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Full text of "Le parler de Kfár'abîda (Liban -Syrie) essai linguistique sur la phonétique et la morphologie d'un parler arabe moderne"

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University  of  Ottawa 


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LE  FAULEU 


DE 


KFAR  ABIDA   (LIBAN-SYUIEj 


ESSAI   LIJNGLISTIQUE 

s  un 

LA  PHONÉÏIQIE   ET  LA  MORPHOLOGIE 
D  UN  PAULER  ARABE  MODERNE 


LE    PARLER 

DE 

KFAR  ABÎDA  (LIBAN-SYRIE) 


ESSAI    LINGUISTIQUE 

SUR 

L4  PHONÉTIQUE   ET  L4  MORPHOLOGIE 

DTJN   PARLER  ARABE  MODERNE 

PAR 

MICHEL   T.  FEGHALI 

DOCTEUH    ES    LKTiniiS 
PROFESSEUR    D'ARABE    À    L'INSTITUT    GOLOMAL    DE    BORDEAUX. 


PARIS 

IMPRIMERIE   NATIONALE 


EDITIONS  ERNEST  LEROUX,  RUE  BONAPARTE,  28 


MDCCCCXIX 


AU6  2  ô  WD» 


A 
MONSIKUR    ALBERT   CUNY 

PROFESSEUR   DE   LANGUE   LATINE  ET  GRAMMAIRE   COMPARÉE 

À  LA  FACULTÉ   DES   LETTRES 

DE    L^UNIVERSITÉ    DE    BORDEAUX 


4VANT-PR0P0S. 


Je  tiens  à  remercier  ici  M.  Albert  Cuny  de  l'intérêt 
qu'il  a  porté  pendant  plusieurs  années  à  ce  tr?\vail. 
Grâce  à  lui  j'ai  pu  tenir  compte  à  chaque  instant  des 
données  qui  ont  été  le  plus  récemment  acquises  en  lin- 
guistique générale,  surtout  par  les  plus  illustres  repré- 
sentants de  l'école  française,  MM.  A.  Meilletet  M.  Gram- 
mont.  Je  suis  ainsi  indirectement  l'élève  de  ces  maîtres 
et  j'espère  que  mon  cr Essai  t?  ne  paraîtra  pas  trop  in- 
digne d'eux.  .le  dois  également  à  M.  W.  Marçais,  pour 
les  précieuses  observations  qu'il  m'a  faites  et  pour  la 
direction  que  j'ai  trouvée  dans  ses  ouvrages  sur  la  dia- 
lectologie arabe,  une  reconnaissance  dont  je  le  prie 
d'agréer  la  sincère  expression. 

Je  dois  dire  encore  que  j'ai  trouvé  à  l'Université  de 
Bordeaux  et  en  particulier  près  de  M.  le  Recteur  R.  Tha- 
min  et  de  M.  le  Doyen  G.  Radet  la  plus  exquise  bien- 
veillance et  l'aide  la  plus  efficace. 

M.  T.  Feghali. 


INTHODUCTION. 

Dans  un  bref  compte  rendu  qu'il  a  fait  paraître  dans  la  revue 
arabe  Al-Masn'q  publiée  à  Beyroulb  (xv"  année,  n"  (],  p.  /iGy, 
Kji-^),  sur  l'ouvrage  de  M.  \\ .  Marcais  intitulé  Textes  arabes 
(le  Tanger,  le  P.  Louis  Gbeikho  se  plaignait  avec  raison  que  jus- 
qu'alors l'étude  des  parlers  arabes  libanais  et  syriens  avait  élé 
bien  délaissée  et  souhaitait  qu'à  l'avenir  des  linguistes  indi- 
gènes fissent  à  leur  sujet  des  rechercbes  sérieuses  et  méthodiques 
comme  le  font  depuis  quelques  années  les  linguistes  européens 
pour  les  dialectes  magbribins.  Jusqu'à  présent  on  ne  possède 
en  effet  sur  les  parlers  syriens  aucun  travail  vraiment  scienti- 
fique ou  du  moins  complet.  Quelques  études  comme  l'ouvrage 
du  D'^  Max.  Lôhr,  Der  vuImrarahiscJic  Dialekt  von  Jérusalem  nehsi 
Texten  und  Wôrterverzeichmss  dargesteUt  von  D""  Max.  Loin*, 
Giessen  1906,  celui  de  M.  Emmanuel  Mattsson,  Etude  phonétique 
sur  le  dialecte  arabe  vulgaire  de  Beyrouth,  1910,  celui  d'Oestrup, 
Contes  de  Damas,  Leyde  1897,  le  bon  manuel  pratique  de 
L.  Bauer,  Das  palâstinische  Arabisch ,  Leipzig  1910,  ou  encore 
quelques  courtes  et  intéressantes  notices  comme  celles  que 
M.  Clément  Huart  et  M.  Barthélémy  ont  insérées  dans  le 
Journal  asiatique  (t.  I,  série  vni,  p.  /i8,  1 883  ,  et  t.  Vil,  série  x, 
p.  197,  1906)  sur  les  parlers  de  Damas  et  de  Jérusalem,  sont 
à  peu  près  les  seuls  travaux  qu'on  possède  actuellement  ^^l  Le 
domaine  linguistique  de  ces  importantes  régions  reste  donc  à 
exploiter.  Aussi  le  regret  et  le  vœu  exprimés  par  le  P.  Louis 
Cheikho  m'ont  décidé  à  consacrer  mes  loisirs  à  un  travail  de 
ce  genre.  Utiliser  mes  connaissances  des  parlers  libanais,  les 
coordonner  dans  une  étude  spéciale  et  les  soumettre  aux  sa- 
vants européens  qui  s'intéressent  aux  langues  orientales,  telle 
a  été  ridée  dominante  qui  a  présidé  à  mon  «Essai».  Je  me 
rendais  fort  bien  compte  des  difficultés  que  je  rencontrerais 


^'^  Je  ne  parle  pas  naturellement  dos  ouvrages  tels  que  les  Proverben  et 
Dictons  de  M.  Landberg  ou  les  Sprichwcvlev  mid  Redensarten  mis  dem  Libonon 
do  Da'ùd  Saz'ân  {Mitteilungen  dps  Scniinars  fur  orientalische  Sprachen ,  V,  1902, 
p.  ^18  à  70),  et  le  Paldstinisclior  D'uvan  de  Dalman  qui,  précieux  comme  recueils 
(!o  matériaux,  n'ont  pas  le  caractère  do  travaux  linguistiques  proprement  dits. 


INTRODUCTION. 


sur  la  route;  je  savais  en  effet  que,  quelque  grandes  qu'elles 
fussent,  la  pratique  et  la  connaissance  que  j'avais  de  l'ensemble 
des  parlers  libanais  et  syriens  étaient  loin  de  suffire  à  elles 
seules  pour  mener  à  bonne  fin  une  telle  entreprise.  Il  me 
fallait  en  outre  une  formation  linguistique  générale,  et  une 
direction  éclairée.  Heureusement  pour  moi  ni  l'une  ni  l'autre 
ne  m'ont  fait  défaut.  L'étude  des  deux  ouvrages  de  M.  W.  Mar- 
çais  sur  les  dialectes  arabes  de  Tkmcen  et  de  Saïda  m'a  familia- 
risé avec  la  nouvelle  linguistique,  en  même  temps  qu'elle  m'a 
fourni  le  cadre  général  et  la  méthode  de  mon  travail.  Dans  la 
suite  j'ai  fait  également  mon  profit  de  l'étude  publiée  en  1912 
par  M.  Marcel  Cohen  sur  Le  parler  arabe  des  Juifs  d'Alger. 
Enfin  un  élève  de  M.  A.  Meillet,  à  qui  ce  dernier  fait  l'honneur 
de  le  considérer  comme  un  linguiste  en  qui  on  peut  avoir  con- 
fiance, M.  Albert  Guny,  que  j'ai  eu  l'avantage  de  connaître  à 
l'Université  de  Bordeaux,  a  bien  voulu  se  charger  de  compléter 
mon  éducation  scientifique  en  mettant  à  ma  disposition  ses 
connaissances  en  linguistique  générale  et  en  acceptant  de  me 
diriger  dans  ce  travail.  Il  s'est  acquitté  de  ce  rôle  avec  une 
inlassable  patience  et  un  dévouement  dont  je  ne  saurais  assez 
le  remercier.  Je  dois  aussi  un  témoignage  de  reconnaissance  à 
M.  W.  Marçais  qui,  lors  du  voyage  que  j'ai  fait  à  Alger  pour 
subir  devant  la  Faculté  des  Lettres  mes  examens  de  licence,  a 
bien  voulu  m'encourager  et  me  donner  les  plus  utiles  conseils. 

Quant  au  sujet,  j'avais  à  choisir  entre  donner  une  étude 
d'ensemble  des  parlers  libanais  ou  bien  étudier  d'une  manière 
approfondie  un  de  ces  parlers  en  particulier.  La  première  mé- 
thode eût  certainement  paru  plus  pratique  et  plus  utile  aux 
gens  qui  cherchent  à  avoir  une  connaissance  générale  des 
parlers,  mais  elle  était  à  la  fois  plus  difficilement  réalisable  et 
moins  scientifique;  la  seconde  méthode,  plus  satisfaisante  au 
point  de  vue  pratique  comme  au  point  de  vue  théorique,  était 
mieux  faite  pour  la  précision  et  l'exactitude.  C'est  donc  pour 
la  seconde  que  j'ai  opté.  J'étais  dès  lors  naturellement  amené 
à  choisir  le  parler  de  mon  village  natal  Kfâr'abîda  que  je  con- 
nais mieux  que  tout  autre  pour  l'avoir  parlé  dès  ma  première 
enfance. 

Kfar'abîda,  plus  exactement  Kfar'abîda-FadVis^^^,  est  un  vil- 

C'  Fad'ûs  est  un  quartier  de  Kfâr'abîda  qui  se  trouve  au  bord  de  la  mer  et 
qui  comprend  surtout  des  magasins,  des  cafés,  elc.  (Tel  était  du  moins  l'état 
des  choses  avant  le  commencement  de  la  guerre  mondiale.) 


IMUODUCTION.  XI 

lage  libanais  de  800  à  (joo  âmes,  dont  î^oo  environ  ont  actuel- 
lement ëmigré  dans  les  deux  Amériques.  Situé  sur  le  bord  de 
la  mer,  il  se  trouve,  dans  la  direction  nord,  à  2  kilomètres 
de  Batroun,  dont  il  est,  pour  ainsi  dire,  un  faubourg,  et,  du 
côté  sud,  a  16  kilomètres  de  Djébaïl  (Byblos),  et  environ  à 
5o  de  Beyroutb.  Par  sa  situation  privilégiée  au  centre  du 
[jiban  occidental,  par  son  délicieux  climat  méditerranéen,  par 
sa  magnifique  plage,  unique  dans  la  région,  cette  bourgade 
est  une  attraction  pour  les  Libanais  des  environs  qui  la  fré- 
quentent en  grand  nombre,  surtout  en  été.  Vu  sa  situation  géo- 
graphique, kfar'abîda  n'a  échappé  à  l'influence  d'aucun  des  dif- 
férents peuples  qui  au  cours  des  siècles  ont  envahi  les  régions 
libanaises.  Cananéens  (Phéniciens),  Araméens,  Egyptiens, 
Assyriens,  Perses,  Grecs,  Latins,  Arabes  et  Turcs  s'y  sont 
étabhs  tour  à  tour.  Aussi  n'est-il  pas  étonnant  que  le  parler 
de  ce  village  renferme  beaucoup  de  mots  étrangers  —  sans 
compter  les  emprunts  très  nombreux  faits  au  syriaque  et  aux 
parlers  arabes  des  localités  environnantes  —  et  qu'il  présente 
quelquefois  une  évolution  divergente  de  celle  de  l'arabe  pro- 
prement dit,  soit  dans  sa  phonétique,  soit  même  dans  sa  mor- 
phologie et  dans  sa  syntaxe.  Sous  cette  réserve,  il  est  certain 
qu'on  reconnaît  facilement  l'habitant  de  Kfàr'abîdaau  conso- 
nantisme  et  au  vocalisme  de  son  parler  de  même  qu'à  sa  phra- 
séologie. C'est  dans  cette  individualité  du  parler  que  réside 
l'intérêt  du  présent  travail. 

On  s'est  contenté  d'étudier  ici  la  phonétique  et  la  morpho- 
logie en  se  bornant  à  donner  de  la  syntaxe  ce  qui  était  indis- 
pensable pour  faire  un  exposé  complot  de  la  morphologie. 
Dans  la  phonétique  on  a  traité  successivement  du  consonan- 
tisme  et  du  vocalisme;  dans  la  morphologie  on  a  passé  en 
revue  toutes  les  formes  verbales  et  nominales  usitées  à  Kfar- 
'abîda  et  l'on  a  rapporté,  toutes  les  fois  qu'il  a  été  possible, 
les  formes  dialectales  à  celles  de  l'arabe  classique.  On  a  préféré 
passer  sous  silence  les  formes  adverbiales  qui  sont  pour  ainsi 
dire  des  formes  mortes  et  ne  présentent  qu'un  intérêt  lexico- 
graphique. 

Me  bornant  au  parler  de  mon  village  natal,  je  n'avais  pour 
ainsi  dire  aucun  besoin  d'informateurs  indigènes;  je  n*ai  fait 
en  effet  que  coordonner  mes  connaissances ^^^  en  suivant  d'assez 

(^)  Ainsi  que  l'a  fait  M.  M.  Gramraont  pour  son  parler  natal,  Le  Palais  de  h 
Franche-Montagne,  M.  S.  L. ,  t.  X  [1898]. 


XII  INTRODl  GTiON. 

près  la  méthodo  employée  par  M.  W  .  Marçais  dans  son  étude 
sur  Le  diaJocie  arabe  des  Ulad  Bràhhn  de  Sa'ida.  Plusieurs 
des  remarques  que  j'ai  faites  au  cours  de  ce  travail  sur  les 
divers  parlers  libanais  m'ont  été  communiquées  par  mon  frère 
l'abbé  B.  Feghali,  vicaire  général  du  patriarche  maronite,  et 
par  des  amis  vivant  actuellement  dans  le  pays.  Les  autres 
remarques  sont  le  fruit  d'observations  faites  lors  de  mon  der- 
nier voyage  au  Liban  dans  l'été  de  1918,  pendant  leq*uel  j';ji 
pu  visiter  un  grand  nombre  de  localités  libanaises.  J'ai  relevé 
dès  lors  plusieurs  textes  vulgaires  appartenant  à  divers  parlers 
libanais.  Le  cadre  de  mon  travail  ne  me  permettant  pas  de  les 
donner  ici,  j'espère  les  utiliser  plus  tard  dans  des  éludes  que 
je  compte  consacrer  aux  dialectes  libanais  et  syriens. 

Je  sollicite  l'indulgence  et  la  bienveillance  des  orientalistes 
et  des  linguistes  qui  liront  ce  travail.  S'il  n'est  pas  toujours 
parfait  au  point  de  vue  de  l'exposition  et  de  la  méthode,  il  don- 
nera ce[)endant,  je  l'espère,  une  idée  exacte  et  complète  de  la 
constitution  phonétique  et  morphologique  du  parler  de  Kfar- 
^abîda. 

Principaux  renvois  ribliographiques. 

W.  Marçais,  Saïda  =  Etude  de  M.  W.  Marçais  sur  ï^e  dialecte  arabe  des 

Ulad  BrâJnm  de  Saïda ,  pai'ue  dans  les  Mémoires  de  la  Société  de  Lîn- 
guiatique  de  Paris,  t.  XIV  et  XV. 

W.  Marçais,  Tlemcen  —  Dialecte  arabe  parlé  à  Tlemcen. 

M.  GoiiEN  =  Le  parler  arabe  des  Jiiijs  d'Alger,  1919. 

Brogkelmann  ==  Précis  de  Lingidstiquc  sémiliqae,  traduit  de  l'allemand 
par  W.  Marçais  et  M.  Cohen. 

II.  7ammew^ ~  Vergleichende  GrammaliJ:  der  semitischen  SpracJicn,  Berlin, 
1898. 

M.  S.  L.  —  Mémoires  do  la  Société  de  linguistique  de  Paris  (  1 8G8  et  suiv.). 

Sylvestre  de  Sacy  ~  Grammaire   arabe  (leproduction  de  la  8*  édition 

de  185^). 

Landberg  =  Proverbes  et  Dictons.  Section  de  Saïda  (Syrie),  Leyde,  i883. 

Landberg  -—  Etudes  sur  les  dialectes  de  l'Arabie  méridionale  :  Tladramoùt 
et  Dadinah. 

.1.  BARTir  "^  Die  Nominalbildung  in  den  swaitischen  Sprachen ,  lieip/ig, 
189/1. 

]iM]Eï\  ^  Das palàstinischc    irahisch,  Leipzig',  1910. 

VoLLERS  =  Volkssprache  vnd  Schriftsprache  in  altem  Arabien, 


OBSEIUATIONS   IMÎÉLIMINAIHES. 

Syslouie  de  transcription  employé  dans  ce  travail. 

On  a  adopté  à  peu  de  chose  près  dans  ce  travail  le  système  de 
transcription  suivi  par  M.  W.  Marçais  dans  son  étude  sur  Le 
(lialccle  arahc  (les  Ulàd  Brâhhn  de  Sat(la^^\  Comme  lui  é^aleuiciil  on 
a  traité  la  phonétique  des  consonnes  avant  celle  des  voyelles. 

Consonnes. 

'  -^    \      attaque  vocalique  forte  (explosive  du  larynx). 
//  :.=  5.  ^  h  prononcé  comme  dans  But  allemand,  pai*  exem [)!<'. 
A  =  rr      souffle  (souid)  émis  par  le  larynx. 
*  =  ^      articulation  (sonore)  forte   du  larynx  avec  contrac- 
tion. 
(l/iq=  ^      arrière-vélaire  sourde  se  confondant  presque,  pour 
la  prononciation  actuelle,  avec  Tattaque  vocalique 
forte  \ 
occlusive  sonore,  correspondant  de  q,  articulée  plus 

en  arrière  que  g  français, 
occlusive  postpalatale  sourde  (comme  le  /.  Crauçais). 
spirante  vélaire  sourde  (comme  ch  dans  auch  alle- 
mand par  exemple). 
{k)  syriaque  spirantisé. 
spirante  vélaire,  correspondant  sonore  de  //. 
7  =  <^    (g)  syriaque  spirantisé. 

5  =  jA*     sifflante  sourde  prononcée  comme  s  français  initial. 
z  =  j      spirante  sonore,  correspondant  de  la  sourde  6',  se 

prononce  comme  z  français. 
s  ^=1^    ^  emphatique. 

-  .=  k>     spirante  emphatique,  correspondant  sonore  de  s. 
^  =^  ij^     spirante  cacuminale  sourde,  se  prononce  à  peu  près 

comme  le  ch  français. 
2  =  ^      (prononciation  ordinaire)  spirante  cacuminale,  cor- 
respondant sonore  de  6-. 
g=  S      (^{jYP^'^^i)  occlusive  palatale  sonore,  identique  à //• 
français  dur. 

')   Mémoires  de  la  Société  de  Linguistique  de  Paris,  t.  XiV  et  XV. 


b 

^ 

1   = 

J 

t 

7  =--- 

r 

t 

XIV  OBSERVATIONS    PIIKLIMINAIIIES. 

0  =  <^  (class.  )  lit  anglais  sourd  ('^. 

d  =  ^  (class.)  th  anglais  sonore. 

^  =  ^  (^d)  syriaque  spirantisé. 

/  =  ^  occlusive  dentale  sourde,  articulée  comme  t  français. 

d  =  :i  occlusive  dentale,  correspondant  sonore  de  t. 

t  =  b  occlusive  dentale  emphatique  sourde. 

d  =  ^  occlusive  dentale  emphatique  sonore. 

h  -=  i-j  occlusive bilabiale  sonore (prononce'e comme  Z> franc.). 

/S  =-^^  {b)  syriaque  spirantisé  (/S  du  grec  moderne,  etc.). 

/'=  ô  spirante  labiodenlale  sourde  (comme/ français). 

(p  .=  ^  (p)  syriaque  spirantisé. 

c  =  mi-occlusive  's  (sourde). 

l  )    t=  l  français. 

/  I      =  l  emphatique. 

r        =  r  français. 

r  j  -^  =  r  emphatique. 

m  =  -  français. 

n  ]     =  n      français. 

M  j  =  71      postpalatal  devant  Tocclusive  h  [q  et  g). 

w  =  $       semi-voyelle  labiale ,  au  commencement  de  la  syllabe. 

y  =^ ^      semi-voyelle  prépalatale,  au  commencement  de  la 

''  syllabe. 

Il  =.  ^     semi-voyelle  labiale,  à  la  fin  de  la  syllabe  (deuxième 

élément  de  diphtongue). 
?  =^1    semi-voyelle  prépalatale,    à   la   fin  de   la   syllabe 

(deuxième  élément  de  diphtongue). 

Voyelles. 

a  =  a  français  avec  diverses  nuances  :  neutre,  dans  le  voisinage 
des  consonnes  neutres;  —  ouvert  et  prononcé  sans  emphase 
avec  un  imàla  léger,  dans  le  voisinage  immédiat  de  certaines 
consonnes  non  emphatiques;  —  fermé,  grave  et  emphatique  au 
contact  d'une  emphatique  ou  de  la  semi-voyelle  w  (u)  géminée. 

à  =  è  français  ouvert  (toujours  long),  soit  a  penchant  vers  aï 
français  (p.  ex.  :  faîte)  ^  suivant  le  degré  d'imàla  exigé  parle 
voisinage  consonantique. 

à  =  o  français  ouvert  (toujours  long). 

{?  =  è  français  ouvert  (toujours  bref). 

é  =  é  français  fermé  (à  la  fin  d'un  mot). 


(')  Il  eût  été  plus  logique  d'employer  |>  pour  la  spiranlc  dentale  sourde  de 
Tarabe  classique  et  0  pour  le  (t)  syriaque  spirantisé.  On  voudra  bien  nous 
pardonner  celte  légère  inconséquence. 


OBSERVATlOiNS    IMIELIMINAIRES.  XV 

i  =  i  français. 

e  =  é  fi'ançais  1res  ferme  (en  sijUabefennée). 

0=^0  français  fermé. 

0  =  0  français  ouvert. 

0  =^  en  Ire  e  muel  et  o  fermé,  son  voisin  de  eu  français  fermé  {peu, 

0  =  entre  e  muet  et  o  ouvert,  son  voisin  de  eu  français  ouvert 

( meunier,  [  Us  ]  peuvent ,  meule). 
0  =  entre  o  et  5  devant  une  labiale  (plus  labialisé  que  o  et  que  d). 
M  ^=  ou  français. 
ii  ^=  n  allemand  (bref),  cf.  i  dur  (y)  du  russe  et  d'autres  langues 

slaves.  La  labialisation  est  très  faible,  à  la  dilïérence  de  u  fran- 
çais. 
à,  d,  i,  etc.  =  vovelle  longue  non  accentuée. 
a,  a,  î,  etc.  =  voyelle  longue  accentuée. 
a,  i,  etc.  =  voyelle  brève  non  accentuée. 
à,  i,  etc.  =  voyelle  brève  accentuée. 
*^  voyelle  ultra-brève,  ne  formant  pas  syllabe. 

Tout  signe  vocalique  qui  n'est  pas  accompagné  du  signe  de  la 
longue  désigne  naturellement  une  voyelle  brève. 

Comme  dans  la  plupart  des  ouvrages  linguistiques,  le  signe  < 
indique  qu'une  forme  ou  qu'un  son  provient  d'une  autre  forme 
ou  d'un  autre  son.  Le  signe  >>  a  la  valeur  exactement  inverse. 

Une  consonne  ou  une  semi-voyelle  placée  au-dessus  de  la 
ligne  indique  une  consonne  ou  une  semi-voyelle  réduite.  Ex.  : 
%n"'  ff  oncle  paternel  77  <<  cl.  ^âmmu";  'àuHê  w  première  *7  <:  cl. 
^àuwalahC 

Deux  consonnes  superposées  indiquent  une  articulation  inter- 
médiaire :  ainsi  ^jd  note  une  dentale  à  initiale  sourde  et  à  finale 
sonore. 


LE  PARLER 

DK 

KFAR  ABÎDA   (LIBAN-SYRIE). 


->«<=- 


PREMIÈRE  PARTIE. 
PHONÉTIQUE. 


CHAPITRE   PREMIER. 
CONSOINNES. 

Comme  Ta  fait  M.  W.  Marçais  dans  Le  dialecte  arabe  des  Ulâd 
Brâhîm  de  Sarda,  j'ai  divisé  les  consonnes  en  un  certain  nombre 
de  classes,  d'après  leurs  points  et  leurs  modes  d'articulation,  et 
j'ai  étudié  séparément  toutes  les  transformations  de  ces  séries  de 
phonèmes.  Cette  classification  n'est  nullement  surérogatoire  et 
arbitraire;  elle  se  justifie  pleinement,  comme  on  va  le  voir,  par 
l'indépendance  presque  complète  de  ces  classes  les  unes  à  l'égard 
des  autres,  et  elle  a  l'avantage  de  faciliter  largement  l'élude  du 
consonantisme. 

I.  FAUCALES. 


CHANGEMENTS  SPONTANES. 


A.     =î. 

La  faucale  '  ^^^  est  une  des  consonnes  les  plus  difficiles  à  traiter 
en  phonétique.  Les  grammairiens  de  l'arabe  classique  eux-mêmes 

(')  C'est  une  véritable  consonne,  que  M.  W.  Marçais  appelle  très  justement 
«atlaque  vocalique  forte^?,  et  que  dans  ce  travail  je  désignerai  souvent,  à  la 
suite  des  grammairiens  arabes ,  sous  le  nom  de  hamza. 

PAKLER  DE  KFAR  'aDJDA.  1 


2  PREMIÈRE   PARTIE. 

ont  senti  la  difîi culte  toutes  les  fois  qu'ils  ont  voulu  en  fixer  les 
règles.  Difficiles  à  de'terminer  dans  Tarabe  littéraire,  ces  règles 
le  deviennent  encore  davantage  quand  il  s'agit  de  Tarabe  dia- 
lectal, où  tout  semble,  à  cause  de  diverses  influences  étrangères 
et  locales,  plus  ou  moins  capricieux  et  instable. 

Dans  certains  cas ,  à  Kfar  *abîda ,  ainsi  qu'en  syriaque ,  en  hébreu 
et  dans  bon  nombre  de  dialectes  arabes  modernes,  notamment 
dans  les  parlers  du  Liban ,  le  hamza  classique  tend  à  s'affaiblir  ou 
à  perdre  complètement  sa  valeur  consonantique.  iMais  on  verra 
qu'il  y  a  aussi  une  série  de  cas  où  le  '  est  non  seulement  main- 
tenu, mais  renforcé  ou  même  créé  de  toutes  pièces.  Pour  être 
aussi  clair  et  aussi  complet  que  possible,  on  l'étudiera  succes- 
sivement en  tant  qu'initial,  en  tant  que  médial  et  en  tant  que 
final ^^^,  et  on  tâchera,  à  l'aide  de  nombreux  exemples,  de  for- 
muler des  règles  générales. 

1°  Hamza  (')  initial. 

Conservation. —  a.  En  règle  générale,  le  hamza  initial  se 
maintient  avec  sa  prononciation  classique  toutes  les  fois  quil 
ouvre  une  syllabe  fermée  ^^^  qui  porte  V accent  tonique  du  mot.  Les 
exemples  en  sont  nombreux  :  ''«rz  cr  cèdre  ^i  <c  c\ /àrzu'\-'drfl^  terre -n 
<:  cl.  'ardu";  'osbo^  ff  doigt ^^  -<cl.  Hsha\C'^^^;''éhrè  cf aiguille 75 << cl. 
'ibratu"  ;  'énl  te  loi  75  <<cl.  'ànta;  'àhd  cr  action  de  prendre  ^^  <:cl. 
'àhdu"  ;  'àsl  cr  origine ^7  <<  cl.  'àslu"  ;  'âhhiusàhla  w soyez  le 
bienvenui?  <ccl.  'àhla"  wasàlila" ;  'àbhel  tcsot,  simples  (métathès>e) 
<:cl.  'âblahu;  'ûda^'^^  cf  chambrer  <c  néo-cl.  'lajatu"  [cL  turc  oda)\ 
'éni"'  tnnhrer)  <  cl.  'ûmmu"  ;  'àhl  r  parents,  famille,  habilants'5 
-<cl.  ^aA/i<";  'ûht  tf sœur 77  <:cl.  'ûhiu";  'éryfè  w pains??  <  cl.  'ârfifatu" 
(plur.  de  rayfu'^);  'éns  ff genre  humain  v  <:cl.  'insu"  ;  'ôb^ha  wphy- 
sionomie  altière ,  orgueil  ri  -<  cl.  'ûbbahatu"  ;  \'ilter  cf  il  impressionna , 
il  laissa  des  traces??  <  cl.  'àOOara;  'uzra  ^salaire??  <:cl.  'ûhatu"  ; 
Vr/M'/iccilse  plaignit??,  cLc\/ànna  ffil  gémit??  ;  V<f/f/w  il  meubla  (une 
maison,  une  chambre)??,  (dénominalif  de ''/rt^  fr  meubles??  <cl. 
'aOcWu"),  soit  cl.  V(^^«^fl  (inusité  dans  ce  sens);  'âdda  cfil  paya  (une 

dette)??,   cf.   cl.   'âddâ  (\/''-f?-yj;  'âmon  cfii  a  cru??  <:  cl.  'âmana; 

(''  ]i  s'agit  ici  nalurcllement  non  de  la  finale  classique,  mais  de  celle  de 
noire  parler;  en  effet,  dans  la  langue  classique,  '  ne  peut  être  réellement  final 
que  dans  quelques  personnes  du  conditionnel  et  de  l'impéralif  des  verbes 
terliae' \  ex.  :  'in  yàqra'  crs'il  lit??;  iqra'  kWsv,  etc. 

^^)  Ou  une  syllabe  à  voyelle  longue  qui  en  est  l'équivalent. 

''^^  A  côté  de  'asf)a'u'\  'asbi'u",  'mbuti'*,  usbi'u'',  etc.  —  Pour  les  mots  qui  pro- 
scnlent  ainsi  plusiours  vocalisations  classiques,  on  ne  transcrira  dans  ce  travail 
que  celle  qui  concorde  avec  la  vocalisation  du  parler. 

('')  A  côté  de  «Mç/fl.  On  a  dit  qu'une  syllabe  à  voyelle  longue  équivaut  à  une 
syllabe  fermée.  Ici  en  outre  elle  est  accentuée. 


PHONÉTIQUE.  3 

'rt/i7<?  ff[»angrènew  <:cl.  'âkilalu"  ;  ^âlé  cf  outil  ^^  <:  cl.  ^âlaiu"  ;  'âdnic 
whonnête,  poli,  humainw  <:cl.  'âdamhju"  cf adamiquew  ;  elc. 

Le  mot  è^/cfbras,  aissclle^uie  constitue  pas  une  exception,  car 
il  ne  provient  pas  du  cl.  'ihtu",  comme  on  Ta  dit^^^,  mais  du  plu- 
riel 'âbâ(u\  dont  la  première  syllabe  ('«-)  est  tombée,  parce 
qu'elle  était  suivie  d'une  syllabe  longue  frappée  de  l'acceot.  La 
langue  a  pris  ce  qui  restait  de  cette  l'orme  {hâl)  pour  un  singu- 
lier, sur  lo(juel  elle  a  refait  le  pluriel  externe  bâlâl  ^^l 

Le  hamza  initial  subsiste  donc  (en  vertu  de  la  règle  donnée) 
dans  les  pluriels  des  types  'aqlilau:^  'éqtla  et  'âqlilatu"  >-  'éqtlé 
ex.  :  ^éfnya  fcrichesw  <<  cl.  ^ayniyau;  ^onibija  ff propbètes^)  <:  cl. 
^anbiyau;  ^éyrbè  ff corbeaux  w  <<cl.  'àfribaiu"  ;  \^duyé  vremhâes^i 
•<cl.  'àdwiyatii";  elc.  (voir  Morphologie).  —  De  même,  dans  les 
adjectifs  verbaux  du  type  \iqtalu,  servant  ou  non  à  exprimer  le 
comparatif  et  le  superlatif:  'àkbup  wplus  grande  <;  cl.  'âkbaru; 
'àzyar  wplus  petite?  (par  assimilation)  <:  cl.  VîsyflrM;  '  à'/ qlel  if  moin- 
dre-n,  cf.  cl.  'aqcillu;  'àjdal  w meilleure  <:  cl.  \ifdalu;  'àbyad 
ff  blanc  75  <:  cl.  'àbyadu;  ^âswdd  wnoirw  <  cUàswadu;  'âsfar  w  jaune  i5 
-<  cl.  'àsfam;  etc.  —  Etant  donné  qu'ici ,  entre  les  deux  premières 
consonnes  de  la  racine,  il  n'y  a  jamais  que  la  voyelle  zéro,  la  syl- 
labe initiale  est  toujours  fermée.  Elle  est  du  reste  accentuée  dans 
notre  parler. 

Le  même  principe  trouve  encore  son  application  dans  quelques 
mots  de  sens  interrogatif,  interjectif,  etc.  :  'âis  [ou  'as)  wquoi?7^ 
<<  cl.  'aiyu  sài'i";  'àh  vd\ï\n  <:cl.  'âh^^>\  'éff  [ou  wéf,  wéft) 
cfouf!)?  <:  cl.  'ujffi";  'eh  'eh  'eh  wson  qu'on  émet  en  pleurant  ou  en 
riant 75;  'é  woui,  eh  bienlw  -<  cl.  'i;  etc. 

Citons  encore  'îd  wmainiî,  cf.  cl.  yadu"  ^^^\  et  'fzr  trpied^^  <<  cl. 
rtzlu'\  dissimilalion  du  premier  r  en  '  {^'izr)  après  assimilation 
à  distance  de  Zen  r^^l 

(3,  Même  en  syllabe  ouverte,  le  hamza  subsiste  à  l'initiale 
lorsque  cette  syllabe  porte  l'accent  tonique  au  moins  dans  le  parler  : 
'âsed  ^  Won  V  <;  cl.  'âsadu";  'àna  fcmoi^?  <  cl.  'ànâ;  'àdeb  ce  bonne 
éducation,  littérature...)^  <  cl.  'âdabu";  'çhel  tcil  a  mangéi^ 
<:  cl.  'àkala;  'ézer  ce  il  a  loué  (une  maison,  etc.)w<<cl.  'azara; 
'çzen  wil  a  permise  <;  cl.  'àâina;  etc. 

(')  Cf.  Landberg,  Proverb.  etDict.,  p.  266. 

(^)  Sur  les  pluriels  classiques  pris  à  Kfar  'abîda  pour  des  singuliers,  zlol 
cfbàt  d'àne  ou  do  mulet??  :  pi.  zlâlât,  en  face  de  cl.  :  sing.  iullu"  :  pi.  zildlu"^ 
ou  'azldlu";  sing.  hiihqm  ff pouce  55  :  pi.  hwfihçm,  en  face  de  cl.  :  sing.  'iblidmu"  : 
pi.  'abâhimu;  sing.  bddr  «semaillen  :  pi.  bdârdt,  en  face  de  cl.  :  sing.  bddru"  : 
pi.  biâdra",  etc.,  voir  Morphologie. 

('■^   On  sait  qu'à  la  fin  d'un  mot  une  consonne  suffît  pour  fermer  la  syllabe. 

(*^  Il  parait  évident  que  le  syriaque  'iSà  a  exercé  ici  son  influence. 

(5)  Formule  :  rizlu"  >  *rizr  >>  *'izr  >>  'ézr. 

1. 


PREMIERE    PARTIE. 


y.  Grâce  à  une  conservation  analogique,  due  à  Tinfluence  des 
formes  où  il  est  régulier,  et  au  sentiment  de  la  racine,  le  hamza 
initial,  même  privé  de  sa  voyelle  et  suivi  d'une  syllabe  fermée  et 
accentuée,  se  maintient  dans  un  certain  nombre  de  mots  qui  ont 
des  correspondants  en  classique:  'zâr  «voile  de  mariée  77  <<  cl. 

^izâru"  [\/^-z-v)  ;  'hâlé  tf  habitants 7?  <:  cl.  'ahâli",  plur.  de  'àhlu"; 
^Z?]/"  ff  milliers 77  <  cl.  'îilûfu",  plur.  de  'âlfu"  :>''àlf;  ^wâdçm  tfbon- 
netes77,  plur.  de  ^âdmè  <:  cl.  'àdatnîyu"  ;  'mânê  cf  dépôt  77  <:  cl.  Vm«- 

•^cnalu"  [\/^-m-nj;  ^sâra^^^  ce  signal,  petite  quantité  77  <  cl.  'isâ- 
ratu";  etc. 

Remarque.  —  L'attaque  vocalique  douce  classique  est  à  Kfar 
*abîda  attaque  vocalique  forte  dans  les  mots  classiques  ismiC" 
ffnom77  et  ihnu''  w fils 77,  prononcés  ^esm,  et  ^éhn  ainsi  que  dans 
rimpératif  classique  islia  prononcé  'osha  cr prends  garde 77.  Ce 
fait  est  intimement  lié  à  la  conservation  de  la  voyelle  initiale 
en  syllabe  fermée  ^^l  En  effet,  là  où  la  voyelle  tombe  vu  que 
Taccent  frappe  la  syllabe  suivante,  l'attaque  vocalique  disparaît 
par  le  fait  même  :  ainsi,  on  prononce  tnàin  ffdeuX77  <  cl.  iOnami; 
nhàsar  tril  est  brisé  77  <<  cl.  inkâsara. 

Il  en  est  de  même  de  quelques  mots  d'emprunt  :  frç.  as  (ital. 
asso)  prononcé  'as^  (au  jeu  de  cartes),  et  frç.  élaslicjne  prononcé 
'csltk  (^)  avec  suppression  de  la  syllabe  <?/-,  prise  pour  l'article. 

Chute.  —  En  dehors  des  cas  énumérés  ci-dessus,  le  hamza 
initial  tombe  avec  la  voyelle  qui  le  suit,  contrairement  à  ce  qui 
s'observe  dans  beaucoup  de  dialectes  modernes,  surtout  maghri- 
bins,  où  la  voyelle  est  généralement  conservée  (cf.  les  ouvrages 
cités  de  MM.  Marçais  et  Cohen). 

a.  '  tombe  d'une  manière  constante  lorsqu'il  se  trouve  en  syl- 
labe ouverte  suivie  immédiatement  d'une  syllabe  fermée  (et  par 
conséquent  accentuée).  Ex.  :  mîr  ff  prince 77  •<  cl.  'amîrii";  mîrr 
«impôt  77  <:cl.  'annrhju";  hânè  (h,  côté  de  'hâné)  ff  offense  77  -<  cl. 
Hhânatu":  lâik  ff  vois  77  <:cl.  ^ildika;  dàinè  ■<.ç\.\iMinatu'',  dimi- 
nutif  de  ^udn  ff  oreille  77  <  cl.  "ûitnii";  râdé  ^^^  ff  volonté  77  <:  cl. 
^iràdatii";  damé  ffce  qu'on  mange  avec  le  pain  77,  cf.  cl.  ^idâmu" ;  tara 
ffcerceau77,  cf.    cl.    'itâru"    (avec   l'addition   d'un  -è  <<  cl.  -atii" 

(^)  La  conservation  du  hamza  est  due  ici  à  l'analogie  avec  les  mots  du  type 

(^)  Une  forme  telle  que  bout  fffille??  ne  vient  pas  de  cl.  ibnatu'^,  mais  de 
binlu",  également  attesîé  en  classique.  ^ 

(^)  Ici  Tacccnt  n'est  pas  sur  rinilialc.  JMais  il  était  nécessaire  de  conscrvor 
Va  j  el  Ton  verra  d'autre  pari  (juc  le  ])arlcr  ignore  loulc  initiale  vocalique  (sju:! 
i  el  u  provenant  de  y  et  w). 

^*^  Cf.  ra'tâlla  ffà  la  grâce  de  Dieu". 


I 

II 


PHONKTIOIIR. 


indice  du  fominin);  mdddr  fflils  tendus  sur  le  métier  pour 
former  la  chaîiieiî  <:cl.  Uimiddalu^ ;  hûhjè  rrmon  père^  <:cl. 
^ub(ih/-i^^\  diminutif  de  'ahu"  (inusité  à  Kfar  *^abîda);  hâitekr^la 
sœun^  <:  cl.  'uhmju-ha ,  diminutif  de  'ûht<z  cl.  ùhlu"  ;  etc. —  Quant 
à  hàd^  ffdimanchei7,  il  ne  vient  certainement  pas,  à  mon  avis,  du 
cl.  'àhadii" ;  c'est  plutôt  le  mot  syriaque  ha^. 

Pour  la  même  raison,  le  hamza  initial  tombe  dans  Taoriste 
simple  ^'^),  à  la  i"^*"  pers.  du  sinjjuiier,  des  verbes  forts  au  11'  thème, 
et  des  verbes  à  2°  radicale  w,  y,  ou  à  ^^  et  3"  radicales  identi- 
ques entre  elles  (ces  derniers  même  au  P''  thème).  Ex.  :   -ziirek 

ffje   te  visiterais?  ■<  cl.  'azûiu-ka  [s/z-w-r);  -moddu  crje  l'étendrai 

par  terre  17  <c:cl.  'amùddu-hii  [\f^m-d-d)  ;  -''àhnùh  te  je  te  ferai  savoir  w 

<::cl.  'ii'âUimu-ha  (\/*^-/-m);  etc. 

/3.  Le  hamza  initial  tombe,  et  sa  voyelle  avec  lui,  même  en 
syllabe  fermée,  lorsque  Taccent  frappe  la  syllabe  suivante  (ici 
Taccent  dialectal  est  le  même  qu'en  classique).  Cette  syllabe  est 
accentuée  dans  le  dialecte  libanais  quand  elle  contient  une  voyelle 
longue  suivie  d'une  consonne  ou  son  équivalent.  Ex.  :  hlîs  rrdiablew 
<  cl.  "iblisu;  hnjq  w  aiguière  w  <:  cl.  ^ibrtqu";  zmil  ff  burin  ?5  <:  cl. 
'izmlu"  (de  gv.  (7(jiiXîj);ijâli  fflui  (régime  direct) 77 -<  cl.  Tya-Aw^'''); 
zrâlk  fftes  deux  pieds  57  ^ci.  ^izralka;  etc. 

Pour  la  même  raison,  le  hamza  tombe  :  dans  les  pluriels  de 
la  forme  'aqtâlu";  ex.  :  ^^o/" ce  épaules  w  ■<  cl.  'aktâJiC;  ^mal  w  actions  75 
<cl.  'a^mâlu"  ;  hwâl  «oncles  maternels??  -<  cl.  'ahwàlu";  hhâh 
«amisw<:cl.  ^ahbâbii" ;  ulâd^^^  «enfants??  <z'aidâdu''. 

y.  Le  hamza  initial  tombe  enfin  toutes  les  fois  qu'il  commence 
un  mot  précédé  d'une  particule  ou  d'un  proclitique  intimement 
lié  à  ce  mot.  C'est  qu'alors  en  effet  on  rentre  dans  le  cas  du 
hamza  intervocalique,  cas  où  celui-ci  est  naturellement  en  posi- 
tion débile.  Ex.  :  km  «  pourquoi?  —  à  quoi  sert???  ■<  cl.  li  -{-  ^Anji-\- 
sà'ii"  ;  màhia  hâda  «que  cela  est  beau  !  ??  ■<  cl.  ma  -\-  Wihlâ  -j-  hâdà  ; 
madré  (rarement  môtré  avec   différenciation  de  sonorité)  «je  ne 

sais^^^?  <  cl.  ma  -j-  'àdrï  yjd-r-y)  «je  ne  sais  pas,  je  ne  com- 
pi'onds  pas??;  bàHa  (^sânhi)  «à  haute  (voix)??  litt*  «avec  le  plus 
haut  (de  sa  voix)??  <:cl.  (bi)-\-''àHâ  {-\-sânh-hi);  etc.  —  Pour- 

(')  Mais  dès  que  le  diminutif  bàiy-  est  suivi  dVme  consonne,  il  simplifie 
son  -iy  final  (cf.  plus  loin,  Annexion). 

^^^  C'est-à-dire  sans  b~  (man-^  'an-)  préfixé. 

(^^  Une  syllabe  à  voyelle  lon[Tue  équivaut  à  une  syllabe  fermée.  Lorsque  îyâ  est 
employé  exclamativemenl ,  et  par  conséquent  est  indépendant  d'un  verbe,  il 
conserve  le  hamza  '/îyak  ffgarc  à  loi!??  -<;cl.  'lyâ-ha. 

(^)  La  chute  du  hamza  et  de  la  voyelle  a  a  causé  la  vocalisation  de  la  semi- 
voyelle  w  (voir  plus  loin). 

(^)  Cf.  modrê  man  hàn  *mna  «je  ne  sais  pas  qui  était  chez  nous??,  etc. 


6  PREMIÈRE    PARTIE. 

tant  on  dit  ^al-ârd  wsur  la  terres  <:cl.  ^al-al-'ar(]i,  h-'àslu  w selon 
son  origines  <ccl.  bi-\-'asU-hi,  etc.,  expressions  où  le  hamza, 
bien  qu'intimement  lié  aux  prépositions  ''alà  et  U,  a  été  main- 
tenu par  le  sentiment  psychologique  de  la  racine. 

2"  Hamza  (')  médial. 

Conservation.  —  Les  mots  d'origine  classique  dans  lesquels 
le  hamza  médial  se  maintient  sont  très  peu  nombreux.  En  voici 
cependant  quelques-uns  :  sa  al  (usité  à  côté  du  IIP  thème  sâyel) 
ff  il  demanda  w  <:  cl.  saala;  semé  (à  côté  de  sîmê)  w  magnanimité  ^7 
<  cl.  simaiu'';  m'âddeb  (à  côté  de  mwàddeb)  wbien  élevé ^^  <:cl. 
miiàddabii"  ;  '/qofmi  (tcoran-n  -<  cl.  qvr'ânu";  fâhked  wil  s'est 
assurer  <cl.  ta'cikkada;  fâmmdl  ce  il  a  espéréw  <:  cl.  ta'âmmala; 
hài'a  wmine,  aspect 77  -<cl.  h/nalu";  mà'mûr  ff fonctionnaire,  com- 
mandée <:cl.  ma'mûru'\  Comme  on  le  voit  parleur  sens,  ces 
mots,  auxquels  il  faudrait  peut-être  ajouter  quelques  autres, 
doivent  certainement  leur  forme  à  l'influence  de  la  langue  clas- 
sique. 

Chute.  —  Partout  ailleurs,  le  hamza  médial  tombe  dans  le 
parler  de  Kfâr^abîda. 

a.  Précédé  d'une  voyelle  brève  et  suivi  d'une  consonne,  le 
hamza  disparaît  en  se  fondant  avec  la  voyelle  qui  précède  et  qui 
devient  longue  (allongement  compensatoire).  Ex.  :  ras  ff  tête 77  -<cl. 
rasu";  bas  [dans  l'expression  là  bas  w cela  ne  fait  rieni?)  <:  cl.  basu"; 
sân  ff affaire 77  <cl.  sà'nu";  fâra  w souris,  rabota?  '<:c\.faratu"; 
mîW  ff  approvisionnements  -<  cl.  munatii";  râl  tr avisi?  <c  cl.  rayu"  ; 
fâl  cf  mauvais  augure i?  ^ccLfala";  bîr  w puits w  ^cl.  bfni";  nâkol 
ff  nous  mangeons 77  <cl.  nakulu;  stâhel  w il  méritai  <<  cl.  istahala; 
mûdê  Cf  nuisible  7î  <::cl.  muai";  mâdnê  w  minaret  i»  <:cl.  mfâanatu"; 
fîrân  wratsw  <<  cLJi'rânu'' ;  zàibd'/q  tf  mercure  77  au  lieu  de  ^zibdq  <:  cl. 
zibaqiC;  màibar  trétui  à  aiguilles 77,  cf.  cl.  mi'bam"^^'';  lit  ffje  suis 
venue  <:cl.  zi'lu''^'^\ 

Cependant,  le  cl.  bubu'u"  ff pupille  de  l'œile  fait  bébbu  avec  re- 
doublement (par  assimilation  de  '  à  la  consonne  suivante)  ('^l 

/3.  Précédé  d'une  consonne  et  suivi  d'une  voyelle  brève,  ou 
précédé  et  suivi  d'une  voyelle  brève,  le  hamza  médial  disparaît 

^^)  Le  mot  màibar  s'explique  par  ce  fait  qu'à  Kfar  'abîda  les  noms  d'instru- 
ments se  forment  sur  maqtalu"  an  lieu  de  cl.  miqtalu". 

^^)  Cf.  des  faits  analof^ues  en  classique  :  'âbdru"  «puits  (pi.)»  pour  *'à'bâru"\ 
'âkulu  wje  mange»  pour  *'«7cm/w;  —  et  encore  syr.  'âmeS  «il  fuit»  pour  *'ameS ; 
bira  «puits»  pour  *bç'râ;  Imià  «juste»  pour  ''ke'na. 

^^)  Sans  doute  par  l'intermédiaire  de  *buubu'u'\ 


li 


PHOIVUTIQUR.  / 

[jénéraloment  dans  les  rares  mois  de  celte  forme  phonelique 
usités  à  Kfar  ^ibîda;  il  ne  se  produit  ici  aucun  allongement  com- 
pensatoire. Ex.  :  tanm  wjumeau^i  <:cl.  lâi/amu";  Lan"  trcomme  s'w 
-<  cl.  ka-\-'(inna;  mâra  wlemmew  <:  cl.  mâr'alu"  (cf.  imra'atu")] 
mit-  wcenti?  ^^^  <:cl.  miat^ii"). 

y.  Précédé  d'une  voyelle  brève  et  suivi  d'une  voyelle  longue , 
ou  inversement,  le  hamza  se  transforme  tantôt  en  w  (m),  tantôt 
en  y  (i),  cf.  pp.  9-10,  1 1  ^^K 

3°  Hamza  (')  final. 

Conservation.  —  En  règle  géne'rale,  le  hamza  final  disparaît  à 
Kfâr  ^abida.  Il  ne  s'est  maintenu  que  dans  quelques  interjections 
et  dans  quelques  mots  expressifs,  tels  que  :  he'  retiens!  prends! 7? 
cf.  cl.  ha  a  w  prends  w;  ze  ze  (ou  he  he')  <:cl.  zi^  zi'  (cri  pour 
appeler  les  chameaux);  la^  (à  côté  de  lah)  wnonw,  cf.  cl.  là;  ho' 
wnom?  (refus  accompagné  d'un  brusque  mouvement  de  tête  en 
arrière);  etc.^^). 

Chute.  —  Sauf  les  quelques  cas  oh  il  se  transforme  en  w  [u)  et 
y  (i) ,  voir  p.  1  o  et  suiv. ,  le  hamza  final  tombe  en  règle  dans  le  par- 
ler de  Kfar  'abîda  sans  produire  d'allongement  compensatoire  sur 
les  voyelles  préce'dentes;  cette  chute  est  en  relation  avec  la  dispa- 
rition de  la  voyelle  finale.  Celle-ci,  en  effet,  tombant  toujours  à 
la  finale  des  mots,  entraîne  comme  conséquence  nécessaire  la 
chute  du  hamza,  déjà  faible  par  lui-même.  Du  reste,  en  syriaque 
(et  davantage  encore  en  hébreu),  le  hamza  s'affaiblit  souvent  et 
perd,  lorsqu'il  est  3®  radicale,  sa  valeur  consonantique.  Cette 
remarque  s'applique  aussi  bien  aux  verbes  qu'aux  substantifs. 
Ex.  :  sa  wil  a  voulu 77  •<  cl.  sa  a  (d'où  l'expression  très  usitée 
nsàlla  ff je  souhaite,  litt*  (s'il  plaît  à  Dieuw);  zA  «fil  vintw  <  cl. 
zaa  (^);  htàda  ffil  commença 71  <cl.  ibtàda'a;  wâsa  wet  il  offensais 
<  cl.  wa-^-'asâ'a;  hdâ  tr  arrête- toi  77  <c:cl.  ihda  ;  '/qrd  rrlis^^  <:cl. 
iqrâ' ;  —  sâma  crcielw  <:  cl.  samâ'u";  rçdè  w  méchant,  mauvais 
sujets  •<  cl.  radtu";  hàna  w  santé,  bonheur  w  -<cl.  hanâ'ii";  mdbda 

(^)  Ce  mot  prend  cette  forme  lorsqu'il  est  en  dépendance  étroite  d'un  autre 
mot  :  cf.  mit  ktah  wcent  livres 75;  lorsqu'il  est  indépendant  [status  absolutiis)^ 
il  a  la  forme  mtyê  :  ex.  tldt  miyé  «trois  cents 5>. 

W  C'est  exaclement  la  même  chose  qui  se  produit  chez  les  Ulâd  Brâhîm  de 
Saïda  (cf.  Marçais,  M.S.L.,  XIV,  p.  io5). 

(•*^  Dans  les  mots  la'  et  hô',  le  hamza  est  inconsciemment  ajouté  pour  donner 
à  ces  deux  particules  plus  d'énergie. 

(^^  Dans  quelques  villages  libanais,  notamment  à  Batroun  et  à  Kfar  'abîda, 
on  dit  également  'éza  pour  zaa.  —  En  Egypte,  on  a  iza,  et  en  Arabie  méri- 
dionale àza  et  àza'  (cf.  Landberg,  Daômah,  p.  698). 


8 


PREMIERE    PARTIE. 


r  principe,   commencements   -^ci.  ma bda'u";  lâhi  w perle >5 -<  cl. 
lulîi'u";  bârè  (( créateur •>i  (Dieu)  <:  cl.  hâri'u''. 

Remarque  générale.  —  Le  hamza,  faible  de  sa  nature,  disparaît 
d'une  façon  constante  en  position  de'bile.  Sauf  exception  due  à 
rinfluence  des  prototypes  classiques,  réels  ou  imaginaires,  ou  à  une 
influence  psychologique  (dans  des  mots  expressifs),  il  est  toujours 
on  position  débile  quand  il  est  médial  et  final.  Dans  ce  cas,  en 
oft'et,  il  n'est  jamais  qu'implosif,  et  Ton  sait  qu'une  implosive  est 
plus  faible  qu'une  explosive.  Il  ne  peut  être  en  position  forte  et 
par  conséquent  se  maintenir  qu  à  l'initiale  du  mot.  Il  faut  et  il 
suffit  pour  cela  que  la  syllabe  initiale  soit  intense,  et  elle  Test, 
soit  qu'elle  ait  été  accentue'e  dès  l'époque  classique,  soit  qu'elle  le 
devienne  dans  la  vie  propre  du  parler  parce  qu'elle  s'est  fermée; 
ce  dernier  cas  est,  en  somme,  le  même  que  celui  de  l'attaque 
Yocalique  douce  devenant  attaque  vocalique  forte  en  syllabe  ini- 
tiale fermée,  cf.  'às%  de  l'italien  asso,  etc.  Tout  est  donc  ici  une 
question  de  valeur  relative.  CL  C.  Juret,  Dominance  et  réshlance 
dans  la  phonétique  latine,  191 3,  passim. 


CnANGEMENTS  DE  '  EN  d'aUTRES   PHONEMES. 

On  a  examiné,  jusqu'ici,  les  cas  où  l'attaque  vocalique  forte 
s'est  conservée  ou  a  disparu  dans  le  passage  du  classique  à  l'a- 
rabe dialectal.  On  dira  maintenant,  en  donnant  le  plus  d'exemples 
possible,  où  et  quand  elle  a  été  remplacée  par  d'autres  phonè- 
mes. Le  hamza  est  devenu  tantôt  une  semi-voyelle  w  (n)  ou  y  (i), 
tantôt  la  faucale  ";  quelquefois  enfin  mais  seulement  dans 
des  mots  d'emprunt,  les  faucales  h  et  //. 

w  (m)  et  y  {{)  AU   LIEU  DE  \ 


I.  W  (m)  au  lieu  de  \ 

a.  A  rinitiale  du  mot.  —  1"  Sous  l'influence  de  la  consonne 
qui  suit  la  tranche  vocalique  commençant  par  '  en  classique,  la 
voyelle  de  cette  tranche  est  transformée  en  voyelle  labio-vélaire 
(quand  elle  n'a  déjà  pas  ce  timbre  en  classique),  puis  le  '  devient 
labio-vélaire,  soit  iv.  Ex.:  wof  {\i  côte'  de  ivôj't)  couf.N^  <::cl. 
^uffi" ;  wojqiqa  (à  côlé  de  'à'/q/qa)  rokkew  (mesure  de  poids  = 
environ  1282  grammes)  -<  ci. 'ûqqatu";  ivùlf  ^^ixmiv  <:cl.  'ilfu", 
analogique  de  wùlfê  fcamitiéw  <:cl.  ^ûlfatu"  qui  seul  est  régulier 
dans  celte  série;  wàlkf  wil  plia  bagage,  il  a'est  préparée?  <cl, 


PnONETIQUR.  0 

MZ/rz/r/ ff il  assembla,  il  composa r;  wônos  wami,  doux,  sociable^ 
(sous  riiilluence  de  tviïns  cr afi'abililé^  <:  cl.  'tmsu"),  cf.  cl. 
'atiisu"  fcami,  doux?!  et  'ânasii"  ff  fainiliei")^. 

0"  Par  assimilation  à  un  w  qui  suit.  Exemple  unique  :  wâwé 
tfchacal,  renardw  <:cl.  [ihnn)'âwâ. 

3"  Par  assimilation  à  un  i  de  la  syllabe  suivante,  assimilation 
suivie  de  dissimilation,  d'où  w.  Ex.  :  w/m  wquoi?  certes^,  dissi- 
milation  de  ^'(jài^,  lui-même  assimilation  de  cl.  ' àhjii -\- m>^  i"  ; 
wàin  fcoiMî  <  *V«m  <:cl.  ^âina, 

U"  La  voyelle  qui  suit  '  est  elle-même  suivie  d'une  denlale 
(occlusive,  silUante,  cliuinlanle  ou  nasale).  Ex.  :  wàdda  w  il  envoya 

il  fit  parvenin?  ^cl.  'àddà  (\/'-d-y);  wàddeh  wil  corrigea t?  <:c1. 
*âddab(i;  wàz'  wil  excitais  ■<  cl.  'Azza;  ivâV  ff  s'alluma  (le  feu)^ 
<::cl.  'azïa;  wàsseb  tril  excita 75  (un  cbien)  <:cl.  'dssaba;  wdn"  wil 
s'est  plaint,  il  a  fait  entendre  des  bourdonnements  (par  extens.)r) 
<:  cl.  'ânna.  —  Dans  les  exemples  qui  viennent  d'être  cités  ici, 
on  ne  peut  que  constater  le  fait,  sans  en  pouvoir  donner  d'explica- 
tion plausible  (^). 

b"  Par  confusion  analogique  :  wâhed  ril  blâma  w  <:  cl.  ùihada 
[inwàhdé  ce  blâmer?  <:cl.  muâhadatu");  wâlef  wil  fréquenta^  <::cl. 
^(dafa  (mwâîfé  ff  amitié  w  <:cl.  mu' âlafatu") -,  etc. 

/S.  A  rinténeur  du  mot,  —  1°  Par  assimila  lion  à  une  voyelle 
labiale  précédente,  le'^se  transforme  Qxiiv  [u).  Ex.  :  fwâd  ffcœurv 
<c  cl.  ykVA"  ^^^  ;  twàm  ff  jumeaux  77  <:  cl.  tu'âmu"  pi.  de  tai/amu"; 
zwâm  (mort)  ff  violente  ou  subite  w  <cl.  zu'âmu";  mivâhdê  ff  blâme '5 
<ccl.  mu'âhadatu";  mwâmra  ff  conjuration  îj  ^cl.  jnu'âmaratu"  ; 
mrûwê  ff  courage 7?  <:cl.  muruatu"  [muniwatu")^^'. 

9°  Peut-être  sous  l'influence  d'une  labiale  qui  transforme  a 
dans  le  même  sens  que  plus  haut  (cf.  a.  /i°).  Ex.  :  fduwal  ffil  fit 
tirer  un  mauvais  augurer?  <:cl.  fa'ala;  stâfwdl  ffil  fut  supersti- 
tieux w ,  cf.  û.fa  ''ala  inus.  au  X*'  thème  ;  sàmva  ff  il  piaula  (  poussi  n  )  -n 
el  sdwe  ffil  siffla  (serpent)T)  <<cl.  saâ  ffil  piaula  (poussin)^?  ^''^; 
màmvdtî  ffil  acheta  des  vivres  w  <:cl.  ma'ana  ffil  prépara  i?;  râinvos 
ffil  appointais  -<cl.  ra^'asa.  Ces  deux  derniers  exemples  peuvent 

^'^  A  moins  qu'il  ne  s'agisse  ici  d'un  phénomène  de  dissimilation  (à  dis- 
tanre). 

(-)   Forme  intermédiaire  fuwâdu". 

(''  La  voyelle  n'est  pas  tombée  dans  ce  dernier  exemple  comme  elle  l'a  fait 
dans  les  autres,  parce  qu'elle  est  longue  et  accentuée  (f<). 

'^)  Sans  cloute  ici  croisement  avec  cl.  sautu"  ftvoixw,  etc.,  ou  saiisa  (même 
sens)  mot  d'origine  syriaque  :  syr.  sai^sï  3  sg.  maso.  parf.  (s-iv-s-y), 


10  PREMIÈRE    PARTIE. 

s'expliquer  par  rinfliience  des  mots  mûné  w vivres  ^5  et  rûs  w têtes w 
qui  auraient  donné  les  dénominatifs  màuwdn  et  râiiwds. 

3°  Par  confusion  analogique.  Ex.  :  twâmru  fcils  ont  conspiré w 
<:cl.  ta'âmarû  (^mwâmra  w conspiration iî  <:;cl.  mu^âmaratti'')',  Hâwdh 
wil  bâillai  <:cl.  taOaaba  [Hâwoh  w bâillement 75  <:cl.  tadaubii"); 
zwâlê  «bête  de  sommet'  <:cl.  zaïlatiC'  (sous  l'influence  du  pluriel 
zawailii).  —  Quant  à  rdâwé  cr méchancetés  •<.  ci.  radà'atu'',  ^màwè 
ff aveuglements  <:cl.  ^amaatu'',  dnâwê  cr bassesses  <c:cl.  danâ'atu'^' 
etc.,  ils  s'expliquent  probablement  par  l'analogie  du  type  mor- 
phologique qtâwê  <:cl.  qatmvatii" ,  type  très  usité  à  Kfar^abîda  (cf. 
rhâwé  tf  lâchetés  <:cl.  rahâwatu'',  ^dâwé  ff  inimitiés  <  cl.  '^adâwatu'\ 
etc.). 

y.  A  la  finale  du  tnot^^K  —  1°  Par  assimilation  à  m  ou  à  une 
voyelle  labiale  qui  précède;  dans  ce  cas  le  «,  provenant  de  ^  et  se 
trouvant  placé  à  la  finale  sans  voyelle  qui  le  suive,  se  réduit  à  un 
demi  m  ou  disparaît  complètement  dans  le  parler  (^).  Ex.  :  s«h(") 
rr  malheurs  <:cl.  sai/u''  (à  côté  de  smV);  daiii^-)  cr  lumière  s  <<cl. 
dau'u" ;  nau{^")  ff  tempêtes  •<  cl.  nai/u";  *hdû(^'):>  hdû  (^ calme •>■) 
<:cl.  hiidû^u";  etc. 

2°  Par  assimilation  a  une  voyelle  u  ou  à  une  labiale  qui  pré- 
cède; mais  ici,  au  lieu  de  se  réduire  ou  de  disparaître,  comme 
dans  le  cas  précédent,  n  se  vocalise  en  u.  Ex.  :  mâlu  frple'nitudes 
cf.  cl.  mï7V  [* milwiC' '>'  *mÔlw>  màlii);  zàzu  reportions,  cf.  cl. 
zïau";  hàdu  w  commencement  s  <:cl.  hâd^ii";  Jiâzu  tf  moquerie  s,  cf. 
cl.  Mau";  yàbu  w léger  brouillards  (par  assimilation  de  sonorité) 
<;cl.  hàb'u"  (cf.  plus  bas,  p.  32)^^^. 


IL  y  (i)  au  lieu  de  \ 

OL.  A  rinitiale  du  mot.  —  1°  Par  assimilation  a  la  voyelle  sui- 
vante. Ex.  :  yâmma  ffou  biens  (par  différenciation  vocalique) 
■<z*yimma  <::cl.  Hmmà^'^^',  yânsûn  waniss  avec  chute  de  ï  atone 
(placé  entre  deux  voyelles  longues  dont  l'une  est  accentuée  dans  le 
parler)  <ccl.  'amsûnu"  ^gr.  olvtŒovj  yfzra  w  domestiques  s  -<*V^- 


(^)  H  s'agit  ici  comme  plus  haut  de  la  finale  dialectale;  en  classique  '  serait 
intérieur. 

(^)  Mais  u,  comme  i  d'ailleurs  (voir  plus  loin),  réapparaît  avec  sa  valeur  de 
semi-voyelle  pleine  dès  qu'il   est  suivi  d'une  voyelle  (voir  injra,  semi-voyelles). 

(')  Cf.  cl.  (avec  un  w  d'origine)  sahivu"  rrsérénité  (du  temps)«,  fdzwu'^ 
rr  incursion  57,  etc. 

(*)  Cf.  cl.  'înm  pour  'immâ  dans  le  dictionnaire  connu  :  'Aqrah-ul-mawâ,' 
ridi,  s,  V. 


I 


phom':tiqiii:.  11 

m,  cf.  cl.  'îizarâ'u'^^^ ;  iur  (ou  'zîr,  ou  même  zîr)  wdomestiqiiei? 
'<*y(nir  <:  cl.  \izmC\ 

2**  Par  assimilation  (suivie  de  dissimilation)  à  une  consonne 
labiale  ou  à  un  ù  suivant  (à  distance).  Ex.  :  yau  wou  bien  75  par  dissi- 
milation <c.*ivau  <<cl.  Vm  par  assimilation;  yâm"'  wil  se  dirigea 
vers 77  <c.*wamma  <:cl.  'amma;  yam'"  ffcôlé,  part)^  (dans  l'expres- 
sion mon  yâmmê  wde  mon  côté,  pour  ma  partie),  cf.  'ammu" 
w  action  de  se  diriger  vers  w  ;  yàhûr  w  écurie  w  <c*wâhûr  <:  pers.  ^àhor; 
itûn  cr fournaise,  four  à  cbauxw  (par  l'intermédiaire  de  *tj§lûn, 
avec  chute  de  e  et  vocalisation  de  y)  <z*watlûn,  cf.  cl.  ^attiimi", 
syr.  'aôûnâ,  hébr.  'attiin^^K 

/3.  A  Vinténeur  du  mot.  —  i''  Par  assimilation  à  la  voyelle  qui 
suit  \  Ex.  :  râryes  w supérieur 77 <  *m'î/{5w",  cf.  cl.  raîsu"^'^^',  ''zâyeh 
cf  miracles  77  <ccl.  ^azâ'ibu;  ^qâyem  rrse  levant w<:  cl.  qâ'imii'';  ''â'yei 
(plus  souvent  "âwoz^'^'))  ^indigent,  ayant  besoin  dew  <:cl.  ""â'izu", 
etc. .  . 

2''  Par  assimilation  à  la  voyelle  qui  précède  \  Ex.  :  hyâr 
ff puits w  (pi.)  <cl.  WânC;  ryâsê  w présidences  -<cl.  ri'âsatu"; 
iehnâyé  ff  félicitations ,  cadeau  de  noces  w,  cf.  cl.  tahni'atu";  hâbyê 
ff  grande  jarre 77  <:cl.  hâbi'atvJ';  (*miyê)  mîy ê  ((cenin  <:cl.  mi'atu'^ 
(sur  ce  mot  voir  p.  7,  n.  1);  etc. 

3°  Par  analogie  avec  la  forme  dialectale  des  verbes  tertîae  y 
(tous  les  verbes  a  dernière  radicale  '  sont  en  effet  rattachés 
dans  notre  parler  à  la  classe  des  verbes  tertiae  y,  cf.  Morphologie). 
Ex.  :  mô'lyân  (à  côté  de  mlân)  ce  plein  77  <:cl.  mal'ânu;  mlâyêr\oï\e, 
drapw  <:  cl.  mwirf  ffiw"  ;  dejyân  ce  échauffée  <:;cl.  dafânu  ;  'jqrmjè 
w lecture,  écoles  <:;cl.  qirâ'atu'';  etc. 

7.  A  la  finale  du  mot.  —  1°  Par  assimilation  à  un  ^  ou  a  une 
voyelle  palatale  qui  pre'cède ;  dans  ce  cas  i  se  réduit  à  un  demi  i^^^ 
(cf.  tf,  p.  10).  Ex.  :  saii^Y^'i  rr chose,  objets  <:*saw<:cl.  saiu"" ;faij^) 


(^)  Dans  les  autres  pluriels,  qui  sont  en  classique  du  type  qutalau,  la  pre- 
mière voyelle  u  se  transforme  toujours  dans  le  parler  en  m,  0,  0  suivant  le 
voisinage  consonantique;  yézra  est  sans  doute  sous  l'influence  du  sg.  izîr, 

(^^  Quant  à  yçrdon  ffJourdainw  (fleuve),  il  ne  vient  pas  du  cl.  'urdunnu'', 
mais  c'est  un  mot  d'emprunt  indépendant  (cf.  syr.  yurdanârij  hébr.  yardên). 

('^  C'est  sous  l'influence  du  substantif  ràiyçs  que  le  dénominatif  dialectal 
raiyçs  «il  mit  à  la  tête»?  s'oppose  parla  forme  au  cl.  ra'asa. 

^*)  La  forme  'âwez  s'explique  par  le  fait  que  la  racine  comporte  originaire- 
ment un  IV,  mais  *'âwizu  [sJ'-w-z)  est  devenu  en  cl.  'aizu"".  C'est,  d'ail- 
leurs, le  seul  participe  où  l'on  voie  réapparaître  dans  le  parler  le  w  radie  1. 

^^^  Ou  disparaît  entièrement. 

(")  !\.  côté  de  si. 


12 


PREMIERE    PARTIE. 


tf  ombre 7'  <<d\.f(uu'';  nai{')  ^^cru-n  (viande,  etc.)  <:  ""nahjii",  cf.  cl. 
wiV^^);  mzîi-  cr  venues  subst.  (usité seulement  avec  les  suffixes  per- 
sonnels mzhjê,  mzhjçh,  etc.)  <:  ^mazil-  <:  cl.  malVu". 

Bemarqtœ  générale.  —  La  transformation  de  Tattaque  vocali- 
que  forte  en  semi-voyelle  n'est  pas  particulière  au  parler  de 
Kfar*^abîda  ni  aux  parlers  libanais;  il  y  en  avait  déjà  des  exemples 
dans  la  langue  classique,  comme  dans  la  plupart  des  langues 
sémitiques (-^,  d'où  les  nombreux  doublets  qu'on  rencontre  dans  les 
formes  nominales  et  verbales  de  l'arabe  classique ^^^. 

Ce  changement  s'observe  aussi  avec  plus  ou  moins  de  fréquence 
dans  tous  les  dialectes  arabes  modernes  jusqu'ici  étudiés ^*^,  mais 
surtout  dans  le  dialecte  mecquois  dont  une  forme  ancienne  est  à 
la  base  de  la  langue  classique,  et  où  l'attaque  vocalique  forte  a 
été  remplacée  par  les  semi-voyelles  y  et  tv  après  i  et  u  longs  ou 
brefs  (cf.  Brockelmann,  pp.  69  et  61). 

M.  Cohen,  dans  son  étude  sur  Le  parler  arabe  des  Juifs  d'Al- 
ger (p.  37),  explique  cette  transformation  par  des  nécessités 
morphologiques.  Dans  le  dialecte  libanais,  au  contraire,  presque 
tous  les  cas  dans  lesquels  iv  et  ij  apparaissent  à  la  place  de  '  peu- 
vent s'expliquer,  comme  on  vient  de  le  voir,  par  des  raisons  pho- 
nétiques ou  par  une  influence  analogique  due  à  une  étymologie 
populaire  ou  à  une  confusion  de  même  origine. 

',  h,  h  AU  LIEU  DE  \ 


I.  '  au  lieu  de  \ 

1''  Un  certain  nombre  de  mots  expressifs  signifiant  tf gémir, 
mugir,  rugir,  bêlerr  présentent  dans  notre  parler  un  'au  lieu  dc^ 
classique.  Il  s'agit  sans  doute  d'un  renforcement  d'origine  psycho- 
logique, et  ce  qui  le  prouve  c'est  que  la  tendance  au  renforce- 
ment n'a  pas  donné  au  Liban  le  même  résultat  qu'en  maghribin. 
Par  exemple,  le  classique  zà'ara  wil  rugit w  est  devenu  chez  les 
l  lad  Brâhi  m  comme  dans  tout  le  Maghreb  (cf.  iS«îJa,  M.S.L.,  XIV, 
]).  \ok)  zhàr,  tandis  qu'il  a  été  à  Klar^'abida  transformé  enzâ'^ar, 

(')  La  transformation  de  ce  mot  s'est  déjà  faite  en  classique,  où  on  prononce 
«''{{alement  myii". 

^■-^   Cf.  syr.  'aiibeS  <c*'a'bed  rrfaire  périr  w  ,  smja    <C  ?«  «  «sordidusji  éfjale- 

ment  existant  \\'^s--y),  etc. 

('^  Cf.  cl.  'annaba  et  wannaba;  'arraha  et  warraha;  'aOribu  et  yaOribn;  saisa 
et  saivisa;  etc. 

('•'  Cf.  Marçais,  Saïda,  M,S.L,  t.  XIV,  p.  io5 -,  T/wicc»,  p.  90; — Couen, 
op.  cit.,  p.  37. 


i 


PHONÉTIQUR.  13 

De  mèma 'azzâlaiu'^  tf  veuves   et  cl.  ^fiïalu"  ffinslruiiienlT?  font  au 
Ma|;hreb  haizâla  et  hâla^^^  (cf.  Marçais,  Tlemcen,  p.  20). 

Voici  d'autres  exem|)les  du  même  fait  :  2rt  V^r  wii  rugitw  yjen 
pari,  du  lion),  cf.  cl.  zaara;  zâ^ar^-^  cfil  beugla,  il  mugit 77,  cf. 
cl.  zâ'ard;  niâ''(i'jq  ou  hd'^a/q  ffil  béla^^,  cf.  cl.  maiqa^  il  sanglola 
(en  pailant  d'un  enranl)!?^^^;  '«w"  ffil  gémitw,  cl. 'rt^m^ï; '«///teet 
^/îm  ff  gémissement  1?  <::ci  "'amiata"  et  'anînu". 

2"  C'est  peut-être  sous  Tinfluence  de  r  emphatique  que  le  ^ 
de  la  racine  zdru'a  ffil  est  bardiw  a  été  également  renforcé  en  *"  : 
Izcura'^  ffil  s'est  enhardi  ^cl.  iazàrra'a;  zcnri'  ff courageux 75  <:  cl. 
zarVii" ;  zrâ''a  ff audace?-)  <:cl.  zaraatu". 

3"  L'exemple  nâte''  ffil  tira,  il  secoua,  il  emporta  sur  ses  épau- 
les ?? ,  cf.  cl.  nâlaqa,  présente  sans  doute  le  slade  intermé- 
diaire que  Ton  est  obligé  de  supposer  enire  q  et  son  aboutissant 
ordinaire  dans  le  dialecte  :  \  Les  finales  tombant  en  arabe  mo- 
derne, l'affaiblissement  ordinaire  (')  aurait  entraîné  la  chu  le 
complète  de  la  consonne  :  cl.  nataqa^^îuita^/q^  ^naia^^'nala. 
De  même  sâUe"  usité  à  côté  de  salle  jq  ffil  s'est  éboulé 7?,  cf.  cl.  m- 
laqa  ff   il  fendit 77. 

A"  Dans  quelques  mots  étrangers  dont  l'un  présente  déjà  *"  en 
classique,  bien  qu'il  ne  s'agisse  ici  tout  au  plus  dans  la  langue 
originaire  que  d'une  attaque  vocalique  faible,  '' se  change  en  '('*^. 
^\.  :  ha'k  (cl.  etdial.)  <pers.  Ay^^  ffgimbletlc??;  ^«/«nm  ff  bravo  w 
<clurc  et  pers.  âfarvn;  ''assé^^'  ffcuisinier??  <:turc  âsci  avec  assi- 
milation de  6'  en  s;  lâ^ta  ff  madrier  77  (cf.  frç.  latte)  \  mcChrûn  et 
ma^harûnè  (cf.  macaroni)^'^K 


(^)  Cf.  tunisien  'Ma  avec  *. 

(^)  On  a  en  syriaque  g^'ar  wil  cria  fort??,  mais  il  n'y  a,  sans  doute,  ici 
qu'une  simple  coïncidence. 

(•^)  Le  dialeclal  maaiq  correspond  pour  la  forme  au  cl.  mniqa,  mais  pour  ie 
sens  au  cl.  ma  ma  a.  On  voit  très  bien  pourquoi  maa'jq  a  été  transformé  en 
baajq  ou  ba'ç'jq  :  c'est  qu'il  s'agit  d'un  bêlement  (cf.  Gratines,  jSr?  jSfj,  pour 
imiter  le  bêlement  du  mouton). 

(^)  Un  de  ces  mots  étrangers  pourtant  présente  h  au  lieu  de  '  qu'on  atten- 
drait :  zàltr  <turc  zâj'  crchance,  jeu  de  dés??  —  M.  W.  Marçais  fait  observer 
que  tous  les  tirailleurs  indigènes  disent  màhzûr  cr  major?? ,  ce  qui  doit  être  tuni- 
sien d'origine  ou  marocain. 

(^)  'assè  peut  provenir  aussi  (par  étymologie  populaire)  de  'dsa<Cc\.  'asau" 
ffdiner??. 

^^^  Sur  la  permutation  de  '  et  '  cf.  cl.  'àssara  et  'dsara  trii  pressa  forte- 
ment??; ^aridu"  et  'arîdu"  wlarge??  ;  ibBadrra  et  ibQa'drra  rril  bondit??  ;  —  cf.  syr. 
qïuiaa  et  qûnâ'â  crazur??;  —  enfin  arabe  mod.  :  à  Jérusalem  tadassa'  <C  cl. 
tazassa'a  tcil  rota??;  à  Tanger  liobba  et  Ijobba'  «il  cacha??  (Textes  arabes,  Marçais, 
p.  275);  à  Saida  (Mauçais,  M.S.L.,  t.  XIV,  p.  io5),  qordin^our  quràii 
«Coran??  ;  —  marocain  insaallâh. 


14  PREMIÈRE    PARTIE. 

II.  h  au  lieu  de  \ 

Ce  changement  ne  se  rencontre  que  dans  les  deux  noms  pro- 
pres (mots^savants  empruntés  à  l'hébreu  par  l'intermédiaire  du 
syriaque)  Sâhûl  et  Ddhûd.  Les  deux  mots  étant  étroitement  asso- 
ciés, il  est  évident  qu'ils  ne  comportent  qu'une^  seule  et  même 
explication.  C'est  parce  qu'on  était  arrivé  à  dire  SùMl  qu'on  a  été 
entraîné  à  dire  Dâhiid.  Il  ne  s'agit  donc  que  d'expliquer  SâhûL 
Dans  ce  nom  propre,  le  '  était  encore  prononcé  en  syriaque  : 
Sa  al.  Or,  on  a  vu  que  dans  notre  dialecte  '  intervocalique  dispa- 
raît en  règle  générale;  c'est  sans  doute  pour  le  sauver  de  cette 
disparition  qu'on  l'a  instinctivement  renforcé  en  h.  Cf.  pourtant 
la  hinna-ka,  au  lieu  de  la  ^ înna-ka  duns  un  vers  connu  de  Mouta- 
nabbï. 

III.  h  au  lieu  de  \ 

En  principe,  '  ne  se  transforme  en  h  que  dans  quelques  mots 
d'origine  étrangère  :  JjanMîs  fc  anguille  r)  <gr.  sy^eXv?,  sans  doute 
par  l'intermédiaire  du  cl.  'inkalîsu'';  hàfsé  <:frç.  abcès  (c'est-à- 
dire  apsè).  Cf.  nâsah  à  côté  de  cl.  nâsa'a  (voir  infra ,  Sifflantes) 
ff  il  s'est  engraissée. 


B.  A=-it>  (»). 

La  spirante  /i,  à  peu  près  identique  au  h  allemand  de  Hiit, etc. , 
est  sourde.  En  cela,  le  dialecte  libanais,  et  celui  de  Kfar'abîda 
en  particulier,  est  d'accord  avec  les  dialectes  arabes  orientaux ^^l 
La  nature  spéciale  de  h  explique  d'elle-même  qu'il  ait  complètement 
disparu  en  assyrien (2),  qu'il  se  soit  affaibli  dans  certains  cas  jus- 
qu'à perdre  sa  valeur  de  consonne  en  syriaque  et  en  hébreu  (^^,  et 
qu'il  ait  disparu  dans  quelques  parlers  arabes  maghribins^^^.  A 
Kfar'abîda,  comme  dans  l'ensemble  des  parlers  libanais,  \c  h  de 
l'arabe  classique  a  également  subi  un  certain  affaiblissement.  Cet 
affaiblissement  va  jusqu'à  la  chute  (dans  certains  mots  ou  groupes 
de  mots). 

(')  Dans  les  dialectes  orientaux,  h  sonore  n'a  pas  encore  été  signalé. 
Cf.  Cohen,  p.  3a. 

(^)  Cif.  Brockelmann,  p.  71. 

(•')  Cf.  Rubens  Duval,  Gramm.  syriaque,  p.  100  et  101;  —  Toizap.d, 
Gramm.  hébraïque ,  p.  i  ai . 

W  Cf.  CouEN,  p.  32-33,  d'après  qui,  en  outre,  h  semble  se  fondre  avec  la 
voyelle  voisine  brève  ou  réduite  pour  l'allonger. 


PHONÉTIQUE.  15 

1°  Conservation. — ATiiiitiale  du  mot,  et  àrintervocaiique,  A  se 
maintient  en  principe  dans  le  passa[>e  de  Tarabe  classique  au 
})arler  local.  Ex.  ;  hén'b  ffil  s'est  enfui  ^^  <:cl.  hâraba;  hàwa  crvent^^ 
< cl.  Artwrt V ;  ili'heb  worw  <cl.  dâhahu" ;  nàhad  ffil  s'est  levéw 
<:  cl.  nàhada;  zçhed  ffil  renonça  (à  tout)^^  <<  cl.  zàhada;  ma^liih 
fflbu^î  ^cl.  ma^luhu";  nàdeli  ffil  appela??  <:  cl.  nâdaha  ffil  repoussa 
en  criant??;  etc. 

9*'  Chute.  —  a.  Dans  plusieurs  mots  qui  résultent  de  la  fu- 
sion d'une  préposition  ou  d'une  parlicule  avec  une  forme  de 
pronom  démonstratif  ou  personnel  commençant  par  h,  ce  pho- 
nème a  disparu.  Ex.  :  mâtis  ffil  n'est  pas?^  <:cl.  mà-{-hu{iva) 
-\-s{aVu"y,  mais  cfelle  n'est  pas  ?î  <^  û.  ma -\- hi[ija) -\~  s[ai^iC'Y^^  \ 
w<7r/rt  ff  et  celui-ci  ??  <:cl.  wa-\-hâdà^'^'^'^  hmin  fficiw  -<cl.  hâhiinâ  et 
làun  ffvers  ici??^^^  -<cl.  li-\-hâhîmà  (et  non  de  <:cl.  hunâ,  comme 
on  l'a  parfois  soutenu)^^^;  'aiwa  ff c'est  cela??  (m.  à  m.  ita  illud) 
ffvous  y  êtesw  <:cl.  ^ai-\-hu[waY^K  —  La  même  règle  trouve 
son  application  dans  le  mot  dialectal  halle  iq  ff  maintenant??  pour 
c\.  hâda-l-ivaqtu ,  lorsqu'il  est  précédé  d'une  préposition  ou  d'un 
adverbe  :  mnàlle'/q  ^r des  maintenant??,  \)our  mon -\- halle' jq;  qablâl- 
Içjq  ff  avant  maintenant??,  ])our  qâbl-\-hâll§'lq. 

Ces  phénomènes  sont,  au  fond,  identiques  au  suivant:  le  h 
tombe  à  l'initiale  du  pronom  de  la  3^  personne  (masculin  et  fémi- 
nin, singulier  et  pluriel),  quand  il  est  enclitique  sur  les  formes 
verbales  et  nominales,  et  même  quand  il  est  rattaché  de  la  même 
manière  à  de  simples  prépositions.  Ex.:  dârba  tfil  l'a  frappée?? 
<:cl.  dârabahâ;  dàrbu  ffil  l'a  frappé??  <:  cl.  dàrabahu;  dàrbon  (^our 
les  deux  genres)  ffil  les  a  frappés??  <c:cl.  dàrabahum  (masc.)  [et 
darabahuîina  (fém.)];  bâita  ffsa  maison  (d'elle)??  <  cl.  bàhnhà; 
bâitu  ffsa  maison  (de  lui)??  <:cl.  bâituhu;  bâijon  ffleur  maison 
(d'eux  ou  d'elles)??  <:cl.  bâijuhum  (masc.)  [et  baituhûnna  (fém.)]; 
ba  ffon  elle??  <:  cl.  bihà;  bu  ffen  lui??  <,  %ihu,  cf.  cl.  bihi;  bon 
wen  eux  ou  en  elles??,  cf.  cl.  bihim  (masc),  ainsi,  par  exemple, 
dans  les  expressions  :  as  ba,  as  bu,  as  bon,  ff  qu'a-t-elle  ???,  ffqu'a- 
t-il???,  ff  qu'ont-ils  ?  ou  qu'ont-elles???,  quand  on  s'informe  de 
quelqu'un. 

^^^  On  trouve  même  les  formes  plus  évoluées  mos  et  mas. 

^^)  D'où  l'expression  dialectale  mkdbbar  wôda  hdlu ,  lilt.  ff  orgueilleux  et  ceci 
est  son  état»  c'est-à-dire  «orgueilleux,  c'est  tout  ce  qu'il  est??. 

^^^  Cf.  au  Maghreb  mnnna  pour  min-\-huna  crpar  ici??  (Marçais,  Saïda, 
M.S.L.,  t.  XIV,  p.  io5). 

(*^  Les  deux  h  sont  donc  tombés  (dans  cl.  lihàhunâ),  et  ils  ont  laissé  se 
produire  une  véritable  diphtongue  composée  des  deux  voyelles  qu'ils  sépa- 
raient. Cf.   syr.  hâu  crcelui-là??  pour  *hà-\-hn;  hài  rccelle-là??  pour  *hâ~{-hi. 

(^)  Je  fais  venir  'aiwa,  usité  dans  beaucoup  de  dialectes  modernes,  de  'ai-{- 
huwa  plutôt  que  de  'ai  -j-  ivaUàhi. 


16  PRE3I1ÈRE    PARTIE. 

Il  est  à  remarquer  cependant  qu'actuellement,  sans  doute 
par  suite  d'une  influence  classique,  le  h  du  pronom,  surtout  du 
pronom  féminin,  est  souvent  restitué  au  singulier,  notamment 
quand  il  est  précédé  de  la  préposition  /  <cl.  //.  On  dit  par  exem- 
ple :  hâda  léha  plutôt  que  hâda  la,  ffceci  est  à  elle 77. 

/S.  Le  h  s'affaiblit  jusqu'à  disparaître  à  la  finale  de  quelques 
mots.  Ex.  : /«m'A e  ff  fruits,  gourmandises^?  -<:€[.  frnvdJàhu,  plur.  de 
fâkihatu".  Le  singulier  conserve  le  h  à  Kfar'^abîda,  oii  on  prononce 
fâhha;  imâwa  wil  a  beaucoup  de  scve?7  (en  pari,  d'un  arbre),  cf. 
cl.  tamàiiwaha;  i'âhha  cril  s'est  enorgueillir)  ^cl.  laWhhaha ;  mwi'n 
ffde  l'eau ^7  -<cl.  miiwaihu",  diminutif  de  niati"'^^^:  'alla  tcDieu?? 
<:cl.  "allâhu;  wèi-  r visage 77  (dans  wàzeh  wton  visage^?  -<cl.  waz- 
Imha)  avec  cbute  pure  et  simple  de  /i<:cl.  îV(izhu''^^K 

Ces  exemples  montrent  que /i,  aussitôt  qu'il  est  final,  tend  à 
tomber;  il  se  prononce,  du  reste,  très  faiblement  quand  il  a  été 
maintenu.  La  plupart  du  temps  il  a  été  rétabli  par  sentiment  de 
la  racine  ^^l 

A  V intérieur  du  mot,  on  ne  peut  citer  pour  la  cbute  de  h  que 
deux  exemples  empruntés  au  persan.  Ce  sont  :  mriz  rr bassin,  ci- 
terne ^7  avec  cbangement  de  i  classique  en  a  par  dissimilation^'^^ 
et  allongement  de  cette  dernière  voyelle  par  fusion  avec  h  àh- 
paru^^^  •<  cl.  siluîhi"  (persan);  lâurha  crambre  jaune^-»  (cf.  cl. 
Irdirahâ)  du  persan  lëhruhâ;  \)eui-ê\ rekêhrubà>^kaf ru ba'^^ka [3- 
fuba  >■  dial.  kàm[u'jba,  dans  ce  cas  il  s'agit  non  d'une  chute 
mais  d'une  transformation. 

A  rinitiale,  la  chute  de  h  ne  se  rencontre  que  dans  un  seul 
exemple  :  niyâlek  rrque  tu  es  heureux  .N  <  cl.  hanî'a"  -\-  laha  ^^\ 
Le  h  est  évidemment  tombé  à  la  suite  de  la  chute  de  la  voyelle 
qui  le  suivait,  ia  langue  n'admettant  pas  une  initiale  * /m-  qui 


(')  Cf.  l'expression  swdiyel  mwài  «un  peu  d'eau»  ;  on  dit  aussi  miimyè  (même 
sens),  par  analogie  de  mtvài. 

(^)  A  Batroun  et  à  Tripoli  de  Syrie,  à  Beyrouth  et  en  Egypte,  et  quelquefois 
à  Kfâr'abîda,  il  y  a,  en  outre,  assimilation  de  h  final  et  assourdissement  de  i; 
011  dh'ivôèsçli  à  côté  de  wdzçJ^  wton  visage».  —  Cf.  Barthélémy,  Journal  asia- 
liqne,  t.  YII-YIII,  série  io%  p.  229.  m 

'^•'^  Le  sujet  parlant  a  cependant  conscience  de  la  difficulté  de  la  prononcia- 
tion de  h  final  et  tourne  celte  difficulté  au  moyen  d'une  métathèse  toutes  les 
fois  que  le  maintien  de  h  est  étymologiquement  nécessaire,  cf.  plus  loin, 
p.  2Û.  I 

('')  i-  î  >  rt-  ï;  voir  Vocalisme.  j 

(^)  Car  il  y  a  eu  ici,  comme  Ta  remarqué  M.  Cohen,  pour  le  parler  des 
Juifs  d'Alger  (p.  89),  fusion  de  h  avec  la  voyelle  précédente. 

^^^  Cf.  le  vers  dialectal  employé  proverbialement  au  Liban  :  lûyfil  mon  z:'ra 
'fiv  urùbhôs  utdlla  bàilti  mon  hâlab  6l-myûbbàs,  tcHeureux  qui  ensemença  son 
champ   à  sec  et  l'arrosa  et  qui  remplit  sa  maison  de  bois  sec?r. 


piioiNÉTioui:.  1 7 

est  au  reste  débile  comme  le  montre  l'histoire  de  beaucoup  de 
langues. 

3.  Renforcement  de  h.  —  Addition  de  h.  —  Rappelons  que  dans 
quelques  mots  d'emprunt  h  a  pris  la  place  de  '  (voir  p.  i/i);  il  a 
aussi  cédé  la  place  à  ^  par  assimilation,  dans  quelques  exemples, 
comme  nous  le  verrons  plus  loin  (p.  22).  On  ne  trouve  qu'un 
seul  exemple  de  h  renforce  en  h,  par  un  phénomène  de  conta- 
mination :  hâhlç'lq  cr  il  ouvrit  de  grands  yeux  ?5  <: cl. /m// /«</«;  hàhhf/q 
résulte  sans  doute  de  la  superposition  de  hàhlaqa  et  de  hamlaqa 
(même  sens)  dans  Tesprit  du  sujet  parlant ^^). 

En  vertu  d'un  renforcement  d'origine  sans  doute  psycholo- 
gique, h  est  ajouté  à  la  finale  de  quelques  monosyllabes  (dialec- 
taux) (^).  Ex.  :  làli  fcnon^î  au  lieu  de  cf.  là;  èûh  au  lieu  de  dial. 
su  tfquoi?77;  tVnJi  (fém.)(^^  -<  dial.  fa/  mutilation  du  cl.  ia^'âhii 
efviens^7,  et  fâh  (masc.)  <<  dial.  t'^a  mutilation  du  cl.  ta'^âla 
(même  sens). 

On  dit  également  (en  épelant  les  lettres  de  l'alphabet)  ;  lâh, 
zâh,  pour  tau"  et  zau"  (les  autres  noms  de  lettres  emphatiques  se 
terminent  par  une  consonne). 


G.    A  =  ^. 

Sur  la  spirante  faucale  sourde  A,  il  y  a  peu  de  chose  à  dire. 
Comme  en  classique,  elle  a,  ainsi  que  sa  correspondante  sonore 
*,  une  articulation  plus  forte  que  celle  de  h  et  de  ^  articulation 
qu'on  peut  localiser,  à  la  suite  des  grammairiens  arabes  (ainsi 
Zamahsari) ,  wau  milieu  du  gosier 77  ('^^ 

i"^  h  se  maintient  dans  toutes  les  positions  :  hàbs  w prisons  <^cl. 
/(âhsu";fâhl  ce  étalon 77  <  cl.fàlilu";  mèhçl  wil  est  stérile??  (en  pari, 
du  sol)  <:  cl.  màhala  ;  Jàrah  wjoiew  <:  c\./ârahu":  etc. 

2°  h  disparaît  —  et  ce  fait  a  été  relevé  dans  d'autres  dialectes 
modernes  —  avec  la  voyelle  qui  le  suivait  dans  la  première  syl- 
labe du  mot  classique  hattà  ce  afin  que??  ^^\  d'oii  ta^^^  :  ^Iqéllu  taûi 

('^  Par  métathèse,  on  a  ensuite  hidhejq. 

(^î  Cf.  ci.  lima  pour  lima  rr pourquoi ?5  dans  ce  vers  d'Imru'u-l-qais  :  limah 
taqluli-l-mashûra  wa-s-èà'ira-lladî  yufalliqu  hàmàti-r-rizàli  bilà  wazal.  Cf.  aussi 
la  nudbatu''  classique. 

^')  On  se  sert  ordinairement  des  mots  t'âih  et  t'âh  pour  faire  marcher  les  ânes. 

('*)  Sur  la  combinaison  de  h  avec  d'autres  consonnes,  cf.  plus  loin. 

^^)  Cf.  Landberg,  Prov.  et  Dict.,[i.  273etsuiv. ,oli  l'auteur  essaie  de  préciser, 
à  Taide  de  nombreux  exemples,  les  différents  sens  de  hattà,  qui,  avant 
lui,  avaient  fait  beaucoup  travailler  les  grammairiens  arabes. 

^''^  Cf.  pers.  ta  cr jusque,  afin  quew. 

PARI.KR  DE  KFAr.'ABÎDA.  2 


18 


PREMIERE    PARTIE. 


ff dis-lui  de  venins  <:  cl.  qui  lahu  hattà  yazî^a.  Ici  la  voyelle  a  de 
hattâ  est  tombée  en  même  temps  que  la  consonne  h,  ce  qui  sup- 
pose une  accentuation  hattâ^^\ 

Dans  quelques  localités  du  Liban  et  à  Alep,  h  tombe  par  dissi- 
milation  dans  le  mot  classique  ^ihilà  \isara  cronze^?  et  on  prononce 
'cdâ^è.  Ceci  ne  se  produit  pas  à  Kfar^abîda. 

3°  h  est  remplacé  très  souvent  par  la  spirante  sourde  h  dans 
les  mots  empruntés  au  syriaque.  Cela  est  dû  au  sentiment  qu'ont 
de  leur  langue  ceux  que  M.  Grammont  appelle  le  tf  peuple  pho- 
néticiens (^^.  Dans  l'esprit  du  sujet  parlant  h  syriaque  correspond 
à  h  arabe;  en  conséquence,  pour  donner  aux  mois  syriaques  une 

(')  Cf.  gr.  mocl.  vd  wafin  que?)  <;  gr.  anc.  hd;  —  cf.  aussi  syr.  qatlinan 
«nous  tuonsn  pour  *qatlîii  -f-  l/nan,  où  le  pronom  Jjfnan,  employé  à  la  place 
du  verbe  être  avec  le  participe  présent ,  perd  son  k  et  parfois  aussi  son  pre- 
mier n, 

('^)  Comme  c'est  la  première  fois  qu'on  a  ici  l'occasion  de  signaler  l'influence 
du  syriaque  sur  l'arabe  local ,  et  que  mon  opinion  pourrait  paraître  singulière 
aux  arabisants  qui  ne  s'intéressent  pas  à  la  linguistique  générale,  je  me  permets 
de  rappeler  les  principes  posés  par  M.  M.  Grammont  dans  son  travail  sur 
le  patois  de  la  1^'rancbe-Montagne  {Le  peuple  phonéticien,  M.  S.  L.,  t.  X, 
p.  292-29^1  [1898]).  En  voici  le  passage  le  plus  caractéristique  : 

«Quand  ceux  qui  parlent  une  certaine  langue,  qu'ils  constituent  une  nation, 
une  province,  une  ville  ou  un  village,  complètent  leur  vocabulaire  en  emprun- 
tant à  une  autre  langue  une  série  de  mots  que  de  nouveaux  besoins  leur  ren- 
daient nécessaires,  c'est  qu'ils  sont  depuis  un  certain  temps  en  contact  avec 
ceux  qui  parlent  cette  autre  langue ,  et  qu'ils  savent  cette  autre  langue  au  moins 
partiellement.  Dès  lors  il  s'est  fait  dans  leur  esprit,  involontairement  et  incon- 
sciemment, une  comparaison  entre  l'aspect  plionétique  de  leur  langue  et  celui 
de  l'autre  langue,  comparaison  inexacte  et  grossière  si  les  deux  langues  n'ont 
aucune  ressemblance  entre  elles  ou  n'ont  que  des  rapports  fort  éloignés  et  que 
le  peuple  ne  peut  pas  saisir;  mais  si  les  deux  langues  sont  sœurs,  différent  en 
somme  assez  peu  l'une  de  Tautre  et  possèdent  le  même  vocabulaire  avec  des 
divergences  plionétiques  assez  peu  considérables  pour  que  le  plus  ignorant 
puisse  dans  beaucoup  de  cas  reconnaître  que  dans  les  deux  langues  il  a  affaire 
au  même  mot,  la  comparaison  se  fait  beaucoup  plus  aisément  et  devient  beau- 
coup plus  précise.  Les  deux  formes  du  même  mot  se  mettent  spontanément  en 
parallèle  dans  l'esprit  de  chacun  et  il  en  résulte  bien  vite  le  sentiment  qu'à 
tel  phonème  ou  groupe  de  phonèmes  des  deux  langues  correspond  dans  l'aulre 
tel  autre  phonème  ou  groupe  de  phonèmes.  Ce  sentiment  de  correspondance 
fournit  les  principes  de  la  translation  des  mots  d'une  langue  dans  l'autre; 
comme  il  est  1res  précis,  il  adapte  si  bien  les  mots  qui  réunissent  certaines 
conditions  à  la  phonétique  de  la  langue  qui  les  accueille,  qu'il  n'est  plus  pos- 
sible de  reconnaître  s'ils  ont  été  empruntés  ou  si  la  langue  qui  les  possède 
les  a  toujours  possédés,  c'est-à-dire  qu'ils  ont  exactement  la  môme  forme  que 
s'ils  appartenaient  au  vieux  fonds  de  cette  langue  et  y  avaient  évolué  norma- 
lement. Néanmoins  ce  sentiment  de  correspondance,  reposant  sur  une  compa- 
raison superliciollc  ,  risque  de  se  fourvoyer  fréquemment  et  de  prendre  un 
rapport  apparent  pour  un  rapport  réel;  toute  relation  qui  ressortirait  d'une 
comparaison  pénétrante  et  aj)profondie  lui  échappe  forcément. 

«En  résumé,  le  sentiment  de  la  correspondance  des  deux  phonétiques  est 
très  net  chez  le  peuple,  mais  en  même  temps  très  étroit.n 


PHONKTIQUK.  J  \) 

allure  arabe,  on  substitue  le  h  au  h.  Le  même  phénomène  i^a 
produit  d'ailleurs  pour  les  autres  consonnes  dont  la  correspon- 
dance arabe-syriaque  est  sensible  aux  sujets  parlants  (voir  plus 
loin).  Voici  quebjues  exemples  de  la  permutalion  de  h  en  h  : 
Jàsçh  ei  /('issçh  ffil  écarta  les  jambes^?  ^csyr.  passa /j;  njoh  ce  il  se 
||onfla7?  <  syr.  r'Çiah;  //(%/ wil  fouilla,  il  creusaw  <syr.  hHaS; 
harsûni  cr gosier,  pharynx 7?  -<  syr.  harsûmâ  (sur  le  changement  de 
s  syr.  en  s  dial.,  cf.  plus  loin)  (^^;  bàhas  rr il  trouai?  <:  syr.  b^'has  cril 
creusaw,  bohs  wlrou.,  œilletw,  cf.  syr.  beksâ  ff sinus  (pli,  poche)^^. 
C'est  sans  doute  parce  qu'on  lui  a  attribué  à  tort  la  même  ori- 
gine que  le  cl.  hàsama  wil  coupa,  il  retrancha^?  est  devenu  à 
Kfar*^abîda  hâsem  cril  fit  une  soustraction,  une  réductions. 

On  l'a  vu  (p.  i/i),  h  prend  la  place  de"*  dans  quelques  mois 
d'emprunt;  il  se  substitue  aussi  à  h,  par  étymologie  populaire, 
dans  hàrz  râh  rf  dépenses  de  route 77  du  turc  harz  ràh  dans  lequel  le 
sujet  parlant  a  cru  reconnaître  le  mot  râh[a)  ffil  partitw. 


D.  •  =  ^. 

*'  comme  en  classique  a  gardé  à  Kfar'abîda  son  articulation 
de  spirante  faucale  sonore.  Toutefois  il  est  un  peu  affaibli  dans 
certaines  positions.  Je  n'essaierai  pas  ici  de  déterminer  le  mode 
d'articulation  et  la  nature  de  '^  :  je  laisse  à  des  linguistes  plus 
autorisés,  et  surtout  aux  phonéticiens,  le  soin  de  le  faire.  Je  veux 
seulement  rectifier  une  erreur  ou  une  confusion  commune  à  tous 
ceux  qui  ont  étudié  les  dialectes  de  Syrie,  erreur  ou  confusion 
d'après  laquelle  ""  et  h  sont  suivis  ou  précédés  d'une  voyelle  quand 
ils  sont  en  combinaison  avec  d'autres  consonnes.  Les  indigènes 
articulent  ces  deux  phonèmes  dans  toutes  les  positions  exac- 
tement comme  les  autres  consonnes;  au  contraire,  les  étrangers 
qui  n'en  saisissent  pas  généralement  la  prononciation  exacte, 
croient  y  entendre  une  voyelle  indépendante,  notamment  après 
ï  et  il,  alors  qu'en  réalité  il  n'y  a  là  qu'une  illusion  de  leur  part. 
On  ne  doit  donc  jamais  écrire  avant  ou  après  "^  et  h  une  voyelle 
quelconque,  quelque  nom  qu'on  lui  donne  et  sous  quelque  caté- 
gorie qu'on  la  range.  (On  voit  par  là  que  les  choses  ne  sont  pas 
les  mêmes  qu'en  Afrique.) 

1°  *^  remplace  quelquefois  la  faucale  ^  et  s'ajoute  même  à  uftc 
simple  voyelle  dans  quelques  mots,  surtout  de  provenance  étran- 
gère (cf.  p.  12  et  suiv.);  il  remplace  aussi  par  assimilation  h 
(voir  plus  loin,  p.  19). 

^^^  Contaminé  du  cl.  haisûmu"'  w cartilages  du  nez 55. 


!20  PREMlKaE    PARTI.':. 

2°  *",  par  conlre,  est  quelquefois  remplacé  par  d'autres  pho- 
nèmes :  1.  par  la  spirante  sonore  y  (sans  doute  par  senliment 
psychologique  du  renforcement)  (^),  dans  f  vols ''^'^^  ce  difficile  à  com- 
prendre )?  ^cl.'awisii";  yâb^^^'  ce  il  but  en  humante?  <:  cl.  ""âhba; 
zyàrla  (nom  d'un  village  libanais)  <  syr.  z^%rtà  w petite ^v,  ymf/q 
ff  profond 75  <c  cl.  "anilqii"  ^^^',yémd/q  ffil  devint  profonde  (en  pari, 
d'un  puits)  <c  cl.  ^dmuqa.  —  2.  W  semble  être  remplacé  par  la 
chuintante  s,  dans  '/qâtas,  (et  ses  dérivés)  :r  il  coupa,  il  cas^a 
(un  fil)75 ,  cf.  ci.  qâta^a,  et  dans  dâfàs  wil  poussa  en  avanti^ ,  cf.  cl. 
dâja'a^'l 

3°  Quelquefois  *^  a  disparu  par  simple  affaiblissement  (phéno- 
mène commun  aux  dialectes  de  Syrie,  d'Egypte  et  du  Maroc), 
en  produisant  par  compensation  l'allongement  de  la  voyelle  voi- 
sine ou  en  s'assimilant  à  la  consonne  qui  le  précède  ou  qui  le  suit. 
Ex.  :  ^/qà^  '/q  ou  '/qa/q  cf  corbeau 75  <<  cl.  ^cufaqu"  C'^;  'éssa  w  main- 
tenant, tout  à  l'heure 77  (et  fo«  crà  présenta?)  <<  cl.  as-sâ^'ahi  (et 
li-s-sâHi)  ''');  tlnê  w  donne-moi  77 ,  cf.  cl.  'a^tinï,  le  *^  serait  tombé  ici 
par  suite  de  la  chute  de  la  syllabe  'a-\  t  emphatique  a  passé  à 
un  simplet;  on  dit  également  yç*^/<7.:  et  tlk  wil  te  donnerai,  ici  la 
chute  de  la  voyelle  serait  due  à  l'accent  du  mot  ^^K 

(')  '  était  un  son  relativement  faibic  qui  tendait  à  s'affaiblir  encore  et  à  se 
confondre  avec  '.  L'effort  inconscient  ,de  la  langue  pour  le  maintenir  Ta  fait 
reculer  jusqu'à  7.  (Cf.  Paul  Passy,    Etude  sur   les  changements   phonétiques , 

(^)  Le  classique  possède  bien  la  racine  f-w-s  qui  a  les  sens  de  w plonger 
(dans  Teau),  approfondir,  connaître  à  fond  (une  chose)». 

(^)  Sans  doute  sous  rinfliience  de  cl.  f/ibba  «il  a  bu  tous  les  deux  jours» 
(en  parlant  d'un  animal). 

('')  Ce  mot  est  employé  chez  les  Juifs  d'Alger,  où  la  racine  '-m-q  est  actuelle- 
ment inconnue  (cf.  Cohen,  p.  97).  —  D'après  M.  W.  Marçais,  la  racine  j-m-q 
est  attestée  dans  tous  les  dialectes  et  s'explique  probablement  par  une  conta- 
mination de  la  racine  '-m-q  et  de  la  racine  y-r-q  qui  dans  de  nombreux  parlers 
sont  synonymes. 

(^)  Il  me  semble  qu'il  est  impossible  d'expliquer  ces  deux  exemples  autrement 
que  par  l'hypothèse  de  racines  bilitères  primitives  *</a(-  ff couper»  et  *daf- 
cf  pousser»,  élevées  à  la  trilitéralité  ici  par  un  ',  là  par  un  s,  ailleurs  par  d'autres 
consonnes.  Cf.  cl.  qatta,  qataba,  qata'a,  qataîa,  qatama;  dafara.  .  . 

(''^  Naturellement  le  premier  '  de  'âq'aqu'^  est  tombé  en  même  temps  que  la 
première  voyelle  a  par  affaiblissement  à  l'initiale  du  mot  et  par  différenciation; 
le  second  '  dans  la  forme  '/qn'jq,  se  trouvant  entre  deux  sourdes  séparées 
seulement  parla  voyelle  brève  a,  s'est  fondu,  après  affaiblissement,  avec  cette 
voyelle,  et  a  donné  â  =  '/fld^jq-  Le  '/q  a  exercé  ici  aussi  une  influence  dissimi- 
lati'ice  sur  le  '. 

^')  Cf.  syr.  Jiâsà  «maintenant»  pour  lu(dé-\-saâ  et  '  'Sainaè  cf jusqu'à  présent», 
où  '  a  subi  le  même  traitement. 

(^)  Il  se  pourrait  aussi  que  ttnè  tirât  son  origine  non  de  l'arabe  classique, 
mais  d'une  langue  plus  anciennement  établie  dans  la  région;  —  cf.  liebr.  ton 
«donne».  —  I^eut-être  enfin  y  a-t-il  eu  ici  contamination  avec  l'impératif  syr. 
tel.  «donne»,  cf.  nettel  ^^\[  donne». 


PlIONKTIOlli;.  21 

*  est  Irc's  alTaibli  et  souvent  nieine  il  est  toni])é  dans  les  noms  de 
nombres  de  i  i  à  19  \nc\uii.¥jX.:/j(lns  ff  onze 77  (où  on  entend  un  son 
qui  ressemble  plutôt  à  une  voyelle  lon(]ue  et  grave  qu'à  un  *')^^^ 
-<cl.  Uihada  \mtm^^\ 


CHANGEMENTS  COMDINATOIRES  ^'\ 

Les  principaux  changements  combinatoires  que  nous  aurons 
à  étudier  se  réduisent  aux  trois  suivants  ;  assimilation  (accom- 
modation), dissimilation  (différenciation),  metathèse. 

Comme  c'est  la  première  fois  que  nous  les  rencontrons  dans 
ce  travail,  nous  en  rappellerons  les  conditions  générales.  L'assi- 
milation, la  dissimilation^^^),  aussi  bien  que  la  métatlièse,  sont 
des  phénomènes  qui  jouent  un  rôle  important  dans  l'évolution 
des  langues (^),  et  dont  on  doit  tenir  grand  compte,  surtout  dans 
letude  des  dialectes  arabes  modernes,  pour  bien  établir  Tétymo- 
logie  des  mots  et  se  rendre  compte  des  changements  qu'ils  ont 
subis. 

On  sait  que  l'assimilation  a  lieu  lorsque  deux  phonèmes 
contigus  ou  voisins  s'influencent  de  telle  manière  que  l'articu- 
lation de  l'un  des  deux  devient  plus  semblable  ou  même  identique 
à  celle  de  l'autre.  Inversement  la  dissimilation  se  produit  lorsque 
l'un  des  deux  phonèmes  identiques  ou  ayant  un  ou  plusieurs 
caractères  communs  prend  une  articulation  différente  de  celle  de 
l'autre.  Il  y  a  plusieurs  sortes  d'assimilation  et  de  dissimilation; 
l'une  ou  l'autre  est  partielle  ou  totale ,  selon  que  l'un  des  deux 
phonèmes  devient  plus  semblable  ou  plus  différent,  tout  à  fait 
identique  à  l'autre  ou  tout  à  fait  différent;  —  l'une  ou  l'autre 
est  progressive  ou  régressive,  suivant  que  le  phonème  assimila- 
teur  (dissimilateur)  est  avant  ou  après  le  phonème  assimilé  (dis- 
similé);  —  l'une  ou  l'autre  est  enfin  dite  en  contact  ou  à  dis- 


(')  Dissimilation  selon  M.  W.  Marçais ,  plionélique  dans  les  noms  de  nombre 
composés  où  le  nom  de  Tunilé  comporte  un  '  ('a)-ba'atu'^,  tis'atu",  etc.),  ana- 
logique clans  les  autres, 

(2)   Fréquent  dans  les  dialectes  modernes. 

(^)  A  la  suite  de  M.  Passy,  Etude  sur  les  changements  phonétiques  (thèse) ,  je 
désignerai  sous  ce  nom  les  changements  phonétiques  dus  à  l'influence  réci- 
proque du  son  considéré  et  des  sons  qui  l'a  voisinent.  Je  préfère  trcombinaloire?) 
à  Kcombinatii»  qui  est  beaucoup  moins  usité. 

('^^  Dans  ce  travail,  les  deux  termes  de  dissimilation  et  de  différenciation  sont 
employés  dans  la  même  acception.  Sur  la  valeur  respective  de  chacun  d'eux , 
cf.  Meillet,  m.  s.  L.,  t.  XII,  p.  i/i  et  siiiv. ;  VuNpnYps,  ibidem,  t,  XVI,  p.  5.*3 
et  suiv. 

^^)  A  certains  stades  de  leur  évolution. 


99 


PREMIERE    PARTIE. 


tance,  selon  que  ies  deux  éléments  assimilateur  (dissimilateur) 
et  assimilé  (dissimilë)  sont  contigus  ou  séparés  par  d'autres  pho- 
nèmes. Dans  le  premier  cas  on  peut  parler  d'accommodation  et  de 
différenciation. 

Quant  à  la  métathèse,  apparente  ou  réelle,  elle  est  constituée 
par  rinterversion  de  deux  consonnes  (quand  elles  sont  en  contact) 
^u  le  transfert  d'une  consonne,  d'une  place  à  une  autre,  dans  le 
cas  contraire,  dans  un  mot  dont  la  prononciation  était  incom- 
mode au  sujet  parlant  ^^^.  Cf.  Gra3imoint,  La  dissimilation  consonan- 
tiquo;  Roudet,  Eléments  de  phonétique  gétiérale,  E.  Schopf,  Die  kon- 
sonantichcn  Fernwirhmgen  :  Fern-Dissimilation,  Fern- Assimilation  und 


Mctath 


tesis,  iQi 


9*7" 


1°  Assimilation. 


a.  Assimilation  partielle  en  contact  ou  à  distance.  —  La  spirante 
faucale  sonore  *"  s'assimile  en  la  sourde  correspondante  [h)  au 
voisinage  d'une  sourde  :  i .  régressivement  :  7iàhs  (fhvixncaràv  <:cl. 
nâ'^sif  ;  sahaf  w  palme  w  <:  cl.  sâ'^afii"  (^^  ;*  2 .  progressivement  :  lajq'jqdh 
et  la'jqah  «il  jeta ^^  -<cl.  laqa^'a;  hajqjqdh  wil  tachaw  <ccl.  bàqqa%; 
mhajq^jqah  fc tachée  ^cl.  muhàqqahC';  mràssah  w incrusté  de  pier- 
reries ^^  <:cl.  murâssaSi'^  ^^K 

En  revanche,  h  s'assimile  en  ^  dans  le  voisinage  d'une  sonore  : 
^a^/>5/ w  il  arrondit  w  -<cl.  dàhbala;  mdâ'^bol  ff  arrondi  7?  '<c\.niudàh- 
balu''.  11  s'assimile  aussi  en  apparence  (dans  le  voisinage  de  w)  en/ 
dans  tfàuwd"  «il  vomit)?  <<cl.  tahauwa''a,  mais  il  y  a  sans  doute 

contamination  de  ia  racine  [yf-wq-j  (fuivàqu''  «lioquetw,  etc.). 

(S.  Assimilation  totale  en  contact  ou  à  distance.  —  1 .  En  contact. 
—  *^  s'assimile  :  en  /  à  une  autre  l  dans  zallâm  «trompe  d'élé- 
phant w  <<  dial.  zaMm;  —  en  '/q  h  un  autre  ^/q  dans  la/q'/'^  «il 
lappaw  ^cl.  là  ""  aqa;  —  en  z  à  un  autre  z  dans  èrtii<?« pélican )?, 
cf.  cl.  bâza\i'\  Dans  ces  deux  derniers  exemples,  l'assimilation 
totale  n'a  pu  se  produire  qu'après  la  chute  de  la  voyelle  hrève  a. 

Deux  faucales  consécutives  non  séparées  par  une  voyelle,  soit 
dans  le  même  mot  soit  dans  des  mois  différents,  s'assimilent  tota- 
lement l'une  à  l'autre,  généralement  la  première  à  la  seconde  : 
hh  en  hh  :  ndâhhânna  «appelle  Jeanw  -^indah  hânnà. 

(')  Ces  notions  familières  aux  linguistes  européens  sont  rappelées  ici  comme 
ailleurs  à  l'adresse  des  Orientaux  que  mon  travail  pourrait  intéresser. 

(^J  Cf.  sihqd  (racine  s'q  cffoudrc")  à  Alger  juif  (cf.  Cohen,  p.  3i). 

(■'')  Cf.  cl.  naam  et  naham  «oui?)  ;  cf.  cl.  aussi  syr.  ""(^aç  et  l/^âfjn  rril  embrassa»  ; 
2; 7a'  et  z''lak  cril  versa  de  Teau»;  etc.  —  Les  exemples  de  '  >  A  donnés  pour 
les  LUfid  Bràhim  [op.  cil.,  p.  106)  par  M.  Marçais  ne  laissent  guère  de  doute 
que  là  aussi  il  y  a  assimilation  (régressive  et  progressive)  de  sourdité. 


« 


PirONÉTIQUIÎ.  '23 

*  h  en  hh  :  niàhhhâbu  wavec  ses  amisw  <:  cl.  ma'  >'"^  hbàhild. 

h  *^  en  ^^  '  ;  nda  *^  *  «"/(//  «appelle  '^AfjeL')  ^indah  \i'/qL 

/i  *  en  ^  ^  .*/'//('  ^  *  <^//?/c/i;  ff  ouvre  ton  œil t?  <zd.fatlih  "^amalm. 

La  faucale  ^  ne  s'assimile  jamais  à  une  autre  faucale,  parce 
qu'elle  tombe  généralement  lorsqu'elle  est  en  contact  immédiat 
avec  une  autre  consonne  (cf.  Ilamza). 

Quant  à  h,  étant  relativement  faible  dans  le  parler,  il  est  assi- 
milé aux  deux  faucales  h  et  *  lorsqu'il  se  trouve  immédiatement 
devant  elles. 

2.  A  dislance.  —  Je  ne  connais  que  deux  exemples  certains 
d'assimilation  totale  des  faucales  à  distance  :  h  s'assimile  en  "  à 
un  autre  ',  dans  mà^ma^moït  «quoi  que  tu  fasses 7?  <:  cl.  mahmà 
""amilta;  —  '  s'assimile  en  h  à  un  autre  h,  dans  hôrh  w intelligent, 
entêté,  rusé^^  <syr.  hâr^'â. 

Quant  à  sàhhu  crie  voici ^,  ce  pourrait  être  une  aphérèse  de 
*'i' /qèâhhu,  après  assimilation  régressive  (partielle)  de  la  sonore* 
en  h  sous  l'influence  de  la  sourde  h  (du  pronom  hu)  qui  à  son  tour 
s'assimile  totalement  en  A,  soit  le  cl.  iqsa^hu,'^^  pers.  masc.  sing.  de 
l'impératif  du  verbe  qâsa^'a  «il  dissipa  les  nuages^?  (en  pari,  du 
vent),  et  dans  l'arabe  dialectal,  avec  modification  de  sens  ffil  a 
vu,  il  a  regardée  ^^K  Le  mot  pourrait  aussi  venir,  avec  permutation 
de  *  en  h  et  ensuite  assimilation  totale  de  h  final  en  h,  de  l'hébreu 
s(Vàh  (même  sens).  Quoi  qu'il  en  soit,  sâhhu  dial.  ne  provient 
évidemment  pas  du  cl.  hâhtiwa  wle  voici ^7,  comme  quelques-ung 
l'ont  pensé, 

2°  Dissimilation, 

Notre  parler  offre  très  peu  d'exemples  de  dissimilation  des  fau- 
cales. En  voici  cependant  quelques-uns.  La  sourde  h  se  dissimile 
en  *^  au  voisinage  d'une  autre  sourde  :  ^/qa"^  '/qw  crtas  de  pierres 
conique  1?  •<  cl.  quhqûru'\ —  *^  se  dissimile  en  h  dans  le  mot 
éhden  (nom  d'un  village  libanais)  <:  cl.  ""adnu"  cfEdem?,  nom 
qu'on  retrouve  encore  aujourd'hui  sous  sa  forme  classique  dans 
des  manuscrits  très  anciens  conservés  aux  archives  de  cette  lo- 
calité. 


(•^  Le  verbe  'lqds§'  (dialectal)  est  très  employé  dans  toute  la  Syrie  ainsi  que 
ses  dérivés.  Dans  quelques  régions ,  notamment  (Emèse),  à  l'est  de  Homs,  on 
prononce  actuellement  iqsahhu  sans  aphérèse,  ce  qui  confirme  mon  opinion  sur 
l'origine  de  sahhii  dial.  Ce  mot  devient  souvent  sahmâidu  et  sahwàidi  fem., 
parfois  même  yahivdidu  et  yahwâidi,  avec  changement  de  s  en  y,  changement 
qui  n'étonnera  personne  puisque  s,  i  et  y  ont  à  peu  près  la  même  pronon- 
ciation, qui  se  fait,  selon  ZauiahsarJ,  (centre  le  milieu  de  la  langue  et  la  partie 
du  palais  qui  est  juste  au-dessus??. 


2^1  PRKMiÈRr;  PARTir;. 

3°  Métathèse. 

A  Kfar  ^abîda  comme  dans  tout  le  Liban ,  la  métallièse  est  assez 
fréquente  dans  les  racines  qui  contiennent  une  faucale. 

a.  Il  y  a  métathèse  de  h  toutes  les  fois  qu'il  serait  en  situation 
débile  et  que,  faisant  partie  de  la  racine,  il  tend  à  être  maintenu 
par  le  sentiment  de  la  langue.  Il  y  a  ici  lutte  entre  un  principe 
phonétique  et  un  principe  psychologique.  C'est  ce  dernier  qui 
remporte.  Or  h  est  géne'ralement  en  situation  débile  dans  notre 
parler  lorsqu'il  est  final  (cf.  p.  16)  ou  qu'il  termine  la  syl- 
labe. Dans  ce  dernier  cas,  h  étant  implosif,  est  faible  par  là- 
même. 

Voici  quelques  exemples  de  la  métathèse  de  h  :  'àhhel  rcsot, 
plus  sotw  <cl.  \ihlahu;  mahhtil  cr  toqué  w  <c  cl.  mahlûhu"  ;  hôhel  ffil 
rendit  sotw  <:  cl.  hàliha,  cf.  syr.  hahlâ  (même  sens);  hds-  tflais- 
toi,  silence! 7?  <:cl.  sàh;  holhwân  r danseur  de  corde w  <:pers. 
(arabisé)  bahlaumm" ;  thâudar  (à  côté  de  'hWnvar)  ce  il  tomba  en 
se  précipitant ?î  •<  cl.  îadàhwara. 

l3.  *  subit  en  général  la  métathèse  lorsqu'il  commence  une 
syllabe  (principalement  une  syllabe  ouverte).  C'est  le  contraire 
de  ce  qui  se  produit  pour  h.  Ex.  :  màH'lqa  (à  côté  de  mâl"/qa) 
wcuillerw  <<  cl.  màl^aqatu";  Jc'i'wdh  ce  il  mâcha 77,  cf.  cl.  *^àlaka 
(avec  infixation  de  w);  bàrt^^^^  tfil  se  dissipa,  il  s'agita  en  tous 
sens»  <:syr.  har^ei;  ra'hm  ff  gage  ,  arrhes 75  <:  cl.  "arabimti"  (cf, 
syr.  rahhUnâ). 

y.  h  échange  sa  place  avec  d'autres  consonnes  dans  un  grand 
nombre  de  mots.  Ex.  :  fâhar  wil  creusa  77  <cl.  hàfara;  mofhâr 
(f carrière 77  (de  terre  blanche),  cf.  cl.  mihfârii"  r bêcher;  làsseh^'^'> 
tfil  lécha 77  -<cl.  làhisa;  mâhdlê ^^cyWnàrev  (pour  aplanir  un  terrain) 
<  néo-cl.  midhalatu"  (^);  lâkeh  et  làkkeh  «il  lécha 77  <  cl.  làhika'^^^; 
Jtâhes  «il  repoussa 77  <cl.  kâsaha;  bàhsa  rrun  caillou77  -<  cl.  hasa- 
batii";  bâhhe§  wil  empierra  w  (une  route)  <::cl.  hassaba. 


(^î  bartd'  w  ruer  77  est  attesté  dans  l'Est  algérien  et  en  tunisien. 

(^)  On  le  sait,  les  faucales  ne  peuvent  se  redoubler  ni  en  syriaque  ni 
en  hébreu-,  à  Kfar'abîda,  elles  évitent  souvent  la  gcmination  par  la  méla- 
Ihèse. 

(^)  *  mddhlé,  que  Ton  attendrait,  serait  contraire  au  principe  de  phonétique 
[générale  d'après  lequel  on  place  une  spirante  devant  une  occlusive,  et  non  inver- 
sement. 

(*)  Le  syriaque  manifeste  ici  la  môme  tendance  qnc  notre  parler,  cqr  il  a 

l'/^ah  à  côté  de  Vha^  (y/^^-M« 


PHONKTIQli:.  25 

n.   GUTÏURO-PALATALES. 

'k  =  \i\  Z'-^^;  h==t'->  y^t' 


CHANGEMENTS  SPONTANES. 


A.  7^  =  0- 

Le  a  de  Tarabe  classique,  qu'on  transcrit  généralement 
par</  latin,  a  une  articulation  spe'ciale  et  compliquée  qui  comporte 
une  double  occlusion  simultanée,  Tune  arrière -vélaire,  l'autre 
glottale. 

La  première  occlusion,  se  faisant  très  en  arrière,  était  beau- 
coup plus  faible  et  plus  difficile  à  réaliser  que  celle  de  h,  qui, 
lui-même,  étant  prononcé  (comme  les  gutturales  en  général) 
avec  le  dos  de  la  langue,  est  bien  plus  sujet  à  s'altérer  spon- 
tanément que  t  par  exemple  (lequel  est  pourtant  comme  lui  une 
forte  et  une  sourde)  ^^l  On  s'explique  par  là-même  les  différents 
traitements  que  le  pbonème  q  a  subis. 

Déjà,  à  une  époque  fort  ancienne,  le  </  a  subi  une  cer- 
taine évolution  dans  quelques  langues  sémitiques.  Il  a  été 
souvent  labialisé  en  q""  dans  l'éthiopien  et  en  amharique^^^  (cf. 
Brockelmann,  p.  70);  en  syriaque,  on  le  trouve  généralement 
affaibli,  et,  dans  certaines  positions,  changé  en  d'autres  con- 
sonnes (cf.  plus  loin,  p.  28). 

En  ce  qui  concerne  l'arabe  moderne,  l'articulation  classique  de 
l'occlusive  vélaire  sourde  ^n'a  été  maintenue  pure  que  dans  quel- 
ques dialectes.  Partout  ailleurs,  q  a  été  remplacé  par  d'autres 
consonnes.  Tantôt  il  est  passé  à  la  palatale  h,  comme  dans  cer- 

(^^  De  son  côté,  p,  bien  que  sourd  et  fort,  mais  articulé  entre  deux  or- 
ganes mous,  s'altère  dans  certaines  langues,  alors  que  le  t  se  maintient 
(Meillet).  Le  changement  de  p  sémitique  en/ arabe  montre  que,  pour  Tarabe 
primitif,  l'ordre  des  valeurs  était  :  t,  fc,  q,p.  Comme  t  était  la  plus  forte  de 
toutes,  elle  demeure  encore  inaltérée,  sauf  au  Maghreb  et  en  Palestine  à 
Hébron ,  d'après  Bauer,  où  il  est  devenu  t\ 

(2)  Il  convient  de  remarquer  que,  d'après  MM.  Havet,  Collitz,  Noreen,  cités 
par  M.  Meillet  qui  paraît  leur  donner  raison  (M.  S.  L. ,  t.  VIII,  p.  288),  une 
gutturale  peut  bien  provenir  d'une  labio-vélaire  mais  que  l'inverse  est  «presque 
sans  exemple».  Le  q""  éthiopien  serait  donc  originaire  et  les  autres  langues  sé- 
mitiques auraient  perdu  la  labialisation.  Mais,  même  dans  certaines  langues 
indo-européennes,  on  connaît  l'évolution  inverse  :  le  pelit-russien  prononce 
par  exemple  :  fe'o  —  au  lieu  de  /.o  du  grand-russe  —  quand  la  voyelle  est 
accentuée. 


26  PREMIÈRE    PARTIE. 

tains  dialectes  de  l'Arabie  méridionale,  dans  la  ville  de  Burdên 
(en  Egypte),  et  dans  quelques  parlers  maghribins^^^;  tantôt  il  est 
remplacé  par  l'occlusive  palatale  sonore  g'''^\  comme  dans  cer- 
tains parlers  du  Maghreb  ^^);  tantôt  il  est  palatalisé  en  c^^^  comme 
dans  quelques  dialectes  bédouins  (cf.  Brockelmann,  p.  70);  tantôt 
enfin  et  plus  communément,  q  s'est  affaibli  en  une  articulation  à 
peu  près  identique  à  celle  du  hamza,  comme  dans  certaines  par- 
ties de  l'Egypte,  en  Palestine,  à  Damas,  à  Beyrouth,  dans  cer- 
tains parlers  maghribins,  etc.  (cf.  Cohen,  p.  /i3).  Il  n'y  a  pas 
lieu  de  s'étonner  de  ce  dernier  changement,  car  on  constate  dans 
un  dialecte  slovène  moderne  (celui  de  Bosenthai,  en  Carinthie)  le 
changement  analogue  mais  beaucoup  plus  considérable  de  k  en  ^ 
(attaque  vocalique  forte)  au  commencement  des  mots  devant 
voyelle.  Voir  Mikrola,  Urslavische  Grammatik  (Heidelberg,  1918), 
p.  2  7(^). 

1°  Affaiblissement.  —  Les  habitants  de  Kfar*abîda  eux  aussi, 
comme  d'ailleurs  ceux  de  beaucoup  de  villages  libanais,  affaiblis- 
sent l'occlusive  VL'laire  q  et  la  prononcent  presque  comme  le  hamza 
lorsque  celui-ci  est  articulé  avec  une  détente  brusque.  C'est  pour- 

quoi  les  enfants  font  assez  souvent  la  faute  de  remplacer  (^  par  î 
lorsqu'ils  écrivent  sous  la  dictée  d'un  illettré  (par  exemple  dans 
'onneb  wchanvre^^  pour  cl.  qûnnabu").  De  même  les  mots  tirés  des 
langues  européennes  dans  lesquels  c  (=  h)  est  régulièrement 
transcrit  par  q,  remplacent  ce  q  dans  la  prononciation  courante 
par  le  phonème  ^/q.  Ex.  :  ^jqonsol  r  consul w  <  néo-cl.  qûnsulu"  ; 
diV/q  ffducw  <:néo-cl.  diiqti",  etc. 

Il  faut  cependant  remarquer  un  fait  curieux  mais  réel,  c'est 
que  q  classique,  bien  que  très  affaibli  et  réduit  presque  à  \ 
garde  toujours  une  certaine  occlusion  d'arrière-vélaire  qui  em- 
pêche une  audition  attentive  de  les  confondre  complètement 
avec  l'attaque  vocalique  forte.  C'est  sans  doute  ce  qui  ex- 
plique l'influence  d'emphatisation  qu'exerce  dans  notre  parler 
ce  phonème  sur  les  consonnes  et  surtout  sur  les  voyelles  avoisi- 
nantes,  ce  qui  n'aurait  pu  avoir  lieu  (et  cela  en  effet  n'a  pas  lieu 
dans  les  autres  dialectes  où  il  est  également  affaibli,  cf.  Cohen, 

(^^   Cf.  Landberg,  HadramoiU,  p.  i3i;  cf.  aussi  Mabçais,  Saida,  p.  110. 

(^)  Je  note  g  parce  que  ce  plionème  provenant  du  cl.  q  est  articulé  plus  en 
arrière  que  le  g  dur  français.  (Cf.  Marçais,  Saïda,  M.  S.  L.,  p.  108.)  Très 
répandu  :  fellahs  de  la  Haute-Égyple,  Libye,  nombreux  parlers  bédouins 
d'Orient. 

(•■^^  Cf.  Marçais,  Saïda,  ibid.,  p.  108-109;  Tlemcen,\t.  17;  —  Cf.  aussi 
CoiiEN,  p.  /i6  et  suiv. 

C»)  Par  l'intermédiaire  de  h. 

(^)  De  même,  à  Alger  juif,  on  remplace  souvent  (par  un  affaiblissement  con- 
sidérable de  l'articulation)  h  ainsi  que  g  cl  q  par  '.  —  Cf.  Cohen,  p.  2G. 


PIIONKTIQUR.  27 

p.  AS),  si  q  classi([iie  n'avait  conservé  que  Tocclusion  glollale.  En 
outre  je  ne  connais  pas  de  cas  certains  où  q  aiïaibli  ait  disparu 
comme  '  à  la  finale  ou  à  l'inlervocaTupie,  tandis  qu'on  peut  citer 
des  exemples  cerlains  qui  semblent  prouver  que  les  sujets  par- 
lants font  encore  une  distinction  entre  les  phonèmes  y</,  et  \  car 
ils  prononcent  et  écrivent  quelquefois  par  confusion  '  comme  '/q, 
c'est-à-dire  ^  :  '/qnh''.  ffil  toussa  w  <:cl.  'àhha.  Tci  le  sentiment  du 
sujet  parlant  croit  reconnaître  le  correspondant  d'un //  classique, 
alors  qu'en  réalité  le  verbe  classique  est  'àhha.  Pour  ces  raisons 
on  a  pre'féré,  contrairement  à  la  plupart  des  dialectologues,  attri- 
buer dans  ce  travail  au  représentant  (aiïaibli)  du  classique  (^  le 
signe  'jq  qui  ne  le  symbolise  que  par  à-peu-près,  il  est  vrai, 
mais  qui  a  le  grand  avantage  de  ne  pas  le  confondre  entière- 
ment avec  le  \  dont  il  est  réellement  distinct,  ainsi  qu'il  a  été 
dit. 

Les  individus  ou  les  parlers  qui  réagissent  contre  cette  ten- 
dance générale  à  l'affaiblissement,  arrivent,  par  fausse  restaura- 
lion  ou  par  exagération,  adonner  au  phonème  q  une  articulation 
plus  forte  qu'en  classique.  C'est  ainsi  que  quelques  villages  liba- 
nais (en  petit  nombre,  il  est  vrai),  voisins  de  Kfar*^abîda, 
comme  Feghâl,  Ghâmât,  prononcent  ^  avec  une  forte  exagération, 
d'énergie  dans  l'articulation  postvélaire  ^^^. 

S*'  Echange  de  q  avec  (Vautres  consonnes,  —  ce.  q^  sonore  dans 
beaucoup  de  dialectes  (cf.  Brockelmann,  p.  70),  est  toujours 
sourd  à  Kfar  ^abîda.  Il  n'y  a  pas  à  ma  connaissance  de  mot  où  il 
soit  dans  le  parler  strictement  local  devenu  l'occlusive  sonore  cor- 
respondante g.  J'ai  entendu  néanmoins  à  plusieurs  reprises  un 
cerlain  nombre  de  personnes  prononcer,  mais  par  affectation  et  par 
imitation  des  Bédouins  ^"^^  qii' elles  avaient  fréquentés ,  q  comme  g  dans 
quelques  mots  tels  que  nâga  cr  chamelle  7?  au  lieu  de  na/qa 
<:cl.  nâqatu";  hàgra  w vache w  au  lieu  de  hajqra  <:cl.  baqaratu"; 
etc. 

On  l'a  vu  (p.  i3),  q  passe  quelquefois  à  ',  quand  il  est  à  la 
finale,  ce  qui  est  assez  naturel,  étant  donné  que  q  et  '  peuvent 
être  regardés  à  des  degrés  divers  comme  des  renforcements 
de  "  ^^l  Le  même  fait  se  produit  en  Arabie  méridionale  (cf.  Land- 
BERG,  Hadramoût,  p.  271). 

(^)  Les  sujets  parlants  des  villages  où  q  s'est  affaibli  en  '/^  ont  si  bien  con- 
science de  cette  exagération  chez  leurs  voisins  qu'elle  devient  pour  eux  un 
sujet  de  raillerie. 

(-Î  Ceux  de  Syrie  (direction  de  Damas).  Il  ne  s'agit  pas  de  ceux  qui  ont  c  au 
lien  de  q. 

(')  CI",  ce  que  disait  Hartwig  Derenbourg  dans  son  compte  rendu  de  l'ou- 
vrage de  M.  R,  Dussaud,  Les  Arabes  en  Syrie  avant  VIslam   {Journal  des  Sa- 


28 


PRE3IIERR    PARTIK. 


j3.  La  règle  qui  veut  que  q  classique  s'affaiblisse  a  K/àr  ^ahîda  en 
'jq  ne  souffre  presque  aucune  exception.  —  Celles  qu'on  peiil  relever 
s'expliquent  :  i.  par  le  fait  qu'il  s'agit  d'emprunts  oraux  et  directs 
faits  non  à  l'arabe,  mais  à  des  langues  qui  ne  possèdent  pas  q, 
telles  le  turc,  le  persan  et  le  grec  ;  hmclra  w chaussure w  <:turc 
qxindura,  cf.  ital.  cotnrno;  kerhâz  w  fouet  •)?  <:  turc  qerhaz  (cjerbac); 
histek  (ou  hàsteh)  wgousset,  chaîne  de  montre^  <cMstaq  (pers.); 
^akliros  w  clergé w  <<grec  Kkijpos  (cf.  la  forme  littéraire  syr.  qHiràs 
et  voir  plus  bas,  etc.  ('^).  —  2.  parle  fait  qu'il  s'agit  d'emprunts 
directs  au  syriaque  et  que  dans  cette  langue  le  q  était  sans  doute 
susceptible  d'une  prononciation  plus  ferme  qui  le  rapprochait  de 
celle  de  h,  suivant  la  distinction  établie  par  quelques  grammai- 
riens syriaques  (cf.  R.  Duval,  Gramm.  Syr.,  p.  28).  En  outre, 
q  syriaque  perdait,  selon  les  grammairiens,  dans  le  voisinage  do 
certains  phonèmes,  son  articulation  propre  et  se  confondait, 
pour  la  prononciation,  avec  d'autres  consonnes (^).  On  peut  même 
se  demander  si,  sous  l'influence  grecque,  qui  s'est  fait  longue- 
ment sentir  en  Syrie  (jv'' siècle  avant  notre  ère- vn^  siècle  après), 
il  ne  s'était  pas  produit,  dans  le  syriaque  parié,  une  fusion  com- 
plète àe  q  =  j^  ei  de  h  =  y-^  comme  elle  pouvait  vraisem- 
blablement avoir  lieu  dans  une  population  à  demi  helle'nisée^^l 
Quoi  qu'il  en  soit,  voici  quelques  exemples  de  changements  de 
q  en  k  dans  les  mots  dialectaux  d'origine  syriaque  :  kdz''  wil  eut 
du  dégoût 7")  (dans  kâzzetnâfsé  wje  suis  dégoûté 77)  <syr.  qaz  [usiié 
seulement  à  l'ethpael),  cf.  ar.  class.  qazza;  kàl^h  et  kàlleh  w  il  ar- 
racha (une  branche)  w  <syr.  q'iah  (sur  le  changement  de  h  syr. 
en  h  dial. ,  voir  plus  haut,  p.  19),  cf.  ar.  cl.  qàlaha;  èarbûkê  rfdet, 
embarras 77  ■<  syr.  sarhûqâ  et  sarbîiqlOà^'^\ 

Le  changement  inverse  [^jq  au  lieu  de  k)  ne  se  rencontre  guère 


l'flnfs,  p.  335,  juin  1907):  crLes  considérations  développées  par  M.  Dussaud 
confirment  que  la  véritable  consonne  placée  en  tête  des  alphabels  sémitiques 
autres  que  Tétliiopien  est  non  pas  i'a/e/ (entendez  :  attaque  vocalique  douce), 
mais  le  hamza  (entendez  :  attaque  vocalique  forte),  un  'ain  en  miniature  chez  les 
Arabes». 

(')  sauhok  cr rouleau  de  pâtisserie»,  cf.  siibaqu''  qui  passe  pour  être  d'origine 
persane. 

(^)  Les  Syriens,  surtout  les  Syriens  orientaux,  changeaient  q  en.  [r  devant  b, 
d  non  spirantisé  ou  devant  z  ;  et  en  k  non  spirantisé  devant  s  ou  f  durs;  cf. 
Abbé  jMartix,  Syriens  orienlaax  cl  occidentaux  [Journal  Asiatique,  avril-mai 
1872,  p.  338-339). 

^^^  Toutefois  on  sait  que  dans  le  plus  vieil  araméen,  celui  des  inscriptions 
deZendjirli,  il  y  a  déjà  un  exemple  de  A;  au  lieu  de  q  (voir  Noldekh,  Z.  D.  M.  G., 
i.M,  p.  99).  11  s'ajjit  de  liaisci  crété»  en  face  de  araméen  biblique  qayit{qait-â), 
syriaque  qaij-à  (ar.  cl.  qaizu"^  «média  aestas»,  hébr.  qayis  fcaeslas»).  Le 
fait  est  assez  difficile  à  interpréter,  mais  une  des  opinions  probables  est  qu'ici 
déjà  il  s'agit  d'une  inlluencc  étrangère  (non  séuiilique  —  préhcUénique), 

W  Cf.  pourtant  plus  loin. 


PHOMOTlOLi:. 


1>1) 


(jiio  dans  l'cxeiH[)K5  suivant  :  qâu.}!)  (à  cote  de  'jqâlab)  cril  cousih^ 
cil  face  du  cl.  hâudni  cril  cousit^^  sous  riiiflucncc  de  cl.  ([ataha  wil 
ferma  rouvcrture  (d'un  sac)^?. 

y.  ^iq  remplace  par  assimilation  ou  ])lulot  par  adaptation 
le  g  syria(jue  spirantisé  ou  non^'^  Les  Libanais  en  ciTet,  ne  pos- 
sédant plus  le  phonème  (f,  ont  été  amenés  à  le  remplacer  par 
des  phonèmes  voisins  :  q,  h  (cf.  p.  3o),  y  (cf.  p.  Sa),  dans  les 
mots  empruntes  au  syriaque  ou  aux  langues  étrangères.  Ex.  :y(/rt/f. s- 
rril  enleva  la  croule  (d'une  plaie)^?  '<S]n-.gias;zàra/q  wellefila  (en 
parlant  d'une  étoile)  w  ■<  syr.  z'ray;  qôzhahja  (nom  propre  d'homme) 
-<  syr.  gazzà  ff  trésor 7?  et  hdlyâ  w vie 7?  ;  hajqhujqa  cr bulle  d'eau,  am- 
poules -<  syr.  baybïiylOâ,  etc. 

On  rencontre  aussi  '/q  au  lieu  de  h  dans  quelques  mots  em- 
pruntés au  syriaque;  il  s'agit  du  groupe  hs  [ks).  Ex.  :  Ui'/qs  w rile, 
tempéra  ture?')  -<  syr.  teksâ  (cf.  grec  TaC'f?);  hajqsè  wécritoire^i 
<<syr.  hay^sà.  Ce  changement  tient  sans  doute  à  la  faiblesse  de  la 
consonne  implosive. 

B.  k  =  S. 

L'explosive  palatale  sourde  h  représente  le  h  classique  et  a 
comme  lui  dans  notre  parler  une  articulation  analogue  à  celle 
du  /t  français.  Cette  articulation  est  réalisée  par  la  partie  médiane 
de  la  langue  contre  le  palais,  elle  est  antérieure  par  rapport  à 
celle  de  q.  Ceci  explique  le  maintien  pur  et  simple  de  ce  pho- 
nème dans  les  langues  sémitiques  en  général  et  sa  résistance  aux 
altérations  que  q  a  subies  dans  l'arabe  moderne  (sauf  quelques 
dialectes  tels  que  ceux  des  Bédouins  d'Orient  et  certains  par- 
1ers  d'Iraq  ou  d'Algérie  [cf.  Brockelmann,  p.  70],  où  h  s'est 
affriqué  en  c). 

A  Kfar  'abîda,  h  s'est  maintenu  sans  altération  apparente.  Il 
n'est  pas  aspiré  ni  remplacé  par  la  sonore  g  devant  2  et  i;,  comme 
on  l'a  constaté,  parait-il,  à  Beyrouth  (cf.  Mattsson,  p.  35).  Je  dois 
dire  ici  qu'ayant  beaucoup  fréquenté  les  habitants  de  Beyrouth 

(^^  il  fout  se  rappeler  ici  que  la  règle  qui  veut  que  les  six  phonèmes  suivants 
*^  (^)'  ^(^'')^  ?  (^0'  y»  ('•■)'  ^  {v)->  1*  (0'  s'affaiblissent  en  spiranles  (en 
syriaque  comme  en  licbreu),  sous  rinfluence  d'une  voyelle  précédente,  n'est 
plus  suivie  clans  la  prononciation  actuelle  du  syriaque  au  Liban,  f,  1,  et  es 
sont  toujours  prononcés  d,  t,  b  cl  jamais  f?(=  i),  6  {-  <i>),  jS  (=^);  *S  est 
partout  articulée  /  comme  en  arabe  et  nulle  part  p.  Seuls  ^et  y,  se  pro- 
noncent, cVune  manière  capricieuse  d'ailleurs,  tantôt  g  et  /.■ ,  tantôt  -y  et  x,-  ^^ 
loi  générale  d'après  laquelle  se  fait  la  translation  des  mots  syriaques  en  arabe  dia- 
lectal est  à  p2u  près  conforme  à  la  prononciation  actuelle  du  syriaque  dont  je 
viens  de  parler,  sauf  poiu^  g,  qui  n'existe  pas  dans  le  dialecte  libanais. 


30  PREMIERE    PARTIE. 

je  n'ai  jamais  saisi  pareille  prononciation.  Si  M.  Maltsson  a  bien 
entendu,  il  ne  s'agit  sûrement  que  d'une  prononciation  indivi- 
duelle, exactementcomme  celle  de^sonore  pour  la  chuintante2:(^), 
qu'on  rencontre  dans  quelques  mots  d'emprunt,  le  g  n'existant 
pas  en  principe  dans  le  dialecte  libanais.  D'ailleurs  le  travail  de 
M.  Mattsson  sur  le  dialecte  de  Beyrouth  n'est  pas  toujours,  au 
moins  pour  les  détails,  irréprochable  ni  surtout  complet,  comme 
j'ai  eu  l'occasion  de  l'indiquer  dans  un  court  compte  rendu  paru 
dans  la  Revue  des  Langues  romanes,  t.  LIV,  janvier-mars  1911, 
p.  1 10. 

Ainsi  que  'jq  (</),  h  remplace  souvent  par  adaptation  la  so- 
nore g  dans  les  mots  empruntés  aux  langues  qui  possèdent  ce 
phonème,  notamment  au  syriaque.  Ex.  :  narkîlé  (à  côté  de 
\irhîlê)  ff  narghilé ^î  <<  pers.  nargilê;  sànhçl  cr crochet w  <:  pers. 
cangel;  kémrok  wdouane^^  <:  turc  gumruh^^^-,  hrâm  (à  côté  de 
yrâm)  w gramme w  <Cgr.  ypapifÀot;  kâz  -<frç.  gaz;  ^aiiklîz,  cf.  frç. 
Anglais,  ital.  Inglese;  kâlûs,  cf.  fr.  galoche;  kârdes  ce  il  rongea  (un 
os)  avec  les  dents ?î  -^syr.  gardes;  kézçm  rr il  s'irrita  w  <zsyr.g''zam; 
sàrkçl  ff  il  embrouilla,  il  donna  des  crocs  en  jamben  <^syr. sargel; 
mâzka  wle  vin  et  l'eau  que  le  prêtre  met  dans  le  calice  à  la 
messcw  (litt.  f? mélange t?)  <syr.  m'^zâyâ  (rac.  m-z-g)  cf.  ar.  cl. 
mazaza  ffil  mêlaw  (^^;  etc. 

C.    A==^. 

L'articulation  de  la  spirante  sourde  arrière-vélaire  h,  se  fai- 
sant dans  la  région  postérieure  (sur  la  luette),  est  par  là  même 
assez  faible.  Cette  faiblesse  explique  qu'elle  se  soit  confondue 
avec  h  dans  toutes  les  langues  sémitiques,  sauf  l'arabe  et  l'assy- 
rien (cf.  Brockelmann,  p.  70-71).  Mais  à  part  les  cas  où,  par 
assimilation,  il  a  passé  à  y  (cf.  infra,  p.  82),  h  est  toujours 
maintenu  à  Kfar  ''abîda.  Il  se  prononce  cependant,  comme  dans 
d'autres  dialectes  (cf.  M.  Cohen,  p.  3o),  plus  en  avant  qu'en 
classique  et  son  articulation  ressemble  plutôt  à  ch  allemand  post- 
palatal qu'au  h  classique.  Ceci  sans  préjudice  de  la  qualité  em- 
phatique de  h  et  de  l'influence  d'emphatisation  exercée  la  plu- 
part du  temps  par  ce  phonème  sur  les  consonnes  voisines ,  comme 
on  le  verra  plus  loin. 

h  remplace,  en  vertu  d'un  phénomène  d'adaptation  phonétique 
populaire,  la  faucale  h  dans  un  grand  nombre  de  mots  empruntés 
au  syriaque  (cf.  p.  18),  lequel  n'a  plus  que  h  pour  représenter 

('^  Ce  mot  est  généralcDîcnt  rendu  par  iuitiriiku''  dans  Tarabe  moderne  des 
journaux. 

(')  Dans  plusieurs  villages  libanais,  on  prononce  mdska,  par  assimilation  de 
z  en  s,  sous  l'influence  de  /.-. 


PHONÉTIQUK.  3  1 

le  h  et  le  h  du  séiniliquc  commun  [h  cl  h  de  Tarabe  clas- 
sique). 

Le  syriaque  s'était  créé  un  nouveau  h  par  ia  spirantisatiou 
de  /.•  dans  les  conditions  connues.  Ce  h  secondaire  (;i^)  est  naturel- 
lement représenté  lui  aussi  pai*  h  dans  notre  parler.  Ex.  :  fcirsçh 
tfil  écarta  les  jambes w  <:syr.  ^avk-^  (rac.  p-r-s-k),  cf.  ar.  cl. 
fi'irsaha;  môhl  cr  levier  pour  arraclier  les  grosses  pierres w  <  syr. 
mu^là  (*muMà) ,  cf.  grec  ^oyXos^  d/m-oh  rr  il  provigna •'i  <: syr.  darro-^ 
(rac.  d-r—k)\  etc. 

Dans  deux  mots  classiques:  hàhC'a  f? il  gronda  quelqu'un^^,  vulg. 
hûlui',  et  naJid^i  rai  poussai,  vulg.  nàha^,  il  semble  que  le  k  en 
position  intervocalique  se  soit  affaibli  en  h,  comme  s'il  était  sy- 
riaque d'origine. 

On  n'a  pas  trouvé  du  h  du  mot  hartûs  (cf.  frç.  cartouche,  ital. 
cartoccio)  d'autre  explication  que  la  suivante.  Ce  fait  rappelle 
la  prononciation  toscane  des  mots  italiens  qui  commencent 
par  ca-^^^  {Imza  =  casa  w  maison ??).  Voir  Meillet,  Dialectes  indo- 
européens, p.  9^,  rappelant  le  fait  d'après  Josselyn,  Etude  sur  la 
phonétique  italienne,  p.  ^5-46.  Il  faut,  en  toscan,  que  cria  con- 
sonne (k)  se  trouve  entre  deux  voyelles  dont  l'une,  celle  qui 
suit  la  consonne,  n'est  pas  e  ou  i.  .  .  elle  devient  une  fricative 
h-n.  C'est  exactement  le  cas  dans  le  pluriel  i  cartocci  et  hartûs  est 
un  collectif;  pour  le  singulatif  on  a  créé  harlûsè  (singulier  fé- 
minin) ^'^l 

D.  y  =  ^. 

La  spirante  sonore  arrière-vélaire  y  s'articule  dans  la  même 
région  que  sa  correspondante  sourde  h. 

Disparu  en  assyrien,  passé  à  *  en  hébreu,  en  araméen,  en 
éthiopien  et  dans  le  dialecte  sud-arabique  de  Da^înah  (cf.  Bro- 
ckelmann,  p.  70-71),  ;k  s'est  maintenu  dans  notre  parler,  ainsi 
que  dans  tous  les  parlers  libanais.  Comme  on  l'a  vu  (p.  20),  7 
remplace  quelquefois  la  faucale  '  en  vertu  d'un  sentiment  psy- 
chologique de  renforcement;  il  prend  aussi,  par  assimilation,  la 
place  de  /i,  cf.  p.  82. 

^'^  Quand  ils  sont  précédés  d'une  voyelle.  La  chose  est  vraie  aussi  pour  co  et 
eu. 

(■^^  La  vraisemblance  de  cotte  explication  est  satisfaisante  au  point  de  vue 
proprement  historique  :  les  Médicis  avaient  longtemps  eniretenu  des  relations 
avec  l'ensemble  de  la  Sjrie.  Au  début  du  xvir  siècle,  Ferdinand  P'  de  Médicis 
et  Cosrae  II,  grands  ducs  de  Toscane,  étaient  les  alliés  du  prince  libanais 
Fakhr-ed-Dîn  II  et ,  pendant  plus  de  trente  ans ,  le  Liban  fut  constamment  par- 
couru par  de  nombreux  Toscans,  commerçants,  ingénieurs,  ouvriers,  forge- 
rons, marins,  soldats,  diplomates,  etc.;  voir  Jouplan,  Question  du  Liban  (thèse 
de  droit),. Paris,  1908,  p.  98  ^i  passim. 


32  PREMIÈRE    PARTIE. 


Comme  en  classique,  y  représente  généralement  g  dans  les 
mots  de  provenance  syriaque  (^).  Ex.  :  'ôryoW^^  ff  flûte w,  syr. 
\irganân,  grec  opyavov,  ar.  cl.  'ûryuniC' ;  yàddef  ^^\\  a  blasphémée 
<csyr.  gaddef,  cf.  ar.  cl.  zà  ddaf a  ;  fetyàmât  fn^é\)ons)^  pi.,  cf.  syr. 
pcOgàmâ  (pers.);  youya  tfil  a  crié  (en  parlant  d'un  enfant) i? 
<C  syr.  gfingt;  yôrmis  w orties  et  yànys  wil  est  piqué,  il  a  piqué 
avec  des  orties  ^^  avec  emplialisation  de  s  en  s  sous  l'influence  de 
r,  cf.  syr.  ganes  ^^);  swâyit  cccLants^  pi. ,  fait  sur  le  syriaque  sûylôâ 

On  applique  la  même  règle  aux  mots  étrangers  empruntés 
récemment  :  yrandiVjq  (cf.  frç.  grand  duc);  yâz  (cf.  frç.  gaz^^K 


CHANGExMElNTS  COMBINATOIRES. 


1°  Assimilai 


ssimiiaiion. 


a.  Assimilalion  partielle  en  contact  on  à  distance.  —  La  sourde  h 
s'assimile  souvent  à  une  sonore,  d'où  7;  régressivement  :  yabbit 
w citerne  large  et  dégradée  par  les  pieds  des  bestiaux w  (avec  re- 
doublement de  h  et  fermeture  de  la  première  syllabe)  <:  cl.habîtu" ; 
èâyah  wil  jaillit  (en  parlant  du  lait  ou  du  sang)^  <:  cl.  sàhaba; 
èoyb  (et  avec  infixation  de  n:  sanyûb)  te  filet  de  lait  jaillissant  du 
pisi;  <zèiihbu";  yânids  tril  égratigna^^  (et  avec  infixation  de  r; 
yàrmds)  wil  déchira  avec  ses  ongles  ou  avec  ses  grilfesw  <  cl. 
hdmasa;  yonis  ce  égratignure??  <c:cl.  hûmsu";  sàyer  ce  selle  de  cha- 
meau 7),  cf.  cl.  sàliru"  cf cavité  delà  selle  entre  les  deux  arçons ?); 
fâfar  w garde,  factionnaire 77  (assimilation  de  la  sonore  r  et  dis- 
similation  de  la  sourde/),  cf.  cl.  hafiru"  wgardiemi  du  verbe 
ha/ara  ff  il  garda  77  ^^)  ;  yâbu  ce  léger  brouillards?  cf.  cl.  hàFu"  cf  gouttes 
de  pluie T;  (voir  p.  10);  yàz''  wil  transperça,  il  enfonça  (une  ai- 
guille) dans.  .  .w  <:cl.  hàzza;  — progressivement:  nây^z  (à  côté 
de  nâhez)  ce  il  piqua  w  ^cl.  7iàhaza. 

(')  Le  parler  ignorant  g  (puisque  g  du  sémitique  commun  était  devenu  £), 
le  g  occlusif  a  été  approximativement  reproduit  au  moyen  du  plionème  7,  qui 
lui  ressemble  en  tout  sauf  l'occlusion. 

(^)  Sur  ce  mot  cf.  plus  loin,  p.   78. 

(•'')  On  dit  é^^alciiicnt  à  Kfar  'nbida  •>lqôrrâis  wortie??  qui  représente  le  cl. 
fjuraisu'''  ou  qurrâsu". 

('')  On  dit  aussi  liâz  (cf.  p.  3o),  mais  dans  un  sens  un  peu  différent  (2^étrole 
et  non  gaz  (T éclairage). 

(^)  hafirv!^  ^jfir,  Ijufdraiu"  ":>>  yfâra  ff protection»  sont  courants  dans  tout 
le  Maghreb  et  apparaissent  déjà  dans  les  textes  maghribins  et  orientaux  du 
moyen  âge  (cf.  Dozy). 


PHONÉTIQUK.  33 

L'arliciilalion  des  deux  spirantes  y  et  h  se  faisant  dans  la  nienie 
région  et  d'une  façon  à  peu  près  identique,  il  était  naturel  que 
les  sujets  parlants  prissent  Tune  pour  l'autre  dans  certaines  posi- 
tions. A  Klar  'abîda,  c'est  f  qui  semble  le  plus  facile  à  réaliser  et 
qui  gagne  du  terrain.  Du  reste,  la  langue  classique  elle-même 
connaît  un  grand  nombre  de  mots  qui  présentent  sans  modifica- 
tion du  sens  7  et  A^^^. 

/S.  Assimilalion  lolaïe  en  contact  on  à  distance.  —  Les  deux  spi- 
rantes vêlai res  y  et  h  s'assimilent  mutuellement  toutes  les  fois 
qu'elles  se  trouvent  en  contact  immédiat.  C'est  la  seconde  con- 
sonne qui  détermine  la  forme  de  la  géminée  ainsi  produite.  Ainsi 
yk  >  hh  avec  assourdissement  de  y  :  dmâh  hâté  w cerveau  vide 
(d'intelligence)r;  -<  dimâyn"  hâli";  —  inversement  //  plus  y 
>yy,  avec  sonorisation  de  h  :  mnây  yàvbê  ^climat  occidentale 
•<  cl.  manâhu"  yarhiyn". 

Contrairement  à  ce  qui  se  passe  dans  d'autres  dialectes  (cf. 
Marçais,  Saïda  p.  111),  7  et  A  ne  s'assimilent  jamais,  à  Kfar 
*abîda,  la  faucale  h.  De  même  ^jq  ne  s'assimile  pas  la  palatale  k 
au  cas  où  ces  deux  consonnes  sont  en  contact  :  fànjii"  kablni" 
ff  grande  différence  1?  fait  à  Kfar  *abîda  'fir'jq  hhîr  et  jamais  yory^ 
'Iqhtr. 

L'hébreu  hâyâm  «sagee  transcrit  dans  le  parler  serait '*/««Artm, 
mais  il  était  par  trop  difficile  de  maintenir  le  h  et  le  h  dis- 
tincts. Le  premier  a  été  assimilé  par  le  second,  qui  est  le  plus 
fort  (ass.  régressive)  (-^.  Cette  explication  me  semble  préférable  à 
celle  de  M.  Cohen  (p.  892),  qui  voit  ici  un  emprunt  au  turc  ou 
à  un  autre  parler  (^l 

2"  Métathcse. 

Contrairement  aux  faucales,  les  gutturo-palatales  échangent 
rarement  leur  place  entre  elles  ou  avec  les  phonèmes  voisins. 
Notre  parler  connaît  cependant  trois  exemples  du  fait  :  màryfé 
ff grande  cuillère 77  <<  cl.  miyrafatu" ;  mo^ '/qdÙé ((^eiil  bâton  à  cro- 
cheta, métalhèse  de  ^mô''àiriqa,  ^mii''aiUqat  de  cl.  mu\ijliqu'\  dimin. 

('^  En  voici  quelques  exemples  pris  au  hasard:  ^duru"  et  hduru"  ccbas-fond, 
terrain  en  contre-basjî;  jâhana  et  hàbana  wii  repliaw;  'âtfama  et  'dtJjama  «il 
causa  une  indigestion 55  ;  zâyara  et  zdijara  «il  déborda n  ;  rafifu"  et  rafihv!'  «aisée 
(en  parlant  de  la  vie)»;  etc. 

(•^)   Et  l'on  dit  Imhdm. 

(^^  On  pourrait  être  tenté  de  voir  une  chute  de  h  par  dissimilation  dans 
Ijdd  tfil  aofita  (principalement  l'eau),  il  se  rinça  la  bouchej?,  quand  on  le  com- 
pare au  cl.  hddhada  (même  sens).  Mais  il  s'agit  ici  bien  plutôt  d'un  phénomène 
morphologique  que  d'un  phénomène  phonétique;  la  racine  bililère  *had,  qui  a 
été  élargie  en  classique  au  moyen  d'un  redoublement  complet,  Ta  été  dans  notre 
parler  par  la  formation  d'un  verbe  IW  geminatae  (type /arra). 

PARLEr,  DE  KFAr'abÎDA.  3 


u 


PREMIERE   PARTIE. 


de    cl.   miHâqii"  ;  halysàn  wbuglosseiî,  cf.  cl.  bïiyulsunu"  adapté 
du  gr.  ^ovy'kwdŒOv. 


III.  SIFFLANTES  ET  CHUINTANTES. 


CHANGEMENTS  SPONTANES. 


D'une  façon  générale,  les  sifflantes  et  chuintantes  s,  z,  s,  z, 
s,  z,  se  maintiennent  dans  notre  parler  (sauf?)  avec  leur  pro- 
nonciation classique.  Avant  d'en  étudier  les  changements  condi- 
tionnés ,  il  faut  dire  un  mot  de  leurs  changements  spontanés. 


A.  5  = 


LT 


L'articulation  de  la  sifflante  sourde  s  est  à  peu  près  identique 
à  celle  du  s  français  non  intervocalique,  comme  dans  saliiL  En 
principe,  s  dans  notre  parler  est  la  continuation  de  s  classique. 

D'autre  part,  s  apparaît  dans  un  certain  nombre  de  mots  em- 
pruntés à  l'arabe  classique  comme  substitut  de  l'interdentale  spi- 
rante  6  (<^)  [cf.  infra,  p.  Ii8].  —  11  remplace  souvent  s  et,  en 
revanche ,  est  remplacé  par  lui ,  grâce  à  un  phénomène  de  phoné- 
tique populaire  dans  les  mots  syriaques  passés  dans  le  parler  de 
Kfar'^abîda.  Les  sujets  parlants  avaient  le  sentiment  que  s  arabe 
correspondait  h  s  araméen  (cf.  ar.  kanlsatu",  syr.  k'nustâ 
ff église^-;),  et  qu'inversement  s  arabe  correspondait  à  s  araméen 
(cf.  saijânu",  syr.  sâtânâ  ce  démon  77);  ils  ont  appliqué  cette  règle 
de  correspondance,  en  vue  de  leur  donner  une  apparence  arabe, 
à  la  plupart  des  emprunts  syriaques.  Ex.  :  1.  s  syr.  >  s  dial.  : 
W/(f/q,)s  rril  retarda  ^7  <:  syr.  ïaqqcs  (cf.  hébr.  Jâqas);  là'jq'jqîs  ce  tar- 
dif 7-)  (surtout  en  pari,  d'un  fruit),  cf.  syr.  tqUàyà;  kâbbds  wil 
dompta,  il  dressa 77  ■<  syr.  hahhes;  hçhs^'^'>  wil  conserva  (des 
fruits)  dans  la  saumure ?7  <:  syr.  k'/Sas  [d.  hébr.  hci(^aè)\  rcsem 
cr  il  ordonna  (un  prêtre)??  <  syr.  r'èam  (cf.  cliald.  r'èam);  sommas 

(')  Bien  que  la  spirante  sonore  emphatique  soit  régulièrement  remplace'c  dans 
notre  parler  par  la  dentale  emphatique  d  et  que,  par  conséquent,  elle  doive  être 
traitée  a\ec  les  dentales,  j'ai  cependant  préféré  l'étudier  ici  à  côté  de  son  corres- 
pondant sourd.  —  11  en  est  de  même  pour  i  ([ue  Ton  pourrait  étudier  avec  les 
gulturo-palalales,  puisqu'il  provient  toujours  de  (f. 

(■^)  Même  racine  que  le  mol  précédent;  cf.  chez  Vii|jile  : 

mella .  .  .  dûrum  Bacchî  domitura  saporem. 


PJiONÉTIQUE.  35 

«servant  de  messe,  diacre w  de  *s0mm(is  par  dissimil.  -<  syr.  sam- 
mâsâ,  etc.  —  2.  s  syr.  >>s  dial.  :  'jqàsseb  rrelle  se  [jerçar)  (en  pari, 
de  la  peau),  ci',  syr.  qassù^à  wcal,  durcissement  de  la  peau^^; 
Jàrkçs  «il  renversa  par  un  croc-en-jambe^')  ^syr.  parlées ;rçseni  wil 
ondoya  (un  enflmt)^  -<  syr.  r'^sam  tfil  fit  couler  de  l'eau  goutte  à 
goutte 7?,  etc.  —  3.  s  >  s  dial.  dans  quelques  mots  qui  ne  pro- 
viennent pas  du  syriaque  :  masiûl  widiot^?  <zniastîilu  (usité  aussi 
dans  les  dialectes  magliribins  avec  le  verbe  satal  frenivréry);  serwâl 
wpantalon  larges  <:ar.-pers.  sh^âlu",  cf.  syr.  sarhâlâ^^^ ;  sâ'/qleb 
«il  renversa,  il  culbutaw,  cf.  cl.  sàqlaba.  Comme  ce  dernier  mot, 
employé  également  en  maghribin,  a  été  rattaché  au  verbe  clas- 
sique qàlaha  et  qu'on  Ta  expliqué  comme  étant  la  forme  transitive 
berbère  dérivée  de  la  racine  simple  par  préfixation  de  s,  je  crois, 
quelle  que  soit  la  valeur  de  cette  explication,  être  autorisé  à  expli- 
quer la  même  forme  dans  le  parler  de  Kfar  'abîda  par  Tinfluence 
du  sàfel  aramcen,  qui  est  fréquent  dans  cette  dernière  langue, 
alors  qu'il  est  tombé  en  désuétude  dans  l'arabe  proprement  dit. 

B.      Z=y 

La  sitllante  sonore  z  représente^  classique  et  s'articule  de  la 
même  façon  que  son  correspondant  s,  avec  la  diftérence  de  la 
sonore  à  la  sourde  et  de  la  forte  à  la  douce. 

z  apparaît  quelquefois  à  la  place  de  la  spirante  interdentale  d 
(cf.  plus  loin).  Il  a  cédé  la  place  à  d  dans  ^/qàus  '/qàdeh  w arc- 
en-ciel  w,  cf.  cl.  qausu  quzahf  ;  mais  il  est  probable  que  ce  mot  a 
subi  par  étymologie  populaire  l'influence  du  cl.  qàdaha  tfilfit  des 
étincelles w  (^^.  De  même,  zâlf  ffil  avalais  et  zal^ûm  crgosier^?,  en 
face  de  class.  hâlci'a  et  buMmii"  (même  sens),  s'expliquent  par 
une  étymologie  populaire  en  vertu  de  laquelle  la  racine  dialectale 
zâle"^  s'est  superposée  à  l'aboutissant  de  la  racine  classique  bàla'a 
dans  l'esprit  du  sujet  parlant.  Il  n'y  a  rien  de  phonétique  dans 
ces  deux  exemples. 

C.  s==o^. 

Comme  toutes  les  emphatiques,  la  sifflante  sourde  s  a  en  clas- 
sique une  articulation  spéciale  qui  cr comporte  une  forte  tension 
des  organes  vocaux w.  Cette  articulation  emphatique  de  s  existe 
généralement  dans  notre  parler  aussi  bien  pour  les  mots  d'origine 

(^)  sarbaUn  plur.  en  araméen  biblique,  Dan.  m,  27,  gr.  capclSaXXa.  (TotpdSapa. 
aapâirapai.  Le  mot  est  d'origine  iranienne. 

^^^  Fait  très  ancien,  général  aujourd'hui,  déjà  nolé  par   Zawâlïqi  (Mar- 

ÇAIS). 

3. 


36 


PREMIERE    PARTIE. 


arabe  classique  que  pour  ceux  de  provenance  syriaque.  Ex.  :  sàhr 
ff  patience^  ■<  cl.  sahrii";  'jqsâs  crpunition^?  ^cl.  qisâsii" ;  sàmniod 
ff  il  économisai  <:syr.  sammeS',  etc. 

s  représente  la  mi-occlusive  è  dans  quelques  mots  de  prove- 
nance persane (^),  comme  sormâyé  wsoulierw  <:  pers.  èorm  (cf.  cl. 
sahhC  en  face  de  pers.  calipà). 

s  s'affaiblit  quelquefois  en  s  dans  le  voisinage  de  la  faucale  h  (-) 
et  de  r.  Ex.  :  séhha  wsanté  (grand  bien  te  fasse !)w  <c  cl.  sihhahi" ; 
hiàhasèUeh  rrque  f  est-il  arrivé  ? 75  <:  cl.  mâ-\-hàsala-\-laka;  harsénnè 
ff  ornithogale^?  <  syr.  harsânâ;  sofr  fczéro^  <:cl.  sifru^^^K  On  dit 
cependant  imsah  ce  il  engraissais  ■<  cl.  nàsaa  exemple  011  h  a  pro- 
duit un  effet  contraire;  il  y  a  ici  sans  doule  une  empliase  d'ori- 
gine psychologique ^^^).  Quant  à  dâvhes^^^  wil  fut  affecté  d'un  pa- 
naris 0,  il  s'agit  peut-être  d'un  byperclassicisme,  tenant  à  ce 
qu'on  se  rendait  vaguement  compte  de  la  substitution  de  s  vul- 
gaire à  s  classique  dans  nombre  de  cas  où  le  mot  comportait 
un  h. 


D.  z-^]^. 

z,  correspondant  sonore  de  s,  s'articule  fravec  occlusion  glot- 
lale  et  tension  des  or[ïanes  vocaux  w.  C'est  une  des  consonnes  sémi- 
tiques les  plus  difficiles  à  réaliser,  et  qui,  pour  cette  raison,  ont 
été  des  plus  altérées.  C'est  pour  cela  sans  doute  que  M.  Landberg 
[Haiframoût,  p.  118)  se  demande  si  z  représente  un  son  vrai- 
ment arabe.  Seul,  l'arabe  classique  possède  comme  arrière-den- 
tale l'interdentale  emphatique  z  du  sémitique  commun  dont  l'ar- 
ticulation est  encore  conservée  dans  quelques  dialectes  bédouins. 
L'éthiopien,  l'hébreu  et  l'assyrien  l'ont  remplacée  par  5,  et  l'ara- 
méen  par  /.  La  plupart  des  dialectes  arabes  modernes,  dont  le 


(')  Équivalence  des  plus  anciennes,  ainsi  qu'on  le  voit  par  A.  Meillet, 
Gi'ammairc  du  vieux  perse,  1916,  p.  198  :  le  s  assyro-babylonien  est  rendu 
par  c  dans  le  nom  propre  Nabuhuduri-usur  (v.  p.  Nabukudvalara). 

^''1  Tandis  que  r ,  h ,  f  et  'jq  emphatisent  souvent ,  parfois  môme  à  distance , 
un  phonème  voisin,  h  produit  généralement  dans  notre  parler  rcdet  contraire 
sur  les  consonnes  avoisinantes;  cf.  plus  loin  dehçh  tril  ritw  ^cl.  dakika.  Par 
conséquent  le  changement  de  s  en  s  dans  le  voisinage  de  k  est  une  dissimila- 
tion. 

W   Voir  M.  GouEN,  p.  91,  sffàyâ  pour  sjfâyâ  ccfiltre» ,  cf.  cl.  misjâlv!^ ;  p.  92  , 

sdjfornâ  crnous  avons  sidléw  ^our  soJJ'ovnu ;  sihqd  «foudre:?  pour  cl.  saiqatu". 

Cf.  aussi  Marçais  :  srt/irt  crsaliarienj?  cf.  cl.  sahvau;  sljén  cr petite  cabanewpour 
suhain  [Saïda,  p.  111). 

('^  En  même  temps  que  s  se  transformait  en  s,  ce  qui  est  un  renforcement 
au  moins  au  point  de  vue  psychologique,  le  '  se  renforçait  en  A.  Les  deux  chan- 
gements sont  en  relation  directe. 

^^)  En  face  du  cl.  madhûsu". 


PlIONKTIQUlî.  87 

nôtre,  ont  onlièrement  confondu  le  phonème  z  classique  avec  (/ 
(cf.  Brockelmann,  p.  72)^^^ 

Les  habitants  de  Klar^abida,  comme  la  plupart  dos  Libanais, 
prononcent,  il  est  vrai,  ce  phonème  et  Tarticulent  (avec  un  cer- 
tain alFaiblissement,  qui  ne  va  pas  toutefois  jusqu'à  le  confondre 
avec  z)  dans  plusieurs  mots  classiques  d'un  usage  courant  au 
Liban.  Ex.  :  zâLm  rc  injuste  15  <<cl.  zâlinm";  zrif  tfbeau,  joli 75  <:cl. 
zanfu"  ;  :ârf  ff  soucoupe»  <c  cl.  zc'ufu  ;  zruf  w circonstances -n  <c  cl. 
zurùfu'\  pi.  de  zmfu'* ;  zolmè  w ténèbres»  <  cl.  zûlmatu";  zân"  wil  a 
pensé,  il  a  cru»  <<cl.  zânna;  ivâ'^z  cr prédication »<:  cl.  ttYtV?*",  etc. 
Mais  ce  n'est  là  qu'une  prononciation  artificielle.  Les  vieillards  arti- 
culent encore  (/  dans  tous  ces  cas  comme  dans  ceux  qui  suivent. 
A  part  les  mots  ci-dessus  et  peut-être  quelques  autres  dans  les- 
quels se  fait  sentir  1  influence  de  la  langue  savante,  z,  ainsi  que 
dans  la  plupart  des  dialectes  modernes,  a  pris  l'articulation  de 
l'emphatique  (/.Ex.  :  ""ddni  rros»  <  cl.  '^dzmu"  ;  dàhr  ce  dos,  mon- 
tagne» <:cl.  zâhim"  ;  hâfad  wil  apprit  par  cœur»  <:cl.  hàjiza;  dàrf 
ff  outre  »  (^)  <:cl.  zarfiC"  ffvase»;  dàf.  ce  il  resta,  il  ne  cessa  pasw 
<:cl.  zàlla;  ndâfé  cf propreté»  <  cl.  nazâfatu";  dôhr  frmidi»  <Z  cL 
zùhm"  ;  dofr  rr  ongle»  <:  cl.  zufm" ;  etc. 

Mais  il  faut  signaler  ici  un  fait  curieux  dû  sans  aucun  doute 
à  l'influence  de  la  langue  turque  :  c'est  la  présence  de  z  à  la  place 
de  (/.  Un  grand  nombre  de  mots,  appari^enant  presque  tous  au 
langage  administratif,  militaire  ou  commercial,  ont  été  emprun- 
tés successivement  par  les  Turcs  à  la  langue  de  leurs  sujets  arabes, 
sous  leur  forme  classique,  et  réempruntés  dans  la  suite  avec  leur 
nouvelle  prononciation  par  les  Libanais  comme  par  la  plupart 
des  populations  soumises  au  gouvernement  de  Constantinople.  On 
sait  d'autre  part  que  les  Turcs  comme  les  Persans  prononcent, 
à  très  peu  d'exceptions  près,  le  phonème  (/  comme  un  simple  z. 
Les  Libanais,  voulant  sans  doute  corriger  la  prononciation  turque 
qu'ils  sentaient  défectueuse,  ont  substitué  à  ce  z  turc  provenant 
de  (/  arabe  une  articulation  plus  proche  de  (/  et  plus  conforme  au 
sentiment  qu'ils  ont  de  leur  langue,  soit  ?.  Cette  influence  turque 
s'est  fait  sentir  fortement  dans  quelques  régions  libanaises,  notam- 
ment dans  le  district  de  Chouf^^).  Celte  région,  en  effet,  est 
habitée  en  grande  partie  par  les  Druses.  Ceux-ci  se  laissèrent 
plus  facilement  influencer  par  les  Turcs  et  surtout  par  les  Per- 
sans. Ils  ont  influencé  à  leur  tour  les  chrétiens  qui  vivent  dans 
leur  voisinage.  De  sorte  que  dans  ce  pays  on  prononce  d  comme 

(^^  Cf.  aussi  CouEN,  p.  55;  Marçais,  Saïda,  p.  ii5;  Landuerg,  Hadramoûl, 
p.  118;  etc.,  où  il  est  constaté  que  z  est  toujours  confondu  avec  d  au  profit  de 
ce  dernier. 

('^)  Doublet  de  zârf  cité  plus  haut  au  sens  de  wsoucoupe«. 

^^^  Région  montagneuse  au  sud  du  Liban  (est  de  Tyr  et  de  Sidon). 


38  PRE3IIKRE    PARTIE. 

z  non  seulement  dans  les  mots  turcs  d'origine  arabe,  mais  aussi 
dans  des  mots  classiques  qui  n  ont  jamais  été  empruntés  par  la 
langue  turque.  Voici  les  mots  les  plus  usités  à  Ki'ar  ^abîda,  dans 
lesquels  d  est  articulé  z.  Dans  ce  village,  il  ne  s'agit  jamais  que 
de  mots  passés  par  le  turc  ou  empruntés  à  la  région  de  Ghouf. 
On  verra  en  effet  que  le  traitement  normal  de  d  classique  est  d  à 
Kfar  'abîda.Ex.  :zàbdt  tr clief  militaire,  ofiicierw  <<turc  zabit  <  ar. 
cl.  dâhitu"  ffqui  tient  ferme,  qui  maintient  dans  Tordre 7^;  zâbté 
w agent  de  police '5  <;turc  zâhtîyé  w polices;  mazhtit  (à  côté  de  mâd- 
bût)  (f  exact 7?  (compte)  -^d.  madbiitti"  ;  /ayez  w intérêt i7  <<lurc  Jàïz 
cf.  ar.  cl.fâda  tfil  déborda,  il  surabonda w^^^;  nazîA'^^  tfverdoyantiî 
•<  cl.  iiadîru";  cl.  hàudvJ^'^'  turc  hciwuz'^  dial.  hâwûz  w abreuvoir, 
bassin,  réservoirs  (mot  emprunté  d'après  M.  Marçais  au  vocabu- 
laire de  l'eschatologie  musulmane). 

r!i.   s  =  /jû . 

La  chuintante  s,  sauf  les  cas  où  elle  cède  la  place  en  vertu  de 
la  phonétique  populaire  as  (cf.  p.  3à),  est  généralement  main- 
tenue à  Kfar  ''abîda  avec  sa  prononciation  de  chuintante  sourde 
dans  les  mots  arabes  et  dans  ceux  d'origine  syriaque.  Ex.  :  sàh; 
«moisw  <:  cl.  êàliru";  nàèseftdl  essuya w  <:  cl.  nâssafa;  sâtel  tfil 
planta 77  ■<  syr.  s'Ôal  (rac.  s-/-/);  borsân  w hosties 7?  <csyr.  piirsânâ; 
mâles  ffil  pluma 77  •<  syr.  mHas;  etc. 

s  représente  presque  toujours  la  mi-occlusive  c  [tch)  dans  les 
mots  empruntés  au  turc  et  au  persan.  Ex.:  srtr%/tfdrap  de  lit 77 
<ci\iVQ  cârsaf  i^d.  pers.  cadinseb)\  sAurba  w soupe w  < turc  corèrt; 
sànhel  w crochet 77  -<  pers.  èengel;  sâkûs  «marteau  17  <c  turco-pers. 
èâhïiz;  etc.  Ceci  tient  à  ce  que  le  parler  de  Kfar  ''abida,  à  la  diffé- 
rence de  certains  autres,  ignore  totalement  le  phonème  è^^K 

Pour  s  correspondant   à   9  arabe,  voir  plus  loin  (Dentales). 


F.  1=^. 

Le  ^,  on  le  sait,  a  subi  plusieurs  changements  dans  son  arti- 
culation. Dès  une  époque  très  ancienne,  bien  qu'il  provînt  tou- 

(»)  Partie. /a'tWw". 

(■2)  Dans  fçsnmnazir  wLa  branche  verdoyante 77  (nom  vulgaire  d'un  ouvrage 
savant). 

(•■'>  Des  eiemples,  tels  qvLeJâkçs  («démettre,  déboîter,  luxer?))  en  face  du  cl. 
fnkka  (même  sens)  oi  d/ihas  («cacher,  fourrer 77)  en  face  du  cl.  dithha  «cacher 77 , 
etc.,  ne  prouvent  nullement  que  dans  noire  parler  il  y  ait  eu  une  évolution  de 
h  ou  de  h  en  s.  Il  s'agit  naturellement  en  eflet  d'une  variation  morphologique 
remontant  sans  doute  à  une  époque  extrêmement  ancienne.  —  C'est  ce  qu'on  a 
déjà  fait  remarquer  à  propos  d'un  cas  analogue,  p.  ao,  note  5, 


piroiNKTion:.  39 

jours  (le/;-,  il  ne  s'articulait  plus  dans  Tarabe  classique  comme 
dans  les  auti'es  langues  sémiti(jues  et  même  dans  certains  par- 
1ers  arabes  modernes  de  TOmân  et  de  TEgypte.  Il  était  devenu 
une  mi-occlusive  palatale  et  se  prononçait  dz,  ainsi  que  l'indi- 
quent la  plupart  des  dialectes  arabes  modernes  (cf.  Brockelmann, 

A  Klar^abîda  comme  dans  tout  le  Liban  et  dans  beaucoup  de 
dialectes  contemporains,  le  ^  s'est  afïaibli  en  une  simple  cliuin- 
tante  analogue  au  j  français,  et  qui  sera  représentée  dans  ce  tra- 
vail par  le  signe  z.  Cette  articulation  explique  d'elle-même  que 
z,  contrairement  à  ce  qui  se  produit  en  classique,  soit  regardé 
actuellement  à  Kfâr*^abîda,  ainsi  que  dans  plusieurs  dialectes 
modernes,  comme  une  des  consonnes  appelées  par  les  grammai- 
riens arabes  cr  lettres  solaires^?,  et  qu'il  se  soit  assimilé  comme 
celles-ci  le  /  de  l'article:  râsezzâbdl  wle  sommet  de  la  montagnes 
<:  cl .  ras-ul  -  zâbali. 

Sauf  les  cas  où  elle  est  passée  par  assimilation  à  sa  correspon- 
dante sourde  s,  la  chuintante  sonores  se  maintient  généralement 
à  Kfâr  '^abîda  et  s'articule  sans  aucune  difficulté  dans  toutes  les 
combinaisons.  Ex.  :  zesr  fcpont??  <:cl.  z/sm";  rézf  wil  revint^  <ccl. 
ràza'^a,  etc. 

1.  Cependant,  dans  quelques  mots  de  provenance  étrangère 
ou  empruntés  à  d'autres  dialectes  arabes  modernes,  ^  s'articule 
dans  notre  parler  comme  l'occlusive  palatale  sonore  {g  frç.  dur). 
Ex.  :  zangîl  w richissime w  (par  diss.)  du  turc  zangïn;  gâzder 
(à  côté  de  gàsder)  wil  se  promena,  il  flâna w  <  turc  gô'zder  ;  gèdf 
wbrave  jeune  hommes; ce  dernier  mot  est  emprunté  avec  sa  pro- 
nonciation au  dialecte  égyptien  et  correspond  au  cl.  zadahC"  cr  jeune 
homme^n —  Il  arrive  que  certaines  personnes  prononcent  par  affec- 
tation d'exotisme  ^  class.  comme  occl.  sonore  au  lieu  de  le  faire 
comme  chuintante  sonore  et  hésitent  pourtant  entre  les  deux  pro- 
nonciations gamâlou.  zamtil  wbeauté'^;  gàmdl  ou  zânidl  cf  chameau ^n 
Mais  cette  prononciation  de  g  est  tout  à  fait  individuelle  et  ré- 
cente, elle  n'entre  nullement  dans  la. vie  propre  du  parler.  Ce  qui 
le  prouve  bien,  c'est  que  g  syriaque  (lorsqu'il  n'est  pas  remplacé 
par  d'autres  phonèmes)  est  toujours  représenté  par  z,  et  nulle 
part  par  g,  dans  tous  les  mots  syriaques  passés  dans  notre  parler. 
Ex.:  zâhzeh  ril  brilla^^  (en  parlant  du  jour)  <:  syr.  gahgeh;  zâm"' 
wil  coupa  au  ras  de  terre -n  (en  pari,  surtout  de  la  vigne)  <  syr. 
gam{m);  ^Idzo^'^at  wil  a  eu  en  dégoûta?  par  accommodation  pour 
*tzâ'"'at  <:  syr.  'eOga'^at ;  etc. 

2.  z  est  remplacé  par  la  dentale  sonore  d  dans  les  mots  sui- 
vants :  dàs'  <n\  palpa w  (et  dâsdes  wil  tâtonna ^7)  <:  cl.  zâssa;  hâdes 


àO  PREMIÈRE    PARTIE. 

ffce  qui  se  présente  à  l'esprit  et  qui  Toccupe??  <:cl.  liâlisu^;  classer 
ffil  laissa  paître  en  libertés?  et  dèki'  vW  fut  abandonné  à  lui- 
même^^  <:c].  zàssara  (et  zàsara)  rril  envoya  paître  les  bestiaux,  il 
abandonna w  (une  affaire);  ^classa  fcil  rotais  <:  cl.  tazâssaa;  dàlle^ 
tf  il  choya 7î  <:cl.  iàlcCa  rr elle  fut  coquette,  effrontée 75(1).  Ces  clian- 
gemenls  doivent  remonter  à  l'époque  où  ^  se  prononçait  encore 
d:  ;  aloi'S  ^dàssa  et  diïsscr  étaient  *^hlzàssa  et  ^diâsser,  et  2  est 
tombé  par  dissimilation;  dus'  et  hâdes  aussi  supposent ''V/irts*  et 
^hâdzçs;  z  se  serait  d'abord  assimilé  en  z  pour  tomber  ensuite  par 
dissimilation  (^).  Quant  à  fl«i/f''  pour*ert//('^  il  provient  (contamina- 
tion par  étymologie  populaire)  du  classique  dàllala  ffil  choya 77 
superposé  ^-^^  hzàla^a  (même  sens).  Il  n'y  a  là  rien  de  phoné- 
tique. —  Cf.  plus  loin  dazazahC  cr poule 77  devenu,  pour  éviter  le 
groupe  ^i,  2&*  tf  poule  sauvage,  canepetière^  ^'^l 

3.  z  apparaît  à  la  place  de  la  semi-voyelle  y;\\  est  en  revancbc 
remplacé  par  elle  dans  quelques  mots.  Cette  permutation  n'est 
guère  étonnante  au  point  de  vue  de  la  phonétique  générale 
et  s'explique  par  le  fait  que  l'articuhdion  des  deux  phonèmes  est 
très  voisine,  ainsi  que  nous  l'avons  vu  plus  haut  (cf.  p.  28,  note), 
mais  elle  est  exceptionnelle  dans  notre  parler. 

Voici  quelques  exemples  de  la  permutation  de  zQitj  :  y  cl.  > 
dial.  z  :  zarhu"  cr gerboise  17  <  cl.  yarhiTu",  et  d'après  M.  Derenburg 
(cf.  R.  DuvAL,  Gramm.  syr.,  p.  28)  le  nom  propre  zà^faru  (usité 
dans  notre  parler)  n'est  autre  que  y/i'faru  (le  2/  en  qualité  d'ini- 
tiale était  fort,  et  y  fort  est  tout  près  du  2).  —  z  cl.  >>  dial.  y  :  yiWjq 
rsac  de  paille  que  les  muletiers  mettent  sous  la  charge  de  leurs 
bêtes w  <:cl.  zuivâUqu''  (>>dial.  zwâJf/q  tenu  pour  un  pluriel  dont 
on  tire  un  singulier  analogique  ''zâle'/q  :>■  yâlf/q)  r  grand  sacw 
<:  pers.  gaivâlah  (^l 

(')   Cf.  cl.  dasisalu"  et  zâsisalii'  «brouct  fait  de  froment  pilén;  dâsthu"  et  zà 
sûsu'^  ffespioii?5.  Ces  formes  soi-disant  classiques  avec  d  sont  également  elles- 
mêmes  d'origine  dialectale. 

('->  On  est  forcé  de  supposer  dos  intermédiaires  analogues  pour  expliquer  le 
V.  slave  iezelû  cril  bride 55  qui  devrait  être  *dezetû  (skr.  dàhati)  et  le  lituanien 
iëdzù  ffje  façonner,  è\.  zidh  crterre  à  potiern  qui  devrait  être  *dëdzù  (slave 
*dizû),  sk.  déhati.  En  elTet,  le  z  slave  a  passé  par  dz  et  le  z  lit.  (=  z  slave)  a 
passé  par  le  stade  dz  (slave  dz).  Tout  ceci  est  emprunté  à  M.  Meillet  (M.  S.  L. , 
t.  Vllt  [1893],  p.  28^). 

(')  Dans  la  conscience  du  sujet  parlant. 

C^)  Toutefois  la  forme  diub),  qui  est  légitime  puisque  dz  n'est  pas  Taboutis- 
sant  d'un  fy  ancien,  mais  celui  de  d-{-i>-^  existe  encore  dans  le  sens  ordinaire 
de  r'ipoule».  —  Cf.  un  fait  analogue  dans  un  patois  français  (Anould,  Vosges) 
dianè  '<i*ddzûnè  =^  U'ç.  vdéjennei'n  (Revue  des  Langues  romanes,  XLIX, 
p.  53i). 

(■•^  Cf.  cl.  '('(zzalu"  ctcerfn,  à  côté  de  'diyaîu"  qui  est  la  forme  piimitivc,  ainsi 
que  rindiquc  l'hébreu  '«»/«/ tccerf?'  (le  y  ici  était  fort,  en  qualité  de  géminée). 


IMIONIOTIQUK.  ai 


GlïANGKMENTS  COMBINATOFRES. 


lati 


issiiniiaiion. 


a.  Assmilation  partielle  en  conlacl  ou  à  distance.  —  i.  s  s'as- 
simile on  s  dans  le  voisinage  d'une  emphatique,  notamment 
de  /,  r,  '/q,  et  de  la  gutturo-palatale  A^^^  :  a.  régressivenient ,  à  dis- 
tancée'-^ :  sâtl  fcpot  en  cuivre  pour  puiser  de  Teau,  pour  traire; 
vase  à  ansew  <;  cl.  satin,  latin  situla;  sôfia  ff table  servie^  <:  cl. 
sûfratu"  ;  mth  ff  terrasse  tî<:  cl.  sâthu"  ;  sâtpr  wil  traça  des  lignes  sur 
le  papier^  <c:cl.  sAttara;  hsât  ff  tapis w  <:  cl.  hisâlu"  ;  màstra  (^msâltra) 
ff  règle  pour  tracer  des  lignes  ?5  ■<  cl.  mdstaratu";  si1r  r  muraille 'î 
<<cl.  sùru" ;  sâtûr  ff  couperets  <  cl.  sâtâru" ;  sàhan  rril  est  malade, 
il  a  la  fièvre 77  <:cl.  sàhana  ffii  est  chaud 77  ;  sàtam  wil  boucha,  il 
ferma 77  ■<  cl.  sàtama,  etc..  —  b.  progressivement,  en  contact  : 
zùrsa  ff  diffamation,  honte 77  <ccl.  zûrsatii";  ''a/qsa  ff  piqûre 77  cf.  syr. 
"^aqqes  w  il  piqua  77  ;  dors  ce  dent  molaire  17  <  cl.  dtrsii"  —  à  distance  : 
^âtas  ffil  éternua77<:  cl.  ^âtasa;  ^Iqmvâs  cr  archer,  huissier  77  <  cl. 
qauœâsu";  ''a/qûs  ff  aiguillon  77  (^),  cf.  syr.  Siqsâ^'^K 

s  s'assimile  en  z  sous  l'influence  d'une  sonore  :  a.  régressive- 
ment,  à  distance  :  zûlhfé  ff  tortue  77  <:  cl.  sûlhafà  (cf.  pers.  sàlâh 
pâi)\  b.  progressivement,  à  distance  :  hàndez  (avec  tous  ses  déri- 
ves) ffil  traça  un  plan 77  <<  cl.  hândasa  (influence  du  prototype 
persan);  ""elmâz  ff  diamant  77  (gr.  àSaiyLOis)  <  cl.  'almàsu";  hârh ,  cf. 
frç.  Paris^^K 

2.  s  passe  souvent  à  z  dans  le  voisinage  d'une  sonore  :  a.  régres- 
sivenient, à  distance  :  zéfer  (et  tous  ses  dérivés)  ff  il  devint  petit  77  < 
cl.  sâyira  (cf.  syr.  z'^ar  contre  hébr.  scfar);  zâ^tar  ffthym^7  •<  cl. 
sa  ''taru"  (à  côté  des^V^m");  zâ"/qa  ff  foudre 77  <:  cl.  sâSqatu";  en 
contact  :  '/qazdîr  if  éiainv  <cl.  qasdiru"  (cf.  grec  xtxo-o-hepos);  — 
b.  progressivement,  en  contact  :  mzâltah  ff  aplati,  large  77  <:  cl. 
nwsâltahii"  (avec,  en  outre,  emphalisation  de?;  sous  l'influence  de 
/);  —  à  distance  :  'jqàmdz  (avec  ses  dérivés)  ffilsauta77  <:cL  qâ- 

^')   D'après  Zamahsarî,  tout  s  peut  devenir  s  devant  h,  t,  y  et  q. 

(■-'  Sur  l'assimilation  à  dislance,  cf.  Vendryes,  M.  S.  L. ,  t.  XVI,  p.  53  suiv. 
—  Naturellement  si  s'assimile  toujours  en  si.  De  même  devant  les  autres  em- 
pliutiques  sourdes.  Voir  plus  bas. 

'-■''^   Cf.  'ajqsa  plus  tiaut. 

''^  Dans  quelques  villages  du  nord  du  Liban ,  on  emphatise  souvent  s ,  même 
lorsqu'il  ne  se  trouve  pas  dans  le  voisinage  d'une  emphatique. 

^■''  Cf.  cl.  sâniha  et  zàniha  ffelle  est  rancew  (en  parlant  de  l'huile);  sirdtn'^ 
et  zirâtu''  ffchemin»;  sârata  et  zârata  ffil  avala??,  etc. 


A2  PREMIÈRE    PARTIE. 

masa.  —  Notre  parler  fournit  aussi  un  exemple  d'assimilation  à 
la  fois  progressive  et  régressive  en  contact  et  à  distance  :  zarzûr 
ff cigale,  grillon îi<:  cl.  sursûru"  (cf.  syr.  sarsùrâ). 

Remarque.  —  De  même  on  constate  que  dans  toutes  les  langues 
sémitiques  vivantes  une  sourde  s'assimile  à  une  sonore  générale- 
ment subséquente,  ou  réciproquement  qu'une  sonore  s'assimile 
à  une  sourde  subséquente,  par  acquisition  ou  perte  de  sonorité. 
(Cf.  Brockelmann,  p.  81.) 

3.  z  s'assimile  en  s  à  une  sourde,  particulièrement  a  t,  hei  h  : 
a.  régressivement ,  en  contact  :  stàmSi  cfils  se  sont  rassemblés  w  <: 
cl.  iztâma\~i;  stâf  r  il  rumina 7?  <c  cl.  iztârra^^^;  hûsHé  wmon  argu- 
ment, mon  acte  (de  vente) ^  <  cl.  huzzatï;  — •  b.  progressivement ^ 
à  distance  :  n^heè  ce  il  est  essoufflé,  baletantw  <:cl.  nàhaza;  dâhaè 
tfil  cacbaTî  <c:  ci.  âàhaza;  hâs  ffil  est  excitée  (en  parlant  du  cha- 
meau en  rut)  <:  cl.  hâza;  ntâfes  ffil  se  gonfla,  il  s'enorgueillit <: 
cl,  intâfaza;  hàleè  wil  fauchais  (les  menues  céréales)  <  ci.  hàlaza 
ffil  carda,  il  monda  (le  coton)  en  séparant  la  graine^?;  hâhs  et 
hâbbds  ffil  gratta,  il  égratigna  jusqu'au  sangw  <:  cl.  hâbaza  ffil 
frappa  avec  un  bâton  et  hâbiza  te  il  est  enflé  (en  parlant  du 
corps  )w(^l 

II.  s  s'assimile  quelquefois  en  2;  à  une  sonore  :  a.  régressive- 
mentf  en  contact  :  bôzdârfdï  (nom  d'un  village  libanais)  <<  syr. 
bisdarpel  (cf.  M^""  Deryân,  Grammaire  syriaque,  p.  69);  —  h.  pro- 
gressivement,  à  distance  :  bàbûz  ffpantouflew<:pers.  jyôpws;  Mrbaz 
(et  tous  ses  dérivés)  ffil  garrotta  t?  <:c1.  kârbasa'^^K 

(3.  Assimilation  totale  en  contact  ou  à  distance. 

1.  En  contact.  —  Lorsque  deux  sifflantes  et  chuintantes  sont 
contiguës,  elles  s'assimilent  entre  elles,  généralement  la  pre- 
mière à  la  seconde  : 

ss>5s  :  ^/qsâs  sâ'/qdt  ff  punition  inutile  w  <c  cl.  qisàs(u")  sàqitu'^  ; 
ss^ss  :  rassâdçjq  fftête  solide,  véridiquew  <;  cl.  ra'*s(w")  sâdiqu"; 
zs'^'Ss  :  rôs-sînê  ffriz  de  Ghine^^  <c  cl.  rûzz(îi'')  sïnïyu^  ; 
ss^ss  :  ^qorssâf  ff  piastre  légale  7^  <c  qûrsiti")  sày  ; 
zs:>ss:  b6rssol''âta  ffla  tour  de  Sal'^âtaw  (village  du  Liban)  <;  cl. 
bûrz{iùj  ; 


(')  Ce  mot  est  déjà  signalé  par  Zawâliqï  avec  la  chuintante  sourde  s. 

(^'  Cf.  saa  wil  vinl?5  pour  iaa  dans  le  dialecte  des  Banï  tamîm. 

(^)  M.  Landberg  a  donc  tort  de  voir  dans  cette  racine  une  simple  w dilata- 
lion»  du  bilitère  *har  ou  un  dénominatif  du  turc  qerbac  fcfouet  de  peau  d'hip- 
popotame» [Prov.  et  Dict.,  p.  9). 


PHONÉTIQUE.  /|3 

sz'>'zz  :  mràz'zailûn  wpiion  pour  écraser  les  olives w  <;ci.  miras- 

.s(«)  zalltmi"  ; 
sz:>zz  :  ràzzàhlê  kIg  point  culminant  de  Zahlé^^  (ville  libanaise) 

<:  cl.  ra^s(ii)-, 
h  >- zz  :  zâhçzz\iitçr  cr l'âne  de  Z'aiterT?   (nom   d'homme)  <:  cl. 

zahs{ii)  ; 
zs^-ss  :  /irtV  sdlfu  ffil  brandit  son  épée^^  <:cl.  hàzz{a)  sàifahu; 
ss>'ss:  ^jqàs'sa'ru  wil  se  fit  couper  les   cheveux 7?  <:  cl.  qàss{(i) 

èàWahu  ; 
ss  >  ss  :  râèsâyçh  «  tête  chenue  w  <:  cl.  ra's  (w")  saib^u")  ; 
zs:>'Ss  :  lâtohros'  cr  ne  sors  pas  77  <:  cl.  là-\-tàhruz[-{-s)  \  etc. 

Parmi  ces  assimilations,  quelques-unes  ne  se  produisent  que 
dans  une  prononciation  rapide,  d'autres  se  réalisent  toujours 
et  partout.  Il  faut  remarquer  cependant  que  le  sujet  parlant 
semble  éviter  avec  soin  la  rencontre  immédiate  de  deux  sifflantes 
et  chuintantes  sujettes  à  s'assimiler,  sauf  naturellement  dans  les 
cas  où  il  ne  peut  faire  autrement.  D'ailleurs  ces  assimilations  en 
contact  ne  sont  pas  propres  à  notre  parler;  elles  sont  abondam- 
ment représentées  dans  tous  les  dialectes  arabes  modernes.  Aussi 
est-il  inutile  d'insister  davantage  sur  ce  point. 

Particularités.  —  s  s'assimile  entièrement  à /dans  nos-  wmoi- 
tié,  demiw  qui  a  même  un  pluriel  analogique  nsâs  au  lieu  du 
pi.  class.  'ansâfii"  <:  cl.  nûsfu"  ^^K  Les  sujets  parlants  ont  vu  dans 
nos-  un  mot  III"^  geminatae  comme  ils  l'ont  vu  dans  séffê  w lèvre  w 
(qui  fait  au  pluriel  sfâf)  malgré  cl.  sifatu"  (pi.  sijahu"). 

2.  A  distance.  —  a.  s  s'assimile  en  s  au  voisinage  (médiat) 
d'un  autre  s  dans  sràs  ff  colle  forte  de  cordonnier  <:  cl.  sirâsu".  A 
ce  modèle  est  conforme  sâms  «soleils? ,  qui  n'est  plus  employé  que 
par  quelques  vieillards ,  car  la  forme  classique  sâmsu"  s'est  réin- 
troduite sous  riniluence  de  la  langue  écrite.  En  revanche,  on  a 
un  exemple  où  il  y  a  une  dissimilation  de  s -s  en  s-s,  c'est  sem- 
mas  fc servant  de  messe,  diacre w  emprunté  au  syriaque  èammâsâ, 
avec  changement  préalable  de  s  en  s.  On  a  vu  en  effet  (p.  3/i) 
que  régulièrement  s  syriaque  est  rendu  par  s  à  Kfar'abîda;  cette 
règle  n'a  été  appliquée  ici  que  pour  le  second  s.  La  tendance  à 
la  dissimilation  a  déterminé  la  conservation  du  premier. 

b.  z  s'assimile  à  un  2;  précédent  dans  zarzûnê  wcep  de  vigne, 
sarmentw<:cl.  zarazânatu"  ;  mais  l'assimilation  n'a  pas  lieu  lors- 

('^  Altération  spéciale  de  mots  très  employés.  Cf.  en  anglais  le  mot  de  môme 
sens  :  /la//" prononcé  ha  dans  half  peiuiy  (luipené)^  etc.  Mais  ceci  n'est  peut-être 
qu'une  apparence  (trilitères  n-s-s  et  n-s-f). 


h  h 


PRE3nERE    PARTIE. 


qu  il  y  a  eu  mélathèse  et  que  z  arrive  à  êlre  à  la  première  place  ^^\ 
soit  zarztmé,  également  usité  à  Kfar*^abîda.  De  même  zâuzé 
ffépouscî^  (confondu  ainsi  avec  le  mot  wnoixw)<  cl.  zâuzatu"  ^^^ ; 
iàmvùz  «il  mariai  <:  cl.  zàuwaza;  zenzâr  ff vert-de-gris ^^  <  cl. 
zinzâru"  ;  zanztr  tf  chaîne  77  <:  cl.  zinzîni"  (pers.);  nzà''çz  càl  fut 
indisposé'^  <cinza''aza;  etc.  En  effet,  il  s'agit  ici  non  pas  d'assi- 
milation, mais  de  métathèse.  La  séquence  de  phonèmes  vers 
laquelle  tend  notre  parler  est^~;s,  c'est-à-dire  chuintante  suivie 
de  sifflante. 

Est  aussi  conforme  au  modèle  zàuzê,  zarzimé,  etc.,  le  mot  qui 
signifie  w cigale  ^7.  Il  s'agit  de  zîz,  qui  représente  sans  doute  par 
dissimilation  un  ancien  ^zïz,  cf.  héb.  zïiz  wmicare,  movêri^î  (^ziz 
sa^ai  ffhête  des  champs  w)  et  cl.  zizxC'  w  espèce  d'oignon  (oii  se 
lient  généralement  la  cigale w)  ^^\ 

z  s'assimile  en  s  sous  l'influence  d'un  s  antécédent  :  s(ih)s 
w marteau,  picw  <^^sàkûz <:  turc  câhûz. 

2°  Dissimilation. 

1.  s  se  dissimule  en  z  dans  le  voisinage  médiat  d'une  sourde  : 
zâha'lq  cril  pulvérisa 7?  <  cl.  sàhaqa;  zâhan  ffil  broya,  il  moulut  1? 
<:  cl.  sàhana.  Pour  ce  qui  est  àQrMzè  rc colonne,  pieu  77,  il  ne  se 
rattache  pas  au  cl.  rihâsalnJ'  (même  sens),  mais  dérive  de  la 
racine  cl.  r«tert  ff  plantavit^?. 

s  semble  tomber  par  dissimilation  d'un  autre  s  (s)  dans  '/qosta 
f- juste,  habile  1?,  cf.  cl.  qusiâsu"  cr balance»  mais  le  mot  résulte  de  la 
combinaison  de  cl.  qustâsii"  et  de  syr.  qustâ  (emprunt  au  latin 
constans).  Pour  sMi  ""àsar  rr seizième w,  cf.  cl.  sâdisa  ""àsara,  la  chute 
de  s  est  due  non  pas  à  une  dissimilation  mais  plutôt  à  l'existence 
d'une  forme  sâdï,  sâdi"  à  côté  de  sâdisu"  dès  le  classique,  cf.  S.  de 
Sacy,  Gram.  «r.^,  p.  A25. 

9.  2;  se  différencie  en  s  au  contact  d'une  sonore  :  nnsra  w petit 
morceau  w  <:  cl.  nuirahC"  [nazru")^'^^;  ziisdàn  rc portefeuille,  porlc- 

^')  En  revanche  z  (ou sa  forme  ancienne  di)  s'assimile  à  un  2;  suivant,  pourvu 
que  les  deux  phonèmes  soient  en  contact  ainsi  que  le  montre  le  mot  qui 
siifnifie  «îlot»  et  qui  provient  de  dzazù'atu"  cfilc».  L'a  en  syllabe  ouverte  (ini- 
liyle)  devait  régulièrement  tomber  devant  la  syllabe  lon||ue  accentuée  -zir- , 
à\n\  *dzzîré,  puis  *dzztrè,  *dziré  et  enfin  zîrè  forme  de  Kfàr'abida.  (Le  2;  de 
notre  parler,  comme  le  s,  est  bien  moins  fourni  que  le  j  (cli)  français,  ce  qui 
explique  que  ce  soit  lui  qui  subisse  l'influence  de  z  et  non  inversement). 

(^)  Dans  quelques  villages  libanais,  notamment  à  Ehden,  on  a  de  même 
Zhuzo,  qui  re[)résente  les  class.  zàuzalu^'  (épouse)  et  inuzalu"  «noix,  noyer??. 

^"•J   En  magbribin  on  a  hïi  bzîz  (M.  Marçais). 

('^  Cf.  zn  devenant  su  dans  la  langue  de  TAvesta  (d'après  MM.  Meillct  et 
Rousselot), 


PlIOISKTIQl  K.  /|5 

monnaies  <  turc  hcdân  (il  y  a  dans  ce  mot  dissiiiiilation  de  la 
part  de  i  et  de  d  à  la  fois). 

3.  s  se  dissimile  en  z  au  voisinajjc  d'une  sourde  emphatique 
dans  zâ'/q'j(jjf  (ayec  tous  ses  dérivés)  wil  applaudi t^^  ^V^V^iY'/'/ 
par  mélatlièse  <:  cl.  ^àffdqa  ^^\ 

h.  s  se  dissimile  en  s  dans  le  voisinage  médiat  de  la  chuin- 
tante sonore  z  :  *satrànz^>  satrânz  ffjeu  d'échecs ^^  <  cl.  sitrânzu" 
(pers.);  sâzra  ^^  nvhr a i^  <cc\.  èàzaratu"  ;  sazzî"  w  courageux  (nom 
d'homme) r?  <:  cl.  sazfu";  sârpi   ffil  faufilai?  <  cl.    smraza  (cf. 

syr.  sfurey  [môme  sens],   \/s-r-g)]  srîzê  c? grand  sac  en  feuilles 

de  palmier??  <  cl.  sariiahC  (cf.  syr  s'rïytâ  [même  sens] ,  \/s-r-g); 
smz  ff huile  de  sésame??,  cf.  cl.  sîrizu''^'^^ 

s  se  dilTérencie  en  z  au  contact  d'une  sourde  :  dehzè  ff  merveille  i? 
cf.  cl.  dâhisa  fcil  est  étonné,  stupéfait??;  râlizé  ff  admiration  (nom 
de  femme??,  cl.  rûhsatii"  ff  générosité,  pudeur??;  zâffa  (à  côté  de 
sàffa)  ffil  émonda,  nettoya  (un  arhre)??,cf.  syr.  s'^^  (sappi) 
fflimavit,  purificavit,  complanavit...??. 

8  semble  être  tombé  par  dissimilation  sous  Tinlluence  d'un 
autre  s  dans  sbin  ■<  néo-cl.  'ièbmu"  ff  parrain ,  garçon  d'honneur??  < 
syr.  saus'(3inâ;  mais  cette  chute  est  peut-être  simplement  due  à 
celle  de  la  voyelle  (représentant  une  diphtongue) ^^l  Les  deux  s 
étant  suivis  d'une  consonne  se  seront  fondus  en  un  seul. 

5.  z  se  dissimile  quelquefois  en  s  dans  le  voisinage  d'une 
sonore,  particulièrement  de  r^^)  :  hors  tf forêt??  <  cl.  hàrzn" 
ff  fourré??  ou  peut-être  lumzu"  fflieu  élroit  couvert  d'arbres 
impénétrables??;  hors  tf  vieux,  décrépit??  <<  cl.  hirzu"  cf  faible, 
sot??. 

Suivi  immédiatement  d'un  z,  z  se  différencie  en  n  :  nzâs 
ff  poire  ??<  ^inzâs  ■<  cl.  Hzzâsu";  mhànzçl  ff  tacheté  de  blanc??  (en 
parlant  du  pied  d'un  cheval)  <:  cl.  muhdzzalu".  Dans  toutes  les 
langues  sémitiques,  tout  particulièrement  en  araméen,  les  con- 
sonnes géminées  sont  sujettes  à  se  différencier,  de  telle  sorte  que 
l'une  d'elles,  toujours  la  première,  soit  remplacée  par  n;  cf.  aram. 
bibl.  tidda^  >- tinda"  ff  tu  reconnaîtras??,  arabe  zibbilu"  ff  corbeille?? 
>  ;^mZ>//M^  etc.  Voir  Brockelmann,  p.  lo/i,  et  mieux,  Zimmern, 

(')  Sous  l'influence  de  la  sourde  emphatique  '/q{q),  ?  perd  donc  en  même 
temps  et  la  sourdilé  et  Temphase. 

('-)  Cf.  cl.  sîrizii"  (même  sens)  qui  est  sans  doute  lui-même  dialectal. 

(^^  Chute  régulière,  on  le  verra,  puisque  dans  la  suite  il  y  a  une  longue  accen- 
tuée. 

(*)  Il  est  connu  que  les  chuintantes  s,  z  sont  intimement  apparentées  à  r. 
Cf.  plus  haut  sr  devenant  sr. 


à6  PRE3I1KRE    PARTIE. 

Vergleichende  Gr.,  p.  34-35,  ce  deroier  cité  par  M.  Meillet  {Diffé- 
renciation, M.S.L.,  t.  Xll,  p.  26). 

3°  Métathèse. 

Comme  dans  beaucoup  de  dialectes  modernes,  les  sifflantes  et 
chuintantes  sont  sujettes  dans  notre  parler  à  la  métathèse. 

1.  La  sourde  emphatique  s  supporte  difficilement  à  côté  d'elle, 
dans  la  même  syllabe  surtout,  la  présence  d'une  sonore.  On  évite 
généralement  l'inconvénient  de  cette  rencontre  en  assimilant  s 
à  cette  sonore  ou  en  assimilant  la  sonore  à  s  (cf.  p.  Ui). 

Dans  certains  cas,  il  y  a  métathèse,  par  exemple  ;  bàhsa 
wcaillouw  <:  cl.  hasabatu"  (sur  ce  mot,  cf.  p.  26). 

Pour  ce  qui  est  de  safdê  w  coquille  de  merw  en  face  du  cl.  sâda- 
fatu'\  la  métathèse  de  dfenfd  tient  à  un  principe  de  phonétique 
générale  en  vertu  duquel  occlusive  -|-  spirante  tend  à  devenir  spi- 
ranie -\-  occlusive.  (Cf.  Meillet,  De  la  différenciation  des  phonèmes , 
M.S.L.j  t.  Xn[i90i],  en  particulier  p.  26.) 

2.  Le  classique  samazu''  cf  peaux  des  raisins,  des  baiesi?  aboutit 
non  pas  à  *smaz  que  l'on  attendrait,  mais  à  hnâs.  Il  est  facile  de 
voir  le  motif  de  la  métathèse  des  deux  chuintantes  :  les  deux 
sonores  z  et  m  ont  été  rapprochées,  et  la  sourde  s  a  été'  éloignée 
par  là-même  de  la  sonore  m.  C'est  sans  doute  pour  une  raison 
analogue  que  le  cl.  bàsara  ffil  râpai?  est  devenu  bàras  dans  notre 
parier;  le  mot  sous  cette  forme  est  aussi  maghribin  dans  le 
sens  de  cfil  écailla  (du  poisson) in 

3.  L'exemple  cité  plus  haut,  cl.  sirâsu"  >  ^^srâs  puis  srâs , 
montre  que  la  langue  a  évité  le  groupe  èr  et  l'a  écarté  par  assi- 
milation à  un  5  suivant.  Elle  a  également  évité  le  groupe  zr,  plus 
choquant  encore,  puisque  ici  les  deux  consonnes  étaient  sonores. 

En  effet,  au  cl.  istâzra'a  ffil  osa 77  (y/è-r-"*),  notre  parler  oppose 
stârza  (même  sens).  A  l'intérieur,  entre  voyelles,  la  solution  par 
métathèse  était  possible  et  même  plus  naturelle,  le  groupe  rz  exis- 
tant dans  un  grand  nombre  de  langues  ^^l 

Métathèse  d'ordre  purement  psychologique.  —  Le  dialectal  hâlçz 
ffil  marcha  à  cloche-pied 77  équivaut  comme  sens  au  cl.  Ijàzala; 
mais  il  résulle  de  ce  que  hàzala  s'est  superposé  dans  l'esprit  des 
sujets  parlants  au  cl.  hàlaza  wil  marcha  lentement??.  Ce  n'est  pas 
du  tout  un  phénomène  phonétique  (^). 

('^  Ceci  n'est  pas  contradictoire  des  exemples  cités  plus  haut  hariu'^  > 
hiirè,  etc.  (p.  65)  car  là  il  s'ajjit  toujours  de  r-\-z  très  anciens. 

(2)   A  la  diflérencc  de  hàlaza  ffil  carda w  >>  hi'd^s  cité  plus  haut,  p.  6a. 


i 


PJIONÉTIQUK.  /|7 

Reste  zàd'^  en  face  du  cl.  dâzza  cril  fit  du  vacarmew,  lequel  est 
bien  un  exemple  de  métathèse,  mais  dont  on  n'entrevoit  pas  pour 
le  moment  l'explication  (^^. 


IV.  DENTALES. 

^  =  C>;  d=i>;  ^  =  c:>;  d=^',  1  =  ^',  d  =  {j^' 


CHANGEMENTS  SPONTANES. 


A.  6  =  e*  ET  d=i>. 

L'articulation  spéciale  et  délicate  des  spirantes  interdentales 
^  et  <^  du  sémitique  commun  explique  d'elle-même  que,  dès  une 
époque  très  ancienne,  ces  deux  phonèmes  (ainsi  que  z)  aient  été 
transformés  (ailleurs  qu'en  arabe  classique).  Les  prototypes  de  6 
et  d  ont  passé  à  s  et  2;  en  hébreu  et  en  assyrien ,  à  t  et  d  en 
araméen  (-);  Tétliiopien  a  remplacé  6  par  s  et  et  par  z. 

A  Kfâr^^abîda,  comme  dans  tout  le  Liban  et  dans  la  plupart 
des  dialectes  arabes  modernes  citadins  (Brockelmann,  p.  78),  6 
et  (tont  complètement  perdu  leur  articulation  de  spirantes  inter- 
dentales (^)  et  se  sont  généralement  confondus  comme  en  ara- 
méen avec  les  phonèmes  t  et  d.  Cette  prononciation,  bien  qu'es- 
sentiellement dialectale ,  est  très  ancienne  et  très  répandue,  tan- 
dis qu'une  autre  prononciation  ,  existant  également  à  Kfar^abîda, 
celle  qui  remplace  6  et  d  classiques  par  s  et  z  (comme  en  éthio- 
pien), est  à  demi  savante,  approximative  et  plus  moderne.  Sauf 
quelques  exceptions  en  effet,  dues  la  plupart  du  temps  à  un  essai 
de  reproduction  de  la  prononciation  classique,  à  une  affecta- 
tion de  pédantisme  ou  à  une  confusion  populaire,  6  et  <f  class., 
en  passant  dans  notre  parler,  sont  devenus  t  et  d.  Bien  que  ce 
changement  se  rencontre  dans  la  plupart  des  dialectes  arabes 

^')  A  moins  que  ceci  ne  rentre  dans  la  série  vue  plus  haut,  p.  lio.  Filière  : 
*da^'(îzu  (>  cl.  dazza)  >  dial.  *(fadi^\a)  >>  *(/  afV(V'{a)  >>  *fa(/-  >  iaâ/. 
C'est  Tavis  de  M.  Marçais  qui  pense  que  le  phénomène  s'est  produit  à  l'époque 
où  z  était  encore  dz  et  d  encore  it. 

(^^  Mais  il  ne  faut  pas  perdre  de  vue  qu'après  voyelle  t  Qi  d  étaient  rede- 
venus dans  cette  langue  B  et  d  {è\  qui  ont  été  quelquefois  reproduits  par  les 
à-peu-près  s  et  2;  dans  notre  parler  comme  les  d  et  d  de  l'arabe  classique. 

(^^  Les  Bédouins  de  Syrie  et  les  habitants  de  Bagdad  prononcent  encore 
aujourd'hui  Q  exactement  comme  en  classique. 


^l8  PREMIÈRE    PARTIE. 

modernes,  le  substratum  syriaque  a  peut-être  exerce  ici  une  in- 
fluence. 

Les  habitants  de  Kfar^^bîda,  comme  tous  les  Libanais,  enten- 
dant lors  de  la  conquête  arabe  l'articulation  de  B  et  de  d,  que 
leur  dialecte  araméen  ne  possédait  plus,  et  ne  pouvant  de  prime 
abord  la  réaliser,  auront  été  naturellement  amenés  à  les  rempla- 
cer par  t  et  d  dans  les  mots  communs  à  Tarabe  et  au  syriaque 
(;  syr.  =  0  ar.  et  d  syr.  =  f/  ar.),  et  à  changer  dans  les  vocables 
que  le  syriaque  ne  possédait  pas  ou  ne  possédait  plus,  0  et  ff  en  des 
phonèmes  qui  leur  ressemblaient  d'assez  près  et  qui  leur  étaient 
familiers,  soit  s  el  z.  D'oii  la  double  correspondance  dialectale  de 
6  et  â  class.  qui  tient  à  l'introduction  des  mots  savants  repris  au 
classique  et  contenant  un  B  ou  un  d  et  enfin  à  Tinfluence  aussi  de 
la  prononciation  spirante  de  f  el  ^  intervocaliques  dans  certains 
mots  d'origine  syiiaque. 

1.  B  cl.  >  i  dial.  :  tmânyé  ffhuit^î  <:cl.  Bamâmyatu"  (cf.  syr. 
fmânijâ);tûlt  ce  (le)  tiers  ^^  <:  cl.  BûlBii"  (cf.  syr.  lidtâ);  tàlz  ce  neige  •/•) 

<  cl.  Bàlzu''  (cf.  syr.  îalgâ);  tiim  cf  ail??  ■<  cl.  Bunm"  (cf.  syr.  tûmâ); 
tàvr  ff taureau??  (avec  emphatisation  de  t  sous  l'influence  de  r) 

<  *  tâiu'  <C  cl.  Bànru"  (cf.  syr.  taurâ);  tejql  ff  poids??  <  cl.  BiqliC'  (cf. 
syr.  teqlâ);  tràkja  ce  pléiades,  lustre  de  salon??  <:  cl.  Burâiyà  (cf. 
syr.  tûrak/ày,  tàHeh  ff  renard??  -<  cl.  BàHabu"  (cf.  syr.  ta^lâ  [cf.  ar. 
class.  Bu''â1atu"]);  etc.  Les  exemples  de  cette  évolution  sont 
extrêmement  nombreux. 

2.  d  cl.  >>  ^  dial.  :  déheb  ffor??  -<  cl.  dâhabu"^  (syr.  dahjSâ)',  dâb 

ffii  se  liquéfia??  <:cl.  dâba  (syr.  dâlS)  [\/d-w-b]  ;  dâbdh  ffil  assas- 
:>lna  ??  <:  cl.  dâbaha  (syr.  d'jSah)  ;  dîb  ff  loup ??  <<  cl.  drbu"  (syr.  dil2â)  ; 
dârm  ffil  vanna??  <cl.  dârrà  (syr.  darri);  dâkar  ^rmàlev  <::cl.  dâ- 
him"  [syr.  deyjâ)\  dàneb  ff  queue??  <<  û.dànabu"  (syr.  dimbâ)',  dajqn 
ff  menton,  barbe??  <:cl.  dâqanu"  (syr.  daqnâ)\Jahd  ffcuisse??  (avec 
emphatisation  de  ^/(<  d)  sous  l'influence  de  h)  <c  d.fàluîu"  (cf.  syr. 
jmhdâ);  dni"  ffbras^?  <  cl.  dhâSi"  (syr.  d'ra'à)'^  etc.  (Même  re- 
marque que  pour  B  >t.) 

3.  B  class.  >  s  dial.  :  h/m  ff  puisque??  <:cl.  JimBu;  ///>/sff  fourbe, 
hypocrite^?  <c:cl.  habiBu";  Mis  ff  discours,  conversation  i?  <:cl.  ha- 
dîBiC;  hàdsè  ff  événement,  accident??  <:  cl.  hâdiBatu";  hàdes  ffil 
arriva  que??  <ccl.  ImdaBa;  hdis  ff  nouveau??  <<cl.  hadWu" ;  sçlos 
ff  majuscule?? ,  cf.  cl.  BnhiBîyu";  niânnçs  ff  féminin??  <:cl.  muminoBu" 
(mais  on  dit  'enlàyê  ff  femelle??  <  cl.  'ûnBâ)'.,  bàhs  ff  examen,  recher- 
che?? <zc\.bàhBu";  dahjûs'^^'i  ff  avili,  méchant??,  cf.  cl.  d/nyaBa  ffil 

^'^  A  côté  de  daiyût. 


1 


PIIONETIOLK 


/l9 


abaissa,  il  avilihs  *'^'  (nom  do  la  /i*'  lettre  de  Talphalx^t  arabe) 
<:cl.  6a  u";  mashàt  cr solide,  prouvé ^i,  cf.  cl.  niiiObatu";  sa/qeb  crpd- 
nétrant  (esprit),  brillant  (astre)^^  <:cl.  Oàqihu" ;  ikmjn  crDeutéro- 
iiome^-)  <c  cl.  uWniyalu"  ;  \}sm  ff crime ^7  <:  cl.  'iSmu" ;  hàs^  wil 
excita,  il  encouragea ^i  <:cl.  hàOOa;  etc. 

k.  d  q\.  >z  dial.  :  rézel  ff vicieux^,  cf.  cl.  mâlu"^  (et  radilu"); 
zifji'  ff  qui  sent  mauvais,  qui  dégage  une  odeur  forte 77  •<  cl.  dàfiru" 
(cf.  syr.  zaÇ)i'â  qui  est  irrégulier) (^);  zâl  cr soi-même, celle  qui  pos- 
sède ^7  <:  cl.  dàtii";  'çzçn  rril  permit^^  <cl.  \idina;  'çzê  rril  a  nui??, 
cf.  cl.  ^ndâ  (IIP  tlième);  'éza  cfsi??  <  cl.  'idâ;  uïzhîyé  ff  attraction  r> 

<  cl.  zâdibhjaln"  (mais  on  dit  zàdçb  ?fil  tira^?  <ccl.  zddaba);  z('kè 
w perspicace??  (et  rarement  Jj^At)  ■<  cl.  dakîyii" ;  tézkra  cr passeport?? 
<c:cl.  tâdkiratu" ;  Hdzê  ^^ qui  V  (et  rarement  cbez  quelques  vieillards 
^lâdé)  -<cl.  alladï;  zu/q  dans  yéli>V^  zujq-eh  (formule  imprécatoire 
qu'on  adresse  à  un  ami),  cf.  cl.  dauqu";  etc.  .  . 

5.  d  et  d  cl.  ont  dnns  un  certain  nombre  d'exemples  une  dou- 
ble représentation  :  t  (ou  d),  s  (ou  z).  Ex.  :  talinul  et  talmîz  rr dis- 
ciple?? <:  cl.  tilmidu"  ;  emprunté  lui-même  au  syriaque  lalmlSà; 
^âdâr  et  ^âzâr  cr  mars^?  <;  cl/âdârii",  emprunté  aussi  au  syr.  'âSàr; 
màtel  et  màsel  ff  proverbe??  <:  cl.  mâôalu"  (syr.  maOlâ)  ;  hédeb  et  hheh 
ffil  mentit^?  <<  c\,  hàdaba  parallèlement  au  syr.  y^a[3;  modkiir, 
plus  rarement  que  mazkûr  r? mentionné??  <cl.  madJairu"  (cf.  syr. 
d^)(^ar  remémora  vit??)  ;  tyâb  et  syâb  tr  vêtements??  <:  cl.  9iyâbu";  dèmmé 
et  zémmê  rr conscience,  foi^?  •<: dimmahi" ;  ^dâb  et  '^zâb  cr tourment?? 

<  cl.  "^adâbti";  sâbdt  cr  constant??  et  tâbdt  (nom  propre  d'bomme  et 
de  famille)  «ccl.  6âbitu" ;  etc.  Gomme  l'indique  le  dernier 
exemple  cité,  t  et  d  sont  le  traitement  ancien  de  6  et  (^f  classi- 
ques; en  effet  cette  prononciation  se  constate  en  général  chez 
les  paysans  et  les  vieillards. 

6.  6  class.  remplace  à  Kfâr^abîda  comme  partout  au  Liban 
la  labiale  sourde/  dans  le  mot  tèm'"  rebouche??  <*^ém"',  cf.  cl. 

fàmii"';  cf. encore  cl.  Oùlama  rril  ébrécha,  il  cassa ^?  au  lieu  defàlama 
ffil  coupa  (le  nez)^?.Ce  changement,  qui  existe  dans  beaucoup  de 
dialectes  arabes  modernes  et  dans  la  langue  classique  elle-même  (^), 
s'explique  par  la  dissimilation  régressive  de  /en  6  sous  l'influence 
de  la  labiale.  Ce  qui  est  d'accord  avec  cette  explication,  c'est  que 
les  Bédouins  de  Syrie  prononcent  encore  aujourd'hui  iôm  au  lieu 
de/flwm",  et  qu'à  Macula,  village  voisin  de  Damas,  on  a  6emm 


(^^  Zfer  wsentir  mauvais??  est  aussi  connu  au  Maghreb. 
(^^  Cf.  cl.  'âdramu  orédentcw  <;  'âframu,  cf.  hcbr.  pâram  ;  à  Kfar 'abîda  on  a 
'('ifram  sous  l'influence  du  syr.  -parmûnâ  (prononcé  actuellement /aî'mfma). 

l'AIVLKr.   DE   kFAR'AnJDA.  h 


50  PREMIÈRE   PARTIE. 

(cf.  M.  Huart,  Joiun.  Asiat.,  oct.-nov.-déc.  1878,  p.  ^91).  De 
même,  dans  les  régions  de  Syrie  où  on  sait  encore  prononcer  le 
6  classique,  on  relève  quelquefois  6  au  lieu  de  f  :  fàfama  class. 
ffil  embrassa  ?7  est  devenu  Bàyama  dans  la  bouche  de  quelques 
Syriens  (cf.  Brockelmann,  p.  io3);  daijùr  dial.  ce  figues  précoces  w 
est  prononcé  daidûr  dans  quelques  villages  libanais  (mais  non  à 
Kfâr^abîda)(i\ 

Il  faut  se  garder  de  confondre  ce  fait  qui  repose  sur  la  dissi- 
milation  de/-  m  [b)  en  6  -m  [b)  (iyi^e  falama  ":>  ôalama)  avec 
un  autre  phénomène  qui  fait  que  6 -m  (b)  devient/- îw  (b)  en 
vertu  d'une  assimilation  qui  est  précisément  l'inverse  du  pre- 
mier. En  voici  quelques  exemples  :  cl.  Omm"  (^ai\v  :>fiimu^,  hebr. 
sûm,  forme  primitive  Oûmu" ;  à  Kfar  "^abida  on  dit  tûm,  évidemment 
sous  l'influence  du  syriaque  îûmâ,  qui  est  régulier  dans  cette 
langue;  liôâmii"  rc voile,  cache-nez 77  >  Ufâmii" ;  a  Kfar'^abîda  on 
a  lâtnié.  Noter  encore  Oàmina  wlà,  là-bas  ?7  :>- fàmma  en  Tunisie 
(cf.  Stumme,  Tmi.  Gramm.,  lex.)  et  en  Arabie  (cf.  Landberg,  La 
Langue  arabe  et  ses  dialectes,  p.  72  ),  cf.  hébr.  sàm,  aram.  bibl.  tâm, 
syr.  tainmân;  ce  mot  n'a  malheureusement  pas  de  correspondant 
à  Kfar  ^abîda,  où  l'on  dit  hûnik  (cf.  cl.  hunâka).  Il  en  est  de  même 
du  cl.  hiOàlatu"  ff débris  de  blé,  rebut  de  toute  espèce  de  chose^i 
>-  hiifâlatu",  si  l'on  compare  la  racine  hébraïque  A-s-/  wdebilitare, 
delatigare,  contundere,  comminuere^. 

Remarque. —  Le  mot /n-^w"  w matière  fécale,  contenu  de  la 
panse  des  ruminants i?,  qui  donne  par  assimilation  totale  à  dis- 
tance en  Arabie  et  dans  la  province  d'Oran  ^-^  6ar9,  est  à  Kfar 
^abîda/or?,  sans  doute  sous  l'influence  du  syriaque  pertâ  (cf.  hébr. 
përès  ff excrément,  fumier i^).  Le  classique  tahannaOa  cril  a  appar- 
tenu à  la  secte  des  hanîfs,  il  a  laissé  le  culte  des  idoles^?  <;  lahân- 
nafa  (syr.  'e6hanna(p  ffil  est  idolâtre^?,  hébr.  hâ?ie(Ç>  ffil  profana '?) 
a  pour  correspondant  à  Kfar 'abîda  ihànnef  [dans  le  premier  sens 
seulement)  qui  garde  le /intact. 

Il  y  a  bien  aussi  tàOratu"  et  tâfralxC'  ff  crème  de  lait  ^i,  mais  ici  la 
forme  primitive  est  la  seconde,  et  par  conséquent  /•  a  passé  à  Or 
par  assimilation  de/àr  (dentale)  ^^h  à  Kfar^ablda  on  a  la  forme 
tâfra  (\m  signifie  ff  pauvreté,  crème,  pousse  des  arbres  au  prin- 

(')  Il  s'agit  c{jalemcnt  ici  d'une  dissimilation  (en  contact,  donc  plus  exac- 
tement d'une  différenciation)  exercée  ])ar  la  voyelle  labiale  u.  Il  s'est  peut-être 
produit  en  même  temps  une  assimilation  de  la  part  de  la  dentale  d.  La  diffé- 
renciation et  l'assimilation  abaissaient  dans  lo  même  sens,  d'où  0.  Cf.  Volleus, 
Sch'jftsprache  und  Volksprache  ini  cdten  Arab. 

('^)  Cf.  Landberg,  IfadramoiïL,  p.  538,  et  Maiu;ais,  Saïda,  M.  S.  L.,  t.  XIV, 
p.  1 16,  n.  a. 

^'^  C'est  exactement  le  contraire  du  phénomène  latin  Br'::>fr,  Cf.  Brugmann, 
Abrégé dfi  gramm.  comparée,  p.  910. 


PIIONÉTIQUli.  5 1 

temps,  éruption  de  boutons 77.  Dans  les  deux  derniers  sens  tàfra 
se  rattache  plutôt  au  cl.  U'ifara  wil  bourgeonna 77  avec  emphalisa- 
tion  de  /  sous  Tinlluence  de  /•  emphatique  dialectale  (^^. 

7.  Au  lieu  de  B  classique  on  relève  la  chuintante  s  dans  un 
certain  nombre  de  mots  d'usage  courant;  il  s'agit  sans  doute  ici 
d'une  influence  exercée  par  des  mots  cananéens  équivalents  aux 
mots  arabes  en  question  (^),  cela  bien  avant  l'introduction  de  l'a- 
rabe dans  la  région.  C'est  ce  (ju'on  a  proposé  dans  une  note  des 
Mémoires  de  la  Société  de  Linguistique,  t.  XVI,  p.  287-288.  On 
ne  reprendra  ici  que  les  exemples  qui  peuvent  passer  pour  cer- 
tains. 

lâtas  ffil  souffleta,  il  frappa  avec  le  plat  de  la  main 75  et  tlâtsu 
ffilsse  sont  donné  des  soufflets 77,  cf.  cl.  làlaOa  rcil  frappa  avec  le 
plat  de  la  main  ou  avec  un  objet  plat^î  et  talâlaôa  crs'entre-cho- 
quer,  se  frapper  de  la  main^^,  hebr.  làtas  tr malleo  tutudit,  acuit^^ 
syr.  iHaè^^K  Dans  une  communication  personnelle,  M.  Marçais 
me  propose  d'expliquer  làtas  et  lâtaôa  (entre  beaucoup  d'autres 
formes,  làta'a,  Idtaha,  lâtasa,  etc.)  par  les  développements  paral- 
lèles d'une  racine  bilitère  /«/-. 

hàrkçs  cfil  agita,  il  troubla,  il  remua  (la  poussière)?),  cf.  cl. 
hcirkaOa  (même  sens),  syr.  haries  wil  remua  la  queue?-»  (en  par- 
lant d'un  chien)??^^^).  D'après  M.  Marçais,  h/irkçs  dialectal  serait 
une  contamination  de  harrasa  ffil  excita ??,  par  hârraka  ri\  re- 
mua??; 

léhes  ffil  haleta,  il  fut  essoufflé^?,  cf.  cl.  làhaQa  wil  fut  essoufflé, 
il  haleta  (en  parlant  d'une  bête  fatiguée)??,  syr.  lehtâ  ffossouffle- 

(^)  Des  faits  analogues  (/  au  lieu  de  0  et  ô  au  Heu  de  /)  se  rencontrent 
aussi,  mais  beaucoup  plus  rarement,  en  germanique  :  allemand /et/  «lime»  en 
face  de  vieux  norrois  be7,  *dinster  eijînster  d'un  plus  ancien  *J)msfra-(lal.  te- 

nebrae),  allemand  Faclcel,  vieil  anglais  pœce/e  à  côté  defaecelc  emprunté  au 
lat.  facula  tcflambeau'?.  Voir  W.  Wilmanns,  DewWie  Grammatik%  I,  Lautlehve, 
p.  106,  Anm.  2. 

(^^  Le  d  arabe  a  en  effet  comme  correspondant  régulier  un  t  en  araméen, 
mais  un  s  en  hébréo-phénicien.  On  sait  d'autre  part  que  Kfâr'abîda  est  un 
ancien  domaine  pbénicien.  Au  point  de  vue  linguistique,  il  y  a  trois  couches 
sémitiques  dans  le  pays  :  phénicien ,  araméen ,  arabe.  La  seconde  a  laissé  des 
traces  aussi  nombreuses  qu'incontestables;  la  première  ne  semble  pas  devoir 
être  négligée  non  plus. 

(')  On  s'attendrait  à  une  forme  '^ftad  avec  un  t  devenu  naturellement  6  après 
voyelle,  mais  il  ne  faut  pas  oublier  que  l'araméen  le  plus  ancien,  du  moins  en 
Phénicie-Palestine ,  avait  fait  des  emprunts  au  cananéen.  Voici  ce  qu'écrit  le 
P.  Lagrange  (Revue  biblique,  IX,  1912,  p.  268)  à  propos  de  la  nouvelle  in- 
scription de  Zindjirli  (le  passage  est  trop  caractéristique  pour  ne  pas  être  cité): 
«L'évolution  linguistique  du  pays  de  lôdi  est  désormais  assurée  :  on  est  allé 
du  cananéen  de  Kalamou  à  l'araméen  de  Bar-Rekoub ,  en  passant  par  le  cana- 
néen teinté  d'araméen  des  inscriptions  dites  de  Hadad  et  de  Panamou  (810?)." 

(^)  Même  remarque  que  pour  ruis. 


5!2  PRE3I1KRE    PARTIE. 

nient,  respiration  pénible??  et  lahheô  (me.  syr.  l-h-l)  (r\\  halela^^ 
D'après  M.Marçais,  le  mollfliçs  se  retrouve  dans  TEsL  algérien  el 
à  Tunis;  mais  ailleurs  dans  le  Maghreb  on  a  la  forme  Ihàt,  même 
dans  les  dialectes  bédouins  où  Ton  attendrait  *//?à'^.  A  Kfâr'^abîda, 
on  emploie  aussi  la  forme  Içhet  avec  substitution  ordinaire  de  / 
dialectal  à  6  classique,  lorsqu'on  veut  exprimer  l'idée  de  w res- 
pirer?? sans  aucune  nuance. 

las  ffil  est  fatigué  à  l'excès,  il  est  harassé??  et  làusé  rr fatigue 
excessive,  saleté??  (dans  sa/qa  lui'i'na  l/msê  rril  nous  a  joué  un  vi- 
lain tour??),  cf.  cl.  làÔa  fril  fut  lent  (à  faire  quelque  chose??),  et 
lûOatu"  ff faiblesse,  langueur,  saleté??,  hébr.  lus  et  syr.  lâs  (^^ 
ffdepsuit  (farinam)??. 

yànsè  crbruit  discordant,  tumulte,  rassemblement,  dispute 
bruyante??,  cf.  cl.  yàiiwaBa  wil  cria  au  secours??,  taymiwaOa  rrse 
crier  les  uns  aux  autres  :  au  secours!??,  et  ycmôii"  ffcri  de  dé- 
tresse^?, hébr.  V<.s(^^  rrse  rassembler  en  toute  hâte??. 

tdfds  ff  maladroit,  étourdi??,  cf.  hébr.  ià(pas  rfhebes,  stupidus 
fuit??.  Cf.  ifis  ff  propre  à  rien??  à  Tlemcen  d'après  un  souvenir  c!e 
M.  Marçais  ^^l 

Si  dans  tous  les  exemples  présentant  s  en  face  de  Ô  classique 
il  s'agissait  comme  dans  ceux  qui  précèdent  d'une  consonne  finale 
de  racine,  il  est  évident  qu'il  vaudrait  mieux  expliquer  s  à  côté 
de  9  par  des  élargissements  différents  d'une  base  originellement 
bilitère,  comme  M.  Marçais  le  propose  pour  làias  -  lataOa ,  main- 
tenant surtout  que  la  théorie  des  racines  bilitères  primitives 
paraît  rentrer  en  faveur,  cf.  K.  Ahrens,  Der  Stamm  des  schwachen 
Verbums  in  den  semitischen  Sprachen  (Zeitschrift  der  deiitschen  mor- 
genlàndischen  Gesellschaft,  t.  6/i  [1910],  p.  161  et  suiv.).  Mais 
il  y  a  deux  exemples  dans  lesquels  la  concordance  s/0  se  constate 
non  pas  à  la  finale  mais  à  l'initiale  de  la  racine.  Ce  sont  spivdl  (à 
côté  de  tévudl)  ffil  étourdit,  il  fit  perdre  la  tête??  et  sàwîla^^^  fffou, 
toqué??,  cf.  cl.  Qàwila  ffil  eut  le  cerveau  dérangé,  il  eut  le  vertige?? 
et  OiiuliC'  ff  folie??.  A  moins  de  partir  dans  ce  cas  d'une  racine 
bilitère  *w-/,  élevée  à  la  trilitéralité  par  la  préfixation  ici  d'un.v, 
là  d'un  0,  il  faudra  laisser  le  fait  inexpliqué.  Or,  il  est  peu  de 
personnes  qui,  pour  l'heure,  voudraient  recourir  à   un   pareil 


(')  Même  remarque  que  pour  IHas. 

(-)  '  hcbr.  représente  aussi  bien  y  que  '.  En  magliribiu,  on  trouve  un 
verbe  fâiiiviis  qui  si^rnific  ff  semer  la  discorde?'. 

(•*)  Il  s'agit  d'ébirgissements  diflcrenls  de  *Jah  dans  fahas  tfil  creusa,  il 
scruta»  (à  côté  de  Jàhal  [même  sens]),  cf.  cl.  j'ôhaBa  ffil  chercha,  il  scrulu, 

il  s'enquit  dew,  syr.  'p'^haB  \\J 'p-ij^-i) ,  même  sens.  Cf.  aussi  cl.  fôhasa  et  dial. 
j'ahar). 

''')  M.  Marçais  fait  remarquer  que  èàwila  est  à  tous  égards  une  forme  aber- 
rante et  il  y  soupçonne  un  vocable  étranger. 


pmoni'tiqiii-:.  53 

moyen.  —  D'aulro  part,  le  cas  est  exactement  le  même  pour 
HÛ'jqal  cfil  éleva,  il  poi'la  en  haut,  il  soupesa 7"),  cf.  cl.  Qàqala  cril 
soupesa,  il  fut  lourd,  pesant^?,  liébr.  siuial,  syr.  tqal.  La  forme 
classique  saqala,  qui  existe  aussi,  ne  signifie  que  ffil  pesa  de  la 
monnaie'^  et  paraît  elle-même  empruntée  au  cananéen  (^),  tandis 
que  ,s7/(/r?/ dialectal  a  aussi  le  sens  de  Oàqala  classiquecf  être  lourd, 
soupeser 77.  Le  mot  .s7/<yrJ  existe,  il  est  vrai,  d'après  une  commu- 
nication personnelle  de  M.  Marçais,  dans  toute  la  Syrie,  l'Iraq  et 
le  Nedjd.  Pour  l'Iraq,  la  chose  est  d'autant  moins  étonnante 
qu'en  assyro-habylonien  la  racine  était  régulièrement  aussi  s-q-l. 
Quant  aux  autres  régions,  la  chose  s'explique  d'elle-même  par 
un  emprunt,  puisqu'il  s'agit  d'un  terme  commercial  et  par  con- 
séquent ff voyageur^?;  cf.  par  exemple  crumpa  tf achètent  (du  latin 
comparare),  qui  r envahit  tout  le  Midi  de  la  France 77  (Grammont, 
La  niêtalhèse  dans  le  parler  de  Bagnères~de-Luchon ,  M.  S.  L.,  t.  XIII 
[190/1], p.  85).  Dans  ces  conditions  il  serait  peut-être  imprudent 
de  risquer  l'hypothèse  d'une  racine  bilitère  primitive  *qal,  de- 
venue ici  s-q-l,  là  ô-q-l,  étant  donné  surtout  que  l'arahe  clas- 
sique possède  les  deux  formes. 

On  admettra  donc  que,  dans  quelques-uns  au  moins  des  cas 
tels  que  lâtas-lata9a ,  il  s'agit  de  survivances  d'une  langue  plus 
ancienne  encore  que  l'araméen.  Le  principe  de  la  constance  des 
lois  phonétiques  sera  sauvegardé  par  là  même. 


B.  ^=cy. 

Le  t  représente  f  et  (la  plupart  du  temps,  comme  on  vient  de  le 
voir,  l'interdentale  6)  du  classique.  Il  s'articule  d'une  façon  iden- 
tique à  t  français  et  ne  subit  aucune  altération  spontanée  (^),  pas 
plus  dans  les  mots  d'origine  classique  que  dans  ceux  de  prove- 
nance syriaque.  Ex.  :  tî?i  w figues  w  <cl.  tïnu";  sàtçl  ffil  planta 77 

<:syr.  s'6al  [s/s'-t-l)^  cf.  hébr.  sâ9al  tfplantavitn;  etc. 


G.    cf=:>. 

d,  correspondant  sonore  de  t,  continue  d  (:>)  et  souvent,  ainsi 
qu'on  l'a  vu,  l'interdentale  d  {^)  classique.  Il  s'articule  dans  la 

^')  De  même  en  syriaque  on  a  également  s^qal  a  côté  de  fqal  (même  sens) 
(aram.  bibl.  l^qal). 

('■'^  A  la  difl'érence  de  quelques  dialectes  maoliribins  dans  lesquels  t  a  passé 
à  l'affriquée  l  (ts),  cf.  Marçais,  Tlemccn,  pp.  i3-i/i^  Coiien,  p.  21.  —  Aussi 
à  Hébron  (Palestine),  d'après  Bauer. 


5^  PREMIÈRE    PARTIE. 

même  région  que  t  et,  comme  lui,  ne  subit  aucune  altération 
non  conditionnée.  On  le  rencontre  en  toute  occurrence  aussi  bien 
dans  les  mots  d'origine  classique  que  dans  ceux  qui  sont  em- 
pruntés au  syriaque.  Ex.  :  dàhalrril  est  entré i^  ■<.  c\.  dahala ;  dallîl 
ffrare  (  parsemé )ii  ^syr.  dalltlâ;  etc. 

d  provenant  de  (t  disparaît  à  l'impératif  singulier  féminin  du 
\erhe 'àhaâa  ffil  a  prisât»  :  hâi  au  lieu  de  *hndi  <c  ç\.  htïâï;  d:  est 
tombé  ici  avant  d'avoir  été  affermi  en  d  dans  notre  parler  (*hâ-J, 
d'où  hâi  (^)),  et  à  Tlemcen  et  Tunis  hû  ce prends^^  (Marçais).  Comme 
les  formules  très  usitées,  ce  tenue  est  en  dehors  de  la  phonétique 
régulière,  cf.  par  exemple  frç.  M'simi  pour  Monsieur.  De  même 
les  cl.  alladï  crqui^^  et  hâdà  w celui-ci,  cev  ont  perdu  à  Kfâr\abîda 
leur  d  et  sont  devenus  'elle  (ou  'él-)  et  ha-  ^^K 


D.  ?  =  lô. 

La  sourde  /,  correspondant  emphatique  de  t,  continue  le  clas- 
sique /  (b)  et  subsiste  sans  changement  dans  notre  parler.  C'est 
une  consonne  très  forte,  et  pour  ce  motif  elle  remplace  quelque- 
fois dans  certaines  positions  d'autres  dentales  ^^\  mais  l'inverse 
n'a  pas  lieu. 

Pourtant  elle  passe  à  t  dans  les  mots  suivants  :  tâ'/qa  rr petite 
fenêtre  ronde,  lucarne ^  •<  cl.  tâqatu"  (pers.);  ta/q  cfle  tour^? 
(dans  hamsîn  tâ'lq  rr cinquante  tours,  mouvements  circulaires ^î) 
<  cl.  tàqu"  (pers.)  ff arcade,  arche ^?('^);  târajq  (à  côté  de  tara' /q) 
ffil  frappa '7  <:cl.  tàraqa;  tàrrah  ffil  a  cédé,  il  est  revenu  sur  ses 
pas  (en  labourant)??,  cf.  cl.  tàrraha.  Dans  tous  ces  exemples,  il 
s'agit  probablement  d'une  dissimilation  :  l'emphatique  subsé- 
quente dissimile  l'emphatique  qui  précède. 

A  part  l'exemple  tajqa,  t  apparaît  régulièrement  à  la  place  de 
la  dentale  simple  t  dans  les  mots  empruntés  aux  langues  étran- 
gères. Ex.  :  tâulé  ff table??,  cf.  ital.  tavola;  tromba  cr pompe  à  in- 
cendie ou  pour  puiser  l'eau ^?,  cf.  ital.  tromba;  bouffa  riposte,  cour- 
rier??, cf.  ital.  posta;  bantalon,  cf.  frç.  pantalon;  data,  cf.  frç.  dot; 
yqebtân  (turc),  cf.  frç.  capitaine  ;  ton" ,  cf.  frç.  tonne;  bônt,  cf.  frç. 
pont;  etc.  Cette  substitution  phonétique  était  connue  et  pratiquée 
dans  l'arabe  classique  :  cf.  cl.  qîràtu"  rie  poids  d'une  graine  de 


(')  La  voyelle  longue  s'explique  par  l'analogie,  cf.  t'ai  rrviens'?;  voir  p.  68. 

(^)  Cf.  'élli  za  ff  celui  qui  est  venu  5?  au  lieu  du  cl.  alladï  iaa;  halktàb  te  ce 
livre 55,  cl.  hàcta-l-kitàbu. 

^^i  Notre  parler  tend  en  effet  à  afibrmir  les  dentales  ou  à  les  maintenir 
occlusives  :  t,  6  :>>  l ;  d,  d^>'  d;  d ,  z"^  fj. 

('')  Ce  mot  subit  le  même  traitement  chez  les  Juifs  d'Alger;  cf.  Cohen, 
p.  9/1. 


PnONKTIQUR.  55 


caroubier ■)7,  jjrcc  xepctTiov;  hatriyarku"  r  patriarche  w ,  cf. grec  iraTpi- 
oipyji? ;  tjlasmu''  ce  talisman ^^ ,  cf.  grec  (Ts)Tè,Xea-(xévov ;  etc. 


E.  d 


LT' 


Comme  z,  Tocclusive  emphatique  (/  n*a  déjà  plus  en  classique 
son  ancienne  prononciation  de  spirante  interdentale  emphati(|ue 
(([u'on  trouve  encore  conservée  dans  quelques  dialectes  bédouins). 
Toutes  les  langues  sémitiques,  sauf  l'arabe  et  l'éthiopien,  ont 
déjà  remplacé  ce  phonème  difficile  à  réaliser  par  d'autres  pho- 
nèmes :  l'hébreu  et  l'assyrien  par  s,  et  l'araméen  par  '  :  arabe 
'(irdu'\  hébr.  'c'm,  aram.  V(r*^-rt  cr terrer,  etc. 

A  Kfàr'abîda,  ainsi  que  dans  tout  le  Liban,  sauf  dans  le  dis- 
trict de  Ghouf  (cf.  p.  87),  d  s'est  toujours  maintenu  avec  sa 
prononciation  classique.  La  conservation  paraît  étonnante  dans 
un  pays  oii  la  langue  syriaque,  qui  ne  possédait  plus  depuis 
longtemps  (/,  a  exercé  une  grande  influence  pour  avoir  été 
pendant  plusieurs  siècles  la  seule  langue  nationale.  On  s'atten- 
drait en  effet  à  ce  que  d  de  l'arabe  classique  fût  remplacé  au 
Liban  par  /  qui  était  familier  aux  populations  parlant  syriaque. 
Mais  cette  conservation  s'explique  sans  doute  par  la  grande  im- 
portance qu'attachent  les  Arabes  à  l'articulation  caractéristique 
du  pbonème  dM\  par  le  fait  que  d  était  sans  doute  spirant  [d) 
comme  il  l'est  encore  chez  les  Bédouins,  ce  qui  explique  qu'il 
ait  le  même  sort  que  z  (voir  plus  haut) ,  et  en  partie  aussi  par 
l'influence  de  la  langue  classique,  dont  l'étude  a  été  fort  poussée 
dans  les  régions  libanaises  du  littoral.  Les  Libanais,  pour  ne  pas 
rester  inférieurs  à  leurs  vainqueurs  et  pour  être  mieux  compris 
d'eux,  ont  dû  s'efforcer  dès  le  début  de  prononcer  correcte- 
ment le  phonème  d  qu'ils  ne  connaissaient  pas;  devenus  avec 
le  temps  plus  familiers  avec  la  langue  arabe,  ils  sont  arrivés  à 
articuler  d  sans  aucune  difficulté.  Au  contraire,  dans  quelques 
villages  du  nord  du  Liban  où  l'arabe  classique  est  encore  peu 
étudié  et  où  par  contre  l'influence  du  syriaque  est  encore 
considérable,  d  classique  est  généralement  prononcé  comme 
la  dentale  d;  quelquefois,  en  revanche,  par  réaction  et  fausse 
restauration,  on  prononce  bien  le  d  là  où  il  doit  l'être,  mais  il 
arrive  qu'on  le  substitue  à  un  ^  classique.  Ainsi  personnelle- 
ment j'ai  entendu  plus  d'une  fois  prononcer  à  Ehden  et  à  Has- 
roun  :   hàido   woeuf^?  <:  cl.   bâidatu";   qâdo   f^juge^?    <   cl.  qâdi''; 


^')  L'articulation  de  d  paraît  en  effet  tellement  spécifique  de  l'arabe  que , 
pour  les  écrivains  contemporains  et  anciens,  savoir  prononcer  le  dâd  est  un 
certilicat  de  nationalité  arabe. 


56  PRI'MIÈRE    PARTIR. 

mais  hôddo  ffje  veux^^  au  lieu  de  hùildr;  mâdo  ffil  est  passée  de 
cl.  madâ,  etc. 

(/  continue  dans  notre  parler  le  d  classique  et  il  a  souvent  pris 
la  place  de  2^^^,  ainsi  qu'il  a  été  dit  plus  haut  (cf.  p.  87);  il  re- 
présente aussi  la  plupart  du  temps  la  dentale  simple  d  dans  les 
mots  d'emprunt  ^-^.  Ex.  :  (lïinûnâda)  laimîinâda ,  cf.  frç.  limonade  ou 
ilal.  limonata;  mûda,  cf.  fiç.  mode;  màdâma,  cf.  frç.  madame;  londrâlu 
ff  contrat??  <^^Jmndrâfu  (par  assim.)  ^^\  de  Tital.  contralto;  etc. 

(/passe  à  <l  dans  les  exemples  suivants  w/f/i^/?  ffil  ritw  <:  cl. 
dâJiika;  déyn  whaine??  <  cl.  diynu'^;  ràkad  ffil  courut??  -<  cl.  râkada. 
Il  s'agit,  dans  les  deux  premiers  exemples,  d'une  dissimilation 
d'emphatique  par  une  autre;  h  et  y  doivent  être  en  effet  consi- 
dérés souvent  comme  des  emphatiques.  Ils  l'étaient  en  tout  cas 
à  l'origine.  Quant  à  râkad,  il  pre'sente  le  cas  déjà  signalé  d'assi- 
milation suivie  de  dissimilation  :  râkada  >  ^rakadaz^-  ràkad.  Pour 
le  passage  de  d  à  d  dans  dàfd^i  ff grenouille??  <:  cl.  dafda''atîi" 
{]^\.  d/âde"" -< cL  dafâdihi),  il  s'explique  sans  doute  par  une  action 
assimilalrice. 


CHANGEMENTS  COMBINATOÏRES. 


1°  Assimilation. 

a.  Assimilation  partielle  en  contact  ou  à  dislance.  —  1 .  La  dentale  t, 
provenant  de  /  ou  de  ^  classiques,  s'assimile  en  /  emphatique  dans 
le  voisinage  d'une  emphatique  :  —  a)  régressivement  à  distance  : 
tâfia  tf bourgeon,  éruption  de  boutons??  <<  cl.  tâfratu'' ^'^^ -,  tâur^^^ 
ff  taureau??  ^c*tàfir  <:  cl.  Qàuru"  ;  toymé  ff  hiérarchie,  cbœur  des 
anges??  <csyr.  teymâ,  gr.Ta/j^ta;  icir  ff  revanche,  vengeance??  <z*lâr 
<cl.  9a  ru'*;  tâhûr  ff  groupe  d'hommes,  division  militaire??  <  néo- 
cl.  tàbîiru"  ^^^  :  tnâs  ff  douze??  <:^tnàs  <<  cl.  iOnâ'^àsara  ;  tlatâs  ff  treize?? 

(')  La  confusion  de  z  et  de  d  doit  être  très  ancienne,  puisque  déjà  au 
xii"  siècle  Al-Hariri  en  parlait  dans  sa  Séance  àG  (Séance  d'Alep),  en  donnant 
tous  les  mots  arabes  qu'on  doit  prononcer  avec  z  et  non  avec  (/. 

(^)  Ceci  résulte  d'un  phénomène  psychologique  inconscient  en  vertu  duquel 
d  arabe  est  censé  être  à  d  étranger  ce  que  t.  arabe  est  à  t  étranger  et  q  arabe 
à  /.;  étranger  (lat.  c). 

(^^  On  attendrait  *'lqondrcttu.  11  y  a  sans  doute  ici  encore  dissimilation  d'une 
emphatique  par  l'autre.  Voir  plus  haut,  p.  5^i. 

W  Cf.  p.  5o-5i. 

'^^  Tout  se  passe  donc  comme  si  le  mot  dialectal  idur  avait  été  emprunté 
ou  grec  ravpo?  (iat.  taurus) ,  ce  qui  n'est  pas. 

^'^^  Toutefois  iâbûr  provient  du  turc  tàbâr  cftroupe  de  soldats,  bataillon 
(composé  de  raille  hommes))?.  Kxisle  au  Maroc  depuis  le  milieu  du  xix*  siècle 
(Marrais). 


l'IIONKTIOl  i:.  57 

<:  *lIal(U  <<  cl.  Salàt(i{la)  Wrnra  ^^^  (ot  ainsi  de  suite  jusqu'à  dix- 
nouf  inclusivement);  Uirtàr  cr espèce  de  saucer  <  turc  tamlùr 
(où  Tassiiuilation  est  tolale)  fc espèce  de  salade  composée  de 
lait  caillé,  d'ail,  d'herbages  frais,  de  noisettes  pilées,  etc. tî.  — • 
b)  progressivement  à  distance  :  '/qàjht  «\\  se   contracta,  il  prit 

un  air  sévère,  il  boudai  <:  *'/qàJat  <  syr.  q"(paS  (\/<7-Jo-^0 ^^' » 
cf.  cl.  qahmla  et  vulg.  qahal  cr tressaillir  de  joie  ou  de  peurw; 
'/qâsta  r crème  de  laitw  <  '^'jqàsta  <  cl.  qûsdatu"  (avec  assimi- 
lation de  d  en  t,  qui  à  son  tour  s'assimile  en  /  sous  Tinlluence 
de  7-'^');  'ahtbût  w  polype i?  <  turc  'âhlâpodi,  cf.  ^r.  okioœo- 
St(ov)  :  ici  il  y  a  eu  d'abord  assimilation  du  premier  t  qui  se 
trouvait  en  contact  immédiat  avec  h  et  ensuite  assimilation  to- 
taie  du  /  (d)  final  en  /  sous  Tinlluence  du  premier  t;  \ihlat  cf  im- 
berbe i?  -<  cl.  \iJilalu,  croisement  avec  ^indat  (même  sens)  <: 
cl.  \iinlatu  (cf.  l'expression  dialectale  'dhlat  'âinlat  crtout  à  fait 
imberbe»). 

t  s'assimile  assez  souvent  en  ^/dans  le  voisinage  immédiat  d'une 
sonore  :  —  a)  régressivement  soit  en  contact  soit  à  distance  :  Jodr 
w espace  compris  entre  l'extrémité  du  pouce  et  celle  de  l'index, 
palme»  -<.  cl.  fitru"  ;  inâ^/dzar  ff  négoce»  <<  ci.  màtzani" ;  dery allé 
ff  tourterelle ,  ramier»  <:  tiryallatu".  Ce  dernier  mot,  qui  n'est  pas 
classique  et  qui  est  donné  par  quelques  lexicographes  comme  un 
emprunt,  doit  être  une  déformation  du  mot  syriaque  tarnâylâ 
wcoq,  huppe»,  avec  meta  thèse  de  tarnâylâ  en  *taryânlâ  et  assi- 
milation de  -7Û~  en  -//-,  d'oii  tiryallatu",  et  enfin,  par  as- 
similation de  sonorité,  deryâllê.  —  b)  progressivement  soit  en 
contact  soit  à  distance  :  bord^jqân  w orange»  <:  buriuqànu'',  cf. 
turc  portiiqal;  hàdçd  (nom  de  deux  gros  villages  libanais)  par 
assimilation  totale  <:  ^hàdet  ■<  cl.  hâdaÔti"  w nouveau»  (cf.  Car- 
thage  =  Villeneuve,  Castelnau,  etc.),  cf.  syr.  hadeô  (plurium  ur- 
bium  nomen). 

2.  f/ représentant  surtout  (f  classique '^*\  s'assimile  en  (/em- 
phatique dans  le  voisinage  médiat  ou  immédiat  d'une  empha- 

(^)  L'empljatisation  de  t  en  t  dans  les  noms  de  nombre  composés  s'explique 
par  le  voisinage  de  '  qui,  avant  de  tomber  par  dissimilation  (cf.  p.  21) ,  a  em- 
pila tisé  le  t  précédent. 

^-^  A  moins  qu'on  ne  fasse  venir  directement  'jqiffat  du  syr.  q^<pat  malgré  la 
nuance  diflerente  du  sens  crii  tressaillit  de  peur  (ou  de  joie)". 

(')  Cf.  l'algérien  hàfet  wpapier»  -^cl.  kàjidu"  dans  lequel  (/  a  passé  à  t  qui 
à  son  tour  a  été  empliatisé  en  t  sous  l'influence  de  y. 

'•■''^  Etant  donné  que  (t  était  le  correspondant  emphatique  ded,  on  s'explique 
sans  dilïicallé  que  (/  se  rencontre  dans  quelques  mots  à  la  place  de  d  dans  notre 
parler,  tandis  que  c'est  le  contraire  qui  se  produit  en  Arabie  méridionale,  où  d 
classique  perd  souvent  son  emphatisation  et  se  prononce  comme  d  (cf.  Lano- 
8î;ro,  DaOinah,  p.  1898). 


58  PREMIÈRE    PARTIE. 

tique,  d'un  r  ou  des  arrière-velaires  7  et  h  ^^^  :  —  a)  régressivemenl 
soit  en  contact  soit  à  distance:  \'uJra  «vierge,  la  Sainte  Vierge t? 
<;  cl.  ""aârau;  nôdr  wvœu^^  <<cl.  ntdru";  dohn  w  mémoire  17  <;cl. 
ctihnu"  (ici  l'assimilation  est  due  sans  doute  à  la  tendance  géné- 
rale à  remplacer  <f  par  d).  Quant  à  dàm""  tf  il  est  resté,  il  n'a  pas 
cessée,  il  s'explique  par  une  contamination  avec  le  dialectal  dâl- 
(même  sens),  cf.  cl.  zàlla;  il  ne  provient  donc  pas  directement 
du  cl.  dama.  —  h)  progressivement  en  contact  :  hardûn  ff  lézard  w 
cf.  cl.  hirdàunu",  cf.  syr.  hardânâ;  'jqaflqdàn  ff écureuils?  ■<  qar- 
qadûmi" ;  horda  ff ferraille,  menue  marchandise ^^  <  turc  hurde; 
fâhd  fc cuisse  17  <:  cl.  JàJutu";  —  à  distance  :  hécldr  «il  est  en- 
gourdi ??  (en  parlant  du  corps)  <:  cl.  hâdira;  '/qonfod  «hérisson^-» 

<  cl.   qûnfudu'' ;  "dada  ff  contrefort  (d'un  édifice )?î   avec  assimi- 
lation totale,   cf.   cl.  ""àdada  ffil   a  fortifié  77;  (féd'^  ff  adversaire  i? 

<  cl.  diddu". 

d  s'assimile  quelquefois  en  t  dans  le  voisinage  médiat  d'une 
sourde.  Ex.  :  safat  ffil  a  pardonné,  il  a  abandonné  son  droit» 
<:syr.  s'(paS,  \/s-p-d  ffil  a  jeté,  il  a  laissé??  (ici  l'empbatisation 
de  s  initial  s'explique  par  une  contamination  avec  le  cl.  sâfaha 
même  sens);  saffilt  fc planchette,  broche  en  fer  pour  les  métiers  à 
tissen?  <:  cl.  sajfûdiC^. 

Quant  à  hàt  ffil  a  grondé,  il  a  menacé??,  il  provient  probable- 
ment, non  pas  du  cl.  hàdda,  usité  seulement  dans  ce  sens  au 
thème  hàddada,  mais  plutôt  du  cl.  hâthata  ffil  a  grondé  un  cha- 
meau?? (en  lui  disant  A«?  te,  mots  dont  on  se  sert  pour  faire 
venir  les  chameaux  à  l'abreuvoir). 

/S.  Assimilation  totale  en  contact. —  1.  t  s'assimile  entièrement 
en  /  à  un  autre  t  subséquent  ou  précédent,  en  d  et  en  ff  h  un 
autre  d  ou  d  subséquents  seulement.  Ex.:  'tîr  fftu  voles??  <  cl. 
tatîru;  rhâttu  cf  je  l'ai  attaché??  <:  cl.  rahàmhu;  ^dâhraz  ffil  a  dégrin- 
golé?? -<  cl.  tadâhraza;  wod^  ff  piquet,  pieu??  -<  cl.  wàtadii"  dojà 
dans  le  dialecte  du  ^edjd  à  l'époque  ancienne  {Sihâh);  tWdyùra 
ff  trois  couvenis??  <<  cl.  6alâ6at{u)  diiytirati^;  ''arbôd  ddwûd  (à  Kfar 
^abîda,  nom  d'un  terrain  tourné  vers  l'occident)  <c  syr.  "arh'Oà 
ff  région  occidentale?? -|- ^/âw;ï<5' ff  David  ??  ;  ''(fârbu  ffils  se  sont  frap- 
pés?? <:cl.  tadàrabû;  etc. 

2.  d  s'assimile  entièrement  à  un  t  qui  le  suit  immédiate- 
ment. Ex.:  uzél^  ffj'ai  trouvé??  <<cl.  wazàdtu;  mit  tain  ffdeux  medji- 
dié??  au  lieu  de  rn{a)zuliyam  ff  monnaie  d'argent  turque??  (d'une 


(')  Celle  influence  d'emphatisalion  indique  que  les  arrière-vél aires  y  et  h 
élaient  sans  doute  à  l'origine  des  emphaliques  (et  de  même  h  et  ').  Cf.  plus 
haut,  p.  50. 


PHONÉTIQUE.  59 

valeur  d'environ  A  fr.  Go)^^);  zçttê  rcma  grand'mèrew  <;cl.  zàd- 
(lalï;  si'Uek  ce  ta  |;rand'nière^  ,  avec  chute  après  réduction  du  (groupe 
-ait/  ■<  cl.  sahjlddtula. 

il  s'assimile  aussi  à  n  dans  *^çnna  wcliez  nous  =  nous  avons t» 
<c:*^énihia  <:cl.  ""indanâ,  avec  assimilation  de  d  et  fusion  avec  les 
deux  autres  n;  c'est  donc  le  second  n  de  *''éndna  qui,  par  la  pro- 
duction du  complexe  -7idn-,  a  amené  la  réduction  à  rm,  car  dans 
toute  la  série  des  concours  de  dentales  et  nasales-dentales  "éndn 
ffj'ai^i,  V'mM  fcchez  toi  =  tu  asi^,etc. ,  d  ne  tombe  pas.  (Explica- 
tion suggérée  par  M.  W.  Marçais  qui  rappelle  aussi  spânâ=  cepen- 
dant en  parisien  de  la  conversation.) 

d  enfin  est  assimilé  à  la  sourde  s  dans  ma^âs'  cmI  n'a  pas  cessé ^5 
<cl.  mâ-\-''âda-\-s,  avec  assimilation  ded  après  assourdissement 
(également  tunisien  d'après  M.  Marçais). 

3.  Le  groupe  dt  {zt)  s'assimile  en  //  (assimilation  réciproque). 
Ex.  lidiâp  crje  me  suis  levé  ^5  <  cl.  nahâdtu;yqàuttê  ^r  mai  chambre v 
au  lieu  de  *'/qâudtè ,  cf.  turc  oda;  hfàttu  wje  l'ai  appris  par  cœurw 
<c*hfàdtu  <  cl.  Jjafiztnhu;  '/qbàtta  ffje  l'ai  touchée  w  (en  parlant 
d'une  somme  d'argent)  <:  cl.  qabàdtuhà  ^^). 

2"  Dissimilation. 

1.  La  sourde  t  se  dissimile  en  d  dans  le  voisinage  soit  médiat 
soit  immédiat  d'une  sourde  subséquente  ou  précédente.  Ex.:  déJdé 
ff  lacet  qu'on  passe  dans  les  coulisses  du  pantalon  pour  le  serrer 77 
<  cl.  tikkatii";  mdàh^  ff  passe-lacet  ^^  <  cL  miiàhhvJ'  ;  Josdojq  ff  pis- 
tache w  ^^fustuqu",  cf.  grec  "SfKjldxtj;  ndàkes  ff  il  rechuta  77  <:  cl.  intà- 
kasa  (les  sujets  parlants  ont  cru  dans  la  suite  que  d  faisait  partie 
de  la  racine,  ce  qu'ils  ont  mis  en  évidence  dans  les  formes  dérivées 
comme  dàkse'  ff  rechute  1?  et  madkûs  ff  qui  a  rechuté  77  au  lieu  de  n/ik- 
satu^el  manhhu" ;  Terreur  vient  de  ce  qu'on  a  cru  voir  dans  ndàles 
<:cl.  intâkasa  le  VIP  thème,  alors  qu'on  a  en  réalité  le  VI1I%  la 
racine  étant  nàkasa  et  non  *tahasa). 

(^)  Les  sujets  parlants  imaginent  à  la  finale  de  mazidïyyJ^  et  des  mots  sem- 
blables la  présence  latente  d'un  t  qu'ils  font  apparaître  au  duel  et  à  l'état 
construit.  Ce  phénomène,  assez  fréquent,  s'expli([ue  par  le  fait  que  dans  notre 
parler  faboulissant  dialectal  de  -i  final  et  de  -a«w"  est  également  -è.  Gf  hûrsé 
ffchaise»  au  lieu  du  cl.  hursiyuP'  qui  devient  avec  un  pronom  afïixe  kurstçk  cria 
chaise?)  ;  etc.  (cf  plus  bas  :  Annexion  des  suffixes). 

(^)  L'assimilation  des  deux  dentales  contiguës  est  connue  de  tous  les  dia- 
lectes arabes  modernes  (cf.  Marçais,  Saïda^  M.  S.  L.,  t.  XIV,  p.  11/1:  Tlemcen, 
p.  2  4)  et  aussi  de  toutes  les  langues  sémitiques,  où  généralement  c'est  la 
deuxième  qui  s'assimile  à  la  première.  Cf.  cl.  iltàrada  pour  *ittarada  ffelle 
suivit  son  cours??  (en  parlant  d'une  affaire)  du  verbe  tarada;  iâdakara  ffil  s'est 
souvenu»  pour  *idtakara,  du  verbe  dakara.  Cf.  Vollers,  Schriftsprache  und 
Volkssprache  im  alten  Arab. 


60  PREMIÈRE    PARTIE. 

Quant  à  dàfar  ce  fossette  au  milieu  de  la  lèvre  supe'vieure  qu'on 
enlève  à  Tânon^^,  il  pourrait  représenter  le  cl.  tûfratu"  (même 
sens)  avec  dissimilation  de  t  en  d,  (Jui  à  son  tour  se  serait  em- 
pbatisé  en  d  sous  Tintluence  de  r.  De  même  tûh  wmal,  dommage, 
perte,  défauts  et  le  dénominatif  tàuwdh  wil  a  fait  mal,  il  a  rendu 
malade  w  pourraient  provenir  du  cl.  dàhi  [\/d-w-k)  ffil  est  ma- 
lade w,  mais  plus  probablement  encore  du  syr.  tuMâ  te  dommage, 
défaut,  pertes?. 

Il  faut  citer  aussi  tsârîn  (plur.  de  tesrîn)  w automne,  octobre-no- 
vembre w  (cf.  syr.  tïsr'in)^  qui  à  Kfar*^abîda  est  prononcé  par  quelques 
personnes  dsàrîn. 

Le  groupe  tt  se  dissimile  quelquefois  en  nt^^\  h.  Ex.  :  ntàka  wil 
s'est  appuyé  w  -<  cl.  ittâhaa  <c*iuiakaa,Nl[l^  tbème  de  wâkaa; 
monthé  crs^appuyant^î  ^ccl.  mûttalniC  -<.*m\intahiiC' ;  ntâkel  cril  s'est 
confié  àw  ■<  cl.  ittàhala  <^*iutakala ,  VHP  tbème  de  wàkala;  llàfo'lq 
ff  il  s'est  mis  d'accord  aveci^  -<  cl.  iltâfaqa  <^*iutafaqa,  VHP  tbème 
de  wàfaqa  [iuajaqa  devrait  aboutir  ai*ntâfd'/q,  il  y  a  eu  une  seconde 
différenciation  de  nt  en  U^^'>). 

^.  d  se  dissimile  en  ti^^  dans  le  voisinage  d'une  sonore  dans 
tezJchn  w rênes,  bride '•)  <:  turc  dizkïn;  hailenlân  ff  aubergine 77  <:  turc 
padindzàn  (ou  patildzàn) ,  ce  dernier  exemple  s'explique  plutôt 
par  une  e'tymologie  populaire;  on  a  cru  y  voir  deux  mots  diffé- 
rents :  bait-i-enzân. 

d  se  dissimile  en  wdans  bandé  ff  éclat  de  pierre??  <cl.  hûddatu'' 
ff  portion  d'une  cbose??;  il  tombe  par  dissimilation  dans  le  mot 
zazê  ff  poule  sauvage??  plus  exactement  ffcanepetière??  qui  repré- 
sente le  cl.  dazazatu".  La  cliute  de  d  s'explique  ici,  comme  il  a  été 
dit  plus  baut  (p.  ko),  par  le  fait  que  la  prononciation  dialectale 
du  cl.  dazàzatiC'  (devenu  dans  le  parler  dzazè)  aboutissait  au 
groupe  d-{-z,  que  notre  parler  ne  connaît  plus'^). 

d  disparaît  aussi  par  dissimilation  (ou  plutôt  par  tendance  à 
Tisosyllabisme)  à  la  finale  de  tmàdda  tfil  s'est  étendu  par  terre?? 

(')  On  a  déjà  cité  pour  des  faits  analogues,  p.  /i5;  cf.  Zimmern,  Verglei- 
chende  Grammatik,  p.  3A-35. 

(-'  Cf.  cl.  itlazaa  ffil  s'est  couché  sur  le  côtén  <c*idtaia'a,  VHP  thème  de 
flâza'a  qui,  d'après  Al-Mâzinï,  devient  chez  quelques  tribus  arabes  iltai'a  (cf. 
'A(irabii-l-mawàrid). 

^')  Cf.  R.  DuvAL,  MaHûla  {Journ.  asiat.,  mai-juin  1879)  :  blàta  «pays»  au 
lieu  de  biladu",  ci  warta  frrosew  au  lieu  de  ivardu". 

('')  C'est  de  la  môme  façon  que  doit  s'expliquer  nia  a  cril  s'est  renversé  en 
arrière,  il  s'est  couché  sur  le  côté?)  <  cl.  indaiaa.  Après  la  chute  du  premier  o, 
on  avait  un  {jroupe  di  qui  tendait  à  s'éhminer,  cf.  p.  ^10,  note  A.  A  Alep,  où  ^ 
est  encore  prononcé  dz,  on  a  dzadié,  au  lieu  de  ^''diâdzè,  avec  chute  de  ''  initial 
tant  par  dissimilation  qu'à  cause  de  la  faiblesse  de  ''  initial  dans  le  p^roupc 
dz. 


PIIOiNKTIQLK.  Gl 

<:  cl.  lamâdilada  (dans  le  proverbe  :  Cànki  wolimsm  uïàu  fashtârn 
lymlda  wolm/idda  uldn  d'/(jf/ql((rn  ffdîne  le  soir  et  marche  ne  fût-ce 
que  deux  pas,  inan||e  à  midi  etélends-toi  ne  fût-ce  que  deux  mi- 
nutes^? )(^l  C'est  sans  dou(e  par  analogie  avec  lyâdda  que  tamâd- 
dada  est  devenu  ici  linâdda,  d'a[)rès  (massa  ressemblant  à  l'dsm. 
Dans  le  langap,e  ordinaire,  on  prononce  toujours  en  efl'et  tnu'ul- 
dçdi'^l 

^^  semble  se  dissimiler  en  y  dans  dâyçd  rr  ils'esl  opposé  à ^7,  cf.  cl. 
dâdda,  \W  thème  de  dddda  (tcrtiac  geminatae);  mais  en  réalité  il 
s'agit  d'un  changement  morpliologique  d'après  le  modèle  </m/rt/rt  ^-^^ 
(^(Uujada  d'od  dàijed ,  ce  qui  est  en  somme  l'équivalent  de  Vaf</«Jrt=^ 
^dayyada.  La  syllabe  longue  de  position  a  été  remplacée  par  une 
longue  de  nature  avec  simplification  de  la  géminée). 

3.  (/  semble  se  dissimiler  en  t  dans  :nàhal  fc pouls??,  cf.  cl.  nâ- 
badu";  ina/qrat  ff ciseaux??,  cf.  ci.  miqràdii",  et  nàtar  wil  a  attend u^?, 
cf.  cl.  nàzara  (employé  surtout  an  tlième  intàzam).  Mais  en  réalité 
nous  avons  dans  les  deux  premiers  cas  un  phénomène  d'étymo- 
logie  populaire:  nàbadu"  a  été  transformé  en  nàhat  elniiqràdu"  en 
majqrat,  parce  qu'ils  ont  été  rapportés  aux  racines  îiâbafa  rril  a 
jailli??  et  qàrata  rril  a  coupé??  (cf.  syr.  qârûtà  ff ciseaux??).  Quant  à 
nàtar  ccil  a  attendu??,  le  ^nadar  que  l'on  attendrait  a  été  —  évi- 
demment sous  l'influence  du  verbe  qui  correspond  en  syriaque  à 
nàzara,  savoir  n7«r  (déjà  en  araméen  biblique) ^'^) —  remplacé 
par  la  forme  en  /. 

On  ne  peut  naturellement  admettre  non  plus  la  dissimilation 
de  (/en  /f  dans  màhnidd  (ou  fréquemment  màhmdh)  wil  s'est  rincé 
la  bouche??,  cf.  cl.  màdmada  (même  sens).  Le  fait  peut  être  dû  à 
une  influence  syriaque.  On  sait  en  effet  que  ce  qui  correspond 
régulièrement  en  syriaque  à  un  certain  (/  c'est  *y\  or  ^y  n'est  que 
la  sonore  correspondante  de  h,  avec  lequel  elle  permute  souvent 
ainsi  qu'il  a  été  dit  plus  haut.  A  moins  encore  que  l'on  n'ex- 
plique le  fait  par  une  étymologie  populaire  : //m/Wa  ffil  a  agité 
(le  seau  dans  le  puits),  il  a  baratté  (le  lait)??. 

(')   D'après  M.  Marcais,  c'est  partout  ainsi  et  sans  doute  ancien. 

^-^  Ou  bien  il  s'agit  d'une  «superposition  syliabique»,  cf.  cl.  taqâddà,  au 
lieu  et  à  côté  de  taqâddada  wil  s'est  abattu  sur??  (en  pariant  d'un  oiseau  de 
proie);  laqàbbà,  au  lieu  et  à  côté  de  taqahhaha  «ril  a  la  forme  d'une  coupole w 
(en  parlant  d'un  édifice);  dâUà,  au  lieu  et  à  côté  de  dâllala  crii  a  choyé??. 

(^-  Le  thème  qaitala,  assez  usité  en  syriaque,  se  rencontre  quelquefois  en 
arabe  et  davantage  encore  en  éthiopien.  Voir  Zimmern,  Vergl.  Gramm.,  p.  87  et 
99.  —  Cf.  les  dialectaux  'jqaied  «il  a  fait  asseoira;  baied  «il  a  éloignéw;  tâ'dç" 
«il  a  fait  monter n.  Voir  plus  loin. 

^^)  Le  changement  de  (/  en  t  est  constaté  dans  quelques  dialectes  arabes  mo- 
dernes. Cf.  Landberg,  Dadînah,  p.  1190,  note;  Marçais,  Textes  arabes  de  Tan- 
ger, p.  878  ;CouEi\,  p.  64  et  72. 


6^  PREMIÈRE    PARTIE. 

V.  LABIALES. 


CHANGEMENTS  SPONTANES. 

Comme  la  langue  classique,  le  parler  de  Kfar'^abîda  ne  connaît 
actuellement,  à  part  m,  que  deux  labiales :1a  sourde  spirante/et 
la  sonore  b^^K  L'occlusive  sourde jl»  du  sémitique  commun,  qui, 
on  le  sait,  dès  une  époque  fort  ancienne,  a  passé  en  arabe  et  en 
éthiopien  à  la  spirante  sourde  /,  n  existe  pas  à  Kfâr'^abîda  non 
plus  que  dans  tout  le  Liban. 


A.  /==o. 

1.  Quand  il  s'agit  de  mots  d'origine  arabe,/ représente  tou- 
jours ô  classique.  C'est  une  spirante  denli-labiale  analogue  à/ 
français  dansy«?Ve  par  exemple.  Il  est  généralement  maintenu  à 
Kfar'abîda,  et  ne  passe  jamais  à  v  français  ni  à  /3  devante,  z  et  z, 
comme  M.  Mattsson  l'a  constaté,  paraît-il,  à  Beyrouth. 

On  Ta  déjà  vu  (p.  âg-ôo),  au  cl. /s'est  substituée  quelquefois 
la  spirante  dentale  6  devenue  naturellement  t  dans  notre  parler. 

2.  Quand  il  s'agit  de  mots  d'origine  syriaque, /représente 
d'une  façon  générale  p  (  =  »S)  syriaque,  spirantisé  ou  non.  Ex.  : 
làffbt  cfil  s'est  excite',  il  s'est  agi  lé  77  <syr.  lappet;  jùslel  ffil  adonné 
un  croc-en-jambe??  <^syr.paskel;fàrat  cf  il  a  décousu??  <:  syr.p^'rat; 
""(ijor  wil  a  glané??  <;syr.  ^appar;  far  juta  rc  miette  de  pain??  <:syr. 
parpiitâ  ;  farfliîn  rc  pourpier  1?  <c  syr.  parp'hlnâ  [p ers.  parpahan,  arabe 
ci.  farfahu");  etc. 

3.  /représente  parfois  b  syriaque  spirantisé  ou  non.  Ex.  :  tàf 
ril  a  crache'??  (surtout  en  parlant  du  sang)  <c  syr.  tâ^^'^\  arani. 
bibl.  tû(p;  fàkçh  cril  a  marché  en  boitant??  •<  syr.  byah  (cf.  aussi 
pyah  signalé  comme  archaïsme  )  ^^K 

^')  m  qui  est  aussi  une  labiale,  mais  qui  en  même  temps  est  une  nasale, 
sera  Irailé  plus  loin  avec  les  liquides  et  nasales. 

(^'  Il  est  à  remarquer  que  l'arabe  cl.  possède  aussi  lajala  qui  a  pu  contaminer 
fajS  dans  le  dialecte. 

^^'  Ces  exemples  apparlicnncnt  évidemment  à  une  autre  couche  d'emprunts 
que  ceux  où  p  est  rendu  par/.  Cette  couche  est  plus  récente,  cf.  hanlalon,  etc. 


IMIOiNÉTlQUE.  03 


B.  i  =  o. 

1.  Quand  il  six^it  de  mots  d'origine  arabe,  b  représente  tou- 
jours ^  (v)  classique. 

C'est  Tocclusivo  labiale  sonore,  pareille  au  b  français  dans 
blâmer,  beau,  etc.  Le  sujet  parlant  a  conscience  de  prononcer 
toujours  une  sonore  dans  toutes  les  combinaisons ^^l  Je  ne  con- 
nais pas  de  cas  où  b  soit  spirant  à  Kf'ar'^abîda,  comme  on  Ta 
constaté  dans  d'autres  dialectes  modernes,  au  Magbreb  en  j)arti- 
culior^'^l  C'était  pourtant  la  prononciation  habituelle  en  syriaque 
à  l'intérieur  des  mots  après  voyelle. 

2.  Quand  il  s'agit  de  mots  d'origine  syriaque,  b  représente 
en  général  v:>  syriaque,  spirantisé  ou  non^^^.  Ex.  :  thâbdr  ffil  s'est 
associé  avec^?  <syr.  'côhabbar;  hâblé  crvapeun?  ^syr,  he^lâ; 
lâbût  f  râcloir  (du  laboureur)  i?,  avec  agglutination  (par  confusion 
populaire)  du  l  de  l'article  <  syr.  'à[3u9â;  etc.  Pourtant  on  a  réwdh 
ffil  a  senti  mauvais ??  <  syr.  r'(3ak  {\J  r-b-h)  contaminé  par  ar. 
ràha  cfil  sentit i?;  hwàis  crfaséole^?,  dimin.  du  syr.  ha^sâ;  ""cmdè 
ff petite  propriété  cultivée ^^,  cf.  syr.  "^^âSâ.  Dans  tous  ces  mots 
le  /S  [b  spirant  du  syriaque)  a  été  adapté  en  w;  il  devient  évi- 
dent par  là  qu'il  y  a  plusieurs  couches  d'emprunts  syriaques 
dans  notre  parler. 

Quant  à  rtâwê  ff  fraîcheur  ^7,  en  face  du  c\.  ratâbatu",  il  s'ex- 
plique par  le  croisement  de  ce  dernier  avec  le  mot  également 
classique  taràwatu"  (même  sens). 

3.  Dans  les  autres  cas,  b  représente  l'occlusive  sourde  j.»  des 
mots  d'origine  étrangère,  syriaque  surtout.  Ex.  :  biilâd  ff  acier, 
rasoirii  (aussi  classique  et  sans  doute  ancien)  ■<  syr.  pïilâSâ,  cf. 
pers.  pùlàd  (arabe  c\.  Julâdu");  ràbs  ff  pelle??  <  syr.  ra(psâ  (cl. 
ràjsu'')]  bôrsân  cf  hosties??  <  syr.  pursânâ;  /rtri!»m(^^  ff  petite  branche 
feuillue??,  cf.  <  syr.  tarpûnâ,  dimin.  de  tarpâ  ff  feuille  d'arbre??; 
basset  ffil  a  étendu  par  terre??  <syr.  passet;  bor  de  frç.  jyor^;  boni 
de  frç.  pont  ou  '\iû,  ponte;  bantaïon,  de  frç.  pantalon  ou  ital.  panta- 
lone;  sâbûn  ff  savon??,  cf.  grec  (jcœcjûv^  lat.  sàpo  (arabe  cl.  sâbiinu''); 

(')  Ce  qui  n'empêche  pas  l'existence  objective  d'un  b  sourd  {=  p)  dans  cer- 
tains cas,  par  exemple  rapt  (faction  de  lier  55  (au  lieu  de  rabtu")\  hàp"'  ff  grains?) 
(au  lieu  de  habbu").  Les  géminées  seules  ont  une  tendance  à  s'assourdir  à  la 
finale. 

(-)   Cf.  Marçais,  Saida,  M.S.L.,  t.  XIV,  p.  119. 

^^)  Sur  la  prononciation  actuelle  des  occlusives  b,  p,  d,  t,  g,  k  en  syriaque, 
cf.  p.  39,  note  1. 

^''^  Dans  certaines  régions  libanaises  on  dit  tai^bûn. 


6à  PRE3I1ÈRK    PARTIE. 

b/ista  cf  poste -^î  cf.  iisil.  posta;  bôfrol  de  Çrc.  pélrole;  bydnii  de  frr. 
piano;  etc. 

U,  b  représente  enfin  assez  souvent  v  dans  les  mots  d'origine 
e'trangère,  ce  qui  est  naturel  étant  donné  que  notre  parler 
ne  possède  pas  plus  le  v  denti-labial  que  le  v  bi-labial  (/S).  Ex.  : 
bmbu,  cf.  ital.  bravo;  ^ablba,  cf.  ilal.  evviva;  ['a)bïilâlu,  h  côté  de 
{'afûkâtu),  cf.  ital.  (tosc.)  avvocato,  le  t  au  lieu  de  /  s'explique  par 
la  prononciation  toscane  th;  etc. 

5.  b  apparaît  à  l'initiale  d'un  mot  d'emprunt,  bostràinê 
ffe'trennesi7,  sans  doute  de  V'iIîà.  pe{i-)  s  tienne  pris  pour  un  seul 
mot.  Le  groupe  -(rjstr-  ne  pouvait  naturellement  pas  se  main- 
tenir, et  du  reste  le  premier  r  était  dissimilé  par  le  second. 

Quanta  mb/ila  r^ouii?,  il  provient  du  cl.  bàlà,  et  ne  peut  être 
originairement  qu'une  forme  initiale  de  phrase  Les  lèvres  étant 
fermées  et  s'ouvrant  biusquement  pour  la  prononciation  de  b  et 
le  voile  du  palais  étant  baissé  comme  il  l'est  généralement  chez 
les  Orientaux  ^^^,  il  s'est  produit  un  b  nasal  avant  l'occlusive,  pho- 
nème dont  on  a  pris  conscience  et  qui  s'est  consolidé  dans  la 
suite. 


CHANGEMENTS  COMBINATOIRES. 


1°   Asstmitation. 

b  s'assimile  en  m  dans  le  voisinage  médiat  de  la  nasale  n.  Ex.  : 
ma'/qdûnes  (à  côté  de  ba^jqdimes)  ff  persil •>■>  -<  cl.  baqdUnisu^  (origine 
étrangère);  mohhûn  cmous  serons 71  -<.  [bi-\-)nahmu ,  où  b  (préfixe) 
par  suite  du  voisinage  de  la  nasale  n  est  devenu  m,  tandis  qu'il 
reste  b  aux  autres  personnes  de  l'aoriste  :  bhûn  crje  seiaiii,  bô'tkân 
fftu  seras77,  etc.  (et  ainsi  à  la  première  personne  du  pluriel  des 
aoristes  de  tous  les  verbes);  môndâira  (à  côté  de  bôndàira)  rr dra- 
peau?? <:  ital.  bandiera.  Ces  exemples  montrent  clairement  que, 
pour  la  réalisation  de  l'assimilation  de  b  en  m,  il  faut  qu'il  y  ait 
dans  la  même  syllabe  une  nasale  implosive.  H  y  a  assimilation 
complète  dans  iànr  crà  côtéw  <:  cl.  zanbu'\  A 

Remarques.  —  1.  Il  ne  saurait  être  question  d'assimilation 
dans  imàhlar  wil  s'est  enorgueillie,  cf.  cl.  tabàhtara  wil  a  marcbé 

(')  Remarque  faile  par  M.  Meiliet  à  propos  du  grec  cl  de  rindo-iranien  dans 
un  article  dos  Mémoires  fie  la  Société  de  Linfjuistiqiie,  t.  Xlll ,  p.  32-33. 


PHONKTIQUK.  65 

en  se  dandinanb^,  (lonominalif  de  hdhumdu",  non  plus  que  dans 
nw/qrâz  (à  côté  de  uiolical)  cr calelièrei^  ,  cf.  tuic  haqraz. 

Le  premier  est  un  mot  pilloresquc^'^,  et  le  second  un  mot 
étranger  (de  même  que  malqduui's,  cf.  haqdûnisu").  La  tendance 
générale  à  la  nasalisation  signalée  plus  haut  explique  suffisam- 
ment le  changement  de  h  en  m  dans  ces  mots  de  caractère  plus 
flottant  que  les  autres  mots  de  la  langue  ^^l 

9.  AwVmfftrou  d'une  aiguille?^,  en  face  du  cl.  hûrbu",  s'explique 
par  la  coexistence  des  deux  racines  voisines  de  forme  et  de  sens  : 
haraha  et  harania  wil  a  percé  17.  Dans  notre  parler,  le  mot  signi- 
fiant ffchasT?  a  été  rapporté  à  la  seconde.  Il  n'y  a  là  aucune  es- 
pèce d'assimilation. 

3.  (Jàb^  wil  réunit,  il  ramassa 7^  ne  provient  pas  non  plus  di- 
rectement du  cl.  (Jâmnia,  mais  a  été  contaminé  par  la  racine  de 
sens  voisin  dàhha.  — De  même  'Iqôh"  w entonnoir '7,  cf.  cl.  qûmhi" 
croisé  avec  le  cl.  qûh^u"  ff clairon,  trompette^^,  et  le  syr.  qu[3^â 
fc capuchon,  bonnet  conique ^n  —  Comme  au  Maroc,  le  cl.  zil- 
hâbii"  crrobe  de  dessus  très  amples?  semble  subir  une  chute 
de  h  par  dissimilation  de  b  final  (^^,  et  devient  à  Kfar  ^^bîda  zellâ- 
bîije. 

k.  On  la  déjà  vu ,/  à  la  finale  paraît  s'assimiler  entièrement  en 
s  dans  nos?  tcmoitié^?  au  lieu  de  cl.  /itts/w";/ géminée  se  réduit 
dans  le  mot  hâf  rr secw  (cf.  hobz  hàf^^dÀw  sec>î)  <:cl.  hàffu"  qui  ne 
pouvait  subsister  tel  quel  :  ou  bien  la  voyelle  restait  longue  et 
la  géminée  se  simplifiait;  si  la  géminée  avait  subsisté,  la  voyelle 
se  serait  abrégée  ^^\  - — -  On  ne  peut  guère  voir  une  assimilation 
dans  ;  bàlph  ffil  a  aplati 71,  cf.  c\.  f/dtaha  (fârtaha);  barbûr^^^ 
ff  mou  ton,  agneau  1?,  cf.  cl,  furfûru"  ;  zbîra  «:  ^orieîeuiWe ,  sac  de 
cuir  (^^7 ,  cf.  cl.  zafïmtu",  syr.  guÇ>râ  ff  enveloppe  de  la  fleur  du  pal- 
miers?.  Il  s'agit  peut-être  de  ces  alternances  de  p  et  de  b  que  l'on 
relève  quelquefois  entre  les  diverses  langues  sémitiques,  par 
exemple  :  aram.  bibl.  parzel  fffer??,   assyr.  parzillu,  en  face   de 

('^  Expressif.  —  (ww/ifar  existe  également  en  Algérie,  cf.  BEA()SSiER,Dtcïîonn. 
arabe. 

^^)  Cf.  ies  doublets  classiques  :  mâkhalu  et  bàkhatu  cria  Mecque^  ;  Idzimu"^ 
et  ldzibu"v:  nécessaire";  râtimvJ^  et  rdlibu'^  wsolide  (affaire)»;  etc. 

^^^  C'est  Tavis  de  M.  Marçais,  Textes  arabes  de  Tanger,  p.  35 1-252. 

('')  L'arabe  classique  connaît  des  syllabes  ultralongncs  (contenant  une  voyelle 
longue  en  syllabe  fermée).  Notre  pailer  ne  les  possède  plus,  cf.  plus  loiu  : 
Voyelles. 

^^^  Cf.  ar.  cl.  birru"  «action  de  faire  marcher  les  brebis?)  et  syr.  parrà 
ff  agneau  ". 

^"^  zbira  est  attesté  en  maghribin  d'après  M.  Marrais. 


l'.Vr.LEU   l)K  KFAP.  ABIDA. 


66  PREMIÈRE    PARTIE. 

hebr.  barzel,   syr.  parzHâ,  cf.  ar.  cl.  Jlrzilu";  hehr.  parlas  wpuce» 
assyr.  parsuû,  syr.  purta'^nâ,  ar.  cl.  buryûSu";  etc. 

2°  Dissimilation. 

h  prend  par  dissimilation  la  place  de  m  dans  le  voisinage 
d'une  nasale  labiale.  Ex.  :  hnàm  w sommeil,  rêvew  <:cl.  manàmu"; 
bsîmé  ff  membrane  qui  enveloppe  le  fœtus 7?  <:  cl.  masîmatu'^.  — 
Quant  h  fébé  fcil  s'est  évanoui  7')  en  face  de  cl.  yûmnja  et  hfzçb 
ffil  appliqua  des  ventouses?)  en  face  de  hazama,  ils  s'expliquent 
peut-être  par  croisement  avec  les  racines  yàbkja^^^  et  hàzaba^'^'> 
(étymologie  populaire). 

Inversement  b  est  remplacé  par  m,  grâce  à  une  différencia- 
tion, dans  homblâs  ce  grain  de  myrte  w  <<cl.  hàbb-ul-âsi,  cf.  un 
phénomène  analogue  dans  vieux-haut-aliemand  sambaz-[tac^^^)^ 
de  lat.  sabbatum,  gr.  pop.  (jctyL^oLtov  de  ad^^oLiov^  cf.  aussi  ar.  cl. 
;îî7>^î/m"  rr  grande  corbeille  d'osierw  ^zinbïlu",  qu'il  faut  prononcer 
zimbïlu"  et  qui  est  en  effet  à  Kfar^abîda  zambîl. 

C'est  sans  doute  aussi  par  une  différenciation  qu'il  faut  expli- 
quer l'exclamation  '6/t  froufl77  en  face  du  cl.  ^ûfi".  Le  second/ 
s'est  légèrement  déplacé  (en  6)  sous  l'influence  du  premier;  or 
on  a  vu  que  6  aboutit  à  t  dans  notre  parler.  En  tant  qu'exclama- 
tion, le  mot  forme  du  reste  à  lui  seul  une  catégorie. 


VI.  SONANTES. 

/=  J;  r=;;  m  =  p;  n  =  ^j;  w=^;  2/  =  çf- 


CHANGEMENTS  SPONTANES. 


A.  Liquides  :  /  =  J  et  ^=;. 

Déjà  les  grammairiens  de  l'arabe  classique  semblaient  con- 
naître, à  côté  des  deux  liquides  /  et  r,  une  /  et  une  r  empha- 
tiques auxquelles  ils  donnaient  le  nom  de  mufahhamatu",  bien 
qu'ils  ne  les   aient  pas  désignées  par  des  notations   spéciales 


(')   ff  Avoir  une  défaillance  clans  l'intellect." 
^*^   «Cacher,  voiler,  couvrir.» 
^^)  Aujourd'hui  :  sarns-tag. 


PIIOINKTIQUE.  67 

comme  ils  Tonl  fait  pour  les  autres  emphatiques  :  ^  à  côlé  de  «o, 
^  à  côté  de  jj*»,  etc.  Comme  la  plupart  des  dialectes  modernes 
(cf.  Marçais,  Saïda,  M.  S.  L.,  t.  XIV,  p.  120-121),  notre  parler 
connaît  très  souvent  r  et  ((juel(|uefois)  /  emphatiques,  qui  seront 
notées  dans  ce  travail  par  r  et  /. 

La  liquide  /  représente  J  classique,  et  se  maintient  en  gé- 
néral à  Kfar'abîda  tant  dans  les  mots  d'origine  classique  que 
dans  ceux  qui  proviennent  du  syriaque.  Comme  dans  la  plu- 
part des  dialectes  modernes,  /  n'est  jamais  mouillée,  et  s'ar- 
ticule d'une  façon  identique  à  l  dans  l'article  français,  le,  par 
exemple. 

Contrairement  à  r  qui  joue  dans  notre  parler  le  rôle  d'une 
véritable  emphatique,  indépendamment  des  consonnes  avoisi- 
nantes,  l  n'est  emphatique  que  sous  l'influence  d'autres  empha- 
tiques, surtout  quand  celles-ci  se  trouvent  dans  la  même 
syllabe  que  lui.  Ex.  :  slih  w  croix 75  <cl.  salîbu";  zolmê  ff ténèbres w 
<cl.  zûlmatii" ;  iâhl  cr tambours  <:cl.  tâblu";  etc.  —  On  dit  ce- 
pendant comme  dans  tous  les  dialectes  'alla  crDieuw,  au  lieu  de 
'allâhu;  il  s'agit  ici  d'une  emphase  d'origine  psychologique;  il  faut 
remarquer  de  plus  que  /  est  géminée. 

Surtout  à  la  finale,  /  passe  souvent  à  la  nasale  n  dans  les 
mots  de  provenance  étrangère.  Ex.  :  'jqasjqawân  cf  fromage  sec 
en  forme  de  têteiî  <  turc  qâsqawàl;  kabsûnê'^^^  w capsule 77  de  frç. 
capsule;  batrsîn  w étole v  << néo-class.  ^^^  batrasïlu"  (origine  étrangère) ; 
karakûn  cr factionnaire ,  poste w  <turc  qaraqîil,  litt.  w gardien,  sur- 
veillants; bord'lqân  w orange 7")  <^^bort'lqân  ^ciUTC  pùrtùqàl,  cf. 
néo-cl.  btirtuqànu";  môntân  [ou  môntyân)  cr gilet  à  manches  descen- 
dant jusqu'à  la  ceinture  77,  cf.  ital.  mantello ;  falyûn  (ou  fallûn)^  cf. 
ïrç.  Jilleid;  dezzân  dans  (msîh)  ed-dezzân  w  Antéchrist 77  <:  cl.  ad- 
dazzâlu"  (^). 

/  tombe  avec  la  voyelle  à  dans  la  préposition  %là  wsurw,  de- 
venue dans  notre  parler  ^à  lorsqu'elle  est  en  union  étroite  avec 
un  autre  mot^^^.  Ex.  :  ^addàrb  cfsur  la  route»  <c'*'^alâ-l-darbi , 
<  cl.  ''alà-d-darbi ;  '^àdàhré  ffsur  mon  dosw  <c*^alà  zâhrî.  Mais  /  se 

('5  La  seconde  partie  de  b  est  naturellement  sourde.  La  notation  exacte  se- 
rait bjp. 

^^^  On  donne  ici  le  nom  de  néo-classiques  aux  mots  récemment  introduits 
dans  la  langue  écrite  et  auxquels  on  a  donné  artificiellement  un  consonantismc 
et  surtout  un  vocalisme  classiques. 

(^)  Cf.  Maghr.  fesijân  de  esp.  officiai  «  officier  5î  ,  Martin,  Méthode,  p.  48. 

(*^  Cette  apocope  dans  un  mot  secondaire  existe  d'ailleurs  dans  d'autres  dia- 
lectes modernes,  notamment  en  Egypte,  en  Mésopotamie,  en  Tunisie  et  dans 
une  partie  de  TEst-Algérien. 

5, 


68 


PREMIERE    PARTIE. 


maintient  toules  les  fois  que  Vt/«  se  construit  avec  le  pronom 
affixe  :  Hàjyé  rrsur  moi,  sous  ma  responsabilités  <:cl.  %lâhfa; 
Hâih  wsur  toi??  <  cl.  ^alaïka:  Hàina  ce  sur  nous??  ^c^da'mà^^^:  etc; 
/  tombe  aussi  dans  les  formes  impéralives,  que  les  grammairiens 
arabes  hésitent  à  considérer  comme  des  verbes:  fa  w  viens  w(masc.) 
<:cl.  t(i^âla;  fâi  (à  côté  de  t^âi)  reviens??  (fém.)  <  cl.  ta^âlai;  fan 
à  (côté  de  fâii)  crvenez??  (plur.  masc.  et  fém.)  <  cl.  ta'^âlau  et 
ia'^àlaina  ^^l 

Quant  à  l'apparition  de  /  dans  sièfdl  cr c'est  à  toi  de  voir??  (litt. 
w choisis??),  cf.  cl.  istafi  «choisis??,  nnjâl  {Jimyâl)  crque  c'est  heu- 
reux!??, cf.  cl.  hanfa"  [laka)  cr réussis  sans  peine??,  et  hermâl  frpour, 
en  l'honneur  de??,  cf.  cl.  kiirma"  crpar  honneur  pour??,  elle  s'ex- 
plique par  une  confusion  populaire  grâce  à  laquelle  l  de  la  pré- 
position li  a  été  agglutiné  à  la  fin  de  ces  deux  mots,  comme  s'il 
faisait  partie  de  la  racine;  on  dit  en  effet  :  kermâlek  rrpour  toi?? 
<;cl.  htrma''-\-lal'a,  nïyâl^k  ce  que  tu  es  heureux?? ,  cf.  cl.  hania^  lnl,a 
et  -yostfdl  wil  se  choisira??,  cl.  yâstafî  [-{-  laJm).  De  même  làbùt 
rracloir  du  laboureur??,  cf.  syr.  'àjSudâ  et  lïwân^ salle  aérée  par 
un  arc??,  cf.  'îwànu"  (pers.)  s'expliquent,  comme  il  a  été  dit 
plus  haul  pour  lâbiU^^\  par  l'agglutinalion  de  l'article  aux  mots 
syriaque  et  persan.  —  Pour  ce  qui  est  du  mot  dialectal  mâbisâyçKs) 
ffcela  ne  fait  rien,  il  n'y  a  pas  de  mal??,  il  provient  certainement 
du  cl.  sa  ah,  IIP  thème  de  saaia  ffil  a  interrogé,  il  s'est  enquis?? 
avec  changement  de  '  en  y  et  préfixation  de  6  à  l'aoriste;  le  sens 
serait:  w c'est  une  chose  insignifiante  dont  on  ne  doit  pas  s'en- 
quérir?? ^^^\ 


La  liquide  r  représente  ^  classique,  et  ne  subit  à  Kfar*abida 
(sauf  l'emphatisation)  aucune  altération  spontanée.  Elle  a  tou- 
jours et  partout  une  articulation  dentale  et  roulée,  aussi  bien  dans 
les  mots  de  provenance  classique  que  dans  les  mots  étrangers, 
mais  jamais  uvidaire  (soit  ressemblant  d'assez  près  à  celle  de  7), 
comme  on  le  constate  par  exemple  dans  quelques  parlers  arabes 

^'^  Parce  que  ces  pronoms  suffixes  sont  monosyUabiques  et  qu'en  conséquence 
la  préposition  ne  pouvait  dès  Vorigine  s'appuyer  sur  eux  comme  sur  les  mots  de 
longueur  normale.  Avec  ces  derniers  c'est  au  voisinage  de  l'article  que  /  est 
tombé  (par  dissimilalion). 

(^)  On  Ta  déjà  vu  (p.  17,  note  1),  les  formes  t'a  et  Cdi  reçoivent  à  la  liu 
un  h  lorsqu'ils  sont  eniplo}és  pour  faire  marcher  les  ânes. 

(^^  P.  03.  —  'aslîk  ffsoulier  à  élastiques^  présente  le  phénomène  inversp, 
si  on  le  compare  au  frç.  élastique  dont  il  provient;  cf.  le  tunisien  uhanda 
pour  l'ilalicn  locanda  (1]en  Sedira,  Dictionnaire). 

^'')  M.  Marcais  me  l'ait  observer  (lue  le  tunisien  a  dans  le  même  sens  ma  - 
isal  -  s. 


PHONKTIQl  E. 


69 


modernes  et  surtout  dans  beaucoup  de  langues  européennes  (cf. 
M.  Cohen,  p.  27). 

Nous  Pavons  déjà  dit,  la  langue  classi(|ue  semblait  connaître 
à  coté  de  la  liquide  /•  une  autre  liquide  empliati([ue  r,  non  ex- 
primée par  le  système  graphi([ue  traditionnel.  Notre  parler,  comme 
tous  les  parlers  libanais  et  la  plupart  des  dialectes  modernes  (cf. 
entre  autres,  W.  Marçais,  Saïda,  M.  S.  L.,  t.  XIV,  p.  121),  pos- 
sède dans  de  nombreux  mots  cette  r  emphatique  qui,  contraire- 
ment à  /,  peut  être  indépendante  des  autres  emphatiques,  mais 
cmphatise  toujours  les  phonèmes  voisins.  Ex.  :  màra  cf femme 77 
<  ci.  maratu";  zursa  w  honte,  déshonneur  i-»  -<  cl.  ziirsatu";  iâr 
ff  voisin  1-)  -<  cl.  zârii" ;  bârad  tfil  a  eu  froide?  <  cl.  hàrada.  On 
reconnaît  généralement  r  à  son  articulation,  qui  se  réalise  avec 
le  concours  de  la  pointe  de  la  langue  frappant  contre  le  palais 
plus  en  arrière  que  pour  Tarticulation  de  r  non  emphatique  (^\  et 
surtout  à  rinduence  d'emphatisation  qu'exerce  r  sur  les  pho- 
nèmes avoisinants  (consonnes  ou  voyelles).  Il  est  à  remarquer 
que  r  e^t  toujours  emphatique  dans  le  voisinage  des  autres 
emphatiques  et  toutes  les  fois  qu'il  est  géminé.  Voici  des  exemples 
de  r  :  zârra  «jarres?  ■<  zârmtu"  ;  vàfd'jq  ffil  a  accompagné i^  <:cl. 
râfaqa;  rabat  ce  il  a  attaché '■>  ■<  cl.  râbata;  far  (f  rats  77  -<:  ci.  fa  ru'^  ; 
mamar  cr homélie,  chant^^,  cf.  syr.  mlmar;  tâiir  ff taureau 77  <  cl. 
ôàuru";  *^àdra  rr  vierge  77  <:  cl.  *^adrau;  ràbbê  ffmon  Dieu^?  <  cl. 
riibbl;  etc. 

r  finale  tombe  dans  les  noms  de  nombres  composés  de  onze  à 
dix-neuf:  hdâs  w  onze  77,  cf.  cl.  'âhada  "âsara;  etc.  Mais,  contrai- 
rement  à  ce  qui  se  passe  en  Egypte,  r  est  restitué  ainsi  que  * 
lorsque  le  nombre  est  suivi  de  l'objet  dénombré  :  hdci'sar  frành 
«onze  francs 7->  et  non  *hdâsfrànk. 

Signalons  à  ce  propos  un  fait  qui  est  plutôt  du  domaine  de 
la  morphologie  :  r  est  infixée  dans  un  certain  nombre  de  mots 
(verbes  ou  noms)  et  donne  à  ces  mots  le  sens  de  pluralité, 
d'intensité,  de  répétition,  de  transivité,  etc.  Ex.  :  herdàbbê 
wbosse  du  chameau^^,  cf.  cl.  hâdabatu"  ccbosse^?;  etc.  ^^^  (voir 
Morphologie).  —  Pour  ce  qui  est  de  harmm  cr canal  du  nez  à  la 
bouche,  fosses  nasales 77,  il  provient  de  la  contamination  du 
cl.  haiswnu"  ff cartilages  du  nez 77  avec  la  forme  syriaque  harsîiniâ 
ffbec,  trompe  w. 


^'^  11  vaudrait  donc  mieux  l'appeler  cactiminal. 

^^)  Cf.  aussi  dârjè  tr battant  d'une  porte,  d'une  fenêtre?'  et  dânaf  ccil  a 
repoussé,  chassé,  renvoyé  (quelqu'un)»  en  face  de  cl.  tUfj'atu"  crcôté,  planche 
ou  battant  d'une  porte»  et  dàjj'a  «il  a  arraché,  déraciné  (quelque  chose)». 
Le  doublet  dôjjè  existe  également  dans  notre  parler  au  sens  de  crgomer- 
nail». 

Il  serait  en  eftet  bien  artiliciel  d'expliquer  dârjé  (cl.  daffalu")  par  une  série 


70  PREMIÈRE    PARTIE. 

B.   Nasales  :  m=  ^  et  n  =  u^ 


m  représente  le  cl.  m  U)  et  se  maintient,  en  général,  dans  notre 
parler  avec  sa  prononciation  de  nasale  labiale. 

m  en  finale  de  mot  passe  très  souvent  à  la  denti-labiale  n  dans 
les  mots  d'emprunt^^l  Ex.  :  mâryen  (à  côté  de  wfl.rrM/i)  w Marier-), 
cf.  héhr.  miryam ,  syr.  maryam,  cl.  màryaniu;  brâhîn  cr Abraham i-», 
cf.  hébr.  'al3râhàm,  syr.  'ajBrâhâm,  cl.  Hbrâhînm;  wâkîn  wJoa- 
cliim-»"),  cf.  hébr.  yâqïm,  syr.  yûyâqïm  (ou  yûyâ^ïm);  sàrùfîn 
ff  séraphins 7-»,  cf.  hébr.  sernÇ>vm ,  syr.  s^râCpln,  néo-cl.  sàràfim; 
hàrïibin  w chérubins ?? ,  cf.  hébr.  herû^im,  syr.  yrïi^ln,  néo-cl. 
hariihim;  hor'jqdin  (nom  d'un  petit  village  libanais)  <<  syr.  hxrà 
ff puits T)  -\- q^^mâ  francien 77  ou  bien  <cl.  bi^ru"-\-qadîmu''  (même 
sens),  avec  dissimilation  de  m  en  n  par  b  et  assimilation  de 
m  en  n  par  d'^^K  —  Quant  à  zîn  (nom  de  la  cinquième  lettre 
de  l'alphabet  arabe)  ^,  il  s'explique  par  analogie  avec  les 
autres  formes  zain  (==  z),  stn  (=  s),  sîn  (=  s),  etc.;  inïni  {=m) 
seul  a  gardé  m  finale,  grâce,  probablement,  àfinfluence  de  m  ini- 
tiale. 

Peut-être  sous  l'influence  du  syriaque  m  est  toujours  rempla- 
cée par  n  dans  les  pronoms  personnels  des  2®  et  3^  personnes  du 
pluriel  masculin,  soit  employées  comme  suffixes,  soit  isolées.  Ex.  : 
ktâbon  ffleur  livre -lî  <<  cl.  kilâbu-hum;  (Jrèbon  ff  frappe-les ^7,  cf.  cl. 
idrib-hîtm;  bàitlon  w votre  maison •>•)  <:  cl.  bâihi-hun;  hwf  (ou 
hûnnê)  rr euxr)  -<  cl.  hum;  etc.  On  sait,  en  effet,  qu'aux  pronoms  de 
l'arabe  classique  -hum(îi)  ffeuxi*),  et  -hum(ïi)  ffvous^-)  correspondent 
en  syriaque  -hàn  et  -hàn. 

Comme  r,  la  nasale  m  est  infixée  dans  un  grand  nombre  de 
mots,  souvent  pour  former  avec  les  trilitères  classiques  des 
quadrilitères  dialectaux,  ce  qui  modifie  parfois  légèrement  le 
sens  p  ri  mi  ti  f  (  voi  r  Morphologie  ) . 

de  différenciations  portant  à  la  fois  sur  la  sourdité  et  le  point  d'articulation , 
soit  quelque  chose  comme  dâ/fatu"  >  *dadjê  >>  *dad/ê  >  dârfê. 

^^'  Le  passa{je  de  m  finale  à  n  est  très  ancien  et  existait  déjà  en  arabe 
classique;  cf.  ar.  cl.  'in  «si»  en  face  de  hébr.  'im;  -un,  -an,  -in  (dési- 
nences casuellcs  avec  nasalisation)  <c  -um,  -am,  -im^  c'est  pourquoi,  dans  la 
lecture  du  Coran  m  et  n  riment  indistinctement.  Cf.  Buockelmann,  p.  7^1. 
—  m,  3°  consonne  de  racine,  est  généralement  exceptée  (sentiment  de  la  ra 
cine). 

("^)  Pour  ce  qui  est  du  dial.  holn  wlérébinthe»  en  face  du  cl.  hatmiC^  «téré- 
binthe,  pistachier»,  il  faut  sans  doute  y  voir  une  survivance  d'une  fornie 
cananéenne  *batn;  cf.  hébr.  bâfnïm  crpistacia». 


PHONÉTIQUE.  71 


n  =  y 


71  représente  7i  classique  (;j)  et  se  prononce,  en  général,  comme 
n  français,  dans  navire  par  exemple.  Elle  se  maintient  toujours  à 
Kfar'abîda,  et  ne  connaît  pas  les  différentes  prononciations  dont 
elle  est  susceptible  et  qui  créent  tant  de  dillîcultés  aux  lec- 
teurs du  Coran  maigre  les  nombreux  signes  diacritiques  qui 
Taccompagnent^^l  Ce  phonème  est  rarement  emphatique  dans 
notre  parler,  mais  peut  devenir  guttural  devant  la  gutturale 
k  et  devant  q  et  ^'  (rare  lui-même)  :  znngîl  wrichissime?^  -< 
turc  zangln;  monhè  cf contrariant 77,  cf.  cl.  nalà^  ffil  a  chagriné, 
blessée, 

Gomme  r  et  m,  n  s'intercale  très  souvent  à  titre  d'infixé  dans 
les  verbes  trilitères  (après  la  i"^®  ou  la  2®^^)  radicale  pour  former 
des  quadrilitères  (cf.  Morphologie,). 


C.   Semi-voyelles  :  w=^  et  y  =  i£* 

Gomme  en  classique,  les  deux  semi-voyelles  se  présentent 
dans  le  parler  de  Kfar'^abîda,  tantôt  au  commencement,  tantôt  à 
la  fin  de  la  syllabe.  Dans  le  premier  cas,  ce  sont  de  véritables 
consonnes,  aussi  propres  à  introduire  une  syllabe  que  n'importe 
quel  autre  phonème  consonantique;  dans  le  second,  elles  se 
combinent  avec  les  voyelles  précédentes  pour  former  des  diph- 
tongues dans  lesquelles  elles  jouent  simplement  le  rôle  de  se- 
cond élément.  —  Quand  elles  commencent  la  syllabe,  les  semi- 
voyelles  w  et  y,  alors  plus  voisines  des  consonnes  que  des 
voyelles,  paraissent,  par  là-même,  plus  fortes;  elles  seront  trai- 
tées avec  les  consonnes;  on  les  a  notées  ici  par  w  anglais  et  \j 
français  (et  anglais,  p.  ex.  yolk).  Au  contraire,  à  la  fin  de 
la  syllabe  où  leur  rôle  de  deuxième  élément  de  diphtongues 
les  rapproche  un  peu  plus  des  voyelles  u  et  i,  elles  seront  no- 
tées par  les  signes  assez  courants  u  et  iet  étudiées  dans  le  cha- 
pitre du  vocalisme.  (C'est,  on  le  sait,  ce  que  M.  L.  Havet  eût  voulu 
voir  appliqué  dans  la  graphie  des  anciennes  langues  indo-euro- 
péennes.) 

Les  semi-voyelles  w  et  y,  bien  qu'étant  de  véritables  con- 
sonnes, sont  les  plus  faibles  de  cette  catégorie,  ce  qui  explique 
suffisamment  les  divers  traitements  qu'elles  ont  subis  dans  toutes 


(^)  Cf.  S.  DE  Sacy,  Gramm.  arabe^,  p.  99. 

^^)  On  le  rencontre  aussi  après  la  3''  radicale,  mais  alors  il  s'agit  plutôt  d'un 
suffixe. 


72  PUKMIKRK    PAHTIK. 

les  langues  soniiiiques.  Des  une  éj)0(jue  fort  ancienne,  Tliébreu  el 
raraméen  ne  connaissent  plus  w  initial,  qui,  par  afïaiblisse- 
ment(^\  a  passé  à  y;  Tassyro-babylonien  a  déjà  perdu  les  deux 
semi-Yoyelles  même  à  Tinitiale^^^;  l'arabe  lui-même,  qui  les  a 
toujours  conserve'es  sauf  à  Tintervocalique  dans  les  formes  tant 
nominales  que  verbales,  en  a  fait,  à  cause  de  leur  faiblesse,  une 
catégorie  de  consonnes  h.  part,  ce  qui  a  amené  les  grammai- 
riens arabes  à  formuler  des  règles  spéciales  pour  les  conjugaisons 
et  déclinaisons  des  mots  qui  présentent  w  ou  y  dans  leur 
racine. 

A  Kfar'abîda,  aussi  bien  que  dans  les  dialectes  arabes  mo- 
dernes, la  conservation  el  la  chute  de  w  et  y  initiaux  dépendent 
de  la  conservation  et  de  la  chute  des  voyelles  suivantes.  Connaître 
donc  où  et  quand  w  et  y  gardent  leur  valeur  de  semi-voyelles  ou 
se  vocalisent  en  u  et  i,  c'est  connaître  les  lois  qui  régissent  les 
voyelles  de  notre  parler.  Ces  lois  seront  étudiées  en  détail  dans  le 
chapitre  suivant;  on  se  bornera  ici  à  examiner  brièvement  w  ely 
dans  les  quatre  cas  qui  peuvent  se  présenter  :  i''  w  et  y  ont  con- 
servé sans  changement  leur  valeur  consonanlique;  9°  ils  sont 
déconsonantisés(^);  3°w  a  pris  la  place  de  2/  ou  y  celle  de  w;  4°  iv 
et  y  sont  secondaires. 

i°  w  ei  y  classiques  ont  gardé,  sans  changement,  leur  valeur 
consonanlique. 

w  et  y  sont  conservés  à  Kfar^^bîda  toutes  les  fois  qu'ils  sont 
suivis  d'une  voyelle  quelconque,  non  sujette  à  tomber,  ce  qui 
peut  avoir  lieu  aussi  bien  en  syllabe  fermée  qu'en  syllabe 
ouverte. 

a.  En  syllabe  fermée '^^\  à  ri?nîiale  des  mots:  im^</ w  promesse^ 
<  cl.  wâ\lu";  wàddf  ffil  a  fait  ses  adieux^^  <:cl.  wialda^a;  ya"lqûb 
ffJacob^?  ■<  cl.  yci^qîdm;  yâhbds  rril  a  faitsécher^?  <:  cl.  y/ibbasa; 
wâsf  ff  vaste,  large ^•)  <::cl.  ivasi^";  yïinânê  ffgrecii  <::cl.  yunàtHyu"'^; 
etc.  —  à  V intérieur  des  mots  après  consonne  ou  voyelle  :  ^ekwan 
ff  frères  1-)  ^cl.  'ihwâniC';  hàmvof  ^^W  a  fait  craindre  ^^  <:cl.  hàmvafa; 

^')  Le  grec  prouve  en  ellet  que  x]  est  encore  un  peu  plus  faible  que  w. 
Tandis  que  le  \j  indo-européen  lomhe  à  Tintervocalique  et  devient  esprit  rude 
à  rinilialc  dès  une  époque  tout  à  fait  j)réliistorique ,  le  w  dans  ces  deux  posi- 
tions est  seulement  en  train  de  disparaître  à  Tépoque  historique.  De  même  le 
?/  initial  crest  déjà  tombé  dans  le  plus  ancien  babyloniens  (Brockelmann), 
à  une  époque  où  subsistait  encore  le  iv  dans  cette  position. 

(-)  Sauf  le  plus  ancien  babylonien,  où  w-  subsiste  encore;  cf.  Brockelmann, 
p.  75. 

(^)  En  w  et  en  i.  C'est  dans  ce  sens  qu'est  toujours  employé  rf vocalisé»  dans 
ce  travail. 

('^)  Ou  équivalente  à  une  syllabe  fermée, 


PIlOMiTIQUK.  73 

yfi'ifftjr  f^il  changea ^^  <  cl.   yaujaia ;  fohjân  ff adolescents ^^  <:  cl. 
filyâfui" ;  h{>woi  ffil  devint  fou^i;  r('w,)h  ffil  a  senti  mauvaisr);  rçwoz 
ril  pesa  avec  la  maints  hhjçl  cr ruses ^  <:  cl.  hùjalu";  etc. 

/S.  En  sf/llahe  ouvcrle,  à  Vinltiale  des  mots  :  wosdl  w il  est  ari'ivé?^ 
<:cl.  wiisala;  wàsah  rr  malpropreté ^^  <<  cl.  wàsahii";  yîéos  cril  fut 
desséché  1?  <:cl.  yàbisa;  yàsiflq  w empêchement,  séquestre^  <:  turc 
yasaq;  etc.  —  à  V intérieur  des  mots  après  consonne  on  voyelle:  yàzwê 
ff  incursion  17  <:  cl.  yàzwatu" ;  hmfwé  w  trouvaille,  bonhcun^  <  cl. 
hnzwalu" ;  màsyê  cr démarche,  manière  de  marcher t?  <:.  c\.  misyatu" ; 
nçwè  ffil  s'est  proposé  à. .  .  r>  <<  cl.  nàwà;  riya  w  hypocrisie  ^^ 
<:cl.  ri'aii";  etc..  .  Comme  on  vient  de  le  voir,  lorsque  les  semi- 
voyelles  w  et  y  sont  maintenues  (et  elles  le  sont  souvent  dans  le 
parler),  elles  ne  subissent  aucune  altération  dans  leur  pronon- 
ciation classique,  tandis  qu'au  contraire  les  voyelles  (longues  ou 
brèves)  qui  les  suivent  sont  sujettes  à  certaines  modifications, 
qu'on  étudiera  à  propos  du  vocalisme. 

2°  IV  et  y  sont  déconsonantisés  en  u  et  ^.  —  En  règle  générale, 
les  semi-voyelles  iv  et  y  perdent  à  Kfar^abîda  leur  valeur  conso- 
nantique  et  se  vocalisent  en  u  et  i  (ou  même  disparaissent 
complètement)  lorsque  la  voyelle  qui  les  suivait  est  tombée.  — 
a.  w  aboutit  h  2i  et  y  k  i  toutes  les  fois  qu'ils  se  trouvent  en 
syllabe  ouverte  atone  suivie  immédiatement  d'une  syllabe 
fermée;  w  passe  alors  h  u  et  y  k  i,  et  forme  une  syllabe  faible, 
seul  cas  où  dans  notre  parler  une  voyelle  commence  la  syllabe 
(initiale  ou  non)  sans  attaque  vocalique  forte  ou  autre  consonne. 
Ex.  :  à  riniiiale  des  mots  :  lî'jqâr  cf  respect '7  ■<  cl.  ivaqâru"  ;  ukîl 
ff  mandataire,  surveillant^^  -<  cl.  wakïlu";  uznd  wexistencew  <:  cl. 
wuzïidu"  ;  inâl  rril  obtient  r»  <<  cl.  yanàhi;  imût  ce  il  meurt  i")  <:  cl. 
yamûtu;  imîn  wmain  droite •»•)  <  cl.  ynmînu";  itîm  c? orphelin tî 
<:  cl.  yatîmu",  etc.  —  à  rintérieur  des  mots  après  consonne:  wàlulê 
fflamentationsT?^^)  <  cl.  ivàlœalatu" ;  ivâlnlu  wils  se  sont  lamentés t? 
-<. q] .  wàlwalû ;  mAa^V/<?  fraction  d'éviter ^i  <c  cl.  muhâyadatu'^ ;  hâidet 
frelle  a  évité??  <::  cl.  hàyadat;  etc..  .  Mais  iv  et  y  ne  se  vocalisent 
pas  en  syllabe  ouverte  suivie  d'une  syllabe  fermée  lorsque  la  pre- 
mière syllabe  est  accentuée:  ivèhçb  ffil  a  donnée?  <:  cl.  wâhaba, 
etc. 

(3.  IV  et  y  se  vocalisent  aussi  en  ii  et  i  lorsqu'ils  sont  3®  radi- 
cale de  mot  et  que  de  par  la  morphologie  ils  sont  précédés  d'une 

^'^  Les  voyelles  -è  (ou  -a)  représentant  -atu'\  signe  du  féminin,  et  -u  repré- 
seniant  -û,  désin.  de  3*  pers.  masc.  plur.  du  parfait,  ont  toujours  dans  notre 
parler  la  valeur  d'une  voyelle  longue  et  accentuée,  ce  qui  montre  qu'il  n'y 
a  pas  très  longtemps  que  la  quantité  des  finales  est  devenue  iiKUflércnte. 


74  PREMIÈRE   PARTIE. 

consonne,  étant  donné  que  les  voyelles  brèves  tombent  toujours 
à  la  finale.  Ex.  :  dàlu  wseau^^  <:  cl.  dàlwiC^;  sâni  ce  cyprès  r)  <:  cl. 
sàrwu'*;  sâ^ê  r efforts  <  cl.  sà^yu'*;  zèdè  w chevreau r»  -<  cl.  zâdyii". 
Mais,  lorsque  w  et  y,  susceptibles  de  vocalisation,  sont  imme'- 
diatement  suivis  (dans  les  mêmes  mots)  d'un  pronom  suffixe 
ou  d'un  autre  mot  à  initiale  vocalique,  ils  gardent  leur  forme 
classique  et  restent  semi-voyelles  :  dâlwah  wton  seauw,  sâS/è 
ffmon  effort  ?7,  etc. .  . 

y.  w  et  y  géminés  se  réduisent  à  "  et  à  '  :  à  Vintérieur  des 
mots^^\  lorsqu'ils  étaient,  en  arabe  classique,  dans  une  syllabe 
ouverte  non  accentuée;  ils  se  sont  réduits,  après  la  chute  de  leur 
voyelle  et  équivalent  aujourd'hui  à  des  semi-voyelles  ultra-brèves, 
soit  -  et  -  :  hàiffu  ffil  lui  a  fait  peurr»  <:  cl.  hàiiwafahu;  m!^mC-dîn 
ff  habitués  r>  -<  cl.  mu^auivadîna;  tâchât  ce  elle  a  parfumé '?  <  cl. 
tâiyabat;  myài'ra  ff  changée  •••'  <<  cl.  miiyànjaratii''  ;  —  à  la  finale  des 
mots  w  ei  y  (géminés  ou  non  en  classique),  lorsqu'ils  sont  immé- 
diatement précédés  de  la  voyelle  longue  homorgane  (ïi  ou  î)  ou 
d'une  autre  semi-voyelle,  se  vocalisent  toujours  et,  n'étant 
soutenus  par  aucun  phonème,  disparaissent  complètement  : 
zàii(^')  f^'air,  atmosphère  ^^  <z*zdyr  <  cl.  iàuwiC';  Hà  ce  hauteurs? 
<c*Hû"  <:  cl.  hdùwu";  ddu(^')  w  lumière  ??  (avec  assimilation  régu- 
lière de  ^  en  w)  <<  *dàu^"  <;  cl.  dàn\i";  hài(^  cr  vivant?')  •<  *  hài- 
<  cl.  hàvyii";  nàbê  ff  prophète  ??  (^^  <<  *  nâbl-  <c  cl.  nabîyu".  Mais 
lorsque  ces  formes  reçoivent  l'addition  de  -ê  (-«),  ou  celle  de  la 
nunnation,  ou  se  trouve  en  union  étroite  avec  un  mot  subséquent 
à  initiale  vocalique ^^^,  w  et  y  subsistent  avec  leurs  voyelles,  ex.  : 
dâuw-ôl-mosbâh  cria  lumière  de  la  lampe 77,  nbîyê  wprophétesseT?, 
etc. 

S.  IV  et  y  non  géminés  tombent  dans  quelques  mots  par  suite 
d'une  prononciation  rapide:  boddé  ffje  veux ^7,  litt*  ffdans  mon 
désira  <:  cl.  bi  -[-  widd-t;  bàssa  ff étincelle ??  <  cl.  bâswatu"^^^; 
sendân  w  chêne /?  <  cl.  sindiyânu";  ràhili  ce  il  va  venir  ^  <::*ràyçh  izt 
<ccl.  raihu^. 

S*'  w  a  pris  la  place  de  y  ou  y  celle  de  w.  —  Les  semi-voyelles 
w  et  y  prennent  quelquefois  la  place  l'une  de  l'autre  dans  le 
parler  de  Kfar*abîda.  Ce  fait  est  connu  non  seulement  des  autres 

(')  Le  cas  ne  peut  natnreHemenl  pas  se  rencontrer  à  l'initiale. 

(2)  Au  lieu  de  *ndbl,  puisque,  en  dehors  du  cas  de  quelques  rares  monosyl- 
labes, notre  parler  ignore  les  longues  à  la  finale  des  mots. 

(•■^)  Si  l'autre  mot  commence  par  une  consonne,  on  retombe  dans  le  cas  de 
l'intérieur  (cf.  7):  7«(-)na  «notre  hauteur». 

(*)  Ici  IV  s'est  assourdi  et  assimilé  ensuite  à  s.  Cf.  nos'  de  nmfv!'  «moitié» 
p.  65.  —  Du  reste,  l'arabe  classique  possède  la  racine  hmsa  «il  brilla >j 
à  laquelle  le  dialectal  lassa  a  été  ramené. 


PHONÉTIQUE.  75 

dialectes  arabes  modernes,  mais  encore  de  l'arabe  classique  lui- 
même,  ainsi  que  de  toutes  les  langues  sémitiques. 

a.  w  classique  a  passé  a  y  dans  quelques  verbes  du  II"  tbème 
{qallala)  bien  qu*il  s'agît  de  racines  rnediae  w.  Ex.  :  râiyçd  wil  a 

dompté,  il  fut  en  retraite  spirituelle t»,  mais  cl.  ràiiwada  (s/r-w-d) 
saujçh  ffil  a  braqué,  il  a  dirigé  droit^i,  mais  cl.  sàuwaha  [sjs-w-b) 
''(ih/cr  ffil  a  vérifié  (une  balance) ^7,  mais  cl.  ^àuwara  [\/^~w-r) 
'/qôiUCin  ffil  a  fait  leven-»  ^^\  mais  cl.  qauwama  ys/q-w-m)  ;  hdiyeî 
ffil  n'a  pas  coupé  (les  brancbes  d'un  mûrier) 77,  cf.  cl.  hmnvala 
ff ensemencer  une  année  la  terre  et  la  laisser  reposer  l'année 
suivante ^7,  etc.  Tous  ces  exemples  peuvent  s'expliquer  par 
analogie  avec  les  mots  dialectaux  njâda,  sâyçb,  Sjâr,  elc, 
remontant  à  des  formes  classiques,  dans  lesquels  le  w  ra- 
dical était  déjà  devenu  y  au  contact  de  la  voyelle  pala- 
tale ï(2). 

/S.  ?/  a  passé  à  w  :  dans  les  mots   de  la   forme  comparative 

\iqtalu  :  ^àzwdd  wplus  abondant t,  ,  cf.  cl.  'âzyadu  y\/z-y-dj\  'akwds 

ffplus  beau  77,  cf.  cl.  'àkyasu  ce  plus  intelligente  ysjk-y-s);  'àfwdd^^^ 

crplus  utile 7),  cf.  cl.  ^afàda  «-il  a  été  utile 77  \\Jf-y-d)\  —  dans  les 
diminutifs  des  formes  qutailu"  et  qutatyalu"  :  ""wàinè  cf  petite  source, 
petit  œile,  cf.  cl.  Siyamatu^;  twamé  tf petit  figuier?-),  cf.  cl.  tuyâî- 
natu'^;  swai  (ou  swànjê)  wun  peu  7),  litt*  wune  petite  chose  17,  cf.  cl. 
suyc'nu'^ ;  kœàkjçs  ?<•  très  joli  w,  cf.  cl.  kuyàiyasu";  hwâjyçn  fftrès  fa- 
cile 77,  cf.  cl.  Imyâk/aîiii*^^^;  —  enfin  dans  un  petit  nombre  de 
mots  sans  qu'on  en  puisse  donner  une  explication  plausible  : 
rà'jqwè  tf magie  17,  cf.  cl.  rûqyatu";  'jqâwdd  v'\\  a  fait  des  échanges ??, 
cf.  cl.  qâyada;  na^wè  ff  un  faire-part  w ,  cf.  cl.  nà'^yatu^  ;  hamwê  ff  action 

de  chaufTen? ,  cf.  cl.*  hâmayatu^,  de  hàmiya  [yh-m-y  )  ff  il  a  chauffé  ??  ; 
dnàwê  ff  bassesse  17 ,   cf.  cl.    danâyatu'^;  sajqxvê  ff  poison  donné  en 

potionw,  cf.  cl.  \Js-q-y.  Ces  faits  ne  sauraient  être  regardés 
comme  purement  phonétiques  ;  il  s'agit  ici  d'analogies  partant  de 
formes  où  le  y  radical  avait  pris  la  place  d'un  w  (ou  inversement, 
suivant  le  procédé  indiqué  dans  la  note  2). 

^'^  A  côté  de  'jqâmvdm,  «il  a  redressée,  forme  réempruntée  sans  doule  au 
classique. 

^^^  En  réalité  -iwa-  préhistorique  est  devenu  -i-or  par  chute  de  w,  d'où 
-i-y-a-  avec  un  y  de  transition.  De  même  -uya-  préhistorique  est  devenu 
-u-a-  puis  u-w-a  avec  un  w  de  transition.  L*analogie  a  largement  profité  de 
cette  situation  équivoque. 

^^'  A  côté  de  la  forme  'àfyçd. 

^*^  Cf.  stâhwdii  à  côté  de  stâhyçn  cfil  a  trouvé  facile»,  cf.  cl.  istahâna,  inusité 

dans  ce  sens  [\/h-w-n).  —  Le  passage  des  cl.  "uyàinatu^,  kuyaiyasu",  etc..  .,  à 
'ivâinè,  hvâiyes,  etc.,  est  dû,  sans  aucun  doute,  à  une  dissimilation  régressive. 


70  PREMIÈRE    PARTIE. 

à°  w  ei  y  sont  secondaires.  —  Nous  l'avons  déjà  vu,  iv  et  y 
représentent,  en  général,  les  class.  ^  et  ''    .  11  sont,  quelquefois, 

secondaires  à  Kfar^abîda  et  apparaissent  là  où  le  classique  ne  les 
possède  pas  ou  ne  les  possède  plus. 

a.  w  est  introduit,  par  analogie,  dans  quelques  mots  qui  pro- 
viennent des  verbes  à  i*"^  radicale  iv  :  ivohhê  wdon  (et  nom  pro- 
pre d'homme)^,  au  lieu  de  cl.  hihatu"  ysjiv-h-b)  ;  ivô'^dé  rr pro- 
messe 77,  au  lieu  de  Uilatu"^^'>  ysJw-'^-d)  ;  wâsmé  k signe ^  marque ^7, 
au  lieu  de  cl.  simatu".  —  w  provient  de  g  ou  de  gw  dans 
woi'dyân,  cf.  frç.  gardien,  ilal.  guardiano;  il  provient  aussi  de  v 
dans  bràwu  (à  côté  de  brâbu  ou  brctfu)^  cf.  frç.  et  ital.  bravo; 
mndurât  <z*ninâwrât,  cf.  frç.  manœuvres. 

(3.  y  est  rétabli,  par  analogie,  sous  Tinfluence  d'un  y 
radical  (cf.  Morphologie),  dans  les  participes  passifs  féminins 
des  verbes  terliae  y  au  2^  thème  :  mJwbbâyé  w  cachée  ^i,  cf. 
cl.  mtihabbâtii''  ys/h-b-y);  myôttâyé  ff  couverte  71,  cf.   cl.  muyattàtu^ 

Wf't-y)'')  6tc.  —  de  même,  à  la  3^  personne  plur.  du  parfait 
des  verbes  terliae  y  ou  iv^^^  :  rodyu  wils  ont  consenti 7^,  cf.  cl.  ràdû 

\\Jr-d-yy,  yézyu  wils  ont  fait  une  incursion ^^ ,  cf.  cl.  yàzau \\/y-z-w)  ; 

rémyu  wils  ont  jeté  7?,  cf.  cl.  râmau  y\/r-m-y);  on  dit  aussi  rémyçt 
welle  a  jelé^^  eiyézyet  welle  a  fait  une  incursion??,  au  lieu  de  cl. 
râmat  et  yàzat,  par  analogie  avec  ràdiyat  welle  a  consenti??. 

y.  Enfin,  w  et  y  proviennent,  dans  nombre  de  mots,  de 
l'attaque  vocalique  forte  (cf.  plus  haut,  hamza). 


CHANGEMENTS  COMBINATOIRES. 


1°  Assimilation, 
a.   Assimilalion  partielle  en  contact  ou  à  dislance. 


1 .  /  passe  quelquefois  à  r  dans  le  voisinage  médiat  d'une  den- 
tale :  ràit  (f plaise  à  Dieu  que??  <:  cl.   lâila;  tarhtyé  effeuille  de 


('^  A  côté  de  wrt'Ja.it"  (même  sens). 

(^'  Dans  notre  parler,  les  verbes  terliae  iv,  ainsi  que  les  verbes  tertiae  ', 
n'existent  plus  comme  tels;  ils  ont  passé  aux  verbes  terliae  y  (cf.  plus  loin, 
Morphologie), 


I 


PHOlNÉTJQUK.  77 

péipicr^?  <c  néo-c\.  ud/jhjatu'' ;  kâml  (^\\  a  transvasé 'i  -<cl.  hàlala^^\ 
On  peut  noter,  à  ce  propos,  que  le  groupe  //  devient  hl  dans 
certaines  langues  (p.  ex.,  en  latin  et  en  lituanien),  tandis  que  le 
groupe  /rsu])siste,  ce  (jui  semble  indicjuer  une  faculté  de  com- 
binaison plus  stable  enire  /  et  /■  qu'enlre  /  et  /.  Cf.  (mcore  l('nij{'n 
r herbe  sauvager;  <c  cl.  6(iu/ilu",  en  verlu  d'une  assimilation 
analogue  (ce  dernier  exemple  peut  s'expliquer  aussi  par  la  ten- 
dance au  passage  de  /  finale  h  n,  cf.  plus  haut). 

9.  r  passe  quelquefois  à  /  dans  le  voisinage  de  l'explosive 
vélaire  q,  de  la  chuintante  s  et  de  la  sifllante  sourde  s^-^^  :  làmnD'jq 
ffil  a  bâclé  (un  travail)??  ■<  cl.  ràmmaqa;  slajq  ffsiroco??  (vent 
d'Est),  ç.ï.d.surùqu"  ff lever  du  soleil??;  sels  w racine??  <:  syr.  sma; 
lattûl  (nom  propre  de  femme)  ■<  *kaitûr  (sur  le  type  qatlûl),  cf. 
latinna;  fàli's  rril  étendit,  déplia i?  (une  étoffe),  cf.  c\.  f arasa  (^  i\ 
étendit  par  terre,  établit??;  hçles  cfil  broya  très  fin??,  mahlûsé 
ff ragoût  de  pomme  de  terre??,  cl.  hârasa  (^mème  sens). 

3.  m  s'assimile  en  n  dans  le  voisinage  immédiat  d'une  dentale 
subséquente  :  sô'nd  w charrue??  (dans  quelques  villages  libanais 
sômd,  archaïsme),  cf.  syr.  sâmdë  (pluriel  de  sàmda)  cr morceaux  de 
bois  fourchu  du  métier  du  tisserand??;  *^énd  ff maîtresse  branche 
(sur  laquelle  plusieurs  autres  prennent  naissance)??  (et  "^ànnçd 
ffil  a  coupé  les  grandes  branches  d'un  arbre??),  cf.  cl.  "âmada  ffil 
a  soutenu??,  et  ''amîidu"  fffût,  tige,  colonne,  pilier??.  Quant  à 
7itâla  ffil  s'est  rempli??  en  face  duel.  /m/«/«V«,  VHP  thème  de 
màla'a  ffil  a  rempli??,  il  obéit  à  la  même  loi  phonétique  :  le  cl. 
imtâla'a  aboutit  à  dial.  ntàla  avec  changement  de  m  en  n  au  contact 
de  /;  dans  la  suite,  les  sujets  parlants  ont  cru  voir  dans  ntàla 

un  VIP  thème  d'un  verbe  terûae  ij,  soit  ^ialà  [\/t-l-y),  qu'ils  ont 
employée  dans  le  sens  de  ff remplir??  (ainsi  làlla-z-zàrm  ffil  a 
rempli  la  jarre??). 

Remarque.  —  C'est,  sans  doute,  par  étymologie  populaire 
qu'en  face  de  cl.  nâwûsti"  ff  caveau  sépulcral,  sarcophage??,  on  a  à 


^'^  Cf.  d.  hiilala  cri!  a  mêlé«  >  hârata,  cf.  syr.  J/lat;  fdllaha  à  côté  de 
fdrtaha  «il  a  aplati;5  (toutefois,  il  s'agit  peut-être  ici  de  variations  d'origine 
morphologique). 

('-)  Ceci  est  une  simple  constatation  et  non  un  essai  d'ex|)lication.  —  Ajouter 
ici  zammùlè  «bec  étroit  d'un  vase??  doublet  de  zammùra  (moins  usité  que 
zommdira)  cr espèce  de  fifre  composé  d'un  roseau  long  comme  le  petit  doigt 
mais  moins  grosw,  cl.  zammw-alu"  cf.i  re,  flûte  à  deux  tuyaux»,  cf.  syr.  zàmïirè 
«tuyaux,  siphons  de  bains  chauds??.  Au  sens  obscène,  ce  mot  s'est  croisé  avec 
z-b-b  qui  lui  a  pris  son  /■  et  lui  a  passé  son  h.  On  dit  zambûra  et  zabr 
tf  pénis». 


78  PREMIÈRE    PARTIE. 

Kfar'abîda  nâmûs.  Le  mot  a  été  rapporté  à  la  racine  nàmasa  ff  il  a 
cachée,  nâmisa  wii  s'est  caché ^7 . 

k.  n  s'assimile  en  m  toutes  les  fois  qu'il  est  suivi  immédiate- 
ment de  la  labiale  h:  zémb  w flanc,  côté,  jambe 77  <:  cl.  zànbu''; 
'^amhar  cr  ambrer?  <:  cl.  ^ànbaru'^,  cf.  syr.  %mbar;  tâmbdk  ff  tabac 
persan  w  <<pers.  tanbak;  zàmbd^lq  fflysw  <:  cl.  zanbaqu"  ;  eic.  C'est 
par  une  telle  assimilation  qu'il  faut  expliquer  la  forme,  très  répan- 
due dans  les  dialectes  de  Syrie  '«^w  <:Vm  (préposition)  ffde^^, 
qui  s'ajoute  à  l'aoriste  en  même  temps  que  b  et  lui  donne  le  sens 
du  présent  :  "ambâkol  fcje  suis  en  train  de  manger^?  au  lieu  de 
''an^  bi-\-'àkiiïu.  Mais  dès  que  le  préfixe  dialectal  b  disparaît  de 
l'aoriste,  V<m- reprend  sa  forme  classique,  soit  Vm  :  ^miyâkol  ffil  est 
en  train  de  manger  w  ;  ^antakol  ff  tu  es  en  train  de  mangerai ,  et  non 
pas  **awî/a/[:pZ,  *\iintâkol,  etc.  ;  ''am  est  quelquefois  remplacé  par  la 
préposition  dialectale  man  <<  cl.  min  (même  sens  que  ^«/î),  lors- 
que l'aoriste  n'est  pas  précédé  de  ^(voir  plus  loin)  :  mamjâkol 
a  exactement  la  même  signification  que  ^anyâkoU^K  Quant  à 
mâuraz  ffherse^^,  il  peut  s'expliquer  soit  par  l'assimilation  de  n  en 
m  à  la  labiale  n  <  cl.  nàurazu"  soit  par  confusion  de  ce  dernier 
avec  l'hébreu  môray^'^K 

n  passe  à  /  après  s'être  assimilé  à  r  dans  'oryol  ff  orgue  ^7,  cl. 
'ûryunu",  gr.  opyavov  (probablement  par  l'intermédiaire  de 
*'6ryor  assimilation  totale  suivie  de  dissimilation).  Cf.  pour  7, 
page  82. 

/S.   Assimilatmi  totale  en  contact  ou  à  distance. 

1.  /s'assimile  (à  distance)  à  r  subséquent  dans  le  mot  latin 
ceïlarium,  qui  devient  à  Kfar^abîda  krâr  ff  cellier  i^,  cf.  turc 
lilàA^^  et  dans  le  mot  français  revolver,  qui  devient  dans  le  parler 

forfâr  (avec  chute  de  r  initial  par  dissimilation). 

2.  n  s'assimile  (en  contact)  à  l  :  progressivement  ddiUS  '/qallûsé 
ff  bonnet,  calotte  7-)  <:*^lqalnûsé<<  cl.  qalânsavuatu"  ^^^  ;  régressivement 

('^  Celle  explicalion,  certaine  à  mes  yeux,  diffère  de  ceile  qui  veut  que 
'am  soit  une  apocope  de  'amnial,  adjectif  d'intensilé  du  verbe  'âmila  ffil  a  faitw, 
qu'on  retrouve  quelquefois  employé  à  côté  de  'am  dans  la  langue  des  demi- 
lettrés.  Il  est  possible  toutefois  que  les  sujets  parlants  aient  cru  voir  dans  'am 
un  débris  de  'ammfll  et  qu'ils  aient  employé  à  l'occasion  indifféremment  les 
deux  formes  comme  cela  se  produit  p.  ex.  en  Palestine. 

(^)  Le  m  au  lieu  de  n  peut  s'expliquer  aussi  par  le  fait  que  mduraz  est  un 
nom  d'instrument. 

(')  Mol  çf voyageurs;  cf.  l'ail,  keller,  emprunté  très  anciennement  à  ceïlarium 
(premiers  siècles  de  notre  ère). 

^'^  Ou  bien  dérivé  du  cl.  (pUlasa  «il  a  mis  à  quelqu'un  le    qaldnsa'watu"n. 


PIIONÉTIQUK.  79 

dans  hâllu'^^'i  wil  est  temps  pour  iui  de.  ..•>■>  <c*hànlu  <  cl. 
hâna-\-lahu[cï.  lat.  illœlabilis,  (rq.  illuminer,  gr.  a-uWa^rf,  etc.). — 
Quant  à  sedilân  dial.  wenclume^,  il  ne  provient  pas  directement 
du  cl.  sandfmu"  (pers.),  avec  assimilation  totale  de  n  en  d,  mais 
il  représente  plutôt  le  syriaque  saddânâ  (inêinQ  sens).  C'est  en 
somme  le  même  cas  que  dahhnr  cr  frelon 77,  qui  provient  du  syria- 
que debbiirâ,  et  non  du  cl.  zimhûru". 

3.  r  finale  s'assimile  (en  contact)  à  z  précédent  dans  hAU  (et 
ses  dérivés)  cfil  s'est  enfui,  il  a  émigré ^^  <:  cl.  hazara;  —  paraît 
s'assimiler  dans  les  mêmes  conditions  à  d  dans  'jqàd'^  (usité 
à  côté  de  'Iqàdar)  w quantité  comme,  pareil 77  <<  ^'/qâdr  <:  cl. 
qâdani";  on  dit  également  'as  'jqâd^,  ou  bien  'as'jqàdar  wune 
telle  quantité  !  f-) ,  mais  il  y  a  bien  plutôt  eu  confusion  avec  le  cl. 
qàddu"  ff quantité,  mesure 7?. 

2"  Dissimilalion. 

Comme  dans  toutes  les  langues  sémitiques  (cf.  Brockelmann, 
p.  102),  à  Kfar^'abîda,  deux  sonantes  dans  un  même  mot  s'in- 
fluencent de  telle  sorte  que  l'une  des  deux,  généralement  la  pre- 
mière, change  son  articulation  ou  disparaît  complètement. 

a.   Dissimilation  à  distance. 

1.  /-/  aboutit  à  n-l  :  cl.  salsâlu"^  w  argile ^^  >  dial.  sonsâl; 
silsilatu''  ff  chaîne  v  >>  sénslé  ^^^  ;  dàldala  ce  il  a  eu  les  bras  ballants  v 
>-  dândel  w il  a  suspendue)  et  ladàldala  wil  fut  agité 77  (en  pari,  d'un 
objet  suspendu)  >  ^dândel  wii  est  suspendu  77  sous  l'influence 
du  syr.  dandel  et  'eddandel  (même  sens);  zâlzalatu"  ff  tremblement 
de  terre 77 >  zénzlê  w foudre,  tremblement  de  terres,  cf.  syr. 
zunzâlâ  (même  sens);  dans  les  deux  derniers  exemples,  le  syria- 
que présente  un  phénomène  identique.  De  même  /  se  dissimile 
quand  le  mot  contient  un  r;  le  résultat  est  également  n,  qui 
s'assimile  en  m  lorsqu'il  est  immédiatement  suivi  d'un  b  :  al-bârihu 
w hier  ^7  ^>*nbâr§h  :>  mbâr§h  (dial.)^^^;  ballûratu"  w  cristal ^^  > 
bannûra  cf  cristal t»  (nom  propre  de  femme);fdnella,  cf.  h'<;.  fla- 
nelle. 


(^)  Contamination  de  ci.  halla  «il  est  permis,  il  est  oi)ligatoire  pour..., 
elle  est  en  échéance  (dette)». 

('-)   Cf.  syr.  sissaltâ  ou  èUaltà  ccchaîne»,  pour  * salsaltâ. 

(^)  «La  prononciation  embnreh,  seule  usitée  en  Syrie,  en  Palestine  et  en 
Egypte,  ne  renferme  pas  Tarticle  sudarabique  (em-),  ce  que  quelques  dialecto- 
logues  ont  soutenu ,  mais  c'est  une  assimilation  sous  Tinfluence  du  è»  ;  cf.  Land- 
BERG,  DaOviah,  p.  287. 


80 


PREMIERE    PARTIE. 


Remarque.  — Le  mot  dialectal  'jqaiyûlé  rr sieste ??  ne  provient 
pas  par  dissimilation  de  cl.  qailidatii"  (même  sens),  mais  il  a  ëlo 
transformé  par  étymologie  populaire  d'après  le  cl.  qâùjala  ff  il  a 
fait  la  sieste  w  ::^àïa\.yqàtyeL 

9.  r-r  aboutit  généralement  à  zéro-r  ou  r-zéro  :  ipers.  pergàr 
ff  compas??  >  nco-cl.  birkâru"  [ou  Jtrzàrii")  z>-  dial.  bïhâr;  pers.  et 
turc  rcnzher  ff  laboureur,  ouvrier  maçon??  >  ^enzbârë  ffnaïf,  de 
talent  médiocre??  ;  français  revolver  :>■  à\n\.  forjâr ;  cl.  rizlu"  ff  pied?? 
>*nlî' par  assim.  >  V^'';  gi**  '!Soi.Tpi<xp^ris  rf patriarche??  >  syr. 
patrlyar-)(a  >>dial.  hàirah  (le  sens  de  la  dissimilation  n'est  pas  le 
même,  ce  qui  montre  que  l'adaptation  ne  s'est  pis  faite  daus 
notre  dialecte,  ou  s'est  faite  à  une  époque  différente  de  celle  des 
mots  précédents)^^'. 

r-r  >  (quelquefois)  n-r  :  cl.  tiirtûru"  ff  bonnet  long  et  pointu  i? 
>  dial.  tanti)}' [ou  1(mlûra)\  frç.  gênerai  >  ^zençrâr  >  dial.  zçnonâr; 
ce  dernier  mot  (emprunt)  semble  montrer  qu'il  s'agit  d'un  fait 
peu  ancien. 

Remarque.  —  En  face  du  cl.  snràljhjahi''  ffdame-jeanne?^,  notre 
parler  présente  .s/â//?j/^' où  la  nuance  /  n'est  due  ni  a  une  assimi- 
lation ni  à  une  dissimilation  :  il  y  a  eu  confusion  du  mot  arabe 
avec  le  mot  syriaque  Wf^^^a  ffpbiala,  lagena??,  cf.  hébr.  sêlâhoO 
ffplat??,  flôhld  et  sallahaO  (même  sens)^^). 

3.  n-n:>-m-n:  néo-cl.  ?irt^am^w  ff  saucisse??  >  dial.  nijqânejq, 

n-n  '^71-1  :  turc  zangln  ff  richissime  ??  :>'Zangîl. 

n-n7>zéro-n:  cl.  siminatu"  ff  naturel,  aspect??  7>sésné;  yâman 
ffô  celui  qui??  -\-zaanâ  ff  nous  est  venu??  >  dial.  yàmûâna  (refrain 
d'une  chanson  populaire). 

En  contact  on  a,  par  différenciation,  m  dans  cl.  qumiahipi" 
ff  chou-fleur??  >-dial.  'jqarnabU. 

Il  faut,  enfin,  mentionner  un  exemple  dans  lequel  w  tombe, 
par  dissimilation  d'une  autre  sonante  :  pers.  nargilè  ffuarguilé?? 
>dial.  'argîlê^^l 

(')  Pour  dial.  sar'jqûta  «étincelle??  <Csyr.  s'rayrayyâda ,  ce  mot  s'explique 
par  superposition  syllabique  s"      ^  yaôà  >  * s''rayyodâ>  dial.  sarjqûta. 

(^)  La  chose  ne  saurait  être  mise  en  doute,  car  notre  mol  dialectal  si^rnifie 
non  seulement  rcdame-j canne??  mais  aussi  crplat??,  rr bouteille??,  ffcoupo??. 

(')  Dans  le  dial.  ndâd'^  «est-ce  vrai???,  au  lieu  du  cl.  min-\-zaddi'\  cVst  la 
chute  de  i  qui  a  entraîné  celle  de  m.  On  dit  du  reste  à  Kfar'abida  miàd'^  lorsque 
ce  mot  est  employé  comme  adverbe  d'inlerrojjation,  et,  par  consoquont,  au 
commencemcnl  de  la  phrase.  Partout  ailleurs,  on  dit  monind'^  :  miâd'^  ià  crost- 
ce  vrai  qu'il  est  venu???;  au  contraire  Wi/f'AAt' woViz^'f^'  "lu  parles  sériouso- 
ment???  ou  cr est-ce  que  tu  parles  sérieusement???.  Comme  on  le  voit,  Tinterro- 
{jation  porto  dans  le  dernier  exemple  sur  le  mol-léhhê. 


PHONÉïIQl  K.  81 

h.  m-n  ^ m-l  :  cl.  hàmmana  ffil  a  dolerminé  approximalivo- 
ment,  il  a  conjecturée^  >  dial.  hàmmdï  (à  côté  de  hânmiôh)  ffil  a 
cru,  il  a  pensé ^e;  1ammâ-\-'(m-\-  ziVa  ff  lorsqu'il  est  venu  17  >  dial. 
hmmolza. 

(l-n  :>  d-ni  :  Une  (liz(>în   ff rênes,   brides "   > '^  desMm  >  dial. 

On  Ta  déjà  vu  (p.  Q(j),  m  est,  dans  deux  exemples,  dissiinilée 
en  b  par  une  autre  m.  Elle  est  dissimiiée  en  n  par  une  lahiale 
précédente  :  cl.  m/nhamu"  cf pommade ^i  >dial.  mdrhan;  harlmalu"- 
ff  vrille,  foret  e-»  :>-harnnc;  ital.  pomi  d'ôro  ff  tomate  17  >-  banadûra. 
Le  cl.  màrhamu"  (mot  étranger)  devenu  marhan  ff  pommade  ^7, 
peut  s'expliquer  simplement  par   le   passage  de    m  final   à    n 

m  tombe  par  dissimilation  dans  le  voisinage  d'une  labiale 
sonore  :  'ûhi'iH  ffje  ne  viens  pas 77  <:  ma  -\-  bi  -\-  'aii'u  -|-  «  et 
^'WmonzU  frnous  ne  venons  pas 77  <c.m('i-\-bi-\-naziu-{- s,  où  m 
de  la  négative  ma  a  été  sans  aucun  doute  éliminée  par  dissimi- 
lation de  b  et  de  m,  préfixes  dialectaux;  en  effet  m  est  maintenue 
dans  cette  position  toutes  les  fois  que  b  (m)  préfixe  ne  paraît  pas 
à  l'aoriste,  comme  dans  'âna  bô'/qder  màzis  ff  est-ce  que  moi  je  puis 
ne  pas  venir  ?  7?. 

En  fin  de  mot,  le  m  du  pronom  personnel  autonome  de  la 
deuxième  personne  plur.  masc.  et  de  la  désinence  de  la  deuxième 
personne  plur.  masc.  du  parfait  tombe  :  'énlu  ffvous?^  au  lieu  de 
cl.  ^antum  et  dràbtu  ffvous  avez  frappé  75  au  lieu  de  cl.  darâbtum. 

Signalons  enfin  nbû  au  lieu  et  à  côté  de  ?ibûm  (mot  que  le  tout 
petit  enfant  emploie  pour  demander  à  boire). 

Le  mot  ""atrinê  ff  fourche  en  bois  à  deux  branches  pour  retourner 
les  blés  et  les  foins 77  contient  certainement  le  mot  syriaque  trèn 
ffdeux77,  mais  faut-il  voir  dans  "a-  le  début  de  '«m  ffavec^^  (où  m 
serait  tombé  par  dissimilation),  ou  encore  un  débris  de  ViJ 
ffjusque^?  ou  même  de  "al  ffsur^î? 

Remarque.  —  Nâî(wa  ffil  a  miauîé^^  (I^  thème),  en  face  de 

cl.  ma' a  {\/m-w-\  même  sens),  s'explique  certainement  comme 
bà^a'/q  ffil  a  bêléw  par  opposition  au  cl.  mà'aqa  (onomatopée), 
p.  i3,  note  3. 

3°  Métathèse. 

Les  sonantes  fournissent  à  Kfâr*^abîda  peu  d'exemples  de  méta- 
thèse. En  voici  cependant  quelques-uns  :  nâ^'al  (à  côté  de  Wati) 
ffil  a  maudit  77  <<cl.  Wana;  nabris  ff  tuyau  de  narguilé»  <:néo-cl. 

^^)  Malgré  la  graphie  z,  il  est  incontestable  que  Ton  prononce  un  s  sourd. 

PARLER  DE  KFAr/ACÎUA.  0 


82  PREMIÈRE    PARTIE. 

narbîzu"  ou  navhîsu''  (persan);  ^armût  w voleur,  gueux,  méchante 
<:cl.  ""umrûtu";  m6"/qàilé  crpetit  crochet,  bâton  à  crochetiî  au  lieu 
de  '^nm^^laiqatu" ,  diminutif  du  cl.  miHâqu"  (sur  ce  mot,  voir  p.  33); 
làhltçf  ff  il  s'efforça  de  faire  consentir  à ...  75  <;  cl.  hàllafa. 


CHAPITRE   II. 
VOYELLES. 


L  DIPHTONGUES. 

Dans  le  chapitre  précédent  nous  avons  vu  que  les  deux  semi- 
voyelles,  suivies  immédiatement  d'une  voyelle  quelconque,  sont 
à  Kfar'abîda  comme  en  classique  de  véritables  consonnes,  et  que 
c'est  la  raison  pour  laquelle  nous  avons  préféré  les  étudier  avec 
les  consonnes  (et  les  noter  par  les  signes  w  et  tj).  Nous  avons  vu 
aussi  qu'elles  peuvent  être  suivies  inimédiateiiient  d'une  consonne 
et  précédées  d'une  voyelle,  et  que  dans  ce  cas  elles  se  joignent 
dans  la  prononciation  à  cette  voyelle  de  manière  à  former  une 
diphtongue.  C'est  ce  cas  qu'il  nous  reste  à  étudier. 

Les  semi-voyelles  u  et  i,  employées  comme  deuxième  élément 
de  diphtongue,  ont  toujours  à  Kfar'^abîda  (sauf  quelques  cas  de 
réduction),  la  même  forme  qu'en  classique.  Le  premier  élément 
de  la  diphtongue  peut  théoriquement  être  soit  i,  soit  u,  soit  a, 
d'où  trois  sortes  de  diphtongues  possibles  :  m,  ii;  uu,  ui;  enfin 
au,  ai.  Le  sémitique  commun  ne  connaissait  déjà  plus  les  deux 
premières  séries  de  diphtongues  il  [in)  et  un  (w^);  la  première 
avait  été  réduite  à  1  et  la  seconde  à  û  (cf.  Brockelmann,  p.  9/1). 

Dans  la  suite,  toutes  les  langues  sémitiques,  sauf  l'arabe,  ont 
réduit  au  et  ai  du  sémitique  commun,  tandis  que  l'araméen  les  a 
conservées  en  syllabe  fermée  par  une  seule  consonne  s'ajoutant  à 
i  et  n  (type  baitâ,  yaumà).  La  plupart  des  dialectes  arabes  mo- 
dernes ont  effeclué  la  même  réduction  et  ne  possèdent  plus  les 
diphtongues  classiques. 

A  Kfar'abîda  où  elles  sont  conservées  (comme  dans  tout  le 
Liban),  on  ne  connaît  à  proprement  parler,  sauf  à  la  finale,  que 
les  diphtongues  au  et  ai,  à  premier  élément  bref^'l  Les  diph- 


(^'  Ii  en  est  déjà  ainsi  et  sans  restriction  pour  Tarabe  classique.  —  Ceci  est 
vrai  pour  l'ensemble  du  parler,  sauf  à  la  finale  de  quelques  monosyllabes, 
voir  p.  101  en  note. 


PHONÉTIQUE.  83 

longues  ui  et  In  peuvent  se  produire  secondaiiement  par  suite 
d'une  prononciation  rapide  entre  deux  mots  différents  à  finale  et 
à  initiale  vocali(]ues  :  bodda'uûli  cril  veut  s'en  allerw  au  lieu  de 
*b(idiluhu  (cl.  hi -\-  widdUd)  -\-  ijarùhu;  nionniiddik  cf  de  vous  à  moi, 
entre  nous^,  litt^  wde  moi  à  vousw,  au  lieu  de  mi?ini-{-wa 
-{-'ilmka^^K  Ces  diphtongues,  de  date  récente,  restent  inaltérées. 
C'est  également  à  la  suite  d'une  e'volution  secondaire  que  notre 
parler  s'est  trouvé  en  face  de  diphtongues  à  premier  élément 
long  :  'jqâimé  cr  se  levant  -n  (fém.)  <z  /qâijime  <  cl.  qaimatu". 
—  Il  a  re'solu  la  difficulté  en  vocalisant  le  deuxième  élément,  ce 
qui  a  permis  au  premier  de  rester  long.  Aussi,  contrairement  à 
d'autres  linguistes,  on  n'attribuera  pas  dans  ce  travail  le  signe 
de  semi-\oyelle  à  la  sonante  i  ou  u  quand  elle  se  trouve  après 
une  voyelle  longue. 

Comme  nous  l'avons  fait  pour  les  semi-voyelles  w  et  y,  nous 
étudierons  ici  an  et  ai  dans  les  quatre  cas  qui  peuvent  se  pré- 
senter :  1°  an  et  ai  ont  conservé  sans  changement  leur  valeur  de 
diphtongue;  2"  ils  se  sont  réduits  à  des  voyelles  u?ies;  B*"  au  a 
pris  la  place  de  al  ou  ai  celle  de  au;  li°  au  et  ai  sont  secondaires. 

1°  an  et  ai  ont  conservé  sans  changement  leur  valeur  de  diph- 
tongue. 

D'une  façon  générale,  les  diphtongues  dialectales  au  et  ai  re- 
présentent^ Jl  et  ^  «,  et  à  la  différence  de  l'immense  majorité 
des  dialectes  modernes  ^^),  elles  se  maintiennent  toutes  les  fois 
que  leur  premier  élément  a  est  resté  pur  :  mânda^  cr  endroit  ^^  <:  cl. 
mànda\i'^ ;  hmdê  ft  intendant??  <;  cl.  haidîyu";  mostàu^çd  wse  pro- 
mettant, espérante  ,  cf.  cl.  wcCada  rril  a  promis??  ;  ^jqànwdl  wil  a  fait 
dire??  <:  cl.  qâuwala;  làilê  ff  nuit??  <;  cl.  lâilatu'' ; kâùje]  c? il  a  mesuré?? 
(le  grain)  <  cl.  kâiyala;  yahnê  fc nuage??  <:  cl.  yàhnaliC';  làu  ce  si?? 
<:  Ifiu;  zâu  w  atmosphère??  <  zànwii";  hài  avivant??  <:  cl.  hâiyu"; 
màntna  w  notre  mort??  <:  cl.  màutunà;  lâtin  te  couleur??  <<  cl.  Immu"; 
hait  cf  maison??  <<  cl.  baitu";  etc. 

2°  au  et  al  se  réduisent  à  de  simples  voyelles  lorsque  \a  s'est 
altéré  en  e,  ce  qui  lui  a  permis  de  se  fondre  ensuite  avec  le 
second  élément. 

^'^  Le  syriaque  connaît  lui  aussi  les  deux  diphlong-ues  ui  et  iii  qui  se  pro- 
duisent par  suite  de  la  suffixation  du  pronom  de  la  3*  personne  masc.  sinfj.  à 
une  forme  nominale  ou  verbale;  cf.  qatlui  tcils  l'ont  tué 55  ;  q'taUiu  «tu  (fém.)  l'as 
luéw  ;  'ahui  «son  frère».  En  outre,  en  syriaque  au  et  ai  sont  maintenus  en 
syllabe  ouverte  inaccentuée  et  en  syllabe  finale  qui  ne  se  trouve  fermée  qu'à 
la  dernière  étape  de  l'évolution.  Elles  sont  réduites  à  des  voyelles  longues  en 
syllabe  fermée  non  accentuée  (cf.  Brockelmann,  p.  95). 

^^)  Sur  la  réduction  et  la  conservation  des  dipbtongues  dans  les  dialectes 
modernes,  cf.  Marçais,  Saïda,  M.S.L.,  t.  XIV,  p.  128  et  notes. 

6. 


Sa 


TREMIERE    PARTIE. 


La  réduction  se  fait  dans  certaines  positions  mais  beaucoup 
plus  rarement  que  dans  les  autres  dialectes  modernes  ^^l 

a.  au  et  ai  passent  à  û  et  i  (voir  p.  98-99)  dans  les  mots  de 
la  forme  qattâh"  appartenant  à  des  racines  mediae  m;,  mediae  xj  ou 
mcdiae  '  (donnant  w  on  y  (^^)  :  ^/qûrnâl   r poète  populaire 77  -<  cl. 

qanwâîu"  [yq-w-l)  cf grand  parleur^^;  ^mw  rr source  qui  jaillit  avec 
force  7-)  <c  c\.  fauwâru"  [\f-w-r)  ce  qui  bout  à  gros  bouillon  ^7;  riavâs 
ffqui  vend  des  têtes  de  bétail 77  <c'^'ramvâs  -<  cl.  ra^'âsiC'  y\fr--sj\ 
hii/ât  ff  tailleur 77  <<cl.  hahjâtu"  y\/li-y-lj\  sT^a^l  w  chasseur 77  <:  cl. 
sanjâdvJ'  [s/s-y-d);  dans  les  mots  de  la  forme  qatlânu"  :  hYân  (à 
côté  de  if  an)  ffqui  a  faim  75  <:  cl.  zaï/ânu"  [\^z-w-j',  zulân  w  action 
de  parcourir,  de  tourner  77  -<:*zaitlânu"  y\^z-w-l);  Jiiwân  ce  animal  ^7 
-<  ^haiwân  <:  cl.  hay[a)wâmC'  {\/h-y-ivj;  sîtân  ff  Satan,  démon ^7 
<C  cl.  saijânu"^^'>  (voir  p.  99);  dans  les  mots  du  type  taqtilu"  de 
verbes  à  première  radicale  w  ou  y  :  tu/qîf  c?  arrestation ,  suspen- 
sion tî  <  cl. /ftj/(///i<"  (01)-^-/ j  ;  tïifr/q  w succès  (nom  propre  d'hom- 
me )  77  <;  cl.  taufîqu"  \y'w-J-qj\  tïisîlê  w  course  en  voiture  77  <  cl. 
taustlatu"  y\/w-s-lj;  iîhisê  fraction  de  faire  sécher 77  <<  cl.  taibîsatu" 

[\/^y-b-s)  etc.  ;  dans  les  pluriels  du  type  "aqlâhi''  (voir  plus  loin), 
v  passe  hîieti  à  i:  ulâd  ff  enfants ^7  ■<  cl.  'avlâdii"  ;  ms^z/w  qualités  ^7 
<:  cl.  'amâfu";  'itâm  fforphelins77  <:  cl.  'aijâmu";  dans  les 
pluriels  du  type  'dqtHaM'  (voir  plus  loin)  :  'ifyê  ff vases 77  <c*'çi/yé 
<  cl.  'âuSyatu";  dans  quelques  imparfaits  de  verbes  à  première 
radicale  w  ou  y,  formes  où  la  semi-voyelle  initiale  a  été  intro- 
duite par  analogie  avec  le  parfait  :  yûzç''  cfil  fait  mal  (lat.  doïet)'^ 

<:cl.   yâiihfu  (\/tt;-i-j;  yîbds    ffil    se   dessèche  77    <<  cl.   ymhasu 

{\/y-b-s),  etc.  .  . 

Remarque.  —  Les  parfaits  des  verbes  tertiae  w  ou  y  semblent 
réduire  leurs  diphtongues  au  et  ai  :  mut  ffj'ai  jeté 77,  cf.  cl.  va- 

minju    (yr-m-yj'^  nmit    fftu    as    crû,    grandi 77,    cf.    cl.    namâuUi 

\\/n-m-w)^^^^\  bhhc  fftu  as  pleuré  (fém.)  71,  cf.  cl.  bahâili  y\/b-k-y),  etc. 
Mais  la  réduction  ici  n'est  qu'apparente  et  s'explique  comme  on 
le  verra  par  le  fait  que  les  verbes  tertiae  y  du  type  qàtala  :  yàqiilu 

'')  A  Beyrouth ,  aii  et  ai  se  réduisent  toujours  à  0  et  h  e  lorsqu'ils  sont  en 
syllabe  fermée  :  yôm  ffjour»  <C  cl.  yf'nnnu" ;  bén  wenlrew  ^cl.  hâina;  etc. 

^^)   Phonétiquement  ou  du  moins  par  analogie. 

^•'^  C'est  ép^alement  grâce  à  une  dissimilation  vocalique  régressive  que  les  cl. 
hdiratu'^  crétonnement»,  yôri-alu"  crzèle?',  etc.  sont  devenus  dans  le  parler  hi'ra, 
y  Ira. 

^''^  Se  rappeler  que  les  verhes  lerliae  w  sont  ramenés  dans  notre  parler  aux 
verbes  lerliae  y. 


PIIONKTIQIIR.  85 

ont  été  ramenés,  au  parfait,  analo(>iquement  aux  verbes  terliae  y 
du  type  qdiila  :  ydqlalu. 

[3.  au  passe  à  o  et  ai  à  î^^^  clans  quelques  mots  usuels  :  hon 
ff  ici-'^  contraction  et  doublet  de  haun  <c  cl.  hâhunà;  mos  ce  ce  n'est 
pas?')  contraction  et  doublet  de  dial.  mau.s  <:  cl.  mà-\-huwa  (  +  6-); 
Â/ytr  comment?  ^7  <:cl.  lai  fa;  si  cfcbose??  <<cl.  s/uu";  stdé  rmion- 
sieur^7  -<cl.  s(in/idi^'^\  etc. 

y.  an  et  ni  passent  à  a  bref  en  syllabe  fermée  par  suite  d'une 
prononciation  rapide^^^  :  bat  hânna  wla  maison  de  Jean??  <:  cl. 
hâUit  hànnci;  monyâr  sâf  rrsans  mal??  <:  cl.  mm -|-  yàhi  -\-  mrrf  ; 
hav  monneh  ce  il  vaut  mieux  que  toi-»?;  cf.  cl.  hàiru"  minha;  ^antûra 
(village libanais)  <  syr.  ^ainâ  ff source??  -\-tarâ  w montagne??;  làsta 
cf  pourquoi  ???  <:  cl.  li-^-^aiyi-}-  saii"  -|-.  .  .  ;  niaHâld  cr cela  ne  te  re- 
gai'de  pas??  -<cl.  ma  -{-  \ilaika  (+«);  lànnu  cfs'il  est??  <c:cl.  lau~{- 
'anna-hu;  hleddin  (nom  d'un  village  libanais,  résidence  d'hiver  du 
gouverneur)  <:  ^bateddïn  <:  cl.  bàitu-d-dîni  ffla  maison  de  la 
justice??. 

S"*  au  a  pris  la  place  de  ai  ou  ai  celle  de  au. 

De  même  que  les  semi-voyelles  w  et  y  se  remplacent  mutuel- 
lement sous  l'influence  des  voyelles  suivantes  ou  par  confusion 
analogique,  de  même  aii  et  ai  se  rencontrent  l'un  pour  l'autre, 
mais  moins  fréquemment. 

a.  an  classique  a  passé  à  ai  :  dans  quelques  verbes  de  la 
forme  qâttala  des  racines  mediae  tv  :  ràryecl  rr il  a  dompté??,  cf.  cl^ 

rduivada  y\/r-iv-d)^  etc.;  de  même  dans  saikûnê  w petite  branche 
morte??,  dimin.  de  syr.  saukâ  tf branche,  rameau??. 

/3.  ai  a  passé  h  an  :  dans  quelques  verbes  de  la  forme  qâttala , 
des  racines  mediae  y  :  lâmvos  (et  ses  dérivés)  ce  il  a  étourdi??  en  face 

du  cl.  tâi^/am  (0-î/-«);  tànwdf  ce  il  a  inondé??  en  face  du  syr. 
taryoÇ/  et  dans  quelques  mots  comme  zcmd  rr surplus,  augmen- 
tation??, cf.  cl.  zâidu'^. 

li°  an  et  ai  sont  secondaires. 

A  la  différence  de  linguistes  autorisés  (^'^,  nous  ne  regardons 

('5   Par  rintermédiaire  de  ë. 

(-)  Ces  mots  pourraient  être  des  emprunts  aux  parlers  citadins  (Beyrouth, 
Tripoli  de  Damas)  où  les  diphtongues  se  réduisent  en  règle. 

^')  Celte  évolution  est  naturellement  hien  plus  récente  que  celle  du  type 
qtnuUu"  >  qitiil. 

^W  W.  Marçais,  Scnda,  M.  S.  L,  t.  XIV,  p.  i3o;  M.  Couen,  p.  ii3. 


86  PREMIÈRE    PARTIE. 

pas  comme  diphtongues  secondaires  à  premier  élément  long 
celles  qui  se  produisent  par  la  fusion  d'une  voyelle  longue,  soit 
à,  avec  une  semi-voyelle  suivante  vocalisée  (^\  par  exemple  dans 
zàmjè  w angle 7î  <:cl.  zâwiyatu",  et  sâimê  cf jeûnante  (fém.)  <:cl. 
sâHmatu'^. 

a.  «w  et  ai  peuvent  représenter  à  Kfâr^^abîda   j)!    (c'est-à- 

dire  âwa,  âwi,  àwu)^  et  t^'  -  (c'est-à-dire  àya,  àyi,  ayu)  clas- 
siques, et  sont  alors  appelés  diphtongues  secondaires.  La  voyelle 
longue  à,  se  trouvant  en  syllabe  fermée  par  deux  consonnes, 
par  suite  de  la  chute  de  la  voyelle  subséquente  («,  i,  u),  s'abrège 
en  a,  ce  qui  permet  au  iv  et  au  y  de  subsister  sous  forme  de 
second  élément  de  diphtongue  :  hlm/zûdu  wsans  sa  présence  (on  se 
passera  de  lui) 7^,  cf.  cl.  hilà -\- ivuzûdihi ;  landi^  ulmuW  rril  n'est  ni 
humble  ni  doux??  <::cl.  là-}-  tvadî^u'^  -\-  wa  -{-  là -\- ivadhi" ;  la'mût 
cril  ne  mourra  pas  (qu'il  ne  meure  pas)??  ■<  cl.  là  -f-  ycimûtu;  mains 
ffil  ne  viendra  pas??  <  cl.  ma  -f-  yaifu  -\-  (s);  tai/ûh  wpour  qu'il 
aille??  <:  ta  (c'est-à-dire  Iiattà)  -f-  yarûha\  ^aimînë  wsur  ma 
droite??  -<  *â  (c'est-à-dire  %là)  -f-  yaminî;  hâk  wmur??  '<.^hâyit 
<  cl.  haitu";  màidê  ff réfectoire,  salle  à  manger??  <::'^mâyidê  <cl. 
maidatu";  etc. 

/S.  an  et  al  ont  été  introduits  secondairement  dans  plusieurs 
formes  nominales  et  verbales  et  s'expliquent  la  plupart  du 
temps  par  l'influence  des  consonnes  précédentes,  par  des 
procédés  morphologiques  ou  analogiques,  etc.  :  swàijq  ff  sorte 
de  pain??,  cf.  cl.  sawtqu";  ''àujqds  ffil  est  piqué??  (par  une  mouche) 
<:  dial.  Vi'Jqas  ffil  a  piqué??  -<syr.  ""'qas,  par  analogie  avec  saiite(p 
(forme  qautel);  râuh  (dans  yâràiihê  ffô  mon  âme??,  terme  de  ten- 
dresse), cf.  ci.  rûJiiC^^  âme,  souffle??  par  analogie  avec  yà^àinê,  litt. 
ffô  mon  œil??  (terme  de  tendresse)  <:  cl.  yà-^^amï;  zaïh^jq 
ff  mercure^,  cl.  zfbaqu";  hàulé  ff  celle -ci??,  cf.  cl.  hàdi;  handê 
ff  ceux-ci,  celles-ci  1?,  cf.  hàdû,  et  cl.  hà'ulâ'i;  hiahjê  (k  côté  de  Ijtîyê) 
f' péché,  faute??,  cf.  cl.  hatî'atu",  haiîyatu";  môddâk  ffj'ai  étendu 
par  terre??,  cf.  cl.  madadlu  (il  en  est  ainsi  de  toutes  les  premières 
et  deuxièmes  personnes  masc.  et  fém.  sing.  et  plur.  du  parfait 
des  verbes  à  deuxième  et  troisième  radicales  semblables),  ceci 
par  analogie  avec  les  verbes  à  troisième  radicale  y,  tels  que  VM« 

yJ'-d-yY'^^  ffil  fit  parvenir??;  etc. 


(»)  Cf.  p.  73. 

(^)  Cf.  K.  AuRENS  (Zeitschvift  (1er  deutsnhon  mnr^enh'imUaclion  GespUschnft , 
t.  64,  p.  176).  D'après  lui  et  A.  Fisciikk,  on  rencontre  déjà  dialcctalen  ent 
4es  formes  telles  que  raddaitu  et  raddâlu  en  arabe  ancien. 


t 

V 


pnoJNKTion;.  87 


II.  VOYELLES  PROPREMENT  DITES. 


Notions  pnÉLiMiNAiREs. 

On  le  sait,  les  grammairiens  arabes,  tels  que  SThawa^hi  et 
Zamalj^arl,  qui  nous  ont  laissé  une  si  complète  description  des 
consonnes,  n'ont  presque  pas  parle'  des  voyelles  qu'ils  ne  regar- 
daient pas  d'ailleurs  comme  de  véritables  phonèmes.  Pour  eux, 
les  voyelles  arabes  se  ramènent  à  trois  :  falhatiC'  =  a;  hasratiC'  =^i; 
et  dammatii"  =  u ,  qu'ils  représentaient  par  les  signes jl,  —  et—. 

Ces  voyelles  sont  signale'es  comme  longues  lorsqu'elles  sont  im- 
médiatement suivies,  a  d'un  alif,  i  et  u  des  deux  semi-voyelles 
correspondantes,  d'où  le  système  vocalique  de  l'arabe  classique: 
«,  i,  u,  à,  l,  w.  Pourtant,  quelques-unes  de  ces  voyelles  peuvent, 
d'après  les  mêmes  grammairiens,  se  nuancer  et  subir  cer- 
taines modifications  dans  leur  timbre  sous  l'influence  de 
consonnes  voisines  :  a  (à)  penche  vers  i  (imâla)  ou  vers  u 
(tafhîm),  et  i  est  parfois  prononcé  comme  u  (""ismâm).  Ces 
nuances,  nous  les  retrouvons,  et  d'autres  encore,  dans  le 
parler  de  Kfar^abîda.  Aussi  allons-nous  les  étudier  successivement 
avec  les  voyelles  longues  et  brèves,  et  voir  ce  que  sont  devenues 
ces  voyelles  à  Kfâr^abîda  soit  dans  les  formes  nominales,  soit  dans 
les  formes  verbales.  Nous  considérerons  cbaque  voyelle  longue  ou 
brève  dans  les  trois  cas  qui  peuvent  se  présenter  :  à  l'initiale ,  à 
l'intérieur  du  mot  et  à  la  finale,  et  nous  l'examinerons  dans 
chacune  de  ces  positions  au  point  de  vue  de  la  conservation  ou 
de  la  chute,  de  la  quantité  ou  du  timbre,  en  prenant  toujours, 
contrairement  à  ce  que  nous  avons  fait  pour  les  consonnes, 
l'arabe  classique  comme  point  de  départ. 

Comme  le  syriaque,  qui  nous  fournira  dans  ce  chapitre  en 
particulier  plusieurs  points  de  comparaison ^^^,  le  parler  de  Kfar- 
'abîda  (il  en  est  de  même  de  la  plupart  des  parlers  libanais)  est, 
comparativement  à  la  langue  classique,  assez  pauvre  en  voyelles 
de  timbre  net.  Par  contre,  il  est  très  ricbe  en  voyelles  de  nuance 
indécise,  dont  on  ne  saurait,  sinon  à  l'aide  d'instruments,  déter- 
miner exactement  le  timbre.  Celte  abondance  de  voyelles  vagues 
n'est  pas  propre  à  notre  parler;  elle  existe  dans  tous  les  dialectes 


(^^  On  le  sait,  la  prononciation  actuelle  du  syriaque  occidental  présente  des 
altérations  considérables  par  rapport  à  l'ancienne  vocalisation  araméenne,  telle 
que  nous  la  montrent  les  documents  des  premiers  siècles  de  notre  ère, 


88  PAKHIIKRE    PARTI  i:. 

arabes  modernes  où  l'on  est  obli(]e',  pour  rendre  exactement  la 
prononciation,  d'avoir  recours  à  de  nouveaux  et  nombreux  signes 
vocaliques.  Elle  s'explique  par  le  fait  que  dans  toutes  les  langues 
sémitiques  anciennes  et  modernes  les  voyelles  brèves  non  accen- 
tuées ont  beaucoup  moins  de  résistance  que  les  voyelles  longues, 
et  subissent  très  facilement  Tinfluence  des  pbonèmes  voisins.  On 
peut  aussi  joindre  à  cette  raison  commune  et  principale  une 
autre  raison  particulière  et  secondaire,  qui  s'applique  seulement 
au  parler  qui  nous  occupe  ^^^,  l'influence  de  l'ancien  voca- 
lisme syriaque  qui,  en  se  croisant  avec  celui  de  l'arabe  classique, 
a  contribué  à  l'établissement  du  système  vocalique  actuel  des  par- 
1ers  libanais.  D'où  de  nombreuses  voyelles  de  timbre  différent, 
selon  qu'elles  sont  voisines  de  telle  catégorie  de  consonnes  ou  de 
telle  autre,  qu'elles  sont  dans  les  formes  nominales  ou  dans  les 
formes  verbales,  qu'elles  sont  dans  une  forme  d'origine  arabe  ou 
d'origine  syriaque;  d'où  aussi  ces  divergences  dans  la  pronon- 
ciation qui  se  remarquent  non  seulement  d'une  province  à  l'autre, 
mais  encore  de  village  à  village,  parfois  même  d'individu  à 
individu,  suivant  que  l'un  parle  un  arabe  purement  dialectal  et 
l'autre  une  langue  à  demi  littéraire,  que  l'un  a  fréquenté  les 
gens  de  telle  région,  et  l'autre  ceux  de  telle  autre.  Ainsi  les  habi- 
tants du  Nord  du  Liban,  où  l'inllucnce  du  syriaque  est  encore 
considérable,  parlent  un  arabe  sensiblement  différent,  pour  le 
vocabulaire,  mais  surtout  pour  le  vocalisme,  de  celui  qui  est  parlé 
par  les  Libanais  du  centre.  La  différence  est  encore  plus  sensible 
avec  ceux  du  Midi,  chez  qui  depuis  un  demi-siècle  au  moins  la 
langue  classique  est  fort  étudiée  par  l'élite  de  la  population.  On 
s'exposerait  donc  à  faire  oeuvre  incomplète,  et  partant  inexacte, 
si  d'une  part  on  ne  tenait  pas  compte  dans  l'étude  d'un  parler 
libanais  de  l'influence  syriaque  qui,  dans  certaines  régions 
surtout,  est  réelle  et  incontestable,  et  si  d'autre  part  on  pré- 
tendait, après  un  court  séjour  fait  dans  le  pays,  donner  d'une 
manière  complète  le  système  vocalique  de  toute  une  région, 
comme  l'a  fait  un  dialectologue,  M.  Mattsson,  qui ,  en  dépit  de  son 
plan,  n'a  enregistré  en  réalité  que  le  parler  de  son  informateur 
ou  du  village  qu'il  a  habité ^^^.  Aussi,  en  me  bornant  à  étu- 
dier le  vocalisme  de  mon  village  natal,  j'espère  éviter  cet  écueil, 
être  plus  complet  et  surtout  plus  précis.  Bien  entendu,  cela  ne 
m'empêchera  pas  d'établir  de  temps  à  autre  des  points  de  com- 
paraison entre  le  parler  de  Ktar'abîda  et  les  autres  parlers 
libanais,  que  je  connais  également  au  moins  dans  leur  en- 
semble. 


(')  Et  aux  autres  parlers  de  la  même  région. 
^■^)  C'est  le  seul  but  qu'il  aurait  dû  se  proposer. 


PHOMVriQLE.  89 

Voyelles  longues  et  brèves  a  l'initlvle  du  mot. 


A.  Voyelles  a  l'initiale  absolue. 

Contrairement  aux  langues  indo-européennes  telles  que  nous 
les  connaissons  (à  part  le  grec  ancien),  les  langues séiniti([Lies  ne 
possèdent  pas  originairement  de  mots  ni  par  conse'quent  de  syl- 
labes commençant  purement  et  simplement  par  une  voyelle. 
L'arabe  classique,  pour  éviter  un  groupe  de  consonnes  amené  h 
l'initiale  parla  morpbologie,  admettait  une  voyelle  prothétique, 
soit  i  {n  ou  bien  a)  au  commencement  de  quelques  mots  et  de 
quelques  formes  verbales,  sans  que  celle  voyelle  fût  précédée, 
comme  dans  les  autres  cas,  de  Tattaque  vocalique  forte  :  ismu" 
rr\om-!i  -^.'^smu";  inqàtala  ffil  fut  tué '7  •<:%qatala,  Vlï"  thème  de 
qâtala;  uhtub  w écris •>?  -<:*ktab. 

Tandis  que  plusieurs  dialectes  arabes  modernes  possèdent  de 
tels  mots  à  initiale  vocalique  et  d'autres  aussi  où  un  hamza  lécl 
est  arrivé  à  ne  plus  se  prononcer  ^^^  le  parler  de  Kfar'abîda  évite 
avec  soin  de  commencer  le  mot  ou  la  syllabe  par  une  voyelle. 
Aussi ,  pour  les  mots  classiques  qui  commencent  par  une  voyelle 
prothétique,  ou  bien  ils  perdent  purement  et  simplement  cette 
voyelle,  par  exemple  tnâin^^^  ff deux 77  <:cl.  iônàmi  et  ktob  décris ^7 
<::cl.  uhhih,  ou  bien,  lorsque  la  conservation  de  la  voyelle  est  né- 
cessaire, celle-ci  se  maintient,  mais  l'attaque  vocalique  douce  se 
transforme  en  attaque  vocalique  forte  [hamza) ^  par  exemple  'ésm 
fcnonn^  <cl.  ^s«m",  et'é/>«  tffils77  <  cl.  ibnii"^^K  La  même  chose 
se  passe  pour  les  mots  étrangers  à  initiale  vocalique  empruntés 
par  notre  parler  :  bîikâtu  (à  côté  de  ^abukâlu)  w avocate,  cf.  ital. 
avvocato;  au  contraire  '(is%  cf.  fr.  as  et  ital.  asso;  'astîk,  cf.  frç.  élas- 
tique avec  suppression  de  la  syllabe  (?/-  prise  pour  l'article. 

Cette  règle  n'est  pas  contredite  par  le  fait  que  les  deux  voyelles 
n  et  i  représentant  les  semi-voyelles  w  (ti)  et  y  {{)  peuvent  com- 
mencer le  mot  en  formant  des  syllabes  faibles,  il  est  vrai,  mais 

(')  Cf.  W.  Marçais,  Saïda,  MSL.,\l\,  p.  102  suiv. ;  M.  Cohen,  p.  i/io. 

^-)  On  verra  que  dans  notre  parler  une  sjllabe  peut  commencer  par  un 
groupe  de  consonnes. 

^^^  La  seule  solution  possible  en  dehors  de  celle-ci  eût  été  le  développement 
d'une  voyelle  minimale  entre  les  deux  consonnes  (cf.  M.  Cohen,  p.  ho  et  A2), 
mais  notre  parler  ne  pouvait  y  recourir  parce  qu  en  principe  il  conserve  la 
coupe  classique  des  syllabes.  Cependant  'ésm  et  'ebn  prennent  généralement 
les  lormes  sm-  et  bu-  lorsqu'ils  sont  suivis  d'un  mot  à  initiale  vocalique,  cf.  sm- 
alla  '  laik  rrDieu  te  protège  Ui  litt*.  «que  le  nom  de  Dieu  soit  sur  toin  cl.  ismu 
l-îâhi ;  bn-ùhté  «le  fils  de  ma  sœur»  <^  ibn-uhtu 


90  PREMIÈRE    PARTIE. 

indépendantes.  Ici  en  effet,  il  s'agit  d'une  vocalisation jt?05fmewre(') 
des  semi-voyelles  w  et  y,  laquelle  résulte  elle-même  de  la  chute 
régulière  de  la  voyelle  qui  les  accompagnait  en  arabe  classique. 
Ex.  :  tilâd  w  enfants  77  «ccl.  ^aulâdu^  ;  u'/qâlu  fret  ils  ont  àii-n  <:  cl. 
waqâlîi;  itîm  ff  orpheline  <<  cl.  yatîmu''. 

B.  Voyelles  à  l'initiale  relative  (après  consonne). 

A  l'initiale  relative  comme  à  l'intérieur  du  mot,  une  voyelle 
classique  brève  ou  longue  peut  se  trouver  en  syllabe  ouverte  ou 
en  syllabe  fermée,  et  l'une  et  l'autre  de  ces  deux  syllabes  peut 
être  accentuée  ou  inaccentuée.  Or,  comme  une  syllabe  est  relati- 
vement faible  quand  elle  est  en  syllabe  ouverte  ou  inaccentuée, 
et  relativement  forte  dans  les  cas  contraires,  on  aura  toujours 
soin  de  distinguer  dans  l'étude  des  voyelles  entre  une  syllabe 
ouverte  ou  fermée,  inaccentuée  ou  accentuée  (les  deux  distinc- 
tions se  combinant  en  outre). 

I.  Voyelles  brèves  en  syllabe  ouverte  inaccentue'e  (X  l'initiale). 

Conservation.  Chute.  —  i.  En  règle  générale  toute  voyelle 
brève  en  syllabe  ouverte  inaccentuée  disparaît  purement  et  sim- 
plement dans  notre  parler  ^^\  Ex.  pour  a  :  cl.  ta^'àïlama  ffil  a 
apprisw  >•  dial.  fâllçm;  cl.  daràbtu  wj'ai  frappéw  >  dial.  dràbt; 
salâmu'^  w  salut  17  >  slâm;  karîmu"  cr  généreux  15  >>  Irim;  yaqûlu 
wil  ditr  :>i^lqûl;  'azâflru  ce  ongles  w  >  (/«t/ïV  (où  la  chute  de  la 
voyelle  initiale  a  entraîné  celle  du  \  faible  par  lui-même).  C'est 
de  la  même  façon  que  doit  s'expliquer  la  chute  du  préfixe  'a~  du 
IV"  thème  des  verbes  mediae  w  ou  y,  confondus  actuellement  au 
parfait  avec  les  verbes  du  I"  thème  ^^^  :  'ahâna  wil  a  offensés  >- 
hân  qui  se  confond  ainsi  à  Kfar^abîda  avec  l'aboutissant  du  cl. 
hâna  ffil  futfaciler»,  etc.;  —  pour  i  :  cl.  Mtâbii"  ff livre 7?  >ktâb; 
lisânu"  ff  langue  75  >  Isân;  Ôiyâbîi"  ff  habits  77  >  tyâb;  rizâlu" 
ff  hommes  7)  >  rzâl;  —  pour  u:  yurâbu"  ff  corbeau  7?  ^>yrâh;  mubài- 
yanu^  ff clair,  démontré ii  >*  inbâiyçn;  '^uqàibatu'^  ff petite  montée, 
petite  colline7?>>  ^""jqàibê,  etc. 

0)  ulàd  p.  ex.  et  ilîm  pourraient  être  les  aboutissants  de  formes  *"'ul(ul  et 
*^ittm  intermédiaires  entre  le  classique  et  les  formes  actuelles.  —  La  chute  de 
m  dans  'abakelë  pour  mâbâkelè  vjc  ne  mange  pas??  y  est  également  tout  à  lait 
hystérogène. 

W  II  s'agit  de  mots  normaux.  Dans  ces  cas,  il  y  a  toujours  au  moins  une 
autre  syllabe  (  laquelle  est  accentuée  ).  —  Presque  tous  les  dialectes  modernes,  ceux 
du  Maghreb  surtout,  laissent  tomber  les  voyelles  brèves  du  classique  en  syl- 
labe ouverte  inaccentuée.  Cf.  W.  Marçais,  Tlemcen,  p.  A7;  M.  Coiikn,  p.  i^n. 

'')  Ce  n'est^au*]  reste  qu'une  conséquence  de  l'état  de  choses  irrégulier  de 
l'arabe  classique  {*'ahayana  ['ahâna]  au  lieu  de  *'ahyana). 


I 


PHONÉTIQUE.  91 

2.  Par  suite  (rime  modification  dans  ia  coupe  des  syllabes, 
une  syllabe  ouverte  inaccentue'e  en  classique  peut  devenir,  à 
Klar^abida,  accentuée  ou  fermée;  comme  conséquence  la  voyelle 
brève  s'est  maintenue.  Ex.  pour  a  :  hawâ'u"  rrair,  atmosphère^  >> 
h'iwa;  hasanâtu"  cr bonnes  œuwrcs r)  :>  hasnât;  darahûnï  tfils  m'ont 
l'rappéT?  >.  davhûnè;  qarabûsu"  cf  partie  supérieure  de  Tarçon  de  ia 
sqWq'-)  :>  */qnrbi1s  ;  —  pour  i  :  Snabâtu"  te  graines  de  raisins?  > 
^enbât'^^'!  ;  —  pour  u  :  Jmnâqu"  w angine ?5  >  honna/q;  mutakàbbiru" 
T  orgueilleux '?  >  mothibbQr,  etc. Mais  nous  retombons  ici  dans  un 
des  cas  que  nous  allons  étudier. 

II.  Voyelles  briives  en  syllabe  ouverte  accentuf'e  (à  l'initiale). 

Conservation.  Chute.  —  Les  voyelles  brèves  classiques  en  syl- 
labe ouverte  accentuée  se  maintiennent  toujours  à  Kfar'^abîda 
(sauf  les  cas  où  l'accent  dialectal  frappe  la  syllabe  suivante). 
Ex.:  pour  a  :  qàlamu"  tf  plume  ^^  >  Y^ft/^m  ;  bàlahu"  fc  dattes  77  >> 
bàlçh;  sdqata  wil  est  tombé ■>•)  >  sajqat;  — pour  i  :  Hnahu'^  w rai- 
sin ?7>>Vwf^j  hirafiC'  cf  métiers  ^7  >■  Aéj'm/";  tikaku"  rr  lacets  qu'on 
passe  dans  la  coulisse  du  pantalon  pour  le  serrera  >>  (par  diss.) 
déh§k;  —  pour  u  :  kûtubu"  w livres 77  >  kçtob;  mûdunvP^  avilies 77  > 
m'odon;  siîwarii'^  k images v^- sûwar ;  ^ïabu"^  cf vases  en  peau  (pour 
traire)  v  >  ^ùlçb  wboîtes,  tabatières 7?.  —  Ces  voyelles  en  syllabe 
ouverte  accentuée  se  trouvent  quelquefois,  après  ia  chute  de  la 
voyelle  suivante,  en  syllabe  fermée.  On  retombe  alors  dans  le  cas 
de  brève  en  syllabe  fermée  accentuée.  Ex.  :  pour  a  :  hâwaru" 
ffcuir  rouge,  i^euplier v:>  Mur;  clàrabat  welle  a  frappé 77  >>  dàrbdt; 
èânia^atu"  ce  cierge  7-)  >>  smïi'a;  —  pour  i  :  kiwazatu"  rr  cruche  77  > 
*kéuzé,  d'où,  par  réduction  kûzè;  —  pour  u  :  lûhamahC'  rc  indigestion  n 
>>  tûhmè. 

Timbre. 

a.  1.  D'une  façon  générale,  la  voyelle  a  bref,  en  syllabe 
ouverte  accentuée  conserve  à  Kfôr*abîda  son  timbre  classique 
dans  les  formes  nominales.  Ex.  :  ^âzabu"  wcélibataire^^  :^'^àzçb; 
'àsadu"  ff lion 77  >  \ised;  mdliku"  rcroi77  >  màlek;  hdlaqu"  van- 
neaux 77  >  hàlçjq,  etc.  Elle  passe  cependant,  grâce  à  une  assi- 
milation vocalique,  à  e  (è  franc.)  qui,  à  son  tour,  passe  toujours 
à  3  (à  peu  près  eu  franc.)  au  contact  d'une  emphatique  ou  d'une 
labiale  (précédente  seulement)  :  dans  les  adjectifs  du  type  qâtilu"  : 
nàkidiC'  ff acariâtre,  boudeur,  taquin 77  >■  nçkçd;  zânihu"  wrance, 
puant77  >  z§neh;  nâzisu"  tf  méchant  77  >-  nézçs;  '^bâlitu''t(  dissipé,  pé- 

^^^  L'î  de  zliiuni  aivraiejî  en  face  du  cl.  ziwànu'^  s'explique  par  une  forme 
zi'tvân  due  à  l'analogie  de  la  forme  concurrente  zi'ànu". 


92 


PREMIERE    PARTIE. 


tulantw  >>  %élçt  >  bdlet;  wàsiJm"  cr  salei?  >  ivès^h;  —  dans  les  sub- 
stantifs ou  adjectifs  dialectaux  qui  se  terminent  dialectalement 
par  ê  :  sânatu"  fc année ^5  >-  séné;  yânîyu^  cf  riche  i^  >-*yfme>yf/2e; 
danni"  wvil,  ignoble  î:  >  ^ dànê '>- dènè ;  nâdf  cr  humide  7)  >  nédé. 


2.  Déplus  a  bref  en  syllabe  ouverte  accentuée  passe  généra- 
lement, par  assimilation,  à  e  dans  les  formes  verbales  :  Ex.  ;  sdriba 
ffil  a  hu  T)  ^>  séreh  ;  "àlima  fcil  a  sm?  :^'^élem;  sâhira  cfil  a  veillé  w>> 
séhçr;  hàsaha  wil  a  gagnée,  léseh;  màsaha  cril  a  saisie,  "mésçlî:>' 
mèsçh  ;  hàsuna  w  il  a  été  beau  11,  hèsçn^^^  ;  râhusa  ce  il  fut  baissé  [en  par- 
lant d'un  prix]?^,  réhes;  màèà  [sjm-s-y)  ffil  a  marché?? 


inese 


misé;  yàzâ  [\/y-z-w)  ffil  a  fait  une  incursion??  >7f2è';  bâdaa  ffil. 
a  commencé??,  %édé'>'hddè^-\  etc.  La  voyelle  a  conserve  cepen- 
dant son  timbre  classique  dans  la  première  syllabe  du  iy\)eqàtala, 
au  parfait,  lorsque  ces  verbes  contiennent  comme  première, 
deuxième  ou  troisième  radicale  une  emphatique  et  comme 
deuxième  ou  troisième  radicale  une  vélaire  ou  une  faucale  (laryn- 
gale).  Ex.  :  nàzara  ffil  a  regardé??  >  nàzar;  sâraqa  ff  il  a  dérobé  ??  > 
sâra/q;  fàtara  ffil  a  déjeûné??  >  /«/«/';  qâ^ada  ffil  s'est  assis?? 
>'/qà*'ad;  bà\iza  ffil  a  fendu??  >>  bà'^az;  dàhala  ffil  est  entrée?  > 
dàhal;  dâfa^a  ffil  a  payé^?  >•  dàfa'-;  nàdaha  ffil  a  fait  marcher  une 
hè^iQ-n ^m'idçh  ffil  a  appelé  en  criant;  nàfaha  ffil  a  soufflé??,  nâfdh; 
mâna^a  ffil  a  défendu  1?,  mân§^^^K  Le  passage  de  a  h  e  (0)  se  pro- 
duit même  au  voisinage  des  emphatiques  et  faucales  dans  les 
verbes  du  iy])eqàtila  et  qâtiila  (qui  lui-même  a  été  ramené  à  qatUa). 
Ex.  :  ''iHism  il  a  eu  soif??  > Vps;  làhiqa  ffil  a  atteint??  >  léhçjqj  sami^a 
f^l  a  entendu??  >  «m/.  C'est  à  ce  type  qâlila  que  se  rattachent 
également  des  exemples  tels  que  :  Jàsala  ^r\\  a  séparé??  -^  jàpl 
(au  lieu  àe^àsal)  par  analogie  avec  le  fulur  î/^z/^î'/m;  au  contraire 
làSqa  ffil  a  léché??  aboutit  à  Wa'jq  (au  lieu  de  ^léY/q)  par  ana- 
logie avec  le  futur  yal^aqu;  nàqala  ffil  a  transporté??  >  najqal 
ffil  a  transporté??,  et  en  même  temps  né'/qdl  ffil  s'est  transporté^? 
{''naqila)^'''>  ;  de  même  ^sàrifa  ffil  a  congédié,  il  a  changé  de 
l'argent??  >  sèràf  ffil  a  changé  de  l'argent??  et  en  même  temps 
sàraf  tr'û  a  dépensé??,  cf.  sârafa. 


(')   Sur  le  passage  non  phonétique  de  qatula  cl.  à  qatçl ,  cf.  plus  loin. 

(^)  Des  trois  types  possibles  kabara,  kabura,  kabira,  notre  parler  n'a  {jardc 
que  le  troisième  auquel  les  deux  autres  ont  été  ramenés,  sauf  dans  le  cas  d'em- 
phatiques. 

("^  Il  semble  se  passer  ici  ce  fait  curieux  que  les  laryngales  comme  troisièmes 
radicales  n'exercent  aucune  influence  sur  la  voyelle  qui  est  en  contact  avec 
elles,  mais  plutôt  sur  celle  qui  se  trouve  dans  la  syllabe  précédente.  Toutefois 
ce  n'est  qu'une  apparence  :  nadaha  devait  donner  *nadah  et  *nadiha  ,  *nçdçh, 
La  forme  nadçh  est  un  compromis  entre  les  deux. 

W   Cf.  plus  loin. 


PHONETIQUi:. 


93 


ici  u.  Les  voyelles  Ijrèves  /  et  u  classiques,  en  syllabe  ouverte 
accentuée ,  passenl  [{éneralement  (à  Kfar'abîda)  à  e  et  à  il.  Ex.  :  pour 
i  :  himainu"  cr désirs,  volontés^  >-  hémom;  hiraqu"  ff  lambeaux r)  > 
In'ra'/q;  —  pour  u  :  'ùnianm"  rr nations^  >'ûmi>m;  zûdiidu"  crneuf^i 
>- ://^/f^/.  Elles  sont  ce])endant  maintenues  (par  assimilation^^)) 
lorsqu'elles  sont  immédiatement  suivies,  i  do  y  élu  do  w  :  pouri: 
êiijanm"  cf  mœurs,  caractère ^^  ^stijçm;  Inyaln''  ff  ruses,  prétextes ?7  > 
hif/çl;  —  pour  u  :  néo-cl.  'mvadu"  ff  chambres  i*»  ^^'lïwad;  cl.  dûwa- 
lu"  ff  puissances  17  >-  dûtvoL  Toutefois  il  s'agit  d'un  i  et  d'un  u 
ouverts. 

m.   Voyelles  longues  en  syllabe  inaccentuée  (à  l'initiale). 

Conservation.  Chute.  —  Les  voyelles  longues  classiques  en 
syllabe  ouverte  inaccentuée  se  maintiennent  toujours  àKfar'abîdn 
en  qualité  de  longues,  quitle  à  faire  reculer,  le  cas  échéant,  l'ac- 
cent du  mot.  Ex.  :  pour  â:  "àmàllu  ff  j'ai  eu  affaire  avec  quelqu'un 
>'^(ïni6ll;  yâbûn  ffiiies  forets  •'i  >-fàbâtê;  hàmilina  f^  portant -"i  (pi.) 
>>  Ijdmlin;  —  pour  ï  :  hllânu"  ff  murs^?  >■  hlfân;  zirânii"  ff  voisins  ^7  >> 
zlrân;  bldàmi"  r^ h\ancs ^i  ^  bl dan;  —  pour  ù  :  sûdânu"  ff  nègres  ^^ 
:>'Sûdân;  yimanlyu"  ffgrec?-)  ^>yfmâné;  tûfânu"  ff  déluge  •>)  :>'tùjân. 

Ceci  se  produit  également  lorsque  la  voyelle  longue  est  (dans 
notre  parler)  de  provenance  secondaire.  Ex.  :  //rt//y//y'ff  guimauve 77, 
cf.  cl.  hitnuyahi" ;  fwân  ffpavillon,  tente  en  étoffe 7^,  cf.  cl.  siwânu" ; 
zlwân  ff  ivraies 77,  cf.  cl.  ziwâfm"^'^^ ;  flrdn  ffrats  <:  c\.  fi'rânu" ;fiïwal 
ff  marchand  de  fèves  77  <c  cl. /««ti^a/w"  (forme  intermédiaire  yemvâl), 
elc. 

Timbre. 

Les  voyelles  longues  ï  et  û  en  syllabe  ouverte  inaccentuée 
gardent  toujours  à  Kfar^'abîda,  comme  on  vient  de  le  voir, 
leur  timbre  classique  sans  aucune  altération.  Seul  le  timbre  de 
la  longue  à,  en  syllabe  iniliale  aussi  bien  qu'en  syllabe  mé- 
diate, en  syllabe  ouverte  (accentuée  ou  non)  aussi  bien  qu'en 
syllabe  fermée  (accentuée  ou  non),  est  souvent  altéré  dans  notre 
parler,  ce  qui  constitue  le  phénomène  connu  de  tous  les  dialectes 
arabes  modernes  et  désigné  sous  le  nom  d'imâla  ^^l  Comme  les 
lois  de  l'imâla  sont  à  Kfar^'abîda  à  peu  près  les  mêmes,  quelle  que 

^^^  Au  phonème  suivant. 

(^^  On  a  vu  plus  haut  i'explicalion  de  zïwân.  Elle  s'applique  également  à 
shvfin  (l'origine  persane)  et  naturellement  aussi  kfirdn. 

^'')  Les  premiers  grammairiens  arabes  connaissaient  eux  aussi  l'imâla,  qui 
pourtant  ne  suivait  pas  les  mêmes  lois  que  dans  les  dialectes  modernes.  D'après 
eux,  l'imâla  élait  toujours  déterminé  par  le  voisinage  d'un  i  et  n'était  empêché 
que  par  certaines  emphatique?. 


9/(  PREMIÈRE    PARTIE. 

soit  la  position  où  à  classique  se  trouve,  nous  allons,  pour  éviter 
des  répétions  inutiles,  les  donner  ici  une  fois  pour  toutes,  en  les 
illustrant  par  de  nombreux  exemples  appartenant  à  la  vie  propre 
du  parler. 

En  principe,  Timâla,  c'est-à-dire  la  palatalisation  de  à  clas- 
sique, a  toujours  lieu  à  Kfar*^abîda  (changement  spontané).  Il  est 
accidentellement  empêché  par  certaines  consonnes,  sauf  au  voisi- 
nage de  la  voyelle  i  longue  ou  brève.  En  conséquence  : 

1.  à  classique  est  imâlé  en  à  toutes  les  fois  que,  non  suivi 
d'une  emphatique,  il  est  immédiatement  précédé  dans  la  même 
syllabe  d'une  des  consonnes  suivantes  :  ^  b,  z,  d,  z,  s,  s  ,f,  k, 
l,  m,  n,  h,  w,  y.  Ex.  :  cl.  ^âmana  cfila  eu  fow  >-  dial.^âman  ; 
bâbu"-  (f  porte  17  >  bâb;  Stâbu''  w  reproche  17  >■  ^lâb;  matâHbu 
ff  fatigues 77  >-mf^V^;  mazârf  ff  lits 77  (des  fleuves )>-?>i2;are;  daimu" 
wqui  dure,  perpétuelle  :>-  dâyeni;  zâri^u'^  cf  semeur 7^  '^-zàrç^ ;  scCalu"^ 
V  montre ,  heure  77  >  sa^a;sân"  cf  îiiÇ\\Q\.Q\ivr)>sàrê;jahîimC'  ff  compre- 
nant 77  :>fâhem;  kâna  rr il  élait77  >  hân;  Jàlâmu"  wdiscours,  paroles ^7 
>>  klâm;  mâlu"  wbien,  fortune 77  >  mal;  hâna  wil  a  été  facile 77  > 
hân^^^;  ivâzibu^  ff  devoir,  obligation  77  :>xvazçh;  yâbisii"  trsec77  > 
^yâbds^'^\  etc.  —  Mais  l'imâla  ne  se  produit  pas  lorsque  à  se 
trouve  dans  le  voisinage  de  l'une  des  emphatiques  5,  d,  t  ei  z  : 
masâlihu  ^r  affaires  avantageuses  77  >-  msâleh ;  ivâsihi"  cr  arrivant 77  (part, 
prés.)  ^>wâsdl;  tadârabU  ffils  se  sont  battus  77  >  '^dârbu  ;  fada  te  il  a 
débordé  77  :^fâd;  tâhiru'^  wpur,  chasle77  >/rt/ifr;  èâtiru"  wrusé,  ha- 
bile 77  >- sa/ar;  zâlimu'^  ff injuste,  oppresseur 77  >-f«/^»i,  etc. 

2.  à  classique  est  imâlé  lorsqu'il  est  immédiatement  précédé 
d'une  spirante  faucale  ou  gutturo-palatale  {h,  h,  ')  et  qu'en  même 
temps  dans  la  syllabe  précédente  ou  suivante  se  trouvait  la  voyelle 
i  bref  ou  long  appartenant  à  la  forme  radicale  (^^,  que  cette 
voyelle  existe  encore  ou  soit  tombée  dans  le  parler.  Ex.  :  hâdimu" 
cf  serviteur 77  >  hâdpn;  mahâdi'^u  cf  chambres ••7  >  mhâdç^;  hâmilu'^ 
ff  portant 77  ^>hâmdl;  lihâfii"  tf  couverture  ouatée  ^7  z:>lhâf;  maJjâJnmu 
w  tribunaux  77  >  mhâkçm  ;  ^âlimu"  w  savan 1 77  >  ""âlçm ;  ^âliyatu"  cr  haute  77 

(^)  Quant  à  burhdnu'^  ce  prouve,  argument  57  qui  donne  hôiliân  (sans  imâia) , 
le  maintien  de  â  pur  après  h  peut  s'expliquer  par  la  présence  de  r  ou  encore 
par  l'influence  de  la  langue  classique,  le  mot  étant  peu  employé  à  Kfar'abîda. 

('-)  Dans  quelques  villages  libanais  tels  que  Bécharré  (Bèarré)  el  Eliden,oîi 
l'influence  du  syriaque  est  encore  très  grande,  la  voyelle  d  n'est  jamais  imâlée 
et  se  prononce  au  contraire  à  peu  près  comme  0  fermé.  Ainsi  j'ai  perFonnello- 
ment  enlcndu  un  paysan  de  Bécharré  prononcer  :  'enn  folloh  çbn  fôlloh  ccje  suis 
cultivaleur,  fils  do  cultivatour^n  Ce  seul  fait  suflirail  à  prouver,  s'il  en  était 
encore  besoin,  l'influence  du  syriaque  sur  l'arabe  parlé  dans  la  région. 

(^)  G'esL-à-dire  un  i  amené  par  la  morphologie  à  l'intérieur  de  la  racine  ou 
appartenant  à  la  racine  du  fait  qu'une  des  consoimes  radicales  est  un  yod. 


PlIOJNÉTlQLi;.  0r3 

>  "Mijè;  niVdn"  wfer  à  cliovabi  >  n^âl,  etc.  —  Mais  Timâla  ne  se 
produit  pas  lorsque  le  mot  clans  lequel  à  se  trouve  immédiate- 
ment après  h,  h  ou  *"  ne  contient  pas  un  i  (long  ou  bref)  ou  qu'il 
contient  un  i  qui  ne  l'ait  pas  partie  de  la  forme  radicale.  Ex.  :  hâfa 
ffil  a  craint^i  >  hàf;hâtamu"  wbague,  cachet^^  ::>  hâlçni;hâlu"  cfétat, 
temps ^7  >>  hâl;  "âdalu"  w habitude ^7  >>  \idr  ;'a\îna  wil  a  aidé 77  >  ''an; 
hall  ce  mon  oncle  ^^  >>  hâlê;  Mit  wmon  état,  ma  santé  t?  >  hâlè; 
^tlamu"  w mondes-)  >  \Uem;  ^sà'^âthju"  whorlojjer-'')  >  sâ\îté;  ^âm- 
mîya"  ff appartenant  au  peuple,  laïque?^  >>  %nê,  etc.  Il  faut  ex- 
cepter en  core  le  cas  où  à  est  pris  entre  deux  spirantes  (faucales 
ou  gutturo -palatales)  :  Jïliâhu"  ce  pièges  i^  >  ffiâh;  mihâhu''  cf  cer- 
velles ?7  :>>mhâh:  sihâhii"  cr avares ?7  >  shah;  si^a^u"  cr rayons  de  so- 

3.  Comme  les  emphatiques,  les  gutturo-palatales  q  ei  y  pré- 
cédant immédiatement  â  empêchent  (à  Kfâr^abîda)  l'imâla  de  se 
produire  :  qâla  wil  a  dit 77  >  'Iqâl;  qâsi"  crdur,  sévère 77  ^'jqâsè; 
biyâlu"  w  mulets  17  ^byâl;  yaibii"  cr absentai  >  yây^b^^\  Ceipendant 
rimàla  se  produit  dans  quelques  mots  après  q  et  y,  généralement 
dans  le  voisinage  de  i  :  ydnùqu"  cr  profond 77  >  yâmo'jq;  yâjïlii"  w né- 
gligent^^  :>yâJol;  qâbilu"  trqui  reçoit,  susceptible^^  ^-'jqâbal;  ma- 
qân%  cf  fouets  17  >my^ar^^  etc. 

Remarque.  —  L'imâla  n'atteint  généralement  pas  les  mots 
d'emprunt  :  bàbnr  ce  bateau  77,  cf.  fr.  vapeur;  basa  fc  pacha  7? ,  cf.  turc 
pâsà;  konyâk,  frç.  cognac;  'ehnânê,  cf.  ïvç.  aUeniafid,  etc. 

4°  On  a  déjà  eu  l'occasion  de  dire  que  la  liquider  est,  par 
elle-même ,  indépendamment  du  voisinage  consonantique ,  très  sou- 
vent emphatique  dans  notre  parler,  et  qu'elle  emphatise  réguliè- 
rement les  phonèmes  voisins.  L'imâla  n'a  donc  pas  lieu  dans 
le  voisinage  de  r  emphatique,  mais  il  est  difficile  desavoir  exac- 
tement quand  r  est  emphatique  et  quand  il  ne  l'est  pas.  Voici 
cependant  les  principaux  cas  où  r  empêche  l'imâla  de  se  produire 
à  Kftir^abîda  : 

a.  Précède'  immédiatement  de  r  dans  la  même  syllabe,  â,  en 
syllabe  fermée  dialectale,  ne  ressent  pas  les  effets  de  l'imâla. 
Ex.:  ras  w  tête  77  <:  cl.  l'à'su";  râh  ce  il  s'en  est  aile' 77  <  cl.  râha; 
haîrât  ff  biens 77  <:  cl.  hairâtu";  yrâb  w corbeau  77  <:  cl.  yiirâbu'' ;  dra" 
wbras,  aune 77  <  dirâSi";  bràz  retours  (turres)v  <:  cl.  ^abrâzu"",  etc. 
On  dit  cependant  Jirâm  «  couverture  77  (avec  imâla),  mais  cette 


(^)  Dans  quelques  villages  libanais,  comme  Hilta,  à  est  toujours  imâlé  après 
</>  %  h-  On  dit  par  exemple  :  qal  ail  a  ditw  <;  cl.  qâla;  hôf  cril  a  craint"  <C. 
cl.  hâfa,  etc.  De  même  à  Châmât,  et  ailleurs. 


9G 


PREMIERE    PARTIE. 


prononciation  s'explique  par  l'influence  qu  a  exercée  IV  précédent 
avant  de  tomber  opp.  ^^^  :  harâmu''^  dial.  hrâm  fc illicite,  défendue 
également  usité  à  Kfar^abîda. 

b.  Précédé  iuimédialement  dans  la  même  syllabe  de  r,  à  en 
syllabe  ouverte  garde  aussi,  en  général,  son  timbre  classique  (sans 
imâla)  :  èrâha  cf  avidité  r»  <:  cl.  saràhatu";  drâheni  ff  argent,  drach- 
mes^) <<  cl.  darâhinm;  mmleh  cfbateaux^^  <<  cl.  marâkibu;  snmejq 
ff  cocons?)  (-)  <<  cl.  scmmiqu  cr  peaux  de  serpents ^i  -^l  II  est  cependant 
imâlé  sous  l'influence  des  voyelles  voisines  dans  deux  classes  de 
noms  :  dans  mrâyê  «  miroir  ^-i,  cf.  cl.  mirâ{u'';èrâyê  tr  achat  ^•>,  cf.  cl. 
èiraïC';  'Iqmijê  ^(  lecture  r,  cf.  cl.  q  i  râ' a  tu"  ;  krâyé  ^r  mon  saAixire-)')  <:z 
cl.  lirai; —  dans  les  participes  présents  du  I*""  llième  des  verbes 
dont  la  2*"  ou  la  S*'  radicale  n'est  ni  une  emphatique  ni  une  fau- 
cale  ni  une  gutturo-palatale^'^^  :  râhçd  ffCOuranL^?  (part,  prés.)  < 
cl.  ràJtidu";  rakeb  tf montant  à  cheval^?  <  cl.  râlibu" ;  —  en 
revanche  on  a  :  râyeh  cf  allant ^f  <;  cl.  raihu" ;  rayçb  ff  désirant  ^7  <  cl. 
rdyibu";  r(yif  rr  élevant i)  <cl.  rafi^u";  rabot  rr  attachant?)  <  cl.  râbitu"; 
râbj"  fr quatrième 77  <  cl.  râbi''u" ;  râheb  ^rmomev  <<cl.  râhibu'\  On 
dit  pourtant  râzç''  ff revenant??  (part,  prés.)  sans  doute  pour  le 
distinguer  de  raie''  ce  recommencer^,  impér.  sing.  de  raza\i  cril  a 
recommencé. 

c.  Suivi  immédiatement  dans  la  même  syllabe  fermée  de  r, 
à  garde  toujours  son  timbre  classique.  Ex.  :  bhâr  ff  poivre??  <  cl. 
bahâru"  ;  kbâr  ff  grands  ??<:  cl.  kibchm";  nâr  crfeu??  <;  cl.  nàru"  ;  htâr 
ff  il  a  choisi  de  préférence  r?  <:  cl.  ihtâra;  hmâr  ff  âne??  <::  cl.  himâru"; 
sâr  ffil  devint,  il  se  mit  à??<<cl.  sâra,  etc. 

d.  Suivi  immédiatement  d'un  r  qui  fait  partie  de  la  syllabe 
suivante,  à  est  imâlé  lorsque  cette  syllabe  contient  un  i  long  ou 
bref  compris  dans  les  limites  de  la  racine  ^^^  :  zâré  ff  coulant??  (en 

parlant  de  l'eau)  <:  cl.  zâri"  [\/z-r-y)',  bârçd  cf  froid  r?  (adj.) -< 
cl.  bmidu"  ;  mdârçs  ff  collèges  ■»?<<  cl.  madârisu;  sârê  ff  achetant??  << 
cl.  èâri".  Mais  l'imâla  ne  se  produit  pas  lorsque  i  est  étranger  à  la 
racine:  zâré  cfmon  voisin??  <  cl.  zdrî;  dàré  ffma  maison  <c  cl. 
dârï  i'>l 


(')  Cf.  'ihràmu"  ffvôtement  de  celui  qui  doit  entrer  sur  le  territoire  sacré  do 
la  Mecquo  et  qui  consiste  en  deux  pièces  de  laine,  de  coton  ou  de  toile,  etc.«. 

^■-)  Dans  quelques  villa|jes  liljanais,  on  prononce  svançq  (Hilla,  Cliâmât). 

(^)  Le  mot  dialectal  est  emprunté  au  syriaque  surnâqâ  (même  sens). 

(*'  Quelle  que  soit  la  qualité  de  r  (r  ou  r)  dans  les  parfaits  de  ces  verbes. 

('^^   Ainsi  qu'il  a  été  délini  plus  haut. 

(*)  L'emphatique  des  mots  zdr,  dâr,  etc.,  explique  suflisamment  le  fait.  Les 
formes  sans  affixe  -î  tenaient  pour  ainsi  dire  en  laisse  celles  qui  en  étaient 
pourvues. 


PllOiNKTlQL'E.  9  97 


IV.  Voyelles  longues  en  syllabe  ouverte  accentuée  (à  l'lmtiale). 

Conservation.  Chute.  —  Les  voyelles  longues  classiques,  en 
syllabe  ouverte  accentuée,  sont  maintenues  telles  quelles  et  con- 
servent naturellement  Taccent  à  la  même  place.  Le  timbre,  sauf 
celui  (le  à,  reste  également  inaltéré'.  L'imâla  ayant  été  étudié  dans  la 
section  précédente,  on  n'y  reviendra  pas  ici.  Ex.  :  pour  à:  zâwaba 
wil  a  répondu  71  >>  zâwob;  râyHu"^  ff  désirant ^7  >  râyçb;  ivâhidii" 
ff  un  7-)  >  wâhçd ;  —  pour  1  :  filu"  ff  élépbant  v  :>fil  ^^^  ;  htlatu"  w  ruse -'•> 

>  hîlè;  —  pour  ù  :  tùlu'^  wlongueun-»  7>tâl;  ytisifu  w  Joseph 7?  > 
yûsçf^"^;  sùratu"  rr  image7i>-s<//Y^  Il  en  est  de  même  lorsque  la  voyelle 
longue  est  de  provenance  secondaire:  yâhod  cril  prend??  <  cl. 
yahuâii;  zina  wnous  sommes  venus  i?  <  cl.  zi'nâ;  nûnmi  ce  nous 
croyons?")  <  cl.  îiu  minu '^^^ ',  lûhi  r  perle ??<: cl.  lulii'u",  etc. 

V.  Voyelles  BRtiVES  en  syllabe  fermée  inaccentuée  (à  l'initiale). 
Conservation.  Chute. 

i.Une  voyelle  brève  classique  en  syllabe  fermée  inaccentuée 
se  maintient  généralement  à  Kfar^abîda  et  fait  reculer  jusqu'à 
cette  syllabe  l'accent  du  mot  lorsque  la  quantité  de  la  finale  mo- 
derne ne  permet  pas  de  lui  conserver  la  place  qu'il  occupait  en 
classique.  Ex.:  i^our  a  :  maldâbu"  w  écrit,  lettre??  >  dial.  maktûb; 
habbâzu"  w boulanger??  >  hobbâz;  ''allàmtu  ff  j'ai  enseigné??  >  ""allémt; 
zam^^iyatu"  w  assemblée??  >zamHyê;  tahtubî\na\  ce  lu  écris  (fém.)> 
téktbé;  tahiibû[na]  r  vous  écrivez??  (masc.  pl.)>  téktbu;  —  pour  i  : 
misktnu''  cr pauvre??  >  maskin;  miftâhii^  wclé??  :>>  moftâh;  'insânu'^ 
ff  homme  ??>  ^ensdn;  misrlyu"  ff  Egyptien??  >  mosrè;  —  pour  11  : 
zuhhdlu"  ff  ignorants??  >  zu/ihâl;  tnjjâhu'^  ff  pommes??  >>  tojfâ/i; 
burhânu''   ff  argument??  >  biirhân;  buldânu"  ffpays??  >►  bûldân. 

2.  La  voyelle  brève  classique  tombe  lorsque  la  consonne  qui 
la  précède  est  la  simple  attaque  vocalique  forte  ^'').  Ex.  :  'aktâju" 
ff  épaules  ??  >>  ktâf;  'aidâdiC'  ff  enfants  ??  >  ulàd;  'ibrâhimii  ff  Abraham  ^? 

>  bràhin;  'iblisu"  ff  démon??  >  Mis,  etc.  Mais  on  dit  ""eV^/^ff  pains?? 

^'^  Par  suite  de  la  chute  de  la  voyelle  finale,  la  voyelle  longue  se  trouve  acci- 
denleilcment  en  syllabe  fermée. 

^')  On  sait  que  la  forme  cl.  est  yûsitfu,  yusaju,  yûsifu.  Dans  le  Liban  on  a 
conservé  dans  la  seconde  syllabe  le  vocalisme  en  i;  cf.  hébr.  yôsêÇ>,  syriaque 
yatiseÇ). 

^^)  Influence  classique  :  ne  se  rencontre  que  dans  le  Credo. 

^*'  Il  en  est  de  même  el  à  plus  forte  raison  pour  le  cas  où  il  s'ajjit  de  rattaf|ue 
vocalique  douce;  mais  ce  cas  rentre,  ainsi  qu'on  l'a  vu,  dans  celui  de  l'iniliale 
absolue. 

l'AULEIl   DE  KFAHAinUA.  H 


98  PREMIÈRE    PARTIE. 

<  cl.  'àryifatu'^,  parce  que  Taccent,  dès  le  classique,  reposait  sur 
la  première  syllabe  (voir  la  section  suivante  VI). 

Timbre. 

1 .  Voyelle  a. 

a.  D'une  façon  générale  a  bref  en  syllabe  fermée  inaccentuée 
conserve  à  Kfar'abîda  son  timbre  pur^^^;  les  exceptions  à  cette 
règle  s'expliquent  toutes,  comme  nous  allons  le  voir,  par  des 
raisons  spéciales.  Ex.  :  ballâtii"  ff gland  comestible,  chêne ^^  > 
baMt;  mmlrûbu"  w  frappé •'7  >>  madrûb;  mamWu''  ff  sujet  {proposi- 
tîim)-o   >-  maiidiT ;  dahràznà  wnous  avons  fait  rouler -f^  >  dahrézna. 

b.  La  voyelle  a  passe  à  e  (entre  i  et  è  franc.)  par  Tintermédiaire 
de  ç  dans  une  syllabe  inaccentuée  ;  à  son  tour  e  passe  à  0  ^^^  en 
contact  avec  une  labiale  subséquente  ^^^  et  à  6  dans  le  voisinage 
immédiat  d'une  emphatique  précédente  (ou  subséquente)  et  d'une 
labiale  précédente  seulement  ('').  Ex.:  [par  dîssimilation  vomlique) 
dans  les  formes  nominales  (adjectifs  ou  substantifs)  du  type  qat- 
iâlu"^^^:  ^dldniu"  fftrès  savant^^  >- V^^m^*');  laddâbu"  wmenleun-) 
:>■  heddâb  ;  hammâlu"  ff  portefaix -i?  >>  *//(?wimrt/>  Aem/Hrt/;  habbâzu" 
w boulanger  17  >-  hobbâz '^"''1  \  wahhâbu^  fftrès  généreux 7?  >- woMa/>; 
sarrâfu"  ff  changeur  de  monnaie  77  ^^sorrâf;  kattânu"  ff  lin^^  >-  hettân 
(cf.  syr.  Ji'eltàna);  hammâmu'^  ^rhixin  chaud •>•>  ':>  hommâm;  qabbânu^ 
ff  bascule,  peson^^  '^-^/qebbân;  sazzâdatu"  ff  tapis  i-»  >  sezzâdé  ;  syr. 
saddânâ  ff  enclume  7?  >>  sMân  ;  mais  lorsque  e  ^^^  est  suivi  d'une 
semi-voyelle  m  ou  i,  il  se  fond  avec  elle  pour  donner  une  voyelle 
longue,  soit  m  ou  ï  :  cLfauivani"  tf  source  jaillissante??  >>  yê«waf 
:>'fïiwâr;  qamvâlu"  ff  éloquent,  grand  parleur??  >>  *'lq6uwâl'>''jqii- 

(^)  En  syriaque  toutes  les  voyelles  (de  nature  longue  ou  brève)  se  maintiennent 
pures  dans  les  syllabes  fermées  non  finales. 

(^)  On  désigne  par  le  symbole  0  une  voyelle  brève  dont  l'articulation  se  fait 
entre  celle  de  0  (fermé)  et  celle  de  0. 

(^)  Dans  toutes  les  langues  sémitiques  a  ou  i  se  changent  en  u  après  et  sur- 
tout devant  une  labiale  (cf.  Brockelmann,  p.  99). 

(*)  Chez  les  habitants  du  Liban  méridional,  les  Druses,  la  voyelle  brève  a 
garde  presque  toujours  sou  timbre  classique,  tombe  très  rarement  et  s'allonge 
souvent  en  à;  cf.  cl.  damdnu"^  wloyer?!  devenant  dans  celte  région  dâmân,  mais 
à  Kfâr'abîda  dman;  de  même  cl.  ma)i  Ijâbbca-aha  ccqui  t'a  raconté  hi  donne 
dans  cette  région  vian  h/ibbarak,  mais  à  Kfar'abîda  mon  hâi/vph. 

(^)  En  arabe  classique,  a  bref  est  dissimilé  en  i  bref  avant  ou  après  un  â 
long  (cf.  Brockelmann,  p.  106). 

''*^  11  faut  supposer  que  la  dissimilalion  vocaiique  s'était  déjà  produite  à 
i'éj)oque  ou  à  était  encore  pur. 

^')  Peu  importe  que  cette  forme  d'adjectif  soit  employée  comme  nom  de 
métier  ou  pour  indiquer  l'intensité  de  l'action. 

(*)  11  est  superllu  de  noter  que  ce  changement  de  a  eu  e  n'est  pas  un  phé- 
nomène diiïéreut  de  Timâla  dont  il  a  été  parlé  plus  haut. 


PHONÉTIQUE.  99 

wnl;  hahjâlu"  cf  cavalier t^  >  *hmjâl  >  (i^l/àl)  hahjâlu"  ff  tailleur  ^^  > 
*hmiâl  >>  ^S'^yàt  ;  —  dans  les  formes  nominales  du  type  q(itlânu^"\ 
employe'es  comme  adjectifs  ou  comme  substantifs,  ex.  :  Imslânu  ff  pa- 
resseux-n  >  keslâîi;  yudhânu  ff  \rv\le-n  > y odbân ;  marzàmf  wcoraih^ 
>>  màrzân.  Mais,  comme  dans  le  cas  précédent,  e  se  fond  avec 
une  semi-voyelle  subsécjuente,  et  Ton  a  par  conséquent  ûon  t: 
saijduu"  tf Satan,   démon ^7  >-  "êehân  >  sJtân;    maidânu"  w hippo- 
drome^? >  '^nie'idân  >  nildân;  hayawânu'^  cr animal •»•)  >  *Iiakmn  > 
'^'lwkvân'>  Ijhvân;  —  dans  les  adjectifs  de  possession  ou  d'apparte- 
nance (néo-classiques  ou  vulgaires)  en  -àmyii"  ei-àtvïyu"  au  lieu  de 
cl.  -lyu"  :  néo-cl.  mtfsfmlyu"  crqui  appartient  à  famé,  spirituels?  > 
nofsânê[cï.  cl.  nafslyu"),  de  nafsu"  cr âme?-»  ;  néo-cl.  nasrâniyu"  cf  chré- 
tien?? >  nmvcmè;  telilânè  ff  inférieur??  de  tàhhi  ff  au-dessous??  ;  Iwljanè 
(à  côté  de  hlai/ânê)   ce  qui   est  derrière??,   de   hâlfu  ff  derrière  1?; 
falqâné  ff  supérieur^?  (avec  assim.  de  (?  à  la  semi-voyelle  u  et 
réduction  de  la  diphtongue)  <:  yei/lqanc,  àeftmqu  ff  au-dessus  ??  ; 
fô'rdâwé  ff  isolé,  seul  v  -^yanlàwlyu" ,  de  fânlu"  ff  unité,  individu??  ; 
zeAiawe*  ff  appartenant  à  Zahlé??  <  ^zahlàwîyu"  (de  Zahlé  nom  d'une 
ville  libanaise);  —  toutes  les  fois  que  a  bref  est  suivi  d'une  syl- 
labe contenant  une  voyelle  longue  imâlée  ou  non,  pourvu  que 
cette  syllabe  soit  accentuée,  sinon  en  classique  du  moins  dans  le 
parler:  cl.  hàhh-uWâsi  ff  grains  de  myrte??  >  */<emè/as,  avec  diffé- 
renciation de  hh  en  mh,  d'où  enfin  homhlâs;  màqOaatiC  ff  champ 
de  concombres??  >  * inaqQâtu'' >  mo'/qtâyé;  —  par  assimilation  à 
un   ancien  i  de  la  syllabe  suivante  dans  les  pluriels  du  type 
\iqîilau  (voir  plus  loin);  l'accent  classique  a  été  reporté  sur  la  pre- 
mière syllabe  :  'ayniyau  ff  riches??  :>*'àynya;  >  *éynya;  \inhiyau 
ff  prophètes??  :>''émbya,  avec  assimilation  de  n  en  m  au  contact  de 
b,  etc.  —  Par  le  fait  d'une  influence  analogique  (voir  plus  loin),  a 
bref  passe  encore  à  e  (toujours  par  l'intermédiaire  de  ç)  :  dans  les 
mots  du  type  /rt^^'/t/w"  (infinitif  du  IP  thème)  :   tartîbu"  ff  ordre, 
action  de  mettre  en  ordre ??> /er^«è ;  tamrînu"  «f exercice,  action 
d'exercer??  >  tomrîn;   tasdîqii"  ff  action  de  croire??  r>  iosdVjq;  — 
dans  les  participes  passés  du  thème  fondamental  des  verbes  terliae 
y  (ou  tertiae  w  et  ^  ces  deux  catégories  de  verbes  étant,  on  l'a  dit, 
ramenées  dans  le  parler  aux  verbes  tertiae  ?/);  il  y  a  ici  recul  de 
l'accent  jusqu'à  la  première  syllabe  :  mabnlyu"  ffbâti^?  >  ^niébnê 
>  mébnè;  (cl.  mayziiwu"  ff  pillé ^?),  *>««7ZÎyw">  môyzê;  (cl.  maqnVu" 
fflu,  lisible^?),  ^maqrîyu"  >  moqrè,  etc. 

2.   i. 

a.  D'une  façon  générale,  la  voyelle  brève  ^,  en  syllabe  fermée 
initiale  inaccentuée  passe  à  ^  dans  notre  parler;  mais,  comme  a 
bref,  elle  passe  ensuite  à  0  au  contact  immédiat  d'une  labiale 
subséquente,  et  à  0  dans  le  voisinage  d'une  emphatique  ou  après 


100  PREMIÈRE    PARTIE. 

une  labiale  :  Ex.:  Hsrhia  cevinght»  >  ^esrîn  ;  sittma  cr  soixante  •'7  >• 
settîn  ;  'ihsàniC'^  cf  bienfai t •»•)  >  ^ehsan  ;  mijtâhu"  cf  clë it  >  mojtâh  ;  (  mi- 
brâtii")  * mihvàijatiC^  rr couteau 77  >  mohrâijé;  niswânu"^  wremmes^-)  >- 
neswân;  'insânu"  ff  homme  7?  :>'e7isân;  sibyânu"  ce  garçons  77  >>  ,so- 
bi/ân. 

b.  Sous  Tinfluence  du  syriaque  et,  par  un  phénomène  de  dis- 
similalion  vocalique,  dans  les  types  qittîl  et  qitlil^^\ 

1.  {  classique  passe  à  a  bref.  On  sait  que  le  type  ([11111  sert 
généralement  à  indiquer  Tintensite',  la  qualité  ou  la  IVéquence 
de  Tac  lion  :  sidiUqu"  fftrès  juste  77  :>saddi'/q,  cf.  syr.  zadJlqâ;  qld- 
dlsu"  ff  saint 77  >  'fqaddls,  cf.  syr.  qaddîèâ;  sinim"  r  très  méchanti7 
::>  sarrir,  cf.  pour  la  formation  syr.  sarrlrâ  ajuste,  véritable  17; 
tinnlnu'^  cr typhon 77  >  tannin,  cf.  syr.  tannïnâ;  bittîhii'^  ff pastèque 77 
>  battih,  cf.  syr.  paUihâ;  ci.  qissîsii"^  ce  moine  77  ':>- Vqassis,  cf.  syr. 
qasèisâ;  qinnlnatu"  ce  bouteille  77  :>'lqanninê,  cf.  syr.  qaninntâ;  H/rilu" 
ff  génie,  démon  77  >^aJrU;  miskînu"  ff  pauvre,  mesquin  77  >>  mashln; 
zinzîru"  ff  chaîne  77,  par  niëtathèse  >  zanzir;  birtîhi"  ff  cadeau  pour 
corrompre  77  :>barttl;  hinzîru"  ff  cochon  77  >  hanzîr;  'iklîlu"  ff  cou- 
ronne 77  >>  'aldil  ;  tilmîdu"  ff  disciple  77  r>  talmîd,  cf.  syr.  ialnilSâ 
(  hébr.  talmîS) ,  etc. 

3.  u. 

u  bref  en  syllabe  fermée  inaccentuée  a  partout  perdu  son 
timbre  classique. 

a.  Sauf  influence  spéciale,  u  passe  à  une  sorte  de  ii  bref  ('-^; 
mais  il  passe  à  0  et  0  sous  Tactioa  du  même  voisinage  conson- 
nantique  qui  fait  passer  e  <;  ^  à  ces  voyelles.  Ex.  :  cl.  hiryânn" 
ffnu77  >  Sii'ijân;  muslà'^maliC'  ff  usité  77  >  ^mustâ^wl  '^-mosta'^niol; 
riinimâîmtu"  ff  une  grenade  77  ':>  rommânè  ;  Simijmiu"  ff  aveugles  77  > 
^omyàn;  sultâniC^  ff  sultan 77  >>so7/an^^^;  sw//am"  ff  habiles,  rusés 77  > 
èotlâr,  etc. 

b.  Quand  il  y  a  dans  la  syllabe  suivante  un  û,  u  passe  par 
dissimilalion   à  a  bref^'*^:   simdùqu"   ff  caisse,   ïadiUei^  :>  sa)idtyjq, 

^')  La  forme  dialectale  qattil  (cf.  cl.  qillîlu'^),  qui  comprend  à  la  fois  clos 
adjectifs  et  des  substantifs,  peut  s'expliquer  par  finfluence  du  syriaque  ou  par 
une  dissimilalion  vocalique.  Elle  est  donc  analogue  aux  formes  classiques 
qaUàlu"  et  qaltdnn^"^  qui  par  dissimilalion  sont  devenues  dans  le  parler  qçltcil 
et  qçtldn  par  l'intermédiaire  de  *qçllnl  et  *qplldn  (cf.  plus  haut,  p.  <)8-()<)). 

(^J  Ce  n'est  pas  exactement  Vu  français,  mais  bien  plutôt I'm  allemand  (bref) , 
i  dur  russe,  y  du  suédois,  etc.  ;  il  est  plutôt  ouvert  que  fermé. 

'^)  0  au  lieu  de  û  sous  rinlluence  de  remphalique  s  qui  résulte  elle-mcmo 
d'une  assimilation  à  /. 

('')  Par  l'intermédiaire  de  0  fermé,  puis  de  0  ouvert. 


PIIOMiTIQUE.  101 

syr.  sanduqâ ; IniryuOu"  (f  puce •'■>  > bai^ûl ; ^usfùru^  rr oiseau -<•>  y:- '^asJTir; 
zumhûru"  rruuiltitude,  fouler»  >  zamhûr;  noo-cl.  (luslâru"  cr permis- 
sion, conslilulion  •>•<  >  daslùv;  siirsûni"  ff  grillon ^i  >  sarsûr,  syr.  sar- 
sih'n  ;  zurzûru"  ff élourneauT^  >  zarzûr,  syr.  zarzûrà;  zuVûm'^ 
if  aubépine -0  ^  za^rûr,  syr.  za^runU^K 

VI.  Voyelles  briîves  en  syllabe  fermée  accentuée  (à  l'initiale). 

Conservation.  Chute.  —  Comme  dans  le  cas  précédent,  les 
voyelles  brèves  classiques  en  syllabe  ferme'e  accentuée  se  main- 
tiennent toujours  à  Kfar*^abîda  dans  les  formes  nominales  aussi 
bien  que  dans  les  formes  verbales  y  compris  les  adverbes  qui  ne 
sont  pas  de  simples  particules.  Ex.:  pour  a  :  fàttaha  ffil  a  ouverte 
":>■  fâttçh;  hàrtala  ril  a  capté ?i  >-  hàrtdl;  màrhahC^  w vaisseaux  > 
màrhçh;  tàiru"  w  oiseau 7-)  >  tàhr;  bà'^dit  w  après  ^7  >  hd^d;  yâiru 
ff  excepté  i?  >>  y  ai/;  —  pour  f  :  Uhnu"  w  science  •>?  >  '^élm;  hid^'atu^ 
ffbércsie^-)  >  hod^'a  ff  hérésie,  chose  extraordinaire ^7  ;  "inda  wchez?^ 
>>  VVî^ ;  'ihwatu"  w frères ^i  >>  'éhwé ;  —  pour  u  :  hii'du''  cf  éloignement 7? 
>  bo^'d;  lûqmatu"  (( bouchée ii  ^16' Iqmé;  qûrbu"  r  flanc,  proximité, 
côleT)  >>  'l'qorb. 

Ces  voyelles  peuvent,  par  suite  d'une  modification  dans  la 
coupe  des  syllabes  (classiques)  qui  tient  à  la  chute  des  finales  et  à 
la  vocalisation  éventuelle  d'un  iv  ou  d'un  y,  se  trouver  en  syllabe 
ouverte  accentuée  :  bàdwu"  cr désert ^7  (subst.)  >  bddu;  hûlwu" 
r  àouxi-)  >-  hiUti  ;  nàhyii"  ff  défense ^7  >  ^laA^- ;  sa^yiC"  w  effort ^^  > 
sâH-  (2). 

Timbre. 

1 .  Voyelle  a. 

a.  D'une  façon  générale,  la  voyelle  (classique)  a  bref  en  syllabe 
fermée  accentuée  conserve  son  timbre  dans  notre  parler  :  hâbbara 
ce  il  a  informé  77  >/m/>^ar;  dàhraza  ffil  a  fait  voulev  n  :>- dàhrez  ; 
kàlbu"  ff  chiens?  ^  kâlb  ;  zâlsatu"  w  session,  séance  w  >»  2  a /se;  màdra- 
satu"  tf  coWege  T)  ::>  màdrsê ;  etc. 


(')  M.  W.  Marçais  me  fait  observer  que,  à  sa  connaissance,  le  passage  de^wi- 
hilu^  classique  à  qatlûl  se  constate  aujourd'hui  sur  tout  le  domaine  de  l'arabe. 
C'était  sans  doute  une  tendance  générale  dès  l'époque  ancienne,  car  les  lexico- 
graphes mettent  continuellement  en  garde  contre  cette  tendance  en  disant  qu'il 
n'y  a  quesafùqu"  K\i\r>  (homme),  mot  étranger,  qui  soit  sur  le  modèle  qatlùlu" ; 
en  dehors  de  ce  cas  l'on  ne  connaît  que  qiitiùlu". 

('J  Les  mots  tels  que  rayu''  travis,  opinions  ne  constituent  pas  une  excep- 
tion, parce  qu'on  a  vu  que  a  -\-  '  devient  â.  On  a  donc  régulièrement  rai; 
c'est  d'ailleurs  le  seul  cas  oii  notre  parler  connaisse  une  diphtongue  à 
premier  élément  long.  Cf.  p.  8a,  en  note. 


102  PREMIÈRE    PARTIE. 

b.  Comme  en  syllabe  fermée  inaccentuée,  a  passe  à  e  [o,  6)  : 
(par  suite  d'une  assimilation  vocalique)  dans  les  pluriels  du  type 
'âqtilatu" ,  ex.  :  âyribaln!'  ec corbeaux 77  >  'éyrhè^^^\  (cl.  dàuu" 
tf  lumière  v)  *'àdwiyatu"  ff  lumières  -n  >  ^oduyê;  ^idwnjatu"  w  remèdes  n 
<c''édmjê;^âmti'atu''  w meubles,  ustensiles  w>  ^émf  a;  dans  les  préfixes 
de  rimparfait^^)  des  verbes  du  P*"  thème  et  de  quelques  verbes 
dérivés (^^  :  nâ^malu  w nous  faisons^  >?îe'*^m9/;  yâdribu  wil  frappe ^^ 
^=>yodrob;  tàffiamu  rtu  comprends  w  >  fé/"/im;  tânhasiru  welle  se 
casse  11  ::>ténhsçr;  nàftaqiru  wnous  avons  besoin  de,  nous  devenons 
pauvres-ii  ^^-nofflqdr.  —  Quant  à  yà^nê  ff c'est-à-dire,  il  signifier 
<:cl.  yà^nî,  et  i/rtVf/*  rril  SRÏi rxc  y à^rifu,  au  lieu  de  yé^nè^^^^  et 
*\je'rçf,  ils  s'expliquent,  non  pas  par  l'action  de  la  faucale  '^^^, 
mais  plutôt  par  l'influence  de  la  langue  classique; — enfin  dans 
quelques  monosyllabes  ou  mots  isolés  :  màn  cr  qui  ? n  >>  won  (à 
côté  de  min  ou  mân)\  wa-  cfet7?>wo-;  ^ània  wtoiw  (masc.)>V^/; 
al-  ffle,  la,  les^^-V^-?  nasm""  (à  côté  de  msn/")  w aigles  nésr,  cf. 
syr.  neèrâ;  zandv!^  >  zénd;  tf avant-bras w  zàddu"  w grand-père^  > 
zéd^;  wâzhu"  ff  visage r  :>'WÔz^  (à  côté  de  wos')\  zânnatu"  tfparadis^? 
<Zzénnê;  kânnatu"  tf  bel  le- fille  ^  >  ^t^w^';  //^f?'^M"  ffdiflérencew  > 
for'/q;  syr.  maslè  (forme  de  pluriel)  w grande  cuillers  >  môslé,  etc. 

2.  i. 

a.  Comme  en  syllabe  fermée  inaccentuée  ^^^,  i  bref  en  syllabe 
fermée  accentuée  passe  toujours  dans  notre  parler  à  la  voyelle  e 
(avec  ses  variantes  0  et  0)  et  ne  conserve  nulle  part  son  timbre 

(^)  Cf.,  p.  99,  un  fait  analogue  :  i  de  la  deuxième  syllabe  avant  de  tomber 
a  exercé  une  influence  assimilatrice  sur  la  voyelle  précédente. 

(^)  On  peut  penser  ici  à  une  influence  syriaque,  car,  dans  les  villages  libanais, 
comme  Ehden,  où  elle  est  encore  vivante,  on  cliange  toujours  en  e  Va  des 
préfixes  de  l'imparfait,  tandis  que  partout  ailleurs  a  passe  à  0  comme  on 
syriaque.  Toutefois  il  est  connu  que  i  dans  ces  préfixes  est  attesté  dialectalement 
en  arabe  ancien  (cf.  BaidIwï,  Commentaire  sur  le  Coran,  i""  partie,  p.  10) 
et  qu'aujourd'hui  il  est  très  généralisé  dans  les  parlers  (d'après  M.  Marçais). 

^^)  On  le  sait,  à  la  différence  de  l'arabe  classique,  l'hébreu  a  propagé  la 
voyelle  i  au  lieu  de  a  dans  les  préfixes  de  l'imparfait  au  P'  thème  de  tous  les 
verbes;  le  syriaque,  comme  l'éthiopien,  présente,  au  contraire,  e  à  ce  thème 
fondamental  et  mémo  dans  quelques  thèmes  verbaux  dérivés. 

('')  La  forme  yenè  est  également  usitée  à  Kfâr'abîda. 

(^)  En  eflet,  nulle  part  ailleurs  la  faiicale  '  n'exerce  une  influence  sur  Va 
des  préfixes  :  ijalamu  «il  sait?)  >  yelçm;  nasiru  crnons  pressurons»  > 
né'sor  ;  etc. 

('')  Le  même  fait  se  constatant  en  timisien ,  il  n'est  sans  doute  pas  permis 
de  songer  ici  à  une  influence  syriaque;  i  bref  n'existe  plus  en  syriaque,  il  est 
toujours  tombé  en  syllabe  ouverte;  il  a  passé  à  e  en  syllabe  fermée;  cf.  cl.  kdlibu" 
Kécvivanin  t>  katfb,  cf.  syr.  kaOe^;  sidfju"  wvérité»  >  sfV/Y<jr,-  cf.  syr.  zeSqa ; 
lâlihîna  décrivant»  (pi.)  > /c(y/6i/i,  cf.  syr.  kaûh'in;  etc. 

Au  contraire  le  timbre  de  Vi  long  reste  inaltéré  en  syriaque  comme  à 
Kfar'abîda. 


PIIONKTIQIIE.  103 

classique.  Ex.  :  sirhu'^  waclion  de  boire,  le  ho\vev> sérh;  hiihalu" 
(f  fiançailles  1?  >  li(Hy;  silfatu"  w belle-sœur  w  (crime  femme)  >  sMfè; 
zi/'Ui"  ri^ohv  :>■  z(')fl ;  zinsu"  cr genre 77  :>z{his;  zisru'*  ff pontw  >-2(%r; 
ri/jtu  tfje  suis  allé^  '^-rêht,  etc. 

h.  A  î  bref  classique  correspond  ordinairement  la  voyelle  3 bref  ^^^ 
dans  les  noms  du  type  miqtalii"  [miqlalalu")  qui  servent  à  indicjuer 
l'instrument  avec  lequel  se  fait  faction.  Contrairement  à  farabe, 
le  syriaque  ne  distingue  plus  entre  les  noms  de  lieu,  de  temps 
et  d'instrument  et  les  forme  tous  avec  la  voyelle  a  dans  la  pre- 
mière syllabe.  Ex.  :  miïqatu"  w pincettes 77,  cf.  mâl'/qat  (syr.  ntahftâ); 
mibradu"  w lime^,  cf.  màbrad;  misradu"  ff  tamis,  alêne ^7 ,  cf.  màsrad; 
Diinfahu"  w souffle t^^ ,  cf.  mâ?ifdh,  syr.  mapp'hà  <  ^manp'hâ  (s/n^-h); 
miyzalu^  r fuseau 77,  cf.  mâyzeW^^  (syr-  ina^zàlà);  mizrafatu"  rr pelle, 
râteau w,  cf.  mAzrJè  (syr.  mayru(plOà)  \  etc.  Le  mot  mihnasatu'' 
ff  balaie?  fait  cependant  exception  et  se  prononce  à  Kfar'abîda 
mohisé  au  lieu  de  *màknsé. 

Mais  les  noms  d'instrument  du  type  miqtâlu"  gardent  dans 
notre  parler  leur  forme  classique  (avec  changement  normal  du 
timbre  des  voyelles),  bien  qu'ici  encore  le  syriaque  possède  la  forme 
maqtâlâ.  Ex.  :  îniftâhu"  ttclén  >>  *meftâh  >  mnjtâh,  cf.  syr.  moCptâhâ; 
cette  conservation  s'explique  sans  aucun  doute  par  une  dissimi- 
lation  vocalique,  comme  nous  l'avons  dit  plus  haut  (p.  98  et 
suiv.). 

Enfin  î  passe  à  a  bref  dans  quelques  noms  d'un  usage  courant  : 
sinnatu"  ff  mauvaise  oà^xxvn -::=>  sânnê ;  hmsaru"  ffle  petit  doigt  17  r^ 
hânsar;  hirwa^u"  ff[ huile  de]  ricin w  >§arw5'(^^;  etc. 

3.   u. 

Comme  en  syllabe  fermée  inaccentuée,  u  passe  ici  à  w^^^  : 
lûyatu"  ff  langue,  dialecte t?  >- Myya^^);  dûbbii"  ff  ours  w  >>  rfé^* ; 
^ûmniu^  ff  mère  77  >>  'ém"^;  sûbhu"  ff  matin  77  >>  sébh;  mûnhulu'^  ff  tamis  17 

(')  Ce  changement  n'a  donc  que  l'apparence  d'un  changement  phonétique. 
Voir  Morphologie. 

(')  Employé  déjà  en  classique  sous  les  trois  formes  mîfzalu",  màyzalu!^ ^ 
mûyzalv!^. 

^^^  Dans  tous  ces  exemples,  le  changement  de  i  en  a  est  certainement  dû  à 
une  assimilation  vocalique  qui  s'est  produite  avant  l'altération  de  la  voyelle 
suivante  assimilalrice.  L'évolution  de  notre  parler  serait  donc,  en  général,  la 
suivante  :  une  voyelle  brève  (accentuée  ou  non)  est  assimilée  à  une  voyelle 
brève  suivante  (accentuée  ou  non)  (cf.  hâtaha  wil  a  écritw  r>  kçtçb ,  et  sâqata 
ffil  est  tombé"  >  sa/qat)  ,  tandis  qu'une  voyelle  brève  est  dissimilée  par  une 
voyelle  longue  suivante  (cf.  kaslânu"  ff  paresseux  w  ;>>  heslân;  qiddîsu"  fftrès 
saint 77  >  qaddis;  iumhûru''  ff  foule  w  ;>>  zamhûr). 

(*)  Et  ses  variantes  :  0,0,  0. 

^^5  Avec  redoublement  de  f  (recherche  de  la  syllabe  fermée);  cf.  aussi  cl, 
sifatu^  ff  lèvre  55  >  ^klf^''  ^^^' 


10^1  rnjvMiKR!':  partik. 

■^mônhoj;  zûhbatu"  cfliabil  de  dessus  ù  aiaiidics  tiès  amples w> 
zôbbé;  mûmli?m"  ^f  [)ossih]Q->T  :;>  tmntkm ;  clc. 

Quantité. 

En  général,  dans  notre  parler,  les  voyelles  brèves  classiques, 
en  syllabe  ouverte  comme  en  syllabe  fermée,  gardent  à  l'ini- 
liale  leur  quantité  normale,  et,  sauf  en  syllabe  ouverte  inac- 
centue'e  (cas  où  elles  tombent),  elles  ne  passent  jamais  à  des 
voyelles  réduites  ou  semi-re'duites.  Elles  sont  même  (mais  c'est 
un  fait  d'analogie)  devenues  longues  à  l'impératif  raasc.  sing.  de 
tous  les  verbes  à  s*"  radicale  iv  ou  y  (cf.  plus  loin),  et  lorsqu'elles 
étaient  suivies  dans  la  même  syllabe  d'un  '  (cf.  plus  haut ,  hamza), 

YII.  Voyelles  longues  en  syllabe  fermée 

ACCENTUÉE  OU  NON  (À  l'iNITIALe)  ^'^ 

Conservation.  Chute.  — L'arabe  classique,  comme  les  autres 
langues  sémitiques,  ne  supporte  pas  de  voyelles  longues  en  syl- 
labe fermée  (accentuée  ou  inaccentuée)  à  l'initiale  non  plus 
qu'à  l'intérieur  des  mots  et  les  abrège  toujours,  sauf  dans  le  cas 
où  elles  sont  dans  une  syllabe  qui  n'est  fermée  que  par  une 
consonne  géminée  ou  par  une  seule  consonne  à  la  finale ^^l  Ex.  : 
(Jàllûn  wceux  qui  se  trompent^"»;  hàssaiu"  cfsens^. 

Notre  parler  ne  connaît  pour  ainsi  dire  plus  de  voyelles  longues 
en  syllabe  fermée  accentuée  ou  inaccentuée  à  Vimtiale  (non  plus 
qu'à  l'intérieur  du  mot),  et  fait  subir  aux  formes  classiques  (ou 
dialectales)  de  cette  structure  les  modifications  que  nous  allons 
étudier  à  propos  de  la  quantité  des  voyelles  longues. 

Quantité. 

Comme  la  quantité  des  voyelles  longues  en  syllabe  ouverte  ou 
fermée,  accentuée  ou  inaccentuée,  à  l'initiale  et  à  l'intérieur  du 
mot,  est  soumise  dans  le  parler  aux  mêmes  lois  phonétiques, 
nous  allons  en  parler  ici  une  fois  pour  toutes,  laissant  pour 
plus  tard  le  traitement  de  la  quantité  des  voyelles  longues  à  la 
finale  (^). 

1.  En  syllabe  ouverte,  accentuée  ou  non,  initiale  ou  médiate, 
les   voyelles   longues   classiques    conservent  régulièrement  leur 

î*)  On  a  jugé  inulile  d'étudier  à  part  (comme  on  Ta  fait  jusqu'ici)  les  voyelles 
longues  en  syllalje  fermée  inaccentuée  et  en  syllabe  fermée  accenluée,  parce 
que  dans  les  deux  cas  l'évolution  est  la  même  dans  le  parler 

(^^   Cf.  Brogkelmvnn,  p.  63. 

(')  Les  voyelles  longues  à  la  finale  des  mots,  s'abré^eant  presque  toujours  ù 
Kfai'abîda,  seront  traitées  à  part, 


PIIOM'ÎTIQI'R.  105 

valeui'  (le  longues  à  Kfar'abîda  al  ceU(;  rè(>le  s'ap[)]i(|iie  é(>ale- 
menl  aux  cas  où  les  voyelles  longues  dialcclales  sont  de  prove- 
nance se.ondaire.  Px.  :  pour  â  :  Icâlihu"  ffécrivanU  >/.rt/('/>('^; 
hâmlUna-hu  ffferentes  euui  (pron.  pers.),  le  porlant  (suj.  pl.)w> 
hfimlhiu;  huâratu"  K^nerresn  ^  hzâra;  inakâlîbii-ka  wtes  lettres i?> 
nikdlibok^'^^',  rasu-nâ  ?<•  notre  téte^i  >  râsnn;  —  pour  î  :  bujânu'^ 
ffblancs'7  :>'hïd(m;  zîjatii"  cfcadavre^  >c|/'^*;  neo-cl.  ynzîbu-hà  rril 
1'  (pr.  pers.  féni.)  apporte w  >  izîba;  ziwânu"  ff  ivraies w  :^ziwân;  — 
pour  fi  :  sùratu"  w  image i?  >-  sûra;  liibà-him  ff  soyez  heureux  75  > 
Inbâhm;  mahlùbina  w écrits -^  z>  makiàbîn;  famvâhi"  cr  marchand  de 

2.  En  syllabe /ermee  par  une  seule  consonne  (à  la  finale),  les 
voyelles  longues  conservent  également  à  Kfar^abîda  leur  valeur 
de  longues;  ici  il  ne  peut  naturellement  s'agir  que  de  syllabes 
fermées  d'origine  récente  (après  la  chute  des  voyelles  finales). 
Ex.  :  pour  à  :  qâla  ffil  a  dit^^  >  ^qâl;  ^uryânu^  wnu-»:»  >  ^uryân; 
—  pour  i  :  zadldii"  wneuf^^  ::>zdid;  ^ya'^tî-ka^^^  rril  le  donnera ^7  r> 
yçHik;  hutdâbina  (régime)  w menteurs ^^  >  keddabin;  —  pour  fi  : 
yarùhu  tâl  s'en  va ^7  z>irûh;  maksûru"  ffcassé^?  :>maksâr^^^K 

3.  En  syllabe  d'origine  classique  (ou  dialectale) /ermee  par  un 
groupe  de  consonnes,  aucune  voyelle  longue  ne  peut  subsister 
telle  quelle  dans  notre  parler  :  ou  bien  la  voyelle  longue  perd 
purement  et  simplement  sa  valeur  de  longue  et  passe  à  la  brève 
correspondante,  ou  bien,  lorsqu'elle  est  morphologiquement  ou 
psychologiquement  nécessaire,  elle  reste  longue,  nécessitant  ainsi 
quelques  modifications  dans  la  coupe  des  syllabes,  de  sorte  que  la 
voyelle  longue  termine  la  syllabe  et  que  le  groupe  de  consonnes 
qui  la  suit  se  joint  à  la  voyelle  suivante,  longue  ou  brève,  pour 
commencer  la  syllabe  suivante  (ce  qui  est  possible,  car  notre 
parler  peut  commencer  une  syllabe  par  un  groupe  de  consonnes), 
ou  bien  encore  c'est  la  consonne  géminée  qui  se  simplifie  et  permet 
à  la  voyelle  longue  de  subsister. 

a.  La  voyelle  longue  perd  purement  et  simplement  sa  valeur 
de  longue  en  syllabe  fermée  par  un  groupe  de  consonnes  et  passe 
à  la  brève  correspondante.    Ex.    :    cl.    hâffatu"    wbord^^  >  dial. 

(^^  Sur  le  timbre  de  â  class. ,  cf.  plus  haut,  imâla. 

(^^  Il  est  évident  que  la  voyelle  a  de  mhalîbok,  bien  que  réellement  longue 
à  Kfâf'abîda,  est  cependant  un  peu  moins  longue  que  la  voyelle  suivante  i,  ou 
que  toute  autre  voyelle  longue  accentuée;  les  sujets  parlants  s'en  rendent 
d'ailleurs  Lien  compte.  » 

^^)   Cl.  yu'tîka. 

^'^  Ici  les  formes  classiques  peuvent  également  perdre  leurs  voyelles  brèves 
finales  à  la  pause,  et  conserver  en  même  temps  leurs  voyelles  longues. 


106  PREMIÈRE    PARTIE. 

hàffê ;  dâbbatu"  ffâuesse,  bête  de  somme?)  -:>-dàhbe';  hâzzu"  w pèlerin 
(de  la  Mecque  ou  de  Jérusalem)  >  Aaz^  (fém.  hâzzé);  sâbbii" 
ff  jeune  homme 77  >  sâb^ ;  hâddu"  ce  vif,  wio\eni-n  ::> h àd'^  [ïém.  hdddé)  ; 
qâl{a)  lï  ff  il  m'a  dit  77  >>  'Iqàllé;  hâna  la-hu  wil  est  temps  pour  lui...  77 
z^^hànlu^^hàllu  (avec  assimilation  totale  de  n  a  /),  cf.  plus  haut 
p.  79;  ma  hâna  (-j-s)  wil  n'était  pas??  >>mâ/rrtws;  ma  ^àdn  ffjene 
sais  pas?")  >  modrê^^^  wje  ne  sais  =  peut-être  1?  ;  [al]  -""âm-uWâuwalu 
w Tannée  dernière??  >  ''omlâuwdU^^ -,  râ'su  mâli"  ff  capital??  :>*ràsmâl 
>mm«/(^^;  vià  (bi)yanbâSi -\- i^s)  wil  ne  se  vend  pas??  >•  mâbyem- 
bâ'^s;  ma  ^âda-\-[s)  ffil  n'est  pas  revenu ??> 9/iâ*«c?i  (à  côté  de 
ma^as')\  sâra  la-hu  tfil  est  arrivé  à  lui  =  il  y  a  (tant  de  temps)  qu'il 
est.  .  .  ??  '>' sàllu  (avec  assimilation  totale  de  r  en  /);  hàttà  yarnha 
wpour  qu'il  aille??  >>*M  (c'est-à-dire  hattâ)  iruh::^  tairûh^'^-^ \,  ^^âifa 
ma  w comment  est-il  venu ?? > *A:ï/ ^6t  (avec  réduction  de  la  diph- 
tongue ai  à  i)>héfza;  "îdii"  kabîru"  ff grande  fête??  >  V^^^'''? 
mfatu"  ffcent??  :>'*mît^mot^^^  (hlâb)  ff  cent  (livres??);  ma  yakùnu-\- 
{s)  ffil  n'y  aura  pas??  ^^-maikûns;  (bi) -\- yaqûlu  la-hu  ffil  lui  dit??  > 
biyqollu.  Il  en  est  de  même  des  mots  classiques  dans  lesquels  les 
voyelles  longues  se  sont  trouvées,  à  Kfar^abîda,  en  syllabe  fermée 
par  suite  de  la  chute  d'une  voyelle  brève  suivante  :  cf.  mâ'idaiu" 
ff  table  servie,  réicdoire^-)  z>*mây(i)datu'^:>'màidé;  ^â'ilatu'^  ff  fa- 
mille?? >  *''ây(i)latu''  >  ^àilê;  hailu"  ff  mur??  >  *hâij[i)tu''  >>  hàit^^\ 

b.  Les  voyelles  longues  en  syllabe  (classique  ou  dialectale)  fer- 
mées par  un  groupe  de  consonnes  sont  maintenues,  mais  la  coupe 
des  syllabes  est  modifiée  de  manière  que  ces  voyelles  longues  se 
trouvent  autant  que  possible  en  syllabe  ouverte.  De  plus,  si  le 
groupe  de  consonnes  qui  suit  la  voyelle  longue  est  une  géminée, 
i'implosive  se  réduit,  d'après  la  constitution  syllabique  du  parler, 
à  une  demi-consonne.  Ex.  :  cl.  sàddîna  ff  tirant??  (masc.  plur.)> 
sà^dîn  (coupe  syllabique  :  sà-'^din);  kâtibatu"  ff  écrivant??  (fém. 
sing.)  :>  hâ-tbê ;  hâssîyalu''  ffpropriété,  aptitude??  >>  Aâ-^si/e^^); 
hâssata"  ff  particulièrement??  >  Jfl-s/a"^^^;  (cf.  cl.  dâllatu")  soit 
*dàlUyatu''  ff  familiarité??  ^^dà-liyè. 

^^)   La  voyelle  perd  non  seulement  sa  quantilé,  mais  son  timbre. 

(^)  Mais  dès  que  les  voyelles  longues  ne  sont  plus  en  syllabe  fermée  par  un 
groupe  de  consonnes,  elles  conservent  leur  quantité  primitive;  on  dit  :  là 
(c'est-à-dire  hattâ)  ijeniàl  ffafm  qu'il  fasse??;  'â  (c'est-à-dire  'a/â)  rasé  asur  ma 
lête,  volontiers»;  'âmôiiihjè  cfl'an  prochain»,  etc. 

(^)  Etat  construit. 

(*)  En  arabe  aussi  bien  qu'en  syriaque,  une  dipbtongue,  à  la  finale  de  syllabe 
ou  de  mot,  est  considérée  comme  une  syllabe  fermée. 

(^)  Ainsi  qu'on  le  verra  plus  loin,  la  voyelle  -è  bref  «<!-«^m"),  indice  du 
féminin,  et  les  pronoms  alfixes  comptent  toujours  dans  le  parler  pour  une 
syllabe  longue. 

(**)  Ici  la  réduction  est  complète  parce  que  la  consonne  géminée  est  suivie 
d'une  autre  consonne,  cf.  suhtâin,  duel  de  si)hha  <  cl.  sihhata^  ff  santé, 
bonne  santé»  où  la  réduction  complète  a  lieu  dans  les  mêmes  conditions. 


PIIO^ÉTIQIIR.  107 

c.  Los  voyelles  lon,o[ues  en  syllabe  finale  fermée  par  un  |>roupe 
(le  consonnes  sont  également  maintenues  telles  quelles,  mais 
la  consonne  géminée  se  simplifie  aux  dépens  de  l'explosive. 
Ex.  ;  dahhalu"^^^  ffânesse,  bête  de  ^ommQ r,  ^>  dâhé  (à  côté  de 
d('(hhfi)\  dawâhim  ^ànes,  bêtes  de  somme'?  x/ti;fl/>;*a//imM"  f|jéné- 
rai^^  >■  '^âni;  "aivâinmu  ff  universels,  communs,  généraux^?  >  \vâm; 
sawâââu  w anormaux,  irréguliers ^•)  ^>swâz;  hâjju"  rr seul,  sec ^7  (dans 
saiviqu"  haffu"  ff  farine  non  pétrie  ??)>A4/(-);  etc. 

Nous  sommes  donc  ici  complètement  en  désaccord  avec 
M.  Mattsson  lorsqu'il  soutient  (p.  ii3)  contre  M.  Brockelmann 
qu'une  voyelle  longue  peut  garder  sa  valeur  de  longue  devant 
un  groupe  de  consonnes  ou  devant  une  consonne  géminée.  Les 
nombreux  exemples  qu'il  donne  à  l'appui  de  son  opinion  ne 
semblent  pas  la  confirmer  parce  que  dans  aucun  d'eux  la  voyelle 
jl  longue  ne  se  trouve  réellement  en  syllabe  fermée  par  deux  con- 
'  sonnes  ou  par  une  consonne  géminée.  L'erreur  de  M.  Mattsson 
provient  de  ce  qu'il  n'a  pas  prêlé  attention  à  la  coupe  dialectale 
jl  des  syllabes.  Ainsi  (pp.  112-11 3)  le  mot  mâdnê  trminaret^? -< 
cl.  mfdanatu"  doit-être  coupé  mâ-dné^-^^;  de  même  hâ-tîn  w posant, 
mettant '7  (masc.  plur.)<::cl.  hâtiina.  .  .  et  zârna  ff  notre  voisin  7? 
>cl.  zâru-nâ.  .  .  doivent  être  coupés  hà--tîn  et  zâ-rna ;  etc.  Quant 
à  sâhtessàmdk  ff  le  marché  aux  poissons  w  ,  il  doit  être  coupé  sâ-htes^ 
sà-nidk.  Les  deux  consonnes  h  et  t  sont  naturellement  groupées 
dans  la  syllabe  fermée  par  -es-, 

I  .     .  ,    , 

2.  Voyelles  longues  et  brèves  a  l'intérieur  du  mot. 


I.  Voyelles  brèves  en  syllabe  ouverte  inaccentuée^''^  (à  l'inte'rieur). 

Conservation.  Chute.  —  Comme  à  l'initiale,  les  voyelles 
brèves   classiques  en  syllabe   ouverte  inaccentuée  disparaissent 

(^^  La  consonne  n'est  pas  finale  ici,  mais  le  singulier  est  analogique  du 
pluriel  (régulier). 

(■^)  M.  Cohen  (p.  ii5,  270)  pense  que  le  dial.  hdf  dans  les  expressions 
Ijebz  hâf  «pain  sec?)  et  ma  hâf  veau  puren  (usite'es  également  à  Kfar'abîda), 
relevées  par  lui  à  Alger  juif,  provient  du  cl.  hâf,"  ffnu-piedsw ,  alors  qu'il 
serait  naturel,  me  semble-t-il,  de  voir  dans  ce  mot  le  représentant  du 
classique  hâjfu"  avec  simplification  de  la  géminée.  Autrement  il  serait  difficile 
d'expliquer  la  disparition  de  la  syllabe  finale  T  (provenant  de  *yu")  qui  dans 
notre  parler  ne  tombe  jamais,  mais  est  toujours  représentée  par  ê;  on  dit,  par 
exemple,  wâl§d  hfijé  «un  enfant  nu-piedsw. 

(^)  M.  Mattsson  admet  lui-même  (p.  98)  qu'une  voyelle  brève  tombe  tou- 
jours devant  la  désinence  du  féminin  :  cf.  cl.  ncmfaratu''  crjet  d'eauw  ':::>  nâijfra , 
qu'il  faut  couper  nàu-fra. 

^*'  Seul  cas  qui  puisse  exister  en  classique;  car  une  syllabe  brève  ouverte,  à 
l'intérieur  du  mot,  n'est  jamais  accentuée,  étant  donné  que  l'accent  recule 


1  08  PREMIÈRE    PARTIE. 

toujours  à  rintcriour  du  mot  dans  noire  parler.  Ex.  :  voijeïles 
pré  Ioniques  :  pour  a  :  yatà^àllamu  wil  apprend  77  >î/cf  «//m;  qala- 
màhii  frdeux  plumes  à  écrire^^  (rég.  indir.  au  ànQ\)'>-'lqah)iâm; 
salawâtl  ce  mes  prières -"î  >  s«/tt.'rtVe*;  néo-cl.  zasadànîyu"  rcorporeh-) 
':>'zesdâné^^^;  darahû-ni  wils  m'ont  frappé  ^^  '^-darhûnè;  zarayânu" 
w action  de  courir,  de  cou\er •>•>:>' zery an  fraction  de  courir, 
diarrhée 7?;  '"anhabûtu"  étoile  d'araignée ?5  >  '^anhhût;  yazawâtu" 
tf  incursions ^i  >  yazwât\  —  pour  i  :  hàmilîna  w portant 77  (plur.  rég.) 
>»  hâmlln;  yadrihû[na]-ka  ^^^  wils  te  frapperont ^7  >  yodrhùh; 
ihîibâru"  ff  expérience ^^  :>'ehthâr;  'ardiyau  w méchants ^^  ^''m^J/fl^^^ 
—  pour  M  :  tatrukt\n({\nà  wtu  (fém.)  nous  laisseras -"^  >►  ff/r/./wfl; 
waSimûmatl  fret  mes  oncles  paternels r»  >>  ivô^mwnté;  —  voyelles 
posttoniques  :  pour  a  :  dàrahat  welle  a  ïraipjiér)  :>>  dârbet;  dàrahû 
ffils  ont  ïvi\i^^ér)  >■  dàrbu;  yânhasiru  wil  se  cassera •'1  >  yf'nÀ-s(r; 
mâmlakatu"  w  royaume  ^^  ^>màmlhè;  dàraba-ka  wil  t'a  frappé  ^^  > 
dârbdh;  hàsanatii"  ff bienfait,  bonne  œuvre t)  :>hâsnê;  —  pour  i  : 
sàribù  wils  ont  hwri  >>  sérbu;  sàribai  welle  a  bu??  >  sérbdt;  yaksi- 
rù[na]  w ils  casseront??  ^î/^'A^srw;  mâ^rifatu"  ff  savoir,  connaissance?? 
:>-mÔ''rfé;  ma'ânfi  rmies  connaissances,  mes  amis??  >?n^rtr/è';  — 
pour  M  :  haOam  wils  ont  été  nombreux??  >  kétru;  kxitubi  wmes 
livres ??  >  kùtbê;  mûkhulalti"  ff  vase  à  collyre ii^môkhlê;  etc.  —  Mais , 
par  suite  de  la  chute  régulière  des  voyelles  brèves  finales,  les 
voyelles  brèves  posttoniques  peuvent  se  trouver  dans  notre  parler 
en  syllabe  fermée,  et  en  conséquence  elles  se  maintiennent;  en 
voici  quelques  exemples  :  dàraba  wil  a  frappé??  >- (/«m^;  bàrtala 
tfil  a  capté??  >> /^rtfp/;  ^isadu'^  cdion??  >  V<sf6?;  màlïku^  ffroi??^ 
mâlçk ;  sàriba  ffil  a  bu??  >  s^reb;  yàktubu  «il  a  écrit??  ^yéktob;  etc. 
Tous  ces  cas,  où  les  voyelles  brèves  ne  tombent  pas,  rentrent  du 
reste  dans  celui  des  voyelles  brèves  en  syllabe  fermée. 

II.  Voyelles  longues  en  syllabe  ouverte  inaccentuée  (à  l'intérieur). 

Conservation.  Chute.  —  Comme  à  l'initiale  du  mot,  les 
voyelles  longues  classiques,  en  syllabe  ouverte  inaccentuée  (à 
l'intérieur),  se  maintiennent  dans  notre  parler  en  qualité  de 

toujours  vers  le  commencement  du  mot  jusqu'à  ce  qu'il  rencontre  une  syllabe 
lonjjue,  et  que,  quand  il  n'y  en  a  pas  dans  le  mot,  il  tombe  sur  la  première 
syllabe  et  par  conséquent  sur  Tiniliale  (qu'elle  soit  longue  ou  non). 

^^^  Peu  importe  que  l'accent  en  classique  repose  sur  la  syllabe  qui  suit 
immédiatement  la  voyelle  brève  ou  sur  une  syllabe  plus  éloignée,  comme  dans 
l'exemple  cité. 

(^5  11  faut  faire  abstraction  de  la  finale  -na  qui,  on  le  verra,  n'est  pas  reprc- 
sonlée  dans  le  parler.  Kn  réalité  yodrbûk  provient  directement  de  yadribûka 
(modus  apocopatus). 

^''^  Ici  l'accent  classique,  par  suite  de  la  chute  du  -u  et  de  l'abrègement 
régulier  de  â  à  la  finale  a  reculé  jusqu'à  la  première  syllabe  du  mot. 


pho.M':tiqli2.  109 

longues,  quitte»  à  attirer  à  elles,  le  cas  échéaiil  ^^\  l'accent  du  mol. 
Ex.  :  pour  à  :  ntdj'âli/iu  t<:  {A(i?> •>!::>  mfiUlhS-^yijuqâhln^^iui^m  f<-ils  se 
battent  avec  moi-^  ^>ijqâtlàné;  'iljsânâlii"  cr  bienfaits i^  >- 'cAiv/nr/V; 
hanimâllna  w portefaix  (plur.  régime)  >if/r)mm^?/m;  lalâmîdu  w dis- 
ciples'?>  tlânûd;  —  pour  ï  :  misrJyina  cr Egyptiens •>:>  (régime)  >> 
niosnyin;  lUmidà'ini  frdeux  disciples ?■)  (duel,  vC\^\mQ)  >  ialinldù'm ; 
'amuiiju"  ce  fisc,  impôt  du  au  prince '■)  >  miré  ;  —  pour  a  :  mahluqâlu" 
cf  créatures ^7  >>  mahïu/qdt;  madrnbîna  cf  frappés i')  (régime  )>«<«- 
drubln;  yahûdii/n"  ffjuif-'?  >ihûdê;  etc. 


111.  Voyelles  longues  en  syllabe  ouverte  accentuée  (à  l'intérieur)^'^. 

Conservation.  Chute.  —  Comme  en  syllabe  ouverte  inac- 
centuée, les  voyelles  longues  classiques  en  syllabe  ouverte  accen- 
tuée (à  rintérieur  du  mol)  se  maintiennent  on  règle  à  Kfar\'ib]da; 
elles  s'abrègent  dans  un  cas  bien  déterminé,  ainsi  qu'on  va  le 
voir,  et,  comme  conséquence,  elles  perdent  l'accent  qui  recule 
jusqu'à  la  longue  précédente  ou,  à  défaut  de  longue,  jusqu'à 
l'initiale.  Ex.  :  pour  à  :  nanàlu  cf  nous  obtenons^?  >  "na/^*^;  halàhilu 
ff  rossignols  1?  >  hlâhdl;  'ahhânC  ce  nouvelles  77  :>'Mâr;  —  pour  ï  : 
qanâdllu  ce  lampes  ^7  '>'jqnâdll;  mandllu-ka  cfta  serviette,  ton  voile  t) 
:>mandilçk;  yamîlu  cfil  se  penclie^)  :>imîl;  —  pour  ù  :  yaqûlu  cmI 
dii^-):>i'/qûl;  madrûbatu"  refrappée-'?  >>madrâbè;  zumhûru-nâ  cf  notre 
multitude  77  >  zamhûrna;  etc. 

Quantité. 

On  l'a  déjà  dit,  les  voyelles  longues  classiques  conservent  tou- 
jours à  Kfar'abîda  leur  quantité  normale  dans  les  syllabes  ouvertes 
accentuées  ou  inaccentuées,  initiales  ou  médiales.  Elles  s'altèrent 
pourtant  à  l'intérieur  et  passent  à  des  voyelles  brèves,  lors- 
qu'elles sont  devenues  elles-mêmes  finales,  étant  immédiatement 
suivies  d'une  syllabe  finale  sujette  à  disparition,  c'est-à-dire 
lorsque  cette  syllabe  commençait  par  une  des  consonnes  faibles  w , 
y  ei\  Ex.  :  ^asyau  w  choses  77  ^-''ésya;  baidau  w  blanche  77  >  bâida; 
baladiya"  rr  indigène ^7  >  bàldé;  samsîyu"  cr solaire ?7  >  sâmsé;  (cf.  cl. 
mayzûwu")  ^mayzîyu"  >-  môyzê  w pillé 77  ;  etc. 

(^^  Quand  la  longue  accentuée  suivante  est  devenue  dialectalement  finale  et 
s'est  en  conséquence  abrégée. 

(^^   Sur  le  timbre  de  à,  cf.  plus  haut  (imâla). 

^^^  Sur  la  conservation  et  la  chute  des  voyelles  longues  en  syllabe  fermée 
accentuée  ou  non  à  Tinlérieur  du  mot,  se  rappeler  ce  qui  a  été  dit  plus  haut, 
p.  io5. 

^^^  Comme  beaucoup  d'autres  formes  verbales  et  nominales,  le  classique 
nanàlu,  par  suite  de  la  chute  des  voyelles  brèves  initiale  et  finale,  est  devenu 
monosyllabique  à  Kfâr'abida  et  â  s'est  trouvé  accidentellement  en  syllabe  fermée. 


110 


PREMIERE    PARTIE. 


Timbre. 

Le  timbre  de  à  classique,  en  syllabe  ouverte  accentuée  ou  inac- 
centuée, à  rinitiale  aussi  bien  qu'à  Tintérieur  du  mot,  a  été 
traité  plus  haut  à  propos  de  Timâla,  et  on  n'y  reviendra  pas. 
Reste  à  dire  un  mot  de  celui  des  autres  longues. 

A  la  différence  de  ce  qui  se  produit  dans  d'autres  dialectes 
arabes  modernes  ^^^,  le  timbre  des  longues  ï  et  î7,  hors  les  cas 
prévus  d'abrègement,  ne  subit  aucune  altération  sensible  dans  le 
voisinage  des  emphatiques,  des  gutturo-palatalesou  des  faucales, 
que  celles-ci  précèdent  ou  suivent.  Ceci  est  vrai,  non  seulement 
quand  î  et  w  se  trouvent  en  syllabe  initiale,  mais  encore  quand 
elles  sont  en  syllabe  médiale  ouverte,  accentuée  ou  non.  Ex.  : 
hîlatu"  (( ruse  11  ::>hUé;  sTqâmi"  ff  jambes,  tibias i?  >sf/(/aw (2);  mar- 
(fâdu"  ff  cassé,  hrisé  11  :>  inardûd;  mamniiSC  ff  défendu  i^  >  mam/îil*^ . 
inalihu"  ((honn  >mlih.  Dans  ces  cas  ï  et  w  ne  subissent  aucun 
modification;  il  ne  se  produit  aucune  voyelle  accessoire  (aucun 
patah  furtif  n'est  intercalé  entre  ï  ou  û  et  les  faucales  *"  ou  h) , 
à  la  différence  de  ce  qui  a  lieu  dans  d'autres  langues  et  d'autres 
dialectes.  Tout  au  plus  pourrait-on  admettre  la  présence  d'une 
voyelle  anaptyctique  (')  après  *"  et  h  (lorsqu'ils  sont  précédés  à  la 
finale  du  mot  de  î  ou  û)  :  hi^  ff  vends 77  et  rûh  ff  va-t-en^^  (cf.  cl.^r 
et  rw/i),  qu'on  pourrait  noter,  à  la  grande  rigueur,  par  ht'  et  ràh\ 

IV.  Voyelles  brèves  en  syllabe  fermée  inaccentuée  (À  l'intérieur). 

Conservation.  Chute.  —  Le  classique  possède  peu  de  formes 
vraiment  unes  ^^^  qui  présentent  à  l'intérieur  du  mot  une 
voyelle  brève  en  syllabe  fermée  inaccentuée;  de  telles  formes 
peuvent  cependant  se  produire  par  suite  de  l'annexion  des 
pronoms  suffixes  et  du  déplacement  concomitant  de  l'accent  vers 
la  fin  du  mot.  Ces  formes,  unes  ou  complexes,  subsistent  telles 
quelles  à  Kfar^'abîda  et  conservent  toujours  leurs  voyelles  brèves 
en  syllabe  fermée  inaccentuée.  Ex.  :  pour  a  :  miista^maUna  ffem- 
ployés77  (partie.  plur.)>/Hos^a*^m/m;  'iskandarîyatu  ff  Alexandrie  77 
>-  Çe'jskandrîyé;  (néo-cl.  far ansîyu")  d'où  yaransâwîyu"  ff  français 77 
^-frensâwé;  hanajsazlyu''  ff  violet  77  >  ^/i^/sie^^^;  bartalnâ-ka  ffnous 
t'avons  caij^iéii  :>'hartdlnâk;  yastaqbilù\na]nâ  ffils  vont  au-devant 
de  nous  77  >  yesta'/qblâna;  —  pour  i  :  istibdâdu"  ff  action  de  s  occu- 
per seul   d'une   chose,    desi^oiïsmen  >-  slabdâd;    istihsânï    ce  mon 

(')  Cf.  Marçais,  Saïda,  M.  S.  L.,  XIV,  p.  i35-i36;  Cohen,  p.  iili. 

''''^  Clicz  les  Ulôd  BrdJivn,  on  a  hêla  et  sêgdn;  cl'.  Marçais,  loc.  cit. 

(•'^  Non  composées  d'une  préposition  ou  d'une  conjonction. 

^''5  Par  suite  de  la  ciiute  de  la  syllabe  finale  -î/m"  et  de  l'abrègement  ré(julier 
de  -i-  précédent,  devenu  final,  l'accent  classique  a  reculé  jusqu'à  la  syllabe 
fermée. 


PHONÉTIQUE.  111 

Siip\)r ohaiion -0  >  ste/isânê;  lahiqnâ-hmi  frnous  vous  avons  atteints ii 
>-  Uwjqnâhm;  fa1iimt(iuu)ù-nl  ffvous  nravez  compris -t^  ::^fhonUÛné; 
wa-siddlqti"  wet  très  juste i5  ^usaddl'/q^^K 

V.  Voyelles  brèves  en  syllabe  ferme'e  accentuée  (à  l'intérieur). 

Conservation.  Chute.  —  Les  voyelles  brèves  classi({ues  en 
syllabe  ferme'e  accentuée  (à  l'intérieur)  se  maintiennent  toujours 
dans  notre  parler  et  ne  se  dessaisissent  naturellement  pas  de 
l'accent  du  mot.  Ex.  :  pour  a  :  darâhtu  tfj'ai  frappée?  >  (/?vf^^; 
mu'^àlUmu"  rr  professeur  ?•>  >>  ni^allçm;  ihmàrral  ce  elle  est  devenue 
rou^e-»!  :>  hniàrràt  ;  safàrzalu"  ff  coing  ^i  >  sj'àrzçl  ;  muttCàzzihu" 
ff  étonné 7^  >  mol^àilçh;  —  pour  i  :  saribnà  wnous  avons  bm?  > 
srôbna;  mustahiddatu"  w absolue  dans  son  opinion,  despote  (fém.)^^ 
>■  inô'sthôddê;  yasta^iddu  ffil  se  ^iréj^arei-)  :>yest^éd'^;  —  pour  u  : 
kabûrtu  ce  j'ai  gvunài -n  :>  kbôrl;  hasûnti  fftu  as  été  heWe  v  >>  hséntê; 
iva-qûlnâ  fret  nous  avons  dit??  >  ujqôlna;  etc. 

ToiBRE. 

On  étudiera  ici  à  la  fois  le  timbre  des  voyelles  brèves  en 
syllabe  fermée  accentuée  ou  inaccentuée  dès  le  classique,  et  celui 
des  voyelles  brèves  qui  ne  se  trouvent  en  syllabe  (accentuée  ou 
non)  que  dans  le  parler  par  suite  de  cbute  de  la  voyelle  brève 
subséquente. 

1.  Voyelle  a. 

a.  En  général,  la  voyelle  a,  en  syllabe  fermée  accentuée  on 
inaccentuée,  d'origine  classique  ou  de  provenance  secondaire, 
conserve  à  Kfar*^abîda  son  timbre  pur  dans  les  formes  verbales  et 
dans  les  formes  nominales.  Ex.  :  ta^'Allama  ce  il  a  appris??  >£V(//m("^^; 
muta'^azzibîna  <;<:  élonnésn  >  inôTaz^bîn;  iswàddat  ^r  elle  est  devenue 
noire •^•)  '>■  swâddçt;  yubartilû[na]-nï  wils  me  captent??  ^zW/Z/W; 
safârzalu''  (r  coing -n  :>'sjch^zçl;  ban/ifsazu'^  <(  \ioleiie -o  :>- bnàfsez  ;  zn~ 
mniyalu"  (dimin.  de  zamîlu")  (f heau -n  :>- zmàiyçl  (nom  propre 
d'bomme);  iva-hâsanatu-ka  fret  ton  bienfait^?  >  uhàsntçh;  etc. 

b.  La  voyelle  a  bref  en  syllabe  finale  (fermée  dans  le  parler  mais 
résultant  de  la  fermeture  d'une  syllabe  classique  médiale  ouverte) 
passe  toujours  à  ç  dans  les  formes  verbales  et  nominales.  A  son 
tour,  cet  e  de  fin  de  mot  dialectale,  venant  à  se  trouver  en  syllabe 
médiale,  par  suite  de  l'addition  d'une  désinence  de  conjugaison 

^'^  Je  ne  connais  pas  d'exemples  pour  u  ni  en  classique  ni  dans  le  parler, 
sauf  les  cas  où  une  initiale  devient  médiale  après  une  particule  proclitique, 
comme  dans  wa-zuhhdlu"  wet  ignorants?)  >  uzehhâl. 

'^'  Sur  le  timbre  de  la  dernière  syllabe  -§in,  cf.  plus  loin,  sous  b. 


1  1  2  PREMIÈRE    PARTIE. 

OU  d'un  suffixe  pronominal,  passe  à  la  voyelle  f  ou  à  une  de  ses 
variantes.  Ex.  :  dans  les  formes  verbales  :  kàtaba  wil  a  écniv  >• 
kétçh  ^^^;  latùhnà  w nous  avons  écrite?  >  klébna;  hàmala  wil  a  portée') 
':>'hçmdl;  hamàlli  cftu  (lém.)  as  porté?^  :>'hmoUê\  infâtaha  wil  s'est 
ouverte?  '>-nfùieh;  istàkdara  cfil  a  trouvé  nombreux,  il  a  remercié^? 
^stâktçr;  istakOàrnà  rmous  avons  trouvé  nombreux 77  >s/«te7irt,- 
ydrkahii  ffil  montent»  :>>yérkçh;  —  dans  ]es formes  nominales  :  qàlamii" 
(r^\[}me-n:>''/q('(lem;  qâlamu-nà  cr  noire  plume 77  >>Y<^rt/omna;  nuir- 
hahC"  ff  bateau  77  >  mârkçh ;  màrkahi-nà  ff  noire  bateau  77  > markôhna  ; 
'^ddadu"  fc  nombre 77  >  Vided;  ''àdadii-nâ  cf  notre  nombre  77  >  ^adédna; 
\ïuwalu  ff  premier 77  >\///îrc?/.  —  Cependant  les  verbes  des  YIl" 
et  VHP  tbèmcs  font  exception,  et  gardent  «pur  en  syllabe  fermée 
à  l'intérieur,  bien  que  cet  a  goil  altéré  en  syllabe  finale  dialec- 
tale. Ex.  :  iytdnama  ffil  a  saisi  l'occasion,  il  en  a  prori!c^7> 
ytânem,  mais  iyU'mamnâ  ffuous  avons  profilé  de  l'occasion 77  >. 
ylnàmna;  inhàda^a  ffil  a  été  ir om pé ^1  ^-nhddç^,  mais  ivhadd'^ti  f<:iu 
as  été  ivom])ée  •>•)  >''nhddUé  ("à  cause  des  3  consonnes  initiales 
dont  il). 

D'autre  part,  a  bref  en  syllabe  finale  dialectalement  fermée 
garde  son  timbre  pur  lorsqu'il  est  précédé  ou  suivi  d'une  empha- 
tique, y  compris  h,  A,  *^  et  souvent  h.  Ex.  :  cjdraha  ffil  a  frappé -7 
:>'ddrab;  qdiafa  ffil  a  cueilli 77  >Y^r/7^//";  qdbada  ffil  a  touché  de 
l'argent 77  >-Y(^rt/>fl(/;  tdijana  ffil  a  moulu v  ::>  idhan;  ddhala  ffil  est 
entré  77  >  ddhal;fdraîju''  ff  joie  77  :>fdrah;  bdsalu"  ff  oignon 77  >  bdsal; 
mdrhamu^  ff  onguent 77  >>î««rArtri;  etc.^^l  Dans  tous  ces  exemples, 
a  reste  également  pur  lorsqu'il  arrive  à  être  à  l'intérieur  du  mot  : 
dardbnâ  ff  nous  avons  frappé  77  >-  drdb-na ;  fdrahu-nà  ff  notre  joie  77  > 
fardhna. 

Il  faut  excepter  ici  également  les  verbes  au  V^  thème  [taqdilala) 
et  au  IP  thème  quadrilitère  dérivé  [taqdtlala),  qui,  bien  que 
conservant  a  pur  sous  l'influence  d'une  emphatique  à  la  finale 
dialectale,  l'altèrent  cependant  lorsqu'il  arrive  à  se  trouver  à 
V'uilénenr :  tahdjjjara  ffil  a  été  stupéfait??  >>f//rt0«;',  mais  thaiydrnd 
ffuous  avons  été  stupéfaits 77  ^t/jalyérna;  tandssara  ffil  s'est  lait 
chrétien 77  :>■  ind-ssar ,  mais  tandssartu  ffje  me  suis  fait  chrétien -^r^ 
Inassôrt;  tabdrtala  ^^  \l  a.  été  capté  77  >-  tbdrtal,  mais  tabartdlnâ  ffnous 
avons  été  captés  77  ^tbartôfna;  etc. 


^')  La  voyelle  de  la  seconde  syllabe  de  l.étçb  est  en  réalité  finale  dans  le 
parler,  el  pourrait  être  étudiée  avec  les  voyelles  finales,  mais  elle  représonle 
une  voyelle  classique  médiate,  el  c'est  pourquoi  on  a  préféré  traiter  ici  de  son 
timbre.  Ceci  du  resie  forme  une  transition  naturelle  entre  les  voyelles  médialos 
et  les  voyelles  finales. 

(■^)  La  racine  r-h-m  n'existant  pas  du  tout  dans  la  conscience  des  sujets 
parlants,  rien  ne  s'est  opposé  au  cbangement  pbonétique  de  ni  final  en  n  que 
favorisait  du  reste  la  tendance  à  la  disslmilation. 


PIIONKTlQli:.  113 

2.  Voyelle  i. 

a.  Comme  à  Tinilialc,  la  voyelle  i  bref,  en  syllabe  fermée  ac- 
centuée ou  non,  passe  loujours  à  r  (ou  à  une  de  ses  vaiianles). 
Ex.  :  isli''(l(ulii"  ffpréparalion  ^^  >  sU-'^dâd;  HaHihà  rrnous  avons  gravie? 
:::>  s'^Ôdna ;  falnmlu  fcj'ai  compris ^i  >>Jliôiiil;  wa-^ilmu-ha  ?fet  la 
science-»  >-  ii'éhml-;  {slifliâiim"  ce  interrogation 7:  ^'['çjslnfhâm, 

h.  Comme  a,  la  voyelle  i,  en  syllabe  finale  fermée  dialectale 
qui  provient  d'une  syllabe  classique  ouverle  (à  Tintérieur),  passe, 
dans  les  formes  verbales  et  nominales,  tantôt  à  ç  :  êuriba  cril  a 
bu ^7  :>'S{'r{>h;  yânzilu  wil  descendît  '>'y('nzçl;  mâzlisu'^  ff divan,  lieu 
où  on  s'assoit^!  :>-màz]ps;  —  tantôt  à  o^^\  sous  Tinfluence  d'une 
labiale  ou  peut-être  par  suite  d'une  innovation  morpliologique  (u 
au  lieu  de  i):  mièmisu''  ff  abricot '•>  '^-mosnios;  Inmmisu"  empois  chiche ^-i 
:::>  liônimos ;  hisrhmi"  ffveijus-'^  >Aof>w«;  ^ycuhuhu  cril  frappe^'  (cl. 
yàdrihu)'^ yodrob; yd^nidu  rril  présente  à  quelqu'un  quelque  choses-) 
(ci. ya^ridu)  :>-yé'^rod;  '^yàhtumu  cfil  sceller?  (cl.  ydhlimu)'>-yéhlam; 
*i^sûr  cr pressure 75  impératif  (cl.  i^sir)  >  ^sçr;  ^'ihfûr  ff creuse^  im- 
pératif (cl.  ihjîr)  ^^-hjor;  etc. 

3.  Voyelle  u. 

a.  Comme  à  l'initiale,  u  en  syllabe  médiale  fermée  (accentuée 
ou  non)  passe  à  ?ï(-l  Ex.  :  mudiimi-him  ffvos  villes -«^  '::>- modiniknn ; 
ralimnà  rcnous  avons  été  diminués ^-i  :^rhffsna  wnous  avons  perdu 
Testime  (dont  nousjouissions)w;  kûtnhii-nàK nos  livres 77  ^kulèbna; 
wa-buldânu-nà  ce  et  nos  pays  ^7  ':>-  nbôldâ"na. 

b.  Comme  a  et  i,  la  voyelle  u,  en  syllabe  finale  dialectalement 
fermée,  semble  toujours  passer  à  ^  au  parfait  des  verbes  à  deuxième 
voyelle  ?/,  mais  en  réalité  il  s'agit  d'un  i  passé  à  e,  et  substitué 
analogiquement  à  Vu  des  formes  classiques  :  ^qâriba  rril  s'est  ap- 
proché 77  (cl.  qàniba)  >  'jqèreb;  ^hâsina  ff  il  a  été  beau 77  (cl.  hàsuna) 
':>hçsçn^^^\  etc.  C'est  un  fait  de  morphologie  et  non  de  phoné- 
tique. 

Partout  ailleurs  u  passe  à  0  :  kûtubii"  f? livres ^i  ^>hûtob;  mûdumC 
ff  villes  77  ::>modon;  yàktubu  cfil  écrit 77  :>-yéktob;  nâdhulu  frnous  en- 
trons 77  :>-nédlml;  etc.  —  On  dit  cependant  yôJUir  ce  il  déjeûne77 
(cf.  cl.  yafhim)^  yîddd^  ^fil  est  pur,  il  achève 77  (cf.  cl.  yâhlusii), 
yétlcC'  Cfil  se  lève  (soleil) 77  (cf.  cl.  yatMu),  ceci  sans  aucun  doute 
par  analogie  avec  les  parfaits /«/«ra,  hàlasa  et  tàki^a  (voir  p.  92). 

(^)  Ouvert  ou  fermé  suivant  la  constitution  syllabique. 
^^^  Et  variantes. 

^^^  Cf.  Brockelmann,  p.  77,  sur  l'indécision  que  manifestent  les  verbes  sémi- 
tiques de  cette  catégorie  entre  ;'  et  u. 


PAKLEP.   DE    kFAR  AUIDA. 


11^ 


PRE31IERE    PARTIE. 


3.   Voyelles  longues  et  brèves  en  finale  du  mot^^I 

Gomme  pour  l'initiale,  une  voyelle  classique  peut  être  en  fi- 
nale absolue  ou  en  finale  relative;  dans  le  premier  cas,  c'est  la 
voyelle  elle-même  qui  termine  le  mot,  u  par  exemple  dans  le  clas- 
sique yâdribu;  dans  le  second  cas,  la  voyelle  est  suivie  d'une  con- 
sonne, par  exemple  i  dans  le  classique  idrib  (impér.  masc.  sing.). 
L'évolution  étant  différente  selon  qu'il  s'agit  de  l'un  ou  de  l'autre 
cas,  on  étudiera  séparément  les  voyelles  en  finale  absolue  et  en 
finale  relative. 


A.  Voyelles  en  finale  absolue  (syllabe  ouverte). 


I.  Voyelles  brèves. 

Conservation.  Chute.  —  i.  D'une  façon  générale,  les  voyelles 
brèves  du  classique  en  finale  absolue  disparaissent  dans  le 
parler  de  Kfar^ibîda,  de  même  que  dims  tous  les  dialectes 
arabes  modernes  et  dans  la  plupart  des  langues  sémitiques.  Ex.  : 
pour  a  :  dôraha  ffil  a  frappé  ??  -^dàrah;  al-kitâba  fde  livre  77  (i*^g. 
dir.)  >-  H-ktâb^^^'^  —  pour  i  :  Mtàbdini  ffdeux  livres 7?  (duel  ré- 
gime) r>  hâbàin  ;  bi-l-bâiti  fcdans  la  maison  •>'>  >>  bôlbâit;  — 
pour  u  :  aWàrdu  wla  terre '•)  >  râr(U^>;  yàhtubu  ffil  c'crit^^  >  yé- 
hob;  etc. 

9.  Comme  dans  nombre  de  dialectes  modernes,  la  désinence 
de  la  2"  pers.  fém.  sing.  du  parfait  -i  se  maintient  (^^  à  Kfar'^abîda 
en  passant  à  ê  :  katâbti  wtu  as  écrit ^^  (fém.)  soit  *katâbtï  :>'*ktébtî 
>>  ktôbiê. 

Tout  se  passe  donc  ici  comme  s'il  s'agissait  d'une  voyelle  longue, 
soit  ï;  ce  qui  montre  sans  doute  que  la  longueur  de  la  voyelle  est 


^')  Ici  il  ne  saurait  noturellement  ôlre  question  de  distinguer  entre  syllabe 
accentuée  et  inaccentuée,  puisque  l'accent  du  mot  ne  reposait  jamais  en  clas- 
sique sui-  la  syllabe  finale,  qu'elle  fut  longue  ou  brève,  ouverte  ou  fermée.  Les 
impératifs  tels  que  idrib  ne  constituent  pas  une  exception  à  cette  règle  géné- 
rale, car  au  fond  ce  ne  sont  là  que  des  monosyllabes  {*(Jrib),  devenus  dissyl- 
labes par  Tapplication  d'une  simple  règle  d'euphonie,  ot  dans  lesquels  l'accent 
rejtose  naturellement  sur  la  syllabe  unique  à  l'origine  qui  était  à  la  fois  ini- 
tiale, médiale  et  finale. 

(^'  'l-kifib  peut  re])résenter  naturellement  aussi  al-kildhu  et  al-kilâbi. 

(•■')  Cf.  note  9. 

(*)  Cf.  Marçais,  Saïda,  M.  S.  L,  XIV,  p.  ^2/1. 


PIIONKTIQUR.  1  I  5 

Irc's  ancieniK*,  c'est-à-dire  qu'elle  remonte  h  une  époque  anté- 
rieure à  celle  où  Tarabe  classique,  contrairement  aux  autres 
langues  sémitiques  (^),  a  abrégé  en  i  la  voyelle  ï  du  sémitique 
commun  ^'^K  (On  sait  que  quand  IV  cesse  d'être  final  par  l'accession 
d'un  enclitique,  il  pouvait  devenir  long  même  en  classique,  ex.  : 
halahli  mais  katabtl-hâ  aussi  bien  que  hilahli-hà.) 

Il  en  est  de  même  de  -^  de  la  2**  pers.  fém.  sing.  du  pronom 
personnel  suffixe  -hi  :  lâki  ffà  io'xii  (fém.)  :>'lck('.  Cet  -i  classique 
provient  d'une  voyelle  longue  i,  qu'on  retrouve  encore  en  éthiopien , 
longueur  indiquée  par  la  graphie  en  hébreu.  Cependant,  dans 
notre  parler,  la  voyelle  i  du  pronom  suffixe  -M  semble  changer 
de  place  et  passer  devant  -h  (d'où  -ik)  lorsque  le  mot  auquel 
il  est  suffixe  n'est  pas  un  mot  accessoire  et  que  d'autre  part  ce 
mot  ne  présente  pas  à  la  finale  une  voyelle  longue  (il  en  est  de 
même  d'ailleurs  du  masculin  -ka)  :  kitâbu-ki  wton  (fém.)  livre i? 
^l'tâbik,  et  Mtâbii-ka  wton  (masc.)  livre i^  >ktâbdk^^\  mais  'abûki 
crton  (fém.)  père^i  >-^mÂ7^  (fém.),  cf.  bûk  (masc). 

La  voyelle  brève  du  classique  subsiste  également  à  Kfar^abîda 
dans  les  pronoms  indépendants  :  ^ànti  wtoi^-»  (fém.)  >'éntê; 
%dhnà^'^^  (cl.  nàhnu)  cr nousw  >•  néhna;  hûwa  celui 7? ,  cf.  hûwê  (à  côté 
de  hû);  hiija  crelle^i  d.hhjê  (à  côté  de  hi)^^^\  (cf.  encore  kûnna 
ff  elles 7?)  Viinna  d'où  liénnê,  employé  également  à  la  3^  pers.  masc. 
plur.  (6). 

Signalons  enfin  le  pronom  suffixe  -hu ,  qui ,  en  perdant  son  h 
subsiste  sous  la  forme  -w^''^  :  dàraba-hu  cf  il  l'a  frappé ??  ^dârbu;  et 
l'impératif  masc.  sing.  des  verbes  terliae  y,  ex.  :  V^/^  ff  donner?  > 
Y^*  ii^da  wsois  satisfait  ^^  ->rdâ,  formes  où  I  et  «  ont  été  rétablis 

^'^  Cf.  Brockelmann,  p.  i56. 

(■^)  On  sait  du  reste  que ,  à  quantité  égale ,  un  i  est  plus  bref  qu'un  a.  Il  n'est 
donc  pas  étonnant  que  îj  en  finale,  soit  devenu  i  bref,  alors  que  à  subsistait. 
(Doctrine  de  M.  Meillet.) 

^^)  Il  semble  évident  que  les  formes  intermédiaires  ont  été  ici  *kitâbiki  pour 
le  féminin  et  *kitdbaka  pour  le  masculin.  11  s'agirait  donc  dans  les  deux  cas 
d'une  assimilation  vocalique  régressive.  Par  la  suite,  les  finales  sont  tombées, 
et  l'on  a  eu  ktâbik  et  ktfibdk.  Le  phénomène  d'assimilation,  phénomène  à  la 
fois  phonétique  et  psychologique  (enseignement  de  M.  Grammont),  a  sans 
doute  été  favorisé  ici  par  la  tendance  à  maintenir  distinctes  les  formes  du 
masculin  et  du  féminin. 

(')  Aussi  bédouin  de  Tunisie  (M.  Marçais).  Cf.  éthiopien  nehna  et  araméen 
'"nahnâ.  Voir  plus  bas  pour  l'explication  de  la  voyelle  finale. 

^^)  «Les  formes  hûwa  et  Mya  sont  anciennes  et  largement  répandues  sur  le 
champ  des  dialectes»;  de  même  hû  et  hi.  Cf.  Marçais,  Saïda,  M.  S.  L. ,  XI\, 
p.  66  (1908-1909). 

e^)  La  conservation  s'explique  par  le  fait  qu'il  s'agit  de  mots  secondaires  à 
accentuation  anormale.  Cf.  dans  les  langues  romanes  :  lat.  vulg.  *illo,  it.  /o, 
frç.  le,  etc.  ;  ego,  ital.  îo,  v.  ïvç.jo,  à  côté  de  *ille,  frç.  il,  it.  il,  etc.  On  sait  que 
hiima  existe  dans  des  cas  tels  que  kitâbi-hinna  rrde  leur  livre  (à  elles)w. 

'^^  Sur  le  suffixe  -hû  {-ht),  cf.  de  Sagy,  Gramm.  arabe  ^  p.  619. 

8. 


116 


PREMIERE    PARTIE. 


par  analogie  des  imparlaits  ijàHi  et  yàrdà,  les  racines  élant 
('-/-!/)  et  (r-(/-y)(i). 

Comme  on  le  voit,  sauf  dans  néhna^'^^  les  voyelles  brèves  con- 
servées en  finale  absolue  sont  toujours  altére'cs  en  e  (  à  l'exception 

II.  Voyelles  longues. 

Conservation.  Chute.  —  D'une  façon  générale,  les  voyelles 
longues  du  classique  en  finale  absolue  gardent  leur  valeur  sylla- 
bique  à  Kfar'abîda ^^l  Ex.  :  pour  à  :  qnlnâ  rmous  avons  dit^^  > 
yqolna;  dûnyà  ff  mondes-)  ^^cUtnija-^  —  pour  l  :  qàlam-ï  ffma  plume i") 
':>'/qâlmê;  qûmî  ff  lève-toi  ?■»  (fém.)  '^-''jqûmê;  —  pour  û:  kâtabu 
ffils  ont  écrit^^  '^-héthu;  ukiûhù  ffécrivez^^  '^htéhii;  etc.  Il  en  est 
de  même  des  cas  où  les  voyelles  longues  sont  de  provenance 
secondaire,  c'est-à-dire  lorsqu'elles  ne  représentent  pas  des 
voyelles  longues  classiques,  ou  bien  lorsqu'elles  représentent  dos 
voyelles  longues  classiques  médiales  qui  se  sont  trouvées  on 
finale  absolue  après  la  chute  de  la  syllabe  suivante.  Ex.  :  pour<^f  ; 
iqrà'  wlis^^  (imper.)  ^>*lqrA;  samau"  ^^ ciel v  ::>*sdmâ::>  sàma;  — 

pour  i  :  (cf.  istàdi'  \Jd  —  w  —  j,  dial.  ^siàdwJ  ^>stddwé  c? éclaire-toi, 
demande  de  la  lumière ^^  ;  daiuu"  (( \ûv  > ^'dànl  >  dénê;  —  pour  ii : 
zârwii"  ff  petit  du  chien??  >>  *i«nt>>  zàru;  "ulûwu"^  w  hauteur??  >>  Hii. 

Quantité. 

Comme  dans  la  plupart  des  dialectes  arabes  modernes,  les 
voyelles  longues  d'origine  classique  ou  de  provenance  secondaire 
en  syllabe  finale  absolue  perdent  régulièrement  à  Kfar*a])ida 
une  partie  de  leur  quantité,  et  passent  (ainsi  qu'on  l'a  déjà 
vu)  aux  brèves  correspondantes.  Elles  gardent  cependant  leur 
valeur  de  longue ^'^^  lorsqu'elles  portent  l'accent  du  mot,  c'csl- 
à-dire  lorsqu'elles  sont  dans  un  monosyllabe  ou  dans  l'e'quivalcnt 
d'un  monosyllabe.  Ex.  de  ce  cas  spécial  :  pour  à:  ihdâ'  ff  reste 


(')  Du  reste  î  est  rétabli  à  Kfar'abîda  dans  tous  les  thèmes  dérivés  (de  ces 
verbes),  mais  se  Irouvant  en  finale  absolue,  il  s'abrège  et  s'altère  en  consé- 
quence. Cf.  i  s  lâvf li  (r  cherche  à  contenter?)  ^::>*st('n'di  ^stàrdè;  ihlâmi  ffabsticn^- 

to)5)  >  *hUjmi  >  htçmé  cr demande  protections.  (Cf.  cl.  Ijâmà,  \J h-m-y  w  il 
a  protégé?).) 

^-)  Qui  provient  sans  doute  de  *nahnâ  analogique  des  premières  personnes 
plurielles  du  parfait  (qaUdnà,  dial.  qtçbia),  ou  analogique  de  'ânâ  >  'àna,  cf. 
araméen  '"nahnà. 

^•^)  A  la  diflerence  de  quelques  dialectes  arabes  modernes  qui  perdent 
souvent  les  voyelles  longues  finales.  Cf.  Maiiçais,  Saïda,  M.  S,  L.,  XIV,  p.  \h\. 

('*)  Longue  tout  à  fait  relative  qui  n'a  pas  la  même  valeur  qu'une  longiio 
médiale  ou  initiale  et  qui  serait  plus  justement  appelée  demi-longue;  c'est 
pourquoi  on  n'a  pas  attribué  ici  à  ces  voyelles  demi-longues  le  signe  de  la 
longue. 


PIIONKTIQLi:.  117 

IraïKjuille^^  :^h(l(i  ;  zaa  ce  il  est  venui?  ^zà;  cf.  cl.  Uxja  (y'b  -  fj  —  y) 
ffirsle^  (imp.),  (liai,  h'jqâ;  cf.  cl.  H  \\^^v  -"-  y)  rrremarque, 
comprends  1^  dial.  n^à  (à  côté  de  "«*«)  refais  attention,  éveille- 
toi^;  —  pour  ï  :  êdiu"  ce  chose  ■>•>  >  si;  lî  ffà  moi  7?  > /«';  mm 
r marche^  (impér.  fém.)  >mst';  htya  ffelle^^  ^>hi;fï  ((dnnsv::>fi; 
—  pour  w  :  huduu"  cr calme,  reposa»  >>  hdû;  ^ulùwu"  w hauteur 77  >■ 
7ii;  iqrà'û  cr lisez 7:  >  '/qrâ;  hûœa  (duïv  >>/m;  zaû  cf  ils  sont  venus ^ 


zu^'^ 


Timbre. 

1.  a  dial.  <:cl.  à. 

D'une  manière  ge'nérale,  a  bref  dialectal  final,  représentant  à 
classique  final  ou  médial,  garde  son  timbre  pur  dans  notre 
parler  :  'anâ  (rmo'iv  :^\(na;  dâraha-nâ  ffil  nous  a  frappés i?  > 
darèhna;  qàtlà  fr tués  17  '^-^Iqotla;  hadâyà  wcadeauxi?  :>'hdâya; 
hâdâ  ff  celui-ci  7-)  ::>- hada;  samau'^  ffcieh?  >>*5rtmâ  ^:>sâma;  mtnâ 
ff  port 77  ^mîna;  hamrau  fc  rouge ^7  (fém.)  >- ^hàmm  :>-hàmra; 
Hdâ  ff  ennemis 77  :>-^éda;  râbbà  cril  a  élevée?  :>ràbba;  etc.  Cepen- 
dant a  dialectal  passe  toujours  à  ê,  dans  les  parfaits,  à  la  3^  pers. 
masc.  sing.  des  verbes  à  finale  â  [tertiae  \  y  ou  w)^^^  :  râmâ 

ffil  a  jeté 77   y\/r-m  —y),  rçmé;  yàzâ  ffil  a  fait  une  incursion 77 

\\/y  - 2 -  w) ,  yézê;  hâdâ  w il  a  guidé ii  [s/h  -  d-  y)^  hédè;  ''àlà  w il 

s'est  élevée  (\/'-  l  -  w)^  ''élé;  etc.  Ici  le  passage  de  a  dialectal 
final  à  ê  s'explique  sans  aucun  doute  par  une  raison  purement 
morphologique  (cf.  plus  loin,  p.  162). 

2.  i  dial.  <<  cl.  t. 

A  la  différence  de  a,  i  bref  dialectal  final  représentant  ï  clas- 
sique final  ou  médial,  ou  même  de  provenance  secondaire  (cas  de 
"^  ou  w  devenant  î/o^l),  s'altère,  sauf  dans  quelques  monosyllabes, 
dans  notre  parler  et  passe  à  ê:  qàlam-ï  cf  ma  plume 77  >  'jqàlmê;  qûmï 
r  lève-toi  77  (fém.)  ^=^''jqàmè;  Hndî  ff(j'ai)  chez  moi  17  ^eWp;  *yaHl 
ff  il  donne 77  >  yé^ê;  a9-0cml  w le  second  77  >-  Hâne;  radi'u''  ff  méchant 77 
:>- rçdé;  baladîyu"  w indigène ■>7  :>'b(ildê;  (^mafziavu"'  r pillé 77),  dial. 
^'mayzîyu'^  >  moyzê;  etc. 

3.  u  dial.  <:  cl.  û. 

Comme  a,  u  dialectal  final  d'origine  classique  ou  de  prove- 
nance secondaire,  représentant  ù  classique  final  ou  médial,  con- 

^^^  Les  mots  'ulûwu^  et  huduu^  sont  devenus  des  monosyllabes  dans  le  dia- 
lecte parce  qu'ils  ne  sont  jamais  employés  qu'avec  des  pronoms  suffixes  ou  à 
l'état  construit  :  'lùwdk  cela  liauteur?^;  Iidâiv-ôl-bâhr  «le  calme  de  la  mer'7,etc. 

^'^)  On  a  déjà  rappelé  plusieurs  fois  cjue  tous  ces  verbes  sont  traités  comme 
des  tertiae  y  par  notre  parler, 


118  PREMIÈRE    PARTIE. 

serve  toujours  à  Kfar'^abîda  son  timbre  pur  :  Jcâtabà  wils  ont  écrite 
::>kétbu;  uktûbù  w  e'crivez  ?•)  z>ktobu;  bi-\diiw{f-)  cren  hauteur ?7  > 
boHû;  bi-l-hudu[i)  wavec  tranquillité ^^  ::>  bÔlhdû ;  eic. 


B.  Voyelles  brèves  en  finale  relative  (syllabe  fermée)  ^^\ 

Une  syllabe  classique  finale  peut  être  fermée  de  deux  façons  : 
ou  bien  elle  est  terminée  par  une  consonne  quelconque  qui  ap- 
partient à  la  racine,  comme  b  chms  uhtùb,  ou  bien  c'est  la  con- 
sonne "  de  l'indétermination,  c'est-à-dire  la  nunnation,  qui  la  ter- 
mine. Le  premier  mode  de  fermeture  peut  se  trouver  dans  les 
formes  verbales  et  dans  quelques  mots  accessoires,  tandis  que  le 
second  se  rencontre  exclusivement  dans  les  formes  nominales. 
Gomme  révolution  n'est  pas  la  même  selon  qu'il  s'agit  de  l'un 
ou  de  l'autre  mode  de  fermeture,  on  étudiera  ici  séparément 
les  voyelles  brèves  en  syllabe  finale  fermée  par  une  consonne 
radicale  ou  par  l'indice  "  de  la  nunnation. 

I.  Voyelles  brèves  en  syllabe  fermée  par  une  consonne  radicale 

(en  finale). 

Conservation.  Chute.  —  En  règle  générale,  une  voyelle  brève 
en  syllabe  classique  finale  fermée  par  une  consonne  appar- 
tenant à  la  racine,  se  maintient  dans  notre  parler  en  subissant 
toutefois  quelques  modifications  dans  le  timbre  et  la  quantité. 
Ex.  :  pour  a  :  tanâssar  te  fais-toi  chrétien  ••i  ::>tnàssar;  nâ^am  «^om-n 
':>nà^am;  —  pour  i  :  zâwib  ff  réponds  ^^  ^zâwab;  bârtil  ff  capte  ^i 
:>'bâridl;  lâkin  fcmais*»?  >-  lâhçn;  min  ^à^-n  ':>mon;  — pour  u  : 
uktûb  ff  écris ^7  >htob;  hiut  cf  prends ^^  >>/<pJ;  hitâbu-kum k \oire  livre ^7 
>  htâbhon. 

Quantité. 

La  voyelle  brève  en  syllabe  fermée  (à  la  finale)  classique  et 
dialectale  garde  généralement  sa  quantité  normale  dans  noire 
parler;  elle  est  quelquefois  devenue  longue  (ou  demi-longue)  sous 
l'action  de  l'accent,  de  l'analogie  ou  par  renforcement  d'origine 
psychologique.  Ex.  :  dans   tous  les  impératifs  masc.   sing.    des 

^')  Il  ne  peut  naturellement  s'agir  ici  que  de  voyelles  brèves,  puisque, 
comme  on  a  eu  déjà  l'occasion  de  le  faire  remarquer,  le  classique  ne  suppor- 
tant pas,  sauf  à  la  pause,  de  voyelles  lonjjucs  en  syllabe  finale  fermée,  les 
abrège  toujours  lorsque,  de  par  la  morphologie,  elles  se  trouvent  suivies  d'une 
consonne  réellement  finale.  Toutefois  notre  parier  connaît  des  voyelles  longues 
en  syllabe  fermée  par  une  seule  consonne,  cas  que  nous  avons  étudié  à  propos 
4es  voyelles  médiales  et  auquel  nous  ne  reviendrons  pas  ici  (cf.  p.  io5). 


PHONKTIQI'K.  1  I  i) 

verbes  l'orts  ou  l'aibles  au  I"""  thème  :  (cf.  israb  w bois^^  impér.),  (liai. 
srâh;  (cf.  {smd^  ff écoute^),  dial.  snuP;  (cf.  irkdb  fcmonle^),  (liai. 
rkâh;  (cf.  cl.  inzïl  w descends^),  dial.  nzâl^^^;  (cf.  cl.  ^V</'  w sache 
bien^^),  dlal.  V^f/*;  (cf.  iihlûs  cr finis "),  dial.  Mâs^'^^;  (cf.  ujlûr 
cf  déjeune  17),  dial.  ftàr;  (cf.  su  w arrive ^i,  \/w  -  s  -  /),  dial.  M.9rt/; 
(cf.  </^  ff  tiens-toi  debout,  arrête-toi  77 ,  \Jw  -  q  -/),  dial.  u'jqâf; 
(cf. ^M'  w laisse  en  dépôt tî ,  \/m;  -  rf  -  *),  dial.  ^^r/^^•  (cf.  Ar/yrr crains 77 , 
\'h  ~ w -/),  dial.  hof^^';  (cf.  wrtm  ffdors77,\//z-iï;-m),  dial.  mtm; 
(cf.  èr  ff  vends  w,  \/  b-y  -  '^j,  dial.  />«%•  (cf.  mi/  craie  de  la  sym- 
pathie pour,  \J m-^j-  Ij^  dial.  mil;  (cf.  qui  tfdis?5,  \/ q-w-l)', 
dial.  'Iqîd;  (cf.  mw^  c? meurs 7-),  ym-tv-^j,  dial.  mût;  —  dans 
les  mots  du  type  'àqtalu  dans  le  sens  du  superlatif  :  (cf.  'aswadu 
ff  noir  77),  'aswâd  «très  noir?^;  (cf.  Ahmarii  te  rouge  75),  'ahmâr  crtrès 
rouge ^7;  etc.,  où  Taccent  a  été  transporté  et  la  voyelle  qui  le 
porte  désormais,  allongée  en  même  temps,  parce  que  le  type 
dialectal  'àswdd,  provenant  du  cl.  \isivadu,  avait  le  sens  d'un 
adjectif  ordinaire  (dès  le  classique)  et  qu'on  a  cherché  un  moyen 
d'exprimer  par  une  forme  simple  Vintensité  ou  la  supériorité;  — 
enfin  :  (cf.  cl.  zûdudu"  ff  neufs 75),  dial.  zdâd,  plur.  de  zadîdu'',  par 
analogie  avec  le  type  Mbâru"  ff grands 77,  plur.  de  kabîru";  (cf.  cl. 
hàsinu"  wdun^),  dial.  hèîn,  par  analogie  avec  karimu"  ff  généreux  77 , 
"atiqu""  cf  vieux  w,  etc.  ^^\ 

II.  Voyelles  brèves  en  syllabe  fermée  par  la  nunnation. 

Conservation.  Chute.  —  En  principe,  et  ceci  est  commun  à 
tous  les  dialectes  arabes  modernes,  les  désinences  classiques 
-m",  -a",  -i"  qui  sont  celles  des  cas  lorsque  le  nom  est  indéter- 
miné, sont  tombées  dans  notre  parler,  sauf-a"  qu'on  rencontre 
dans  quelques  adverbes  qui  peuvent  tous  être  considérés  comme 
des  mots  savants  :  dâimd"^^^  ce  toujours  77  <:;cL  daima";  hâsta"  ff  par- 
ticulièrement 77  <<  cl.  hâssata";  sâr%''  ff  légalement  77  <c:  cl.  sàr^a''  ; 
hsiha"  ff  surtout  -n  ■<  clJmsûsa"  ;  ^érbd'^  ^érbd'^  te  en  morceaux  v  <  cl.  'ùba"^ 
'irba'^;  rwâidf  rwâidf  cr doucement,  peu  à  peu 77  <;  cl.  ruwàida'^ 

(^)  Par  analogie  avec  le  parfait  nâzala.  Cette  analogie  avait  déjà  commencé 
son  œuvre  en  classique  comme  le  montre  par  exemple  irkab,  alors  qu'on 
attendrait  soit  *irkib,  soit  *urkub.  Voir  la  morphologie. 

(")  Par  analogie  avec  hidasa,  cf.  ce  qui  a  été  dit  plus  haut. 

(^)  Ici  comme  dans  tous  les  impératifs  des  verbes  tertiae  w  ou  y,  la  longueur 
de  la  voyelle  est  normale. 

^^)  Sur  le  timbre  des  voyelles  brèves  en  syllabe  fermée  (finale  relative),  se 
rappeler  ce  qui  a  été  dit  plus  haut  à  propos  de  Timâla  et  des  voyelles  brèves 
en  syllabe  fermée  dialectale. 

^*'  Avec  passage  régulier  de  a  bref  en  syllabe  fermée  finale  à  la  voyelle  e  >• 
d  (sous  l'influence  d'une  labiale  précédente). 


120  Pr.KMlÈRi:    PAUÏIK. 

ruwàida" ;  Jjâle"  cf  aussitôt^?  ■<  cl.  Jjâla" ;  yâiJf  cr demain ^^  (à  côlé  de 
yâilè)  -<  ci.  yàda";  '('mHf  ff  premièrement >^  <:  cl.  '(luwala" ;  icmyf 
ff  deuxièmement T)  <:  cl.  Oànuja" ;  etc.  —  Ce  principe  demande 
(jiielques  explications. 

1.  En  dehors  des  cas  cités  (pour  — «"),  "  final  qui  suit  «,  i, 
u,  tombe  partout  et  entraîne  naturellement  la  chute  de  la  brève 
précédente,  sauF  quand  il  s'agit  de  a  :  kalbn"  wun  cliiem^  > 
^kalbu  >>  kalb  ^^\  tandis  que  màrliaha"  w  sois  le  bienvenu  i-)  >  mârhba; 
^àhla"  wa-sàhla"  ^-^  (même  signification)  >•  ' ahlàusàhla ;  mîi'na'^ 
tfsens,  signification  ^7  '::>mo^na;  y  ma''  ff  richesses  ••i  >yéna,  'au/a'^ 
ff  aussi -(^  ':>-'' àuja;  etc. 

Cette  conservation  de  a  final  après  la  chute  de  "  s'explique, 
comme  on  Ta  fait  remarquer  et  comme  Ta  montré  M.  A.  Meillet^^) 
pour  d'autres  langues,  par  le  fait  qu'à  quantité  égale  a  est  plus 
long  que  i  et  \i;  ceci  prouve  que  la  voyelle  brève  de  la  muuialion 
classique  ne  représente  pas  nécessairement  une  voyelle  longue  du 
sémitique  commun,  malgré  ce  qu'enseigne  M.  Brockelmann, 
p.  i35(^'). 

2.  La  consonne  qui ,  avant  la  chute  de  -a",  -i",  -u",  précédait  im- 
médiatement la  voyelle,  retombe  naturellement  sur  la  syllabe 
précédente,  la  ferme  si  elle  était  ouverte  et  la  rend  doublement 
fermée  si  elle  était  déjà  fermée  par  une  consonne  :  qàlmnu" 
ff plume '^  ::>'/qâlem;  hdbu"  ff chien ii  ^>kcdb;  etc.  Mais,  s'il  s'agit 
d'une  consonne  faible,  c'est-à-dire  d'un  \  d'un  w  ou  d'un  y  (ou 
encore  de  -t,  signe  du  féminin),  elle  évolue  comme  suit  : 

a.  '  devenu  final  par  la  chute  de  -a",  -i",  -ii",  se  fond  ou 
s'assimile  à  la  voyelle  précédente  ou  suivante,  avant  la  chute  dé- 

(')  Naturellement  'el-kâlb  peut  venir  de  son  côlé  de  al-kalbu,  al-kalbi,  etc.; 
kalba  n'existe  plus  que  dans  les  adveibes  à  cause  de  la  tendance  ancienne 
à  n'avoir  qu'une  forme  pour  l'accusatif  et  le  génitif. 

('^)  A  côté  de  'ahl(T  ivasaJihT,  qui  dénote  généralem^^nt  un  accueil  plus  cor- 
dial et  qui  est  sous  l'inlluencc  de  la  prononciation  classique. 

(•'')   M.  S.  L. ,  t.  XV,  p.  2G5-268  :  De  la  quantité  des  voyelles  fermées. 

^*)  On  peut  se  représenter  les  choses  de  la  façon  suivante  :  a  bref  vaut  en 
gros  deux  temps,  alors  que  i  et  u  brefs  ne  valent  qu'un  temps;  —  a,i,  w^-" 
passent  d'abord  à  des  voyelles  nasales  *«,  *î,  *ù,  qui,  c'est  un  fait  connu,  sont 
plus  longues  que  les  voyelles  orales  correspondantes  et  valent  donc  en  gros 
et  respectivement  :  *à  trois  temps,  *i  et  *ù  chacune  deux  temps.  La  dénasalisa- 
tion de  *à,  *î,  *ù  fait  perdre  à  chacune  de  ces  voyelles  1  temps,  et  alors  on 
a  :  -a  =  2  temps,  mais  -i  et  -m  =  1  temps.  L'abrègement  des  finales  con- 
tinue son  œuvre  et  fait  perdre  encore  un  temps  à  chacune  des  voyelles. 
Alors  -i  et  -u  sont  réduits  à  zéro,  tandis  que  -a  est  réduit  à  à  (1  temps). 
—  Des  faits  analogues  ont  été  signalés  par  F.  de  Saussure  et  Haranowski 
en  lituanien  oriental  (M.  .S'.  L.,  t.  VIIl,  n.  ^125).  Cf.  Ciauthiot,  ibidem,  t. XIX, 
I».  lAa, 


Jl 


PIIOÎNKTIQUE.  1*21 

fiiiilivo  dos  finales',  d'où  contraction  et  enfin  ahrèjj^eniont  à  la 
finale  (soit  trois  résultats  possibles  :  -a,  -i,  -u);  ou  bien  il 
passe  h  un  iv  ou  à  un  y  :  samau"  cfcielT?  >■  sâma^^^;  'asjjau 
ff  choses ^7  ::>'\>sija;  mâhdaii"  rr principe ^^  :::>*mâh(lâ  >  màhda;  mau'u" 
tf\enue->7  :z>*maui/  > *mrtzï  > wih- ^^^ ;  sdl^u"  ff choses  >*.sYny/ > 
sâ'i'^'^  (à  côté  de  H^'^^)\f(nn''  fr ombre?')  >  *fàvi)  >/«i('^"  fuzV  trpor- 
lion^7  >>*iwzwît"  >>*fîî^tv  :>■  zàzu^'^^ \  dâuu"  ff lumière??  ^*dâHw:> 
(W//(");  y««7V  >*milanC^  >  vulg.  «ifi/w  ce  plénitude??  ^^^. 

/>.  îv  et  y  devenus  finals  après  la  chute  de  -a"",  -i",  -u",  se 
fondent  à  K(iir*^abîda  avec  les  voyelles  homorganes  qui  les  pre'- 
cèdent,  se  vocalisent  après  une  consonne  forte,  et  forment  di- 
phlon[>ue  avec  un  à  pre'cédent  (cette  nouvelle  finale  est  relative- 
ment longue  ou  brève  suivant  qu'elle  est  accentuée  ou  non  dans 
le  [)arler)  :  mardiyu"  ce  satisfaisant  i?  :>*mnrd(y  ':>^mm'(fi  >moi'dê; 
'"ulùwu"  w hauteur??  ^>^\dàw  :>'^\dà  >V«-;  zàuivu"  crair,  atmo- 
sphère?? >  *z(inw  >  zâi/-^ ;  hâuju"  fc vivant??  >  ^liàhj  >  luii^'^ ; 
sârwu"  ff  cyprès^?  >  ^sânv  >  sàru;  sàSjtC  c? effort??  >-  **«^y  > 
sàH~;  etc. 

c.  -t,  indice  du  féminin,  tombe  toujours  au  singulier  en  même 
temps  que  -a",  -i",  -u"  qui  le  suivait  et  la  voyelle  a  pre'cédente 
subsiste  en  passant  à  é,  sauf  lorsqu'elle  est  précédée  d'une  em- 
phatique, d'une  des  faucales  h,  h,  ^  '  ou  d'une  des  gulturo- 
palatales  q,  h,  y,  cas  dans  lequel  elle  garde  son  timbre  pur  : 
kâlbahi"  cf  chienne??  ::>*k(ilbâ>kàlbê;  hûhzahi"  rr un  pain??  ^>*hi'ibzà 
r>hébzé;  etc.  Mais  bâqaratu"  ce  vache??  :>'balqra;  hàialti''  reforme 
extérieure,  physionomie??  >  hâi'a;  'Arba^^atiC  w quatre??  >  ^àrb^a  ^^^  ; 
bdulatii"  ff  œuf??  >  hàida;  etc.  Lorsque  -l  est  précédé  d'un  ~à  long, 
il  se  développe  après  cet  à  la  semi-voyelle  y  :  mihlâtu"  cfsac  à 
fourrage??,  dial.  înôhlâyê;  mais  ici  y  radical  a  été  rétabli  par  ana- 
logie pour  empêcher  e  de  se  fondre  avec  la  voyelle  précédente 
(cf.  plus  loin). 


à.   Assimilation  et  dissimilvtion  vocaliques. 

Jusqu'ici  on  s'est  contenté  de  souligner  au  fur  et  à  mesure  les 
cas  d'assimilation  ou  de  dissimilation  vocalique  qui  se  produisent 

^'5  à  long  devenu  final  et  non  accentué  s'est  abrégé  en  a,  ex.  :  samau'^  > 
*sama  >  *s('mm  ^sdma. 

^'-'  Cf.  p.  117,  note  1. 

'^)  Réduction  spéciale  d'un  mot  accessoire. 

^''^  Par  dissimilation  ti-u  >  a-u. 

^^^  On  dit  plus  souvent  nialti  par  dissimilation  de  a-u  ^a-u. 

^"^  A  Ehdeu  on  piononce  ê  après  %  cl",  'urb'ê. 


122  PREMIÈRE    PARTIE. 

dans  le  parler  de  Kfâr  %abîda.  On  se  propose  maintenant  de  réu- 
nir dans  un  seul  paragraphe  les  cas  déjà  mentionnés  à  propos  du 
vocalisme,  ce  qui  permettra  de  les  embrasser  d'un  seul  coup 
d'oeil. 

A.  Assimilation  (harmonie  vocalique  inverse). 

a.  Voyelle  a.  La  voyelle  a  bref  du  classique  passe  générale- 
ment dans  notre  parler  l\  la  voyelle  e  (ou  à  une  de  ses  variantes 
e,  0,9,0)  par  assimilation  lorsque  la  syllabe  suivante  comporte 
un  i  classique  ou  un  e  (f ,  ê)  dialectal. 


E 


XEMPLES 


1.  Les  adjectifs  classiques  du  type  qâtilu''  (cf.  p.  91)  :  cl. 
nâkidu"  w boudeur,  taquin ^^  >■  dial.  nékçd;  wàsihiJ'  ffsale?^  >>  wè- 
çsh;  etc. 

2.  Les  pluriels  des  types  'aqtilâ'u  et  'àqtilatu"  (p.  99);  ici  l'as- 
similation s'est  produite  avant  la  chute  de  Vi  de  la  2^  syllabe  : 
cl.  'ayniyâ'u  t(  riches  •>■>  ^^'éynçy a  :>  didii.  'éynya;  'aqiviyâ'u  ff  forts  1? 
^'f/quya;  'àryifatiC'  ff pains ^  >*'éryçje':>'éryjê;  etc. 

3.  Les  formes  verbales  de  la  3*  pers.  masc.  sing.,  sauf  dans 
les  cas  où  a  class.  a  été  rétabli  sous  l'influence  du  voisinage  con- 
sonantique  (p.  99)  :  ^'àlima  w  il  a  su  7?  >  dial.  "'çlçm;  hàsaha 
ffil  a  gagné 71  T^^k^seb;  *hàsina  (au  lieu  de  hàsuna)  v\\  fut  beau ?? 
>  hçsçn  (sur  le  passage  de  la  voyelle  i  [prenant  éventuellement  la 
place  de  a  et  w  par  équivalence  morphologique  incorrecte]  à  la 
voyelle  ç  en  syllabe  finale  dialectalement  fermée,  cf.  p.  92  et 
suiv.);  màsà  wil  a  marchés?  >*màsê>>mdsê  \\/m-s-y);  bâda'a  ffil 
a  commencé 77  :>*b(idê  ^-bèdè;  —  mais,  lorsque  la  voyelle  a  de 
la  2''  syllabe  reste  pure  dans  le  parler  sous  l'influence  des  con- 
sonnes voisines,  l'assimilation  de  a  de  la  première  syllabe  en  ç 
na  naturellement  pas  lieu  :  dàraba  ffil  a  frappé w  ^  dârab ;  dàhala 
ffil  est  entrée?  ::> dàhal  (sur  les  exceptions  telles  que fàtaha  ffil 
a^ouvertw  :::>Jàtçh,  etc.,  cf.  ce  qui  a  été  dit  p.  92,  note  3);  etc. 

U.  Les  formes  nominales  qui  se  terminent  dialectalement  par 
un  e  (p.  91)  :  cl.  sânatu"  ff  année 77  >> * ««wp*  >  dial.  sçné;  yanîyu" 
ff  riche  71  :>*'^ânë  '^-yçnê;  etc. 

5.  Les  participes  passés  du  P""  thème  des  verbes  tertiae  y,  w 
ou  '  (p.  99)  :  cl.  mabntyu"  ff  bâti 77  :>  *  mâbné  :::> mobnê ;  * maqrîyu" 
(au  lieu  de  maqruu")  ff  lisible 77  z>*  màqrê  >mo'/qrc;  *  mafzryu'' 
(au  lieu  de  mayzûwu")  ff  pillée  >* màyzè  ^moyzè  ;  etc. 


PIIOAÉTIQUE.  1  23 

/S.  Voyelles  i  et  w. 

A  la  différence  de  la  voyelle  a,  les  voyelles  i  et  m  présentent 
très  peu  de  cas  d'assimilation  dans  notre  parler;  ce  fait  s'explique 
sans  aucun  doute  parce  que  i  et  u,  même  lorsqu'ils  ont  altéré 
leur  timbre  classique  (et  cela  a  eu  lieu  de  très  bonne  heure), 
ont  gardé  beaucoup  plus  d'articulation  ^'^  et  sont  par  là  même 
plus  solides  et  plus  résistants  que  a.  Voici  cependant  quelques 
exemples  dans  lesquels  i  et  u  semblent  s'assimiler  en  a  h  un  autre 
a  suivant  :  cl.  hinsaru"  wpetit  doigtw  >  dial.  h/msar  (voir  plus 
loin);  sitrànzu"  (pers.)  ffjeu  d'échecsw  >>satrànz  (y o'ir  plus  loin); 
nûzraiu"  w  petit  morceau??  >nAsra  (cf.  plus  haut);  etc. 


B.  D 


ISSIMILATION. 


a.  Voyelle  a. 

La  voyelle  a  du  classique  passe  par  dissimilation  à  e  {e,  6,  d,  o) 
toutes  les  fois  qu'elle  est  suivie  de  la  voyelle  longue  à  (ou  â). 

Exemples  ; 

1.  Les  formes  nominales  du  type  qattâlu"  (p.  98):  cl.  haMâhiC 
^<:  m^nia^wv  •)•)  >heddàh;  kattânu'^  (dïnn '>'kettân;  sazzâdatu"^  w  tapis  •>? 
>-  sezzâdê;  fauwâru''  w  source  jaillissante  ??  >  *fmwâr  ^Juwâr;  etc. 

2.  Les  formes  nominales  du  type  qatlânu^''^i^.  99)  :  marzâmi'^ 
ff  corail  n  >>  morzân  ;  maidânu''  w  hippodrome  v  >  *meidân  > 
mïdân;  etc. 

3.  Les  pluriels  du  type  'aqtâlii"  dans  lesquels  la  première  syl- 
labe 'a-  a  été  exceptionnellement  maintenue  ou  bien  a  été  rétablie 
dans  la  suite  :  cl.  ^ikjâmu^  ff jours??  :>-*'ehjâm  7>''lyâm;  'asyau 
tf  choses??  >-*Vsî/â  z^'ésya;  ^litâmii"  w  orphelins??  :>-*  ^eitàm>^itàm 
(à  côté  de  ilâma  <<cl.  yatâmà)\  hânist-ehmâl  cfcinq  charges ?î 
<:  cl.  hâmsatu  'ahmâli'\  complexe  où  le  dialectal  hmâl  -<  cl. 
'ahmâlf  construit  avec  hàmst-  a  maintenu  sa  première  syllabe  Vi- 
sons la  forme  de  e;  etc. 

h.  Les  adjectifs  néo-classiques  ou  dialectaux  qui  indiquent  la 
possession  ou  l'appartenance  et  qui  se  terminent  par  -ànîyii"  ou 
-àwîyiC'  au  lieu  de  cl. -îi/M"  (p.  99):  néo-cl.  nasrânîyu'^  w  chré- 
tien?? >  dial.  nosrânê;  yardàwtyu"  >f6rdâwê  wseul,   isolé??   de 
fârdu"'  ff individu??;  etc. 

^^^  U  est  bion  connu,  en  effet,  qu'aux  extrémités  de  l'échelle  vocalique  i  et  u 
sont  les  voyelles  qui  ont  le  plus  d'arliculalion  et  qui  par  là  se  rapprochent  le 
plus  dos  consonnes. 


12A  PREMIÈRE    PARTIE. 

5.  Toutes  les  fois  que  a  est  suivi  d'un  à  long,  le  mot  fût-il  un 
composé  ou  un  simple  dérivé  :  cl.  hàhh-id-ûsi  ff grains  de  myrle^^ 
>-dial.  homhlâs  (p.  99);  cl.  mâqSa'atu",  cf.  dial.  môqtayê  cfcon- 
combre77. 

6.  C'est  grâce  à  cette  tendance  à  la  dissimilation  que  les  noms 
du  type  miqtâlu"  (indiquant  l'instrument  servante  l'action)  n'ont 
pas  changé  à  Kfar'^abîda  la  voyelle  i  de  la  première  syllabe  en  a 
comme  l'ont  fait  toujours  ceux  du  type  miqtalu''  (cf.  plus  haut).  Ainsi 
le  cl.  miyzalu''  ff  fuseau i-)  donne  dans  le  parler  màyzçl,  tandis  que  le 
cl.  miffâhu"  f?  clef^?  reste  toujours  moftâh  et  ne  donne  jamais  *maftâh. 

j3.  Voyelle  i. 

La  voyelle  i  se  dissiinile  toujours  en  a  dans  les  formes  nomi- 
nales des  types  qittîlu"  etqitUlu"  dans  lesquelles  la  syllabe  suivante 
contenait  un  ï  long  (p.  100):  cl.  qiddîsu"  c^sainti^  ^ dial. '/qaddh  ; 
hittîhu"  ff  pastèque •>•>  >  hattih;  misMnu''  ff  pauvre  v  >  masMn;  qinnînatu" 
ff  bouteille  7?  :>'/qannînê;  etc. 

7.  Voyelle  u, 

1.  La  voyelle  u  bref  se  dissiinile  en  a  dans  les  mots  du  type 
qîidûlii"  (p.  100),  lequel  devient,  dans  le  parler,  qadûl:  cl.  sundùqu" 
encaisse,  malle ^^  >  dial.  sandiV/q;  huryûOïC  ffpuce?^  >  havyût;  sur- 
sùru"  ffgrillom?  '^sarmr;  etc. 

2.  M  est  dissimilé  en  a  par  un  u  subséquent  dans  les  cl.  zwèV 
ff  portion 7?  ':>* zûzwu''  ^^^  '>* zûzu  >z(izu;  etc. 

3.  Par  dissimilation  au  passe  à  ai  dans  le  dialectal  saihunê 
ff  petite  branche  morte 75  «csyr.  saiikûnâ,  diminutif  de  syr.  saukâ 
r  ramusT?. 

En  résumé,  tandis  que  l'assimilation  ou  la  dissimilation  con- 
sonantique  peut  être  dans  notre  parler  progressive  ou  régressive, 
Tassimilalion  ou  la  dissimilalion  de  voyelle  à  voyelle  est  toujours 
régressive  ^^l  L'assimilation  vocalique  se  produit  toujours  entre 
deux  voyelles  brèves  de  nature  différente;  la  dissimilation,  au  con- 
tiTiire,  a  toujours  lieu  entre  deux  voyelles  dont  l'une,  la  dissimi- 
lalrice,  est  longue  et  l'autre,  la  dissimilée,  est  brève.  La  forme 
Uiqrdu"  >>dial.  teqtîl  qui  semble  faire  exception,  étant  donné  que 

(')  On  a  vu  que  le  w  lui-même  était  le  résultat  d'une  assimilation  à  l'w. 
Comme  souvent,  il  y  a  eu  ici  assimilation  suivie  de  dissimilalion. 

('-)  C'est  le  cas  dans  les  langues  (Germaniques  (unilaut  de  i,  iimlaut  de  m, 
umlaut  de  «).  Au  contraire,  dans  les  langues  finno-ou{|rienncs,  IVliunuonie  voca- 
lique?) se  réalise  dans  le  sens  progressif. 


PHONÉTIQUE.  125 

qifltlu'\  (lilîîhi"  <cqattil,  qatltî,  s'explique  non  par  la  phonétique 
mais  par  Tanalof^ie  :  les  sujels  parlants  ont  le  sentiment  de  l'ori- 
gine vcrhalr  de  celle  l'orme;  elle  est  nettement  sentie  comme  un 
masdar  (non  d'action);  or  ta-  n'est  pas  resté  comme  prc^fixe  verbal 
dans  notre  parler;  on  n'a  que  /('-  dans  toutes  les  formes  verbales^'' 
(9^  pers.-  èV'fém.).  —  En  outre,  des  trois  voyelles  classiques  «,  i 
et  ti  susceptibles  d'assimilation  ou  de  dissimilation ,  c'est  a  qui 
fournit  le  plus  d'exemples;  on  en  a  vu  la  raison.  —  Une  voyelle 
longue  ne  subit  aucune  influence,  ce  qui  tient  à  ce  que,  d'une 
façon  générale  les  voyelles  longues  conservent  leur  timbre  beau- 
coup mieux  que  les  voyelles  brèves. 


CONCLUSION  GENERALE  DU  VOCALISME. 

Timbre. 

Les  modifications  du  timbre  des  voyelles  classiques  sont  pour 
Kfar'abîda  assez  semblables  à  celles  que  l'on  constate  dans  la 
grande  majorité  des  parlers  arabes  modernes  ^-l  A  part  de  nom- 
breux cas  où  il  en  est  empêché  par  les  phonèmes  avoisinants, 
Xa  bref  (et  surtout  W'i  long)  tend  à  devenir  palatal  {imâla),  ce  qui 
s'accorde  assez  bien  avec  le  fait  que  le  g  du  sémitique  ancien 
s'est  palatalisé  partout  en  dz,  z  (sauf  en  Egypte)  et  qu'il  y  a 
même  quelques  parlers  où  h  s'est  également  palatalisé  en  c;  ï 
et  û  maintiennent  leur  timbre  inaltéré  tandis  que  i  et  u  brefs 
s'ouvrent  en  e  et  en  0  quitte  à  subir  des  modifications  ulté- 
rieures, ce  qui  rappelle  entje  autres  l'évolution  du  vocalisme 
dans  le  passage  du  latin  aux  langues  romanes  et  dans  celui  du 
vieil  égyptien  au  copte  (cf.  Sie'mdoYÏÏ ,  Kopiische  Gi^immatik^,  190^)- 

Coupe  syllabique,  quantité,  accent. 

Ce  qui  est  plus  caractéristique  du  parler  de  KfaVabîda,  c'est 
la  façon  dont  il  se  comporte  aux  points  de  vue  de  la  constitution 
de  la  syllabe,  de  la  quantité  et  de  l'accent,  ces  trois  phéno- 
mènes étant  chez  lui  intimement  liés  l'un  à  l'autre,  alors  que 
l'évolution  du  timbre  est,  sauf  pour  les  longues,  tout  à  fait  indé- 
pendante de  chacun  d'eux. 

La  combinaison  de  ces  trois  éléments  (syllabation  —  quan- 
tité —  accent)  réalise  ce  qu'on  peut  appeler  Véquilibre  du  mot. 
Quelle  en  est  la  formule  à  Kfar 'abîda?  Pour  la  dégager,  il  con- 
vient de  mettre  à  part  les  syllabes  finales  qui,  suivant  une  loi  de 


^'^  Cf.  Morphologie. 

('-^  11  en  est  de  même  de  l'ensemble  du  consonantisme.  Là  non  plus  n'est 
pas,  semble-t-il,  la  caractéristique  de  révolution  du  parler  étudié. 


126  PREMIÈRE    PARTIE. 

phonétique  générale  (cf.  Gauthiol,  Fin  de  mot  en  indo-européen,  pas- 
sim)  ont  une  situation  à  part.  En  revanche,  il  n'y  a  aucune  raison 
au  point  de  vue  de  notre  parler  pour  établir  une  distinction 
entre  les  syllabes  initiales  et  les  syllabes  intérieures  :  les  unes  et 
les  autres  ont  en  effet  les  mêmes  traitements.  Au  contraire,  qu'il 
s'agisse  de  syllabes  initiales  ou  de  syllabes  intérieures,  il  faut 
envisager  non  seulement  lnjln  de  syllabe,  mais,  ce  que  Ton  ne 
fait  généralement  pas  parce  que  les  métriques  ne  s'intéressent 
qu'à  cette  fin,  Vinitiale  de  syllabe. 

I.   Syllabes  initiales  ou  intérieures. 

1°   Coupe  syllabique  envisagée  dans  le  sens  progressif  (fin  de  syllabe). 

Le  parler  de  Kfar'abîda  conserve  les  syllabes  fermées  de  l'arabe 
classique  (sans  les  modifier  par  sursaut  comme  le  font  les  parlers 
étudiés  par  M.  Marçais,  cf.  Saïda,  M.  S.  L.,  XIV,  p.  1 5 1  et  suiv.). 
Ex.  :  cl.  ràmlu"  >  râml  'r  sable??  (et  non  rmçl  comme  au  Maghreb (^^), 
et,  en  cas  de  chute  de  voyelles  intérieures  brèves,  il  s'en  crée  de 
nouvelles.  Aussi  les  diphtongues  du  classique  sont-elles  conser- 
vées. Une  diphtongue  (telle  que  les  conçoit  l'arabe,  c'est-à-dire 
une  diphtongue  tautosyllabique,  type  :  -aut-  et  non  -aw-a-'^^^) 
équivaut  complètement,  en  effet,  à  une  syllabe  fermée. 

Aussi  n'y  a-t-il  que  les  diphtongues  d'origine  récente  qui  se 
soient  réduites  a  ï,  û  dans  des  cas  où  elles  ne  pouvaient  attirer 
l'accent,  étant  elles-mêmes  suivies  d'une  syllabe  accentuée  qui 
avait  occasionné  la  chute  d'une  brève  et  transformé  l'ancienne 
diphtongue  hétérosyllabique  (^)  en  diphtongue  tautosyllabique  : 
type  hayaivânu"  (c ^immal-n  :>  hïwân,fauwâru"  w source  jaillisanle?? 
^fûwâr.  Un  détail  qui  montre  la  prédilection  du  parler  pour  les 
syllabes  fermées  (dans  le  sens  progressif),  c'est  la  façon  dont  a  été 
adapté  l'emprunt  syriaque  '^saray{ij)âQâ  ff  étincelle??  <  syr.  s^ray- 
rayyàOâ.  On  a  en  effet,  ainsi  qu'on  l'a  vu,  à  Kfar^abîda  :  kir'jqûta 
et  non  ^sra'jqîUa.  —  Ce  qui  indique  enfin  qu'il  s'agit  bien  en  tout 
ceci  d'équilibre  syllabique,  c'est  que,  pour  notre  parler,  une 
syllabe  ouverte  à  voyelle  longue  équivaut  à  une  syllabe  fermée 

('^  Ceci  indique  que  le  parler  n'évite  pas  que  la  syllabe  soit  fermée  par  deux 
ou  trois  consonnes  (en  fin  de  mot  deux  consonnes  équivalent  à  trois  à  l'inté- 
rieur, étant  donné  que  le  mot  suivant  peut  toujours  avoir  une  initiale  conso- 
nantique). 

(^)  Dans  laquelle  les  deux  éléments  de  la  diphtongue  appartiennent  à  la 
même  syllahc  :  type  français  cailleholte  prononcé  kai-bot;  opposer  caillé,  prononcé 
ka-yè. 

^^^  Celle  où  les  doux  éléments  de  la  diphton(jue  n'appartiennent  pas  à  la 
même  syllabe  :  type  *'rainaija  {*rania-ya)^  devenu  à  l'époque  historique  ramâ, 
ainsi  qu'on  le  sait. 


PHONÉTIQUE.  127 

à  voyelle  brève  (suivie  de  deux  consonnes  ou  de  u,  i-\-  une 
consonne). 

Dès  le  classique,  cet  équilibre  syllabique  écartait  les  surlongucs, 
c'est-à-dire  les  voyelles  longues  en  syllabes  fermées  autrement 
que  par  une  géminée  ou,  ce  qui  revient  au  même,  par  une  seule 
consonne  en  fin  de  mot.  Dans  ce  cas  particulier,  la  longue  sub- 
siste à  Kfâr'abîda,  et  l'implosion  de  la  géminée,  de  même  que  sa 
tenue,  se  réduit,  considérablement.  Cette  réduction  arrive  même 
à  être  complète  surtout  à  la  finale  dialectale  :  cl.  sàddîna  ff  tirant ^^ 
(pi.  masc.)  ::>sâ-^dîn;  dawâbbu  wânes^  ^dwâb;  '^âniniu"  cf  public ^^ 
^\îm;  hâssata"  ff surtout ^^  ':>hâstf. 

Quand  d'autre  part  la  chute  d'une  brève  inaccentuée  amenait 
la  création  d'une  nouvelle  surlongue,  il  se  produisait  naturelle- 
ment de  nouveaux  changements. 

Ou  bien  la  voyelle  de  la  syllabe  surlongue  était  ramenée  à  la 
quantité  brève,  normale  en  syllabe  fermée  et  en  diphtongue. 
C'est  ce  qui  se  produit  toujours  quand  la  première  consonne  est 
autre  que  y  o\x  w  :  type  -àtka-  >  -atka-,  soit  :  cl.  ma  -\-  kà- 
7ia{-\-s)  cril  n'était  pas^^  >  dial.  màkans. 

Ou  bien  —  quand  la  première  des  consonnes  fermantes  est  ^ 
ou  u  —  la  syllabe  garde  sa  voyelle  longue,  mais  s'ouvre  par 
développement  d'une  nouvelle  syllabe  dû  à  la  vocalisation  de  i 
ou  de  n  anciennement  seconds  éléments  de  diphtongue.  Toutefois 
on  rencontre  également  ici  le  premier  traitement. 

i'°  solution  :  mâ'idatu"  ^r réfectoire v  ::>*iHây dé  ^-mâldê. 

2^  solution  :  qaimatu"  rose  levant'?  (fém.  sing.)  >  *qâyiniatir 
>*qmjmê  (coupé  *qâ-ymê  puisque  *qâ-  a  lui  seul  équivaut  déjà  à 
une  syllabe  fermée),  d'où  'jqâ-imê  avec  vocalisation  de  y  comme 
à  rinitiale  de  mot ,  cf.  yatîmu"  >  *ytîm  >>  itîm. 

On  pourrait  donc  attendre,  d'après  ce  qui  précède ,  que  le  parler 
supprimât  toutes  les  syllabes  ouvertes  à  voyelle  brève  que  possé- 
dait le  classique.  On  a  vu  qu'il  n'en  était  pas  ainsi  quand  une 
telle  syllabe  ouverte  n'était  suivie  que  d'une  seule  autre  syllabe 
brève  (et  finale  au  point  de  vue  du  parler)  :  type  màliku"  (^^  ::>mâlçk 
et  non  *malk^'^\  D'autre  part  l'allongement  d'une  telle  brève  (en 
syllabe  ouverte)  équivaudrait,  au  point  de  vue  de  l'évolution  du 
parler,  à  une  fermeture.  Et  pourtant  notre  parler  semble  conserver 

(^)  Par  définition  il  ne  peut  jamais  s'agir  ici  que  de  mots  où  la  syllabe  brève 
ouverte  est  en  même  temps  accentuée. 

(^^  En  revanche,  on  a  par  exemple  :  màlké  w  mon  roi?)  ;  —  mâlkè  alternant  avec 
mâlçk  est  un  bel  exemple  d^équilibre  syllabique.  —  Pour  Véquilibre  syllabique 
dans  les  langues  sémitiques  anciennes,  cf.  Dhohme,  Revue  Biblique [ juillet i g ili), 
XI,  p.  365  :  cfll  semble  incontestable  que,  lorsque  la  dernière  voyelle  est  lon- 
gue, la  voyelle  de  y*  syllabe  tend  à  s'effacer. w  (Il  s'agit  dans  cet  article  du 
cananéo-babylonien  tel  qu'on  le  connaît  par  les  lettres  de  Tell-el-Amarna.  La 
règle  est,  au  reste,  bien  connue  en  cananéen  proprement  dit  (hébreu). 


1  28  PREMIÈRE    PARTIE. 

les  brèves  accentuées  en  syllabes  ouvertes,  d'où  l'équivalence  ap- 
proximative :  syllabe  brève  accentuée  ouverte  =  syllabe  longue 
ouverte  (accentuée  ou  non)  =  syllabe  fermée  (accentuée  ou  non), 
soit  par  exemple  mà-{lek)  =  hâ-(tçh)  =^  hàlh.  11  est  possible  que, 
dans  le  type  mà-leh,  Tancienne  voyelle  brève  soit  moins  brève 
que  les  autres  brèves  et  tende  à  devenir  longue.  C'est  ainsi, 
par  exemple,  que  dans  le  passage  du  moyen-haut- allemand  à 
l'allemand  moderne  les  brèves  en  syllabe  ouverte  accentuée 
sont  devenues  franchement  des  longues  [vâre  soit,  phonéliquc- 
ment, /dra  >  mod.  /fl^re,  soit/arj).  La  phonétique  expérimen- 
tale seule  permettrait  de  trancher  la  question  de  façon  péremp- 
toire. 

Etant  donné  qu'une  syllabe  longue  est  l'équivalent  d'une  syl- 
labe fermée,  il  n'est  pas  étonnant  qu'une  syllabe  inaccentuée 
mais  longue  ne  subisse  aucune  altération.  Maintenir  la  longueur 
d'une  telle  syllabe  équivalait  en  effet  à  conserver  une  syllabe  fer- 
mée et  concordait  avec  la  préférence  du  parler  pour  les  syllabes 
fermées  dans  le  sens  progressif. 

Naturellement  les  syllabes  initiales  déjà  fermées  et  accentuées 
en  classique  restent  à  Kfar^abida  fermées  et  accentuées.  La  ferme- 
ture, ainsi  qu'on  l'a  vu  plus  haut,  est  toujours  conservée,  sauf 
dans  le  cas  où  elle  était  réalisée  par  ij  o\x  w  comme  seconde  con- 
sonne et  où,  ces  semi-voyelles  s'ctant  trouvées  dans  le  parler  en 
finale  absolue,  il  y  a  eu  vocalisîition^^^,  d'où  ouverture  postérieure 
(pendant  exact  à  la  finale  du  type  yatimu"  :>itîm  à  l'initiale  et 
du  type  *qmj{maiu"  :>  qâ-imê  h  l'intérieur),  ex.  :  cl.  Inïlwu"  ffdoux^^ 
^*hûlw::>  hûlu,  nâhyu"  cr  défense  7^  ^^nàhy  :>n(ihi'. 

2"  Coupe  sijllabiqne  envisagée  dans  le  sens  régressif  [initiale  de 
syllabe). 

La  syllabe  —  ici  non  plus  il  n'y  a  pas  lieu  de  distinguer  entre 
syllabe  initiale  et  syllabe  intérieure  —  peut  très  bien  commencer 
par  un  groupe  de  consonnes.  Exemples  à  l'initiale  de  mot  :  2  con- 
sonnes :  tnàin  ^rdeuxri  <;  cl.  iôndini;  Itoh  décris 7-)  <:cl.  uktûb;  — 
3  consonnes  :  "nJcsçr  ff  brise-toi  7-)  <z  ci.  inkâsir ;  htnuilt  cfj'ai  sup- 
porté t^  <c:cl.  ihtamàltu. 

Pour  ce  qui  est  de  l'initiale  du  mot,  notre  parler  diffère  donc 
considérablement  de  la  langue  classique,  laquelle  évite  systéma- 
tiquement le  concours  de  deux  consonnes  à  l'initiale  ^^^  et  ne  con- 
naît pas  non  plus  le  cumul  de  trois  consonnes  successives  à  l'in- 
térieur. 


0)    Cf.    p.    121. 

(^)  En  revanche  le  syriaque  n'ignore  pas  à  i'initiaie  les  groupes  de  deux  con- 
sonnes, non  séparées  par  une  voyelle  (pleine). 


I 


PHONÉTIQUE.  129 

Il  est  donc  dans  la  log;iqii(;  inlernc  du  parler  qu'il  évite  de 
commencer  le  mot  ou  la  syllabe  par  une  voyelle  pure  et  simple 
de  même  qu'il  évite  de  teiininoi'  de  la  sorte  Tun  ou  Taulre,  sauf 
le  cas  où  y  el  w  ont  été  vocalises  dans  cette  position  :  waUinalu" 
ff  banquet  •'7  >ulimè;  yatiniu'^  ce  orphelin  •»•>  ^ilîm, 

3°   Chute  des  brèves  intérieures  (^initiale  comprise). 

Il  faut  distinguer  ici  entre  préioniques  et  posttoniques. 

Prétoniqces.  —  Pour  ce  qui  est  des  voyelles  brèves  prétoni- 
ques, il  faut  distinguer  les  cas  suivants  : 

1.  Il  y  a,  en  partant  de  l'initiale  du  mot,  une  seule  brève 
en  syllabe  ouverte  devant  la  syllabe  accentuée.  Dans  ce  cas,  cliute 
pure  et  simple  de  la  brève,  ex.  :  cl.  kitâbu''  >>  ktâb,  daràbtu 
:> drâbt.  Ceci  amène  à  l'initiale  des  groupes  de  consonnes;  mais 
on  vient  de  voir  que  le  parler  ne  les  évite  pas  :  il  les  recherche 
plutôt. 

9.  Il  y  a,  en  partant  de  l'initiale  du  mot,  deux  brèves  avant 
la  syllabe  accentuée.  Dans  ce  cas,  chute  de  la  seconde  brève, 
d'oii  fermeture  de  la  syllabe  préce'dente  et  maintien  de  la  pre- 
mière brève,  ex.  :  cl.  hasanâtu"  >- hasnât. 

3.  Il  y  a,  en  partant  de  l'initiale  du  mot,  deux  brèves  en 
syllabe  ouverte  précédées  elles-mêmes  d'une  syllabe  fermée  non 
accentuée  (et  suivies  de  la  syllabe  accentuée).  Dans  ce  cas  comme 
dans  le  précédent,  chute  de  la  seconde  brève  et  fermeture  de  la 
syllabe  à  laquelle  appartient  la  première,  ex.  :  cl.  marhabatàini  > 
marhobtàin, 

k.  Il  y  a,  en  partant  de  l'initiale  du  mot,  trois  brèves  en  syl- 
labe ouverte.  Dans  ce  cas,  cliute  de  la  première  et  de  la  troisième 
de  ces  brèves,  fermeture  de  la  syllabe  à  lacjuelle  appartient  la 
seconde,  ex.  :  cl.  îvabaqarâlu"  :>-ubaqrât.  (Dans  cet  exemple  parti- 
culier il  y  a  eu  en  outre  vocalisation  de  la  consonne  w.) 

Posttoniques. —  Quant  aux  voyelles  brèves  posttoniques,  il 
faut  distinguer  les  cas  suivants  : 

1.  Il  y  a,  après  la  syllabe  accentuée,  une  brève  en  syllabe 
ouverte  suivie  d'une  syllabe  finale  fermée  (naturellement  non 
accentuée).  Dans  ce  cas,  chute  pure  et  simple  de  la  brève,  ex.  : 
cl.  dârabat  :>  dârbdt ,  qâltalat  :>yqâtH^t,  qâtalat  '^'jqâtlçt. 

2.  Il  y  a,  après  la  syllabe  accentuée,  deux  brèves  en  syllabe 
ouverte  (outre  la  finale  qui  tombe  de  son  côté).  Dans  ce  cas, 


PARLER  DE  KFAR  ABIDA. 


130  PREMIÈRE    PARTIE. 

chuîc  (le  la  première  brève  et  maintien  de  la  seconde  :  hàsanalu" 
>  hâsnê,  mârkabatu"  ^màrkbé,  kâtibatu''^-  kaibè. 

3.  [Le  cas  où  il  y  aurait,  après  la  syllabe  accentuée,  deux  brè- 
ves suivies  d'une  syllabe  fermée  (ou  d'une  syllabe  longue)  inaccen- 
tuée n'existe  qu'en  combinaison  avec  les  éléments  pronominaux 
enclitiques  :  dâraba-luni  ^  darôbkon .] 

Remarque  1.  —  Il  est  à  retenir  que  dans  tous  ces  cas  il  y  a 
production  de  nouvelles  syllabes  fermées. 

Remarque  2. —  Le  type  mâktabatu"  cr librairies  :>  mdktbê  est 
traité  comme  si  -at  était  linal  dès  le  classique.  Ceci  semble  indi- 
quer que  la  grapbie  -atu"  ne  recouvre  aucune  réalité  ou  que  du 
moins  il  faut  partir  d'une  prononciation  déjà  classique  -ah. 


II.   Syllabes  finales  (du  classique). 

Toutes  les  voyelles  brèves  (en  finale  absolue  ou  simplement 
suivies  de  la  mmnation,  ainsi  donc  a,  i,  u  et  «%  i%  w")  sont  tom- 
bées dans  le  passage  de  l'arabe  classique  à  notre  parler.  Ceci, 
comme  la  cbule  des  brèves  intérieures,  a  fourni  un  grand  nom- 
bre de  nouvelles  syllabes  fermées  :  mdktabu"  cf  bureau  77  ^^màhtçb, 
ou  doublement  fermées  :  h'dhu''  :^kàlb,  mais  se  rencontre  dans 
tous  les  parlers  modernes.  Quant  aux  longues,  sauf  dans  les  mo- 
nosyllabes toniques  :  hû,  M,  etc.,  elles  perdent  une  grande  partie 
de  leur  quantité  et  ne  se  dislinguent  plus  des  brèves  intérieures. 
Toutefois  ce  phénomène,  de  même  que  ceux  qui  concernent  l'é- 
volution du  timbre,  n'est  pas  en  relation  étroite  avec  ceux  de  la 
coupe  syllabique,  de  l'accent  et  de  la  quantité.  Rs  sont  dus  sur- 
tout à  la  faiblesse  propre  des  finales. 

En  somme,  il  règne  uue  très  grande  unité  dans  les  transfor- 
mations des  élémenls  syllabiques  dans  le  parler  de  Kfar 'abîda. 
Ni  le  mot  ni  l;i  syllabe  ne  commencent  ni  ne  finissent  en  prin- 
cipe par  un  élément  purement  vocalique.  En  avant  comme  en 
arrière,  le  mot  et  la  syllabe  ont  tendu  à  être  limités  au  moins  par 
un  élément  consonantique.  En  avant  comme  en  arrière,  l'un  et 
l'autre  peuvent  même  comporter  deux  ou  trois  éléments  conso- 
nantiques.  Ce  n'est  donc  pas  pour  éviter  des  groupes  de  consonnes 
que  *wl-,  *yt-  à  l'initiale,  *-î/m-  à  l'intérieur,  *-lw,  *-hy  à  la  finale 
sont  devenus,  ainsi  qu'on  l'a  vu,  m/-,  it-;  -im-;  -lu,  -hi.  Cela  tient 
uniquement  à  la  faiblesse  de  ces  consonnes  qui  sont,  on  le  sait, 
tout  à  fait  proches  des  voyelles  et  qui  n'ont  pas,  dans  les  langues 


p^o^RTIQUE.  1  3  I 

sémitiques,  élo  iTiiforcées,  par  exemple  en  v  el  en  z ,  comme  elles 
l'ont  été  dans  un  cerlain  nombre  des  lan[jiios  indo-européennes. 
Le  parler  de  Klar 'abida  semble  ainsi ,  poK7^  ce  qui  est  de  la  corisli- 
tulion  syllahique,  être  bâti  sur  un  plan  très  difï'érent  de  celui  de 
Tarabe  classique.  Toulefois  il  en  diffère  moins  que  les  dialectes 
ma^bribins.  Au  reste  il  est  bien  connu  qu'une  même  langue  prise 
à  deux  moments  suffisamment  éloignés  de  son  histoire  peut  pré- 
senter, au  point  de  vue  de  la  constitution  syllabique,  deux  aspects 
radicalement  dillérenls.  M.  K.  Brugmann,  dans  son  Grnndriss  (I, 
p.  227,  Rem.  3),  a  par  exemple  fait  observer  que  le  slave  com- 
mun ne  connaissait  pour  ainsi  dire  plus  que  des  syllabes  ouvertes. 
Or  rien  n'est  plus  ordinaire  et  même  plus  fréquent  que  les  syllabes 
fermées  dans  les  langues  s'aves  modernes ^^).  Le  même  savant  rap- 
pelait également,  d'après  P.  Kaufmann  [Die  Geschichte  des  konso- 
nantischen  Auslauts  im  Franzosichen ,  1886),  qu'en  ancien  français 
aussi  régnait  la  tendance  à  n'avoir  que  des  syllabes  ouvertes, 
fait  dont  on  a  cherché  l'explication  dans  la  faiblesse  de  l'accent 
expiratoire  de  cette  langue.  M.  K.  Brugmann  admettrait  volon- 
tiers la  même  explication  pour  le  slave  commun,  et  l'on  sait  en 
effet  que  le  ton  indo-européen  d'où  est  issu  l'accent  ^^^  des  langues 
slaves  modernes  ne  comportait  aucune  part  d'intensité.  En  re- 
vanche, l'accent  du  russe  moderne,  par  exemple,  est  au  moins 
aussi  intense  que  celui  de  l'allemand  ou  de  l'anglais  actuels.  Et 
comme (^^,  ffen  arabe  ancien,  d'après  la  prononciation  tradition- 
nelle des  lecteurs  du  Coran  et  des  lettrés  égyptiens  et  syriens, 
la  prédominance  appartient  à  un  accent  de  hauteur  qui  dépend 
de  la  quantité  syllabique^^  (^),  il  n'y  a  aucune  raison  pour  ne  pas 
constater  l'accord  qui  existe  dans  l'évolution  de  cet  accent  et  de 
la  syllabe  dans  notre  parler.  Uaccent,  en  même  temps  qu'il  devient 
intense,  tend  a  se  fixer  ou  à  se  transporter  sur  un  élément  intense  de 
par  sa  nature,  soit  une  syllabe  longue  par  nature  ou  par  position  ^^\  En 
même  temps  la  syllabe  tend,  on  fa  vu,  à  être  toujours  fermée  en  avant 
aussi  bien  qiien  arrière,  ce  qui  correspond  à  un  degré  nouveau  d'énergie 
dans  l'ensemble  de  la  prononciation.  Ici  encore  il  serait  souhaitable 
que  des  recherches  de  phonétique  expérimentale  permissent  d'ap- 

(^^  Et  findo-européen  d'où  procède  le  slave  avait ,  de  sou  côté ,  beaucoup  de 
syllabes  fermées. 

(^^  Accent  d'intensité  par  opposition  au  ton  ou  accent  musical  du  sanskrit, 
du  grec,  etc. 

(^    Cf.  Brogkelmann,  Précis,  p.  66.  "   . 

'^^  Aussi  peut-on  se  demander  sur  quoi  repose  Taffirmation  (Précis,  p.  65) 
qu'en  sémitique  commun  l'accent  était  un  accent  à'intensité. 

^^^  M.  A.  Meiliet  a  fait  observer  pour  les  langues  indo-européennes  qu'il  y  a 
sans  doute  une  intensité  propre  aux  longues.  On  peut  étendre  le  bénéfice  de 
cette  observation  aux  longues  de  position.  (Le  genre  animé  en  vieux-slave , 
p.  i85  et  suiv.) 

9- 


ni 


PREMIERK    PARTIE. 


précier  exactement  et  de  comparer  Tinlensité  de  l'accent  dans  les 
parlers  arabes  actuels.  En  attendant,  il  sera  permis  de  souligner 
une  fois  de  plus  que  la  phonétique  du  parler  de  Kfar*^abîda 
comme  celle  de  tout  parler  caractérisé,  forme  un  ff système 
rigoureux  où  tout  se  tient 7?  [doctrine  de  M.  Meillet]. 


AIOIIPII0I,0f.lH. 


133 


DEUXIEME   PARTIE. 
MORPHOLOGIE. 


Les  différentes  w formes ^^  de  notre  parler,  comme  celles  de 
l'arabe  classique,  sont  ou  verbales,  ou  nominales,  ou  pronomi- 
nales, ou  enfin  adverbiales  au  sens  large.  On  divisera  ici  la 
morphologie  en  trois  parties  :  verbe,  nom,  pronom. 


CHAPITRE   PREMIER. 
VERBE. 

A  la  suite  des  grammairiens  de  la  langue  classique ,  on  a  cru 
qu'il  était  plus  logique  et  en  tout  cas  plus  commode  de  com- 
mencer l'étude  de  la  morphologie  par  le  verbe  qui,  on  le  sait, 
donne  naissance,  d'après  des  formules  connues,  à  la  plupart  des 
formes  nominales.  Mais  on  ne  prélend  nullement  par  là  décider 
de  la  priorité  des  formes  verbales  par  rapport  aux  formes  nomi- 
nales. (Sur  cette  question,  voir  Brogkelmann,  p.  iq5.) 


r  THEME. 


A.  VERBES  FORTS  AU  I«"  THEME  (FORME  SIMPLE). 

Aucune  des  trois  consonnes  radicales  n'est  faible. 

Glass.  hâmala  wil  a  portéw>dial.  hénidl. 


SINGULIER. 

PLURIEL. 

CLASSIQUE. 

DIALECTAL. 

PARFAIT. 

CLASSIQUE. 

DIALECTAL 

3'  p.  m. 

hdmala 

>  hémdl. 

hfîmalû 

>  Iw'mlu, 

3«p.f.. 

hàmalat 

^  hûmlçt. 

{hamâlna) 

hàmlu. 

3*  p.  m. 

hamàlta 

>  hmolt. 

hamdhum 

;>  hmoltu. 

a>.  f.. 

hamâlti 

>  hmohê. 

[hamalliinna 

)        hmoltu. 

i"pers. . 

harmiltu 

>>  hmolt. 

hamàlnà 

>>  hmhlna. 

13^  DEUXIÈME    PARTIE. 


AORISTE. 

3'  p.  m.. 

yâhmihi 

>>  {b)yéhmal  ^^\ 

yahmiln[naj 

Z>-  {b)yéhnilu. 

3"'  p.f... 

tnhmila 

>  {b)téhndl. 

{ijaljmilna) 

{b)yéhmlu. 

2^  p.  m. . 

tâhmilu 

>  [h)téhmdl. 

talimilH[na] 

>  {h)tékmlu. 

2*  p.f... 

tah)nili[na 

>-  \b)lfhmlè. 

(lahmûna) 

{b)t/'hm!n. 

1  "  pers. . 

'âhrnilu 

>  {hyhlpndl. 

IMPÉRATIF. 

nâhmilu 

>  {in)nèhnidL 

2*  p.  m.  . 

(ihmil) 

hmàl. 

ihmi'lû. 

>  hmalu. 

2-p.f..  . 

ihmUl 

>  hmôlê. 

[ihmiliia) 

hmélu. 

PARTICIPE  ACTIF. 

mascuiin. 

JiâniiluJ^ 

;>»  hamdl. 

hamiliiia 

>  hâmlin. 

féminin  . 

hdmilatu" 

>  hâmlè. 

(hâmilâtu'^) 

hâmlin. 

Observations. 

CL.  Comme  en  classique,  le  verbe  ne  distingue  à  Kfar*abîda  que 
deux  ff  temps 77 :1e  parfait,  qui  comporte  des  suffixes,  et  Taoriste, 
qui  comporte  des  préfixes  et  des  suffixes. 

Ainsi  que  tous  les  dialectes  arabes  modernes  et  la  plupart 
des  langues  sémitiques,  notre  parler  ne  connaît  plus  que  deux 
ff  modes  w  :  l'indicatif  et  Timpératif;  nous  ne  regardons  pas  en 
elTet  comme  des  modes  distincts  l'infinitif  et  le  participe;  bien 
que  ce  dernier  ait  quelques  rapports  avec  le  verbe,  il  appartient 
plutôt  à  la  catégorie  nominale  des  adjectifs.  Le  subjonctif,  le  con- 
ditionnel, ainsi  que  les  deux  formes  ff  énergiques ^7  en  -an  et 
-anna,  ont  été  ramenés  à  la  forme  simple  de  Taoriste.  La  forme 
ff  énergique^?  de  l'impératif  a  également  disparu  dans  notre  parler. 

/3.  Toutes  les  formes  du  singulier  du  parfait  sont  rigoureuse- 
ment phonétiques,  sauf  la  a''  pers.  fém.,  pour  laquelle  on  atlen- 
drait  (en  partant  du  classique  hamald)  *himlt  et  non  pas  hinôllè. 
Mais  il  ne  faut  pas  oublier  que  la  forme  du  sémitique  commun 
comportait  un  -ï  long  qui  a  été  conservé  non  seulement  en  éthio- 
pien, en  hébreu  et  en  araméen  (surtout  devant  les  suffixes), 
mais  souvent  aussi  dans  l'arabe  classique  lui-même  ^^^  et  dans  plu- 
sieurs dialectes  modernes  ^^),  ce  qui  explique  la  finale  dialectale  -ê. 
Cette  finale  pouvait  au  reste  être  suggérée  par  l'-î  long  de  l'im- 
pératif féminin  ihmilî. 

Sont  également  phonétiques  toutes  les  formes  de  l'aoriste  au 
singulier  sauf  la  2*"  pers.  fém. ,  dont  le  traitement  doit  être  retenu 
pour  l'explication  de  plusieurs  formes  du  pluriel,  soit  au  parfait, 


(^)  Cf.  plus  loin,  p.  i38  et  suiv.  (sur  les  particules  adventices  de  Taoriste). 
(^)   Cf.  Brogkelmann,  p.  156  et  iGA;  Zimmeun,  F/|/.  Gr. ,  p.  95-96. 
(•^)  Cf.  Marçais,  Saïda,  M.  S.  L.,  XIV,  p.  626. 


MORPIIOLOGIK.  135 

soit  à  l'aoriste,  soit  à  rimpératif.  Il  est  évident  en  eiïet  que 
-Irlintlc  fftii  poi'lfts^i  (l'cin.)  ne  peut  provenir  directement  du  cl. 
tnltndlina,  mais  l)ion  d'une  iorme  sans  -na,  savoir  la/uiiilJ^^K  Kn 
un  mot,  notre  parlei'  n'a  conserve  sur  ce  point  que  la  forme  apo- 
copée. 

Il  faut  donc  pour  le  pluriel  soit  du  parfait,  soit  de  Taoriste,  soit 
de  l'impératif,  partir  également  de  formes  dialectales  sans -?m.  Si 
on  le  fait,  on  s'expliquera  la  forme  de  la  2*"  pers.  plur.  féni.  du 
parfait,  qui  dans  notre  parler  est  hmollu.  Elle  provient  de  *hamal- 
tun  (au  lieu  de  hamallunna)  et  le  traitement  phonélique  est 
exactement  le  même  que  celui  de  la  2"  pers.  masc.  plur.:  cl.  hanial- 
tuni  >  hmollu.  Ici  la  confusion  des  genres  est  donc  due  à  une  par- 
ticularité morphologique  combinée  avec  un  traitement  phonétique. 
D'une  façon  analogue ,  la  3*  pers.  plur.  masc.  de  l'aoriste  -yéhmlu 
s'explique  par  une  forme  classique  yahmilû  (et  non  pas  yahmilûna). 
Suivant  ce  principe,  la  3®pers.  fém.  plur.  aurait  dû  être  un  proto- 
type dialectal  *-yahmil,  lequel  eût  abouti  à  -*yéhmdl  et  se  fût  ainsi 
confondu  avec  la  S*"  pers.  masc.  sing.  La  langue  a  preTéré  ici  sacri- 
fier l'expression  du  genre  à  l'expression  du  nombre  et  a  créé 
-yéhmlu ,  ^^  pers.  plur.  fém.  sur  le  modèle  de  la  3"  pers,  plur. 
masc. 

A  la  2^  pers.  masc.  plur.  de  l'aoriste,  il  faut  partir  de  même 
de  tahmilà  (au  lieu  de  tahmilûna);  l'aboutissant  phonétique  en  est 
-téhmlu.  La  2''  pers.  fém.  plur.,  qui  était  en  classique  tahmilna, 
ferait  supposer  comme  prototype  dialectal  *-tahmil  (soit  *téhmol) 
puisqu'il  supprime  systématiquement  -na,  qui  se  confondrait 
avec  la  2^  pers.  masc.  sing.  et  la  3*^  fém.  sing.  de  l'aoriste.  Le 
parler  ici  encore  a  recouru  à  l'analogie  du  masculin  et  dit  -téhmlu. 

De  même,  au  pluriel  de  l'impératif  où  le  classique  présente 
ihmilna,  la  forme  sans-/irt,  soit  *ihmil  ,  eût  abouti  à  hmâl-^^\  en 
vertu  de  la  même  analogie  que  le  singulier  et  en  resterait  indis- 
tinct. D'où  propagation  analogique  du  masculin  hmèlu  en  fonction 
de  féminin. 

Il  en  est  de  même  enfin  pour  la  3^  pers.  fém.  plur.  du  parfait, 
qui  est  en  classique  hamàlna.  Le  parler,  écartant  toujours  les 
formes  en  -na  (sauf  le  -nâ  à  voyelle  longue  de  la  i"""  pers.  plur.), 
eût  sur  ce  point  abouti  à  une  forme  aussi  peu  caractérisée  que 
possible:  *hamal^>  *hemdl,  qui  se  fût  confondue  avec  la  3*^  pers. 
sing.  masc.  Il  a  remédié  à  cet  inconvénient  en  employant  ici 
encore  pour  le  féminin  pluriel  la  forme  du  masculin. 

Notre  parler  a  donc  jnaintenu  nettement  la  distinction  des 
nombres  et  y  a  sacrifié,  quand  cela  était  nécessaire, la  distinction 

(^)  Attestée  par  Tcrapocopatusjî  et  le  et  subjonctif». 
(2)  Voir  plus  loin,  p.  187. 


136  DEUXIÈME   PARTIE. 

des  j][enres.  Il  en  est  résulté  que  la  finale  -u  s'est  étendue  à  pres- 
que toutes  les  personnes  du  pluriel  ('). 

Le  duel  qui  s'est  conservé  dans  les  noms,  n'a  laissé  aucune 
trace  dans  le  verbe,  soit  au  parfait,  soit  à  Taoriste.  En  un  mot, 
dans  tout  l'ensemble  de  l'évolution,  on  constate  que  la  langue 
marche  vers  la  simplification. 

La  i""^  pers.  sing.  de  l'aoriste  a  gardé  sa  forme  classique  et  n'a 
pas  cédé  la  place  comme  clans  les  dialectes  magbribins  à  la  forme 
en  na-  de  la  i''^pers.  plur.  On  a  encore  aujourd'hui  -éhmdl,  bien 
distinct  de  -néfimal,  qui  n'a  pas  non  plus  la  désinence  -u  analo- 
gique d'autres  formes  du  pluriel.  Les  dialectes  magbribins  ont 
donc  été  plus  loin  encore  que  notre  parler  dans  la  voie  de  la  sim- 
plification. 

Par  suite  de  la  chute  régulière  de  la  voyelle  finale,  la  i"^*"  et  la 
2^  pers.  masc.  sing.  du  parfait  se  sont  confondues  à  Kfar^'abîda, 
mais  se  distinguent  en  pratique  par  la  présence  des  pronoms  ori- 
ginairement autonomes  qui  accompagnent  généralement  le  verbe 
dans  de  pareils  cas  ^^l  Les  formes  de  3^  pers.  fém.  sing.  et  de 
2^  pers.  masc.  sing.  à  l'aoriste,  identiques  en  classique,  le  restent 
naturellement  dans  notre  parler  après  la  chute  de  la  finale  brève. 

y.  Comme  il  a  été  dit  plus  haut  à  propos  du  vocalisme,  les 
voyelles  brèves  (sauf  à  la  2^  pers.  fém.  sing.  du  parfait)  sont  tom- 
bées en  finale  absolue,  et  les  voyelles  longues  sont  passées  aux 
brèves  correspondantes  qui  conservent  toujours  leur  timbre  pur 
à  l'exception  de  -i  <-ï  classique,  qui  passe  à  -é. 

A  la  différence  de  ce  qui  se  produit  dans  quelques  dialectes 
arabes  modernes  et  en  particulier  dans  quelques  dialectes  magh- 
ribins  (^^,  la  3^  pers.  masc.  sing.  du  parfait  conserve  toujours  à 


(')  D'après  M.  Marçais ,  les  formes  dialectales  téJimlu,  yéhmlu,  téJimlè  s'ex- 
pliqueraient non  phonétiquement,  mais  par  une  raison  sociolo[jique.  L'homme 
depuis  son  enfance  a  beaucoup  d'occasions  de  parler  à  une  femme  (mère,  épouse, 
etc.);  donc  il  était  tout  naturel  de  maintenir  la  forme  de  la  a' personne  singu- 
lier féminin  distincte  en  face  de  la  2*  personne  masculin  :  téhmlé  en  face  de 
lékm'dl.  Il  a  par  contre,  parce  qu'il  est  homme,  très  peu  d'occasions  de  parler 
à  un  {][roupe  composé  uniquement  de  femmes  ;  il  parle  Heuf  fois  sur  dix  à  des 
groupes  composés  uniquement  ô^\\on\mç,?,  ^  ou  à  la  /ois  d'hommes  et  de  femmes; 
or  on  sait  que,  dans  ce  dernier  cas,  la  lan^jue  classique  déjà  employait  la  forme 
du  masculin  par  ia-jlib  (de  même  en  français  :  cr Mesdames  et  Messieurs,  vous 
êtes  tous  venus  ce  soir,  etc.»).  La  forme  du  féminin  pluriel  (2'  personne  et  3'  à 
sa  suite) a  disparu,  parce  qu'elle  n'était  pas  employée.  Il  reste  que  \%?,  femmes 
ont  beaucoup  plus  d'occasions  que  les  hommes  de  parler  à  des  f^roupes  uni- 
quement composés  de  femmes;  le  lanjjagc  des  hommes  aura  fini  par  s'imposer 
à  elles. 

^^)  Innovation  analogue  à  celle  qui  a  généralisé  les  pronoms  personnels  dans 
la  conjugaison  romane. 

(•')  Cf.  Marçais,  Saïda,  M.  S.  L,  XIV,  p.  li^i). 


MORPIIOLOGIK. 


137 


Kfai'abîda  les  1'°  ot  9.''  voyelles  classiques,  dont,  suivant  les  lois 
du  parler,  Tune  ou  Tautii^  disparail  dans  les  autres  personnes 
Iors([u'elle  se  trouve  en  syllabe  ouverle  inaccentuée. 

Comme  dans  d'autres  parlers  modernes  (^^,  les  trois  formes  clas- 
siques qâlala,  qâlila,  (jôlula  ont  été  ramenées  dans  notre  parler  à 
deux  :  qâlala,  qdlila,  d'où,  par  voie  phonétique,  une  forme  unique 
^/qèlel,  'IqàtçL  Ex.  :  sAriha  ffil  a  bu^-»  ::> séreb ;  Jàhinia  ce  il  a  compris^ 
Z^fèhçm;  fàtaha  cril  a  ouvert 77  ^>jàleh;  hàlafa  rril  a  juré ^^  >  hék/i 
hàSura  ffil  a  été  abondante),  dial.  h(>lçr;  ràhusa  cril  a  baissé??  (en 
pari,  du  prix),  dial.  rçhes  [*ka9ira,  *râhisa). 

On  a  vu  (p.  92)  que,  sous  Tinfluence  d'une  emphatique  et 
de  quelques  faucales  et  gutturo-palatales,  la  forme  classique 
qàtala  garde  sans  modiiication  ses  i"""  et  a*"  voyelles.  Ex.  :  dàraba 
ffil  a  frappé??  >  dàrah;  dàhala  ffil  est  entré??  ^^dâhal;  etc. 

La  voyelle  qui  suit  la  2"  radicale  de  Taoriste  au  singulier  est 
généralement  e  dans  notre  parler  lorsque  le  type  classique  est 
yaqtalu  ou  yaqtilu  ^^l  Ex.  :  yafhaniu  ffil  comprend??  >  ijéfhçm;  yar- 
kahu  ffil  monte??  :>'yérkeb;  yanzilu  ffil  descend??  '^-yénzel;  etc. 

Le  type  classique  yaqhdu,  à  2*"  voyelle  u,  est  régulièrement  à 
Kfar'^abîda  yf/qtol  avec  changement  de  m  en  0  (0,  0);  yâktubu  wil 
écrit??  ^^-yéktob;  yadhidu  ffil  entre??  >- yédhol;  yashutu  ffil  se  tait?? 
^yéskot.  Quelques  verbes  cependant,  comme  yafturu  ffil  déjeûne?? 
et  yahlusu  ffil  est  pur,  il  est  parvenu  à??,  ont  cédé  la  place  à  des 
formes  analogiques  yéftar  ffil  déjeûne??  et  yéhlas  ffil  termine?? 
(au  lieu  de  *yàftor  el*yéhlos),  par  analogie  avec  les  parfaits/rt/«ra 
et  halasa. 

Au  type  dialectal  yéqlol  <z  cl.  yaqhdu  ont  été  ramenés  par  inno- 
vation morphologique  plusieurs  verbes  du  type  yaqtilu  (^)  et  un 
petit  nombre  de  verbes  du  type  yaqtalu  :  yashiru  ffil  ronfle??,  dial. 
yésiior;  yàsfiru  ffil  siffle??,  dial.  yosfor;  yàksifu  ff il  découvre ?? ,  dial. 
yéksof;  yàylaqu  (^)  ffil  ferme?? ,  dial.  yéyW/q;  yatbaqu  ffil  est  fermé?? , 
dial.  yotbo/q;  etc.  (cf.  aussi  p.  11 3)^^). 

Le  vocalisme  de  l'impératif  se  règle  sur  celui  de  l'aoriste,  à 
ceci  près  que ,  lorsqu'on  a  ^  ou  rt  à  l'aoriste,  on  a  toujours  a  (ou  â) 
à  l'impératif  masculin  singulier  et  ^  ou  a  à  l'impératif  féminin 

W  Cf.  Marçais,  loc.  cit.,  p.  625. 

(^)  Dans  cette  position  en  effet  a  ou  i  (comme  au  parfait)  aboutissent  indif- 
féremment à  ç,  sauf  pour  le  cas  où  a  se  trouve  dans  le  voisinage  d'une  em- 
phatique (cf.  plus  haut,  p.  92). 

^')  Ceci  est  d'accord  avec  le  fait  que  le  type  en  i  à  l'impératif  n'a  laissé  au- 
cune trace,  tandis  que  le  type  en  u  subsiste  à  côté  du  type  en  a.  Toutefois, 
M.  Marçais  fait  remarquer  que  ces  verbes  comportent  tous  une  emphatique  ou 
une  labiale. 

^'^  Moins  connu  en  classique  que  yufliqu  (IV  thème). 

^^^  Le  remplacement  de  i  et  de  a  par  «(>  0)  à  l'aoriste  existe  également 
dans  d'autres  parlers;  cf.  Marçais,  Saïda,  M.  S.  L, ,  XIV,  p.  U^"]. 


138  DEUXIÈME    PARTIE. 

singulier  ou  masculin  cl  féminin  pluriel.  Ici  encore  il  y  a  eu  sim- 
plification des  trois  types  classiques  d'impératif  {i)qtil,  (i)qtal, 
{u)(iluLLe  parler  de  Kfar'abîda  n'en  a  conservé  que  deux :1e  type 
en  u  et  le  type  en  a  (le  type  en  i  a  passé  suivant  les  verbes  à 
l'un  ou  à  l'autre).  De  plus,  pour  le  type  en  «,il  faut  remarquer 
que  l'analogie  des  verbes  mediac  w  ou  y  (cf.  wam,  rac.  n-w-m)^ 
lui  a  fait  attribuer  une  longue.  On  dit  par  exemple  ''mal  rrfais^^ 
au  lieu  de  classique  l'mal  et  hnâl  w  porte  ^i  au  lieu  de  cl.  ihmil,  etc. 
Ceci  lient  probablement  au  fait  que  la  forme  était  à  la  fois  mono- 
syllabique et  accentuée.  Ce  qui  montre  la  vraisemblance  de  celte 
explication,  c'est  l'existence  de  doublets  dans  notre  parler  qui 
connaît  à  côté  de  sma^  crécoute-o  (cl.  isma^),  shâ  wreviensà  ioi-n 
(cl.  isïja)  et  u^â  w  réveille-loi  17  (cl.  S)  les  formes  'ésma^,  'û'^a  t^his 
attention'?  et  ^osha  éprends  garde??  (^)  (voir  p.  117). 

$.  Comme  dans  l'ensemble  des  parlers  de  Syrie  et  d'Egypte,  le 
verbe  (à  n'importe  quel  thème)  est  précédé  à  T aoriste  dans  notre 
parler  de  la  préposition  h{ï)^'^^  ou  de  la  préposition  ^«n,  ou  même 
des  deux  à  la  fois.  En  outre,  '^«nest  quelquefois  remplacé  par  la 
préposition  min  tfde??  (substitution  récente)  laquelle,  par  contami- 
nation avec  ''an,  est  devenue  à  Kfar*abîda?naw(^).  D'une  part,  ''«wsert 
à  indiquer  la  notion  du  présent  dans  l'aoriste  qui  par  lui-même 
n'exprime  aucune  idée  de  temps.  Au  contraire,  h[i)  n'apporte  gé- 
néralement pas  de  modifications  au  sens  de  l'aoriste  auquel  il  est 
préfixé.  Par  exemple,  le  classique  tjahluhu  ^\\  écrit  maintenant?? 
ou  wil  écrira  plus  tard??  a  exactement  dans  le  parler  la  même 
signification  avec  h[i)  :  byéliob;  mais  avec  la  préposition  ^an  (ou 
man),  "anyéktob  signifie  exclusivement  cfil  écrit  maintenant,  il  est 
en  train  d'écrire??  (^).  Il  en  est  de  même  lorsque  l'aoriste  est  à  la 
fois  précédé  de  b(i)  et  de  "an,  comme  dans  "^ambyéktob '^^'i  oh  b[i) 
n'exerce  aucune  influence  au  point  de  vue  du  sens  et  laisse  la 
forme  complètement  soumise  à  celle  de  la  préposition  ''an,  d'où 
le  sens  du  présent.  Ainsi  "an  ne  s'emploie  que  devant  l'aoriste 
indicatif  qui  sert  à  exprimer  le  présent  (ou  l'imparfait,  avec  kâna, 
ou  même  le  passé  dans  une  préposition  subordonnée),  mais 
jamais  le  futur  :  "anyéhtob  cril  est  en  train  d'écrire??;  "ambyâkol  k'û 

(')  Sur  ces  doubles  formes  d'impératif,  cf.  Mabçais,  Saïda,  p.  h'iS,  Tlem- 
ccn,  p.  63;  M.  CoiiEN,p.  267. 

('■')  b  passe  à  m  on  contact  avec  ij  à  la  1" personne  dn  pluriel  de  l'aoriste;  cf. 
supra  passim.  La  bibliograpliie  de  la  particule  verbale  0  est  abondante  :  Land- 
berg,  Noldeke,  KampHineycr;  longue  et  intéressante  enquête  dans  le  Machiiq. 

^')  On  a  donc  affaire  ici  non  plus  à  de  vraies  prépositions,  mais  à  des  mots 
formels  [mots  vvidesit)  devenus  de  véritables  morphèmes. 

(*)  C'est  ce  que  M.  Marçais  appelle  crprésent  actuelw.  On  pourrait  dire  aussi 
ffcursif». 

(^)  Sur  'am-  au  lieu  de  'an- ,  cf.  supra. 


MORPIIOLOr.IE.  139 

ost  en  Irain  de  mangcri")  ;  han^anyéhloh  (^)  cr  il  était  en  train  d'écrire , 
il  écrivait^^  ;  tiôfii^h  ''antéll.oh  wje  t'ai  vu  éci'ire^^  soit  ff  je  l'ai  vu  (au 
moment  om)  lu  écrivais ?7.  Mais  on  ne  peut  pas  dire;  *'(inij<'l,loh  had 
sâhr  au  sens  de  :ffil  écrira  dans  un  mois^n 

De  son  côté,  l'ex-préposition  h(i)  s'ajoute  régulièrement  à  l'ao- 
riste apocope  et  aussi  à  l'aoriste  indicatif,  peu  importe  que  celui- 
ci  serve  à  exprimer  la  notion  du  présent,  celle  du  passé,  celle  du 
futur  ou  même  celle  de  l'imparfait.  Ex.  :  scfédnê  bsâ\lçk  ff  aide-moi , 
je  t'aiderai ^^  (cf.  cl.  sàHd-nï  \is(iHd-ha)\  wâ[i)nma  hlèrhçl  hôlh'lqdh 
rren  quelque  lieu  que  tu  ailles,  je  le  rejoindrai  17  (cf.  cl.  'ainainà 
tarijal  ^alhaqha);  mahlâkoU  ff  tu  ne  manges  pas 7?  (cf.  cl.  inà 
tahdu  -]- s)\  honç'  bâ^d  yàuni  tfje  reviendrai  dans  un  jour 7?  (cf. 
cl.  'arWa  hada  yannii");  m  hxjqul  cfil  est  venu  en  disant ^7 
(cf.  c\.zaayaqidu);kûntbhâfmdnnu  ffje  le  craignais 7?  (cf.  cl.  Jmntu 
'ahâfu  m'm-hxi). 

Bien  entendu,  l'aoriste  apocope  précédé  de  la  particule  là 
employée  pour  défendre,  ne  prend  pas  h(i)  ;  un  cl.  là  taktuh  ff  n'écris 
pas ^7  n'a  pas,  dans  le  dialecte,  incorporé  ^(^),  et  on  n'a  jamais 
*labtéktob  mais  làtehôb(s).  De  même,  l'ancienne  préposition  è(/) n'est 
pas  préfixée  à  Taorisle  :  1°  quand  celui-ci  est  précédé  de  quel- 
ques verbes  équivalents  à  des  auxiliaires,  tels  que  sàra  ffil  est 
devenu,  il  s'est  mis  à^^,  baqiya  ffil  a  continué  à^?,  ràha  ffil  est 
allé-»"),  Wrt  ffil  est  revenu^^,  etc.,  ex.  :  sar  yêbhê  ffil  s'est  mis  à 
pleurer 77;  bè'jqê  yéklob  kûUen"hâr  ffil  a  continué  à  écrire  toute  la 
journée  77  ;  bïrûh  izûrçh  ^^^  ff  il  ira  te  visitent  ;  etc.  —  et  non  pas  *sar- 
byèblê,  etc.;  —  2°  quand  l'aoriste  est  employé  dans  le  sens  du 
subjonctif  (que  la  conjonction  qui  le  régit,  soit  négligée  à  Kfar- 
'abîda  ou  qu'elle  soit  exprimée)  :  'Iqolhi  tâizi  (ou  tâyfzê)  tf  dis-lui 
de  venir  17  (litt. . .  :  dis-lui  qu'il  vienne);  '/qi-lb  irâh  ff  procliainement 
il  partira 77,  etc.;  —  3°  quand  l'aorisle  exprime  un  souliait  : 
^(dlaisâ^dçh  ffque  Dieu  t'assiste  !  17  ; —  k"  avec  boddé,  boddçh,  etc.; 
ex.  :  bôddu  yéktob  ffil  veut  écrire 77  j)our  bi-\-ividdihi -\-yal'Hibii, 
formation  qui  s'emploie  aussi  dans  le  sens  d'un  futur  indéter- 
miné et  qui  est  identique  aux  composés  de  sa-,  saufa-  :  bôddi 
'eltob  lu  ffje  lui  écrirai  (plus  tard),  mon  intention  est  de  lui 
écrire  ^7. 

De  même  que  Vm  ou  man  est  préposé  à  l'aoriste  des  verbes  (à 
n'importe  quel  thème)  pour  indi(juer  la  notion  du  temps  présent, 
de  même,  pour  rendre  la  notion  du  futur,  on  fait  précéder  l'aoriste 
comportant  b[i)  ou  non  du  participe  actif  du  verbe  râha  ffil 
est  allé  77  (masc.  ou  fém.  sing.  ou  pi.  suivant  le  sujet  de  la  propo- 

(^^  han,  au  lieu  de  kân,  à  cause  des  deux  consonnes  n-\-'  et  du  report  de 
l'accent  sur  la  syllabe  suivante. 

^-^  On  l'emarquera  que  l'auxiliaire,  lui,  peut  avoir  b{i)-. 


uo 


DEUXIEME    PARTIE. 


sition);  ce  futur  est  un  futur  très  prochain  :  ràh  (abréviation 
de  raihu'')  bôktob  Içh  wje  vais  t'écrire,  je  t'écrirai  tout  de  suite ^7; 
râihîn  néktob  wnous  allons  écrire ?7. 

On  peut  résumer  ce  que  nous  avons  dit  à  propos  de  Taoriste 
ainsi  qu'il  suit  ; 

1°  ^an  (ou  man)  donne  à  l'aoriste  le  sens  du  présent;  il  a  un 
sens  identique  à  l'égyptien  '^ammâl,  au  marocain  ka-  et  à  l'algé- 
rien râ-  suivi  des  pronoms  suffixes  ^^K 

2°  ràh  ou  râyçh  indique  un  futur  très  prochain  et  équivaut  aux 
mots  mâsi  et  fâdi  employés  dans  le  Maghreb  ^^\ 

3°  b{i)  ne  semble  modifier  en  rien  le  sens  de  l'aoriste  ;  il  est 
beaucoup  plus  fréquemment  employé  que  ^'an. 

ti°  boâr,  employé  également  en  Egypte,  indique  au  contraire 
un  futur  vague  et  plus  éloigné. 


B.  VERBES  FAIBLES  AU  T  THEME. 

Une  ou  plusieurs  des  consonnes  radicales  sont  faibles. 

On  entend  par  verbes  faibles  ceux  qui,  présentant  au  nombre 
de  leurs  consonnes  radicales  une  ou  plusieurs  consonnes  faibles, 
s'écartent  plus  ou  moins  dans  leur  conjugaison  (soit  en  classique 
soit  dans  notre  parler)  du  paradigme  du  verbe  fort.  Un  verbe  peut 
avoir,  en  fait  de  consonnes  faibles, la  première,  la  seconde  ou  la 
troisième  ;  il  peut  aussi  avoir  à  la  fois  deux  radicales  faibles  (la 
première  et  la  seconde  ou  la  première  et  la  troisième,  la  deuxième 
et  la  troisième)  et  même  (le  cas  est  rare)  les  trois  radicales 
faibles.  D'où  la  division  suivante  : 

1°  Verbe  à  i""^ radicale  faible; 

2°  Verbe  à  2^  radicale  faible; 

3°  Verbe  à  3®  radicale  faible; 

^'^  Verbe  à  3®  radicale  identique  à  la  seconde; 

5°  Verbe  à  i"^"  et  2®  radicales  faibles; 

6*^  Verbe  à  i"^®  et  3®  radicales  faibles; 


(^)  Cf.  Caussin  de  Perckval,  Grammaire  arabe  vul(faire  [i858],  p.  98. 
^^^  Id. ,  loc.  cit.,  p.  29, 


i 


MOKPHOLOdIK.  VU 

7"  Vei'be  à  2"  et  '.V  radicales  faibles; 
8*"  Verbe  à  i%  2*"  et  ^  radicales  l'aibles. 

1 .   Verbes  a  i^'^  radicale  faible  (i^"*  thIsme). 

Cette  première  radicale  peut  être  soit  un  '{hamza),  soit  un  w, 
soit  un  y.  D'où  trois  catégories  de  verbes  faibles  à  Tinitiale. 

a.  Verbes  X  1'°  radicale  hamza. 
Cl.  ^adina  wil  a  permis  w  >di al.  'çzçn. 


SINGULIER. 

PLURIEL. 

CLASSIQUE 

DIALECTAL. 

PARFAIT. 

CLASSIQUE. 

DIALECTAL. 

3*  p.  m. . 
3>.f... 
a'  p.  m. . 
a' p.f... 
1  "  pers. . 

'àdina 

'ddinat 

'adinta 

'admti 

'adùitu 

>>  'çzçn. 

>  'éznçt. 
>>  'zéiit. 

>  'zéntè. 
>-  'zént. 

AORISTE. 

'àdinû 

Çadinna) 

'adtnlum 

Çadintûnna) 

'adtnnâ 

>  'éznu. 
'éznu. 

>  'zéntu. 
'zéntu. 

>>  'zénna. 

3'  p.  m. . 
3"  p.f... 
2*  p.  m. . 
ù'  p.f... 
i''pers.. 

yadanu 

tadaau 

tadanu 

tadani[na] 

'âdanu 

>  {b)tezén. 

>  {b)tezçn. 

>  {b)teznê. 

>  (bdyzçn. 

IMPÉRATIF. 

yadanû[na] 
(yaddnna) 
tadanû[na] 
(  tadânna  ) 
nadanu 

:>  {b)yeznu. 

{b)yé'znu. 
>>  [b)teznu. 

[byé'znu. 
>  (m)né'zçn. 

a*  p.  m. . 
a"p.f. .. 

(îdan)  «<  *i 
(îdanî)  <C  *i 

'dan         'zdn. 
l'dani  >  'zçnè. 

[îdanu)<:*tdanii 
(îdanna) 

i  >  'zçnu. 
'zçnu. 

PARTICIPE  ACTIF, 

masculin 
féminin 

'âdinu'* 
'âdinatu'^ 

>>  'âtçn. 
>  'âzné. 

'âdinîna 
{'âdinâtu") 

>  'âznîn. 
'âznin. 

et.  Sauf  les  cas  où  il  a  passé  à  iv  ou  à  1/  ^'^\  le  hamza  initial 
s'est  maintenu,  par  analogie  avec  les  verbes  forts,  au  P""  thème 
dans  tous  les  verbes  classiques  qui  sont  restés  d'usage  courant 
dans  notre  parler.   Ex.   :  'ésef  ffil   s'est  affligé,  il  a  regrettée 


(^^  Il  faut ,  naturellement ,  faire  ici  la  même  remarque  que  pour  le  b-  du 
verbe  fort  (cf,  p.  i38  et  suiv.) 

(2)  Cf.  wâllçf  t^W  a  plié  bagage»  (cl.  'aUafa)\  yàmma  wil  s'est  dirigé  vers» 
(cJ.  'anima) '^  cf.  plus  haut,  hamza. 


l/i2 


DRUXTEMR    PARTIR. 


-<  cl.  'àsifa;  'çzçr  fcil  a  pris  on  location,  il  a  salarié^^  <  cl. 
^azara;  ^énijn  r'\\  a  été  en  sûreté  •>•)  <z  cl.  ^âmina;  'âmar  w  il  a 
commandé  17  <:cl.  'àmara,  etc.  Dans  ces  verbes,  au  \"  thème, 
la  conservation  analogique  de  ^  s'est  étendue  à  toutes  les  per- 
sonnes soit  du  parfait,  soit  de  Taoriste,  soit  de  rimpéralif, 
comme  le  montre  la  conjugaison  de  'é^1^  <  cl.  'àâina;  elle  a  même 
atteint  des  formes  qui,  en  arabe  classique,  n'avaient  pas  le 
hamza  initial;  par  exemple,  à  rimpératif  masculin  et  fe'minin, 
singulier  et  pluriel  du  verbe  'àmara,  on  a  ^mor  w ordonne??,  'mère 
w ordonne??  (fém.),  'mèru  tf ordonnez??,  en  lace  de  cl.  mûr,  mûri, 


muru^^' 


Pourtant,  dans  les  verbes  'àkala  ffil  a  mangé??  >VW?  et 
'àhaâa  ??il  a  pris??  '^-'çhçcl,  le  hamza  tombe  (avec  la  voyelle  inac- 
centuée) à  toutes  les  personnes  du  parfait  autres  que  les  S*"'  per- 
sonnes (masc.  ou  fém,,  sing.  ou  plur.):  'alâltu  ffj'ai  mangé?? 
^hélt;  'ahadti  fftu  as  pris??  (fém.)  ':>héuê.  L'analogie  ne  Ta  pas 
introduit  non  plus  à  Timpératif  (à  aucune  personne)  :  cl.  hûl 
ff mange??,  et  hïâ  wprends??  '^hol  eihnd;  fém.  sing.  kûlt  et  Mai 
>holè  et  hodê;  kûlù  ce  mangez??  et  hûctu  w prenez??  >'kolu  et 
h  6 du. 

De  même,  à  l'aoriste,  le  hamza,  qui  est  généralement  main- 
tenu, perd  son  individualité  dans  les  deux  verbes  'âkala  et 
'àhada.  11  se  fond,  en  effet,  avec  la  voyelle  précédente,  ce  qui 
fournit  une  voyelle  longue  :  yakulu  fcil  mange??  et  yahudu  cfil 
prend??  :>'[b)ijâkol  et  {h)yâhod;  nakulu  cmous  mangeons??  et  nà'- 
Intdu  ffnous  prenons??  ':>{m)nâhol  et  (m)?iâhod^^'> ,  etc.  La  i*"®  pers. 
sing.  du  classique  'âkulu  et  'âhudii  >  'Mol  et  'âhod  s'explique  sans 
difïiculté. 

La  chute  pure  et  simple  du  hamza  au  parfait  de  'âkala  et 
de  'âhada  s'explique,  de  son  côté,  par  le  fait  que  '  n'étant  plus 
maintenu  par  l'analogie  (puisqu'à  l'impératif  on  disait  hil  et 
hûd),  a  disparu  en  vertu  des  règles  phonétiques  établies.  En 
effet,  '  se  trouvait  en  syllabe  ouverte  inaccentuée  :  'akàltu  rj'ai 
mangé  1?  >  kélt;  'akâlîa  rrtu  as  mangé  i?  >  Mt,  etc.  Au  con- 
traire, pour  'àkala  ce  il  a  mangé??,  'âkalat  trelle  a  mangé??,  etc., 
la  syllabe  dans  laquelle  se  trouve  '  portait  l'accent  en  classique, 
d'où,  à  Kfâr'abida,  'çkçl  et  'éldçt,  et  jamais  *kel  ou  *Jdel,  comme 
cela  se  produit  dans  les  dialectes  maghribins  (cf.  Brockelmann, 
p.  17/1). 

(')  On  rencontre,  quelquefois,  en  classique,  la  forme  u'mur  à  côté  de  mur, 
(le  môme  qu'on  a  n'kul  rr mangc?^  à  côté  de  kul.  Cf.  S.  dk  Sacy,  Gramm.  arabe^, 
p.  a32. 

(')  La  fusion  de  '  avec  la  voyclKî  précckleulc  à  Taoïisle  se  produit  ici 
c(inn.('  en  syriaque  et  en  assyrien.  Cf.  Buockelmann,  p.  175  (syr.  nêx^ul, 
nêijuê  ). 


MORPHOLOGIE. 


Ul3 


/3.  Il  n'y  a  pas  à  recourir  à  l'analo<>ie,  pour  oxplicpici'  le 
type  ^zân  on  laco  du  type  classique  uîan.  Celle  dernière  forme 
suppose,  en  elï'et,  *i'(tnn  (avec  attaque  vocalique  douce ('^),  d'où 
fusion  de  i  et  de  '  (forte)  en  ï.  De  son  côté,  la  forme  dialectale 
'zân  provient  directeinent^^^  de  ce  même  *i\tan,  avec  chute  de 
Vi  et  conservation  du  hamza  radical. 


b.  Verbes  a  f°  radicale  w. 
Cl.  wàzana  (fil  a  peséw^dial.  wèz^. 


SINGULIER. 

PLURIEL. 

CLASSIQUE. 

DIALECTAL. 

PARFAIT. 

CLASSIQUE. 

DIALECTAL. 

3^  p.  m. . 
3''p.f... 
2^  p.  m., 
a*'  p.  f. . . 
i'*pers.. 

wâzatia 

wâzanat 

wazânta 

wazânti 

wazântu 

;>  wdzçn. 

>  ivoznçt 

>  uzént. 

>  uzçntê. 

>  uzént. 

AORISTE. 

wâzanû 

(wazanna) 

wazântum 

{wazantunna) 

wazânnâ 

>  w'nznu. 
woznu. 

>  uzéntu. 
uzéntu. 

>»  uzénna. 

3^  p.  m. . 
3"  p.  f... 
a'  p.  ra. . 
2"  p.  f... 
1  "  pers. . 

{yazinu) 
(  tazinu  ) 
(  tazinu  ) 
(  tazinîna) 
(  'azinu  ) 

{b)tjûzçn. 
{b)tiizçn. 
{b)tùzçn, 
[b)lùzné. 
\b)ùzçn. 

IMPÉRATIF 

(  yazinû[na]  ) 
(  yazinna  ) 
[lazinûna) 
(tazinna) 
(  nazinu  ) 

(b)yûznu. 
{b)yûznu. 
(b)lûznu. 
(b)tûznu. 
[m)niizçn. 

2*  p.  m. . 
2''p.f.  .. 

(zin) 
{zinï) 

uzon. 
uz§nè. 

(zinû) 
(zinna) 

uzçnu. 
uzçnu. 

PARTICIPE  ACTIF. 

masculin 
féminin 

wâzinvJ^ 
wâzinatu" 

>  wfizçn. 
'  >  wâzné. 

wazinina 
[wâzinâtu") 

>  waznin. 
wâznin. 

a.  Comme  dans  les  autres  dialectes  modernes,  le  verbe  à  pre- 
mière radicale  w,  désigné  par  les  grammairiens  arabes  anciens 
sous  le  nom  de  miôàlu"  w  assimilé  7-) ,  suit  à  Kfar'^abida  une  conju- 
gaison en  somme  assez  différente  de  celle  de  Tarabe  classique. 
Celui-ci,  on  le  sait,  sauf  dans  quelques  rares  verbes  qui  ont  à 
Taoriste  (entre  les  s*"  et  3®  radicales)  la  voyelle  a  ou  u,  ne  pré- 
sente la  semi-voyelle  iv  ni  à  l'aoriste  ni  à  Timpératif  :  ainsi  wâ^ada 
ff  il  a  promis 7?  est  à  l'aoriste  yàHdu  et  non  pas  *yai/idu;  de  même, 

(^)  Il  ne  s'agit  pas  ici  de  la  voyelle  longue  à  qui  rentre  dans  la  même  série 
que  hmnly  etc.,  p.  119  et  i37. 

<-^  Au  lieu  d'altaquo,  vocalique  forte,  par  assimilation  à  l'attaque  vocalique 
douce,  qui  prcicdait  iiatureilement  le  i  prothétique. 


[flà  DEUXIÈME    PARTIE. 

à  l'impératif,  Hd  et  uoii  pas  ^^ii/id.  A  Kfar^abîda  au  contraire,  le  w 
du  parfait  a  été  étendu  à  Taoriste  et  à  Timpéralif  de  tous  les 
verbes,  par  analogie  avec  le  parfait  et  l'aoriste  des  verbes  régu- 
liers et  spécialement  de  verbes  à  i*"*"  radicale  iv  qui,  dès  le  clas- 
sique (manifestation  ancienne  de  la  même  influence),  présentaient 
w  dans  toute  la  conjugaison,  comme  par  exemi^le  wâza^'a  wila 
souïïeriv ,  dior.  y âuzaSi ,  impér.  ïm^'^^K  Par  ex.  en  face  du  cl.  yâHdu 
rfil  promets,  on  a,  dans  le  parler,  ytTçd  {'^'yauHdu  par  analogie 
avec  ivâ^ada).  Il  y  a  eu  ici  réduction  de  la  diphtongue  au^^^^  après 
passage  régulier  de  «  à  e  (cf.  plus  loin  et  p.  84)  et  fusion  de  cet  e 
avec  u,  d'où  fi,  enfin  dans  les  impératifs  tels  que  u^âd,  vocalisation 
de  u  après  la  chute  régulière  de  i  initial  *iuHd  >*îtW  d'où  ii^'âd 
(avec  l'allongement  analoc^ique  ordinaire  de  la  voyelle  ç);iv  a  été 
également  vocalisé  après  la  chute  de  la  voyelle  brève  qui  le  sui- 
vait aux  s*'"  et  i'*''  personnes  (masc.  et  fém.,  sing.  et  plur.)  du 
parfait  :  cl.  wazànla  :>'"wazânt  :>>*wzént  '>-uzént. 

/3.  On  a  vu  (p.  119  et  aussi  p.  187)  que  la  voyelle  brève  de 
l'impératif  masc.  sing.  de  tous  les  verbes  forts  ou  faibles  est 
allongée  à  Kfar^abîda.  Ceci  s'applique  naturellement  aussi  aux 
verbes  à  i""  radicale  w.  De  plus,  cet  allongement  s'est  même 
étendu  (par  analogie  avec  l'impératif)  à  l'aoriste  de  quelques 
rares  verbes  de  cette  dernière  catégorie  :  [b)yûsâl  rril  arrive ^7  (cl. 
yâsilu);  (h)ujqâf  crje  me  tiens  debout i?  (cl.  'àqifu).  Au  contraire, 
on  a  régulièrement:  (in)nûzçn  cmous  pesons 77  (cl.  nàzinu)-^  {h)yûhçh 
ffil  donner?  (cl.  yàhabii)\  etc. 

Trois  verbes,  savoir  wèsdl  cfil  est  arrivé 77  <:  cl.  wdsala;  wèzçn 
ffil  a  pesé 77  <ccl.  wàzana  ^iwàse"  ffil  a  contenu 77  <cwâsi''a,  qui  font 
à  faoriste  yiisâ!  (contre  cl.  yàsilii),yûz§n  (contre  yàzinu)^  et  yûsç^ 
(contre  cl.  yàsa^'u),  se  trouvent  en  concurrence  dans  notre  parler 
avec  les  formes  sâl,  zân  et  sâ*^,  qui,  ayant  les  mêmes  significations 
que  les  premiers  verbes,  se  conjuguent  exactement  comme  les 
verbes  à  2®  radicale  w  ou  y. 

Les  formes  sâl  ffil  a  atteint,  il  a  attrapé 77,  zân  ffil  a  pesé 77,  et 
sa*  ffil  a  contenu 77  relèvent,  sans  doute,  de  phénomènes  morpho- 
logiques d'une  très  haute  antiquité  et  se  rencontrent  dans  d'autres 
langues  sémitiques.  Mais  on  pourrait  les  expliquer  par  l'analogie 
des  impératifs  dialectaux.  Le  verbe  zân  fait  à  l'aoriste  (h)izîn,  à 
fimpératif  2^m,  exactement  comme  un  verbe  mediae  y,  tandis  que 
les  deux  auties  font  à  l'aoriste  (hysâl  et  (b)isâ\  à  l'impératif  sa/  et 
srt'  comme  des  verbes  présentant  la  voyelle  a  à  l'aoriste. 


('^  C'est-à-dire  *nia''  assimilé  de  *iuza. 

(^^  Celte  diplitongue  est  conservée  dans  qii(l(|iics  paricrs  modernes;  mais  elle 
y  passe  à  eu  (cf.  Mauçais,  Tlemcen,  p.  66-67). 


A 


MORPHOLOGIE. 


1/45 


c.  Verbes  a  !'•  radicale  y. 
Ci.  yâbisa  cfil  a  sécher  (intrans.)  >dial.  yçbos. 


SINGULIER. 

PLURIEL. 

CLASSIQUE. 

DIALECTAL. 

PARFAIT. 

CLASSIQUE. 

DIALKCTAL. 

3°  p.  m. . 

yâbisa 

>  yébds 

yâbisû 

>  yûbsu. 

3>.f... 

yâbisat 

>>  yébsçt. 

[yabisna) 

yôbsu. 

a"  p.  m. . 

yabista 

;>-  ibhst. 

yabistum 

>>  iboslu. 

a""  p.  f. . . 

yabisli 

>  ibostè. 

(yabisLiinna) 

ibostu. 

i"pers.. 

yabistu 

>  ibost. 

AORISTE. 

yabisnà 

>>  ibosna. 

3'  p.  m. . 

(yàibasu) 

{b)yîbds. 

(yaibasûna) 

(b)yîbsu. 

3'p.f... 

(tâibasu) 

(b)tibds. 

(yaibâsna) 

{b)yibsu. 

2^  p.  m.. 

(  tàibasu  ) 

{b)tibds. 

(  taihasûna  ) 

{b)tibsu. 

a'p.  f... 

(  taibasîna 

)       {b)lîbsè. 

[taibâsna) 

{b)tibsu. 

i"pers. . 

{'dibasu) 

{b)îbds. 
IMPÉRATIF 

{nàibasu) 

(m)ntbas. 

a' p.  m. . 

(ibas) 

ibàs. 

ïbasû 

>-  ibasu. 

a'  p.  f.  .  . 

îbasi 

>  ibdsè. 

{îbasna) 

ibésu. 

PARTICIPE  ACTIF. 

masculin 

yâbîsu^ 

>  yàbds. 

yabisîna 

>>  yabsîn. 

féminin 

yâbisaiu^ 

>  yâbsè. 

[yâbisâlvJ') 

yâbsin. 

De  la  classe  de  verbes  à  i''®  radicale  y  notre  parler  ne  connaît 
plus  que  yébûs,  qui,  on  le  voit,  suit  une  conjugaison  parallèle 
à  celle  des  verbes  à  i'®  radicale  w;  y  di  été  vocalisé  en  i  aux  i''^  et 
2°  personnes  (masc.  et  fém.,  sing.  et  plur.)  du  parfait;  la 
diphtongue  ai  de  Taoriste  a  été  partout  réduite  à  l^^\  La  voyelle 
longue  ï  de  Timpératif  classique,  qui  résulte  de  la  fusion  de  i  et 
de  y,  n'a  pas  eu  l'occasion  de  se  produire  dans  notre  dialecte.  Il 
faut  partir  ici  encore  de  la  forme  préhistorique  *i-ijbâs.  D'après 
les  règles  phonétiques  reconnues,  i  bref  inaccentué  tombe.  Reste 
alors  y  y  qui  est  obligé,  lui,  de  fonctionner  comme  voyelle,  d'où 
ibâs  (toujours  avec  allongement  analogique  de  à). 


2.  Verbes  a  2®  radicale  faible  {^f^  thème). 

Gomme  à  l'initiale,  le  verbe  trilitère  peut  être  faible,  du  fait 
qu'il  s'agit  d'un  '  (hamza),  d'un  w  ou  d'un  y,  seconde  radicale. 

^^^  Par  le  même  processus  que  pour  yuçd  <:Z*ydu'idu,  à  savoir  *  yéibas  > 
yîbes. 


PARLER  DE  KFAR  ABIDA. 


10 


U6 


DEUXIEME    PARTIE. 


a.   Verbes  mediae  hamza. 
Cl.  sâ'ala  cf  il  a  interrogée  >  dial.  sâ'al. 


PARFAIT. 


SINGULIER. 

CLASSIQUE.  DIALECTAL. 


3'  p.  m. .  saala 

3'  p.  f. .  .  saalat 

2'  p.  m.  ,  sac'dta 

2^  p.  f. .  .  saàlti 

i"pers. .  sadltu 


3"  p.  m. 
3'  p.  f.  . 
9'  p.  m. 
q"  p.  f.  . 
l'^pers.. 


yâs'alu 

làs'alu 

tds'alti 

tas'al^na] 

'às'alu 


a' p.  m.  .    (is'âl) 
2' p.  f.  .  .  (is'ali) 


masculin    sâ'ilu'^ 
féminin     sailatu" 


saaL 
salçl. 
s'ait, 
s' dite, 
s'ait. 


AORISTE. 


[b)yés'al. 

(h)lés'al. 

[byés'al. 

{b)lés'lè. 

{b)os'al. 


s'âl. 
s'àlè. 


PLURIEL. 

CLASSIQUE.  DIALECTAL. 


IMPERATIF. 


sd'alû 
(sa  dîna) 
sa'dltum 
(sa'altûnna) 
sa'dlnâ 


yas'alû[na] 
(y  as' dîna) 
tas'alû[na] 
[tas' dîna) 
nds'alu 


isdlû 
(is'alna) 


PARTICIPE  ACTIF. 


saçl. 
salé. 


sa'ilina 
[saildtu^) 


sa  lu. 
sa  lu. 
s'dltu. 
s'dltu. 
s'âlna. 


(b)yés'lu. 
(bjyés'lu. 
{b)tés'lu. 
[b)tés'lu. 
[m)nés'aL 


s'dlu. 
s'dlu. 


salin, 
salin. 


En  principe,  le  parler  de  Kfar*'abîda  ne  connaît  plus  de  verbes 
Irilitères  mediae';  on  sait  qu'ils  sont  déjà  très  rares  en  classique 
et  l'on  a  vu  dans  la  phonétique  que  le  ^  intervocalique  et  post- 
vocalique  doit  disparaître.  Ceux,  très  rares  d'ailleurs,  qu'on  ren- 
contre dans  le  parler,  tels  que  sa  al  ffil  a  interrogée  <c  cl.  sà'ala, 
zaar  ff  il  a  grondé  quelqu'un,  il  a  fixé  les  yeux  avec  colère  sur  quel- 
qu'une <cl.  u'i'ani  fril  a  mugie,  et  les  quadrilitères  tels  que  hahç' 
ffil  a  ri  aux  éclatse  <ccl.  haha'a,  nanç'  ffil  a  parlé  avec  diffi- 
culté', il  a  pleurniché^,  etc.,  s'expliquent  tous  soit  par  l'influence 
du  classique,  soit  par  le  fait  que  ce  sont  des  mots  expressifs 
(onomatopéiques).  Ces  verbes  conservent  partout,  comme  on  le 
voit,  leur  hamza  radical,  et  se  conjuguent  d'une  façon  tout  à  fait 
conforme  au  type  classique. 

Remarque.  —  Je  ne  connais  pas  de  verbes  trilitères  classiques 
mediae  \  qui  aient  perdu  à  Kfar'^abîrla,  purement  et  simplement, 
leur  hamza  ou  (jui  se  soient  confondus  avec  les  verbes  mediae  ir  ou 
y,  comme  cela  s'est  pariois  produit  dans  d'autres  parlers  (cf. 
M.  Cohen,  p.  37). 


MOUPHOLOGIK. 

b.   Verbes  mediae  w. 
Cl.  sâma  tfil  a  jeûné  ^^  :>  sâm. 


SINGULIER. 

CLISSIQUB.  DIALRGTAL. 


PLURIEL. 

CLASSIQUE.  OIALKUTAI.. 


Mil 


PARFAIT. 

3'  p.  m. . 

sâma 

>>  sâm. 

sâmû. 

>  sâmn. 

3-p.f... 

sâmat 

>  sâmdt. 

(  sûmna  ) 

sâmu. 

a*  p.  m. . 

sûmta 

>  sémt. 

sûmtum 

>  sgmtu. 

2«  p.  f... 

sûmti 

>  sômlè. 

(  sumtûnna  ) 

sàmtu. 

1  "  pers. . 

sûmtu 

>»  sémt. 

AORISTE. 

sûmnâ 

>  sémna. 

3«  p.  m. . 

yasûmu 

>>  {b)isûm. 

yasûmû[na] 

>  {b)isûmu. 

S'p.f... 

tasûmu 

>  {bo)tsûm. 

[yasûmna) 

[b)isûmu. 

a'  p.  m. . 

tasûmu 

>  {bô)fsûm. 

tasûmû\na\ 

>  [bô)lsûmu 

a*p.  f. .. 

tasûmi[na] 

>  (bojtsûmê. 

(tasûmna) 

{b6)tsûmu 

1  ""  pers. . 

'asûmu 

>  (b)sûm. 

IMPÉRATIF. 

nasûmu 

>  (mo)nsMm 

2*  p.  m. . 

(sûm) 

sûm. 

sûmû 

>  swm«. 

a'p.  f.  .  . 

sûmi 

>  smné. 

(  sûmna  ) 

sûmii. 

PARTICIPE  ACTIF. 


masculin    saimu"' 
féminin      saimatuP 


sayçm. 
sâimé. 


sa  tmina 
(  saimâtu'^  ) 


c.  Verbes  mediae  y. 
Ci.  'flsa  «il  a  vécuw  >-  ^as. 


saimm. 
sàimin. 


SINGULIER. 

PLURIEL. 

CLASSIQUE 

DIALECTAL. 

CLASSIQUE. 

DIALECTAL. 

PARFAIT. 

y  p.  m. . 

'âsa 

>  'às. 

'asM 

>  'asM. 

3>.f... 

'âsat 

>  'âsçt. 

(Vsna) 

'as?/. 

2*  p.  m. . 

't'sta 

>  'est. 

'istum 

>  'éstu. 

2>.  f... 

\'sti 

>  'esté. 

(  'istûnna) 

'éstu. 

i"pers.. 

Hstu 

>  'est. 

AORISTE. 

'isnâ 

'ééna. 

3'  p.  m. . 

ya'isu 

>  {byis. 

ya'îëû[na] 

>  (byîsu. 

3>.f... 

taHsu 

>>  {bo)tHs. 

[ya'tsna) 

{b)iUu. 

2*  p.  m. . 

la'isu 

>  (6o>  u. 

ta'nû[na] 

>  [bôyisu. 

2'  p.  f... 

ta'ui[tia^ 

>  {bô)t'isê. 

[taUna) 

{bô)Cisu. 

l'^'peis. . 

'a'im 

>  (ô/is. 

na'isu 

>  [mo)nis  ^^) 

forme  an< 

tienne  a 

é 

té  évidemment 

ici  *  bi-iia'isu  >  *  mrCîsu. 

L'f  a  été 

réintroduit  pour  résoudre  le  groupe  incommode  de  trois  consonnes  à  l'initiale, 
conséquence  de  la  chute  de  a  prétonique. 


10. 


\àS 


DEUXIE3IE    PARTIE. 


2* p.  m..   (Vs) 
2*p.  f.  .  .  'isi 


masculin    'aûu'* 
féminin     'aisatu" 


IMPERATIF. 

ÎS. 

Hsû 

isê. 

Çûna) 

PARTICIPE  ACTIF. 


ayçs. 
aise. 


a  isma 
'aisdtu" 


isu. 
'isu. 


main, 
'âisin. 


d.  Verbes  médite  w  ov  y  présentant  à  \  l'aoriste. 
Cl.  nâma  «  il  a  dormi  w  >»  nâm. 


SINGULIER. 

CLASSIQUE.  DULEGTiL. 


PLURIEL. 

CLASSIQUE.  DIALECTAL. 


3"  p.  m. 

nâma 

riinr  AXA . 

>  ntmi. 

nâmû 

>  nâmu. 

3''p.f.. 

nâmal 

>  nàmdt. 

(mmna) 

nàmu. 

2"  p.  m. 

.  nimla 

>  némt. 

m'mtum 

>  némt  a. 

2*  p.  f.  . 

nimti 

>  némtè. 

(nimtûnna) 

nâmlu. 

1  "  pers. . 

nimlu 

>  nâmt. 

aoriste. 

ni'mnâ 

>  némna. 

3"  p.  m. 

yandmu^^^ 

>  {h)inàm. 

yanâmû[na] 

>  [b)inamu. 

3>.f.. 

tanâmu 

>>  {bô)lnam. 

(yanàmna) 

[b)inam,u. 

2'  p.  m. 

tanâmu 

>>  {ho)tnâm. 

tanàmû[na] 

>  [b6)tnamu 

2'  p.f.. 

tanàmi[na] 

>-  {bô)tnamè. 

(tandmna) 

[bô)lnâmu 

i"pers. . 

'andmu 

>  {h)nàm. 

IMPÉRATIF. 

nandmu 

;>>  {inô)nnam 

2*  p.  m.  . 

(ndm) 

nàm. 

nâmû 

>  nâmu. 

2'p.  f. . 

.  ndml 

>>  nàmê. 

(nàmna) 

nâmu. 

PARTICIPE  ACTIF. 


masculin    naimu^ 
féminin      naimalu'^ 


noyçm. 
nâimé. 


na  tmina 
(nâ'iVnafw") 


nntmin. 
nâimin. 


Le  classi(iue,  on  le  sait,  dislin^jue  dans  la  conjugaison  trois 
catégories  de  veibcs  mcdiac  w  ou  y,  suivant  que  l'aoriste  présente 
entre  les  seconde  et  troisième  radicales  un  u,  un  i,  ou  un  a.  Le 
parler  de  Kfar'^abîda  conserve  distinctes  ces  trois  catégories  de 
conjugaison  soit  au  parfait  soit  à  l'aoriste. 

A  l'impératif  masc.  sing.,  on  a  dialeclalement,  par  analogie 

(')  yandniu  suppose  * yanawamu  (comme  le  pf.  nâma  suppose  *nawama),  au 
lieu  de  *yanw'lumu  que  l'on  attendait,  formes  classiques  :  nawima,  *yan- 
wamu. 


I 

I 


MORPIIOLOr.lK. 


l/»9 


avec  Taoriste  et  avec  les  autres  personnes  de  Timpëratif,  les 
voyelles  l()n})ues  ï,  ù  et  à  en  face  des  classiques  i,  u,  a.  Ex.  :  en 
face  des  classiques  (jûni  cf  lève- toi  •>■' ,  m/7  w  penche-toi  r»,  A^f/*  (racine 
h-w-f)  ffciains^,  on  a  dans  le  parler  'jqùm,  mil,  hâf  pav  analo- 
gie avec  yaqùnm  ou  qûml ,  yamilii  ou  mîll,  yahâju  ou  hcifa,  etc.  On 
s'explique  par  là  que  les  formes  dialectales  telles  que  'lqûm,mîl, 
hâf  aient  influencé  analogiquement  Timpératif  raasc.  sing.  des 
verbes  forts,  après  que  ce  dernier  fût  devenu  monosyllabique 
(cf.  p.  i38). 

Au  participe  actif,  le  hamza  qui  suivait  immédiatement  à  long 
{lype  qailu")  a  passé  à  y  par  assimilation  à  la  voyelle  i  qui  le 
suivait,  d'où  ^'jqâyUiC'  >  'jqâyçl;  à  son  tour  y  se  vocalise  ré- 
gulièrement après  la  chute  de  la  voyelle  brève  qui  le  suivait 
au  singulier  fe'minin  et  au  pluriel  masculin  et  féminin  :  sâ- 
^imu^  (masc.  sing.)  >  sàyçm;  saimalu'^  (fém.  sing.)  ^sàyimê 
>  sâimé.  Rappelons  qu'ici  i  (<y)  forme,  comme  il  a  été  dit 
plus  haut,  une  syllabe  indépendante  et  ne  se  joint  nulle- 
ment à  la  voyelle  longue  à  qui  précède  pour  former  avec  elle 
une  diphtongue  à  premier  élément  long.  Voir  plus  haut. 


3.  Verbes  à  3®  radicale  faible  (i^^"  thème). 

Le  verbe   trilitère  peut  avoir   comme   3^  radicale   faible  un 
hamza  ("*),  un  w  ou  un  y. 


a.  Verbes  tertiae  hamza. 
Cl.  hàmia  «il  s'est  fâchéw>dial.  hàmd*. 


SINGULIER. 

PLURIEL. 

CLASSIQUE. 

DIALEGTiL. 

PARFAIT. 

CLASSIQUE. 

DIALECTAL. 

3'  p.  ra. 

hàmia 

> 

hàmd'. 

hàmi'û 

>  hchnu. 

3*  p.  f.  . 
a®  p.  m. 

Mmiat 
,  [hamita) 

>■ 

hàmçt, 
lima  t. 

[hamina) 
[hamitum) 

hàmu. 
hmatu. 

a>.;f.. 

i"pers.. 

.  [hamiti) 
(hamitu) 

hmatè. 
hmat. 

AORISTE. 

(  hami'tûnna  ) 
(hamt'nâ) 

hmalu. 
hmana. 

3»  p.  m. 
3*  p.f.. 
2*  p.  m. 
2'  p.  f. . 
i"pers. . 

.  [yâhma'u) 
.  (tâlima'u) 
.  [tàhmau) 
.  tahmai[na 
{'âlpnau) 

> 

{b)yehmo\ 
{b)téhmo. 
[b)téhmo\ 
[byéhm'è. 
[b)olmo'. 

yahmaû[nà] 

\yahmana) 

ta}imaû\na\ 

(tahmana) 

[nàhmau) 

>-  (b)yçhm'u. 

ib)yéhmu. 
>>  {b)téhrnu. 

{b)téhm'u. 

{nijnéhmo' 

150  DEUXIÈME    PARTIE. 


IMPERATIF. 

9*  p.  m.  . 

[ihimi') 

hmo.                 (  ihmaii  ) 

hmù^u. 

a-'p.  f.  . 

[ihmui) 

limdè.                (îhmana) 
PARTICIPE  ACTIF. 

hmô'u. 

masculin 

hâmiu^ 

> 

h,àmd\               hâmima 

> 

httïïi'în 

féminin 

hâmiatu^ 

> 

huma.               [hâmViUu" 

) 

hâmin 

a.  Comme  il  a  été  dit  à  propos  du  hamza  (p.  7),  notre  par- 
ler, ainsi  que  Timmense  majorité  des  dialectes  arabes  modernes, 
ne  connaît  plus,  en  principe,  de  verbes  dans  lesquels  hamza 
3**  radicale  soit  conservé.  Les  rares  verbes  de  ce  type,  qui  sont 
encore  usités  à  Klar^abîda,  s'expliquent  tous  par  une  confusion; 
ainsi  hànid' ^^\  aux.  yeux  des  sujets  parlants,  correspond  non 
pas  au  classique  hami'a,  mais  plutôt  à  hamiqa,  bien  que  ce 
dernier  soit  employé  dans  le  sens  de  ffêtre  sot,  stupide??^'-^,  ou 
parce  quil  s'agit  de  mots  expressifs  (onomatopéiques)  comme 
hahç^  wil  a  ri  aux  éclats^?  <c.}ialia'a;  zaze  w il  a  parlé  à  tort  et  à 
travers,  il  a  dit  des  riens  (sens péjoratif)^,  cf.  zaza'a  ffil  a  appelé 
le  cbameau  à  Tabreuvoir-n; /rt//  ffil  a  bégayé  on  prononçant  la 
consonne /^î  et  par  extension  rril  a  dit  des  bêtises,  des  choses 
inutiles  r>. 

La  conjugaison  de  ces  verbes,  qui  conservent  leur  ^  à  la  finale, 
est,  ainsi  qu'on  Ta  vu,  généralement  conforme  à  celle  du  classi- 
que, et  tout  s'y  passe  comme  s'il  s'agissait  d'un  verbe  fort. 

Dans  toutes  les  personnes  du  parfait  autres  que  les  S*"'  (masc. 
et  fém.,  sing.  et  plur.),  la  seconde  voyelle  t^^^  a  passé  à  a  (en 
syllabe  fermée),  sous  l'influence  de  la  faucale  "*  qui  la  suivait. 

A  l'aoriste ^-^^j  la  seconde  voyelle  a  a  partout  passé  à  0,  par 
innovation  morphologique,  en  ce  sons  qu'en  face  du  parfait 
haima  a  été  créé  un  aoriste  ^yahmuu,  d'où  yéhmo  (cf.  plus  haut, 
p.  187. 

/3.  Comme  en  araméen^^^  et  dans  l'ensemble  des  dialectes 
arabes  modernes^^^,  les  verbes  tertiae  '  (à  n'importe  quelle  forme) 
ont  été  régulièrement  ramenés  à  la  catégorie  de  verbes  tertiae  y, 
et  ne  forment  plus  actuellement   à  Kfar'^abîda  qu'une  seule  et 

(')  II  serait  peut-être  plus  exact  de  transcrire  par  hmid'jq.  Dans  toute  une 
partie  du  Maghreb  hâmoq  est  «s'emporter  mai  à  proposa.  Par  conséquent,  il 
est  probable  que  dial.  hâina'  représente  bien  le  cl.  hamiqa  (Marçais). 

(2)  Cette  confusion  n'e>t  pas  rare  dans  le  parler.  Cf.  (p.  27)  'jqàh}!  ttil  a 
toussén,  en  face  du  cl.  \iljha. 

(•'')  Dans  l'exemple  choisi. 

(*)  Bien  entendu ,  ceci  s'applique  aussi  à  Timpéralif. 

(^)  Cf.  Brockelmann,  p.  191. 

(«)  Cf.  Marçais,  Saïda,M.  S.  L,  t.  XIV,  p.  /i35;  M.  Cohen,  p.  19a. 


MORPHOLOGIE. 


151 


même  classe  avec  ceux-ci.  Ex.  :  (cl.  qaran)^  (liai,  yqèï-è  w  il  a  lu^^; 
(cl.  bada'at)^  (liai,  hodiji't  fclle  a  coiniiienceS^;  (cl.  hali'nâ)^  dial. 
Ijlhia  ffiioiis  avons  pèche •>•>;  (cl.  qdvall).,  dial.  ^jqnlè  ffla  as  lu 77 
(rém.);etc.  Tout  se  passe  ici  comme  s'il  s'agissait  de  la  conjugai- 
son d'un  verbe  teviiae  y  (avec  i  après  la  seconde  radicale),  de 
nasiya  ffil  a  oublie' 77,  par  exemple. 

b.  Verbes  tertiae  y. 


1.  Type  qatala  :  yaqtilu. 
Cl.  bàkà  (aor.  yàbh)  tfil  a  pleuré  77,  cf.  dial.  hèkè. 


SINGULIER. 

PLURIEL. 

CiiSSIQUB. 

DliLBCTÀL. 

PARFAIT. 

CLASSIQUE. 

DIALECTAL. 

3'  p.  m. . 
3'p.r... 
2°  p.  m. . 
2-  p.f... 
1  "  pers. . 

[bâkâ) 
( bâkat  ) 
(bakâita) 
(bakâiti) 
(  bakâitu  ) 

bakè. 

bokyçt. 

bkît. 

bkilè. 

bkît. 

AORISTE. 

(bâkau) 
[bakâina) 
(  bakâitum  ) 
{bakaitàana) 
( bakâinâ ) 

bokyu, 

bokyu. 

bkilu. 

bkilu. 

bkînn. 

3*  p.  m.. 
3*  p.f... 
a*  p.  m., 
a'  p.f... 
i"pers. . 

yâbkt 

tâbkî 

tâbkî 

tabki[na] 

'âbkî 

>  {b)yûbkê. 

>  {b)tàbkè. 

>  {b)làbkè. 
:>  {b)tôbkè. 

>  \l})àbkè. 

IMPÉRATIF, 

yabkû[na] 
[yabkina) 
tabkà[iia^ 
(  tabkina  ) 
nâbkî 

>  {b)ydbku. 
(b)y0bku. 

>»  {b)l0bku. 
(bjldbku. 

>  [nijnobkê. 

a°p.  m. . 
9"p.  f. .. 

ibki 
,    ibkî 

>  bku 

>  bk{. 

ibkû 
(  ibkina  ) 

>  bkû, 
bkû. 

PARTICIPE  ACTIF. 

masculin 
léminin 

bâkr 
bâkiyatu^ 

:>  bàkè. 

>  bâkyè. 

(  bâkîna  ) 
[bàkiyâtu") 

bâkyîn. 
bâkyin. 

2.  Type  qatila  :  yaqtalu. 
Cl.  nasiya  (aor.  yansà)  ffil  a  oublieT?  >  dial.  nçsé. 


SINGULIER. 

PLURIEL. 

CLASSIQUE. 

DIALECTAL. 

PARFAIT. 

CLASSIQUE. 

DIALECTAL, 

3'  p.  m.. 

,  nasiya 

>  n^'sê. 

( nâsû ) 

nésyu. 

3"  p.f... 

,  nasiyat 

;>  nésyçt. 

(nasina) 

nésyu. 

2*  p.  m.. 

.  nasîta 

;>  nstf 

nasitum 

>  nsîtu. 

9>.f.  ., 

,  nasîti 

>  nsifê. 

(nasitûnna) 

nsîtu. 

i"pers. . 

nasitu 

>  nsîf. 

nasinâ 

>  nsma. 

152 


DEUXIEME    PARTIE. 


AORISTE. 

3"  p.  m.. 
3-=  p.f... 
2*  p.  m.. 
9^  p.f... 
i"pers. . 

yânsd 

tânsà 

tânsà 

(tansâina) 

'ansà 

>  {h)yénsa. 

>  {b)ténsa. 

>  (b)ténsa. 
{b)ténsè. 

>  {b)dnsa. 

IMPÉRATIF. 

[yansâtuia) 
(yansâiaa) 
(  tansâuna  ) 
(  tansâina  ) 
nansà 

(b)yénsii. 
{b)yénsu. 
(b)t.énsu. 
{b)lénsu. 
>  [m)nénsa 

2*  p.  m. . 
2'  p.  f.  .  . 

insâ 
{insâi) 

>>  nsâ  (1). 

(insâu) 
(insâina) 

nsû. 
nsû. 

PARTICIPE  ACTIF. 

masculin, 
fémirin. . 

nâst!' 
nâsiyatu" 

>  nâsè. 

>  nâsyê. 

(  nasina  ) 
{nàsiyâtu") 

nasyîn. 
nàsyîn. 

a.  Comme  les  verbes  tertiae  hamza,  tous  lesverbes  tertiae  w  ont 
été  ramenés  dans  notre  parler  à  la  classe  des  verbes  tertiae  y,  par 
exemple  (cl.  yazmmà)^  dial.  yzîna  wnous  avons  attaqué 77;  (cl.  Aa- 
lâutum)^  hlîtu  wvous  avez  été  douxT?;  etc. 

La  confusion  de  la  classe  à  3^  radicale  iv  avec  celle  des  verbes 
à  3^  radicale  y  est  très  ancienne  et  existait  déjà  dans  la  plupart 
des  langues  sémitiques,  par  exemple,  en  hébreu  et  en  araméen 
(cf.  Brockelmann,  p.  190-191).  On  sait,  au  reste,  que  Tarabe 
classique  lui-même  ne  fait  de  distinction,  entre  ces  deux  catégo- 
ries de  verbes  faibles,  qu'au  P'^  thème.  Dans  tous  les  autres 
thèmes,  il  les  confond  toujours;  p.  ex.  "'aUmta  wtu  as  élevé  en  di- 
gnité 7'),  IP  thème  de  Wâ  \\J^-Pw). 

(3.  Des  deux  types  classiques  qatala  :  yaqtilu  et  qalila  :  yaqtalu, 
c'est  le  second  qui  tend  à  remplacer  le  premier  au  parfait,  tandis 
qu'inversement  à  l'aoriste  (et  à  l'impératif),  c'est  le  premier  qui 
est  en  train  de  supplanter  le  second.  Ainsi,  hâkâ  (type  qatala: 
yaqtilu)  est  représenté,  à  Kfar^abîda,  non  pas  par*WYf(^^,  mais 
par  bdlié,  analogique  de  nésé,  qui  provient  phonétiquement  de 
nasiya  (type  qatila  :  yaqtalu).  Il  en  est  de  même  de  bakat  welle 
a  pleuré'^,  en  face  duquel  on  a  le  dialectal  hokyçt,  sous  l'in- 
fluence de  7içsyçt  welle  a  oublié  -<  cl.  nàsiyat.  A  son  tour,  l'ana- 
logie de  bôkyçt,  combinée  avec  celle  de  nésyçt,  s'est  étendue  à 
la  3^  personne  du  pluriel  qui  n'a  pas  de  y  en  classique  :  bô- 


(^)  La  forme  antérieure  était  sans  doute  *insai,  Iransformée  en  nsâ  par  ana- 
logie avec  Taoriste. 

(^)  nsi  suppose  au  contraire  *insiyi,  avec  un  vocalisme  analogique  à  celui 
du  parfait. 

'^^^  On  l'a  vu,  en  efiet  (p.  117),  toute  voyelle  longue  à  s'abrège  à  la  finale 
et  conserve  toujours  son  timbre  pur;  cf.  dûnyà  ffraondcj?  >  dunya. 


MORPHOLOGIE.  153 

^^M  ffils  ont  pleiireT»  et  nésyu  wils  ont  oubliéi^,  contre  cl.  bâkaii 
et  ndsîi.  De  même,  le  parallélisme  est  complet  entre  les  i"^*"* 
et  2"  personnes  au  parfait  des  deux  types  :  en  face  de  baJminà 
ffnous  avons  pleuréi^,  hahmjd  ce  tu  as  pleuré^?,  etc.,  le  parler 
présente  hhîna  et  bhh,  sous  Tinlluence  analogique  de  nsina  et 
nstl,  qui  sont  réguliers  et  proviennent  des  classiques  nashià  et 

Inversement,  c'est  sous  l'influence  analogique  des  personnes 
correspondantes  du  type  qalala  :  yaqlilu,  que  la  2''  pers.  fém. 
sing. ,  les  1"^°  et  s*"  pers.  plur.  de  l'aoriste  et  la  2°  pers.  sing. 
fém.,  enfin  la  2*"  pers.  masc.  plur.  de  l'impératif  du  type  qatila  : 
yaqlalu  ont  remplacé  leurs  diphtongues  cm  et  ai  par  û  et  ï  : 
tans{il[na]  tftu  oublies?^  (fém.),  yansâ]i[na]  ce  ils  oublient^,  etc., 
sont  représentés  à  Kfar*^abîda  par  {h)ténsê  et  {h)yénsu,  lesquels 
sont  analogiques  de  tahhi\_ïi(i\  et  yahhà\na\  >  tèhliè  et  yôhJai.  De 
même,  en  face  des  impératifs  fém.  sing.  insài  ff oublie 7^,  et 
masc.  plur.  insàii  woubliez??,  on  a  nsi  et  nsû,  sous  Tinfluence 
analogique  de  hhi  et  hkû,  représentants  réguliers  des  classiques 
ihki  et  ihMi,  qui  ne  sont  qu'en  apparence  des  dissyllabes,  mais 
en  réalité  des  monosyllabes  avec  une  voyelle  initiale  de  se- 
cours (^l 

Au  participe  aclif  masc.  plur. ,  on  voit  apparaître  un  y  ana- 
logique qui  n'existait  pas  à  cette  forme  à  l'époque  classique  : 
hàhyin  w  pleurant 77,  et  nâsyîn  woubliant^^ ,  contre  cl.  bâkîna  et 
nâstna. 

Il  est  à  remarquer  qu'à  l'impératif  sing.  masc.  du  type  qatala  : 
yaqtilu,  la  semi-voyelle  y  apparaît  fondue  en  ï  avec  Yi  de  l'aoriste, 
et  que  les  deux  personnes,  masc.  et  fém.  sing.,  se  confondent 
à  Kfar^abîda  :  ibki  fc pleure 77  (masc.)  et  ibkî  ^^pleure^-»  (fém.)  sont 
représentés  par  la  forme  unique  bki,  ce  qui  tient  à  ce  que  l'impé- 
ratif étant  devenu  monosyllabique  au  masculin,  la  finale  -iy  > 
ï  n'a  pas  perdu  sa  quantité,  comme  elle  a  fait  en  classique  où  la 
forme  était  dissyllabique.  Les  impératifs  T  p.  sing.  fém.  et  masc. 
restent  naturellement  distincts  dans  les  verbes  du  type  qatila  : 
yaqtalu;  ex.  irdâ  (masc.)  waccepte^?,  dial.  rcjâ,  mais  inM  (fém.) 
ff accepte 77,  dial.  rdi.  De  même,  la  distinction  de  la  2^  pers. 
fém.  sing.  de  l'aoriste  d'avec  les  autres  personnes  est  sacrifiée 
dans  le  type  yaqtilu,  tandis  qu'elle  est  conservée  dans  le  type 
yaqtalu. 

^^^  Cette  influence  analogique  rend  compte  de  l'apparente  réduction 
de  la  diphtongue  ai,  qui  est  inexplicable  selon  les  lois  phonétiques  du 
parler. 

(^^  Une  longue  de  monosyllabe  reste  (relativement)  longue  dans  les  conditions 
où  une  longue  fmale  de  polysyllabe  altère  sa  quantité  et,  par  conséquent,  son 
timbre. 


\bà 


DEUXIEME    PARTIE. 


y.  En  règle  générale,  la  voyelle  finale  de  la  3®  pers.  masc. 
sing.  du  parfait  et  de  toutes  les  personnes  sing.  ainsi  que  de  la 
i'*  pers.  pi.  de  l'aoriste  est  toujours  -é  dans  les  verbes  tertiae  y  du 
type  qatala  :  yaqtilu;  ex.  :  hélé  ff  il  a  raconté ^7 ,  cf.  cl.  hàkâ;  {b)yéhhé 
ffil  raconte^  <:  cl.  yâhkï ;  mèsê  ffil  a  marché •»•»,  cf.  cl.  màsà; 
(injnémsê  ffnous  marchons^?  <cl.  ndmsï^^^  ;  etc.  La  voyelle  est 
également  -é  à  la  3®  pers.  masc.  sing.  du  parfait  des  verbes  du 
type  qatila  :  yaqtalu,  mais  elle  est  a  à  la  i*"^  pers.  plur.  et  à 
toutes  les  personnes  sing.  de  l'aoriste  du  même  type  (sauf  à  la 
2°  pers.  fém.  qui  est  en  -ê). 

à.   Verbes  a  ^^  et  3^  radicales  identiques  [verbe  sourd] 

(i^^'  thème) 
Cl.  hàssa  tfil  a  sentie  >dial.  hâs*. 


SINGULIER. 

PLURIEL. 

CtiSSIQUE. 

DULECTAL. 

PARFAIT. 

CLASSIQUE. 

DIALECTAL. 

3"  p.  m. . 

hâssa 

>  h(is'. 

hâssû 

>  hâssu. 

3'p.f. .. 

hâssat 

>  hâssçt. 

(hasàsna) 

hâssu. 

2'  p.  m. . 

( hasâsta  ) 

hessâit. 

(hasdslum) 

hessâitu. 

2'  p.f. .. 

(hasàsti) 

hessàitê. 

[hasastànna] 

hessâitu. 

i"pers. . 

(Jiasâstu) 

hessciit. 

AORISTE. 

[hasiisnà) 

hessdina. 

3"  p.  m.. 

yahtssu 

>  {b)ihés\ 

yahtssû[na] 

>  {b)ihéssu. 

3' p.f... 

tahi'ssu 

>  {bô)lhés\ 

(yahsisna) 

(b)ihéssu. 

2*  p.  m. . 

tahissu 

>  {bo)t'hés\ 

tahi8sû[na] 

:>  {bô)t.hèssu. 

2^  p.  f.  . . 

{tahissina) 

{bô)théssè. 

[tahsîsna) 

(bo)lhéssu. 

i^'pers. . 

'ahîssu 

>  {h)hés\ 

IMPÉRATIF. 

nahtssu 

>  [nio)nhés'. 

2*  p.  m.  . 

(ihsis)^  hissa  X>  h,és\ 

h'ssû 

;>>  héssu. 

a-'p.  f. .  . 

hissî 

>  héssè. 

[ihsisna) 

héssu. 

PARTICIPE  ACTIF. 

masculin 

(  hâssu"  ) 

hàsçs. 

hassîna 

>>  M'sîn. 

féminin. 

hdssatu" 

>  hà'sè. 

(hâssâtu") 

hâ'sin. 

a.  Au  singulier,  les  formes  dialectales  de  la  3"  pers.  masc. 
et  fém.  du  parfait,  toutes  celles  de  l'aoriste  (sauf  la  2*^  fém.  qui 
a  été   expliquée   plus  haut),  celles  enfin   de  l'impératif  et  du 

(')  On  dit  cependant  bàka  au  lieu  de  bdké  dans  le  proverbe  suivant  :  darâ- 
bnè  ubi'tJca  sabalfjnè  wdstàha  «il  m'a  frappé  et  il  a  pleuré,  il  m'a  devancé  pour 
se  plaindrez,  mais  c'est  sous  l'influence  de  la  rime, 


MORPHOLOGIE.  155 

participe  actif  fom.  proviennent  phonétiquement  des  formes  clas- 
siques corres[)ondantes. 

Au  pluriel,  on  n'a,  comme  formes  ré^j^ulièrement  phonétiques, 
que  la  3*^  pers.  masc.  du  parfait,  les  i'",  a^  et  3"  de  Taoriste,  la 
9."  maso,  de  l'impéralif  et  le  participe  actif  du  masculin.  Quel- 
ques-unes des  autres  formes  du  pluriel,  comme  les  S''  et  supers, 
lem.  du  parfait,  de  l'aoriste  ou  de  l'impératif,  les  3^  et  2^  pers. 
masc.  de  l'aoriste,  ont  été  déjà  explique'es  à  propos  du  verhe  fort 
(V'''  thème);  reste  à  interpréter  les  autres  formes. 

Sauf  au  participe  actif  masc.  sing. ,  lequel  demande  une  expli- 
cation à  part,  notre  parler,  comme  la  plupart  des  dialectes  arabes 
modernes,  a  étendu  analogiquement  à  tout  le  verbe  la  forme  de 
la  3^  personne  classique  du  parfait,  dont  la  2®  voyelle  a  été 
éliminée.  Ensuite,  une  diphtongue  fli^^)  s'est  introduite  entre  les 
désinences  et  la  racine  aux  i'^'  et  ^''^  pers.  masc.  et  fém.  sing.  et 
plur.  du  parfait,  ceci  par  analogie  avec  les  mêmes  personnes  du 
IP  thème  (intensif)  des  verbes  tertiaey  :  ainsi  hessmt  rrj'ai  senti  )7  et 
hessàina  crnous  avons  senti  77  en  opposition  avec  cl.  hasâstu  et 
hasâsnâ,  ont  été  formés  analogiquement  sur(p.ex.)Z>6Hïiii  fcj'ai  fait 
pleureriT  et  hohlàma  wnous  avons  fait  pleurer 75,  qui  proviennent 

des  cl.  hahhàiju  et  bahhàinà  \^\/b-k-y),  cf.  plus  loin,  p.  i65.  Il 
en  est  de  même  des  diverses  formes  de  2^  personne  du  par- 
fait (2). 

Le  participe  actif  masc.  sing.  est  à  Kfar^abîda  hâsçs,  alors 
qu'on  attendrait  régulièrement  *hns%  le  classique  étant  lui- 
même  hâssu".  L'anomalie  ici  n'est  qu'apparente  et  s'explique 
par  une  analogie  plus  ancienne  qui  a  ses  raisons  dans  le  fond 
même  du  parler.  Celui-ci  tenait  sur  ce  point,  comme  il  a  fait 
pour  l'ensemble  des  formes  verbales,  à  conserver  intacte  la 
physionomie  classiqyie  du  participe  fiâssii",  et,  par  conséquent,  son  à 
caractéristique;  or,  on  l'a  vu  (p.  io5),  à  propos  du  vocalisme, 
il  ne  supporte  pas  une  voyelle  longue  en  syllabe  fermée  par  un 
groupe  de  consonnes (^^  :  le  cl.  hàssu"  devait  donc  aboutir  à  Kfar- 
*abîda  après  la  chute  régulière  de  -w"  ou  bien  à  la  forme  *hàs' 
(cf.  class.  hâddii"  ((\{ïv  >dial.  Md'^),  on  h'ien  à  la  forme  ^hâs[ci. 
cl.  ""âDimii"  w universel,  communal  >-dial.  ^ïm),  comme  cela  se  pro- 
duit dans  quelques  dialectes  modernes (^l  A  la  première  solution 
*hâs%  possible  quand  il  ne  s'agit  pas  de  participes,  s'opposait  le 

('5  La  diphtongue  ai  passe  à  i  dans  les  dialectes  modernes  qui  réduisent  les 
diphtongues. 

(■^)  D'après  S.  de  Sacy  [Gramm.  arahe^,  p.  328),  ou  rencontre  déjà  en  arabe 
ancien  la  forme  maJaîfw  «j'ai  étendu?) ,  à  côté  de  niadadtii,  etc.  Cf.  aussi  la 
remarque  qui  a  été  faite  à  ce  sujet, ''p.  80,  n.  2. 

(^^  Même  pas  s'il  s'afjit  d'une  géminée,  du  moins  à  la  finale. 

(")  Cf.  Marçais,  Saida,  M.  S.  L ,  XIV,  p.  /jd8. 


156  DEUXIÈME    PARTIE. 

sentiment  de  la  valeur  morphologique  de  la  première  voyelle  du 
participe  actif.  D'autre  part,  à  la  forme  ^hàs,  également  possible 
dans  d'autres  catégories,  s'opposait  aussi  l'analogie  du  pluriel 
et  de  l'ensemble  des  formes  verbales  qui  tendait  à  maintenir 
distinctes  les  deux  dernières  radicales.  D'où  la  cre'ation  de  la 
forme  hâsçs,  qui  a  permis  au  parler  de  conserver  à  la  fois  la 
voyelle  longue  à  du  participe  actif  et  les  deux  consonnes  radi- 
cales identiques  en  les  séparant  par  une  voyelle  brève.  Le  mo- 
dèle en  était,  au  reste,  suggéré  par  la  forme  qàtilu"  du  par- 
ticipe actif  des  verbes  forts.  Ce  qui  confirme  ce  qui  vient  d'être 
dit,  c'est  qu'au  féminin  et  au  pluriel  les  participes  hàssatu"  et 
hâsstna^^^  restent  à  Kfar^abîda  à  peu  près  inaltérés;  on  a  hâ'sê 
et  JuVsîn. 

(3.  Au  parfait,  la  voyelle  radicale  a  du  classique  garde  tou- 
jours son  timbre  pur  aux  3*^'  pers.  masc.  et  fém.,  sing.  et  plur. , 
oii  elle  porte  l'accent  du  mot.  Elle  passe,  au  contraire,  à  e  (avec 
ses  variantes  6,  e)  dans  les  autres  personnes  où  l'accent  repose 
sur  la  seconde  syllabe;  ex,  :  cl.  màdda  f? il  a  étendu 7-)  >m«f/'^,  mais 
inadddlu  [madattii)  ffj'ai  étendu r»,  dial.  moddàit;  hàhhal  crelle  a 
aiméi5  >hâhhdt,  mais  habàbtuni  ^\ous  avezaimé?^,  dial.  hebbàitu; 
màssïi  wils  ont  sucé  >  màssu,  mais  masàsta  wtu  as  sucé^!!,  dial. 
massait. 

A  l'aoriste,  à  la  différence  de  ce  qui  se  produit  dans  d'autres 
dialectes  arabes  modernes^^^,  la  voyelle  radicale  n'est  pas,  dans 
notre  parler,  semblable  à  celle  du  parfait  qui,  comme  on  vient 
de  le  voir,  est  toujours  a  (e,  etc.).  La  voyelle  de  l'aoriste  varie  au 
contraire  suivant  sa  provenance  classique.  Ainsi  u  passe  réguliè- 
rement à  il  (p,  6,  o),  tandis  que  a  et  i  sont  représentés  pare 
(avec  ses  diverses  nuances)  :  ya%ddu  wil  compte^?  :>-i^6d'^; 
naluffu  ffnous  plions -"î  ::>-nUff;  tahiittû[na\  ff  vous  mettez  7?  >  (^)^~ 
thottu;  yayassu  wil  est  suffoqué??  z>  {b)iyÔs- ;  namassii  fcnous 
suçons??  z>  {ni6)n'mÔs- ;  yamassu  rril  touche??  >-  (bynios^;  yariqqu 
ff  il  devient  mince??  >{b)ir6'jq'l'' ;  etc.  Il  en  est  de  môme  de  l'im- 
pératif, qui,  on  l'a  fait  remarquer  plus  haut,  règle  toujours  son 
vocalisme  sur  celui  de  l'aoriste  :  'oti'^  cf  compte??,  cf.  (b)i''od'^ ;  môssu 
ff touchez??,  cf.  [bô)lmÔssu. 

Il  est  presque  inutile  de  faire  remarquer  que  la  voyelle  a  des 
préfixes  à  l'aoriste  tombe  toujours,  par  suite  de  sa  position  en 
syllabe  ouverte  inaccentuée  suivie  d'une  syllabe  fermée  accentuée 
(cf.  Vocalisme). 


(')  Génitif-accusatif  de  hàssûna.  On  verra  que,  dans  les  pluriels,  le  parler  n'a 
conservé  que  cotte  forme. 

('^^  Cl",  entre  autres  Marçais,  Saïda,  M.S.L.,WY,  p.  /129;  M.  Goiien,  p.  18G. 


MOUPHOLOGIK.  157 


f).     VeRIîES  à  1'*^  ET  2^  RADICALES  FAIBLES  (l*^""  THEME ). 

L'arabe  classique  connaît  très  peu  de  verbes  qui  présentent  à 
ia  fois  comme  première  et  seconde  radicales  une  des  consonnes 
faibles "*,  w  ou  y;  cf.  pourtant  'àwida  «il  est  courbé??,  'mjisa  cfil  a 
désespéré??,  ^waadar,  il  a  enterré  vive  (une  fille)??,  etc.  Le  parler 
de  Kfar^ibîda  n'a  du  reste  conservé  aucune  trace  de  ces  verbes, 
du  moins  au  P*"  tbème;  aux  autres  thèmes  on  en  connaît  quel- 
ques-uns, tels  que  ^àhjed  tril  a  fortifié??  du  cl.  \ilyada  IP  thème 
(cf.  plus  bas). 


6.  Verbes  à  i''^  et  3^  radicales  faibles  (i^'"  thème). 

Plusieurs  catégories  de  verbes  doublement  faibles  (à  i''*'  et  3® 
radicales  faibles)  se  rencontrent  à  la  fois  en  classique  et  dans  notre 
parler. 

a.  La  première  radicale  est  un  hamza  et  ia  troisième  est  éga- 
lement un  hamza,  comme  dans  ^ àza^a  wil  a  rassasié  (les  mou- 
tons)??. Cette  catégorie  de  verbes,  extrêmement  rares  en  classique, 
n'est  plus  représentée  à  Kfâr*^abîda. 

/3.  La  première  radicale  est  un  hamza  et  la  troisième  un  y^^^\ 
cf.  par  exemple  'àtà  wil  est  venu??  [\/'-t-yj.  Ces  verbes,  moins 
rares  en  classique  que  les  précédents,  ont  encore  quelques  repré- 
sentants à  Kfâr^abîda,  tels  que  'ézé  w  il  a  nui??  et  'çza  tf  il  est  venu??. 
Le  premier  est  l'aboutissant  régulier  du  class.  'dêiya  et  se  con- 
jugue pour  ce  qui  est  de  l'initiale  comme  un  verbe  ai''*'  radicale 
hamza  et  pour  ce  qui  est  de  la  finale  comme  un  verbe  tertiae  y  : 
ainsi  cl.  ^adUu  w  j'ai  nui??  >-  'zit,  cf.  'zént  et  iisît;  cl.  ya^tâ  cr  il  nuit??, 
dial.  {b)yezé,  cf.  [b)yé'zen  et  (b)yénsa).  Ici  la  voyelle  à  finale  de 
l'aoriste  ya'dâ  (type  qatila  :  yaqtalu)  a  passé,  par  confusion  avec 
[b)y6bké  (type  qatala:  yaqtihi),  à  la  brève  ê  (au  lieu  de  a  comme 
dans  {b)yèma)\  cette  confusion  du  reste  a  atteint  d'autres  verbes, 
tels  que  {b)yé7i'é  ffil  fait  part  d'un  décès??  en  face  du  classique 
yàn'^à. 

Quant  à  V^a  ffil  est  venu??,  c'est  sans  doute  une  métathèse  du 
cl.  zà*a^'^\  usité  également  à  Kfâr'^abîda  ainsi  qu'on  le  verra;  il 


^^^  Se  rappeler  que  tous  les  verbes  classiques  tertiae  w  ou  '  ont  été  ramenés 
dans  le  parler  à  la  classe  des  verbes  tertiae  y. 
(^^  Cf.  Landiîerg,  Proverbes  et  Dictons,  p.  17. 


158  DEUXIÈME    PARTIE. 

ne  se  rencontre  qu'aux  troisièmes  personnes  (masc.  et  fém.  sing. 
et  piur.)  du  parfait  :  V^^  ffil  est  venm^,  'é^t  f^elie  est  venue  ^^  et 
'fzu  ffils  (ou  elles)  sont  venus tî.  La  forme  V^a  est  également 
usitée  à  l'aoriste  où  elle  perd  complètement  son  hamza  initial  : 
{b)yézè  wil  vient w,  [b)tézè  fctu  viens 77  (masc.  et  fém.),  [h)dzè  rje 
viens  75,  etc.  On  dit  aussi  à  la  3^  et  à  la  2''  pers.  hizi,  botzi  avec 
accent  sur  la  finale  i'"''  pers.  (è)H. 

y.  La  i""^  radicale  est  hamza  et  la  3^  est  identique  à  la  seconde, 
comme  dans  'alla  tfil  s'est  hâté^^.  Le  parler  de  Kfâr\iLîda  ne  pos- 
sède actuellement  de  cette  catégorie  de  verbes  que  'àh''.  ce  il  a 
toussé 77  <  cl.  'àhha^^\ 

Les  autres  verbes  classiques  ont  changé  leur  1  ""^  radicale  '  soit 
en  w ,  soit  en  y,  soit  même  en  ^  :  wàz''  w  il  a  excité  r,  <c  cl.  'âzza 
(cf.  p.  9);  yânf  wil  s'est  dirigé  vers^?  <:  cl.  \hmna  (cf.  p.  10); 
^ân""  ffil  a  gémi 7?  <:  cl.  'ànna  (cf.  p.  i3). 

S,  Des  verbes  à  1'"''  radicale  w^^^  et  à  3^  radicale  identique  à  la 
2%  notre  parler  ne  connaît  que  wâdf''  ffil  a  aimé,  il  a  désiré ^^ 

<  cl.  wâdda,  et  wân"  ffil  a  jeté,  il  a  poussé^?.  La  conjugaison  de 
ces  verbes  est  tout  à  fait  conforme  à  celle  des  verbes  dont  la 
3^  radicale  est  identique  à  la  seconde  :  ivâddu  ffils  ont  aimé 79 

<  cl.  wâddïi  (cf.  dial.  hàssu);  wôddâina  ff  nous  avons  aimé i->,  cf.  cl.  wa- 
didnà  (cf.  dial.  hessâvna),  etc.;  ici  w  i^""  radicale  est  partout  con- 
servée alors  que  les  verbes  commençant  par  iv  sont  traités  comme 
des  verbes  faibles,  lorsque  les  deux  autres  radicales  sont  fortes, 
cf.  wdsjf  ffil  est  arrivé ^7  cl.  wàsala,  qui  devient  usolna  ffnous 
sommes  arrivés  i^  provenant  de  wasâlnà. 

s.  Enfin  la  1''*'  radicale  est  un  w  et  la  3^  un  y  comme  dans 
wâhà  ffil  a  inspiré,  il  a  suggéré 7?,  cf.  wèhé;  wâfà  ffil  a  payer), 
cf.  ivdfé;  wa'à  ffil  a  compris,  il  a  retenu 77,  cf.  wiV  ffil  a  fait  at- 
tention, il  est  revenu  à  lui 77;  wàsà  ffil  a  accusé i?,  cf.  wèéè; 
wànuia  ffil  a  fait  signe  avec  la  main 77,  cf.  wèrné  t^^;  etc.  Comme 
on  le  voit,  cette  catégorie  de  verbes  n'est  pas  désuète  à  Kfâr- 
^abîda  et  c'est  pourquoi  il  ne  sera  pas  inutile  d'en  donner  ici 
la  conjugaison,  ce  qui  permettra  d'embrasser  d'un  seul  coup 
d'œil  les  différentes  modifications  que  subissent  de  tels  verbes 
dans  le  parler. 


^')  Sur  ce  verbe,  cf.  plus  haut,  p.  97  et  i5o,  n.  9. 

(^)  Ceux  à  la  1"  radicale  y  ne  sont  plus  roprcscnlés  à  Kfar'ahida,  on  Ta 
déjà  dit,  q'ie  par  yâbisa  (cl.  plus  haut,  p.  i/i5). 

^^^  IVippelons  encore  que  les  verbes  terliae'  onl  été  ramenés  au\  verbes 
lertiae  y. 


MORPHOLOGIK. 


159 


Cl.  ivAJà  (aor.  uàfi)  «il  a  acquitlé^^  (une  dolte), 
(liai.  Wdjé  [aor.  yûféy 


SINGULIER. 

PLURIEL. 

CLASSIQUE. 

DIALECTAL. 

PARFAIT. 

CLASSIQUE. 

DIALECTAL. 

3"  p.  m. . 
3'  p.f... 
a"  p.  m. . 
2*  p.f... 

1  "  pers. . 

{wdfà) 

{w(îfat) 

(ivafdila) 

(ivafâili) 

[wajâitu) 

wéfé. 

wéfyçL 

nfit. 

vjïté. 

ufit. 

AORISTE. 

{wàfau) 
[wafàina) 
(  wafâitum  ) 
[wafaitûnna) 
[wafâinâ) 

wàfyu. 
wàfyu. 
ufilu. 
ufî  lu. 
ufîna. 

3"  p.  m. . 
3^  p.f... 
2°  p.  m. . 
2*=  p.  f.  . . 
Impers.. 

{lAJl) 
(lâfi) 
(  taftna  ) 

{m 

{b)yûjè. 
{b)tûfé. 
{b)tûfé. 
{b)tûfé. 
{b)ufé. 

IMPÉRATIF. 

{yafûna) 

{yafina) 

[tafâna) 

[lafina) 

{nâfî) 

{b)yûfu. 
{b)yùju. 
{b)tûfu. 
(b)tûfu. 
(m)nûfé. 

2*  p.  m. . 
2'  p.  f.  .  . 

{fi) 

ufiuo'ûfê. 
ufî  ou'ûjé. 

ifù) 
(fina) 

ufû  ou  m/m 
m/m  ou  'm/m, 

PARTICIPE  ACTIF. 

masculin 
féminin 

wâf 
wâfiyalu'^ 

;>  wafê. 

>  wafijê. 

(ivafùia) 
{wàjiyâtu") 

wâfyin, 
wafyîn. 

Sauf  le  participe  (masc.  et  féni.  sing.),  aucune  des  formes  de 
la  conjugaison  (des  verbes  à  i"'  radicale  w  et  à  3^  radicale  y)  ni 
au  parfait,  ni  à  Taoriste,  ni  à  Timpératif ,  ne  peut  provenir  direc- 
tement des  formes  classiques.  Toutes  les  observations  qui  ont  été 
faites  à  propos  des  verbes  à  i'^*'  radicale  w  (cf.  p.  i/tS)  et  à  3^ radi- 
cale y  (cf.  p.  162)  s'appliquent  simultanément  ici. 

L'impératif  a  dans  quelques  verbes  une  double  forme,  l'une  et 
l'autre  analogique  :  (cl.  ^),  dial.  uji  ou  Yi/'^';  (cl.  H),  dial.  ii^â 
ou  ^û^a  «fais  attention 77  ;  etc. 


7.  Verbes  à  2^  et  3®  radicales  faibles  (i^"^  thème). 

Le  parler  de  Kfâr^abîda  connaît  un  grand  nombre  de  verbes  à 
s*"  radicale  m;  et  à  3^  radicale  y.  Ces  verbes  se  divisent ,  comme  en 
classique,  en  deux  classes,  suivant  qu'ils  appartiennent  au  type 
qâtala  :  yâqtilu  (cf.  bâkâ  :  yàhkî),  ou  au  type  qàtila  :  yâqtalu  (cf. 
nâsiya  :  yânsâ).  Au  premier  type  appartiennent  par  exemple  lèwé  : 
yotwô  «il  a  plié-'^,  cf.  cl.  tàwâ  :  yàtwî;  sçwè  :  yéswé  «il  a  fait  rôtir r», 
cf.  cl.   sâwâ  :  yàswî;  n^wé  :  yénwè  «il  s'est  proposé  pomMî,  cf.  cl. 


160 


DEUXIEME    PARTIE. 


nâwà  :  yànwl;  hçwè  :  yéhwè  cr il  a  cautérisé,  il  a  repassé  (un  linge)  w , 
cf.  cl.  h'iwâ  :  yâkwï;  etc.  Au  second  type  appartiennent  :  yqdwé  : 
yojqwa  ffil  est  devenu  fort-»?  <:  cl.  qawiya  :  yâqwà;  séwê  :  yéswa 
wii  a  valu  17  <  cl.  sâwiya  :  yâswà;  etc.  Les  verbes  du  type  qâtala: 
yàqtilu  se  conjuguent  sur  bâkà  :  yàbkî  (p.  i5i)  et  ceux  du  type 
qâtila  :  yàqtalu  sur  nàsiya  :  yànsà  (p.  i5i). 

On  rencontre  aussi  à  Kfâr^abîda  le  cl.  hdyiya  cril  a  vécu  7?, 
employé  seulement  à  l'aoriste  :  cf.  téhya  frque  tu  vives,  vive.N, 
yéhya  ff  qu'il  vive ,  vive  ! ,  etc.  On  y  rencontre  également  un  verbe  ^^^ 
à  2®  radicale  y  et  à  3^  radicale  hamza  :  c'est  zaa  ffil  est  venu^i, 
qui  partout  perd  purement  et  simplement  sa  3^  radicale  "*  et  se 
conjugue  comme  un  verbe  bilitère  à  9^  radicale  y.  Voici  la  conju- 
gaison dialectale  de  zaa  en  face  de  celle  du  classique  : 


Cl.  zâ'a  ffil  est  venuw 


w  r 

za. 


SINGULIER. 

CLASSIQUE.  DIALECTAL. 


PLURIEL. 

CLASSIQUE.  DIALECTAL. 


PARFAIT. 


3*  p.  m. 
3'  p.  f. . 
2*  p.  m. 
2"  p.  f. . 
i"pers. 


zaa 

zâ'at 

Zita 

Zl  tl 

zitu. 


za. 
zut. 
Ut. 
zîté. 
il  t. 


(V  ,«>_   \ 
zau) 

(zi'na) 

zitum 

[zitûnna) 

zinâ 


zu. 

zû. 

zitu. 

zitu. 

zina. 


AORISTE. 


3'  p.  m. .  yazi 

3°  p.  f.  . .  tazi 

2'  p.  rn. .  tazi 

2®  p.  f.  . .  tazi 


1' 


pers. 


azi 


\[na] 


u. 


{b)izi. 

{bô)lzt. 

[hô)tzi. 

(bô)tzî. 

{h)zi. 


{yaziûna) 
(  yaiina  ) 
(taztûna) 
(  tazina  ) 
naziu. 


{b)iiii. 

[h)iiû. 

[bo)tzé. 

{bô)tzû^^). 

(7no)nzi. 


IMPERATIF. 


2' p.  m.     (u) 
2*  p.  f.  .  .  (zii) 


masculin,  zai" 
féminin.,  zaiyalu" 


(manque), 
(manque). 


(  zi'û  ) 
(una) 


PARTICIPE  ACTIF. 


zau 
zâyê. 


zaïva 
(zaiydtu'^) 


(manque), 
(manque). 


zàyiii. 
zâyin. 


Comme  on  le  voit,  le  hamza  final  est  tombé  dans  toute  la  con- 
jugaison du  verbe  zâ'a  et  la  voyelle  longue  radicale  (ï)  s'est  main- 

'')  Le  verbe  cl.  dâ'a  :  yadû'u  ffil  a  brillé??  est  actuellement  remplacé  par 
ddwé  :  yôdwé,  où  le  w  radical  a  été  rétabli  par  l'analogie,  et  le  hamza  linal 
remplacé  par  y  comme  dans  tous  les  verbes  analogues.  (11  en  est  partout  ainsi 
dans  le  Maghreb  d'après  M.  Marçais.) 

(^'  Les  2*  et  3"  formes  du  pluriel  sont  analogiques  du  pluriel  du  parfait. 


MORPIIOLOOIE.  161 

tenue  (avec  une  longueur  relative  ainsi  qu'il  a  été  dit  plus  liaut) 
dans  les  formes  qui  la  possédaient  des  le  classique  yazfu> 
{J))izi,  etc.  ;  elle  appaïaît  par  transl'ormation  phonétique  là  où  le 
classique  ne  l'avait  pas  :  cl.  zili,  dial.  zilê;  etc. 

L'impératif  (masc.  ou  fém.  sing.  ou  plur.  )  de  ma  n'existe  pas 
à  Kfar'abîda;  on  le  remplace  toujours  par  les  formes  iV(  (masc. 
sing.)ffviens7?,  fâl^ï.  sing.)  reviens 7?  et  faa  (m.  et  f.  pi.),  lesquelles 
proviennent   d'une   mutilation  des   classiques   tci'àla,    tabulai   et 


8.   Verbes  à  trois  radicales  faibles  (i^"*  thème). 

Le  parler  de  Kfâr'abîda  ne  possède  actuellement  aucun  verbe 
à  trois  radicales  faibles.  Cette  catégorie  de  verbes ,  par  exemple 
'âwà  wil  s'est  retiré  pour  s'abriter  79,  est  du  reste  extrêmement  rare 
dès  le  classique. 


II 
VERBES  TRILITÈRES  AU  IF  THÈME  (INTENSIF). 

Pour  ce  thème  comme  pour  les  autres  dont  Tétude  suivra,  on 
se  contentera  de  donner  la  conjugaison  du  verbe  fort  et  on  ne  fera 
que  les  remarques  nécessaires  sur  celle  de  chacun  des  verbes 
faibles. 

Cl.  mâssaha  cfil  a  essuyée?  ^màssçh. 


SINGULIER. 

PLURIEL. 

CLASSIQUE. 

DIALECTAL. 

PARFAIT. 

CLASSIQUE. 

DIALECTAL. 

?>^  p.  m. . 

mâssaha 

>  màssçh. 

mdssahû 

>  màs^ku. 

S"'  p.  f. .. 

nifissahal 

>  màs^hçt. 

(inassâhiia) 

nifis'hu. 

2°  p.  m. . 

massàhta 

>  massphl. 

massàhlum 

>>  massfhtu. 

2^.  f. .. 

massâhti 

>  masséhtè. 

(niassahtûnna) 

)       masséhtu. 

l'^pers. . 

massàhtu 

>  masséht. 

AORISTE. 

massàhnâ 

;>•  masséhna. 

3*  p.  m. . 

yumâssihu. 

>  (b)imâssQh. 

yumassihû[na] 

>  (b)imàs^hu. 

S-'p.f... 

tumussihu 

>  {hô)lmiissçh. 

(  yumassihiia  ) 

{h)imàs^hu. 

2*"  p.  m. . 

tumâssihu 

>  (boMmâssçh. 

tumass{hû[na] 

>  {bô)tmâs'hu. 

a-^p.  f... 

tumassihî[iia]  >  {b6)tmâs^hè. 

(  tumassilma  ) 

{ho)lmiis^hu. 

l'^pers.. 

'umàssihu 

;>>  (b)mâssçh. 

numâssihu 

>  i^mojnmàssçh 

^'^  L'impératif  de  zaa  est  également  inusité  chez  les  Ulad  Brahîm  de 
Saïda,  où  il  est  constamment  remplacé  par  arwdh  ou  Cala,  cf.  Marçais,  Saïda, 
M.S.L.,XIV,  p.  /i36. 


PARLER  DE  KFAR  ARIDA. 


11 


b2 

DEUXIEME    PARTIE. 
IMPÉRATIF. 

2*  p.  m.  . 
2'p.  f.  .  . 

nuhsili 
tnàssihi 

;>-  mâssçh.                  mdssihû 
;>  màs^hé.                   (mâssihna) 

PARTICIPE  ACTIF. 

>  mâs^hii. 
mâs^hu. 

masculin 
féminin 

mumâssihu^ 
mumâssihatu^ 

>  "'mnssçh.               mumassihina 
;>■  ""mà^^ha.               {mumassihâtu 

>-  "'mâs'hîn 
')        "'mâ/hîn 

Rejiarque  GÉNÉRALE.  —  Comiiie  beaucoup  de  dialectes  arabes 
modernes,  le  parler  de  Kfâr^abîda  a  conservé  jusqu'aujourd'liui  la 
plupart  des  différents  tbèmes  de  la  conjugaison  classique  qui  pro- 
viennent, à  l'aide  de  préfixes  ou  d'infixés,  du  thème  verbal 
simple,  et  qui  servent  à  indiquer  les  modifications  sémantiques 
apportées  à  ce  premier  thème.  Pourtant,  l'emploi  de  ces  différents 
thèmes  est  loin  d'être  d'une  égale  fréquence  ;  il  n'est  pas  non 
plus  le  même  qu'en  classique.  Le  IP  thème  [qattala)  et  le  VIP 
(inqatala),  par  exemple,  sont  beaucoup  plus  vivants  dans  le 
parler  de  Kfâr^abîda  qu'en  t^lassique  et  apparaissent  souvent  là  où 
la  langue  littéraire  donne  la  préférence  à  d'autres  thèmes. 

A.  VERBES  FORTS  (IP  THEME). 

a.  Ainsi  que  le  montre  la  conjugaison  de  mâsseh,  toutes  les 
formes  dialectales  (sauf  naturellement  celles  du  féminin  pluriel 
qu'on  a  expliquées  à  propos  du  P""  thème)  proviennent  direc- 
tement des  formes  qui  sont  classiques  pour  le  verbe  fort.  (On  verra , 
p.  i64  et  suiv. ,  qu'il  en  est  de  même  pour  les  différents  verbes 
faibles.  ) 

Le  vocalisme  est  partout  conforme  aux  lois  établies  plus  haut  : 
la  première  voyelle  a  de  hâmmala,  p.  ex.,  se  maintient  sans  au- 
cune modification  soit  au  parfait,  soit  à  l'aoriste,  soit  à  l'im- 
pératif, soit  enfin  au  participe;  la  seconde  voyelle  au  contraire, 
venant  à  se  trouver,  dialectalement ,  en  syllabe  finale  (après  la 
chute  régulière  de  la  voyelle  suivante),  passe  à  e.  Ex.  :  hâmmala 
ff  il  a  chai'gé^^  >-  *hâmmal^>  *hàmmel,  d'où  Mm.mdU^\  De  son  côté, 
ç  est  propagé  par  l'analogie  dans  les  autres  personnes  du  parfait, 
lorsqu'il  arrive  à  être  en  syllabe  fermée  non  finale  et  il  passe 
ensuite  à  e.  Ex.  :  hammalnà  >>  *hammélna  >-  hammôlna  (cf.  plus 
haut,  p.  1 1  1  ). 

La  géminée  (seconde  radicale)  perd  une  partie  de  son  explosion 
toutes  les  fois  que,  par  suite  de  la  chute  de  la  voyelle  brève  qui 
la  suivait,  elle  se  trouve  immédiatement  devant  une  consonne  : 
hàmmalal  >  *hàmmlet  >  Ju'wrlç.t.  Il  en  est  de  même  des  verbes 

(')  Sans  influence  de  labiale  :  nutssaha  >  mâssçh. 


M01ll>I[OL001K. 


103 


qui  ont  comme  12*"  radicale  iv  ou  y  :  cl.  Uunvdla  wils  oiiL  [)i'()- 
iongéi?  >  *t(ïmlu^>  tâuHu;  tàijjuhat  cf(;ll(;  a  londu  bon,  clic  a  par- 
fumé'^  >-  *tânbi)t:>'  tdi'ht. 

/S.  Le  participe  acliï  muhammilu"  et  le  participe  passif  mnhdm- 
malu"  aboutissent  à  Kfiir^^abida,  comme  dans  Timmense  majorité 
des  dialectes  arabes  modernes,  à  une  forme  unique ,  soit  mhàmmol, 
après  la  chute  régulière  de  la  première  voyelle  u  et  le  passage  de 
i  et  de  a  (en  syllabe  dialectalement  finale)  à  ç  ^^\  En  conséquence, 
les  dialectaux  mhdmmdl  et  m^'âllem  par  eux-mêmes  peuvent  signi- 
fier ou  bien  ffchargeur,  celui  qui  charge  (un  fardeau)??  et  w pro- 
fesseur??, ou  bien  ff chargé??  et  ff instruit??,  suivant  qu'ils  repré- 
sentent les  classiques  nmhdmmilu"  et  inu^dlUmu"  ou  mnhdnimalu" 
et  mu^allaniu". 

Empêché  par  sa  phonétique  de  maintenir  la  distinction  clas- 
sique entre  la  forme  du  participe  actif  et  celle  du  participe 
passif,  le  parler  de  Kfâr^abîda  a  établi  secondairement  une  dis- 
tinction de  sens  entre  les  deux  participes,  et,  pour  cela,  il  a 
eu  recours  aux  trois  procédés  suivants  : 

1.  Sous  rinfluence  d'une  emphatique  qui  maintient  pur  le 
timbre  de  a  caractéristique  du  passif,  les  deux  formes  de  parti- 
cipes restent  distinctes  au  masculin  singulier.  Ex.  :  mhàirob  refai- 
sant passer  par  contrebande,  mettant  en  fuite??  <ccl.  muhdrnbu", 
mais  mhdrrab  cr passé  en  contrebande??  <:cl.  muhârrabu";  ni/qâss§r, 
ff pelant??  ^cl.  muqdssiru",  mais  injqàssar  rpelé??  <:cl.  muqâs- 
saru";  etc.  Bien  entendu,  la  distinction  entre  les  deux  participes 
n'a  pas  lieu  aux  autres  formes  (fém.  sing.  et  masc.  plur.), 
dans  lesquelles  les  voyelles  caractéristiques  (^  et  a)  disparaissent, 
ainsi  par  exemple  :  mhdi/bê  (fém.)  et  mjqas'rin  (plur.)  représen- 
tent aussi  bien  muhàrrabatu'*  et  muqassarina  que  muhdrnbatu"  et 
muqassirîna. 

2.  Quand  la  racine  ne  comporte  pas  d'emphatique,  la  dis- 
tinction des  deux  participes  n'est  maintenue  que  par  la  différence 
de  leurs  compléments  respectifs;  on  dit  par  exemple  ''dna  mlidm- 
mol-el-hmâr  hdtab  w c'est  moi  qui  charge  l'ane  de  bois??  <:  cl.  ^dnà 
miihânwiilu"  al-himâra  Iidtaba" ,  mais  i^)lkmâr  mhdmmdl  hdtab  ff  l'âne 
est  chargé  de  bois  ^?  <  cl.  al-himâni  muhdmmalu"  hdlaba"  ;  hu  m^dl'mdk 
hâda  ff  c'est  lui  qui  t'instruit  de  cela??  <:  cl.  hiiwa  mii^dllimuha  hâda, 
mais  ^ént  m^àllçm  hâda  crtu  es  instruit  de  cela??  <=c  cl.  ''dnta 
mu^âllamu'^  hâda;  etc. 


^^^  Lequel  passe  lui-môme  à  a  sous  l'influence  de  m  ou  d'une  autre  la- 
biale. 

1 1 . 


16^1  DEUXIÈME    PARTIE. 

3.  Quelquefois  un  des  deux  participes  est  tombé  en  désuétude  et 
a  été  remplacé  par  une  autre  forme  (de  participe),  ou  bien  Tin- 
distinction  entre  l'actif  et  le  passif  est  écartée  par  Temploi  d'une 
autre  tournure  ;  par  ex.,  m'dddeh  (de  'addaba  ff  il  a  bien  élevée?)  a 
toujours  le  sens  du  passif,  tandis  que  mhdlkf[de  hdllafa)  signifie 
toujours  ff engendrant ,  mettant  au  monde ??  (et  jamais  w engendré, 
mis  au  monde ??).  De  même,  en  face  des  participes  msa^'el  w allu- 
mant ^^  et  mhdsseh  cf  pensant i?,  on  a  pour  exprimer  le  passif  M'e/ 
ff  allumé  Ti  et  mahsûb  w  compté  i^  ;  etc. 


B.  VERBES  FAIBLES  (IP  THEME). 

a.  Au  IP  tlième,  les  verbes  à  i""^  radicale  faible  {\wou  y)  sont 
assez  nombreux  dans  le  parler  de  Kfâr^'abîda  et,  à  la  différence  de 
ce  qui  se  produit  au  l^tbème,  les  radicales  faibles  ne  subissent 
aucune  modification  dans  la  conjugaison  (^).  Ex.  :  'dllef  ffil  a 
composé 77  (un  livre)  <:cl.  ^àllafa;  'dhher  wil  a  retardé 77  <:  cl. 
^dhhnra;  'dhhdn  cril  a  fait  Télose  d'un  mort  77  <  cl.  dhhana;  \umndn 
ffil  a  rassuré  77  <:cl.  'dmmnna;  ivdddf  ffil  a  fait  ses  adieux  77  <:cl. 
wddda^a;  ydbbds  (n\  a  fait  sécber77  <c:cl.  ydbbasa;  wassolna  ce  nous 
avons  fait  parvenir77,  etc. 

(2.  Sauf  srt'V*  ffil  a  respecté,  il  a  eu  égard  à 77,  dénominatif  du 
cl.  si'matu"  w naturel,  magnanimité 77,  les  verbes  classiques  mediae' 
n'existent  plus  au  11^  tbème  dans  notre  parler.  Quelques-uns 
d'entre  eux  ont  été  ramenés  a  la  classe  des  verbes  mediae  w  et  y, 
les  autres  sont  sortis  de  l'usage  :  rdvyçs  tdl  a  mis  à  la  tête,  il  a  fait 
présider  77,  cf.  cl.  im'asa;  (p.  11);  mduivdn  ce  il  a  acheté  des  vivres  77 
cf.  cl.  nm'ana  (p.  9;  etc.  .).  Les  verbes  à  2^  radicale  iv  ou  y 
sont  au  contraire  très  vivants  dans  le  parler  au  IP  thème.  Ils  se 
rencontrent  souvent,  on  va  le  voir,  là  où  le  classique  emploie 
d'autres  thèmes  verbaux:  nàuwdm  ffil  a  endormi 77  <:cl.  nduwama; 
ddujç'  ffil  a  perdu 77  <:cl.  ddiya^'a;  etc. 

7.  Les  verbes  dialectaux  terliae  y  au  IP  thème  sont  très  nom- 
breux et  représentent,  on  l'a  vu,  des  verbes  classiques  tertiae  y,  w 

ou  '  ^^\  Ex.  :  bdkka  ffil  a  fait  pleurer 77  <:cl.  bdkkà  y\/b-k-yj;  hàlla 

ffil  a  adouci 77  <cl.  hàllà  (\Jh-l-w)\  hdbba  ff  il  a  caché 77  <:cl. 
hàbbaa;  etc.  La  conjugaison  de  ces  verbes  est  tout  à  fait  con- 
forme  à    celle    du    classique:  cl.   bdkkat   ffelle  a  fait  pleurer 77 

^'^  Ce  qui  lient  à  ce  que  la  voyelle  initiale  est  partout  en  syllabe  fermée. 
^^)   Pourlarit  le  cl.  zârra'a  (avec  ses  dérivés)  est  devenu  iârrd'  v'û  a  rendu 
coun»(jeux57,  cf.  p.  i3. 


MORPIIOLOGll-:.  1G5 

<:  hàlhçl;  halimnâ  ccnoiis  avous  fait  pleurer i')  >-  boldâma;  etc. 
—  Ici,  à  la  dilï'érenoe  de  ce  qui  se  produit  au  ï'"^  tlième,  le 
y  aiial()[]i(pie  n'apparaît  pas  à  la  3"  pers.  (léin.  sin{r.  ou  masc. 
pi.)  du  parlait  (opposer,  au  \"  thème,  hÔLiji't  rrelle  a  pleuré^? 
en  l'ace  du  cl.  hàlul).  De  plus  la  diphtongue  «i  n'est  jamais  ré- 
duite (opposer,  au  1"  thème,  hhina  wnous  avons  pleuré ^7  en  face 
du  cl.  bahà'mâ)  ^^\ 

S.  Les  verbes  dont  la  3*"  radicale  est  identique  à  la  ^^  sont  peu 
nombreux  au  IP  thème  dans  notre  parler.  Ils  ont  été  généralement 
remplacés  par  d'autres  thèmes,  surtout  par  le  tlième  quadrilitère 
qatqat  ou  par  d'autres  verbes  de  signification  identique  t^^.  Ceux 
qui  sont  encore  vivants  à  Kfâr^abîda,  comme  s/mimdm  ffil  a  fait 
sentir  (une  odeur )?7  <:  cl.  sàmmama;  'àssçs  w  il  a  jeté  les  fondements 
der)  <ccl.  \issasa;  ""àilded  cfil  a  fait  compter 77  <:  cl.  *^âddada;  etc., 
se  conjuguent  généralement  comme  en  classique  :  sammèmt  ff  j'ai 
fait  sentir  1-»  <<cl.  sammàmiu;  ^addédna  ffuous  avons  fait  compter 77 
<  cl.  ''addàdnà;  etc.  Pourtant  une  des  trois  consonnes  identiques, 
la  dernière,  disparaît  complètement  à  cause  de  la  chute  de  la 
voyelle  précédente,  toutes  les  fois  que  dans  la  conjugaison  elle 
se  trouve  devant  une  désinence  vocalique  :  cl.  sâmmamat  welle  a 
fait  sentir 77  r>  dial.  *s(mmmdt>'  sàmmdt^^\  etc. 

s.  Enfin  notre  parler  connaît  au  IP  thème  quelques  verbes  à 
deux  radicales  faibles,  tels  que  ^àhiçd  wil  a  fortifié  <:cl.  'ahjada; 
'ddda  wil  a  payé  77  <:cl.  'àddà;  wâssa  ce  il  a  recommandé  77  <:cl. 
wâssâ;  wâtta  fcil  a  abaissé 77,  cf.  cl.  wàitaa;  etc.  Ils  rentrent  dans 
les  modèles  étudiés  précédemment. 


(^)  Conformément  aux  lois  phonétiques  du  parler,  le  participe  actif  et  le  par- 
ticipe passif  (masculin  singulier)  des  verbes  dialectaux  tertiae  y  (11*  thème), 
correspondant  à  des  verbes  classiques  tertiae  y  oiiiv,  gardent  à  Kfar'abîda  la 
même  distinction  qu'en  arabe  ancien  ;  le  participe  actif  est  du  type  mqâllé 
<C  cl.  tnuqdtti'^  et  le  parlicipe  passif  est  du  type  mqàtta  <C  cl.  muqdlta'^ ,  ex.  : 

mfdtiè  cf couvrante  <;  cl.  inujàlti'^  Wf't-^J  ;  wî>^'L^«  ffcouvert?)  ^cl.  muyâtta^ ; 

mbdkkê   refaisant  plcurerw    <  cl.  mubdkhi"   \\Jb-k-y)\  în/<a//rt  te  orné ,  décoré  w 

<;  cl.  muhdlla'\\/h-l-y)t,  mzduwé  «apprivoisé,  devenant  sociable»  de  zduna 
«il  s'apprivoisa»,  dénomiualif  de  dial.  adj.  iûivé  «apprivoisé. .  .  »  ;  mkdjja  «nourri 

à  ses  propres  frais  (d'un  ouvrier)»,  de  dial.  kdffa  «il  a  suffi  \\/k-J-y),  etc.;  au 
féminin  singulier  les  participes  actif  et  passif  se  confondent  complètement  dans 
cette  classe  de  verbes  et  se  forment  sur  mqettêyè,  opp.  cl.  muqatldlu'  (pass.), 
murdbbiyatu"  (act.)  :  myôtlâyé  «couvrante»  aussi  bien  que  «couverte»,  etc. 

(^)  Ce  qui  tient  sans  aucun  doute  à  ce  que  le  thème  farra  produisait  l'im- 
pression d'un  thème  du  type  qailala  à  dernière  consonne  faible. 

(^)  Ici  encore  notre  parler  diffère  sensiblement  de  quelques  parlers  maghri- 
bins  (cf.  Cohen,  p.  201 ,  1°);  mais  à  Tunis  et  à  Tlemcen  les  choses  se  passent 
de  même  qu'à  Kfar'abîda  (cf.  Margais,  Tlemcen,  p.  78). 


166  deux1è3iiî  partie. 

Remarque  co3imune  aux  IP'  thèmes  des  verbes  forts  et  des 
verbes  faibles. 

Gomme  dans  beaucoup  de  parlers  arabes  modernes  ^^^  les 
verbes  au  II"  tbème,  surtout  les  verbes  forts,  sont  très  nombreux 
et  très  vivants  à  Kfar^abîda;  ils  ont  souvent  les  mêmes  emplois 
qu'en  arabe  classique  ^'^^  : 

1 .  Ils  se  rencontrent  souvent  à  la  place  des  verbes  au  P"^  tbcme 
qui  ne  sont  plus  usités  dans  le  parler.  Ex.  ifàtles  wil  a  recliercbé^i , 
cf.  c\.  fâltaèa  etfâlasa;  hàtpl  wil  est  désœuvré  77,  cf.  cl.  hàiala; 
mâsset  cm'1  a  peigné  ^7,  cf.  cl.  màssata  et  mâsata;  fâ^lq^qds  wil  est 
sorti  de  l'œuf-»^  (poussin,  oiseau),  cf.  cl.  jàqasa;  sàdda  cril  s'est 
rouillé  77,  cf.  cl.  sàdi'a;  etc. 

2.  Ils  remplacent  quelquefois  les  verbes  au  V^  thème  (taqatlala). 
Ex.  :  V/^c>/iffil  est  moisit),  cf.  cl.  ta\'iff(ma;''lqâddeni(^ il  s' esiix\ixncév 
cl.  qàddama  et  taqàddama;  "jqàn'dh  ce  il  s'est  approchée,  cf.  cl. 
taqàrraha;  etc. 

3.  Ils  remplacent  également  les  verbes  au  IV"  thème,  lequel  est 
tombé  en  désuétude  dans  le  parler,  et  ils  sont  alors  causatifs  : 
yàmnidd  w il  a  fermé  les  yeux?? ,  cf.  cl.  yàmmada  et  ''àymada;  hâkhe^q 
ffil  est  ébloui,  il  a  brillé??,  cf.  syr.  \i(3heq;  sàfhh  wil  a  corrigé,  il 
a  rectifié??,  cf.  cl.  'àslaha;  etc. 

h.  Toutefois  le  II''  thème  est  souvent  encore  factitif;  dans  ce 
cas  les  intransitifs  sont  transformés  en  transitifs  :  hàzzçn  cf  il  a 
allligé??  de  h(k^n  ril  est  triste^?;  yàrro^jq  wil  a  noyé??  de  y§^^§lq 
fv-il  s'est  noyé??;  "àllds  cf  il  a  assoiffé??  de  V'ps  ffil  a  soif??;  ivàzzen  wil 
a  fait  peser??  de  wkçn  cril  a  pcsé^?;  etc. 

5.  Le  IP  tbème  sert  aussi  à  indiquer  la  répétition  de  l'action 
(itératif)  :  màzzçjq  cal  a  mis  en  pièces??  de  màzo'jq  ff  il  a  déchiré??  ; 
lajqlqot  ce  il  a  ramassé  à  plusieurs  reprises,  il  a  glané??  de  lajqai 
ffil  a  ramassé??;  màssçh  càl  a  essuyé  souvent,  il  a  nettoyé??  de 
Diàsçh;  etc. 

6.  Le  IP  thème  forme  à  Kfâr'^abîda  un  grand  nombre  de  déno- 
minatifs, tout  particulièrement  lorsque  la  base  est  un  mot  d'em- 
])runt  :  hârroz  ce  il  a  auguré  d'après  le  cours  des  astres??,  dénomin. 
de  bûrlii''  ce  signes  du  zodiaque??  ('^^;  Mssol  ce  il  a  fait  prendre  de 

(')  Cf.  entre  autres  le  dialcclc  des  Ûlad  Brâhîin  de  Saida,  M.S.L.,  XIV, 
p.  /iSq  et  hko. 

('^^   Cf.  S.  DK  Sacy,  Granim.  arabe^,  p.  i3i  et  i32. 

^^)  Emprunté  par  l'intermédiaire  de  l'araméen  (syr.  bur[>â)  au  bas-latin 
hitr(rus,  adaptation  du  {jcrmanique  biirg  (vieux -haut -allemand),  got. 
baurir-s,  etc..  Voir  Fraenkel,  Araindisclie  Fremdwôrter. 


MORPHOLOGIE. 


67 


mauvaises  liabitudes^^,  dénoniin.  de  hâsfc  t? propriété,  habitude 
(mauvaise)^^;  hànricd  wil  a  divisé  en  cha|)itres77,  dénoiuin.  de 
A^hi^/ (pers.)  ff  chapitre^-»  ;  '^(issçb  ffil  a  sarclé -o,  dénom  de  syr.  '^eshâ; 
hànimos  ffil  a  donné  une  poijjnée  de  niain-o,  dénom.  de  hànisé  v\q?> 
cinq  doigts  de  la  main  77;  hàrm  ce  il  a  reculé  77,  dénomin.  de  frç. 
arrière,  etc.  ^^\ 

7.  Enfin  le  11^  thème  indique  quelquefois  que  le  sujet  du  verbe 
a  subi  tel  ou  tel  changement,  acquis  telle  ou  telle  qualité,  telle 
ou  telle  couleur  :  lûn-oh  cril  s'est  changé  en  terre,  il  a  pris  la 
couleur  de  la  terre 77  de  tnih  w terre,  poussière r»,  etc. 


III 
VERBES  TRILITÈRES  AU  Iir  THÈME  (CAUSATIF). 


Cl.  ''àtaha  w il  a  fait  des  reproches  à  quelqu'une  >  ''âteh. 


SINGULIER. 

PLURIEL. 

CLASSIQUE. 

DIALECTAL. 

PARFAIT. 

CLASSIQUE. 

DIALECTAL. 

3*  p.  m. . 
3>.f. .. 
2'  p.  m. . 

2>.f... 

i'"pers.. 

'âtaba. 
\ilabat 
'âtâbla 
'âtàbti 
'âtdbtu 

>  'âiçb. 
>>  'âtbat. 

>  'atébt. 

>  'âtôbtè. 

>  'atébt. 

AORISTE. 

'dtabû 
{'àl(ibna) 
'âlàbtum 
[^  âlablûima) 
'âldbnâ 

>  \Ubu. 
%Ubu. 

>  'âlûblu. 
'(UÛbtu. 

^  'âlâbna. 

3*  p.  m.. 
3*  p.f... 
2"  p.  m. . 

2^.1... 

i"pers.. 

yu'dtibu 

tudlibu 

tu'dtibu 

tu'âlibi[na\ 

'u'âlibu 

>  {byâtçb. 

>  {bd)CÙtçb. 
>>  {bôyâtçb. 

>  {boyàtbè. 

>  {bjàtçb. 

IMPÉRATIF. 

yuâlibû[na] 
{yu'âtîbna) 
tiiâtibû[tiaj 
(  lu'àlibna  ) 
nudtibu 

>-  {byâlbii. 

{b)ialbu. 
>-  {bôykbu. 

{b(j)Cùtbu. 
>  (ïnô)nâl§b 

2*  p.  ra. . 
2'p.  f.  .  . 

'dtib 
'dlibî 

>.  'âtbè. 

'dtïbâ 
{'àtibiia) 

>  'âlbu. 
"âlbu. 

PARTICIPE  ACTIF. 

masculin 
féminin 

mu'dlibu' 
mu'dtibatu" 

>  tnôtçb. 

>  mâtbé. 

mu'àtibiiia 
[muâtibdtu"^ 

>  rnatbîn. 
\        mâlbin. 

(')  Mot  tout  à  fait  récent  usité  seulement  par  les  cochers.  L'introduction  des 
voitures  ne  date  guère  que  d'une  vingtaine  d'années. 


168  DEUXIRME   PARTIE. 

A.  VERBES  FORTS  (IIP  THEME). 

Moins  vivant  et  moins  productif  que  le  IP  thème,  le  IIP  thème 
se  rencontre  pourlant  à  Kfar^'abîda  pour  un  grand  nombre  de 
verbes  forts  :  fàrçjq  fril  a  quitté,  il  est  mort  récemment??  <:  cl. 
fâraqa;  sâhçb  ffil  a  été  le  compagnon  de  quelqu'un??  <:cl.  sâhaha; 
etc.  Gomme  le  montre  la  conjugaison  de  ^âleb,  tous  ces  verbes  se 
conjuguent  exactement  comme  en  classique,  à  part  les  modifica- 
tions phonétiques  et  morphologiques  déjà  connues. 

Le  participe  mii^âtibii''  et  le  participe  passif  mu^âtabu"  aboutissent 
dans  notre  parler  à  une  forme  identique,  soït  m'^âtçb,  exactement 
comme  au  IP  thème  le  dialectal  mhâmmdl  est  à  la  fois  l'abou- 
tissant du  participe  actif  muhàmmihC'  et  du  participe  passif 
miihàmmaïu"  ;  on  se  contentera  donc  ici  de  renvoyer  à  ce  qui  a  été 
dit  à  propos  de  ces  dernières  formes. 

B.  VERBES  FAIBLES  (IIP  THEME). 

a.  Initiale  faible.  —  Au  IIP  thème,  les  verbes  classiques  à 
i""^  radicale  faible  ont  encore  à  Kfar'^abîda  quelques  représentants. 
Tandis  que  les  verbes  à  i"^^  radicale  y,  très  rares  du  reste  en 
classique,  n'ont  laissé  aucune  trace,  ceux  à  i""®  radicale  ''^^^  et 
mieux  encore  ceux  à  i'°  radicale  w  sont  relativement  nombreux 
dans  notre  parler.  Ex.  :  'azçr  wil  a  récompensé??  -<  cl.  ^azara; 
^ânçs  ffil  a  réjoui  par  son  urbanité??  (à  côté  de  waw^s)<cl.  'ânasa; 
wâfd^jq  ffil  a  été  d'accord  avec.  .  .  ??  <c:cl.  wâfaqa  ;  ivâsdl  ffil  a  per- 
sévéré?? <:cl.  wâsala;  etc. 

Tous  ces  verbes  à  i*^*"  radicale  '  ou  w  ont  une  conjugaison 
exactement  parallèle  à  celle  du  classique  et  conservent  partout 
sans  modification  leur  "*  ou  leur  iv;  ex.  :  wàsôlt  ffj'ai  persévéré??  <: 
wâsàltu;  (bô)iwâslu  ffvous  ipersé\ évez -n  <:tiiwàsilû[na];  etc. 

]S.  Médiale faible.  —  Sauf  laama  ffil  a  convenu,  il  est  d'accord 
avec.  .  .  ??  et  sâ'ala  ffil  a  interrogé??  qui  sont  dans  le  parler  lâyern 
(ou  lâwdm)  et  sâyçl,  les  verbes  classiques  mediae  '  au  IIP  thème 
sont  actuellement  inconnus  dans  le  parler  de  Kfôr^'abîda.  Par 
contre,  les  verbes  mediae  w  ou  y  sont  très  nombreux. 

Ils  apparaissent  parfois  là  où  la  langue  classique  emploie 
d'autres  thèmes;  ex.  :  zâwdb  ffil  a  répondu??  <c:zâwaba;  ''âwod  ffil 
est  revenu,  il  a  recommencé??  <<cl.  "^âwada;  ^âyçn  ffil  a  vu  de  ses 
propres  yeux??  <:cl.  '^âyana;  baye"  ffil  a  vendu??  <c.bâya''a;  etc.  La 

(')  Quelques  verbes  tels  que  'dljada  rril  a  blâmé»  et  'âlafa  cril  a  fréquenté?? 
ont  chan(|[é  leur  '  en  iv  et  sont  devenus  vçuhçd  et  wâlçf{d.  plus  haul ,  p.  g), 


MORPHOLOGIE.  169 

conjugaison  de  ces  verbes  est  à  peu  près  conforme  à  celle  du  clas- 
sique avec  cette  dilTéreuce  cependant  que  les  semi-voyelles  w  et 
y  se  vocalisent  à  certaines  personnes  après  la  cliute  régulière  de 
la  voyelle  brève  qui  les  suivait  et  i'ornient  à  elles  seules  des 
syllabes  indépendantes  ^^^  :  zàwùhna  wiious  avons  répondu  ??  et 
^âijénna  te  nous  avons  vu  de  nos  propres  yeux  77  <:  zàœàhnâ  et  "mjànnâ; 
mais  zâ-u-bu  wils  ont  répondu ^^  et  ^a-i-nu  wils  ont  vu  de  leurs 
propres  yeux??  (3  syllabes)  <:  *zâwbu  et  *''âynu  <:  cl.  zâwahû  et 
\îyanû,  etc. 

7.  Finale  faible.  —  Les  verbes  à  S*'  radicale  faible,  soit  y 
(puisque,  comme  il  a  été  dit  à  plusieurs  reprises,  les  verbes  à 
3°  radicale  w  ou  '  ont  tous  été  ramenés  à  la  classe  des  verbes 
tertiaey),  sont  encore  assez  nombreux  au  IIP  tbème  dans  notre 

parler;  ex.:  râda  tfil  a  chercbé  à  satisfaire??  <:cl.  râdà  ys/r-d-wy, 
zâza  tfil  a  récompensé ??■< cl.  zâzà  {\/ z-z-y)^^^;  kâfa  ffil  a  récom- 
pensé?? >cl.  kfifa'a  \\J  k-f-)  ;  etc.  Ici  la  conjugaison  est  conforme 
à  celle  des  verbes  tertiae  y  au  W  tbème  en  ce  sens  que  la  diph- 
tongue ai  du  parfait  n'est  jamais  réduite,  à  la  différence  de  ce 
qui  produit  au  P""  thème;  ex.  :  Mmdit  wj'ai  défendu??,  Mfâina 
ffnous  avons  récompensé??,  etc. 

S.  Verbes  lit' geminatae,  — De  la  classe  des  verbes  à  3^  radicale 
identique  à  la  2®  je  ne  connais  que  'Iqâsds  ffil  a  puni??  et  mâdfd  ffil 
a  lutté  corps  à  corps??  (en  face  des  cl.  qâssa  et  mâdda)  qui  soient 
employés  au  IIP  thème  à  Kfar^abida.  Comme  il  a  été  dit  à 
propos  du  participe  actif  (masc.  sing.)  du  P""  thème  des  verbes 
à  3®  radicale  identique  à  la  2%  pour  conserver  intacte  la  voyelle 
longue  à  caractéristique  du  IIP  thème  (donc  influence  analo- 
gique de  qâtilu"  et  du  verbe  fort),  les  sujets  parlants  ont  eu 
recours  à  un  double  procédé  :  ou  bien  ils  ont  introduit  une 
voyelle  brève  entre  les  deux  consonnes  identiques,  lorsque 
celles-ci  n'étaient  suivies  d'aucune  voyelle (^^,  ex.  :  ^/qâsds  ffil  a 
puni??  et  înâdçd  ffil  a  lutté??  en  face  des  cl.  qâssa  et  mâdda; 
(b)iqâsds  ffil  punit??  et  {b)imâdçd  ffil  lutte  corps  à  corps??  ^(h)i^lqâs- 
et  *(b)imâd'^  <cl.  yuqâssu  et  yumâddu;  etc.,  ou  bien  ils  ont  réduit 
de  moitié  la  première  des  deux  consonnes  identiques,  lorsque 
dans  la  conjugaison  la  seconde  se  trouvait  être  suivie  d'une 
voyelle,  ex.  :  'jqâ-sdt  ffelle  a  puni??  <:  cl.  qâssat;  [by/qà-su  ffils 

(')  Suivant  la  règle  énoncée  p.  83. 

^^)  Régulier  suivant  la  formule  :  iduivaz,  sdms. 

^')  C'est  ici  l'occasion  de  rappeler  que  la  langue  classique  connaît  quelque- 
fois les  formes  qdsasa  et  yiiqâsim  à  côté  de  qâssa  et  yuqâssu  (cf.  S.  de  Sacv, 
Gramm.  arabe^,  p.  281, 


170  DEUXIÈME    PARTIE. 

punissent^?  <:cl.  yîiqàssii[7ia]-,  etc.  Partout  ailleurs  la  conjugaison 
est  conforme  à  celle  du  classique,  ex.  :  ^qâsôst  ffj'ai  puni^^  <:  cl. 
qâsâstu;  ''jqâsds  tf  punis  ^■»  <:  cl.  qâsis;  etc. 

Remarque.  —  Le  dialectal  mâdçd,  par  exemple,  peut  repré- 
senter les  cl.  mâdda  (3^  pers.  masc.  sing.  du  parfait),  ou  bien 
mâdid  (2^  pers.  masc.  sing.  de  Timpéralif),  ou  même  (à  titre  de 
participe  actif  masc.  sing.  du  P''  thème  du  verbe  mâdda)  le  cl. 
mâddu". 

s.  Verbes  doublement  faibles.  —  Enfin  on  rencontre  a 
Kfai'^abîda  un  certain  nombre  de  verbes  à  deux  radicales  faibles 
qui  sont  d'un  emploi  courant  au  IIP  thème;  ex.  :  sâwa  wil  a 
égalise^  ^cl.  sâivà;  Jiâya  <x\\  a  arraché  le  consentement  de  quel- 
qu'un en  le  faisant  rougim  <ccl.  hâyà  wil  a  fait  rougira?  ;  etc.  La 
conjugaison  de  ces  verbes  est  en  tout  conforme  à  celle  du  clas- 
sique; ex.:  sâwàit  ffj'ai  égalisé  77  (^),  aor.  (b)isâwê  cril  égalise  ^i 
<:  cl.  yasâwï,  etc. 

Remarques  communes  aux  IIP'  thèmes  des  verbes  forts  et  des 
verbes  faibles. 

Comme  on  vient  de  le  voir,  le  IIP  thème  est  encore  assez 
vivant  à  KAir^abîda;  il  constitue  même  une  catégorie  productive 
soit  dans  les  verbes  forts  soit  dans  les  verbes  faibles. 

1.  Le  IIP  thème  est  assez  souvent  employé,  comme  en  clas- 
sique, pour  exprimer  une  action  exercée  directement  par  le 
sujet  sur  une  autre  personne;  ex.  :  'jqâiçl  cril  a  combattu  quel- 
qu'une? <cl.  qâlala;  sàmoh  wil  a  pardonné  à  quelqu'un??  <:cl. 
sâmaha;  ^jqâwol  cfit  a  conféré  avec  quelqu'un??  <  cl.  qâwala; 
wâfslq  ffil  s'est  accordé  avec  quelqu'un??  <  cl.  wâfaqa;  etc. 

9.  11  sert  par  ailleurs  à  rendre  transitifs  les  verbes  qui  sont 
intransitifs  au  P'"  thème,  mais  toujours  avec  la  nuance  de  sens 
indiquée  sous  1.  :  hâsçn  ffil  a  usé  de  bons  procédés  à  l'égard  de 
quelqu'un??  <:cl.  hâsana  (P''  th.  hàsiina);  hâbor  ffil  a  informé 
quelqu'un??  (P*^  th.  hâbiira)',  elc. 

3.  Il  est  actif  et  sert  à  exprimer  une  idée  de  rivalité;  ex.  : 
sâho'jq  ffil  a  cherché  à  devancer  quelqu'un??  <:cl.  sâbaqa;  ^jqàwdm 
ffil  a  résisté  à  quelqu'un??  «<cl.  qâwama;  etc. 

U.  Il  exprime  quelquefois  l'action  pure  et  simple  et  remplace 
alors  le  P""  thème;  ex.  :  Uiivod  ffil  est  revenu??  <:cl.  ^âwada;  'âzç', 

^')  Cl.  sàwdilu. 


MOIUMIOLOGIK. 


171 


tfil  a   rc^cornponso^^  ■<  cl.   'âzara;  sâyçl  ril  a  interrogé 77,  cf.  cl. 
s(V(da;  hàhii  cfil  a  racontée? ,  cf.  cl.  hàhà  (I*""  llicriK;);  etc. 

5.  Enfin  le  in*"  thème  fournit  un  grand  nombre  de  denomina- 
tifs  et  c'est  surtout  dans  cet  emploi  qu'il  est  productif;  ex.  :  sâhdli 
tfil  a  été  trouver  quelqu'un  le  matin^^,  dénom.  desoM  ffmatin77-< 
cl.  sûbhu"  ;  mâsa  wil  a  été  trouver  quelqu'un  le  soir 77,  dénom.  de 
màsa  fcsoin-)  <:  cl.  masau"^^^  ;wazçh  cf il  s'est  trouvé  face  à  face  avec 
quelqu'un 77  <<cl.  ivazaha,  dénom.  de  wâV'  fc visage 77  <z ci.  wàzhu" ; 
râbf  ffil  est  convenu  par  contrat  du  quart  (des  bénéfices  et  des 
pertes) 77,  dénom.  de  rèb^  cfquart77  ■<  cl.  rubSi";  hâwa  cril  a  traité 
quelqu'un  comme  un  frère  77 ,  dénomin.  de  hâi  cf  frère 77 ,  cf.  cl.  'ahu"  ; 
*^âda  cfil  fut  l'ennemi  de  quelqu'un 77  -<cl.  *^âdà,  dénomin.  de  Vît 
ff  ennemi 77  <:cl.  ^idâivu"  ;  bâivos  cril  a  baisé  quelqu'un 77,  dénom. 
de  bàiisê  ff  baiser  77  <:cl.  bâusalu"  (^);  ''âijm  ffil  a  vu  de  ses  propres 
yeux  77  •<  cl.  ""(hjana,  dénomin.  de  VHw  w  œil  77  <::cl.  %inu";  elc. 


IV 
VERBES  TRILITÈRES  AU  IV'  THÈME  (GAUSATIF). 

Comme  dans  d'autres  dialectes  arabes  modernes  ^^^,  le  IV^  thème 
du  classique  (type  'aqtala  :  yuqtilu)  n'existe  plus  à  Kfar'^abîda  en 
tant  que  conjugaison  complète.  On  a  vu  qu'il  a  été  assez  souvent 
remplacé  par  le  II"  thème;  mais  dans  le  plus  grand  nombre  des  cas 
il  a  cédé  la  place  au  P""  thème.  Ex.  :  tçjqdn  (P""  thème)  ffil  a 
soigné,  il  a  perfectionné 77,  cf.  cl.  'âtqana;  tçhçm  (P""  thème)  ffil 
a  soupçonné??,  cf.  cl.  \ithama;  tékf  (i"^  thème)  ffil  a  fait  périr??, 
cf  cl.  'dllafa;  ia'am  (P*"  thème)  ffil  a  nourri 77,  cf.  cl.  'àfama;  Iç^'eb 
(P'"  thème)  ffil  a  fatigué,  il  fut  fatigué 77,  cf  cl.  'àfaba;  sflem 
(P""  thème)  ffil  s'est  fait  musulman??,  cf  cl.  ^âslama;  néké  ^ il  a 
contrarié??  (P'"  thème),  cf  cl.  'ânkà;  'jqàf  (P'"  thème)  ffil  a  avoué ??, 
cf  cl.  'aqârra;  ^jqâm  (P""  thème)  ffil  a  soulevé??,  cf  cl.  \iqàma; 
etc. 

Dans  les  verbes  des  types  ^aqâma  et  ^iqàrm,  le  pétant  en  syl- 
labe ouverte  inaccentuée  suivie  d'une  syllabe  longue  et  accen- 
tuée, était  sujet  à  disparaître  en  même  temps  que  la  voyelle  brève 
qui  le  suivait,  ce  qui  amenait  une  confusion  complète  du 
lY^  thème  avec  le  P*"  thème.  Dans  les  verbes  des  types  'àtqana  et 

(')  Dans  le  dicton  populaire  :  sâbah  el-Jqihim  ulà  tmâsiy-on  a  va  trouver  les 
gens  le  matin  plutôt  que  le  soir  (variante  :  tmSsîhon). 

(^)  Emprunt  au  persan,  cf.  l'infinitif  basï{den),  plutôt  qu'au  latin  bâsium, 
etc. 

^^'   Cf.  Marçais,  Saida,  p.  662  ;  Gouen,  p.  210. 


172  DEUXIÈME    PARTIE. 

'ânhâ  où  le  '  était  en  syllabe  fermée  accentuée,  son  apparente  dis- 
parition n'est  pas  phonélique,  mais  résulte  de  Tanalogie  des  verbes 
des  deux  premiers  types  et  de  tous  les  aoristes  qui,  on  le  sait,  ne 
maintiennent  pas  en  classique  le  morpbème  préfixe  'a-  que  pos- 
sède le  parfait  à  ce  thème  (IV),  'dtqana  et  'aqâma  étant  à  Taoriste 
yûtqinu  et  yuqîmu.  Ainsi  donc  la  disparition  du  IV^  thème  serait 
due  à  une  action  phonélique  combinée  avec  une  influence  ana- 
logique. Ce  qui  le  prouve,  c'est  que  le  IV''  thème  n'a  pas  entière- 
ment disparu  du  parler  de  Kfar'abîda,  mais  qu'il  a  été  main- 
tenu distinct  toutes  les  fois  qu'il  a  été  possible,  par  exemple 
dans  les  participes  actifs  des  verbes  forts  ou  des  verbes  tertiae  y, 
et  surtout  à  l'aoriste  des  verbes  mediae  w  ou  y.  En  effet,  beau- 
coup de  participes  actifs  classiques  de  verbes  forts  ou  faibles  au 
IV^  thème  sont  encore  usités  dans  notre  parler.  Ex.  :  mot'jqon 
w  soignant  17  <:  cl.  mûtqinu",  de  té'/qdn  fril  a  soignée?  <  cl.  'àlqana; 
mofçh  ff  fatigant'?  <:  cl.  mûfihu'',  de  tç^^çh  cr il  a  fatigué i?  <:cl.  ^àfaha; 
rn/îd  ff utile??  <  cl.  mufUhi",  defâd  ffil  a  été  utile??  <ccl.  'afâda; 
rnjqîm  cf restant  toujours??  <:cl.  nmqîmii" ,  de  '/qàrn  wil  a  séjourné, 
il  est  resté??  <ccl.  'aqâma;  morde  wqui  satisfait??  <:cl.  mûrdi",  de 
rèdè  ffil  a  satisfait,  il  a  accepté??,  cf.  cl.  'arda;  moiihê  ffcontra- 
riant??  -<  cl.  miinki",  de  nçke'  ffil  a  contrarié??,  cf.  cl.  'ànhâ;  mûdc 
ff nuisible??  <:  cl.  muai'',  de  'ç^^  ffil  a  nui??,  cf.  cl.  Wâà;  etc.  (^). 
Mais  tous  les  participes  passifs  du  type  miiqtalu"  ont  été  rem- 
placés par  ceux  du  type  maqtûlu"  du  P""  thème;  ex.  :  mafjqùn 
ff  soigné??  au  lieu  d'un  représentant  de  mûtqamC",  de  'àtqana;  ma- 
thûm  ff  soupçonné??  au  lieu  d'un  représentant  de  mûthamii'',  de 
'dtJiama;  mashût  ff  prouvé??  au  lieu  d'un  représentant  de  mûBhatiC'f 
de  'âôbata;  etc. 

Le  IV^  thème  est  également  distinct,  à  Kfar^abîda,  du  l®""  thème 
à  l'aoriste  et  à  l'impératif  des  verbes  tertiae  wouy  du  type  qatila  : 
yaqtalu  [nasiya  :  yansa)  et  des  verbes  mediae  w  ou  y,*  ex.  :  {b)yùrdé 
ffil  satisfait??  et  [b)yûnsê  ffil  fait  oublier??  <:  cl.  yûrcfï  et  yûnsï, 
(iïi)nûrdê  ff  nous  satisfaisons??  et  [m)nunsê  ffuous  faisons  oublier??  <: 
cl.  nûrdï  et  nûnsï,  etc.  (de  'ârdà  et  'ânsâ),  tandis  qu'on  a  {b)yÔrda(f\\ 
est  satisfait??  et  {h)yénsa  ffil  oublie??  <:  cl.  yàrdà  et  ydnsâ,  etc.,  de 
parfaits  râdiya  et  misiya.  De  même,  pour  les  verbes  mediae  iv  : 
[b)ihîn  ffil  olfense??  <  cl.  yuhîmi,  (ino)njqtm  ffnous  soulevons?? 
<cc\.  nuqîmu,  {h)idîru  ffils  font  tourner??  <  cl.  yudirù\na^,  etc.,  de 
\ihâna,  'aqâma,  'adâra,  tandis  qu'on  a  (l))ihûn  ffil  est  facile  <:cl. 
yahimu,  (iinô)njqàm  ffnous  nous  levons??  <:  cl.  naqumu,  (J))iduru  ffils 

(')  Toutefois  CCS  formes  ne  sont  plus  senties  par  le  sujet  parlant  (à  quelques 
exceptions  près)  comme  de  véritables  participes;  ce  ne  sont  que  tics  adjectifs. 
On  a  créé  analogiquement  des  participes  sur  (idlilu"  qui  sonl  actuellement  les 
seuls  participes  vivants  du  IV*  thème;  ex.  :  tuçb  ff  fatigant»,  '/qâyçm  ff  faisant 
lever»  ,  rnt/è  ff  satisfaisant». 


MOKPHOLOOIK.  173 

loiirnont'7    <:   cl.   yadûrâ[n(i],    etc.,    de    h/ma    \\/h-\v-nj,    qâma 

[\  (f-iv-m) ,  dam  yy  d-w-rj^  etc. 

D'ailleurs,  la  diiïérence  de  sens  entre  le  IV"  et  le  P""  thèmes  sub- 
siste pour  les  sujets  parlants,  bien  que  la  confusion  dans  la  l'orme 
soit  complète.  On  sait,  par  exemple,  que  té^çb,  employé  seul  ou 
avec  un  ré[jime  indirect,  signifie  ccil  s'est  faligué^?,  tandis  (pj'il  si- 
gnifie ffil  a  fatigué 7-)  lorsqu'il  est  suivi  d'un  régime  direct;  ex.  : 
lî'^çb  mn-ç^-soyl  rcil  est  fatigué  du  travail r»,  mais  hâda  Iç'ôhné  rrceci 
m'a  fatigué 7?.  Dans  le  premier  cas  tç'çh  représente  le  cl.  laHba  et 
dans  le  second  le  cl.  'afaba. 


VERBES  TRILITERES  AU  V  THEME 
(RÉFLÉCHI  DE  L'INTENSIF). 

Cl.  ta^àllama  wil  a  appris  75  ^^fàllçm. 

SINGULIER.  PLURIEL. 

CLASSIQUE.  DIALECTAL.  CLASSIQUE.  DIALECTAL. 


PARFAIT. 


3'  p.  m. 
3'  p.f. . 
2"  p.  m. 
a''  p.f.. 
i'*pers. . 


3'  p.  m. , 
3'  p.f.., 
2*  p.  m., 
2^  p.  f.  . , 
i"pers. . 


tadllama 

laâllamal 

ta'alhmla 

ta'aîhimli 

ta'aUàmtu 


yata^àllamu 

tataWllamu 

tataâllamu 

tataaUami[iia\ 

'ata'àllamu 


2*  p.  m.  .    ta'tUlam 
2'  p.  f.  .  .  ta'àllamî 


masculin    mutaùllimu^ 
féminin     mutaWllimalu"^ 


l'dllçm. 

t'àl'mdl. 

t'allémt. 

volUmlé. 

t'allémt. 


AORISTE. 


[b)yet%'dîçm. 
{b)teCidlçm. 
{lj)leCûllçm. 
{b)tet'àhnè. 
(bôydllçm. 


taâllamû 
(  taalUmna  ) 
taallàmlum 
[ta  allamlimna) 
ta'alldmnà 


yata^allamû\iiid\ 
[yataaUdmna] 
tataaVamû\na\ 
(  tataaUâmna  ) 
natadllamu 


IMPERATIF. 


t^dllçm. 
tWl^mè. 


tcCdllamîi 
(ta'alldmna) 


PARTICIPE  ACTIF. 


môCdllein. 
moCdl  mé. 


muta' allimt  lia 
[muta' alUmâtii"^) 


t'dl'mu. 
t'ai  mu. 
t'allomlu. 
t'allémtu. 
t'allémna. 


(h)yet'dhnu. 
[b)yet'dhnu. 
{b)teCdtmu. 
{b)tet'atmu, 
(tn)net'dll§m. 


t'dl  mu. 
t'dfmu. 


mot'afmin. 
môt'al^min. 


Tout  ce  qui  a  été  dit  sur  la  conjugaison  du  11^  thème  doit 
s'appliquer  à  celle  du  V*"  thème  qui,  comme  le  IP,  est  tout  à  fait 
vivant  dans  le  parler  de  Kfar^abîda. 


17A  DEUXIÈME   PARTIE. 

1.  Le  V*"  thème  sert  très  souvent  de  passif  au  11°  thème,  tandis 
que  le  VIP  thème,  on  le  verra,  sert  de  passif  au  P^  Ex.  :  tsàmma 
ff  il  a  été  appelé  (de  tel  ou  tel  nom),  il  a  été'  nommé  (à  un  poste 
ou  à  une  dignité)  w  <  cl.  tasàmmà;  trâbha  ffil  a  été  bien  élevée 
<:  cl.  tarûhhà  (à  côté  de  râbbâ)  ffil  a  nourri,  il  a  élevé  (un  en- 
fant)^'; ihànna  ffil  a  été  félicité •>?,  cf.  cl.  hànnaa  ffil  a  félicité ?•>; 
tyàhjar  ffil  a  été  changée?  <  cl.  tayâh/ara;  fâujen  ffil  a  été  dé- 
signé pour  une  dignité  77,  cf.  cl.  "^àiyana  ffil  a  désigne  77;  tzàrrah  ffil 
a  été  tenté 77,  cf.  cl.  zàrraba  ffil  a  tenté 7?;  tzàlled  ffil  a  été  relié 77 
cf.  cl.  zàllada  ffil  a  relié 77  ;  fâllem  ffil  a  souffert 77 ,  cf.  cl.  ""((Uama  ffil 
a  fait  souffrir 77;  etc. 

2.  Il  sert  à  former  le  réfléchi  du  IP  thème  et  il  donne  alors 
aux  verbes  (forts  ou  faibles)  la  même  signification  qu'ont  les 
verbes  pronominaux  français.  Ex.  :  tkânna  ffil  s'est  donné  un 
surnom 77  <:  cl.  takdnnâ;  tnâbba  ffil  s'est  donné  pour  prophète 77 
<:  cl.  tanabbaa  ;  tmâssat  ffil  s'est  peigné 77,  cf.  cl.  màssata^nl  a 
peigné 77;  tsâlfdh  (r\\  s'est  corrigé 77,  cf.  dial.  sàlhh  ffil  a  corrigé 77 
au  lieu  de  cl.  ^àslaha;  timïdded  ffil  s'est  étendu  <:  cl.  tamâddada; 
tmâhhat  f(i\  s'est  mouché 77  <cl.  tamâhhata;  twàdda  ffil  a  fait  ses 
ablutions  77  <:cl.  tawàdda'a;  etc. 

3.  Il  remplace  quelquefois  le  VHP  thème;  ex.  :  tïwffa  ffil  s'est 
déchaussé 77,  cf.  cl.  ihtàfà;  tyàdda  ffil  s'est  nourri,  il  a  déjeuné 
(à  midi) 77,  cf.  cl.  iytàdà;  etc. 

h.  Il  supplée  parfois  au  P''  thème  tombé  en  désuétude;  ex.  : 
tzdddar  ffil  a  eu  la  petite  vérole  77,  cf.  cl.  zàdara;  izàuwdl  ffil  a  par- 
couru (un  pays)77,  cf.  cl.  iâla  \\Jz-w-lj\  etc. 

5.  Le  V*'  thème,  et  cet  emploi  est  très  fréquent,  fournit  enfin 
un  grand  nombre  de  dénominatifs  tirés  de  substantifs  ou  d'adjec- 
tifs, Ex.  :  tnàssar  ffil  s'est  fait  chrétien  ^7  <:  cl.  tanàssara,  dénomin. 
de  nosrânê  ff  chrétien  7")  <:  néo-  cl.  nasr'àniiju"  ;  tydrrab  ffil  a  émi- 
gré ,  il  est  allé  à  l'étranger  77 ,  cf.  yrib  ff  étranger  77  <;  cl.  yarlbu"  ;  ibdrra 
ffil  est  devenu  sauvage,  insociable^7  de  bmrè  ff  sauvage,  insociable77 
<  cl.  barrupi"  ;  Càrmm  ff  il  est  entassé  n  de  *^àrmc  ff  tas  77  ■<  cl.  ^aramalu'  ; 
Inmnmar  ffil  a  imité  la  panthère  ^^'•'7  <:cl.  tanmnmara,  de  m'mn' 
ff  panthère  77  <:  cl.  mmrv"  (et  tnàmmar  ffil  a  été  numéroté  77  de  tiômro 
ff  numéro  7');  thdddçd  ffil  a  été  travaillé  avec  le  fer  77  de  hdid  fffer77 
<<cl.  haduh" ;  ibàdda'^  ffil  a  fait  emplette  de  marchandises 77  de 
6(/«Vi  ff  marchandise  77  <:cl.  bidâ^^atu"  ;  tsâttarf^  il  est  devenu  habile; 
il  a  fait  le  rusé,  l'intelligent 77  de  6'apr  ff  malin 77  <  cl.  sâliru"  ;  etc. 


(i) 


Au  sens  figuré  du  iat.  ferôcîre  ce  être  arrogant». 


MORPHOLOGIK. 


17! 


VI 

VEUBES  TRILITÈRES  AU  \V  THÈME 

(RÉFLÉCHI  DU  GAUSATIF). 

Cl.  tarâhana  cf  il  a  pariée?  >  trâhçn. 


SINGULIER. 

PLURIEL. 

CLASSigUR. 

DIALECTAL. 

PARFAIT. 

CLASSIQUE. 

DIALECTAL. 

3"  p.  m. . 
3'=p.  f... 
2'  p.  m. . 
2"  p.  f.  .. 
1  "  pers. . 

(ardhana 

tardhanat 

larâhnnta 

tnrâhdati 

taràhânlu 

X>  trdhçn. 

>  Irdhnei, 

>  tràhént. 

>  trâhénté. 

>  tràhént. 

AORISTE. 

tardhanû 

(larâhdnna) 

tarâhmitum 

[taràhantûnna) 

tarâhânnâ 

;>>  trdhnu. 

Irdhnu. 
>  trâhéntu. 

tràhéntu. 
;>  tràhénna. 

3*^  p.  m.. 
3°  p.  f.  . . 
2"  p.  m. . 
3"^  p.  f. . . 
i"pers. . 

yalardhanu 

tatardhanu 

tatardhanu 

tataràhani[na 

'atardhanu 

>>  [h)ijolrâhçn. 
>■  (Ijilofi-dhçn. 

>  [b)telrdhçn. 
]  >  {h)tetrâhnè. 

>  [bô)trdhçn. 

IMPÉRATIF. 

yataràhann\_na\ 

[yalaràhdnna) 

talaràhanû\iia^ 

[tatarâhànna) 

natardhanu 

>  [b)yetrdhnu. 
{b)yetrdhnu. 

>  {b)lÇtrdhnu. 
{b)fefrdhnu. 

>>  [m)netrdhçn. 

2*p.  m. 
2«p.  f. 

tardhaa 
tardhanî 

>  trdhçn. 

>  trdhnè. 

tardhanû 
[tarâhânnâ) 

>  trdhnu. 
Irdhnu. 

PARTICIPE  ACTIF. 

masculin 
féminin 

inutarâhinu^ 
mutardhinatu 

>  môtrdhçn. 
"  >  niôtrdhné. 

nmtarâhintna 
[nmtarâhindtu"] 

>  môlràhnin. 
)        motràhnin. 

Ce  qui  a  été  dit  des  verbes  faibles  et  forts  du  HP  thème  s'ap- 
plique également  à  ceux  du  VP  thème.  Toutefois  les  verbes  de 
ce  dernier  modèle  sont  beaucoup  plus  nombreux  et  plus  vivants 
que  ceux  du  HP;  ils  conservent  à  Kfàr'abîda  tous  leurs  emplois 
classiques. 

1.  Les  verbes  du  VP  thème  expriment  la  réciprocité  d'action 
entre  deux  ou  plusieurs  sujets.  Ex.  :  f/qâtlu  ff  ils  se  sont  battus ^^  < 
cl.  taqâtalû;  tsâlhu  ce  ils  se  sont  réconciliés^  -<  cl.  tasâlahù;  tbâusu 
wils  se  sont  embrassés •>■)  <:  *tabâwasù,  cf.  bas  cfil  a  embrassée? 
<:cl.  basa;  isâuru  cfils  se  sont  consultés  les  uns  les  autres '•»  <:  cl. 
tasâwarïi  (sjs-w-rj  ;  îhâbru  wils  se  sont  associés  (en  parlant 
surtout  des  laboureurs )t?,  cf.  syr.  ^eôhabbar;  tsâivu  wils  sont  res- 
pectivement égaux ^7  <:  cl.  tasâwïi  \\Js-w-y)\  tmâ'^du  wils  ont 
lutté  corps  à  corps  les  uns  contre  les  autres w  <ccl.  tamâddu  «ils 
ont  tiré  chacun  à  soi^^;  etc. 


176  DEUXIÈME    PARTIE. 

2.  Le  VI'  thème  fournit  un  passif  aux  verbes  du  IIP  (hème. 
Ex.  :  fjqâ-su  rrils  ont  été  punisi?,  cf.  cl.  qàssa  rril  a  puni 7?  (dial. 
'fqâsds)',  ihârçk  wil  a  été  béni,  félicité?^  (d'où  la  formule  courante 
tethârçh  ya'^rîs  ffsois  béni,  félicité,  heureux,  ô  époux?7)<:cl.  tabâ- 
rala;  f/qâyes  wil  a  été  mesuré?^,  cf.  '/qàyçs  cril  a  mesuré 7?  <:  cl. 
qâyasa;  fâtçh  wil  a  été  blâmé??,  cf.  ''âtçh  ce  il  a  fait  des  reproches 
à  quelqu'un??  <:  cl.  "cUaba;  tmâpl  ffila  été  différé,  retardé??,  cf. 
mâpl  wil  a  différé  (un  payement)??  <  cl.  mâlala;  etc. 

3.  Il  supplée  quelquefois  le  P"^  thème  tombé  en  désuétude. 
Ex.  :  tnâwdl  ce  il  a  reçu  TEucharistie,  il  a  attrapé  un  objet??  <::cl. 

ianâwala  y\/n-w-l);  Hâwdh  ffil  a  bâillé??  <:  cf.  taBaaha;tzâhçr  wil  a 
paru??  ■<  cl.  tazâhara;  etc. 

li.  Il  sert  parfois  de  réfléchi  proprement  dit.  Ex.  :  twâdd''  ffil 
s'est  humilié??  •<  cl.  tawâda'a;  tnâzçl  ril  s'est  montré  accommo- 
dant?? <<  cl.tanâzala  ;  etc. 

5.  Enfin  il  sert  assez  souvent  à  exprimer  le  sens  de  feindre  une 
qualité  ou  un  état;  dans  ce  cas  il  s'agit  la  plupart  du  temps  de 
dénominatifs.  Ex.  :  tmâivdt  ??  il  a  fait  le  mort  -<  ci.tamâwata ;  fâma 
efil  a  fait  l'aveugle,  il  a  fait  le  naïf??  <:cl.  ta*^âmà;  îsâpr'^^'i  ce  il  a 
usé  d'babileté  pour  rançonner  quelqu'un,  il  a  fait  le  malin??,  cf. 
sâtdr  ff habile??  «<  cl.  sâûnC' ;  ilâidf  ^(\\  s'est  montré  bienveillant,  il 
a  fait  le  gracieux,  l'aimable??  de //</?? aimable??  < cl. /«///w";  iyâsem 
ff  il  a  fait  l'ignorant,  le  niais??  de  ysîm  ff  ignorant,  stupide??;  tfâsdJi 
ffil  a  visé  à  l'éloquence,  il  a  fait  l'éloquent??  <::cl.  tafâsaha;  etc. 


VII 

VERBES  TRILITERES  AU  VIP  THÈME 

(RÉFLÉCHI  À  N-  PRÉFIXE). 

Cl.  inhâsara  «û  est  cassé??  ^nkàsar. 

SINGDLIER.  PLURIEL. 

CLASSIQUE.  DIALECTAL.  CLASSIQUE.  DIALECTAL. 


PARFAIT. 

3*=  p.  m. 

inkfisara 

>  nkfisar. 

inkasarû 

>  nkâsru. 

3'  p.  f.  . 

inkdsarat 

>  nkâsrçt. 

(  inkas(ivna  ) 

nkdsru. 

2"  p.  m. 

inkasârta 

>  'nksârt. 

inkamrlum 

>  '"iikaârlu. 

a"  p.  f.  . 

inkasârli 

>  ''nksârté. 

[inkasarlûnna 

)        'nksârlu. 

i"pers. . 

inkasnrtu 

>  'nksârt. 

inkasnrnâ 

>  'nksârna. 

('^  Le  thème   laqaltala   afTecle  quelquefois,    mais  rarement,    ce   sens;    cf. 
tèdttar. 


MORPHOLOGIE. 

1 

AORISTE. 

3"  p.  m. . 
3"  p.  f... 
a*  p.  m. . 
2"  p.f.  .. 
1  '"  pers. . 

ydnkaairu 

tdnkasiru 

lânkasiru 

taiikasiii[na\ 

'dnkasiru 

;>  (J))yçnksçi\ 
>>  (b)lénksçr. 

>  {b)lé)\kçsr. 

>  [h)lehkésré. 

>  [bymksqr. 

IMPÉRATIF. 

yank(mril[na] 
(yankasiriia) 
tankasiriï[na\ 
(  fankast'nia  ) 
nânkasiru 

;>  (b)yeiikésru. 
{b)yonkpsru. 

>  {lj)lenkésru. 
{f))lçiikésru. 

>  [m)nénksçr. 

2°  p.  m. 
a^p.  f. 

inkdsir 
inkdsirî 

>  nkçsçr. 
>>  nkésrê. 

inhâsirû 
[inkasirna) 

>>  nkèsrtu 
nkésru. 

PARTICIPE  ACTIF. 

masculin 
féminin 

mûnkasiru^ 
mûnkasiratu* 

(manque), 
(manque). 

miinkasirîna 
munkasirâlvJ^ 

(manque), 
(manque). 

177 


A.  VERBES  FORTS  (AU  VIP  THEME). 

Comme  au  P"^  thème,  la  conjugaison  des  verbes  forts  au 
VIl^  thème  est  en  gros  identique  à  celle  du  classique.  Toutes  les 
formes  dialectales,  sauf  celles  qui  ont  été  expliquées  à  propos  du 
P  thème,  proviennent  directement  de  celles  du  classique. 

L'accent  conserve  partout  la  place  qu'il  occupait  en  classique, 
sauf  naturellement  à  la  2^  personne  féminin  singulier,  aux  2® 
et  3^  personnes  masculin  pluriel  de  Taoriste  où,  par  suite  de 
l'abrègement  régulier  des  longues  à  la  finale,  l'accent  a  reculé 
jusqu'à  celle  des  voyelles  brèves  précédentes  qui  s'est  maintenue; 
ex.  :  cl.  tanlasirî[na\  fdu  seras  cassée ?7 ,  c.-à-d.  *tankasin  :>-*tankasrï 
>  tenhésrê; yankasirû\na\ ,  c.-à-d.  ^yankasirù  >-  ^ijankasni  >-  yenhésim ; 
etc. 

L'  i  bref  prothétique  du  parfait  et  de  l'impératif  classiques 
disparaît  purement  et  simplement,  parce  qu'il  est  atone  et  suivi 
d'une  syllabe  accentuée  et  parce  qu'en  outre  notre  parler  ne  com- 
mence pas  en  principe  un  mot  ou  une  syllabe  par  un  phonème 
purement  vocalique  (cf.  plus  haut,  p.  89).  D'où  le  groupe  de 
deux  ou  de  trois  consonnes  consécutives  qui  sont  conservées  à  Kfar- 
^ibîda  sans  aucune  disjonction  :  ex.  :  in/âtaha  ffil  a  été  ouvert 77<: 
iifàteh;  inhadà^lu  crj'ai  été  trompent)  :>''^nhdàH^^\ 

Au  parfait,  la  voyelles  bref,  qui  portait  en  classique  l'accent  du 
mot,  est  toujours  conservée  avec  son  timbre  pur;  ex.  :  wfAtaha  cr ils 
ont  été  ouverts 71  ^nfâthu;  inhadà''nâ  crnous  avons  été  trompés 71 
:>'nhdà''na;  inhadà''ti  crtu  as  été  trompée it»  :>'^nhdci'tê. 

A  l'impératif  et  dans  quelques  formes  de  l'aoriste,  la  voyelle  a 

^')  L'existence  de  nkésçr  à  côté  de  ''iiksar  montre  que  le  parler  hésite  entre  deux 
partis  :  admettre  ou  ne  pas  admettre  trois  consonnes  au  début  du  mot.  Le  fait 
qu'il  s'agit  de  sonantes  a  également  ici  son  importance.  La  sonante  prend 
en  effet  facilement  une  initiale  vocalique. 

PARLER  DE  KFAR'abÎDA.  13 


178  DEUXIÈ^IE    PARTIE. 

appaiienaiil  à  la  racine  el  porlant  Tacci^nt  passe  à  ç^^^i  (hnàla  fa- 
vorisé par  IV  de  la  syllabe  suivante);  ex.  :  infàlih  ff ouvre-loi ^7  >• 
nJètçJi;  y(mfaliM\na\  ce  il  s'ouvrent  •>:>  >-  (hjyenfôthu. 

En  face  des  impératifs  réguliers  nhi'ser<:c\.  inkâsir  ( masc.  sing.) , 
iikésrê  <:  cl.  inhàsirï  (fém.  sing.)  et  nkésru  <<  cl.  inhàsirû  (masc. 
pi.),  notre  parler  présente  quelquefois  les  formes  'fiksâr,  'iihsi'rêet 
"nksçni  analogiques  des  ksâr,  kséré  et  kscni  du  P*"  thème. 

Le  participe  actif  (type  munqâtilu")  du  Vil*'  thème  n'a  laissé  au- 
cune trace  dans  notre  parler;  cette  disparition  complète  s'explique 
par  le  fait  que  le  VIlHhème  a  généralement  le  sens  du  passif. 
En  outre,  le  participe  passif  lui-même  (type  munqatalu")  a  tou- 
jours été,  sauf  dans  quelques  rares  verbes,  remplacé  dans  les 
verbes  forts  par  celui  du  1*""  thème  (type  inaqlâlti")',  ex.  :  maksûr 
(et  rarement  môvkser)  tf  cassé 7?;  mafiûh  fc ouvert 7?;  etc. 


B.  VERBES  FAIBLES  (VIP  THEME). 

a.  Initiale  faible.  —  Le  Vfl''  thème  est  représenté  à  Kfar'^abîda 
par  plusieurs  verbes  à  première  radicale  '  ou  w.  Ex.  :  riazar  ffil  a 

été  pris  en  location  ^^  (y/'-i-îvc  louerai);  nàsef  ce  il  a  été  regrettée? 

(V^ -*:/   ff regretter 77);    nwàzç^    ffil     a     senti    de     la    douleur ?7 

\\J w-z-"    ff souffrir 77);    nwàse'jq    ffil    a    été     chargé    (bateau) 77 

\\/ w-s-q  ff charger 77);  etc.  Tous  ces  verbes  ont  une  conjugaison 
à  peu  près  régulière  en  ce  sens  que  le  hamza  garde  partout  sa 
valeur  de  consonne  et  que  w  garde  également  sa  valeur  de 
semi-voyelle  toutes  les  fois  que  la  voyelle  qui  le  suivait  s'est 
maintenue;  ex.  :  ww^r/i V^  cf  elle  a  souffert77  <::*inwaza%t ,  mais  nuzàH 
ffj'ai  sou(fert77  <c::*inwazâ'^tii. 

L'impératif  a  ici  une  double  forme  également  usitée;  ex.  :  nivèzç^ 
ou  nuzâ''  ff  souffre  77,  etc. 

/S,  Médiate  faible.  —  Les  verbes  mediae  iv  ou  y  sont  assez  nom- 
breux pour  le  Vil"  thème  dans  notre  parler.  Ex.  :  nlâni  ffil  a 
été    blâmé  77  y\/ l-w-m    ff  blâmer  77);    n'/qâs    ffil    a    été    mesuré  77 

\\/q-y-s  ff  mesurer77);  etc.  La  conjugaison  de  ces  verbes  est 
à  peu  près  identique  à  celle  du  classique;  ex.  :  nlâmu  ffils 
ont  été  blâmés 77  <:.*inlâmu;  nba't  cfj'ai  été  vendu 77  ■<  cl.  inbâUu 

{s/b-y-*");  {b)yenlâni  ffil  sera  blâmé 77  '<.*yanlâniy ;  etc.  ^^^. 

Le  participe  passif  (type  îniiqUilu") ,  identique  en  classique  au 
participe  actif,  est  usité  à  Kfâr'abîda  dans  tous  les  verbes  mediae 


('^  Qui  passe  à  son  tour  à  e  en  syllabe  fermée  non  finale. 
(^^   Cl",  par  ex.  mqàsû  cfils  sont  mesurés». 


MORPHOLOfilR.  1  79 

w  OU  y  au  VU"  tlioinc  ol  sert  partout  de  [)articij)c  pas.^il"  (lyprs 
maqùln"  et  maqUu")  aux  verbes  mcdiae  iv  ou  ?/  dont  le  partiel |)e  j)assit' 
au  I*'  tlièuie  est  toin])é  en  désuétude  dans  notre  parlei*.  I^^x.  : 
monl)(t^^^  ff vendu r»  <<  cl.  munhà^n''  \\/l^-y-^  (f vendre r»);  mônhân 
ffolTensé^i  de  nhârK^'û  a  été  offensé ^7  y\/h-w-n  w mépriserai);  momâf 
ffvu^7    de    mâf  wil    a    été  vu^^   (ys-w-f  ffvoirn);   mondâm   fftrcs 

malade^?  àQndâm  ce  il  est  très  malade^?  \\/d'y-m  ff  violenter  7^);  etc. 
On  rencontre  à  Kiar^'abida  pour  le  VIP  thème  un  seul  verbe 
medtae  '  :  c'est  nsaal  wil  a  été  demandée?  qui  conserve  partout  son 
hamza  et  se  conjugue  exactement  comme  sa  al  rril  a  demandé ^^  <c 
cl.  sâ'ala  (P''  thème)  auquel  il  sert  de  passil". 

y.  Finale  faible.  —  Les  verbes  à  3°  radicale  faible  ont  au 
VIP    thème    un   certain   nombre  de   représentants    dans    notre 

parler;   ex.   :    nsajqa  w  il   a   été    arrosé  77    \\J  s-q-y   cr  arroser  77)  ; 

nmàha  wil  a  été  effacé ^7  (sjm-h-w  cf  effacer 77);  etc.  Ces  verbes 
ont  une  conjugaison  particulière,  assez  différente  de  celle  du 
classique. 

Au  parfait,  à  la  3^  personne  masculin  singulier,  la  dernière 
voyelle  est  toujours  a  et  provient  régulièrement  de  à  long  clas- 
sique; ex.  :  nddna  wil  a  langui 77  <:cl.  ind/mà  \\/d-n-y).  Mais  à  la 
3^  personne  du  pluriel,  apparaît  toujours  un  y  réintroduit  par 
l'analogie  :  nmâhyu  wils  ont  été  effacés 77,  au  lieu  de  *inmdhau^^\ 

(ym-h-w). 

Ce  y  apparaît  aussi  à  la  3®  personne  du  féminin  singulier,  mais 
facultativement  et  dans  quelques  verbes  seulement  :  ainsi  nmâhyçt 
ffcUe  a  été  effacée 77  est  usité  à  côté  de  nmàhçt;  par  contre,  ndànçt 
réelle  a  langui 71  n'a  pas  en  face  de  lui  de  forme  %dànyçt.  Ici  le 
parler  semble  hésiter  entre  les  deux  foi'mes  nmaA^^  (régulière)  et 
nmâhyçt  (analogique).  Tandis  que  le  type  analogique  l'emporte 
sur  le  type  régulier  au  I*""  thème  des  verbes  tertiaey,  au  VIP  thème 
c'est  le  type  régulier  qui  l'emporte  la  plupart  du  temps  sur  le 
type  analogique,  puisque  celui-ci  ne  se  rencontre  actuellement 
que  dans  quelques  verbes.  Le  parler  hésite  également  aux  i""^'  et 
2*^'  personnes  du  parfait  d'une  part  entre  les  deux  formes  clas- 
siques, "ndnâina  wnous  avons  langui  7?  <cl.  indanâinâ,  "ndnâit 
wtu  as  langui  17  <:cl.  indanâita,  etc.,  et  d'autre  part  celles  qui 
sont  analogiques  et  qui  réduisent  la  diphtongue  ai,  "ndnina, 
^ndnît,  etc.  (cf.  plus  haut,  p.  i5i). 

^*^  Le  sentiment  qu'on  a  du  morphème  du  passif  a  emptkhé  n  de  passer  à 
m  bien  qu'il  fût  en  contact  avec  la  labiale  h.  L'action  dissimilatrice  de  m  initial 
a  pu  contribuer  à  cette  conservation.  —  A  Châmât  on  prononce  mômba. 

(-^  Le  verbe  mahà  n'existe  pas  en  classique  au  VII*  thème. 

19. 


180  DEUXIÈME    PARTIE. 

A  Taoiisle,  la  voyelle  longue  finale  ï  passe  régulièrement  à  è 
dans  tous  les  verbes  du  type  qatala  :  yaqtilu  (cf.  bakà  :  yabkï); 

ex.  :  (b)yén/inê  rril  est  courbe' 7^  •<  cl.  yânhanï  y\/h-n-w),  etc;  mais 
elle  est  remplacée  (analogie  avec  le  P""  thème)  par  la  voyelle  a 
dans  les   verbes  du  type  qatila  :  yaqlalii  (cf.  nasiya  :  yansâ);  ex.  : 

{b)yénhsa^i\  est  craintif  Wl}~^~y)  '•>  {in)néîf  sa  «  nous  sommes  oubliés ^î 

\yn-s-y);  etc. 

S.  Verbes  III""  geminalae.  —  Les  verbes  à  3^  radicale  identique  à 
la  2^  se  rencontrent  fréquemment  au  VIP  thème  dans  notre  parler, 
lisse  conjuguent  ge'néralement  comme  en  classique,  sauf  aux  i""" 
et  2^'  personnes  (masc.  et  fém.,  sing.  etpl.)  du  parfait  où,  comme 
au  P""  thème,  apparaît  la  diphtongue  al;  ex.  :  n/qdssâit  tf  tu  as  été 
coupé  77  en  face  de  cl.  inqasàsta,  cf.  dial.  ^^of s  ai/ w  tu  as  coupé?? 
au  lieu  de  cl.  qasdsta,  etc.;  mais  on  dit  à  Taoriste  {b)yerijqàs- 
ff  il  sera  coupé??  <c.  cl.  yanqdssu.  Ici,  à  la  différence  du  P""  thème  où 
il  passe  à  g  (e),  a  garde  toujours  son  timbre  pur. 

s.  Verbes  douhlemenl faibles.  —  Notre  parler  possède  le  VIP  thème 
de  plusieurs  verbes  doublement  faibles  qui  se  conjuguent  comme 
le  VIP  thème  des  verbes  analogues  dont  il  a  déjà  été  question; 
ex.  :  nèàwa  ffil  a  été  rôti??  (ys-w-y  fr rôtir??);  nlàwa  ce  il  a  été  plié?? 
<C  cl.  intdwâ  (yt-w-y  ff  plier??);  etc. 

Remarques  communes  aux  VII"  thèmes  des  verbes  forts  et  faibles. 

Le  VIP  thème  est  avec  le  IP  un  des  thèmes  les  plus  usités  à 
Kfar'^abîda,  état  de  choses  bien  différent  du  classique  où  nombre 
de  racines  verbales  ignorent  ces  deux  thèmes. 

1.  D'une   façon  générale,   le   VIP   thème  sert  de   passif  au 

P'  thème.  Ex.   :  nbâ"  ffil   a   été  vendue?  <<  cl.  mkfrt  yj^~y-^ 

ff  vendre??);  nVbw/ ff  il  a  été  fait??,  au  lieu  de  cl.   Wimila  [\/^-m-l 

ff  faire??);    nwdhçb   ffil    a   été   donné??,  pour  cl.  wûh'iba  [\/w-li-b 

ff  donner??);  nddrab  ffil  a  été  frappé??,   pour  cl.  ddriba   y\/d-r-b 

ff  frapper??);  nhdka  ffil  a  été  raconté??,  pour  cl.  hûkiya  \\Jh-k-y 
ff  raconter??);  nfdlçl  ffil  a  été  paralysé  d'une  moitié  du  corps??,  pour 

cl.fûliza  (sj f-l-z  :  fâlizu",  cf.  TrXrj^ts);  etc. 

9.  Il  sert  assez  souvent  comme  réfléchi  proprement  dit,  c'est- 
à-dire  qu'il  exprime  une  aclion  dont  le  sujet  et  l'objet  sont  iden- 

li(]ues;  ex.  :   nhdna  ffil  s'est  incliné??  -<  cl.  inhdnà  [yh-n-y  ^m- 

cWiiai' •)->)\nbdsal  ffil  s'est  réjoui??  -<cl.  inbdsata  [\/ b-s-t  ffé^jaycr??); 


MORPHOLOGIK. 


181 


3.  Il  supplée  au  I"'"  thème  dans  un  cerlain  nombre  de  verbes 
où  celui-ci  est  tombé  en  désuétude  à  Kl'ar'abîda  ;  ex.  :  nzàrah  wil 
estblessé?^,  pour  cl.  zàriha;  ru'idçm  cril  a  disparu,  il  ne  s'est  plus 
trouvé-'-',  pour  cl.  "^ûd'una;  nwazç^  ffil  a  éprouvé  de  la  douleur??  pour 
ç\.w(izi'a;nk<'isçf  i^Wasi  éclipsé  (en  parlant  du  soleil,  de  la  lune)?? 
pour  cl.  kdsaj'a;  etc.  (Ici  encore  le  sens  est  généralement  passif 
ou  réfléchi.) 

A.  Il  se  rencontre  parfois  à  la  place  et  aussi  à  côté  du  V®  thème  ; 
ex.  :  iiliiisar  cfil  est  cassé??,  pour  et  à  côté  de  ihàssar  <  cl.  takàs- 
sara;  nfûtçh  tfil  s'est  ouvert??,  pour  et  à  côté  de  tjàtlçh  ^cl.  tafàt- 
Uiha, 

5.  Il  remplace  assez  souvent  le  VHP  thème  qui  en  général  est 
moins  usité,  on  va  le  voir,  dans  le  parler  de  Kfar'abîda  que  le 
VIP  thème;  ex.  :  nhàl^  wil  est  mouillé??,  en  face   du  cl.  ibtâlla; 

nwàsal  (fil  a  été  lié  avec.  .  .  ??,  en  face  du  cl.  lîtàsala  [s/w-s—lj', 

ntàka  (^'  w  il  s'est  appuyé  contre .  .  .  ??  en  face  du  cl.  ittàkaa  [s/tv-k-'j  ; 
etc. 

VIII 

VERBES  TRILITÈRES  AU  VHP  THÈME 

(THÈME  À  'T-  INFIXE). 

Cl.  ihtâmala  te  il  a  supporté  ?7  >  htânidï. 


SINGULIER. 

riURIEL. 

CLASSIQUE. 

DIALECTAL. 

PARFAIT. 

CLASSIQUE. 

DIALECTAL. 

3**  p.  m.. 

ihldmala 

>  hlâmdl. 

ihtàmalû 

>  htàmlu. 

3^.  f... 
2*  p.  m. . 

ihlâmalai 
ihtamâlla 

>  htàmlçt. 
;>  htmàlt. 

(ihtamàlna) 
ihtamàltmn 

htàmlu. 
>  htmàltu. 

2"  p.  f. . 

.  ifUamàlli 

>  htmàltê. 

[ihtamallûnna 

)        htmàltu. 

i"per3. . 

îhtamàllu 

>  htmàlt. 

AORISTE. 

ihtamàlnd 

:>>  htmàlna. 

3*  p.  m. . 
3"=  p.  f. . 
2*  p.  m. 
9^  p.  f. . 
i"pers. . 

yàhtamilu 

tàhtamilu 

tàhtamilu 

tahfamili[na] 

'àhtamilu 

>  {h)yéhtmdl. 

>  {h)téhtmdl. 
>-  {h)téhtmdl. 

>  {h)lehtàmlè. 
;;>  (b)ohlmdl. 

yahtamilû[na] 

i^yahtamilna) 

tahtamilû\_na^ 

[tahtamilna) 

nàhtamilu 

:>  {h)yehtàmlu. 

{h)yehtémlu. 
>=>  (b)tehtumlu. 

{b)tehtàmlu. 
>  {in)iiéhtmdl. 

^')  L'influence  analogique  dans  ntàha  est  pour  quelque  chose  mais  il  s'agit 
essentiellement  ici  d'une  différenciation  phonétique  :  tt  >>  nt  (cf.  p.  Go). 


182  DEUXIÈME    PARTIE. 

IMPÉRATIF. 

9"  p.  m.,    ilifiimil  '^htçmdl.  ihtmmln  "^  htômiu. 

9"p.  f. ..    ihu'nnill  "^  htumlê.  [■ihlamiliia)  hlèmlu. 

PARTICIPE  ACTIF. 

masculin    mûhtamilv!^     >  nwhtmol.  muhtamiUna      >  môhtomlin. 

féminin      mûhtamilatu"  >  môhlémlè.  [muhtamilâtu^)       môhlomlin. 

A.  VERBES  FORTS   (VHP  THEME). 

Les  observations  faites  sur  les  verbes  forts  au  VIP  thème  s'ap- 
pliquent toutes  au  VIll*"  thème  :  même  conjugaison  ,  même  accen- 
tuation, même  constitution  syîlabique  et  souvent  mêmes  emplois 
dans  Tun  et  dans  Tautre.  Le  Vl!l^  thème  est  pourtant  moins  usité 
que  le  VIP,  qui  a  quelquefois  empiété  sur  son  domaine. 

B.  VERBES  FAIBLES   (VHP  THEME). 

a.  Initiale  faible.  — Des  verbes  classiques,  à  initiale  faible,  au 
VHP  thème  le  ])ai'ler  de  Kfar'^abida  ne  présente  plus  que  trois 
ou  quatre  qui  ont  comme  i"'  radicale  iv  assimilé,  comme  en 
classique,   à  t;  ce  sont:   ^làljed  cril  a   été  uni,   il  a  été  d'accord 

avec.  .  . -n  <zc\.  ittàhada  y\/w-h-d  cfêtre  seul,  identique?^);  ^tàda'^ 
ffil  s'est  humilié^-)  <:  cl.  iltàda^a  [yUv-d-  crhumilier^^j;  ^tàjd'jq  (à 
côté  de  Itâjyjq)  cril  s'est  accordé  avec  quelqu'un?-»  <  cl.  iltâfaqa 

\\^w-f-q  retrouver  profitable  [une  chose]?-)).  La  conjugaison  de 
ces  verbes  est  à  peu  près  identique  à  celle  du  classique.  Il  faut 
remarquer  cependant  que  le  groupe  classique  U  perd  une  partie 
de  sa  durée  toutes  les  fois  qu'il  est  immédiatement  suivi  (à  l'ao- 
riste) d'une  consonne  ou  qu'il  est  lui-même  initial  de  la  forme; 
ex.  :  [m)nél^hçd  ^  nov\s>  serons  d'accord •>•)  <c:cl.  natlâhidu;  ^tâhdu  (dis 
se  sont  mis  d'accord^?  <cl.  illàhadà;  etc. 

Le  parler  possède  également  au  VHP  thème  deux  verbes  à 
i'"*'  radicale  '  [hamza)\  ce  sont  :  Hilhed  c? il  a  été  pris??,  cf.  cl.  ittàhada 

{\/'-h-d  ff  prendre??)  et  ^lâhçl  ce  il  a  été  mangé??  [sj'-k-l  w  manger??). 
L'un  des  deux  /  représente  le  t  infixe  caractéristique  du  VHP  thème, 
et  l'autre  la  i""*"  radicale  \  assimilée  en  /  (cf.  cl.  ittàhada  pour 
^ilahaâa).  L'allongement  de  la  voyelle  a,  qui  suit  le  groupe  tt,  est 
certainement  dû  à  l'analogie  de  l'aoriste  de  ces  deux  verbes  au 
P'  thème;  exemple  :  (l))ijâlol  rril  mange??  <:  cl.  yahulu,  (b)ijâhod 
ffil  prend??  <:cl.  yahmlti,  etc.^^^. 

^^)  Cf.  Marçais,  Saïda,  M.  S.  L.,  XIV,  p.  /i35;  —  Cf.  Landbbiig,  Proverbes  el 
Dlcloiis,  ]).  lai  et  if??î,  passa<jo  suivant  lequel  les  formes  dialectales  'ifilcçl  el 
'  liVjç.i  auraient  subi  rinlluencc  de  la  forme  passive  arauiéenne  elJipe'el. 


MORPIIOLOGIK. 


183 


/S.  MédiaJn  faible.  —  Tandis  que  ies  verbes  modian  \  au 
Vlll"'  Ihèine,  n'ont  laissé  aucune  trace  dans  noire  parler,  ceux  à 
2"  radicale  ir  et  y  ont  encore  un  cerlain  nombre  de  représentants. 

Exemple:   hlâr  tfil  a  clioisi  de  préférence  r)  <cl.  iluâra  [s/h-y-r 

ffcboisir^^j;  htâz  ecil  a  eu  besoin  de 77  <c.  ci.  ihUiza  y\/ h-w-zj  ;  rtâb 

wil   a    eu    des    soupçons   sur   (juebju'un^^    <:  cl.  irtâlm   \yr-tj-b 

ff  soupçonner  quelqu'un  1?);   ""lad  ffil  s'est    habitue' 7?   <  cl.  i^lâda 

(sj'^-w-d  ff  prendre  l'habitude^);  etc.  La  conjugaison  de  ces  verbes 
est  à  peu  près  conforme  à  celle  du  classique;  exemple  :  htdnia 
ffnous  avons  choisi  7?  <c:cl.  ihtàmà;  hlàni  ffils  ont  choisi -«î  <:c1. 
ihtâni;  {b)yehlâr  fcil  choisit ^7  <:  cl.  yahtâru,  etc.  L'impératif 
masculin  singulier  fait  cependant  exception  et  présente  une 
voyelle  longue  analogique ^^^  ;  exemple  :  htâr  ffchoisis^i,  en  face 
du  cl.  ihtàr. 

y.  Finale  faible.  —  Les  verbes  à  3°  radicale  faible  sont  assez 
nombreux  à  Kfar^abîda  et  se  conjuguent  à  peu  près  comme  ceux 
du     VIP    thème.    Exemple   :    slâra    ffil   a    acheté 77  <:  cl.    istdrà 

\\/s-r-y);  sthâina  fcnous  avons  désiré  ardemment^?  <cl.  istahàinâ 

ysj  s-li-tv)  ;  [b)yé''lîié  ffil  prend  soin  de.v  <<  cl.  y  aplani  \\J^-n-y)\ 
mais  stàryçt  ffelle  a  acheté i-»,  par  opposition  avec  cl.  istàrat;  slàryu 
ffils  ont  acheté?^,  paropposilion  avec  cl.  i.stâraii,  etc.,  formes  dans 
lesquelles  un  y  analogique  apparaît,  comme  au  Vil*'  thème, 
aux  3^'  personnes  (féminin  singulier  et  masculin  pluriel). 

S.  Verbes  III"^'^  geminatae  et  verbes  doublement  faibles.  —  Notre 
parler  possède  au  VHP  Ihème  quelques  verbes  doublement  faibles 
et  d'assez  nombreux  III""  geminatae,  dont  aucun  ne  présente  de 
particularité   qui    n'ait   été  signalée  jusqu'ici.   Exemple    :   stâd''^ 

ffil  est  fort ^'j  <:  cl.  istâdda  y\/s-d-d)',  htàd'^  ffil  s'est  irrité ^-t  <:cl. 

ihtàdda  y\/h-d-d);   Itàwa  ffil    est   tordu w    <:cl.    iltâwâ  yyl-w-yj] 

stâiva  ffil  est  mûr 77  (-)  <:  cl.  istdwà  (\,/s-w;-y);  etc. 

Remarques  coboiunes  aux  VHP'  thèmes  des  verbes  forts  et  faibles. 

1.  Comme  le  VIP,  le  VHP  thème  exprime,  généralement,  le 
réfléchi  proprement  dit.  Exemple  :  ftàhar  ffil  s'est  enorgueillie 

<:  cl.  iftàhara;  htâfa  cril  s'est  caché  77  <:;cl.  xhtâfà  \\/b-f-y  ff  cacher  •'^j; 


^^^  Ceci  tient,  sans  doute,  au  monosyllabisme  (dialectal)  de  la  forme,  tandis 
que  dans  le  verbe  fort  le  parler  hésite  entre  httnâl  ou  htômdl. 

^-)  En  parlant  des  hommes  en  classique,  en  parlant  des  hommes  et  des  fruits 
à  Kfar'abîda. 


18/1 


DEUXIEME   PARTIE. 


rtâd^  ffil  s'est  converti,  il  est  revenais 
s'est  dit  à  lui-même  ??  <:cl.  ifiàkara;  etc. 


cl.  irtàdda  ;  ftàkar  wil 


2.  De  même,  le  VHP  thème  comme  le  VIP  sert  de  passif  au 
P"",  mais  beaucoup  moins  souvent  que  le  VIP.  Exemple  :  htâda  wil 

a  été  converti,  bien  dirigé??  <:cl.  ihtndâ  [s/h-d-y  (rà'mgevvj; 
ntâzç^  (t il  a  été  arraché,  abîmé??  <cl.  intâza''a;  ''tâmdd  ffil  a  été 
baptisé??  <:cl.  i^tâmada ;  eic. 

3.  Le  VHP  thème  exprime  quelquefois  la  notion  de  réciprocité. 
Exemple  :  htâlfu  ffils  se  sont  disputés??  <c  cl.  ihtâla/ii;  ztàm\i  (à 
côté  de  stàmSi)  wils  se  sont  rassemblés??  <:cl.  iztàmahi;  htâsmu 
wils  ont  plaidé  les  uns  contre  les  autres??  <ccl.  ihtâsanm;  etc. 

U.  Il  est  actif  (transitif  ou  non),  et  son  complément  peut  alors 
être   direct  ou  indirect.    Exemple  :  slàra  ffil   a  acheté??    <;cl. 

istârâ;  stâka  wil  a  accusé??  <::cl.  istâkà  \^\/s-k-w);  etc. 

5.  Enfin ,  il  a  même  quelquefois  simplement  le  sens  du  P""  thème. 
Exemple:  btàda  ril  a  commencé??  <zihtàdaa  (même  sens  que 
hâdaa);  hta'çd  ffil  s'est  éloigné??  <::cl.  ihtà\ida  (même  sens  que 
ha^'uda);  htâf  ffil  fut  chaud??,  cf.  cl.  hàrra  ffmême  sens??;  etc. ^^l 


IX 
VERBES   TRILITÈRES  AU  IX"  THÈME. 

Cl.  ihmàrra  ffil  est  devenu  rouge??  >>AmaK. 

SINGULIER.  PLURIEL. 

CLASSIQUE.  DIALECTAL.  CLASSIQUE.  DIALECTAL. 


PARFAIT. 


P 

P 

P 

P 
'pers 


m. 
f.  . 
m. 
f.  . 


p.  m. 

p.f.. 

p.  m. , 

p.f.. 

pers. . 


ihmârra 
ihmàrvat 
[ilimarârta) 
[thmarârli) 
(  ihmaràrtu  ) 


yahm/irru 

tahmdrru 

tahmàiTU 

tahmarr^na\ 

'ahm/irru 


hmàr'. 

hmàrret, 

hmôrr/iit. 

hmôrn'tilê. 

hmôrrâit. 


AORISTE. 


(Ujyp.hniâr-. 
{b)telimiir'' . 
(b)lçhm('if. 
[h)tfihm(irré. 
[b)6hm(if. 


ih 


ihmarra 


[ihmarârna) 
[ihmarârtum) 
{ilpnaravlûnna) 
(^ihmaràrnâ) 


yahma7TÛ[iia\ 
(yalunaràrna) 
tahntan'û[n(i\ 
(tahnianirna) 
nahinnrru 


(')  A  la  différence  du  VII'  thème,  qui  est  encore  productif, 
surtout  des  verbes  hérités  de  la  langue  ancienne,  mais  il  n'est 
sens  absolu. 


hmarru. 

hmârru. 

hmôrrâitu. 

hmôrrôitu. 

hmorrâina. 


{h)yohmi'irru. 
[I))yehiii('(rru. 
{f))tehm('{rru. 
{Ij)lehm/(rru. 

le  VIII'  connaît 
plus   vivant  au 


MORPHOLOGIE.  185 

IMPÉRATIF. 

a'  p.  m. .    ihmârra  ;>-  hmâr-.  ihmârrû  ;>  hmtirru. 

a'p.  f. ..    ihmiirrt  ';:>  hmârrè.  (^ihmarûrna)  Ijmdrru. 

PARTICIPE  ACTIF. 

masculin    muhmârru"      >  môhm'if.  inuhmarrînu      >  mohmarrîn. 

féminin      nmhtnârratu'^  ";;>>  înôhrnàrra.  {muhmarrâtu")        moJimarrin. 

Représenté  par  quelques  verbes  seulement  en  arabe  classique, 
le  IX*"  tbènie  (type  iqtalla)  a  complètement  disparu  de  beaucoup 
de  dialectes  arabes  modernes,  notamment  des  dialectes  magbri- 
bins^^),  où  il  a  été  remplacé  par  le  XP  tlième  (type  iqtalla).  Dans 
le  parler  de  Kfar*^abîda,  au  contraire,  c'est  le  XP  tbème  qui 
n'existe  plus,  tandis  que  le  IX'' possède  encore  un  bon  nombre  de 
verbes  d'un  usage  courant.  Exemple  :  swàd''^  ff  il  est  devenu  noir 7? 
-<cl.  iswàdda'^'^^ ;  hyàd'-  cfil  est  devenu  blanc i?  <c:cl.  ibyâdda^^^; 
sfcir-  ffil  est  devenu  jaune  t?  <c1.  isfârra;  zrajqh  wil  est  devenu 
bleu 7?  <:  cl.  izr/iqqa;  smàf  ffil  est  devenu  brun*»?  <  cl.  ismàrra; 
^^uïr-  ffil  est  devenu  '(l'iav  [tacbeté  de  blanc  et  de  noir] 77  (syno- 
nyme de  cl.  iblàqqa  inusité  à  Kfar^abîda);  hvàz^  [h  côté  de  n^'âw.n) 
ffil  est  devenu  courbée?  <;cl.  i'wdzza'^'^^ \  etc. 

Tandis  qu'il  désigne  généralement,  en  classique,  une  qualité 
pbysique  stable  (^^,  le  IX®  thème  sert  toujours  à  désigner,  dans 
notre  parler,  une  qualité  physique,  non  en  état,  mais  en  deve- 
nir. Ceci  est  si  vrai,  qu'on  peut  partout  remplacer  le  IX®  thème 
du  verbe  par  des  adjectifs  correspondants  précédés  de  sâr  ffil  est 
devenu  77  <c  cl.  sâra;  par  exemple  :  sâr  'às'jqar  est  tout  à  fait  syno- 
nyme de  s'Iqàf  ffil  est  devenu  roux 77 ,  etc.  Du  reste,  cette  dernière 
tournure  est  très  employée  pour  exprimer  les  couleurs  ou 
les  difformités  physiques  dans  les  verbes  qui  n'existent  pas 
dans  notre  parler  au  IX®  thème;  exemple;  sâr  ^àhlçjq  ffil  est 
devenu  tacheté  de  noir  et  de  blanc 77 ,  en  face  de  classique  iblàqqa; 
sâr  'à\var  ffil  est  devenu  borgne 77,  en  face  de  cl.  i^wârra,  etc. 

La  conjugaison  des  verbes  au  IX®  thème  est  tout  a  fait  identi- 
que à  celle  des  verbes  111'"  geminatae  au  P""  thème.  Ceci  se  conçoit 
sans  peine  et  l'on  sait  que  les  grammairiens  indigènes  anciens (^^ 
regardaient  les  IX®  et  XI®  thèmes  des  verbes  trilitères  (et  le 
IV®  thème  des  verbes  quadrilitères)  comme  des  verbes  ayant  les 
deux  dernières  radicales  identiques.  Quoi  qu'il  en  soit,  toutes  les 


(^)  Cf.  Beadssier,  Dictionnaire,  Introdact. ,  p.  9. 

(^)  Aucun  de  ces  verbes  ne  présente  dans  la  racine  une  consonne  faible  qui 
soit  traitée  comme  telle. 
(^)  Cf.  M.  CoiiEN,  p.  287. 
^*)  Cf.  S,  DE  Sagy,  Gramm.  arabe^,  p.  227. 


186 


DEUXIEME    PARTIE. 


observations  faites  à  propos  des  verbes  à  3^  radicale  identique  à 
ia  2®  ( type /flrm)  s'appliquent  aux  verbes  du  IX^  thème. 


VERBES  TRILITERES  4U  X"  THEME  (DESIDERA.TIF). 

Cl.  istâhsana  cril  a  approuvée  ^stâhsçn. 


SINGULIER. 

PLURIEL 

CLASSIQUE. 

DIALECTAL. 

PARFAIT. 

CLASSIQUE. 

DIALECTAL. 

3*  p.  m. . 
3*p.  f.  .. 

istâhsana 
islàhsanat 

>  stàhsçn. 

>  stâhsnçt. 

istâhsaim 
(islahsânna) 

>  stàhsnii. 
slâhsnu. 

2"  p.  m. . 

istahsânta 

>  siakséat. 

istahsàntum 

>  stahséntu. 

2»  p.f.  .. 
1  '"  pers. . 

istahsdnti 
istahsdntu 

>  stakséntê. 

>  stahsmt. 

AORISTE. 

{istahsantûnnd) 
istahsânim 

stahséntu. 
>»  stahsénna. 

3"  p.  m. . 
3*=  p.f... 
2*  p.  m. . 
2"  p.f... 

yaslàhsinu 
iastâhsinu 
lasUihsinu 
lastahsini[iia] 

>  (b)yost('ihsçn. 

>  {b)test(thsçn. 

>  [b)testahsçii. 
:>  {b)testiihsné. 

yastahsinû[na] 
lyastahsînna) 
tastahs{nii[na] 
[tasta/istiuia) 

>  [b)yest(\hsnu 
[b)yest('ihsnu. 

>  (b)tçsl(ihsnu. 
[b)leslâlisnu. 

l'^pers. . 

'asUihsinu 

>  {b)ôsU\hsqii. 

IMPÉRATIF. 

naslâhsinu 

>  (iii)nestàhsçn 

9*  p.  m. . 
2"  p.  f. .  . 

istâhsin 
isUihsinï 

>  st/ihsçn. 

>  stâhsnê. 

istâhsinû 
[istahsiima) 

>  stâhsnu. 
slâhsnu. 

PARTICIPE  ACTIF. 

masculin 

muslâhsiim" 

;>  môsttihsçn. 

mustahsimna 

>  môslahsmn. 

féminin 

muslùhsinala 

'  >  môst/ihsiié. 

(  muslahsiaàtu^  ) 

mostahsnm. 

VERBES  FAIBLES  ^'^  (X-^  THEME). 

a.   Initiale  faible,  —   Les  verbes   à    i''®  radicale  iv  sont  assez 
nombreux  au  X*"  thème;  e\em])\e  :  stduzçb  ffil  a  mérité?^   <:cl. 

istàuzaha  y\^w-z-bj;  slâi/ed^^^^  î»  espéré,  il  s'est  promis w  (s/iv—d); 
etc.  La  conjugaison  de  ces  verbes  est  identique  à  celle  des  verbes 
forts  en  ce  sens  que  la  semi-voyelle  w  est  traitée  comme  une 
consonne  forte;  exemple  :  stauzôbna  crnous  avons  mérité 77  <:cl. 
islauzâbnà;  (bjijestduzbu  tfils  mériteront"  <:  cl.  yastauzabu[na]; 
etc.''(2)^ 

''^  Les  verbes  forts  n'appellent  à  ce  thème  aucune  observation. 

(^)  La  semi-voyelle  w  se  trouve,  en  etTct,  toujours  être  ici  second  élément 
de  (liplilonfjue  (dans  un  parler  qui  en  principe,  on  l'a  vu,  ne  réduit  pas  les 
diphton«[ues). 


fllOUPHOLOGll-:. 


187 


Los  verbes  à  i"'  radicale  '  n'ont  pas  tons  réalisé,  au  X"  thème, 
la  même  évolution  dans  le  parler  de  Kfar'aljida^'^  :  les  uns^^^,  les 
plus  nombreux,  ont  rétabli  leur  hamza  par  analo(jie;  exemple: 
slazçn  wii  a  demandé  la  permissions^  <:  cl.  istadana  [s/^-â-nj; 
stâ'zçr  wil  a  pris  en  loyer ^^  <:cl.  istazara  (y -z-r);  stâ'nçf^W  en 
a  appelé  (dans  un  procès)  à  une  juridiction  supérieure^?  <:cl. 

istanafa  ffil  a  commencé 77  {\/'-n-f);  etc.;  les  autres,  moins  nom- 
breux que  les  précédents ,  ont  subi  l'analogie  des  racines  à  w 
initial;  exemple  :  stàunçs  rril  est  affable,  il  a  vécu  dans  l'intimité 
de  quelqu'un ^7 ,  cf.  cl.  islanasa\y^-n-sj\  stàulçf  cril  a   recherché 

l'amitié  de  quelqu'un  17,  cf.  cl.  istalafa  (s/'-l-f)''^^'  Un  verbe 
enfin,  le  seul  qui  soit  phonétiquement  régulier,  a  fondu  son  hamza 
avec  la  voyelle  brève  précédente,  d'où  >  a:  stâhçl  cfil  a  mérité 7? 

<:cl.    istahala  [\/'-h-l).    Un  second   verbe  doublement    faible, 

[\/'-n-y),  a  d'abord  fait  la  même  évolution  que  le  précédent,  d'oii 
une  forme  *stâ7ia,  d'où,  ensuite,  la  forme  réellement  existante 
sfrt/i«a  ff  il  a  attendues  laquelle  est,  sans  doute,  l'équivalent  phoné- 
tique du  cl.  istà'nà.  Ici,  le  redoublement  de  n  est  probablement  du 
à  la  tendance  du  parler  à  rechercher  les  syllabes  fermées;  cette 
tendance  s'est  réalisée  sous  l'influence  du  IP  thème  'àtinà,  usité 
au  sens  ffil  a  fait  attendre,  il  a  différé 7?. 

/3.  Médiale  faible.  —  Le  parler  de  Kfar'abîda  possède  le  X®  thème 
de  quelques  verbes  à  2"  radicale  faible.  Exemple:  sfjqâm^W 
s'est  tenu   droit,  elle  a   été  enceinte  (femme) 77   <c:cl.  istaqâma 

ys/q-iv-m)-,  stf'âh  wil  s'est  reposé 77  <:cl.  istarâha  [\Jr-w-h);  st^âr 
«il  a  emprunté 77    <:cl.  istazara  ffil   a  demande   à   emprunter 7? 

(y  *^-«;-rj;  st'/qâl  ffil  a  donné  sa  démission 77  y\/q-w-l);  stniâl  tfil  a 

penchée  <  cl.  istamâla  y\/m-y-lj;  etc.  La  conjugaison  de  ces 
verbes  faibles  est  identique  à  celle  du  classique,  sauf  à  l'impéra- 
tif masculin  singulier  où  apparaît,  par  analogie  avec  l'aoriste,  la 
voyelle  longue  ï;  exemple  :  le  cl.  istârih  cr  repose-toi ??  a  en  face 
de  lui  le  dial.  slrtli  analogique  de  (b)yestnh  tfil  se  repose??  <ccl. 
yaslarîhu^  etc. 

Notre  parler  connaît  aussi  plusieurs  verbes  niediae  w  ou  y  dans 
lesquels  la  consonne  faible  est  traitée  comme  une  consonne  forte,  en 
ce  sens  que  les  w  et  y  ont  été  maintenus  partout,  par  analogie 

^'^  On  a  vu,  en  effet,  dans  la  phonétique  que  :  voyelle  brève  -\-  '  -{-consonne 
aboutit  régulièrement  à  :  voyelle  longue  -f-  consonne. 

^-^  Suivant  M.  Marçais,  ces  verbes  ont  subi  une  influence  littéraire,  celle 
des  vocabulaires  techniques  musulmans. 

^^^  On  a  vu  que  celte  analogie  s'est  étendue  à  des  adjectifs  de  même  racine^ 
cf.  ivénçs  (cl.  'anisu")  et  tv/ilf[c\.  VZ/u"). 


188  DEUXIÈME    PARTIE. 

avec  les  verbes  forts.  Ces  verbes,  à  conjugaison  forte,  sont  déjà 
connus  dans  la  langue  classique  pour  le  X^  thème,  mais  beaucoup 
moins  que  dans  notre  parler.  Exemple  :  slànvdh  ffil  a  pris  cou- 
rage 77  <<  cl.  istârwaha  wil  a  flairée  [yr-iv-hj;  slàtivdl  (n\  a  trouvé 
quelqu'un  en  relard 77,  dénominalif  de  pil  fflongueurr»  <:cl. 
tûliC' ;  sta'yçh  ^W  a  trouvé  vicieux,  défectueux ?7,  dénominatif  de 
^àih  ffvice,  défaut ^^  <cl.  *'mhiC;  stàhjçn  (à  côté  de  stàhwdn)  ffil  a 
dédaigné,  il  a  trouvé  facile^^,  dénominatif  de  hàhjçn  ff facile ^^ 
<;cl.  hâvyinu";  etc. 

y.  Finale  faible.  —  Au  X®  thème,  les  verbes  à  3°  radicale  faible 
sont  assez  nombreux  à  Kfâr^abîda.  Exemple  :  stàkra  ril  a  pris  à 

louage  T)  -<cl.  istàkrà  {\/k-r-yj;  stàhza  cril  s'est  moqué  de  quel- 
qu'un 7?  <:cl.  islàhza'a  y\^h-z-j;  slàrâa  rril  a  cherché  à  plaire ?7 
<::  cl.  istârdâ  \\/r-d-y)'-,  stàhla  cril  a  trouvé  doux,  il  a  désiré ^^ 
<:  cl.  istâhlà  [\/h-l-w);  etc.  Ces  verbes  ont  une  conjugaison  iden- 
tique en  tout  à  celle  du  classique  :  stâkrçt  welle  a  louer»  <:  cl. 
istâkrat;  stehràina  mous  avons  loué^?  ■<  cl.  istakrâinâ;  (b)yestàkré 
wil  louer»  <:cl.  yastàkrï;  etc.  —  Ici,  on  le  voit,  les  3"  personnes 
(féminin  singulier  et  masculin  pluriel)  ne  présentent  pas,  au 
parfait,  de  y  analogique,  de  même  que  les  i'''^  et  2""  personnes 
(masculin  et  féminin,  singulier  et  pluriel)  ne  réduisent  pas  leur 
diphtongue  -ai-  en  -ï-  comme  le  font  les  mêmes  personnes  des 
verbes  à  finale  faible  dans  les  P'"  et  VIP  thèmes  (cf.  p.  i5i 
et  179)0. 

S.  Verbes II t^ geminatae.  — Les  verbes  III'"'  geminatac,  au  X^  thème, 
sont  très  nombreux  dans  notre  parler;  ils  se  conjuguent,  exacte- 
ment, comme  les  verbes  dialectaux  III""  geminalae  au  I*""  thème; 
exemple  :  sfeddàhia  ffuous  nous  sommes  préparés  ^7,  en  face  du 
cl.  ista*^dàdnà  (cf.  au  I*""  thème  le  dial.  ^eddâina  rmous  avons 
compté ^7,  en  face  du  cl.  ^adâdnâ),  etc. 

On  rencontre  à  Kfar'^abîda  un  verbe  7//""  geminatae  qui  a ,  au 
X^  thème,  une  conjugaison  tout  à  fait  particulière  :  c'est  slajqlçl 

(')  M.  Marçais  me  fait  observer  qu'à  In  diiïérencc  (par  ex.)  de  sU'ikra 
(X*  thème),  les  dialectaux  nmûha  (VII'  thème),  stâra  (VIIT  thème)  offraient, 
dans  le  parler,  la  même  structure  syllabiquc  et  la  môme  accentuation  que  hdkp. 
(l'initiale  consonne  simple  ou  double  est  ici  né[jligeable)  et  pouvaient  ccrlai- 
nement  subir  l'influence  de  sa  conjugaison.  Du  reste,  il  y  a  aussi  à  tenir  compte 
du  fait  que  pour  le  passif,  en  face  de  mi)hê,  on  a  nmàha,  comme  en  face  de 
râbha  «il  a  bien  élevé»  on  a  trâbba  et  en  face  de  satva  cril  a  égalisé»  on  a 
tsdwa;  par  suite,  sémaiitiquement ,  dans  la  conscience  du  sujet  parlant,  le 
VII*  thème  faisait  couple  avec  le  I"  comme  le  V"  avec  le  II',  le  VP  avec  le  III". 
Même  coupe  syllabique,  affinité  sémantique,  tout  cela  réalise  les  meilleures 
conditions  pour  une  influence  analogique. 


MORPHOLOGIE. 


189 


tfil  a  trouvé  modique ^i,  en  l'ace  du  cl.  istaqâlla.  Au  parlait,  on  a  : 
stajqlçl  cfil  a  trouvé  modi(|ue77  contre  cl.  islaqdlla,  et  de  même 
slalq'lrt  ffcUe  a  trouvé  modi(|ue^7  contre  cl.  islaqâUat,  et  stajqHu 
ffils  ont  trouvé  modique ^^  contre  cl.  islaq/dlii,  mais  sla/qlélna 
(i'"'' personne  pluriel)  <c  cl.  zs/r/T^/^^/zirt,  tandis  qu'on  a  sfeddàma 
en  l'ace  du  cl.  istiCdàdnà,  et  ainsi  :  -qlçl-  à  toutes  les  autres  per- 
sonnes du  parfait  :  slajqlélt  crj'ai  trouvé  modique 77  <<cl.  isiaqlàltu, 
etc.  A  l'aoriste,  on  a  :  [b)ijestajqlçl  (3^  personne  singulier),  en 
face  du  cl.  yastaqillu,  tandis  qu'on  a:  (h)\jesféd^  <:cl.  yastciHddu^ 
et  de  même  -qlçl-  à  toutes  les  autres  personnes.  A  Timpératif,  on 
a  :  stajqlçl  (2^  personne  masculin  singulier)  <:cl.  isUiqUl,  et  au 
contraire  sta/qHu  contre  cl.  istaqûlu.  Tout  se  passe  donc  ici 
comme  s'il  s'agissait  de  la  conjugaison  d'un  verbe  fort  et  non  pas 
d'un  verbe  ///"''  geininatae.  Cette  anomalie  s'explique  sans  doute 
par  le  fait  que  notre  parler  a  tendu  à  établir  une  distinction 
entre  ce  verbe  et  un  autre  verbe  également  usité,  savoir  sfjqâl^ 
ffil  est  indépendant^?  qui,  au  contraire,  se  conjugue  à  toutes  les 
formes  comme  un  verbe  III'"'  geininatae  ^^'K  J 

e.  Verbes  double  ment  faibles.  —  Notre  parler  possède  au  X*"  thème 
un  certain  nombre  de  verbes  doublement  faibles  :  slàhwa  rril  est 

exposé  au  vent,  il   a  passionnée?  <:cl.  islàhwà\yh-w-yj\  stâi/a 

ccil  a  patienté,   il    a  fait  attention??   \\/w-^-y);  sta/qwa^^West 

devenu  fort,  il  s'est  encouragé??  <cl.  isiâqwà  [\/q-w-y)\  stàdwa 
Cfil  a  demandé  de  la  lumière,  il  s'est  éclairé??,  cf.  cl.  istadaa 

[\/d-w-j'^  etc.  La  conjugaison  de  ces  verbes  ne  présente  aucune 
particularité  qui  n'ait  été  étudiée  à  propos  d'un  des  cas  pré- 
cédents. 

Remarques  communes  aux  X*^*  thèmes  des  verbes  forts  et  faibles. 

Comme  dans  un  grand  nombre  de  dialectes  arabes  modernes, 
le  X*"  thème  est  très  employé  di\iis  le  paiier  de  Kfar*^abîda;  il  y  est 
même  productif  et  existe  aujourd'hui  dans  beaucoup  de  verbes 
où  ne  le  connaissait  pas  la  langue  classique. 

1.  Comme  en  classique,  le  X''  thème  a  surtout  la  valeur  dési- 
dérative  et  sert  à  exprimer  une  idée  de  recherche,  de  demande, 
de  désir.  Exemple  :  sli'ifhem  ccil  s'est  informé,  il  a  cherché  à  com- 
prendre?? ■<  cl.  istâfhama;  stazen  ffil  a  demandé  pardon??  <ccl. 
istâ'dana;  stârda  ffil  a  cherché  à  cont enter  1?  <:  cl.  istàrdà;  etc.    • 

(1)  sta/fjlçl  existe  dans  quelques  parler»  magiiribins  (cf.  M.  Cohen,  p.  933). 
On  a  expliqué  sa  conjugaison  par  le  fait  qu'il  s'agit  d'un  dénominatif  de 
l'adjectif  qaUlu''  ffpeu  nombreux 55 ,  où  les  deux  consonnes  identiques  étaient 
déjà  séparées.  C'est  la  bonne  explication  suivant  M.  Marçais. 


190  DEUXIÈME    PARTIE. 

2.  Jl  peut  jouer,  d'autre  paît,  le  rôle  d'un  l'éfléchi  proprement 
dit;  exemple  :  st^'âd'^  cfil  sVst  pn'paré^?  <cl.  ista^'àdda  ;  stàijqdz^^'^ 

ff il  s'est  réveillé ■>•>  <cq\.  isU'àqaza  \sj y-q-^) '-,  strâh  wil  s'est  reposé ^^ 
<  cl.  istaràlja  ;  etc. 

3.  Il  exprime  quelquefois  l'idée  de  feindre  un  état  ou  une 
qualité,  et  dans  ce  cas  il  remplace  le  VP  thème;  exemple  :  stàni- 
wdt  ffil  a  fait  le  mortr),  cf.  cl.  tamâwata;  stàmiyd  cril  a  fait  le 
malade T),  cf.  cl.  lamârada;  etc. 

k.  Il  prend  la  place  du  VHP  thème  dans  quelques  verbes  qui 
ne  connaissent  plus  ce  thème  dans  notre  parler;  exemple  :  stajqna 
cfil  a  acquis  quelque  chose??,  cf.  cl.  iqtànà  même  sens??;  stàfjqod 
il  a  regretté  quelqu'un  qui  est  absent?? ,  cf.  cl.  ifuïqada;  stàjras  wil  a 
saisi  l'occasion??,  cf.  cl.  ijtàrasa;  st/Cna  wil  a  fait  avec  soin,  il  s'est 
appliqué??,  cf.  cl.  i^tànâ  usité  également  ^'^^  dans  le  parler  (*^<«wa); 
stajqrdh  wil  s'est  approché??,  cf.  cl.  iqtàraba;  etc. 

5.  Enfin,  le  X*'  thème  fournit  un  grand  nombre  de  dénomina- 
tifs; exemple  :  stâ^ldd  cril  s'est  fait  le  serviteur,  l'esclave  de 
quelqu'un??,  dénominatif  de  ''àbd  cr serviteur??  ■<  cl.  ""âhdu"; 
stàuhçm  Cfil  est  effrayé,  il  a  eu  peur??,  dénominatif  àa  wâhm 
wpeur,  frayeur??;  slàysçm  ffil  a  jugé  (pielqu'un  ignorant??,  déno- 
luinalif  de  yiism  ff  ignorance??;  sfàda  ffil  a  pris  quelqu'un  en 
inimitié??,  dénominatif  de  "^dû  ff  ennemi??  <c  cl.  "^adûwu";  etc. 


XI 

REMARQUE  COMMUNE  À  L'ENSEMRLE  DES  VERBES 

TRILITÈRES. 

Comme  dans  d'autres  dialectes  de  l'arabe  moderne  (cf.  Mar- 
çais,  Saïda,  M.  S.  L.,  XIV,  p.  ^56),  on  rencontre  à  Kfar'^abîda 
un  petit  nombre  de  formes  verbales  qui  ne  remontent  à  aucun 
thème  existant  en  arabe  classique,  mais  qui  résultent  de  la 
combinaison  du  II"  thème  (quelquefois  du  IIP  thème)  avec  le  X*'; 
ex.:  dial.  stmànna  ffil  a  désiré  vivement i?  y\/ni-n-y);  sfànna  ffil  s'est 

appliqué  à.  .  .  ??  (v->^);  slànna  ffil  a  attendu??  \\/'-n-yj,  sur 
ce  verbe,  voir  supra;  stnâwdl  ffil  a  pris  quelque  chose  en  ten- 

(')  Il  faut  faire  ici  la  même  remarque  que  pour  les  verbes  à  i'"  radicale  w 
employés  au  X"  thème.  Le  y  se  maintient  en  syllabe  formée  sous  forme  de 
deuxième  élément  de  diplilongne  (i). 

(2)  A  côté  de  st'ânna  qui  résulte  de  la  combinaison  du  II"  et  du  X*'  thèmes. 


MORPHOLOGIE.  191 

danl  la  main,  il  a  reçu  la  sainte  communion ^7  y\'n-w-lj.  Toutes 
ces  formes  se  composent  des  11''*  thèmes  :  mannà  cr il  a  lait  désirer r), 
^annâ  (usité  s(uilement  au  sens  de  fcil  fatigua  r)),  'annà  ffil  a  fait 
attendrei^,  et  du  111"  thème  :  nàwala  ril  a  donné  à  (juehiu'un 
quelque  chose  en  lui  tendant  la  main  17,  thèmes  auxquels  on  a 
ajouté  le  préfixe  caractéristique  du  X*"  thème  6'f-<ccl.  isl-. 


XII 
VERBES  QUADRILITÈRES. 

Comme  Tarahe  classique,  le  parler  de  Kfar'^ahîda  possède  un 
grand  nombre  de  verbes  (jui  n'appartiennent  à  aucune  des  caté- 
gories jusqu'ici  étudiées.  Ce  sont  les  verbes  quadrilitères.  Parmi 
ceux-ci,  les  uns  présentent  un  thème  fondamental (I),  les  autres, 
des  thèmes  dérivés  exactement  comme  les  verbes  trilitères  que 
l'on  vient  de  voir.  A  cette  catégorie  de  verbes  quadrilitères  on 
peut  ajouter  une  autre  qui  comprend  un  cerlain  nombre  de  ver- 
bes formés,  généralement  des  verbes  trilitères,  à  l'aide  d'infixes^^^ 
et  appelés,  pour  cette  laison,  par  les  grammairiens  de  la  langue 
classique  miilJjaqât  ur-ruhâHyi  ff  quasi-quadrilitères^^. 

Pour  l'ensemble  de  ces  verbes  nous  adopterons  la  division 
suivante  : 

A.  Verbes  quadrilitères  (thème  fondamental); 

B.  Verbes  quadrilitères  (thèmes  dérivés); 

C.  Verbes  quasi-quadrilitères. 

A.  VERBES   QUADHILITÈRES  (THEME  FONDAMENTAL). 

Cl.  bàrhana  ffil  a  démonirév  :>bârh§n. 


SINGULIER. 

PLURIEL. 

CLASSIQUE 

DIALECTAL. 

PARFAIT. 

CLASSIQUE. 

DIALECTAL 

3"  p.  111. 

bârhana 

>  bùrhçii. 

bârhaiiû 

>  bàrhnu. 

3-=  p.  f.  . 

bàrhanat 

>>  bàrhnçt. 

{barhdnna) 

bârhnu. 

9"  p.  m. 

barhdnta 

>  barhént. 

barhdntum 

>  barhénlu. 

2"  p.  f.  . 

barhânti 

>  barhénté. 

(  barhantûnna) 

barhéntu. 

1  "  pers. . 

barhàntu 

;>  barhént. 

barhànnâ 

>  barhmna. 

(1) 


Vj  II ,  m ,  w,  y,  quelquefois  même  b. 


19-2 


DEUXIEME    PARTIE. 


AORISTE. 


p.  m. 

p.f.. 

p.  m. 

p.f.. 

pers. . 


yubnrhinu 

tubàrhinu 

tubàrhinu 

tubarhim[naj 

'ubàrhinu 


2*  p.  m.,    bârhin. 
2*  p.  f. .  .    bàrhinî 


masculin    mubàrhinu"' 
fcminin      inubârhinatu" 


{b)ibàrhçn. 

{bo)tbàrhen. 

[bô)tb('irhçn. 

(bo)tb(irhné. 

^''^bârhçn. 


yubarhinû[na] 

[yubarkîima) 

tubarhini}[nn] 

[tubarhinna) 

nubàrhiiiu 


IMPERATIF. 


hàrhçn. 
bàrhnê. 


bârhinû 
(barhmna) 


PARTICIPE  ACTIF. 


mhàvhçn. 
mbârhnè. 


mubarJdinna 
(mubarhiiiâtu"^) 


{b)ibàrhnu. 

(bybàrhnu. 

[bô)tbdi'hnu. 

{bo)tbârhnu. 

[mo)tibârhçn. 


bàrimu. 
bâvhnu. 


mbarhniii. 
nibarhnîn. 


a.  La  conjugaison  des  verbes  quadrilltères  est  exactement 
identique  à  celle  des  verbes  trililères  au  I^  thème  (intensif). 
La  vocalisation  suit,  dans  les  deux  conjugaisons  (IP  thème  trili- 
tère  et  verbes  quadrilitères),  les  mêmes  lois  phonétiques.  Le  par- 
ticipe actif  et  le  participe  passif  ont  la  même  forme  et  ne 
se  distinguent  Tun  de  l'autre  que  par  les  procédés  énoncés  à 
propos  du  IP  thème  des  verbes  trilitères,  p.  i63  et  suiv. 

/S.  Le  P""  thème  des  verbes  quadrilitères  est  très  usité  et  très 
vivant  à  Kfar%ibîda;  le  sens  est  tantôt  transitif,  exemple  :  dàhrçi 
ffil  a  fait  rouler 77  <:cl.  dàhraza,  hàrtdl  ffil  a  capté -«^  ■<  cl.  hàr- 
lala,  etc.,  tantôt  intransitif,  exemple  :  '^ànfas  ffil  s'est  montré 
arrogant,  insolent ^,/rt?y9r  ffil  a  voltigé  (papillon)^?,  etc.  Mais  ce 
qui  caractérise  surtout  le  thème  quadrilitère,  c'est  la  facilité  avec 
laquelle  il  fournit  des  verbes  dénominalifs  sur  les  substantifs  ou 
les  adjectifs.  Exemple  :  hnryçt  ffil  a  eu  des  puces  17,  dénominatif 
de  baryiit  ffpuce^-»  <cl.  huryûBiC';  bàhses  ffil  a  donné  un  pour- 
boire, il  a  donné  quelque  chose  gratis^?,  dénominalif  de  bahèîs 
(persan);  hàlirçn  ffil  a  eu  une  crise,  il  a  déliré^?,  dénominatif  de 
bohrân  ff délire 7?  <cl.  biiJpânu";  hâiif/q  ffil  est  devenu  héré- 
tique 77,  dénominatif  de  hariu/qé  ff  hérétique ^^  •<  néo-cl.  hartîi- 
(jîyu'';  etc. 

y.  Comme  beaucoup  de  dialectes  arabes  modernes ^^^,  le  parler 
de  Kfar^abîda  forme  un  grand  nombre  de  ([uadrilitères  à  l'aide 
de  monosyllabes  et  surtout  des  verbes  ///'''  gcminatae  (primitive- 
ment bilitères).  Ces  quadrilitères  ont,  généralement,  une  valeur 
onomatopéique  et  expriment  l'idée  de  fréquence,  de  lenteur,  de 


')  Et  de  langues  sémitiques  anciennes,  cf.  K.  Aurbins,  article  cité. 


MOUPHOLOGIK. 


193 


graduation  dans  l'action,  clc.  Exemple  :  liàhhçh  cril  a  aboyé ^^ 
Q\\  faisan l  hâh  liâh  rrcri  du  chien  ••■);  wnsivos  rril  a  parlé  à  l'oreille w 
en  faisant  wôê  wôs  ffcliucliotement^?;  nY//''Tv/'  cril  a  parlé  vite  pour 
ne  rien  dire^'),  en  faisant  wor  wôr  (imitation  du  cri  du  wurwâru" 
cf  oiseau  à  long  bec 77);  mjqsçjq  fcil  a  fendu  en  plusieurs  mor- 
ceaux 7-),  cf.  sajcflf  ffil  a  fendu  17  <::cL  sàqqa;  làhlçh  ce  il  s'est 
approché  par  degrés 77,  cf.  làhh  rnl  s'est  rapproché 77  <c:cl.  làhha; 
bâhhdh  ffil  a  bruiné 77,  cf.  hâlé  ffil  a  aspergé ^7;  sàrsçr  ffil  a  laissé 
échapper  de  tous  cotés 77,  cf.  sâf  cfclle  a  coulé  (eau)77  <:cl.  sàrra; 
hàsbos  ffil  a  commencé  à  luire77,  cf.  bas-  cril  a  brillé77  <:cl.  bâssa; 
sàihçil  wil  a  fermé  à  plusieurs  reprises 77,  cf.  sàè^  (fil  a  fermé 77 
-<  cl.  sâdda;  etc. 


B.  VERBES  QUADRJLITERES  (THEMES  DERIVES). 

Des  trois  thèmes  quadrilitères  hérités  de  l'arabe  classique 
laqàtlala  ("tabarhana) ,  iqtânlala  [^ ibtarhana) ,  et  iqtalàlla  (^ibra- 
hanna),  seul  le  premier  est  encore  vivant  à  Kfar^abîda  et  est  repré- 
senté par  un  certain  nombre  de  verbes  d'usage  courant^^l  Ce 
thème  suit,  dans  notre  parler,  la  même  conjugaison  que  le  V®  thème 
du  verbe  trilitère  [taqattala)  et  exprime  à  peu  près  les  mêmes  sens 
que  ce  dernier  (passif,  réfléchi,  etc.).  Exemple  :  tz/i'ze^  ffil  a  été 
secoué 77  <:cl.  taz(i'za''a;  tyàndar  ffil  a  été  recherché  dans  sa  mise, 
dans  sa  démarche 77;  fàntar  ffil  a  fait  le  courageux,  il  a  fait  le 
héros 77,  dénoniinatif  de  "(mlar  ffnom  d'un  héros  arabe  très 
connu 77;  tjàlsef  ffil  a  fait  le  philosophe77  -<: cl.  tafdlsafa;  tràliban 
ffils'est  fait  moinc77 ,  dénominatif  de  ./y'/^C^  ff  moine77  <:  cl.  râhibu"'^^^; 
tjàrnçz  ffil  a  vécu  à  l'européenne  77,  dénominatif  defrânzé  ff  euro- 
péen, franc  77;  etc. 


G.  VERBES  QUASI-QUADRILITERES. 

Le  parler  de  Kfar^abida  possède  plusieurs  thèmes  verbaux 
quadrilitères,  qui  se  forment  du  thème  trilitère  fondamental  par 
infixation,  après  la  i*"®  ou  la  s*'  radicale,  de  certaines  consonnes 
(y  compris  les  semi-voyelles).  Les  quadrilitères  ainsi  foruiés 
n  ont  généralement  pas  le  même  sens  que  les  tril itères  dont  ils 
proviennent  et  y  ajoutent  une  nuance  de  fréquence,  de  répéti- 
tion, d'intensité,   de  transivité,  ou  encore  une  nuance  péjora- 


^^)  Ce  sont  donc  le  thème  à  infixé  et  celui  à  U°  radicale  géminée  qui  sont 
tombés  en  désuétude. 

^^^  Le  verbe  trâhbdii  est  ici  quadrilitère  par  suffixation  de  n.  Cette  sutlixalion 
a  commencé  dans  le  substantif,  cf.  ruhbânu^  «moinew. 

PARLER  DE  KFAr'abÎDA.  1  3 


lOA  DEUXIÈME    PARTIE. 

livc,  clc.  Voici  les  llièmes  de  ce  ^enre  les  plus  usités  cL  les  plus 
vivants  à  KiaVabîda^^l 

1.   Thème  qdutçl^zd.  qâutala^'^K 

Le  thème  (dialectal)  qâutel,  assez  usité  en  syriaque  (cf.  sante(p 
te  il  a  associé^^),  rare  en  arabe  classique  (cf.  hauqala  ce  il  a  marché 

à  petits  pas 71,  y/i^-^-Zj^estextrêmeûient vivante Kfar'^abîda. Comme 
chez  les  Vlàd  Bràhîni  de  Saïda  où  il  est  très  fréquent  (cf.  Marçais 
op.  cit. ,  p.  /i5/i) ,  il  a  souvent  le  sens  factitif  et  équivaut  au  IP  thème 
trilitère  {qallald);  il  fournit  souvent  aussi  d('s  dénominatifs.  Ex.  : 
sàufdr  ffil  a  sifflé  souvent •)•),  cf.  s/ifnr  cmI  a  sifflén  <  cl.  sàfara; 
'^âuker  ffil  a  troublé  reau7i,cf.  cl.  "^/dkara  (même  sens);  bânrdd  ril 
a  rafraîchi  17,  cf.  cl.  hàrrada  (même  sens)-,  hmmdl  wil  est  plein, 
débordant    ( fleuve) r)  (^),    cf.    hdmùlé  r? torrent ii    <  cl.    hàmûlatii" 

y\^h-m-l  reporterai);  hàupr  cril  a  fait  changer  d'avis,  il  a  rendu 
indécisii,  cf.  hâtor  ce  volonté,  bon  plaisir ?i  <:cl.  hâtini";  '/qânp''  wil 
est  véreux  11 ,  cf.  '/qàtiT  cr  vei-  qui  mange  les  fruits  i?  et  cl.  qnta\''  rr  ver 
rougeâtrei?^'^);  hâayod  cril  ne  peut  plus  voir  ses  petits  (animal)ii, 
cf.  bàyyçd  et  hàyad  (même  sens),  cl.  hàyada  wil  est  détesté ii; 
nàusçr  cr elle  s'est  ouverte,  elle  est  incurable  (plaie)ii,  cf.  cl.  nàsara 
ffil  a  ouvert,  il  a  percé  (un  abcès)i->;  mmiyçr^  dénominalif  de 
myâra  w caverne  17  <:  cl.  ?«rt7«ra/M";  dàubdl  wil  se  ferma  (œil),  il  est 
fanéii ,  cf.  dçhol  (même  sens)  <  cl.  dàbala;Jdutçr  wil  s'est  fâché,  il  a 
pleuré  au  point  que  ses  lèvres  pendaient^,  cf.  ç\.  fàuira  cril  est 
mou ,  lâche n  ;  mander  cr il  fut  gâté  (œuf) ii,  cf.  cl.  in/utira  et  syr.  nf^ar 
(même  sens);  hdwy'jq  rril  a  fait  très  chaude,  cf.  cl.  hàrraqa  tfil  a 
brûlé  à  grand  feui?;  yqdus^''  tril  a  commencé  à  voir 71  cf.  dial.  '/qèse*' 
fcil  a  VU17;  ddiihes  ^r  lia  éic  affeclc  d'un  panaris  (doigt)??,  dénomi- 
natif de  di:il.  dûïiâs  (cf.  cl.  dâhusu"),  rappr.  cl.  dàhasa  (même 
sens);  mdulçs  cril  est  mort,  il  a  séché  (mûrier)??,  cf.  màlçs  cril  a 
plumé,  épiléi?  et  surtout  mâlâs  ffcourtilière  (s'attaquant  au  mû- 
rier)?? (•^). 

Le  thème   iaqâutala,  réfléchi  de  qâiitala,  est  également  assez 

(')  On  n'a  pas  jugé  à  propos  de  faire  une  caléjjoric  spéciale  pour  les  thèmes 
à  /  infixé,  très  pou  noml)reux.  En  voici  un  exemple  :  nn'iltdli  cril  lécha,  masti- 
quai, à  côté  (le  mâlah  moins  usité  (dans  le  même  sens),  cf.  c\.  faUaha  à  côté 
dej'alaha  et  dial.  bnltoh  à  côté  de  cl.  halaha. 

<'^)  Infixalion  d'un  u  [=w)  après  la  première  radicale. 

(■'')  On  emploie  éjOalement  h/hiniol  dans  l'expression  :  h/iunidl  çl-mdij.raz  «la 
herse  a  amassé  au-dessous  d'elle  beaucoup  de  paille  et  s'est  soulevée??. 

^*^  Le  t,  au  lieu  de  t,  s'explique  par  l'influence  de  class.  qata'a  «il  coupa?? 
(étymologie  populaire.  Mamçais). 

^'')  On  peut  ci  1er  encore  .sVfjtjf/-  «il  s'enflamma  (feu)??,  de  dial.  sa jar  (mémo 
sens)  provenant  de  syr.  èyar  craccendit,  inflammavit??,  cf.  ar.  cl.  saiara  et  il 
cliauffa  (un  four),  etc.??. 


MOHPIlOLOfilK.  l\)ô 


10! 


usité  à  klar  "^abîda;  ex.  :  Cmilar  ffil  a  eln  troublé n,  cl",  '^âiiker  ce  il 
a  troublé ^i;  thâurad  ffil  a  pris  le  Irais,  il  a  été  ralraichiiî,  cf. 
hiiHVi)d  ffil  a  ralraicbir»;  etc. 

2.  Thème  qàlwdl<^ç\..  qatwala^^K 

Le  thème  </«/w«/fl ,  usité  égalementen  classique,  mais  encore  plus 

rarement  que  qnutala ,  cL  r/<^f/m;rifm  ffil  a  précipitée  y\/((-h-r)  ^Gsih. 
Kfar'^abîda  aussi  fréquent  que  le  précédent  et  il  a  [généralement 
les  mêmes  significations  que  lui  (en  particulier  il  forme  comme 
lui  des  dénominatifs).  E\.  :  kàhvok  ffil  a  pelotonné^i,  dénominalif 
de  kâ^'k  (persan)  ffgimblette77;yj«Ws  ffil  a  pleurniché 7-),  cf.  nâ\is 
ffil  a  poussé  des  cris-»i;  dâhwds  ffil  a  fourré i^,  cf.  cWms  (même 
sens);  'Iqàrwds  ffil  a  divagué,  il  a  parlé  pendant  son  sommeil r) 

\\/q-r-sj\hàhwds  ffil  a  fouillé ii ,  cf  ^rz/ms  (même  sens);  bâhwds  ffil 
a  troué  à  plusieurs  endroilsn,  cf  hàhas  ffil  a  trouer»;  zà^wod  ffil  a 
froissé,  il  a  chiffonné,  il  a  frisé  (les  cheveux) 7?,  cf  cl.  zci^^'ada  ffil 

a  frisé  (les  cheveux) ^  \yz-''-d)\  Wwdk  ffil  mâcha 77  (^ixvecmétathèse), 
cf.  cl.  ''alaka,  voir  p.  2/1,  etc. 

Le  thème  réfléchi  taqâlwala  est  quelquefois  usité  lui  aussi  ;  ex.  : 
tzâ'^wdd  ffil  a  é(é  froissé?'),  cf  zà\vdd  ffil  a  froissée;  tWwss  ffil  a  été 

mâché ??,  cf  Wwùs  ffil  a  mâché 77  yjl—s  fcmordre^);  etc. 

3.   Thème  qàitçl<::Q\.  qàitala^'^K 

Le  thème  qàitala,  rarement  usité  en  classique  (cf.  bâkara  ffil  a 
exercé  fart  vétérinaire ??),  bien  plus  souvent  en  syriaque  [sàibar 
ffil  a  supporté  1?)  et  dans  quelques  dialectes  arabes;  modernes  (cf. 
Marçais,  Saïda,  M.S.L.,  XIV,  p.  455),  est  à  Kfâr^abîda  moins 
fréquent  et  surtout  moins  vivant  que  les  représentants  de  qàutala 
et  de  qâtwala  (^).  En  voici  cependant  quelques  exemples  :  sàibdk 
ffil  a  mis  furinal  à  l'enfanta ,  dénomin.  de  sâibdk  ff urinai  d'enfant  17 

[\/s-b-k  ff  fondre  un  métal  et  le  verser  dans  un  mouler))  (^^);  'jqà'M 

ffil  a  cherché  avec  soin??  \\Jq-b-l  ff  accueillir??);  tàUç^  ffil  a  fait 

monter??,  cf.  cl.  tàlla^i  (même  sens)  (\/M~^  ff  monter??);  bai^^d  ffil 

a  éloigné??,  cf  bà'^'^ed  <:  cl.  ba^'ada  (même  sens),  \yb-^d)\  'jqàiyd 

ffil  a  fait  asseoir??  y^q-''-d  ff  s'asseoir  ??)  ;   lài^çb   ffil  a  joué  avec 

^^)  Infixation  d'un  w  après  la  deuxième  radicale. 

^-'  Infixation  cfun  {{=  y)  après  la  première  radicale. 

^^)  On  a  aussi  en  classique  quelques  exemples  de  qatyala;  ce  type  n'existe 
plus  à  Kfâr'abîda  non  plus  que  le  type  [*qatlaya)  '^  qallâ  qui  existe  encore 
en  Algérie. 

(*)   M.  Marçais  soupçonne  ici  un  vocable  étranger. 

i3. 


196  DEUXIEME    PARTIE. 

quelquun^^  [\/l-''-b  ffjouer^î);  hàîkai'  ffil  a  mesuré  avec  un  com- 
pas77,  dénomin.  de  hûâr  rrcompas^i  issu  par  dissimilation  de  cl. 
birkâru";  etc.  Rappelons  encore  dâyçd,  p.  61. 

à.   Thème  qûrtçl-^z  cl.  qàrtala^^\ 

Comme  en  classique  et  surtout  en  syriaque  (cf.  R.  Du  val, 
p.  181),  on  rencontre  dans  le  parler  de  Kfar^ibîda  un  certain 
nombre  de  verbes  quadrilitères  du  type   qnrtala  avec   r  infixé 

après  la  i"""  radicale.  Ex.  :  sârbak^^^  cril  a  embrouille' ?7  \\Js-h-h 
ff s'embrouiller 77);  yàrmos  cril  a  égratigné  à  plusieurs  endroits 77 
cf.  yànids  câl  a  égratigné^?,  provenant  par  assimilation  de  sonorité 
du  cl.  hàmasa;  zàrdem  ff  il  a  dépouillé  un  os  de  sa  chair  77  <;  cl.  zârdama 
w il  a  complètement  rongé  (ver) 77  \\Jz-d-m  (^com^crv)-^  bârdeh  cril  a 

poli,  il  a  civilisé 77  y\/b-d-h  c? élever  en  dignité 77);  sàrbot  crelle  fut 
en  rut  pendant  le  mois  de  février  (chatte)77,  dénominalif  de  sbât 
rdéynew;  fàr'/qd"   ffil  a  fait  claquer   ses  doiglS77  <z  c\.  .farqa''a 

(v{/"î" /7  'I^I^'^'fi?  ^il  s'est  accroupi  les  cuisses  rapprochées  du  ven- 
tre 77  <:cl.  qàrfasa  \\q-fs  ff ramasser ^7)  ;  Idrseh  wil  a  csti"opié77 
[\/k-s-h  ff avoir  les  pieds  et  les  mains  infirmes 77);  bâr^çt  (bâtp^) 
ffil  s'agita,  frétilla  à  côté  de 77,  cf.  b/ùit  cril  s'agita  en  lous  sons,  se 
dissipa  (enfant)77;  kârtç''  ffêtre  contractée  (main),  maladroit 
(homme)??,  cf.  cl.  kàla^a  ce  il  fut  contracté,  se  contracta  77. 

5.   Thème  qàtmol  (ou  qâmtçl)  ■<:  cl.  qâtmala^^K 

Comme  il  a  été  dit  dans  la  phonétique,  notre  parler  possède 
plusieurs  verbes  avec  m  infixée  après  la  a'"^  ou  la  i"^®  radicale. 
Ex.  :  mci'mdk  wil  a  trituré 77  (\Jm-'^-k  w frotter 77);  sârnidt  wil  a  mis 
en  lambeaux  77  y\/s-r-t   ff  déchirer  77);  'jqàrmdt  ffil  a  rogné  avec  les 

dents  77  \\Jq-r-t  ff  couper  en  petits  morceaux  77);  'Iqnrmds  ffil  a 
mangé  des  choses  sèches 77,  cf.  '/qàms  ffil  croqua  (un  fruit) 77 
-<  cl.  qàrasa  ffil  a  coupé??;  hàmdçr  ffil  mugit,  cria,  fit  du 
bruit...??,  cf.  cl.  hàdara  (même  sens);  ^(in(S(f'/q  (usité  sur- 
tout sous  la  forme  fàmç'jq)  ffil  a  suspendu  quelqu'un  en  l'al- 
lacbant  par  les  mains??,  cf.  cl.  "^àsiqa  ffil  a  été  amoureux,  il  s'est 
attaché  à.  .  .  ??;  etc. 


(')  Infixalion  d'un  r  après  la  première  radicale. 

('^)  Cf.  kirkii  cjnpnmlé  au  syriaque,  voir  p.  3o.  La  forme  sârhdk  cfii  ora- 
l>rouilla57  peut  être  une  coalaminalion  dos  cl.  kâbalm  fril  s'embrouilla 77  el  sârahu'* 
fflaqueusw.  Il  en  esl  de  même  de  malioh  (avec  /)  ffil  lécha,  rumina",  cf.  ma- 
/rt/i  (orijjine  syriaque)  et  malat,  sens  vul^jaire  :   ccmastiquerw. 

(')  Infixation  de  m  après  ia  première  ou  la  deuxième  radicale. 


MORPHOLOGIE.  197 

G.   TiiimE  qànlçl'<c\.  qàntaïa^^K 

Comme  il  a  élé  dit  plus  haut  (p.  70),  le  parler  considéré 
présente  également  quelques  verbes  quadrilitères  à  n  infixée 
après  la  i"^*"  radicale.  Ex.  :  sânhçr  ril  a  ronflé ?7  (y  ^s-/i-î^  cr ron- 
fler 17);  zàmJel  ff  il  a  jeté  par  terre 77  y\/z-d-l  w jeter  par  terrer»);  Ju'mzlé 
w sorte  de  danse ^7,  cf.  cl.  hdzala  tfil  marcha  en  saulant77;  zânfos 
wil  est  devenu  acre,  acerbe 77,  cf.  zçfds  w acre 77;  sanfçhf^ïl  a  jailli 77 
(lait),  cf.  c\.  sâhaba^^K 

7.  Thème  qâtlçn<z* qàdana^^\ 

Le  parler  de  Kfar^abîda  possède  un  assez  grand  nombre  de 
verbes  quadrilitères  à  n  suffixée.  Ce  sont  généralement  des  dé- 
nominatifs. Ex.  :  zrtVm  ffil  a  taquiné,  il  a  été  trivial,  il  a  plai- 
santé77,  dénomin.  de  z^âldé  ff  homme  mal  élevé,  avare,  taquin  77; 
U'msçn  ffil  châtra 77,  cf.  cl.  u'mwasa  (même  sens)  >  dial.  U'mtvds  ffil 

étourdit 77;  sândçn  cfil  a  fâché,  il  a  mis  en  colère 77  y\/s-w-d  ffêtre 
noir,  surpasser  en  dignité  77  )  ;  sâlbdn  (r  il  a  rasé ,  il  a  paré  77 ,  dénomin. 
de  èàlhê  c? barbier,  élégant ^7  <  turc  celebi  ^gentilhomme,  poli 77; 
râuhen^'^'i  ril  a  donné  du  courage  377,  dénomin.  de  n/A  w esprit, 
souffle,  âme 77  <:cl.  rùlm";  etc.  Mais  c'est  surlout  au  thème  ré- 
fléchi tqàtlçn  ■<  *  taqàilana  que  notre  parler  possède  un  grand  nom- 
bre de  verbes  quadrilitères  avec  n  suffixée.  Ex.  :  twàlden  cril  a  plai- 
santé, il  a  fait  renfant77,  dénomin.  de  wàlçd  tf  enfant 77  <<  cl.  wà- 
ladu";  thdrsan  ffil  est  devenu  muet77,  dénomin.  de  ^àhras  ffmuet77 

<:  cl.  ^ihnisu;  ts/mden  fdl  s'est  fâché,  il  a  boudé 77  y\/s-w-d,  voir 
plus  haut);  etc. 

8.  Thème  qâtbdl^z^qâtbala^^^ 

On  rencontre  à  Kfâr  ''abîda  quelques  verbes  quadrilitères  avec 
b  infixé  après  la  2™^  radicale  (rarement  après  la  i*^^  radicale). 
Ex.  :  zàfbdt  cril  dépouilla  quelqu'un  de  ses  habits77  dédiai,  zàlbl 
(même  sens);  "àrbdè  ff  il  a  grimpé  (sur  un  mur,  sur  un  arbre. .  .)77 , 
[\/^-r-s  ff  grimper  sur  un  treillis  [en  parlant  d'un  cep  de  vigne]  77); 
sàhbdr  ffil  a  noirci  quelqu'un 77,  cf.  êuJjhâr  cf  terre  noirâtre,  suie 77 


(^)  Infixa  lion  de  n  après  la  première  radicale. 

(^)  Cf.  sôfb  ff  jet  de  laiir) ,  et  avec  infixation  sanyûh  (même  sens). 

(^)  Suffixation  de  n. 

(*)  trauhçn  ffil  a  repris  confiance,  courage,  elc.77,cf.  syr. 'fôr^w/ifln  «cupivit, 
animo  desideravit».  M.  Marçais  m'apprend  qu'il  y  a,  sur  ce  point,  une  longue 
élude  de  M.Landberg  dans  son  ouvrage  :  Jeder  thut  was  ihm  Jàllt. 

(^)   Infixation  d'un  b  après  la  deuxième  radicale. 


198  DEUXIÈME    PARTIE. 

<  syr.  ènhhârâ  rr charbon w;  bâ^bos (fil  a  abîmé  quelque  chose  à 
force  de  le  toucher-»:»,  cf.  bâ'^as  ce  il  a  trompé  quelqu'un,  il  a  fait 
perdre  à  quelqu'un  quelque  chose^^;  hàblel^^^  rril  a  arrondi,  il  a 
façonné  en  boulettes ^^  y\Jk-t-l,  au  IP  th.  hàltala  ffil  a  ar- 
rondi, il  a  amoncelé^?);  'jqàsbdr  wil  a  ramassé  et  enlevé  furtive- 
ment des  débris  de  bois 77,  cf.  cl.  qâèara  ffil  a  pelé,  décortiqué, 
écossé?7. 

9.   T ahiE  snqtel<::*sâqtala^^\ 

Sous  l'influence  de  la  langue  syriaque  ^^\  notre  parler  possède 
quelques  verbes  comportant  un  s  prolixe.  Ex.  :  èâhlef  ^nl  a  émondé, 
il  a  ébranché  (un  arbre)^7,cf.  syr.  sahle(p^i\n  changé,  il  a  trans- 
formév  ;  sdndef  ((i\  ïi  lancé,  il  a  poussé  loin^  [\/n-d-f  repousser r,y^ 
sàfter  ffil  a  boudé,  il  a  pleuré  au  point  que  ses  lèvres  grossissent 
et  avancent  17  [sjf-t-r)-,  cf  plus  haut  fmder,  p.  19^;  k'mlel  ^r\\  a 
rendu  quelqu'un  perplexe,  digne  d'être  bafouer  \\Jn-t-l  wrépri- 

mander^-));  èa/qleb  ce  il  a  culbuté,  il  a  bouleversée  y\/q-l-b)^  sur 
ce  mot  cf.  p.  35  (''^;  .salheb  ffil  brûla  de  soif,  de  chaleur^,  cf.  syr. 
Hdlhe^  fraccendit,  inflammavit^"),  1"'  thème  inusité  ^l'he^  rrarsit 
(llamma)^^,  ar.  cl.  lahiba  (il  brûla,  flamba). 


XIII 
LE  PASSIF. 

Gomme  la  plupart  des  dialectes  arabes  modernes,  le  parler  de 
Kfar'abîda  ne  connaît  plus  le  passif  a  simples  alternances  voca- 
liques  ^'^L  II  l'a  toujours  remplacé,  ainsi  qu'on  l'a  vu,  par  les 
thèmes  réfléchis,  nolamment  par  le  VU"  thème.  Par  exemple, 
pour  rendre  la  notion  exprimée  par  le  cl.  dùriba  fâl  a  été 
frappée,  on  a  recours  à  nd/irab  rril  a  été  frappé 7?;  de  même 
on  supplée  au  cl.  hûmmila  cril  a  été  chargée  par  le  V®  thème 
ihàmmdl  (même  signification),  etc.  On  s'explique  sans  diffi- 
culté la  disparition  du  passif  dont  l'existence  dépendait  unique- 

(')  L'infixalion  de  h  est  ici  après  la  première  radicale. 

(2)  Préfixalion  d'un  s. 

(^)  Une  forme  analojjue  en  cfl'et  existe  en  arabe  classique,  bien  qu'elle  soit 
très  rare  {sdqlaba)^  mais  elle  a  un  s.  Le  s  est  donc  nécessairement  dû  k  une 
influenfe  du  syriaque. 

('')  Il  ne  semble  pas  que  sdlinç'jq  wbraire»  comporte  la  même  explication:  ce 
n'est  sans  cloute  en  cllct  ([ue  la  combinaison  clos  formes  classiques  sahaqa  et 
7ia]uuia  ff braire",  couibinaison  favorisée,  il  est  vrai,  par  l'existence  des  Ibèmes 
(juadrilitères  en  s-  imités  du  syriaque. 

(^)  qulila  en  face  de  qalala  et  de  même  aux  autres  thèmes. 


M()iu»n()riO(;iK. 


199 


meut  (riino  vocalisation   dolicato   consorvce  en  classique,  mais 
dont  on  a  [)ei'(lii  de  bonne  iieiiie  le  sentiment  dans  les  pail(;rs 


vuijjaires. 


Pourtant  le  passif  a  laissé  quelques  traces  à  Kfar^abîda,  mais 
c'est  surtout  dans  des  formes  nominales  rattachées  au  verbe.  Le 
participe  passif  du  verbe  trilitère  au  P"  thème  (type  maqlûhi")  est 

encore  très  usité;  ex.  :  madrùh  cffrappeS-)  <:  cl.  madrnlm"  \\Jd-r-bj\ 

mallHhr  ce  écrite^  <  cl.  iiiallùJxilu"  (\Jk-l-b)^  etc.  En  outre,  quelques 
participes  passifs  des  thèmes  dérivés  restent  distincts  des  parti- 
cipes actifs  dans  le  voisinage  des  emphatiques;  ex.  :  mzârrab 
ff  tenté n  <:  cl.  muzàrmhu" ,  mais  mzàrrdh  ^^  [QnidiWi-fi  <:cl.  muzârrUm" 

de  zàrroh  cril  a  tenté i:»  <cl.  zàrraha  \\Jz-r-h)\  myâUa  ff couverte, 

mais  myàiic  rr couvrant?")  de  yàtia  <c  cl.  yàtià  (yy-t-w)^  etc. 

La  distinction  de  l'actif  et  du  passif  se  retrouve  même  dant 
quelques  verbes  trilitères  à  l'aoriste.  Ainsi,  au  parfait,  'jqètçl  cril  a 
tué ^7  et  né'/qd  cfil  a  transporté^?  représentent  les  cl.  qdtala  et 
nàqala;  en  revanche,  à  côté  des  aoristes  dialectaux  yo'/qlol  cril  tue 7^ 
<:  cl.  yàqiulu  eiym^qol  ce  il  transporte??  <:;cl.  y/mqidu,  on  rencontre 
les  aoristes  à  sens  passif  î/«Y<//6?/  ffil  est  tué^?  et  yùnjqdl  ffil  est 
transporté,  il  se  transporte??  <:  cl.  yûqtalu  clyunqalu;  ceci  se  ren- 
contre dans  un  petit  nombre  de  verbes.  La  distinction  est  encore 
plus  sensible  dans  les  deux  verbes  suivants  :  yn^l'nj  ^^ il  est  connu  ?? 
et  yujqra  ffil  est  lu??,  qu'on  emploie  l'un  pour  l'autre  dans  le 
proverbe  suivant  :  hnahiûb  yujqva  (ou  bien  yû'^rnf)  mon'^enwânii  cda 
lettre  est  lue  (ou  connue)  par  son  adresse??  -^  ce  c'est  à  ses  fruits 
que  l'on  reconnaît  rarl)rei?.  On  rencontre  également  ibât  <z  ci. 
yiibâtu,  aoriste  passif  de  bâla  cfil  a  passé  la  nuit??  dans  le  pro- 
verbe :  rylf  borytf  ulmbàt  zârdh  nVm  ffpain  pour  pain  et  ton  voisin 
ne  passera  pas  la  nuit  ayant  faim??;  de  même  encore  yifta  dans 
tjii'ta-lu  bâl  ffon  y  fera  attention^?,  littéralement  ce  sera  donnée  à 
lui  attention??. 


CHAPITRE   II. 
NOM. 


I.  CE  QUI  RESTE  DE  LA  DÉCLINAISON. 

Comme  tous  les  dialectes  arabes  modernes,  le  parler  de  Kfar- 
^abida  qui  perd  phonétiquement  les  voyelles  finales,  ne  conserve 


200  DEUXIÈME    PARTIE. 

actuellement  aucune  trace  de  la  flexion  casuelle.  Par  exemple, 
les  formes  dialectales  kalb  cfcliiem)  et  mkâttb  cr  lettres  7^  repré- 
sentent le  nominatif  classique  kàlhu"  et  malâllhu,  l'accusatif  AY^i^^a" 
et  maJiâtîba,  et  le  génitif  kâlhi"  et  malàliha.  Seuls  le  contexte  et 
la  construction  font  connaître  le  rôle  du  nom  dans  la  proposi- 
tion. 

Au  pluriel  externe,  les  trois  cas  sont  représentés  par  -în,  qui 
est  la  forme  de  Tancien  accusatif-génitif  de  ce  nombre;  ex.  : 
Mlsîn  ^r assis 7?  (pi.)  provenant  de  zâUsîna,  dont  le  nominatif  était 
zâlisûna.  Au  duel  également,  les  trois  cas  sontreprésentés  par  la 
forme  de  l'accusatif-génitif;  ex.  :  htâhàin  ce  deux  livres  77  <c:cl.  Jcità- 
bàmi^^\  etc.  Ces  deux  finales  sont  tout  ce  qui  reste  de  la  décli- 
naison (^^. 

IL  GENRE. 

L'arabe  classique  connaît,  on  le  sait,  dans  les  noms  comme 
dans  les  verbes,  trois  genres  :  le  genre  masculin,  le  genre  fé- 
minin et  le  genre  commun.  Notre  parler,  qui  possède  encore  ces 
trois  genres  dans  les  verbes^^^,  ne  connaît  plus  que  les  deux  pre- 
miers dans  les  noms.  Le  genre  commun  a  donc  complètement 
disparu  dans  le  nom.  Les  quelques  substantifs  qui  étaient  de 
genre  commun  en  classique  sont  devenus  à  Kfar^abîda  en  grande 
partie  masculins;  le  reste,  féminin.  En  outre,  quelques  mots  clas- 
siques féminins  (sans  indice  de  ce  genre)  ont  été  ramenés  au 
genre  masculin.  Ainsi  se  manifeste  une  tendance  à  restreindre 
le  féminin  au  profit  du  masculin;  on  va  le  voir. 

Ce  qui  distinguait  les  noms  du  genre  féminin  de  ceux  du 
genre  masculin  en  arabe  classique  était  : 

1°  Un  indice  de  féminin; 

9°  Le  sens  intrinsèque; 

3°  L'usage. 

Nous  allons  passer  en  revue  cbacune  de  ces  catégories  de 
noms  féminins  pour  nous  rendre  compte  des  cas  dans  lesquels 
notre  parler  est  en  accord  ou  en  désaccord  avec  la  langue  clas- 
sique. 

(')  Nominatif /«7âiânj. 

(^)  De  même  en  persnn  rindicc  du  pluriel  -an  vient  de  l'ancien  génitif  plu- 
riel en  -ànâm,  cl  il  est  Tunique  roslc  de  la  riclie  déclinaison  de  Pindo-iranien. 

(•■')  Les  1"'  personnes  du  siii<julier  et  du  pluriel  el.  les  r^"'  et  3*'  personnes 
plurielles  dans  noire  parler  sonl  du  genre  commun. 


MORPIIOLOOIIÎ.  201 

i°  Noms  caractérisés  comme  féminins  par  un  indice  approprié. 

a.  Comme  en  classique,  les  subslanlifs  et  les  adjectifs  sont 
à  Klar'abîda  du  genre  féminin  toutes  les  fois  qu'ils  sont  pourvus 
de  rindice -<?■  (-rt)  ('^  <:  cl.  -atu".  Ex.  :  hdlbê  rrchienne^  <C  cl.  hâl- 
baiu'';  sdb^a  fc lionne 7?  <:  cl.  sàb^'atu''  cr femelle  de  bête  féroce  7-); 
rajqbê  ffcou^^  <  cl.  ràqabalii"  ;  hUra  ff  grande  7-)  ■<  cl.  labiralu"; 
etc.  L'indice  -é  est,  on  le  sait,  à  l'état  construit  -t  (-?/);  ex.  : 
Jcâlbtçk  ffta  chienne^  <:  cl.  hàlbatu-ha;  rà'jqbolna  ce  notre  cou^ 
-<cl.  râqabalu-nà  (cf.  Annexion).  -^  ' 

Les  quelques  noms  masculins  classiques  à  indice  féminin, 
tels  que  halîfatu"  w successeur 7-),  '"allâmatu"  cMrès  savant^^,  ne  sont 
plus  représentés  à  Kfar'^abîda  que  par  un  seul  exemple:  dâhyê 
fftrès  intelligent??  <:cl.  dâhiyaîu". 

(3,  Comme  en  classique  aussi,  quelques  substantifs  et  adjec- 
tifs du  singulier,  terminés  dans  le  parler  par  la  voyelle  -a  (repré- 
sentant cl.  -au  ou  -à  non  radical),  sont  toujours  du  genre  fémi- 
nin. Ex.  :  hèbnja  w orgueil??  <:  cl.  Mbriyau  ys/k-b-r)  ;  sàhra  ff  champ 
de  concombres??  <:cl.  sahrau  ff  plaine  vaste  et  déserte??  (v/?-i^-r); 
dimya  (à  côté  de  dénè)  ff  mondes?  <cl.  dûnyà  \yd-n-y  [w]);  sàiula 
ff  noire??  <:  cl.  saudau  \ys-W'dj\  ^ai(/rt  ff  blanche??  <:  cl.  baiilau 
\\Jb-y-d)^  etc. 

y.  Les  adjectifs  féminins  du  type  qatlà  qui  ont  au  mascu- 
lin la  forme  qatlânu  n'existent  plus  à  Kfar'^abîda;  on  y  supplée 
par  la  suffixation  de  l'indice  caractéristique  de  féminin  :  sakrânu 
ffivre??  est  à  Kfar^abîda  au  féminin  sehrânê  au  lieu  de  cl.  sàkrâ; 

etc.  (2). 

9"  Noms  caractérisés  comme  féminins  par  leur  sens  propre. 

a.  Comme  en  classique,  tous  les  noms  propres  de  femmes 
et  les  noms  communs  qui  désignent  des  êtres  femelles  sont  à  Kfar- 
^abîda  du  genre  féminin.  Ex.  :  bont  w fille??  <:cl.  bintu";  mâryen 
«"Marie??  <ccl.  mdryamii;  '^rus  (à  côté  de  V«se")  ff  épouse??  <:cl. 
^^arûsii"  ff  épousé,  épousée??;  'om"^  ffmère??  <  cl.  \immii"  ;  fâras 
«jument?5  <::  c\.  fàrasu"  ;  etc. 


(^)  Après  les  emphatiques  ou  les  faucales,  etc;  voir  p.  121. 

(^)  Déjà  en  arabe  classique  les  adjectifs  du  type  qatldnu  faisaient  quelquefois 
(comme  ceux  du  type  qatldnu'')  leur  féminin  sur  qalldnatu'^  à  côté  de  qdtlà 
(cf.  S.  OE  Sacy,  Gramm.  ar.^^  p.  35 1). 


20-2 


DEUXIEME    PARTIE. 


/S.  Sont  également  féminins,  comme  en  classique,  lous  les 
noms  de  provinces,  de  villes,  de  villages.  Ex.  :  Diô.sr  crEgyple^? 
<::cl.  misrii;  "jqèhrm  ffCliypreii  ■<  oX.qûbmsui^àa  gr.  KuTrpo?);  balrut 
rf  Beyrouth •>>  ;  hàleb  ffAlep^?;  hdrtz  ff  Paris 77; /ya/  ff  Feghâl  ^t  (vil- 
lage) (^^;  etc. 

y.  La  plupart  des  noms  indiquant  les  parties  du  corps  qui 
sont  doubles.  Ex.  :  Vmz  croeil?:»  <cl.  "âinu";  rézl  (plus  souvent  'êir) 
tf pied 75  <  cl.  nzliC";  yùiV'  (plus  souvent  'là)  w main 77  <<cl.  yâdu"; 
kétf  w épaule 7-)  <c  cl.  hâtiju";  fàhd  tf  cuisse i^  <:  cl.  fcilidu";  zénd 
ffavant-bras?7  <cl.  zrt^îrk". 

Le  féminin  classique  ^ûdnu"  r oreille ^^  est  souvent  remplacé  par 
le  diminutif  ^«m^"  <:  cl.  'mtainahf  ;  on  a  cependant  quelquefois 
pour  y  correspondre  le  dialectal  'ndn,  également  féminin. 

Les  féminins  classiques  hàddii"  crjoiie^^  hâjfu"  ff paume  de  la 
maini^,  qàdaum"  wpied,  pas 7^  sont  passés  dans  notre  parler  au 
genre  masculin;  on  dit  par  ex.:  hâd''^  'âJimar  (^  joue  rouge  v,  kàj^ 
îvâsf  wmain  large ^7,  etc. ,  jamais  ^Md''-  hàmra,  *kâff  wâs\i,  etc. 

Le  féminin  classique  sâqu"  crjornbe^?  n'est  pas  usité  au  singulier 
dans  notre  parler,  mais  il  Test,  au  pluriel  brisé,  sf/qâti^cl.  sïqânu", 
lequel  équivaut,  on  le  sait,  à  un  collectif  féminin  singulier. 

S.  La  plupart  des  pluriels  brisés  et  quelques-uns  des  noms 
collectifs  sont  à  Kfar^abîda  du  genre  féminin.  Ex.  :  'Iqlâb  fr  cœurs 77 
<:cl.  quMbu'',  sing.  '/qàlb  <  cL  qàUm" ;  "^zâijeh  rr  miracles  17  -<  cl. 
\izaibu,  sing.  '^zîbc'<:c\.  "^alibatu";  hâil  ^ chevaux??  <  cl.  hâilu" ; 
yànem  cf  moutons??  <:  cl.  yànaimi" ;  etc.  On  dit  par  exemple  'jqlûb 
''/qâsi/è  ffdes  cœurs  durs-»?,  ''iihjeb  /./>/re"  rr grands  miracles??,  Ihàil 
btéilod  ffles  chevaux  trottent??,  lyànçm  rfyel  ffles  moutons  ont 
brouté??,  etc. 

e.  Les  substantifs  samâlu"  crvent  du  nord??,  zanûbu^  wvent 
du  sud??,  qabûlu"^  fvent  de  Test??  et  dabiini"  cfvent  de  l'ouest??,  qui 
étaient,  comme  tous  les  noms  des  vents  en  classique,  du  genre 
féminin,  n'existent  plus  àKfar^abîda;  on  y  supplée  parles  adjec- 
tifs de  relation  suivants,  employés  la  plupart  du  temps  comme  de 
vérital)les  substantifs  (naturellement  masculins)  :  sniâlé  wvent  du 
nord??  <  cl.  samâlhju"  cf septentrional??  de  smâl  wnord??  <  cl. 
mmâlu" ;  yàrbc  rrvent  du  sud-ouest??  <  cl.  yarUyu"  rr occidentaL? 
de  7«rèffsud,  sud-ouest??  <:cl.  yârbu''  ce  occident??;  sàrjqè  wvent 
de  Test??  <:  cl.  kirqiyu"  ce  oriental??  de  sàr^'lq  ff  orient??  <:cl.  sàrqu^; 
bàhré  ce  vent  de  Touest??  <:  cl.   bahrîyu"  ff  maritime,   marin??,  de 

^  )  Nom  oxtrémement  ancien;  cf.  dans  la  Grèce  antique  O/ja'A-e/a  (en  Ar- 
cadie). 


!MOUPHOL()(iIK.  203 

h/ilir  r^mo.v^  <:c}.  hahru".  Pour  (lési|}ner  le  vont  du  sud-est,  on  se 
Fort  de  préférence  à  Kfar^ibida  de  li/iwd  (-'/(jôhlé  <:cl.  hawau 
/-  (jiblati;  de  même  on  se  sert  souvent  du  juot  sliVj(i  pour  désigner 
le  vent  de  l'est,  le  sirocco  (tous  deux  sont  masculins) (^^. 

3°  Noms  uniquement  féminins  par  l'usage'^'^K 

Notre  parler  a  conservé  avec  leur  genre  quelques-uns  des 
noms  classiques  qui  ne  sont  féminins  que  par  l'usage.  Ex.  : 
V//y/  cr  terre  17  <:cl.  'ârdti";  'àfa  cf  vipère  77  •<:c\.  'àf'a";  zhànnçm 
ff  enfer  17  <:  cl.  zahànnamu;  sâms  ?<•  soleil 77  <:  cl.  sàmsu^ ;  ^âsa  «•bâtom? 
<cl.  '^dsa";nâfs  rr  âme^i  <i:  cl.  nàfsiC';  sàma  cr  ciel  77  <:cl.  samau"; 
trf/q  w  chemin  17  <:cl.  tarîqu'';  sMîn  cr  couteau  77  <:  cl.  sihJdnu"  ; 
nâr  o-feu-ii  <  cl.  nâru";  rûh  crame 77  <:  cl.  rûhu'' ;  dâr  (quelquefois 
masculin)  cf  maison  17  <cl.  dâru'\  Tous  les  autres  substantifs  clas- 
siques du  genre  féminin  ou  du  genre  commun  sont  passés  dans 
notre  parler  au  genre  masculin.  Ex.  :  'lqmj.s  fcarc^?  <:cl.  qcmsu" : 
'ârneb  ff  lièvre  i-)  <:  cl.  'âïTiabu";  bîr  ce  puits  (sing.)'^  <<  cl.  bfrii"; 
hàrb  ffpuerre-'')  <:;  cl.  hârbu":  hàmr  wvin-»-)  ■<  cl.  hàmru" :  hânsat' 
ff  doigt  auriculaire  17  <:  cl.  hinsiru" ;  dér^  r  cuirasse  77  <<  cl.  dirSi"  ; 
dàlu  cr seau 77  <:  cl.  dàhvu";  dra^  fcbras?-)  <  cl.  dirâSi";  dçhçb  cfom 
<:  ci.  dâhabu";  rth  fcvent?-)  <c:cl.  rî/iu";  sén"  fcdent'*»  <:cl.  sinnu"; 
dàb"  ff  hyène  77  <:cl.  dcib''u";  do}''  cf  côte  77  <:cl.  dïhi";  fid  ff  ogre  77 
<:  cl.  yûlu";  kâs  ff  coupe  ^7  <  cl.  ha  su";  /rers  ff  ventre  79  <:  cl.  Mrsu"; 
môlh  ffsebi  <c  cl.  milhu";  nàH  ff  souliers,  semelles  77  <:  cl.  nAHu"; 
bâhçm  ff  pouce  7?  (^),  cf.  cl.  'ibhâmu";  ^osba""  ff  doigt  ?•>  <  cl.  'ûsba'^u'' ; 
znâh  r  aWe  1^  <  cl.  zanâhu"  ff  côte  77;  hâl  ff  état  77  <::  cl.  hâlu";  hânûl 
ff  boutique -«î  <:  cl.  hànûtu";  sûUom  ff  échelle  77  ■<  cl.  sûUamu";  siV/q 
ff  marché,  rue  77  <c  cl.  sûqu";  s^r  ff  orge  77  <  cl.  èa^ru";  ^ûrs  ff  noces -i? 

<  cl.  Sirsu";  V^sf?  ff  miel77  <:  cl.*^rtsrtiw";  ""ajqrab  ff  scorpion  77  <  cl. 
^âqrabu"  ;  '^unjq  ffCOU77  <:cl.  ^ûnqii";  ^jqôdr  ff  marmite  •>7  <:cl.  qidru"  ; 
Isân  ff  langue  77  <:  cl.  lisânu'^;  Mil  ff  nuit  77  <  cl.  lailu"  ;  mosk  ff  musc  77 

<  cl.  misîi'u".  Quelques-uns  de  ces  noms  du  genre  féminin  (ou 
du  genre  commun)  devenus  exclusivement  masculins  dans  notre 
parler  se  sont  donné  des  féminins  au  moyen  de  l'addition  de 
l'indice  habituel  :  -é  <  cl.  -atu".  Ex.  :  'àrnbê  ff  lièvre  (  fe- 
melle) ^7  <c  cl.  'àrnabaîu";  dâb^a  ff  hyène  (  femelle  )i7  de  dâb'';  yûlè 
ff  ogresse  77   de  yûl;  nciHê  ffune    semelle,  un   fer   à  cheval  77   de 


(''   Dans  hatvau"  ffventj?  '(provenant  de  y)  est  radical  et  non  suffîxal. 

('^)  On  passera  ici  en  revue  tous  les  substantifs  encore  usités  à  Kfar'abîda 
qui  étaient  en  classique,  uniquement  par  l'usafije,  du  genre  féminin  ou  du 
genre  commun,  c'est-à-dire  pouvant  être  indifTéremment  féminins  ou  mas- 
culins. 

^^)  On  l'a  déjà  vu,  bâh§m  représente  le  plur.  cl.  'abdhimu,  et  non  le  sing. 
'ibhâmu'\ 


20 A  DEUXIÈME    PARTIE. 

nrt*/(^);  ^'ajqrbê  r  scorpion  (  femelle  )7')  <:  cl.  ''(iqrahaiu'' ;  ^/qodrê 
ff marmite  en  terre  cuite ^7;  kè^sê  w estomac,  ventricule 77;  d/dwê 
ff  petit  seau  en  bois 77;  dol^a  w  côte  77;  etc.  ^^\ 

Remarque  I.  —  Les  noms  des  lettres  de  l'alphabet,  qui  sont  en 
classique  du  genre  commun,  sont  actuellement  à  Klar^abîda, 
(sauf  z  qui  est  masculin)  du  genre  féminin.  On  dit,  par  ex.  : 
'alâfiwîlê,  etc. 

Remarque  IL  —  Les  différents  adjectifs  des  types  qatidu",  qa- 
tîlu",  miqtîlu'',  etc.,  qui  étaient  en  classique  du  genre  commun, 
sont  tous,  à  Kfar  'abîda,  du  genre  masculin;  ils  forment  leur  fémi- 
nin par  l'addition  pure  et  simple  de  l'indice  caractérislique  -ê 
<:  cl.  -atu".  Ainsi  les  cl.  qatîlu"  et  sahiiru",  qui  signifient  indiffé- 
remment frtué77  et  ff patient ^7  ou  bien  cftuée77  et  ffpatiente^7,  ne 
s'emploient  à  Kfar^^abîda  que  pour  le  genre  masculin;  ils  pren- 
nent au  féminin  la  forme  /qtîlê  Kinéei^  et  sbûra  rr  patiente77. 


m.  NOMBRE. 

Le  parler  de  Kfar\Tbida  possède,  comme  la  langue  classique, 
trois  nombres  :  le  singulier,  le  duel  et  le  pluriel. 

A.  DUEL. 

Le  duel,  par  lequel  nous  commençons,  est  encore  très  vivant  dans 
notre  parler  et  se  forme,  à  la  différence  de  beaucoup  de  dialectes 
arabes  modernes,  sur. tous  les  singuliers  de  substantifs.  On  le  ren- 
contre parfois  greffé  même  sur  certaines  prépositions  et  certains 
adverbes;  il  sert  alors  à  affirmer  plus  énergiquement  ou  à  insister 
sur  une  chose;  ex.  :  ^minàm,  dans  yâsh  ^annâmek  cren  dépit  de 
toi,  malgré  toi  deux  fois 77  au  lieu  de  cl.  yàsha''  "^àn-ha  marraiàini; 
^endàin  dans  ^'endàinu  f^il  a  certainement  =  chez  lui  sans  aucun 
doute 77  au  lieu  de  cl.  Hnda-hu.  .  .;  etc. 

La  désinence  dialectale  du  duel  est  toujours  -«m<cl.  -aini, 
qui  s'ajoute  purement  et  simplement  au  substantif  singulier.  La 
diphtongue  -ai-  n'est  jamais  réduite   à  -ï-,  ce  qui  empêche 

(')   Singulatif  de  na'l  w semelles  » ,  p.  9o3. 

(^)  Il  s'est  donc  passé  dans  noire  parler  exactement  ce  qui  s'est  produit  dans 
les  difîérenls  dialectes  indo-européens  où,  suivant  la  doctrine  de  M.   Meillet  H 

{M.S.Ij.  ,  t. XiV,  p.  ^78-/479),  les  féminins  en  -os  (hL/âifus,  gr.  Çvyos  etc..) 
ou  bien  ont  conservé  leur  finale  -os  mais  sont  devenus  masculins,  ou  Lien 
ont  fjardé  leur  |^enre  féminin  mais  ont  été  remplacés  par  des  Ihèmos  en  -à. 


MORPHOLOGIE.  'i()5 

d«  confondre,  comme  cela  a  lieu  dans  d'antres  dialectes  mo- 
dernes, le  duel  et  le  [)lui'iel  externe  en  -in.  En  revanche,  il  y  a 
eu  perle  du  cas  nominatil'  (classique  -àni)  remplacé  par  le  cas 
[jénitil-accusatir.  Ex.  :  htâhàin  crdeux  livres  17  <:  cl.  kilâbdlni,  au 
sens  de  ce  dernier  et  aussi  au  sens  de  kitàbâni,  duel  de  ktâb  <  cl. 
litâbu"  ;  yaumâln  t<- deux  jours -«^  <:  cl.  yauinàlni ,  duel  de  yàum  <c:  cl. 
yâunm"  ;  ba/qrlâm^denxMxches-)-)  <:  cl.  baqaratâini,  duel  de  bâ^/qm 
<c:cl.  bdqaralu";  etc. 

Le  mot  zàuz  wdeux,  une  paire^^  (métalhèse  du  cl.  zâuzu")  n'est 
en  usafje  que  dans  la  numération  des  paires  (et  on  emploie  avec 
lui  un  pluriel  interne  et  non  le  duel);  ex.  ;  è^^^jfîrr  deux  unités,  une 
paires-»,  tnâin'^^^  rcquatre  unités,  deux  paires ^7,  llâlè^^^  ffsix  unités, 
trois  paires  17,  etc.  Le  même  z/mz  est  souvent  employé  devant  les 
noms  collectifs;  ex.  :  zàuz  bajqar  cfune  paire  de  bœufs  1?;  zàuz 
had  ffune  paire  de  chevaux,  deux  chevaux 77;  etc. 

Comme  en  classique,  la  désinence  -nin  perd  son  -n  final  dans 
les  noms  de  parties  paires  du  corps  lorsqu'on  lui  annexe  un  pro- 
nom sufïixe;  ex.  :  'îdâik  rrtes  deux  mains  17,  Hnàiijê  crmes  deux 
yeux  77;  etc.;  mais  on  dit  'idàln  zâré  wles  deux  mains  de  mon  voi- 
sin ^7  (et  non  pas  *'ïd((i  zârè,  comme  on  le  fait  dans  la  langue  clas- 
sique); le  -n  ici  s'est  introduit  par  analogie. 

Le  mot  V/m  cfœil77  -<cl.  ^/?Vm"  fait  au  duel  (et  au  pluriel) 
^ïnàin  avec  réduction  de  la  première  diphtongue  -ai.  Cette  réduc- 
tion s'explique  par  une  dissimilation  :  a-a  ^>e-a,  d'où  ^''ehiahi 
>  Hnàiji.  C'est  également  de  la  même  façon  que  s'explique  la 
forme  qu'on  rencontre  dans  notre  parler  à  côté  de  damtam  cr  deux 
oreilles 77,  duel  de  dame,  à  savoir  dmâ'm^^\  forme  qui  s'emploie 
indifféremment  aujourd'hui  (de  même  ^Inàhi)  comme  duel  ou 
comme  pluriel. 

Remarque.  —  Le  duel  n'a  laissé  à  Kfar'^ahîda  aucune  trace  dans 
les  adjectifs;  ceux-ci  se  mettent  toujours  au  pluriel  lorsqu'ils 
se  rapportent  à  des  substantifs  au  duel;  ex.  :  baitâ'm  kbâr  crdeux 
grandes  maisons 77  en  face  de  cl.  baitami  kabîràini;  sentàin  kcïndin 
ff  deux  années  entières 77  en  face  de  cl.  sanatâini  kâmilatàini;  etc. 

B.  PLURIEL. 

Il  y  a  en  arabe  classique,  on  le  sait,  deux  sortes  de  pluriels, 
dont  l'un  se  forme  sur  le  singulier  à  l'aide  de  suffixes  et  l'autre  à 
l'aide  d'infixés  ou  d'alternances  vocaliques.  Le  premier  est  appelé, 


^^^  C'est-à-dire  zauzâin. 
^^^  Sous-enlenda  iwâz. 
^^^   Cest-à-dire  *'uctain-àini,  du  climinatif  'ucîainatu"^  ~>- daine. 


206  DKLXlkME    PARTIE. 

par  les  gramiuairions  de  l'arabe  ancien, pluriel  sain  ou  régulier  et 
le  second  pluriel  brisé  ou  irrégidier,  A  la  suite  des  dialectologues 
modernes,  j'appellerai  dans  ce  travail  pluriel  externe  celui  qui  se 
l'orme  par  sulîixation  ei pluriel  interne  celui  qui  se  l'orme  par  infi- 
xation ou  utilisation  d'alternances  vocaliques  anciennes. 


1.   Pluriel  externe. 

f.es  suffixes  dialectaux  qui  caractérisent  le  pluriel  externe  sont 
à  Kl'ar'abîda  au  nombre  de  trois  :  a)  -în;  /S)  -è;  y)  -ât  [-âtY^\ 

a.    Suffixe  -m<;cl.  -îna  (gén.-acc). 

Le  dialectal  -în  est  le  représentant  régulier  du  classique  -îna 
caractéristique  du  cas  génitif-accusatif  pluriel;  il  marque  indif- 
féremment à  Kfar%Tbîda,  comme  dans  tout  parler  arabe  moderne, 
les  cas  nominatif,  accusatif  et  génitif,  le  sullixe  classique  -ûna 
qui  caractérisait  le  nominatif  ayant  complètement  disparu.  Cet 
-îna  s'adjoint,  comme  en  classique,  à  un  grand  nombre  de  sub- 
stantifs et  d'adjectifs  et  leur  donne  le  sens  du  pluriel  (s'ils  ne 
l'avaient  déjà). 

1°  Comme  en  classique,  le  suffixe  -în  est  ajouté  à  tous  lés 
participes  actifs  et  passifs  des  verbes  (forts  ou  faibles)  trilitères 
ou  quadrilitcres,  à  n'importe  quel  thème,  lorsqu'ils  ne  sont  pas 
employés  comme  substantifs.  Cette  forme  de  pluriel  est  devenue 
à  Kfar'abîda  commune  au  masculin  et  au  féminin  (^l  Ex.  :  hànilîn 
reportant •'7  -<  cl.  hâmilîna,  pi.  de  hâmd  ■<.  cl.  hâmilu'^ ;  madriihîn 
cf  frappés^  <  cl.  madriibîna,  pi.  de  madrtW<cc\.  madrûbii" ;  ràdyin 

ff  contents  1-»,  cf.  cl.  râdîna,  pi.  de  mr/p' -<  cl.  râdi"  [\/r-d-y  [w])l 
mol'^az^bin  ffs'étonnant  de.  .,  étonnés •>">  <<  cl.  muta^azzibina ,  [)l.  de 
môt^âHeb  <  cl.  nmta^^azzibii"  ;  mbartlln  ce  captant •»•>  <c:cl.  nmbartilîna, 
pi  de  nd)ârlàl  <z  cl.  nmbdrtilu",  etc. 

Les  participes,  lorsqu'ils  sont  employés  comme  substantifs,  ont 
toujours  d'autres  types  de  pluriel,  ainsi  qu'on  le  verra. 

2"  Comme  en  classique  également,  les  adjectifs  du  type  (p'Itâl 
<:  cl.  qattâlu",  qui  désignent  un  métier  ou  l'intensité  de  l'action, 
forment  à  Kfar'abîda  leur  pluriel  par  l'addition  du  suffixe  -in. 

(')  Il  s'agit  uniquement  ici  des  suffixes  qui  n'apportent  aucune  modification 
de  vocalisme  ou  de  coiisonantismc  jui  sinjjulicr  aii(|uol  ils  sont  ajoulrs;  il  sera 
plus  tard  question  des  formes  de  pluriel  (|ui  sont  à  la  fois  externes  et  internes. 

^'-)  Encore  un  indice  de  la  tendance  à  la  simplilication  déjà  constatée  pour 
la  flexion  en  général. 


MOHPIIOF.OOIK.  '207 

Ici  encore  le  féiiiiniu  se  conloiul  avec  le  masculin,  i^^x.  :  hohhâzin 
w  boulanijers^-)  -<  cl.  hahbâzina,  pi.  de  hohbâz -<.  û.  hahhdzu"  ;Jdlld- 
hîn  cr laboureurs ^1  <:cl.  fallâhma,  pi.  deJolla/i-<:  c].Jalldhu";  mol- 
la  jqîn  ff  adulateurs '7  <C  cl.  mallâqlna,  pi.  de  mollalq  <  cl.  mallâ- 
qu" ,  etc.  Quelques-uns  de  ces  adjectifs  ont,  on  le  verra,  à  côte 
de  ce  pluriel  un  second  pluriel  externe. 

3"  Le  suffixe  -in  s'ajoute  également  à  tous  les  adjectifs  sin- 
guliers dos  types  qetlân  ■<.  v\.  qallânu  et  quilân  ■<.  c\.  qntlânii"  pour 
en  former  des  pluriels.  Ici  notre  parler  s'écarte  sensiblement  de 
la  langue  classique  qui,  on  le  ?ait,  forme  le  pluriel  du  premier 
type  d'adjeclifs  [qatlânn)  sur  le  modèle  qatâlà  ou  qàllâ.  Ex.  :  yod- 
hànln  ce làcliés-'^  (cf.  cl.  ymlbà)^  pi.  de  yô'dbân  <:cl.  yadbânu;  nednui- 
nln  ff  repentants^"'  (cf.  cl.  tuidâmâ),  pi.  de  îiedinân  <:  cl.  nadnumif  ; 
sekrânin^^^  rrivres-o  (cf.  cl.  salârà),  pi.  de  solrdn  <<  cl.  salrâmi  ; 
"iirijânbi  ff  nus-o  <:  cl.  Smiàntna ,  pi.  de  "ûrijàn  <:  cl.  '^unjânu",  etc. 
Ici  encore  le  pluriel  (à  Kfar^ibîda)  est  commun  au  masculin  et 
au  féminin. 

Il"  Le  suffixe  -in  forme  le  pluriel  des  adjectifs  qui  indiipient 
raj)])nrleniince,  la  provenance,  etc.  Ici  le  pluriel  léu)inin  est 
souvent  différent  de  celui  du  masculin.  Ex.  :  lobnâmijin  ce  Libanaise 
<:cl.  hdmànfijina ,  pi.  de  lobnânè  <c:cl.  hibnàniyu" ;  sdmïyîn  (à  côté 
de  èivâm)  ffhabitants  de  Damasw  (fém.  sâmïijât)  <c  sàmïyina, 
pi.  de  minê  •<  cl.  èàmiyu",  etc.  Ainsi  que  Ton  verra,  quelques- 
uns  de  ces  adjectifs  font  lT3ur  pluriel  sur  qtâla<:c].  qatâlà. 

5°  -în  forme  le  pluriel  des  adjeclifs  singuliers  du  type  qatlil  << 
cl.  qiuilu".  Le  pluriel  ici  encore  est  commun  au  masculin  et  au 
féminin.  Ex.  :  '/qaddïsîn  (à  côté  de  ^jqdâdîs)  rr saints 7?  <:  cl. 
qiddlsina,  pi.  de  ^jqaddis  ■<:  cl.  qiddisu" ;  sarrîbîn  w grands  buveurs ^7 
<:  cl.  sirnbina,  pi.  de  san'ib<::  cl.  sirrïbu" ,  elc.  Quelques-uns  cepen- 
dant de  ces  adjeclifs  ont  d'autres  types  de  pluriel. 

6°  Quelques  adjeclifs  diminutifs  ont  leur  pluriel  en  -în.  Ici  le 
féminin  se  confond  avec  le  masculin.  Ex.  :  hwaijsîn  cr beaux ,  jolis ^^ , 
pi.  de  Javâiyçs,  cf.  cl.  kuyàiyisu"  ;  hivai-nin  ce  très  faciles??,  pi.  de 
hwàiyçn,  cf.  cl.  îmyâiyinu",  etc. 

7"  -in  se  rencontre  en  outre  dans  la  formation  du  pluriel  d'un 
certain  nombre  d'adjectifs  de  différents  types.  Ex.  :  '/qlîlîn^^'>  ff  peu 


^^^  A  côté  de  skâra  dans  hmîs  es-^kdra  «le  jeudi  des  ivrognes?'  =  wle  jeudi 
du  carnaval 55. 

(-J  A  côté  de  'Iqlâl  plus  fréquent. 


208  DEtXiÈME   PARtlË. 

nombreux  w  <  cl.  qahlîna,  pi.  de  '/qlîl  -<  cl.  qalîlu'^  ;  hllrin^^'> 
crnombreiix^  -<  cl.  laôirma,  pi.  de  ktîr  -<  cl.  kaôiru" ;  wôshm 
cf  sales  •'7  ■<  cl.  wasilnna,  pi.  de  wèseh -<.€[.  wâsihu"  ;  hûlwîn  wdoux*»-), 
pi.  de  Iiillu  <:  cl.  hûlœu";  niorrîn  ff  amers  77,  pi.  de  m6>'<  cl.  mûr- 
ru",  etc. 

8"  Comme  en  classique,  les  mots  smé  ff année ^^  <c  cl.  sânatu" 
ei'ohn  w  fils 77  <:  cl.  ibnii"  font  au  pluriel  à  Kl'arSTbîda  S7iîn<cc\. 
sinîna  et  bnîn  <<  cl.  hanîna. 

9°  Enfin  le  sulFive  -in  est  ajouté  a  quelques  pluriels  internes 
souvent  pris  pour  des  singuliers;  ex.  :  hûddâmîn  cr serviteurs ^7 
du  pi.  hutidâni -<  Imddànm'',  pi.  de  hâdçm  <  cl.  hâdimii" ;  mollàhin 
(à  côté  de  moUâhè)  w possesseurs 77,  du  pi.  mollah  <:  cl.  miillâku", 
pi.  de  mâlek  •<  cl.  mâliku"  ;  "Iqmihin  w  parents 77,  du  pi.  'jqràyçh 

<  cl.  qaraihu  cf  parentes ^i ,  pi.  de  'jqrlhé  frvoisine?^  <  cl.  qarî- 
batu"  (singulier  inusité  à  Klar^abîda  dans  le  sens  classique  de 
cr  parente  77). 

Gomuie  on  le  voit,  le  pluriel  externe  en  -în  est  beaucoup  plus 
fréquent  dans  notre  parler  qu  en  classique  et  s'étend  surtout  à  la 
plupart  des  formes  d'adjeclils  qui  avaient  en  classique  d'autres 
types  de  pluriel.  Par  contre,  les  adjectifs  du  type  \(qtal  ^  c\. 
'àqtalu  (exprimant  le  comparatif  ou  le  superlatif)  et  les  noms 
propres  d'hommes  qui  formaient  en  classique  leur  pluriel  en  -în 
ont  dans  notre  parler  d'autres  formes  de  pluriel,  cf  dial.  yusfât 
en  face  du  cl.  yûsujina,  pi.  de  yûsçf  te  Joseph  i-»  <:  cl.  yûsiifu. 

(3.  Suffixe  -e<cl.  -atu"^^\ 

1*"  Le  suffixe  -e  s'ajoute  à  un  certain  nombre  de  substantifs  du 
type  ^e^fa/ <:  cl.  </rt//a/w"  qui  indiquent  un  métier  et  leur  donne  le 
sens  du  pluriel  ^^^;  ex.:  'ettâlé  w  portefaix^?  <:  cl.  ""attâlatu",  pi.  de 
Vfa/<:cl.  '"attâlu"  ;  Myâlè  ff  cavaliers i?  <  cl.  haiydlatu",  pi.  de  kyâl 

<  cl.  haiyâlu"  ;  mollâ/ia  ff  marchands  de  sol 77,  pi.  de  mollah  <:  cl. 
mallâhu" ;  yennâmè  cr bergers,  possesseui's  de  moutons '?,  pi.  de  ym- 
nâm -<.  ç\.  yanmhtm"  ;  mo^^àzd  ce chevriei'Si?,  pi.  de  mô'^''âz  <::  c\. 
ma^'Vizu'';  hollâbè  ff  bûcherons  77  <:cl.  hallâbalu",  pi.  de  holtâb^CcL 
haUâbu" ,  etc. 

On  fa  dit  déjà,  plusieurs  substantifs  ^^^'  du  type  qettâl  <cl.  </a^ 

('^  A  côté  de  ktâr,  plus  courant. 

(2)  Il  s'ajrit  ici,  comme  dans  le  cas  des  pluriels  internes  (brisés),  d'un  col- 
lectif féminin  fonctionnant  comme  un  pluriel. 
^^)  Ce  sont  généralement  des  mots  rusliques. 
^''^  Généralement  des  mots  citadins. 


MORPHOLOGTK.  209 

tâlii",  indiquant  un  mélicr,  forment  à  Kfai'*^al)îda  leur  pluriel  au 
moyen  du  suffixe  -m;  ex.  :  hehhâzhi  (à  cote  de  h0bbâzè<:  ci.  habhâ- 
zatti",  pi.  de  hohbâz<:c\.  habbâzu''  ;  btyâdîn  tr  étanieurs^^,  pi.  de  bïijâd 

\\^b-y-d);  hi'llalqin  w barbiers •>!,  pi.  de //f //rf /</ <  cl.  hallâqu" ,  etc. 
Du  reste,  tous  ces  pluriels  en  -în  ont  à  côté  d'eux  un  pluriel 
en  -ê. 

2"  Les  adjectifs  qui  expriment  Tappartcnance  à  une  secte,  à 
une  dynastie,  à  un  pays,  à  une  dignité  ou  à  une  profession  —  les 
adjectifs  ayant  ces  deux  derniers  sens  sont  généralement  emprun- 
tés au  turc  et  au  persan  —  font  leur  pluriel  en  -ê.  Ex.  :  ""ûsmânujè 
ff  Ottomans i-) ,  pi.  de  '^iismânê <z.\'\qo-ç\.  SiOmânhjii'' ;frensdwîyé (^Fran- 
çais77,  pi.  de  frensâwê  (cf.  néo-d.faransîyn")\fyâlîyé  ce  habitants  de 
Feghâli"),  pi.  Ôq  fyâlé  ■<:tt.éo-c\.  fayâliyu"  ;  lobnânîyé  cr  Libanais ^i, 
pi.  de  lobnânê  -^c  cl.  hibnànîyti"  ;  sûfiyé  cr sectateur  de  la  secte  des 
SouGsi?  •<  cl.  sfiflyatu" ,  pi.  de  siifè<z.  cl.  suflytC"  ;  'fandîyè  (à  côté  de 
\ifandiyè)  cf  effendis^i,  pi.  de  fàndè  <C  turc  'eféndi  ;  ^arb(ayzîyê 
ffcochersi^  pi.  de  '^àrb\a)zê  (turc^^^);  to6^iî?/e  c? artilleurs ^-î,  pi.  de 
Mzê  (turc),  elc. 

S*'  Le  suffixe  -ê  s'ajoute  à  un  certain  nombre  de  pluriels 
internes  du  type  qûttâl  <::cl.  qiiltâlu" ;  ex.:  môllâkè  (à  côté  de  môl- 
Idkîn)  tf  propriétaires??,  pi.  de  pi.  mollah  <:  cl.  mullâku",  pi.  de 
niâlçk  <  cl.  mâliku"  ;  mûwâté  ce  morts  (en  parlant  des  cocons)??, 
pi.  de  mûwât  (pi.  de  mâyçt<::  cl.  maitu");  etc. 

y.   Suffixe  -ât<cc\,  -àtu'\ 

Le  suffixe  -ât  (-wât,  -yât)  est  le  représentant  régulier  du  cl. 
-rt/M"  indice  du  féminin  pluriel.  Il  est  très  vivant  à  Kfar^^abîda  et 
s'ajoute  à  plusieurs  catégories  de  substantifs  pour  leur  donner  le 
sens  du  pluriel  (s'ils  ne  l'avaient  déjà). 

1°  Il  s'ajoute,  comme  eii  classique,  à  un  grand  nombre  de  sub- 
slantifs  féminins  pourvus  au  singulier  de  l'indice  de  féminin -e(-r/) 
•<  cl.  -alu".  Ex.  :  ba/qrât  c?  vaches i?  <  cl.  baqarâtu" ,  pi.  de  ba/qra 
<:  cl.  bâqaratu'^ ;  salivât  cf  prières??  <:cl.  salaivâlu",  pi.  de  sala  ■<  cl. 
salâtu" ;  marrât  ffdes  fois??  <;  cl.  marrâtu'^,  pi.  de  marra  -<:  cl.  mâr- 
ratiC^,  etc. 

A  la  différence  du  classique,  notre  parler  a  complètement 
perdu  le  pluriel  en  -ât  de  tous  les  participes  actifs  et  passifs 
employés  comme  adjectifs  (féminins);  il  l'a  toujours  remplacé, 
on  l'a  vu,  par  le  pluriel  masculin  en  -în;  ex.  :  ""dlmîn  ce  savants, 

(')  Pour  la  terminaison  tout  ou  moins. 

PARLER  DE  KFAr'abÎDA.  1  k 


210  DEUXIÈME    PARTIE. 

savaiilesi?  et  inaclrubm  fflVappés,  frappées^'),  en  i'ace  du  cl.  "àlimlna 
ffsavanls^7  cl  mmlrûhina  rr frappes ^^  d'une  part,  et  Vf//'JHa//f"  rr savan- 
tes 17  et  «irt^/niki/ît"  fr frappées^?  de  l'autre,  etc. 

2"  -ât  s'ajoute  aussi  à  un  certain  nombre  de  substantifs  qui 
sont  féminins  par  le  sens  (qu'ils  soient  actuellement  à  Krar\abîda 
de  l'un  ou  de  l'autre  genre,  pourvu  qu'ils  fussent  féminins  en 
classique).  Ex.  :  'emmât  ((  mer  es -n  <:  c\.  ^ummâtu",  pi.  de  'em""  <z 
cl.  'ùinmu";  ''ardât  cf  terres •»•! ,  à  côté  de  ^râdé ,  pi.  de  'àrd^^^  <:cl. 
'ardu";  kâsâl  w coupes,  calices 77  <:  cl.  lasâlu'^,  pi.  de  kâs '<  cl. 
Jtasu'^;  dehhât  er pièces  d'on^,  pi.  de  di'hçh  ^'^^  <::  c\.  dàhabii"  ffor^i; 
smâwât  ffcieuxt^  <::cl.  samàwâtti",  pi.  de  sàma-<:  ci.  samau"  ;  Isânât 
ff  langues,  langages  ^7,  pi.  de  Isân  <<  cl.  Us  a  nu"  ;  môlhât  ce  sels  77,  pi. 
de  môVi  <:  cl.  millm",  etc. 

3°  Plusieurs  substantifs  masculins  et  quelques  rares  noms 
propres  qui  sont  usités  au  pluriel  forment  le  pluriel  au  moyen  du 
suffixe  -ât.  \ix.  :  iniqassât  rr  ciseaux  t»,  pi.  de  iHJqâs-<:z  cl.  miqâssu"; 
ylcyât  «-gaines 77,  pi.  de  yîâf  <c  cl.  yilâfu";  hommamât  w bains •>?  << 
cl.  hammàmâtu",  pi.  de  Jjonimâin  •<:  c\.  hammâmu"  ;  mdâsâl  trgros 
souliers-)?,  pi.  de  mdâs<:ic\.  madâsii" ;  tazât  fccouronnes,  mitres^?, 
pi.  de  iâï<c  cl.  tâlu'^;  nialbûsât  cr babils 77,  pi.  de  nialbùs  <cl.  nial- 
bùsn" ;  mmssâl  copiions  pour  écraser  les  olives  vertes,  coins  en  fer 

employés  dans  les  carrières 71,  pi.  de  mraf  [\Jr-s-s  crajusler?-))  ;  ba'iyât 
ff  pères 77,  pi.  de  bâi[')  <:  cl.  'ubàhju'\  diminutif  de  'âbu" ;  dah/ât 
ff  mains  77,  pi.  de  ^/«i(-)  '<*yudaiyu'\  diminutif  de  yddu";  yûsfât  cries 
Joseph 77,  pi.  de  yiisçj'<::  cl.  yûsufu;  tannusât  cries  Antoine 77,  pi. 
do  tannûs  ^^\  etc. 

k''  Comme  en  classique,  un  certain  nombre  d'adjectifs  verbaux, 
employés  en  fonction  de  substantifs,  forment,  à  Kfar^ibîda,  leur 
pluriel  au  moyen  du  sullixc  -ât.  Ex.  :  mahlujqàt  (à  coté  de  blâyç'jq) 
cf  créatures 77  <<  cl.  maldûqâlu'',  pi.  de  mahlnlq  <c  cl.  nuddûqu" 
ff  créé  77;  inainfidâl  cf  existences,  créatures  77  <<  cl.  inanzûdâlu",  pi. 
de  inaiizûd  <c  cl.  vianziMu"  ff  trouvé  77,  etc. 

5*'  Plusieurs  substantifs  masculins  de    provenance  étrangère 

forment  leur  pluriel  en  -ât.  Ex.  :  bàèàwâtfrdes  pacbas77  <  néo- 

,  cl.  bàsâwâlu",  pi.  de  basa  <:  néo-cl.  ^^isVé  (turc);  baikât  (à  côté  de 


(')   Raremont  singulier:  'ânln  '^*'ard-alu"  wmorceau  de  terre». 

('^)    On  renconlre  queUjiiofois  le  sinjTulior  d(}hbè<Z.*itah<ihalu''. 

(•')  On  a  déjà  rjippclé  ([ne  la  l.ui<;ue  <-lassi(jue  lornie  en  -ina  (-nna)  le  pluriel 
de  Ions  les  noms  |)r()j)rcs  masculins  dépourvus  de  fiudice  de  féminin  (-afa"); 
ex.  yasujindj  pi.  de  yàsuju  cfJosepli». 


MOIIPHOLOGIR.  211 

b(daw(h)  cf  l)oys^->  <:  ndo-cl.  bailmwâiu",  pi.  de /m//.' -<  iico-cl.  bmhu'^ 
(turc);  luvazâl  ff messieurs ■'\,  pi.  de  hwâza  -<  néo-cl.  luiwâzà 
(persan);  'âyfuvât  (à  côté  de  ^ayât)  fraghas,  officiers  turcsr)  <: 
néo-cl.  'âyâwdtu",  pi.  de  'âya<::néo-c\.  'âyà  (turc),  etc. 

6°  Enfin  un  petit  nombre  de  pluriels  internes  pris  à  Kfar^abîda 
pour  des  singuliers  forment  leur  pluriel  au  moyen  du  suffixe  -âl; 
ex.  :  bâtai  ffbras,  aisselles^i,  pi.  de  bât  <  cl.  'àbâtu",  pi.  àft'ibtu" 
(inusité  à  Kfar^\bîda);  zlâlâl  ce  bâts  d'âne ^7,  pi.  de  zldl<z  cl.  zilâlu", 
pi.  de  hïllu''  (inusité  dans  b;  parler);  bdâràt  rfscmaillcsi? ,  pi.  de 
bdâr  <Z  cl.  biitâni" ,  pi.  de  bndru''  (inusité  dans  le  parler)  (^);  sddât 
tf  seigneurs,  messieurs^^  pi.  de  sâdatu"  (inusité  à  Kfâr\a})îda),  pi. 
de  sàhiidu"  >  sàhjçd;  srûtât  cr conditions,  clauses ^i,  pi.  de  srùt 
<<  cl.  surûtu",  pi.  de  sdrt  -<  cl.  sàrtu";  tôyjqâl  ce  voies ^^  -<  cl. 
iuriiqâlu",  pi.  de  tôrojq  <cl.  lûrnqu",  pi.  de  tn/q  <  cl.  tarîqu" ; 
'ûirâwât  ff  domestiques,  salaires i^,  pi.  de  'ûzm  <:  cl.  ^uzarau,  pi. 
de"(^_)z/r  <:  cl.  'azîm^'^'^l 

Ainsi  qu'on  le  voit,  le  pluriel  externe  en -rt^^^^  est  très  vivant 
à  Kfar^Tbîda  mais  appartient  presque  exclusivement  aux  substan- 
tifs (masculins  ou  féminins),  tandis  que  le  pluriel  en  -in  appar- 
tient à  peu  d'exceptions  près  aux  adjectifs.  Notre  parler  a  donc 
complètement  perdu  au  pluriel  externe  la  distinction  des  deux 
genres  notée  en  classique  au  moyen  des  suffixes  -ina  [-ùna)  et 
-âtu";  en  revanche,  il  a  établi  syslématiquement  une  distinction 
inconnue  du  classique  entre  les  deux  suffixes,  en  appliquant  l'un 
aux  adjectifs  et  l'autre  aux  substantifs. 

2.  Pluriel  interne. 

Comme  en  classique  et  dans  tous  les  parlers  arabes  modernes, 
les  formes  du  pluriel  interne  sont  dans  notre  parler  très  nom- 
breuses et  très  vivantes.  Les  unes  présentent  comme  en  clas- 
sique des  suffixes  consonantiques  ou  vocaliques,  les  autres  seu- 
lement des  alternances  vocaliques;  d'où  la  division  suivante  : 
a.  pluriel  interne  à  indice  suffixe  ou  préfixé;  /S.  pluriel  interne 
sans  indice  suffixe  ou  préfixé. 


(1)  Cf.  p.  3. 

(^)  Notre  parler,  comme  le  classique,  forme  en  -nt  le  pluriel  de  quelques 
rares  noms  d'action  provenant  des  verbes  au  IP  thème;  mais  celte  formation 
est  normale  à  Kfàr'abîda  et  rentre  dans  la  première  catégorie  de  pluriels  en 
-ât  (p.  209)  parce  que  ces  noms  d'action,  à  la  différence  du  classique,  sont 
toujours  terminés  par  Tindice  de  féminin-,  ex.  :  terîfat  «tarifs,  définitions ?7 -<; 

cl.  ta'rlfâtu",  pi.  de  terife,  cf.  cl.  ta'nfu  de  'orraf<C.(^i-  'àvrafa  \\/-r-J'),  etc. 

^^)  Gomme  le  pluriel  en  -în. 

iti. 


212  DEUXIÈME    PARTIE. 

a.  Pluriel  interne  a  indice  suffixe 

ou  MORPHÈME  PREFIXE. 

1°  qetlân  <z  cl.  qitlânu'^. 

Cette  forme  est,  comme  en  classique,  le  pluriel  d'un  grand 
nombre  de  singuliers  (de  types  différents)  présentant  générale- 
ment une  radicale  faible   ou  simplement  une  voyelle  longue. 

Ex.  :  hïtân  ff  murs 77  <:  cl.  hïtânu",  pi.  de  hàij  <:  cl.  haitiC^  ys/h-y-t); 

hltân  wfils?')  ,pl.  de  hait <:cL  ha  itu"  crfib^  \\/h-y-t)  ;  zlrân  cf  voisins 77  ■< 

cl.  zîrânu",  pi.  de  zâr  <z  cl.  zâru"  y\/z-w-rj  ;  sebyân  w jeunes  enfants 77 

<:  cl.  sihyâniC'  (ou  siibyâmi"),  pi.  de  sàbé  <:  cl.  sablyu"  y\/s-b-y); 
^ehwân  cf  frères 77  <<  cl.  'ihwâmi",  pi.  de  ^àh  <<  cl.  'àhii"  ;  Jfitân  fcgros 

poissons 77  <  cl.  hïtânu",  pi.  de  Mt  -<  cl.  Mtu"  [\//i-w-t);  sijqân 
ff jambes 77  <;  cl.   sîqânu",  pi.  de  cl.  sâqu"  (inusité  à  Klar^abida) 

y\/s-w-q)',  neswân  cr femmes 77  <:  cl.  mswa/m"  [y  w-5-wJ  (c'est  im- 
raatii"  qui  fait  fonction  de  singulier);  yerbân  rr corbeaux 77  <:  cl. 
yirbânu",  pi.  de  yrâb  <  cl.  yiirâbu",  etc. 

2°  qûtlân  <:  cl.  qtitlânu". 

a.  —  Comme  en  classique,  c'est  le  pluriel  des  substantifs  sin- 
guliers des  types  qâtl  <:  cl.  qàthf,  qàtçl  <:  cl.  qàlalu",  qtîl  <c  cl. 
qatilu",  et  quelquefois  qâtçl  <  cl.  qâtilu".  Ex.  :  sobbân  cfjeunes 
hommes 77  <zc\.  subbânu",  pi.  de  §«/>*■<  cl.  sâbbu'';  holdân  ffpayS77<: 
cl.  buldâmC,  pi.  de  hâlçd  <:  cl.  bâladu" ;  gôd^'ân  cr braves,  jeunes 77 
cf.  cl.  zud\inu'^,  pi.  de  gèdç'^,  cf.  cl.  zadahC"  ;  'jqosdân  ce  poèmes  po- 
pulaires 77,  pi.  de  'lqsîd<::  cl.  qasîdu"  ;  borjqân  rr  aiguières ^7  (cf.  cl. 
'abârîqu  >  bân/q  usité  également  à  Kfar'^abîda),  pi.  de  bnjq  <: 
cl.  ^ibriqu"  (persan);  '/qôdbân  rr verges 77  <  cl.  qudbdnu",  pi.  de 
'/qdib^:c\.  qadibu" ;  forsân  rr cavaliers  (héros) 77  <:::  cl.  fursâîiu",  pi. 
de  fâres  <  cl.  fârisii"  ;  rii'^yân  rr  bergers 77  <<  cl.  m'^yânu",  pi.  de 
raV<c  cl.  râH'',  etc. 

b. — La  (onna  qûtlân  sert  également  de  pluriel  à  quelques  adjec- 
tifs du  type  'dqtel<z  cl.  'aqtalu  qui  indiquent  les  couleurs  et  les 
difformités  physiques.  Ici  encore  notre  parler  marche  d'accord 
avec  le  classique.  Ex.  :  ''oinyân  w aveugles  17  <  cl.  \unyamC',  pi.  de 
Vi*wîa  <:  cl.  ^('Cmà;  ^jqàVâîi  ce  teigneux  77  <c  cl.  qur^âmC",  pi.  de 
'à^lqni"  <:  cl.  "dqra'^u;  sûdân  r  noirs ^7  <:  cl.  sûdânu",  pi.  de  ^àsiv.)d 
<;  cl.  'dswadu;  zïi'rân  rr  voleurs,  polissons ^7,  pi.  de  ^dz^'ar  <:  cl. 
^àz*^arn  r{\\\\  a  les  poils  clair-scmés^-»,  etc.  Tous  ces  adjectifs  ont 
un  second  pluriel  qui  est  plus  usité  et  qui,  on  le  verra,  se  forme 
sur  le  type  ([ùtl  <c  cl.  qûtlu". 


MORPHOLOGIE.  213 

3"   qfilla  <:  cl.  quUdau. 

Celle  forme  est,  comme  en  classique,  le  pluriel  régulier  des 
noms  du  lype  r////  <  cl.  qaiilu"  (n'ayanl  généralement  pas  le  sens 
passif)  et  de  quel(|ucs  noms  du  type  qâlel  <c  cl.  qâlilu"  désignant 
des  êtres  raisonnables.  Ex.  :  sûrla  cf  associé^^  <c  cl.  surakau,  pi.  de 
snA;  <  c\,sartJiu";  rusa  rc chefs,  supérieurs^  <:  cl.ru^isau,  pi.  de 
râh/es  <<  cl.  raîsu";  ^ù:ra  ?<•  serviteurs -"^  <:  cl.  \izarau,  pi.  de 
zir  (à  côté  de  ^zîr)  <:  cl.  \àtni'^ ;  wozm  ff vizirs ii  <:  cl.  ivuzarau, 
pi.  de  uzh'  <:  cl.  ivaztni"  ;  fojqra  w  pauvres  r»  <:  c\.  fuqarau,  pi.  de 
f'jqir  <C  c\.  faqtru"  ;  yiirha  ff  étrangers  7?  <  cl.  yiirahau,  pi.  de 
yrîb  <  cl.  yarîhu"  ;  ^tihna  rr  savants •>■>  ■<  cl.  ^uïamaii,  pi.  de  ^âlem 
<  cl.  Villnm" ;  ^'ojqla  (à  côté  de  '"o'/q'Jqâl  et  ''ajqlîn)  rr sages 77  <:  cl. 
Siqalau,  pi.  de  Wjqol  <:  cl.  "âqilu",  etc. 

4'»  'éqlk<z  cl.  'aqtUau^^l 

C'est,  comme  en  classique,  le  pluriel  des  noms  singuliers  du 
type  qtïl  <:  cl.  qatUu''  qui  n'ont  pas  le  sens  passif  et  qui  appar- 
tiennent exclusivement  aux  verbes  îertiae  wou  y  (ou  ').  Ex.i'éynya 

ff riches -"^  <:  cl.  'ajniyaii,   pi.  de  fç^ê  <<  cl.  yaniyu^  (V7'^~y)î 
\'s'lqya  cr  malheureux,  méchants t>  ■<  cl.  'asqiyau,  pi.  de  sé'lqé  <: 

saqtyu"   y\/s-q-w);  'érdya  rr  méchants ??  <  cl.  'ardiyaUy  pi.  de  r^^e* 

<z  cl.  radi'u"  [\/r-d-j;  ^édnya  wvils,  manquant  d'amour-propre?? 

-<  cl.  'adniyau,  pi.  de  âçné  <c  cl.  danîyu"  (y^-wj,  etc. 

Les  noms  singuliers  du  type  qttl<z  cl.  qatîhi",  qui  proviennent 
des  verbes  iertiae  geminatae,  ne  forment  jamais  (à  la  ditférence  de 
ce  qui  se  produit  en  classique)  leur  pluriel  sur  V^^^^  (cl.  "aqi- 
tlau),  mais  sur  le  type  qtâl  <  cl.  'aqtâlu"  ou  qitalu"  (également 
usité  la  plupart  du  temps  lui  aussi  en  classique).  Ex.  :  sdâd 
ff robustes??,  cf.  cl.  'asiddau  (à  côté  de  èidâdii"),  pi.  de  sdîd  <zc\. 

sadîdii"  y\/s-d-d)',  hbâb  wamis^,  cf.  cl.  'aliihbau  (à  côté  de  ^ahbâ- 

bîi"),  pi.  de  hbîb  <:  cl.  habtbiC'  \\Jh-b-b)\  ^qlâl  frpeu  nombreux??, 

cf.  cl.  'aqUlau,  pi.  de  '/qUl  <cc\.  qaUh"  [\^q-l-l)i  etc. 

B*'  'éqdé  <  cl.  \iqtUatu\ 

a.  —  Comme  en  classique ,  cette  forme  est  le  pluriel  d'un  certain 
nombre  de  substantifs  dont  la  deuxième  radicale  est  suivie  d'une 
voyelle  longue.  Ex.  :  'fznha  cr ailes??  ■<  cl.  ^nnihatu",  pi.  de  znâh 
<:  cl.  zanâhii" ;  'èryfè  ff pains??  <:  cl.  ' àryifaiv!' ,  pi.  de  ryîf  <z.  cl. 
rayîfu"  ;  'éyrbé  w corbeaux??  <:  cl.  'âyribahi",  pi.  de  yrâb  <c  cl.  yu- 
râbu" ;  ^édityé (^remèdes -n  ^.  cl.  'âdwiyatii",  pi.  de  dàwa<cc\.  dawau"; 
^û^yé  ff  vases,  effets??  <  cl.  ^h/iyatu",  pi.  de  waV  <:  cl  wuWu",  etc. 

^')  Ce  type  de  pluriel,  comme  le  suivant,  est  formé  à  la  fois  par  suffixation 
et  par  préfixation  (pluriel  interne  avec  suffixe  et  avec  préfixe). 


2  là  DEUXiblI-:    PARTIK. 

h.  — 'éqtlê  est  également  à  Kfar'abîda  le  pluriel  de  quelques  sub- 
stantifs dont  la  deuxième  radicale  n  est  pas  suivie  d'une  voyelle 
longue;  ex.  l'odmjp  crlumières,  lanternes^!  (cf.  cl.  'adwati"),  pi.  de 
f/rt«('')<;cl.  d/n/u";  'f /qhijé (h  coié  de  'é'jqhwé  et  'Iqhiyè)  fc voûtes^, 
pi.  àe'/qàbu  <:  cl.  qàbwu"  rr tortue  (au  sens  militaire  du  lat.  tes- 
Uldô)ii. 

6°  qétla  <:  cl.  qàtlà. 

a.  —  C'est  assez  souvent,  dans  notre  parler,  le  pluriel  des  adjec- 
tifs singuliers  du  type  qt(l<:c].  qalUu",  lorsqu'ils  ont  le  sens  passif. 
Kx.  :  )'qé(la  fflués^^  <  cl.  qâllâ,  pî.  de  'fq/il  <C  cl.  qatîlu"  ;  zérha 
rr  blessés  77  <C  cl.  zdrhâ,  pi.  de  b-lh  <  cl.  zanhu"  ;  morcla  ce  malades  ?? 

<  cl.  mârdà,  pi.  de  mrtd  <  cl.  marîdu",  etc.  Cette  forme  de  pluriel 
n  est  pas  vivante  à  tfar^ibida. 

b.  —  Le  type  qétla  sert  quelquefois  encore  de  pluriel  aux  ad- 
jectifs du  type  'âql{4  <:  cl.  'àqtalu;  ex.  :  hém'jqa  w  insensés 77  <cl. 
hàmqà,  pi.  dQ'àhmD'lq<::c\. 'dhmaqu.  Cette  formation  assez  usitée 
en  classique  ne  présente  pour  ainsi  dire  que  cet  exemple  dans 
notre  parler. 

Le  classique,  on  le  sait,  forme  aussi  sur  qàtlà  le  pluriel  de 
(|uelques  adjectifs  des  types  qâtilii"  et  qatlânu;  notre  parler  emploie 
dans  ce  cas  d'autres  types  de  pluriel,  généralement  le  pluriel 
externe  en  -în;  p.  ex.  :  les  cl.  yâdbâ  cf  fâchés  71  et  hâlkà  ce  qui  pé- 
lissent^T,  pi.  de  yadbànu  et  hâliLu",  sont  remplacés  à  Klar^'abida 
p  ir  les  formes  yodbdnîn  et  hâlkîn. 

^^  qtâla  <:  cl.  qatâlâ. 

Cette  forme  seit  de  pluriel  à  un  certain  nombre  de  singuliers 
de  types  différents. 

a. — Elle  est  le  piuriel  d'un  tout  petit  nombre  d'adjectifs  du  type 
qetlâ?i<zc\.  qatlânu^"^;e\.  :  slâra  Kiwas-n  <c:cl.  sakârâ,  pi.  de  sçlrân 
<:cl.  s(dn-ânu;  nsâra  ce  chrétiens  77  <  cl.  nasârâ,  pi.  de  nasrânu"  ou 
nasrânîyu",  dont  la  seconde  forme  est  seule  usitée  à  Kfâr^abîda; 
Ayam  ff  perplexes,  étonnési?  <  cl.  haijârày  pi.  de  hïrân  <:  cl.  hai- 
rânu. 

b.  —  Elle  sert  aussi  de  pluriel  à  un  grand  nombre  de  substantifs 
féminins  du  type  qtîlè  <  cl.  qatllalu"  qui  proviennent  des  verbes 
tertiae  y  ou  w  (ou  ').  Ex.  :  hdâija  ff  cadeaux 77  <:  cl.  hadâyâ,  pi.  de 
hdlyé  <:  cl.  hadiyatu"  {yli-d-y);  r\tya  ce  sujets,  [)aroisses7?  <;  cl. 
raWyà,  [)1.  de  r'iyé<::c\.  ra^lyatii"  {s/r-'-y);  blâya  rr malheurs ^^  <: 
balaya,  pi.  de  bliyé -<:  cl.  balîyatu"  [\/b-l-y);  sbâya  cr jeunes  fdles^^ 

<  cl.  sabàyà,  pi.  de  sbîyè  <c.  cl.  mblyalu"  [\/s-b-iv),  etc. 


MOHPHOLOr.il-;.  215 

(\  —  La  formo  (fldla  est  ('également  lo  pluriel  de  plusieurs 
nouis  masculins  du  (y[)e  q(U  <:  cl.  qalilu"  à  troisième  radicale 
faible  (y,  w  ou  ').  Ex.  :  yriâija  r  riches ^7,  pi.  de  yônê  <:  cl.  yamyu" 

( \^7~^~y )  'i  pyiy^i  ff  frais ,  lend  res  v ,  pi.  de  tôrr  <:  cl.  larhpf  ( yt-r-w )  ; 

n/qâyn  crpurs^^,  pi.   de  n(''/qê  <  cl.   naqtyu"  \\^n-q-y)')    etc.    Ces 

adjectifs  ])luriels  s'emploient  indllFéremment  avec  des  substan- 
tifs masculins  ou  des  substantifs  féminins, 

(l.  —  Enfin  la  foime  qlâla  sert  de  pluricd  à  un  certain  nombre  de 
noms  appartenant  à  des  types  différents.  Ex..  :  'nâla  w  femelles  17  <: 
cl.  \inâ6(i,  pi.  de  ''ûnta  (à  côlé  de  'iinlâyè)  ^ccA.  ^ûnôfi;  hhâla  rr en- 
ceintes 77  <  cl.  hahâlâ,  pi.  ôehôhld  <zc\.  /lûhlâ;  e^M^rt  ce  chevreaux  ^7 , 
pi.  de  zî'dé  <z  cl.  zâdyu"  ;  ilâina  cr  orphelins ^7  <<  cl.  yatâinâ,  pi.  de 
itlni^  cl.  yatînm"  ;  u^âya  w  vases,  récipients ^7^,  pi.  de  ivè^'ê,  cf.  cl. 
wu^cVii"  ;  zwâya  w  angles  77  <;  cl.  zawâyâ,  pi.  de  zâuyè<c  cl.  zàœi- 
yaiu",  etc. 

8°   qtâïé-<.c\.  qatâli"  [qatàllyn)  ou  qitâlatu". 

a.  —  qtâlé<z  cl.  qalâli"  (ou  qaiàlîyu).  Comme  en  classique,  cette 
forme  sert  de  pluriel  à  un  grand  nombre  de  substantifs  singu- 
liers de  types  différents,  notamment  des  types  qàll-<:  cl.  qàllu"  et 
qàtlé  <  qâllatu".  Ex.  :  'râdê  w  terres  ^7  <:  cl.  'amdf,  pi.  de  'ànl  <: 
cl.  'ardu";  'hâlé  trliabitants,  familles ^7  <  cl.  'ahâli'\  pi.  de  'âlil^ 
cl.  'àhlu"  ;  'Iqhâwé  fccafé,  maisons  où  Ton  boit  le  café 77,  pi.  de 
'jqàhwè  rfcafé,  maison  où  Ton  boit  le  café ^7  <  cl.  q/ihwalu" 
r  vin  77;  'Iqnânê  ce  bouteilles  77  <:  cl.  qaîiàni"  (ou  qannîiUju),  pi.  de 
'Iqcmnînê  <:  cl.  qinninalu"  ;  krâsé  rrcbaises,  sièges  77  <:  cl.  karâsi'^ 
(ou  haràsîyu),  pi.  de  Jdirsè  -<.  cl.  Jmrsîyu'^ ;  brânè  rri^el'iis  vases  de 
terre  17  <:  cl.  harânf  (^harànîyti) ,  pi.  de  bornîyé  <:  cl.  barniyatu" ; 
swâné  ff plateaux,  grands  plats ^7  <<  cl.  sawânl,  pi.  de  slnlyè  (à 
côté  de  samîyê),  cf.  cl.  sînîyu"  cr (porcelaine  de)  Chine ■'7;  'sânié 
renoms 77  <  cl.  'asâmf  (ou  'asâmîyu),  pi.  de  'ésm  -<  cl.  ismii" ; 
'jqi'âmé  cr troncs,  chicols  d'une  dent,  d'un  arbre ^7  <  ^qarâmi",  pi. 
de  ""/^oVme -<  syr.  qiirmâ  [du  grec  K0pyt.6s)\  sfâré  rr loriots,  oiseaux 
au  plumage  jaune  77  <  *  safari" ,  pi.  de  sofrâyê^  cf.  cl.  sujariyatu'' , 
etc.  Cette  catégorie  de  pluriels  est  une  des  plus  vivantes  et  des 
plus  usitées  à  Kfar^ibîda. 

h.  —  qtâlè  <  cl.  qitâlatu".  Comme  en  classique,  cette  forme  sert 
de  pluriel  à  un  tout  petit  nombre  de  substantifs  singuliers  des 
types  qàtal<c  cl.  qâtahi'^  et  qâ(çl<<  cl.  qâtilii".  Ex.  :  hzâm  w  pierres  "^ 
<  cl.  hizâratu'' ,  pi.  de  hazar  <z  cl.  hazaru"  ;  f^âlé  cr  ouvriers  77  (cf. 
cl./rtW«/w"),  pi.  de  fâ^çl  <c  cl.  fâHlu" .  Cette  catégorie  est  très  peu 
nombreuse  à  Kfar^abîda  et  ne  possède  pour  ainsi  dire  que  ces 
deux  exemples. 


216  DEUXIÈME    PARTIE. 

9°  qétlê  <:  cl.  qithlii". 

Cette  forme  de  pluriel,  assez  usitée  en  classique,  a  presque 
complètement  disparu  à  Kfar^abîda  et  n'est  représentée  que  par 
'éhwê  ff  frères ^•'  <  cl.  'ïhwatu",  pi.  de  \(h ,  plus  souvent  A^if),  cl*, 
cl.  'àhii".  11  en  est  de  même  des  formes  plurielles  classiques 
qiiahlu",  qatahtu"  et  qutalatu"  qui,  sauf  la  dernière  représentée 
encore  par  yqoda  cr juges ^7  <  cl.  qudâliC'^^\  n'ont  laissé  aucune 
trace  comme  formes  plurielles  dans  notre  parler. 

10°  qtûlê  <<  cl.  qutûlatvJ'. 

Cette  forme  de  pluriel,  très  peu  usitée  en  classique,  est  au 
contraire  très  vivante  dans  notre  parler  et  tend  à  prendre  dans 
beaucoup  de  cas  la  place  de  la  forme  qiûl  <  cl.  qittidu'''^^K  Elle 
appartient  aux  substantifs  qui  sont,  au  singulier,  des  types  qàtl 
<:  cl.  qâdu^  ei  qétl  <  cl.  qidii".  Ex.:  ''mûmé  w  oncles  paternels  ^^ 
<c:cl.  Simûmalu'',  pi.  de  ^««i'"  <c  cl.  ^àmmu'^  ;  bhiira  wmersi?,  cf.  cl. 
buMrii",  pi.  de  bâhr  <  cl.  bàhru"  ;  nhûra  ff  fleuves^? ,  cf.  cl.  nuhûriC, 
pi.  de  nàhr  ■<  cl.  nàhru" ;  bnûké  cf bancs,  banques 7^,  cf.  néo-cl.  bu- 
niiku",  pi.  de  bânk  <:  néo-cl.  bànku" ;  zsûra  w ponts,  poutres  qui 
soutiennent  les  solives 77,  cf.  cl.  zustiru",  pi.  de  zésr  <  cl.  zisru"  ; 
nmûra  w panthères  77  <:  cl.  niimûratii" ,  pi.  de  nômr  <:  cl.  nimru"  ; 
shiinié  fractions  (dans  une  compagnie  financière) 77 ,  cf.  cl.  'àshiimu", 
pi.  de  sâhm  <ccl.  sâhmu'^  fcpart,  sort,  flèche??;  hmûlé  w charges?? 
<:  cl.  Jmmâlatu'\  pi.  de  homl  <:  cl.  himlu"  ;  hsûmè  cr adversaires  1?,  cf. 
cl.  hîistmu",  pi.  de  hosm -<  cl.  hàsmu"  ;  bnûdè  cf  chapitres ,  baudriers ?? , 
cf.  néo-cl.  bîinûdu",  pi.  de  bând  <  néo-cl.  bàndu" ;  nsùra  cf aigles??, 
cf.  cl.  nusîhu",  pi.  de  nésr  <  cl.  nâsru" ;  mhûlé  cf  leviers?? ,  pi.  de  môhl 
<;syr.  mu-^â  (de  grec  ^o')(\65)  ;  etc. 

11°  'qtâl  {'eqîâl)  <  cl.  ' aqlëiC"  ^') . 

Cette  forme  [qtâl)  représente  le  classique  'aqlâhi"  avec  chute 
régulière  du  V  de  la  première  syllabe  (cf.  p.  5).  Comme  en 
classique,  elle  est  très  vivante  à  Kfar'^abîda  et  sert  de  pluriel  à  un 
très  grand  nombre  de  substantifs  masculins  singuliers. 

a.  —  qtâl  est  le  pluriel  d'un  grand  nombre  de  substantifs  des 
types  qétl  <  cl.  qâllu",  qàlçl  <  cl.  qàtalu'\  qi'ul  <:  cl.  qiUlu",  qéd 
<:cl.  qltlu",  Ex.  :  ïitâf  ce  épaules??  <  cl.  \ddâju'\  pi.  de  hétf<^c\. 

(')   PI.  de  'Iqddè  <  cl.  qâdi"  {\/q-d-y)- 

(^)  Sans  doute  parce  que  qlûl  est  couramment  dans  le  parler  une  forme  de 
nom  d'action  ou  d'adjectif.  11  y  a  ici  tendance  à  la  diflerenciation  et  spécialisa- 
tion morpholojjique. 

(''  Cette  forme  et  la  forme  suivante  sont  les  seules  parmi  toutes  celles  du 
pluriel  interne  non  pourvues  de  suffixes  à  présenter,  en  classique,  un  préfixe 
en  môme  temps  qu'un  vocalisme  propre. 


b 


MOUPIIOLOGIK.  217 

kù/u";f(]âl  (fbienfails^  <c*'af(Jâlii'\  pi.  de/rt(//  <  c\.  JMu" ;  ulâd 
ff  enfants  17  <:cl.  'aulddu",  pi.  de  wâkd  <cc\.  wMadu"  ;  ynânt  w mou- 
lons "»•>  <C  cl.  ^aynâmiC,  pi.  de  yi'mçm  ■<  cl.  -yânamu"  ;  nsâs  ff  moitiés^ , 
cf.  ci.  ''amafu",  pi.  de  7ius- ,  cf.  cl.  nûsfu"  ;  rwâk  cfâmes,  souilles '? 

<  cl.  'arwâhn",  pi.  de  ruli  <cl.  rûhu"  ;  ""wâd  ce  morceaux  de  bois 77 
-<  cl.  'a\vâdu",  pi.  de  *«</  <  cl.  '"iidii"  ;  srâr  cr secrets  17  <:  cl.  'asiâru", 
pi.  de  so?'-'  <;  cl.  sirru";  ^yâd   ff  fêtes -o   <<  cl.  'aSjâdu'^,  pi.  de  ^idî 

<  cl.  ^îV/w"  ;  etc.  Cependant  les  classiques  ^anjàmu"  w jours 77  et 
'asyâ^u  tf  choses •'7 ,  pi.  de  yàmmf  et  sàiu",  sont  à  Kfar^abîda  ^lyâm  et 
'ésya  avec  maintien  du  hamza  initial.  La  conservation  du  '  (qui 
partout  ailleurs  est  tombe)  s'explique  pour  'xyâm^^'>  par  le  fait  qu'il 
s'agit  d'une  diphtongue  qui  se  réduit,  à  la  suite  d'une  dissimila- 
lion  vocalique,  devant  la  'syllabe  longue  accentuée  subséquente. 
Pour  ce  qui  est  de  'èsya,  il  faut  remarquer  que  \  étant  en  syllabe 
accentuée  après  l'abrègement  régulier  de  la  syllabe  finale  et  se 
trouvant  de  plus  en  syllabe  fermée,  a  été  w consolidée.  A  partir 
de  ce  moment,  d'après  les  lois  phonétiques  reconnues  pour  le 
parler,  il  ne  pouvait  plus  tomber. 

h,  —  La  forme  qttd  <:  cl.  'aqtâlu"  sert  également  de  pluriel  à  un 
certain  nombre  d'adjectifs  généralement  des  types  qlîl  <:  cl.  qa- 
tîlu''^'^\  qâtçl  <:  cl.  qâtUii"  et  qtill'<.ç\.  qûtlu".  Ex.   :  hbâb   cfamisT? 

<  cl.  'ahbâbu",  pi.  de  hbîb  <:  cl.  habîbu" ;  shâb  ff compagnons 77 
<cl.   'asliâbu'\  pi.   de  sâhçb  <c  c\.  sâhibu" ;  hràr  ff  francs,    purs 77 

<  cl.  'aJirârii",  pi.  de  hiir-  <:  cl.  hûrrii" ;  'fda  (à  côté  de  "^éda)  cf  enne- 
mis 77  <:cl.  'adâ\i,  pi.  de  Vm<:c1.  '^adûwu'' ;  etc. 

1  2°  'éqiol  <:  cl.  'âqtulu". 

Cette  forme  de  pluriel,  très  usitée  en  classique,  a  presque 
complètement  disparu  du  parler  de  Kfar^abîda  et  n'est  plus  actuelle- 
ment représentée  que  par  très  peu  d'exemples  dont  l'emploi  lui- 
même  devient  de  plus  en  plus  rare.  Ainsi  'édro*^  ce  bras,  coudées  77 
<cl.  'àâni'u'',  pi.  de  dra^  <c  cl.  dirâhi" ,  est  en  train  de  céder  la 
place  au  pluriel  externe  drapât;  il  en  est  de  même  de  'ûzoh  wvi- 
sages77  <:  cl.  'àuzuhiC,  pi.  de  woz^  <:  cl.  wazhiC.  Le  mot  a  perdu 
en  outre  son  sens  piimitif  de  envisage 77  et  désigne  aujourd'hui  à 
Kfar'^abîda  wdes  notables,  des  chefs 77  (exactement  comme  le  cl. 
wttTuhu")  ;  notre  parler,  pour  exprimer  l'idée  au  pluriel  de  ff  visage, 
page  (de  livre) 77,  a  créé  la  forme  uzâh  [^'auzâhii"  ou  ^wizâhu"). 

1  S**  qtâtlê  <c  cl.  qatâtïlatu^. 

Cette  forme  est  très  vivante  à  Kfar^abîda  et  sert  de  pluriel  à 


(')  Cf.  'Itâm  «  orphelins  w  -<;  cl.  'aitâmtC^. 

(^)  Lorsque  le  type  qatilu"  n'a  pas  le  sens  nettement  passif. 


218 


DEUXIEMK    PARTIE. 


un  grand  nombre  de  singuliers  ayant  généralement  plus  de  trois 
consonnes. 

a.  —  La  forme  qtâlU  est  le  pluriel  d'un  certain  nombre  de  sub- 
stantifs masculins  (singuliers)  généralement  de  provenance  étran- 
gère. Ex.  :  jlâsfé  crpliilosophes^i  <:  cl.  falâsifatu",  pi.  de  faUsûf 
<  cl.  fajfasûfu"  ;  mlâfnè  rr docteurs ^7  <  néo-cl.  malâjianlu^,  pi.  de 
môlfân  <:  néo-cl.  milfânu'^  (^y^'-  inalpânâ)^  mlâikc  cf  anges •>-)  <:cL 
malàHkatu",  pi.  de  mïâk  (^malâhC') ,  cf.  cl.  màl'ahi" ;  htârsc  wles 
Pierre •'7,  pi.  de  hotros  -<  néo-cl.  bûtrusu;  srâs'jqa  ■<  néo-cl.  sarâsi- 
qniu",  pi.  Aq  sûrsoq  (nom  d'une  grande  famille  de  Beyrouth);  etc. 
Cette  forme  est  une  des  plus  vivantes  à  Kfar'abîda  et  sert  de  plu- 
riel particulièrement  aux  noms  propres. 

h.  —  La  forme  qlâtlê  est  surtout  le  pluriel  d'un  très  grand  nombre 
de  noms  ethniques.  Ex.:  myârhê  crMaghribins^?  <:cl.  mayâribatu", 
pi .  de môfrbè  <: cl .  mayribtyu"  ;  mwârné  ff  Maron i tes  •••>  <; néo-cl.  mawâ- 
rinatu",  pi.  de  mârtm^?  <:  néo-cl.  mârimîyu",  demârûn  cf  Maron  (nom 
d'un  saint  libanais  qui  a  donné  son  nom  aux  habitants  catholi- 
ques de  la  région)^?;  byârté  rchabitanls  de  Beyrouth ^i  ■<  néo-cl. 
bayâritatu",  pi.  de  bai/iilé  <:  néo-cl.  bainilîyu" ;  blâmé  cr habitants 
de  Batroun?7,  pi.  de  batrànè  <  néo-cl.  batrûnîyu"  ;  elc.  La  plupart 
des  noms  désignant  les  habitants  des  villages  libanais  forment 
leur  pluriel  sur  qtâûè. 

/3.  Pluriel  interne  sans  indice  suffixe  ni  morphème  préfixé. 

1°  qûtl  <:  cl.  qûtlu". 

Cette  forme  est,  comme  en  classique,  le  pluriel  régulier  des 
adjectifs  qui  sont  au  singulier  du  type  'âqlçl  -<cl.  'àqlalu  (fém. 
qàtla  <cl.  qallau)  et  qui  notent  simplement  les  couleurs  et  les 
difformités  physiques  (sans  aucune  idée  de  comparaison).  Elle  est 
commune  au  masculin  et  au  féminin. Ex.  :  lûhl  frrougeâtres,  azu- 
rés •'7  <<  cl.  kûJilii",  pi.  de  'àkhal  -^.el.  'dkJjalu;  Jjomr  ff  rouges -"^  <:cl. 
hûniru",  pi.  de  ''àhniar  -<.  ci.  'àhmaru;  s//r/ fcnoirs^^  <:  cl.  sûdii",  pi. 
de  'àswdd  <:cl.  'àswadu;  bid  ff  blancs ^7  <c  cl.  bîclu",  pi.  de  Wbyad 
<:  cl.  ^âbyadu;  lujq  ff courbés,  tortuS77  (^^Huwqu":>-  *lîiqrC)^  pi.  de 
Whvo'jq  <;  cl.  'âlwaqu  ffSot77;etc.  Cette  forme  est  encore  assez 
vivante  dans  notre  parler. 

5"   qotol  -<:  cl.  qntulîi". 

Cette  forme,  qui  seivail  de  pluriel  en  classique  à  un  grand 
nombre  de  substantifs  et  d'adjectifs  de  types  divers  au  singu- 
lier, est  en  train  de  disparaître  dans  notre  parler  oij  elle  n'est 
pins  actuellement  représentée  que  par  très  peu  d'exemples,  tels 


lIORPHOLOdIK.  219 

que  :  loloh  ff  livres •^•'  <:  cl.  hUuhu",  pi.  do  l.làh  •<  cl.  Lilâhn" ;  modon 
fc villes ^1  <:cl.  iinulumi",  pi.  de  nulmè'<.c\.  madinalu" ;  sofon^^^  ?<•  vais- 
seaux-^ <:  cl.  sufumi'\  pi.  de  sflnè  <:  cl.  safmalu  ;  fyi'ojq  f  chemins -"^ 

<  cl.  tûraqu",  pi.  de  In/q  <  cl.  larlqu" ;  rosol  ffa[)ôlres,  envoyés^ 

<  cl.  rûsidu",  pi.  de  rsûl  <:  cl.  rasiilu".  —  En  dehors  de  ces 
exemples  et  de  quelques  autres  d'ailleurs  rares,  notre  parler  a 
adopté,  pour  suppléer  à  la  forme  classique  qûtuïu",  d'autres 
formes  de  pluriel.  Ainsi  en  face  des  cl.  iûdudii"  ff  neufs ^^  et  "ûmudu'' 
wcolonnes^^,  pi.  de  zadldii"  et  ''niuûdii",  on  a  à  Kfar*^abîda  les  formes 
de  pluriel  Idâd  ^z.^zidûdu"  QiSvâmul  <::*'^aw('unîdu,  etc. 

La  disparition  presque  complète  de  cette  forme  de  pluriel  fré- 
quente en  classique  est  peut-être  due  à  la  tendance  que  mani- 
feste notre  parler  à  éviter  les  syllabes  ouvertes  et  à  rechercher 
les  syllabes  fermées. 

3*"  qçl§l  <:  cl.  qitalu". 

Cette  forme  sert  de  pluriel  comme  en  classique  à  un  certain 
nombre  de  substantifs  féminins  sin(]uliers  du  type  qétlê  <cl.  qit- 
latu".  Ex.  :  sékek  ce  socs  de  charrues  ^^   <  cl.  siJcaku",  pi.  de  séhic 

<  cl.  sikkatu;  'jqdta^  w fragments,  pièces ^^  <  cl.  qilaSi",  pi.  de 
'jq/il^a  <  cl.  qifatiC  ;  hérah  cr ruines i^  <:  cl.  hirabu",  pi.  de  horhè 
<:cl.  hirbatu";  dèyç^  ((petits  villages )?  <  cl.  diya'u'',  pi.  de  d/ùyi 
<<  cl.  dài^atu''  ;  etc. 

Bien  qu'elle  soit  encore  représentée  par  un  certain  nombre 
d'exemples,  celte  forme  de  pluriel  est  en  train  de  disparaître  à 
Kfar*^abîda  et  de  céder  la  place  à  d'autres  formes  plus  vivantes. 
La  raison  de  cette  disparition  nous  paraît  être  la  même  que  pour 
la  forme  précédente  {qotol  <<  cl.  qûtidu")  et  aussi  pour  la  forme 
suivante  [qûtçl  <:  cl.  qûtalu"),  savoir  la  tendance  de  noire  parler 
à  éviter  les  syllabes  ouvertes  et  à  rechercher  les  syllabes  fermées. 
C'est  ce  qui  explique  pourquoi  presque  tous  les  pluriels  du  type 
qét^l  -<  cl.  qitalu"  ont  à  Kfar^abîda  en  face  et  à  côté  d'eux  des 
pluriels  externes  en  -ât  <  cl.  -àtu".  On  dit  par  ex.  :  'jqofât,  horhât, 
à  côté  de  'jqèta^,  hérah,  etc. 

4**  qûtçl  <  qûtalu". 

Cette  forme  moins  fréquente  à  Kfar^abîda  qu'en  classique  sert 
de  pluriel  à  un  certain  nombre  de  substantifs  du  type  qâtlê  -<  cl. 
qâtialii"  et  surtout  du  type  qûilé  <:  cl.  qùllatu".  Ex.  :  '/qèra  wvil- 
lages77  <::qnra'\  pi.  àe'/qdryé  <c  cl.  qânjalu"  ;  fûwat  w serviettes i? 
<cc\.fiiwatu'\  pi.  de  fûta  <c  c\.  ftUatu"  ;  "ùlçh  ff  boîtes  i-»  <:  cl.  Sîlabu", 


^''  A  côté  de  sfâyen  et  sfmfil,  qui  désignent  surtout  crdes  morceaux  de 
viande,  de  poulet  (sans  os)??  ou  encore  ffdes  coins  pour  fendre  le  bois  ou  les 
pierres  w. 


220  DEUXIÈME    PARTIE. 

pi.  de  ^ûlbé  ^^zcl/ûlbatu"  ;  rûtçb  ff  cérémonies ^-t  <:cl.  rûtalnC',  pi.  de 
rûthê  <cq\.  rûthaW ;  hûlel  ff billes,  boulets^?,  pi.  de  kùUè  ■<  turc 
giiUé  ff  boulets '7  ;  y^ws  ff  occasions,  vacances  ^^  <  cl.  /aram",  pi.  de 
y^/'M  <:  cl./Mmi/w%- etc.  Tous  ces  substantifs  ont  également  un 
pluriel  externe  formé  à  l'aide  du  suffixe  -ât. 

5°  qàtçl'<c\.  qàtaïu". 

Comme  en  classique,  cette  forme  est  le  pluriel  d'un  tout  petit 
nombre  de  substantifs  du  type  qàllê  <cc\.  qàtlalu"  (ou  qâtalaiu"). 
Ex.  :  èrt/.'rtf  ff  poulies?:»  -<.  ci.  bâkaru",  pi.  de  bàJira  <c  cl.  bàk7mtu"  ; 
Aa/ey^  ff  anneaux,  pendants  d'oreilles  ^^  <:  cl.  hàlaqu'',  |î1.  de  hâl'jqa 

<  cl.  hàlqatu"  ;  etc.  Dans  cette  petite  catégorie  de  substantifs  le  plu- 
riel externe  à  suffixe  -a/<ccl.  -àlv!'  est  également  usité  par  notre 
parler  (souvent  même  par  le  classique);  on  dit  p.  ex.  :  haVjqâl^^'i 
<:cl.  halaqâlu"  à  côté  de  Mlo'/q  <:  cl.  hàlaqiC,  etc.  C'est  au  pluriel 
externe  en  -ât  qu'on  donne  actuellement  la  préférence. 

6°  qtâl^cX.  qitâlu"  (cf.  'aqtâlu\  p.  2i6). 

La  forme  dialectale  qtâl  est  le  représentant  régulier  du  clas- 
sique qitâlu"  ;  comme  ce  dernier,  elle  sert  de  pluriel  à  un  très, 
grand  nombre  de  substantifs  et  d'adjectifs  de  types  divers  au  sin- 
gulier. 

a.  —  Comme  en  classique,  qtâl<ic\.  qilâlii"  est  le  pluriel  de  plu- 
sieurs substantifs  des  types  qàtl  <:  cl.  qàllu",  qéll  <:  cl.  qùlu"",  qûtl 

<  cl.  qûilu",  qàtol  <:  cl.  qâtulu",  qàtlé  <:  cl.  qâtlatu",  qûtlê<C  cl.  qût- 
làtiC',  qâtçl<c:c\.  qataïu"  et  qâtié  <:cl.  qatalatii".  Ex.  :  bhâr  ffmers-o 
■<  cl.  bihâru",  pi.  de  bàhr  <::cl.  bàltru"  ;  tyâb  (à  côté  de  Iwâb)  ffba- 
bits77  <::  cl.  diyâbii",  pi.  de  tâub  <  cl.  S/mbii"  ;  dyar  ff  maisons  ?7  <:  cL 
diyâru",  pi.  de  dâr  <  cl.  dâru"  ;  dyâb  ff  loups  77  <:  cl.  diâbu'\  pi.  de 
dîb  <c  cl.  âi  biC"  ;  rmâh  ff  lances  ??  <:  cl.  rimâhu",  pi.  de  romh  <c  cl. 
rûmhu"  ;  mhâh  ff  cervelles,  têtes  •>•'  <  cl.  rnihâbu",  pi.  de  moh't  ■<  cl. 
mûhhu'^  ;  rzâl  ff  hommes  ^^  ■<  cl.  lizâlu",  ^l.derâhdu",  singulier  rem- 
placé dans  le  parler  par  rôzzâl;  hyâm  ff  tentes??  <c  cl.  hiyâmu",  pi. 
de  hâlmé<c  cl.  M'unatu'' ;  slâl  ff  grands  paniers??  <r  cl.  silâlii"  ff  pa- 
niers à  parfums??,  pi.  de  sâV  <zcl.  sàlliC"  ;  dyà"  ff  villages??  <  cl. 
diyâhC'y  pi.  de  dm\i  •<  cl.  dài*^alu"  ;  zbàl  ff  montagnes??  <  cl.  zibâlu", 
pi.  de  zâbol  ^  cl.  zâbalu"  ;  r'Iqâb  ffcous??  <:cl.  riqâbu'\  pi.  de 
rà'lqbè<cc\.  ràqabatu"  ;  rhâb  ff  genoux??  (opp.  cl.  rùkabu"),  pi.  de  rùJ.bé 
<;  cl.  mkbatu"  ;  etc. 

b.  —  La  forme  qtâl  est  également  le  pluriel  d'un  très  grand 
nombre  d'adjectifs  (singuliers)  du  type  qtîl  <  cl.  qatUu",  lorsque 

^'^  Se  dit  de  plusieurs  paires  de  pendants  d'oreilles. 


MORPHOLOGIE.  221 

ceux-ci  ont  simplement  le  sens  de  positifs  (non  passifs).  Ex.: 
zyâr  wpetilsi-)  <:cl.  siyâru",  pi.  de  zyîr  <:  cl.  sayîru";  mlâli  wbonsr) 
<:cl.  mUâhu",  pi.  demlih  -<  cl.  malihu" ;  Idâr  «-nombreux^,  pi.  de 
Itîr  <ckn6lru" ;  etc.  Cette  caté(>orie  est  extrêmement  vivante  à 
Kfar\'\bîda  et  dans  tout  le  Liban. 

Quant  aux  adjectifs  singuliers  des  types  <jr«f/M",  (lallânu",  etc., 
qui  formaient  en  classique  leur  pluriel  sur  qitâlu",  ils  ont  à  Kfar- 
''abida  un  pluriel  externe  en  -m;  p.  ex.,  en  face  des  pluriels  cl. 
si^âlm"  cf difficiles ^7  et  HuUu"  ff altérés r),  pi.  de  sâ^bu"  et  ""afsânu", 
notre  parler  a  les  formes  .sa^/>m  et  "ôlsâmn,  etc. 

l""  qtùl  <:  cl.  qutûhi". 

Bien  qu'elle  perde  du  terrain  au  profit  de  la  fo.ime  <//M/e  <:cl. 
qululatu"  {d.  plus  baut,  p.  216),  la  forme  qtâl  est  encore  très 
vivante  à  Kafr^'ablda. 

a.  —  Comme  en  classique,  qtâl  sevl  de  pluriel  à  un  très  grand 
nombre  de  substantifs  singuliers  du  type  qâtl  <:c\.  qàtlii",  Ex.: 
shûr  ff  mois 77  <:cl.  suhâru",  pi.  de  sâhr  <cl.  èàhm"  ;  ""yuh  ff  défauts t) 
<cl.  \iyi\hu'\  pi.  de  ^àU)  <:cl.  "âibu"  ;  '/qlûb  ce  cœurs  77  <cqulùbu'\ 
pi.  de  jqàlb  <c  cl.  qâlbii"  ;  sdûr  fc  poitrines  77  <<  cl.  sudûru",  pi.  de 
sàdr  <zc\.  sâdru"  ;  ''y un  fryeux,  sources  7?  ■<  cl.  ''uyunvJ',  pi.  de  ^am 
<:cl.  '^ainii"  ;  zdûd  ff  grands-pères 77  <:cl.  zudûdu",  pi.  de  zéd'^  <zc\. 
zdddu''  ;  etc. 

b.  —  qtâl  est  également  le  pluriel  d'un  certain  nombre  de  sub- 
stantifs qui  sont  du  type  qiUl  <  cl.  qûthi"  au  singulier.  Ex.  :  znûd 
ff soldats  17  ^cl.  hinildu",  pi.  de  zûndu"  remplacé  à  Kfar*abîda  par 
zundè  <:  cl.  zundlyii"  ;  briiï  cf  tours 77  <::  cl.  burâzu",  pi.  de  borz  <:  cl. 
bûrzu'^  ;  etc. 

c.  —  Il  sert  de  pluriel  à  quelques  substantifs  du  type  qétl  <:  cl. 
qitlu"  au  singulier.  Ex.  :  '/qdur  r?  marmites  77  <c  cl.  qudâru",  pi.  de 
'IqÔdr  ■<  cl.  qidru" ;  zlùd  w peaux 77  <  cl.  zulâdu",  pi.  de  zéld  <:  cl. 
zildu"  ;  Hum  cr  sciences  77  <:cl.  ""ulânm",  pi.  de  V^"^  ^cl.  Hlmu"  ;bzur 
ff  graines 77  <:  cl.  buzûru",  pi.  de  bôzr  <<  cl.  bizru"  ;  '/qrûd  te  singes, 
démons  ^7  <:  cl.  qurudu",  pi.  de  '/qôrd  <:  cl.  qirdu"  ;  clc. 

On  Ta  vu  (p.  21  G),  plusieurs  substantifs  du  type  qêtl<cc\. 
qillu",  qui  formaient  en  classique  leur  pluriel  sur  qutâlu",  forment 
à  Kfar^abîda  leur  pluriel  sur  qtùlé  <c  cl.  quinlatu"  :  ainsi  zsûra 
ff  ponts ^7  en  face  du  cl.  zusûni",  pi.  de  zesr<:cl.  zisru",  etc. 

d.  —  Enfin  la  forme  qtâl  sert  de  pluriel  a  un  petit  nombre  de 
substantifs  qui  sont  au  singulier  des  types  qâtel  <:  cl.  qâtilu''  et 
qâtçl  <c  cl.  qâtalu".  Ex.  :  shûd  ff  témoins 77  <  cl.  suhiidu",  pi.  de  sâhçd 
<:  cl.  sâhidu";  ^sûd  criions 77  <;  cl.  \Lsâdu'',^\.  de  ^àsçd  -<  cl.  'âsadu'^. 


222  DKUXIÈME    PARTIE. 

8"  qtil  <<  cl.  qatUu". 

Cette  forme,  déjà  très  peu  usitée  en  arabe  classique,  est,  l'are 
aussi  à  Kfôr'abîda  et  sert  de  pluriel  à  deux  ou  trois  substantifs 
(jui  sont  au  singulier  des  types  qàtl  <:cl.  cjâtlii"  et  qtâl  <cl.  qitMu". 
Ex.  :  '^bîd  ff  esclaves  noirs ^^  <  ""abidu",  pi.  de  ^àbd  <cl.  "abdii"  ;  hmîr 
ffânes^i  <:cl.  hamtru",  pi.  de  hmâr-^c  ci.  hitnâru". 

9*^  qûttâl  <:cl.  quttâlu". 

La  forme  dialectale  qûuâl  est  le  représentant  régulier  du  clas- 
sique qullâlu,"  et  sert  de  pluriel  à  un  certain  nombre  d'adjectifs 
verbaux  du  type  qâtel  <cc\.  qâtilu".  Ex.  :  zûhhâl  crignorants^?  <  cl. 
hihhâlu",  pi.  de  zâh^l  <:  cl.  zâhilu"  ;  siihhân  cfhabitants^^  <:  cl.  suk- 
kânu'^,  pi.  de  sâken  <:  cl.  sâlinu'^ ;  hô'ddâr  rr assistants^?  -<:  cl.  hud- 
dâru",  pi.  de  hâddr  <  cl.  hâdiru"  ;  sonna''  ce  apprentis,  domes- 
tiques^? ^cl.  sunnâ^iC',  pi.  de  sânç"  <ccl.  sâniSi"  ff  artisan,  ouvrier^?  ; 
nïLwâb  ff  délégués  1?  <:  cl.  nûwâbti",  pi.  de  nâyeb  <:cl.  naibu";  souâr 
ff habiles,  malins •>•»  <:  cl.  suitâru",  pi.  de  sâpr  ■<:  cl.  sâtiru" ;  etc. 
Cette  catégorie  est  encore  vivante  à  Kfar*^abîda. 

La  forme  classique  quttalu"  qui,  on  le  sait,  sert  de  pluriel  aux 
adjectifs  masculins  et  féminins  des  types  ry<i///w"  et  qâlilatu"  (tan- 
dis que  la  forme  quttâlu"  appartient  exclusivement  aux  adjectifs 
masculins),  a  complètement  disparu  de  notre  parler.  Ainsi  des 
deux  formes  classiques  yvitfâbu"  et  jûiyabu'^  cf absents??,  pi.  de 
faibli",  le  parler  de  Kfar^abîda  n'a  consei*vé  que  la  première, 
soit  ylyâb  (avec  assimilation  vocalique  de  ni  en  ii  et  réduction 
de  ii  en  ï),  etc. 

1  o''  qwâtel  <  cl.  qawâtïlu  (^). 

(^omme  en  classique,  cette  forme  est  très  vivante  dans  notre 
parler  et  sert  de  pluriel  à  un  grand  nombre  de  substantifs  sin- 
guliers. 

a.  —  La  forme  qwâtel  esi  le  pluriel  d'un  grand  nombre  de  sub- 
stantil's  masculins  (singuliers)  du  type  qâl{i<ZQ\.  qâtiln"  ou  qd- 
talu".  Ex.ilnvâtrm  cr bagues??  <cl.  hawâtinm,  [)\.Ôg  luîlçni  <  cl.  hâ- 
taniu"  ou  hâtiinu" ;  ''Iqwâlçb  (rïor mes  de  souliers??  ^zcl.qawâUbu,])^ 
de  'jqâlçb  <;cl.  qâlabu"  ou  qâlibu" ;  twâbd^jq  ff  étages??  <:cl.  tawâ- 
biqu  ff  poêles??,  pi.  de  tâbd/q  <::  cÀ.  tâbaqu"  ;  sivârçb  ranousidichesv 
<:  cl.  sawâribu,  pi.  de  sârçb  <cc\.  sâribu"  ;  swâhçl  ff  rivages  (de  la 
mer)??  <:  cl.  sawâhilu,  pi.  de  sâhçl  <  cl.  sâhilu"  ;  zwânçh  ff  ailes?? 
<:  cl.  zawânihu ,  pi.  de  zânçh  <<  cl.  zânihu"  ffcôte??;  etc.  Cette 
catégorie  est  encore  assez  vivante  dans  notre  parler. 

(')  Dans  celte  forme,  la  semi-voyelle  w  n'appartient  pas  à  la  racine.  CI.  le  w  =  m 
infixe  de  certains  thèmes  verbaux,  p.  19/1. 


MOHPHOLOGIK.  2*23 

b.  —  La ronuc qivâtçl asl é^al(;m(;iil le plur'iel d'un  ceitain nombre 
de  subslanlifs  leminins  singuliers  du  lype  qâllè  <zc\.  qâlUalu". 
Ex.  ;  'Iqwànçs  w gésiers w  <:  cl.  qawânisu ,  \)\.de'iqânsa  -<  cl.  qânisdlu" ; 
zwâ^ç'/q  fffoudies-o  <c;cl.  saw(Piqu,  pi.  de  za''jq(i  <;  cl.  sâHqala"  ; 
hœâ(hr^^^  crce  qu'il  y  a  de  prêtT)  <:cl.  haivâdiru,  pi.  de  Ijâdra 
<:  cl.  hâdinilu"  ;  "wâli'ni  ff  clian  tcuses  de  café-concert v  <  *%wâlimu  (^^  ; 
hivâdçs  ff malheurs 7?  -<  cl.  hawâdiOu  cr choses  nouvelles^,  pi.  de 
hàdsè  ff  accident,  dispute ^^  <  cl.  hâdiôalu"  ;  etc. 

Remarque.  -—  La  forme  qwâtel  -<cl.  qatvâlilu  est,  on  le  sait, 
qwâlé  <z.ç\.  qawàll'\  lorsqu'elle  sert  de  pluriel  à  dos  singuliers 
provenant  des  racines  tertiae  w,  y  ou  \  Ex.  :  swajqé  cr  ruisseaux t) 

<Ccl.  saivâqi",  pi.  de  sa/qyé  -<cl.  sâqiyalii"  yys-q-y J-, sivâ réarmais -n 

<:cl.  saivdri",  pi.  de  sârê  <:cl.  sdrl"  \\§-r-y)',  dwa'é  cr  imprécations 7? 

(cf.  cl.  daSvâtu"),  pi.  de  dâ^ivé  <  cl.  dà^walu"  [\/d-''-w);hwâbê 
fc grandes  jarres 77  <c^hawnhiyii  <:  cl.  hawâbi'u,  pi.  de  Mbyé  <  cl. 

hâbi'atu"  {\/'b-b-');  etc. 

11^  q(âyi'l  <:  cl.  qatailu  (^'. 

Comme  en  classique,  celle  forme  sert  de  pluriel  g^'iiéraloment 
aux  substantifs  fe'minins  (singuliers)  dont  la  première  ou  la 
deuxième  syllabe  contient  une  voyelle  longue.  Ex.-.'^zâyez  w  vieilles 

femmes^)  <:  cl.  ^azaizii,  pi.  de  '^zâz  <:  cl.  '^azûzu"-  \y'^-z-z]\  '^zclyçb 
ff  miracles  17  <: cl.  V^y {6m  ,  pi.  de  %lbê<:iç\.  '^alibatu'^  (y/^^-e-^)  •  yrâtiçb 
ff  choses  étranges,  faits  extraoï'dinairesii  <;  cl.  yaraibu,^\.àQ 
yrlbè <  cl.  yarîbatu"  [yy-r-bj ;  ""mâyçr  c? constructions 77,  pi.  de  ''mâra 
<c:cl.  Hmâraiu"  \y^-m-r)\  ""rayes  cre'pousesii    <  cl.  ""araisu,  pi.  de 

V«s  <:cl.  ""arûsîi"  [\/^-r-s);  shàyçj^'^^  cr belles  actions  17  <;cl.  sahâ'ifii 
rr pages,   feuillets  d'un  livre  11,  pi.  de  cl.  sahjfatu" ,  inusité  à  Kfar- 

*^abîda,  \ys-hfj\  mtàyçl  rr  leçons i-»,  pi.  de  mtllê,  cf.  cl.  miiôâlalu"  ff  su- 
périorité 17  [\/m-6-l);  s'jqâyel  rr  échafaudages  17  <  néo-cl.  saqailu, 
pi.  de  s'/qâlé  < néo-cl.  siqalalu"  (ital.  scala);  'jqwâyem  ff  membres 
des  animaux,  listes -ii  <::cl.  qawaimu,  pl.de  ^Iqàimê  <c.ç\.  qaimatu" 

yyq-w-ni);  hwàyçz  w  effets,  hagages??  <  cl.  hawâ'izu,  pi.  de  hâzé 

(*^  Employé  uniquement  dans  le  sens  de  wce  qui  est  présent,  prêtn  comme 
dans  zab  mn-el-hwâdor  «apporte  de  ce  qu'il  y  a,  des  choses  qui  se  trouvent 
en  ce  moment» ,  phrase  que  dit  Thôte  à  celui  qui  lui  offre  l'hospitalité  ou  le 
voyageur  à  l'hôtelier. 

(-)  Ce  mot  récemment  emprunté  (probablement  au  dialecte  d'Egypte)  ne 
possède  pas  de  singulier  à  Kfâr'abîda. 

^^)  Ici  la  consonne  '  devenue  y  à  Kfar'abîda  n'appartient  pas  à  la  racine  pri- 
mitive. C'est  un  infixe. 

('')  Cf.  boshàiju  cf qu'il  vivo!»,  lilt.  cfoh  !  ses  belles  actions!»,  pour  cl. 
bi  -\-  sahaifi-hi.  1 


22/il  DEUXIÈME   PARTIE. 

<  cl.  hâzatu"  [\/h-iv-z)  ;  etc.  Celle  catégorie  est  encore  1res  vivante 
dans  notre  parler. 

1  2°  qtâlel  <:  cl.  qatâlilu. 

Gomme  en  classique,  cette  forme  sert  de  pluriel  à  un  très 
grand  nombre  de  substantifs  quadrilitères  masculins  ou  féminins 
(singuliers)  de  types  différents.  Ex.  :  drâhem  w monnaies  d'ar- 
gents? <cl.  darâhmu,  pi.  de  dérhem  <:cl.  dirhamu"  ;  hlâhol  w  ros- 
signols (oiseau),  toupies??  <<  cl.  balâhilu,  pi.  de  bolbol  <  cl. 
bûlhulu"  ;  zwâhfr  r  perles??  <  cl.  mwâhiru,  pi.  de  zàuhm,  cf.  cl. 
zâuharu"  ;  snâhdl  rr  mesures  qui  contiennent  six  ou  biiit  meddv  ^ 
pi.  de  sémbol;  '/qla/qdl  ff  troubles?? ,  pi.  de  'jqàVjqlè  <  cl.  qàl- 
qalatu" ;  yrâbàl  ff cribles,  blutoirs??,  cf.  c\.  yarâbîlu,  pi.  de  yâr- 
bdl,  cf.  cl.  yirbulu" ;  dfâdç'^  rr grenouilles??  <  cl.  da/âdiSi,  pi.  de 
dci/d^'a  <  cl.  dàfdci'atu"  ;  snâsçl  ff  chaînes  s?  <  cl.  salâsilu,  pi.  de 
shislé  <z  c\.  silsilatu;  ^nabar  rr  cales??  <  cl.  ""anâbiru,  pi.  de  ''dmbar 
fr(cale),  ambre  gris^?  <:cl.  "ànbam" ;  etc.  Celte  catégorie  est  en- 
core bien  vivante  dans  notre  parler.  Elle  sert  à  donner  des  plu- 
riels aux  emprunts  de  date  récente.  Ex.  :  'jqnàsdl  ce  consuls??,  pi. 
de  'Iqonsol  ff consul,  etc. 

1 3°  mqâtçl  <  cl.  maqâtilu  ^^K 

a.  —  Comme  en  classique,  la  forme  mqâlel  sert  de  pluriel  aux 
substantifs  singuliers  (masculins  ou  féminins)  qui  désignent 
l'instrument  au  moyen  duquel  se  fait  l'action  ou  qui  indiquent  le 
temps  et  le  lieu  où  l'on  fait  une  chose.  Sur  la  formation  de  ces 
substantifs,  cf.  plus  loin,  p.  228.  Ex.  :  mdâres  cfcollèges,  écoles?? 
<:  cl.  madârisu,  pi.  de  màdrsê  ■<  cl.  màdrasaivJ'  \\/d-r-s)\  mrâkçb 
ff  bateaux??  <:cl.  marâkibu,  pi.  de  mârhçb  <:cl.  mârkabu"  y  r-k-b)  ; 
mrâwdh  ff  éventails  ??  <:cl.  marâwihu,  pi.  de  màruha,  cf.  cl.  mirwa- 

hatu"  \/r-w-h);  etc. 

mqâlçl  <c  cl.  maqâtilu  prend  l'aspect  mqâtê  <  ci.  maqâti"  lorsqu'il 
sert  de  pluriel  à  des  substanlifs  appartenant  h  des  verbes  terliae 
w,  y  ou  \  Ex.  :  mzârê  ff  canaux??  <  cl.  mazârl",  pi.  de  màim^^'' 
•<cl.  mâzra''  y\/z-r-y);  mkâwc  (A'ars  h  repasser??  <:cl.  mnkâwi",  pi. 
de  luôkwâyc  (à  côlé  de  mokwé)^  cf.  cl.  mikivâlu"  \yk-w-y)\  m^anè 
ff  significations??  <::cl.  ma^'âni",  pi.  de  m6''na  <:  cl.maW"  [\/''-n-y); 
îu/qâlè  ff  poêles  à  frire??  <;cl.  maqâlf,  pi.  de  nwjqlè  <:cl.  miqla" 

[\/q-l-w)]  etc. 

(')   Dans  cette  forme,  comme  clans  les  formes  de  singulier  auxquelles  elle  sert 
de  pluriel,  la  consonne  m  n'appartient  nalurcliemcut  pas  à  la  racine. 
(^^   Moins  fréquent  que  moiré. 


MORPiioLOGii:.  '225 

b.  —  La  forme  /«///(/(•/ ost  (•galeiiienl  le  pluriel  d'un  tout  petit 
nombre  do  siibstanlil's  (sinjjuliors)  ayant  comme  première  con- 
sonne un  m  ])ré(ixe  et  ne  présentant  pas  le  sens  caractéristique 
des  précédents.    Ex.  ;  msAyçh  cr  malheurs ■'i  <:  cl.  masaihu,  ])1.  de 

msibà   <:cl.   masihalii"  {\/?-iv-h);    nihâw,)/  ^r  [HiiU'S->-> ,   j)l.    de  nilulfè 

<cc\.  ntahafala"  y\/^h-w--/y,  mrâzçl   cr menaces,    hâbleries,    bluff 77, 

pi.  de  mârzlc  y\/r-z-l)- 

1/4°  'qâlçl  <zc\.  'aqâhlu^^l 

Cette  l'orme  est  le  pluriel  d'un  petit  nombre  de  noms  ayant 
comme  premièie  consonne  un  '  n'appartenant  pas  à  la  racine. 
Ex.  :  'kâbdr  cr grands,  nobles ^i  <:  cl.  'akâbim,  pi.  de  ^àkbar  <:  cl. 

'âkbarii  fcplus  grandie  y\/k-b-r)  ;  ^saavr  r? bracelets t)  <:c1.  ^asâwiru, 

\)\.de  cl.^uswâru"  (inusité  à  Kfar'^abîda)  [\/s-w-7');  'yâdé  crmainsT) 
<:  ci.  'ayâdi",  pi.  du  pi.  cl.'àidi"  (inusité  dans  notre  parler),  pi. 
de  cl.  yâdti",  dial.  yad"^.  Cette  catégorie  n'est  plus  vivante  à 
Kfôr\abîda. 

1 5*^  qatâtîl  <:  cl.  qatâlîlii. 

La  forme  qUWl  est  le  représentant  régulier  du  classique  qatâ- 
lilu  et  sert  de  pluriel  a  un  très  grand  nombre  de  substantifs, 
généralement  quadrilitères,  dont  la  deuxième  syllabe  contient 
toujours  une  voyelle  longue.  Ex.  :  slâtî?i  ff  sultans  ^-^  <:  cl.  salàtlnu, 
pi.  de  soltân  <;cl.  sîiltâmf;  zniâhîr  w  multitudes i^  <:cl.  zmnâhîrUf 
pi.  de  zamhùr  <:  cl.  iumhûru'^;  ^Iqmïdîl  ff  lampes  71  <c:  cl.  qanâdilu, 
pi.  de  'Iqandille;  <:  cl.  qindtlu"  ;  syàlîn  w  démons •>?  <:cl.  sayàtînu, 
pi.  de  sltân  <:;  cl.  mhânu"  ;  dbâbîr  (f  j'relons-»-» ,  pi.  de  dabbûr  <  syr. 
debbûrà;  etc. .  .  .  Cette  catégorie  est  une  des  plus  fréquentes  et 
des  plus  vivantes  dans  le  parler  de  Kfâr^djîda  comme  dans  tous 
les  parlers  libanais. 

1 6*^  mqàtll  ■<  cl.  maqâlihi  ^-^ 

Le  dialecîal  mqâtll  est,  comme  en  classique,  le  pluriel  d'un 
grand  nombre  de  noms  (participes  ou  substantifs)  à  initiale  m 
préfixe.  Ex.  :  mfâtih  crclés??  <:  cl.   mafâtîhu,  pi.  de  moftâli  <:  cl. 

miftâhu''  y\/f-t-h);  mràsîl  w envoyés,  messagers t)  <:  cl.  marâsUu 
ffqui   marchent  vite  (chameaux)  77,  pi.  de  môrsâl  <:  cl.    mirsâîu" 

[\/r~s-l  ff  marcher  vite ■>•>  )  ;  mèâwîr  w  voyages ,  courses -n  -<  cl.  masâwiru 
tf  lieux  où  l'on  expose  les  chevaux  77,  pi.  de  môswâr  <:  cl.  mièwâru" 

(*)  Dans  cette  forme  le  hamza  initial  qui  existe  également  dans  les  formes 
du  singulier,  n'appartient  pas  primitivement  à  la  racine. 

^-^  Comme  dans  la  forme  mqâtçl  <C  cl.  maqdtilu  la  consonne  m  est  un  élément 
forma  tif. 

PARLER  DE  KFAr'arÎDA.  i5 


^26  DEUXIÈME    PARTIE. 

[\/s-w-r)\  mnàhîr  ff narines,  nez??  -<cl.  manâhtm,  [A.  de  manhûr 
(à  côte  de  monhâr)  <c  cl.  manhûru"  \\/n-h-r]\  mnajqtr  ffbecs 
d'oiseau??  <C  cl.  manàqiru,  pi.  de  m6V/çar  <c:cl.  minqâru"  \\n-q-rj; 
m^âlim   ff honoraires   des   clercs??,  pi.    de  ma^lûni  -<.  c\.  ma'^lumu'' 

w connu??  (\/^-/-m);  etc.  Cette  catégorie  est  encore  très  vivante 
à  Kfâr'^abîda. 

l'y"  qwâtîl  <:cl.  qawàtîlu^^K 

Cette  forme  est  à  Kfâr\nbîda  le  pluriel  de  tous  les  substantifs 
masculins  ou  féminins  singuliers  des  types  qàtûl<cç\.  qâtâlu"  et 
qâtûlé  <ccl.  qàtûlalu".  Ex.  :  twahîn  ff moulins??  <:cl.  tawâhînu,  pi. 

de  tàhun  ■<  cl.   tàhimii"  yyt-h-n);èwâh"lq  cf  coqueluches??,  pi.  de 

sàhu/q  \\Js-h-q  ff  sangloter,  râler??);  '/qwâmf,}^[.  de'/qâmû''  wtout 

ce  qui  s'élève  en  cône,  en  pointe??  (y/^-m-'j;  ^wàmîd  ff  colonnes, 

piliers??,  pi.  de  '^âmûd,  cf.  cl.  ^imûdu"  ys/'^-m-dj;  bwâtîr  ff  nattes  de 

joncs?? ,  pi.  de  bàtiir  y\/h-i-rj  ;  bwcmd  ff  fusils?? ,  pi.  de  bàrûdé  yb-r-dj; 

Jiwâsîd  ff  moissonneurs?? ,  pi.  de  hâsûd,  cf.  cl.  hâsidu"  y\/h-s-dj;  etc. 
Celte  catégorie  est  extrêmement  vivante  à  Kfar'^abîda  et  prend 
tous  les  jours  la  place  d'autres  formes  en  train  de  disparaître. 

1 8°  tqâtîl  <:  cl.  laqâiîlii  ("l 

Comme  en  classique,  celle  forme  est  à  Kfâr*^abîda  le  pluriel 
d'un  assez  grand  nombre  de  sul)slanlifs  masculins  ou  féminins 
rattachés  par  le  sens  au  IP  thème  [qaltala)  des  verbes  trilitères 
et  qui  appartiennent  aux  types  teqtll  <:cl.  taqtilu"  et  teqtîle  <:cl. 
taqtUatu".  Ex.  :  tsàwîr  ff  images??  -<cl.  tdsâwîru,  pi.  àe  toswmi  ■<.  ç\. 

taswiratu"  \\/s~w-rj\  ihàlil  ff  autorisations  de  mariage,  dispenses 
ecclésiastiques   pour  un    mariage??,  pi.  de  tçhlîlé,  cf.    cl.  taljlîlu" 

tf action  de  dénouer??  [\/ h-l-l) ;  thàUl (r jyibihiions ^  allégresses??,  pi. 

de  îehlîl-<:c\.  tahlilu"  (\//i-/-/);  fâlîni  ff  enseignements,  catéchisme?? 

<ccl.  ta^âlimu,  pi.  de  te^lun  <:cl.  taHîniu"  (y/'-Z-m);  etc..  .  .  Cette 
catégorie  est  encore  assez  vivante  dans  notre  parler. 

Conclusion  GiiNÉuALE  sur  les  pluriels  externes  et  internes. 

Ici  comme  dans  l'ensemble  de  son  évolution,  notre  parler, 
conséquent  avec  lui-même,    a    marché    vers    la   simplification. 

(')  Dans  cette  forme  la  semi-voyelle  w  n'appartient  pas  à  la  racine;  elle 
n*exisloil  pas  non  plus  dans  les  formes  nominales  correspondantes  au  singulier. 

(^^  Dans  cette  loimc  de  pluriel  le  t  initial  n'appartient  naturellement  pas  à 
la  racine. 


MOiiPHOLor.iK.  227 

Jl  niaiiifostc  une  londancc  maicjuce  à  sacrifier  ou  à  reslicMiidre 
au  profil  (lu  pluriel  externe  plusieuis  Ibriiies  du  pluriel  interne 
(jui  est  considéré  coniin(i  une  des  caractéristiques  essentielles  do 
Tarabc;  classique.  En  effet,  parmi  les  nombreuses  formes  classi- 
ques de  pluriel  interne,  les  unes  (en  assez  {ji-and  nombre)  ont 
purement  et  simplement  disparu  à  Kfar^ibîda,  les  autres  sont  en 
train  de  disparaître;  d'autres  enfin  (les  plus  nombreuses)  sont 
encore  très  vivantes  et  ont ,  avec  les  formes  de  pluriel  externe,  piis 
la  place  des  formes  disparues  ou  en  train  de  disparaître. 

En  sens  inverse,  les  deux  formes  (déjà  classiques)  de  pluriel 
externe  en  -în  et  -àt  non  seulement  ont  été  parlout  conservées 
à  Kfâr*^abîda,  mais  encore  ont  supplanlé  plusieurs  des  formes  de 
[)luriel  interne;  elles  ont  quelquefois  même  été  greffées  sur  des 
pluriels  internes  pris  sans  doute  pour  des  formes  de  singulier. 
L'erreur  d'ailleurs  est  explicable,  étant  donné  que  toutes  les 
formes  classiques  de  pluriel  interne  sont  de  véritables  singuliers 
collectifs  à  signification  plurielle.  Les  grammairiens  de  l'arabe 
classique  semblaient  les  considérer  comme  tels,  lorsqu'ils 
bésitaient  sur  le  genre  et. le  nombre  qu'il  fallait  leur  attribuer  ^^K 
On  sait  en  effet  que  ces  formes  peuvent  être  accompagnées  en 
classique  des  verbes  au  genre  masculin  (et  alors  ils  sont  au  pluriel) 
ou  féminin  (et  alors  ils  sont  au  singulier). 

Nota.  —  Etant  donné  que  toutes  les  formes  de  pluriel  interne 
peuvent  ainsi  être  considérées  comme  de  véritables  singuliers  et 
que  leur  caractéristique  tient  uniquement  à  la  vocalisation  de  la 
racine,  il  est  naturel  d'en  faire  suivre  l'étude  de  celle  des  forma- 
tions nominales  spéciales  au  singulier. 

C.  SINGULIER  :  FORMATION  DES  NOMS. 

A  la  suite  des  grammairiens  arabes  anciens,  on  ne  distinguera, 
pas  dans  l'étude  des  formations  nominales  entre  les  noms  pro- 
prement dits  et  les  adjectifs  ^^l  Noms  et  adjectifs  seront  donc 
étudiés  ensemble  en  tant  qu'ils  sont  formés  à  l'aide  de  préfixes, 
d'infixés,  de  suffixes,  ou  bien  à  l'aide  d'alternances  vocaliques  ou 
même  de  deux  de  ces  moyens  à  la  fois,  d'où  la  division  suivante  : 

1.  Formations  nominales  par  préfixation; 

2.  Formations  nominales  par  infixation; 


(^)  Le  pluriel  du  \erhG  (turba  ruuni)  n'est  jamais  dans  ce  cas  qu'un  accord 
par  syllepse. 

(^)  Il  n'y  a  également  aucune  raison  pour  ne  pas  traiter  en  même  temps  ia 
formation  dos  participes.  C'est  ce  que  l'on  fera  ici. 

i5. 


228  DEUXIÈME    PARTIE. 

3.  Formations  nominales  par  suffixation; 

li.  Formations  nominales  comportant  à  la  fois  un  préfixe  et  un 
suffixe  ; 

5.  Formations  nominales  comportant  à  la  fois  un  infixé  et  un 
suffixe; 

6.  Formations  nominales  caractérisées  par  une  simple  alter- 
nance vocalique. 

1 .  Formations  nominales  par  préfixation  d'un  morphème. 


a.   Préfixe  ma-  (m-)<:cl.  ma-, 

1°  Comme  en  classique,  le  préfixe  mfl- sert  à  former  les  sub- 
stantifs qui  indiquent  le  lieu  et  le  teuips  où  se  fait  l'action 
exprimée  par  le  verbe.  Ces  substantifs  sont  tous  à  Kfâr^abîda  du 
type  niàqtel  [mâqtal  sous  Tinfluence  d'une  emphatique),  type  oii 
ont  conflué,  par  application  des  lois  phonétiques,  les  deux  types 
classiques  mâqtalu"  et  mdqtilii".  Ceux-ci,  on  le  sait,  peuvent  se 
former  mécaniquement  (il  s'agit  ici  du  classique)  en  substituant 
ma-  aux  préformatifs  de  l'aoriste,  la  voyelle  brève  de  la 
deuxième  syllabe  étante  ou  i  selon  que  l'aoriste  du  verbe  trilitère 
en  question  présente  dans  la  deuxième  syllabe  a  (ii)  ou  i,  à  part 
quelques  cas  tout  à  fait  exceptionnels.  Ex.  :  màdhah  w  endroit  oii 

l'on  immole  les  victimes,  autel 77  <:cl.  mâdbahu"  [s/d-b-h  ff  sacrifier); 

mâzlçs  frlieu  de  réunion,  divan  i?  <:cl.  mazUsu"  [\/z-l-s  w  siéger  ^•>); 

manda*'  fflieu,  placer  «<cl.  màiidi^u''  [\/w-d^  w placer t));  mâfrà*jq 
fflieu  de  séparation,  bifurcation  de  deux  chemins r»  <<cl.  màjriqu" 

(\//-r-(y  ff  séparer 7?);  majqlç^  ff  carrière  (de  pierres) 7?  <  cl.  mâqla^u" 
(y/ry-/-*^  cr arracher r));  mâmsa  (^lieu  où  l'on  marche,  corridor 7?  <ccl. 
màmsâ  \\Jm-s-ij  cr maicher^^ );  mawa  crlieu  où  l'on  s'abrite,  re- 
fuge 77  <:  cl.   mawa"   (\/'-w-î/ w  se  ff  retirer  pour  s'abriter  ^7);  ma/ia 

ffasile77  <:cl.  mâlza'u"  y\/l-z-  tfse  réfugier77);  etc.  Cette  caté- 
gorie de  substantifs  est  très  nombreuse  et  très  vivante  à 
Kfar'abîda.  —  Il  en  est  de  même  des  substantifs  du  type  mqU 
<  cl.  maqtlu"  et  surtout  du  type  mqâl-<c\.  maqâlu"  faits  sur  les 
verbes  triiitères  mcdiae  y  ou  w.  Ex.  :  msîr  wlieu  où  l'on  arrive, 
résultat 77  <::cl.  masîru"  ysjs-y-r  ff arriver 77);  mzâl  fflieu  où  l'on 
passe,  droit  de  passage  77  <  cl.  mazâlu"  (\/^-w-/ ff  parcourir  77); 
m'Iqâm  fflieu  où  l'on  séjourne,  lieu  consacré  à  un  saint77  <cl. 
maqdmu"  [\Jq-w-m  ff  tenir  debout  77);  etc..  .  . 


J 


MORPHOLOGIE.  2ii9 

9"  Le  préfixe  ma-  se  ronconlre  aussi  dans  la  formation  des 
subslantirs  qui  indiquent  Tinstrunient  dont  on  se  sert  pour  faire 
l'action  exprimée  par  le  verbe  ou  (jui  dénomment  le  vase  dans 
lequel  on  met  une  chose;  dans  notre  parler  ces  substantifs  se 
forment  (sous  l'influence  du  syriaque)  sur  le  type  mâqtçl^^K  et 
non  comme  en  classique  sur  le  type  miqlalu"  (cf.  ce  qui  a  été  dit 
p.  io3).  Ex.  :  mày z çl  ((Çuseauv^  cf.  cl.  utiyzalu"  \\/y-z-l  effiler  [le 
ïin]^?),    cf.  syr.   ma'^zâîâ;    rnâV/qat   ff pincettes 77,  cf.    cl.  mïlqatu'^ 

[\/l-q-t)  ff  ramasser 77 ,  cf.  syr.  malqHâ;  mâibar  k éiaï  à  aiguilles 77 ,  cf. 
cl.  imbarii"  (\J'-b-r  ff piquer 77);  màhrad  ff lime 77,  cf.  cl.  mihradu" 
\\Jh-r-d  «•  limer 77)  (2);  etc.  Cette  catégorie  est  également  très 
vivante  dans  notre  parler. 

3°  Comme  en  classique,  le  préfixera-  se  rencontre  dans  la 
formation  de  quelques  rares  noms  d'action  (infinitifs)  tirés  de 
verbes  trilitères  au  P*"  thème;  ex.  :  mzî-  w action  de  venir,  venue 77 

<:  cl.  mazfu''  {\z-y-^  cfvenirT?);  mâhrab  (^^  w action  de  fuir,  échap- 

patoircTî  <ccl.  màhrabu"  \\Jh-r-b  fffuir77). 

h''  ma-  se  rencontre  enfin  dans  la  formation  des  participes 
passifs  de  tous  les  verbes  trilitères  forts  ou  faibles  au  P*"  thème 
(sauf  les  verbes  médias  w  ou  y  qui,  on  l'a  déjà  fait  remarquer 
plus  haut ,  n'ont  plus  à  Kfar^abîda  de  participes  passifs).  Ces  parti- 
cipes sont  toujours  du  type  maqtûl  <:  cl.  maqtûlu".  Ex.  :  madrûb 

ff frappé 77  <: cl.  madrûbu"  \\Jd-r-b  ff frapper 77);  masdûd  ff bouché 77 

-<  cl.  masdûdu''  y\/s-d-d  w  boucher  77  )  ;  ma'zûn  w  permis,  autorisé  77 

<:cl.  ma'âûnvJ'  \\J'-â-n  ff  permettre  77);  mô'/qré  ff  lisible^  -^^ma- 

qrnju^ ,  cf.  cl.  maqriiu^  (?"''"*  ffliï*er>);  môrmé  ff  jeté  77  <<  cl.  marmhju^ 

<  ^marmûyu"    y\^r-m-y  ff  jeter  77);  môyzé  ff  pillé  77  <c*mayztyu'' ,  cf. 

cl.  mayûwiC^  ysjy-z-w  ff  piller  77);  mauzûn  ffpesé*»^  <:  cl.   maiizûnu^ 

\\Jw-z-n  ff  peser  77)  ;  etc.  Celle  catégorie  de  participes  est  très  nom- 
breuse et  très  vivante  dans  notre  parler. 

j6.   Préfixe  ma-  (m-)<cl.  mu-, 

1°  Comme  en  classique,  le  préfixe  ma-  forme  à  Kfâr*abîda 
quelques  rares  noms  d'insirument  du   type  môqtol  <:cl.  mûq- 

(^)  La  même  chose  se  rencontre  en  tunisien. 

(')  Pourtant  le  cl.  mmzalu''  rr faucille»  fait  exception  et  devient  à  Kfâr'abîda 
monzçî  (changement  régulier  de  e  en  0  au  contact  de  m)  au  lieu  de  *mànzçl  qu'on 
attendrait;  cf.  syr.  magg''là  <  *mang''lâ,  la  racine  étant  n-g-l  crcouper,  frapper». 

^^^  A  côté  de  mahrûb  dans  le  dicton  suivant  :  Imaktûb  ma  mhnna  mahrûh  ffce 
qui  est  écrit,  on  ne  peut  pas  l'éviter»,  mais  c'est  à  cause  de  la  rime.  Cf.  pourtant 
mahlûb  rvase  dans  lequel  on  trait»  en  face  de  cl.  rm'hlabu"  {\^'fi-l-h). 


230  DEUXIÈMR    PARTI F>. 

tulu";  ainsi   par   ex.   monhoU^''  ff tamis,   crible^i   <d.  mûnhidu" 

2"*  H  sert  également  à  former  dans  notre  parler,  mais  beaucoup 
plus  rarement  quen  classique,  des  noms  de  lieu  et  de  temps 
tirés  des  thèmes  de  trilitères  autres  que  le  premier  (I)  et  des  thèmes 
quadrilitères.  Ces  noms  ont,  on  le  sait,  les  mêmes  formes  que 
les  participes  qui  proviennent  des  mêmes  thèmes.  Ex.  :  mostâsfa 
w hôpital,  lieu  où  Ton  soigne  les  malades ^^  fait  sur  le  X*'  thème 
du  verbe  sàfà  {\/s-f-y  cf guérir);  m'^âskar  wcamp,  lieu  où  Ton 
campe ^1  <:cl.  mu'àshinC'  de  ^àshara  ^\\  a  camper);  etc. 

3°  Comme  en  classique,  le  préfixe  mo-  se  rencontre  dans  la 
formation  des  participes  actifs  et  passifs  (^^  des  verbes  trilitères  et 
quadrilitères  à  tous  les  thèmes  (sauf  au  I^""  thème  pour  les  verbes 
trilitères).  La  formation  de  ces  participes  suit  à  Kfâr'abîda  à  peu 
près  les  mêmes  règles  qu  en  classique.  Ex.  :  moslà^mdl  w  employé  ^^ 
(quelquefois  ff employant 77)  -<cl.  miistâ^malu"  ou  mustà^milu"  de 
stâ^mdl  wil  a  employé' 77  -<cl.  istd^mala,  X*'  thème  de  sj^'-m-l; 
m^dlkm  tf instruit 77  ouf^professeurr)  <:cl.  mu^âllanm"  ou  mu^âllimu" 
de  "âllçm  <  cl.  \illama,  II"  thème  de  \/'-/-m;  mdâhrçz  ff  roulant  1? 
<  cl.  miidâhrim"  de  ddhrçi  <  cl.  ddfiraza,  I*""  thème  quadrili- 
tère;  etc. 

Remarque  sur  l'emploi  de  ces  participes. 

D'une  façon  générale,  les  participes  actifs,  et  surtout  les  par- 
ticipes passifs  autres  que  ceux  des  verbes  trilitères  au  V'  ihème 
sont  moins  vivants  à  Kfâr*abîda  qu'en  classique.  Quelques-uns 
parmi  eux  comme  le  participe  passif  des  verbes  trilitères  au 
VII"  thème  et  celui  (actif  et  passif)  dos  verbes  trilitères  au 
X"  thème  sont  encore  vivants;  d'autres,  et  c'est  rimmense  majo- 
lité,  sont  d'un  usage  assez  restreint;  enfin  quelques-uns  ont 
complètement  disparu  ou  sont  en  train  de  disparaître. 

y.  Préfixe  md-  (m-)  <:  cl.  mi-, 

1°  Comme  ma-,  le  morphème  préfixe  mï-  <  cl.  mï-  se  ren- 
contre dans  la  formation  des  noms  qui  indiijuent  le  temps  et  le 
lieu  où  se  fait  l'action  exprimée  par  le  verbe.  Ceux-ci,  très  peu 
nombreux,  se  forment  uniquement  de  quelques  verbes  trilitères 
à  première  radicale  w  et  sont  du  type  miqtdlu"  ::>  môiitdl ;  e\.  : 
mllâd  ff  lein[)S  de  la  naissance ,  Noël  v  <  cl.  mllâdu"  [\/w-l-d  ce  engen- 

(')   Par  rinlormédiairo  do  *inûnhol. 

(-)  Sur  la  disliiiclion  dialectale  des  deux  formes  de  paiiicipcs,  cf.  plus  liaul, 
p.  iO;5. 


MORPHOLOGIi;.  231 

drerr));    mfâd    w temps    de   l'accomplissement   d'une   promesse, 
rendez-vous^  <:  cl.  mfâdii"  [\/w-''-d  cf  promettre 75). 

2°  Le  profixe  md-  (tu-)  est  (comme  mi-  en  classique)  le  mor- 
phème caraderistique  des  noms  qui  indi(juent  Tinstrument  dont 
on  se  sert  pour  l'aire  l'action,  lorsqu'ils  sont  formés  sur  les  verbes 
trilitères  au  I"""  thème;  ces  noms  sont  du  type  mqâll  <:  cl.  mi- 
qiillu"  pour  les  verbes  fll^°  geminatae  et  du  type  inôqtâl  pour  les 

autres  verbes  (^l  Ex.  :  ni'jqàf  rrciseaux^?   -<  cl.  miqdssu''  y\^q-s-s 
ff  couper^?);  mdâli''  ff passe-lacet ^7  <:  cl.  îm/rtH-w"  (fïMrtf m"  rr lacet  de 

pan  talon  •»■»);  moftâh  (^cié-n  <ic\.  miftâhu"  (yf-i-h  ff  ouvrira);  mimsâr 

ff  scie  r»  <:  cl.  minsâni"  (yn-s-r  w  scier  v  )  ;  niïzân  cr  balance  v  <:  cl.  mïzânv!^ 

\\Jw~z-n  ff pèsent);  etc.  Cette  catégorie  de  noms  est  assez  vivante 
à  Klâr'abîda. 

3°  Le  morphème  préfixe  mi-  du  classique,  qui  se  rencontre  dans 
quelques  rares  substantifs  du  type  miqttlif ,  est  devenu  ma-  àKfâr- 
''abida  par  suite  d'une  dissimilation  vocali(jue,  soiimaqiU;  ex.  :  cl. 

misJiinu'*  ff  pauvre 7?  >  dial.  masMn  [\/s-k-n);  etc. 

3.  Préfixe  te-  (?-)<<  cl.  ta-. 

Comme  en  classique,  le  préfixe  /(e)-  ne  se  rencontre  que  dans 
la  formation  de  quelques  noms  d'action  (infinitifs). 

1°  Il  se  rencontre  naturellement  dans  les  noms  d'action  de 
tous  les  thèmes  verbaux  dérivés  qui  le  possédaient  déjà  par  le 
fait  même  de  leur  formation,  savoir  aux  V^  et  VP  thèmes  des 
verbes  Irilitères  et  au  IP  thème  des  verbes  quadrililères.  Ex.  : 
félW/q  rattachement,   action  de  s'attacher^-)  <:cl.  taViUiiqii" ,  de 

fàïlçjq  fc il  s'est  attaché"  <:cl.  ia'^àllaqa,  V^  thème  de  sj'^-l-q;  Hâwob 
wbâillement,  action  de  bâillerT?   <:cl.  taôaubu" ,  de  Hâwdb  cril  a 

bâiller»  <c:  cl.  tadâ'aba,  \P  thème  de  \/9--b;  tbortol  fraction   de 
capten?  <<cl.  tabâriiilu'^,  de  tbârtaf  ce  il  a  été  capté  t7<:  cl  tabàrtala, 

IP  thème  (quadrilitère)  de  \^b-r-t-l;  etc. 

2°  Le  préfixe  ta-  se  rencontre  aussi  dans  les  noms  d'action 
qui  sont  rattachés  par  le  sens  ^^^  au  IP  thème  des  verbes  trilitères 


(^)  Le  troisième  type  classique  (mi'gfa/M")des  noms  qui  indiquent  l'instrument 
a  passé  dans  notre  parler  à  mâqtçl,  comme  il  a  été  dit  plus  haut,  p.  229. 

(*)  Et  non  par  la  forme.  Le  grammairien  Al-I(isà'ï  avait  fait  remarquer  que 
les  habitants  de  l'Yémen  employaient  pour  la  même  fonction  une  forme  qittâlu^ 
(cf.  syr.  qultala)^  ce  qui  est  plus  logique  d'après  Mgr.  Derian,  Gr.  Syr.,  p.  281 , 
n,  1. 


232  DEUXIÈME    PARTIE. 

(lype  qattaïa).  Le  type  de  ces  noms,  qui  était  en  classique  taqtUu'', 
est  actuellement  à  Kfâr'abîda  teqtîl.  Ex.  :  Ip'/qtir  r^parcimonie, 
action  de  vivre  de  pem?  ^cl.  taqthii",  cf.  '/qâtler  ffil  a  nourri  avec 
parcimonie?^  <:  cl.  qàttara,  IP  thème  de  \/q~t-r;  iehmîl  w charge- 
ment, action  de  charger ?i  <:  cl.  iafimilu",  cf.  hâmnwl  ffil  a  chargé 75 

<:cl.  hàmmala,  IP  thème  de  \/h-m-l:  etc..  .  .  Ces  noms  d'action 
sont  extrêmement  nombreux  dans  notre  parler,  comme  le  sont  les 
verbes  eux-mêmes  au  IP  thème.  (Ce  type  est  également  vivant 
dans  d'autres  parlers,  si  l'on  en  croit  MM.  Brockelmann,  Barth, 
Landberg.) 

e.  Préfixe  V<<c1.  ^a-. 

Comme  en  classique,  le  préfixe  V  se  rencontre  uniquement 
dans  la  formation  des  adjectifs  verbaux  du  type  ^âqt^l  <:  cl. 
^âqtalu,  lesquels  ont  un  double  emploi  : 

1°  Les  adjectifs  verbaux  du  type  'àqtçl-<c\.  'âqtalu  servent  à 
indiquer  les  couleurs  et  les  difformite's  physiques  du  substantif 
auquel  ils  se  rapportent;  ils  proviennent  alors  en  ge'ne'ral  de 
verbes  neutres.  Dans  ce  cas  ils  forment,  on  le  sait,  leur  féminin 
singulier  sur  le  type  qâtla  <  cl.  qatlau  et  leur  pluriel  masculin 
et   féminin   sur  le  type  qutl  <:cl.  qûtliC   Ex.  :   'âsmar  tfbrun^^ 

<:cl.    ^âsmaru  [\/s-m-r);  'âhdar   tryerirt  <  cl.  'âhdaru  (\//i-(^-r)î 

^â'^ma  ffaveugle??  <  cl.  'â'^mâ  (y/'-m-î/j;    'd'oral  ff boiteux?^  <:cl. 

^â'^razu  (\/'-r-z);  etc.  Cette  catégorie  d'adjectifs  est  encore  très 
vivante  à  Kfâr^'abîda. 

^°  Les  adjectifs  du  type  \iqtçl  <:  cl.  'âqtalu  servent  aussi  à 
indiquer,  à  Kfar'^abîda  comme  en  classique,  le  degré  de  compa- 
raison et  correspondent  alors  au  comparatif  et  au  superlatif  des 
langues  qui  pratiquent  ces  distinctions.  Ex.:  'àkhar  ffplus  grand w 

<  cl.  ^âlbarii  y\/Ji-b-rj\  ^ihsçn  ffplus  beau,  meilleur?^  <:  cl.  'àJisanu 

[s/h-s-nj;  ^àsdç'/q  ffplus  véridique?)  <c cl.  ""àsdaqu  (\/s-d-q)\  etc. 
Cette  catégorie  est  également  très  vivante  à  Kfar'abîda  et  il  y  a 
lieu  de  faire  à  son  sujet  les  remarques  suivantes. 

a.  —  La  forme  comparative  des  adjectifs  se  forme  toujours  en 
classique  directement  sur  une  racine  verbale;  à  Kfâr^abîda  au 
contraire,  elle  peut  se  greffer  sur  un  substantif;  ex.  :  'âhmar 
ff  moins  intelligente? ,  litt.  ffplus  ànev  comparatif  de  ///>/«/•  ffane^ 
<:cl.  himâru'';  'âuhas  ffplus  grossier,  mal  élevé??,  litt.  ffplus  bêle 
sauvagew  comparatif  de  wàhs  ffbête  sauvage??  <c  cl.  wâhsu"; 
^ajqrad  fcplus  intelligent,  plus  malin??,  litt.  fcplus  démon,  plus 
singe??     comparatif    de    ^Iqi'ird    ffsinge,     démon??    <  cl.   qirdu'' 


MORlMIOLOOIi:. 


233 


ffsinocii;  'ulxla  frpliis  important,  qui  doit  passer  avant ^■)  compa- 
ratif de />rf(/V  frcommencement?^;  elc. 

b.  —  A  la  dilTéience  du  classique,  la  forme  comparative  des 
adjectifs  se  tire  quelquefois  à  Kfar'^ahîda  de  thèmes  verbaux  autres 
que  le  ï*""  thème  ou  de  thèmes  qui  expriment  un  sens  non  sus- 
ceptible de  nuance  d'intensité;  ex.  ;  'àfyçd  crplus  utile r»  de  ^afâ<la:> 
fâd  ffil  a  été  utile^^,  IV^  tlième  de  *Jafjada;  'àrnwot  fcplus  mou,  plus 
mort^^,  de  mât  <:  cl.  mata  wil  est  mort^;  ^àhsar  fcplus  bref,  plus 
abré(]é77,  cf.  ihtasara  ce  il  a  abréger),  VHP  thème  de  hâsira  ril  a 
froid  (il  est  contracte' ) 77  ;  etc. 

Remarque.  —  Les  préfixes  n-  et  s-  se  rencontrent  comme  en 
classique  dans  la  formation  des  noms  d'action  des  verbes  trili- 
tères  aux  VIP  et  X^  thèmes;  ces  noms  sont  formés  non  pas  direc- 
tement sur  la  racine  comme  les  précédents,  mais  sur  les  thèmes 
verbaux  en  question  (^).  Ils  sont  des  iyipes  {ejnqtdl  <:  cl.  inqitâlu" 
et  steqtâl  <  cl.  istiqtâlu".  Ex.  :  'ndmâm   fraction  d'être  réuni  h-n 

<  cl.  indimâmu"  (yd-m-m  ff réunir 77);  ste'jqhâl  fraction  de  bien  ac- 
cueillir 17  <:  cl.  istiqhâlu"  (yq-h-l  fc accueillir  11  )  ;  etc.  On  n'en  a 
parlé  ici  que  pour  mémoire.  Du  reste,  les  noms  d'action  du 
premier  type  (inqitâlu")  sont  assez  rares  à  Kfâr*abîda. 


2.  Formations  nominales  par  infixation  d'un  morphème. 


a.  Infixe -fli-<:cl. -ai-. 

L'infixé  -ai-  se  rencontre  dans  la  formation  des  substantifs  ou 
adjectifs  diminutifs  qui,  on  le  sait,  se  modèlent  en  classique,  sur 
le  type  qiitâilu"  quand  ils  ont  comme  base  des  noms  Irilitères,  et 
sur  le  type  qutaÛilu"  quand  ils  ont  comme  base  des  noms  quadri- 
litères  ^'^K 

Tandis  qu'il  est  encore  fort  vivant  dans  un  grand  nombre  de  dia- 
lectes arabes  modernes,  notamment  dans  les  dialectes  maghribins 
[d.^.MdiVçixk,Saïda,M.S.L.,  XIV,  p.  465),  le  diminutif  à  infixé 
-al-  a  complètement  disparu  en  tant  queformation  vivante  à  Kfâr^abîda 
et  dans  tous  les  parlers  libanais;  il  en  est  de  même,  on  le  sait, 
de  l'arabe  égyptien.  Ce  type,  en  effet,  n'est  plus  représenté  que 
par    un    certain    nombre    de    mots    très    usités    encore,    qui 

(^)  Ce  qui  est  vrai ,  également ,  on  l'a  vu ,  de  la  première  catégorie  des  noms 
à  préfixe  ta- ,  p.  281. 

^'^)  On  sait  que  l'on  a  dans  ces  formations  un  suffixe  au  iieu  d'un  infixe 
quand  le  mot  base  n'a  que  deux  consonnes,  cf.  'uMiyu". 


23A  DEUXIÈME    PARTIE. 

sont  souvent  des  noms  propres  ou  qui  expriment  l'idée  de  pa- 
renté, mais  qui  en  grande  partie  ont  perdu  pour  les  sujets  par- 
lants toute  valeur  de  diminutif  et  font  sur  eux  Teffet  de  simples 
substantifs  ou  adjectifs.  En  revanche,  pour  exprimer  le  diminutif, 
notre  parler  a  le  plus  souvent  recours  à  des  tournures  ou  à  des 
formes  nouvelles  inconnues  de  l'arabe  classique  (cf.  plus  loin 
p.  267,  etc.). 

Cette  disparition  presque  complète  des  formes  classiques  du 
diminutif  (alors  que  presque  toutes  les  autres  formes  nominales 
sont  bien  conservées  à  Kfâr'abîda)  est  peut-être  due  à  l'influence 
de  la  langue  syriaque.  Celle-ci,  on  le  sait,  a  perdu  depuis  long- 
temps la  forme  à  infixe  du  diminutif  et  l'a  remplacée  par  d'autres 
formes  à  suffixes.  Le  type  qiUaihf  de  l'arabe  classique  était  cer- 
tainement usité  à  l'origine  en  araméen  et  en  hébreu,  mais  par 
suite  de  l'altération  de  son  vocalisme,  il  a  dû  peu  à  peu  céder  la 
place  à  de  nouvelles  formes  (à  suffixes)  et  n'a  laissé,  en  sortant 
de  l'usage,  que  quelques  traces  conservées  par  le  syriaque (^l 

Voici  quelques-uns  des  mots  encore  usités  à  Kfâr*^abîda  sous  In 
forme  diminutive  à  infixé  -ai-. 

1°  Type  qtâil  <:cl.  qutâUu".  Ex.  :  Màib  <cl.  hulâibii",  usité 
à  Kfâr^abida  seulement  comme  nom  propre  (diminutif  de  kàlb 
ffchien^î  <;cl.  kâlbu");  "bàid  crnom  propre  d'homme,  de  localité, 
de  bœuf  un  peu  noir?-)  <  cl.  ^bàidii",  diminutif  de  *^aM  «fesclave 
[  noir]  -n  <:  cl.  ''âbdu"  ;  èbàib  ^  un  pe(i  t  jeune  homme  y)  <  *subaibu'' , 
cf.  suwâibbu",  diminutif  de  sâb^  tf jeune  hommes  <<  cl.  sâbbii" ; 
dwàik  wpetite  jarre  à  long  cou,  petit  oiseau  à  crêter)  (cf.  cl. 
duwâihu")^  diminutif  de  dik  cfcoq^^  <ccl.  dîku"  ;  hhàil  <  cl.  kuhâiiîi" 
renom  de  bœuf  un  peu  rouge??,  cf.  cl.  'ukàihilu,  diminutif  de 
'âkhal  wrougeâtre  -n  <:cl.  Whhalu  ffqui  a  les  paupières  de  couleur 
brune??;  mlàUi  dans  bu  mlaih  cmiets  fait  de  tranches  de  pain  sec, 
d'oignons,  etc.??,  diminutif  de  molh  tfsel??  <c:cl.  mtlfm";  bràij  dans 
bu  brâis  tf  lézard??  (cf.  cl.  sâmma  'âbram  rr  lézard??),  diminutif  de 
'àbras  w lépreux,  blond??  <:  cl.  'âbrasu;  siâilê^  diminutif  de  *sàtlé 
(féminin)  fait  sur  s^// c? seau??  <:  cl.  sâtlu'* ;  bnài  wfils??  (terme  de 
tendresse)  <:  cl.  bunànju",  diminutif  de  'ôbn  fffîls??  <:cl.  ibnu"; 
mwrti  weau^?  <:  cl.  muwâvyu",  diminutif  de  mâ'u"  ff  eau??  (inusité  dans 

(^)  On  a  dit  parfois  que  l'arabe  classique  lui-même  semblait  connaître  des 
exemples  de  raltération  du  vocalism'^'  et  surtout  de  la  réduction  de  la  diph- 
lon/jue -ai- caractéristique  du  diminutif-,  ex.:  huzaltiju"  au  lieu  de  *huzailiyu'' 
ffle  poète  de  la  Ir'iha  de  htizàih  ;  yuldmu"  «jeune  hommes  en  face  du  syr.  "lahna, 
taqj.  'ulaim-,  etc.  (cf.  Rubens  Duval,  p.  920).  Mais  il  s'agit  évidemment  do 
formations  divergentes.  Il  y  a  ici  deux  questions  à  part  :  la  réduction  de  la 
diphtongue  et  la  forme  diminutive  qutâlu"  (cf.  Noldkke,  Beilrdire  zitr  semit. 
Sprachwisseiisckafl ,  p.  36  et  suiv.)  sur  lesquelles  il  est  diflicile  de  se  pro- 
noncer. 


MORPIIOLOOFF.  '235 

noti'o  parler);  Jm'i  fd'vi've-o  <cl.  'tihânju",  diminiilif  de  ^/ihu"  |)eii 
usilo  sons  la  forme  \ik  l\  Kfâr'abîda  t'^;  h/ii  crpèie^-)  <:cl.  'nhàhju", 
diiiiiiiuliCdo  \'dm"  (f père ^7»^);  Mul  (pi.  niaûlnl)  wiin  jeune  eulant^i 
<('!.  wulàijlu" ;  swài  cfun  peu^^  <:;cl.  suivàljjii",  diriiinutif  de  smii" 
ff choses?;  sivâili  (nom  d'une  localiié  à  Kiar^ibida)  <:  cl.  siiwâilni" 
(ou  mieux  suymlni"),  diminutif  de  .sm//  tf  vieillard,  cheikh  ?■;  <:  cl. 
sàilni" ;  s lâdé,  diminuliï  de  sâllé  cf  panier •>7,  cf.  cl.  sâllu'^ ;  skc'nkê 
ff petit  clou  pour  suspendre  les  vêlements t^,  cf.  séhhé;  mraiijê 
ff  lemme,  e'pouse^^  <:i*mufàh]ahf  <  cl.  muràialu",  diminutif  de  màra 
fc femme,  épouse 7?  <:cl.  niàr'atu''';  etc. 

2"  Type  qtànjçl  <  cl.  qtitâhjilu".  Les  diminutifs  de  ce  type  se 
forment  surtout  parallèlement  aux  adjectifs  dont  la  deuxième 
syllabe  contenait  une  voyelle  lon|»ue.  Ex.  :  zm/m/rl  (nom  propre 
d'homme,  de  famille)  <cl.  ziwiâiyilu",  diminutif  de  hnîl  crbeau^i 
<:  cl.  zaïiulu" ;  zyânjar  fftout  petite-)  <::cl.  suyàh/hm",  diminutif  de 
zyîr  r  petit "'•'  <::cl.  sayîru"  ^^"^  ;  "jqsàiyar  fftrès  court ■••»  ■<  cl.  qusâi- 
yirii",  diminutif  de  '/qsîr  <  cl.  qasîru";  r'/qânjç^q  wtrès  mince i') 
<;cl.  riiqârijiqii",  diminutif  de  rjqVjq  émince 77  <:  cl.  raqiqiC' ; 
iiMnjed  fftout  seul,  unique ^7  <:cl.  wiihAujidiC' ,  Axvamuûî  do,  uhîd 
ffseul,  unique??  <cl.  wahîdii" ;  ''mmjçjq^'^^  ff sorte  de  flûte  faite 
avec  des  roseaux ?•),  diminutif  de  ''aniqu''  ff  cou??  (inusité  à  Kfâr*^abîda 
où  on  a  "ûn'jq  <:cl.  Smqu");  '/qrànjeb  fftout  proche??,  diminutif  de 
'/qrîb  ff  proche,  voisin??  <  cl.  qarîbu";  y  ràhjçb  [nom  de  famille, 
d'homme),  diminutif  de  7n/>  ffe't  ranger??;  etc.  C'est  sans  doute  de 
ces  adjectifs  qu'est  analogique  ''maiijem  <^*\imàiifimiC'  au  lieu  de 
^Diàhn  <z.ç\.  '^nmâhnu'^  également  usité,  diminutif  de  ^«m'"  ff  oncle 
paternel,  ami??  (employé  dans  le  second  sens  comme  terme  de 
mépris  ou  de  moquerie)  <cl.  '«mmM". 

On  verra  dans  l'élude  des  formes  nominales  a  suffixation  ou  à 
simple  alternance  vocalique  quelles  formations  nominales  vivantes 
notre  parler  a  utilisées  pour  exprimer  la  nuance  diminutive. 

/S.  Infixe  -t-  <:  cl.  -ti-  ou  -îa- 

L'infixe  -t-  ne  se  rencontre,  par  contre-coup  de  la  formation  ver- 
bale, que  dans  les  noms  d'action  de  verbes  trilitères  (VHP  thème); 

(^)  On  emploie  généralement  à  Kfâr'abîda  le  mot  hil-  pour  désigner  un  ami, 
un  homme  quelconque  :  trûkna  yâ  hûna  cfMonsieur»  (ou  ccmon  ami»  ou  bien 
ffô  homme),  laisse-nous». 

(^)  On  a  également  à  Kfâr'abida  le  mot  bû-  qui  sert  à  appeler  un  prêtre  et 
rarement  un  père  de  famille  :  yà  hûna  (en  s'adressant  à  un  prêtre)  crmon  père». 

^')  s,  on  Ta  vu,  s'est  assimilé  à  la  sonore  suivante;  cf.  p.  Ai. 

^''^  Dans  quelques  villages  libanais,  notamment  à  Châmàt  (sâmaf),  on  a 
'nâiyçz.  Aussi  vaut-il  peut-être  mieux  lattacher  'miiyç'jq  à  'anàqiC  rrpetite 
chèvre»,  et",  'anzatu"  «chèvre»  (opinion  de  M.  Marçais). 


236 


DEUXIEME    PARTIE. 


ecs   noms   appartiennent  aux  types  qttâU^^  <:  cl.  iqtitâliC ;  ex. 
hfjqàr  fraction  de  mépriser,  mépris ?7  -<  cl.  ihtiqârii"  de  htâ'lqar: 

tfii   a   méprisée   <::cl.  ihtàqara  (VHP  thème   de  s/h-q-r);  htmâl 
traction  de  supporlerr»  <c:cl.  ihtimâlu"  de  htàiudl  ffil  a   supportée? 

<:cl.  ihtdmaîa  (Vlïl'  thème  de  \^h-m-l)\  etc. 

y.  Infixé  -r-. 

Comme  il  a  été  déjà  dit  (p.  69),  l'infixe  -r-  se  rencontre  dans 
la  formation  de  quelques  substantifs  isolés;  ex.  :  kar^W^^^  te  che- 
ville, cou-de-pied  17,  en  face  du  pluriel  cl.  kii^ûbu''  (le  classique  a 
A-a*iw"  au  singulier)  dont  il  ne  provient  pas  directement  (type 
qatlul), 

3.  Formations  nominales  par  suffixation  d'un  morphème. 


a.  Suffixe  -aw<:cl.  -âmC'  ou  -ânu, 

1**  Comme  en  classique,  le  morphème  suffixe -«n  < cl.  -âmC 
se  rencontre  dans  la  formation  d'un  certain  nombre  de  substantifs. 
Ex.  :  ^ensân  whomme^?  <cl.  ^insàmC'  yj'-n-s)^  cf.  aram.  bibl. 
'ànas;  rïhân  cr basilic,  myrte ?7  -<cl.  rnihânu'^  ys/r-w-h  w sentir  une 
odeun?);  hïwân  wanimal,  tout  être  qui  a  vie  et  sentiment??  < 
cl.  hayawânu"  \\/h-y~y  ff vivre??);  '/qàrbân  cf offrande??  -<  cl.  qiir- 
hânvJ'  \\Jq-r-hj\  tuf  an  w  déluge,  inondation??  <  cl.  itifânu"  (\Jt-w-fj\ 
etc.  Dans  cette  catégorie  le  morphème  -an  n'est  plus  vivant  et 
plusieurs  de  ces  mots  sont  d'origine  étrangère. 

Notre  parler,  comaie  tous  les  parlers  libanais,  possède  un 
grand  nombre  de  noms  propres  formés  à  l'aide  du  morphème 
suffixe -an.  Ex.  :  z«iJflw(^)  de  zaul  (nom  d'homme);  sehwân  (nom 

propre  \/s-h-w  ff désirer  ardemment??);  seVân  (nom  d'homme  (^') 
v/s-2-*  ffétre  courageux??);  seHân  (nom  propre  d'homme,  de  fa- 
mille v/«-*-^  rallumer,  exciter??);  sehdân  (nom  d'homme  s/s-h-d 
w  témoigner??)  ;  'jqohlân  (nom  d'homme  sjq-h-l  w  accueillir,  accep- 
ter??); ""elwân  (nom  d'homme  v^'-^-w^  ffêtre  élevé  en  dignité??); 
resdân  (nom  d'homme  sjr-s-d  trêtre  dans  la  bonne  voie??);  ne^^mân 
(nom  d'homme  \/w-^-m  ff vivre  dans  le  bien-être);  etc. 

(*)  qttàl  n'est  qu'une  forme  scliématique. 

(^)    Sur  ce  singulatij  on  a  refait  un  nouveau  pluriel  hraih  <c*haraîhn. 
W  La  conservation  de  -ai-  tient  à  l'analogie  de  la  forme  zaid  (sans  le  suffixe 
-an). 

(""J  Dissimilaiion  de  i-z  on  s-i. 


MOUPHOLOUIK.  237 

S*'  Comme  en  classique,  le  morphème  -an  <<cl.  -rînw"  ou  -ânu 
se  reiK'onIre  dans  la  t'ormalion  des  adjectifs  qui  proviennent  des 
verbes  trilitères  au  I*"  thème  (généralement  neutres),  et  qui,  à 
K(ar*abîda,  indiquent  un  état  passager  et  accidentel  plutôt  qu'une 

qualité  permanente.  Ex.  :  sekrân  ffivre^?  <::cl.  salrânu  [\/s-li-r 
ffêtre  ivre^i);  zfân  w affamé^-),  cf.  cl.  zm/ânu'*  [\/z-w-^  ravoir 
l'ai  m  17);  keslân  w  paresseux  ^^  <:  cl.  kaslânu"  [sjk-s-l  rrêtre  pares- 
seux ^  )  ;  niolyân  ff  plein ,  rempli  v ,  cf.  cl.  maVânu  ( ym-l-  cr  remplir  r>  j  ; 

telfân  ccqui  est  à  rextrémité  (malade)w  (\//-/^  cr périra);  ''ellân 
ff portant,  prenant  part  à..  .  17,  dans  ''ellân  fmnr  reprenant  part  à 

la  peine ^1  \\/''-t-l  emporter 7?);  etc.  Celte  catégorie  d'adjectifs  est 
beaucoup  plus  nombreuse  à  Kfar^^bida  quen  classique,  car  elle 
est  extrêmement  productive.  Notre  parler,  en  effet,  emploie  de 
préférence  la  forme  d'adjectifs  en  -an  là  où  le  classique  ne  la 
possède  pas,  ou  du  moins  la  possède  en  concurrence  avec  d'au- 
tres formes  d'adjectifs.  Ex.  ifo'/qdân  w regrettant,  désirant  (ver- 

missend)  une  chose  perdue^^  Wf-^-^^  ff désirer  un  objet  perdue); 
herdâîi  fc fâché,  boudant ••■»  <c:cl.  hardânu'^,  à  côté  de  hâmhC'  et 
hându"  \\Jh-r-d  ff bouder 7?);  hernân  ff rétifs?,  opposer  cl.  harûnu'' 
(\/A-r-n  ff  être  rétif  [cheval]  i?);  heznân  (^Ivisler)^  opposer  cl.  hazînu" 
et  hâzinu"  [\/h-z-n  tfêtre  triste 77);  botrân  cf pétulant  11,  opposer  cl. 
bàtiru"  [sjb-t-r  wêtre  pétulant^?);  hesrân  crqui  perd,  perdant 77, 
opp.  cl.  hâsiru'^  (vè"*-^'  fc  perdre  ■>?];  etc. 

3°  De  même  qu'en  classique,  le  morphème  -an  <cc\.  -ânu"  sert 
à  former,  dans  notre  parler,  un  certain  nombre  de  noms  d'action 
(infinitifs),  dérivés  des  verbes  trilitères  (forts  ou  faibles)  au 
I"  thème.  Ex.  :  nesyân  w action  d'oublier,  oubliai  <  cl.  nisyânu" 

y\/ n-s-ij) \  fïdàn  cr débordement,  action  de  déborder 77  -^cl.faya- 

dânu"  \\Jf-]j-d)\  hnsrân  fraction  de  perdre,  perte ^^  <:  cl.  husrânu" 

\\Jh-s-rj\    lielfàn   fraction   de  jurer,  serment 7-)   \\Jh-l-f  ff jurer 7?); 

timn  fraction  de  s'envoler,  vob?  <:  cl.  tayarânu"  \\/t-y-r)\  etc. 

(3.   Suffixes  -é,  -àwê,  -anê,  -zé,  -lé,  -hâna. 

Les  suffixes  dialectaux  -è,  -âwê,  -ânê,  -zé,  -lé,  -hâna  sont  tous 
vivants  et  se  rencontrent  dans  la  formation  d'un  très  grand  nom- 
bre de  substantifs  et  d'adjectifs  qui  expriment  une  idée  d'origine, 
de  famille,  de  secte,  de  métier,  de  qualité,  de  couleurs,  etc.  Ces 
substantifs  ou  adjectifs  de  relation  sont  presque  toujours  formés  à 
Kfar'abîda  sur  des  substantifs,  quelques-uns  sur  des  adverbes, 
mais  jamais  sur  des  adjectifs  comme  cela  a  lieu  en  classique.  En 


238  DEUXIÈME    PARTIE. 

revanche,  à  la  différence  de  la  langue  classique  qui  les  formait 
des  substantifs  singuliers  ou  des  substantifs  pluriels  ramenés  à  la 
forme  du  singulier,  notre  parler  tire  les  substantifs  ou  adjectifs 
en  question  aussi  bien  des  noms  pluriels  que  des  noms  singu- 
liers, sans  faire  subir  aucune  modification  aux  premiers. 

Celte  catégorie  de  noms,  on  Ta  dit,  est  très  vivante  dans  le 
parler  de  Kfar^abîda  qui,  à  côté  des  deux  suffixes  d'origine  classi- 
que -ê  <:  cl.  -tyu"  et  -âwê  ■<  cl.  -àwîyu",  possède  quatre  autres 
suffixes  empruntés  à  des  langues  étrangères. 

1°  Suffixe  -e<cl.  -îyu". 

Le  suffixe  -é  est  le  représentant  régulier  du  classique  -îyti".  Il 
s'ajoute  purement  et  simplement  aux  substantifs  singuliers  et 
pluriels.  Ex.  : 

a.  —  Pour  les  substantifs  singuliers  :  \irde  ff terrestre  i? 
<cc\.  ^ardîyu",  de  ^àrd  w terre i?  -<  cl.  'ardu";  lobnâné  w libanais?? 
■<cl.  luhnànhjiC' ,  de  lobnân  w Liban??  <  cl.  lubtumii'';  màrûnê  w ma- 
ronite^? <<néo-cl.  mârùmyv",  de  mârmi  :rMaron  (nom  propre)??; 
wârdé  ff  couleur  de  rose??  <:  cl.  ivardiyu",  de  w/trd  fcrose??  <cl. 
wârdii";  msîhé  ((chrétien  V  <  cl.  masthîyii",  de  nisih  ff  Christ??  <:  cl. 
wasihu"  ;  bâdœé  ff  bédouin??  <  cl.  badawlyu",  de  bàdu  ff  désert  i? 
<:  cl.  bàdwu";  dâmwê  ff  sanguin??  <  cl.  daniawîyu"  {h.  côté  de  cl. 
damîyu"),  de  dam"'  <cl.  dâniu'^;  etc. 

b.  — Pour  les  substantifs  pluriels  :  sâ^âté  ff  horloger??  <  néo-cl. 
sâ^'âllyti",  de  ()luriel  s(fât  <:  cl.  sâ^âlu"  pluriel  de  sâ^a  ff  horloge, 
heures?  ^^  c\.  sâ\iiu"  ;  zrâihé  ff  chirurgien??  <:^zaiailuyii''  (cf.  cl. 
ziràhiyu"),  dezrâyçh,  pluriel  de  zyrh  <  cl.  zûrhu"  ff  blessure  i?  ; 
è/^Zto  ff  fabricant  de  bâts??  •<:*zalâlàtlyu'',  de  zlàlât  pluriel  de  zlâl 
(pris  pour  un  singulier)  <<  cl.  zilâlu",  pluriel  de  zûUu"  ffbât?? 
(inusité  à  Kfâr^abîda);  hâtiâtè  ff  hôtelier??  <:*hânâlîyu''  de  hànât 
pluriel  de  A^m  ff  hôtellerie  1?  <:néo-cl.  (turc)  hânu";  etc. 

2^^  Suffixe  -àwè  <ccl.  -àtvîyu". 

Le  sulïixe  -âwê  s'ajoute  uniquement  aux  substantifs  qui  se  ter- 
minent par  à  long  pour  en  former  des  adjectifs  relatifs (^^.  Ex.  : 
frensâwè  ff  français??  (cf.  néo-cl.  faransîyu"),  de  frânsa  <:  néo-cl. 
faransà  ffFrance??;  fw/vawcff  bienheureux i?  <:  cl.  tiibàwîyu'*  (à  côté  de 
tûbawîyu''),  de  tuba  ff  béatitude??  <:  cl.  tûbà;  kfàr^bïdmvé  ff  habitant 
de  Kfar%^bîda??,  de  Kfàr'^abida;  yâfâwè  ffde  Jaffa  (orange)??,  de 
yâfa  ff  Jaffa??;  heltâwê  ff  habitant  de  Hiltâ  (village  libanais);  etc. 

3°  Suffixe  -âné  <  néo-cl.  -ànhpC 

Le  suffixe  dialectal  -ànê  s'ajoute  à  un  certain  nombre  de  sub- 

^'^  Comme  si  tous  ces  adjectifs  élaiciit  dérivés  do  racines  ultimae  w. 


MORPHOLOGIE.  *239 

sLantifs  ou  tradvcrbos  pour  eu  iaii'c  des  adjcctils  de  relation  (|ui 
expriment,  ^généralement,  un  sens  abstrait ^'^.  Cette  formation 
en  -ânr,  em[)loyoe  par  les  auleurs  arabes  modernes  (pii  traitent 
particulièrement  de  sujels  religieux,  est  un  emprunt  à  la  langue 
syria(]ue.  Ex.  :  rû/jânè  cfspiritueh?  <c:néo-cl.  rïi/iànîyu",  de  rûfi 
ff esprit,  ame^7  <:  cl.  rùhu",  cf.  syr.  rûhânâyâ;  zesdâm''  cr corporel 7? 
<:néo-cl.  zasadânîyu" ,  de  zâsçd  w corps ^'j  <  cl.  zâsadu"  ;  "^elmânè 
ff  laïque,  civil  ^•j  <:  néo-cl.  '^ahnâîiiyu",  de  ^àlçm  ff  monde  77  <  cl. 
^âhiimf,  cf.  syr.  '^âlmânâyâ;  ko^lq'jqâné  ff  juste '7  <c.  *  haqqâmyu" ,  de 
ha/q''''  ff  droit,  justice^)  •<Zi'i.  hàqqu"  ;  fulqânè  ff  supérieur,  extra  77 
-cZ^frtuqâniyu",  defâulq  ff  au-dessus -"^  ■<.€[.  friuqu;  U'htânc  ffinfé- 
rieun^  ^c^' lahlânUjiC ,  de  ti'iht  ff  au-dessous  ^i  <:cl.  iâhtu;  helfâné 
(à  côté  de  hlaîfâné)  ffqui  est  derrière 77  <c  * halfànîyti" ,  de  hâlf 
ff  derrière  i^  <<cl.  hâlfu;  yqddmâné  [auRlogie  de  helfâné)  ffqui  est 
devant^^  -^c^qudmânîyu",  de  'jqoddâm  ff  devant^^  <:  cl.  quddâmu";  etc. 

4°  Suffixe  -zé  <:  turc  -zi. 

Le  morphème  suffixe  -zr  <turc  -zi  s'est  adjoint  dans  notre 
parler  à  un  certain  nombre  de  mots  pour  en  former  des  noms  qui, 
comme  en  turc,  indiquent  le  métier,  la  profession,  l'habitude, 
etc.  Cette  adjonction  fait  subir  aux  formes  nominales  les  modifi- 
cations suivantes  :  1.  Abrègement  de  la  voyelle  longue  quand  elle 
se  trouve  suivie  d'un  groupe  de  consonnes  :  dûkkânzé  ff  bouti- 
quier 77,  de  dukhmi  ff  boutique  •>•»  <:  cl.  dulhânu'^;  duhhdnzé  ff  mar- 
chand de  tabac 77,  de  duhhân  <:  cl.  duhhânu"  (ou  duhânu"); 
2.  Suppression  de  toute  finale  vocalique  :  i^ç/wrmie  ff  fabricant , 
marchand  de  douceurs 77,  de  cl.  halwànîyu"  (même  sens)  ^*ïœl~ 
ivâné;  ^jqàhuzê  ffcafetier77  <<.*'' Iqàhwzè'^^\  de  ^Iqàhwé  ffcafé7i  -<  cl. 
qâhwaiu"  ;  liindàrzê  ff  cordonnier  77,  de  hùndra  ff  soulier  (façon  euro- 
péenne) ■<  turc  qundura;  3.  Rétablissement  analogi(jue  d'une 
semi-voyelle  déjà  disparue  de  la  forme  nominale  et  vocalisée 
comme  sous  2  :  yâluze  ffqui  vend  cher  77  <c*'ycilwzé,  de  yâlé  ff  cher  77 

<  cl.  yâlnf  [\/y-l-w);  hàkuzé  ff  bavard ,  grand  parleur  77  <:*M^tt;2V, 
de  hâkê  <:.c[.  hakyu"  ff  parole  17  \\Jh-h-yj\  k.  Aucune  modification 
dans  les  noms  qui  se  terminent  par  un  groupe  de  consonnes  ou 
par  une  seule  consonne,  précédée  d'une  voyelle  brève  :  hârhzé 
ff  guerrier,  homme  de  guerre  77,  de  hàrb  ff  guerre  ^7  <^c\.  hârbu"; 
mo^jqWz'e  ff  carrier  77  (dissimilation  régressive  de  a  en  e  >o),  de 
majqle^  ff  carrière  77  <c:cl.  inàqla^";  hddàrzé  ff  marchand  de  légumes  77, 
de  hèdar  ff  légumes 77  <  cl.  hidaru'^;  mlaufohzê  (à  côté  de  mlau- 
fo^qié)  ffqui  n'est  pas  droit,  qui  tire  au  flanc 77,  de  dial.  mlâiifdk 

('^   Dans  la  langue  philosophique  et  théologique  moderne,  et  par  imitation 
clans  la  langue  populaire. 

^'^^  Le  w  se  vocalise  comme  à  l'initiale  (usôlna  'eCvuasdlnâ). 


2â0  DEUXIÈME    PARTIE. 

(ou  mlâufd^/q)  ff  qui  ne  marche  pas  droite?  ;  mza^bôrzé  wqui  trompe , 
qui  tricher),  de  dial.  mzâ''bdr  (même  sens);  dans  les  derniers 
exemples  il  y  a,  en  outre,  déplacement  de  Taccent  qui  est  atliré 
vers  la  pénultième.  Par  analogie  avec  ces  noms  on  a  :  mô'/qmârze 
ff  qui  joue  à  un  jeu  de  hasard '?,  cf.  cl.  mnqâmini"  wqui  joue  avec 
quelqu'un  à  un  jeu  de  hasardai;  mo^màrzé  wmaçon^^,  de  dial. 
mô^mârc  -^.^mô^iârijju" ;  5.  Une  certaine  modification  du  voca- 
lisme dans  les  mots  empruntés  avec  le  suiïixe  -zê  à  la  langue 
turque  :  ^«rkV  (à  côté  de  ''àrhaiè)  ff  cochers?  <:  turc  %rabazi,  de 
turc  \(raba  (ar  .dial.  \irbîijè);  téb^zé  ff  artilleur??  <:  turc  topzu;  yâzezê 
(nom  propre  d'homme)  <:Uirc  yazezi  ff  écrivain??;  clc.  Comme 
on  le  voit,  le  morphème  -zé  est  assez  vivant  à  Kfar*^abîda  et  dans 
les  parlers  libanais  comme  dans  la  plupart  des  parlers  arabes 
modernes. 

5°  Suffixe  -lé  <cturc  -U  (ou  -lu). 

Le  morphème  suffixe  -/<?  provient  du  turc  -li  et  s'ajoute  comme 
lui  aux  noms  pour  en  former  des  adjectifs;  il  n'est  pas  vivant 
dans  le  parler  et  n'existe,  à  ma  connaissance,  que  dans  'kâbôrlé 
ff  noble,  grand,  notable??,  de  'kâbar  ff  grands??  <  cl.  'ahâbiru 
pluriel  de'âkbaru  ff  plus  grand?? ,  et  </o/iJ/»<^<//e  ff  consciencieux??,  de 
démmê  ff  conscience??  -<  cl.  dinimatu". 

6**  Suffixe -/?«/?«  <:turco-pers.  hànê. 

Le  suffixe  -hâna  provient  du  turco-pcrsan  hànê  ff  maison,  domi- 
cile?? et  se  rencontre  dans  la  formation  d'un  certain  nombre  de 
substantifs  qui  désignent,  généralement,  des  établissements 
publics,  des  ateliers,  etc.;  ex.:  batralhâna  ff  maison  habitée  par  un 
prêtre  ou  un  évêque  qui  représente  le  patriarche  dans  un  pays 
étranger??,  de  bàtrak  ff  patriarche??  <;  néo-cl.  bâtraku"  (grec); 
hâsi[a\hâ?ia  (à  côté  de,  par  dissimilation,  %st[a]hâîia)  ff  hôpital??, 
de  dial.  hâsta  ff  malade,  faible??  <  turc  hasta,  cf.  turc  hastahânë; 
zabahâna  ff  gibecière,  dépôt  de  munitions,  de  poudres??  <turc 
zebhânê  de  zçbç  (pers.)  ff  armure  et  arme  en  général  i?;  luotranhâna 
ff  maison  habitée  par  un  évêque  oriental  qui  réside  dans  un  pays 
étranger??  <<  néo-cl.  mutrânhânatu" ,  de  muirân  ff  évêque??,  cf.  syr. 
metràn;  etc. 

y.  Suffixes  -ya<:c\.  -yà'u;  -^«<:cl.  -au'\  -au. 

1°  Suffixe  -ya  <cc\.  -yau. 

Gomme  en  classique,  le  dialectal  -y a  se  rencontre  dans  la  for- 
mation d'un  très  petit  nombre  de  substantifs  léminins  ([ui  expri- 
ment une  idée  abstraite,  comme  kôbrya  cf orgueil^?  <:cl.  kibviyau. 
Ce  morphème  n'est  plus  vivant  dans  notre  parler. 


MOUPHÛLOGIK.  2 /il 

Rcinanjne  sur  la  finale  -a  <:cl.  -«V. 

La  finale -r/  se  rencontre,  comme  en  classicjue,  dans  la  for- 
mation (le  ({uclques  substanlil's  masculins  et  surtout  dans  celle 
d'un  certain  nombre  de  noms  d'action  (infinitifs)  (|ui  proviennent 
de  verbes  tcrtiae  iv  ou  y.    Ex.  :  réya  crbypocrisie??  <::cl.   nâ'u'' 

ff  apparence  1?  {\/i'-'-y  wvoir);  z{'lm  (à  côté  de  dçka  cbez  quebjues 
vieillards)  fc  pénétration  d'intelligence  ^^  <  cl.  ctahau''  \\Jd-h-y 
wêtre  doué  de  pénétra tion 79]  ;  Uza  ff  rétribution,  amende^^  (cf. 
iéza  nîijqdè  cf peine  pécuniaire ^^  <::cl.  zizan")  i^sj z-z-y  r rétri- 
buent); hàwa  ce  air,  vent  15  -<  cl.  hacvan"  (yh-w-y  ffsouffler);  s^j/fl^ 
(à  côté  de  sàfii  et  sfâwê)  cflimpiclité,  sérénitér»  <::cl.  sa/au" 
\\Js-f-w  wêtre  limpide  17);  etc. 

2°  Suffixe  -a  <  cl.  -au. 

Comme  -au  en  classique,  le  dialectal  -a  se  rencontre  dans  la 
lormation  d'un  certain- nombre  de  substantifs  et  d'adjectifs  fémi- 
nins. Ces  derniers  servent  de  féminins  à  ceux  des  adjectifs  du  type 
^àqtçl  <:cl.  "àqtalu  qui  sont  employés  pour  désigner  les  couleurs 
ou  difformités  pbysiques.  Ex.  :  sAhm  wplein  air,  roséer»  <:cl. 
salira  u  ce  campagne,  désertai;  Vi(/m  wla  vierge  Marie  79  <:cl.  ""adrau 
w vierge  (en  général) t>;  hâmra  w rouge,  ïém.-n  <:cl.  hamrau  fémi- 
nin de  \ihmar  <<  cl.  ^àhmaru;  \irza  tf  boiteuse  77  <:  cl.  ^arzau 
iémmin  de ''d'oral -< cl.  \ï'^razti;  hàuta  w follet)  <c:*hautâ\i  féminin 
de  ^àlnvdt  <:*'ahwatu ;  bâhla  w sotte ^^  féminin  de  ''âbliçl,  etc.  Ce 
morphème  témoigne  encore  d'une  certaine  faculté  de  reproduc- 
tion pourvu  qu'il  s'agisse  d'adjectifs. 

^.  Suffixe  -2it'<c\.-iUu'\ 

Le  suffixe  -ùl  -<  c\. -ttlu'',  qui  provient  (même  en  classique) 
d'un  emprunt  fait  au  syriaque  -û9â,  se  rencontre  dans  la  forma- 
lion  d'un  petit  nombre  cle  substantifs  exprimant  une  idée  abstraite 
ou  (dialectalement)  l'idée  du  diminutif.  Ex.  :  lâkût  crdivinité, 
théologie^:»  <:néo-cl.  lâhûhi",  cL  syr.  'âlâMOâ;  malhut  ff  royaume -o 
<:cl.  malakûtu''  y\/m-l-k),  cf.  syr.  malkûOâ;  salhàt  ff  petit  crucifix  7^, 
cf.  slih  ffcrucifix77  <<cl.  salibii"  [sjs-l-b).  Ce  morphème  n'est  pas 
plus  vivant  à  Kfar^abîda  qu'en  classique. 

e.   Suffixe  -e<:cl.  -atii". 

Le  dialectal  -è,  correspondant  régulier  du  cl.  -atu",  sert,  comme 
en  classique,  à  caractériser  le  genre  féminin,  et  comme  tel  il  se 
rencontre  dans  beaucoup  de  formations  nominales.  Il  s'ajoute 
alors  purement  et  simplement  à  la  forme  masculine  pour  en  faire 

PARLER  DE  KFAr'abÎDA.  i6 


2/l2  DEUXIÈME    PARTIE. 

un  féminin  sans  ajouter  à  la  signification  d'autre  nuance  que  la 
notion  du  genre.  Aussi,  pour  éviter  des  répétitions  inutiles,  on 
ne  parlera  pas  ici  de  celte  formation  mécanique.  On  se  bornera 
à  traiter  des  cas  où  le  suffixe  -è  se  rencontre  dans  la  formation 
des  substantifs  ou  des  adjectifs  à  la  base  desquels  il  n'y  a  pas 
de  formations  masculines  ou  du  moins  de  ceux  dans  lesquels 
l'adjonction  de  -è  amène   quelque   modification  sémantique  ^^\ 

1°  Comme  en  classique,  le  suffixe  -ê  se  rencontre  dans  la  for- 
mation d'un  assez  grand  nombre  de  substantifs  féminins  appelés 
par  les  grammairiens  de  l'arabe  classique  caioms  d'unité?^^^^.  Ces 
substantifs  se  forment  par  l'adjonction  pure  et  simple  du  suffixe 
-ê  à  d'autres  substantifs  qui  indiquent  une  collection  d'êtres  de 
même  espèce  et  on  obtient  alors  l'idée  d'unité,  d'individualité. 
Ex.  :  wàrdé  frune  rose^^  <:cl.  wârdatu",  de  wârd  ffrose  (en  général) 
=  des  roses 7t»  <:cl.  wârdu";  zàhra  wune  fleur 77  <:cl.  zâliratu",  de 
zcihr  w fleurs 7?  <c  cl.  zàhru'^;wàr'lqa  cfune  feuille  ^i  <ccl.  wàraqatu", 
de  wàrajq  cr feuilles i'»  <  cl.  wàraqu";  nàhlê  ffune  abeille 77  <  cl. 
nàhlatu",  de  nàhl  cr abeilles  )•)  <:  cl.  nàhlu" ;  damé  en  face  de  class. 
'idâmu"  ffce  qu'on  mange  avec  le  pain 77;  hartûsé  de  hartûs  ff  car- 
louches  77;  yormisa,  de  y  orrais  w  ortie  77  ;  daifûra,  de  dalfûr  w  figues 
précoces 77,  etc.  Cette  catégorie  de  substantifs  est  encore  assez 
vivante  à  Kfar^abîda. 

2°  Gomme  en  classique  aussi,  le  suftixe  -é  se  rencontre  dans  la 
formation  des  substantifs  féminins  qui  indiquent  que  l'action, 
exprimée  par  le  verbe,  a  eu  lieu  une  seule  fois^^l  Ces  substanliis 
sont  formés  sur  le  type  qàllé  <:  cl.  qàllahC  lorsqu'ils  proviennent 
de  racines  trilitères  au  I"''  thème.  Aux  autres  thèmes,  ils  ont  les 
mêmes  formes  que  les  noms  d'action  (infinitifs)  des  verbes  trili- 
tères dont  ils  proviennent.  Notre  parler  ne  possède  plus,  actuelle- 
ment, que  les  substantifs  du  type  qàtlé.  Ceux-ci,  en  revanche, 
sont  nombreux  et  la  catégorie  est  vivante.  Ex.  :  zàlsè  ce  une  ses- 
sion 77  <:cl.  zâlsatu"  y\/z-l-s  ffs'asseoir77  j  ;  dârbè  wun  coup^  <:  cl. 
dârbatu''  [s/d-r-h  fffrapper77 j;  Jiàmlc  wce  qu'on  porte  en  une  fois 77 
<: cl.  hdmlatu"  y\/h-i)i-l  ff porter 77 j;  etc. 

Il  faut  remarquer  que,  à  la  différence  du  classique,  notre 
parler  est  en  train  de  perdre  de  vue  la  nuance  spéciale  exprimée 

(')  Le  poinl  de  vue  envisagé  ici  n'est  donc  pas  tant  un  point  de  vue  morplio- 
logiquc  qu'un  point  de  vue  sémantique. 

^'■'^  Cf.  ce  qu'on  appelle  des  sinfrulalifs  dans  la  grammaire  de  certaines  lan- 
gues celtiques  modernes. 

(^^  Cet  emploi  est  très  analogue  à  celui  qui  vient  d'être  signalé  («sin- 
gulatir»). 


!M()RIMIOLO(;iK. 


2/(3 


par  ia  Wwmo  qâllè.  La  plupart  du  temps,  en  ciïel,  il  fait  suivre  de 
radjectil"  ivâhdc  cr seule,  unique ^7  <:cl.  wahi(lalu"^^'>  les  substantifs 
(jui  indiquent,  à  eux  seuls  et  par  eux-mêmes,  en  classique,  que 
l'aclion  a  eu  lieu  une  seule  fois.  Ainsi,  pour  indiquer  que  Taction 
exprimée  par  le  verbe  dàraha  ffil  a  l'ra[)pé77  a  eu  lieu  une  seule 
fois,  le  classique  employait  simplement  le  mot  dârbatu",  tandis 
qu'à  Kfar*^abîda  on  se  sert,  de  preTérence,  de  dàrhè  wâhdê^^^\  ce 
qui  serait  une  incorrection  en  classique.  La  lan[[ue  classique,  on 
le  sait,  se  servait  de  Tadjeclif  wa/<ârt/w"  uniquement  après  les 
substantifs  féminins  munis  déjà  du  suffixe  -ahi"  (sans  que  ce 
suffixe  leur  ait  donné  le  sens  du  singulatif),  lorsqu'elle  veut  en 
former  des  substantifs  qui  indiquent  que  Taclion  a  eu  lieu  une 
seule  fois.  Par  exemple,  pour  exprimer  Tidée  de  ff miséricorde, 
compassion 77,  on  disait,  en  classique,  ràhmatu";  mais  pour  expri- 
mer tfun  seul  acte  de  miséricorde ",  on  ajoutait  Tadjectif  wâhi- 
datu"  w seule 7?,  et  on  disait  râhtnatu"  wâhidatu" . 

3°  Le  suffixe  -é  se  rencontre  dans  la  formation  d'un  assez  grand 
nombre  de  substantifs  exprimant  une  idée  abstraite;  ces  substan- 
tifs abstraits  se  forment  par  l'adjonction  de  -é  aux  adjectifs  rela- 
tifs qui  sont,  généialement,  du  type  qâllé  <:  cl.  qalUiju",  soit 
donc  qatlîyê  <:cl.  qatUyatii".  Ils  servent  à  donner  une  expression 
substantive  à  la  qualité  exprimée  par  ces  adjectifs.  Ex.  :  zmnHyê 
ff  réunion,  assemblée,  association  77  <:cl.  imiCîyatu'\  de  *zàm''ê 
<ccl.  zani'îyu",  adjectif  relatif  de  zâm''  ff  foule  77  <:  cl.  zàm^u";  kam- 
mîyê  ff  quantité  77  «<  cl.  kammîyatu'',  de  *Minmê  <c:cl.  kammtyu", 
adjectif  relatif  de  kàm  (cf.  Mm)  ff  combien  77  <c;cl.  kàmmii"  ffquan- 
tité77;  hahrhjé  ffune  petite  nouvelle77,  de  ''habvhju'',  adjectif  relatif 
de  hàbar  ff  nouvelle  ^7;  bardîyè  ff  fièvre  précédée  de  frissons  77,  de 
*bardhjiC',  adjectif  relatif  de  bard  ff  froid  ^7  <  cl.  bârdu";  daurîyé^ 
ff  accès  de  fièvre  qui  arrive  tous  les  deux  jours77,  de  ^danrîyu", 
adjectif  relatif  de  dàiir  ff  accès  de  fièvre,  retour  77  <:cl.  dâiiru"; 
hairîyê  ff  bonté,  avantage  77  -<  cl.  lmriyaM\  de  hair  ff  bien  77  <:  cl. 
hâiru";  etc. 

Cette  catégorie  de  substantifs  est  extrêmement  vivante  à  Kfar- 
''abîda  et  comprend  même,  à  la  différence  du  classique,  un  certain 
nombre  de  formes  qui  expriment  une  idée  concrète.  Ex.  :  ^ardîyê 
ffpot  de  chambre,  fond  d'un  vase,  sol  d'une  maison 77,  de  'àrdê 
ff  terrestre 77  <:cl.  'ardlyti",  adjectif  relatif  de  'ârd  tfterre77  <:cl. 
'ardu";  sûjhjè  ffvêlement  large  en  laine  que  portent  les  prêtres 

(1)  On  se  sert  souvent  à  Kfar'abida  (comme  dans  tout  le  Liban),  et  dans 
le  même  sens,  des  mots  fard  «unité?'  <<  cl.  fârdn!'  et  'âuwal  «premier?) 
<Cci. 'duwalu  qu'on  met  avant  le  substantif  en  question  :  zâbu  mon  'duwal  (ou 
mon  fard)  'Iqâmzé  «fit  fatleignit  d'un  seul  bondw. 

(^)  Bien  qu'on  puisse  dire  quelquefois  simplement  dàrbé. 

16. 


2/ilâ  delxièaie  partie. 

orientaux  17,  de  "^'sûfê,  adjcclif  relatif  de  sùf  cr laine ^^  <:cl.  syfiC"; 
samsujè  ^ombrelle  (parapluie)^?,  de  sàmsé  wsolaire,  exposé  au 
soleil  77  <:  cl.  samsîyu",  adjectif  relatif  de  sVhus  ff  soleil  77  -^cl.sàmsii"; 
hellâbiyê  wqui  donne  beaucoup  de  lait  (vache) 77;  najqdkjê  w argent, 
monnaie  de  bon  aloi77  (cf.  cl.  dirhamu"  nâqdu"  tr monnaie  de  bon 
aloi  77 )  ;  zûndiijè  rc armée ,  soldats 77 ,  de  zûnd  ■<  cl.  zundu"  w  troupes •'7  ; 
zellâbîyê  w  tablier,  robe  large  77  et  beaucoup  d'autres  exemples. 

li°  Gomme  en  classique,  le  suffixe  -é  se  rencontre  dans  la  for- 
mation d'un  grand  nombre  de  substantifs  féminins  (noms  d'action 
ou  simples  substantifs)  de  significations  variées  et  qui  appar- 
tiennent à  des  types  différents  : 

a.  —  qûtlê  <cl.  qiitlatu'%  qui  indique,  généralement,  une  idée 
abstraite  ou  un  sens  passif;  ex.  :  hémra  ff rougeur 77  <c:cl.  hûmratu"  ; 
hodra  cf verdure,  légumes 77  <  cl.  hûcfmtu";  "ojqdc  rr nœud 77  <<  cl. 
%qdatu^\  /oy<//ue  rf  bouchée  77  <:cl.  lûqniatu";  sohbé  ((  dumûé ,  société  77 
^Z  ç\.  sûhhatu"  ;  sûrhê  crgrand  nombre,  plusieursT?  <cl.  sûrbatu" 
«troupe 75;  etc. 

b.  —  qétlê <: cl.  qûlatu",  qui  indique,  généralement,  un  fragment, 
une  portion,  un  exemple,  etc.;  ex.  :  Imsa  cr portion,  parU  <cl. 
Iiissatu" ;  for'Jqa  cf parti,  division 77  <^  cl.  firqatu"  ;  "èbra  w leçon, 
exemple 77  <c:cl.  Hbratu";  ^Iqôfa  cf  morceau,  pièce t?  <:  cl.  qifatu"; 
^jqùsmè  tf  fragment,  division 77  <:cl.  ^«s/ua/w";  y^osj-e  crécorce,  peau 
d'un  arbre,  coque 77  <c  cl.  qièraW  ;  hérbé  ff  ruine 77  <c  cl.  Jnr- 
balu";  etc. 

c.  —  qâtlé  <  cl.  qâtlatii",  ou  qàtalatu'',  qui  exprime  une  idée  abs- 
traite ou  concrète;  ex.  :  dmdê  r puissance,  royaume 77  <  cl.  dàn- 
/a/w";r?a//we  ff  magnanimité,  fierté 77  <cl.  nàhxvalu" ;  dâi/a  fc village 77 
<  cl.  dnj^atu";  ^Iq/irijè  w bourg 77  <::cl.  qâryalu";  sâmlê  cf  bandeau, 
petit  turban 77  <c  cl.  sàmlatu";  sàrCa  w métier 77  ■<  cl.  sân%hi" 
w œuvre 77  ;  hâsné  r aumône,  bienfait 77  <:  cl.  hâsanalii" ;  rajqbé 
ffCOU77<::cl.  ràqabatu";  etc. 

d.  —  qlâlé <ccl.  qilâlalii"  (on qittâlalu"  ou  qatâlatu"^^^),  qui  indique 
généralement  une  idée  abstraite;  ex.  :  hlâbê  récriture 77  <:cl. 
kitâbatu"  ;  Uâlé  ff  métier  de  portefaix  77  <  cl.  Stâlatu"  ;  smâ/ta  tf  gé- 
nérosité 75  <:  cl.  samâhatu"  ;  mhâm  w habileté 77  -<  cl.  mahâratu"  ; 
stara  rr  finesse,  habileté  77  <c;cl.  mtâratu"  tr  ruse  77;  Inâsé  ff  balayu- 
res 77  <  cl.  hunâsalti"  ;  zbàlè  ff  balayures  77  <  cl.  zubâlaln";  hsàm 
ff  perte  77  <::c\.  hasâratu";  '^râda  ff  fusillade  de  rejouissance,  fanta- 

(')  Les  trois  formes  aboulissent  phonéti([uement  au  même  résultat  dans 
noire  parler.  — ■  La  deuxième  forme  {qutdlalu")  indique  plus  souvent  que  les 
autres  une  notion  concrète. 


MORPHOLOGIE.  2/l5 

sia,  salve w  <cl.  \irâiîahC' ;  %uira  ff construction,  maisons  <:  cl. 
Hmâratu"  ;  etc. 

e. —  qlilo^d.  (inlihitu",  qui  indique,  g(5ne'ralement,  une  notion 
concrète  et  passive;  ex.  :  hlîhê  cfécrilureii  <  cl.  hilîbalu" ;  fililê 
w vertu,  mérite T?  <zc\.  fadllatu";  hsîrè^^^  rr natter  <:  cl.  Iimîralu^ 
ff  claie  pour  sécher  les  datles?^;  mdînô  ff  villes?  <  cl.  madînatu"  ; 
idtlê  ff  tresse   (de  cheveux)^    <  cl.  zadilalu"    ff  manière,  modew 

\\Jz-d-l  ff  tresser??);  ''zîhè  ff  miracle,   merveille??    <  cl.  ^izîbatu"; 
s/i'/ie  ff  vaisseau??  <:cl.  safînatu"  ;  etc. 

/.  —  qlâlè -<  cl.  qutulalu".  Ex.  :  shûlê  ff  facilité??  <:cl.  siihûïatu"  ; 
*'mûlé  ff  salaire  du  courtier??,  cf.  cl.  \imâlatu"  ;  sV/^e' ffdilïîculté?) 
<<  cl.  m'^ùbalu"  ;  ^zûhè  ff  célibat??  -<  cl.  ^uzûbalu"  ;  ftùwé  ff  géné- 
rosité, qualités  mâles??  <z  cl.  fulâwatii"  ;  mrûwê  ff  virilité,  cou- 
rage?? -<cl.  murûwatu"  (à  côté  de  muruatu");  etc.  Cette  caté- 
gorie, qui  exprime  généralement  une  idée  d'intensité,  provient 
presque  toujours  de  racines  à  valeur  intransitive. 

Nota.  —  Toutes  ces  formes  nominales,  avec  d'autres  moins 
importantes,  sont  encore  bien  représentées  dans  le  parler  de 
Kfar'^abîda. 

5°  Le  suffixe  -ê  se  rencontre  également  dans  la  formation  d'un 
certain  nombre  de  substantifs  féminins  (appartenant  à  des  types 
différents)  qui  expriment  l'idée  du  diminutif  dans  le  parler  de 
Kfar'abîda.  Ex.  :  sandu/qa  ff  petite  caisse??,  de  sandu/q  ff  caisse, 
malle  ??  <:  cl.  sundûqu"  ;f(itjût€  ff  une  mielte  de  pain  ??  <:  syr.  paOpâOâ 
(cf.  ar.  cl.  fut âtti")]  salsûhè  tf barbiche??;  basbûsa  tf petit  morceau  de 
charbon  ou  de  bois  allumé??,  cf.  dial.  basbûs  tf  prunelle  de  l'œil??; 
mâtiné  [iplus  souvent  m^'àizné)  ff  petit  pétrin??,  de  mâ^zçn  ff  pétrin?? 
<cl.  mCzanu'' ;  dûkkâné  ff  petite  boutique,  jolie  boutique??,  de 
dîikkân  ff  boutique,  magasin??  <c:  cl.  duHânii''  ;  selhmé  ^i^eliicanï^  ri  ^ 
de  sekMn  ff  canif,  couteau??  <:  cl.  siliJdnu"  ;  ^/rt/œe  ff  petit  seau  en 
bois??,  de  dâlu  tfseau??  <:cl.  dâlwu"  (cf.  p.  116);  zdrsa  ffclo-- 
chette??,  de  zàras  ff  cloche??  <cl.  zàrasu'^  ;  dânbé  ff  petite  queue??, 
de  dàn^b  ff  queue??  <:cl.  âànabu"  ;  etc. 

Remarque  I.  —  Les  formes  nominales  du  classique  qui 
indiquent  la  manière  dont  l'action  exprimée  par  le  verbe  est  faite 
et  qui  se  forment  des  verbes  trililères  (forts  ou  faibles)  au 
P'^  thème  sur  le  type  qitlaiu"  n'ont  laissé  aucune  trace  dans  notre 
parler,  où  ils  sont  périphrases  par  le  mot  moll  ff  comme??  <:cl. 

(^)  Cf.  cl,  hasirv!"  fftis'^u,  natte». 


n6 


DEUXIEME    PARTIE. 


mi6Iu"  et,  quelquefois,  par  le  dialectal  zâi  w comme 77.  Ainsi,  en 
face  du  cl.  masàijn  misijata  l-muàddabi  wj'ai  marché  la  marche 
(c'est-à-dire  je  me  suis  conduit  à  la  manière)  d'un  liomme  hien 
élevé w,  on  a  dans  notre  parler  msît  môll  (ou  zài)  el-m'âddeb. 

Cependant,  le  parler  de  Kfar^abîda  possède  encore  quelques- 
uns  de  ces  noms  de  manière  aux  autres  thèmes  des  verbes  trili- 
tères  que  le  P""  thème  (mêmes  formes  que  les  noms  d  action  de 
ces  verbes);  ex.  :  ntdsru  ntsâr  ez-h'âd  cf  ils  se  sont  répandus  comme 
(à  la  manière  de)  les  sauterelles ?î  -<  cl.  intàsarû  (i)ntisâra  l- 
zarâdi. 

Remarque  II.  —  Sauf  qâlilatu",  représenté  encore  par  dâhyê 
ff homme  très  rusé,  très  ingénieux ?7  <  cl.  dâhiyatu'',  les  types 
classiques  qatlâlatu",  qatûlatii",  qûtalatu",  qui  formaient  quelques 
noms  à  signification  masculine  (et  intensive),  ne  sont  plus  repré- 
sentés dans  notre  parler. 

4.  Formations  nominales  comportant  A  la  fois 
UN  morphème  préfixe  et  un  indice  suffixe. 


a.  ma- -f- [racine] -]--e<c:  cl.  ma- -|- [racine] -(--«/m". 

1°  Comme  en  classique,  le  cumul  du  préfixe  ma-  (m-)  et  du 
suffixe  -é  se  rencontre  dans  la  formation  d'un  certain  nombre 
de  noms  de  lieu  avec  nuance  accessoire  indiquant  que  l'action 
exprimée  par  le  verbe  est  répétée.  Ces  noms  de  lieu  sont  du 
ty])e  mâqtlê  <:  cl.  màqtalalii'^  (ou  mâqtilatu'\  màqhdatu^]  ^  lorsqu'ils 
relèvent  de  racines  trilitères  sans  consonne  faible,  et  du  type 
mqâlê  <cç\.  maqâlalu" ,   lorsqu'ils   relèvent  de   racines   mediae  w 

ou  y.  Ex.  :  majqhm  rr cimetière^  <cc\.  màqharalu'' (yq-h-ry^màs- 
hya  fr  teinturerie 77  <::c\.  niàshayahi'^  W?-^''/)'-)  ^^lyàm  c?  caverne  77 
<:cl.  mayâratu''  [\/y-w-r);  mnâra  fcminaret??  <;  cl.  manâratu'' 
\sjn-w-rj\  etc. 

2°  Comme  il  a  été  dit  à  propos  du  préfixe  ma-  (p.  9  3o),  le 
cumul  de  m{a)-  et  de  -è  se  rencoutre  dans  la  formation  dialectale 
d'un  certain  nombre  de  substantifs  qui  indiquent  finstrument  au 
moyen  duquel  on  fait  l'action;  ces  substantifs  sont,  à  Kfar'^abîda, 
du  type  màqllé (^cï.  cl.  miqlalalu").  Ex.  ;  m«/"/</rt  tr  cuiller,  truelle 77, 

cf.  cl.  mWaqalu"  \\/l-^-q)'-,  mànlqlé^^^  fftout  ce  qui  sert  au  trans- 
(')  Dans  le  deuxième  sens  il  représente  le  turc  manqala  (même  sens). 


MOUPIIOLOfilK.  2/l7 

port,  esj)(''cc  do  jeu  arabe  à  casiers 77,  d".  cl.  minqalalii"  [\/n-q-l); 

mârnlia  ffévenlail^,  cf.  cl.  miiwalialu"  \\Jr-w-lij\  màzrfè  w pelle, 
râteaiin,cr.  cl.  miirafalu";  etc.^^l  Cette  cuté(]orie,  ainsi  que  la 
préce'denle,  est  encore  bien  vivante  à  Kfai^abîda. 

3°  Le  cumul  du  ])reTixe  ma-  et  du  sulTîxe  -é  se  rencontre  enfin 
à  Krar\^bîda  dans  un  certain  nombre  de  substantifs  qui  expriment 
une  idée  abstraite  et  sont  du  type  mâqtlè  <^  cl.  mâqtalatu"  ^^K  Ex.  : 
inàdhhé  wun  ridicule,  objet  de  risées  \\Jd-h-h  crrirew^^^);  mdshra 
ff ridicule,  riséew  <  cl.  mâsharaiu'^  \\^-b-^j'->  mâsiha  rrépuLli- 
que,  fonction  de  maire  de  village w  {\/s-y-h);  mâslha  ff emploi, 
avantage,  occupation ^î  <<  cl.  mdslahatu"  y\/s-l-h);  mo^rfé  [màzrfè) 

w  connaissance  77  <:  cl.  mâSifatii'^  W^'''/)'-»  ^^^(^^7^^  w  occupation  « 
(dans  mn^éndçk  là  sûyl  ulâ  màsylê  fftu  n'as  rien  à  faire ^)   <:  cl. 

màsyalahi"  {\/s-y-l);  mâdbJm  w  carnages  {\Jd-b-h  ce  tuer  77);  etc. 
Ces  substantifs  abstraits,  qui  sont  en  majeure  partie  des  noms 
d'action,  sont  assez  nombreux  et  assez  usités  à  Kfar^abîda. 

Remarque.  —  Les  substantifs  classiques  du  type  màqtalatu", 
qui  indiquent  le  lieu  où  Taction  se  fait  fréquemment,  servent, 
quelquefois  aussi,  ou  le  sait,  à  indiquer  le  lieu  où  une  cbose  se 
trouve  en  abondance.  Ils  sont  très  rares  dans  ce  dernier  emploi  à 
Kfar^abîda  et  ne  sont  plus  représentés  que  par  deux  ou  trois 
exemples  comme  mo'/qtâyé  wcliamp  de  concombres w(^),  cf.  cl. 
mâqOaatu",  de  majqté  te  concombres  77,  cf.  cl.  qiôau";  niâsilè  w pépi- 
nière, semis 75,  de  scill  tr plant 77  <:syr.  seôlâ  (cf.  hébr.  sâOcd). 

/3.    ?«Ô- -f- [racine] -[--^*<  cl.   ??ll- -|-[  RACINE ]-]- -«^î*"« 

Le  cumul  du  préfixe  mô-  et  du  suffixe  -è  ne  se  rencontre,  à 
Kfar'^abîda,  que  dans  la  formation  d'un  petit  nombre  de  substan- 
tifs qui  indiquent  l'instrument  avec  lequel  se  fait  faction  expri- 
mée par  le  verbe  et  qui  proviennent  de  racines  à  troisième  radi- 
cale faible.  Ils  sont  du  type  môqtâlé,  cf.  cl.  miqtâlu".  Ex.  :  moslâyè 

ff  piège  77,  cf.  cl.  îuislâtu'^  (v?"^"^)?  niàsjâijê  ff  filtre  77,  cf.  cl.  mis- 

fâtu"  [\/s-f-w)\  mohlâijê  ffsac  à  fourrage,  musette 77,  cf.   cl.  mih- 


(^)  Seul  le  cl.  miknasatu"  tr balai '7  U/k-ns)  fait  exception  et  garde  dans 
notre  parler  sa  forme  ancienne,  soit  môknsé  an  lieu  de  *rniiknsê.  Opposez  ce 
qui  a  été  dit  plus  haut  sur  la  substitution  générale  de  ma-  à  mi-  dans  notre 
parler,  p.  339  et  déjà  plus  haut. 

(^)  Quelquefois  maqtilatvJ^  et  maqtulatu'^. 

(^)  Sur  le  changement  de  d  en  d,  cf.  Phonétique,  p.  56. 

^'')  D'où  également  un  «concombre»,  plur.  majqté. 


2^8  DEUXIÈME   PARTIE. 

/rt^M"  (^\/h-l-y);  etc.  Celle  catégorie  est  encore  vivante  à  Kfar- 
'abîda^iC 

y.  m-  +  [racine]  -|-  -ê <:  cl.  mu-  +  [racine]  -\-  -alu''. 

Le  cumul  du  préfixe  m-  <:  cl.  mu-  et  du  suffixe  -è  -<  -atii"  se 
rencontre  uniquement  dans  la  formation  des  noms  d'action 
(infinitifs)  pour  tous  les  verbes  trilitcres  employés  au  IIP  thème 
(type  qâtala),  en  tant  du  moins  qu'ils  sont  usités  dans  notre 
parler.  Le  type  de  ces  noms  d'action  est  partout  mqâtlê  <<  cl.  mu- 
qâtalaiu".  Ex.  :  mi«m/e  cr  action  de   bien  agir  envers  quelqu'un  77 

<:  cl.  miizâmalatu" ,  de  zâmdl  <z  cl.  zâmala,  IIP  thème  de  \/z-m-l; 
în/qâulê  ff  action  de  s'entretenir,  de  convenir  de  quelque  chose 
avec  quelqu'un  7^  ^^^   <cl.  muqâwalatu" ,  de  '/qâwdl  <zc\.  qâwala, 

IIP  thème  de  s/q-w-l;  etc. 

S.  te-  4"  [racine]  +  -^"<  cl.  ta-  -{-  [racine]  -|-  -«^w". 

Le  cumul  du  préfixe  te-  et  du  suffixe  -ê  se  rencontre,  comme 
en  classique,  dans  la  formation  d'un  certain  nombre  de  noms 
d'action  rattacbés  parle  sens  (et  non  par  la  forme) ^^^  aux  verbes 
Irilitères  du  IP  thème.  Ces  noms  sont  formés  sur  le  type  téqtlê 
<:  cl.  tàqtilaiu".  Ex.  :  tojqdmè  cr offrande,  action  d'offrir^^  <:  cl. 
tàqdimaiu",  cf.  ^jqàddçm  ce  il  a  offert  ^^  <c  cl.  qàddama,  IP  thème  de 

\Jq-d-m  ffêtre  le  premier,  aborder  quelqu'un  17;  tûsyê  tf  recomman- 
dation, action  de  recommander,  annonce  faite  dans  les  églises  ^i, 
cf.  cl.  tâîisiyatu",  de  wdssa  w  il  a  recommandé  ^7  <<cl.  wâssà,  IP  thè- 
me de  s/w-s-y  «unir,  être  contiguw;  etc.  Cette  catégorie  est  encore 
assez  vivante  à  Kfar^'abîda. 

(')  Rappelons,  à  ce  propos,  que  le  parler  connaît  un  certain  nombre  de 
substantifs  féminins  qui  remplacent  la  terminaison  ancienne  -àtu"  par  -fiyè, 
cf.  (liai,  mrâyé  «miroirs,  en  face  de  ^mirâtu"^  -cCcl.  mir'dlii" ;  'sâyè  «bâton??, 
en  face  de  néo-cl.  'asdlu'^  (cl.  'âsa'^  >dial.  'osa);  mozayè  crclièvre»,  en  face 
de  *mi'zdiu'^  (cf.  cl.  mizâ'u");  môhbayé  «trésor  caché,  cachette»,  en  face  de 
* mahhâhi'  (cf.  cl.  mahhd'v!')\  etc.  M.  Marçais  me  fait  observer  que  ce  procédé 
est  très  fréquent  dans  les  dialectes  arabes,  particulièrement  en  tunisien,  et  il 
est  probablement  d'origine  morphologique  :  on  rend  apparente,  au  moyen  du 
-^it  final ,  la  caractéristique  df  un  féminin  qui  risquait  de  disparaître.  Le  seul 
moyen  d'empêcher  le  genre  féminin  de  se  confondre  ici  avec  le  genre  masculin 
était  d'en  extérioriser  le  signe  morphologique  :  le  classique  réalisait  celte 
extériorisation ,  p.  ex.  pour  mikwâlu",  au  moyen  de  -lu";  le  postclassique  l'avait 
réalisé  en  transformant  'dsa"  en  'asdtu" ;  le  dialecte  a  perdu  de  bonne  heure  ce 
procédé  (ju'il  remplace  par  -é ,  signe  morphologique  équivalent  du  féminin,  et 
remédie  à  l'hiatus  après  -a-  (-w-)  par  Tintercalation  de  la  consonne  y  :  hiatus 
évité  au  minimum  de  frais  (sous  l'influence  des  racines  à  3"  consonne  faible, 
et  IV  étant  ramenés  à  y). 

(^)  Palabre  (sens  commercial). 

(•■''  La  forme,  en  effet,  est  évidemment  celle  du  I"'  thème. 


MOHPnOLOGIK.  2/l9 

5.  Formations  nominales  comportant  \  la  fois 
UN  morphème  infixe  et  un  indice  suffixe. 

Les  formations  nominales  comportant  à  la  fois  un  infixe  et  un 
suffixe  ne  se  rencontrent,  à  Kfar'abîda,  (jue  dans  un  certain 
nombre  de  diminutifs  féminins.  L'infixé  est  alors  toujours  -ai- 
elle  suffixe -^' <: cl.  -alii".  Ex.  ;  twàinè  (cf.  cl.  iuyâmalu") ^  diminu- 
tif de  tlnè  ff  figuier  i^  <:  cl.  ttnalu'' ;  ^wâiné  (cf.  cl.  %yàinatii") , 
diminutif  de  '^àm  «œil,  source^^  <:cl.  ^aim<"(^);  ^''Iqi'nhê  «petite 
montée,  nom  d'un  village  libanais^?  <:cl.  \iqmhaliC,  diminutif 
de  ""alqhê  cr montée ^^  ■<.c\.  "àqabatu";  ^jqlài^a  (nom  de  plusieurs 
villages  libanais)  <:cl.  quUi^aiu"  «petite  forteresse 77,  diminutif 
de  'jq/d^a  «  forteresse  1?  -<  cl.  qàralu";  mâimê  «cbère  mèrew  <ccl. 
'umàimahi'',  diminutif  de  'o/m'"  «mèrew  <:  cl.  'ûmmu"  ;  t'^àilbê 
«morceau  de  bois  qu'on  met  au  bout  de  la  charrue  pour  la  fixera, 
diminutif  de  dàHahii"  «bout  du  bois  de  la  lance  qu'on  emboîte 
dans  le  fer^i  (inusité  dans  ce  sens  à  Kfar'^abîda);  hàjyé  (à  côté 
de  hàij-)  «sœur 7?  <cl.  ^uhâhjatu",  diminutif  de  'ûht  «sœur 75, 
■<  cl.  'ûhtu" ;  hnaujê  <  cl.  bimâk/atu",  diminutif  de  bout  «fille 77 
<:cl.  bmtii" ;  swànjê  «peu  de  choses?, cf.  cl.  sîiwaiyu",  diminutif  de 
si  «chose 7?  <:cl.  sàiu"^'^\ 

6.  Formations  nominales  caracte'risées 
PAR  une  simple  alternance  vocalique. 

Comme  en  classique,  les  formes  nominales  caractérisées  par 
une  simple  alternance  vocalique (^),  sont  extrêmement  nombreuses 
dans  notre  parler.  La  plupart  d'entre  elles  appartiennent, 
quoiqu'en  proportions  différentes, aux  substantifs  et  aux  adjectifs; 
quelques-unes,  au  contraire,  appartiennent  seulement  aux  sub- 
stantifs, tandis  que  d'autres  ne  comprennent  que  des  adjectifs. 
En  outre,  parmi  les  formes  classiques,  les  unes  sont  encore  très 
vivantes  à  Kfiir*^abîda;  d'autres,  au  contraire,  sont  déjà  tombées 
ou  sont  en  train  de  tomber  en  désuétude;  quelques-unes,  enfin, 
qui  étaient  très  usitées  en  classique,  ont  entièrement  ou  presque 


(')  Cf.  le  dicton  local  :  taie  'at'wàinè  wàqa'  hoVwi'nnè  tril  est  monté  sur  le 
petit  figuier  et  il  est  tombé  dans  la  petite  source  (c'est-à-dire  dans  le  puits )w. 

^'-)  Dans  hàiyê,  bnànjé  et  kv^nijè  il  y  a,  à  vrai  dire,  cumul  de  deux  suffixes 
et  non  pas  d'un  infixe  et  d'un  suffixe,  ce  qui  tient  au  monosyllabisme  du  mot 
simple. 

(^)  On  fait  naturellement  abstraction  ici  des  finales  classiques  -m",  -i^,  -a" 
(-M,  -a)  qui,  à  une  époque  extrêmement  ancienne,  ont  pu  être  de  vrais  mor- 
phèmes, mais  ne  comptent  absolument  pas  pour  les  parlers  modernes. 


250  DEUXIÈME    PARTIE. 

cnlièrement  disparu,  tandis  que  quelques  autres,  vivantes  ou 
non  dès  le  classique,  sont  encore  productives.  On  ne  passera 
naturellement  ici  en  revue  que  les  formes  nominales  qui  sont 
encore  vivantes  à  Kl'ar^abîda  ou  qui,  du  moins,  sont  encore 
représentées  dans  notre  parler. 

a.  qâtl<zc\.  qâtlu". 
(Voyelle  a  dans  la  première  syllabe,  zéro  dans  la  seconde.) 

.Cette   forme  comprend,    à   la    fois,    des  substantifs  et   des 
adjectifs. 

1*"  Substantifs.  —  La  forme  qàtl  est  très  usitée  à  Kfar'abîda  dans 
les  substantifs  et  englobe,  comme  la  plupart  des  formes  sui- 
vantes, de  simples  substantifs  aussi  bien  que  des  noms  d'action, 
des  substantifs  qui  proviennent  de  racines  verbales  existantes 
aussi  bien  que  des  substantifs  qui  n  ont  pas  en  face  d'eux  de 
racines  dont  ils  dérivent,  enfin  des  substantifs  concrets  aussi 
bien  que  des  substantifs  abstraits^^^.  Ex.  :  ^/qârn  ffCorncTî  <:cl. 
qurnu"";  *'âîn  (^œïiv  <  cl.  ^âhiu'' ;  hàrm  ce  vigne,  champ  de  vignes 7^ 
<  cl.  kârmu"  ;  s/ihu  w sérénité  (du  temps )t^  <^  ci.  sâhwu" ;  nâfs 
rame  77  <:cl.  nàfsu";  sâum  w  jeûne  7?  <:  cl.  smmu"  ;  dàrh  w  action 
de  frappera?  <<cl.  dârbu" ;  etc. 

9°  Adjectifs.  —  Les  adjectifs  du  type  qàtl  sont,  comme  en 
classique,  très  rares  à  Kfar'^abîda  où  ils  ne  sont  plus  représentés 
que  par  quelques  exemples  :  sâ^h  w difficile ^t  <:cl.  sâ^'hu" ;  râhb 
ff vaste 77  <cl.  ràhbii".  Ces  adjectifs,  on  le  sait,  proviennent  de 
verbes  intransitifs. 

jB.   qûtl  <:  cl.  qiith". 
(Voyelle  u  dans  la  première  syllabe,  zéro  dans  la  seconde.) 

Comme  la  forme  précédente,  ^w// comprend  à  la  fois  des  sub- 
stantifs et  des  adjectifs. 

1°  Substantifs.  —  Les  substantifs  du  type  qûtl  sont  assez  nom- 
breux à  Kfar'abîda  et  ont,  les  uns  une  valeur  concrète,  les  autres 
une  valeur  abstraite.  Ex.  :  "^ûsb  ff herbe  vertes?  <:cl.  SishC" ;  zûrn 
ffauge,  petit  bassina  <ccl.  zûrniC' ;  dèb^  ffOursT»  <cl.  dûbbu" ;  hébz 
wpainw  <;cl.  hûbzii";  zûrh  ce  blessure '7  <:cl.  zurhu"  ;  ""M  r  morceau 


(')   On  se  contentera  ici  de  donner,  sans  distinction,   les  exemples   de  sub- 
stantifs concrets  ou  abstraits,  de  noms  d'action  ou  de  simples  substantifs,  de 
substantifs  provenant  de  racines  verbales  ou  ayant  une  existence  indépendante 
De  même  pour  les  formations  suivantes. 


mouPHOLor.iK. 


251 


de  bois^-)  <cl.  "uda" ;  sôhh  fMiialiiPi  <:cl.  sûh/m" ;  ziV  rflaim^?  <: 
cl.  ziVii";  hul  cr{r(;n('>i'osilé^7  <:  cl.  2N(h(" ;  hi'iyd  ffliaiiift^?  -<  cL 
buydu"  ;  IM  cramitio,  amours?  <  cl.  hnhim"  ;  etc. 

Le  type  ry//// coiii[)rend  également  les  subslaiitirs  de  deux  à  dix 
qui  indiquent  les  fractions  :  mif  ec moitié^?  -<cl.  nûsfu"  (ou  nisfu"); 
ti'ilt  ff  tiers ^-t  <:  cl.  ôuldu"  (ou  dûlitÔu");  rôh''  cr quart ^7  <:  cl.  rûb^^u"; 
etc. 

2°  Adjectifs.  —  Les  adjectifs  du  type  qutl  sont  peu  nombreux 
et  appartiennent  en  général  à  des  racines  faibles.  Ex.  :  môr-  ff  amer 77 
<ccl.  nuirru"  ;  moz^  ccaigrelet,  insipide^-)  <cl.  mûzzu"  ;  hûf  ce  libre, 
franco?  <:  cl.  hûmi" ;  hiUu  ff doux 77  -<  cl.  hûlwu" ;  siihn  ff chaud 77 
<  cl.  sûhnu".  Ces  adjectifs,  on  le  sait,  proviennent  de  verbes 
intransitifs  de  même  que  ceux  du  type  qâtlu". 

y.  qétl  <  cl.  qûlu''. 
(Voyelle  i  dans  la  première  syllabe,  zéi'o  dans  la  seconde.) 

Le  type  qétl  ne  comprend  plus  d'adjectifs  à  Kfar'^abîda;  par 
contre  il  fournit  un  grand  nombre  de  substantifs  généralement 
concrets.  Ex.  :  molh  ffsel77  <z  cl.  milhu"  ;  molk  ce  domaine,  pro- 
priété77  <c:  cl.  milku" ;  débs  wmoût  cuit  et  réduit  en  sirop 77  -<  cl. 
dtbsu"  ;  dîb  ff  loup  77  <:cl.  âfbu";  sén"  cf  dent 77  <  cl.  sinniC  ;  *^éhn 
w  science  77  <:cl.  Hhnu";  etc. 

S.   qât§l<cc\.  qâtalu". 
(Voyelle  a  dans  la  première  et  dans  la  seconde  syllabe.) 

Comme  ceux  du  type  qétl,  les  adjectifs  classiques  du  type  qâtfl 
n'ont  laissé  aucune  trace  dans  notre  parler.  Les  substantifs,  au 
contraire,  qui  appartiennent  à  ce  type  sont  encore  très  nombreux 
et  vivants;  ils  expriment  la  plupart  du  temps  une  idée  concrète. 
Ex.  :  wâled  ff  enfant  77  <:cl.  wâladu"  ;  ^àsed  ff  lion  77  <::ç\.''àsadu''  ;  hàzar 
ff  pierre  77  <<  cl.  hâzaru"  ;  bar  ad  ff  grêle  77  <:  cl.  bâradu"  ;  yâdab 
ff  colère  77  <<cl.  yàdabu"  ;  màtçl  tf  exemple,  modèle  ^7  <:  cl.  màôalu"  ; 
hànçh  ff  palais  (de  la  bouche)  77  <c  cl.  hànaku"  ;  hâsçd  ff  jalousie  77  << 
cl.  hdsadu"  ;  balçd  ff  pays  77  <:cl.  bàladu"  ;  etc. 

e.  qétfl'<c\.  qâtilu". 
(Voyelle  a  dans  la  première  syllabe,  i  dans  la  seconde.) 

La  forme  qétel  comprend  uniquement  dans  notre  parler  des 
adjectifs.  Ceux-ci  sont  encore  nombreux  et  la  catégorie  en  est 
encore  vivante.  Ex.  :  wdseh  ffsale77  <:cl.  wàsihu'^ ;  hfsen  ffdur77  < 
cl.  hàsinu'^  ;  nézçs  ff  méchant,  sale  77  ■<  cl.  nazisiC  ;  nékçd  ff  tracassier, 
acariâtre  77  <:cl.  nàJndu"  ;  bèîet  ff  dissipé  (enfant)  77  <:*/'rt///î^'';  etc. 


252  DEUXIÈME    PARTIE. 

?.   qéteï  <  cl.  qitah". 
(Voyelle  i  dans  la  première  syllabe,  a  dans  la  seconde.) 

Le  type  qét§l,  déjà  rare  en  classique,  n'est  repre'senté  à  Kfar- 
*abîda  que  par  très  peu  d'exemples  :  '^éneb  w  raisin  ?•>  <:  cl.  HnahiC 
(Cette  i'orme  est  très  usitée,  on  Ta  vu,  comme  pluriel  interne.) 
Ce  type  ne  paraît  comprendre  aucun  adjectif  dans  le  parler  con- 
sidéré. 

>7.   qâtçl  <C  c\.  qâtihi"  ou  qâtalu". 
(Voyelle  ô  dans  la  première  syllabe,  a  ou  i  dans  la  seconde.) 

Le  dialectal  qâtel  est  une  des  formes  nominales  les  plus  usi- 
tées et  les  plus  vivantes  à  Kfar*abîda.  Il  comprend  à  la  fois  les 
participes  actifs  (qu'ils  soient  devenus  substantifs  ou  non)  des 
verbes  trilitères  au  P""  llième  (transitifs  ou  intransitifs)  et  un  tout 
petit  nombre  de  substantifs  non  rattachés  à  une  racine  verbale. 
Dans  le  premier  cas  il  représente  toujours  le  cl.  qâtilu",  et  dans 
le  second  cas  les  cl.  qâlilu"  et  qâtalu". 

i'*  qâtçl<z ci.  qâtiliC.  Ex.  :  ''âhmi  rc savant,  sachant ^^  <<cl.Vf/îwm"; 
zâind''  ff  mosquée,  qui  rassemble?')  <:  cl.  zâmiSi"  ;  '"a/qdl  ce  sage, 
tranquille  77  <:  cl.  '^âqilu"  ;  nâsé  ce  oubliant  77  -<  cl.  nâsi"  {\/7i-s-y);  yâlè 
ff  cher  75  <:cl.  yàli"  (sjy-l-wj  ;  hâdè  ff  tranquille,  paisible t)  <  cl. 

hâdi'u"  y\/h-d-');  râyeh  ffqui  désire  (nom  propre  d'homme)?^  <:cl. 
râyibu''  ;    yûlçh    ff  vainqueur    (nom    propre    d'homme)  77    -<   cl. 

yâlibu";  etc.  Cette  catégorie  est   extrêmement   vivante,  surtout 
lorsqu'il  s'agit  d'adjectits. 

2"  qâtfl  ■<  cl.  qâtilu''  ou  qâtalu".  Ex.  :  râheb  ff  moine  7-)  <:  cl. 
râhibu"  ;  kâhçl  ff  cheville  du  pied  i?  <z^kâhilu'' ;  \Uçm  ff  monde  ??  <<  cl. 
^^âlamvJ'  ;  ^jqâlçb  ff  moule,  forme  (de  souliers)  77  <:  cl.  qâlabu"  ;  hûlçm 
ff  bague  77  <c:cl.  hâtamu'^  [ou  hâtimu");  etc. 

Cette  catégorie  n'est  plus  vivante  à  Kfar*^abîda. 

9.   qtîl<::c\,  qalîlii". 
(Voyelle  a  dans  la  première  syllabe,  î  dans  la  seconde.) 

Le  type  qtîl  comprend  à  Kfar'abida  comme  en  classique  des 
substantifs  et  des  adjectifs.  Toutefois  les  adjectifs  sont  de  beau- 
coup les  plus  nombreux. 

i''  Substantifs.  —  Ex.  :  '/qdib  ff  verge,  bâton  77  <:  cl.  qafjîbu"  ; 
r;Kî/"ffpain  mince  et  rond  77  <ccl.  rayîfu"  ;  luluh^i'er->->  <ccl.  hadidu"  ; 
2n</ff  bâton  employé  parles  cavaliers  dans  iGs^jouies-^^  <::c\,  2  arUu"  ; 


MOUPnOLOGIK. 


253 


u:ih  ff  no(al)le^i  <cl.  wallliu"  ;  hhhn  r? medccin^^  <: cl.  hahimri  "fcsaijc , 
})hiloso[)li0'^;  thin  ffl'ariiKVi  <  cl.  laljhin" ;  '/qsif  ffOi'[je  coupo  vert ■'7 
<cl.  qasllu" ;  etc.  Celle  catégorie  témoi[]ne  cruiie  certaine  vie  à 
Klar^abida. 

2°  Adjectifs.  —  Les  adjectirs  du  type  qlH  sont  extrcinemcnt 
nombicux  dans  notre  parler.  Ex.  :  y/ild  ffuniquei?  <  cl.  wahidu" ; 
UV/q  ff vieux,  ancien i?  <::cl.  "atiqu" ;  ynjq  wneye''-»  <cl.  yarîqu" ; 
l.rim  r^rénéreuxi?  <  cl.  karîmu"  ;  kbîr  rc grand  i-»  <:  cl.  halAru"  ;  b^id 
ff  éloigné  ^-i  <c:cl.  ha^ldu"  ;  'jqrlh  ff proche  ^^  ^^çX.qarihu"  ;  etc.  ^^l 

i.   qtâl<:c\.  qutâlu'\  qalâhi",  qitâht^'^K 
(Voyelle  M,  a  ou  i  dans  la  première  syllabe,  à  dans  la  seconde.) 

1°  qtâl  ■<  cl.  qiiîdlu". 

Cette  l'orme  n'est  plus  représentée  par  aucun  adjectif  à  Kfar- 
^abîda  ;  elle  Test  seulement  par  un  certain  nombre  de  substan- 
tifs qui  expriment  tous  une  idée  concrète.  Ex.  :  yrâb  rccorbeauT? 
<  cl.  yurâbu" ;  mhât  r  mucosité  du  nez,  morve t»  <:  cl.  miihâtii" ; 
rwajq  cr galerie,  cloître ^-j  <:  cl.  ruwâqu" ;  rhâm  ff marbre •»7  <<  cl. 
ruhâniii" ;  nhâ'^  ff cervelle,  moelle  épinière^-»  <  cl.  nuhàSC;  km^ 
(f  origine,  race  7?  <  cl.  kurâhi"  ff  extrémité  de  n'importe  quelle 
chose?^;  '/qna/q  ff  étape,  station  77  <:néo-cl.  qunâqu"  (turc);  bza/q 
ff  crachat  77  <c.c\.  buzâqu'^  (ou  busâqu");  etc. 

2**  qtâl  <:cl.  qatâhC 

Cette  forme,  comme  la  précédente,  ne  comprend  presque  plus 
d'adjectifs  dans  notre  parler.  Par  contre,  elle  est  représentée  par 
un  grand  nombre  de  substantifs  concrets  et  abstraits.  Ex.  :  nhâr 
ff  jour  77  -<  cl.  nahâni"  ;  hsâd  ff  moisson  77  -<  cl.  hasâdu'^  ;  srâb  ff  bois- 
son 17  «cccl.  sarâbu'' ;  hrâb  ff  ruine  77  <<  cl.  harâbu"  ;  znâb  ff  excellence 
(titre  d'honneur  qu'on  met  au  commencement  de  l'adresse  d'une 
certaine  catégorie  de  personnes)  77  <:cl.  zanâbu"  ;  zwâb  ff  réponse  77 
<:  cl.  zawâbu"  ;  zmân  ff  temps  77  <::cl.  zamânu"  ;  y  mm  ff  passion  77  <c 
cl.  yarâmu"  ;  ^dâb  ff  supplice  77  <:cl.  ^adâbu";  etc. 

Notre  parler  possède  cependant  deux  ou  trois  adjectifs  du  type 
qtâl -<  ci.  qatâh''.  Tols  sont  hrâni  ff  illicite,  défendu  ^7  <::cL  harâmu"  ; 
zbân  ff  craintif  77  <:cl.  zabânu". 

3°  qtâl  <  cl.  qitâlu''. 

Cette  forme  comprend  uniquement  des  substantifs.  Ceux-ci, 
assez  nombreux  à  Kfar*^abîda  comme  en  classique,  expriment  en 

(^)  C'est  la  forme  par  excellence  de  l'adjectif  à  Kfar'abîda. 
('■^)  Les  trois  formes  classiques  aboutissent  phonétiquement  à  qtâl  dans  noire 
parier. 


25^  DEUXIÈME    PARTIE. 

général  une  idée  concrète.  Ex.  :  htâb  rc livre ?7  <:  cl.  kitâbu" ;  hmâr 
crâne  77  <:cl.  himâru"  ;  Jjsân  fr  cheval  77  <;cl.  hisânv!^  ;  srâi  t?  lampe  « 
<:cl.sïmh/";  Isân  w langue,  language^^-c  cl.  lisânu" ;  hzâni  w sangle, 
maillot  (d'enfant) ■'1  -<  cl.  hizâmu" ;  ^/qyàs  ff mesure^-»  ^cl.  qijjâm" ; 
z\'âh  wsac  de  berger  7-)  -<cl.  zirâbu"  ;  '^tâh  ff  reproche  77  <;cl.  Htâbu"  ; 
hsâb  w compte,  calcul 77  <;  cl.  hisâbii" ;  etc. 

K.  qtâl'<c\.  qatûlu"  ou  qutûïu'^. 
(Voyelle  a  ou  u  dans  la  première  syllabe,  û  dans  la  seconde.) 

1°  qtûl  <<  cl.  qatûlu". 

Cette  forme  comprend  à  la  fois  des  substantifs  et  des  adjectifs 
(ces  derniers  proviennent  généralement  de  verbes  intransitifs). 

a.  Substanùfs.  —  Les  substantifs  du  type  qlùl  ne  sont  pas  nom- 
breux à  Kfar'^abîda;  ils  expriment  toujours  une  notion  concrète. 
Ex.  :  hrûf  ff  mouton  77  <:cl.  harûfu^  ;  dbujq  ce  glu  77  <c*dabùqu'\  cf.  cl. 
dâbûqu"  ;  ysàn  wnom  propre  de  femme 77  (cf.  cl.  fusûmi",  pi.  de 
fûsnu"  ff  branche  77);  Vw  ff  ennemi  77  <cl.  '"ndûivu". 

b.  Adjectifs.  —  Les  adjectifs  du  type  qtûl  sont  assez  nombreux 
à  Kfar\al3Îda  et  expriment  comme  en  classique  une  notion  in- 
tensive ou  passive.  Ex.  :  hrûn  ff  rétif  77  <:  cl.  harùnu'' ;  hnàn  ff  misé- 
ricordieux 77  <  cl.  hanûnvJ' ;  rsûl  ff  envoyé  77  <  cl.  msidvJ' ;  Jijqiid 
ff  haineux,  rancunier77  -<  cl.  haqûdu";  ""nûd  ff  entêté  77  <:  cl.  ''anûdu" 
ffqui  s'écarte  du  but 77;  etc. 

2°  qtid  <:  cl.  qutùliC. 

Cette  forme  comprend  un  assez  grand  nombre  de  noms  d'ac- 
tion (inhnilifs)  qui  proviennent  de  verbes  trilitères  (intransitifs) 
au  P""  thème.  Ex.  :  snVjq  ff  lever  du  soleil  77  <cl.  surûqu"  (ys-r-q 
ffse  lever  [soleil] 77);  ymèffcoucherdu  soleil 77  <  cl.  ^kmhI^w"  [\/y-r-b 
ff  se  coucher77);  znun  fffolicT?  <::cl.  zunùmf  \\Jz-n-n  ffêtre  fou77);y2«r 
ff  colère  77  <cc\.Jtizûru''  ff  libertinage  77  \^f-z-r  ff  vivre  dans  le  liber- 
tinage 77);  Mil-  ff  obéissance  77  <:cl.  hudiTu"  [s/h-d-"  ff  obéir  77);  hdû 
ff  calme  77  <ccl.  huduu"  [\/h-d-  ffse  calmer  77);  nzûl  ff  descente,  ac- 
tion de  descendre  77  <:  cl.  nuzûlu"  (sjn-z-l  ff  descendre  ^7)  ;  etc. 

X.  qettâl  <:  cl.  qatlâlu". 
(Voyelle  a  dans  la  première  syllabe,  â  dans  la  seconde, 
gémination  de  la  deuxième  radicale.  ) 

Le  dialectal  qettâl  représente  {par  dissimiintion  vocaliquc)^^^  le 
cl.  qattâlu"  et  comprend  à  la  fois  des  substantifs  et  des  adjectifs. 

^')  Voir  p.  123. 


MORPIIOLOfilK.  !255 

1°  Suhslanlifs.  —  Les  subslaiilils  du  type  (jçllâl  indi(|UCiU  tou- 
jours à  Kl'ar^abîda  coinnio  en  classique  un  jnc'ticr  ou  une  prol'cs- 
sion.  Ex.  :/o7/////  cr  laboureur,  paysami  <::  d.  falla/ju"  {\/j-l-/j)'-,  ^^llâl 
wportel'aix^^  <  cl.  "allâlu"  (y/*'-/-/);  habbâz  ffboulangon-)  <  cl. 
habbâzu"  \\/h-b-z)  ;  nçzzâr  cr  menuisier  7?  <  cl.  nazzânC^  \sjn-z-rj\ 
^ôïtâr  ff parfumeur,  drojuisle^i  <;  cl.  ^ttâm"  \\/^-t-r);  sMAf  ttcor- 

donnien?  <:  ci.  saliàfu"  y\/s-k-f);  etc.  Cette  catégorie  est  encore 
bien  vivante  à  Kl'ar^^abida. 

2"  Adjectifs.  —  Les  adjectifs  du  type  </(?//«/ expriment  comme  en 
classique  une  habitude  ou  une  idée  intensive.  Ex.  :  leddâb  cmien- 

teun?  <::  cl.  laâdâbu"  {yk-d-bj;  borrât  wmenteun?  <:  cl.  harrâlM" 
ff  tourneur  ^1  \\/h-r-tj;  wohhâb  fftrès  généreux?-)  <:  cl.  ivahhâbii" 
y\/w-h-by,  neJihâb  ff  déprédateur  7-)  <:cl.  îiahhâbu"  \yn-h-b);  rezza/'q 
ff  qui  donne  beaucoup  (épithètedeDieu)??  <:  cl.  razzâqu"  (s/r-z-q)  ; 
hobbâs  ff  grand  dépensier,  brouillon?")  \\/b-b-s  ff  mêler  une  chose 
avec  une  autre  i?);  Jjojfajq  ff  brouillon,  bavard??  \\/lj-f-q  ff  s'agiter??); 
dûwâr  ff  qui  tourne  sans  cesse??  <:  ^deuwâr  <<  cl.  dauwàru"^  [yd-w-vj  ; 
etc.  Cette  catégorie  est  également  bien  vivante  à  Kfar^abîda. 

yi.  qûttâl<z  cl.  quttâlu^. 

(Voyelle  u  dans  la  première  syllabe,  à  dans  la  seconde, 

gémination  de  la  seconde  radicale.) 

Cette  forme  est  représentée  actuellement  à  Kfar^abîda  par  un 
petit  nombre  des  substantifs  à  sens  collectif  qui  sont  d'un  usage 
courant.  Ex.  :  /o^i/i  ff  pommes??  <:cl.  hfjfâhu"  ;  rommân  ff  grenades?? 
-<  ç\.  rummânu'^  ;  dàrm  jq  ff  pêches??  <<  cl.  durrâqu"  (ou  darrâqu"); 
somma  Iq  ff  sumac  (arbrisseau)??  <:cl.  summâqu"  ;  'Iqô'rrâd  ff  teignes^? 
(cf.  cl.  qurâdiC)'^  dûhhân  ff  fumées,  tabacs  à  fumer??  <:  cl.  duhhaniC' 
[diihânu");  etc.  La  forme  qûttâl  comprend  aussi  un  très  petit 
nombre  de  substantifs  qui  n'expriment  pas  nettement  une  idée 
collective;  ex.  :  sebbâk  ff  fenêtre  grillée,  fenêtre^?  <  cl.  subbâku" 
ff  filet,  grillage??;  dûkkân  ff  boutique??  <<  ci.  dukkânu", 

V,   qallîl  <c.  cl.  qittUu'\ 

(Voyelle  i  dans  la  première  syllabe,  i  dans  la  seconde, 

gémination  de  ia  seconde  radicale.) 

Le  dialectal  qattîl  représente  {par  dissimilation  vocalique)^^^  le 
cl.  qittUu"  et  comprend  quelques  substantifs  et  un  très  grand 
nombre  d'adjectifs. 

(')  Voir  p.  12  4. 


256  DEUXIÈ3IE    PARTIE. 

1°  Substantifs.  —  Ex.  :  tannin  fflyplion'^  <::  cl.  linntnu"  ;  battih 
wpastèque?-)  <:  cl,  hiltjhu" ;  'jqassis  w moine,  religieux,  prêtre '•)  <:cl. 
qisslsit;  etc. 

2°  Adjectifs.  —  Les  adjectifs  du  type  qatlïl  indiquent  comme 
en  classique  l'intensité  ou  la  fréquence.  Ex.  ;  'jqaddis  ff saint 7-)  <c 
cl.  qiddlsii"  ;  sarrîr  fc  méchant 77  <  cl.  sirrîru"  ;  sarrîb  tf grand  bu- 
veur 17  <<  cl.  sirribu"  ;  la'^'ib  ce  grand  joueur  ^i  <<  cl.  U^'^lbu";  rahhid 
ff grand  coureur 77  (cf.  cl.  rakûdu",  même  sens);  sarrif  trqui  dé- 
pense beaucoup  77  (s/s-r-f  tf  exercer  le  change 77);  daMh  ff  qui  frappe 

bien 77  {sjd-r-b  ff frapper 77);  sayyll  w grand  travailleur 77  (ys-y-Zcroc- 
cuper77  et  dial.  ff travailler 77);  etc.  Cette  catégorie  est  encore 
extrêmement  vivante  dans  notre  parler  et  s'enrichit  tous  les  jours 
aux  dépens  d'autres  formes  nominales  ou  par  la  création  de  nou- 
veaux mots. 

f.  qattid  <c  cl.  qattuhi". 
(Voyelle  a  dans  la  première  syllabe,  û  dans  la  seconde, 
gémination  de  la  seconde  radicale.  ) 

Cette  forme  sert  de  diminutif  dans  notre  parler  à  un  assez 
grand  nombre  de  substantifs  et  d'adjectifs. 

1°  Substantifs.  —  Ex.  :  ballùt  ff  gland  comestible  77  ■<  cl.  baUulii"  ; 

^Iqattu^  ff morceau  de  natte  déchirée,  morceau  de  bois^7  \\Jq-t-'' 
ffCOuper77);  'Iqammiir  ffgentil  garçon^7  de  '/qàmar  cflune77  <  cl. 
qâniarn";  sammût  f( éche\  eau  de  fil ,  grappe  de  maïs 77  <:  syr.  sammùtâ; 
''azzûr  cf  petit  melon 77  (cf.  cl.  "azùru"  w melon 77);  tannûr  w four  circu- 
laire en  terre  77  <:  cl.  tannùni";  fairûi  w  poulet  77  <c  c\.  farrûzu'^  ; 
'Iqaddiim  ff hachette,  erminette  (de  menuisier) 77 ,  cf.  cl.  qadûmii" ; 
etc.  (Voir  P.  Ronzevalle,  La  forme  fa'^Ull,  en  arabe  dans  Al-Masriq, 
XV,  1912,  p.  966  et  suiv.) 

Noire  parler  forme  avec  beaucoup  de  facilité  sur  qattâl  des 
noms  propres  masculins  ou  féminins  ayant  lous  fidée  de  diminu- 
tif (hypocoristiques).  Ex.  :  ''abbûd  (nom  propre  d'homme) ,  de  Vi/>f?- 
ulla  <:  c\Mbdu-l-làhi  crserviteur  de  Dieu  (nom  propre)  17  ;  w«///;m/ 
(nom  propre  d'homme),  de  m'ihlé {nom  propre)  <: cl.  nahlatu"  cr pal- 
mier 77  ;  tannas  (nom  propre  d'homme)  |  tànios\\  lahhùd  (nom propre 
d'homme),  de  "àbd-td-'âkad  <c  cl.  "àbdu-l-àhadi  (nom  propre)  ;  sallùm 
(nom  propre  d'homme),  de  salîm;  zabbûr  (nom  propre  d'homme) 
[zibraliy^  sakkâr  (nom  de  familleîiKrar%ibîda)^^^;  haïlûn  ff  Mélène^s 
marrûn  ff  Marie  77,  de  maryçn<z  cl.  maryamu  ff  Marie  77;  katlùhrCsi- 
therine77;  sattût  (nom  propre  de  femme),  de  sél'  ffdame,  demoi- 

(')  Hypocoristique  :  sulcru-l-lâhi ,  littéralement:  «remerciement  à  Dieu». 


MORPIIOLOGIK.  '257 

sellci7  (rK  cl.  sànjidala")^  etc.  Cette  catégorie  est  encore  très 
vivante  à  Kl'ar*abîda. 

2"  Adjectifs.  —  Ex.  :  hahhùh  w  très  cher 7?,  de  hhth  frami)?  -<  cl. 
Ijahihu" ;  sal/ûr  cefia,  habile --i ,  de  srî/^/'  cf  iiUcUigent-'-»  <:  cl.  mliru" ; 
^//////"  cf  très  aimable,  nom  propre  d'homme  ^^ ,  de  ////w  aimable^  <: 
cl.  lai  if  a"  ;  ''alyu/q  ce  beau,  poli,  nom  qu'on  donne  à  certains  ani- 
mauxii  <z  cl.  ""aiynqu"  rniom  donné  à  La  Chèvre  (e'toile)^i;  'akJml 
w  grand  mangeur  i^,  cl.  cl.  'ahUu";  kabbûs  ce  à  peine  dressée 
(jeune  bête  de  somme)^^,  de  dial.  làhbds  ce  il  a  dressé??; 
da/q'/qûn  cf imberbe,  qui  a  peu  de  barbe??,  de  da/qn  cr barbe?? 
<  cl.  ddqanu"  canenton??;  'jqassiT  cr délaissé  par  sa  mère  (che- 
vreau), nom  d'une  famille  libanaise??;  etc.  Cette  catégorie  est 
encore  très  vivante  dans  notre  parler. 

0.   qatlûl  <:  cl.  qutlûïu". 

(Voyelle  u  clans  la  première  syllabe,  zéro  dans  la  seconde, 

û  dans  la  troisième.) 

Le  dialectal  </«?//// représente,  par  un  phénomène  de  dissimila- 
tion  vocalique  signalé  plus  haut,  le  cl.  qutlûlu" '^^^  dans  un  grand 
nombre  de  substantifs  et  dans  quelques  adjectifs.  Les  substantifs 
ou  adjectifs  de  ces  deux  types  rendent  quelquefois  à  Kfar'^abîda 
l'idée  du  diminutif. 

1**  Substantifs.  —  Ex.  :  sandiï/q  ff  caisse,  malle??  -<cl.  sundûqu" ; 
sarsûr  wgrillon??  <:  cl.  sursâru";  farjûr  crpapillon??  <:.  c\.  furfûru'^ 

w oiseau^?  (yf-r-r  cr voltiger??);  sahrûr  w merle??  <:  cl.  sidiruru^ ; 
zamhûr  w multitude??  <  cl.  zwiihùrii" ;  '"anjqùd  w grappe  de  raisin i? 
<::cl.  Umqûdu" ;  '^asfûr  ff oiseau^?  <  cl.  '^usfùrn" ;  '^afùs  cros  de  la 
queue  1?  <:  cl.  his'^ùsu"  ;  barynt  crpuce-'?  <:cl.  buryùOu"  ;  zaMm  ^^o- 
sier,  larynx??  (cf.  cl.  bid^'ûmu"  ff  œsophage ^?) ;  s^A/m/ ff bouc,  homme 
grossier??;  sahrujq  r merle i?;  sahtùr  crgrande  barque  (mot  élran- 
ger)??;  etc.  Celte  catégorie  est  extrêmement  nombreuse  et  vivante 
à  Kfcîr'^abîda. 

2°  Adjectifs.  —  Les  adjectifs  du  type  qatlûl  expriment  toujours 
à  Kfar*^abida  une  notion  diminulive  ou  péjorative.  Ex.  :  bahlûl 
ff  petit  sot??  <:  cl.  buhlâlu"  ce  bouffon,  moqueur??;  zayrûr  wtout 
petit??,  de  2;7<r  ff petit??  <:cl.  sajtru" ;  5r/Z*r/// cr pauvre,  misérable?? 
<:cl.  subnitu" ;  'jqaVùt  crsans  valeur  (homme),  sali^?,  fait  sur  dial. 
^jqàVet  ffil  a  sali??;  harfùh  w homme  usé,  très  vieilli??,  de  hârfih 
(dial.)  fcil  a  déraciné  (un  arbre)??;  fatfût  wchétif,  tout  petit  (en 

(')  Voir  p.  12/i. 

PAULEn  DE  KFAr/ABÎDA.  17 


258 


DEUXIEME    PARTIE. 


parlant  surtout  d'un  enl'aiit)^;  sarsûh  ffchétif,  tout  petit,  très 
faible  (en  parlant  surtout  d'un  poussin  faible) 77.  Cette  caté- 
jTorie  est,  ainsi  que  la  précédente,  actuellement  très  vivante  à  Kfar- 
''abîda  comme  dans  tout  le  Liban. 


77.  qatlîl^c  cl.  qitlîlu"  et  quelquefois  <<.  qatlilu"  ^^\ 
(Voyelle  a  ou  i  entre  les  deux  premières  radicales,  zéro  entre  les  deux  suivantes, 

l  entre  les  deux  dernières.) 

Le  dialectal  ^a^/î/ représente  qatlilu"  ou  par  dissimilation  qitlîlu" 
et  comprend  un  cerlain  nombre  de  substantifs  masculins.  Ex.  : 
hanzîr  ff cochon 77  <  cl.  hinztru" ;  "afrît  w habile,  démon 77  <:  cl. 
^ifrîtu";  barmil  ce  baril,  tonneau  77  <  néo-cl.  birmîlii"  ;  'jqatnh  ce  che- 
ville avec  laquelle  on  attelle  les  bœufs  à  la  charrue?^  <  néo-cl. 
qitrîbu",  emprunt  fait  au  sy.  qatrl^â  (même  sens);  nabrîs  ff  tuyau  du 
narguilé77  (métathèse)  <  néo-cl.  (persan)  narbisu" ;  bartîl  ff cadeau 
fait  dans  l'intention  de  gagner  quelqu'un  77  <  cl.  birtîlu"  ;  'Iqandil 
«lampe  77  <::cl.  qindîlu";  kabrît  ff  soufre,  allumettes  77  <  cl.  kibritu"; 
'/qarmîd  fabrique,  tuile  77  <c:cl.  qirmidu"  ;  sarbîn  ff  espèce  de  cyprès  77 
-<  cl.  sirbînu";  saylîn  ffmoût  très  cuit  et  réduit  en  sirop  77;  hafjqin 
«chaudière 77  <:  néo-cl.  (turc)  hilqînu";  'jqaUîn  ffbas,  chausses t? 
<C néo-cl.  (turc)  ^î/siVm";  etc.  Cette  catégorie,  qui  comprend  gé- 
néralement des  substantifs  concrets,  est  encore  bien  vivante  à 
Kfar^abîda. 


p.   qâtlçl<:.Q{.  qâtlaïu". 

(  Voyelle  a  dans  la  première  syllabe ,  zéro  dans  la  seconde , 

a  dans  la  troisième.) 

Cette  forme  comprend  à  Klar'abîda  un  assez  grand  nombre 
de  substantifs  qui  expriment  une  notion  concrète.  Ex.  :  yàrbdl 
ff  tamis,  crible77  (cf.  cl.  yirbâlti");  "jqàrtal  ff  panier,  corbeille77 
(cf.  cl.  qirtâUatu") ,  gr.  TcapjaXXo?^  syr.  qarflâ;  ""a/qrab  ff  scor- 
pion, aiguille  (de  montre,  d'horloge)r)  <:  cl.  '^âqrabu";  bàryas 
ff  moucherons,  mousliques77  <:  cl.  bâryaèu";  tàHçb  ff  renard  77 
<<  cl.  OàHabu"  ;  hàndçjq  ff  fossé,  ravin  77  <:  néo-cl.  hdndaqu"  ff  tran- 
chée, fossé  qui  sert  de  retrancbement77  (persan);  sdrsçf  tfdrap 
ée  lit 77  <;  néo-cl.  sârsafu"  (turc);  sânkçl  ffpieu  fixé  au  mur 
et  servant  à  suspendre  les  habits 77  ■<:  néo-cl.  sdnlalu"  (turc); 
sârbdl  ffnom  propre  d'homme  77;  zâhzçh  ffuom  de  famille  77;  'àr- 
nçb  fflièvre77  <:  cl.  Wrnabu"  ;  tdmbdk  ff  tabac  de  Perse77  <:  néo-cl. 
tànbahu"  (pers.);  etc.  Cette  catégorie  est  encore  assez  vivante  à 
Kfar'abîda. 


('^  La  plupart  des  substantifs   du    type  qat/îlu"   sont  des  emprunts  à  des 
bnijjues    étrangères. 


MORPHOLOr.lK.  250 

Le  dialectal  </«/4'/  coinpiend  é^jaleiiicMit,  sans  doute  sous  l'in- 
fluence annlo(|i(|ne  des  substantifs  précédents,  un  certain  nombre 
de  substantifs  (|ui  étaient  en  classique  du  type  qillalu'\E\.  iharwj'' 
ff ricin,  palnia-christi  (plante) ??,  cf.  cl.  InrwaSi" ;  zmjyô'jq  w mer- 
cure ^i,  cf.  cl.  zfbaqii";  u'imhol  ce  paresseux,  faible,  peu  intelli[jent^  , 
cf.  néo-cl.  tinbalu"  (turc);  etc. 

a.   qfHl()l<zc].  qûtluïu'*. 

(Voyelle  u  dans  la  première  syllabe,  zéro  dans  la  seconde, 

M  dans  la  troisième.) 

Cette  forme  comprend  un  assez  grand  nombre  de  substantifs 
concrets.  Ex.  :  ^jqonfod  ff  hérisson  7^  <:  cl.  qûnfiidu"  (ou  qûnfudu")', 
holbol  ffrossignoh')  <  cl.  bàlbulu"  ;  folfol  ff  piment^-)  <:z  cL  fûlfulu" 
(ou  filjîlu'');f6sl^ do  Iq  ffpistache^  <C  néo-cl. /wsfw^^w"  (pers.);  bôryol 
ffblé  moulu  grossièrement 7v,  hûrdojq  ffmenu  plomb??  <  néo-cl. 
hûrdnqu"  [turc)  ;'lqèbros  ff  Chypre??  <c:cl.  qûbrusu,  Kvjrpos;  'jqonsol, 
cf.  Irç.  consul;  hémrok  ff  douane??  <::  néo-cl.  kûmruhu"  (turc); 
sémbol  ff  mesure  qui  contient  six  ou  huit  medd??;  etc.  Cette  caté- 
gorie est  encore  bien  vivante  à  Kfar*^abîda. 

T.   qetiâl  -<  cl.  qatlâlu"  ou  qillâlu". 

(Voyelle  a  ou  i  dans  la  première  syllabe,  zéro  dans  la  seconde, 

â  dans  la  troisième.) 

Le  dialectal  qetiâl  représente,  par  dissimilation  vocalique,  le 
cl.  qntlàlu"  et  comprend  un  grand  nombre  de  substantifs  et 
quelques  adjectifs  dont  la  deuxième  radicale  est  généralement 
identique  à  la  quatrième. 

1°  Substantifs.  —  Ex.  :  ^/qoF/qâb  ff  socque  en  bois  <:  cl.  qabqâ- 
bu"  ;  helhâl  ff  anneau  en  argent  que  les  femmes  en  Orient  se 
raeltent  au  bas  des  jambes??  <:  cl.  halJiâlu";  wonvâr  ff  oiseau  à 
long  bec,  bavard??  <<  cl.  warwâru"  ;  sersâb  ff  scrupule,  inquié- 
tude??, cf.  dial.  tsàrsçb  ffil  a  des  scrupules,  il  est  dans  l'hési- 
tation??; zerzâr  ff  olives  très  mûres??;  bortâs  ff  seuil  d'une  porte??; 
^/qôT/qcîs  ff  pomme  de  terre,  patate??;  somsâr  ffcourtier^?  <  néo- 
cl.  simsâru"  (pers.);  bô'rwâz  ff  cadre??  <:  néo-cl.  birwâzu"  (pers.); 
etc.  Cette  catégorie  témoigne  encore  d'une  certaine  vitalité  à 
Kfar'^abîda. 

9°  Adjectifs. —  Ex.  '.fo'lqfajq  ff  radoteur??  ■<c  cl.faqfdqu''  ;  nesnâs 
ff  hypocrite,  sorte  de  singe^?  <cl.  nasnâsu"  ffêtre  fabuleux  qui  n'a 
qu'un  seul  pied??;  nôtnât  ffqui  ne  reste  jamais  tranquille,  en  re- 
pos??, cf.  dial.  nâp  ffil  a  sauté??  <:cl.  natta;  z6\fqza/q  ffbavard??; 
no'/qna/q  ffqui  se  plaint  toujours??,  cf.  n/Cjqj'^  w il  s'est  plaint  (de 

17- 


260  DEUXIÈME    PARTIE. 

tout) 77,  cf.  d.  nàqqat  ccellea  coassé  (grenouille) 77;  etc.  Cette  caté- 
gorie est  encore  bien  vivante  dans  notre  parler. 

V.  qâtûl^z.  cl.  qâtidu^. 
(Voyelle  à  dans  la  première  syllabe,  û  dans  la  seconde.) 

Cette  forme  ne  comprend  pas  d'adjectifs  a  Kfar^^abîda;  mais 
elle  est  représentée  par  un  très  grand  nombre  de  substantifs  mascu- 
lins. Ex.  :  Y^Âmws  <T dictionnaire  ■»!  <:néo-cl.  qàmûsu"^^^;^âmiidt(CO- 
lonne?7,cf.  cl.  '^amiulu" ;  hàhûr  fc cheville  en  bois ^7  <:  cl.  hâbûru'* 
ff  sureau  77;  rajqiU  rr  danseur 77,  cf.  cl.  raqqâsu"  ;  nâkûs  tt  pioche  77, 
cf.  nâkçs  ffil  a  pioché 77  -<  cl.  nàkasa  wil  a  vidé  (un  puits) 77; 
bâlû^  ff  gouffre  77,  cf.  bâlç''  ril  a  englouti  77  <:  cl.  hàla'^a;  na/qûs 
ff  plaque  de  fer  servant  à  appeler  à  la  prière  ou  à  sonner  pendant 
la  messe  77  <:  cl.  nàqûsii" ;  fâdâs  ff  congé 77;  hàsâd  rr moissonneur 77 ,  cf. 
cl.  hâsidu";  bàrûd  w poudre  77  ;  sâhajq  rr  coqueluche  77 ,  cf.  sâhç'jq  ff  il  a 
eu  le  hoquet 77  <  cl.  sâhaqa  wil  a  sangloté,  il  a  râlé77;  dâMn  ff che- 
minée 77,  cf.  cl.  dâhinatu"  ;  md'^im  ce  rame  de  papier  77  <:cl.  mciHmu'^ 
fftout  ustensile  de  ménage 77  ;  làbût^  sarcloir  de  laboureur77,  cf.  syr. 
'âjBûOâ;  sàtùr  ff  tranche-lard  77  <:cl.  sâtûni"  ;  etc.  Cette  catégorie 
est  extrêmement  vivante  à  Kfar^'abîda. 


(p.  qatllûl  <C  cf.  qallalûlu'\ 
(  Voyelle  a  dans  la  première  syllabe ,  zéro  dans  la  seconde ,  a  dans  la  troisième , 

û  dans  la  quatrième.) 

Le  dialectal  qatllûl  comprend  un  certain  nombre  de  substantifs 
masculins  de  provenance  classique  ou  étrangère.  Ex  :  '^anhbût 
w  araignée  77  <c  cl.  ^ankabûtu";  'Iqariqdùn  ff  écureuil  77;  zaizfûn  ff  til- 
leul 77  <::néo-cl.  zakafânu"  ;  salfûn  ffécrevisse^'^^?;  ^ahtbùt  ff  polype  77 
•<  néo-cl.  'ahlabûUC  ;  bairmûn  ff  veille  (d'une  fête)  77  <;  néo-cl.  baira- 
mûnu"';  etc.  Cette  catégorie  n'est  plus  vivante  à  Kfar^'abîda. 

•)(^.  qatllîl'<d.  qatlaïîlu". 
(  Voyelle  a  dans  la  première  syllabe ,  zéro  dans  la  seconde ,  a  dans  la  troisième , 

î  dans  la  quatrième.) 

Comme  le  type  précédent,  le  dialectal  qatllil  comprend  un  cer- 
tain nombre  de  substantifs  masculins.  Ex.  :  ''andlîb  ff  rossignol  77 
<Cç\,^andaUbu''  ;  farfhîn  ff  pourpier  77  <:  syr.  jya/p'//m«;  ^jqarnbii  ff  chou- 
fleur77,  cf.  cl.  qurniabilu" ;  darbzîn  (plus  souvent  dmbzîn)  ffbalus- 

^^^  Le  mol.  (jàmûsu''  existait  déjà  en  classique  dans  le  sons  de  cf océan, 
abîme  delà  mer».  Le  sens  néoclassique  de  dictionnaire  provient,  on  le  sait, 
du  titre  du  dictionnaire  arabe  de  Firouzâbâdi. 

^^)  Cf.  class.  saratdnu"  (môme  sens). 


MORPriOLOGIK.  2G1 

trader  <;  noo-cl.  darbazinu"  {rpotné^tov);  etc.  Celle  calé|jorie  nesl 
pas  vivante  à  Kfar'abîda. 


IV.  NOMS  DE  NOMBRE. 

Comme  dans  tous  les  parlers  libanais,  la  numération  classique 
a  subi  à  Kfar^ibîda  d'importantes  modifications.  Pour  les  mettre 
en  évidence  on  poursuivra  dans  cet  exposé  la  comparaison  de  la 
numération  de  notre  parler  avec  celle  du  classique  et  on  souli- 
gnera les  différences  importantes. 

A.  NOMS  DE  NOMBRE  CARDINAUX. 

Les  noms  de  nombre  cardinaux  présentent,  comme  tous  les 
noms,  quelques  différences,  suivant  qu'ils  sont  employés  seuls  ou 
qu'ils  sont  suivis  d'autres  substantifs,  c'est-à-dire  suivant  qu'ils 
sont  à  l'état  absolu  ou  à  l'état  construit. 

1 .  Etat  absolu. 

a.  —  Les  noms  de  nombre  de  un  à  dix  sont  : 

wâhçd  wun?^  <:  cl.  wâhidu''  ; 

tnâin  tf  deux??  <;  cl.  iônàîni; 

tlatê  w  trois ^^  <:  cl.  ôalâSatu" ; 

^ârb^a  r^quatre^?  <:cl.  \irba''atu'' ; 

hâmsê  ffcinq^î  <;  cl.  hamsatu"  ; 

sétté  fcsix7^<:cl.  sittalii"; 

sà¥a  ffsept77<ccl.  sàh^'ahC' ; 

tmânyê  cf  huit??  <  cl.  OamâniyatiC ; 

tés^a  ffneufiî<ccl.  tis'^atii''; 

*^àsra  t(dhr)  <:  cl.  ^asratiC. 

Remarques. 

1.  ivâhçd  <z  cl.  tvâhidu"  (fém.  wâhdé  <::  cl.  wâhidatu")  est  seul 
usité  à  Kfar^abîda.  Le  cl.  'âhadu"  (fém.  ^ïhdâ)  est  actuellement 
inconnu  comme  nombre  cardinal;  il  n'existe  plus  qu'à  l'e'tat  de 
souvenir  dans  la  forme  hàd'^  w  dimanche 77,  et  encore  si  l'on  fait 
venir  le  dialectal  hdd'^  du  cl.  ^dhadii"  et  non  pas  du  syriaque 
haS^^K  Notre  parler  connaît  la  forme  hàda  dans  le  sens  de  wquel- 

(^)  Cf.  Phonétique,  p.  5.  H  y  en  a,  au  contraire,  une  trace  certaine  dans 
le  nom  de  nombre  «onzew,  voir  p.  268. 


26^  DEUXIÈME    PARTIE. 

qu'une  (avec  négation  w personne i?)  :  hàda  zà  ff quelqu'un  est-il 
venu?^;  mazàs  Jiâda  ff personne  n'est  venu 7-).  —  Tandis  que 
le  féminin  tvâhdê  s'emploie  au  duel  et  au  pluriel,  le  mascu- 
lin wâhçd  ne  connaît  à  Kfar\ibîda  que  le  duel  ;  ex.  :  '^éndê  wâJi- 
dà'm  ou  wàhettàm  f^j'en  ai  deux^;  hôd  "àrha^  wahdât  r prends-en 
quatre 7");  mais  on  ne  dit  jamais  *hod  ^ârba^  wâhdîn  ni  ^âhâd  (cl. 
"àhâdi"). 

Le  parler  de  Kfar'abîda  emploie  souvent  dans  la  numération  le 
mot/mv/ ffun,  seul  17  ^^^  [Çém.  fardé)  <Ci'\.  f ardu"  ;  fard  se  met  tou- 
jours devant  le  nom  de  ce  qui  est  compté,  et  ne  varie  pas  en 
genre;  ex.  ifàrd  wâhçd  wun  seul^^,/«r^  Itâb  crun  seul  livre '•>  qui 
équivaut  à  ktâb  wâhçd  <:  cl.  Jâtâbu"  wâhidii"  ;  fard  marra  wune  fois^-)  ; 
fàrdè  <c  q\.  fàrdahC'  s'emploie  généralement  pour  désigner  l'une 
des  parties  composant  une  paire  ou  un  couple  lorsqu'il  s'agit 
surtout  des  deux  souliers,  d'une  paire  de  bœufs,  des  ballots  de 
marchandise  ('^).  Ainsi  "éndê  fardé  peut  signifier  suivant  l'occurrence 
ffj'ai  un  soulier^?,  ou  wj'ai  un  bœuf^-»,  ou  ffj'ai  un  ballot  de  mar 
cliandise^^,  etc. 

Enfin,  à  la  place  de  wâhçd,  on  emploie  parfois  à  Kfar^abîda 
comme  dans  tout  le  Liban  le  mot  bârké  <:  cl.  bâraJcatu"  qui  si- 
gnifie exactement  w bénédiction 77  et  cela  en  comptant,  quand  le 
nom  de  nombre  n'est  pas  suivi  d'un  substantif.  On  dit,  par 
exemple,  en  pesant  du  blé,  des  cocons,  etc.  :  bàrlé  run,  une 77, 
tnâin  ff  deux  ->•> ,  etc. 

tnàin  (fém.  tentàin  <  cl.  iônatàhii)  est  seul  employé  à  Kfar- 
\abîda  comme  nombre  cardinal.  La  forme  i/mz  (meta thèse) 
-<  cl.  zâi/zu"  ne  s'emploie  pas  à  proprement  parler  dans  le 
sens  de  «-deux 7?,  mais  dans  le  sens  d'une  paire,  d'une  unité 
qui  embrasse  deux  choses  d'une  même  espèce.  On  dit,  par 
exemple  :  zânz  hmâm  ffune  paire  de  pigeons i-»,  zauzâin  hmâm 
ffdeux  paires  de  pigeons 77,  zâuz  srâmé  cfune  paire  de  sou- 
liers77,  etc.;  mais  on  ne  dit  jamais  :  *zâiiz  rzâl  ffdeux  hommes^?, 
*zâuz  u-'^esrin  ff  vingt-deux  ^7 ,  comme  dans  les  dialectes  maghri- 
bins.  (On  dit  rezMlmn  ou  rzâl  tnmn  ffdeux  hommes 77,  hkïbàin 
ffdeux  livres 77,  etc.) 

ih^a  ff  neuf 77  devient  quelquefois  (comme  dans  d'autres  dia- 
lectes arabes  modernes) ^^)  Us'ad,  surtout  lorsqu'il  clôt  la  série 
des  nombres,  c'est-à-dire  lorsqu'on  s'arrête  à  ce  nombre  soit 
parce  qu'on  a  fini  d'énumérer,  soit  pour  recommencer  la  sé- 
rie des  nombres  de  un  à  neuf.  Cette  déformation,  comme  l'ex- 
plique M.    Marçais,   est   due    sans    aucun    doute   à    l'influence 

(')  D'où  le  dialectal  j(\rà  tfpislolel»,  par  opposition  à  iofl  ctfusil  à  deux 
canons»  <  turc  lijt  frpaire?'. 

(*)  Qui  pendent  de  chaque  côté  du  dos  de  la  l)êle  de  somme. 
(•^)  Cf.  W.  Maiiçais,  Tletncen,]^.  157. 


I 


MORPHOLOGIE.  203 

de  la  wrecliorche  du  l)oii  au(|^ure7?.  En  effel  le  sujet  parlani, 
on  coni|)lant  î»  nn  autre  des  objets,  de  Tar^jenl,  etc.,  entend 
bien  lui  dire  par  i('s''(i<l  ffsois  heureux ^^  ou  wje  te  souhaite  le 
bonheur??,  conrormément  au  sens  et  à  la  forme  de  la  2®  pers. 
sing.  masc.  de  Taoriste  du  verbe  s^'^çd  wil  a  été  heureux??  <ccl. 

9.  Comme  en  classique,  les  nombres  cardinaux  de  un  h  dix 
se  placent  devant  le  nom  de  la  chose  dénombrée  et  exigent  ce 
dernier  (à  parlir  de  trois)  au  pluriel  (jamais  au  singulier); 
ex.:  tlât  rzâl  «-trois  hommes??  <:  cl.  ôalàÔatu  rizâli"  ;  ^àrba^  ^anzât 
rr quatre  chèvres??  <:  cl.  ^àrbii^u  \inzâtf  ;  etc.  Le  mot  mîyé  wcent?? 
<  cl.  mi'aîu"  fait  cependant  exception  à  cette  règle  et  reste, 
comme  en  classique,  au  singulier  après  les  nombres  cardinaux; 
ex.:  'ârba''  mîyê  w quatre  cents??  <C  cl.  'àrha\i  mialf  et  non  pas 
*'àrha^  miyât;  etc. 

/S.  —  Noms  de  nombre  de  onze  à  dix-neuf  : 
hdâs  «fonze??,  cf.  cl.  'âhada  ^âsara; 
tnâs  cf douze??,  cf.  cl.  iônà  ^âsara; 
tlaitâs  w treize??,  cf.  cf.  BalâSata^àsara; 
^ar^rt7^s  ff  quatorze  ?? ,  cf.  cl.  'ârba^ata  ^âsara; 
hamstâs  ff  quinze  ?? ,  cf.  cl.  hâmsata  ''âsara  ; 
sottâs  «f seize??,  cf.  cl.  sittata  ^àsara; 
sabHâs  w dix-sept??,  cf.  cl.  sàVata  ^àsara; 
tnionîâs  w dix-huit??,  cf.  cl.  Bamâniijata  ^àsara; 
tosHâs  fc dix-neuf??,  cf.  cl.  tis'ata  ^àsara. 

Remarques. 

1.  Comme  dans  bon  nombre  de  dialectes  arabes  modernes,  la 
consonne  r  finale  du  classique  ''àsara  disparaît  à  Kfar'^abîda  dans 
les  noms  de  nombre  de  onze  à  c^iV/iet// employés  à  Tétat  absolu; 
il  en  est  de  même  pour  la  faucale  initiale  "  qui  perd  son  articu- 
lation caractéristique  et  se  fond  avec  la  voyelle  du  mot  précédent 
en  une  voyelle  longue  (cf.  plus  haut,  p.  21). 

2.  La  dentale  ^<:cl.  ï  ou  ^  a  été  partout  emphatisée  sans 
doute  sous  rinfluence  de  Tancienne  initiale  de  ''asara  (empha- 
tique *). 


(')  Cf.  hàrhè  rr bénédictions  employé  dans  le  sens  de  wàhed  «un??,  p.  262. 
harha  est  aussi  employé  dans  ce  sens  par  les  paysans  d'Oranie ,  mais  seulement 
dans  le  comput  du  mesurage  des  grains;  cf.  encore  en  Tunisie  et  en  Oranie, 
au  dire  des  indigènes ,  milh  «sel»  remplacé  par  rehh,  litt'  crgain». 


26â  DEUXIÈME    PARTIE. 

3.  Notre  parler  a  perdu  ici  ia  forme  wâhed  qu'il  a  remplacée 
par  la  forme  classique  ^âhadu",  devenu  à  Kfar'abîda  hd-. 

k.  La  voyelle  longue  à  a  été  abrégée  dans  SalâOata  et  Oamâ- 
niyata  par  suite  de  sa  position  devant  une  double  consonne 
(cf.  plus  haut,  p.  io5). 

5.  Les  noms  de  nombre  cardinaux  de  onze  à  dix-nciif  sont , 
à  la  différence  du  classique,  invariables  dans  notre  parler 
devant  les  noms  des  personnes  ou  des  objets  dénombrés,  que 
ces  noms  soient  du  genre  masculin  ou  du  genre  féminin. 

y.  —  Noms  de  nombre  de  vi7igt  à  mille  : 
^esrîn  wvingtw<:cl.  Hsrîna; 
tlâtîn  w  trente  T)  <:  cl.  OalàOîna; 
'arhHn  w  quarante  w  <:  cl.  "arhaHna; 
hamshi  w  cinquante  ^^  <:  cl.  hamstna; 
settîn  w  soixante  7?  <cl.  sittîna; 
sahHn  ff  soixante-dix??  <:cl.  sabHna; 
tmànyîn  ff quatre-vingts??,  cf.  cl.  Oamânîna; 
tesHn  ff  quatre-vingt-dix??  <:cl.  tisHna; 
mUjê  ff  cent??  <:  cl.  mi'atvJ^; 
'àlj  ff  mille??  <:  cl.  ''àlfif. 

Remarques. 

1.  Le  cl.  Oamânîna  devient  à  Kfar^abîda,  par  analogie  avec 
Samàniyatu",  tmânyîn  (apparition  d'un  y  devant  la  désinence  -ïn, 
signe  du  pluriel  externe  masculin). 

0.  mîyé  fait  au  duel  mitain,  avec  vocalisation  préalable  de  la 
semi-voyelle  y  qui  s'est  fondue  avec  le  i  précédent;  il  est  très 
rarement  employé  au  pluriel  sous  la  forme  suivante,  qui  seule 
existe  dans  notre  parler,  mlyât  <:  cl.  mi'âtii". 

3.  ''«//'fait  au  duel  'alfâhi  et  au  pluriel  Vt/^ lorsqu'il  est  pré- 
cédé d'un  autre  nombre  cardinal;  'Itlf  partout  ailleurs.  Ainsi 
on  dit  :  kânu  mïyâl  wô'lûf  ff  ils  étaient  des  centaines  et  des  milliers??  ; 
hûnna  llàllàlâj  (*llâl\Uâf)  ffuous  étions  trois  mille??;  mais  on  ne 
dit  pas  :  *hânu  mlyât  u-âlàf,  ni  *Jauina  tlâl'lâf. 

Comme  en  classique,  quand  les  noms  de  nombres  de  vingt  à 
quatre-vingt-dix  sont  accompagnés  des  noms  de  nombres  de  un  à 
neuf,  ils  sont  toujours  placés  après  ces  derniers  et  séparés  d'eux 
par  la  conjonction  (réduit  u-)  wo-  <  wa-  ffct??;  ex.:  wâJjçdn-^esrîn 
ff  vinnt-et-un??  <:  cl.  wâhida"  waSsrîna,  hàmsè  wotUithi  ff  trente-cinq?? 
<:cl.  hdmsata"  wadalâOlna  ;  etc. 


MORPIIOLOfilK.  26 


i) 


Comme  en  classique  aussi,  lorsque  mîyè  et  M//* sont  accompa- 
gnés de  noms  de  nombre  cardinaux  qui  les  multi[)lienl,  on  les 
met  après  ces  nombres  sans  les  séparer  par  la  conjonction  wo~  <z 
cl.  iva-;  mti/é  reste  alors  toujours  au  singulier;  mais  \ilf  prend  la 
forme  du  pluriel  après  les  noms  de  nombre  de  trois  à  dix  et  celle 
du  singulier  après  les  autres  nombres  cardinaux;  ex.  :  'ârba'' 
mîi/ê  ^ qasiire cenis If  <C.  c\/ârha^u  mi^ati'' ;  hâmsîn  mîtjé  (r c\nq  mille:»! , 
iitt'  ff  cinquante-cents  ^7;  /f^'s*^ /^ï/^/"  ce  neuf-mille  77  <:  cl.  tis'atu  'âlâfi"  ; 
hâmsé  wo-thïtin  M//  w  trente-cinq-mille  77  <:  cl.  hâmsala"  wa~QalàQina 
^âffa";  etc. 


2.  Etat  construit  des  noms  de  nombre. 

a.  —  Noms  de  nombre  cardinaux  de  un  à  dix. 

wâhfd  ne  s'emploie  jamais  à  l'état  construit  avec  un  autre  mot 
déterminé  ou  indéterminé;  il  s'emploie  toujours  seul  :  l'expres- 
sion magbribine  (cf.  Marçais,  Tlemceu,  p.  i58)  wâhad  râzçl  ou 
ivâJiad  errâzel  wun  certain  homme  77  resterait  incomprise  à  Kfar- 
*abîda  comme  dans  tout  le  Liban.  Précédé  d'un  substantif, 
wâhed  s'emploie  en  revanche  comme  adjectif;  ex.  :  hâb  wâhçd 
wun  seul  livre77<:cl.  litâbu"  wâhidu'^  ;  màra  wâhdê  crune  seule 
femme  77  <:  cl.  màraiu^  wâhidatii"  ;  etc. 

Zâuz  est  fréquent  à  l'état  construit  dans  l'emploi  relevé  (p.  262) 
et  remplace  la  forme  înâin  <:  cl.  iÔnàini,  usitée  seulement  à 
l'état  absolu.  Gomme  la  série  des  noms  de  nombre  de  trois  à  dix, 
zâvLz  exige  au  pluriel  interne  ou  collectif  le  substantif  dénombré; 
ex.  :  zàiiz  fimam  rdeux  pigeons 77  et  non  pas*£^M2;  hmâmé.  Partout 
ailleurs  (^)  on  emploie  dans  ce  sens  le  duel  tout  seul.  Ex.  :  ratlàiji 
ffdeux  ratols  (deux  livres)  [poids] 77  <c  cl.  ratlâini,  baitâ'm  ffdeux 
maisons 77  <z  cl.  baijdijii,  jamais  ^zàiiz  ftâj,  *zàxiz  bijût,  etc.  Pour 
quelques  mots  enfin,  l'emploi  du  duel  ou  de  zàiiz  est  indifférent; 
ex.  :  zànz  Sjûn  w  une  paire  d'yeux 77 ,  zAïiz  hwâz§b  cf  une  paire  de  sour- 
cils 77,  etc. ,  sont  courants  à  côté  de  ^ahiam  (ou  ^ïnâ'm),  hazhmn,  etc. 

On  le  sait,  les  noms  de  nombre  cardinaux  de  trois  à  dix 
prennent  en  classique  la  forme  féminine  devant  un  substantif 
masculin  et  la  forme  masculine  devant  un  substantif  féminin. 
Notre  parler  a  complètement  perdu  cette  distinction  classique; 
il  en  a  créé  une  autre  purement  euphonique  :  les  noms  de 
nombre  de  trois  h  dix  prennent  en  effet  la  forme  féminine  devant 
un  mot  (masculin  ou  féminin)  à  initiale  vocalique,  et  partout 
ailleurs  ils  ont  la  forme  masculine;  ex.  :  hdms  hotoh  wcinq  livres 77 , 
opp.  cl.  hâmsatu  kûtiibi'^ ;  hcmst-cïlâf  «cinq  mille77<:cl.   hâmsatii 

"î  Côst-à-dire  pour  le  duel  occasionnel. 


266  DEUXIÈME    PARTIE. 

'âlâfi"  ;  'ârba^'t-  énfos  rr quatre  personnes 75,  opp.  cl.  'ârbaSi  'ânfiisi"  ; 
'(h'ha"  r:âl  (rquaive  hommes r),  opp.  cl.  \hVatu  rizcilf  ;  elc.  Plu- 
sieurs des  anciens  noms  du  type  'aqtâlu"  maintiennent  alors 
leur  première  syllabe  'a-  ^^\ 

/S.  —  Noms  de  nombre  cardinaux  de  onze  à  dix-neuf. 

Gomme  dans  tous  les  parlers  de  Syrie,  r  et  *  tombes  à  l'e'tat 
absolu  réapparaissent  dans  les  noms  de  nombres  de  onze  à  dix- 
neuf  lorsqu'ils  sont  employés  à  Tétat  construit;  ex.  :  hdci'sar 
'jqàlçm  ffonze  plumes  77  -<  cl.  ^àhada  ^àsara  qâlama"  ;  hàmstà^sar 
marra  ff  quinze  fois  •'7,  cf.  cl.  hânisa  ^âsrata  mârrata'^,  et  ainsi  de 
suite.  Gomme  il  est  naturel,  la  voyelle  longue  de  hdâè,  etc., 
n'a  pas  eu  lieu  de  se  produire,  puisque  le  *"  subsiste  à  Tétat 
consonantique;  d'autre  part,  le  substantif  dénombré  se  met 
toujours,  comme  en  classique,  au  singulier  (et  à  l'état  indéter- 
miné). 

y,  —  Noms  de  nombre  cardinaux  de  vingt  à  mille. 
Gette  série  de  noms  de  nombre  exige  toujours  au  singulier  les 
substantifs  dénombrés  :  'âlf  râtU^\ 

Remarque.  —  mîye<z cl.  mi^âtu'*  devient  à  l'état  construit  mil; 
ex.:  mit' âlf  ((Cent  mille?-)  < cl.  mCatu  'âlfi" ;  etc. 

B.  NOMS  DE  NOMBRE  ORDINAUX- 

a.  —  Ordinaux  de  un  a  dix  : 
'âuwdl  ff  premier  77  <  cl.  ^'mwalu  : 
tânê  ff  second  v  <:  cl.  dâni'^  ; 
tâlçt  ff  troisième  77  <;  cl .  QâliSu"  ; 
râbd"  ff  quatrième  77  <  cl.  râbihi"  ; 
hâmds  ff  cinquième  7?  <:cl.  hdmisu"  ; 
sâdçs  «f  sixième  77  <:  cl.  sâdisu"  ; 
sâbd^  ff  septième  77  <  cl.  sâbi^"  ; 
tâmdn  ff  huitième  77  <  cl.  Bâminu"  ; 
tâsç^  ff  neuvième  77  <:  cl.  tâsi\C  ; 
"^âsçr  ff  dixième  77  <:  cl.  ^âsiru". 

Les  ordinaux  de  deux  à  dix  forment,  comme  en  classique,  leur 
féminin  par  l'addition  pure  et  simple  de  la  désinence  -^'<:cl. 
-alu"  ;  ex.  :  tânyê  ff  seconde  77  <:  cl.  dâniyalu'' ;  tâltê  ef  troisième  77  <: 


(')  Sous   la    forme    de    e;   ex.:  Ijamst-ehmâl  ffcinq    charges^,    opp.    hmâl 
;  ci.  'ahmâlu". 
(2)  Mille  livres  (poids). 


MORPHOLOOIK. 


2G7 


cl.  ôdliôatu"  ;  râJ/a  ffqualrième^-)  <:  cl.  râWalu"  ;  elc.  La  forme 
classiques  ^iWi,  féminin  de  Wmwalu,  a  cédé  à  Kfar'ablda  la  place 
à  '(in"l(''  analogique  de  la  forme  du  masculin. 

A  côté  de  '(ïmvàl,  noire  parler  possède  les  formes  'ûlânè  (*miwalà- 
myu")^  fém.  'iddnîyè,  ^oulâné  ((ém.  \)ulântyè)  et  ^auHânè  (féni. 
"mC'hïmyèy^^ 

jS.  —  Ordinaux  de  o?iee  à  dix-neuf. 

Les  ordinaux  de  onze  à  dix-neuf  se  forment,  comme  en  clas- 
sique, par  la  combinaison  des  nombres  ordinaux  de  un  à  neuf 
avec  le  nombre  cardinal  '^àsar  <:  cl.  '^àsara.  On  remplace  alors  'âuwdl 
<zc\.  ^ïnwalu  ])iir  hâd('-<.c\.  hddiya;  ex.  :  htuWAsar  ff  onzième  ^<: 
cl.  hâdiya  ""àsara;  tâni  ^âsar  w douzième^:» -<  cl.  Qâniya  ^àsara;  tâlçi 
*^àsar  tf  treizième 77  <:cl.  OâliÔa  '^âéara  ;  etc.  Les  ordinaux  classiques 
de  onze  à  dix-neuf  ne  sont  plus  usités  à  Kfar*^abîda  au  féminin 
(on  les  remplace  le  cas  échéant  par  le  masculin). 

Il  faut  remarquer  ici  que  le  cl.  sâdisa  ""àsara  ff  seizième 7?  est 
remplacé  à  Kfar'^abîda  ^^y  sâdi  V^s^r^^l 


C.  NOMS  DE  NOMBRE  FRACTIONNAIRES. 

Les  noms  de  nombre  fractionnaires  depuis  un  demi  jusqu'à 
un  dixième  se  forment  en  classique,  à  partir  de  trois,  de  la  racine 
des  noms  de  nombre  cardinaux  sur  les  types  qutlu",  quhilu" 
(quelquefois  même  qatîlu");  à  Kfar^'abîda  ils  sont  tous  du  type 
qiitl<cc\.  quthf^^K  Ex.  :  nos-  wun  demi,  moitié ??  <c  cl.  nûsfu" 
(cf.  nisfu"^,  n/isfu"",  nasifu"");  tûlt  ff(le)  tiers 77  <  cl.  OûlOu^  (ou 
ôuluOu",  ÔalîOu");  wh^  ff(le)  quarts?  <:  cl.  rûb^u"  (ou  rubu^u")'^ 
héms  ^(le)  cinquièmer)  <::cl.  hûmsu*  (ou  humusu^)\  sûds  ff(le) 
sixième77  <:cl.  sûdsu"  (ou  sudusu")  ;  séb^  ^(1^)  septième^^  ^zsûb^u" ; 
tômn  ff(le)  huitième^^  <c:cl.  Ôûmnu'^  (ou  Ôuniunu")-^  tûs^  ^{^^)  neu- 
vième 77  <  cl.  /wsV  (cf.  tasîhi");  Hisr  ff(le)  dixième ^7  <:  cl.  Hsru!'. 

Le  pluriel  de  ces  noms  de  nombre  est  comme  en  classique 
du  type  'aqtâlu"  >  qtâl;  ex.  :  liât  ff  des  tiers 77  <:  cl.  'aôlâôu"  (quand 
on  parle  des  trois  tiers;  quand  on  parle  de  deux  tiers  on  dit  toujours 
tilltàin;  de  même  pour  deux  quarts,  deux  cinquièmes,  etc.  :  romain, 
homsâin,  etc.);  hmâs  crdes  cinquièmes 77;  etc. 

(^)  La  seule  forme  vraiment  phonétique  est  naturellement  'ûlânê  {'ûlâmyé) , 
cf.  p.  98. 

(^^  L'absence  de  s  dans  sâdi  remonte  suivant  S.  de  Sacyà  l'époque  classique; 
il  en  est  de  même  de  hdmi"  [hami)  qu'on  rencontre  quelquefois  à  côté  de 
hdmisu^  (cf.  S.  de  Sacy,  Gramm.  arabe^,  t.  I,  p.  125).  —  Il  s'agit  ici  de  la  con- 
servation d'une  particularité  dialectale  ancienne  et  inléressante. 

(')  Nouvel  exemple  de  la  tendance  du  parler  vers  la  simplification. 


268  DEUXIÈME    PARTIE. 

CHAPITRE   III. 
PRONOM. 


I.  PRONOMS  PERSONNELS. 


A.  PRONOMS  INDEPENDANTS. 


SINGULIER. 

PLURIEL. 

CLASSIQUE.            DIALECTAL. 

CLASSIQUE.                       DIALECTAL. 

3*  p.  m. 
3"  p.  f. . 
2*  p.  m. 

.  hiiwa  >  hu  {hûwè). 
.  hiya.  >  hi  {hîyé) 
.  'anta  >  'ent  "). 

hum            >  hûn  (  henné) 
[hunna)            henné. 
'anlum(û)  >  'entu. 

2"  p.  f.  . 
Impers. 

.   'anti    >  'enté. 
.    'anâ    >  'ana. 

{'antiinna)        'entu. 
nahnu.         >  nehn{iiehna) 

1.  Remarque  sur  la  forme  des  pronoms  indépendants. 

a.  Conformément  aux  lois  phonétiques  du  parler,  la  faucale  ' 
s'est  maintenue  à  Kfar'^abîda  avec  sa  prononciation  classique 
dans  les  pronoms  personnels  indépendants  (à  la  i""*  pers.  sing. 
et  aux  2^  pers.  masc.  ou  fém.,  sing.  ou  plur.). 

Sur  les  voyelles  finales  des  pronoms  indépendants,  cf.  ce  qui  a 
été  dit  à  propos  des  voyelles  en  finale  absolue,  p.  ii4  et  ii5 
(en  particulier  ^eniu). 

Les  formes  classiques  du  duel  'anlumâ  et  htimà  (masc.  ou  fém.) 
n'ont  laissé  aucune  trace  dans  notre  parler. 

/S.  A  côté  des  formes  hu  et  hi)  notre  parler  possède  aussi  les 
formes  (plus  fréquentes  que  les  précédentes)  hûwê  et  hîyê  qui 
sont  très  répandus  sur  le  champ  des  dialectes  et  sont  anciens 
(cf.  Marçais,  Saïda,  M.  S.  L. ,  t.  XV,  p.  46). 

La  3**  pers.  plur.  était  anciennement  Aâ/i^^^  dans  notre  parler 
(comme  était  en  syriaque  Taffixe  hân)  pour  le  masculin  et/ic'/m(?pour 
le  féminin ,  cf.  syr.  hennën;  mais  actuellement  on  ne  connaît  plus  que 
la  deuxième  forme  qui  s'emploie  indifféremment  pour  les  deux 
genres.  Ln  généralisation  delà  forme  hmnê  a  sans  doute  été  favo- 
risée par  l'existence  en  syriaque  du  masc.  hennân  différant  très  peu 
du  féminin  hennên. 

(^)  A  Batroun  tout  près  de  Kfar'abida ,  on  rencontre ,  surtout  chez  les  femmes, 
la  forme  'enté  comme  au  féminin. 

(^)   Usité  encore  quelquefois  pour  désijjner  le  masculin. 


MOnPIIOLOGlK. 


2()1) 


2.  Remarque  sur  l'emploi  des  pronoms  indépendants. 


Le  parler  de  Kfar^abîda  emploie  souvent  les  pronoms  per- 
sonnels indépendants  (^). 

a.  Les  pronoms  indépendants  servent  à  préciser  le  sens  d'une 
phrase  qui  par  elle-même  prête  à  l'amphibologie  ;  ex.  :  ^àna  kunt 
hânn  rr j'étais  ici^^;  hiyé  tràh  hôkra  frelle  partira  demain  7?;  etc. 
Dans  ces  deux  exemples,  les  pronoms  '('ma  et  lihjè  ont  pour  rôle 
d'empêcher  la  confusion  entre  la  1"  et  la  2^  pers.  sing.  du  parfait 
(premier  exemple)  et  entre  la  2''  pers.  masc.  et  la  3^  fém.  de 
l'aoriste  (second  exemple) ^^l 

/S.  Ils  servent  à  donner  plus  de  force  à  la  phrase  en  insistant 
sur  le  sujet,  le  complément  du  verbe  ou  sur  le  complément  du 
nom;  ex.  :  'àna  dràbtu  rr c'est  moi  qui  l'ai  frappé 71;  Vjqiton  hénnè 
fcje  les  ai  trouvés  eux-mêmes  17;  hâda  li-àna  cr c'est  à  moi  même'-»; 
hâda  zômbdk  'enl  cr  c'est  ton  propre  crime  n  ;  etc. 

7.  Ils  servent  naturellement  aussi  à  constituer  des  phrases 
nominales  et,  dans  ce  cas,  le  pronom  indépendant  a  la  même  valeur 
que  le  verbe  être  en  français;  ex.  :  'àna  sâhçii  ffje  suis  malade 77; 
néhnafi  dârna  wnous  sommes  dans  notre  maison  77;  etc. 


B.  PRONOMS  AFFIXES  REGIMES  (DIRECTS  OU  INDIRECTS) 
ET  SUFFIXES  POSSESSIFS. 


SINGULIER. 

PLURIEL. 

CLASSIQUE. 

DIALECTAL. 

CLASSIQUE.                 DIALECTAL. 

3>.  m  . 

,  -hu 

>  -u ,  -h. 

-hum       >  -on ,  -hon. 

3''p.f... 

-hà 

>»  -a,  -ha. 

(-hunna)       -on,  -hon, 

2"  p.  m. . 

.  -ka 

^>-k,-çk. 

-kum       >  -kon. 

2''p.  f.  .. 

,  -ki 

>>  -ké ,  -ik. 

[-kunnd)        -kon. 

i"pers.. 

-nï, 

-î,-ija 

>>  -nè,-è,- 

-yê. 

-nà          r>  -na. 

a.  Comme  dans  tous  les  parlers  libanais  (^^,  les  pronoms  per- 
sonnels affîxes  de  la  3^  personne  -hu,  -hà  et  -htim  perdent  à  Kfar- 
'abîdaleur/unitial  toutes  les  fois  qu'ils  se  trouvent  immédiatement 
après  une  consonne.  —  Gela  a  lieu ,  que  ces  pronoms  soient  alTixés 


^^)  11  en  est  de  même  des  autres  parlers  arabes  modernes;  cf.  Marçais, 
Saïda,  M.  S.L.,  XV,  p.  /i6,  etc. 

(^)  Il  en  est  de  même  au  Maghreb,  suivant  M.  Marçais. 

(')  Il  en  est  ainsi  d'un  certain  nombre  de  parlers  modernes;  cf.  entre  autres 
M.  Cohen,  p.  3/io. 


270  DEUXIÈME    PARTIE. 

à  un  verbe,  à  un  nom  ou  à  une  particule  (préposition,  adverbe). 
Ex.  :  dàrhu  wil  Ta  frappé -«^  <:  cl.  dàraba-hu;  dàrha  (ou  dàraba)  cril 
l'a  frappée-^  ■<  cl.  dâraba-hâ ;  dàrbon  rcil  les  a  frappe's^?  (pour 
les  deux   genres)  <:  cl.  dàraha-hum;  klâbu  crson  (de  lui)  livre ^7 

<  cl.  kitâbîi-hu;  dâra  wsa  (d'elle)  maison  ^^  <  cl.  dâru-hâ;  lu  rh 
]mii  «<  cl.  la-hu;  ^éndon  frchez  eux-i^  -<cl.  Hnda-htim;  ba  fcen  eWev 
(dans^'rti  ba  ffqu'a-t-elle?7i)<:cl.  bi-hà;  etc.  (cf.  plus  haut,  p.  i5). 

Les  pronoms  de  la  S""  pers.  perdent  également  leur  h  toutes  les 
fois  qu'il  est  immédiatement  précédé  dans  le  parler  de  la  voyelle 
M<:  cl.  M  ou  i  <z  cl.  T.  Dans  ce  cas,  chose  qui  pare  à  la  rencontre 
immédiate  de  deux  voyelles  consécutives,  il  s'introduit  entre  la 
voyelle  qui,  à  la  suite  de  la  chute  du  h,  se  trouve  à  l'initiale  du 
pronom  et  celle  qui  termine  le  mot  auquel  est  affixé  le  pronom, 
une  semi-voyelle,  savoir  w  après  u  et  y  après  i.  Ex.  :  darbûwa 
wils  l'ont  frappée  i->  <:  cl.  darabû-hâ;  darbûwon  rr  ils  les  ont  frappés -«^ 
<:  cl.  darabû-hum;  -yermiya  cril  la  jette  i-»  <:  cl.  yarmî-hà;  etc.  — 
Le  pronom  dialectal  -u  <  cl.  -hu  (ou  -i  <  cl.  -Ai)  est  toujours  fondu 
avec  la  voyelle  précédente  -u  (-f);  ex.  :  darbiV'  rrils  l'ont  frappé ^^ 

<  *darbûu  <:  cl.  darabâ-hu  ;  nul''  cr  jette-le  -n  <  cl.  'ârnii-hi  \\Jr-m-y  )  ; 
fi  ff  dans  lui^^  <;  c\.JÏ-hi;  etc. 

En  revanche  les  pronoms  affixes  de  la  3^  pers.  conservent  à 
Kfar'abîda  leur  ^lorsqu'il  est  immédiatement  précédé  de  la  voyelle 
â  <;  cl.   à;  ex.:   ''tâha  cril  lui  (à  elle)  a  donné  ^i  <  cl.  'aHâ-hà 

(s/'^-t-w);  zâhon  w  il  est  venu  vers  eux^-»  <::  cl.  iaa-hum;  htâyâh  cr  ses 
péchés  1?  <:  cl.  hatâyâ-hu;  blâha  cr  sans  elle ^^  <:  cl. /'i/a-Aâ;  krâhtf  son. 
salaire  75  <:  cl.  kiiaii-hu;  etc. 

/S.  Lecl.-^T<  (2^  pers.  masc.  sing.)  est  représenté  à  Kfar'^abîda 
par  -k  après  une  voyelle  longue  et  par  -çk  (cf.  plus  haut,  p.  1 1 5 
et  note  3)  après  une  voyelle  brève;  ex.  :  rmâk  (fil  t'a  fait 
tombent  <C  cl.  ramâ-ka;  Hâyâk  crtes  dons^-»  <  cl.  \itâyd-ka;  blâk 
cf  sans  io\ri  <<  bilâ-ka;  baitçkKiR  maison^?  <  cl.  hâihi-ka;  hôndçk  ff  il 
t'a  portée-)  <;  cL  hâmala-ka;  etc.;  -ck  devient  -àk  lorsqu'il  est  affixé 
aux  prépositions  li~  ff  à  i?  et  bi-  cf  dans  ?7  ;  ex.  :  lâk  ff  à  toi  v^  cf.  cl.  la-ka  ; 
bâk  ff  en  toi  7?,  cf.  cl.  bi-ka. 

Le  cl.  -ki  {^^  pers.  fém.  sing.)  est  à  Kfar^abîda  -ké  (cf.  p.  1 15) 
après  une  voyelle  longue  et  -ik  après  une  voyelle  brève;  ex.  :  zâké 
ffil  est  venu  à  toi  (femme) ^^  <:  cl.  zanki;  hdayâké  fftes  (fém.) 
cadeaux 7?  <c  cl.  hadàyâ-ki;  bâijik  ff  ta  (fém.)  maison 77,  cf.  cl. 
bàilu-ki;  fiké  ffcn  toi  (fém.)w  <c  c\.fi-ki;  bâké  ffton  (fém.)  père?^ 
<:cl.  ^abû-ki;  dârbik  ffil  t'a  frappée 77  <:cl.  dàraba-ki;  etc.  Gomme 
on  le  voit,  notre  parler  a  maintenu  ici  la  distinction  des  deux 
genres. 

Sur  le  passage  de  m  final  à  n  dans  les  pronoms  hum  et  kiun 
(3'  et  ti"^  pers.  plur.),  cf.  plus  haut,  p.  70. 


MORPHOLOGIE. 


271 


y.  Le  pronom  de  la  l'^^pcis.  sin{|.  -ne  roprdscnle  le  cl.  -ni  et 
comme  lui  il  s'ajoule  purement  et  simplement  aux  verbes  à  finale 
consonantique  ou  voralique;  ex.  :  dréhnê  ff frappe-moi??,  cf.  cl. 
idrib-ni;  darhunè  cr  ils  m'ont  frappé??  <;  cl.  darahû-nl;  etc. 

Le  suffixe  -ê  représente  le  cl.  -i  et  sert  à  exprimer  Tidée  de 
possession  ;  il  s'ajoute  comme  en  classique  au  nom  ou  à  une 
particule  (préposition,  adverbe),  jamais  au  verbe;  ex.  :  hlâhè 
wmon  livre??  <  cl.  hilâh-i,  etc.  —  Comme  en  classique,  il  se  déve- 
loppe un  //  devant  le  dudedal  -ê,  d'où  -yê,  cf.  cl.  -ya,  lorsqu'il  est 
immédiatement  précédé  de  la  voyelle  î  (ou  de  la  semi-voyelle  t); 
ex.ifiyê  cren  moi  =  je  peux??^^),  d  .ç\.fhja,  de  fi  ^^ dansai  •<c\.fï; 
*/ai?/<?  cf  sur  moi^,  cf.  cl.  ^alânja,  de  ^dla  ffsur??-<cl.  ""Ma;  etc. 


IL  PRONOMS  INTERROGATIFS. 

a.  Le  pronom  interrogatif  man  crqui???  de  l'arabe  classique  est 
représenté  à  Kfar'abîda  par  la  forme  mon,  à  côté  de  laquelle  on  a 
aussi  mân,  mîn, 

1.  Le  dialectal  mon,  qui  représente  phonétiquement  le  cl.  man, 
est  très  usilé  à  à  Kfar^abîda;  il  s'applique  toujours  aux  personnes 
et  reste  partout  invariable;  ex.  :  mon  ià  rr  qui  est  venu???  <:cL 
man  zaa;  mon  {h)irûh  wqui  s'en  ira???  <:  cl.  man  yarûhu^'^^;  etc. 

mon  est  souvent  agglutiné  avec  les  pronoms  personnels  indé- 
pendants; ex.  :  menu  hâda  (cf.  syr.  manu)  ce  qui  est-ce  celui-ci???, 
cf.  cl.  man  huwa  hâdà;  mèni  frqui  (fém.)  est-ce???  (syr.  manï),  cf. 
cl.  man  liîya;  mdnénnè  shâhah  cf quels  sont  tes  amis???,  cf.  cl.  man 
hum  'ashâbu-ka  ;  etc. 

mon  est  aussi  très  employé  après  n'importe  quelle  préposition; 
ex.  :  Imon^fk  qui?<:cl.  li-man;  ^énd  mon  ffcliez  qui???;  ^dmon  o-sur 
qui?  à  qui???,  cf.  cl.  *^a/â  man;  etc.  —  Il  s'emploie  également 
comme  complément  d'un  nom;  ex.  :  ktâb  mon  ^éndçk  ff  le  livre  de 
qui  as-tu???;  etc. 

2.  Les  formes  mîn  et  mân^^'i  sont  moins  usitées  que  mon  et 
s'emploient  généralement  seules.  Elles  expriment  l'idée  interro- 
gative  avec  plus  d'énergie  et  plus  d'insistance  en  y  ajoutant 
souvent  une  nuance  de  mépris,  de  moquerie  ou  d'étonnement; 
ex.  :  min  ou  mân  yqâllçk  hâda  crqui  donc  t'a  dit  cela???;  mîn^k  ou 
mânçk  ff  qui  es-tu  ?  ??,  c'est-à-dire  w  que  vaux-tu  ?  qui  te  connaît?  ??;  etc. 


(^)  Jiyé  représente  sans  doute  *fiyî  anologique  de  l-î,  etc.  ;  de  même  'làiyê,  etc. 
(^)  A  pari  ie  b-  de  l'aoriste  bien  entendu. 
(•')  Pour  la  forme  elle-même,  cl",  plus  haut. 


272  DEUXIÈME    PARTIE. 

Tandis  que  mon  est  souvent  agglutiné  au  pionom  personnel 
indépendant  de  la  3^  pers.  (masc.  ou  fera.,  sing.  ou  plur.),  mîn 
et  mân  ne  sont,  la  plupart  du  temps,  suivis  que  du  pronom  per- 
sonnel affîxe  de  la  2^  pers.  (masc.  ou  fém. ,  sing.  ou  plur.);  quel- 
quefois même  ils  le  sont  à  la  fois  du  pronom  suffixe  et  du  pronom 
indépendant  (toujours  à  la  2®  pers.);  ex.  :  mînkon  (ou  mânhon) 
crqui  êtes-vous?  qui  vous  connaît?^-»;  mîneli  (ou  mânçh)  ^ént  cr loi- 
même  qui  es-tu?  que  vaux-tu  toi-même?ii;  etc. 

Comme  mon,  les  formes  mîn  et  mân  sont  souvent  employées  en 
qualité  de  complément  d'un  nom  ou  après  les  prépositions. 

/S.  'àij  ff  quoi?  17  représente  le  cl.  'àiyu  s/ni"  ce  quelle  chose?  ^^ 
et  s'emploie  très  fréquemment  à  Kfar^abîda.  11  est  souvent  rem- 
placé par  \is  (avec  réduction  de  la  diphtongue  ai)  et  par  wâis  ou 
was  {ci\ec  changementde  ^en  w^^^).  On  rencontre  aussi  à  Kfar'abîda 
comme  dans  les  autres  parlers  libanais,  spécialement  à  Beyrouth, 
la  forme  su  qui  est  synonyme  de  'ms  et  qui  provient,  à  mon 
avis,  de  \is-\-u  (<:cl.  Iiti  rrlui^^),  avec  chute  régulière  de  la  pre- 
mière syllabe  brève  'a-  inaccentué;  ex.  :  \is  hâda  ou  su  hâila 
ff  qu'est-ce  que  c'est  que  cela?^?;  'as  ou  \'ds,  ou  wàs,  ou  su  ""niôlt 
ff qu'as-tu  fait? 77 

'mj  (et  ses  variantes)  est  souvent  agglutiné  aux  pronoms  per- 
sonnels :  'âis  (ou  wâis)  Test  aux  pronoms  affîxes  des  i*""  et  2"  pers. 
et  aux  pronoms  indépendants  des  3*^'  pers. ,  tandis  que  su  s'agglu- 
tine seulement  aux  pronoms  indépendants  des  1'",  2"  et  3*^*  pers.; 
ex.  :  'àisnê  crque  suis-je?^?^'-^;  'âisçk  ff  qu'es-tu?  qui  te  connaît?'^; 
'alsénné  (avec  amuïssement  de  h)  ffqui  sont-ils? '?;  sii'é'it  ffqui  es- 
tu  ?iv,  sunéhna  ffque  sommes-nous?  que  valons-nous ?'?  ;  etc.  Mais 
on  ne  dit  pas  *sûh  ffqui  es-tu?  17,  '^sûna  ffqui  sommes-nous? i?.  On 
ne  dit  pas  non  plus  *'àison  ffque  sont-ils???;  *'àisa  ff qu'est-elle??? 
tout  court;  mais  on  dit  couramment  'àison  hénnè,  'àisa  hîyê,  etc., 
en  faisant  suivre  immédiatement  les  pronoms  affixes  des  pro- 
noms indépendants. 

Comme  mon  [mân,  mîn)^  le  pronom  'àij  s'emploie  avec  un 
grand  nombre  de  prépositions;  ex.  :  mon  'dis  hâda  ffde  quoi  (est 
fait)  ceci???  ;^^ais  ffen  quoi???,  etc. 

7.  ma  ff  quelle  choFC?  quoi???  représente  le  cl.  ma  et 
s'applique  toujours  aux  choses;  il  est  beaucoup  moins  em- 
ployé à  Kfar'abîda  que  mon  et  'dis.  En  voici  cependant  des 
exemples   :   mâlçk   hzîn    ff  pourquoi    es-tu    triste?^?^^^   <  cl.    ma 


('^  Voir  plus  haut,  p.  9. 

(^)  -ne  au  lieu  de  -è  par  analogie  du  verbe  [daràbnè,  etc.). 

(^)   Lilt*  quid  tibi  trislis?  =  quid  libi  tristi? 


MORPHOLOGIE. 


273 


la-ha  haziim'^ ;  ma  sâlhi^^^  fMjiie  lui  esl-il  îUTivé?''  <:cl.  ma  sâra 
la-hu,  etc. 

«5".  Le  cl.  'liu/u"  ff  quel  (est-il)  ?^7  n'est  plus  employé  à 
Kfar^abîda  comme  pronom  interrogatif  isolé;  on  revanche,  il  est 
fréquent,  sous  la  forme  provenant  de  Taccusatif ''«iy^i",  comme 
adjectif  interrogatif.  Ex.  :  mon  auja  cfai'a  'énl  wde  quel  village 
es-tu ??7;  ^('(ii/a  dàrb  mon  Imd-drûb  ^âtival  rr  lequel  de  ces  chemins  est 
le  plus  long  Iv;  etc. 

Notre  parler  connaît  également  la  forme  ^âina  (cf.  syr.  'ainà) 
qui  est  employé  dans  le  même  sens  que  'à'iija.  Ex.  :  mon  'dina  dà^a 
'ént  ffde  quel  village  es-tu???,  etc.  (Cette  forme  est,  suivant 
M.  Marçais,  très  répandue  sur  tout  le  champ  des  dialectes.) 


III.  PRONOMS  RELATIFS. 

a.  Le  pronom  relatif  classique  alladi  est  à  peu  près  in- 
connu de  notre  parler;  il  est  toujours  remplacé  par  'elle  (ou 
W-)  qui  s'emploie  pour  les  deux  genres  et  pour  les  trois 
nomhres.  Ex.  :  ^Iktâh  elli  lâk  wle  livre  qui  est  à  toi??;  "nâs  élli  zû 
ff  les  gens  qui  sont  venus??  ;  IbÔnt  el-hânçi  hâun. . .  ff  la  fille  qui  était 
ici .  .  .  ??  ;  etc. 

On  a  beaucoup  discuté  sur  l'origine  du  dialectal  'elle.  Ce  peut 
être  simplement  la  forme  prise  par  le  pronom  classique  alladî 
après  chute  de  la  voyelle  a  (l'accent  étant  transporté  sur  l'initiale, 
car  on  accentue  'elle)  et  assimilation  de  la  dentale  à  /,  soit  : 
alladi  ^^)  >  *élldé  >  ^'élllé  >  'elle  forme  actuelle  connue  d'un  grand 
nombre  de  dialectes  arabes  modernes  (///  se  réduit  naturelle- 
ment à//)  (3). 

/S.  Au  sens  relatif  indéfini ,  on  emploie  aussi  à  Kfar^abîda 
monma,  cf.  cl.  man,  moins  fréquemment  pourtant  que  'elle.  Ex.  : 
monma  za  ma'^^ek  u/*  fc celui  qui  voudrait  venir  avec  toi,  qu'il 
vienne^?  [monma  est  une  combinaison  de  man  et  de  ma  relatif  des 
choses). 

'àkja,  'anff,  'ai(')  combiné  avec  ma  représente  l'accusatif  clas- 
sique 'àiya"  [cï.'diyi",  ^àiyu'')  et  s'emploie  dans  le  même  sens 
que  monma  :  'ai}  ma  là.  .  .   ff  quiconque  vient...??.  On  dit  même 

(^)  On  entend  aussi  ma  sârru  sous  l'influence  de  la  racine  verbale  de  sàra; 
rassimilation  de  r  et  de  /  s'est  alors  faite  dans  le  sens  inverse. 

^'^)  Les  vieillards,  en  récilant  le  Pater,  disent  encore  ^çlladi,  mais  c'est  une 
forme  demi-savante  imitée  du  cl.  allaâî fi-s-samâwâti .  .  . 

(■'')  Cf.  Cohen,  p.  348;  Marçais,  Saïda,  M.  S.L,,  t.  XV,  p.  56;  Landberg  , 
Proverbes  et  dictons,  p.  297. 

PARLER  DE  KFAr'abÎDA.  i8 


27^  DEUXIÈME    PARTIE. 

parfois  'âiyf  ma;  ex.  :  {b)orda  haù/e"  ma  kân  ffj'accepten  importe 
quiv. 

Gomme  dans  les  phrases  données  en  exemple,  monma  et 
*aihna  s'appliquent  toujours  aux  personnes. 

y.  ma   ce  ce   que,    ce   qui^-xccl.    ma    s'emploie    quelquefois, 

comme  en  classique,  en  parlant  des  choses;  ex.  :  *'mÔït  motl-ma 

^môlt  ff  j'ai  fait  ce  que  j'ai  faitw  <  cl.  ^amiltu  miOla-mâ  ^amiltu;  ma 

fhèmt  cfj'ai  compris  I^^  litt*  rf(c'est)  ce  que  j'ai  compris?î,  etc.  Ceci 

ne  se  rencontre  que  dans  des  expressions  toutes  faites. 

'as  ff  ce  que,  quelle  chose ?i7  est  très  employé  dans  des  phrases 
où  il  correspond  au  relatif  français  (interrogation  indirecte).  Ex.  : 
'Iqollé  'as  Snoll  ff  dis-moi  ce  que  tu  as  fait??,  cf.  cl.  qui  II  'aiya  sai'i" 
^amilta. 


IV.  PRONOMS  ET  ADJECTIFS  DEMONSTRATIFS. 


A.  PRONOMS  DEMONSTRATIFS. 

a.  Pour  indiquer  une  personne  ou  un  objet  rapproché,  le 
parler  deKfar^abîda  se  sert  des  formes  suivantes; 

1.  Au  masculin  singulier,  hâda  ff  celui-ci,  cecin  <zc\.  hâdà. 
Ex.  :  hâda  ktâbd  ff  ceci  est  mon  livre  ?•>  <  cl.  hâdà  Jcitâb-i;  hod  ^âda 
ff  prends  celui-ci  ri  ■<  cl.  hud  hâdà. 

2.  Au  féminin  singulier,  haidè  ff  celle-ci??,  cf.  cl.  hâdihi  ou  hâdl. 
Ex.  :  haidé  'émmdh  ff  celle-ci  est  ta  mère  ?? ,  cf.  ci.  hâdi  (Juutihiyûmmu-ka  ; 
hâidé  'jqâlçt  ff  celle- ci  a  dit??,  cf.  cl.  hâdî(hâdihi)  qâlat. 

Voici  l'explication  qu'on  peut  donner  de  la  présence  de  la 
diphtongue  -m-  dans  le  dialectal  hâidé.  La  forme  résulte  sans 
doute  de  la  combinaison  du  syriaque  hâi  ff  celle-là^?  devenu  à 
Kfar'abîda  lut'i  (hài)  ff  colle- ci??  et  du  féminin  hâdé  que  fait 
attendre  le  classique  hâdi.  Le  dialeclal  hai  [hâi) ,  en  effet ,  est  encore 
courant  à  côté  de  haidè.  De  même  on  a,  à  Kfar^abîda,  un  masculin 
Aa- qu'on  rencontre  fréquemment  à  côté  du  masculin  hâda  et  dans 
le  même  sens.  On  dit,  p.  ex.  :  hod  hâidé  ou  hod  hai  {hâi)  ff  prends 
celle-ci??;  halktâh  ffce  livre??  pour  *ha  al-ktâb  (hâda-l-ktâb  <  cl. 
hâda-l-kilâhu)  \  etc. 

3.  Au  masculin  pluriel ,  on  a  hâudé  ff  ceux-ci??  au  lieu  d'une 
forme  venant  directement  du  cl.  haiilû.  Ex.  -.haudé  shâbé  ff  ceux-ci 
sont  mes  amis??,  opposer  cl.  haidâ  \ishâb-i;  hod  haudé  ff  prends 
ceux-ci  ??  ;  opp.  cl.  hud  haidâ. 


I 


MORPHOLOOIK.  '275 

Le  dialectal  hâudè  représente  sans  doute  le  cl.  haidâ  (ou  liau- 
lai)  avec  chute  de  la  syllabe  linale  -là  (-lai),  cf.  V  pour  cl.  VJâ 
ffsur^i,  et  passage  de'  à  «au  contact  de  la  voyelle  labiale  u,  d'oh 
*hâun:>  hâu  encore  très  usité  à  Kfar^abîda  dans  le  sens  de  wceux- 
ci 77.  On  a  ajouté  dans  la  suite  au  dial.  hau  le  démonstratif  dé 
<:  cl.  dî^^\  ce  qui  donne  haiulé  lequel  est  employé  indifféremment 
au  pluriel  pour  les  deux  genres. 

Notre  parler  —  il  en  est  ainsi  de  la  plupart  des  parlers  liba- 
nais —  emploie  quelquefois  à  côté  de  hâudè  les  formes  hâdulé, 
hâdûl  et  hâdol  qui  sont  empruntés  aux  parlers  des  Musulmans  de 
Tripoli  et  de  Damas. 

/S.  Pour  indiquer  une  personne  ou  un  objet  éloigné,  notre 
parler  emploie  les  formes  démonstratives  suivantes  : 

î.  Au  masculin  singulier,  hâdâk  rr  celui-là  ^^  <;cl.  hàctâka.Ex.: 
hâdâk  (ou  hâdâk)  Içna  ce  celui-là  est  à  nousi^  -<  cl.  hâdâla  lanâ  ;  hod 
hâda  u-rûd^  hâdâk  w prends  celui-ci  et  rends  celui-là ^^  <ccl.  kàd 
hâdâ  wa-rudda  hâdâka;  etc. 

2.  Au  féminin  singulier,  hâdik  ff  celle-là 77,  compromis  entre  le 
précédent  et  tîka  (sous  Tinduence  analogique  du  masculin  hâdâk). 
Ex.:  hâdîk  dâi^tè  ff celle-là  est  ma  bourîTade^^;  là  tâhod  là  hâi  u-là 
hâdîk  fcne  prends  ni  celle-ci  ni  celle-là  7?;  etc. 

3.  Au  pluriel  masculin  (ou  féminin)  ^haudîk  ou  hûdîk,  hodîk  ^^^ 
[hâdûlçky^^  en  face  de  cl.  'ùlà'ika.  Ex.:  haudîk  (b)ih6ssûnê  ff  ceux-là 
m'appartiennent  w;  etc. 

Remarque.  —  Gomme  il  a  été  dit  plus  haut,  p.  i5,  les  pro- 
noms démonstratifs  perdent  leur  h  lorsqu'ils  sont  précédés  d'une 
particule  avec  laquelle  ils  sont  intimement  liés.  Ex.  l'âna  mn-âdik 
oddâi^a  ffje  suis  de  ce  village-là??,  au  lieu  de  'âna  mon  hâdik,..; 
mkâbbar  wâda  hâlu  ff  orgueilleux  et  c'est  tout  ce  qu'il  est??  pour 
mkâbbar  *wa-hâda;  etc. 


B.  ADJECTIFS  DEMONSTRATIFS. 

a.    Comme    en     classique,    les    adjectifs    démonstratifs    se 
forment  à  Kfar^'abîda  par   l'insertion  de  l'article  défini  el-,  l- 

(^)  Le  pluriel  allaâina  indique  en  effet  qu'il  a  pu  y  avoir  un  *di,  pluriel  de 
dâ  (cf.  aram.  bibl.  dî ,  syr.  d",  servante  la  fois  pour  le  singulier  et  le  pluriel). 
'-^"i  Ceci  confirme  l'existence  supposée  plus  haut  d'un  *dî  pluriel. 
(')   hdda  -\-  'ûlaika. 

18. 


27 G  DEUXIÈME    PARTIE. 

<  cl.  al-  entre  les  pronoms  démonstratifs  et  le  substantif  qui 
suit.  Ex.  :  hâdalktâb  li  crce  livre  est  à  mo'in  <cl.  hâcta-l-kitâbii 
l-î;  hâdlk  el-bônt  bôntu  w  celte  fîUe-là  est  sa  fille '^,  cf.  cl.  tîka-l-bintu 
btntu-hu. 

A  la  différence  du  classique,  Tadjectif  démonstratif  dési- 
gnant les  objets  rapprochés  et  éloignés  est  fréquemment  ex- 
primé par  ha  au  lieu  de  hâda;  il  est  alors  invariable  (quel  que 
soit  le  genre  ou  le  nombre).  Ex.  :  hod  hal-'/qâlçm^^^  {^al-jqà 
km)  w prends  cette  plume 7-),  cf.  cl.  hiut  hâcta-l-qàlama;  Imân 
hal-kâlbê  fcà  qui  cette  chienne? 7?,  cf.  cl.  li-man  hâdi-l-kâlbatu ; 
etc.  De  même  on  a  (pour  les  objets  éloignés)  hâkd-  à  côté  de 
hâdîkel-  (fém.  sing.),  hâdâkel-  (masc.  sing.)  et  hddûkel-  (masc.  et 
fém.  pi.). 

/S.  Gomme  les  pronoms  démonstratifs,  les  adjectifs  démon- 
stratifs, sauf  hal-  et  hâkel-,  sont  variables  et  s'accordent  en  genre 
et  en  nombre  avec  le  mot  qui  suit.  Ex.  :  hâda  l-wàlçd  '"ajqdl  tr  cet 
enfant  est  sage^?  ;  hùdih  el-ulâd  (plus  souvent  hâk  el-ulâd)  sàtrîn  tf  ces 
enfanls-là  sont  espiègles 77  ;  hddîk  el-màm  (plus  souvent  hâk  el- 
màra)  ""âlmè  cr  cette  femme-là  est  instruite w. 


V.  PRONOMS  ET  ADJECTIFS  INDEFINIS. 

Les  différents  pronoms  et  adjectifs  indéfinis  sont  les  suivants 
dans  notre  parler  : 

A.  PRONOMS. 


a.  Pronom  indéfini  au  sens  de  w  quelqu'un  t?. 

Ce  pronom  indéfini  s'exprime  généralement  comme  en  clas- 
sique par  wâJiQd  <:.û.  wàhidu"  (fém.  wâhd(}<zc\.  wâhidatiC)  ^'^^ \ 
ex.  :  zâna  wâhçd  (lyâum)  ff  quelqu'un  est  venu  (aujourd'hui)  vers 
nouS77<:cl.  uia-nà  wâhidu"  i^al-yàuma)\  wâhçd  est  en  train  de 
tomber  en  oubli  dans  les  propositions  interrogatives,  supposi- 


(')  A  propos  (le  hal,  cf.  ce  que  dit  M,  Landberg,  Dadïnah,  p.  285. 

(^)  On  a  rappelé  (juc  ivdhidu"  a  aussi  le  sens  de  «un».  Lorsqu'il  est 
suivi  de  mon  et  en  même  temps  d'un  pronom  personnel  sullixe,  wfiliçd 
se  traduit  alors  par  crTun  dew  :  wâhçd  mon  'jqrâyobna. .  .  crTun  de  nos  [pa- 
rents. .  .  r>. 


MonpiioLor.in:.  277 

tivos  ou  négatives ^'^  et  de  co'der  ia  place  à  la  forme  Ijdda  (ou 
hûilf)  <:cl.  'âijada"  qui,  à  la  dilï'érence  de  wâ/j(d,  s'emploie  in- 
différemment pour  le  masculin  et  le  féminin.  Ex.  :  hàda  za  H 
ff  quelqu'un  est  venu?-»^,  cf.  cl.  hal  zaa  ^ihadu" ;  'éza  hàda  salçh 
(ou  sâilçh)  '^ànnê  wsi  quelqu'un  me  demande...  ^i,  litt^  wsi  quel- 
qu'un s'informe  auprès  de  loi  de  moi.  .  .r»,  cf.  cl.  ^iââ  ^ihadiC 
sà'alaka  ^ànn-ï. 


jô.  Pronom  indéfini  au  sens  de  wonw. 

À  la  différence  du  classique  qui  exprime  le  sens  indéfini  de 
ffon^-)^-)  par  la  3®  pers.  masc.  pi.  au  parfait,  notre  parler 
l'exprime  par  la  même  personne  à  l'aoriste.  Ex.  :  (b)-i'/qûlu 
hâiji  won  dit  comme  ceci^,  contre  cl.  qâlu  hâkadà  ;  'as 
b-isâmmu  hâda  *'éndlon  ?<•  qu'appel le-t-on  cela  chez  vous?  =  com- 
ment. .  .  n.  Mais  on  ne  dit  jamais  *haik  '/qâlu  dans  le  sens  de 
w c'est  ainsi  qu'on  dii-n;  cette  phrase  signifierait  ff  c'est  ainsi  qu'ils 
ont  dit^n 

wOn77  se  rend  aussi  par  "nâs  <:cl.  an-nâsu  cries  gens^?,  l-*^âkm 
<:cl.  al-*^âlamu  wle  mondes  (suivis  de  la  3®  pers.  masc.  pi.  du 
verbe  au  parfait  ou  à  l'aoriste),  enfin  par  wâhçd.  Ex.  :  ''nâs  b-yéhku 
ktîr  ffon  raconte  tant  de  choses  (vraies  ou  fausses)  ^•);  wâhçd  -a  b-i- 
sàdde'jq-s^^^  won  croirait  difficilement w,  litt'  w quelqu'un  ne  croi- 
rait pas  17;  wâhçd  as  ma  V^ia/  ff  quoiqu'on  en  fasse.,,  t)  litt*.  wquis 
quid  faciatT?;  etc. 


7.  Pronom  indéfini  au  sens  de  w chacun  w. 

Ce  sens  est  exprimé  par  hid}  <:cl.  hdliC'  ce  tout  w  suivi  de  wâhçd 
ou  de  mon,  Ex.:  hM  wâhed  b-yàWef  sûylu  ff  chacun  sait  ce  qu'il  a 
à  faire  1^,  litt*  ff  chacun  connaît  son  affaire  ?î  <c  cl.  huïlu  wâhidi'^ 
yâ^rifu  sûyla-hu;  ...  u-kûl^  mon  râh  l-mâlrah  ff ...  et  chacun  s'en  est 
allé  d*un  côté 77. 


S.  Pronom  indéfini  au  sens  de  «f  autrui w. 

Ce  sens  est  exprimé  comme  en  classique  par  lyâir  ffle  pro- 
chain?? <ccl.  al-yàirii  et  V/qrîb  (même  sens)  <:cl.  al-qarîbu  :  hébb 
ôl-/qrîb  ff  l'amour  du  prochain,  d'autrui??. 

(^)  Naturellement ,  dans  ces  dernières  propositions ,  hâda  signifie  t? personne»  ; 
cf.  ma  zâ-s  hàda  ff  personne  n'est  venu». 

^^)  Le  classique,  on  le  sait,  exprime  également  ie  pronom  indéfini  cfon»  au 
moyen  de  ia  3*  pers.  masc.  sing.  du  verbe  passif  au  prétérit.  Notre  parler  ne 
connaît  plus  ce  moyen  classique. 

(^)  -a.  . ,  -s  au  lieu  de  ma. ,  .  -s. 


278 


DEUXIE3IE    PARTIR. 


£.  Pronom  indéfini  au  sens  de  w  personne  w. 


Au  pronom  indéfini  w personnes  du  français  correspond  {ii)-lâ 
wâhçd  <C  cl.  {wayiâ  ivâhidu"  ;  mâhàda-(s)  <  cl.  ma  'ahada"  ;  là  hàda 
u-là  hâdô;  (iij-la  dùmrê  (cf.  cl.  iadmurlyu"^^^).  Ex.  :  {u)-la  wâhçd  zâ 
ffpea^sonne  n'est  venu  17;  ma  ""éndê  là  hàda  u-là  hâdè  wje  n'ai  per- 
sonne w;  ma  r/qîna  {ii)-la  diimi^ê  wnous  n'avons  trouvé  per- 
sonne î?  ;  etc. 

?.  Pronom  indéfini  au  sens  de  «fRiEN?'. 

Ce  sens  s'exprime  toujours  par  si  (cf.  cl.  s«iV  w choses)  dans 
une  proposition  négative.  Ex.  :  ma  ^end~ï{s)  si  cfje  n'ai  rien^^,  cf.  cl. 
ma  Hnd-î  sàiu"  ;  ma  ham-(s)  si  wje  n'ai  rien ,  je  ne  suis  pas  malade 7? , 
cf.  cl.  ma  biya  sàiii" ;  ma  ^{â'itm  sî-[s)'''^^  fftu  ne  m'as  rien  donné tî 
cf.  cl.  ma  ^aHaitani  saia'^  ;  etc. 

Remarque.  —  La  forme  dialectale  si  est  remplacée  à  Kfar*^abîda 
par  sm<::cl.  *saiiC'  (par  solécisme)  dans  un  exemple  unique  : 
'alâflàsîn  Hai  (ou  Ha'nja)  ccalif  n'a  rien  sur  lui?')  c'est-à-dire  ffalif 
n'a  pas  de  point  dessus  w^^). 

rj.  Pronom  indéfini  au  sens  de  ffTOUTw. 

A  wtoutw  correspond  W  suivi  immédiatement  de  si  :  kûV  si 
mlîh  fftout  est  bien^,  b-yà'^rçj  kuV  si  ce  il  sait  tout  7?. 

$.  Pronom  indéfini  au  sens  de  ctun,  l'un,  l'autre??. 

Quand  il  s'agit  de  choses,  cfl'un??  (ffun??),  fd'autre??  (rrautre??) 
est  exprimé  par  si  répété.  Ex.  :  hâda  si  u-^âdâk  si  wceci  est  un  et 
cola  est  autre??  ;  l-'âhyad  si  wo-l-Aswad  si  w6-l-hêllê  yélhdt  hM  si  wle 
blanc  est  un  et  le  noir  est  autre,  mais  la  beauté  surpasse  tout??, 
phrase  proverbiale  que  dit  une  personne  en  défendant  son  ami 
brun. 

Quand  on  parle  des  personnes,  ffTun??  se  rend  par  wâhçd  suivi 
de  mon  qui  à  son  tour  est  suivi  des  pronoms  personnels  suffixes  : 
sôfl  wâhçd  mdnon  wj'ai  vu  l'un  d'eux??.  —  Appliqué  uniquement 
aux  personnes,  cf  autre??  se  rend  par  wâhçd  (ou  hada)  y  air-  suivi 

(^)  Cf.  l'expression  classique  mâji  d-ddri  tadmurhju"  cril  n'y  a  dans  la  mai- 
son personne». 

^"^  La  négation  dialectale  comportant  déjà  |)ar  ell«vn)«îme  un  -s  [ma...  -«),  il 
se  trouve  (jue  dans  des  phrases  de  cette  sor/e  il  y  a  deux  s{i)  de  suite. 

(•'')  Influence  classique  (langue  de  l'école). 


MORPHOLOGIR.  279 

des  pronoms  suffixes;  ex.  :  wâhçd  yairçk  kàn  râh  ce  un  autre  que 
loi  serait  alléw. 


i.  Pronom  iindkfini  au  sens  de  w  plusieurs w. 

A  ff  plusieurs w  correspondent  hlrîn,  liâr,  Wiuhè,  serhèA^'>\  ex.  : 
ht'mn  ^âsu  'Iqàhlmonna  tf  plusieurs  ont  vécu  avant  nousw. 


B.  ADJECTIFS. 


a.  Adjectif  indéfini  au  sens  de  w  chaque w. 

À  l'adjectif  ff  chaque 77  correspond  W  suivi  d'un  substantif  sin- 
gulier (indéterminé):  M'  mahmûl  mô'nhân  w  chaque  (marchandise) 
portée  (c.-à-d.  non  vendue  sur  place)  n'est  pas  appréciée  77  (^^;/rw7' 
talmîd  mazbûr  itî^  «f  chaque  élève  est  obligé  d'obéir  77. 

/3.  Adjectif  indéfini  au  sens  de  ff  quelque,  certain 77. 

A  w quelque,  etc. 77  correspondent  les  formes  suivantes  : 

■  1.  si:  tînê  si  sâylê  w donne-moi  quelque  chose 77;  tUh  Içh  monnu 
si'lqô'rsdin  wdemande-lui  pour  loi  quelque  deux  piastres 77;^  monoîi 
*^ommàrin  fi  mdnon  hîijâHn.  .  .  (iiyèi  fôlMhîn  ce  il  y  a  parmi  eux  des 
architectes,  des  marchands.  .  .  et  quelques  cultivateurs 77. 

2.  kam  w quelque 77  -<cl.  kam  fr combien,  beaucoup 77  :  U  "énclu 
kâm  ^jqors  ^\\  me  doit  quelques  piastres 77,  litt*  ^^à  moi  chez  lui 
quelques  piastres  77;  ^Iqcfacl  ''énna  kâm  yànm  w il  est  resté  chez  nous 
quelques  jours 77. 

3.  haunê  (^ou  hûnîkçd)  :  fi  ^éndè  hânnê  zalmtâin  ffj'ai  chez  moi 
quelque  deux  hommes  77;  kûntfihîmtkçd  ^mf  ff  j'étais  dans  une  cer- 
taine maison  77. 

U.  swânfê;  ex.  :  ma*^\i  swâiyçt  môsryât  ff  il  a  quelque  argent 77. 

y.  Adjectif  indéfini  au  sens  de  wtout,  touS77. 

Ce  sens  s'exprime  comme  en  classique  par  kûV  <  cl.  kiiUu" 
suivi  d'un  mot  déterminé;  ex.  :  kûll  ennâs  kânu  bôl-'/qôddâs  cftout 

(^)  Sens  primitif  ff(une)  multitude  (de)». 
^'^  Litt'  :  «omne  transvectum  contemptumn. 


280  DEUXIÈME    PARTIE. 

le  monde  était  à  la  messe  17  <cl.  lûllu  n-nâsi  hânû  bil-.  .  .;  W^çb 
liill  en-"hâr  wil  s'amusa  toute  la  journée  7?. 

$.  Adjectif  indéfini  au  sens  de  wbiême,  le  jiême^. 

A  Tadjeclif  crmêmei^,  wle  même^î,  correspond  îra/iefl  (précédé 
d'un  nom  indéterminé),  fard  (suivi  d'un  nom  indéterminé), 
zât  <  cl.  dâiu",  nafs,  *'mn,  etc. 

Sauf  les  deux  premières,  toutes  ces  formes  sont  toujours  sui- 
vies des  pronoms  personnels  suffixes. 

VI.  ARTICLE  DÉFINI. 

Notre  parler  ne  connaît  que  l'article  défini.  L'article  indéfini , 

représenté  dans  d'autres  parlers  arabes  modernes  par  ivâhçd,  est 

entièrement  inconnu  à  Kfâr-abîda  comme  dans  tout  le  Liban.  On 

dit,  p.  ex.  ifrành  cfun  franco?,  hàh  ffun  livrer,  et  non  pas  *wâhçd 

frànk,  *wâhçd  ktâb,  etc. 

L'article  défini  est  représenté  à  Kfar^abîda  par  /-  {'el-,  "l-)  <ccl. 
al-;  il  se  met  toujours  devant  le  nom  à  déterminer  et  il  est  par- 
tout invariable. 

Le  second  élément  /-  de  l'article  [al-)  s'assimile  aux  mêmes 
consonnes  qu'en  arabe  classique  quand  celles-ci  commencent  le 
mot  qui  reçoit  l'article  défini,  savoir  ;  t,  d,  t,  d,  s ,  s,  z,  z,  s,  r,  l, 
n,  à  quoi  il  faut  ajouter  pour  le  parler  de  Kfar'^abîda  (comme 
pour  d'autres  parlers  modernes)  z  :  "^dàir  trie  couvents?  ■<  cl.  ad- 
dà'mi;  "zdbdl  wla  montagne w  <:  cl.  al-zàhalu;  tjle^  ôd-dàu  w le  jour 
se  levaw,  etc.  Celte  assimilation  établit  une  distinction  entre /-de 
l'article  indéfini  et  la  préposition  /-  <:cl.  li  wàiî  qui  ne  s'assimile 
pas  aux  consonnes  précitées  ;  Idârna  ffà  notre  maisons  <c:cl.  li- 
duri-nâ. 


CHAPITRE   IV. 


ANNEXION. 


Comme  dans  les  autres  parlers  de  l'arabe  moderne  ^^\   les 
formes  verbales  et  nominales  combinées  avec  les  enclitiques  pro- 


(')  Cf.  p.  ex.  W.  Marçais,  Saïda,  M.  S.  L,  t.  XV,  p.  58-6i  (et  5i-63  pour 
prélat  construite);  Tlemcen,  p.  i26-i5^. 


MORPHOLOfilR. 


281 


nominaux  (-7,  -la,  etc.)  subissent  dans  le  parler  de  Kfar^abîda 
certaines  niodilications  dont  les  relies  ont  déjà  été  esquissées  à 
propos  de  l'étude  du  vocalisme.  On  se  propose  ici  de  l'aire  de  ces 
règles  générales  une  application  particulière  en  synthétisant  ra- 
pidement les  phénomènes  que  détermine  dans  ces  formes  l'an- 
nexion de  ces  encliliques  pronominaux. 

On  suivra  naturellement  dans  ce  chapitre  la  même  méthode 
que  dans  le  reste  du  travail  et  Ton  partira  toujours,  autant  que 
possible,  des  complexes  classiques  (complexes  étant  entendus  ici 
de  la  forme  verbale  ou  nominale -f- l'enclitique  pronominal.  Ex.  : 
cl.  hamàllu-ha  wje  t'ai  porté 77,  Jàtâbu-hu  wson  livrer,  etc.). 

11  paraît  évident  en  effet  que,  sauf  innovation  analogique,  les 
complexes  dialectaux  ont  été  hérités  directement  du  classique.  On 
pourrait  il  est  vrai  formuler  contre  cette  application  de  la  mé- 
thode l'objection  que  voici  :  rrll  ne  convient  pas  de  partir  ici  du 
classique ,  parce  que  les  complexes  dialectaux  tels  que  hçmol-hm 
ffil  vous  a  portés  17,  sont  de  fabrication  purement  dialectale,  les 
sujets  parlants  ayant  toujours  été  capables  d'analyser  et  par  con- 
séquent de  créer  de  tels  complexes.  77  L'objection  ne  porterait 
réellement  que  si  l'on  pouvait  penser  un  instant  qu'il  est  impos- 
sible qu'il  y  ait  un  lien  historique  quelconque  entre  (p.  ex.)  le  cl. 
Mmala-Jiuni  et  son  équivalent  dialectal  hçmol-lon,  ce  qui  serait 
mettre  en  doute  que  la  langue  commune  d'où  proviennent  d'une 
part  l'arabe  classique  et  d'autre  part  les  dialectes  modernes  pra- 
tiquât ce  mode  de  combinaison,  chose  inadmissible  puisque 
toutes  les  autres  langues  sémitiques  le  pratiquent  également 
et  que  le  procédé  est  même  sans  doute  d'antiquité  chamito- 
sémitique^^l  II  faudrait  en  conséquence  qu'il  y  eût  impossibilité 
à  déduire  phonétiquement  (régulièrement)  les  complexes  dia- 
lectaux des  complexes  classiques  correspondants.  Or,  on  verra 
que  la  très  grande  majorité'  des  complexes  du  parler  peut  au 
contraire  s'expliquer  directement  en  partant  du  classique  et 
sans  faire  violence  à  aucune  des  règles  phonétiques  reconnues. 
Ce  n'est  que  lorsque  le  jeu  de  ces  règles  amenait  des  com- 
plexes trop  incommodes  ou  impossibles  que  le  sujet  parlant 
qui  était,  en  effet,  toujours  capable  de  les  analyser,  refaisait 
ces  complexes  en  combinant  la  forme  (verbale  ou  nominale) 
simple  et  l'enclitique  pronominal  dont  il  avait  conscience  en 
vertu  des  cas  les  plus  clairs  parmi  les  complexes  hérités  de  l'an- 
cienne langue. 

(^)  Aussi  un  chamitisant  connu,  M.  L.  Reinisch,  a-t-il  pu  soutenir  que  les 
coDQplexes  tels  que  hamdltu-ka,  etc.,  ont  dû  exister  avant  les  formes  simples 
telles  que  hamaltu.  (L.  Reinisch,  Das  persônliche  Fûvwort  und  die  Verbalflexion 
in  den  chamito-semitischen  Sprachen,  Wien,  1909.)  Ceci  du  reste  est  assez  peu 
vraisemblable. 


282  DEUXIÈME    PARTIE. 

I.   MODIFICATIONS  APPORTÉES  AUX  FORMES  VERRALES 

PAR  LEUR  GOMRINAISON 

AVEC  LES  ENCLITIQUES  PRONOMINAUX. 


A.  ANNEXION  AU  VERBE  DES  SUFFIXES  IMMEDIATS. 


1.  Parfait. 


a.  Le  sujet  est  une  3^  personne  masculin  singulier. 


CLASSIQUE. 


hâmala-hu     >  hémlu, 
hdmala-hâ     >  hémla  {hçméla). 
hâmala-ka     ;>  *h0mlk  >  hàmlçk. 
(hàmala-ki)        hémlik. 
hàmala-m      >  *hmnlnê  (  hemolnè). 
hàmala-hum'^  hémlon  [hpnélon). 
hàmala-kum  >  *hmolkou  {hpnolkon). 
hâmala-nâ     >  *hmolna  (hemolna). 

Remarque.  —  On  voit  que  sur  huit  complexes,  quatre  s'ex- 
pliquent directement  par  le  classique.  Les  complexes  hémlik, 
hçmolnêy  hçmolhon  et  hemôlna  existent  seuls  sans  avoir  à  côté  d'eux 
une  forme  provenant  du  classique.  Pour  hémlik  (opposer  cl.  hâ- 
malaki) ,  il  relève  d'une  anomalie  générale  signalée  ailleurs  déjà 
pour  la  2**  personne  du  singulier  féminin.  Quant  à  hçmolnè 
et  à  hemolna,  ils  ont  été  refaits  par  analogie  du  dialectal 
isolé  hçmdl  et  ont  remplacé ,  l'un ,  le  régulier  *hmolné,  l'autre , 
le  régulier  *hmolna,  parce  que  dans  le  parler  hmolné  signifie 
wporte-moi^  à  Vim^évaùî  et  fpnôlna  cr  porte-nous ti  au  même  mode 
(ou  même  encore  tmous  avons  portée?  au  parfait).  Dans  la  suite 
hçmolné  et  hçmôlna  ont  entraîné  la  forme  hçmolkon,  bien  qu'à 
l'impératif  *hmolkon  n'existe  pas.  A  côté  de  hémlon  et  de  hémla 
provenant  directement  de  cl.  hâmala-(h)um  ei  de  hAmala-(fi)â ,  on  a 
aussi  hçmàhn^^)  et  hçmèla^^^  refaits  sur  hî'moliwec  addition  de  -hon 
et  de  -ha. 


(')  L'accentuation  montre  que  ce  n'est  qu'à  date  récente  que  le  h  de  ~hon  (ei 
de  -ha)  s'est  amuï,  la  syllabe  qui  précède  ayant  été  traitée  comme  une  syllabe 
fermée.  Depuis,  Vô  s'est  ouvert  en  même  temps  que  la  syllabe. 


MORPHOLOGIE.  288 

(3.  Le  sujet  est  une  3°  personne  féminin  singulier. 

hamalàt-hu      >  hemlçtu  [hômllu). 
hainaliH-hà      ^  hemlçta  {IjôniUa). 
hamahit-ka      >  hemlçtçk  {hôniUçk). 
(hamaldt-ki)         hpnlçlik  [hèmllik). 
hamalâl-nl       >  homUlnè. 
hamalâl-kum  >  homhjton  [Ijâmllotij. 
hamaldt-kum  ;>-  hemlétkon. 
hamalât-nâ      ;>  homlétna. 

Remarque.  —  Sauf  pour  la  2^  sing.  fém.  régime  (/^omfeVî^),  toutes 
les  formes  qui  sont  les  aboutissants  réguliers  du  classique  existent 
encore.  Ce  sont  :  pour  la  3"  masc.  sing.  régime  hemlçlu,  pour  la 
3^  fém.  sing.  régime  hemlçta  (plus  fréquente  que  la  forme  concur- 
rente signalée),  pour  la  2®  masc.  sing.  régime  Jwmlçtçk,  pour  la 
i'^  sing.  régime  homlétné  (sans  concurrent),  pour  la  2^  pi.  comm. 
régime  homlçUm  (à  côté  de  hônilton  encore  rare);  etc.  11  semble 
évident  que,  au  P"^  (et  au  VHP)  tbème,  la  tendance  du  parler 
aille  vers  les  formes  hômïtu  (VHP  htâinltii),  etc.  (recherche  de  la 
syllabe  fermée),  là  du  moins  où  l'initiale  de  l'enclitique  prono- 
minal ayant  toujours  été  ou  étant  restée  consonantique  ne  rend 
pas  la  chose  impossible,  comme  dans  ïwmlétkon  où  du  reste  il  n'y 
a  pas  de  syllabe  ouverte. 

7.  Le  sujet  est  une  i'^''  personne  singulier  (genre  commun). 

hamâltu-Jiu     >  hmoltu. 
harnàltu-hâ     >  hmolta. 
hamâltu-ka     >  hmollçk. 
(  hamâltu-ki  )         hmôltik. 
hamàltu-hum  >  hmolton. 
hamâllu-kum  >  hmoUkon. 

Remarque.  —  Sauf  pour  la  3®  fém.  sing.  régime,  tous  les  autres 
cas  s'expliquent  directement  en  partant  du  classique,  même 
hmolta  (filière  phonétique  :  cl.  Iiamàltu-hâ  [chute  de  u  posttonique 
et  de  a  pré  tonique]  >•  *hmàlt-hà  >>  hmolta). 

S.  Le  sujet  est  une  2^  personne  singulier  masculin. 

hamulta-nî  >  Jimhllnè. 
hatnâlta-nâ  >  hmoltna. 
etc.  etc. 

Remarque.  —  Les  autres  personnes  (sauf  les  2"  régimes  qui 
n'existent  pas)  sont  identiques  à  celles  qui  ont  été  énumérées 
sous  y.  Il  est  à  peine  utile  de  remarquer  que  celles  qui  sont 
spéciales  à  S  proviennent  directement  du  classique. 


28^  DEUXIÈME    PARTIE. 

e.  Le  sujet  est  une  9^  personne  singulier  féminin. 

hanialti-hi     >  IimôUiQt). 
hamaltt-hà    >  hmÔltt[y)a, 
hamaltî-nî     >  ïmôlltnè. 
hamallî-him  >  hmôltî[y)on. 
hamaltt-nà    >  hmôltina. 

Remarque.  —  Tci  toutes  les  formes  sont  phonétiques,  si  Ton 
concède  qu'il  faut  partir  de  -i  final  arabe  commun  (voir  plus 
haut,  Vocalisme). 

?.  Le  sujet  est  une  3^  personne  pluriel  (genre  commun). 


hamaîû-hu 

;>-  hemîûih). 

hanialû-hâ 

>  h0nilû{w)a. 

hamalû-ka 

>  hgnilûk. 

hamalû-ki 

;>-  hemlûkê. 

hamalû-nî 

>  hemlûnè. 

hamaîû-hum  >>  }i0mlû{w)on 

hamalû-kum  >>  hemlûkon. 

hamalû-nà 

>  hemlûna. 

Remarque.  —  Ici  également  toutes  les  formes  sont  phonétiques 
Même  homlûkê  s'explique  directement  si  Ton  pose  un  arabe  com- 
mun *hamalu-kï,  prototype  possible  de  cl.  hamalû-ki. 

ri.  Le  sujet  est  une  2®  personne  pluriel  commun. 

hamaltu{rn)û-hu  >  hmÔltûQî), 

hamaltu[m)û-hâ  ;>»  hmôltû{w)a. 

hamaltu[m)û-nî  >  hmôUûnè. 

hamaltu{m)ii-hum  ;>  h)nôltû(tv)on. 

hamaltîi[m)û-nâ  >  hmôltûna. 

Remarque.  —  Tout  repose  ici  sur  la  forme  dialectale  hmôltu 
wvous  avez  porté  ?î,  quisuppose  *hamaltù  au  lieu  de  hamalhun[u)  en 

,     ,     p  ,      .  *hamaltû       hamalû 

vertu  de  la  lorme  analogique  :  -{ r-  =  ï r* 

"   *■  hamalta       hamala 

0,  Le  sujet  est  une  i"  personne  pluriel  commun. 

hamalnâ-hu    >  hmôlnah. 
hamalnâ-hâ     >  hmôlnnha. 
hamalnd-ka     >  hmôlnâk. 
hamalnâ-ki      >  hmôhiâkè. 
hamalnâ-hum  >  hmolnâhon. 
hamalnâ-kimi  >  hmôlnakon. 

Remarque.  —  Toutes  les  formes  sont  phonétiques.  On  pour- 
rail   soutenir   toutefois    que    -nâha    et  -nâhon   ont    été    refaits 


RIORPHOLOGIi:.  285 

(à  cause  de  leur  h  conservé).  Pour  -nâhé  inéme  observation  que 
sous  Ç. 

2.    AoRISTK. 

a.  Le  sujet  est  une  S*'  personne  masculin  singulier. 

ynkmilu-hu      I>-  yêhmlu. 

ytilmiilu-hâ      >  *yehmolha  >  yçJpndla. 
yâlimilu-ka      >  *yéhmlk  >  yéhmiçh. 
(  yâhinilu-ki)         yé/imlik. 
yâhmUu-nl      ;>  yehmohiè. 
ynhmilu-hum  >  *yçhmhlhon  >  yclimélon. 
yâhmilu-hum  >  yehmolkon. 
yahmilu-nà     >  yehm'ôlna. 

Remarque.  —  On  voit  que,  à  part  la  2^  personne  singulier  fe'- 
minin,  tous  les  complexes  sont  directement  explicables  par  les 
complexes  classiques  correspondants. 

/S.  Le  sujet  est  une  3"  personne  féminin  singulier. 

tehméla. 


tâhmilu-hu  >  têhmlu. 

tâhmihi-hâ  >  *tehmolha 

etc. 

etc. 

Remarque.  —  Tout  est  semblable  au  cas  immédiatement  pré- 
cédent; rinitialc  seule  varie  et  ce  n'est  pas  elle  qui  est  en 
question. 

y.  Le  sujet  est  une  2^  personne  masculin  singulier. 

tâhmilu-hu  >  tehmlu, 
etc.  etc. 

Remarque.  —  Identique  à  la  précédente. 

S.  Le  sujet  est  une  2^  personne  féminin  singulier. 

taliniili-hi    >  teljmlïÇti). 
tahnili-hcL  >  tehmli[y)a. 
lahmili-nl    >  tehmlinè. 
talimili-him  >  tehmli(y)on. 
tahmili-nà   >  tehmlina. 

Remarque.  —  On  voit  que  tous  les  complexes  s'expliquent 
phonétiquement  en  partant  du  classique.  Il  suffit  de  rappeler 
que,  à  l'aoriste,  le  parler  est  parti  des  formes  courtes  en  -ï  et 
non  de  celles,  connues  par  le  classique,  en  "ïna. 


286  DKUXIÈME    PARTIE. 

e.  Le  sujet  est  une  i'^  personne  (genre  commun). 

'àhmilu-hu  >  'éhmlu. 
etc.  etc. 

Remarque.  —  Tout  est  semblable  ici  à  a  et  à  /S;  Tinitiale  seule 
varie  et  il  s'agit  ici  des  finales. 

Ç.  Le  sujet  est  une  3^  personne  pluriel  commun. 

yaJimilû-hu      >  yehmlû{h), 
yahmilû-hâ      >  yehmlû{w)a. 
yahmilû-ka      >  yehmlûk. 
yahmilû-ki      >  yehmlûkê. 
yahmilû-nî      >  yehmlûnê. 
yahmilû-hum  >  yehmlû{w)on. 
yahmilû-kum.  >  yehmlûkon. 
yahmilû-nà      >  yehmlûna. 

Remarque.  —  Dans  ce  paradigme  tout  est  phonétique  si  Ton 
part  de  la  forme  de  Yapocopaliis  (voir  plus  haut,  p.  286). 

rt.  Le  sujet  est  une  9^  personne  pluriel  (genre  commun  dans 
le  parler). 

tahmilû-hu  >  tehmlûQi). 
etc.  etc. 

Remarque.  —  De  même,  dans  ce  paradigme  tout  est  phonéti- 
que; l'initiale  seule  étant  différente. 

6.  Le  sujet  est  une  i""®  personne  pluriel  commun. 

ndhmilu-hu  >  néhmlu, 
etc.  etc. 

Remarque.  —  Identique  à  la  précédente. 

Remarque  générale.  —  On  voit  qu'à  l'aoriste  presque  tous 
les  complexes  peuvent  se  déduire  par  voie  phonétique  directe  des 
complexes  classiques  correspondants. 

3.  Impératif. 
a.  Le  sujet  est  une  2^  personne  masculin  singulier. 


ihmîl-hu 

>  hmélu. 

ihtnl-hâ 

>  hmdla. 

ihmû-nl 

>  hmolné. 

ihmtl-hum 

>  hnidlon. 

ihmîl-nà 

>  hmolna. 

MORPHOLOGIE. 


'287 


Rkmauque.  — -  Même  les  cas  tels  ([uc  Imûlu,  etc.,  doivenl  être 
considérés  comme  phonétiques,  étant  donné  qu'avant  ramuïsse- 
ment  de  h  ia  i""  syllabe  était  fermée  :  cl.  ihmil-hu,  etc. 

/3.  Le  sujet  est  une  2®  personne  féminin  singulier. 


ihmili-hi 

ihmilî-hâ 

ihmiU-nî 

ihmili-him 

ihmili-iià 


hmdli{h). 

hnidli[y)a. 

kmàlinè. 

hmdU{y)on. 

hmdlîna. 


Remarque.  —  Analogue  à  la  précédente.  —  La  chute  de  e 
aurait  amené  un  groupe  de  3  consonnes  à  l'initiale,  groupe  équi- 
valant à  U  consonnes  à  Tintérieur,  groupe  évité  dans  le  parler. 

7.  Le  sujet  est  une  2®  personne  pluriel  (genre  commun  dans 
le  parler). 


ihmilû-hu 

ilimilû-hâ 

ihmilû-nï 

ihmilû-hum 

ihmilû-nà 


hmdlûQi). 

hmdlû{w)a. 

hmdlûnè. 

hm9lû(w)on. 

hmdîûna. 


Remarque.  —  Ici  également  tout  est  phonétique. 

Remarque  générale.  —  Il  serait  étrange  d'admettre  que  le 
parler  ait  recréé  tous  ses  complexes  à  Timpératif,  puisque  chacun 
d'eux  peut-être  considéré  comme  l'aboutissant  du  complexe  clas- 
sique correspondant,  et  cela  d'autant  plus  que  la  forme  isolée 
est  hmâl  avec  une  longue  analogique  ainsi  qu'on  l'a  déjà  vu 
(cf.  Verbe,  p.  i38). 


B.  ANNEXION  AU  VERBE  DES  SUFFIXES  MEDIATS. 

La  question  ne  se  pose  pas  pour  l'arabe  classique  où  les  com- 
plexes de:  préposition  -[-élément  pronominal  enclitique  forment 
encore  deux  mois  indépendants^^),  mais  elle  se  pose  pour  le  parler 
dans  le  cas  (qui  se  trouve  être  unique)  d'une  préposition  mo- 
nosyllabique à  voyelle  brève  :  ce  cas  est  celui  de  la  wà,  vers^^. 
Le  complexe  en  question  se  subordonne  à  la  forme  verbale 
de  la  même  façon  que  les  éléments  pronominaux  enclitiques 
étudiés  jusqu'ici.  Mais  la  rencontre  de  la  consonne  apparte- 
nant à  la  préposition  et  de  celle  appartenant  à  l'élément 
pronominal  amène,  suivant  les  règles  vues  dans  l'étude  du  vo- 


^')  Au  moins  dans  la  graphie. 


288  DEUXIÈME    PARTIE. 

calisme,  une  modification  dans  la  coupe  des  syllabes  et,  par 
voie  de  conséquence,  un  transfert  de  Taccent  vers  la  fin  du  nou- 
veau mot  qui  est  ainsi  constitué  par  Tagglutinalion  de  la  forme 
verbale  et  des  groupes  préposition  -|-  élément  pronominal  encli- 
tique. 

Ces  groupes,  subordonnés  aux  formes  verbales,  ont  une  forme 
plus  courte  (ce  qui  tient  à  leur  nature  enclitique)  que  lorsqu'ils 
sont  des  complexes  employés  dans  le  sens  du  verbe  cr avoirs  ; 
voir  p.  282.  Ils  sont  alors  en  effet  : 

-lu  cfà  luin.  -Ion  rà  cuxw. 

-la  ffà  ellc55.  -Ion  crà  ellesw. 

-Içk  ffà  toi»  (masculin).  -Ikon  fcà  vous 77  (masculin). 

-lik  ffà  toi»  (féminin).  -Ikon  «à  vous»  (féminin). 

-le  (fà  moi».  -Ina  trà  nous». 

Exemples  : 

1.  Parfait. 

kçteb-lu  «il  lui  a  écrit»  [h(Uaha-\-  lahu). 
ketbot-lon  welle  leur  a  écrit»  (kntabat  -{-  lahum). 
ktebti-lna  «tu  nous  as  écrit»  [fém.]  {katdbtl -\-  lanâ). 
ketbil-lçk  «ils  t'ont  écrit»  {kàtabû  ■]- laka). 
ktebnâ-lkou  «nous  vous  avons  écrit»  {katdbnâ -{-  lakum). 

2.  Aoriste. 

yçktob-lu  ffil  écrit  à  lui»  [ydktubu -\- lahu). 
iekiôb-la  trelle  écrit  à  elle»  (t/iktubu  -{-  lahd), 
tekbi-lna  «tu  nous  écris»  [fém.]  (tâktubî  ■-{-  lanâ). 
y ektbû-lçk  vils  VécrixenUi  {yâktubû -\-laka). 
tektbû-la  «vous  écrivez  à  elle»  (tâktubû -\-  lahâ). 
nektéb-lkou  trnous  vous  écrivons»  [ntiktubu -\- lakum). 

3.  Impératif. 

ktab-la  «écris  à  elle»  {uktûb -{- lahà). 
ktçbî-lè  «écris  à  moi»  [fém.]  (uktubi  -\-  lî). 
ktçbû-lna  «écrivez-nous»  (uktubû -{- lanâ).         * 

Remarques.  —  1"  En  somme,  l'annexion  dialectale  des  éléments 
pronominaux  enclitiques  médiats,  introduit,  les  i"^^  et  2^  personnes 
masculin  singulier  du  parfait  mises  à  part,  les  modifications 
(phoiiéliquement  régulières)  suivantes  : 

a.  Elle  attire  toujours  Taccent  sur  la  dernière  syllabe  du 
thème  verbal  (à  cause  de  la  syllabe  fermée  ([ui  se  produit);  ex.  : 
''àmila -^  lahu  ce  il  lui  a  fait^?  >dial.  ""çmÔl-lu^^K 

^')  Le  maintien  de  la  première  voyelle  brève,  bien  (qu'inaccentuée,  s'expli- 
que, sans  aucun  doute,  par  l'analojjie  de  la  forme  isolée  :  'émi)l. 


MOUPHOLOGli:. 


289 


V 


(3.  Elle  conserve  la  longueur  des  longues  finales  du  verbe  en 
même  temps  qu'elle  attire  Tacccnt  sur  la  syllabe  qui  les  contient; 
ex.  :  cl.  qûlnâ -\- lak((  ffnous  t'avons  dit7?>dial.  'IqÔlnâlçk;  yà/- 
tahii-\-li  ffils  m'ouvriront 7î  ^dial.  yojïhù-lé. 

y.  En  revanche,  elle  occasionne  Tabrégement  des  voyelles 
longues  qui  se  trouvent  dans  la  syllabe  du  thème  verbal  quand 
celui-ci  est  monosyllabique^^)  (voir  Vocalisme,  p.  io5,  suiv.),  et 
empêche  naturellement  aussi  l'allongement  analogique  de  la 
voyelle  brève  de  l'impëratif  masculin  singulier;  ex.  :  cl.  qàla-^- 
lahu  ffil  lui  a  dit  7")  >dial.  'jqàl-lu;  taMmu-\~lî  ce  tu  me  resteras  « 
'>>tdém-lê;  ^yailhu  -|-  lahum  mi  leur  apportera ^^  >>  izéb-lon;  '^môl-lu 
ff  l'ais-luii?  (cf.  isolé  ^mâl  wl'aisi?);  qûl-\-  lahà  wdis  à  eWe-n  :>>'lqÔl-la 
(isolé  dialectal  '/qui);  etc. 

2°  L'annexion  de  -Ina  et  de  -Ikon,  aux  formes  verbales  de 
la  i'*'  et  de  la  2*"  personne  masculin  singulier  du  parfait,  fait 
apparaître  (pour  éviter  le  concours  de  k  consonnes),  une 
voyelle  secondaire ^'^^  entre  la  forme  verbale  et  le  suffixe;  après 
la  voyelle  secondaire  il  y  a  redoublement  spontané  ^^^  de  /,  ce 
qui  fournit,  quand  il  en  est  besoin,  une  syllabe  fermée  qui  at- 
tire naturellement  l'accent.  Ex.  :  ktobt-él^kon  cfje  vous  ai  écrite, 
de  cl.  katâbîu  -\-  lakum;  'jqôlt-éhia  w  tu  nous  as  ditw,  de  cl.  qûlta 
-\-  lanà;  etc. 

Mais  le  déplacement  de  l'accent  et  la  gémination  de  /  ne 
sont  que  facultatives  avec  les  éléments  pronominaux  encli- 
tiques médiats  qui  ne  comportent  qu'une  seule  consonne,  celle 
qui  appartient  à  la  préposition.  Ex.  :  hmôlt-éllu  (à  côté  de 
hmolt-lu)  ff  tu  lui  as  portée  (cl.  hamàlta -\-  lahu);  ^Iqolt-éllçk  (à 
côté  de  ^Iqolt-lçk)  cfje  t'ai  ditw  (cl.  qûltu -\- laka)  ;  etc.  Les  se- 
condes formes  sont,  au  reste,  plus  régulières  et  plus  courantes 
à  la  fois. 


(^)  Cela  a  lieu  dans  les  verbes  mediae  iv  ou  y ,  lorsque  les  formes  appartenant 
à  ces  verbes  ne  présentent  aucune  finale  autre  qu'une  voyelle  brève. 

(^)  D'autres  dialectes  modernes  de  l'arabe  connaissent  cette  voyelle  secon- 
daire. —  Notre  parler  se  trouve  ici  d'accord  avec  le  tunisien  où  l'accent  porte 
également  sur  la  voyelle  secondaire;  cf.  Marçais,  Tlemcen,  p.  i3i  et  182. 

(^)  Il  s'agit  d'une  gémination  spontanée  de  /  qui  trouve  un  parallèle  exact 
dans  la  gémination  parisienne  du  même  phonème.  Presque  tous  les  Parisiens 
disent,  par  exemple,  el-ladi  au  lieu  de  la  prononciation  correcte  çladi  {elle  -f- 
a  -\-dit),  ce  qui  les  rend  incapables  de  faire,  dans  la  prononciation,  une  dis- 
tinction entre  elle  +  <*  +  ^^^  ^t  elle  -|-  l'a  -}-  dit.  On  rencontre  pourtant  aussi 
la  prononciation  attendue  çladi,  mais  ce  n'est  guère  qu'en  province.  — •  11  est 
bien  connu  aussi  que  le  grec  homérique  pratiquait  la  gémination  spontanée  de 
/  (et  de  n),  dans  le  cas  de  la  rencontre  d'un  mot  à  finale  brève  suivi  d'un 
mot  commençant  par  l'une  de  ces  deux  sonantes;  voir  Havet-Duvau,  Métrique 
grecque,  S§  35  et  l\h  (p.  19,  28  et  2^). 

PARLER  DE  KFAr'ABÎDA.  IQ 


!290  DEUXIÈME    PARTIE. 

G.  ANNEXION  AU  VERBE  DES  SUFFIXES  À  LA  FOIS  IMMÉDIATS 

ET  MÉDIATS. 

Dans  le  cas  d'annexion  aux  formes  verbales  de  deux  suffixes, 
l'un  immédiat,  l'autre  médiat,  tout  se  passe  exactement  comme 
dans  le  cas  d'annexion  de  suffixes  immédiats;  les  éléments  prono- 
minaux médiats  restent  complètement  indépendants  et  gardent, 
par  conséquent,  les  mêmes  formes  qu'ils  ont  lorsqu'ils  sont 
employés  dans  le  sens  du  verbe  fravoirn  (cf.  p.  982  (^)).  Ex.  :  cl. 
hi'CaSa-hu  la-nà  wil  nous  l'a  envoyé??  >dial.  hà^tu  Içna;  istaràitu-hâ 
la-ha  «je  l'ai  achetée  à  toi??  :>'Stràita  Içh. 

Cependant  notre  parler  abandonne,  de  plus  en  plus,  cette 
tournure  classique  et  se  sert,  actuellement,  d'un  procédé  (employé 
même  en  classique  dans  quelques  cas  déterminés,  dans  l'annexion , 
par  exemple,  de  deux  suffixes  immédiats),  procédé  qui  consiste 
à  rejeter,  loin  des  formes  verbales,  les  suffixes  immédiats  devenus 
des  complexes  pronominaux  médiats  par  suite  de  leur  annexion 
à  la  particule  (indice  de  l'accusatif)  yâ-  <:  cl.  ^njà-;  les  suffixes 
médiats  se  trouvent  alors  en  contact  avec  les  formes  verbales  et 
forment  avec  elles  des  complexes  composés  des  formes  verbales 
plus  les  éléments  pronominaux  enclitiques.  Ex.  :  strait-éVkon  yâh 
cf  je  l'ai  acheté  à  vous^?;  hcC'ât-lê  yâha  cfil  me  l'a  envoyée??;  etc. 

On  se  sert  également  dans  le  parler  de  la  particule  yil-, 
dans  les  cas  où,  en  classique,  le  verbe  est  suivi  de  deux  suffixes 
tous  deux  immédiats;  ex.  :  "^allàmta-m-hâ  «du  me  l'as  enseignée?? 
>>dial.  ^allêml-7ié  yâha;  etc. 

IL  MODIFICATIONS  APPORTÉES 

AUX  FORMES  NOMINALES  PAR  LEUR  COMRINAISON 

AVEC  LES  ENCLITIQUES  PRONOMINAUX 

OU   AVEC  UN    AUTRE    SUBSTANTIF  (ÉTAT   CONSTRUIT). 


A.  COMBINAISON  AVEC  LES  ENCLITIQUES  PRONOMINAUX. 


1.  Participe. 

A  la  difi'érence  du  classique  qui,  dans  le  cas  d'un  enclitique 
pronominal  de  1''''  personne  du  singulier,  ne  pratique  pas  l'an- 

^'^  Pas  plus  clans  le  parler  qu'en  classique  il  n'y  a  donc  ici  fusion  du  sulTixc 
médiat  avec  le  complexe  formé  par  ie  verbe  et  félémeni  pronominal  encli- 
tique. 


MOnPHOLOGlK. 


291 


nexiou^^)  à  la  i'açoii  du  verbe  avec  -nï,  mais  à  la  façon  du  sub- 
stantif (c'est-à-dire  avec-ï),  notre  ])arler  emploie  toujours,  avec 
le  participe  présent,  la  forme  analogique  -m  {-né).  Il  dit  donc, 
par  exemple,  Mnwlnè  ff /ue  (pépo)v^-> ,  hâmlftnè  <;((.ie  (pépova-av.,  pluriel 
(le  féminin  indistinct  d'avec  le  masculin  —  la  forme  est  celle 
du  génitif-accusatif),  /tâmlPué  (cl.  hâmilina-nl),  etc.  Le  même 
mot  a  dans  le  parler  -è  ou  -né,  suivant  qu'il  est  ou  substantif 
ou  participe;  ex.  :  ni'àhnè  crmon  professeur,  mon  maître^?,  et 
nfallômnè  ^yis  SiSacDcoovv.  —  En  dehors  de  ce  cas,  le  participe  suit 
pour  l'annexion,  les  mêmes  règles  que  le  substantif  (voir  plus  bas). 

2.   Substantif. 

On  Ta  vu,  les  formes  nominales  isolées  du  classique  subissent , 
en  passant  dans  notre  parler,  de  nombreuses  et  importantes  mo- 
difications au  point  de  vue  de  la  coupe  syllabique  et  de  l'accent, 
surtout  lorsqu'elles  finissent  sur  une  voyelle  longue  (ancienne- 
ment suivie  d'une  consonne  faible  %  w,  2/),  ou  de  son  équivalent 
-a''.  Les  complexes  classiques,  composés  d'une  forme  nominale 
et  d'un  pronom  enclitique  régime,  subissent,  naturellement,  des 
modifications  analogues,  toutes  conformes  à  la  pbonéticjue  du 
parler  (cf.  Vocalisme) ,  bien  qu'ils  aboutissent  dans  chaque  cas  aux 
complexes  dialectaux  correspondants  tels  qu'ils  sont  usités  à  Kfar- 
'abîda.  Comme  la  principale  différence  qu'il  y  a  dans  le  pailer 
entre  les  formes  nominales  isolées  et  les  formes  combinées  avec 
les  enclitiques  pronominaux  concerne  la  place  de  l'accent,  on 
peut  utiliser  l'étude  de  la  place  dialectale  de  l'accent  comme 
moyen  de  classer  les  différents  phénomènes.  Mais  le  plus 
important  est  de  faire  remarquer  qu'ici  encore,  comme  pour  le 
verbe,  il  n'y  a  pas  solution  de  continuité  entre  l'usage  classique 
et  l'usage  dialectal. 

j°  Les  complexes,  qui  avaient  en  classique  l'accent  sur  la 
dernière  syllabe  de  la  forme  nominale,  cette  syllabe  étant  tou- 
jours longue,  ne  subissent  dans  le  parler  aucune  modification 
concernant  la  place  de  l'accent;  il  y  a,  naturellement,  chute  de 
la  voyelle  ou  des  voyelles  prétoniques;  ex.  :  cl.  ridâ-ka  wton  consen- 
tement 75  >>  dial.  rdâk  [iorme  isolée  rida"  rconsentement^^  >dial. 

du  \/r-d-ij)\  ma'wâ-hu  wsa  demeure ?7  '>-ma\vâh  (forme  isolée 

'ffiawà  ^nuVwa)'^   ^idâ-nâ  crnos  ennemis ^^  ^''dâna  (forme  isolée 

dà  >>  V<^^);   ^atâyâ-lîim    rvos  dons  17  ::>  Hâyâkon  (forme   isolée 

atâyâ  "^^^lya);  ^asâmî-knm  wvos  noms  17  '^-^sâmihon  (forme  isolée 

asàmi"  ^-'sâmé);  etc. 


^'^   Sauf  quelques  rares  exceptions. 


19, 


292  DEUXIÈME    PARTIE. 

2°  Les  complexes  qui,  en  classique,  avaient  Taccent  sur  la 
pénultième  de  la  forme  nominale,  ne  subissent,  à  Kfâr^abîda, 
aucune  autre  modification  que  la  chute  des  voyelles  pretoniques 
et  de  la  finale;  ex.  :  cl.  baqarâtu-ka  wtes  vaches 77  >  hajqrâtçk 
(forme  isolée  baqarâtu"  >  ba/qrât)  ;  hitâhu-nà  ff  notre  livre ^5 
T^-htâbna;  etc. 

Remarque.  —  Un  certain  nombre  de  complexes,  tels  que  mir*âtu~ 
hu  (fson  miroirs? ,  mihlâtu-hà  cr  sa  musette  (d'une  bête  de  somme)^, 
etc.,  ne  sont  pas  représentés  dans  le  parler  par  *mrâtu,  môhlâta, 
mais  jinr  mrâitu  (3  syllabes),  mohlàijçta,  qui  sont  analogiques  de  la 
forme  isolée  nirâyê,  mÔhlâyê  (opposer  cl.  mirâtu'\  mihlâtu'')^^^ 

3"  Les  complexes  nominaux  qui,  en  classique,  avaient  l'accent 
sur  l'antépénultième  delà  forme  nominale,  ne  subissent,  à  Kfar- 
*abîda,  aucune  modification  intéressant  la  place  de  l'accent 
quand  les  enclitiques  pronominaux  sont  -hu,  -ha,  -ki  et  -ï  (dans 
le  parler  -u,  -çk ,  -ik  et  -é,  tous  ici  à  initiale  vocalique);  ex.  :  cl. 
qâlanm-ka  crta  plumer?  ::>'lqâlmdk  (forme  isolée  qàlamu"  ^^/qà- 
Içm)-^  lûtub-ï  ffines  livres 7:)  :>'kolbê  (forme  isolée  kûtubu"  :::> hçtob) ; 
hâdimu-hu  wson  serviteurs?  >]tâdmu  (forme  isolée  hâdimu'^  :>>  hâ- 
âçm);  dâi^atu-ki  crton  village w  :>■  dàïHik  (forme  isolée  dâi^atu" 
:xlài^a)\  etc. 

Mais  lorsque  les  enclitiques  pronominaux  ont,  même  dans  le 
parler,  une  initiale  consonantique  (cl.  -kum  et  -nà,  dial.  -km 
et  -«a),  il  s'est  produit  (après  la  chute  de  la  finale  brève  de  la 
forme  nominale)  une  fermeture  de  la  syllabe  précédente  qui  a 
occasionné  un  déplacement  de  l'accent  sur  cette  syllabe;  ex.  :  cl. 
kûlubu-nà  frnos  livres  5?  >>kotôbna;  dài^atu-kmn  rr votre  village  ?5 
>>  dai^élkon:  etc. 

Enfin,  lorsqu'il  s'agit  des  enclitiques  pronominaux  -hà  et  -hum 
devenus  (à  date  récente)  -a  et  -on  (anciens  -'a  et  -^on)^  il  n'y  a 
aucun  déplacement  de  l'accent  lorsque  ce  dernier  reposait,  en 
classique,  sur  une  syllabe  ouverte;  s'il  reposait,  au  contraire,  sur 
une  syllabe  fermée,  il  se  déplace  (comme  dans  le  cas  précédent) 
au  profit  de  la  première  posttonique;  ex.  cl.  kûlubu-huni  cf leurs 
livres  s?  :>-kotbm;  qâhuuu-hâ  fcsa  plume  77  :>-'/q(dina;  mais  dàl^atu- 
hum  ffleur  village 75  ^xlal^çUm  (^da^éthm)-^  madînatu-hâ  wsa  ville 77 
(à  elle)  '>'mdm('ta  (J' mdvnétha) \  etc. 

/i"  Les  complexes  à  premier  élément  nominal  qui ,  en  classique, 
avaient  l'accent  sur  la  préantépénultièmc  de  la  forme  nominale, 
sont  traités  dans  le  parler  de  la  façon  suivante. 

0)   CI'.,  p.  2/18,  noie  1. 


MORPHOLOGIE.  293 

Les  noms  qui,  dans  ces  conditions,  ont  la  syllabe  accentuée 
ouverte  (du  fait  qu'ils  ne  comportent  aucune  syllabe  fermée),  ne 
subissent  aucun  changement  de  la  place  de  Taccent  devant  les 
enclitiques  dialectaux  à  initiale  vocalique  :  -u,  -çk,  -ik,  -ê;  ex.  : 
cl.  hâsanatu-ka  ffton  bienfaits  >dial.  hâsntçh  (cf.  isolé  hâsanatu" 
>hàsnè)\  bàqarat-ï  crnia  vache t^  ^hà'jqrtè  (cf.  isolé  hàqaratu" 
:>bâ'lqm);  etc. 

Ceux,  au  contraire,  dont  l'accent  reposait,  en  classique,  sur 
une  syllabe  fermée  ou  longue  (équivalent  d'une  syllabe  fermée), 
et  qui  comportaient  les  mêmes  enclitiques  pronominaux,  subissent 
un  déplacement  de  l'accent.  Ce  dernier,  en  effet,  vient  se  fixer 
sur  la  syllabe  suivante  devenue  fermée  par  suite  de  la  chute  de 
la  seconde  voyelle  posttonique;  ex.  :  cl.  mâdrasatu-ka  ff  ton  collège 77 
>madréstçk  (isolé  mâdrasatu"  :>mddrsé);  mâqbaratu-hu  wson 
cimetière ^7  ^ma^qbortu  (isolé  mâqbaratu"^  >mâ'/qbra);  etc. 

Lorsque  les  enclitiques  pronominaux  sont  -na,  -km,  -(h)a  et 
-{h)on,  les  noms  delà  première  catégorie  (ex.  :  hâsanatu")  laissent 
glisser  l'accent  sur  la  syllabe  qui,  en  classique,  était  la  seconde 
posttonique  et  qui  était  devenue  fermée  par  suite  de  la  chute  de 
la  première  et  de  la  troisième  posttoniques.  L'accent  avance  donc 
ici  de  deux  syllabes.  Ex.  :  hâsanatii-nà  fc notre  bienfaits  '^hasnétna; 
bâqaratii-hum  wleur  vache w  ':>  bd" Iqrçton  (^ba'/qréthon);  etc. 

Ceux,  au  contraire,  dont  l'accent  reposait  en  classique  sur 
une  syllabe  fermée,  quand  ils  comportent  les  enclitiques  prono- 
minaux énumérés  en  dernier  lieu,  laissent  passer  l'accent  indif- 
féremment sur  la  première  posttonique  devenue  fermée  ou  bien 
sur  la  seconde  qui  l'était  également  (dans  ce  dernier  cas,  c'est  aux 
dépens  de  la  première  qui  tombe);  ex.  :  cl.  mâdrasatu-nà  rr notre 
collèges  >madrsçtna  ou  madréstna;  màsbayatu-hiim  wleur  teintu- 
rerie 7?  >masby§ton  ou  masboyton;  etc. 

L'hésitation  entre  les  deux  régimes  de  syllabation  et  d'accen- 
tuation se  comprend  assez  bien,  étant  donné  que  le  groupe 
consonantique  qu'il  s'agissait  de  résoudre  était  de  5  consonnes  et 
que,  par  conséquent,  la  limite  des  syllabes  flottait  entre  la  2^  et 
la  3^  d'une  part,  la  3®  et  la  4*' de  l'autre,  soit  (en  désignant  parC 
une  consonne  quelconque)  : 

un  groupe  :  —  G+G  +  G  +  G-1-G  — 
coupé  :  —  G-j-G  II  G  +  G  +  G  — 
ou  bien:  —  G-f-G  +  G  || -f-C-f-G  — 

Remarque  1.  —  Gomme  dans  la  plupart  des  dialectes  arabes 
modernes  (cf.  par  exemple  Marçais,  Tlemcen,  p.  1A6),  l'annexion 
des  enclitiques  pronominaux  au  pluriel  masculin  externe  se  fait 
sur  la  forme  en  -in;  -n-  se  maintient  ici  à  la  diflérence  du  classi- 


29/j  Di;i AlkMK    PARTIR. 

que;  ex.  ifoUâhlnkm  ffvos  paysans i^,  etc.  (o\^\iOScr c\.  fallâld-hun), 
et  il  en  est  naturellement  de  même  du  participe  masculin  pluriel. 

On  sait  quen  classique  le  participe  actif  (à  n'importe  quel 
thème  du  verbe)  peut,  en  cas  d'annexion  d'un  pronom  encliti- 
que, conserver  -na  au  pluriel  masculin  (nom.  -ima,  acc.-ge'n. 
-hui)^  mais  qu'il  possède  aussi  dans  cet  emploi  les  formes 
courtes  en  -n-,  -T-;  ex.  :  hâmilûna-ka  kots  (pépovTSs-n^  dànhûna-ha  ^as 
tuttIovts?-)-),  mais  aussi  hàmilâka,  dâribû-ka  [hàmili-ha,  etc.,  à  côté 
de  Ijâmilina-ka ,  etc.):  cf.  pour  les  dernières  formes  celles  que  l'on 
trouve  seules  dans  les  complexes  à  pronoms  enclitiques  :  banû-ka, 
hanî-ka  wtes  fils 7-);  ce  n'est  qu'à  l'état  isolé  que  Ton  a  hammam 
hanîna. 

Ce  qui  est  vrai  du  pluriel  l'est  également  pour  les  très  rares 
duels  qui  sont  encore  employés  avec  les  pronoms  enclitiques 
(notre  parler,  qui  emploie  encore  fréquemment  le  duel  isolé  ou  à 
l'état  construit,  évite  soigneusement  de  le  faire  avec  ces  pronoms): 
inamhon  wvous  deux 77;  ^annâuiçk  (dans  yâsb  ^annâinçh  fcen  dépit 
de  toi.  .  .  deux  fois 77);  ha/q'/q/nnu  rril  a  deux  fois  raison 77  (cf. 
hajq'/f  w droit,  dû^^);  ^endâinê  wj'ai  certainement  77  (cf.  '^énd 
ff  chez  77). 

Il  faut  signaler  enfin  que  les  dénominations  duelles  de  quelques 
parties  du  corps  adjoignent  les  pronoms  enclitiques  au  thème 
duel  sans  -/^(^),  comme  cela  a  lieu  en  classique;  ex.  :  ^îdâ'é  wtes 
deux  mains 77  (opposer  isolé  'tdâin  et  cf.  c\.îjadàp-ni)\  %iànjé  wnies 
deux  yeux 77  <<cl.  '^ainâh/a  (cf.  isolé  ^î/i«m);  ^ezràhia  wnos  deux 
pieds 77  [plus  souvent  ira'ma^  (cf.  isolé  'ezràin  et  cl.  rizlàhii  «deux 
pieds 77);  dînàik  «tes  deux  oreilles 77  (isolé  dinàin),  cf.  cl.  'udnâi-ka. 
[Il  ne  s'agit,  naturellement,  ici  que  de  complexes  hérités  comme 
tels  d'une  période  plus  ancienne  de  la  langue.] 

Remarque  2.  —  Le  parler  de  Kfar'abîda,  comme  la  plupart  des 
parlers  modernes  (cf.  W.  Marçais,  Tlemcen,  p.  1^0),  possède  plu- 
sieurs noms  à  terminaison  -c  (cl.  -ïyu")  ou  -a  (cl.  -à  ou  -â''M("))qui, 
par  analogie,  sont  traités  comme  les  noms  à  finale  -é  {-a  après 
une  emphatique)  <  cl.  -atu".  Naturellement ,  ces  quelques  noms 
subissent,  dans  le  parler,  les  mêmes  modifications  syllabiques  et 
accentuelles  que  celles  que  l'on  a  signalées  pour  les  noms  qui  se 
terminent  par  l'indice  du  féminin  -ê  <cl.  -atu";  ex.  :  kvrsté  «ma 
chaise 77  (isolé  kûrsé  <:cl.  kursîyu"  «chaise 77,  faussement  inter- 
prété comme  s'il  valait  ^'kûrsatu");  môzrtu  «son  canal  77  (isolé  moire' 
^Z'^' inazrtyu",  en  réalité  cl.  màzra");  dwâtkon  «votre  remède 77  (isolé 
dàwa  <ccl.  dawau")\  modrétna  «notre  van 77  à  côté  de  môdrâyétna 
(isolé  môdrc,  cf.  cl.  nudra"  et  miârâtu")'^  ma/qltê  «ma  poêle  à  frire 77 
(isolé  ma/qlè  ou  mô'/qlâyè,  cf.  cl.  miqla",  miqlâtu'');  "sdlçh  «ton 
biUon77  (isolé  ^lUaou  ^sûyc  <<  cl.  ^àm  ou  ^asâtu",  barbarisme  déjà 


MOIIPHOLOÔIK.  205 

ancien);  mziHàm  wdeux  mcdjidié  (monnaie)^,  cf.  isolé  mzîdè 
<::cl.  mazîdh/u"  (interprété  comme  si  le  mot  provenait  de  *mazî- 
(hitu")\  mzanl~(d-(uk'h  cr cbrestomathiiîTi ,  d'.  cl.  mazànl-l-'âdabi  [mAé 
mzâné  -<cl.  mazâni");  ^azrat-el-^azâm  ffVier^fje  des  vierges^,  cf.  cl. 
"^nârâ  'a-l-*aMrâ,  vocatif  (isolé  ^azm  <:cl.  ^adrau);  etc. 


B.  COMBINAISON  AVEC  UN  AUTRE  SUBSTANTIF 
(ÉTAT  CONSTRUIT). 

Ce  qu'on  appelle  dans  les  grammaires  sémitiques  wétat  con- 
struite? n'est,  au  fond,  qu'une  variété  d'annexion.  Toutefois,  au 
lieu  d'un  enclitique  pronominal,  le  mot  annexé  est  un  substantif 
comme  celui  auquel  on  l'annexe.  L'emploi  de  l' frétât  construit?? 
est  presque  l'unique  moyen  dont  se  serve  notre  parler  pour  indi- 
quer le  rapport  d'annexion  entre  deux  formes  nominales.  Le  pro- 
cédé consistant  à  marquer  ce  rapport  (comme,  par  exemple, 
dans  les  langues  romanes),  au  moyen  de  prépositions  (mi^^ 
dyâl,  etc.,  cf.  Marçais,  Saïda,  M.S.L.,  t.  XV,  p.  62),  procédé 
auquel  ont  recours  certains  parlers  modernes,  est  à  peu  près 
inconnu  à  Kfâr'^abîda  (et  dans  tout  le  Liban,  sauf  dans  quelques 
villes  du  littoral  comme  Beyrouth  et  Tripoli  de  Syrie).  Ceci  au 
point  de  vue  syntaxique. 

Comme  pour  les  complexes  composés  d'un  nom  et  d'un  encli- 
tique  pronominal,  le  procédé  dialectal  de  l'w état  construit??  est  la 
reproduction  directe  du  procédé  correspondant  en  classique.  Le 
premier  terme  (comme  dans  les  complexes  à  enclitiques  prono- 
minaux) subit  des  modifications  qui  sont  tout  à  fait  conformes 
aux  règles  phonétiques  reconnues  pour  le  parler.  Ceci  au  point 
de  vue  historique. 

a.  Les  premiers  termes  de  complexes  qui  avaient,  en  classi- 
que, l'accent  sur  la  pénultième ^^^  ne  subissent  aucune  modifica- 
tion par  suite  du  fait  qu'un  autre  substantif  (à  initiale  vocalique 
ou  consonanlique)  leur  est  annexé;  ex.  :  cl.  zârwii-l-kàlbati  w  le 
petit  de  la  chienne??  >dial.  zm^o-J-kàlbé ;  kitàhu-t-tilmiâi  «le  livre 
de  l'élève??  :>- ktâb-6t-talmîd ;  etc. 

Remarque.  —  A  côté  des  formes  telles  que  slât-,  ''sât-,  ''bât-,  etc. 
(dans  slât-el-lmrè  rcla  prière  du  prêtre??,  '^sât-el-mo^'^âz  wle  bâton 
du  chevrier??,  ''bât  fôllâlma^'\e  manteau  de  notre  laboureur??,  etc.), 
le  parler  de  Kfar^abîda  emploie  fréquemment  les  formes  sala, 

'')  A  la  différence  des  complexes  composés  do  nom  plus  enclitique  prono- 
minal, l'accent  ne  repose  jamais  ici  sur  la  dernière  syllabe,  même  en  classique; 
cf.  mawd-ka  rrta  demeure '?,  mais  mnwâ  rnildi'^,  etc, 


296  DEUXIÈME    PARTIE. 

Visa,  ^âba,  etc.,  introduites  ici  par  analogie.  On  dit  couramment 
en  effet  sâja-l-hnrè,  ^âsa-l-mo^^âz ,  Vba  fôllâJpia ,  etc.  —  Il  en  est 
de  même  des  complexes  tels  que  yadau-l-fallâhi  wle  déjeuner 
du  laboureurs? ,  kîrau  yâumi-nâ  ffle  salaire  de  notre  journée ^n 
Comme  à  l'état  isolé,  après  la  chute  de  la  finale  et  du'  et  Tabré- 
p^ement  de  la  nouvelle  finale,  le  premier  substantif  laisse  remon- 
ter l'accent  jusqu'à  la  syllabe  antécédente  :  fâda-l-fôUâh,  kéré 
yàiimna  (à  l'état  isolé  yàda,  hérê). 

/3.  Quand  le  premier  substantif  portait,  en  classique,  l'accent 
sur  l'antépénultième,  il  ne  subit  pas  de  modification  au  point  de 
vue  de  l'accent;  toutefois,  il  faut  distinguer  ici  entre  le  cas  où  le 
second  substantif  commence  par  une  voyelle  et  celui  où  il  com- 
mence par  une  consonne.  Dans  le  premier  cas,  la  voyelle  de  la 
syllabe  qui  suivait  immédiatement  la  syllabe  accentuée  en  classi- 
que tombe;  ex.  :  cl.  madînatu-l-màliM  wla  ville  du  roiiî  >>  dial. 
mdînt-el-mâl§k ;  etc.  —  Dans  le  cas  où  le  second  terme  a  une 
initiale  consonantique,  la  même  voyelle  subsiste,  car  la  syllabe 
qui  la  contient  reste  fermée;  ex.  :  madînatu  mâliki-nà  wla  ville  de 
notre  roiw  :>mdîn§t  malékna;  qâlamu  rasâsi"  wun  crayon  (de 
plomb  )  n  >  '/qâlçm  rsâs  ;  etc. 

y.  Les  substantifs  premiers  éléments  de  complexes ,  qui  por- 
taient, en  classique,  l'accent  sur  la  préantépénultième,  suivent 
exactement  les  mêmes  règles  que  les  complexes  à  enclitiques 
pronominaux,  sauf  pour  l'accent  qui  reste  toujours  à  la  même 
place  qu'en  classique;  ex.  :  hàqaratu  zâri-nà  wla  vache  de  notre 
voisina  -^-hà'lqret  zârna[d.ç\..  hàqaratu-nà  >ba'/qréina);  bâqaratu- 
l-fallâhi  wla  vache  du  hhomeur y^  >ba/qrt-el-fôllâh  (rarement  et 
par  innovation  analogique)  ba/qr^t-el-fÔllâh  (cl.  bàqarat-i  >■  bajq- 
rtê)  ;  etc. 

Remarque  1.  —  Au  pluriel  masculin,  le  premier  substantif 
maintient,  naturellement,  toujours  n,  comme  cela  a  lieu  dans  la 
combinaison  avec  les  pronoms  enclitiques;  ex.  :  cl.  habbâzi-l- 
màliki  ffles  boulangers  du  roir),  dial.  hebbâzîn-el-mâkk  (comme  si 
Ton  disait,  en  classique,  * habbàzîna-l-mâliki  au  lieu  de  habbâzi-U 
mâliki,  cf.  isolé  habbàzîna  [acc.-gén.]). 

Remarque  2.  —  Comme  dans  la  plupart  des  dialectes  arabes 
modernes  et  principalement  dans  les  dialectes  syriens  (cf.  par 
exemple  W.  Marçais,  Tlemcen,  p.  i5o),la  mise  à  l'w  état  construit  ?? 
du  qualificatif  après  le  substantif  auquel  il  se  rapporte,  est  un 
procédé  habituel  et  très  courant  dans  notre  parler;  ex.  :  ktâh-cl- 
kbtr  w le  grand  livre ??,  en  face  de  cl.  al-kitâbu-l-kabiru ;  etc. 


MORPHOLOGIE. 


297 


Remarque  3.  —  Les  pluriels  du  type  ^aqtâlu"  perdent,  dans  ie 
parler,  on  Ta  vu,  la  première  syllabe  V  et  se  confondent  avec 
d'autres  types  classiques  dans  le  type  dialectal;  ex.  :  cl.  ^aJctcifu" 
ff épaules w  >dial.  kiâf.  Toutefois,  il  subsiste  une  trace  de  la 
syllabe  ^a-  quand  ces  pluriels  sont  annexés  à  un  autre  substantif 
(nom  de  nombre),  sans  intermédiaire  de  l'article:  cl.  hâmsatu 
^ahmâli"  wcinq  charges 77  >  dial.  hâmsl-çhmâl {\so\é  'ahmâlu"  >  dial. 
hmâl);  'ârba'^atu  'artâli"  wcinq  ratlsw  ::>'àrbaH-ortâl  (isolé  ^artâti" 
>  rtâl)  ;  etc. 


298  DEUXIÈME    PARTIE. 


CONCLUSION  GENERALE. 


Dans  tout  Texposé  qui  précède  on  s'est  constamment  appliqué 
à  comparer  Tétat  actuel  du  parler  de  Kfar*abîda  avec  Tétat  relati- 
vement ancien  de  l'arabe  classique  en  prenant,  provisoirement  au 
moins,  ce  dernier  comme  une  norme  non  dépourvue  de  réalité;  en 
même  temps  on  a  cherché  à  montrer  comment  la  langue  vulgaire 
usitée  sur  un  point  précis  de  la  côte  syrienne  procède  directement, 
sinon  de  la  langue  classique,  du  moins  d'une  langue  commune  sen- 
siblement voisine  de  celle  qu'ont  décrite  les  grammairiens  arabes. 
On  ne  tentera  pas  ici  de  légitimer  ce  point  de  vue  qui  n'est  pas , 
semble-t-il,  celui  qu'admettent  en  général  les  arabisants  qui 
s'occupent  de  dialectologie  vulgaire.  On  n'essaiera  pas  davantage 
de  caractériser  le  parler  de  Kfar^abîda  par  opposition  aux  autres 
parlers ,  ou  même  aux  autres  grands  dialectes  encore  vivants  dans 
l'usage.  L'évolution  de  tous  ces  parlers  et  dialectes  est  en  effet  trop 
sensiblement  parallèle  pour  que  la  chose  soit  bien  intéressante  en 
elle-même.  On  se  contentera  donc  de  retracer  ici  les  grandes  lignes 
de  la  phonétique  et  de  la  morphologie  en  rappelant  à  l'occasion 
les  origines  classiques  qui  permettent  d  apprécier  soit  les  conserva- 
tions ,  soit  les  innovations. 

Pour  ce  qui  est  de  la  phonétique  et  tout  d'abord  de  la  phoné- 
tique des  consonnes,  certains  indices  —  entre  autres  le  nombre 
vraiment  extraordinaire  des  phonèmes  spirants,  sifflants  ou  chuin- 
tants —  laissent  entrevoir  que,  lors  de  l'évolution  du  consonan- 
tisme  sémitique  commun  le  plus  ancien ,  le  point  d'arîicuïatmi  avait 
été  sacrifié  au  profit  du  mode  d'articulation ,  ce  qui  révèle  un  certain 
manque  d'énergie  dans  la  prononciation  en  général.  Il  en  a  été 
tout  autrement  dans  le  passage  du  sémitique  commun  à  l'araméen 
et  il  en  a  été  une  seconde  fois  tout  autrement  dans  le  passage  de 
l'arabe  commun  aux  dialectes  modernes  :  \e  6,  d  du  sémitique 
commun,  par  exemple,  est  devenu  en  effet  t,  d  en  araméen,  et  de 
même  le  6,  dde  l'arabe  classique  est  devenu  t,  d  dans  la  plupart 
des  parlers  modernes.  L'arabe  présente,  en  outre,  des  occlusives 
pures  là  où  le  cananéen  et  l'araméen  avaient  encore  des  sourdes 
aspirées  (ar.  t,  fc,  etc.,  contre  canan.  aram.  t^,  A'',  etc.).  Seule  la 
sourde  labiale,  qui  dès  une  époque  préhistorique  avait  donné  en 
arabe  un/dentilabial,  n'a  pu  revenir  en  arrière.  Dans  l'ensemble 
donc,  soit  à  une  époque  très  ancienne  pour  l'araméen,  soit  dans 
le  passage  de  l'époque  ancienne  h  l'époque  moderne  pour  l'arabe, 
l'arliculation  s'est  raffermie  entre  deux  périodes  données,  Ce  Chirac* 


moi{|'II()i,(k;ii: 


200 


loie  traccroissemcnl  do  lY*noi'gie  dans  rarticulalion  est,  on  l'a 
vu,  parliculièrement  sensible.  puis(jue  notre  parler  tend  (voir 
plus  haut)  à  n'avoir  (pie  des  syllabes  l'ermées  (aussi  bien  en  avant 
(piVn  airière),  (ju'il  maintient  (en  les  modifiant  ou  non)  toutes 
les  consonnes  du  classi(pie,  même  les  plus  faibles,  les  faucales, 
et  (pf enfin  il  va  jusqu'à  transformer  l'attaque  vocalicjue  douce 
(soit  une  consonne  zéro),  en  attaque  vocalique  forte  (soit  une 
consonne  hamza)  dans  le  cas  d'une  syllabe  initiale;  fermée  et  accen- 
tuée qui  ne  comportait  pas  ^  a  l'initiale  dans  la  langue  classique. 
Il  n'est  donc  pas  hors  de  propos  de  rappeler  ici  que  le  parler  de 
Kfar'abîda  comme  ses  voisins  est  un  parler  arabe  reposant  sur  un 
ff  substrat 77  araméen. 

Ge'néralement  conservateur  au  point  de  vue  de  la  quantité  des 
voyelles  et  de  la  coupe  syllabique  comme  h  celui  du  consonantisme, 
notre  parler  l'est  également  pour  l'ensemble  des  formes  verbales 
et  nominales.  Dans  hien  des  cas  pourtant,  on  Ta  constaté,  il  a 
marché  dans  le  sens  de  la  simplification;  mais  malgré  le  nombre 
assez  grand  des  innovations  réalisées  dans  ce  but,  il  est  bien  loin 
de  pouvoir  être  comparé  au  même  point  de  vue  à  l'une  quelconque 
des  langues  sémitiques  anciennes  autres  que  l'arabe;  pour  ce  qui 
est,  par  exemple,  du  pluriel  interne  et  de  la  formation  nominale, 
il  est  encore  d'une  richesse  qui  peut  être  regardée  comme  exces- 
sive. En  somme  le  caractère  proprement  arabe  de  la  morphologie 
s'est  fidèlement  maintenu ,  et  il  s'est  produit  ici  beaucoup  moins  de 
compromis  que  sur  le  domaine  phonétique  et  dans  le  champ  du 
vocabulaire  où  les  habitudes  articulatoires  et  lexicographiques  des 
populations  qui  ont  abandonné  leur  ancien  idiome  pour  l'arabe, 
transparaissent  si  souvent  encore  dans  la  trame  du  parler  contem- 
porain. 


TABLE  DES  MATIERES. 

Pages. 

Avant-propos tu 

Introduction ix 

Observations  préliminaires xiii 

PREMIÈRE  PARTIE.  —  Phonétique 1-132 

CuAPiTE  PREMIER.  —  Gonsomies 1 

J.     Faucales i 

Changements  spontanés i 

A.  Hamza i 

B.  h a 

C.  ^ 17 

D.  ' 19 

Changements  combinaloires ai 

II.  Gutturo-palataies a  5 

Changements  spontanés 2  5 

A.  'Iq 25 

B.  k 39 

C.  h 3o 

D.  "^ 3i 

Changements  combinatoires 32 

III.  Sifflantes  et  chuintantes 34 

Changements  spontanés 34 

A.  s 34 

B.  z 35 

G.  s 35 

D.z 36 

E.  i 38 

F.  z 38 

Changements  combinatoires ^1 

IV.  Dentales ^7 

Changements  spontanés . . , ^7 

A.  6eid ^7 

B.  t 53 

C.  d 53 

D.  « ......   54 

E.  cl 55 

Changements  combinatoires 56 

V.  Labiales 62 

Changements  spontanés t>2 

A.  /. 62 

B.I..... 63 

Changements  combinatoires 64 


302  TABLE   DES   MATIERES. 

VI.  Sonanles 66 

Changements  spontanés 66 

A.  Liquides  :  /  et  r 66 

B.  Nasales  m  et  n 70 

C.  Semi-voyelles  w  et  y 71 

Changements  combinatoires 76 

Chapitre  II.  —  Voyelles 82 

I.  Diphtongues 8  j 

II.  Voyelles  proprement  dites , 87 

1.  Voyelles  longues  cl  brèves  à  l'initiale 89 

A.  Voyelles  à  Tinitiale  absolue 89 

B.  Voyelles  à  l'initiale  relative  (après  consonne) 90 

2.  Voyelles  longues  et  brèves  à  Tintérieur  du  mot 107 

3.  Voyelles  longues  et  brèves  en  finale  de  mot 1 1  ^i 

A.  Voyelles  en  finale  absolue  (syllabe  ouverte) 1  i^^i 

B.  Voyelles  brèves  en  finale  relative  (syllabe  fermée) .  118 

â.  Assimilation  et  dissimilation  vocaliqucs 121 

Conclusion  générale  du  vocalisme 120 

I.  Syllabes  initiales  ou  intérieures 1  ^'6 

1°  Coupe  syllabique  envisagée   dans  le  sens  progressif  (fin 

de  syllabe) 126 

.    ,  .2°  Coupe  syllabique  envisagée  dans  le  sens  régressif  (initiale 

,,,,     de  syllabe) 128 

3°  Chute  des  brèves  intérieures  (initiale  comprise) 12g 

II.  Syllabes  finales  (du  classique) *....  i3o 

DEUXIÈME  PARTIE.  —  Morphologie 1 33-297 

Chapitre  premier.  —  Verbe .......  i33 

I*^  thème. i33 

A.  Verbes  forts  au  l*"'  thème  . . 1 33 

B.  Verbes  faibles  au  I"  thème 1  -^o 

1.  Verbes  à  1'*  radicale  faible 1  Ai 

2.  Verbes  à  9'  radicale  faible 1^5 

3.  Verbes  à  3*  radicale  faible 1^9 

à.  Verbes  à  a*  et  3°  radicales  identiques 1 5ù 

5.  Verbes  à  1"  et  a*  radicales  faibles 1 57 

6.  Verbes  à  1"  et  3'  radicales  faibles 1 67 

7.  Verbes  à  a*  et  3"  radicales  faibles iSg 

8.  Verbes  à  trois  radicales  faibles 161 

lï"  thème  (intensif) 161 

A.  Verbes  forts  (II"  thème): .", 1 62 

B.  Verbes  faibles  (IP  thème) 16/» 

lir  thème  (causatif  ) 167 

A.  Verbes  forts  (III*  thème) 168 

B.  Verbes  faibles  (  IIP  thème) 168 

IV'  thème  (causatif) 171 

V*  thème  (réfléchi  de  l'intensif) 17 


o 


TABLK    DKS    MATlÈUES.  303 

VI'  thème  (réfléchi  du  causalif) 170 

Vil*  thème  (réfléchi  à  n  préfixe) 170 

A.  Verbes  forts  au  VIT  thème 177 

B.  Verbes  faibles  au  VU"  thème 178 

VHP  thème  (à  -t-  infixé) 181 

A.  Verbes  forts  au  VIII*  thème 182 

B.  Verbes  faibles  au  VIII'  thème 1 8â 

IX'  thème ; iB'i 

X'  thème  (désidératif) 1 86 

Remarque  commune  à  fensemblc  des  verbes  trilitères 190 

Verbes  quadrilitères 191 

A.  Verbes  quadrilitères  (thème  fondamental) 191 

B.  Verbes  quadrihtères  (thèmes  dérivés) , 1 90 

G.  Verbes  quasi-quadrilitères 193 

Le  passif. 198 

Chapitre  II.  —  Nom 199 

I.  Ce  qui  reste  de  la  déclinaison 199 

II.  Genre 200 

1"  Noms  caractérisés  comme  féminins  par  un  indice  ap- 
proprié   201 

a"  Noms  caractérisés  comme  féminins  par  leur  sens  propre,  tioi 

0°  Noms  uniquement  féminins  par  l'usage aoo 

III.  Nombre 20/1 

x\.  Duel 20A 

B.  Pluriel 2 o5 

1.  Pluriel  externe 20G 

2.  Pluriel  interne 211 

a.   Pluriel   interne  à  indice  suffixe  ou  mor- 
phème préflxé 212 

|S.  Pluriel  interne  sans  indice  suffixe  ou  mor- 

plième  préfixé 218 

Conclusion  générale  sur  les  pluriels  externes  et  in- 
ternes    226 

C.  Singulier,  formation  des  noms 227 

1.  Formations  nominales  par  prélixation  d'un  mor- 

phème    228 

2.  Formations  nominales  par  infixation  d'un  mor- 

phème   233 

3.  Formations  nominales  par  suffixation  d'un  mor- 

phème    206 

à.  Formations  nominales  comportant   à  la  fois  un 

morphème  préfixe  et  un  indice  suffixe 2A6 

5.  Formations  nominales   comportant  à  la  fois  un 

morphème  infixe  et  un  indice  suffixe 2^ij 

6.  Formations  nominales  caractérisées  par  une  simple 

alternance  vocalique 2^9 

IV.  Noms  de  nombre 261 

A.  Noms  de  nombre  cardinaux 261 

1 .  État  absolu 261 

2.  Etat  construit  des  noms  de  nombre 260 


304t  TABLE   DES    MATIERES. 

B.  Noms  de  nombre  ordinaux 266 

G.  Noms  de  nombre  fractionnaires. ...  * 267 

Chapitre  III.  —  Pronom 968 

I.  Pronoms  personnels 268 

II.  Pronoms  interrogatifs 271 

III.  Pronoms  relatifs 278 

IV.  Pronoms  et  adjectifs  démonstratifs » '27  4 

V.  Pronoms  et  adjectifs  indéfinis 276 

VI.  Article  défini , , 280 

Chapitre  IV.  —  Anneidon 280 

I.  Modifications  apportées  aux  formes  verbales  par  leur  combi- 

naison avec  les  enclitiques  pronominaux 282 

A.  Annexion  au  verbe  des  suffixes  immédiats 282 

B.  Annexion  au  verbe  des  suffixes  médiats 287 

C.  Annexion  au  verbe  des  suffixes  à  la  fois  immédiats  et 

médiats 290 

II.  Modifications  apportées  aux  formes  nominales  par  leur  combi- 

naison avec  les  enclitiques  pronominaux  ou  avec  un  autre 

substantif 290 

A.  Combinaison  avec  les  enclitiques  pronominaux 290 

B.  Combinaison  avec  un  autre  substantif  (état  construit). .  296 

Conclusion  GÉ^ËRALE. 298 

Table  des  matières 3o  1 


E  R  H  ATA . 


Remarque  gknéralk.  —  Prière  de  rétablir  o  partout  où  on  trotivera  à  (|tii  h-  ivn). 
place  par  erreur. 

Page       2 ,  11.  3  :   lire  'ûsbi'u"  et  non  mbiu". 

4,  1.  8-9  :  lire  'amânatv"  et  non  'amd  -c  nain". 

5,  I.  /i  :    lire  'uhlii"  et  non  uhlu". 
5,  n.  3  :    lire  'iyâ  et  non  îyà. 

17,  I.  33  :  lire  lirnah  et  non  lima. 

19,  I.  39  :  lire  p.  2  9  et  non  p.  1  9. 

20,  i.  kU:  lire  hàSé  et  non  hàdê. 
96,  1.  3  :     lire  cf  et  non  g. 

60,  I.  3o  :  lire  zasisaiu"  et  non  zâsisain". 

4i  ,  I.  7  :     lire  saf/w"  et  non  satlu. 

4i  ,  1.  9  2  :  lire  'elmdz  et  non  'elmdz. 

67 ,  1.  1  :     lii-e  daldda(ta)  et  non  daldla{ta). 

67,  1.  3i  :  lire  ad-dazidlu  et  non  ad-daziàlii". 

70,  1.  9/1  :  lire  /iM/i  et  non  kun". 

70,  1.  25  :  lire  henné  et  non  himnè. 

75,  1.  8  :      lire  hdiyçl  et  non  hdiyel. 

87,  1.  8  :     lire  dammatu!^  et  non  (la)»  m  a  In". 

90,  1.  10  :  lire  encore  et  non  en  core. 

100,  1.  8  :     supprimer  1. 

102,  1.  3:     lire  ^ayribatu"  et  non  ayribain". 

102,  1.  5  :     lire  > au  lieu  de<. 

102,  1.  17  :  mettre  un  point-virgule  devant  idddn"  au  lieu  do  le  mettre 
devant  w avant-bras??. 

102 ,  1.  19  :  lire  >  et  non  <C  :çnné. 

106,  n.  5  :  supprimer  la  demi -parenthèse  ). 

110,  1.  1 3  :  lire  sijqân  et  non  sî'/qdn. 

ii5,  n.  7  :  ajouter  t.  II  à  Gramm.  arabo^. 

PARLER  DE  KFAr'abÎDA.  ^0 


306 


âge  1  1 6 

1.  12 

122, 

l  33 

1  a/i, 

1.  3: 

125, 

1.  1  : 

127, 

1.  11 

189, 

i.  i3 

lAi, 

1.  18 

162 

n.  1  : 

i/i6, 

1.19 

1^6 

l.  29 

1^8 

1.  G: 

i55, 

n.  2 

157, 

1.5: 

i65, 

L  1  : 

166 

n.  2 

169 

1.  16 

169 

n.  3 

1  70 

1.37 

171 

n.  1  : 

177 

1.  li: 

i«5 

n.  h 

194 

l   10 

201 

n.  2 

ao8 

1.  2: 

209 

,  1.  3: 

218 

J.7: 

225 

l   2^ 

995 

1.  2  5 

2/10 

,1.5: 

9^11  , 

1.  22 

258 

,  1.  33 

963 

,  1.  33 

268 

,  1.  26 

268 

,  1.  27 

268 

,  1.  3i 

288 

,1.9: 

290 

,1.8: 

ERRATA. 

lire  ktobu  et  non  klôbu. 

lire  p.  92  et  non  [>.  91 . 

lire  mô^/qtâyê  et  non  môqt/iyê. 

lire  >  et  non  <C  qaltil. 

lire  hâsta"^  et  non  hdst.ç'^. 

lire  ba'da  et  non  bada. 

lire  [b)tezçn  et  non  {b)lé'zçn. 

ajouter  t.  I  h  Gramm.  arabe^. 

supprimer  h  parenthèse  de  part  et  d'autre  de  isdlù 

lire  lid'he   et  non  hd'lif. 

mettre  entre  parenthèses  'aisdtu'^. 

ajouter  l.  I  à  Gramm.  arabe^. 

supprimer  les  guillemets  de  waada  et  compléter  ceux  de 
il  a  enterré .  .  . 

lire  >  et  non  <<  bdkkçt. 

ajouter  t.  I  à  Gramm.  arabe^. 

lire  <C  et  non  >  kdfa'a. 

ajouter  t.  I  k  Gramm.  arabe^. 

rétablir  un  r  à  la  fin  du  dernier  moi  de  la  ligne. 

lire  -on,  -lion  et  non  -on,  -hon. 

lire  {b)ténksçr  et  non  {b)ténkçsr. 

ajouter  t.  I  k  Gramm.  arabe^. 

lire  saufdr  et  non  saujar. 

ajouter  t.  I  k  Gramm.  arabe^. 

lire  kadiru'^  et  non  kaQiru^. 

fermer  la  parenthèse  après  habbdzatu". 

lire  maldfinatu'^  et  non  maldjiantv^. 

supprimer  ceci:  le;  (après  'jqandtl). 

lire  èaitdnu'^  et  non  sa'itdnn^. 

corriger  -c  final  en  -è  dans  mo'jqmdrze. 

lire  hduta  et  non  hduta. 

lire  de  et  non  ée. 

lire  t  et  non  t<Ct,  6. 

lire  hun  et  non  hân. 

lire  hân  et  henné,  non  hân  et  henné. 

lire  hennân  et  non  hennân. 

supprimer  :  voir  p.  282. 

supprimer  :  {cf.  p.  282). 


KRRATA.  307 

Page  '2()0,  1.  :^5  :  supprimer  le  signe  >  devant  (liai. 

agi  (au  bas) :1e  commencement    des    cinq    dernières    ligno>    est   toini>é. 
Rétablir  : 

rçda 

mawâ 

'idâ 

'atàyâ 

'a«amt" 

2()(),  1.  ri 6  •  lire  bà'jqrçl  et  non  bajqrel  zdrna. 


i 


PJ    Feghali,  Michel  T. 

6810     Le  parler  de  Kfâr'abîda 

Z9KU 


PLEASE  DO  NOT  REMOVE 
CARDS  OR  SLIPS  FROM  THIS  POCKE 


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