et de vaisseaux, à moins qu’elles ne 
recouvrent des cavités qui en contiennent, comme 
c'est le cas des plumes, des boucles de la raie, etc. 


Elles croissent comme l’épiderme par l’addition 
de nouvelles lames qui transsudent de la peau, 
et qui s’attachent sous ou dans celles qui les pré- 
cédoient. 


Go24 XIV® Lecon. Du toucher. 


6°. Des parties insensibles dans les animaux 
sans vertèbres. 


I1 nous reste trés-peu de chose à dire sur ces 
parties, puisque, dans ces animaux, la peau que 
nous avons déja décrite est dure et insensible dans 
le plus grand nombre. 

Dans l’article second de la deuxieme leçon, 
nous avons fait connoître la manière dont la coquille 
se développe. Nous avons donné de même dans 
celle-ci, à l’article de la peau, quelques apperçus 
sur la couleur de ce test calcaire dans les mol- 
lusques et les crustacés. 

La substance cornée, qui sert d’os et de peau 
au plus grand nombre des insectes parfaits, a été 
aussi décrite : il ne nous reste donc à traiter ici 
que des poils. 

Ces parties paroissent être une continuité de 
l’épiderme, car ils tombent avec la surpeau dans 
la mue; et il en paroïît d’autres aussitôt, qui sont 
même plus longs que les premiers. 

Les écailles des ailes et du corps, dans les lé- 
pidoptères et quelques autres ordres d'insectes”, 
sont de petites plaques cornées, colorées diverse- 
sement, implantées sur la peau, et se recouvrant 
comme les tuiles d’un toit. ; 

Les plumes des ptérophores, de quelques pa- 
pillons et Aespéries à queue ne sont que des 
prolongemens ou des laciniures des ailes, garnies 
de poils longs sur les côtés. 


ArT. VII. Des parties insensibles. 625 


Beaucoup d’animaux de la classe des vers ont 
le, corps revêtu de faisceaux de poils , tantôt 
roides et rétractiles , servant comme de pattes, 
tels que nous les avons décrits dans les zérétdes, 
les amphinomes, les lombrics, ete. Dans l’aphro- 
dite, outre les poils roides qui servent à la pro- 
gression, il y en a une infinité d’autres , longs 
et flexibles, couleur d’aigue-marine changeante, 
avec un reflet métallique, et une espèce d’étoupe 
ou de feutre qui recouvre les branchies, et au 
travers duquel l’eau se tamise. 

Nous renvoyons à l’article VIII de la VI*.1leçon 
pour les parties insensibles des zoophytes. 


QUINZIÈME LEÇON. 


Des organes de l’odorat et du goÂt. 


Lx goût et l’odorat tiennent de plus près au 
toucher que les deux autres sens ; ils semblent 
même n'être que des touchers plus exaltés, qui 
perçoivent jnsqu'aux diflérences des petites mo- 
lécules des corps dissous dans les liquides ou dans 
l'atmosphère. Leurs organes sont au fond les 
mêmes que. celui qui sert au toucher ordinaire x 
et n’en diffèrent que par un plus grand déve- 
loppement de la partie nerveuse , et plus de fi- 
nesse et de mollesse dans les autres parties : ce 
sont de véritables prolongemens de la peau, dans 
lesquels on peut en suivre toutes les couches : 
l’épiderme , le corps muqueux, le corps papil- 
laire, le derme et le tissu cellulaire s’y retrouvent. 
s. R de certains animaux est même revêtue 
de substances insensibles , comme d’écailles , 
d’épines, de dents, etc. Nous allons examiner ces 
deux organes, comme nous l’avons fait pour les 
autres, dans leurs parties essentielles , et dans celles 
qui ne servent qu’à en augmenter ou en diminuer 
la force et l’étendue. 


AnT. I. Du sens et de ses organes. 627 


SECTION PREMIÈRE. 
Des organes de l’odorat. 
ARTICLE PREMIER. 
Du sens Le de ses organes en ares 


DE toutes les substances qui agissent sur nos 
sens, celles qui produisent la sensation de l’odorat 
sont les moins connues, quoique leur impression 
sur notre économie soit peut-être la plus profonde 
et la plus vive. 

En général , nous sayons que cette sensation 
est due à des parties volatiles, dissoutes ou na- 
geantes dans l’atmosphère , et portées dans nos 
narines avec l’air où elles sont répandues. 

Il y a des corps toujours odorans, parce que 
tout ou partie de leur substance est volatile, et 
s’exhalé sans cesse; d’autres le deviennent dans 
certaines circonstances , lorsqu'un des principes, 
qui est volatil par lui-même, maïs qui étoit retenu 
par son affinité avec les autres, en est dégagé 
par quelque nouveau corps survenant, comme 
les seis qui contiennent de l’ammoniaque , lors- 
qu’un acide supérieur vient à l’en chasser ; ou 
lorsqu'il s’y unit quelque corps extérieur propre 
à former avec eux un composé volatil , comme 
l'acide muriatique, lorsqu'il se change en acide 
K:r72 


628 XV° Lecow. [I"° Section. De l’odorat. 


muriatique oxigéné par l'accession de nouvel 
oxigène; ou enfin, lorsque quelque partie qui 
Ôôtoit au corps dans lequel elle entroit sa vola- 
tibilité, en est enlevée, comme l’acide nitrique, 
lorsqu'il se change en nitreux par la perte d’une 
partie de son oxigène. C’est sans doute de l’une 
ou de l’autre de ces manières que la présence ou 
l’absence de la chaleur, de la lumière ou de lhu- 
midité peuvent donner de l’odeur à certains corps, 
comme certaines fleurs qui n’en ont que pendant 
la nuit, l’argille qui n’en prend que lorsqu'elle 
est humectée , etc. | 7" 
Aussi les odeurs paroissent - elles se propager 
dans l’air comme un fluide qui se répandroit et 
se.  méleroit dans un autre ; leur mouvement 
n’est point direct comme celui de la lumière ; 
il n’est point rapide; il n’est point susceptible de 
réfraction, ni de réflexion ; il ressemble à celui 
de la matière de la chaleur, avec cette différence 
seulement que les. substances que lair ne peut 
traverser sont aussi imperméables aux odeurs. 
Les odeurs peuvent se combiner avec les divers 
corps par la voie d’aflinité, ét elles sont souvent 
détruites par ce moyen; elles adhèrent aussi de 
préférence à certains corps appropriés à la nature 
de chacune d’elles; quelques-unes sont retenues 
plus aisément dans des liquides spiritueux, d’autres 
dans des huiles, etc. | 
Cependant, malgré ces phénomènes, qui semblent 
prouver que chaque odeur est due à une substance 


ART. I. Du sens en général. 629 


“ 


particulière flottante dans l'atmosphère; il y en 
a d’autres qui semblent prouver qu'il n’en est 
pas toujours ainsi. 

Plusieurs corps répandent pendant trés-long- 
temps une forte odeur, sans aucune déperdition 
sensible de substance : tel est le musc. Des odeurs 
se manifestent dans des circonstances où l’on ne 
voit pas qu'il se fasse aucune évaporation : telle 
est celle que le cuivre donne lorsqu'il est frotté, 
celle que produit la fusion d’un grand nombre 
de corps, et même le dégel ordinaire. Dans d’autres 
cas, des évaporations réelles ne produisent aucune 
odeur sensible : c’est ce qu’on voit lors du déve- 
loppement de plusieurs gaz, et même lors de Péva- 
poration ordinaire de l’eau. Peut-être ces phe- 
noménes ne prouvent-ils autre chose, sinon que 
la force de la sensation n’est point proportionnelle 
à la quantité de la substance qui la cause, mais 
à sa nature et au degré de son affinité avec le 
fluide nerveux. Cette action de la plupart des 
substances odorantes sur le système nerveux se 
manifeste par beaucoup. d’autres effets que par 
celui de la sensation : certaines odeurs produisent 
des assoupissemens ; d’autres des migraines ou 
même des convulsions. Quelques-unes sont propres 
à calmer ces accidens. En général, la plupart des 
médicaméns agissent plutôt par leurs parties vo- 
latiles-et odorantes que par le reste de leurs prin- 
cipes; et nous retrouvons ici de nouvelles preuves 
du rôle que jouent dans l’économie animale les 

Rr3 


650 XV° Lecow. l° Secrion. De l’odorat. 


substances gazeuses et impalpables, dont la plupart 
nous sont sans doute encore inconnues. 

On ignore si les odeurs ont un véhicule par- 
ticulier , outre la matière de la chaleur qui 
leur est commune à toutes, en leur qualité de 
vapeurs ou de fluides élastiques. 

Qn ignore a quoi tient leur agrément*pour nous, 
et pourquoi des odeurs qui nous paroissent abo- 
minables semblent délecter certains animaux qui ne 
témoignent que de l’indifférence pour des odeurs 
que nous trouvons délicieuses. Quoique l’homme 
et les animaux aiment en général l’odeur des 
substances que la nature a destinées à nourrir chaque 
espèce, ces odeurs leur déplaisent quand ils sont 
repus, tandis qu’ils aiment, quelquefois même avee 
une espèce. de fureur, celles de certaines choses 
qui ne leur servent à rien du tout, comme le 
nepeta pour les chats, etc. Les odeurs constam- 
ment désagréables viennent, pour la plupart, de 
choses qui pourroient être nuisibles : les plantes 
vénéneuses , les chairs corrompues, les métaux 
empoisonnés sentent généralement mauvais. 

Quoi qu'il en soit de ces questions lPorgane 
de l’odorat est dans tous les armimaux , chez lesqueis 
on l’a reconnu, une expansion de la peau de- 
venue très-fine , très-abondante en vaisseaux et 
en nerfs, et humectée d’une viscosité abondante, 
que viennent frapper l'air ou l’eau imprégnés 
des substances odorantes ; car il paroît que le 
poisson sent dans l’eau comime les autres animaux 


Arr. Le Du'sens en général. 631 


däns l'air; du moins les subtances odorantes qu’on 
y jette pour lui servir d’appât l’attirent de très- 
loin, comme elles pourroient attirer des quadru- 
pèdes ou des oiseaux dans l'air ; mais nous ignorons 
si les substances qui ne peuvent se dissoudre, 
ni se répandre dans l'air, et qui n’y ont nulle 
_odeur, mais qui se dissolvent dans l’eau, comme 
le sel, par exemple , y exercent une action sur 
l'organe de l’odorat des poissons. 

Dans tous les animaux à sang rouge, qui res- 
pirent par des poumons, les organes de l’odorat 
sont placés sur le passage de l’air, de manière 
à en être frappés lors de l'inspiration ; dans les 
poissons, ils sont simplement au bout du museau, 
et doivent être frappés par l’eau lorsque le poisson 
nage en avant. , 

Nous ne connoissons point assez la nature -de 
la membrane olfactive, ni celle des nerfs qui sy 
distribuent, pour juger du degré et de l'espèce 
des sensalions qu’elle procure aux divers animaux : 
nous pouvons seulement présumer que , toutes 
choses égales d’ailleurs , les animaux dans lesquels 
elle a le plus d’étendue doivent jouir dun sens 
plus délicat, et l’expérience confirfhe cette con 
jecture : il seroit seulement curieux de connoître 
pourquei les animaux qui ont lodorat le plus 
exalté sont précisément ceux qui se, nourrissent 
des choses les plus puantes, comme le chier, par 
exemple , qui vit de charognes. Peut-être les ani- 
maux carnassiers ont-ils en général l’odorat plus 

Rr4 


632 XV° Lecox. I'° Sscrien. Me l’odorat. 


fin, parce qu'ils doivent ‘appercevoig de plus loin 
la présence de leur proie. 

Nous avons à examiner, dans les organes de 
l’odorat, la texture et l’étendue de la membrane 
pituitaire ou olfactive , la grandeur et le nombre 
des nerfs qui s’y distribuent, et les voies par les- 
quelles les vapeurs odorantes y sont amenées : ce. 
seront les objets des articles suivans. 


ARTICLE IT. ) 


De la forme et de la grandeur de la cavité 
nasale. 


CET article étan implicitement contenu dans 
plusieurs de ceux dé composent la VIII leçon, 
nous nous contenterons de renvoyer : 

Pour ce qui concerne la composition des fosses 
nasales, aux pages 58 ct suivantes de ce volume ; 

L'ouverture extérieure, aux pages 78 et sui- 
gantes ; [Le 

Leur grandeur et leur. coupe verticale, aux 
pages 10 et suivantes ; 

Leur coup transversale et leur direction, aux 
pages 78 et suivantes. 

Nous ajouterons seulement ici que quelques 
poissons n’ont point leurs fosses nasales creusées 
sur le museau, mais au contraire portées par des 
pédicules et élevées comme des coupes à boire : 
de ce nombre est la baudroye. 


Ant. IIT. Des sinus. 653 
À R ÆIMPCRBENTEI E 


Des sinus qui augmentent la capacité de la 
cavité nasale. 


Il n’est point prouvé que le sens de l’odorat 
réside aussi dans ces sinus ; la membrane qui les 
revêt est plus mince que celle du reste des na- 
rines ; elle ne paroît point recevoir de rameaux 
du nerf olfactif. On ne leur attribue d’autre 
usage ; que de séparer une humeur aqueuse 
propre à lubréfier tout l’intérieur du nez ; 
cependant il est certain que les animaux qui 
ont l'odorat le plus fort ont aussi ces sinus 
les plus grands. Peut-être sont ils destinés à tenir 
en réserve une plus grande masse d’air imprégné 
de particules odorantes, afin qu’elie agisse plus 
fortement sur la membrane pituitaire. 


Ces sinus sont presque nuls dans les jeunes ani- 
maux , et ne se développent que lorsqu'ils ap- 
prochent de l’adolescence. 


On ne les trouve que dans l’homme et les qua- 
drupèdes. Ils communiquent avec la cavité des 
marines par des ouvertures plus étroites qu'eux 
mêmes. 

Il y'en a de trois sortes, nommés , d’après les 
“os dans lesquels ils sont creusés , frontaux , sphé- 
noïdaux et maxillaires. 


2 


/ 


654 XV° Lecox. I" Section. De lodorat. 


À. Dans l’homme. 


Les sinus frontaux s'ouvrent dans le sommet 
de Ja voûte du nez. Ils s’étendent à environ un 
pouce de hauteur , et un peu plus en largeur de 
chaque côté au-dessus des sourcils; ils sont séparés 
Pun de l’autre par une cloison verticale. 

Les sinus sphénoïdaux s'ouvrent dans la 
partie postérieure et inférieure de la voûte. Ils 
remplissent ‘toute l'épaisseur du corps du sphé- 
noïdé sous la partie antérieure et moyenne de la 
selle pituitaire. Ils sont aussi séparés entre eux 
par une cloison. verticale. 

Les sinus maxillaires ou antres d’Highmore 
occupent tout le corps des es maxillaires : ils 
s’ouvrent aux côtés de la cavité nasale vers son 
fond. ) 


B. Dans les mammifères. 


1°. Les sinus frontaux sont trés-petits dans les 
singes. Ils manquent même entiérement à la plu- 
part des z7agots et des guenons ; mais'on lés 
trouve et mème assez étendus dans deg s de 
sapajous. 

Parmi les carnassiers , les chiens , loups , re- 
nards, etc. sont ceux qui les'‘ont les plus consi- 
dérables. Ils y occupent toute l’étendue du fron- 
tal, remplissent l’intérieur dés-deux apophyÿses 
post-orbitaires , et descendent dé chaque côté dans 
la paroi postérieure de l'orbite. Dans l’ours ; ils 


ART. III Des sinus. 655 


sont un peu moins étendus sur les côtés , et dans 
le chat un peu moins en arrière. Ceux du coati 
ressemblent à ceux du chat. Ceux de la civettè 
n’occupent que la partie postérieure du frontal. 
Il n'y en a point dans les blaireawx , dans les 
chauve-souris , ni dans la plupart des belettes : 
les creux des apophyses post-orbitaires y existent 
bien, mais ils ne sont que des prolongemens de 
la cavité nasale ; qui communiquent librement 
avec elle et non par une ouverture étroite. 

*: Parmi les rongeurs , ces sinus manquent aux 
rails; à la marmotte, à l’agouti , à l’écureuil , 
au castor, au lièvre ; maïs ils Sont très-grands 
dans les porc-épic, où ils pénètrent même dans 
Dr sen des os propres du nez.' 

Les mêmes différences existent parmi les dal. 
Le fourmilier, le pangolin , n’ont point de sinus 
frontaux ; le fatou en a de grandeur médiocre ; 
dans le paresseux , ils sont très-grandset s’éten- 
dent dans l'adulte , jusqu’auprès de locciput. 

Il n’y a pas moins de différences parmi les ru- 
minans. Le cerf paroît n'avoir aucuns sinus fron- 
taux. Le bœuf, la chèvre , le mouton, en ont 
d'énormes qui s'étendent jusque dans. l'épaisseur 
des ‘chevilles osseuses qui soutiennent leurs cornes. 
Ceux des antilopes n’occupent que l'épaisseur du 
frontal, et leurs chevilles osseuses sont solides. 
Le chameau en a aussi de nombreux , et très- 
divisés; mais qui ne s'étendent point en arrière 
au-delà du frontal, 


656 XV° Leçox. T° SEcrion, De l’odorat. 


Celui de tous les animaux qui a les plus grands 
sinus frontaux , c’est l'éléphant. Ce sont eux qui 
donnent à son crâne cette épaisseur extraordi- 
naire qui le distingue de tous les autres. Ils s’é- 
tendent dans toute l’épaisseur des pariétaux, des 
temporaux , et jusque dans les condyles articu- 
laires de l’occipital. Les lames qui les divisent 
en cellules , toutes communiquantes , sont nom- 
breuses et irrégulières. 

Ceux des cochons ne-sont pas moins étendus, 
quoique moins hauts. Ils vont jusqu’à l’occiput, 
et ne sont séparés les uns des antres! que par 


quelques lames osseuses longitudinales ou un peu . 


obliques , qui n’interceptent pas toute communt- 
cation. Il y en.a quatre rangées dans le. Babi- 
roussa.; ét sept ou huit dans le cochon ordi- 
naire. L’hippopotame et le rhinocéros n'ont point 
de sinus frontaux. 

Les sinus frontaux du cheval occupent :une 
grande partie de los du front; ils ne s’ouvrent pas 
immédiatement dans le nez, mais ils communi- 
quent par une vaste ouverture de chaque côté 
avec le sinus maxillaire postérieur ; car cet animal 
en a deux. | 

2°. Les sinus. maxillaires ne: suivent pas les 
mêmes rapports que les frontaux. Ils sont tun- peu 
plus petits dans les quadrumanes à proportion 
que dans l’homme. Ils se réduisent presque à rien 
dans les. carnassiers, la plupart des rongeurs et 
des édentés , et en général dans tous les animaux 


AnrT. II. Des sinus. 657 


dont l’os maxillaire ne forme point un plancher 
sous l’orbite. Cependant ce sinus existe, et est 
même fort considérable dans le porc-épic ÿ mais 
dans la plupart des autres onguiculés, même lors- 
que los maxillaire est creux, la cavité fait partie 
de celle du nez, et ne peut porter le nom de 
sinus , puisqu'elle n’a pas d’ouverture étroite. 

Les cochons n’ont point de sinus maxillaire 
proprement dit, mais ils en ont un dans la base 
de l’os de la pommette , qui est sur-tout trés-vaste 
dans le sanglier d’Ethiopie. L’hippopotame en a 
un petit au même endroit. 

Les sinus maxillaires des ruminans sont très- 
grands , et s'ouvrent dans le nez par une fente 
étroite et oblique derrière les cornets inférieurs. 

Le cheval en a deux : le postérieur est le plus 
grand ; il s’ouvre dans le côté vers le fond et 
le haut par un trou triangulaire ; ses parois for- 
ment, dans l’intérieur du-nez, une grosse saillie 
qui sépare la pgrtion des narines que remplissent 
les tubulures ethmoïdales, d'avec celle où sont 
situés les deux grands cornets. C’est dans le fond 
de cette dernière partie que s’ouvre le sinus maxil- 
laire antérieur. 

L'intérieur des os maxillaires de l'éléphant est 
divisé, comme celui des os de son crâne, en une 
multitude de cellules très-larges , toutes communi- 
quantes, et dont une s’ouvre par un trou au côlé 
du nez. 

9°. Les sinus sphénoïdaux sont d’autant plus 


” 


638 XV° Leçon. I SecrioN: De l’odorat. 


petits que la selle turcique est plus applatie ; les 


singes et les makis les ont plus petits que l’homme: 


les carnassiers les ont aussi plus petits, et d’une 
forme plus alongée : la loutre , le phoque; le 
putois en manquent entièrement ; il paroït n’y en 
avoir aucun dans la plupart des autres onguiculés, 
et dans les ruminans. Le cochon et l’hippopotame 
en ont, mais de très-petits. Dans l’é/éphant, ils sont 
énormes , et occupent même une partie des apo: 
physes ptérygoides. Ils ne sont point divisés en 
cellules comme les autres sinus de cet animal. 

Ceux du cheval s'ouvrent chacun dans le sinus 
maxillaire postérieur de son côté. 

Je nai trouvé de sinus d’aucune espèce dans 
les os des cétacés. 

Les cavités des os du crâne des oiseaux sont en 
communication avec leurs oreilles, ét non avec 
leur nez ; les vides immenses des becs des calaos 
et des 1oucans, communiquent à la vérité avec 
leurs narines, qui sont très-petites dans ces oiseaux ; 
mais il nous paroït que, dans l’état frais, la mem- 
brane pituitaire ferme cette communication, et 
qu’elle ne pénètre point dans ces vides, qui sont 
traversés de toute part par des filets osseux. Les 
reptiles et les poissons n’ont rien que l’on puisse 
comparer aux sinus. 


1 


: «ART. IV. Des lames saillantes. :  65Q 


Cu 


AR ÆUHCE BE V: 


Des lames saillantes qui multiplient les surfaces 
dans l’intérieur de la cavité nasale. 


Ces lames, outre l’usage de multiplier les sur- 
faces, et par là d'augmenter l’étendue de la mem- 
brane pituitaire et l'intensité du sens de l’odorat, 
ont encore celui de former des conduits qui abou- 
tissent aux embouchures des divers sinus. 


À. Dans l’homme, 


Ces lames sont de trois sortes : les cornets in- 

Jérieurs, formés par des os particuliers ; les 
cornets supérieurs, qui sont une production de 
l'os ethmoïde, et les anfractuosités de ce même 
os ethmoïde. 
* Les cornets inférieurs ont la forme d’une 
lame mince, adhérente par un de ses bords à une 
arète de l’os maxillaire, et légèrement contournée, 
de manière que le bord libre regarde en bas. Sa 
face convexe est supérieure et interne; on y 
voit quelques sillons obliques. L'ouverture du sinus 
maxillaire est au dessus d’elle, en arrière. Le 
conduit que forme sa concavité va directement des 
narines antérieures aux postérieures. 

L'os ethmoïde est formé de trois lames per- 
pendiculaires les unes sur les autres, et de plu- 
sieurs intermédiaires à ces trois là : la lame criblée " 


64o XV° Leçon. I"° Secrion. De l’odorat. 


qui complète le crâne entre les deux plafonds des 
crbites; et les deux, nommées os planum, qui 
forment chacune une grande partie de la cloison 
interne d’un des orbites, sont ces trois lames 
externes: nous en avons parlé ailleurs. Voyez 
pages 20, 55, 47 et 58 de ce volume. 

Entre les deux os planum est une lame im- 
paire , verticale, qui, se continuant avec l'os 
vorner, divise en deux la cavité des narines. 
Dans l'intervalle qu’elle laisse de chaque cûté, 
sont des lamelles irrégulières, qui adhèrent à la 
lame criblée et à l’os planum de ce côté - là 
seulement, mais non à la cloison mitoyenne; et 
qui, étant jetées comme au hasard, forment quel- 
ques cellules communiquantes ensemble , qui sont 
les anfractuosités, et qu'on pourroit aussi nom- 
mer les sinus de l’os ethinoïde. Leur assemblage 
est fermé du côté qui regarde la lame mitoyenne 
par une lame verticale et sillonnée; et l’inter- 
valle qui reste entre ces deux lames conduit di- 
rectement au sinus sphénoïdal de ce côté. 

La partie inférieure de celte lame , qui regarde 
le septum, se prolonge obliquement, et se porte 
un peu en arrière en faisant un pli, dont la 
concavilé regarde en bas, et dont la: partie 
antérieure’ se continué avec un canal court, qui 
conduit en montant obliquement et en perçant 
la masse des anfractuosités ethmoïdales dans le 
sinus frontal de ce côté. Cette lame ployée est 


le cornet supérieur du nez. 


ArT. IV. Des lames saillantes. "à O4 


Les deux paires de cornets ont. une structure 
plus spongieuse que les autres lames osseuses, 
et on y voit, sur-tout sur les supérieurs , une 
multitude de petits trous. 


B. Dans les mammifères. 


1°, Les cornets inférieurs. 


Nous venons de voir qu’ils ne forment qu’une 
simple lame dans l’homme : nous allons suivre 
leurs divers degrés de complication dans les ani- 
ImAUx. | 

Ils sont semblables à ceux de l’homme dans 
les singes de l’ancien continent; mais, dans les 
sapajous , ils commencent à ressembler à ce qui 
a lieu dans les mammifères a deux ou plusieurs 
sabots. Dans tous ceux-ci, la lame n’est simple 
qu'à sa base, et elle se bifurque à une petite 
distance ; les deux lames qui en naissent se roulent 
chacune sur elle-même en spirale, en tournant 
du côté de l’os maxillaire, et en faisant, selon 
les espèces, deux tours ou deux tours et demi. 

L'espèce de cornet produit par ce roulement 
est fermé par derrière , en pointe. On conçoit 
qu'il doit contenir deux canaux : l’un au dessus S . 
l’autre au dessous de la lame principale. Celui 
de dessous conduit, comme dans l’homme, dans 
les narines postérieures. Daus les ruminans, la 
fissure qui mène dans le sinus maxillaire se trouve 
dans le fond du canal supérieur. Dans les cochons, 

2 ss 


642 XV° Lrcçon. I'° Section. De l’odorat. 


ce même canal se continue en arrière en un long 


sillon, au bout duquel est un conduit qui va dans 
le sinus de la base de la pommette. 


Les lames de ces cornets sont pleines dans les 
cochons ; mais, dans les ruminans, elles sont 
percées de trous plus où moins larges et très- 
nombreux. Ils sont petits dans les z2outons; ils 
deviennent plus grands et plus nombreux dans 
les cerfs ; et dans les grands ruminans , comme 
les vaches, les grandes antilopes, ils sont si 
grands qu'ils ne laissent entre eux que des filets 
osseux, et que l'os ressemble à de la dentelle. 


L'intérieur des cornets est divisé par plusieurs 
diaphragmes verticaux percés comme le reste de 
leurs cloisons. 

Dans l’ippopotame , les deux cornets sont 
applatis horizontalement, tandis qu'ils le sont 
verticalement dans les autres : cela tient à la forme 
de sa tête, Les trous y sont très-fins , mais innom- 
brables. 

Les cornets inférieurs sont moins réguliers dans 
les solipèdes ; la lame horizontale, au lieu de se 
bifurquer , se ploie d’abord en dessous, puis se 
recourbe en dessus, se colle par derrière à Pos 
maxillaire; monte en arrière pour couvrir le trou 
du sinus maxillaire inférieur, et même pour y 
pénétrer ; enfin, elle donne vers son milieu deux 
ou trois lames obliques qui vont s'attacher au bord 
antérieur de ce trou. 


PET RSS POSE 


ÀerT. IV. Des lames saillantes. 613 


Dans les fourmiliers , les pangolins, les oryc- 
téropes, les tatous, et même dans l'ai, ou pa- 
resseux à trois doigts, les cornets inférieurs sont 
à peu près comme däns les ruminans; mais, dans 
Vunau, ou fourmilier a deux doigts, ils repré- 
sentent deux boîtes prismatiques, fermées de toutes 
parts, et dont l’intérieur est divisé par quelques 
lames verticales. On retrouve deux pareilles boîtes 
dans les z72akis, mais sans divisions intérieures. 

Le rat, parmi les rongeurs, a des cornets sem- 
blables à ceux des ruminans ; mais ceux des autres 
genres de cet ordre peuvent se diviser en deux 
espèces, dont une est la même que dans les car- 
nassiers; l’autre, qui n’a lieu que dans les porc- 
épices, les marmottes, et quelques autres espèces, 
consiste en une double lame, attachée longitudi- 
nalement , et dont les deux parties s’écartent et 
montent en se tordant en spirale , et en repré- 
sentant presque une portion de coquille de sabot. 

Les autres rongeurs, tels que Zièvres, lapins, 
écureuils, castors, rats, et la plupart des car- 
nassiers, telsque chiens, ours, blaireaux ,phoques, 
chat ordinaire, ont une structure très-compliquée 
des cornets inférieurs. La lame par laquelle ils : 
s’attachent se bifurque : chaque branche en fait 
autant; et, après une dichotomie multipliée, les 
dernières lames forment par leur parallélisme un 
nombre quelquefois très - considérable de petits 
canaux que l'air est obligé de traverser, et qui 
sont tous revêtus de la membrane pituitaire. 


$s 2 


. 


644 XV° Leçon. l° Secrron. De l’odorat. 


Le nombre de ces dernières lames est trés- 
variable. Les phoques et les Zoutres sont les 
espèces qui en ont le plus; ensuite viennent les 
chiens, puis les ours. Les castors, parmi les 
rongeurs, en ont le plus; les /ièvres en ont 
moins qu'eux. 

La direction des canaux est plus droite dans les 
carnassiers , plus arquée dans les rongeurs. 

Lorsqu'il y a peu de lames, les dernières se 
roulent aussi en spirale, comme dans les animaux 
qui n’en ont que deux. 
= Quelques carnassiers ont au reste des cornets 
inférieurs aussi simples que les animaux dont nous 
avons parlé d’abord. Le lion, par exemple, les 
a bifurqués seulement et à double rouleau, presque 
comme les ruminans. La lame osseuse en est 
aussi toute criblée de trous: les civelles et ge- 
nettes les ont en simple cornet roulé, et sans 
trous. 


2°. Des cornets supérieurs et des cellules 
ethmoidales. 


Les cellules ethmoïdales sont, dans beaucoup 
‘ d'animaux, très-distinctes du cornet supérieur. La 
partie de la cavité du nez qui les contient est 
même quelquefois séparée du reste par une cloison 
particulière. Cette cloison est formée, dans les 
cochons , en dessous par une lame qui appartient 
aux os palatins, et en avant par unñe saillie des 
os maxillaires , qui vient jusqu’au septum des 


Arr. IV. Des lames saillantes. 645 


narines , et ne laisse passer l’air que par une 
issue étroite au dessus d’elle. Dans le cheval, 
cette saillie ne va pas jusqu’au septum; elle produit 
cependant encore une séparation assez forte, et 
laisse derrière elle un enfoncement latéral rempli 
par. les cellules ethmoïdales. Il en est de même 
dans les carnivores, mais non dans les rumjnans, 
ni dans les rongeurs, chez lesquels du moins 
l'enfoncement est peu considérable. F 

Pour se faire une idée des cellules ethmoïdales 
dans la plupart des animaux , il faut se repré- 
senter un grand nombre de pédicules creux, tous 
attenant à l’os cribleux. Ils se portent en avant 
et en dehors ; et à mesure qu'ils avancent, les 
plus voisins s’unissent, et il en naît des vésicules 
qui grossissent à mesure qu’elles deviennent moins 
nombreuses. Toutes sont creuses, et entre elles 
sont une infinité de conduits ou de rues, toutes 
communicantes les unes avec les autres. Telle est 
leur structure dans les édentés, les ruminans , 
les solipèdes , les pachydermes et les carnas- 
siers; les derniers de ces ordres en ont plus que 
les premiers. Les rongeurs en ont très-peu : le 
porc-épic , par exemple, n’en a que trois ou 
quatrede chaque côté. Quelques genres, comme 
le lièvre, n’ont qu'une cellulosité irrégulière, 
semblable à celle de l’homme. Les quadriumanes 
sont dans le même cas. 

Le cornet supérieur est représenté , dans les 
ruminans , les pachydermes et les solipèdes, par 

Ss 3 


616 XV° Lecow. l'° Secrion. De lPodorat. 


une de ces cellules qui est plus grande, et sur- 
tout beaucoup plus longue que les autres, et qui 
s'étend jusque sur le cornet supérieur qu’elle re- 
couvre comme un toit. Dans le cochon, elle 
s’amincit vers le bas en une lame qui se soude 
‘sous le bord externe de l'os propre du nez de 
chaque côté, et ce bord a l’air par là de se re- 
courber en dedans pour former un toit au cornet 
inférieur, Cet amincissement commence bien plus 
haut dans les carnassiers, en sorte que la partie 
creuse de la cellule en question my est pas plus 
longue que dans les autres.” 


C. Dans Les oiseaux. 


Le coûté externe de chaque narine est occupé 
par trois ordres de lames. Le cornet inférieur 
n’est qu'un repli, tenant d’une part à Paile du 
nez, de l’autre, au septum. Le moyen, ou le 
plus grand , dont Scarpa compare la figure à celle 
d’une cucurbite, adhère par son fond à la partie 
osseuse du septum; il est formé d’une lame qui 
se replie deux fois et demie sur elle-même. Le 
supérieur , qui a quelque rapport avec une cloche, 
adhère à l’os du front et à l’os unguis , et contient 
deux loges qui se prolongent chacune en un tube 
creux, dont l’interne va jusqu’auprès de l'orbite, 
et dont l’externe finit en cul-de-sac derrière le 
carnet moyen. Ces trois cornets divisent la cavité 
nasale en trois méats; ils varient en. grandeur 
et en inflexions , selon les espèces, Scarpa, dont 


ArT. IV, Des lämes saillantes. 647 


nous empruntons cette description, assure que le 
moyen ne se tourne qu’une fois et demie dans 
les gallinacés et les passereaux, et que le supérieur 
y est extrêmement pelit. Il croît un peu dans les 
pies, bien davantage dans les oïseaux de proie, 
et encore plus dans les palmipèdes; enfin, dans 
ceux de rivage, il remplit à lui seul plus des 
deux tiers de la cavité, pendant que le moyen 
est très-grêle , ne se tournant qu’une fois et demie, 
et que l’inférieur n’est qu'un pli insensible. 

Ces cornets sont généralement cartilagineux. 
Harwood dit qu’ils sont membraneux dans le 
casoar et l’albatross : ils m'ont paru osseux dans 
le calao et le toucan. 


D. Dans les reptiles. 


Les reptiles ont aussi différentes lames saïllantes 
dans l’intérieur de leurs narines; mais elles sont 
simplement produites par des replis de la mem- 
brane interne, et non soutenues par des lames 
osseuses. La tortue en a trois, qui divisent sa 
cavité nasale en plusieurs fossettes. Celle du milieu 
répond à l'ouverture externe des narines; entre 
elle et la suivante est un canal oblique qui 
conduit aux narines postérieures. On ne trouve 
que quelques tubercules dans les grenouilles et 
autres petites espèces. Il ne paroît pas qu’on ait 
fait des recherches sur le crocodile. 


Ss 4 


648 XV° Læcçox. I° Section. De l’odorat. 


E. Dans les poissons. 


Les lames de l’intérieur des narines des poissons 
sont aussi purement membraneuses ; elles sont 
plus nombreuses et plus régulièrement disposées 
que dans les autres classes. Dans les chondropté- 
rygiens , tant raies que squales, elles sont dis- 
posées parallèlement aux deux côtés d’une lame plus 
grande , qui règne d’un bout de la fosse à l’autre. 
Chacune d’elles est un repli sémi - lunaire de la 
membrane pituitaire , et a d’autres lames plus 
petites, rangées sur ses deux côtés, comme elle 
l’est elle-même par rapport à la grande lame du 
milieu. 

Dans les autres poissons , tant cartilagineux , 
qw'osseux ;, les lames sont disposées en rayons 
autour d’un tubercule saïillant et arrondi, situé 
au fond de la fosse. Elles sont sur-tout très-belles 
à voir dans l’estwrgeon, où chacune d’elles se 
divise en. lames plus petites, comme une branche 
d'arbre en rameaux. Dans quelques espèces, et 
notamment dans la carpe, le tubercule du milieu 
est un peu ovale, ce qui rend,la disposition des 
lames un peu plus semblable à celle qu’on observe 
dans les chondroptérygiens. 


\ 


Arr. V. De la membrane pituitaire. 6ig 


ARTICLE V. 


» 
De la membrane pituitaire. 


C’EST une continuation de la peau extérieure, 
qui s’unit dans l’arrière - bouche avec celle qui, 
après avoir revêtu les lèvres et tout l’intérieur de 
la bouche , tapisse l’oœsophage et le reste des in- 
testins. | 


Elle prend le nom de membrane pituitaire dans 
tout l’intérieur du nez, sur son septum, ses parois, 
ses lames et même dans ses sinus ; elle s’attache 
au périoste de toutes ces parties par une cellu- 
losité serrée, et est elle-même recouverte par-tout 
par lépiderme. 


Dans les sinus, elle est extrêmement mince et 
semblable à une membrane ordinaire; à peine y 
voit-on des vaisseaux : mais, dans le reste du nez, 
elle est en même temps plus épaisse et plus molle, 
sur-tout à la partie inférieure et postérieure du 
septum. Sa substance est pulpeuse ou fongueuse, 
On y apperçoit un tissu spongieux, moins serré 
par petites taches, qui représentent les mailles d’un 
rets. Sa superficie est colorée d’un beau rouge : 
ce n’est qu’en y regardant de trés-près qu’on voit 
que cette couleur résulte des ramifications innom- 
brables de petits vaisseaux sanguins; on les distingue 
mieux pres de leurs troncs, sur-tout à la partie 


650 XV° Læcçox. I Secrion. De l’odorat. 


postérieure du septum, ou lorsque l’inflammation 
ou l'injection les ont gonflés. 

La surface de cette membrane a une grande 
quantité de petits pores, d’où suinte perpétuelle- 
ment une humeur muqueuse. On croit que ce 
sont les orifices d’autant de petits follicules cachés 
dans son épaisseur : on a même vu dans quelques 
endroits plusieurs de ces follicules avoir des canaux 
excréteurs communs : c’est ce que Stenon a dé- 
couvert dans les narines de la brebis. Ruisch, 
et après lui, Haller, en ont vu plusieurs donner 
dans un sinus commun, et cela sur-tout vers la 
partie antérieure du septum. 

On observe dans plusieurs quadrupèdes , comme 
la vache et la brebis, des lignes blanches pa- 
rallèles entre elles , qui traversent de grandes 
étendues. J’en ai vu de transversalement obliques 
sur le septum , et de longitudinales sur les cornets 
inférieurs du mouton. 

Une humeur visqueuse suinte continuellement 
de toutes les parties de la membrane pituitaire; 
dans les inflammations produites par les rhumes, 
elle commence par devenir plus abondante et 
plus fluide, et finit par être épaisse, jaune et de 
mauvaise odeur. Les sinus produisent une humeur 
plus limpide , qui semble destinée à éclaircir 
l'autre. 

Excepté les cétacés, dont nous parlerons ailleurs, 
les mammifères montrent peu de différences dans 
la texture de leur membrane pituitaire. ; 


Arr, VI, Nerfs des narines. 651 


Dans les oiseaux, elle est, selon Scarpa, très- 
mince sur le cornet supérieur, plus épaisse, et 
veloutée sur le moyen. Les vaisseaux forment à 
sa surface un très-beau réseau, et une multitude 
de pores y produisent une abondante mucosité ,. 
sur-tout sur le cornet moyen. 

Dans les reptiles, elle est garnie par-tout d’un 
rets de vaisseaux noirâtres. On les retrouve dans 
quelques poissons, et notamment dans le brochet ; 
mais, dans la plupart des espèces, ils sont rou- 
geâtres. Entre eux se voient de petites papilles 
qui séparent un mucilage épais, et qui nous a 
paru être plus abondant dans les poissons, et sur- 
tout dans les raies et les syuwales, que dans les 
autres classes. 


ARTICLE VI. 


Des nerfs qui se distribuent dans l’intérieur 
des narines. 


C£Es nerfs viennent de la première et de la 
cinquième paire. 


L Nerf olfactif. 


Nous avons décrit lorigne de la première 
paire dans l’hemme, page 145 ; dans les qua- 
drupèdes , page 159; dans les oiseaux, page 165 ; 
dans les reptiles, page 166, et dans lés poissons, 
pages 168 ef 171 de ce volume. 


\ 


652 XV° Lecox. I'° Secriron. De l’odorat. 


Nous avons décrit toute la portion de ce nerf, 


située entre son origine et son entrée dans les 
narines par un ou plusieurs trous du crâne, dans 
tout l’art. 1° de la X° leçon. 

Il nous resle à traiter de son passage au travers 
du crâne, et de sa distribution dans l’intérieur des 
narines. 


À. Dans les mammifères. 


1°. Lame criblée. 


Lies mammifères seuls ont une lame criblée de 
l'ethmoïde (encore faut-il en excepter les cétacés, 
qui n'ont ni nerf olfactif, ni trous pour son pas- 
sage). Tous les autres animaux n’ont qu’un simple 
trou, ou un simple canal. 

La position et la concavité de la lame criblée 
ont été décrites, leçon VIIL°, art. HE, 6. B. Il nous 
reste à parier de sa grandeur, de sa figure et de 
ses trous. 

Elle est, dans l’homme, en forme de rectangle 
alongé ; on y compte environ quarante trous simples. 
Dans les singes, elle est beaucoup plus étroite 
à proportion, et ses trous sont moins nombreux. 

Dans les autres quadrupèdes ; la lame criblée a 
la forme d’un cœur ou d’un ovale; elle est placée 
au fond d’une fosse, qu’un étranglement plus ou 
moins marqué sépare du reste du crâne; et elle 
est percée d’une grande quantité de trous de dif- 
férentes grandeurs, rassemblés en groupes, qui 

FA 


ss 


ART. VI. Nerfs des narines. 653 


laissent entre eux des espaces vides figurés comme 
des branchages, plus grands et plus petits, en 
sorte que l’ensemble de la lame présente l’aspect. 
d’une belle dentelle. V 

Le nombre et la figure de ces groupes de trous 
ne sont pas assujétis à des lois constantes ; mais, 
à en juger par les animaux dont nous connoissons 
la force de l’odorat, cette force est assez en pro- 
portion avec le nombre des trous. 

Ils sont grands et nombreux dans l'éléphant , 
l’Aippopotame, le cochon, et encore plus dans 
la biche. Les carnassiers en ont plus que tous les 
autres. Le cochon, le mouton, le fourmilier ont 
à chaque côté de la crête une rangée de trous 
plus grands que les autres; on en voit aussi, 
mais moins marqués, dans quelques autres espèces. 
Les rongeurs paroïssent avoir assez généralement 
moins de trous qué les autres ordres. Le chameau 
a la lame plus petite , et les espaces non percés y 
sont plus larges que dans les autres ruminans. Les 


édentés l’ont tous grande et munie de beaucoup 


{ 


de trous. 
2". Le nerf olfactif. 


Soit qu’il soit détaché de l'hémisphère, comme 
dans l’homme et les singes; soit que la pie-mère 
s’unisse tellement à Ja caroncule mammillaire qu’il 
sembie faire corps avec elle, comme cela a lieu 
dans les ‘autres quadrupèdes, il se dilate par son 
extrémité pour couvrir toute la lame criblée, et 


654 XV° Lecçox. 1° Srcriox. De l'odorat. 
pour pénétrer au travers par autant de filets qu’elle 
a de trous. 

Ces filets se distribuent à la partie de la mem- 
brane Hpituitaire qui recouvre les anfractuosités 
et les cornets de l’os ethmoïde et la cloison inter: 
médiaire des narines ; ils sont d’une si grande 
mollesse qu’il est difficile de les suivre. On en 
voit cependant quelques branches principales se 
répandre sur la cleison : il y en a sur-tout deux 
trés-belles dansle 1outon. Plusieurs auteurs croient 
que ce nerf ne se propage point sur les cornets 
inférieurs. Sans avoir fait des recherches parti- 
culières sur cette question , la complication de 
ces cornets dans les animaux dont lodorat est 
le plus fort, nous empêche d'adopter cette opi- 


nion. 


B. Dans les oiseaux. 


Le nerf olfactif des oiseaux ne se détache de 
l'hémisphère qu’à l'extrémité antérieure de celui- 
ci, extrémité qu’on a aussi comparée à la caron- 
cule mammillaire des quadrupèdes. Le nerf tra- 
verse un canal, dont la longueur et la grosseur 
varient selon les espèces, mais qui ne se divise 
point en plusieurs. Arrivé à la racine du nez, le 
nerf se divise comme un pinceau en une multitude 
de fibrilles, qui se répandent dans la membrane 
pituitaire de la cloison et des cornets supérieurs. 
Scarpa croit qu'ils ne vont point au délà, et il 
pense que les cornets moyens et inférieurs ne 


Ant. VI. Nerfs des narines. 60 


reçoivent de nerfs que de la cinquième paire, et 
ne sont point des organes de l’odorat. II ne leur 
attribue d’autre usage que de rompre l’air que 
ces animaux respirent en plus grande quantité 
que les autres, et d’empècher sa masse de nuire 
par son choc aux cornets supérieurs. 


I assure que ses expériences sur des oiseaux 
vivans lui ont fait voir que l’odorat est plus fort 
dans les espèces où les cornets supérieurs et les 
nerfs olfactifs eux-mêmes sont plus grands ; voici 
 Vordre qu'il leur attribue, en commençant par 
ceux qui ont ce sens plus délicat : les oiseaux de 
rivage, les palmipèdes, les oiseaux de proie, les 
pics, les passereaux , les gallinacés. 


C. Dans les reptiles. 


Leur nerf olfactif diffère peu de celui des 
oiseaux dans sa naissance et dans son trajet; il 
en diffère encore moins dans sa distribution, puis- 
qu'il se partage aussi, selon Scarpa, au septum 


et au cornet supérieur, sans aller au delà. 
L 


D. Dans les poissons. 


Lorsque leur nerf olfactif est arrivé derrière 
la membrane plissée qui forme la narine, il se 
 dilate pour s'appliquer à toute sa face interne 
ou convexe , et pour l’envelopper. Quelquefois, 
avant de se dilater, il se renfle en un vrai gan- 
glion: c’est ce qu’on voit dans la carpe. D’autres 


656 XV° Lecow. I'° Sscrion. De l’odorat. 


fois, son expansion se fait sans renflement; elle est 
mince, et pourroit être comparée à la rétine: 
mais on y voit plus distinctement les fibres ner- 
veuses dont elle est composée. Dans les raies et 
les squales, il ÿ a un tronc sous le repli prin- 
cipal de la membrane pituitaire et des branches 
dans les replis latéraux. Ces branches produisent 
de petits filets qui pénètrent dans toute l’épais- 
seur de la membrane, et s’y répandent unifor- 


mément. 


II. Nerf de la cinquième paire. 


Dans tous les animaux vertébrés, l’intérieur du 
nez reçoit un rameau de la branche ophthalmique 
de la cinquième paire, aïnsi que nous l’avons vu, 
pag. °03 de ce volume, pour l’homme; pag. 205, 
pour les mammifères; page 215, pour les oiseaux; 
page. 217, pour les reptiles, et page 219, pour 
les poissons. On nomme ce rameau le nerf nasal. 

Le ganglion sphéno-palatin du maxillaire su- 
périeur fournit de plus, dans l’homme et dans 
les mammifères, plusieurs filets aux narines pos- 
térieures. Voyez pag. 207 et. 208. o 

Le sinus maxillaire en reçoit de cette même 
branche, et le sinus frontal, du rameau frontal 
de l’ophthalmique. 

Dans les oiseaux , le premier rameau nasal 
de l’ophthalmique naît à Tendroit même où le 
perf arrive dans le bec ; ilest grêle et règne tout le 
long du,bord supérieur du septum. L’ophithalmique 


ART. VIL Cartilages du nez, 657 


donne ensuite un second rameau, plus gros, qui 
se divise en trois ou quatre, et va au cornet moyen 
et à l’inférieur; et un troisième, qui se distribue 
dans les parties extérieures du pourtour des na- 
rines. | 

Nous ne connoïssons point exactement la distri- 
bution des nerfs de la cinquième paire dans l’in- 
térieur du nez des reptiles. 

Dans les poissons , le rameau nasal de l’oph- 
talmique est quelquefois aussi gros que l’olfactif 
lui-même ; et comme ces denx nerfs marchent 
parallèlement pendant un espace assez long, dans 
les carpes , les gades , le brochet, quelques anciens 
anatomistes (Collins entre autres) ont cru que 
ces animaux avoient de chaque côté deuxolfactifs. 
Cette erreur a été copiée RME ar a quel- 
ques-écrivains plus récens. r aifp vi 
Ce nerf nasal nous a paru se distribuer princi- 
palement vers les bords extérieurs de la membrane 
pituitaire. Hot trob 


ARTICLE VIl 


Des cartilages qui couvrent l'entrée des na- 
' rines , et de leurs muscles: 


Nous n'avons décrit, à la p. 78 de ce volume, 
que l’ouverture de la fosse nasale, telle qu’elle 
est dans le squelette, lorsque les parties molles 
en ont été enlevées. Dans l’état frais, cette ou- 

2 TE 


658 XV° Lxcox. 1° Section. De l’odorat. 


verture est munie de plusieurs cartilages, qui pro- 
longent plus ou moins la cavité nasale en avant, 
et qui peuvent en élargir ou en rétrécir l'entrée - 
par leurs mouvemens. 


- A, Dans l’homme. 
1°. Les cartilages. 


Ta cloison intermédiaire, des narines devient 
cartilagineuse à sa partie antérieure: et inférieure , 
et se prolonge ainsi jusqu'à la pointe du nez. Son 
bord aniérieur se dédouble dans la partie qui est 
immédiatement sous les :6s propres du nez , en 
deux lames triangulaires qui se portent sur les 
côtés durnez et prolongent les plans formés par 
ses os:propress : : : 

L’intervalle qui reste de chaque côté éntre-une 
de ces lamés triangulaires et le septum., est oc- 
cupé par: un cartilage voblong , transverse , et 
ployé en deux feuillets , entre lesquels reste le 
vide qui conduit dans chaque narine. Un de 
ces feuillets est placé contre le bord inférieur du 
septum. L'autre occupe l’épaisseur de l'aile du 
nez ( c’est ainsi qu’on nomme la partie inférieure 
de chacun de ses côtés.). Cette aile contient en- 
core vers sa racine , un, deux ou même trois 
petits cartilages irréguliers, qui restent quelque- 
fois membraneux. Toutes ces parties sont liées par 
une cellulosité graisseuse, et enveloppées par la: 
peau, t" ER D al à 


ART. VII, Cartilages du nez. * 659 


2°, Les muscles. 


Plusieurs muscles agissent sur ces cartilages , et 
œontribuent avec ceux des lèvres à donner à la 
physionomie de l’homme ce jeu varié qui la carac- 
térise. 1°. Le muscle pyrar1idal est une produc- 
tion de l’occipito-frontal, qui descend entre les 
sourcils , et couvre les côtés, du nez. Il se ter- 
mine par une aponévrose qui lui est commune 
avec, 2°. le transverse, qui vient de dessous 
l'angle interne de l'orbite, et s'étend sur le côté 
du nez , pour l’unir avec son correspondant , sur 
le dos de cette partie. 3°. Le releveur de l’aile 
du nez et de la lèvre supérieure , qui descend de 
l’angle interne de l’orbite vers la lèvre , et donne 
en passant plusieurs fibres à l'aile du nez. 
4°. L’abaisseur de l’aile du nez, qui vient de 
la partie de. l’os maxillaire qui contient les inci- 
sives, et monte directement au bord inférieur de 
l'aile du nez. 5°. Le nasal ; il vient de la partie 
inférieure de la cloison , et se porte en bas et de 
côté , pour se confondre avec l’erbiculaire des 
lèvres. 

On comprend aisément l’action de chacun de 
ces muscles. 


8. Dans les mammifères. 


Les cartilages du nez et leurs muscles varient 
singulièrement dans les mammifères , comme la 
plupart des autres parties extérieures. 


Me Di €, 


0 


+ 


66o XV° Lecox. 1°° Sécrion. De l’odorat. 


Les cartilages du nez des singes ne diffèrent 


de ceux de l'homme que par leur extrême pe- 
titesse : ils ne paroissent avoir d’autres muscles 
qu'une expansion de. fibres longitudinales qui 
couvre uniformément toute la face , et qui sémblé 
être une continuation du pannicule charnu. C’est 
ainsi du moins que nous les avons trouvés dans 
les cynocéphales. 


Dans les carnassiers ;-dont le museau ne se pro- 


longe point au-delà de la bouche comme le czien, 
les cartilages sont encore semblables à ceux de 
l'homme ; le cartilage du séptüm produit deux 
ailes qui prolongent les os du nez, et les bords 
des narines sont garnis de deux cartilages ployés; 
il n'y a de muscles bien prononcés que le rele- 
veur commun de l’aile du nez et de la lèvre 
inférieure , qui recouvre toute la joue presque 
comme l'expansion que nous avons décrite dans 
le singe ; et l’abaisseur de l'aile du nez, qui est 
assez petit. | | 
Dans les carnässiérs à museau saillant et mo- 
bile , comme les owrs, et sür-tout les coatis et 
les taupes , les cartilages forment un tuyau com- 
plet, qui est articulé sur les narmes osseuses. 
Dans l’ours le septum cartilagineux se dédouble 
par dessous comme par dessus ; les ailes st é- 
rieures se courbent vers le bas , les inférieures 
vers le haut, et elles se rencontrent sur les côlés 
pour s’unñir par une cellulosité et compléter la 
cloison extérieure de chaque narine. Le bord de 


PER ES 


Arr. VII. Cartilages du ner. :-- 661 


chaque aile continue eusuite à se recourber en 
dedans , et s’y roule en un cornet, qui fait suite 
‘ au cornet osseux inférieur , et qui est recouvert 
comme celui-ci d’un prolongement de la mem: 
brane pituitaire. 

Ce tuyau cartilagineux se meut en fous sens sur 
le bout du museau osseux. C’est sur-tout dans la 
taupe que ses muscles sont remarquables. Ii y 
en a quatre de chaque côté, tous attachés au-dessus 
de l'oreille , et marchant en avant entre le 
crotaphite et le masseter. ]s se terminent par au- 
tant de tendons qui sont placés autour du tuyau 
nasal comme des cordes autour d’un mät. Le 
plus profond de ces muscles produit le tendon 
supérieur qui s’unit avec son correspondant et 
une large aponévrose qui couvre tout le dessus 
du nez. Les deux suivans se rendent sur le côté 
du nez ; l’un un peu plus haut, l’autre un peu plus 
bas ; le quatrième, qui est le plus extérieur, va 
s'unir avec son correspondant , sous le nez, 
comme le premier le fait dessus : ces tendons 
s’insèrent à la plaque fongueuse , qui termine le 
boutoir , en recouvrant l’extrémité des cartilages ; 
un petit muscle vient aussi du bord alvéolaire de 
l'os incisif et abaisse le museau; le bout du seplum 
est ossilié. 

Le boutoir du cochon est semblable en grand 
à celui de la taupe ; les cartilages en sont seule- 
ment beauroup plus courts. à proportion; leur ex- 


trémité est. aussi ossifiée du côté de SAR: Il 
Tt5 


662 XV° Leçow. I" Secrron. De l’odorat. 


y à aussi quatre muscles, mais moins longs, et 
autrement disposés. Le supérieur vient de l'os la- 
chrymal , en avant de l’œil. Son tendon se porte 
sur le boutoir, mais ne s'approche pas assez de 
son correspondant pour s’y unir ; deux autres si- 
tués sous le précédent , qui viennent de l'os maxil- 
laire , en avant de l’arcade , sont en partie réunis ; 
mais leurs tendons se rendent séparément l’un 
au côté , l’autre vers le bas du boutoir. Un qua- 
trième , très-petit, va obliquement de Pos nasal 
vers l'insertion du précédent en passant sous les 
tendons des deux premiers. 

Le boutoir et ses muscles longitudinaux sont 
enveloppés dans le cochon comme dans la taupe, 
par des fibres annulaires qui sont une continua- 

ation de l’orbiculaire des lèvres. KES 

Dans les solipèdes et les ruminans dont les na- 
rines osseuses sont très-ouvertes , regardent obli- 
quement en haut , et sont formées par une grande , 
échancrure de chaque côté de la pointe des os 

propres du nez, la partie molle des narines est 
en grande partie membraneuse , et porte le 
nom de zaseaux ; le bord de leur ouverture 
seulement renferme un cartilage dans le czeval. 
Ce cartilage, nommé sémi-lunaire par les hippo- 
tomistes est analogue à l’inférieur de l’homme, il 
est aussi formé de deux branches ; une, presque 
parallèle au septum , longue et étroite ; l’autre, 
placée dans l’aile extérieure du nez , courte et 
presque carrée. Fout le reste dé cette aile exté- 


Arr, VII. Cartilages du nez. : 665 
rieure n’est qu'un repli de la peau , qui forme 
d’abord un cul-de-sac, dont la convexité est'sen- 
sible en dehors et qu’on nomme fausse narine ; 
une fente longue et étroité de la paroï interne 
conduit dans la zarine vraie. Un muscle prin- 
cipal agit sur cette fausse narine pour la dilater : 
c’est le pyramidal des hippotomistes : il naît de 
Vos maxillaire près l’origine de l’arcade zygoma - 
tique par un tendon étroit. Sa partie charnue 
se dilate et se perd sur la convexité de la fausse 
narine et dans l’orbiculaire des lèvres. Un autre 
muscle situé au-dessus du premier et venant de 
Vos maxillaire près de l’échancrure des narines 
osseuses, pénètre dans le répli situé entre l'os 
‘et la fausse narine, et va s’insérer à ane produc- 
tion cartilagineuse ki cornet inférieur. 

Le cartilage sémi-lunaire est rapproché ‘du 
septum ;'et le naseau dilaté par un muscle com- 
mun aux deux nafmes , et nommé transverse 
par Bourgelat. Ses fibres sont parallèles à celles 
de l’orbiculaire des lèvres, et aucune séparalion 
ne les en distingue. Au dessus sont des fibres qui 
viennent de l'os nasal et s’insérent sur la con- 
vexilé supérieur de la fausse narine. Elles for- 
ment le r1uscle court de Bourgelat. 

Le nuscle maxillaire de ce même auteur vient 
de tout le devant du chanfrein, se porte obli- 
quement de côté et en bas, et se bifurque ; la 
branche externe passe sur le pyramidal ; et va 


à la commissure des lèvres. L’interne passe sous 
Ttà 


664 XV° Lecow. I'‘° Secriox. Dé l’odorat. 


le pyraminal , et se mêle avec lui pour s’insérer 
à la convexité externe de la fausse narine, enfin 
le releveur de la lèvre supérieure peut être aussi 
considéré comme un muscle des naseeux sur 
lesquels il agit puissamment. C’est un muscle 
long, qui vient de l’os lachrymal , produit un 
tendon fort, qui s’unit à son correspondant sur le 
bout des os propres du nez, et forme avec lui 
une aponévrose qui s’insère à la lèvre supé- 
rieure. : 

Les muscles du nez des ruminans sont beaucoup 
moins compliqués. Leurs cartilages ne consistent 
qu’en un dédoublement du septum, qui se con- 
tinue dans l’aile externe du nez par une production 
pointue et arquée. Les naseaux sont moins écartés 
et regardent plus en avant que dans le cheval. 

Il y a deux muscles de chaque côté , qui viennent 
de la partie inférieure de l’os maxillaire au dessus 
des molaires antérieures. Le supérieur se divise 
_en deux tendons, dont l’un va au bord supérieur 
et l’autre à l’angle postérieur de la narine; l’in- 
férieur, en trois autres portions qui vont toutes à 
son bord inférieur : il ÿ a aussi un abaisseur ; 
il est placé en avant. cé 

Nous terminerons cette description des carlilages 
du nez et de leurs muscles, dans les mammiféres, 
par celle de la trompe de l’éléphant. 

Nous allons d’abord donner un extrait de la 
description qu’en ont faite les académiciens de 
Paris. 40e 


ART. VII. Cartilages du nez. 665 


Cette trompe est un cône très-alongé, plus large 
à sa racine, et dont l’intérieur est creusé en. un 
double tuyau revêtu d’une membrane forte, ten- 
dineuse, et percée de beaucoup de: petits trous 
qui sont les orifices d’autant de cryptes muqueuses, 
et qui laissent couler une liqueur abondante. Ces 
tuyaux remontent jusqu'aux narines osseuses; mais 

un peu avant d'y arriver , ils se recourbent deux 
fois, et leur communication avec elles est fermée 
par une valvule cartilagineuse et élastique, que 
l'animal peut ouvrir à volonté, et qui retombe 
- par son propre ressort quand les muscles cessent 
d'agir. 

Tout l'intervalle entre les tuyaux membraneux 
qui suivent l’axe de la trompe et la peau qui l’en- 
veloppe extérieurement, est rempli par une couche 
charnue fort épaisse, et composée de deux sortes 
de fibres: les unes vont de la membrane des 
tuyaux à une membrane tendineuse, située im- 
médiatement sous la peau extérieure, de manière 
que dans une coupe longitudinale de la trompe 
elles sont transverses ; et que , dans une coupe 
transversale, elles représentent les rayons d'un 
cercle. Leur effet est de rapprocher la peau exté- 
rieure de la membrane des tuyaux; et, en com- 
primant leur intervalle, de forcer la trompe à 
s’alonger sans rétrécir lestuyaux , comme l’auroient 
fait des fibres annulaires : ce qui est fort remar- 
quable, Les autres fibres de la trompe sont lon- 
gitudinales ; elles forment une multitude de faisceaux 


\ 


666 XV° Lecow. l'° Srcrtow. -De l'odorat. 
courts et arqués, dont les deux extrémités sont 
attachées à la membrane des tuyaux, et dont le 
milieu ou la convexité adhère à la membrane 
extérieure. Il y a de ces faisceaux tout du long 
et tont autour de la trompe ; leur effet est de la 
raccourcir en son entier, ou dans ME partie qu’il 
plaît à l’animal. 

On conçoit que, par ces alongemens et rac- 
courcissemens partiels, d’un côté ou de l’autre, 
il n’est aucune courbure imaginable que l’éléphant 
ne puisse donner à sa trompe. Ce qui est plus 
difficile à expliquer , c’est la manière dont il lance 
dans la bouché l’eau qu’il a pompée par aspira- 
tion dans sa trompe. Comme il n’a point de fibres 
annulaires, il ne peut en comprimer les tuyaux, 
et il n’a d’autre moyen que de la pousser par 
le souffle; mais comment peut-il souffler dans son 
nez en même temps qu'ilavale? Peut-être enfonce-t-il 
le bout de sa trompe par delà son larynx. 

Nous n'avons disséqué qu’un fœtus d’éléphant, 
qui nous a cependant permis d'ajouter quelques 
faits à la description précédente. Tous les petits 
faisceaux longitudinaux se rapportent à quatre 
grands muscles qui se confondent presque dans 
la trompe même, mais qui sont bien distincts à 
leur attache supérieure. Les deux antérieurs tiennent 
a toute la largeur de l’os frontal au dessus des 
os du nez. Les deux latéraux tiennent aux os 
maxillaires sous et en avant de l’œil: La face 
postérieure où inférieure de la trompe est revêtue 


ART. VIL Cartilages du nez. 667 


de fibres qui semblent se continuer avec le muscle 
orbiculaire des ‘lèvres, et dont la direction est 
oblique de haut en bas et de dedans en dehors, 
en sorte que celles d’un côté font un A avec 
celles de l’autre. : 


Tous ces muscles sont animés par une énorme 
branche du nerf sous - orbitaire, qui pénètre de 
chaque côté entre le muscle latéral et l’inférieur, 
et qui se ramifie dans toute la trompe. 


La trompe du fapir, que nous avons dissé- 
quée nous-mêmes aussi sur un fœtus, ressemble, 
à quelques égards, à celle de l’éléphant, quoique 
beaucoup plus courte ; elle est composée de même 
de deux tuyaux membraneux, garnis de beaucoup 
de lacunes muqueuses , et renfermés dans une 
masse charnue que la peau enveloppe. Les fibres 
longitudinales ne sont divisées qu’en deux faisceaux 
qui viennent de dessous l’œil; les fibres trans- 
verses vont, comme dans l'éléphant, de la mem- 
brane des tuyaux à celle qui est sous la peau; 
mais le tapir a de plus un muscle tout semblable 
au releveur de la lèvre supérieure du cheval, 
venant de même des environs de l’œil, et se 
réunissant en un tendon commun avec son con- 
génère au dessus des naseaux. L’occipito- frontal 
donne aussi un tendon qui s’insère à la base de 
la trompe et la relève. 


668 XV° Lecox. l'° Secriow. De l’odorat. 


C. Dans les oiseaux. 


Les narines externes des oiseaux ne sont jamais 
munies de cartilages mobiles, ni de muscles; mais 
l'ouverture en est seulement rétrécie par des 


productions plus ou moins considérables de la peau 


qui réyêt le bec. Les formes. et la position de celte 
ouverture ont été remarquées par les naturalistes; 
élle est latérale dans le plus grand nombre des 
oiseaux. Quelques-uns l’ont à la base, ou même 
sur la base du bec: dans ce dernier cas sont les 
toucans ; elle est tantôt plus large, tantôt plus 
étroite. Dans les Aérons , par exemple, c’est une 
fente où une épingle pourroit à peine pénétrer ; 
dans les hirondelles de mer, les deux marines 
correspondent à une ouverture du septum, en 
sorte que l’on voit par elles au travers du bec. 
Les gallinacés ont les narines en partie recou- 
vertes par une plaque charnue. Les corbeaux 
les ont bouchées par un faisceau de plumes roides 
et dirigées en ayant, etc., etc. 


D. Dans les reptiles. 


Les narines extérieures des repliles ne sont 
ordinairement garnies que de quelques couches 
charnues qui peuvent en dilater ou en rétréeir 
l'entrée : c’est ce qu'on remarque dans la plupart 
des lézards, qui ne diffèrent entre eux que par 
la position de leurs narines extérieures. Les croco- 
diles sont ceux qui les ont le plus rapprochées; les 


BSar: 


Arr. VIL Cartilages du néz. ::: 660 


« 


tupinambis , les stellions et les carméléons: sont 
ceux qui lés ont le plus écartées et le: plus laté- 
rales: les sa/amandres les ont extrémement petites: 
On y voit une petite tubulure dans les grenouilles, 
où le jeu en est très-sensible, parce qu'il est fort 
important pour la respiration , comme nous le 
verrons par la suite. Les tortues ont aussi deux 
trés-petites narines rapprochées; elles sont portées 
au bout d’une courte trompe  cartilagineuse dans 
l'espèce rnratarmnata et dans une ou deux autres. 
_ Les serpens ont des narines latérales petites, et 
susceptibles seulement d’une très-légère extension. 
Le serpent à sonnettes a , au dessous et en arrière 
de chaque narine, un trou borgne assez profond, 
et dont l’usage est inconnu, qui lui donne l’a 
d’avoir quatre narines. 


E. Dans les poissons. 


Dans les poissons, l'entrée de la fosse qui forme 
chaque narine est plus étroite que cette fosse mêmé; 
la membrane qui l’entoure est susceptible de se 
redresser, au gré de l’animal, en un tube court 
dans beaucoup de poissons osseux, et notamment 
dans les carpes; mais lorsque le poisson est tiré 
de l’eau , ce tube s’affaisse. 

Le plus grand nombre des poissons osseux ont 
celte ouverture divisée en deux par une traverse 
membraneuse : ce qui leur donne Pair d’avoir 
quatre narines. Les deux trous de chaque côté 
sont tantôt égaux, tantôt inégaux; ils varient à 


670 XV° Leçox. F° Secrion. De l’odorat. 


l'infini en grandeur et en positions : maïs ces 


différences extérieures ont été décrites par les. 


ichtyologistes. 

Dans les poissons chondroptérygiens, les narines 
communiquent par un sillon avec les angles de 
la bouche: il y a ordinairement un lobe de la 
peau qui recouvre une partie de leur ouverture; 
les fibres qui les élargissent tiennent aux os des 
mâchoires ; celles qui les rétrécissent paroissent 


être en :sphincter. Il est difficile de voir bien dis- 


tinctement les unes et les autres. 
ARTICLE VIII. 
Des narines des cétacés, et de leurs jets-d’eau. 


_ Les narines des cétacés méritent une descrip- 
tion particulière, à cause des grandes différences 
qui existent entre elles et celles des autres mam- 
mifères. : 

Les célacés qui ne peuvent respirer que Fair, 
et qui ne peuvent point le recevoir par la bouche, 
qui est plus ou moins plongée dans l’eau , n’au- 
roient pu non plus le recevoir par les narines, 
si elles eussent été percées au bout du museau : 
‘cest pour cela qu’elles s’ouvrent sur le sommet 
de la tête que ces animaux peuvent aisément 
“élever au dessus de la surface de l’eau ; elles sont 
-donc l’unique voie de leur respiration; elles servent 
de plus à les débarrasser de l’eau qu’ils seroient 


che 5 


ArT. VIII. Narines des cétacés.; : 67a 


obligés d’avaler chaque fois qu'ils ouvrent la 
bouche, s'ils ne trouvoient, moyen: de la faire 
jaillir au travers de leurs narines par un méca- 
nisme que nous décrirons bientôt. 

C’est sans doute parce qu’une membrane; pitui- 
taire ordinaire auroit été blessée par ce. passage 
continuel et violent de l’eau salée, (ainsi que nous 
pouvons en juger par la douleur que nous éprou- 
vons lorsque nous laissons entrer quelques gouttes 
de boisson dans nos. narines.).,. que, celles des 
cétacés sont tapissées d’une peau: mince, sèche, 
sans cryptes, ni follicules muqueux ,.et qui ne 
paroît point propre à exercer le.sens: de l'odorat. 
Il n'y a aucun sinus dans les os environnans , ni 
aucune lame saillante dans l’intérieur ; l’os ethmoïde 
n’est même percé d'aucun trou,.et n’a pas, besoin 
de l'être, puisque le nerf olfactif n’existe point. 
Voyez pag. 160 et 196. Cependant il n’est pas 
certain que ces animaux y’aient aucun odorat. 
S'il existe chez eux, il doit résider: dans la cayité 
que nous allons décrire. 

.. Nous avons vu, page 492 ; que la trompe 
Eustache remonte vers le haut des narines. La 
partie de ce, canal voisine de l'oreille a à sa face 
interne. un: trou assez large, qui donne dans un 
grand espace vide, situé profondement entre 
l'oreille , l'œil et le crâne, majntenu par une 
cellulosité très-ferme, et se prolongeant en diffé- 
xrens sinus également membraneux qui se collent 
contre les 05. Ce sac et ces sinus sont revétus en 


673 XV° Leçon. ]"° Secriox. De l’odorat. 
dedäns d’une mémbrane noirâtré, muqueuse ét 
trèsitendée, Il ééminunique avec les sinus frontaux 
par ün canal qui remonte au devant de l'orbite: 
ces sinus n’ont point de communication immédiate 
avec les rarinés proprément dites. On ne trouve 
dans éé sat, amsi que dans les narines, que des nerfs 
provenant de Ja cquième paire. Iparoît, d’aprèsles 
expressions de //znter , qu'il avoit reconnu quelque 
chose de semblable dâns deux espèces de baleine; . 
mais’ il #avoi® pas” cru voir” d’organe de lodorat 
dans Te ‘dawphin etile marsouin, dont nous avons 
pris la déscription ci-dessus. 

Voici maintenant fe ‘mévanismé par lequel les 
rétacés font jaillir ces jets d’eau qui lés font re- 
connoître de loin à la mer, et qui ont valu à 
plusieurs de leurs: espèces le nom dé soufleurs. 

Si on suit l’œsophage en remontant, on trouve 
qu’arrivé à la hauteur du larynx, il semble se 
partager en deux cotiduits, dont Jun se continue 
dans la bouche ét l’autre remonte dans le nez. 
Ce dernier est entouré de glandes et de fibres 
charnues qui forment plusieurs muscles. Les uns 
sont longitudinaux , s’attachent au pourtour ‘de 
l'orifice postérieur des marines osseuses, et des- 
cendent le long de ce conduit jusqu'au pharynx, 
et à ses côtés; les autres sont annullaires et semblent 
une continuatiog du muscle propre du pharynx ; : 
comme le larynx s'élève dans ce conduit en ma- 
nière d’obéhsque ou de pyramide, ces fibres art- 
nulaires peuvent le serrer dans leurs contractions. 


AnT. VIIL. Narînes des cétacés. 673 


Toute cette partie est pourvue de follicules mu- 
queux qui versent leur liqueur par des trous 
trés-visibles. Une fois arrivée au vomer, la mem- 
brane interne du conduit, qui devient celle des 
narines osseuses, prend ce tissu uni et sec que 
nous avons décrit plus haut. Les deux narines 
osseuses , à leur orifice supérieur ou externe, sont 
fermées d’une valvule charnue, en forme de 
deux demi-cercles, attachée au bord antérieur de 
cet orifice, qu’elle ferme au moyen d’un muscle 
très-fort, couché sur les os inter-maxillaires. Pour 
l'ouvrir , il faut un effort étranger de bas en 
haut. Lorsque cette valvule est fermée, elle in- 
tercepte toute communication entre les narines 
et les cavités placées au dessus. 

Ces cavités sont deux grandes poches membra- 
neuses , formées d’une peau noïirâtre et muqueuse ; 
très-ridées lorsqu'elles sont vides, mais qui étant 
gonflées prennent une forme ovale, et ont dans 
le marsouin chacune la capacité d’un verre à 
boire. Ces deux poches sont couchées sous la peau 
en avant des narines; elles donnent toutes deux 
dans une cavité intermédiaire placée immédiate- 
ment sur les narines, et qui communique au dehors 
par une fente étroite. en forme d’arc. Des fibres 
charnues très - fortes forment une expansion qui 
recouvre tout le dessus de cet appareil ; elles 
viennent en rayonnant de tout le pourtour du 
crâne se réunir sur les deux bourses, et peuvent 
les comprimer violemment. 


2 V v 


674 XV° Leçon. I"° Secrion. De l’odorat. 


Supposons maintenant que le cétacé ait pris 
dans sa bouche de l’eau qu’il veut faire jaillir : il 
meut sa langue et ses mâchoires comme sil vouloit 
l’avaler; et fermant son pharynx, il la force de 
remonter dans le conduit et dans les narines, 
où son mouvement est accéléré par les fibres 
annulaires, au point de soulever la valvule et 
d'aller distendre les deux poches placées au dessus. 
Une fois dans les poches, l’eau peut y rester 
jusqu’à ce que l’animal veuille produire un jet. Pour 
cet effet, il ferme la valvule afin d'empêcher cette 
eau de redescendre dans les narines, et il com- 
prime avec force les poches par les expansions 
musculaires qui les recouvrent ; contrainte alors 
de sortir par l’ouverture très-étroite en forme de 
croissant, elle s’élève à une hauteur correspon- 
dante à la force de la pression. 

On dit que les baleines la portent à plus de 
quarante pieds. 


A RITT'CULÉ "UT 


Des orvanes de l’odorat dans Les animaux 
o 
invertébrés. 


Ox ne trouve de nez proprement dit, ni même 
d’organe qui paroisse clairement destiné à l’exer- 
cice du sens de l’odorat, dans aucun animal sans 
vertèbres, et cependant presque tous dorinent des 
preuves très-marquées qu’ils possédent ce sens. 


AnT. IX. Odorat des an. sans vertèb. 675 


Les insectes reconnoissent de loin leur pâture; 
les papillons viennent chercher leurs femelles , 
même lorsqu’elles sont renfermées dans des boîtes : 
ce qui prouve même évidemment que c’est l’odo- 
rat qui guide les insectes dans beaucoup de cir- 
constances, c’est qu'ils sont sujets à être trompés 
par des ressemblances d’odeur. Ainsi la mouche 
& viande vient pondre ses œufs sur des plantes 
à odeur fétide, croyant les placer sur de la chair 
corrompue, et les larves qui en éclosent y périssent 
faute de trouver la nourriture nécessaire. 

Comme l’organe de l’odorat, dans tous les ani- 
#iaux qui respirent l’air, est placé à l’entrée des 
érganes de la respiration, la conjecture la plus 
probable que l’on ait proposée sur son siége dans 
les insectes est celle de Baster, renouvellée depuis 
par divers naturalistes qui le placent à l’entrée des 
trachées ou vaisseaux aériens. Nous pouvons ajouter 
aux raisons alléguées jusqu'ici, que la membrane 
interne des trachées paroît assez propre à remplir 
cet office, étant molle et humide ; et que les in- 
sectes dans lesquels les trachées se reuflent et 
forment des vésicules nombreuses ou considérables, 
semblent exceller par leur odorat : tels sont tous 
les scarabés , les mouches, les abeilles, etc. 

Les antennes, que d’autres anatomistes ont cru 
être le siége de l’odorat des insectes, ne nous 
paroissent réunir aucune des conditions requises 
pour cela. 

Les mollusques qui respirent l’air pourroient 


Vva2 


66 XV° Lecox. II° Secrron. Du goût. 


aussi avoir quelque sensation des odeurs à l’entrée 
de leurs poumons ; mais au fond il n’est pas besoin 
de leur chercher d’organe particulier pour ce sens, 
puisque leur peau toute entière paroît ressembler 
à une membrane pituitaire; ayant la même mol- 
lesse, la même fongosité, étant toujours abreuvée 
par une mucosité abondante ; jouissant enfin de 
nerfs nombreux qui en animent tous les points. 
Les vers et les zoophytes mous, comme tous les 
polypes, sont probablement dans le même cas. 
On ne peut pas douter que tous ces animaux ne 
jouissent du sens ; c’est principalement par lui 
qu’ils reconnoiïssent leur nourriture, sur-tout les 
espèces qui n’ont point d’yeux. Âristote a déja 
remarqué que certaines herbes d’une odeur forte 
font fuir les seiches et les poulpes. 


DEUXIÈME SECTION. 
Des organes du goût. 
ARTICLE PREMIER. 

De la sensation du goût. 

Après ce que nous avons dit des quatre sens 
précédens, il nous resie très - peu d’observations 
à faire sur celui du goût, qui est de tous celui 


qui s'éloigne le moins du toucher. \ 
Les organes de ces deux sens sont même si 


- Arr. L De La sensation du goût. 677 


semblables, qu’ils servent à s'expliquer mutuel- 
lement, et que l’on a eu recours à celui du goût 
pour se faire une idée des parties qui ne sont 
pas suffisamment développées pour nos yeux dans 
celui du toucher. 

Ce qui paroît caractériser spécialement l’organe: 
du goût, c’est son tissu spongieux, qui lui permet 
de s’imbiber des substances liquides : aussi la langue 
ne peut-elle goûter que les substances liquides , 
ou susceptibles de le:devenir lorsqu'elles se dis- 
solvent dans la salive. Les corps insolubles n’ont 
aucune saveur; ceux même qui sont le plus sapides, 
ne font aucune impression sur la langue lorsqu’elle 
est sèche, soit par maladie, soit parce que la 
salive; consommée par des mastications précédentes, 
n’a pas eu le temps de se renouveller. 

La nature a richement pourvu à ce besoin d’une 
humidité continuelle. Dans tous les animaux qui 
ne vivent pas dans l’eau, les glandes nombreuses 
versent d’abondantes humeurs dans la bouche, 
ainsi que nous le verrons en traitant de la mas- 
tication; l’absence de toute salive, la sécheresse 
absolue de la langue est un des plus cruels tour- 
mens que l’on puisse endurer. 

Les corps semblent avoir d'autant pins de saveur 
qu'ils sont plus solubles : les sels sont de tous, 
ceux qui l’ont au plus haut degré; mais on sent 
aisément qu'il est impossible de rendre raison 
des diverses espèces de saveurs attachées à chaque 
corps ,} et que les explications fondées sur les 


Vv 


678 XV° Lecow. II° Section. Du goût. 
figures que l’on supposé à. leurs molécules élé- 
mentaires , ne seroïent plus reçues aujourd’hui: 
Le changement qui a lieu dans le nerf ; est 
dû sans doute à l’action réciproque qui. s’exerce 
entre le principe de chaque saveur et: le fluide 
nerveux ; mais la nature de cette action nous est 
encore inconnue ; et ses rapports avec l’image qui 
en est la suite nous le-seront nécessairement 
toujours. - 

- Le sens du goût , dans un animal quelconque ; 
est d'autant plus parfait, 1°. que les: nerfs- qui 
vont à sa langue sont plus considérables ;, 2°. que 
les tégumens de cette langue :sont plus susceptibles 
de se laisser pénétrer par les liqueurs savoureuses; 
9°. que la langue elle-même est plus flexible, et 
peut entourer par plus de faces ,et serrer deplus 
près , le corps qu'elle veut -goûter. C’est:'sous ces 
trois rapports que nous allons considérer les or: 
ganes de ce: sens dans les articles suivans. 


A RTE GE LE 


De la substance de la langue, de :sa forme et 
de sa mobilité. 

La langue étant en même temps un organe du 

goût, et un organe de déglutition et de parole ; 

et tout ce qui sert à la mouvoir , contribuant plu- 

tôt à ces deux dernières fonctions qu’à la pre- 

mière ; ce ne sera que dans l’article de la déglu- 


ART. Il. De la substance de la langue. 679 
üition que nous décrirons l’os hyoïde , ses liga- 
mens ,ses muscles , ceux de la langue, et les mou- 
yemens dont elle est susceptible. Nous n’indi- 
querons ici que la nature de sa substance et le 
degré général de sa mobilité, en tant qu’ils influent 
sur la perfection du sens du goût. 

Dans tous les mammifères sans exception, la 
langue est charnue et flexible dans toutes ses 
parties, attachée par sa racine seulement à l'os 
hyoïde et par une portion de sa base à la mà- 
choire inférieure , elle ne diffère d’un animal à 
l’autre que par la longueur et l’extensibilité de 
sa partie libre, ou de sa pointe. Les extrêmes à 
cet égard, sont le fourmilier d’une part, qui 
peut l’alonger à l’excès, et les cétacés de l’autre, 
qui l’ont attachée par presque toute sa face in- 
férieure. 

Les autres espèces ne différent pas sensiblement 
de l’homme à cet égard. . 

. Dans les oiseaux, la langue est toujours sou: 
tenue par un os qui en traverse l’axe , et qui s’ar- 
ticule à l'os hyoïde ; elle est par conséquent très- 
peu flexible ; il n’y a que la pointe de cet os, qui 
devenant un peu cartilagineuse peut se ployer plus 
ou moins. Cet os est conforme à la figure exté- 
rieure de la langue , étant recouvert par quelques 
muscles seulement , et par des tégumens peu 
épais. Dans les pics et les 1orcols il est beaucoup 
plus court que la peau de la langue , et lorsque 
la langue s’alonge , cela provient de ce que l'os 


Vvré 


680 XV° Lecow. Il° Section. Du got. 


hyoïde et ses cornes se portant en avant ; péné- 
trent dans ce surplus de peau, et l’étendent en 
poussant la langue en avant, comme nous le verrons 
ailleurs: 

Les reptiles varient beaucoup à l’égard de la 
langue , comme à tant d’autres. Les crapauds et 
les grenouilles ont une langue entièrement char- 
nue , atlachée au bord de la mâchoire inférieure , 
et qui dans l’état de repos se reploie dans la 
bouche. 

Dans les salamandres , elle est attachée jus- 
qu'a sa pointe, qui ne peut point se mouvoir, 
et n’est libre que par ses bords latéraux. Les 
crocodiles Vont attachée d'aussi près par ses 
bords que par sa pointe , en sorte qu’on a écrit 
longtemps qu’ils n’en avoient point du tout. Elle 
“est entièrement charnue dans ces deux genres. 

Les stellions et les iguanes ont la langue 
charnue , et jouissant à peu prés de la même 
mobilité que celle des mammifères. Celle des 
scinques et des geckos n’en diffère que parce 
qu’elle est échancrée par le bout, et elle se rap- 
proche , en cela, de celle des orvets, dont les scin-. 
ques sont en général très-voisins. 

Dans les /ézards ordinaires , les tupinambis 
ou 7zzonttor , etc. la langue est singulièrement 
extensible, et se termine par:deux longues pointes 
flexibles , quoique demi-cartilagineuses ; elle res- 
semble parfaitement à celle des serpens , si on 
en excepte les orvets et les amphisbènes ;qui ne 


ART. IL De la substance de la langue. 68a 


peuvent l’alonger , et qui l’ont plate , et seule- 
ment fendue par le bout. 

Le caméléon a une langue cylindrique qui peut 
s’alonger considérablement par un mécanisme 
analogue à celui qui, a lieu dans les pics. 

Dans quelques poissons , comme les chon- 
droptéry giens , il n’y a point de langue du tout; 
le dessous de la gueule est lisse et sans saillie. 

Dans d’autres,comme la plupart de ceux à bran- 
chies libres, la langue n’est formée que par la 
protubérance de l’os mitoyen auquel s’articulent 
ceux qui supportent les branchies. Cet os n’a de 
muscles que ceux qui l’élèvent ou qui l’abais- 
sent pour la déglutition et pour la respiration : 
aucune de ses parties ne peut se fléchir ; il n’est 
recouvert que par une peau plus ou moins 
épaisse, et il est souvent garni de dents aiguës, 
ou en forme de pavés, qui en rendent la surface 
presque insensible. 

La sirène ressemble à cet égard aux poissons 
à branchies libres. 

Les seiches, les limacons , et la plupart des 
autres mollusques gastéropodes , ont une langue 
cartilagineuse dont nous développerons ailleurs la 
structure très-singulière , mais qui n’a de mou- 
vement que ceux relatifs à la déglutition. Sa 
partie antérieure est fixée au dessous de la bou- 
che , et n'a nul moyen d’entourer les corps 
sapides. 

Les mollusques acéphales ne paroïssent point 


683 XV° Leçon. Il° Sscrion. Du goût. 

avoir de langue du tout. Peut-être le sens du goût 
est-il exercé par ces tentacules si semblables à 
des papilles , qui garnissent leurs manteaux aux 
endroits par lesquels y pénètre l’eau qui est le 
véhicule de leurs alimens ? 


Il n’y a point non plus de langue proprement dite 
dans les vers, quoique quelques-uns aient donné 
ce nom à la trompe du thalasseme , de l’échi- 
norhinque , etc. Les zoophytes n’ont point non 
plus de langue ; mais les tentacules souvent si dé- 
liés , et d’une substance si délicate , qui entourent 
leurs bouches , paroissent très-propres à être 
le siège du goût; pourquoi d’ailleurs la peau en- 
tière des polypes ne seroit-elle pas assez sensible 
pour palper les parties salines dissoutes dans 
Veau , puisqu'elle palpe bien la lumière qui la 
traverse? 

La nombreuse classe des insectes présente de 
grandes variétés à l’égard des organes du goût. 


Les coléoptères et les orthoptères ont la partie 
que l’on à nommée , peut-être sans trop d’ana- 
logie , lèvre inférieure, cornée à sa base, et ter- 
minée à sa pointe par une expansion membraneuse 


u’on a nommée en particulier la /anoue, et dont. 
P &sue; 


la forme varie presque à l'infini dans les divers 
genres, ainsi qu'on peut le voir dans les ouvrages des 
nouveaux entomologistes. Le pharynx.s’ouyre sur 
la base de cette langue. Les Æyménoptères etquel- 
ques révroptères ont la leur placée au même en- 


Arr. IL De la substance de la langue. 683 


droit, mais concaye et percée pour le pharynx 
en dessous , et se prolongeant souvent en une 
trompe qui surpasse quelquefois la longueur du 
corps. Cette trompe conserve encore le nom de 
langue ; elle est aussi membraneuse , mais on voit 
que sa substance est molle et fongueuse , et qu’elle 
est très-propre à recevoir les impressions du goût. 
Aussi remarque-t-on que les insectes où elle est 
le plus développée , sont ceux qui mettent le plus 
de choix dans leurs alimens. Les abeilles en sont 
la. preuve. 

Tous les diptères à trompe charnue ; comme les 
mouches, les taons, eic. semblent encore avoir 
un excellent organe de goût ; les deux lèvres de 
cette trompe ayant , indépendamment de leur 
substance molle et de leurs tégumens déliés , 
la faculté d’embrasser par plusieurs points les 
corps sapides. 

Les lépidoptères , ou papillons ; ont une lan- 
gue tubulée , de deux pièces exactement jointés , 
et le plus souvent très-longue , qui doit bien sa- 
vourer les liqueurs qu’elle hume, si tout son ca- 
nal est sensible à ces sortes d’impressions. On peut 
en dire autant du suçoir des ryngotes ou hé- 
mipières,, et de celui des diptères qui n’ont point 
de langue charnue, comme les asiles , les sto- 
moxes, les cousins ; on ne peut cependant juger 
de la perfection de chacun de ces instrumens par 
leur seule étendue proportionnelle. Il faudroit pou- 
yoir tenir compte de leur sensibilité propre, que 


684 XV° Lecox. II° Secrion. Du goût. 


‘nous n’avons aucun moyen d'estimer dans des 
organes si petits. 

Les palpes, barbillons ou antennules ,' sont des 
filamens le plus souvent articulés, qui sont: atta- 
chés à quelques parties de la bouche des insectes si 
et que ces animaux remuent sans cesse pour tou- 
cher leur nourriture pendant qu'ils mangent. 
Quelques-uns les ont crus destinés au goût, d’au- 
tres à l’odorat ; d’autres enfin les croyent de sim- 
ples organes du toucher. Quoique ces opinions ne 
soient pas très-éloignées l’une de l’autre, qu'il ne 
soit pas même impossible que ces organes rem- 
plissent à la fois deux ou plusieurs de.ces fonc- 
tions , il est clair que nous ne pouvons obtenir 
aucune certitude sur cet objet. Nous décrirons ces 
palpes en même temps que le reste des” organes 
manducatoires des insectes. 


AP TETE PTE 


Des iégumens, de la langue. 


1 


À. Dans d'homme. | 


‘Les muscles qui forment le Corps de la langue 
sont entourés d’un tissu cellulaire abondant , et 
revêtus d’une nrembrane épaisse, qui n’est:qu'une 
continuation de celle qui tapisse l’intérieur de la 
bouche , et par conséquent de la peau extérieure 
du corps. 


Arr. II. Tégumens de la langue. 685 


Ses caractères particuliers sur la langue sont 
l'épaisseur et la mollesse de la partie analogue 
à l’épiderme ; mais sur - tout le développement 
extraordinaire des papilles, qui, quoique parois- 
sant au fond, de même nature que celles de la 
peau, sont beaucoup plus grandes, plus serrées, et 
laissent mieux voir leur structure intime. 

Toute la face supérieure de la langue, depuis 
la pointe jusque fort près de sa racine: est cou- 
verte de papilles appelées couiques, parce que 
c’est en effet leur figure; elles sont serrées comme 
les soies d’une brosse; sur le milieu de la langue 
et vers sa pointe, elles sont hautes et aiguës; 
leur sommet se divise en plusieurs pointes ou 
filets ; vers les côtés, elles se raccourcissent gra- 
duellement, et se réduisent à de simples tubercules 
mousses. 

Parmi ces papilles, en sont éparses d’autres 
plus grandes, maïs beaucoup moins nombreuses, 
dites en champignon , ou fungiformes ; elles 
sont portées par un pédicule mince, et se ter- 
minent par une tête grosse et arrondie. Il y en 
a plus vers le bout de la langue que par - tout 
ailleurs. 

Enfin, vers la base de cet organe, sont environ 
dix tubercules demi-sphériques , entourés chacun 
d’un bourrelet circulaire, et nommés à cause de 
cela papilles & calyce; elles sont disposées sur 
deux lignes qui représentent un V, dont la pointe 
est tournée vers le gosier. 


686 XV° Leçon. Il° Srcriox. Du got. 

L'espace situé entre la pointe de ce V et l’épi- 
glotte n’a point de papilles; mais la membrane 
en est rendue inégale par des glandes qui sont 
dessous , et la plupart des éminences qu’on Y 
remarque sont percées de trous qui laïssent pé- 
nétrer dans la bouche les humeurs que ces glandes 
préparent. Le dessous de la langue n’a aussi aucunes 
papilles, et la peau n’en diffère point de celle du 
reste de la bouche. 

La partie analogue au corps NE est si 
mince sur la langue de l’homme, qu’on a peine 
à en reconnoiïtre l'existence ; se elle est fort 
épaisse sur celle des quadrupèdes, où les papilles 
qui la traversent la rendent parfaitement réticu- 


laire. 


B. Dans les mammifères. 


La langue des mammifères présente les mêmes 
espèces de papilles que celle de l’homme: les 
différences consistent seulement dans la forme des 
papilles coniques, et dans la substance dont elles 
sont quelquefois armées, dans la grosseur et l’abon- 
dance des papilles fungiformes, et dans lé nombre 
des papilles à calyce et la figure que leur arran- 
gement représente. 

Dans les guenons, on ne voit d'autre différence 
d’avec la langue humaïne, que parce que les pa- 
pilles à calyce sont moins nombreuses. Le”, . 
bonnet chinois en a sept, disposées ainsi : 
le macague , quatre ‘:.; le cynocéphale ét le 


Arr. III. Tégumens de la langue. 687 


mandrill n’en ont que trois disposées en triangle *." ; 
on n’en trouve non plus que trois dans les sapa- 
jous, qui se distinguent d’ailleurs par le peu de 
proéminence de leurs papilles coniques. 

Plusieurs chauve-souris ont des papilles coni- 
ques alongées et ressemblant presque à des poils. 
C’est sur-tout vers la partie postérieure de la lan- 
gue qu’on en voit ; il y en a même sur les côtés 
de la bouche. Quelques espèces ont ces papilles 
dures comme de la corne. Telle est la roussette où 
celles du bout de la langue ont chacune plusieurs 
pointes. Il n’y a que trois papilles à calyce très- 
rapprochées sur la langue de ces animaux. 

Le genre des chats a des tégumens très-parti- 
culiers à la langue. T'ous les bords de cet organe 
sont garnis de papilles coniques petites et molles , 
de papilles fungiformes semblables à celles de la 
plupart des animaux ; mais toute la partie moyenne 
porte d’autres papilles de deux espèces : les unes 
sont arrondies, et représentent , lorsqu'elles ont un 
peu macéré , des faisceaux de filamens qui semblent 
être les dernières extrémités des nerfs gustatifs ; 
les autres sont coniques , pointues , et revêtues 
chacune d’un étui de substance corné, terminé 
en pointe ou en coin, et se recourbant en arrière. 
Ces étuis rendent cette langue très-rude , et font 
qu'elle écorche lorsqu'ils lèchent. Ils se laissent 
arracher aisément , ils ont alors l’air d’autant de 
petits ongles. Les papilles en filamens , et les 
pointes cornées sont placées alternativement et 


688 XV° Leçon. II° Section. Du got. 


en quinconce , de façon qu’il yen a autant d’une 
espèce que de l’autre. Il n’y a point de papilles 
fungiformes dans tout cet espace , où je crois 
qu'elles sont remplacées par ceiles en faisceaux, 
comme les coniques le sont par celles à étuis 
cornés. La partie postérieure de la langue reprend 
la nature ordinaire des tégumens. Les papilles à 
calyce y sont plus ‘petites à proportion que dans 
les autres genres , et disposées sur deux lignes 
qui se rapprochent en arrière. Dans le chœt or- 
dinaire, on voit quelquefois sur les côtés en ar- 
rière , des papilles fungifermes pendantes au bout 
de très-longs pédicules. Les civettes ont une lan- 
gue semblable à celle-des chais. 

Les sarigues ont aussi à la partie moyenne 
et antérieure des étuis ou écailles cornées , reconr- 
bées en arrière ; mais elles se terminent en coins 
ou en tranchans arrondis. La pointe de leur lan- 
gue a des dentelures en forme de frange, il n’y 
a que trois glandes à calyce. Les phalangers ont 
la langue douce / comme les autres carnassiers,, 
chiens , ours, martes, phoques, etc. qui tous 
ne diffèrent presque point de l’homme par cet or- 
gane , et ne diffèrent même entre eux que par 
le nombre de leurs papilles à calyce. 

Il y en a cinq dans la znarte , dix dans le ra- 
lon , deux grandes et quelques-unes très-petites 
dans le blaireau ; je n’en ai pu compter que 
quatre , très-petites , dans un grand c/uen : il y en 
trois grandes dans la 2yène. Tout l’espace situé 


Arr. II. Tégumens de la langue. 689 


entre les papilles à calyce et l’épiglotte , est garni 
de grosses papilles coniques , fort aiguës , et plus 
serrées. 

Une des langues les plus singulières parmi 
celles des rongeurs , est celle du porc-épic, qui 
a sur les cotés, vers le-bout , de larges écailles à 
deux et trois pointes terminées en coin ; le reste 
de sa surface est comme à l'ordinaire. Il n’y a 
que deux grosses papilles à calyce. Les autres 
rongeurs n’ont rien de bien différent de l’homme, 
si ce n’est le nombre des papilles à calyce qui 
est toujours moindre. 

Les édentés à long museau, fourmiliers , ta- 
tous , oryctéropes , ont tous la langue longue, 
étroite , pointue et singulièrement lisse : dans les 
deux derniers on ne voit bien les papilles coni- 
ques qu'avec la loupe ; et dans les fourmiliers 
proprement dits, on n’en voit d'aucune espèce. 
Il n’y a que trois papilles à calyce dans l’orycté- 
rope, et deux seulement dans le tatou. 

Les paresseux ont la langue ronde par le bout, 
les papilles coniques et fungiformes peu dével- 
loppées , et celles à calyce au nombre de deux 
seulement. 

Les langues des pachydermes sont aussi peu 
hérissées. 

Dans les ruminans, les papilles coniques qui re- 
couvrent la moitié antérieure sont nombreuses , 
- serrées , fines, et terminées chacune par un filet 
corné , mais encore flexible , qui se recourbe en 


2 X x 


| À 


690 XV° Leçon. H° Secrrox. Du gott. 


arrière. Ces filets ne se distinguent qu’à la loupe 
dans les moutons, les gazelles ; etc. maïs dans le 
genre chameau , ils sont longs et rendent la lan- 
gue douce au toucher comme le velours. La partie 
postérieure de ces mêmes langues de ruminans est 
revêtue de gros tubercules, tantôt en cone court, 
tantôt en demi-sphère , et qui se rapetissent sur les 
côtés. Les papilles à calyce sontrangées sur les côtés 
de cette partie postérieure; elles sont assez nom- 
breuses et se distinguent mal aisément des fun- 
giformes , qui sont aussi grandes qu’elles en cet 
endroit. Il faut encore ici excepter le chameau, 
qui a ces papilles à calyce fort larges, et concaves 
à leur surface. 

Dans le cheval, les papilles coniques sont très- 
petites et serrées : on n’en voit guères de fungi- 
formes que sur les côtés ; il n’y en a que trois à 
calyce , dont la surface présente une multitude de 
tubercules irréguliers. L'espace situé derrière est 
comme dans l’homme. 

La langue du dauphin et du marsouin ne pré- 
sente, même à la loupe , aucune papille conique dis- 
tincte ; elle est parsemée de petites élevures per- 
cées chacune d’un trou, qui se multiplient sur-tout 
à sa moitié postérieure : on voit à sa base quatre 
fentes disposées à peu près comme les glandes 
à calyce le sont ordinairement. Les bords de la 
pointe sont découpés en petites lanières étroites et 
obtuses. 


» 


ART. IL. Tégumens de la langue. 693 


comme déchirée. Lies naturalistes ayant tiré de là 
les caractères de quelques-uns de leurs genres, on 
peut les consulter. On voit aussi un léger sillon 
qui règne dans toute la longueur de sa partie 
moyenne. ; 

Le genre des canards, dont la langue est char- 
nue, applatie et large, présente beaucoup de va- 
riétés pour la disposition des papilles. 

Dans le cygne elle forme dans sa partie moyenne 
un sillon profond. La partie antérieure est re- 
couverte à sa surface d’une couche épaisse de 
poils roides et serrés, dirigés sur les côtés. Plus en 
arrière et vers la partie moyenne le long du sillon, 
il y a deux rangées de plaques ou lames osseuses , 
dont la base est épaisse et le bord tranchant , 
libre , dirigé en arrière. Plus postérieurement sont 
des papilles coniques en forme de poils courts et 
roides , dirigées aussi en arrière. Deux autres sil- 
lons latéraux séparent les poils d’une nouvelle 
rangée de lames osseuses , semblables à a celles de 
la partie moyenne, mais augmentant de largeur 
à mesure qu’elles approchent de la base de la 
langue. ; 

Le bord de cette langue est en outre garni de 
poils roides , longs , parallèles , très-rapprochés et 
formant comme les dents d’un peigne. 

Vers le tiers postérieur la langue est comme 
partagée par un tubercule considérable à sur- 
face rugueuse saus papilles. 

Derrière ce tubercule la surface est hérissée de 


X ES se 


+ 


694 XV° Leçon. II° Skcrion. Du got. 


grosses papilles, charnues, longues, dirigées en ar- 
rière. Des sillons profonds , en forme de xitalique, 
les séparent les unes des autres. Ne 

La surface de la langue des autres espèces de 
canards varie beaucoup. Le cravant a aussi deux 
rangées de lames osseuses. Dans le canard sif- 
fleur, il n’y ena que sur les bords du tiers pos- 
térieur. 

Presque toutes les espèces ont les villosités 
roides et dirigées sur les côtés. Dans la double 
macreuse elles dépassent de beaucoup les bords 
de la langue. 

Dans l’éider (anas mollissima) , la pointe de 
la langue porte un petit appendice arrondi, plat 
et corné. Les villosités antérieures sont plus 
courtes , et le reste de la surface est presque lisse. 

Dans les oiseaux de rivage , la langue, qui est 
en triangle plus ou moins alongé ou en flèche, 
est généralement lisse et applatie. 

L’outarde, dont la forme de la langue appro- 


che de celle des oiseaux de rivage, en diffère ce- 


pendant en ce que ses bords sont garmis de pa- 
pilles cornées, longues, roides. Les deux dernières 
sont trés-larges, tranchantes et comme osseuses. 


D, Dans Les reptiles. 


La langue de la Zortue est garnie en dessus 
de papilles uniformes coniques, longues, molles, 
serrées, qui la font ressembler à un velours. 

Dans le crocodile, elles sont trés-courtes , et 


ART. II. Tégumens de la langue. 691 


C. Dans Les oiseaux. 


La langue a des papilles de formes diverses, 
Quelques-unes sont charnues, mousses et arron- 
dies. D’autres sont recouvertes par des étuis cor- 
nés , tantôt coniques, tantôt cylindriques; il y en 
a même d’osseuses et de cartilagineuses. Cette der- 
nière espèce se trouve presque toujours à la partie 
postérieure de la langue, et dirigée en arrière , 
de manière à servir plutôt à la dégluiition , en em- 
péchant le retour des alimens lorsqu'ils sont portés 
dans l’arrière-bouchie , qu’au sens du goût. 


Dans les vautours qui ont la langue arrondie en 
devant et cornée à son tiers extérieur , toute sa 
surface est lisse, excepté les bords qui sont relevés 
comme pour former un canal, et dentés en scie : 
chaque dent est revêtue d’un étui cartilagineux di- 
rigé en arrière. 

Dans les faucons , la langue est plus épaisse, 
entièrement lisse au bord, et échancrée à ses 
deux extrémités. 


Les oiseaux de proie nocturnes ont la langue 
charnue et garnie en arrière de papilles coniques 
molles, dirigées vers le gosier. 


Dans les perroquets la langue est très-épaisse, 
charnue, arrondie en devant. On y observe quel- 
ques papilles vraiment fungiformes , sur-tout à la 
partie postérieure. 


Celle des toucans est étroite et garnie, de 
Xx 2 


“6g2 XV° Leçon. IT° Secrion. Du goût. 


chaque côté, de soies cornées longues et serrées qui 
la font ressembler à une plume. 

Le genre des pics et des torcols a la langue for- 
mée de deux parties. Lune antérieure, protractile, 
longue , lisse , pointue antérieurement, où elle est 
reyêtue d’une gaine cornée et garnie sur ses bords 
de quatre ou cinq épines roides dirigées en arrière 
et qui font de cette langue une espèce de ha- 
meçon ou de flèche barbelée. L'autre partie de 
la langue est lâche , et sert de gaîne à l’os hyoïde 
et à ses cornes lorsque la langue s’alonge. Sa 
surface est hérissée de petites épines dirigées en 
arrière. Chacune de ces épines paroït implantée 
dans le centre d’un mammelon charnu. L’ouver- 
ture de la gloitte est comprise dans cette partie 
lache de la langue. 

Les gallinacés ont la langue pointue, cartila- 
gineuse , en forme de fer de flèche, lisse à sa sur- 
face sans aucune espèce de papilles , celles de 
V’arrière-langue exceptées. 

Celle de l’autruche n’en a également aucune ; 
elle est en forme de demi-lune , large et si courte, 
que plusieurs auteurs ont cru qu’elle n’existoit 
pas : sa base est un repli de la peau qui tient lieu 
des pointes qu'ont les autres oiseaux. 

Les geais, les étourneaux et le plus grand 
nombre des passereaux ont la langue semblable à 
celle des gallinacés : mais dans plusieurs genres 
la pointe en est fendue plus ou moins profondé- 
ment , ou divisée en plusieurs petites soies , ou 


ART. IV. Nerfs de la langue. 697 


lesquels il est évident que la sensation a lieu , et 
c’est le seul dont la ligature , la section, ou la 
compression cause l’anéantissement du sens. 

Telle est du moins l’opinion reçue aujourd’hui 
par les physiologistes : il nous semble cependant 
que les anastomoses de la cinquième et de la 
neuvième paires sont si nombreuses dans toute l’é- 
tendue de la langue, qu’il est difficile de dire 
laquelle a le plus de part à la formation des 
filets qui vont aux papilles. Ce sont les papilles 
fangiformes qui reçoivent tous ceux de ces filets 
qui sont assez gros pour être suivis à l’œil nud; 
et cette circonstance , jointe à celle de la dureté 
qu'ont les papilles coniques dans certains ani- 
maux , nous porte à croire que les fungiformes 
sont le siége principal du goût. | 

On suit plus aisément les filets qui vont aux pa- 
pilles du dessous du bout de la langue, que ceux 
qui vont à la face supérieure , parce que les prin- 
cipales branches rampant à la face inférieure, 
les filets qui vont à l’autre face disparoissent aisé- 
ment par leur ténuité, au travers de l’épaisseur 
des chairs qu’ils sont forcés de traverser. Ces filets 
montent parallèlement entre eux, ils arrivent très- 
perpendiculairement à la surface où ils aboutissent. 

La distribution des nerfs de la langue , ne pré- 
sente aucune différence essentielle dans les trois 
autres classes d’animaux vertébrés. 


FIN DU SECOND VOLUME. 


ADDITIONS ET CORRECTIONS 


Au second volume. 


\ 
\ 


Page 47, ligne 19, après le mot tête , ajou- 
lez : ni des trous de lame criblée ,que nous dé- 
crirons à l’article de l’odorat. 


Page 89, ligne 18, ajoutez : Dans le cheval, 
il y a un trou rond, impair, en avant des deux 
incisifs. 


Pages 159 et 160. On n’a pas assez distingué 
la caroncule mammillaire du nerf olfactif qui est 
intimement attaché à sa face inférieure. On doit 
faire la même remarque sur la page 195. 


Page 163, antépénultième ligne , après le 
mot mammifères , ajoutez : Cependant on voit en 
dessous des traits blancs , qui leur servent de 
racines. 


Arr, II. Tégumens de la langue. 695 


représentent plutôt des rides légères que des pa- 
pilles ; elles forment au contraire un velouté bien 
marqué dans les zguanes et les stellions. La 
larigue du caméléon est garnie de rides trans- 
verses ,profondes, serrées et très-régulières. Dans 
les /ézards à langue extensible et fourchue , et 
dans les serpens, cet organe est singulièrement 
lisse , et comme corné vers ses-pointes. 

Les salamandres Vont munie dun velouté fin 
comme les zouanes ; mais dans les grenouilles 
et dans les crapauds, la surface en est absolu- 
ment lisse à l’œil et toujours muqueuse. 

Il n’y a dans aucun reptile deux espèces de 
papilles , ni glandes à calyce. 


E. Dans les poissons. 


La peau qui est appliquée sur les os qui 
soutiennent la langue des poissons, ressemble à 
celle du reste de la bouche , et elle ne présente 
point à l’œil des papilles plus développées. Les 
seules différences que l’on puisse remarquer tien- 
nent aux dents dont ces langues sont armées 
dans certaines espèces , el que nous décrirons en 
traitant de la mastication. ; 

C’est aussi là que nous nous réservons de dé- 
crire les langues ou les organes qui les rempla- 
cent dans les animaux à sang blanc. 


696 XV° Leçox. Il‘ Secrion. Du goût. 


ARTICLE I V. 


De la distribution des nerfs dans l’intérieur 
de la langue. 
/ 

LE sens du goût différe de ceux de la vue, 
de l’ouie, et de l’odorat ,; et ressemble à celui 
du toucher, en ce qu’il ny a point de paire 
de nerfs qui y soit employée dans son entier. La 
langue reçoit des branches de trois paires diffe- 
rentes dans les animaux à sang chaud, et de deux 
seulement (à ce qu’il nous a paru ) dans les pois- 
sons ; mais elles ne sont pas toutes employées à 
la sensation. Celles qui viennent du grand hypo- 
glosse et du glosso-pharyngien ne paroïissent se 
distribuer qu’aux muscles et aux glandes , ainsi 
que nous l’avons vu, pages 258 et 241 ; du moins 
les filets du glosso-pharyngien, que l’on a vu aller 
aux papilles à calyce, ne sont-ils pas pour sûr 
destinés au sens du goût, puisque nous ignorons 
si ces papilles en jouissent : et les filets du même 
nerf qu’on a cru voir aboutir à d’autres papilles, 
paroissent avoir été peu considérables. 

C’est le nerf trifacial ou de la cinquième paire 
qui donne des branches à tous les organes des 


sens , qui paroît seul recevoir les impressions de 


celui du goût, par le rameau lingual du maxil- 
laire inférieur , décrit page 212 et suivantes ; car 
c’est le seul qui se distribue aux tégumens, dans 


EAU T ES 


A corriger avant la lecture, dans Le 


second volume. 


Pages 38, ligne 14: au lieu de selfles hénoïdale, lisez selle 
sphénoïidale. 
94, ligne 21: au lieu de syréme, lisez systéme. 
112, ligne 11 : au lieu de .considérales, lisez con 
sidérables. ; 
117, ligne 18 : au lieu de philosophie, lisez phi- 
losophes. 
519, ligne 12: au lieu de Ze, lisez Za. 
538, ligne 8 : au lieu de lesquelles, lisez lesquels. 
552, ligne 3 : au lieu de extrément, lisez extréme- 
ment. 
555, ligne 11 : au lieu de pupille, lisez papille. 
560, ligne 25 : au lieu de Ze muscle, lisez Les muscles. 
568, ligne 25 : au lieu de profondes, lisez profonds. 
585, ligne 12 : au lieu de ec un plan, ‘lisez est un 
plan. | 
594, ligne 3 : au lieu de nombreuses , lisez nombreux, 
595, ligne 2 : au lieu de celles, lisez ceux. 
_ 688, lignes 30 er 31 : au lieu de 7/ y en trois, lisez £/ y 
en a trois. 


A LR A 4 


ct! . 
FT | # 
M Qurraces du fonds de BiuDpouzzx. LA 


gré élémentaire de l'Histoire naturelle des animaux, par Cuvier, 
un gros valme/7rz-6%.; 14 planches, ses. lrmunetie encens ec poele 


La Physique, réduitr en tableaux par Baruel, examinateur de l'Ecole 
polytechnique ; 38 tableaux reliés en atlas....,..,..,,,..,.,.,.......,. 10 £. 


Tableaux. de Chimie, publiés en l'an 8 par A. F. Fourcroy, pour serçir 
de résumé aux lecons de l'école de Médecine de Paris. 
— Douze tableaux sur papier dit chapelet, avec une introduction, 
xrolésten atlas FOLMAE 2774. ame ide du manie Las manne ee «'e 0 eo yle Le MOULE 20 fs DOC, 


Rapport à l’Institut national, sur la mesure de la méridienne de France, etles ré” 
sultats qui en ont été déduits pour déterminer les bases du systéme métri- 
que, z1-4°., broché, avec le précis dudit ouvrage...., ,....,....::,..1.... 2f,5oc. 


Traité des maladies des femmes enceintes, des femmes en couches et des enfans 
nouveaux nés, précédé du mécansme des accouchemens, rédigé, sur les leçons 
d'Antoine Petit, par les citoyens Baignères, ancien médecin, et Perral, 
ancien chirurgien-major des armées, 2 Volumes 27-8°.,....,........,..... 6. 


Comptetrendu à la cfasse des sciences mathématiques et physiques de l'Insfitut, des 
emières expériences faites par la commission nommée pour examiner ef 
vérifier les phénomènes, du galvinisme,..........,.... ..,..,...,...... 3 f. « 


Mémoires de l’Institut des sciences et arts. — Sciences mathélpatiques ef 
physiques , tome, un vol. 21-47... 4. sssess ss censeseucee 25 Êe 


— Sciences morales et politiques , tome I, un volume 2u-4°,.,,,.,...6. 12 £. 


— Littérature et beaux-arts, tome I, un volume 77-49,..,,,4..4.0.0...,e 14 £. 
En tout, trois volumes, brochés en carton, contenant vingt planches. 
Mes trois Volumestpris 4/]la fois. 54: ane. LL tes se NOÉ 


Le même ouvrage. — Mathématiques et physique, tome II............., 16 £. 
— Morale et politique; tome II........:..:,..,,5...... én.12 
— Littérature et: beaux-arts, tome If..........,4........4.sesssees 161É. 
"En tout, trois volumes z1-4°., contenant trente planches. : à 
Les trois volumes pris à la fois..;...... no 210 6 3 0 Mn ee NSP ILD e PONT AE d'u PAR ES 
I] y a quelques exemplaires de cet ouvrage en papier fn. É L 
+ 
Compte rendu et présenté au Corps législatif le ponie jour complémentaire 
de l'an 4, par l'Institut national , contenant l'analyse. de ses travaux 
pendant les années4,5,6 et7, chaque volume................,.,...... 28 
Des Signes et de l’Art de penser, considérés dans leurs rapports mutuels, par 
Th. M. Degerando, ouvrage auquel l’Institut a décerné le prix le 15 germi- $ 
nalan7:2 volumes 2h-8°,........,,. 0.6. edrenete estate eee eee 9 
Des Signes envisagés relativement à leur influence,sur la formation des idées , pa 
Pierre Prevost, professeur à l’Académie de Genève, etc., brochure grand 77-89, 2 {. 
Ce mémoire est célui qui , après le précédent, a, au jugement de l'Institut, le plus! 
approché du but. 


Sous presse pour paroître très-incessamment. 


‘Système des connoïssances chimiques, et de leuxs applications aux phénomènes de 
la nature et de l'art, par Fourcroy, ro volumes z24-8°. et un volume de tables, sur 
papier grand ra'sin. É 

Le méme ouvrage , 5 volumes, format #7-4°. 


ÆElémens de Botanique, un volume z7-8°., à l’usage des jeunes élèves. 4 
k É QE | 

Mesure de la méridienne (Résultat: des opérations des citoyens Delambre et 
Méchain), 2 volumes z1-4°., imprimé par ordre de l'Institut. 4 
* V : 
Les personnes des départemens qui desireront ces ouvrages, enverront, franche de ? 


ort, leur demande ; on les leur éxpédiera, ou par l’occasion qu’elles indiqueront, ouà 
eurs frais par la diligence, ou par la poste, si l’objet en est susceptible, 


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