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Full text of "Le Parler français"

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^* 


Univof 

Toronto 

LiPRARY 


LE 

PARLER  FRANÇAIS 

Bulletin  de  la  Société  du  Parler  français  au  Canada 

COURONNA   PAR    LACAUliMIB   FRANÇAISB 


Médaille-souvenir  du  Premier  Congri»  de  la  Ijtngue  française 
au  Canada  :    1912. — (^wri  ti  mtê.) 


Lb: 

l'AULKlî  FIIANCVIS 

Bulletin  de  la  Société  du  Parler  français  au  Canada 

COI  RONnA    I-AH    I.'ac:aI>KMIE    FIIASrAISK 


Organe  ofl'riel  du  Comité  permanent  de  la  Langue  françaùe 


SEHTK.MBHK   1915-    SEPTEMBRE   191() 


PUBUÊ   PAR 


LA  SOCIÉTÉ  1)1    PAKLEH  FHAMjAlS  AU  CANADA 

UNlVliRSlTH  LAVAL 
QUÉBEC 


^ 


Imprimeur  O  DépoiiUtre 

L'ACTION   SOCIALK  Ltée  0  HONORK  CHAM!>ION 

Typographie  et  Keliure  Y  Libraire  et  Ktlitcur 

103,    RIE   SAINTE-ANNE,    103  ù  9,   QUAI   MALAQUAIS,   9 

QUÉBEC  PAMt 


7(1 


ALPHABET  PHONETIQUE 

(Signes  conventionnels  pour  la  figuration  de  la  prononciation) 
d'après  MM.  (iIi.likron  et  l'abbé  Hoi:ssKi.OT 


Lktthes  fkan(;aises.  Les  lettres  a,  e,  i,  o,  ii,  b,  d,  n,  f,  j,  k, 
l,  m,  II,  /),  r,  t,  i>,  z,  ont  la  même  valeur  qu'en  français. 

.7  =  9  dur  ((/àteau)  ;  s  =  s  dure  (sa);  ai:^eii  français  (heu- 
re/jx)  ;  ii>=:()ii  senii-voyelic  (oui);  ;/ =  i  semi-voyelle  (pied); 
w  =  ii  senii-voyelle  (lii/ile);  è  =  c  féminin  (je);  h  marque  l'aspi- 
ration. 

Letthes  nouvelles.  11  =  011  français  (cohcou);  c  =  ch  fran- 
çais (chez). 

Signes  diac.kitiques.  Lu  demi-cercle  au-dessous  d'une  con- 
sonne indique  que  celle  consonne  est  mouillée:  /  (son  voisin  de 
/-f  ;/,  /  mouillée  italienne),  A-  (son  voisin  de  k+y),  y  (son  voisin 
de  .7  +  J/).  Il  (.7')  français  de  af//ieau).  —  Un  point  au-dessous  d'une 
consonne  indique  que  cette  consonne  est  prononcée  la  langue 
entre  les  dents  :  /,  d  (sons  voisins  de  l  +  s,  d+z;  c'est  le  /  et  le 
d  sifdants  canadiens  de:   li,  du). 

Les  voyelles  sans  signes  de  quantité  ou  de  qualité  sont  indé- 
terminées (tantôt  ouvertes,  tantôt  fermées),  ou  moyennes  :  a  (a 
patte),  e  (e  de  péril),  o  (o  de  botte),  ce  (eu  de  jeune). — Les  voyelles 
marquées  d'un  accent  aigu  sont  fermées  :  à  (a  de  pâle),  é  (e  de 
chanté),  ô  (o  de  pot),  u'  (eu  de  eux). — Les  voyelles  niar(;uées  d'un 
accent  grave  sont  ouvertes:  à  (a  de  il  part),  è  (e  de  père),  ô  (o  de 
encore),  œ  (eu  de  pe/ir).  —  Les  voyelles  surmontées  d'un  tilde  sont 
nasales:  à  (an  de  sans),  ê  (in  de  v/n),  6  (on  de  po/it),  œ  (un  de 
la/idi).  —  Suivies  d'un  point  supérieur,  les  voyelles  sont  brèves; 
a',  i',  etc.;  de  deux  points,  elles  sont  longues:  a:,  i:,  etc;  pré- 
cédées d'un  accent,  elles  sont  toniques:  'a,  ' i,  etc. 

Deux  lettres  qui  se  suivent,  et  dont  la  seconde  est  entre 
crochets,  représentent  un  son  intermédiaire  entre  les  deux  sons 
marqués.     Ainsi,  à  [o]^=o  demi-nasal. 

Les  [letils  caractères  représentent  des  sons  incomplets. 

Il  n'y  a  pas  de  lettres  muettes  dans  la  prononciation  figurée; 
chaque  son  n'est  représenté  que  par  une  lettre,  et  chaque  lettre 
ne  représente  qu'un  son. 

5 


ABREVIATIONS 


acc.=acception 

adj.=a<ljectif, — tivcment 

adv.=aa  verbe, — bialc- 
ment 

anc.=ancicii 

aiig.=iaiiglais,  anglicisme 

arch.=:archaïsmc 

barb.=:barbarisme 

can. ^canadien 

cf.=comparez 

diaI.=dialectologie,   dia- 
lectal 

ex.i=exemple 

f.=::féminin 


fig.^figurément 

fr.=fraiiçais 

fr.-can.=:fraiico-canadien 

gr.=grapliie 

gra  m .  =:gra  m  ma  i  re 

intr.=iiitransitif 

lat.=latin 

litf.=littéralemeiit 

loc.=lociilioii 

m.=masculii) 

m.  s.=:mc'me  sigiiifîcation 

néol.:=néi)logisme 

phoii.rr:phonétique 

pl.=rpluriel 


pop.=populaire 

proii.::=proi)onciation 

propt=propremeiit 

rem.rrremarques 

s.:^siibstaiilif 

sign.=signifie. — fication 

.sing.=rsingulicr 

sol. ^solécisme 

t.rrlerme 

tcch. ^technique 

tr.=:transitif 

v.^verbe,  voyez 

var. avariante 

vx=vieux 


SIGNES  ABRÉVIATIFS 

*  Devant  le  mot  qui  forme  la  tète  d'un  article  du  lexique, 
l'astérisque  indique  que,  si  l'on  a  cru  utile  de  présenter 
quelques  observations  sur  ce  mot,  il  ne  s'en  suit  pas  néces- 
sairement qu'on  ne  puisse  l'employer  même  dans  le  dis- 
cours soigné  ;  ce  mot  peut  être  un  mot  reçu  dans  la 
langue  française,  un  néologisme  de  bon  aloi,  un  archaïsme 
qu'on  aime  à  conserver,  un  mot  étranger  qui  n'a  pas  en 
français  d'exact  équivalent,  etc.  Devant  un  mot  latin, 
l'astérisque  indique  une  forme  hypothétique,  non  attestée. 

— »  Ce  signe  indique  l'étymologie,  la  filiation,  l'origine  du  mot, 
de  la  locution,  de  la  tournure,  de  la  prononciation,  qui 
suit  ou  qui  précède,  suivant  le  sens  de  la  flèche. 

—  Le  tiret  marque  certaines  subdivisions  dans  le  texte  d'un 
article. 

=  Le  tiret  double  annonce  la  signification,  la  traduction,  l'équi- 
valent de  ce  qui  précède. 

Il  Le  tiret  double  vertical  indique  les  acceptions  d'un  mot,  ou 
le  sens  attribué,  dans  le  parler  français  au  (Canada,  au 
mot  qui  fait  le  sujet  d'un  article  lexicographique.  Le  terme 
propre  français,  le  mot  qu'on  propose  de  substituer  à  celui 
qui  forme  la  tète  de  l'article,  quand  il  y  a  lieu,  suit  ce 
signe. 
I  Le  trait  vertical  indique  un  emploi  spécial  du  mot  dont  il 
s'agit,  une  locution  particulière  où  il  entre. 
Dans  le  Lexique,  les  noms  d'auteurs  sont  imprimés  en  petites 
CAPITALES  et  les  titres  d'ouvrages  en  italiques. 

6 


Vol.  IX.  No  1-Septbmbrk.  1915. 


MGR  FRANÇOIS  PELLETIER 


La  Société  du  Parler  fraiiçai.s  au  Canada  a  droit  de  prendre  sa 
part  de  la  joie  qu'a  apportée  à  la  province  de  Québec  l'élévation  à 
la  dignité  de  Protonotaire  Apostolique,  par  Sa  Sainteté  Benoît  XV, 
de  Mon.sieur  l'abbé  François  Pelletier,  supérieur  du  Séminaire  de 
Québec,  recteur  de  l'Université  Laval,  et,  à  ce  dernier  titre,  prési- 
dent d'honneur  de  notre  Société,  après  en  avoir  été,  depuis  sa  fon- 
dation, l'un  des  plus  fidèles  et  des  plus  distingués  collaborateurs. 

Mgr  Pelletier,  dont  la  science,  le  dévouement  à  la  cause  de 
l'enseignement  catholique  et  la  belle  carrière  sacerdotale  viennent 
d'être  si  hautement  honorés  par  le  Saint-Siège,  voudra  bien  agréer 
les  hommages  et  les  sincères  félicitations  de  la  Société  du  Parler 
français  au  Canada. 


Poèmeg  de  laguerr» 


POUR  NOS  CRÉANCIERS 


(1) 


Chers  nobles  Mutilés,  martyrs  de  la  Patrie, 

A  vous  l'or  de  nos  soins,  l'or  de  nos  piétés, 

A  vous,  preux  rédempteurs  de  nos  fils,  qui  chantez 

L'hymne  de  votre  gloire  en  votre  chair  meurtrie  ! 

Soldats  du  Droit,  vengeurs  des  saintes  Libertés, 
Vous  parez  d'orgueil  pur  la  France  refleurie  : 
La  morsure  du  fer  sur  tout  voire  être  crie 
L'Héroïsme  et  l'Honneur,  nos  suprêmes  fiertés  ! 

Magnifiques  témoins  des  jours  expiatoires. 
Vous  restez  nos  Vertus,  nos  vivantes  Victoires. . . 
Et  nos  Drapeaux,  par  vous  réparant  les  destins. 

Sous  leur  bel  azur  clair,  triomphateurs  des  haines. 

Dans  leurs  plis,  que  vos  cœurs  d'ardente  pourpre  ont  teints. 

Proclament  les  splendeurs  des  Aurores  prochaines  ! 


(1)  Notre  cher  et  distingué  «  poète  canadien  de  France  »,  M.  Gustave  Zidler, 
a  bien  voulu  assurer  au  Parler  français  la  faveur  de  pouvoir  publier  quelques 
sonnets  fournis  par  ce  barde  patriote  à  une  anthologie  que  l'oii  prépare,  en 
France,  au  bénéfice  de  «  l'CKuvre  des  Mutilés  ». 


ENTENTK  COnniALE  LINGUISTIQUE 


Dès  1892,  M.  Richet  avait  émis  l'idée  d'une  alliance  entre  le 
français  et  l'anf^lais,  '"  idée  que  le  romancier  anglais  H. -G.  Wells 
avait  aussi  entrevue.  '''  En  1900,  M.  Paul  Chappellier  entreprit 
de  donner  plus  de  précision  à  ce  projet,  et  se  fit  l'apôtre  de  l'entente 
linguistique.  "' 

M.  Michel  Bréal,  préoccupé  du  ciioix  d'une  langue  internatio- 
nale, voulut  présenter  lui-même  le  projet  Chappellier  comme  don- 
nant la  meilleure  et  la  plus  satisfaisante  solution.  '*' 

«  Il  s'agirait,  disait-il,  d'obtenir  entre  la  France,  l'Angleterre  et 
les  États-Unis  d'Amérique,  la  conclusion  d'un  traité,  non  pas  poli- 
tique ou  commercial,  mais  linguistique.  En  vertu  de  ce  traité,  l'an- 
glais et  le  français  seraient  désormais  associés  de  façon  officielle 
dans  l'enseignement  des  trois  pays.  L'anglais  serait  obligatoire- 
ment enseigné  en  France,  le  français  en  Angleterre  et  dans 
l'Amérique  du  Nord  :  non  pas  seulement  dans  les  universités  et  les 
collèges,  mais  dans  certaines  écoles  primaires  des  grandes  villes. 

«  L'effet  d'une  telle  convention  ne  tarderait  pas  à  se  faire  sentir. 
Les  deux  langues  ainsi  désignées  pour  être  le  moyen  de  communica- 
tion entre  cent  quatre-vingt  millions  d'individus  acquerraient  du 
coup  une  sorte  de  prépondérance .  .  . 

«  Un  traité  de  ce  genre  n'a  rien  de  chimérique.  N'en  avons- 
nous  pas  vu  conclure  de  pareils  pour  l'Union  postale,  pour  la  Croix 
de  Genève  ?  » 

Que  la  réalisation  du  projet  Chappellier,  tel  que  jjrésenté,  soit 
possible,  il  est  permis  d'en  douter  ;  qu'elle  soit  désirable,  et  spécia- 
lement qu'on  reconnaisse  à  l'État  le  droit  de  rendre  obligatoire  l'en- 
seignement d'une  langue  et  d'imposer  à  l'école  un  programme, 
nous  ne  l'admettons  pas.  Mais  le  caractère  obligatoire  de  l'ensei- 
gnement et  l'ingérence   indue  des  gouvernements   dans  l'école   ne 


(1)  Dans  cent  ans,  p.  36. 

(2)  Anticipations. 

(3)  L' Espéranto  et  le  système  bilingue,  pp.  109  et  suivantes. 

(4)  Revue  de  Paris.  1.5  juillet  1901.  pp.  239-246. 


9 


10  LE    PARLER     FRANÇAIS 

sont  peut-être  pas  des  conditions  essentielles  du  projet  Chappellier  ; 
loin  de  là,  il  nous  paraît  que  ce  projet  serait  mieux  et  plus  sûrement 
réalisé  à  la  faveur  d'une  simple  «  entente  cordiale  linguistique  » 
qui,  respectueuse  des  droits  de  chacun,  en  appellerait  à  sa  libre 
initiative,  que  par  un  «  traité  »  qui  prétendrait  donner  aux  gouver- 
nements des  pouvoirs  qu'il  ne  leur  appartient  pas  d'exercer. 

Dans  ces  conditions,  et  avec  ces  restrictions,  la  proposition 
d'associer  dans  une  certaine  mesure  le  français  et  l'anglais  pour  en 
faire  les  deux  truchemans  internationaux  mérite  d'être  étudiée. 
Elle  n'est  sans  doute  pas  encore  établie  tellement  qu'on  puisse,  sans 
courir  un  certain  hasard,  en  vanter  la  sagesse  et  en  tenter  l'aventure, 
mais  l'examen  des  questions  qu'elle  soulève  ne  laisse  pas  d'être 
utile. 

A  ceux  que  cette  étude  intéresserait,  nous  signalons  la  brochure 
que  M.  Albert  Dauzat  vient  de  faire  pariiître  :  Le  français  et  V an- 
glais, langxi.es  internationales .  *" 

M.  Dauzat  prête  l'appui  de  son  autorité  au  projet  d'une  alliance 
du  français  et  de  l'anglais,  alliance  qui,  «  réalisant  l'entente  cordiale 
dans  le  domaine  linguistique,  achèvera,  dit-il,  la  ruine  du  panger- 
manisme et  rendra  pour  toujours  impossibles  ses  ambitions  d'hé- 
gémonie ».  Une  telle  entente  servirait  des  intérêts  communs  à  la 
France,  à  ses  alliés  et  à  la  majorité  des  neutres,  États-Unis  en  tête. 
Elle  serait  possible,  parce  qu'elle  donnerait  satisfaction  au  besoin 
d'un  langage  international,  c'est-à-dire  d'une  langue  auxiliaire,  d'une 
langue  seconde,  qui  ne  nuirait  en  rien  au  maintien  et  à  l'exjjansion 
de  l'idiome  maternel  de  chacun,  mais  dont  on  pourrait  se  servir, 
comme  d'un  trucheman  universel,  dans  ses  rapports  avec  les  indi- 
vidus de  nationalités  différentes  ;  et  l'on  peut  augurer  le  succès 
de  cette  entente,  parce  qu'elle  «  fait  appel  aux  deux  langues  qui 
jouissent  déjà  de  la  plus  grande  diffusion  dans  le  monde  ». 

Ces  premières  considérations  amènent  M.  Dauzat  à  établir 
l'infériorité  de  l'allemand.  En  effet,  «  la  force  de  pénétration  d'une 
langue  à  travers  le  globe  ne  se  mesure  pas  au  chiffre  des  individus 
qui  la  parlent  comme  idiome  maternel,  mais  au  nombre  de  ceux  qui 
l'ont  apprise  en  dehors  et  à  côté  de  leur  langue  nationale,  et  qui 
l'emploient  comme  langue  seconde  ». 

Qu'il  y  ait  80  millions  d'Allemands,  120  millions  de  Russes, 
et  seulement  50  millions  de  Français,  cela  n'importe  pas  tant  que  de 
savoir  quelle  langue,  l'allemande,  la  russe,  ou  la  française,  est  la  plus 


(1)  Larousse  (Paris),  1915,  in-16,  44  pages.  Nous  ne  faisons,  du  reste,*dans 
cet  article,  qu'analyser,  résumer,  et  même  citer  les  principaux  passages  de  l'étude 
de  M.  Dauzat. 


ENTENTE     CORDIALE    LINGUISTIQUE  11 

répandue  hors  de  ses  frontières.  La  question  ainsi  posée,  M.  Dauzat 
n'a  pas  de  peine  à  montrer,  par  des  faits  et  des  chiffres,  que  le  russe 
doit  être  écarté,  et  que  l'allemand  est  dans  un  état  «  d'infériorité 
manifeste  et  irrémédiable  vis-à-vis  de  ses  rivaux  fran<,-ais  et  anglais  ». 

Cette  infériorité,  des  Allemands  même  l'ont  admise.  Le  profe.s- 
seur  Martin  Hartmann,  de  Leipzig,  écrivait,  il  y  a  dix  ans  : 

«  En  me  plaçant  à  un  point  de  vue  objectif,  et  en  tenant  compte 
de  la  réalité  des  choses,  je  suis  bien  obligé  d'avouer  que  les  chances 
du  français  combiné  avec  l'anglais  sont  infiniment  plus  grandes  que 
celles  de  l'allemand  et  du  fratiçais  ou  celles  de  l'allemand  et  de 
l'anglais.  » 

Mais  le  problème  des  communications  internationales  par  le 
moyen  d'une  langue  seconde  universelle  n'est-il  pas  résolu,  grâce 
à  la  création  de  langues  artificielles  ? 

M.  Dauzat  avait  déjà  fait  voir  que  les  langues  artificielles  ou 
bien  ont  échoué  déjà,  ou  bien  sont  «  destinées  à  l'insuccès  certain, 
à  plus  ou  moins  brève  échéance  :  mort  fatale  des  monstres  qui  ne 
sont  pas  viables  ».  *"  Il  reprend  ici  cette  thèse,  que  nos  lecteurs 
coimaissent,  et  montre,  dans  un  chapitre  clair  et  substantiel,  la 
vanité  et  les  dangers  des  langues  artificielles. 

Il  resterait  donc  à  choisir  entre  le  français  et  l'anglais.  M. 
Dauzat  ne  choisit  pas  :  il  trouve  sans  doute  qu'  «  une  seule  langue 
internationale,  théoriquement,  serait  préférable  à  deux  »  ;  mais  il 
pense  que  «  ce  serait  poursuivre  une  nouvelle  chimère  que  de  ne  pas 
tenir  compte  du  développement  considérable  pris  par  l'anglais, 
depuis  un  siècle  et  demi,  à  travers  le  monde  »  ;  et,  avec  Chappellier 
et  Bréal,  il  demande  que  les  deux  langues,  la  française  et  l'anglaise, 
soient  reconnues  comme  langues  secondes  internationales. 

«  En  effet,  écrit-il,  à  y  regarder  de  près,  le  français  et  l'anglais 
ne  sont  pas  des  concurrents  ;  ils  peuvent  se  prêter  d'autant  mieux 
un  mutuel  appui,  qu'ils  pos.sèdent  chacun  des  zones  d'influence 
différentes,  sur  le  terrain  géographique  comme  dans  le  domaine 
social.  » 

L'auteur  développe  ces  dernières  idées  dans  deux  chapitres, 
remplis  d'observations  précises  et  originales. 

Il  montre  d'abord  comment,  dans  quelles  proportions,  et  sui- 
vant quelles  aires  géographiques,  le  français  et  l'anglais,  «  sans 
toucher  en  aucune  façon  aux  légitimes  prérogatives  des  langues 
nationales,  sont  appelés,  pour  peu  qu'on  aide  leur  expansion  natu- 
relle, à  se  partager  le  monde,  et  à  devenir  les  deux  instruments 
supérieurs  d'échanges  entre  les  nations  civilisées  ». 


(       A.  Dauzat,  la  Défense  de  la  langue  française,  3e  partie,  chap.  I  et  II. 


12  LE    PARLER   FRANÇAIS 

La  fortune  du  français  comme  langue  seconde  est  d'abord 
assurée  dans  les  pays  latins,  Italie  en  tête.  Après  la  guerre  et  la 
victoire  des  alliés,  la  Suisse,  déjà  plus  romane  que  germanique, 
la  Scandinavie,  la  Hollande,  et  les  autres  petits  états  semi-germani- 
ques, se  sentiront  de  plus  en  plus  attirés  vers  notre  civilisation,  et 
par  crainte  de  l'impérialisme  allemand  offriront  une  clientèle  toute 
prête  à  notre  langue.  La  guerre  aura  aussi  donné  le  dernier  coup 
au  flamingantisme  en  Belgique,  à  l'avantage  naturellement  du 
français.  Chez  les  Slaves  —  160  millions  d'hommes  —  «  notre 
procès  est  gagné  avant  toute  plaidoirie  ».  En  Orient,  la  situation 
du  français  est  ab.solument  privilégiée  :  en  Roumanie,  dit  M. 
Xénopol,  professeur  de  Bucarest,  '"  «  s'il  arrive  que  quelqu'un  dans 
un  salon  ne  sache  pas  le  français,  c'en  est  fait  de  lui  »  ;  en  Turquie, 
le  français  est  la  langue  étrangère  la  plus  répandue  ;  <"  la  Syrie,  la 
Grèce,  l'Egypte  —  en  dépit  de  l'occupation  britannique  ^  sont 
acquises  à  notre  culture.  Le  français  prévaut  sur  tout  le  littoral 
de  la  Méditerranée  ;  il  s'impose  à  la  moitié  nord-occidentale  de 
l'Afrique,  du  Maroc  au  Congo  et  de  Tunis  au  Sénégal. 

L'autre  moitié  de  l'Afrique  est  réservée  à  l'anglais.  Sur  l'océan 
Indien  et  sur  le  Pacifique,  c'est  aussi  l'anglais  qui  domine  :  il  s'est 
acquis  une  prépondérance  dans  l'Inde  (sauf  en  Indochine),  dans 
rOcéanie,  au  Japon,  et  dans  la  plus  grande  partie  de  la  Chine.  <*> 
L'Amérique  du  Nord  accuse  aussi  une  prépondérance  considérable 
de  l'anglais  ;  «  cependant  la  Dominion  du  Canada  est  bilingue  : 
malgré  son  infériorité  numérique,  l'élément  français  a  acquis  une 
importance  sociale  et  politique  à  peu  près  égale  à  celle  de  l'élément 
anglais,  et  il  a  contribué  largement  à  la  colonisation  de  l'ouest, 
spécialement  à  la  mise  en  valeur  du  Manitoba  »  ;  aux  États-Unis, 
le  français  a  perdu  des  positions  importantes  au  cours  du  XIX' 
siècle,  et  les  colonies  allemandes  ont  réussi  à  influencer  certains 
milieux  intellectuels,  mais,  après  la  guerre,  «  les  sympathies  restées 
fidèles  à  notre  culture  se  multiplieront  dès  que  le  français  représen- 
tera, à  côté  de  l'anglais,  la  langue  des  vainqueurs  ».  L'Amérique 
centrale  et  les  Antilles  semblent  réservées  à  l'anglais.  Dans  l'Amé- 
rique du  Sud,  «  l'anglais  reste  nécessaire  pour  le  commerce  inter- 
national »,  mais  dans  les  autres  sphères,  le  Brésil,  l'Argentine, 
l'Equateur,  le  Chili,  le  Pérou  sont  acquis  au  français. 

C'est  ainsi  que,  d'après  M.  Dauzat,  le  français  et  l'anglais  se 
sont  déjà  partagé  ou  sont  appelés  à  se  partager  le  monde. 


(1)  Courrier  européen,  6  avril  1906. 

(2)  Voir  Novicow,  Le  français,  langue  internationale  de  l'Europe,  pp.  108-109. 

(3)  Notons  cependant,  avec  M.   Dauzat,  qu'en  septembre  1912,  la  Chine  a 
adopté  le  français  comme  langue  diplomatique  officielle. 


ENTENTE    CORDIALE   UNGUISTIQUE  13 

Après  cette  distribution  des  zones  d'influence  sur  le  terrain 
géographique,  l'auteur  passe  à  la  répartition  des  sphères  d'influence 
dans  le  domaine  social.  Il  examine  le  mode  de  développement  de 
l'une  et  de  l'autre  langue  ;  il  constate  que  chacune  d'elles,  suivant 
son  génie  particulier,  tend  à  se  spécialiser,  qu'elles  ne  se  propagent 
pas  toutes  deux  dans  un  même  plan,  qu'elles  ne  répondent  pas  aux 
mêmes  besoins,  qu'elles  servent  à  des  relations  d'ordres  différents, 
en  un  mot  qu'elles  n'exercent  pas  leur  influence  dans  les  mêmes 
sphères  d'action  sociale. 

Par  exemple,  l'anglais  est  la  langue  du  commerce  :  «  Médi- 
terranée à  part,  il  commande  sur  les  mers.  »  C'est  un  domaine 
considérable,  «  incontesté  et  incontestable  ».  L'anglais  restera 
aussi  la  langue  préférée  de  la  plupart  des  sports,  sauf  les  sports  du 
tourisme. 

La  sphère  d'action  du  français  est  sensiblement  différente. 
Depuis  le  XVII"  siècle,  il  est  la  langue  de  la  bonne  société,  de  la 
politesse,  des  salons,  la  langue  du  monde.  Un  professeur  anglais 
du  Trinity  Collège  disait  à  M.  Novicow  :  «  Quand  vous  faites  la 
connaissance  d'un  membre  de  notre  enseignement,  adressez-lui 
d'abord  la  parole  en  français,  si  vous  voulez  passer  pour  un  homme 
bien  élevé.  »  '" 

Le  français  est  la  langue  des  relations  diplomatiques  ;  il 
est  reconnu  comme  tel  depuis  deux  siècles  et  demi.  «  A  la 
conférence  de  La  Haye  de  1889,  les  délégués  des  États-Unis  furent 
les  seuls  à  se  servir  d'une  autre  langue  que  le  français.  » 

Le  français  est  la  langue  qui  instruit  le  mieux,  qui  donne  la 
plus  claire  direction  esthétique,  qui  propage  et  fait  pénétrer  plus 
avant  les  sentiments  généreux.  C'est  la  langue  de  la  civilisation 
et  de  la  haute  culture,  la  langue  intellectuelle  par  excellence. 

Pour  le  langage  scientifique,  M.  Dauzat  fait  quelques  réserves. 
En  effet,  dans  certaines  branches,  telles  la  chimie  et  la  philologie, 
l'allemand  avait  pris  l'avance.  Avec  un  peu  d'efforts,  l'anglais 
et  le  français  reprendront  le  terrain  perdu  et  se  partageront  aussi 
ce  domaine. 

Et  M.  Dauzat  conclut  que  le  français  et  l'anglais  n'auraient 
rien  à  craindre  l'un  de  l'autre,  et  particulièrement  que,  les  aires  de 
répartition  étant  différentes,  le  français,  dans  une  telle  alliance,  ne 


(1)  Op.  cil.,  p.  123. 


14  LE    PARLER    FRANÇAIS 

risquerait   nullement   d'être   étouffé   par   un   concurrent   trop   puis- 
sant. (» 

Avant  de  terminer  cette  intéressante  étude,  l'auteur  écrit 
quelques  pages  suggestives  sur  les  «  facilités  réciproques  de  compré- 
hension »  de  l'anglais  et  du  français. 

Puis  il  vient  à  la  partie  la  plus  délicate  du  problème  :  les 
moyens  d'action  à  prendre  pour  réaliser  une  «  entente  cordiale 
linguistique  ».  M.  Dauzat  se  rallie,  nous  l'avons  dit,  au  projet 
Chappellier,  ou  plutôt  il  le  signale  comme  méritant  d'être  étudié 
et  mis  au  point  par  les  pédagogues  des  nations  intéressées  et  par  les 
Congrès  scientifiques  internationaux. 

En  analysant  la  brochure  de  M.  Dauzat,  nous  avons  voulu 
seulement  rappeler  à  nos  lecteurs  la  question  toujours  vivante  des 
langues  auxiliaires  et  leur  en  présenter  un  nouvel  aspect. 

Nous  serions  heureux  de  recevoir  et  de  publier  dans  le  Parler 
français  des  communications  sur  ce  sujet,  qui  mérite  en  effet  d'être 
étudié,  mais  sur  lequel  il  ne  faut  évidemment  pas  se  prononcer 
trop  vite. 

Adjutor  Rivard. 


(1)  Ici,  M.  Dauzat  (ait  une  observation  peu  heureuse  :  il  compte  que,  pour 
se  répandre,  le  français  bénéficiera  du  «  grand  mouvement  d'idées  créé  par  la  Révo- 
lution ».  Il  ne  serait  pas  difficile  de  démontrer  que  ce  «  mouvement  d'idées  »  est 
au  contraire  un  obstacle  à  l'expansion  du  français.  D'ailleurs,  M.  Dauzat  n'a-t-il 
pas  lui-même  fait  voir  que  c'est  avant  la  Révolution  que  notre  langue  a  conquis 
ses  plus  belles  positions,  a  acquis  sa  plus  grande  influence  .''  Au  Grand  Siècle,  elle 
était  la  langue  de  l'Europe.  —  On  regrette  aussi  que  M.  Dauzat  ne  paraisse  avoir 
rien  aperçu  de  ce  qu'ont  fait  et  font  encore  en  Orient,  en  Amérique,  et  ailleurs, 
'es  prêtres,  les  religieux,  les  missionnaires,  pour  la  propagation  du  français. 


LE  FRANÇAIS  KT  LKS  MAROLËS 
m  IMItlIKlUË 


La  déteinte  de  ranglais  sur  le  français  se  manifeste  surtout 
dans  les  noms  que  l'on  donne  aux  produits  fabriqués  au  Canada. 

Si  un  industriel  désire  se  trouver  une  marque  de  commeree  pour 
un  objet  qu'il  fabrique  lui-même,  je  ne  sais  pourquoi  il  aura  infailli- 
blement recours  à  la  lanj^ue  anglaise. 

C'est  ainsi  que,  par  une  humiliation  (jue  nous  méritons  ])eut- 
être  à  cause  de  notre  esprit  ultra-condescendant,  notre  marché 
compte  des  quantités  de  produits  canadiens  baptisés  de  noms 
shakespeariens. 

Nous  avons  des  appareils  photographiques  «  speedlight  », 
des  chaussures  «  easy  on  »,  des  pendules  «  regulator  »,  des  machi- 
nes à  laver  «  lone  star  »,  des  salopettes  «  reliable  »,  des  glacières 
«  iceland  »,  des  tentes  de  campement  «  lakeside  »,  des  bicyclettes 
«  Rand  »,  des  montres  «  climax  »,  des  canifs  «  diamond  »,  du  tabac 
«  maple  leaf  »,  etc. 

De  grâce,  francisons  nos  marques  de  commerce,  nous,  surtout 
Canadiens  français  ! 

C'est  très  facile.  Ouvrons  les  catalogues  français,  et  nous 
trouverons  des  noms  magnifiques  et  très  expressifs  pour  tous  ces 
objets  : 

Appareil  photographique  :    Multipose. 

Chaussure  :    Le  Rêve. 

Pendule  :    Saturne  ou  Equinoxe. 

Machine  à  laver  :   Le  Rêve. 

Salopette  :    Inusable. 

Glacière  :    Pôle  Nord. 

Tente  de  campement  :  L'Alpestre  ou  La  Pyrénéenne. 
(On  pourrait  mettre  :  La  Laurentide). 

Bicyclette  :   Hirondelle. 

Montre  :    Éclipse. 

Canif  :   Petit  Poucet.     ' 

Tabac  :    Mon  Ami. 

16 


L 


16  LE     PARLER     FRANÇAIS 

En  donnant  libre  cours  à  son  imagination,  ne  pourrait-on 
pas  dire  encore  : 

Chapeau  :    Aiglon. 

Poêle  :    Salamandre. 

Rasoir  :   Le  feu. 

Motocyclette  :    L'Éclair. 

Chapeau  :    Archiplume  (très  léger). 

Réveil-matin  :    Coq. 

Machine  à  coudre  :   La  Silencieuse  ou  La  Pratique. 

Balai  par  vide  :   Le  Tourbillon. 

Arrosoir  :    L'Ondée. 

Douche  :    L'Orage. 

Pinces  :    Bouledogue. 

Lorgnon  :  Lynx. 

Brosse  rigide  :    Porc-épic. 

Couverture  de  lit  :  La  Frileuse. 

Vase  à  fleurs  (à  long  col)  :  La  Cigogne. 

Parfum  :   La  Rose. 

Automobile  :    La  Rapide. 

Ombrelle  :   La  Libellule. 

Machine  à  tricoter  :  L'Abeille. 

Ventilateur  :    La   Brise  ou   Cyclone. 

Liqueur  douce  :  La  Fraisette. 

L'esprit  goguenard  français  peut  se  manifester  même  jusque-là. 
Il  y  a  en  France  la  bicyclette  Safile  (pour  Ça  file),  le  tire-bouchon 
Satyre  (pour  Ça  tire). 

En  cela,  l'Anglais  peut  rendre  des  points  au  Français.  Un 
fabricant  de  salopettes  a  pris  pour  marque  de  commerce  un  coq 
haut-perché  chantant  ces  mots  :    /  crow  over  ail  (overall) . 

Certains  noms  historiques,  mythologiques  ou  légendaires  .se 
prêtent  très-bien  à  l'adaptation  commerciale.  Tout  en  diminuant 
la  pléthore  de  mots  anglais  qui  dansent  constamment  devant  nos 
yeux  à  la  devanture  des  grands  magasins,  ces  allusions  indiquent 
un  certain  degré  de  culture  intellectuelle  chez  ceux  qui  les  emploient. 

Ainsi,  un  miroir  Sosie  rappelle  ce  personnage  de  l'Amphitryon 
de  Molière,  dont  Mercure  a  revêtu  les  traits  pour  remplir  plus 
facilement  la  mission  dont  l'a  chargé  Jupiter.  Son  nom  est  devenu 
proverbial  pour  désigner  une  personne  qui  ressemble  parfaitement 
à  une  autre. 

En  souvenir  de  la  chevelure  loftgue  et  abondante  du  vigoureux 
personnage  biblique,  on  peut  donner  le  nom  de  Samson  à  une  pré- 
paration destinée  à  faire  pousser  les  cheveux. 


LE    FRANÇAIS    ET     LES    MARQUES     DE    FABRIQUE  17 

Par  allusion  à  Absalon  restant  suspendu  ù  un  arbre  par  sa  cheve- 
lure, un  perruquier  voulant  indiquer  la  parfaite  adhérence  de  ses 
perruques  à  un  crâne  dénudé  pourra  les  appeler  Pekhuqites  Absa- 
lon. 

Un  barbier  voulant  encourager  ses  clients  à  se  tenir  la  chevelure 
très  courte,  et,  par  consét[uent,  à  lui  faire  de  fréquentes  visites, 
pourrait  faire  peindre  à  son  enseigne  un  Absalon  se  balançant  à  une 
branche  d'arbre,  soutenu  par  sa  chevelure,  alors  que  la  mule  fuirait, 
soulagée  de  son  cavalier.  En  exergue,  il  mettrait  :  Les  inconvé- 
nients d'une  longue  chevelure. 

La  lanterne  Diooène,  voilà  une  jolie  marque,  allusion  au  grand 
philosophe  grec  parcourant  les  rues  d'Athènes  en  plein  midi,  avec 
une  lanterne  allumée  et  répondant  à  ceux  qui  lui  demandaient 
compte  de  cette  bizarrerie  : 

—  Je  cherche  un  homme. 

Les  noms  célèbres  de  notre  histoire  tels  que  :  Champlain, 
Dollard,  Maisonneuve,  Frontenac,  Salaberry,  Jacques  Cartier  font 
aussi  un  excellent  effet  sur  des  produits  canadiens. 

Cela,  tout  en  signifiant  la  même  chose,  vaudrait  infiniment 
mieux  que  le  «  made  in  Canada  »  que  l'on  étiquette  partout  et 
à  outrance  depuis  le  commencement  de  la  guerre. 

Il  y  a  encore  les  noms  d'actualité.  Une  maison  à  appartements 
du  Nord  de  Montréal  s'appelle  Le  Joffre.  Cela  vaut  bien  le 
«  The  St.  Catherine  »,  en  plein  centre  canadien-français. 

.  Ces  jours  derniers,  un  ingénieux  tailleur  montréalais  s'y  pre- 
nait de  cette  façon  pour  se  faire  de  la  réclame.  Dans  la  montre 
de  son  magasin,  il  avait  écrit  en  gros  caractères  : 

Joffre  un  complet  valant  .Ç25  pour  $15. 

Il  y  a  aussi  les  noms  de  ville  :  Le  cigare  Boston,  l'eau  Riga 
(ville  de  la  Russie),  etc.,  l'eau  de  Vichy. 

Tout  le  monde  connaît  cette  marque  de  fabrique  du  savon 
Sapolio.  Une  vieille  bonne  femme,  à  jupe  courte,  un  gourdin  à  la 
main,  poursuit  la  malpropreté  avec  la  plus  vive  ardeur,  alors  qu'on 
peut  lire  à  même  le  dessin  :    Sapolio  chasse  la  crasse. 

Cette  annonce  de  savon  me  rappelle  une  réclame  du  même  pro- 
duit, très  populaire  en  France. 

L'expression  «  donner  un  savon  à  quelqu'un  »  signifie  :  le 
gronder,  le  réprimander  vertement. 

La  réc'lame  était  d'autant  plus  piquante  qu'elle  était  historique 
et  politique.  Tille  représentait  une  jeune  femme,  Marianne  ou  la 
République  Française,  entourée  de  trois  rois,  Louis  XVI,  Louis- 
Philippe  et  Napoléon  III,  à  chacun  desquels  elle  donnait  un  pain 


18  LE    PARLEK    FRANÇAIS 

du  savon  La  Répiblique,  qu'il  s'agissait  de  faire  connaître.  Les 
royalistes  ne  goûtaient  pas  du  tout  ce  genre  de  réclame. 

La  clientèle  anglaise  ne  sera  aucunement  offusquée  des  appel- 
lations françaises  donnés  à  nos  produits.  On  n'a  qu'a  feuilleter 
les  catalogues  anglais,  surtout  les  catalogues  de  mode  pour  consta- 
ter que  les  mots  français  ou  à  l'allure  française  y  foisonnent  : 

Négligée  shirt,  voile,  crêpe,  ratine,  satinette,  mensaline,  foulard, 
crêpe  de  Chine  (sic),  silk  chiffon,  serge,  linon,  batiste,  moire,  coronet, 
braid,  Pompadour  wave,  coutil,  bassinette,  mignonette,  etc.  (Cf. 
Tarif-album  de  Montgomery  Ward  and  Co.,  Chicago). 

Les  fabricants  anglais  créent  à  plaisir  des  mots  français  pour  la 
bonne  raison  qu'ils  les  trouvent  élégants  et  expressifs.  Ce  que  nous 
appelons  popcorn  se  dit  en  anglais  Crispette  ;  ce  que  nous  appelons 
«  fixtures  à  gaz  »  se  dit  en  bon  anglais  Gazelier,  et  fixture.s  élec- 
triques, Electkolier.  Et  dire  que  les  Français  ne  connaissent  pas 
encore  ces  trois  mots  que  les  Anglais  finiront  bien  par  nous  imposer. 
Un  académicien  ne  pourrait  pourtant  pas  trouver  mieux,  peut-être 
pas  même  aussi  bien. 

Si,  malgré  tout,  les  âmes  délicates  et  timorées  craignent  de 
porter  ombrage  à  nos  compatriotes  hétérogènes,  ils  peuvent  faire 
montre  d'habileté  en  choisissant  des  mots  qui  s'écrivent  de  la  même 
façon  dans  les  deux  langues,  tels  que  :  c.vpital,  union,  rov.\l,  ou 
des  mots  latins  ou  à  suffixe  latine,  faciles  à  comprendre  :  Lux, 
Facilis,  Simplex,  Junior,  Castoria,  Restoria,  Omnia,  Radium. 

Soyons  aussi  malins  que  les  Anglais  eux-mêmes.  Les  fabricants 
de  la  bière  REGAL  ont  été  très  habiles  en  choisissant  ce  mot.  Les 
Anglais  lisent  Régal,  qui,  dans  leur  langue,  signifie  «  royal  ».  Les 
Français  croient  que  cette  bière  est  un  REGAL,  et  les  Juifs  commen- 
çant à  lire  par  la  fin,  comprennent  LAGER,  de  sorte  <iue  ce  seul 
mot  satisfait  tout  le  monde. 

C'est  tout  comme  le  marchand  nommé 

LEON  NOËL 

dont  le  nom  à  l'affiche,  qu'il  soit  lu  par  un  juif,  de  droite  à  gauche, 
ou  par  un  Canadien  français,  de  gauche  à  droite,  demeure  toujours 
le  même  :    LEON  NOËL. 

Abbé  Etienne  Blanchard. 


L'action  trançaige  en  Amérlqu» 

BUADE  DE  FRONTENAC 

De  l'Épopée  canadienne,  en  préparation. 


Le  oomte  de  Frontenac  est 
l'homme  le  plus  remarquable 
qui  ait  représenté  la  Couronne 
de  France  dans  le  Nouveau- 
Monde. 

Francis  P.\ukman. 


Ferme  comme  Québec  sur  non  rocher  immense 
Et  franc  comme  l'épée  attachée  à  son  flanc, 
Buade,  défenseur  hardi  du  drapeau  blanc. 
Gouverne  les  enfants  de  la  \ouvelle-France. 

Uâpre  colon  chérit  le  rude  vice-roi 
Que  Colbert  a  choisi  dans  sa  haute  prudence. 
Et  qui,  le  cœur  gonflé  d'ardeur  et  de  constance. 
Saura  toujours  lutter  pour  l'honneur  et  le  Droit. 

Défrichons  et  semons  !   répète-t-il  sans  trêve. 
L'œil  tourné  vers  la  nuit  des  noirs  fourrés  dormants  ; 
Et,  sous  l'effort  fécond  des  pionniers  normands. 
Partout  la  forêt  croule  et  partout  le  blé  lève. 

Ce  paladin  bronzé  par  les  feux  des  bivouacs. 
Fait  maréchal  de  camp  dès  sa  prime  jeunesse. 
Médite  d'incarner  sous  nos  deux  la  Nobles.ie 
Et  d'immortaliser  le  nom  des  Frontenacs. 

Mystérieux  amant  des  grands  horizons  mornes. 
Les  soirs  d'été,  le  long  du  large  Saint-Laurent, 
Il  marche  au  hasard,  seul,  distrait,  subodorant 
Les  sauvages  senteurs  des  savanes  sans  bornes. 


19 


20  LE   PARLER    FRANÇAIS 

Le  Rêve  de  «a  flamme  embrase  son  esprit. 

Alors  devant  ses  yeux  tout  change  et  se  transforme  ; 
Et  sur  les  bords  qu  ombraient  le  pin,  l'érable  et  l'orme 
L'arbre  saint  dn  Travail  s'enracine  et  fleurit. 

Où  le  jonc  se  courbait  se  dresse  la  coupole 
Du  palais  orgueilleux  qui  se  mire  dans  l'eau  ; 
Le  lourd  trois-mâts  sxiccède  à  l'esqtiif  de  bouleau, 
Et  le  campement  fait  place  à  la  métropole. 

Dans  des  lieux  parfumés  du  soxiffle  d'Ariel 
S' élèvent  des  foyers  d'art,  de  foi,  de  science. 
Où  des  milliers  d'enfants  qui  chérissent  la  France 
Apprennent  à  servir  la  Couronne  et  l'Autel. 

Aux  brises  du  Progrès,  sous  un  ciel  de  légendes. 
Flottent  les  plis  du  vieux  drapeau  fleurdelisé  ; 
Aux  lèvres  de  l'Agnier  soumis  et  baptisé 
Gazouille  le  parler  des  campagnes  normandes. 


II 


Bénissant  chaque  jour  Celui  qui  le  guida 
Vers  la  zone  que  l'humble  Évangile  a  conquise, 
L' Agricola  nouveau  prévoit  et  prophétise 
Un  destin  sans  pareil  pour  son  cher  Canada. 

Ce  chef,  toujours  hanté  de  la  vaste  espérance 
De  fonder  sous  nos  deux  un  empire  français. 
Inspiré  par  Talon,  fait  de  hardis  essais 
Que  toujours  la  Victoire  appuie  et  récompense. 

La  soif  de  l'inconnu  l'obsède  sans  répit  ; 
Et,  pour  répondre  ait  vœu  de  ce  soldat-prophète. 
Les  premiers  —  deux  héros  —  Jolliet  et  Marquette 
Vont  sillonner  les  flots  dxi  grand  Mississipi. 

Grâce  à  lui,  de  La  Salle,  ivre  d'un  rêve  épique. 
Commence  presque  seul  des  labeurs  colossaux. 
Se  laissant  entraîner  par  le  Père-des-Eaux 
D'un  bras  de  V Illinois  au  golfe  du  Mexique. 


BUADE    DE    FRONTENAC  21 

Orâce  à  lui,  le  hardi  pionnier  Radisson, 
Devancier  de  nos  plus  fier x  coureurs  d'aventures. 
Fraye  un  dernier  chemin  au  trafic  des  fourrures 
Au  bord  des  lacs  du  Nord  et  de  la  mer  d'IIudson. 

Du  Luth,  l' œil  flamboyant  d'énergie  et  d'audace. 
Poussé  par  ses  conseils  vers  l'Ouest  inexploré. 
Découvre  tout  un  monde,  et,  craint  et  vénéré. 
Étend  chez  les  Indiens  le  renom  de  la  race. 


III 


Ami  des  laboureurs,  cherchant  à  les  unir 
Dans  les  champs  arrosés  par  le  plus  beau  des  fleuves. 
Le  Gouverneur  se  fait,  dans  les  moments  d'épreuves. 
Guerrier  pour  les  sauver,  prêtre  pour  les  bénir. 

Nul  obstacle  ou  revers  ne  rebute  cet  homme 

Qui,  malgré  son  amour  du  sol  laurentien. 

Sent  toujours  palpiter  son  cœur  de  patricien 

Pour  la  France  et  le  Christ,  pour  Port-Royal  et  Rome. 

S'enfonçant  dans  la  nuit  morne  des  bois  épais. 
Il  ra  fouler  le  sol  d'insondables  rivages. 
Et,  désireux  de  plaire  aux  peuplades  sauvages. 
Fume  avec  leurs  sachems  le  calumet  de  paix. 

Pour  faire  prospérer  la  jeune  colonie 
Et  vénérer  partout  l'Église  avec  le  Roi, 
Incessamment  il  met  en  action  sa  foi. 
Sa  bonté,  son  ardeur,  sa  force  et  son  génie. 

Bien  qu'hostile  parfois  au  noble  et  grand  Laval, 
Qui  veille  avec  un  soin  jaloux  sur  ses  ouailles. 
L'inflexible  envoyé  de  la  cour  de  Versailles 
Reste  son  protecteur  autant  que  son  rival. 


22  LE     PARLER    FRANÇAIS 

Mais  l'intrigue  sournoise,  aux  replis  de  couleuvre. 

Auprès  du  Roi-Soleil  perdra  le  Gouverneur  ; 

Et  ce  soldat,  rivant  symbole  de  l'Honneur, 

Trahi  par  Duchesneault,  •"  doit  suspendre  son  œuvre. 

Et  la  mer,  qui  l'avait  porté  tout  radieux 
Vers  les  vastes  forêts  du  nouvel  hémisphère. 
Le  verra  retourner,  des  pleurs  à  la  paupière, 
A  la  terre  lointaine  où,  dorment  ses  aïeux. 

Et  ses  deux  successeurs,  Denonville  et  La  Barre, 
Gouvernent  sans  rigueur,  sans  flair  et  sans  souci, 
Laissant  le  Canada  naissant  à  la  merci 
De  l'Anglais  envieux  et  de  l'Indien  barbare. 

Plus  d'un  revers  succède  aux  triomphants  exploits 
Accomplis  par  les  fils  de  la  race  divine. 
Et  deux  cents  habitants  du  poste  de  Lachine 
Tombent,  surpris  la  nuit,  aux  mains  des  Iroquois. 

Le  pays  est  plongé  dans  une  angoisse  intense. 
Que  la  disette  accroît  de  moment  en  moment  ; 
Et  devant  les  colons,  devant  leur  dénûment. 
Le  Peau-Rouge  affamé  redouble  d'insolence. 

Pour  apaiser  ce  monstre  ivre  de  son  succès, 
Pour  ramener  la  paix  sur  nos  plages  bénies. 
Il  faudrait  un  vaillant,  un  homme  de  génie.  . . 
Et  le  Comte  revient  gouverner  les  Français. 

Le  fardeau  de  la  tâche  est  lourd  à  son  épaule  : 
Le  Roi  refuse  toute  assistance  au  héros .  .  . 
Malgré  son  abandon,  sans  cesse  ni  repos 
Il  défendra  le  sol  de  la  nouvelle  Gaule. 

Il  est  un  rédempteur  aux  yeux  des  pionniers. 
Et,  pour  vivifier  en  eux  la  confiance. 
Il  ordonne,  empressé,  des  travaux  de  défense 
Qui  mettront  Montréal  à  l'abri  des  Agniers. 


(1)  Intendant  de  la  Nouvelle-France. 


BqADE     UK     FRONTENAC  23 

Et  ce  soldat,  vieilli,  dont  la  vigueur  s'altère. 
Jure  de  déployer  des  efforts  triomphants 
Pour  tenir  en  échec  et  vaincre  les  enfants 
De  la  Sauvagerie  et  ceux  de  V Angleterre. 

Et  La  Brosse,  Mantet,  Portneuf,  Beauvais,  Hertel, 
Vont  traquer  le  Saxon  par  delà  les  frontières  ; 
Et  devant  V I roquais  Madeleine  Verchères 
Ceindra  son  jeune  front  d'un  laurier  immortel. 


IV 


Malgré  les  attentats  des  hordes  sanguinaires 

Qui  guettent,  nuit  et  jour,  les  Blancs  pour  les  scalper, 

Le  fer  des  défricheurs  ne  cesse  de  frapper 

Les  hauts  arbres  rugueux  des  fourrés  centenaires. 

Or,  pendant  qu'aux  rayons  fécondants  du  Progrès 
Les  grands  bois  canadiens  croulent  sous  la  cognée. 
L'amiral  anglais  Phipps  menace  la  poignée 
Des  fiers  Normands  groupés  au  bord  de  nos  forêts .  . . 

Vingt  vaisseaux  sont  mouillés  tout  près  de  l'estuaire 
Que  domine  le  roc  sourcilleux  de  Québec, 
Où  Frontenac,  debout  comme  un  vieux  héros  grec. 
Attend,  presque  sans  pain  et  sans  apprêts  de  guerre. 

Sûr  qu'en  son  dénûment  la  ville  doit  —  le  sot  ! 
Se  rendre  comme  ont  fait  les  forts  de  VAcadie, 
Où.  sa  7nain  promena  le  vol  et  l'incendie. 
Il  veut  y  pénétrer  sans  en  faire  l'assaut. 

Il  prétend  abhorrer,  marin  humanitaire. 

L'effusion  du  sang,  et,  pour  négocier 

Une  entente,  le  jeune  et  naïf  officier 

Vers  le  Comte  dépêche  un  vieux  parlementaire. 

Les  assiégés  ont  mis  à  cet  homme  un  bandeau 
Qui  lui  cache  mortiers,  fossés  et  barricades. 
Et  par  de  longs  détours,  de  rudes  escalades. 
Le  conduisent  auprès  de  Buade  au  Château.  <" 


(1)  ChAteau  Saint-Louis 


24  LE     PARLER    FRANÇAIS 

Et,  le  bandeau  tombé  de  ses  yeux,  l'émissaire 
Voit  de  nombreux  soldats  autour  du  commandant. 
Il  hésite,  il  s'émeut,  mais  il  lit  cependant 
Un  document  aussi  maladroit  qu'arbitraire. 

A  l'envoyé  sommant  ces  hardis  compagnons 
De  se  rendre  à  l'instant,  l'immortel  dignitaire 
Jette,  l'éclair  aux  yeux,  cette  parole  altière  : 
—  Je  répondrai  par  la  bouche  de  mes  canons! 


Phipps  envoie,  en  aval,  sur  la  grève  déserte 
De  Beauport,  deux  milliers  de  conscrits  courageux. 
Ceux-ci  longent  déjà  de  grands  marais  fangeux 
Pour  aller  attaquer  les  Français  en  alerte. 

Les  conscrits,  qui  verront  pour  la  première  fois 
Le  feu  des  combats,  vont  d'une  allure  incertaine.  .  . 
Et  Frontenac  contre  eux  fait  marcher  Sainte-Hélène  "> 
A  la  tète  de  trois  cents  fiers  coureurs  des  bois. 

Derrière  les  rochers,  les  tertres  et  les  souches. 
Se  cachant  pour  tirer,  comme  font  les  Indiens. 
Tantôt  debout,  tantôt  rampant,  les  Canadiens 
Déciment  les  Anglais  éperdus  et  farouches. 

Cependant  les  plus  vieux  soldats  du  bataillon 
Ripostent  hardiment,  magnifiques  d'audace. 
Avec  la  fermeté  stoïque  de  leur  race. 
Avec  r acharne r,ie7it  de  l'aigle  et  du  lion. 

Commandés  au  hasard  par  un  chef  presque  inculte. 
Qui  brave  un  ennemi  qu'on  ne  voit  nulle  part. 
Ces  vaillants,  s'avançant  comme  un  vivant  rempart. 
Tout  à  coup  lâchent  pied  dans  un  affreux  tumulte. 

Et  l'officier  resté,  malgré  tout,  calme  et  froid. 
Cherche  à  les  rallier,  et  bientôt  les  arrête .  .  . 
Mais  sous  le  plomb  qui  siffle  et  crisse  sur  leur  tète 
Ils  fuient  encor,  frappés  d'un  invincible  effroi. 


(1)  Un  des  Macchabées  de  la  Nouvelle-France,  frère  d'Iberville,  de  Bienville, 
de  Maricourt,  etc. 


BUADE    DE    FRONTENAC  26 

Et  Phipps,  témoin  lointain  de  cette  reculade. 
En  quoi  son  œil  a  cru  voir  un  premier  échec. 
Dirige  ses  plus  gros  navires  vers  Québec 
Et  leur  fait  jeter  l'ancre  au  milieu  de  la  rade. 

Mais,  avant  qu'aux  sabords  ait  flamboyé  l'enfer. 
Du  haut  du  bastion  l'audacieux  Buade, 
Toujours  sur  le  qui-vivc  et  prompt  à  la  parade. 
Déchaîne  sur  l'escadre  un  ouragan  de  fer. 

Chaque  vaisseau  répond  à  cette  canonnade. 

Qui  rompt  tout  :    mât,  hauban,  vergue,  hune,  beaupré.  . . 

Cependant  les  boidets  de  Phipps  exaspéré 

D'obscurs  logis  à  peine  éraflent  la  façade. 

Maintenant  les  mortiers  avec  plus  de  fureur 
Sur  la  flotte  aux  abois  vomissent  la  mitraille  ; 
Et  les  mille  clameurs  sans  nom  de  la  bataille 
Font  frémir  les  forêts  d'une  indicible  horreur. 

De  retour  aux  remparts,  le  vaillant  Saint-Hélène', 
Tireur  prodigieux,  artilleur  sans  égal. 

S'évertue  à  couler  le  navire-amiral,  • 

Et  chacun  des  obus  pénètre  la  carène. 

SoJts  le  feu  qui  jaillit  du  bronze  rugissant 

Le  pont  troué  s'embrase  et  flambe  comme  forge. 

Le  mât  d'artimon  croule,  et  la  croix  de  Saint-George 

Déjà  dérive  au  fil  des  flots  rougis  de  sang. 

Impuissant  à  tenir  devant  la  forteresse 
Qui,  lançant  rincendie  et  la  mort  aux  vaisseaux. 
De  sinistres  débris  couvre  partout  les  eaux 
Et  par  douzaine  abat  les  marins  en  détresse. 

Brusquement  l'amiral  hisse  le  drapeau  blanc. 
Lève  l'ancre  et  s'apprête  à  s'éloigner  du  havre. 
Alors  que  l'eau  du  fleuve,  entraînant  maint  cadavre. 
Envahit  son  navire  incliné  sur  le  flanc. 


26  LB    PARLER    FRANÇAIS 

Et  comme,  vers  la  nuit,  disparaissent  les  voiles 
Cinglant  vers  l'infini  brumeux  de  l'Océan, 
Entonné  par  Québec  sur  son  rocher  géant. 
Un  ardent  Te  Deum  monte  vers  les  étoiles. 


VI 


Le  pays  est  sauvé.     Cependant,  obstiné, 
S'alliant  à  l'Agnier  sanguinaire  et  rapace. 
Les  yeux  vers  Montréal,  l'Anglais  déjà  menace 
De  combattre  à  nouveau  le  Français  ruiné. 

Dans  les  murs  d'Albany  conspire  la  Vengeance  ; 
Et  bientôt,  s' avançant  à  travers  les  forêts. 
Aux  portes  de  Long-ueil,  Schuyler  sur  les  guérets 
Assaille  nuitamment  les  colons  sans  défense. 

Mais,  pendant  que  le  sang  inonde  les  sillons 
Sous  un  feu  meurtrier  qui  de  partout  fulmine, 
L'altier  Valrenne  accourt,  repousse  et  dissémine 
Les  lâches  agresseurs  de  ces  preux  en  haillons. 

Encore  ivre  des  bruits  de  l'airain  sourd  qui  gronde, 
Buade,  patriote  et  soldat  sans  rival. 
Rêve  d'anéantir  le  grand  pouvoir  naval 
Menaçant  d'écraser  la  France  au  Nouveau- M  onde. 

Alors  il  tend  le  bras  vers  les  côtes  d'Hudson.  . . 
Et,  suivi  par  un  groupe  aussi  hardi  qu'habile. 
L'intrépide  marin  Lemoyne  d'Iberville 
Va  sur  l'onde  polaire  attaquer  le  Saxon. 

Et  sur  le  Pélican,  frêle  et  chétif  navire. 

Il  combat  avec  fougue,  adres.se,  tact,  aplomb. 

Force  le  Hudson  Bay  à  baisser  pavillon, 

Met  le  Derring  en  fuite  et  coule  le  Hampshire. 

Dans  d'autres  eaux,  toujours  gxiidé  par  Frontenac, 
Qui  voudrait  dominer  la  mer  jusqu'au  Mexique, 
De  vingt  vais.seaux  puissants  le  Jean  Bart  d' Amérique 
Détruit  le  dernier  mât  et  le  dernier  tillac. 


BUADE    DE    FRONTENAC  27 

VII 

Pour  calmer  le  pays  constamment  dans  les  transes. 
Le  Comte,  restaurant  les  forts  laurentiens. 
Avec  maintes  tribus  d'indiyènes  chrétiens 
S'efforce  de  notier  un  faisceau  d'alliances. 

Les  Indiens  adoucis  et  les  Saxons  défaits. 
Au  sein  de  régions  sans  bornes,  où  naguère 
Résonnait  le  clairon  monstrueux  de  la  guerre. 
Il  devient  le  suprême  arbitre  de  la  paix. 

Il  porte  la  lumière  aux  ténébreux  parages 
Que  nul  rayon  d'espoir  n'avait  su  pénétrer. 
Comme  Dupleix  dans  l'Inde,  il  se  fait  vénérer 
Par  les  chefs  les  plus  fiers  des  peuplades  sauvages. 

Il  brise  le  pouvoir  du  cruel  Iroquois 
Qui  si  longtemps  servit  la  cupide  .Angleterre, 
Et,  violant  des  bois  le  farouche  mystère. 
Fait  partout  rayonner  les  lis  d'or  et  la  croix. 

Il  lutte,  il  civilise,  il  rend  nos  bords  prospères. 
Du  lustre  de  son  œuvre  éblouit  ses  rivaux  ; 
Et  chaque  fois  que  l'on  évoque  les  travaux 
Accomplis  sur  le  .wl  canadien  par  nos  pères. 

On  voit  briller  son  nom  parmi  les  plus  grands  noms. 
Près  de  Phipps  menaçant  on  croit  encore  l'entendre 
Redire  à  l'envoyé  le  .sommant  de  se  rendre  : 
—  Je  répondrai  par  la  bouche  de  mes  canons! 

W.  Chapman. 


VOCABULAIRE  FliAMJAIS-AÎNGLAIS 

DE  LA  PAUME  AU  FILET  (lawn  tennis) 


Si  notre  vocabulaire  savant  est  abondamment  fourni,  notre 
vocabulaire  sportif  est  assez  maigre.  Que  cet  état  de  choses  puisse 
être  amélioré,  il  n'y  a  aucun  doute. 

Le  Cercle  du  Parler  français,  du  Séminaire  de  Saint-Hyacinthe, 
qui  a  si  heureusement  trouvé  et  mis  en  circulation  les  termes  fran- 
çais du  jeu  national  des  Américains  et  ceux  du  principal  jeu  d'hiver 
des  Canadiens  (V.  le  Bullrtin  de  novembre  1908  et  1909,  et  d'avril 
1909),  mérite  bien  des  félicitations  pour  sa  très  raisonnable  croisade 
contre   l'emploi   des   termes   anglais   dans   les  jeux. 

C'est  pour  continuer  cette  louable  campagne  que  le  Parler 
français  publie  aujourd'hui  un  nouveau  vocabulaire  sportif. 

La  «  paume  au  filet  »  {lawn-tennis)  en  fournit  la  matière. 
Voyons  d'abord  l'origine  française  de.  ce  jeu.  Puisse-t-elle  contri- 
buer à  changer  l'opinion  de  ceux  qui  prétendent  que  cet  amusement 
est  de  provenance  toute  anglaise  !  Ce  préjugé  a,  en  très  grande  part, 
aidé  à  développer,  chez  les  «  paumiers-»,  la  regrettable  tendance  de 
se  servir  au  jeu  des  expressions  étrangères  à  notre  langue. 

La  «  paume  au  filet  ))  (Cf.  Dictionnaire  des  Connaissances  prati- 
ques, par  E.  Bouant,  Paris,  Librairie  Armand  Colin,  1909  ;  Ency- 
clopédie des  Sports,  Jeux  de  Balle,  sous  la  direction  de  M.  Philippe 
Daryl,  Paris,  1894,  page  177,  article  de  M.  Gaston  Fournier  ;  aussi 
le  Code  de  la  Vie,  par  Grand'Mère  Annette,  édition  1910-1911,  page 
630)  est  une  forme  remaniée  du  jeu  de  paume.  Elle  constitue  un 
intermédiaire  entre  la  courte  paume  en  édifices  clos  et  la  longue 
paume  en  plein  air. 

Voici  ce  que  dit  à  ce  propos  M.  J.-J.  Jusserand,  dans  Les  Sports 
et  Jeux  d'Exercice  dans  Vancienne  France,  Paris,  1901,  page  204  : 

«  Quant  à  la  filiation  française  du  lawn-tennis,  qui  ne  fut  pas 
longtemps  connu  sous  son  nom  de  baptême,  elle  n'est  ni  discutable 
ni  discutée  ;  c'est  un  dérivé  de  notre  jeu  de  paume.  Dans  sa  de- 
mande de  brevet,  le  major  Wingfield  le  définissait  :  «  Cour  trans- 
portable, nouvelle  et  perfectionnée,  pour  jouer  l'ancien  jeu  de 
paume.  »  "'  Tous  ses  termes  et  procédés  rappellent  cette  origine  ; 
on  compte  à  la  française  par  quinze,  trente,  deuce  (forme  bâtarde 
de   «  à  deux  »  ),   «  avantage  de  jeux  »,   manière  de  compter  pour 

28 


VOCABULAIRE    FRANÇAIS-ANGLAIS  29 

laquelle  nos  ancêtres  avaient  découvert  une  origine  astronomique.  <«> 
On  tire  le  service  à  la  française,  au  moyen,  disait  l'Académie  Royale 
des  Sciences,  parlant  de  la  paume,  d'une  ((  raquette  jetée  en  l'air  », 
avec  l'exclamation  «  droit  »  ou  «  nœud  »,  qui  correspond  à  «  rough  » 
ou  «  smoufh  »  du  lawn-tennis.  Le  mot  «  tennis  »,  d'ailleurs,  est 
lui-même  d'origine  française  et  s'écrivait  primitivemetit  tenetz  ;  <" 
autrement  dit  :  «  Tenez  !  »  cri  d'appel  du  serveur,  «  accipe  !  ex- 
cipe  !  »  disaient  Erasme  et  Cordier  en  leurs  Dialogues.  » 

D'autre  part,  M.  J.-M.  Heathcote,  dans  The  Badminton  Library, 
Tennis  »,  édition  1903,  Londres,  page  12,  dit  qu'aucune  recherche 
étymologique  n'a  découvert  l'origine  du  mot  «  tennis  ».  On  a  pré- 
tendu que  ce  terme  pouvait  être  dérivé  de  Tennois  ou  Sennois,  dans 
la  Champagne,  en  France,  là  où  il  était  dit  que  l'on  pratiquait  ce 
jeu.  Skeat  suggère  le  mot  grec  «  tœnia  »,  un  ruban,  une  bande. 
Ceci  serait  un  équivalent  de  la  corde  ou  la  frange  dessus  laquelle  la 
balle  était  lancée  dans  les  premiers  jours  de  la  «  giuoco  délia  corda  ». 
D'autres  maintiennent  que  le  mot  «  tennis  »  vient  du  fait  qu'autre- 
fois cinq  concurrents  de  chaque  côté  (c'est-à-dire  «  ten  »)  étaient 
engagés  dans  ce  jeu.  M.  Heathcote  n'admet  pas  la  probabilité 
de  l'emprur.t  au  français  par  ses  ancêtres  du  terme  en  question. 

Devant  ces  hypothèses,  il  semble  préférable  d'accepter  les  affir- 
mations de  M.  Jusserand,  qui  connaissait  déjà  l'ouvrage  de  M. 
Heathcote  lorsqu'il  publia  le  sien. 

La  conclusion  de  ce  qui  précède  est  toute  trouvée  dans  le  para- 
graphe suivant  du  livre  de  M.  Jusserand. 

«  Souhaitons  donc  bonne  chance  et  prospérité  à  ce  jeu,  un  des 
plus  salutaires,  des  moins  encombrants,  des  plus  aisés  qui  soient  à 
installer.  On  pourra  s'y  livrer  sans  scrupule,  d'abord  parce  qu'il 
est  sain  et  bienfaisant,  ce  qui  devrait  être  une  raison  suffisante  ; 
ensuite,  parce  qu'il  n'est  pas  tellement  étranger  par  ses  origines  qu'il 
puisse  porter  ombrage  aux  censeurs  les  plus  exigeants.  » 


(1)  The  Badminton  Library  of  Sports  and  Pastimes,  Lawn  Tennis,  par  C.  G- 
Heathcote.  4e  éd.,  Londre.s,  1897,  p.  136  :  «  .\  new  and  improved  portable  court 
for  playing  tlie  ancieiit  game  of  tennis.» 

(2)  «  11  faut  premièrement  estimer  que  ceux  qui  ont  mis  en  usage  cette  ma- 
nière de  compter  le  jeu  de  paume  pAr  quinze  pris  quatre  fois,  comme  dit  est,  n'ont 
point  choisi  ce  nombre  de  quinze  entre  plusieurs  autres  sans  quelque  bonne  raison. 
Certainement  ils  eussent  pu  au.ssi  bien  prendre  quelque  autre  nombre  plus  petit.  .  . 
Or,  les  hommes  doctes  en  Astronomie  connaissans  bien  qu'un  signe  physic  (qui 
est  la  6e  partie  d'un  cercle)  est  divisée  par  imagination  en  60  degrez,  suivant  celle 
raison  sexagénaire,  ils  peuvent  dire  que  cette  manière  de  compter  le  jeu  de  paume 
a  été  instituée  suivant  icelle  raison  sexagénaire.»  La  maison  des  jeux.  1668,  p.  178 
(reproduisant  la  Déclaration  des  deux  doutes,  par  Go.ssclin,  1579,  souvent  réimprimée). 

(3)  C'est  ce  qu'a  montré,  après  que  la  question  fût  demeurée  longtemps 
douteuse,  M.  Skeat  (Athenœum,  4  avril  1896),  qui  cite  un  vero  de  Gowcr,  de  l'année 
1390  ou  1400  : 

Off  the  tenetz  to  winne  or  lèse  a  chase. 


30  LE     PARLER     FRANÇAIS 

LA  PAUME  AU  FILET  —  LAWN  TENNIS 

I.  LE  TERRAIN  ET  SES  PARTIES 

Couloirs,  corridor Alley 

Lignes  de  fond,  limites Base  Unes 

Cours  ou  cour  ('),  jeu Court 

Cours,  carrés  droits  et  gauches Courts  (Right  and  left) 

Demi-cours Half-court 

Ligne  de  demi-cours Half-court  Hue 

Ligne  de  filet Middle  Une 

Lignes,  raies  de  service,  tirés Service  Unes 

Lignes  de  côté,  raies Side  Unes 

Lignes  de  côté  de  service Side  Unes  (Interior) 

Tribune Stand. 

IL  LES  POSITIONS 

A  —  Extérieures. 

Amateur,  enthousiaste Fan  (fanatic) 

Juge  de  ligne,  de  place Footfavlt   judge,    Unesman,    Une 

u  mpire 

Juge-arbitre Référée 

Marqueur Scorer 

Arbitre Umpire 

B  —  Intérieures. 

Foncier,  demi-volée  «) Back    player,    base    liner,    base 

Une  player 

Paumier Laum-tennis  player 

Cordier,  volée  '»' Net  player,  volleyer 

Servant,    serveur,    lanceur,    pre- 
mier    .Serrer 

Chouette  '« Single  player 

Relanceur,  renvoyeur,  second ....  Striker-ovt 


(1)  C'est  improprement  que  certaines  personnes  disent  «  cours  »  pour  tra- 
duire le  mot  anglais  «  court  ».  l'n  «  cours  »  est  une  promenade.  La  paume  au 
filet  se  joue  sur  une  «  cour  ».  (V.  Encyclopédie  des  Sports,  Jeux  de  Balle,  note  en 
bas  de  la  page  178).  .  „, 

(2)  On  dit  vn  demi-volée,  un  volée,  comme  on  dit  un  garde  française.  Cf. 
Encyl.  des  Sports,  p.  63  .     ,        . 

(3)  Nom  donné  au  joueur  qui  joue  seul  contre  deux,  dans  une  partie  a  trois. 


VOCABULAIRE    FRANÇAIS-ANGLAIS  31 

III.  LES    ACCESSOIRES 

Arrière-filet liackstop 

Valise,  trousse Bag  (  Tennis) 

Balle Bail 

Taquet Cleat 

Traceur,   marqueur,  chariot  mar- 

(|ueur Marker 

Marqueur  à  sec,  marqueur  liquide.  Marker  {Dry  or  wel) 

.leux  tl'angles Marking  plates 

Ruban  marqueur,  tracé  de  jeu Marking  tape 

Filet y  et 

Fourciie  ceutrale Venter  fork 

Régulateur Venter  xtrap 

Cable  en  fil  d'acier  galvanisé Galvanized  steel  cable 

Filet  goudronné Tarred  net 

Bouclcteau Turn-bucklet 

Bâtons,  poteaux,  montants Net-posts,  pôles,  postt 

Axe Axle 

Base Base 

Supports Brackets 

Appliques-contreforts Bracket  traces 

Man<']ion  d'engrenage Vlutch 

Roue  dentée,  endentée,  roue  d'en- 
grenage    Cog-wheel 

Pieds Feet 

Cordes  de  support Guy-ropes 

Piquets Pegs 

Poulie Pulley 

Rochet,  cliquet Raichet 

Dévidoir,  molette Réel 

Douille Socket 

Tendeur Spamier 

Pal,  fiche Stake 

Vis  sans  fin Worm  screw 

Chevilles Pins 

Raquette Racket 

Lame Blade 

Cadre,  armature Frame 

Boyau Gut 

Préservatif-boyau Gut-preservalive 

Manche Handle 

Manche-étui ^ Handle  cover 


32  LE    PARLER  FRANÇAIS 

Tête Head 

Étui  à  raquette Racket  cover 

Presse-raquette Racket  press 

Renforcement Reinforcement 

Recorder Restring  (  To) 

Droit  (côté) Rough 

Épaule Shoulder . 

Nœud  (côté)   Smooth 

Cordier,  recordeur Stringer 

Cordage Stringing 

Ruban  gommé Tape 

Épaules  ligaturées Taped  shoulders 

Gorge Throat  pièce 

Gorge  creuse,  abaissée Depressed  throat  pièce 

Livret  de  pointage Score  book 

Feuillet  de  pointage  d'arbitre Scoring  nheet  {Umpire's) 

Tableau  de  pointage Scoring  tree 

Crampons  (de  tracé  de  jeu) Staples 

Siège  d'arbitre Umpire  chair 

IV.  LE  JEU 

Point -4ce 

Avantage Advantage,  raniage,  vanfaggio 

Avantage  des  jeux Advantage  game 

Arrière-main,  revers .  Back-hand 

Coup  d'arrière-main Back-hand  stroke 

Demi-volée  d'arrière-main Back-hand  half-rolley 

Volée  d'arrière-main Back-hand  rolley 

Jeu  de  fond Back  Une  play 

Balle  en  ow  au  jeu Bail  in  play 

Balle  de  service Bail  served 

Coup     coupé,     balle     coupée,     la 

coupe t-wi 

Couper,  doubler  la  balle Cvt  the  bail  (  To) 

Donner,  tirer  le  service Deliver  the  serrice  (  To) 

A  deux Deuce 

Jeu  double Doubles,  doubles  game 

Partie  nulle,  point  à  point Draw 

Coup  de  longueur Drive 

Chasser  la  balle Drive  the  bail  (  To) 

Chasseur Driver 

Volée  de  longueur Drive  volley 


VOCABULAIRE    FRANÇAIS- ANGLAIS  33 

Faute,  balle  fautive Fault 

Finale Final 

Premier  coup,  quinze First  siroke 

Flottante Floater 

Avant-main Fore-hand 

Demi-volée  d'avant-main Fore-hand  half-volley 

Couj)  d'avant-main Fore-hand  utroke 

Volée  d'avant-main Fore-hand  volley 

Partie  double Four-handed  ou  double  game 

Jeu Game 

A  deux  de  jeux Games  ail 

Demi- volée Half-volley 

Jouer    à    l'entre-bond    ou    demi- 
volée  Half-volley  (  Ta) 

Avantage Handicap 

Partie  combinée Handicap  match 

Avantageur Handicapper 

Repaumer  la  balle Hit  the  bail  (  To) 

Défaut Hole 

Tuer  la  balle Kill  the  bail  (  To) 

Coup  «à  remettre»,  «à  retirer» .  .  .  Let 

Chandelle Lob 

Faire  une  chandelle Lob  (  To) 

Rien Love 

Joute Match 

Partie  double  mixte,   mixte  dou- 
ble    Mixed  double 

Partie  simple  mixte Mixed  single 

Balle  mise  dessous Net  bail 

Jeu  de  filet Net  game 

Placer Place  (To) 

Relever  le  service Return  the  service  (  To) 

Manche Ralley,  rest 

Monter  le  résultat  à Riin  the  score  to  (  To) 

Coup  de  sûreté Save 

Résultat,  pointage Score 

Marquer Score  (  To) 

Marquer  un  point Score  a  game  (To) 

Partie  «  but  à  but  » Scratch  game 

Rayer Scratch  (To) 

Balle  doublée Second  bound  bail 

Second  point,  trente Second  stroke 

Service,  tiré,  attaque Serve,  service 


34  LK  rAi:i.i:i!  ritASÇAis 

Servir,    tirer,    primer,    donner    le 

service,  tirer  le  coup  de  service. .  Serve  (  To) 

Mettre  dessous Serve  the  bail  in  the  net  (  To) 

Mettre  dessus Serve  the  bail  over  the  net  (  To) 

Jeux  d'une  partie Set 

Côtés,  camps Sides 

Simple,  jeu  simple Single,  single  game 

Coup  écrasé Smash 

Écraser Smash  (  To) 

Jeter,  faire  sauter  la  raquette ....  Spin  the  racket  (  To) 

Relance Strike-out 

Renvoyer,  relancer,  relever,  re- 
pousser    Strike-out  (  To) 

Coup Stroke 

Empaumer  la  balle Stroke  the  bail  (  To) 

Relever  une  balle  fautive Take  a  fault  (  To) 

Troisième  coup,  quarante Third  stroke 

Choix,  tirage  du  service Toss 

Tirer  le  service Toss  (  To) 

Coup  tourné Twist 

Partie  tête  à  tête Two-handed  ou  four  handed  game 

Volée Valley 

Prendre,  rattraper,  chasser  la  balle 

de  volée Voïley  the  bail  {To) 

Ouvrages  consultés  : 

Dictionnaire  des  Connaissances  pratiques,  par  E.  Bouant,  librairie 
Armand  Colin,  Paris,  1909. 

Dictionnaire  des  Dictionnaires,  /SMppiémen<  par  Mgr  Paul  Guérin, 
Librairies-  Imprimeries  Réunies,  1895. 

Dictionnaire  Nouveau  Larousse  illustré. 

Encyclopédie  des  Sports,  Jeux  de  Balle,  sous  la  direction  de  M. 
Philippe   Daryl. 

La  Grande  Encyclopédie,  par  une  Société  de  Savants  et  de  gens 
de  lettres. 

Lawn-tennis,  par  M.  Paul  Champ,  bibliothèque  Larousse. 

Les  Sports  modernes  illustrés,  sous  la  direction  de  P.  Moreau 
et  G.  Voulquin  ;   collection  in-4°  Larousse. 

Les  Sports  et  Jeux  d'Exercice  dans  l'ancienne  France,  par  J.-J. 
Jusserand,  Paris,   1901. 

Sports  Athlétiques,  par  Ern.  \Yeber,  Paris,  Garnier  Frères,  1905. 

Alfred  Verreault. 


i 


UNLIVI{K(:ONTI{KL\|{f:V(ILlTI(IN<" 


Le  R.  P.  Michel  Tamisier,  S.  J.,  bien  connu  du  jjuhlic  québécois, 
a  publié,  chez  Lethielleux,  un  ouvrage  dont  il  nous  tardait  de 
dire  un  mot  à  nos  lecteurs.  L'idée  révolvtionnaire  et  les  utopies 
modernes,  tel  est  le  titre  de  cet  ouvraj^e,  dont  le  but  est  d'éclairer 
les  esprits  sur  l'action  néfaste  des  principes  révolutionnaires. 

Il  est  évident  que  l'auteur  s'est  efforcé  de  pré.senter,  en  un 
volume,  la  synthèse  des  erreurs  de  la  Révolution  et  de  leurs  consé- 
quences, désastreuses  pour  l'individu  et  pour  la  société.  Dans  ce 
but,  le  P.  Tamisier  commence  par  exposer  que  l'idée  révolutionnaire 
fondamentale,  l'idée-mère  de  la  Révolution,  c'est  le  sophisme  de 
Rousseau  sur  la  bonté  native  de  l'homme  :  idée  qui  entraîne  la 
négation  du  péché  originel  et  qui  détruit,  par  la  base,  tout  l'édifice 
surnaturel  de  la  grâce  et  du  salut.  L'homme  se  suffit  donc  à  lui- 
même,  d'après  Rousseau  et  ses  disciples,  et,  cette  fausse  conception 
excluant  logiquement  Dieu  de  la  vie  humaine  et  de  la  vie  sociale, 
la  Révolution  proclame,  en  s'appuyant  sur  Rousseau,  les  droits  de 
l'homme  au  détriment  des  droits  de  Dieu,  qu'elle  ignore,  d'abord, 
et  qu'elle  méprise,  ensuite. 

Par  sa  négation  de  l'autorité  divine,  la  Révolution  émancipe 
l'homme  de  tout  contrôle  et  fait  de  chacun  des  membres  de  la  société 
humaine  son  maître  absolu.  La  haine  de  toute  autorité,  voilà  donc 
le  trait  distinctif  du  vrai  fils  de  la  Révolution,  «  qui  est  nécessaire- 
ment, dit  avec  raison  le  P.  Tamisier,  républicain,  démocrate,  égali- 
taire,  socialiste,  laïque,  anticlérical,  pacifiste  ».  Avec  la  même  rigou- 
reuse logique,  l'auteur  rappelle  que  la  théorie  révolutionnaire  des 
droits  de  l'homme  «  a  pour  corollaire  le  droit  des  nationalités  à  dis- 
poser librement  d'elles-mêmes,  en  attendant  que  la  République 
universelle  ait  transformé  l'humanité  en  une  immense  association 
de  frères.  »  C'est  l'utopie  désastreuse,  anticatholique,  du  principe 
des  nationalités,  qui  proclame  le  droit  à  l'indépendance  de  toute 


(1)  M.  Tamisier,    S.  J. — L  idée  révolutionnaire   et  les  utopies  modernes. — Paria, 
Lethielleux. 

86 


86  t»   PABLBR    FRANÇAIS 

nationalité,  sans  tenir  compte  des  droits  souverains,  de  l'autorité 
sociale,  utopie  qui  n'est  qu'une  conséquence  logique  du  principe  de 
la  souveraineté  populaire,  l'une  des  maximes  fondamentales  de  la 
Révolution,  laquelle  s'est  toujours  vantée  de  rendre  les  peuples 
«  majeurs  ». 

Dans  son  chapitre  sur  «  l'idée  révolutionnaire  et  la  sécularisa- 
tion de  l'État  »,  le  P.  Tamisier  nous  montre  la  tyrannie  qui  règne 
nécessairement  chez  une  nation  émancipée,  alors  qu'à  l'autorité 
légitime  de  Dieu,  niée  et  bafouée,  se  substitue  la  suprématie  de 
l'État  dans  tous  les  domaines  de  l'action  et  de  la  pensée.  «  Une 
nation  est  majeure,  écrit-il,  qui  réalise  sur  le  terrain  social  le  grand 
principe  révolutionnaire,  l'indépendance  et  le  culte  de  l'homme. 
Dans  une  telle  nation,  assurément,  l'État  n'est  plus  en  tutelle,  car 
il  est  tout,  car  il  est  Dieu,  et  c'est  lui  qui  courbe  le  reste  sous  son  joug 
d'airain,  y  compris  les  consciences.  Ses  lois  et  ses  décrets  ne  se 
discutent  pas,  puisqu'il  n'y  a  pas  de  norme  supérieure,  pas  de  loi 
éternelle  auxquelles  vous  puissiez  les  comparer.  Dès  lors,  prononcer 
qu'une  loi  de  l'État  est  injuste,  c'est  prononcer  un  non-sens.  N'est- 
ce  pas  elle-même  qui  fait  qu'un  acte  est  juste  ou  injuste,  bon  ou  mau- 
vais, méritoire  ou  punissable.  » 

Ici,  nous  aurions  aimé  voir  le  P.  Tamisier  rattacher  cet  énor- 
mité  de  l'État  créateur  du  juste  et  de  l'injuste  à  cette  grande  erreur 
sociale  de  la  souveraineté  populaire,  laquelle  est  fondée  sur  l'idée 
maîtresse  de  la  Révolution,  l'égalité.  C'est  «  l'expression  de  la 
volonté  générale  »,  suivant  le  mot  même  de  Rousseau,  qui  fait 
la  loi  et  la  moralité  de  la  loi,  et  c'est  parce  que  tous  les  hommes  ont 
été  proclamés  égaux  par  la  Révolution,  que,  d'après  le  droit  révolu- 
tionnaire, le  critère  suprême  de  la  moralité  des  lois  réside,  non  dans 
la  loi  naturelle,  ni  dans  la  loi  éternelle,  mais  dans  la  volonté  du 
peuple    souverain. 

Avec  la  suprématie  de  l'État  en  tout,  le  P.  Tamisier  nous  montre 
qu'on  ne  peut  aboutir  qu'à  la  laïcisation  de  la  société,  qui  n'est  rien 
autre  chose  qu'une  apostasie  collective  :  laïcisation  de  la  morale, 
de  l'école,  de  la  famille.  Sur  ces  graves  sujets,  l'auteur  a  écrit  des 
pages  excellentes,  qui  sont  peut-être  les  meilleurs  chapitres  de  son 
livre.  Nous  permettra-t-il,  cependant,  d'exprimer  ici  le  regret 
qu'il  n'ait  pas  consacré  un  chapitre  à  la  tentative  de  laïcisation  de 
l'Église  elle-même  par  la  législation  des  associations  cultuelles,  qui 
trompa  un  certain  nombre  de  catholiques,  trop  imbus  de  libéralisme 
pour  voir  dans  ces  comités  laïques,  chargée  de  régir  les  églises  sans 
tenir  compte  de  l'autorité  épiscopale,  la  réalisation  du  principe  de  la 
souveraineté   populaire    et    de   l'idée    maîtresse    de   la    Révolution, 


UN    LIVRE    CONTRE    LA    RÉVOLUTION  37 

l'égalité,  qu'on  voulait  im|>lanter  au  sein  même  de  l'Église,  pour  la 
ruiner  plus  sûrement. 

Dans  des  cha|)itres  subséquents,  le  P.  Tamisier  nous  montre  le 
ronumtisme,  le  féminisme  et  le  divorce,  la  dissolution  des  Congré- 
gations religieuses,  l'humanitarisme,  le  socialisme  et  le  sillonisme 
comme  autant  de  courants  de  l'idée  révolutionnaire.  Il  consacre, 
aussi,  un- chapitre  à  la  chimère  anarchique  de  Tolstoï.  Un  épilogue 
sur  «  ce  qu'il  y  a  au  fond  du  Kulturkampf  moderne  »,  qui  clôt  le 
livre,  constitue,  avec  les  chapitres  analysés  ou  signalés  plus  haut, 
ce  qu'on  pourrait  appeler  la  critique  faite  par  le  P.  Tamisier  de  la 
doctrine  et  de  l'œuvre  révolutionnaires. 

Trois  études  de  son  ouvrage,  «  la  solution  du  cas  social  par 
l'Eglise  ».  la  «  signification  antirévolutionnaire  de  rai)i)arition  de 
Lourdes  »  et  le  surnaturel  du  patriotisme  de  «  Jeanne  d'Arc  » 
opposée  à  «  la  Révolution  »,  semblent  plutôt  destinées,  dans  la 
pensée  de  l'auteur,  à  montrer  la  force  antirévolutionnaire  et  saine- 
ment sociale  du  catholicisme.  Le  chapitre  sur  Lourdes  nous  a 
paru  être  le  meilleur  de  cette  série. 

Dans  «  la  solution  du  cas  social  par  l'Église  »,  le  P.  Tamisier 
paraît  peut-être  trop  préoccupé,  pour  les  mieux  réfuter,  sans  doute, 
d'analyser  les  revendications,  souvent  fausses  et  démagogiques, 
du  monde  ouvrier.  De  même,  dans  ses  deux  chapitres  sur  le  socia- 
lisme et  le  sillonnisme,  dans  le  dernier  surtout,  ses  développements 
trop  riches  sur  «  l'exaspération  du  prolétaire  »,  d'où  serait  née  l'erreur 
socialiste,  et  sur  la  «  noble  entreprise  »  de  Marc  Sangnier  et  de  ses 
disciples,  où  il  s'agissait  de  «  créer  »  les  «  assises  morales  »  qui  ne 
se  trouvent  pas  dans  le  monde  contemporain,  «  de  faire  circuler  à 
travers  les  masses  profondes  du  peuple  un  large  courant  de  géné- 
rosité et  de  dévouement  »,  «  d'y  former  des  consciences  capables 
de  supporter  le  merveilleux  édifice  d'une  Démocratie  complètement 
émancipée  »,  ces  développements,  trop  généreux,  dis-je,  sont  plutôt 
de  nature  à  affaiblir  notablement  la  portée  des  arguments  que  le 
P.  Tamisier  apporte  ensuite,  pour  réfuter  ces  erreurs,  que  l'auteur 
est  heureux  de  condamner  avec  l'Église.  Le  style  oratoire,  d'ail- 
leurs, n'est  pas  toujours  synonyme  de  précision,  et  ses  richesses, 
parfois  un  peu  touffues,  peuvent  nuire  à  la  cause  qu'on  défend,  sur- 
tout quand  elles  habillent  l'erreur,  même  celle  que  l'on  veut  réfuter. 
Le  P.  Tamisier  serait,  sans  doute,  le  premier  à  regretter  que  le  lec- 
teur d'un  ouvrage  destiné  à  faire  du  bien,  comme  le  sien,  prît,  par 
erreur,  pour  de  la  sympathie  à  l'égard  des  «  rêves  »  du  Sillon,  la 
richesse  des  ornements  que  l'auteur  prête  au  langage  dans  lequel  il 
les  traduit.  Et  l'auteur  serait  aussi  le  premier  à  protester  et  à  rap- 
peler au  lecteur,  un  peu  grisé  peut-être,  les  nobles  et  fermes  paroles 


38  LE   PARLER  FRANÇAIS 

qui  terminent  son  chapitre  sur  le  Sillonnisme  :  «  Nous  avons  un 
exemple  des  terribles  déviations  que  peut  entraîner  le  simple  refus 
de  se  laisser  diriger,  même  sur  le  terrain  économique  et  politique, 
par  le  seul  magistère  infaillible  que  Dieu  ait  institué  sur  la  terre. 
Faisons-en  notre  profit,  et  que  ce  mémorable  échec  d'efforts  généreux, 
mais  mal  orientés,  nous  rende  de  plus  en  plus  facile  et  de  plus  en 
plus  joyeuse  notre  docilité  à  la  parole  du  Représentant  visible  de 
Celui  qui  est,  dans  le  temps  comme  dans  l'Éternité,  la  Voie,  la  Vérité 
et  la  Vie.  » 

L'ouvrage  du  P.  Tamisier  sera  certes  intéressant  et  instructif  à 
consulter  pour  ceux  qui  veulent  mener,  contre  l'idée  révolution- 
naire et  contre  le  laïcisme  qui  en  découle,  et  qui  est  déjà  implanté 
chez  nous,  les  bons  combats  de  la  vérité. 

A.  H. 


GLANUHES 


CONTRE  REMBOURSEMENT 
C.  O.  D.  —  C.  R. 


Le  dernier  fascicule  du  Parler  français  contient,  à  la  page  462, 
les  lignes  suivantes  à  propos  de  l'équivalent  français  des  mots 
C.  O.  D.  (Cash  on  Delivery)  : 

«  A  la  page  390,  la  Ligue  des  Droits  du  français  a  traduit 
«  C.  O.  D.  »  par  «  payable  sur  livraison  ;  »  à  la  page  313,  M.  l'abbé 
Blanchard  a  traduit  «  expédié  C.  O.  D.  »  par  «  expédié  C.  R.  » 
(contre  remboursement).  La  Ligue  me  paraît  avoir  raison,  et  M. 
l'abbé  Blanchard  n'avoir  pas  tort.  «  C.  O.  D.  »,  c'est  ou  bien 
«  payable  sur  livraison  )>  ou  bien  —  mieux  peut-être  —  «  remise 
contre  remboursement  ». 

J'ignore  si  l'expression  «  payable  sur  livraison  »  est  usitée  en 
France  ;  je  ne  l'ai  entendu  dire  par  personne  ;  je  ne  l'ai  lue  nulle 
part  ;  je  ne  l'ai  trouvée  dans  aucun  catalogue.  En  revanche,  je 
trouve  : 

1°  Dans  le  catalogue  de  «  La  Belle  Jardinière  »,  Paris  : 
«  CONTRE  REMBOURSEMENT  » 

«  Nous  prenons  également  à  notre  charge,  à  partir  de  25 
francs,  les  frais  d'encaissement  des  envois  contre  remboursement.  » 

2°  Dans  le  catalogue  de  la  Société  Anonyme  Française 
«  Kodak  »  : 

«  Aucune  marchandise  ne  peut  être  expédiée  en  gare,  en  exécu- 
tion d'un  ordre  télégraphique,  à  moins  d'être  payée  d'avance  ou 
envoyée  contre  remboursement.  » 

3°  Dans  le  Tarif-album  de  la  Manufacture  française  d'Armes 
et  Cycles  de  Saint- Etienne  : 

a)   «  Les  commandes  non  accompagnées  de  leur  montant  sont 

39 


40  LE   PARLER    FRANÇAIS 

toujours,    sauf   indications   spéciales   pour   le   paiement,    expédiées 
d'office  contre  remboursement  »,  (p.  20). 

b)  «  Ces  colis  s'expédient  ordinairement  en  port  dû.  Ils  peu- 
vent s'expédier  contre  remboursement  moyennant  un  droit  propor- 
tionnel »,  (p.  25). 


Il  y  a  deux  autres  expressions  anglaises  concernant  l'expédition 
des  marchandises  dont  on  trouve  l'équivalent  français  dans  le  dic- 
tionnaire Larousse  au  tableau  des  Abréviations  diverses.  C'est 
«  collect  »  et  «  O.  K.  »  qui  se  traduisent,  le  premier  par  P.  D. 
(port  dû),  et  le  second  par  P.  P.  (port  payé). 

C.  R.  (C.O.D.)  signifie  que  l'acheteur  doit  payer  sur  livraison 
non  seulement  le  port,  mais  le  prix  de  la  marchandise. 

P.  D.  (collect)  veut  dire  que  le  port  seul  est  à  payer  par  le  desti- 
nataire. 

P.  P.  (O.K.)  indique  un  colis  sur  lequel  il  n'y  a  rien  à  payer, 
ni  le  port,  ni  la  marchandise,  ou  encore,  un  colis  dont  le  contenu  a 
été  vérifié. 

Abbé  Etienne  Blanchard. 


LEXIQUE 

CANADIEN-FRANÇ.IS 

(Suite) 


Majescule  {majèskul)  s.  f. 

Il   Majuscule. 

DiAL.     Id.,  Anjou,  Verrier. 

Majiscule  (majisfçul)  s.  f. 
Il  Majuscule. 

Major  (majbr)  s.  m. 

Il  Faire  son   major  =  être  autoritaire. 

Mal  (mal)  s.  m. 

1°  Il  (En  parlant  des  personnes).  Mal  caduc,  haut  mal, 
épilepsie.  Ex.  :  Tomber  d'un  mal,  tomber  de  son  mal  =  être  épilep- 
tique,  tomber  du  haut  mal. 

DiAL.     Id.,  Bas-Maine,  Dottin  ;   Normandie,  Dubois,  Maze, 

2°  Il   (En  parlant  des  animaux).     Attaque  épileptiforrae. 

3°  Il   Beau  mal  =  affection  utérine. 

Vx  FR.     Beau  mal  =  épilepsie,  Du  Cange. 

Maladret'  {màladrèt)  adj. 

Il   Maladroit. 

DiAL.  Id.,  Anjou,  Verrier.  —  Maladrait  =  m.  s.,  Norman- 
die, Maze  ;    Centre,  Jaubert  ;    Bas-Maine,  Dottin. 

Malaise  (màlè:z)  s.  t. 

Il  Difficulté.  Ex.  ':  Il  a  eu  ben  du  malaise  à  bâtir  c'te  bicoque- 
là  =  Il  a  eu  beaucoup  de  difficulté.  .  . 

Dial.     Malaise,  m.  s.,  dans  l'Anjou,  Verrier. 

41 


42  LB    PARLER    FRANÇAIS 

Mal  amain  {mal  amè)  adj. 

1°  Il  Désobligeant,  peu  complaisant. 

2°  Il  Incommode,  désavantageux,  d'un  accès  difficile.  Ex.  : 
La  maison  est  loin  du  chemin,  c'est  malamain. 

3°  Il  Difficile  à  conduire,  à  commander.  Ex.  :  Ce  cheval,  cet 
enfant  est  malamain,  il  n'obéit  pas. 

Fr.-can.     Cf.  Amain,  désamain,  mal  à  la  main. 

Malaucœureux  (màlôkœré),  malaucureux  (màlô^urâ),  mal- 
écœreux  {màlêkéré)  adj. 

Il   Qui  éprouve  facilement  des  maux  de  cœur. 

DiAL.  Malaucœureux  =*  dégoûtant,  dégoûté,  facile  à  dégoûter, 
Normandie,  Dubois,  Moisy  ;  —  qui  a  facilement  mal  au  cœur, 
Normandie,    Moisy  ;  —  malocœvreux,    m.    s.,    dans   le    Bas-Maine, 

DOTTIN. 

Fr.-can.  Potier  a  relevé  malocœureux,  sujet  aux  maux  de 
cœur,  à  Lorette,  1745. 

Malavenant  (màlavna)  adj. 

Il   Peu  agréable  dans  ses  manières. 

Mal  attelé   {mal  ailé)  adj. 

1°   Il  Qui  a  un  cheval  maigre,  etc. 

2°   Il   Mal  marié. 

3°   Il   Engagé  dans  une  mauvaise  affaire. 

Malbouroug  {malhuru)  s.  m. 

Il   Monnaie  ancienne,  liard  double,  valant  la  moitié  d'un  sou. 
Fr.-can.     Relevé  par  Potier,  au  Détroit,  1744. 

Malcommode  {màlkbmbd)  adj. 

1°  Il  Incommode.  Ex.  :  Un  outil  malcommode,  un  logement 
malcommode. 

DiAL.     Id.,  Anjou,  Verrier. 

2°  Il  Acariâtre,  peu  endurant,  d'humeur  maussade,  indocile  ; 
(enfant)  tapageur. 

DiAL.  Id.,  dans  le  Bas-Maine,  Dottin  ;  l'Anjou,  Verrier  ; 
la  Normandie,  Maze,  Moisy. 

3°  Il   (Enfant)  dissipé. 


LEXIQUE    CANADIEN-FRANÇAIS  4'i 

Malcompris  (màlkôpri)  s.  m. 
Il  Malentendu. 

Malcoucheux  (màlffueâ)  s.  m. 

Il  Mauvais  coucheur,  celui  qui  trouble  le  sommeil  de  son  com- 
pagnon de  lit. 

Maldire  {niàl4i:r)  v.  intr. 

Il  Médire.     Ex.  :  Il  passe  son  temps  à  maldire  de  tout  le  monde. 

Maldonne  (màldbn)  s.  f. 

Il   Malchance,  mauvaise  aventure,  malheur. 
DiAL.     Id.,  Normandie,  Delboulle. 

Malencœreux  (màlàkâré)  adj. 
Il  Syn.  de  malaucœureux. 

Malendurant  (màlàdurâ)  adj. 
Jl  Impatient,  bourru. 

Malengueulé  {màlâgàlé)  adj.  et  subst. 

]\  Qui  dit  des  paroles  grossières,  des  jurons,  etc.     Malappris. 

Malentente  {màlàtà:t)  s.  f. 

Il  Malentendu. 

DiAL.     Id.,  Normandie,  Maze,  Dubois. 

Mal-en-train  {mal  à  trè)  adj. 

Il  Indisposé,  souffrant. 

DiAL.     Mal-en-train,  m.  s.,  dans  le  Centre,  Jaubert  ;  l'Anjou, 
Verrier  ;   la  Picardie,  Corblet  ;  en  Normandie,  Maze,  Moisy. 

Malfaisant  {màlfezà)  adj. 

1"  Il  Indigeste. 

2°  Il  Maladroit,  négligent,  imprudent. 


44  LE    PARLER     FRANÇAIS 

Malgré  que  {malgré  kà). 

Il  Quoique,  bien  que. 

Fr.  Malgré  que  est  vieilli  dans  l'expression  :  malgré  que  j'en 
aie  (quoique  ce  soit  de  mauvais  gré).  «  Malgré  que  est  parisien, 
mais  n'est  pas  français  »,   E.   Faguet. 

Vx   FK.    DaRM. 

DiAL.  Malgré  que  =  quoique,  en  Normandie,  MoiSY,  Del- 
BOULLE,  Dubois. 

Malhureux,-euse  {màluré,-é:z)  adj. 

I  j    Malheureux,  —  euse. 

DiAL.  Id.,  Normandie,  MoiSY,  Maze  ;  Picardie,  Corblet  ; 
Bresse,  Guillemaut  ;  Centre,  Jaubert  ;  Anjou,  Verrier  ;  Bas- 
Maine,  DoTTiN  ;  Saintonge,  Éveillé. 

Malin  {malt),  maline  {malin)  adj.  m.  s.  et  f. 

II  Irascible. 

Maline  {malin)  adj.  f. 

Il   Maligne  (fém.  de  malin). 

Vx  FR.  Vauquelin  de  la  Fresnaye,  Basselin,  La  Fon- 
taine, L.  IV,  f.  15. 

DiAL.  Id.,  Anjou,  Verrier  ;  Normandie,  Rev.  P.  P.,  I,  79  ; 
Bas-Maine,  Dottin  ;    est,  ouest  et  sud  de  la  France,  Vautherin. 

Malinstruit  {màlèstrwi)  adj. 

Il   Malotru. 

DiAL.     Id.,  Normandie,  Delboulle. 

Malintentionné  {màlétàsybné}  adj. 
Il  Qui  a  des  mauvaises  intentions. 

Malisé  {màlizé)  adj. 
Il   Malaisé. 

Malle  {mal)  s.  f. 

1°  Il  Poste,  bureau  de  poste.  Ex.  :  Mettre  une  lettre  à  la 
malle,  =  à  la  poste.  —  Aller  à  la  malle. 


Lexique  canadien-français  45 

2"  Il  Lettre,  courrier.  Ex.  :  Recevoir  sa  malle  =  son  cour- 
rier. —  Il  y  a  une  grosse  malle  ce  matin  =  il  y  a  beaucoup  de  lettres. 
—  Mener  la  malle,  meneur  de  malle,  défaire  la  malle. 

Cf.  Hiifî.  mail. 

3°  Il  Train  qui  transporte  le  courrier.  Ex.:  C'est  l'heure  de  la 
malle  anglaise. 

Maller  (malé)  v.  tr.,  cf.  ang.  to  mail. 
1 1  Mettre  à  la  poste. 

Malpatient  (màlpasyà)  adj. 

Il   Impatient. 

DiAL.     Id.,  Centre,  Jaubert. 

Maltyr  {màlti:r)  s.  m. 

Il   Martyr. 

Dial.     Id.,  Anjou,  Verrier. 

Malvat  (màlvà)  s.  m.  ' 

Il  Mauvais  sujet,  enfant  insurbordonné. 

Dial.  Id.,  Saintonge,  Éveillé.  —  Nisard,  Parisianismes, 
p.  156,  écrit  :  mal-va  :  «  Je  ne  veux  point  d'un  grand  mal-va  comme 
vous  »,  Les  Ecosseuses,  p.  15.  —  En  Normandie,  malvas  =  mauvaise 
disposition  des  choses,  contre-temps,  Maze. 

Malpeigné  {màlpeiaê)  adj.  et  s. 

Il  Individu  mal  mis,  mal  vêtu,  malpropre. 

Mal  versé  (màlvèrsé)  adj. 

Il   Qui  a  de  mauvaises  inclinations,  (|ui  ne  promet  rien  de  bon. 

Marne  imam)  s.  f. 

Ji   Madame.     Ex.  :   Marne  (une  telle)  est  venue  nous  voir. 
Dial.     Id.,  Centre,  Jaubert  ;   Picardie,  Corblet. 

Mameselle  (mamzèl)  s.  f. 

Il   Mademoiselle. 

Dial.  Id.,  Ille-et- Vilaine,  Grain  ;  Normandie,  Maze  ;  Anjou, 
Verrier  ;   Haut-Maine,  Montesson. 


46  LE    PARLER     FRANÇAIS 

Manager  {manèdjàr)  s.  m.  aiig. 
Ij   Gérant,  directeur-gérant. 

Manche  (mâe)  s.  m. 

1°  Il   Manche  de  plume  =  porte-plume. 
2°  Il   Manche  de  pipe  =  tuyau  de  pipe. 

Manchon  (mâeô)  s.  m. 

Il  Mancheron,  chacune  des  deux  poignées  du  manche  d'une 
charrue. 

DiAL.     Id.,  Normandie,  Dubois,  Moisy. 

Mandrer  (madré)  v.  tr. 

Il   Amoindrir,  diminuer. 

Fr.  c.\n.     p.  Potier,  à  Lorette,  1743. 

Mandrin  (madré)  s,  m. 
Il  Canaille. 

Mangeage  (màjà:j)  s.  m. 
1 1   Mangerie. 

Mangeaillage  (màjâyà:j)  s.  m. 

Il   Action  de  manger  pur  gourmandise. 

Mangeailler  (màjâyé)  v.  intr. 
Il  Manger  sans  faim,  lentement. 

Manger  (màjé)  v.  tr. 

1°  II  Cacher,  dérober  à  la  vue.  Ex.  :  Cette  maison  nous 
mange  la  lumière,  nous  mange  la  vue. 

Fr.-can.  «  Cette  pointe  nous  mange  l'ile  =  nous  la  cache, 
nous  la  dérobe  à  la  vue  »,  P.  Potier,  de  Québec  à  Détroit,  1743. 

2°  Il   Faire  tomber  (le  vent). 

Fr.-can.  «  La  chaleur  mange  le  vent  =  le  tue,  le  fait  tomber  », 
P.  Potier,  Détroit,  1744.  —  On  dit  plutôt  maintenant  :  le  vent 
mange  la  chaleur.  —  «  Le  vent  mange  la  neige  »  =  la  fait  fondre, 
disparaître. 


Lexique  CANADiEN-FRANy^is  47 

3°  Il  Raser  (le  sol,  en  parlant  des  oiseaux)  :  Ex.:  Les  hiron- 
delles mangent  la  terre,  c'est  signe  de  beau  temps. 

Fr.-can.  «  Les  cygnes  et  les  outardes  mangent  la  prairie 
quand  il  vente  fort  d'un  vent  contraire.  .  .  il  fait  bon  alors  de  les 
guetter  =  volent  fort  bas  »,  Potiek,  1745. 

4°  Il  Manger  sur  la  tête  de  quelqu'un  =  être  plus  grand  que 
lui.  Ex.  :  Je  lui  inange  deux  pouces  sur  la  tète.  —  Je  lui  mange 
un  bon  pâté  sur  la  tête. 

5°  Il  Absorber.     Ex.:  Mander  le  temps. 

6°  Il  Dévorer  (l'espace).  Ex.:  Le  canot  mangeait  l'eau. — 
Le  cheval  mange  le  chemin. 

7°  Il  Empiéter  sur.  Ex.:  Sa  clôture  mange  le  chemin.  —  Le 
fleuve  mange  la  côte. 

8°  Il  Ronger.  Ex.:  Se  manger  les  ongles,  se  manger  les  lèvres. 
—  Clôture  mangée  par  le  temps. 

,9°   Il    Détériorer,  briser.     Ex.  :    Il  a  tout  mangé  le  bout  de  ses 
chaussures  en  glissant. 

10"  Il  Manger  de  l'avoine  =  être  supplanté  comme  amoureux. 

11°  Il   Manger  son  ronge  =  souffrir  la  raillerie  sans  y  répondre. 

12°  Il   Manger  les  balustres  =  (voir  mangeux). 

13 °  Il  Manger  la  volée  =  être  battu. 

14°  Il   Prendre  (aux  cartes,  aux  dames,  etc.) 

Manger  (se)  {se  màjé)  v.  réfl. 
Il  Bouillir  d'impatience. 

Manger  (se)  les  sangs  (se  mâjê  lé  sa). 

Il   Bouillir  d'impatience,  être  enflammé  de  dépit. 
DiAL.     Id.,  Normandie,  Robin  ;    Anjou,  Verrier. 
Fr.-can.    Aussi  :   se  manger  le  derrière  de  la  tête,  ou  simplement 
se  manger.  ■ 

Manger  (se)  le  nez. 
Il   Tenter   l'impossible. 

Manger  le  linge. 

|[  Avoir  quelque  défaut  exceptionnel  :   Ex.:  Elle  a  bien  des  dé- 
fauts, mais  elle  ne  mange  pas  le  linge. 

Manger  (se)  la  gueule. 

Il   Parler  beaucoup  cl  sans  réflexion. 


4:8  LE    PARLER    FRANÇAIS 

Mange  ouère  {màjwe:r)  s.  f. 

Il   Mangeoire. 

DiAL.     Id.,  Centre,  Jaubert. 

Mangeux  (màjé)  adj. 

Il  Qui  mange  bien.     Ex.  :   Un  cheval  qu'est  pas  mangeux. 

Mangeux  {mâjé)  s.  m. 

1°  Il   Mangeur.     Ex.  :   Un  gros  mangeux.  —  Un  petit  mangeux. 

DiAL.     Id.,  Centre,  Jaubert  ;    Normandie,  Moisy. 

2°  Il  Mangeux  de  balustre  =  tartufe,  individu  qui  feint  la 
piété,  mangeur  de  crucifix,  pilier  d'église.  Se  dit  souvent  par  raillerie 
de  catholiques  sincères  qui  communient  souvent. 

Fr.-can.  S'emploie  avec  la  négation  :  «  Celui-là  n'est  pas  un 
mangeux  de  balustre  »,  en  parlant  de  quelqu'un  qui  n'est  pas  pieux, 
ne  va  pas  souvent  à  l'église.  —  On  dit  aussi  :   rongeux  de  balustre. 

3°  Il  Mangeux  de  maringouins  =  espèce  d'oiseaux  insectivores, 
engoulevent  d'Amérique.  Au  fig.  :  qui  n'a  rien  à  se  mettre  sous  la 
dent. 

Fr.-can.  «  Mangeur  de  maringouins  »,  P.  Potier,  Lorette, 
1743. 

4 °  Il  Mangeux  de  poulets  =  sorte  d'oiseau  de  proie. 

5°  Il  Mangeux  de  réputation  =  mauvaise  langue. 

Mange-chrétien  (mâj  krétyé)  s.  m. 
Il   Individu  qui  surchage,  usurier. 

Manher  (màhé)  v.  tr. 
Il   Manger. 

Manheux  (mâhé)  s.  m. 
Il   Mangeur. 

Manière  (de)  à  ce  que  {dé  manyer  a  s  ké) 
Il  Pour  que. 

(à  suivre) 

Le  Comité  du   Glossaire. 


Vol.  XIV,  N«  2-Octobrk,  1915.  (.^ 

Croquis  can>dlii« 

MAISON  NEUVE  ET  VIEUX  MEUBLES 


En  de  nouveaux  berceaux  d'autres  enfants  vagissent.  . . 
Les  vieux  se  sont  «  donnés  »  à  l'aîné  des  garçons, 
Et  tout  près  de  l'église  aujourd'hui  se  bâtissent. 
Pour  y  finir  leurs  jours,  leur  dernière  maison . . . 

Il  est  temps,  pensent-ils,  que  d'autres  les  remplacent  ; 

Ils  partent  volontiers  :  c'est  eux  qui  l'ont  offert .  .  . 

Mais  quel  coup  !  lorsqu'au  seuil  leurs  enfants  les  embrassent. 

Et  que  pour  leur  départ  le  foyer  s'est  ouvert  ! 

Le  cœur  gros,  ils  s'en  vont .  . .     Déménager,  c'est  triste  1 
Quitter  le  cher  logis  où  l'on  a  pu  souffrir. 
Mais  oil  des  jours  heureux  la  bonne  odeur  persiste. 
Pour  des  vieillards,  hélas  !   c'est  bien  un  peu  mourir .  . . 

Ils  s'en  vont,  l'âme  en  deuil.  . .     Adieu,  maison  très  vieille 
Oil  tout  est  familier,  jusqu'au  soupir  du  vent  ! 
Adieu,  ô  murs  aimés,  témoins  des  longues  veilles 
Près  des  berceaux  moelleux  où.  dormaient  les  enfantai 

Adieu,  gais  souvenirs  qui  chantent  dans  la  pierre. 
Lointaines  visions  de  bonheurs  envolés. 
Foyer  qui  chaque  soir  se  faisait  sanctuaire, 
Oil  les  chagrins  étaient  si  vite  consolés  I . . . 


Pourtant  la  maison  neuve  est  belle,  et  vaste,  et  claire  . 
—  Leur  fils  reconnaissant  l'a  voulu  faire  ainsi  — 
Mais  au  meuble  nouveau  placé  là  pour  leur  plaire. 
Ils  préfèrent  encor  leur  vieux  meuble  noirci. . . 


49 


50  LE     PARLER    FRANÇAIS 

Voyez  sous  le  toit  neuf  ces  choses  démodées  : 
La  pendule,  un  bahut,  de  vieux  cadres,  le  lit. 
Telles  qu'elles  étaient  pieusement  gardées .  . . 
Débris  où.  leur  passé  sommeille  enseveli. . . 

Avec  quel  soin  jaloux,  évitant  les  secousses. 
Ils  les  ont  transportés,  ces  meubles  vieux,  usés, 
Évocateurs  discrets  d'heures  qui  furent  douces. 
Et  rustiques  témoins  des  pleurs  qu'ils  ont  versés. 


Consolez-vous  !   Entrez  dans  la  maison  nouvelle. 
Vieillards  pour  qui  déjà  se  ferme  l'horizon  : 
Ces  vieux  meubles  fanés  feront  revivre  en  elle 
L'âme  et  le  souvenir  de  la  vieille  maison  ! 


Arthur  Laçasse,  ptre. 


NOTRE  PATRIOTISME  LITTÉRAIRE 

EN  1800"* 


Si  je  ne  retrouvais  devant  moi,  ce  soir,  mes  fidèles  auditeurs 
de  Notre-Dame,  je  me  sentirais  bien  dépaysé.  Voilà  que  ma  chaire 
s'est  transformée  en  scène  théâtrale,  et  ma  parole  habituée  à  la 
pieuse  sécurité  du  sanctuaire  se  fait  entendre  dans  une  salle  où 
parfois  soufflent  des  tempêtes.  Cependant,  je  me  rassure.  En 
réalité,  je  me  sens  en  ce  moment,  ma  tribune  ayant  baissé  de  plu- 
sieurs pieds,  plus  rapproché  de  vous  ;  et  cela  me  donne  confiance. 
Je  prendrai  avec  vous  un  contact,  je  ne  dirai  pas  plus  complet  ni 
plus  profond,  mais  moins  solennel  et  plus  familial.  Ma  parole, 
d'ailleurs,  si  elle  réussit  à  bondir  de  la  scène  dans  l'orchestre  s'en 
ira  vers  un  auditoire  dont  je  sais  maintenant  l'extrême  bienveillance. 


•  % 


Lorsqu'il  s'est  agi  de  choisir  le  sujet  de  cette  conférence,  l'on 
m'a  dit  :  Vous  enseignez  la  littérature  ;  vous  vous  êtes  spéciale- 
ment occupé  de  littérature  canadienne  :  ce  que  votre  auditoire 
du  Monument  National  exigera  de  vous,  c'est  que  vous  lui  apportiez 
un  sujet  canadien,  un  sujet  où  notre  littérature,  et  notre  histoire, 
où  notre  art,  et  nos  ambitions  nationales  se  retrouvent  et  s'expri- 
ment, un  sujet  qui  soit  une  leçon  de  patriotisme. 

C'était  bien  clair,  et  très  simple.  Il  ne  me  restait  plus  qu'à 
trouver  le  sujet.  Bien  vite  il  s'est  imposé  à  moi.  Notre  histoire 
littéraire,  si  courte  encore,  si  jeune  que  même  l'on  prétend  quelque- 
fois qu'elle  n'est  pas  encore  née,  contient  plus  d'une  page,  très 
réelle,  très  vivante,  d'où  se  dégagent  de  fortes  et  saines  leçons,  de 
joyeux  et  alertes  souvenirs,  des  pages  où  nous  pouvons  apprendre, 
sinon  toujours  l'art  de  penser  ou  d'écrire,  du  moins,  et  ce  qui  est 
mieux,  l'art  de  vivre. 


(1)  Conférence  donnée  au  Monument  National  de  Montréal,  le  6  avril  1915, 
par  M.  l'abbé  Camille  Roy,  prédicateur  de  la  station  quadragésimale  de  Notre- 
Dame. 

51 


62  LE     PARLER    FRANÇAIS 

Entre  toutes  ces  pages  frémissantes  de  générosité,  chargées  de 
nos  enthousiasmes  politiques  et  littéraires,  je  n'en  connais  guère 
de  plus  ardente,  de  plus  substantielle,  de  plus  «canadienne»  que 
celle  qui  fut  écrite  en  1860. 

Je  vous  prie,  cependant,  de  ne  pas  donner  à  l'année  1860  une 
durée  astronomique  trop  rigoureuse.  En  littérature,  comme  en 
histoire,  les  années  ne  sont  jamais  de  douze  mois.  Elles  ont  quel- 
quefois moins  ;  et  quelquefois  elles  se  prolongent  bien  davantage. 
Quelquefois  elles  commencent  avant  janvier  ;  elles  se  continuent 
presque  toujours  après  décembre. 

L'année  littéraire  de  1860  fut  chez  nous  une  période  de  ferveur 
intellectuelle,  dont  les  limites  sont  assez  indécises.  Elle  commença 
bien  en  1860,  avec  la  publication  de  la  première  Légende  de  l'abbé 
Casgrain  ;  mais  elle  groupa  dans  une  collaboration  commune, 
pendant  trois  ou  quatre  ans,  les  plus  actifs  ouvriers  de  l'époque  ; 
puis,  comme  toutes  les  ferveurs,  comme  toutes  les  fièvres,  comme 
toutes  les  fièvres  littéraires  surtout,  elle  tomba  graduellement, 
jusqu'à  cette  température  normale  qui  chez  nous,  en  littérature, 
fut  presque  toujours  en  dessous  de  98. 


Mais  si  l'on  peut  assigner  une  date  à  un  mouvement  littéraire, 
il  ne  faut  pas  à  ce  point  l'isoler  dans  l'histoire  qu'il  y  apparaisse 
comme  un  phénomène  sans  causes  et  sans  précédents. 

Notre  littérature  canadienne  ne  commence  pas  avec  1860. 
Et  1860  suppose  donc  des  efforts,  des  œuvres,  qui  ont  pu  le  déter- 
miner. 

Voilà  donc  qu'il  me  faut  d'abord  et  tout  de  suite  vous  repor- 
ter au  delà  de  1860,  pour  vous  dire  quelles  influences  l'ont  pu  pro- 
duire. Et  voilà  donc  que  je  doLs  vous  parler  de  littérature  cana- 
dienne avant  la  publication  de  la  première  Légende,  et  arracher  pour 
ainsi  dire  des  bras  de  l'abbé  Casgrain  le  berceau  de  cette  littérature 
dont  il  croyait  être  le  père,  et  reporter  vers  d'autres  saisons  plus 
lointaines  la  naissance  de  notre  art  littéraire. 

Mais  oui,  si  1860  existe,  c'est  que  depuis  60  ans  notre  patrio- 
tisme essayait  de  se  donner  une  forme  littéraire  ;  c'est  que  depuis 
1806  le  Canadien  à  Québec,  le  Spectateur,  puis  l'Aurore,  puis  la 
Minerve  à  Montréal,  faisaient  les  grandes  luttes  de  la  vie  politique, 
et  imprimaient  la  prose  ardente  de  nos  premiers  journalistes.  C'est 
que  des  orateurs,  tout  vibrants  de  l'indignation  causée  par  les  injus- 
tices de  la  bureaucratie  anglaise,  secouaient  l'âme  populaire,  lui  fai- 
saient prendre  mieux  conscience  de  sa  vie  et  de  ses  ambitions  natio- 


NOTRE   PATRIOTISME    LITTERAIRE   EN   1860  53 

nales  ;  c'est  que  Bédard,  Papineau,  Morin,  Viger,  Lafontaine, 
attisaient  sans  cesse  le  feu  des  enthousiasmes  français,  et  entrete- 
naient en  leurs  compatriotes  la  pensée  haute  d'une  race  à  grandir, 
d'une  langue  à  conserver,  d'une  religion  à  défendre,  d'une  nationalité 
à  bâtir  sur  le  roc  solide  des  durs  sacrifices.  Si  1860  existe,  avec  ses 
projets  et  ses  illusions  littéraires,  c'est  qu'ici,  à  Montréal,  Michel 
Bibaud  s'est  ingénié  à  répandre  l'idée  que  nous  devions  avoir  une 
littérature,  et  s'est  obstiné  à  fonder  nos  premiers  recueils  littéraires  : 
en  1825  la  Bibliothèque  canadienne,  en  1830  l'Observateur,  en  1832 
le  Magasin  du  Bas-Canada,  en  1842  V Encyclopédie  canadienne  ; 
et  c'est  qu'il  invitait  à  écrire  dans  ces  recueils  les  meilleurs  esprits 
•de  ce  temps,  Jacques  Viger,  le  premier  maire  de  Montréal,  le  vaillant 
capitaine  des  Voltigeurs,  qui  emplissait  sa  Saberdache  des  documents 
les  plus  précieux  pour  notre  histoire,  et  qui  consentait  à  la  verser  de 
temps  en  temps  dans  les  périodiques  de  son  ami  ;  le  docteur  Labrie, 
qui  eut  l'ambition  de  devenir  notre  premier  historien  national,  qui 
passa  à  Bibaud  quelques  pages  de  cette  histoire,  dont  le  manuscrit 
bien  complété  devait  périr  en  1837  dans  l'incendie  de  Saint-Benoît. 

Si  1860  existe,  c'est  qu'Etienne  Parent,  auquel  il  faudrait,  à 
coup  sûr,  faire  remonter  notre  littérature  canadienne,  publia,  de  1825 
à  1840,  dans  le  Canadien,  les  articles  si  vigoureux,  si  pleins,  un  peu 
lourds  d'abord,  plus  alertes  ensuite,  de  si  haute  tenue  politique,  de 
si  solide  inspiration  j)hilosophique,  qui  font  de  lui  le  véritable  fonda- 
teur, et  l'une  des  gloires  les  plus  incontestables  de  notre  journalisme; 
Etienne  Parent,  qui  cessa  d'être  journaliste,  pour  se  faire  de 
temps  à  autre  le  conférencier  le  plus  goûté,  et  qui  a  laissé,  à  l'occasion 
de  ses  conférences,  prononcées  et  publiées  vers  1850,  des  pages  de 
sociologie  chrétienne  trop  ignorées  aujourd'hui,  écrites  avec  sobriété 
et  force,  et  dont  le  style  s'élève  parfois  jusqu'à  une  rare  beauté 
artistique. 

Mais  ce  sont  là  évidemment  des  influences  bien  lointaines,  sur 
lesquelles  il  ne  faut  pas  appuyer.  Encore  que  tout  s'enchaîne,  en 
histoire,  et  que  tout  y  soit  causé  et  semé  —  les  champignons  sont 
un  produit  inconnu  dans  les  champs  de  l'esprit  —  il  ne  faut  pas  aller 
chercher  trop  loin,  au  dessous  des  sillons  qui  l'ont  certainement 
produite,  la  moisson  de  1860. 

Si  nous  interrogeons  l'abbé  Casgrain,  Gérin-Lajoie,  le  docteur 
LaRue,  Joseph-Charles  Taché,  qui  furent  les  ouvriers  principaux 
de  1860,  ils  nous  répondront  que  c'est  Garneau  et  Crémazie  qui 
furent  leurs  excitateurs,  leurs  maîtres,  et  que  c'est  l'Histoire  du 
Canada  de  Garneau,  et  les  strophes  patriotiques  de  Crémazie  qui 
mirent  en  leurs  âmes  d'étudiants  ou  de  jeunes  gens  l'étincelle  du 
feu  sacré. 


54  LE  PABLEB   FRANÇAIS 

Aussi  bien,  est-ce  une  date  importante,  capitale,  dans  l'histoire 
de  notre  littérature,  que  celle  de  1845,  où  parut  le  premier  volume  de 
l'ouvrage  de  Garneau.  Ce  livre,  inspiré  par  l'amour  blessé  du  paya 
natal,  écrit  de  verve  par  un  esprit  très  ardent,  révélait  aux  Cana- 
diens leur  propre  histoire.  Les  Canadiens  ignoraient,  jusque  là, 
leur  passé  que  personne  n'avait  raconté  pour  eux,  et  ils  courbaient 
trop  facilement  la  tête  sous  le  coup  des  impudentes  accusations 
qu'avait  lancées  contre  leurs  pères  l'historien  anglais  William  Smith. 
Ils  éprouvaient  l'humiliation  de  l'ignorance.  Ils  en  étaient  venus  à 
douter  de  la  noblesse  très  pure  de  leurs  origines  et  de  l'héroïsme 
des  soldats  de  l'épopée  de  1759.  Conscients  de  porter  en  eux- 
mêmes  une  âme  capable  des  plus  hauts  dévouements,  ils  n'osaient 
trop  regarder  vers  un  passé  qu'enveloppaient  d'ombre  les  insinua- 
tions brutales  de  l'ennemi.  Aussi  quelle  joie  fit  palpiter  toutes  les 
âmes,  quand  VHistoire  de  Garneau  vint  authentiquement  raconter 
les  jours  anciens  et  glorieux,  quand  le  souffle  qui  traverse  son  œuvre 
dissipa  toutes  les  ombres,  quand  apparut  dans  la  lumière  vraie  de 
l'histoire,  avec  tout  l'éclat  qui  auréole  sa  destinée,  ce  petit  peuple 
canadien-français,  héroïque  jusque  dans  ses  défaites,  et  plus  grand 
que  tous  ses  vainqueurs. 

Pour  vous  montrer  tout  de  suite  l'a  propos  de  rattacher  à  cette 
date  de  1845  les  efforts  littéraires  et  patriotiques  de  1860,  je  ne  puis 
mieux  faire  que  de  vous  rappeler  cette  page  des  Anciens  Canadiens, 
où  Ph.  Aubert  de  Gaspé,  l'un  de  ceux  qu'entraîna  le  mouvement 
intellectuel  de  1860,  rendait  grâce  à  Garneau  d'avoir  délivré  ses 
compatriotes  de  ce  cauchemar  du  doute  et  de  la  honte. 

«  Vous  avez  été  longtemps  méconnus,  mes  anciens  frères  du 
Canada  !  Vous  avez  été  indignement  calomniés.  Honneur  à  ceux 
qui  ont  réhabilité  votre  mémoire  !  Honneur,  cent  fois  honneur  à 
notre  compatriote,  M.  Garneau,  qui  a  déchiré  le  voile  qui  couvrait 
vos  exploits  !  Honte  à  nous  qui,  au  lieu  de  fouiller  les  anciennes 
chroniques  si  glorieuses  pour  notre  race,  nous  contentions  de  baisser 
la  tête  sous  le  reproche  humiliant  de  peuple  conquis  qu'on  nous 
jetait  à  la  face  à  tout  propos  !  Honte  à  nous  qui  étions  presque 
humiliés    d'être    Canadiens  !  »  <'' 

Et  l'on  sait  que  ce  fut  pour  contribuer  lui-même  à  cette  œuvre 
de  réhabilitation  historique  que  Gaspé  raconta,  dans  son  roman, 
en  1863,  quelques-unes  des  scènes  du  drame  des  Plaines  d'Abraham. 

Voulez-vous  savoir  encore  dans  quelle  mesure  l'œuvre  de  Gar- 
neau influa  sur  le  mouvement  littéraire  de  1860,  et  sur  ses  ouvriers, 
relisez   les   pages   où   l'abbé    Casgrain   raconte   quel   effet   magique 

(1)  P.  201. 


NOTRE    PATRIOTISME    LITTÉRAIRE    EN    1860  55 

produisit  dans  les  collèges,  sur  les  écoliers  dont  il  était,  et  sur  les 
jeunes  gens  de  ce  temps,  la  lecture  de  l'Histoire  du  Canada.  '" 

Les  jeunes  sont  plus  particulièrement  impressionnables.  Et 
les  étudiants  sont  plus  que  tous  les  autres  jeunes  capables  de  s'égaler 
aux  plus  généreux  sentiments,  de  vibrer  à  l'unisson  des  plus  vail- 
lants héroïsmes.  Ils  furent  émerveillés  à  la  lecture  de  ces  récits 
nouveaux  auxquels  ils  n'étaient  pas  habitués.  Jamais  la  patrie 
ne  leur  était  apparue  si  belle,  si  grande,  si  digne  d'amour,  si  sainte 
avec  tant  de  blessures  qui  saignaient  encore  !  Ils  se  sentaient,  eux 
aussi,  capables  de  plus  d'endurance  et  de  luttes  nouvelles.  L'ave- 
nir, dont  on  avait  douté  vers  1840,  dont  Garneau  lui-même  avait 
douté,  s'il  faut  en  croire  une  de  ses  lettres  à  Lafontaine,  l'avenir  se 
construisait  enfin  dans  les  rêves  des  jeunes  sous  les  formes  les  plus 
splendides  et  les  plus  durables.  La  jeunesse  croyait  voir  se  lever, 
à  la  lumière  du  passé,  l'aurore  des  temps  nouveaux. 

Et  voici  que,  quelques  années  après,  en  1854,  alors  qu'on  était 
tout  occupé  à  relire  et  à  méditer  les  pages  de  Garneau,  un  chant 
patriotique,  d'une  inspiration  plus  profonde  que  celle  qui  avait 
jusque  là  animé  notre  poésie,  s'élève  en  strophes  toutes  pleines  de 
fierté  nationale.  C'est  Crémazie  qui  publie  ses  premiers  vers.  La 
poésie  canadienne  était  à  peu  près  inexistante  ;  et  l'on  fut  étonné 
de  l'ampleur  que  prenait  tout  à  coup  le  vol  —  pourtant  assez  lourd 
encore  —  du  poète  nouveau.  Crémazie  s'inspirait  visiblement  des 
pensées  et  des  sentiments  qui  remplissaient  l'Histoire  du  Canada. 
Il  chantait  ce  que  Garneau  avait  raconté.  Et  c'est  à  propos  de  ces 
premiers  poèmes  de  Crémazie,  et  de  leur  influence  sur  les  jeunes  gens 
de  cette  époque,  que  l'abbé  Casgrain  écrira  plus  tard,  en  janvier 
1866  : 

«  Sur  cette  grandiose  réalité  (révélée  par  Garneau)  les  brillantes 
strophes  de  M.  Crémazie,  alors  dans  tout  l'éclat  de  son  talent, 
jetaient  par  intervalle  leur  manteau  de  gloire ...» 

Et  l'abbé  continue  sur  ce  ton  lyrique  un  peu  ingénu,  qui  fut 
toujours,  chez  lui,  l'expression  d'une  perpétuelle  jeunesse  : 

«  Ceux  qui  étaient  alors  en  âge  de  goûter  les  beautés  littéraires, 
peuvent  redire  encore  tout  ce  qu'il  y  avait  de  charme  dans  la  voix 
de  ce  barde  canadien,  debout  sur  le  rocher  de  Québec,  et  chantant, 
avec  des  accents  tantôt  sonores  et  vibrants  comme  le  clairon  des 
batailles,  tantôt  plaintifs  et  mêlés  de  larmes  comme  la  harpe  d'Israël 
en  exil,  les  bonheurs  et  les  gémissements  de  la  patrie.  Chacun  de 
nous  alors  soupirait  après  le  jour  où  il  pourrait  mêler  sa  voix  à  celle 


(1)  Le  moût.  litt.  au  Canada,  Œuvres,  I,  356. 


56  LE     PARLER    FRANÇAIS 

du  chantre  canadien,  et  rêvait,  avec  toute  l'ardeur  juvénile,  quelque 
long  poème  destiné,  pour  le  moins,  à  l'immortalité.  '''  » 

Retenons  de  cette  strophe  de  Casgrain  la  dernière  phrase,  qui 
est  plus  qu'un  sentiment,  et  qui  devint  une  réalité.  «  Chacun  de 
nous  soupirait  après  le  jour  où  il  pourrait  mêler  sa  voix  à  celle  du 
chantre  canadien.» 

Le  jour  vint,  en  effet,  où  de  toutes  ces  ferveurs  accumulées,  de 
tous  ces  rêves,  de  tous  ces  desseins  réunis,  sortit  une  activité  litté- 
raire nouvelle  qui  fut  le  mouvement  patriotique  de  1860. 


♦  *♦ 


Quels  furent  les  ouvriers  principaux  de  ce  mouvement  ? 

Les  hasards  de  la  vie  politique,  les  obligations  du  ministère 
sacerdotal,  les  nécessités  de  la  vie  personnelle  avaient  alors  groupé 
à  Québec  un  certain  nombre  d'hommes  qui  avaient  l'ambition 
d'écrire,  et  d'accroître  notre  très  faible  patrimoine  littéraire. 

Joseph-Charles  Taché,  qui  avait  alors  40  ans,  et  qui  venait  de 
Kamouraska,  rédigeait,  à  Québec,  le  Courrier  du  Canada.  Sa  plume 
n'était  pas  très  fine,  mais  elle  était  ardente,  elle  distillait  un  patrio- 
tisme très  sincère  et  très  généreux.  C'est  la  plume  qui  avait 
tracé  une  Esquisse  sur  le  Canada,  pour  l'exposition  universelle  de 
Paris  en  1855,  et  qui,  en  1850,  avait  écrit  une  brochure  prophé- 
tique qui  pressentait  et  lançait,  si  l'on  peut  dire,  l'idée  de  la 
Confédération  :  Des  Provinces  de  l'Amérique  du  Nord  et  d'une 
Union  fédérale. 

L'abbé  Ferland  habitait  Québec  depuis  1850.  Depuis  1856, 
il  donnait,  à  l'Université  Laval,  des  leçons  d'histoire  du  Canada, 
qui  étaient  fort  goûtées,  construites  avec  une  grande  précision, 
développées  avec  une  élégante  et  classique  sobriété.  Il  reprenait 
l'œuvre  de  Garneau,  en  y  ajoutant  des  faits  nouveaux,  en  y 
corrigeant  quelques  inexactitudes,  en  y  célébrant  les  mêmes 
gloires  très  chères  de  nos  origines  coloniales.  En  1860,  l'abbé 
Ferland  avait  55  ans. 

Gérin-Lajoie,  bibliothécaire  du  Parlement,  se  trouvait  aussi  à 
Québec.  Il  avait  36  ans.  Il  vivait  parmi  les  livres,  se  préparait 
à  en  faire  lui-même,  et  n'aimait  rien  tant  que  causer  littérature 
avec  les  amis  qui  l'allaient  voir  à  son  bureau. 


(1)   Œuvres,  I,  p.  356-359,  Le  moût.  litt.  au  Canada. 


NOTRE    PATRIOTISME    LITTÉRAIRE    EN    1860  67 

Le  docteur  Hubert  LaRue,  qui  devait  faire  plus  tard  de  la 
chimie  aux  laboratoires  de  l'Université  Laval,  esprit  actif,  géné- 
reux, varié,  capable  tout  à  la  fois,  ou  plutôt  successivement,  de 
recherches  historiques,  d'analyses  scientifiques,  et  de  voyage  senti- 
mental sur  la  rue  Saint-Jean  (1879),  avait  27  ans,  en  1860  ;  il 
apportera  au  cénacle  le  concours  très  précieux  de  son  enthousiaste 
initiative. 

L'abbé  Henri-Raymond  Casgrain  venait  d'être  nommé  vicaire 
à  la  cathédrale.  Il  avait  29  ans.  L'automne  précédent,  alors 
qu'il  était  vicaire  à  Beauport,  il  avait  rêvé  sur  les  grèves  mélan- 
coliques aux  luttes  anciennes,  presque  oubliées,  du  colon  français 
avec  l'indien  farouche  ;  il  avait  vu  se  reconstituer  dans  son  imagi- 
nation romantique,  les  forêts  primitives,  les  alertes  soudaines,  les 
coups  de  force  du  sauvage  ennemi  ;  il  se  rappelait  les  longues  his- 
toires, faufilées  de  légendes,  que  sa  mère  racontait,  le  soir,  aux  petits 
enfants  quand  ils  avaient  été  bons  et  qu'ils  avaient  bien  prié.  Le 
jeune  abbé,  qu'avait  enthousiasmé  l'œuvre  de  Garneau,  que  les 
poésies  de  Crémazie  faisaient  entrer  en  des  ivresses  patriotiques,  et 
qui,  au  mois  de  janvier  1860,  publiait  sa  première  Légende,  le  jeune 
abbé  Casgrain  allait  être  le  plus  remuant,  le  plus  fervent,  le  plus 
entraînant  des  littérateurs  de  1860. 

Il  fréquentait  volontiers  Gérin-Lajoie,  dont  il  devint  l'ami  ;  il 
confiait  ses  projets  au  docteur  LaRue,  qui  lui  confiait  les  siens  ;  il 
respectait  l'autorité  accueillante  de  Joseph-Charles  Taché,  dont  le 
prestige  consolidait  toutes  les  jeunes  ardeurs. 

On  se  rencontrait  souvent  pour  causer,  soit  aux  bureaux  du 
Courrier,  rue  Buade,  sous  la  présidence  du  doyen  Joseph-Charles 
Taché,  soit  au  Parlement,  dans  la  bibliothèque,  où  Gérin-Lajoie 
avait  quelques  loisirs,  soit  au  presbytère,  dans  la  chambre  où  le 
jeune  abbé  rêvait  d'apostolat  littéraire.  Plus  souvent  encore  le 
groupe  se  reformait,  rue  de  la  Fabrique,  dans  l'arrière  boutique  de 
Crémazie. 

Crémazie  tenait  encore  son  commerce  de  librairie  :  au  milieu 
de  quelles  difiicultés  d'argent,  nous  l'imaginons  !  C'est  deux  ans 
après,  en  1862,  que  le  poète  libraire  dut  s'exiler.  Mais  les  amis  ne 
soupçonnaient  pas  sans  doute  les  ennuis  du  maître  ;  et  l'on  aimait 
à  faire  cercle  autour  de  celui  qui  portait  au  front  une  auréole,  que 
ses  chants  avaient  sacré  poète  national,  qui  avait  été  pour  sa  géné- 
ration, et  pour  les  jeunes  qui  venaient  après  lui,  un  excitateur 
d'ambition  littéraire. 

Et  puis  Crémazie  avait  des  livres  ;  il  faisait  venir  de  France 
les  œuvres  contemporaines.  Il  y  avait  dans  son  arrière  boutique 
des  volumes  de  poésie  que  l'on  lisait  avec  respect  et  enthousiasme. 


68  LE   PARLER    FRANÇAIS 

Lamartine,  Victor  Hugo,  Alfred  de  Vigny,  Alfred  de  Musset,  étaient 
des  auteurs  préférés.  C'étaient  des  dieux,  déjà  un  peu  vieillis  en 
France  —  on  est  en  1860  —  mais  tout  nouveaux  encore  à  Québec. 
Québec  était  alors  si  loin  et  si  isolé  de  l'ancienne  mère  patrie,  que 
les  mouvements  littéraires  de  France  n'y  étaient  que  tardivement 
aperçus  et  étudiés.  On  était  romantique  à  Québec,  en  1860,  comme 
on  l'était  en  France,  en  1830.  Crémazie  jurait  par  Lamartine  et 
Musset,  l'abbé  Casgrain  par  Chateaubriand  et  Montalembert. 
On  aimait  à  s'emplir  l'oreille  des  sonorités  larges  et  pompeuses  de 
la  prose  nouvelle  ;  on  aimait  à  communier  aux  rêveries  dolentes, 
aux  mélancolies  religieuses  ou  sensuelles  des  poètes  nouveaux.  Et 
c'est  chez  le  libraire  Crémazie  que  l'on  allait  satisfaire  ces  voluptés 
littéraires.  Il  serait  intéressant  de  préciser  la  mesure  d'influence 
qu'exerça  chez  nous  le  romantisme,  après  1840. 

(à  suivre) 

Camille  Roy,  ptre. 


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LE  TRÉSORIER. 


VOCABULAIRE    FRANÇAIS-ANGLAIS 

DU  JEU  DE  BARETTE 

( FOOTBALL ) 


Le  sport  d'automne  le  plus  en  vogue  est  probablement  la 
Barette. 

On  a  souvent  regretté  le  manque  d'un  vocabulaire  français  de 
ce  jeu. 

Le  lexique  que  nous  publions  aujourd'hui  a  pour  but  d'aider  à 
l'instauration  du  français  à  sa  place  dans  cet  amusement. 

Esquissons-en  à  grands  traits  l'origine. 

Cet  exercice  se  rattache  à  la  <(  sphéristique  ))  des  Grecs  de  l'an- 
tiquité. Les  Romains  le  pratiquaient  sous  le  nom  de  «  follis  ».  Il 
devint,  en  Angleterre,  le  <(  football  »,  et  en  France  :  en  Bretagne, 
dans  le  Finistère  et  le  Morbihan,  la  «  soûle  »,  la  «  mallader  »,  ou 
«  mollat  »  ;  en  Normandie,  la  «  melle  »,  la  «  pelotte  »,  1'  «  éteuf  », 
le  «  ballon  »,  la  «  boise  »  ;  en  Picardie,  la  «  choule  »,  «  cholle  », 
«  choulet  »  ou  «  choulage  »  ;  en  Touraine,  la  «  barette  ».  Dans 
certaines  provinces,  à  Valognes,  par  exemple,  on  le  jouait  à  la 
«  savate  ». 

Les  expressions  qui  sont  restées  pour  désigner  le  jeu  tel  qu'il  se 
pratique  aujourd'hui  sont  la  «  barette  »  et  le  «  ballon  au  camp  ». 
(V.  Encyclopédie  des  Sports,  sous  la  direction  de  M.  Philippe  Daryl, 
page  4  :  —  Le  football  ou  ballon  au  pied,  ballon  au  camp,  barette, 
pour  lui  donner  son  nom  français  ;  —  aussi  Dictionnaire  des  Connais- 
sances pratiques,  par  E.  Bouant  ;  et  le  Code  de  la  Vie,  par  Grand'- 
Mère  Annette,  édition  1910-1911).  —  Nous  préférons  l'appellation 
«  barette  »  à  celle  de  «  ballon  au  camp  »,  pour  éviter  la  confusion 
qu'il  pourrait  y  avoir,  si  ce  dernier  terme  était  choisi,  avec  le  jeu 
du  «  ballon  français  »,  qui  est  complètement  différent  du  «  football  ». 

Faisons  maintenant  remarquer  qu'il  n'existe  aucune  preuve 
pour  donner  au  peuple  anglais  le  mérite  de  la  création  de  ce  jeu. 
Les  probabilités  sont  pour  le  contraire  ;  car  l'on  prétend  qu'il  fut 
apporté  dans  les  îles  britanniques  avec  la  conquête  des  Normands, 

59 


60  LE   PABLEB   FRANÇAIS 

lesquels  Normands  le  tenaient  de  leurs  voisins  de  Bretagne.  (V. 
Sports  modernes  illustrés,  collection  Larousse.)  Il  est  du  reste 
connu  que  presque  tout  ce  qui  se  jouait  en  Angleterre,  au  moyen 
âge,  était  d'origine  normande  ou  angevine. 

Servons-nous  donc  d'expressions  françaises  en  pratiquant  ce 
jeu  ;  ni  la  précision,  ni  l'élégance  n'auront  à  en  souffrir. 

BARETTE  —  FOOTBALL 
L  — LA  MÊLÉE 

(Rugby) 

A.  LE     CHAMP 

*  Barre,   traverse,    barre   trans- 

versale    Cross-bar. 

Ligne  de  ballon  mort,  ligne  de 

fond Dead  bail  Une,  end  Une. 

Zone  de  fond End  zone. 

*  But,  les  «  poteaux  » Goal. 

*  Ligne  de  but Goal  Une. 

*  Mâts,  perches,  montants,  po- 

teaux de  buts Goal  posts,  uprights. 

Gril Gridiron. 

*  Ligne   d'envoi,    de   milieu  ;  le 

«  tiré  » Half-way  Une. 

*  Ligne  de  touche Side  Une,  touch  Une. 

Ligne  de  touche  de  but Touch  in  goal  Une. 

Ligne  de  renvoi Twenty-five  yard  Une. 

B.  LES    POSITIONS 

1.  —  Extérieures. 

*  Entraîneur Coach,  traîner. 

*  Juge  de  but Goal  judge,  goal  umpire. 

Cordiers,  marqueurs Linesmen,  yardsmen. 

*  Directeur,  gérant Manager. 

*  Arbitre,  juge  arbitre,  arbitre  du 

ballon Référée. 

*  Chronométreur,  chronométreur 

de  pénalités Timekeeper,  penalty  timekeeper. 


i 


VOCABULAIRE   FRANÇAIS-ANGLAIS    DU   JEU    DE   BABETTE  61 

*  Juge  de  touche Touch  judge. 

Assistant  arbitre,  arbitre  des 

joueurs Umpire. 

2.  —  Intérieures. 

Milieu Center,    center-scrimmage,    snap- 

back. 

*  Forts  (du  jeu),  basses- volées, 

chargeurs Forwards,  Une  men,  rushers. 

*  Foncier,  garde-but Full-back,    goal-sneak,    goal-tend, 

goal-tender,  goal-keeper. 

*  Demi-volée     (centre,    gauche, 

droit) Half-back  (center,  left,  right). 

Flanqueur  gauche Left-guard,  left-scrimmage. 

Soutien,  haute- volée Quarter,    quarter-back,     «  donkey- 

man  »,  scrum-half. 

Flanqueur  droit Right-guard,  right-scrimmage. 

Rôdeur,  corsaire,  tirailleur ....  Rover. 

Mêlée Scrimmage. 

Demi- volée  d'ouverture Stand-half. 

Bloqueur Tackle. 

*  Ailiers Wings. 

Note. — On  dit  un  basse-volée,  un  demi-volée,  un  haute-volée,  comme  on  dit 
un  garde  française.     V.  Ency,  de$  sporis,  page  63. 

C.  LES    ACCESSOIRES 

Ventrière,  protège- ventre Abdomen  protector. 

*  Pompe  à  pneumatique Air  pump,  inflater. 

*  Chaussette  élastique,  chausset- 

te de  sûreté Ankle  bandage. 

*  Soutien-chevilles Ankle  brace. 

*  Chaussette   de  force,  protège- 

chevilles  Ankle  protector,  ankle  supporter, 

anklet. 

*  Ballon,  barette Bail,  football,  leather,  pigskin,  egg. 

*  Vessie Bladder,  rubber  inner. 

Marques  (des  cordiers) Canes. 

*  Gaine  de  cuir Case  {Leather). 

*  Crampons Cleats. 

Claviculière,     protège-clavicu- 
les    Collar-bone  protector. 


62  LE     PARLER  FRANÇAIS 

*  Barrettes  (sous  les  souliers) . . .  Cross-pieces. 

Coude  élastique Elbow  bandage. 

Cubitière,  protège-coudes Elbow  pad. 

Protecteurs Guards. 

Oreillière,   cache-oreilles,   pro- 
tège -  oreilles,     couvre-chef, 

casque Head-gear,  head-harness,  head- 

helmet,  head-protector. 

Hanchière,  protège-hanches. .  .  Hip  pad. 

Veste,  gilet Jacket  {sleeve  ou  sleeveless), 

*  Chandail,  maillot,  tricot Jersey,  sweater. 

Genouillière  élastique Knee  cap  bandage. 

Genouillière Knee  pad. 

*  Culottes Knickerbockers,  knikers,  pants. 

*  Lacet-cuir Lace. 

*  Passe-lacets Lacing  needle. 

Mollets Leggings. 

*  Traceur,     marqueur,     chariot 

marqueur Marker. 

*  Porte- voix Mégaphone,  horn,  cône 

Mors,  embouchure,  embou- 

choir Mouthpiece. 

Protège-nez Nose  guard,  nose  mask. 

*  Pieux,  piquets Pickets,  rods. 

Carte-pointage Score  card. 

Jambière Shin  guard. 

Êpaulette  élastique Shoitlder  cap  bandage. 

Épaulière Shoulder  pad. 

*  Calot,  casquette Skull  cap. 

Pointes  (sous  les  souliers) Spikes. 

*  Chronographe,   compteur,   en- 

registreur   Stop-watch,  timer. 

Mannequin  à  ceinturer Tackling  dummy. 

Cuissard Thigh  guard. 

Poignet  élastique Wrist  bandage. 

*  Poignet  de  force Wrist  supporter. 

D.  LE  JEU 

Côté  fermé  (de  la  mêlée) ......  Blind-side. 

Épauler Body-check  (  To) . 

Percer,  forcer,  enfoncer Break  through  {Ta). 

Choquer,  heurter Buck  (To). 


VOCABULAIRE  FRANÇAIS-ANGLAIS    DU    JEU    DE   BABETTE  63 

Engagement Bully-off. 

Prise,  attrape Catch  (A). 

Attraper,  recevoir  le  ballon. .  .  Catch  the  bail  (To). 

Attraper,  recevoir,  prendre  le 

ballon  au  vol,  de  volée Catch  the  bail  on  the  fly  {To). 

Attrapeur,  receveur Catcher. 

Charger Charge  (  To). 

Entraîner,  conseiller,  encoura- 
ger    Coach  (  To). 

Relever  le  ballon Cock  the  bail  wp  {To). 

Transformer  un  essai  en  but . .  Couvert  a  touchdown  into  a  goal 

{To). 

Marquer     un     joueur,     jouer 

l'homme Cover  a  player  { To). 

Jeu  croisé,  attaque  croisée ....  Criss-cross. 

Charge  croisée Cross-buck. 

Coup  de  pied  de  déplacement .  Cross-kick. 

Élan Dash. 

Ballon  mort Dead  bail. 

Distance  de  réparation Distance  penalty. 

Crochet  (Un),  faire  un  crochet.  Dodge  {A),  dodge  {To). 

Mêlées,  touches Downs,  faire. 

A  bas  !  à  terre  !  touche  ! Down  ! 

Partie  nulle,  annulée,  but  à  but  Draw,  tie. 

Chasser Dribble  { To). 

Chasseur Dribbler. 

Chassés Dribbles. 

Coup  tombé  ;  coup  de  demi- 
volée,  de  rebond,  d'entre- 
bond  Drop,  drop-kick. 

Arrêt  de  volée Fair  catch. 

Feinte Fake,  feint. 

En  avant  (Un) Forward  pass. 

Faute,  coup  nul Foui. 

A  faux  ! Foui  ! 

Coup  franc Free-kick. 

Manque  (Une) Fumble. 

Manchot,  tâtonneur Fumbler. 

Gagner  du  champ Gain  ground  {To). 

Partie Game. 

Ardeur Ginger. 

But Goal. 

Coups  de  pieds  aux  tibias Hacking. 


64  LE     PARLEB     FRANÇAIS 

Après-midi Halves. 

Mi-temps Half-time. 

Talonner  le  ballon Heel,  heel  out  the  bail  (  To). 

Tenu! Heldl 

En  touche In  touch. 

*  Coup  de  pied Kick. 

*  Frapper Kick  (To). 

*  Frappeur Kicker. 

*  Coup  d'envoi,  mise  en  jeu ....  Kick-off. 

*  Ouvrir  le  jeu Kick-off  (  To). 

Coup  de  renvoi Kick-out. 

*  Alignement Line  up  ( The). 

*  Prendre  position Line  up  (  To) . 

Joute Match. 

*  Hors  jeu Off-side. 

*  En  jeu,  en  place On-side. 

Côté  ouvert  (de  la  mêlée) Open  side. 

Arpenter  la  distance,  marquer 

les  pas Pace  the  distance  (  To) . 

But  de  réparation Penalty-goal. 

Reprise  (1ère,  2ème,  Sème,  4e) .  Period,  quarter  (ls<,  2nd,  3rd,  4th). 

Troubler Rattle,  phase  (To). 

Coup  placé Place-kick. 

Coup  de  volée Punt. 

Arbitrer  une  partie Référée  a  game  (  To) . 

Touché  (Un) Rouge,  touchback. 

Touché  de  sûreté Safety,  safety-touch. 

Assurer  le  ballon Rouge  the  bail  (To). 

Expulser,  exclure,  renvoyer, 

faire  sortir  du  champ Rule-off  (To). 

Charge  (Une),  charger  en  mê- 
lée    Rush  (A),  rush  the  bail  ( To). 

Filante  (Une) Sailer  (A). 

Échelle,  calendrier Schedule. 

Pointage,  résultat,  total,  état 

de  la  partie Score,  scoring. 

Marquer,  gagner,  faire  un  but  Score  a  goal  {To). 

Marqueur Scorer. 

Mêlée,  cercle Scrimmage,  scrummage. 

Jouer  la  mêlée,  mettre  le  ballon 

en  mêlée Scrimmage  the  bail  ( To). 

Lutteurs Scrimmagers. 

Camp Side. 


VOCABULAIRE    FRANÇAIS-ANGLAIS    DU  JEU    DE   BARBTTB         65 

Relancer  le  ballon Snap  hack  the  bail  {To). 

Lambiner Soldier  ( To). 

Réserviste Spare-man. 

Bras  tendu Stiff-arm,  straight-arm. 

Blocage Tackle. 

Bloquer,  ceinturer,  boucler....  Tackle  (To). 

Bloqueur Tackler. 

Équipe Team. 

Co-équipier Team  mate. 

Remettre  le  ballon  en  jeu Throw  in  (To). 

Choix  du  camp Toss  ( The). 

Tirer,  jouer  à  pile  ou  face Toss  (To). 

Essai Touchdown,  try. 

Croc-en-jambe Trip. 

Avantage,  coup  d'essai Try  at  goal. 

Joueur  démarqué Uncovered  player. 

II.  — LE  CHASSÉ 

(Soccer) 

A.  LE    CHAMP  (1) 

Drapeau,  fanion,  oriflamme  de 

coin Corner  flag. 

Piquet,  poteau  de  coin Corner  flag-staff. 

Surface  de  but Goal  area. 

Ligne  de  but Goal  Une. 

Filet,  filet  de  but Goal  net,  net. 

Jeu  de  but Goal  set. 

Surface  de  réparation Penalty  area. 

Point  de  réparation Penalty  kick  mark. 

Cercle  d'envoi Stricking  circle. 

B.  LES    POSITIONS  (2) 

C.  LES    ACCESSOIRES  (3) 

D.  LE  JEU  (4) 

Centrer Center  {To). 

Centrations  (jeux) Centers. 

Bloquer,  entraver Check,  tackle,  checmate  (To). 


66  LE     PARLER    FRANÇAIS 

Coup  de  coin Corner-kick. 

Coup  de  déplacement Cross-shot. 

Coup  de  longueur Drive  {A). 

Alimenter  un  joueur Feed  a  player  (To). 

Boxer  le  ballon Fist  punch  the  bail  {To). 

Coup  de  but Goal-kick. 

Rasante  (Une) Grounder. 

Têter,  donner  le  coup  de  tête.  Head{To). 

Porte  du  but Mouth  of  goal. 

Engagement  de  réparation ....  Penalty  bully. 

Coup  de  pied  de  réparation . . .  Penalty,  penalty-kick,  penalty-shot. 

Dégager Save  ( To). 

Tirer,  lancer Shoot  ( To). 

Tireur,  lanceur Shot,  shooter. 

Coup Shot  (A). 

Écart Splits. 

Remise,  rentrée  en  touche. .  .  .  Throw-in  (The). 

(1),  (2),  (3),  (4).  Les  termes  qui  s'appliquent  au  «  chassé  »  et  à  la  «mêlée» 
sont  marqués  d'astérlques. 

Ouvrages  consultés  : 

Dictionnaire  des  Connaissances  pratiques.  Librairie  Armand 
Colin,  Paris,  1909  ;  par  E.  Bouant. 

Encyclopédie  des  sports.  Jeux  de  balle  et  de  ballon.  Paris,  1894; 
par  un  juge  du  camp. 

S  ports- Bibliothèque.  Le  Football.  Paris,  1910  ;  par  Gondouin 
et  Jordan. 

Les  Sports  modernes  illustrés.     Collection  Larousse. 

Alfred  Verreault. 


Lob  chants  du  terroir 


LA  TERUE  JALOUSE  DE  SON  FILS 


Ecrit  au  pays  des  Makonce,  le  lac 
Windigo,  dans  les  Laiirentides,  pour 
répondre  au  sonnet  du  poêle  Gustave 
Zidler,  dédié  à  l'auteur,  dans  son 
«  Cantit{ue  du  Doux  Parler  ». 


Pourquoi  donc  aux  jardins  de  Virgile  ou  d'Homère, 
Cueillerais-tu,  mon  /ils,  quelques  rameaux  éteints. 
Quand  pour  mettre  à  Ion  front  le  Rêve,  j'ai  mes  pins. 
Le  Fleuve  et  la  Savane  au  sauvage  mystère  ? 

Chantre  qui  sais  les  mots  suscités  par  la  Terre, 
Dans  un  hymne  pieux  et  vraiment  caimdien. 
Fier  comme  Tecnmseh  criant  l'orgueil  indien. 
N'as-tu  pas,  sur  les  monts  natals,  chanté  ta  mère  ? 

Ah  !  tes  chants  sont  à  moi!...   Tout  jeune  tu  venais 
Me  parler  dans  les  bois  et,  pieds  nus,  me  donnais 
Les  admirations  de  ton  âme  naïve. 

Et  pour  m'avoir  aimée  en  tes  heures  d'enfant. 
Rêveur,  au  pays  vierge  où  chassait  Canard-Blanc, 
Dans  tes  vers,  je  vivrai  puissante  et  primitive. 

Albert  F"erland. 

Le  Lac  Windigo,  1915. 


67 


Poèmes  de  la  guerre 


DEUX  ZOUAVES 


Un  beau  soleil  tout  neuf  du  mois  des  pâquerettes 
Qui  dore  le  Château  de  son  rayon  naissant  ; 
Un  banc,  près  de  la  rampe  où  l'if  taillé  descend  ; 
Sur  le  banc,  deux  fiers  gars  roulant  des  cigarettes. 

Deux  pieds  pendent  —  pour  deux  :  un  pli  marque  l'absent. 
Mais  les  deux  ((  chéchias  »  font  flamboyer  leurs  crêtes, 
Joyeuses  :  leurs  vertus,  à  charger  toujours  prêtes. 
Disent  l'âpre  Iliade  où  se  mêla  leur  sang .  . . 

Palais,  temple  des  dieux  de  France,  clos  tes  portes  ! 
Est-il  besoin  pour  nous  de  voir  nos  splendeurs  mortes 
Aux  reflets  des  miroirs,  sur  tes  pompeux  lambris  ? 

Voici  qu'avec  la  fleur  d'un  clair  ruban  jonquille. 
Dans  le  vieux  parc  royal  exaltant  ses  débris, 
La  gloire  toute  fraîche  arbore  sa  béquille  ! 

Gustave  Zidleb. 


68 


L'AVEUGLE 


«  Guidez-moi,  sans  me  plaindre,  enfants .  .  .  Calme  et  soumis, 
(  J'attends,  chaque  matin,  ce  que  mon  cœur  présage  : 
«  Car  mes  yeux,  pour  le  monde  à  jamais  endormis, 
«  De  regarder  en  moi  m'ont  enseigné  l'usage. 

«  J'y  vois  de  fiers  assauts,  des  fuites  d'ennemis, 
«  La  Victoire  qui  plane  avec  un  bon  visage, 
«  El  là-bas,  sur  le  fond  d'un  vaste  paysage, 
«  Le  lever  du  soleil  à  nos  espoirs  promis.  . . 

«  Enfants,  pour  mieux  m'aider  à  bénir  cette  épreuve, 

«  Quand  se  taira  la  voix  du  canon  souverain, 

«  Menez-moi  vers  l'aurore  aux  rives  du  grand  fleuve  : 

(  Que  j'écoute  avec  vous  guéri  de  tout  chagrin. 
D'une  musique  douce  infiniment  et  neuve  — 
Le  long  des  bords  français  chanter  l'onde  du  Rhin  !  » 

Gustave  Zidler 


<i9 


REVUES  ET  JOURNAUX 


La  Revue  des  Indépendants,  dans  son  dernier  numéro,  paru  dans 
«  le  fracas  glorieux  des  batailles  »,  publie  un  beau  compte  rendu, 
par  notre  ami,  M.  Paul  Feuillette,  du  Cantique  du  doux  Parler,  de 
Zidler. 

Je  ne  puis,  malheureusement,  suivre  pas  à  pas  M.  Zidler  dans  son  œuvre, 
écrit  en  terminant  M.  Feuillette.  Qu'il  me  suffise  de  dire  que  son  talent  de  poète 
est  à  la  hauteur  de  son  inspiration,  et  que  son  vers  solide  et  bien  frappé  est  le  digne 
moule  qui  convient  à  la  pensée  qu'il  renferme. 


La  Société  Saint-Jean-Baptiste  de  Montréal  a  maintenant  un 
organe  oflBciel  :  le  Petit  Canadien,  petite  revue  alerte,  d'une  bonne 
tenue,  et  dont  les  premiers  numéros  offrent  un  vif  intérêt.  Féli- 
citations et  vœux  de  succès  ! 


Depuis  le  mois  de  juin  dernier,  nous  avons  pu  lire  dans  les 
revues  et  les  journaux  d'Europe,  de  nombreux  articles  sur  le  Canada. 
Il  serait  trop  long  de  les  indiquer  tous.  Nous  nous  bornerons  à 
énumérer  les  plus  importants  : 

L'amitié  canadienne,  par  Maukice  Bahbès.     {L'Écho  de  Paris,  11  août.) 

La  part  prise  par  le  Canada  à  la  guerre  ;  les  secours  en  hommes, 
en  vêtements  ;   la  mentalité  canadienne .  . . 

«  Comme  il  va  falloir  que  la  France  soit  belle  après  la  victoire 
pour  payer  tous  ces  dons,  tous  ces  cœurs  ailés,  toutes  ces  imagina- 
tions qui  courent  à  son  aide.  .  .  » 


Lettres  canadienne,  par  Pirmin  Roz.     {Le  Secours  national,  52,  rue  Madame. 
P.,  juin,  pp.  6-8.) 

Lettres  accompagnant  les  dons  faits  à  la  France  par  la  pro- 
vince de  Québec. 

70 


REVUES    ET   JOURNAUX  71 

Let  Souvenirs  d'un  Seigneur  canadien,  par  André  Bellessort.  (La  Retue  dit 
Deux  Monde»,  1er  août,  pp.  646-672.) 

Étude  sur  les  Mémoires  de  M.  de  Gaspé. 

Let  Canadien»  et  la  Ouerre,  par  Edmond  Buron.  (La  Nouvelle  Revue,  15  juillal, 
pp.  81-103.) 

L'hôpital  franco-canadien,  (La  Croix,  6  juillet.) 

Au  Canada  françai»,  par  Jean  des  Neiges.     (La  Croix,  7  et  9  août.) 

Sympathies  de  neutres  el  d'allii»,  par  Léa  Bérard.  (La  Françaiee,  17,  rue  de 
l'Annonciation,  P.,    19  juin.) 

L'Amitié  canadienne.  (V Express  de  l'Ouest,  Nantes,  12  juillet  ;  L'Éclair  de 
VE»i,  Nancy,  14  juillet  ;  la  Liberté  du  Sud-Ouest,  Bordeaux,  10  juillet  ;  l'Exprc»» 
de  Lyon,  9  juillet.) 

No»  frère»  canadien».     (Le  Soleil  du  Midi,  Marseille,  14  juin.) 

Le»  Français  du  Canada.  (Le  Bulletin  des  .4.rmies,  31,  Quai  Voltaire,  P.  ; 
20  juin.) 

Le  râle  glorieux  du  Canada.     (La  DSpêche  d' Eure-st- Loire,  Cliirtrej,  12  juillet.) 

Ge»te  canadien.     (Le  Petit  Dauphinois,  Grenoble,    IS  août.) 


LES  LIVRES 


Raoul  Nabst.  Le  supplice  de  Louvain.  Paris  (Bloud  et  Gay,  7,  Place  Saint» 
Sulpice,  Ve),  in  8°  illustré,  206  pages. 

Nouvelle  publication  du  Comité  catholique  de  propagande 
française  à  l'étranger.  L'auteur  de  ce  livre  a  rassemblé  et  coor- 
donné les  faits  et  les  documents  concernant  les  atrocités  dont  l'Alle- 
mand s'est  rendu  coupable  à  Louvain.  Dossier  formidable  déjà 
et  que  de  nouveaux  apports  renforcent  chaque  jour. 


La  maison  Bloud  et  Gay  continue  la  publication  des  Pages 
actuelles,  déjà  plusieurs  fois  signalées  à  nos  lecteurs.  Il  suffit  de 
mentionner  les  titres  des  nouveaux  volumes  ;  tous  ceux  qui' tiennent 
à  se  bien  renseigner  sur  les  événements  contemporains  doivent  lire 
ces  études  remarquables  : 

HÉBRARD  DE  VILLENEUVE.     La  France  de  demain. 

Victor  Delbos.     L'Esprit  philosophique  de  l'Allemagne  et  la  Pensée  française. 

MjiDRiCE  DE  Sorgces.     Les  Catholiques  espagnols  et  la  Guerre. 

P.  Hazard.     Un  examen  de  conscience  de  V Allemagne. 

Henri  Lichtenberger.     L'Opinion  américaine  et  la  Guerre. 

L'Occupation  allemande  à  Bruxelles  racontée  par  les  Documents  allemand*. 
(Introduction  par  L,  Dumont-Wilden). 

Comment  les  Allemands  font  l'opinion.  (Nouvelles  de  guerre  affichée.i  à  Bru- 
xelles) . 

MoH  Pierre  Batifol.     .4.  un  neutre  catholique. 

Francis  Marre.     Dans  les  tranchées  du  front. 

Le  Comte  Bégouen.     Les  Catholiques  allemands  Jadis  et  aujourd'hui. 

72 


LEB    LIVRES  73 

Jkan  de  Béer.     U Allemagne  s'accu.ie. 

G.  Lechartibb.     La  Charité  et  la  Guerre. 

P.  Imbart  de  la  Tour.     L'Opinion  catholique  et  la  Guerre. 

Francis  Maure.     Sotre  «  75  ». 

Hbnbt  Jolt.     Contre  le»  maux  de  la  Guerre. 

G.  Blamchon.     Le  général  Pau. 

Albert  Sauveur.     L' .Allemagne  et  la  Guerre  européenne. 

André  Beaunier.     Le.i  Surbochen. 

S.  E.   LU  Cardinal  Amette.     Pendant  la  Guerre.     (Lettres  pastorales   et 
allocutions). 


Parmi  les  publications  des  mêmes  éditeurs   (Bloud  et  Gay), 
signalons  encore  : 

Mgr  a.  Pons.     La  Guerre  et  l'âme  française. 

Trois  séries  de  conférences,  au  tour  passionnant,  où  l'orateur 
traite  les  principaux  problèmes  de  l'heure. 


Le  Chanoine  E.  Beaupin.     Les  leçons  de  la  guerre. 

Conférences  où  l'on  apprend  à  considérer  la  signification  chré- 
tienne de  la  guerre. 


Chez  Téqui  (82,  rue  Bonaparte),  sont  parus,  parmi  les  ouvrages 
que  nous  croyons  utiles  de  faire  connaître  à  nos  lecteurs  : 

L'abbé  M.-M.  Gorse.     Échos  de  la  Guerre  (497  pages). 

Echos  recueillis  par  l'auteur  sur  les  champs  de  bataille,  dans 
les  ambulances,  sur  les  trains  sanitaires,  et  qui  mettent  dans  tout  son 
jour  l'infamie  allemande  et  en  même  temps  font  briller  de  tout  son 
éclat  la  grandeur  de  l'âme  française. 


74  LE   PARLER  FRANÇAIS 

L'abb£  de  Lemennais.     Le  Guide  de  la  Jennegse.     (15e  édition). 
L'abbé  Henri  Perreyve.     Méditations  sur  le  Chemin  de  la  Croix. 


La  librairie  Armand  Colin  (103,  Boul.  Saint-Michel,  Paris  5e), 
publie,  en  fascicules,  des  études  et  documents  sur  la  guerre  du  plus 
haut  intérêt  : 

Ch.  Andler.  Le  Pangermanisme.  (Plans  d'expansion  allemande  dans  le 
monde.) 

Ch.  Seignobos.     1815-1915.     (Du  Congrès  de  Vienne  à  la  guerre  de  1914.) 

E.  Durkueim.  V Allemagne  au-dessus  de  tout.  (La  mentalité  allemande 
et  la  guerre.) 


Pierre  de  Maighemont.  La  France  Immortelle.  Paris  (.\mat,  11,  rue 
Cassette),  26  pages. 

Drame  lyrique  qui  devait  être  représenté,  le  16  août  1914,  au 
Patronage  Sainte-Madeleine  de  Jouy-sous-Yhelle  ;  la  guerre  ne 
l'a  pas  permis.  L'auteur  vend  son  ouvrage  au  profit  des  invalides 
de  la  guerre. 

Les   personnages   du   drame   sont   la   France  et   ses   provinces. 

La  première  partie  seulement  de  la  pièce  est  publiée  :  V Angoisse. 
La  deuxième  :  le  Cauchemar,  et  la  dernière  :  le  Triomphe,  sont  sous 
presse 


University  of  Toronto  Studies.  Review  of  Historical  publications  relating  to 
Canada.     Toronto  (University  Press),  1915,  27  c.  x  18  c.,  in-8°,  247  pages. 

Ce  nouveau  volume  de  la  Revue  de  Toronto  renferme  de  courts 
comptes  rendus  d'un  certain  nombre  d'ouvrages  canadiens-français. 
Ces  appréciations  ne  sont  pas  toujours  justes,  et  il  semble  que,  dans 
une  aussi  importante  publication,  on  devrait  avoir  l'esprit  un  peu 
plus  large. 


James  Geddes,  jh.     Canadian-French,  1910.     Paris  (Gamber)  1914,  54  pages. 

Tirage  à  part  de  l'étude  que  publie,  chaque  année,  M.  Geddes 
dans  le  J ahresherichts,  sur  le  mouvement  littéraire  canadien-fran- 


LES    UVRBS  75 

çais.  Nous  avons  souvent  dit  à  nos  lecteurs  avec  quel  soin,  quelle 
compétence,  et  quel  dévouement  notre  ami  travaille  à  faire  connaître 
les  œuvres  de  nos  compatriotes.  Nous  ne  voulons  pas  répéter  des 
éloges  que  nous  avons  déjà  faites  ;  mais,  en  signalant  la  dernière 
contribution  de  M.  Geddes  à  l'histoire  contemporaine  de  notre 
littérature,  nous  voulons  marquer  spécialement  la  peine  que  cet  ami 
de  notre  race  prend  pour  se  renseigner  sur  le  mouvement  de  la 
librairie  chez  nous.  L'œuvre  qu'il  fait  et  dont  nous  profitons  devrait 
être  mieux  appréciée.  Pour  faciliter  sa  tâche,  nos  éditeurs  devraient 
se  faire  un  devoir  de  lui  adresser  les  ouvrages  qu'ils  font  paraître. 
Éditeurs  et  écrivains  y  trouveraient  leur  avantage.  (Adresse  de 
M.  James  Geddes  :    20,  Fairmount  street,  Brookline,  Mass.). 


L'abbé     Etienne    Blanchard.     Dictionnaire    de    bon    lanjaj!.     Montréal 
(Beauchemin),  1915,  16  c.  x  10  c,  in-16,  349  pages. 

Deuxième  édition,  revue  et  augmentée,  de  l'ouvrage  dont  nous 
avons  parlé  à  la  page  357  du  Parler  français,  1914-1915. 

Nous  nous  réjouissons  du  succès  mérité  de  ce  livre  et  nous  sou- 
haitons que  cette  deuxième  édition  s'épuise  aussi  rapidement  que 
la  première. 

Le  volume  est  relié  et  se  vend  45  sous,  franco  52  sous.  (S'adres- 
ser aux  libraires  ou  à  l'auteur,  331,  rue  Sainte-Catherine  est,  Mont- 
réal.) 


HoRMisDAS  Magnan.     Banlieue  de  Québec.     Québec,  1915,  38  pages. 

Notice  historique  sur  l'ancienne  municipalité  de  Ville-Mont- 
calm,  annexée  à  Québec  et  devenue  le  quartier  du  Belvédère.  Inté- 
ressante contribution  à  l'histoire  de  cette  partie  de  la  vieille  cité. 

A.  R. 


Au  service  des  intérftt»  franpaii 

TABLEAU  D'HONNEUR 


Dl  s 


LAUREATES  ET  LAURÉATS 

DU  PARLER  FRANÇAIS  EN  1915 


Le  Comité  -permanent  de  la  Langue  française  a  distribué  des 
«  Prix  de  Parler  français  »,  à  la  fin  de  l'exercice  scolaire,  en  1915, 
comme  il  l'avait  fait  en  1914  et  en  1913. 

Dès  le  30  avril  dernier,  nous  adressions  aux  chefs  des  différents 
Secrétariats  de  la  Langue  française  au  Canada  et  aux  Etats-Uni» 
une  lettre  circulaire  pour  leur  fournir  des  renseignements  et  des  direc- 
tions à  cet  égard,  tout  en  sollicitant  leurs  concours  afin  d'assurer  l'effi- 
cacité de  ce  service  important  de  notre  Comité. 

On  y  lisait  :  «  Nous  avons  l'honneur  de  vous  annoncer  —  en  vous 
priant  d'en  informer  les  intéressés  le  plus  tôt  possible,  à  votre 
convenance  —  que  cette  année,  de  nouveau,  le  Comité  permanent 
de  la  Langue  française  se  propose  de  mettre  un  certain  nombre  de 
«  Prix  de  Parler  français  ))  à  la  disposition  des  maisons  d'enseigne- 
ment, dans  la  juridiction  de  votre  Secrétariat,  qui  ont  bien  voulu  accepter 
et  distribuer  de  ces  récompenses,  à  la  fin  des  années  scolaires,  en  1913 
et  1914.  Nous  en  distribuerons  volontiers  à  celles,  au  moins,  où  l'on 
a  pris  la  peine  de  nous  informer,  selon  notre  requête  expresse,  l'an 
passé,  de  la  façon  dont  il  avait  été  disposé  de  ces  récompenses,  et  même 
à  d'autres  qui,  par  votre  entremise,  ou  directement,  nous  feraient  con- 
naître, en  temps  utile,  qu'elles  tiennent  à  participer  à  cette  distribution. 
Vous  serez  donc  fort  obligeant  pour  nous,  et  serviable  à  la  cause  fran- 
çaise, en  voulant  bien  dresser,  sans  retard,  la  liste  des  collèges,  couvents 
et  écoles  {académiques  ou  modèles)  des  deux  catégories  sus-mentionnées, 
dans  les  limites  de  votre  Secrétariat,  et  nous  transmettre  cette  liste  de 
bonne  heure,  dans  le  cours  du  mois  de  mai  prochain.  » 

76 


AIT  SERVICE    DBS    INTÉRÊTS    FRANÇAIS  77 

En  conséquence  de  cette  démarche,  et  avec  le  concours  de  la  plupart 
de  nos  dévoués  collaborateurs  de  l'extérieur,  il  nous  fut  possible  de 
préparer  une  liste  de  plus  de  deux  cent  cinquante  maisons  d'éducation 
désirant  participer  à  la  distribution  des  «  Prix  de  Parler  français  », 
et  huit  cents  récompenses  environ  ont  été  distribuées,  de  ce  chef,  au 
nom  du  Comité  permanent  de  la  Langue  française,  au  mois  de  juin 
1915. 

Avec  un  bon  nombre  de  volumes  des  «  Comptes  rendus  »  des 
«  Mémoires  »  et  aussi  quelques  médailles  du  Premier  Congrès  de  la 
Langue  française  au  Canada  (1912),  quelques  douzaines  des  volumes 
annuels  du  «  Bulletin  du  Parler  français  »,  offerts  par  la  Société  du 
Parler  français,  plusieurs  centaines  d'intéressants  ouvrages  dont  vou- 
lurent bien  nous  gratifier  leurs  propres  auteurs  ou  de  dévoués  amis  de 
notre  œuvre  composèrent  la  matière  de  ces  récompenses.  Le  Comité 
permanent  de  la  Langue  française  croit  de  son  devoir  d'inscrire  ici 
l'expression  de  sa  gratitude  bien  vive,  à  ce  sujet,  envers  les  auteurs 
généreux  :  l'honorable  M.  Thomas  Chapais,  M.  l'abbé  Camille  Roy, 
M.  l'abbé  Emile  Chartier,  M.  Gustave  Zidler,  de  Paris,  notre  cher 
poète  canadien  de  France,  M.  Adjutor  Rivard,  avocat,  C.  R.  —  de  qui 
quatre  différents  ouvrages  nous  ont  été  fournis  —  et  M.  Léopold  Leau, 
de  Paris,  comme  aussi  envers  d'autres  donateurs  très  obligeants  : 
S.  G.  Mgr  Roy,  le  Conseil  Central  de  la  Croix  Noire,  la  Société  du 
Parler  français,  etc. 

Toutes  ces  récompenses  paraissent  avoir  été  hautement  appréciées, 
d'après  les  témoignages  flatteurs  qui  nous  sont  revenus.  Ces  témoi- 
gnages, dont  nous  croyons  utile  d'insérer  quelques  échos,  à  la  suite  du 
Palmarès  qu'on  va  lire,  constituent  pour  nous  un  puissant  encourage- 
ment à  maintenir  et  à  développer  ce  service  des  «  Prix  de  Parler  fran- 
çais »,  puisqu'on  se  plait  à  nous  assurer,  de  divers  côtés,  qu'il  contribue 
puissamment  à  développer,  au  sein  des  jeunes  générations,  l'attache- 
ment invincible  à  notre  cher  langage  ancestral,  et  la  louable  ambition 
de  le  traiter  avec  des  égards  sans  cesse  grandissants. 

Le  Comité  permanent  de  la  Langue  française  n'a  pas  de  souci 
plus  profond  que  celui-là.  D'apprendre  qu'il  a  trouvé,  par  sa  distri- 
bution des  «  Prix  de  Parler  français  »,  l'une  des  formules  au  moyen 
desquelles  ce  dessein  peut  être  le  phis  efficacement  servi,  suffit  à  la 
dédommager  amplement  des  travaux  et  sacrifices  qu'il  s'impose  dans 
ce  but. 

Voici,  maintenant,  la  liste,  répartie  par  Secrétariats,  des  maisons 
ou  institutions  à  qui  ont  été  offerts,  par  le  Comité  permanent  de  la 
Langue  française,  des  «  Prix  de  Parler  français  »,  en  1915.  Nous 
la  faisons  suivre  du  tableau,  malheureusement  beaucoup  plus  court, 
de  celles  d'entre  ces  maisons  ou  institutions  où  l'on  a  bien  voulu  nous 


78  LE   PARLER    FRANÇAIS 

donner  connaissance  des  noms  des  lauréates  et  lauréats  du  Parler 
français  —  ou  pour  lesquelles  il  nous  est  arrivé  d'en  trouver  mention 
dans  les  journaux.  —  A.  D. 

SECRÉTARIAT  GENERAL  DE  LA  LANGUE  FRANÇAISE,  QUÉBEC 

Québec  :  —  Petit  Séminaire  ;  Pensionnat  des  Ursulines  ;  Pensionnat  de  Bellevue  ;  Académie 
des  Frères  (Saint-Sauveur)  ;  Pensionnat  Saint-Louis  de  Gonzague  ;  Couvent  de  Saint-Malo  ;  Aca- 
démie des  Frères  (Saint-Malo)  ;  Académie  du  Bon  Pasteur,  rue  Lachevrotière  ;  Pensionnat  Saint- 
Jean-Berchmans  ;    Orphelinat  Nazareth  ;    Orphelinat  d'YouviUe. 

Lévis  :  le  Collège,  par  M.  l'abbé  Irénée  Lecours  ;  Sainte-Anne-de-la-Pocatière  :  le  Collège  ; 
Beauport,  Académie  des  Frères  ;  Loretteville,  Pensionnat  Saint-Louis  ;  Saint-André  (Kamouraska), 
\e  Couvent  ;  Lauzon,  Pensionnat  de  Jésus-Marie  et  Collège  Saint-Joseph,  des  Clercs  de  Saint-Viateur  ; 
Sainte-Marie-de-Beauce,  Académie  des  Frères  des  Écoles  Chrétiennes  ;  Sillery,  Pensionnat  de  Jésui- 
Marie  ;  Sainte-Foy,  Couvent  paroissial  ;  Beauport,  le  Pensionnat  ;  Charlesbours,  Pensionnat  du 
Bon  Pasteur  ;  Bertbier-en-bas,  Ecole  modèle  ;  Cap-Santé,  Écoles  paroissiales,  par  Si.  le  curé  ;  De«- 
chambault,  Pensionnat  des  Sœurs  de  la  Charité. 

Aylmer-est,  Collège  des  Clercs  de  Saint-Viateur  ;  Beauharnois,  Académie  des  Clercs  de  Saint- 
Viatcur  ;  Sainte-Martine  (Chateauguay),  Pensionnat  des  SS.  NN.  de  Jésus  et  de  Marie  ;  Rigaud, 
Collège  Bourget  et  Couvent  de  Sainte-Anne. 

SECRÉTARIAT    DE    MONTRÉAL 

Montréal  :  Pensionnat  du  Mont  Sainte-Marie  ;  Pensionnat  des  SS.  NN.  de  Jésus  et  Marie 
(Hochelaga)  ;  Académie  Marie-Rose  ;  Académie  Saint-Jean-l'Évangéliste  ;  École  Belmont  ;  Aca- 
démie Marguerite-Bourgeoys  ;  École  Garneau  ;  Académie  Sainte-l^mélie  ;  Académie  Marchand  ; 
wcole  d'Youville  ;  École  Saint-Louis  ;  École  de  Notre-Dame  du  Rosaire  ;  Académie  des  SS.  NN.  de 
Jésus  et  Marie,  rue  Cherrier. 

Longueuil,  Académie  des  Frères  des  Écoles  Chrétiennes  ;  Sainte-Anne-de-Bellevue,  Couvent 
paroissial;  Boucherville.  Collège  du  Sacré-Cœur,  des  Clercs  de  Saint-Viateur;  Verchèresî  Pen- 
sionnat des  SS.  NN.  de  Jésus  et  de  Marie  ;  Lachûte,  Couvent  des  Sœurs  de  Sainte-Croix  ;  Lachine, 
PensioDDat  de  Sainte-Anne  ;   Sault-au-Récollet,  Pensionnat  des  Dames  du  Sacré-Cœur. 


SECRETARIAT    DE    L  ONTARIO 

Ottawa  :  l'Université,  Pensionnats  d'Youville,  du  Sacré-Cœur,  du  S.  Rosaire,  de  la  Sainte 
Famille  ;  Académie  La  Salle  ;  Écoles  Guignes,  Brébeuf,  Saint-Jean-Baptiste,  Sainte-Anne  Duha- 
mel, Garneau,  Saint-Charles,  Saint-Pierre,  d  East  View,  de  Cyrville. 

Sudbury  :  Collège  classique  et  Couvent  des  Sœurs  Grises  ;  Couvents  de  Mattawa,  de  Sturgeoo 
Falls,  de  Steelton,  de  Blind  River,  de  Chelmsford,  de  Verner,  de  Lefaivre,  d'Alfred,  de  Hawkeabury, 
de  Saint-Eugène  ;  Écoles  d'Orléans,  de  Rockland,  de  Bourget,  d'Embrun,  de  L'Orignal,  de  Clarence 
Creek,  de  Sarsfield.  de  Cassclman,  de  Billings  Bridge,  de  Vankleek  Uill,  de  Fourniervitle.  de  Planta- 
genêt,  de  South  Indian,  de  Saint-Albert. 


SECRETARIAT    DU    TEMISCAMINGUE 

Haileybur^  :  Pensionnat  de  l'Assomption  ;  Cobalt-nord,  Collège  classique  Saînt-Joseph,  de* 
Pères  Missionnaires  du  Sacré-Cœur  ;  Cobalt,  Écoles  paroissiales  ;  Cochrane.  Écoles  paroîasialea  ï 
Ville-Marie,  Couvent  des  Sœurs  Grises  ;  Saint-Bruno-de-Guigues,  Couvent  des  Sœurs  de  l'Assomption  ; 
La-Tuque.  Couvent  des  Sœurs  de  l'Assomption. 


SECRETARIAT    DES    CANTONS    DE    LEST 

Sherbrooke  :  le  Séminaire  Saint-Chartes  Borromée,  Pensionnat  du  Mont  Notre-Dame,  et  deax 
autres  couvents  delà  Congrégation  ;  Trois  écoles  des  Frères  du  Sacré-Cœur  ;  Coaticook  :  Pensionnat 
des  jeunes  filles  et  école  des  Frères  ;  Mégantic  :  le  Couvent  et  l'école  des  Frères  ;  Magog  :  le  Couvent 
et  l'école  des  Frères  ;  Danville  :  le  Couvent  et  l'école  des  Frères  ;  Richmond  :  le  Couvent  et  l'école 
des  Frères  ;  Windsor  Mills  :  te  Couvent  et  l'école  des  Frères  ;  Bromptonville  :  le  Couvent  et  l'école 
des  Frères  ;  D'Israeli  :  le  Couvent  ;  Weedon  :  le  Couvent  ;  Angus  :  le  Couvent  ;  Garthby  :  le 
Couvent  ;  Saint-François-Xavier-de-Brompton  :  le  Couvent  ;  Compton  :  le  Couvent  ;  Wotton  :  le 
Couvent  ;  Valcourt  :  !e  Couvent  ;  Saint-Georges-de- Windsor  :  le  Couvent  ;  Stanstead  :  Pension* 
nat  des  Ursulines  ;    Newport  :    le  Couvent. 


AU    SERVICE    DES    INTÉRÊTS    FRANÇAIS  79 

SECRÉTARIAT    DE  JOLIETTE 

Joliette  :  le  Séminaire,  Pensionnat  de  la  Congrégation,  Académie  de  Saiat-Viateur,  Couvent 
des  S5.  ce.  de  Jésus  et  de  Marie,  l'Érole  Normale  -,  Couvent  de  Saint-Liguori  ;  Ecoles  paroissiales  de 
Sain  te- Mêla  nie  (2).  de  Saint-Cbarles-Borromée  (2).  de  Saint-Cuthbert,  de  Sainte-Marie-Halomée  ; 
Jardin  de  l'Enfance  et  école  Sainte-Marguerite,  À  Joliette  ;    Unwdun  :    le  Couvent. 

SECRÉTARIAT    DE    MONT-LAURIER 

Nominingue  :  Couvent  des  Sœurs  de  Sainte-Croix  ;  Sainte-Agathe-des-Monts  :  Académie  du 
Sacré-Coeur,  des  Sœurs  de  la  Sagesse,  et  Collège  commercial  des  Frères  ;  Maniwaki  :  Couvent  Saint 
Joseph. 

SECRÉTARIAT    DE    CHICOUTIMI 

Chicouliml  :    TÊcoIe  Normale  et  l'IIâtel-Dieu  Saint-Vallier. 

SECRÉTARIAT    DE    RIMOUSKI 
Rimouski  :   le  Séminaire  et  le  Pensionnat  des  Uraulines. 

SECRÉTARIAT    DES    TROIS-RIVIERES 

Les-Trois-Rivières  :  Pensionnat  des  Ursulines  et  Académie  de  La  Salle  ;  Louîseville  :  Couvent 
de  l'Assomption  et  Collège  des  Frères  ;  Poînte-du-Lac  :  Couvent  des  Sœurs  Grises  ;  Grand'Mère  : 
Académie  des  Frères  ;  Sainte-Anne-de-la-Pérade  :  Couvent  de  la  Congrégation  ;  Cap-de-la-Madfr> 
leine  :  Couvent  des  Filles  de  Jésus  ;  Champlain  :  Couvent  du  Bon-Pasteur  ;  Saint-Ttte  :  école  des 
Frères  ;    Yaraachiche  :    école  des  Frères  et  Couvent. 

SECRÉTARIAT    DE    NICOLET 

Nicolet  :  le  Séminaire,  le  Pensionnat  de  l'Assomption  et  l'Académie  commerciale  des  Frères  ; 
DrummondviUe  :  Collège  Saint-Frédéric  ;  Victoriaville  :  Collège  des  Frères  du  Sacré-Cœur  ;  Artha- 
baska  :  Académie  des  Sœurs  de  la  Congrégation  et  Collège  des  Frères  des  Ecoles  Chrétiennes  ;  La- 
Baie-du-Febvre  :    Couvent  de  l'Assomption. 

SECRÉTARIAT    DE    ST-HYACINTHE 

Saint-Hyacinthe  :  Le  Séminaire,  Pensionnat  de  la  Présentation,  Académie  Giroaard  ;  Saînt- 
Denîs-sur-Richelieu  :  Collège  des  Clercs  de  Saint- Viateur  ;  Saint-Pie  (Bagot)  :  Couvent  de  la  Pré< 
sentation. 

SECRÉTARIAT    DE    CARAQUET,    N.-B. 


Caraquet  :  Collège  classique  du  Sacré-Cœur,  RR.  PP.  Eudistes,  et  Couvent  ;  Tracadie  :  Cou- 
vent ;  Dalhousie  :  Couvent  ;  Shippagan  :  école  paroissiale  ;  Bathurst  :  Couvent  ;  Bouctouche  : 
Couvent  ;    Saint-Basile-de-Madawaska  :    école  de  1  H6tel-Dieu  Saiot-Josepb 


SECRÉTARIAT    DE    MONCTON,    N.-B. 

Moncton  :  Couvent  et  écoles  paroissiales  (2),  par  Monsieur  le  curé  ;  Memramcook  :  Univer- 
sité du  Collège  Saint-Joseph  ;  Shédiac  :  Couvent  de  Sainte-Anne  ;  Saint-Joseph  :  Académie  N.<D. 
du  Sacré-Cœur. 

SECRÉTARIAT    DE    CHURCH    POINT,    N.-É. 

Church  Point  :  Collège  Sainte-.\nne,  RR.  PP.  Eudistes  et  école  paroissiale  ;  Métcj^han  :  Cou- 
vent et  école  paroisiiale  ;  écoles  paroissiales  de  Pubnico-ouest  (2).  de  Grosses-Coque»,  de  (.omeauviUe. 
de  Petit-Ruisseau,  de  Saulnierville,  de  Fubnico-en-bas.  de  Belleville-centre.  de  Eel-Brook  (2}.  des  Cou- 


80  LE     PARLER    FRANÇAIS 

cessions,  de  Little  Brook-station,  de  Wedgeport-en-bas  (2),  d'Amireault's  Hill,  de  Pubnico^eotre* 
de  Pointe-du-SauIt  (2),  d'Abram's  River,  de  Rivière  Meteffhan  (3),  de  Pubnico-Est,  de  Cap-Saiote- 
Marie,  de  Lac-Doucet,  de  Saint-Joseph,  de  Mavilette,  oc  Wedgeport,  de  L'Anse-aux-Belltveau,  de 
Saulnierville-station  (2),  de  Corberrie  et  de  Salmon-River. 

SECRÉTARIAT    DE    SAINT-BONIFACE,    MAN. 

Saint-Boniface  :  Collège  des  Jésuites,  Académie  Saint-Joseph,  Académie  Provencher,  Juntorat 
de  la  Sainte-Famille;  Winnipeg:  Pensionnat  des  SS.  NN.  de  Jésus  et  de  Marie,  et  école  du  Sacré-Cœur, 
rue  Bannatyne  ;  Saint-Norbert,  Man.  :  Couvent  des  Sœurs  Grises  ;  Saint-Charles,  Man.  :  Couvent 
des  Sœurs  Obtates  ;    Saint-Pierre,  Man.  :    Couvent  des  SS.  NN.  de  Jésus  et  de  Marie. 

SECRÉTARIAT    DE    PRINCE-ALBERT,    SASK. 
Prince-Albert  :    Académie  N.-D.  de  Sion  ;    Marcellin  :    le  Couvent  ;    Dorarémy  :    le  Couvent. 

SECRÉTARIAT  d'eDMONTON,  ALBERTA 

Edmonton  :   Collège  des  RR.  PP.  Jésuites. 

SECRÉTARIAT    DE    LA    NOUVELLE-ANGLETERRE 

Central  Falls,  R.  I.  :  école  Saint-Mathieu,  par  Monsieur  le  Curé  ;  Saint-Johnsbury,  Vt  :  Col- 
lège des  Frères  et  écoles  paroissiales,  par  M.  le  curé  ;  New-Bcdford,  Mass.  :  Couvent  des  Sœurs  de 
Sainte-Croix  ;  Saint-Albans,  Vt  :  École  des  SS.  Anges  ;  Manchester,  N._  H.  :  Couvent  de  Sainte- 
Croix  ;  Nashua,  N.  H.  :  Couvent  de  Sainte-Croix  et  Académie  Saint-Louis-de-Gonzague  ;  Auburn, 
Me  :  Couvent  des  Petites  Sœurs  Franciscaines  ;  Suncook,  N.  H.  :  Couvent  de  Sainte-Croix  ;  Hook- 
sett,  N.  H.  ;  Couvent  de  Sainte-Croix  ;  Woonsocket,  R.  I.  :  Couvent  de  la  Présentation  de  Marie  ; 
Worcester,  Mass.  :  Collège  de  l'Assomption  ;  Arctic,  R.  I.  :  Couvent  de  la  Présentation  de  Marie  ; 
Marlborough,  Mass.  :  Couvent  de  Sainte-Croix  ;  Lowell,  Mass.  :  Couvent  Saint-Joseph  ;  Green- 
ville,  N.  Y.  :   Couvent  de  l'Assomption  ;   Lewiston,  Me  :    Couvent  des  Sœurs  Dominicaines. 

LAURÉATES    ET    LAUREATS 

(Liste  partielle) 

Rawdon.  —  Couvent  de  Sainte-Anne.  —  Secrétariat  de  Joliette  :  Mlle  Alida 
Ricard. 

Les-Trois-RiTiÔreS.  —  Secrétariat  des  Trois-Rivières.  —  Pensionnat  des 
UrsuJines  :  Mlles  Bernadette  Crête  et  Thérèse  Perron. 

Verchdres.  —  Secrétariat  de  Montréal.  —  Pensionnat  des  SS.  NN.  de  Jésus 
et  de  Marie  :   Mlles  Laura  Mongeon  et  Louisa  Geoffrion. 

Sainte-Martine.  —  (Chateauguay)  —  Secrétariat  général,  Québec.  —  Pen- 
sionnat des  SS.  NN.  de  Jésus  et  de  Marie  :   Mlle  Blanche  Mallette. 

Québec.  —  Secrétariat  général  de  Québec.  —  Pensionnat  des  Dames  Ursu- 
lines  :  Mlles  Jeanne  Côté,  Antoinette  Dorion,  Hayda-Maria  Denault,  Advienne  Dorion, 
Hélène  Saint-Denis,  Georgine  Rivard  et  Geneviève  Legendre. 

Rimouski.  —  Secrétariat  de  Rimouski.  • —  Pensionnat  des  Ursulines  :  Mlles 
Jeanne-Aimée  Sasseville,  Bernadette  Lenghan,  Wilhelmine  Saint-Amand  et  Rose-de- 
Lima  Dubé. 

Yamachiche.  —  Secrétariat  des  Trois-Rivières.  —  Couvent  de  la  Congréga- 
tion :  Mlle  E.  Beaudry,  Saint-Raphaël,  P.  Q. 

Montréal.  —  Secrétariat  de  Montréal.  —  Collège  Notre-Dame,  Côte  des 
Neiges,  direction  des  Clercs  de  Sainte-Croix  :  MM.  Jean-Marie  Gauvreau  et  George* 
Lacas. 

Nicolet.  —  Secrétariat  de  Nicolet.  —  Académie  Commerciale  :  MM.  Walter 
GUI  et  Arthur  Lemay,  Nicolet. 

Lowell,  Mass.  —  Secrétariat  de  la  Nouvelle-Angleterre.  —  Couvent  Saint- 
Joseph  :   Mlles  Jeannette  Chevalier  et  Bernadette  Gagné. 

Saint-Boniface,  Man.  —  Secrétariat  de  Saint-Boniface.  —  Juniorat  de  la 
Sainte-Famille  :  RR.  PP.  Oblats  :  MM.  A.  Paradis,  L.  Gauthier  et  R.  JubinviUe. 


AU   SERVICE    DES    INTÉRÊTS    FRANÇAIS  81 

New-Bedford,  Mass.  —  Secrétariat  de  la  Nouvelle-Angleterre.  —  Ëcole  du 
Sacré-Cœur  :    Mlles  Juliette  Laferrière  et  Delta  Brouillette. 

Rigaud,  P.  Q.  —  Secrétariat  général  de  Québec.  —  Couvent  :  Mlle  Florida 
Saint-. iuhiii. 

Joliette,  P.  Q.  —  Secrétariat  de  Jolictte.  —  École  Normale  :  Mlles  Aurore 
Lavallée,  Saint-Gabriel,  Irène  Duhaime,  Saint-Paulin,  Marguerite  Ilamelin,  Saint- 
Uarthélerai. 

La-Baie-du-Febvre,  P.  Q.  —  Secrétariat  de  Nicolct. —  Pensionnat  des  Sœurs 
de  TAssomption  :   Mlles  Juliette  Allard  et  Marguerite  Saloia. 

La-Tuque,  P.  Q.  —  Secrétariat  du  Témiscaminguc.  —Pensionnat  des  Sœurs 
de  r.Assomption  :   Mlles  0.  Lajleur,  A.-M.  Page,  I.  Riberdy,  M.  Page  et  //.  Lapointe. 
Cbamplain,    P.   Q.  —  Secrétifriat    des    Trois- Rivières.  —  Couvent    du    Bon 
Pasteur  :   Mlles  Virginie  Labissonnière  et  Marie  Cloutier. 

Lauzon,  —  Secrétariat  général  de  Québec.  —  Collège  Saint-Joseph  :  Clercs  de 
Saint-Viateur  :  MM.  Louis-Philippe  Couillard,  Lévis  ;  Rodolphe  Tremblay,  Saint- 
Malachie  ;   Roland  Duval,  Bic  ;   Emile  Labrecque,  Beaumunt. 

Lewiston,  Me.  — •  Secrétariat  de  la  Nouvelle-Angleterre.  —  Couvent  des 
Sœurs  UoMiiiiicaiues  :  Mlles  Bertha  Jutras,  Simone  Marcotte  et  Juliette  Gervai».  —  M 
Ëddy  Forticr. 

Woonsocket,  R.  I.  (114,  Avenue  Gaulin).  —  Secrétariat  de  la  Nouvelle- 
.Angleterre.  —  Pensionnat  des  Sœurs  de  la  Présentation  :  Mlles  Bertha  Stevenin  et 
Blanche  Hubert. 

Montréal.  —  Académie  Saint-Jean  l'Évangéliste.  —  Secrétariat  de  Montréal  ; 
Direction  des  Sœurs  de  Sainte-Croix  :  Mlles  Albertine  Troie,  Ophélia  D'Anjou,  Yvonne 
Sinécal  et  .4m(tia  Valiquette. 

S. -Basile,  (Madawaska). —  Secrétariat  de  Caraquet,  N.-B.  —  Hôtel-Dieu 
Saint-Joseph  :  Révérende  Sœur  Maillet,  Supérieure  :  Mlles  Agnès  Bernier  et  Made- 
leine Roy.  —  M.  Wilfrid  Turcotte. 

Lachine,  P.  Q  — Secrétariat  de  Montréal. —  Pensionnat  de  Villa-Anna: 
direction  des  révérendes  Sœurs  de  Sainte-Anne  :  Mlles  Léa  Gagné,  A.  Dubreuil,  A. 
Hurtubise,  A.  Lavoie,  B.  Simonneau  et  A.  V(zina. 

La-Pointe -du -Lac.  —  Secrétariat  des  Trois-Rivières.  —  Couvent  des  Sœurs 
Grises  de  la  Croix  :   Mlles  Antiette  Mélhot  et  Simone  Vigneau. 

Central  Falls,  R.  I.  —  Secrétariat  de  la  Nouvelle-Angleterre.  —  École  Saint- 
Mathieu  :   Mlle  Jeannette  Ledoux  et  M.  Emile  Jacques. 

Loretteville.  —  Secrétariat  général  de  Québec.  —  Pensionnat  Saint-Louis  : 
Mlles  Anne-Marie  Gagné,  Hélène  Guay,  Jeanne  Verret,  Yolande  Plamondon,  Georgette 
Plamondon,  Marguerite  Raymond,  Aurca  Renaud,  M.-J.  Savard,  Germaine  Langlovi, 
Corinne  Langlois,  Bernadette  Garneau,  Béatrice  Roy,  Béatrice  Vincent,  Angiline 
Savard,  Marguerite  Royer. 

Ottawa,  Ont.  —  Secrétariat  de  l'Ontario.  —  École  Notre-Dame  de  Lourdes  : 
Mlles  Liliane  Beaulieu,  Ottawa,  et  Marie-Thérèse  Ménard,  Hull,  P.  Q. 

Edmonton,  Âlta.  —  Secrétariat  d'Edmonton. —  Collège  des  RR.  PP.  Jé- 
suites :  MM.  Fanning  Boileau,  Paul  Poirier,  Roméo  Ketchen,  Léo.  Leclair,  Louis 
Coupez,  Ousîarc  Dubuc,  Arthur  Lessard,  Jean  Ilumbert. 

MemraniCOOk,  N.  B.  —  Secrétariat  de  Moncton,  N.-B.  —  Université  du 
Collège  Saint-Joseph  :  direction  des  RR.  PP.  de  Sainte-Croix  :  MM.  J.-Emile 
Boucher,  Rivière  du  Loup,  P.  Q.  ;  Alfred-H.  Belliveau,  Fredericton,  N.  B.  ;  Oswald 
Léger,  Saint-Joseph,  N.-B.  :  Jacques  Boudreau,  Campbelton,  N.-B. 

Church  Point,  N.  E.  —  Secrétariat  de  Church  Point.  —  Direction  des  RR. 
PP.  Eudistes  :  MM.  Napoléon  Labrie,  Gerald  Lefort,  Georges  Landry,  Joseph-M. 
Leblanc,  Elphège  Léger,  Fidèle  Chiasson,  Luc  Gaudet,  Ulysse  Leblanc,  Clément  Ozon. 

Québec.  —  Secrétariat  général  de  Québec.  —  Pensionnat  de  Bellevue  :  direc- 
tion des  Dames  de  la  (Congrégation  :  Mlles  G.  Tanguay,  L.  Marceau,  J.  Kirouac, 
M. -T.  Coulombe  et  M.  Delâge. 

Lauzon.  —  Secrétariat  général  de  Québec.  —  Pensionnat  de  Jésus- Marie  : 
Mlles  Juliette  Arcl,  Québec  ;  Marie-Louise  Paradis,  lAvis  ;  Isabelle  Henry,  Charles- 
bourg;  Blanche  Paradis,  Lévis  ;  Donalda  Guay,  Sainte-Marie-de-Beauce  ;  Germaine 
Brière,  Paulctte  Turgeon,  E.  Ouellet,  L.  et  B.  Lachanee,  J.  Gindron,  Lauzon. 

Sudbury,  Ont.  —  Secrétariat  de  l'Ontario.  —  Collège  du  Sacré-Cœur  :  direc- 
tion des  RK.  PI'.  Jésuites  :   M.  J ean-Lorenzo  Charlebois. 

^thabaskaTille.  P.  Q.  —  Secrétariat  de  Ni<'olet.  —  Collège  des  Frères  des 
Écoles  Chrétiennes  :  MM.  Hercute  Bcrgeron,  Emile  Prudhomme,  Avila  Martel  et 
Lucien  Beauchesne. 


82  LE    PARLES    FRANÇAIS 

S.  BrunO-de-Quigues.  —  Secrétariat  du  Témiscaraingue.  —  Couvent  des 
révérendes  Sœurs  de  l'Assomption  :  Mlle  A.  Ouellet. 

Saint-Boniface.  —  Secrétariat  de  Saint-Boniface,  Man.  —  Académie  Proven- 
cher  :    M.  Arthur  Grenier. 

Winnipeg,  Man.  —  Secrétariat  de  Saint-Boniface,  Man.  —  École  du  Sacré- 
Cœur  :    Mlle  Marthe  Dénia. 

QUELQUES  TÉMOIGNAGES 

Nous  croyons  être  utile  à  la  cause  de  la  défense  et  de  la  propa- 
gande de  l'influence  française  en  Amérique,  en  inscrivant  ici  quel- 
ques brefs  extraits  des  nombreux  témoignages  que  nous  avons 
reçus,  cette  année  encore,  relativement  à  l'importance  que  l'on 
attache  aux  «  Prix  de  Parler  français  »  offerts  par  le  Comité  per- 
manent de  la  Langue  française,  et  à  l'influence  heureuse  qu'on  les 
juge  propres  à  exercer. 

—  De  la  révérende  Mère  directrice  de  l'école  paroissiale,  à  Saint-Basile-de- 
Madawaska,  N.  B. 

—  Veuillez  agréer  no.i  plus  sincères  remerciements  pour  cet  encouragement  que 
vous  daignez  nous  donner  encore  cette  année.  Nous  prions,  en  retour,  le  Cœur  de  Jésu» 
de  continuer  à  bénir  vos  efforts  pour  la  diffusion  de  notre  belle  Langue  française. 

—  Les  Religieuses  de  la  Congrégation  de  Notre-Dame,  du  couvent  d' Arthabaska .  .  . 
comptent  sur  votre  générosité  pour  encoxirager  le  bon  parler  français  dans  leur  pension- 
nat ;  elles  forment  des  vœux  pour  la  sécurité  de  la  langue  française  dans  la  province  de 
Québec,  et  le  succès  de  la  lutte  pour  les  droits  du  français  dans  l'Ontario. 

—  Je  vous  remercie  beaucoup  des  encouragements  que  vous  donnez  aux  enfants 
d'Ontario.  —  Alexandre  Grenon,  sec. 

—  Dans  une  récente  visite  chez  un  confrère,  j'ai  vu  les  magnifiques  récompense» 
destinées  {par  le  Comité  permanent  de  la  Langue  française)  à  ceux  gui,  dans  leurs 
études,  ont  attaché  une  attention  spéciale  au  français.  Nous  avons  ici  deux  écoles 
(Dames  de  la  Congrégation,  300  élèves  ;  Frères  de  Saint-Gabriel,  200  élèves)  —  c'est 
le  seul  endroit  du  Vermont  où  il  y  ait  des  Frères  ;  de  pareilles  récompenses  y  seraient 
bienvenues.  —  Abbé  D.  Carbiêres,  curé,  St-Johnsbury,  Vt. 

—  .  .  .Je  suis  heureuse  de  pouvoir  vous  dire  que  de  bons  effets  ont  été  obtenus  par 
les  médailles  de  «  Parler  français  »  précédemment  distribuées.  —  Communication  du 
Pensionnat  du  Sacré-Cœur,  Sault-au-RécoUet,  Montréal. 

—  ...  Les  deux  Prix  de  l'an  dernier  ont  été  fort  appréciés  de  nos  élèves  :  sera-ce 
trop  d'en  solliciter  cinq  aujourd'hui  ?  —  Pensionnat  de  la  Présentation  de  Marie, 
Saint-Hyacinthe,  P.  Q. 

—  ...  Nous  sommes  heureuses  de  profiter  de  cette  distribution  généreuse,  si  le 
Comité  permanent  le  veut  bien.  —  Couvent  des  Dominicaines,  Lewiston,  Me. 

—  ...  Reçu  la  médaille  et  les  Prix  que  vous  m'avez  adressés.  Je  tous  remercie 
en  mon  nom  et  en  celui  de  mes  élèves  de  la  première  classe.  Ce  témoignage  d'intérêt 
les  encourage  à  aimer  et  à  cultiver  plus  encore  leur  belle  langue  française.  Trop  souvent, 
en  dehors  des  villes,  on  la  parle  avec  négligence  et  on  ne  se  rend  pas  compte  de  l'orthogra- 
phe des  mots  ;  volontiers,  on  la  négligerait  pour  l'étude  de  l'anglais,  dont  la  connaissance, 
croit-on,  mène  seule  aux  places  lucratires  et  aux  emplois  honorables.  —  Le  révérend 
Frère  Directeur,  ."académie  Saint-Edouard,  Beauport. 


AU     SERVICE    DES    INTÉRÊTS    FRANÇAIS  83 

—  ...  Un  tel  *  Prix  d'honneur  »,  de  votre  part  (C.  /'.  L.  F.),  récompensera  digne- 
ment no*  chères  élèves  de  leurs  constants  efforts,  durant  le  cours  de  cette  année  scolaire, 
pour  le  «  parler  français  ».  - —  La  révércnJe  Sœur  Directrice,  Pensionnat  de  l'Assomp- 
tion, S.-Bruno-<lc-(iuigues,  Témiscamingue. 

— •  .  .  .  Ces  prix  que,  depuis  quelques  années,  vous  distribuez  si  généreusement 
aux  différentes  maisons  d'éducation,  nous  les  avons  reçus  à  la  plus  grande  satisfaction 
de  nos  élèves.  —  Le  révérend  Père  Recteur,  Collège  des  Jésuites,  Saint-Boniface,  Man. 

—  Je  viens  tous  demander  de  vouloir  bien  inscrire  le  nom  de  l' Académie  de  La 
Salle  pour  les  prix  donnés  par  votre  Comité  en  encouragement  du  bon  parler  français .  .  . 
L'épuration  de  la  langue,  au  sein  de  notre  Académie,  est  en  honneur  :  chaque  semaine, 
des  feuillets  d'expressions  fautives,  avec  corrections  en  regard,  sont  affichés  dans  les 
classes.  Tous  les  quinze  jours,  une  revue  est  faite,  par  écrit,  et  le  résultat  en  est  affiché 
dans  les  classes.  Voilà  ce  que  nous  avons  fait,  cette  année,  et  je  puis  vous  dire  que  l'en- 
thousiasme est  grand  parmi  nos  élèves,  qui  attendent  toujours  avec  anxiété  la  revue  de  la 
quinzaine.  —  Le  Frère  Directeur  de  l'Académie  de  La  Salle,  aux  Trois-Rivières. 

—  ...  L'école  Saint-Mathieu,  de  Central  Falls,  R.  /.,  pourrait-elle  avoir  une 
petite  part  dans  votre  distribution  f  Nous  avons  ici  360  enfants,  sous  la  direction  des 
Sœurs  de  Sainte-Anne,  qui  otit  à  cœur  de  conserver  la  langue  française.  Quelques  prix 
de  Parler  français  encourageraient  encore  leur  zèle. —  Abbé  J.  Geoffroy,  prêtre,  direc- 
teur. 

.  .  .  Sous  serons  heureux  de  couronner,  en  votre  nom,  l'élève  gui  aura  fait  le  plus 
d'efforts  pour  posséder  notre  belle  langue  française.  —  Le  Frère  Directeur  du  Collège 
des  Frères  des  Écoles  Chrétiennes,  à  Longueuil. 

—  Je  me  permets  de  vous  demander  un  prix  pour  le  parler  français.  Nos  élèves 
ont  fait  un  grand  progrès,  cette  année,  et  méritent  encouragement  de  votre  part.  —  La 
Sœur  Directrice,  école  de  l'Hôtel-Dieu  Saint- Vallier,  Chicoutimi. 

—  Nous  avons  reçu  avec  joie  les  beaux  prix  du  Comité  Permanent  au  sujet  de  la 
Langue  française.  Nous  les  avons  distribués  à  nos  élèves  qui  se  sont  efforcées,  durant 
l'année,  de  bien  parler  le  français.  Elles  en  sont  toutes  si  contentes  !  Ce  sera  un  grand 
encouragement  pour  les  autres  élèves,  l'an  prochain.  —  Les  Sœurs  de  Sainte-Marie, 
directrices  du  Couvent  Sainte-.\nne,  à  Saint-Eugène,  Ont. 

—  .  .  .La  perspective  de  récompenses  aussi  précieuses  crée  parmi  nos  élèves,  la 
plus  louable  émtdation,  et  tout  le  personnel  enseignant  constate,  avec  satisfaction,  que  la 
langue  canadienne-française  s'épure,  petit  à  petit,  que  tes  anglicismes,  les  locutions 
vulgaires  sont,  notamment  dans  le  premier  cours,  à  peu  près  bannies  des  récréations.  — 
Les  Sœurs  de  Sainte-Croix,  directrices  de  l'Académie  Saint-Jean-l'Évangéliste, 
Montréal. 

—  .  .  .  Voire  hommage,  venant  de  si  haut,  m'honore  beaucoup  et  m'encourage  à 
continuer  de  travailler  à  la  correction  de  mon  parler  et  à  la  culture  de  ma  langue,  comme 
aussi  à  persévérer  dans  la  préparation  de  mes  armes  pour  la  défense  de  notre  langue, 
quand  je  croirai  le  moment  venu  pour  moi.  —  L.  R.,  Jolibtte. 

—  ...  Médaille  et  volumes,  si  fort  appréciés  de  tous,  ont  été  décernés,  en  séance 
publique,  à  la  fin  de  juin.  —  Les  Religieuses  de  la  Présentation  de  Marie,  Woon- 
socket,  R.  I. 

— -  Je  me  fais  u.i  plaisir  de  vous  envoyer  les  noms  des  élèves  qui  ont  mérité  les  prix 
que  votre  Comité  a  bien  vouljt  nous  offrir  pour  encourager  nos  enfants  dans  l'étude  de  la 
tangue  française.  Les  heureux  lauréats  en  ont  été  très  flattés,  et  à  la  distribution  solen- 
nelle des  prix,  de  chaleureux  applaudissements  ont  salué  le  succès  de  chacun  des  lutteurs 
couronnés  au  nom  de  la  Langue  française .  .  .  Déjà  l'on  prend  de  bonnes  résolution» 
pour  mériter,  l'année  prochaine,  pareille  récompense.  —  La  Sœur  Directrice,  Couvent 
des  Religieuses  Dominicaines,  Lewiston,  Me. 

—  Lewiston,  Me.,  2  juillet  1915  :  Monsieur  le  Président  du  Comité  Permanent 
L.  F.,     J'ai  eu  l'honneur  de  mériter  un  des  prix  que  votre  Comité  a  bien  voulu  offrir 


84  LE    PARLES    FRANÇAIS 

à  notre  école,  dans  le  but  d'encourager  l'étude  de  la  langue  française  aux  Etats-Unis,  e' 
je  me  fais  un  devoir  de  vous  en  remercier,  en  mon  nom  et  en  celui  de  mes  camarades. 
J'espère  que  l'intérêt  que  vous  nous  portez  sera  pour  tous  un  stimulant  à  poursuivre 
encore  avec  plus  d'ardeur  l'étude  de  cette  belle  langue,  que  nous  apprenons  à  bégayer 
dès  le  berceau  et  qui  est,  après  notre  sainte  religion,  ce  que  nous  désirons  le  plus  conserver 
de  l'héritage  que  nos  vaillants  ancêtres  nous  ont  légué.  Je  fais  des  vœux,  Monsieur, 
pour  que  votre  travail  soit  couronné  d'un  plein  succès,  et  vous  prie  d'agréer,  avec  mon 
respect,  l'expression  de  notre  reconnaissance.  —  Bertha  Jdtbab. 

—  .  .  .La  médaille  (offerte  par  le  Comité  permanent  L.  F.)  a  été  décernée  à  Jean- 
Lorenzo  Charlebois,  V élève  qui  s'est  le  plus  appliqué  à  parler  correctement  le  français. 
Je  suis  heureux  de  vous  dire  que  le  français  est  de  plus  en  plus  aimé,  au  Collège  du  Sacré- 
Cœur.  Des  enfants  qui  nous  étaient  arrivés  à  demi  anglicisés  sont  devenus  presque  des 
puristes,  et  savent,  à  l' occasion,  faire  une  chasse  fructueuse  à  l'anglicisme.  Quelques-uns, 
de  petits  bouts  d'hommes,  se  sont  même  hasardés  à  faire  la  leçon  à  des  marchands  cana- 
diens-français qui  n'avaient  que  des  peanuts  à  leur  vendre,  alors  qu'eux  voulaient  acheter 
des  pistaches  !  —  R.  P.  G.  Jean,  S.  J.,  Recteur  du  Collège  du  Sacré-Cœur,  Sudbury, 
Ont. 

—  ...  Recevez  l'expression  de  notre  sincère  gratitude  pour  l'intérêt  que  tous  coulez 
bien  ainsi  nous  témoigner,  et  veuillez  croire  que  nous  ferons  tous  nos  efforts  pour  conserver 
et  propager  notre  «  doux  parler  ».  —  Les  Sœurs  de  Charité,  directrices  du  Couvent 
Sainte- Anne,  Shédiac,  N.  B. 

—  ...  Veuillez  croire,  messieurs,  que  votre  zèle  ardent  et  généreux  pour  les  intérêts 
de  notre  belle  langue  française  excite  notre  admiration  et  stimule  nos  efforts  pour  la  faire 
respecter.  —  La  Sœur  Directrice  du  Pensionnat  de  l'Assomption,  La-Tuque,  P.  Q. 

—  ...  Ces  récompenses  encouragent  l'étude  du  français  et  la  font  apprécier 
de  nos  élèves,  en  leur  prouvant  l'intérêt  que  de  grands  hommes  prennent  à  la  conservation 
de  notre  langue.  —  La  Sœur  Directrice  de  l'Académie  Sainte- Marie,  à  Winnipeg,  Man. 

—  Je  suis  l'heureuse  gagnante  de  la  belle  médaille  du  Comité  permanent  de  la 
Langue  française,  et  j'en  suis  très  honorée.  Les  élèves  de  notre  école  apprécient  beaucoup 
ce  bienveillant  encouragement  donné  à  leurs  efforts  dans  l'étude  de  noire  belle  langue 
maternelle.  —  Juliette  Lafehrière,   École  du  Sacré-Cœur,  New-Bedford,   Mass. 

—  .  .  .  A  la  distribiition  solennelle  des  prix,  en  notre  couvent,  j'ai  eu  l'insigne 
honneur  de  recevoir  la  médaille  offerte  par  le  Comité  permanent  de  la  Langue  française 
au  Canada.  Cette  médaille,  souvenir  de  l'inoubliable  Congrès  dont  votre  Comité  fut 
l'âme,  m'est  des  plus  précieuse,  et  toujours  je  la  montrerai  avec  une  légitime  fierté.  — 
Flohida  Saint-Aubin,  Couvent  de  Rigaud,  P.  Q. 

—  .  .  J'ai  eu  l'honneur  de  mériter  l'un  de  vos  beaux  prix  envoyés  à  notre  École 
pour  le  bon  langage  français.  Veuillez  agréer  mes  remerciements  sincères  et  mes  salu- 
tations respectueuses.  —  Della  Brouillette,  École  du  Sacré-Cœur,  New-Bedford, 
Mass. 

—  ..  .Veuillez  accepter  nos  sincères  remerciements  pour  l'envoi  d'une  médaille 
et  de  quatre  volumes.  Ces  prix  nous  aident  beaucoup  à  propager  le  bon  langage  parmi 
nos  junioristes.  —  Rév.  Père  Supérieur  du  Juniorat  de  la  Sainte-Famille,  Saint- 
Boniface,  Man. 

—  .  .  .Nous  nous  félicitons  de  pouvoir  apporter  notre  quote-part  à  la  cause  sociale 
du  bon  parler  de  Fratice,  que  vous  savez  défendre  avec  tant  de  sagesse  et  de  succès.  Pour 
répondre  à  un  désir  émis  par  le  Congrès  de  la  Langue  française,  nous  inaugurions,  il  y  a 
trois  ans,  un  cercle  d'étude  du  parler  français.  Il  est  plein  de  sève  et  donne  le»  plu* 
belles  espérances  pour  l'avenir.  Quelques-uns  de  ses  membres  ont  soutenu,  au  cours  de 
cette  année  (1914-15),  des  luttes  toutes  patriotiques  pour  l'épuration  de  leur  langage. 


» 


AU    SERVICE    DB^   INTÉRÊTS  FRANÇAIS  85 

et  mtrileni  une  palme,  de  victoire,  que  je  riclame  de  votre  bienveillance.  —  La  révérende 
Mère  Supérieure  du  Couvent  de  Sainte-Anne,  à  Rawdon,  P.  Q. 

—  .  .  .Je  lui»  l'une  de>  heureuiee  gagnante»  des  prix  de  bon  parler  français  que 
voire  bieiiveilhnr:;  adressait  naguère  à  notre  Couvent.  Je  suis  vraiment  touchée,  ainsi 
que  mes  compagnes,  de  l'honneur  que  vous  avez  daigné  nous  faire.  No»  luttes  ne  peu- 
vent être  plus  noblement  couronnées  ;  aussi,  combien  nous  vous  en  sommes  reconnait- 
santes! .  .  .  —  Alida  Ricard,  Couvent  de  Sainte-Anne,  Rawdon,  P.  Q. 

—  .  .  .  Le  bon  parler  français  est  en  honneur  parmi  nos  fillettes.  Toutes  nou* 
remercient  de  l'intérêt  que  vous  leur  portez,  ainsi  que  de  la  générosité  avec  laquelle  vous 
récompensez  leurs  efforts,  chaque  année.  — -  Les  Sœurs  des  SS.  NN.  de  Jésus  et  de 
Marie,  directrices  du  Couvent,  Verehères,  P.  Q. 

—  ...  Sœur  M.  de  C.  prie  le  Comité  permanent  de  la  Langue  française  d^ agréer 
ses  plus  sincères  remerciements  pour  le  puissant  encouragement  qu'il  vient  apporter 
à  sa  bonne  volonté  et  à  ses  constants  efforts  dans  l'enseignement  de  la  langue  française. 
Elle  est  heureuse  de  lui  faire  connaître  le  nom  des  élèves  qui  ont  mérité,  par  leurs  travaux 
et  leurs  succès,  les  récompenses  offertes  par  lui.  La  médaille  est  décernée  à  Mlle  Oeor- 
gine  Rivard,  qui,  au  cours  de  l'année  scolaire,  a  conservé,  dans  ses  compositions  sur  la 
langue  française,  281 .6,  sur  un  total  possible  de  320  points,  et  le  volume,  à  Mlle  Gene- 
viève Legendre,  qui  est  arrivée  seconde,  en  cette  matière,  avec  277 . 7.  —  Monastère  des 
Ursulines,  Québec. 

—  ...  Une  attention  bien  spéciale  a  été  donnée  à  la  culture  et  à  l'étude  du  «  bon 
parler  français  »  dan»  notre  maison.  Mlle  Blanche  Mallette  est  l'heureuse  gagnante 
du  précieux  volume  que  vous  venez  de  nous  envoyer.  —  La  révérende  Mère  Supérieure 
du  Couvent  des  SS.  NN.  de  Jésus  et  de  Marie,  Sainte- Martine  (Chateauguay),  P.  Q. 

—  ...  Nous  avons  reçu  avec  plaisir  les  récompenses  envoyées  par  votre  Comité  à 
notre  Pensionnat.  Les  heureuses  méritantes  sont  Mlles  Jeanne-Aimée  Sasseville,  Ber- 
nadette Ijcnghan,  Wilhelmina  Saint- Amand  et  Rose-de-Lima  Dubé.  Veuillez  agréer, 
avec  nos  sincères  remerciement»,  l'expression  de  notre  profonde  gratitude.  —  Les  Ursu- 
lines   DE   RlUOUSKI. 

—  .  .  .  L'application  au  bon  langage  ayant  été  plus  grande  et  constante,  cette  année, 
nous  serions  heureuses  de  la  récompenser  par  des  prix  aussi  justement  appréciés.  —  La 
révérende  Mère  Supérieure,  Couvent  de  la  Congrégation  Notre-Dame,  Yama- 
chiche,  P.  Q. 

^  .  . .  Veuillez  agréer  nos  remerciements  pour  votre  deuxième  gracieux  envoi. 
Vou)  continuez  défaire  des  heureux  parmi  les  futurs  défenseurs  de  la  langue  française. 
Soyez-en  cordialement  loués!  Les  vainqueurs,  cette  année,  ont  été:  Jean-Marie  Gau- 
vreau  et  Georges  Lacas.  —  Le  Rév.  Père  Supérieur  du  Collège  Notre-Dame,  des 
Clercs  de  Sainte-Croix,  CAte-des-Neiges,  Montréal. 

—  .  .  .Je  vous  remercie  bien  sincèrement  d'avoir  daigné  vou»  souvenir  du  Pension- 
nat Saint-Louis-de-Gonzague,  dans  la  distribution  de  vos  «  prix  de  parler  français  ». 
Nos  élèves  sont  honorés  des  récompenses  que  vous  leur  avez  destinées,  et  ils  garderont 
douce  souvenance  de  votre  bienveillance.  —  La  révérende  Sœur  diiectrice  du  Pension- 
nat Saint-Louis-de-Gonzague,   Québec. 


86  LS   PABLEB   FRANÇAIS 

—  .  .  .Les  élèves  de  l'École  de  Hawkesbury,  Ont.,  vous  prient  d'accepter 
leur»  plus  sincères  remerciements  pour  l'envoi  généreux  des  médailles  et  volumes  accueillis 
avec  beaucoup  de  plaisir.  Dès  septembre,  nous  nous  mettrons  à  l'œuvre,  au  sujet  du 
«  Sou  des  Enfants  ». 

—  ...  Nos  sincères  remerciements  pour  votre  délicate  attention.  Il  fait  bon  de 
penser  que  l'on  s'intéresse  aux  écoles  paroissiales  des  Etais-Unis. — ^  Le8  Sœubs  de 
Sainte-Croix  et  des  Sept  Douleurs,  New-Bedford,  Mass. 

—  .  .  .Nous  avons  reçu,  avec  grand  plaisir  et  vive  reconnaissance,  les  magnifiques 
prix  qui  nous  ont  été  adressés  par  le  Comité  permanent  de  la  Langue  française.  Ces 
prix  contribuent  si  efficacement,  tout  le  long  de  l'année,  à  entretenir  le  feu  sacré  pour 
l'application  au  bon  langage!  —  Les  Religieuses  de  Jésus-Marie,  l'en.sioniiat  de 
Sillery,  près  Québec. 

—  ...Les  religieuses  du  Mont  Notre-Dame  remercient  cordialement  le  Comité 
permanent  de  la  Langue  française  de  la  médaille  et  des  volumes  qu'il  a  généreusement 
offerts  à  leurs  élèves,  eri  récompense  de  leur  application  au  parler  français.  —  La  révé- 
rende Sœur  Supérieure  du  Mont  Notre-Dame,  Sherbrooke,  P.  Q. 

—  ...  Nous  recevons  les  volumes  destinés  à  récompenser  celles  de  nos  élèves  qui 
s'appliquent  davantage  au  bon  parler  français  ;  nous  vous  en  remercions  cordialement.  — 
La  révérende  Sœur  Supérieure,  Pensionnat  de  Bellevue,  Québec. 

—  ...  l'os  prix  de  parler  français  nous  sont  parvenus  :  nos  sincères  remercie- 
ments à  qui  de  droit.  Nous  faisons  des  vœux  sincères  pour  la  propagande  de  votre  œuvre 
et  pour  le  succès  d'une  cause  si  chère  à  nos  cœurs.  —  Les  Sœurs  de  Charité,  Couvent 
de  Notre-Dame  du  Sacré-Cœur,  Saint-Joseph,  N.  B. 

—  ...  Remerciements  bien  sincères  au  Comité  permanent  de  la  Langue  française 
pour  l'envoi  d'une  médaille  et  de  volumes.  Ces  magnifiques  récompenses  aideront 
nos  chères  enfants  à  garder  dans  son  intégrité  le  pur  français  de  la  «  douce  France  ». 
—  La  révérende  Sœur  Supérieure  des  Sœurs  de  la  Charité  de  Saint-Louis,  Pension- 
nat de  Loretteville,  P.  Q. 

—  ...  J'accuse  réception  de  votre  envoi  de  récompenses  pour  nos  élèves,  et  vous  en 
remercie  sincèrement.  Je  vous  promets  de  coopérer  au  «  Ralliement  Catholique  et  Fran- 
çais en  Amérique  »,  en  versant  la  contribution  de  nos  élèves,  en  septembre  prochain. 
Mes  meilleurs  vœux  de  prospérité  pour  vos  œuvres.  —  Le  révérend  Frère  Directeur  de 
l'Académie  Saint-Viateur,  Joliette,  P.  Q. 

—  . .  .Les  religieuses  de  l'Académie  de  Notre-Dame  de  Sion,  à  Prince- 
Albert,  Sask.,  offrent  leur  religieux  respect  au  Comité  permanent  de  la  Langue  fran- 
çaise et  le  prient  d'agréer  l'hommage  de  leurs  très  sincères  remerciements,  pour  l  envoi 
de  prix  destinés  à  l'encouragement  de  la  langue  française  dans  leur  pensionnat. 

—  ...  Pour  la  troisième  fois  nos  écoles  sont  gratifiées  de  magnifiques  récompenses, 
dont  nous  apprécions  hautement  la  juste  valeur.  Soyez  mille  fois  remerciés  de  penser 
ainsi  à  nous,  et  j'ose  vous  assurer  que  ces  précieux  encouragements  portent  nos  élèves 
à  s' appliquer  à  parler  de  plus  en  plus  correctement  notre  belle  langue,  afin  de  se  montrer 
dignes  de  la  faveur  Jont  on  les  honore.  —  La  révérende  Sœur  Supérieure  du  Couvent 
de  Sainte-Croix,  Suncook,  N.  H. 


ATT    SERVICE    DES   INTÉRÊTS     FRANÇAIS  87 

—  .  .  .Le>  Religieuaet  et  le»  fUrei  de  F  Ecole  du  SacrS-Cœur  remercient  sincère- 
ment le  Comité  permanent  de  la  Langue  française  pour  le»  beaux  prix  offert»  en  récom- 
pense du  bon  langage  français.  Les  rœux  te»  plus  ardent»  sont  formulés  par  elle»  pour 
ta  conserration  de  la  chère  tangue  française.  —  Les  Sœurs  de  Sainte-Croix  et  des 
Sept  Douleurs.  —  New-Bedford.  Mass. 

—  .  .  .L'entoi  de  cette  médaille  eommémorative  du  Premier  Congre»  de  la  Langue 
française  au  Canada,  de  ces  ouvrages  modèles  de  notre  littérature  canadienne-française, 
est  un  puissant  encouragement  pour  les  élèves  dans  leur»  efforts  à  cultiver  «  notre  doux 
parler  ».  —  La  révérende  Mère  assistante-générale,  au  Bon-Pasteur,  Québec. 

—  .  .  Ce  sont  de»  récompenses  fort  appréciées  et  des  religieuse»  et  des  élève».  — 
Les  Sœurs  de  Sainte-Croix,  du  Couvent  de  Saint-Albans,  Vermont. 

—  ...  A'oiM  faisons  tous  nos  effort»  pour  con»erver  dan»  l'âme  de  no»  filleUe»  une 
estime  profonde  et  raisonnée  de  notre  cher  idiome,  et  je  crois  que  beaucoup  correspondent 
à  nos  soins,  en  travaillant  à  rendre  leur  langage  plus  correct  et  plus  soigné.  Plusieurs 
de  nos  enfants  ont  obtenu  de  bons  résultats  par  un  travail  sérieux,  et  vous  êtes  praimen 
bien  inspirés  en  accordant  de  telles  récompenses  aux  élèves  qui  méritent  cet  encouragement. 
Je  me  promets  de  demander  à  nos  enfants  leur  obole,  dans  le  courant  de  l'année  1915-16, 
en  faveur  de  votre  œuvre.  —  La  révérende  Mère  Supérieure  des  Filles  de  Jésus,  Acadé- 
mie de  N.-D.  du  Cap,  au  Cap-de-la-Madeleine,  P.  Q. 

—  ..Les  Frères  de  l'Ecole  Brébeuf,  d'Ottawa,  remercient  très  cordialement 
le  Comité  permanent  de  la  Langue  française  pour  les  prix  nombreux  et  intéressants 
offert»  aux  élève»  de  leur  école  le»  plus  méritant»  à  l'égard  de  la  culture  françai»e.  — 
Sainti--.\nne  d'Ottawa,  juin  1915. 

—  ...  Nos  plus  sincères  remerciements,  auxquels  nous  joignons  nos  vaux  de  pros- 
périté. Et  à  celh-ci  nous  désirons  contribuer,  en  y  participant,  dans  la  mesure  de  nos 
moyens.  Il  nous  eiU  fait  grand  plaisir  de  vous  adresser  immédiatement  la  cotisation 
des  «  Institutions  coopérantes  »,  de  dix  piastres.  Ne  pouvant  le  faire  cette  fois-ci, 
nous  vous  prions  de  croire  qu'à  la  plus  prochaine  occasion  possible  nous  vous  enverrons 
la  preuve  que  nous  voulons  vous  être  unis  «  en  esprit  et  en  vérité  ».  —  Les  révérendes 
Sœurs  Grises  de  la  Croix,  directrices  du  Couvent,  Ville-Marie,  P.  Q. 

—  ...  Reçu  les  précieuses  récompenses  offerte»  par  le  Comité  permanent  de  la 
Langue  française.  Ma  reconnaissance  .l'exprime  par  un  bon  merci,  tout  français,  et 
par  la  promesse  de  travailler  énergiquement  à  la  culture  de  notre  langue  et  de  notre  foi.  — 
La  révérende  Sœur  Supérieure,  Couvent  de  la  Congrégation  Notre-Dame,  Sainte- 
Anne-dc-Bellevue,  P.  Q. 

—  ...  Le»  prix  de  votre  Comité  sont  toujours  reçus  avec  reconnaissance.  —  Le 
révérend  Frère  Directeur,  Collège  <les  Frères  des  Écoles  Chrétiennes,  Arthabaska, 
P.  Q. 

—  .  .  .Nous  vous  prions  de  croire  aux  sentiments  de  sincère  reconnaissance  que 
nous  vous  exprimons  à  ce  sujet,  car  cette  marque  d'encouragement  réjouit  fort  maltre»»e» 
et  élève».  —  La  révérende  Sœur  Supérieure  du  Couvent  .Saint-Joseph,  Lowell,  Mass. 

—  ...Au  Comité  permanent  de  la  Langue  française  nos  plus  sincères  remercie- 
ments pour  l'honneur  qu'il  nous  fait  en  gratifiant  nos  élève»  de  magnifiques  récompense» 
pour  la  culture  du  français.  —  Les  révérendes  Sœurs  de  la  Présentation  de  Marie, 
directrices  du  Couvent,  Arctic,  R.  l. 


88  (.E    PARLER    FRANÇAIS 

—  .  .  .Merci  cordial  de  l'enrni  gracieux  fait  à  l'Ecole  Normale!  J'espère  que 
l'Ecole  Normale  pourra,  l'an  prochain,  s'inscrire  comme  «  Institution  coopérante  » 
du  Ralliement  Catholique  et  Français  en  Amérique.  —  Monsieur  le  Principal 
de  l'École  Normale,  Chicoutimi,  P.  Q. 

—  ...  J'ai  l'honneur  d'accuser  réception  de  deux  volumes,  don  généreux  du 
Comité  permanent  de  la  Langue  française  au  Canada.  Ces  prix  seront  offerts  à  nos 
élèves  comme  récompenses  de  l'application  apportée  à  la  correction  du  langage... 
Sous  ce  pli,  veuillez  recevoir  le  prix  de  l'abonnem'n!  au  Parler  françai.s.  —  La  révérende 
Sœur  Supérieure,  Couvent  de  la  Congrégation  Notre-Dame,  Sainte-Anne-de-la- 
Pérade,  P.  Q. 

—  ...  Cette  m.arque  d'attention  et  de  bienveillance  est  un  précieux  encouragement 
pour  nous  et  pour  nos  élèves.  —  Le  révérend  Frère  Directeur,  Collège  des  Frères  du 
Sacré-Cœur,  Victoriaville,  P.  Q. 

—  ...La  magnifique  médaille,  les  divers  volumes,  tout  excitera  certainement 
l'émulation  chez  nos  jeunes  filles  :  elles  rivaliseront  d'ardeur  et  redoubleront  d'applica- 
tion à  parler  correctement  le  français.  Les  heureuses  gagnantes  vous  diront  elles-mêmes, 
je  l'espère,  et  leur  reconnaissance  et  leur  bonheur.  .  .  Avec  l'expression  du  profond 
respect  et  de  la  bien  vire  gratitude  de  notre  Communauté,  etc. —  La  révérende  Mère  Supé- 
rieure, Pensionnat  des  Ursulines,  Lcs-Trois-Rivières,  P.  Q. 

—  ...  Merci,  e7i  mon  nom  et  en  celui  de  ma  Communauté,  pour  la  jolie  médaiUe 
et  les  précieux  volumes  offerts  en  récompense  à  la  culture  de  la  langue  française,  et  que 
nous  apprécions  beaucoup.  —  La  révérende  Mère  Supérieure  du  Couvent  de  l'As- 
somption de  la  Sainte- Vierge,  Haileybury,  Ontario. 

— -  .  .  .  Au  Comité  permanent  de  la  Langue  française  nos  plus  sincères  remercie- 
ments pour  les  prix  de  parler  français,  que  nous  décernerons  aux  plus  méritantes  de  nos 
élèves.  Croyez  à  notre  reconnaissance  et  à  notre  entier  dévouement  pour  faire  connaître 
et  aimer  de  plus  en  plus  notre  doux  parler  de  France.  —  Les  Religieuses  de  la  Congré- 
gation, du  Couvent  d'Arthabaska,  P.  Q. 

—  ...  Excusez  mon  long  retard  à  vous  accuser  réception  des  récompenses  que  votre 
Comité  a  daigné  nous  envoyer,  encore  cette  année,  pour  encourager  l'extension  de  la  belle 
langue  française  au  Canada.  Recevez  l'expression  de  mon  entier  dévouement  à  la  noble 
cause  que  vous  défendez.  —  Le  révérend  Frère  Directeur,  Académie  des  Frères, 
Saint-Tite  (Champlain),  P.  Q. 

—  ...  Merci  d'avoir  eu  l'obligeance  d'envoyer  à  l'École  Saint-Mathieu,  de  Central 
Falls,  quelques-unes  des  récompenses  offertes  par  le  Comité  permanent  de  la  Langue 
française  pour  encourager  les  élèves  à  bien  parler  le  français.  Les  lauréats  sont  Emile 
Jacques  et  Jeannette  Ledoux  :  en  leur  nom  et  en  mon  nom,  je  vous  remercie.  —  J.  Geof- 
froy, prêtre.  Central  Falls,  R.  I. 

—  ...  Les  heureuses  gagnantes  des  prix  de  «  bon  langage  »,  Mlles  Annette  Méthôt 
et  Simone  Vigjieau,  prient  le  Comité  permanent  de  la  Langue  française  de  bien  vouloir 
accepter  leurs  remerciements  très  sincères  pour  les  volumes  offerts  à  notre  Pensionnat 
des  Sœurs  Grises  de  la  Croix.  Fières  sont-elles  de  pouvoir  dire  que  ces  récompenses 
leur  ont  été  attribuées  parce  que,  durant  toute  l'année,  elles  se  sont  distinguées  en  faiy 
sant  usage  d'un  langage  plus  soigné  et  plus  pur  de  tout  anglicisme.  —  Couvent  dés 
Sœurs  Grises  de  la  Croix,  La-Pointe-du-La.-,  P.  Q. 


LEXIQUE 

CANADIEN-FRANÇAIS 

(Suite) 

Maniéreuz  {mànyéré)  adj. 
Il   Maniéré. 

lAanifacture  {mànifaktu.r) . 
1 1   Manufacture. 

VX  FR.       Id.,    NiCOT,    COTGBAVE. 

DiAL.     Id.,  Normandie,  Robin. 

Manificat  (mànîfikàt)  s.  m. 
Il  Magnificat 

Manificence  (mànifisà:s)  s.  f. 

1 1   Magnificence. 

DiAL.     Id.,  Centre,  Jaubekt. 

Manifique  (mànifik)  adj. 

Il   Magnifique. 
jj^DiAL.     Id.,  Centre,  Jaubert  ;   Anjou,  Verrier  ;   Normandie, 
MoisY,  Maze,  Dubois. 

Manifiquement  (mànifikmà)  adv. 

Il   Magnifiquement. 

DiAL.     Id.,  Normandie,  MoisT. 

Manigat'  (mànigàt)  adj. 
Il  Souple,  délié,  parfait. 

Magnére  {mà^é:r)  s.  f. 

Il  Manière.     Ex.  :   Quelle  espèce  d'oiseau  as-tu  pris  là?    C'est 
comme  une  magnére  de  serin. 

89 


90  LE     PARLER    FRANÇAIS 

Magnére  (d'eune)  {d'œn  màxié:r)  loc. 

Il  D'une   certaine   façon,    à   un   certain   point   de   vue.     Ex.  : 
D'eune  magnére,  je  serais  ben  prêt  à  consentir. 
DiAL.     Id.,  Anjou,  Verrier. 

Magnére  (matière)  adj. 

Il   Maniéré,  affecté  dans  sa  tenue,  son  langage. 

Magner  eux  {màuêré)  adj. 
Il   Maniéré. 

Manher  (mâhé,  mâé)  v.  tr. 
Il   Manger. 

Manhable  (mâhàb)  adj. 
Il   Mangeable. 

Manifactureux  (mànifàkturé)  s.  m. 
Il   Manufacturier. 

Maniser  (mànizé)  v.  tr. 
1 1   Magnétiser. 

ManivoUe  (manivbl)  s.  f. 

1°  Il  Poussière  qui  vole  au  vent,  quand  on  secoue  un  tapis, 
une  étoffe  ;    cendre  très  fine. 

2°  Il  Poussière  de  farine  qui  s'échappe  des  meules  dans  les 
meuneries  et  se  pose  sur  les  murs,  le  plafond,  etc.  Menues  graines 
qui  restent  sur  la  batteuse. 

3°  Il  Chose  de  rien,  de  peu  de  valeur.  Ex.:  N'y  faites  pas 
attention,  c'est  de  la  manivole. 

Manœuvrer  {mànàvrê)  v.  tr. 

Il  Mouvoir,  transporter,  déplacer.  Ex.  :  Une  caisse  lourde 
à  manœuvrer. 

Mantelet  (mâtlèt)  s.  m. 
Il  Camisole. 


Lexique  CANADiEN-FRANgiis  91 

Manquable  {màkàb))  adj.  employé  adv. 

1°  Il  Probablement.     Ex.:   MançuaWc  que  vous  allez  l'inviter. 

DiAL.     Id.,  Centre,  Jaubert. 

2°  Il  Sans  doute,  certainement. 

3°  adj.    Il   Probable  :     C'est    ben    manquable. 

Manquablement  (mâkabàlmâ),  monquablement  (môka- 
bàlma)  adv. 

1°  Il   Probablement. 
DiAL.     Id.,  Normandie,   Moisv. 
2°  Il   Évidemment,  certainement. 
Fr.-can.     Aussi  :    macablement. 

Manque  (ben)  (M  mâ.-k)  adv. 

I  °  Il  Beaucoup.  Ex.  :  Y  a  ben  manque  d'affaires,  mais  pas 
guère  d'argent. 

2°  Il  Volontiers,  sans  hésiter.  Ex.  :  Veux-tu  me  prêter  ton 
couteau  ?  —  Ben  manque  ! 

3°  Il  Probablement.  Ex.  :  Il  aurait  ben  manque  assez  d'ar- 
gent pour  acheter  ta  terre,  mais  c'est  qu'il  n'y  tient  pas. 

Manque  {mâ:k)  s.  f. 

1°  Il  Manquement,  faute  d'omission,  manque  (s.  m.).  Ex.  : 
Une  manque  dans  un  filet  =  un  manque.  —  Manque  de  venir  à 
temps,  il  a  perdu  son  tour  =  Pour  n'être  pas  venu .  . . 

2°  Il   Méprise. 

Manqué  (mâ^é)  adj. 

II  Un  homme  manqué  =  qui  n'a  pas  ce  qu'il  faut  pour  être  un 
homme  comme  un  autre,  à  qui  il  manque  une  jambe,  etc.,  très  laid. 
• — •  Une  maîtresse  manquée  =  une  institutrice  qui  ne  sait  pas  ensei- 
gner. 

Manquer  {mâlfé)  v.  tr. 

1°  Il  Sentir  le  défaut,  l'absence  de,  en  souffrir.  Je  la  manque 
beaucoup  =  elle  me  manque  beaucoup. 

2°  Il  Faillir,  manquer  de  (V.  Vincent,  p.  104). 
3°  Il  Manquer  de  =  manquer  (se  noyer). 


02  LE    PARLER    FRANÇAIS 

Manquer  (ne  pas)  que  de  {né  pâ  màlçé  kè  dé). 

Il   Ne  pas  manquer  de. 
DiAL.     Id.,  Anjou,  Verrier. 

Manqueux  {mâlçâ)  adj. 

Il  Qui  manque  son  coup  ;    qui  n'assiste  pas  à  la  classe. 

Mantelet  {màtlè)  s.  f. 
Il  Camisole. 

Mappe  (màp)  s.  f. 

Il   Carte  géographique. 

Vx  FR.     Mappe  =  carte,  plan,  Littré,  Lar. 

Maquelot  (màklô)  s.  m. 
Il    Matelot. 

Maquière  (mà^e:r)  s.  f. 
Il   Matière.  ■ 

Maquieu  Salé  {maké  salé)  n.  p. 

Il   Mathusalem.     (Mathieu  Salé).     Êx.  ;  Vieux  comme  Moçuiew 
Salé  =  vieux  et  démodé. 

DiAL.     Id.,  Normandie,  Dubois,  Robin  ;    Anjou,  Verrier. 

Maquillon  (ma^iyô)  s.  m. 

Il   Maquignon. 

DiAL.     Id.,  Normandie,  Maze. 

Fr.-can.     Voir  matillon. 

Maquillonner  {majçiyhné)  v.  tr. 

Il   Maquignonner. 

DiAL.     Id.,  Normandie,  Maze. 

Fr.-can.     Voir  matillonner. 

Mâr  {mâ:r,  mh:r)  s.  m. 

1 1   Mars,  troisième  mois  de  l'année. 
DiAL.     Id.,  Normandie,  Moisy,  Robin. 


LEXIQUE    CANADIEN-FRANÇAIS  93 

Marabout  (maràbu)  s.  m. 

Il   Individu    irritable,    grincheux,    grondeur,    malendurant. 
Fr.     Marabout  =  homme  laid,  mal  bâti,  sale  et  grossier,  fig. 
et  pop.,  Besch. 

Maragouin  {maràgwé)  s.  m. 
Il  Maringouin.     (V.  ce  mot). 

Marbe  (màrb)  s.  m. 

1°  Il  Marbre. 

DiAL.     Id.,  Normandie,  Moisy. 

2°  Il  Bille  à  jouer. 

3°  Il  Coussinet. 

Fr.-can.     Voir  marbre. 

DiAL.     Id.,  Anjou,  Verrier. 

Marbrage  (màrbrà:j)  s.  m. 
Il  Marbrure. 

Marbre  {màrb),  marble  (màrb),  s.  m. 

Il   Bille  à  jouer  (de  marbre,  de  pierre,  de  verre,  etc.). 

DiAL.     Id.,  Anjou,  Verrier  ;   Saintonge,  Éveillé  ;   Picardie, 

CORBLET. 

Marcassin  (màrkasé)  s.  m. 

1°   Il   Petit  cochon  ;    cochon  maigre. 

Fr.     Petit    sanglier,    Darm.  —  Usité    dans    quelques    cantons 
pour  petit  cochon,  Littré,  Besch. 
2°  Il  Enfant  malpropre. 

DiAL.     Enfant  indiscipliné,  Bas-Maine,  Dottin. 
3°  Il   Homme  à  figure  repoussante. 

Marceau  (marsô)  s.  m. 
Il   Morceau. 

Marchable  (màreàb)  adj. 

Il  Praticable.     Ex.  :    Après  la  pluie,  les  chemins  sont  pas  mar- 
chables. 


94  LE    PARLER   FRANÇAIS 

Marchage  (màreà:j)  s.  m. 
Il   Marche. 

Marchaillage  {màreàyà:j)  s.  m. 

Il  Action  d'errer,  de  marcher  sans  but. 

Marchailler  (màreâyê)  v.  intr. 

1°  Il  Marcher  beaucoup,  ici  et  là;  errer.  Ex.:  Enmarchail- 
lant,  je  me  suis  aperçu  que  je  boîtassais. 

DiAL.     Id.,  Normandie,  Maze. 

2°  Il  Commencer  à  marcher.  Ex.:  Il  va  un  peu  mieux,  il  mar- 
chaille  dans  sa  chambre. 

Marchand  de  fer  (màrcà  t  fèr)  s.  m. 
Il   Quincaillier. 

Marchandable  (màreâdàb)  adj. 
Il   Qu'on  peut  marchander. 

Marchandeux  {màreàddé)  adj. 
1 1   Marchandeur. 

Marchandises  sèches  {màreàdi.-z  sèe)  s.  f. 

Il  Nouveautés,  merceries.  Ex.  :  Un  magasin  de  marchandises 
sèches.  —  Vendre  des  marchandises  sèches. 

Etym.     Cf.  ang.  dry  goods. 

Fr.-can.  On  trouve  dans  de  vieux  documents,  au  Canada, 
l'expression  marchandises  sèches  (Voir  Chapais,  Talon,  p.  222, 
note),  mais  le  texte  montre  que  cette  expression  y  était  employée 
par  opposition  aux  marchandises  liquides  (vins,  huiles,  etc.). 

Marchant  {màreà)  adj. 

Il  Favorable  à  la  marche,  oii  il  est  facile  et  peu  fatigant  de 
marcher.  Ex.  :  Les  chemins  sont  ben  mal  marchants.  —  C'est  mal 
marchant,  la  nuit,  dans  le  bois. 

DiAL.     Id.,  Normandie,  Robin. 

Marche  (mare)  s.  f. 

1°   Il   Promenade. 

2°  il  Démarche.    Ex.:   Ce  cheval  a  une  belle  marche. 


Lexique  canadien-français  95 

Marchement  (màreémâ)  s.  m. 

Il   Marches,    démarches.     Ex.:     Faire    ben    des    marckements . 
pour  avoir  une  place. 

Marcher  (màreê)  v.  intr. 

1  °  Il  Marcher  au  catéchisme  —  aller  au  catéchisme.  —  Marcher 
à  l'école  =  aller  à  l'école. 

2°  Il  Marcher  pour  la  première  communion  =  aller  au  caté- 
chisme pour  se  préparer  pour  sa  première  communion.  —  Marcher 
pour  =  faire  des  démarches  pour. 

3°  Il  Marcher  sur  =  approcher  de,  aller  vers,  aller  sur.  Ex.  : 
V'ià  un  homme  qui  marche  s^ir  ses  cinquante  ans.  (Aussi  marcher 
vers  cinquante  ans). 

DiAL.  Id.,  Anjou,  Verrier  ;  Centre,  Jaubert  ;  Normandie, 
MoiSY. 

4°  Il  Le  chemin  marche  mal  =  n'est  pas  favorable  à  la  marche. 

Fr.-can.  En  gén.  =  aller.  Ex.  :  Marche  te  coucher,  marche 
au  diable,  marche  donc  !   (aux  chevaux). 

5°  Il  Faire  des  démarches,  prendre  de  la  peine  :  Marcher 
pour  être  prêtre,  marcher  pour  avoir  sa  licence  d'hôtellier,  marcher 
pour  se.  marier,  pour  être  maire. 

Marcher  (màreé)  v.  tr. 

I  °  Il  Explorer,  parcourir.  Ex.  :  Il  a  marché  tout  le  terrain 
et  n'a  rien  trouvé  qui  vaille  quelque  chose. 

2°  Il   Faire  marcher  (une  affaire). 

Marche  donc  {mare  dô.) 

II  Marche  (cri  des  cochers  à  leurs  chevaux). 

Marche  à  terre  (mare  a  tè:r). 
Il  Va-t-en  !    Va  te  promener  ! 

Marche-tu  {mare  tu). 
Il  Va-t-en. 

{à  suivre) 

Lb  Comité  du  Glossaire. 


PARLONS  MIEUX 


DISONS  PLUTOT  QUE 

Un  onguent  épilatoire Un  onguent  qui   fait   tomber  les 

poils. 

Du  lait  crémeux Du  lait  gras 

Une  maldonne Une  trompe  (en  distribuant  les 

cartes). 

Une  étoffe  pelucheuse Une  étoffe  qui  fait  de  la  mousse. 

Un  tissu  ne  peluchant  pas ....      Un  tissu  qui  ne  fait  pas  de  mousse. 

Un  couvre -lit Un  couvre-pieds. 

Une  indienne  bon  teint Une  indienne  qui  ne  change  pas. 

Un  traîneau  qui  chasse Un  traîneau  qui  baraude. 

Billet  de  complaisance Billet  d'accommodation. 

Avoir  l'air  raChitique Avoir    l'air    cotéreux    (catar- 

rheux) ? 

La  fourrière Le  parc  d'enclos. 

Des  pois,  des  haricots   mange-     Des  pois,  des  haricots  sans  fils. 

tout 

Un  canotier Un  sailor  (chapeau). 

Recevoir  des  coups  de  martinet     Recevoir  des  coups  de  strap. 

Les  chemins  sont  essorés Les  chemins  sont  ressorés. 

Des  pommes  de  terre  en  purée  .     Des     patates    mâchées    {mashed 

potatoes). 

Glace  biseautée Glace  bavélée  (bevelled). 

Biseautage Bavelure. 

Trois  pigeons  sont  branchés. . .      Trois  pigeons  sont  jouqués  dans 

l'arbre. 

Toile  écrue Toile  qui  n'a  pas  été  blanchie. 

Cinq  mensualités  de  dix  pias-      Cinq  paiements  mensuels  de  dix 
très piastres. 

Etienne  Blanchard,   p.  s.  s. 


96 


Vol.  XIV,  No  3— Novf.mbhf,  1915.  f  7  . 


LA  VOIX  DU  GLAS 


Pour  le  moii  de  novembre 


Au  souffle  froid  du  vent,  la  sève  dans  les  bois 

A  ralenti  sa  course  : 
La  feuille,  morte,  hélas  !  ne  mêle  plus  sa  voix 

Aux  chansnns  de  la  source.  .  . 

Si  le  soleil  blafard  tente  encor  de  chasser 

Les  nuages  humides. 
Il  se  lasse  bientôt  et  ne  laisse  percer 

Que  des  rayons  livides. 

Après  les  carillons  joyeux  de  la  Toussaint, 
La  cloche,  d'heure  en  heure. 

Lentement,  fait  entendre  —  ô  lugubre  tocsin  ! 
Sa  voix  grave  qui  pleure. 


Tintez,  ô  glas  des  morts,  votre  appel  déchirant  ! 
C'est  l'heure  triste  où  tout  ici-bas  agonise  : 
Sonnez  I  n'êtes-vous  pas  la  plainte  des  souffrants. 
Et  la  prière  de  l'Église? 

Sonnez,  sonnez  toujours,  ô  cloche,  vos  «  soupirs  »  / 
Car  vous  êtes  la  voix  des  tombes  désolées, 
La  voix  des  morts  disant  leurs  tardifs  repentirs 
Sous  la  pierre  des  mausolées. 

A  la  pâle  clarté  des  cierges  vacillants. 
Sous  les  arceaux  tendus  de  sombres  draperies, 
La  foule  vient,  en  deuil,  mêler  ses  tristes  chants 
A  vos  dolentes  sonneries. 


97 


I 


98  LE    PARLER   FRANÇAIS 


Qu'il  est  doux  à  nos  morts,  ce  tintement  du  glas 
Rythmant  sur  leurs  tombeaux  le  pleur  des  hymnes  saintes  ! 
Silence  1  écoutons-les,  dans  l'ombre  du  trépas. 
Répondre  à  sa  touchante  plainte! 

En  ces  jours  endeuillés  nous  les  entendrons  mieux 
Pleurer  dans  les  beffrois  ou  dans  les  cimetières  ; 
Ayons  pitié,  chrétiens,  et  donnons-leur,  joyeux. 
L'aumône  de  notre  prière. 

Pour  nous  remercier-  ils  nous  parlent  encor 
Dans  le  soupir  du  vent,  dans  la  feuille  qui  tombe  : 
«  Demain,  nous  disent-ils,  l'inexorable  Mort 
«  Vous  couchera  dans  votre  tombe  1 

«  Et  vos  amis,  bientôt,  ignoreront  l'endroit 
«  Où  vous  reposerez,  sous  les  herbes  fanées .  .  . 
«  Puis  tout  disparaîtra  :  l'enclos,  le  nom,  la  croix, 
«  Sous  l'avalanche  des  années.  . . 

«  Mais  lorsqu' autour  de  vous  tout  bruit  aura  cessé, 
«  Quand  l'oubli  couvrira  de  ses  voiles  funèbres 
«  Le  sillon  par  vos  soins  péniblement  creusé, 
«  Dieu  veillera  dans  vos  ténèbres  ! 

«  Et  les  sanglots  pieux  de  l'Église  à  genoux, 
«  Et  les  longs  tintements  que  la  cloche  balance, 
«  Et  les  De  profundis  auront  des  accents  doux 
«  Comme  la  voix  de  l'espérance ...» 

Arthur  Laçasse,  ptre. 


NOTRE  PATRIOTISME  LITTERAIRE 

18G0<" 


{suite) 


Mais  les  conversations  commencées  chez  l'un  ou  l'autre  des 
habitués  de  cette  compagnie  littéraire,  ne  se  terminaient  pas  tou- 
jours eu  vagues  effusions  lyriques  ou  sentimentales.  On  revenait 
volontiers  de  France  au  Canada,  et  l'on  songeait  à  développer  ici, 
et  à  y  faire  fleurir,  un  art  qui  avait  produit  là-bas  de  si  belles  œuvres. 
Le  patriotisme,  on  le  sait,  fut  au  commencement  du  XIXe  siècle, 
une  passion  romantique.  Et  si  notre  patriotisme  canadien-français 
de  1860  avait  une  autre  cause,  et  plus  prochaine,  et  plus  profonde, 
il  ne  pouvait  cependant  que  s'exalter  davantage  au  souffle  des  stro- 
phes épiques  de  Hugo,  ou  des  périodes  religieuses  de  Chateaubriand. 

Mais  comment  créer  une  littérature  canadienne  plus  abondante, 
et  plus  révélatrice  des  beautés  de  notre  histoire  ?  Comment  stimuler 
les  activités  nouvelles  qui  voudraient  s'exercer  ?  Est-ce  que  l'iso- 
lement n'est  pas  fatal  aux  ambitions  intellectuelles  ?  Est-ce  que 
l'éparpillement  des  forces  ne  paralyse  pas  leurs  énergies  ?  Et  si 
jusqu'à  présent  l'on  avait  si  peu  écrit,  si  peu  produit,  est-ce  que  l'on 
ne  devait  pas  s'en  prendre  à  ce  fait  qu'aucune  organisation  litté- 
raire n'avait  groupé  et  dirigé  les  esprits  ? 

Voilà  autant  de  questions  que  l'on  agita  sans  doute  chez  Cré- 
mazie,  ou  au  presbytère,  ou  au  Parlement.  Crémazie  peut-être 
n'y  attacha  pas  beaucoup  d'importance,  lui  qui  écrira  plus  tard  de 
France  à  l'abbé  Casgrain  qu'une  littérature  canadienne  est  impos- 
sible, d'abord  parce  qu'au  Canada  on  n'encourage  pas  les  écrivains, 
et  ensuite  parce  que  nous  parlons  et  écrivons  en  français,  et  qu'une 
littérature  au  Canada  ne  serait  donc  jamais  qu'un  prolongement 
de  la  littérature  française.     Mais  si  Crémazie  ne  croyait  pas  beau- 


<"  Voir  le  Parler  françaU,  numéro  d'octobre  1915. 

99 


100  LE    PARLER    FRANÇAIS 

coup  —  du  moins  il  l'a  écrit  —  à  une  littérature  nationale,  d'autres, 
près  de  lui,  y  croyaient  fermement,  par  exemple.  Taché,  LaRue, 
Casgrain,  Gérin-Lajoie.  Taché,  LaRue  et  Casgrain  y  avaient  une 
foi  si  vive  et  si  agissante  qu'ils  entreprirent  d'en  assurer  la  réalisa- 
tion. Et  c'est  eux  qui,  en  1860,  avec  beaucoup  de  peine,  de  sollici- 
tude et  de  dévouement,  décidèrent  de  fonder  un  recueil  de  littérature 
canadienne. 

Nous  avions  déjà  eu,  au  Canada,  des  recueils  littéraires  ;  mais 
les  périodiques  de  Bibaud  s'alimentaient  à  toutes  sources,  même 
étrangères.  Ils  n'étaient  pas  exclusivement  canadiens.  Un  recueil 
fondé  sur  le  modèle  des  revues  littéraires  de  France,  qui  ne  publie- 
rait que  de  l'inédit,  et  des  articles  ou  des  œuvres  d'auteurs  cana- 
diens, ce  serait  une  nouveauté,  ce  serait  un  stimulant  pour  les 
jeunes  talents,  ce  serait  un  moyen  d'assurer  le  développement  de 
notre  littérature  nationale. 

Taché,  LaRue  et  Casgrain  comprirent  qu'ils  feraient  l'œuvre 
nécessaire,  indispensable,  s'ils  donnaient  vie  à  ce  recueil.  Ils  en 
élaborèrent  avec  soin  l'organisation  et  le  programme,  pendant 
l'année  1860  et  le  21  février  1861  paraissait  le  prospectus  des  Soirées 
Canadiennes.  Ce  prospectus,  signé  par  les  éditeurs  de  la  rue  Buade, 
Brousseau  et  Frères,  annonçait  comme  suit  le  programme  de  la 
revue. 

«  Ce  recueil  sera  surtout  consacré  à  soustraire  nos  belles  légendes 
à  un  oubli  dont  elles  sont  plus  que  jamais  menacées,  à  perpétuer 
aussi  les  souvenirs  conservés  dans  la  mémoire  de  nos  vieux  narra- 
teurs, et  à  vulgariser  la  connaissance  de  certains  épisodes  peu 
connus  de  l'histoire  de  notre  pays.  Il  contiendra,  en  outre,  des 
œuvres  littéraires  d'autres  genres,  mais  dans  lesquelles  les  dissen-' 
tions  politiques,  sous  une  forme  ou  sous  une  autre,  ne  devront 
jamais  trouver  accès  ;  une  dernière  partie  sera  destinée  à  recueillir 
les  morceaux  de  littérature  les  plus  remarquables  publiés  depuis  un 
certain  nombre  d'années,  et  dont  le  souvenir  va  se  perdant.» 

Puis  venait  la  liste  des  principaux  collaborateurs  —  contributeurs, 
comme  l'on  disait  alors  —  qui  avaient  promis  leur  concours.  Elle 
contient  quinze  noms  dont  s'honorent  nos  origines  littéraires:  Etienne 
Parent,  l'abbé  Ferland,  F.-X.  Garneau,  P.-J.-O.  Chauveau,  J.-C. 
Taché,  l'abbé  Charles  Trudel,  L.-J.-C.  Fiset,  0.  Crémazie,  A.  Gérin- 
Lajoie,  Joseph  Lenoir,  Napoléon  Bourassa,  l'abbé  Casgrain,  le 
docteur  LaRue,  l'abbé  Cyrille  Legaré,  L.-H.  Fréchette. 

On  ne  pouvait  énoncer  un  programme  qui  fût  davantage  à 
base  de  patriotisme  littéraire,  ni  réunir,  à  cette  époque,  un  meilleur 
groupe  d'écrivains. 


NOTRE   PATRIOTISME    LITTÉRAIRE    EN    1860  101 

Le  premier  numéro,  double,  correspondant  aux  mois  de  janvier 
et  février,  parut  incessamment. 

Le  succès  fut  considérable  :  336  abonnés  à  Québec,  840  en 
tout,  dès  le  début  ;  si  bien  qu'au  l)out  de  deux  ans  une  querelle 
d'argent  et  de  profit  survint  entre  l'éditeur  et  les  directeurs.  L'édi- 
teur voulait  garder  pour  lui  les  bénéfices  d'une  entreprise  dont  il 
s'était  chargé  à  ses  risques  et  périls  ;  les  directeurs  voulaient  con- 
sacrer les  surplus  à  développer  leur  œuvre,  et  à  augmenter  les  livrai- 
sons. Taché  prit  pour  l'éditeur  ;  le  docteur  LaRue  pour  les  direc- 
teurs. Ceux-ci  abandonnèrent  à  l'éditeur  les  Soirées  Canadiennes, 
et  s'en  allèrent  fonder,  coin  des  rues  Desjardins  et  Sainte-Anne,  au 
mois  de  janvier  1863,  une  nouvelle  revue,  le  Foyer  Canadien.  Le 
nombre  d'abonnés  de  ce  recueil  s'éleva  en  quelques  semaines  à 
deux  mille. 

Deux  revues  littéraires,  c'était  trop  pour  les  ressources  intellec- 
tuelles dont  on  disposait.  Les  abonnés  se  divisèrent,  tout  comme 
les  directeurs.  Et  les  deux  revues  s'épuisèrent  bien  vite.  Les 
Soirées  cessèrent  de  paraître  à  la  fin  de  l'année  1865,  et  le  Foyer  se 
disloqua  à  la  fin  de  1866.  Le  mouvement  littéraire  de  1860  se  trou- 
vait du  coup  gravement  atteint.  Chacun  retourna  à  sa  vie  per- 
sonnelle. Ce  fut  une  fois  encore  la  dispersion  des  forces  que  l'on 
avait  quelque  temps  si  heureusement  captées  et  coordonnées. 

Cependant,  à  Montréal  venait  d'être  fondée  une  autre  revue 
littéraire,  qui  allait  essayer  de  reprendre,  de  prolonger  ailleurs 
l'œuvre  commencée.  La  Revue  Canadienne,  dont  s'honore  à  bon 
droit  Montréal,  et  qui  est  aujourd'hui  confiée  à  la  direction  si 
active  de  l'Université  Laval,  avait  été  fondée  en  1864.  Elle  venait 
à   point   recueillir   l'héritage  des  aînées  qui  allaient  mourir. 


Telle  fut  l'organisation  littéraire  où  aboutirent  les  préoccupa- 
tions patriotiques  de  1860.  Mais  cette  organisation  produisit-elle 
les  œuvres  canadiennes  qu'on  avait  projetées  ou  désirées  ?  Quelle 
littérature  est  sortie  de  ce  mouvement  et  de  cet  enthousiasme  ? 

Pour  le  bien  savoir,  il  faut  feuilleter  surtout  les  deux  recueils 
où  collaborèrent  les  écrivains  de  ce  temps,  et  ouvrir  —  mais  seule- 
ment ouvrir  à  la  première  page  —  les  livres  qui  furent  alors  publiés. 

Et  vraiment,  quand  on  parcourt  ces  pages  déjà  anciennes,  ces 
recueils  et  ces  livres,  il  s'en  dégage  un  tel  parfum  de  terroir  que  l'on 
ne  peut  s'empêcher  d'y  reconnaître,  fidèles  à  leurs  desseins,  les 
écrivains  patriotes  qu'avaient  suscités  Garneau  et  Crémazie.  On 
a  souvent  accusé  notre  littérature  de  n'être  pas  assez  canadienne. 


102  LE    PARLER    FRANÇAIS 

On  a  eu  souvent  raison.  Mais  le  reproche  serait  assez  injuste  si 
on  l'appliquait  aux  ouvriers  littéraires  de  1860.  Sans  doute,  ils  ont 
tous  lu,  admiré,  quelquefois  essayé  d'imiter  les  grands  écrivains  de 
la  France  contemporaine  ;  ils  ont  tous  réchauffé  leur  imagination 
au  soleil  du  romantisme,  et  Taché  lui-même,  le  rude  Taché  couvrira 
parfois  sa  pensée  de  lambeaux  de  périodes  arrachés  à  la  prose  de 
Chateaubriand  :  mais  la  pensée  de  ces  auteurs  est  plutôt  pénétrée 
des  préoccupations  de  la  vie  nationale,  et  les  choses  dont  ils  rem- 
plissent leurs  écrits  sont  des  choses  de  chez  nous. 

Et  parmi  les  choses  de  chez  nous,  savez-vous  ce  qui  a  le  plus 
frappé  l'attention  de  ces  écrivains,  ce  qui  a  le  plus  sollicité  leur 
piété  littéraire  ?  —  Ce  sont  nos  légendes  canadiennes.  Le  culte  des 
légendes  !  Encore  une  forme  de  la  religion  romantique,  pourra-t-on 
dire  peut-être  ;  et  l'on  n'aurait  pas  tort,  s'il  est  vrai  que  la  littéra- 
ture romantique  s'est  appliquée  à  détourner  des  sources  d'inspira- 
tion païenne  et  mythologique  la  pensée  française,  pour  la  plonger 
aux  sources  plus  fraîches  de  l'histoire  et  des  légendes  nationales. 
Mais  peu  importe  le  motif  littéraire  qui  fit  par  nos  écrivains  recher- 
cher nos  légendes  :  cette  recherche  était  elle-même  un  acte  de 
patriotisme. 

Les  Soirées  Canadiennes  indiquaient  sur  leur  couverture,  en 
une  épigraphe  significative,  la  préoccupation  dominante  du  groupe 
des  collaborateurs.  Sur  la  première  page  de  chaque  numéro  s'ins- 
crivait cette  phrase  de  Charles  Nodier  :  «  Hâtons-nous  de  raconter 
les  délicieuses  histoires  du  peuple  avant  qu'il  les  ait  oubliées.»  Or, 
les  histoires  du  peuple,  ce  sont  les  petits  événements  de  la  vie  fami- 
liale, et  les  petits  accidents  de  la  vie  paroissiale  ;  ce  sont  les  tradi- 
tions que  l'on  conserve  au  foyer,  les  mœurs  anciennes  qui  font  sem- 
blables toutes  ces  vies  des  simples,  et  qui  les  groupent  dans  la  plus 
pittoresque  uniformité.  Les  histoires  du  peuple,  ce  sont  aussi  les 
contes  familiers  que  l'on  répète  le  soir  au  coin  de  la  cheminée,  que 
les  vieux  apprennent  aux  plus  jeunes,  cette  littérature  vivante  et 
naïve  qui  de  père  en  fils  se  transmet  et  s'enrichit,  s'exprimant 
toujours  en  une  langue  ingénue,  où  l'art  qui  s'ignore  trouve  parfois 
des  mots  que  pourrait  lui  envier  l'art  qui  se  connaît.  Or,  les  his- 
toires du  peuple  se  laissent  facilement  pénétrer  de  récits  merveil- 
leux. L'imagination  des  bonnes  gens  se  plaît  aux  créations  fantai- 
sistes, aux  inventions  extravagantes,  et  la  légende  bientôt  fleurit 
sur  le  vieux  fonds  des  pensées,  des  traditions  et  des  souvenirs  de 
la  race  :  et  rien  n'est  plus  charmant,  rien  n'est  plus  précieux  en 
littérature  que  ces  produits  spontanés  de  l'imagination  populaire. 

L'abbé  Casgrain  fut  le  premier,  croyons-nous,  du  moins  à  cette 
époque,  qui  se  soit  avisé  de  faire  entrer  dans  la  littérature  cana- 


NOTEE   PATRIOTISME    LITTÉRAIRE  EN   1860  103 

dîenne  nos  légendes.  Dès  1860,  avant  la  fondation  des  Soirées,  il 
avait  publié  le  Tableau  de  la  Rivière-Ouelle .  Et  ce  récit  avait  eu  un 
succès  extraordinaire.  Écrit  dans  la  langue  chaude,  vibrante, 
colorée,  jeune,  très  jeune,  qui  fut  la  première  manière,  et  presque 
l'unitiue  manière  de  l'abbé  Casgrain,  le  Tableau  de  la  Rivicre-Ouelle 
apparut  comme  une  révélation  d'un  genre  ici  inconnu.  Il  posa  le 
jeune  abbé  comme  un  maître.  De  ce  jour  le  vicaire  de  la  cathé- 
di-ale,  aussi  vibrant  et  aussi  enthousiaste  que  sa  prose,  fut  mêlé  à 
tout  ce  que  Québec  comptait  de  beaux  esprits.  L'abbé  devint  rapi- 
dement le  directeur  littéraire  des  dévots  du  cénacle. 

Il  s'empressa  de  continuer  dans  les  Soirées  son  œuvre  si  bril- 
lamment commencée,  et  il  publia  dès  la  première  année  du  recueil, 
une  autre  légende  :  La  Jongleuse. 

Cette  légende  fut  accueillie  avec  autant  d'applaudissements 
que  la  première.  Elle  était  —  malgré  certaines  allures  trop  épiques 
empruntées  à  la  grandiloquence  de  Victor  Hugo  —  toute  remplie 
des  choses  du  pays,  illustrée  de  scènes  gracieuses,  rurales,  empruntée 
à  la  vie  de  nos  habitants.  Dans  le  Tableau  de  la  Rivière-Ouelle, 
l'abbé  Ca,sgrain  avait  écrit  une  page  très  goûtée  :  La  Maison  cana- 
dienne. Dans  La  Jongleuse,  il  a  esquissé  avec  une  élégante  et  pitto- 
resque précision  le  petit  tableau  des  brayeuses.  C'est  une  autre 
page  qui  est  bien  de  chez  nous.  George  Sand  n'a  pas  mieux  raconté 
ce  que  font  au  pays  berrichon  les  broyeurs  de  chanvre.  Et  cette  page 
est  d'autant  plus  attachante  aujourd'hui  qu'on  n'entend  plus  dans 
nos  campagnes,  à  travers  les  bois,  aux  jours  tièdes  d'octobre,  pendant 
l'été  des  sauvages,  le  bruit  sec  et  cadensé  des  brayes  ;  on  ne  voit 
plus,  entre  les  cônes  sombres  et  touffus  des  sapins,  s'élever  la  fumée 
bleue  qui  s'échappe  du  foyer  où  l'on  chauffe  le  lin  ;  on  n'entend 
plus  les  rires  éclatants  des  femmes,  les  mociueries  joyeuses  des 
garçons  quand  par  malheur  la  chauffeuse  a  laissé  s'enflammer  une 
gerbe,  et  fait  une  «  grillade  ».  Non,  on  ne  voit  plus  ces  choses, 
dont  l'image  bien  précise,  douce  et  naïve,  se  mêle  en  ma  mémoire 
aux  plus  lointains  souvenirs  d'enfance.  Il  faudra  donc  bien  con- 
server et  relire  cette  page  de  la  Jongleuse. 

Dans  cette  légende,  des  scènes  de  vie  indienne  se  mêlent  aux 
scènes  de  la  vie  française.  Il  y  a  là  un  de  ces  sanglants  épisodes 
des  premiers  jours  de  notre  histoire  sur  lesquels  l'imagination  du 
peuple  aimait  à  broder  ses  capricieuses  fantaisies.  L'abbé  en  avait 
entendu  le  récit  sur  les  lèvres  des  anciens  conteurs  de  la  Rivière- 
Ouelle. 

L'abbé  Casgrain,  malheureusement,  n'a  pas  donné  d'autres 
légendes  aux  Soirées  Canadiennes.  Il  ne  devait  pas  persévérer  dans 
ce  genre  qu'il  aurait  dû  cultiver  encore,  et  où  il  aurait  peut-être 


104  LE    PARLER    FRANÇAIS 

excellé.  Des  légendes  à  l'histoire  vraie,  il  y  a  plus  d'un  pas  :  l'abbé 
les  franchit  bientôt.  Il  vit  dans  notre  histoire  nationale  une  ma- 
tière plus  abondante  où  son  patriotisme  pourrait  s'exercer,  et  il 
s'empressa  de  porter  à  l'histoire  un  esprit  qui  était  si  bien  fait  pour 
la  légende. 

Un  autre  fondateur  des  Soirées  lui  emprunta  sa  plume,  et  essaya 
à  son  tour  de  faire  revivre  les  délicieuses  histoires  du  peuple  :  c'est 
Joseph-Charles  Taché.  En  tête  du  premier  numéro  des  Soirées 
Canadiennes,  paraissent  les  Trois  Légendes  de  mon  Pays.  Légendes 
coloniales  encore  où  se  rencontrent,  se  combattent  la  civilisation 
et  la  barbarie.  Dans  le  prologue.  Taché  donne  à  ses  Trois  Légendes 
un  autre  titre  qui  en  montre  le  sens  moral  :  h'Evangile  ignoré, 
l'Evangile  prêché,  l'Evangile  accepté. 

Au  quatrième  volume  des  Soirées,  Taché  publie  une  autre 
légende,  en  vers  :  Le  Brouillard  de  la  montagne.  Mais  c'est  au  troi- 
sième volume  qu'il  fournit  l'œuvre  principale  de  sa  collaboration, 
œuvre  qui  se  rattache  aux  légendes,  dans  la  mesure  même  où  les 
inventions  fantaisistes  se  mêlent  aux  histoires  vraies  du  père  Michel. 
Il  s'agit  des  récits,  qui  ont  été  groupés  sous  le  titre  collectif  de 
Forestiers  et  Voyageurs,  et  qui  sont  si  chargés  de  vie  canadienne. 
On  ne  pouvait  avec  plus  de  vérité  peindre  les  mœurs  de  nos  bûche- 
rons, et  de  ces  coureurs  de  route  qui  ont  «  découvert  et  parcouru 
tout  le  nord  de  l'Amérique,  qui  ont  battu  leurs  briquets  et  allumé 
leurs  feux  sur  tous  les  points  de  ce  vaste  continent,  et  traversé 
pendant  plus  de  deux  siècles  les  pays  de  chasse  de  toutes  les  tribus 
sauvages  '"  ». 

Les  contes  et  les  légendes  sont  le  bagage  obligé  du  forestier  ou 
du  voyageur.  Taché  les  replace  sur  leurs  lèvres  bavardes  ;  il  nous 
fait  faire  cercle  autour  de  ces  personnages,  pendant  les  soirées 
d'hiver,  et  l'on  pense,  à  les  entendre,  aux  vers  d'Alfred  de  Vigny 
que  Taché  a  mis  en  tête  de  ses  récits  : 

Qu'il  est  doux  d'écouter  des  histoires, 

Des  histoires  du  temps  passé. 
Quand  les  branches  d'arbres  sont  noires, 
Quand  la  neige  est  épaisse  et  charge  un  sol  glacé. 

Les  Soirées  Canadiennes  furent  très  accueillantes  pour  les 
voyageurs.  Après  les  voyageurs  d'autrefois,  ceux  d'aujourd'hui  y 
reçurent  l'hospitalité. 

L'abbé  Ferland  raconte,  au  premier  volume  des  Soirées,  un 
voyage  qu'il  fit  en  1836  sur  les  côtes  de  la  Gaspésie.     Il  couvre  de 


<"  Cf.  Forestiers  et  Voyageurs.     Au  lecteur. 


( 


NOTRE     PATRIOTISME    LITTÉRAIRE   EN    1860  105 

ce  récit  cent  cinquante  pages  de  la  revue,  et  l'on  ne  saurait  lire  de 
meilleures  leçons  de  géographie  et  d'histoire  du  Canada.  Le  doc- 
teur LaRue,  sous  le  prétexte  d'un  Voyage  autour  de  l'Ile  d'Orléans,  sa 
petite  patrie,  fait  l'histoire  de  cette  île  légendaire  ;  il  explique  le 
mieux  qu'il  peut  comment  ses  compatriotes  de  l'Ile  ne  sont  pas 
des  sorciers  ;  il  décrit  la  vie  que  l'on  fait  dans  l'Ile,  les  mœurs  et 
les  traditions  si  bien  conservées,  et  aussi  les  journées  douloureuses 
vécues  par  les  habitants  à  l'époque  des  expéditions  des  Anglais 
contre  Québec. 

Dans  le  Foyer  canadien,  le  docteur  LaRue  publia  d'excellentes 
pages  sur  les  Chansons  populaires  et  historiques  du  Canada.  '*'  Il 
ouvre  ainsi,  par  des  recherches  patientes,  l'un  des  chapitres  les 
plus  curieux,  les  plus  significatifs  de  notre  histoire.  Chansons  de 
France  ou  chansons  du  Canada,  nos  vieilles  chansons  portent  en 
leurs  strophes,  joyeuses  ou  dolentes,  l'âme  elle-même  de  la  race  ; 
elles  complètent  l'expression  de  nos  plus  intimes  sentiments  ;  et 
c'est  assurément  faire  œuvre  patriotique  que  de  les  empêcher  de 
tomber  de  nos  lèvres  dans  l'oubli. 


Légendes,  contes  populaires,  récits  de  voyages,  chansons  : 
voilà  des  formes  variées,  plutôt  légères,  de  cette  chose  grave  qu'est 
l'histoire.  Il  ne  serait  pas  juste  d'affirmer  que  le  mouvement  litté- 
raire de  1860  ne  connut  que  ces  formes. 

N'est-ce  pas  en  1861  que  l'abbé  Ferland  commença  la  publi- 
cation de  son  Cours  d'histoire  du  Canada  ?  On  sait  la  valeur  incon- 
testable de  ces  deux  volumes  que  l'auteur  a  consacrés  à  la  domina- 
tion française,  et  quelle  érudition  studieuse  ils  supposent. 

L'abbé  Ferland  s'intéressait  beaucoup  à  toute  cette  activité 
littéraire  qui,  à  partir  de  1860,  bourdonnait  autour  de  lui.  Il  en 
reçut  peut-être  lui-même  un  accroissement  d'ardeur.  Il  pouvait 
augurer  de  tous  ces  travaux  une  fortune  nouvelle  pour  les  études 
historiques  en  notre  pays.  Il  encouragea  les  ouvriers  nouveaux, 
promit  sa  collaboration  aux  Soirées,  et  quand  le  Foyer  fut  fondé  en 
1863,  l'abbé  Ferland  suivit  le  groupe  Casgrain-LaRue-Gérin-Lajoie, 
et  devint  le  président  des  éditeurs-propriétaires.  Il  publia  tout 
aussitôt  dans  le  Foyer  une  longue  notice  biographique  de  Monseigneur 
Plessis,  qui  couvre  250  pages  du  recueil.  Deux  ans  après,  le  Foyer 
contenait  dans  son  premier  numéro  de  1865,  écrite  par  Gérin-Lajoie, 


0)  Le  Foyer,  vols  I  et  II. 


106  LE    PARLER   FRANÇAIS 

une  notice  biographique  de  l'abbé  Ferland  lui-même.     Le  président 
du  Foyer  venait  de  mourir. 

L'histoire  perdait  chez  nous  l'un  de  ses  plus  solides  ouvriers. 
L'abbé  Casgrain  avait,  quelques  mois  auparavant,  en  1864,  publié 
son  Histoire  de  la  Mère  Marie  de  V  Incarnation.  Cette  œuvre 
appartient  bien  à  la  période  de  ferveur  que  nous  étudions.  Elle 
annonçait  que  l'abbé  Casgrain  des  Légendes  s'était  transformé  en 
historien.  Mais  elle  révélait  encore  une  trop  grande  inexpérience 
des  procédés  et  du  style  de  l'histoire  pour  con.soler  les  lecteurs  de 
la  mort  de  l'abbé  Ferland.  L'abbé  Casgrain  cependant  était  pour 
jamais  attaché  aux  études  historiques.  Il  usera  ses  yeux  à  lire  les 
vieux  documents  ;  il  renouvellera  au  contact  des  héros  qu'il  fré- 
quentera, sa  jeunesse  exubérante,  inamissible  ;  il  fournira  l'œuvre 
considérable,  faite  de  patience  et  d'enthousiasme,  que  l'on  connaît, 
et  qui  est  sortie  tout  entière  de  l'âme  généreuse  qu'il  avait  apportée 
de  1860. 


L'abbé  Casgrain  a  raconté  comment  un  jour  il  vit  arriver  à  sa 
chambre  de  vicaire,  au  presbytère  de  la  Haute- Ville,  un  vieillard 
septuagénaire  qui  lui  remit  une  liasse  de  papier,  un  long  manuscrit, 
le  priant  de  le  parcourir,  de  lui  dire  sincèrement  s'il  fallait  ou  le 
publier,  ou  le  jeter  au  feu. 

Ce  vieillard  était  Philippe  Aubert  de  Gaspé.  Le  manuscrit, 
c'était  les  Anciens  Canadiens. 

Le  mouvement  littéraire  de  1860  n'eût  pas  été  complet  s'il 
n'avait  produit  des  romans.  C'est  en  1863  que  furent  publiés  les 
Anciens  Canadiens,  et  l'on  sait  comment  ils  furent  dictés  à  l'auteur 
par  toutes  les  inspirations  qui,  en  1860,  remplissaient  de  patriotiques 
et  académiques  rumeurs  l'atmosphère  de  Québec. 

Gaspé  avait  lu  avec  attendrissement  l'épigraphe  des  Soirées 
Canadiennes  :  «  Hâtons-nous  de  raconter  les  délicieuses  histoires  du 
peuple  avant  qu'il  les  ait  oubliées.»  Il  prit  pour  lui  ce  prudent 
conseil.  Il  avait  alors  75  ans.  Il  avait  vu  et  il  savait  tant  de 
choses  !  Ne  devait-il  pas  les  raconter  à  une  génération  qui  les  igno- 
rait peut-être,  ou  qui  en  oublierait  bien  vite  le  récit  oral  qu'on  lui- 
avait  fait?  Lui  qui  était  issu  d'une  ancienne  famille  seigneuriale, 
qui  avait  vécu  tour  à  tour  à  Saint-Jean-Port-Joli  et  à  Québec,  qui 
avait  connu  toutes  les  extrémités  de  la  fortune,  qui  avait  été  mêlé 
à  la  vie  simple  des  censitaires,  et  à  la  vie  opulente  des  riches  citadins, 
qui  avait  recueilli  tant  de  légendes,  et  entendu  tant  de  récits  tombés 
des  lèvres  franches  du  peuple  ;  lui,  né  en  1786,  qui  avait  pu  écouter 


NOTRE    PATRIOTISME    LITTÉRAIRE    EN    1860  107 

les  anciens  de  1760  rappeler  les  souvenirs  de  la  guerre  de  conquête, 
et  qui  avait  donc  entendu  battre  leur  grand  cœur,  et  s'exprimer 
toute  la  fidélité  de  leur  âme  française,  il  pensa  qu'il  devait  écrire 
quelques-unes,  les  meilleures  de  ces  choses  qu'il  avait  vues,  qu'il 
avait  entendues  ;  il  se  mit  à  l'œuvre  sans  tarder  —  on  ne  peut  plus 
tarder  à  75  ans  ;  —  il  ramassa  vien  vite  ses  notes  et  ses  souvenirs, 
il  broda  sur  ses  récits  une  légère  intrigue  de  roman  ;  puis  il  douta 
de  {-ette  hardiesse  ;  il  consulta  son  jeune  ami  l'abbé  Casgrain,  qui 
pleura  de  joie  en  lisant  le  manuscrit  du  vieillard.  Et  quelques  mois 
après  paraissait  le  livre  le  plus  simple,  le  plus  ingénu,  le  plus  savou- 
reux peut-être  que  nous  ayons.  A  77  ans,  M.  de  Gaspé  nous  léguait, 
dans  une  œuvre  qui  est  un  testament  impérissable,  l'âme  des  Anciens 
Canadiens  ! 

Cette  seule  œuvre  suffirait  pour  justifier  les  ambitions  littéraires 
du  groupe  de  1860.  De  Gaspé  y  a  mis  tout  ce  qui  hantait  l'imagi- 
nation, tout  ce  qui  sollicitait  l'esprit  des  directeurs  des  Soirées. 
Aussi  les  Soirées  publièrent-elles  en  primeur,  dès  1862,  deux  chapitres 
des  Anciens  Canadiens  :  Une  nuit  avec  les  Sorciers,  et  la  Débâcle. 
Il  y  a  dans  les  Anciens  Canadiens  des  légendes  :  celle  des  sorciers  — 
car  il  paraît  que  c'est  de  la  légende, — •  et  celle  de  la  folle  du  domaine  ; 
il  y  a  des  contes  et  des  récits  populaires,  par  exemple,  les  histoires  de 
José  ;  il  y  a  de  la  petite  histoire,  celle  des  traditions  et  des  mœurs 
anciennes  ;  il  y  a  de  la  grande  histoire,  des  épisodes  de  la  guerre 
de  1759  :  l'incendie  de  la  côte  Sud,  et  la  bataille  des  plaines 
d'Abraham. 

Bref  !  les  Anciens  Canadiens  étaient  le  livre  rêvé,  souhaité  par 
tous.  C'est  ce  qui  explique  sa  fortune,  et  pourquoi  ce  roman  est 
resté  le  plus  populaire  peut-être  qu'il  y  ait  dans  la  littérature  cana- 
dienne. 

Les  Soirées  venaient  à  peine  d'annoncer  les  Anciens  Canadiens 
et  d'en  publier  quelques  pages,  qu'un  autre  roman  vint  s'y  inscrire 
et  y  dérouler  ses  premiers  chapitres.  C'était  Jean  Rivard  de  Antoine 
Gérin-Lajoie.  Le  roman  parut  en  1862  aux  Soirées  Canadiennes, 
et  en  1864  au  Foyer  Canadien.  On  y  faisait  successivement  con- 
naissance avec  Jean  Rivard,  défricheur,  et  avec  Jean  Rivard,  éco- 
nomiste. 

Roman  à  thèse,  roman  social,  roman  profondément  canadien, 
Jean  Rivard  est  encore  l'une  des  œuvres  les  plus  précieuses  que 
nous  ait  données  notre  littérature  de  1860.  Se  peut-il  être  une  œuvre 
littéraire  plus  patriotique  que  celle  où  l'on  prêche  la  fidélité  au  sol, 
où  l'on  met  en  garde  contre  l'émigration  vers  l'étranger,  contre 
l'attirance  des  villes,  contre  le  luxe  destructeur  des  bonnes  mœurs 
et  des  vertus  de  la  race  ?  Se  peut-il  un  livre  plus  canadien  que  celui 


108  LE    PARLER    FRANÇAIS 

OÙ  l'on  décrit  les  initiatives  du  colon,  sa  rude  patience  et  ses  hé- 
roïques labeurs  ?  où  l'on  raconte  la  vie  des  paroisses  nouvelles  et 
des  paroisses  anciennes,  le  développement  méthodique  de  Rivard- 
ville,  les  fêtes  joyeuses  de  Grandpré  ou  Yamachiche  ?  Jean  Rivard 
est  un  livre  franc,  un  peu  austère,  mais  très  vrai,  où  se  reflète  avec 
précision  la  vie  canadienne  :  et  vraiment  Gérin-Lajoie  ne  pouvait 
mieux  que  par  cette  œuvre  collaborer  au  patriotisme  littéraire  de 
ses  fervents  amis.  Jean  Rivard  et  les  Anciens  Canadiens  sont  nés, 
presque  le  même  jour,  d'une  même  pensée,  d'un  même  sentiment 
de  tendresse  pour  le  pays  de  nos  gens  :  ils  méritent  de  rester  tous 
deux,  l'un  près  de  l'autre,  dans  nos  bibliothèques,  ou  sur  la  même 
table,  dans  la  grand'chambre  des  maisons  canadiennes. 


Je  ne  vous  ai  parlé  que  des  œuvres  en  prose  produites  par 
notre  littérature  de  1860  ?  Je  ne  puis  finir  sans  vous  dire  que  les 
poètes  ne  furent  pourtant  pas  chassés  de  la  république  nouvelle. 
Sans  doute,  le  malheureux  Crémazie  dût  s'exiler  en  1862,  et  laisser 
vide  une  place  large  qui  ne  sera  pas  de  sitôt  remplie.  L'année 
même  qu'il  quitta  Québec,  les  Soirées  publièrent  les  fragments  de 
son  poème  inachevé  :  Promenade  de  trois  morts.  Mais  d'autres 
muses,  bien  jeunes,  avaient  commencé  à  voltiger  autour  du  poète 
de  Carillon,  et  promettaient  d'apporter  aux  recueils  austères  quel- 
ques fleurs  de  poésie. 

Louis-Honoré  Fréchette,  alors  étudiant,  ne  se  faisait  pas  scru- 
pule de  rimer  en  marge  de  ses  auteurs  de  droit.  Il  admirait  Cré- 
mazie ;  il  enviait  déjà  sa  gloire.  Le  premier  numéro  des  Soirées 
canadiennes  commence  par  des  strophes  de  Fréchette  sur  la  Poésie, 
et  qui  sont  dédiées  à  Crémazie.  L'envoi  de  ce  poème  marque  bien 
la  filiation  poétique  de  Fréchette  :  «  Mes  chants  naquirent  de  tes 
chants.))  Le  nouveau  barde  place  sa  jeune  renommée  sous  l'aile  du 
poète  tant  admiré. 

«  O  poète,  j'aimais,  aux  jours  de  mon  enfance. 
Enfant  aux  blonds  cheveux,  au  cœur  plein  d'espérance, 
A  lire  tes  récits  ou  navrants  ou  joyeux  ; 
Quand  ton  génie  épris  de  notre  jeune  histoire. 
Par  ses  mêles  accents,  d'un  frais  bandeau  de  gloire 
Ceignait  le  front  de  nos  aïeux  ! 


Et  je  voulus  aussi,  cédant  à  mon  délire. 
Animer  sous  mes  doigts  les  cordes  d'une  lyre. 
Et,  quoique  faible  encore,  ma  muse  de  vingt  ans 


NOTRE    PATRIOTiaMB   LITTERAIRE    EN    1860  109 

Peut  te  dire  aujourd'hui  de  sa  voix  enfantioe. 
Comme  autrefois  Rebuul  au  divin  Lamartine  : 
Mes  chants  naquirent  de  tes  chants  !  » 

C'est  donc  à  Crémazie,  à  ses  poèmes  patriotiques,  et  c'est  donc 
aussi  à  la  date  fiévreuse  de  1860  qu'il  faut  faire  remonter  la  vocation 
et  les  premières  œuvres  de  Fréchette.  Dès  l'année  1863,  le  jeune 
étudiant  publiait  son  premier  recueil,  Mes  Loisirs. 

Un  autre  jeune  homme,  rêveur,  mélancolique,  faisait  son  droit 
avec  Fréchette  dans  l'étude  de  MM.  Lemieux  et  Rémillard  ;  et 
comme  Fréchette,  il  préférait  au  code  les  couplets  qu'il  se  plaisait 
à  rimer.  C'était  M.  Pamphile  LeMay,  le  très  sympathique  et 
glorieux  survivant  de  la  phalange  de  1860.  Fréchette  avait  ouvert 
par  un  éloge  de  la  poésie,  le  premier  volume  des  Soirées  ;  LeMay 
ouvrit  le  second  par  le  Chant  du  Matin.  En  1865,  M.  LeMay 
publiera  lui  aussi  son  premier  recueil  :  Essais  poétiques. 

Après  Fréchette  et  LeMay,  d'autres  jeunes  poètes  viendront 
chanter  aux  Soirées  ou  au  Foyer.  C'est  Fiset,  Alfred  Garneau, 
Auger,  Mayrand  ;  puis,  en  1865  et  1866,  MM.  Benjamin  Suite  et 
Adolphe  Routhier.  Des  anciens  se  joignaient  quelquefois  impru- 
demment à  la  jeune  phalange  :  P.-J.-O.  Chauveau  et  Joseph- 
Charles  Taché  plus  d'une  fois  mirent  de  la  prose  en  vers. 

Parmi  tous  ces  noms  de  jeunes  —  Fréchette  et  LeMay  mis  à 
part  —  celui  de  Alfred  Garneau  promettait  la  meilleure  fortune 
poétique.  Il  écrivit  dès  cette  époque  quelques-unes  de  ces  strophes 
fines,  ciselées,  où  se  logeait  avec  grâce  une  âme  très  délicate  et  très 
discrète. 

Certes,  je  ne  songe  pas  à  dire  que  notre  poésie  fut  florissante 
en  1860.  La  prose  y  brilla  plus  que  les  vers.  Mais  il  y  avait  alors 
dans  l'air  de  tels  enthousiasmes  que  les  muses  y  vinrent  boire  des 
souffles  nouveaux  ;  elles  s'y  enivrèrent  joyeusement  ;  leurs  ailes 
trop  courtes  ne  purent  pas  toujours  les  reporter  vers  les  sommets, 
ni  même  les  empêcher  de  tomber  souvent  sur  le  sol,  ou  quelques-unes 
d'elles  finirent  par  s'attacher.  Ces  vols  timides  et  lourds  ont  parfois 
leur  grâce.  En  certains  climats  il  faut  savoir  gré  aux  oiseaux  qui 
rasent  les  sillons  de  consoler  l'homme  de  ne  voir  pas  monter  vers  le 
soleil,  ou  s'enlever  au  ciel,  les  aigles  qui  planent. 


Mesdames,  Messieurs,  j'ai  fini  ma  tâche  trop  longue,  et  je 
conclus. 

En  1860,  il  y  eut  chez  nous  un  effort  vigoureux  de  l'esprit,  une 
ambition  certaine  de  faire  des  œuvres  littéraires.  Et  cet  effort  fut 
patriotique  ;  et  cette  ambition  fut  utile,  honorable  à  notre  race. 


110  LE    PARLER    FRANÇAIS 

Je  n'ai  pas  voulu  vous  dire,  ni  vous  démontrer  autre  chose. 
Cela  suffit  peut-être  pour  mettre  en  vous  quelque  fierté.  Tout 
sursaut,  tout  élan  de  l'âme  nationale  doit  nous  être  un  motif  d'or- 
gueil :  ils  ont  été  si  laborieux,  si  embarrassés  d'obstacles,  les  mou- 
vements ascensionnels  de  notre  vie  canadienne  ! 

Soyons  reconnaissants  à  ceux  qui  ont  passé  avant  nous  sur 
les  routes  où  nous  marchons  à  notre  tour  :  routes  de  la  pensée  ou 
de  l'art,  aussi  bien  que  de  la  fortune.  Les  pionniers  sont  toujours 
dignes  de  gratitude. 

Et  si  c'est  par  cette  pensée  que  je  termine  cette  conférence, 
j'aurai  continué,  même  ce  soir,  d'être  prédicateur.  On  m'avait 
demandé  d'apparaître  au  Monument  National,  non  plus  comme 
conférencier  de  Notre-Dame,  dont  le  rôle  est  fini,  mais  comme  pro- 
fesseur de  littérature  que  je  serai  peut-être  toujours.  Mais,  depuis 
vingt  ans  que  je  suis  professeur,  je  n'ai  jamais,  avec  mes  jeunes  étu- 
diants, voulu  cesser  d'être  prédicateur.  Le  rôle  du  professeur 
n'est-il  pas  d'enseigner,  non  seulement  pour  instruire,  mais  pour 
porter  les  jeunes  âmes  vers  un  idéal,  vers  le  devoir,  vers  tous  les 
sentiments  nobles  qui  méritent  l'hommage  de  leur  vie.  Or,  le 
respect  du  passé  et  la  confiance  en  l'avenir,  respect  et  confiance  non 
pas  limités  à  nos  lettres  canadiennes,  mais  étendue  jusqu'à  toutes 
les  manifestations  de  notre  vie  nationale,  voilà  les  vertus  qu'il  faut 
toujours  prêcher  à  la  jeunesse,  que  le  professeur  doit  semer  dans 
toutes  les  consciences  et  que  je  souhaite  voir  grandir  en  toutes  vos 
âmes. 

Je  ne  puis  par  un  vœu  plus  sincère,  ni  plus  fraternel,  dire  adieu 
à  mes  chers  auditeurs  de  Montréal. 

Camille  Roy,  ptre. 


I 


Poème»  de  la  guerr» 

LE  VŒU 


Les  ans  lui  donnaient  droit  au  repos,  loin  du  front. 

Mais,  brûlant  de  pitié  pour  son  pays  mystique. 

Il  sentit  dans  sa  chair  un  besoin  frénétique 

De  s'offrir  d'un  grand  vœu  d'amour,  que  rien  ne  rompt. 

Rien,  sinon  le  trépas.  .  .  Oh!  pouvoir  d'un  cœur  prompt. 
Constant,  comme  un  martyr  qui  meurt  dans  un  cantique. 
Souffrir,  mourir  cent  fois  fibre  à  fibre  ■ — ■  extatique. 
En  songeant  aux  aïeux  comme  à  ceux  qui  naîtront  1 

Souffrir  !  voilà  son  vœu  comblé .  .  .  La  cicatrice 
Joint  d'un  horrible  trait  en  son  cruel  caprice 
A  l'œil  qui  toujours  pleure  une  lèvre  qui  rit. 

Qui  pourrait  voir  ce  saint  sans  aimer  et  sans  croire  ? 
Sur  la  face  des  preux,  pour  reflet  de  l'esprit, 
La  Patrie  a  gravé  ses  douleurs  et  sa  gloire. 

Gustave  Zidler 
Versailles,  1915. 


i: 


LA  SOCIÉTÉ  DU  PARLER  FRANÇAIS  AU  CANADA 


Bureau   pour  l'année   1915-1916 

Lundi,  le  4  octobre  dernier,  avait  lieu  la  reprise  des  travaux  i 

de  la  Société  du  Parler  français  au  Canada,  année  académique  1915- 
1916,  et  la  première  réunion  de  l'assemblée  générale  pour  cet  exer- 
cice. 

Selon  la  coutume  établie,   on   procéda  au   dépouillement   du  ! 

scrutin  afin  de  pourvoir  à  l'élection  de  successeurs  aux  deux  direc-  \ 

teurs  sortant  de  charge,   et  les  deux  nouveaux  élus  désignés  par  I 

les^suffrages  de  leurs  collègues  furent  M.  le  chanoine  Charles  Beau- 
lieu  et  M.  l'abbé  Cyrille  Gagnon. 

Immédiatement  après  l'assemblée  générale,  le  Bureau  procéda 
auj]choix  de  ses  officiers,  et  il  se  trouve  constitué  comme  suit, 
pour  l'année  qui  commence  : 

Président   d'honneur,    «  ex   oficio  »  ;     Mgr    François    Pelletier, 

recteur  de  l'Université  Laval. 
Président  :    M.  le  docteur  P.-C.  Dagneau,  M.  D. 
Vice-président  :   M.  l'abbé  Antonio  Huot. 
Secrétaire  général  :    M.  Adjutor  Rivard. 
Archiviste  et  trésorier  :    M.  l'abbé  Camille  Roy. 
Directeurs  :  S.  G.  Mgr  Paul-Eugène  Roy. 
Mgr  C.-O.  Gagnon. 
L'hon.  M.  P.  Boucher  de  la  Bruère. 
M.  Omer  Héroux. 
M.  le  Dr  Arthur  Vallée,  M.  D. 
M.  le  chanoine  Charles  Beaulieu. 
M.  l'abbé  Cyrille  Gagnon. 


112 


DEUX  LANGUES  SŒURS 


Votre  récent  article  au  Parler  français  '",  concernant  l'enseigne- 
ment et  l'usage  d'une  langue  secondaire,  se  termine  par  un  loyal 
appel  aux  suggestions  de  bonne  volonté. 

Vous  m'excuserez  bien,  si  je  saisis  au  vol  la  proposition.  Par- 
donnez-moi de  vous  soumettre  une  simple  esquisse,  qui  appellerait 
les  développements  d'une  thèse  étendue. 

Il  est  un  fait  avéré  :  c'est  que,  en  général,  les  Anglais  —  qui 
sortent  d'ordinaire  des  High  Schools  —  font  preuve  d'une  incon- 
cevable ignorance  totale  en  ce  qui  regarde  l'étymologie  et  la  philo- 
logie de  leur  belle  langue.  L'on  se  heurte,  tous  les  jours,  à  Ottawa, 
avec  une  stupeur  croissante,  à  l'incurie  linguistique  de  tant  d'es- 
prits curieux  de  savoir,  cultivés  même  à  un  degré  au  dessus  de  la 
moyenne  instruction. 

Pour  tout  élève,  mis  au  courant  de  l'origine  des  langues  romanes 
dans  les  cours  universitaires  de  Paris  ou  d'ailleurs,  l'idiome  britan- 
nique offre  des  charmes  et  des  surprises,  aussi  délicates  que  précieuses. 

Une  fois  admise  l'étude  de  la  lexicologie,  de  la  grammaire  com- 
parée de  l'anglais  et  du  français,  du  vocabulaire,  des  idiotismes 
même,  la  connaissance  et  l'usage  des  deux  idiomes  seraient  simplifiées 
d'une  merveilleuse  façon.  Faute  de  recourir  à  ces  procédés  de  for- 
mation et  d'acquisition,  la  presque  totalité  des  esprits  cultivés  reste 
ensevelie  dans  l'indifférence,  et  dans  l'ignorance  de  ces  trésors. 

Dès  qu'il  a  été  établi  que,  en  1066  et  dans  la  suite,  la  langue 
romane  des  Normands  vainqueurs  n'est  autre  que  la  française 
encore  enveloppée  des  langes  du  berceau,  il  est  naturel  et  facile  de 
montrer  quelle  part  elle  s'est  assurée  dans  la  langue  des  vaincus. 
«  Dieu  et  mon  droit  »  en  est,  dans  les  armes  britanniques,  une 
perpétuelle  et  solennelle  attestation. 


"'  Les  observations  qu'on  va  lire  ont  été  communiquées  à  l'auteur  del'article: 
<  Entente  cordiale  linguistique»,   paru  dans  notre  livraison   de  septembre  dernier. 


113 


114  LA    PARLEK    FRANÇAIS 


M.  Victor  Henry  a  publié,  en  1893,  un  «  Précis  de  grammaire 
comparée  de  l'anglais  et  de  l'allemand  ».  Il  offrait  ainsi  un  sacri- 
fice d'agréable  odeur  aux  divinités  de  l'époque.  J'ignore  si,  depuis 
cette  heure  déjà  lointaine,  il  a  songé  à  immoler  une  autre  victime 
sur  l'autel  de  sa  patrie  par  un  «  Précis  de  Grammaire  comparée  de 
l'anglais  et  du  français  ».  Sa  piété  nationale  eût  soulevé  bien  des 
applaudissements. 

Une  autre  main  que  la  sienne,  si  sûre  et  si  habile  à  la  fois,  aura 
sans  doute,  à  mon  insu,  comblé  cette  lacune. 

Quoi  qu'il  en  soit,  un  examen  attentif  du  lexique  ou  du  voca- 
bulaire permettra  d'éclairer  le  terrain  si  riche  et  si  fécond,  dans  le 
dessein  même  qui  a  préoccupé  des  savants  de  la  valeur  de  Richet, 
de  Bréal,  de  Chappellier,  de  Dauzat.  .  . 

J'ai  personnellement  suivi  les  cours  de  Michel  Bréal,  à  la  Sor- 
bonne,  en  1892,  ainsi  que  les  conférences,  bien  inférieures,  de  M. 
Beljame. 

Les  Leçons  de  mots  latins  de  l'Israélite  Bréal  sont  une  indica- 
tion et  un  heureux  jalonnement  du  terrain.  Bossert  et  Beljame,  R. 
Meadmore  s'en  sont  inspirés  dans  leurs  publications  identiques  chez 
Hachette.  Ces  travaux  ne  concernent  que  l'étude  de  l'anglais 
dans  les  classes  de  France.  Des  travaux  analogues  ne  seraient 
qu'un  jeu,  si  l'on  voulait  les  adapter  aux  classes  d'Angleterre  et  des 
États-Unis. 

Un  vocabulaire  comparé  rendrait  les  plus  fructueux  services. 

En  veut-on  des  exemples  ?  Les  voici,  esquissés  au  hasard  de  la 
mémoire. 

1°  Les    substantifs 

a)  Il  y  a,  en  anglais,  217  noms  terminés  en  ence,  sur  lesquels 
123  sont  semblables  d'orthographe,  comme  :  «  adolescence,  conva- 
lescence, réminiscence,  résidence,  prudence,  indigence.  .  .  »  Les 
autres,  pour  la  plupart,  diffèrent  peu  du  français,  ou  sont  faciles 
à  comprendre,  comme  :  «  independence,  correspondence,  disobe- 
dience,    ofïence,    condolence.  .  .  » 

b)  Il  existe  137  noms  terminés  en  ator,  dont  101  finissent  en 
français  en  ateur  :    «  spectator,  conspirator,  creator.  .  .  » 

c)  En  anglais,  88  substantifs  terminés  en  ic,  dont  47  finissent 
en  ique  :  «  logic,  republic,  tunic,  tropic,  fanatic.  .  .  »  font  com- 
prendre les  autres. 

d)  Les  noms  en  on,  fort  nombreux,  sont  identiques,  pour  le  sens 
et  l'orthographe,  comme  :    «  passion,  nation,  communion ...» 


DEUX    LANGUES   SŒURS 


115 


e)  Sur  656  substantifs  terminés  en  ity,  les  trois  quarts  finissent 
en  ité  :    «  captivity,  gravity,  adversity,  curiosity,  vanity.  .  .  » 

N.-B.  —  Ces  similitudes  indiquent  clairement  combien  l'étude 
du  français  devrait  paraître  aux  Anglais  d'un  attrait  et  d'une  aisance, 
supérieurs  à  l'étude  du  saxon-allemand.  Et  ce  n'est  là  qu'une 
ébauche,  en  ce  qui  concerne  les  substantifs. 

2°  Les  adjectifs 

a)  La  forme  en  te  s'adapte  à  332  adjectifs  en  ique  :  «  scientific, 
magnetic,  comic,  metallic.  .  .  » 

b)  La  terminaison  en  el  —  cruel  excepté  —  devient  al  :  «  mortal, 
vital,  criminal.  .  .  » 

c)  La  terminaison  en  ant  est  identique  pour  166  adjectifs  et  même 
les  noms  ;  «  instant,  protestant,  lieutenant,  élégant,  vigilant,  extra- 
vagant, vacant  »  ;  et  d'autres  diffèrent  peu  :  «  significant,  pleasant, 
abundant ...» 

d)  La  finale  or  traduit  eur  en  français  :  «  superior,  inferior ...  »  ; 
de  même  pour  les  substantifs  :   «  emperor,  error,  ptedecessor ...» 

Et  ainsi  de  beaucoup  d'autres  terminaisons. 

3°  Les  verbes  et  adverbes 

Il  serait  surprenant  de  constater,  ici  encore,  les  ressemblances 
et  les  rapprochements. 

Citons  au  hasard  :  «  To  identify,  to  consider,  to  cover,  to 
receive.  .  .  magnificently,  provokingly,  grammatically,  differ- 
ently ...» 


D'autre  part,  il  suffirait  de  mettre  en  relief,  par  un  seul  exemple, 
l'équivalence  d'une  seule  consonne,  pour  saisir  sur  le  vif  l'intérêt 
de  la  philologie  romane,  appliquée  scientifiquement  aux  deux 
idiomes. 

Rappelons  que  :;•  anglais  correspond  au  g  français  dans  la  vie 
des  mots,  et  l'on  a  le  tableau  suivant  : 

G— âges        4     fWales  7     fW  — illiam 

W  —  âges  [Galles  \Gu  —  illaume 


W 
G 


-  ar 
uerre 


Warren 
Garenne 


8     fWalter 
\  Gautier 


3     fWarrior 
\Guerrier 


6     fWard  (Royal) 
\Garde  (Royale) 


116  LE    PARLER   FRANÇAIS 

Le  numéro  8  s'explique  mieux,  en  raison  de  l'équivalence  de 
17  et  de  Vu  :  Ex.  :  salt-(um)  saut  ;  alt-um  :  h-aut.  Ainsi  dans 
Walter  on  a  Gaut{i)eT,  d'une  façon  certaine. 

De  plus,  l'orthographe  anglaise  a  défiguré  des  mots.     Exemple  : 

Torrere  (brûler),  partie,  passé  tostum,  qui  donne  l'orthographe 
de  Littré  :  toste  ou  pain  grillé  (panem  tostum),  que  l'anglais  a 
orthographié  toast,  et  non  tost,  comme  il  conviendrait. 

C'est  ainsi  que  «  Ronsard  vint  et  brouilla  tout  »,  en  remettant 
VI  dans  saut,  somZ<- (Sainte- Marie). 

•  % 

Il  n'est  pas  douteux,  du  moins  à  mon  sentiment,  que  les  Anglais 
instruits,  munis  des  instruments  d'acquisition  convenables,  ne  se 
refuseraient  guère  à  étudier  la  langue  française,  qui  a  tant  de  liens 
de  parenté  avec  la  leur. 

De  la  sorte,  «  l'Entente  cordiale  linguistique  »  ne  paraît  plus 
former  un  rêve  irréalisable.  C'est  tout  le  contraire.  Il  y  aurait 
une  agréable  surprise  pour  un  grand  nombre,  même  de  professeurs 
anglais,  à  constater  qu'ils  usent  des  mêmes  termes  que  les 
Français  ;  que,  avec  un  peu  d'efforts  soutenus,  ils  arriveraient  à 
comprendre  nos  auteurs  et  à  parler  notre  idiome,  à  leur  façon  sans 
doute  ;  et  le  problème  de  la  langue  auxiliaire  aurait  ainsi  rencontré 
une  satisfaisante  solution. 

En  résumé,  les  persécuteurs  de  notre  langage  canadien-français 
auraient  grande  honte,  si  on  leur  fournissait  la  preuve  évidente 
qu'ils  persécutent  simultanément  la  moitié,  de  leur  propre  idiome 
britannique.  Une  commune  origine  des  mots  ne  justifie-t-elle 
pas  amplement  un  langage  commun  dans  une  même  communauté 
sociale  ? .  .  . 

L.  Le  Jeune,  O.  M.  I. 


r 


I 


LA  MAISON 


Comme  il  fait  bon  rentrer  s'asseoir  dans  la  maison, 
La  maison  d'habitants,  sise  au  bord  de  la  route  l 
Comme  on  se  trouve  bien,  sous  ce  toit  qui  se  voûte. 
Et  comme  tout  ce  monde  a  le  cœur  simple  et  bon  1 

Sitôt  que  nous  avons  passé  la  devanture. 
En  longeant  le  journil,  dont  le  vaste  grenier 
Attend  les  blés  clairauds,  se  hâtant  d'épier. 
Et  les  avoines,  qui  sont  à  pleine  clôture. 

Nous  nous  sentons  chez  nous,  et  chacun  nous  reçoit 
Comme  s'il  nous  avait  attendu  des  années. 
Et  nous  voyons,  dès  que  nos  mains  se  sont  touchées. 
Que  l'âme  de  la  race  habite  sous  ce  toit.  .  . 

0  paix,  ô  bonne  paix  des  demeures  rustiques! 
Comme  tu  sais  verser  la  bonté  dans  le  cœur! 
Comme  tu  sais  calmer  la  haine  et  la  rancœur, 
0  foyer  des  vertus  et  des  gloires  antiques  ! .  .  . 

«  Vous  devez  être  las,  disent  ces  braves  gens. 

«  Entrez  donc  vous  asseoir  dans  la  chaise  berçante  ! 

«  Mangez  !  La  huche  est  pleine,  et  l'orge  est  jaunissante, 

«  Car,  pour  nos  champs,  les  deux  se  montrent  indulgents. 

«  Si  vous  êtes  transis,  la  lame  de  nos  haches 
«  A  fait  tomber,  nombreux,  les  bouleaux  durs  et  ronds. 
«  Chauffez-vous  et  prenez,  dans  ces  vaisseaux  profonds, 
«  Le  lait  que  nous  venons  de  tirer  de  nos  vaches ...» 

Là,  tout  chante  et  sourit,  tout  le  monde  est  amain. 
Pour  nous  servir  chacun  s'empresse  et  se  transporte. 
Et  si  nous  nous  levons,  en  regagnant  la  porte. 
Ils  s'écrient  tous  ensemble  :  «  Espérez  à  demain  ! 

«  La  brunante  est  venue,  et  la  nuit  sera  noire, 
«  Espérez  à  demain  :  vos  effets  sont  rangés  ; 
«  Pour  vous  coucher,  voici  le  lit  des  étrangers, 
«  Et,  si  vous  avez  soif,  voici  la  tasse  à  boire.  . . 

Blanche  Lamontaonb. 
Extraits  d'un  volume  en  préparation. 

]17 


LES  LIVRES 


Mgr  J.  Tissier,  évoque  de  Châlons.  La  femme  au  foyer.  Paris  (Pierre 
Téqui),  1915,  320  pages. 

L'ouvrage  de  Mgr  Tissier,  la  Femme  au  foyer,  «  n'est  pas  un 
manuel  de  piété  »,  mais  «  un  code  pratique  de  morale  domestique  », 
nous  dit  l'auteur  lui-même,  dans  son  Avant-Propos. 

Ces  pages  solides  et  sobres  de  Mgr  l'évêque  de  Châlons  cons- 
tituent, en  effet,  un  enseignement  très  élevé  sur  les  devoirs  de  la 
femme  chrétienne.  L'auteur  commence  par  dénoncer  les  appels 
au  plaisir  et  à  l'indépendance  que  l'impiété  contemporaine  fait 
retentir  aux  oreilles  de  la  femme.  Puis,  après  avoir  placé,  bien  en 
face  de  ces  tentations,  la  grande  idée  du  devoir,  il  dessine,  à  grands 
traits,  «  les  responsabilités  féminines  ».  L'auteur  critique,  ensuite, 
certaines  «  attitudes  »,  l'indifférence,  la  faiblesse,  la  crainte  ou  le 
respect  humain,  le  calcul.  Il  dit  ce  que  doit  faire  la  femme  devant 
la  douleur,  ce  que  doit  être  sa  force,  quelle  bonté  exige  son  rôle  de 
mère  de  famille,  et  comment  toute  sa  vie  doit  s'appuyer  sur  la  reli- 
gion. Ici,  Mgr  Tissier  déplore  la  faiblesse  de  la  foi  chez  certaines 
chrétiennes  d'aujourd'hui  ;  il  dénonce  l'alliance  de  la  religion, 
devenue,  chez  elles,  une  «  affaire  de  bon  ton,  de  convenances,  nous 
pourrions  dire  d'intérêt  »,  avec  les  plaisirs  mondains,  les  jugements 
libres  portés  sur  les  choses  les  plus  saintes,  avec  les  accrocs  donnés 
parfois  au  droit  même  de  la  conscience. 

Dans  la  dernière  partie  de  son  ouvrage,  Mgr  Tissier  parle  «  des 
péchés  actuels  de  la  famille  »  :  l'areligion,  l'égoïsme,  le  bien-être, 
l'indiscipline,  le  scandale,  etc.  ;  il  en  fait  voir  la  laideur,  le  danger, 
la  force  dissolvante. 

Dans  ce  temps  de  souffrances  et  d'épreuves,  si  propice  aux 
sérieuses  méditations  et  aux  salutaires  examens  de  conscience,  le 
livre  de  Mgr  Tissier  est  au  premier  rang  des  ouvrages  qui  doivent 
attirer  l'attention  des  mères  chrétiennes. 


118 


LES    LIVRES  119 

Abbé  a.  Luoan,  missionnaire.  Mf.dilation»  sur  la  guerre.  Paris  (Bluud  et 
Gay),  1915,  133  pages. 

Dans  ce  petit  volume  de  cent  et  quelques  pages,  M.  l'abbé 
Lugan  a  réuni  diverses  conférences  qu'il  a  données  dans  plusieurs 
églises  de  Paris,  et  au  cours  desquelles  il  s'est  ajjpliqué  à  «  dégager, 
au  point  de  vue  chrétien,  les  principales  leçons  morales  que  nous 
donne  la  guerre  déchaînée  sur  l'Europe  ».  On  aimera  particulière- 
ment à  lire  les  chapitres  sur  «  la  vraie  culture  humaine  »,  «  la  souf- 
france éducatrice  »  et  «  la  France  de  1914  ». 


.\.  Gratry.  De  la  connaissance  de  l'âme.  Paris  (Téqui),  1915,  2  vols.  Sep- 
tième édition. 

La  maison  Téqui  a  jugé  avec  raison  que  les  temps  actuels  sont 
propices  aux  lectures  sérieuses  ;  et  elle  vient  de  publier  la  septième 
édition  de  l'ouvrage  du  P.  Gratry,  De  la  connaissance  de  VAme, 
lequel,  avec  les  Sources,  la  Connaissance  de  Dieu  et  la  Logique,  a 
contribué  à  rendre  célèbre  le  nom  de  l'auteur.  On  sait  le  but  que 
se  proposait  le  P.  Gratry  en  écrivant  cette  trilogie  de  la  Connais- 
sance de  Dieu,  de  la  Logique  et  de  la  Connaissance  de  l'âme  :  il 
voulait  établir  qu'il  existe  une  vie  surnaturelle,  «  sans  laquelle 
tout  souffre,  le  cœur  et  la  raison,  et  même  nos  sens  et  notre  corps  ». 
L'homme,  tel  qu'il  est  dans  son  ensemble,  dit  le  P.  Gratry  ne  s'ex- 
plique et  ne  se  suffit  que  par  cette  vie,  «  qui  est  surnaturelle  et  qui 
vient  du  Verbe  incarné  ». 

Nous  n'apprendrons  pas  à  nos  lecteurs  qu'il  y  a,  en  grand 
nombre,  dans  la  Connaissance  de  l'âme  du  P.  Gratry,  des  pages 
superbes,  des  envolées  d'une  haute  éloquence.  Nos  lecteurs  n'igno- 
rent pas,  non  plus,  que  toutes  les  idées  du  P.  Gratry  ne  sont  pas 
d'égale  valeur,  et  que  l'auteur,  âme  loyale  et  noble,  l'a  reconnu 
lui-même  dans  la  préface  de  son  livre.  Tous  aimeront  à  retrouver, 
dans  cet  ouvrage,  des  pages  comme  celle-ci  :  «  Oh  !  mon  Dieu, 
disait  le  prophète,  mon  Dieu,  pressez  le  temps,  hâtez  la  fin.  Mon 
Dieu,  faites  que  nous  marchions  tous  vers  le  but  moins  lentement 
et  plus  nombreux  ;  faites  que  l'on  sache,  ô  Dieu,  que  la  vie  pré- 
sente est  donnée  pour  apprendre  à  sortir  de  l'enfance,  et  de  son 
esclavage,  afin  d'entrer  partiellement  du  moins,  et  dès  cette  vie, 
dans  l'éternelle  virilité.  .  .  Faites,  ô  mon  Dieu,  que  chaque  homme, 
aujourd'hui,  et  que  la  société  présente,  se  reconstruise  plus  coura- 
geusement et  plus  rapidement  à  votre  image,  par  la  conquête  de 
tous  les  cœurs  par  tous  les  cœurs.» 


120  LE    PARLER    FRANÇAIS 

L.  Gabriguet,  ancien  supérieur  de  Grand  Séminaire.  Nos  chers  morts. 
Essai  sur  le  Purgatoire.     Paris  (Bloud  et  Gay),  1915,  330  pages. 

M.  l'abbé  Garriguet  a  écrit  son  livre  pendant  que,  sur  les 
champs  de  bataille  de  l'Europe,  des  milliers  et  des  milliers  d'hommes 
versent  leur  sang  et  sont  appelés  à  paraître  devant  Dieu  pour  y 
subir  le  jugement  terrible,  qui  décide  de  l'éternité  bienheureuse  ou 
malheureuse.  Dieu,  dit-il,  a  certainement  ouvert  les  portes  du 
paradis  à  un  grand  nombre  de  ces  soldats  «  qui  ont  fait  à  leur  pays 
le  sacrifice  de  leur  vie  »  ;  mais  combien  d'entre  eux  attendent, 
aujourd'hui,  au  purgatoire,  l'heure  de  la  délivrance.  C'est  donc 
par  charité  pour  «  nos  chers  morts  »  que  l'auteur  a  voulu  rappeler 
aux  vivants  le  dogme  de  l'existence  du  purgatoire,  l'immuable 
enseignement  de  l'Église,  la  nécessité  de  la  prière  pour  les  morts 
et  les  motifs  que  nous  avons  de  leur  venir  en  aide. 

Un  chapitre  spécial  est  consacré  à  «  Marie  et  les  âmes  du  pur- 
gatoire »,  où  l'auteur  expose  que  la  Sainte  Vierge  porte  un  intérêt 
maternel'  à  ces  âmes,  qu'elle  les  console  et  les  soulage  en  priant 
pour  elles,  en  inspirant  à  ses  serviteurs  de  s'intéresser  à  elles,  etc. 

A.  H. 


VOCABULAIRE  ANGLAIS-FRANÇAIS 


DE    LA    PHOTOGRAPHIE 


Acid  fixing  powder Poudre  fixage-acide. 

Actinie  rays Rayons  actiniques,  chimiques  ou 

photogéniques. 

Air  bell Bulle  d'air. 

Album Album. 

Embossed  cover Couverture  agrémentée  en  re- 
lief. 
Flexible,  leather  embossed  cloth 

cover Couverture  souple,  cuir  et  toile 

agrémenté  en  relief. 

Grain  leather Cuir  grenu. 

Loose  leaf  album Album  feuilles  mobiles. 

Loose  leaf  system,  silk  lacing. . .         Système  feuilles  mobiles,  lacet 

soie. 
Substantial  card  covering,   soft 

black  leaves Couverture    solide    cartonnée, 

feuilles  noires  souples. 

Aluminum Aluminium. 

At-home  photography Photographie  à  la  maison,  chez 

soi. 
Autographic  film  cartridge Bobine,  cartouche  pellicules  au- 
tographiques. 

Autographic  photography Photographie  autographique. 

Background Fond    photographique,    fond    de 

décor. 

Bath Bain. 

Beveler Biseau. 

Book  of  instructions,  instruction 

book Brochure,  livre,  manuel,  traité  de 

directions,  de  photographie. 

Book  of  stamps Livret  de  timbres. 

Bring  to  focus  (  To) Mettre  au  point,  au  foyer. 


121 


122  LE    PARLER    FRANÇAIS 

Brush Blaireau,  pinceau. 

Bulb  action Opération,  dégagement  à  la  poire. 

Bulh  exposure Demi-pose. 

Burnisher Plaque  à  glacer. 

Bust  pictures  ou  portraits Photographie  en  buste. 

Caméra Appareil,   chambre  photographi- 
que. 
Les  sortes  sont  : 

Autographic  caméra Appareil,  chambre  autographi- 
que. 

Autographic  back Dos  autographique. 

Slot  (pour  écrire) Fente,  ouverture. 

Box  caméra Appareil  automatique. 

Box-form  caméra Idem. 

Box-form  hand  caméra Appareil  automatique  à  main. 

Bulb  caméra Appareil,  chambre  à  poire. 

Enlarging  caméra Amplificateur. 

Collapsible  enlarging  caméra .  Amplificateur  pliant. 

Enlarging  cône Cône-amplificateur. 

Light-tight  cône Cône  imperméable  à  la  lu- 

mière. 
Film  pack  caméra Appareil,    chambre    bloc-pelli- 
cules. 

Filmplate  caméra Appareil  plaques-pellicules. 

Fixed  focus  caméra Appareil  automatique. 

Folding  caméra Appareil   pliant,   chambre  pli- 

ante. 

Folding  pocket  caméra Appareil  pliant  de  poche. 

Graflex  caméra Appareil  à  vision  simultanée. 

Press  graflex Appareil  à  vision  simultanée, 

journalistes. 

Focusing  hood Capuchon-voile  mise  au  point. 

Cap  (of  focusing  hood) . . .  Bonnette. 

Release  catch .  Crampon,  crochet  de  relâche. 

Mirror  frame Châssis-miroir. 

Swinging  mirror  frame Châssis-miroir  à  bascule. 

Air  cushion Coussin  à  air. 

Mirror  pointer Index,  aiguille  indicatrice. 

.  Thumb  lever Poucier. 

Graphie  caméra Appareil  graphique. 

Handbag  caméra Appareil,  chambre  à  sacoche. 

Hand  caméra Appareil,  chambre  à  main. 

Hip-pocket  caméra Appareil  poche-hanche. 


VOCABULAIRE  FRANÇAIS- ANGLAIS    DE    PHOTOGRAPHIE  123 

Magazine  plate  caméra Appareil  magasin-plaques. 

Multiple  caméra Appareil,  chambre  multiple. 

Non-reversing  type Modèle,  type  non-réversible. 

Panorama  caméra Appareil  panoramique. 

Platform  caméra Appareil  plate-forme. 

Pressman  caméra Appareil,  chambre  journaliste. 

Reflecting  caméra V.  «  Graflex  caméra  ». 

Reflecting  mirror Miroir  réflecteur. 

Reflector Idem. 

Reflex  caméra V.  «  Graflex  caméra  ». 

Round-cornered  caméra Appareil  coins  ronds. 

Stereo  caméra Appareil, chambre  stéréoscopique. 

Tripod  caméra Appareil,  chambre  à  pied. 

Universal  focus  caméra V.  «  Fixed  focus  caméra  ». 

Vest  pocket  {V.-P.)  caméra. . . .  Appareil  gousset  de  gilet. 

Vest-pocket  autographic  caméra.  Appareil  autographique   gousset 

de  gilet. 

View  caméra Appareil,  chambre  vue. 

Waiscoat-pocket  caméra V.  «  Vest-pocket  caméra  ». 

Les  parties  sont  : 

Automatic    adjustable  focusing 

scale Échelle  mise  au  point  ajustable 

automatique. 
Automatic  focusing  lock Fermoir  mise  au  point  automati- 
que. 

Automatic  standard  clamp Crampon  automatique  du  corps 

d'avant. 

Autotime  scale Échelle  autotemps. 

Back Corps  d'arrière. 

Combination  back Cadre  porte-châssis  à  combi- 
naison. 
Combination  back   (Inter- 
changeable)    Cadre   porte-châssis   à  combi- 
naison échangeable. 

Extension  back Corps  de  rallongement. 

Revolving  back Cadre  porte-châssis  à  bascule. 

Roll  film  back Cadre  porte-pellicules. 

Spring  actuated  back Cadre  porte-châssis  à  ressort. 

Telescopic  revolving  back ....  Cadre  porte-châssis  bascule  à 

coulisse. 


124  LE    PARLER    FRANÇAIS 

Base,  base-board,  bed Base. 

Drop  bed Base  à  bascule. 

Swing  bed (Idem). 

Telescopic  framed  track Rail  encadré  à  coulisse. 

Bed  support Porte-base. 

Bellows Soufflets. 

Body Corps. 

Box Boîte. 

Bulb Poire. 

«  B  »  {bulb) Demi-pose. 

Carriage  (  Travelling) Chariot  à  coulisse. 

Cimeter  lever Levier  cimeterre. 

Depressed  cupped  métal  front .  .  Porte-objectif, coupe  métal  creuse. 

Diaphragm Diaphragme. 

IndicatoT , Indicateur. 

Iris  diaphragm Diaphragme  iris. 

Iris  diaphragm  stops Crans  d'arrêt   du   dipahragme 

iris. 

Extension  plate Rallonge,  allonge. 

Extension  track Rail  de  rallonge. 

Eye-shield Visière. 

Finder Viseur. 

Brilliant   réversible   collapsi- 

sible  finder Viseur  clair,  réversible,  pliant 

ou  redresseur. 

Détachable  finder Viseur  démontable. 

Direct  view  finder Viseur  direct. 

Hood,  screen  (of  finder) Capuchon. 

View-finder (Synonyme  de  «  finder  ».) 

Finger-hold  ou  thumb-hold Poucier. 

Flap  (of  ground  glass) Abat-jour 

Focusing  button Bouton  mise  au  point. 

Focusing  loch  {Automatic) Cran  d'arrêt  mise  au  point  auto- 
matique. 

Focusing  pinion Manette  mise  au  point. 

Focusing  scale Échelle  mise  au  point. 

Focusing  screen Verre  douci,  verre  dépoli. 

Détachable  focusing  screen . . .         Verre  dépoli  démontable. 

M  ait  side  {of  focusing  screen)         Côté  dépoli. 

Folding  platform Plate-forme  pliante. 

Footrest Repose-pied. 

Front Corps  d'avant,  porte-objectif. 

Swinging  front Corps  d'avant  à  bascule. 


VOCABULAIRE    FRANÇAIS- ANGLAIS    DE    PHOTOGRAPHIE 


125 


Travelling  front Corps  d'avant  à  coulisse. 

Ground-glass Verre  dépoli. 

«  /  »  :  instantaneous  exposure. .  Pose  instantanée. 

Lens Objectif,  lentille. 

Achromatic  lens Objectif  achromatique. 

Anastigmat  lens Objectif  anastigmate  ou    ana- 
stigmatique. 

Color  filter Objectif  coloré. 

Copying  lens Objectif  à  copier. 

Double     combinaiion     rapid 

rectilinear  lens Objectif  à  double  combinaison 

rectiligne  rapide. 

Double  lens Objectif  double. 

Light  filter V.  «  Color  filter  ». 

Meniscus  achromatic  lens. . . .  Objectif   ménisque  achromati- 

Meniscus  lens Objectif  ménisque.              [que. 

Photographie  portrait  lens . . .  Objectif  à  portrait. 

Portrait  attachment (Idem.) 

Rapid  rectilinear  (R.R.)  lens  Objectif  rapide  rectiligne. 

Ray  filter V.  «  Color  filter  ». 

Rectilinear  lens Objectif    rectiligne    ou    recti- 

linéaire. 

Safelight  screen Objectif,  écran  bonne  lumière. 

Simple  lens Objectif  simple. 

Sky  filter Compensateur. 

Telephoto  lens Télé-objectif. 

Tested  lens Objectif    ajusté,     corrigé, 

éprouvé,  vérifié. 

Zeiss  anastigmat  lens Objectif  anastigmate  Zeiss. 

Astigmatism Astigmatisme. 

Cap  {of  lens) Bouchon,  bonnette. 

Dial  (above  the  lens) Cadran,  indicateur. 

Lens  board,  lens  front,  lens  stan- 
dard    Porte-objectif. 

Level Niveau. 

Spirit  level Niveau  d'air,  à  bulle  d'air. 

Lever  (for  exposure) Levier  pose. 

Lever  focusing  device Levier  mise  au  point. 

Milled  head,  milled  knob Mannette  cannelée,  grenelée. 

Nut  (Binding) Écrou. 

Nut  {Operating) Bouton. 

Platform Plate-forme. 

Track Rail. 


126 


LE    PARLER    FRANÇAIS 


Rack  and  pinion Engrenage  à  crémaillière. 

Rising  and  sliding  front Planchette    d'objectif    à    double 

déplacement. 
Shutter Obturateur. 

Les  sortes  sont  : 

Automatic  shutter Obturateur  automatique. 

Automatic  and  setting  shutter. . .         Obturateur  automatique  à  vi- 
tesse facultative. 

Bail  bearing  shutter Obturateur  coussinets  à  billes. 

Between-lens  shutter Obturateur  entre-objectifs. 

Compound  shutter Obturateur  combiné,  composé. 

Double-pump  shutter Obturateur  pneumatique  dou- 

ble. 

Double  valve  automatic  shutter...         Obturateur    à    double    déclan- 

chement  automatique. 

Everset  shutter Obturateur  toujours  armé. 

Extraspeed  shutter Obturateur  extra-rapide,  gran- 

de vitesse. 

Focal  plane  shutter Obturateur  à  rideau. 

Curtain  [Shutter) Rideau. 

Rolled-blind Store. 

sut Fente. 

Panoram  shutter Obturateur  panoramique. 

Pocket  automatic  shutter Obturateur  automatique  de  po- 

che. 

Rotary  shutter Obturateur  rotatoire. 

Sector  shutter Obturateur  à  secteur. 

Setting  shutter Obturateur   à   vitesse  faculta- 

tive. 


Les  parties  sont  : 

Antinous  cord  attachment Déclancheur  métallique. 

Antinous  release (Idem). 

Aperture Ouverture. 

Automatic  safety  blind Voile  de  sûreté  automatique. 

Automatic  safety  curtain (Idem). 

Bulb Poire. 

Bulb  release Déclancheur-poire. 

Cable  release Déclancheur  métallique. 

Continuons  pressure  release. . .  .  Déclancheur  pression  continue. 


VOCABULAIRE    FRANÇAIS- ANGLAIS    DB    PHOTOGRAPUIE  127 


Disc Disque,  indicateur. 

Finger  release Déclancheur  au  doigt. 

Leaves,  shutter  leaves Feuilles. 

Lever Levier. 

Milled  knob Bouton  cannelé. 

Set  shutter  (  To) Armer  l'obturateur. 

Shutter  release Déclancheur. 

Sliding  bar Barre  mobile. 

Speed  indicalor,  table,  tablet..  Plaque,  indicateur  de  vitesse. 

Stop  doivn  lens  aperture Fixer  l'ouverture  de  l'obtu- 

teur. 

Wind  the  shutter  ( To).. Monter  l'obturateur. 

Winding  key Remontoir. 

Wire  plunger,   toire  plunger 

release Déclancheur  métallique. 

Side  arms  (  Telescopic) Bras  pliants  de  côté. 

Side  struts Bras  de  côté. 

Socket  {for  tripod) Pivot  (pour  le  pied). 

Spool  pins Fiches  pour  bobines. 

Spool  winder Dévidoir  de  bobines. 

Spring     actuaied    ground-glass 

panel  {Détachable) Châssis  verre  dépoli  à  ressort 

démontable. 

Spring  catch  {for  plate-holder) . .  Crampon  à  ressort. 

Standard Corps  d'avant,  porte-objectif. 

Stirrup  front Porte-objectif  étrier. 

Supplies  {Caméra) Fournitures,  accessoires. 

Telescopic  rack Crémaillière  à  coulisse. 

«  r  »,  time  exposure Pose. 

Tripod  plate Plaque-pied. 

Tripod  screw  plate Plaque-pivot. 

Tripod  socket V.  «  Socket  ». 

Watch-cover  lid  (to  protect  lens)  Bonnette  couvercle  de  montre. 

Cartridge  roll  holder Porte-bobines-pellicules. 

Case,  carrying  case Sac  pour  appareil. 

Shoulder-strap Bandoulière. 

Case  (Sling) Étui-bandoulière. 

Case  {Water  proof) Sac,  étui  imperméable  à  l'eau. 

Citric  acid Acide  citrique. 

Color  photography Photographie  des  couleurs. 

Color  screen V.  «  Color  filter  ». 

Composition Composition. 


128 


LE    PARLER    FRANÇAIS 


Concentrated Concentré. 

Cut Vignette. 

Cutout Cache. 

Dark  room Cabinet    noir,     chambre     noire, 

laboratoire  obscur. 

Dark  slide Châssis-presse. 

Shutter  {of  dark  slide) Volet. 

Daylight  loading Chargement  à  la  lumière  du  jour. 

Définition  of  field Clarté,  netteté  du  champ. 

Dessicated,  anhydrous Anhydre. 

Developer Développeur,  développateur,  ré- 
vélateur. 

Developer  powder Révélateur-poudre. 

Developping  and  printing  outût. . .  Nécessaire    à    développer    et    à 

imprimer. 

Developing  box Cuve-pellicules,  boîte-révélateur . 

Cord Cordon. 

Cover Couvercle. 

Crank Manivelle. 

Cup Cuvette. 

Réel Dévidoir. 

Réel  (  Transferring) Dévidoir  supplémentaire. 

Roller  bearing Coussinets  à  billes. 

Spool  carrier Porte-bobine. 

Winding  shaft Arbre  dévideur. 

Developing  powder Poudre-révélateur. 

Developing  trays Cuvettes. 

Diffuse  the  light  {To) Diffuser  la  lumière. 

Dipper Puisoir. 

Dodge  (To) Cacher,  masquer. 

Draw-out   the   shutter    {of   dark 

slide),  To Tirer  le  volet. 

Drying  rack Égouttoir. 

Dry  mounting  tissue Tissu  montage  à  sec. 

Dry  plate,  glass  dry  plate Plaque  verre  sèche. 

Dull  day Jour  gris. 

Duplicating  outfit Nécessaire  à  doubler. 

Eckonogen-Hydrochinon  (E-H)...  Iconogène-hydroquinone. 

Embossing  board Planchette  à  estamper. 

Embossing  press Estampeuse. 

Emulsion Emulsion. 

Enlargement Agrandissement,  amplification. 


VOCABULAIRE   FRANÇAIS- ANOI.AIS    DE    PHOTOGRAPHIE  129 

Enlarging  caméra  illumin&lor ....  Lanterne  pour  amplificateur. 

Socket  {of  illuminaior) Douille. 

Expo.iure Exposition. 

Exposure  meter Photomètre,  aetinomètre. 

Extend  the  tripod  (To) Déployer,  étendre,  allonger,  ou- 
vrir le  pied. 

Ferro  tin,  ferrotype  plate Plaque  à  glacer. 

Film Pellicule. 

Cut  film Pellicule  rigide,  plaque  pelHcu- 

laire. 

Rollfilm Pellicule  en  bobine. 

Film  cartridgse Bobine  de  pellicules. 

Film  clip Pince-pellicules. 

Film  wound  around  an  axis Pellicule    enroulée    autour    d'un 

axe. 

Film  pack Bloc-pellicules. 

Holder  {of  film  pack) Porte-bloc-pellicules. 

Safeiy  cover Volet,  fermeture  de  sûreté. 

Tab Patte. 

Film  pack  adapter Adapteur  bloc-pellicules. 

Slide  (of  film  pack  adapter) ....  Volet  de  fermeture. 

Film  pack  tank Cuve  bloc-pellicules. 

Film  spool Bobines  de  pellicules. 

Film  strip Bande,  ruban  de  pellicules. 

Film  tank Cuve-révélateur  pour  pellicules. 

Light-proof  apron Tablier  imperméable  à  la  lu- 
mière. 

Winding  box Dévidoir. 

Winding  key Remontoir. 

Fittings Garnitures,  montures. 

Fix,fix  out{To) Fixer. 

Fixed  focus Foyer,  mise  au  point  fixe. 

Fixing  bath Bain  fixage. 

Fixing  powder Poudre  fixage,  fixateur. 

Fixing  solution Fixateur. 

Flashes Jets,  éclairs. 

Flash  gun Fusil  éclair. 

Flash  light Lumière    de    Chatham,    jet    de 

résine  et  de  magnésium. 

Flash  sheet Feuille-éclair. 

Flash  sheet  holder Porte-feuille-éclair. 

Flatness  offield Égalité  du  champ. 

Focus Foyer. 


130                                                    LE    PARLER  FRANÇAIS 

Focusing Mise  au  foyer,  mise  au  point. 

Focusing  cloth Voile,  voile  noir. 

Focus  the  image  (To) Mettre  l'image  au  foyer, 

Folder Carton  fond  refoulé. 

Forcing Pousser  une  épreuve. 

Foreground Devant,  premier  plan. 

Full  length  portrait Photographie  en  pied. 

Glass  frame Verre  pour  châssis. 

Glazing  solution Photo-glaceur. 

Graduate Verre  gradué. 

Grouping  stool Tabouret,  sellette  de  groupement. 

Handbag  (for  caméra) Sacoche,  étui  pour  chambre  noire. 

Hardener Indurateur. 

Head  and  shoulder  portraiture Photographie  en  buste. 

Head  rest Appui-tête. 

High-light ^Grande  lumière,  lumière  vive. 

Home  portraiture Photographie  chez  soi,  à  la  mai- 
son. 

Hydrochinon Hydroquinone. 

Hydrochinon  developer  powder. .  .  .  Révélateur  hydroquinone. 

Hydrochinon-metol  (H-M) Métol-hydroquinone. 

Hydrometer Hydromètre,  aréomètre. 

Hypo,  hyposulphite  of  soda Hyposulfite  de  soude. 

Imprint Tirer,  imprimer. 

Intensifier Renforçateur. 

Lamp ; Lanterne,  lampe  de  laboratoire. 

Candie  lamp Lampe  à  bougie,  à  chandelle. 

Collapsible  lamp Lampe  pliante. 

Dark  room  lamp Lanterne  de  laboratoire. 

Glass  (of  lamp) Verre. 

Lamp-wick Mèche. 

OU  burning  dark  room  lamp Lampe  pétrole,  lanterne  d'ate- 
lier au  pétrole. 

Landscape. Paysage. 

Lanterne  slide Verre  de  lanterne  magique. 

Latitude Limite. 

Light-proof A  l'épreuve   de  la   lumière,  im- 
perméable à  la  lumière. 

Light-proof  the  cartridge  (  To) ....  Mettre  la  bobine  à  l'abri  de  la 

lumière. 

Load  (  To) Charger. 

Loading  fixture Appareil  à  chargement. 

Loose  print Feuille  mobile. 


VOCABULAIRE    ANGLAIS-FRANÇAIS     DE    PHOTOGRAPHIE  131 

Magnésium  powder Poudre-éclair. 

Mask Cache. 

Package  of  masks Pochette  de  caches. 

Masked  print Photocopie  cachée. 

Metol-Hydrochinon  (M-H) V.  «  Hydrochinon-metol  ». 

Mixing  palette Agitateur. 

Mortar  and  peslle Mortier  et  pilon. 

Mount Carton,  carte  photographique. 

Ash  grey Gris  cendré. 

Bevelled  edge Bord  biseauté. 

Felt  surface Surface  feutrée. 

Jet  black Noir  jais. 

Non  embossed  design Modèle  non  agrémenté  en 

relief. 

Slip-in  mount Monture  glissante. 

Mountain  view Site  montagneux. 

Mounting  tissue  {Dry) Tissu  pour  montage  à  sec. 

Négative Négatif,  cliché,  phototype. 

Négative  lacking  contrast Cliché  doux,  manquant  de  ton. 

Négative  rack Égouttoir. 

Over-development Excès  de  développement,  surdé- 
veloppement. 

Over-exposnre Excès  de  pose,  surexposition. 

Package  of  paper Pochette  de  papier  sensible. 

Panoramic  picture Photographie  panoramique. 

Paper Papier. 

Bromide  paper Papier  au  bromure. 

Developing-out    paper    {D.    0. 

P) Papier  à  image  latente. 

Developing  paper "           "           " 

Printing-out  paper Papier  à  image  apparente. 

Self-toning  paper Papier  autovireur. 

Sensitized  paper Papier  sensible. 

Passe-partout  binding Bandes  gommées  passe-partout. 

Paste  brush Pinceau-colle. 

Photo  finisher Photographe  en  fin,  finisseur. 

Photographie  apparatus Appareil  photographique,  cham- 
bre noire. 

Photo  paste Colle-photo. 

Plate Plaque. 

Autochrome  plate Plaque  autochrome. 

Plate  adapter Adapteur-plaques. 


182  LE    PARLER    FRANÇAIS 

Plate-holder Châssis,    châssis    négatif,    porte- 
plaque. 

Double  'plate  holder Châssis  double. 

Inside  kit Intermédiaire. 

Magazine  plate  holder Châssis-magasin,  botte  à  esca- 
moter. 

Multiplying  slide Volet  multiplicateur. 

Plate  lifter Crochet,  crochet-ongle. 

Plate  tank Cuve-plaques. 

Potassium  bromide Bromure  de  potassium. 

Press  rhe  buttom  (  To) Pousser  le  déclic. 

Print Épreuve,  photocopie,  photo- 
gramme. 

Abrasion  mark Marque  d'abrasion. 

Blister Cloche. 

Contact  print Épreuve  directe. 

Contrasty Énergique. 

Dense Dense. 

Fiat Faible. 

Fog Voilée. 

Freak Floue. 

Half-tone Demi-ton. 

Hard Dure. 

Milky Laiteuse. 

Soft Faible. 

Weak Faible. 

Print  (  To) Tirer,  faire  le  tirage. 

Printer,  printing  machine Auto-tireur. 

Print  mounter Rouleau. 

Print  roller 

Print  trimmer,  trimming  board. . .  Calibre,  coupe-épreuves. 

Print  washer Cuve  de  lavage,  panier-laveur. 

Printing Tirage. 

Printing  frame Châssis-presse. 

Printing  rack Porte-photocopie. 

Puah  pin Punaise. 

Pyro  developer  powder Poudre   à   développer   pyrogalli- 

que. 

Rack Égouttoir. 

Record  (  The) Inscription. 

Record  on  thejilm  {To) Inscrire  sur  la  pellicule. 

Re-developer Sur-révélateur. 

Reducer Réducteur. 


■t. 

m 


VOCABULAIRE    ANGLAIS-FRANÇAIS    DR    PHOTOGRAPHIE  133 

Reload  (  To) Recharger. 

Retouching  frame Pupitre  à  retouche. 

Rock  the  box  (  To) Bercer  la  cuve. 

Roll  of  film Bobine,  rouleau  de  pellicules. 

Roll  holder Porte-bobine. 

Rubber  finger  tip Bout  de  doigt  caoutchouc. 

Scale Balance. 

Self  balancing  scaèe Balance   automatique,   sans 

poid.s. 

Sepia-biiff Sépia-chamois. 

Set  {To) Ajuster. 

Set  shutter  to  (  To) Placer  l'obturateur  à.  .  . 

Setting  lever Levier    d'ajustage,    de    mise    en 

batterie. 

Set  the  tripod Monter  le  pied. 

Sharp  pictiire Photographie  nette,  claire. 

Sharpness Netteté,  clarté. 

Sight  the  object  (  To) Viser,  encadrer  l'objet. 

Sky-shade Abat-ciel. 

Slow  instantancous Instantané  lent. 

Snap  an  object  {To) Croquer  un  objet. 

Snap  the  shutter  { To) Déclancher  l'obturateur. 

Snapshot Instantané. 

Snapshot  { To) Croquer. 

Snapshot  exposure Instantané. 

Sodium  carbonate Carbonate  de  soude. 

Solio  hardener Indurateur  solio. 

Solio  toning  solution Solution  virage  solio. 

Spécial  equipment Accessoire  spécial. 

Spool Bobine. 

Spotting Détachage. 

Squeegee Racleur. 

Sqeegee  tin Plaque  à  glacer. 

Stand Pied,  pied  d'atelier. 

Stereo  photography Photographie  stéréoscopique. 

Stirring  rod Agitateur. 

Strap Courroie. 

Stretcher Tendeur. 

Stylus Stylet. 

Sundries Divers. 

SuppUed  extra Fourni  en  supplément. 

Sweep  of  the  lens Courbe  de  l'objectif. 

Tank Bain,  cuve. 


134                                                  LE     PARLER  FRANÇAIS 

Tank  developer  ou  tank  developing 

machine Cuve-développeur. 

Tele-photo Téléphotographie. 

Telephotography (Idem.) 

Tested  carbonate  of  soda   (desic- 

cated) Carbonate  de  soude  éprouvé  (éva- 
poré). 

Tested  chemicals Produits  chimiques  éprouvés. 

Tested  sulphite  of  soda  {desiccat- 

ed) Sulfite   de   soude   éprouvé    (éva- 
poré) . 

Thermometer Thermomètre. 

Thermometer  stirring  rod Thermomètre-agitateur. 

Three-quarter  length  portrait Portrait  aux  trois-quarts. 

Tilt  caméra  (  To) Incliner  la  chambre  noire. 

Time  action,  time  exposure Pose. 

Timer Photomètre. 

Tone  (To) Virer. 

Toning  and  fixing  powder Poudre  viro-fixeur. 

Toning  and  fixing  solution Viro-fixage. 

Transparent  water  color  stamps.. .  Timbres  de  couleurs  à  l'eau  trans- 
parentes. 

Tray Cuvette. 

Tripod Pied  («  Trépied  »  n'est  pas  fran- 
çais dans  ce  sens). 

Les  sortes  de  pieds  sont  : 

Métal  tripod Pied  métallique. 

Métal  telescopic  tripod Pied  métallique,  à  coulisse. 

Sliding  tripod Pied  à  coulisse. 

Telescopic  folding  tripod Pied  à  coulisse  pliant. 

Les  parties  des  pieds  sont  : 

Automatic   locking   of  the   sec- 
tions    Enclanchement    automatique 

des  branches. 

Head Tête. 

Bail  and  socket  joint Genou  à  billes. 

Adjustable  head Tête  ajustable. 

Fixed  non-detachable  head . .  .  Tête  fixée,  non-démontable. 


VOCABULAIRE    ANGLAIS-FRANÇAIS    DE    PHOTOGRAPHIE  135 

Revolving  head Tête  tournante,  tête  à  bas- 

cule. 

Section Bras,  branche. 

Straight-grained  wood Bois  à  veines  droites. 

Tilting  tripod  top Tête  à  bascule. 

Trimmings Garnitures,  montures. 

Tripod  adapter Adapteur  pour  pied. 

Tripod  truck Fixe-pieds. 

îj  Under-exposure Manque  de  pose,  sous-exposition. 

Universal  focua Foyer  universel. 

Unload  (To) Décharger. 

Vest  pocket  size  picture Photographie   forme   gousset   de 

gilet. 

Vignette,  mgnetter Dégradateur. 

Wash  box,  washing  box Cuve   de   lavage,    panier-laveur, 

laveur. 

Well-timed  picture Cliché  bien  exposé. 

Wind  the  film   around  the   axis 

(  To) Enrouler  la  pellicule  autour  de 

l'axe. 
Work  with  bulb  or  finger  release 

(  To) Se  déclancher  à  la  poire  ou   au 

doigt. 

Alfred  Verreault. 


QUESTIONS  ET  RÉPONSES 


Question.  Pourriez-vous  me  dire,  par  la  voie  du  Parler  français,  quelle  est 
l'origine  et  l'étymologie  du  mot  «  pagée  »  dans  l'expression  «  pagée  de  clôture  »  ?J 

Réponse.  Le  mot  pagée  est  ancien  chez  nous.  Le  Père  Potier 
l'avait  relevé  au  Détr<Mt,  en  1744  :  «  Une  pagée  de  noadriers,  de 
planches,  etc.,  =  une  rangée,»  écrit-il  dans  ses  Façons  de  parler. 
Nous  n'employons  plus  le  mot  pagée  avec  cette  acception  exacte  ; 
mais  c'est  évidemment  le  même  njot  :  une  pagée  de  clôture,  c'est 
une  rangée  de  perches  entre  deux  pieux  d'une  clôture,  une  «  travée  » 
de  clôture. 

Le  mot  pagée  paraît  bien  nous  être  venu  de  Normandie. 

Le  glossaire  normand  de  DuBois  donne  :  «  Pagée  :  espace  entre 
deux  cciombes,  que  l'on  remplit  d'argile,  dans  les  constructions  ». 

Le  Dictionnaire  du  patois  normand  de  Moisy  :  «  Pagée,  s.  f.  : 
intervalle  laissé  entre  les  montants  d'une  construction  en  bois  et 
que  l'on  remplit  avec  du  bourdis.» 

Robin,  LePrévost  et  Passy,  dans  leur  Dictionnaire  du  patois 
normand,  disent  aussi  :  «  Pagée  :  Terme  de  charpentier.  On  ap- 
pelle pagées,  dans  les  murs  ou  cloisons  d'une  maison  en  pans  de  bois, 
dans  un  pâtis,  etc.,  les  parties  de  la  construction  comprises  entre 
deux  poteaux  consécutifs.  .  .  Dans  le  français  actuel,  ce  n'est  pas 
le  mot  pan  qui  répond  le  mieux  à  la  pagée  des  Normands,  mais  bien 
le  mot  travée.)) 

De  Beaucoudrey,  dans  son  récent  ouvrage  sur  le  Langage 
normand,  fait  voir  que  le  mot  pagée,  en  Normandie,  peut  avoir  un 
sens  plus  étendu.  «  Une  pagée,  écrit-il,  se  dit  d'une  rangée  de 
solives  comprises  entre  deux  poutres,  et  de  toute  série  d'objets  plus 
petits  comprise  entre  de  plus  gros  et  qui  se  répète  dans  un  même 
travail.» 

Notre  pagée  de  clôture,  c'est  donc,  tout  probablement,  la  pagée 
normande. 

Mais  quelle  est  l'étymologie  du  mot  normand  pagée  ? 

Moisy  le  tire  du  latin  paginatus  =  î&it  de  pièces  de  rapport, 
qui  sert  à  assembler.  Rolin  se  contente  d'affirmer  que  pagée  vient 
de  pagina.  Ni  l'une  ni  l'autre  de  ces  deux  étymologies  ne  paratt 
satisfaisante. 

136 


ET   BÉPONBES  U7 

Qtuttion.  —  Av«c  raiaon,   on  proscrit  le  mut  high-Uft,  mén«  prononcé  à  la 
française.     Mais  ^uel  mot  français  traduit  cette  ex(>reiiMOfi  anglaise  i 

Réponse.  —  Le  high-life,  c'est,  en  français,  le  grand  monde. 


Quettion.  —  Y  a-t-il  une  faute  dans  :  «  Cette  maison  e*t  exeettitement  haute  •  ? 

Réponse.  —  Cela  dépend  de  ce  que  vous  voulez  dire.  «  Cette 
maison  est  excessivement  haute  »  signifie  qu'elle  est  trop  haute,  que 
sa  hauteur  est  excessive.  Si  l'on  voulait  seulement  faire  entendre 
qu'elle  est  très  haute,  fort  haute,  extrêmement  haute,  l'adverbe  exces- 
sivement ne  conviendrait  pas.  Vincent  fait  remarquer  que,  par 
l'emploi  de  cet  adverbe,  là  où  il  en  faudrait  un  autre,  on  aboutit 
parfois  à  un  non-sens  :  «  //  fut  excessivement  modéré  dans  cette 
affaire,  comme  si  l'excès  et  la  mesure  pouvaient  aller  ensemble.» 


Question.  — •  Peut-on,  en  bon  français,  prier  quelqu'un  à  un  banquet  t  On  me 
dit  que  yrier  à  dîner  est  français,  mais  que  prier  à  un  banquet  n'e^t  pas  usité. 

Réponse.  — -  Je  ne  sais  si  prier  quelqu'un  à  un  banquet,  à  un 
dîner  est  usité.  Mais  cette  façon  de  parler  est  aussi  bonne  que 
prier  quelqu'un  à  un  festin,  prier  quelqu'un  à  une  noce,  prier  quelqu'un 
à  un  bal,  qu'on  trouve  dans  de  bons  auteurs. 


Queêtion.  —  Comment  dire  en  français  :  ((  Je  vous  promets  de  faire  tdle  ou 
telle  chose  to  tke  beat  of  my  ability  »  f  Cette  formule  anglaise,  très  simple,  est  bien 
commode. 

Réponse.  —  Il  y  a  une  expression  française  encore  plus  simple 
et  plus  commode  :  de  mon  mieux.  Cela  dit  tout  autant  que  to  the 
best  of  my  ability. 


Question.  —  Quelle  est  l'étymologie  du  mot  machin,  dont  on  se  sert  pour 
désigner  une  chose  quelconque  ? 

Réponse.  —  Ce  mot  du  langage  familier  s'emploie  en  effet  pour 
désigner  un  objet  dont  on  n'a  pas  le  nom  présent  à  l'esprit.  Il  se 
rattache  à  machine,  et  ce  dernier  vient  du  latin  machina,  lequel  avait 
été  emprunté  du  grec  mêchanê. 


138 


LE   PARLEE    FRANÇAIS 


Question.  —  Comment  expliquer  qu'on  appelle  paratonnerre  un  instrument  qui 
ne  protège  pas  contre  le  tonnerre  f  Le  tonnerre  est  le  bruit  dont  s'accompagne  l'éclair. 
C'est  la  foudre  qui  frappe,  qui  brûle,  qui  tue  ;  ce  sont  les  coups  de  la  foudre  qu'il 
faudrait  parer,  et  non  du  tonnerre. 

Réponse.  —  Sans  doute,  c'est  contre  la  foudre,  et  non  contre  le 
tonnerre  proprement  dit,  qu'on  dresse  les  paratonnerres.  Aussi  les 
savants  ont-ils  inventé  le  mot  parafoudre,  dont  on  peut  se  servir. 
Mais  il  ne  faut  pas  demander  aux  mots  des  définitions  exactes,  et 
paratonnerre  continue  à  désigner  ce  qui  peut  préserver  de  la  foudre. 
En  effet,  on  emploie  le  mot  tonnerre  en  parlant  de  la  foudre  ;  c'est 
une  extension  de  sens,  qui  paraît  bien  admise,  et  qu'on  trouve  dans 
Boileau  et  dans  La  Fontaine.  Chateaubriand  aussi  a  écrit  :  «  La 
chute  répétée  du  tonnerre  qui  sifHe  en  s'éteignant  dans  les  eaux.  .  .  » 


Question.  —  Alors  que  Yidiotie  est  l'état  d'une  personne  dépourvue  d'intelli- 
gence, comment  le  mot  idiotisme  est-il  venu  à  désigner  une  locution  propre  à  une 
langue  ?  * 

Réponse.  —  Idiotisme  est  aussi  synonyme  d'idiotie  ;  c'est  alors, 
comme  idiotie,  un  dérivé  de  idiot.  Mais  idiotisme,  avec  le  sens  de 
particularité  linguistique,  se  rapporte  à  idiome. 


Question.  —  Comment  désigner  en  français  la  petite  pièce  d'étoffe  qu'on 
épingle  au  maillot  d'un  coureur,  d'un  cycliste,  d'un  jockey,  dans  une  course,  el 
sur  laquelle  est  inscrit  son  numéro  d'ordre .' 

Réponse.  —  Cette  pièce  d'étoffe,  sans  doute  parce  qu'elle  est 
généralement  fixée  au  dos  du  coureur,  s'appelle  un  dossard. 


[^!  Question.  —  Qu'est-ce  que  l'écolisme  ?  J'ai  rencontré  ce  mot  dans  un  ouvrage 
français. 

Réponse.  —  C'est  le  surmenage  des  écoliers.  «  L'écolisme,  dit 
le  Dr  Delassus,  est  l'état  d'un  organisme  troublé  par  l'usage  abusif 
ou  mal  compris  de  l'école.» 


REVUES    ET  JOURNAUX 


189 


Question.  —  L'appareil  dont  on  se  sert  pour  séparer  les  cendres  des  morceaux 
de  charbon  non  entièrement  consumés,  a-t-il  un  nom  en  (rangais  ? 

Réponse.  —  C'est   Vescarbilleur,   qui   sépare,    dans   les   déchets 
d'un  foyer,  les  escarbilles  des  cendres.     Verbe  :  escarbiller. 


Question.  —  Qu'est-ce  que  décanUer  une  ville  ?    J'ai  lu  quelque  part  que  cela 
se  pratique  en  Turquie. 

Réponse.  —  Décaniser  une  ville,  c'est  tout  simplement  y  sup- 
primer les  chiens  !  Cela  s'appelle  la  dêcanisation. 


Quettion.  —  De  quel  mot  se  servir  pour  qualifier  un  compte,  un  budget  qui 
'.  solde  par  un  déficit  ? 


Réponse.  —  «  Budget  déficitaire.» 


A.  R. 


REVUES  ET  .JOURNAUX 


Le  Petit  Canadien,  organe  de  la  Société  Saint- Jean-Baptiste  de 
Montréal,  a  ouvert  un  concours  littéraire.  C'est  une  heureuse 
initiative.  On  trouvera  les  «  instructions  aux  concurrents  »  dans 
le  Petit  Canadien  de  septembre.  (S'adresser  au  Secrétariat  de  la 
Société  Saint-Jean-Baptiste  de  Montréal,  Monument  National, 
Montréal.) 


LEXIQUE 

CAN  ADIEN-FRA  N  Ç  AlS 
(Suite) 


Marche  (être  en)  de  {è.i  à  mère  dé). 

Il  Être  en  train  de,  sur  le  point  de.  Ex.  :  Quand  je  l'ai  averti, 
il  était  en  marche  de  faire  une  sottise. 

Mu'Chedonc  (màredô)  s.  m. 

1°  Il  Espèce  de  soulier  en  cuir,  à  hausse  courte,  et  fait  comme 
une  botte  sauvage.  Ex.  :  Pour  courir,  y  a  rien  de  mieux  qu'une  paire 
de  marckedonc. 

2°  Il  Individu,  animal  toujours  en  mouvement. 

3°  Il  Activité,  initiative.     Ex.  :   Avoir  du  marchedonc. 

Marcheux  (màreé)  s.  m. 

Il  Marcheur.  Ex.  :  Voilà  le  meilleur  marcheux  de  la  paroisse. 
—  C'est  pas  un  petit  marcheux.  —  Son  cheval  est  le  meilleur  mar- 
cheux d'ici. 

DiAL.     Id.,  Centre,  Jatjbebt. 

Marci  (marsi)  s.  m. 

Il   Merci. 

DiAL.     Id.,  Centre,  Jaubekt. 

Marcou  (màrku)  s.  m. 

1°  Il  Matou,  chat  mâle. 

DiAL.  Id.,  Normandie,  Delboulle,  Robin,  Dubois,  Maze, 
MoiSY  ;  Anjou,  Verrier  ;  Bas-Maine,  Dottin  ;  Ille-et- Vilaine, 
Orain. 

140 


LEXIOVB    CANAMKN-FRAIfÇAIS  141 

Vx  rR.  Lagvrni:,  Cotsrave  ;  Scarroic  :  «  Les  gros  marcoua 
•'•«ti«feg»rdent  »  {Virgile  travesti).  Joackui  Du  Bellay: 
41  CoïKiBe  ee»  gros  marcoiM  terribles,  en  long»  niauleiaents  horri- 
bles »  {Épitaphe  d'un  chat). 

2°  Il  Maavaè  garnement. 

DiAL.     Id.,   Anjou,   Verrier  ;    Normandie,   Delboulle. 

3°  Il  Homme  habile,  cajoleur.  Ex.:  C'e»t  f>as  qa'aa  petit 
marcou  ! 

Mardi  imàr4i)  interj. 
Il  Juron. 

Mardi  gras  (mardi  grà)  s.  m. 

Il  Masque,  personne  qui  se  masque,  se  déguise  pour  fêter  le 
mardi  gras.  Par  ext.  :  Personne  mal  habillée,  d'apparence  grotes- 
que, ridicule. 

Mardiller  (màrdiyé)  s.  m. 
Il   Marguillier. 

Mare  (mâ.'r)  s.  t. 

Il  Partie  d'un  lac,  d'un  fleuve  où  la  glace  n'est  pas  prise. 

Marée  (d'eau)  {mare  d  6)  s.  f. 
Il   Mare. 

Marécageux  {marékàjé)  adj. 

1°  Il  Pluvieux.     Ex.  :   Le  temps  est  ben  marécageux,  à  matin. 
2°  Il  Boueux. 

Margouillas  (màrguyâ)  s.  m. 

Il   Marécage,  margouillis,  ornière  boueuse. 

Margouillère  {màrguye-.r)  s.  f. 
Il   Marécage. 

Margoulette  {màrgulèt)  s.  f. 

1°  Il  Lèvre  inférieure  du  cheval. 

2°  Il  Pomme  d'adam  :  £x.  :  Je  lui  ai  serré  la  mar(/ou/e<t«. 


142  LE     PARLER    FRANÇAIS 

Fh.     Pop.,  mâchoire.     Ex.  :   Je  te  casserai  la  margouleite. 

Fb.-can.  Mâchoire  et,  par  ext.,  bouche.  Ex.  :  La  margou- 
lette  y  marche  toujours.  Grand  parleur.  Ex.  :  En  a-t-i  une  mar- 
gouleite I 

3 °  Il  Castagnette  :    Ex.  :   Jouer  des  margoulettes. 

Margré  (màrgré)  prép. 

Il    Malgré. 

DiAL.     Id.,  Bas-Maine,  Dottin. 

Marguier  (marge)  v.  tr. 
1 1   Marier. 

Mariages  {màryà:j)  s.  m.  pi. 

Il   Conserves  végétales  au  vinaigre. 
Fr.-can.     Cf.  amarinades,  marinages. 

Maricage  {màricà:j)  s.  m. 

Il   Marécage. 

Dial.     Id.,  Anjou,  Verrier. 

Maricageux  (màrikàjé)  adj. 

1 1   Marécageux. 

Dial.     Id.,  Anjou,  Verrier. 

Marichal  {màrieàl)  s.  m. 

Il   Maréchal. 

Dial.     Id.,  Anjou,  Verrier  ;    Normandie,  Robin. 

Marie -quatre -poches  (mari  kàt  pbe)  s.  f. 
Il  Femme  qui  n'a  pas  d'ordre. 

Marie -salope  (màri-sàlhp)  s.  î. 

Il  Femme  malpropre,  mal  habillée. 
Dial.     Id.,  Normandie,  Dubois. 

Marie-torchon  {mari  threô)  s.  f. 
Il  Femme  sans  souci,  sans  conduite. 


LEXIQUE    CANADIEN-FRANÇAIS  143 

Marier  (maryé)  v  tr. 

Il   Épouser.     Ex.  :  J'ai  marié  ma  femme  à  Québec. 

Marier  (à),  (a  maryé) 

Il  Mariable,  en  état  de  se  marier. 

Marieuz  {maryé)  s.  m, 

1 1   Mariés  :  Ex.:  Les  marieux  vont  arriver  de  leur  voyage  de  noces. 

Marinades  (màrinàd)  s.  f.  p  . 

1 1  Conserves  végétales  au  vinaigre. 

Fr.-can.     Cf.    amarinades,   amarinages. 

Fh.  Marinade  =  saumure  dans  laquelle  on  conserve  des  vian- 
des, des  poissons  ;  aliments  conservés  dans  la  saumure  ;  vinaigre 
assaisonné  d'herbes,  d'épices,  dans  lequel  on  laisse  tremper  de  la 
viande,  du  poisson,  avant  de  les  faire  cuire  ;  aliments  ainsi  préparés, 
Darm.  —  Nom  donné  à  des  aliments  préparés  pour  être  conservés 
pendant  des  voyages  maritimes  au  long  cours,  Guéri  n. 

Marinages  (màrinà.j)  s.  f.  pi. 

Il  Conserves  végétales  au  vinaigre. 
Fr.-can.     Cf.   marinades,   amarinades,   amarinages. 
Fr.     Marinage  =  préparation  que  l'on  fait  subir  à  certaines 
viandes  destinées  à  être  conservées  sur  les  navires,  Guerin. 

Marine  (marin)  s.  f. 

Il  Gangrène.     Ex.  :  La  marine  s'est  mis  dans  sa  plaie. 

Maringouin  (marégwé)  s.  m. 

Il  Cousin,  diptère  assez  petit  de  la  famille  des  culicidés. 

Market'  (màrkèt)  s.  m. 

Il  Train  de  chemin  de  fer  affecté  au  transport  des  marchandises 
de  la  campagne  à  la  ville,  les  jours  de  marché.  Ex.  :  Prendre  le 
market  pour  aller  à  Québec. 

Etym.     Ang.   market  =  marché. 

(à  suivre) 

Le  Comité  du  Glossaire. 


PARLONS  MIEUX 


DISONS  PLUTOT  QUE 

Coincer,  ou  caler  un  meuble Cointer  an  meuble. 

Une  herminette Une  tille. 

Blanc  de  céruse Blanc  de  plomb  (whitelead). 

La  menotte  d'un  palonnier La  clavisse  (clevisse)  d'un  bacul. 

La  communication  n'est  pas  libre.     La  ligne  est  occupée. 

Repondre  négativement Répondre  dans  la  négative. 

Il  y  a  eu  de  la  bisbille  entre  eux. .     Il  y  a  eu  des  frictions  entre  eux. 

Tremper  des  mouillettes  dans  du 

lait Saucer  des  tranches  de  pain  dans 

du  lait. 

Paletot  demi-saison Capot  d'automne  et  de  printemps 

Une  badine Une  petite  canne  de  soldat. 

Mander  un  élève  à  sa  chambre. . .     Faire   demander   un   élève   à   sa 

chambre. 

Je  l'ai  vu  à  midi Je  l'ai  vu  ce  midi. 

Le  député  s'est  désisté  de  son  man- 
dat        Le  député  a  résigné  son  mandat. 

J'ai  pris  l'ascenseur J'ai  pris  l'élévateur  (elevator). 

Il  se  fait  du  bon  sang Il  prend  ça  aisé  {take  it  easy). 

La  chatte  m'a  griffé,  mais  je  lui 

ai  lancé  un  bon  coup  de  pied ...      La  chatte  m'a  graffigné,  mais  je 

lui  ai  amanché  un  bon  coup  de 
pied. 

Sa  robe  est  mal  ajustée Sa  robe  est  mal  amanchée. 

Ils  se  sont  liés  d'amitié Ils  ont  fait  ami  ensemble. 

Amorcer  un  hameçon Ampâter  un  hameçon. 

J'ai  une  séance  chez  le  dentiste, 

le  médecin,  etc J'ai  un  appointement  chez  le  den- 
tiste, le  médecin,  etc. 

Saint-Boniface  est  un  diocèse  mé- 
tropolitain       Saint-Boniface  est   un   archidio- 

cèse. 

Etienne  Blanchard,   p.  s.  s. 
144 


Vol.  XIV,  No  4— Décembrb,  1915. 


/*-' 


SOCIOLOGIE  LINGUISTIQUE 


La  sociologie  linguistique,  ce  serait  l'étude  des  sens  divers 
qu'ont  pris  à  des  époques  différentes  les  termes  servant  à  désigner 
des  types  sociaux.  Qu'entendait-on  exactement,  au  XVII»  siècle, 
par  exemple,  par  «  une  précieuse  »,  par  «  un  bel  esprit  »,  par  «  un 
galant  homme  »  ?  et  qu'entend-on  aujourd'hui  par  ces  mêmes 
expressions  ?  Des  monographies  de  mo.ts  ainsi  conçues,  dit  M. 
Brunot  <",  «  jetteraient  la  plus  grande  clarté  sur  l'état  mental  de 
l'époque,  et  seraient  d'une  réelle  portée,  non  seulement  pour  l'his- 
toire du  langage,  mais  pour  l'histoire  de  la  littérature  et  des  mœurs  ». 

On  sait  bien  quelle  différence  la  langue  d'aujourd'hui  met 
entre  un  homme  honnête  et  un  honnête  homme.  Un  honnête  homme 
observe  les  lois  de  la  morale  ;  un  homme  honnête,  les  lois  de  la  civi- 
lité. Mais  qu'était-ce,  au  XVIP  siècle,  que  le  langage  des  honnêtes 
gens  ?  «  Au  XVII"  siècle,  écrit  Marty-Laveaux,  <^>  pour  être  hon- 
nête homme,  la  probité  ne  suffisait  pas  ;  on  dirait  même  que  c'était, 
à  tout  prendre,  la  moins  nécessaire  des  qualités  :  on  devait,  d'abord, 
être  du  monde,  c'est-à-dire  en  connaître  le  ton  et  le  langage  ;  puis, 
avoir  de  l'esprit,  de  la  grâce,  de  la  tournure  ;  enfin,  répondre  à  un 
idéal  que  bien  des  contemporains  se  sont  efforcés  de  définir,  mais 
dont  ils  n'ont  jamais  su  nous  indiquer  que  les  traits  principaux.» 

T)&ns  un  article  publié  naguère  sur  ce  sujet  <'\  M.  D.  Zevaco 
a  cherché  à  définir  quel  était  cet  idéal  de  Vhonnête  homme  au  XVII* 
siècle.  Nous  lui  empruntons,  et  nous  résumons  quelques-uns  des 
nombreux  témoignages  qu'il  apporte  et  qu'il  cite. 

D'après  R.  Estienne,  Vhonnête  homme  a  surtout  des  qualités 
extérieures  ;  il  est  élégant,  courtois,  de  belles  manières.  On  était 
encore  au  XVI»  siècle.  Nicot  ne  parle  pas  autrement  :  Vhonnête 
homme,  c'est  «  bellus  Homo,  urbanus  et  civilis  ».    " 


(1)  Histoire  de  la  Langue  française,  t.  III,  p.  240. 

(2)  Lexique  de  Corneille,  Introduction,  p.  25. 

(3)  Revue  de  Philologie  française,  t.  XXV,  p.  1. 


145 


146  LE    PARLER    FRANÇAIS 

Au  commencement  du  XVIP  siècle,  Monet  donne  à  Vhonnète 
homme  des  qualités  morales  :  «  honestus  homo.  .  .  honore  dignus 
vir.  .  .  honore  ac  laude  dignun  homo.  .  .  » 

On  revient  au  sens  étymologique. 

Mais  avec  Richelet,  en  1680,  avec  Furetière,  en  1699,  reparaît 
le  sens  d'honlo  urhanus.  L'honnête  homme  est  celui  «  qui  a  de  la 
civilité,  qui  est  galant  homme,  qui  sçait  vivre  ». 

Et,  en  1694,  quand  l'Académie  se  prononce,  elle  donne  deux 
acceptions  :  «  homme  probe,  homme  d'honneur  »,  et  aussi  «  homme 
doué  de  toutes  les  qualités  qui  rendent  son  commerce  agréable 
dans  la  vie  civile  ».  Mais  ce  dernier  sens  tomba  en  désuétude,  et  en 
1835,  comme  en  1878,  l'Académie  notait  qu'il  avait  vieilli. 

h'honnête  homme,  au  XVIP  siècle,  du  moins  dans  la  première 
moitié  du  XVIP  siècle,  ne  se  trouvait  que  dans  les  classes  élevées. 

«  Il  ne  faut  pas  chercher,  conclut  M.  Zevaco,  dans  le  type  de 
l'honnête  homme  (du  XVIP  siècle)  un  idéal  moral.  .  .  Le  mot  corres- 
pondait à  un  idéal  social.)) 

Mais  quel  était  cet  idéal  social  ?  quelles  étaient  les  conditions 
de  l'honnêteté  de  l'honnête  homme  ? 

Nicolas  Faret,  avocat  et  poète,  disciple  de  Vaugelas,  le  rédac- 
teur des  statuts  de  l'Académie,  publia  en  1630  tout  un  livre  sur 
l'Honnête  homme  ou  l'Art  de  plaire  à  la  Cour.  Le  titre  seul  fait  voir 
ce  qu'il  fallait  alors  entendre  par  honnête  homme  :  c'est  celui  qui 
sait  l'art  de  plaire  à  la  Cour,  c'est  le  parfait  courtisan,  le  galant 
homme,  en  un  mot  le  gentilhomme  ;  il  fait  partie  de  l'élite,  il  vit 
auprès  du  Roi,  il  est  de  la  Cour. 

Mais  les  écrivains  ne  s'accordent  pas  tous  sur  les  vertus  propres 
à  rendre  le  commerce  agréable.  A  la  Cour,  l'honnête  homme  est 
«  accompli  en  perfections,  en  vertus  sociales  »  ;  mais,  dans  un  sens 
plus  général,  il  est  «  accompli  en  toutes  sortes  de  perfections  et  de 
vertus  ».  Ainsi  dit  Ch.  Sorel,  en  1671.  Ce  n'était  donc  plus,  alors, 
seulement  l'homme  «  poli  et  qui  sait  vivre  »  dont  parle  Bussy  <". 
li'honnête  homme  doit  avoir  aussi  quelques  vertus  morales.  La 
Bruyère  écrit  :  «  L'honnête  homme  tient  le  milieu  entre  l'habile 
homme  et  l'homme  de  bien ...  »  et  il  ajoute  qu'il  est  à  «  une  distance 
égale  de  ces  deux  extrêmes  ».  A  cette  époque,  on  pouvait  donc 
être  homme  de  bien  sans  être  honnête  homme  ;  mais  les  meilleurs 
esprits  tenaient  que,  pour  être  honnête  homme,  il  fallait  aussi  être 
homme  de  bien  :  «  Le  prince  conclut  en  leur  confirmant  qu'ils  ne 
seraient  jamais  ni  grands  hommes,   ni  grands  princes,  ni  honnêtes 


(1)   Lettre  à  Corbinelli,  en  1679. 


I 


SOCIOLOGIE   LINGUISTIQUE  147 

gens  qu'autant  qu'ils  seront  hommes  de  bien.»  (Bossuet,  Oraison 
funèbre  de  Coudé.) 

Le  chevalier  de  Méré,  qui  a  réuni  dans  ses  Conversations  (1669) 
les  règles  du  bien  vivre  selon  le  monde,  nous  fait  voir  que  le  mot 
honnêteté  prit  bientôt  une  signification  encore  plus  précise.  Pour 
être  honnête,  selon  lui,  il  faut  d'abord  être  quelqu'un,  être  soi-même, 
ne  pas  se  plier  aux  caprices  de  la  mode,  et  se  montrer  supérieur  à 
toutes  les  circonstances  ;  il  faut  encore  être  bienveillant  et  savoir 
s'accommoder  aux  autres.  «  Je  ne  comprends  rien  sous  le  ciel 
au-dessus  de  l'honnêteté  ;  c'est  la  quintessence  de  toutes  les  vertus  », 
dit-il.  \i  honnête  homme  n'a  point  de  métier  ;  il  n'a  ni  les  manières, 
ni  la  tournure  d'esprit  d'une  classe  particulière.  Comme  le  dit 
Larochefoucault,  «  le  vrai  honnête  homme  est  celui  qui  ne  se  pique 
de  rien  ».  "' 

L'honnêteté,  c'était  «  la  qualité  universelle  ».  Pour  être  vrai- 
ment homme,  il  fallait  être  un  honnête  homme.  Or  l'homme  vit  en 
société,  et  l'honnêteté  n'est  donc  pas  autre  chose  que  la  vertu  sociale. 
Aussi  Pa.scal  ne  trouve-t-il  pas  l'honnêteté  suffisante  :  à  cette  vertu 
humaine,  il  veut  ajouter  la  charité,  vertu  chrétienne  ;  il  veut  bien 
qu'on  soit  honnête  homme,  mais  il  préfère  qu'on  devienne  un  saint 
homme.     {Pensées,  p.  570.) 

Enfin,  Molière  s'est  chargé  de  nous  présenter  sur  le  théâtre 
l'honnête  homme  du  XVII*  siècle,  qui  sait  se  plier  aux  exigences 
sociales  et  respecter  autrui  :  c'est  Philinte. 

ïj'honnête  homme  du  XVII'  siècle,  c'était  donc  l'homme 
accompli  selon  le  monde,  avec  des  vertus  peu  communes,  mais  qui 
ne  sont  pas  toutes  exigées  de  Vhonnête  homme,  non  plus  que  de 
l'homme  honnête  d'aujourd'hui. 

Adjutok  Rivard. 


(1)  Maxime»,  203. 


UN  BERCEAU 


Caché  sous  les  longs  plis  d'une  gaze  soyeuse. 

Et  mollement  capitonné, 
Le  petit  lit  est  prêt ...  et  la  mère  joyeuse 

Y  dépose  son  premier-né. 

Oh  !  depuis  bien  des  jours  elle  y  pense  ;  elle  y  rhe. 

La  nuit,  à  l'obsédant  berceau!.  .  . 
Et  de  ses  mains,  le  soir,  avec  amour,  sans  trêve. 

Elle  travaille  au  cher  trousseau. 

Pour  une  jeune  mère,  un  berceau  c'est  un  monde. 

Naissant  tout  à  coiip  à  ses  yeux. 
Dont  elle  ignore  encor  la  majesté  profonde. 

Et  les  replis  mystérieux .  .  . 

Mais  elle  en  est  charmée,  et  l'étudié,  heureuse 

D'y  voir  en  germe  l'avenir  ; 
Elle  souffre  parfois.  .  .  mais  l'heure  douloureuse 

Fuit  à  ce  charmant  souvenir. 

Un  berceau,  c'est  sa  joie  au  foyer  solitaire  ; 

C'est  son  amour  et  son  autel.  .  . 
Son  enfant,  c'est  un  ange  apportant  sur  la  terre 

Un  peu  de  la  beauté  du  ciel  I 

Akthuk  Laçasse,  ptre. 
Décembre,  1915. 


14 


VOC\Bl]LAll{E  FKANCAIS-ANGLAIS 

DU  JEU  DE  GOURET 

(Hockey) 


L'action  de  chasser  une  balle  avec  un  bâton  crochu  existe 
depuis  très  longtemps.  Nos  ancêtres  d'outre-nier  jouèrent,  dès 
1381,  à  un  certain  jeu  appelé  «  soûler,  choler  ou  chouler  à  la  crosse  », 
dans  leqiiel  il  était  fait  usage  d'un  bâton  recourbé  comme  propul- 
seur d'un  projectile  qui  était  tantôt  une  boule  de  bois,  tantôt  une 
boule  ou  «  boulaie  »  de  cuir.  (V.  Glossaire  de  la  moyenne  et  de  la 
basse  latinité,  par  Charles  Du  Cange.)  '".  En  Angleterre,  ce  diver- 
tissement ne  fut  connu  qu'en  1527.  (Cf.  Field  Hockey,  collection 
Spalding.) 

Dans  la  suite  il  se  développa  plusieurs  variétés  du  jeu  de  crosse 
proprement  dit.  La  forme  qui  consistait  dans  l'attaque  et  la 
défense  de  buts  ou  camps,  par  deux  groupes  adverses  chassant  et 
se  disputant  la  même  balle,  et  qui  se  pratiquait  encore,  au  dix- 
neuvième  siècle,  dans  les  départements  du  nord  et  de  l'ouest  de  la 
France,  dans  la  Bretagne  surtout,  a  donné  naissance  au  jeu  de 
«  hockey  »  ou  gouret. 

A  propos  du  mot  gouret,  disons  en  passant  qu'il  vient  de  l'ancien 
nom  horell  qui  signifiait  horet  ou  gottret,  c'est-à-dire  la  bille  que 
chaque  équipe  s'efforçait  de  loger  dans  la  fossette  ou  trou  circulaire 
du  camp  ennemi.  (V.  Les  Sports  et  Jeux  d'Exercice  dans  l'ancienne 
France,  par  J.-J.  Jusserand.) 

L'hypothèse  la  plus  probable  veut  que  le  mot  «  hockey  »  soit 
aussi  d'origine  française.  L'analogie  de  beaucoup  d'autres  jeux 
favorise  l'opinion  que  le  nom  appartenait  au  bâton  crochu,  du  vieux 
français,  hoquet,  hocquet,  hoket,  houquet,  houcket,  crochet,  houlette, 
bâton  de  berger.     Cette  supposition  est  justifiée  par  la  forme  et  par 


(1)  «  Comme  le  premier  jour  de  janvier.  .  .  plusieurs  jeunes  gens  de  la  ville 
et  paroisse  de  la  Chelles  en  Beauvoisis  feussent  assemblez  pour  chouler  à  la  Crosse 
les  uns  contre  les  autres.  .  .  »  Texte  de  1381,  dans  Du  Cange,  au  mot  Crossare. 

149 


160  LE    PARLER    FRANÇAIS 

le  sens.  (Cf.  Encyclopaedia  Britannica  ;  Dictionnaire  de  l'ancienne 
langue  française,  par  Frédéric  Godefroy  ;  et  Dictionnaire  historique 
de  l'ancien  langage  français,  par  La  Curne  de  Sainte-Palaye.) 

«  Le  gouret  ou  hockey  moderne,  dit  M.  Jusserand,  est  le  descen- 
dant incontesté  et  le  représentant  actuel  du  jeu  des  ancêtres.»  — 
Voici  ce  qu'affirme  de  son  côté  M.  Ern.  Weber,  dans  son  livre  Sports 
Athlétiques  :  «  Le  hockey,  comme  la  plupart  des  sports  athlétiques 
a  été  réglementé  en  Angleterre,  d'où  il  a  également  rapporté  un 
nom  et  des  traditions.  En  substance  ce  n'est  autre  que  le  gouret 
joué  dans  l'ouest  de  la  France  bien  avant  le  mouvement  de  réno- 
vation des  exercices  physiques.»  La  première  association  anglaise 
de  «  hockey  »  ne  fut  formée  qu'en  1875.  (Cf.  Field  Hockey,  collec- 
tion Spalding.) 

Il  faut  faire  remarquer  ici  que  le  jeu  actuel  de  gouret  (truie  ou 
crosse  au  pot),  en  France,  diffère  passablement  du  «  hockey  ».  S'il 
se  rapproche  de  ce  dernier  par  le  matériel  :  les  crosses  (bâtons 
recourbés  et  renflés  par  le  bout)  et  la  balle,  qui  est  le  gouret  ou  la 
truie,  il  s'en  éloigne  par  la  manière  de  le  jouer  :  par  le  pot  ou  trou 
commun,  destiné  à  recevoir  le  projectile  ;  par  la  disposition  en  fer 
à  cheval  d'autant  de  pots  qu'il  y  a  de  joueurs,  et  que  ceux-ci  doivent 
garder  contre  le  rouleur  ou  l'engageur  de  la  partie  qui  essaye  de 
s'en  emparer  pendant  que  la  balle  est  en  mouvement,  etc.,  etc. 

D'autre  part,  un  autre  jeu,  le  mail  ou  balle  à  la  crosse  a  beau- 
coup de  similitude  avec  le  «  hockey  ».  L'ouverture  du  jeu  ;  les 
buts  dans  lesquels  la  balle  doit  entrer  pour  marquer  ;  le  matériel  : 
crosses  et  balle  ;  tout  cela  rappelle  le  grand  jeu  d'hiver  canadien. 
Il  n'y  a  que  le  nombre  des  joueurs,  onze  dans  chaque  camp,  et  les 
demi-cercles  devant  les  buts,  qui  en  diffèrent.  (Cf.  Dict.  des 
Conn.  prat.,  par  E.  Bouant.)  —  Cependant,  le  Nouveau  Larousse 
illustré  et  M.  Jusserand,  dans  son  livre  déjà  cité,  décrivent  le 
jeu  de  mail  comme  étant  un  divertissement  consistant  à  chasser 
avec  une  sorte  de  «  maillet  »  à  long  manche,  avec  le  moins  de  coups 
possible,  une  boule  de  bois  jusqu'à  ce  qu'elle  touche  des  buts  ou 
passe  par  des  détroits  désignés  d'avance.  D'après  ces  dernières 
autorités,  il  y  a  loin  entre  le  mail  et  le  ((  hockey  »  tel  qu'il  est  ordi- 
nairement compris  dans  ce  pays-ci. 

Au  Canada  et  aux  États-Unis,  «  hockey  »  veut  presque  toujours 
dire  gouret  sur  glace  (Ice  Hockey)  ;  en  France  et  en  Angleterre, 
c'est  gouret  sur  terre  (Bandy  ou  Field  Hockey).  En  Ecosse,  ce  jeu 
a  été  appelé  «  shinty  »,  et  en  Irlande,  «  hurley  ».  Il  se  nomme 
encore  «  shinny  ».  Autrefois  il  portait  le  nom  de  «  doddart  ».  — 
En  plus  des  deux  sortes  de  gouret  ci-dessus  mentionnées,  il  y  a  le 
gouret  à  la  rondelle   (Ring  Hockey),   le  gouret  de  jardin   (Garden 


VOCABULAIRE  FRANÇAIS-ANGLAIS    DU   JEU    DE   GOURET         151 

Hockey),  le  gouret  sur  pelouse  (Lawn  Hockey),  et  le  gouret  de  salon 
(Parlor  ou  Drawing-room  Hockey).  Le  mail  sur  glace  (Ice  Polo) 
et  le  mail  à  roulettes  (Roller  Polo)  soyt  deux  autres  dérivés  du  gouret. 
—  Il  est  peut-être  intéressant  de  faire  savoir  que  le  jeu  de  «  polo  » 
proprement  dit  s'appelle  aussi  mail  à  cheval.  (V.  Les  Sports  et  Jeux 
d'Exercice  datis  l'ancienne  France,  par  J.-J.  Jusserand.) 

Dans  le  vocabulaire  qui  suit  il  ne  sera  donné  que  les  termes 
des  trois  formes  les  plus  en  vogue  du  gouret,  savoir  :  le  gouret  sur 
glace,  le  gouret  sur  terre,  et  le  gouret  à  la  rondelle. 

I.  —  GOURET  SUR  GL.\CE 

{Ice  Hockey) 

A.  LE    CHAMP 

Ligne  de  fond Back  Une. 

Bandes Boards  ou  sides  of  the  rink. 

Barre,  traverse,  barre  transver- 
sale    Cross  bar. 

Buts Goals. 

Lignes  de  buts Goal  Unes. 

Filet,  grillage Goal  net,  net. 

Guidons,  poteaux  de  buts Goal  posts. 

Patinoire Rink. 

Lignes  de  côté Side  Unes. 

Loge  du  chronométreur Timer's  box. 

B.  LES    POSITIONS 

1.  —  Extérieures. 

Assistant  arbitre Assistant  rejeree. 

Entraîneur Coach. 

Chronométreur  de  la  partie Game  timekeeper. 

Tiers-arbitre,  juge  de  but Goal  umpire. 

Juge  du  jeu Judge  of  play. 

Directeur,  gérant Manager. 

Fonctionnaires Officiais. 

Chronométreur  de  pénalités,  pé- 
nitencier    Penalty  timekeeper. 

Marqueur Recorder,  scorer. 

Arbitre Référée. 

Chronométreur Timekeeper,  timer. 


152  LE    PARLER  FRANÇAIS 

2.  —  Intérieures. 

Capitaine Captain. 

Fort,  centre,  milieu Centre,  centre  for ward. 

Soutien Cover  'point. 

Défense Défense  man. 

Engageur Facer. 

Fort  (du  jeu) Forward. 

Garde-but,    gardien,    gardien   de 

but Goalkeeper,  goal  man,  goal  tender. 

Fort  gauche Left  centre. 

Voltigeur  gauche Left  wing. 

Foncier i Point. 

Fort  droit Right  centre. 

Voltigeur  droit ■  Right  wing. 

Rôdeur,  corsaire,  tirailleur Rover. 

Réserviste Spare,  spare-man,  utility-man. 

Substitut,  remplaçant Substitute. 

Voltigeur Wing. 

C.  LES  ACCESSOIRES 

Soutien-chevilles Ankle  brace. 

Chaussette  de  force Ankle  supporter. 

Ceinture Belt. 

Plastron Body  protector,  chest  and  abdomi- 
nal protector. 

Bonnet Cap. 

Coupe Cup,  silverware. 

Protège- verres,  protège-lunettes .  Eyeglass  protector. 

Jarretière,  jarretelle Carter. 

Gantelet . ." Gauntlet. 

Maillot,  veston Jersey. 

Maillot,  tricot Coat  jersey. 

Genouillère Knee  guards. 

Patins  laminés Laminated  skates. 

Jambière Leg  giiard,  shin  guard,  skin  pad. 

Contre-gouret Puck  stop. 

Patins,  lames  (de  patins) Runners. 

Fourreau,  gaine Scabbard  (for  blades). 

Courroies Skate  straps. 

Hoquet,  crosse Stick. 

Lame Lame. 


I 


VOCABULAIRE    FRANÇAIS-ANGLAIS    DU   JEU    DE    OOURET  153 

Toucher '     Feel  {of  hockey). 

Fabrique Make. 

Manche fihaft. 

Chandail,  maillot,  tricot Sweater. 

Chandail  veston Jacket  sweater. 

Chandail  col  réversible Réversible  collar  sweater. 

Chandail  col  roulé Roll  collar  sweater. 

Chatterton,  ruban  gommé Tape-binding. 

Collants  de  jambes Tights  (Full  length), 

Chronographe,     tachymètre, 

compteur  de  sports Timer,  stop-watch. 

Toque Toke. 

Trophée Trophy. 

D.  LE   JEU 

Joueur  à  tout  jouer AU  around,  ail  round  player. 

En  arrière  (Une) Back  pass  (A). 

Bloquer Block  (To). 

Épauler Body,  bodycheck  (  To) . 

Coup  d'épaule Bodycheck  (A). 

Faire  valoir  le  jeu Boom  the  game  (To). 

Serrer  un  joueur  contre  la  bande.  Box  a  player  close  to  the  boards 

{To). 
Briser,  couper  un  jeu,  une  combi- 
naison    Break  %ip  a  play,  a  combination 

(To). 

Engagement Bully. 

Engager Bully  off  ( To). 

Attraper  des  coups Bumps  {To  get). 

Descendre  ou  monter  le  gouret...  Carry  the  puck  down  or  up  the 

rink  {To). 

Attraper  le  gouret Catch  the  puck  ( To). 

Attraper  le  gouret  au  rebond. . . .  Catch  the  puck  on  the  rebound  {To). 

Championnat. Championship. 

Charger Charge  (  To) . 

Barrer Check  {To). 

Rembarrer Check  back  ( To). 

Décoller Check  off  ( To). 

Dégager  le  gouret Clear  away  the  puck  {To). 

Dégagement Clearing. 

Partie  serrée Close  game. 

Être  en  bonne  condition Condition  {To  be  in  good). 


154  LE    PARLES    FRANÇAIS 

Transformer  une  passe  en  but. . .  Couvert  a  pass  into  a  goal  {To). 

Marquer  un  joueur,  jouer  l'hom- 
me    Cover  a  man  ( To). 

Crosser Cross-check  ( To). 

Faire  défaut Défailli  (  To). 

Défense Défense. 

Jeu  de  défense Défensive  work. 

Plongeon Dire. 

Jeu  brutal Dirty  play. 

Crochet Dodge  (A). 

Esquiver  un  joueur Dodge  a  player  (To). 

Biaiseur Dodger. 

Système  double  foncier Double  point  System. 

Partie  nulle,  but  à  but Draw. 

Chasser  le  gouret Dribble  the  puck  {To). 

Coup  de  longueur Drive  {A). 

Mettre  de  côté  un  joueur Drop  a  man  (To). 

Reculer Drop  back  (To). 

Partie  d'exposition Exhibition  game. 

Engagement Engagement. 

Engager  le  gouret Face  the  puck  (To). 

Feinte Feint  (A). 

Forcer  le  jeu Force  the  play  (  To). 

Ligne  des  forts Forward  Une. 

Faute,  coup  nul Foiil,  foui  play. 

Joueur  d'encens,  de  tribune,  de 

galerie Gallery  player. 

Partie,  gain  d'un  but Game. 

But,  gain  d'un  but Goal. 

Faiseur,   gagneur,    marqueur   de 

but Goalgetter. 

Garde  du  but Goalkeeping. 

Mi-temps Half-time. 

Reprises Halves. 

Stationner  près  du  but Hang  around  the  goal  (Ta). 

Joueur  judicieux Heady  player. 

Égoïser,  cochonner Hog  (  To  play) . 

Frapper,  donner  un  coup Jab  at  (To). 

Jouer  artificieusement  le  gouret.  Jockey  about  the  puck  (To). 

Équipe  seconde  et  première Junior  and  senior  club. 

Coup  de  pied Ki^ck. 

Tuer  le  temps Kill  lime  ( To). 

Avance  (Une) Lead  {A). 


VOCABULAIRE    FRANÇAIS-ANGLAIS     DU    JEU    DE  QOURET        155 

Lever Lift  (  To). 

Flâner  hors  jeu LoaJ  off-ayde  (  To). 

Partie,  joute Match. 

Mauvais  jeu Misplay. 

Mêlée Mixup  {A). 

Jeu  offensif Offensive  work. 

Hors  jeu Off-side,  off-,nde  play. 

En  jeu On-»ide. 

Jeu  ouvert Open  game. 

Ouverture Opening. 

Coup  franc Open  shol. 

Déjouer Outplay  (  To). 

Hors  du  jeu Ont  oj  the  play. 

Passer  le  gouret Pass  the  puck  (  To). 

Joueur  i)uni Penalized  player. 

Punitions Penallies. 

Placer  un  coup Place  a  shot  (  To). 

Au  jeu  !  Allez  ! Play  ! 

Jeux  et  tours Plays  and  tricks. 

Conserver Play  conservatively. 

Jouer  en  sûreté Play  dead  safe  (To). 

Jouer  garde-but Play  goal  ( To). 

Jouer  sûrement Play  «a/e  ( To). 

Jouer  avec  acharnement Plugg  along  {To). 

Pousser,  glisser  le  gouret  dedans.  Poke  the  puck  in  (To). 

Partie  d'exercice,  de  pratique.  .  .  Practice  game. 

Gouret,  i)alet Puck. 

Faute  de  gouret Ptick  foui. 

Enlever  un  jeu Pull  off  a  play  (  To). 

Subir  un  dur  traitement Pnnixhment  {To  take). 

Se  troubler Rattled  { To  get). 

Arbitrer Référée  { To). 

Retourner Return  { To). 

Jeu  brutal Rough  play. 

Expulser,  exclure  du  jeu Rule  off  {To). 

Diriger  une  équipe Run  a  team  (To). 

Charge Ru.sh. 

Faire  une  charge Rush  (To). 

Pousser  le  gouret Runh  the  puck  (  To). 

S'élancer Rush  up  (  To). 

Sortie Sally. 

Dégagement Save  {A). 

Sauver  un  but Save  a  goal  ( To). 


156  LA    PARLER    FRANÇAIS 

Calendrier,  échelle  des  parties .  .  .  Schedule. 

Temps  marqué Schedule  time. 

Coup Scoop  (A). 

Glisser  dedans Scoop  in  (To). 

Pointage,  résultat,  état  de  la  par- 
tie    Score  ( The). 

Faire  gagner,  marquer  un  but..  .  Score  a  goal  (To). 

Se  faire  marquer Scored  on  {To  be). 

Faire,  gagner,  marquer  les  buts..  Scoring  {To  do  the). 

Envoyer  au  repos Send  to  the  side  (To). 

En  condition Shape  {In). 

Tirer  un  but Shoot  a  goal  \To). 

Tireur Shcoie'. 

Coup Sh  ::,  {A). 

Jeu  de  côté Si  j  v'rti. 

Bâtonner ' .  -h  (Tn). 

■ Slu'j  {To). 

Tuer  le  temps Stall  for  time  {To). 

Arrêt Stop. 

Suspendre  la  parti-  Suspend  the  game  {To). 

Retrancher  du  te;   ps Take  ont  time  {To). 

Pointage Tally. 

Équipe Team. 

Équipe-étoilis,  équipe  choisie.  Ail-star  team. 

Équipes  concurrentes Competing,  contesting  teams. 

Équipes  d'égale  taille Evenly  matched  teams. 

Jeu  d'équipe,  jeu  d'ensemble.  . .  .  Team  play. 

Partie  égale  ou  nulle Tie  {A). 

But  égalisant Tieing  score  {The). 

Égaliser  le  pointage Tie  the  score  {To). 

Temps Time. 

Le  temps  est  expiré  ! Time  is  up  ! 

Temps  retranché Time  taken  ont. 

Tirer  le  choix  des  buts Toss  for  choice  of  goals  (To). 

Tours Tricks. 

Entraver Trip{To). 

Marquer  un  homme Watch  a  man  (Ta). 


VOCABULAIRE    FRANÇAIS-ANGLAIS    DU^JEU    DE  QOURET         157 

•  II.  —  GOURET  SUR  TERRE 

{Field  hockey) 

A.  LE    CHAMP 

Point  de  centre Centre. 

Ligne  de  centre,  de  milieu Centre  Une 

Coin Corner. 

Ligne  de  cinq  verges Five  yard  Une. 

Drapeau Flag. 

Barre  horizontale Horizontal  bar. 

Lignes  au  lait  ou  blanc  de  chaux.  Lines  (Whitewash). 

Cercle  d'envoi Siriking  circle. 

Ligne  de  vingt-cinq  verges Twetity-fire  yards  Une. 

B.  LES  PO.SITION8 

1.  —  Extérieures. 

Arbitre Umpire. 

2.  —  Intérieures. 

Demi  centre Centre  half. 

Voltigeur Flying  goal. 

Foncier Full-back. 

Demi Half-back. 

Intcr  gauche Inside  left. 

Inter  droit In.iide  right. 

Foncier  gauche Left  full-back. 

Demi  gauche Left  half. 

Foncier  droit Right  full-back. 

Demi  droit Right  half. 

C.  LES  ACCESSOIRES 

Balle Bail. 

Barrettes  (sous  les  souliers) Bars. 

Coiffure Hcad  gear. 

Culottes,  pantalons Knickerbockers. 

Anneau-protecteur Ring  finger  protector. 

Souliers  athlétiques Sandshoes  (Canvas). 

Crampons Studs. 

Béret Tam-o'-shanter  cap. 


158  LE    PARLES    FRANÇAIS 

D.  LE  JEU 

Jeu  d'arrière  main Back-handed  play. 

Écorcher  les  doigts Bark  the  fingers  (  To) . 

Couper  un  chassé Break  up  a  dribbling  (To). 

Centrer  la  balle Center  the  bail. 

Colleter Collar  ( To). 

Coup  de  coin Corner  (A). 

Énergie ■. Da.^h. 

Mort Dead. 

Chasser  la  balle Dribble  the  bail  {To) 

Chasseur Dribbler. 

Chassé  (Un) Dribbling  {A). 

Se  replier . .' Fall  back  (  To). 

Alimenter  un  joueur Feed  a  player  {To). 

Jeu  de  pied Foot  work. 

Fausser  un  adversaire Foxtl  an  opponent  {To). 

Coup  franc Free  hit. 

Donner  les  gourets,  les  crosses .  .  Give  sticks  { To) . 

Donné Given. 

Piocher Grub  (To). 

Etre  serré  de  près Hard  pressed  {To  be) 

Frapper  la  balle Hit  the  bail  {To). 

Frappeur Hitter. 

Accrocher  les  gourets Hook  sticks  (To). 

En  touche In  toxtch. 

Frapper  la  balle  du  pied Kick  the  bail  {To). 

Alignement Line  up  { The) . 

Hors  touche Out  of  toiich. 

Engagement  pénalité Penalty  bully. 

But  pénalité Penalty  goal. 

Lever  la  balle Raise  the  bail  {To). 

Roulage Roll  in  { The) . 

Rouler  la  balle Roll  the  bail  in  { To) 

Rouleur Roller. 

Rayer  une  partie Scratch  a  match  {To). 

Coups  de  pieds  aux  tibias ......  Shinning. 

Camp Side. 

Dégager  la  balle  sur  le  côté Side  the  bail  {To). 

Se^ralentir Slack  { To  get). 

Jeu  de  gouret,  de  crosse Stick  work. 

Frapper  la  balle Strike  the  bail  {To). 

Frappeur Striker. 


VOCABULAIRE    FRANÇAIS- ANGLAIS    DU    JEU    DE    GOURET         159 

Coup Stroke. 

Donner  un  coup  de  gouret  à  la 

balle Swipe  ai  the  bail  ( To). 

Bloquer Tackle  ( To). 

Soucouper  la  halle Undercut  the  bail  {To). 

Joueur  démarqué Unmarked  player. 

Harasser  un  adversaire Worry  an  opponent. 

Coup  de  poignet IVrist  stroke. 


♦  III.  —  GOURET  A  LA  RONDELLE 

(Ring  hockey) 

A. LE    CHAMP 

Ligne  de  milieu Centre  Une. 

Ligne  de  côté Side  Une. 

Ligne  quarte Quarter  Une. 

B.  —  LES    POSITIONS 

L  —  Extérieures. 

Arbitre  du  jeu Ficld  umpire. 

2.  —  Intérieures. 

Milieu Centre. 

Soutien Cover. 

Garde-but Goal. 

Fort  gauche Left  forward. 

Soutien Quarter  (Syn.  de  «  cover  ))). 

Fort  droit Right  forward. 

C.  LES    ACCESSOIRES 

Rondelle Ring. 

Canne Stick. 

Protège-main Basket-guard. 


160  LE    PABLEB    FRANÇAIS 

C.  LE  JEU 

Caramboler Carom  (  To). 

Coup  franc Free  shot. 

Préparez-vous,  allez  ! Get  ready,  play  ! 

But  sur  une  faute Goal  from  a  foui. 

Pousser  la  rondelle Rush  the  ring  (  To) . 

Jouer  une  faute Shoot  a  foui  (To). 

Lancer,  tirer  la  rondelle Shoot  the  ring  (To). 

Coup  de  carambolage Shot  (Carom). 

Épauler Shoulder  ( To). 

Engager  la  rondelle Strike  off  the  ring  {To). 

*  Voyez  le  vocabulaire  numéro  (1)  pour  les  termes  qui  s'appliquent  au  gouret 
SUT  terre,  au  gouret  à  la  rondelle,  et  au  gouret  sur  glace. 

Ouvrages  consultés  en  plus  de  ceux  cités  dans  la  préface  : 
S porls' Bibliothèque.     Les  Sports  d'Hiver,  par  Louis  Magnus  et 
Renaud  de  la  Fregeouèee.     Pierre  Lafitte  &  Cie,  Paris. 
Les  Sports  modernes  illustrés.     Collection  Larousse. 

Alfred  Verrbault. 


ARRIÉRÉS 


De  l'Épopée  Canadienne^  en  préparation. 


Ni  M.  Chapman,  ni  Crémazie, 
ni  même  Fréchette,  ne  sont  des 
artistes ...  Ils  sont  trop  éloignés 
du  foyer  central  de  leur  langue 
pour  être  à  la  mode  du  jour. 

VlBOILE   ROSSEL. 


Non,  nous  ne  sommes  pas  des  poètes  épris 
Du  fini  reluisant  des  lignes  lapidaires. 
Nous  sommes  simplement  des  primitifs  sévères 
Qui  pour  la  mode  avons  un  farouche  mépris, 
Et  voulons  conserver  le  parler  de  nos  pères. 

Non,  nous  ne  sommes  pas  des  forgeurs  obstinés 
A  remettre  vingt  fois  nos  rimes  sur  l'enclume. 
Nous  ne  sommes  pas  des  artistes  de  la  plume 
Qui,  ciselant  sans  fin  les  morceaux  terminés. 
Blanchissons  et  mourons  sur  un  mince  volume. 

Pour  noircir  en  un  mois  un  tout  petit  feuillet. 
Nous  ne  mettons  pas  notre  esprit  à  la  torture. 
Nous  façonnons  les  vers  à  grands  coups  d'écriture .  . 
Pardon  !  Je  roulais  dire  à  grands  coups  de  maillet. 
Comme  Pierre  Puget  faisait  de  la  scidpture. 

Maladroits,  nous  raillons  l'adresse  du  métier. 
Insouciants,  heureux  de  suivre  la  routine, 
A  peine  avons-nous  lu  Chénier  et  Lamartine  ; 
Crémazie  ignora  jusqu'au  nom  de  Gautier, 
Et  pour  les  novateurs  rêvait  la. . .  guillotine. 


161 


162  LE    FABLER   FRANÇAIS 

Nous  sommes  arriérés,  vieillots  et  sans  fraîcheur, 
A  la  tradition  dévotement  fidèles. 
Préférant  aux  récents  couplets  nos  ritournelles, 
Nous  imitons  un  peu  le  printemps  rabâcheur 
Qui  fait  toujours  ses  fleurs  sur  les  mêmes  modèles. 

Pour  couler  nos  quatrains  honnis  du  ciseleur. 
Nous  avons  des  fondeurs  désuets  pris  les  moulei . . . 
Le  poète  pour  nous  nest  pas  l'homme  des  foulet 
Qui  joue  avec  les  mots  comme  le  bateleur 
Jonglant  avec  ses  poids,  ses  anneaux  et  ses  boules.  '" 

Il  n'est  pas  l'ouvrier  subtil  que  l'on  connaît, 
Sertissant  les  joyaux  de  Bahia,  de  Mascate. 
Il  hait  du  raffiné  l'œuvre  trop  délicate. 
Et  ne  se  lasse  pas  à  limer  un  sonnet 
Comme  un  Sicilien  à  polir  une  agate. 

Amoureux  du  passé,  dédaignant  l'art  pour  l'art. 
Et  sans  se  demander  si  quelqu'un  doit  le  lire. 
Le  souffle  de  l'Esprit  sur  son  front  qui  délire. 
Il  répand  sa  pensée  à  grands  jets,  au  hasard. 
Et  fait  avec  des  doigts  distraits  vibrer  la  Lyre. 

Plein  du  feu  qui  brûlait  Isdie  et  saint  Paul, 
Parfois  son  vers  jaillit  et  bout  comme  la  lave. 
Le  barde  a  les  ardetirs  de  l'apôtre  et  du  brave  ; 
Il  plane  comme  l'aigle  et  le  cygne,  et  son  vol 
Ne  trahit  nul  orgueil  et  nargue  toute  entrave. 

Aussi,  nous,  qui  gardons  le  culte  des  anciens. 
Loin  du  brillant  foyer  de  la  langue  de  France, 
Nous  chantons  sans  apprêt,  sans  effort,  sans  jactance. 
Comme  chantent  l'oiseau  des  bords  laurentiens. 
L'écho  du  bois  profond,  le  flot  du  fleuve  immense. 

Nous  chantons  rudement,  comme,  au  retour  de  mai. 
Le  joyeux  matelot  revenu  dans  la  rade. 
Comme  le  laboureur  obscur  et  rétrograde 
Qui,  le  soir,  regagnant  son  logis  enfumé. 
Jette  au  vent  le  refrain  d'une  vieille  ballade. 


(1)   Pensée  d'Emile  Chevé, 


ARRIÉRÉS  163 

Nous  chantons  nos  forêts  et  nos  lacs  ;  7wus  chantons 
Nos  mœurs,  nos  hivers,  nos  aurores  boréales. 
Nos  Saguenays  sans  fond,  nos  plaines  sans  rivales. 
Tout  ce  qui  fait  pour  nous.  Picards,  Normands,  Bretons, 
De  nos  rivages  neufs  des  plages  idéales. 

Nous  chantons  les  exploits  de  soldats  immortels. 
Les  ondes  et  les  champs  qui  leur  servaient  d'arbne  ; 
Nous  chantons  des  aïeux  la  grandeur  souveraine  ; 
Nous  chantons  pour  le  peuple  et  pour  les  saints  autels. 
Pour  la  nouvelle  France  et  pour  la  France  ancienne. 

Nous  chantons  cependant  comme  dans  un  désert. 
Nos  voix  n'arrivent  pas  aux  foules,  si  distraites. 
On  préfère,  en  ces  jours  de  guerre  et  de  conquêtes. 
Au  rythme  des  vieux  mots  le  cliquetis  du  fer. 
Les  éclats  des  clairons  aux  strophes  des  poètes. 

Qu'importe  !  nous  croyons  servir  notre  pays 

En  lui  donnant  de  temps  en  temps  un  nouveau  livre. 

Et  nous  comptons,  pleins  d'un  espoir  qui  nous  enivre. 

Que  l'Avenir  lira  nos  grands  vers  incompris, 

'}ue  nous  vivrons,  quand  nous  aurons  cessé.  .  .  de  vivre. 

W.  Chapman. 


I 


Croquis  canaidieiig 


LA  CRIÉE  POUR  LES  AMES 


—  «  Par  ici,  tout  le  monde  !  C'est  la  criée  pour  les  âmes  !  » 

La  messe  vient  de  finir  ;  les  fidèles  sortent  de  l'église.  Par  la 
grand'porte  ouverte,  on  entend  résonner  encore  les  derniers  sons 
du  vieil  orgue,  on  aperçoit  au  maître  autel  le  bedeau  qui  déjà  éteint 
les  cierges.  .  . 

C'est  aujourd'hui  le  Jour  des  Morts.  La  paroisse  a  prié  Dieu 
pour  ses  défunts  ;  et  plus  d'un,  en  quittant  le  Saint  Lieu,  jettent 
un  regard  vers  les  pierres  blanches  du  cimetière  :  V année  qui  vient, 
ce  sera  leur  tour  peut-être  de  coucher  sous  l'herbe.  . . 

Au  sortir  de  la  messe  du  dimanche,  jamais  on  ne  s'éloigne  tout 
de  suite.  On  reste  sur  la  place  de  l'église  quelques  instants  encore  ; 
des  groupes  se  forment  ;  on  allume,  on  cause,  on  écoute  les  annonces 
du  crieur. 

Lïï  plus  souvent,  celui-ci  n'a  guère  à  dire  :  il  recommande,  par 
exemple,  une  corvée  pour  lever  une  grange  chez  Pierre  Milot,  qui  a 
passé  au  feu  ;  ou  bien,  il  publie  qu'un  mouchoir  rouge,  avec,  nouées 
dans  le  coin,  deux  pièces  d'argent  dur,  a  été  trouvé  dans  la  route 
des  Sept-Crans  par  Michel  Taillon,  chez  qui  le  propriétaire  peut 
aller  le  réclamer  ;  ou  encore,  il  fait  assavoir,  de  la  part  des  Com- 
missaires, que  les  réparations  de  la  maison  d'école  de  l'arrondisse- 
ment N°  2  sont  finies,  que  la  maîtresse  est  engagée,  et  que  les  classes 
vont  ouvrir.  .  . 

Ce' a  n'est  pas  long  ;  pour  si  peu,  c'est  du  perron  de  l'église 
que  se  fait  d'ordinaire  la  criée. 

Mais,  le  Jour  des  Morts,  la  besogne  du  crieiir  n'est  pas  si  courte, 
et  il  monte  à  la  tribune  publique,  au  bout  de  la  place  : 

—  «  Par  ici,  tout  le  monde  !  C'est  la  criée  pour  les  âmes!  » 


Nos  paysans,  après  un  deuil,  ne  donnent  peut-être  pas  de  leur 
chagrin  toutes  les  marques  extérieures  que  feraient  paraître  des 
âmes  moins  cachées  ;  ils  ne  font  pas  montre  de  leur  affliction,  ils 
ne  disent  pas  à  tout  venant  leur  peine.  Aussi,  à  ceux  qui  ne  les 
ont  pas  beaucoup  pratiqués,  leur  douleur  a-t-elle  pu  sembler  un 


164 


LA    CRIÉE    POUR    LES    ÂMES  165 

peu  courte.  .  .  Pour  n'être  pas  étalés  'es  regrets  sont-Us  moins 
profonds  et  moins  durables  ? 

Nos  paysans  n'oublient  pas  leurs  morts.  S'ils  ne  vont  pas  à 
toute  heure  pleurer  sur  les  tombes,  c'est  que  les  restes  enterrés  là 
leur  paraissent  en  vérité  peu  de  chose  au  prix  des  âmes  en  allées, 
et  qui  peut-être  souffrent  au  purgatoire.  Nos  paysans  donnent  à 
leurs  défunts  le  meilleur  .souvenir,  la  prière. 

Nos  paysan.s  n'oublient  pas  eurs  morts.  Voyez  comme  ils 
les  associent  à  tous  leurs  travaux. 

—  «  Si  mon  jardinage  vient  b'en,  dit  la  femme,  je  m'engage  à 
donner  aux  âmes  ma  plus  belle  pomme  de  choux  et  une  tresse  d'oi- 
gnons.» 

—  «  Moi,  dit  l'homme,  si  elles  m'obtiennent  d'avoir  une  belle 
récolte,  je  donnerai  trois  minots  de  bon  grain,  et  j'y  mettrai  Vajet.i» 

Le  Jour  des  Morts  au  matin,  chacun  apj)orte  ce  qu'il  a  promis, 
et,  la  messe  dite,  le  remet  au  crieur,  pour  que  celui-ci  le  vende 
aux  enchères  au  profit  des  bonnes  âmes. 

Les  objets  les  plus  disparates  s'entas.sent  sur  la  tribune,  aux 
pieds  du  crieur  :  au  milieu  des  citrouilles  rebondies  et  des  navets 
pâlots,  voici  une  appétissante  bolée  de  tête  en  fromage  ;  une  livre 
de  tabac  en  tresse  voisine  avec  une  pièce  d'étoffe  du  pays  ;  à  côté 
d'une  bouteille  de  sirop  d'érable,  un  paquet  de  filasse  ;  dans  une 
cage,  une  poule  qui  glousse  ;  dans  une  poche,  un  cochon  qui  crie  ; 
et  le  reste. . .  J'ai  vu  vendre  un  chien  ! 

♦  S 

Et  le  crieur  fait  l'article  : 

—  «  La  criée  pour  les  âmes  va  commencer  !  Chacun  de  nous  a 
ses  défunts,  et,  sans  offense,  on  peut  bien  dire  que  plusieurs  des 
nôtres  doivent  être  dans  le  purgatoire  ;  car  il  y  en  a  qui,  de  leur 
vivant,  n'étaient  pas  commodes.  Eh  !  bien,  c'est  le  temps  de  leur 
donner  un  petit  coup  d'épaule  ])our  les  {)ousscr  en  Paradis.  Ouvrez 
vos  bourses,  les  amis  !  C'est  pour  les  âmes.  Et  puis,  j'ai  à  vendre 
des  effets  qui  ne  sont  pas  piqués  des  vers  !.  .  .  Regardez-moi  cette 
citrouille-là,  par  exemple.  J'en  ai  tout  mon  raide  à  la  .soulever. 
Combien  pour  la  citrouille  ?.  .  .  C'est  pas  une  citrouille  ordinaire.  .  . 
Trente  sous  !  Trente  sous  Sont  offerts  pour  la  citrouille  !..  C'est 
la  plus  belle  de  la  paroisse.  Trente  sous  !.  .  .  Oubliez  pas  que  c'est 
pour  les  âmes.  Cette  citrouille-là  devrait  en  faire  sortir  au  moins 
une  du  purgatoire .  .  .  Quarante  sous  ! .  .  .  Cinquante  sous  !  Cin- 
quante !.  .  .  Mettez,  mettez  !  C'est  pour  les  âmes.  Vous  avez 
peut-être  un  parent  défunt  qui  compte  sur  cette  citrouille-là  pour 
entrer  au   ciel.  .  .    Soixante   sous  !.  .  .    Soixante-quinze  !.  .  .Quatre- 


166  LE    PARLEB    FRANÇAIS 

vingt  sous  !.  .  .  On  aura  une  grand'messe,  bien  chantée  par  nos 
chantres,  es  chantres  de  la  paroisse.  Ils  y  mettront  de  la  bonne 
volonté,  ils  chanteront  fort  tant  qu'on  voudra.  Vous  les  connaissez; 
c'est  pas  des  enfants  d'école.  .  .  Quatre-vingt-dix  !.  .  .  Encore  un 
petit  coup  de  cœur,  les  amis,  pour  atteindre  la  piastre.  .  .  Quatre- 
vingt-dix  !  Quatre-vingt-dix  !..  Une  piastre  !  C'est  bien.  Mais 
ça  serait  encore  mieux,  si  on  dépassait  la  piastre.  Il  y  a  bien  de 
la  mortalité  dans  la  paroisse.  Faut  penser  à  nos  morts .  . .  Une 
piastre  et  cinq  ! .  .  .  Une  piastre  et  dix  ! .  .  .  Ça  va .  .  .  Une  piastre  et 
demie  !  !  Ça,  c'est  parler  !  Une  piastre  et  demie  !.  .  .  Une  piastre 
et  demie  ! .  .  .  C'est  tout  ? .  .  .  Une  piastre  et  demie,  une  fois  ! .  .  . 
Une  piastre  et  demie,  deux  fois  !.  .  .  Dépêchez- vous  !  la  citrouille 
va  partir...  Une  piastre  et  demie,  trois  fois  !  —  Elle  est  partie. 
Donne  ta  piastre,  Baptiste,  et  prends  ta  citrouille.  .  .  Astheure,  je 
mets  en  vente  un  rouleau  de  catalogue.  Il  y  en  a  cinq  verges.  Com- 
bien pour  la  Catalogne  ? .  .  .  C'est  pour  les  âmes.  .  .  » 


Et  nos  braves  gens  enchérissent.     Ils  ne  regardent  guère  à  la 
valeur  des  objets  :  c'est  j)our  les  âmes,  ils  y  vont  largement.     Un 
jour,  un  choux  se  vendit  trois  piastres!.  .  .  Et  l'adjudicataire,  après - 
avoir  payé,  remit  le  choux  aux  enchères  !  Ce  choux  rapporta  quatre 
piastres  et  demie. 

La  vente  terminée,  le  crieur  va  en  déposer  le  produit  entre  les 
mains  du  curé  :  c'est  le  trésor  des  âmes,  avec  quoi  l'on  fait  chanter 
des  messes  pour  les  morts. 

Des  criées  pareilles  se  feront  tous  les  dimanches  de  novembre, 
et  de  temps  en  temps  dans  l'année.  Le  trésor  s'augmentera  aussi 
de  plus  d'une  aumône  particulière.  Il  n'est  pas  rare  qu'un  bon 
habitant  y  verse  l'honoraire  d'une  messe,  en  recommandant  que 
cette  messe  soit  dite  pour  Vâme  la  plus  abandonnée  de  la  paroisse.  .  . 


Nos  paysans  n'oublient  pas  leurs  morts. 

Ils  prient  pour  ceux  de.s  leurs  qui,  du  fond  de  l'abîme,  poussent 
des  cris  vers  le  Seigneur. 

.  .  .  Seigneur,  leur  désir  est  devant  vous,  leur  douleur  est  en  votre 
présence,  et  leur  gémissement  ne  vous  est  point  caché.  De  leur  matin 
jusqu'à  leur  soir,  ils  ont  espéré  en  vous,  à  cause  de  votre  loi.  Seigneur, 
hâtez-vous  à  leur  secours.  Ayez  pitié  d'eux  selon  votre  miséricorde. 
Exaucez-les  dans  votre  justice.  Que  votre  éternelle  splendeur  luise 
dans  leur  nuit,  et  leurs  os  humiliés  tressailleront  d'allégresse !. . . 

Adjutor  Rivard. 


LE  JARDIN 


(1) 


Le  jardin  était  à  côté  de  la  maison. 

Il  était  enclos,  à  cause  des  bêtes  qu'on  laissait,  le  soir,  ruminer 
autour  des  bâtiments  tout  proches.  Dans  la  clôture,  le  puits,  où 
dormait  l'eau  fraîche,  arrondissait  sa  margelle  de  pierre  et  dressait, 
comme  une  vergue,  sa  brimbale.  Près  de  la  barrière,  deux  piquets, 
plus  hauts  que  les  autres,  étaient  coiffés  des  chaudières  au  lait 
renversées,  et  qui  s'égouttaient  ;  autour,  il  était  rare  qu'on  ne  vit 
pas  quelques  écroits  du  troupeau,  gauches  sur  leurs  jambes  cagneu- 
ses, et  prêts  à  égayer  en  cabrioles  leurs  jeunes  et  folâtres  esprits. 

Ce  jardin  était  merveilleux.  De  dimensions  .restreintes,  on 
n'aurait  jamais  cru  qu'il  y  pût  pousser  tant  de  choses.  C'était, 
dans  des  carrés  bien  établis,  des  pois,  des  fèves  et  des  mange-tout,  des 
navets,  des  choux  et  des  carottes,  des  concombres,  des  melons  et 
des  citrouilles,  du  persil,  des  raves  et  de  la  sarriette,  des  oignons, 
des  patates,  du  blé  d'Inde,  et,  en  bordure  des  allées,  des  fleurs  ; 
au  fond,  une  rangée  de  gadelliers,  deux  pruniers,  quelques  cerisiers- 
à-grappes,  et  un  pommier  —  mais  qui  n'avait  pas  de  pommes,  à 
cause  qu'il  était  trop  jeune. 

Sur  chaque  légume  et  sur  chaque  fruit,  on  écrirait  plus  d'une 
page  ;    mais  c'est  des  fleurs  que  je  veux  parler. 

Il  n'y  en  avait  pas  une  grande  variété  :  des  œillets,  hauts  sur 
tiges,  et  qui  se  balançaient  ;  des  roses,  et  il  me  semble  que  le  temps 
des  roses  ne  passaient  pas  alors  aussi  vite  qu'aujourd'hui  ;  des 
gueules-de-lions  —  on  serrait  entre  ses  doigts  la  base  du  calice,  et  la 
fleur  s'ouvrait  comme  pour  mordre  ;  des  quatre-saisons,  dont  la 
floraison  persistante  se  nuançait,  tour  à  tour  pourpre,  bleue,  blanche 
et  rouge  ;  des  vieux-garçons  aux  corolles  allongées  ;  des  queues-de- 
rats  aux  épis  odorants  ;  des  pivoines  aux  têtes  lourdes  ;  des  pavots, 
beaucoup  de  pavots  ;  de  la  millonnette,  qui  sentait  bon  ;  et  des 
pensées  de  toutes  les  coideurs.  C'était  tout  ;  mais  il  y  en  avait 
assez  pour  donner  un  air  de  fête  aux  carrés  de  légumes. 


(1)   Extrait  de  Chez  nos  gens  (en  préparation). 

167 


168  î'S    PARLER   FRANÇAIS 

Telle,  en  effet,  paraissait  être  la  mission  des  fleurs  :  elles  étaient 
là  pour  donner  un  air  de  fête  aux  carrés  de  légumes.  On  ne  les 
voyait  pas,  en  bouquets,  entrer  dans  la  maison,  orner  la  table  ou  la 
cheminée.  Elles  s'ouvraient,  s'épanouissaient,  se  fanaient  dans  le 
jardin  ;  les  pétales  jonchaient  l'allée. 

Le  soir,  en  attendant,  pour  arroser  les  fleurs,  que  le  soleil  fût 
assez  bas,  le  grand-père  parlait  à  ses  petits-enfants  : 

—  «  Laissez  les  roses  au  rosier,  disait-il.  Le  bon  Dieu  a  fait 
la  terre  pour  que  la  terre  le  loue,  et  il  l'a  parée  pour  que  la  louange 
soit  belle.  Une  fleur,  c'est  de  la  terre  qui  prie,  et  dans  l'air  les 
parfums  montent  comme  un  encens.  Laissez,  enfants,  laissez  à  la 
terre  sa  parure  et  sa  prière.  Une  fleur  n'est  jamais  si  belle  que  sur 
sa  tige.  Voyez,  quand  on  l'a  cueillie,  comme  elle  se  fane  et  va  mou- 
rir. Un  bouquet  fané,  c'est  vilain  !  On  ne  veut  plus  le  voir,  on  le 
jette  loin  de  soi.  Mais,  sur  sa  tige,  la  fleur  garde  sa  beauté  jusque 
dans  la  mort  ;  jusque  dans  là  mort  elle  garde  son  arôme.  Ses 
pétales  tombent  un  à  un  ;  elle  s'en  dépouille  sitôt  qu'ils  se  flétris- 
sent ;  puis  les  feuilles  vertes  cachent  le  calice  dégarni,  et  voici,  tout 
à  côté,  un  autre  bouton  s'ouvrir  ! .  . .  Laissez,  mes  petits-enfants, 
laissez  les  roses  au  rosier.  » 

—  «  Il  faudrait  avertir  grand'mère.  Chaque  samedi,  grand' 
mère  en  cueille  une  grosse  gerbe.  Elle  ne  sait  peut-être  pas  que 
c'est  mal.  » 

—  «  Chaque  samedi,  votre  grand'mère  cueille  au  jardin  une 
gerbe  de  fleurs  ;  elle  en  fait  des  bouquets  ;  puis  elle  va  les  porter  à 
l'église.  Et  cela  est  bien,  mes  petits-enfants.  Les  fleurs  sont  à 
la  terre  ;  mais  la  terre  et  les  fleurs  sont  à  Dieu.  Il  est  juste  que  les 
fleurs,  pour  aller  prier  tout  près  du  Tabernacle,  fassent  le  sacrifice 
de  leur  vie.  Elles  vont  rendre  leur  dernier  parfum  aux  pieds  du 
Maître.  Et  n'est-il  pas  agréable  de  penser  que,  tout  le  jour  du 
dimanche,  des  fleurs  poussées  de  la  terre  que  j'ai  remuée  meurent 
lentement  sur  l'autel  et  continuent,  à  l'église,  la  prière  commencée 
dans  mon  jardin  ?  » 

—  «  Alors,  grand-père,  pourquoi  ne  pas  mettre  rien  que  des 
fleurs  dans  le  jardin  ?    Ce  serait  bien  plus  beau.  » 

—  «  Ce  serait  malfaire.  Car  le  bon  Dieu  a  créé  la  terre  pour 
l'homme  aussi  ;  Il  veut  qu'elle  me  fasse  vivre,  et  votre  grand'mère,  et 
vos  parents,  et  vous,  mes  petits-enfants,  et  tous  les  hommes.  Aussi, 
voyez  ce  qui  arrive  :  je  n'ai  qu'à  la  remuer,  votre  grand'mère  n'a 
qu'à  y  déposer  des  graines  toutes  petites,  et  voilà  la  bonne  terre  qui 
boit  la  pluie,  ramasse  des  sucs  inconnus,  les  fait  sourdre  vers  le 
soleil,  et,  fidèle,  rend  ce  que  je  lui  ai  demandé.  Si  je  ne  lui  deman- 
dais que  des  fleurs,  la  terre  m'accuserait  de  la  faire  manquer  à  son 


LE    JABDIN 


169 


devoir.  J'aime  qu'un  jardin  paysan  montre  à  la  fois  la  terre  qui 
nous  fait  vivre  et  la  terre  qui  nous  réjouit,  la  terre  qui  travaille  et  la 
terre  qui  prie,  la  terre  maternelle  et  douce  qui,  des  mêmes  sucs, 
forme  les  robes  régulières  des  oignons  blancs,  gonfle  en  pomme  le 
cœur  des  choux,  dresse  vers  le  ciel  les  tiges  du  blé  d'Inde,  et,  sous 
le  même  soleil,  fait  s'épanouir  les  roses.  Voilà  pourquoi  il  y  a  des 
légumes  et  des  fleurs  dans  mon  jardin.  Toute  la  vertu  de  la  terre 
est  là.  » 

Et,  parce  qu'il  y  avait  une  sécheresse  et  que  la  terre  avait  soif, 
le  grand-père  allait  arroser  ses  fleurs,  ses  fleurs  et  ses  légumes,  dans 
le  jardin  clos. 

Adjutob  Rivabd. 


LE  "SANG  DE  FRANCE 


PENDANT  LE  SACRIFICE 

Tout  le  Pays  qui  souffre  est  im  grand  sanctuaire. 
Il  a  coulé  déjà  tant  de  torrents  vermeils. 
Que  nos  Pères  surpris,  secouant  leurs  sommeils. 
Partout  se  sont  levés  de  leur  vieil  ossuaire. 

On  se  tait,  recueilli ...      Tant  de  ro^iges  soleils 
Ont  paru  les  reflets  de  l'œuvre  meurtrière! 
Nulle  plainte  !   Nul  cri  I   Seuls,  des  mots  de  prière. 
Trop  tardive  Justice  !   appellent  tes  réveils. 

Tels  s'immolent  nos  fils,  nos  Martyrs  et  nos  Princes, 
Qu'on  ne  sait.  Terre  et  Ciel  confondant  leurs  provinces. 
Si  les  vivants  sont  morts  ou  les  morts  sont  vivants  ! 

Un  mystère  sanglant  nous  baigne  et  nous  pénètre. 
C'est  le  saint  Sacrifice.  .  .     On  joint  les  mains,  fervents. 
Et  l'on  attend,  muets,  —  la  France  qui  va  naître.  .  . 


170 


LE     «  8ANO     DE    FRANCE  »  171 


II 


NOBLESSE   NOUVELLE 


Ils  sont  dix,  sous  les  plis  du  Drapeau  frémissant. 
En  ligne,  glorieux  débris  de  la  bataille. 
Sur  qui  l'honneur  du  fer  prottve  sa  noble  entaille 
Par  la  jambe  de  bois  ou  par  le  bras  absent. 

Le  front  touché  d'un  grand  rayon  éblouissant. 
Quand  le  Chef  sur  leur  cœur  épingle  la  médaille. 
Ils  sentent  jusqu'aji  ciel  grandir  soudain  leur  taille.  . . 
Les  voici  consacrés  braves  et  de  bon  sang. 

Qu'importe  leur  berceau  ?  —  Pauvres  fils  de  la  Plèbe, 
Qu'hier  courbait  l'usine  ou  l'échoppe  ou  la  glèbe. 
Ils  ont  mis  à  leurs  noms  obscurs  une  clarté. 

Humbles,  de  tous  métiers,  mais  preux  sans  différence. 
Ils  ont  sauvé  l'orgueil  du  Monde  et  sa  beauté. 
Hommes  libres,  nouveaux  gentilshommes  de  France  ! 

Gustave  Zidler. 


LES  LIVRES 


Les  deux  derniers  volumes  de  la  collection  des  Pages  actuelles 
(chez  Bloud  et  Gay,  éditeurs,  7,  Place  Saint-Sulpice)  sont  consacrés 
à  la  Presse  et  la  Guerre.  Les  brochures  de  cette  série  rassemblent 
un  choix  d'articles  parus  dans  les  principaux  quotidiens.  Ce  sont 
de  véritables  anthologies  qui  permettent  de  suivre  l'activité  parti- 
culière des  grands  journaux  de  Paris  pendant  la  guerre. 

Ces  deux,  premiers  volumes  de  la  série  contiennent  les  articles, 
le  premier  du  Figaro,  le  deuxième,  de  l'Action  française. 

A  noter  aussi  la  publication,  dans  la  même  collection,  de  la 
Guerre  telle  que  Ventendent  les  Américains  et  telle  que  l'entendent  les 
Allemands,  par  M.  Morton  Prince  ;  et  le  Duel  franco-allemand  en 
Espagne,  par  M.  Louis  Arnould.  , 


Chez  Bloud  et  Gay,  vient  aussi  de  paraître  un  nouveau  volume 
publié  par  le  Comité  Catholique  de  propagande  française  à  l'étran- 
ger :  L'Éveil  de  l'âme  française  devant  l'appel  aux  armes,  par  MM. 
les  abbés  G.  Ardant,  J.  Desgranges  et  Thellier  de  Poncheville. 
(2  francs.)  En  des  pages  vécues,  ces  trois  apôtres  nous  font  saisir 
sur  le  vif  le  réveil  de  la  foi  en  France. 


A  la  même  librairie  :  un  Mois  des  Morts  pour  le  temps  de  la 
guerre,  par  M.  l'abbé  L.  Garriguet. 


Nicolas  Beauduin.  VOIfrande  héroïque.  Paris  {la  Vie  des  Lettres,  20, 
rue  de  Chartres),  1915,  in-18,  101  pages. 

Le  poète  Nicolas  Beauduin  est  actuellement  au  front.  Au 
moment  où  nous  lisons  ses  vers,  peut-être  une  balle  allemande  l'a- 
t-elle  frappé,  peut-être  faut-il  ajouter  son  nom  à  la  liste  déjà  longue 

172 


LES    LIVRES  173 

des  écrivains  morts  au  champ  d'honneur,  Charles  Péguy,  Ernest 
Psichari,  Lionel  des  Rieux,  Guy  de  Cassagnac,  Paul  Acker,  André 
Lafon,  et  tant  d'autres. 

C'est  donc  des  tranchées  que  nous  viennent  les  fiers  accents 
de  ces  poèmes,  pleins  d'une  foi  ardente  et  d'une  ferveur  enthou- 
siaste. 

Le  poète  se  met  en  la  présence  de  la  Patrie,  et  il  lui  dit  son 
amour.  . . 

Et  je  t'aime,  ô  ma  France,  encore  plus  que  moi-mîme. 

Il  prie  pour  elle,  il  pleure  sur  elle,  il  la  bénit,  il  la  venge,  il  la 
défend,  il  la  glorifie.     Il  chante,  enfin,  un  triomphal  alléluia .  .  . 

Alléluia!  voici  debout  la  France  neuve! 


Une  heure  à  V Exposition  antialcoolique  de  Montréal.     Montréal  (Les  Clercs  de 
Saint-Viateur,  2061,  rue  Saint-Dominique),  22c.  +  15c.,  78  pages. 

Cet  opuscule  renferme  les  données  les  plus  précises  et  les  sta- 
tistiques les  plus  utiles  sur  les  ravages  causés  par  l'alcool. 


Mgr  Louis-Adolphe  P.vquet.  Droit  public  de  l'Eglise  —  L'itriion  religieuse 
et  la  loi  cicile.     Québec  (Laflamme  et  Proulx),  1915,  in-8,  2-lc-f  16l\,  347  pages. 

Il  ne  nous  appartient  pas  d'apprécier  cet  important  ouvrage. 
On  a  dit  ailleurs  et  on  a  fait  connaître  au  public  canadien  la  valeur 
et  l'opportunité  de  cette  publication. 

Eu  deux  volumes  antérieurs,  l'éminent  auteur  avait  étudié  le 
caractère  social  de  l'Église  et  l'organisation  religieuse  dans  ses 
rapports  avec  le  pouvoir  civil.  Dans  ce  troisième  volume,  il  aborde 
le  terrain  des  faits,  l'action  religieuse  eu  face  de  la  loi  civile.  Et 
c'est  ici  qu'on  trouve  la  solution  précise  de  tant  de  problèmes  dont 
se  tourmente  la  société  moderne. 

On  avait  besoin,  chez  nous,  d'un  guide  sur  toutes  ces  questions 
trop  peu  étudiées  ;  le  voici,  clair,  sûr,  et  mettant  à  la  portée  de 
tous  la  seule  doctrine  qui  puisse  assurer  le  véritable  bien  de  la 
Société. 


174  LE    PARLER    FRANÇAIS 

R.  P.  J.-P.  AncHAMBAULT,  S.  J.  Les  Retraites  fermée».  Montréal  (Impri- 
merie du  Messager),  1915,  in-16,  19c.  +  13c.,  143  pages. 

Plusieurs  encore  ne  savent  pas  ce  que  c'est  qu'une  retraite 
fermée,  comment  les  retraites  fermées  forment  des  élites,  quelles 
approbations  cette  œuvre  a  reçues,  quels  résultats  elles  ont  déjà 
produits,  même  chez  nous,  et  comment  elles  préparent  une  véri- 
table rénovation  sociale.  Ils  l'apprendront  dans  ce  petit  livre 
sur  «  l'œuvre  providentielle  entre  toutes  ». 


L'abbé     Etienne    Blanchard.     Dictionnaire    du    bon    langage.     Montréal 
Beauchemin),  1915,  in-8°,  15e.  5-|-10c.,  349  pages. 

Deuxième  édition  de  l'ouvrage  dont  nous  avons  déjà  donné  ici 
une  appréciation  élogieuse,  avec  quelques  réserves.  Nous  ne  pour- 
rions que  répéter,  sur  cette  deuxième  édition,  ce  que  nous  avons 
dit  de  la  première. 


L'abbé  Henri  Beaudé.  Le  Mystère  de  V Eucharistie.  Québec  (Lafiamme  et 
Proulx),  1915,  in-8°,  19c.-|-13c.,  199  pages. 

Exposé  de  la  doctrine,  mêlé  de  méditations.  Le  styliste  qu'est 
l'auteur  prouve  ici  qu'il  sait  plier  sa  langue  suivant  les  sujets  et 
comme  il  convient.  Et  cela  établit  peut-être  qu'un  excellent 
moyen  pour  arriver  à  bien  écrire,  c'est  de  s'exercer  un  certain  temps 
à  écrire  trop  bien.  Dans  tous  les  cas,  nous  n'avons,  cette  fois, 
qu'à  louer  l'abbé  Beaudé  sur  la  forme  toujours  élégante,  mais 
correcte  et  simple  comme  il  convenait,  qu'il  a  su  donner  à  .sa  pensée. 


R.  P.  Louis  Lalande,  S.  J.     Causons.     Montréal  (Bureaux  du  Sacré-Cœur), 
1915,  in-8M9c.-|-12e.,  303  pages. 

Voilà  des  causeries  qui  feront  du  bien  ;  elles  sont  nées  du 
désir  qu'avait  le  R.  P.  Lalande  de  continuer  auprès  de  lecteurs  sa 
vie  de  missionnaire.  A  tous  ceux  qui  luttent,  qui  doutent  et  qui 
souffrent,  l'auteur  apporte  ce  secours.  Un  grand  nombre  devraient 
en  profiter. 

Ai-je  besoin  de  dire  que  la  lecture  de  ces  courts  chapitres  est 
facile,  agréable,  et  réserve  presque  toujours  quelque  surprise .' 
est-il  nécessaire  d'ajouter  que  le  Père,  et  aussi  ses  interlocuteurs. 


LES    LIVRES  175 

causent  avec  beaucoup  d'esprit,  et  que  la  vie  circule  dans  toutes 
leurs  causeries  ?  et  faut-il  faire  remarquer  qu'il  est  impossible  de 
lire  un  chapitre  sans  avoir  envie  de  lire  aussi  les  autres,  et  qu'on 
sort  de  cette  lecture  meilleur  qu'avant  ?.  .  . 


L'abbé  L.-J.  Bretonneau.  L'Apo»tolat  de  la  Jeunette.  Pari»  (Téqui),  1916, 
in-12,  204  pages. 

Entretiens  familiers  sur  l'Apostolat  de  la  Jeunesse  pendant 
Vannée  de  la  guerre,  destinés  aux  Maisons  d'éducation,  mais  auxquels 
les  grandes  personnes  prennent  un  intérêt  aussi  vif  que  les  enfants. 
Nombreux  traits,  qui  font  presque  une  histoire  anecdotique  de  la 
grande  guerre,  traits  d'héroïsme,  de  générosité  et  de  piété. 


R.  P.  A.  Roussel.  Paraboles  émngiliques.  Paris  (Téqui),  1915,  in-16,  189 
pages. 

Commentaires  sur  vingt-six  des  plus  belles  paraboles  de  l'Évan- 
gile. L'auteur  en  dégage  le  sens  exact  et  en  détermine  la  portée 
morale  et  pratique.  Une  plume  experte  a  su  mettre  ces  commen- 
taires à  la  portée  de  toutes  les  intelligences. 


t 


R.  P.  F.4BER.  Le  Créateur  et  la  Créature.  Paris  (Téqui),  1915,  in-12,  428 
pages. 

Dix-septième  édition  de  ce  traité  où  l'on  apprend  ce  que  c'est 
que  d'avoir  un  Créateur  et  quels  devoirs  en  résultent  pour  la  cré- 
ature. 


Lettres  du  R.   P.   Lacordaire  à  des  jeunes  gens.     Paris  (Téqui),   1915,  in-32, 
470  pages. 

«  Ces  lettres  si   attachantes  ont  déjà  fait  beaucoup  de  bien  ; 
elles  en  feront  beaucoup  encore.»     (Romans-Revue.) 

A.  R. 


176  LE   PARLER   FRANÇAIS 

ÂBBÉ  Arthuh  Robert.  Leçons  de  morale.     Québec  (L'Action  Sociale  Limitée, 
103,  rue  Sainte-Anne),  1915. 

Nous  avons  déjà  entretenu  nos  lecteurs  des  Leçons  de  Logique 
et  des  Leçons  de  Psychologie  ''>  de  Monsieur  l'abbé  A.  Robert  ;  nous 
voulons  aujourd'hui  leur  signaler  simplement  l'apparition  du 
troisième  volume  de  la  série  que  s'était  proposée  le  distingué  pro- 
fesseur. 

Le  présent  ouvrage  ne  le  cède  en  rien  aux  deux  précédents,  et 
comme  l'objet  de  ce  traité  est  de  toute  première  importance  et 
d'une  utilité  pratique  manifeste,  il  mérite  doublement  le  plein 
succès  que  nous  souhaitions  à  ses  aines.  De  nos  jours,  tout  esprit 
un  peu  cultivé  doit  avoir  de  justes  notions  sur  le  vrai  but  de  la  vie, 
le  vrai  bonheur  et  les  moyens  d'y  arriver  sûrement,  car  s'il  ne  se 
munit  contre  les  erreurs  qui  courent  lai  presse,  les  clubs  et  les 
salons,  il  court  risque  d'être  désemparé.  Les  Leçons  de  Morale 
lui  fourniront  la  saine  doctrine  sur  les  questions  du  mariage,  par 
exemple,  de  la  famille,  de  l'éducation,  de  l'instruction,  et  sur  tant 
d'autres  qui  se  posent  un  peu  dans  tous  les  domaines  ;  sachons  en 
faire  notre  profit. 

L'auteur  a  su  présenter  la  vérité  sous  une  forme  généralement 
claire,  précise  et  facile  ;  il  n'aurait  pas  dû  hésiter  cependant  à 
allonger  quelques  paragraphes,  par  exemple  celui  du  vrai  bonheur 
(n°  18),  pour  démontrer  plus  fortement  et  expliquer  davantage  ses 
assertions.  Nous  ne  lui  faisons  pas  un  crime  cependant  de  ces 
quelques  imperfections,  et  nous  le  félicitons  cordialement  d'avoir 
fait  «  un  beau  et  bon  livre  ».  Et  nous  souhaitons  aux  Leçons  de 
Morale  la  plus  large  et  la  plus  efficace  diffusion. 

C.  G. 


(1)   Voir  le  Parler  Français  d'octobre  1914  et  de  février  1915. 


SARCLURES 


***  «  S'il  aurait  prévu  cela,  il  aurait  agi  autrement.» 
On    rencontre   souvent   chez   nous   pareil   emploi   d'un   double 
conditionnel,  où  le  français  actuel  demande  l'indicatif  :  «  S'il  avait 
prévu   cela.  .  .  »    ou   le   subjonctif  :  «  Il    faudrait   que   j'irais    moi- 
même  »,  au  lieu  de  :   «  Il  faudrait  que  j'aille.  .  .  » 


***  «  Il  était  deux  heures  presque.)) 

Évidemment,  cela  veut  dire  qu'il  était  presque  deux  heures. 
Ceux  qui  écrivent  ainsi  sentent  bien  qu'il  y  a  dans  ce  rejet  de  l'ad- 
verbe à  la  fin  de  la  proposition  quelque  chose  d'irrégulicr.  Quand 
ils  parlent,  ils  cherchent  à  faire  mieux  saisir  le  sens  de  la  phrase  en 
accentuant  fortement  l'e  final  de  presque.. tout  comme  s'il  n'était 
pas  muet  :  «  Il  est  deux  heures  presquE.» 


***  «  Nous  avons  considéré  la  question  de  nommer  la  com- 
mission royale  chargée  de  faire  enquête  sur  les  affaires  de  ***,  en 
vertu  du  récent  jugement  rendu  par  la  (^our  d'appel  qui  nous  donne 
droit  de  nommer  cette  commission.» 

La  concision  est  une  belle  chose  ;  mais  elle  ne  consiste  pas  à 
tout  dire  dans  une  phrase.  Écrire  de  la  sorte,  ce  n'est  pas  être 
concis,  c'est  tout  s'mplement  être  obscur,  et  de  plus  écrire  fort  mal. 


***  «  Le  Congrès  adopte  d'enlever  complètement  le  paragraphe 
54  des  règlements.» 

On  adopte  un  projet,  par  exemple  :  le  projet,  ou  la  proposition 
de.  .  .  Mais  on  n'adopte  pas  d'enlever  un  paragraphe.  .  .  Pourquoi 
pas  dire  :  «  décide  d'abroger.  .  .  »  ou  plus  simplement  encore  : 
«  abroge. . .  »  ? 

177 


178  LE    PARLES    FRANÇAIS 

***  Une  autre  Société  a  décidé  «  d'altérer  l'article  14  de  ses 
statuts  de  la  manière  suivante  :.  .  .  »  quand  il  ne  s'agit  pas  d'une 
altération,  mais  d'une  simple  modification  accidentelle  et  de  peu 
d'  mportance. 


***  «  Veillez  soigneusement  vos  robinets  à  gaz  !  » 
Ce  conseil  d'un  grand  journal  est  bon  ;  mais  le  journaliste  qui 
le  donne  ferait  bien  de  surveiller  un  peu  mieux  son  vocabulaire. 


***  «  Il  n'est  jamais  trop  tard  de  rendre  justice  à  qui  justice 
est  due.  » 

Cela  est  juste  ;  mais  c'eût  été  plus  clair,  si  l'on  avait  écrit  : 
. .  .  ((  pour  rendre  justice.  .  .  » 

Le  Sabcleur. 


UN  CATALOGUE  FRANÇAIS 


Nous  signalons  à  nos  lecteurs  le  catalogue  que  vient  de  faire 
paraître  la  compagnie  des  Usines  générales  de  Chars  et  de  Machi- 
neries (Montmagny,  Québec  et  Montréal). 

Ce  catalogue  français  a  coûté  une  somme  considérable  de 
travail.  Il  a  été  fait  avec  un  souci  particulier  de  donner  à  chaque 
outil,  à  chaque  machine,  à  chaque  élément  de  machine,  son  véri- 
table nom  français.  Le  compilateur  lui-même  nous  avertit  que 
tout  n'y  est  pas  encore  parfait  ;  on  a  dû  même  faire  plusieurs  cor- 
rections dans  l'index  qui  se  trouve  en  dernières  pages.  Mais,  tel 
qu'il  est,  le  catalogue  rendra  de  bons  services  à  ceux  qui  cherchent 
à  chasser  l'anglicisme  de  notre  langage  industriel  et  technique. 

La  compagnie  des  Usines  générales  mérite  des  félicitations  et 
tous  les  encouragements. 


L'ENSKIGNKHENT  SFXONDAIKK  AU  CANADA 


Le  Comité  permanent  des  Maisons  d'enseignement  secondaire 
affiliées  à  l'Université  Laval  de  Québec  vient  de  faire  paraître  le 
premier  fascicule  d'un  bulletin  trimestriel  :  V Enseignement  secon- 
daire au  Canada. 

Comme  l'écrit  M.  l'abbé  Camille  Roy,  président  du  Comité, 
«  il  n'est  pas  nécessaire  de  présenter  aux  lecteurs  cette  revue  :  ni 
sa  création,  ni  sa  visite,  ni  ses  propos  n'ont  besoin  d'explications. 
Depuis  plusieurs  années,  on  souhaitait  qu'elle  fût  fondée.  Notre 
enseignement  secondaire  devait  avoir  ici,  comme  en  tous  autres 
pays,  sinon  un  organe  officiel,  du  moins  un  périodique  où  les  pro- 
fesseurs de  nos  petits  séminaires  et  de  nos  collèges  pourraient  échan- 
ger leurs  vues  et  se  renseigner  sur  les  questions  qui  intéressent 
l'enseignement  classique  au  Canada  ». 

C'est  une  heureuse  initiative  qu'a  prise  là  le  Comité.  Non 
seulement  les  professeurs  de  nos  collèges,  mais  aussi  tous  ceux 
qui  s"  ntorcsscnt  à  la  formation  de  nos  jeunes  gens,  et  tous  ceux 
qui  veulent  parler  pertinemment  des  choses  de  l'enseignement  dans 
notre  pays,  devront  recevoir  et  lire  ce  bulletin.  Ils  y  trouveront, 
avec  une  information  toute  spéciale  sur  la  vie  de  nos  maisons  d'édu- 
cation, des  études  et  des  rapports  d'un  intérêt  général. 

Chaque  numéro  comprendra  : 

a)  un  article  pédagogique  (piété,  études,  discipline)  ; 

b)  un  exposé  de  méthode  sous  forme  de  leçon  (histoire,  gram- 
maire, auteurs  expliqués,  cours  religieux)  ; 

c)  un  rapport  des  jurys  de  correction. 
A  ces  pièces  de  fond  s'ajoutent  : 

a)  le  résultat  des  concours  intercollégiaux  avec  reproduction 
des  meilleures  copies  ; 

6)  des  devoirs  classiques  ; 

c)  une  revue  des  revues  ; 

d)  des  observations  sur  le  parler  français  dans  nos  collèges  ; 

e)  des  questions  et  réponses  (suggestions,  réformes  proposées, 
demandes  de  renseignements,  indications  de  sujets  à  traiter  ou  de 
livres  à  consulter)  ; 

179 


180  LE    PARLER    FRANÇAIS 

/)  une  réponse  discrète  et  indirecte  aux  attaques  venues  surtout 
de  l'extérieur  ; 

g)  une  chronique  des  événements  importants  de  la  vie  collé- 
giale ; 

h)  une  bibliographie  appréciant  tous  les  ouvrages  qui  inté- 
ressent les  professeurs. 

L'abonnement  à  l'Enseignement  Secondaire  au  Canada  est  de 
50  sous  par  année,  pour  le  Canada  et  les  Etats-Unis  (S'adresser, 
pour  ce  qui  concerne  la  rédaction,  à  M.  l'abbé  Emile  Chartier, 
185,  rue  Saint-Denis,  Montréal  ;  pour  ce  qui  concerne  l'adminis- 
tration, à  M.  l'abbé  Antonio  Camirand,  Séminaire  de  Nicolet). 

A.  R. 


A  NOTER 


Dans  son  livre  The  fair  Dominion,  le  romancier  anglais  R.-E. 
Vernede  raconte  une  tournée  qu'il  fit  dans  nos  campagnes  de  la 
province  de  Québec.  Un  paysan  canadien-français  le  conduisait, 
un  paysan  assez  loquace  et  que  le  voyageur  se  plaisait  à  faire  parler... 

«  II  prononçait  lentement  et  distinctement,  écrit  M.  Vernede, 
de  sorte  que  je  pouvais  le  comprendre  plus  facilement  que  je  n'aurais 
compris  un  Français  d'Europe.  J'en  fus  étonné,  parce  qu'on  nous 
dit  souvent  que  les  Canadiens  français  parlent  si  étrangement  qu'il 
est  très  difficile  de  les  entendre.  Peut-être  que  mon  évidente 
incompétence  en  français  engageait  les  habitants  que  je  rencontrai 
à  se  mettre  à  mon  niveau  ">. 

«  Je  peux  dire,  dans  tous  les  cas,  qu'après  avoir  conversé  avec 
des  gens  de  toutes  conditions,  je  restai  convaincu  que  les  Canadiens 
français  parlent  une  langue  très  claire  et  très  facile.» 


(1)   «  Perhaps  ray  obvious  inferiority  in  the  language  caused  thèse  Habitants 
I  met  to  adapt  theraselves  to  ray  necessity.» 


QUESTIONS  ET  REPONSES 


Question.  —  I^  mot  maire  doit-il  s'écrire  avec  la  majuscule  ? 

Réponse.  —  Pour  ce  mot,  comme  plusieurs  autres  qui  sont  des 
titres  ou  des  noms  de  fonctions,  «  il  est  impossible,  dit  M.  Clédat 
{Grammaire  raisonnée,  p.  100),  de  fixer  des  règles  ».  On  les  écrit 
souvent  avec  une  grande  lettre,  parce  que  la  majuscule  a  aussi  une 
valeur  en  quelque  sorte  «  honorifique  ».  Tout  dépend  des  cir- 
constances. En  adressant  une  pétition  à  ce  magistrat,  vous  écrivez 
à  «  Monsieur  le  Maire  de  Québec  »  ;  mais  les  journaux  pourront 
rapporter,  sans  aucunement  manquer  de  respect,  que  «  le  maire  de 
Québec  »  a  reçu  votre  demande. 


Question.  —  Faut-il  dire  «  une  F  »  ou  «  un  F  »  .'  Le  nom  de  celte  lettre  est-il 
du  féminin  ou  du  masculin  ? 

Réponse.  — -  La  règle  générale  est  que  les  noms  des  lettres  sont 
du  masculin.  Les  voyelles  suivent  toutes  cette  règle  :  «  un  A,  un 
I,  un  O  »,  etc.  Parmi  les  consonnes,  plusieurs  ont  des  noms  com- 
mençant par  une  voyelle  et  se  terminent  par  un  e  muet  ;  ces  deux 
circonstances  favorisent  toujours  les  changements  de  genre,  et  ces 
noms  de  consonnes  sont  devenus  féminins  :  «  une  M  {emme),  une 
F  (effe),  une  S  (esse)  »,  etc.,  tandis  que  les  autres  sont  restés  mas- 
culins :  «  un  D  (dé),  un  K  (fco)  »,  etc. 

Mais,  si  l'on  dit,  suivant  l'appellation  moderne  :  «  fe,  me,  ne, 
se  »,  etc.,  ces  nouveaux  noms  de  consonnes  sont  du  masculin  : 
«  un  F  (fe),  un  M  (me)  »,  etc. 


Question.  —  Comment  nommer  en  français  les  garde-boue  qui  recouvrent  les 
roues  d'automobiles  ?  Doit-on  dire  tout  simplement  garde-boue  ? 

Réponse.  —  Ce  sont  des  garde-boue  ;  mais  on  peut  aussi  dire  : 
les  ailes. 

A.  R. 

181 


LEXIQUE 

CANADIEN-FRANÇAIS 

(suite) 

Marlaise  (mariez)  s.  f. 
Il  Syn.  de  marraine. 

Marlaise  (mariez)  s.  f. 
Il  Femelle  du  merle. 

Marie  (màrl)  s.  m. 

1°  Il   Merle. 

DiAL.     Id.,  Centre,  Jaubeht  ;    Bresse,   Guillemaut. 

Fr.-can.  «  C'est  un  beau  marie  »,  se  dit  ironiquement  d'un 
garçon.  —  «  Oui,  t'as  fait  un  beau  coup,  tu  es  un  beau  marie  I  »  — 
Aussi  :  homme  habile. 

DiAL.     Id.,  Bresse,  Guillemant. 

2°  Il  Bille  à  jouer  (voir  marère). 

Marlot  (màrlô)  s.  m. 
Il  Terme  de  mépris. 

Marmailler  (màrmâyé)  v.  tr. 
Il  Marmotter. 

Marmalade  (màrmalàd)  s.  f. 

Il   Marmelade. 

DiAL.     Id.,  Normandie,  Moisy. 

Marmitée  (marmite)  s.  f.  , 

Il  Contenu  d'une  marmite. 
DiAL.     Id.,  Darm. 


182 


LEXIQUE    CANADIEN-FRANÇAIS  183 

Marmiter  {marmite)  v.  tr.  et  intr. 

1"  Il  Faire  bouillir  la  marmite. 
2°  Il  Agir  sournoisement. 

Marmouillas  (mànnuyâ)  s.  m. 
1 1   Marécage. 

Marmoussaille  {màrmusd.y)  s.  t. 
Il  Enfants. 

Marmoussin  (màrmusé),  marmousin  {màrmuti)  s.  m. 

Il   Marmouset,  petit  garçon. 

DiAL.     Marmousin,  m.  s.,  Anjou,  Verrieb. 

Marque  {mark)  s.  f. 

Il  Faire  sa  marque  =  marquer,  laisser  sa  trace,  une  impression 
durable. 

Marquer  (màrjé)  v.  tr. 

1°  Il  Entrer,  inscrire  au  livre  de  compte.  Ex.  :  Payez- vous 
cette  marchandise  tout  de  suite  ?  Non,  marquez-la.  —  J'ai  fait  mar- 
quer  ce  que  j'ai  acheté. 

2°  Il  Balafrer.     Ex.  :  Je  l'ai  marqué  pour  le  reste  de  ses  jours. 

Marquoué  {màrkwê)  s.  m. 
Il   Marquoir. 

Marraine  {marèn)  s.  t. 

1°  Il   Marelle  (jeu). 

2°  Il  Petits  cailloux  plats  que  l'on  trouve  sur  le  rivage  ;  de 
forme  ronde  et  convexe  (voir  marlaise). 

Marsouin  {marswé)  s.  m. 

Il  Terme  de  mépris  ;    damoiseau. 

Martoise  {martwè:z)  s.  f. 
Il  Mortaise. 


184  LE    PARLER    FRANÇAIS 

^artrière  {màrtriye:r)  s.  f. 
:1|   Piège  à  martres. 

Marvaudage  {màrv6dà:j)  s.  m. 
1 1  Action  de  marvauder. 

Marvauder  (màrvôdé)  v.  int. 
Il   Marauder. 

Marveille  (màrvèy)  s.  t. 

1 1   Merveille. 

DiAL.     Id.,   Centre,  Jaubert. 

Marveilleux  {màrvèyé)  adj. 

1 1    Merveilleux. 

Dial.     Id.,  Centre,  Jaubert. 

Marvouillas  (màrvuyà)  s.  m. 
Il   Ornière. 

Mascabina  (maskâbinâ),  mascouabina  {maskwdbinà),  mas- 
COUbina  {maskuhinâ)  s.  m. 

Il   Sorbier  d'Amérique  ;    fruit  du  sorbier.     Arbre  de  la  famille 
des  rosacées  (Mountain  Ash). 

Mascotte  (maskbt)  s.  f. 

1°  Il  Couverture  en  peau  de  bœuf  musqué,  dont  on  se  couvre 
en  voiture. 

Etym.     Cf.  ang.  musk  ox  =  bœuf  musqué. 
2°  Il  Talisman,  amulette  (ang.). 

Mascou  (masku)  s.  m. 
Il  Sorbier,  fruit  du  sorbier. 

Maskinongé  {maskinôjé),  Maskilongé  (maskilôjé)  s.  m. 

Il  Espèce  de  brochet  (Esox  masquinongy).     (Ang.  muskellunge. 
—  Indien  maskinongé). 


I 


LEXIQUE    CANADIEN-FRANÇAIS  185 

Maskoutain  {maskiiii)  adj.  et  s.  m. 

Il  Habitant  de  Saint-Hyacinthe,  de  la  région  de  la  province  de 
Québec  traversée  par  la  rivière  Yamaska. 

Massacre  (mamkr)  interj. 
Il  Juron. 

Masse  (en)  (â  màa)  loc.  adj. 

Il  Beaucoup,  en  abondance,  en  grande  quantité  ;  suffisamment, 
autant  qu'il  eu  faut. 

DiAL.     Id.,  Anjou,  Verrier. 

Masser  imàsé)  v.  tr. 

1°  Il  Frapper  avec  une  masse,  enfoncer  à  coups  de  masse. 
2°  Il  Faire  (une  chose)  avec  succès. 
3°  Il   Mater   (quelqu'un). 

Masticable  {màstikàb)  adj. 
Il   (Mastic)  qui  peut  se  poser. 

Mastiqué  (màsti^ê)  part. 

1°  Il  Durci.  Ex.:  Suie  mastiqué  dans  la  cheminée.  (Potier, 
Détroit,   1744.) 

2°  Il  Rapiécé.  Ex.  :  Cette  chambre,  cette  voiture  est  toute 
mastiquée. 

Mastiquer  (màstiké)  v.  tr. 

Il   Appliquer.     Ex.  :   Mastiquer  de  la  peinture  sur  un  mur. 

Mât  (à)  et  à  corde  {a  ma  é  a  kbrd)  loc.  adv. 
Il   (Voir  à  maille  et  à  corde.) 

Mataraux  (matàrô)  s.  m. 
Il   Matériaux. 

Match  (màie)  s.  f.  et  m.  ang. 

1°  Il  Joute,  tournoi,  lutte. 

2°  Il  Couple   (jeune  fille  et  jeune  homme).     Ex.  :    Un  beau 


186  LE    PABLEB   FRANÇAIS 

match  =  un  couple  bien  assorti.  —  Se  dit  aussi  du  jeune  homme  ou 
de  la  jeune  fille.     Ex.  :   J'ai  rencontré  un  beau  match. 

3°  Il  Fréquentation  de  jeunes  gens  en  vue  de  mariage.  Ex.  : 
Il  la  rencontre  souvent  et  n'a  pas  l'air  de  lui  déplaire,  ça  va  faire 
un  match. 

4°  Il  Égal,  qui  peut  tenir  tête  à.  Ex.  :  C'est  un  match  pour 
lui. 

Matchable  (màteàb)  adj.   Ang.  to  match. 

1°   Il  Qui  peut  être  assorti,  appareillé. 

2°  Il  Qui  peut  s'égaler. 

3°  Il  Qui  peut  être  abordée,  (jeune  fille)  qu'on  peut  rechercher. 

Matcher  {màteé)  v.  tr.    Ang.  to  match. 

1  °  i  I  Appareiller,  assortir.  Ex.  :  Matcher  deux  chevaux  pour 
les  atteler  en  span.  —  Pouvez-vous  matcher  c'te  laine-là  ? 

2°  Il  Réunir,  faire  se  rencontrer  et  se  fréquenter  en  vue  de 
mariage  un  jeune  homme  et  une  jeune  fille  qu'on  croit  se  convenir. 
Ex.  :  Leurs  mères  ont  fait  leur  possible  pour  les  matcher,  mais  ça  n'a 
pas   pris. 

3°  Il  Tenir  tête  à,  être  de  force  à,  égaler.  Ex.  :  Il  parle 
comme  un  diable,  je  t'assure  qu'il  est  pas  aisé  à  matcher. 

Matcher  {màteé)  v.  intr.    Ang.  to  match. 

1  °  1 1  Jouter,  lutter.  Ex.  :  Notre  club  matche  après-midi  contre 
le  club  de.  .  . 

2°  Il  S'appareiller,  s'assortir,  se  convenir.  Ex.  :  Ces  deux 
couleurs  ne  matchent  pas  du  tout.  —  Ton  cheval  matcherait  bien  avec 
le  mien. 

3°  Il  Se  joindre  à  quelqu'un.  (Se  dit  surtout  d'un  jeune 
homme  et  d'une  jeune  fille  qui  se  recherchent). 

Matcher  (se)  (  se  màteé)  v.  réfl.    Ang.  t»  match. 

1°  \\  S'appareiller,  s'assortir,  se  convenir. 

2°   Il   Se    joindre    à    quelqu'un.      (Se    dit    surtout    d'un    jeune 
homme  et  d'une  jeune  fille  qui  se  recherchent). 
3°  Il  Lutter  ensemble. 

Matcheux  (màteé)  adj. 

Il  Qui  matche.     (Voir  matcher,  v.  tr.,  2°). 


LEXIQUE    CANADIEN-FRANÇAIS  187 

Matéraux  (mâtérô)  a.  m.  pi. 

Il  Matériaux. 

DiAL.  Matéraux  :  m.  s.,  Bas-Maine,  Dottin.  Matéreaux  : 
m.  s.,  Normandie,  Dubois,   Moisy,   ^obin  ;    Haut-Maine,   MoN- 

TESSON. 

Fk.-can.  On  dit  aussi  au  sing.  :  un  matérau.  Spécialement, 
dans  le  bas  Saint-Laurent,  matériaux  qu'on  emploie  pour  tendre  les 
-pêches  en  fascines. 

Matériel  (matéryèl)  adj.    Ang.  material. 
Il   Important,  essentiel. 

Matignon  (mo/t^ô)  s.  m. 
Il   Maquignon. 

Matignonnage  imaiix}bnà:j)  s.  m. 
Il  Maquignonnage. 

Matignonner  {mafir^hié)  v.  tr. 
Il   Maquignonner. 

Masser  (màsé)  v.  intr. 

Il  Se  masser.  Ex.  :  Mon  dinar  m'a  massé  sur  l'estomac,  j'ai 
été  malade  ! 

Matillon  {maiiyd)  s.  m. 

Il   Maquignon. 

Dial.     Id.,  Bas-Maine,  Dottin. 

Matillonnage  (matiybnà:j)  s.  m. 
Il   Maquignonnage. 

Matillonner  (matiybné)  v.  tr. 
Il   Maquignonner. 

Matin  (maté)  s.  m.  pris  adv. 

Il   De  bonne  heure.     Ex.:  C'est  matin  pour  des  lièvres. 


188  LE    PARLER    FRANÇAIS 

Matin  (à)  (a  maté)  loc. 

Il   Ce  matin.     Ex.  :    Du  lait  d'à  matin. 

Fh.  Cette  forme  se  trouve  dans  Molière  :  «  C'est  donc  le 
coup  de  vent  d'à  matin  qui  les  avait  renversés  ».  Festin  de  Pierre, 
a.  II,  se.  1. 

DiAL.  Id.,  Bas-Maine,  Dottin  ;  Normandie,  Robin  ;  Anjou, 
Verrier  ;   Saintonge,  Éveillé. 

Matinal  (matinal)  adj. 

1 1  Vif,  adroit.  Ex.  :  Si  tu  veux  l'attraper,  t'as  besoin  d'être 
matinal. 

Mâtin  {mâdt)  interj. 

Il    (Interjection  exprimant  l'étonnement,   le  dépit.) 
DiAL.     Id.,  Normandie,   Moisy. 

Mât  (à) -corde  (o  ma  kbrd)  loc.  adv. 
Il  Brusquement. 

Matrial  (matriàl)  adj. 

1°   Il   Syn.  de  matrigal. 

2°  Il  Lourd,  pesant,  sans  cérémonie.    .Ex.;  Il  est  pas  mal  ma<naZ. 

Matrigal,  e  {matrigal),  matrigail  (matrigày)  adj. 

Il  Mal  fait,  fait  grossièrement.  Se  dit  des  personnes  et  des 
choses. 

Matrone  (matrbn)  s.  î. 

Il  Femme  qui  porte  l'enfant  au  baptême  (et  qui  n'est  pas  une 
sage-femme). 

Matrouiller  (matruyé)  v.  tr. 

Il  Broyer  avec  les  dents  (en  parlant  du  cheval). 


LEXIQUE    CANADIEN-FRANÇAIS  189 

Maturité  {maturité)  s.  f.     Anglicisme. 

Il  Échéance.  Ex.  :  Votre  billet  viendra  à  maturité  la  semaine 
prochaine  =  votre  billet  viendra  à  échéance,  etc. 

Mau  (mô)  s.  m. 

Il  Mal.     Ex.  :    Avoir  un  gros  mau  de  tête. 

DiAL.     Id.,  en  Normandie,  Orain  ;    en  Anjou,  Verrier. 

Maudissage  (môdisà-.j)  s.  m. 
Il  Action  de  jurer. 

Maudisseur  {m6disœ:r)  s.  m. 
Il  Qui  jure. 

Maudit  {m64i)  adj.  et  subs.  m. 

1°  Il  Passionné  (pour).     Ex.  :    Il  est  maudit  pour  se  battre. 

Dial.      Id.,  dans  l'Anjou,  Verrier. 

2°  Il  Fin,  rusé,  adroit,  habile,  hardi,  téméraire.  Ex.  :  Pour 
tricher,  il  est  maudit.  —  Ça  prend  un  maudit,  pour  entreprendre 
une  affaire  pareille. 

3°  Il  (Forme  superlative.)  Ex.:  C'est  un  maudit  fou, 
un  maudit  cochon. 

4°   Il   Subs.  :   Coquin.     Ex.  :   Mon  petit  maudit,  si  tu  y  reviens. 

5°  Il  Se  dit  de  quelqu'un  qui  excelle  en  une  bonne  ou  mau- 
vaise qualité.  Ex.  :  C'est  un  maudit  :  pour  jouer  aux  cartes,  il  n'a 
pas  son  pareil.  ^. 

6°  Il  En  maudit:  d'une  manière  supérieure.  Ex.:  Il  est  fort 
en  maudit.  —  L'aimes-tu  ?    En  maudit  ! 

7°  Il  Être  en  maudit  =  être  en  colère.  On  dit  aussi  être  d'un 
maudit  =  être  d'une  colère  noire. 

8°  Il  Juron. 

9°  Il   Faire  son  maudit  =  prendre  des  airs  de  fanfaron. 

10°   Il   Triste,   lamentable.      Ex.:  C'est  ben   maudit! 

11°  Il  Ça  parle  au  maudit  =  c'est  un  tour  du  diable. 

12°   Il   Pas  pour  un  maudit  =  pour  rien  au  monde. 

Mauditement  {môditmà)  adv. 

Il  Beaucoup.     Ex.  :    Il  est  mauditement  bête. 


190  LE     PARLER    FRANÇAIS 

Maussade  (môsàd)  adj. 

Il   Dissipé,  espiègle  (enfant). 

Fr.  Maussade  :  qui  produit  ou  exprime  le  mécontentement, 
l'ennui. 

Fr.-can.     Aussi  au  sens  fr. 

Mauque  {m6:k)  s.  f. 

Il   Algue  flottant  sur  1  eau. 

Mauvais  {mbvè)  adj. 

Il  Colère,  prompt,  malin,  méchant.  Ex.  :  Votre  chien  est-il 
bien  mauvais  ?  =  Est-il  bien  malin  ?  —  Mauvais  comme  un  dé- 
mon. 

DiAL.  Mauvais  =  enragé  (en  parlant  d'un  chien),  Norman- 
die, Delboulle. 

Fr.-can.  L'adjectif  mauvais,  avant  le  nom,  signifie  imparfait, 
défectueux  ;  après  le  nom,  colère,  prompt,  malin.  Ex.  :  Un 
mauvais  chantre,  c'est  un  chantre  qui  chante  mal.  Un  chantre 
mauvais,  c'est  un  chantre  colère,  malin.  Un  mauvais  chien,  c'est 
un  chien  bon  à  rien.  —  Un  chien  mauvais,  c'est  un  chien  méchant, 
porté  à  faire  du  mal. 

Mauvaiseté  (mbvèzté)  s.  i. 

Il  Méchanceté. 

Vx.  Fr.     Se  trouve  dans  NicoT,  Du  Cange. 
DiAL.     Mauvaiseté  est  encore  en  usage  en  Normandie,  Dubois, 
MoiSY  ;   en  Saintonge,    Éveillé  ;   dans  le  Centre,   Jaubert. 

Mean  (mi'.n)  adj.  ang. 

1°   Il   Mesquin, -ne. 

2°  Il  Vilain,-ne.     Ex.:  C'est  mean  =  c'est  bas,  c'est  vilain. 

Mé  que  (mé  ke)  adv. 

Il  Quand.  Ex.:  Mé  que  j'vienne  =  Quand  je  viendrai. — 
Mé  qu'i  soye  arrivé  =  Quand  il  sera  arrivé.     (Voir  :  mais  que.) 

Méchant  {méea)  adj. 

1°  Il  Malingre,   maladif. 

DiAL.     Méchant  =  malingre,     chétif,     dans     le     Bas-Maine, 

DOTTIN. 


LEXIQUE    CANADIEN-FRANÇAIS  191 

2"  Il  Mauvais  (en  parlant  du  temps),  de  mauvaise  qualité. 
Ex.  :     On    est    venu  jiar  un  méchant  tenii)s. 

3°  Il  Sale,  boueux  (en  parlant  des  chemins).  Ex.:  C'est  un 
bon  chemin,  mais  de  ce  temps-ci,  après  tant  de  pluie,  il  est  méchant. 

DiAL.      Id.,  en  Normandie,  Dklboulle. 

4°  Il  Difficile  (avec  la  négation).  Ex.  :  C'est  pas  si  méchant 
de  faire  ça  =  ce  n'est  pas  si  difficile. 

DiAL.     /(/.,  dans  l'Anjou,  Verrier. 

5°  Il  De  mauvais  goûl. 

6°  Il  C'est  pas  méchant  =  C'est  bon,  c'est  bien  fait,  il  l'a 
bien  mérité. 

7°  Il  Iron.  :  «  Il  nous  en  a  fait  un  méchant  de  discours  »  = 
un  très  bon  discours. 

Mèche  (mee)  s.  f. 

1°  Il  File.  Ex.  :  Il  y  en  avait  une  mèche  de  voitures  qui  sui- 
vaient le  corps  =  Il  y  avait  une  longue  file  de  voitures  qui  suivaient 
le  cortège  funèbre. 

2°  Il  Une  mèche  =  long  temps.  Ex.  :  ïu  vas  attendre  une 
m^che  ;  tu  en  as  pour  une  mèche  à  attendre  =  Tu  vas  attendre  long- 
temps. —  Il  s'en  manque  une  mèche  =  Il  s'en  faut  de  beaucoup. 

Mèche  (mèc)  s.  f. 

I  °  Il  Éventer  la  mèche  =  Sortir  le  chat  du  sac. 
2°  il  Roupie. 

Méché  {méeé)  adj. 

II  Émêché,  qui  a  trop  bu,  qui  est  dans  un  état  voisin  de  l'ivresse. 
DiAL.     Id.,  dans  l'Anjou,  Verrier. 

Méchée  {méeé)  s.  f. 

1°  Il  Longue  file,  longue  suite  de  personnes  ou  de  choses. 
Ex.  :  Il  y  en  avait  une  méchée,  ça  prit  une  heure  à  passer. 

2°  Il  Une  méchée,  loc.  =  long  temps,  longue  distance.  Ex.  : 
Je  suis  arrivé  une  méchée  avant  toi  =  un  long  temps  avant  toi.  — 
Notre  voiture  était  une  méchée  devant  vous  autres  =  était  loin 
avant  la  vôtre. 

(à  suivre) 

Lb  Comité  du  Glossaire. 


ABRÉGEONS 


DISONS  PLUTÔT  QUE 

Argent  démonétisé Argent  qui  n'est  plus  «  bonne  ». 

Jument  suitée Jument  qui  est  accompagnée  de 

son  poulain. 

Vache  suitée Vache  qui   est   accompagnée  de 

son  veau. 

Vélocimètre Le  cadran  qui  marque  la  vitesse 

d'un  automobile. 

Le  gazier L'homme  qui  arrange  le  gaz. 

Li' électricien L'homme    qui    arrange    l'électri- 
cité. 

Un  incendié  ou  un  sinistré Un  homme  qui  passe  au  feu. 

Le  facteur L'homme  qui  distribue  les  lettres. 

Pièce  amovible  d'une  machine.  .  .      Pièce  qui  peut  être  «  démanchée  » 

d'une  machine. 

Pièce  inamovible, Pièce  qui  ne  peut  pas  être  «  dé- 
manchée ». 

Machine  démontable Machine  qui  se  «  démanche  ». 

Propriété  inaliénable Propriété   qui   ne   peut   pas   être 

vendue. 

Un  thaumaturge Un  homme  qui  fait  des  miracles. 

Un   colporteur   ou    un    marchand 

ambulant Un  homme  qui  vend  à  domicile. 

Un  calligraphe Un  homme  qui  a  .une  belle  écri- 
ture. 

Un  autobiographe Un  homme  qui  a  écrit  sa  propre 

vie. 

Un  timbre  oblitéré Un  timbre  qui  a  servi. 

Un  chapeau  fatigué Un  chapeau  qui  est  trop  vieux. 


Etienne  Blanchard,  P.S.S. 


192 


Vol.  XIV.  No  5— Janvikr,  1916. 


LE  TIC-TAC  DE  MON  HORLOGE 


Tic-tac! .  .  .  et  je  in  effraie  à  ce  chant  monotone.  .  . 
J^ écoute,  et,  malgré  moi,  tout  ban  je  compte  :   un,  deux. 
Oui,  je  compte  ces  bruits,  et  soudain  je  m'étonne  : 
Des  voix  ont  murmuré  :  tu  meurs  à  chacun  d'eux  ! 

Tic-tac  ! .  .  .  et  mon  horloge,  insensible  et  méchante. 
Jette  dans  le  passé  ce  qui  fut  l'avenir  ; 
C'est  le  Temps  qui  me  parle,  et  sa  voix  m'épouvante.  .  . 
Il  passe,  et  le  présent  n'est  plus  qu'un  souvenir  l 

En  écrivant  je  meurs  ;  l'effort  de  ma  pensée 
Hâte  l'heure  fatale  et  l'horloge,  toujours. 

Dit  que  ma  vie  achève,  à  peine  commencée .  .  . 
Que  peut-être  je  suis  au  dernier  de  mes  jours  ! 

Mais  si  chaque  moment  que  l'horloge  enregistre 
S'envole  du  présent  et  s'ajoute  au  passé, 
La  Foi  me  dit  :  La  mort  qui  te  paraît  sinistre. 
C'est  l'heure  où  la  souffrance  et  la  lutte  ont  cessé  ; 

C'est  l'heure  où,  le  chrétien  s'endort  et  se  repose 
Dans  le  charme  enivrant  du  bonheur  tant  rêvé. 
Où  l'éternel  soleil  brille  et  teinte  de  rose 
Les  espaces  sans  fin  de  l'Ëden  retrouvé! .  .  . 


Va,  mon  horloge,  va,  dis  ton  chant  monotone  ! 

Ton  tic-tac,  maintenant,  je  l'écoute,  joyeux  ; 

Il  n'a  plus  rien,  crois-moi,  qui  m'effraie  ou  m'étonne  : 

L'Espérance  en  a  fait  un  hymne  harmonieux .  .  . 

Arthur  Laçasse,  ptre. 

(Extrait  d'un  volume  en  préparation). 

193 


POURQUOI  AI-JE  REFAIT  L'HISTOIRE 
DE  L'AGADJE  ?  ''^ 


Le  travail  que  nous  entreprenons  n'a  jamais  été  fait. 

Que  le  lecteur  ne  s'étonne  pas  trop  de  cette  assertion  à  l'emporte- 
pièce,  car  elle  repose  sur  une  excellente  raison,  à  savoir  :  que  les  Ar- 
chives se  rapportant  à  la  partie  la  plus  importante  de  cette  histoire  ont 
été  ou  enlevées,  ou  détruites,  ou  simplement  perdues.  Nous  verrons 
plus  tard  laquelle  de  ces  alternatives  est  la  plus  vraisemblable. 

Un  écrivain  américain  '2',  traitant  le  même  sujet,  a  donné 
pour  titre  à  son  ouvrage  :  Acadia  —  A  lost  chapter  in  American 
History.  L'auteur  ne  possédait  pas  les  documents  nécessaires  pour 
recomposer  ce  chapitre  en  entier  ;  cependant,  avec  son  jugement 
sûr  et  sa  grande  impartialité,  et  en  faisant  bon  usage  des  pièces  qu'il 
avait  sous  la  main,  il  nous  a  en  quelque  sorte  laissé  entrevoir  ce  qui 
se  cachait  dans  la  partie  des  archives  qui  est  disparue. 

Or,  ce  «  chapitre  perdu  »,  nous  croyons  l'avoir  rétabli  dans  ses 
formes  essentielles.  Et  le  lecteur  jugera  si  le  titre  que  nous  avons 
choisi  convient  à  l'ouvrage  que  nous  avons  l'honneur  de  lui  présen- 
ter. Avons-nous  donc  eu  l'avantage  de  découvrir  des  archives  qui 
étaient  demeurées  jusqu'ici  introuvables  ?  Oui  et  non.  Il  est  pro- 
bable qu'une  portion  considérable  de  ces  documents  évanouis  ne 
reverra  jamais  le  jour.  Pourtant,  une  chance  heureuse  en  a  mis  sur 
mon  chemin  des  fragments  en  quantité  suffisante  pour  jeter  la 
lumière,  sinon  sur  les  détails  secrets  de  cette  histoire,  du  moins 
sur  ses  points  principaux,  ses  plus  grandes  lignes.     Le  reste  est  le 


'•'  Nous  sommes  heureux  d'offrir  à  nos  lecteurs  cette  primeur.  C'est  la 
Préface  d'Acadie,  qui  va  paraître  dans  quelques  semaines  à  Québec,  publiée  par  les 
soins  de  notre  collaborateur  Henri  d'Arles.  Le  titre  que  nous  avons  donné  à  cette 
préface  n'est  pas  de  l'auteur,  mais  il  exprime  assez  justement  sa  pensée.  Acaiiie  est 
le  texte  original,  refondu  et  annoté,  de  Acadia  publié,  en  1895,  par  Edouard  Richard, 
ancien  député  à  la  Chambre  des  Communes  d'Ottawa.  L'ouvrage,  qui  est  un  récit 
dramatique  et  documenté  des  malheurs  des  Acadiens,  fit  grande  sensation,  surtout 
chez  les  lecteurs  de  langue  anglaise.  Il  parut  en  anglais.  Le  texte  français  original 
ne  fut  jamais  publié,  et  c'était  grand  dommage  :  beaucoup  de  lecteurs  français  ne 
purent  connaître  cet  important  travail.  —  Henri  d'.\rles  a  eu  l'excellente  idée  de 
mettre  au  jour  ce  manuscrit.  Il  lui  a  fallu,  cependant,  le  remanier,  et  le  mettre  au 
point  des  recherches  historiques  les  plus  récentes.  L'œuvre  sera  renouvelée.  Nous 
remercions  notre  collaborateur  d'avoir  bien  voulu  nous  permettre  de  publier  la  Pré- 
face d'Acadie. 

<->  Philip  H.  Smith.  —  Nous  avons  trouvé  un  exemplaire  de  son  ouvrage  au 
Boston  Atheneum.  C'est  un  in-octavo  de  381  pages,  orné  d'illustrations  d'un  carac- 
tère très  primitif.  La  page-titre  porte  la  mention  suivante  :  Pawling  (New- York), 
published  by  the  Author.     1884. 

194 


UNE  PRÉFACE  195 

fruit  de  ma  pensée  qui,  depuis  des  années,  a  vécu  en  relations  intimes 
avec  ce  sujet. 

L'on  comprendra  aisément  l'intérêt  que  ces  événements  offraient 
pour  un  iirrière-petit-fils  des  Acadiens  déportés.  Une  attraction 
puissante  émanait  pour  moi  de  ces  choses  qui  n'avaient  pour  d'au- 
tres que  le  mérite  de  i)iquer  la  curiosité  ;  et  je  me  sentais  comme 
fortement  pressé  d'entreprendre  des  recherches,  de  me  livrer  à  des 
méditations  qui  semblent  avoir  rebuté  tous  ceux  qui  jusqu'ici  se 
sont  occupés  de  la  question.  Le  mystère  même  qui  l'environnait 
a  fasciné  bien  des  écrivains  ;  mais  l'on  se  lasse  vite  d'un  labeur 
qui  se  heurte  à  des  difficultés  de  toute  nature  ;  aussi  est-il  arrivé 
que  tous  ont  fini  par  enjamber  le  vide  ou  par  exploiter  un  mince 
filon  emprunté  à  ceux  qui  avaient  ouvert  la  voie. 

Toute  l'importance  de  cette  histoire  de  l'Acadie,  depuis  la 
conquête  anglaise,  en  1710,  jusqu'en  1763,  se  concentre  dans  les 
actes  qui  ont  amené  la  déportation,  dans  cette  déportation  même 
avec  tout  ce  qui  s'en  est  suivi.  Et  cela  embrasse  une  période  qui 
s'étend  de  1743  à  1763,  ou  même  1766.  Ce  qui  précède  ne  renferme 
rien  qui  soit  vraiment  digne  de  mémoire.  L'on  ne  s'attarde  pas  à 
dépeindre  la  rivière  qui  coule  jjaisible  à  travers  une  vallée  dont  la 
physionomie  est  plate  et  uniforme.  Que  si,  laissant  derrière  soi 
cette  ennuyeuse  monotonie,  l'on  atteint  des  escarpements  prodigieux 
et  fantastiques,  des  rochers  qui  surplombent,  des  flots  écumants 
qui  se  précipitent  d'abîme  en  abîme,  alors  l'on  s'arrête  comme  saisi, 
l'on  reste  émerveillé  de  cette  nature  tourmentée,  déchirée  par  les 
efforts  incessants  de  l'onde  qui  passe.  C'est  là  l'image  de  l'histoire 
que  nous  allons  parcourir.  Mais  au  lieu  de  décrire  minutieusement 
la  partie  qui  seule  offre  un  intérêt  réel  et  varié,  l'on  s'est  borné 
jusqu'ici  à  en  tracer  quelques  couj)s  de  crayons  grossiers  qui  ne  nous 
laissent  rien  voir  des  événements  palpitants  dont  elle  est  parsemée. 

Comment  expliquer  la  disparition  des  documents  ayant  trait 
à  une  période  si  importante  ?  Faut-il  voir  là  un  simple  hasard  ou 
un  coup  prémédité?  Telle  est  la  question  que  beaucoup  d'écrivains 
se  sont  posée  avant  nous.  Ceux  qui  y  ont  répondu  l'ont  tous  fait 
dans  le  même  sens,  d'autres  ont  fait  semblant  de  l'ignorer,  c'est-à- 
dire  qu'ils  n'ont  voulu  en  tenir  aucun  compte,  et  qu'ils  l'ont  déli- 
bérément passée  sous  silence.  Mais  si  ces  derniers  ne  partageaient 
pas  les  soupçons  de  leurs  confrères,  l'on  conviendra  que  leur  devoir 
était  de  les  combattre,  ou  à  tout  le  moins  de  mentionner  le  fait  de 
la  disparition  de  ces  documents,  ne  fût-ce  que  pour  se  justifier 
auprès  de  leurs  lecteurs  d'avoir  exposé  brièvement  une  période  aussi 
importante  de  l'histoire.  Avaient-ils  peur  qu'on  ne  tirât  de  là  des 
conclusions  qui  s'imposent  ?   On  pourrait  le  croire. 


196  LS   PARLES    FRANÇAIS 

Quoi  qu'il  en  soit,  le  développement  que  nous  avons  donné  à 
un  sujet  que  nos  devanciers  avaient  seulement  effleuré  devra  suffire 
pour  prouver  que  nous  nous  sommes  imposé  un  travail  sérieux  et 
que  nous  avons  trouvé  bien  des  renseignements  nouveaux.  Sur  ce 
point,  nos  lecteurs  ne  seront  pas  déçus.  Quelque  opinion  qu'ils 
conçoivent  de  notre  œuvre,  ils  ne  pourront  nous  refuser  le  mérite 
de  les  avoir  intéressés  par  une  masse  de  documents  inédits,  par  des 
aperçus  originaux  et  des  conclusions  dont  il  est  difficile  de  se  défen- 
dre. D'aucuns  même,  nous  en  sommes  persuadé,  ne  seront  pas  loin 
d'admettre  que  ce  livre  est  toute  une  révélation,  et  qu'il  renferme 
la  solution  du  problème  qui  se  posait  depuis  un  .siècle. 

L'on  sait  quelles  impressions  profondes  produisent  sur  l'enfant 
les  récits  du  foyer,  surtout  lorsque  ces  récits  sont  tout  pleins  d'élé- 
ments dramatiques.  Et  si  les  événements  qu'il  entend  raconter 
furent  personnels  aux  auteurs  de  ses  jours,  ils  prennent  à  ses  yeux 
des  proportions  démesurées  et  s'enracinent  à  jamais  dans  son 
esprit.  Ainsi  en  fût-il  pour  moi  des  événements  qui  ont  précédé, 
accompagné  et  suivi  la  déportation  des  Acadiens.  C'est  sur  les 
genoux  de  ma  mère  '•'■'>  qu'ils  m'ont  été  cent  fois  contés  ;  et  les  larmes 
que  souvent  ils  m'ont  fait  verser  suffiraient  seules  à  en  perpétuer 
en  moi  le  souvenir.  Toute  mon  enfance  s'est  écoulée  au  sein  d'une 
population  acadienne.  Alors  vivaient  encore  les  fils  de  ceux  qui 
avaient  été  déportés  ;  ces  souvenirs  étaient  frais  dans  leur  mémoire  ; 
et  chaque  famille  pouvait  recomposer  la  série  de  ses  malheurs,  depuis 
le  départ  de  Grand-Pré,  Beaubassin  ou  Port-Royal,  jusqu'au  moment 
de  son  établissement  définitif  en  Canada  '■^K 


'"  Marie-Hermine  le  Prince,  née  à  Saint-Grégoire  de  Nicolet,  le  14  janvier 
1818,  était  fille  de  Joseph  le  Prince,  —  frère  de  Mgr  Jean-Charles  le  Prince,  d'abord 
coadjuteur  de  Montréal,  puis  premier  évéque  de  Saint-Hyacinthe,  —  et  de  Julie 
Doucet.  Elle  était  sœur  de  ma  mère  Elizabeth-Esther  le  Prince.  Le  14  janvier 
1841,  elle  épousa  à  Saint-Grégoire  Louis  Richard  qui,  cette  même  année,  s'établit 
à  Stanfold  comme  marchand  et  y  demeura  jusqu'à  sa  mort  arrivée  le  13  novembre 
1876.  Il  avait  été  fait  Conseiller  Législatif  au  Parlement  de  Québec  en  1874.  Her- 
mine le  Prince  mourut  à  l'Hôtel-Dieu  d'.\rthabaska  le  13  décembre  1899  et  fut 
inhumée  à  Victoriaville. 

<'*  «  J'ai  encore  un  vieil  oncle  —  Raphaël  Richard  —  qui  se  rappelle  très 
nettement  avoir  entendu  son  aïeul  raconter  les  incidents  de  la  déportation  dont  il 
avait  été  lui-même  victime  à  l'âge  de  onze  ans.  » 

Raphaël  Richard  était  le  frère  de  Louis  Richard,  père  de  l'auteur  d'Acadie. 
Il  naquit  à  Saint-Grégoire  de  Nicolet,  le  21  février  1821,  du  mariage  de  .\uguste 
Richard  et  de  Marie  Hébert.  Dès  l'âge  de  treize  ans,  il  entra  dans  la  carrière  com- 
merciale à  Québec,  et  plus  tard  passa  en  .Angleterre  où  il  vécut  trois  ans  comme 
acheteur  pour  la  maison  de  son  frère  Colbert  Richard,  dont  le  siège  était  dans  la 
capitale  du  Bas-Canada.  Le  4  septembre  1854,  il  épousa  à  Saint-Grégoire  Elodie 
le  Prince.  Il  s'établit  à  Stanfold  où  il  résida  jusqu'en  1863  ;  il  vint  alors  se  fixer  à 
Arthabaska.  Il  mourut  à  Victoriaville,  le  27  juillet  1903,  chez  sa  fille  Madame 
A.-F.  Poulin,  née  Eugénie,  et  fut  inhumé  dans  le  cimetière  d' Arthabaska.  Il  était 
le  père  de  M.  Auguste  Richard  et  de  M.  Emile  Richard. 


PRÉFACE  197 

Une  génération  nouvelle  a  maintenant  remplacé  celle  qui  dis- 
paraissait r  moi-même,  voilà  bien  des  années  que  j'ai  quitté  le  toit 
paternel,  dit  udieu  au  village  natal  ;  les  impressions  et  les  souvenirs 
de  mon  enfance,  si  vivaces  qu'ils  soient  encore  au  fond  de  ma  pensée, 
ont  perdu  cette  précision  qui  fait  la  valeur  des  traditions  soigneuse- 
ment recueillies  et  rend  si  précieux  leur  témoignage.  Du  reste,  mes 
souvenirs  ne  portant  que  sur  les  faits  purement  nuitériels  de  la 
déportation  et  les  infortunes  qui  en  furent  la  conséquence,  le  lecteur 
n'y  prendrait  qu'un  médiocre  intérêt.  Nous  dirons  seulement  que 
la  réponse  invariable  de  tous  ceux  à  qui  s'adressaient  nos  questions 
touchant  les  causes  de  la  déportation  fut  celle-ci  :  refus  de  la  part 
des  Acadiens  de  prêter  le  serment  d'allégeance  sans  la  ré.serve 
expres.se  (ju'on  ne  leur  ferait  jamais  i)rendre  les  armes  contre  les 
Français. 

«  Mais,  leur  objections-nous  souvent,  cela  est  difficile  à  croire. 
Vos  pères  ont  dû  se  rendre  coupables  de  quelque  acte  d'hostilité 
qui  a  forcé  le  gouvernement  à  user  envers  eux  de  rigueur.  Leur 
châtiment  a  sans  doute  été  trop  sévère,  et  il  faut  blâmer  l'autorité 
d'avoir  eu  recours  à  un  si  violent  moyen  de  répression  ;  mais  com- 
ment pen.ser  qu'ils  ne  méritaient  pas  au  moins  quelque  peine  ?»  — 
Et  notre  question  évoquait  toujours  la  réponse,  précise  et  formelle, 
qu'à  aucun  moment  la  population  qui  résidait  dans  la  péninsule,  en 
territoire  anglais,  n'avait  pris  ou  même  menacé  de  prendre  les 
armes  contre  ses  maîtres. 

En  dépit  de  leurs  affirmations,  nous  nous  imaginions  que  nos 
interlocuteurs  devaient  se  tromper.  Le  dirons-nous  ?  notre  désir 
était  de  nous  convaincre  nous-même  qu'ils  faisaient  erreur.  L'amer- 
tume que  ces  souvenirs  suscitent  en  nous  eût  été  amoindrie  par  la 
certitude  que  la  déportation  avait  eu  une  cause  avouable.  Nous 
aurions  alors  confondu  ou  essayé  de  confondre  ces  néfastes  événe- 
ments avec  tant  d'autres  qui,  à  des  éj)oques  reculées,  ont  frappé 
indistinctement  toutes  les  nations.  Quelque  cruel  qu'ait  été  un 
châtiment,  l'idée  qu'il  a  été  en  partie  mérité  est  déjà  en  .soi  une 
consolation  "*,  le  pardon  et  l'oubli  deviennent  possibles,  si  ce  n'est 
même  un  devoir. 

Or,  l'étude  consciencieuse  que  nous  avons  faite  ne  nous  a  pas 
donné  cette  consolation-là.  Nous  avons  au  contraire  acquis,  au 
cours  de  nos  recherches,  la  persuasion  absolue  que  la  tradition  était, 
sur  le  point  qui  nous  occupait,  le  fidèle  écho  de  la  vérité  historique. 


'"  C'est  presque  la  réflexion  do  l'ÉvaiiKile  : 

Et  nos  quidem  juste,  nam  digna  fartis  recipimus  ;  hic  vero  tiU  mali  geasU. 
«  Pour  nous,  c'est  justice,  car  nous  recevons  ce  qu'ont  mérité  nos  crimes  ; 
mais  celui-ci  n'a  rien  fait  de  mal.  »  —  Luc,  XXIII,  41. 


198  LE    PARLER   FRANÇAIS 

Ajoutons  seulement,  si  extraordinaire  que  cela  puisse  paraître,  que 
le  gouvernement  de  la  métropole  ne  fut  pour  rien  dans  l'arrêt  et 
l'exécution  de  la  mesure  barbare  dont  le  souvenir  causera  toujours 
une  impression  douloureuse  au  monde  civilisé  *''. 

Il  est  des  événements  ou  des  hommes  qui  s'imposent  à  l'atten- 
tion de  leurs  contemporains  avec  une  telle  force  qu'il  semble  que  leur 
souvenir  subsistera  longtemps  et  sera  même  consacré  par  l'histoire. 
Ils  passent  cependant  sans  laisser  de  trace  ;  le  vain  bruit  qu'ils 
ont  fait  s'éteint  dans  un  prompt  oubli.  D'autres,  moins  impor- 
tants en  apparence  et  moins  remarqués,  se  prolongent  indéfiniment 
dans  l'avenir,  sans  rien  perdre  de  l'intérêt  qu'ils  avaient  d'abord 
suscité.  Enfin,  certains  faits  ou  certains  personnages  paraissent 
grandir  en  raison  de  la  distance  qui  nous  en  sépare  :  ils  prennent 
d'autant  plus  de  majesté  qu'ils  s'enfoncent  dans  un  passé  plus 
lointain  ^'K  Dans  l'antiquité,  le  siège  de  Troie,  le  combat  des 
Thermopyles,  les  noms  d'Homère,  de  Socrate,  de  Platon  ;  dans  les 
temps  modernes,  la  Grande  Charte,  la  Saint-Barthélémy,  Colomb, 
Shakespeare,  Washington,  voilà  de  ces  choses  et  de  ces  hommes  qui 
projettent  dans  l'histoire  une  ombre  gigantesque.  Ainsi  en  sera-t-il, 
croyons-nous,  de  la  déportation  des  Acadiens  '".  Ce  fait  unique 
de  la  dispersion  d'un  peuple  prendra  toujours  plus  de  relief  avec  le 
recul  des  siècles.  L'effort  même  qu'on  a  fait  pour  effacer  tout 
vestige  de  cet  événement,  en  supprimant  les  documents  et  les  mémoi- 
res où  son  empreinte  était  gravée,  contribuera  plus  que  tout  le  reste 
à  en  perpétuer  le  souvenir.  Là  oii  l'historien  ne  peut  pénétrer, 
entre  le  poète  avec  ses  admirables  facultés  d'intuition  et  de  divi- 
nations. Ces  chapitres  tronqués  ou  perdus  de  l'histoire  des  nations 
deviennent  alors  le  domaine  mystérieux  où  celui-ci,  glanant  les  rares 
épis  échappés  à  la  destruction,  empruntant  le  reste  à  son  propre 


<"  Cette  assertion  n'est  pas  juste,  dans  son  ton  absolu.  Nous  ne  pouvons 
cependant  croire  que  l'auteur  l'ait  faite  par  esprit  de  ménagement  envers  la  couronne 
Britannique.  Richard  n'occupait  aucune  situation  officielle  quand  il  a  composé 
son  ouvrage,  et  il  n'attendait  aucune  faveur  de  la  Grande  Bretagne  et  de  ses  repré- 
sentants au  Canada.  Sa  probité  l'eut  d'ailleurs  empêché  de  lancer  une  pareille 
affirmation  si  les  documents  lui  eussent  fourni  la  preuve  du  contraire.  Il  était  seu- 
lement insuffisamment  renseigné  sur  ce  point  particulier  que  la  mise  au  jour  des 
archives  coloniales  a  permis  d'élucider  depuis,  comme  nous  le  montrerons.     * 

'''  Cette  dernière  phrase  nous  remet  en  mémoire  la  belle  pensée  de  Cormenin, 
dans  son  Livre  des  Orateurs  :  «  Les  hommes  extraordinaires  sont  comme  les  mon- 
tagnes ;  et  leur  image  nous  paraît  d'autant  plus  grande  qu'elle  s'éloigne  davantage 
de  notre  vue,  et  qu'elle  s'élève  toute  seule  sur  les  confins  de  l'horizon.  » 

'^'  C'est  beaucoup  dire.  Enthousiaste  de  .son  sujet,  l'auteur  verse  ici  dans 
une  déclamation  qui  s'allie  mal  avec  le  ton  pondéré  que  nous  attendons  de  l'historien. 
Nos  lecteurs  ramèneront  toutes  choses  à  leurs  véritables  proportions.  Et  pourquoi 
Richard  ne  signale-t-il  pas  à  cet  endroit  le  démembrement  et  le  partage  de  la  Polo- 
gne .'  C'est  bien  là  pourtant  le  fait  de  l'histoire  moderne  qui  présente  le  plus  d'ana- 
logie avec  le  drame  acadien. 


UNE   PRÉFACE  199 

génie,  compose  ces  chants  attendris  qui  lui  vaudront  l'immortalité  *'\ 
Et  quelle  riche  moisson  poétique  offre  le  sujet  que  nous  allons  expo- 
ser !  Un  peuple  heureux  et  prosjjère  arraché  violemment  à  ses 
foyers,  disséminé  sur  toutes  les  plages  ;  des  familles  brisées  dont  les 
membres  épars  se  cherchèrent  pendant  des  années  ;  des  existences 
vouées  désormais  à  la  tristesse  et  à  la  douleur,  oh  !  comme  de  tout 
■cela  se  dégage  une  impression  pénétrante.  Même  après  plus  d'un 
siècle,  impossible  à  celui  qui  médite  sur  ces  événements  de  n'en  pas 
recevoir  une  sensation  d'infînissable  mélancolie.  Les  victimes  de 
ce  drame  lugubre  vous  prennent  au  cœur  et  aux  entrailles,  comme  les 
personnages  d'une  tragédie  antique.  L'esprit  se  perd  à  vouloir 
calculer   les   conséquences   de   cette   affreuse   dispersion  :    elles   ont 


<"  L'.\cadie  attend  toujours  son  «  pointe  national  »  qui  chantera  en  belles 
strophes  l'épopée  douloureuse  des  ancêtres.  C'est  un  poète  américain  qui  a  eu 
le  premier  l'honneur  d'exploiter  l'excellente  matière  d'art  que  renferme  ce  fait  de  la 
déportation  d'un  petit  peuple.  Et  c'est  évi<leninient  à  \  Evangéline  de  Longfellow 
que  Richard  fait  ici  allu.sion.  Sur  l'origine,  les  sources,  le  caractère  de  ce  poème,  il 
faut  consulter  l'ouvrage  .si  documenté  de  M.  Paul  Morin,  intitulé  :  Le»  Sources  de 
l'œuvre  de  Henry  Wadmcorth  Longfellow  (Pari.s.  Emile  Larose,  Lihr. -Éditeur,  11,  rue 
Victor  Cousin.  1913)  de  la  page  133  à  la  page  154.  Nous  empruntons  à  ce  beau  tra- 
vail les  notes  .suivantes  :  Dans  American  Sote-lioolts  (Boston,  1868,  I,  203).  N. 
Hawthonie  dit  qu'un  «  Canadien-français  a  raconté  cette  histoire  d'un  jeune  couple 
acadien  à  II.  L.  Conolly.  Le  jour  du  mariage  de  ces  jeunes  gens,  tous  les  hommes  de 
la  province  reçurent  l'ordre  de  se  réunir  à  l'égli.se  pour  entendre  lecture  d'une  pro- 
clamation. A  peine  assemblés,  on  les  fit  prisonniers,  et  des  navires  les  amenèrent 
dans  la  Nouvelle  Angleterre  oii  on  les  dis.sémina.  Parmi  eux  se  trouva  le  jeune 
époux  ;  sa  femme,  partie  à  sa  recherche,  erru  dans  le  pays  pendant  toute  sa  vie,  et, 
déjà  vieille,  le  retrouva  enfin,  mais  sur  son  lit  de  mort.  Sa  douleur  fut  si  profonde 
qu'elle  le  suivit  bientôt  dans  la  tombe  ».  Hawthorne  et  Conolly,  dînant  un  soir 
chez  Longfellow,  firent  ce  récit  au  poète,  qui  en  tira  Evangdine.  M.  Paul  Morin 
dresse  ensuite  la  nomenclature  des  Konrce.t  rerlaine.i  et  des  aourcea  po.ixihles  <le  ce 
poème,  et  il  conclut  :  Haliburton  —  avec  son  ouvrage  An  Hiatorical  and  Statislical 
accouni  of  Nova  Scotia,  Halifax,  1829,  2  vols.,  —  fut  la  source  principale  de  la  première 
partie  (I,  66.5),  William  Darby  —  avec  son  ouvrage  A  geographical  description  of  the 
State  of  Louisiana.  Philadelphia,  1816,  —  de  la  seconde  (666-fin).  Puis  vient  l'ana- 
lyse détaillée  du  poème,  selon  l'ordre  des  vers  :  l'on  nous  montre  tout  ce  que  Long- 
fellow doit  aux  auteurs  cités  précédemment,  au  point  de  vue  de  l'histoire,  de  la 
légende,  de  la  géographie,  de  l'ethnologie,  etc.  —  il  est  très  intéressant  de  constater 
la  part  de  réalités  objectives  qui  .se  mêle  à  la  fiction  du  poète,  et  de  voir  comment 
celui-ci  a  transforn)é  et  s'est  assimilé  les  divers  éléments  qu'il  avait  puisés  de  côté  et 
d'autre.  A  la  fin  de  son  étude,  M.  Morin  établit  <|ue  c'est  à  tort  que  l'on  a  «  fré- 
quemment comparé  V Erangéline  de  Longfellow  à  VHermiinn  et  Dorothée  de  Goethe. 
Les  deux  idylles  n'ont  que  fort  peu  en  commun.  Dans  llermann  et  Dorothée  ce  sont 
les  personnages  qui  parlent  le  plus  souvent,  les  héros  excitent  également  l'intérêt  du 
lecteur,  les  caractères  sont  clairement  décrits,  les  descriptions  nettes  et  vigoureuses, 
enfin,  et  surtout,  (îœthe  épui.se  ses  situations  et  les  soutient  avec  habileté  jusqu'à  la 
fin  ;  le  poème  américain  semble  au  contraire  être  «  récité  »  par  son  auteur,  et  Kvan- 
géline  y  occupe  la  première  et,  pour  ainsi  dire,  l'unique  place.  Gabriel  pa.sse  prcs- 
qu'inaïuTçu,  et  nous  ne  nous  en  faisons  qu'une  idée  a.s.sez  vague,  Longfellow  s'inter- 
rompt lui-même  pour  introduire  de  longues  descriptions  dans  son  texte,  et  ces  rac- 
cords sont  infiniment  nuisibles  à  l'harmonie  générale.  .  .  » 

L'on  sait  que  notre  «  poète  du  terroir  »,  Pamphilc  Lcmay,  a  traduit  en  vers 
français  V Erangéline  de  Longfellow.  Le  2  juillet  1902,  Itichard  envoyait  de  Paris 
une  préface  pour  une  édition  nouvelle  de  cette  traduction,  laquelle  n'a  paru  qu'en 
1912,  à  Montréal,  chez  J.-Alfred  Guay. 


200  LE    PARLER    FRANÇAIS 

atteint  chacun  des  membres  de  chaque  famille  ;  pas  un  cœur  qui 
n'en  ait  été  torturé  ;   pas  un  muscle  qui  n'en  ait  tressailli. 

Si  nous  ne  pouvons  nous  dire  que  le  châtiment  infligé  à  nos 
pères  fut,  même  pour  une  part,  mérité,  du  moins  la  conviction  que 
la  métropole  n'avait  pas  décrété  officiellement  ce  crime  a  apporté 
comme  un  adoucissement  aux  pensées  amères  qui  hantaient  notre 
esprit.  Non  !  Le  gouvernement  anglais  n'a  jamais  ordonné  cette 
déportation  ;  et  nous  voulons  croire  qu'il  n'en  a  jamais  entretenu 
la  pensée  sous  la  forme  odieuse  qui  a  été  adoptée  '".  Cet  ouvrage 
fournira  la  preuve  indiscutable  qu'au  moment  même  où  le  gouver- 
neur Lawrence,  se  couvrant  indignement  du  nom  de  Sa  Majesté, 
mettait  à  exécution  ce  dessein  depuis  longtemps  nourri,  on  lui 
adressait  de  là-bas  des  ordres  condamnant  en  termes  énergiques  le 
projet  pourtant  atténué,  la  mesure  adoucie,  qu'il  avait  soumis  aux 
Lords  of  Trade.  Chose  étrange,  et  qui  montre  avec  quelle  légèreté 
s'écrit  parfois  l'histoire  :  aucun  des  historiens  anglais  ne  cite  un 
seul  des  documents  qui  établissent  ce  fait  si  important,  les  uns  pour 
des  raisons  que  nous  expliquerons  au  cours  de  ce  récit,  les  autres 
parce  qu'ils  ont  aimé  mieux  suivre  le  sentier  battu  que  de  s'ouvrir 
un  chemin  à  travers  la  brousse. 

Nous  n'entendons  point,  dans  une  préface,  indiquer,  fût-ce 
brièvement,  sur  quoi  s'appuie  notre  ouvrage,  quelles  en  sont  les 
substructions.  Cela  nous  entraînerait  trop  loin.  Que  ceux  qui 
prennent  un  sincère  intérêt  aux  choses  de  l'histoire  soient  seulement 
assurés  de  trouver  ici  de  quoi  satisfaire  pleinement  leur  légitime 
curiosité.  Nous  osons  même  nous  flatter  que  notre  ouvrage  leur 
donnera  la  solution  de  l'énigme  qu'ils  cherchaient  depuis  longtemps  : 
nos  explications  mises  à  part,  l'enchaînement  progressif  des  faits 
à  la  lumière  des  nombreux  documents  inédits  que  nous  apportons,  — 
voilà  ce  qui  sera  surtout  de  nature  à  leur  plaire. 

Dans  l'esprit  de  nos  lecteurs  va  sans  doute  s'élever  une  foule 
de  préventions,  que  nous  espérons  voir  tomber  une  à  une,  et  se  dissi- 
per tout  à  fait  bien  avant  le  dernier  chapitre  de  notre  livre.  Loin 
de  nous  étonner  de  ces  préventions,  nous  les  comprenons  parfaite- 
ment :  comment  en  effet  se  défendre  de  l'impression  que  celui  qui 
décrit  des  événements  auxquels  tous  ses  ancêtres  ont  été  si  doulou- 
reusement mêlés  ne  puisse  les  envisager  avec  le  calme  et  l'impar- 
tialité nécessaires  à  l'historien  ?  —  Il  est  vrai,  le  souvenir  du  traite- 


<"  Le  texte  primitif  portait  :  «  Le  gouvernement  anglais  n'a  jamais  ordonné 
cette  déportation,  ni  rien  fait  gui  pût  l'impliquer  ».  C'est  cette  version  qui  a  passé 
dans  la  traduction  anglaise  :  «  The  English  Government  never  ordered  this  déporta- 
tion, nor  ever  did  anything  thaï  might  imply  il.  »  (p.  7).  L'auteur  biffa  subséquera- 
ment  ce  dernier  membre  de  phrase  et  le  remplaça  par  celui-ci  :  «  et  nous  voulons 
croire  qu'il  n'en  a  jamais  entretenu  la  pensée  dans  la  forme  odieuse  qui  a  été  adoptée  ». 


UNE    PRÉFACE  201 

ment  infligé  aux  Acadiens  a  laissé  en  notre  âme  une  empreinte 
indélébile  ;  notre  cœur  a  saijjné  au  réeit  des  malheurs  qui  ont 
accablé  nos  pères.  Et  cependant  cela  est  resté  sans  itifluence  sur 
notre  jugement,  et  c'est  avec  la  plus  grande  liberté  d'esprit  que  nous 
avons  examiné  un  problème  obscur  et  tenté  de  le  décliiffrer.  1/édu- 
cation  fixe  souvent  dès  l'enfance  les  o[)inions  de  toute  la  vie.  Pour 
le  plus  grand  nombre,  cette  éducation  est  tout  ;  elle  met  dans  leur 
intelligence  des  semences  d'idées,  dans  leur  cœur  des  germes  de 
sentiments  qui  se  développeront  normalement  et  leur  serviront 
à  tout  jamais  de  règles  et  de  principes  :  en  sorte  que  les  choses 
seront  toujours  teintées  à  leurs  yeux  des  couleurs  sous  lesquelles 
elles  leur  sont  apparues  d'abord.  Mais  il  y  a  des  tempéraments 
plus  souples,  plus  élastiques,  et  aussi  plus  personnels,  qui,  tout  en 
respectant  les  traditions  jjuisées  au  foyer,  les  discutent,  en  pèsent 
la  valeur,  font  même  table  rase  de  tout  ce  dont  l'éducation  les  a 
chargés  pour  revoir  les  questions  dans  une  lumière  nouvelle  et  sous 
un  angle  plus  large.  Telle  est,  croyons-nous,  la  disposition  de  notre 
caractère. 

Les  historiens  n'ont  pas  l'habitude  de  faire  leur  propre  psycho- 
logie. Quelque  naïveté  qu'il  puisse  y  avoir  à  l'avouer,  l'on  nous 
permettra  de  dire  que  la  bienveillance  —  trait  le  plus  saillant  de 
notre  nature  —  nous  a  guidé  dans  tout  le  cours  de  notre  étude. 
Chaque  fois  que  cela  a  été  possible  sans  compromettre  trop  grave- 
ment la  vérité,  il  nous  a  été  doux  de  céder  à  ce  sentiment.  Nous 
nous  sommes  gardé,  encore  que  cela  eût  été  facile,  de  suspecter  la 
sincérité  de  bien  des  historiens  ;  nous  avons  même  poussé  l'indul- 
gence jusqu'à  prêter  à  tel  ou  tel  des  intentions  honnêtes  quand 
nos  convictions  nous  disaient  tout  le  contraire,  pensant  qu'il  valait 
mieux  nous  taire  ou  pécher  par  excès  de  bonté  que  de  risquer  de 
tomber  dans  une  sévérité  outrée.  Pourtant  devant  les  efforts 
systématiques,  bien  caractérisés  et  sans  cesse  renouvelés  que  cer- 
taine école  a  tentés  pour  fausser  l'histoire,  le  silence  de  notre  part 
eût  été  une  faute  ;  notre  conscience  nous  faisait  un  devoir  de  dévoi- 
ler ces  pratiques  honteuses  et  d'en  stigmatiser  les  auteurs. 

C'est  du  compilateur  des  Archives  de  la  Nouvelle- Ecosse  et  de 
M.  Parkman  que  nous  voulons  ici  parler  <". 


<"  Francis  Parkman  était  le  fils  du  révérend  Francis  Parkman,  qui  fut  pen- 
dant 36  ans  pasteur  de  la  New  Norih  Church  de  Boston,  et  de  Caroline  Hall.  Il 
naquit  à  Boston  le  16  septembre  1823.  L'ancêtre  des  Parkman  en  Amérique 
s'appelait  Klias,  qui  venait  de  Sidmouth  (Devon)  et  s'était  établi  à  Dorchester 
(Massachusetts)  en  1633.  Francis  Parkman  étudia  au  collège  de  Harvard  où 
il  prit  ses  degrés  en  1844.  Sur  les  instances  de  son  père,  il  entra  alors  à  l'école 
de  droit  «  Dane  »  de  Cambridge,  et  en  obtint  les  titres  en  1846.  Il  ne  se  fit  cepen- 
dant jamais  admettre  au  barreau.  Il  se  mit  à  voyager  dans  le  Nord-Ouest  américain 
et  à  étudier  l'ethnologie  indienne.     Son  premier  voyage   The  Oregon   Trait  (1849) 


202  LE   PARLER   FRANÇAIS 

Nous  regrettons  d'avoir  eu  à  traiter  avec  rigueur  ces  deux  der- 
niers historiens,  mais  l'évidence  avec  laquelle  nous  est  apparue  leur 
mauvaise  foi  nous  en  faisait  une  obligation.  Comme  nous  n'avan- 
çons rien  sans  preuves,  le  public  jugera  par  lui-même  de  la  valeur 
des  motifs  qui  nous  ont  inspiré  à  cet  égard.  Nous  nous  exposons 
sans  doute  à  des  représailles  que  nous  sommes  du  reste  en  mesure 
de  pouvoir  repousser  victorieusement.  Malgré  toutes  nos  recher- 
ches pour  nous  rendre  maître  de  la  question,  il  est  possible  que 
nous  ayons  pu  nous  tromper  sur  quelques  points,  laisser  de  côté 
certains  faits  secondaires  ou  même  importants.  Il  n'y  aurait  rien 
d'étonnant  à  cela,  puisqu'il  s'agissait  de  reconstituer  un  chapitre 
perdu  avec  des  fragments  échappés  à  la  destruction.  Si  donc  des 
erreurs  se  sont  glissées  dans  notre  travail,  nous  sommes  prêts  à  les 
reconnaître  et  à  les  corriger.  Mais  autre  chose  est  ignorer  un  fait 
inédit  et  dénaturer  ou  passer  sous  silence  une  vérité  que  tout  le 
monde  connaît  et  qui  s'impose  à  l'esprit. 

La  plupart  des  historiens  ont  cependant  tiré  des  conclusions 
peu  différentes  des  nôtres.  Tout  ce  qui  s'est  écrit  sur  le  sujet  pen- 
dant au  delà  de  cent  ans  procédait  à  peu  près  du  même  point  de  vue. 
D'abord  vint  Raynal,  qui  écrivait  vers  1780,  peu  de  temps  après 
la  déportation  '".     Son  ouvrage  —  Histoire  philosophique  et  politique 


contient  le  récit  de  ses  courses  et  de  ses  observations  dans  ces  régions  lointaines. 
En  1851  parut  sa  Conspiration  de  Pontiac  ;  en  18.56,  il  donna  un  essai  de  roman  sous 
le  titre  Vassal  Morton.  11  avait  épousé,  en  18.50,  Catherine,  fille  du  docteur  Jacob 
Bigelow,  de  Boston.  Madame  l'arkman  mourut  en  1858.  Vers  cette  époque, 
Parkman  eut  une  crise  de  santé  (|ui  dura  longtemps  et  qui  faillit  prendre  une  tour- 
nure fatale  :  il  était  menacé  de  perdre,  non-seulement  la  vue  qu'il  eut  toujours  très 
faible,  mais  la  raison.  Il  alla  à  Paris  consulter  des  spécialistes  qui  ne  lui  donnèrent 
pas  grand  espoir  de  guérison.  De  retour  dans  son  pays,  il  se  fit  fïoriculteur  et  obtint 
en  cette  qualité  une  sorte  de  célébrité.  Les  forces  lui  ayant  été  rendues,  il  recom- 
mença à  voyager,  et  à  préparer  le  grand  ouvrage  qu'il  méditait  depuis  longtemps  et 
auquel  il  a  donné  le  titre  général  de  La  France  et  V Anghlerre  dans  V Amérique  du 
Nord.  Car  Parkman  s'était  toujours  destiné  à  l'histoire.  Il  alla  plusieurs  fois 
à  Paris  consulter  les  archives  et  les  savants  ;  à  diverses  reprises,  il  visita  aussi  le 
Canada,  Québec,  Montréal,  la  Nouvelle-Ecosse  ;  il  y  était  allé  en  1856  notamment  ; 
il  y  retourna  en  1873  et  parcourut  maintes  fois  la  région  sise  entre  Québec  et  le  lac 
George.  C'est  vers  la  fin  de  la  guerre  de  Sécession  qu'il  commença  à  donner  les 
monographies  qui  ont  fait  sa  gloire  et  qui  toutes  se  rangent  sous  la  rubrique  que  nous 
avons  indiquée  plus  haut.  Voici  ces  ouvrages  dans  l'ordre  de  leur  apparition  : 
The  Pioneers  oj  France  in  Ihe  New  World  (1865)  ;  The  Jesuits  in  North  America 
(1867)  ;  The  Discovery  of  the  Great  West  (1869)  ;  The  Old  Régime  (1874)  ;  Count 
Frontenac  and  Neiv  France  under  Louis  XIV  (1877)  ;  Montcalm  and  Wolfe  (1884)  ; 
A  Half  Century  of  Conflict  (1892).  Francis  Parkman  mourut  dans  sa  résidence  de 
Jamaica  Plains,  près  Boston,  le  8  novembre  1893,  près  de  deux  ans  avant  la  publi- 
cation de  Acadia.  Cf.  American  Literary  Masters,  par  Léon-H.  Vincent,  (Boston 
and  New  York,  Houghton,  Miflin  and  Co.  1906)  p.  379  et  seq.  et  surtout  A  Life  of 
Francis  Parkman,  par  Charles  Haight  F"arnham  (Boston,  Little,  Brown  and  Co. 
1909). 

<•>  Raynal  (Guillaume-Thomas-François),  historien  et  philosophe,  né  à 
Saint-Geniez  (Rouergue)  en  1713,  mort  à  Paris  en  1796.  Élève  du  collège  des 
Jésuites  de  Pèzenas,  il  fut  ordonné  prêtre,  devint  desservant  à  Saint-Sulpice  (1747), 
mais  ne  tarda  pas  à  entrer  comme  rédacteur  au  Mercure  de  France  et  se  fit  bientôt 


UNE    PRÉFACE  203 

des  établissements  et  du  commerce  des  Européens  dans  les  deux  Indes  — 
pourrait  avoir  (|uelque  valeur  si  l'auteur  avait  vécu  sur  les  lieux,  ou 
s'il  avait  soulcnieut  pris  la  peine  de  les  visiter  et  de  recueillir  par 
lui-même  des  informations.  Faute  d'avoir  personnellement  con- 
trôlé ses  sources  de  renseignements,  Raynal,  bien  cpie  contemporain 
des  événements  cpi'il  raconte,  ne  compte  jjuère  comme  historien. 
Sans  mettre  en  doute  sa  bonne  foi,  nous  attachons  si  peu  d'impor- 
tance à  son  récit  cjue  nous  ne  le  citons  pas  une  seule  fois.  Ses  opi- 
nions ne  sont  que  le  reflet  des  idées  et  des  sentiments  cpii  réj;;naient 
alors  en  France.  Ce  n'est  pas  un  écrivain  sérieux,  c'est  tout  au  plus 
un  beati  conteur  dans  le  style  pompeux  et  ampoulé  de  l'épociue. 
La  peinture  flatteuse  qu'il  fait  des  monirs  acadiennes  est  trop  idéale 
pour  n'avoir  pas  été  enjolivée  par  son  imagination.  Néanmoins, 
nous  avons  des  preuves  nombreuses  qu'à  Halifax  même,  une  partie 
de  la  population  ne  paraissait  |)as  supposer  qu'il  s'éloignât  beaucoup 
de  la  réalité.     Haliburton,  qui  écrivait  quarante  ans  plus  tard,  cite 


connaître  dans  le  monde  des  lettres  et  des  philosophes.  11  publia  avec  grand  succès 
plusieurs  ouvrages  de  1748  à  1763.  Raynal  conçut  alors  l'idée  d'un  grand  ouvrage 
pour  lequel  il  re<;ut  de  toutes  mains  des  idées,  des  documents,  des  notes,  des  chapitres 
entiers.  Il  le  fit  paraître  sous  ce  titre  solennel  :  Histoire  philosophique  et  politique 
des  établissements  et  du  eommerce  des  Européens  dans  tes  deux  Indes.  (C'est  de  cet 
ouvrage  cju'il  est  ici  question.)  Des  attaques  contre  la  politique  des  peuples  civi- 
lisateurs, contre  le  clergé,  contre  l'inciui.sition,  en  firent  interdire  l'introduction  en 
France.  Le  Parlement,  en  1781,  ordonna  que  l'ouvrage  serait  brûlé  par  la  main  du 
bourreau,  Raynal  arrêté,  et  ses  biens  séquestrés,  ("elui-ci  s'enfuit  auprès  de  Frédé- 
ric II,  puis  de  Catherine  II.  En  1787,  il  obtint  de  rentrer  en  France,  et  se  retira 
à  Toulon,  chez  l'intendant  Malouet.  Élu  député  aux  états  généraux,  il  se  désista, 
à  cause  de  son  grand  Age,  en  faveur  de  son  hôte.  Le  31  mai  1791,  il  adres.sa  à  l'As- 
semblée Nationale  une  lettre  dans  laquelle  il  rétractait  les  principes  qu'il  avait 
défendus  dans  son  Histoire  philosophique. 

((  L'abbé  Raynal,  abbé  défroqué,  mé<liocre  historien  polygraphe,  devint  tout 
à  coup  célèbre  par  son  livre  Histoire  philosophique,  etc.,  paru  en  1772,  et  qu'il  ne 
signa  qu'en  1780,  dans  la  grande  édition  qui  en  fut  donnée  à  Genève.  Il  y  a  dans 
cette  histoire  de  l'histoire,  de  la  géographie,  des  statistiques,  des  renseignements 
précis  sur  le  commerce  et  les  objets  du  commerce,  entremêlés  de  tirades  contre  la 
guerre,  la  conquête,  l'exploitation  des  indigènes,  les  abus  du  fanatisme  et  du  despo- 
tisme. Ce  furent  ces  morceaux  d'éloquence  ampoulée,  où  vibraient  les  passions  du 
temps  et  les  conversations  de  Diderot,  qui  firent  le  succès  de  l'ouvrage.  Raynal 
eut  l'honneur  d'être  comparé  à  Montesquieu,  pré.senté  à  Frédéric  II  et  reçu  solen- 
nellement à  Londres  par  la  Chambre  des  Communes.  Pendant  vingt  ans,  VHistoire 
philosophique  fut  la  bible  des  deux  mondes  ;  elle  passiona  les  opprimés  et  les  rêveurs  ; 
on  en  retrouve  la  phraséologie  dans  les  es.sais  du  jeune  Bonaparte,  comme  dans  les 
harangues  des  a-ssemblées  révolutionnaires.  »  Cf.  Hist.  de  France,  par  Ernest 
Lavisse.  Tome  IX,  première  partie.  Liv.  IV,  c.  IL  La  philosophie  et  les  science», 
p.  291. 

Voir  encore  sur  Raynal  les  Causerie»  du  lundi,  de  Sainte-Beuve,  notamment 
le  tome  II,  p.  431,  le  tome  IV,  p.  477-478,  le  tome  V,  p.  226.  Aussi  Le  Royaume 
de  la  Rue  Haint-Honoré,  par  le  marquis  de  Ségur,  où  l'on  voit  que  Raynal  était  un 
habitué  du  salon  de  la  célèbre  Madame  Geofîrin.  Chateaubriand  parle  de  cet  abbé- 
philosophe  aux  tomes  I  et  III  de  ses  Mémoires  d'Outre-Tombe,  édition  Edmond  Biré 
(Paris,  Garnier  frères,  1904)  :  «  Il  (mon  père)  lisait.  .  .  VHistoire  philosophique  de» 
deux  Indes,  dont  les  déclamations  le  charmaient  ;  il  appelait  l'abbé  Raynal  un  maître 
homme.  »     Tome  I,  livre  IX,  p.  192. 


204  LE    PARLER    FRANÇAIS 

les  appréciations  de  Raynal  en  faisant  observer  qu'elles  sont  plus 
près  de  la  vérité  qu'on  ne  pourrait  le  croire. 

Cet  Haliburton  n'était  pas  un  étranger,  mais  un  enfant  du  sol  <•'. 
Son  père,  un  Loyalist,  s'était  en  effet  établi  en  Nouvelle- Ecosse, 
après  la  guerre  de  l'Indépendance  américaine  ;  et  c'est  à  Windsor, 
dans  cette  province,  que  naquit,  en  1796,  celui  qui  devait  illustrer 
le  nom  de  la  famille.  Ïhomas-Chandler  Haliburton  s'est  élevé 
jusqu'au  rang  de  juge  de  la  Cour  Suprême  de  sa  Province  ;  il  a 
laissé  des  ouvrages  remarquables  ;  il  a  toujours  joui  de  l'estime  de 
ses  compatriotes  et  a  mérité  d'être  honoré  par  son  Souverain.  Par 
son  caractère,  son  esprit  juridique,  sa  position  sociale,  .ses  talents 
supérieurs  et  variés,  il  est  peut-être  l'homme  le  plus  distingué  qu'ait 
encore  produit  cette  Nouvelle- Ecosse,  pourtant  si  féconde  en  natures 
d'élite. 


<"  Thomas-Chandler  Haliburton  est  né  à  Windsor  (Nouvelle-Ecosse)  en 
1796  ;  il  prit  son  éducation  au  King's  Collège  de  cette  ville  ;  il  fut  admis  au  barreau 
en  1820  ;  fut  élu  député  à  la  Législature  de  sa  province  ;  se  distingua  comme  avo- 
cat ;  fut  nommé  en  1828  juge-en-chef  de  la  cour  des  plaids  communs.  —  On  appelait 
ainsi  en  Angleterre  un  tribunal  créé  sous  Richard  1er,  rendu  sédentaire  à  West- 
minster dès  le  12e  siècle,  composé  d'un  cliief-justice,  et  de  juges  puisnés,  primitive- 
ment au  nombre  de  6,  réduits  à  4  depuis  P>douard  VI.  Sa  juridiction  qui  s'étendait 
d'abord  à  toutes  les  actions  civiles  de  sujet  à  sujet,  avait  été  réduite  en  fait  aux  seules 
actions  réelles.  On  appelait  de  .ses  jugements  à  la  cour  de  l'échiquier.  Le  Judicature 
Act  de  1873  l'a  supprimé.  —  Haliburton  est  surtout  célèbre  comme  humoriste  et 
satiriste.  Pour  être  juste  dans  l'appréciation  de  ses  ouvrages,  il  faut  tenir  compte 
des  conditions  si  peu  favorables  au  travail  littéraire  dans  lesquelles  il  les  a  composés. 
La  Nouvelle-Ecosse  d'alors,  petite  province,  sans  contact  avec  le  reste  du  Canada, 
n'était  pas  ce  qui  s'appelle  un  milieu  «  entraînant  »  pour  l'inspiration.  En  politique, 
Haliburton  fut  toujours  du  parti  conservateur.  Il  publia  en  1829  An  Hisiorical 
and  Statistical  account  of  Nova  Scotia,  en  2  vols  (Halifax).  Mais  ses  ouvrages  les 
plus  remarquables  sont  des  esquis.ses  .satiriques,  parues  d'abord  sans  nom  d'auteur 
dans  un  journal,  et  publiées  en  1837  sous  le  titre  :  The  Clockmaker,  or  the  sayings 
and  doings  of  Samuel  Slick  of  Slickrille  ;  deux  autres  séries  parurent  en  1838  et  1840. 
Ces  esquisses  ont  surtout  pour  objet  de  décrire  les  particularités  du  caractère  yankee, 
elles  abondent  en  traits  piquants,  en  fines  observations  concernant  ses  tendances 
individuelles  ou  nationales.  Il  a  encore  publié,  au  retour  d'un  voyage  en  .Angle- 
terre en  1841,  The  Attaché,  or  Sam  Stick  in  England.  Ses  autres  ouvrages  sont  : 
The  Old  Judge  or  Life  of  a  Colony  —  The  lettcr  bag  of  the  Great  IV'estern  —  Rule  and 
Misrule  of  the  English  in  America —  Traits  of  American  Humour — Nature  and 
Human  nature.  Ses  travaux  littéraires  ne  nuisirent  pas  à  son  avancement  profes- 
sionnel. En  1840,  Haliburton  était  en  effet  promu  juge  de  la  Cour  Suprême.  Moins 
de  deux  ans  après,  il  passa  en  Angleterre,  et  entra  au  Parlement  comme  représentant 
de  la  circonscription  électorale  de  Launceston.  Sa  renommée  littéraire  avait  fait 
concevoir  des  espérances  qu'il  ne  tint  pas  comme  homme  politique.  La  pratique 
du  droit  est  une  pauvre  préparation  aux  débats  parlementaires,  et  Haliburton  n'était 
plus  d'âge  à  s'adapter  aux  exigences  de  son  nouveau  rôle.  En  1865,  la  dissolution 
du  Parlement  mit  un  terme  à  son  mandat  de  député,  et  Haliburton  ne  sollicita  plus 
les  suffrages  de  ses  électeurs  de  Launceston.  Il  mourut  au  mois  d'août  de  cette 
même  année,  à  Gordon  Ilouse,  Isleworth,  âgé  de  soixante-dix  ans.  —  Les  Haliburton 
seraient  alliés  à  Walter  Scott,  dont  la  grand'mère  du  côté  paternel  s'appelait  Barbara 
Haliburton.  Ils  descendaient  de  la  famille  des  Newmains  et  Merton,  d'Ecosse.  Un 
des  membres  de  la  branche  cadette  des  Newmains  qui  s'étaient  établie  à  la  Jamaïque, 
émigra  dans  le  Massachusetts.  Ce  fut  le  grand'père  du  Juge  Haliburton.  Le  père 
de  ce  dernier  s'implanta  dans  la  Nouvelle- Ecosse. 


UNE    PRÉFACE  205 

Dans  son  Historical  and  Statistical  Account  of  Nova  Scotia, 
Iliiliburton  n'a  sans  doute  pas  donné  la  mesure  de  son  talent  d'écri- 
vain, mais  l'on  y  voit  j)eroer  l'élévation  de  son  caractère,  sa  droiture 
naturelle  :  l'on  constate  que  l'auteur  a  fait  de  louables  efforts  pour 
se  rendre  maître  de  son  sujet  et  pour  guider  le  public  dans  la  voie 
que  sa  conscience  lui  disait  être  la  bonne.  11  a  aussi  fondé  l'histoire 
de  sa  province  ;  la  législature  de  son  pays  lui  vota  des  remerciements 
officiels.  Encore  aujourd'hui,  il  est  l'autorité  que  l'on  consulte 
et  sur  laquelle  s'appuient  ceux  qui  s'occupent  d'histoire  locale. 
Haliburton  fut  presque  contemporain  de  quelques-uns  des  person- 
nages qui  avaient  figuré,  à  un  titre  ou  à  un  autre,  dans  l'épi.sode  de 
la  déportation,  soit  comme  acteurs,  soit  comme  témoins.  Et  s'il 
a  pu  en  étudier  l'histoire  à  ses  sources,  il  a  eu  en  outre  l'immense 
avantage  de  pouvoir  recueillir  les  renseignements  qui  lui  étaient 
transmis  par  une  tradition  encore  fraîche.  L'on  verra  que  ses 
conclusions  se  rapprochent  sensiblement  des  nôtres. 

Trente  ans  plus  tard  vint  Rameau,  avec  La  France  aux  Colonies 
(1859)  et  Une  Colonie  féodale  en  Amérique  '"  ;  puis  en  1865,  Beamish 
Murdoch,  avec  son  Hidory  of  Nova  Scotia.  Le  volume  des  Nova 
Scotia  Archives,  commencé  en  1857,  fut  complété  en  18G9.  En 
1873,  Campbell  donnait  aussi  une  History  of  Nova  Scotia,  tandis 
que  Moreau  publiait  son  Histoire  de  VAcadie.  En  1879,  parut 
History  of  Acadia,  par  Hannay  ;  en  1884,  Acadia  —  A  lost  chapter  in 
American  History,  par  Philip  H.  Smith.  En  1884  encore,  ce  fut  au 
tour  de  Parkinan  qui,  dans  son  Wolfc  et  Montcalm,  traite  assez  au 
long  de  l'Acadie.  Enfin,  en  1885,  l'abbé  II. -R.  Casgrain  décrivait 
son  Pèlerinage  au  pays  d'Evangéline,  ouvrage  rempli  de  détails  iné- 
dits, et  que  l'Académie  Française  a  couronné  en  1888. 

A  l'exception  de  Hannay  et  de  Parkman,  et  peut-être  de  Mur- 
doch, qui  pourtant  ne  se  prononce  guère  sur  les  événements  qu'il 
raconte,  tous  les  écrivains  que  nous  venons  de  citer  ont  donné  à 
peu  près  dans  le  même  sens  que  Haliburton. 


•"  François-Edrae  Rameau  de  Sai.vt-Père  a  contribué  plus  que  personne  à 
renouer  les  relations  entre  la  France  et  le  Canada.  11  fut  le  promoteur  «le  ces  études 
historiques  qui  ont  eu  pour  résultat  de  fixer  le  jugement  de  la  postérité  sur  la  question 
acadienne,  en  particulier.  Kt  quel  mérite  il  a  eu  de  lancer  son  plaidoyer  à  travers 
les  préjugés  et  les  méconnaissances  de  cette  époque  !  Rameau  avait  de  la  fortune. 
Les  loisirs  que  lui  faisait  sa  condition,  il  les  consacra  noblement  à  cette  œuvre  de 
réhabilitation  d'un  peuple.  /Vcadiens  et  Canadiens  ont  en  vénération  la  mémoire 
de  cet  homme  de  bien.  En  1889,  nous  avons  entendu  Rameau  dans  une  conférence 
à  l'Université  Laval  de  Québec.  Le  diplAme  de  Docteur-é.s-lettres  de  cette  Uni- 
versité lui  fut  conféré  à  cette  occasion  par  Mgr  llamel.  Rameau  est  décédé  le  15 
décembre  1899.  Une  colonie  féodale  en  Amérique  a  paru  d'abord  en  1877  en  un 
volume  et  fut  rééditée  en  1889  :  cette  deuxième  édition  est  de  beaucoup  plus  com- 
plète que  la  précédente. 


206  LE   PARLER   FRANÇAIS 

Ces  dernières  années,  l'histoire  de  l'Acadie  s'est  enrichie  d'une 
collection  extrêmement  précieuse  qui  jette  un  jour  nouveau  même 
sur  les  points  restés  les  plus  obscurs.  Il  est  regrettable  que  des 
hommes  apparemment  sincères,  comme  Murdoch  et  Hannay, 
n'aient  i)as  eu  l'avantage  de  la  connaître.  Quant  à  Parkman,  nous 
avons  des  raisons  de  croire  qu'il  la  connaissait,  encore  qu'il  ait  paru 
l'ignorer. 

Il  s'agit  des  papiers  laissés  par  le  révérend  Andrew  Brown, 
ministre  de  l'église  presbytérienne,  qui  mourut  à  Edimbourg.  Il 
était  professeur  de  Rhétorique  à  l'Université  de  cette  ville.  Brown 
avait  vécu  à  Halifax  de  1787  à  1795,  et  avait  profité  de  son  séjour 
dans  la  Nouvelle- Ecosse  pour  réunir  des  matériaux  relatifs  à  l'his- 
toire de  cette  province,  qu'il  se  proposait  d'écrire.  Son  travail  resta 
en  cours  d'exécution.  La  partie  qui  en  était  faite,  ainsi  que  les 
pièces  très  précieuses  que  l'auteur  avait  découvertes  et  dont  il  se 
fut  servi  pour  étayer  tout  l'ouvrage,  après  avoir  été  longtemps 
perdues,  furent  retrouvées  par  le  plus  grand  hasard.  Le  British 
Muséum  s'est  empressé  de  les  acheter  et  de  les  classer.  La  Nova 
Scotia  Historical  Society  et  le  Canada- Français,  de  Québec,  ont  rendu 
aux  sciences  historiques  un  service  signalé  en  publiant  des  fragments 
considérables  de  cette  collection,  dont  on  ne  peut  assez  hautement 
proclamer  l'importance  <".  Nous  lui  devons,  en  effet,  d'avoir 
recomposé,  à  peu  près  en  entier,  notre  «  chapitre  perdu  ».  Il  nous 
manquait  un  historien,  plus  voisin  de  ces  événements  sur  lesquels 
on  avait  voulu  faire  l'oubli,  que  ne  l'avait  été  Haliburton.  Grâce 
aux  manuscrits  du  Dr  Brown,  cette  lacune  est  maintenant  comblée, 
et  d'autant  mieux  que  la  probité  de  l'auteur  ne  laissait  rien  à  désirer. 

Le  volume  d'archives,  publié  en  1869  par  ordre  de  la  Légis- 
lature de  la  Nouvelle- Ecosse,  eut  pour  éditeur  Thomas  B.  Akins, 
commissaire    des    archives    publiques    de    cette    province.     Nous 


">  Les  documents  dont  il  est  parlé  ont  été  publiés  en  partie  par  le  Canada- 
Français,  dans  sa  Collection  de  documents  inédits  sur  le  Canada  et  l'Amérique,  Tome 
1er,  p.  130  et  seq.  (Québec,  L.-J.  Deraers  et  frère,  1888),  et  accompagnés  de  la  note 
suivante  :  ((  British  Muséum,  Dr  A.  Brown's  MS.  Papers  relating  to  Nova  Scotia, 
1748-1757.  Add.  MSS.  19,072.  Le  Dr  Andrew  Brown,  natif  d'Ecosse,  était  un 
ministre  presbytérien,  venu  à  Halifax  en  1787.  Il  y  résida  jusqu'en  1795,  alors  qu'il 
retourna  en  Ecosse,  où  il  succéda  au  Dr  Blair  dans  la  chaire  de  Rhétorique  de  j' Uni- 
versité d'Edimbourg.  Pendant  son  séjour  dans  la  Nouvelle- Ecosse,  il  réunit  des 
matériaux  pour  faire  une  histoire  de  cette  province.  Cette  histoire,  inachevée  et 
restée  manuscrite,  fut  trouvée,  avec  tous  les  documents  originaux  et  autres  qui 
l'accompagnaient,  dans  une  boutique  d'épicier,  et  achetée  le  13  novembre  1852, 
par  M.  A.  B.  Grosart,  de  qui  elle  fut  acquise  par  le  British  Muséum  ». 

Entr'autres  pièces  d'une  valeur  inestimable  qu'avait  pu  recueillir  le  Dr  Brown, 
se  trouvait  «  Mr.  Morris  remarks  concerning  the  remoral  of  the  French  inhabùants, 
Summer  1755  ».  Le  juge  Morris  avait  rédigé  ces  «  remarks  »  en  juillet  1755,  quand 
la  mesure  d'expulsion  venait  d'être  proposée,  et  avant  qu'elle  eût  été  sanctionnée 
en  conseil  avec  l'approbation  de  Boscawen  et  Mostyn. 


T7NE   PRÉFACE  207 

n'hésitons  pas  à  affirmer  que  la  plus  grande  partialité  a  présidé  au 
choix  des  documents  qui  le  composent  :  cette  conjpilation  a  été 
faite  dans  le  but  mal  déguisé — ainsi  qu'il  appert  par  la  i)réface 
même  —  de  réunir  tout  ce  qui  était  de  nature  à  justifier  la  déporta- 
tion des  Acadiens.  Nous  nous  bornerons  à  dire  pour  le  moment 
que,  sans  avoir  jjris  à  tâche  de  relever  par  le  menu  toutes  les  accusa- 
tions qu'on  y  fait  peser  sur  nos  pères  et  d'en  montrer  l'inanité,  nous 
avons  incidemment  apporté  suffisamment  de  preuves  à  l'encontre 
pour  éclairer  quiconque  désire  sincèrement  connaître  la  vérité. 
Il  est  évident  que  Akins  a  voulu  produire  une  réaction  contre  les 
opinions  et  les  sentiments  qui  régnaient  depuis  au  delà  d'un  siècle. 
Sa  compilation,  qui  viole  toutes  les  règles  de  l'équité,  serait,  il  s'en 
flattait  du  moins,  l'arsenal  où  l'on  viendrait  chercher  des  armes, 
sachant  bien  que  peu  d'historiens  se  donneraient  la  peine  de  pousser 
plus  loin  leurs  investigations. 

L'histoire  de  cette  période  ne  saurait  avoir  pour  base  le  simple 
résumé  des  documents  qui  nous  en  sont  parvenus.  Celui  qui  s'en 
tiendrait  à  cela  n'aurait  aucunement  fait  œuvre  d'historien.  Ces 
documents  sont  d'abord  peu  nombreux  et  puis,  jusqu'en  1758,  l'on 
se  trouve  en  face  d'une  autorité  omnipotente  incarnée  dans  la  per- 
sonne d'un  gouverneur  militaire.  Habitués  à  la  rigoureuse  disci- 
pline des  camps,  ces  gouverneurs  n'étaient  bons  qu'à  commander, 
et  qu'à  exiger  de  leurs  sujets  une  obéissance  passive.  Or,  est-ce 
avec  les  proclamations  et  les  ordres  d'un  potentat,  ses  lettres  au 
Secrétaire  d'État  représenté  dans  l'instance  par  les  Lords  of  Trade, 
que  l'on  pourra  écrire  une  impartiale  histoire  ?  —  Ces  lettres  ne 
montrent  ((u'un  côté  de  la  question,  —  le  sien  ;  il  n'y  a  rien  mis 
qui  lui  soit  défavorable  à  lui-même,  rien  qui  puisse  donner  prise 
contre  lui,  ou  justifier  ceux  qui  auraient  eu  le  courage  de  le  contre- 
dire ou  de  faire  entendre  un  murmure.  Voilà  cependant  tout  ce 
que  nous  possédons  comme  source  de  ren.seignements.  Et  encore 
ces  pièces  sont  loin  d'être  complètes,  une  grande  partie  en  ayant 
disparu.  Du  moins,  celui  qui  entreprend  de  donner  au  public  un 
travail  où  l'image  de  la  réalité  soit  peinte  aussi  fidèlement  que  possi- 
ble, doit-il,  autant  pour  sa  propre  satisfaction  que  pour  celle  de  ses 
lecteurs,  s'aider  de  ces  misérables  débris,  tâcher  de  les  ajuster  et 
d'en  pénétrer  le  sens  caché  ;  il  lui  faut  s'efforcer  de  découvrir  les 
motifs  secrets  qui  pouvaient  inspirer  la  conduite  de  ce  despote,  de 
saisir  les  indices  qui  permettront  de  juger  de  .son  caractère  et  de  ses 
actes.  Si  donc,  analysant  ces  pièces  officielles  dans  lesquelles  le 
gouverneur  n'a  dit  que  ce  qu'il  a  voulu  et  a  eu  toute  liberté  de  s'at- 
tribuer le  beau  rôle  et  de  donner  aux  mesures  qu'il  a  prises  la  couleur 
de  la  légalité,  l'historien  parvient  cependant  à  percer  leur  louche 


208  LE    PABLEH    FRANÇAIS 

phraséologie,  à  montrer  ce  qui  se  cache  sous  leur  forme  habile,  et  à 
prouver  de  façon  péremptoire  que  tel  acte  public  a  eu  pour  cause 
déterminante,  non  pas  les  raisons  fictives  qui  sont  données  là,  mais 
de  tout  autres  mobiles,  honteux  et  inavouables,  et  que  cette  conclu- 
sion s'impose  avec  toute  la  force  de  l'évidence,  —  certes,  pareil 
résultat  serait  bien  propre  à  créer  l'étonnement. 

Or,  ce  résultat,  nous  l'avons  atteint  dans  l'examen  des  docu- 
ments rédigés  par  Lawrence  et  ses  complices  *".  Les  historiens  ont 
été  à  peu  près  unanimes  à  admettre  que  les  Acadiens  n'avaient  rien 
fait  qui  pût  justifier  leur  déportation.  Leurs  actes,  tels  que  pré- 
sentés par  Lawrence  lui-même,  ne  motivaient  pas  un  traitement 
aussi  barbare.  Ce  fut  là  le  sentiment  général  pendant  un  siècle. 
S'il  est  vrai,  d'autre  part,  que  le  gouvernement  anglais  n'a  jamais 
ordonné  la  déportation,  il  faut  donc  supposer  que  Lawrence  avait 
un  intérêt  quelconque  à  agir  comme  il  l'a  fait.  Cet  intérêt,  nous  en 
avons  eu  comme  l'intuition  dès  le  début  de  nos  études  sur  ce  sujet  ; 
nous  avons  parfaitement  compris  en  quoi  il  avait  pu  consister. 
Mais  là  n'était  pas  la  difficulté.  Le  point  essentiel  était  de  prouver 
que  nous  avions  vu  juste  et  que  notre  pressentiment  avait  un  fon- 
dement dans  la  réalité.  Chose  ardue,  quand  on  se  souvient  que  les 
documents  sur  lesquels  nous  aurions  pu  appuyer  notre  démonstra- 
tion avaient  disparu.  Quelqu'un  a  dit,  avec  plus  d'esprit  peut-être 
que  de  justesse  :     «  Vous   voulez  connaître  la  raison  d'un  crime  ? 


'"  Sur  Charles  Lawrence,  consulter  surtout  la  pièce  qui  se  trouve  parmi  les 
papiers  du  Dr  Brown,  et  intitulée  Lawrence  s  Characier.  V.  Le  Canada- Français. 
Documents  inédits,  etc..  Tome  I,  p.  142  et  Seq.).  «  C'est,  dit  l'abbé  Casgrain,  un 
portrait  de  son  caractère,  fait  de  première  main  par  ses  propres  compatriotes,  les 
colons  d'Halifax.  Cette  pièce  nous  apprend  comment  cet  individu  de  bas  étage, 
d'abord  simple  apprenti-peintre  en  bâtiments,  était  parvenu  jusqu'au  grade  de 
gouverneur  de  la  Nouvelle-Ecosse  ;  comment,  dans  ce  haut  poste,  il  avait  gardé  son 
caractère  de  parvenu  ;  quelle  espèce  de  tyrannie  il  faisait  peser  sur  ses  concitoyens  ; 
à  quel  genre  de  corruption  il  se  livrait  ;  par  quelles  fraudes  il  avait  accaparé  à  son 
profit  et  au  profit  de  ses  favoris  les  dépouilles  des  malheureux  Acadiens.  .  .  » 

«  Lawrence  mourut  de  la  mort  des  persécuteurs,  frappé  dans  la  force  de  l'âge 
par  un  mal  foudroyant,  au  sortir  d'un  bal  public  donné,  paraît-il,  en  réjouissance 
de  la  capitulation  de  Montréal.  » 

Un  PHeritiage  au  pays  d' Evangéline  —  c.  III,  p.  90  et  ch.  Xle,  p.  216  —  Paris, 
Libr.  Léopold  Cerf.  1889. 

Lawrence  était  venu  en  Nouvelle- Ecosse  avec  le  45e  régiment  ;  il  avait  alors 
le  grade  de  major  ;  il  fut  fait  membre  du  conseil  de  cette  province  le  19  octobre 
1749,  et  l'année  suivante  commanda  une  petite  expédition  à  Chinecto  ;  c'est  à 
cette  occasion  que  fut  bâti  le  fort  Lawrence,  au  fond  de  la  baie  de  Fundy.  En  1753, 
il  succéda  au  général  Hopson  dans  le  gouvernement  de  la  colonie  ;  devint  lieutenant- 
gouverneur  en  1754  et  gouverneur  en  1756.  En  1757,  il  commanda  la  troupe  de 
réserve  dans  les  opérations  militaires  de  Lord  Loudon  ;  le  3  décembre  1757,  fut 
nommé  brigadier-général  ;  il  prit  part  au  siège  de  Louisbourg  à  la  tête  d'une  brigade. 
Il  mourût  à  Halifax  le  17  octobre  1760.  Ce  triste  personnage  a  cependant  son  monu- 
ment dans  l'église  Saint-Paul  de  Halifax.  Le  journal  de  Lawrence  est  au  Briiùk 
Muséum.     Addit.   MSS.  32821,  p.  345. 


r 


UNE    PRÉFACE  209 

cherchez  hv  femme  !  '"  »  Nous,  nous  dirons  à  propos  du  plus 
monstrueux  attentat  que  relatent  les  annales  des  nations  :  «  cher- 
chez l'intérêt  !  »  Oui,  ce  crime  affreux  a  eu  pour  mohile  l'intérêt, 
la  rapacité  sordide.  Nous  ne  nous  trompions  pas  dans  nos  calculs 
en  soupçonnant  <|ue  l'intérêt  avait  inspiré  cette  barbarie  ;  et, 
grâce  à  Dieu,  nous  avons  réussi  à  en  donner  une  preuve  assez  claire 
et  assez  nette  pour  satisfaire  même  les  exigences  d'un  tribunal  ; 
alors  que  personne  n'avait  cependant  le  droit  de  nous  demander 
d'établir  la  vérité,  sur  un  fait  vieux  de  cent  quarante  ans,  avec  toute 
l'exactitude  et  toute  la  rigueur  prescrites  dans  les  cours  de  justice. 

Il   est   relativement    facile   d'écrire  l'histoire  d'une  nation   (jui 
compte  de  longs  siècles  d'existence,  comme  la  France  ou  l'.Vngle- 
terre.     Tant  de  documents  font  contrepoids  aux  pièces  officielles 
qu'il  suffit  presque  de  citer  les  sources,  de  les  comparer,  de  confronter 
l'un  avec  l'autre  les  divers  moyens  d'information  pour  se  former  sur 
toute  chose  une  opinion  :    les  interprétations,  les  commentaires  de- 
viennent en  quelque  sorte  superflus.     Tandis  que,  dans  la  question 
dont  il  s'agit  ici,  l'instrument  de  travail  est  si  ingrat  et  d'une  nature 
telle   qu'il   faut   le   peser  consciencieusement,    méditer   à   fond   son 
essence,    avoir   recours   à   toutes   les   subtilités   de   l'argumentation 
pour  en  tirer  quelque  chose  qui  ressemble  à  l'histoire  :    l'esprit  doit 
faire  appel  à  toutes  ses  ressources  pour  en  dégager  d'irréfutables 
conclusions.     Nous  aurions  pu  nous  borner  au  rôle  de  comj)ilateur, 
et,  à  l'exemple  de  tant  d'autres,  copier  à  droite  et  à  gauche,  sans 
apporter  à  nos  recherches  le  moindre  sens  critique,  le  moindre  .souci 
de  faire  œuvre  de  vérité.     Mieux  eut  valu  alors  ne  rien  écrire  du 
tout.     S'il  en  est  qui  ont  été  à  même  de  compulser  plus  de  docu- 
ments que  nous  n'avons  fait,  en  revanche  nous  affirmons  que  per- 
sonne ne  s'est  api)liqué  autant  que  nous  à  faire  la  critique  interne 
des  pièces,  officielles  ou  autres,  concernant  ce  sujet,  pour  en  dévoiler 
l'âme,  la  substance  réelle,  surprendre,  sous  les  mots  vagues  ou  trom- 
peurs, entre  les  lignes  d'une  rédaction  de  commande,  les  intentions, 
les   vrais   sentiments   des   parties   intéressées.     Nous   avons   abordé 
cette  étude  dans  un  parfait  esprit  d'impartialité,  et  avec  l'espoir 
de  trouver  quelque  raison  valable  à  cette  déportation,  et  de  délivrer 
ainsi  notre  âme  de  la  lourde  oppression  qui  la  faisait  gémir.     Hélas  ! 
nous  n'avons  rien  vu  qui  ait  pu  justifier  cette  mesure,  tout  au  con- 


<"  «  On  a  attribué  à  Alexandre  Dumas  le  mot  célèbre  :  «  Cherchez  la  femme  !  » 
C'est  Joseph  de  Mai-stre  qui  l'a  dit  le  premier  :  «  Un  vieux  bonhomme  de  ministre, 
écrit-il  le  3  novembre  1803,  disait  un  jour  à  un  de  ses  amis  :  «  Souvenez-vous  bien 
que  dans  toutes  les  affaires  il  y  a  une  femme.  Quelquefois  on  ne  la  voit  pas,  mais 
regardez  bien,  elle  y  est  ».  Et  il  ajoute  :  «  Je  crois  qu'il  avait  raison.  .  .  »  ^  Henri 
WEL3CHINGER,  Joseph  de  Maistre  et  Napoléon.  Dans  la  Revue  des  Deux  Mondes 
du  1er  février  1914,  p.  608. 


210  LA    PARLER   FRANÇAIS 

traire.  Du  moins  avons-nous  acquis  la  consolation  de  savoir  que 
ce  crime  ne  porte  pas  directement  ou  tout  entier  sur  une  nation, 
mais  sur  des  individus  que  l'histoire  n'a  pas  encore  flétris  convena- 
blement. Le  gouvernement  de  la  Métropole  sort  indemne  de  l'en- 
quête approfondie  que  nous  avons  menée  pour  découvrir  les  vérita- 
bles auteurs  de  ce  forfait.  Toute  la  honte  en  rejaillit  sur  les  Law- 
rence, les  Belcher,  les  Wilmot,  les  Morris  et  leurs  complices.  Il  est 
juste  que  le  front  de  ces  personnages  en  demeure  stigmatisé. 

Tout  en  réprouvant  la  politique  égoïste  et  astucieuse  qui  fait 
invariablement  le  fond  de  la  diplomatie  britannique,  l'on  ne  peut  se 
refuser  d'admettre  que  l'Angleterre  doit  sa  haute  position  à  la 
sagesse  et  à  la  largeur  de  vues  de  ses  hommes  d'État.  Un  ministère 
succédait  à  un  autre,  mais  dans  les  grandes  lignes  de  sa  politique, 
rien  n'était  changé.  Sans  enthousiasme  subit,  mais  aussi  sans 
défaillance,  sans  volte-face  inattendue,  l'Angleterre  marchait  vers 
son  but  avec  la  même  ferme  résolution,  la  même  âpre  ténacité.  Les 
obstacles  qu'elle  rencontrait  sur  sa  route  ne  semblaient  servir  qu'à 
aiguiser  ses  convoitises  et  à  fortifier  ses  déterminations. 

La  politique  de  la  France  peut  se  résumer  en  une  définition  à 
peu  près  contraire.  L'on  fondait  des  colonies  avec  enthousiasme, 
pour  les  abandonner  à  elles-mêmes  quelques  années  après.  Il  en 
fut  ainsi  pour  l'Acadie  entr'autres.  L'on  y  implanta  une  centaine 
de  familles  qui  eurent  bientôt  à  subir,  sans  recevoir  de  la  mère- 
patrie  les  secours  auxquels  elles  avaient  droit,  des  luttes  héroïques 
contre  un  ennemi  beaucoup  plus  fort  '".  Lorsque  cette  poignée 
de  colons  fut  devenue  un  petit  peuple  heureux  et  prospère,  lorsque 
l'on  vit  quel  prix  l'Angleterre  mettait  à  sa  conservation,  on  se  reprit 
à  convoiter  ce  que  l'on  avait  négligé  ou  laissé  perdre.  Au  lieu  de 
fonder  des  colonies  avec  des  colons,  l'on  y  élevait  des  forteresses 
coûteuses  en  s'imaginant  que  c'était  en  cela  surtout  que  consistait 
la  colonisation.  Un  seul  des  trente  millions  dépensés  sur  le  rocher 
de  Louisbourg  eut  suffi  à  peupler  l'Acadie  de  manière  à  en  assurer 


">  Sur  la  fondation  et  les  origines  de  l'Acadie,  cf.  Histoire  et  Description  géné- 
rale de  la  Nouvelle-France,  par  le  P.  de  Charlevoix,  de  la  Compagnie  de  Jésus.  Tome 
1er,  Livre  III.  (A  Paris,  chez  Didot,  Libraire,  quai  des  .\ugustins,  .\  la  Bible  d'or, 
MDCCXLIV).  —  Histoire  du  Canada,  par  F.-X.  Garneau.  Tome  I,  liv.  I,  c.  I, 
(Paris,  librairie  Félix  .41can,  1913).  — •  Histoire  de  France,  par  Ernest  Lavisse.  Tome 
VI,  2e  partie,  par  J.-H.  Mariéjol,  livre  1er  c.  IV,  p.  82  et  Seq  :  «  .\  la  mort  d'Henri 
IV,  deux  établissements  durables  avaient  été  fondés  :  Port-Royal  et  Québec.  \ 
toutes  CCS  tentatives,  le  gouvernement  n'avait  accordé  qu'un  appui  moral.  Des 
particuliers  avaient  fait  tout  l'effort  à  leurs  dépens  et  à  leurs  risques.  Cependant, 
la  politique  coloniale  n'était  pas  populaire.  Sully,  sur  cette  question  comme  sur 
celle  des  industries  de  luxe,  représentait  la  moyenne  d'idées  de  son  temps.  .  .  En 
toutes  ces  entreprises  d'outre-mer,  le  gouvernement  n'est  guère  intervenu.  Il  a 
protégé  la  colonisation  d'une  façon  aussi  peu  onéreuse  que  le  commerce,  l'industrie. 
On  sait  que  Sully  tient  la  caisse  et  favorise  au  plus  bas  prix  possible.  Il  est  hostile 
à  tout  ce  qui  coûte,  aux  œuvres  de  magnificence,  aux  aventures.  .  .  » 


UNE    PRÉEACB  211 

à  la  France  la  possession  définitive.  Pendant  que  le  Canada,  avec 
ses  soixante  mille  âmes,  tenait  en  échez  les  douze  cent  mille  de  la 
Nouvelle  Anjjleterre,  la  France,  livrée  aux  courtisans,  s'amusait. 
Voltaire,  (jui  présidait  la  cour  des  beaux  esprits,  déclarait  que  l'on 
aurait  bien  tort  de  se  déranger  pour  «  quelques  arpents  de  neige  »  <". 
Le  mot  fit  fortune,  détermina  tout  un  courant  d'opinion  défavorable 
à  notre  cau.se,  —  et  le  Canada  fut  j)erdu  ••'.  Les  colonies  d'outre- 
mer avaient  des  devoirs  envers  la  France,  dont  elles  se  .sont  généreu- 
sement acquittées.  La  France  peut-elle  à  son  tour  en  dire  autant  à 
leur  égard  ?  Un  père  de  famille  est-il  <juitte  envers  ses  enfants  après 
leur  avoir  donné  le  jour  ?  Ne  leur  doit-il  pas  en  plus  éducation  et 
protection  ? 

Après  plus  d'un  siècle  d'oubli,  la  France  a  constaté  que  l'enfant 
lointain  qu'elle  avait  conçu  dans  un  élan  d'amour  pour  l'abandonner 
ensuite  à  .son  propre  sort,  avait  grandi,  et  qu'il  gardait  toujours 
de  son  ancienne  mère-patrie  un  tendre  souvenir  ;  elle  s'est  aussi 
aperçue  que  les  arpents  de  neige  qu'elle  avait  dédaignés  étaient 
devenus  presque  un  empire,  dont  les  immenses  re.s.sources  enrichis- 
saient sa  rivale.  Elle  a  pu  regretter  alors  d'avoir  été  si  j)eu  clair- 
voyante, de  n|avoir  pas  prévu  l'avenir  qui  était  réservé  à  ce  pays 
et  de  ne  s'être  pas  résolue  à  faire  les  plus  grands  .sacrifices  pour  le 
garder.  Inutiles  regrets  !  Depuis  longtemps,  l'Angleterre  s'est 
approprié  toutes  les  terres  désirables  de  notre  planète.  Sa  langue, 
ses  institutions,  ses  capitaux  couvrent  tous  les  points  du  globe. 
Elle  s'est  constitué  le  plus  magnifique  empire  colonial  que  le  monde 
ait  vu.  Pendant  que  la  France  s'occupait  de  folies,  l'Angleterre 
travaillait  activement  à  accroître  ses  possessions  :  cela  valait  bien 
le  mot  d'esprit  qui  fit  rire  un  jour  et  qui  eut  été  oublié  le  lendemain 
si  la  France  n'avait  encore  à  en  déplorer  le  néfaste  succès. 

Pauvre  France  !  Pour  garder  ton  sceptre  en  mains  fermes,  tu 
avais  inventé  la  loi  salique.     Tu  ne  voulais  pas  être  gouvernée  par 


O  «  On  plaint  ce  pauvre  genre  humain  qui  s'égorge  dans  notre  continent  à 
propos  de  quelques  arpents  de  glace  en  Canada  ».  —  Correspondance  de  Voltaire. 
l'Idit.  de  1830,  chez  Delangle  frères,  pp.  527  et  528  du  vol.  76  des  Œuvres  complètes. 
Tome  IX  de  la  Correspondance. 

'*'  «  Vous  perdre  fut  une  légèreté  de  l'ancien  régime,  ne  pas  vous  pleurer  fut  la 
honte  des  philosophes,  qui  infailliblement  hostiles  à  l'instinct  national,  félicitaient  la 
Prusse  de  nous  avoir  vaincus,  admiraient  Frédéric,  Marie-Thérèse  et  Catherine 
d'avoir  dépecé  la  Pologne,  notre  alliée  naturelle,  et  n'en  voulaient  pas  à  r.\ngleterre 
de  nous  avoir  pris  «  quelques  arpents  de  neige  ».  Cette  neige,  du  moins,  avait  été 
rougie  par  un  sang  plus  français  que  leur  encre,  et  le  rire  stupide  des  intellectuels 
qui  vous  abandonnaient  gaiement  fut  compensé  par  la  fidélité  silencieuse  des  soldats, 
qui,  pour  vous  défendre,  surent  mourir.» 

Etienne  Lamy.  Disc,  prononcé,  au  premier  Congrès  de  la  Langue  française  au 
Canada,  le  mardi  soir  25  juin  1912.     Cf.  Compte-Rendu  du  Congrès,  p.  239. 

«  Canada,  petite  colonie  d'hier,  nation  d'aujourd'hui,  empire  de  demain  ». 

Id.  Ibid.  p.  25 


212  L9    PARLER    FRANÇAIS 

des  reines,  et  tu  l'as  été  par  des  courtisanes.  Tu  étais  riche  et  hono- 
rée :  les  maîtresses  royales  ont  gaspillé  tes  écus  et  ton  honneur. 
Tes  beaux  esprits  ont  fait  rire,  mais  à  tes  dépens.  Il  te  reste  aujour- 
d'hui le  privilège  de  faire  sécher  ton  poisson  sur  un  petit  coin  de  ce 
continent  qui  t'appartenait  ou  pouvait  t'appartenir  en  entier.  Tu 
t'es  faite  plus  sage,  tu  as  reconnu  tes  erreurs,  pleuré  tes  légèretés  ; 
tu  as  vu  que  l'Angleterre  était  devenue  riche  et  puissante  pour 
avoir  su  apprécier  ce  que  tu  avais  méprisé.  Il  est  trop  tard  !  Quel- 
ques arpents  de  sable  dans  le  Sahara,  où  tes  enfants  ne  peuvent 
habiter  ;  quelques  milliers  de  nègres  dans  le  Sénégal,  le  Dahomey 
ou  le  Congo,  ne  compenseront  jamais  pour  toi  la  perte  de  ces  cœurs 
français  qui  eussent  surgi  en  nombre  des  vastes  et  salubres  plaines 
de  ce  beau  continent.  O  France  !  pardonne  à  un  fils  des  malheu- 
reux Acadiens  d'invoquer  ces  souvenirs  cruels.  .  .  Nous  avons 
tant  souffert  "*  ! 

Abandonnés  par  la  France,  les  Canadiens  ont  cependant  tou- 
jours aimé  leur  ancienne  patrie.  Ils  ont  changé  de  domination, 
mais  pour  devenir  bientôt  les  maîtres  de  leurs  propres  destinées. 
S'ils  ont  été  très  sensibles  à  l'oubli  dans  lequel  la  France  les  tenait, 
ils  n'ont  pourtant  guère  eu  à  se  plaindre  autrement  de  leur  nouveau 
sort.  En  fut-il  ainsi  des  Acadiens  ?  Peuvent-ils,  eux,  ne  pas  se 
souvenir  des  affreux  malheurs  que  leur  a  causés  le  fait  d'avoir  été 
lâchement  abandonnés  ?  Si  les  maux  incalculables  qui  nous  ont  été 
infligés  restent  gravés  dans  notre  mémoire,  nous  croyons  toutefois 
équitable  de  pardonner  à  l'Angleterre  la  part  qui  peut  lui  être  attri- 
buée dans  ce  triste  drame  de  notre  misère.  Mais,  ce  qui  nous 
est  impossible,  c'est  de  pardonner  aux  vrais  coupables  ;  non,  nous 
ne  pardonnerons  jamais  à  ceux  qui,  sans  raison  aucune,  sans  mandat, 
sans  ordre  officiel  et  même  contre  les  ordres  de  la  Métropole,  nous 
ont  dépouillés  et  jetés  sur  toutes  les  plages.  De  pareilles  injustices 
ne  se  peuvent  oublier.  Tant  que  nos  enfants  pourront  retracer  leur 
origine,  ils  se  rappelleront  les  souffrances  de  leurs  pères  et  flétriront 
leurs  persécuteurs.  Il  n'est  pas  en  notre  pouvoir  d'effacer  de  nos 
cœurs  ces  poignants  souvenirs.  Nous  voulons  bien  aimer  et  bénir 
le  drapeau  qui  flotte  au-dessus  de  nos  têtes  ;  nous  voulons  bien 
pardonner  au  gouvernement  britannique  la  faibles.se  qu'il  a  commise 
en  n'intervenant  pas  contre  ceux  qui  tramaient  notre  ruine.  Mais, 
de  grâce  !    que  l'on  cesse  de  nous  calomnier  à  seule  fin  d'exonérer 


">  Ce  passage  éloquent  appelle  des  rectifications.  Nous  établirons  en  temps 
et  lieu  l'exacte  responsabilité  de  la  France  dans  les  événements  qui  ont  amené  la 
cession  du  Canada  à  l'Angleterre.  Pour  nous,  d'ailleurs,  cette  cession  n'a-t-cUe 
pas  été  un  coup  providentiel  ?  —  Quant  à  l'Algérie,  l'auteur  en  parle  bien  à  la  légère. 
Tout  le  monde  sait  que  la  France  s'enorgueillit  à  bon  droit  de  cette  colonie  magni- 
fique.    Et  le  Maroc,  qui  peut  prévoir  ce  qu'elle  en  retirera .' 


UNE    PRÉFACE  213 

une  douzaine  d'individus  que  toute  l'eau  du  Niagara  ne  saurait 
laver  de  leur  crime.  Que  l'on  se  joij;ne  plutôt  à  nous  pour  nous 
aider  à  rétablir  les  faits  (jue  certains  historiens  de  la  dernière  heure 
ont  pris  à  tâche  de  dénaturer  !  Compatriotes  anglais,  montrez-nous 
que  le  British  fait  play  n'est  pas  un  mot  vide  de  sens.  Imprimez 
sur  le  front  des  coupables  le  stigmate  <|u'ils  méritent  !  Et  nos  frères 
acadiens  pardonneront  le  passé,  ils  l'oublieront  même.  . .  si  cela  leur 
est  toutefois  possible  après  tant  d'infortunes. 

Une  curiosité  bien  naturelle  nous  a  poussé  à  étudier  cette  his- 
toire ;  des  convictions  profondes  nous  ont  amené  à  l'écrire.  Nous 
regrettons  d'avoir  cédé  à  cette  curiosité  :  elle  a  jeté  sur  notre  vie 
un  voile  de  tristesse  que  rien  ne  saurait  dissiper.  Nous  nous  sommes 
condamnés  à  refaire  sans  cesse  par  la  pensée  le  calvaire  d'opprobres 
et  d'ignominies  que  nos  pères  avaient  dû  gravir.  Notre  esprit 
s'est  rivé  à  cette  lugubre  épopée,  comme  autrefois  Pygmalion  à  sa 
statue,  avec  cette  différence  essentielle  que  celui-ci  se  complaisait 
dans  la  contemplation  de  son  œuvre,  tandis  que  nous  .sommes  hanté 
par  un  cauchemar  qui  ne  nous  laisse  aucune  trêve.  Nous  avons 
voulu  voir  :  nous  avons  vu.  Quand  nous  avons  voulu  reculer,  il 
était  trop  tard.  Comme  le  fiancé  qui  n'avait  pu  résister  au  désir 
de  revoir  dans  la  mort  les  traits  de  celle  qui  avait  charmé  son  coeur, 
nous  avons  cherché  à  nous  enfuir  épouvanté  ;  mais  l'impression 
était  faite  ;    nous  restions  victime  de  notre  témérité. 

Un  profond  penseur  a  dit  :  «  Heureux  les  peuples  qui  n'ont  pas 
d'histoire  !  »  —  Cette  pensée  est  aussi  vraie  et  profonde  qu'elle 
semble  étrange.  Elle  soulève  dans  nos  esprits  un  flot  de  réflexions 
amères.  L'on  serait  tenté  de  la  prendre  pour  un  paradoxe,  tant 
d'ordinaire  les  nations,  fortes  ou  faibles,  humbles  ou  superbes,  glo- 
rifient leur  passé,  le  regardent  avec  aise  et  s'ingénient  à  embellir  et  à 
magnifier  les  traits  de  leurs  ancêtres  à  la  faveur  du  recul  dans  le 
lointain  des  âges,  à  travers  le  mirage  de  leurs  patriotiques  illusions. 
Mais  il  en  va  bien  autrement  pour  les  Acadiens.  Pour  eux,  rappeler 
le  bonheur  et  les  vertus  de  leurs  pères,  évoquer  les  félicités  du  siècle 
qui  a  précédé  leur  déportation,  c'est  ressusciter  les  misères  et  les 
deuils  de  celui  qui  l'a  suivie.  Leur  malheur  est  inséparable  de  leur 
bonheur  ;  regarder  l'un,  c'est  regarder  l'autre  ;  grandir  l'un,  c'est 
donner  à  l'autre  des  proportions  infinies.  Leur  histoire  est  comme 
ce  Janus  à  deux  visages,  dont  l'un,  le  plus  récent,  le  plus  frais  dans 
leur  mémoire,  —  celui  qui  offre  un  aspect  comme  une  obsession. 
Oh  !  il  leur  serait  doux  de  pouvoir  contempler  l'autre,  et,  oubliant 
les  terreurs  que  celui-ci  leur  inspire,  de  se  reposer  avec  délices  dans 
la  vision  des  temps  primitifs  de  leur  morte  patrie.  Mais  ils  ont  beau 
faire,  quand  ils  remontent  dans  leur  passé,  ils  sont  comme  infailli- 


214  LE    PARLER   FRANÇAIS 

blement  attirés  par  les  destins  où  leur  vie  a  sombré.  Tout  le  reste 
s'évanouit  dans  ce  spectacle  lugubre.  Leur  bonheur  ancien  n'est 
plus  qu'une  petite  lueur  qui  se  perd  dans  la  tempête  et  la  nuit.  En 
vérité,  pour  les  Acadiens,  la  parole  célèbre  est  d'une  absolue  jus- 
tesse :    «  Heureux  les  peuples  qui  n'ont  pas  d'histoire  !  <'>  » 

Edouard  Richard. 


<"  Cette  citation  nous  a  causé  un  mal  inouï,  en  ce  sens  que,  voulant  savoir  de 
qui  elle  est,  nous  avons,  pendant  des  jours  et  des  jours,  fait  des  recherches  dans 
plusieurs  bibliothèques,  consulté  des  humanistes  distingués,  sans  aboutir  à  rien  de 
satisfaisant.  Le  traducteur  d'Acadie,  le  H.  P.  Drummond,  S.  J.,  l'a  prêtée  à  Thucy- 
dide, mais  nous  ne  savons  sur  quelle  autorité.  Car  après  avoir  repassé  d'un  bout 
à  l'autre  la  Guerre  du  Pétoponène,  seul  ouvrage  de  cet  historien  qui  nous  soit  parvenu, 
nous  ne  l'y  avons  point  trouvée.  Dans  le  Dictionary  offamiliar  quotations,  par  John 
Bartlett,  (Boston,  Little  Brown  and  Co.,  1896,  p.  .579),  il  y  a  ceci  qui  est  bien  la 
traduction  de  la  phrase  en  question  :  «  Happy  the  people  whose  annals  are  blank 
in  history  books  !»  —  Et  Bartlett  renvoie  à  Thomas  Carlyle,  Hislory  of  Friedrich 
the  Second,  called  Frederick-the-Great,  vol.  IV,  Book  XVI,  c.  I,  p.  187,  (New  York, 
Harper  &  Bros.  Publishers,  P'ranklin  Square,  1864).  Or,  à  cet  endroit  de  son  livre, 
Carlyle  cite  un  auteur  qui  avait  écrit  déjà  sur  Frédéric.  Il  s'agit  de  cette  période 
dans  la  vie  de  son  héros  :  «  A  happy  ten  years  of  time.  Perhaps  the  time  for  Mon- 
tesquieu's  aphorism  :  Happy  the  people  whose  annals  are  blank  in  history-books  ». 
Ainsi,  Carlyle  et  l'auteur  à  qui  il  emprunte  quelques  passages  concernant  Frédéric- 
le-Grand,  attribuent  l'axiome  à  Montesquieu,  sans  indiquer  d'ailleurs  la  source, 
sans  dire  en  quel  des  ouvrages  de  ce  grand  penseur  cela  peut  se  rencontrer.  Nous 
avons  parcouru  ses  Lettres  Persanes,  sa  Grandeur  et  Décadence  des  Romains,  son 
Esprit  des  lois,  ses  Discours  académiques,  ses  Pensées  Diverses,  sa  Correspondance, 
etc.,  mais  sans  résultat  aucun,  au  point  de  vue  de  ce  que  nous  aurions  voulu  décou- 
vrir. 


QUESTIONS  ET  RÉPONSES 


Question.  —  «  Auditeur  »,  au  sens  de  coinptal)Ie  chargé  d'examiner  des  comptes 
et  de  constater  s'ils  sont  exacts,  n'est  pas  français.  M.  l'abbé  Blanchard  dit,  dans 
la  Reçue  Canadienne,  qu'il  faut  remplacer  «  auditeur  »  par  «  expert-comptable  l. 
«  Expert-comptable  »   a-t-il   ce  sens  ? 

Réponse.  —  Nous  pensons  que  M.  l'abbé  Blanchard  veut  que 
«  expert-comptable  »  prenne  la  place  de  «  auditeur  »  dans  l'annonce 
des  comptables  qui  volontiers  se  chargent  de  vérifications  de  compte 
et  qui,  pour  cette  raison,  se  donnent  la  qualité  d'  «  auditeurs  ». 
Ils  devraient,  en  effet,  se  dire  «  experts-comptables  ».  Mais,  quand 
on  choisit  un  expert-comptable  pour  faire  la  vérification  d'un  compte, 
il  fait  le  travail  d'un  vérificateur  tout  simplement.  Tels,  les  oflîciers 
des  corporations  municipales,  que  la  loi  appelle  improprement 
«  auditeurs  »,  et  qui  sont  rarement  des  experts-comptables  mais 
toujours  des  vérificateurs. 


Question.  —  Le  mot  judicaillon  est-il  français  ?  Je  le  trouve  dans  un  auteur 
moderne. 

Réponse.  —  En  effet,  vous  trouverez  judicaillon  chez  quelques 
romanciers  du  jour.  Ce  mot  est-il  français  ?  Il  serait  plus  juste  de 
demander  :  finira-t-il  par  être  admis  et  lui  donnera-t-on  le  droit  de 
cité  ?  Pour  le  moment,  ce  diminutif  méprisant  du  mot  «  juge  »  a 
paru  utile  à  quelques-uns,  qui  l'ont  employé,  et  sa  forme  est  fran- 
çaise ;  c'est  tout  ce  qu'on  peut  dire. 

A.  B. 


215 


LE  "SANG  DE  FRANCE " 


III 

Un  Chef 

Il  gît  là,  pantelant,  brisé,  mort  à  demi  ; 
Mais  il  veille  et  s'observe,  en  gardant  un  tel  culte 
De  lui-même,  qu'il  tient  la  pitié  pour  insulte  : 
Il  s'offre  au  fer  sauveur,  mais  sans  être  endormi. 

Sa  chair  entre  en  révolte  et  ses  nerfs  en  tumulte  : 
Mais  pour  un  vrai  vaillant  le  corps,  c'est  l'ennemi. 
Il  mord  sa  lèvre  ardente,  et,  sans  qu'il  ait  gémi. 
Son  œil  suit  le  scalpel  qui  le  burine  et  sculpte. 

Aux  glaives  bien  trempés  s'ajustent  les  fourreaux. 
Jamais  Rude  ou  Puget,  pour  créer  un  héros. 
N'eussent  mieux  fait  saillir  les  muscles  d'un  beau  torse. 

Seul  maître  de  son  cœi^r,  son  esclave  et  son  fief, 

A  la  douleur  qu'il  dompte  il  mesure  sa  force. 

Puis  il  se  rend  hommage  et  sourit.  —  C'est  un  Chef. 


216 


LE     «  SANG     DE    FRANCE  »  217 


IV 

Blessures  cachées 

Qui,  hors  Dieu,  voua  connaît,  douleurs  des  cœurs  meurtris. 
Martyres  sans  témoins  des  âmes  mutilées. 
Ruines  sans  espoirs  des  tendresses  croulées 
Dont  ne  doit  nul  printemps  ranimer  les  débris  ? 

Qui  sait,  femmes,  parents,  qu'un  coup  brusque  a  surpris. 
Dont  les  deuils  sans  éclat  glissent,  têtes  voilées. 
Tout  ce  qui  monte  en  vous  de  plaintes  refoulées. 
Ce  qui  revient  pleurer  de  chagrins  mal  taris  f 

Et  c'est  vous,  maternels  supplices,  agonies 
Sur  qui  pèse  un  silence,  angoisses  infinies 
Des  grands  blessés  d'amour  que  ronge  un  souvenir. 

C'est  vous,  dès  que  la  Paix  sourira  tendre  et  fière. 
Qu'au  monde  respirant  devra  d'abord  bénir 
Le  chant  des  prisonniers  rendus  à  la  lumière  l 

Gustave  Zidler. 


VOCABULAIRE  FRANÇAIS-ANGLAIS 

DU  JEU  DE  BALLON  AU  PANIER 

{Basket  Bail) 


Le  jeu  de  ballon  au  panier  (Basket  Bail)  est  d'origine  absolu- 
ment américaine.  Son  histoire  commence  en  1891,  quand  le  Dr 
L.-H.  Gulick,  conférencier  en  psychologie  à  l'école  pirimaire  de  la 
«  Y.  M.  C.  A.)),  à  Plainfield,  Mass.,  suggéra,  comme  exercice  d'in- 
vention, un  jeu  qui  se  conformerait  à  certaines  conditions.  Le 
même  soir,  un  de  ses  élèves,  James  Naismith,  prenant  note  des 
conditions  hypothétiques  pour  un  jeu  d'intérieur  —  superficie 
limitée,  nombre  limité  des  concurrents  —  également  applicable  aux 
deux  sexes,  etc.,  s'appliqua  à  résoudre  ce  problème  et  inventa  le 
ballon  au  panier.  Le  jour  suivant,  on  le  mit  en  pratique  dans  la 
salle  des  conférences,  avec  l'aide  des  membres  de  la  classe  de  gym- 
nastique. De  là  il  se  répandit  dans  les  succursales  de  la  «  Y.M.C.A.» 
et  en  trois  ou  quatre  ans  dans  d'autres  clubs  athlétiques  et  dans  le 
public  en  général. 

Le  premier  traité  des  règles  du  jeu  fut  publié  en  1892.  Dans 
ce  manuel,  se  trouve  un  intéressant  dessin  d'une  cour  de  ballon  au 
panier,  où  l'on  voit  un  groupe  de  joueurs  essayant  de  loger  un 
ballon  dans  un  panier  à  pêches,  fixé  au  mur  à  une  hauteur  de  dix 
pieds  du  ])lancher,  pendant  qu'un  certain  nombre  d'autres  s'efforcent 
d'empêcher  le  coup.  Le  nom  du  jeu,  ballon  au  panier,  viendrait 
donc  du  fait  que  les  buts,  dans  lesquels  il  faut  jeter  le  projectile 
pour  marquer  un  point,  furent  d'abord  de  véritables  paniers. 

Aux  États-Unis,  ce  divertissement  jouit  d'une  très  grande 
vogue  dans  les  collèges,  les  écoles  supérieures  et  les  «  Young  men's 
Christian  Associations  ».  Ce  jeu  .se  joue  aussi  beaucoup  dans  les 
écoles  et  collèges  de  jeunes  filles.  —  On  le  pratique  au  Canada 
depuis  1892.  Dans  ces  dernières  années  .surtout,  plusieurs  collèges 
et  clubs  athlétiques  canadiens-français  l'ont  adopté. 

Il  ne  manquait  à  ce  jeu  qu'un  vocabulaire  français.  C'est 
pour  combler  cette  lacune  que  nous  avons  dressé  le  lexique  qui 
suit. 

218 


VOCABULAIRE   FRANÇAIS- ANGLAIS   DU  BALLON  AU    PANIER     219 

LE  BALLON  AU  PANIER 

{Basket  Bail) 

I.  LE    CHAMP    DU  JEU 

Fond,  dossier Backhoard,  background,  acreen. 

Paniers Baskets. 

Lignes  limites Boundary  Unes. 

Cage Cage. 

Cercle  de  milieu,  d'engagement.  Center  circle. 

Cour  (Une) Court. 

Lignes  de  fond End  line$. 

Ligne  du  champ Field  Une. 

Champ  du  jeu Field  of  play. 

Ligne  de  quinze  pieds Fifteen-foot  Une. 

Allées  de  réparation Foid  lanes,  free  throw  Unes. 

Lignes  de  réparation Foui  Unes,  freejhrow  Unes. 

Buts Goals. 

Supports,  appliques Brackets. 

Filet Net. 

Cercle Ring. 

Allée Lane. 

Banc,  banquette  des  joueurs ....  Players'  bench. 

Lignes  de  côté Side  Unes. 

Montant,  poteau  do  but Upright  post. 

B.  LES  POSITIONS 

1.  —  Extérieures. 

Entraîneur,  instructeur Coach,  instriictor. 

Amateurs Fans  (Janatics). 

Juge  de  ligne,  de  place Linesman. 

Directeur,  gérant Manager. 

Officiels,  fonctionnaires Officiais. 

Juge-arbitre,  juge  du  jeu Référée. 

Marqueur,  marqueur  adjoint. . .  .  Scorer,  assistant  scorer. 
Chronomètre,    chronométreur  ; 

chronométreur  adjoint Timekeeper,  timer  ;  assistant  time- 

keeper. 

Arbitre,  juge  des  joueurs Umpire. 

2.  —  Intérieures. 

Foncier Back,  guard. 

Capitaine Captain. 


220  LE    PARLER    FRANÇAIS 

Centre,  milieu Center. 

Centre  sauteur Jumping  center. 

Fort  gauche Left  forward. 

Foncier  gauche Left  guard. 

Fort  droit Right  forward. 

Foncier  droit Right  guard. 

C.  LES    ACCESSOIRES 

Chaussette  de  force Ankle  supporter. 

Ballon,  ballon  au  panier Bail,  basket  bail,  sphère. 

Vessie Bladder. 

Gaine  de  cuir Case  {Leather). 

Ballon  officiel Officiai  hall. 

Ceinture Belt. 

Pantalons  bouffants  (pour  filles).  Bloomers. 

Coudière,  cubitière,  protège-cou- 
des   Elbow  guard,  elbow  protector. 

Timbre Gong. 

Porte-ballon Holder. 

Maillot ; Jersey. 

Genouillère  élastique Knee  bandage. 

Genouillère Knee  cap,  knee  pad,  knee  protector. 

Matinée  (pour  filles) Middy. 

Culottes Pants. 

Livre  de  pointage Score-book. 

Maillot,  manches  longues Shirt  {Long  sleeves). 

Maillot,  sans  manches Shirt  {Sleeveless) . 

Souliers Shoes. 

Semelles   à  succion,   à  aspira- 
tion   Suction  soles. 

Chronogaphe,  tachymètre,  comp- 
teur enregistreur Stop  watch. 

Supporteur Supporter. 

Chandail,  tricot Sweater. 

Poucier Thumb  protector. 

D.  LE  JEU 

Essayer  un  panier Attempt  a  basket  (To). 

Arrière-champ Back-field. 

Tape  d'arrière Backward  tap. 

Ballon  hors  jeu Bail  out  of  bounds. 


VOCABCLAIRE   FRANÇAIS-ANGLAIS    DU    BALLON  AU  PANIER       221 

Coup  de  bord liank  ahot. 

Taper  le  ballon Bat  the  bail  ( To). 

Bloquer  un  coup Block  a  shot  ( To). 

Bondir Bounce  {To). 

Encaisser Boxing  up. 

S'échapper Break  away  {To). 

Pousser   un   adversaire   hors   du 

chemin Bump  an  opponent  eut  of  the  way 

{To). 

Grouper,  agrouper Bunching. 

Eiicager  le  ballon Cage  the  bail  {To). 

Crier  l'arrêt Call  lime  {To). 

Attraper  le  ballon Catch  the  bail  {To). 

Attrapeur Catcher. 

Charger Charge  {To). 

Contenir  le  jeu Check  the  play  {To). 

Cercler Circle  {To). 

Entraîner,  exercer Coach  {To). 

Combinaison Combination. 

Marquer,  jouer  un  adversaire. .  .  Cover  an  opponent  {To). 

Croisé Criss-cross. 

Élan Dash. 

S'élancer Dash  {To). 

Ballon  mort Dead  bail. 

Passer  le  ballon Deliver  the  bail  { To) . 

Jeu  brutal Dirty  play. 

Joueur  frappé  d'incapacité Disqualified  player. 

Fautes  frappant  d'incapacité. . .  .  Disqualifying  Jouis. 

Biaiser Dodge  {To). 

Fautes  doubles Double  Jouis. 

Jeu  de  déplacement  double  fon- 
cier    Double  guard  shijt  play. 

Chassé  (Un) Dribble  {A). 

Chasser Dribble  { To). 

Chasseur Dribbler. 

Pousser  le  ballon Drive  the  bail  {To). 

Feinte Fake,  Jeint. 

But  du  champ Field  goal. 

Faire  sauter  une  pièce  de  mon- 
naie pour  le  choix  des  buts. . .  .  Flip  a  coinjor  choice  oj goals  {To). 

Suivre  le  ballon Follow  up  the  bail  {To). 

Faute,  coup  nul Foui. 

But  de  réparation Foui  goal. 


222                                                 LE     PARLER  FRANÇAIS 

Fausser  un  joueur Foui  a  player  (To). 

Tireur  de  coup  de  réparation. . . .  Foui  shooter. 

Etre  libre Free  ( To  be). 

Coup  franc Free  throw. 

Essai  franc  de  but Free  trial  for  goal. 

Manque  (Une) Fumble  (A). 

Manquer Fumble  ( To). 

Partie Game. 

Partie  douce Clean  game. 

Partie  confisquée Forfeit,  forfeited  game. 

Partie  de  ligue League  gam.e. 

Partie  de  concours Match  game. 

But Goal. 

But  de  réparation Goal  from  offence. 

But  du  champ Goal  from  ihe  field. 

Tireur,  lanceur  de  buts Goal  thrower,  goal  tosser. 

Jeu  de  galerie Grand  stand  playing. 

Parer  un  coup Guard  a  shot  ( To). 

Parer  autour Guarding  around. 

Faute  de  parade Guarding  foui. 

Parer  dessus Guarding  over. 

Couper . . Hacking. 

Demie  (Première,  Seconde) Half  {First,  Second.) 

Ballon  tenu Held  bail. 

Tenu  ! Held  hall  ! 

Tenu  à  deux  (Ballon) Held  in  tie  {Bail). 

Tenir Holding. 

Position  de  fort Home  position. 

Embrasse  (Une) Hug. 

Embrasser  le  ballon Rugging  the  bail. 

En  jeu In  bounds. 

Intervention Interférence. 

Intermission Intermission. 

Jongler  avec  le  ballon Juggle  the  bail. 

Saut Jump. 

Ballon  de  saut Jump  bail. 

Sauteur ., Jumper. 

Faute  de  ligne Line  foui. 

Alignement Line-up  { The). 

Lancer  le  ballon Lob  the  bail  { To). 

Courber  le  ballon Loop  the  bail  {To). 

Courbe  (Une) Loop  throw. 

Se  séparer  d'un  adversaire Lose  an  opponent  { To). 


VOCABULAIRE    FRANÇAIS-ANGLAIS    DU    BALLON    AU    PANIER        223 

Arbitrer  une  partie Officer  a  game  (To). 

Hors  jeu Ont  of  houndu. 

Coup  courbe  dessus Overhand  loop  shot. 

Coup  de  longueur  dessus Overhead  drive. 

Jet  dessus Overhead  toss. 

Jeu  en  sus Overtime  play. 

But  propre Own  goal. 

Passe  (Une) Pa.ts  (A). 

Passe  double  dessus Double  overhead  pas». 

Passe  simple  dessus Single  overhead  pass. 

Passeur Pa.t.ier. 

Pénalité Penalty. 

Période Period. 

Période  en  sus Extra  period. 

Faute  ])ersonnelle Personal  foui. 

Jouez  ! Play  l 

Jouez  le  ballon  et  non  l'homme  !  Play  the  bail  and  not  the  manl 

Jouer  pour  la  galerie Play  to  the  grandstand  (To). 

Planelier  de  jeu Playing  floor. 

Condition  de  jeu  (En) Playing  forni  (In). 

Partie  finale,  la  finale Play-off  (The). 

Piocher Plug  away  ( To). 

Lancer  le  ballon  sur  le  fond Plug  the  bail  at  the  backboard  (To). 

Faiseur,    gagneur,    marqueur   de 

points Point-gainer,  point-getter. 

Pousser Pushing. 

Quintette Quintet  ( The). 

Recouvrer  le  ballon Recover  the  bail  (To). 

Calendrier,  échelle  des  parties . .  .  Schednle. 

Marquer Score  {To). 

Faire,  gagner,  marquer  un  but, 

un  panier Score  a  goal,  a  basket  ( To). 

Inscrire,  pointer  les  points  de  la 

l)artie  dans  le  livre  de  pointage  Score  the  points  of  the  game  on  the 

score-book  (To). 

Résultat,  pointage  égalisé Score  tied. 

Se  faire  marquer Scored  on  (  To  be) . 

Pointage Scoring. 

Mêlée Scrimmage. 

Condition  (En) Shape  {In). 

Tirer,  lancer Shoot  {To). 

Tireur,  lanceur Shooter,  shot. 

Coup,  tir Shot. 


224  LE    PARLER  FRANÇAIS 

Épauler Shouldering. 

Battre ^ Slugging. 

Escouade,  équipe Squad. 

Coup  courbe  droite Straight  loo-p  shot. 

Substitut Substitute. 

Entraver Tackling.  ' 

Retrancher  du  temps Take  oui  tivie  (  To) . 

Tape Tap. 

Taper  le  ballon Tap  the  bail  (To). 

Équipe Team. 

Équipe  concurrente Contesting  team. 

Équipe  chez  elle Home  team. 

Équipe  visiteuse Visiting  team. 

Co-équipier Team-mate. 

Jeu  d'équipe,  jeu  d'ensemble. .  .  .  Team  play,  team  work. 

Fautes  techniques Technical  fouis. 

Trois  dedans Three  men  in. 

Jet  (Un) Throiv  {A). 

Lancer,  jeter  vers  le  panier Throw  for  the  basket  (Ta). 

Remise  en  jeu Throw-in  ( The). 

Lanceur Thrower. 

Remetteur  en  jeu Thrower-in. 

Partie  nulle,  partie  égale Tie,  tie  game. 

Ballon  à  deux Tie  bail. 

Pointage,  résultat  égal Tie  .score. 

Temps  retranché Time  ovt. 

Toucher  la  ligne  du  pied Toe  the  Une  ( To). 

Ballon  lancé  en  l'air Thrown-up  bail. 

Coup  franc Toss  {free  throw). 

Décider  à  croix  ou  pile  le  choix 

des  paniers Toss  for  choice  of  baskets  (To). 

Jeter  le  ballon  en  l'air Tose  the  bail,  toss  the  bail  up  (  To). 

Jet  (Le),  engagement  (L') Toss-up  (The). 

Ruses Tricks. 

État  (En),  condition  (En) Trim  (In). 

Donner  un  croc-en-jambe Trip  (To). 

Essai  de  but Try  at  or  for  goal  (A). 

Jet  dessous Underhand  toss. 

Haleine Wind. 

Alfred  Verreault. 


LES  LIVRES 


I 


Henri  d'Ables.  Une  romancière  canadienne.  Paris  (Ëditions  de  la  Pentée 
de  France,  74,  rue  de  Seine),  1914,  in-8,  38  pages. 

Belle  étude  sur  Laure  Conan,  «  la  première  romancière  que  le 
Canada  ait  produite  »  et  «  un  écrivain  de  race  »...  «  notre  première 
femme-écrivain,  la  première  en  date  et  la  première  par  la  .supériorité 
du  talent  ». 

Ce  travail  avait  paru  d'abord  dan.s  la  Pensée  de  France  de  juillet 
et  septembre  1914. 


L'abbé  Jean  Laoardère.  Haut  le»  Cœurs!  Paris  (Téqui,  82,  rue  Bonaparte), 
1916.  in-12,  223  pages. 

Ce  livre  est  un  cri  d'espérance  et  une  parole  consolatrice. 

Aux  femmes  qui  pleurent  devant  l'âtre  éteint,  l'auteur  adresse 
la  première  partie  de  son  ouvrage  :  Les  larmes  consolées. 

Aux  vaillants  qui  combattent,  il  fait  entendre  des  Chants 
d'épée. 

L'abbé  Lagardère  est  aumônier  militaire,  et  son  livre  a  été  vécu 
sur  place. 


L'abbé  Etienne  Blanchard.  Catalogue  spécial  de  Philologie  française. 
Montréal  (au  Devoir),  1915,  40  pages.  (Prix  :  20  sous,  chez  l'auteur,  331,  rue 
Sainte-Catherine-Est,   Montréal.) 

Ce  catalogue  a  été  préparé,  dit  une  note,  «  pour  les  collèges  », 
et  «  cette  destination  explique  l'omission  d'ouvrages  à  caractère 
universitaire  »  comme  l'Histoire  de  la  langue  française  de  Brunot, 
la  Grammaire  de  Meyer-Lubke,  la  Grammaire  de  Nyrop,  etc.  On 
y  trouve  pourtant  la  Grammaire  d'Ayer,  les  Principes  de  philologie 
comparée  de  Sayce,  le  Cours  de  linguistique  de  Bergman,  la  Philo- 
logie du  langage  de  Regnaud,  etc.  Ces  ouvrages  auraient  pu  être 
avantageusement  remplacés  par  d'autres,  plus  récents  ou  meilleurs. 

Nous  ne  comprenons  peut-être  pas  très  bien  quels  services  ce 
catalogue  est  destiné  à  rendre  ;  mais  il  ne  nous  paraît  pas  établi 
avec  le  soin  qu'il  eût  fallu  y  apporter  pour  qu'il  fût  vraiment  utile 
dans  les  collèges. 

225 


226  LE  PARLER   FRANÇAIS 

L'abbé  Etienne  Blanchard,  P.  S.  S.  Mille  mots  illutlrét  ou  Gravures  et 
Mots.     Montréal,  1915,  in-16,  14c.   X  22c.,  111  pages. 

Gravures  et  explications,  illustrant  un  milier  d'objets  usuels 
et  les  étiquetant  de  leurs  noms  français.  Parler  aux  yeux,  tel  a 
été  le  but  de  l'auteur.  L'auteur  avait  publié  dans  la  Revue  Cana- 
dienne quelques  pages  de  ce  livre  nouveau. 

Un  index  rend  les  recherches  faciles. 

Cet  ouvrage  peut  servir  à  enrichir  notre  vocabulaire. 


L'abbé  Lionel  Groulx.  Nos  luttes  constitutionnelles.  Montréal  (au  Devoir), 
1915. 

Deux  conférences  données  à  l'Université  Laval,  à  Montréal,  le 
3  novembre  et  le  1er  décembre  1915  :  I  La  Constitution  de  l'An- 
gleterre—  Le  Canada  politique  en  1791.  II  La  Question  des 
subsides. 


Mme  A.-B.  Lacerte.  Contes  et  Légendes.  Ottawa  (Imp.  Beauregard), 
1915,  iii-8°,  15c.  X  23c.,  199  pages. 

Ce  livre  est  «  dédié  aux  enfants  ». 

Mais  faut-il  vraiment  tant  de  fées  pour  plaire  aux  tout  petits  ? 
On  peut  parfois,  pour  les  endormir,  conter  aux  enfants  un  petit 
bout  de  légende  de  ce  genre  ;  mais  il  ne  faut  pas  écrire  cela,  à  moins 
de  savoir  écrire  pour  les  enfants  —  ce  qui  n'est  pas  facile. 

Ce  ne  sont  pas  là  les  contes  qu'il  faut  aux  petits  Canadiens 
français. 

Ajoutons  cependant  que  quelques  sujets  religieux  sont  bien 
choisis,  et  que  souvent  les  vers  de  Mme  Lacerte  valent  mieux  que 
sa  prose. 

Le  volume  est  illustré.  .  .  malheureusement. 


Les  Sonnets  de  la  Guerre.  (Paris,  Émile-Paul  Frères,  100,  rue  du  Faubourg 
Saint-Honoré),  1916,  in-16,  350  pages. 

Les  Œuvres  d'Assistance  aux  Mutilés  de  la  guerre  se  créent  et  se 
développent  tous  les  jours  :  parmi  les  plus  intéressantes  se  placent 
les  Ateliers- Écoles  de  rééducation  professionnelle  des  blessés  qui 
1  ermettent  aux  soldats  amputés  de  retrouver  dans  le  travail  leur 


LES    LIVRES  227 

autonomie  physique  et  morale,  le  bonheur  dans  l'effort,  l'aisance  et 
la  sécurité. 

Une  initiative  artistique  vient  aujourd'hui  offrir  au  public  la 
possibilité  d'aider  les  organisateurs  de  ces  œuvres  admirables.  Le 
livre  des  Sonnetti  de  la  guerre,  auquel  ont  collaboré  d'éniinents  poètes 
français,  est  vendu  au  profit  de  nos  glorieux  mutilés  :  il  constitue 
donc  à  la  fois  un  ouvrage  littéraire  de  haute  inspiration  et  une  œuvre 
de  gratitude. 

Nous  avons  pu  publier,  dans  notre  revue,  quelques-uns  des 
sonnets  de  guerre  de  M.  Gustave  Ziddler.  Nos  lecteurs  seront 
heureux  de  le.s  retrouver  dans  ce  volume,  à  côté  des  vers  de  MM. 
Jean  Aicard,  Henry  Bordeaux,  Pierre  de  Bouchaud,  Auguste  Dor- 
chain,  Charles  Grandmougin,  Henri  de  Régnier,  Edmond  Rostand, 
Miguel  Zamacoïs,  etc.,  etc. 


Chez  Bloud  et  Gay  (7,  Place  Saint-Sulpice,  Paris),  nouveaux 
volumes  de  la  belle  collection  «  Pages  actuelles  »  : 

Pro  Patria,  par  Victor  Giraud. 

Le  Service  de  Santé  pendant  la  Guerre,  par  Joseph  Reinach. 

La  reine  Elizabeth,  par  Maurice  des  Ombiaux. 

Chez  les  mêmes  éditeurs,  viennent  de  paraître  : 

Près  de  nos  morts,  par  M.  l'abbé  Thellieh  de  Poncheville  : 
Vibrantes  allocutions  patriotiques.  Les  titres  même  sont  éloquents: 
La  messe  de  la  division,  et  la  Bénédiction  des  tombeaux. 

Arras  sous  les  obus,  par  M.  l'abbé  E.  Foulon.  Album  avec 
nombreuses  et  intéressantes  gravures,  et  texte  documenté. 


Etienne  Dupont.  Les  Prisonniers  de  guerre  anglais  en  France  au  XVIII' 
siècle.     Paris  (Boyveau  et  Chevillet),  1915,  12  pages. 

A  l'aide  de  documents  d'une  authenticité  incontestable,  con- 
servés dans  les  archives  de  Mtre  Huet,  notaire  à  Saint-Malo,  l'auteur 
de  cette  étude  fait  connaître  les  conditions  dans  lesquelles  vivaient, 
en  France,  les  prisonniers  anglais,  détenus  à  la  suite  des  prises  mari- 
times ou  des  engagements  navals,  dans  les  premières  années  du 
XVI II"  siècle. 

Adjutor  Rivard. 


REVUES  ET  JOURNAUX 


La  Revue  des  Indépendants,  malgré  l'absence  de  nombreux 
collaborateurs  qui  sont  dans  les  tranchées,  vient  de  faire  paraître 
un  beau  «  numéro  de  guerre  ». 

La  Revue  publie,  dans  ce  numéro,  la  liste  glorieuse  de  quatre- 
vingt-sept  écrivains  français  morts  au  champ  d'honneur. 


Dans  la  Revue  (45,  rue  Jacob,  Paris  ;  15  décembre  1915,  pp. 
642-654),  Mme  Geneviève  Bianquis  publie  une  étude  des  plus  sym- 
pathiques sur  l'œuvre  du  «  poète  canadien  »,  W.-H.  Drummond. 

L'entreprise,  en  soi,  est  hardie.  Prenez  un  peuple  que  la  distance  et  les  évé- 
nements ont  séparé  de  son  pays  d'origine,  un  peuple  conquis  par  un  autre  et  qui  ne 
veut  pas  mourir,  qui  accomplit  ce  prodige  de  garder  un  siècle  et  demi  sa  langue,  ses 
mœurs,  ses  coutumes,  et  d'en  garder  même  et  surtout  la  saveur  provinciale,  normande 
ou  picarde,  gasconne  ou  provençale  ;  un  peuple  qui,  par  sa  fécondité  robuste  et  son 
rapide  accroissement,  force  l'étranger  à  reculer  peu  à  peu  vers  l'ouest  et  à  lui  aban- 
donner un  territoire  plus  vaste  que  celui  qu'il  a  jamais  possédé.  Mettez  maintenant 
sur  les  lèvres  de  cette  population  rustique,  fruste  et  joviale,  un  langage  qui  n'est  pas 
le  sien,  qu'elle  n'a  appris  que  par  l'oreille  et  pour  les  nécessités  pratiques  de  l'échange 
et  du  commerce.  Et  essayez  de  lui  faire  dire,  dans  cet  informe  jargon,  ses  émotions, 
ses  joies,  ses  chasses  et  ses  aventures,  ses  souvenirs,  ses  espérances,  son  sentiment 
intime.  La  gageure  semble  paradoxale.  Ou  bien  nous  sommes  obligés  d'admettre 
la  fiction  implicite  que  voici  :  le  poète  écoute  et  reproduit,  du  mieux  qu'il  peut,  des 
récits  recueillis  de  la  bouche  même  des  paysans  et  qu'ils  lui  font  en  anglais,  habitués 
qu'ils  sont  aux  voyageurs  britanniques,  si  pauvres  linguistes  en  général. 

Cette  fiction  est  la  réalité  même .  .  . 

Non.  Malheureusement  pour  l'œuvre  de  Drummond,  cette 
fiction  n'est  qu'une  fiction.  Jamais  aucun  «  voyageur  britannique  » 
n'a  pu  entendre  chez  nous  quoi  que  ce  soit  qui  ressemblât,  même  de 
loin,  à  cet  informe  jargon. 


Les  Annales  du  28  novembre   1915  contenaient  un  article  de 
M.   Maurice  Barrés  sur  Nos  frères  canadiens,  avec  illustrations  : 

228 


REVUES    ET  JOURNAUX  229 

secours  envoyés  en  France  par  la  province  de  Québec,  et  valeur  des 
soldats  canadiens  sur  les  champs  de  bataille. 


M.  l'abbé  Blanchard,  dans  un  bon  article  sur  le  français  et 
l'annonce  (Revue  Canadienne,  décembre  1915,  p.  556),  fait  la  guerre 
à  un  certain  nombre  d'anglicismes  tenaces. 


De  M.  Emile  Hinzelin,  dans  la  France  de  Demain  (reproduit 
par  le  Mémorial  de  la  Loire,  Saint- Etienne,  Loire  ;  25  novembre 
1915)  : 

Parmi  les  Canadiens  qui  arrivent  à  Salonique,  il  en  est  qui  parlent  la  pure 
langue  française  du  XVII'  siècle  et  qui  ne  savent  guère  que  cette  langue-là.  Leurs 
noms  sont  aussi  les  plus  français  du  monde.  On  nous  présente  des  Laurier,  des 
Poirier,  des  Pommier,  des  Boulanger,  des  Boucher,  des  Charron.  Voilà  même  les 
noms  tout  militaires  du  temps  jadis  :  Lafieur,  Bontempg,  Jolicœur,  comme  dans  les 
«  Gardes  françaises  »  de  la  chanson.  Un  Fanfan  la  Tulipe  se  trouvera  peut-être 
parmi  les  cent  mille  hommes  nouveaux  que  le  gouvernement  général  du  Canada 
lance  en  avant  !  i 


LE  CONCOURS  DU  "PETIT  CANADIEN" 


Le  Petit  Canadien  fait  connaître,  dans  son  numéro  de  décembre, 
le  résultat  du  concours  qu'il  avait  ouvert  et  que  nous  avions  annoncé 
à  nos  lecteurs. 

Voici  la  liste  des  vainqueurs  : 

Premier  prix  :  M.  Sylva  Clapin,  Ottawa. 

Deuxième  prix  :  Rév.  F.  Marie-Victorin,  Longueuil. 

Mentions  :  Mlle  Germaine  Cordon,  Montréal  ;  M.  Lionel  Mon- 
tai, Montréal  ;  Mlle  Fernande  Choquette,  Saint-llilaire  ;  M.  Da- 
mase  Potvin,  Québec. 

Le  Petit  Canadien  publie  le  travail  de  M.  Sylva  Clapin,  intitulé: 
L'attaque  du  calvaire. 


Li:XIOlJE 

CAN  ADIEN-FRA  N  Ç.i  I S 
(Suite) 


Mécher  (mêeé)  v.  intr. 

1°  Il  Aller  vite.  Ex.  :  Les  chars  mèchent  —  vont  grande 
vitesse.  —  Quand  on  a  eu  passé  les  côtes,  ça  méchait  =  nous  allions 
très  vite. 

2°   Il   Travailler  dur,  longtemps. 

Mécredi  (mekrœdi)  s.  m. 

Il  Mercredi. 

Vx  Fr.  «  La  plus  saine  opinion  et  le  meilleur  usage  est  non 
seulement  de  prononcer,  mais  d'écrire  mécredi  sans  R  »,  Vaugelas. 

DiÀL.  Mécredi  se  dit  en  Normandie,  Robin,  Moisy,  Revue 
des  P.  P.,  I,  107  ;  en  Saintonge,  Éveillé  ;  dans  l'Anjou,  Verrier  ; 
dans  le  Centre,  Jaubert. 

Mécher  (méeé)  v.  tr. 

Il   Moucher  (la  chandelle). 

Mêdalle  (mêdal)  s.  f. 

Il   Médaille. 

DiAL.     Id.,  en  Anjou,  Verrier. 

Médée  (médé)  nom  propre. 

Il  Amédée. 

DiAL.   Id.,  en  Normandie,  Maze,  Moisy. 

Médi  (médi)  s.  m. 

Il  Midi. 

DiAL.  Id.,  en  Normandie,  Moisy,  Rev.  des  P.  P.  I,  114  ; 
en  Picardie,  Vaultrin  ;  dans  le  Poitou,  Fabre  ;  dans  le  Centre, 
Jaubert  ;    dans  le  parler  bournois,  Roussey. 

230 


LEXIQUE    CANADIEN-FRANÇAIS 


231 


Mégârd  {mêgd:rd)  s.  f. 
Il  Mégarde,  inadvertance. 

Mékerdi  {mekœiri)  s.  m. 

Il  Mercredi. 

DiAL.     Id.,  dans  le  Bas-Maine,  Dottin  ;    dans  l'Anjou,  Ver- 


rier. 

Fr.-can.     Aussi  mékardi,  merkerdi. 

Mêlage  {melà:g)  s.  m. 

Il   Mélange,   confusion,  «nchevêtrement,   emmêlement. 

Mêlaillage  {meldyà.g)  s.  m. 
Il   Mélange,   confusion. 

Mélailler  {meldyé)  v.  a. 

Il   Mélanger. 

DiAL.     Melayer,  mélanger,  dans  l'Anjou,  Verrier. 

Mélangeage  {melàjà:j)  s.  m. 
Il  Mélange. 

Mélangeaillage  {melàjàyà.-j)  s.  m. 
Il   Mélange. 

Mélangeailler  {melàjdyé)  v.  a. 
Il   Mélanger. 

Mêlé  imeU).  part,  passé 

1"  Il  Embrouillé,  qui  a  perdu  le  fil  de  ses  idées.  Ex.  :  Il  a 
dit  deux,  trois  mots,  puis  il  est  devenu  rmlé,  il  n'a  pas  pu  con- 
tinuer. 

DiAL.     Mêlé  —  indécis,  perplexe,  dans  le  Bas-Maine,  Dottin. 

2°  Il   Train     mêlé  =  train    omnibus. 

Mêler  (mêlé)  v.  a. 

Il  Embrouiller,  faire  perdre  à  quelqu'un  le  fil  de  ses  idées. 
Ex.  :  Tais-toi  donc,  tu  me  mêles,  je  ne  sais  plus  quoi  dire. 


232  LE    PARLES    FRANÇAIS 

Mélie  (méli).  nom  propre. 

Il   Amélie,  nom  de  femme. 

DiAL.     Même    aphérèse    de    l'a   en    Normandie,  Moisy;  dans . 
l'Anjou,  Verrier. 

Mélieu  {mélyé)  s.  m. 

Il  Milieu. 

DiAL.  Id.,  en  Normandie,  Moisy  ;  Saintonge,  Éveillé  ; 
Anjou,  Verrier. 

Méloné  (mélbné)  s.  m. 

Il   Mortadelle,  gros  saucisson. 
Fr.-can.     Cf.  Belloné,  maloné. 

Melton  (mèltô)  s.  m. 
'  1 1   Molleton,  étoffe  épaisse  et  moelleuse. 

Meman  {mœma)  s.  f. 

Il   Maman. 

Di.'VL.  Id.,  en  Anjou,  Verrier.  Man  =  m.  s.,  Bresse,  Guil- 
lemaut. 

Membrage  {mâbrà:j)  s.  m. 

1  °   Il   Action  de  construire  la  membrure  d'un  navire. 

2°  Il  Membrure  ;  ensemble  des  varangues,  des  couples,  qui 
forment  la  carcasse  d'un  navire,  des  morceaux  qui  forment  la  car- 
casse d'une  voiture. —  Par  ext.:  Membrages  d'un  cheval,  d'une  porte. 

3°  Il  L'ensemble  des  patins  d'un  traîneau.  Ex.  :  Le  membrage 
est  trop  large. 

Membre  {mà:br)  s.  m. 

1°   Il   Patin   (d'une  voiture,  d'un  traîneau). 

2°  Il  Député.  Ex.:  Notre  membre  n'a  pas  parlé  de  la  session.  = 
Notre  député  n'a  fait  aucun  discours  pendant  la  session  du  parle- 
ment. —  M.  X.,  est  membre  du  comté  de  Z  =  est  député  pour  le 
comté  de  Z.  .  .  —  M.  le  membre  du  comté  de  X.  voudra  bien.  . .  = 
M.  le  député  du  comté  de  X. 


LEXIQUE    CANADIEN-FRANÇAIS  233 

Même  (à)  (a  mè:m)  loc. 

I  "  Il  Aux  dépens  de . . . 

DiAL.     Id.,  dans  le  Bas-Maine,  Dottin. 

2°  Il   (Pris  absol.)  Libre  de... 

Même  (de)  {de  mt:m)  loc.  adv. 

II  Ainsi,  ainsi  donc.  Ex.  :  De  même,  c'est  décidé,  nous  n'y 
allons  pas?  =  Ainsi  donc,  c'est  décidé...  — De  même,  ça  peut 
faire. 

Même  (la)  chose  {la  mé:m  e6:z)  loc.  adv. 

Il  Quand  même,  pareillement.  Ex.  :  S'il  fait  mauvais,  j'y 
vas  la  même  chose  =  quand  même. 

Di.\L.     Id.,  en  Normandie,  Delboullb,  Robin,  Moisy. 
Fk.-can.     Syn.  :   pareil. 

Même  {même)  s.  f. 

Il   Grand'mère. 

DiAL.  Même  se  dit  avec  le  même  sens  dans  l'Anjou,  Verhieb  ; 
le  Bas-Maine,  Dottin  ;    la  Normandie,  Orain. 

Memène  {memèn).  s.  f. 

Il   Faire  memène  =  se  promener  (t.  enfantin). 

Mement  {màmà)  s.  m.    (Aussi  memin.) 

Il  Moment. 

DiAL.     Memin,  m.  s.,  en  Normandie,  Orain. 

Memère  {mémér)  s.  f. 

1°   Il   Grand'mère. 

Dial.  Memère,  m.  s.,  dans  l'Anjou,  Verrier  ;  la  Picardie, 
Corblet,  Haigneré  ;  la  Bresse,  Guillemaut  ;  la  Normandie, 
Delboulle. 

2°  Il   Commère,  personne  bavarde. 

Menable  {mnab)  adj. 

Il  Qu'on  peut  conduire,  diriger.  Ex.  :  Ce  cheval  n'est  pas 
menable  =  est  hargneux.  —  Enfant  qui  n'est  pas  menable  =  dé.so- 
béissant,  - — Ouvriers    qui    ne    sont    pas    mettables...  — 


234  LE    PAKIiER    FRANÇAIS 

Menasse  (mnas)  s.  f. 
Il  Mélasse. 

Menée  {mœné)  s.  f. 

I  °  Il  Quantité  de  foin  ou  de  grains  que  le  faucheur  fauche  d'un 
coup  de  faulx. 

2°  Il  Chacune  des  parties  d'un  champ  abattue  par  le  faucheur 
l'une  après  l'autre. 

Fb.-can.  Syn.  :  Ondée.  —  S'emploie  aussi  par  les  laveuses. 
Ex.  :   Je  vais  laver  mon  plancher  en  trois  menées. 

Mener  (mœné)  v. 

1°  Il  Aller  vite.  Ex.  :  J'te  dis  que  c'train  là,  ça  mène  =  ça 
va  vite.  —  C'est  une  p'tite  jument  qui  m£ne  =  qui  va  vite. 

2°  Il  Mener  le  diable  =  faire  le  diable  à  quatre,  faire  beaucoup 
de  bruit. 

3°  Il  Mener  le  diable  à  quelqu'un  =  faire  du  bruit  pour  le  taqui- 
ner, l'ennuyer. 

4°  Il  Mener  un  air,  une  chanson  =  chanter.  Ex.  :  Il  mène 
bien  une  chanson  =  il  chante  bien  une  chanson.  —  Mener  une 
chanson  sur  l'air. 

DiAL.      Id.,  dans  le  Centre,  Jaubert. 

5°  Il  Se  promener  (terme  enfantin).  Ex.  :  Veux-tu  aller 
mener  =  veux-tu  te  promener  ? 

DiAL.     Id.,  dans  l'Anjou,  Verrier. 

6°  Il  N'en  mener  pas  large  =  se  dit  de  quelqu'un  qui  est  faible, 
malade,  ou  faible  d'esprit. 

Mener  (mené)  v.  intr. 

II  Conduire  un  cheval. 

Menette  {mànèt)  s.  f. 

1°  11  Menotte,  petite  main.  Ex.  :  Donne  ta  petite  menette  = 
donne  ta  petite  main. 

DiAL.      Id.,  dans  le  Bas-Maine,  Dottix. 

2°  11  Homme  qui  s'occupe  de  travaux  de  femmes,  qui  a  des 
manières  féminines. 

DiAL.     Id.,  dans  le  Bas-Maine,  Dottin. 

Meneur  de  malle  {mœnàr  dà  mal)  s.  m. 
Il  Courrier. 


LEXIQUE    CANADIEN-FRANÇAIS  235 

Menoire  {mànwè:r)  s.  f. 

1°  Il  Limon,  chacune  des  deux  pièces  de  bois  droites,  fixées 
au  devant  d'une  voiture,  et  entre  lesquelles  on  attelle  le  cheval; 
brancard.  Ex.  :  Mettre  le  cheval  dans  les  menoires  =  le  mettre 
dans  les  limons,  dans  le  brancard. 

Fb.-can.     Cf.  :     Travail. 

2°  Il  Être  dans  les  menoires  =  être  à  la  besogne.  Ex.  :  Cesse 
donc  de  critiquer,  c'est  pas  toi  qu'es  dans  les  menoires. 

Menon  (mtiô)  s.  ta. 
Il  Melon. 

Menoque  (mànôk)  s.  m. 

Il  Espèce  de  tabac  très  fort,  mais  de  bon  arôme,  préparé  à 
la  main. 

Menotte  (mànbt)  s.  f.  pi. 

Il  Mitaine,  petit  gant  de  femme  qui  ne  couvre  qu'une 
partie  des  doigts. 

Menteuse  {mâtâ:z)  s.  f. 

1°  Il   Couverture  d'oreiller. 
2°  Il   Plastron  postiche. 

Menteux  {maté)  adj. 

Il   Menteur. 

DiAL.  Id.,  en  Normandie,  Moisy,  Maze,  Delboulle  ;  dans 
le  Centre,  Jauuert. 

Ménuit  {menwit,  ménwit,  viiniùit)  s.  m. 

Il   Minuit. 

DiAL.  Id.,  dans  le  Centre,  Jaubeut  ;  l'Anjou,  Verrier  ; 
le  Bas-Maine,  Dottin  ;   la  Normandie,  Moisy. 

Menuserie  (mnuzri)  s.  t. 

Il  Menuiserie. 

DiAL.  Id.,  en  Normandie,  Moisy,  Delboulle;  dans  l'Anjou, 
Verrier  ;    dans  le  Centre,  Jaubert. 


236  LE    PARLER   FRANÇAIS 

Menusier  (mnuzyé)  s.  m. 

Il  Menuisier. 

DiAL.  Se  dit  en  Normandie,  Moisy,  Delboulle  ;  dans 
l'Anjou,  Verrier  ;  dans  le  Centre,  Jaubert  ;  dans  la  Saintonge, 
Éveillé. 

Menute  {mênut)  s.  f. 
Il  Minute. 

Méquerdi  {mékàrdi)  s.  m. 

1 1   Mercredi. 

Dial.  Id.,  dans  l'Anjou,  Verrier  ;  le  Centre,  Jaubert  ; 
le  Haut-Maine,  Montesson  ;  la  Bresse,  Guillemaut  ;  le  patois 
lorrain,  Dubois. 

Méquier  {mé^é)  s.  m. 

Il  Métier. 

Dial.  Id.,  dans  le  Maine,  Dottin,  Montesson  ;  la  Nor- 
mandie, Dubois. 

Merci  à  {mèrsi  a). 
Il   Grâce  à. 

Vx  FB.       Id.,   GUÉBIN. 

Mère  {mé:r)  s.  f. 
liXÉpouse. 

Merise  (petite)  {ptit  mriz)  s.  f. 
Il  Fruit  d'une  espèce  de  merisier. 

Merquedi  {merkèdi)  s.  m. 

Il   Mercredi. 

Dial.     Id.,   Normandie,   Maze,   Orain,   Delboulle. 

Mésan  (mézâ)  s.  f. 
Il   Maison. 


LEXIQUE    CANADIEN-FRANÇAIS  237 

Méson  (mézô,  mèzS)  a.  f. 

Il   Maison. 

DiAL.     Id.,  Normandie,  Maze. 

Messieutrie  {màsyétri)  s.  f. 

Il  Les  messieurs,  les  notables.  Ex.  :  Toute  la  messieutrie 
était  là  =  tous  les  gros  bonnets,  tous  les  gens  notables,  tous  les 
messieurs  étaient  là. 

Mezur  (mœzM.-r)  s.  f. 

Il   Une  mesure  =  ^  de  minot. 

Mesure  {mœzu:r)  s.  f. 

Il  Projet  de  loi.  Ex.  :  Faire  passer  une  mesure  à  la  Chambre. 
—  (Cf.  Ang.  measure.) 

Mesure  (à  la)  (a  la  mœzu-.r). 
Il  A  tour  de  rôle,  à  mesure. 

Mesure  {mézu:r)  s.  f. 

Il  Mesure. 

Dial.     Id.,  Normandie,  Maze. 

Mesurement  {mœzurma)  s.  m. 
Il  Mesurage,  action  de  mesurer. 

Mesurer  (mézurê)  v.  tr. 

Il   Mesurer. 

Dial.     Id.,  Normandie,  Maze. 

Métail  (métay)  s.  m. 
Il   Métal. 

Meter  (mi.-tér)  s.  m.    Ang. 

Il  Compteur  (à  gaz,  à  eau),  mécanisme  renfermé  dans  un  réci- 
pient et  destiné  à  mesurer  le  cube  d'eau,  de  gaz  qui  le  traverse  ; 
cube  qu'il  indique  en  mètres  sur  un  cadran. 


238  LB    PARLER  FRANÇAIS 

Métif  (méiif)  s.  m. 

Il  Métis. 

Fr.     Vieilli,  Larousse,  Darm. 

Fr.-can.     Relevé  à  Détroit  par  le  P.  Pothier,  en  1773. 

Métive  (métiv)  s.  i. 
Il  Métisse. 

Métive  {métiv)  s.  f. 

Il  Moisson,  époque  de  la  moisson. 
DiAL.     Id.,  en  Saintonge,  Éveillé. 

Métiver  (métive)  v.  tr. 

Il  Couper  à  la  faucille,  couper  à  la  faulx,  moissonner. 
DiAL.     Id.,  en  Saintonge,  Eveillé. 

Métiveuse  {métivé:z)  s.  f. 

Il  Fille  ou  femme  qui  coupe  à  la  faucille. 

Métrial  (métriàl)  adj. 

Il   Dur,  brutal.     Ex.  :    C'est  un  bon  garçon,  mais  il  est  un  peu 
métrial  pour  les  animaux. 

Mette -germain  {met  jèrm^)  adj. 

Il  Issu  de  germain.     Ex.  :    Cousin  mette-germain. 
Fr.-can.     Aussi   mède-germain. 

Mettre  {met)  v.  tr. 

Il  Admettre,  supposer.     Ex.  :    Mettons  qu'il  vienne. 


(à  suivre) 

Le   Comité  du  Glossaire. 


PARLONS  MIEUX 


DISONS  PLUTOT  QUE 

Les  midinettes  <" Les  filles  de  «  factrie  ». 

Les  cigaxières Les  filles  qui  travaillent  dans  les 

shop  de  cigares. 

Les  tisserandes Les  weaveuses. 

Les  correspondancières Les  sténographes  (chargées  de  la 

correspondance  avec  la  clien- 
tèle). 

Un  joyeux  drille Un  type  funny. 

Butter Renchausser  (des  légumes). 

Cheval  ensellé Cheval  qui  a  le  dos  en  sleigh. 

Quotidien Tous  les  jours. 

Hebdomadaire Toutes  les  semaines. 

Mensuel Tous  les  mois. 

Annuel Tous  les  ans. 

Bimensuel,  bisannuel Tous  les  deux  mois,  tous  les  deux 

ans. 

Semi-mensuel,  semi-annuel.  Deux  fois  par  mois,  par  an. 

Voyer  une  scie Donner  du  chemin  à  une  scie. 

Boisvert,  dit  I^averdure Boisvert,  alias  Laverdure. 

Joseph  Lacoste  père Joseph  Lacoste  senior. 

Joseph  Lacoste  fils Joseph  Lacoste  junior. 

Joseph  Lacoste  aîné Joseph  Lacoste  senior. 

Joseph  Lacoste  jeune Joseph  Lacoste  junior. 

Un  détret Un  étau  à  main. 

Tiges  de  maïs Sucets  de  blé  d'Inde. 

Maïs  en  faisceau Blé  d'Inde  en  stock. 

Fanes  de  pommes  de  terre Cotons  de  patates. 

Râpe  de  maïs Coton  de  blé  d'Inde. 

Conservateur  d'hypothèques.  Registrateur. 

Chaussure  hydrofuge ('haussure  qui  prend  pas  l'eau. 

Un  épandeur Un  étendeur  de  fumier. 


'"  Nom  donné,  à  Paris,  aux  jeunes  ouvrières  qu'on  voit  sortir  en  grand  nombre, 
à  midi,  de  leurs  ateliers. 

239 


240  !•■  PABLEB   FRANÇAIS 

Le    museau    d'un    chien,    d'un 

brochet Le  nez  d'un  chien,  d'un  brochet. 

Le  mufle  d'un  bœuf Le  nez  d'un  bœuf. 

Les  naseaux  d'un  cheval Le  nez  d'un  cheval. 

Le  groin  d'un  porc Le  nez  d'un  porc. 

Le  boutoir  d'un  sanglier Le  nez  d'un  sanglier. 

La  hure  d'un  sanglier La  tête  d'un  sanglier. 

Etre  enchifrené Avoir  le  nez  morveux. 

Le  camionnage   de  notre   mé- 
nage a  coûté  dix  piastres Le    mouvage   de   notre   butin   a 

coûté  dix  piastres. 

Moteur  breveté Engin  patenté. 


ABRÉGEONS 


{suite  et  fin) 

Un  misanthrope Quelqu'un  qui  déteste  la  société' 

Un  anglophobe Quelqu'un  qui  déteste  les  Anglais- 
Un  russophohe Quelqu'un  qui  déteste  les  Russes. 

Un  mégalomane Quelqu'un    qui    a   la    manie    des 

grandeurs. 

Un  numismate Un  amateur  de  monnaies. 

Un  philatéliste Un  amateur  de  timbres. 

Être  polyglotte Parler  plusieurs  langues. 

Une  nation  bilingue Une  nation  qui  parle  deux  lan- 
gues. 

Un  peuple  unilingue Un  peuple  qui  ne  parle  qu'une  lan- 
gue. 

Un  bisoc Une  charrue  à  deux  socs. 

Polygame Qui  a  plusieurs  femmes. 

Bigame Qui  a  deux  femmes. 

Un  sexagénaire,  un  septuagénaire, 
un  octogénaire,  un  nonagénaire, 

un  centenaire Un  homme  qui  a  soixante,   soi- 

ante-dix,    quatre-vingts,    qua- 
tre-vingt-dix, cent  ans. 

Etienne  Blanchard,  p.  s.  s. 


i 


Vol.  XIV.  No  6,  Février.  1916,  *"'♦* 

DANS  LA  TEMPÊTK 


f 


J'entends  siffler  le  vent,  le  vent  de  la  montagne.  .  . 
La  nuit  sera  terrible  ;  et  ceux  qui  sont  là-bas. 
Sans  feu,  loin  des  voisins,  ne  trembleront-ils  pas. 
Au  sifflement  du  vent,  du  vent  de  la  montagne  ? .  .  . 

Les  arbres  dépouillés  sont  tordus  et  s'écrasent  ; 
Les  toits  fléchissent,  lourds  de  neige  et  de  glaçons, 
Et  les  enfants,  hagards,  grelottent  de  frisson. 
Quand,  tordus  par  le  vent,  les  grands  arbres  s'écrasent. 

Il  fait  noir  ;  des  chemins  on  ne  voit  plus  la  trace .  . . 
Deux  hommes,  père  et  fils,  haletants  et  meurtris. 
S'égarent,  et  personne,  hélas!   n'entend  leurs  cris.  .  . 
Dans  les  chemins  «  boulants  »  on  ne  voit  plus  leur  trace. 

Les  voyageurs  perdus  errent  à  l'aventure  ; 
Des  femmes  tout  en  plexirs  invoquent  Dieu  pour  eux  : 
«  Sauvez,  ô  Dieu  puissant,  de  l'ouragan  affreux. 
Les  voyageurs  perdus  errant  à  l'aventure  !  » 

Vont-ils  périr  ainsi,  gelés,  dans  la  tempête. 
Marchant  sans  retrouver  la  route  du  foyer  ? .  .  . 
.  .  .  Ils  tombent,  demi-morts,  l'un  sur  l'autre  appuyé. 
Pour  périr  loin  des  leurs,  gelés,  dans  la  tempête .  . . 

La  rafale  obscurcit  encor  la  nuit  sans  lune  ; 
La  «  poudrerie  »  élève,  accumule  en  gros  «  bancs  » 
La  neige  qui  tournoie,  échevelée,  au  vent .  .  . 
La  rafale  obscurcit  la  nuit,  la  nuit  sans  lune. 

Mais  dans  une,  «  éclaircie  »  à  leur  secours  on  vole  ; 
Il  est  temps!    Épuisés,  ils  dorment  engourdis.  .  . 
Levant  vers  leurs  sauveurs  des  yeux  appesantis. 
Dans  V  «  éclaircie  »  ils  voient  qu'à  leur  secours  on  vole. 

Le  vent  souffle  toujours,  le  vent  de  la  montagne.  .  . 
Auprès  des  lits  bien  chauds  où  sont  les  voyageurs, 
La  femme  et  les  petits  remercient  le  Seigneur.  .  . 
Et  le  vent  souffle  encor,  le  vent  de  la  montagne .  .  . 

Arthur  Laçasse,  ptre. 
Saint-Tite-des-Caps,  février  1916. 

241 


INOTRE  SÉANCE  PUBLIQUE  ANNUULE 


Mercredi  soir,  2  février,  la  Société  du  Parler  français  donnait 
à  l'Université  Laval  sa  séance  publique  annuelle.  Ce  fut,  comme 
toujours,  un  grand  événement  artistique,  à  la  fois  littéraire  et  musi- 
cal. Un  auditoire  compact,  l'un  des  plus  nombreux  que  nous  ayons 
réunis,  remplit  la  salle  des  Promotions,  et  applaudit  nos  orateurs  et 
nos  musiciens.  Cette  démonstration  de  sympathie  prouva  encore 
une  fois  que  l'œuvre  de  la  Société  du  Parler  français  est  une  œuvre 
populaire,  opportune,  et  qu'elle  réunit  dans  une  commune  appro- 
bation nos  concitoyens.  Un  tel  spectacle  était  bien  de  nature  à 
convaincre,  si  cela  eût  été  encore  nécessaire,  les  directeurs  de  la 
Société  qu'ils  peuvent  toujours  compter  sur  l'encouragement  du 
public  de  Québec. 


Quelques  minutes  après  huit  heures,  notre  président,  M.  le 
docteur  Dagneau,  professeur  à  l'Université  Laval,  faisait  son  entrée 
dans  la  salle  des  séances,  accompagné  de  Nos  Seigneurs  Roy,  arche- 
vêque auxiliaire  de  Québec,  Mathieu,  archevêque  de  Régina,  Belli- 
veau,  archevêque  de  Saint-Boniface,  Cloutier,  évêque  des  Trois- 
Rivières,  Forbes,  évêque  de  Joliette,  Brunet,  évêque  de  Mont- 
Laurier,  Latulippe,  vicaire  apostolique  du  Témiscamingue  et  Mgr 
François  Pelletier,  recteur  de  l'Université.  De  nombreux  person- 
nages ecclésiastiques  et  laïques  de  distinction  prirent  aussi  place  aux 
premiers  rangs  de  l'auditoire,  entre  autres  Madame  Caron,  épouse  de 
l'honorable  ministre  de  l'Agriculture,  l'honorable  M.  Némèze  Gar- 
neau,  conseiller  législatif,  Mgr  Bourret,  vicaire  général  de  Nicolet, 
Mgr  Ross,  vicaire  général  de  Rimouski,  MM.  les  chanoines  Lindsay, 
Gignac,  Pelletier,  Huard,  de  Québec,  M.  J.-M.  Tellier,  député  de 
Joliette,  M.  F.-X.  Gosselin,  protonotaire  à  Chicoutimi,  M.  le  doc- 
teur M.  Fiset,  échevin  de  Québec,  M.  J.-N.  Miller,  secrétaire  du 
département  de  l'Instruction  publique,  M.  Chs-J.  Magnan,  ins- 
pecteur général  des  écoles,  M.  l'abbé  Jutras,  curé  de  la  Baie-du- 
Febvre,  M.  l'abbé  Sylvio  Corbeil,  principal  de  l'École  normale  de 
Hull,  M.  l'abbé  Desrosiers,  principal  de  l'École  normale  Jacques- 
Cartier,  M.  l'abbé  Laferrière,  représentant  le  Séminaire  de  Saint- 
Hyacinthe. 

242 


NOTKE   SÉANCE    PUBLIQUE    ANNUELLE  243 

Sur  l'estriiclf,  dont  les  sièges  des  côtés  et  du  fond  étaient  occupés 
par  les  élèves  pensionnaires  du  Petit  Séminaire,  la  Société  Sympho- 
ni(|ue  de  Québec  avait  groupé  ses  artistes  et  ses  amateurs,  une  cin- 
<iuantaiiie.  Cette  société  avait,  comme  d'habitude,  répondu  avec 
le  [)lus  bienveillant  empressement  à  l'invitation  que  nous  lui  avions 
faite,  de  se  joindre  à  nous  pour  la  fête  annuelle  du  Parler  fran(,ais. 
Comme  d'habitude  aussi,  elle  nous  fit  ,de  l'excellente  musique, 
et  elle  contribua  à  donner  à  notre  soirée  cette  note  de  bon  goût, 
d'exquise  distinction  qui  fait  le  charme  particulier  de  nos  séances 
publi(iues.  M.  le  président  pouvait,  dès  le  début  de  la  séance, 
adresser  à  nos  amis  de  la  Société  Symphonique,  nos  plus  vifs  remer- 
ciements ;  nous  étions  sûrs  de  la  valeur  exceptionnelle  de  leur 
concours. 


La  séance  publique  offrait  à  nos  lecteurs  le  programme  suivant  : 

1  "  Ouverture  «  Guillaume  Tell  » RossiNi 

La  Société  Symphomique  de  Québec 

2°  Allocution  du  Président M.  le  docteur  Calixte  Dagneau 

3°  Pour  nos  «  blessés  de  l'Ontario  »  —  Poésie. 

M.  l'abbé  Arthur  Laçasse,  curé  de  Saint- Tite-des-Caps 

4°  Allegro  et  finale  de  la  Symphonie  No  5 Beethoven 

La  Société  Symphonique  de  Québec 
5°  Les  noms  géographiques  de  la  Province  de  Québec. 

M.  l'abbé  Henri  Simard,  professeur  à  V Université  Laval 

6°  a)   Petit  mari  et  petite  femme Bizet 

(pour  quintette  à  cordes) 

b)  Fantaisie    sur    Madame    Butterfly Puccini 

La  Société  Symphonique  de  Québec 
7°  La  Ligue  des  droits  du  français  au  Canada. 

M.  le  docteur  Joseph  Gauvreau,  Séc.  de  la  Ligue,  à  Montréal 

o  canada,     dieu  sauve  le  roi 

Ce  programme  a  été  brillamment  exécuté.  Après  le  morceau 
d'ouverture,  qui  fut  particulièrement  goûté,  M.  le  docteur  Dagneau, 
notre  président,  souhaita  la  bienvenue  à  l'auditoire.  Il  lui  fit  très 
délicatement  remarquer  que  sa  présence  si  assidue,  toujours  si  nom- 
breuse, est  pour  la  Société  du  Parler  français,  un  honneur,  une 
louange  et  un  encouragement.     Il  rappela  l'œuvre  patriotique  dont 


344  LE     PARLER     FRANÇAIS 

s'occupe  les  directeurs  et  les  membres  de  la  Société,  et  insista  sur 
la  partie  scientifique  de  notre  travail  On  sait  que  le  comité  d'étude 
de  la  Société  du  Parler  français  s'applique  à  étudier  scientifiquement 
notre  vocabulaire  canadien-français  ;  il  en  dresse  une  liste  qui 
sera  le  glossaire  projeté  depuis  longtemps,  et  il  établit  autant  que 
possible  l'état  philologique  de  chacun  de  nos  vocables  qui  ne  figu- 
rent pas  au  dictionnaire  de  la  langue  française. 

On  a  pu  s'étonner,  comme  l'a  fait  observer  notre  président,  que 
la  Société  immobilise  une  partie  de  ses  forces  dans  ce  travail  de 
cabinet  ;  il  ne  faut  pourtant  pas  le  lui  reprocher.  Ce  travail  est 
utile  ;  il  est  même  nécessaire  ;  il  n'a  pas  empêché,  du  reste,  la 
Société  de  porter  son  action  sur  un  terrain  d'ordre  plus  pratique, 
et  de  faire  la  guerre,  une  guerre  nécessairement  longue,  et  souvent 
une  guerre  d'endurance,  aux  irrégularités,  aux  défauts  parfois  très 
regrettables  de  notre  parler.  Mais  il  n'est  pas  au  pouvoir  de  notre 
Société  —  et  il  n'était  pas  sans  à  propos  de  le  faire  remarquer  — 
de  détruire  sur  les  lèvres  de  nos  compatriotes,  même  sur  des  lèvres 
de  gens  instruits  et  appartenant  à  nos  classes  dirigeantes,  telles  ou 
telles  façons  de  s'exprimer  qui  sont  incorrectes  ou  vulgaires.  Il 
faut  toujours  bien  tenir  compte  de  la  liberté  individuelle  en  pareille 
matière,  liberté  qui  est  souvent  liée  elle-même  à  des  coutumes,  à 
des  habitudes  familiales  ou  traditionnelles  difficiles  à  déraciner. 
Malgré  tout,  et  même  sur  ce  terrain  pratique,  la  Société  a  fait  une 
œuvre  qu'il  ne  faut  pas  oublier,  et  elle  est  résolue  à  la  poursuivre. 

M.  le  docteur  Dagneau  a  annoncé  à  notre  auditoire  du  2  février, 
que  cette  année  1916  verra  très  probablement  paraître  le  premier 
fascicule  du  Glossaire. 

Après  l'allocution  du  président,  M.  l'abbé  Arthur  Laçasse,  curé 
de  Saint-Tite-des-Caps,  lut  un  poème  inédit  dédié  à  "nos  blessés  de 
l'Ontario".  Nos  blessés  de  l'Ontario,  ce  sont  nos  compatriotes  cana- 
diens-français qui,  dans  la  province  voisine,  anglaise  et  intolérante, 
souffrent  persécution  pour  la  langue  française,  et  sont,  de  par  une  Idî 
injuste,  amputés  de  leur  droit  de  faire  enseigner  à  leurs  enfants  le 
parler  maternel. 

M.  l'abbé  Laçasse  a  lu  avec  grand  succès  ses  strophes  animées 
du  meilleur  souffle.  Il  s'est  heureusement  inspiré  de  la  fière  résis- 
tance des  persécutés  de  l'Ontario,  et  il  a  dit  en  des  vers  éloquents 
et  précis  les  générosités  de  l'âme  française.  A  plusieurs  reprises 
l'auditoire  a  souligné  de  vigoureux  hémistiches,  et  il  a  applaudi 
vivement  lés  strophes  finales.  Nous  publierons  ce  poème  qui  fait 
honneur  au  patriotisme  et  au  talent  du  poète  des  Laurentides. 


NOTRE   SÉANCE   PUBLIQUE    ANNUELLE  245 

M.  l'abbé  Henri  Simard  a  traité  des  A'om*  géographiques  de 
la  Province  de  Québec.  On  verra,  en  lisant  son  étude  très  documen- 
tée et  très  spirituelle,  qu'il  a  surtout  voulu  signaler  à  qui  de  droit 
la  trop  grande  bizarrerie  de  beaucoup  de  nos  noms  géographiques. 
Il  n'y  a  pas  que  des  noms  sauvages  qui  déparent  notre  vocabulaire 
géographique,  et  le  font  souvent  rébarbatif  ;  il  n'y  a  pas  que  les 
noms  anglais  qui  ont  trop  envahi  notre  province,  faisant  croire  à 
l'étranger  que  Québec  est  une  terre  peuplée  de  Saxons  ;  il  y  a  aussi 
des  noms  français,  ou  réputés  tels,  qui  sont  de  mauvaise  venue,  de 
mauvais  goût,  et  qu'il  serait  opportun  de  changer.  M.  l'abbé  Simard 
en  a  cité  abondamment.  On  pourra  peut-être  discuter  l'opportu- 
nité de  changer  certains  noms  qui  ont  été  signalés  par  le  conféren- 
cier, mais  l'auditoire  a  paru  unanime  à  reconnaître  la  justesse  des 
principes  posés,  et  aussi  l'a  propos  de  la  plupart  des  condamnations 
qui  ont  été  suggérées. 

Il  y  a  surtout  un  point,  une  bizarrerie,  une  mode,  une  manie 
qu'il  faut  condamner,  pro.scrire,  qu'on  ne  saurait  trop  ridiculiser, 
parce  que  le  mal  est  grave  et  .se  généralise,  c'est  l'habitude  de  coller 
le  mot  inlle  à  un  nom  propre  quelconque  pour  en  faire  le  nom  com- 
posé et  nouveau  d'une  municipalité  rurale  quelconque.  Nos  vil- 
lageois, qui  sont  pris  du  mal  séparatiste  de  s'ériger  en  une  munici- 
palité distincte  de  la  municipalité  paroissiale,  sont  vraiment  frappés 
depuis  un  certain  nombre  d'année  de  stérilité  ou  de  monomanie 
verbale.  On  croit  avoir  fait  neuf  et  avoir  fait  grand  quand  on  a 
pris  le  nom  d'un  monsieur,  curé,  maire,  député  ou  ministre,  et  qu'on 
y  a  ajouté  l'inévitable  appendice  ville.  C'est  pauvre  comme  inven- 
tion, c'est  antifrançais  comme  procédé  —  la  langue  française  répu- 
gne à  la  juxtaposition  des  substantifs  pour  former  des  mots  compo- 
sés —  et  c'est  très  anglais  ou  très  américain  comme  méthode  ou 
comme  manie.  Lisez  l'étude  de  M.  Simard,  et  vous  verrez  des 
échantillons  de  notre  littérature  géographique  qui  sont  du  meilleur 
ridicule.  Si  l'on  veut  faire  honneur  à  Cartier,  à  Papineau,  à  Plessis 
ou  à  Laurier,  en  donnant  leur  nom  à  un  bourg  ou  à  un  village,  que 
l'on  dise  donc  Cartier,  Papineau,  Plessis  ou  Laurier  ;  c'est  si  simple  ! 
Pourquoi  accrocher  à  ces  noms  qui  sonnent  si  bien,  qui  sont  si  fran- 
çais, l'appendice  banal  et  inutile  ville,  et  dire  Cartierville,  Papineau- 
ville,  Plessisville,  Laurierville,  et  jusqu'à...  Bernierville  et  Saint- 
Ag  apitville  ? 

Le  travail  de  M.  l'abbé  Simard  a  très  vivement  intéressé  l'au- 
ditoire. Espérons  que  les  idées  qui  y  sont  exprimées  se  répandront, 
et  que  le  bon  sens  et  le  bon  goût  français  finiront  par  triompher 
de  toutes  les  manies  et  de  toutes  les  vanités  municipales. 


246  LE    PARLER     FRANÇAIS 

M.  le  docteur  Joseph  Gauvreau  a  été  le  dernier  orateur  de  la 
soirée.  On  pourra  toujours  confier  au  docteur  Gauvreau  la  tâche 
parfois  risquée  de  monter  le  dernier  à  la  tribune.  Nul  ne  sait 
comme  lui  captiver  et  charmer  avec  des  idées  et  avec  de  l'esprit 
un  auditoire  depuis  deux  heures  attentif.  L'orateur  avait  à  parler 
d'une  œuvre  qui  lui  est  particulièrement  chère  :  la  Ligue  des  droits 
du  français,  fondée  à  Montréal  en  1913.  Il  nous  en  raconta  l'origine, 
les  débuts,  les  moyens  d'existence  et  d'action  ;  et  son  récit  fut  agré- 
menté de  détails  piquants,  de  menus  faits  caractéristiques,  de 
réflexions  spirituelles  qui  furent  applaudis.  Nous  reproduirons 
cette  intéressante  relation. 

La  Ligue  des  droits  du  français  est  née  d'une  inspiration  pre.sque 
semblable  à  celle  qui  créa  la  Société  du  Parler  français.  Elle  se 
préoccupe  surtout  des  moyens  pratiques  de  faire  respecter  les  droits 
de  notre  langue  dans  les  différents  services  du  commerce,  de  l'in- 
dustrie, dans  la  littérature  des  annonces  et  des  administrations  publi- 
ques. L'excellence  de  la  cause  qu'elle  défend,  le  zèle,  le  dévouement 
de  ses  membres  lui  ont  déjà  assuré  de  précieux  succès.  La  Société 
du  Parler  français  a  été  heureuse  de  fournir  au  diligent  secrétaire 
de  la  Ligue  l'occasion  de  dire  au  public  de  Québec  l'œuvre  si  oppor- 
tune à  laquelle  il  se  dévoue.  Elle  applaudit,  comme  l'auditoire 
du  2  février,  à  la  croisade  entreprise,  et  elle  souhaite  voir  s'élargir 
de  plus  en  plus  le  champ  d'action  des  vaillants  croisés. 


A  dix  heures  et  demie,  le  programme  de  la  séance  étant  épuisé, 
la  Société  Symphonique  exécuta  les  hymnes  :  0  Canada,  Dieu  sauve  le 
Roi.  L'auditoire  se  dispersa,  emportant,  nous  l'espérons,  de  bonnes 
et  patriotiques  pensées.  Que  nos  amis  du  2  février  nous  permet- 
tent   de    leur    renouveler    aujourd'hui    l'expression    de    notre    vive 

gratitude. 

C.  R. 


NOTES 

POUR  SERVIR  A  L'ÉTUDE  DE  LA  PHONÉTIQUE 
CANADIENNE-FRANÇAISE 


Nous  avons  déià  cherché,  par  quelques  exemples,  o  à  démon- 
trer que  les  produits  phonétiques  franco-canadiens  se  rattachent 
presque  tous  à  quelque  étape  de  l'évolution  classique  des  sons  latins, 
soit  qu'ils  remontent  directement  au  vieux  français,  soit  qu'ils  cor- 
respondent à  un  développement  dialectal  parallèle.  Nous  ne  vou- 
lons, dans  ces  Notes,  que  présenter  quelques  faits  dont  l'analyse 
devrait  conduire  à  la  même  conclusion. 

Pour  ceux  qui  connaissent,  si  peu  que  ce  soit,  l'histoire  de  notre 
parler  populaire,  il  n'est  pas  nécessaire  de  dire  que  les  phénomènes 
phonétiques  de  chez  nous  sont  secondaires.  Si  donc  nous  prenons 
comme  point  de  départ  le  latin,  ce  n'est  pas  pour  prétendre  que  son 
action  se  soit  exercée  directement  sur  notre  parler,  mais  uniquement 
pour  chercher  à  découvrir  à  quel  point  a  pu  se  produire  la  bifurca- 
tion entre  l'évolution  classique  et  la  nôtre,  et  par  là  déterminer  la 
naissance  plus  ou  moins  légitime  de  nos  produits. 

Les  sons  étudiés  ne  sont  pas  tous  nécessairement  des  types  de 
formes  similaires  :  les  plus  intéressants  sont  sans  doute  ceux  dont 
le  traitement  est  applicable  à  toute  une  série  de  formes  similaires, 
mais  il  se  rencontre  aussi  beaucoup  de  cas  isolés. 

Il  faut  ajouter  que,  dans  presque  tous  les  cas,  la  forme  classique 
est  aussi  connue. 


<"   Études  sur  les  Parlers  de  France  au  Canada,  p.  60. 

247 


248  LB   PARLKB   FRANÇAIS 

PHONÉTIQUE  DE  L'A 

(ordre  descendant) 

I.  A    LIBRE  TONIQUE 


1.  —  A 

(+  labiale  persistante)  — 

►  œ 

Ex.  : 

SAPA         — >  sœv 

[  =  sève) 

LABRA       — *  lœvr 

'  =  lèvre) 

CAPRAM    — >  eàvr 

=  chèvre) 

CRAMAM    — >  krœm 

'  =  crème) 

CAPUM      -+  eèf 

;  =  chef) 

AMAT        — >  œ7n 

=  aime) 

*  GRAVA       — >  grœv 

^  =  grève) 

*  ACCAPAT  — >  aeœv 

=  achève) 

GRAVAT    — >  grœv 

=  grève) 

En  français  classique,  le  traitement  de  Ta  libre  tonique  (  + 
labiale)  est  normal  et  donne  régulièrement  è  :  navem  —*  nèf  (  = 
nef). 

Le  fr.-can.  œ  est  le  produit  d'une  labialisation  qui  s'explique 
facilement.  Cette  labialisation  a  pu  s'effectuer  ici  ;  elle  a  pu  aussi 
nous  venir  de  France. 

A  la  fin  du  XVI^  siècle,  Ve  suivi  de  la  labiale  v  se  prononçait, 
dans  certains  mots,  par  un  son  voisin  de  œ.  Lanoue  écrit  que  les 
mots  à  terminaison  en  -  eve,  comme  achevé,  parachevé,  etc.,  «  se 
prononcent  indifféremment  de  toutes  les  deux  façons  »,  par  e  féminin 
et  par  e  fermé.  Et,  en  1604,  Jean-Baptiste  Du  Val,  dans  l'Eschole 
françoyse,  dit  que  «  Ve  féminin  se  monstre  en  ces  mots  levé,  achevé, 
relevé,  crevé,  esleve,  où  il  semble.  .  .  comme  sourdement  prononcé 
dans  la  bouche.  »  <'> 

2.  —  (palatale  -\-  )  k  -^  à,  œ,  é,  u. 
Ex.  : 

CASA  -^  eà,  eœ,  ce,  eu  (  =  chez) 

Le  traitement  de  I'a  de  casa,  influencé  par  la  palatale,  devait 
donner  ie  (diphtongue  descendante)  au  V°  siècle,  ie  (diphtongue 
ascendante)  au  XII",  e  au  XIV%   et  au  XVI"  é  en   finale  directe. 


"'   A  défaut  d'indication  plus   précise,   les  citations   de   grammairiens   et   de 
lexicographes  sont  empruntées  à  Thurot. 


NOTES  POCR  Li'ÉTUDE  DE  LA  PHONÉTIQUE  249 

Aussi  trouve-t-on  les  formes  attestées  suivantes  :  chieae,  chièa, 
chea,  chez. 

Aucune  des  étapes  de  l'évolution  de  caaa  ne  paraît  donc  justifie^ 
la  forme  ece.  Il  est  vrai  que  des  grammairiens  l'ont  autrefois  relevée, 
mémo  à  la  Cour,  au  XVII"  sièrlo,  mais  pour  la  condamner.  C'est 
ainsi  que  Vaugelas  écrit  :  «  Deux  mauvaises  prononciations  qui 
sont  très  communes,  mesme  à  la  cour.  L'une  de  ces  mauvaises 
prononciations  est  de  dire  cheuz  voua,  cheuz  moy,  cheuz  luy,  au  lieu 
de  dire  chez  vous.  .  .  et  je  ne  puis  comprendre  d'où  est  venu  cet  u 
dans  ce  mot.»  Le  Jésuite  grammairien,  Laurent  Chifflet,  dans  .son 
Traité  de  la  prononciation,  donne,  en  1659,  ce  conseil  :  «  Ne  pro- 
noncez jamais  cheuz  au  lieu  de  chez,  comme  cheuz  moy.))  En  1687, 
Thomas  Corneille,  dans  ses  Remarques  sur  la  langue  françoise  de 
Monsieur  de  Vaugelas,  fait  la  même  observation  :  «  Il  y  en  a  qui 
prononcent  encore  cheuz  vous  pour  chez  vous,  ce  qui  est  très  mai  .» 
QucKiues  années  plus  tard,  en  1694,  De  la  Touche  {l'Art  de  bien  parler 
frauçois)  met  encore  en  garde  contre  cette  mauvaise  prononciation  : 
«  Il  ne  faut  pas  imiter  ceux  ((ui  prononcent  cheuz  au  lieu  de  chez.  » 

Au  XVIII"  siècle,  les  grammairiens  avaient  peut-être  réussi  à 
chasser  cheuz  du  langage  des  iionnêtes  gens  ;  car,  en  1761,  Féraud 
ne  met  dans  son  Dictionnaire  grammatical  de  la  langue  française 
que  cet  avertissement  :    «  Dans  certaines  provinces  on  dit  cheuz  .» 

La  forme  fr.-can.  est  donc  dialectale. 

La  labialisation  a  dû  se  produire  sous  l'influence  de  la  chuin- 
tante. On  peut  conclure  de  là  que  eœ  nous  est  venu  des  parlers  du 
centre  de  la  France,  et  que  la  labialisation  n'a  pu  se  produire  avant 
le  VHP  siècle,  époque  où  se  termina  l'évolution  du  c  initial  (  +  a) 
en  te,  ou  même  avant  le  XIII",  alors  que  ce  groupe  perdit  son  élé- 
ment dental. 

3.  —  A  +  palatale  — »  ê. 
Ex.  : 

M  AGIS  —*  mé  (  =  mais) 
FACERE  -^  fé:r  (  =  faire) 
TACEKE  — ♦  te:r  (  =  taire) 
et  les  formes  similaires. 

Dans  l'évolution  classique,  a  +  palatule  a  produit  une  diph- 
tongue, d'abord  descendante  (au  V"  s.),  puis  ascendante  (au  XI'), 
qui  a  été  réduite,  au  XVP,  et  a  donné  le  son  moderne  c.  Mais, 
jusqu'à  la  fin  du  XV'Il''  siècle,  la  prononciation  du  groupe  ai  a 
hésité  entre  é  et  è.  De  1542  à  1705,  les  grammairiens  ont  discuté 
là-dessus  :    Péletier,   Poisson,  Oudin,   Mourgues,   Régnier  tenaient 


250  LE     PARLER     FRANÇAIS 

pour  la  prononciation  par  é  fermé  ;  Meigret,  Ramus,  Saint-Liens, 
Lanoue,  Maupas,  ChifHet,  Duez,  Hindret,  De  la  Touche,  pour  la 
prononciation  par  è  ouvert.     Cette  dernière  a  prévalu. 

Mais  il  n'est  pas  étonnant  que  la  prononciation  par  é  se  retrouve 
chez  nous. 

Un  cas  particulier  se  présente  dans  le  traitement  fr.-can.  de 
I'a  +  palatale  du  mot  ahanea  : 

A  +  pal.  (de  aranea)  — »  a)  é 

b)  à 

c)  i 

d)  tombe. 
Ex.  : 

ARANEA  — >  a)  aré^è  (  =  araignée) 
"  — »  b)  aràné  (  =  "  ) 
"  — *  c)  ari^é  (  =  "  ) 
"         — >  d)  arné    (  =         "        ) 

a)  ARANEA  — >  arér^é.  C'est  le  cas  que  nous  venons  d'étudier  : 
A  -|-  pal.  — >  é. 

Richet,  en  1680,  dit  :   «  Prononcez  arégnée  .» 

b)  ARANEA  — >  aràné.  L'a  tonique  de  aranea  paraît  avoir 
d'abord  été  traité  comme  entravé  par  I'e  en  hiatus  ;  d'où  aragne, 
relevé  aux  XVI°  et  XVII"  siècles  par  Joubert,  Monet  et  Thomas 
Corneille,  et  aragnée  qu'on  trouve  chez  Tabourot,  Thomas  Corneille, 
Monet  et  Alemand.  «  A  l'égard  d'aragnée,  dit  ce  dernier  dans  ses 
Nouvelles  Observations  (1688),  il  peut  passer  .»  Aragne  a  vieilli, 
mais  on  le  trouve  encore  dans  La  Fontaine  (X,  6)  : 

La  pauvre  aragne  n'ayant  plus 
Que  la  tête  et  les  pieds,  artisans  superflus. 
Se  vit  elle-même  enlevée. 

Notre  aragnée  est  donc  du  grand  siècle. 

c)  ARANEA  —*  ari'Q.é.  Tandis  que  la  diphtongue  ai,  sortie  de 
A  +  pal.,  évoluait  vers  le  français  moderne  par  aé  -^àè  — >cè  — >è 
(  =  ai),  une  autre  évolution  parallèle  pouvait  s'effectuer  par  ai  — >  H 
— »  éi  — >  a  — >  i.  Le  contact  des  deux  évolutions  s'établirait  donc 
au  XI"  siècle  ;  mais  nous  avons  pu  recevoir  notre  forme,  ariné  du 
XVII'=  siècle.  En  effet,  on  trouve  arignée  en  1549  chez  Robert 
Estienne,  et  au  XVII"  siècle  dans  Oudin,  Alemand,  Richelet. 
Ménage  (1672)  attribue  cette  prononciation  au  peuple  ;  Alemand 
écrit  :  «  On  peut  souffrir  à  des  Parisiens  arignée,  pourvu  que  cela 
ne  passe  pas  le  discours  ordinaire  .»  L't  a  persisté  dans  érigne 
(vx),  érine,  instrument  de  chirurgie. 

d)  ARANEA  — »  arr^é.  Une  étape  peu  importante  sépare  arir^é 
de  ar^é.     Nous  l'avons  franchie. 


NOTES  POUR  l'Étude  de  la  phonétique  251 

4.  —  A  (du  suff.  -ariam)  — ♦  yé,  v. 

Ex.  : 

CALDARIAM     — ♦  cagé:r    (  =  chaudière) 
BERBiCARiAM  — »  bàrjé:r  (  =  bergère) 
et  les  formes  similaires,  sauf 
•LEVi ARIAM  qui  dounc,  par  substitution  de  suffixe,  léjàrt  (  =  légère) 

Yé  et  (après  e  ou  j)  é,  c'est  l'étape  précédant  immédiatement 
l'étape  française  moderne,  et  qui  a  prévalu  du  XII'  au  XVI''  siècle. 
Ce  n'est  qu'entre  le  XVI"  et  le  XVIII''  siècle  que  I'a  du  suffixe 
-AHiAM  est  devenu  yè  et  (après  c  ou  j)  è  ;  il  avait  d'abord  donné 
yé  et  é  ;  et  jusqu'au  XVIII*",  la  prononciation  par  é  fermé  était 
courante.  Ainsi  écrivaient  Péletier,  Baïf,  Saint-Liens,  Lanoue, 
Corneille,  D'AUais,  au  XYI"  siècle.  Au  XVII",  Hindret  attribue 
1'^  ouvert  à  la  terminaison  -ière  ;  mais  la  prononciation  hésitait,  et 
Dobert  écrivait,  en  1650,  dans  ses  Récréations  litcrales  et  mystérieu- 
ses :  ((  Les  môz  terminés  an  ière  ne  s'accorderont  pas  bien  avec  les 
terminés  en  ère.  D'autant  ke  sens-là  font  sonner  évidemment  à  la 
pénultième  1'^  masculin,  é  sens-si  Vè  troèzième  .»  En  1705,  Régnier 
et  Billecoq  en  1711  font  encore  \'e  de  la  terminaison  -iere  masculin. 
L'Académie  même,  en  1740,  écrit  les  mots  en  -iere  avec  un  accent 
aigu  ;  mais  dans  le  second  volume  de  son  Dictionnaire,  elle  les  écrit 
avec  un  accent  grave. 

On  pourrait  multiplier  encore  les  témoignages  de  cette  hésita- 
tion entre  é  et  è,  hésitation  qui  explique  bien  la  persistance  de  la 
prononciation  yé  chez  nous. 

5.  —  A  (  -f-  nasale  persistante)  — »  i. 

Ex.  : 

PORCELLANA  — >  porselin  (  =  porcelaine) 
GERMANA        —^  jarmiti    (  =  germaine) 

L'évolution  classique  de  a  (  -f-  nas.  persistante)  donne  :  aa 
—*  ae  —*  ai  (desc.)  — >  ai  (asc.)  -^  è  (  =  ai).  Il  serait  possible  de 
supposer,  à  partir  de  la  diphtongue  ascendante  ai  (XVI"  siècle), 
une  évolution  parallèle  aboutissant  à  i.  Mais  les  deux  cas  cités 
ci-dessus  comme  exemples  sont  isolés,  et  il  faut  plutôt  y  voir  le 
résultat  d'une  substitution  de  suffixe  (  -ina). 

Pour  le  premier  de  ces  mots,  au  moins,  la  substitution  s'est 
faite  en  France.  En  effet,  on  trouve  dans  VAlfabet  nouveau  de  la 
vrée  et  pure  orthografe. fransoize  de  Robert  Poisson,  publié  en  1609, 
les  formes  porseline,  porceline  et  pourceline  ;    et  Marguerite  Buffet, 


252  LE     PARLER    FRANÇAIS 

en  1668  {Nouvelles  observations  sur  la  langue  française),  écrivait  : 
«  plusieurs  prononcent  pourceleine,  il  faut  dire  porceline  ».  D'autre 
part,  Richelet  (1680)  dit  :  «  La  plupart  des  faïanciers  de  Paris  et 
presque  tout  le  petit  peuple  dit  porceline,  mais  c'est  le  mauvais 
usage  .»  De  même,  en  1696,  De  la  Touche  condamne  cette  pronon- 
ciation. 

6.  —  A  +  nasale  (en  finale  directe)  — >  é,  à. 

Ex.  : 

MANUM  -^  mé  {  =  main) 
"       ^  ma  (  =      "    ) 
et  tous  les  mots  similaires. 

Régulièrement,  A  (  +  nas.)  — >  aa  — >  ae  — *  ai  — >  è  (  +  nas.)  =  è 
(en  finale  directe). 

Mais  l'hésitation  entre  è  et  é  pour  la  prononciation  du  gr.  ai 
après  la  réduction  de  la  diphtongue,  a  également  affecté  la  pronon- 
ciation de  la  voyelle  nasalisée.  Au  XVP  siècle,  Meigret  écrit  : 
«  A  cete  diphthong'  ay  et  succédé  ei  par  e  clos  tellement  qu'au- 
jourd'huy  nous  prononçons .  .  .  pein,  mein ...  as  lieu  dès  qels  vous 
écrivez.  .  .  pain,  main.  .  .  Leur  prononciation  n'èt  point  aotre  qe 
d'un  e  clos  accompagné  d'un  i  en  une  même  syllabe  .))  Et  Ram- 
baud,  en  1578,  écrit  prochain,  pain,  main,  etc.,  par  e  fermé  marqué 
du  .signe  de  la  nasalité. 

é  est  donc  un  souvenir  de  l'étape  immédiatement  antérieure 
à  l'étape  française  moderne  è. 

Quant  au  produit  5,  il  est  dialectal.  Il  a  dû  sortir  d'une  diph- 
tongaison du  son  è  ;  en  effet,  on  relève  encore  dans  le  normand  les 
formes  mêê,  mâS,  ma.  (Voir  Atlas  dialectologique  de  Normandie, 
par  Guerlin  de  Guer,  pp.  80  et  81.)  Nous  avons  pu  recevoir  ma 
directement  du  normand  ;  mais  la  diphtongaison  a  pu  aussi  bien 
se  produire  au  Canada. 

7.  — -  (pal.  +  )  .\  -}-  nas.  (en  finale  directe)  — >  yé,  yâ. 

Ex.  : 

CANEM  — »  cyê  (  =  chien) 

"        — >  cî/â  (  =      "     ) 

et  les  produits  similaires. 

Il  n'y  a  à  noter  ici  que  les  influences  déjà  mentionnées  à  l'article 
précédent. 


NOTES  POUR  l'Étude  de  la  phonétique  263 


8.  —  A  (=  a)  +  h  —*  6. 
Ex.  : 


=  fanal) 
=  animal) 
=  quintal) 
=  signal) 
=  étal) 
=  mal) 


ital.  FANALE  — »  fànô 

ANiMALis  — ♦  animô 

QUINTALE  — »  kil6 

*    SIGNALE  — »  sinô 

gêna,  stal  — ►  été 

MALUM  — ♦  m6 

La  plupart  de  ces  formes  sont  rares,  et  peuvent  être  attribuées 
à  l'influence  du  pluriel.  Dans  tous  les  cas,  la  vocalisation  de  17,  qui 
n'est  régulière  que  dans  le  cas  d'entrave,  est  ici  anormale.  Elle  n'a 
lieu  cependant  que  dans  les  mots  où,  en  français,  I'a  latin  a  persisté. 
Or,  cet  adoucissement  était  pratiqué  dans  l'ancien  français,  et  l'on 
en  trouve  des  traces  au  XVIP  siècle.  L'Académie  a  écrit  entau,  en 
1694  et  en  1740  ;  elle  n'a  fait  disparaître  journau  de  son  Diction- 
naire (|u'en  1762. 

9.  —  A   (  =  e  )  +  L  ->  (É,   à,   é. 
Ex.  : 
QUALEM  — »  lié,  Jiàl,  Jfé,  (=  quel,  quelle). 

Ce  produit  est  dialectal.  On  le  retrouve  en  Normandie,  dans 
le  Maine,  dans  la  Saintongc,  et  les  dialectes  écrits  du  XIII* 
siècle  attestent  les  formes  queu,  quieulx,  queulle,  etc.  C'est  en  effet 
du  XP  au  XV°  siècle  que  se  produisit  la  vocalisation  de  Yl  dans  les 
groupes  él  et  èl  ;  or,  à  cette  époque  l'e  de  quel,  étant  fermé,  devait 
nécessairement  donner  dé.  Nous  avons  donc  pu  recevoir  notre 
forme  ké  directement  des  patois  français. 

Mais  il  est  possible  aussi  que  ké  soit  de  fabrication  canadienne. 
Nous  l'aurions  alors  tiré  du  français  quel  prononcé  par  é  fermé,  c'est- 
à-dire  kél  ;  telle  était,  en  effet,  la  prononciation  de  quel  au  XV!' 
siècle  et  jusque  dans  le  XVII"  siècle.  (Meigret  écrit  :  qél,  leqél, 
et  Péletier  :  quel,  auquel,  lequel,  etc.)  Ce  n'est  qu'au  XVII'  siècle 
que  Ve  sorti.de  I'a  tonique  libre  {+  l),  fermé  au  XII'  siècle,  s'est 
ouvert. 

Or,  la  prononciation  du  XVP  siècle  laissait  souvent  tomber  1'/ 
de  quel  :  il  restait  ké,  produit  populaire  que  l'on  trouve  chez  le  petit 
peuple  jusqu'au  milieu  du  XYIII"  siècle.  Duez  enseignait  que 
communément  on  supprime  VI  devant  une  consonne  ;  Buffier  dit 
(|ue,  dans  le  discours  familier,  on  prononce  que'  monstre  ;  Antonini 
et  Mauvillon  relèvent  aussi  cette  prononciation.  Il  n'est  donc  pas 
étonnant  de  retrouver  cette  forme  ké  chez  nous,  où  cependant  elle 
est  assez  rare. 


254  LE     PARLER     FRANÇAIS 

Pendant  que  le  français  classique  ouvrait  Ve  de  quel  et  que  le 
français  populaire  laissait  tomber  17,  les  dialectes  maintenaient 
la  voyelle  fermée,  vocalisaient  la  consonne,  et  régulièrement  abou- 
tissaient à  kà.  Cela  a  pu  se  produire  aussi  bien  chez  nous.  La 
vocalisation  a  dû  s'effectuer  d'abord  quand  quel  était  immédiate- 
ment suivi  d'un  mot  commençant  par  une  consonne  {Ve  se  trouvant 
alors  en  position)  ;  puis  devant  une  voyelle,  on  conserva  le  son  ce, 
mais,  pour  éviter  l'hiatus  et  peut-être  sous  l'influence  du  français, 
on  restitua  au  mot  VI  qui  s'y  trouvait  déjà  sous  une  autre  forme  ; 
après  avoir  dit  :  ké  ta  (=  quel  temps),  on  dit  :  ké  l  bm  (=  quel 
homme),  et  au  pluriel  ké  z  bm  (=  quels  hommes)  —  ce  qui  fait 
croire  qu'en  effet  VI  est  intercalaire. 

10.  —  A  (H-  »■  persistante)  — >  é. 
Ex.  : 

MARE  —>  mé:r  (=  mer). 
CLARUM  — >  Hé.r  (=  clair). 
PATREM  — >  pé:r  (=  père), 
et  les  mots  similaires. 

C'est  l'étape  française  du  XI'  au  XYl'  siècle.  On  prononçait 
alors  mer,  klér,  pér,  etc.  Même,  dans  un  bon  nombre  de  mots,  Ve 
resta  fermé  jusqu'au  milieu  du  XVIII'  siècle. 

Péletier  écrivait  :  père,  mère,  chère,  clér,  mér,  etc.  Lanoue  et 
Meigret  faisaient  de  même.  Oudin  et  ChifHet  :  père,  mère  et  frère. 
L'Académie,  en  1740,  écrivait  compère  mais  père,  amère  mais  mère, 
chère  mais  confrère,  etc. 

Le  produit  canadien  é  n'est  donc  qu'une  forme  attardée. 

(J'ai  étudié  ailleurs  la  diphtongue  fr.-can.  àè  .-,  représentant 
I'a  tonique  libre  (-f-  r).      {Études,  p.  67.) 


II.  A    LIBRE    ATONE 

11.  — A  (-1-  r)  ->a. 

Ex.: 

CLARITATEM         — »  klèrté      (  =  clarté) 
germ.  tharjan  — >  tèrir        (  =  tarir) 

fr.  CLARINE  -|-  ETTE  — >  Mèrinèt  (  =  clarinette) 

Dès  l'époque  du  V'  au  X'  siècle,  a  libre  atone   (  +  r  )    s'était 
maintenu  ;   et  il  a  persisté  depuis. 


NOTES  POUR  l'Étude  de  la  phonétique  265 

Notre  son  è  est-il  dû,  comme  dans  le  normand,  à  l'influence  de 
l'r?  ou  bien  est-ce  un  débris  du  préjugé,  répandu  au  XVII"  siècle, 
grâce  à  quoi  \'e  paraissait  |)lus  doux  que  l'a  ?  Comme  le  rapporte 
Geofroy  Tory,  «  les  dames  de  Paris  au  lieu  de  a  prononcent  e  bien 
souvent,  quant  elles  disent  :  Mon  mery  est  a  la  porte  de  Péris  ou  il  se 
fait  peier  ».  De  même,  Henri  Esticnne  attribue  aux  courtisans  et 
aux  femmes  de  la  cour  la  substitution  de  Ye  à  l'a.  Aussi,  trouve- 
t-on  clerté  dans  Robert  Estienne,  Péletier  et  Oudin  ;  terrir  dans 
Palsgrave  ;  clairine,  dans  Monet. 

12.  —  A  initial  — ♦  œ. 
Ex.  : 

esp.  patata  — ►  pàtàk  {—  patate). 

C'est  ici  l'assourdissement  —  fréquent  en  français,  quoique 
rare  pour  I'a  — de  l'atone  en  e  féminin. 

13. —  A  (-1-0  ^  à. 

Ex.  : 

FALLERE  —*  fhlwe:r  (=  falloir). 

VALEHE    — ►  vblwe:r  (  =  valoir). 

Dans  ces  formes  et  d'autres  semblables,  il  faut  ne  voir,  croyons- 
nous,  que  l'effet  de  la  prononciation  fr.-can.  qui,  secondairement, 
agit  sur  l'a  ouvert  français  et  le  ferme  plus  ou  moins,  parfois  jusqu'à 
l'assimiler  à  l'ô  ouvert. 

14.  —  A  initial  — ♦  ô. 
Ex.  : 
ital.  AMORACCIARE  — >  àmuTaeé    (  =  amouracher) 
AGENTIARE       — >  âjàsé         (  =  agencer) 
AMALGAMARE  — >  amalgamé  (  =  amalgamer) 

Simple  substitution,   secondaire,   de  préfixe. 

A  noter  :  a  s'est  conservé,  chez  nous,  dans  àrà.j  (  =  orange) 
<—  arabe  narandj.  Narandj  avait  d'abord  fait  *  arange  ;  c'est  par 
étymologie  populaire,  sous  l'influence  de  or,  qu'orange  s'est  formé.  — 
A  s'est  aussi  conservé  au  futur  des  verbes  habere  :  fàré  (  =  j'aurai), 
et  *  8APERE  :  je  sàré  (  =  je  saurai  )  ;  c'était  la  prononciation  au 
XVI"  siècle,  et  même  au  XVH''.  (Sylvius,  Meigret,  Robert  Estien- 
ne, Baïf  et  Béze  en  témoignent.) 


256  LE    PARLER    FRANÇAIS 


15.  —  (  c  +)  A  init.  (+  lab.  )  ^>  w,  u. 

Ex.  : 

CAMiNATA  — +  ewiné,  euné  (=  cheminée). 

Le  produit  régulier  de  ca  initial  atone  est  ee,  comme  dans 
CAMINUM  — >  chemin. 

eièiné  est  le  résultat  d'une  nouvelle  mise  en  marche,  sous  l'in- 
fluence de  m,  de  l'évolution  arrêtée  avec  le  français  cheminée. 

A  noter  :  cavalla  — >  kœval,  gèval  (  =  cavale),  et  caballum  -^ 
jval,  ejal,  ce  qui  ne  demande  pas  d'explication. 

16.  —  A  init.  (+  palatale  )  — >  a)  é 

b)  i 

c)  é 

d)  tombe 

>  rézé  (  =  raisin) 

>  rézô  (  =  raison) 

>  plézi:r  (  =  plaisir) 

>  jiyà  (  =  géant) 

>  plizir  (  =  plaisir) 

>  mézô  (  =  maison) 
•  fl6  (  =  fléau) 

Dès  le  XIP  siècle,  la  diphtongue  ai,  sortie  de  A  +  pal.,  était 
réduite  et  se  prononçait  è. 

a)  L'é  fermé  fr.-can.  est  ici  semblable  à  celui  que  nous  avons 
étudié  plus  haut,  au  No  4.  Cette  prononciation  avait  prévalu  au 
XVII»  siècle,  et  dès  le  milieu  du  XVI''  ;  le  bénédictin  Joachim 
Périon  écrivait  dans  son  Dialogue,  en  1555  :  «  Raisin.  .  .ita  pronun- 
ciamus  ut  si  resin  scriptum  esset .» 

b)  Pour  jiyà,  il  faut  y  voir  sans  doute  le  phénomène  de  Ve  en 
hiatus  équivalant  à  i  et  donnant  naissance  à  ce  dernier  son.  Plizir 
paraît  être  une  simple  exagération  de  l'assimilation  notée  en  a). 

c)  Mézô  témoigne  de  l'influence  de  la  nasale  initiale. 

d)  La  réduction  de  l'hiatus  ne  s'est  pas  faite  comme  dans  jiyà, 
sans  doute  parce  que  la  prononciation  ^é,  qui  avait  prévalu  au  XVI* 
siècle  a  été  apportée  au  Canada.  «  Prononcez  le  mot  fléau  comme 
sceau  »,  disait  Hindret.  De  la  Touche  condamne  la  prononciation 
fléau,  et  il  ajoute,  dans  son  Dictionnaire  :  ((  On  prononçoit  autrefois 
fléau,  mais  il  y  a  longtemps  qu'on  ne  fait  plus  sentir  l'e.»  En  1718, 
l'Académie    écrit  fléau    (sans    accent).     Et    l'auteur   anonyme    des 


jX. 

a) 

*  RACIMUM 

RATIONEM 

PLACERE 

b) 

*  GAGANTEM 

PLACERE 

c) 

MANSIONEM 

d) 

FLAGELLUM 

NOTES  POUR  l'Étude  de  la  phonétique  267 

Reflexions  d'un  Allemand,  publiées  en  1727,  enseigne  que  fléau  se 
prononce  flô.  Ce  n'est  donc  qu'au  XVIII'^  (Académie,  en  1740), 
que  la  prononciation  fléô  a  été  définitivement  reconnue.  La  persis- 
tance de  flô  chez  nous  s'explique  donc  facilement. 

III.  A    ENTRAVÉ 

17.  —  A{+r)  -»à. 
Ex.  : 

A8PARAGUM  — ♦  àspàrj   (  =  aspcrgc) 

*  CARPTiAT  — »  jars        (  =  gerce) 
h.  ail.  GARDA  —*  jàrb        (=  gerbe) 

*  SARPA  — ♦  sàrp       (  =  serpe) 
SARCOPHAGIUM  — »  sàr^ày  (=  cercueil) 
et  les  formes  similaires. 

Nous  avons  vu  que  le  français  a  connu  la  permutation  de  e  et  a  ; 
mais  la  substitution  de  a  à  e,  devant  une  entrave,  était  encore  plus 
fréquente.  Palsgrave  écrivait  déjà,  en  1530,  disparser,  parsil, 
par  ver  se  ment,  pardris,  parsonnage,  etc.  Sylvius  et  Oudin  :  jarcé. 
Robert  Estienne  :  asparge.  Tabourot  et  Lanoue  :  sarpe  ;  mais 
Richelet  :  «  L'usage  est  pour  serpe,  mais  pour  sarpe  il  est  suranné  .» 
Cependant  Bovelles  disait  aussi  jarbe  ;  Lanoue,  Oudin,  Patru  et 
Ménage  :  sarge.  Et  Vaugelas  affirme  :  «  Toute  la  ville  dit  serge,  et 
toute  la  Cour,  sarge  .»  Quant  à  sarcueil,  on  le  trouve  dans  Oudin 
et  dans  Robert  Estienne.  C'était,  encore  à  la  fin  du  XVII"  siècle, 
la  prononciation  de  la  Cour. 

A  de  ARTICULUM  fait  au  Canada  à;  àrtèy  (=  orteil).  C'est  la 
prononciation  du  XVP"  siècle,  et  ((ui  a  persisté  jusqu'au  XVII". 
Meigret  en  1548,  dans  sa  Traduction  du  Menteur  de  Lucien,  Robert 
Estienne,  en  1549,  dans  son  Dictionnaire,  Joubert,  en  1579,  dans  son 
Traité  du  ris,  Tabourot  en  1587,  Oudin  en  1655,  et  Richelet  en 
1680,  dans  son  Dictionnaire,  en  fournissent  des  témoignages. 

Au  contraire,  armarium  fait  ici  hrmweir,  prononciation  qui  se 
rencontre  aussi  au  XVI"  et  au  XVIL"  siècle,  mais  qui  a  toujours 
.semblé  mauvaise  aux  grammairiens.  (Voir  le  Dictionnaire  français- 
latin  de  Robert  Estienne,  les  Observations  de  Ménage,  et  le  Diction- 
naire de  Richelet.) 

Arrha  — »  è:r.  C'est  un  archaïsme.  Erres  n'a  disparu  de 
l'Académie  qu'en  1762. 


258  LE    PABLER    FRANÇAIS 

18.  —  A  4-  L  — *  o,  «,  à. 
Ex.  : 

a)  PALMA  — >  pbm         (  —  paume) 
CALDARIA                             — *  cbgé:r      (  =  chaudière) 

b)  SAL8ICIA  —>  susis        (  =  saucisse) 
SAL  +  PULVEEEM  +  ARE  — >  supudré  (  =  saupoudrer) 

SALVUM  — >  »M  (  =   sauf) 

c)  CALDARIA  — >  eayé:r      (  =  chaudière) 
EX  +  CALEFARE  — +  écafuré    (  =  échauffourée) 

La  vocalisation  de  VI,  dans  le  cas  d'entrave,  s'est  produite  dès 
le  début  de  l'évolution  classique.  Mais  la  diphtongue  au  qui 
était  par  là  sortie  de  a  +  L,  s'est,  dès  le  XVP  siècle,  adoucie  en  ao 
puis  s'est  réduite  à  o. 

Les  produits  fr.-can.  notés  ci-dessus  sont  donc  purement  dia- 
lectaux. 


.  —  A  +  nas.  (+  nas.)  —>■  à. 

Ex.  : 

FLAMMA           -^  flà:h 

(  =  flamme) 

GRAMMATiCA  — »  grâméiT 

(=  grammaire) 

A  +  2  nasales  a  donné  3  +  nas.  au  XI'  siècle  ;  et  cette  pronon- 
ciation s'est  conservée  jusqu'au  XVII",  pour  grammaire  et  pour 
flamme.  Témoins  :  Palsgrave  (1530),  R.  Estienne  (1539),  Tabou- 
rot  (1587),  Lanoue  (1596),  Oudin  (1655).  Cf.  h.  flamber,  flambée, 
flambeau. 

DAMNUM  -^  damà:j,  qui  s'est  dit  autrefois.  Palsgrave  écrit  : 
damaige.     Rob.  Estienne  relève  damage  en  Picardie. 

20.  —  A  +  nas.  (+  tons.)  — »  ê. 
Ex.  : 

cAMPi  M  —^eë{=  champ) 
et  foi  mes  similaires. 

Voir  N°  6  ci-dessus. 

IV.  A    CONTRE-FINALE 

21.  — A  -»  à. 
Ex.  : 

SABATA  +   ARE  — ♦  sàvàté  (=  saieler). 


NOTES  POUR  l'Étude  de  la  phonétique 


259 


Dès  le  V"  siècle,  a  contre-finale  avait  donné  ê  :  sacramentum 
— >  sairement  — +  serment;  orphaninum  —*  orphelin. 

Notre  i)rodurt  ne  peut  donc  se  rattacher  à  aucun  degré  de  l'évo- 
lution classique. 

Quant  à  balayer  (  <—  balan  -f  are  ),  la  forme  ancienne  était 
balyé.  «  On  dit  aussi  ballier,  écrivait  Ménage  en  1672,  et  je  l'ay 
souvent  oui  dire  à  M.  Chapelain.  »  En  1688,  Âlemand  affirmait  : 
«  Le  grand  usage  est  pour  balier,  qui  est  plus  court,  plus  net  et  plus 
commode.  »  Cette  forme,  qu'avaient  déjà  notée  Palsgrave  et  Pas- 
quier  (Lettre  à  M.  Ramus)  au  XVI'  siècle,  était  encore  approuvée 
par  Richelet  au  XYII""  :  «  Balier  et  balaïer  sont  bons  tous  deux, 
mais  balier  est  plus  en  usage.  .  .  parce  qu'il  est  plus  doux  à  l'oreille.  » 

V.  A    PROTHÉTIQUE 


T2.—  A 

-^à. 

Ex. 

fr. 

APPAUVRIR 

— +  àpôvri.r 

fr. 

ABANDONNER 

— >  àbâdoné 

fr. 

AVALER 

—*  avalé 

fr. 

AFIN 

-*àfé 

fr. 

AVOISINER 

etc. 

— >  âvwéziné 

23.  — A 

tombe. 

Ex. 

; 

fr. 

APLANIR 

-^  plani.r 

fr. 

ASSOMBRIR 

—*  sôbrv.r 

fr. 

ATTERRIR 

etc. 

-^  téri-.r 

24.  — A 

-^  e. 

Ex. 

: 

fr. 

AGRANDIR 

-^  égràdi:r 

fr. 

ABASOURDIR 

etc. 

— >  ébazur4i:r. 

Adjutor  Rivard. 


UNE   VEILLÉE   D'AUTREFOIS 


M.  Edmond-J.  Massicotte,  le  sympathique  artiste  dessinateur, 
vient  d'ajouter  à  ses  compositions  si  connues  et  si  appréciées  un 
nouveau  dessin  :    «  Une  veillée  d'autrefois  ». 

Comme  pour  «  La  bénédiction  du  premier  de  l'an  »,  «  Le  réveil- 
lon »,  «  La  visite  de  l'Enfant-Jésus  »,  M.  Massicotte  a  su  dessiner 
ici  une  scène  bien  typique  de  la  vie  canadienne  d'autrefois,  alors 
que  nos  pères  savaient  se  reposer  de  leurs  travaux  par  des  récréa- 
tions aussi  joyeuses  que  saines.  Les  types  de  tous  les  âges  qu'il  a 
campés  dans  son  dessin,  depuis  le  bambin  ébahi  qui  regarde  les 
danseurs  habiles  jusqu'au  violonneux  assis  au  coin  de  la  grande  table, 
sont  dessinés  avec  une  exactitude  scrupuleuse  et  un  souci  du  détail 
qui  les  font  d'une  ressemblance  frappante  ;  quant  au  cadre,  il  suflBt 
à  tous  ceux  qui  connaissent  bien  nos  maisons  de  paysans  d'y  jeter  un 
coup  d'œil  pour  les  faire  se  dire  :    Comme  c'est  bien  ça  ! 

«  Une  veillée  d'autrefois  »  a  sa  place  marquée  dans  toutes  les 
familles  où  la  tradition  canadienne-française  est  en  honneur,  et 
comme  elles  sont  très  nombreuses,  le  succès  de  la  nouvelle  composi- 
tion de  M.  Massicotte  est  dès  maintenant  assuré. 


260 


NOTRE  FRONT 


ï'»  41  ,i' 


Au  front  haut,  assuré,  la  personne  s'estime. 

Interprète  et  garant  d'une  vaillance  intime. 

Malgré  les  plis  profonds  qu'y  grave  un  lourd  burin. 

Ce  front  ne  fléchit  pas,  ce  front  reste  d'airain  : 

Car  c'est  un  front  qui  n'a  pas  peur,  un  front  d'athlète. 

Où  s'affirme  un  vieux  sang  loyal,  où  se  reflète 

Tout  l'honneur  de  la  race  avec  sa  volonté. 

On  y  lit  les  vertus,  mais  sans  austérité. 

Tout  ce  qu'un  idéal  humain  y  peut  inscrire  : 

Des  lèvres  par  instants  y  monte  le  sourire 

Le  front  —  noblesse  oblige  —  en  avant,  le  premier. 

S'offre  aux  coups,  —  et,  s'il  faut  qu'il  rentre  son  cimier. 

Il  montre  que  du  moins,  sous  le  ciel  qui  l'azuré. 

Rien  n'est  plus  grand  qu'un  front  saignant  de  sa  blessure. 

La  foudre  et  des  volcans  sur  lui  peuvent  pleuvoir  : 

Douloureux  et  meurtri,  mais  fidèle  au  devoir. 

Il  laisse  ruisseler  sa  pourpre  à  chaque  tempe. 

Impassible  lutteur,  il  se  sent  d'une  trempe 

A  supporter  les  poids  des  astres  sans  plier. 

Front  de  France  royal  et  fait  pour  le  laurier! 

Le  front  ne  trompe  pas.     Aussi,  France  guerrière. 
Des  libertés  du  monde  intrépide  ouvrière. 
Les  peuples,  mieux  instruits  de  ce  qu'ils  te  devront. 
Savent  ce  que  tu  vaux  à  regarder  ton  front  ! 

Gustave  Zidleb. 


261 


LA  PRIÈRE  DU  BLESSE 


«  Jésus,  Chef  dés  Vaillants,  Modèle  des  Douleitrs, 
Je  viens  à  Vous,  meurtri  des  coiips  de  V Insolence 
Qui  met  des  pleurs  de  sang  plus  vifs,  sur  vos  pâleurs. 

Du  Christ  et  du  soldat  royale  ressemblance 
En  ce  nouveau  Calvaire  où  ce  n'est  plus  assez 
Des  épines,  des  clous  et  du  fer  de  la  lance  ! 

Comme  en  votre  Maison  tristement  vous  baissez 

Aux  flagellations  de  l'obus  sacrilège 

Votre  front  de  martyr  sur  nos  fronts  de  blessés  ! 

Mais  du  haut  de  la  Croix,  dont  le  mystère  allège. 
Comme  Vous  enseignez  l'art  sacré  de  souffrir 
Et  d'embrasser  l'épreuve  ainsi  qu'un  privilège  ! 

Avec  Vous,  près  de  Vous,  comme  on  sent  se  rouvrir 
Au  fond  du  cœur  brisé  la  source  d'espérance. 
D'intarissable  force  et  d'ivresse  à  s'offrir! 

Car  votre  Passion  promet  la  délivrance. 

Le  triomphe  du  juste  et  du  sang  rédempteur  : 

Le  Dieu  qui  meurt  pour  l'Homme  eut  le  Dieu  de  la  France! 

Nous  croyons  avec  Vous,  ô  Sublime  Docteur, 
Que  ce  n'est  pas  en  vain  que  s'immole  l'Hostie, 
Quelle  règne  à  la  fin  sur  son  persécuteur. 
Avec  Vous  nous  croyons  qu'une  mort  consentie 
Nous  fait  des  Lois  d'amour  les  éternels  gardiens. 
Tel  que  Vous  vous  donnez  dans  votre  Eucharistie. 

Prince  de  la  Bonté,  protégez  vos  soutiens 
Contre  les  lourdes  mains  de  l'Orgueil  satanique  : 
Tous  les  braves  de  France  ont  des  cœurs  de  chrétiens. 

La  mort  de  la  Pitié,  de  l'âme  évangélique. 

Voilà  le  seul  tombeau  que  nous  craignons  pour  nous  : 

Jésus,  sauvez  l'amour,  sauvez  la  vie  unique! 

Donnez-nous  votre  Paix,  la  paix  promise  aux  Doux  ! 

Maître  de  sacrifice  et  d'austère  allégresse. 

Donnez  à  ces  mourants,  qui  saignent  avec  Vous, 

L'Ascension  joyeuse  au  sein  de  la  Tendresse  !  » 

Gustave  Zidler. 

262 


VOCABULAmE  FRANCAIS-ANOL/VIS 


DU  JEU  DE  GALETS 

(Curling) 


Les  autorités  ne  s'accordent  pas  sur  la  provenance  du  jeu  de 
galets  (Curling).  '"  Quelques-uns  le  donnent  comme  originaire  de 
l'Ecosse  ;  d'autres  le  font  venir  de  la  Flandre,  où  une  première 
forme  de  ce  jeu  apparut  dès  l'année  1600. 

Chose  certaine,  c'est  que  ce  jeu  doit  son  développement  à 
l'Ecosse,  qui  a  été  son  foyer  pendant  trois  siècles.  Là,  il  est  devenu 
le  sport  national,  et  les  clubs  se  chiffrent  dans  les  centaines. 

Au  commencement,  ce  divertissement  ressemblait  au  jeu  de 
palet,  mais  il  a  maintenant  plus  d'analogie  avec  celui  de  boules. 
Les  premiers  accessoires  étaient  assez  gro,ssiers,  se  composant  de 
galets  façonnés  par  la  nature,  et  percés,  pour  permettre  l'introduc- 
tion du  pouce  du  joueur.  Avec  le  temps,  un  objet  symétrique, 
quelquefois  de  bois,  plus  souvent  de  granit  ou  de  fer,  élégamment 
arrondi,  brillamment  poli,  et  muni  d'une  poignée,  prit  la  place  du 
bloc  primitif. 

L'on  croit  que  ce  jeu  a  été  introduit  en  Ecosse  au  seizième 
siècle.  Le  premier  club  de  ce  genre  dans  le  pays  fut  fondé  en  1838. 
En  France,  cet  amusement  est  presque  inconnu.  Aux  États-Unis, 
la  première  organisation  jeta  ses  bases  en  1842.  Au  Canada,  le  jeu 
de  galets  se  joue  depuis  1807,  et  est  pratiqué  à  peu  près  exclusivement 
par  les  Canadiens  de  langue  anglaise. 


(1)  En  France,  il  existait  encore  au  XVIIIème  siècle  un  jeu  de  galets,  fort 
ancien,  qui  «  consistait  à  lancer  des  palets  à  plat  sur  une  table  longue  et  étroite 
(galoire)  et  à  les  placer  le  plus  près  possible  du  bord  extrême.  Tout  ce  qui  tombait 
en  dehors  était  perdu  ».  (V.  «  Nouveau  Larousse  illustré  »  .)  Le  nom  anglais 
«  curling  »  semble  décrire  le  mouvement  ondulant  donné  au  galet.  (V.  «  New 
Englisli  Dictionary  »,  par  James  A.-H.  Murray,  Oxford,  1893i  ;  et  «  New  Interna- 
tional Encycloptedia  »,  New  York,  1903.) 

263 


264  LE    PARLER    FRANÇAIS 

I.  —  LES  GALETS 

(Curling) 

A.  LE    CHAMP 

Ligne  de  fond Bock  score. 

Grand  cercle Boardhead,  house,  oïder  ring,  par- 

ish. 

Approches Broughs. 

Ligne  de  centre,  de  milieu Central   Une,   centre   Une,    middle 

Une. 
Marchepied Crampit,  foothold,  tramp,  trigger, 

tricker. 

Cercle-pied Foot-circle. 

Ligne-pied Foot-score. 

Calepied * .      Hack,  hatch. 

Ligne  des  nuls Hog-line,  hog-score,  score. 

Fosse Howe. 

Ligne  de  jeu Line  of  play. 

Galoire,  piste Rink,  core. 

Ligne  de  balayage Sweeping  score. 

But Tee,  gogsee,  home,  tozee,  wittyr. 

B.  LES    POSITIONS 

1.  —  Extérieures. 

Arbitre , Umpire. 

2.  —  Intérieures. 

Galeur,  joueur  de  galets Curler. 

Premier Leader. 

Couple Pair  (of  players). 

Équipe Rink. 

Capitaine Skip. 

Balayeurs Sweepers. 

C.  LES    ACCESSOIRE.S 

Balais Broom,  besotn,  coue,  kowe. 

Galets Stone.i,  block,  curling  stones,  pitty- 

cock. 


LE  JEU     DE    GALETS  265 

Face  avant Fore-edge. 

Poignée Ilandle. 

Face  interne Inner-edge. 

Sole Sole. 

Rude  ou  doux Dull  or  keen. 

Traceur Tee  ringer. 

D.  —  LE  JEU 

Coup  de  cercle  angulaire Angular  wick  shot. 

Pente  (sur  la  glace) Bias. 

Partie,  joute  de  concours Bonsjnel. 

Saluer  un  galet Break  an  egg  on  a  stone\To). 

Cogner,  frapper Bump  {To). 

Carambole Cannon  shot. 

Déplacer Chap  ( To). 

Déplacer  et  rester Chap  and  lie  (To). 

Raser Chipping. 

Raser  le  gagnant Chipping  the  winner. 

Dégager  un  cercle Clear  a  circle  {Ta). 

Diriger  les  joueurs Coach  the  men  (To). 

Concours Compétition. 

Concurrent Competitor. 

Concurrents  à  égalité Competitors  loho  are  equal. 

Lézarder  la  glace Crack  or  star  the  ice  ( To). 

Courbe  (Une) Curl  {A). 

Décrire  une  courbe Curl  (Ta). 

Décrire  une  courbe  à  droite Ctirl  in  (To). 

Galet  mort Dead  stone. 

Jouer  un  coup Deliver  a  shot  (Ta). 

Lancement Delivery. 

Déplacer Dislodge  ( To). 

Jouer  doucement Draw  (  To) . 

Approcher  du  but Draw  to  the  tee  (Ta). 

Approcher Drawing. 

Approcher  à  travers  un  port ....  Drawing  through  a  port. 

Jouer  avec  force Drive  ( To). 

Manche,  tour End,  head. 

Bloquer  le  port FUI  the  port  (  To). 

Ajuster  le  but Fit  the  tee  { To). 

Partie,  joute Game. 

Donner  le  tour  au  galet Give  the  stone  the  twist  (To). 

Garde  (Une) Guard  (A), 


266  LE   FABLEB  FRANÇAIS 

Garder Guarding. 

N'y  touchez  plus  ! Hands  up  ! 

Nul  (Un) Hog  (A). 

Glace Ice. 

Glace  raboteuse,  molle Baugh  ice. 

Glac3  molle Drug  ice. 

Glace  rude Dull  ice. 

Glace  douce,  coulante Keen  ice. 

Condition  de  la  glace Run  of  ihe  ice  (The). 

Cerclage  interne Inringing. 

Un  droit In  turn. 

Cerclage  interne Inwicking  (syn.  de  «  inringing  ») 

Chasser  l*s  galets  du  cercle Knock  the  stones  oui  of  the  circle 

(To). 

Rester Lie  (To). 

Proche,  voisin Lie  shot  (stone). 

Faire  décrire  une  courbe  au  galet  Make  the  stone  curl  {To). 

Gâter Mar  (To). 

Concours Match. 

Hors  du  jeu Oui  of  the  game. 

Un  gauche Out  turn. 

Cerclage  externe Outwick. 

But  (galet) Pat-lid. 

Jouer  à  droite  ou  à  gauche Play  in  or  out  turn  (To). 

Jouer  le  galet Play  the  stone  (Ta). 

Galet  jouant Played  stone. 

Avancer  un  galet Promote  a  stone  (To). 

Avancer Raise  (  To). 

Rebuter Rebut  ( To). 

Débarrasser  la  glace Red  the  ice  {To). 

Concours  d'équipe Rink  contest  or  match. 

Jeu  de  galets Roar  in  game. 

Roulement,    ordre    dans    lequel 

joueront  les  joueurs Rotation  in  which  the  men  are  to 

Tplay  {The). 

Coup,  point Shot,  point. 

Camp Side,  rink. 

Crier Sing  out  { To). 

Diriger Skip  { To) . 

Polir  la  glace Smooth  the  ice  ( To). 

Jouer,  lancer  le  galet Sole  the  stone  {To). 

Lancement Soling. 

Balayer,  balayage Soop,  sooping. 


LE   JEU     DE   GALETS  267 

Donner  une  lessive Souter  (  To) . 

Dépenser  le  jjalet S  pend  the  stone  (To). 

Partie  de  plaisir Spiel. 

Coup  droit Straight  shot. 

Frapper Striking. 

Raccroc Stug. 

Balayer Sweep  (To). 

Balayer  un  galet Sweep  a  stone  (To). 

Balayage Sweeping. 

Balancement Swing  (  Tke). 

Viser Take  aim  ( To). 

Équipe Team, 

Coup  de  tonnerre Thundering  cast. 

Tour  (Le) Tum  {The). 

Spirale  (La) Twi.it  (  The). 

Ouverture Wick. 

Cerclage  courbe Wick  and  curl  in. 

Bibliographie  : 

Sports- Bibliothèque.      Les  Sports  d'Hiver,  par  Louis  Magnus  et 
Renaud  de  la  Fregeolière.     Pierre  Lafitte  et  Cie,  Paris. 

ALFRED    VeRREAULT. 


QUESTIONS  ET  REPONSES 


Question.  —  Vincent,  dans  le  Péril  de  la  Langue  française,  condamne  l'expres- 
sion «  de  façon  à  ce  que  ».  Il  dit  :  «  J'ai  agi  de  façon  qu'il  fût  content,  et  non  : 
de  façon  à  ce  qu'il  fût  content  ».  (P.  77).  Cependant,  on  rencontre  «  de  façon  à 
ce  que  »  dans  Chateaubriand.     Est-ce  bien  une  locution  vicieuse  ? 

Réponse.  —  Nous  pensons  que  «  de  façon  à  ce  que  »  n'est  pas 
d'une  bonne  langue  ;  mais  nous  n'irions  pas  jusqu'à  en  faire  une 
faute  considérable.  On  rencontre,  en  effet,  cette  expression,  non 
seulement  dans  Chateaubriand,  mais  encore  dans  Huysmans  et 
dans  P.  Hervieu  (et  «  de  manière  à  ce  que  »  dans  Ch.  de  Bernard). 
Ces  citations  ne  seraient  sans  doute  pas  suffisantes  pour  faire  accep- 
ter «  de  façon  à  ce  que  »  ;  mais  le  Dictionnaire  général,  qui,  au  mot 
façon,  ne  note  que  «  de  façon  que  »,  dit,  au  mot  emporte-pièce  : 
«  Greffer  à  l' emporte-pièce,  de  façon  à  ce  que  la  greffe  remplisse  exac- 
tement l'entaille  faite  dans  le  bois  ));  Quoi  qu'il  en  soit,  cette  expres- 
sion est  moins  pure  que  «  de  façon  que  »,  et  cette  dernière  doit 
être  plutôt  employée. 


Question.  —  Dans  la  phrase  suivante,  ne  peut-on  pas  employer  indifféremment 
vieux  ou  vieille  :    «  Elle  est  moins  âgée,  mais  elle  a  l'air  plus  vieux  »  f 

Réponse.  —  Bien  que  la  question  de  l'accord  de  l'adjectif  qui 
suit  «  avoir  l'air  »  ne  paraisse  pas  encore  bien  résolue,  on  connaît 
les  règles  posées  par  les  grammairiens  et  qu'il  convient  de  suivre. 
Quand  il  s'agit  de  personnes,  si  la  modification  exprimée  par  l'ad- 
jectif convient  au  substantif  air  dans  le  sens  de  manières,  façons,  on 
le  fait  accorder  avec  air  ;  mais,  si  l'on  veut  exprimer  par  ce  mot  l'ap- 
parence, l'extérieur,  il  faut  faire  accorder  l'adjectif  avec  le  sujet  de  la 
proposition.  La  difficulté  est  de  faire  la  distinction  dans  chaque  cas  ; 
car,  l'apparence  résulte  en  grande  partie  des  manières  d'agir,  de 
marcher,  de  se  conduire,  de  se  tenir,  de  s'habiller,  etc.  Cependant, 
dans  le  cas  proposé,  il  faut  remarquer  que  certains  signes  de  vieillesse 
ne  sont  pas  des  manières,  les  rides  par  exemple.     On  ne  peut  donc 

268 


QUESTIONS    ET    REPONSES  269 

pas  indifféremment  dire  :  «  elle  a  l'air  vieux  »,  ou  :  «  elle  a  l'aîr 
vieille  »  ;  cela  dépend  de  ce  qu'on  veut  faire  entendre.  Si  c'est 
par  sa  manière  de  marcher,  de  s'habiller,  de  parler,  etc.,  qu'elle 
accuse  un  âge  avancé,  il  vaut  mieux  dire  :  «  elle  a  l'air  plus  rieui  »  ; 
si  c'est  par  une  apparence  extérieure  ne  résultant  pas  des  «  maniè- 
res »,  il  faut  dire  :   «  elle  a  l'air  plus  vieille  ». 


Question.  —  Peut-on  dire  de  quelqu'un  :    «  Les  qualités  qui  lui  sont  connues  »  f 

Réponse.  —  «  Les  qualités  <.\m  lui  sont  connues  »,  ce  .sont  les 
qualités  qu'il  connaît  chez  les  autres.  Celles  que  les  autres  décou- 
vrent en  lui,  ce  seraient  «  les  qualités  qu'on  lui  connaît  ». 


Question.  —  Le  mol  mtdle  est-il  un  anglicisme  dans  ces  phrases  :  «  Mettre  une 
lettre  à  la  malle  ;  la  malle  est  arrivée  ;  aller  à  la  malle  ;  (aire  venir  par  la  malle  »  f 

Réponse.  —  (Voir  B.  P.  F.,  VII,  p.  87).  La  poste  est  le  bureau 
où  l'on  distribue  les  lettres.  La  malle  est  la  voiture  pour  le  service 
de  la  poste  aux  lettres.  Pour  désigner  cette  voiture,  on  peut  dire 
aussi  malle-poste,  ou  simplement  poste.  On  peut  donc  dire  :  «  L'ar- 
rivée de  la  malle,  de  la  poste,  de  la  malle-poste  »,  et  :  «  La  malle,  la 
poste,  la  malle-poste  est  arrivée  »,  ou  encore  :  «  Le  courrier  est 
arrivé,  l'arrivée  du  courrier  ».  De  même,  on  peut,  sans  faute, 
«  faire  venir  qq.  ch.  par  la  malle,  par  la  poste,  ou  par  le  courrier  ». 
Mais,  en  français,  on  va  à  la  poste,  et  non  pas  à  la  malle  ;  on  met 
une  lettre  à  la  poste,  et  non  pas  à  la  malle.  Dans  ces  deux  derniers 
cas,  malle  n'est  pas  même  un  anglicisme  ;  car  mail  en  anglais  n'a, 
pas  plus  que  malle  en  français,  le  sens  de  bureau  de  poste. 


Question.  —  Est-ce  un  anglicisme  de  mettre  sur  une  carte  d'affaires  :  <  Louis 
Durand,  avocat.  Résidence:  6,  rue  Saint-Denis...  ».  Ne  vaudrait-il  pas  mieux 
mettre  demeure  ou  domicile  Y 

Réponse.  —  «  Ne  pas  confondre  demeure  et  résidence,  dit  très 
bien  Rinfret.  Votre  résidence  est  à  Montréal  ou  à  Saint-Henri, 
c'est-à-dire  que  vous  demeurez  dans  l'une  ou  l'autre  de  ces  deux 
villes  ;  mais  votre  demeure  ou  domicile  est  dans  telle  rue,  à  tel 
numéro.     C'est   un   anglicisme   de   donner  à  résidence  le  sens   de 


270  LE    PARLER    FaA^JÇAI8 

demeure,  domicile  ».  Le  domicile,  en  effet,  est  la  demeure  de  quel- 
qu'un, c'est-à-dire  l'habitation  dans  laquelle  il  est  établi  ;  c'est 
cependant  là  une  acception  reçue  par  extension,  car  proprement  le 
domicile  est  la  demeure  légale  reconnue  par  la  loi  ;  comme  le  disait 
Beauzée,  «  le  domicile  ajoute  à  l'idée  d'habitation  celle  d'un  rapport 
à  la  société  civile  et  au  gouvernement».  La  demeure  est  l'habitation 
dans  laquelle  on  est  établi  pour  y  rester.  La  résidence  est  le  lieu 
où  l'on  réside  habituellement.  Aussi,  dans  le  cas  proposé  par  notre 
correspondant,  nous  ne  croyons  pas  que  domicile  soit  le  mot  juste. 
M.  Louis  Durand,  avocat,  peut  avoir,  comme  avocat,  un  domicile 
rue  Saint-Jacques,  et,  comme  citoyen,  un  autre  domicile,  rue  Saint- 
Denis,  où  il  a  sa  demeure.  Il  nous  semble  donc  que  le  mot  demeure 
conviendrait  davantage.  Mais  quelle  carte  cela  fait  !  Ce  qui  est 
anglais,  ou  mieux  américain,  c'est  de  vouloir  indiquer  sur  un  petit 
bout  de  carton  son  nom,  sa  profession,  son  domicile  légal,  sa  rési- 
dence et  sa  demeure  tout  à  la  fois  ! 


Question.  —  Consomptif,  dans  le  sens  de  «  poitrinaire  »,  est  sans  doute  un  angli- 
cisme. Peut-on  dire  la  même  chose  de  consomption  dans  le  sens  de  «  tuberculose 
des  poumons  »  ? 

Réponse.  —  Il  faut  sans  doute  condamner  consomptif  au  sens 
de  phtisique  ou  poitrinaire  ;  mais  je  ne  crois  pas  que  nous  l'ayons 
emprunté  à  l'anglais.  Nous  avons  pu  très  bien  lui  attribuer  ce 
sens,  sans  avoir  connu  consumptive.  Pour  consomption,  ce  n'est 
certainement  pas  un  anglicisme.  En  français,  la  consomption  est 
un  certain  dépérissement,  une  diminution  lente  et  progressive  des 
forces  par  l'influence  de  quelque  maladie  ;  et  ce  dépérissement  se 
produit  spécialement  dans  la  phtisie  pulmonaire.  On  peut  donc 
dire,  en  bon  français,  d'un  poitrinaire  :  «  Il  meurt  de  consomption  », 
comme  Chateaubriand  écrivait  :  «L'homme  attaqué  dépérit  et,  au 
bout  de  quelques  mois,  meurt  de  consomption.»  Il  est  vrai  qu'en 
s'exprimant  ainsi,  on  ne  fait  pas  connaître  que  la  con.somption 
provenait  de  la  phtisie.  Mais  le  peuple  a  pu,  sans  faire  d'angli- 
cisme, donner  au  mot  un  sens  plus  précis,  et  attribuer  à  consomp- 
tion le  sens  de  phtisie. 

A.  R. 


GLANURES 


De  la  Revue  de  Philologie  française,  2e  trimestre  1915,  p.  159  : 

Dans  sa  dernière  session,  le  Conseil  supérieur  de  l'Instruction 
publique  a  eu  à  examiner  un  projet  d'arrêté  où  il  était  question  des 
«  instituteurs  et  des  institutrices  publics  ».  Un  des  membres  de 
l'Assemblée  a  fait  remarquer  avec  raison  que  le  masculin  «  publics  », 
à  côté  d'un  nom  féminin,  bien  que  tout  à  fait  conforme  à  une  règle 
bien  connue,  avait  (jucUiue  chose  de  désagréable,  et  on  a  «  tourné 
autrement  »  en  adoptant  comme  texte  :  len  instituteiim  et  les  insti- 
tutrices de  l'enseignement  public. 

Si  court  qu'ait  été  cet  incident,  c'est  déjà  trop  qu'il  ait  fait 
perdre  quelques  minutes  au  Conseil.  S'il  ne  s'agissait  que  de 
l'adjectif  public,  on  pourrait  se  borner  à  regretter  qu'au  moment  où 
publicus  a  été  introduit  dans  le  Dictionnaire  français,  on  ne  lui  ait 
pas  donné,  comme  à  tragicns  et  à  comicus,  transcrit  en  tragique, 
comique,  une  forme  unique  pour  le  masculin  et  le  féminin.  Mais 
la  question  est  plus  générale,  et  trop  souvent  nous  prenons  la  peine 
de  tourner  autrement,  non  point  pour  éviter  une  équivoque  ou  pour 
aboutir  à  une  meilleure  formule,  ce  qui  est  parfaitement  légitime  et 
louable,  mais  par  un  scrupule  de  correction  provoqué  par  une  fausse 
règle  de  grammaire,  qu'on  n'ose  ni  violer  ni  appliquer,  et  c'est  alors 
une  lamentable  perte  de  temps. 

En  ce  qui  touche  l'accord  de  l'adjectif  avec  plusieurs  substan- 
tifs, il  faut  chercher  la  véritable  règle  dans  des  exemples  où  la  langue 
la  fournit  elle-même  par  une  différence  de  prononciation,  c'est-à- 
dire  des  adjectifs  dont  le  féminin  se  prononce  autrement  que  le 
masculin.  Nous  ne  dirions  assurément  pas  :  «  il  a  trouvé  pour  agir 
un  motif  et  une  occasion  nouveaux  »,  ni  :  «  il  portait  le  manteau  et 
la  couronne  royaux  »,•  mais  beaucoup  n'oseraient  pas  se  laisser  aller 
à  la  tendance  évidente  de  la  langue,  qui  appelle  (comme  souvent  le 
latin)  l'accord  avec  le  nom  le  plus  voisin,  et  auraient  la  faiblesse, 
en  écrivant,  de  chercher  une  autre  tournure,  par  respect  pour  la 
mauvaise  règle  apprise  dès  l'enfance,  et  en  dépit  de  l'exemple  auto- 
risé de  Racine  : 

Armez-vous  d'un  courage  et  d'une  foi  noupelle. 

Il  eût  été  vraiment  dommage  que  Racine,  pris  du  même  scru- 
pule, eût  «  tourné  autrement  ». 

271 


272  i.E    PARLER    FRANÇAIS 


M.  l'abbé  Rousselot  a  inventé  la  phonétique  expérimentale.  Grâce  aux  progrès 
de  cette  science  et  aux  précieuses  constatations  qu'elle  a  permis  de  faire  dans  le 
domaine  des  parlers  romans,  M.  J.  Gilliéron  a  pu  créer  la  géographie  linguistique, 
dont  les  développements  conduisent  chaque  jour  à  de  nouvelles  découvertes.  Et 
voici  que  le  même  savant  nous  donne  une  nouvelle  série  d'études,  dont  le  titre  seul 
est  un  programme  :    Pathologie  et  thérapeuiigue  verbales. 

En  rendant  compte  du  premier  fascicule  de  cette  série,  dans  la  Revue  de  Philo- 
logie, M.  Albert  Dauzat  s'exprime  ainsi  : 

M.  Gilliéron  nous  annonce  que  le  langage  peut  être  affligé  de 
véritables  maladies  contre  lesquelles  son  organisme  s'efforce  de 
réagir  par  des  moyens  appropriés.  Il  y  a  des  organismes  sains  et 
actifs,  d'autres  passifs  ou  délabrés.  Même  au  point  de  vue  pure- 
ment linguistique,  tous  les  idiomes  ne  s'équivalent  point,  comme 
l'avait  cru  l'école  des  néo-grammairiens.  Un  patois  ne  diffère  pas 
seulement  d'une  langue  littéraire  par  son  infériorité  sociale  ;  il 
éprouve,  plus  ou  moins,  une  déchéance  constitutionnelle  qui  explique 
son  impuissance  littéraire. 

A  vrai  dire,  nous  sommes  ici  en  présence  d'un  retour  aux  ancien- 
nes conceptions  françaises,  trop  sacrifiées,  pendant  une  longue 
période,  aux  conceptions  allemandes  rigoristes  et  absolues.  Certes 
tout  n'est  pas  à  rejeter,  loin  de  là,  dans  les  méthodes  germaniques, 
mais  on  commence  à  s'apercevoir,  même  en  linguistique,  qu'elles 
s'étaient  imposées  à  nous  avec  trop  de  tyrannie. 

Les  travaux  de  M.  Gilliéron  comptent  donc  parmi  les  meilleurs 

symptômes   d'une   saine   réaction.     Nous  y   trouverons   des  éloges 

du  français  littéraire  qui  ne  nous  ramèneront  pas  à  trois  quarts  de 

siècle  en  arrière,  parce  qu'ils  sont  nourris  de  tout  le  suc  distillé  par 

cinquante  ans  de  philologie. 

Albert  Dauzat. 

*  * 

De  M.  A.  Jourjon  (Remarques  lexicographiques.  Revue  de  Philologie  française 
et  de  littérature)  : 

Faut-il  en  croire  V.  Hugo  quand  il  écrit  :  «  Ce  mot,  gamin, 
fut  imprimé  pour  la  première  fois  et  arriva  de  la  langue  populaire 
dans  la  langue  littéraire  en  1834.  C'est  dans  un  opuscule  Claude 
Gueux  que  ce  mot  fit  son  apparition  ».  {Les  Misérables,  1.  I,  ch. 
VII,  p.  265.) 

En  ce  cas,  l'Académie  se  serait  montré  dès  lors  plus  accueillante 
pour  le  mot  que  pour  l'auteur,  puisque  gamin  fut  admis  dans  le 
Dictionnaire  dès  1835. 

Il  faut  dire  qu'il  était  imprimé  dans  le  Dict.  univ.  de  Boiste 
dès    1801. 

A.  Jourjon. 


LES  LIVRES 


C-M.  Bakhkau.  Huron  and  Wyandot  Mythology.  Ottawa  (Government 
Printing  Bureau),  1915,  in-8°,  16c.  X  25c.,  XIV  +  437  +  VIII  pages. 

Mémoire  .sur  la  mythologie,  le  folklore  et  les  traditions  des 
Hurons  et  des  Wyandots.  L'auteur  a  fait  ses  observations  surtout 
à  Lorette,  à  Amherstburg  et  à  Oklahoma.  Les  faits  qui  forment 
la  j)artie  la  plus  importante  et  la  i)lus  considérable  de  l'ouvrage  ont 
été  relevés  personnellement  par  M.  Barbeau  ;  dans  un  appendice, 
sont  reproduits  les  matériaux  recueillis  autrefois  par  les  missionnai- 
res et  les  historiens. 

Nous  n'avons  aucune  compétence  pour  apprécier  le  fond  d'une 
étude  de  ce  genre  ;  mais  il  est  impossible  de  ne  pas  remarquer  que 
M.  Barbeau  y  a  apporté  la  méthode  scientifique  la  plus  sûre.  On  a 
longtemps,  chez  nous,  considéré  le  folklore  comme  une  espèce  de 
divertissement  plus  ou  moins  littéraire.  Traité  comme  dans  ce 
livre,  c'est  une  .science,  une  partie  de  l'anthropologie. 

La  Guerre  en  Champagne.  Paris  (Téqui,  82,  rue  Bonaparte),  1916,  in-12, 
500  pages. 

Récits  de  l'invasion  dans  le  diocèse  de  Châlons.  C'est  une 
œuvre  collective  ;  un  seul  écrivain  n'aurait  pas  pu  coUiger  tant  de 
faits.  Les  collaborateurs  ont  été  groupés  par  Mgr  l'Évêque  de 
Chrdons,  sous  la  direction  de  qui  le  volume  a  été  publié.  Aux  pages 
écrites  par  ces  collaborateurs,  animés  tous  du  même  zèle  pour  la 
patrie  et  la  religion,  Mgr  Tissier  a  ajouté  de  nombreuses  pages 
personnelles,  entre  autres  le  dernier  chapitre  :  Le  Rêve  —  «  le 
Rêve  »  de  Détaille  devenu  l'histoire  ! 


MiSR  Gauthet.  Les  Parole»  de  la  Guette.  Paris  (Téqui).  1916,  in-12,  367 
pages.  '  .  I  ,        ■  .■ 

Ce  volume  réunit  les  écrits  composés  et  les  paroles  prononcées 
par  Mgr  l'Archevêque  de  Besan(,ou  depuis  le  début  de  la  guerre. 
Tout  y  est  vivant,  pris  sur  le  fait,  ("est  l'apostolat  d'un  évêque 
pendant  l'année  tragique.  "'l 

273 


274  LE    PARLER    FRANÇAIS 

R.  P.  HtJDON,  S.  J.     Le  conflit  dea  races  au  Joyer.     Edmonton,  1915,  24  page*. 

Utile  et  très  pratique  conférence  donnée  par  le  R.  P.  Hudon, 
à  Edmonton,  Alberta,  le  14  novembre  1915,  et  publiée  par  le  Cana- 
dien français,  organe  de  la  Société  Saint-Jean-Baptiste  d'Edmonton. 

L'auteur  étudie  le  conflit  qui  se  produit  au  foyer,  lorsque  deux 
races  s'y  rencontrent. 

Par  le  mariage,  dit-il,  l'homme  et  la  femme  sont  unis  et  devront  rester  unis. 
Là  se  trouve  le  bonheur. 

Bien  des  causes  contribuent  à  cimenter  cette  union  ;  l'amour,  la  beauté,  l'es- 
prit, la  vertu  ;  bien  des  circonstances  tendent  à  dissoudre  cette  union,  à  repousser 
l'un  de  l'autre,  deux  êtres  faits  pour  n'avoir  qu'une  seule  âme,  qu'un  seul  cœur, 
qu'une  seule  chair. 

De  même  qu'une  même  langue,  que  des  goûts  communs,  des  qualités  sembla- 
bles ou  bien  différentes,  mais  qui  se  complètent,  facilitent  l'accord  ou  l'harmonie, 
développent  l'affection  et  l'attachement,  ainsi  une  fissure  peut  se  produire  qui  dis- 
loque le  foyer,  en  disperse  les  pierres  refroidies  aux  quatre  vents  de  la  solitude  ;  ce 
peuvent  être  la  différence  de  religion,  de  race,  des  positions  sociales  dissemblables, 
une  éducation  trop  accentuée  en  sens  opposés,  des  âges  vraiment  trop  distants. 
Parmi  ces  causes  possibles  qui  agissent  quelquefois  (pas  toujours),  se  trouve  l'oppo- 
sition des  races. 

Quand  deux  âmes  jeunes  se  rencontrent,  se  regardent,  se  plaisent  et  jurent  de 
s'aimer  éternellement  —  ce  qui  promet  bien  une  lune  de  miel  de  quelques  mois  sans 
nuage  —  elles  oublient  parfois  qu'en  elles  des  siècles  vivent,  qu'elles  sont  l'aboutisse- 
ment d'une  longue  lignée  d'aïeux,  et  que  dans  la  nouvelle  famille  qu'elles  vont  fonder, 
deux  êtres  —  Jacob  et  Esatl  —  se  battront  au  sein  de  leur  mère. 

Et  c'est  ce  conflit  qu'il  étudie  à  l'aide  de  trois  romans  contem- 
porains :  les  Oberlé,  Colette  Baudoche  et  les  Frontières  du  cœur. 
Après  une  analyse  de  ces  trois  romans,  il  ajoute  : 

La  conclusion  que  je  désirais  dégager  de  tout  ce  que  je  viens  de  dire  sera  courte. 

Aux  jeunes  gens  je  dirai  :  mariez  celle  que  vous  aimez  ;  aux  jeunes  filles  : 
épousez  celui  que  vous  chérissez,  mais  de  grâce,  quelle  que  soit  votre  situation,  n'ab- 
diquez jamais  votre  dignité. 

Soyez  persuadés  qu'un  jour  ou  l'autre  il  vous  faudra  revendiquer  votre  place, 
à  moins  que  vous  ne  soyez  résignés  à  toujours  descendre  et  à  céder  sans  cesse. 

Aux  unes  et  aux  autres,  je  rappellerai  ce  fait  d'expérience  que  ceux  qui  se  sont 
aplatis  —  pardonnez-moi  l'expression  —  ont  été  récompensés  dans  la  suite  par  des 
rebuffades  qui  réjouissaient  ceux  qui  avaient  eu  le  bon  esprit  de  se  tenir  debout. 

Toutes  les  courbettes  du  monde  ne  feront  pas  oublier  à  ceux  qui  ont  appris 
à  vous  mépriser  que  vous  n'êtes  pas  de  leur  sang  ;  ils  vous  paieront  en  monnaie  de 
singe  et  vous  jurerez  comme  le  corbeau,  mais  un  peu  tard,  qu'on  ne  vous  y  reprendra 
plus. 

En  un  mot,  dans  quelque  situation  que  vous  vous  mettiez,  ayez  le  courage 
de  vos  convictions  :  soyez  toujours  fiers  de  vos  origines  ;  de  votre  langue,  soyez 
toujours  fiers. 


LES     LIVRES  275 

Txvij  Bastier.  La  déformation  et  la  défense  de  la  Langue  et  du  goût  dufrançaxt. 
Paris  (Larose),  1915,  32  pages. 

M.  Bastier  signale  le  daiifjer  ((ue  fait  courir  au  français  l'enva- 
hissement des  mots  étrangers.  ((  La  langue  française,  monument 
national,  menace  de  devenir  un  bazar  cosmopolite.  . .  La  langue 
qui  savait  jadis  éliminer  ou  assimiler  les  éléments  étrangers  ne  les 
digère  plus.  A  quoi  tient  cette  situation.'...  L'invasion  linguis- 
tique qui  nous  menace  aujourd'hui  se  distingue  de  celles  qui  l'ont 
précédée,  parce  qu'elle  est  une  invasion  écrite,  et,  en  quelque  sorte, 
visuelle,  d'autant  plus  dangereuse  qu'elle  est  plus  générale  et  publi- 
que. .  .  ».  Et  l'auteur  fait  le  procès  des  néologismes  étranges  qui 
s'introdui.sent  dans  le  langage.  Il  y  a  là  plus  d'une  page  qu'il 
faudrait  lire  et  méditer,  chez  nous. 


Almanach  de  la  Langue  française.  Montréal  (Imp.  du  Devoir),  1916,  128 
pages  (15  sous). 

Belle  et  intelligente  initiative  de  la  Ligue  des  Droits  du  fran- 
çais. Cette  entreprise  a  reçu  du  public  l'accueil  favorable  qu'elle 
méritait.  Nous  nous  en  réjouissons,  et  nous  faisons  des  vœux  pour 
que  la  publication  périodique  de  V Almanach  soit  assurée. 


Gustave  Zidler.  Nos  Blessés.  Versailles  (Dubois,  17,  rue  Hoche),  1915. 
40  pages. 

Beaux  et  touchants  sonnets  de  notre  ami,  le  poète  français- 
canadien.  Cette  jolie  plaquette  se  vend  au  profit  de  l'Œuvre  d'as- 
sistance aux  mutilés  des  armées  de  terre  et  de  mer. 


SARCLURES 


***  Que  nous  exigions  du  français  de  nos  concitoyens  de  langue 
anglaise,  c'est  notre  droit  et  il  y  faut  tenir.  Mais  ne  pourrions-nous 
pas  en  réclamer  aussi  de  nos  compatriotes  ? 

Dans  un  journal  de  chef -lieu,  j'ai  découpé  l'alinéa  suivant  : 

Pourquoi  confier  vos  ordres  au  premier  venu  qui  passe  à  votre  porte,  vous 
charge  plus  cher,  vous  donne  de  l'ouvrage  inférieur  et  souvent  vous  cause  du  trouble, 
tant  son  ouvrage  est  fait  sans  attention  ;  ce  qu'il  veut  souvent  c'est  des  commandes 
qu'il  exécute  trop  rapidement,  lorsque  vous  trouverez  à  notre  maison  tout  l'avantage 
possible,  garanti,  prix  uniformes  pour  tout  le  monde  et  à  meilleur  marché.  C'est 
donc,  mesdames  et  messieurs,  une  garantie  suflRsante  pour  avoir  et  mériter  votre 
confiance. 

Venez  au  bureau  de.  .  .,  ex.iminez  attentivement  notre  travail  avant  de  donner 
vos  ordres  à  des  étrangers  que  peut-être  vous  ne  reverrez  plus  jamais. 

Un  peu  d'analyse  nous  découvrira  de  grandes  beautés  dans  ce 
passage. 

Confier.  Ce  que  l'on  confie,  c'est  un  mandat,  une  mission. 
L'ordre  étant  une  injonction  de  supérieur  à  inférieur,  de  maître  à 
subordonné,  se  donne,  s'impose,  s'enjoint,  ne  se  confie  pas.  Mais 
on  confie  à  un  peintre  l'exécution  d'un  portrait,  la  commande  d'un 
tableau. 

Ordres.  Un  client  n'étant  point  un  maître,  ne  donne  pas  d'or- 
dres à  son  fournisseur,  mais  fait  une  commande. 

Le  premier  venu  ne  passe  pas  à  votre  porte.  S'il  est  tenu,  il 
est  déjà  entré  chez  vous.  Il  ne  passe  plus.  Si  vous  dites  qu'il 
frappe,  qu'il  se  présente,  à  la  bonne  heure  ! 

On  vous  charge  plus  cher.  Charger  est  corrélatif  à  pesanteur, 
non  pas  à  prix.  On  chargerait  plus  lourdement,  on  taxerait  plus 
lourdement,  parce  qu'une  taxe  pèse  ;  mais  on  fait  payer  plus  cher. 

(Remarquer  que  charger  plus  cher  est  une  de  ces  nombreuses 
expressions  où  l'esprit  anglais  trahit  son  indifférence  profonde  de 
la  logique).  Sachant  l'anglais,  je  n'ai  pas  un  instant  supposé  que 
le  premier  venu  vous  chargeait.  .  .  l'épée  à  la  main. 

27G 


BAKCLCRES  277 

Ouvrage  inférieur.  Inférieur  est  un  comparatif.  Inférieur  à 
quoi?  Je  devine...  Ah  !  l'habile  homme:  minus  dicens,  plus 
intelligi  volens.  i  *.  1 

Causer  du  trouble.  On  devrait  n'y  plus  revenir.  A-t-on  toute- 
fois remarqué  ([ue  troubler  évoque  une  commotion  interne  :  trou- 
bler de  l'eau  ;   troubler  une  conscience.     Un  ennui  vient  du  dehors. 

"Ce  qu'il  veit  souvent.  .  ." 

Ce  souvent  est  plusieurs  fois  admirable. 

J'aurais  cru  que  c'était  toujours  des  commandes  que  voulait 
ce  premier  venu  ;  et  même,  naïf  que  j'étais,  que  c'était  aussi  cela 
que  désirait  l'annonceur.  Et  en  effet,  ce  que  ce  dernier  a  voulu 
dire,  par  quoi  il  prouve  sa  supériorité,  c'est  :  «  des  commandes 
que  souvent  il   exécute  ».     Là,  l'adverbe  est  logique. 

D'un  mot  mis  à  sa  place.  .  . 

Souvent  deux  fois  dans  trois  lignes. 

—  Pascal  a  dit  :  «  quand  dans  un  discours  se  trouvent  det  mots 
répétés.  .  .  il  faut  les  laisser,  c'en  est  la  marque  ». 

Hélas  !  mais,  ici,  j'ai  le  choix  :  fréquemment,  ordinairement, 
la  plupart  du  temps.  .  .  Quel  dommage,  en  outre,  que  cette  riche 
incidente  vienne  briser  l'harmonie  de  la  période  !  Car  le  lorsque, 
si  traîtreusement  abandonné  aux  caprices  de  la  ponctuation,  est  bien 
le  pendant,  le  conséquent  du  pourquoi  initial. 

Poursuivre  serait  facile. 

Terminons  par  une  remarque  générale  :  chacun  voit  que 
toutes  ces  fautes  contre  la  langue  sont  d'abord  des  fautes  contre 
la  logique  de  la  pensée.  Apprenons  donc  à  tirer  au  clair  notre  pensée, 
et  nous  parlerons  français  purement. 

Le  Sarcleur. 


LEXIQUE 

CANADIEN-FRANÇAIS 

{Suite) 
Mâfler  (se)  {se  mâ:flé)  V.  réfl. 

Il   Se  gourmer,  prendre  des  manières  raides,  s'irriter. 
Fr.-can.     Syn.  :  Se  mater,  se  monter. 

Mafflu  {maflu)  adj. 

Il   Mafflé,  qui  a  des  joues  rebondies. 

Melleton  {mèlto)  s.  m. 

Il  Molleton. 

Menuté  {mnutê)  s.  f. 

1°  Il  Chose  menue,  minutie. 

DiAL.  Cf.  Mnussrie  :  menu  linge,  Normandie,  Revue  P.  P. 
I,  183. 

2°  Il  Syn.  d'agrains. 

Mietton  {myeto)  s.  m. 

Il  Pain  émietté  dans  du  lait.  Ex.  :  Manger  un  bon  mietton 
sucré. 

DiAL.  Mietton  :  bouillon  ou  lait  mélangé  d'un  peu  de  pain  qui 
reste  au  fond  de  la  soupière  ou  du  plat,  Anjou,  Verrier. 

Minabe  {minàb)  adj. 

1°   Il   Qui  a  assez  bonne  mine. 

Fr.  pop.  Minable  =  qui  indique  la  misère.     Aussi  can.-fr. 

2°  Il  Propre  à  être  miné.     Voir  ce  mot. 

278 


LEXIQUE   CANADIEN-FRANÇAIS  279 

Mince -pie  {mins  pày)  s.  m.  Ang. 
Il  Pâté  de  hachis. 
Mine  {min)  s.  f.  et  m. 

1°  Il  Minet,  minette.  Ex.  :  Un  beau  petit  mine  =  un  beau 
petit  chat. — Mine  !  mine  !  mine  !  =  interjection  par  laquelle  on 
appelle  les  chats. 

Fr.-can.     Memine  =  m.  s. 

DiAL.     Id.,  en  Picardie,  Haignere. 

2°  Il  Tour  de  cou  en  fourrure. 

3"  Il  Larve  de  papillons.     On  dit  aussi  minou  et  chenille  à  poil. 

4°  Il  Chaton  de  saule,  de  bouleau. 

5°  Il   Boa  en  fourrure. 

Mine  grasse  (min  grâ'.s)  s.  f. 

Il  Mine  de  plomb  (dont  on  se  sert  pour  polir  les  poêles,  les 
fourneaux  en  fonte). 

Fr.-can.  Dans  certaines  régions,  on  distingue  la  mine  grasse 
dont  on  se  sert  pour  nettoyer  les  poêles,  chaque  matin,  et  la  mine 
sèche  qui  sert  à  les  polir,  à  les  rendre  brillants. 

Miner  {miné)  v.  tr. 

Il  Polir  (un  poêle,  un  fourneau  en  fonte  avec  de  la  mine  de 
plomb). 

Miner  [miné)  v.  intr. 

i  /•';■ 

1°  Il  Avoir  bonne  ou  mauvaise  mine.  Ex.  :  Il  mine  bien  = 
il  a  de  la  mine. 

Mingle  {mtgl)  s.  f. 

Il  Calandre. 

Mingler  {mèglé)  v. 

Il  Calandrer,  presser  et  lustrer  les  étoffes  avec  la  calandre. 


280  LE    PARLER  FRANÇAIS 

Minme  (mém)  adj. 

Il   Même. 

DiAL.     Id.,  clans  le  Bas-Maine,  Dottin  ;    dans  le  Bournois, 

R0U88EY.  ••liû 

Minnuit  (mènwi)  s.  f. 

Il   Minuit. 

DiAL.  Id.,  dans  la  Normandie,  Maze,  Orain,  Dubois  ; 
Rev.  des  P.  P.,  I,  100  ;   l'Anjou,  Verrier  ;   le  Bas-Maine,  Dottin. 

Minotage  {minbtà:j)  s.  m. 

Il   Action  de  mînoter,  de  perdre  son  temps  à  des  minuties. 

Minote  (minbt)  s.  m. 

Il   Minot. 

Minoter  {minote)  V.  intr. 

1°  Il  N'en  falloir  pas  beaucoup  pour  faire  un  minot.  Ex.  : 
Les  patates  minotent  c'te'année. 

Fr.-can.     Relevé  à  Lorette,  en  1743,  par  Potier. 

2°  Il  Être  en  grande  quantité.  Ex.  :  Le  blé  minote  c'te'année. 
—  Par  extension  :   un  cheval  qui  minote  —  qui  va  vite. 

3°  Il  Perdre  son  temps  à  des  minuties  sans  rien  faire.  Ex.  : 
Il  passe  son  temps  à  minoter. 

4°  Il  Ça  minote  bien  =  c'a  bonne  mine,  ça  va  bien. 

Minoteux, -euse  {minhté,-â:z)  adj. 

Il   Minutieux. 

Minou  (minu)  s.  m. 

1°  Il  Chat,  minet. 
DiAL.     Id.,  dans  l'Anjou,  Verrier. 

2°  Il  Boa  en  plume,  ou  en  fourrure.     Ex.:  Un  Treinow  de  vison, 
un  minou  en  plume. 
3°  Il  Chenille. 
Fr.-can.     Voir  minoune. 


LEXIQUE     CANADIEN-FRANÇA  281 

Minouchage  {minueà.-j)  s.  m. 

Il  Caresse,  flatterie.     Action  de  minoucher. 

Minouche  {minue)  s.  m.  et  f. 

1°  Il  Minette,  petit  chat,  petite  chatte. 

Fr.-can.     Se  dit  aussi  en  parlent  aux  petits  enfants  ;    terme 
de  tendresse. 

2°  Il  Main  d'enfant. 

Minoucher  {mhmeé)  v.  Ir. 

1°  Il  Flatter  (quelqu'un)  pour  l'amadouer,  faire  des  CAresses 
(à  quelqu'un). 

2°  Il  Prendre  du  temps  à  faire  (un  ouvrage),  exécuter  lente- 
ment. 

3°  Il  Absol.  :    Travailler  lentement. 


Minoucheux,-euse  {minueé,-é:z)  adj. 

1°  Il  Flatteur  ;   caressant. 
2"  Il  Lent  (au  travail). 

Minoucherie  (minueri)  s.  f. 

Il   Minauderie. 

Minoune  (minuri)  s.  f. 

Il  Chatte. 

Minson  (mèzô)  s.  f. 

Il  Maison. 

DiAL.     Id.,  Bas-Maine,  Dottin. 

Mioche  {myhe)  s.  f. 

1°  Il  Petit  pain,  petite  miche  de  pain. 

2°  Il  Petit  pain  de  sucre,  cornet  de  sucre. 


.<*  s  r;  (JM 


iM 


282  LE     PARLER    FRANÇAIS 

Miochée  {myheé)  s.  f. 

Il   Pain  émietté  dans  du  lait. 

Miouter  (myuté)  v.  tr. 

Il  Faire  (dans  des  phrases  comme  la  suivante).     Ex.  :  Qu'est-ce 
qu'il  mioute,  qu'il  n'arrive  pas  ? 

Miquelon  (miklô)  s.  m. 

1°  Il   Whiskey  introduit  dans  le  pays  en  contrebande  (venant 
des  Iles  Miquelon,  et,  par  int.,  d'ailleurs). 

2°  Il   Whiskey  provenant  de  la  distillation  illicite. 

Miraque  {mird:k)  s.  m. 

Il  Miracle. 

DiAL.     Id.,    Bas-Maine,    Dottin  ;     Picardie,    Haigneré. 

Mirage  {mirà:j)  s.  m. 

1°   Il   Miroitement. 

2°  Il  Réflection  d'un  objet  dans  l'eau.     Ex.  :   Bébé  s'amuse  à 
regarder  son  mirage  dans  l'eau. 

3°  Il   Mine,  apparence.     Ex.  :   Elle  a  un  beau  mirage,  à  matin. 

Mire  {mi:r)  s.  t. 

Il  Guidon,  hausse. 

Mirer  {miré)  v.  intr. 

Il   Miroiter. 

DiAL.     Mirer  :    briller,   Picardie,   Corblet.  <■' 

Miret  (mire)  s.  m. 

Il   Milleret. 

Miroué  (mirwé)  s.  m. 

Il   Miroir. 


LEXIQUE     CANADIEN-FRANÇAIS  283 

DiAL.  Id.,  Haut-Maine,  Montesson  ;  Anjou,  Vehrier  ; 
Saintongc,   Éveillé. 

Mirouër  {mirwè.r)  s.  m. 

Il   Miroir. 

DiAL.     Id.,  Bas-Maine,  Dottin. 

Miroi  (mirwà)  s.  m. 

1 1   Miroir. 

Misdeal  {mis4il,  megzil,  migzil)  s.  f.  Angl. 

1°  Il  Maldonne.     Ex.  :   J'ai  pas  assez  de  cartes,  il  y  a  misdeal. 

2°  Il  Erreur  dans  un  marché.  Ex.  :  Il  a  payé  dix  piastres 
de  misdeal. 

Mise  {mi:z)  s.  t. 

1°  Il  Mèche,  bout  de  ficelle  détordue  attaché  à  l'extrémité 
d'un  fouet. 

DiAL.  Mise:  m.  s.,  Bresse,  Guillemaut  ;  Mince  :  m.  s., 
Normandie,  Dubois. 

2°  Il  Lanière  ou  cordelette  filée,  souvent  tressée,  fixée  au  bout 
d'un  manche  de  fouet.  Ex.  :  Mon  fouet  a  perdu  sa  mise,  il  ne  reste 
plus  que  le  manche. 

3°  Il  Exagération.  Ex.  :  Il  dit  que  son  cheval  est  bon,  mais 
il  y  a  un  peu  de  mise  là-dedans. 

Miser  (mizé)  v.  tr. 

Il  Toucher  (un  cheval)  du  fouet.  Ex.  :  C'est  un  bon  cheval, 
mais  il  faut  le  miser  un  peu  de  temps  en  temps.  —  Au  figuré  (en 
parlant  des  personnes)  :  Si  tu  ne  mises  pas  plus  que  cela,  t'arri- 
veras  jamais. 

Misérable  {mizérah)  s.  m. 

Il   Petit  verre  d'eau-de-vie. 

Dial.  Misérable  :  petite  mesure  d'eau-de-vie,  la  32ième  partie 
d'un  litre,  Normandie,  Dubois,  Moisy. 


284  LE    PARLEK    FRANÇAIS 

Fh.-can.  «Un  misérable...  un  demi  misérable  :  coup  d'eau 
de  vie  »,  Potier,  de  Québec  à  Détroit,  1743.  —  On  le  trouve  dans  des 
contrats,  vers  1775,  à  Québec. 

Misère  (mize:r)  s.  f. 

1°  Il  Difficulté.  Ex.  :  Il  a  de  la  misère  à  marcher  =  il  a  de 
la  peine  à  marcher,  il  marche  difficilement.  —  J'ai  eu  bien  de  la 
misère  à  lui  faire  comprendre  cela.  ■ —  Avoir  de  la  misère  à  vivre.  — 
Un  chemin  de  misère.  —  Un  voyage  de  misère. 

2°  Il  Manger  de  la  misère —  être  dans  le  malheur,  subir  des 
épreuves  ;  avoir  du  mal  à  faire  quelque  chose  ;  rencontrer  des 
difficultés.  '  • 

3°  Il  Pour  appeler  les  jeunes  agneaux  :   Misère!   Misère  1 

Misser  (misé)  v.  intr. 

Il   Rater  (se  dit  d'une  mine  qui  n'éclate  pas  ;    manquer  un  coup 
à  la  chasse,  au  billard,  au  jeu). 
Etym.     Ang.  :    To  miss. 

Misser  (misé)  v.  tr.  (Ang.  :   To  mix) 

Il  Mélanger.     Ex.  :  Veux-tu  misser  ton  tabac  avec  le  mien. 

Misser  (se)  {se  misé)  v.  réfl.  (Ang.  :  miss.) 

Il  Faire  la  demoiselle. 

Mistèke  (mistèk)  s.  t.     Ang.  :    mistake. 

1°   Il   Erreur. 

2°  Il  Y  a  pas  de  mistake,  il  faut  que.  .  .  =  Pas  d'hésitation» 
pas  de  discussion,  inutile  de  résister.  .  .,  c'est  bien  entendu.  .  . 

Mitagne  (mita'Q,)  s.  m. 

Il   Miton  (voir  ce  mot). 

Mitaine  (mitèn)  s.  f. 

1°  Il  Office  du  culte  protestant.  Ex.  :  Il  y  a  de  la  mitaine 
aujourd'hui.  —  Ils  ont  leur  mitaine  chez  X. 


LEXIQUE      CANADIEN-FRANÇAIS  285 

2°  Il    Église   protestante. 

Etym.     Francisation  de  l'ang.  meeting  :   assemblée. 

Mitan  (viità)  s.  m. 

Il  Milieu,  centre.  Ex.  :  Mets-toi  dans  le  mitan  =  prends  la 
place  du  milieu.  —  Au  beau  mitan  de  la  place  =  au  milieu,  au  centre 
de  la  chambre.  —  Être  dans  le  mitan  =  n'être  ni  pour  ni  contre. 

Vx.-FR.  Se  retrouve  chez  les  écrivains  du  XVI'  siècle  :  «  M. 
de  Nemours  le  pria  de  se  mettre  au  mitan  de  ses  Suisses  »,  Brantô- 
me, Vie  de  M.  de  Nemours. —  Cotgrave,  Lacombe,  Du  Canoë. 

DiAL.  Id.,  Normandie,  Bull,  des  P.  N.  68,  Rev.  P.  P.  I,  44  et 
183,  Delboulle,  Robin,  Maze,  Dubois,  Moisy  ;  Picardie,  Cor- 
blet  ;  Maine,  Montesson,  Dottin  ;  Bresse,  Guillemaut  ; 
Poitou,  Favre  ;  Anjou,  Verrier  ;  Ille-et- Vilaine,  Orain  ;  Fr.- 
Comté. 

Mitasse  (mità.s,  mitas)  s.  f. 

1°   il   Guêtre  de  drap,  de  cuir,  de  peau  de  chevreuil. 
2°  Il  Chaussure   de  laine,   de   feutre,   d'étoffe   (pour,  les   grands 
froids).  ' 

Fr.-can.   «  Mitasses  de   poule,    de   dinde,   etc.  =  le   bas   de  la 
cuisse  »,  Potier,  Lorette,  1743. 
3°   Il   Grosses  mitaines. 

Miton  (mitô)  s.  m. 

1°  Il   Chaussure  d'étoffe,  de  laine,  etc.  (pour  le  froid). 

Fr.-can.  «  Il  se  mouvait  les  mitons,  il  s'envoyait  les  mitons  » 
=  se  hâtait. 

2°  Il  Syn.  de  mietton —  mélange  de  pain,  de  framboise  et  de 
sucre  détrempés  dans  du  lait. 

3°  Il   Grosses  mitaines. 

Mitoufler  (se)  (se  mitnflé)  v.  réfl. 

Il  S'envelopper  la  tête  et  le  cou,  s'emmitoufler. 

Mitte  (mit)  s.  f.  -frt/'-^, 

1°  Il  Espèce  de  chaussure  légère. 

2°  Il  Gros  gant  protecteur  (ang.  :    Mitt). 

3°  il  Mitaine.,;;,^ ni 


286  LE    PARLER    FRANÇAIS 

Mitoyen  (mitweyè)  adj. 

Il  De  qualité  moyenne. 

M'man  (mma)  s.  f. 

Il   Maman. 

DiAL.     Id.,  Anjou,  Verrier  ;    Contre,  Jaubert. 

Fr.-can.     De  même  :    m'mé  =  mémère,  grand'mère. 

Moder  (mbde)  v.  intr. 

1°  Il  Faire  des  articles  de  mode. 

2°  Il  Suivre  la  mode. 

Dial.     Id.,  Anjou,  Verrier. 

Modeuse  {mhdé:z)  s.  f. 

1°   Il   Modiste,  couturière. 

Dial.     Id.,  Normandie,  Dubois. 

2°  Il  Personne  qui  suit  la  mode. 

Modisse  {modis)  s.  f. 

1 1   Modiste. 

Dial.     Id.,  Anjou,  Verrier. 

Moé  {mwé)  pron.  pers. 

Il   Moi.     Ex.  :    Donne-moé-le. 

Moégnon  {mwéTj,ô)  s.  m. 

Il  Moignon. 

Moéyen  (mwéyè)  s.  m. 

Il    Moyen. 

Dial.     Id.,    Bas-Maine,    Dottin. 

Fr.-can.     «  Il  n'y  a  pas  de  moéyen,  il  faut  que  ça  fasse  »  = 
il  n'y  a  pas  à  dire.... 

(A  nuiire) 

Le  Comité  du  Glossaire. 


3TfOSia 

REVUES  ET  JOURNAUX 


Nous  tenons  à  signaler  à  nos  lecteurs  l'apparition,  à  Ednionton, 
du  Canadien  français,  organe  de  la  Société  Saint-Jean-Baptiste 
d'Edmonton  et  de  tous  les  Canadiens  de  langue  française  de  l'Al- 
berta.  Petite  revue  vivante,  destinée  à  livrer  là-bas  de  bons  com- 
bats et  à  remporter  de  belles  victoires.     Succès  et  longue  vie  ! 


Dans  l'Enseignement  chrétien  du  1er  décembre  1915,  article  de 
M.  Guillemant  sur  le  Premier  Congrès  pédagogique  de  l'Enseignement 
secondaire  au  Canada. 


Le  Secours  national  (21,  rue  Cassette,  Paris)  publie  un  article 
de  M.  Firmin  Roz  :  Lettres  canadiennes.  Il  s'agit  de  lettres  qui 
accompagnaient  les  secours  envoyés  en  France  : 

Je  les  ai  feuilleté  avec  émotion,  ces  lettres  où  toutes  les  écritures,  tous  les  figes, 
toutes  les  conditions  sont  rapprochés.  Quelle  unanimité  dans  la  noblesse  !  Cette 
France  Nouvelle,  restée  fidèle  à  la  Vieille  France,  est  digne  de  la  France  militante 
d'aujourd'hui  et  de  la  France  triomphante  de  demain,  digne  de  la  France  éternelle. 
Et  celle-ci  regarde  avec  fierté  la  fille  de  son  sang  et  de  son  âme,  grandie  dans  le 
labeur  et  la  vertu  pour  perpétuer  le  meilleur  de  l'antique  race  sur  le  continent  plein 
de  promesses  où  l'Humanité  se  renouvelle  et  voit  s'ouvrir  devant  son  effort  des 
perspectives  infinies. 


287 


ABRÉGEONS 


DISONS  PLUTÔT  QUE 

Témoin  oculaire,  auriculaire Témoin  qui  a  vu  la  chose  de  ses 

propres  yeux,  qui  a  entendu  la 

chose  de  ses  propres  oreilles. 

Un  imberbe Un  jeune  homme  sans  barbe. 

Un  athée Un  homme  qui  ne  croit  pas  en 

Dieu. 

Une  lettre  anonyme Une  lettre  pas  signée. 

Etre  impassible Ne  ressentir  aucune  émotion. 

Etre  aphone N'être  pas  capable  de  parler. 

Bicyclette  acatène Bicycle  sans  chaîne. 

Un  aviculteur Un  éleveur  de  volailles. 

Marchandise  en  franchise Marchandise  qui  ne  paye  pas  de 

droits. 

Un  pisciculteur Un  éleveur  de  poissons. 

Un  apiculteur Un  éleveur  d'abeilles. 

Un  vétérinaire Un  soigneux  d'animaux. 

Un  aliéniste Un  docteur  pour  les  fous. 

Un  auriste Un  docteur  pour  les  oreilles. 

Un  oculiste Un  docteur  pour  les  yeux. 

Une  panacée Un    remède   qui    guérit    de    tous 

maux. 

Un  abstersif Un  remède  qui  nettoie  une  plaie. 

Un  émollient Un   remède  qui   amollit,   relâche 

détend  la  peau,  les  tissus.   .    > 

Un  sudorifique Un  remède  qui  fait  suer. 

Un  fébrifuge Un  remède  qui  apaise  la  fièvre. 

Un  vermifuge Un  remède  qui  chasse  les  vers. 

Un  vomitif Un  remède  qui  fait  restituer. 

Un  soporifique Un  remède  qui  fait  dormir. 

Un  mot  polysyllabique Un  mot  qui  a  plusieurs  syllabes. 

Un  philanthrope Quelqu'un    qui    fait    du    bien    à 

l'humanité. 

Un  bibliophile Un  amateur  de  livres. 

Un  bibliomane Un  toqué  sur  les  livres. 

Un  philhellène Quelqu'un  qui  prend  la  part  des 

Grecs. 

Son  prénom Son  premier  nom  {first  name). 

Un  pseudonyme Un  nom  de  plume. 

Etienne  Blanchard,  P.  S.  S. 

288 


Vol.  XV,  N»  7  -  Maks.  1916. 


POUR  NOS    BLESSES"  DE  L'ONTARIO 


(Poème  lu  par  l'auteur  à  la  séance  publique  de  la  Société  du 
Parler  français  au  Canada,  le  2  février  1916.) 

...  7/  est  temps  que  nous  sachions  si  la  Confédération  fut 
un  pacte  d'honneur  ou  un  piège  d'infamie. 

(Parole!  de  l'hon.  M.  Philippe  Landry,  président  dn  Sinat  et  Pri- 
•ideot  de  I'àh.  Csd.  h.  d'Educttioa  d'Ontario. 


LE  FRANCOPHOBE  ET  L'AME  FRANÇAISE 

Lui,  confondant  l'honneur  avec  la  couardise. 
Voulait  mettre  au  rancart  nos  libertés  acquises. 
Et  nous  toisait  d'un  œil  dominateur  et  froid. 
Fourbe,  et  maniant  mieux  le  poignard  que  l'épée. 
D'une  fière  devise — au  français  usurpée! — 
Il  avait  composé  ceci:  "Ni  Dieu  ni  Droit"  ! 

Il  tenait  un  langage  arrogant  et  barbare; 
S'il  avait  des  vassaux,  ses  amis  étaient  rares  ! 
Habile  à  commander,  non  à  se  faire  aimer. 
Il  prétendait  surtout — ambition  frivole — 
Soumettre  à  son  caprice  et  l'Église  et  l'École, 
Et — prudent  1 — fit  défense  à  Dieu  de  réclamer .  .  . 

ELLE,  le  front  brillant  des  gloires  de  sa  race. 
Avait  partout  laissé  la  lumineuse  trace 
De  sa  valeur,  de  ses  vertus,  de  sa  beauté .  .  . 
Et  lorsque  nous,  ses  fils,  ici  restés  fidèles. 
Nous  la  voyons  pleurer,  affable  et  maternelle. 
Son  deuil  nous  semble  encor  grandir  sa  majesté  ! 

Aux  ordres  quelle  donne,  en  son  parler  suave. 
Accourent  des  amis  et  non  pas  des  esclaves; 
Son  cœur  plus  que  son  bras  assure  son  pouvoir. 
Et  si  Fâme  française  est  noble  et  glorieuse 
C'est  qu'elle  a  su  toujours — ô  vertu  généreuse! — 
Sacrifier  ses  droits  plutôt  que  ses  devoirs! .  .  . 

289 


290  LE    PARLER     FRANÇAIS 

Un  pays  peut  changer  de  nom  ou  d'allégeance, 
Mais  de  mère,  jamais.  .  .si  sa  mère  est  la  France I 
Au  Canadien  loyal  on  peut  dire,  en  anglais: 
(i^Pour  nous  défendre,  va  sur  le  champ  de  bataille  Iï> 
.  .  .  Il  mourra  bravement  sous  l'affreuse  mitraille. 
Mais  son  sang  répandu  sera  du  sang  français  I 

Et  s'il  faut  à  ses  fils,  de  la  taxe  de  guerre 

Lire  le  texte  bref  en  langue  d' Angleterre, 

Ils  donneront  gaîment  du  fruit  de  leurs  labeurs, 

Sans  plus  se  soucier  de  cette  ignominie .  .  . 

Mais  leur  travail  ardu,  leur  force,  leur  génie. 

Resteront  malgré  tout  français  comme  leurs  cœurs  J .  .  . 

II 

A  NOS  PERSECUTEURS 

Or,  voici  que  l'on  veut,  pris  d'une  folle  rage. 
Proscrire  à  leurs  foyers  jusqu'à  leur  cher  langage. 

Gardien  de  leur  foi! 
Halte-là  !    Pour  défendre  et  garder  l'une  et  l'autre. 
En  chacun  d'eux,  messieurs,  vibre  une  âme  d'apôtre. 

Au-dessus  de  vos  lois! 

Pour  ces  héros,   mourir  n'est  rien,   mais  l'honneur  compte; 
Ils  ne  sont  pas  de  ceux  que  la  menace  dompte. 

Et  que  courbe  l'affront! 
Respectueux   des   droits,    et   soumis   sans   bassesse. 
Contre  la  tyrannie   âprement   ils  se   dressent. 

Puissants,  l'éclair  au  front! 

Qu'importe   que    leur   langue    ou    leur  foi   vous   déplaise, 
Jamais   vous   n'atteindrez,    certes.    Vaine  française 

De   ces   preux    Canadiens  1 
C'est  par  elle  que  bat  le  cœur  de  la  patrie. 
C'est  elle  encor  qui  brisera,   même   meurtrie. 

Vos    ignobles    liens  ! 

Voyez-la,    courageuse,    et   sans   dol   et   sans   crainte, 
Toujours  à  la  hauteur  de  sa  devise  sainte  : 

Langue  et   Religion  ! 
Quelle    autre    ici    pourrait    tenir    l'immense    rôle 
Dont   Dieu    même   confie   aux   vaillants  fils   de    Gaule 

La   haute   mission  ? .  .  . 

En  maudissant  cette  œuvre  et  française  et  divine. 
Croyez-vous,    ô    Saxons    des    provinces    voisines. 

Arrêter  leur  élan  ! 
Hélas!   vous   y   perdez,    messieurs,    votre   prestige! .  .  . 
Pour  eux,  ils  sortiront  de  ce  sombre  litige. 

Fiers   et    plus   vigilants. . . 


POUR   NOS    "blessés"    DE    L*ONTARIO  291 

Malgré   votre   dépit — fruit   de   ros   injustices!  — 
Voyez    monter   vers   votts   la    vague    accusatrice, 

A    l'horizon    plus    noir! 
L'ame  française  est  là:   redoutez  sa   colère! 
Elle  ne  saura  pas,   soyez-en   siirs,  forfaire 

A  l'Iionneur,  au  devoir! 


III 


A  NOS  BLESSÉS 


Frères,    c'est    votre    honneur,    et    c'est    votre    espérance. 
Que  de  garder  chez  vous  le  doux   parler  de   France! 
Ce    verbe   incomparable,    aux   sons    harmonieux. 
Le    Christ    l'a    voulu    mettre    aux   lèvres   des    apôtres 
Qui,   dans   l'Ontario,    précédèrent ...    les   autres .  .  . 
Comme   d'ailleurs   sous   tous   les  _  deux  ! 

C'est  encore  un  devoir!  Ces  syllabes  gentilles. 
Sont   l'héritage   saint   des   aïeux   à   vos  filles. 
Comme    vos    lois,    vos    mœurs,    vos    institutions! 
Et   comme  il   redit  bien   vos   antiques  légendes. 
Ce    verbe    universel,    le  seul    que    l'on    entende 
Aux   assises   des   nations  ! 

Pour   ne   pas   oublier   cette   voix   qui  vous   chante. 
Grandiose    épopée    ou    ballade    touchante. 
Vos  martyrs,  la  patrie,  et  la  religion. 
Ah  !  "blessés,  "  levez-vous  !    Pour    que    cet    héritage. 
De  berceaux  en  berceaux  grandisse  et  se  propage. 
Frères,  faites-vous    légion! 

Debout,   nouveaux   Croisés!   Dieu   vous   veut   à  la  lutte! 
Comptez  sur  nous!  Aimez  ceux  qui  vous  persécutent. 
Mais  contre  eux  défendez,  forts  et  hardis,   vos  droits! 
Résistez,    l'âme    en    paix  —  car    le    Ciel    vous    protège  — 
A    ces   trucs   d'infamie,    à   ces   vœux   sacrilèges 
Qu'on    appelle,    ô    honte,    des    lois! 

Comment!  lorqu'on  veut  faire  —  oh!  la  haine  est  tenace !- 
De    votre    Ontario    ce    qu'on   fit    de    l'Alsace, 
Vous    subiriez    l'horreur    de    cette    indignité! 
Vous    verriez,    sans   frémir,    cet    odieux    manège 
Qui  tente  de  changer,  dans  l'ombre,  en   tin  vil  piège, 
La    charte    de    vos    libertés  ? .  .  . 


292  LE     PARLER    FRANÇAIS 

Comment    resteriez-vous    loyaux    à    l'Angleterre, 
Si  vous  ne  l'étiez  pas  au  perler  de  vos  mères  ? .  .  . 
Revendiquer    vos    droits,    c'est    encor    la    servir! 
Et  n'est-ce  pas  l'aider  que  lui  dire  :   Sois  juste  I 
Veille!    les    traîtres    sont,    ô    conquérante    auguste. 
Ceux    qui   veulent    nous    asservir  ? . . . 

Courage  !  Pour  sauver  notre  langue  si  chère, 
—  L'héroïsme  renaît  des   Mance  et  des   Verchères  1  — 
Vos  femmes   ont   clamé,    sans   peur,    au   dieu-Etat: 
"Hors    d'ici    tes    suppôts,    tes    lois    spoliatrices! 
"  Et    vous,    continuez,    nobles    institutrices. 
Votre  fécond  apostolat! .  .  .  " 

"  Blessés    "  d'Ontario,    si    vos    cœurs    agonisent. 
Comptez   sur    Dieu    toujours,    sur   elles,    sur    l'Eglise, 
Et   vous   serez   bénis    pour   ces   grandes   douleurs  ! 
Tels   vos    pères,   jadis,    à   leur    devoir  fidèles. 
Vous    cueillerez,     demain,    ces    palmes    immortelles 
Qui    ne    germent    que    dans    les    pleurs! 

Des   foyers    pleins,    voyez    déborder    dans    l'école. 
Par   essaims,    vos   enfants    qu'un    sourire    console. 
Et    qui    savent    déjà    bouter    dehors    l'intrus  ! .  .  . 
Et    vos    adolescents    se    tailler    des    domaines 
Sur   ce   sol   bien-aimé,    riche,    aux   immences   plaines. 
Que  leurs  aïeux  ont  parcouru  ! .  : . 

Non!   Non!   on   n'éteint   pas   ainsi  la  forte   race 
Qui  fit   ce   Nouveau    Monde,   et   qui   surgit,   vivace. 
Lorsqu'on    pense  fermer    sur    elle    le    tombeau.  .  . 
Son  cœur  est  aguerri  contre  toute  souffrance. 
Car  elle  peut  compter  —  elle  en  a  l'assurance  — - 
Sur  la  revanche  des  berceaux! 

Arthur  Laçasse,  ptre. 


u  SOCIÉTÉ  DU  parli:r  français 


(Allocution  prononcée  par  M.  le  docteur  Dagneau,  président  de  la 
Société,  à  la  séance  publique  du  2  février.) 

Messeigneurs,  Mesdames,  Messieurs. 

Je  crois  me  faire  l'écho  très  fidèle  des  sentiments  de  la  Société 
du  Parler  français  au  Canada  en  vous  souhaitant,  ce  soir,  la  plus 
cordiale  bienvenue  à  notre  séance  solennelle.  Votre  présence 
ici  est  à  la  fois  pour  nous  un  honneur,  une  louange,  un  encourage- 
ment. Nous  apprécions  comme  il  convient  l'estime  que  nous  mani- 
feste le  public  cjuébécois  et  nous  sommes  heureux  de  retrouver, 
chaque  année,  dans  cette  salle,  à  la  même  occasion,    tous  nos  amis. 

Notre  Société  jouit  actuellement  d'une  période  de  calme  heu- 
reux, et  vous  n'entendrez,  ce  soir,  ni  le  rapport  de  nos  travaux,  ni 
l'histoire  plus  ou  moins  mouvementée  de  nos  finances.  Un  gouver- 
nement paternel,  sous  l'influence  bienfaisante  d'un  Premier  mi- 
nistre très  sympathique  à  notre  œuvre,  nous  a  assuré,  momentané- 
ment du  moins,  des  moyens  d'existence  modérés  mais  suffisants 
pour  les  besoins  de  l'heure.  Aussi  notre  reconnaissance  lui  est-elle 
toute  acquise,  jusqu'au  jour  où  nous  irons  encore  tendre  la  main. 
Je  me  hâte  d'ajouter  que  ce  moment  viendra  le  plus  tôt  possible, 
car  ce  sera  celui  de  la  publication  du  résultat  d'ensemble  de  nos 
études,  sous  la  forme  d'un  glossaire  du  langage  canadien-français. 

Sans  commettre  d'indiscrétion,  je  puis  dire  que  notre  Comité 
d'étude  est  en  train  de  faire  la  révision  finale  et  de  préparer  la  ma- 
tière pour  l'imprimerie. 

Nous  n'en  sommes  qu'à  la  lettre  A.,  et  pas  très  avancés  encore, 
mais  l'année  1916  devrait  nous  réserver  cette  ultime  satisfaction  de 
voir  paraître  la  première  livraison  tout  au  moins  de  notre  Glossaire. 

Certains  esprits  inquiets  s'étonneront  alors,  comme  ils  le 
faisaient  hier,  de  la  forme  que  revêt  notre  activité.  Plus  habiles 
à'critiquer  qu'à  édifier,  ou  désireux  de  mépriser  ce  qu'ils  ne  peuvent 
faire  eux-mêmes,  ils  prétendent  attribuer  à  notre  Société  un  but 
qu'ils  appellent  plus  pratique,  et  la  détourner  de  l'étude  scienti- 
fique de  notre  parler  populaire,  qu'elle  s'est  toujours  proposée  com- 
me la  première  de  ses  raisons  d'être. 

Et  sous  prétexte  que  certaines  formes  vicieuses,  certaines 
paresses  de  prononciation,  certains  anglicismes  ne  sont  pas  encore 
disparus,  ils  voudraient  faire  des  membres  de  notre  Société  des 
maîtres  d'école,  qui  éparpilleraient  leurs  forces  dans  toutes  les  di- 
rections et  tâcheraient  de  corriger  les  individus,  au  lieu  de  s'unir 
dans  un  effort  commun,  dont  le  résultat,  pour  être  plus  lent  à  appa- 
raître,  n'en  sera  que   plus   efficace,   plus  général,   et    plus  durable. 

La  Société  du  Parler  français  ne  s'émeut  pas  outre  mesure 
de  ces  critiques,  dont  la  forme  comme  le  fond  indique  moins  l'in- 
efficacité de  notre  travail  que  l'ignorance  de  leurs  auteurs.  Car, 
en  cherchant  un  peu,    l'observateur  le  plus  superficiel    aurait  pu 

293 


294  LE    PARLER    FRANÇAIS 

trouver,  en  marge  de  ce  travail  de  lexicographe,  de  puriste,  de 
dilettante,  comme  on  nous  le  reproche,  des  manifestations  nom- 
breuses du  soin  que  nous  apportons  à  encourager  la  correction  du 
langage  chez  les  élèves  des  écoles  surtout. 

Dès  ses  débuts,  très  humbles  et  très  discrets — la  Société  comp- 
tait 20  membres,  en  février  1902,  lors  de  sa  fondation — notre  Société 
a  exercé  son  influence  dans  toutes  les  maisons  d'éducation,  élémen- 
taires ou  supérieures,  pour  obtenir  la  surveillance  du  langage  soigné 
et  l'établissement  de  prix  de  bon  langage.  Bien  plus,  depuis  trois 
ans,  par  l'intermédiaire  du  Comité  permanent  de  la  Langue 
française,  notre  Société  a  fait  distribuer  tout  près  de  trois 
mille  prix,  médailles,  ouvrages  de  littérateurs  canadiens  ou  autres,, 
dans  les  écoles  de  tous  rangs  de  la  provipce  de  Québec  surtout, 
mais  aussi  dans  les  autres  provinces  de  la  Confédération,  et  jusque 
dans  les  écoles  primaires  des  régions  des  États-Unis  d'Amérique 
où  la  population  canadienne-française  est  la  plus  dense.  Elle  a 
récompensé,  autant  quelle  a  pu  le  faire,  le  soin  apporté  à  la  correc- 
tion du  langage  parlé. 

Mais  c'est  là  le  moindre  des  résultats  obtenus  dans  ce  sens. 

L'étude  scientifique  d'une  question  ou  d'un  problème  quel- 
conque, linguistique  ou  autre,  doit  nécessairement  précéder  les 
applications  pratiques  qui  doivent  en  découler,  et  personne  ne  peut 
reprocher  à  un  individu  ou  à  un  groupe  ce  travail  en  apparence 
stérile  ou  inutile,  mais  personne  non  plus  n'a  le  droit  de  refuser  de 
voir  les  conséquences  qui  en  découlent. 

L'effort  qu'il  faut  faire  pour  parler  bien  le  français  dans  notre 
pays  est  considérable,  et  celui  qui  veut  s'appliquer  à  soigner  son 
langage  doit  lutter  en  même  temps  contre  les  tares  ancestrales, 
les  habitudes  invétérées  par  l'usage  familial  et  les  conditions  déplo- 
rables de  l'entourage. 

Et  malgré  tout  ceci  personne  ne  peut  nier  que  le  progrès  ac- 
compli, pendant  les  dix  dernières  années,  dans  la  province  de  Québec, 
sous  le  rapport  de  la  correction  du  langage  de  tous,  ne  soit  consi- 
dérable, et  la  Société  veut  en  réclamer  sa  part. 

Mais  ce  qui  est  plus  important  encore,  c'est  l'ambiance,  c'est 
l'entraînement  des  esprits  vers  les  recherches  et  les  observations 
de  notre  parler  français,  c'est  l'activité  à  défendre  ses  droits,  c'est 
le  goût  de  l'étude  des  mots  de  chez  nous,  c'est  l'application  cons- 
tante des  individus  et  des  groupes  à  corriger  les  fautes  et  à  purifier 
la  langue  que  nous  parlons. 

Et  ce  sont  là  quelques-uns  des  fruits  de  l'activité  des  membres 
de  la  Société  et  de  son  bulletin:  le  Parler  français. 

Et  tout  ceci  existe,  et  nous  n'en  voulons  d'autre  preuve  que  la  pré- 
sence parmi  nous,  ce  soir,  du  représentant  accrédité  d'une  société  née,  à 
Montréal,  de  l'idée  même  qui  a  présidé  à  la  formation  de  la    nôtre. 

La  "Ligue  des  Droits  du  français  ",  sans  être  une  filiale  de  la 
Société  du  Parler  français,  sans  en  dépendre,  allant  à  son  but  par 
des  voies  différentes  des  nôtres,  a  toujours  reçu  de  nous  toute  l'aide 
morale  et  matérielle  que  notre  pauvreté  nous  permettait  de  mettre 
à  sa  disposition,  et  bien  souvent  les  listes  de  fautes  à  corriger  qu'elle 
faisait  distribuer  à  profusion  sortaient  des  presses  de  notre  journal. 


LA    SOCIÉTÉ    DU     PARLER    FRANÇAIS  295 

Et  je  suis  certain  que  vous  entendrez  avec  plaisir,  son  très 
dévoué  et  très  actif  secrétaire  nous  parler  des  moyens  d'action 
de  la  Ligue,  et  des  résultats  obtenus. 

Le  docteur  Gauvreau  n'a  pas  besoin  d'être  présenté  à  un  audi- 
toire c|uébécois .  Homme  d'action  et  d'œuvres,  il  a  voulu  occuper 
ses  loisirs  j\  des  choses  utiles;  nous  n'en  connaîtrons  qu'une,  ce  soir. 
Mais  puisse  son  exemple  d'activité  servir  de  leçon,  et  nous  aider 
à  secouer  notre  paresse  nationale. 

Monsieur  l'abbé  Lacas.se  va  nous  lire  des  vers.  Monsieur  le 
curé  de  Saint-Tite-des-Caps  a  trouvé  dans  les  vallons  de  sa  parois.se 
des  scènes  bien  canadiennes,  et  sa  muse,  se  laissant  bercer  au  bruit 
du  vent  dans  les  sapins  laurentiens,  lui  a  tout  doucement  soufflé 
des  rimes.  Les  grands  horizons  du  Saint-Laurent  lui  ont  révélé 
leurs  secrets  canadiens,  et  les  flots  et  les  astres  chantaient  en  fran- 
çais, et  c'est  en  vers  français  que  monsieur  l'abbé  va  nous  raconter 
les  impressions  qu'il  en  a  reçues. 

Et  très  discrètement  je  veux  vous  faire  une  indi.scrétion  : 
nous  aurons  bientôt  l'occasion,  paraît-il,  de  voir  réunies  en  un  volume 
toutes  les  poésies  de  celui  que  vous  entendrez  tout  à  l'heure. 

Monsieur  l'abbé  Simard,  professeur  de  Physique  à  l'Université 
Laval,  n'en  est  pas  à  ses  débuts  parmi  vous  :  ses  conférences  sur 
l'électricité  et  l'astronomie  ont  attiré  dans  cette  salle,  et  plu- 
sieurs fois,  l'auditoire  nombreux  et  attentif  qui  suit  les  leçons  publi- 
ques de  sciences  précises.  Sous  les  auspices  de  notre  Société,  il 
lisait,  il  y  a  quelques  années  déjà,  un  travail  sur  les  noms  géogra- 
phiques au  Canada.  Il  va  nous  parler  encore  des  noms  que  l'on 
donne  à  tout  ce  qui  se  fait  ou  se  trouve,  et  qui  n'a  pas  encore 
d'appellation  propre.  Peut-être  aurait-il  pu  intituler  son  discours 
"  de  l'influence  des  idiomes  indigènes  sur  les  noms,  au  Canada.  "  — 
Sans  doute  il  a  craint  de  froisser  cette  vieille  tradition  qui  nous 
fait  orner  la  base  de  nos  monuments  de  l'inévitable  Huron. 

Puissent  les  travers  qu'il  signale  disparaître,  un  jour,  emportant 
avec  eux  ce  dernier  souvenir  de  notre  époque  préhistorique,  tout 
sauvage  soit-il. 

La  Société  symphoniquede  Québec,  suivant  sa  louable  habitude, 
u  bien  voulu  nous  donner  son  précieux  concours,  à  titre  gracieux. 
Nous  savons  trop  la  valeur  du  service  qu'elle  nous  rend,  pour  ne 
pas  nous  empres.ser  de  saisir  l'occasion  de  reconnaître  publiquement 
notre  dette  envers  elle,  et  d'assurer  son  président  et  ses  directeurs 
de  notre  très  sincère  reconnaissance. 

L'Université  Laval  nous  reçoit  encore,  cette  année,  ajoutant 
ainsi  à  ses  nombreuses  faveurs  à  notre  endroit.  Je  renonce  abso- 
lument à  dire  aux  Directeurs  de  cette  Institution  tout  ce  que  nous 
leur  devons;  la  tâche  dépasse  mes  moyens. 

Hier  encore,  ils  agrandissaient  notre  local  devenu  trop  étroit, 
et  les  avantages  qu'ils  nous  fournissent  ne  .se  comptent  jjIus.  Si 
jamais  le  succès  vient  couronner  nos  efforts,  nous  en  reporterons 
sur  cette  institution,  bienfaisante  entre  toutes,  une  très  grande  i)art; 
ce  sera  la  meilleure  façon,  croyons-nous,  de  nous  acquitter  envers  elle. 

CALIXÏE  DAGNE.VU. 


LA  LIGUE  DES  DROITS  DU  FRANÇAIS 


Discours  de  M.  le  docteuk  Gauvbeau,  a  la  séance  publique 
DE  la  Société  du  Parler  français  au  Canada, 

LE   2  FEVRIER    1916. 

Messeigneurs, 

Monsieur  le  Président, 

Mesdames,  Messieurs, 

Quand  une  mère  croit  venu  le  temps  de  réclamer  pour  sa  fille  des 
regards  et  des  attentions,  dans  une  soirée  d'amis,  elle  lui  fait  faire 
son  début. 

Pour  combien  les  débuts  sont-ils  un  pronostic  de  bonheur  ? 

Je  laisse  aux  dames  le  soin  de  répondre  à  cette  question,  et  préfère 
m'inspirer  des  manières  embarrassées,  des  sentiments  de  confiance 
et  de  la  réticente  gaieté,  qui  n'excluent  pas  le  faufilement  des  soupirs 
.  .  .  chez  les  débutantes. 

La  Société  du  Parler  français  au  Canada  croit  le  moment  oppor- 
tun de  présenter  au  distingué  public  de  ses  réunions  annuelles,  une 
jeune  personne  déjà  grandelette  et  tout  à  fait  gaillarde,  qu'elle  peut 
considérer  dans  une  certaine  mesure  comme  l'une  de  ses  filles  :  La 
Ligue  des  Droits  du  français. 

Et  c'est  à  mon  bras  que  cette  toute  belle  de  nos  rêves  se  tient,  ce 
soir,  timidement  accrochée. 

Il   faut   que   je   vous   en   parle  ! 

Ne  riez  pas,  je  vous  prie,  de  mon  excès  de  tendresse.  Je  n'ai  ja- 
mais  pu   cacher   à   personne   mon   amour   pour   elle. 

Souffrez  plutôt  que  je  vous  dise,  très  succinctement,  quelle  fut 
son  origine,  quel  est  son  but,  quels  sont  ses  moyens  d'action,  comment 
elle  fonctionne,  quels  résultats  elle  obtient. 

%• 

C'est  durant  l'année  1912.  Pierre  Homier  mène  brillamment  sa 
campagne  de  presse  dans  le  Devoir,  et  cherche  des  compagnons 
dont  le  travail  commun,  l'énergie  et  la  constance  rendent  plus  efficace 
son    grand   effort. 

A  son  appel,  le  11  mars  1913,  chez  un  rond  de  cuir  de  la  rue  St- 
Jacques,  six  hommes,  plutôt  jeunes,  pleins  d'ardeur  et  d'entrain, 
s'intitulent  les  premiers  directeurs  de  la  Ligue  des  Droits  du  français. 

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LA    LIGUE    DES    DROITS    DU    FRANÇAIS  297 

Tous  les  six,  ils  doivent  mettre  la  main  à  la  pâte,  fournir  une  som- 
me de  travail  proportionnelle  à  leurs  aptitudes  et  à  leurs  loisirs,  et  se 
réunir  deux  fois  par  mois  pour  se  concerter. 

L'un  ne  revint  jamais  ;  et  l'autre,  très  attaché  à  une  excellente 
société  secrète,  irlandaise  et  catholique,  finit  par  se  sentir  mal  à  l'aise 
dans  l'unique  atmosphère  française  dont  nous  vivons,  et,  de  crainte 
d'en    mourir,    ne    reparut    plus. 

A  quatre  se  fit  le  besogne.  Nos  statuts  prirent  un  corps,  et  la 
Ligue,    devant    le    grand    public,    s'aflSrma    crânement. 

Bon  ou  mauvais  augure,  il  y  eut  du  bruit  autour  de  son  berceau. 

De  très  loin  même,  du  fond  de  l'Ontario  obscur  et  soupçonneux, 
la    voix    des    loges    grogna  ! 

L'Orange  Sentinel,  dans  un  premier  JHamilton  à  titres  flamboy- 
ants, trouva,  à  notre  adresse,  ce  mot  très  significatif  :  "  Ils  espèrent 
{les  Ligueurs),  en  fin  de  compte,  prendre  la  prépondérance  politique 
et  détruire  les  institutions  anglo-saxonnes.  " 

Et  Léon  Lorrain,  pince  sans  rire,  de  répondre  :  "  La  Ligue  des 
Droits  du  français  n'est  pas,  à  dire  vrai,  aussi  importante  que  veut 
bien  le  faire  croire  la  Sentinel.    Ces  orangistes  sont  des  flatteurs.  " 

Somme  toute,  ni  les  criailleurs  de  l'Ontario,  ni  les  propriétaires 
des  détectaphones  de  la  métropole,  ni  les  soupçons  de  la  Patrie 
ne  nous  émurent.  Pas  davantage  les  mielleux  avertissements  de  la 
diplomatie  internationale. 

Nous  voulions,  envers  et  contre  tous,  rester  ce  que  nous  somm,es, 
et  nous  sommes  restés  ce  que  nous  étions.. 

•     * 

Perdus  dans  la  foule  qui  passe,  nous  sommes  des  Ligueurs,  tou- 
jours aux  aguets,  prenant  note  des  anglicismes  que,  dans  sa  vie  com- 
merciale et  industrielle,  la  quatrième  ville  française  du  monde  par  sa 
population  ne  cesse  d'étaler  aux  yeux  de  ceux  qui  la  fréquentent, 
prenant  note,  surtout,  des  défaillances  nationales  qui  se  manifestent 
par  le  peu  de  souci  que  l'on  apporte  à  se  servir  de  préférence  de  la 
langue  française,  à  cause  du  préjugé  injustifiable  qu'on  ne  peut  pas 
faire  de  bonnes  affaires  autrement  qu'en  anglais. 

Notre  but,  vous  le  voyez,  est  bien  clair,  et  se  distingue  nettement 
de  celui  d'autres  sociétés  sœurs,  qui  combattent  pour  la  même  cause. 

La  Société  du  Parler  français,  par  exemple,  dont  l'aide  nous  a 
été  si  utile,  travaille  aussi  à  l'épuration  de  notre  langue,  mais  d'une 
façon  plus  scientifique,  sans  s'attacher  spécialement,  comme  nous, 
au  domaine  de  la  vie  courante,  à  ces  mille  choses  qui  paraissent 
des  riens  et  par  où  cependant  se  forme  et  s'accuse  une  mentalité 
nationale. 

D'ailleurs,  notre  manière  de  procéder  s'inspire  du  milieu  où 
nous  vivons.  Si  je  ne  me  trompe,  c'est  par  l'action  individuelle  au 
sein  des  collectivités  que  tranche  sur  celui  des  autres  le  caractère  des 
habitants  de  la  métropole.   Tout  en  donnant  à  chaque  ligueur  le  mé- 


298  LE     PARLER     FRANÇAIS 

rite  et  la  force  de  la  Ligue  dont  il  fait  partie,  à  cause  du  petit  nombre 
de  travailleurs  que  nous  sommes,  il  apparaît  très  clairement  à  chacun  de 
de  nous,  que  la  Ligue  n'atteindra  véritablement  son  but  que  dans  la 
mesure  où  chacun  poursuivra  ardemment  le  sien.  Et  selon  ses  goûts, 
où  si  vous  le  préferez  selon  sa  toquade,  chaque  ligueur  fait  sa  lutte 
persistante,  à  ciel  ouvert,  s'attachant  à  introniser  partout  l'expres- 
sion française,  ne  considérant  aucun  détail  comme  insignifiant,  de  ce 
qui  constitue  la  façade  d'une  ville,  et  reflète  nécessairement  sa  men- 
talité et  son  âme  :  tels  les  enseignes  de  toutes  sortes,  un  menu  d'hôtel, 
les  caractères  typographiques  d'un  imprimeur,  les  inscriptions  de 
boîtes  à  lettres,  même  celle  de  boîte .  .  .  d'ascenseur,  les  papiers  qui 
enveloppent  les  bonbons,  les  calendriers,  les  cartes  d'affaires,  les  noms 
de  compagnies,  les  entêtes  de  comptes,  les  factures,  etc.  Nous  som- 
mes, en  un  mot,  la  phalange  combative,  toujours  sous  les  armes, 
toujours  guerroyante,  soucieuse  d'arriver  au  but  poursuivi,  mais  sans 
violence  ni  sang  répandu. 


Nos  moyens  d'action  sont  assez  nombreux.  Ils  s'enchaînent  les 
uns  les  autres.    Pour  les  bien  comprendre,   prenons  un  cas  concret. 

Un  ligueur  se  promène  sur  la  rue.  Il  voit,  dans  un  milieu  cana- 
dien-français, puisque  nous  sommes  à  Québec,  disons  sur  la  rue  St- 
Joseph,  une  annonce  anglaise.  Il  l'observe,  s'en  indigne. .  .  intérieu- 
rement ;  en  prend  note.  C'est  notre  premier  moyen;  l'observation, 
l'observation  continuelle.  Elle  s'exerce  soit  par  des  ligueurs,  soit  par 
des  amis,  qui  en  transmettent  les  données  au  secrétariat  général,  où 
se  complètent   les   dossiers. 

L'observation  faite,  je  suppose  que  l'on  décide  l'intervention. 
L'on  procède  par  étapes.  Ainsi,  pour  notre  cas  de  la  rue  St-Joseph, 
si  le  ligueur  connaît  l'annonceur,  s'il  est  son  client  surtout,  il  va  le 
voir  lui-même.  S'il  ne  le  connaît  pas,  ou  si  sa  visite  ne  produit  aucun 
résultat,  il  le  fait  voir  par  d'autres,  discrètement,  afin  d'éviter  chez 
l'assiégé  le  soupçon  de  conspiration. 

Ces  premières  démarches  étant  sans  résultat,  la  Ligue  des  Droits 
du  français  entre  en  scène.  Officiellement,  elle  raconte  au  monsieur 
ce  qu'elle  a  constaté,  les  critiques  qu'elle  entend  faire,  et  les  mécon- 
tentements qui  se  chuchotent.  Elle  le  prie,  dans  son  intérêt,  afin 
d'éviter  des  critiques  retentissantes,  de  faire  justice  aux  droits  de 
sa  langue,  ne  serait-ce  que  pour  contribuer  sa  quote-part,  par  l'exem- 
ple et  par  principe,  aux  revendications  nécessaires,  en  ce  pays,  pour 
garder  même  ce  qui  est  à  nous. 

Si  cette  seconde  démarche  demeure  sans  résultat,  nous  faisons 
parvenir  à  l'intéressé  les  critiques  publiques  qui  ont  été  faites  de  cas 
similaires  au  sien  ;  nous  faisons  intervenir  privément,  et  tour  à  tour, 
tous  les  ligueurs,  tous  nos  amis  et  tous  les  amis  de  nos  amis,  sans  omet- 
tre jamais  la  précieuse  intervention  de  celles  qui  comprennent  l'im- 
portance de  notre  travail  et  désirent  y  coopérer.   Je  ne  sais  trop  déjà, 


LA    LIGUE    DES    DROITS    DU    FBANÇAI8  299 

qui  a  dit  :  «  Le  cœur  de  la  femme  est  un  merveilleux  diplomate.  » 
Le  Ligue  des  Droits  du  fraii(,ais  peut  en  rendre  témoignage.  Puis, 
vient,  en  dernier  ressort,  quand  cela  est  nécessaire,  la  critique  publi- 
que dans  les  journaux. 

Mais  votre  homme  de  la  rue  St-Joseph  vous  répond  ;  «  Très 
bien,  mais  je  ne  sais  pas  traduire  cela  en  français»  ;  ou  encore:  «  je 
ne  connais  pas  a.ssez  bien  ma  langue.  » 

Quand  on  en  est  arrivé  à  ce  point  de  la  lutte,  le  succès  est  pres- 
que assuré,  car  nous  possédons  un  organe,  un  rouage  de  notre  organi- 
sation vraiment  précieux  et  qui  rend  de  réels  .services.  C'est  notre 
troisième  moyen  d'action,  notre  bureau  de  publicité,  où  l'on  traduit, 
corrige,  compose  des  annonces,  des  circulaires,  des  blancs  de  comptes, 
des   factures.etc. 

Grâce  à  l'obligeance  de  la  Société  St-Jean-Baptiste  de  Montréal, 
entrée,  vous  le  savez,  dans  la  voie  des  œuvres  sociales  d'une  façon 
très  pratique  et  définitive,  toutes  les  associations  nationales  de  la 
métropole  ont  désormais  un  pied  à  terre,  au  Monument  National.  JJ 

Depuis  un  an,  la  Ligue  bénéficie  de  cette  largesse,  et  à  partir  du  pre-  ^' 

mier  mai  prochain,  elle  aura  ses  meubles  au  second  étage.  Notre  per- 
manence est  déjà  établie  au  rez-de-chaussée.  Notre  secrétariat  y 
fonctionne  30us  l'habile  direction  d'un  journaliste  entendu  et  dé- 
brouillard, qui  reçoit  la  correspondance  et  les  commandes,  distribue 
l'ouvrage  à  ses  confrères  compétents,  nos  collaborateurs,  fait  reviser 
le  travail  des  uns  et  des  autres  par  notre  comité  d'étude,  et  au  besoin, 
comme  garantie  suprême,  obtient,  pour  nos  travaux,  l'imprimatur 
bénévole  de  la  Société  du  Parler  français  au  Canada. 

I/on  nous  demande  de  la  traduction  de  partout,  et  à  l'heure  pré- 
sente, au  sein  même  de  la  ville  de  Toronto,  l'un  de  nos  membres  y 
suit  ses  cours  de  droit  et  gagne  sa  vie  en  traduisant  les  catalogues, 
les'américanismes  et  le«parisian  frenchsdela  ville  lumière, en  bon 
français. 

L'œuvre  de  la  Ligue  est  donc  avant  tout  une  œuvre  pratique. 
Mais  pour  la  mener  à  bien,  pour  en  faire  un  succès,  elle  a  besoin  d'être 
appuyée  sur  une  mentalité  soucieuse  des  intérêts  du  français,  attachée 
àïses  droits. 

Cette  mentalité,  la  Ligue  travaille  activement  à  la  créer,  par  des 
tracts,  par  des  conférences,  par  des  publications.  C'est  son  quatrième 
moyen  d'action. 

Des  ligueurs  parlent  à  la  jeunesse,  rappellent  aux  imprimeurs 
leurs  devoirs,  écrivent  dans  les  journaux,.  La  Ligue  publie  des  tracts, 
des  brochures,  des  almanachs,  des  portraits  des  défenseurs  de  la  lan- 
gue, des  listes  d'expressions. 

Que  l'on  me  permette  de  signaler,  en  passant,  l'excellent  livre 
de  Pierre  Homier,  la  Languefrançaise  au  Canada.  C'est  la  réunion 
deftous  ces  articles  auxquels  je  faisais  allusion  en  commençant. 

Et  notre  Almanach  de  la  Langue  française  ?  Si  vous  ne  l'avez 
pas  encore,  hiitez-vous  de  vous  le  procurer.  C'est  un  petit  pain 
chaud  qui  fera  votre  bonheur  ;  mieux  que  cela,  c'est,  comme  on  l'a 
dit,  un  arsenal    de  nos  droits,    un  catéchisme  de  la  langue  française 


300  LB   PARLES   FRANÇAIS 

au  Canada.  Le  dixième  et  dernier  mille  est  actuellement  en  vente. 
C'est  un  succès  de  librairie,  auquel  les  meilleures  plumes  québécoises 
ne  sont  pas  étrangères.  Et  puisque  l'occasion  s'en  présente,  je  leur 
offre  publiquement  les  remerciements  sincères  de  la  Ligue. 

Je  passe  sous  silence  nos  tracts  et  nos  brochures  ;  je  ne  fais 
qu'indiquer  le  magnifique  portrait  souvenir  que  nous  avons  édité  de 
Sa  Grandeur  Monseigneur  Langevin,  le  grand  patriote  blessé,  l'un 
des  premiers  à  comprendre  notre  oeuvre,  à  l'encourager  de  ses  bonnes 
paroles  et  à  la  sustenter  de  ses  deniers. 

Mais  je  me  permets  d'insister  sur  nos  listes  d'expressions,  distri- 
buées dans  toutes  nos  principales  maisons  d'éducation  de  la  Province, 
expliquées  par  les  professeurs,  très  attentivement  étudiées  par  les 
élèves,  appelées,  croyons-nous,  à  fournir,  plus  que  tout  autre  moyen,  à  la 
la  génération  qui  grandit  les  termes  français,  techniques  surtout, 
dont  l'ignorance  embarrasse  et  entrave  souvent  la  bonne  volonté  de 
la  génération  dont  nous  sommes. 
IB  Tous  les  mois,  des  bureaux  de  la  Ligue  s'envolent     ainsi,  à  tra- 

vers la  Province,  dix  mille  feuillets  semant  dans  les  foyers  d'étude  les 
vocables  si  clairs  et  si  vivants  du  doux  parler  de  France. 

Nous  savions,  depuis  longtemps,  que  l'ignorance  du  mot  français 
était  l'une  des  principales  causes  de  la  multiplication  des  expressions 
anglaises,  non  seulement  dans  le  commerce  et  l'industrie  de  nos  villes, 
mais  même  au  sein  des  campagnes  les  plus  éloignées  des  centres. 

Pour  obvier  à  cette  ignorance,  nous  nous  faisons  maîtres  d'école. 
Avec  l'aide  d'éducateurs  dévoués  et  de  spécialistes  pour  chaque  ma- 
tière, tous  les  mois  nous  dressons  ces  listes,  qui  comptent  trente  à 
cinquante  mots  les  plus  usuels  de  tel  métier,  de  telle  profession,  de 
tel  jeu,  et  nous  les  distribuons  dans  les  maisons  d'éducation  supé- 
rieure, dans  les  écoles  modèles  ou  élémentaires,  dans  les  usines,  chez 
les  marchands,  partout  où  l'on  rencontre  quelqu'un  qui  s'intéresse  à 
notre  œuvre,  en  comprend  le  sens  et  la  portée,  désire  s'associer  à  nos 
luttes  et  en  hâter  le  succès. 

Il  nous  fait  extraordinairement  plaisir  de  rendre  témoignage,ce 
soir,  à  l'empressement  avec  lequel  la  plupart  des  collèges  classiques 
et  des  séminaires  diocésains  ont  voulu  bénéficier  de  ces  listes  mensuel- 
elles  d'expressions. 

Québec,  Lévis,  Ste-Anne  de  la  Pocatière,  Chicoutimi,  Sher- 
brooke, Nicolet,  Valleyfield,  St-Hyacinthe,  Ste-Marie,  L'Assomp- 
tion, Ste-Thérèse  et  Joliette  comptent  au  nombre  de  nos  plus  dis- 
tingués clients.  Et  nous  savons  que  ce  n'est  pas  seulement  à  titre 
de  consolation  que  nous  sont  venus  leurs  encouragements.  Chaque 
année,  les  témoignages  les  plus  intéressés  et  les  plus  flatteurs  ac- 
compagnent la  contribution  dont  ils  nous  gratifient. 

Peu  nombreuses,  il  faut  bien  l'avouer,  sont  les  commissions  sco- 
laires qui  montrent  le  même  souci.  De  ce  côté,  l'on  devine  facile- 
ment pourquoi  notre  initiative  sera  plus  lentement  comprise.  Mais 
ce  n'est  qu'une  affaire  de  temps. 

En  attendant,  que  les  quelques  maîtres  et  les  bonnes  maîtresses 
qui  nous  comprennent  continuent  leur  travail  patriotique  ;     qu'ils 


LA    LIGUE    DES    DROITS    DU    FRANÇAIS  301 

tâchent  surtout  de  nous  faire  des  adeptes  parmi  leurs  confrères  et 
leurs  émules.  Les  plus  beaux  mots  français  ne  sauraient  d'eux-mêmes 
atteindre  l'esprit  ni  pénétrer  la  mémoire  des  enfants. 

En  cela  comme  en  toute  chose,  il  faut  une  méthode,  il  faut 
un  maître,  il  faut  un  guide.  La  méthode  parait  trouvée.  Seuls  les 
maîtres  et  les  guides  font  encore  défaut. 


La  Ligue  est  dirigée  par  six  directeurs,  qui  se  réunissent  tous  les 
quinze  jours,  souvent  chaque  semaine,  et  font  le  gros  de  la  besogne. 

Tous  les  deux  ans,  l'assemblée  générale  des  membres  procède  à 
l'élection  de  deux  directeurs,  les  deux  sortant  de  charge  étant  rééligi- 
bles. 

Il  n'y  a  pas  d'autre  officier  qu'un  secrétaire  et  un  assistant  se- 
crétaire. Ce  dernier,  pratiquement,  est  la  cheville  ouvrière,  l'exécu- 
teur des  décisions  du  groupe  directeur.  Ainsi  pas  d'entraves  inutiles, 
{)as  de  susceptibilité  à  ménager.  Chacun  comprend  qu'il  doit  être  à 
a  peine,  et  cela  suffit. 

Nos  réunions  sont  gaies  et  réconfortantes.  II  y  a  sans  cesse  des 
faits  nouveaux  à  signaler,  des  démarches  vaines  ou  fructueuses,  tou- 
jours intéressantes  à  rapporter,  des  initiatives  à  considérer,  des  réso- 
lutions à  prendre. 

Les  enthousiastes  et  les  Imaginatifs  tirent  les  plans.  Les  esprits 
plus  sérieux  les  critiquent.  Chacun  à  son  gré  les  corrige,  les  émonde, 
les  perfectionne.  La  forme  finale,  c'est  entendu,  obtient  toujours  le 
suffrage  unanime. 

Nos  directeurs  actuels  sont  :  Messieurs  Pierre  Homier,  le  R.  P. 
G.  Charlebois,  Oblat,  Omer  Héroux,  Léon  Lorrain,  Anatole  Vanier, 
Joseph  Gauvreau. 

Journalistes,  religieux,  avocat  et  médecin  :  c'est  plus  qu'il  n'en 
faut  pour  combattre  vaillamment,  et  pour  faire  mourir  légalement  et 
scientifiquement,  avec  toutes  les  cérémonies  voulues,  les  parasites  de 
notre  belle  langue. 

Nous  comptons,  tout  au  plus,  une  centaine  de  membres,  qui  sont 
autant  d'observateurs  fidèles,  disséminés  par  toute  la  province,  et 
qui  ne  manquent  jamais  de  signaler  à  notre  attention  ce  qui  peut  com- 
pléter  un   dossier  ou  en  suggérer  un  nouveau. 

Nous  visons  à  la  qualité  des  membres  plus  qu'à  la  quantité.  Ceux 
qui  veulent  être  des  nôtres  le  veulent  parce  qu'ils  nous  connaissent 
bien,  aiment  notre  guerre  de  guérillas,  et  désirent  y  prendre  part. 
D'où  qu'ils  viennent,  pourvu  qu'ils  aient  nos  principes  et  la  volonté 
d'agir,   nous  les   admettons. 


302  LE     PARLES    FRANÇAIS 

Vouloir  combattre  en  chevalier,  non  en  mercenaire,  parce  qu'une 
cause  est  noble  et  juste,  c'est  être  déjà  ligueur  de  naissance,  ou  par 
goût.  Les  gens  de  cette  trempe,  nous  n'en  aurons  jamais  trop.  Ils 
sont  plus  rares  qu'on  ne  pense.  Il  convient  donc  de  ne  pas  la  laisser 
s'éteindre  dans  le  for  intérieur  de  votre  conscience,  si  l'écho  de  ma 
parole,  ce  soir,  réveille  chez  vous  la  voix  du  ligueur  endormi. 

* 

Nous  pouvons  nous  rendre  le  témoignage  d'avoir  fait  de  la  bonne 
besogne.    Assurément,  une  mentalité  nouvelle  se  forme  à  Montréal. 

Les  annonces  bilingues  se  multiplient  ;  les  belles  annonces  fran- 
çaises ne  sont  plus  des  exceptions  ;  l'on  respecte  davantage  le  désir 
des  clients  d'être  servis  en  français  et,  chose  consolante,  en  quelque 
endroit  qu'on  se  présente,  en  insistant  un  peu,  l'on  trouve  toujours 
qui   nous   réponde   en   français. 

Notre  persistance  à  demander  les  numéros  de  téléphone  en  fran- 
çais a  eu  cet  effet  merveilleux,  au  jour  de  l'an  1915,  de  faire  remplacer 
deux  cents  opératrices  importées  d'Angleterre  ou  d'Irlande  par  deux 
cents    petites   Canadiennes  françaises   parlant    les    deux    langues. 

Notre  campagne  contre  les  calendriers  anglais,  édités  par  nos 
fournisseurs  canadiens-français,  a  eu  un  résultat  magnifique.  Il 
s'agissait  simplement  d'attirer  l'attention  de  ces  messieurs  sur  leur 
acte  pour  les  convaincre.  La  Ligue  les  a  convaincus.  Elle  a  fait 
davantage.  J'en  apporte  comme  garant  de  beau  geste  d'une  maison 
de  gros,  la  maison  Quintal  &  Lynch,  qui  vient  d'acheter  cinq  cents 
exemplaires  de  l'Almanach  de  la  Langue  française,  pour  les  distribuer, 
comme  cadeaux  du  jour  de  l'an,  à  ses  clients.  N'est-ce  pas  là  une 
mentalité   nouvelle  ? 

Non  moins  heureuse  a  été  notre  campagne  contre  Santa  Claus. 
D'origine  allemande  ou  normande,  peu  importe,  puisqu'il  était  deve- 
nu de  fait  un  personnage  étranger  à  nos  aspirations,  nous  avons  cru 
qu'il  fallait  remplacer  ce  fantoche  des  gros  messieurs  de  Westmount 
par  le  vieux  Bonhomme  Noël  des  petits  enfants  d'en  bas  de  Québec. 
Nous  avons  parfaitement  réussi,  au  point  de  pouvoir  affirmer  que 
Santa  Claus  n'a  peut-être  apparu  dans  aucun  magasin  canadien- 
français  de  Montréal,  cette  année.  Des  Bonhommes  Noël  il  en  pleu- 
vait, dans  toutes  les  -rues. 

Ce  sont  là  des  détails,  me  direz-vous,  mais  des  détails  importants, 
et  dont  il  faut  que  quelqu'un  s'occupe.  Seuls  à  la  tâche,  cependant, 
nous  ne  saurions  suffire.  Nous  comptons  sur  les  adhésions  nouvelles, 
vaillantes  et  nombreuses,  comme  nous  comptons  sur  la  sympathie 
du  public,  qui,  jusqu'à  présent,  ne  nous  a  pas  fait  défaut. 

*     * 
* 

Si  nous  avons  réussi,  nous  le  devons,  Mesdames  et  Messieurs. 

d'abord  à  la  valeur  intrinsèque  de  notre  cause.    C'est  la  langue  fran- 

aise  que  nous  défendons,  cette  belle  langue  qui  fait  le  fond  de  notre 

vie  nationale,  la  moitié  de  l'essence  de  notre  âme,  au  service  de  laquel- 


LA    UQUB    DES    DROITS    DU    FRANÇAIS  303 

le  tant  de  vaillants,  là-bas,  sacrifient  leur  intelligence  et  leur  poitrine, 
et  qui  suscite  chez  nous,  en  ce  temps  de  crise  <jue  nous  traversons, 
tant  de  héros  ignorés  et  tant  d'héroïnes  connues. 

Nous  le  devons,  en  second  lieu,  au  stèle  de  nos  membres,  en  par- 
ticulier de  nos  directeurs,  sans  cesse  sur  la  brèche,  et  qui,  en  dépit  de 
leurs  multiples  occupations,  avec  très  peu  de  ressources,  se  dévouent 
et   se   dépensent   largement,    sans   compter. 

Nous  le  devons,  enfin,  aux  encouragements  que  nous  avons  reçus 
de  personnages  éminents  et  d'institutions  patriotiques.  J'ai  déjà 
nommé  la  Société  du  Parler  français,  le  Devoir  et  la  Société  St- 
Jean-Baptiste  de  Montréal.  J'y  reviens  avec  reconnaissance. 

La  Société  du  Parler  français  du  Canada,  je  le  répète,  encoura- 
gea, avec  l'attention  d'une  mère  dévouée.nos  premiers  pa.s  dans  la  voie. 
C'est  d'elle  que  nous  vécûmes,  les  premières  années  de  notre  existence. 
Sa  revue  fut  notre  organe,  et  nos  feuilles  d'expressions  n'auraient 
pu  se  répandre,  si  elle  ne  les  eût,  deux  années  durant,  elle-même  im- 
primées,  sans   vouloir   accepter   aucune   rémunération. 

De  son  côté,  le  Devoir  nous  ouvre  toutes  grandes  ses  colonnes. 
Omer  Héroux  y  parle  de  nous  plus  souvent  qu'à  son  tour.  Les  écrits 
de  Pierre  Homier  y  trouvent  toujours  la  première  place.  Ceux  de 
Léon  Lorrain,  malheureusement  plus  rares,  à  cause  des  circonstances 
que  lui  fait  la  vie,  n'en  sont  pas  moins  reçus  avec  faveur.  Vanier  s'y 
révèle,  quand  il  le  veut,  excellent  littérateur  et  patriote  à  outrance. 
Tous  ceux  que  les  droits  de  la  langue  préoccupent,  et  qui  savent  tenir 
une  plume,  n'ont  qu'à  se  présenter  au  Devoir  pour  y  être  accueillis 
comme   des   frères  d'armes  et  des  collaborateurs   appréciés. 

Enfin,  la  Société  St-Jean-Baptiste  de  Montrésl,  depuis  un  an, 
nous  comble  d'attentions  et  de  faveurs.  Elle  nous  abrite  et  nous 
éclaire.  Son  journal  le  Petit  Canadien,  d'allure  si  gaillarde  et  si 
vive,  nous  est  franchement  sympathique.  Nos  listes,  par  milliers, 
elle  les  imprime  généreusement. 

*     * 

* 

J'ai  parlé  de  personnages  éminents.  Plusieurs  d'entre  vous,  sans 
doute,  ont  lu  la  belle  lettre  de  Monseigneur  Langevin,  publiée  au  len- 
demain de  sa  mort.  Je  veux  vous  en  communiquer  une  autre,  ce  soir, 
et  ce  seront  mes  dernières  paroles,  car  je  ne  saurais  mieux  clore 
ce  travail,  que  mes  nombreuses  occupations  m'ont  forcé  de  faire  un 
peu  à  mainlevée;  une  autre  d'un  grand  évêque  lui  aussi,  et  d'un  grand 
patriote,  d'un  grand  amant  de  la  langue  française  et  d'un  énergique 
défenseur  de  ses  droits:  j'ai  nommé  Monseigneur  Paul-Eugène  Roy, 
archevêque   de   Séleucie. 

Québec,  4  janvier  1914. 
Cher   Monsieur   Gauvreau, 

J'ai  bien  reçu,  vers  la  Noël,  votre  envoi  du  livre  de 
Pierre  Homier  :  la  Langue  française  au  Canada.  Il  m'a  été  im- 
possible, avant  aujourd'hui,  de  vous  dire  le  merci  qui  convient. 

Vôtre  œuvre  m'est  connue  depuis  longtemps.  Elle  a  eu,  dès  l'ori- 
gine, mon  entière  approbation. 


304  LE    PARLER    FRANÇAIS 

Comme  vous  ne  sauriez  douter  de  mon  sentiment  là-dessus,  je 
crois  inutile  d'insister.  «  La  Ligue  des  Droits  du  français  »  accom- 
plit un  travail  de  toute  première  nécessité,  sur  le  terrain  des  revendica- 
tions urgentes.  On  peut  regretter  qu'elle  ne  soit  pas  née  plus  tôt. 
Personne  ne  songera  à  contester  l'importance  de  sa  tâche,  ni 
à  lui  reprocher  de  ne  pas  l'accompUr  avec  intelligence  et 
courage.  Hélas  !  C'est  bien  jusque  là  que  nous  en  sommes  venus  ; 
il  faut  du  courage,  en  plein  Québec,  pour  proclamer,  défendre,  faire 
respecter   les    Droits   du   français  ! 

Votre  Ligue  a  voulu  secouer  la  léthargie  des  uns,  flétrir  la  trahi- 
son des  autreg.    Elle  a  jeté  le  cri  d'alarme  et  donné  le  mot  d'ordre. 

Elle  a  fait  davantage.  Avec  un  zèle  clairvoyant  et  un  grand 
sens  pratique,  elle  s'est  mise  à  l'œuvre  sur  un  champ  d'action  bien 
déterminé,  et  elle  s'efforce  d'appliquer  à  des  maux  évidents  des  remè- 
des efficaces.         •        . 

Déjà,  les  résultats  ont  fait  voir  la  justesse  de  vos  méthodes.  Vous 
pouvez,  à  juste  titre,  conipter  sur  la  reconnaissance  des  vrais  patriotes, 
qui  voient  en  vous  de  bons  et  utiles  ouvriers,  des  soldats  souvent  vic- 
torieux, toujours  courageux  dans  les  batailles  qu'ils  livrent  pour 
défendre  et  venger  cette  grande  et  noble  Dame,  la  langue  française  ! 

L'épiscopat  n'hésitera  pas,  j'en  suis  sûr,  à  vous  donner  le  placet 
que  vous  attendez  et  que  vous  méritez.  En  tout  cas,  le  mien  vous 
est  acquis. 

Boutez  dehors  les  mots  ennemis  qui  nous  ont  envahis,  et  qui  veu- 
lent rendre  serf  le  parler  des  aïeux.  Bataillez  pour  faire  entrer  dans 
leurs  droits  et  dans  leur  domaine  les  mots  de  chez  nous,  ceux  qui, 
nous  reliant  au  passé,  peuvent  seuls  assurer  notre  avenir. 

Bonne  année  à  notre  parler  délectable  et  à  ses  vaillants  apôtres  ! 

(Sig.)    P.-E.   Roy,  Ev.   d'EleuthéropoHs. 

Monsieur  le  Président,  je  vous  remercie  encore  une  fois,  et  de 
vos  bonnes  paroles  et  de  l'opportunité  qu'il  vous  a  plû  de  nous  ména- 
ger pour  exposer  à  cet  auditoitre  si  bienveillant  les  grandes  lignes 
d'une  œuvre  qu'il  ne  connaissait  peut-être  jusqu'ici  que  de  nom. 
Puisse  mon  entretien  faire  en  sorte  qu'il  s'y  intéresse  à  l'avenir. 

N'aurais-je,  par  cette  causerie,  décidé  de  la  vocation  que  d'un 
seul  ligueur,  outre  l'honneur  et  le  plaisir  qui  s'y  rattachent,  ma  tâche 
serait  grandement  récompensée. 

Joseph  Gauvreau. 


A  NOTRE  VICTOIRE 


r 


Ne  cherche  plus  à  fuir  la  loi  de  tes  Destins, 
Victoire,  toi  qu'on  dit  la  sœur  du  beau  Courage  ! 
D'un  trop  avide  Orgueil  la  démence  t'outrage. 
Nous  attendons  ton  jour,  patients  et  certains. 

Vainement  tu  tardas,  boudeuse,  irrésolue  : 
L'oracle  en  est  porté  —  tu  n'appartiens  qu'à  nous  ; 
Regarde  :  ce  n'est  pas  des  hommes  à  genoux. 
C'est  une  race  libre,  ici,  qui  te  salue  I 

En  face  du  félon  qui  jadis  te  vola. 

Pour  nous,  pour  nos  enfants,  pour  le  salut  du  monde. 

Notre  ferveur  s'étreint  d'une  foi  si  profonde 

Que  d'avance  en  nos  cœurs  nous  te  sentons  tous  là! 

Et  ton  culte  chez  nous  ne  connaît  point  d'athée. 
Mais  croît  et  se  mesure  aux  mois  déjà  si  longs  : 
Chaque  jour,  d'autant  plus  ardents,  nous  te  voulons. 
Que  nos  efforts  plus  grands  t'ont  plus  cher  méritée  ! 

Tu  vis,  pour  nous  manquer,  trop  de  gloires  fleurir. 
Trop  d'héroïsme,  trop  de  vertus,  trop  d'épreuves. 
Trop  de  sang  de  nos  fils,  trop  de  larmes  de  veuves. 
Trop  de  morts  à  venger,  trop  de  maux  à  guérir  l 


II 


Tu  ne  peux  plus  souifrir.  Déesse,  qu'on  élague 

Ton  aile  amoureuse  d'azur  ; 
Coiffer  le  casque  à  pointe,  obéir  à  la  schlague. 

Esclave  auteur  d'un  monde  dur  1 
Tu  ne  peux  pas  toujours,  par  l'embûche  des  traîtres 

Contrainte  à  l'infâme  marché, 

—  305  — 


306  LE    PARLER    FRANÇAIS 

Aider  contre  l'Esprit  ces  soudards  et  ces  reîtres 

A  magnifier  le  péché  ! 
Imposer  que  partout  une  race  vampire. 

Insultant  l'humaine  raison. 
Revendique  avec  toi  pour  seuls  droits  à  l'empire 

Le  fer,  la  torche  et  le  poison  ! 
Affirmer  que  la  terre  appartient  au  plus  fourbe, 

Au  pressureur  de  plus  de  sang. 
Qu'il  faut  que  tout  soleil  se  voile  sous  la  courbe 

De  l'obus  dont  meurt  l'innocent  ; 
Qu'il  ne  reste  à  choisir  pour  toute  destinée 

Que  l'ilotisme  ou  le  trépas, 
Puisqu'au  canon,  ton  roi,  tu  restes  enchaînée. . . 

Tu  ne  peux  pas,  tu  ne  peux  pas 
Absoudre  les  bourreaux,  consacrer  leurs  rapines. 

Chanter  les  exploits  du  vautour. 
N'ajouter  que  du  fiel,  des  clous  et  des  épines 

Aux  crucifixions  de  l'Amour; 
Avec  tous  les  Drapeaux  du  ciel  pour  redescendre 

Pour  venir,  au  joug  du  plus  fort. 
Sur  des  cœurs  asservis  et  des  cités  en  cendre 

Replier  tes  ailes  de  mort  ! 


III 


Aussi,  blanche  Victoire,  augiiste  et  maternelle. 
Calmes,  nous  t'attendons  comme  tu  nous  attends. 
Sans  hâte  téméraire  :  il  faut  l'aide  du  temps 
Pour  forger  à  coup  sûr  la  grande  œuvre  éternelle. 

Mais  à  force  d'acier,  de  souffrances  et  d'or. 
Quand,  armés  du  marteau,  briseur  de  forteresses, 
A  tes  pieds  nous  aurons  de  nos  mains  vengeresses 
Jeté,  mis  en  morceaux  le  colosse  de  Thor, 

Alors,  sous  nos  talons  tenant  la  Bête  immonde. 
Rompant  les  liens  vils  d'où  tu  t'échapperas. 
Nous  te  soidèverons  sur  nos  fronts  et  nos  bras. 
Victoire,  dans  un  ciel  de  fête,  aux  yeux  du  monde. 


I> 


A    NOTRE    VICTOIRE  307 

Et  sur  l'Arc  Triomphal,  de  nouveau,  dans  l'azur. 
Planant,  où  passe  et  rit  la  brise  ensoleillée. 
Là-haut,  de  l'éventail  de  ton  aile  éployée 
Tu  balaîras  des  airs  le  dernier  souffle  impur. 

Et  l'on  dira  :   «  Voyez  !   C'est  celle  qui  relève. 
Qui  sauve  et  qui  défend  de  l'unique  oppresseur  ; 
Par  elle  va  régner  la  Justice,  sa  sœur. 
Qui  dans  la  droite  paix  prête  à  la  Loi  son  glaive. 

Aux  faibles  indulgente,  intraitable  aux  ailiers, 

Elle  ne  veut  à  tous  qu'offrir  la  délivrance  : 

Palme  en  main  —  telle  est  bien  la  victoire  de  France  — 

Elle  fait  signe  au  chœur  souriant  des  Pitiés!  » 

Gustave  Zidler. 


LE  PAYS  DE  L'ENFANCE 


POUK  MON  JeAN-MaHIE 


«  Vive  la  France  /  »  —  Ton  cœur  lance. 
Ardent,  joyeux,  ces  mots  vibrants  : 
Mais  qu'est-ce  pour  toi  que  la  France, 
Beau  patriote  de  quatre  ans  ? 

Malgré  tes  grands  airs  de  bataille. 
Je  crois  que,  de  ton  petit  coin, 
La  France,  ajoutée  à  ta  taille. 
Ne  doit  pas  s'étendre  très  loin. 

J'admets,  cher  soldat  minuscule. 
Que  ton  savoir  encor  léger 
Couvre  d'un  vague  crépuscule 
Les  frontières  à  protéger . . . 

Mais  ta  France  —  un  soleil  l'inonde  I 
A  ton  seuil  commence  et  finit  : 
C'est  le  toit,  l'abri  de  «  ton  monde  », 
Dans  les  vignes-vierges  ton  nid  ; 

C'est  l'humble  table,  ton  empire. 
Où  ton  rire  met  son  cristal  : 
Au  foyer  d'abord  l'on  respire 
Ce  qui  s'appelle  l'air  natal. 

C'est  la  chambre,  ta  seigneurie. 
Dont  tes  sœurs  charment  le  roman. 
Mais  ta  véritable  patrie. 
C'est  partout  où  vit  ta  maman . . . 

Puisque  donc,  enfant,  ma  prunelle. 
Par  qui  je  dois  m' éterniser. 
C'est  en  la  maison  paternelle 
Que  France  t'offrit  son  baiser, 

—  308  — 


LB    PARLER    FRANÇAIS  309 

Que  nos  cœurs  simples  peuvent  faire. 
Sans  de  lointains  et  longs  essais, 
La  mystérieuse  atmosphère 
Où  se  forme  un  cœur  de  Français, 

Nous  surveillerons  nos  pensées. 
Autour  du  jeune  moissonneur 
Nous  ferons  fleurir  par  brassées 
La  foi,  la  vaillance  et  l'honneur; 

Nous  entasserons  les  caresses. 
Pour  que  plus  tard,  mon  gentil  preux. 
Tu  les  reportes,  ces  tendresses. 
Sur  tes  frères  les  moins  heureux. 

Que  toujours  plane,  ô  mon  Roi-mage, 
En  tes  songes  enorgueillis. 
Une  infiniment  douce  image 
De  ta  maison  —  de  ton  pays  l 

Gustave  Zidler. 


VOCABULAIRE  FRANÇAIS-ANGLAIS 


Du  Jeu  de  Quilles(I) 
(Bowling)  (2) 


Le  jeu  de  quilles  (Bowling)  est  maintenant  l'un  des  sports 
favoris  des  Américains  et  des  Canadiens. 

C'est  un  développement  des  vieux  jeux  de  "boules",  "careau" 
et  "quilles",  que  connaissent  depuis  des  siècles  nos  cousins  d'outre- 
mer, et  qui  sont  très  répandus  également  en  Belgique,  dans  les 
Pays-Bas,  en  Suisse,  en  Angleterre  et  en  Allemagne.  Il  a  été  intro- 
duit de  la  Hollande  aux  Etats-Unis,  au  temps  colonial.  Les  habi- 
tants hollandais  de  là  nouvelle  Amsterdam,  maintenant  New- York, 
s'y  adonnaient  beaucoup,  et  jusqu'en  1840,  ils  le  jouaient  sur  le 
gazon,  le  principal  rendez-vous  étant  le  carré  encore  appelé  "Bowling 
Green\  Les  premières  allées  couvertes  étaient  faites  de  glaise 
durcie  ou  d'ardoise,  mais  celles  en  vogue  aujourd'hui  sont  cons- 
truites de  lisières  alternées  en  bois  de  pin  (de  Géorgie,  préférable- 
ment)  et  d'érable,  et  placées  selon  l'art  le  plus  fin  de  l'ébéniste. 

Il  semble  que  la  première  mention  d'une  partie  de  concours 
en  Amérique  a  été  faite  le  1er  janvier  1840,  aux  allées  "Knicker- 
boker"  dans  la  ville  de  New- York,  mais  ce  n'est  pas  avant  1875  que 
les  quilleurs  des  principales  villes  tinrent  une  convention  dans  le 
but  de  dresser  des  règles  pour  le  jeu,  et  ce  fut  20  ans  plus  tard  que 
r"American  Bowling  Congress"  mit  le  sport  dans  un  ordre  systé- 
matique. Les  règles  du  jeu  dans  toutes  ses  variétés  sont  publiées 
par  ce  Congrès. 

Les  clubs  de  quilles  se  chiffrent  actuellement  dans  les  dizaines 
de  mille,  aux  Etats-Unis  et  au  Canada,  et  sont  sous  la  direction  du 
Congrès,  qui  se  réunit  une  fois  l'an,  pour  faire  la  revision  des  règles 
et  tenir  des  concours  pour  le  championnat  national.  Ce  jeu  n'est 
joué  que  très  peu  en  Angleterre  et  en  Allemagne.     Dans  ce  dernier 


(1)  En  France,  comme  pour  la  plupart  des  sports  modernes,  le  nom  anglais 
est  adopté  . .  .  malheureusement  ;  cependant,  l'appellation  jeu  de  quilles  américain 
se  dit  quelquefois.  L'épithète  américain  est  mise  pour  différencier  cet  amusement 
d'intérieur  et  surtout  d'hiver,  qui  se  joue  principalement  en  Amérique  et  sur  des 
allées  en  bois,  du  vieux  jeu  de  quilles  dont  l'aire  est  ordinairement  une  terre  plus 
ou  moins  battue  et  dont  le  pointage  de  la  partie  se  marque  différemment  du  jeu 
américain.  De  plus,  le  vieux  jeu  de  quilles  est  surtout  un  divertissement  d'été. 
(Cf.  "Dictionnaire  des  Connaissances  pratiques",  par  E.  Bouant.) 

(2)  Le  mot  anglais  "  bowling  "  vient  du  latin  "  buUa  ",  un  globe,  par  Tinter» 
médiaire  du  français  "  boule  ". 

—  310  — 


VOCABULAIRE    FRANÇAIS-ANGLAIS    DU    JEU    DE   QUILLES        311 


pays,  cependant,  le  vieux  jeu  de  quilles  avec  boules  solides  et  les 
(luilles  rangées  en  losange,  jouit  de  la  plus  grande  vogue.  Les 
allées  sont  faites  avec  moins  de  soin  qu'en  Amérique,  étant  de 
ciment,  d'ardoise  ou  de  marbre.  Introduit  en  France,  pour  diffé- 
rentes raisons,  en  particulier  par  suite  de  manque  d'emplacement 
dans  les  grandes  villes,  ce  sport  ne  s'est  pas  développé  là  comme  il 
le  méritait,  et  naturellement,  en  dehors  de  catalogues  maintenant 
épuisés,  aucune  publication  sur  ce  jeu  n'a  été  faite  en  français. 

Nous  osons  espérer  que  les  nombreux  amateurs  de  quilles, 
chez  les  Canadiens  trangais,  feront  un  bon  accueil  au  vocabulaire 
bilingue  qui  suit. 

Q  VILLES— BOyfUNG 
A. — Le  Champ  du  Jeu 

Allée Alley. 

Les  sortes  sont! 

Allée  continue Continuons  alley. 

Allée  rapide Fast  alley. 

Allée  à  sections Sectional  alley. 

Allée  dernier  genre Up-to-date  alley. 

Les  parties  sontj 

Approches Approach,  runway. 

Approches      assemblées      à 

queue  d'aronde Dove-tailed  approach. 

Mur  de  fond Back  wall. 

Retourne-boules,  rail Bail  return,  railway,  return- 

chute. 

Retourne-boules  descendante.  Drop  return-chute. 

Retourne-boules  boucle  ....  Loop-the-loop  return-chute. 

Boucle Loop. 

Cuir,  courroie Strap. 

Rail  en  pente  ...    Sloping  railway. 

Lit Bed. 

Crampon Clamp. 

Cloison  de  milieu Center  partition. 

Coussin,  sommier Cushion. 

Sommier  de  fond Back  cushion,  rear  cush- 
ion, rear  cushion  wall. 

Sommier  de  fosse Pit  cushion. 

Boulon  à  bascule Boit  (Swinging). 

Garniture Facing. 

Sommier  de  côté Side  cushion. 

Sommier  à  bascule Swinging  cushion. 

Bord Edge. 

Pied Foot. 

Ligne  des  nulles,  ligne  pied  de 

jeu Foui  Une. 


&. 


312  LE  PAELER  FRANÇAIS 

Gouttière '•  •  Gutter. 

Gouttière  ronde Round  gutter. 

Divisions  ^  action  rapide Kickbacks,  quick  action  di- 
visions. 

Fosse  d'arrivée,  puits  d'arrivée  Pin  pit,  pit. 

Mouches Pin  spots,  spots. 

Mouche  de  coin Corner  pin  spot. 

Mouche  quille  de  front  ....  Head  pin  spot. 

Mouche  quarte Quarter  spot. 

Bord  de  la  fosse Pit  edge. 

Coin  de  sûreté Safety  corner. 

Cloison  de  côté Side  partition. 

Mur  de  côté Side  wall. 

Surface Surface. 


B. — Les  Positions 


1 . — Extérieures. 


Garçons  de  quilles,  placeurs,  rele- 

veurs Pin  boys. 

Directeur  des  garçons  de  quilles  . .  .  Pin-boy  manager. 

Dresseur  de  calendriers Schedule  maker. 

Marqueur,  pointeur Scorer. 

Arbitre : Umpire. 

2. — Intérieures. 

Quilleur,   joueur   de   quilles,    quil- 

leuse Bowler,    pin    spiller,    trundler; 

woman  bowler. 

Capitaine Captain. 

Joueur  renvoyé,  exclu Removed  player. 

Joueur  en  retraite Retired  player. 

Escouade,  équipe Squad. 

Remplaçant Substitute. 

Capitaine  d'équipe Team  captain. 


VOCABULAIRE    FRANÇAI8-ANQLAIS    DU    JEU    DE   QUILLES        318 

C. — Les  Accessoires 

Boules Balls,  bowling  balls. 

Les  parties  sont| 

Crevasses Checks,  cracks. 

Doigtiers Finger  holes,  holes. 

Doigtiers  fibre  dur Hard  fibre  finger  holes. 

Emboîture Socket. 

Douille Bushing,  sleeve. 

Percer    de    nouveaux    doig- 
tiers    Bore  new  finger  holes  (To) 

Boucher    les    vieux    doig- 
tiers    Plugg  old  holes  (To) 

Prise Grip  board. 

Poucier  et  doigtier ;  ; .  Thumb  and  finger  holes. 

Les  sortes  sont| 

Boule  éclatée Chipped  bail. 

Boule  pesante Heavy  bail. 

Boule  en  bois  de  gaïac Lignum  vitae  wood  bail. 

Boule  légère Light  weight  bail. 

Boule  en  minéralite Mineralite  bail. 

Boule  minéralite  madrée  .  . .  Mottled  mineralite  bail. 

Boule  en  bois  de  quebracko  .  . .  Quebracho  wood  bail. 

Boule  en  caoutchouc Rubber  bail. 

Boule  d'occasion Second-hand  bail. 

Boule  au-dessous  de  la  moyen- 
ne    Undersized  bail. 

Sac  à  boules Bail  bag. 

Sac  combinaison Combination  bag. 

Poches  de  côté Side  pockets. 

Gaine,  trousse  à  boules Bail  case. 

Loquet Catch. 

Serrure Lock. 

Balai  de  lit,  de  piste Bed  brush. 

Polisseur  de  piste Bed  polisher. 

Mouches Bed  spots. 

Tableau  noir Blackboard,  board. 

Brosse  à  tableau  noir Blackboard  eraser. 

Brosse  d'allée Brush  (Bowling  alley). 


/ 


314                                                    LE    PARLER  FRANÇAIS 

Carte Card. 

Carte  pied  de  jeu Foui  Une  card. 

Carte  mouches Pin  spot  card. 

Appareil  électrique Fixture  (Electric  light). 

Appareil  d'éclairage Fixture  (Lighting). 

Mouilleur  pour  pied Foot  dampener,  foot  moistener. 

Accessoire  d'éclairage  à  essence.  .  .  .  Gasoline  light  attachment. 

Brosse  à  gouttière Gutter  brush. 

Accessoires Incidentals,  supplies. 

Armoire Locker. 

Compartiment Compartment. 

Quilles Maples,  pins. 

Les  parties  sont| 

Base] Base. 

Corps Body. 

Tête Head. 

Cou Neck. 

Les  sortes  sont\ 

Grosses  quilles  . ; Big  pins. 

Quilles  de  fond Back  pins. 

Quilles-chandelles Candie-pins,  K.  C,  or  rub- 

ber  neck  pins. 

Quille  de  milieu Centre  pin. 

Quille  canard Duck  pin. 

Quille  supplémentaire Extra  pin. 

Quille  de  tête,  de  front Head  pin,  front  pin,  king- 

pin. 

Quille  séchée  au  four Kiln  dried  pin. 

Quille  de  ligue League  pin. 

Quille  coin  gauche Left  corner  pin. 

Quille  quintette Quintet  pin. 

Quille  réglementaire . Régulation  pin. 

Quille  coin  droit Right  corner  pin. 

Quille  modèle Standard  pin. 

Placeur  de  quilles  automatique.  .  .  .  Pin  setter  (Automatic). 

Frein Brake. 

Balance  centrale Center  balance. 

Poignée Handle. 


VOCABULAIRE    FRANÇAIS-ANGLAIS    DU   JEU    DE    QUILLES        315 

Cases,  poches Pockets. 

Titbe  à  coulisse Telescoping  tube. 

Charger  le  placeur Load  pin  setter  (To). 

Placeur Pin  spotter. 

Levier Lever. 

Baisser  le  levier Depress  the  lever  (To). 

Relâcher  le  levier Release  the  lever  (To). 

Chevilles '  Pegs. 

Vernis,  émail Polish  (Enamel). 

Poli,  vernis  du  Ut,  de  la  piste Polish  of  the  bed  (The). 

Réflecteur Reflector. 

Réflecteur  de  front Front  reflector. 

Réflecteur  quilles Ten  pin  reflector. 

Lampes Lights. 

Abat-jour Shade. 

Anneau,  cercle  de  mesurage Ring,  measuring  ring. 

Papier  de  verre,  papier  sablé Sand  paper. 

Balance Scale. 

Calendrier,  échelle  des  parties  ....  Schedule. 

Tableau  de  pointage Score-board. 

Tableau  mural  de  pointage  dou- 
ble   Double  wall  score  board. 

Tableau  de  pointage  tournant.  .  .  Revolving  score  board. 

Tableau  mural  double  fixe Stationary  double  score  board. 

Tableau  mural  de  pointage Wall  score  board. 

Appliques  pour  tableau  de  poin- 
tage   Score  board  brackets. 

Livre  de  pointage Score  book. 

Livre  de  pointage  double Double  score  book. 

Crayons  de  pointage Score  crayons. 

Registre  de  pointage Score  register. 

Feuille  de  pointage Score  sheet 

Porte  feuille  de  pointage Score  sheet  stand. 

Pied Bottom. 

Support Standard. 

Porte   feuille     de     pointage     à 

main Hand  score  sheet  stand. 


316                                                   LE    PARLER  FRANÇAIS 

Table  feuille  de  pointage Score  sheet  table. 

Porte-pointage Score  stand. 

Table  de  pointage Score  table,  scoring  table. 

Table  de  pointage  ajustable  ....  Adjustable  score  table. 

Jeu  de  quilles Set  of  pins. 

Banc,  siège,  canapé Settee. 

Laque,  gomme  laque Shellac. 

Soiiliers  quilles Shoes  (Bowling) . 

Vitrine Show  case. 

Vitrine  d'étalage Display  show  case. 

Enseigne , Sign. 

Eponge Sponge. 

Cuvette-éponge Sponge  cup. 

Teinture Stain. 

Laine  d'acier Steel  wool. 

Porte  essuie-main Towel  holder. 

Trophée Trophy. 

Egaliser  boules  et  quilles True  balls  and  pins  (To) . 

Egaliseur Truing  machine. 

Tourner  boules  et  quilles Turn  balls  and  pins  (To). 

D.- — Le  Jeu 

Boule  roulée Bail  roUed. 

Joute Battle. 

Quiller,  rouler Bowl  (To). 

Abattre  tout  le  quillier,  faire  les 

dix  quilles Bowl  down  ail  the  pins  (To). 

Rouler  pour  pointage  élevé Bowl  for  high  score  (To). 


VOCABULAIRE    FRANÇAIS-ANGLAIS    DU    JEU    DE   QUILLES       317 

Abattre  les  quilles Bowl  over  the  pins. 

Rouler  écart Bowl  wide. 

Bris Break  (A). 

Faire  tout  le  quillier Clear  the  alley. 

Diriger  un  joueur Coach  a  player  (To) . 

Concourir  dans  une  partie Complète  in  a  ganie  (To). 

Concurrents Competitors. 

Dresser,  composer  un  calendrier .  .  .  Compile  a  schedule  (To). 

Joute,  lutte Contest. 

Joute  de  ligne League  contest.   . 

Convertir  une  coupe   en  réserve,  en 

honneur  simple  Convert  a  split  into  a  spare  (To) 

Allée  croisée Cross  alley. 

Pointage  d'allée  croisée Cross  alley  score. 

Courbe Curve. 

Courber  la  boule Curve  the  bail  (To). 

Boule  morte Dead  bail. 

Bois  mort Dead  wood. 

Exclu Debarred. 

Défaut Default. 

Jouer,  lancer  la  boule Deliver  the  bail  (To). 

Jet,  lancer Delivery. 

Jet,  lancer  de  côté  Side  delivery. 

Jet,  lancer  lent Slow  delivery. 

Incapacité  Disqualification. 

Frappé  d'incapacité Disqualified. 

Frapper  un  quilleur  d'incapacité  . .  Disqualify  a  bowler  (To). 

Doublet Doubleheader. 


318                                                 LE    PARLBB  FBANÇAIS 

Muet Dummy,  blind. 

Erreur Error. 

Joute  individuelle Event  (Individual). 

Boule  complémentaire,  supplémen- 
taire   Extra  bail. 

Boule  franche Pair  Vjall. 

Alimenter  un  joueur Feed  a  player  (To). 

Raccroc Fluke. 

Confisquer  une  partie Forf eit  a  game  (To) . 

Condition Form. 

Faute,  coup  nul Foui. 

Boule  nulle Foui  bail. 

Tour,  reprise,  manche Frame,  inning,  term. 

Partie Game. 

Jeu  de  bataille Battle  game. 

Jeu  de  quilles Bowling  game. 

Jeu  de  chandelles Candie,  rubber  neck  pin  game. 

Jeu  de  tricorne Cocked  bat  game. 

Jeu  de  tricorne  et  plume Cocked  bat  and  featber. 

Jeu  de  canards Duck  pin  game. 

Jeu  cinq  de  fond Five  back. 

Partie  confisquée Forfeited  game. 

Jeu  quatre  de  fond Four  back. 

Jeu  quille  de  tête  et  quatre  de 

fond Head  pin  and  four  back. 

Partie  de  concours Match  game. 

Jeu  de  chandelles  de  la  Nou- 
velle-Angleterre   New  England  candie  pin  game. 

Jeu  de  Newport Newport  game. 

Jeu  de  neuf  quilles  debout  et  neuf 

à  terre Nine  up  and  nine  down. 

Jeu  neuf  quilles,  quille  de  tête.  .  .  Nine  pin  head  pin  game. 

Quintette Quintet. 

Partie  inscrite ^ Scheduled  game. 

Partie  simple Single  game. 

Partie  d'équipe Team  game. 

Jeu  de  dix  quilles Ten  pins. 

Jeu  de  dix  quilles  de  tête Ten  pin  head  pin  game. 


VOCABULAIRE   FRANÇAIS-ANGLAIS    DU   JEU    DE    QUILLES        319 

Jeu  dix  quilles — quille  de  tête  re- 
tranchée           Ten  pins — head  pin  out. 

Partie  égale,  nulle Tie  game,  tie. 

Partie  de  tournoi Tournament  game. 

Poignée,  prise Grip. 

Frapper  plus  à  plein Hit  fulier  (To). 

Boule  crochue Hooked  bail. 

Abattre,  renverser  les  quilles Knock  the  pins  down  (To). 

Dominer  les  quilleurs Lead  the  bowlers  (To). 

Lever  une  incapacité Lift  a  disqualification  (To). 

Levée Loft  (A) . 

Froissement  de  muscle Muscle-bound. 

Pénalité  Penalty. 

Toutes  quilles Pins  ail.       « 

Quilles  abattues,  à  terre Pins  down. 

Gouttières Poodles. 

Quintette Quintet. 

Boule  rebondissante Rebounding  bail. 

Réintégrer  un  joueur  démis Reinstate  a  removed  player  (To) 

Enlever  les  quilles Remove  the  pins  (To) . 

Rerouler  une  boule ReroU  a  bail  (To). 

Replacer  les  quilles Reset  the  pins  (To). 

Remoucher  les  quilles Respot  the  pins  (To). 

Rouler Roll  (To). 

Pointage Score. 

Grand  pointage Grand  score. 

Pointage  limite Limit  score. 

Marquer  la  partie Score  the  game  (To). 


</■ 


320                                                LB   PABLEB  FRANÇAIS 

Pointage  but  à  but Score  tied. 

Marquage  des  points Scoring. 

Placer  les  quilles Set  the  pins  (To). 

Relever  les  quilles Set  up  the  pinsJ(To). 

Shape Shape. 

Coup Shot. 

Partie  simple Single. 

Réserve,  honneur  simple  (H.) Spare. 

Boule  réserve,  honneur  simple  ....  Spare  bail. 

Coupe Split,  split-up. 

Coupette Baby  split. 

Boule  coupante Split  bail. 

Couper  les  quilles Split  the  pins  (To). 

Moucher  les  quilles Spot  the  pins  (To). 

Série  d'honneurs  simples,  de  dou- 
bles honneurs Straight  spares,  strikes. 

Abat,  double  honneur  (D.  H.)  ....  Strike. 

Boule  d'abat,  de  double  honneur  .  .  Strike  bail. 

Série String. 

Série  simple Single  string. 

Equipe Team. 

Equipes  concurrentes Competing  teams. 

Total  d'équipe Team  total. 

Tournoi Tournament. 

Dénouement Wind-up. 

Bibliographie: 

Larousse  mensuel,  1907-10,  page  706,  au  mot  Bowling. 

Alfred  Verreault. 


SARCLURES 


***  Un  frère  de  Villa  a  été  accusé  et  les  Etats-Unis  ont  demandé 
son  extradition.  Quel  crime  a-t-il  commis  ?  Un  journal  prétend  nous 
l'apprendre  en  ces  termes  : 

''  Dans  l'acte  il  est  acciisé  d'avoir  été  complice  pour  la  ligne  du 
chemin  de  fer  du  Pacifique  du  Sud,  près  d'El  Paso,  au  mois  de  décem- 
bre, dans  le  but  d'arrêter  le  mouvement  des  forces  de  Carranza  par  le 
territoire  américain  pour  attaquer  les  troupes  do  Villa  au  Mexique.  " 

Je  ne  voudrais  pas  cire  le  juge  qui  devra  décider  si  Villa  est  cou- 
pable ou  non. 


***  "  Le  rapport  de  la  police  de  New- York  pour  1915  signale 
une  décroissance  dans  la  criminalité,  surtout  dans  les  coups  de  feu  et 
les   vols.  " 

La  décroissance  dans  les  coups  de  feu  est  une  trouvaille. 


***  "  L'accusé  était  défendu  par  le  même  avocat  qui  avait  diri- 
gé la  poursuite  dans  l'affaire  Coderre.  La  défense  a  admis  la  culpabi- 
lité mais  a  insisté  sur  les  bons  antécédents  du  prévenu  qui  a,  de  plus, 
été  atteint  d'épilepsie  ily  aS    ans  et  qui  au  moment  du  crime  était  ivre.  " 

S'il  fallait  croire  ce  rapport,  ce  serait  un  "  bon  antécédent  "  que 
d'avoir  été  atteint  d'épilepsie  et  d'avoir  été  ivre  au  moment  d'un 
crime. 


***  "  La  gravité  de  la  crise  n'est  pas  seulement  une  question  de 
forme,  puisque  l'Amérique  n'est  pas  opposée  à  la  guerre  sous-ma- 
rine. " 

Je  suppose  qu'on  voulait  dire  que  la  plus  grave  difficulté  entre 
l'Allemagne  et  les  Etats-Unis  ne  touchait  pas  au  mode  ou  à  la  forme 
des  hostilités.  Mais  comment  peut-on  se  résigner  à  écrire  que  "  la 
gravité  d'une  crise  "  est  ou  n'est  pas  "  une  question  de  forme  "  ? 

Le  Sarcleur. 
—  321  — 


QUESTIONS  ET  REPONSES 


Question.  —  Quel  est  le  nom  français  de  l'instrument,  dont  les  enfants  se  servent 
pour  lancer  des  pierres,   et  qu'on  appelle  improprement  boomerang  f 

Réponse.  —  Lance-pierre. 


Question.  —  Comment  s'appelle  la  bande  de  cuir  ou  d'étoffe   avec   laquelle  on 
attache  une  couverture  sur  un  cheval,  en  forme  de  sangle  ? 

Réponse.  —  Cette  espèce  de  sangle  est  un   surfaix. 


Question.  —  Y  a-t-il  un  nom  particulier  pour  désigner  l'espèce  de  voiture  dont 
on  se  sert  pour  le  transport  des  longues  pièces  de  charpente,  et  qui  se  compose  sim- 
plement de  deux  grandes  roues,  d'un  essieu,  et  d'une  sorte  de  timon  ?  La  pièce  de 
bois  est  suspendue  au-dessous  de  l'essieu. 

Réponse.  —  C'est    un    triqueballe.      On    dit    aussi    trinquebaUe. 


Question.  —  Quelle  préposition  demande  le  verbe  hésiter  f    Peut-on  dire    indif- 
féremment hésiter  de  partir,  et  hésiter  à  partir  ? 

Réponse.  La  Bruyère  écrivait  :  «  Ils  n'hésitent  pas  de  critiquer 
des  choses  qui  sont  parfaites.  »  Mais  hésiter  de,  devant  un  infinitif,  a 
vieilli.     Aujourd'hui,  on  dit  plutôt  :     hésiter  à. 

Devant  un  substantif,  le  verbe  hésiter  demande  la  préposition 
sur  :  «  Il  a  longtemps  hésité  sur  le  choix  d'une  profession.  » 

—  322  — 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE  323 

Quettion.  —  On  dit  que  chaque  ne  peut  s'employer  pour  chacMn;  V'incent  écrit  : 
"  On  ne  dira  pas  :  j'ai  payé  eci  couteaux  deux  franci  chaque,  mail  :  deux  francs  cha- 
cun. "      Cependant,   je  lis   dans   Rostand  : 

"  J'ai  deux  raisons  dont  chaque  est  suffisante  seule.  " 

Ne  peut-on  s'autoriser  de  cet  exemple  pour  dire  :  "  J'ai  payé  ces  couteaux  cinquan- 
te sous  chaque  "  ? 

Réponse.  Non,  pas  plus  qu'il  n'est  permis  de  dire  :  «  Chaque  son 
tour  »  pour  :  «  Chacun  son  tour.  »  Chaque  est  un  adjectif  ;  chacun 
est  un  pronom. 

Hugo  aussi  a  écrit  :  «  .  .  .diminuer  la  durée  des  stations  et  mar- 
cher entre  chaque  le  plus  longtemps  possible.  »  Mais  une  faute  com- 
mise par  Rostand  ou  Victor  Hugo  ne  nous  autori.se  pas  à  violer,  com- 
me eux,  la  syntaxe.  C'est  une  chose  qu'on  se  permet  quand  on  a  fait 
les  Odes  et  Ballades  ou   Cyrano. 


BULLETIN  BIBLIOGRAPHIQUE 


L'abbe  Ivanhoe  Caron.  La  Colonisation  du  Canada  sous  la 
domination  française,    Québec,  1916,  in  8,  26c.  x  17  c.  5,  90  pages. 

Cet  ouvrage  est  un  précis  histotique,  mais  documenté,  fait  avec 
grand  soin  et  d'après  une  méthode  rigoureuse. 

L'auteur  a  divisé  en  dix  périodes  distinctes  l'histoire  de  la  colo- 
nisation du  Canada  sous  la  domination  française.  Pour  chaque  pério- 
de, il  donne  un  aperçu  général,  et  rappelle  les  faits  saillants  ;  puis 
il  décrit  l'arrivée  des  colons,  leur  établissement,  le  développement 
des  seigneuries  et  des  paroisses. 

(S'adresser   à   l'auteur,    164,    rue    Latourelle,    Québec,) 


Numéro  demandé 

Ceux  de  nos  abonnés  qui  ne  conservent  pas  la  collection  du 
Parler  français  nous  rendraient  un  grand  service  s'ils  voulaient 
bien    nous    retourner    le    numéro    de   janvier    1916. 


MOTS  ANGLAIS  FRANCISÉS 


Au  contact  de  la  langue  anglaise  notre  langage  se  contamine 
non  seulement  dans  les  mots,  mais  encore  dans  la  prononciation. 

La  ressemblance  orthographique  de  plusieurs  mots  français 
avec  leurs  équivalents  anglais  nous  porte  souvent  à  donner  aux 
mots  français  la  prononciation  anglaise.  Tels  sont:  telV'phône, 
graphophôône,  gazlîîne,  aut'mobîîle,  parineur  (partenaire),  tchèque 
(chèque),  menete  (minute),  etc. 

Aux  mots  français  tâchons  de  garder  la  prononciation  fran- 
çaise; c'est  bien  le  moins  qu'on  puisse  demander! 

Grâce  au  snobisme  plutôt  qu'à  un  besoin  réel,  grâce  à  l'ama- 
bilité cordiale  et  avenante  qui  est  le  propre  du  peuple  français, 
une  foule  de  vocables  anglais  ont  reçu  l'hospitalité  dans  la  langue 
française,  bien  que,  la  plupart  du  temps,  ils  aient  été  des  immigrants 
non  désirables.  Ils  ont  été  naturalisés  mots  français.  Maintenant 
qu'ils  font  partie  de  notre  langue,  il  faut  leur  faire  bon  accueil, 
mais,  en  matière  de  prononciation,  ils  doivent  se  plier  aux  lois  et 
exigences  de  la  langue  qui  les  reçoit. 

Comment  donc  faut-il  prononcer  les  mots  anglais  francisés  ? 
Il  n'y  a  aucune  hésitation  sur  ce  point. — A  la  française. 

L'usage  en  France  veut  que  ces  mots  soient  prononcés,  tantôt 
comme  s'ils  étaient  des  mots  français,  tantôt  avec  un  accent  inter- 
médiaire qui  n'est  ni  tout  à  fait  français  ni  tout  à  fait  anglais.  Pour 
nous  guider  en  cela,  nous  avons  les  traités  de  prononciation  fran- 
çaise et  les  dictionnaires. 

Examinons  à  leur  lumière  quelques  mots  anglais  francisés 
d'un  usage  assez  courant  en  France  et  chez  nous. 

EucHRE. — Tous  les  jours,  par  les  personnes  instruites  comme 
par  les  ignorantes,  on  entend  prononcer  à  la  bizarre  façon  anglaise 
(ioukeur)  ce  mot  francisé.  Ouvrons  donc  le  Xoiiveau  Larousse 
illustré  et  nous  y  verrons  que  euchre  se  prononce  eiichr';  que  le  right 
bower  se  dit  le  bosquet  de  droite  ou  valet  d'atout,  non  le  gros  bâr;  que 
le  left  boicer  (deuxième  valet)  se  nomme  bosquet  de  gauche  et  non 
le  petit  bâr. 

Le  tally  peut  se  dire:  fiche  ou  indicateur  (des  parties).  Les 
puncheurs  et  les  puncheuses  étaient  appelés  avec  raison  poinçon- 
neurs  et  poinçonneuses,  quand  l'habitude  était  répandue  de  perforer 
les  fiches  avec  un  poinçon,  mais  aujourd'hui,  vu  les  nouveaux 
systèmes,  ne  serait-il  pas  plus  convenable  de  les  appeler  pointeurs 

—  324  — 


MOTS    ANGLAIS     FRANCIȎH  825 

et  pointeuses  ?  Ce  mot  désigne  ceux  qui  sont  chargés  de  pointer 
ou  marquer  une  carte  ou  une  liste.  C'est  par  ce  mot  aussi  (jue  se 
rend  l'expression  anglaise  tinie  kecper. 

Puisque  euchre  se  prononce  eukr\  on  dira  donc:  Aller  à  un  bel 
euchre  (et  non  beau  ionkeiir);  cet  euchre  (et  non  ce  ioukevr);  l'euchre 
(et  non  le  ioukeur)  des  Artisans,  etc. 

Wagon. — Se  prononce  vagon.  Le  w  se  prononce  comme  un 
V  simple  dans  les  noms  d'origine  allemande.  On  prononce:  Vagram, 
Vaierlo,  Vestphalie,  \'eim,ar,  ]'orms.  Si  les  mots  sont  d'origiae  an- 
glaise, M)  a  le  son  de  ou:  ouist  (whist),  ouiaki  (whisky),  etc. 

On  peut  écrire  aussi  vagon. 

Yacht. — Se  prononce  yack,  plutôt  que  iôtt,  à  l'anglaise.  Ce 
mot  se  dit  de  bâtiments  assez  importants,  à  voile  ou  à  vapeur,  mais 
non  de  nos  |>etits  bateaux  à  essence,  qui  s'appellent  plutôt  auto- 
canots ou  canots-automobiles. 

Revolver. — Prononcez  :  révolvère. 

ÏENDER. — Disons  tan-der',  et  non  tenn-denr:  wagon  qui  suit 
la  locomotive  (pas  engin). 

Ale. — S'écrit  aussi  aile  et  se  prononce  è-le  (sorte  de  bière). 

Pudding. — S'écrit  et  se  prononce  poudingue.  Peut  aussi 
s'écrire  pouding.     Ne  pas  dire  poudigne  ni  poutine. 

LuNCHER. — Se  prononce  lu7i-cher  ou  loncher  (d'après  Ragon). 

Toast. — Se  prononce  teste  et  peut  aussi  s'écrire  de  cette  façon. 
Cf.  Adjutor  Rivard,  Études  sur  les  parlers  de  France  au  Canada, 
p.  277. 

Break. — Brèk  (sorte  de  voiture). 

Clown,  clownesse,  clownerie.— Se  prononcent:  clounne, 
clounesse,  clounerie. 

Groom. — Groum  (petit  laquais). 

Punch. — D'après  Ragon,  se  prononce  ponche. 

Quaker,  quakeress,  quakerisme. — Kouakère  ou  kovacre, 
kouakeresse,  kouakerisme.  Ce  mot  quaker  s'écrit  et  se  prononce 
aussi  quakre. 

ScHOONER. — Se  prononce  ckounère,  et  non  skouneur. 

Speech. — Nous  avons  raison  de  prononcer  spitche. 

Sterling. — Ne  se  prononce  pas  sterligne,  mais  sterlin. 

Sport. — Ne  pas  faire  sentir  le  t;  prononçons  comme  dans 
mort.  Signifie  seulement  athlétisme.  N'a  pas  le  sens  adjectif 
de  riche,  cossu,  huppé,  libéral,  qu'on  lui  donne  au  Canada. 

Ticket. — Se  prononce  ti-kè,  et  non  tiquette.  Il  sera  amusant 
de  lire,  à  propos  de  l'adoption  de  ce  mot  dans  la  langue  française, 
quelques  réflexions  de  Justin  Améro  dans  son  intéressant  ouvrage: 
De  l'anglomanie  dans  le  français: 


326  LE    PARLER    FRANÇAIS 

L'exposition  de  1878  ne  pouvait  avoir  lieu  sans  qu'on  fît  de  nouveau  acte  d'obsé- 
quiosité envers  l'étranger:  c'était  impossible.  Elle  laissera  donc,  dans  notre  tangue, 
comme  souvenir  précieux  de  son  passage,  pour  le  moins,  le  terme  ticket,  qui  est 
actuellement  employé  par  quiconque  tient  une  plume, — à  la  place  de  billet,  honni 
et  rejeté.     Honte  donc  sur  "billet"  et  vive  le  vocable  anglais! 

Ce  qu'il  faut  surtout  déplorer,  c'est  l'introduction  de  ce  terme  deux  ou  trois 
fois  inutile  de  "ticket", — car  outre  "billet",  nous  avons  aussi  carte, — c'est  son  intro- 
duction auprès  de  la  nation,  sous  le  patronage  officiel.       C'est  une  idée  malheureuse .  . 

.  .  .  qui  montre  jusqu'à  quel  point l'esprit  français,  dans  certaines  classes,  a 

soif  de  vasselage  étranger. 

A  ces  amateurs  de  manières  et  d'habitudes  anglaises  que  cette 
prononciation  tantôt  mitigée,  tantôt  purement  française  pourrait 
scandaliser,  je  rappellerai  ces  mots  de  Monseigneur  Laflèche,  qui 
disait:  "Je  n'aime  pas  à  entendre  mes  compatriotes  parler  anglais 
sans  au  moins  un  petit  accent  français".  Ces  paroles  qui  peuvent 
paraître  paradoxales  sont  pleines  d'une  patriotique  philosophie. 
L'accent  français,  n'est-il  pas  à  propos  de  le  mettre  aux  mots  d'ori- 
gine anglaise,  mais  naturalisés  français,  tout  comme  nous  le  mettons 
sur  les  mots  de  provenance  grecque,  latine  ou  allemande  ?  Autre- 
ment, quelle  cacophonie  dans  notre  "doux  parler"  ! 

Toutes  les  fois  que  le  dictionnaire  nous  le  permet,  il  faut  adopter 
non  seulement  la  prononciation,  mais  aussi  l'orthographe  française. 
Ecrivons  donc  préf érablement :  vagon,  toste,  poudingue,  aile  (aie), 
quakre. 

N'avons-nous  pas  déjà,  sans  que  personne  songe  à  s'en  forma- 
liser: bébé  (baby),  boule  dogue  {bull  dog),  rosbif  (roast  beef),  bif- 
teck (beef  steak)  ? 

Ragon,  philologue  distingué,  auteur  de  grammaires  latine, 
grecque  et  française,  va  plus  loin: 

L'orthographe  anglaise,  dit-il  dans  sa  Grammaire  française,  cours  supérieur, 
étant  la  chose  du  monde  la  plus  bizarre  et  la  plus  compliquée,  les  mots  anglais  adoptés 
dans  notre  langue  devraient  toujours  s'écrire  à  la  française.  Ainsi  les  mots  aie,  bill, 
break,  clown,  coaltar,  cold-cream,  groom,  keepsake,  lasting,  lunch,  luncher,  mackintosh, 
puddler,  punch,  quaker,  reporter,  schooner,  shérif,  sloop,  speech,  spleen,  square,  starter, 
steamer,  steeple-chase,  sterling,  tender,  tramway,  yacht;  se  prononcent  et  pourraient 
s'écrire  èle,  bil,  bbek,  cloune,  coltar,  colcrbme,  groum,  kipsèke,  l.^stingce, 

LONCHE,  LONCHER,  MACKINTOCHE,  PUDLER,  PONCHE,  COU.VCRE,  REPORTEUR,  CHOU - 
NERE,  CHÉRIF,  SLOUPE,  SPICHE,  8COUERE,  STARTEUR,  STIMEUR,  8TIPLECHÈSE,  STER- 
LIN,   TINDERE,  TRAMOUET,   YAK. 

Adopter  cette  orthographe  serait  prématuré.  Il  ne  faut  pas 
précéder  le  dictionnaire, mais  il  ne  faut  pas  non  plus  craindre  de  le 
suivre.  Écrire  trop  à  la  française  pourrait  avoir  de  grands  incon- 
vénients au  point  de  vue  étymologique;  prononcer  à  la  française 
n'en  a  aucun:  c'est  au  contraire  contribuer  à  garder  à  notre  langue 
son  génie  français,  son  homogénéité  et  son  harmonie. 

Etienne  Blanchard,  P.  S.  S. 


LEXIQUE 

CANADIEN-FRANÇAIS 

(Suite) 

Mognon  (wiôgô)  s.  m. 

Il  Moignon. 

DiAL.     Id.,  Anjou,  Verrier. 

Fr.-can.  On  emploie  mognon  dans  diverses  acceptions.  Ex.  : 
Mognon  de  chou.  —  Il  lui  pousse  un  mognon  sur  la  tête. 

Moi  pour  un  {mwa  pur  œ)  loc.  ang. 

Il  Pour  moi. 

Moindrement  {mwèdrémâ)  adv. 

Il  Le  moindrement  =  parfois  ;  la  moindre  quantité.  Ex.  : 
S'il  avait  le  moindrement  d'esprit  =  s'il  avait  un  peu  d'esprit. 

DiAL.     Id.,  Normandie,  Dubois. 

Fr.  Le  moindrement  :  de  la  moindre  manière,  le  moins  du 
monde,  Darm.     Ne  s'emploie  qu'avec  la  négation,  Lar. 

Moine  (mwèn)  s.  m. 

1°  Il  Toupie,  toupie  musicale. 

DiAL.     Id.,    dans   certains   départements,    Lar  ;     Bas-Maine, 
DoTTiN  ;  Anjou,  Verrier. 
2°  Il   Melon. 

Moins  (à)  (a  mwè). 

Il  En  moins.     Ex.  :   Pas  un  sou  à  moins. 

Mollasse  (mblàn)  s.  f. 

1°  Il  Fondrière.  Ex.  :  Le  chemin  a  dû  être  détourné,  à  cause 
d'une  mollasse  sur  la  terre  de  X. 

—  327  — 


328  LE    PARLES    FRANÇAIS 

2°  Il  Point  faible  d'une  personne  ou  d'une  chose.  Ex.  :  Ap- 
puyez sur  la  mollasse  et  vous  aurez  de  lui  tout  ce  que  vous  voudrez. 

Miâler  {myàlé)  v.  intr. 

Il   Miauler. 

DiAL.  Miâler  est  employé  dans  le  Centre,  Jaubert  ;  en 
Normandie,  Moisy. 

Miaulée  {myôlê)  s.  f. 

Il  Miaulement. 

DiAL.      Id.,  en  Normandie,  Delboulle. 

Micouenne  {mikwèn)  s.  f. 

Il  Grande  cuiller  en  bois  ou  en  écorce  pour  mettre  le  sucre  en 
moule,  ou  pour  divers  usages  domestiques. 

Etym.     Micouan,  mot  iroquois  pour  cuiller,  Clapin. 

Micament  (mikama)  s.  m. 

Il   Médicament. 

Midi  (midi)  s.  m. 

1°  Il  Les  heures  du  milieu  du  jour,  vers  midi,  période  plus  ou 
moins  longue  avant  et  après  midi.  Ex.  :  A  midi,  je  dînerai  à  une 
heure.  Je  vais  dîner  tous  les  midis  à  onze  heures  =  Aujourd'hui, 
je  dînerai  à  une  heure  ;  je  vais  dîner  tous  les  jours  à  onze  heures. 

Fr.  Midi  est  l'heure  précise  du  milieu  du  jour.  —  «  Midi  ne 
s'emploie  pas  au  pluriel.  On  doit  dire  :  Je  m'y  rendrai  sur  le  midi, 
et  non  sur  les  midis.  Quoique  midi  soit  l'équivalent  de  douze 
heures,  on  ne  peut  pas  dire  :  Midi  sont  sonnés,  car  midi  signifie 
plutôt  le  milieu  du  jour  que  le  nombre  d'heures  écoulées  depuis 
minuit.     On  dit  :    Midi  est  sonné  ».     Besch. 

Fr.-can.     Ex.  :   Il  est  arrivé  vers  les  midi. 

2°  Il  Avoir  midi  dans  le  ventre  =  avoir  faim,  et  juger  par  là 
qu'il  est  midi,  c'est-à-dire  qu'il  est  l'heure  de  manger. 

Fr.-can.  Ex.  :  Je  commence  à  sentir  le  midi.  —  Mon  ventre 
marque  midi  =  Il  est  midi  à  mon  horloge. 


LEXIQUE    CANADIEN-FRANÇAIS  320 

3°  Il  Petit  midi  =  un  peu  avant  midi  F.r.  :  On  ji  d^'-tol^  au 
petit  midi  =  entre  onze  heures  et  midi. 

4°  Il  Grand  midi  «=  un  peu  après-midi. 

Miette  (myèt)  s.  f. 

Il  Très  petite  quantité.  Ex.  :  Ils  avaient  une  miette  de  vin  = 
une  très  petite  quantité  de  vin.  —  Pas  une  miette  =  pas  du  tout, 
nullement.  —  Une  petite  miette  plus  court.  —  S'il  était  arrivé  une 
petite  miette  plus  vite,  il  aurait  gagné  la  course.  —  Une  pièce  de 
bois  une  miette  trop  courte. 

DiAL.  Id.,  en  Normandie,  Moisy,  Dubois  ;  dans  l'Anjou, 
Verrier  ;  le  Maine,  Dottin,  Montesson  ;  la  Picardie,  Corblet  ; 
le  Centre  Jaubert.  Une  miette,  une  petite  miette  =  un  peu. 
Pas  une  miette,  pas  la  miette  =  pas  le  moins  du  monde. 

Mignaxder  (minardé)  v.  intr. 

Il  S'amuser,  jouer. 

DiAL.     Id.,  dans  le  Centre,  Jaubert. 

Migner  {mir}é)  s.  m. 

Il  Meunier. 

Mettre  {met)  v.  tr. 

1°  Il  Mettre  dedans  =  dételer,  mettre  son  cheval  à  l'écurie. 

2°  Il  Mettre  dessus  =  mettre  une  enchère  sur  un  objet.  Ex.  : 
L'encan  n'a  guère  rapporté,  ils  n'étaient  que  deux  qui  mettaient 
dessus. 

3°  Il  Mettre  sur,  sus  =  mettre  une  enchère  sur  un  objet.  Ex.  : 
J'ai  mis  sur  une  horloge,  mais  a  m'a  pas  resté. 

Dial.     Id.,  dans  l'Anjou,  Verrier. 

4°  Il  Mettre  le  marché  en  main  à  quelqu'un  =  mettre  à  quel- 
qu'un le  marché  à  la  main,  lui  offrir  de  l'annuler  ;  par  extension, 
menacer  quelqu'un  de  rompre  avec  lui. 

Fb.-can.     Relevé  par  le  P.  Pothier,  en  1744. 


330  LE    PARLER    FRANÇAIS 

5°  Il  Mettre  les  mouches  à  quelqu'un  =  le  tromper,  l'attraper, 
l'amener  à  conclure  un  marché  désavantageux  ;  le  mettre  hors 
d'état  de  nuire  ;   le  mettre  à  sa  place  énergiquement. 

Mettre  dedans  {met  dèdâ). 

1°  Il  Mettre  en  prison. 

2°  Il  Attraper,    tromper;    vaincre    dans   une    discussion. 

3°  Il  Mettre  le  grain  dans  une  machine  à  battre. 

Meublable  (màblab)  adj. 

Il   Propre  à  être  meublé. 

Meublier  {mèbliyê)  s.  m. 

1°  Il   Marchand,  fabricant  de.  meubles. 

2°  Il  Ouvrier  ébéniste. 

3°  Il  Tapissier. 

4°  Il   Mobilier. 

DiAL.     Meublier  =  mobilier,   dans   l'Anjou,   Vehhieb. 

Meugner  {méy,ê)  s.  m. 

Il  Meunier. 

DiAL.     Id.,  dans  le  Centre,  Jaubeht  ;   le  Bas  Maine,  Dottin. 

Fr.-CAN.     Aussi  mugner. 

Meumère  {mâme:r)  s.  f. 

Il  Grand'mère. 

DiAL.     Id.,  dans  l'Anjou,  Verrier. 

Méz-amain  (à)  (à  mézamè). 

Il  DiflScile  à  faire,  qui  n'est  pas  à  main.     (Cf.  Désamain.) 

Mézans  (méa^)  s.  m.  pi. 

Il   Canadiens  revenus  des  Etats-Unis  et  qui  ont  apostasie. 


LEXIQUE    CANADIEN-FRANÇAIS  331 

Mézent  (ils)  (i  mèz)  v.  tr. 

Il  Ils  mettent. 

Miâle  imydd)  s.  m. 

Il  Miaulement,  action  de  miauler  ;     cri  du  chat.      Ex.  :     Je 
t'assure  qui  t'a  pas  lâché  un  petit  miâle. 

Miâlement  (myàdmà)  s.  m. 

t 

Il  Miaulement. 

Moiton  (mwàtô)  s.  m. 

Il  Molleton. 

Molletonné  {mbltbné)  s.     m. 

le  1 1  Sorte  de  tissu  de  coton  dont  la  surface  est  légèrement  frisée 
et   annelée,   étoffe   moutonnée. 

2o  1 1  Tissu  de  coton  à  surface  rugueuse.     Ex.  :  Couvre-pieds  en 
molletonné. 

Mollière    {mblye  :  r)   s.  f . 

Il   Fondrière,  bourbier. 

Vx  FR.   Mollière  =  marais,  fondrière,  Cotgrave  ;  terres  grasses 
et  marécageuses,  Guerin,  Larousse,  Besch. 

DiAL.  Mollière  =  m.  s,  en  Picardie,  Haigneré  ;  en  Normandie, 
MoisY  ;      dan.s    l'Anjou,    Verrier. 

Mollir   (mblir)   v.  intr. 

Il  Devenir  plus  doux,  plus  humide  (en  parlant  du  temps)  ;  deve- 
nir plus  amiable,  plus  conciliant. 

Molu  {mbhi,  môlu)  part.  p. 

Il  Moulu. 

DiAL.     Id.,  en  Anjou,  Verrier. 

Molue  (mblu)  s.  f. 

1 1  Morue. 

DiAL.   Id.,  dans  le  Bas-Maine,    Dottin.  —  On    trouve   moine 
dans  une  lettre  de  Martin  du  Bellay,  en  1583.    (Arch  du  Sém  de  Q.) 


332  LE    PARLER    FRANÇAIS 

Moman  {mbmà)    s.  f. 

1 1   Maman. 

DiAL  Id.,  en  Normandie,  Maze  ;  dans  le  Bas-Maine,  Dottin. 

Monardeur    {mbnàrdœ:r)   s.    m.    Ang  :   Money  Order. 

Il  Mandat  d'argent,  ordre  de  payer  à  vue  une  certaine  somme  à 
quelqu'un. 

Monde    (mô  :d)    s.    m. 

« 

1°  Il  Gens  honnêtes,  bien  élevés,  humains,  respectables,  sensés. 
Ex.  :  Il  ne  parle  pas  comme  du  monde.  —  Il  n'est  pas  du  monde. 
—  Tiens-toi  donc  comme  du  monde. —  Ça  ne  mange  pas  en  monde. 

2°  Il  Pas  en  monde  =  extraordinairement,  beaucoup.  Ex  : 
Il  mange,  il  court,  il  travaille  pas  en  monde. 

3°  Il  Le  monde,  pour  les  gens,  etc.,  s'emploie  avec  le  pluriel. 
Ex  :     Le  monde  vont  venir  =  le  monde  va  venir. 

DiAL.      Id.,   Vereieb,   Dottin 

Moneveau  {mbnvô)  s.     m. 

Il  Fanfaron. 

Mon-sieu   {môsyé)   s.   m. 

Il  Monsieur. 

DiAL.  Id.,  dans  le  Centre,  Jaubert;  en  Bretagne,  Orain;  dans 
l'Anjou,    Verrier. 

Mon -sieur    {Triôsyé  :  r)    s.    m. 

Il  Monsieur. 

DiAL.      Id.,  en  Bretagne.   Orain. 

Monsieur   {màsyà)   s.   m. 

1°  Il  Homme  franc,  loyal,  honnête,  généreux.  Ex.  :  Vous  n'êtes 
pas   un   monsieur,   pour   mentir   de   la   sorte. 

2°  Il  Porc.  Ex.  :  J'ai  acheté  un  petit  monsieur  =  un  petit  co- 
chon. —  Demain  nous  faisons  tuer  notre  monsieur.  —  On  dit  aussi  : 
monsieur  habillé  de  soie. 

DiAL.     Id.,    dans    l'Anjou,    Verrier. 

3°    Il    En  monsieur  =  extraordinairement,   beaucoup. 


LEXIQUE    CANADIEN-FRANÇAIS  333 

Monsieutrie  {màsyétri)  s.  f. 

Il  Classe  des  messieurs,  des  bourgeois.  Ex:  Il  y  avait  là  des  juges, 
des    avocats,    des    médecins,    toute   la   monsieutrie   était    là. 

DiAL.       Cf.       le    saintongeois    Monsiotrâ. 

Monstresse    {môstrès)   s.   f. 

Il    (Féminin    de)    monstre. 

Monstreux  (môstré)  adj. 

Il  Monstrueux. 

Montant  {môid}  s.  m. 

Il  Somme  d'argent.   Ex.  :   Il  a  reçu  un  gros  montant  sur  sa  dette. 

Montant  (en)  (â   môtâ)   loc. 

Il  Et  plus.  Ex.  :  Une  piastre  en  mon/ani. 

Montée    (môté)   s.   f. 

Il  Chemin  privé  qui  va  du  chemin  à  la  maison,  et  jusqu'au  bout 
de  la  terre.    Ex  :    Arrange  donc  ta  piontée,  on  arrêtera    chez    vous. 

Monter   (môtê)   v.  intr. 

Il  S'éloigner  du  fleuve,  de  la  rivière,  du  chemin  ou  de  la  route  prin- 
cipale. Ex.  :  Il  est  monté  au  2ième  rang.  —  Il  est  monté  dans  le 
haut  de  son  champ.  —  Il  est  monté  dans  les  concessions. 

Fr.  Train  montant  =  qui  s'éloigne  de  la  mer  vers  Paris,  Darm. 

Fr.  can.  Le  montant  =  vapeur  ou  train  qui  va  à  l'inverse 
du  cours  du  Saint-Laurent.  —  Monter  dans  les  chantiers  =  aller 
travailler  dans  les  bois  à  l'exploitation  forestière. 

Monter  (  un  navire  )  (môté)  v.  tr. 

Il  Piloter  un  navire  qui  monte  le  fleuve.  On  dit  aussi,  en  parlant 
du  conducteur,  ou  de  l'ingénieur  mécanicien  :  Monter  un  train  de 
chemin  de  fer  ou  le  descendre,  selon  que  ce  train  va  en  montant  ou 
en  descendant  le  cours  du  fleuve.  Ex.."  Qui  a  monté  le  75  ?  r^Qui  était 
le    conducteur    sur    le    train    montant,  portant   le  numéro  75  ? 

Fr.   Monter  un  navire  =  y  être  embarqué,   le  commander. 


334  LE    PARLER    FRANÇAIS 

Montrance  (môtràs)  s.  f . 

1°  Il  Apparence,  mine.  Ex:  La  montrance  était  pas  forte.  — 
Le    cheval    a    une    belle    montrance. 

DiAL.  Montrance  =z  dehors,  extérieur  avantageux,  prestance, 
dans    l'Anjou,    Verrier. 

2°  Il  Ostensoir,  monstrance. 

Montre    (mô  :  tr)   s.   f . 

Il  Apparence.  Ex.  :  Ça  n'a  pas  de  montre,  se  dit  d'une  chose  qui 
n'a    pas    belle    apparence,  bonne  mine. 

Montrer  (môtré)  v.  tr. 

Il  Enseigner.  Ex.  :  Son  maître  lui  avait  rien  montré.  — -  Cet  en- 
fant n'a  pas  été  montré. 

Montrer   (môtré)  v.  intr. 

1 1  Avoir  belle  apparence,  donner  des  espérances.  Ex.  :  Ça  montre 
mal.:=Ç'a  mauvaise  mine.  —  Quand  il  était  petit,  y  montrait  ben 
pourtant,  ce    garçon-là  =  il    donnait    de    belles    espérances. 

Fr.  -  CAN.  Syn  :  Regarder 

Mop.  (mbp)  s.  f. 

1°  Il    Balai  à  laver,   fauber,   vadrouille. 
2°  Il    Houppe   à   poudrer,   houpette. 
3°  Il   Bosse.  Ex.  :  Il  a  une  moj?  sur  la  tête. 
4o  II  Personne  sans  caractère. 

Mopper  (mbpé)  V.  tr. 

Il  Réprimander,  battre,  donner  des  coups  à,  faire  une  bonne 
réplique  à.  j 

Fr.  -  CAN.    Syn.  :   mopser.  ' 

Mopser  (mbpsê)  v.  tr. 

1 1  Donner  un  coup  à,  battre.  i 

Moqueux    (moké)    adj. 

Il  Moqueur. 


LEXIQUE    CANADIEN-FRANÇAIS  335 

Moguié  (mblfé)  s.  i. 

Il  Moitié 

Mordée  {mbrdé)  s.  f. 

1°  Il  Morsure,  action  de  mordre,  lésion  faite  avec  les  dents. 
Ex.  :  Le  chien  n'a  pris  une  mordée  au  mollet  =  m'a  fait  une  morsure 
au  mollet. 

2°  Il  Par  ext.,  bouchée.  Ex.  :  Louis  a  pris  une  grosse  mordée 
après  ma  pomme  =  Louis  a  mordu  dans  ma  pomme  et  a  pris  une  gros- 
se bouchée. 

(à  suivre) 

Le  Comité  du  Glossaire. 


VOCABULAIRE  ANGLAIS-FRANÇAIS 


OUTILLAGE    DE    VOIRIE 

Road  Machine Machine  à  chemin. 

Steam  Road  Roller,  Macadam  Roller  Rouleau  à  vapeur,  rouleau 

compresseur. 

Tandem  Roller Rouleau  tandem. 

Horse  Roller Rouleau  à  cheval. 

Tractor Tracteur,  locomotive  routière, 

Portable  Steam  Engine Locomobile. 

Stone  Crusher Concasseur,  casse-pierre. 

Screen Trieur. 

Revolving  Screen Rouleau  trieur. 

Bin Trémie. 

Sprinkler Arrosoir. 

Tank Réservoir. 

Concrète  Mixer Bétonnière. 

Grader Niveleur. 

Scarifier Scarificateur. 

Duvip  Wagon Tombereau. 

Spreader  Wagon Épandeur. 

Drill Foret. 

Steam  Drill Foret  à  vapeur. 

Plug  Drill Foret  à  valve  marteau. 

Concrète  Barrow Brouette  à  béton. 

Road  "  Pich  "  Plow Charrue  à  chemin  "pic  ". 

Wagon  Scale Bascule. 

Steel  Brush Brosse  d'acier. 

Crushed  Stone  Fork Fourche  à  pierre. 

Crushed  Stone  Rake Râteau  à  pierre. 

Steel  Scraper Ravale,  pelle  à  cheval. 

Adjutok  Fr.\dette 


336 


Vol  xK',  Nos  8  et  0— AvRii,  Mai,  1910. 


LA  MAISON 


Qui  n'aime  la  maison  où  si  bonne  est  la  vief . . . 
Elle  est  comme  la  fleur  de  notre  effort  humain. 
Il  faut  peiner  pour  elle  ainsi  que  pour  le  pain. 
Ses  murs  son  toit,  son  feu,  c'est  l'intime  Patrie 

Propice  à  nos  repos,  douce  à  qui  songe  ou  prie. 
Elle  ressemble  aux  siens,  dit  leur  joie  et  chagrin; 
La  quitter  fait  pleurer,  la  revoir  rend  serein; 
Parler  de  la  maison  nous  fait  l'ârne  attendrie 

Son  image  est  en  nous  depuis  nos  jours  d'enfant; 
Son  charme  nous  retient,  sa  douceur  nous  défend 
D'être  heureuse,  d'être  en  paix,  sans  lui  rester  fidèle. 

Elle  évoque  un  passé  tendre,  notre  berceau. 

Les  yeux,  les  pas  de  ceux  que  nous  prit  le  tombeau. 

Et  sa  voix  dans  les  soirs  nous  parle,  maternelle. 

Albert  Ferland. 
Novembre  1915. 

(Extrait  d'un  livre  en  préparation  ) 


337 


LA  QUESTION  ONTARIENNE 


L'opinion  canadienne,  nous  ne  disons  pas  l'opinion  canadienne- 
française  seulement,  s'émeut  de  plus  en  plus  devant  les  développe- 
ments qu'a  pris,  depuis  quelques  semaines  surtout,  la  question  onta- 
rienne.  Nos  vaillants  compatriotes  de  la  province  voisine  ont  reçu 
de  nombreux  témoignages  de  sympathie  de  Canadiens  de  langue  an- 
glaise, et  non  des  moindres.  Depuis  que  l'âpre  lutte  a  commencé  con- 
tre les  écoles  bilingues  de  l'Ontario,  sous  l'impulsion  d'un  certain 
groupe  de  Canadiens  irlandais,  —  la  vérité  nous  force  à  le  reconnaî- 
tre, —  il  ne  s'est  pas  manifesté  de  symptôme  plus  encourageant,  pour 
tous  les  amis  de  la  justice,  que  cette  expression  d'opinions  anglaises. 
Le  rang  élevé  qu'occupent,  dans  notre  pays,  la  plupart  de  ceux  qui, 
chez  nos  compatriotes  anglais,  ont  demandé  justice  pour  nos  frères 
de  l'Ontario,  leur  désintéressement,  leur  longue  expérience  politique, 
les  arguments  de  bon  sens  et  d'équité  qu'ils  ont  apportés  en  faveur 
du  règlement  de  cette  question,  font  de  leurs  témoignages  une  ma- 
nifestation vraiment  imposante  de  ce  f air  play  britannique,  dont  on 
semblait  redouter  la  disparition,  chez  nous.  Quand  on  lit  au  bas  de 
déclarations  nettement  sympathiques  aux  justes  réclamations  des  Ca- 
nadiens français  de  l'Ontario  les  noms  de  sir  Joseph  Pope,  ancien 
sous-secrétaire  d'État  du  Canada,  de  M.  E.-R.  Cameron,  greffier  de 
la  Cour  Suprême,  de  M.  le  docteur  Mackay,  surintendant  des  écoles 
de  la  Nouvelle- Ecosse,  de  M.  J.-S.  Ewart,  l'éminent  avocat  des  ca- 
tholiques du  Manitoba,  de  M.  J.-C.  Sutherland,  surintendant  des  é- 
coles  protestantes  de  la  province  de  Québec,  de  M.  Baker,  président 
de  la  Société  Royale,  et  de  M.  J.-G.  Scott,  président  de  la  Cham- 
bre de  Commerce  de  Québec,  on  se  convainc  facilement  que  les  gran- 
des traditions  britanniques  vivent  encore  dans  un  bon  nombre  d'es- 
prits canadiens-anglais,  et  l'on  se  prend  à  croire  que  la  cause  de  nos 
frères  de  l'Ontario,  malgré  les  difficultés  accrues,  est  encore  en  mar- 
che vers  une  solution  équitable. 

En  attendant  que  sonne,  pour  eux,  'heure  de  la  justice,  il  n'est 
peut-être  pas  inutile  de  noter  les  enseignements  qui  se  dégagent  déjà 
de  la  lutte. 

Et,  d'abord,  il  n'est  que  juste  de  reconnaître  les  précieux  avanta- 
ges que  la  mémorable  défense  des  Canadiens  français  de  l'Ontario  a 
rapportés  à  la  cause  catholique.  Les  fermes  revendications  doctrinales 
qui  se  sont  fait  entendre,  dans  tout  le  pays,  pour  la  défense  du  droit 

338 


LA    QUESTION    ONTARIENNK  339 

naturel,  ilti  côté  des  chainpiunsi  des  écoles  bilingues,  doivent  être  con- 
sidérées par  tous  les  Canadiens  catholiques,  qu'ils  soient  de  langue 
anglaise  ou  de  langue  fran<,aise,  comme  l'une  des  démonstrations  les 
plus  frappantes  «lui  aient  jamais  été  faites  devant  l'opinion  canadien- 
ne d'un  point  fondamental  de  la  doctrine  catholique,  nous  voulons 
parler  du  droit  primordial  du  père  de  famille  dans  le  domaine 
sacré  de  l'éducation.  De  la  reconnaissance  de  ce  princi|)e  par  la  légis- 
lation d'un  pays  dépend, en  grande  partie,  la  stabilité  de  la  société 
dans  cet  État,  c'est-à-dire  l'ordre  puljlic  et  le  véritable  progrés, 
lesquels,  comme  chacun  le  sait,  sont  fondés  sur  la  conservation 
de  la  hiérarchie  familiale  instituée  par  Dieu,  sur  le  maintien 
de  l'autorité  paternelle.  Pour  avoir  défendu  courageusement" 
cette  doctrine  de  salut  religieux  et  social,  nos  frères  de  l'On- 
tario méritent  la  reconnaisance  de  tous  les  catholiques  cana- 
diens sans  distinction  de  langues.  Ils  méritent,  de  plus,  la 
reconnaissance  de  tous  les  Canadiens  sans  distinction  de  croy- 
ances, puisqu'ils  ont  défendu  la  vérité.  Ce  n'est,  en  eflFet,  que  par  la 
vérité  que  le  peuple  canadien  sera  libre.  Veritas  Uberabit  vos,  a  dit 
l'apôtre  saint  Jean.  Ce  n'est  pas  l'esprit  d'indépendance  à  l'égard  de 
la  vérité,  non  plus  qu'à  l'égard  de  l'autorité,  qui  donne  aux  peuples 
la  vraie  liberté  ;  c'est  la  subordination  de  resi)rit  national  à  la  vérité. 
Avec  la  vérité,  mais  avec  la  vérité  seulement,  régnent  la  justice,  la 
paix  sociale,  l'ordre,  enfin,  la  civilisation.  Le  plus  grand  service  qu'on 
puisse  rendre  à  un  peuple,  ce  n'est  donc  pas  de  lui  prêcher  ses  droits, 
(|uelque  popularité  qu'on  puisse  recueillir  à  ce  jeu  dangereux,  mais 
c'est  de  lui  rappeler  les  droits  de  la  vérité.  Les  Canadiens  français  de 
l'Ontario  ont  revendiqué,  sans  se  lasser,  les  droits  de  la  vérité,  devant 
le  peuple  canadien  :  ils  ont  bien   mérité  du   jieuple  canadien. 

Tous  les  Canadiens  sérieux  et  éclairés  doivent  aussi  leur  être  re- 
connaissants de  ne  pas  avoir  suivi  l'exemple  de  ces  mécontents  qui 
deviennent  agitateurs,  comme  l'histoire  nous  en  montre  en  si  grand 
nombre.  La  période  excessivement  grave  de  l'histoire  du  monde  que 
nous  traversons,  en  ce  moment,  la  situation  difficile  de  l'Angleterre  et 
le  lien  qui  unit  à  la  Couronne  l)ritanni(|ue  tous  ses  sujets  canadiens, 
avec  les  obligations  que  ce  lien  comporte,  particulièrement  dans  une 
crise  où  l'existence  même  de  l'Angleterre  est  en  jeu,  auraient  pu  mal 
inspirer  les  Canadiens  français  de  l'Ontario  et  les  pousser  à  échanger 
leur  noble  rôle  de  défenseurs  de  la  justice  contre  celui  de  vulgaires  per- 
turbateurs. Dans  ce  cas,  oùlapassionauraitpris.chezenx.laplacedela 
raison  et  de  la  conscience,  ils  se  seraient  laissés  aller  à  la  colère,  à  l'es- 
prit d'indépendance  et  de  révolte,  à  la  négation  des  devoirs  les  plus 
certains,  au  refus  de  tout  secours  à  la  métropole  en  danger,  bref  à 
une  œuvre  de  perturbation  sociale  que  Rome  leur  eût  reprochée  en- 


340  LE    PARLER    FRANÇAIS 

core  plus  sévèrement  que  Londres.  Mais  nos  frères  ontariens  sont  ca- 
tholiques avant  tout  :  ils  ont  consacré  leurs  forces  à  la  défense  de 
princii)es  sacrés;  ils  se  sont  faits  les  champions delaloi  naturelle, et  ils 
ont  su  en  reconnaître  les  obligations,  comme  ils  revendiquent  les  droits 
qu'elle  leur  confère.  Leur  respect  de  l'autorité,  l'ordre  et  la  dignité 
de  leurs  manifestations  publiques,  d'où  la  violence  a  toujours  été  ex- 
clue, selon  la  direction  de  leurs  chefs  religieux,  seuls  interprètes  auto- 
risés de  la  discipline  catholique  chez  nous,  en  ont  vite  imposé  à  tous 
ceux  qui  se  promettaient  bien  d'exploiter  contre  eux,  ici  ou  en  Euro- 
pe, la  moindre  des  faiblesses.  D'ailleurs,  l'Angleterre  n'est  aucune- 
ment responsable  des  injustices  commises  par  les  ennemis  de  l'école 
bilingue  ontarienne,  et  il  eût  été  deux  fois  injuste  de  lui  en  faire  por- 
ter le  poids,  à  l'heure  même  oîi  des  ennemis  puissants  s'acharnent  à 
la  détruire. 

Outre  la  parfaite' loyauté  de  notre  peuple  envers  l'Angleterre,  la 
lutte  de  nos  frères  de  l'Ontario  a  remarquablement  servi  à  mettre  en 
relief  le  lien  logique  et  puissant  qui  unit  la  foi  et  la  langue  maternelle 
d'un  {)euple  dont  les  traditions  catholiques  sont  séculaires. Quoi  qu'on 
puisse  dire  de  certaines  erreurs  de  l'esprit  français,  la  langue  de  Bos- 
suet,  de  Champlain  et  de  Marie  de  l'Incarnation  est  une  langue  essen- 
tiellement catholique  ;  et  c'est  cette  langue,  et  non  le  jargon  révolu- 
tionnaire, que  le  peuple  canadien-français  travaille  à  perpétuer  en 
Amérique.  D'ailleurs,  il  n'y  a  pas  que  la  langue  françai-sequi  ait  été  mi- 
se par  certains  hommes  au  service  de  l'erreur  ;  la  langue  latine  elle- 
même  a  été  profanée  par  Luther,  qui  s'en  est  servi  pour  propager  ses 
doctrines  de  mort.  L'Église  a-t-elle  vu  là  une  raison  d'abandonner 
cette  langue,  qui  est  la  sienne  ?  Au  contraire,  elle  a  tenu  à  maintenir 
la  langue  latine  dans  cette  vie  qu'elle  lui  a  redonnée  en  la  sanctifiant. 
Et  ce  sera  l'éternel  honneur  de  la  langue  française  d'avoir  été  a.ssociée 
à  la  langue  de  l'Église, dans  la  défense  de  la  doctrine  et  de  la  tradition 
catholiques  contre  les  attaques  de  la  Réforme. Z,'//?s/oiVe  des  variations 
des  Églises  protestantes,  le  chef-d'œuvre  de  la  littérature  française,  est 
aussi  un  chef-d'œuvre  de  défense  catholique.  Innombrables  sont  les 
ouvrages  qui,  sans  être  tous  des  chefs-d'œuvre,  ont  été  publiés  et  se 
publient  encore  dans  la  langue  française  pour  la  défense  de  la  vérité. 
Notre  apologétique  ne  s'alimente-t-elle  pas  encore,  en  grande  partie, 
à  l'apologétique  française  ?  Pour  nous,  du  reste,  la  angue  francai.se 
est  la  langue  de  nos  mères,  qui  toutes  sont  catholiques  ;  c'est  la 
langue  des  premières  leçons  de  catéchisme  ;  c'est,  pour  notre 
peuple,  la  langue  de  la  foi.  Et  cela  est  si  vrai  que  ceux  de  nos  compa- 
triotes qui  ont  perdu  la  foi,  aux  États-Unis,  ont  invariablement  com- 
mencé par  abandonner  leur  langue  maternelle  et  par  angliciser  leur 
nom.  Nos  compatriotes  de  l'Ontario  travaillent  donc  à  la  conserva- 


LA   QUESTION   ONTARIENNE  341 

tion  de  la  foi  ciilholi(|uo,  chez  nous,  qiiniul  ils  se  dévouent  à  la  défense 
de  la  langue  française.Qu'auraient  dit  les  adversaires  ratholi(|ues  de 
l'école  l)ilinj;ue,  si  U^ Messager  du  Sacré-Caiir  au  Canada  eût  jjroposé 
aux  membres  de  l'Apostolat  de  la  Prière,  comme  intention,  le  mouve- 
ment qui  se  fait  dans  l'Ontario  pour  la  défense  de  la  langue  française  ? 
C'est  bien  pourtant  ce  que  vient  de  faire,  |)our  la  défense  du  gaël  que, 
le  Gaelic  Messenger  d'Irlande,  lequel  fixait  ainsi  l'intention  du  17  fé- 
vrier, fête  de  saint  Fintan  :  to  help  the  language  movement  hy  spreading 
the  "Gaelic  Messenger  ".  Et,  ce  qui  est  encore  plus  digne  de  mention, 
voici  comment  la  grande  revue  catholique  de  Londres,  le  Tablet,  ap- 
prouvait, dans  son  numéro  du  19  février  dernier,  l'initiative  du  Gaelic 
Messenger  :  "  Voilà  certainement  un  conseil  excellent,  et,  si  nous  ne 
nous  trompons,  cela  servira  à  un  double  but.  Le  mouvement  en  faveur 
de  la  langue  y  trouvera  son  avantage  évidemment  par  la  circulation 
de  revues  religieuses  i)ubliées  en  gaëli<|ue.  Cet  avantage,  cependant, 
nous  le  craignons,  touchera  à  peine  ces  Irlandais  dégénérés  qui  ne  por- 
tent aucun  intérêt  à  la  vieille  langue  de  leurs  ancêtres.  Ils  pourront 
même  peut-être  objecter  que  le  nombre  de  ceux  qui  lisent  le  gaëlifiue 
et  ne  connaissent  pas  l'anglais  est  relativement  petit,  et  qu'un  mouve- 
ment profane  comme  celui  de  la  restauration  du  gaélique  n'est  pas  du 
domaine  de  l'Apostolat  de  la  Prière.  Mais  ces  braves  gens  oublient 
que  le  secours  ainsi  donné  au  mouvement  en  faveur  de  la  langue  est 
aussi  de  nature  à  seconder  l'œuvre  de  la  propagande  religieuse." 

Sans  aller  aussi  loin  que  ces  braves  Irlandais,  les  Canadiens  fran- 
çais de  l'Ontario  n'ont  pas  négligé  le  grand  devoir  de  la  prière,  dans 
la  lutte  courageuse  qu'ils  mènent  pour  la  défense  de  leurs  droits.  On 
peut  même  dire  qu'ils  ont  contribué  à  remettre  en  honneur,  chez  nous, 
la  prière  nationale,  celle  qui  se  fait  par  tout  le  peuple  pour  les  inté- 
rêts supérieurs  de  la  race  et  de  la  patrie.  Pères,  mères,  petits  enfants 
se  sont  unis  aux  prêtres  j)Our  demander  à  Dieu  le  triomphe  de  la  jus- 
tice. Il  y  a  eu,  dans  certaines  églises  de  l'Ontario,  des  communions 
d'enfants  extraordinairement  touchantes.  Dans  les  communautés, 
des  sacrifices,  dont  quelques-uns  héroïques,  sont  venus  se  joindre  aux 
prières.  Un  évêque,  celui  qui  a  le  plus  longtemps  .souffert  à  cause  des 
souffrances  de  son  peuple,  a  fait  approuver  par  deux  Papes,  Pie  X  et 
Benoît  XV,  une  prière  admirable,  où  resplendit  l'esprit  de  foi  de  tou- 
te la  race.  Nous  devrions  la  réciter  plus  souvent,  cette  belle  prière  au 
Christ,  "ami  des  Francs";  nous  devrions  entendre  plus  souvent  ces 
accents  pieux,  où  la  grandeur  de  notre  mission  et  de  nos  responsabili- 
tés nous  est  rai)pelée  avec  tant  de  noblesse  ;  la  j)rière  des  Cana- 
diens français  de  l'Ontario  devrait  être  de  plus  en  plus  la  prière  de 
tous  les  Canadiens  français.  Elle  nous  réapprendra  le  sens  du  surna- 
turel, que  nous  sommes  en  train  d'oublier  un  peu,  au  sein  de  toutes 


342 


LE    PARLER    FRANÇAIS 


ces  controverses  politiques  où  les  paroles  d'indépendance  remplacent 
les  mots  de  respect,  de  sacrifice  et  d'obéissance,  sur  lesquels  pourtant 
repose  la  vraie  grandeur  des  nations. 

Après  la  prière,  le  secours  le  plus  efficace  sur  lequel  n'ont  pas  man- 
qué de  compter  nos  frères  de  l'Ontario,  c'est  celui  que  peut  donner 
l'union  de  toutes  les  forces  canadiennes-françaises  pour  amener  la 
solution  équitable  des  difficultés  que  nous  avons  à  déplorer  depuis 
trop  longtemps.  Sur  la  légitimité  des  revendications  des  250,000  Ca- 
nadiens français  de  la  province  voisine,  on  peut  dire  que  l'opinion  ca- 
nadienne-française est  unanime.  Et  quand  on  se  rappelle  les  lamen- 
tables divisions  qui  ont  marqué,  chez  nous,  depuis  un  demi-siècle,  les 
luttes  que  nous  avons  dû  mener  sur  le  terrain  scolaire,  divi- 
sions qui  ont  été  la  cause  parfois  de  cruelles  défaites  catholiques,  on 
ne  peut  que  noter  avec  une  grande  satisfaction  le  mouvement  de  dé- 
fense canadienne-française  qui  s'accentue,  d'un  bout  du  pays  à  l'au- 
tre, en  faveur  de  nos  compatriotes  de  l'Ontario.  Réunions  nombreu.ses 
et  enthousiastes,  revendications  fermes,  souscriptions  généreuses  et 
venant  de  toutes  les  classes,  sympathies  profondes,  communauté  de 
prières,  laquelle  pourrait  peut-être  se  faire  sentir  encore  d'une  façon 
plus  marquée,  tous  ces  éléments  d'union  sont  de  nature  à  favoriser 
grandement  la  marche  vers  le  succès  d'une  cause  dont  nous  avons 
tous  le  triomphe  à  cœur.  Mais  tous  ces  éléments  réunis  n'auraient  pu 
faire  l'union,  si  le  peuple  canadien-français  n'eût  pas  écouté  la  voix 
de  ses  chefs  naturels,  les  évêques,  lui  prêchant  la  fermeté  dans  la  re- 
vendication de  la  justice  et  la  prudence  dans  l'action  ;  et  cette  union 
ne  pourrait  durer,  si  les  conseils  de  violence,  que  font  entendre  certai- 
nes voix,  venaient  jamais  à  dominer  les  conseils  de  sagesse.  Sans  l'ap- 
pui et  la  direction  des  "  gardiens  de  la  cité  ",  notre  religion  nous  l'en- 
seigne et  notre  histoire  nous  le  montre,  nous  risquons  de  nous  laisser 
entraîner  dans  les  voies  tortueuses  de  l'agitation  par  les  chefs  de  par- 
tis ou  de  factions  qui  savent  le  plus  efficacement  faire  appel  aux  pas- 
sions. L'unité  nationale  canadienne-française  aurait  vécu,  le  jour  où 
elle  ne  s'appuierait  plus  sur  notre  épiscopat  comme  sur  sa  pierre  an- 
gulaire. Dès  ce  jour,  aussi,  sonnerait,  pour  notre  peuple,  l'heure  né- 
faste des  aventures  politiques.  Tous  les  Canadiens  français  doivent 
donc  de  la  reconnaissance  à  nos  frères  de  l'Ontario  de  ce  qu'ils  ont  su 
rester  dans  la  tradition  catholique  et  dans  la  tradition  canadienne, 
en  demandant  lumière  et  conseil  à  ceux  qui  ont  reçu  de  Dieu  la  mis- 
sion de  guider  notre  peuple.  Et  c'est  dans  l'obéissance  à  ces  sages 
directions  que  réside  le  gage  le  plus  assuré  d'un  succès  qu'espèrent 
les  Canadiens  éclairés,  anglais  aussi  bien  que  français,  et  que  hâ- 
teront encore,  nous  en  avons  l'espoir,  les  prières  de  tout  un  peuple. 

Antonio  Hiot,  ptr». 


LK  PREMIER  HARITAM  CANADIEN 


A  LOUIS  HEBERT 

C^est  pour  confiner  ton  œuvre  humanitaire. 
Pour  semer  après  toi,  dans  les  mêmes  sillons. 
C'est  pour  glorifier,  Hébert,  tes  jours  féconds. 
Que  je  voue,  à  jamais,  ma  pensée  à  la  terre. 

Tes  ans  sont  au  passé,  les  miens  à  l'avenir. 
Mais  de  ion  saint  labeur  ma  jeunesse  est  éprise. 
De  mon  âme  ton  âme  héroïque  est  comprise. 
Et,  nos  rêves,  de  loin,  peuvent  se  réunir. 

Sur  ta  moisson  en  fleurs  mon  œil  brûlant  s'arrête. 
Dans  le  creux  de  tes  pas  je  cherche  la  beauté; 
0  maître,  mon  printemps  jalouse  ton  été. 
Et  le  doux  laboureur  fait  envie  au  poètel.  . . 

Car,  en  ce  Canada  français — notre  univers — 

Tu  créas  le  plus  noble  et  le  plus  pur  poème: 

O  preuxl  Tu  fis  des  champs,  que.  chaque  été  Von  sème, 

Où  les  épis  nouveaux  croissent,  luisants  et  vertsl.  .  . 

Tu  fus  grand  !  Mais,  puisque  tout  azur  a  sa  tache. 
Puisque,  dans  tout  concert,  une  voix  sonne  faux. 
Permets  que  ma  chanson  soit  fille  de  ta  faux. 
Et  que  ma  pbime  soit  une  sœur  de  ta  hache  \. .  . 

Blanche  Lamontagne. 


343 


LES  NOMS  GÉOGRAPHIQUES  DE  LA 
PROVINCE  DE  QUÉBEC 


Conférence  donnée  a  la  séance  publique 

DE  LA  Société  du  parler  français 

AU  Canada,  le  2  février  1916 

Monsieur  le  Président, 
Messeigneurs, 

Mesdames  et  Messieurs, 

La  Société  du  Parler  français  au  Canada  poursuit  un  double 
but  :  l'étude  de  la  langue  française  et  en  particulier  du  parler  franco- 
canadien,  dans  son  histoire,  son  caractère,  sa  situation  légale  et 
ses  conditions  d'existence,  et,  en  second  lieu,  la  correction  du  langage. 
Comme  l'écrit  M.  Rivard  dans  son  excellent  ouvrage.  Etudes 
sur  les  parlers  de  France  an  Canada  "  elle  veut  que  notre  langue 
s'épure,  se  corrige,  demeure  saine  et  de  bon  aloi.  "  Et  M.  Rivard 
continue  :  "  Que  notre  parler  se  nationalise,  si  l'on  veut,  c'est-à-dire 
et  en  d'autres  termes,  qu'il  se  développe  suivant  les  besoins  par- 
ticuliers du  pays,  mais  naturellement,  suivant  les  lois  qui  lui  sont 
propres,  sans  jamais  rien  admettre  qui  soit  étranger  à  son  génie 
premier,  sans  jamais  cesser  d'être  français  dans  les  mots, dans  les 
formes  et  dans  les  tours.  " 

Voilà  pourquoi  notre  Société  veille  avec  un  soin  jaloux  sur 
cet  héritage  inestimable  que  nous  ont  légué  nos  pères.  Rien,  dans 
le  travail  qu'elle  s'est  imposé,  ne  peut  lasser  sa  sollicitude,  soit 
qu'elle  signale,  toujours  avec  bienveillance,  les  incorrections  gram- 
maticales, soit  qu'elle  dénonce  l'anglicisme  et  suggère  les  véritables 
termes  français,  soit  enfin  qu'elle  condamne  tout  ce  qui  peut  porter 
atteinte  au  bon  goût  et  à  l'honneur  de  notre  parler  national. 

"  Il  faut  avoir  soin  de  notre  parlure,  a  dit  Littré,  car  noblesse 
oblige.  " 

Je  ne  suis  pas  chargé  par  la  Société  du  Parler  français  de  vous 
lire,  ce  soir,  un  savant  travail  sur  la  grammaire  française,  ou  sur 
la  phonétique,  le  vocabulaire,  la  morphologie  et  la  syntaxe  du 
parler  franco-canadien,  ni  de  chercher  les  meilleures  méthodes  pour 
perfectionner,  défendre  et  épurer  la  langue  française  au  Canada, 
encore  moins  de  traiter  un  sujet  quelconque  de  littérature  nationale. 

Je  ne  suis,  en  effet,  ni  grammairien,  ni  philologue,  ni  littérateur, 
et,  pour  cette  honorable  besogne,  à  laquelle  d'autres  se  sont  employés 
avec  beaucoup  de  succès,  je  décline  toute  compétence. 

Je  veux  tout  simplement  vous  faire  part,  en  toute  franchise, 
à  la  demande  des  directeurs  de  notre  Société,  de  quelques  réflexions 
qui  me  sont  suggérées  par  le  mot  de  Littré  que  je  vous  citais  tout-à- 
l'heure,  "Noblesse  oblige.  " 

344 


LE8  NOMS  GÉOGRAPHIQUES  DE  LA  PROVINCE  DE  QUÉBEC  345 

S'il  est  vrai  que  la  langue  française  est  la  plus  noble,  est  la 
plus  l)olle  lanfjue  qui  soit  tombée  des  lèvres  humaines,  s'il  est  vrai 
qu'elle  est,  après  la  foi  catholique,  le  don  le  plus  précieux  que  la 
vieille  Europe  ait  fait  à  l'Amérique,  n'est-il  pas  de  notre  devoir 
de  proscrire,  non  seulement  tout  ce  qui  peut  la  corrompre,  l'altérer 
et  la  défifîurer,  mais  même  tout  ce  c|ui,  dans  l'usage  qu'on  en  fait, 
est  trivial  ou  vulgaire,  tout  ce  qui,  d'une  manière  quelconque,  cho- 
que le  bon  goût  ? 

C'est  pour  remplir  ce  devoir  que  la  Société  du  Parler  français 
confia  au  regretté  Mgr  Laflamnie  le  soin  de  dénoncer,  dans  la 
séance  publique  du  12  décembre,  1905,  la  bizarrerie  de  certains 
prénoms,  surtout  des  prénoms  féminins.  Le  public  rjucbecois 
n'a  pas  oublié  avec  quelle  fine  ironie,  mêlée  ici  et  là  d'une  légère 
pointe  de  malice,  le  spirituel  conférencier  a  protesté  contre  la  manie 
qu'ont  un  tro])  grand  nombre  de  i)arrains  et  marraines  d'imposer 
aux  enfants  des  noms  ridicules,  inconvenants,  cocasses  et  même 
grotesquees. 

La  leçon  a-t-elle  été  salutaire  ?  Y  .a-t-il  encore  des  Mesdemoi- 
selles Zola  et  des  Mesdemoiselles  Beiive  ?  Donne-t-on  encore  à  de 
pauvres  enfants  —  pauvres  à  juste  titre  parcequ'elles  ne  peuvent 
pas  se  défendre  —  des  noms  tels  que  Bethsaïde,  Urpide,  Ciilbate 
ou  Gorgonie  ?  Je  ne  saurais  dire.  Si  la  mode  en  était  continuée, 
ce  serait  une  nouvelle  preuve  que  le  ridicule  ne  tue  pas. 

C'est  pour  remplir  le  même  devoir  que  M.  Eugène  Rouillard, 
quelques  années  après,  dans  la  séance  du  10  décembre  1908,  attirait 
l'attention  du  public  sur  le  trop  grand  nombre  de  noms  sauvages 
qui  déparent  de  la  plus  triste  façon  nos  cartes  géographiques,  et 
blâmait  la  faiblesse  ou  la  trop  grande  condescendance  des  explorateurs 
ou  des  ar])enteurs  qui,  sous  ])rétexte  i)eut-être  de  i)erpétuer  le  sou- 
venir de  générations  en  train  de  disparaître,  acceptaient  et  confir- 
maient une  foule  de  dénominations  indiennes  baroques,  barbares, 
du  plus  mauvais  goût  et  impossibles  à  retenir  ou  à  prononcer. 

Combien  M.  Rouillard  avait  raison  !  Et  j'ajouterai  :  sait-on 
tout  le  tort  que  cette  manie  des  noms  sauvages  nous  fait  à  l'étranger  ? 

Jetez,  Mesdames  et  Messieurs,  un  coup  d'oeil  sur  les  cartes 
géographiques  de  notre  pays,  et,  en  particulier  sur  certaines  régions 
de  notre  Province  :  ne  croirait-on  pas  y  voir  un  immense  campe- 
ment de  Peaux-Rouges  ?  Feuilletez  les  horaires  des  compagnies 
de  chemins  de  fer,  Pacifique-Canadien,  Grand-Tronc,  Interco- 
lonial, Canadien-Nord,  Transcontinental,  et  vous  constaterez,  avec 
épouvante,  que  la  majorité  des  stations  de  l'Atlantique  au  Pacifique, 
sont  décorées  de  noms  sauvages  choisis  parmi  les  plus  repoussants 
et  les  plus  rébarbatifs.  Vous  lirez  et  vous  prononcerez,  si  vous  eu 
êtes  capables,  des  noms  comme  ceux-ci  :  Milnikek,  Bartiboy, 
Quispamvis,  Shubenacadie,  Mattawanikeay,  Shoyonce,  et  plusieurs 
milliers  d'autres  tout  aussi  savoureux.  Ils  sont  si  nombreux 
et  si  grotesques  que  l'on  est  en  droit  de  .se  demander  si  les 
directeurs  de  ces  grandes  compagnies  n'ont  pas  complètement 
perdu  la  tête  ! 

Mesdames  et  Messieurs,  nous  nous  faisons  gloire  de  nos  ori- 
gines françaises,  nous  sommes  jaloux  de  l'honneur  de  notre  pays, 


346  LE    PABLER    FRANÇAIS 

notre  orgueil  national  est  blessé  et  notre  fierté  se  révolte  lorscjuc, 
de  l'autre  côté  de  l'Océan,  on  croit  encore  que  le  Canada  est  un  pays 
de  sauvages;  l'on  plaint  avecpitiéces  ignorants  de  France,  surtout 
s'ils  sont  académiciens,  lorsqu'ils  croient  nous  faire  plaiser  en  retrou- 
vant dans  nos  soldats  des  descendants  des  trappeurs  et  des 
sang-mêlés  de  Feniinore  Cooper  ou  de  Gustave  Aimard. 

Mais,  je  vous  le  demande,  Mesdames  et  Messieurs,  faut-il 
s'étonner  outre  mesure  de  ces  jugements  qui  nous  brûlent  l'épi- 
derme  ?  N'y  a-t-il  pas  un  peu  et  même  beaucoup  de  notre  faute, 
et  faisons-nous  tout  notre  possible  pour  dissiper  cette  fâcheuse 
impression  à  notre  endroit  ? 

Je  ne  le  crois  pas  ;  je  crois  au  contraire  que,  l'ignorance  des 
Européens  une  fois  admise  comme  certaine  et  indiscutable,  nous 
ne  sommes  pas,  de  notre  côté,  à  l'abri  de  tout  reproche. 

Les  étrangers  nous  jugent,  en  effet,  par  nos  livres,  nos  statis- 
tiques, nos  cartes  géographiques,  nos  horaires  de  chemins  de  fer, 
nos  marques  de  commerce,  et,  trop  souvent,  l'indien  semble  y  régner 
en  maître.  Il  règne  certainement  encore  sur  les  bords  de  la  rivière 
Caskitshipiskotsi.skai,  l'esprit  de  la  forêt  plane  encore  sur  le  lac 
Awichivoiroifamak,  et  l'on  invoque  peut-être  le  manitou  dans  le 
canton    à' Ashtiapamouchouam. 

Oui,  Mesdames  et  Messieurs,  sachons  le  reconnaître,  nous 
ne  sommes  pas  exempts  de  tout  reproche.  Quand  on  habite  un  pays 
où  l'on  voit  d'affreux  sauvages  sur  les  billets  de  banque,  où  l'on 
l'on  fume  du  tabac  mic-mac,  où  ces  clubs  de  raquettes  s'ai)pellent 
Montaguais  et  des  clubs  de  crosse  Tccum.seh,  où  des  drames  ont 
pour  titre  Iroqiioise  et  des  poèmes  Tokinourou,  où  l'on  j)èche  la 
ouananiche  et  l'on  chasse  le  Kakawi,  où  les  wagons-lits  sont  dési- 
gnés par  de  repoussants  noms  indiens,  et  où  les  paquebots  de  luxe, 
comme  de  vulgaires  pirogues  algonquines  s'appellest  Mixsatiabie 
et  Metagama,  quand  on  habite  un  pays,  enfin,  où  la  lumière  nous 
vient  de  Shewannegan  et  où  les  monuments  sans  sauvages  sont  de 
rares  exceptions,  vraiment,  avons-nous  le  droit  de  nous  plaindre  si 
les  étrangers  nous  jugent  autrement  que  nous  sommes  ? 

Ils  n'ont  donc  pas  tout  à  fait  tort,  ayons  de  courage  de  l'avouer  ; 
ayons  surtout  le  bon  esprit  de  nous  corriger,  et  de  faire  disparaître 
au  plus  vite  tout  ce  qui  peut  les  confirmer  dans  leurs  erreurs. 

Bien  qu'il  y  ait  encore  beaucoup  à  faire,  il  est  consolant  de 
constater  qu'on  a  déjà  fait  beaucoup.  -Vu  nom  du  patriotisme  et 
du  bon  goût,  nous  conjurons  la  Société  Géographique  de  Québec, 
qui  a  déjà  beaucoup  de  travail  à  son  crédit,  de  poursuivre  énergi- 
quement  sa  campagne  d'épuration,  d'autant  plus  que  le  champ 
d'action  où  son  zèle  peut  s'exercer  considérablement  s'est  agrandi 
depuis  quelques  années.  La  région  de  l'Abitibi,  en  effet,  s'ouvre  de 
plus  en  plus  à  la  colonisation,  et  l'immense  territoire  de  l'Ungava 
est  maintsnant  annexé  à  notre  Province.  Dieu  sait  combien  ces 
vastes  contrées  sont  riches  —  si  l'on  peut  appeler  cela  une  riches.se  — 
en  noms  sauvages  de  toute  sorte.  Nous  sommes  encerclés  par 
un  colossal  bouclier  rouge,  autrement  plus  redoutable  et  plus  me- 
naçant que  le  Bouclier  canadien  des  géologues  ! 


LES  NOM8  GÉOGRAPHIQUES  DE  LA  PROVINCE  DE  QlÉBEC     347 

Il  est  donc  à  souhaiter  <|iic  tous  ceux  qui  s'occupent  de  coloni- 
sation, que  les  arpenteurs,  les  explorateurs,  les  ingénieurs  forestiers, 
les  curés  et  les  missionnaires,  cha(|ue  fois  (pi'ils  en  ont  l'occasion  et 
l'autorisation,  s'efforcent  de  toute  manière,  |)ar  des  noms  appro- 
priés et  l>ien  choisis,  d'iniplaiilcT  la  civilisation  chrétienne  et  fran- 
çaise dans  ces  superbes  domaines  nationaux  si  pleins  d'avenir. 


Une  fois  la  ])lupart  des  noms  savivages  impitoyablement  écar- 
tés—  je  dis:  la  i)lui)art,  i)arce  (|ue  quelques-uns,  plus  iuimains 
que  les  autres,  méritent  d'être  conservés,— examinons  maintenant 
les    autres    noms    géographiques    de    notre    Province. 

Les  origines  sont  très  variées.  Ici  comme  ailleurs,  on  a  donné 
aux  différents  lieux  des  noms  ((ui  ex])riment  une  idée  patriotique 
ou  un  sentiment  religieux,  (|ui  rappellent  le  souvenir  d'un  héros  ou 
d'un  homme  politique  distingué,  qui  célèbrent  une  victoire  ou  un 
événement  historique  important  ;  souvent  les  noms  ont  été  suggérés 
aux  premiers  colons  et  aux  premiers  exi)lorateurs  par  la  configuration, 
l'allure  ou  les  dimensions  d'un  lac,  d'une  rivière,  d'une  chute  ou 
d'une  montagne,  quelquefois  par  une  simple  circonstance  fortuite, 
un    accident    ou    une   aventure    plus   ou    moins    banale. 

Il  fait  plaisir  de  reconnaître  qu'un  très  grand  nombre  de  noms 
géographiques  de  notre  Province  ont  été  judicieusement  choisis. 

Les  noms  religieux  figurent  dans  toutes  les  parties  de  notre 
pays,  et  prouvent  que  nos  ancêtres,  qui  ont  planté  la  croix  du  Christ 
.sur  le  sol  d'Amérique,  ont  voulu  s'assurer,  parmi  les  saints 
du    paradis,  la   protection    d'un   nombre    considérable  de  patrons. 

Nos  gloires  nationales  n'ont  ])as  été  non  plus  oubliées,  et  les 
noms  de  Laval,  Chaniplain,  Montcalm,  Lévis,  Frontenac  et 
le  reste,  rappellent  aux  générations  d'aujourd'hui  les  plus  belles 
pages  de  notre  histoire. 

On  voit  aussi  ciu'un  certain  nombre  de  noms  ne  manquent 
pas  de  pittoresque  ni  d'à  propos,  et  que  nos  pères,  en  présence  de 
la  grandeur  et  de  la  majesté  des  horizons  canadiens,  ont  exercé 
d'heureuse  manière  leur  imagination  et  leur  esprit  d'observation. 

Mais  il  n'en  a  pas  toujours  été  ainsi.  Nos  braves  défricheurs 
n'étaient  i)as  tous  des  Vaugelas,  ni  des  gradués  de  Port-Royal, 
et  il  n'est  pas  étonnant  si,  en  faisant  de  la  géogra|)hie  sans  le  savoir, 
ils  ont  quelquefois  manqué  de  goût  et  de  discrétion  ;  il  ne  faut  pas 
être  surpris  s'ils  ont  attaché  plus  d'importance  qu'il  n'en  fallait  à 
des  circonstances  triviales,  à  des  incidents  vulgaires,  et  s'ils  nous 
ont  laissé  des  noms  peu  recommandables  à  jjIus  d'un  titre. 

Ce  que  l'on  comprend  moins  facilement,  c'est  que  les  explora- 
teurs et  les  cartographes,  plus  cultivés  et  plus  instruits,  n'aient 
pas  jugé  à  i)ropos  de  les  changer  et  que  tout  le  monde  les  subisse 
encore  avec  une  résignation  qui  n'a  pas  même  le  mérite  d'être 
chrétienne. 

La  géographie  et  l'histoire  sont  deux  sœurs  qui  doivent  se 
prêter  un  mutuel  secours,  et  les  noms  géographiques  tirés  de  nos 


348  LE     PARLER    FRANÇAIS 

annales  constituent  un  moyen  efficace  de  perpétuer  dans  l'âme  de 
nos  gens  le  souvenir  des  grands  noms  et  des  grandes  actions. 

A  ce  point  de  vue,  il  n'y  a  aucun  intérêt  historique  quelconque 
à  laisser  sur  nos  cartes  et  dans  nos  statuts  des  noms  tels  que  Jli- 
vière-à-l' Echalotte,  Pointe  Quinchien,  Chemin  Monte-à-peine,  Canton 
Lichepain,  le  lac  Sagamité,  Lac-à-la-C ulotte ,  Ilot-de-la-Vieille,  Vile 
Alwright,  Montée-Gagnon,  et,  l'un  des  plus  curieux,  la  Descente- 
des-femmes. 

On  aurait  pu  trouver  des  noms  plus  graceiux  et  plus  harmo- 
nieux que  le  Petit-Bois-de-l'Ail,  la  Pointe-à-la-C itrouiUe,  Crète- 
de-Coq,  Gros-Morne.  Gros-Crapeau,  Ritisseav-à-Rehours,  Corps- 
Mort,  Chien-Blanc,  Chicane,  Rivière  du  Braillard-de-la-Madeleine, 
Ruissean-C  aille,  Anne-Pleureuse,  V  Ahord-à-Plouffe,  la  Miche,  la 
rivière  Bellefine,  la  Pointe-à- Peton. 

On  ne  perdrait  rien  non  plus,  au  point  de  vue  de  la  distinction 
et  du  bon  goût,  à  faire  disparaître  Gros-Remou,  lac  des  Chicots,  la 
Côte-à-Baron,  le  Ruisseau-du-Manche-d'épce,  le  rang  Saint-en- 
peine,  Metgermette,  Sault-au-Cochon,  Mille-Vaches,  le  Tron-Saint- 
Patrice,  la    Vacherie. 

Outre  l'intérêt  historique  qui  s'attache  aux  noms  géographi- 
ques, ces  derniers  peuvent  exercer  quelquefois,  un  véritable  apostolat, 
en  ce  sens  qu'ils  sont  pour  notre  peuple,  par  les  vertus  qu'ils  évo- 
quent et  par  les  hauts  faits  qu'ils  consacrent,  un  enseignement  et 
un  exemple. 

L'éducation  de  notre  peuple  par  les  grands  exemples  historiques 
a  certainemant  fait  peu  de  progrès  par  des  noms  comme  Échourie, 
Trompe-Souris,  Brise-Culotte,  Frappe-Sac,  Vide-Poche,  Pain-de- 
Sucre,  Mouille-Pied,  Rivière-à-la- Pipe,  la  Tabatière,  le  rang  des  Fioles, 
et.  .  .le  croirait-on  ?.  .  .  Noé.  .  .  oui  le  grand' Père  Noé,  nom  imposé 
sans  doute  par  quelque  conseil  municipal  hostile  à  la  prohibition  ! 

Plusieurs  d'entre  vous.  Mesdames  et  Messieurs,  hésiteraient 
peut-être  à  faire  savoir  à  leurs  amis  et  correspondants  de  France, 
par  leurs  cartes  de  visite  ou  en  s'abonnant  à  des  journaux  et  revues, 
qu'ils  résident  à  Cabano,  à  Sainte-Rose-du-Dégelé.  à  Saint-Sianislas- 
de-la-Rivière-des-Envies,   ou   à    Saint- André-de-V Épouvante  ! 

Voilà  des  noms  qui  ne  méritent  aucune  pitié,  et  il  y  a  toutes 
les  raisons  du  monde  de  les  supprimer  au  plus  tôt. 


Depuis  un  certain  nombre  d'années,  il  s'établit  une  coutume, 
je  dirai  plutôt  une  mode,  qui  se  répand  très  rapidement,  comme 
toutes  les  modes  d'ailleurs,  et  qui  semble  d'un  goût  assez  douteux. 
Je  veux  parler  de  l'habitude  de  donner  à  des  localités,  souvent 
assez  restreintes,  quelques  fois  de  simples  villages,  des  noms  fabri- 
qués de  toutes  pièces  par  l'agglutination  du  mot  ville  à  un  nom 
historique,  au  nom  d'un  homme  politique  ou  du  curé  de  la  paroisse, 
quelquefois  aux  noms  de  personnages  plus  ou  moins  quelconques  et 
qui  n'ont  pas  toujours  mérité  cet  honneur. 


LES  NOMS  GÉOGRAPHIQUES  DE  LA  PROVINCE  DE  QUÉBEC     349 

Si  l'on  parcourt  les  stati.sti(|ut's  imiiiicipalcstle  notre  Province, 
on  voit  des  noms  comme  ceux-ci,  connus  d'ailleurs  de  tout  le  monde  : 
Plessi.irille,  Cartierville,  l'apineaiiville,  HiKjotviUe,  Laurierville,  Mont- 
calmrille,  etc. 

Il  y  en  a  d'autres  dont  les  orij^ines  sont  plus  obscures,  souvent 
assez  vulfïaires,  et  qui  ont  moins  de  droit  de  jjasser  à  la  postérité, 
comme  lieniierville,  Fortierville,  Mungeaurille,  l'aqnetteville,  Morin- 
ville,  TctrauU ville,  Martinvillc,  ila.i.suerille,  Ahnaiille,  Leclercrille, 
etc. 

Quelques-uns  échappent  à  peine  au  ridicule,  conmme  l'iau- 
rille.  ('uupalville,  Melocheiille,  Beaiicevillif.  Loredeoille,  Daveluyville, 
Saint- Agapitville,  etc. 

Il  est  tem])s  Mesdames  et  Messieurs,  de  protester  contre 
un  semhiahle  enfîoucmcnt,  ((ui  n'est  certes  pas  de  bon  aloi  et  qui 
trahit  un  certain  i)cdantisnie  prétentieux  ;  un  simple  village  veut 
peut-être,  par  ce  moyen,  se  donner  des  airs  de  jurande  ville,  mais 
cela  ne  trompe  personne.  Saint-Agapit  et  Loretle  n'ont  rien 
gagné  à  s'appeler  Saint-Agapitville  et  Loretterille,  si  ce  n'est  de  se 
rendre  ridicules  et  de  rompre  avec  les  saines  traditions  fran(.'ai.ses. 

En  effet,  ces  assemblages  indigestes  de  mots  sont  tout  à  fait 
opposés  au  génie  de  notre  langue,  et  l'on  ne  saurait  en  recommander 
la  diffusion  ilans  notre  pays.  Une  certaine  réaction  s'est  déjà  pro- 
duite ici  et  là  ;  il  faut  féliciter  les  citoyens  d'Arthabaska  d'avoir 
exécuté  Arthabaskaville.  Espérons  que  sft  voisine  Victoriaville.  .  . 
et  tous  les  autres  en  feront  autant. 

Il  est  vrai  que  la  géographie  française  contient  beaucoup  de 
noms  composés,  mais  ces  noms  sont  d'une  toute  autre  allure. 

Pour  préciser  la  position  géographique,  on  dira,  en  France, 
avec  traits  d'union  obligatoires,  Bouloyne-snr-mer,  Châlons-sur- 
Marne,  Montigny-xur-.ive,  comme  on  dit  ici  Saint-Denis-sur-Riche- 
lieu ;  il  y  a  aussi,  pour  désigner  des  stations  balnéaires,  Enghien- 
les-Bains,  Aix-les- Bains,  comme  nous  avons  ici  Saint-Irénée-les- 
Bains.  Mais  jamais  il  n'est  venu  et  jamais  il  ne  viendra  à  l'esprit 
de  personne,  en  France,  de  nommer  un  village  Bossuetrille,  Chateau- 
briandrille,   Lacordaireville,   Poincaréville,  ou    Denys-Coehiniillc. 

Après  la  victoire  des  alliés,  que  nous  souhaitons  prochaine  et 
complète,  on  aura  raison  de  donner  à  ])lusieurs  localités  françaises 
le  nom  du  vain((ueur  de  la  Marne  ;  mais  nous  pouvons  parier  que 
que  l'on  ne  les  appellera  pas  Joffreville. 


Tout  le  monde  sait  que  nos  paroisses  ont  généralement  deux 
noms,  celui  du  canton,  du  comté  ou  du  fief  seigneurial  dans  lequel 
elles  se  trouvent,  et  celui,  d'autre  part,  d'un  i)atron  céleste  —  le 
nom  d'un  saint  ou  d'une  sainte  —  sous  le  vocable  duquel  elles  sont 
placées. 

C'est  ainsi  que  nous  avons  Saint-Antoine  de  Tilly,  Sainte-Anne 
de  Beaupré,  Saint-Etienne  de  Lauzon,  Saint-Narcisse  de  Beauri- 
vage,  Sainte-Anne  de  la  Pérade,  etc.  Ces  noms  sont  très  souvent 
harmonieux,  et  ils  indiquent  clairement  la  position  géographique, 
surtout  pour  les  localités  qui  ont  le  même  patron. 


350  LE    PARLER    FRANÇAIS 

Mais  les  noms  civils  sont  souvent  composés,  et  ceux  des  saints 
et  des  saintes,  pour  rappeler  leur  patrie  d'origine  et  les  endroits  où 
ils  ont  vécu,  ne  sont  pas  toujours  simples  ni  courts.  Il  en  résulte 
que,  si  l'on  n'y  prend  i)as  garde,  —  et  l'on  n'y  prend  pas  toujours 
garde  —  les  noms  officiels  de  nos  paroisses  et  de  nos  municipalités 
scolaires  deviennent  d'une  longeur  démesurée,  et  i>ar,  suite,  très 
encomhramts  pour  les  statistiques,  qu'ils  surchargent  et  fort  peu 
commodes  pour  les  corresjjondances. 

On  peut,  je  crois,  critiquer  à  juste  titre  des  noms  comme  ceux-ci  : 
Saint-Oabriel-Archange  de  la  Ditrcmtaye,  Sainte- Germaine  de  l'Anse- 
aux-Gascons,  Haints-Piei^e  et  Païil  de  la  Baie-Saint-Paul,  Saint- 
Anicet  de   Godmanchester,  Notre-Dame-du-Bon-Secours  de  Montebello. 

Il  y  a  certaines  rencontres  qui  ne  sont  pas  toujours  heureuses, 
et  la  longueur  du  nom  résultant  aggrave  encore  la  mauvaise  impres- 
sion produite,  Il  y  a,  en  effet,  des  noms  comme  les  suivants  -.Cœur 
très  pvr  de  Marie  de  Plaisance,  Saint- Benoit- Joseph-Labred'Amqui, 
Saint- J acques-le-Majenr  de  Causapscal,  Saint-Jean-Baptiste  du  Gros- 
Cap-aux-os,  Saint-Martin  de  Martinville,  Saint-François-Xavier 
de  la  Rivière-Croche,  Saint-Jean-Baptiste  de  la  Rivière-aux-Rats,  etc. 

Nos  braves  cultivateurs,  plus  habiles  à  manier  la  faux  que  la 
plume,  ont  souvent  à  faire,  au  sujet  de  la  vente  des  produits  de 
leurs  fermes,  des  correspondances  obligatoires,  et  il  ne  faut  pas 
leur  demander  des  efforts  d'orthographe  trop  pénibles.  On  peut 
deviner  facilement  l'embarras  dans  lequel  ils  se  trouvent  et  les 
résultats  désastreux  auxquels  ils  s'exposent  lorsqu'ils  adressent 
des  lettres  à  des  correspondants  qui  demeurent  à  L'Assomption 
de  Notre-Dame  de  McNider,à  Saint-Pierre  de  Vérone  de  Pike-Riier, 
à  Sainte-Rose  de  Lima  de  Sweetsbury,  à  Saint-Fulgence  de  Durham, 
à  Sainte-Suzanne  de  Bonndanj-Line,  à  Saint-Stanislas d' Ascot-C orner. 

Pour  simplifier  la  tâche,  ils  laissent  de  côté  le  nom  religieux, 
et  ils  se  contentent  du  nom  civil.  Et  si,  comme  dans  les  derniers 
exemples  cités,  le  nom  civil  est  anglais,  c'est  le  seul  qui  reste  en 
usage  dans  la  pratique  courante. 

Puisque  nous  parlons  des  noms  anglais,  ne  serait-il  pas  permis 
de  regretter  qu'ils  soient  encore  si  nomreux  dans  notre  Province, 
et  ne  voit-om  pas  avec  peine  qu'ils  dominent  encore  en  des  endroits 
où  la  population  est  entièrement  ou  du  moins  en  grande  majorité 
française  ?  Est-il  juste  et  équitable  de  conserver,  dans  des  centres 
entièrement  canadiens-français,  des  noms  comme  Dorchester, 
Warivick,  Tingtcick,  Stanfold,  Standon,  Watford,  Somerset,  Buckland, 
et  le  reste,  là  où  le  colon  français  est  maître  de  sol,  là  où  l'on  n'en- 
tend presque  jamais  parler  l'anglo-saxon  ?  L'origine  de  ces  noms 
étrangers  à  notre  langue  est  bien  connue  ;  ils  étaient,  dans  l'esprit 
des  vainqueurs  de  1760,  le  premier  article  d'un  programme  élaboré 
d'anglification,   qui    est    encore    en    voie    d'exécution. 

Mais  les  choses  sont  bien  changées  depuis  la  conquête  du  pays, 
et  la  population  française,  malgré  tous  les  obatacles  et  en  gardant 
intactes  toutes  les  traditions  d'un  passé  glorieux,  s'est  accrue  dans 
des  proportions  que  l'on  n'a  certainement  pas  dû  i)révoir.  en 
certains  quartiers.     Dès  lors,  les  noms  géographiques  actuels  don- 


LES  NOMS  GÉOGRAPHIQUES  DE  LA  PROVINCE  DE  QUÉBEC  351 

nent-ils  une  idée  exacte  de  la  répartition  des  races  dans  la  jjrovince 
de  Québec,  et  nos  cartes  ne  produisent-elles  pas,  au  yeux  des  étrangers 
non  avertis,  la  fausse  impression  que  notre  Province  est  à  moitié 
anglaise  ? 

Il  faut  avouer  qu'un  remaniement  de  la  carte  de  notre  Province, 
tout  désirable  qu'il  est,  n'est  pas  chose  facile.  C'est  une  ciuestion 
délicate  à  soulever,  et  toute  hérissée  de  susceptibilités  nationales  ; 
de  plus,  le  moment  est  peut-être  mal  choisi  i)our  entreprendre  un 
pareil  mouvement. 

Je  laisse  à  i)lus  avisés  que  moi  le  soin  de  déterminer  les  moyens 
les  meilleurs  à  i)rendre  pour  poursuivre  cette  tâche  patiotique  avec 
avec  toutes  les  chances  de  succès. 


Mesdames  et  Messieurs,  le  mot  de  Littré,  "  Noblesse  oblige,  " 
qui  m'a  servi  de  guide,  revient  encore  une  fois  sur  mes  lèvres,  avant 
de  terminer  ce  travail  trop  imparfait  et  trop  incomplet. 

"  Noblesse  oblige,  "  puisque  nous  sommes  français  et  que 
nous  avons  l'insigne  bonheur  de  parler  le  langage  de  la  douce  France. 

Il  ne  faut  jamais  l'oublier,  si  nous  sommes  quelque  chose,  si 
nous  croyons  avoir  quelques  (jualités.  si  nous  avons  conscience  de 
n'être  pas  trop  inférieurs  aux  autres  races,  ce  n'est  pas  parce  que 
nous  sommes  canadiens,  c'est-à-dire  nés  au  Canada,  mais  parce 
que  nous  sommes  canadiens-français,  c'est-à-dire  parce  que  bouil- 
lonne dans  nos  veines  le  sang  généreux  de  la  France. 

Nous  avons  le  redoutable  honneur  de  représenter  la  France 
sur  le  continent  américain  ;  nous  avons  la  mission  sacrée  de  répan- 
dre l'influence  française  dans  le  Nouveau-Monde,  de  faire  éclore 
et  germer  la  semence  immortelle  qu'un  jour  la  France  jeta  sur  nos 
bords. 

Notre  piété  filiale  envers  notre  première  Mère-Patrie  nous 
impose  donc  la  stricte  obligation  de  défendre  son  honneur  et  de 
promouvoir  ses  intérêts,  comme  elle  nous  interdit  de  publier  ses 
fautes  et  d'exagérer  ses  défauts. 

Mais  le  rôle  de  notre  race  au  Canada  ne  serait  pas  complète- 
ment rempli,  nous  ne  ferions  pas  tout  notre  devoir,  si  nous  cessions 
de  travailler  à  la  diffusion,  à  l'épuration  et  au  perfectionnement  de 
notre  langue,  si  nous  ne  nous  efforcions  pas  de  conserver,  dans  tout 
l'éclat  de  sa  fraîcheur  et  sa  pureté,  le  verbe  incomparable  de  la 
France,  l'un  de  ceux  qui  ont  le  plus  honoré  Dieu  et  le  mieux 
servi  l'Eglise  ! 

Nous  devons  donc  tous,  chacun  dans  sa  sphère  d'activité  et 
d'influence,  seconder  les  efforts  de  la  Société  du  Parler  français,  et 
l'aider  de  toutes  façons  à  accomplir  avec  succès  son  œuvre  éminem- 
ment patriotique  ;  et,  pour  ce  qui  regarde  les  noms  géographiques, 
nous  devons  bannir  de  nos  cartes,  de  nos  statuts,  tout  ce  qui  n'est 
pas  de  bonne  race  et  de  pure  lignée,  tout  ce  qui  est  trivial  et  vulgaire, 


352  LiE   PARLER   FRANÇAIS 

tout  ce  qui  n'est  j)a.s  conforme  au  génie  de  la  langue  et  aux  saines 
traditions  françaises,  tout  ce  qui  ne  porte  pas  le  cachet  authentique 
de  la  distinction  et  du  bon  goût. 

Conservons  donc  avec  un  soin  pieux,  et  choisissons  toujours, 
pour  le  plus  grand  honneur  de  notre  Province,  des  noms  qui  évoquent 
les  souvenirs  du  passé  et  ex])riment  notre  foi  en  l'avenir,  noms 
qui  chantent  dans  toutes  les  parties  du  pays  la  vaillance  des  dé- 
couvreurs, l'héroïsme  des  premiers  pionniers  et  le  zèle  apostolique 
de  nos  missionnaires,  noms  des  vieilles  paroisses  de  France  d'où 
sont  partis  nos  ancêtres,  d'où  nous  viennent  ces  accents  de 
terroir  qui  ont  donné  à  notre  parler  son  caractère  propre  et  son 
originalité,  noms  qui  affirment  la  naissance  et  le  développement, 
sur  le  sol  canadien,  d'une  France  nouvelle,  toujours  jeune  et  toujours 
vivace,  noms  qui  symbolisent  la  survivance  de  notre  race,  nos  aspi- 
rations nationales  et  nos  espérances  patriotiques,  noms  pittoresques 
et  expressifs,  qui  valent  à  eux  seuls  toute  une  description,  noms  de 
vertu  et  de  gloire,  qui  rappellent  à  notre  peuple  les  conquêtes  de 
l'Église  et  les  exploits  de  nos  guerriers,  noms  enfin,  pour  tout  dire 
en  un  mot,  qui  soient  l'intervention  touchante  de  la  foi  religieuse,  de 
l'histoire  et  du  patriotisme  dans  la  géographie  ! 

Henri  Simard,  ptre. 


CE  OUE  JE  CHANTE 


Chantez,    ô  poètes,    mes  frères. 

Le  charme  éternel  de  Vamour, 

Chantez    le  parfum    des    bruyères. 

Chantez    la  htmière    du    jour. 

Chantez  la   douceur  de  la   vie. 
Et  les  espoirs  que  vous   aimez  ; 
Chantez    votre    mélancolie. 
Chantez   vos   rêves   parfumés. 

Chantez  la  grâce  de  vos   belles. 
Et   la   couleur   de   leurs   cheveux. 
Le   clair   reflet   de   leurs   prunelles, 
La   tendresse   de   leurs   aveux.  .  . 

Chantez   la  fleur    qui    vient    d'éclore, 
Chantez   la   gloire   du    printemps  ; 
Chantez   la    splendeur    de    l'aurore  ; 
Moi,   je   chante   les   habitants  !  .  . . 


Blanche  Lamontagne 


353 


VOCABULAIRE  FRANÇAIS-ANGLAIS 

DU  JEU  DE  BALLE  AU  MUR 

(Handball) 


Suivant  quelques  auteurs  la  "  balle  au  mur  "  (Handball)  serait 
d'origine  celtique.  La  première  mention  authentique  de  ce  jeu,  selon 
les  annales  de  l'Irlande,  existe  en  l'an  3370  A.  M.,  ou  1,879  années 
avant  l'ère  chrétienne.  Ce  divertissement  fut  introduit  en  Grèce  au 
12e  siècle  avant  le  Christ,  au  temps  de  l'organisation  des  jeux  olym- 
piques. 

Lors  de  la  conquête  de  la  Gaule,  les  Romains  firent  connaître 
VHarpaste,  qui,  modifié,  devint  le  jeu  de  paume  (joué  avec  la  paume 
de  la  main).  Dès  1316,  des  ouvrages  français  en  font  mention.  C'est 
de  ce  dernier  amusement  que  certains  écrivains  font  descendre  le 
jeu  de  balle  au  mur.  Celui-ci  est  surtout  en  vogue  dans  l'ancien- 
ne Gascogne. 

On  désigne  sous  le  nom  générique  de  paume  ou  pehte  basque 
différentes  variétés  de  la  paume,  pratiquées  dans  les  pays  basques. 
Il  y  a  le  reboi,  le  trinquet,  le  long  bert,  le  blaid  à  main  nue,  le  blaid  à 
chistera  ou  gant  d'osier,  le  blaid  à  pala  ou  palette,  et  la  quiniéla. 

En  Angleterre,  ce  jeu  connu  sous  le  nom  de  "  Fives  "  (1)  ,  est 
beaucoup  joué  aux  écoles  et  aux  universités.  Transplantée  en  Amé- 
rique, vers  1840,  la  balle  au  mur,  jouée  à  la  main  nue,  à  la  palette  ou 
au  battoir,  est  devenue  très  populaire  dans  presque  tous  les  collèges 
des  États-Unis  et  du  Canada. 

BALLE   AU    MUR -HANDBALL 

A.— LE     CH.\MP    DU    JEU 

Ligne  des  courtes,  raie  de  ser-  Ace  Une,  inner  Une,  service  Une, 

vice short  Une 

Allée,  fronton,  jeu,  piste,  rec- 
tangle    Alley,  bail  court,  court 


<"  La  raison  de  celte  appellation  est  obscure.  Quelques-uns  prétendent  que  ce 
nom  vient  du  fait  qu'à  l'origine  le  nombre  de  joueurs  se  chiffrait  à  cinq  (6ve)  dans 
chaque  camp  :  d'autres  le  tirent  de  l'argot  "fivcs,"  désignant  les  cinq  doigts,  la 
main  ;  plusieurs  dictionnaires  disent  que  c'est  parce  que  trois  cinq  (threefive*)  ou 
quinze,  sont  comptés  pour  marquer  la  partie 

354 


VOCABULAIRE    FRANÇAIS- ANGLAIS    DU  JEU    DE    BALLE    AU    MU  H      855 

Arrière-jeu Back-court 

Hors-jeu Ouier-courl 

Mur  do  fond,  mur  de  rebot.  .  .  .  liark  iratl 

Mur  de  face,  fronton Front  wall 

Tr.bune,  gradin Gallery 

Jeu  intérieur Jnside  grourid 

Ligne  des  outres Low  Une,  over  Une,  iell-board 

Lignes  de  côté,  les  cordes Side  Unes 

Mur  latéral Side  wall 

B.-LES  POSITIONS 

1.— Extérieures. 

Fanât  que Fan 

Arbitre Référée  ' 

Marqueur Scorer 

2.— Intérieures. 

Concurrents Contestants 

Peloteur,  joueur  de  balle  au  mur  Handball  player 

Buteur,  avant,  fort Inside  player 

Retourneur,  arrière,  foncier.  .  .  .  Outside  player 

Partena  re Partner 

Servant,  serveur Serrer 

C.~LES     ACCESSOIRES 

Balle,  pelote Bail,  handball,  sphère 

Gant Gloie 

Sans  doigts Fingerless 

Avec  doigts Fnll  fingered 

Mitaine Mitt 

Poignetière Wrist  pad 

Bracelet Wrist  strap 

D.~LE    JEU 

Point Ace,  point 

Attraper  la  balle,  la  pelote Catch  the  bail  (  To) 

Choix  du  champ Choice  of  gronnd 

Courbe  (Une) Curved  bail 

Couper  la  balle Cut  the  bail  {To) 

Balle  morte Dead  bail 

Lancer Delivery 


356 


LE    PARLER    FRANÇAIS 


Égalité  de  points,  partie  nulle  Draw 

Coup  de  longeuur Drive 

Vol Fly 

Faute Foui 

Partie Game 

Ramasser  la  pelote Gather  the  bail  {To) 

Main,  service Hand 

Main  perdue,  service  perdu.  .  . .  Hand  out 

Empêchement,  gêne Hinder 

Buter  la  balle Hit  the  hall  {To) 

Bond Hop 

Manche,  reprise Inning 

Tuer  la  balle Kill  the  hall  {To) 

Joute Match 

Quadrette '.....  Fonr-handed 

Simple Single-handed 

Pardessus Over 

Placer  la  balle  .   ■ Place  the  hall  (  To) 

Jouer  la  balle  courte Play  the  hall  short  { To) 

Retourner  la  balle Recover  the  hall  {To) 

Relance Return 

Relancer,  renvoyer,  reprendre 

la  balle Return  the  hall  {To) 

Partie  liée Rubber 

Coup  de  coin Scoop  to  corner 

Marquer,  compter Score  { To) 

Servir Serve  {To) 

Service,  but Service 

Service  de  ligne Line  service 

Balle  de  service Service  hall 

Série Set 

Courte Short 

Balle  courte Short  hall 

Camp Side 

Résultat,  pointage,  état  de  la 

partie Tally 

Équipe Team 

Tirage  au  sort Toss 

Tirer  au  sort,  à  pile  ou  face 

l'ordre  du  jeu Toss  for  choice  of  ground  {To) 

Buter  la  pelote Toss  the  bail  { To) 

Défaut  de  l'adversaire Weakness  of  opponent 


VOCABULAIRE   FRANÇAIS-ANGLAIS    DU  JEU    DE  BALLE  AU  MUR         337 

I3ibli()graj)hie  : 

Le  Code  de  la  Vie,  pur  (îraïui-Môre  Aiincttc,  édition  1910-1911  ; 
Administration,    21,    rue    (îanneron,    Paris    (XVIIle.) 

Les  Sports  modernes  illustrés,  encyclopédie  sportive  illustrée, 
publiée  sous  la  direction  de  P.  MoreauetG.  Voulquin,  1915.  Librairie 
Larousse,    19,    rue   du    Montparnasse,    Paris. 

Dictionnaire  des  Connaissances  pratiques,  par  E.  Bouant,  1909, 
librairie  Armand  Colin,  5,  rue  de  Mézières,  Paris. 

Sports  Athlétiques,  par  Ern.  Wcber,  1905,  Garnier  Frères,  li- 
braires-éditeurs, 6  rue  des  Saints-Pères,  Paris. 

Encyclopédie  des  Sports,  publiée  sous  la  direction  de  M.  Phi- 
lippe Daryl  ;  Jeux  de  Balle  et  de  Ballon,  par  un  juge  du  Camp,  1894, 
Librairies-Imprimeries  réunies,  7,  rue  Saint-Benoît,  Paris. 

Les  Jeux  de  Collège,  par  les  RR.  PP.  C.  De  Nadaillec  et  J. 
Rousseau,  S.  J.,  1875,  librairie  de  J.  Delalain  et  Fils,  rue  des  Écoles, 
56,  Paris. 

Grande  Encyclopédie  générale  des  Jeux,  par  Benjamin  Pifteau, 
Arthème  Fayard,  libraire-éditeur,  78,  Boulevard  Saint-Michel, 
Paris. 

Tennis,  Hockey,  Paumes,  Balles  et  Boules,  par  Max  Decugis,  etc., 
l'ierre  Lafitte  et  Cie,  90,  avenue  des  Champs-Elysées,  Paris. 

Alfred  Verre ault. 


VOCABULAIRE  FRANÇAIS-ANGLAIS 

Du  Jeu  de  Balle  aux  Base8(1) 
(Basebai) 


Il  y  a  divergence  d'opinions  sur  l'origine  de  la  balle  aux  bases 
(Baseball),  le  jeu  national  d'été  des  États-Unis.  Quelques-uns  la 
font  descendre  d'un  vieux  jeu  de  collège  du  nom  de  "rounders", 
auquel  on  jouait  en  Angleterre  dans  les  temps  anciens  et  dont  plu- 
sieurs variations  furent  pratiquées  en  Amérique  pendant  la  période 
coloniale. 

D'autres  veulent  que  sa  ressemblance  avec  le  "rounders"  soit 
simplement  une  coïncidence,  et  affirment  qu'elle  prit  naissance 
aux  Etats-Unis.  Une  commission  nommée  en  1907,  à  la  suggestion 
de  feu  A-G.  Spalding  (2),  avec  instruction  de  considérer  toutes  les 
preuves  valables  et  de  se  prononcer  sur  la  source  du  jeu  national 
américain,  déclara  à  l'unanimité:  premièrement,  que  le  premier 
système  pour  la  jouer,  selon  la  meilleure  preuve  qu'on  puisse  obtenir 
jusqu'à  date,  fut  inventé  par  le  jeune  Abner  Doubleday  (plus  tard 
major-général  dans  l'armée  des  Etats-Unis),  à  Cooperstown,  New- 
York,  en  1839. 


(1)  Traduction  littérale  de  l'appellation  américaine  "Baseball":  de  la  balle 
et  des  bases  usitées. — -L'expression  balte  au  camp,  qu'on  a  donnée  comme  équivalent 
du  mot  "Baseball",  ne  saurait  être  adaptée;  car  elle  désigne  un  vieux  jeu  français 
très  différent  du  sport  national  des  Etats-Unis,  qui  est  absolument  nouveau  en 
France,  avec  ses  accessoires  essentiels,  ses  règles  nettement  délimitées,  sa  théorie 
et  sa  pratique.  Ajoutons  que  le  nom  balle  au  camp  ne  vient  pas,  comme  il  a  été  dit, 
du  fait  que  les  joueurs  se  divisent  en  deux  camps,  ou  de  ce  que  les  soldats  auraient 
longtemps  pratiqué  ce  jeu,  ainsi  que  c'a  été  réellement  le  cas  pour  le  "Baseball"  aux 
États-l'nis;  mais  bien  du  fait  qu'est  nommé  "camp"  le  carré,  la  partie  du  champ 
dont  prend  possession  l'équipe  que  le  sort  a  désignée  pour  ce  faire  (V.  Grande  Ency- 
clopédie de  Jeux,  par  Benjamin  Pifteau):  et  qu'ensuite,  c'est  en  criant:  "Camp!"  que 
les  "trimeurs",  i.e.  ceux  qui  sont  placés  aux  diverses  "remarques"  en  dehors  du 
"camp",  ont  le  droit  d'y  entrer  lorsqu'un  des  leurs,  en  lançant  la  balle,  a  atteint 
un  adversaire  avant  que  ce  dernier  ait  touché  une  "remarque"  et  ait  crié:  "Rendu!". 
(V.  Encyclopédie  des  Sports,  Jeux  de  Balte",  sous  la  direction  de  M.  Philippe  Daryl.) 
Le  mot  "camp"  du  terme  balle  au  camp  fait  donc  souvenir  d'une  partie  de  l'ancien 
jeu  français,  du  "carré  ",  ci-dessus  mentionné,  qui  est  complètement  étranger  au 
"Baseball".  (Pour  plus  de  détails  sur  ce  sujet,  voir  une  lettre  de  l'auteur  parue 
dans  le  journal  Le  Devoir,  de  Montréal,  le  samedi,  24  juillet  1915.) 

(2)  .\lbert  Goodwill  Spalding.  né  le  '2  septembre  1850,  à  Byron,  comté  d'Ogle, 
Illinois;  ancien  joueur  et  directeur  de  plusieurs  clubs  américains  de  "Baseball"; 
père  de  la  ligue  nationale  et  fondateur  de  la  célèbre  maison  sportive  .\.-G.  Spalding 
&  Bros.,  connue  dans  le  monde  entier;  mort  subitement  d'apoplexie  à  sa  demeure  à 
Point  Loma,  Californie,  le  jeudi  soir,  9  septembre  1915. 

3ô8 


VOCABULAIRE  FRANÇAIS- ANGLAIS  DU  JEU   DE  BALLE  AUX  BASES     359 

On  prétend  aussi  que  ce  jeu  serait  descendu  directement  du 
"town  bail'  des  états  de  la  Nouvelle-Angleterre  dans  la  trentaine. 
Cela  toutefois,  se  jouait  sur  un  champ  carré,  au  lieu  d'un  losange, 
et  les  courses  se  faisaient  autour  de  (juatre  poteaux  fixés  en  terre, 
au  lieu  de  bases.  Le  club  Washinjjton,  de  New- York,  organisé 
en  1843,  semble  avoir  été  le  premier  à  .se  servir  d'un  losange,  et 
son  jeu  était  appelé  le  "New  York",  comme  distinct  du  "jeu  Massa- 
chusetts" des  états  de  la  Nouvelle-Angleterre.  Le  "Knickerbocker 
Baseball  Club"  en  1845,  le  premier  formula  un  code  de  règle,  et  la 
première  joute  de  concours  eut  lieu  en  1846.  En  1857  une  conven- 
tion .se  tint,  à  laquelle  des  délégués  de  seize  clubs  étaient  présents 
En  1858  une  deuxième  convention  eut  lieu,  et  vingt-cinq  clubs  étaient 
représentés.  L'Association  nationale  des  joueurs  de  balle  aux 
bases  fut  organisée,  et  a  tenu  des  conventions  annuelles  depuis, 
revisant  les  règles  de  temps  en  temps. 

Quoique  la  balle  aux  bases  soit  connue  en  France  depuis  1888, 
alors  que  des  joueurs  américains,  pendant  le  premier  tour  mondial, 
jouèrent  pour  la  première  fois  à  Paris,  à  l'ombre  de  la  célèbre  tour 
Eiffel  en  construction  en  ce  temps-là,  elle  est  très  peu  pratiquée  par 
nos  voisins  d'outre-nier.  Seul  le  Stade  français  y  jouait  jadis 
sur  les  pelouses  de  Meulon  et  au  Luxembourg.  En  1913  .se  forma 
la  première  équipe  scolaire  qui  prit  le  nom  d'association  de  Base 
Bail  de  Condorcet.  Différents  lycées  et  écoles  suivirent  l'exemple 
du  Condorcet,  principalement  Fénelon  et  Bossuet.  Ceux  qui 
pratiquent  ce  jeu  ce  .sont  surtout  les  étudiants  américains  de  l'Ecole 
des  beaux-arts,  qui  ont  formé  le  "Paris-Team".  Au  collège  de 
Normandie  ainsi  qu'à  l'Union  sportive  du  Berry,  à  Bourges,  la 
balle  aux  bases  commence  à  prendre  pied.  Parmi  les  autres  club 
intéressés  à  ce  divertissement,  citons:  le  Racing  Club  de  France; 
l'équipe  de  Base-Bail  du  Vésinet;  le  Rugby  Club  Nantais;  l'Olym- 
pique Seynois;  le  Patronage  Jeanne  d'Arc,  à  Soissons;  l'Association 
Sportive  Mâconnai.se;  l'Evreux  Athletic  Club;  etc.  Transplantée 
en  Angleterre,  la  balle  aux  bases  n'a  pas  été  là  un  succès.  En  Aus- 
tralie, elle  est  devenue  populaire.  C'est  déjà  le  sport  favori  à  Cuba. 
Elle  se  répand  rapidement  dans  les  îles  Philippines.  Elle  est  beaucoup 
jouée  en  Amérique  Centrale.  La  Suède  n'y  est  pas  indifférente. 
Au  Canada,  elle  fait  des  progrès  de  géant. 

Aux  États-L'nis,  naturellement,  ce  jeu  jouit  de  la  plus  grande 
vogue.  Les  sociétés  de  balle  aux  bases  se  chiffrent  dans  les  cinq 
cents.  On  compte  près  de  soixante  ligues,  dont  les  deux  plus  impor- 
tantes sont  la  Nationale  et  l'Américaine.  De  magnifiques  tribunes 
et  gradins,  véritables  palais,  abritent  des  foules  immenses  d'enthou- 
siastes   spectateurs    aux    joutes    professionnelles.     Les    principales 


360  LS    PARLER    FRANÇAIS 

arènes  où  se  jouent  ces  parties  homériques  sont  le  "Polo  Ground", 
à  New- York,  avec  sa  tribune  en  ciment  et  en  acier,  où  peuvent  facile- 
ment s'asseoir  35,000  personnes;  le  "Forbes  Field",  à  Pittsburg;  le 
"Shibe  Park",  à  Chicago;  et  le  nouveau  terrain  du  club  Boston  de 
la  ligue  nationale,  qui  a  la  plus  grande  tribune  de  tout  champ  con- 
trôlé par  la  balle  aux  bases  organisée.  La  troisième  partie  de  la 
série  mondiale  de  1915  a  été  jouée  sur  ce  terrain  et  a  été  vue  par  une 
foule  de  plus  de  42,000  spectateurs.  On  peut  se  figurer  ce  qu'une 
telle  partie  rapporte,  lorsque  l'on  sait  que  le  prix  des  places  est  respec- 
tivement de  25,  50,  75  sous,  .¥1.00  et  plus.  Les  principaux  joueurs 
professionnels  touchent  des  salaires  de  ministres.  Au  nombre  de 
ceux-ci  il  faut  mentionner  le  fameux  joueur  franco-américain  Napoléon 
Lajoie  (1),  qui  est  un  des  plus  habiles  batteurs  chez  nos  voisins. 
La  balle  aux  bases  a  aussi  sa  littérature  poétique  et  prosaïque  améri- 
caine. 

LA  BALLE  AUX  BASES 

{Baseball) 

A. — Le  Champ 

Arrière-filet Back-stop. 

Base  (1ère,  2e,  3e) Base,  sack  (Ist,  2nd,  Srd). 

Base  de  fond,  plaque  de  fond,         Home-base,    home,    home    plate 
plateau (H.) 

Ligne  de  bases,  d'entre-bases    .  .      Base  Unes. 

Sentes  de  courses  des  bases   .  .  Base  running  paths. 

Lignes  du  batteur Batsvians  Unes. 


(1)  Xé  à  Woonsocket,  R.  I.,  le  5  septembre  1875;  grandeur  6  pds  1  pce;  pesan- 
teur 195  liv.;  lanceur  et  batteur  droitier:  joue  à  la  balle  aux  bases  depuis  1895; 
commença  avec  l'équipe  de  la  ville  de  Fall  River,  passa  dans  la  ligue  nationale  en 
1896  et  joua  dans  le  club  Philadelphie  de  cette  ligue  jusqu'en  1900,  signa  avec  la 
ligue  américaine  en  1901  et  servit  un  an  dans  le  club  de  Philadelphie  de  <-ette  ligue, 
passa  ensuite  à  Cleveland  et  joua  dans  l'équipe  de  cette  ville  de  1902  à  1914  inclusive- 
ment, puis  retourna  à  Philadelphie  en  1915;  a  tenu  successivement  les  postes  de 
champ  supérieur,  première  base,  deu.xième  base,  bloqueur  et  troisième  base;  joue 
actuellement  première  et  deuxième  base. 


I 


VOCABULAIRE    FRANÇAIS- ANGLAIS  DD    JEU    BALLE    AUX    BASES       301 

Boîte,  case,  loge,  poste  du  bat-  Batsman's   position,   hatter'a   box, 

teur batting  creuse,  box. 

Gradin Bleacher. 

Lignes  de  l'attrapeur Catchers  Unes. 

Limite  de  l'attrapeur Catchers  space. 

Maison  du  cercle,  du  club Club  house. 

Lignes  du  conseiller  ou  du  capi-  Couchers    or   cuptain's    Unes. 

taine 

Carreau,  losange Diamond. 

Carreau,  losange  dénudé Skin  diamond. 

Champ Field. 

Arrière-champ Deep-field,  out-field. 

Champ-losange Diamond  field. 

Avant-champ In-field,    shallow    field,    short 

field. 

Champ-gauche Left-field. 

Champ-centre Middle  field,  center  field. 

Champ  dénudé Seal ped  field. 

Champ  de  soleil Sun  field. 

Ligne  des  fausses,  des  nulles  ....  Foul-line 

Terrain Ground. 

Jeu  de  balle Bail  ground. 

Terrain  permis Pair  ground. 

Terrain  défendu,  interdit    .      .  Foui  ground,  foui  territory. 

Terrain  chez  so',  du  lieu Home  ground. 

Pied,  plaque  du  lanceur  Pitcher's  plate,  jritcher's  position, 

rubber,  slabe. 

Banc  des  joueurs   Players'  bench.  ' 

Lignes  des  joueurs Players'  Unes. 

Tribune Stand. 


362  LE    PARLER  FRANÇAIS 

Tribune  principale Grand  stand. 

Loge Box. 

Pavillon Pavillon. 

Pavillon  d'en  bas Lower  parilion. 

Pavillon  d'en  haut Upper  parilion. 

Ligne  de  trois  pieds Three-foot  Une. 

Toilette Toilet. 

Tourniquet Turnstile. 

B. — Les  Positions 

1. — Extérieures. 

Amateur Amateur. 

Gradinier Bleacherite. 

Photographe Caméra  fiend. 

Propriétaire  de  cercle,  de  club .  .  .  Club  owner. 

Avertisseur-moniteur,   conseiller, 

instructeur Coach,  coucher. 

Enthousiaste,  fanatique Fan. 

Galerie Gallery. 

Conservateur    du    terrain,    gar- 
dien    Ground-keeper . 

Magnat Magnate. 

Directeur,  chef  de  camp Manager,  director. 

Mascotte • Mascot. 

Foule Mob. 

Fonctionnaire,  oflBciel Officiai. 


I 


VOCABULAIRE  FRANÇAIS-ANGLAIS  UU  JKU   OE  BALLE  AUX  BASES    363 

Spectateur Otdnoker. 

Confectionneur Outfitter. 

Protecteur Patron. 

Presse  (La)   Press  (The). 

Trieur,  excitateur Rooter. 

Marqueur,  pointeur Scorer. 

Marqueur,  pointeur  officiel .  .  Officiai  scorer. 

Chronomètre,  chronométreur  .    .  Time-keeper. 

Entraîneur Traîner. 

Arbitre Umpire. 

Arbitre-adjoint Field-umpire. 

Juge-arbitre Umpire-in-chief. 

2. — Intérieures. 

Joueur  de  balle Bail  player. 

Base  (Une)   Basemen,  baseplayer,  sacker. 

Coureur  de  bases Basc-ntnner. 

Coureur  de  bases  remi)laçant  .  Substitute  base-runner. 

Voleur  de  bases Base-stealer. 

Batteur,  frappeur Bat.fman.  baiier,  hitter,  stricker. 

Hacheur Vhop  hitter. 

Gros  frappeur Heary  hitter. 

Batteur  gaucher Left-handed  batter. 

Long  frappeur Long  hitter. 

Frappeur  de  nécessité Pinch-hitter. 

Frappeur  de  i)lace   Place  hitter. 

Batteur  droitier   Right-handed  batter. 

Frappeur  de  sacrifices Sacrifice  hitter. 

Court  frappeur Short  hitter. 

Tapeur Snap  hitter,  bunier. 


A 


364                                                   LE    PARLER  FRANÇAIR 

Batteur  remplaçant Substitute  Batsman. 

Batteur  artificieux,  trompeur  Tricky  batter. 

Frappeur  écart Wild  hitter. 

Batterie Battery. 

Maladroit   Bnngler. 

Capitaine Captain. 

Capitaine  chez  lui,  du  lieu  ....  Home  captain. 

Capitaine  visiteur Visiting  captain. 

Attrapeur.  . Catcher,  backstop. 

Premier  joueur Crack  man. 

Champ Fielder. 

Champ  intérieur Infielder. 

Champ  extérieur Oïdfielder. 

Champ  extérieur  de  relais  . .  Relay  oïdfielder. 

Récalcitrant   Kicker. 

Critiqueur Knocker. 

Premier Leader. 

Premier  à  tout  jouer Ail-round  leader. 

Premier  champ Field  leader. 

Dindon,  lourdaud Lobster. 

Farfouilleur Muffer. 

Vétéran  OM-timer. 

Gagneur  de  championnat Pennant  winner. 

Lanceur Pitcher,  boxman,  tkrower,  twirler. 

Lanceur  courbe Curre  pitcher. 

Lanceur  gaucher Left  hand  pitcher,  southpaxo. 

Lanceur  phénoménal Phénoménal  pitcher. 

Lanceur  de  soulagement Relief  pitcher. 

Lanceur  droitier Right-handed  pitcher. 


VOCABULAIRE  FRANÇAIS- ANGLAIS  DU  JEU   DE  BALLE  AUX  BASES     365 

Lanceur  d'épaule Slioulder  throuer. 

Lanceur  rapide Speedy,  swift  pitcher. 

Lanceur  fort Strong  thrower. 

Lanceur  de  poignet Wrist  thrower. 

Joueur   Player. 

Joueur  premier  à  tout  jouer  All-around  king  player. 

Co-équipier Fellow  player. 

Joueur  retiré Retired  player. 

Joueur  remplaçant,  substitut  Substitute  player,  substiiute,  m- 

tility  player. 

LAche,  couard,  poltron   Quitter. 

Gagneur  de  courses Run-getter. 

Coureur Runner. 

Coureur  remplaçant Substitute  runner. 

Bloqueur Shortstop,  shortfielder. 

Glisseur Slider. 

Bûcheur Slugger. 

Etoile  aigle, Star. 

C. — Les  Accessoires 

Ventrière Abdomen  protector. 

Ventrière  et  supporteur Abdominal  guard  and  supporter, 

Chevillère,  cheville  de  force  ...  Ankle  supporter. 

Base  (f.)  coussin  sac Bag,  base,  ntshion. 

Anneau Loop. 

Poteau Post. 

Cheville Spike. 

Crampon,  piton Staple. 

Courroie Strap. 

Etui,  sac,  trousse  à  battes  Bag  (Bat), 


366                                                   LE    PARLER  FRANÇAIS 

Porte-costume Bag  (Uniform) 

.  Balle Bail,  baseball,  leather,  sphère. 

Balle  de  ligue League  bail. 

Balle  officielle Officiai  bail. 

Batte  (f.)  battoir Bat,  club,  stick. 

Manche Uandle. 

Uni Plain. 

Ligaturé  de  chatterton   ....  Taped. 

Bosse Knob. 

Renflement Swell. 

Cage  de  battage Batting  cage. 

Cage  mobile  de  battage Movable  batting  cage. 

Ceinture Belt. 

Corselet,  plastron Body   protector,   breastplate,   chest 

protector. 

Chambres,  tubes Chambers,  reeds. 

Rembourrement Pad. 

Courroie Strap. 

Corselet,  plastron  gonfle Injlated  body  protector. 

Corselet,  plastron  d'arbitre.  .  .  Umpire's  body  protector. 

Livret,  manuel  de  règles Boolc  of  rules. 

Meurtrissière Bruise  protector. 

Cage  (dans  les  gymnases) Cage. 

Casquette Cap. 

Transpirateur Sweatband. 

Visière Visor. 

Veston Coat. 

Cône Cône. 

Cône  imperméable Waterproof  cône. 


VOCABULAIRE  FRANÇAIS-ANGLAIS  DO  JEU  DE  BALLE  AUX  BASES    3fi7 

Drapeau-nulles Foui  flag. 

Gant Glore. 

Gant  de  champ Fielder's  glore. 

Bosse Hum  p. 

Pouce  palmé Weh  thiimb. 

Gant  de  champ  ambidextre  .  .  A mhidcxtroun  fielder's  glove. 

Gant  de  champ  intérieur Infielder's  glove. 

Glove  softener Adoucisseur,amolisseur  de  gant 

Lunettes  vertes Goggles  (Green),  sun  glass. 

Plateau Home  plate. 

Plateau-caoutchouc Rubber  home  plate. 

Jambière Leg  guard. 

Facière,    gardeface,  masque  .  Ma.sk. 

Protège-figure Chin-piece. 

Jugulaire Chin-strap. 

Forme Form. 

Bandeau Head-band. 

Rembourrement Pad. 

Frontal Forehead  pad. 

Rembourrement  de  côté  .  .  .  Side  pad. 

Abat-jour,  visière Sunshade. 

Masque  d'arbitre Umpire's  mask. 

Masque  large  vue Wide  sight  mask. 

Mégaphone,  porte-voix Mégaphone. 

Mitaine Mitt,  paw  {big  viitt). 

Mitaine  de  base Basemaiis  mitt. 

Mitaine  d'attrapeur Catcher'a  mitt. 

Dos Back. 

Dos  renforcé Reinforced  back. 

Boucle Buckle. 

Face Face. 

Poucier Finger  protector. 

Rembourrement Padding. 


368 


LE    PARLER    FRANÇAIS 


Poche    Pocket,  retaining  dépression. 

Courroie Sfrap. 

Mitaine  de  champ Fielder's  mitt. 

Mitaine  de  première  base  ....  First  baseman'a  mitt. 

Corp.s Body 

Courroie Strap.     ■ 

Mitaine  lacée Laced  mitt. 

Culottes   bouffantes Pants. 

Pied,  plaque  de  lanceur Pitcher's  box  plate. 

Chevilles  Pin». 

Manche-caoutchouc Rubber  sleeve. 

Grandeur  complète F^dl  length 

Demi  grandeur Half  length. 

Calendrier,  échelle  des  parties  .  .  Schedule. 

Livret  de  pointage Score  book. 

Livret  de  pointage  club Club  score  book. 

Livret  de  pointage  poche  ....  Pocket  score  book. 

Carte  de  pointage Score  card. 

Feuille  de  pointage .Score  sheet. 

Feuille  de  pointage  en  blanc .  .  Blank  score  sheet. 

Feuille  de  pointage  boîte Box  score  sheet 

Livret  de  pointeur  en  blanc  ....  Scorer's  blank  book. 

Tablette  de  pointage Scoring  tablet. 

Jambière  Shin  guard. 

Chemise Shirt. 

Chemise-caoutchouc Rubber  shirt. 

Soulier Shoe. 

Plaque-soulier Shoe  plate. 

Plaque-talon,  talonnière Heel  plate. 

Plaque  bout  de  pied Toe  plate. 


VOCABULAIRE  FRANÇAIS-ANGLAIS  DU  JEU  DE  BALLE  AUX  BASES     369 

Sac-glissade  (gymnase) Sliding-bag. 

Glissière Sliding  pad. 

Glissière  et  supporteur Sliding  pad  and  supporter. 

Bobine  glissante  (gymnase)  ....  Sliding-spool. 

Crampon,  pointe  (soulier) Spike. 

Indicateur  d'arbitre Umpire's  indicator. 

Costume Uniform. 

Bracelet,  poignet  de  force,  poi- 

gnetière Wrist  supporter. 

D. — Le  Jeu 

Ancrer Anchor  (Ta) 

Aide Assist  (A.). 

A  la  batte Ai  bat  (A.  B.). 

Soutenir Back  up  (Te). 

Feinte Balk  (Bk.). 

Balle! Bail. 

Balle Bail. 

Balle  mauvaise Bad  hall. 

Balle  frappée Batted  bail. 

Balle  bloquée Block,  block  bail. 

Bondissante  (Une)   Bounder  {A). 

Bondissante  vive Hot  bounder. 

Balle  appelée Called  bail. 

Fauchante Daisy  cutter. 

Balle  morte Dead  bail. 

Balle  tombante Drop,   dropball. 

Balle  manquée Dropped,  muffed  bail. 

Balle  franche Fair  bail. 


370 


LE     PARLER    FRANÇAIS 


Balle  franchement  frappée  .  .  .  Fair  hit  bail. 

Balle  franchement  lancée  ....  Fairly  delivered  bail. 

Balle  rapide,  vive Fast  bail. 

Flottante Floater. 

Balle  vol,  chandelle Fly. 

Chandelle  fausse Fovl  fly. 

Chandelle  haute Higk  fly. 

Chandelle  d'intérieur Infieldfly. 

Chandelle  d'extérieur Outfield  fly 

Chandelle  longue Long  fly 

Chandelle  courte Pop  fly. 

Chandelle  vive  montante  .  .  Pop-up  fly. 

Chandelle-sacrifice Sacrifice  fly. 

Chandelle  courte Short  fly. 

Chandelle  courte  haute  ....  Short  high  fly. 

Chandelle  tapée Tip  fly. 

Chandelle  hors  jeu Fly-out. 

Balle  fausse,  nulle Foui  bail. 

Quatre  balles! Four  balls. 

Balle  farfouillée Fumbled  bail. 

Balle  bonne Good  bail. 

Rasante,  lapin Ground  bail,  grounder. 

Rasante  vive,  lente,  écart . .  Sharp,  hot,  slow,  wide  ground- 

Balle  haute  entrante High  in-ball                             [er. 

Balle  chaude,  violente,  vive     .  Hot  bail. 

Balle  illégalement  frappée Illegally  batted  bail. 

Balle  sautante  .  .  : Jump  bail. 

Balle-jointures   Knuckle  bail. 

Balle  légale Légal  bail. 

Balle  basse Low  bail. 

Balle  manquée Muffed  bail. 

Balle  passée Passed  bail  (P.  P.  B.). 

Balle  lancée Pitched  bail. 

Balle  levante Raise,  upshoot  bail. 

Balle  réservée Reserved  bail. 

Balle  lente  bondissante Slow  bounding  bail. 

Balle  serpentante Snake  bail. 

Balle-crachat,  balle-pouce ....  Spit  bail,  thumb  bail. 

Balle  droite Straight  bail 

Balle  droite  rapide Straight  swijt  bail. 

Balle  rapide Smft  bail. 

Taquine Teaser. 

Médiane Texas  leaguer. 


VOCABULAIRE  FRANÇAIS-ANGLAIS  DU  JEU   DE  BALLE  AUX  BASES     371 

Balle  lancée Thrown  bail. 

Balle  attrapée Trapped  bail. 

Balle  illégalement  lancée Unfairly  delivered  bail. 

Balle  écart Wide  bail. 

Base  (f.) Base. 

Base  gagnée Earned  base. 

Base  en  sus Extra  base  (E.  B.). 

Base  volée Stolen  base  (S.  B.). 

Bases  totales Total  bases  {T.  B.). 

Base  sur  erreur Base  by  error. 

Base  sur  feinte Base  on  balle. 

Base  sur  balles Base  on  balh  (B.  B.). 

Base  sur  frappe  de  batteur  par  • 

balle  lancée Base  on   batsman   hit  by  pitched 

bail. 

Course  de  base Base-running. 

Course  muette  de  bases Dumb  base-running. 

Vol  de  bases  Base-stealing. 

Battre,  relancer  la  balle Bat  the  bail  (To). 

Batteur  au  poste Batter  up. 

Battage Batting. 

Battage  intérieur Inside  batting. 

Battre   dedans   les   coureurs    de 

bases Batting  in  base  runners. 

Battre  une  frappe Beat  out  a  hit  (To). 

Mordre  à  la  balle Bite  at  the  bail  (To). 

Bloquer  un  joueur Block  a  player. 

Bloqué  hors  d'une  base Blocked  off  a  base. 


372  LE    PARLER  FRANÇAIS 

Feinte Bluff. 

Balancement  de  corps Body  swing. 

Percer  dans Bore  in  (  To) . 

Bond Bound. 

Bris,  erreur Break  (A). 

Pousser  une  pointe  pour  une  base 

en  sus Break  for  an  extra  base  (To  makr 

a). 

Venir  à  avoir  la  main Broken-in  (To  become). 

Agrouper  les  coups Bunching  the  hits. 

Taper  la  balle Bunt  the  bail  (To). 

Les  taper  hors  jeu  Bunting  'em  ont. 

Clore  la  partie Call  the  game  (  To) . 

Appeler,  crier  halte Call  time  (  To) . 

Appelé  à  la  batte Called  to  the  bat. 

Attrape Catch  (A). 

Attrape  au  vol,  gobe  (Une)   .  .         Fly  catch. 
Attrape  de  chandelle  fausse  .  .  Foui  fly  catch. 

Attrape  d'une  tape  fausse  ....         Foul-tip  catch. 
Attrape  en  course Running  catch. 

Attraper,  rattraper Catch  (To). 

Gober  une  balle,  attraper  une  bal 

le  au  vol,  à  la  volée Catch  a  bail  on  the  fly  (To). 

Peloter Catch  (To  play). 

Chances  offertes Chances  offered. 


VOCABULAIRE  FRANÇAIS- ANGLAIS  DU  JEU   DE  BALLE   AUX  BASES     373 

Chances  totales Chances  (Total),  (T.  C). 

Changement  de  vitesse Change  of  space  (pitcher) . 

Chasser  un  coup Chase  a  hit  (To). 

Arrêter  un  coup Check  a  hit  (Tn'^ 

Contrôler  le  pointage,  pointer  le 

résultat Check  the  score  (To). 

Hacher  la  balle Chop  the  bail. 

Cercle,  club Club. 

Cercle  du  lieu,  chez  lui Home  club. 

Cercle  gagnant Winning  club. 

Avertir,  diriger Coach  (To). 

La  maîtrise  de  la  bal'.e Command  of  the  bail  (The). 

Condition Condition,  form,  shape. 

Condition  de  victoire Winning  form. 

Couvrir  du  terrain Corer  ground  {Ta). 

Couvrir  la  base Cover  the  base  (To). 

Feu  croisé Cross-fire  (The). 

Courbe Curve. 

Courbe  tombante Drop  curve. 

Courbe  tombante  extérieure.. .  Drop  outcurve. 

Disparaissante Fadeaway. 

Sortante-levante Out-rise. 

Courbe  levante Raise  curve. 

Levante  et  tombante Rise  and  drop. 

Levante Up-curve  or  rise 

Courber  la  balle Curve  the  hall  (  To) 

Coupe Cut  (A) 


374  LE     PARLER     FRANÇAIS 

Couper  une  base Cut  a  base  (To). 

Couper  le  coin  (lancer) Cut  the  corner  (To). 

Elan Dash. 

S'élancer Dash  (To). 

Retarder  la  partie Delay  the  game  {To). 

Donner,  lancer,  servir  la  balle. .  .  Deliver  the  hall  {To). 

Lancer,  service Delivery. 

Lancer,  service  illégal Illégal  delivery. 

Lancer,  service  dessus Overhand  delivery. 

Lancer,  service  dessous Underhand  delivery. 

Portée  du  lancer,  du  service Range  of  delivery. 

Disqualifié... Disqualified. 

Esquiver Dodge  {Ta). 

Doublette Double  header. 

Doubler  un  coureur Double  wp  a  runner  {To). 

Chasse  en  ligne Drive. 

Chasse  en  ligne  extra-vive Red-hot,  scorching,  sharp  drive. 

Chasser  la  balle Drive  the  bail  {To). 

Piquer  une  tête Duck,  duck  dovm  {To) 

Verser  la  balle Dump  the  bail  {To). 

Erreur Error  {E.). 

Erreur  de  batterie Battery  error. 

Erreur  de  champ ^ielding  error. 

Embarassé Faded,  puzded. 

Manquer  de  prendre  position.. .  .  Fail  to  take  position  {To).  '" 


^'^ 


I 


VOCABULAIRE  FRANÇAIS- ANGLAIS  DU  JEU   DE  BALLE  AUX  BASES     375 

Faux  essais  de  voler Fake  attempts  to  steal. 

Caler Fan  (To). 

Alimenter  le  batteur Feed  the  batsma'n  {To). 

Jouer  arrière-champ Field  back  (To). 

Champer  à  la  première  base Field  bail  tofirst  base  (To). 

Champer  hors  jeu  un  coureur  a- 

vancé Field out  an  advanced runner  (To). 

Choix  de  champ Filder's  choice,  (F.  C). 

Champage Fie'ding. 

Champage  ambidextre Ambidextrous  fielding. 

Champage-combinaison Combination  fielding. 

Erreur  de  champage Fielding  errer. 

Record  de  champage Fielding  record. 

Combattre  la  balle Fight  the  bail  (To). 

Première-sur-erreur First  (base)-on-error. 

Raccroc Fluke. 

Duper,    tromper  le  batteur Fool  the  batier  (To). 

Forcé  (Un) Force,  force-out  (A). 

Forcer  une  course  à  fond Force  a  run  home  (To). 

Forcé Forced. 

Forcé  hors  jeu Forced  off,  forced  out. 

Confisquer  une  partie,  perdre   une 

partie  par  disqualification Forjeit  a  game  (To). 

Fausser  la  balle Foui  the  bail  (To). 


376  LE    FARLER     FRANÇAIS 

Fausser  hors  jeu Fout  ont  (To). 

Farfouillage Fumble. 

Farfouiller  la  balle Fumble  the  bail  (To). 

Coup  de  volée Fungo  hitting. 

Courageux,  brave  (Etre) Game  (To  be). 

Partie! Gamel 

Joute,  partie Game. 

Joute,  partie  d'amateur Amateur  game. 

Joute,  partie  remise Called  game. 

Joute,  partie  de  championnat  Championship  game. 

Joute,  partie  serrée Close  game. 

Joute,  partie  de  pointage  serré  Close-score  game. 
Joute,  partie  nulle,  manche  à 

manche Draw,  drawn  game.  tie  game. 

Joute,  partie  d'exposition Exhibition  game. 

Joute  de  manches  en  sus Extra  inning  game    (E.  I.  G.). 

Joute  perdue  par  disqualifica- 

cation Forfeited  game. 

Joute  fantaisiste Freak  game. 

Joute  de  pointage  élevé Heary-scoring  game. 

Joute  légale Légal  game. 

Joute  de  neuf  manches Nine-inning  game. 

Joute  sans  frappes No-hit  game. 

Joute  sans  courses No-run  game. 

Joute  jouée Played  game  (G.). 

Joute  après-saison Post-season  game. 

Joute  réglementaire Régulation  game. 

Joute  inscrite Sheduled  game. 

Joute  semi-professionnelle.  .  .  .  Semi-prof essional. 

Lessive,  mouche Shtdoui    game,    skunk,    white- 

wash. 

Mesurer  un  coup Gauge  a  hit  (Ta). 

S'accoutumer  à  la  balle Gei  on  to  the  bail  (To). 

Raser  à  la  première Ground  ont  to  first  (To). 


VOCABULAIRE  FRANÇAIS- ANGLAIS  DU  JEU   DE  BALLE  AUX  BASES     877 


Désavantage Handicap. 

Désavantagé Handicapped. 

Devancer  un  coureur  avancé    ....  Head  off  an  advanced  runner 

Adresse,  habileté Head-work. 

Embarrasser,    entraver    l'attra- 

peur Hinder  the  catcher  (To). 

Coup Hit. 

Coup  de  base Base-hit  (B.  H.). 

Tape Bunt-hit. 

Tape  fausse.. Foui  hunt. 

Tape-sacrifice Sacrifice  buni. 

Tape  lente Slow  bunt. 

Coup  haché Chop  hit. 

Coup  franc Clean  hit,  f air  hot. 

Coup  double Double  hit. 

Coup  forcé Force  hit. 

Coup  à  faux,  nul Foui  hit. 

Coup  rasant,  fauchant Ground  hit. 

Coup  fort..-. Hard  hit. 

Coup  en  ligne  fort Hard-line  hii. 

Coup  de  but Home-run  hit. 

Coup  vif Hot  hit. 

Coup  de  champ  intérieur •     Infield  hit. 

Coup  de  ligne Line  hit. 

Coup  long Long  hit. 

Coup  de  champ  extérieur Outfield  hit. 

Coup  de  tout  repos Orer  the  fence  hit. 

Quasi-coup Quasi-hit. 

Coup  rasant  roulant Rolling  ground  hit. 

Coup-sacrifice Sacrifice  hit,  (S.,  S.  H.) 

Coup  sûr...-. Safe  hit. 

Coup-égratignure Scratch  hit. 

Coup-cgratignure  lent Slow  scratch  hit. 

Coup  tranchant..... Sharp  hit. 

Coup  simple Single  (A). 

Coup  lent Slow  hit. 

Coup  de  trois  bases Theree-base  hit,  three-bagger. 

Coup  de  deux  bases Two-base  hit,  two-bagger. 


378  LE    PARLER    FRANÇAIS 

Coup  et  course Hit  and  run. 

Coups  par  les  adversaires Hits  by  opponents,  (H.  B.  0.), 

Frappé  par  une  balle  lancée;  calé  Hû  by  a  pitched  baU. 

Frappé  par  le  lanceur Hit  by  pitcher  (H.  B.). 

Frapper,  repaumer  la  balle Hit  the  bail  (To). 

Frapper  loin   Hit  deep  (To). 

Au  but!     Au  fond!   Home  hit\ 

Tenir  la  base Hug  the  sack  (To). 

Je  l'ai!  -^  ^«»«  "! 

Manche,  entrée  de,  jeu,  tour,  re- 
prise    Inning. 

Manche  en  sus Extra-inning . 

Demi-manche Half-inning,  mid-inning 

Manches  lancées Innings  piitched,  (/.  P.). 

Intervention Interférence. 

Lancer  la     balle Jerk  the  bail  {To). 

Duper,  tromper Jockey  {To). 

Jongler  avec  la   balle J^ggle  the  baU  {To) 

Tuer  la  balle Kill  the  bail  {Ta). 

Se  placer  pour  une  tape Lay  for  a  bunt  {To). 

Avance -^««'^  (^)- 

Longue  avance Lotig  lead. 

Avance  sûre Sa/e  lead. 

Prendre  une  avance ^ead  {To  take  a) 


VOCABULAIRE  FRANÇAIS- ANGLAIS  DU  JEU  DE  BALLE  AUX  BASES     379 

Avancer Lead  off  (To). 

Ligue League. 

Ligue  inférieure  Bush  league. 

Ligue  de  championnat Championship  league. 

Ligue  majeure Major  league. 

Ligue  mineure Minor  league. 

Ligue  de  tramways  Trolley  league. 

Vie  d'un  coureur  de  bases Life  of  a  base  runner. 

Lancer  en  ligne Line  snap  {A). 

Ligner  la  balle Line  the  bail  (  To) . 

Flèche Liner. 

Flèche  vive Hot,  sharp  liner 

Alignement Lineup. 

Perdue Lest  (L.). 

Joute  Match. 

Joute  de  bûchage Slugging  match. 

Egalement  assortis Matched  {Evenly) . 

Erreur  de  jeu M  splay  {A). 

Manque Muff  {A), 

Manquer Muff  (  To). 

Fusiller  un  coureur Nail  a  runner  (  To) 

Equipe,  neuf Nine. 

Equipes  concurrentes Contesting  nine. 

Point  de  partie No  game. 

Nez  (de  la  balle) Nose  (of  bail) 

Jour  de  maladresses Off  day. 


380  LE   PARLER  FRANÇAIS 

Suivant!    On  deckl 

Ordre  ou  rôle  de  roulement  ....  Order  of  batting,  batting  order 

Hors  jeu    Oui. 

Batteur  hors  jeu,  fusillé Batter  out. 

Fusillé      Hors  jeu!     Mort!   ..  Yoti  re  outl 

Surcourir  une  base Overrun  a  base  (To). 

Surglisser  une  base Over-slide  a  base  (  To) . 

Pénalité Penalty. 

Course  pour  le  championnat  .  . .  Pennant  race. 

Pourcentage Percentage,  (Pet). 

Ramasse Pickup   A). 

Ramasser Pickup  (To). 

Lancer Pitch  (A). 

Lancer  écart Wild  pitch. 

Lancer Pitch  (  To) . 

Placer  la  balle Place  the  bail  (To). 

Au  jeu! Play\  play  balll 

Jeu Play. 

Jeu  fougueux Dashing  play. 

Jeu  d'arrière-champ Deepfield  play. 

Jeu  adroit,  habile Dextrous  play. 

Doublé,  jeu  double Double  play. 

Jeu  forcé Force  play. 

Jeu  coup  et  course Hit-and-run  play. 

Jeu  individuel Individual  play. 

Jeu  d'une  main One-hand  play. 

Jeu  théâtral,  de  galerie Spectacular  play. 

Jeu  pressé Squeeze  play. 


VOCABULAIRE  FRANÇAIS- ANGLAIS  DU  JEU  DE  BALLE  AUX  BASES     381 

Jouer  arrière-chump Play  deep  {To). 

Jouer  avant-champ  Ploy  short  (To). 

Jouer  la  balle  sûrement Play  the  bail  safe  {To). 

Frapper  la  balle Poke  the  hall  {To). 

Tirer  la  balle Pull  the  bail  {To). 

Maltraiter  le  lanceur Punish  the  pitcher  {To). 

Fusillades,  mises  hors  jeu Put  outs  {P.  0.). 

Mettre  hors  jeu,  fusiller Put  out  {To). 

Troubler  un  joueur Rattle  a  player  {To). 

Portée Reach. 

Se  remettre Recover  {To). 

Relaiser  un  coup  ou  une  balle  à 

fond Relay  a  hit  or  a  bail  home  { To) . 

Fusiller  un  coureur Retire  a  runner  {To). 

Acclamer,  crier,  exciter Root  {To). 

Véreux,  pourri,  (arbitre)    Rotten. 

Règles Rules. 

Course Run. 

Course  gagnée Earned  run. 

Coup  de  but,  course  franche, 

ronde  Home  run,  homer. 

Courses  marquées Scored  rtins  {R.). 

Courses  marquées  contre   ....  Scored  on  riins,  {R.  0.). 

Course  gagnante Winning  run. 

Courir  hors  jeu Run  down  (To). 


382  LE    PARLEE    FRANÇAIS 

Coureur  pris  sommeillant Runner  caught  napping. 

La  courir  (la  première  base)  ....  Running  it  out  (Jirst  base). 

Course  hors  jeu Run-out  (A). 

Couru  hors  jeu Run  out  (To  be). 

Sacrifier Sacrifice  {To). 

Rendu!     Sauf    Safe\ 

Inscrit  pour  une  part  e  ou  joute  Scheduled  or  ass'gned  for  a  game. 

Ramasser  la  balle Scoop,  scoop  up  the  bail  (  To) . 

Ramasse Scoop-up  (A). 

Pointage Score  (The). 

Pointage  serré Close  score. 

Pointage  officiel   Officiai  score: 

Pointage  en  table Tabulated  score. 

Pointer  la  partie Score  the  game  {To). 

Marquer,  pointer Score  {To). 

Faire,  gagner,  marquer  une  ron- 
de; pousser  à  fond,  boucler  le. 

bases    Score  a  home-run  {To). 

Marquer  une  course    Score  a  run  {To). 

Pointage  de  la  partie Scoring  of  the  game  { The) . 

Egratigner Scraich  {To). 

Jouer  au  tour,  à  l'hirondelle  ....  Scrub  {To  play). 

Série Séries. 

Série  pour  le  championnat  du 

monde  World's  championship  séries. 


VOCABULAIRE  FRANÇAIS- ANGLAIS  DU  JEU   DE  BALLE  AUX  BASES     383 

Tir Shoot  (A). 

Tir  intérieur   Inshoot. 

Tir  extérieur Ouishooi. 

Courte  Short. 

Coup Shot. 

Camp Side. 

Camp  à  la  batte 'Side  at  bal. 

Camp  au  champ Side  in  field. 

Biaiser Side-atep  (Ta). 

Signal Signal. 

Signal  sémaphore Sémaphore  signal. 

Glissade Slide. 

Glissade  écart  tête  première  .  .  Wide  head-first  slide. 

Coup,  frappe Smash  (A). 

Lancer  la  balle Snap  the  bail  (To). 

EtouflFer  la  balle Smother  the  bail  (To). 

Piquer  Spike  (To). 

Demeurer  collé  sur  une  base ...  .  Stand   anchored   or    wedded   to   a 

base  (To). 

Vol Steal  (To). 

Vol  adroit  Clean  steal. 

Vol  retardé   Delayed  steal. 

Vol  double  . Double  steal 

Vol  triple Triple  steal. 

Bases  volées  Stolen    bases    (S.     B.),    pilfered 

cushions. 

Trainée  gagnante Streak  (Winning). 

Enjambée  (lanceur) Stride. 


384 


LE     PARLER     FRANÇAIS 


Frappe Strike. 

Frappe  fausse,  à  faux Foui  strike. 

Trois  frappes  !       Three  sirikes  ' 

Frappé  hors  jeu Siruck  out,  {K.,  S.  0.). 

Suspension  du  jeu  Suspension  of  play. 

Toucher Tag  (To). 

Prenez  votre  base!       Take  your  basel 

Retranché Taken  out,  {T.  0.). 

Équipe Team. 

Équipe  de  balle Bail  team. 

Équipe  de  batterie Battery  team. 

Équipe  tapante    Bunting  team. 

Êqu  pe  de  collège Collège  team. 

Équipe  du  lieu,  chez  elle    ....  Home  leam. 

Équipe  de  ligue  majeure Major  league  team. 

Équipe  de  ligue  mineure Minor  league  team. 

Équipe  professionnelle Professional  team. 

Équipe  visiteuse Visiting  team. 

Jeu  d'équipe Team  play. 

Lancer Throw  {A). 

Lancer  arrière-main    Backhand  throw. 

Lancer  feinté Bhiff  throw. 

Lancer  tombant Dropped  throw,  {D.  T.). 

Lancer  évadé Getaway  throw. 

Lancer  fort   Hard  throw. 

Lancer  haut High  throw. 

Lancer  de  champ  intérieur    .  .  Infield  th  ow. 

Lancer  bas    Low  throw. 

Lancer  sus-main Overhand  ihrow. 

Lancer  bras  rond Round-arm  ihrow. 

Lancer  bras  court Shon-arm  throw. 

Lancer  petite-portée   Short-range  throtv. 

Lancer  épau'e Shoulder  throw. 

Lancer  bras  de  côté Side-arm  throw. 

Lancer  brusque,  prompt,. rapide       Snap  throw. 


VOCABULAIRE  FRANÇAIS-AVGLAIS  DU  JEU   DE  BALLE   AUX  BASES     385 

Lancer  bras  droit Straight-ann  tkrotc. 

Lancer  fort   Strong  throic. 

Lancer  sous-main    Underhand  throw. 

Lancer  large   Wide  throw. 

Lancer  écart Wild  throw. 

Lancer  à  fond,  au  but  au  plateau  Throw  in  {To). 

Lancer  le  batteur  hors  jeu   Throw  oui  the  batter  (To). 

Egaliser Tie  (To). 

Egaliser  le  pointage Tie  the  score  {To). 

Egalisées  (parties) Tied  (games)  (T.). 

Halte!                        Time'. 

Temps  à  la  batte Time  ai  batt. 

Tape Tip. 

Tape  fausse,  à  faux Foui  tip. 

Choix  du  camp Toss  (The). 

Tirer  à  pile  ou  face  le  choix  du 

camp Toss  (  To) . 

Prendre  au  piège  un  coureur  . .  .  Trop  a  runner  {To). 

Appels  légaux  de  l'arbitre Umpire's  légal  calls. 

Debout  (Etre) Up  {at  bat)  To  be. 

Attendre  le  lanceur  Wait  ont  the  pitcher  {To). 

Se  faire  la  main,  se  mettre  en 

train      Warming  up. 

Ecart  (Etre) Wild  {To  be). 

Ecartage  Wildness. 


386  LE    PARLER    FRANÇAIS 

Enrouler  les   bras   autour   de  la 

tête  (lanceur)   Witid  up  the  arms  around  tke  kmd 

Parties  gagnées Won  (Games),  (W.). 

Jeu Work. 

Jeu  de  boîte,  de  pied      Box  work. 

Jeu  d'encens,  de  galerie    Grand  stand  work. 

Jeu  de  signaux   Signal  work. 

Jeu  d'équipe Team  work. 

Ouvrages  consultés: 

Bulletin  du  Parler  français,  Vol.  VII,  No  4,  décembre  1908,  et  Vol.  VIII,  No  3, 
novembre  1909. 

Divers  sports,  par  Ern.  Weber,  collection  Les  Sports  pour  Tous,  Editions  Nilson, 
Paris. 

Guide  pour  le  jeu  de  Base  Bail,  Mercier  &  Cie,  Imprimeurs-Libraires  et  Relieurs, 
Lévis,  P.  Q. 

Le    Base-Bail,    par   John-B. -Poster,    Spalding's    Athlétique    Librairie,    Société 
Française  de  Publications  Sportives,  Paris. 

Les  Sports  modernes  illustrés,  collection  in  4o.  Larousse. 

1000  Mots  illustrés,  par  M.  l'abbé  Etienne  Blanchard,  P.S.S.,  Mt>ntréal. 

Nouveau  Larousse  illustré.  Supplément. 

Tennis,  Hockey,  Paumes,  Balles  et  Boules,  par  Max.  Decugis,  Criveli,  De  Fleurac, 
etc.,  collection  Sports-Bibliothèque,  Pierre  Lafitte  &  Cie,  Paris. 

America's  National  Game,  par  Albert-G.  Spalding,  American  Sports  Publishing 
Company,  New- York,  1911. 

Alfred  Verre.\ult 


LE  SENTIMENT  RELIGIEUX 

DANS 

ALFRED  DE  MUSSET 


Parler  de  sentiment  religieux,  à  propos  d'Alfred  de  Musset, 
peut  sembler  aux  esprits  superficiels  un  paradoxe.  La  vie  de  ce  poète 
à  été  en  effet  tout  ce  que  l'on  veut,  si  ce  n'est  édifiante.  Et  l'on  ne 
saurait,  certes,  mettre  à  son  œuvre,  "  pour  symbole  et  pour  enseigne 
cette  fleur,  plus  que  nulle  autre  blanche,  qu'est  le  lys.  "  —  selon  une  ex- 
pression très  fine  que  l'on  est  assez  étonné  de  relever  sous  la  plume 
ordinairement  grasse  de  Maître  Rabelais.  Musset  s'est  abandonné 
très  jeune  ;  et  il  est  mort  à  quarante-sept  ans  avant  d'avoir  connu 
les  jours  de  sagesse. 

Pourtant  —  et  cela  s'est  vu  depuis  et  sans  doute  de  tout  temps, 
mais  rarement  avec  la  même  intensité  —  l'inquiétude  religieuse,  et 
comme  l'impression  du  divin,  le  remords  de  la  faute,  l'aspiration  vers 
le  charme  de  l'innocence,  ont  suivi  Musset  au  milieu  du  vertige  qui 
emportait  ses  belle  facultés  ;  et  cette  disposition  semble  même  n'a- 
voir jamais  été  plus  forte  que  lorsqu'il  paraissait  davantage  aban- 
donné à  toutes  les  illusions.  L'on  pourrait  faire  tout  un  recueil  avec 
les  inspirations  que  lui  a  dictées  une  sorte  de  ferveur  mystique.  Dans 
ces  élans  qui  l'ont  poussé  vers  Dieu,  tout  n'est  pas  de  la  même  qualité. 
Ses  prières,  quand  elles  ne  se  méprennent  pas  sur  leur  objet  —  et  cela 
leur  arrive,  et  alors  elles  sont  plus  que  vaines  —  sont  souvent  incom- 
plètes, parfois  traversées  de  doutes  et  de  blasphèmes.  Il  est  certain 
qu'il  a  prié  :  cet  enfant  qui  se  donnait  comme  la  victime  la  plus 
éclatante  de  la  maladie  du  siècle,  a  subi  également,  et  à  un  degré  rare, 
la  nostalgie  du  divin.  "  Je  voudrais,  a-t-il  dit,  regarder  le  ciel  sans 
m'en  inquiéter,  " 

"  Je  ne  puis.  .  .    Malgré  moi  l'infini  me  tourmente, 
Je  n"y  saurais  songer  sans  crainte  et  sans  espoir.  " 

Or,  ce  tourment  s'est  exhalé  en  des  cris  parfois  très  purs  les- 
quels, par  leur  vérité  de  ton  et  la  sublimité  de  leur  essence,  peuvent 
soutenir  la  comparaison  avec  les  plus  belles  formules  de  notre  litté- 
rature religieuse.  Mais  le  poète  ne  plane  pas  longtemps  dans  ces  hau" 
teurs  sacrées.  Il  est  loin  d'être  toujours  orthodoxe  ou  de  toujours 
invoquer  Dieu  à  bon  escient  ;  il  croit  peut-être  qu'il  suffit  d  implorer 

—  387  — 


388  LE    PARLER   FRANÇAIS 

son  nom  et  de  lui  crier  :  "  Seigneur  !  Seigneur  !  "  pour  avoir  droit 
à  sa  pitié.  Les  tendances  mystiques  d'Alfred  de  Musset  sont  donc 
mêlées  à  beaucoup  d'éléments  imparfaits  et  entachées  d'erreur.  Du 
moins,  elles  sont  réelles  et  méritent  que  l'on  s'y  arrête  pour  les  ana- 
lyser, en  distinguer  le  bon  et  le  faible,  et  pratiquer  à  leur  égard  ce 
que  nos  vieux  auteurs  appellent,  en  langage  spirituel,  "  le  discerne- 
ment des  esprits  ". 


Le  mysticisme,  en  soi,  est  un  état  de  l'âme  qui  la  fait  adhérer 
à  l'idéal  divin  par  toutes  les  facultés  de  l'esprit  et  surtout  par  l'amour. 
C'est  beaucoup  plus  que  la  simple  croyance.  L'on  peut  avoir  soumis 
sa  raison  à  tous  les  dogmes  et  accepté  les  révélations  de  l'ordre  sur- 
naturel, sans  être  pour  cela  mystique.  Il  y  a  des  intelligences  qui  se 
tiennent  fermes  dans  la  foi  sans  éprouver  de  ces  mouvements  qua- 
lifiés de  mystiques,  parce  qu'ils  supposent  précisément  l'enthousias- 
me et  comme  l'ivresse  du  mystère.  L'âme  veut  s'unir,  s'identifier  en 
quelque  sorte  avec  l'infini  ;  elle  veut  se  fondre  en  l'essence  inconnue. 
Dieu  apparaît  comme  un  océan  d'amour  en  lequel  on  veut  se  perdre, 
s'ab'mer.  Le  vrai  mysticisme,  c'est  déjà  la  sainteté.  Et  sainteté  veut 
dire  parfaite  santé  de  l'âme,  tant  au  point  de  vue  de  l'adhésion  de 
l'esprit  à  un  enseignement  supérieur  et  divin  qu'à  celui  de  l'harmo- 
nie de  la  vie  avec  l'ordre  moral. 

La  vie  et  l'œuvre  de  Musset  n'offrent  guère  l'exemple  d'une  pa- 
reille condition.  Si  l'on  caractérise  de  mystique  la  meilleure  partie  de 
ses  poèmes,  ce  ne  peut  être  que  par  une  extension  de  ce  mot,  et  en 
le  prenant  dans  son  sens  le  plus  large  et  le  plus  compréhensif.  Il  a  dit, 
en  effet,  dans  la  Confession  d'un  enfant  du  siècle  :  "  Ma  religion,  si 
j'en  avais  une,  n'avait  ni  rite  ni  symbole,  et  je  ne  croyais  qu'à  un 
Dieu  sans  forme,  sans  culte  et  sans  révélation.  "L'on  conviendra 
qu'il  est  assez  difficile  d'accorder  avec  le  mysticisme  traditionnel 
une  mentalité  religieuse  aussi  primitive.  Sans  récuser  cet  aveu,  et 
encore  que  bien  des  notions  fausses  et  étrangères  aient  obnubilé  ses 
inspirations,  encore  que  le  rayon  surnaturel  n'ait  brillé  dans  son  âme 
que  par  intermittence,  Musset  a  vu  et  a  senti  passer  Dieu.  A  partir 
d'une  certaine  époque  surtout,  la  grande  onbre  de  l'Éternel  s'est 
projetée  sur  lui  d'une  façon  plus  directe.  Elle  lui  apparaissait  accom- 
pagnée de  fantômes  et  de  chimères  peu  dignes  de  sa  Majesté.  Mais 
enfin  elle  était  là.  Et  son  image  altérée  avait  encore  assez  d'éclat  pour 
que  le  poète  la  préférât  à  ses  grossières  idoles.  Sa  beauté  voilée  ne 
laissait  pas  d'exercer  sur  lui  un  immatériel  empire,  de  mettre  dans 
son  cœur  l'inquiétude  de  la  vertu  idéale.  Si  Musset  ne  se  trouvait 


LE  SENTIMENT  KELIGIEUX   DANS  ALFRED  DE  MUSSET  389 

pas  assez  pur  pour  s'éprendre  unuiueinenl  de  sou  charme  austère  et 
doux,  du  moins  lui  a-t-il  rendu  hommage,  et  a-t-il  sincèrement  dé- 
ploré les  attaches  qui  le  retenaient  loin  de  son  essence  immaculée. 
Ses  premières  œuvres  nous  offrent,  à  cet  égard,  des  documents 
plutôt  rares  et  sans  physionomie  bien  précise.  Musset  est  alors 
heureux,  autant  qu'on  peut  l'être,  en  oubliant  tous  les  devoirs  qui 
ennoblissent  l'existence.  Et  s'il  est  vrai  que  le  bonheur  n'a  pas  d'his- 
toire, ce  ne  sont  pas  les  productions  de  ces  années,  ces  '  vers  d'un 
enfant,  "  comme  il  a  dit,  qui  nous  renseigneront  beaucoup  sur  sa 
psychologie  mystique.  Beau,  élégant,  inspiré,  il  est  tout  à  la  joie,  à  la 
jeunesse  et  à  l'amour,  il  brûle  sa  vie.  Ce  n'est  pas  à  dire  qu'on  ne  sur- 
prenne çà  et  là,  dans  ces  poèmes  qui  vont  de  sa  dix-huitième  à  sa 
vingt-deuxième  année  —  car  Musset  a  été  un  génie  extraordinaire- 
ment  précoce,  et  qui,  pas  sa  faute,  ne  devait  jamais  arriver  à  sa 
pleine  maturité  — 

Mes  premiers  vers  sont  d'un  enfant. 
Les  seconds  d'un  adolescent. 
Les  derniers  à  peine  d'un  homme; 

ce  n'est  pas  à  dire  qu'on  n'entende,  dans  ces  œuvres  de  l'enfance, 
des  notes  annonciatrices  de  ses  futurs  accords  vaguement  religieux. 
Ainsi,  dans  Portia,  on  le  voit  préluder  à  des  thèmes  qui  reviendront 
plus  tard  sur  sa  lyre,  quand  il  s'essaie  à  rendre  l'impression  sainte 
qui  se  dégage  de  nos  églises  : 

L'église  était  déserte. .  . 

Les  orgues  se  taisaient,  les  lampes  immobiles 

Semblaient  dormir  en  paix  sous  les  voûtes  tranquilles; 

Solitudes  de  Dieu,  qui  ne  vous  connaît  pas  ? 

Dômes  mystét-ieux,  solennité  sacrée. 

Quelle  ftme,  en  vous  voyant,  est  jamais  demeurée 

Sans  doute  et  sans  terreur  .' 

Le  Saule,  fragment  vaporeux  comme  un  paysage  d'Ecosse,  et 
difficile  à  bien  comprendre,  contient  des  accents  que  l'auteur  repren- 
dra ailleurs  avec  une  force  nouvelle  sur  l'origine  céleste  de  la  musi- 
que, la  prière,  et  tout  ce  que  les  cloîtres  voient  fleurir  de  sacrifices 
obscurs  et  de  silencieux  renoncements  ;  car  le  drame  qui  se  déroule 
ic    a  son  dénouement  dans  une  cellule  de  monastère  : 

Des  pleurs,  un  crucifijt,  des  femmes  à  genoux.  .  . 
O  soeurs,  ô  pftles  sœurs,  sur  qui  donc  priez-vous  ? 
Qui  de  vous  va  mourir  ?  qui  de  vous  abandonne 
Un  vain  reste  de  jours  oubliés  et  perdus  ? 
Vous  attendez  la  mort  dans  des  habits  de  deuil: 
Et  qui  sait  si  pour  vous  la  distance  est  plus  grande 
Ou  de  la  vie  au  cloître,  ou  du  cloître  au  cercueil .' 


390  LE    PARLER    FRANÇAIS 

Mais,  le  Musset  des  premières  années  n'a  pas  le  temps  de  se 
préoccuper  sérieusement  de  l'au-delà.  Le  nom  de  Dieu  flotte  de  loin 
en  loin  dans  ses  poèmes  ;  on  ne  peut  soutenir  qu'un  réel  sentiment 
religieux  les  imprègne.  L'on  y  surprend  de  vagues  réminiscences 
évangéliques,  des  situations  équivoques  auxquelles  le  souvenir  de 
Jésus  est  bien  à  tort  entremêlé.  Rien  de  saillant  ni  de  vécu  ne  nous 
indiquequel'âmedupoète  ait  besoin  d'infini.  Quant  aux  notations  at- 
tendries que  lui  inspirent  nos  vieilles  églises  ou  l'image  des  cloîtl-es,  il 
ne  faudrait  pas  s'en  exagérer  l'importance  ni  proclamer  en  termes  ab- 
solus qu'elles  sont  l'indice  d'un  cœur  naturellement  porté  au  mysti- 
cisme. Sans  nier  ce  qu  elles  peuvent  avoir  de  louable,  il  y  a  là  beau- 
coup de  "  métier,  "  et  je  rappelle  que  c'était  l'un  des  thèmes  favoris 
du  romantisme,  et  qu'il  était  comme  de  règle,  dans  l'école,  d'exalter 
l'art  issu  de  la  vie  monastique  ou  de  paraître  ému  à  l'aspect  des  voû- 
tes gothiques,  et  dans  la  pénombre  des  nefs  où  le  moyen-âge  avait 
incarné  son  idéal  de  foi. 

Mais  voici  venir  l'époque  où  la  question  religieuse  va  se  poser 
à  l'esprit,  et  surtout  au  cœur  du  poète,  et  lui  fera  trouver  parfois 
des  accents  d'une  vérité  parfaite  et  d'un  sentiment  naïf  et  pur. 

Déjà  il  l'aborde  dans  son  Rolla,  mais  la  solution  qu'il  lui  donne 
est  loin  de  nous  satisfaire.  Rolla  attribue  sa  condition  de  pauvre 
être  dégradé  à  l'influence  des  doctrines  du  dix-huitième  siècle,  celles 
de  Voltaire  en  particulier,  qu'il  a  pour  ainsi  dire  sucées  avec  le  lait, 
et  qui  empoisonnaient  l'atmosphère  où  il  a  grandi.  Et  le  voilà  qui 
s'emporte  en  une  série  d'apostrophes  et  d'anathèmes  contre  les  en- 
cyclopédistes, et  surtout  contre  le  patriarche  de  Ferney.  qu'il  rend 
responsables  du  mal  dont  il  souffre,  lui  et  sa  génération.  C'est,  en  vers, 
l'ordre  de  pensées  qu'il  reprendra  avec  plus  de  détails  dans  les  pre- 
miers chapitres  de  la  Confession  d'un  enfant  du  siècle.  M.  Faguet,  qui 
traite  Rolla  de  "  grand  niais  "  —  ce  que  je  suis  tout  prêt  à  concé- 
der —  dit  qu'il  n'y  a  pas  dans  toutes  ces  tirades  un  seul  argument 
proprement  philosophique  dont  on  puisse  se  faire  une  arme  contre 
les  principes  du  dix-huitième  siècle.  Mais  Musset  n'a  jamais  posé  au 
philosophe.  C'est  un  pauvre  enfant  qui  déplore  sa  misère  morale,  et 
qui  s'en  prend  comme  il  peut  aux  doctrines  qui  l'auraient  causée. 
A  défaut  de  raisonnement  solide  j'avoue  qu'il  y  a  dans  ces  impré- 
cations un  ton  de  sincérité  qui  ne  laisse  pas  que  de  toucher.  Toute- 
fois, quelle  erreur  de  sa  part  de  généraliser  à  outrance  et  de  croire 
que  ce  même  dix-huitième  siècle,  pour  avoir  ruiné  en  lui  la  foi  et  les 
mœurs,  pour  avoir  fait  mourir  la  foi  au  Christ  dans  son  cœur  et 
dans  le  cœur  de  sa  génération,  a  porté  un  coup  suprême  à  la  personne 
auguste  du  Verbe  fait  chair  : 


LE  SENTIMENT  RELIGIEUX    DANS  ALFRED  DE  MUSSET  891 

Les  clous  du  Golgolha  te  soutiennent  à  peine: 
Sous  ton  divin  tombeau  le  sol  s'est  dérobé: 
Tu  gloire  est  morte,  ô  Christ,  cl  sur  nos  croix  d'ébène, 
Ton  cadavre  céleste  en  poussière  est  tombé! 

Cela  serait  un  blasphème,  si  ce  n'était  parfaitement  absurde. 
L'on  peut  mourir  au  Christ  sans  que  ce  malheur  puisse  affecter  la 
vie  débordante  dont  le  Christ  est  la  source.  Et  si  générale  que  puisse 
être  l'impiété  dans  le  monde,  il  y  aura  toujours  des  âmes  pour  con- 
fes.ser  le  Maître  et  pour  s'abreuver  de  son  sang.  Sans  doute  le  poète 
chante  en  vers  magnifiques 

Le  temps  où  se  faisait  tout  ce  que  dit  l'histoire. 

Où,  sur  les  blancs  autels,  les  crucifix  d'ivoire 

Ouvraient  des  bras  sans  tache  et  blancs  comme  du  lait. 

Où  la  vie  était  jeune,  où  la  mort  espérait.  .  . 

Il  verse  des  regrets  touchants  sur  le  passé  disparu,  il  couvre  de 
fleurs  les  œuvres  de  beauté  nées  des  vieilles  croyances  et  s'écrie  avec 

sincérité  : 

Jésus,  ce  que  tu  fis,  qui  jamais  le  fera .' 

Nous,  vieillards  nés  d'hier,  qui  nous  rajeunira?. .  . 

Tout  cela  tombe  à  faux.  Pauvre  Musset  !  Il  en  veut  tellement 
au  siècle  de  Voltaire  de  l'avoir  fait  ce  qu'il  est,  il  le  suppose  telle- 
ment néfaste  qu'il  lui  prête  une  puissance  qu'il  n'a  jamais  eue  et 
que  n'aura  jamais  aucun  siècle.  Quels  que  soient  les  germes  de  mort 
que  ce  siècle  a  semés,  le  Christ  est  demeuré  intangible  à  son  action, 
puisqu'il  est  Eternel.  Et  d'ailleurs,  l'ardent  réveil  de  foi  qui 
s'est  manifesté  au  sein  même  de  la  génération  de  1830  ne  prouve-t-il 
pas  que  le  poète  a  eu  tort  de  se  répandre  en  de  telles  lamentations  et 
de  proclamer  trop  tôt,  avec  Jouffroy,  que  "  les  dogmes    finissent  "  ? 

Aussi  bien,  Musset  ne  va-t-il  pas  tarder  à  se  donner  à  lui-même 
un  démenti  ;  et  dans  ces  cieux  mêmes  qu'il  vent  de  déclarer  dé- 
peuplés, il  cherchera  et  verra  passer  l'image  triomphante  et  conso- 
latrice de  ce  Dieu  qu'il  avait  anéanti.  C'est  la  douleur  qui  lui  ouvrira 
les  yeux  et  qui  fera  naître  dans  son  âme  un  besoin  d'espérance  divine. 
L'on  connaît  la  trop  fameuse  histoire  des  "  amants  de  Venise,  " 
que  M.  René  Doumic  appelle  avec  tant  de  raison  "  le  coup  de  folie 
romantique  ".  Les  deux  héros  de  cette  banale  aventure  nous  en  font 
le  récit,  chacun  à  son  point  de  vue.  Et  depuis,  il  semble  que  la  criti- 
que littéraire  et  psychologique  ait  mis  une  âpre  curiosité  à  en  élucider 
tous  les  incidents  scabreux  et  ridicules  ;  en  sorte  que  l'on  n'ignore 
plus  rien  de  cette  malencontreuse  échauffourée  et  que  l'on  peut, 
selon  ses  sympathies,  se  prononcer  pour  l'un  ou  pour  l'autre  des  deux 
personnages  en  cause,  ou,  ce  qui  vaut  mieux  certainement,  les  trou- 
ver bien  à  plaindre  tous   les  deux.  Pour    nous,  nous    n'avons  pas    à 


392  LE   PARLER    FRANÇAIS 

ressasser  tout  ce  qui  a  été  dit  là-dessus,  ni  à  nous  mêler  au  débat 
toujours  ouvert  qui  s'en  est  suivi.  Nous  voulions  seulement  men- 
tionner cet  épisode  et  remarquer  qu'à  partir  du  moment  où  cette 
triste  comédie  arrive  à  ses  dernières  scènes  et  après  qu'elle  s'est  ache- 
vée en  mélodrame,  l'âme  de  Musset  subit  comme  une  transforma- 
tion. Il  sort  de  là  profondément  meurtri,  il  n'a  pas  rencontré  l'idéal 
rêvé,  il  a  été  victime  de  la  trahison,  du  parjure,  il  a  été  perfidement 
joué.  Ne  discutons  pas  sur  ces  divers  points.  Constatons  simplement 
que  d'une  cause  très  vulgaire  ont  germé  de  grands  effets.  C'est  alors 
que  le  tourment  divin  s'est  emparé  de  Musset  et  que,  dégoûté  delà 
terre  et  cherchant  plus  haut  un  remède  à  sa  souffrance  trop  méritée, 
il  est  a  poussé  vers  Dieu  des  cris  de  pitié,  d'espérance  et  d'amour, 
dont  il  impossible  de  ne  pas  apprécier  la  qualité  et  la  ferveur.  Nous 
n'irons  pas  jusqu'à  dire  que  le  poète  fut  touché  de  la  grâce.  Les  faits 
s'y  opposent.  Il  n'eût  sans  doute  tenu  qu'à  lui  de  recouvrer  ses  biens 
perdus  et  de  profiter  de  sa  douleur  pour  obtenir  un  pardon  que  la 
clémence  divine  accorde  au  vrai  repentir.  Mais  la  suite  de  sa  vie  a 
trop  montré  tout  ce  qu'avaient  de  tyrannique  ses  habitudes.  S'il 
ne  nous  est  malheureusement  pas  permis  de  parler  de  conversion  à 
son  propos,  du  moins  s'est-il  rapproché  de  Dieu  par  la  pensée  et  a  t-il 
entrevu  'es  grandeurs  de  l'ordre  moral. 

Il  n'a  pas  eu  la  force  d'aller  jusqu'au  bout  de  l'élan  qui  le  por- 
tait vers  le  bien  et  de  trouver  dans  l'expiation  un  moyen  sublime  de 
se  régénérer.  La  douleur  n'a  donc  pas  été  pour  lui  entièrement  pu- 
rificatrice. Mais  il  semble  bien  avoir  eu  la  révélation  de  ce  qu'elle 
eût  pu  opérer  en  son  âme  de  nouveau  et  de  grand,  s'il  l'eût  seulement 
voulu  et  se  fût  complètement  soumis  à  son  action.  N'est-ce  pas 
beaucoup  tout  de  même  que  Dieu  se  soit  fait  sentir  à  lui  au  cours 
de  cette  crise  de  conscience,  et  que  le  poète  l'ait  reconnu  et  lui  ait 
donné  un  commencement  d  adoration .'  Il  n'est  pas  allé  jusqu'à 
étreindre  l'Idéal  Infini  qui  seul  pouvait  l'apaiser,  mais  il  en  a  subi 
le  charme  lointain  et  il  a  exprimé,  en  termes  souvent  incomparables, 
ce  qu'il  soupçonnait  de  son  éternelle  beauté. 

Et,  par  exemple,  comment  ne  pas  souscrire  à  l'esprit  si  chrétien 
qui  anime  la  Lettre  à  Lamariine,  et  à  la  profession  de  foi  qui  la  ter- 
mine: 

Que  t'a  dit  le  malheur,  quand  tu  l'as  consulté .' 
Du  ciel  et  de  toi-même  as-tu  jamais  douté  ? 
Non,  Alphonse,  jamais.     La  triste  expérience 
Nous  apporte  la  cendre  et  n'éteint  pas  le  feu. 


I.E  SENTIMENT  RELIGIEUX   DANS  ALFRED  DE  MUSSET  393 

Tu  respectes  le  mal  (1)  fait  par  la  Providence, 

Tu  le  laisses  passer  et  tu  crois  à  ton  Uieu. 

Quel  qu'il  soit,  c'est  le  mien;  il   n'est  pas  deux  croyances. 

Je  ne  suis  pas  son  nom;  j'ai  regardé  les  cieux; 

Je  sais  qu'ils  sont  à  lui,  je  sais  qu'ils  sont  immenses, 

Et  que  l'immensité  ne  peut  pas  être  à  deux. 

Créature  d'un  jour,  qui  l'agites  une  heure. 
De  quoi  viens-tu  te  plaindre,  et  qui  le  fait  gémir? 
Ton  âme  t'inquiète  et  tu  crois  qu'elle  pleure: 
Ton  âme  est  immortelle,  et  tes  pleurs  vont  tarir. 

Ton  corps  est  abattu  du  mal  de  ta  pensée; 
Tu  sens  ton  front  peser,  et  tes  genoux  fléchir. 
Tombe,  agenouille-toi,  créature  insensée: 
Ton  âme  est  immortelle,  et  la  mort  va  venir. 

Et  dans  les  Nuits,  la  Muse  ne  tient-elle  pas  un   langage  propre 
I    élever  vers  le  ciel,  d'où  le  poète  la  croit  descendue  ? 

Poète,  prends  ton  luth;  c'est  moi,  ton  immortelle. 
Qui  t'ai  vu,  cette  nuit,  triste  et  silencieux. 
Et  qui,  comme  un  oiseau  que  sa  couvée  appelle. 
Pour  pleurer  avec  loi  descends  du  haut  des  cieux .  .  . 

Entendons-la  révéler  au  pauvre  enfant  la  vertu  de  la  souffrance  : 

Crois-tu  donc  que  je  sois  comme  le  vent  d'automne. 
Qui  se  nourrit  de  pleurs  jusque  sur  un  tombeau. 
Et  pour  qui  la  douleur  n'est  qu'une  goutte  d'eau  ? 


L'herbe  que  je  voudrais  arracher  de  ce  lieu. 

C'est  ton  oisiveté;  ta  douleur  est  à  Dieu. 

Quel  que  soit  le  souci  que  ta  jeunes.se  endure, 

Laisse-la  s'élargir,  cette  sainte  blessure 

Que  les  noirs  séraphins  t'ont  faite  au  fond  du  cœur; 

Rien  ne  nous  rend  si  grands  qu'une  grande  douleur.  .  . 

Et  encore: 

Est-ce  donc  sans  motif  qu'agit  la  Providence .' 
Et  crois-tu  donc  distrait  le  Dieu  qui  t'a  frappé.' 
Le  coup  dont  tu  le  plains  t'a  préservé  peut-être. 
Enfant;  car  c'est  par  là  que  ton  cœur  s'est  ouvert. 
L'homme  est  un  apprenti,  la  douleur  est  son  maître. 
Et  nul  ne  se  connaît,  tant  qu'il  n'a  pas  souffert. 

Ailleurs,  "comme  une  mère  vigilante",  elle  prodigue  à  ce    "fils 
bien-aimé"  les  plus  admirables  conseils:  elle  voudrait  qu'il   revînt 


(1)  Inutile  de  faire  observer  ici  que  le  mal,  dans  le  monde,  n'est   pas  le  fait  de 
Dieu,  mais  le  fait  de  l'homme  déchu. 


394  LE     PARLER    FRANÇAIS 

au  travail  fécond,  qu'il  se  reprît  à  aimer  "son  cabinet  d'étude",  à 
y  cultiver  ces  inspirations  idéales  qui  le  détacheront  des  passions 
vulgaires: 

Viens,  chantons  devant  Dieu,  chantons  dans  tes  pensées. 
Dans  tes  plaisirs  perdus,  dans  tes  peines  passées.  .  . 

— elle  pleure  de  voir  qu'il  la  néglige  encore  pour  courir  après  des 
chimères. 

Pour  se  noyer  le  cœur  dans  un  rêve  inconstant; 


elle  craint  que  "les  passions  funestes"  n'achèvent  de  gaspiller  les 
dons  magnifiques  qu'il  a  reçus,  et  ne  la  forcent  à  le  quitter  pour  tou- 
jours : 

O  ciel!  qui  t'aidera  ?  que  ferai-je  moi-même. 
Quand  celui  qui  peut  tout  défendra  que  je  t'aime. 
Et  quand  mes  ailes  d'or,  frémissant  malgré  moi. 
M'emporteront  à  lui  pour  me  sauver  de  toi  ? 

Vraiment,  le  langage  de  cette  Muse  est  empreint  d'une  élévation 
quasi  surnaturelle;  et  il  faut  que  la  conscience  du  poète  ait  subi  une 
bien  forte  commotion  pour  trouver  de  semblables  accents.  Après 
tout,  c'est  Lui  qui  parle,  et  la  Muse  n'est  que  l'incarnation  de  son 
âme  enfin  éveillée  au  sens  moral  et  ouverte  à  la  voix  de  l'Esprit. 
Hélas!  la  séduction  des  choses  extérieures  est  la  plus  forte;  si  le  poète 
admet  la  vérité  de  la  prédication  qui  retentit  en  lui,  et  dont  certes 
il  s'est  gardé  d'atténuer  le  sens  et  la  portée,  il  ne  se  reconnaît  pas 
•l'énergie  d'y  harmoniser  sa  vie.  C'est  toujours  le  "video  meliora, 
proboque,  détériora  sequor",  de  la  philosophie  antique,  ce  qui  revient 
à  cette  autre  formule  des  Livres  Saints:  "Le  bien  que  je  veux,  je 
ne  le  fais  pas,  et  le  mal  que  je  ne  veux  pas,  je  le  fais".  Et  cela  me 
rappelle  aussi  le  mot  profond  d'Ozanam  quand  il  parle  de  "ce  mé- 
lange d'inspirations  pures  et  de  volontés  impuissantes  qui  fait  le 
fond  des  artistes  et  des  grands  poètes".  Chez  nous,  et  c'est  la  mar- 
que de  notre  déchéance  originelle,  il  y  a,  dans  une  mesure  ou  dans 
une  autre,  désaccord  entre  les  visions  de  l'intelligence  et  les  œuvres 
de  la  volonté.  Mais  il  semble  bien  que  chez  les  artistes  et  les  poètes, 
cette  désharmonie  soit  plus  sensible.  Et,  pour  ce  qui  est  de  Musset, 
des  habitudes  prises  de  bonne  heure  avaient  à  tel  point  affaibli  le 
ressort  de  sa  volonté  qu'il  était  comme  annihilé.  Que  toutefois, 
dans  une  telle  disposition  d'âme,  il  ait  tout  à  coup  vu  clairement  le 
bien  et  que,  par  la  voix  de  la  Muse,  il  ait  si  magnifiquement  chanté 
le  devoir  et  rendu  hommage  à  l'idéal,  c'est  beaucoup,  et  je  crois  qu'il 
faut  savoir  gré  à  cet  enfant  du  siècle  de  nous  avoir  du  moins  légué 
un  écho  divin. 


LE  SENTIMENT  liELIGIEUX    DANS   ALFRED   DE  MUSSET  395 

Pourtant,  il  est,  sur  les  sentiiiients  religieux  de  Musset,  un  poème 
qui  nous  renseigne  plus  complètement  que  ces  derniers,  et  qui  nous 
montre  quelle  source  vive  d'aspirations  niysti(iues  la  douleur  avait 
fait  jaillir  dans  son  âme.  C'est  l'Espoir  en  Dieu.  Ici  la  «jucstion 
surnaturelle  est  en  quelque  sorte  traitée  ex  professa,  et  reçoit  la  solu- 
tion la  plus  satisfaisante  que  le  poète  en  eût  donnée  encore.  A 
part  quelques  points,  cette  pièce  est  d'une  orthodoxie  à  peu  près  par- 
faite. Comme  toujours,  le  poète  parle  en  son  nom  et  se  place  à  un 
point  de  vue  très  personnel.  Mais,  en  .semblant  traduire  le  propre 
état  de  son  cœur  et  ce  qui  s'agite  en  lui,  n'exprime-t-il  pas  la  ten- 
dance et  l'angois.se  de  tous  ?  Ne  reflète-t-il  i)as  l'âme  humaine  en 
général  ?  Le  problème  qu'il  y  examine  n'est-il  pas  éternel  ? 

Donc,  dans  l'Espoir  en  Dieu,  il  part  de  cette  constatation  que 
la  faiblesse  de  son  cœur  a  beau  lui  conseiller  de  s'en  tenir  à  la  doctrine 
d'Épicure,  c'est  plus  fort  que  lui.  "L'infini  le  tourmente";  il  lui 
faut  regarder  le  ciel  avec  int|uiétude.  Car  ce  n'est  pas  être  homme 
que  de  renier  son  existence.  On  ne  le  comprend  pas  et  la  raison  s'en 
épouvante;  mais  il  faut  bien  le  voir  et  l'admettre.  Que  faire  alors  ? 
Jouir  et  mourir,  .selon  la  maxime  de  la  raison  païenne,  ou  bien  espérer 
et  croire  en  l'immortalité,  conformément  à  la  foi  chrétienne  ?  Il  n'y 
a  pas  d'autre  issue,  pas  de  voie  mitoyenne,  l'indifférence  n'étant 
qu'une  autre  forme  de  l'athéisme.     Je  me  résigne,  dit  le  poète: 

Mes  genoux  fléchiront;  je  veux  croire,  et  j'espère. 

Mais  cetacte  me  jette  "entre  les  mains  d'un  Dieu  redoutable". 
Et  ici,  il  faut  observer  que  l'auteur  prtte  à  Dieu  un  rôle  qui  n'est 
pas  du  tout  le  vrai,  et  le  conçoit  sous  un  aspect  bien  différent  de  ce 
qu'il  est  en  réalité.  Dieu  ne  punit  nos  affections  qu'en  tant  qu'elles 
sont  illégitimes;  et  loin  que  le  bonheur  soit  un  crime  à  ses  yeux,  il 
n'y  a  de  vrai  et  durable  jouissance  que  dans  le  respect  de  l'ordre 
moral  qu'il  a  établi.  S'il  défend  à  notre  cœur  de  "battre  trop  vite" 
c'est  pour  des  objets  misérables;  "sa  grandeur  et  sa  divinité  ne  s'of- 
fensent" que  de  ce  qui  est  en  même  temps  pour  nous  principe  de 
remords  et  de  déchéance.  Et  Musset  continue:  "On  dit  cei)endant 
qu'une  joie  infinie  attend  quelques  élus."  Mais  il  se  sent  comme 
découragé  devant  les  efforts  qu'il  faut  faire  pour  parvenir  à  leur 
gloire  dont  il  doute,  et  il  s'écrie  avec  une  mélancolie  si  humaine: 

Vous  les  voulez  trop  purs,  les  heureux  que  vous  faites. 
Et  quand  leur  joie  arrive,  ils  en  ont  trop  souffert. 

A  quoi  donc  s'arrétera-t-il  dans  cette  recherche  angoissante  ? 

Si  mon  cœur,  fatigué  du  rêve  qui  l'obsède, 
.\  la  réalité  revient  pour  s'assouvir, 


396  LE     PARLER    FRANÇAIS 

Au  fond  «les  vains  plaisirs  que  j'appelle  à  mon  aide 
Je  trouve  un  tel  dégoût  que  je  me  sens  mourir. 

Non,  le  pouvoir,  la  santé,  la  richesse,  l'amour — même  si  ce 
amour  s'incarnait  en  une  beauté  unique  en  qui  seraient  réunis  les 
éléments  épars  parmi  les  beautés  de  tous  les  siècles —  ne  sauraient 
le  consoler,  le  rendre  heureux: 

Je  souffre,  il  est  trop  tard,  le  monde  s'est  fait  vieux. 
Une  immense  espérance  a  traversé  la  terre: 
Malgré    nous  vers  le  ciel  il  faut  lever  les  yeux. 

Que  lui  reste-t-il  ?  Sa  raison  essaie  en  vain  de  croire  et  son  cœur 
de  douter.  Le  chri.stianisme  l'épouvante,  mais  il  ne  peut  absolu- 
ment pas  écouter  ce  que  dit  l'athée.  Il  s'adressera  en  dernier  res- 
sort à  la  philosophie,  pour  savoir  si  elle  ne  pourrait  pas  le  guider 
entre  l'indifférence  et  la  religion.  Et  il  repasse  alors  ce  qu'ont  in- 
venté ceux  qu'il  appelle  "les  faiseurs  de  systèmes",  et  se  promène 
à  travers  le  manichéisme,  le  théisme,  les  doctrines  d'Aristote,  de 
Platon,  de  Pythagore,  de  Leihnitz,  de  Spinoza,  pour  aboutir  enfin 
à  celles  de  ce  rhéteur  allemand, 

-  Qui,  du  philosophisme  achevant  la  ruine. 

Déclare  le  ciel  vide,  et  conclut  au  néant. 

Alors  Musset  se  redresse,  et  s'indigne  que  les  spéculateurs  de 
l'esprit  humain,  depuis  cinq  mille  ans,  aient  abouti  à  un  résultat 
aussi  décevant.  Quoi  !  "  C'est  là  le  dernier  mot  qui  nous  en  est  res- 
té" !  Et  lui,  pauvre  poète  qui  ne  sait  rien,  mais  qui  souffre,  qui  a 
l'âme  malade,  malade  d'un  tourment  divin,  il  va  faire  la  leçon  à 
tous  ces  "orgueilleux",  ces  "insensés",  les  inviter  à  adjurer  la  misère 
de  "leurs  calculs  d'enfants",  et  tout  simplement  à  s'adresser  au  ciel 
avec  lui.     Ah  ! 

Pour  aller  jusqu'aux  cieux.  il  vous  fallait  des  ailes; 

Vous  aviez  le  désir,  la  foi  vous  a  manqué. 

Vous  sentiez  les  tourments  dont  mon  cœur  est  rempli. 

Et  vous  la  connaissiez,  cette  amère  pensée 

Qui  fait  frissonner  l'homme  en  voyant  l'Infini. 

Eh!  bien,  prions  ensemble.  .  . 

Croyez-moi,  la  prière  est  un  cri  d'espérance 

Pour  que  Dieu  nous  entende,  adressons-nous  à  lui. 

Il  est  juste,  il  est  bon;  sans  doute  il  vous  pardonne 

Tous,  vous  avez  souffert,  le  reste  est  oublié; 

Si  le  ciel  est  désert,  nous  n'offensons  personne; 

Si  quelqu'un  nous  entend,  qu'il  nous  prenne  en  pitié! 


LE  SENTIMENT  RELIGIEUX   DANS   ALFRED   DE  MUSSET  'M'i 

Et  la  magnifique  invocation  qui  termine  la  pièce,  où  il  y  a  sans 
doute  des  lacunes,  des  erreurs  même,  où  l'origine  du  mal  est  attri- 
buée à  tort  à  l'Eternel,  mais  où  déborde  l'espérance  chrétienne,  où 
l'adoration  s'exprime  en  paroles  ineffables,  où  Dieu  est  adjuré  de 
se  faire  sentir,  de  se  faire  voir,  et  de  calmer  par  sa  présence  l'anxiété 
du  cœur  qui  le  cherche  ardemment: 

Si  nos  angoisses  mortelles 
Jusqu'à  toi  peuvent  parvenir. 
Brise  celte  voûte  profonde 
Qui  couvre  la  création; 
Soulève  les  voiles  du  monde. 
Et  montre-toi.  Dieu  juste  et  bon! 
Tu  n'apercevras  sur  la  terre 
Qu'un  ardent  amour  de  la  foi. 
Et  l'humanité  toute  entière 
Se  prosternera  devant  toi   .  . 

Rarement  le  désir  d'étreindre  le  divin,  d'en  recevoir  quelque  ma- 
nifestation, et  de  voir  s'enfuir  à  son  attouchement  le  doute  qui  énerve 
et  qui  abat,  s'est  révélé  en  des  termes  plus  sincères  et  d'un  plus  émou- 
vant lyrisme. 

Il  nous  serait  facile  de  recueillir  d'autres  accents  religieux,  soit 
dans  ses  poésies,  soit  dans  certaines  pages  de  la  Confession  d'un  en- 
fant du  siècle.  Mais  ce  dernier  ouvrage  n'est  que  la  transposition 
en  une  prose  qui  n'est  pas  toujours  exempte  de  déclamation,  mais 
toutefois  le  plus  souvent  fluide,  colorée,  infiniment  riche,  de  l'état 
d'âme  et  des  questions  agitées  dans  Relia,  les  Nuits  et  l'Espoir  en 
Dieu.  Des  citations  n'ajouteraient  donc  guère  à  ce  que  nous  avons 
déjà  dit  de  l'espèce  de  mysticisme  qui  a  distingué  Alfred  de  Musset. 
Qu'il  nous  soit  seulement  permis  d'en  évoquer  un  ou  deux  courts  pas- 
sages, merveilleux  d'expression,  et  révélateurs  de  la  mentalité  que 
nous  avons  étudiée  chez  lui.  Octave — c'est-à-dire  le  poète — se 
parle  à  lui-même  et  s'accuse:  "O  in.sensé,  qui  as  désiré  et  qui  as  pos- 
sédé ton  désir,  tu  n'avais  pas  pensé  à  Dieu!  Tu  jouais  avec  le  bonheur 
comme  un  enfant  avec  un  hochet,  et  tu  ne  réfléchissais  pas  combien 
c'était  rare  et  fragile,  ce  que  tu  tenais  dans  tes  mains.  .  tu  ne  comp- 
tais pas  les  prières  que  ton  bon  ange  faisait  pendant  ce  temps-là 
pour  te  conserver  cette  ombre  d'un  jour.  Ah!  s'il  en  est  un  dans 
les  cieux  qui  ait  jamais  veillé  sur  toi,  que  devient-il  en  ce  moment  ? 
Il  est  assis  devant  un  orgue;  ses  ailes  sont  à  demi  ouvertes,  ses  mains 
étendues  sur  le  clavier  d'ivoire;  il  commence  un  hymne  éternel, 
l'hymne  d'amour  et  d'immortel  oubli.  Mais  ses  genoux  chancellent, 
ses  ailes  tombent,  sa  tête  s'incline  comme  un  roseau  brisé;  l'ange  de 
la  mort  lui  a  touché  l'épaule,  il  disparaît  dans  l'immensité." 


398  LE     PARLER    FRANÇAIS 

Et,  dans  les  pages  de  la  fin,  ceci,  qui  est  encore  plus  caractéris- 
tique:— "Je  suis  né  dans  un  siècle  impie,  et  j'ai  beaucoup  à  expier. 
Pauvre  Fils  de  Dieu  qu'on  oublie,  on  ne  m'a  pas  appris  à  t'aimer. 
Je  ne  t'ai  jamais  cherché' dans  les  temples;  mais,  grâce  au  ciel,  là 
où  je  te  trouve,  je  n'ai  pas  encore  appris  à  ne  pas  trembler.  .  .  O 
Christ,  les  heureux  de  ce  monde  pensent  n'avoir  jamais  besoin  de 
toi;  pardonne:  Quand  leur  orgueil  t'outrage,  leurs  larmes  les  bapti- 
sent tôt  ou  tard;  plains-les  de  se  croire  à  l'abri  des  tempêtes  et  d'a- 
voir besoin,  pour  venir  à  toi,  des  leçons  sévères  du  malheur.  Notre 
sagesse  et  notre  scepticisme  sont  dans  nos  mains  de  grands  hochets 
d'enfants;  pardonne-nous  de  rêver  que  nous  sommes  impies,  toi  qui 
souriais  au  Golgotha.  De  toutes  nos  misères  d'une  heure,  la  pire 
est  pour  nos  vanités  qu'elles  essaient  de  t'oublier.  Mais,  tu  le  vois, 
ce  ne  sont  que  des  ombres,  qu'un  regard  de  toi  fait  tomber.  .  .  C'est 
la  douleur  qui  nous  conduit  à  toi  comme  elle  t'a  amené  à  ton  Père; 
nous  ne  venons  que  couronnés  d'épines  nous  prosterner  devant  ton 
image;  tu  as  souffert  le  martyre  pour  être  aimé  des  malheureux." 

Si  imparfait  et  mélangé  que  soit  le  sentiment  religieux  chez 
Alfred  de  Musset,  ce  sentiment  est  incontestable.  Et  pour  nous, 
ce  qu'il  y  a  de  meilleur  dans  son  œuvre  vient  précisément  de  la  con- 
ception qu'il  se  faisait  de  l'idée  divine,  des  préoccupations  qu'il  a 
apportées  à  traiter  les  problèmes  de  l'ordre  moral.  Madame  de 
Staël  a  dit  dans  ses  Mémoires:  "Ceux  qui  ne  se  sont  jamais  élancés 
vers  le  ciel  n'ont  pas  ravi  l'étincelle  créatrice,  et  ils  n'obtiendront 
même  pas  l'ombre  d'immortalité  que  dispense  la  renommée."  Mu.sset 
s'est  fréquemment  élancé  vers  le  ciel,  et  c'est  pourquoi  il  a  été  créa- 
teur de  vraie  et  profonde  poésie;  c'est  surtout  par  ce  qu'elle  con- 
tient de  mysticisme  que  son  œuvre  lui  survit. 

Un  après-midi  d'été,  le  cardinal  Perraud  se  promenait  dans  un 
bois  avec  son  secrétaire,  qui  se  mit  à  lui  réciter  de  longs  passages 
des  poèmes  que  nous  avons  analysés.  Le  cardinal  écoutait,  rêveur, 
ces  chants  magnifiques,  et  dit  tout  à  coup:  "Taisez-vous,  profane; 
mais,  que  c'est  divin!" 

Ce  mot  nous  servira  de  conclusion. 

Henri   d'Arles. 


LEXIQUE 

C  ANADIEN-FRANÇ  A I S 

{Suite) 

Moman  {mbmà)  s.  f. 

Il  Maman. 

DiAL.     Id.,  Normandie,  Maze. 

Mordeux  (mbrdé)  s.  m.  et  adj. 

Il 

Il  Mordeur,  celui  qui  mord. 

Mordre  (mord)  v.  tr. 

10  1 1  Piquer.     Ex.  :  Les  mouches  m'ont  mordu. 

DiAL.     Id.,  dans  le  Centre,  Jaubbrt. 

2o  II  Être  mordu  pour  (quelque chose)  =être  passionné  pour  . .  . 
Ex.  :  Il  est  mordu  pour  la  chasse  =  il  aime  la  chasse  avec  passion, 
à  l'excès. 

3o  II  Etre  mordu,  être  mxyrdu  d'un  chien,  être  mordu  du  chien, 
être  mordu  du  diable  =  être  enragé,  toqué,  avoir  toutes  les  audaces. 
Ex.  :  Il  faut  être  mordu  pour  tenir  un  pareil  langage. 

Mordure  {mbrdu:r)  s.  f. 

11  Morsure.  Ex.  :  C'est  une  mordure  de  chien,  heureusement 
qu'il  n'était  pas  enragé. 

DiAL.  Mordure  =  m.  s.,  en  Normandie,  Delboulle,  Dubois, 
Revue  des  Parlers  Normands,  I,  137;  dans  l'Anjou,  Verrier;  le 
Bas-Maine,  Dottin. 


399 


400  LE    PARLER    FRANÇAIS 

Morfondre  {mhrjô:d  )  v.  tr. 

Il  Épuiser,  ruiner  la  santé  de.  Ex.  :  Tu  devrais  pas  faire  tra- 
vailler ton  garçon  comme  ça:  il  est  ben  trop  jeune,  tu  vas  le  mor- 
fondre. — -  Il  s'est  morfondu  à  étudier. 

Morfondant  (mbrfôdà)    part.  prés. 

Il  Qui  épuise.     Ex.  :  Un  ouvrage,  un  travail  morfondant. 

Morfondu  (mbrfôdu)    part,  passé. 

10  II  Épuisé,  ruiné  de  santé.  Ex.  :  C'est  un  garçon  morfondu, 
il  a  trop  travaillé. 

2o  II    Confus,  honteux. 

Mortgage  {morgà:j.)  s.  m.  Cf.   Ang.  Mortgage. 

11  Hypothèque.     Ex.:  Il  a  deux  mortgages  sur  sa  maison. 
Mortgager  {mhrgàjê)  v.  tr. 

Il  Hypothéquer. 

Morieu  (moryé)  interj. 

Il   Mordieu. 

Moriginer  Çmbrijinê)  v.  tr. 

Il  Morigéner. 

DiAL.  Id.,  dans  le  Bas-Maine,  Dottin;  dans  l'Anjou,  Ver- 
rier; la  Normandie,  Moisy. 

Mort-ivre  (morivr)  adj. 

.  Il  Ivre-mort. 

Mortné  (mbrné)  interj. 

Il  Juron. 


LEXIQUE    CANADIEN-FRANÇAIS  401 

Mormonner  (mbrmbné)  v.  tr. 

Jl  Marmotter. 

DiAL.     Id.,  dans  le  Bas-Maine,  Dottin. 

Fb.-Can.     Syn.:  Marmonner. 

Morning  coat  {momin  ko:  t)  s.  m.     Ang. 

Il  Jaquette,  habillement  d'homme  qui  par  derrière  est  lait 
comme  une  redingote,  mais  dont  les  pans  de  devant  s'arrondissent 
en  s'évasant  jusqu'à  la  hauteur  des  genoux. 

Moron  (mbrô)  s.  m. 

Il  Espèce  de  lézard.. 

Fr.-can.  Moron  d'eau  =  de  couleur  rougeâtre. — Moron  de  terte  ■- 
de  couleur  noire,  avec  taches  jaunes. 

Moron  {mord)  s.  m. 

Il  Mouron. 

DiAL.     Id.,  dans  l'Anjou,  Verrier. 

Morpion  (mbrpyô)  interj.,  adj.  et  s.  m. 

10  II  Juron.     Ex.:  Eh!  morpion  !  j'ai  failli  me  faire  tuer. 
2o  II  Fainéant,  paresseux. 

3o  II  Faible,  qui  manque  de  vigueur  pour  travailler.  Ex.: 
Il  est  ben  gros  et  grand,  mais  il  est  morpion. 

4o  II   Lâche,  qui  est  sans  courage. 

5o  II  Homme   malhonnête,   de   mauvaise   réputation. 

6  II  Enfant.  Ex.:  Il  y  avait  une  bande  de  petit  morpions. — 
Un  morpion  qui  n'a  pas  quinze  ans  et  qui  va  voir  les  filles. 

Morpionner  (se)    (s  mbrpybnê)  v.  réfl. 

11  Se  dit  du  temps  qui  se  met  au  mauvais.  Ex.:  \a  temps  se 
morpionne. 


402  LE    PARLER    FRANÇAIS 

Morquier  {mbrkyé)  s.  m. 

Il   Mortier. 

DiAL.     Id.,  dans  le  Bas-Maine,  Dottin. 

Mortalité  (mortalité)  s.  î. 

Jl  Mort,  décès.  Ex.:  Il  y  a  delà  mortalité  dans  cette  maison  = 
il  y  a  une  personne  décédée  dans  cette  maison.  —  Il  y  a  ben  des 
mortalités  c't'  année  =  la  mortalité  a  été  grande  cette  année. 

Fr.  Mortalité  =  condition  d'un  être  sujet  à  la  mort;  =  mort 
collective  d'un  certain  nombre  d'individus  dans  un  même  espace  de 
temps,  Darm. 

Morte-charge  (mbrté  càrj)  s.  f. 

Il  Fardeau  pesant,  maîtresse  charge,  le  plus  qu'on  peut  porter. 
Ex.:  Charger  une  voiture  à  morte-charge  =  tvès  lourdement. 

Fr.-can.     Relevé  par  Potier,  à  Lorette,  en  1743. 

Morte-dette  (mbrté  dot)  s.  f. 

Il  Dette  contractée  pour  acquérir  quelque  chose  qui  ne  rap- 
porte rien. 

Mortoise  {mbrtwa:  z,  mbrtwe  :  z)  s.  f. 

Il  Mortaise. 

DiAL.     7d., Anjou,  Verrier;  Normandie,  Maze. 

Mortoiser  {mbrtwazê,  mbrtwèzé)  v.  tr. 

Il   Mortaiser. 

Dial.     Id.,  Anjou,  Verrier. 

Mortoiseur  (mbrtwazê:  r,  mbrtwèzé:  r)  s.  m. 

I   Mortaiseuse,  machine  à  mortaiser. 

Morue  (moru)  interj. 
Il  Juron. 


LEXIQUE    CANADIEN-FRANÇAIS  408 

Morvaille  (vibrvây)  s.  f. 

Il  La  morvaille  =  les  enfants. 

Morvaillon  {mhrvâyo)  s.  m. 

Il  Morveux,  gamin,  petit  polisson  (terme  de  mépris). 

DiAL.     Id.,  Norm.andie,  Moisy,  Dubois;  Picardie,  Cohblet. 

2o  II  Bon  à  rien,  incapable  de  travailler. 

Morvasse  (mbrvàs)  s.  m.  et  f. 

lo  II  S.  m.  Jeune  garçon. 

DxAL.  Morvasse  =  petit  souillon,  Anjou.  Verrier;  morveux, 
Poitou,  Fabre. 

2o  II  S.  f.  Jeunesse,  les  jeunes  gens.  Ex.:  La  morvasse  est  ben 
tapageuse,  à  soir. 

3o  II   Bon  à  rien,  incapable  de  travailler. 

Morvasson  {mbrvàsô)  s.  m. 

1 1 .  Morveux. 

Morviat  {mbrvyd  )  s.  m. 

10  II   Gros  crachat,  mouveau. 

Dial.     Id.,  Saintonge,  Éveillé;  Anjou,  Verrier;  Bas-Maine, 
Dottin;  Ille-et- Vilaine,  Orain. 
2o  II  Bon  à  rien. 

Morvis  (morvis)  interj. 

11  Juron. 

Moses  {m6:zœs)  interj. 

Il  (Juron  anglais  qui  s'emploie  comme  maudit.    Voir  ce  mot.) 

Mot'  (môO  s.  m. 

lo  II   Motus!  ne  dites  mot! 

2o  II  Se  dit  pour  exprimer  qu'on   n'a  pas  répondu.     Ex.:  Mot, 
pas  de  réponse. 


404  LE  PARLER  FRANÇAIS 

Mot  (mô)  S.  m. 

Il  Querelle,  dispute,  contestation.  Ex.:  Ils  ont  eu  un  mot,  des 
mote  ensemble,  et  depuis  ce  temps  ils  ne  se  saluent  plus. 

DiAL.  Id.,  Centre,  Jaubert;  Normandie,  Moist:  Anjou. 
Verrier. 

Motor  man  (môtàr  màn)  s.  m.  Ang. 

Il  Mécanicien,  chargé  de  la  conduite  d'un  tramway  électrique, 
d'une  automobile,  d'une  locomotive. 

Moteur  {inbiœ:r)  s.  m. 

Il  Proposeur  d'une  motion.  Ex.:  Le  comité  est  composé  du 
moteur  et  du  secondeur  de  la  motion. 

Motié  (mbtyê)  s.  f. 

Il   Moitié. 

DiAL.     Id.,  Normandie,  Maze;  Anjou,  Verrier. 

Motivé  (motivé)  s.  m. 

Il  Motifs  d'un  jugement.  Ex.:  On  lit  dans  le  motivé  du  juge- 
ment. 

Motonner  (mblbnê)  v.  tr. 

I  Moutonner. 
Mottant,-te  (mbtâ,  mbtàit)  adj. 

I I  Qui  se  forme  en  motte.     Ex.  :  La  neige  est  mottante. 
Fr.-can.     Aussi:  'pelottant,-te. 

Motte  {mbt)  s.  f. 

Il  Petite  masse  de  neige.  Ex.:  Tirer  une  mjotte  de  neige.  — 
Envoyer  des  mottes. 

Motter  (moté)  v.  tr.  et  intr. 

lo  II  Verbe  tr. :  Lancer  des  mottes  de  neige  à.  Ex.:  Les  en- 
fants se  sont  mottes  pendant  toute  la  récréation. 


LEXIQUE    CANADIEN-FRANÇAIS  406 

Fr.  Moiter  =  atteindre  avec  une  motte  de  terre,  Darm. 
2o  II  Verbe  intr. :  Se  former  en  mottes,    en  masse  compacte. 
Ex.:  La  neige  motte  bien. 

Fr.-can.     Aussi:  pelotter. 

Motteux  {mUé)  adj. 

Il  Plein  de  mottes.     Ex.:  Terrain  motteux, 

MottO  {mbtô)  s.  m.     Ang. 

lo  II  Papillote,  dragée  enveloppée  dans  un  morceau  de  papier. 

2o  II  Devise,  petits  vers  ou  petite  phrase  inscrits  sur  un  papier, 
sur  une  dragée,  et  enveloppée  dans  une  papillote. —  Devise  d'un 
commerçant,  d'un  industriel.  Ex. :  Notre  motto,  c'est. ...  —  Senten- 
ce, adage  adopté  par  quelqu'un,  ou  attribué  à  quelqu'un. 

Motton  {mbtô)  s.  m. 

lo  II  Petite  motte  de  terre  durcie,  petite  masse  de  pâte,  de 
neige,  etc.,  compacte  et  durcie.  £j;.:  La  colle  est  pleine  de  7?io<tona. — 
Le  chemin  est  plein  de  motions. —  Il  y  a  des  motions  dans  le  pain. 

Fr.  Motton  =  petite  boule  que  forme  la  farine    délayée  dans 
un  liquide  trop  abondant,  Lar.,  Littré. 
2o  II   Petit  bouchon  de  laine,  de  filasse. 
DiAL.     Id.,  Anjou,  Verrier. 

Mottonné  (mbtbné)  adj.  et  s.  m. 

10  II  Adjectif  :  plein  de  mottons  (loet2o).  Ex.:  La  laine  est 
toute  mottonnée. — Mon  capot  de  chat  est  mottonné. 

2o  11  S.  m.  :  syn.  de  Molletonné  (lo  et  2o). 

Mottonnu  (mbtbnn)  adj. 

11  Plein  de  mottons  (lo). 

Moture  (mbtu:  r)  s.  f. 

Il  Mouture. — Voir:  Moudure. 

Moturer  (mbturé)  v.  tr. 
lo  11  Moudre. 

FH.-CAN.  M.  s..  Potier,  Détroit,  1745:  "C'a  pris  quasiment 
tout  l'après-midi  pour  moturer  mon  blé". 


406  LE  PARLER  FRANÇAIS 

2o  II  Retenir  une  partie  du  grain  moulu  pour  se  payer  de  la 
mouture.  Ex.:  Ce  meunier  moture  fort. 

Fr.-can.  Se  dit  d'un  meunier  qui  prend  une  certaine  quantité 
de  grain  en  paiement  de  son  ouvrage. —  En  français,  la  mouture 
est  aussi  le  salaire  du  meunier,  Darm. 

Mou  (bois)  (hvà  mu)  s.  m. 

Il   Bois  tendre. 

Fr.-can.  Bois  mou  =  bois  tendre;  bois  franc  =  bois  dur. 
Ex.:  Toute  cette  montagne  est  couverte  de  bois  mou  (Se  dit  d'une 
montagne  où  l'on  ne  trouve  que  du  bois  tendre). 

Mouan  (mua)  s.  f. 
Il  Maman. 

Mouche  (mue)  s.  f. 
Il  Sinapisme. 

Fr.-can.  Mouche  de  moutarde  =  sinapisme  de  moutarde. 
Mouche  noire   —  vésicatoire. 

Mouche  à  cheval,  mouche  à  chevaux  {mue)  s.  f. 

Il  Taon  des  chevaux. 

Fr.-can.     \ussi:  frappe-à-bord. 

Mouche  à  cornes  {mue  a  kom)  s.  f. 

Il  Petite  mouche  qui  se  pose  de  préférence  à  la  base  des  cornes 
des  vaches. 

Fr.-can.     Aussi:  Mouche  à  vaches. 

Mouche  à  patates  {mue  a  pàtàt)  s.  f. 

Il  Espèce  de  coléoptère  qui  s'attaque  aux  plants  de  patates. 
(Doryphora  decemlineata.) 

Fr.-can.     Aussi:  bête  à  patates. 

Mouche  à  vers  {mue  a  ver)  s.  f. 
Il  Mouche  à  viande. 

Moucher  {mueé)  v.  tr. 

1 1  Rogner  un  morceau  de  bois. 

Fr.-can.     Émoucher  =  m.  s. 

Moucher  {mueé)  v.  intr. 

lo  II  Pêcher  à  la  ligne  volante,  à  la  mouche  artificielle. 


LEXIQUE    CANADIEN-FRANÇAIS  407 

Fr.-can.     On  dit  aussi:  pêcher  à  la  mouche. 
2o  II  (Au  jeu  de  balle  au  mur)  Jouer  de  façon  qu'il  soit  difficile 
de  relever  la  balle. 

Fr.-can.     Saler,  cochonner,  masser  =  m.  s. 

Moucher  (se)  {se  mveé)  v.  réfl. 

lo  II  Se  moucher  avec  des  quartiers  de  terrine  =  se  dit  de  quel- 
qu'un qui  est  très  pauvre.  Ex.:  Il  ne  se  mouche  pas  avec  des  quar- 
tiers de  terrine  =  il  se  rengorge  et  veut  être  un  personnage;  il  est  riche. 

2o  II  .Ve  pas  se  moucher  avec  des  pelures  d'oignon  =  n'être  par 
un  mince  personnage,  ne  pas  se  moucher  du  pied. 

Mouches  (mue)  s.  f.  pi. 

10  II  Se  faire  mettre  les  mouches  =  se  faire  moucher,  se  faire 
remettre  à  sa  place  ;  se  faire  jouer. 

2o  II  Mettre  les  mouches  à  quelqu'un  =  corriger,  montrer  à  vivre 
à,  mettre  à  sa  place,  moucher  quelqu'un. 

Mouchettes  (mueèt)  s.  f.  pi. 

11  Pince  que  l'on  place  au  naseau  d'un  animal  pour  le  maîtriser 
et  le  conduire;  tord-nez. — Au  figuré,  mettre  les  mouchettes  à  quelqu'un 
=  le  maîtriser. 

Mouchoi  {muewa)  s.  m. 

Il  Mouchoir. 

DiAL.  Id.,  Picardie,  Haigneré. 

Mouchoué  (mveivé)  s.  m. 

1 1  Mouchoir.     Ex.  :  Va  me  chercher  un  mouchoué  de  poche, 
DiAL.     Id.,  Anjou,  Verrier;  Ille-et- Vilaine,  Orain;  Norman- 
die, Delboulle;  Saintonge. 

Mouchouer  {mvcwè:  r)  s.  m. 

Il  Mouchoir. 

Dial.     Id.,  Bas-Maine,  Dotty. 

Moudu  (miidu)  part,  passé. 
IIMoulu.     Ex.:  Du  grain  moudu. 
Dial.     Id.,  en  Normandie,  Delboulle. 

Moudure  {mu4u:r)  s.  f. 

lo  II  Mouture,  partie  du  grain  que  le  meunier  retient  pour  son 
salaire. 


408  LE    PARLER   FRANÇAIS 

DiAL.     Id.,  Bas-Maine,  Dottin. 

2o  1 1  Mesure  qui  sert  à  déterminer  la  mouture  du  meunier  Ex.  : 
Ce  meunier  a  fait  sa  moudure. 
Fr.-can.     Moture  =  m.  s. 
3o  II  Moudure  d'épinette  =  sciure  d'épinette. 

Mouillasser  imuyàsé)  v.  impers. 

Il  Se  dit  d'une  pluie  fine  qui  tombe  lentement;  pleuvoir  par 
petits  orages,  mais  souvent.  Ex.:  Il  ne  faisait  pas  froid,  mais  il 
mouillassait  continuellement. 

Dial.  Mouillasser  =  pleuvoir  un  peu  ou  souvent,  dans  l'An- 
jou, Verrier;  mouiller  mal  à  propos,  en  Normandie,  Dubois;  en 
Saintonge. 

Fr.-can.  Mouillasser  =  tomber  une  pluie  fine,  Potier, 
Détroit,  1745-1752. 

Mouillasseux  {muyàsœ)  adj. 

Il  Pluvieux.     Ex.:  On  a  un  temps  mouillasseux. 

Dial.     Id.,  dans  l'Anjou,  Verrier. 

Mouiller  (muyé)  v.  tr.  et  impers. 

10  II  Pleuvoir.  Ex.:  Il  mouille  =  il  pleut. — Mouiller  à  siaux,  à 
boire  debout,  à  verse  =  pleuvoir  beaucoup. 

Fr.  Mouiller  =  verbe  transitif,  imbiber  d'un  liquide:  mouiller 
les  vêtements. 

Dial.  Mouiller  =  pleuvoir,  en  Saintonge,  Éveillé;  dans 
l'Anjou,  Verrier. — Fr.  pop. 

Fr.-can.  Potier  relève  mouiller  dans  le  sens  de  pleuvoir,  à 
Détroit,  en  1744. 

2o  II  Verbe  transitif:  Boire  à  l'occasion  d'un  événement  heureux, 
d'un  habit  qu'on  étrenne.  Ex.:  Il  faut  mouiller  ton  pardessus  =  il 
faut  boire  un  verre  à  l'occasion  du  pardessus  que  tu  étrennes. 

Fr.-can.     Se  mouiller  les  pieds  =  s'enivrer. 

Mouilleux  (muyé)  adj. 

11  Pluvieux.     Ex.:  Le  temps  est  ben  mouilleux. 

Moulange  (mulà:j)  s.  t. 

Il  Meule  à  moudre. — Fierre  k  moulanges  =  pierre  meulière. 
Fr.-can.     Potier,  relevant  le  mot  moulange  à  Détroit  en  1745, 
donne  comme  exemple:  Il  y  a  des  pierres  à  moulanges  aux  Grondinea. 

Le   Comité    du   Glossaire. 

(à  suivre) 


LES  LIVRES 


Henri  d'Arles.  Acadie.  Québec  (Typ.  J.-A.  K.-  Laflamme.)  1916,  26  c.  x  19  c. 
5  in-8o,  XXXII  418  pages. 

L'œuvre  d'Edouard  Richard  n'avait  été  publiée  qu'en  anglais  ; 
c'est-à-dire  qu'on  n'en  connaissait  que  la  traduction  faite  par  le  R.  P. 
Druniniond,  S.  J.  :  Acadia.  C'est  un  ouvrage  de  grande  valeur,  et  le 
seul  où  toute  la  vérité  soit  dite  sur  la  malheureuse  Acadie.  Cependant 
certains  passages  demandaient  des  rectifications  ;  ailleurs,  il  eût  fallu 
des  notes  et  des  explications  ;  enfin,  plusieurs  chapitres  n'étaient  pas 
au  point  de  recherches  plus  récentes  ;  et  surtout,  le  peuple  français 
de  l'Acadie  n'avait  son  histoire  complète  qu'en  anglais  ! 

Mais  Henri  d'Arles,  cousin  d'Edouard  Richard,  put,  il  y  a  treize 
ans,  retrouver  le  manuscrit  original  français  d' Acadia,  et  c'est  d'après 
ce  manuscrit  original  qu'il  entreprit  de  publier  cette  "reconstitution 
d'un  chapitre  perdu  de  l'histoire  d'Amérique".  Telle  qu'il  la  conçut 
et  qu'il  l'exécute,  l'entreprise  n'est  pas  peu  considérable. 

L'ouvrage,  en  effet,  est  entièrement  refondu  ;  il  est  corrigé, 
annoté,  mis  au  point  des  dernières  découvertes,  accompagné  d'une 
introduction  et  d'appendices.  Pour  donner  à  l'œuvre  toute  sa  valeur, 
Henri  d'Arles  s'est  astreint  à  un  travail  ardu  :  reviser  tout  le  manus- 
crit au  point  de  vue  de  la  langue  et  de  la  tenue  littéraire,  et  le  plier 
à  la  véritable  tradition  française  ;  vérifier,  parfois  rétablir,  redresser 
et  compléter  les  citations  ;  restituer  à  leurs  auteurs  quelques  em- 
prunts inconscients  ;  refaire  certaines  thèses  ;  mettre  en  note  des 
correctifs  là  où  il  fallait  ;  combler  les  lacunes  d'une  documentation 
parfois  insuffisante  ;  enfin,  donner  à  l'ouvrage  le  cachet  scientifique 
qui  lui  manquait. 

Cette  entreprise,  on  sait  maintenant  qu'elle  sera  menée  à  bonne 
fin.  Le  premier  volume  paru  nous  l'assure. 

Il  est  dangereux  de  toucher  à  l'œuvre  d'un  historien  pour  y 
changer  quoi  que  ce  soit  ;  il  y  faut  apporter  une  délicatesse  admira- 
ble et  un  rare  savoir-faire.  Eh  bien,  malgré  les  retouches  nombreuses 
qu'il  fallait  faire  subir  au  français  d'Edouard  Richard  — car  Richard, 
avec  raison,  avouait  qu'il  "était  inquiet  de  son  français"  —  Henri 
d'Arles  a  réussi  à  garder  au  style  son  caractère,  parfois  un  peu  fruste, 
sans  laisser  cependant  de  le  ramener  toujours  à  une  forme  correcte. 
Il  a  fallu,  pour  cela,  une  "longue  patience",  une  connaissance  appro- 
fondie du  sujet,  et  une  vraie  maîtrise  de  la  langue. 

409 


410  LE    PARLER    FRANÇAIS 

Le  reste  du  travail  n'était  pas  moins  difficile.  Que  de  recherches, 
que  d'études  pour  refaire  certains  paragraphes,  pour  reconstituer 
certains  passages,  pour  rédiger  certaines  notes  ! 

Acadie  reste  l'œuvre  d' Edouard  Richard.  Mais  c'est  aussi  l'œu- 
vre d'Henri  d'Arles.  Œuvre  de  premier  ordre,  qu'on  doit  placer  au 
rang  de  nos  meilleurs  ouvrages  historiques,  et  que  nous  devons  à 
l'un  et  à  l'autre.  Sans  Edouard  Richard,  Henri  d'Arles  n'aurait  pas 
fait  Acadie;  mais  sans  Henri  d'Arles,  VAcadia  d'Edouard  Richard 
serait  restée  un  ouvrage  incomplet,   et  que  déjà  on  oubliait. 

"Puisse  mon  travail  immortaliser  la  mémoire  d'Edouard  Ri- 
chard"! dit  Henri  d'Arles.  Or  Henri  d'Arles  a  fait  ce  travail  de  telle 
sorte  que  son  nom  sera  désormais  inséparable  de  celui  de  l'historien. 

Nous  faisons  des  vœux  pour  que  Henri  d'Arles  puisse  poursuivre 
avec  le  même  succès  la  revision  et  la  publication  d' Acadie.  On  attend 
avec  impatience  le  second  volume. 

Adjutoh  Rivakd. 


R.  P.  C.-A.  CiiAMBERLAND,  O.  P.  Catalogue  des  ouvTages  utUcs  à  V Enseignement 
religieux.  1916,  64  pages. 

Répertoire  publié  par  le  Comité  permanent  de  l'Enseignement 
secondaire,  et  qui  nous  a  paru  établi  avec  le  plus  grand  soin. 


François  Coppée.  Dans  l'espoir  de  la  revanche.  Paris    (Bloud  et  Gav,)  1916, 
in- 12,  224  pages. 

Comme  l'écrit  M.  Jean  Monval,  dans  la  préface  de  ce  livre, 
"François  Coppée  est  au  premier  rang  de  ceux  qui  entretinrent 
pieusement  dans  leur  cœur  l'espoir  de  la  revanche  et  du  réveil  mi- 
litaire". Il  est  bon  de  relire,  à  l'heure  que  nous  vivons,  les  pages 
qu'il  écrivait  pour  .souhaiter,  pour  préparer  le  relèvement  national  • 
M.  Monval  a  reproduit  ces  pages  dans  l'ordre  chronologique,  et 
c'est  une  heureuse  idée. 


Le  Chanoine  E.  Beaupin.  Les  leçons  de  la  guerre.  Paris  (Bloud  et  Gay,)  1916, 
in-12,  140  pages. 

Allocutions  prononcées,  dans  la  Cathédrale  de  Rouen,  au  cours 
de  la  "Grande  guerre,"  et  qui  renferment  d'éloquentes  leçons  de 
confiance  patriotique  et  chrétienne. 


LES    LIVRES  411 

Quinzième  rapport  annuel  de  V AttociaHon  canadienne  anti-tubereulote.  Montréal, 
1915,  22  c.  x  15o.,  in-8o,  250  pages. 

Rapport  fort  intéressant  sur  une  œuvre  excellente.  Mais  il  est 
regrettable,  vraiment,  que  ces  pages  ne  soient  pas  écrites  en  un 
français  convenable.  Quelques-un.s  de  ces  rapport.s,  cependant,  sont 
fort  bien  faits;  ce  sont  ceux  qui  viennent  de  centres  français,  par  ex- 
emple le  rapport  du  Dispensaire  de  Québec.  Mais  dans  les  autres, 
des  traductions  peut-être,  on  n'observe  même  j)as  les  règles  les 
plus  élémentaires  de  la  gramuiaire  et  de  l'orthographe. 

Pour  ne  donner  qu'un  exemple,  je  signale  à  l'attention  des  lec- 
teurs un  certain  sanatorium  de  l'Ontario,  qui  fournit  à  ses  patients 
"une  chambre  à  coucher  en  plumes  air  de  8  x  10".  Dans  le  même 
établissement,  il  y  a  aussi  "une  centaine  de  personnes  consistant 
en  de  petites  salles  de  six  lits  chacune".    Et  ainsi  de  suite  ! 


Deuxième   centenaire    du    Sanctuaire    national    de    Notrc-Dame-du-Cap.    Trois- 
Rivières  (Irap.  du  Bien  Public),  1916,  18  c.  5  x  13  c,  77  pages. 

Description,  avec  vignettes,  de  la  célébration  du  Centenaire, 
sermons  et  allocutions,  avec  un  précis  historique  de  l'œuvre  mariale 
du  Cap-de-la-Madeleine. 


René  le  Cholleux.  La  Lourdes  du  Nord.  Paris  (Bloud  et  Gay),  1916,  40  pages. 

Publication  du  Comité  catholique  de  propagande  française  à 
l'étranger. 

Le  texte  et  les  gravures  montrent  ce  qu'était  Notre-Dame  de 
Brebières,  et  ce  que  la  guerre  en  a  laissé. 


DoM  F.  Cabhol.  La  Prière  pour  la  France.  Paris  (Bloud  et  Gay),  1916,  in-12, 
73  pages. 

C'est  un  recueil  d'un  caractère  particulier  ;  il  est  composé  de 
prières  tirées  des  écrivains  et  des  poètes  français.  Il  y  en  a  de  Lavedan, 
de  Francis  .Jammes,  de  Déroulède,  de  François  Coppée,  de  René 
Bazin,  de  Louis  Veuillot,  de  Mi-stral,  de  Victor  Hugo,  de  Ronsard,  de 
Buffon,  etc.  Et  cela  fait,  en  même  temps  qu'un  curieux  recueil  de 
prières,  un  beau  et  bon  petit  livre. 


412 


LE    PARLER    FRANÇAIS 


L'abbé  Lionel  Gboulx.   Nos  luttes  constitutionnelles.  Montréal  (au  Detoir)^ 
1916,  par  fascicules  de  24  pages. 

Série  d'études  historiques  et  politiques,  d'abord  données  en 
conférences  à  la  Faculté  des  Arts  de  l'Université  Laval,  à  Montréal. 

Notre  h'stoire,  encore  bien  courte,  renferme  déjà  des  leçons 
qu'il  convient  de  méditer.  Avec  érudition,  le  distingué  professeur 
s'attache  à  faire  ressortir  les  enseignements  qu'on  peut  tirer  de  nos 
principales  luttes  constitutionnelles  ;  et  il  le  fait  dans  une  langue  élé- 
gante et  fort  châtiée. 

A.  R. 

Abbé  L.  Rouzic.  Théologie  de  la  Guerre.  Paris  (Bloud  et  Gay,  7,  place  Saint-Sul- 
pice),  1916,  in-12,  340  pages. 

Ce  livre  se  compose  de  dix-huit  leçons  données  aux  jeunes  élèves 
qui  se  préparent  à  l'École  Polytechnique  de  Paris.  L'auteur  y  expose 
la  pensée  de  l'Église,  la  doctrine  catholique  sur  la  guerre. 

Une  première  leçon  constate  l'universaHté  de  la  guerre  dans  le 
monde  de  la  création  et  dans  l'histoire  des  peuples,  et  conclut  qu'il  y 
aura  toujours  des  guerres,  parce  que  toujours  subsisteront  des  causes 
de  guerre.  Puis  le  professeur  étudie  tour  à  tour  la  licéité  de  la  guerre,  les 
causes  et  les  conséquences  de  la  guerre  ;  il  s'arrête  à  cette  question 
souvent  posée  à  l'occasion  du  terrible  conflit  de  1914:  la  guerre  est- 
elle  un  châtiment  ?  Le  but  de  la  guerre,  les  lois,  les  obligations  de  la 
guerre,  l'attitude  et  le  rôle  historique  de  l'Église  dans  les  guerres  du 
passé  fournissent  la  matière  abondante  de  nombreuses  leçons.  Le  livre 
se  termine  par  une  étude  sur  "l'immunité  des  choses  et  la  guerre". 

Voilà  un  livre  qui  rendra  service  à  ceux  qui  se  préoccupent  de  fai- 
re de  l'apologétique  à  propos  de  la  guerre,  et  qui  auraient  besoin  de 
bien  connaître  sur  tant  de  problèmes  délicats  la  doctrine  traditionnel- 
le de  l'Église. 

C.   R. 


.\bbé  E.  DupLESST.  Journal  apologétique  de  la  Guerre.  Paris  (P.  Téqui,  82,   rue 
Bonaparte),  1916,  in-12,  400  pages. 

Ce  journal  n'est  ni  militaire,  ni  diplomatique;  il  ne  renseigne  pas 
sur  les  opérations  stratégiques  de  la  guerre,  ni  sur  les  notes  officielles 
échangées  entre  les  gouvernements  ;  il  est  seulement  apologétique, 
c'est-à-dire  qu'il  dégage  des  événements  quotidiens  de  la  guerre,  pour 
les  derniers  mois  de  1914,  les  leçons  de  religion  qu'ils  comportent. 
C'est  le  catéchisme  de  la  guerre  que  veut  écrire   le  très  sagace  direc- 


LES     LIVRES  413 

teur  de  la  Réponse.  On  trouvera  donc  dans  ce  livre  une  foule  d'inci- 
dents, d'épisodes,  de  choses  vécues  pendant  la  guerre,  dont  le  récit  et 
le  commentaire  ne  peuvent  qu'édifier  le  lecteur  et  fortifier  sa  foi. 

C.    R. 

MoR  Gautret,  arch.  de  Besançon.  Le  Sacré-Cœur  de  Jétue.  Allocutions  des 
premiers  vendredis  durant  la  guerre  1914-1915. — Paris  (Pierre  Téqui,  82,  rue  Bona- 
parte),  1916,  in-12,  352   pages. 

Les  soldats  de  France  portent  volontiers  l'image  du  Sacré-Cœur 
sur  leur  poitrine  :  elle  est  pour  leur  héroïsme  le  meilleur  soutien.  Mgr 
l'archevêque  de  Besançon  a  voulu,  chaque  premier  vendredi  du  mois 
des  années  terribles  de  la  guerre,  jjarler  à  son  peuple  de  la  nécessité  de 
placer  sous  la  protection  du  Sacré-Cœur  les  âmes  de  France,  et  les 
armées  qui  combattent.  Il  y  a  beaucoup  de  piété  dans  ces  paroles, 
et  aussi  beaucoup  de  théologie,  et  beaucoup  de  patriotisme.  Cela 
suffit  pour  faire  du  livre  où  elle  sont  recueillies  un  livre  bienfaisant  et 
précieux. 

C.  R. 


R.  P.  Fbédémc- William  Faber.  Proyrès  de  Z'dme  rfan«  ia  me  spiriluelle.  Tra- 
duit del'anglais  par  M.  F.  de  Bernhardt. — Paris  (Pierre  Téqui,  82  rue  Bonaparte}» 
1916,  in-12,  504  pages. 

Excellent  traité  d'a.scétisme  depuis  longtemps  connu,  et  que 
cette  réédition  contribuera  à  répandre  davantage  parmi  les  gens  du 
monde. 

C.  R. 


Antonin-e.    Pboulx.     .'Enjôleuse.  —  Dévotion. — V Amour  à  la  poste.  OlX&yfa.. 
(Imprimerie  canadienne),  1916,  22  c.  x  15  c.  5,  in-8o,  289  pages. 

M.  Proulx  nous  donne,  dans  ce  volume,  trois  pièces  de  théâtre 
qui  ne  sont  pas  d'égale  valeur.  De  l'Enjôleuse  et  de  l'Amour  à  la  poste, 
on  serait  tenté  de  dire  qu'il  eût  mieux  valu  ne  les  point  publier.  Mais 
Dévotion  méritait  de  voir  le  jour. Quelques-uns  trouveront  l'intrigue 
d'une'  invention  vieillote,  le  dénouement  banal,  peu  vraisemblable 
et  pas  très  clair,  certains  caractères  d'un  dessin  trop  indécis. 

Mais  il  y  a  de  la  vie,  partant  de  l'intérêt,  et  de  l'émotion.  Mal- 
gré une  certaine  inexpérience  dans  la  mise  en  scène,  le  drame  est  bien 
conduit  et  le  dialogue  ne  languit  point. 

C'est  une  œuvre  de  début,  et  il  ne  faut  pas  l'oublier  en  la  jugeant. 

L'auteur  montre  qu'il  a  du  talent  ;  il  ne  tardera  pas  à  faire  mieux. 

A.  R. 


414  LE    PABLEH    FRANÇAIS 

P.-G.  Roy.  La  Famille  de  Chavigny  de  la  Chewotière.  Lévis,  1916,  23  c.  x  15  c, 
in-8o,  166  pages. 

P.-G.  Roy.  La  Famille  Foucault.  Lévis,  1916,  23  c.  x  15.,  13  pages. 

P.-G.  Roy.  La  Famille  Viennay-  Pochai.  Lévis,  1916,  23  c.  x  15  c,  9  pages. 

Le  patient  et  érudit  chercheur  qu'est  M.  P.-G.  Roy  poursuit  ses 
études  généalogique.s.  Fouillée  de  la  sorte,  la  généalogie,  c'est  de 
l'histoire.  Plus  tard,  quand  s'écrira  l'histoire  définitive  du  Canada 
français,  ces  monographies  seront  consultées  comme  d'utiles  con- 
tributions. 


P.-G.  Roy.  Les  Conseillers  au  Conseil  Souverain  de  la  Nouvelle-France.  Ottawa 
1916,  15  pages. 

Tiré  à  part  d'une  étude  présentée  à  la  Société  Royale  du  Ca- 
nada, à  la  réunion  du  mois  de  mai   1915. 


Le  Devoir  Social  au  Canada  français.    Montréal  (Bureau  de  l'A.  C.  J.  C.),  1915, 
26  c.  X  18  c,  in-8o,  307  pages. 

Ce  volume  renferme  le  rapport  officiel  du  Congrès  décennal  de 
l'Association  catholique  de  la  Jeunesse  canadienne-française,  tenu 
à  Montréal  du  28  juin  au  1er  juillet  1914,  avec  les  discours,  les  déli- 
bérations, etc. 

L'œuvre  de  l'A.  C.  J.  C.  est  connue  ;  mais  plusieurs  ne  savent 
pas  comment  et  avec  quelle  ardeur  notre  jeunesse  se  prépare  au  rôle 
qui  l'attend  ;  ils  l'apprendront  en  lisant  ce  livre.  Mieux  encore,  ils 
y  trouveront  des  enseignements  solides  sur  le  devoir  social  chez  nous, 
dans  la  classe  rurale,  dans  les  professions  libérales,  dans  le  commerce 
et  dans  l'industrie.  Il  y  a  dans  ces  pages  le  fruit  de  longues  et  bonnes 
études.  C'est  un  livre  à  lire. 

A.  R. 


REVUKS  ET  JOURNAUX 


Nous  sommes  heureux  de  signaler  l'apparition  du  Bulletin 
paroissial  de  Saint- Victor  et  Wiliow-Bunch,  en  Saskatchewan  — 
petite  revue  bien  vivante,  de  bonne  tenue,  et  qui  livrera  là-bas,  chez 
nos  frères  de  l'ouest,  des  combats  devenus  nécessaires. 

Le  journal  V  Épicier,  de  Paris  (9  mars  1916,)  reproduit  un  article, 
paru  dans  le  Prix  courant,  sur  V Anglicisme  et  les  marchands.  Mais  le 
journal  français  a  pris  pour  éléments  de  notre  langage  courant  les 
anglicismes  que  le  journal  canadien  relevait  et  qu'il  signalait  comme 
exceptions. 

Dans  ce  pays,  où  les  deux  langues,  anglaise  et  française,  sont  couramment  par- 
lées, dit  \' Épicier,  il  se  produit  facilement,  dans  l'usage  commun,  de.s  empiétements 
de  CCS  langues  l'une  sur  l'autre,  pour  former  une  sorte  de  piggin,  ou  de  rolapuk , 
d'argot  même  si  l'on  veut,  contre  lequel  nous  sommes  heureux  de  voir  s'insurger  les 
esprits  cultivés  de  là-bas. 

Même  avec  ses  anglicismes,  notre  langage  commercial  n'est  pas 
un  argot.  Mais  l'Épicier  n'est  pas  à  blâmer  ;  car  le  Prix  courant 
terminait  son  article  par  ces  mots  : 

Le  Parisien  qui  entendrait  un  pareil  langage  se  demanderait  avec  raison  s'il  a 
affaire  à  un  Patagon  ou  à  un  Sioux,  et  se  rappellerait  forcément  la  tour  de  Babel  ou 
confusion  des  langues. 


u 


416  LE    PARLER    FRANÇAIS 

SIGNES  ORTHOGRAPHIQUES 


TRAIT   D  UNION 


On  a  tort  de  l'omettre: 

10  Entre  le  mot  saint  ou  l'abréviation  S.  ou  St  (sans  point)  et 
le  nom  suivant,  quand  il  s'agit  d'une  église,  d'une  rue,  d'une  époque, 
d'une  fête,  etc.,  mais  non  du  saint  lui-même. — Ex.:  L'église  Saint- 
Roch,  S.-Roch  ou  St-Roch,  la  rue  Sainte-Catherine,  S.-Catherine  ou 
Ste-Catherine;  la  ville  de  Saint-Hyacinthe,  de  S.-Hyacinthe  ou  de  St- 
Hyacinthe  (pas  à  l'anglaise  St.  Roch,  St.-Catherine,  St.  Hyacinthe). 

Dans  ces  exemples,  le  mot  saint  prend  une  majuscule  et  forme 
un  nom  composé,  mais  s'il  s'agit  du  saint  lui-même,  on  écrira  sans 
majuscule  ni  trait  d'union:  saint  Bonaventure,  saint  Laurent,  sainte 
Anne,  ou  avec  la  lettre  S.,  avec  point,  mais  sans  trait  d'union:  S. 
Louis,  S.  Madeleine,  S.  Jérôme. 

2o  Entre  les  diverses  parties  d'un  adjectif  numéral  qui  sont 
chacune  moindre  que  cent.  Ex.  :  Vingt-deux  mille  cinq  cent  soixante- 
dix-neuf.     On  ne  le  met  pas  entre  vingt  et  un,  trente  et  un,  etc. 

3o  Entre  les  prénoms  ou  les  initiales  des  prénoms.  Ex:  Jeaii- 
Louis  Marin,  L.-C.  Jolicœur.  Cette  dernière  façon  de  signer  est 
plutôt  américaine.  Les  Français  signent  un  seul  prénom  en  toute 
lettres:  Louis  Fontaine,  Léon  Tinseau,  etc.  Aux  jeunes  qui  commen- 
cent leur  carrière,  il  est  à  conseiller  de  toujours  signer  ainsi. 

4o  Entre  les  mots  qui  servent  ensemble  à  nommer  une  paroisse, 
une  ville,  une  rue,  etc.:  Percé-en-bas,  S. -Charles-sur-Richelieu,  S.- 
Alexis-les- Bains,  S. -Anne-de- Beaupré,  rue  des  Grands- Augustins,  rue 
Jeanne-Mance,  etc. 

5o  Entre  tous  les  mots  français  commençant  par  uhra:  idira- 
impérialisie,  ultra-nationaliste,  excepté  ultramontain. 

60  Dans  les  mots  composés  commençant  par  arrière,  demi,  mi, 
quasi,  sous,  vice,  etc.  Ex.:  arrière-houtique,  demi-ton,  mi-carême, 
quasi-contrat,  sous-préfet,  vice-président. 

11  faut  le  supprimer  dans  les  mots  composés  commençant  par 
ami,  archi,  co,  extra,  juxta. — Ex.:  antichambre,  archiprêtre,  codirec- 
teur, extralégal,  juxtalinéaire. 

7o  Après  non  suivi  d'un  substantif:  non-valeur,  non-activité,  non- 
lieu.  Si  non  est  suivi  d'un  autre  mot,  on  ne  met  pas  de  trait  d'union: 
non  seulement,  non  avenu,  non  solvable. 

On  supprime  aussi  le  trait  d'union  après  très:  très  bien,  très  beau, 
très  cher  (pas  dans  Très-Haut,  qui  est  un  nom  composé). 

80  Entre  au-dessus,  au-dessous,  au-devant  (mais  on  écrit  au  de- 
dans, au  dehors,  au  delà). 

Etienne  BLANCHARD,  P.  S.  S. 


Vol.  XV.  Nos  10.  11  et  12— Juin,  Juillet,  Août.  1916. 


^'i 


LE    FLEUVE 


De  VEpopée  Canadienne,  en  préparation 

Alcyons  désunis  qu'un  clair  matin  rassemble. 
Heureux  de  se  revoir  et  de  roler  ensemble. 
Les  vaisseaux  de  Cartier,  que  naguère  le  vent 
Brusquement  sépara  sur  le  gouffre  motivant. 
Naviguent  de  conserve,  et  leur  solide  étrare. 
Depuis  V aurore,  fend  avec  un  bruit  suave 
Les  vastes  flots  bleutés  du  fleuve  transparent 
Qui  devra  se  nommer  demain  le  Saint-Laurent 
Sous  la  brise  de  VEst,  qui  folâtre  et  babille. 
Toutes  voiles  dehors  lentement  la  flotille 
Sille  dans  le  silence  et  la  sérénité 
Qu'au  désert  virginal  verse  le  ciel  d'été. 

Au  Malouin  qui  vient  de  découvrir  un  monde. 
Sous  l'étincellement  de  la  lumière  blonde. 
Apparaît  un  spectacle  allier,  immense  et  beau  ; 
Mais,  malgré  la  splendeur  de  ce  monde  nouveau. 
Malgré  le  calme  aspec  de  la  côt    sauvage. 
En  longeant  le  rocher  et  l'arbre  du  rivage, 
Cartier  et  ses  vaillants,  les  yeux  sur  l'horizon. 
Sentent  d'un  vague  effroi  l'indicible  frisson  ; 
Et  le  preux  se  demande  en  son  âme  inquiète 
Quels  monstres  sont  cachés  sous  la  forêt  muette 
Qui  balance  au  soleil  son  dôme  éblouissant. 
Si  le  noir  cannibale,  au  guet,  va,  rugissant. 
Sortir  de  son  repaire  et  lui  barrer  la  route. 
Si  quelque  affreux  génie,  endormi  sous  la  voûte 
Des  ténébreux  fourrés,  où  nul  flambeau  n'a  lui. 
S'éveillera  soudain  et  volera  vers  lui. 
Cependant  au  péril  Cartier  sourit  d'avance. 
Et,  favorisé  du  vent,  con.tiamment   s'avance 
Vers  le  but  qu'il  croit  voir  rayonner  au  ponant. 

417 


418  LE    PARLER    FRANÇAIS 

Et  devant  lui  le  fleuve  inconnu  maintenant 
Déroule  sur  les  bords  infinis  qu'il  arrose 
Un  panorama  plus  allier,  plus  grandiose. 
Mieux  fait    pour  captiver  le  regard  des  marins  : 

A  tribord,  des  plateaux  boisés,  frais  et  sereins 
Portent  jusqu'à  l'éther  leurs  masses  verdoyantes. 
A  bâbord,  des  monts  gris,  aux  croupes  ondoyantes. 
Emplissent  tout  le  fond  du  ciel  immaculé. 
Et  semblent,  au  lointain,  un  vague  défilé 
D'énormes  éléphants  marchant  en  caravane. 
Partout,  des  deux  côtés  de  l'onde  diaphane. 
Dont  le  miroitement  fait  clignoter  les  yeux, 
Se  profilent  des  caps  .sombres  et  sourcilleux 
Ayant  l'air  par  moments  de  narguer  les  navires. 
Ça  et  là,  sur  les  flots  frangés  par  le.s-  zéphires 
Des  Ilots  d'émeraude,  édens  tombés  des  deux. 
Projettent  les  arceaux  de  bosquets  radieux 
D'où,  monte  le  seul  bruit  des  nids  sous  les  feuillées. 
Tantôt,  trouant  les  plis  des  eaux  ensoleillées. 
En  face  des  vaisseaux,  émergent  des  récifs 
Qui  font  soudain  frémir  les  gabiers  attentifs 
Debout  dans  les  haubans,  toujours  sur  le  qui-vive. 
Tantôt  des  longs  roseaux  qui  dentellent  la  rive. 
Où,  du  varech  mouvant  flotte  l'arôme  amer. 
S'élèvent  lentement  de  lourds  oiseaux  de  mer 
Qui,  comme  pour  montrer  la  ro2de  à  la  flotille. 
Fuient  en  avant,  traînant  sur  l'onde  qui  brasille 
Et  leur  jette  un  éclat  aussi  vif  que  changeant 
L'ombre  pâle  de  leurs  larges  ailes  d'argent. 
Tantôt,  perçant  l'épais  rideau  vert  des  ramées. 
Que  reflètent,  auprès,  les  lames  embaumées. 
De  grands  cerfs  élégants    débouchent  des  fourrés. 
Et,  s' arrêtant  soudain,  furtifs,  tout  effarés. 
Regardent,  en  tremblant,  du  fond  d'anses  obscures. 
Sur  les  flots  lumineux  passer  les  trois  voilures. 

Dans  la  calme  fraîcheur  du  fleuve  opalescent 
Le  soir  silencieux  avec  lenteur  descend. 
Et  l'ombre,  en  déroulant  ses  replis  sur  les  berges. 
Transforme  les  beautés  des  solitudes  vierges. 
Donne  un  aspect  féerique  aux  choses  du  lointain 
Où  le  dernier  reflet  du  couchant  blond  s'éteint  ; 


LE     FLEUVE  419 

Et  si  qtielqu'un,  au  bord  de  la  forêt  profonde. 

Pouvait  en  ce  moment  suivre  des  yeux  sur  l'onde 

Les  voiles  que  le  vent  emplit  d'acres  parfums. 

Il  verrait  défiler,  sous  de  vagues  embruns. 

Dans  le  clair-obscur  morne  où  le  jour  se  prolonge. 

Des  vaisseaux  comme  ceux  qu'on  voit  passer  en  songe. 

L'ombre  se  fait  plus  dense  et  dérobe  à  demi 
Les  hauts  rochers  abrupts  du  rivage  endormi. 
C'est  l'heure  où.  les  élans  craintifs  s'en  viennent  boire. 
Il  est  nuit.  Le  croissant  brille  comme  un  ciboire 
A  l'autel  de  l'azur,  et,  lorsque  le  soleil 
Viendra  demain  matin,  au  moment  du  réveil. 
Dorer  onde,  arbre  et  jonc  que  la  brise  caresse. 
Plus  d'un  le  saluera  d'un  long  chant  d'allégreesse. 
Et  peut-être  Cartier  courbera  son  front  nu 
Devant  la  majesté  du  grand  fleuve  inconnu, 
Peut-être  le  vaillant,    du  haut  de  la  dunette. 
Promenant  sur  les  bois  radieux  sa  lunette. 
Sentira  tout  à  coup  so7t  âme  palpiter. 
Croira  là  contempler,  en  cherchant  à  scruter 
Du  farouche  désert  les  farouches  arcanes. 
Quelque  site  enchanté  des  égendes  persanes. 

Les  Bretons  jour  et  nuit  voguent  sur  l'eau  sans  fond 
Qui  gazouille  et  chatoie.  A  mesure  qu'ils  vont 
Plongeant  dans  l'inionnu,  dont  plus  d'un  est  avide. 
Le  fleuve  rétrécit  sa  nappe  si  limpide. 
Et,  surpris  et  charmés,  les  fiers  navigateurs 
Voient  se  midtiplier  les  aspects  enchanteurs 
Qu'étale  chaque  rive,  où  chaque  arbre  rutile. 

La  flotille  à  présent  côtoie  une  grande  île. 

Et  si  près' des  deux  bords  cinglent  les  trois  vaisseaux 

Que  les  explorateurs  entendent  les  ruisseaux 

Gronder  en  cascadant  sur  les  flancs  des  falaises. 

Regardent  les  oiseaux  voler  sous  les  mélèzes 

Qui  dressent  au-dessus  des  eaux  leur  dais  mouvant. 

Et  les  vaisseaux,  penchés  sous  te  souffle  du  vent. 
Rasant  les  vieux  troncs  d'arbres  et  les  frondaisons  neuves. 
Suivent  toujours  les  longs  détours  du  roi  des  fleuves  ; 
Et  pour  les  preux  bercés  par  les  flots  argentins 


420  LE    PARLER    FRANÇAIS 

Les  deux  rivages  .sont  de  moins  en  moins  lointains. 
Et  parfois  Cartier  croit  qu'il  arrive  à  la  source 
Des  ondes  et  qu'il  doit  interrompre  sa  cour.se. 
Mais  le  héros,  toujours  la  lunette  à  la  main. 
L'œil  sur  l'Ouest,  poursuit  sans  arrêt  son  chemin. 
Ivre  de  la  rumeur  des  vagues  sur  les  plages. 

Tout  à  coup,  au  momen  où.  les  trois  équipages 

Voient,  en  amont,  pâlir  et  s'effacer  l'azur 

Des  eaux  qu'à  l'horizon  leur  semble  clore  un  mur, 

—  Dans  un  rayonnement  de  prodige  et  de  rêve. 

Le  voile  enveloppant  le  lointain  .se  soidève 

Et  découvre  au  regard  des  Bretons  éblouis 

Des  sites  merveilleux,  fabuleux,  inouïs. 

Sereins  comme   la  paix  et  beaux  comme  la  gloire- 

En  face,  une  falaise,  un  vaste  promontoire. 

Couvert  d'arbres  touffus,  mire  son  sommet  fier 

Dans  l'onde  d'un  bassin  profond  comme  la  mer. 

A  droite,  caressant  le  pied  de  la  falaise, 

Oil  flottera  demain  la  bannière  française. 

Une  rivière  calme  au  Saint-Laurent  s'unit  ; 

Etagée  en  rempart  au  talus  infini 

Une  chaîne  de  monts,  que  bleuit  la  distance. 

Dentelle   l'azur  vif  où  le  grand  ciel  commence. 

A  gauche,  amphithéâtre  aux  gradins  colossaux 

Que  réverbère  au  loin  le  frais  cristal  des  eaiix. 

Des  coteaux,  inondés  d'une  lumière  chaude, 

Jetten'  aux  découvreurs  des  reflets  d'émeraude 

Et  vers  le  zénith  font  monter  un  vague  encens. 

En  aval,  au  milieu  des  flots  resplendissants. 

Une  île,  aux  flancs  voilés  de  vapeurs  opalines. 

Profile  à  l'horizon  d'orgueilleuses  collines 

Qu'empourprent  les  derniers  rayons  du  jour  mourant 

Vis-à-vis  vers  le  nord,  un  farouche  torrent 

Se  précipite  au  fond  d'un  abîme  qui  fume 

Avec  des  grondements  de  canon  dans  la  brume. 

Et  sa  masse  en  croulant,  lourde  avalanche  d'eau. 

Forme  pour  les  marins  un  immense  rideau 

De  nacre  qu'un  géant  incessamment  déroule 

Entre  l'éther  qui  brille  et  le  fleuve  qui  coule. 

Tout  ce  que  la  nature  en  sa  virginité 

A  de  fraîcheur,  d'éclat,  de  grandeur,  de  beauté. 


LK     FLEUVE  "      421 

Cri.ie  le.i  commatidanlx  (lUiers  de  la  flottille. 

Fa  Cartier,  Jalobert  et  Lelireton-liastille 

Sont  tombés  à  genoux  sur  les  ponts  des  trois  nefs  ; 

Et,Jrémi.s.sant.s  d'émoi,  toux,  matelotx  et  chefs. 

Lèvent  vers  la  splendeur  du  couchant  qui  rougeoie 

Leurs  yeux  voilés  des  pleurs  d'une  ineffable  joie  ; 

Et  le  sauvage  écho  du  fier  Stadacona 

Répète  en  gazouillant  le  premier  hosanna 

Que  les  bois  d'alentour,  hantés  de  noirs  fantômes. 

Aient  jamais  écoulé  résonner  sous  leurs  dômes  ; 

Et  tout  se  tait,  le  flot  le  vent,  l'arbre,  le  nid. 

Pour  entendre  monter  vers  l'azur  infini. 

Oit  la  Nuit    va  bientôt  allumer  ses  étoiles. 

L'âpre  voix  des  Bretons  prosternés  sous  leurs  voiles. 

WiLUAM  CHAPMAN. 


VOCABULAIRE  FRANÇAIS-ANGLAIS 


DU  JEU  DE  CROSSE  (1) 

(Lacrosse)  (2) 


Selon  certains  auteurs,  le  jeu  de  crosse  serait  un  vieux  jeu  fran- 
çais qui  aurait  été  apporté  jadis  au  Canada  par  les  colons  de  Saint- 
Malo.  Le  marquis  de  Montcalm  et  ses  officiers  l'auraient  joué  avec 
ardeur.  Son  nom  serait  sa  marque  d'origine  et  son  extrait  de  naissance. 
Ce  sport  devrait  nous  être  vénérable  comme  étant  un  monument  du 
passage  des  Français  au  Canada. 

D'autres  écrivains  lui  donnent  une  origine  sauvage.  Il  aurait 
été  emprunté  aux  tribus  sauvages  de  l'Amérique  du  nord.  La  manière 
de  jouer  la  partie  alors  était  la  même  dans  toutes  les  tribus,  mais  le 
jeu  avait  différents  noms.  Tel  que  joué  par  les  sauvages  autrefois,  la 
crosse  était  une  bataille  royale  à  laquelle  prenaient  part  des  villages 
entiers,  et  qui  durait  du  lever  au  coucher  du  soleil.  Les  camps  de 
chaque  côté  se  composaient  de  800  à  1000  guerriers,  et  les  buts  étaient 
placés  à  une  distance  d'un  quart  de  mille  à  un  mille  loin  l'un  de  l'autre. 

En  1763,  après  que  le  Canada  fut  passé  sous  la  domination  an- 
glaise, Pontiac,  l'illustre  chef  indigène,  fit  d'une  partie  de  crosse  le 
voile  de  sa  fameuse  conspiration  contre  les  Anglais.  Le  4  juin,  pen- 
dant que  la  garnison  du  fort  Michillimakinac  célébrait  l'anniversaire 
de  la  naissance  du  roi  Georges,  elle  fut  invitée  par  les  Ottawas  à  assis- 
ter à  une  partie  de  crosse  (baggataoué).  Les  joueurs  s'approchèrent 
graduellement  des  portes,  quand,  jetant  de  côté  leurs  crosses  et  sai- 
sissant leurs  casse-têtes,  que  les  femmes  sortirent  de  dessous  leur  cou- 
verture, ils  se  précipitèrent  dans  le  fort  et  massacrèrent  tous  ceux  qui 
y  étaient,  excepté  quelques  Français. 


(1)  E"n  France  on  dit  aussi  crosse  canadienne  pour  différencier  celle-ci  d'un  cer- 
tain jeu  de  crosse  français  qui  se  joue  avec  une  crosse  sans  iîlet.  (V.  "Nouveau 
Larousse  illustré".) 

(2)  L'expression  "Lacrosse,"  en  un  seul  mot,  est  l'appellation  anglaise.  En 
français  on  écrit  jeu  de  crosse  ou  jeu  de /a  ero«s<;  en  deux  mots  .séparés.  {\  .  "Dic- 
tionnaire de  Nos  Fautes",  par  M.  R.  Rinfret;  "Inventaire  de  nos  fautes  les  plus 
usuelles,"  par  M.  Svlva  Clapin";  "Dictionnaire  de  Bon  Langage."  par  M  1  al)l>e 
Etienne  Blanchard,' S.  S.,  et  les  ouvrages  sportifs  cités  dans  la  bibliographie  à  la  fan 
de  cette  étude.  ) 

422 


VOCABULAIRE  FRANÇAIS-ANGLAIS  DU  JEU  DE  CROSSE  423 

Les  blancs  ne  pratiquèrent  la  crosse  que  vers  1840,  alors  qu'un 
club  se  forma  à  Montréal. En  1860,  le  jeu  prit  de  la  popularité  au  Ca- 
nada, et  en  1861  se  joua  la  j)reniière  i)artie  remarquable.  Ce  ne  fut  pas 
avant  1867,  l'année  que  le  Canada  devint  un  Dominion,  que  de.s  rè- 
gles pratiques  furent  formulées  par  le  Dr  G.-VV.  Beers,  le  père  de  la 
crosse  moderne,  qui  suggéra  que  ce  sport  devrait  être  reconnu  comme 
le  jeu  national. .  .La  <Tos.se  a  été  pendant  longtemps  sans  être 
beaucoup  jouée  en  Angleterre,  mais  elle  est  assez  populaire  là 
maintenant. .  .  Elle  est  très  j)eu  connue  et  rarement  pratiquée  en 
France. ...  Il  y  a  plusieurs  associations  de  cros.se  au  Canada,  et  le 
jeu  a  été  déveloj)pé  à  un  haut  point  d'excellence  par  les  joueurs  de 
clubs  et  de  collèges. .  .  .  La  crosse  fut  introduite  aux  États-Unis  vers 
mil  huit  cent  soixante-dix.  Une  as.sociation  a  été  formée  en  1879,  et 
maintenant  ce  jeu  est  beaucoup  joué  dans  l'Est,  parmi  les  clubs  athlé- 
ticpies  et  les  collèges. 

LA  CROSSE— LACROSSE 

A.  LE    CHAMP    DU  JEU 

Cercle  de  milieu,  de  croisé Center  circle. 

Carré  de  but,  limite  du  garde-but.     Crease,  goal-crease. 
Raie  de  but Crease  Une. 

But,  filet Goal,  net,  jposts. 

Barre  transversale Cross-bar. 

Barre,  tringle  de  dessus Tojp  cross-bar,  top  rod. 

Filet Net,  netting,  goal  net. 

Piquets Pegs,  sfakes. 

Guidons,  poteaux Pales,  posts. 

Crampons Staples. 

Ligne  de  but Goal  Une. 

Tribune Stand. 

B.  LES    POSITIONS 

1.  —  Extérieures 

Entraîneur,  instructeur Coach,  traîner. 

Officiels Officiais. 


424  LE   PARLER    FRANÇAIS 

Arbitre Référée. 

Chronomètre,  chronométreur ....  Timekeeper. 

Juge  de  but Umpire. 

2.  —  Intérieures. 

Joueur  à  tout  jouer All-around  player. 

Attaque,  fort,  champ  attaquant  ..  Aiiack,  aitack-fielder,  atiackman. 

Capitaine Captain. 

Centre,  milieu,  joueur  plein  champ.  Centre,  mid-field  player. 

Soutien Cover-Point. 

Défense,  champ  défendant Defence,   defence-fielder,  defence- 

man. 

Réserviste Extra  man. 

Co-équipier Fellow  player. 

Capitaine  du  jeu Field  captain. 

Joueur  frais Fresh  player. 

Garde-but,  gardien  du  but Goal-keeper,  goal-man. 

Novice,  blanc-bec Green  man. 

Guet Home. 

Premier  (1er)  guet In-home,  inside-home. 

Deuxième  (2me)  guet Out-home,  outside-home. 

Joueur  de  crosse Lacrosse  player. 

Foncier Point. 

Remplaçant Substitnte. 


VOCABULAIRE  FRANÇAIS-ANGLAIS  DU  JEU  DE  CROSSE  425 

D.  —  LES  ACCESSOIRES 

Balle Bail,  sphère. 

Casquette Cap. 

Gant Glove. 

Maillot Jersey. 

Culottes  de  courses Running  trousers. 

Calendrier,  échelle  des  parties..  .  .  Schedide. 

Souliers   .S/jtr.v. 

A  semelles  de  caoutchouc Rubber  soled. 

Crosse Stick,  lacrosse. 

Coude Beyid. 

Tête Butt. 

Corde  à  boyau,  boyau Cal  gut,  gut. 

Collier Collar. 

Monture Frame. 

Manche Handle,  shaft. 

Corde  principale,  lisière Leading  string. 

Corde  de  long Lengih-siring. 

Filet,  réseau Net. 

Epissure Splice. 

C  osseron Tip. 

Trophée Trophy. 

D. LE  JEU 

Attaque AUack. 

Jeu  d'attaque Attack-play. 

Balle  hors  jeu Bail  out  of  bounda. 

Battre  la  balle Bal  the  bail  (To). 

Mçrdre  à  la  crosse Bile  al  .ilick  {To). 


426                                                    LE    PARLER  FRANÇAIS 

Bloquer Block  (To). 

Feinte Bluff. 

Feinter Bluff  (To). 

Coup  d'épaule Body-check  (A). 

Coup  d'épaule  faute Foui  body-check. 

Epauler Body  check  (To). 

Couper  une  attaque Break  up  an  aiiack  play    To). 

Frôle    Bnish  close  by  (Ta). 

Groupe Bunch  (A). 

Agrouper Bunch  (Ta). 

Attraper,  rattraper  la  balle Catch  the  bail  (To). 

Jeu  de  centre Cenire-play. 

Charger Charge    To). 

Entrave Check  (A). 

Entraver  la  crosse Check  stick  (To). 

Lever Check  up,  lift  (To). 

Boucler  un  joueur Circle  a  man    To). 

Diriger Coach  (To). 

Acculer  un  joueur Corner  a  man  (To). 

Marquer Cover  (To). 

Marquer  en  arrière Cover  back  (To). 

Marquer  de  près Cover  closely,  coter  up  (To). 


VOCABULAIRE  FKANÇAIS-ANQLAtS  DU  JEU   DE   CROSSE  427 

Coup  de  crosse Crosa-check  (A). 

Crosser Cross-check,  aquare-check  (T  ). 

S'agrouper  vers  les  buts Crowd  in  on  goal  (Ta). 

Couper  la  balle Cut  off  Ihc  bail  (To). 

Élan Daak. 

S'élancer Daah  (To). 

S'élancer  de Daah  ont  of  (To). 

Course  subite Dead  run. 

Proclamer  la  partie  remise Déclare  the  match  off  (To). 

Défense Defence. 

Jeu  de  défense Defence-play. 

Jeu  brutal Dirty  play. 

Crochet,  esquive Dodge  {A). 

Esquiver,  faire  un  crochet Dodge  {To). 

Esquiveur Dodger. 

S'éloigner,  fausser  compagnie, 

gagner  le  large Draw  off,  draw  ont,  uncover  (  To) 

Attirer  la  balle Draw  the  bail  (To). 

Mettre  un  joueur  de  côfé Drop  a  man  (To). 

Croiser,  engager Face,  face-off  (To). 

Engager  la  balle Face  the  bail  (To). 

Croisé Face-off  (To). 


428  LE    PARLER    FRANÇAIS 

Feinte ^ Pake,  fe  ni. 

Passer  la  balle  à  un  joueur Feed  the  hall  in  to  a  man  (To). 

Alimentation Feeding. 

Peloter  la  balle Fool  around  with  the  bail  (To). 

Faute Foui  (A). 

Faute Foui. 

Fausser  un  joueur Foui  a  player  (  To) . 

Position  libre Free  position. 

Coup  franc Free  throw. 

Manquer  la  balle Fumble  the  hall  {To). 

But,  gain  d'un  but Game. 

Joute  partie Game. 

Joute,  partie  de  concours Match  game. 

Joute,  partie  égale,  nulle Tie,  lie  game. 

Ardeur Ginger. 

Entrain Go  {To  hâve  the). 

But,  gain  d'un  but Goal. 

But  ! Goal  ! 

Demie '  Half. 

Mi-temps Half-time. 

Manier  une  crosse Handle  a  stcik  {To). 

Jeu  de  tête Head  work. 

Joueur  impétueux Heady  player. 


VOCABULAIRE    FRANÇAIS- ANGLAIS    DU   JEU    DE    CROSSE  429 

Balles  hautes High  balh. 

Se  tenir  près  du  but Hug  close  to  goal  (To). 

Intervention Interférence. 

Course Jog. 

Courir  lentement Jog  in  (To  . 

Se  placer  pour  la  balle Lay  for  fhe  bail  (To). 

Alignement Line-up. 

S'aligner Line-up  (Ta). 

Faire,  gagner,  marquer  des  buts  Make  goals  (Ta). 

Marquer,  jouer  un    oueur Mark  a  man  (To). 

Joute,  partie Match. 

Mi-chainj) Midfield 

Non  but  ! No  goal. 

Maintenant Now. 

Hors  jeu Out  of  bounds,  ont  of  play. 

Rattraper  un  adversaire Overtake  an  opponent  (To). 

Duper Oiitwit  (To). 

Surentratner Overtrain  {To). 

S'accoupler Pair  off  (To). 

Passe Pas  . 

Passe  longue Long  pass. 

Passe  rapide Quick  pa.is. 

Passe  courte Short  pass. 

Passe  dessus  main  courte Short  ovcrhand  pass. 


430                                                   LE    PARLER  FRANÇAIS 

Passe  droite  forte Straight  hard  pans. 

Passe  droite Straight  Une  pas.i. 

Passe  droite  rapide Straight  nwift  pass. 

Passer ■?«««  (  To) . 

Passer  bas Pass  low  {To  . 

Punir  une  faute Penalize  a  foui  (To). 

Pénalité Penalty  (A). 

Période Period. 

Période  en  sus,  supplémentaire.  Extra  period. 

Ramasser  la  balle Pick  up  the  bail  {To). 

Clouer  la  balle  à  terre Pin  the  bail  to  the  ground  (To). 

Allez  !  Au  jeu  ! Play  ! 

Jeu Play  ! 

Jeu  individuel Individual  or  star  play. 

Serrer  de  près Press  closely  (To). 

Lancer  la  balle  à  un  joueur Pui  the  bail  to  a  man  (To), 

Se  troubler Rattled  (To  get). 

Jeu  brutal Rough  play,  rough  work. 

Expulser -Rw^e  off  {To). 

Courir  vers  le  but Pun  in  on  goal  {Ta). 

Fondre,    s'élancer,    se  précipiter 

sur Rush  in  {To). 

Coup Scoop. 

Ramasser  la  balle Scoop  up  the  bail  {To). 


VOCABULAIRE  FHANÇAIS-ANQLAIS  OU  JEU   DE  CROS8E  431 

Pointage Score. 

Faire,  gagner,  marquer  un  luit    .  ,  Score  a  goal  (To). 

Mêlée Scrimmage. 

Changer  de  position Shift  position  (To). 

Lancer,  tirer Shoot  (To). 

Tirer  un  but  Shoot  a  goal  {To). 

Tirer  fort Shoot  hard  {To). 

Coup,  lancer,  tir Shot 

Coup  fort Hard  shot. 

Coup  long  bondissant Long  bounding  shot. 

Coup  droit  haut Straight  high  thot. 

Coup  rapide Swi/V  shot. 

Coup  écart Wild  shot. 

Coup  de  but Shot  at  goal. 

Epauler  un  adversaire Shoulder  an  opponent  (To). 

Pousser  hv  balle  en  avant Shove  the  bail  ahead  {To). 

Camp Side. 

Frapper  la  balle Slap  at  the  bail  {To). 

Coup  de  crosse Slask  {A). 

Bûcher Slash  {To). 

Jet Sling. 

Lancer  la  balle  en  haut  du  champ  Sling  the  bail  up  the  field  {To). 

Happer  la  balle   Snap  up  the  bail  {To). 


432  LE     PARLËK    FRANÇAIS 

S'emparer  de  la  balle Snafch  up  the  bail  (To). 

Escouade,  équipe Squad. 

Arrêtez    Sfand. 

Etoile Star. 

Ferme  ! Steady  ! 

Entrave  de  crosse Stick  check. 

Jeu  de  crosse Stickwork. 

Suspendre  le  jeu Suspend  play  (  To) . 

Suspension Suspension. 

Balle  rapjde  forte Swift  hard  bail. 

Peloter Tag  (Ta  play). 

Tirer  un  coup Take  a  shot  (Ta). 

Prendre  l'homme. Take  the  man  {To). 

Pointage Tally. 

Équipe Team. 

Equipes  concurrentes Conte.sting  teamn. 

Équipé  chez  elle Home  team. 

Équipe  de  ligue League  team. 

Équipe  novice Scnib  team. 

Équipe  gagnante Winning  team. 

Co-équipier Team-mate. 

Jeu  d'équipe Team  play,  team  work. 

Jet,  lancer Throic. 

Jet  long Long  throw. 

Jet  court,  petit  jet '     Short  throw  or  tip. 

Jet  de  sous  main Underhand  throw. 


VOCABULAIRE    FRANÇAIS- ANGLAIS    DU    JEU    DE    CROSSE  433 

Lancer  la  balle Throw  the  bajl  (  To). 

Halte! Time! 

Temps  retranché lime  laken  out. 

Tirer  au  sort,  à  pile  ou  face  le 

choix  des  buts Toux  for  choice  of  goals,  tosg. 

uj)  for  goal  (To). 

Lancer  la  balle  dans  le  filet Toss  the  bail  in  the  net  (To). 

Tour 7V!cA-. 

Donner  un  croc-en-jambe Trip  (  To) . 

Essai  de  but Try  at  goal. 

Mettre  la  balle  de  côté Turn  bail  aside  (To). 

Se  démarquer Uncorer  (To). 

Sousentrainé Undertrained. 

Jouer  la  balle  en  bas  du  champ 

vers  le  but Work  the  bail  down  the  field. 

toward  goal  (To). 


Bibliographie  : 

Dictionnaire  des  Connaissances  pratiques,  par  E.  Bouant,  librai- 
rie Armand  Colin,    Paris,  1909. 

Divers  sports,  par  Ern.  Weber,  collection  les  Sports  pour  Tous, 
Editions  Nilsson,  71,    rue  de  Richelieu,  Paris. 

Encyclopédie  des  Sports,  Jeux  de  Balle,  sous  la  direction  de  M. 
Philippe  Daryl,  1894,  Librairies-Imprimeries  réunies,  7,  rue  Saint - 
Benoît,  Paris 

Le  Code  de  la  Vie,  par  Grand'Mère  Annette,  édition  1910-1911  ; 
Administration,  21,  rue  Ganneron,  Paris. 


434  LE    PARLER   FRANÇAIS 

Les  Sports  modernes  illustrés,  publiés  sous  la  direction  de  MM. 
P.  Moreau  et  G.  Voulquin,  1915,  collection  in  4o  Larousse. 

Les  Sports  et  Jeux  d'Exercice  dans  l'ancienne  France,  par  J.-J. 
Jusserand,  1901,  Plon-Nourrit  et  Cie,  Imprimeurs-éditeurs,  8,  rue 
Garancière,  Paris. 

The  Conspiracy  of  Pontiac,  par  Francis  Parkman,  9me  édition, 
revue  et  augmentée,  vol.  2  ;  1894  ;  Little,  Brown  and  Company  ; 
Boston. 

The  Manners,  Customs,  and  Condition  of  the  Xorth  American 
Indians,  par  George  Catlin,  vol.  2  ;  1841  ;  Egyptian  Hall,  Piccadilly, 
Londres. 

Alfred  Verreault. 


VOCABILAIHE  FUANCÂIS-ANGUIS 

DU  JEU  DE  BOULES  (1) 
(Lawn  Bowls)  (2) 


Le  jeu  de  boules  (Lawn  Bowls)  est  un  des  plus  vieux  jeux  exis- 
tants. Ce  divertissement  prit  nais  ance,  dit-on,  dans  la  Grèce  et  l'E- 
gypte anciennes.  On  le  fait  remonter  certainement  au  13',  -et  conjec- 
turalement  au  12°  siècle. 

Les  Écossais  le  pratiquent  depuis  la  fin  du  16°  siècle.  —  En 
France,  ce  jeu  d'adresse  était  fort  en  vogue  dans  toutes  les  classes  de 
la  société  durant  cette  époque  appelée  quelquefois  le  bon  vieux  temps. 
Aujourd'hui,  il  groupe  de  nombreux  fervents  sur  les  bords  du  Rhône 
et  dans  le  nord  de  la  France.  Les  habitants  du  Midi  surtout  en  ont 
toujours  fait  leurs  délices.  Les  bords  de  la  Seine  commencent  à  n'y 
point  être  indifférents.  —  Le  jeu  de  boules  se  joua  à  New- York,  avant 
la  Révolution,  sur  la  place  maintenant  connue  sous  le  nom  de  "  Bow- 
ling Green,  '  et  il  fut  ressuscité,  il  y  a  quelque  vingt-sept  ans,  par  M. 
Christian  Schepflin,  de  Dunellen,  N.  J.,  qui  est  appelé  le  père  du  jeu 
en  Amérique. 

A.  LE    CHAMP    DU    JEU 

Boulodrome Bowling-green. 

Remblai,  terrasse Bank,  terrace. 

Terrasse  point  de  v  ue Observation  bank. 

Natte,  paillasson,  pied  de  jeu ....      Cloth,  footer,  mat. 

Fossé Ditch. 

Fossé  de  côté Side  ditch. 


(1)  Ou  jeu  de  cochonnet.  (Cf.  "Nouveau  Larousse'".) 

(2)  Ou  "Bowls  ",  "Bowling  on  the  Green",  "Billiards  Out-door". 

435 


436                                                 LE     PARLER  FRANÇAIS 

Chevilles,  piquets *  Pins. 

Chevilles,  piquets  limites Boundary  -pins. 

Piste,  jeu Rink. 

B.  LES  POSITIONS 

Rote  du  boulodrome Green  rota. 

Terrassier Ground-man. 

Marqueur Marker. 

Tiers  arbitre Oversman. 

Arbitre Référée. 

Pointeur Scorer. 

Juge Umpire. 

2.  —  Intérieures. 

Bouleur,  joueur  de  boules Bowler. 

Capitaine,  directeur Captain,  director,  driver,  skip. 

Caramboleur Carrom  player. 

Premier,  première  boule Lead,  leader. 

Second Second. 

Troisième Third. 

C.  — •  LES    ACCESSOIRES 

Boule Bail,  bowl,  lawn  bowl. 

Biais  de  la  boule Bios  of  bail. 

Jeu  de  boules Set  qf  bowls. 

Porte-boules Bou-l  case. 


VOCABULAIRE  FRANÇAIS- ANGLAIS  DU  JEU  DE  BOULLE      437 

Filet-boules Bowl  net. 

Livre,  formule,  feuille  de  poin- 
tage    Score  book,  form,  »heet. 

D.  LE  JEU 

Arrière  main Back-hand. 

Boule  hors  jeu Bowl  ont  of  play. 

Saluée Burned. 

Carambole Carrom. 

Coup  de  carambolage Carrom  shot. 

Caramboler Carrom  (To). 

Fiche-centre. . Centre-pin,  tee. 

Partie  de  concours Compétition  match. 

Concurrent Competitor. 

Boule  morte Dead  bail. 

Jouer,  lancer  une  boule Deliver  a  bowl  (To). 

Déloger  une  boule Dinlodge  a  bow    (Ta). 

Fossés Ditchers. 

Approche,  portée Draw. 

Approcher,  {)orter Draw  {To). 

Tirer  au  sort  le  numéro  de  la 

piste » Draw  ihe  number  of  the  rink. 

Coup  de  longueur Drive. 


438                                                   LE    PARLER  FRANÇAIS 

Tour End,  head. 

Tour  d'essai Tria   head. 

Tirer Fire{To). 

Avant  main Fore-hand. 

Confisquer  la  partie Forfeit  the  game  (To). 

Parties  amicales Friendlies. 

Joute   partie Game. 

Joute  double Pairs  game. 

Joute  simple Single-handed  game. 

Joute  de  trois Three-aside. 

Joute  nulle Tie. 

Terrer,  gazonner  une  boule Green  a  bowl  (To). 

Garde Guard. 

Boule-but,  cochonnet,  petit Jack  kitty. 

Tuer,  annuler  le  biais Kill  the  bias  (To). 

Assiette Lie. 

Placer  le  coup Lie  the  shot  {To). 

Boule  vive,  en  jeu Live  bowl. 

Joute,  partie,  concours Match. 

Équipe Rink,  team. 

Quadrette,  équipe  complète. .  .  .  Full-rink. 

Jeu  d'équipe Rink,  ieam  work. 

Partie  de  quatre Rink  game. 

Rouler,  lancer  le  cochonnet,  la  * 

boule-but  en  haut  de  la  piste. ,  .  RolU  ihroïc  the  jack  up  the 

rink  (To). 


VOCABULAIRE  FRANÇAIS-ANGLAIS  DU  JEU   DE  BOULLE  439 

Tour Round. 

Tenir  le  pointage Score  (  To  keep  the) . 

Coup Shot. 

Coup  d'essa Trial  shot. 

Se  tenir  en  haut  du  cochonnet  .  .  .      Stand  Jack-high  (Ta). 

Tirage  au  sort Toss,  toasing. 

Touchante  (Une) Toucher  (A). 

Traîner Trail  (To). 

BIBLIOGRAPHIE  : 

Les  Sports  modernes  illustrés,  librairie  Larousse. 

Tennis,  Hockey,  Paumes,  Balles  et  Boules,  collection  Sports- 
Bibliothèque,  Pierre  Lafitte  &  Cie,  Paris. 

Grande  Encyclopédie  générale  dqs  Jeux,  par  Benjamin  Pifteau  ; 
Arthème  Fayard,  libraire-éditeur,  Paris. 

Dictionnaire  des  Connaissances  pratiques,  par  E.  Bouant,  librai- 
rie Armand  ColHn,  Paris. 

Alfred  Verre ault. 


VOCÂliULAÏRE  DU  TYPOGRAPHE 


(■I) 


Accolade.  —  Signe  formé  d'une  ou  deux  lignes  courbes  servant  à  rap- 
porter à  un  tout  ses  différentes  parties  ou  à  un  genre  ses  espèces. 
Il  y  a  l'accolade  verticale,  l'accolade  horizontale,  et  l'accolade 
brisée.  Mot  anglais  :  brace. 
Accolader.  —  Joindre  par  une  accolade  plusieurs  objets  formant  un 
tout  ou  ayant  entre  eux  des  rapports  d'analogie.  Ne  pas  dire  brécer 

(to  brace) . 
Alinéa.  —  Commencement  d'un  nouveau  passage  dans  un  article 
ou  un  écrit.  On  distingue  trois  sortes  d'alinéas  :  l'alinéa  ren- 
trant {paragraph  indention)  l'alinéa  saillant  (hanging  inden- 
/ion)  par  une  ligne  en  marge  dei  autres  ligne;;  l'alinéa  aligné 
{squared  indention,)  qui  commence  par  un  alignement  avec  les 
autres  lignes 
Bande  perforée.  —  Pas  ruban  (ribbon  of  paper). 

Bardeau.  —  Boîte,   grande  casse  qui   renferme  les  sortes  survidées 
d  un  caractère  ;  casse  dont  les  cassetins  sont,  les  uns  vides,    les 
autres  pleins.     En  anglais  :  hell-box. 
Bécheveter  des  brochures.  —  Mettre  tête-bêche,  le  pied  ou  la  partie  in- 
férieure de  l'un  contre  la  tête    ou  la  partie  supérieure  de  l'autre. 
On  dit  abusivement  :  béjoiter  (Larousse).  On  peut  dire  aussi  : 
mettre  barbes  et  dos.  Populaire  :  empiler  des  brochures  tête-bêche. 
Bilboquets.  —  Certains  petits  ouvrages  de  ville  qui  s'impriment,  tels 
que  billets  de  faire  part  pour  un  mariage,  pour  un  décès,  pour  le 
premier  de    'an,  cartes  de  visite,  en-têtes  de  lettres,  etc.  Ne  pas 
dire  Jobs.     Synonyme  :  travaux  de  ville. 
Biseaux.  —  Morceaux  de  bois  entourant  les  pages  de  caractères,  et 
dont   un   côté  est   taillé   obliquement   pour  recevoir   les   coins 
(quoins)  qui  servent  à  serrer  la  forme.  Les  coins  se  placent  entre 
les  biseaux  et  les  fers  des  châssis. 
Bon  à  tirer.  —  Mots  que  l'on  écrit  sur  la  dernière  épreuve  pour  per- 
mettre de  tirer  la  feuille  :  L'auteur  a  donné  son  bon  .a.  tirer. 
Ne  pas  dire  :  L'auteur  a  ohé.  (O.  K.)  les  épreuves.  —  non  plus  : 
épreuves  finale  {final  proof) . 


(1)     Avec  la  collaboration  de   M.  Fortunat  Baurbonnière,  C.  R..    rédacteur   du 
Court  lloiise  Journal  (Montréal). 

440 


VOCABULAIRE    DU    TYPOGRAPHE  441 

Bourdon.  —  Faute  d'un  coinposiJtMir  <|ui   a  passé   un  ou    pliisii-urs 
mots  ou  même  plusieurs  lignes  de  copie.  Mot  i)opulaire:  un  pansé, 
lirochcr.  —  Pas  stitch  (er). 
Brucelles.  —  Pinces.  Mot  anglais  :  tweczerx. 
Bulletin  de  commande.  —  Order  blank. 

Cadrât.  —  Petit  morceau  de  fonte,  plus  bas  que  les  lettres,  qui  main- 
tient le  caractère  sans  maniuer  le  i)a|)ier. 

Cadratin.  —  Petit  cadrât. 

Camelote.  —  Ouvrage  mal  fait.  Ne  pas  dire  :  de  la  bo'.ch. 

Caractères  de  fantaisie.  —  Ne  pas  dire  job  fount. 

Casse.  —  Table  coupée  horizontalement  en  deux  compartiments  ap- 
pelés casseaux.  L'un  se  nomme  haut  de  cas.se  (pas  haute  cas.ie,  de  upper 
case)  et  l'autre  ba.i  de  casse  (pas  bas-se  ca.s.ie,  de  loiver  case).  Cha- 
cun est  divisé  en  compartiments  appelés  cassetins  (boxes).  Ils 
servent  à  contenir  les  caractères  d'imi)rin)erie  à  l'usage  des  com- 
positeurs. Le  haut  de  casse  contient  les  grandes  capitales,  les 
petites  capitales  et  différents  autres  caractères.  Lebasdecasse 
contient  les  minuscules  (qu'on  nomme  aussi  lettres  de  bas  de  casse) 
les  chiffres,  les  blancs  (espaces,  interligues, cadrats  et  cadratins). 

Chasser.  —  Espacer  la  composition,  remplir  beaucoup  d'espace  avec 
peu  de  lignes  ;  renvoyer  d'une  page  ou  d'une  co'onne  dans  une 
autre  page  ou  une  autre  colonne.  Mot  pop.  parcourir  la  matière. 

Châssis.  —  Cadre  de  fer,  ordinairement  traversé  d'une  barre,  dans 
lequel  on  place  les  caractères  assemblés  en  pages,  en  les  serrant 
de  tous  côtés  avec  des  coins.  Quand  il  n'y  a  pas  de  barre  au  milieif 
on  l'appelle  ra.mette. 

Circulation.  —  Total  de  la  vente  d'un  journal.  Ne  pas  confondre 
avec  tirage. 

Clavier  perforateur.  — •  Pas  Icey  board. 

Cliché.  —  Ne  pas  confondre  avec  vignette,  qui  est  un   ornement  que 

l'on  place  au  haut  des  pages  ou  au  commencement  ou  à  la  fin  des 

chapitres.  Mot  anglais:  eut. 
Colophon.  —  Note  finale  d'un  livre,  complétant  les  énonciations  du 

titre. 

Commandite.  —  Société  de  compositeurs  travaillant  en  commun. 
Anglais  :  chapel. 

Composteur. —  Petite  règle  en  métal  sur  laquelle  le  compositeur  assem- 
ble les  lettres  qui  forment  les  lignes.  En  anglais:  composing  stick. 


442  LE     PARLER    FRANÇAIS 

Conscience.  ■ —  Travail  pour  lequel  on  s'en  rapporte  à  la  conscience 
de  l'ouvrier  ;  travail  non  taxé  pour  la  quantité,  mais 
seulement  pour  la  durée.  La  conscience  d'une  imprimerie  est 
l'ensemble  des  compositeurs  qui  travaillent  en  conscience.  Ex  : 
La  conscience  corrige  ordinairement  les  tierces  (troisièmes  épreu- 
ves). Se  dit  aussi  de  l'endroit  où  se  fait  le  travail  de  conscience. 
Se  réunir  dans  la  conscience  (job  department) .  Les  ouvriers  en 
conscience  sont  parfois  payés  à  salaire  fixe,  mais  à  un  prix  plus 
élevé  que  les  taux  ordinaires  des  compositeurs  engagés  dans  les 
labeurs. 

Travailler  en  conscience  (aux  travaux  qui  exigent  des  soins 
exceptionnels) .  Ne  pas  dire  :  travailler  dans  les  jobs. 

Copiste.  —  Ouvrier  en  conscience  (pas  jobber) . 

Faute  de  copiste  et  non  erreur  cléricale  {clérical  error.) 

Correcteur.  —  Ce  mot  seul  suffit.  Correcteur  d'épreuves  est  un  pléonas- 
me. Anglais  :  corrector,  proqf  reader. 

Le  correcteur  est  la  personne  chargée  de  lire  les  épreuves  et  de 
corriger  ou  signaler  les  fautes  au  moyen  de  signes  conventionnels. 
Ne  pas  confondre  avec  corrigeur. 

Corrigeur. —  Typographe  qui  exécute,  sur  les  épreuves  typographiques, 
les  corrections  indiquées  par  l'auteur  ou  le  correcteur. 

Coupoir.  —  Cutter. 

Couverture.  —  Pas  le  couvert. 

Cran.  —  Petites  cannelures  ou  petits  sillons  faits  sur  un  des  côtés 
d'une  lettre  pour  empêcher  le  compositeur  de  tourner  les  carac- 
tères. Ne  pas  dire  nick. 

Créner.  —  Marquer  d'un  cran.  Lettre  crénée  (pas  kerned  letter). 
•Décognoir.  —  Outil  qu'on  emploie  pour  serrer  ou  desserrer  les  formes 
typographiques  en  chassant    es  coins  sans  risquer  de  gâter  le 
marbre  (stone)  sur  lequel  reposent  les  formes.  Mot  pop.    chasse 
coin.     Anglais  :  shooting -stick. 

Décompléter  —  Décompléter  un  ouvrage  et  non  briser  (break)  un  set 
de  livres. 

Déjets.  —  Se  dit  des  feuilles  superflues  et  dépareillées  d'un  ouvrage 
dont  on  ne  peut  former  un  exemplaire  complet,  et  que  l'on  con- 
serve pour  remplacer  au  besoin  les  feuilles  tachées:  conserver 
les  défets.  Anglais  :  waste  sheets. 

Deleatur.  —  Signe  indiquant  une  suppression  à  effectuer.  En  anglais  : 
dele. 

Dentelle.  ■ — •  Ornement  servant  d'entourage  aux  pages  ou  de  vignette 
au  titre  des  chapitres 


VOCABULAIRE    DU    TYPOGRAPHE  443 

Di'pâtisser.  —  Distribuer  les  caractères  d'imprimerie  mêlés,  mis  en 
pâte.  Pop.  dixtribuer  du  biff 

Dépliant.  —  Vas  folder. 

Doublon.  —  Kéj:étition  vicieuse  d'une  lettre,  d'un  mot,  d'une  ligne, 
d'une  partie  quelconque  de  la  copie.  Le  doublon  est  le  contraire 
du  bourdon. 

Encadre menin,  —  Pas  bordure  (de  borders). 

Épigraphe.  —  Sentence  ou  citation  mi.se  en  tête  d'un  livre  ou  d'un 
chapitre  pour  en  indiquer  l'objet  ou  l'esprit.  Angl.:  motto. 

Épreuve.  —  Feuille  imj)riméc  .sur  la(|uelle  l'auteur  ou  le  correcteur  in- 
dique les  changements  à  faire,  lesfautesà  corriger.  On  dit  plutôt 
é preuve  chargée  que  épreuve  sale  (foui  proof). 

Espace.  —  Est    féminin  en  style   typographique.    Se  dit    des  petites 
pièces  de  fonte,  de  même  corps  que  le  caractère    auquel    elles 
appartiennent,  mais  plus  basses  que  la  lettre,  qui  se  mettent  en- 
tre les  mots  pour  qu'ils  paraissent  isolés  dans  l'impression. 
On  doit  dire  :  espace  fine,  plutôt  que  expace  poil  (hair  space). 

Exemplaire.  —  Exemplaire,  et  non  pas  copie  (copy)  d'un  livre. 

Filet.  —  Traits  produits  par  de  petites  règles  de  fonte  qui  servent  à 
séparer  les  colonnes  d'un  tableau,  les  divis'ons  d'un  livre,  etc. 
etc.  Ne  pas  dire  ruie  (mot  anglais). 

Flan.  —  Sorte  de  carton  mou  qu'on  applique  sur  les  caractères  mobi- 
les pour  en  prendre  l'empreinte  en  vue  du  clichage.  Ang.  matrix. 

Fondeuse.  —  Casting  machine. 

Frisquette.  —  Châssis  d'im{)rimerie  garni  en  papier  et  posé  sur  la 
feuille  pour  garantir  les  noirs  et  les  blancs. 

Galée.  - —  Planche  à  rebords  où  le  typographe  met  ses  piiquets  de  com- 
position. Ne  pas  donner  ce  nom  aux  placards  ou  épreuves. 

Garnitures.  —  Ne  pas  dire  les  fournitures  (furniture)  de  la  forme. 

Gravure  au  trait.  —  Pas  Une  eut. 

Grébige.  grébiche.  —  La  ligne  où  se  trouve  le  nom  de  l'imprimeur  sur 
une  publication  (en  anglais  :  imprint). 

Interligne.  —  Lame  de  métal  mise  entre  chaque  ligne  pour  les  sépa- 
rer ou  les  maintenir.  Ne  pas  dire  :  plomb  (lead). 

Justification.  —  Longueur  de  la  ligne  d'impression  comjjri.se  entre  les 
marges. 

Labeur.  —  Ouvrage  de  longue  haleine,  tiré  à  un  grand  nombre  d'ex- 
empla'res,  par  opposition  aux  ouvrages  de  peu  d'étendue,  auxquels 
on  a  donné  le  nom  de  bilboquets  ou  travaux  de  ville  (Jobs). 


444  LE     PARLER     FRANÇAIS 

Lettrine.  —  Lettres  majuscules,  ordinairement  au  nombre  de  trois, 
placées  au  haut  de  chaque  colonne  dans  un  dictionnaire  ;  lettre 
d'une  force  de  corps  supérieure  au  reste  du  texte,  (jnelquefois 
ornée  qu  on  place  au  commencement  d'un  chapitre  ou  d'un  para- 
graphe. Ne  pas  dire:  initial  letler. 

Lézarde.  —  Raie  blanche  se  produisant  dans  une  page  et  provenant 
de  la  rencontre  fortuite  d'espaces  placées  les  unes  au-dessous  des 
autres  dans  plusieurs  lignes  successives.  En  anglais  :  ^hound's 
tooth. 

Ligature.  —  Réunion  de  plusieurs  lettres  en  un  seul  signe  graphique 
comme  ff. 

Lingot.  —  Morceau  de  fonte  dont  on  se  sert  pour  remplir  les  blancs 
d'une  page  et  principalement  pour  maintenir  le  haut  et  le  bas 
d'une  page  divisée  en  colonnes.  Ne  pas  dire  :  .^lug. 

Maculature.  —  Feuille  ma'  imprimée  dont  les  caractères  sont  pochés 
et  peu  lisibles.  Pop.  -.feuille  gâtée  (waste  sheet). 

Manchette.  —  Note  mise  en  marge.  Ouvrage  à  manchettes  :  livre  dont 
les  marges  sont  chargées  d  additions.  Angl.  :  side-note. 

Maquette.  —  Modèle  d'un  livre  (dummy). 

Marbre.  —  Pierre  sur  laquelle  les  imprimeurs  posent  les  formes.  Pop  : 
pierre,  de  stone,  mot  employé  en  anglais. 

Marche  à  suivre.  —  Pas  s'yle  du  bureau  (style  of  the  office). 

Marger.  —  Placer  la  feuille  à  tirer  sur  la  marge  du  tympan  ou  dans 
les  pinces  d'une  machine.  Ne  pas  dire  :  filer.  En  anglais  :  tofeed. 

Margeur.  —  Personne  qui  pré.sente  les  feuilles  à  imprimer  sur  la  pres- 
se mécanique.  Pas  fileur.  En  anglais  :  feeder. 

Metteur  en  pages.  —  Ouvrier  chargé  de  rassembler  les  différents  pa- 
quets de  composition,  pour  en  former  des  pages  et  des  feuilles. 
Ang. :  stoneman,  maker  up.   D'aucuns  disent:  Ao?» me  de  pierre. 

Morasse.  —  Dernière  épreuve  d'un  journal  avant  le  serrage  définitif. 

Morassier.  —  Typographe  qui  exécute  les  corrections  indiquées  sur 
la  morasse. 

Oeil.  —  On  dit  l'oeil  plutôt  que  la /ace  (face)  d'un  caractère. 

Onglet.  —  Feuillet  simple  que  l'on  colle  sur  la  marge  d'un  autre  feuil- 
let imprinié  pour  cause  de  corrections  ;  partie  du  pli  qui  dépasse 
la  moitié  du  blanc  de  fond  d'un  seul  feuillet  d'impression,  destiné 
à  y  faire  recevoir  une  couture  tout  comme  s'il  y  avait  un  feuillet 
entier.  Ex  :  monté  sur  onglet. 


VOCABULAIRE  DU  TYPOGRAPHE  445 

l'ampfilet.  —  V.  plaquette.  . 

Paquet.  —  Certaine  quantité  de  lignes  de  composition,  sans  folio  ni 
titres  courant,  liées  avec  une  ficelle.  Angl.  :  dip. 

Parisienne.  —  Voir  sidanoise. 

Passette.  —  Châssis  sans  barre. 

Pâté.  —  Certaine  quantité  de  caractères  mêlés  et  confondus  sans  au- 
cun ordre,  comme  cela  arrive  ((iiand  une  forme  se  rompt  par 
accident.  Pop.  du  bijf. 

Perdre.  —  Se  dit  d'une  mise  en  page  qui  fournit  moins  que  ce  qui 
était  prévu. 

Placard.  —  Épreuve  imprimée  en  colonnes  largement  espacées  et 
sans  pagination,  et  sur  le  recto  .seul  du  papier,  pour  recevoir  des 
corrections. 

Placarder.  —  Mettre  en  placards. 

Plaquette.  —  Volume  de  peu  d'épaisseur  (en  anglais  :  -pamphlet).  En 
français,  un  pamphlet  est  un  court  écrit  satirique  et  mordant. 
Ne  pas  confondre 

Platine.  —  Partie  de  la  presse  qui  foule  sur  le  tympan.   Est  féminin. 

Point.  —  Mesure  qui  vaut  un  sixième  de  ligne  et  qui  sert  principa- 
lement à  déterminer  la  force  des  corps  des  caractères.  Ex:  Le 
Parler  français  est  imprimé  en  8  et  en  10  points.  On  dit  aussi  :  en 
corps  huit  et  en  corps  dix. 

Point.i  conducteurs. — Servant  à  prolonger  une  ligne  de  manière  à  faire 
correspondre  des  parties  qu'une  disposition  méthodique  oblige  à 
séparer.  On  fait  usage  de  points  conducteurs  dans  les  tables  et 
les.  index.  Ne  pas  dire  leader  .  Exemple  : 

L'âge 9 

La  santé 12 

L'énergie 16 

Pointe.  —  Pas  hodkin. 

Pointures.  —  Petites  pointes  de  fer  servant  à  fixer  la  feuille  sur  le  cy- 
lindre d'une  presse  ;  se  dit  aussi  des  trous  que  ces  pointes  font 
sur  le  papier. 

Police.  —  Évaluation  de  la  quantité  relative  des  lettres  dont  une  fonte 
doit  être  composée  pour  imprimer  un  ouvrage. 

Prote.  —  Titre  que  porte  celui  qui,  dans  l'imprimerie,  sous  les  ordres 
du  maître,  dirige  les  travaux  typographiques.  Ne  pas  dire /are- 
man. 


446  LE    PARLER    FRANÇAIS 

Prote  à  manchettes.  —  Représentant  le  patron  auprès  des  clients  ou 
des  ouvriers. 

Profe  à  tablier.  —  Qui  remplit  les  fonctions  de  prote  tout  en  prenant 
part  au  travail. 

Ramette.  —  Voir  châssis. 

Rang.  ■ —  Table  en  plan  incliné  que  des  typographes  établissent  sur 
des  tréteaux  pour  y  placer  leurs  casses.  Ne  pas  dire  :  un  rack. 

Réclame.  —  Le  mot  qu'on  met  au-dessous  de  la  dernière  ligne  d'une 
page,  et  qui  est  le  premier  de  la  page  suivante.  En  anglais:  catch 
uord.  Voir  le  Code  municipal,  ch.  46,  des  Lois  revisées  du  Canada 
1906. 

Relancement.  ■ —  Méthode  de  —  :follow-up  system. 

Remanier.  —  Arranger  les  mots  et  les  lignes  d'une  page  de  manière  à 
ce  que  tout  soit  dans  l'ordre  convenable.  Pas  parcourir  (de  over- 

run) . 

Renfoncement.  ■ —  Pas  indention. 

Renfoncer.  —  Renfoncer  une  ligne,  la  faire  commencer  plus  ou  moins 
en  arrière  de  celles  qui  suivent  ou  précèdent.  Ne  pas  dire  in- 
dent (er). 

Retiration.  —  Impression  de  la  seconde  surface  d'une  feuille  de  papier 
quand  la  première  impression  a  été  faite. 

Revue  bimensuelle.  —  Paraissant  tous  les  deux  mois. 

Revue  semi-mensuelle.  —  Paraissant  deux  fois  le  mois. 

Sédanoise.  —  Petit  caractère  d'imprimerie  immédiatement  au-des- 
sous de  la  nonpareille  et  dont  le  corps  a  cinq  points.  On  dit  aussi 
parisienne.  Ne  pas  dire  agate,  ni  ligne  agate. 

Serrage.  —  Le  serrage  Hempel,  plutôt  que  le  coin  Hempel  (Hempel 
quoin). 

Serrer.  —  Pas  loquer  (de  lock)  une  forme. 

Simili-gravure.  —  Half-tone. 

Sommaire  en  cul  de  lampe.  —  En  anglais  :  interted  pyramid  head. 

Sommaire.  —  Première  ligne  d'un  passage  qui  sort  au  lieu  de  rentrer. 

Tableau.  ■ —  Composition  encadrée  et  divisée  en  compartiments  sé- 
parés par  des  filets,  des  accolades,  etc.  Ne  pas  dire  :  de  la  matière 
tabulaire  (tabular  matter). 

Taquer.  —  Frapper  sur  le  taquoir.  Ne  pas  dire  planer  (plane)  une  for- 
me. 


F 


VOCABULAIRE    DU    TYPOGRAPHE  447 

Taquoir.  —  Morceau  do  bois  de  la  grandeur  d'une  page  sur  lequel  on 
frappe  légèrement  en  parcourant  toutes  les  pages  de  la  forme 
pour  abaisser  les  lettres  trop  hautes.     Angl.,  planer. 

Teneur.  —  Qui  lit  la  copie  pour  la  correction  de  l'épreuve.  Pop.  assis- 

tant  du  correcteur. 

Texte  non  interligné.  —  Pas  matière  solide  (solid  matter). 

Tirage.  —  Résultat  de  l'action  de  faire  passer  les  feuilles  sous  la  pres- 
se pour  les  imprimer.  En  anglais  :  press  run.  Ne  pas  confondre 
avec  circulation. 

Tiret.  —  Pas  dash. 

Tympan.  —  Châssis  garni  d'étoffe  sur  lequel  on  pose  les  feuilles  à  im- 
primer. 

Typographique.  —  Il  y  a  l'épreuve  typographique  et  l'épreuve  d'au- 
teur. La  première  et  parfois  la  seconde  typographiques  ne  sont 
vues  que  par  un  correcteur  de  l'atelier.  Au  lieu  de  dire:  les  épreu- 
ves du  bureau  (office  proofs),  on  doit  dire  :  la  première,  la  secon- 
de, la  tierce  typographique,  selon  le  cas. 

Vignette.  —  Voir  cliché. 

Etienne  Blanchard,  p.  s.  s. 


LES  LIVRES 


1°.  A.  Carton  de  wiaht.  La  Belgique,  boulerard  du  Droit.  109  pages. 

2°.  M.  DES  Ombiaux.  Le  général  Léman.  46  pages. 

3°.  Victor  Delbos.  Une  Théorie  Allemande  de  la  Culture.  31  pages. 

4°.  René  Doumic.  La  Défense  de  V  Esprit  français.  47  pages. 

5°.  La  Représentation  nationale  au  lendemain  de  la  Paix.  45  pages. 

6°.  L'abbé  Eugène  Ghiselle.  L'Arménie  martyre.  128  pages. 

Derniers  fascicule.s  parus  dan.s  la  collection  des  Pages  actuelles 
(chez  Bloud  et  Gay,  7,  Place  Saint-Sulpice,  Paris  ;  in-16). 

1  °  Ce  fascicule  prouve  bien  que  la  Belgique  a  su  se  montrer  di- 
gne de  l'estime  de  toutes  les  nations  par  sa  sagesse  et  sa  vaillance, 
même  après  l'invasion,  et  l'installation  du  Gouvernement  belge  au 
Havre. 

2°  Biographie  concise  et  documentée  du  héros  de  Liège,  tour  à 
à  tour  soldat,  stratège,  vainqueur  et  prisonnier. 

3°  Conférence  sur  la  philosophie  de  W.  Ostevald,  prononcée  à 
Besançon,  le  17  février  1916. 

4°  Conseils  aux  écrivains  :  il  est  urgent  de  purifier  la  littérature 
française  de  toute  mauvaise  influence  étrangère. 

5  °  Ce  que  sera  la  situation,  au  lendemain  de  la  paix.  Méditations 
d'un  combattant,  écrites  au  milieu  du  bruit  de  la  bataille 

6°  Étude  sur  la  "  question  arménienne  :  "  la  conjuration  pan- 
germanique  contre  l'Arménie. 


Mme  Emmanuel  CoLOMBEL.   Journal  d'une  Infirmière  d'Arras.  Paris  (Bloud  et 
Gay)  1916,  in-16,  165  pages. 

A  lire  ces  pages,  on  apprend,  comme  le  dit  Monseigneur  Lobbedey 
dans  la  préface,  "  ce  qu'est,  sinon  la  guerre,  au  moins  les  souffrances 
qu'elle  provoque  et  les  héroïsmes  qu'elle  suscite  ". 


L'abbé  thellier  de  pon cheville.  Dieu  et  la  guerre.   Paris  (Bloud  et  Gay,)  1916 
in-1  632  pages. 

L'éloquent  orateur  montre  par  l'obéissance  à  quelles  lois  divines 
la  paix  pourrait  être  rétablie  et  maintenue. 

448 


LES    LIVRES  440 

Fkançois   Vkuii-lot.    La  Dénolion  françaiie  et  la    Guerre.    Montmartre.     Paris 
1  lili-iid  el  (Jay,  )  191(),  in-12,  95  pages. 

Témoignage  éclatant  de  la  foi  des  Français,  gage  de  leur  espérance, 
hi  |)iété  nationale  s'accroît.  L'écrivain  catholique  a  entrepris  de  noter 
l(  s  manifestations  religieuses  qui  marquent  le  mieux  la  ferveur  fran- 
<  aise.  Il  a  commencé  par  Monimortre.Vuis  viendront  Sainte-Geneviève 
Lourdes,  etc. 


L'abbé  Uaoii.  Morçay.  Aux  rlar'.ès  de  la  Grande  Guerre.  Paris  (Bloud  et  Gay,) 
J  IKH),  in-16,  111  pages. 

L'auteur  met  en  relief  les  principales  vérités  nationales,  sociales 
et  religieuses  que  l'action  militaire  suppose  et  sans  lesquelles  le  coura- 
iic  des  soldats  serait  dénué  de  sens. 


Baron  de  faviehs.  Remarquai  sur  la  divinité  de  Jésus-Chri.it.  Paris  (Bloud  et  Gay) 
l',ll6,  iu-10,  16  pages. 

La  Divinité  du  Christ  manifestée  dans  l'Évangile. 


II.  P.  JosKPii-i'APiN  -Aiu  H  A.MHAiLT,  S.-.J.  Les  Famillcs  au  Sacrf-C'aur.  Québec 
(Éditions  de  l'Action  Sociale  Catholique)  191C,  19c.  5  x  l'2c.  5,  48  pages. 

Opuscule  qui  a  pour  objet  de  propager  l'œuvre  salutaire  de  l'in- 
tronisation du  Sacré-Cœur  au  foyer  de  chaque  famille. 


L'abbé  Etienne  Blanchard.  Les  mots  par  l'image.  Montréal,  1916,  in-10,  '21c.  x 
l-lc,  112  pages. 

Recueil  de  2000  mots  illustrés  pour  ense'gner  les  termes  qu'on 
ignore  et  dont  on  a  souvent  besoin  pour  désigner  différents  objets. 
In  index  rend  les  recherches  faciles. 


VuTOR  Moiîix.  Len  Médailles  décernées  aux  Indiens  d' Amérique.  Ottawa  (Tiré  A 
rt  des  .V^moîVc*  de  la  Société  Uoyale  du  Canada,)  1916,  in-8,  24c.  ô  x  IGc.  5.,     77 
A.VXIX  pages. 

Étude  numismatique,  et  à  la  fois  historique  ;  car  l'examen  des 
différentes  médailles  décernées  aux  Indiens,  c'est  nécessairement  l'his- 


450  LE    PARLER    FRANÇAIS 

toire  des  relations  des  Blancs  avec  eux.  Soixante-sept  médailles  sont 
décrites  avec  un  soin  minutieux,  et  avec  un  égal  souci  d'exactitude 
l'auteur  dit  les  circonstances  où  chacune  d'elle  a  été  "  décernée.  " 


Dr  Emile  Nadeau.  Promenade  mélancolique  à  travers  les  cimetières  de  Québec. 
Québec,  1916,  24c.  x  16c.,  25  pages. 

Tiré  à  part  d'une  étude  lue  à  la  Société  Médicale  de  Québec,  et 
parue  dans  le  Bulletin  de  cette  société. 


R.  P.  M.-A.  Lamarche,  O.  P.  Le  devoir  électoral.  St-Hyacinthe,  1916,  19c.  x  12c.  5, 
24  pages. 

Etude  nécessitée  par  les  mœurs  du  jour  et  par  les  inconvénients 
du  régime  parlementaire,  et  que  tout  électeur  devrait  lire,  méditer  et 
mettre  en  pratique. 


Pascal  poieiee.   Voyage  aux   Iles-Madeleine.  S.  I.  n.  d.,  21c.  x  15c.,  29  pages  et 
carte. 

A  ceux  qui  n'ont  pas  eu  le  plaisir  de  voir  les  Hes-Madeleine,  cette 
brochure  donnera  le  désir  très  vif  d'y  aller  ;  à  tous  les  autres,  le  désir 
d'y  retourner. 


L'abbé  Chaeles  Calippe.  La  Guerre  en  Picardie.  Paris  (Téqui,  82,  rue  Bona- 
parte,  )    1916,   in-12,   392  pages. 

Deux  fois  en  50  ans,  la  Picardie  a  connu  les  douleurs  de  l'invasion  ; 
ce  volume  contient  la  narration  de  l'invasion  allemande  en  ]  914-1915, 
narration  émue,  mais  documentée  et  d'un  intérêt  extraordinaire. 

A.  R. 


LEXIQUE 

CANADIEN-FRANÇAIS 

(SuiU) 

Moulanger  (m'ulâjé)  v.  tr. 
Il  Moudre. 

Moule  {imtl)  s.  m. 

Il  Pain  de  gelée,  de  sucre,  de  viande  hachée,  etc.,  gardant  la 
forme  du  moule  où  elle  s'est  refroidie. 

Moule  à  plomb  {mul  a  plô)  s.  m. 

lo  II  Personne  dont  Je  visage  est  marqué  de  la  petite  vérole. 
2o  11  Personne  lente.     Ex.:  Il  ne  se  remue  pas,  c'est  un  vrai 
moule  à  plomb. 

Moulée  {mule)  s.  f. 

10  II  Portion  de  grain  qu'on  destine  à  être  moulue,  qu'on  porte 
au  moulin. 

DiAL.  Id.,  en  Normandie,  Rev.  des  Parkrs  Normands,  I,  183, 
Dubois. 

2o  II  Grain  moulu;  spéc.:  grain  moulu  et  non  bluté,  pour  les 
animaux;  mouture. 

^,   DiAL.     Moulée  =  mouture,  la  farine  qui  en  provient,  en  Nor- 
mandie, MoiST. 

3o  1 1  Farine  grossière. 

4o  II  Mélange  (de  toute  espèce  de  grains). 

5o  |;  Moulée  de  scie  =  sciure  de  bois,  bran  de  scie. — Moulée 
de  vers  =  poussière  de  bois  laissée  par  les  vers  après  leur  passage  dans 
un  morceau  de  bois. 

DiAL.  Moulée  =  sciure  de  bois,  en  Normandie,  Moist, 
Maze,  Dubois,  Robin. 

60  II  Grande  quantité.     Ex.  :  En  voilà  une  moulée  qui  passe. 

Mouligneur  {muliuà:  r)  s.  m. 

11  Propriétaire  d'une  scierie  (d'un  moulin). 
Fr.-can.     Aussi:  moulignier. 

451 


452  LE     PARLER     FRANÇAIS 

Moulin  (mule)  s.  m. 

10  II  Scierie. 

Fr.  can.     Aussi:  moulin  à  scie 

2o  1 1  Moulin  à  coudre  =  machine  à  coudre. 

3o  1 1  Moulin  à  faucher  =  faucheuse. 

4o  II  Moulin  à  battre  =  batteuse. 

5o  II  Moulin  à  tricoter  =  machine  à  tricoter. 

60  II  Moulin  à  feu  =  moulin  à  vapeur. 

7o  II  Moulin  à  laver  =  laveuse,  machine  à  laver. 

80  II  Moulin  à  tordre  =  tordeuse,  essoreuse. 

Fr.-can.     Aussi:  tordeur. 

9o  1 1  Moulin  à  crème  à  la  glace  =  sorbetière. 

lOo  II  Moulin  à  souche  =  arrache-souche. 

llo  II  Moulin  à  la  viande  =  hache-viande. 

Fe.-can.     Aussi:  moulin  à  viande. 

12o  II  Moulin  à  sasser  =  sas  mécanique. 

13o  1 1  Moulin  à  carde  =  carde,  carderie. 

14o  1 1  Moulin  à  bardeaux  =  établissement  où  l'on  fait  du  bar- 
deau. 

Fr.-can.  ''C'est  un  moulin'  se  dit,  non  seulement  de  quelqu'un 
qui  parle  vite,  mais  aussi  de  celui  qui  travaille  rapidement. 

Moulinant  {mulina). 

11  Se  dit  d'une  terre  qui  mouline. — Voir  ce  mot. 

Mouliner  (muliné)  v.  intr. 

Il  (Se  dit  de  la  terre,  quand  elle  fendille  et  s'efïrite,  sous  l'action 
de  la  sécheresse.     Clapin.) 

Moulinet  (mulinc),  molineV  {molinct)  s.  m. 

Il  Ensemble  de  pièces  de  bois,  disposées  à  angle  droit  les  unes 
sur  les  autres. 

Fr.-can.     Cf.:  Cage,  échiquette. 

Moulinetter  (muUneté)  v.  tr. 

Il  Disposer  (des  pièces  de  bois  en  moulinet). 

Moulineuz  (muliné)  adj. 

il  (Syn.  de  boulant,  boulinant.)  Se  dit  des  chemins  quand  la 
ueige  est  collante  et  rend  la  marche  fatigante. 


LEXIQUE    CANADIENS-FRANÇAIS  453 

Moulue  (mvlu)  s.  f. 
Il   Morue. 

Vx  FR.     Jusqu'au  XVII",  on  a  dit  molue  et  moulue,  pour  mo- 
rue.    Voir:  Richelet,  éd.  de  1580;  Rabelais,  I,  V,  ch.  32. 
DiAL.     Id.,  Saintonge,  Éveillé. 

Mouman  (mumà)  s.  f. 

Il  Muiimu. 

DiAL.     Id.,  Anjou,  Verrier;  Bas-Maine,  Dottin. 

Fr.-can.     Cf.:  Poupa  =  papa. 

Moure  (mur)  3e  pers.  s.  prés,  de  l'ind.  de  mourir. 
Il  Meurt.  (Potier,   Détroit,    1758.)     £x. :  Il  est  bien  malade,  il 
se  moure. 

Mouron  (muro)  s.  m. 

10  II  Espèce  de  lézard. 

2o  II  Individu  sans  caractère,  qui  manque  à  sa  parole;  pares- 
seux; faible,  peureux. 

Moùru  (muru),  moru  {m6ru)  interj. 

11  Juron. 

Mouru  imuru)  part,  passé  de  mourir. 

Il  Mort. 

DiAL.     Id.,  Anjou,  Verrier. 

Mourue  (muru)  s.  f. 
\\  Morue. 

DiAL.     Id.,  Bas-Maine,  Dottin;  Normandie,  Moisy,  Dubois; 
Anjou.  Verrier. 

Mousseline  {mualin)  s.  f. 

lo  II  Fumier,  engrais. 
2o  II  Planche  très  mince. 

Monte  (mut)  s.  m. 

lo  II  Mouton.     Ex.:  J'ai  un  beau  petit  moute  à  vendre. 
DiAL.      /(/.,    Bas-Maine,    Dottin;  =  chèvre  sans  corne,  Savoie, 
Vautherin. 

2o  II  Moute,  moute,  moutache  !  =  cri  pour  appeler  les  moutons. 


454  LE   PAKLEH    FRANÇAIS 

Moutonne  imvton),  mère  moutonne  {mv:r  mvfbn),  s.  f. 

Il  Brebis. 

Mouturer  (muturê)  v,  tr. 

Il  Moudre. 

Fr.-can.     Voir:  Moturer. 

Mouve  {tmw)  adj. 

Il  Mauve. 

Mouvée  {muvê)  s.  f. 

Il  Quantité  de  choses  que  l'on  remue;  bande  d'animaux  qui  se 
meuvent  à  la  fois;  banc  de  poissons.  Ex.:  "La  mer  était  blanche 
comme  une  mo?n'ée  de  marsouins".  (Casgrain,  Œuvres,  1,246.) — 
Une  belle  mouvée  de  poissons. 

Fr.-can.  Aussi:  Moulée.  Ex.:  Le  curé  en  a  confessé  une 
mouvée  ce  matin. 

Mouver,  se  mouver  (muvé,  se  muvê)  v.  tr.,  intr.  et  réfl. 

lo  v.  tr.  Il  Mouvoir,  déplacer,  remuer,  transporter  d'un  lieu 
dans  un  autre.  Ex.:  Il  a  mouvé  sa  grange  pour  la  mettre  dans  la 
ligne.- — Via  une  pierre  qu'est  pas  aisée  à  mouver. 

Ff.  Mouver  =  technol.,  mouvoir;  remuer  légèrement  la  terre, 
etc.     Darm.  —  "Mouver  la  sauce  sur  le  feu . .  .  ",  Littré. 

DiAL.  Mouver  =  remuer,  déplacer,  Normandie,  Moisy,  Maze, 
Delboule,  Bull.  P.  N.,  303,  Rév.  PP.  I,  183;  Maine,  Montesson, 
Dottin;  Centre,  Jaubeht;  Saintonge,  Éveillé. 

2o  v.  intr.  ||  Se  mouvoir,  changer  de  place.  Ex.:  Allons,  mou- 
ve de  d'ià  =  ôte-toi  de  là.  —  Le  bateau  a  mouvé  un  peu. 

DiAL.     Id.,  Normandie,  Dubois. 

Fr.-can.  Spécialement,  se  dit  d'un  bateau  qui  change  de  quai, 
au  sens  actif  et  neutre:  Mouver  un  bateau  (d'un  quai  à  un  autre). — 
Le  bateau  n'est  plus  ici,  il  a  mouvé  =  il  a  changé  de  quai. 

3o  V.  intr.  ||  Déménager,  changer  de  logement  (cf.:  l'ang.  to 
move.)     Ex.:  Il  va  falloir  mouver,  la  maison  est  vendue. 

4o  V.  réfl.  Il  Se  mouver  =  se  hâter.  Ex.:  Faut  se  mouver,  si  on 
veut  finir  ce  soir.  —  Allons!  mouve-toi. 


LEXIQUE    CANADIEN-FRANÇAIS  455 

DiAL  Id.,  Ille-et- Vilaine,  Orain. —  Se  mouver  =  marcher,  Bas- 
Maine,  Dottin;  =  se  mouvoir,  Poitou,  Fabre. 

Fr.-can,  "Monver  quelqu'un  =  le  presser".  Potier,  Niagara, 
1743. — On  dit  aussi:  "mouver  ses  gaiters",  pour  se  hâter. — ilouve 
les  pieds  =  hâte-toi. — Mouve  tes  mitons,  — Mouve  tes  bottes  =  m.  s. 

Mouyen  (mvyé)  s.  m. 

Il  Moyen. 

Moyen  {mwàyé,  mweyt)  s.  m. 

Il  (Absolt.)  Moyens,  ressources  pécuniaires.  Ex.:  C'est  un 
homme  qui  a  le  moyen,  qui  est  en  moyen  =  c'est  un  homme  riche, 
qui  a  des  moyens. 

DiAL.     Id.,  Bas-Maine,  Dottin. 

Moyen  {mwàyé,  mweyé)  adj. 

10  II  De  taille,  de  grosseur  moyenne.     Ex.:  Un  moyen  cheval. 
Fr.-can.     S'emploie   aussi  pour    marquer   le    superlatif.     Ex.: 

Ça,  c'est  un  moyen  précheux  =   c'est  un  prédicateur  très  éloquent. 
2o  II  De  peu  de  valeur,  peu  estimable.     Ex.:  C'est  ben  moyen  = 
c'a  bien  peu  de  valeur. 

Moyenner  (mwèyené)  v.  Intl. 

il  Trouver  un  moyen.  Ex.:  Il  n'y  a  pas  moyen  de  moyenner  = 
il  est  impossible  de  trouver  un  moyen. 

Fr.  "Il  n'a  a  pas  moyen  de  moyenner",  est  du  français  popu- 
laire. 

Mucre  (mukr)  adj. 

11  Humide,  moite.  Ex.:  Temps  mucre. — Linge  mucre. — Mains 
mucres. 

DiAL.     Id.,   Normandie,    Dubois,     Bull,    P.    N.   250,    M018T, 
Robin,  Maze,  Delboule,    Rév.   PP.    I,  183;  Bas-Maine,   Dottin. 
Fr.-can.     Aussi:  Muque. 

Mucrete  {mukràté)  s.  f. 

Il  Humidité,  moiteur. 

DiAL,  Mucreur,  =  m.  s.,  Normandie,  Robbin. 


356  LE    PARLER     FRANÇAIS 

Mue  {mu)  s.  î. 

Il  Soue,  étable  à  porcs. 

Fh.  Mue  =  lieu  obscur  où   l'on  engraisse  les  volailles,  Besch., 
Darm. 

Mugnier,  -ère  (muî}é,-e:  r)  s.  m. 

Il  Meunier,  meunière. 

DiAL.  Id.,  Bas-Maine,  Dottin. 

Mule  {mul)  s.  f 

Il  Meule. 

Mulon  {mulô)  s.  m. 

Il  Meulon. 

Mulotter  (mulbté)  v.  intr. 
Il  Aller,  travailler  lentement. 

Fr.  Un    limier   mulotte,    lorsqu'il  s'arrête  à  tout    ce   qu'il  ren- 
contre, Besch. 

Fr.-oan.  Aussi  :  Minotier. 

Mulotteux  (nijdbtœ)  adj. 

Il  Lent. 

Fr.-can.     Aussi:  Minotteux.     Ex.:    C'est  un  minotteux;  il   n'a- 
vance à  rien. 

Munier,-ere   (munyé,  munye:r),  mugnier,-ère   {muné,  mune:r) 
s.  m.  et  f. 

Il  Meunier,  meunière. 

DiAL.     Id.,  Normandie,  Rév.  PP.  I,  26,  Moisy. 

Muraille  {murd:y)  s.  f. 

Il  Falaise  à  pic,  flanc  de  montagne  coupé  à  pic.     Ex.:  Les  mu- 
railles du  Bic,  de  St-Fabien. 

Mus  {mus)  s.  m. 
Il  Musc. 


LEXIQUE    CANADIEN-FRANÇAIS  457 

Muserie  (inusri)  s.  f. 

Il  Menuiserie. 

Musier  (muzyé)  s.  ni. 

Il  Menuisier. 

Musc  (musk)  s.  m. 

Il  Muscle. 

Nain  (né)  s.  m. 

Il  Hain,  hameçon. 

DiAL.     Id.,  Centre,  Jaubert;  Anjou,  Verrier. 

Naiyade,  neyade  (neyàd)  s.  f. 

Il  Noyade.  (Voir  ce  mot.) 

Naiyau,  neuyau,  noyau,  {neyô,  nèyô,  nbyô)  s.  m. 

Il  Noyau. 

Nanan  (nanàn),  nenan  (nénàn)  s.  m. 

Il  Nanan,  bonbon. 

Nanne  (nàn)  s.  f. 

Il  Chèvre. 

Etym.     Cf  :  Nanny  goat  =  m.  s. 

Napkin  (nàpkin)  s.  f. 

Il  Serviette  de  table. 

Narf  rnàrf)  s.  m. 

Il  Nerf. 

DiAL.     Id.,  Anjou,  Verrier. 


458  LE   PARLER  FRANÇAIS 

Narfer,  se  (se  nàrfé)  v.  tr. 

Il  Prendre  des  forces,  se  préparer,  prendre  des  précautions,  se 
prémunir  (pour  avoir  du  nerf,  de  la  vigueur  dans  une  entreprise). 
Ex.  :  Il  est  ben  narfé  =  il  est  fort,  il  a  du  nerf. 

Fr.-can.  Contraire:  Énarfer, 

Narveux  (nàrvé)  adj. 

Il  Nerveux. 

DiAL.     Id.,  Anjou,  Verrier. 

Nation  {nà:syô)  interj. 

Il  Juron. 

Navat  (nàvà)  s.  m. 

Il  Navet. 

Naveau  (nàvô)  s.  m. 

10  II  Navet. 

DiAL.  Id.,  Anjou,  Verrier;  Normandie,  Rév.  PP.  I,  137, 
MoisY. — Naviau,  m.  s..  Centre,  Jatjbert;  Picardie,  Corblet,  Hai- 
GNERÉ;  lUe-et- Vilaine,  Orain. 

Fr.-can.  Surtout  au  pluriel:  Des  naveaux. 

2o  II  Tête  mal  faite.     Ex.:  Un  naveau,  une  tête  de  naveau. 

3o  II  Tête  chauve. 

4o  II  Nouveau  venu,  écolier  nouveau  (dans  les  collèges,  les  écoles). 

Navelure  {navlu:r)  s.  f. 

11  Nervure,  passepoil. 
Navette  {nàvU)  s.  f. 
Il  Lavette. 


LEXIQUE    CANADIEN-FRANÇAIS  450 

Nayer  (neyé)  s.  m. 

Il  Noyer,  arbre  qui  produit  la  noix.  'Ex.:  C'est  une  table  en 
nayer  noir. 

Di.\L.     /(/.,  dans  l'Anjou,  Verrier. 

Nayer  (neyé)  v.  tr. 

10  II  Noyer. 

Vx  FR.  Néier,  Ménage. 

DiAL.  Id.,  en  Normandie,  Robin,  Orain,  Maze,  Moisy;  dans 
le  Haut- Maine,  Montesson;  la  Picardie,  Haigneré;  la  Bresse, 
Guillemaut;  l'Anjou,  Verrier  ;  le  centre,  Jaubert. 

2o  II  Inonder.  Ex.:  Tout  mon  terrain  est  nayé  =  couvert  par 
les  eaux. 

Ne  (nà)  adv. 

11  Particule  négative  souvent  omise  dans  notre  parler  populaire. 
Ex.:  J'ai  pas  peur. 

DiAL.     Id.,  dans  le  Centre,  Jaubert. 

Né  {né)  part,  passé. 

Il  Se  dit  quelquefois  avec  l'auxiliaire  avoir.  Ex.:  J'ai  été  né  = 
je  suis  né. 

Dial.     Id.,  dans  l'Anjou,  Verrier. 

Neck  yoke  {nèk  yô.k,  nèk  yuk)  s.  m.  Ang. 

Il  Joug. 

Fr.  can.  Aussi:  Gouge. 

Negocien  (négbsyè)  s.  m. 

Il  Négociant. 

DiAL.     Id.,  dans  l'Anjou,  Verrier. 

Neiges  (les)  {lé  né:j)  s.  f.  pi. 

Il  La  saison  des  neiges.     Ex.:  Il  est  ben  malade,  il  ne  verra  pas 
les  neiges. — Attendre  aux  neiges  pour  charrier  son  bois. 
Dial.     Id.,  dans  le  Centre,  Jaubert. 


460  LE    PARLER   FRANÇAIS 

Neigeasser  {néjàsé)  v.  intr. 

Il  Diminutif  de  neiger.  Ex.:  Il  neigeasse  —  i\  tombe  une  petite 
neige,  une  neige  légère,  peu  abondante. 

Fr.-can.  Relevé  par  Potier,  à  Détroit,  en  1744. — Et  cette  mince 
et  légère  couche  de  neige  s'appelle:  Fleurette  de  neige.  Ex.:  Il  n'a 
fait  que  neigeasser,  et  n'y  a  qu'une  petite  fleurette  de  neige. 

Neigeotter  (néjbté)  v.  intr. 

Il  Diminutif  de  neiger.     Ex.:  Il  neigeotte  =  il  neige  un  peu. 

DiAL.     Id.,  en  Normandie,  Maze. 

Fr.-can.     Relevé  par  Potier  à  Détroit  en  1744,  1752. 

Neillère  {neye:r)  adj. 

Il  Synonyme  de  Anneuillère. — (Voir  ce  mot). 

Nein  {ni)  interj. 

lINon. 

DiAL.     \d.,  en  Picardie,  Corblet. 


VOCABULAIRE  FRANÇAIS-ANGLAIS 

MACHINES  A  TRAVAILLER  LE  HOIS 


Machine  à  bois  "  Universelle  "  l' inversai  Wood-lVorkitig. 

Scie  à  nih.-in Band  Saw. 

Scie  à  ruban  à  refendre Band  Re.iaw. 

Scie  alternative  à  découper 

dite  "  Sauteuse   ' Scroll  or  "  Jig  "  Saw. 

Dé){auchisseuse  et  non  Corroj'- 

eur Buzz  Planer. 

Raboteuse Planer. 

Petite  Raboteuse Poni/  Planer. 

Raljoteuse-bouveteuse Planer  and  Maicher. 

Raboteuse  bouveteuse  et  mou- 

lurière Planer   Matcher  and  Monlder. 

Bouveteuse  sur  le  bout End  Matcher.     !'-t 

Rouveteuse  de  chamj) Box  Board  Maicher. 

Machine  à  queue  d'aronde Lock  Corner  Box  Machine. 

Moulurière Monder,  Sticker. 

Toupie Shaper. 

Machine  à  tenons,  tenonneuse  .  .  .  Tenoner. 

Perceuse Borer. 

Mortaiseuse Mortiner. 

Mortaiseuse  à  chaîne Chain  Sav^  Mort  ser. 

Mortaiseuse  à  pied Foot  Power  Mortiser. 

Mortaiseuse  avec  ciseaux  carrés 

évidés Vertical  Hollow  ChisellMoriiser. 

Table  de  scie  circulaire Saw  Table. 

Scie  variété Variety  Saw. 

Déligneuse  à  entraînement  auto- 

maticiue Power  Feed  Rip  Saw. 

Scie  circubiire  à  refendre Circnlar  Resaw. 

Tronçonneuse  à  table Cui  ojf  Saw. 

Tronçonneuse  à  balancier Swing  Cut  off  Saw. 

Macliine  à  barreaux Dowel  Machine. 

Tour  à  bois Wood  Turning  Lathes. 

Tranche  à  onglet Mitre  Machine. 

Polisseuse  articulée Arm  Sander. 

Machine  à  poncer Disc  and  Drum  Sander. 

Polisseuse  de  surface Drum  Sander. 

l'olisseuse  à  courroies Sand  Belt  Machine. 

Touret  pour  meule  d'émer Emery  Grindcr. 

Affûteuse Knife  Grinder. 

Adjutor  Fradette. 


TABLE  ALPHABÉTIQUE  DES  MATIÈRES 


Pages 

Abonnements,  Le  Trésorier 58 

Abrégeons,  l'abbé  Etienne  Blanchard,  P.  S.  S 192,240,288 

Abréviations 6 

Action  (!')  française  en  Amérique:  Buade  de  Frontenac    W. 

Chapman 19 

Alphabet  phonétique 5 

A  noter 180 

A  notre  victoire,  G.  Zidlek 305 

Arriérés,  W.  Chapman 161 

Au  service  des  intérêts  français,  A.  Denault 76 

Berceau  (un),  l'abbé  A.  Laçasse 148 

Bulletin  bibliographique 323 

Catalogue  (un)  français 178 

Ce  que  je  chante.  Blanche  Lamontagne 353 

Criée  (la)  pour  les  âmes,  Adjutor  Rivard 164 

Concours  (le)  du  "  Petit  Canadien  " 229 

Dans  la  tempête,  l'abbé  A.  Laçasse 241 

Deux  langues  sœurs,  R.  P.  L.  Le  Jeune,  O.  M.  1 113 

Enseignement  (1')  secondaire  au  Canada,  A.  Rivard 179 

Entente  cordiale  linguistique,  A.  Rivard 9 

Fleuve  (le),  W.  Chapman 417 

Français  (!e)  et  les  marques  de  fabrique,  l'abbé  É.  Blanchard 

P.  S.  S 15 

Front  (notre),  Gustave  Zidler 261 

Glanures 271 

Glanures,  l'abbé  É.  Blanchard,  P  S.  S 39 

Jardin  (le),  A.  Rivard 167 

Lexique  canadien-français,   Le  Comité   du   Glossaire.    .  .41,  89 

140,  182,  230,  278,  327,  399,  451 

Ligue  (la  )des  Droits  du  Français,  le  docteur  J.  Gauvreau.  .  .  .  296 

Livres  (les),  A.H.,C.  G„  A.  R.,C.  R  72,  118,  172,  225,  273,  409,  448 

Livre  (un)  contre  la  Révolution  (R.  P.  M.  Tamisier,  S.  J.),  A. H.  35 

Maison  (la).  Blanche  Lamontagne 117 

Maison  (la),  Albert  Ferland 337 

Maison  neuve  et  vieux  meubles,  l'abbé  A.  Laçasse 49 

Mots  anglais  francisés,  l'abbé  É.  Blanchard,  P.  S.  S 324 

462 


TABLE    ALP}I  ABÊTI  QUE    DES    MATIÈRES  463 

PAGES 

Noms  (les)  géograjjhiques  de  la  province  de  Québec, 

l'abbé  Henki  Simauu 344 

Notes  pour  servir  à  l'étude  de  la  phonétique  canadienne-fran- 
çaise, A.  RivARD 247 

Parlons  mieux,  l'abbé  Ê.  Blanchard,  P.  S.  S 96,  144,  239 

Patriotisme  (notre)  littéraire  en  1860,  l'abbé  Camille  Roy        51,99 

Pays  (le)  de  l'enfance,  Gustave  Zidler 308 

Pelletier  (Monseigneur  F.) 7 

Poèmes  de  la  guerre, 

—  Aveugle  (1'),  G.  Zidler 69 

—  Deux  Zouaves,  G.  Zidler 68 

—  Pour  nos  Créanc.'ers,  G.  Zidler 8 

—  Vœu  (le),  G.  Zidler 111 

Pour  nos  "  blessés  "  de  l'Ontario,  l'abbé  A.  Laçasse 289 

Pourquoi  ai-je  refait  l'histoire  de  l'Acadie  ?   É.  Richard 194 

Premier  (le)  habitant  canadien.  Blanche  Lamontagne 343 

Prière  (la)  du  blessé,  G.  Zidler 262 

Question  (la)  ontarienne,  l'abbé  Antonio  Huot 338 

Questions  et  Réponses,  A.  R 136,181,215,268,322 

Revues  et  Journaux.  A.  R 70,139  228,2  7,415 

Sang  (le)  de  France,  G.  Zidler 170,216 

Sarclures  Le  Sarcleur 177,276,321 

Séance  (notre)  publique  annuelle,  l'abbé  C.  Roy 242 

Sentiment  (le)  religieux  sans  Alfred  de  Musset,  Henri  d' Arles  387 
Signes  abré\natifs 6 

Signes  orthographiques, 

—  Le  trait  d'union,  i'abbé  Ê.  Blanchard,  P.  S.  S 416 

Société  (la)  du  Parler  français,  le  docteur  C.  Dagneau 293 

Société  (la)  du  Parler  français  au  Canada 112 

Sociologie  linguistique,  A.  Rivard 145 

Index  alphabétique  des  mots  étudiés    468 

Table  alphabétique  des  matières 462 

Table  des  matières  par  noms  d'auteurs 465 

Terre  (la)  jalouse  de  son  fils,  Albert  Ferland 67 

Tic-tac  (le)  de  mon  horloge,  l'abbé  A.  Laçasse 193 

Veillée  (une)  d'autrefois 26 


464 


LE     PARLER     FRANÇAIS 


PAGES 

Vocabulaire  anglais-français,  A.  Fhadette, 

— Machine  à  travailler  le  bois 461 

— Outillage  de  voirie 336 

Vocabulaire  du  typographe,  l'abbé    E.  Blanchard,  p.  s.  s.,  et 

F.   BOURBONNIÈRE 440 

Vocabulaire  français-anglais,  Alfred  Verreault, 

—  De  la  paume  au  filet  (laion  tennis) 28 

—  De  la  photographie 121 

—  Du  jeu  de  balle  au  mur  {hanS.  bail) 354 

—  Du  jeu  de  balle  aux  bases  {base  bail) 358 

—  Du  jeu  de  ballon  au  panier  {basket  bail) 218 

—  Du  jeu  de  barette  {foot  bail) 59 

—  Du  jeu  de  boules  {lawn  bowls) 435 

—  Du  jeu  de  crosse  {lacrosse) 422 

—  Du  jeu  de  galets  {curling) 263 

—  Du  jeu  de  gouret  {hockey) 149 

—  Du  jeu  de  quilles  {bowling) 310 

Voix  (la)  du  glas,  l'abbé  A.  Laçasse 97 


TABLE  DES  MATIERES 

PAR  NOMS  D'AUTEURS 


Pages 
Arles  (Henri  d') 

—  Le  sentiineiil  religieux  dans  Alfred  de  Musset 387 

—  (Voir  Richard). 

Blanchard  (l'abbé  Etienne) 

—  Abrégeons 192,240,288 

—  Français  (le)  et  les  marques  de  fabrique 15 

—  Glantires 39 

- —  Mots  anglais  francisés 324 

—  Parlons  mieux 96,144,239 

—  Signes  orthographiques 41() 

—  Vocabulaire  du  typographe 440 

BOURBONNIÈRK    (FoHTUNAt) 

—  Vocabulaire  du  typographe 440 

Chapman  (W.), 

■ —  Arriérés 161 

—  Buade  de  Frontenac, 19 

—  Le  Fleuve 417 

Comité  (Le)  du  Glossaire 

—  Lexique  canadien-1  ançais.  41,89,140,182,230,278,327,399,451 

Dagneau  (le  Docteur  C.) 

—  La  Société  du  Parler  français  au  Canada 293 

Denault  (Amédée) 

—  Au  service  des  intérêts  français, 76 

Ferland  (Albert), 

—  La  maison 337 

—  La^terre  jalouse  de  son  fils 67 

465 


466  LE  PARLER  FRANÇAIS 

PAGES 

Fradette  (Adjutoh),  Vocabulaire  anglais-français, 

— Machines  à  travailler  le  bois 4()] 

- — Outillage  de  voirie 3;3(j 

Gagnon  (l'abbé  Cyrille) 

—  Les  livres I79 

Gauvreau  (le  Docteur  J.) 

—  La  Ligue  des  Droits  du  Français 296 

HuoT  (l'abbé  Antonio) 

—  Livres  (les) 118 

—  Livre  (un)  contre  la  Révolution  (R.P  M.  Tamisier,  S.  J.)  35 

—  Question  (la)  ontarienne 338 

Laçasse  (l'abbé  Arthur) 

—  Berceau  (un) 148 

■ —  Dans  la  tempête 241 

—  Maison  neuve  et  vieux  meubles 49 

—  Pour  nos  "  blessés  "  de  l'Ontario 289 

—  Tic-tac  (le)  de  mon  horloge 193 

—  Voix  (la)  du  glas 97 

Lamontagne  (Blanche) 

—  Ce  que  je  chante 353 

—  La  maison 117 

—  Le  premier  habitant  canadien 343 

Le  Jeune  (Révérend  Père  L.) 

—  Deux  langues  sœurs 113 

A.  RiVARD 

— Notes  pour  servir  à  l'étude  de  la  phonétique  canadienne- 
française  247 

—  Questions  et  Réponses 136,181  215,268 

—  Sociologie  linguistique 145 

Richard  (Edouard)  (Henri  d'Arles) 

—  Pourquoi  a  -je  refait  l'histoire  de  l'Acadie  ? 194 


TABLES    DES   MATIlbREH  467 

PAGES 
RiVAKD  (AdJUTOR) 

—  C'riéo  (la)  pour  los  ftiiics 104 

—  En.seignenu'iil  (1")  secoiidu're  au  Canada 17!) 

—  Entente  cordiale  lingui.sti({uc !) 

—  Jardin  (le) 1(>7 

—  Livres  (les) 72,172,225.409,448 

—  Notes  pour  servir  à  l'étude  de  la  phonétique  canadienne- 

RoY  (i/abbé  Camille) 

—  Les  livres 412.413 

—  Notre  patriotisme  littéraire  en  18()0 51,99 

—  Notre  séance  publique  annuelle 242 

Sahcleub  (le) 

—  Sarclures 177.276,321 

SiMARD  (l'abbé  Henri) 

—  Les  noms  géographiques  de  la  province  de  Québec 344 

Verre AULT  (Alfred) 
Vocabulaire 

—  De  la  paume  au  filet 28 

—  De  lu  photographie 121 

—  Du  jeu  de  balle  au  mur 354 

—  Du  jeu  de  balle  aux  bases 358 

—  Du  jeu  de  ba  Ion  au  panier 218 

—  Du  jeu  de  barette 59 

—  Du  jeu  de  boules 435 

—  Du  jeu  de  crosse  .  .  , .  .  422 

—  Du  jeu  de  galets 263 

—  Du   eu  de  gouret 149 

—  Du  jeu  de  (juilles 310 

ZiDLER  (Gustave), 

—  A  notre  victoire 305 

—  Aveugle  (1') 69 

—  Deux  zouaves 68 

—  Front  (notre) 261 

—  Pays  (le)  de  l'enfance 308 

—  Sang  (le)  de  France 170,216 

—  Pour  nos  créanciers 8 

—  Vœu  (le) 111 


INDEX  ALPIIAI5ËT1QUE 

DES  MOTS  ÉTUDIÉS 


Note 


-  Les    mots  en  C&ractères  grus  sont  tirés  du  Lexique  canadictt-fran- 
"".  trouve  dans  les -.Sarc/urc»;  a,  dans  des  Articles  divers  ; 


çais ;  «,i;indique^qu"un]imot  se  trouve  dans  les -.Sarc/urc»;  a, 
g,  dans  les  Glanurcs  ;  et  r,  dans  les  Queslious  et  Réponses. 


Les   chiffres   renvoient  aux    pages    de    ce    volume. 


adopte    d'enlever,    s,    177. 

ailes,  T,  181. 

air  (avoir  1"),  r,  26.S. 

altérer,  .?,  178. 

auditeur,  r,  215. 

aurait  (s'il),  s,  177. 

B 

ballon    au    panier,    o,    218. 
barette,  a,  59. 
basket  bail,  a,  218. 
boomerang,  r,  322. 
bouler,  o,  435 
bowling,  a,  310. 


cash  on  delivery  (c.  o.  d.) 

ff,  39. 
chaque,  r,  323. 
collect  (p.  d.),  g,  40 
consomptif,  r,  270 
consomption,  r,  270 
contre  remboursement  (c.r.) 

?.  39 
crosse,  a,  422 
curling,  a,  263 


galets,  a,  263 
garde-boue,  r,  181 
gourct.  II,  149 

H 

hésiter  de,  r,  322 
high  life,  r,  137 
hoclcey,  a,  149 
homme  honnête,  a,  145 
honnête  homme,  a,  145 


idiotie,  r,  138 
idiotisme,  r,  138 
irais  (il   faudrait   que  j,) 
177 


de  (trop  tard)  ,  s,178 
décaniser,  r,  139 
déficitaire,  r,  139 
demeure,  r,  269 
domicile,  r,  270 
dossard,  r,  1.38 

E 

écolisme,  r,  138 
escarbilles,  r,  139 
escarbiller,      r,  139 
escarbilleur,  /.  139 
excessivement,  r,  137 


façon  (de)  à  ce  que,  r,  268 
football,  o,  59 


judicaillon,  r,  215 

L 

lawn  tennis,  a,  28 
lacro.sse,  a,  422 
lanon  bowls,  a,  435 

M 

machin,  r,  137 

mafler  (se)  278, 
mafflu,  278 
magnère,  89 
magnére  d'eune,  90 
magnéré,  90 
magnéreiix,  90 
maire,  r,  181 

majescule,  41 
majiscule,  41 
major,  41 
mal,  41 
maladret',  41 
malaise,  41 
mal  amain,  42 
malaucoeureux.    malau 

cureux,  malécoeureux 

42 

468 


maJavenant,  42 
mal  attelé,  42 
malbouroug,  42 
malcomiinode,  42 
malcompris,  43 
malcoucheuz,  43 
tnaldire,  43 
maldonne,  43 
malencoeureux,  43 
malendurant.  43 
malengueulé,  43 
malentente,  43 
mal-en-train,  43 
malfaisant,  43 
malgré  que,  44 
malhureux,  -euse,  44 
malin,  maline.  44 
malinstruit,  44 
malintentionné,  44 
malisé,  44 
malle,  44 
malle,  r,  269 
malle-poste,  r,  269 
maller,  45 
malpatient,  45 
malpeigné,  45 
maltsn*,  45 
malvat,  45 
m.alversé,  45 
mame,  45 
mameselle,  45 
manager,  46 
manche,  46 
manchon,  46 
mandrer,  46 
mandrin,  46 
mangeage,  46 
mangeaillage,  46 
mangeailler,  46 
mange-chrétien,  48 
manger,  46 
manger  le  linge,  47 
manger  (se),  47 
manger  fse^  la  gueule,  47 
manger  (se)  le  nez,  47 
manger  (sei  les  sangs,  47 
mangeouère,  48 
mangeus.  48 
■  manhable,  90 
'  manher,  48,  90 


INDEX    ALPHABÉTiqUB 


400 


manbeuz,  48  mardiller,  141 

manière  (de)  &  ce  que,  4S  mare,  141 

iiiaiiiorf   (.(Jr)  à  lv  qiio,   r,  marécageuz,  141 


2()S 

maniéreuz,  89 
manifacture,  S9 
manifactiireux,  \H) 
manificat.  81) 
manificence,  SO 
manifique,  S9 
manlflquement,  89 
manigat',  S'J 
majiiser.  <)() 
manivolle,  UO 
manoeuvrer,  90 
manquable.  91 
manquablement.   mon- 

quablement,  91 
manque,  91 
manque  (ben),  91 
manqué,  91 
manquer,  91 


marée  d'eau.  141 
margouillas.  141 
margouiUàre,  141 
margoulette,  141 
margré,  142 
marguier,  142 
mariages,  142 
maricage,  142 
maricageux,  142 
marichaJ.  142 
marie-quatre-poches,  142 
marie-salope.  142 
marie-torchon,    142 
marier,  1  l.i 
marier  à.  143 
marieux.  14.S 
marinades,  143 
marinages,  14,3 
marine.  143 


manquer  (,ne  pas)  que  de,  maringouin,  143 


92 

manqueux,  92 
mantelet,  90,  92 
mappe,  92 
maquelot.  92 
maquière.  92 
maquieu  salé,  92 
maquillon,  92j 
maquillonner,  92 
màr,  92 
marabout,  93 
maragouin,  93 
marbe,  93 
marbrage,  93 
marbre,  marble,  93 
marcassin,  93 
marceau.  93 
marchable,  93 
marchage.  94 
marchaillage,  94 
marchailler.  94 
marchandable.  94 
marchand  de  fer,  94 
marchandeux.  94 


market,  143 
marlaise,  182 
marie,  1S2 
marlot.  182 
marmailler,  182 
marmalade,  182 
msurmitée,  1S2 
marmiter,  1S3 
marmouillas,  183 
marmoussaille,  183 
marmoussin.     marmou- 

sin,  1S3 
marque,  183 
marquer,  183 
marquoué,  183 
marraine,  ISIi 
marsouin,  183 
martoise,  183 
martrière,  184 
marvaudage.  184 
marvauder,  184 
m  ar  veille.  1S4 
marveilleux.  184 
marvouillas,  ls4 


marchandises  sèches.  94    mascabina.     mascouabi- 


marchant,  94 
marche.  91 
marche  à  terre,  O.'j 


na.  mascoubina.  I,S4 
mascotte.  1S4 
mascou.  isi 


marche  (être  en)  de.  110  maskinongé.     maskilon- 


marche  donc,  9.5 
marchedonc    140 
marchement,  95 
marcher,  9,5 
marche-tu,  95 
marcheux.  140 
marci,  140 
marcou,  140 
mardi,  141 
mardi  gras,  151 


gé,  1S4 
maskoutain,  185 
massacre,  185 
masse  len),  185 
masser.  185,  187 
masticable,  185 
mastiqué.  185 
mastiquer.  185 
mat  (à)  -corde  Iss 
mat  (&)  et  &  corde,  185 


matarauz,  185 
match,  185 
matchable,  186 
matcber,  18U 
matcher  (.se),  180 
matcheux,  180 
matérauz,  187 
matériel,  187 
matignon.  187 
matignonnage,  187 
matignonner,  187 
matillon,  18" 
matillonnage,  187 
matillonner,  187 
matin,  ls7 
m&tin.  188 
matin  (&)  ,  188 
matinal,  Iss 
matriai.  Is8 
matrigal,-e.  matrigail, 

ISS 
matrone.  188 
matrouiller.  188 
maturité.  I.S9 
mau.  1S9 
maudissage,  189 
maudisseur,  189 
maudit.  1S9 
mauditement,  189 
manque,  190 
maussade.  190 
mauvais.  190 
mauvaiseté,  190 
mé  que.  190 
mean.  190 
méchant,  190 
mèche,  191 
méché,  191 
méchée,  191 
mécher,  230 
mécredi,  230 
médalle,  230 
médée.  230 
médi.  230 
mégàrd,  231 
mékerdi,  231 
mêlage,  231 
mélaillage.  231 
mélaillage.  231 
mélaiUer,  231 
mélangeage.  231 
mélangeaillage,  231 
mélangeailler,  231 
mêlé.  231 
mêler,  231 
mélie,  232 
mélieu,  232 
melleton.  27S 
méloné.  2.32 
melton.  232 
meman,  232 
membrage,  232 


470 


LE    PARLER    FRANÇAIS 


membre,  232 
même  (à)  ,2:?3 
même  (de)  ,  233 
même  (la)  chose,  233 
miemé.  233 
memène,  233 
mement,  233 
memère,  233 
menable,  233 
menasse,  234 
menée,  234 
mener.  234 
menette,  234 
meneur  de  malle,  234 
menoire,  235 
menon,  235 
menoque,  235 
menotte,  235 
menteuse,  235 
menteux,  235 
ménuit,  235 
menuserie,  235 
menusier,  236 
menute,  236 
menuté,  278 
méquerdi,  236 
méquier,  236 
merci  à,  236 
mère,  236 

merise  (petite),  236 
merquedi,  236 
mêsan,  236 
méson,  237 
messieutrie,  237 
mesure,  237 
mesure  (à  la),  237 
mesure,  237 
mesurement,  237 
mesurer,  237 
métail.  237 
meter,  237 
métif ,  238 
métive,  2.38 
métiver,  238 
métiveuse,  238 
métrial,  238 
mette-germain,  238 
mettre.  238,  329 
mettre  dedans,  330 
meublable,  330 
meublier,  330 
meugner,  330 
meumère,  330 
méz-amain  (à)  ,  330 
mézans.  330 
mézpnt  (ils),  331 
mezur.  237 
miâle.  331 
miâlement,  331 
miâler.  328 
miaulée,  328 
micament,  328 


micouenne,  328 
midi;  328 
miette,  329 
mietton.  278 
mignarder.  329 
migner,  329 
minabe,  278 
mince-pie,  279 
mine  279 
mine  grasse,  279 
miner,  279 
mingle,  279 
mingler,  279 
minme,  280 
minnuit,  280 
minotage,  280 
minote.  280 
minuter,  280 
minoteux.-euse,  280 
minou.  280 
minouchage,  281 
minoucher,  281 
minoucherie,  281 
minoucheux,-eu8e,  281 
minoune,  281 
minson,  281 
mioche.  281 
miochée,  282 
miouter,  282 
miquelon,  282 
mirage,  282 
miraque,  282 
mire,  282 
mirer,  282 
miret,  282 
miroi,  283 
miroué,  282 
mirouer,  282 
misdeal,  283 
mise,  283 
miser,  283 
misérable,  283 
misère,  284 
misser,  284 
misser  (se)  ,  284 
mistèke,  284 
mitagne,  284 
mitaine,  284 
mitan,  285 
mitasse,  285 
miton.  285 
mitoufler  (se),  285 
mitoyen.  28() 
mitte,  285 
m'man,  286 
moder,  286 
modeuse,  286 
modisse,  286 
moé,  286 
.  moégnon,  286 
moéyen,  286 
mognon,  327 


moi  pour  un,  327 
moindrement,  327 
moine.  327 
moins  (à),  327 
moi  ton.  331 
mollasse,  327 
molleton,  331 
molletonné,  331 
mollière,  331 
mollir.  3.31 
molu,  331 
molue.  331 
moman.  332.  .399 
monardeur,  332 
monde,  332 
moneveau,  332 
mon-sieu,  332 
mon-sieur,  332 
monsiexir,  332 
monsieutrie,  333 
monstresse.  3.33 
monstreux,  333 
montant,  333 
montant  (en)  ,  333 
montée,  333 
monter.  333 
montrance,  334 
montre,  334 
montrer.  334 
mop.  334      • 
mopper,  334 
mopser.  334 
moqueux,  334 
mcquié.  335 
mordée,  335 
mordeux,  .399 
mordre.  399 
mordure.  .399 
morfondant,  4(X) 
morfondre,  400 
morfondu,  400 
morieu,  400 
moriginer,  400 
moimonner,  401 
morning  coat,  401 
moron.  401 
morpion.  401 
moipionner  (se)  ,  401 
morquier.  402 
mort-ivre,  400 
mortalité,  402 
morte-charge,  402 
morte-dette.  402 
mortgage.  400 
mortgager.  400 
mortné.  400 
mortoise.  402 
mortoiser.  402 
mortoiseur,  402 
morue.  402 
morvaille.  403 
morvaillon,  403 


INDEX     ALPHABÉTIQUE 


471 


morvasse.  KKi 

morvasson.  t();t 

morviat.  -KKi 

morvis.  lo;} 

moses.  403 

mot'  .  H):i 

mot.  101 

moteur.  104 

motor  man,  404 

motié.  404 

motivé,  404 

motonner.  404 

mettant,  -te.  404 

motte.  404 

motter.  404 

motteux,  40,'j 

motto,  40,") 

motton,  405 

motto n né.  405 

mottonnu,  405 

moture,  405 

moturer.  405 

mou  (bois)  .  406 

mouan.  KKi 

mouche.  4(M) 

mouche  à  cheval,  mou- 
che à  chevaux,  400 

mouche  à  cornes,  400 

mouche  à  patates,  400 

mouche  à  vers.  40C 

moucher.  100 

moucher  (se)  ,  407 

mouches.  407 

mouchettes,  407 

mouchoi ,  407 

mouchoué,  407 

mouchouer,  407 

moudu,  407 

moudure,  407 

mouillasser,  408 

mouillasseuz,  408 

mouiller.  408 

mouilleux.  40H 

moulange.  408 

moulanger,  451 

moule,  4,')l 

moule  aplomb.  451 

moulée,  451 

moulée.  451 

mouligneur.  4."il 

moulin.  l.'iJ 

moulin  à  bardeaux.  4.")2 

moulin  à  battre,  452 

moulin  à  carde,  452 

moulie  à  coudre,   l.")2 

moulin  à  la  crème  à  la 
glace.  l."2 

moulin  à  faucher,  452 

moulin  à  feu,  4.")2 

moulin  à  hiver.  452 

moulin  à  sasser,  452 

moulin  à  souche,  452 

moulin  à  tordre,  452 

moulin  à  tricoter,  452 


moulin  &  la  viande.  452 

nein.  460 

mculirant,  452 

mouUner.  452 

P 

moulinet,  452 

moulinetter,  452 

pag^e.  r    1.36. 

mouiineux,  452 

paraloniierrcr,  r,  138 

moulue,  45;i 

paiiiiie  an  fîlet,  a,  2K 

mouma  n.  453 

pliotoKHipliir,  a,  121 

moure,  4,'>3 

port  clû,  g,  40 

mouron,  453 

port  pay<^,  g,  40 

mou  ru.  4,53 

poste,  r,  269 

mourue,  4.")3 

presque,  *,  177 

mousseline,  453 

prier,  à,  r,  137 

moute,  4.">3 

moutonne,    mère    mou- 

Q 

tonne.  454 

moulurer,  454 

quilles,  a,  310 

mouve.  154 

mouvée.  154 

S 

mouver  se  mouver,  45 1 

mouyen,  455 

résidence,  r,  269 

moyen,  155 

moyenner,  455 

8 

mucre.  455 

mucreté,  455 

surfaix,  r,  322 

mue.  15() 

mugnier,  456 

T 

mule,  456 

mulon.  4,56 

lo  the  best  of  my  abilily 

mulotter,  450 

r,  137. 

mulotteux,  4,50 

Iriqucballe,  trinqueballc. 

munier.-ère,  456 

r,  322 

muraille,  456 

mus.  450 

V 

musc,  457 

muserie,  457 

veiller,  *,  178 

musler,  457 

N 

nain.  457 

naiyade.  neyade,  457 

neyau,   neuyau,    noyau 

457 

nanan,  nenan,  457 

nanne,  457 

napkin,  457 

narf ,  457 

narfer  (se),  458 

narveux,  458 

nation,  1.58 

navat,  4,58 

naveau  4,58 

naveline,  458 

navette,  458 

nayer,  459 

ne,  459 

ne,  4.59 

neck  yoke,  4,59 

négocien,  4,59 

neigeasser,  460 

neigeotter.  4()0 

neiges  des),  4.59 

neillère,  460 

o  . 


PC 

3601 
P3 
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