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BINBTO LIST JUL 1 5 192t
LE POILU TEL QU'IL SE PARLE
N
Copyright by, gaston esnault, 1919
LE POILU
TEL
I QU'IL SE PARLE
^ DICTIONNAIRE DES TERMES POPULAIRES
^ RÉCENTS ET NEUFS
^ EMPLOYÉS AUX ARMEES EN 1914-I918
^ ÉTUDIÉS DANS LEUR ÉTYMOLOGIE, LEUR DEVELOPPEMENT
^ ET LEUR USAGE
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ÉDITIONS BOSSARD 2-' Ê
43, RUE MADAME. 43 , ri ^^ J^ , ^
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PA.RIS
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PRÉFACE
Si mon poilu est bien tel que tu le parles^
tu le liras deux fois et tu t\apercevras de ses
exactitudes et de ses manques. Je ne crois
utile de formuler ce que fai voulu faire que
pour f aider à faire, par adhésion, de même,
et, par contradiction, mieux.
Ce livre désire être un tableau des jeux de
la langue et de la pensée, des « sématismes »
en usage chez le combattant de la guerre^
actuelle.
y ai donné le pas à ce que f entendais sur
ce qui m'était témoigné, à Voral sur V écrit,
aux lettres du front sur les récits imprimés,
- 7 —
aux bonhommes sur les lettrés, à Vusage de
1 914- 191 8 sur Vusage ancien témoigné par
des lexiques. Après quoi, naturellement, fai
de mon mieux expliqué le présent par le passé,
rectifié les erreurs par la raison, préféré Vusage
constant aux coups de langue de hasard,
renié parfois mon expérience limitée en faveur
de témoignages probants.
Je série les sens distincts d^un mot sous des
chiffres quand fai pu tirer le sens 3 du sens 2,
le sens 2 de celui qui était premier dans V es-
prit vers la date de la mobilisation. Je les
répartis sous des lettres quand ils m^ont paru
sortir de Vusage antérieur par des voies sé-
parées. Ainsi A, B, C ne signifie que faisceau,
cousinage ; i, 2, 3, déduction, filiation.
Des exemples pas un n'est de ma composi-
tion ; je cite d'abord des phrases entendues,
avec ou sans guillemets suivant leur caractère
plus ou moins personnel, quelques-unes ex-
traites de lettres de soldats ; \ puis les exemples
utiles cueillis dans des textes imprimés ; || puis
Vusage antérieur ou extérieur à la guerre ; —
vient enfin Vétymologie,Vétymologie prochaine.
Pour concentrer Vattentiony fai groupé,
sous certains mots typiques, d'autres mots, —
poilus, — ou indépendants de la guerre
actuelle, — où le tour d'esprit est analogue
à celui de leur chef de file : les syssémantiques.
Un index permet de repérer ceux de ces mots
qui auraient figuré à juste titre à une place
alphabétique.
Les lacunes quantitatives de mon travail
sautent aux yeux :
D' abord V usage est inépuisable, soit qu'on
veuille le mettre, océan, dans une coque de
noix, soit parce que la guerre n^est pas ter-
minée et qu'à son devenir correspond une ge-
nèse de langage incessante. Et puis, combat-
tant pendant trente-huit mois, je me suis
trouvé pendant ce temps à peu près borné à
mon secteur ; j'ai écouté, les oreilles grand ou-
vertes, dès les premiers jours daoût 14 ;
mais deux oreilles suffisent mal à tout ce qui
se dit de Belfort à VYser et dOuessant aux
Dardanelles. En revanche je réclame la
confiance du lecteur pour les faits qui dé-
— 9 —
passent ses observations propres : autre chose
est la légitime défiance à V égard d'une assertion
d'homme ivre, autre chose un patriotisme
d'escouade analogue à ce patriotisme de
clocher des patoisants qui déclarent mal parlé
et même irréel ce qu'on dit au bourg voisin.
Les dates et les lieux ou milieux allégués
pour l'usage oral, et ceux qui sont prouvés
par l'usage écrit, ne sont pas, sauf mention
expresse, des limites ; ces précisions ne de-
mandent qu'à être complétées par des témoi-
gnages que je recevrai avec une extrême gra-
titude. La plupart des dates n'offrent qu'un
minimum de recul dans le temps ; aucun mot
n'a été vieilli par induction, même pour plus
de ressemblance avec le vrai.
Il eût été logique de publier la carence de
chaque mot dans tous les milieux et à toutes
les dates où il a été noté inconnu ; ces tables
d'absence sont fort utiles, pour cerner l'éty-
mologie du mot, pour respirer son atmosphère
morale, pour tracer la courbe de sa propaga-
tion ; la lecture en serait fastidieuse^ et je les
garde par devers moi.
10
Logique aussi, donnant la préférence aux
mots de gueule sur les mots d'encrier, de
nommer tous les camarades à qui je dois la
connaissance d'un fait. Les écrivains que je
cite ne m'en voudront pas si le traitement
contraire, qui les nomme et éclipse les ano-
nymes au langage spontané, ne vient pas tant,
— ici — , d'avoir apprécié leur style, que
d'avoir voulu livrer aux chercheurs des dates
indiscutables.
J'intitule ce dictionnaire : le poilu tel qu'il
se parle ; et je donne de nombreux exemples
du poilu tel qu'il s'écrit. Je livre au public
plus de faits qu'il n'en demande. J'entends
bien : il veut des faits vrais ; aussi je ne me
prive pas d'éliminer les textes absurdes et de
censurer les textes faux. On a vu des roman-
ciers employer un lexique dangereux. Mais
plusieurs critiques de l'arrière qui se sont
défiés des mots poilus un peu baroques, fan-
taisistes, et obscurs, et qui ont eu peur d'être
dupes des littérateurs, l'ont été doublement ;
ils ont lu des protestations de journaux du
• — 11 —
front : que les poilus ne parlent pas tant que
ça argot, que ce mot-ci ne se dit guère, que
celui-là est unforgeage de lettré ; ne se sont-ils
pas avisés que ces protestations étaient encore
de la littérature, et qu'après qu'ils avaient
marché positivement, on les faisait, au néga-
tif, galoper?
L'idée, qui a été émise, de refuser en lexico-
graphie poilue tout emploi des sources im-
primées, est sensée ; on pourrait la pousser
jusqu'à récuser toute information manuscrite,
toute lettre qu'un filleul vous écrit, surtout
si ce poilu se trouve être un Scaliger organisé
et un conscient Vaugelas, et n'accorder de
confiance qu'aux éructations des sots avérés?
Ce purisme est sensé, dis- je ; il l'est pour tout
curieux; il est pratique pour un civil et un
homme de l'arrière, chez qui le devoir de
méfiance est impérieux. Mais l'expérience
réelle et immédiate d'un combattant qui se
trouve être un lexicographe est une autre af-
faire ; comme combattant y il n'a qu'à entendre,
comme lexicographe^ qu'à noter. Si, plus tard,
il a le loisir de lire des journaux, que constate-
— 12 —
t-il? Que la réalité de son information dépasse
incomparablement Vimagination verbipare des
écrivains. Que c'est une mode, trop facile, de
se plaindre de prétendues inventions des
chroniqueurs en fait de langue poilue. Que, le
plus souvent, il y a sous cette rouspétance
amère la même jalousie qui meut les journaux
à s^ accuser mutuellement de bourrer le crâne
au public. .
Les soldats ne sont pas tous des gavroches
parlant de la main gauche à jet continu ; et,
comme le rire est le signe de la domination de
l'esprit sur les choses, il est très vrai aussi que
Vhomme des tranchées sous le marmitage ne
rit pas sempiternellement. Mais si un roman-
cier force un peu le dosage des mots pitto-
resques, c'est par une nécessité de condensation
artistique. — En tout cas, il serait maladroit,
quand on veut constituer un dictionnaire
poilu, de vider son calepin de tous les mots
dont la première connaissance se trouve due à
une lecture. Il n'y a de vraie langue humaine
que ce qui tombe de la langue que nous avons
dans la bouche; mais un vieux tranchéien a le
— 13 —
droit de témoigner de la sincérité générale des
écrivains. J'ai été trop heureux de rencontrer
dans mes lectures des termes savoureux vers
lesquels je portais ensuite mon enquête^ et
qui Vun après Vautre comme à plaisir sont
tombés dans mon observation auditive.
Moins deux : mac? ou et macavoué. Celui-
ci n'est, je crois, que le mauvais prononcé d'un
mot patois réel, et ce n'est pas un crime d'exer-
cer les philologues en toute innocence. Quant à
macaou, qui signifierait Chat, (mais je n'ai
l'honneur de le connaître que par M. le Doc-
teur Sainéan), il a été puisé dans /'Argot
des tranchées, — où il était chargé seulement
d'expliquer macavoué — -, par le D. m. p.
publié chez Larousse, — oit il compte parmi
les mots du front (^) — , et a passé de là dans
le Feu, p. 203. D'une façon générale, je ne
sais pas de mot dont je puisse dire qu'un jour-
naliste de l'arrière, l'ayant créé, ait voulu le
faire passer pour frontard.
(*) Des chats, en première ligne, il s'en rencontre,
mais peu.
— 14 —
Il y a une preuve de la véracité globale des
chroniqueurs de la guerre. Les lectures de
1916-1918 n'ojfrent presque plus de nouveau-
tés verbales populaires. Si les soldats de
feuilleton n'ont pas créé depuis trois années
un lexique égal même à la cinquantième partie
du bloc qu'on a appelé langue poilue au début
de igi^, c'est qu'ils n'avaient pas non plus
créé un vocabulaire neuf dans le premier se-
mestre de la campagne ; mais les journalistes
et le public s'aperçurent en 1914, 1915, d'une
certaine avance qu'avait prise sur eux à leur
insu le langage du peuple^ et on ne les voit pas
aujourd'hui, malgré leur désir toujours aussi
vif d'être au courant de l'actualité, créer des
mots inobservables pour alimenter en trompe-
l'oreille ce riche débit de 191 5 qui provenait
surtout d'une sorte de citerne verbale amassée
dans le populaire et mal soupçonnée des lin-
guistes.
Cette remarque s'entend des mots comme
zigouiller, chérer, boulot, qui existaient dès
le temps fabuleux de la paix. Naturellement,
des mots dûs à la pratique de la guerre la
— 15 --
source demeure toujours égale à elle-même^ à
r esprit français et aux nouveautés techniques.
Un mot est poilu ou par sa destination ou
par son emploi intensif ; poilus^ les mots créés
par le troupier pour exprimer le combat ; mais
poilus aussi, certains synonymes de Manger,
Boire, Jeûner, Mourir, Quereller, Peiner,
parce que ce sont des idées éminentes chez le
combattant. J'ai rassemblé ici, avec ce qui
était caractéristique de la guerre, de quoi
énoncer à peu près tous les actes de la vie cou-
rante, pourvu que cela ne traînât pas dans
les dictionnaires connue,
y ai rejeté nombre de mots de troupiers et
de marins non notés antérieurement y mais qui
étaient des mots de caserne ou, — ceux-ci
surtout sont peu connus^ — des mots de
bord ; nombre de mots de bas-langage ou--
vrier donnés comme poilus dans d'autres
ouvrages ; enfin nombre de mots provinr-
ciaux usuels çà et là aux armées : ca-
landot, Cheval, usuel en Brie, à Provins,
apporté au 130® inf par un capitaine ancien
— 16 —
cavalier; charte, tout Véhicule, général
au 130® inf., répandu par les conducteurs
presque tous mayennais ; ébeiller, Ëventrer
à la baïonnette, usuel au 48® chass. à pied,
avr. 16, apporté par des Nantais et Vendéens,
{de beuille, Ventre, mot vendéen) ; hôche-
cagner, Marteler, Ébranler en frappant,
usuel au 40® art., -18, apporté par des Ar-
dennais et des Meusiens ;, sabater, Courir
toute la nuit à travers le secteur, recueilli au
81® ^., -17 ; piquoiser, Houspiller en frappant
et piquant : « il ne faut pas les brusquer [les
prisonnier s\, on ne va pas les piquoiser avec
une baïonnette », un m^ d^ équipage, ex- Terre-
neuvier, fév. 18, {de piquois. Pieu ferré ser-
vant aux moruyers à harponner le poisson) ;etc.
Cette exclusion de mots qui n'ont que le tort
d'être populaires depuis trop longtemps est
d'autant plus pénible qu'on ignore si le plus
beau sort ne leur est pas réservé à la suite de
l'amalgame de parlers spéciaux qui se fait
aux armées.
Car, si la guerre prend de la glèbe, de
l'établi^ du trimard et du ruisseau, elle donne
— 17 —
■•MAU&T
à la littérature (*). Bondir et tonner dans un
cercles d'hommes, c'esty comme un obusy écla-
ter : Rabiel « hurlant^ s'élance et, si l'on peut
dire, éclate au milieu d'eux. Les hommes le
considèrent, ahuris », lafage, Journ., 24-5-
16. — ' Découvrir quelqu'un qui se cache, c'est
le repérer ; « la découverte et le châtiment du
coupable subalterne importent moins que le
repérage de ses complices, de ses protecteurs
plus haut placés, — qui demeurent dans
l'ombre », gohier, Journ., 9-2-16. — Ruiner
un homme, le couler, c'est le torpiller : « le
comte Romanonès a été attaqué et a torpillé »,
BAiNViLLE, A. fr., 21-4-17; « daignez se-
courir un moral que la solitude et le cafard
ont torpillé », requête d'un marin^Yio Par.,
23-3-18, p. ayo, c, 2. ~ Décocher une suite
de remarques mordantes, c'est en lâcher une
bande ; « dirigeons sur lui la mitrailleuse du
sens critique, et « lâchons-lui en une bande »
vivement », ib., 18-5-18, p. 429. — Observa'
(^) Sur ce sujet, exoellent artiolo de M, Prévqt, Ht^ue
— 18 —
toire secret, Situation d^espioUy devient poste
d'écoute ; « Uimportant est qu^ après la guerre
les Allemands ne reviennent pas occuper à
nouveau chez nous leurs postes d'écoute et
de combat économique )), DAUDET, A. fr., lo-
4-16. — Empoisonné, délétère, pathogène,
{cf, « microber nos vierges énergies révolu-
tionnaires », BOURGET, Etape, 155, propos
d'un révolutionnaire néologiste),sont remplacés
par asphyxiant : « atmosphère de germano-
philie qui commença à se répandre, comme un
gaz asphyxiant de V intelligence, au lendemain
de nos désastres [de 70] », l. daudet, A. fr.,
27-6-16 ; « diseurs de paroles asphyxiantes »,
DONNAT, Impr., 132. — Préparer les esprits
avant d'agir, c'est pilonner le terrain ; a Sus
aux embusqués ! M. Clemenceau annonce
qu'il organise contre eux une formidable of-
fensive.,. Elle est même déjà commencée : la
loi Mourier est un- essai de pilonnage », Rire,
14-4-17, p. 4. — Agir de haut est rafraîchi
par prendre une hauteur, se donner un
plafond ; « Que le chef du gouvernement
prenne, comme disent les aviateurs, une hau-
^19 —
teur supérieure à celle de nos ennemis du de-
dans et du dehors ; quHl se donne, selon le
même ingénieux vocabulaire, un a plafond »
supérieur de quelques milliers de mètres au
niveau où s'agitent les <...> », maurras,
A. fr. ,31-5-17 ; (différent de planer qui n'est
que contemplatif) — Toto, Pou, renouvelle
parasite ; « nous débarrasser des intermédiaires
louches, des trafiquants, des totos de toute
sorte qui dévorent le soldat »,' descaves,
Journ., 30-12-16. — Tank désignera une
entreprise capable de tout bouleverser : Le
journal d'Almereyda « était tout indiqué pour
servir de tank <...> jeter le trouble dans la
Capitale, le désordre dans les esprits, puis
dans la rue », L. daudet, A. fr., 26-4-17. —
Une bande de nuées au ciel? une tranchée ;
(( le soleil pourpre s'enfonçait derrière une
gigantesque tranchée violette », n., N. Contes
vér., 148.
// est d'ordinaire facile de pénétrer si une
image est lettrée ou populaire, quant à son ex-
pression. En leur fond les images ne com-
portent guère d'autre échelle que celle de la
20
précision objective. Les syssémantiques que
fournit une même métaphore sont parfois ses
diverses réfractions à travers des milieux so-
ciaux différents. Quelquefois on peut déter-
miner V époque et Faire, et le sous-sol nour-
ricier, d^un sématisme ; mais son père et sa
mère c'est toujours et partout la Chose et
V Esprit humain. Cela explique avec quelle
aisance les mots d'apaches deviennent aux
armées des mots d'excellents citoyens.
Je ne suis que le secrétaire des vivacités
de langage d'un vaste bureau d'esprit. A ce
qu'elles pourraient avoir de mordant, je
n'attache donc que peu dé foi réelle. Je le dis
notamment pour les femmes héroïques de la
Croix-Rouge et pour les savants inventeurs
de types d'avions. De même il faudrait n'avoir
pas entendu parler le peuple pour se choquer
de ^oir ici, sous la noble étiquette de poilu, des
grossièretés qui ont du poil partout et des lo"
cutions qui ne semblent qu'à première vue
indiquer de méchantes habitudes. Que le nombre
de mes lecteurs s'égale ou non à l'effectif de nos
armées, autant de Français auront vécu dans
— 21
la boue et la gloire^ dans la sanie et la
sainteté, dans Vordure et Vhonneur, autant
fautai de témoins pour certifier que mes
mots vilains sont en nombre notablement in-
férieur à la surproduction orale. Ce que les
Latins nommaient podex, les poilue en parlent
mille fois plus qu'ils n'y réflléchissent, et ce
que les Grecs nomment crxâxa, Us n'en font
usage que comme de couleur en sémantique.
Il me reste à exprimer ma gratitude à tous
ceux qui de près ou de loin ont collaboré cons-
ciemment à mes recherches, notamment à
MM. Arnoux, Barbusse et Benjamin, peintres
excellents de la vie poilue, sgt Aynaud
(xxxx© /«/.), sgt A. Blanc (95^ inf.), /* de
la Blanchardière (46® inf., 63^ art., 40® s^^
I jzfixeD. C. A.), F. But av and, le linguiste,
G. Charpentier, sgt P, Charpentier (4© zouaves,
2® mixte y 13® tirailleurs algériens), /* avia-
teur Delrieu, sgt J. Demeure (8^ génie),
pilote-aviateur R.Dupret{esc. S-152), aide-
major Fassind, colonel et pilote- aviateur
y, -P. Faure (207^ art.), sgt G. Ferrand
— 22 —
(130® inf.)^ R.-A. Fleury, le poète et T ami,
H. Grelat (5© génie), L. Itnbert (sons sani-
taires 45 et 85), F. de Keralio (40® art.),
sgt 1. Lâchai (2® c^^), m^-f^^ E. Leclerc
{marine), adjudant A, Leconte {inf),l^ G.
Maréchal (6®, 246®, 289^ inf), H. Pinel
(av^^), cap. L. Pottecher (81® art. /.),
G. Prévôt, mon collègue, M. Protat (360®
^^f')y ^^ ^' Richet {1^6^ inf.), l^ Samhardier
(16^, 20® chass.), M. Sieltzer (66^ chass.),
l^ Tahesse {av^^), /* P. Théry (94® inf.,
4^ mixte), /* R. Théry (270^ art.), caporal
G. Turpin (serv. géogr.), L. Villat, secrétaire
d'E.-M.; presque tous sont dans les remous
de la bataille ; ils ont retranché de leurs
minutes de repos pour notre correspondance
assidue ; tous ont été des émules de complai-
sance, de précision, de pénétration ;
A la direction du Mercure de France, et
à celle de /'Auto, qui ont facilité mon enquête;
Aux camarades qui, tout en causant, m'ont
signalé des faits de langage ; i^)
(^) « Il est savoureux de discuter philologie et gram-
maire sous les bombes », Vie Par. 23-2-18, p. 177, c. 1.
_ 23 —
A tous ceux aussi qui ont parlé devant moi
sans réfléchir au danger de lancer une phrase
immortalisahle ;
Particulièrement à ceux qui sont morts ;
Et aux chères mains qui du front pendant
longtemps recevaient chaque jour mes notes
linguistiques.
Octobre 1918.
Le lecteur qui voudra bien compléter ou
rectifier mon enquête est assuré par avance
de son utilité et de ma reconnaissance. Une
simple liste de tel et tel des mots que nous
allons étudier, si on les situe à une date et
dans un milieu, est une œuvre utile pour la
connaissance de l'esprit humain. {Gaston
Esnaulty 2, rue Prémion, Nantes).
— 24 —
DÉFINITIONS
Sémantique, Partie de la science grammati-
cale qui traite des effets de la sensibilité, du
jugement et de la raison sur le langage.
Sématisme, 1, Ressort en jeu dans l'esprit au
moment historique où .il crée une expression
neuve ; 2, Contenu concret de l'esprit qui jouit
consciemment d'une expression.
Syssémantique, Locution qui offre le même
ressort sémantique qu'une autre, ou une ana-
logie du contenu sémantique.
Synonyme, Locution qui peut servir à en
remplacer une autre pour désigner le même
objet.
Dérivation synonymique, Substitution d'un
— 25 —
mot à un autre à cause d'un© convenance lexi-
cographique qui ne répond pas à une conve-
nance objective.
Synecdoque, Désignation d'une chose par le
genre dont elle est l'espèce ou l'espèce dont
elle est le genre, opérée d'ordinaire dans une
locution composée par ellipse de la partie dé-
terminante ou de la partie déterminée.
Métonymie, Désignation d'une chose par une
autre qui lui est unie, de la cause par l'effet,
du contenu par le contenant, etc.
Ironie, Raillerie disant le contraire de ce
qu'on veut faire entendre.
Queue romantique, Adjonction volontairement
insensée d'un mot à un autre.
Apocope, Section brutale d'un mot sans
égard pour sa constitution normale.
Substitution de suffixe. Ce phénomène, cou-
rant en français classique, (cf. hdt. Traité,
§ 62), doit souvent s'entendre plus librement
dans l'usage moderne populaire et semi-argo-
tique ; par suite de l'ignorance — naturelle —
de l'endroit du mot où se termine le radical et
commence le suffixe, le peuple ne saurait avoir
le double respect de cette cloison théorique.
Chevauchement, Croisement de deux mots
— 26 —
qui empiètent Pun sur Pautre en une forme
totale hybride.
Apax, Mot recueilli une seule fois.
Monax, Mot usuel à un seul parlant.
ABREVIATIONS
BIBLIOGRAPHIQUES, MILITAIRES
ET GRAMMATICALES
A [ction] fr [ançaise] .
AnnUdes] p[olitiques et] littéraires],
B[uUetin] des A[rmées de la République].
Cri de P[aris].
Echo de P[aris].
Gu[erre Aér[ienné].
Int[ermédiaire] des Ch[ercheurs et Curieux].
Journ[al].
M[ercure] de Fr[ancé].
Pet[it] Par[isien].
Vie Par[isienné].
LiTTRÉ, Dictionnaire...
HDT : Hatzfeld, Darmesteter et Thomas, Dictionnaire
général... précédé d'un Traité de la formation de la
langue.
— 27 —
MISTRAL, Lou Trésor...
Cartouche : Granval, Cartouche ou le Vice puni (éd. 1827),
viDOCQ, Les Voleurs (1837).
MICHEL, Etudes de philologie sur V argot (1856).
DELVAU, Dictionnaire de la langue inerte (1866, 1883).
FusTiER, Supplément, à la suite de delvau.
RiG. : Rigaud, Dictionnaire d'argot moderne (1881).
MERLIN, La langue inerte du troupier (1886).
LARCHEY, Dictionnaire historique d'argot (11® éd., 1888).
DLLE : Delesalle, Dictionnaire argot- français et français-
argot (1896) ; DLLE, F.- A. : la partie français-argot.
ROSS. : Rossignol, Dictionnaire d'argot (1901).
BRUANT, Dictionnaire Français- Argot (1901).
NOTER : R. de Noter, Dictionnaire français-argot et des
locutions comiques (1901).
SAIN., Sources : Sainéan, Les Sources de l'Argot ancien
(1912, 2 vol.).
LAMBERT, Le langage des poilus, Petit Dictionnaire des
tranchées par Claude Lambert, ex- brancardier sur le
front (Bordeaux, 1915, in-16, 32 p.) [sain., p. 129, le
déclare « iiisignijQant » et sans « donnée utile » ; c'est
* pour ne l'avoir pas vu].
sain. : Sainéan, L'Argot des tranchées d'après les Lettres
des Poilus et les Journaux du Front (1915, in-16,
166 p.) . [commode par les textes cités, pas toujours
reproduits exactement].
GAUTHioT ^ comptes-rendus de sain. ; Bulletin de la So-
coiiEN ) ciété de Linguistique, t. XX (1916).
D. m. p. : Dictionnaire des termes militaires et de l'argot
poilu, (s. d., chez Larousse, in-16, 320 p.) [compila-
tion ; a démarqué, imprudemment, sain., (surtout à
partir du mot français) ; quelques faits utiles].
V. du p. : Vocabulaire du Poilu et Locutions du Front. —
Poilu-Français et Français-Poilu (Paris, chez Hanne-
quin, 1917, in-16, 20 p.).
FAGUS, Quelques remarques sur l'Argot militaire pendant
la guerre ; (M. de Fr., 1-8-17).
DAUZAT, 16-4-17 : L'argot militaire pendant la guerre ;
(M. de Fr.). — 1-1-18 : Les argots militaires de la
guerre à l'étranger [Suisse française, Suisse aléma-
nique, Allemagne, Angleterre, Italie) ; (ib.). — 28-3-17 ;
16-5-17 ; 27-6-17 : Une enquête sur l'argot militaire ;
L'argot militaire ; Quelques mots de l'argot militaire ;
[B. des A.). — mai 17 : Le Langage et la Guerre ; [Revue
pédagogique).
D. : Dauzat, L'argot de la guerre. D'après une enquête
auprès des Officiers et Soldats (1918, in-16, 295 p.)
[condense sous les meilleures disciplines linguistiques
les résultats d'une enquête aux méthodes parfaites].
DÉGH. : Déchelettc, L'Argot des Poilus, Dictionnaire
humoristique et philologique du langage des soldats de
la grande guerre de 1914... (1918, in-16, xi-258 p.)
[vécu].
G. E., 1-4-18 et 16-4-18 : Esnault, Le français de la tran-
chée ; [M. de Fr.). — Colibri ; [Reuue de philologie
française et de littérature, t. xxvi (1912). — Lois de
l'argot ; [ib., t. xxvii et xxvm (1913, 1914). — Cf.
l'Auto, 4 et 25-5-18, 12-6-18, 6-7-18.
Schw. Sold. : Aus Leben und Sprache des Schweizer Sol-
daten (Bâle, 1916, 78 p.), articles de L. Granger sur
les soldats romands et de H. Mercier sur les soldats
genevois.
_ 29 —
DELcouRT, Expressions d'Argot Allemand et Autrichien
(1917).
Morning : Soldier slangs quaint new words invented hy
soldiers of three great allied armies, [anglais, français,
américains] ; {Morning (édition anglaise hebdomadaire
du Matin), fév. 18).
HENRiOTj Supplément au dictionriaire de V Académie ;
[Baïonnette, 26-8-15) [page de dessins à légendes].
CHAPELLE, Le Vocabulaire poilu ; [Journ., 10-8-16.) —
autres articles, autres dates.
ROCHER, L'Argot du poilu ; [Progrès de la Somme, 25-8-16).
MONTGEORGE, L'argot dcs aviateurs ; [Courrier du Centre,
27-4-18).
Philibert : Lorrain, La maison Philibert (1904).
Echalote : hsindre, Echalote et ses amants (1908), éd. Mignot.
Nênesse : Casanova, Le Journal à Nénesse (1911).
Bicar'd : La Fouchardière, Bicard dit le Bouif.
Gaspard : Benjamin, Les soldats de la guerre, Gaspard.
DONNAY, Jmpr[omptu du Paquetage] ; première repré-
sentation le 28-6-15.
Feu : Barbusse, Le Feu, journal d'une escouade ; [pour
les passages supprimés dans le volume, références au
feuilleton paru dans l'Œw^re].
Contes i^ér[idiques des Tranchées 1914-1915 par un groupe
de poilus]. — Nloui^eaux] Contes iJér[idiques des Tran-
chées 1914-1916 par un groupe de poilus]. — reparus
sous le titre Sous les obus.
Pépères : Valmy-Baysse, Les Pépères La Victoire.
Bourru : Jean des Vignes Rouges, Bourru, soldat de
Vauquoia.
— 80 ^
Mousqu. : Nadaud, Les Derniers Mousquetaires, Roman
de la guerre aérienne.
AGATHA [= R. Layus et M© Latour, sergents au 309® inf.,
Vosges, -15], Le vocabulaire de la guerre ; {Echo des
Marmites, 1915.)
poiLULOGUE, Une France inconnue. Quelques jours chez
les sauvages ; [Rigolhoche, août 15, Argonne).
PANTRUCHARD : Lettre d'un ParUruchard au front ; {Ri"
golboche, 1915.)
FARAUD, lettres écrites du front en -14 ; {Figaro, janv.-
mars 15).
Ces quatre dernières sourjces sont reproduites par sain. ;
la page est indiquée quand le Lexique-index de sain.
est muet. Les trois premières sont humoristiques. Les
lettres signées Paraud, supposées ou non, sont pleines
d'authentiques parisianismes.
Trois jours [avec ceux de Thiaumont] ; {Matin, 13,1 Qat
19-7-16.)
p'tit gars : Le p'tit gars de la Maubert, La Soupe ;
{Echo des Marmites, in le Front, 25-10-16.)
MusiDORA, Pigeon vole /... ; {Fantasio, 1-8-16).
icART : Louis Icart, pilote-aviateur. Comment on fait un
as ; {Fantasio, 15-9-16.)
JUTEUX : Le Vieux Juteux, Conseils aux jeunes aviateurs
nouvellement venus à la 5® arme ; {Fantasio, 1-11-16.)
THAVET, L'Ecole; {Gu. Aér,, 29-3-17).
Cabaret : Arnoux, Le Cabaret ; [M. de Fr., 1-4-18).
inf[anterie] ; t. : infanterie territoriale ; c*^ : infanterie
coloniale.
art[illerie de campagne] ; art, l[ourde].
81
av®"* : aviation ; esc. : escadrille.
cliass[eurs à pied].
R[éserve] G[énérale] Aé[ronautique].
A[rtillerie] S[péciale] : chars d'assaut.
D. C. A. : défense contre avions.
C. O. A. : commis et ouvriers d'administration.
S. A. P.-X : service automobile de place n^ 10.
s^"*, b<>°, D°" : section, bataillon, division.
2^-m® P^ : second-maître fourrier.
cap[itaine] ; col[onel] ; gén[éral] ; 1* : lieutenant ; sgt:
sergent.
dér[ivé], dér[ivation].
syn[onyme], syn[onymique].
tr[ansitif] ; intr[ansitijr|.
sy ssém [antique] .
[ ] indique addition ; «<;...>> suppression.
in = dans, quand un texte est reproduit dans un autre.
* forme hypothétique.
-< — , — >, indiquent le devenir d'une forme grammaticale.
-19 = 1819 ; -18 = 1918 ; 19-18 = 1819-1918.
ib. =a même milieu ; ib. même imprimé.
— 32
t:T:2T:sTaaT:sTa>T«;Ts;TS>Ts>TS»T<>TS«Ti
abeille, f., A, Petit éclat d'obus : « Hier, en
mangeant la soupe, une abeille, à dix centi-
mètres ; avant-hier, à un créneau, un frelon, à
n... », LOBBÉ, instituteur, lettre du 4-3-15, in
Recrue de Paris, 1-1-16, 195 ; V. du p. —
B, Balle ; V. du p. ; — d'où boîte à mouches,
f.. Revolver ; d. — Syssém., et syn. au sens A :
frelon, m. ; 246^ et 289® inf., 16-18 ; — mouche
à miel, f. ; D. m. p. ; — mouche, f. ; 360^ inf.,
14-15 : les vaches de mouches I ; 246® et 289® inf.,
16-18 ; — au sens B : mouche à guêpe, f.,
40® art., -18 ; — mouche à merde, f.,ib. ; —
en allemand bienen, (abeilles). Balles, del-
couRT (^) — Cf. cigale.
abeilles russes, f., Poux; 81® t., hiver 15-16,
peu usité mais populairement. — Cf. die rus-
(^) Onomatopée des balles : « bsi... bsii... bsiii... ou.,
ou., ou.. », FONSON, Fantasio, 1-11-15.
— 33
ESNAULT
sische Biene [Pabeille russe], le t*ou, delcourt,
(et aussi die Biene et kleine Russen [petits
Russes], ib.), ce qui donne à penser, le pou
piquant comme l'abeille, mais la saleté russe
n'étant pas notoire chez nos troupiers métro-
politains, que l'expression est venue au 81® t.
par des journaux traduisant de l'allemand. —
Gf. hûvurois.
Ékbîïnèr, 1^ Ci'itiquèr, Traitet injûrifeUëeitlfeht
par uti procédé tJâHcatttral ; « abîhlér litl bb-
pain », FAGus, 564. — Sysséin. : la salir. —
2, Se moquer en usant d'exagéî*ations : k II
abîtiië tin peu », 340® ihf., juill. 16. — Syssêm. :
boUscUler.
accroc, m.. Blessure : « J'ai qufel(jues àcCi'DC^,
mais j'en ai tué beaucoup [de Bdches] », siÂtiR-
RAS, A. fr., 27-8-17, p. 1, c. 1.
acctOChè- cœurs, m., Décoratioilfe ; V. du p.
à cheval, th., Chasseur à cheval : « les à
cheval », Fèu, 104.
additionné (en un). Immédiatement : « des
tiroirs dUveHs et fermés en uil addititJtiiié »,
Fèu, 21^8-16.
affûter le dahu. Guetter le Boche dans la
tranchée : « On a affûté le dahu pendant quatre
heures », 95® inf., 14-18, tifêâ ùèuel éti -16, côiii-
-34-
mence à vieillir eh aVr. IB ; se dit quand oh
rentre dû poste d'écouté sans avoir rien vu. —
affûter, Guetter à l'affût ; cf. irbu d'affût,
Meurtrière ou Créneau de tranchée, Bicard, li,
9 ; ie dahu. Bête ihiàgihaire (oiseàiî, quadru-
pède où reptile ?) : faire affûter le dahu à qqn,
dans le Berry, c^ëst, jouant de sa naïveté, le
Mettre à l'affût, la huit, à un carrefour, à iih
trou de haie, en _lui disant qu'on via rabattre
le dahu, qui ne manquera pas de passer par
là ; après quoi, le laissant, on va fcoire chopihé,
ayant choisi une hiiit fcieh glaciale ; là haême
mystification est ëh Loire- Ini. là chasse au
darain ; à Saint-Ëfieiic, et à Càrtèret (Màrichë),
la chasse au homard de genêt. Là Coquille sàiht-
Jacquës s'àppelaht dàraih à Painipol, -lO, et
le fticàrdeàu daàin à Sàiht-Quày-Portriéùx,
-18, peùt-ôn y voir les intermédiaires phôhé-
tiquës du darain àù dahu et l'intermédiaire
sémantique du darain au homard d'è genêt r — •
Veiller té Boche, Guetter le Boclie, 95® inf., 14-18.
âir (ptëiidté 1'), Sortir en avion : « plusieurs
appareils français avaient pris l'air avec ihis-
sioh de détruire tout ballon rencontré », Maiifi,
5-7-16, p. 2, c. 3 ; « il ëét souverainement im-
prudent dé « prendre l'air » » quand il y a un
— â5 —
crochet d'orage, moreux, Gu. Aér., 25-10-17.
— Décalqué du terme nautique prendre la mer.
air (en jouer un), Partir ; 81^ t., 16-17 ;
270^ art., 26 0^1, -18, usuel un peu partout ; [ •
FeUy 30, 116 ; — chevauchement de se donner
de Vair et jouer la Fille de Vair. — en faire un
air. Partir ; 81^ t., -16 ; — chevauchement du
précédent et de se faire la paire ou faire Vahja.
— Syn. : prendre la fille de Vair, Echalote, xviii,
62, = jouer la Fille de Vair + prendre la
poudre d^ escampette. — Cf. en jouer et Rip.
alboche, adj. et s.. Allemand ; usuel et connu
de tous ; dominé de beaucoup par le succès de
son apocope boche ; \\ larchey (1889) ; usité
par un professeur, lycée de Tours, -68 ; par
des hommes de la Commune et d'autres Fran-
çais, 70-71 ; à Nancy, prononcé albeuche, avec
le dér. albeucher, Parler alboche, peu après
-71 ; Int. des Ch., -14, -15, -17 ; usuel parmi
les élèves âgés de dix à douze ans de l'institu-
tion Richer, Arcis-s-Aube, mai 86 - janv. 89,
A. FLEURY ; « Avec celui-là les Alboches sont
foutus ! », un sabotier de Saulgond (près Confo-
lens) venant d'achever son service aux chas-
seurs à cheval à Limoges, 26 ans, 1887 ou 88,
MARNET ; usuel parmi les élèves âgés de douze
— 3^-<
à seize ans du collège de TArc, Dôle, janv. 89-
janv. 93, a. fleury. — Libre suffixation de
allemand, comme rigolboche de rigolo en 1860
(larchey, 1872), dégueulboche de dégueulasse
(ri G.), ramolboche de ramolli, Int, des Ch.,
Lxxv, 31, et Italboche de Italien, « qui a été
presque aussi populaire autrefois que Angliche
et Alboche )), camescasse, VHumanité, 31-8-15.
Italboche, datable -89, suffit à prouver que le
suffixe dans alboche n'est pas -oche, (comme
dans rasoche ou sardoche), mais -boche, sans
aucune intention de rappeler tête de boche,
Homme obtus, et que ce suffixe ne signifie ni
Germanité, ni Monstruosité naéchante. — L'ori-
gine du suffixe -boche est obscure ; on peut
l'attribuer à des mots usuels, comme caboche,
ou argotiques, comme saboche, Imbécile (de
sabot), comme liboche, Forçat libéré, Nouméa,
10-12 ; mais c'est déjà une explication provi-
soirement suffisante de le rattacher à d'autres
suffixes qui offrent la même consonne d'ap-
pui, -broque dans albroque de allumette, -bif
dans dégueulbif de dégueulasse, -bi dans Arbi
de Arabe, -baque dans morbaque de morpion,
-bard dans rigolbard de rigolo, et surtout à
ceux qui offrent, sous la même structure de
— 37 —
pqnspnnes q|ie -boche, la muance des diverses
voyelles : -bêche dans ccibèche, Tête, hrobèche,
|ji^fd, (de hroquille), -biche et -bige dans ci-
bicJ^e et çibige, Cigarette, chocolhiche. Chocolat,
-bâche dajis sqlfaçhe^ Ipibépile, -bûche dans
tyabuches, DifficiiJ^és (d'^sparpès, Demi- Solde,
xvij). — Deux observateurs ont signalé un
AJleniQche, Alléfla^nd, en usage à Neijpliâtel
et dans la Meuse, p.
aller : Çp. ira-t-il ?, Ça va bjpn ?, Bonjour 1 ;
81^ t., 14-17 ; usage général.
alloc, f., Allocation (aux fempries et parents
de mobilisés) ; divers soldats ; | P. m. p,
aipocher, 1, Blesser ; 2, Battre en ruine ;
très usuel et très général ; ?i'a fii^i de pénétrer
à fond le 81^ t. que dans l'été 15 ; |1 Rip. et
i^Qss. ne cpnnaissent le niot qu'à propos de
coups die pied pt de poing.
♦ amurer un coup de poing à qqn, Lui décocher
un coiip de Pping 5 marins, -18. — On amure
du côté du vent • sous \p yent, on borde ; on
amure avec une amure, on borde avec une
écoute ; l'amure étant plus raide que l'écoute,
amurer convient pour une idée dé force. —
Amurer dans }a phrase suivante « j 'préfère
beaucoup mieux l'amurer [mon quart] à ma
38
bretelle de suspension avec un crophet », Feu^
190, m'a été confirmé par l'auteur copime si-
gnifiant Amarrer. Cette synQ^ymi^ ^e ^a^pait
être qu'une confusion chez un poilu peu marj^.
anse de panier, f., Pelote de fil barbelé ser-
vant de défense ; 95^ inf., avr. 18. r^rrr Sy^.
oursifi.
antidérai)ant^ ra,, Vin ; V. du p. ; || usi^ej à
Paris, -18, et, croit-on? ^Y^nt -14. — Il est
vrai qu'une certaine dose de vin, qi;j met iin
bon vent dans les voiles, assure 1^ im^y^he,
tout au moins la démarche.
appel de bouc, m., Yif avancement^ du n^en-
ton que donne le clairon de chasseurs à pied
au moment d'emboucher son instrun^entj
16^ chass., -18. — Le sens d^appel est 1^ mênie
que dans appel du pied, terme d'esp^inie, Vif
mouvement du pied sur la planche ; kouç r^ste
du temps où les chasseurs portaient barbiche
obligatoire. — On trouve le sen§ généralisé à
l'effort du menton lancé en avant par le Pplda*
qui veut défiler crânenient : « Et les I^TOnpiers,
donc ! <...>> ils bombent la poitrine, le tp^'se
arqué en arrière, à force de vouloir être droits,
se redressant encore à chaque nouvelle bordée
d^ hourras, 4'nn intrépide coup de menton? —
39
le légendaire « appel de boue» des chasseurs»,
SEM, Journ., 10-7-16.
apprenti- cadavre, m., Ambitieux ; 81® art. 1.,
mai 18. — Qui veut monter en grade ou grim-
per aux honneurs risque sa peau. — Syssém. :
la course à la mort, f., la Médaille Militaire ;
D. ; — élèves-morts, m.. Elèves chefs-de-sec-
tion, VIII® corps, 14-15 ; secteur des Eparges,
-15. — Cf. apprenti- martyr et élève-martyr,
Elève-caporal. — Voir élève-mort.
arbalète, f.. Fusil Lebel ; 360® inf., 14-15 ;
81® t., -16 ; assez général ; | agatha ; Feu,
186. — DAUZAt; 1-1-18, 59, le signalant en
Suisse (d'après Schw. Sold.), parmi les méta-
phores locales, dit « Le fusil ne pouvait man-
quer de devenir Varhalète dans la patrie de
Guillaume Tell. » Le vrai sématisme est la dé-
préciation d'une arme moderne par un nom
d'arme de musées, ou, mieux, d'un tue-Boche
excellent par un nom de jouet d'étrennes. Cf.
pétoire.
arcassines, f.. A, Jambes : « de longues arcas-
sines » ; — B, Pieds :*Tu vas te faire monter sur
les arcassines ! ; — 40® art., juin-sept. 18 ; y
semble introduit par des Champenois et Briards.
— en avoir plein les arcassines, Etre excédé ;
^ 40 —
ib., — syn. et syssém. de en ayoir plein les ba-
guettes, 360^ inf., 14-15, — les gambettes,
20^ chass., -18, — les fumerons, ib., — • les
jambes, coureurs cyclistes. Auto, 3-4-18, p. 2,
c. 6, — les panards, 20^ chass., -18, — les rigo-
berts, (Mollets), gosset. Le nouveau langage
(1915). — La marine a dit arcasse, Charpente
-de poupe, oublié aujourd'hui des marins char-
pentiers. viDOCQ donne arcassineur et arcassien,
Détenu qui écrit des lettres pou^ escroquer, et
LARCHEY, d'après le Figaro de -77, arcasineur,
Mendiant à domicile ; le picard a arcassier,
Trompeur, Malin ; selon vidocq la lettre du
détenu escroqueur est un montage d'arcat
(syssém. de bateau?) — Si on supposait une
filière *pied — >► pied de cochon — >- marcassin,
*marcassine, f., serait à jambe comme rnarcassin,
m., à pied ; ce qui, malgré la difficulté du m
disparu, corrobore cette hypothèse, c'est le
juron de colère la marcassine !, signalé aux
Balkans, d., qui me semble un syssém. de
la jambe I — Les Jambes sont dites aussi les
misérables : joueurs de misérables, m.. Fuyards ;
74e inf., D.
aréo, m. et f., Avion ; 81® t., 14-17 et usage
général. — Prononcé des illettrés et de bien
— 41 —
d'autre? pour aéra ; apocqpe à^aéroplane j cf.
1^5 jrigQ^ géoy lacrymq, météo, métro, vci4io. ;
2^, ç'éto. — A^ioi^ gagi^e du terrain ; par ex.,
quand il s'agit d'appareils en grand nombre,
Oïl dira plutôt avioïi : « 35 ayions abattus »,
« 25.000 ^yÎQn? ^uiériçaifts, )> parpe que cee
chiffres, Qnt \\n^ prigine iiuprimée.
Arnia^nd f^lljèFÇ^ (l'), m.jl'H^rtUiann^Tyeiler-
kppf : « le faifteu^s^ H^rtru^UUsweiJpr est devenu,
dans la bquQ^e des soldats qui l'pnt conquis
et défendu, V Axrnçind Fç^ïlièrp^, Notre uio-
derne Polybe [Théodore R^iu^^ch], qui trouva
l'appellatiou jolie, mais un peu fan^ilière, en
fit le Vieil Armand », dauzat, 16-4-17, 660. —
Type d'étymologie populaire.
armoire, f., Havresac ; Feu, 195 ; -^ armoire
à glace, f., fïavresap ; xxxx^ inf., 14-15 ; 16^,
20e ch£iss, pt 246e inf., 17-18 ; | lambert ;
AG4THA ; Il u^Uel aus^i eu Suisse, — Armoire,
le fantassin y serre ses effets, ces chiffons, ces
biffes, qui lui pnt valu le surnqm de hiffin^ de
Chiffonnier ■ à glaçe^ par queue romantique.
arriérés, m., Qeu? de l'Arrière;, Mot inventé
dans Echo des Guitounes, in Front, 16-3-17. —
Ça!em}3our.
9,rrQ§oiF, tu., 1, Çaupu ; Qbusier j Mi-
^2-
k
trailleuse ; D. jn, p. ; — 2, Avion de bombar-
dement : « et je criais aux camarades l'alarme
bien connue : « P^ix, paix, v'ià les arrosoirs
boches ! » Les arrosoirs, composés de deux
escadrilles au moijis, passèrent sur nous, en
nous dédaignant, piquant droit sur Paris »,
récit publie dans Ip Temps ; in Quest- Eclair,
15-4-18, p. 2, c. 1. — arroseur, m.. Artilleur ;
D. m. p. -^ Arroser, Bombarder ipéthodique-
ment, arrosage, Bombardement jnéthodique,
sont termes reçus en style technique.
artillerie de musette (1')^ f., les Obus Viven-
Bes^ières ; ^es Parisiens, 289^ inf., 15-5-18,
(Oise).
as (passey ou courir à 1'), Ne pas toucher sa
p^rtj sa paye : « Ce pauvre type 1^ a passé à
l'as ; il est bien de la compagnie, mais il est
détaphé, on l'a oublié », 81® t., -17 ; « Si je
trouve trois cents fra^ncs et que j'apprenne
que c'est un millionnaire qi;i les a perdus, il
peut courir à l'as, \\ ne les reverra pas », un
2d-me, -18. — tomber à l'as, EJtre perdu de
vue: « ça a tpmbé à l'as». Il n'a plus été ques-
tion de ça, un 2d-m®, -18 ; |1 Etre à as. Etre
sans argent, pab4§se ; « Si d^ps une affaire ou
partage on n'a rien pour soi, on pqs^e à Vas »,
— 43 —
Moss. ; passer à Vas, Disparaître ou Ne pas
être, Echalote, xvii, 57. — larchey le tire
de as (des cartes), symbole de petite valeur,
et suppose que le sens premier est « n'avoir
qu'un sou ». Je le tire de s'astiquer, Se brosser,
et suppose une forme première * passer à Vastic
ou *à V astiquage, syssém. de se brosser le i^entre,
de se gratter, (et de se V arrondir).
as, m., A, Cavalier du l®f peloton (dans un
dépôt de dragons), e. h., Temps, 24-5-15. —
B, 1, Soldat excellent dans son arme ou sa spé-
cialité ; usage général, 17-18 ; se dit des avia-
teurs : Journ., 19-1-16, p. 2, c. 4 ; Pet. Par.,
14-5-16, p. 2, c. 3 ; Matin, 28-7-16, p. 1, c. 6 ;
icART ; Journ., 10-10-16 ; des artilleurs : (c les
artieurs c'est tout bon ou tout mauvais. Ou
c'est des as ou c'est de la roustissure », Feu,
234 ; des fantassins, Echo de P., 18-1-16 ; le
succès de ce mot au 1^^ de marche zouaves
choque le colonel, qui rappelle que pour dési-
gner un soldat brave « on doit dire un zouave »,
décision, 12-11-16 ; on surnomme « division
des as » la ..® d'inf. (et chacun de ses quatre
régiments adopte pour insigne l'un des as du
jeu de cartes), Echo de P., 30-7-17, p. 1, c. 5 ;
bref, se dit de tout soldat brave : « le jeune
— 44 —
chef de char [tank] entouré de tous ses « as » »,
Journ., 24-6-17 ; et des aviateurs hors de page :
« décoller en as », Quitter le sol par une ma-
nœuvre hardie, punch, Fantasio, 15-8-16. —
2, spécialement, Aviateur heureux dans ses
duels avec l'ennemi : as à six Boches, ayant
abattu six avions boches. Le pilote qui avait
abattu cinq Boches était déclaré « as » jusqu'à
la fin de -17, où le commandement décida de
réserver ce nom aux « chasseurs » qui auraient
dix pièces à leur actif. « En aviation, être as
c'est avoir un grade », gén. matton, lettre, in
Gu. Aér., 3-1-18, p. 122, c. 2, qui propose de
dire « capitaine as Guynemer » et d'instituer
ainsi « une nouvelle noblesse ». — C, au succès
proprement militaire du mot peut être attri-
bué son application à un soldat cuisinier dé-
brouillard « à la hauteur pour dégoter du bois »,
Feu, 32 ; à un soldat comédien excellent sur
la scène, « Voilà Bistoquet, un as», chapelle,
Journ., 2-8-16 ; à des femmes ouvrières d'usine
expertes, london, Journ., 3-11-16. — Mais as
était usuel avant de devenir militaire, et c'est
au langage des sports que le prit Daucourt,
moniteur à l'école d'av^^^ de 1 au pour désigne i
ses meilleurs élèves. Sur les hippodromes pari-
— 45 —
siens, «s, quelque temps avant -14, était syn.
de CfacK, cheval lavori. En canotage, « de
tout temps )) selon E. Lblgnon, champiori de
France de -78 à -83, « depuis aii moins cin-
quante ans » d'ajprès un autre témoin sérieux,
as désignait le Rameur le meilleur ; car, en
raison de son exfcellence, le rameur d'élite avait
« le n" 1 » des équipes à 2, 4, 6, 8 avirons, et
était en outre rtiomme des courses « en as »
(à un rameur par canot) ; cf. tht. des Ck.,
Lxxiv, 322, 376, Lxxv, 165 ; il était donc soit
seul, soit n^ 1, et c'est là le seiië du mot as. Les
sports ne l'ont pas créé : tapé à Vas, Réussi de
première, est dans bouvîèr, Auguste Mdhette, ih
RiG. ; dans les cafés et restaurants « ùii bock a
l'as ! », «tun potage à l'as ! », crie le garçon tjui
commande uii bock, un potage, pour là table, le
cabinet qui porte le n^ 1, rig.; dllé ; jane sirîon,
Journal d^une « remplaçante » dans Je sais tout,i6-
9-16. Le cavalier du peloton n^l est un as sans que
ce nom préjuge une valeur équestre supérieure au
peloton n^ 2. Ainsi, en dépit de Topiriion de
DAÇAY, Journ., 10-10-16,, que Tas d^àviatiôh
eèt un « terme de tripot » adopté par la giièrre,
ou de plaisanteries comme « Leur jeu d*èscâ-
driliefe [des Ëochës] est un jeu qui ii'â qii'uh
— 4ë —
as ))j un seul champion sans émuleSj Matin^
28-7-1(3, ou comme « On ne trouve plus que
des jeux de 28 cartes, tous les as sont dèins
l'aviation », notre métaphore n'est pas issue
des jeux de cartes où l'as est de valeur très
variable, mais du jeu de dés où il vaut toujours
l'unité ; c'est l'idée de numérotation qui est
essentielle, la métaphore est une métaphore
d'ordre, et dlle traduit très bien tapé à Vas,
« Réussi au n^ 1, on ne peut mieux réussi ))i —
Je ne t'oubliais pas, dit un commandant à Un
simple soldat, en lui tendant sa boîte de bon-
bons, « j'en offrais d'abord au général, parce
que dans la hiérarchie, il vient avant toi. —
Ce n'est pas vrai, clame le général, le simple
poilu, voilà le numéro un parmi les chics
types », Bourru, 224. L'as est en tête de la
liste des bons, comme en anglais soigner le
n^ 1, c'est Se soigner^ charité bien ordonnée
commençant par soi-même (^).
(1) « Le prince de Beauvau pense que les as de la
grammaire (je parle comme le roi de Prusse, lui, parla
dés as des batailles) iné venaifeht assez souvent voir... »,
GARAT, lettré à Jouy, ll-ë-28, stir le projet de rappel des
acâdêiiiiciëiis expulses en 18Î5 ; l'ancien conventionnel
-47-
Dér. : superas, m., Aviateur plus fort qu'un
as : « Les 29 victoires du « superas » Bail »,
Pet. Par., 20-11-16; cf. « Immelmann, le « su-
perfaucon » que vantent les journaux enthou-
siastes d'outre-Rhin », B. des A., 17-5-16, p. 7,
c. 1 ; autres néologies militaires : supercanon,
supercroix de fer, super dirigeable, supermatériel,
supermufle, superpréparation, superpuissance,
supersous-marin, supersubmersible, supertank,
superzeppelin.
asphyxier, A, Etonner à l'extrême; 289^ inf,,
-17 ; I « et quand on raconte une histoire
intéressante, l'on n'épate plus quelqu'un, mais
on « l'asphyxie » », Echo des Marmites, in Ann.
p. L, 5-11-16, p. 485, c. 3 ; expression signalée
« nouvelle » dans le Crocodile, in B. des A-,
28-2-17 ; — dér. : asphyxiant, Epatant, Chic :
« une femme asphyxiante », « une marraine
asphyxiante », Verdun, -16 ; — syssém. :
ypériter, même sens, 289® inf., 17-18 ; — suffo-
quer, pétrifier, tuer, que renouvelle une image
rappelle ses relations d'avant la Révolution avec d'aris-
tocratiques philologues, (qu'il flatte ainsi du titre de
princes de la philologie) ; il souligne le mot as ; son
« roi de Prusse », Frédéric II, parlait un fort hon français,
— 48 —
prise des gaz de guerre asphyxiants et vé-.
sicants ; — et, plus lointain, étrangler. — B,
Prendre sans payer ; d. ; — syssém. : étouffer,
étrangler.
aspi, m., Aspirant (grade entre adjudant et
sous-lieutenant) ; 94® inf., 17-18; | dieudonné,
UAspi, Matin, 19-9-16.
atterrissage, m., Chute d'un homme de son
haut ; fantassins, mai 18.
auge, f.. Gamelle ; 81® t., -16 ; | agatha ;
« Remplissez vos auges, faites passer la porce-
laine étamée », p'tit gars. — Syn. : jatte, f. ; d.
aussi sec !, D'un bloc et d'une haleine, sans
peur et sans hésitation : « il s'est jeté à l'eau
aussi sec ! », « il a cru ça, aussi sec ! », marins
d'un centre de captifs, -18. Soit créé par Belz,
2d-m^, Lorientais, ou lancé par lui, le mot a
autour de lui un grand succès. — Cf. (?)
« — <...> Veux-tu un peu de gnolle ? Il di-
sait toujours oui, allumait sa cigarette, buvait
d'un « cul sec » vigoureux le quart de verre de
« gnolle » du colonel et repartait », decoin,
Gu. Aér., 1-2-17, p. 190.
autobus, m., « morceau de viande que la
meilleure des mâchoires se refuse à entamer »,
AGATHA. — L'idée n'est pas Viande apportée
— 49 —
■SNAULT 4
au ravitaillement par les autobus (comme le
pense sain.) mais Viande à consistance de
pneumatique d'autobus. C'est une synecdoque
de *pneu d'autobus, non une métonymie du
contenant pour le contenu. — Syssém. et syn. :
rognure de taxis, f. ; agatha ; — viande blindée,
f., D. ; — « Du bifteck de bœuf, ça ? Du bifteck
de bicyclette, oui, plutôt », Feu, 22 ; — ber-
gougnan, m., d. ; — michelin, m., 20® chass.,
-16 ; — bibendum, m., ib. ; — allusions au
pneu Bergougnan, au Michelin dont l'élasticité
« boit » l'obstacle, et à l'allégorique Bibendum,
(voir pagéol) ; — élastique, m., 16® chass., -18.
— Cf. tire-fiacre, Viande coriace, rabasse ;
RiG. ; avec son superlatif bout de brancard, m.,
360® inf., 14-15, — dont l'idée est que le rata
a été fait avec du cheval, voiture com-
prise.
autobus, m., A, Gros obus au moment de son
arrivée ; cycliste (du 65® t.) à la Sous-Int^e de la
22® Don inf., Berry-au-Bac, -16 (Parisien). —
L'autobus qui stoppe fait exactement le même
« dzimm » que le gros obus vers son point de
chute. — Syssém. : madeleine- bastille, m., même
sens ; 65® t., Berry-au-Bac, -16. — B, Gros obus
sur sa trajectoire : « l'autobus de Vauquois qui
— 50 —
s'en va chez les Boches », Bourru, 189. — Cf.
rapide d^Asie.
auxi, m., Auxiliaire (soldat) : « Les braves
auxis », Œu9re, 4-10-16, p. 2, c. 2 ; « Les « auxis »
aux usines », titre. Phare de la Loire, 16-11-16,
p. 2, c. 4. — Selon fagus, 563, le procédé de
l'abréviation « rétracte l'auxiliaire en occis (au
prix d'un savoureux calembour)» ; il y a apo-
cope, sans calembour avec un mot peu popu-
laire et justement opposé à l'idée d'Auxiliaire.
aviateur, m., Voleur, Larron ; agatha. —
Calembour sur çol.
ax, m.. Auxiliaire (soldat) : « Ax, c'est la
dernière création », l. d., France Militaire,
26 et 27-8-17. — De la marque AX, lettres de
drap rouge cousues à la manche droite du
soldat auxiliaire. Cf. ex.
babouin, m.. Mannequin que les Boches
agitent dans leur tranchée pour illusionner nos
tireurs ; 81^ t., -14. — Babouin, Figure gro-
tesque, a été un terme militaire, hdt.
bacante, f., Moustache ; Parisiens, 15-17 :
« mes bacantes sont bien ? », Ma mioustache
fait joli ? — Bacchante, Barbe, Favoris, dans
LARCHEY, ainsi écrit par un hellénisme sans
raison, (cf. palace), qui a fait, sans autre raison,
— 51 —
suspecter le mot (par sain., Sources, ii, 63),
est sans doute une altération d'un *hécantey
Parure naturelle du « bec », analogue à ha-
quettes -< — béquettes, que signale hdt. — son-
ner aux bacantes, Embêter ; « Ah ! ils nous
sonnent aux bacchantes », Ils nous bombardent
de façon embêtante, Cri de P., vers juill. 16 ;
sonner, c'est d'ordinaire Heurter une tête qu'on
a saisie par les cheveux ; ici il s'agit de tirer
sur les moustaches ; cf. « Le général Gustave
Hervé ayant ces temps derniers tiraillé quelque
peu les moustaches du Tigre [Clemenceau] »,
A. fr., 31-1-17, p. 2, c. 4.
bafouille, f., Lettre ; 81^ t., -17, mais rare ; |
CHAPELLE ; Progrès de la iSomme,. 25-8-16. —
Sur le modèle de habille, Lettre, usité aux
360® inf., -14, 8® génie, -18, etc., ou apocope
d^ un* bafouillar de parallèle à babillarde, Lettre.
bagoter. Marcher, Errer : « des cuistots qui
bagotaient dans les rues en tous sens, en chia-
lant parce qu'ils n'avaient pas d'bois ni d'char-
bon », Feu, 32. — se bagoter, même sens :
« Est-ce que c'est pas pus prop' d'a'oir le pain
sur une étagère, comme ça, que d' l'a'oir à
s'bagoter sur un' tab' ? », un 2(j-m®, -18. —
Bagoter, c'est Courir comme fait le hagotier qui
— 52 —
ahane à côté de la voiture des voyageurs, du
domicile à la gare ou inversement, pour dé-
charger les bag (Bagages) ; c'est par suite faire
du pas gymnastique ; gauthiot, 79 ; de là idée
secondaire de Fatigue et de Peine escortant
ridée de Marche. — La forme pronominale
se bagoter, rare, est due à urt chevauchement
des verbes se trotter, se faire la paire, etc. ; la
même remarque s'applique à se baguenauder,
Se promener, {Feu, S9); se caleter; se mettre les
voiles, (acker, Classe, 62, c. 1) ; se pister ; se
trisser ; se mettre les cannes ; se radiner ; on dit
se barrer et aussi barrer, (texte ici figne). S'en
aller.
baguettes (mettre les), S'enfuir ; xxxx® inf.,
14-15 ; — sématisme, voir bâtons. — D'où
avoir les baguettes, Manquer de courage. Avoir
peur ; 23^ inf., -17 ; 8® génie et 156e inf. (Pari-
siens), mai 18 ; — il n'y a pas lieu de sous-
entendre, *a9oir les baguettes de tambour. Fla-
geoler des jambes aussi vivement que des ba-
guettes de tambour en plein jeu. On met les
jambes à son cou par un effet de la peur. Le
verbe açoir, vide d'image, est ici par un che-
vauchement de avoir les foies (ou d'une autre
locution similaire) + mettre les baguettes. —
— 53 -^
Baguettes^ Jambes, Entrefesson, est usuel dans
le bas-peuple : se faire taper dans les baguettes,
Se faire baiser, Brest, 08-18, syn. de se faire
taper dans les pattes que donne Ross. (S'il était
mieux de voir dans les baguettes de cette autre
locution une altération de baguettes, Tenailles
pour tirer le métal qu'on passe à la filière, cette
altération qu — >- gu pourrait être une étymo-
logie populaire cherchant, à défaut d'image,
un mot mieux connu ; mais elle pourrait être
aussi un traitement phonétique analogue à celui
de béquettes, Pinces (hdt) en béguettes. Pinces
(littré) ; et de toute façon ces baguettes se-
raient encore un syssém. de pinces, et désigne-
raient encore ainsi les Jambes).
baigneur, m., Sot : « Enfin, si vous voulez
être du|dernier bateau, ne dites pas à un co-
pain qui veut vous bourrer le crânô : passe la
main, à la gare, ou tu bouscules le pot de fleurs,
mais « tu me prends pour un baigneur », Ex-
pressions à la mode, Ver- Luisant, in Front,
16-2-17, (v. ici poisse) ; V, du p. - — Semble en
relation avec envoyer au bain, Envoyer pro-
mener : « Mon capiston, depuis cette affaire-là,
je l'envoyais au bain toutes les fois que j'avais
affaire à lui », 48® t., -16 ; cf.: « Mince de mince !
^ 54 -^
<...>> Si après ce coup là nous ne sommes pas
bombardés dans l'ordre de la Jarretière, je
veux bien aller au « bain )) )), propos d'un mé-
cano aviateur, h. delaronce, Croquesel, 3, in
France Militaire, 12-10-16 (avec calembour sur
l'Ordre du Bain) ; — être en plonge. Etre de
service surabondamment, collège de Meaux,
-05, semble à rattacher à l'anglais plunge,
Difficulté.
P|balancé, Fait, Bien fait ; très usuel, soldats
et marins : « Voilà qui est balancé, c'est foutu )),
dit un fourrier admirant un état nominatif
calligraphié, 81® t., août 16 ; « Q'est-ce que
t'as ? T'as l'air bien balancé ! », Quelle est ta
maladie ? Tu a^ l'air sohde, 81® t., sept. 17 ;
— mal balancé, Disgracié de la nature ; aga-
THA, 112, (avec le syn. mal éclos, ib.) — Syn.,
ballotté, foutu, jeté, ont le même emploi : « c'est
un rien, mais c'est jeté » ; || être bien jeté par
les pinces, Avoir de jolies jambes, Schw. Sold.,
79) ; — « y a pas à chiner, c'est foutu », Bien
agencé, en parlant d'une machine. Bien peint,
d'un tableau ; — « T'es bien ballotté ; qu'est-cç
t'attends pour aller faire risette aux Boches ? »,
Gaspard, 183. Les articles ci-dessous confirment
cette série syssémantique.
— 55 —
balancer, Jeter : A, Rejeter (peu importe où)
qqch. ou qqn dont on se veut débarrasser :
« les déséquilibrés qui ont encore des illusions
antialcooliques ou qui n'ont pu admettre la
suppression du Pernod « balancent leur gnôle » »,
Echo des Marmites, in B. des A., 8-11-16. —
Syn., laisser tomber, laisser glisser, déposer,
semer, servir, signifient aussi le même geste de
colère, de soulagement et de dédain ; « l'impé-
ratif « Laisse tomber ! » équivaut à « Ne dis
rien, reste tranquille » », j. l., Temps, 21-10-16 ;
laisser tomber un ami, c'est le Rejeter, le livrer
à son triste sort animal, à son poids brut indi-
viduel, le désocialiser : « son chef devait le
couvrir, il l'a laissé tomber », S. A. P.-X, juill.l6 ;
cf. Feu, 123, 217 ; — « Si le poilu sait qu'il aura
à employer contre les Boches le procédé de
combat qu'on lui montre à l'arrière, il aura à
cœur — l'amour-propre s'en mêlant — de le
bien connaître. Mais s'il doit, champion de sa
spécialité à Tarrière, se mettre à l'école d'une
autre à l'avant, il haussera les épaules et lais-
sera tout « glisser »... », a. l., Journ., 3-9-17 ;
— « L'on ne plaque plus un raseur, on le « dé-
pose » ou on le « laisse » tomber », Echo des Mar-
mites, in Ann. p. L, 1-11-16, p. 485. — Même
50
se laisser tomber, Etre tué : « Il s'est laissé tom-
ber à Dixmude », un 2d-m«, fév; 18, s'explique
immédiatement par s'expédier par terre, Tom-
ber ; — et être servi signifie Etre jeté à terre
par son appareil ; aviateurs ; | l'infortuné « se
trouve « servi » [dans un « cheval- de-bois »]
sans même avoir eu le temps d'y rien com-
prendre », R. w., Gu. Aér., 15-2-17.
B, Jeter (à qqn qqch., pour qu'il le reçoive) ;
Parisiens au 81® t., 14-17 ; usuel notamment
et général à propos de grenades ; | « la bar-
baque qu'on nous a balancée hier », Feu, 22 ;
« en leur balançant entre les côtes des centaines
de pastilles à la minute », e. c. Pet. Journ.,
8-4-16, propos d'un mitrailleur ; « On a été
tous deux jusqu'à la carrière. On a balancé des
grenades ; les Boches sont sortis », propos d'un
chasseur alpin. Illustration, 14-10-16, p. 348,
c. 3. — Outre un cadeau ou un projectile, on
peut, figurément, balancer des paroles : « Re-
garde un peu ce qu'il nous balançait l'autre
jour : », suit la phrase ridicule du camarade
désigné par « il » ; | « J'vas lui balancer un
perco de ma façon, à c'syphilo-là », Feu,
21-8-16. — Syn. envoyer, servir, passer, lais-
ser tomber, jeter, ont les mêmes emplois :
— 57 —
envoyer une chanson, la Chanter ; em^oyer un
boniment, Dire qqch! qui a quelque style ;
— sentir un bobard, Enoncer une * opinion
ahurissante ; sentir des gnons. Donner des
coups de poing ; " — « qu'est-ce qu'il va nous
passer [comme engueulade] ? », benjamin,
Journ., 17-6-16 ; « Au cours d'une préparation
d'artillerie française le poilu a le sourire <<...>>
« Qu'est-ce qu'on leur passe ! » crie-t-il en se
frottant les mains », Poilu du 6-9, in B. des A.,
15-11-16 ; — « Mince d'arrosage ! Qu'est-ce
qu'y nous ont laissé tomber ! », a. a., Contes
ver., 242 ; « on s'est laissé tomber à pleins go-
dets, dans l'iampion, du réglisse qui se posait
un peu là, du bouché », Feu, 21-8-16 ; — en
jeter un coup, En fiche un coup, Travailler,
Feu, 146 ; — d'où : ça en jette un coup, C'est
du beau travail, Mousqu., 181. — Il est évi-
dent que cette série de syn. procède du geste
par lequel un ouvrier,pour fournir un outil ou des
matériaux à un camarade, les sert et les passe
en les jetant ou balançant ou laissant tomber.
Le sens A se trouve dès -81, rig. : « balancer
son personnel, sa môme » ; B semble plus ré-
cent ; « j"ui ai balancé un rencard », Je lui ai
donné un rendez-vous.
— 58 —
balancer (s'en), ^e faire de qqch. nul cas ;
fm'en balance, Parisiens au 81® t., août 14 ;
360® inf., -14 ; parisianisme en vogue crois-
sante ; I Gaspard, 252 ; « J'm*en balance, des
aristos, moi », boulanger, Est- Républicain,
20-8-16, réponse d'un poilu invité, ironiquement
d'ailleurs, à dire comme dans « l'monde rupin »
19 heures pour 7 heures du soir. — Syn. et
remplaçants : foutre, coller, flanquer, tous verbes
signifiant Donner brutalement : il s'en fout ; —
je TPien colle, Peu m'importe ; lycéens Brest,
-90 ; — « tu te flanques des signes », Tu te
moques des louis, Philibert, 237.
balaneetictuer, Renvoyer ; « I' faut baianc'ti-
quer tous ces mecs-là », 81® t., -17 ; \\ balansti-
quer, dlle. — Suffixation libre de balancer ;
cf. ramastiquer, Ramasser, pastiquer, Passer,
chanstiquer. Changer. Cf. chalausticer (?), Men-
tir, Grossir les choses, d.
balayeuse, f., Dernier train de nuit ramenant
les permissionnaires au front, fagus, 563. —
Syssém. : balai. Omnibus qui, partant le der-
nier de la soirée, ramasse sur la chaussée des
gens attardés, Paris, -84 et avant ; — raclette.
Ronde de police, larciïéy.
baldingue, m., Equipement du cavalier ;
59
HENRioT. — Suffixation libre sur ballot. Voir
i^aldingue,
ballot, 1, Homme sot ; usuel, surtout aux
Parisiens, et général ; Il ross. ; « c'est un ballot,
c'tte môme-là ! », carco, Innocents, 101. —
ai^oir tout du ballot. Etre un parfait sot. ■ — Mé-
taphore de fonction, en ce que la fonction d'un
ballot est purement négative. — Syssém. : la
pochetée; le colis, (par ex., j. des vignes rouges,
Journ., 31-12-16, à propos d'un aspirant jeunot
qui semble plus encombrant que dirigeant) ; le
paquet, (« que j'suis assez paquet », Feu, 21-8-16);
la malle (« .Que malle, ce Russien-là ! », boyer-
rebiab, 24 'Heures, 111) ; le sac {ib., 111 ; Ber-
trand, Pépète, 64, 120) ; le baluchard, agatha ;
V. du p., — suffixation libre de baluchon ■ — ;
autre syssém., occasionnel au moins : le sac à
terre : « Dites donc, fourrier ? Parmi vos
aïeux ? Est-ce que vous n'auriez pas un sac à
terre ? », un adjudant, 81® t., sept. 17. — Sur
ballot se greffe la queue anecdotique à la gare !
ou au bout du quai !, ou à la gare au bout du
quai I, qui s'accompagne dé la main agitée la
paume en arrière devant l'épaule et qui signifie
Tu m'embêtes ou II m'embête. Elle semble
avoir éclos en -13 ; agatha la donne ; quoi<^ue
— 60 —
Connue des parisianisants, je n*ai commencé
à l'entendre au 81® t. qu'en mars 16 ; donnay,
Impr., 75, la suppose encore ignorée d'une
dame patronesse. — 2, Sot : « C'qu'y a d'ballot
c'est que c'est toujours nous qui faisons les
corvées et l'aut' compagnie n'en fout pas une
rame », 81® t., -15 ; | dauzat, 16-4-17. — Sub-
stantif pris adjectivement ; cf. boulot,
balocher, 1, Etre ballotté : « Le vin balochait
autour de lui et glougloutait dans le fer-blanc
[des bidons qu'il portait] », arnoux, Matins
3-4-18 ; — se balocher comme un arbre^à prunes,
Faire des courbettes répétées (pour saluer),
patois d'Armentières, -18 ; — 2, Arriver en
flânant : Voilà les artilleurs « qui balochent au
mitan du couloir », Cabaret, 468 ; la torpille
aérienne « baloche juste sur notre tête », ib.,
459 ; (I balocher, Flâner en rigolant ; ri g.,
DLLE, ROSS. — C'est au verbe baller, Danser,
Marcher à pas mesurés, hdt, quelque désuet
qu'il soit, que balocher se rattache le mieux par
la forme et par le sens. Cf. rasoche.
bamboula, m.. Tirailleur sénégalais ; D. m. p.
— Bamboula, Nègre ; usage général. Cf. ma-
labar.
banane, f., Décoration de la Médaille Mih-
— 61 —
taire ; 52® c^^, août 18 ; | aviateurs, Mousqu.,
254; — similitude des couleurs, jaune et vert
clairs, du fruit colonial et du ruban de la mé-
daille. — Cf.: tomate, f.. Décoration de la Légion
d'Honneur ; officiers de marine, mai 18 ; —
omelette aux fines herbes, f., Fourragère aux
couleurs de la Médaille Militaire, franconi,
Un tel, 142 (qui attribue la métaphore à un
Parigot de Charonne) ; — oignon.
baoulier, m., Homme de corvée pour aller
chercher le repas aux cuisines ; fantassins, sec-
teurs de l'Aisne, mai 18. — • baoule, f.. Marmite,
Chaudron ; ib. — Originaire de la région de
Dinan et Pleurtuit, Le Bars, jeune fantassin
témoin de ce mot, voit en baoule du patois de
l'Aisne ; mais son régiment comptait nombre
de Vendéens ; or, au Croisic, 12-14, la baoule,
est le Panier que porte à dos le pêcheur de cre-
vettes ; en espagnol baoul, m.. Colis. Plus
lointain est bouille, boille. Récipient pour
transporter le lait à la ville, en Jura suisse.
baptisé, m.. Aviateur qui a fait son premier
vol (avec défense de rien toucher aux com-
mandes) en compagnie d'un moniteur : « Le
« baptisé » descend un peu pâle », thavet.
barbaque ! (à la), A la viande !, commande-
— 62 —
ment (du troupier) pour aller à l'assaut ; d. —
barbasse, f., Viande ; 81^ t., cet. 14, un
voyou nantais ; 2^ c^^, oct. 18. — Substitution
de suffixe : barbaque. Viande, usuel à l'école
J.-B. Say, Paris, 1900-01, donné par ross.,
tandis que ri g., vingt ans auparavant, donne
barbèque, a pour vraisemblable étymologie le
roumain berbec, Mouton, et daterait de -55 ;
nos soldats, occupant la Dobroudja, y mangè-
rent le mouton d'Orient au goût fort ; le même
traitement de -bec en -bac se retrouve dans
morbaqucy Morpion, pour lequel rig. ne con-
naît que morbec. — Cf. malabar,
barbelé, m.. Fil de fer barbelé: général; |
« les boîtes de singe qu'on avait accrochées
aux barbelés », saint- cassin, Temps Buté, in
FTbnt, 1-9-16. — D'où barbouillé, m., même
sens ; 81^ t., nov. 16 ; fantassins dans l'Aisne,
2^ c^l, -18 ; I « planter sur la plaine <...> des
fils de fer, du « barbouillé » », l'autre sergent,
Œuçre, 4-11-16. — - Déformation consciente
comportant allusion au méli-mélo embar-
bouillant de ces fils.
barda, m.. Fourniment, ensemble des objets
affectés à un fantassin, et dont la pièce de
résistance est le havresac ; usage général :
— 63 —
« tout mon barda » ; || « l*activité silencieuse
des tribus -<...>> rangeant le harda », p. et v.
MARGUERiTTE, Braves Gens, 35. — Mot dû aux
zouaves, ross. ; aux soldats d'Afrique, D. m. p.;
« Le « barda » est le sac du tirailleur ; il est
formé par la toile de tente dans laquelle sont
roulés les effets ; les quatre coins de cette toile,
noués, forment deux bretelles où passent les
bras », baratier, Epopées africaines, 80. Cette
définition, supprimant l'image du havresac
rigide, a l'avantage de nous rapprocher de
l'origine du mot, savoir l'italien harda. Cou-
verture de cheval. — Cf. malabar. — Bazar,
au lieu d'exprimer le Fourniment par son en-
veloppe, considère la multiplicité des articles.
' — bardin, m., même sens ; inf., secteur 174,
'18 ; HENRIOT ; LAMBERT ; D. — Dér. de barda ;
le suffixe est peut-être dû à bardin, m., Tout
ce qu'un fleuve laisse sur les rives après la
crue, Loire -Inf,
barder, Etre ou Devenir intense, dur ; 81® t.,
14-17 ; marins, 17-18 ; usage général : « Ça
barde pour ma pomme », Il m' arrive une affaire
épineuse ; | « Celui qui n'a pas vécu en hiver
dans une tranchée où ça barde ne sait pas com-
bien la vie peut être une chose simple », apol-
— 64 —
LiNAiRE, M, de Fr,, 16-2-16 ; « il y a des coups
que ça bardait », donnay, Impr,, 64; || mot
usuel au 19® inf. (Brest), -94 ; chez les soldats à
Nantes, -12 ; et m'est attesté usuel à Rouen,
-90 ; Rennes, -95 ; l'Ecole Normale Supé-
rieure, -99 ; Dol, -01 ; Caen, -08 ; Constan-
tine (chasseurs d' Afrique) ; -09 ; il est dans
ROSS. ; « D'après ses prévisions, le combat
durerait longtemps. « Ça bardait ». », charly,
dans V Indiscret, dernier trimestre -05 ou
l®r trim. -06 ; « Merde ! ça allait rien bar-
der ! », PERGAUD, Guerre des boutons, 72 ; ib.
270 ; « Tu parles si ça va barder », m argueritte,
Fabrecé, I, i ; « faisons-nous des progrès au con-
cert ? — Ça pige, ça barde, ça boulotte », Echa-
lote, XVII, 58. — Sens et emploi intransitif
développés de barder, Transporter avec un
bard, (des pierres, par ex.) ; on disait fort bien,
au 19® inf., -95, « Je vais vous faire barder » ;
de là bardée. Charge : « avoir une bardée »,
Avoir le plein de l'estomac, à propos de buve-
ries, ouvriers nantais, -15 ; « être bardé », Etre
ivre, un Nantais, -18 ; bardée. Excès de boisson,
est angevin, verrier et onillon ; puis barder,
Etre lourd : « des colis qui bardaient », ross. ;
et barder, transitif. Traiter durement : « m*ame
— 65 —
ïtSNAULT ^ 5
Bèzômajou trouve quèque chose de nouveau
pour nous « barder « », Contes de Bibi-Tapin,
Le Colonel Briquemol, 5. — Il peut y avoir eu
influence de bardot^ 1, Petit mulet, 2, Souffre-
douleur, vTête de Turc ; alors barder intransitif
serait syssém. de muter, turquer, Peiner. L'an-
glais a drudge, Esclave, Bardot, et to drudge,
Travailler péniblement. — La traduction Etre
entrebâillé, pour une poche qui « barde », In-
térieur des prisons (1846), n^est peut-être duo
qu'à une attention excessive accordée à un
emploi particulier du mot.
barre ! (zéro la), Rien ! ; marins, 16-18, très
usuel: « je suis rendu a mon bâton de maréchal
et suis bien heureux car au moins je n*ais pas à
me manger le sang pour tacher de gagner avec
des supérieurs qui ce fiche de toi quand il te
voyent à moitier crevé par le boulot qu'ils te
font faire [;] pour moi rien à faire [;] que l'on
me donne du monde et je fais travailler [;] au
cas contraire zéro la barre ! », un 2d-m® mé-
canicien, 7-9-16. — La barre du gouvernail est
actionnée, au moyen d'engrenages et d'un
moteur, par la commande qui est aux mains
de l'homme de barre ; cette commande est
d'ordinaire une roue à poignées ; devant cette
— 66 —
foue Thomme de burre voit l*axiomètre, où
l'aiguille marque zéro quaud elle est perpen-
diculaire au plan de la roue et parallèle à l'axe
du bâtiment. Le cadran de l'axiomètre porte
70 divisions, 35 à gauche du 0, autant à droite ;
l'officier de quart commande « 5 à droite ! )),
« zéro, la barre ! », « 8 à gauche !» — 'Le com-
mandement « zéro la barre » ayant une valeur
réelle et un effet positif, la barre dans notre
locution argotique n'est qu'une queue roman-
tique sur zéro, Pas de.... Rien, ex, : « Pourquoi
aussi qu'on n'a rien de rien ? Faut faire la
soupe, zéro bois, zéro charbon », Feu, 33, usuel
avant -14, dû à l'influence des documents
écrits, notamment des états administratifs, (et
qui se range ainsi parmi les produits de l'in-
fluence grandissante et abusive de l'écriture
sur la langue, 1^, avec un point c^est tout qui
sévit dans le style oral depuis au moins 1902 ;
2^, avec bâton, rat, érème, le six-sept, le sys-
tème D ; 3^, avec domp-ter, som-met, ga-geu-re
et autres prononcés barbares).
barré, Ivre; mécanos d'avo», p^u^ mars 18.
barreaux de la chaise (les), les Minuties :
« à la guerre, il ne faut pas s'embarrasser
dan» les barreaux de la chaise », Chercher
— 67 -
la petite bête, Etre difficile, j^aràud, ?1.
bastos, f., Cartouche de fusil ; légion étran-
gère ; D. ; — métaphore de forme ; en outre, les
bastos sont des cigarettes à bon marché, comme,
parmi les projectiles, les cartouches ; une car-
touche est un obus réduit ; bastos, Cartouche,
est le diminutif de cigare, Obus. — Syssém. :
bigarrette, f., Cartouche ; d. ; — apparenté à
pégarre, f., Cigarette, mécanos d'avon Pau, -18.
bastringue, m.. Fourniment : « se mettre le
bastringue sur le dos », 2^ c^^, -18. — Ici comme
aux autres sens, Lieu public de danse et de
buverie. Tapage, Etui à outils pour malfai-
teur, bastringue répond à autant d'acceptions
de bazar et s'avère suffixation libre de bazar ;
bordel a aussi les quatre mêmes sens.
barriau (sauter le). Escalader le parapet pour
attaquer ; 95^ inf. (Berrichons), 14 (Bois-Brûlé,
forêt d'Apremont), -18. - — Barriau (prononcé
berrichon ou nivernais de barreau, désigne
dans le Centre la palissade ou la barricade mo-
bile, sorte de Porte entre deux enclos. Fin -14,
début -15, de petites échelles de bois étaient
dressées de place à autre contre le parapet de
la tranchée, au Bois-Brûlé, pour parer à tout
imprévu, les attaques locales étant fréquentes.
Barriau fut, d'abord, soit l'échelle, soit le
parapet, et en tout cas, Téchelle disparue et
le mot conservé, le parapet.
. bataille de confettis, f.. Chargement de char-
bon à bord ; marins, 16-18 : « Demain y a ba-
taille de confettis ». — La poussière de charbon
vole à la figure.
bâton, m.. Bataillon ; usage général ; | Caba-
ret, 465. — A cause de l'abrégé « bat^^ », dont
se sert le fourrier et le peintre sur voiture. De
même dans la marine lieu de çaUj Lieutenant
de vaisseau, à cause de l'abrégé « lieu, de v^^ ».
Cf. déesse, chasse-patte, -ou, cuir, cama. — D'où
père-bâton, m.. Chef de bataillon ; 40® art., -18.
bâtons (mettre les). S'en aller, Se sauver ;
8le t., mars 16 ; S. A. P.-X, oct. 16 ; 46® inf.,
16e, 20e chass., -17 ; 40®, 53® art., 17-18 ; ma-
rins, 18. - — Où me^on les bâtons, c.-à-d. les
Jambes, pour se sauver ? on les. prend à son cou.
Le fantassin se plaint d'avoir les jambes raides
« comme du bois », comme des bâtons de chaise
(rig.), des quilles, des poteaux, des échasses, des
badines (rig.), des baguettes. Cette étymologie
semble adéquate, et celles qu'on m'a proposées,
de voir dans les bâtons soit des timons de voi-
tures, soit des leviers de direction d'avion, je
— 6» —
ne puis que les remettre jusqu'à preuve d'ori-
gine aviatrice ou trainglote ; le pluriel les
bâtons, qui les contredit, est constant. — Sys-
sém. : mettre les bouts de bois, Partir ; 46® art.,
46 ; 46^ inf., -17 ; 53^ art., 130e inf., 2^ cal,
-18 • « J'ai pris mon violoncelle et j'ai mis les
bouts de bois dans le salon )). un brigadier
violoncelliste ; « V'ià l'train qui met les bouts
de bois », divers soldats ; || mettre les bouts de
bois était usuel à Lille avant -14, témoignage
d'un jeune Lillois ; — mettre les bois, Se sau-
ver ; 98e i^f.^ .17 . 95e inf., 40e art., -18 ; —
mettre les bouts, Se sauver : «Le coup de main
était loupé, on s'est mis les bouts, dans le
boyau », 66e chass., mai 18 ; — mettre les
cannes, Partir ; 46e inf., -17 ; 40e, 53e .^rt.,
13e tir. alg., matins, -18 ; « maitre les cannes »,
Quitter le secteur, un soldat du 1er étranger,
lettre, sept. 16 ; [ « On m'appelle à la cuis-
tànce. Je mets les cannes », chapelle ; « à se
mettre les cannes, c'est-à-dire à prendre les
jambes à son cou », rocher (cf. bagoter) ; —
mettre les triques, Partir ; sain. ; — mettre les
flûtes. Partir ; 40e ^pt., -18 ; — mettre les ba-
guettes ; — • cf. paturons et flubes. — Le soldat
«uiede dit mettre les tubès, Sûhw. Sold., 69, 71, 72.
70
— Un pronom remplace ces noms ; on dit :
les mettre, Partir ; 46^ inf., -15 ; très général
et très usuel : « la loco les met » ; | « On les
met », « Mettons-les », « il faut même qu'ils
[les Boches] les mettent, un jour ou l'autre »,
Feu, 30, (cf. 167, 208, 218). — Et, le soldat
simplifiant encore : « Dans les rangs l'un dit
. à l'autre : « Mets donc par quatre, eh ! ballot I »,
Marche donc par quatre, luc platt, marin
fusilier, carnet, in PeU Par., 20-5-16 ; de cette
dernière construction je n'ai que cet exemple,
et elle est inconnue de plusieurs bons témoins,
fantassins, artilleurs et marins.
baveux, m., A, Journal ; 360^ inf., 14-15 ; H
Paris, avant -14 ; — haçeux, Médisant, dlle.
— B, Savon ; marins, -18 ; | « le système ba-
veux », le Lavabo (d'un café), Feu, 324.
béard (laisser), Laisser (qqch.) tranquille ;
Un poilu a demandé où était le bouthéon, on
lui a répondu ironiquement, (c'est une des
scies du jour,) « derrière toi !» ; le bouthéon
est sale, il demande où il y a de l'eau, le chœur
lui répond « derrière toi ! » ; alors l'homme
exaspéré : « Ah ! Laissez ça « béard » », p'^pit
GARS. — Béard, Tranquille, dlle.
béoane, f., Mitrailleuse ; un commerçant
— 71 —
aux halles de Paris, 81® t., août 14 ; un Nan-
tais, 8le t., -16 ; un 1* mitrailleur, 156® inf.,
avr. 18 ; 289® inf., mai 18. — Bécane désigne
toute Machine ; l'application la plus ancienne
connue est Locomotive, ri g. ; (cf. bécasse,
Machine à vapeur, poulot. Le sublime, in lar-
CHEY, 1888), puis Bicyclette, IJondeuse méca-
nique (le deuxième clairon « m'a pas rasé, i' m*a
« simpement » comme qui dirait tondu avec
sa bécane », boyer-rebiab, 24 Heures, 29),
Machine à écrire, etc. — Géane, féminin patois
(H*- Maine, par ex.) de géant, ornemaniste dé-
rivé de ornement, plafonner, de plafond, prin-
tanier, de printemps, autorisent à voir en bé-
cane le féminin du bécant. Oiseau, de Targot
faubourien. L'oiseau chante, crie ; l'outil, la
mécanique, le véhicule, crie, grince, guiore ;
aussi la Fausse clé du cambrioleur est un
oiseau, grison, Gil Blas, 21-4-85, et un rossi-
gnol ; la Voiture est une chignole, c.-à-d. une
pleureuse, et une guimbarde, c.-à-d. une mu-
sique ; la Locomotive, le Tank, l'Avion, le Di-
rigeable, la Mitrailleuse, des bousines, bousins
et zinzins, Toute Machine de fer est donc une
oiselle, une bécane, — Gf. tacot,
béqneter, tr. et intr., 1, Manger ; général,
plus usuel aux Parisiens et Parisianisés ; |
AGATHA ; PANTRucHARD ; |1 l'image est an-
cienne : « Nos oiseaux de proie [deux sou-
peuses galantes] recommencent à becqueter »,
LESAGE, Diable boiteux (éd. Bibl. Nat., I, 138).
— 2, Manger (au figuré), Dépenser : « J'ai bé-
queté pus de vingt francs », artilleur nazairien,
-17 ; jl béqueter une thune, ross. — Dér. : bé-
auetance, f., Repas; 13® tir. alg., -18; | becque-
tance, pantruchard ; poilulogue ; bectance,
Feu, 23 ; — becauette, f., Fourchette : « On
pose son godet, son couteau, sa pelle et sa
becquette », Feu, 21-8-16 Nous laissons (sur la
table) verre, couteau, cuiller et fourchette ;
M. Barbusse l'a entendu « une fois ; il était
peut-être improvisé» par le parlant; le suffixe
-ette est pris à fourchette, le syn. prochain^ par
ce parasitisme morphologique, qui est, (cf.
pép'ère), une loi d'argot.
berlingot, m., A, i, Automobile ;S. A. P.-X,
nov. 16 ; I texte sous chaufferette ; — 2, Avion,
« Suis le berlingot qui monte en chandelle »,
musidora. — Berlingot, voiture désuète
(du XVIII® siècle) ; d'où Véhicule avec va-
leur dépréciative ; cf. tacot. — B, Comman-
dant du camp d'av^^^ de Pau et de tout
^ 73 --
camp d'avoii ; mécanos d'aven, Pau, mars 18.
berniquette, f., Eau-de-vie ; 95^ inf., 7^ c^^,
très en vogue depuis mai 18. .
bertillette, f., Eau-de-vie ; 95^ inf., 7^ c^^,
très en vogue depuis mai 18.
bessonneaux (faire des), Rebondir au sol ;
aviateurs, Miramas, mai 18. ■ — Image prise de
l'aspect ondoyant d'une série de hangars
d'aviation Bessonneau vus d'enfilade et quant
à leut toit voûté. — Syn. : atterrir au ricochet^
ib.
biblosco, m.. Projectile (quelconque) ; usuel
aux crapouilloteurs du 177® art., août 18 ; — -
suffixation de bibelot.
bicot, m., 1, 1^, Soldat de couleur de l'Afrique
nord, Arabe, Berbère, Marocain ; usage géné-
ral ; même, 2^ parfois. Sénégalais; 1| se date au
moins de -02, où se rendit fameux un « Bicot
de Montparno » ; on eut aussi un « Bicot de
Montmartre », Journ.j 5-4-03 ; « Hein ! dit un
Breton, on leur a fait la pige aux mocots et
aux bicots ! )), Dépêche de Brestj 27-7-06. — •
Apocope de Arbicot, suffixation de Arbi^ libre
suffixation de Arabe. — 2, Marin chauffeur
(matelot, qu^^-m® ou sous-off., et non pas seu-
lement quartier-maître comme dit d. ; marins,
— 74 —
14-18 ; Il dès -98. — Son métier le fait bronzé,
en fait un Noir.
bicyclette, f., A, Pince-nez : « T'as ta bicyclette
sur ton nez ? )), 81® t^, mars 16. — Métaphore
sur la forme du pince-nez aux cercles jumeaux.
-^ D'où, plaisamment, bicycliste, m., Homme
porteur de lunettes ; agatha ; — et non pas
dérivé de besicles, comme dit sain. ; — et, syn.,
cycliste de bataillon, m. ; 2® c^l, 15-18. — B, Seau
liygiénique ; d. — Métaphore, non de forme,
mais d'attitude : on l'enfourche comme uiio
bicyclette.
bidou, m., Simple soldat quelconque; inf.,
secteur 174, avr. 18 ; | « vulgaire bidou )^,
BRiNGER, M. le Vicomte^ 53.
biff, m., Fantassin de ligne : « Hé ! les biffs
de la 6® du ...® », Pépères, 17 ; — apocope de
biffin.
bigor, m., Artilleur de marine : « Ces cadres
admirables, officiers et sous-officiers de nos
marsouins, de nos bigors et de nos divisions
algériennes, tunisiennes et marocaines », z,
Armée de 1917, 245 ; H usuel à Brest dès >85. —
Apocope de bigorneau, même sens. Le bigor-
neau est un mollusque qui s'attache aux roches
côtières ; l'artilleur de marine en fait autant.
~ 7^ —
RiG., LARCHEY, DLLE traduisent bigorneau.
Soldat d'infanterie de marine ; c'est un contre-
sens ; le fantassin de marine navigue, c'est un
marsouin ; ross. le traduit « soldat de la ligne
appelé ainsi par les zouaves » ; chapelle
écrit, dans une version poilu-français, « un
bigorneau comme moi «<•.•> Le bigorneaUy
c'est le fantassin »; et on a signalé des Balkans,
à D., ce sens que je n'ai pas observé. — D'où
bigorre, £., Artillerie de marine ; D. m. p. ; —
cf. marsouille,
bigorner, 1, Démolir par capotage : « se bi-
gorner », Capoter à l'atterrissage ; aviateurs, Mi-
ramas, mai 18; | « le « coucou » est « rectifié »,
« bouzillé », « bigorné » et le « corbillard »
l'emmène au « cimetière » <...> Par exemple,
pour l'atterrissage il jfaut avoir l'œil afin de
ne rien « bigorner » ! », thavet ; « de bigor-
ner Fritz », de Détruire l'avion boche, mont-
GEORGE. — 2, Tuer : se faire bigorner, Aller à
la mort ; 13® tir. alg., -18 ; en vogue générale ;
— se bigorner, Aller à l'assaut ; 18® chass., -18.
— bigorné, m., Cadavre ; Parisiens, -18 ; —
bigorne, f., Trépas ; 9® zouaves, d'où il passe
au 13® tir. alg., juill. 18 : aller ou monter à la
bigorne, Aller se faire tuer.
— 76 —
billard, m., A, Terrain d'exercices ; brosser le
billard, Faire des exercices de guerre en ter-
rain varié : « Demain les poilus au repos [au
cantonnement] devront se contraindre, comme
ils disent, à « brosser le billard )> — entendez à
subir les trois appels et l'exercice en campagne
matin et soir. Après le « travail » de là-bas [des
tranchées], cette servitude leur paraîtra humi-
liante, comme une rétrogradation », Trois jours,
16-7-16 ;- — l'idée est qu'on frotte le terrain
à le faire reluire. De même briquer, Frotter,
(a briquer le pont du navire »), d'où briqueviïle,
Portefaix, (de qui les courses astiquent les
rues), et briquer la mer (« Depuis deux ans qu'il
« briquait » la Méditerranée orientale, se lais-
sant drosser à droite, à gauche, <...> »,
MILLE, Les pêcheurs de monstres, Jourrh., 8-8-17) ;
de même, gratter les paires. Etre misérable,
RiG. ; polir le bitume, Se promener pour cher-
cher pratique, Jargon (1849).- — B, Terrain
de combat : « F..., est cultivateur. <;...>» H
sait ce que pourrait produire le a billard », tout
ce terrain inculte — fécond seulement en
moissons de lauriers ! — », Bochofage, in B. des
A,, 14-3-17 ; — monter sur le billard, Sortir de
la tranchée pour l'assaut ; 81® t., -15 ; — sys-
— 77 —
sém. : tapis, m., même sens ; monter sur le
tapis, Sortir de la trancliée pour l'assaut,
81® t., -15 ; se battre sur le tapis, Combattre
sans tranchées, 289® inf., -18. — C, Table
d'opération chirurgicale ; ambulance de la
Maison-Blanche près le Bourget, janv. 16; |
Le blessé opéré sept fois s'insurge quand on
lui parle d'une huitième intervention, « et,
selon l'expression consacrée, déclare qu'il ne
veut plus « monter sur le billard » », e. de
FEUQuiÈRES, Pet. Par., 26-6-16.
L'idée comporte deux images: un espace plat
et un jeu, J'entends aussi monter sur le billard,
Se mettre au lit pour les jeux d'amour, un Pa-
risien, -15 ; cf. caramboler une femme ; ici et
dans l'emploi C la scène est vraiment un pla-
teau ; si dans l'emploi G l'acteur risque sa
peau, si dans les emplois A et B le plateau est
raboteux, l'idéô n'en est pas moins que le
secteur de « no man's land » à conquérir est un
champ-clos où se joue un jeu aux règles ma-
thématiques. Les filles nomment tremplin leur
endroit de racolage, dlle. — Le secteur de
l'assaut est aussi nommé la plaine, 2® c*^,
-18 ; — • le plateau : monter sur le plateau, Don-
ner l'assaut, ib. ; — il est schématisé en sur-
— 78 —
face plane. Balayer les . planches. Jouer dans
un lever de rideau, rig., rappelle brosser le
billard d'autant mieux que les planches théâ-
trales sont nonamées le plateau et le tremplin.
Les matches de boxe où deux champions
montent sur un plateau limité ont pu nourrir
dans l'imagination populaire les termes de
billard et de tapis : « Grassi se relève <<.,.>
Griqui le renvoie au tapis par un upper eut «,
Auto, 4-4-18, p. 2, c. 4. {Monter ^ur la plancïw,
Comparaître devant un tribunal, boss., offre
une image d'escrime).
biniou, na.,1, Clairon, 2, Soldat ou Matelot
clairon ; 81^ t. et marins, 14-17 ; 109^ inf.,
16-17; 130^ inf., 2e 0^^, -18; n marins, 19^
et 47® inf., 95-96. — Du breton biniou, Cor-
nemuse:
biquet, m., Soldat de la classe 18 ; 18® inf.;
-17 ; I proposé par descaves, Journ., 20-3-17 ;
Marche des Biquets, chanson de courtois, à la
suite du Doute impie, pièce jouée en nov. 17
au 3® centre d'instruction de la IV® Armée.
birouie, f., A, Ballon captif d'observation ;
2® mixte, -18 ; — de biroute, Membre viril, mot
populaire (surtout dans le nord) ; la longueur
du ballon, et la rondeur de ses bourrelets sta-
— 79 —
bilîsàteurs, impose cette image, et les illustrés
gais ne se sont pas interdit d'en jouer ; • — dér. :
birontier, m., Equipier d'aérostation ; 2® mixte,
-18. — B, Manche à air, suspendue à un mât,
un pylône^du camp d'aviation ; gonflée par le
vent, elle en montre la direction et la force ;
diverses escadrilles, 17-18 ; Miramas, mai 18 ;
— pendante par temps calme, horizontale par
vent fort. — Syssém. : bitte, f., Ballon captif
d'observation ; 81® t., mai 15 ; général ; ■ —
couille, f., même sens ; divers soldats, -17 ; —
rêve de vierge, m., même sens ; « un B. C. A.
(lisez : ballon captif allongé), d'aucuns l'ont
encore appelé « Rêi^e de Vierge » », micro még as,
B. des A., 28-11-17.
biscotte, f.. Rengagé ; 40® art., -18 ; — d'où,
par libre suffixation, biscaille, f., même sens,
ib. ; — remplaçants syn. de biscuit, m., usuel et
général : « Qu'est-ce que c'est que ce capitaine A.?
— C'est un biscuit. — Ho, alors ! », S. A. P.-X,
►16 ; Il avant -14. — L'Engagé est nommé une
boule : il s'est « vendu » pour une houle de pain
par jour ; (dans la marine et l'inf. c^^® il est
nommé fayol ; faire fayol, Se rengager dans la
marine, — pour pouvoir manger des fayols) ;
l'Engagé étant une boule, le Rengagé est une
-- 80 —
boule recuite, un pain puissance 2, un biscuit
— D'où lulu, m., Rengagé ; 40® art., sept. 18 ;
— du biscuit Lefèi^re- Utile dit lu, puis lulu. —
Biscuit, Engagé volontaire, d., est un sens
abusif.
bistouille, f.. Eau-de-vie ; 81® t., 14-17 ; et
autres corps ayant passé par le Pas-de-Calais.
— bistouille, f., Café additionné d'eau-de-vie,
Pas-de-Calais.
bistric, m., Fourniment, Fourbi : « je trim-
balle tout un bistric », 112® inf. ou 304® inf.,
A. ARNoux. — Dér. : bistriquette et bistri-
caillon, créés pour un plaisir de sonorité, mo-
nax recueillis par a. arnoux ; | « Moi, je suis
soldat de deuxième classe et je distingue trois
choses à la guerre : le bistric, la bistriquette et
le bistricaillon. Pour le reste, toc et toc.... Vous
avez compris, Monsieur ? », réponse narquoise
d'un soldat interrogé sur la guerre par un civil
indigne d'une réponse. Cabaret, 459.
bitord, m., Saucisson ; 3® chass. à' cheval,
D. — Pris à la marine : bitord, 1, Cordage de
marine à torsades ; 2, chez les marins, Sau-
cisson de tabac à chiquer.
blairer (ne pas), Ne pas aimer, Ne pas ad-
mettre volontiers dans sa société ou dans son
— 81 —
■tMAU&V ^
esthétique ; Parisiens et parisianisés, 16-17 ; « je
ne les blaire pas beaucoup », un marin, -18 ; |
« un mec que je ne peux pas blairer )>, pantru-
CHARD ; Les ordonnances d'officiers, « je les
blaire pas, je les considère pas comme des
hommes libres )>, Cabaret, 464, — ■ Blairer^ dér.
de hlair, Nez,, organe fait pour sentir, ne s'em-
ploie, comme, au même sens, son synonyme
pouvoir sentir, qu'en tournure négative ; c'egt
pourquoi on ne peut pas poser blairer = Aimer.
Mais en traduisant blairer = « détester », sain.
£| eu la même distraction que l'auteur de V In-
térieur de^ prisor^s (1846) écrivant « Piffer,
détester » et « Naser, détester, abhorrer ».
Wanquet, m., Vin blanc ; assez usuel au
112® ou 304® inf. et au génie, a. arnoux; |
« Une chopine de bl^nquet »j Cabaret, 468. —
Syn. : l)lançhouillard, m., d.
Weô, m., 1, Rase campagne, Terrain (inha-
bité) entre les lignes, ou (en tant qu'inhabité)
sur la ligne de feu ; 130®, 156® inf., 17-18 ;
2e (.al^ _^g . JQ-ncer dq,ns le bled, Attaquer, (on y
dit aussi foncer dans la brousse) ; 40® art., -18 :
« prendre position dans le bled p, Mettre en
pQsition sans abri de pièce ; n'est employé au
§!• t, que par les anciens Africains ; | « vous
faire jcigouiller en faisant les zouave? «U8 l'Wed.
<„,> On grimpe pus Tparapet et nons weilh
sus l'bled », sAiNT-cAssm, Temps Buté, in Front,
1-9-16 ; « ep panne dang le bled, QÎiki^T avia-
teur, <,M>, au front », FJ6 Par., 9-9-16, p. 688,
0, 2, — 2, Front : « Yqus saisirez <..,>le prâ
qu'un poilu attache à qptte nii^e au point ayant
de regagner le « bled » », e. mer;.e, lettre ftux
journaux. Matin, 10-5-18, p, 2, ç, 4. — 3, En-
droit (quelconque, même yilJage), CftRtQn^e-
meAt ; 156® inf., mai 18, où ce sens rare est
réel mais nouveau ; | « un chic fcled » fiù qn res-
tera « quinze jours », où « deux colis m'atten-
dent au bureau du chef », m^ç orlaî^, Journ^^
1-9-17. — Algérien bled, nï,,Terrain, Campagîie,
Cf. çkouya,
blet, Ivre ; 22® C, 0. A., mai 18, -^ Sysgéni. :
mur, Ivre ; 81® t., 14-17 ; \\ Brest, -95 ; | ?îpss.;
— d'où muraille, Ivre ; 109® jnf., -1? ; 8® génie,
avr, 18 ; | Cabaret^ 458 ; -^ suffixation Jifcre ;
— d'où muraillée, f.^ Partie d'ivrpgnerie :
« une muraillée générale », 81® t., -14,
[;^^ bleus aille, f., 1, goldat de la plus jeune classç,
par ex, un soldat de la classe 11 yerpé pa^nii
des territoriaux ; 18® inf., rl4 ; 81® t„ -15 ; -r-
2, Soldat nouveau-arrivé au çprps, mêniç §'i}
-93--^
k
a fait campagne antérieurement : « d'ia bleu-
saille ! », Gaspard, 268, cri de soldats du front
à l'adresse d'un renfort du dépôt ; « t'es encore
une « bleusaille » », ih., 241, encore Naïf. —
Syn. au sens 1, blenvasse, m. :« Sale bleu-
vasse ! », 81® t., -16 ; j] acker. Soldat Bernard,
110 ; — bleuçasson, ib,, 63 ; cf. pétasson.
Blentinet, m., nom d'un journal du front,
mai 16. — Dér. de bleu, Jeune soldat. Le -t-
qui amorce le suffixe se retrouve dans bleuté.
Teinté de bleu, et le suffixe -inet dans rouginet,
m., Vin rouge, d.
bobard, m., 1, Blague, Récit suspect : « lancer
des bobards », Lancer des faux-bruits ; Pari-
siens et Bretons parisianisés, 81® t., -15 ; |
Feu, 43, 227 ; || « ces bobards-là », curnonsky,
Matin, 29-3-12, à propos de maximes morales
aventureuses ; — 2, Méprise : « faire des bo-
bards », Se méprendre ; Parisiens et voyous
nantais, 81® t., -14. — Bobant, Forfanterie,
Roman de la Rose, vers 9429, est trop lointain
de date'^et de sens. On expliquera mieux bo-
bard, 1, par une suffixation libre sur boniment,
et mieux encore bobard, 1 et 2, par bobèche,
Hête, pris au sens de Coup de tête et d'Imagi-
nation ; cf. monter le bobard. Illusionner, où
— 84 —
hobard est syn. de hourrickon. Tête. Le pas-
sage du sens 1 au sens 2 se retrouve sous perco.
bobosse, m., Fantassin ; assez général, moins
dans l'inf. que dans les autres armes ; |
« Quand les Bobosses ont mis les voiles des
tranchées avec tout leur bardin, on a pris le
« Saurer » des Galeries- Lafayette et sommes à
c't' heure au repos », pantruchard, c.-à-d.
Quand nous avons (nous autres, fantassins),
quitté le secteur (par notre relève) avec tout
notre bagage, nous avons pris l'omnibus des
tranchées (les camions autos)..., (et non pas :
Quand les « Boches » « se sont sauvés », traduc-
tion absurde donnée par sain., p. 54) ; hirsch,
Journ., 7-2-16 ; m. l., N. Contes vér,^ 192 ; ||
usuel dès -96 ; et aux hussards, Alençon, -09.
— Apocope à redoublement de fantabosse. —
Je n'ai pas recueilli, depuis -14, dachebosse,
m., Fantassin, qui m'a été certifié en -13 usuel
dans i*est et chez les Polytechniciens issus de
l'est, et qui semble le chevauchement de jan-
tabosse et de Dache (perruquier des zouaves);
— ni chabosse, m.. Fantassin, que donne d.
bocco, m., Boche ; usuel au 289® inf., juin 18 ;
G. MARÉCHAL ; « si Ics Boccos me le permet-
tent », c.-à-d. si je réchappe, lettre d'un 1* du
— 85 —
289®, juill. 18. — Le mot semtle spécial à ce
corps. Il y est conçu comme dérivant de boche
et sans parenté avec hossu, Boche, qui y est
inconnu.
boche, A, m., 1, Allemand ; — 2, Belligérant
progetmain ; — B, adj. m. et f., 1, Allemand ;
— 2, Progermain ; — â, En convenance avec
la pensée, le caractère germanique ; — pre-
mière audition en campagne, de Parisiens du
69^ inf., combattant entre Hem et Curlu avec
ma son de mitrailleurs du Bl® t., 23-9-14, (pro-
noncé bheuche) ; le mot ne s'est vulgarisé au
81^ t. que l^hiver suivant (par les journaux ?
par les éléments d'activé en liaison ?) A Paris,
eii oct. 15, quand M^le A. D. put revenir d'un
couvent d*Ucle-les-Bruxelles, elle qui avait
toujours parlé pur parigot, sa stupéfaction à
entendre parler de Boches n^eut d'égale que la
stupéfaction de ses parents devant tant d'igno-
rance ; I « Voici la forêt de Moyen\ al <<•••>►
Les boches y fourmillent )), aviateur david,
carnet, 23-B-14, in Gu. Aér., 11-1-17, p. 135,
c. 2, et ih., c. 3. Dès -15 l'Intendance distribue
au front « l'Anti-Boche », papier à cigarette.
Boche se trouve dans la « citation » de Jacquet,
assassiné à Lille, patue au Journal Officiel peu
86
avftnt le 29-5-16. Une note de k Vlîl^ Ai'ïnêe,
14-1-17 l'interdit en style officiel, parce que
(( la coi'tection du style honore celui qui en est
Tauteut. » (!) Mais une autre, datée G. Q. G.,
6-6-17 et signée pétain, Remploie deux fois.
— - L'anglais, dès -14, Ta emprunté : bôsh ;
A. fr., 13-12-14, p. 2, c. 4. \\ Boche, Allemand,
est dans noteîi, bruant et ross. ;- Sui' sa vie
modeste de -01 à -14 je pourrais joindre des
faits à ceux qu*on a cités ; à dire qu' « Aucun
témoignage n'a pu le relater avant 1900 », d.,
il y a erreur : il est en toutes lettres dans
tJÈ BERCY, {Lettres argotiques. Lanterne de
Bruant, 1896, n» 65, p. 5) ; dans dlle (1896) ;
dans viRMAÎTRE, Dict. d^argot (1894) ; dans
VERLAINE dès -89, (« Kant, Schopenhauer,
Hegel et autres Boches », in huret. Enquête
(1891), et Art et Critique, 15-6-89) ; « Bal des
Boches » est le nom d'un bastringue, boule-
bard de la Gare, Paris, -86, et « n'importe quel
habitant du quartier vous dira que Boche est
synonyme d'Allemand », Courrier Français^
6-6-86 ; on affirme l'avoir entendu en -70,
Int. des Ch., LXXI, 29. Tête de hoche, qui n'est
pas attesté plus anciennement, ne dit rien
d'autre que Tête d'Allemand ; et les Boches
87
étant têtus et lourds, on l*a employé à l'adresse
des lourdauds entêtés ; de même « tes raisons
de boche », hirsch, Le Tigre, 255, répond à
querelles d'Allemand (^). Naturellement boche ser-
vait pour tout ce qui parle germanique ; d'où
Boche, nom pour concierge alsacien, zola.
Assommoir (1877), et sobriquet pour ouvrier
luxembourgeois, Int. des Ch., LXXII, 126. —
C'est l'apocope d'alboche. (Le même procédé,
appliqué sans doute à rigolhoche, a donné
boche, m., Mauvais sujet aimé des petites
dames, delvau, 1866).
Dér. : Bochie, f., Germanie ; très usuel au
8le t., mai 16 ; au 2^ c^l, août 18 ; | liou-
VILLE, lettre à Capus, Figaro, fév. 16, in A. fr..
(1) SAIN, cite : « Tête de boche. Ce terme est spéciale-
ment appliqué... aux Allemands, parce qu'ils compren-
nent assez difficilement -<...>> », boutmy. Langue iferie
typographique, 1874. — Mon exemplaire de boutmy,
1874, second tirage portant trois additions, ne souffle
mot de cette locution. De « spécialement » d. a fait
« plus spécialement » ; c'est corrompre le témoignage.
Le « parce que » de boutmy ne suffit pas à inverser l'éty-
mologie.
— 88 —
19-2-16 ; — suffixe comme Turquie; — Boche-
nie, L, Germanie ; 81®t., -15, apax ; — d'après
Germanie, ou Bosnie? ; — bo chérie, f., A, Acte
boche ; très usuel, 2^ c^^, août 18 ; — B, Objet
boche : « vous rapporter quelques bocheries »,
BARON (4® spahis), lettre, 11-6-15, à ses sœurs
qui demandaient s'il avait rapporté des tro-
phées ; — C, Pays et Société boche : « en Bo-
cherie », 40® art., -18 ; | m. l., iV. Contes vér,y
195 ; — suffixe comme turquerie ; — bochon-
nerie, f., Acte sale d'un Boche ; 40® art., -18 ;
I DONNAT, Figaro, 3-4-15 ; — chevauchement
de hoche -j- cochonnerie ; — bochetçn, m.. Re-
jeton de Boches : « Mort à toute cette salle race
de boches et de bochetons et leur chef
Guillaume fusillé sans retard. Un poilu de la
classe 1893 », crayonnage, poste de guetteur,
81® t., Wailly, fév. 16 ; | « demi-Bochetons »,
L. n»AUDET, Vermine du monde, A, fr., 26-5-16 ;
— suffixe comme moineton. Petit moine ; —
bochaillon, m., même sens ; très usuel, 2® c^^,
août 18 ; — suffixe comme embuscaillon ; —
bochemar, m., Boche ; assez usuel, 40® art.,
sept. 18 ; I Bochemar, titre de roman, sazie,
Journ., juin 16 ; — suffixe chez sazie d'après
Zigomar ; — bochard. Boche ; 40® art., sept. 18 ;
— 89 —
I « prunes bochardes », BËiNGtÈR, M, le Vi-
comte, 63.
Composé : îraiico-boché, m., Ëoyàu « qui
s'organise toujours au point le plus avancé où
vient expirer le mouvement offensif », 1* i».,
Matin, 20-6-16.
Les dérivés et composés populaires sont cer-
tainement plus nombreux, (voir rince- Boches),
en dépit de d., qui, sauf b'ochèrie, les nie. Une
soixantaine d'autres, à ma connaissance, se
trouvent chez les écrivaïtis.
bôîtê (mettre en), Berner, Tourne^ en dérision ;
22e c.O. A., 14-16 ; 40e art., -18; | V.dup.—
Emboîter qqn, V « Engager à faiïe quelque
chose en votre faveut, — dans le jargon du
régiment », rig., ce qui équivaut, la complai-
sance n^étant pas Tâme normale du troupier,
à Traiter le camarade en dupe. C'est le sens
fort, dont être emboîté, Recevoir dés reproches,
ROSS., et emboîter un acteur, le Siffler, dlle,
offrent le sens faible. — Syssém. : mettre en
caisse. Berner ; 22^ C. 0. A., usuel aux Parisiens,
-17 ; — mettre dedans ; attraper ; ramasser ;
ayant, tous, les mêmes sens fort et faible. —
L4mage est celle d'un homme qu'on çisse, à
qui l'on nVe le chu, qu'on traite en colis. De
— 90 —
même les Yanks disent io kan the Kaiser^ {kan
pour can par germanisme), Mettre le Kaiser
en boîte de conserve, Emboîter Guillaume.
Voir Coups de gueule, p. 569.
boîte à asticots, f.. Boîte à masque contre les
gaz ; Pépères, 69, 223; fagus, 562. — Méta-
phore prise de la forme et du métal.
boîte à fromage, f.. A, Avion (de type quel-
conque) aux formes peu élégantes ; R. G. Aé.,
juin 18. — B, Avion d'observation biplan ;
156^ inf., mai 18 ; — à cause des plans pa-
rallèles. — Syssém. et syn. de B : caisse à sa-
von, f. ; aviateurs ; d. ; || dès -09 ; — caisse à
biscuits, f. ; D ; — caisse d'emballage, f. ; d.
— cf. table de nuit.
boîte à poux, f.. Calot, Bonnet de police :
« une boîte à poux assez grande pour que ma
tête puisse y contenir », Feu, 169. — Cf. étui à
puces.
boîte de singe, f., 1, Récipient quelconque,
notamment et à l'origine Boîte de viande de
conserve vidée, bouteille vide, etc., qu*on em-
plit d'une quelconque cheddite, munit d*une
mèche et lance aux Boches ; 46^ inf., oct. 14,
Argonne ; | « Nos hommes sont arrosés de
« boîtes de singe » qui font heureusement plus
91
de bruit que de mal », péricard, Face à face,
314, souvenirs du 95^ inf., mars 15, Bois-Brûlé ;
— d'où, syssém. : boîte à conserves Amieux, f.,
Grenade boche ; 66® chass., mai 18 ; ■ — dans
l'hiver 14-15 les grenades réglementaires man-
quaient ; les Boches tirèrent parti comme nous
de leurs boîtes de fer-blanc, Amieux ou pas à
mieux. — • 2, Projectile d'engin de tranchée ;
7® génie ; d. — -3, Obus ; lambert ; ou Obus
de 77 ; galopin, Poilus de la 9®, 14 et 17. —
On peut trouver vraisemblable que la même
provection qui fit nommer boîtes de singe des
Bouteilles explosives ait été poussée jusqu'au
sens d'Obus explosif. Mais en -18 tel des
meilleurs témoins que j'aie consultés s'inscrit
en faux contre le sens 3. L'important est
de ne voir dans ces emplois que des extensions
du sens et de les bien séparer de boîte de con-
sentes, cité sous marmite et expliqué comme
marmite par une métonymie du contenant par
le contenu.
bombette, f.. A, Petite bombe boche, sphé-
rique, lancée à l'arbalète ; portée : 50 mètres ;
départ silencieux ; deux bruits ^'dans^le trajet :
tch... huit ! ; éclatement bruyant ; 80® t., -16,
Boesinghe ; — B, Œil : « c'que j*ai vu avec c'te
— 92 —
paire de bombettes-là ! », Feu, 8-8-16. —
B peut se tirer de A, ou directement des autres
noms des yeux : billes ; calots, (Noix, Billes à
jouer) ; boules de loto.
bon comme la romaine {être), Ne pas pouvoir
l'éviter, (le désagrément, la corvée) : « Je suis
bon comme la romaine », 81® t., mai 16, c.-à-d.
Malgré la circulaire qui rappelle les P. T. T.
(R. A. T.), je ne serai pas rappelé, étant au
front ; | « On est bon comme la romaine »,
Gaspard, 42, signifie Le combat est inévitable,
et ib., 111, Nous allons avoir à charger à la
baïonnette ; « je pouvais être bon comme la
romaine », e. c. Pet. Journ., 8-4-16, propos
d'un blessé, Je pouvais être tué. — Syssém. :
bon jusqu'au trognon, même sens ; Feu, 259 ;
« bon de tout et de partout, comme la romaine,
<;...^ Et jusqu'au trognon encore », Pépères, 45.
— Je suis bon jusqu^au trognon équivaut à
07» tire de moi comme d^un jambon ; il se déve-
loppe en bon comme la romaine, par précision
et par excellence. Mais trognon ne développe
bon que par queue romantique ; bon. Attrapé,
Victime, Réglé, est d'argot général ; les Pari-
siens disent : « je ne suis pas bon », N'insiste pas,
tu ne m" « auras » pas ; bon, syn. de pris,
— 93 —
semble provenir de T administration militaire :
hon pour le service^ c'est Pris au service. — Dér,
syn. : gras pour la corvée, même sens 5 d. ; —
l'animal gras est bon pour l'abattoir.
bonhomme, (pluriel bonhommes), m,. Soldat,
— par opposition à Gradé, ex. « Six bonhommes,
pour la corvée ! », — ou quand le grade n'im-
porte pas, ex. « Pas de tabac, pas de bon-
homme ! », « Y a eu des bonhommes de tués ? » ;
81® t., 14-17 : Bonhomme, sobriquet du cap, G.,
tiré de son vocatif familier « Eh bien, bon-
homme ? » ; usuel à tous les corps de l'ouest,
(anonyme. Matin, 1-3-15 ; e. h., Temps^
24-5-15 ; COHEN, 74), et même au 109® inf.
(Lyonnais), 16-17, où c'est le mot des paysans,
poilu étant celui des citadins ; | ancien, niais
peut-être pas antérieur aux lois qui ont fait
soldat tout paysan. — Bonhomme, Roturier,
au Moyen- Age ; d'où Quidam, Homme (de
rang social inférieur), dans tout l'ouest, Pluriel
bonhommes, comme des Bourgeois- Gentil-
hommes et non des Bourgeois- Gentilles-
Gens.
bonne, sans place {la), la Cavalerie, quand
elle « se morfondait à l'arrière », Cri de P.,
vers juill. 16. — la bonne à tout faire, la Cava-
— 94 —
lerie, « maintenîtnt qu'elle est dans les tran-
chées », ib.
bossant, Comique, à faire mourir de rire :
« L'plus ]Dossant,, c'est <..,>> », Gaspard, 290 ;
I boBsand, lambert. — Syssém. : gondolant ;
baleinant, Qui fait gondoler (l'auditeur) comme
une baleine en parturition ; torsif.
bossu, Frustré, Mal partagé, Dupe : « Le
général en prend à son aise, là-bas, et nous, ici,
nous sommes bossus », 81® t., -15. — Un bossu
est un bombé et se bomber de portion, c'est JLn
être frustré ; dér. syn. — Quanta se bomber,
c'est Jltre frustré, parce que faire la tortue,
c'est Jeûner, riq,, et que la tortue a le dos
bombé,
bossu, m,, Boche : les Bossus ; 130® ijif.,
août 18 ; G. fe;rrand,
bouchei^ uoir, ni., Artilleur français ; marcel,
Journ., 21-6-15 ; je n'ai pas recueilli dans
l'usage ce terme que dauzat, 27-6-17, note peu
répandu ; — semble le mot-à-mot de schwarz
Metzger, que les Boches auraient appliqué à
l'artilleur français au début de la guerre ; chez
nous cette façon d'exprimer uniforme sombre
et capacité pour tuer semble aussi terne qu'hos-
tile ; SAîN,, p. 50, la juge plaisante. — Cf. sau-
— 95 —
terelles bleues, f., « nom prononcé par les Boches
contre les chasseurs à pied », m. sieltzer,
66® chass., mai 18. — demoiselles au pompon
rouge, f., Fusiliers de la brigade navale : Nous
inspirons aux Boches « une terreur sans pareille.
Aussi nous ont-ils surnommés « les oiseaux
noirs », les « tirailleurs bleus» et puis« les de-
moiselles au pompon rouge ! », lettre du fusilier
A. C, de Belle- Isle, in le goffic, Dixmude, I, i,
{Rev. des Deux-Mondes, 1-3-15, 173 ; — demoi-
selles à cause du décolletage. — Nous nommons
grosse Bertha, d'après Targot boche, le 420
boche, et aussi, depuis mars 18, le 240 bom-
bardant Paris. — Cf. capout, œuf de Pâques,
pélot (?), ploum, russe (?), C'est la guerre (?).
bouchon (ramasser un), 1, Etre engueulé ;
81® t., -15; I « Puis, comme étudiant en mé-
decine qui découchait régulièrement, <;.-.>
j'ai conclu une sorte d'entente avec les sous-
officiers <^...^, les faisant reconnaître malades
quand ils avaient la flemme, à condition qu'ils
ne me fissent pas ramasser de bouchons dans
leurs appels, contre-appels, <....> », z. Armée
de 1917, 108. — ■ Bouchon se tire, par image
interne, de^bouchonner. Donner des coups de
poing, DLLE, Etriller, image de cavalerie. —
— 96 —
Syssém. : foin, m., Admonestation ; passer un
foin, LAMBERT ; II d'où faire du foin, Crier pour
faire scandale, dlle ; — étriller, Engueuler ;
— et plus généralement : laç'er la tête, passer
un suif (marins), un savon, un shampoing. — •
2, Faire une chute (de bicyclette, par ex.) ;
81® t., -14. • — C'est une façon de s'étriller la
peau, comme ramasser une gaufre, même sens,
c'est se mettre la face en gaufre. — Cf. gadiche.
boudin (aller au), Partir pour le front ; dé-
pôt du 81® t., Nantes, juin 16. — C.-à-d. aller
faire du boudin, aller Verser le sang, rig. - — •
Syssém. : à la barbaque I
boueux, m.. Soldat originaire de la Marne ;
40® art., sept. 18. — Marnais —>- marneux
(usuel, ib.) — >- boueux.
bougnoul, m.. Troupier en tant que cor-
véable ; marins, -18. H Brest, -90; 19® inf. et
2® et 6® coloniaux (Brest), -98. — Les Bou-
gnoul sont, au témoignage de certains marins
et coloniaux, tous les Sauvages : aller chez les
Bougnoul, Aller aux colonies à Sauvages ;
selon d'autres, ce sont seulement une tribu
de l'Afrique nord-ouest ; un marin me spécifie
que ce sont les Kroumanes du cap des Palmes,
mais déclare que ce nom, tout en leur étant
— 97 —
ESNAULT 7
appliqué, a une extension naturelle plus grande ;
un Martiniquais nie dit que la population civile
de la Martinique nomme Bougnoul les noirs,
les métis, les « hommes du pays ». — Etym. :
en wolof, (Sénégal), bou-gnoul, le Noir, khalèl
fcoM- gnou/, Négrillon ; «pour l'indigène frotté de
français c'est une injure proche de sale nègre»,
CH. MONTEiL. L'idée Indigène à tête plus
ou moins sotte engendre celle d'Imbécile cor-
véable, parce que de tout temps le colon traite
l'indigène de Turc à More ; le mot bougnoul
contient si bien ce dernier sentiment qu'on
appelle à Brest, -11, train bougnoul le chemin
de fer départemental qui court dans les douves
de la ville, parce qu'il sert surtout aux paysans
de l'arrondissement, ces indigènes.
bouillasse, f.. Boue ; 70© inf., 14-15 ; — suf-
fixation libre de bouillie, Boue, usuel, et qu'on
lit dans paraud, 90. — bouasse, f., Boue ; Pé-
pèreSj 8 ; — suffixation de boue.
bouillote, f., Trompette; 40^ art., -18;
chass. d'Afrique, Balkans ; d.
bonine (monosyllabe), f., Tambour ; « ma
bouine », Mercy, (tambour), 81® t., -15 ; « La
Bouine », sobriquet de ce Mercy, 81^ t., 10® c*®,
d'un tambour du 6® bon ^^ 289® inf., avant
— 98 —
juin 18, et do tous les tambours du 95® inf.,
14-18 ; Il 95e inf., avant -14. — Cî.bouhine, f.,
Petite maison ; H*-Maine, montesson ; idée
commune, Caisse, caisse lui-même signifiant
Tambour. — Cf. caberlot. — d. signale gouine,
f.. Tambour ; 146® inf. ; — cf. inversement
g — > b, sous grignolet.
boule (se mettre en), Capoter à l'atterrissage ;
Miramas, mai 18. — tomber en boule, Tomber
verticalement ; aviateurs ; je « me laisse tom-
ber en boule sur sa carlingue », sem, Journ.y
27-5-16.
boulette, f., Grenade ; D. m. p. ; « « S'ils sont
sortis, les Boches, ils ont dû prendre quéque'
chose ! » Tiens, écoute, là-bas, les boulettes
qui r'biffent ? T'entends ? )>, Feu, 242.
boulonner, Travailler (à organiser un sec-
teur) ; général; | « Les troupes qui organisent
n'attaquent jamais où elles ont boulonné ; on
connaît trop le danger, on n'y va que d'une
fesse », Cabaret, 464. — Boulonner, Travailler,
DLLE, terme d'ouvriers ; cf. chantier ; rappels
de la vie civile. Le syssém. immédiat est gou-
piller, Travailler, attesté en -27 dans l'argot ;
un peu plus lointain buriner. Travailler, dlle ;
en -59 montesson définit boulonner « Courber
— 99 —
le dos par suite de lassitude «, ce qui n'est que
son étymologie personnelle.
boulot, 1, m., 1^, Travail ; usuel et général;
Il daté de -90 dans sain. ; mais on trouve
« Y i^a y açoir du bouleau, on va se battre », jar-
gon de voyous, dès -81, rig., et c'est très vrai-
semblablement le même mot ; — 2^, Combat ;
divers soldats, 16-18 ; — Combat se tire de
Travail, — cf. chantier — , sans qu'il soit utile
de rappeler le bouleau, Rixe, des voyous. —
2, Zélé au travail, au combat, au service :
« mec boulot », Homme zélé. — Cf. « Je suis
service », J'aime à faire du service, S. A. P.-X,
-16 ; • — « La sixième, c'est la compagnie règle-
ment », ... A cheval sur le règlement ; — « une
toilette très guerre » ; — « une barbe synthé-
tique, union-sacrée [,] noire, blanche, grise,
jaune, châtain, carotte », lafage, Journ.,
31-7-16 ; — être deuil ; être business ; être
flemme ; être ficelle ; être Régence ; être Moyen-
Age ; être bout-de-bois ; être bec d^ ombrelle.
L'explication de boulot est à trouver ; on
en a aisément de plus vraisemblables que de
le tirer, avec sain., du bois de bouleau et de la
menuiserie en tant que le bois de 'bouleau est
impropre à la menuiserie ; fil à retordre signifie
— 100 —
Difficulté du travail, et cependant on n*en-
tend pas dans les ateliers de couture * Allons,
mesdemoiselles, au barbelé ! sous prétexte que le
fil barbelé est impropre à la couture. Boulot
ne signifie pas Difficultés au travail, mais Tra-
vail en quantité. — Paris mange du pain rond
qu'il nomme du boulot ; de l'équation boulot =
Pain se tirent bien, 1^, du boulot, des Coups de
poing, (des pains) ; 2®, il y a du boulot [sur la
planche], Il y a beaucoup de travail [à faire] ;
(ne pas confondre la locution il y a du pain sur
la planche avec l'autre, de sens opposé, fai du
pain cuit sur la planche, que donne hdt) ; —
cf. il y aura du biscuit, Il y aura beaucoup à
faire ; D. m. p. ; \\ il y aura du bicuit ( = 6^5-
cuit). Légion Etrangère, -80 ; m. protat, —
qu'on peut interpréter, non seulement comme
un symbole de l'idée de Dureté, mais par le
pain boulot : le boulot sera dur ; cf. biscuit,
Militaire rengagé, qui est une « boule » recuite.
— • Toutefois, pour admettre ferme cette étymo-
logie de boulot, il faudra pouvoir écarter et le
provençal boulau, Quantité plus ou moins
grande, un bon boulau, une Bonne quantité,
MISTRAL, et le verbe boulonner. Travailler, escorté
de barrer le boulon, Ne pas travailler, dlle.
— IM —
bourguignotte, f., Casque du combattant ;
15-18. — Connu de ceux qui lisent, ce mot re-
pris au Moyen- Age n'a pas passé dans la con-
versation courante, à plus forte raison dans les
ordres oraux ; — hour gui guette, même sens,
dans une pièce de vers, g. Bertrand, in V. du p.,
est à la rime, pour une rime.
bourrage, m., Amplification d'un rhéteur
optimiste et idéologue ; usuel et général ; |
MAURRAS, A. fr.y 21-2-17 ; « les espions se pro-
mènent en lisant le communiqué : « Bourrage ! »
<<...> Patrie ? « Bourrage ! )> Honneur ?
« Bourrage ! » », guitounet, B. des A., 18-7-17 ;
jj Compiègne, -09; — entendez bourrage de
crâne ou de mou. — bourrer le crâne. Tromper
par de trop belles paroles ; 81^ t., -15 ; usuel
et général ; || Paris, -07, dauzat, mai 17, 481 ;
Bordeaux, 08-09. — Syn. et syssém. : bourrer
la caisse ; 40^ art., -18, et Paris, -18 ; — en
mettre plein le citron ; ib. — Le crâne est le
caisson de la nourriture intellectuelle ; y nxettre
de la bourre, c'est lui faire un plein en trompe-
l'œil. Les journaux, en se vantant à l'envi de
suralimenter leur abonné, ont contribué au
succès de cette locution : « Nous ne savons à
quel canard peut bien faire allusion V Humanité
— 102 —
pour bourrer le crâne de son malheUtetiX pu*
blic », MAURRAs, A. fr., 28-2-16 ; « Maurice
Barrés <...;> n'a su que bourrer d'étoupe le
journal dans lequel il écrit », « imbottir di
stoppa le pagine del giornale », Messagero de
Rome, in VŒuvre, 5-8-16, p. 2, qui ajoute :
« En français cela se traduit assez exactement
par « bourrer le crâne » ». Le général verraux
invente le type de « Crâne-Bourré », Œuvre^
30-9-16. — Cf. « to stufï my head », de me Bour-
rer la tête (de mauvaises nouvelles), Shakes-
peare, Le roi Jean, vu. — Retravaillée, la
métaphore a donné aux lettrés : « Le pro-
fane lui-même <!.••!> aura confusément [en
lisant le Feu] l'idée d'un bourrage de nerfs,
d'ailleurs involontaire », le biffin, A. fr.,
31-3-17 ; — « en nous efforçant de débourrer
les crânes », maurras, A. fr., 21-2-17 ; —
et videur de crânes, Rhéteur aux idées pessi-
mistes : « ces « videurs de crânes », agents évi-
dents d'un ennemi intéressé à fomenter chez
nous des troubles politiques », A, fr., 28-5-17,
p. 2, c. 2 ; cf. G. E., 1-4-18, 435. — Le sens,
quoique voisin, est autre, dans « J'ai assez pour
vivre avec ma pension ; je n'ai pas besoin de
me bourrer le crâne à apprendre un métier »,...
— 103 —
de me Farcir la cervelle, brieux, Ann, p. /.,
30-7-16. — bourrer le mou, même sens ; 81® t.,
juin 16 ; marins, juin 18 ; | «on ne se raconte
[entre poilus] que des histoires vraies : il n'y a
qu'au civil qu'on peut « bourrer le mou » », lug
PLATT, carnet, 31-10-15, in Pet. Par., 28-5-16 ;
Gaspard, 37, 163 ; joint à fiche les grolles, Feu,
21-8-16. — Syn. et syssém. : gonîler le mou ;
D. ; — d'où gonfleur, m., Hâbleur ; d. — ^ Le mou,
c'est le Poumon, donc le Cœur, (« Plutôt que
d'causer sur cett* petite affaire, j'aimerais
mieux, pour sûr, me bouffer le mou », me man-
ger le Cœur, bringer, M. le Vicomte, 187^.
C'est le coffre aux sentiments ; le bourrer
c*est le nourrir d'émotions creuses. — Sy.^-
sém. : fressure, aloyau, foie : « De ma fres-
sure Dame Luxure Jà s'emparait », la fon-
taine, Janot et Catin ; — • flogner Valoyau à
qqn, Caresser, Courtiser qqn, nisard. Quel-
ques parisianismes ; — avoir les foies blancs.
— Par une métonymie (de la partie pour
le tout), greffée sur cette péjoration (d'un
viscère animal pour notre plus noble viscère),
mou devient syn. de Corps : se grouiller le mou,
Se dépêcher ; 81® t. ,-15 ; 1 « entrer dans le mou »
à qqn, lui Donner des coups, Cabaret, 473 ; ||
— 104 —
I
enfler le mou à une femme, l'Enceinter. — *
(Cette explication vaut mieux que* de| traduire
mou par Cerveau, contenu du crâne à.bo.urrer,
sous couleur qu'on trouve « le fromage blanc
qui me sert de cervelle », paraud, 92, et « avoir
du mou de veau pour cervelle », hirsch, Journ.,
10-7-16).
bourre-crâne, m.. Blague, Mensonge : « C'est
des bourre-crânes pour les naïfs », un Nantais,
8le t., -15, apax.
bourrin, m., 1, Cheval; 40® art., 14-18;
toute la 88© D^n t. (Loire- Inf. et Vendée), 14-17 ;
I tout le IX® c. d'armée, cohen, 75; agatha;
Gaspard, 43 ; « bourin », Feu, 100 ; || Mulet,
puis Mauvais cheval, terme de caserne, surtout
de cavaliers et artilleurs, 95-99, dauzat,
27-6-17 ; « Marche ! ou tu sauras comment
j'attige les bourins », rosny, Marthe Baraquin,
Vil ; — de bourrin. Ane ; Char.-Inf., Vendée,
Nantes, Lorient, Anjou, Loches, Mantes ; cf.
inversement rosse, vocatif à l'adresse d'un Ane,
MERLIN COCCAIE, XXIII (éd. 1859, p. 408 ); —
d'où bourdon, m., Cheval ; 40® art., 14-18 ; |
dépôt de dragons dans l'ouest, e. h., Temps,
24-5-15 ; HENRioT ; Il terme de cochers et
charretiers, ross. ; — libre suffixation de
— 105 —
bourrin, soit calembour, ou pour rappeler le
verhe bourder^ Achopper, usuel en Loire- Inf. —
2, Moteur à explosion ; un 2<i-ni® mécanicien,
(instruit dans l'aéronautique à S*-Cyr, -17) et
autres marins, -18 ; — on mesure la force des
moteurs en chevaux-vapeurs ; et les Chevaux,
eux, étaient déjà traités de moteurs à crottin^
ce qui est, comme dit ce 2<i-m®, « la même chose
renversée ». Cf. fokker.
bourriguotier, m., Anier : « Le soldat Vin-
cent de la 10® c^® employé comme bourriquo-
tier, restera attaché à ce service », note de
service, 81® t., 9-4-17.
boasculer, Se montrer excessif, en actes, pa-
roles, ou raisonnement ; Parisiens et parisia-
nisés, 16-18 : « Tu bouscules ! », Tu exagères ;
un chauffeur, S. A. P.-X, oct. 16. — bousculer
du porte- pipe. Vomir : « Je pensais bien qu'il
bousculerait du porte-pipe », micromégas,
B. des A., 28-11-17, à propos d'un observateur
mal endurci aux tangage et roulis de la sau-
cisse et dont les lèvres ont été indiscrètes à
l'égard de la nacelle. — Sous-entendu dans
tu bouscules, Tu exagères, l'objet bousculé par
l'indiscret, le fanfaron, le surhomme, est pré-
cisé, un peu ad libitum, dans l'usage courant :
— 106 —
Le capitaine m'a dit que je lui paraissais tirer
au flanc « et que si je voulais passer premier- jus,
fallait pas trop bousculer le moulin à rata »,
...je ne devais pas Exagérer ma flemme, cha-
pelle, 10-8-16 ; — bousculer le pot-de-
fleurs, Paris, mai 15 ; | Fantasio, 15-8-16,
p. 99 ; J. L., Temps, 21-10-16 ; — ce pot-de-
fleurs n'est, très vraisemblablement, que le
poty c.-à-d. le Cul, comme le bas-relief de la
locution vieillie chahutez pas le bas-relief, Lais-
sez-moi tranquille ; — bousculer la voiturette,
130e inf,^ c. M.-2, -17 (un peu démodé, sept.
18) ; — la voiturette qui véhicule la mitrailleuse.
Syssém. : charrier, 1, Malmener en paroles,
Rudoyer logiquement et illogiquement ; — 2,
intr., Blaguer ; — général ; assez usuel même
aux paysans, 81^ t. ,16-17 ; \ D. m, p. ; fagus,
564 ; Il Philibert, 61, 254 ; — la série des sens de
charrier est celle-ci ; 1, Transporter en char ;
2, Transporter : charrier sa bidoche, se charrier,
Se promener ; 3, Pousser en bousculant :
« Notre omnibus était bien sage, elle allait au
pas, elle était tranquille, quand elle a été char-
riée de biais par une voiture de tonneaux,
monsieur, qui nous a culbutés et qui a bien
échappé de nous tuer », lavedan, Leur beau
— 107 —
physique^ 83, propos d'un valet de chambre ;
4, 1^, Mener loin par des questions indiscrètes ;
2^, intr., Chercher à savoir, rabasse ; d'où
charrieury Curieux, charriage. Curiosité, ri g. ;
5, 1^, Mystifier, Escroquer, vidocq ; 2®, intr.,
Tricher, ri g. ; — autres syssém. : brouetter.
Tromper ; 81^ t., -16 : « Est-ce que vous allez
longtemps me brouetter comme ça ? » ; —
faire aller ; — faire marcher ; — et aller fort,
Exagérer ; — chambouler,!, .Bouleverser : «des
crapouillots pour chambouler la cagnat », pan-
TRUCHARD ; « ça m'a chamboulé », Ça m'a
bouleversé moralement. Feu, 175 ; — 2, Exa-
gérer, Vouloir rire : « Tu chamboules », Fan-
tasio, 15-9-16, p. 167, c. 2 ; — chambouler la
mappemonde. Exagérer ; d. ; — la mappe-
monde, la Tête ; cf. secouer la tronche^ Railler,
Nénesse, 84.
Dérivés de charrier : charriage ; — par apo-
cope de charriage, sans charr, Sans exagérer ;
— et, par chevauchement avec en faire un plat,
en faire un charr, Parisiens, 81^ t., -17 ; — par
suffixation libre, charrette, Mensonge, Leurre,
terme d'ouvriers, Dépêche de Brest, 16-4-07,
Conseil municipal ; — par queue romantique,
charrier dans le mastic, Exagérer l'affaire ; —
— 108 —
et, par confusion calembourique avec un autre
verbe, charibotter dans le mastic, 6® c^^,
janv. 18 ; — charibotter dans le boudin, Feu,
20-8-16 ; — charibotter dans les bégonias, Paris,
juin 16 ; ces bégonias sont simplement, à l'ori-
gine, les tiges, les Jambes, de l'interlocuteur
qu'on bouscule. — Cf. chatouiller, miner ^ pié-
tiner, abîmer, flubard.
bouse {atterrir comme une), Atterrir en épa-
tant lourdement l'appareil ; esc. S-152,juin 18.
— Image prise directement de la bouse qu'une
vache flaque à terre, — (et non de bouse, Non-
valeur, ex. Echalote, 46, syn. de galette, Mala-
droit).
bousiller, 1, Démolir ; 81® t., -16 ; très gé-
néral ; I Mousqu., 254 ; — 2, Tuer ; usuel,
360® in., -14 ; 246® inf., 2® c^\ 40® art., -18 ;
mais non au 81® t.; | agatha ;« le com-
mandant a été bouzillé par un méchant 77
qui l'a coupé en deux)), m. l., N. Contes vér,,
196 ; « ça t'démolit l'épaule et ça t* fout par
terre, mais ça t' bousille pas )), Feu, 226 ;
(cf. 172.) — Je n'ai pas observé un bousiller,
« S'enfuir, se débiner )), que donne D. m. p.
— Le sens 1 était usuel aux ouvriers pari-
siens dès 10-14 : (( J'ai donné mon zinc
[Bicyclette] à rebecter, Tmécano m' l'a bou-
sillé ». Il sort du sens Mal faire (un travail),
aussi usuel chez les bourgeois de Brest, et les
paysans du H*-Maine (1859), qu'à propos de la
pièce de soie, chez les canuts lyonnais. Le
sens 2 date d'au moins -97, dauzat, 16-4-17,
667 ; « Il sortit son revolver, — Si tu ne marches
pas, cria-t-il, on va te « bousiller » ! », Matin,
28-6-13 ; « Ça devient une manie. D'un bout
de la journée à l'autre, on n'entend plus con-
juguer à Y Anarchie que le verbe « bouziller »
<C...>> Bouziller est un verbe très simple qui,
en langue anarchiste, signifie : loger une balle
de browning dans la peau de quelqu'un »,
RiRETTE-MAiTREJEAN, Matin, 25-8-13 ; ces
textes montrent comment les milieux ouvriers
où on ne travaille pas ont conduit le mot de
Gâcher à Saboter puis à Tuer. — Dér. : bou-
sillage, m.. Bris : « c'est le « bouzillage » ef-
froyable » de l'avion sur le sol, icart. — ■ Sys-
sém. : déglinguer, Mettre en charpie : « F s'est
p'têt' bien fait déglinguer sur leurs fils de fer »,
Feu, 252 ; — déglinguer. Chiffonner, dlle.
Déchirer, ross. ; déclinquer, Démolir, à Brest,
80-08.
bousillé, Ivre ; 81© t., -16. ~ Idée d'un
— 110 —
brouillamini cérébral. Une mimique usuelle
accompagne le mot ; on se tourne le poing de-
vant le museau, comme pour le barbouiller ;
(cf. noir). — Syssém. : en désordre ; retourné.
bousin, m., A, Désordre ; 95® inf., -18 :
Quel bousin !, quand on reçoit ordres et contre-
ordres ; — de bousin, Bordel ; — B, Mitrailleuse ;
66® chass., mai 18 ; — cf. zinzin. — bousine,
f., A, Mitrailleuse ; mitrailleurs du 130® inf. et
d'autres corps, 17-18 ; — B, 1, Locomotive ;
DUR, Est- Républicain, 3-9-16, p. 2, c. 1 ; —
2, Cuisine roulante ; inf., -15, Lorraine, ay-
NAUD ; — idée commune : Machine bruyante ;
cf. zinzin, et plus (généralement l'application à
diverses machines des mots bécane, tacot, tank,
zinc. — bousiner ; voir zinzin.
bout de bois (tirer le), Lancer l'hélice ;
esc. S-152 ; juin 18.
bout de bois, 1, m., Etat d'ébriéto : « J'avais
pas le bout de bois, mais je me sentais troublé )>,
« Tu avais ramassé un bout de bois, hier ! »,
« Y en avait des bouts de bois, au Centre, le
premier janvier ! » ; marins et soldats. Diri-
geables et Captifs, 17-18 ; \\ usuel aux marins,
Brest, -08.^ — Est-ce parce que l'homme ivre
a quelque chose dans le nez et que les sauvages
— 111 -^
se mettent dans le nez un bout de bois ? —
L'espagnol, qui a taco, Cheville, a aussi taco,
« coups de vin bus Tun sur l'autre », quintana ;
le français, qui a tacot, Bout de bois, (en Gâti-
nais, par ex. ; voir ici tacot,) a aussi tacot, Petit
verre d'alcool, (de Brest à Noirmoutiers) ; d'où
la substitution de bout de bois à tacot dans
*avoir un tacot dans le nez ? -^^ 2, Ivre : « Je
suis bout de bois » ; marins, centre de captifs,
fév. 18. — De même, de ai^oir bu du gaz dérive
être gaz. Etre ivre ; mécanos d'aven Pau, et
2^ mixte, -18 ; — de a^oir son grain, être grain :
« Avant la guerre, je ne buvais jamais, mainte-
nant je suis toujours à moitié grain », un ma-
rin, Captifs, fév. 18. — Cette explication
semble meilleure que de supposer qu^ être bout
de bois soit Etre raide (Ivre) comme un bout
de bois et d'en tirer l'emploi 1.
bouteille, f., 1, Torpille aérienne française ;
10^ et 27^ inf., -15. — Syssém. : bidon, m.,
même sens, surtout pour les gros calibres ;
95^ inf., avr. 16, Eparges, (mais en mai 18,
dans ce corps, n*est plus usuel qu'aux anciens) ;
— 2, « Tuyau de poêle» boche ; 95® inf., nov. 14
au Bois-Brûlé, forêt d'Apremont, « nom assez
impropre, qui est demeuré cependant au 95® »
~ 112 —
jiisqu*en mars 18, a. blanc ; — 3, Pétard a
manche ; d. — Le sens 1 est dû à la forme de
la torpille ; 2 et 3 sont abusifs. — bouteille de
Champagne, f.,Obus de 88 autrichien ; 20^ chass.,
août 18 ; — créé sans doute dans quelque sec-
teur champenois où pleuvait la bouteille ; sous
Verdun, -16, le soldat mitraillé parle de dragées
de Verdun, par allusion double à celles qu'il y
reçoit et à celles que Verdun fabriquait. — Cf.
marmite.
bouteille de Champagne (la), f., l'Hôpital
Brezin à Garches ; d^ c. sahuc ; ■ — parce qu'il
a reçu les évacués de la grande offensive de
Champagne de -15 ; cf. dauzat, 16-4-17, 660.
bouteillon, m., 1, Marmite de campement indi-
viduelle, portée par le fantassin ; usage général ;
au 81® t., surtout en -14 ; | « Et les bouthéons
(prononcez houteillons) )), p'tit gars ; « j'en-
voyai une corvée avec Ses bouttions », e. r.^
Journ., 21-9-17. — L'objet a été inventé par
un intendant, M. Bouthéon ; bouteillon est une
étymologie populaire, antérieure d'ailleurs à
-14. A Montendre (Char.-Inf.) bouteillon, (là
encore on prononce aussi bouttion ; cf. artilleur
■— >- artieur), Panier à une anse et à couvercle
bilobé pour faire le marché. — 2, Torpille
— 113 —
S8NAULT B
aérienne : houtéon, d. — Sématisme, cf. mat-
mite.
boutrole, f., Casque 1915 ; d. — Métaphore
de fonction (ou de forme et de matière) sur
bouterolle, Garniture de fer au bout du four-
reau d'épée.
boyauter, 1, Cheminer dans les boyaux, aux
tranchées ; 81® t., avr. 15 ; — 2, Vivre aux
tranchées : « la Chéchia, journal boyautant du
1®^ zouaves )), mars 16, titre calembourisant
avec se boyauter, Se tordre de rire. — Dér. :
boyauteur, m., Grand creuseur de tranchées et
boyaux ; 81® t., -15.
branco, m., Brancardier ; Feu^ 59. •^- Syn. ;
brancardot, m., et braquignol, m., d, — Cf. veto.
braq[uer, Faire un virage (en avion) ; mont-
GEORGE. — Terme de charretier : braquer
l'avant-train, le Mettre dans une position
oblique par rapport à i'axe de la voiture.
bras-cassés, m., A, Homme paresseux ; V. du
p. ; D. m. p. S'emploie à l'adresse des brancar-
diers, 81® t., 15-17 ; des sergents-fourriers et
caporaux d'ordinaire, D. m. p. aux mots sac
et saindoux. — ■ Cf. retourné. — B, Marin en
mauvaise posture pour l'avancement par suite
de mauvaises notes ; marins, 14-18 ; on dit
114
I,
aussi de lui « il a eu les bras coupés ». — bras-
mort, m., Serre-frein de train ; 5® génie, sept.
18 ; ( — on l'appelle aussi croquemort).
brêl, m., Mulet ; 13^ tir. alg., août 18 ; des
brêl traînent les voiturettes de mitrailleuses. ■ —
Arabe hgKèl ; r français faux-équivalent de la
gutturale aspirée. Cf. chouya.
breler, Punir ; génie, avant mai 18. — De
breller, terme de pontonnier, syn. d'Attacher ?
Serait en ce cas syssém. du mot des marins
souquer, 1, Raidir (une amarre), 2, Tenir sévè-
rement sous un régime de punitions ; — san-
gler, Réprimander ; — ceinturer, hisser, Arrêter.
bride (se mettre la), Jeûner ; 81^ t., -16. —
Syssém. : se mettre la corde, 1, Jeûner ; 81^ t.,
-15 ; — 2, par extension, Ne rien avoir : « si
tu laisses tomber une vis [dans la paille de
couchage], tu peux t'mettre la corde pour la
retrouver », Feu, 146. — Ce sont de simples
remplacements syn. de se mettre la ceinture,
Jeûner ; 81® t., 14-17 ; général ; || date d'au
moins -94, dauzat, 16-4-17, 667 ; se mettre la
ceinture de qqch., en Etre frustré ; 81® t.,
14-17 ; général ; | « on s'met la ceinture d'élec-
trique », Feu, 203 ; « on se met la ceinture pour
le pinard », Pépères, 256 ; « la ceinture ! », Je n'ai
— 115 —
rien eu, Tu n*en auras pas, Il n'en aurait pas,
toute la conjugaison ; — , s'accompagne, chez
ceux qui parlent bien, du geste approprié au
serrage d'une ceinture à ardillon pour moins
souffrir du jeûne ; — de là les crans, symbole
de Privation ; ( « Et deux crans, pour le pèze »,
Pas d'argent, cargo, Innocents, 97) ; toutefois,
cran, Jour de punition, mot de caserne qui
semble se dater d'entre 85-95, ne vient pas de
ce que la consigne est une « privation » de
sortie, (cela, c'est du style de collège), mais de
ce que le consigné est « bouclé » au quartier,
(d'où l'idée de ceinturon à crans) ; — se mettre
la tringle. Jeûner ; 270^ art.,2e c^l, -18 ; | «Tu
m'as pas ar'gardé. Tu peux t'mettre la tringle »,
Feu, 42 ; |] se mettre une tringle, même sens ; sol-
dats suisses, 6'c/i«'. Sold.,12 ; — tringle, Rien,
usuel aux ouvriers parisiens, au moins dès -96.
briques (bouffer des), Jeûner ; 81® t., 14-17 ;
général ; |1 s'enfiler des briques, rig., manger
des briques, noter, et se caler des briques, sauce
cailloux, ROSS., même sens. — Syssém. : bec-
queter du bois, Jeûner ; Feu, 39 ; — manger
des clarinettes, Jeûner ; 270^ art., mai 18 ; |
becqueter des clarinettes. Jeûner ; Feu, 253 ; —
jouer du fifre ; noter. — Ces divers menus
— 116 —
I
d'inanition s'expliquent suffisamment de soi,
puisqu'on ne profite guère à téter sa clari-
nette, ni à mordre du bois, ni à lécher les murs ;
briques cependant n'est pas aussi limpide que
cailloux : à travers les patois briques signifie
Fragments, Miettes ; on peut croire aussi que
briques est un remplaçant syn. de pavés, dans
manger du pavé, Chercher en vain de l'ouvrage,
RI G., avec disparition de l'image première de
promenade famélique ; enfin prie s'emploie ac-
tuellement comme syn. de Rien : « je n'en-
trave que prie », mécanos d'av^^ parisiens, Pau
mars 18, et en gascon brigo est Rien du tout :
« Avèt sucré ? — Nou n'èy pas brigo ! » — On
se demande donc si ce brigo, ou ce prie, ou tout
au moins ces briques, Fragments, ne sont pas
l'origine de la série sysséman tique. — Autre lo-
cution syn. : béqueter, s'enfoncer, se taper, ou
s'envoyer des clopes ; Parisiens, avr. 18 ; Il
s'envoyer des cloques, bruant ; — les clopes ce
sont les Mégots de cigarettes ; je ne sais s'ils
sont symbole de jeûne forcé parce qu'ils sont
des cigarettes de pauvre, ou parce qu'on fume
pour tromper la faim.
brouillard (foncer dans le). Monter à l'assaut ;
2e 0^1, août 18.
— 117 —
brûler, A, Tuer (qqn), d'un coup de feu ; usuel
aux ouvriers des villes, 14-18 ; | « J'en ai brûlé
un grand roux [un Boche] au dernier coup de
main », Cabaret, 457 ; || usuel aux apaches mo
dernes dès -03 au moins, ce raccourci de brûler
la cervelle, ou la gueule, à qqn, est encore bien
plus ancien : « Lâche le cheval, ou je te brûle ! »,
STENDHAL, Ckartreuse de Parme (Iggg), m,
(éd. Fayard, I, 55). — B, 1, Astiquer ; d. ; —
un mauvais astiquage brûle le cuir ; — Atta-
quer avec acharnement ; d. ; — astiquer, c'est
Rosser.
buffet, m., 1, Estomac (du cardia au pylore)
s-en mettre plein le buffet, 40® art., -18 ; |
LAMBERT ; « J'tc dis qu'si j'ai rien dans l'buffet,
j'marche pas ! », la Saucisse, in B. des A., 25-
7-17 ; — syssém. : magasin, m., même sens ;
D. m. p. ; — allusion au magasin, du fusil 86 ;
— caisse ; — baraque : « se taper sur la caisse
ou sur la baraque », Jeûner par force, rig. ; —
2, par extension. Estomac (Poitrine) ; divers
soldats, 16-17 ; voir ici casserole et en a^oir
sous hf la, les ; | « Partie supérieure du corps »,
D. m. p. ; ■ — • ou Tronc, y compris le ventre i
« Quand j'ai reçu ma ferraille, j'ai dit : « Aux
abatis, ça va. Rien dans l'buffet, ça colle »,
118
Gaspard, 150. — Syssém. : garde- manger, m.,
Poitrine, Ventre : « quatre balles dans le garde-
manger », d'esparbès, Journ'., 10-11-16 ; il est
naturel de préciser par une image alimentaire
l'espèce du coffre Estomac-Poitrine ; — en
voici une autre : armoire, f., Poitrine, Feu,
21-8-16, est précisé par armoire à linge, f.,
Poitrine ou Ventre, Feu, 36, — soit par queue
romantique, soit pour évoquer une chemise
plastronneuse.
busot,m.,Obus; d. — busoter, Bombarder ; d.
cabane, f., Chevron de blessure : Les nou-
veaux gardiens de la paix recrutés au front
« sont facilement reconnaissables, car tous
portent les quatre brisques sur la manche
gauche et quelquefois aussi une ou deux « ca-
banes )) sur la manche droite », A. fr., 13-7-17,
p. 3, c. 5. — La répartition des deux sens Che-
vron de blessure et Chevron d'ancienneté entre
cabane et baraque n'empêche pas l'unité de
leur sématisme ; voir pied.
cabèche, f.. Tête ; ne paraît vraiment usuel
que dans la locution de sabir couper cabèche,
Couper la tête d'un ennemi tué, usuelle aux
Bicots ; I PARAUD. — Cabane, dans attiger la
cabane, Se moquer, semble une libre suffixa-
^ 119 ^
tion, calembourique, de cahèche ou cahoche ;
attiger c'est Se payer la tête. Un marchand
forain bon argotier^au 81® t., -16, ne prononce
que attiger la cabale.
caberlot, m., Tête ; 231® inf., 14-16; | « une
idée fixe au milieu du caberlot », Feu, 20-8-16 ;
Il Paris, avant -14. — Cabernot, Petit cabinet
noir, à Vertou (Loire- Inf.), 80-85, et à S^-Na-
zaire, -18. Le sématisme est Caisson. — Cf.
bouine.
cab-four, m.. Caporal-fourrier ; D. m. p. —
brig'four, Brigadier-fourrier ; cavalerie, rig.
cafard, m., Prise de regard mentale qui res-
treint le champ intellectuel, rend esclave des
impressions tristes et ne suggère au malade
d'autre guérison qu'une absence géographique,
de sorte que le cafard devient l'excuse, facile,
des déserteurs ; usuel et général : coup de ca-
fard, Acte sot causé par le spleen ; il courant
dans les corps africains et coloniaux, généralisé
par la guerre ; — les hommes atteints du ca-
fard, du cafard noir (voir noir), ou du cafard
vert (celui-ci est le plus terrible, comme la
manille verte est la Manille la plus forte, celle
d'atout), distillent le « sirop de cafard » et l'in-
fusent à qui les écoute ; cf. veson. — Séma-
_ 120 —
tisme : Insecte rongeur ; voir grelots, - — Dér. :
hypercafard, Cafard renforcé ; — cafardisé, en-
cafardé, Atteint du cafard ; — décafardé, dé-
sencafardé. Guéri du cafard.
cafouille, f., 1, Fouillis ; 2, Boue ; 154^ inf.,
-18. — Cf. pasdss. — Dér. : cafouiller, Mal
fonctionner ; automobilistes, S. A. P.-X, -16 ;
aviateurs, 16-18 ; Etre maladroit ; télépho-
nistes, 8® génie, -18 ; | « Ça cafouille )),L'appareil
est secoué par le mauvais régime d'une hélice,
PUNCH, Fantasio, 15-8-16, p. 96; I| très usuel
dans les sports, notamment au foot-ball, au
sens Mal jouer ; cafouiller, « Chercher », dlle,
plus exactement Mettre du désordre en cher-
chant. ■_ — cafouilleux, Maladroit ; aviateurs,
téléphonistes, 16-18 ; | musidora ; |I Bête,
DLLE.
cage à poules, f.. A, Avion à empennages
M. Farman, Voisin et peut-être G-4 (Caudron
ancien) ; 15-18 ; ] « de paisibles « cages à
poules » — nous étions en 1915 — reposaient
sous les Bessonneaux », Vincent, Gu, Aér.,
17-1-18 ; — l'hélice de ces types était à l'ar-
rière, dans un bâtis qui tenait lieu du fuselage
des types plus récents. — B, Bâtis carré de
bois se fixant sur le coffre du caisson d'ar-
— 121 —
tillerie, pour transporte!" le surplus de matériel
et d'effets divers des servants ; mot apparu
au 40® art., fin oct. 17 dans la Somme, usuel
trois semaines après et en juin 18 ; — Taspect
« rappelle tout à fait les cages que les mar-
chands de « poussines )> et de pigeons emploient
dans l'est », f. de keralio ; — syssém. : boîte
à cochons, f., même sens ; — comparaison
avec les boîtes servant aux unités des diverses
armes à transporter leurs cochons nourris des
déchets de l'ordinaire ; — syn. : boîton, m. ; —
ces deux noms boîte à cochons et boîton ont été
essayés, au 40® art., 17-18, mais n'ont pas pris ;
— autre syn. : cage à douilles, f., moins usuel
que cage à poules, 40® art., 5.® b*®, juin 18.
cagna, f., 1, Abri léger aux tranchées, soit
niche dans la terre, soit cabane de boisage ;
très usuel et, dès -15, très général ; 81® t.,
Artois, et xxxx® inf.. Lorraine, dès oct. 14,
infiniment plus usuel que gourbi et guitoune ;
« les cagnas individuelles sont interdites «,
81® t., -15 ; I « Voici des « cagnats » admira-
blement installées. Des escaliers descendent
sous terre et Ton aperçoit de la paille fraîche.
Des matelas épais de rondins et de tôle on-
dulée mettent ces abris à l'épreuve des
— 122 -^
bombes les plus puissantes », Matin, 17-
8-15. — Annamite cai-nhà, Maison en paillotte
ou bambou tressé ; (ex. ; léra, Tonkinoiseries
(1896), 14) ; d*où cagna, f., Chambre (de ca-
serne), usuel dès longtemps aux coloniaux dans
leurs dépôts en France ; (ex. : « Qui est-ce qui
est de caï-nhà là-dedans ? », Quel est l'homme
de chambre ?, B. des A., 12-7-16, p. 12) ; —
2, Maison (civile), Chez-soi : « — Ah ! la cagna !
R'voir sa cagna !... C'est propre ici, c'est mi-
gnon », Gaspard, 244, propos de Gaspard per-
missionnaire; 11 usuel à Brest, -01 ; — syssém. :
guitoune, Chez^soi, ross. ; — un ex-officier
appelle son chez-soi sa tente, d'esparbês,
Demi- Solde, xvi. — On lit « la cague », l'Abri
(aux tranchées), dans une lettre de A. Paraud,
Figaro, 5-5-15, (texte ici tue-boches), coquille
pour cagna ; (sain, l'a transcrit « cagne », sans
prévenir, et a voulu en faire une forme « fran-
cisée », — que personne ne connaît. — Une
étymologie proposée de cagna par cagnard.
Abri sur le pont d'un navire, Abri sous les ponts
de Paris, (cf. « si un enfant <;...>>, il faudrait
l'étouffer ou le jeter aux cagnards », diderot.
Neveu de Rameau), n est condamnable ni en
sémantique, ni parce que cagnard est désuet.
123
ni phonétiquement, (cf. prélart — > prélat, Toile
goudronnée, cagnard • — ^ cagnat, Goéland, en
Côtes-du-Nord); mais, outre le témoignage des
coloniaux, la morphologie s'y oppose : on dit
un cagnard et une cagna. Quant à la Cagne,
l'Ecole Normale Supérieure, c'est bien moins
vite une importation d'Annam pour dire Mai-
son par excellence, que l'ensemble des Cagneux
(Normaliens) ; cf. marsouille. — Autres mots
annamites usuels à nos marins : nyoc, f., Eau.
— tyoutyou, m., Riz ; 2© c^l, -18 ; — d'où
tyoutyouter, Manger ; marins, -18.
caïffa, m.. Chasseur d'Afrique ; d. — Ils
vivent sous le même tropique que le café du
Planteur de Caïffa.
caille (être à la), Etre en rouspétance ; Pari-
siens et parisianisés, 17-18 ; « Ils s'étaient payé
des fringues et on avait tout embarqué ! Ils
n'avaient plus rien. Tu parles qu'ils étaient à
la caille ! », un 2^-m®, Paimbœuf, -17 ; —
l'avoir à la caille, « Etre embêté avec souvent
aussi l'idée de ne pas être rassuré », p. char-
pentier, 13® tir. alg., -18 ; — d'où avoir qqn
à la caille. Etre irrité contre qqn ; | « où j'ies
ai à la caille [les embusqués et demi-em-
busqués], c'est quand i' crânent », Feu^ 136 ;
— ■ 124 —
(( je les avais plutôt à la caille [les touristes et
métèques] )), J'avais une dent contre eux, ib.^
20-8-16 ; Il « Je faisais faire cercle aux gens ;
y en avait un à qui j'avais dû laisser tomber
ma crosse sur le pied plusieurs fois ; à la fin il
commençait à m'avoir à la caille », un fantassin
de ligne, Parisien, -10, à propos d'un service
d'ordre en pays espagnol. — Si on invoque
*rouscaille, f., substantif verbal de rouscailler,
Rouspéter, qui se trouve dès 1628 dans le Jar-
gon au sens de Parler, lessyssém. seront aller
au râle, Rouspéter : « On lui a chipé son bidon,
tu parles s'il va aller au râle » ; soldats, Pari-
siens surtout, -18 ; H usuel avant 14 ; — de
râler ; — aller au cri. Rouspéter : « Quinze
jours de grosse [de Prison] pour une plombe
[Heure] de retard, y a de quoi aller au cri ! » ;
soldats, Parisiens, -18 ; || usuel avant -14 ; —
de crier. Si on rapproche se cailler le sang, Se
faire de la bile, usuel dès -01, la tournure Valoir,
où r représentera le sang, sera crue antérieure
à la tournure être, et le syssém. sera tout mon
sang dans mes freines se glace. Si on invoque
mouscaille, f., Gadoue, V sera encore le sang,
mais les syssém. seront l'avoir à la merde,
l'avoir à la crotte, Paris et 13® tir. alg., -18, et
^ 125 —
3e faire un sang de peste. La .1^^ hypothèse
explique mieux ai^oir qqn à la caille, la 2® Fa^^oir
à la caille, la 3^ être à la caille.
caisseur, m., Discoureur prolixe ; 22^ C. O. A.,
14-16 ; — caissard, m., même sens ; ib. —
Homme qui en fait une caisse. — Cf. hisser
et déculottée.
calabousse, f., Prison ; marins, 15-18. ~ Un
marin en -15 me dit : « C'est le nom de la prison
à San- Francisco.» Le mot est usuel aux marins
des Etats-Unis, mars 18 ; ils l'écrivent « cala-
bouss » et l'estiment connu à travers tous les
Etats-Unis, au sens Prison, ou tout au moins
Violon (prison provisoire).
calebasse, f., Abri aux tranchées : chercher
« une calebasse pour planquer ses os », Feu,
234 ; « une calebasse où des Boches s'étaient
planqués », ib., 287. — Supposé que l'image
première, d'un toit bombé en fruit de courge,
convienne moins pour le second texte, qui
suppose une architecture presque vitruvienne,
le sens avait déjà été étendu jusqu'à Apparte-
ment civil : « Quand j'avais loué cette grande
calebasse d'appartement, — comme disait élé-
gamment le lieutenant Louis de Meung, qui
ne poétisait pas les choses, — », d'aurevilly,
— 126 —
Diaboliques, Rideau cramoisi. — Syssém. t
bocal, Logement ; — bidon de zinc. Sous- ma-
rin.
calendrier, m., Petite boîte d'explosif, fixée
sur raquette de bois, qui, tenue par le manche,
se lance, ou s'assène sur l'adversaire ; engin
français ; 95® inf., janv. 15 ; 46® inf., 14-16 ;
mot ignoré au 81® t., 14-17, et au 14® chass.,
nov. 16; désuet d'ailleurs, comme la chose,
avant mars 18; | D, m. p. ; a Grenade à main »,
V. du p. — Le texte suivant, où est censé parler
un soldat français, « recevoir sur ma cloche des
calendriers, des guitares, des raxjuettes et des
crapouillots », chapelle, pourrait faire penser
à tort que ces noms désignent des engins
boches.
caler les dominos (se), Manger ; 8® inf., -17.
■ — • Les dominos sont les Dents. • — Syn. : se
caler les joues, les amygdales, les soupapes, ri g. ;
se caler les foies, Nantes, -13.
calot, m.. Bonnet de police ; 81® t., 14-17 ;
usuel et général; jj seul nom usuel au troupier
au 19® inf., -95. — Mot que beaucoup ignoraient
avant -14, dauzat, 16-4-17, 666 ; désignait
jadis le Fond du shako, dauzat, ib. ; k Saint-
Cyr, le Képi, rig.
— 127 —
ôàlûa, m., Centre d'approvisionnement de
matériel automobile ; lafage, Les bagnoles au
Cama, Journ.^ 22-6-16. — Mot fait des initiales
c, a, m, a ; cf. crip, rat, ex, érème, bâton,deux-
quarante- quatre. — La langue anglo-saxonne
aime ces formules algébriques ; les Anglais ont
anzac, Australian and New-Zealand Army Corps,
qu'on trouve en français, m. sing., Secteur
occupé par l'Anzac aux Dardanelles ; — nos
alliés des Etats-Unis amex, American Expedi-
tionary Force, qu'on trouve, m. pi., Soldats
des Etats-Unis, dans nos textes imprimés :
Matin, 25-8-17, p. 1, c. 1 ; Phare de la
Loire, 13-4-18, p. 1, c. 2 ; Vie Par., 18-5-18,
429.
camarade syndiqué. Mon ami ; vocatif, usuel ;
81® t., 14-16 ; I Gaspard, 10 ; — camarade syn-
diqué de la Palliée, même sens ; 81® t., 14-16 ;
- — La Pallice étant proche de la Vendée,
quelque événement syndicaliste doit être l'ori-
gine du succès de cette queue anecdotique
dans la 88® D°^ t. — Cf., autres traces de la
lutte des classes, faire des manières bour-
geoises. Faire des manières, (Viser à la délica-
tesse,) 81® t., -17 ; marins, -18 ; — et, aux
Confusions, amnistie.
128
camembert, m., Képi d'officier : « ton ca-
membert », groupe de médecins militaires, Pa-
ris, avr. -17. — Image prise de la forme basse
et très cylindrique du képi d'officier à la mode.
— boîte à singe, f.. Képi haut (d'un colonel) ;
D. — C.-à-d. boîte à viande de conserve, cylin-
drique.
camigôotte, f.. Abri aux tranchées ; Feu, 20-
8-16, et p. 216.
camoufle, f,. Camouflage ; faire une ca-
moufle, Maquiller ; D. m. p.
camoufler, Chaparder ; 13^ tir. alg., 40^ art.,
-18 ; I « Quel est encore l'animal qui m'a
« camouflé » mon paquet de tabac ? », Echo
des Marmites, in Ann. p. L, 5-11-16, 485,
démarqué par le Crocodile, in B. des A., 28-
2-17. — Camoufler un engin d'attaque, un
travail de défense, c'est le soustraire (aux re-
gards) ; cf. embusquer et repérer. Mieux, ca-
moufler l'ennemi, c'est le souffler, le subtiliser^
en faisant exploser un camouflet souterrain,
(« ce furent les Boches qui furent camouflés »,
Bourru, 264).
canadien, m.. Engagé de la classe 18, dur à ins-
truire ; 82e j^rt. L, -17 ; D. —L'artillerie fut dotée
en 15-17 de chevaux canadiens rétif s au trait.
— 129 —
ESNAULT 9
cantoche, f., Cantine, (salle du cantinier) ;
81® t., rare ; | Gaspard, 231 ; « Y fera soif, ce
soir, à la cantocke », marcel, Journ., 21-6-15 ;
(ce dernier texte mal transcrit donne à sain.
un mot cantache, que gauthiot ensuite dit
« de vieux argot militaire », et que je n'ai
jamais entendu. — Cf. sardoche.
caoutchouc, m., Café : « L'caoutchouc a fait
l'mur )), Plus de café. Feu, 203 ; — suffixation-
calembour sur caoudji. — caoua, m.. Café ;
gagne du terrain, propagé par les coloniaux ;
— arabe, kahwa, Café ; cf. chouya. — caoudji,
m., Café ; même remarque ; — arabe kah-
wadji, Cafetier ; bistro a de même deux sens.
Marchand de vin, « chez le bistro », Débit de
vin, « aller au bistro ».
cap-horn, m., 1, Coiffure de cuir pour les
navigateurs : « son front [d'un matelot], où
les cheveux bouclaient sous le « cap Horn », —
la rude coiffure de cuir, — », mille, Journ.,
8-8-17 ; — 2, Bonnet de vol, en cuir, doublé de
drap, pour observateurs de captifs et pilotes
de dirigeables, Paimbœuf et S^-Nazaire, 17-18.
capi, m., Capitaine ; D, m. p. — Syn. :
capit', D. — pitaine, m., Chef d'escadrille ;
Mousqu., 125. — Cf. terri.
— 130 —
caporal- patates, m., Caporal d'ordinaire ;
8le t., 14-17 ; 78e t., 14-17 ; — caporal-sain-
doux, m., même sens (et non Caporal-fourrier,
comme dit rocher, 25-8-16) ; 81® t., 15-16,
130^ inf., -18; — cabot- graillon, m., même sens ;
Télé-Mail, in Front, 1-9-16 ; — cabo-rata, m.,
même sens ; 3® s^^ autom. de munitions pour
l'art. 1., Salonique et Assanova, 14-17 ; —
caporal- mulets, m., Caporal mitrailleur mule-
tier; 81^ t., -14 ; — caporal- bourrin, m., même
sens ; 81^ t., -14 ; — brigadier- marcassin, m.,(?)
Brigadier soignant les porcs de la section,
14® son. d'auto-canons 75, 30® art., adresse
d'une carte-postale envoyée de Courbevoie,
17-10-16 ; — sergent- ballot, m., Sergent vague-
mestre affecté aux colis et qui les va chercher
avec une petite voiture ; dépôt du 65® inf.,
Nantes, 14-18 ; — caporal- tubes, m., Caporal
chargé des tubes flexibles (pour gonflement de
« saucisse » à l'hydrogène) : « le zèle du caporal-
tubes et des hommes- flexibles », micromégas,
B. des A,y 28-11-17. — Ces déterminants ajoutés
à caporal et sergent indiquent les diverses causes
finales de leur emploi; cf. homme et copahu, —
De là Patate, sobriquet de Bégos, cabo d*or-
din*, 10® c**, 81® t., 14-15, (ses successeurs n'en
— 131 —
curent pas la survivance,) et d'un autre, 78^ t.,
14-17 ; — boîte à graisse, f., Marchis mécani-
cien ; D. ; — soit par synecdoque en sous-
entendant le grade, ou directement par méto-
nymie parce qu'ils prononçaient souvent ces
mots.
capote, f.. Paillasson à bouteille de vin ;
coopérative du 81® t., -17. — Vêtement confor-
table pour la route et la cave-abri.
capout ! (moi, pas), Grâce I, (soit au sens
Ne m'engueule pas, soit au sens Tu me rases,
Lâche-moi le coude) ; 81® t., -17 ; divers sol-
dats, 17-18 ; — sabir franco-germanique signi-
fiant Ne me tuez pas, (l'allemand /capui. Ruiné,
Cassé, Mort, est pris du français capot, Rati-
boisé), usuel aux Boches faits prisonniers. —
Syssém. : camarade !, mêmes sens ; — autre cri
du Boche qui demande grâce. — Cf. boucher
noir.
capsaille, et capseille (faire). Chavirer, Ca-
poter ; marins, -18 : « L'embarcation a fait
capseille » ; « L'avion fera capseille »; |1 usuel,
à Brest, à Dinan, en basse-Loire, « depuis tou-
jours », au témoignage des mêmes marins. —
Suffixation libre sur capoter ?
carafe, f., Panne de moteur ; aviateurs : « Si
132
le moteur « ne gaze » pas, c'est la « carafe » »,
THAVET. — En carafe. Abandonné, Inutilisé,
usuel à Paris, dès -03 ; — très probablement de
l'argot care, Cachette, {mettre à la care, Mettre
de côté), par suffixe-calembour.
carapace (faire). A, Lécher le derrière ;
81® t., août, sept. 14 ; — B, Etre serrés les uns
contre les autres, de façon à présenter vers le
ciel une surface continue quoique composite :
Le village « fait la carapace autour de l'église,
qui est assise au milieu des maisons », Cabaret,
454. — A, extension de sens ; B, métaphore ;
tirées toutes deux du mouvement de service
en campagne nommé carapace, par ex. aux
81® t., août 14, 2® cal, .18, consistant à se
jeter, ayant fait à gauche par quatre, tous à
genoux, la tête dans l'entrefesson de l'homme
de devant, sacs contre sacs, préservation mu-
tuelle contre une rafale d'obus ; autre part
le commandement d'exécution était « Ra-
fale ! ».
carrosserie {atterrir sur la), Atterrir par la
carlingue au lieu des roues ; esc. S-152, -18.
cartouche, f.. Cartouchière ; Nantais, 81® t.,
14-17 ; usage constant ; « cartouches a réparé »,
carnet d'un sergent.
casque à pointe, m., Obus cylindro-coniquc
du mortier de tranchées ; 80® t., fév. 16, Boe-
singhe ; 154® inf., juill. 16, Mort- Homme. —
Pointe désigne-t'il le cône, et casque pas grand
chose ? Il y a sans doute eu déduction syno-
nymique sur un autre nom de coiffure militaire ;
cf. pot- de- fleur s.
casse-gueule. A, Téméraire, Culotté, Coura-
geux : « un type casse-gueule », 289® inf.,
avr. 18. — Syssém. ; casse-cou. — Cf. ,apprenti-
cadai^re. — B, m., Témérité ; Mousqu.^ 39.
casse-pattes, m.. Eau-de-vie ; 156® inf., 16®
chass., 5® génie, 17-18 ; | agatha ; « se met-
tre un cintième de casse-pattes dans Tcornet»,
Feu, 121 ; Il usuel aux contingents du nord
dès 1900. — Encore plus usuel aux contin-
gents du nord dès 1900, casse- pattes, Vin
blanc : « Apportez un litre de casse-pattes ».
— Syssém. : roule- par-terre.
casse- pipe, m.. Affaire (militaire) pénible, soit
attaque ou défensive ; 156® inf., mai 18. — La
pipe est la Tête, dite fréquemment tête de pipe,
et par synecdoque pipe ; casser sa pipe, qu'on
traduit et qu'on emploie équivalent de Mourir,
est exactement Mourir d'accident ; on trouve
aussi cassage de tête. Bataille : « préférer une
^184 —
position un peu en arrière au cassage de têtes
de la première ligne », z, Armée de 1917, 78.
Mais au succès de casse-pipe a pu contribuer
le souvenir des tirs forains sur pipes à bon
marché. — casse-croûte, m., Attaque ; d. ; —
libre suffixation du précédent.
casser du bois, Briser son appareil ; aviateurs,
16-18 ; — îaire du bois, même sens, Dirigeal)les,
mai 18. — Métonymie de l'objet par sa matière
ou une de ses matières ; cf. fer, zinc.
casserole, f.. A, Calotte hémisphérique adap-
tée à l'avant de l'avion, (devant l'hélice et tour-
nant avec l'hélice,) de façon à prolonger le fuse-
lage pisciforme au lieu de l'arrêter par un méplat;
aviateurs ; — sématisme. Cuve métallique. —
B, Automobile ; 48^ t., -16 ; — sématisme,
Ustensile aux stridences métalliques, — syssém.:
tarare, — ou Ustensile contenant du feu, —
syssém. : chaufferette, Automobile ; — bouille,
f., Locomotive ; 5^ génie, -18 ; — apocope de
bouilloire ou de bouillotte. — C, Tête : « Je m'fous
d'êt' blessé, pourvu qu'ce n'soit ni au buffet
ni à la casserole », fantassin, fév. 16 ; — séma-
tisme : Récipient où se produit une ébuUition ;
— syssém. : bouillotte^ cafetière, Tête ; avoir la
tête en feu, le cerveau en ébuUition, faire de la
— 135 —
çapeur ; (d'où, par dér. syn. sur fumée, fumer
sans tabac, Etre irrité, et tête de pipe, au sens
particulier de Homme prompt à s'irriter.)
cassis (du), des Morts et des Blessés et de la
Casse de matériel : « Toujours dans le même
secteur, avec un peu de cassis de temps en
temps )), lettre du 211^ t., sept. 16. — Syssém. :
copeau : rei>enir en copeaux, Etre rapporté dé-
chiqueté, TouNY-LERYs, M. dc Fv., 16-5-17,
p. 375 ; Il les anciens « qui avaient déjà fait du
copeau dans les rangs anglais de 1813 à 1815 »,
d'esparbès, Demi-Solde, v.
cercueil volant, m., 1, Méchant appareil de
vol ; aviateurs, -17 ; « C'est un vrai cercueil,
ce dirigeable-là », un adjudant de dirigeables,
déc. 17. — 2, Avion monoplan parasol Morane-
Saulnier, avr. 18. • — Cf. cercueils d'acier, appli-
qué aux Sous-marins, lors de la perte du Far-
fadet, du Lutin, du Pluçiôse.
chaleureux. Peureux ; 40^ art., sept. 18. —
Euphémisme pour ch{iasseux) ; cf. Ah ! cha-
leur !, cri de dépit et de refus, pour chiasse !,
chierie !
chameau (équipe-), f., Equipe de porteurs de
madriers et poutrelles dans un travail de
pontage ; génie, avant mai 18.
136
chandelle, f., Ascension verticale ou presque
verticale ; aviateurs, 16-17 ; Miramas, mai 18 ;
I « faire une chandelle », dorme, lettre, 22-7-15,
in Gu. Aér., 17-1-18 ; « — On décolle comme
les as ! — Une vraie chandelle », nadaud, Li-
berté, 10-12-16 ; avion qui « monte en chan-
delle )), MusiDORA ; « parti en chandelle, il a
une légère défaillance ; il se cabre trop, il a
manqué la seconde où il lui était permis de
redresser son appareil » et tombe, dortet,
Illustration, 28-10-16 ; — d'où piqué chandelle,
m., Erection de l'avion perpendiculairement
au sol : Arrivé au-dessous de l'avion boche,
« je commençais à le tirer dans un « piqué chan-
delle ». Le mitrailleur ne ripostait même pas,
le Boche piquait en hâte <....'> J'effectue
alors une série de « piqués chandelles » au cours
desquels j'envoie plusieurs salves », récits de
R. Montrion, aviateur, in Gu. Aér., 27-12-17,
p. 110, c. 1; Il « au moment où l'appareil a
commencé à se mettre « en chandelle » », Matin,
16-4-13. — Emplois non aviateurs : faire une
chandelle. Lancer une balle bien verticalement,
FUSTiER ; « Tout à l'heure, du haut de la
barque, il plongerait en chandelle », margue-
RiTTE, Fabrecé, III, i. — J'entends dire droit
— 137 —
comme une bougie, à propos de qqch. qui se
guindé rapidement jusqu'à la verticale. —
En chandelle est une image de charpentiers :
chandelle, Pièce de bois verticale, hdt.
chantier, m., Secteur, Poste ; divers soldats,
-17 ; I « Pour moi le chantier se tenait à Cu-
mières, entre Regnéville et Chattancourt »,
E. c, Pet. Journ,, 8-4-16, propos d'un mi-
trailleur. — Rappel de la vie civile ; — cf.
« Je veux le ramener [l'avion boche qui me
poursuit] dans nos propriétés »,... au-dessus de
nos Lignes, montgeorge ; — « Je passe au-
dessus du fossé )),... au-dessus de la Tranchée
ennemie, ib. ; — une Fusée éclairante est dite
bougie et chandelle ; la Gagna la carrée ; cf.
1®, boulonner, boulot, chapeau, facétie, facteur ;
2®, pétoire.
chapeau, m.. Casque ; 8^ génie, -18. — D'où
blindé, m., (sous-entendu chapeau) ; d. — Syn. :
toque, et à peu près tous les syn. populaires de
chapeau. — « Le soldat appelle son casque un
chapeau, ses brodequins des bottines, sa capote
un pardessus ; il essaie de plaisanter », j. de-
meure ; ces plaisanteries sont des rappels de
la vie civile, tentant d'améliorer l'objet par
une litote ironique ; cf. chantier.
138
Charles- humbert, m., « Obus français de 280 » ;
V. du p. — M. Charles Humbert menait cam-
pagne pour la multiplication de l'artillerie
lourde.
Charlotte, f., le Canon de 75 ; dauzat, 16-4-
17, 664. Cf. Joséphine.
charretier, m., A, Conducteur d'artillerie ;
40® art., 15-16. — B, Automobiliste employé
à un service de convoi de matériel, aux ca-
mions-bazars, aux camionne^ttes ; S.A.P.-X,
-16. — Antonyme, chien de luxe ; cf. chenaux
de lucce.
chassbi, m., Chasseur : A, Avion de chasse
(dit chasseur) ; aviateurs ; — B, surtout, Chas-
seur alpin, Chasseur à pied ; les chasseurs
eux-mêmes ; « Emile M <... > au 120 Chasbi
au Canon de 37, secteur 160 », adresse de lettre,
août 16; I Le Chahi, journal du front, cité
Journ,, 18-7-16, p. 4, c. 3 ; « S.-lieut. de Chas-
bis », Vie Par., 23-3-18, p. 269, c. 3 ; chassebi,
DAUZAT, 16-4-17, 666 ; — C, Chasseur à che-
val ; D. ; — D, Chasseur d'Afrique ; d., —
sens suspect. — Selon d. chassebif, usité au
sens B au 23® alpins, offrirait la forme pre-
mière et serait fait de chass{eur) -\- biff(in) ;
mais -bif et -bi sont deux suffixes également
^ 139 —
solides dans l'usage ; et les vitriers se sont-ils
jamais voulu appeler des Chasseurs-Chiffon-
niers, les fantassins de marine des *mar-biff ?
J'ai entendu affirmer que le sens premier
était Chasseur d'Afrique ; — était-ce pour
insinuer que l'étymologie est *chasseur-
bicot ? — -bi n'est que le même suffixe
qu'on a dans Arbi (de Arabe), frisbi (de
{frisquet), dégueulbi (de dégueulasse), Tochbi (de
Dochbi -< — Dodoch -< — Mardoch -< — Mardochée,
sobriquet de M. Amand, professeur, Alençon,
lycée, -10), fourbi, m., Fourrier, D. m. p., (de
fourrier), et qui les fait rimer avec fourbi (Chose),
gourbi (Cabane), biribi (Loto), toubi (-< — toubib),
et autres mots populaires. — chasse- pattes, m.,
Chasseurs à pied, dauzat, 16-4-17, 666 ; —
substitution de patte à pied dans une forme
*chass-pied due aux abréviations sur registres ;
cf. bâton ; — de chasse-patte a été extrait un
suffixe -patte ; d'où VOSgepatte, m., Vosgien ;
xxxx® inf., Lorraine, 14-15, aynaud ; « | Co-
lasson, dit Vosgepatte, était à la fois rede-
vable de son surnom à sa contrée d'origine, les
Vosges, et au Journaliste, qui renfermait men-
talement dans cette appellation générique tous
ses congénères, et la lui avait appliquée, à lui
-. 140 —
tout spécialement, parce qu'à ses yeux Co-
lasson synthétisait la race », a. a.. Contes vér.,
23 ; ce Journaliste est de vrai un Parisien
grand lecteur de quotidiens.
châsses (être aux), 1, Se tenir sur ses gardes ;
— 2, Etre avisé ; lambert. — Syssém. : être sur
Vœil, même sens ; « un gars sur l'œil ». La
même construction de être exprime de nom-
breux états et l'idée d'Avoir (ex. être au sac,
Avoir le sac. Etre riche), de nombreuses actions
et l'idée de Faire (ex. être à renaud, Renauder).
châtaigne (aller à la), Attaquer ; 130^ inf.,
17-18. — On échange des châtaignes, des mar-
rons, des Coups.
château (panne de), f.. Panne préméditée,
dans un endroit d'élection et de dilection ;
aviateurs, Miramas, mai 18. — Tout châtelain
fait gracieuse chère à un aviateur en dé-
tresse.
chatouiller la torpille. Exagérer, Agir ou
Parler inconsidérément ; 270® art., oct. 18 ; |
« dernière trouvaille venue du front, où on
nous garantit l'avoir entendue », Vie Par.,
18-5-18, p. 429. — Cf. bousculer.
chaufferette, f.. Automobile : « L'instrument
qui sert à jouer s'appelle très ordinairement,
141
Berlingoty Tarare, ou Chaufferette')), Alexandre,
Le jeu de Vauto, in Front, 16-10-16. — Le chauf-
feur qui a les pieds sur les pédales sent aux
jambes la chaleur du moteur à travers un
tablier métallique ; cette chaufferette désigne
par métonymie toute la voiture ; cf. casserole.
chaussette (comme une), sert de superlatif à
retourner, Mettre à l'envers ; retourner qqn
comme une vieille chaussette, lui Faire faire des
déclarations successives blanc et noir, marins
fourriers, -18; | « ces effroyables bombarde-
ments qui retournent les tranchées « comme
des chaussettes » », galtier-boissière. Ré-
flexions sur le courage, dans Revue franco-
macédonienne, in B. des A., 13-12-16.0
chef de gare, m.. Sergent qui est de jour
paur toutes les escadrilles, à la R. G. Aé.,
DORME, mémoires, 22-7-15, in Gu. Aér., 17-1-18,
p. 164, c. 2. — Métaphore de fonction.
chemin de fer, m.. Liseré de rengagé ;
40® art., -18 ; — d'où, par bredouillement
simulé, le syn. chien de îer ; ib. ; — et, sans
doute, chien vert ; 334® inf., signalé à d. sans
traduction.
cheminée (en), en Spirale ; aviateurs : « des-
cente en cheminée »,musidora ; X « est épatant
— 142 _
■
pour monter en cheminée », Brise d'entonnoirs^
in B. des A., 28-3-17; | « L'appareil s'est mis
« en cheminée » ; il a piqué du nez sans que la
surface sustentatrice ait pu intervenir pour
ralentir la chute », Matin, 8-5-09, p. 2.
chenille, f., Engin d'invention boche contre
avions, chapelet de ballonnets incandescents
qui brise l'hélice prise à ses liens de fer et
incendie les plans ; Gu. Aér., 5-7-17, p. 532 ;
Mousqu., 180.
chérer, 1, Outrepasser ; usage général, Pari-
siens et parisianisants : « il chère », Il fait des
acrobaties sportives, à propos d'un aviateur, mé-
canos, Pau, 48, (cf. Mousqu.y 82, 139). —
2, Railler ; même usage. — On retrouve ces
deux sens sous bousculer et charrier.
Cherrer, (car cette graphie est plus fréquente
que chérer,) « paraît être le doublet provincial
du parisien charrier quelqu'un, s'en moquer
(en wallon, on dit cherri pour charrier) », sain.
— Il me plairait au moins autant de tirer, avec
ROSS., chérer de l'adjectif cher, aussi facile à
employer adverbialement comme fort, sec,
lourd, dur, {aller fort ; péter sec ; rigoler lourd,
{Feu, 360) ; croire dur). Cher, adverbe, 1, Beau-
coup ; RI G. ; « Pour quatre sous de brie tu es
— 143 —
mal servi : il n'y en a pas cher », ross. ; la ques-
tion argent offre un sématisme simple et
peuple ; — 2, Difficilement ; dlle ; — 3, Fort,
Dur ; s^enlei^er cher, Avoir le ventre vide, rig.
(parce qu'à force de faire ballon, de Jeûner,
on a chance d'acquérir une force ascension-
nelle); « un des trois types m'avait m(ordu cher
des châsses et du coude »,... m'avait regardé et
m'avait fait le coude avec Insistance, Philibert,
176 ; « il aurait écopé cher »,... été condamné au
Maxinium, ib., 328 ; — 4, En grand nombre,
En grande quantité. Vite ; pas si cher. Pas si
vite. Pas tant, ross. ; « y passe par [lire : pas]
lerch [loucherbèm, pour cher] de treppe,
...Beaucoup de monde, hayard, Dict. (T ar-
got, 8.
De là, A, en conservant à cher son sens gé-
néral. Qui coûte beaucoup d'argent, on tire
chérer, Forcer la dépense, (p. ex. dans du bou-
din ou du camembert) ; d'où chérer. Railler, et,
traduction d'un bon argotier « Chiner en mettant
les pieds dans le plat », 81^ t., mars 16 ; car
Railler qqn se dit Vacheter et le chiner ; chérer
c'est Y mettre le prix, Ne pas regarder *à la
dépense d'esprit en achetant et chinant ; d'où,
par allusions culinaires, cherrer dans le boudin,
— 144 —
Se moquer, art. du Poilu, 6-2-15, in sain.;
GAUTHiOT, p. 80 ; cherrer dans le camembert,
Exagérer, Fantasio, 15-9-16, p. 167, c. 2 ; —
l'antonyme naturel sera économiser, Se mo-
dérer dans la moquerie : « On murmure :
— Oui, oui, ça va... C'est pas la peine de nous
la faire. Economise », Feu, 342 ; — et, repre-
nant au sens propre, mais par plaisanterie, les
produits culinaires, on aura : « Car, vraiment,
entre nous, nous avons un peu « cherré » avec
les camemberts, les babas au rlium, les fiçe
o'clock teas », prax. Œuvre, 27-11-16, c.-à-d.
Nous ne nous en sommes pas privés.
B, en développant le sens second cher. Fort,
on a chérer, Y aller carrément, sans regarder
à l'effort : « Cherre pas trop, pour éviter les
cahots », Ne force pas de vitesse, recommanda-
tion à un chauffeur de taxi, Œuvre, 4-11-16,
p. 1, c. 3 ; « tu trouves pas que les « cuistots »
ont un peu « cherré » dans le beurre ? »,... ont
Mis trop de beurre dans la soupe, p'tit gars ;
Chairez !, Hardi ! Courage !, a. humbert, Mon
bagne, in fustier ; d'où chérer, 1, Exagérer :
« Dites donc les Boches, je crois que vous cherrez
un peu ! »,... vous Outrepassez le temps con-
venu (pour puiser de l'eau), Poilu, 6-2-15, in
■
— 145 —
10
SAIN* ; « 3etet-Vo\is cftri'émeftt dans la mêlée et
allez-y en cherrant le plus possible. Cherrez,
mes amis, cherrez, sous peine de passer poul"
des nouilles », c.-à-d. Blaguez en argot d'avia-
tion sur des questions techniques où vos audi-
teurs rie comprennent tien, vieux juteux ;
sans chérer^ SariS exagérer, 231^ inf., -16 ; —
2, tr.j chérer^ Patiner indiscrètement, Bous-
culer, et même Rosser -: « les types qui sont
rétamés [Ivfes] ou qui chèrent de trop près les
fumellefe pigeift de la grosse », PANtHUCHARD,
c.-à-d. Les hommes ivres ou trop peloteurs dfe
femmes attrapent de la prison et de la vérole ;
(sAifT. n'a pas vu dans ce texte le dotible sehs
de grosse ; en revanche il en a sorti uîx verbe
« Ghéher, faire la noce, c'est-à-dire boillxe
chère » !) ; en Loire- Inf., -05, un coureur cy-
cliste est dit chérer, sur la piste, quand il force
un concurrent à se rapprocher de la cofde et le
gêne ; cherrer. Frapper fort, ross* ; « Chère-le,
<C*.^> il aime ça, qu'on le chère* Les baffes,
ça l'excite », Philibert^ 219 ; -^ d'où chérèr
dans le mastic, Exagérer l'affaire ; 270® art.
mai 18, j — et, par allusion aux déménageurs
bousculeurs, cherrer dans la console, Ejcagérer^
s. GUITRY, Jean Illf acte 2 ; — pincer le
— 146 —
marbre, Exagérer ; 270^ art., mai 18 ; 95^ inf.,
-18 ; — syssém. du vieux chahuter le bas-
relief ; — et, par précision sur les membres
heurtés, chérer dans les bégonias. Exagérer ;
8le t., -16 ; I Paris, mai 16, InL des Ch.,
LXXIV, 135 ; GAUTHioT, 80 ; « Il cherre un
peu dans les bégonias, le comité d'organisa-
tion )), Il monte son style jusqu'au galimatias,
Fantasio, 15-6-16, p. 924, c. 2 ; — ■■ les bégonias
sont les Jambes, V. du p, ; — dans les tuli-
piers, Vie Par., 19-8-16, p. 167, c. 2 ; — dans
les tulipes ; bringer, M. le Vicomte, 185 ; —
dans les pétunias ; i6., 60, 106 ; — dans les
violettes ; un matelot, sept. 18 ; — défriser la
chicorée ; bringer, ib., 109 ; Mousqu., 21. ^
Toute cette sémantique qui tire Exagérer
de Mettre cher est à rapprocher de celle qui
tire Exagérer d'Aller fort, étudiée sous bous-
culer, et qui a contaminé ses jeux de boudins
et de bégonias avec ceux de chérer. — Plus
généralement, sont encore syssém. : charger,
Se moquer. Exagérer ; — en remettre, Exagérer^
Ajouter au programme ; au texte, en parlant
F de Mounet-Sully, l. daudet, A. fr., 6-3-16 ;
au protocole de la civilité, en parlant d'une
femme, bourget, Le mensonge du père, iv ; —
— 147 —
la même idée se retrouve dans Pas tant I, mot
de mode en nov. 16, Vie Par,, 4-11-16, p. 829,
c. 2, qui sert de réducteur à une vantardise ou
à une lamentation.
cheval (mauvais), Méchant ; divers soldats et
marins, 16-18 ; « Le colon n'est pas mauvais
cheval, il cause avec nous », 81^ t., -16. —
Syssém. : rosse, — Cf. carcagnat, m., Cheval ; d. ;
— dér. de carcan, Cheval (porteur d'un collier);
c'est, changé de suffixe ou mal lu, le carcagno,
Usurier^ de vidocq, mais en son sens premier ;
les usuriers sont des rosses.
chevaux- de- bois (manger, bouffer avec les),
Jeûner (par force) ; 81^ t., 4*5-17 ; 63^ art.,
1^7-18 ; 8^ génie, avr. 18 ; | « On « briffe » avec
les « chevaux de bois », p'tit gars. — Les che-
vaux-de-hois sont très sobres.
chevaux- de- bois [du), des Evolutions circu-
laires (en avion) ; centre de dirigeables, 17-18 ;
I « y z'en ont fait du ch'vaux d'bois,en l'ait »,
RICHARD, Pet, Par., 14-5-16. — Syssém. : faire
le cirque. Se promener en rond (autour d'un
pâté de maisons, en parlant de gardiens de la
paix), BRUANT, Captii^e, I, xxii. — D'où, au
singulier, cheval de bois, même sens, sauf qu'il
est restreint à une mésaventure et non plus
— 148 —
aux prouesses de vol, Pivotage tête à queue sur
le sol, produite par le moteur, dont le pilote
n'est pas maître ; usuel aux aviateurs ; Mira-
mas, mai 18 ; | « l'appareil mal tenu fait brus-
quement dèmi-tour, avec un petit frisson, il
[le pilote] sent la queue qui se soulève, et
coupe : un « cheval de bois... » On le remet face
au vent, il repart, autre « cheval de bois ! »,
THAVET.
chevaux de luxe, m.. Militaires faisant un
service agréable, avec loisir d'être bien nourris
et bien habillés ; en particulier Militaires de la
S.A.P.-X, Toul, -16. — C'est les considérer
comme embusqués. Cf. : « vous n'avez pas des
manières de chevaux de luxe, mes gas, mais
des façons de bourrins, de sales bourrins qui
ruent », Cabaret, 472. ■ — • Syssém. : cheval de
box, m.. Sous-officier ; d. (graphie boxe) ; — •
bœufs, m.. Officiers-mariniers ; marins ; || dès
-08 ; — l'équipage nomme leur salle à manger
parc aux bœufs et les juge à l'engrais. — Trans-
posés peuple de l'idée d'officiers de salon.
cheveux creux (avoir les). N'être pas brave ;
81^ t., -16 : « Toi t'as les cheveux creux ; tu
parles que quand t'es saoul » ; | Pépères, 45,
161. — Cf. genoux-creux.
— 149 -^
chicane, f., Vagin ; 81® t., mai 16. — C'est le
pertuis praticable à travers un réseau de bar-
belés ; — syn. : tranchée. — Cf. chevaux de frise,
m., Sourcils, moustaches hérisses ; d.
ohichiard. Faiseur de manières ; 231® inf.,
apax, témoignage de h. barbusse; | Feu^ 106.
— Chichi, Grimace, Complication dans les ma-
nières ; Paris, -95 ; Brest, -98.
chien de luxe, m.. Automobiliste employé à
un service chic, conducteur de coupés d'offi-
ciers, d'omnibus d'officiers ; S.A.P.rX, -16. —
Antonyme : charretier.
chien- chien- gomme, m.. Membre viril ; ma-
rins, S*-Nazaire, sept. 18. — Au sens premier,
c*est le nom, francisé à S^-Nazaire, d'un bonbon
dont raffolent les Yanks, lanière caoutchou-
teuse et menthée qu'on mâche longuement
sans la dissoudre, le chewing-gum ; (to chew,
Ruminer).
chier (celui qui nous fait), m., le Cuisinier ;
marins, avr. 18.
chignole, f., 1, Voiture à bras, une, deux,
trois, ou quatre roues ; sur l'essieu un plancher,,
une caisse ou une baignoire ; parfois voiture
d'enfant ; un chien, des fois, aide le pousseur ;
sert aux cuistos ; 81® t. ; usage très général; [
— 450 —
Echo des Marmite^, in B. des A., 8-11-16; (|
usuel à Paris, rû5. - — 2, Automobile ; France
et armée d'Orient, 14-16; || usuel avant -14. —
3, Avion î « Ma chignole va rester en carafe »,
MONTGEORGE. — Se rattache à chignole (pro-
noncé aussi suivant les régions signole, souaî-
nole, Ï.ITTÏIÉ), Dévidoir ; Manivelle ; Boucle
pour tirer sur le tuyau à gaz allumé dans les
débits de tabac, Paris, -01 ■ Vilebrequin por-
tatif, Mousqu.y 253 ; etc. — dér. de chigner,
Pleurer ; une chignole est une Grinçante ; cf.
bécane^ taxi ; gnole.
Chinoique, m., Olybrius : « s'pèce de chi-
noique )), Feu, 39. — De chinois, même sens ;
le suffixe rappelle la terminaison de amoiqué,
Emu, (uuYSMANS, Sœurs Vatard, v), et de
quelpoique, Rien, vidocq.
cbiotte, f., 1, Canot Wbite ; un 2^-m^ méca-
nicien, -18 ; ' — le militaire a pour faisoirs des
baquets et bailles ; et une méchante barque
s'appelle une baille ; on a ainsi un ^ématisme
aller et retour ; cf. fokker. — 2, Dirigeable de
petites dimensions i a Ce matin, mon copain
Lagadec a passé dans sa chiotte »,... nous a
survolés dans le dirigeable où il est mécanicien ;
le même 2^-m^, -18 ; — le canot White est une
i
151
vedette, et les marins appellent aussi çedette
un dirigeable de petites dimensions. — Syssém. :
tinette, f., Automobile ; d.
chipèstèr, m., Eau-de-vie ; dépôt du 57® art.
(Toulouse), (le témoin écrit « chippester »),
avr.-mai 15 ; 97® t. (Parisiens), fin -16 à Laître-
sous-Amance ; 144® inf., juill. 17 ; usuel aux
6® et 12® inf. (fort contingent du sud-ouest) ;
au camp de Ger (Basses-Pyr.), 6®, 12®, 18®, 34®,
49®, 123®, 144® inf., févr. à mai 17, (avant
*-v. 17 on disait gnole et fil-de-fer) ; 289® inf.
(Parisiens), où l'on parle de « chipèstèr trois
(toiles », Eau-de-vie extra, avr. 18, Oise; |1
assez répandu en Charentes avant -14, témoi-
f^nage d'un artilleur en avr. 18. — Inconnu aux
^•0®, 81® t., 95® inf., inusité au 40® art., sept. 18,
£ iuf de deux Gascons venus de Toulouse en -16,
C3 mot, qui sonne espagnol, ne semble pas es-
] agnol à des hispanisants, ni anglais, ni marin,
ifi lorrain, ni breton, ni berrichon. — chipes-
iarnic, m.. Eau-de-vie extra ; d.; — chevau-
ciaement de chipèstèr + chnic.
chocolat, 1, m., Marocain, Sénégalais ; D. m.
p.; II Noir; usuel aux étudiants, Paris, -96. —
2, Ivre ; un Parisien, 81® t., -16 ; marins, 17-
18 ; — le sens 2 se tire du sens 1, sur ce que
— 152 —
Ivre se dit noir. — Syssém. : sénégalais, Ivre ;
usuel à la s^ii sanitaire automobile 45, 16-17 :
« Tu étais sénégalais hier soir » ; 2® c^^, -18; —
d'où le Sénégal, l'Ensemble des ivrognes de la
s°^ sanit. autom. 45, 16-17 ; cf. marsouille ; —
les troupes noires, les Soldats saouls ; 289® inf.,
13® cl®, -18.
chocolat, Trompé dans son espoir. Dupe ;
109® inf., -17 ; 8® génie, 40® s^n D. C. A.,81® art.
1., mai 18 ; « J'ai été chocolat » dit celui qui n'a
pas trouvé ce qu'on l'avait envoyé chercher ;
« On a fait des combinaisons savantes, on a
manœuvré habilement, on a fait de rudes
efforts, et puis... chocolats !» ; « Jp suis cho-
colat dans la combine »; H «j'ai passé dix ans
de ma vie de policier affublé du surnom de
« Chocolat », plutôt désobligeant pour un
homme dont la profession est justement de ne
pas l'être « chocolat » », jaume. Matin, 4-8-08.
— Mal expliqué dans g. e., 16-4-18, 653, au
détriment de l'étymologie que j'avais notée plus
anciennement : chocolat, usuel aux filous du jeu
de bonneteau dès -86, a été tiré, par synec-
doque, de *crème au chocolat, queue roman-
tique sur crème ; crèmeYsi le même sens que
chocolat : être fait crème, Etre dupé par son
^ 153 —
complice, dlle ; « Tu me fais pas crème, va ! »,
Tu ne m'illusionnes pas, kirsch, Le Tigre, 213.
— De ce crème a été tiré aussi ^crème au moka,
puis, par synecdoque, moka, syn. de chocolat :
« Oui, et l'autre s'est rebecqueté la cerise, mais
cela ne l'a pas empêché d'être moka. Ce qui
veut dire en vieux français <C.-.!> l'adver-
saire [du boxeur Sam Mac Vea] a repris des
forces, mais il a été tout de même vaincu »,
vAUTpL, Matin, 10-2-09.
De savoir quel était le sématisme de crème,
c'est une autre affaire. Les soldats suisses
disent on est chocolat, On est éreinté, Schw. Sold.,
73. C'est à peu près au même sens qu'on trouve
l'image de crème dans nos provinces : des gars
tout creumés. Qui manquent d'énergie. Mous
comme de la crème, duine, Patois de Dol,
Annales de Bretagne, XII, 592 ; « Vers le soir,
je commençai à penser où je me retirerais pour
la nuit. En face de moi <<...>* un village était
campé <C...>» Mais d'aller y demander l'abri,
c'était comme pour le manger, ça me faisait
crème », Je me trouvais sans courage, le roy,
Jacquou, 150. Cî. rester comme deux ronds de
flan. Rester ébahi. Toutefois la mollesse des
crèmes n'explique pas bien tous les emplois de
154
la Jûpution faire crème ; leur couleur jaune a
pu coopérer : passer au jaune c'est Tromper.
chQCQtes} (avoir les), Avoir peur ; 21 e cJja^S.
(un ténioin parisien), P? ; |1 choquoUe, Os gr^s ;
chiffonniers, mo. ; cf. c^st d^ la choquoUef C'est
bon, DÏ.LE ; chocaillon, Chiffonnière, Ivro-
gnesse, DEI.VAU ; c( Oui, ma chocotte ; oui, niQ|i
rat en sucre )), dit une fpmme à son mari, pu-
vERNois, Nounette, 44 ; — chocote^ c'g^t, A, Ce
qui pue, (par ex., un OS de poubelle), B, une
Crotte, d'où ma chocote / = ma crotte /, et
aç'QÏr les cliQcoteSy sysséna, à^a^oir les colomhins ;
— dér, ; chûcoterj Puer, [ça chocote, ça cocote),
usuel aux Parigots ; — clipcotièrç, f ., Cuisine
roulante ; Parisiens, d. ; — c.-à-d, yoiture à
ordures puantes ; syssém. de torpilleur,
Ohôî !, Vois !, Regarde ! ; 13^ tir. alg., 48. —
Mût arabe, usuel au5f Français d'Alger.
choueîlle, (monosyllabe), m., Yerrée ; Bel?,
2^Tm® (Lorientais), -18, mona^ç, sauf qu'on le
répète autour de lui ; — en jeter un cJjouaiHe,
Travailler dur ; d. — Selon Belz, qui a vécu
dans le Nord, c'est un mot lorientais ; le té-
moin de D. a passé par l'Artois. Les deux
emplois se ramènent sous le syu. commun
coup, {coup 4 hoire, en jeter un coup) ; cf, gnole.
155
chouya, m., Petite quantité : « Un chouia de
tabac ? )), Feu, 217. — Arabe chouyat, Petite
chose. — Nos soldats d'Afrique emploient dès
longtemps chouya- chouya, Tout doucement, rig.;
— de l'arabe chouya- chouya. Peu à peu. — Cf.
adruper, brêl, chôf, chuchemahure, class, clebs,
fissa, gourbi, guitoune, kaddour, kébir, lobé ?,
maouss ?, niquer, nouba, ramdam, sidi, souasoua,
toubi, zob ; malabar.
Chtimi, m., Français du Pas-de-Calais, du
Nord, Picard, Wallon ; 46^ inf., 14-16 ; 40^ art.,
14-18; 11 usuel avant -14, a fait fortune par la
guerre. — Ch', Ce, ti. Toi, mi. Moi, mots du
Nord juxtaposés. Au 81® t., où chtimi est in-
connu, on appelle les Français du nord les
gars de cK nord, à cause de leur habitude de
remplacer l'article le par un article ce pro-
noncé cK . — Cf. sidi, mon- bon, ya-ya ; boueux,
grelu, gros-lard, mahaut, pigouil. ^
cîcasse, f., Eau-de-vie ; Parisiens au 96® inf.,
-17 ; 154® inf. (Meusiens) et marins,-18 ;, | « Ah !
ce sacré caoua... en campagne, il nous semble
délicieux, surtout quand on peut mettre dedans
un peu de cicasse... », galopin. Poilus de la 9®,
21 ; Le cuisto « arrose ce breuvage [le café] d'une
liqueur que les littérateurs de l'arrière pour
— 156 —
paraître informés, appellent sicine ou sicasse »,
VArgonnaute, in B.des A., 2-5-17 ; | lambert.
— Il est difficile de ne pas rattacher ce mot à
cicico, cicico boër, Boisson hygiénique sucrée
des ménages ouvriers brestois, créée et vendue
deux sous, même un sou, le litre, en -04 et plus
tard par M. Rouzaut, rue de la Fontaine, et
en -08 par M. Barbier, rue Navarin ; M. Rou-
zaut a beau m' affirmer, en -12, que ce mot fut
sa « pure invention », cicico semble apparenté
à chicUf f.. Boisson indienne sur l'Orénoque,
DIDEROT, Richardson, Breuvage de maïs au
Chili, texte de -76 in littré, par l'intermé-
diaire de cici, m., Boisson de maïs ou de fruits
fermentes usuelle au Chili, larousse ; — séma-
tisme de cicasse ainsi compris : Liquide humble,
économique et trompe-le-goût ; cf. tamar. —
SAIN, n'a pas hésité à tirer cicasse de chicorée et
à croire que la chicorée est l'un des vivres de
l'ordinaire ! — Je commets peut-être une
imprudence analogue en supposant dans sicine
un dérivé (savant) du latin siccus (Sec) ou du
latin sitis (Soif).
cigale, f., Eclat d'obus ; 246^, 289^ inf., 16-
18 ; secteur 174, sept. 18 ; « Un 240 éclate-t-il
au bord du parados ? — Une paille, murmure
157
le poilu éclaboussé par les cigales », Cri de P.,
vcts juin. 16 ; « Mêlée [la pluie] aux « cigales «
(aux éclats d'obus), on dirait comme du plomb
foildu qui vous gi*iffe la charnUre )>, Trois jours^
19-746. • — Syssém. : abeilles.
Cigare, m., A, Obus ; D. m. p. ■ « le 270
aux longs cigafes qui Voyagent lentement tfès
haut )), A. F., N. Contes vêr., 84 ;« Il est d'usage
maintenant de calibrer les cigares au milli-
mètre ; les plus en vogue sont les 75 ; quand
on veut désigner des 120, on se sert du mot-
pipe », agatsa, 107 ; légion étrangère^ t).
— « Le nom de cigare fut donné au 75 poui*
êtte utilisé dans les conversations télépho-
niques qu'on craint de voir interceptées par
l'ennemi. Je ne sais s'il serait possible de loca-
liser dans le temps et l'espace [cette conven-
tion sur] les expressions cigate et pipe. Je les
ai entendues en Woëvre en 1917 ; mais elles
étaient certainement en usage depuis long-
temps ; dans la même artillerie on usitait aussi,
pour les mêmes désignations de petit et de gros
calitre, respectivement les expressions flûte et
clarinette, comme langage conventionnel télé-
phonique )), j.-P. FAuttfe, avr. 18 ; le fait histo-
rique ainsi allégué serait d*ûutant plus Utile à
— 158 —
établir en lieu et date qu'il repose sur une
convention, négation même de la sémantique
objective ; agatha, notons-le, n'a sans doute
pas donné, dans le journal du 309® d'inf., l'argot
téléphonique actuel du secteur ; il y aurait eu
une pointe de trahison ; il faut au moins cons-
tater que le mot, s'il a été adopté pour le télé-
phone et seulement à temps, a su plaire dura-
blement (15-17) ; cette grâce qu'on lui a faite,
parmi tant d'autres mots insignificatifs des
codes secrets temporaires, peut s'expliquer par
une convenance sémantique réelle. Comme
les ZeppelinSj les Obus sont des cigares par
leur forme cylindro-conique. — Cf. pipe, f.,
Obus de 120 ; agatita ; D. m. p. ; V. du p, —
J'ai cru à une métaphore prise de la propor-
tion du diamètre à la longueur, mais je me
rallie à cette autre idée qu' « employant cigare
pour 75, on a tout naturellement pris pipe pour
le 120, parce que c'est le « numéro au-dessus »
en matière d'articles de fu^meur )), j.-p. faure ;
cette déduction du moins ne repose pas sur une
convention ; dans les codes téléphoniques il est
d'usage de donner des noms de même catégorie
à des objets analogues ; par ex. ce sont des
noms de baptême, Marie, Pauline, etc., qui
— 159 —
désigneront tous les ouvrages d*un secteur.
Suite logique du sématisme de pipe et cigare ici
sous bastos ; — cf. mirliton.
B, Figure : Il « va prendre la faction à un
poste de grenades pour en mettre plein le cigare
à Friedrick, s'il voulait venir nous souhaiter le
bonjour )),... pour assommer le Boche, s'il nous
attaquait à l'aube, paraud. — Métaphore de
couleur sur le teint de certains visages ; ou
simple dérivation synonymique sur pipe, Tête ;
cf. casse-pipe.
cinéma, m., A, 1, Bataille ; 156^ inf., mai 18. —
2, Séjour aux tranchées, ib. — 3, Front (des
armées), ib. — Syn. de comédie et de pièce, qui
sont d'excellent style pour le même objet,
(mais de pièce éminemment remuante, « mo-
Loria » disaient les Romains), ce mot, tout amer
qu'il est dans la bouche du poilu, n'en égale
pus moins notre petit peuple à la noblesse des
Ballades d'Hugo : « Nous qui sommes Gen-
tilshommes De haut lieu. Il faut faire Bruit sur
terre Et la guerre N'est qu'un jeu )). Vers le
9-5-15, devant Arras, au 360^ inf., ,« un de
mes bons amis vit le bataillon voisin du sien
sortir ; il vit la course jusqu'aux fils, puis le
résultat des tirs des mitrailleuses ennemies :
— 160 —
ses compagnons pour la plupart se tordaient de
voir les cabrioles des assaillants atteints par
des balles, sans éprouver rien des sentiments
qu'un simple récit provoque, — on se serait
cru au ciné », m. protat. — Cf. facétie, tango ;
cf. aussi entendre le bédouin, Entendre le ca-
non au loin, d., (bédouin, Prêtre, d.), c.-à-d.
la bataille comparée à la messe ?
B, Bordel ; d. — Cf. l'emploi galant de billard.
C, Chiqué, Tape-à-l'œil : c^est du cinéma,
C'est une démonstration bien réglée de ehamp-
de-manœuvre, plutôt que de la vraie guerre
utile ; 13® tir. alg., -18. — Syssém. de théâtre,
de pas-çécu.
cinq-frères, m.. Projectile boche, faisceau de
cinq tuyaux à explosions successives ; d. —
Image prise des arbres à troncs multiples
nommés deux-frères, etc.
cirage, m.. A, Vin ; 246® inf., -15 ou -17, mais
désuet en -18 ; 156® inf., -18 ; | « un litre
de cirage à seize ronds », m. l., N. Contes vér.,
196 ; — corvée de cirage, f., Saoulo graphie en
commun : « Le soir [au cantonnement] quel-
ques-uns vont à la corvée de cirage et les types
qui sont rétamés <<...> », pantruchard, 117 ;
' — le vin rend noir, Ivre. — Syssém. : cassis,
— 161 —
ESNAULT 11
m., Vin ; 156® inf., -18, non fréquent ; | « se
débarbouiller avec du cassis », S'enivrer,
Expressions à la mode, Ver-Luisant, in Front,
16-2-17 ; — le cassis est une liqueur noire, d'où
l'idée qu'on peut s'en barbouiller, outre le cer-
veau, le museau, comme de mûres, de haie. —
réglisse, m.. Vin ; 156® inf., -18, non fréquent ;
I « on s'est laissé tomber à pleins godets, dans
riampion, du réglisse qui s'posait un peu là,
du bouché », Feu, 21-8-16 ; — le jus de réglisse
en bâton est d'un beau noir qui barbouille le
museau des gosses ; (toutefois il se peut qu'on
ait sous ce dernier mot la même litote que sous
tamar et cicasse, l'assimilation d'une liqueur
précieuse à une liqueur vulgaire, savoir à l'eau
de bois de réglisse, qui n'enchante pas les
adultes ; mais dans cette vue on attendrait
plutôt coco, nom bien connu de cette infusion,
et qui désigne l'Eau-de-vie et même le Vin,
dans RiG.). — coaltar, m.. Vin ; d. — B, Sou-
danais ; D. ; — d'où lions noirs, m.. Sénégalais ;
D. ; — à cause de la célèbre marque de cirage ;
— boîte de cirage, f., Artilleur français ; d. ; —
sur l'ancien uniforme noir.
cisaille, f., Veste ; 250® art. -, d. — Image
exagérant celle de corset, m., Vareuse ; 23® al-
— 162 -
plus, D. : la taille est si serrée, par chic, que la
hanche droite (gauche) prolonge le flanc gauche
(droit).
clapoter, Faire son bruit de fonctionnement,
en parlant du moteur (d'avion) : « mon moulin
donne des ralentis <;...>> Je me demande si
j'ai fait mon plein de sauce avant le démarrage,
lorsque le moulin se remet à clapoter », mont-
GEORGE. — Clapoter) Manger ; rig. ; usuel à
Brest, 98-18 ; [claper. Manger, d.). Métaphore
prise d'une mastication bruyante.
claque des genoux, m.. Homme sujet à la
peur ; 246^ inf., 17-18.
claque- merde, m., Bouche ; assez général :
« Ferme ton claque-merde et le bec de gaz ! »,
Tais-toi .et éteins la bougie ; « J'ai pris la
mouche, et, d'un pain, je lui ai eiifoncé son
claque- merde en lui cassant deux dents »,
Sous-Intce de la 22^ D»», -16 ; | « Verrouille ton
claque-merde, il fait courant d'air », Cabaret,
471. — Claquer, Manger. Comparaison avec la
cuvette à clapet des cabinets d'aisances ; —
syssém. : Ferme ton égoût, ton clapet.
olass (c'est), C'est réglé, Il n'y a plus à y
revenir : « C'est class, le ballon ne sortira
pas », centre de dirigeables, nov. 17, à l'occa-
— 163 —
sion d'une brume trop intense; \\ « c*est classe,
mon chien », Il faut obéir, Nénesse, 198. —
Arabe, khelas /, Assez !, du verbe khalUs, il a
Fini. — Le chevauchement de c^est class + ^n
avoir mare a donné c'est mare, d., et en avoir
class, Etre fatigué de qqch., 40^ art., août 18.
classard, m.. Militaire qui a suivi le sort de
sa classe d'appel, par opposition à Engagé :
« Les sous-offs de Descaves sont réels, mais ce
sont les rengagés qui ont ces mœurs-là, pas les
classards », un sergent, 340^ inf., août 16. —
Cf. frontard.
clé anglaise, f.. Bombe d'avion ; usuel au
1676 inf.^ .18.
cléber, A, Jeûner ; m. protat ; — B, Man-
ger ; 4® mixte, oct. 18 ; | d.
clebs, m., Caporal ; 81® t., août 14 ; 2^ c^l,
-17 ; 95e, 289e inf. ; 40^ art., -18 ; « mon clebs »,
Mon caporal d'escouade ; — Caporal se dit
caho ; or cabot signifie Chien ; or Chien se
dit clebs ; donc clebs signifiera Caporal ; il y a
dér. syn. sur cabo, qui, appliqué au caporal,
n'exprime nullement l'idée de Chien ; de plus
il y a sématisme aller et retour ; cf. fokker. —
Arabe kelb, Chien ; pour le 5, cf. rabs. Cf. chouya.
Clemenceau, m.. Vin remboursable des coopé-
— 164 —
ratives de régiment ; g. turpin. — M. Cle-
menceau, selon le poilu, a fait mettre ce vin à
1 franc le litre. — Syn. : remboursable, m.,
assez général, -18 ; — et par apocope, rembour,
m., 40^ art., sept. 18.
cloche, f.. A, Casque ; 2^ c^l, -18 ; | V. du p.;
CHAPELLE ; Il cloche. Chapeau melon, avant -14.
— B, 1, Hèle ; d'où « vieille cloche », vocatif
amical. Feu, 32, 118 ; — 2, a, Homme forte-
tête : « Y a pas à dire, y a des cloches dans le
Centre [des Captifs] », un 2^-m®, -18 ; — b.
Homme rigoleur : « On dit ces conneries-là
quand on est une bande de cloches ensemble »,
marin, -18 ; — c. Sot, Ballot : « T'es une
cloche ! », 270® art., -18 ; — syssém. : crâne,
Hardi, Fou, Tapageur, daté 1787 par hdt.
clou, m.. Etoile de croix de guerre ; esc. Br.-
219 ; marins ; -18 ; | « une croix de guerre
avec un « clou » », mortane, Gu. Aér., 17-1-18,
p. 155.
clous à mougère (faire des). Trembler, et,
peut-être, plus exactement, claquer des dents,
par le froid ; marins lorientais, mai 18. — La
maugère (et non mougère) est une garniture en
cuivre de vergue et de dalot ; mais le clou à
maugère (et non clou à mangère comme l'im-
— 165 —
prime le Bulletin Officiel de la Marine, 1915,
partie principale, 2^ sem., p. 575), est un clou à
tête large. A bord, le clou à maugère sert à
clouer les panneaux ; panneau, Bouche, est
usuel aux marins ; faut-il comprendre que les
dents que le froid entrechoque sont comparées
à des clous avec lesquels on veut fermer un
panneau ? Mieux vaut expliquer la locution
par un remplacement syn., en style marin, de
pisser des clous de sabot, Souffrir en urinant,
par suite d'une maladie de vessie, ou d'une
maladie vénérienne, (rig.) ; un froid doulou-
reux serre les coudes aux reins et constreint
l'anus tout comme cette miction poignante et
tranchante dont parle rig. ; l'idée, ainsi, est
Souffrir comme si on faisait, c.-à-d. pissait, des
clous à large tête.
cobaye, m.. Elève-observateur d'av^^^; esc.
Br.-219, août 18. — Parce que les physiolo-
gistes ont des cobayes pour élèçes ? Ou parce
qu'ils les tiennent en observation ?
COCO, m., 1, Essence de pétrole : « C'est de l'es-
sence qu'on met dans le moteur [d'avion] ? —
Non, c'est du coco », musidora ; Mousqu., 253.
— - Je doute, malgré l'opinion de d., p. 202,
que ce soit une métaphore de couleur prise du
— 166 —
jaune pâle du coco, Infusion de bois de réglisse
au citron ; j'y vois une plus énergique méta-
phore de fonction, prise du sens second de coco,
Eau-de-vie, (voir ici sous cirage) ; en effet, si
l'Essence de pétrole est dite coco, inversement
est dite pétrole l'Eau-de-vie (et non pas l'Infu-
sion de réglisse) ; ce sématisme mutuel, cf.
fokker^ invite à décider qu'en sémantique l'es-
sence est au moteur ce que l'alcool est à l'esto-
1 omac, une eau de vie. — 2, Aviateur ; d. ; —
métonymie ; cf. copahu.
coiffer. Survoler de près (un autre avion) :
« je cabre mon coucou et me laisse tomber en
boule sur sa carlingue. Je le coiffe, et à dix
mètres, je lui lâche ma bande [de mitrailleuse] »,
SEM, Journ., 27-5-16. — Dans un des commu-
niqués officiels de -14 coiffer sert à exprimer la
manœuvre, tentée par le Boche, de Rompre
notre front de bataille en gagnant de vitesse
vers le nord le meilleur de nos armées, manœuvre
appelée depuis la course à la mer. — Un voi-
lier se coiffe quand il Reçoit soudain le vent
par le nez.
coiffton, m.. Coiffeur de compagnie ; 109^ inf.,
9^ c*^, -16. ■ — Le suffixe -ton, tiré de mots
comme chaton, Petit chat, où le t est du radical,
— 167 —
se retrouve dans mesieuton, m., Petit monsieur,
Bteau fils ne faisant pas de corvées, un paysan
vendéen, 81^ t., -14 ; mecton, Petit mec, Indi-
vidu ; fromton, Fromage, etc.
colimaçon, m.. Tête : « Tu rentrerais ton
calimaçon », Tu baisserais la tête dans les
épaules et au-dessous de la tranchée, un
ouvrier nantais, 81^ t., -14, apax. — Ca- pour
co- ; c'est aussi le prononcé à Dinan (C.-du-N.).
— Syssém. : se COQUeter : «Naturellement, faut
t'coqter tout d'même [quoique le casque te
protège la tête]. Avise-toi pas de l'ver la
trompe en l'air [pendant que l'obus arrive] »,
Feu, 226 ; trompe rappelle assez les cornes du
limas. L'anglais a de même to shrug, Ren-
trer en sa coque, Lever les épaules. Cf. ga-
bian.
colis- postal franco de port et d'emballage, m.,
Obus ; 2® c^l, -18 ; | « Malgré l'abondance
regrettable des « 105 », que nous appelions des
colis-postaux », mac orlan, Journ., 31-12-16 ;
— colis à domicile, m.. Gros obus i « a large
bombshell is called « un colis à domicile », lite-
rally a C. 0. D. [Collect On Delivery] parcel »,
Morning, fév. 18. — Syssém. : italien pacco
postale (à la lettre Colis-postal), Gros obus
— 168 —
métaphore de cette guerre, dauzat, 1-1-18.
colle, f., Riz (cuit) ; agatha ; D. m. p. ;
V. du p.
collet {s^en fiche plein le), S'empiffrer ; Feu^
20-8-16. — Syssém. : manger à plein pourpoint,
usuel au Mans.
colombin, m., 1, Gros excrément humain ;
divers soldats, -15 : les colombins f, Je refuse ;
c.-à-d. la merde ! ; — a, hors du moule :
« J'suis de colombins )),... de corvée dans le
cantonnement pour les enlever, Feu, 83 ; |
ROSS. ; — b, dans le moule : « J'ai un colombin
qui presse », 2® groupe d'av^^^, avr. 18 ; — d'où
avoir les colombins, Avoir peur. Etre peureux ;
81^ t., avr. 16 ; 4© zouaves, 16-17 ; 2^ groupe
d'avon -17 ; 40e art., 2e c^l, 2© mixte, -18 ; |
« S'agit pas de s' dir' patriotes. Et puis d'avoir les
colombins », montéhus, Lacroix de guerre ; « j'ai
les colombins », Feu, 232 ; — un colombin est
une Fiente de colombe ; hdt en ce sens donne
colombine, f. Dans un autre emploi, colombin,
Petit boudin de pâte argileuse que l'on étend à
la main pour unifier à l'œil les diverses parties
d'un pot d'argile, B. des A., 6-9-16, p. 8, c. 2,
se comporte encore comme syssém. de boudin.
Ai^oir les colombins, c'est sentir ce besoin que
— 169 —
la peur met aux entrailles ; il est peut-être
utile de sous-entendre un complément, omis
dans l'usage, déterminant colomhins ; cf. groh
les (?) ; — syssém. : açoir la chiasse, la trouille,
la frousse (cf. g. e., Dançez Geriadur, heoz), les
grolles (?), être foireux ; — d'où mettre les COlom-
bins, S'enfuir par peur ; divers soldats, dont un
territorial, sept. 17, un zouave au 2® mixte,
mai 18 ; g. charpentier ; — chevauchement de
mettre les cannes + ai>oir les colomhins. —
2, A, les colomhins, les Feuillées : « il revient
des colomhins », 2^ mixte, mai 18 ; — B, Homme
lâche, indifférent à ce qui devrait l'intéresser :
Nos artilleurs, vers qui nous tirions des fusées,
« les regardaient seulement pas, ces colom-
hins ! », propos d'un fantassin, Caharet, 470 ;
— syssém. : merde t « T'es un homme ou une
vache ? Une vache ou une machine ? Une
machine ou une merde ? », ib., 458 ; — *
C, Ohus • 2® cal, sept. 18. — Dér. : colombitier,
Chier ; d.
combine, f.. A, Plan hahile ; 81® t., 14^17 ;
très usuel aux parisianisants ; marcher dans la
comhine, Etre du complot, de l'association ;
être chocolat dans la combine; \ usuel à Paris et
NanteSj 11-13. — B, Costume de vol, vêtant
— 170 —
les bras et les jambes d'une seule tenue, Diri-
geables et Captifs, 17-18. — Chacun de ces
deux sens sort du sens correspondant de
combinaison. — binaise, f., Plan habile ; D. m.
p., est Tapocope de combinaise, apocope de
combinaison. — Cf. terri. .
comme ac, comme aco. Autant que ça, Aussi
grand que ça, Tout à fait bien. Tout ce qu'il
y a d-e bon ; se répand de plus en plus : « un
travail comme ac » ; « il en a fait comme ac »,
ouvriers nantais, 81^ t., -17 ; faire un repas, en
écraser comme aco, 13® tir. alg., -18 ; — d'où :
manger et dormir comme ce çieil Aco lui-même,
monax, ib., -18 ; | comaco, Feu, 21-8-16. —
Provençal, comme aco, Comme ça.
compteur à gaz, m., Havresac ; inf.. Lor-
raine, 14-15.
concierge de tranchées, m.. Homme de la
tranchée qui conçoit son rôle comme contem-
platif, passif et déterminé, pas assez comme
critique, protéique et offensif : « Quand les
« concierges de tranchées » [ennemis] seront tout
tremblants à leur poste, les mitrailleuses et les
fusils se tairont », anon., B. des A., 10-5-16,
p. 7, c. 3. ■ — Cf. guichet et -poteau-fron-
tière.
— 171 —
conditionné, A, Ivre : « Il a été bien condi-
tionné », 16^ chass., 14-17 ; usuel aussi à Paris,
14-18 ; — syssém. : fait, refait, Ivre ; 360^ inf.,
14-15; 40^ art., -18 ; — réussi. — B, Blessé ;
16^ chass., 14-17; usuel aussi à Paris, 14-18. —
Syssém. : fade ; bien servi ; complet ; qui a son
compte ; de même en anglais to get a dose, Avoir
une dose de boisson et Encaisser un mauvais
coup. — Cf. lapin.
confetti, m.. Petite rondelle de drap à coudre
au col de la veste et de la capote, une à droite,
une à gauche, à côté du numéro du régiment,
bleues au 1^^ bato^^, rouges au 2®, jaunes au 3®,
exclusivement dans la zone des armées ; 81® t.,
déc. 16 - oct. 17. — Syn. pastille.
convalo, f.. Convalescence ; Feu, 61, 118 ;
Mousqu., 34; — cf. çéto.
copahu, m.. Infirmier ; 46® inf., 14-16 ;
81e t., 16-17 ; centre de dirigeables, -17 ;
63® art., -18; || nom du chien d'un étudiant en
médecine, -02. — Sobriquet par l'occupation
fréquente, ou prétendue fréquente, et autant
que possible génito-urinaire. — Cf. péca,
m., A, Médecin ; marins, 17-18 ; — B, In-
firmier, Pharmacien ; d. ; — prononcé vul-
gaire de ipéca ; — coco, 2 ; — caporal- patates.
— 172 —
COpé, f., COpette, f., Coopérative du régi-
ment ; 81® t., -17. — 00 — >- o, comme dans
alcool.
copeaux (avoir les), Avoir peur ; très usuel
aux 95e, 156e, 289^ inf., 40®, 207® art., juin-
oct. 18. — « De cette tradition des caricatu-
ristes de représenter par des spirales les jambes
des personnages terrifiés (?) », j.-p. faure ; cf.
(?) avoir les jambes en dentelle, les panards
en malines, les avoir Fatigués. Ces copeaux
semblent plutôt être des crachats ; copeau,
Crachat, larchey ; — ce serait un syssém.
de açoir la flemme, puisque flemme semble
le même mot que le français flegme, m., 1,
vieux nom de la Lymphe ; 2, Crachat. Le
flemmard est bien un lymphatique ; le genre
seul fait difficulté. En outre, à flegme les
patois répondent par flume, Crachat, açoir des
flumes, S'engorger (dlle) ; et on trouve flube.
Peur, qui ne semble pas autre chose qu'une
altération de flume. — Flube est de genre m.
dans a^oir le flub, Avoir peur, bruant, Cap-
twe, I, XXII (Pet. Par., 20-11-16) ; f., dans dlle,
flube. Peur ; douteux dans avoir les îlubes,
Avoir peur, 156® inf., 40eart., -18 ; | V.du p. ;
— mettre les îlubes, même sens ; 40® art., -18 ;
— 173 --
— chevauchement de mettre les bois + avoir
les flubes. — Voir flubard.
corbillard, m., 1, Voiture d'ambulance ;
16^ chass., -17 ; — 2, Camion qui emporte un
avion bTisé ; H. G. Aé., -17.
cornes du diable, f.. Antennes au nombre de
quatre, qui surmontent le récipient sphérique
de la torpille automatique marine ; terme de
chalutiers dragueurs de mines et d'observa-
teurs de captifs, -15 - mars 18; | s. basset, PeL
Par,, 2-4-16. — Du diable parce que, choquées,
elles font tout sauter.
COrniflot, m.. Eau-de-vie ; 246^ inf., 17^ c^^,
17-18 ; 20e chass., -17 ; 156^ inf., août 18. —
Semble suffixe comme f-iflot de fantassin,
gourd-if lot de gourd^, (cf. artif-lot de artif-
icier ?), — ce qui laisse hésiter, pour le radical,
entre des mots parmi lesquels je n'ai pas trouvé
de sens sûrement convenable ; la corne ou cor-
nouille est un fruit aigrelet ; la méchante
eau-de-vie pue et Puer c'est corner ; enfin, un
Coup de poing est une cornanche, (d.) et l'Al-
cool est un coup, (voir gnole).
corvaille, f,, Corvée ; 109® inf., -17 ; 8^ génie,
-18 ; — ■ suffixe comme tranchaille, Tranchée ;
journaille, Journée {Philibert, 282 ; Nénesse,
— 174 —
245) ; cf. hleusaille, muraille. — corvasse, f.,
Corvée : « les longues rêveries de la faction, les
distractions et joies de la « corvasse » », Echo
des Guitounes, in Matin, 26-9-15, p. 4 ; — suf-
fixe comme godasse, Godillot ; barbasse, Bar-
Baque ; cf. bleu^asse,
corvée d'enîant de troupe, f., Service manuel
d'agrément qui fatigue surtout celui qui le.reçoit :
« Tu vois comme tu es [Tu as un fichu carac-
tère] ! Et puis, après, tu reviendras auprès de
moi pour la corvée d'enfant de troupe ! )), un
maçon nantais, 81® t., -16. — Contée, Travail
professionnel, dans le jargon des filles de mai-
son ; RI G. ; Philibert, 195 ; enfant de troupe,
Sperme mis au vent, est le retour du sématisme
dont l'aller est fausse-couche,foutriquet,et échappé
de capotey Homme mal foutu, Avorton. : — corvée
de viande, f., Rapports sexuels : aller à la corvée
de viande ; 46® inf., 9® b^^, déc. 16 ; 2® groupe
d'av®^, avr. 18. — Le même emploi comique
de corvée donne encore corvée de cirage ; cf.
exercice de paupières.
coton, m., A, Substance des nuages, avia-
teurs, -16 ; I MusiDORA ; adjudant cartault.
Feuillets de carnpagne^ 11-9-16, in Gu. Aér.,
27-9-17, p. 734, c. 2. — Gf. balles de coton.
175
Cumulus ; terme marin. — B, Brume ; météo-
rologues, Rosnay, -17; | « l'épouvantable « co-
ton )), alias la brumasse )), eynac, Gu. Aér.^
3-5-17, p. 388, c. 3.
couche (prendre la), Perdre une ancienne
mentalité par l'acquisition mécanique d'une
nouvelle : « Que veux-tu, mon vieux, dit Cho-
pin, tu es comme moi : tu as pris la couche ! ».
MILLE, Journ., 12-7-16, propos consolatif, à
l'adresse d'un sergent, curé « dans le civil »,
qui s'aperçoit un lundi d'avoir oublié sa messe
la veille. — Syssém. : se rouiller.
COUCOU, m.. A, 1, Avion ; aviateurs, 15-18; |
« Les mécaniciens préparaient les « coucous » »,
anon., souvenirs du 24-12-14, in Lectures pour
tous, août 15, p. 148 ; — 2, Dirigeable ; aéro-
nautes, -17 ; — syssém. pour A^, A* : tacot, zinc,
taxi ; — B, Canon de 75 ; 40^ art., 5^ h^^, mai 18 ;
— syssém. pour B : rossignol, m., Canon, ib.,
sept. 18 ; — zinc, tacot ; — C, Eclat d'obus :
« Entends-tu le coucou ? », un ouvrier nantais,
à propos d'un éclat d'obus antiaérien qui re-
tombe en chantant ('), 81^ t., sept. 17, apax ;
( 1) Onomatopée de la chute de ces cafïuts : « cha-
chuchechéchi », pawlowski, Signaux, 9.
— 176 —
I « On l'a eu, r filon, d's^eshigner des coucous ! »,
On en a eu, de la chance, d'échapper aux éclats,
MARCEL, Journ., 21-6-15, propos immédiate-
ment consécutif à l'éclatement d'un obus, (la
traduction « obus » dans sain, fausse le sens).
— Un coucou est quelque chose qui chante ;
syssém. : oiseau, moineau, Obus ; — plus spé-
cialement c'est une mécanique qui chante, par
ex. une Méchante voiture, boiste. Dictionnaire
(1843), un Petit train départemental, pays de
Retz, -16, d'où les sens A et B, où coucou a pour
syssém. oiseau, Fausse clé, — rossignol, toute
Vieille ferraille grinçante. Fausse clé, — bécane.
couînard, m.. Téléphone ; couineur, m., Appel
téléphonique vibré ; 40^ art., -18. — De couiner.
Geindre, en parlant d'enfants, de meubles,
usuel dans l'ouest.
coup de coude, m.. Coup de vin ; 112® ou
304® inf., -17; | « « Un coup-de-coude pour tor-
cher le cafard ». Ah ! les doux et jolis noms que
les hommes ont trouvés pour le vin », Cabaret,
468. — Queue romantique sur coup, Verre (de
vin) ; cf. gnole.
coup de tabac, m.. Rafale aérienne ; avia-
teurs, Miramas, mai 18; | « Pris dans d'inces-
sants remous, secoué, ballotté par les « coups
— 177 —
BSNAUI.T 12
de tabac », l'appareil tanguait », eynac, Gu.
Aér., 3-5-17, p. 387, c. 3; || usuel dès longtemps
dans la marine. — Dér. : tabasser, Subir un
coup de vent violent ; aviateurs, Miramas,
mai 18 ; — se tabasser, Se battre. Se passer à
tahac ; 13® tir. alg., -18 ; — suffixe comme aço-
casser, se prélasser.
coup de trompette, m., 1, Engueulade par un
chef ; marins, -18 ; — 2, Affaire désagréable
et embrouillée ; marins, -18. — Le passage de
1 à 2 est une métonymie exprimant la cause
par l'effet ; la trompette est la gueule du chef
et un sale coup est un coup fécond en gueulées
et en engueulades. — Syssém. : coup de gueule,
1, Engueulade ; — 2, Affaire (militaire). Mê-
lée : « Il y a eu cependant dans la forêt un sacré
coup de gueule, la deuxième fois : avant-hier,
les Boches se sont avisés de nous charger la
nuit à la baïonnette », paraud, 77. — ■ Le pas-
sage, du sens Quelque chose qu'on dit, au sens
Quelque chose qu'on fait, se retrouve sous perco.
coup dur, m., Aventure périlleuse ; aviateurs,
fantassins et marins : « Il a eu le coup dur deux
fois », un pilote de dirigeables, parlant d'un
pilote aviateur tombé deux fois, nov. 17 ;
« Dans les Astra, si t'attrapes le coup dur, t'as
— 178 —
1
pas à t'en faire )>, autre pilote ; « V*là Tcoup dur
maintenant », un marin jouant au damier,
fév. 18; I « leur « cran » de jadis, un peu dé-
primé à la suite de « coups durs » », mortane,
Gu. Aér., 19-4-17, p. 354 ; « Pour qu'il pleure...
un homme comme lui !... faut que ça soye un
coup dur qui le tape ! », hirsch. Chacun son
déchoir, i, propos de soldat; |1 coup dur, Evéne-
ment imprévu et fâcheux, rig. — L'existence
de cette alliance de mots dès -81, le fait que
coup y a sensiblement le même sens que dans
tenir le coup, Faire tête aux difficultés, sem-
blent en contradiction avec la vogue neuve
dont jouit coup dur. Au 2® mixte, mai 18, on
entend « Le coup est dur ! » cent fois le jour,
pour exprimer le désappointement d'une re-
lève contremandée, ou une angoisse au sujet
d'un manillon sec. On peut croire que la locution
coup dur, toute existante qu'elle fût, a été revi-
vifiée par la mode de la boxe ; cf. : « Les pro-
fessionnels de la boxe connaissent bien ce
fléchissement qui les attend vers le troisième
ou le quatrième round. C'est là que le cœur
doit aider les poings <...>» Il en est de même
du vrai chasseur [aviateur de chasse] qui en-
caisse les coups durs, qui guette sa chance, qui
t
179
la saisit au bond », h. c, Gu. Aér., 29-11-17.
courant d'air, m.. Nouvelle : « Aussi est-on
aux aguets pour deviner l'instant de la relève...
Depuis quelques jours déjà les « courants d'air »
circulent : )), Bourru, 191. — Métaphore expri-
mant une course subreptice, insaisissable.
courants d'air (manger, croûter, béqueter des),
Jeûner ; 360^ inf., 14-15 ; 13^ tir. alg., 270^ art.,
-18. — toucher des boîtes de courants d'air, Ne
pas percevoir de vivres ; 13^ tir. alg., -18. —
Cf. un homme « Mince comme un courant
d'air », Mousqu., 62.
courber une aile (se faire). Etre blessé ;
5^ génie, -18.
coustible, m., Couteau ; mécanos d'av^^, Pau,
mars 18. — Un suffixe argotique -ible apparaît
dans encible, Ensemble, Mémoires d'un forban
philosophe (1829).
cra, m., 1, Explosif fusant ou instantané ; d.
— 2, Eau-de-vie ; f. de keralio ; — cf. rapide.
crabe (marche en), f.. Dérive dans l'air sous
l'action du vent ; aviateurs, Miramas, mai 18 ;
marins, S*-Nazaire, mai 18 ; à propos d'avions
et de dirigeables ; | « le zeph me fait faire le
crabe, puis les montagnes russes », Je dérive,
puis je tangue, montgeorge.
180
cran, m., Disposition à agir avec énergie,
Courage, Mordant ; usuel, mais peut-être moins
que les journaux le feraient croire ; inusité au
81® t., 14-17 ; « Vous manquez de cran », Vous
hésitez, gén. Joffre à M. Viviani, 31-7-14, Int,
des Ch., LXXII,270 ; | « Pour avoir de l'ascen-
dant sur les hommes, du « cran », comme l'on dit
là-bas [aux tranchées], il faut leur montrer que
l'on n'a pas peur », lettre d'un officier blessé,
dans Dépêche de Toulouse, in Journ., 14-6-15,
p. 3, c. 5 ; Les Boches n'ont « pas le même cran
que nous )),RiCHARD,Pe^Par., 14-5-16 ; « des offi-
ciers de « cran », de maizière. Pet. Par., 12-4-16 ;
« il grogne, le « jas » [le soldat belge] ; mais au
feu, il est plein de cran », Montaigne, Journ.,
29-10-16 ; — à cran. En dispositions éner-
giques : « de petits groupes [de soldats alle-
mands] un peu plus « à cran » que les autres, se
ressaisissent et tentent d'organiser la résis-
tance », Journ., 6-11-16, p. 1, c. 5; — |1 le mot
se trouve sous ces deux constructions bien
avant 14, mais cran signifiait surtout Colère, et
à cran Exaspéré : aç^oir son cran. Etre en
colère, boutmy, Typographes, (1874) ; Ta
femme te cherche à travers le bal, « elle est à
cran, va ! », Philibert, 247. — Métaphore prise
— 181 —
à un mécanisme plus ou moins capable (inacti-
vité suivant tel ou tel cran, et spécialement,
semble-t-il au cran de départ d'une arme à feu ;
(cf. « « Ouvrons l'œil, que je m'dis, et les deux
oreilles », et je me couche en chien de fusil,
l'attention au cran d'arrêt », Philibertj 26).
La détente agit sur le chien pour le mettre au
cran de départ; aussi a-t-on dit ai^oir de la
détente, « Avoir de l'énergie », merlin, et anté-
rieurement aç^oir du chien, Avoir de l'entrain,
DELVAu. En somme être à cran, c'est être Prêt
à « éclater », notion voisine de Prêt à agir chez
le peuple, qui confond volontiers colère et acti-
vité. — Et comme le chien d'un fusil a aussi le
cran d'abattu, on trouve aussi à cran, Sans
énergie. Abattu : « Le pneu est crevé et je suis
à cran, le pif sur le pavé », Nénesse, 152. —
(Cette explication tient pour non avenue l'idée
que le cran est l'Ascendant, comme le prétend
un des textes cités).
crâne- de- piaffe, m., A, Homme vaniteux ;
40^ art., -18 ;au vocatif, un Parisien, 81^ t., -15 ;
— peut s'expliquer soit par piaffe, f.. Orgueil,
Embarras, hdt et vidocq, soit par piaffe, m.,
Moineau, (et aussi Serin), usuel aux ouvriers
parisiens, (dès avant -14), qui donnerait plutôt
— 182 —
ici le sens de Crâne léger, Tête éventée. —
B, certain Avion : « vTel avion s'appelle Crâne
de Piaffe <;...>- un piaffe étant un moineau )>,
FAGus, 562 ; — si « tel avion )> signifie tel « type »
d'avion, ce type est peut-être le Moineau ? Voir
cuisine- roulante.
crapaud (faire le), A, Se tapir contre le sol :
« je suis enlevé de terre et je retombe dans un
trou d'obus, sur le dos de l'aspirant, qui « fai-
sait le crapaud » dans ce trou, pour laisser
passer l'orage », anon.. Pet. Par., 9-7-16, p. 2,
c. 2 ; — B, Progresser par bonds au ras du sol ;
« Il faut bondir à tout instant d'un entonnoir à
l'autre, « faire les crapauds », comme ils disent ;
s'agripper des pieds, des ongles à la terre glis-
sante », Trois jours, 13-7-16 ; — cf. lézard,
image de reptation plus rapide : « les moulins
à café ont tourné ; l'autre s'est planqué ventre
à terre, et il est revenu comme un lézard [du
bled où il était à découvert] », Cabaret, 463.
crapaud, m., A, Diskushandgranate, grenade
boche, à forme de coquille hémisphérique ou
lenticulaire, portant six petits tubes saillants,
dont quatre sont des détonateurs ; (deux types,
différant par la grosseur) ; 95^ inf., mars, avr.
15, forêt d'Apremont ; le nom était aussi usuel
— 183 —
que le proj ectile abondant ; | « Grenades dites
« crapauds )), légende d'une photographie de ma-
tériel allemand pris au sud de la Somme, Illus-
tration, 29-7-16, p. 104 ; — traduit du boche
frœsche (crapaud), delcourt ; — • sématisme :
les sauts désordonnés que fait assez fréquem-
ment cette grenade en roulant, avant d'éclater,
A. BLANC ; (annuler ce que j'ai dit, g. e., 1-4-18,
423). — Syn. : montre, f., déch. ; — métaphore
de forme. — Une grenade boche très voisine,
sinon la même, est dite schildkrœte, (écaille,
tortue), DELCOURT, ce qui est bien vu, — et
pour la forme (de carapace), et pour le nombre
des tubes saillants; (une tête, une queue et
quatre pattes) ; d'où en français tortue, f. ;
Bourru, 82, 141, 172 ; « Grenade lenticulaire
(Tortue) », décrite avec dessin. Les Grenades
actuellement en usage dans Varmée allemande,
Impr. Nat., mai 17. Un article très confus,
Temps, 15-9-15, ayant signalé tortue, sorte de
grenade boche « hérissée » (1) de percuteurs, et
devant son nom à sa ressemblance avec le
crabe « tourteau » (!), sain., qui a jugé cet
article « curieux », a retenu la description et
l'étymologie ; le D. m. p. l'a suivi. — B, « Tuyau
de poêle » ; fantassins, secteurs de l'Aisne,
— 184 —
mai 18 ; — même sématisme : sauts désor-
donnés que fait ce projectile.
crapouillot, m., 1, 1°, Petit mortier de tran-
chées, portée variant de 30 à 300 mètres ;
usuel et général depuis l'été -15; | auparavant
ceux qui apprirent alors le mot y saisirent une
injure autant qu'un concept : « Ils ont une
drôle de forme, ils sont d'un poids immaniable,
jamais on ne pourra se servir de pareils cra-
pouillots, disions-nous alors dédaigneusement »,
H. o., N. Contes vér., 217 ; Miroir, 16-5-15,
p. 15 ; « une batterie de crapouillauds avec ses
artilleurs, baptisés du nom barbare de « cra-
pouilleurs » », lè., 1-8-15, p. 14; H crapouillot,
Petit mortier de bronze, à âme lisse ; mot usuel,
me dit-on de divers côtés, sous le Second
Empire, et qu'on retrouverait, sans doute,
dans les récits du siège de Sébastopol ; en -85
aux écoles à feu de Pontarlier, h. gauthier-
viLLARS, Temps, 31-3-15, pour un calibre de
15cm ; pour des calibres de 15, 22, 27, 32, Int.
des Ch., LXXI, 158 ; en -90 à l'école d'applica-
tion d'art, de Fontainebleau, j.-p. faure ; —
2^, par métonymie, Servant d'une batterie des-
dits mortiers, 81® t., -15 ; | Vie Par.,k la ru-
brique Petite Correspondance, 24-6-16, p. 480,
— 185 —
c. 3, et ultérieurement ; — 2, 1°, Projectile de
ce mortier de tranchées ; 81^ t., -16 ; | « Là
[sur la ligne de feu] s'abattent la grenade à
fusil, les crapouillots les plus divers », lieute-
nant p., Matin^ 20-6-16 ; — extension du
sens 1, 1^ ; — 2^, a, Obus de 77 ; d. ; — abus
du sens 2, 1^ ; — b, Bidon agrandi en y tirant
une cartouche ; d. ; — métaphore sur le sens 2,
1^, qui se retrouve, exagérée, sous quatre cent
^ingt, et inversée, (cf. fokker), dans bidoUy Pro-
jectile de crapouillot. — A la fin de -14, comme
l'armée ne disposait d'aucun engin de tranchée,
on utilisa provisoirement les petits mortiers
des vieux forts et dès arsenaux, qui avaient
tout à fait la silhouette du crapaud ; le nom
est. resté aux engins perfectionnés qui leur
succédèrent et qui gardent du crapaud d'être
obèses, béants et de se guinder sur un affût
court et gros, pareils d'attitude à la grenouille
qui avale les palets au jeu de tonneau. L'his-
toire du mot depuis -14 n'offre pas d'autre diffi-
culté ; mais son sématisme initial n'est pas
nettement débrouillé. L'image du crapaud
s'imposait pour l'objet, et elle était tradition-
nelle : crapaud f Affût de mortier, hdt ; cra-
paudeaUy Canon court et gros, 15® siècle, co-
— Ig6 —
IJEPROY. D'autre part la petitesse de l'engin
comparé aux vrais canons fait impression sur
le servant, et crapouillot est, comme crapoussin,
un synonyme d'Enfant ; ainsi que des Bottes
de paille très petites sont dites des enfants de
bottes, nos mortiers ont été conçus comme des
Enfants de canons. Ainsi le radical crap- offre
une métaphore de schéma, le suffixe -ouillot
offre une idée de petitesse ; si on constate
qu'une grenade, objet plus petit encore, a été
nompiée crapaud sans diminutif, on y trouvera
une nouvelle raison de penser que crapouillot,
qui nous est arrivé tout fait, eut au contraire
pour sématisme dans l'esprit de nos pères,
l'idée diminutive de son suffixe.
Dér. : crapouilloter, 1, Bombarder par cra-
pouillots ; divers soldats, -16; | « De tranchée
à tranchée <...> on se « crapouillotte » », lettre
d'un officier de l'Argonne, B. des A., 2-4 sept. 15,
p. 1 ; « crapouilloté », lambert ; « bombar-
dés, crapouillotés, fusillés », z. Armée de 1917,
30 ; — -2, Pleuvoir, en parlant des bombes
d'obusiers : « il crapouillotte )), Poilu, 6-2-15,
in SAIN. ; « ça crapouilloté bien de temps en
temps », propos d'un soldat, B. des A., fin
avr. 15, in Illustration, 1-5-15, p. 448 ; « Et ça
187
crapouillotait, fallait voir ! », Bourru, 141 ; —
de là crapouilloteur, m., Servant d'un cra-
pouillot, PARAUD ; Vie Par., 2-9-16, p. 670,
G. 3 ; z, Armée de 1917, 194, 306 ; — semble
plutôt avoir pris son suffixe à artilleur qu'à
l'idée du verbe crapouilloter ; — crapouillotage,
m.. Bombardement par crapouillot ; d. —
crapouiller, A, Bombarder : « il fut crapouillé à
outrance », dorme, lettre du 2-7-16, in Gu.
Aér., 23-8-17, p. 653 ; — B, Pleuvoir, en par-
lant des bombes d'obusiers : « Quand ça s'est
mis à crapouiller », « ça crapouillait », 14^ chass.,
nov. 16 ; — de là crapouilleur, m., cité ci-
dessus, mais qui semble inusuel, mai 18 ; — cra-
pouillage, m.. Bombardement par fusants ;
Mousqu., 99. — La même conjugaison imper-
sonnelle a donné aussi ça bombe, Il pleut des
bombes, thénault, instituteur à Reims, jour-
nal, 22-2-15, in Lectures pour tous, 15-7-16,
p. 1528 ; — ça bille. Les bombes courent comme
billes ; inf.. Lorraine, 14-15 ; 13® tir. alg., -18.
crécelle, f.. Mitrailleuse ; D. m. p. — Séma-
tisme, cf. moulin à café.
crèche, f.. A, Endroit, Coin de grange, où
Ton couche ; inf., Lorraine, 14-15 ; plumer
dans la crèche, un soldat d'Agen, -18 ; — B, Abri
T- 188 —
aux tranchées ; agatha ; Feu, 21-8-16. —
De crèche, 1, Etable, Bergerie, en Basse-Bre-
tagne, 2, Chambre sale, en Bretagne et à Paris.
crème de menthe, f., Tank : « Sur cinq crèmes
de menthe il n'en est rentré que deux ; les trois
autres, foutues », 48® t., nov. 16 ; « Je suis
employé dans les caterpillars qui sont ana-
logues aux crèmes de menthe des Anglais »,
lettre d'un soldat, nov. 16 ; — mot-à-mot du
nom d'un tank anglais, Mint-cream, qui s'illus-
tra, étendu à tous les tanks, ce nom n'est pas
encore oublié, oct. 18, non plus que caterpillar ;
mais ils n'ont pas prévalu ; — tortue, proposé
par un narrateur officiel de la bataille du
15-9-16, cf. Pet. Par., 29-9-16, 3® éd., p. 1, c. 4,
n'a pas du tout réussi. — Je n'ai pas observé
un autre sens, « Celui qui donne du courage à
ses voisins de tranchée ou d'assaut », V. du p. ;
— vraie analyse du sématisme anglais de
mint-cream, Stimulant ; mais précisément sus-
pect d'être peu populaire par tant de science
de l'anglais. — faire une crème de menthe.
Monter sur un camarade couché et lui bourrer
le ventre de coups de poings et de genoux ;
130e inf., C. M.-2, août 18.
crêpe, f.. Mauvais pilote aviateur ; centre de
— 189 —
dirigeables, 17-18 ; R. G. Aé., avr. 18. — Sys-
sém. : galette, Maladroit, usuel dès -37 (vi-
docq) ; tourte ; tarte. — Une crêpe a été imprimé
un crêpé dans musidora, « Ce coucou-là est
conduit par un crêpé... )).
crêpe (se retourner la), Capoter à l'atterris-
sage ; aviateurs, Miramas, mai 18. — Crêpe,
Cul ; cf. se retourner les pinceaux.
creuse (avoir la), Avoir faim ; un Nantais,
81® t., -15. — Le Jargon (1836) nomme la
Gorge la creuse, mais a^oir cette creuse-\k ne
se dirait bien que de la soif en sous-entendant
sèche. La dent creuse n'a fourni de sématisme
usuel que pour l'idée de Petite quantité d'ali-
ment ; elle ne se confond pas avec la dent
longue, à laquelle fait allusion a^oir la dent,
Avoir faim ; et surtout * a^oir la dent creuse se
fût condensé en *Va<^oir creuse. Dans notre
locution creuse semble donc une vision con-
crète qui allégorise directement la Faim. —
Cf. lourde.
creuser, 1, Faire vite de la route : « Je me
suis vu en retard, je creusais, mais j'ai été
arrêté par un encombrement de voitures » ;
« C't avion-là fait du 220 à l'heure ; tu parles
qu*i* creuse ! » ; « Je fais le sturdgeon [sorte de
— 190 —
nage], tu parles que j* creuse !» ; — 2, Avoir
de ravancement : « Tous les autres creusent,
les torpilleurs tanguent sur leur bosse », Toutes
les autres spécialités ont de l'avancenient, les
torpilleurs point ; — marins, -18. — Syssém. :
tailler de Vacant, tailler, même sens ; image prise
du navire qui creuse sa route en taillant la mer.
creux (être dans le). Etre bien en main :
« Attention, v'ià le Général I Galvanisés par ce
cri, les serre-files et les caporaux enveloppè-
rent leurs hommes d'un rapide regard d'ins-
pection, tandis que ceux-ci relevant la tête
tiraient sur l'arme, tendaient les jarrets et
l'échiné. La petite troupe était dans « Fcreux » ;
elle franchit, à une allure de 14 Juillet, l'inter-
valle qui la séparait du rassemblement »,
anon., Tête-gauche I, le 120 Court, 25-10-16,
p. 1, c. 3. — Entendez dans le creux de la main
de son chef. Apte à obéir parfaitement ; —
syssém. : empaumé, enganté, Enthousiasmé,
Asservi de cœur.
crime (avoir du), Etre audacieux ; 13« tir.
alg., -18. — Cf. a^foir du çice, Etre ingénieux.
crinchon, m.. Eau; 81^ t., 10^ c^e, janv. 16:
« baptiser le pinard avec du crinchon ». — Le
Crinchon, affluent de la Scarpe, court de Rivière
— 191 —
à Arras, arrosant le secteur qui fut celui du ré-
giment pendant seize mois.
crip, m., Militaire au Cours Régional d'Ins-
truction Physique ; Mont-de-Marsan et toute
la 18® région, nov. 17 : « Etes-vous un crip ? »
— Des initiales, c, r, i, p ; cf. cama.
crocodile, m.. Suite de tuyaux raccordés,
chargés d'explosifs, destinés à rompre un ré-
seau de fils de fer ; 81® t., mai 17 ; antérieure-
ment en d'autres corps; | Le Crocodile^ journal
du front, cité B. des A., 31-1-17. — Image de
longueur serpentine ; juxtaposées aux tuyaux,
des grenades font peut-être figure de pattes.
croix- de- bois (une, la), la Mort au champ
d'honneur ; 81® t., 15-17 ; usage général, 15-18 ;
gagner la croix- de- hois,F,tre tué à la guerre; |
SAIN. — Allusion à la croix- de- guerre, dans des
réflexions où on établit laquelle est plus facile
à recevoir ; mais la croix-de-guerre a été insti-
tuée parjune loi du 8-4-15 ; notre locution
n'est-elle pas antérieure ?
croix- rouge, f.. Dame de la Croix- Rouge :
« une petite Croix-Rouge très gentille )>, e. r.,
Journ., 20-6-16 ; — voir pé-cé-èr. — Cf. tabor,
m., 1, Soldat indigène aux Tirailleurs Maro-
cains : (( Des tabors. Ils défilent avec leurs
— 192 —
faces bises, jaunes ou marron », Feu, 48 ; —
de tabor, m,, Troupe de soldats marocains
commandés par un chef marocain ; — 2, par
métaphore sur la hardiesse primesautière des
Marocains, Poilu patrouilleur de « corps franc »;
246^ inf., août 18. — royau, m.. Soldat du
train ; d. ; — c.-à-d.un des Royaux-Cambouis. —
bataillon d'Afrique, m., . Bataillonnaire : « un
ancien bataillon d'Afrique comme lui », Phi-
libert, 99.
crottes (lâcher ses), Laisser tomber ses
bombes, en parlant d'un avion, d'un aviateur ;
81® t., juin 16; I « Puis nous sommes repassés
sur le cantonnement où j'ai lâché mes... crottes,
de deux ou trois kilos chacune », dorme, mé-
moires, 22-7-15, in Gu. Aér,, 17-1-18, p. 164,
c. 2, et 27-9-15, ib., p. 165, c. 2 ; benjamin,
Journ.,21-5-16. — berlingot, m., Bombe d'avion:
« L'oiseau blessé <<...>> lâchait ses « berlin-
gots », destinés aux femmes et aux enfants de
Paris », récit publié par le Temps, in Ouest-
Eclair, 15-4-18, p. 2, c. 2 ; — syn. de crotte,
en est-ce le syssém., par l'idée de Bonbon, de
Dragée, et le mot crotte de chocolat ? Il semble
plutôt que l'image de Fiente est déduite de
celle d'Oiseau. — Voir pêche et pruneau.
— 193 —
ES^AULT 13
croûte, f., Repas ; usuel et général aux con-
tingents parisianisés ; | chapelle ; Feu, 20,
'130, 138, 221, 253; H usuel à Paris, -90,
Brest, -07 ; — ■ substantif verbal de oroûter,
Manger. — CFOUStaille, f., Rep^s ; Gaspard, 101 ;
^— et eroustauoe, f., Repas ; desgranges,
V Auto, in Œui^re, 20-8-16, p. 2, c. 5 ; — sont
tous deux des suffixations libres de croustille,
Repas léger, hdt.
-eu, -Cumulus, dans les composés eirro-cu,
m.,Xirro-cumulus, et altp-CU, m.. Alto-cumulus,
sortes de nuages ; météorologues, 17-18. —
Abrégés usuels sur les registres, passant de là
dans la conversation ; cf. bâton.
eube, m., Paquet, Colis-postal ; D. m. p. —
Cube de tabac est ancien et civil.
cuillerée (faire une), Faire une cueillette
d'épaves (dans des tranchées boches aban-
données), artilleur (naguère du 39^ art.),
175^ crapouillot, août 18. — De cueillir ? Dp
cuiller, Main ?
cuir, m.. Cuirassier ; cuirassiers, train, art. ;
« 2® cuir. », Deuxième régiment de cuirassiers,
BENJAMIN, Journ., 21-5-16 ; dauzat, 16-4-17,
666. — Cette apocope sans adjonction du sufr
fixe -0 est dup à « cuir. », abrégé usuel sur les
194
registres, et au jeu de mots qu'il fournit.
cuirassier coupé en deux, m.. Fantassin de
toute petite taille ; 81^ t., -17. — Syssém. :
demi-boule, f.. Soldat auxiliaire ; d. ; — o.-à-d.
Malingre ; — demi- portion, demi-siphon, bout-
de-cigare, Homme de petite taiile.
cuisine- roulante, f.. Avion Moineau, mono
moteur bihélice, type sorti en -16, qui a peu
vécu ; sobriquet encore usuel en juin 18, R. G.
Aé. ; I MONTGBORGE. — De la fumée ahpn^
dante que le moteur produisait surtout au
départ. Cf. piano sous* feur crématoire, et usine
à gaz. — Voir erâne- de- piaffe.
CUiso, m.. Cuisinier ; 81® t., 10^ c^^, déc. 14,
rare, non recueilli ensuite ; | n. ; — OUisto, Cuisi-
nier ; 81^ t., diverses c^^^, août 14-oct. 17 ; très
usuel et très général; || créé vers -94, dau^at,
16-4-17. — Cuisto dérive de euistancier, cuiso
de cuisinier. Cuistancier est à cuistanee comTîie
cuisinier à cuisine, Cuistanee^ dérivé libre de
cuisine, est suffixe comme ses syn. béquetance et
croustance ; cf. galetanee et roustance.
cuite, f., Nourriture : « Mon premier prépare
la cuite (1) des Germains <...> (1) Crous^
tance, cuistanee ou cuisine poijr les arriépé^
|fc (gens de l'arpière). », Echo des Guitounes, in
I
195
Front, 16-3-17 ; (ce « premier » est «con», parce
que « confédération germanique »). — Terme
d'ouvriers, cuite, Quantité de matière qu'on
cuit d'un coup.
cul- de-singe, m.. Cavalier ; inf., très usuel ;
Il antérieur à -14 ; — son fond de pantalon a
une luisance épilée, sa fesse une rougeur écor-
chée.
cul-de-zinc, m., Servant d'artillerie de cam-
pagne divisionnaire ; 40® art., juin 18 ; |1 an-
térieur à -14 ; — il s'asseoit sur le zinc du
« caisson )>. — Syn. usuel : court- à- pattes.
culottés (section des), « Groupe franc » qui
n'a pour service en lignes que les coups de
main ; 66® chass., mai 18. — Culot, Audace,
semble s'être établi entre -81 et -90 ; (rig. ne
l'a pas, mais il a se culotter, Commencer à con-
naître la vie, le monde ; dlle, F. -A. a culotter,
Aguerrir).
cygne (faire le cou de). Baisser la tête en
vitesse : « Cache-toi, cache-toi, Bedin, fais le
cou de cygne ! », un paysan nantais, 81® t., -15.
— Ce mouvement de crainte sous les obus fut
jadis le même sous les flèches, et la locution
faire la cane peut dater des batailles des plus
hauts ternps ; il s'agit de la souplesse des ca-
nards et cygnes à baisser le col et non pas des
plongeons que fait sous l'eau le canard. —
L'anglais a duck, 1, Cane ; 2, Courbette, Mou-
vement de tête. — Syn. : saluer, Baisser la tête
(en entendant siffler les balles) : « le comman-
dant se promenait debout, sans baisser la tête,
sans saluer », Cabaret, 461.
cylindre, m.. Galons circulaires aux manches ;
79e, 102e et 231^ inf., 15-18 ; — est dû sans
doute aux premiers permissionnaires parisiens
venus en permission après que le képi bleu et
les galons diminués eurent été institués pour
le front. — D'où cylindrique, m., Officier de
l'intérieur : « J'ai rencontré un cylindrique sur
le boulevard. Laissez tomber ! [Je ne l'ai pas
salué.] Ah ! mon pote, si tu l'avais vu aller aux
oiseaux... i' gueulait, i' gueulait », avr. 18 ; —
cylindrique comporte mépris et sous-entend
(Officier) embusqué. — Cf. roule- cerceaux,
self,
dal ! (un). Mince ! ; 2^ c^l, 13^ tir. alg., -18 :
« Cent mille prisonniers ! Un dal ! » — Syssém.
de une paille /, un rien /, èe rattache à ne voir,
ne piger, que dal, ou d^al,... Rien ; — dal, mas-
culin ou dépourvu de genre, est, malgré l'avis
de D., sans parenté vraisemblable avec une dalle.
— 197 —
dé, Aj m.j Débrduillatd : « C'est un dé »,
marins, -18 ; — apocoipej dejdébrouillardi ou
midiix de démefdeUr^ démêrdard^ même sens. = —
Bj Dêbrouillardisme : « le système dé » ; « il
s'est procuré ça^ système dé »,... en le volant,
(tout ftu moiils à un voleur) ; — apocope de
débrouille, ou mieux de démerde^ substantifs
verbaux de se débrouiller ^ se démerder ; système
au sens de Façon et A la façon de, est dans
hiOjj mais système dé semble postérieur à -01. —
Il est difficile de décider si l'apocope est pho-
nétique et conserve dé comme première syllabe
du niot, ou graphique et cite pour ainsi dire
entre guillemets la lettre initiale d comme une
sorte d'étiquette ; — cf., en faveur de cette
dernièfe explication, eûc^
débleuir, Rendre vieux soldat : « Je me suis
engagé : habillé, le lendemain parti pour Ma-
dago i j'étais vite débleui ! », marin, août IB.
— Cf. bleuet, m.. Soldat de la plus jeune classe,
appelé avant l'âge de vingt-et-un ans, à l'oc-
casion de la guerre ; mot proposé par des-
gaves, Journ., 5-1-16 ; adopté... sous bénéfice
d'inventaire, pat les combattants ; — méta-
phore greffée sur le vieux mot bleu^ Nouveau
recruté. Cf. bleuets^ Hommes des bataillons de
— 1»8 —
voloritàirys, ■ — portant uniforme bleuj pois-
son, U armée et la garde nationale, II, 75. —
DESCAVES proposa aussi regain, m., Homme
récupéré aptes ajournement, ^ — c.-à-d* seconde
coupe opérée sur une classe militaire. —
JourUi^ 27-8-16. — Plus outre descaves a ris-
qué bleuettë, Femme débutant dans une car-
rière^ par ex. dans l'enseignement primaire,
Journ., 29-5-17. — Sur bleuet^ d'esparbès^
Joufn.^ 10-li-lG, a risqué coquelicot, Jeune
homme, pour signifier Joue à la rougeur agréable
en même temps que Fleur ; depuis on a dé-
crété : « Les coquelicots, ce sont nos valeu-
reuses recrues de la classe 19 ; la classe 18 avait
été baptisée : les pâquerettes ; la classe 17, les
bleuets. Nos trois couleurs sont ainsi représen^
tées », Avenir (de Bagnères-de-Bigotre), 21-4-18,
p» 1, c. 4 ; selon bergerat^ Journ., 22-4-18,
coquelicot = 19,18 = bleuet, 17 = pâquerettes
— Mais quand on a voulu nommer la classe 20
les boutons d'or^ elle a protesté, sur la fâcheuse
couleur et la mince utilité de cette herbe,
Liberté^ in Ouest- Eclair, 26-8-18, p. 1, c. 8 ;
cf. tigre. — L. DÈSCAVE6 m'écrit que coquelicots^
pâquerette et bouton d'or semblent sortis de
V Intransigeant.
199
décoller (se), être décollé, Maigrir, Péricliter :
« A Champigneulles, triste résidence, Où l'on
m'exila un beau jour, Le cafard me tient per-
manence Et je m'décolle tous les jours )), chan-
son entendue au front, -16 ; « J'étais en sub-
sistance chez les Anglais. Leur alimentation,
c'est pas des repas, ça ne nous semble que des
casse-croûtes. Au bout de huit jours de ce
régime-là, j'étais décollé », 8^ génie, -17; | se
faire décoller , Etre tué : Si... « et qu'il se fasse
décoller », g. de wissant, Contes vér., 61 ; 1|
« cela te ferait trop de peine de me voir décollé
comme je le serai [quand je serai en prison] »,
DAVID, bandit de la Drôme, lettre, in Pet. Par.,
21-9-09. — Syssém. : se dégommer, S'user, Se
flétrir, rig. ; — se décartonner. Maigrir; 8® gé-
nie, -17; Il S'affaiblir, boutmy (1874) ; ~ air
gondolé, Mauvaise mine, rig. — Ne pas con-
fondre avec décoller, Sortir de sa place, ou
de son rang, ou de sa sustentation,par ex. Sortir
en parlant d'un visiteur, [Le Boche décolle, ex-
pression usuelle, 130^ inf., etc., sept.-oct. 18),
Lâcher un concurrent en parlant d'un cou-
reur. Prendre l'essor en parlant d'un avion,
d'où à l'occasion Mourir (dlle, F.- A).
décor, m.. Paysage qui entoure l'aviateur en
200
vol : chérer dans le décor ; — rentrer dans le
décor, Atterrir « en pylône » ; — aviateurs, Mi-
ramas, mai 18, et avant.
décrocher (se), Tomber, en parlant d'avions,
d'aviateurs ; « Je crains un moment de me
décrocher [« de perdre l'équilibre ))] et d'aller
casser du bois », montgeorge.
déculottée, f., Abondance, Grand nombre :
« Le curé était un espion, tu te rappelles ; il
avait ouvert son parapluie, et aussitôt les
Boches nous envoyaient une déculottée d'obus »,
un Parisien, déc. 16. — Syssém. : débourdi-
naille, f.. Chute abondante et chaotique : « Le
crâne est pilonné comme le terrain pendant
des heures par la « débourdinaille » des mar-
mites », Trois jours, 19-7-16 ; — dérivé de
boudin, Intestin, avec un r intensif, peut-être
avec chevauchement de débourrer, Chier ; à
Pleurtuit (C.-du-N.) bourdine, Bousine, Vessie
de porc ; or Trois jours contient plusieurs mots
de l'ouest : mulon, castilles, bonjourer ; ■ — chiée,
Quantité : « chiée d'enfants », « chiée de temps » ;
— suée, Quantité, Nénesse, 221, 227 ; — bran-
lée, 1, Quantité ; 2, Douzaine, 81^ t., -14 ;
— en combinant l'idée stercoraire avec celle
de récipient, tinée, f., Grand nombre : « Prends
— 201 ~
donc des huîtres ! — J'en ai mangé une tinée ! »,
itlârinsj déc. 17 ; | « Y en a| une tinée
[d'hommes] », Feu, 45 ; « des tinées », ib., 124 ;
— tinette, f ;, même sens : « en faire une tinette »,
Exagérer une chose par son récit ;2®c^^-18; |
Fëu, 89 ; Il une tine^ Beaucoup, flose. ; -^en se
contentant de Timage de la plénitude d'Un réci-
pient quelconc(Ue, en faire un platj Exagérer
VerbeUsement ; Parisiens, 81^ t., 15-^17: «Tu ne
vas pas nous en faire Un plat ?» ; | « Oh, ça va,
dit Mof ëau, nous en fais pas un plat. Quand t'au-
ras vu c'que c'est [la guerre], », Gaspard^ 223 ;
Il il en fait un plat^ Il fait grand chaud ; prendre
un plat [de chaleur] , Avoir chaud ; [de crêpes ?] ,
Rouscailler ; tioss. ; — en faire un saladier,
niême seûs, 81^ t;, mai 17; | « Et il toussait et
en faisait Ufl saladier là-dessus », FeUf 20-8-16 ;
~ en faire une gamelle, même sens : « N'en fais
donc pas Une g&melle I », un 2d-m^, déc. 17; —
en faire une caisse, même sens ; 22^ C. 0. A.,
14-16 ; « N'en fais pas une caisse 1 », Parisiens,
août 17 ; cf. caisseur et visser une caisse, —
L'expression d'uUè abondance de pensée et de
pâi'ole par la quantité d'une excrétion dont le
cÔî*ps se soulage se retrouve dans tousser, voir
ci-dessUs saladier \ ' — cracher les glaires et gla-
— 202 —
vioîter^ Parler ; — uvoir de sales retn^ois^ Etre
fécond en boniments aigres ; — vomir., dégorger,
débéqueter, dégueuler (ce qu'on avait sur le
cœur) ; 40^ art., -18 ; — déborder, Parler, Rous-
péter : « Il frappait les hommes des fois, alors
y en avait qui débordaient », 19® inf.^ -15 ; |
« tout le monde se met à déborder et à parler
à la fois », Feu, 129 ; || Vomir, dlle ]■ — dé-
bourrer, débloquer, 1, Chier ; 2, Parlet* sotte-
ment. ■ — Enfin l'idée de Quantité de parole
s'exprime aussi par une image de quantité
pesée : en conter pour deux sous ; 13® tir* alg.,
-18 ; I « et i' t'en f'sait par dessus le marché
quinze grammes devant tout le monde », Il
t'engueulait... en sus de la punition qu'il por-
tait, Feu^ 259 ; « Je lui en ai collé pour deux
ronds au colo [au colonel] »^ dubreuil, Journ.,
21-9-16;
déesse, f.. Direction des Etapes et Services
de FEtat-Major ; Toul, -16; | D. m, p. -^ Jeu
de mot, presque obligé d'ailleurs phonéti-
quement, sur les initiales D; E. S. -^^ Cf. bâ-
ton.
dégonfler (se)j A, 1, Se décourager ; camps
d'aviation, 17-18 ; | Mousqu., 254; — 2, Ne
pas oser tenir le coup après avoir promis, Dé-
_ a08 —
clarer forfait ; 300®, 315® inf., 10^ et 55© D^^^s
inf., 14-18 ; || Paris, 13-18 ; — dégonflé, Décou-
ragé ; Miramas, mai 18 ; — B, « Se mouchar-
der », 20^ chass., août 18, l. sambardier ; —
serait peut-être mieux traduit Se dénoncer
mutuellement (parce que le coupable qui se
dégonfle, au sens A, avoue et dénonce) ? —
se regonfler. Reprendre courage ; Miramas,
mai 18. — Image d'aéronautique ? Plutôt
image de cyclisme, de pneumatique dégonflé
qui ne marche plus.
déguster, 1, Subir (qqch. de désagréable) ;
Mousqu., 136, à propos de tangage en avion ;
— 2, Recevoir (des obus) : « Qu'est-ce qu'on
déguste ! », Nous sommes bombardés intensi-
vement, MAC ORLAN, Joum., 8-2-16 ; « Etre
bombardé c'est « déguster » », Expressions à la
mode, Ver-Luisant, in Front, 16-2-17 ; Mousqu.,
86. — Cf. remettre ça.
déhotter, Faire sortir : « Les 420 les ont
débottés de leurs abris », un Lorrain, 10® art. L,
janv. 17; |1 déhotter, « Débarrasser le pavé »,
soldats romands, Schw. Sold., 69, 71. — Mal
expliqué par oranger, à la fois par « Partir
sans prendre sa hotte », et par « Partir avec sa
hotte » ; c'est Sortir ou Etre expulsé d'un abri
— 204 —
comparable à une hotte, la hotte étant pro-
bablement ici syn. de ruche et de nid ; — sys-
sém. : dénicher, Faire sortir. — Syn. *. décam-
buter, Sortir d'un abri : « notre capitaine crie :
« En avant ! » et la compagnie décambute de
la tranchée », d'esparbès, Journ., 10-11-16 ; —
dérivé de cambuse ? cf. se cambuser, Se cou-
cher ; D.
demi-poil. Ni bleu ni R. A. T. : « Nous avons
tous les âges. <C...> Dans la demi-section, il
y a des R. A. T., des bleus et des demi-poils »,
Feu, 17. — Cf. poilu. Le demi-poil n'est ni un
duvetier ni un vieux bougre velu.
démontable en deux pièces, Constitué de
deux noms joints par un trait d'union, en par-
lant d'un patronyme : « le poilu au nom dé-
montable en deux pièces » ; usuel aux 246® et
289® inf., avr. 18 et avant. — Image prise des
revues d'armes. — Cf. noms à courants d^air,
Noms à particules, bourget, V Emigré, i.
déplumer (se). Sortir de son couchage ; Feu,
21 ; — dér. de plum, m., Couchage, apocope
de plumard, 1, Lit de plume, 2, Couchage quel-
conque. — Cf. s'empailler, Se mettre au lit ;
Feu, 21-8-16 ;Ils « s'empaillent dans la plume »,
Ils couchent dans des lits mollets, ib., 121. —
— 205 —
Calembours avec les verbes anciennement tirés
des mêmes radicaux.
descendez, on vous demande !, Votre (ou
Ton, Son, Leur) atterrissage est brusque ; avia-
teurs, Miramas, mai 18; | Moussu., 101, 105.
— Formule issue de quelque atelier construit
en bâton de perroquet.
détraciueter, Détraquer : « détraqueter la mi-
trailleuse » ; « un cheval détraqueté » ; 81^ t.,
août 14-oct. 17. — J'entends aussi, chez des
Nantais, hriffeter, Manger, à côté de briffer.
deux (en moins de), Rapidement : Il sort de
la chambre « en moins de deux », Feu, 21-8-16 ;
« 3 Vais ouvrir une boîte de singe en moins de
deux », ifc., 253 ; « il faudrait voir à c* que vous
vous fassiez la paire d'ici en moins de deux »,
ib.^ 113 ; V. du p. — En moins de deux temps
et trois mouvements.
deux-eoups, m., Pantalon de fantassin ou de
civil : « Passe-moi mon deuxrcoups », Bl^ t. et
4^ zouaves, -17 ; || mot usuel suptout aux
zouaves, dès -97. — Le zouave distingue ainsi,
du pantalon d'infanterie, étroit, et qui s'enfile
en deux mouvements rapides, la large culotte
qui lui est spéciale.
deux- quarante- quatre, m., Torpille aérienne
— 266 —
du calibre 244"^"^ ; artilleurs sous Verdun,
H. BARBUSSE, uov. 16 ; | « Et rien que des
maous : des 380, des 420, des deux 44 », Feu,
232 ; ces torpilles sont plus souvent cotées 245 ;
« mines allemandes de 245 », lieutenant p..
Matin, 20-6-16 ; bello, mine- torpille de
'24cm^ 5, DELCouRT. — De même un sept-oinq,
un Obus de 75, du sept-sept, du Ganon de 77 ;
156^ inf., juin 18, 40^ art., -18 ; quinze-cinq,
m., Pièce de ISS"*'» ; 40® art., -18 ; ceci, il est
vrai, peut s'expliquer par Phabitude qui s'in-
troduit de compter, comme dans la marine,
par centimètres : du i^ingt-et-un, du 210,
(40e art., sept. 18).
Cf. la désignation d'un régiment, dans l'usage
de ce régiment même et de ses camarades, par
les chiffres de son numéro ou par des nombres
extraits de son numéro, au lieu du nombre que
le numéro traduit : le quatre-sept (dès -93 à
S*-Malo) ; le cinq-sept ; le cinq-neuf ; le six-
deux ; le six-quatre ; le six-cinq (Nantes,
10-18) ; le six-six ; le six^neuf ; le sept-neuf ; le
neuf-quatre (dès -13 à Bar-le-Duc) ; le neuf-
cinq, (ceci rectifie ce que j'ai dit, g. e., 16-4-18,
644) ; le treize-quatre ; le quatorze-six ; le quinze-un ;
le quinze-deux ; le quinze-trois ; le quinze-quatre
~ 207 ~
(dès -13 à Lérouville) ; le quinze-cinq (dès -13
à Commercy) ; le quinze-six ; le quinze-huit ;
le seize-un ; le seize-quatre ; le seize-cinq ; le
deux-huit-neuf ; les 47^,... 134e,... 289^ d'inf.,
avr.-oct. 18. (Je n'ai pas entendu *le huit-
deux, ni *le six-zéro ; ni ne se dit *le dix-trois
à Alençon.) On dit le cent-six-trois ; le cent-six-
six ; le cent-six-sept ; le trois- cent- six- six ; les
163e,... 366e d'inf., janv. 16 - oct. 18. (On dit
le cinquante— et-un ; le cinquante- deux ; le quatre-
vingt-un de Nantes ; le quatre-vingt-seize ; le
cent-dix-huit ; le cent-trente ; le cent-trente- deux ;
le cent- quarante- sept ; le deux-cent-dix ; le deux-
cent- vingt- sept ; le deux- cent-tr ente- quatre ; le
deux- cent- cinquante- et-un ; et même on dit le
cinquante-huitième ; le cent- cinquante- deuxième).
Le procédé semble limité à l'inf. de ligne. La
série simplifiée ne commence pas au-dessous
de 40, parce que l'énoncé trente-neuf, vingt-huit,
dix-sept ne comporte pas plus de syllabes que
* trois-neuf, * deux-huit, * un-sept. — A la six-
quatre-deux, nom du journal du 246^ inf.,fait
double allusion : à une locution connue et au
numéro du corps. — Cf., autres énoncés abré-
viatifs, cama, ex.
développer (se), Circuler, S'en aller à droite
— 208 —
et à gauche ; divers soldats, 15-17; | Il faut
voir « comment ^dans les cantonnements les
frères se développent, pour chercher d'abord
où bien loger et bien manger », Feu, 125; ||
« A présent, développez-vous dans les grands
prix, mes chers enfants », lavedan, Leur beau
physique, Chez le coiffeur. — Syssém. : « Je m*
disperse », Je m'en vais. Je te quitte, Brest, -06.
diable bleu, m., 1, Chasseur alpin ; D. m. p. ;
— 2, Chasseur à pied ; 20® chass., -18 ; |
« Jeune mitrailleur, diable bleu <•••> », Vie
Par,, 19-8-16, p. 632, c. 1. — diable noir, m.,
Soldat africain ; D. m. p. — Activité de diable
au combat ici sous peau noire, là sous uniforme
bleu. — tigre bleu, m., A, Fantassin colonial ;
B, Alpin ; -14 ; d.
^dimension (à la), Comme-il-faut, Parfaite-
ment ou Parfait : « — Toujours gaillards, les
enfants ? — C'est à la dimension, mon capi-
taine. — Alors, bonne chance et bon cou-
rage ! », Matin, 29-7-15, p. 1, c. 2. — Image de
technique manufacturière ; — syssém. : passer
au gabarit. Perdre au jeu, rig. ; ■ — dér. syn.
sur être fait, même sens, le gabarit servant à
vérifier les dimensions de la facture. — Syn. :
à la rondelle. Parfaitement ; 81 ^ t., -14 :
— 209 —
BSNAULT 14
«Oi^ les a faits trente-quatre [à la manille],
ah ! mais, à la rondelle » ; — dér. syn. de être à
la roulette, Etre dans le mouvement, au courant,
lequel est sensiblement syn. de être à la coule.
dingue, f.. Fièvre paludéenne ; 2^ c^ViS ; |
Balkans, -18, Intransigeant, 14-8-18, p. 2 ; —
syn. : dingue- dingue, f. ; inf. c^le^ Intr., 9-7-18,
p. 2, G. 4 ; ij dingue, Fièvre paludéenne d' Indo-
Chine et de Birmanie ; marins, coloniaux, dès
-95 au moins ; — ■ autre prononcé de dengue,
Fièvre rhumatismale des tropiques, qui, au-
jourd'hui désuet, servit de syn. à influenza,
France, -89. — Dér. : dinguer, Avoir la fièvre ;
Bçilkans, -18, Intr., 14-8-18 ; — dinguot,
( — >- dingu*), Fou.
distrib, f., Distribution ; 81^ t., -17, rare; |
distribe, pantruchard ; poilulogue ; chapelle.
doigts dans le nez (les). Sans s'occuper de
rien : « Nous sommes arrivés à Brest les doigts
dans le nez », un pilote de dirigeables, déc. 17 ;
I On a pris Douaumont « les doigts dans le
nez et l'arme à la bretelle », Pépères, 101 ;
II c'est, je crois, un terme de courses cyclistes.
— Syssém. : les mains dans les poches ; dans un
fauteuil ; en se promenant ; usuels aussi en style
de courses.
— 210 —
donne ! (ça se), Le bombardement est intense,
(Nous bombardons, ou Nous sommes bombar-
dés) ; 81® t., 15-17 ; et sans doute général ; —
la phrase signifie On se montre généreux (pour
nous, pour eux), il n'y a qu'à prendre ; elle peut
évoquer des distributions populaires où quel-
qu'un qui sort les mains pleines peut engager les
passants à se mettre dans la file ; — cf. sous
remettre une autre construction du verbe don-
ner. — Syssém. : cadeau, m., Projectile : « Les
Boches nous envoient des cadeaux », 289® inf.,
-18 ; — distribution, f., Bombardement ; —
ravitaillement, m.. Bombardement subi ; — in-
tendance, f.. Bombardement subi ; — ces trois
derniers se trouvent dans le V.du p., définis dis-
tribution « Obus de 75 )), ravitaillement « Obus
de 210 allemand », intendance « Obus de 210 al-
lemand » ; je n'ai d'usage oral témoigné que
pour ravitaillement, 207® art., -18 ; — tout en
suspectant les spécifications de calibres d'étri-
quer le sens, je crus d'abord, g. e., 1-4-18,
429, que la voiture d'intendance et le train
de ravitaillement étaient ici en cause, par des
métaphores auditives ; nous avons, de vrai,
affaire à des métaphores de fonction, prises de
la vie de guerre : le bombardement subi est up
— 211 —
ravitaillement en munitions, mais « arrivant du
mauvais côté, malheureusement », j.-p. faure ;
cf. être relevés par les Boches ; intendance, qui
parle au troupier de nourriture et non' de mu-
nitions, offre cette ironie que le poilu bombardé
est d'autant plus mal ravitaillé par son inten-
dance qu'il l'est davantage en munitions enne-
mies ; ce qu'on peut dire en faveur de la préci-
sion de 75 pour distribution, c'est que les ra-
pides rafales que ce calibre comporte sont
comparables aux distributions d'un caporal
expéditif, et que, de ce calibre-là, il y en a pour
tout le monde.
doré, m., Officier ; 130^ inf., -18 ; — galonné
d'or.
doublure, f.. Tranchée « de doublement )> qui
renforce la ligne de feu : « dix sapeurs, chargés
comme des mulets, s'en vont vers les réseaux
<C...>> — Changeons d'épaule, ça m'rentre
dans la barbaque. — Nous voilà dans la dou-
blure. — Silence, silence, bon sang ! on arrive »,
Crocodile, in B. des A., 9-5-17.
douce (en), 1, Sans effort : (( on progressait
l'arme à la bretelle, sans penser à la guerre ;
les Boches ne tiraient plus «<...>» ; ça nous
faisait plaisir de leur montrer qu'on les possé-
212
dait en douce ; comme on ne perdait presque
personne, on ne se sentait pas de méchanceté »,
Cabaret, ^bl \ \\ Tranquillement, dlle ; — l'idée
est celle du clinamen épicurique ; cf. pépère ;
aussi se rattache-t-elle à celle d'ataraxie qu'on
trouve dans ce texte-ci : « Offrez-lui une cro-
quignole sur le bout du nez, et il la recevra en
douceur », diderot, Neveu de Rameau, éd.
Fayard, 38. — 2, Sournoisement, En cachette :
« On ne devrait pas laisser tant de civelots se
baguenauder sur le front, en douce poil-poil »,
Feu, 89, à propos d'espions ; — plus usuel que
le sens 1, ce sens 2 est très usuel et très général ;
c'est celui que rig. donne à la locution en dou-
ceur; — usuelles aussi les formes loucherbèmes
en loucedoc : « en lousdoc », En secret. Feu, 183 ;
et, davantage, en loucedé.
Dudule, sobriquet du guetteur boche aux
tranchées, xxxx^ inf., Lorraine, 14-15.
dur à servir. Qui n'a jamais assez : « dans
mon escouade j'en ai des durs à servir, vous
savez », un caporal, 81® t., -17.
dure, f.. Viande ; Parisiens au 231 ^ inf.; |
« de la dure, bouillie », Feu, 24 ; ib., 215 et
21-8-16. — dure, Soupe, d., sort d'un faux-sens.
duvetier, m.. Poilu qui n'a encore aux mâ-
-- 213 —
choires que du duvet ; B. « pourrait être le
père de Biquet, qui est un duvetier de la
classe 13 », Feu, 17 ; M. Barbusse tient ce mot
d'un témoignage sur l'usage oral. — Le suffixe
'ier, qui indique une personne agissant sur la
chose que désigne le radical, offre ici la même
idée plaisante que dans soupier, saucier, Ama-
teur de (ou comme on dit familièrement Mar-
chand de) soupe, sauces. — Cependant l*an-
glais a un shaker, 1, Barbier, 2, Blanc-bec, —
comme qui nommerait raseur aussi bien celui
qui est rasé, que celui qui rase.
échappés de cimetière, m.. Vieux officiers des
services d'arrière ; 81^ art. 1., mai 18. — Cf.
rupture.
écoute (faire 1'), Ecouter si l'ennemi tra-
vaille, terme de sapes- souterraines ; Bourru,
259. — Cf. écoute, f., Galerie d'où l'on peut
entendre si le mineur ennemi travaille, hdt ;
écoute, Action d'écouter, semblait vieilli.
écouvillon, m., Eau-de-vie : « La nourriture
de ce Poilu [le canonnier de 37] est la même
que celle des autres ; cependant il l'affuble lui-
même de noms différents <...!> là gnole s'ap-
pelle 1' « écouvillon » parce que « ça gratte le
tube » », Diable au cor, in B. des A., 30-5-17. —
— 214 —
Uécoui^illon est le balai de l'âme du canon ; les épi-
nards sont le balai de V estomac ; — l'eau-dë-vie
nettoie les yeux [eau pour les yeux ; chasse-
brouillard) et les boyaux [tripoli) ; si à sa vertu
détergente vous ajoutez l'impression de râpe
qu*elle donne au gosier, vous obtenez l'image
de Vécoui^illon ; — syssém. : îil de fer, m., 1,
Vin : « Ce vin est bien mauvais, c'est du vrai
fil de fer )), 81^ t., -15 ; — 2, Eau-de-vie ; camp
de Ger, 16-17. — d'où barbelé, m., Al-
cool ; D.
I
écraser de la paille. Dormir ; « Ha, on en
écrase, de la paille, en vingt-quatre heures ! », un
paysan de Châlons-sur-Saône,81®t., juinl6 ; [
« C'est alors qu'on en écrase... de la paille sur
le pajo », CHAPELLE ; • — un résultat du cpu-
cher est censé sa cause finale et le sommeil est
comparé aune corvée; la même idée adonné:
exercice de paupières, m., Sommeil ; marins,
14-18 ; 81® t., juill. 15 ; — marche de flanc,
Repos sur le lit de camp, rig. ; — faire des
heures. Dormir ; d. ; — sous-entendu : supplé-
mentaires ; — et en boche klappendienst (ser-
vice de trappe), Corvée de portefeuille, del-
couRT ; — cf. cori>ée. — Dér. : écraseur, m.,
Grand dormeur : « il n'y a pas pire écraseur
— 215 —
que lui à la compagnie », 81® t., -15. — Voir en
écraser sous le.
écrémeuse, f., Mitrailleuse ; divers soldats,
14-17, faisant en même temps le geste de tour-
ner une manivelle ; « je les ai déjà tatée [les
Boches] voilà 10 jours et je n'est pas à me
plaindre à part quelques pauvres malheureux
qui ce sont laissée prendre par Tecrémeuse, je
suis parti du d. d. [Dépôt Divisionnaire] comme
vous voyez et je les tate un peu pour voir ce
qu'il on dans la peau », un docker nantais,
65® inf., lettre 11-4-17. — Le sématisme qu'in-
dique le geste traditionnel de tourner une ma-
nivelle se rattache à celui de moulin à café,
(Un caporal du 81® t., qui emploie écrémeuse,
ne sait pas l'expliquer autrement que par un
geste de faucheur ; la mitrailleuse, dit-il,
« cueille les meilleurs ».)
égratigner le Jésus, Exagérer dans l'action,
le discours ou le raisonnement ; 340® inf.,
janv. 16 ; ... le jasus ; 95® inf., -18. — Syn. et
syssém. : écorcher ; d. — Egratigner, écorcher,
c'est un remplacement de bousculer. Quant
au Jésus, c'est la figure. L'idée de Figure
humaine est exprimée multiplement par les
façons que l'art a trouvées de la reproduire :
— 216 —
h
portrait, ri g. ; — d'où se bousculer le portrait.
Se mettre le cerveau à l'envers, bringer, M. le
Vicomte, 188 ; — gouache, rig. ; — médaillon,
Nénesse, 204 ; — photographie : « Non mais
pige-moi la photographie de ce p'tit bas du
cul », Feu, 47 ; — ou tout simplement miroir :
({ recevoir un obus dans le miroir », D. m. p.
Et toute figure devient un Jésus, parce que
l'image du Seigneur est l'image éminente, digne
de longue contemplation ; — de même certains
paysans nomment tous les livres des Heures.
— Cf. la salir.
élève-mort, m., A, Malade, ou Blessé ; 81® t.,
juin 17 ; se dit en particulier, plaisamment, à
propos de l'homme qui exagère son mal, qui
veut avoir une maladie de première-classe; 1|
porté sur la liste des élèves-morts. Porté malade,
au régiment, rig. — Syssém. : pâle, Mort ;
être pâle des jambes, a, Etre mort de fatigue ;
b, Avoir des jambes de squelette ; marins, -18 ;
(cf. pâlir qqn, le Tuer) ; — raide. Mort ; [raidir.
Mourir, Intérieur des prisons (1846) ; raidir
Vergot, Mourir, dlle ; raidir des quatre pattes
et de la queue. Mourir, en parlant d'hommes, de
fleurs ; marins, -18) ; — gelé. Mort ; — pile.
Mort ; — ces quatre adjectifs se tirent de la
— 217 —
pâleur des trépassés, àe la raideur des cadavres
et de leur froideur glaciale, et de ce qu'un
homme étendu sur le ventre, ne montrant pas
sa face, est pile, et que c'est une attitude plus
usuelle aux morts qu'à ceux qui respirent ;
(pourtant se faite tuer, c'est aussi i^irer le i^entre
pour voir passer les aéros, t).) ; ainsi pile équivaut
pratiquement à Bousillé : « on roule un peu...
puistoc... l'avion s'at-rête pile... Les roues avant
viennent de heurter un talus )), chevalier,
Gu. Aér., 28-6-17, p. 525; c. 3 ; « Aïe ! il faut
descendre, comment ? Atterrir... « pile ou
face ! »... », THAVET ; — de là se faire porter
pâle, Se faite inscrire sur le cahier de visite ;
8® génie, -18 ; ] Gaspard, 71 ; chapelle ; —
ou raide ; 8® génie, -18 ; | Vous avez du toupet
« de vous faire porter « raides » pour des petits
machins de rien du tout », chapelle, Jourrt.,
17-3-17 ; — ou gelé ; d. ; — ou pile, 81® t.,
14-17 ; Il 19® inf., 96-01 ; — qui signifient exac-
tement se faire porter mort, et ne font pas allu-
sion, comme on l'a dit, à des pâleurs symptô-
ma tiques, aune raideut de paralysie, à une froi-
deur désagréable, à une pronation paresseuse.
B, 1, Soldat qui va au combat ; Mousqu.,
51, à propos d'un aviateur ; — 2, voir appretiti.
— 218 •—
embusquer (s'), Se trouver un emploi (mili-
taire) doux et caché, Se mettre (pendant la
guerre) à l'écart des dangers du feu et des
fatigues des armes ; usuel et universel, 14-18 ;
Il E. « briguait la place du soldat libérable
embusqué à la presse régimentaire », des-
caves, Sous-offs, III, I ; embusqué s'étendait
déjà avant -14 à des emplois civils ; à propos
de civils exempts des périls de guerre, texte
de -05, in Int. des Ch., LXXVI, 133 ; d'uni-
versitaires postés hors cadre à Patis pour le
mieux de leur avancement, ih., LXXI, 442 ; de
P. T. T. jouissant d'un régime de faveur.
Temps, 7-7-09, p. 3 ; — l'idée première fut
qu'on se poste pour guetter l'occasion de
l'avancement et des honneurs ; c'est une méta-
phore d'officiers plus que de troupiers ; cette
idée de finalité a disparu ensuite ; l'embusqué
se coîitente de s'être soustrait aux devoirs du
commun. — D'où embusquer, 1, Mettre dans
un emploi (militaire) doux, caché, préservé ;
usuel et universel, 14-18; || avant -14 (?) ;• — 2, a.
Mettre dans une situation douce (non mili-
taire) : (( Quand il a été mort, on a embusqué
sa femme comme bonne de curé », 81^ t., -16 ;
— b. Chaparder : « Des paires de souliers ? Y a
219
qu'à aller à l'ordinaire. Le jour où j'en aurai
besoin, j'irai à midi quand y a personne, et j'en
embusquerai une », 81® t., -16 ; — parce que
chaparder c'est détourner et mettre en sûreté,
eux idées qui pourfEpicure n'en font qu'une.
— Enfin embusqué^ en pleine vogue, est em-
ployé métaphoriquement par des écrivains,
comme syn. de Fainéant, Lâche et Inutilisé ;
voir G. E., 1-4-18, 444.
Dér. : embusque, f., Emploi d'embusqué ;
3® chass. d'Afrique, juin 18; | Cabaret, 478 ;
— apocope à.^ embuscade, ou, mieux, substantif
verbal de s'embusquer ; — embuscade, f., Em-
ploi d'embusqué ; — sans aucune idée de
chasse, le gibier étant déjà possédé ; usage
plaisent d'un mot déjà formé ; — embusqueur,
m., Celui qui embusque ; D. m. p. — débus-
quer. Retirer d'une embusque ; D. m. p. ;
B. des A., 22-3-16, p. 14 ; — débusqueur, m..
Celui qui débusque ; Œu{^re, 10-10-16, p. 2,
c. 2 ; — désembusquer. Débusquer ; sénateur
DEBiERRE, Joum., 20-12-16 ; — désembus-
cage, m.. Action de désembusquer ; poussin,
A. fr., 27-11-16 ; — embuscadin, Embusqué
petit-maître, rime avec muscadin dans une
ballade parue dans le Poilu, in Humanité,
~ 220 —
17-3-16; — chevauchement, embusqué -f- mus-
cadin ; (^) — embuscomanie, f.,A, Manie consis-
tant à préjuger embusqué tout civil ou soldat
non frontard : « Les méfaits de V « embusco-
manie » », le Briard, 18-10-16, p. 2, c. 5 ; —
B, Régime de la recommandation : poussin,
A. fr., 27-11-16 ; — embuscaillon, m.. Homme
sans valeur employé au bureau de la compa-
gnie, (dans Tespèce, vocatif à l'adresse d'un
malingre) ; 81® t., juin 17, apax ; — embrisqué,
m., Soldat porteur, de nombreuses brisques :
« Les Embrisqués de la iZone Désarmée -<...>►
Embrisqué. Appellation heureuse due à notre
verveux confrère « Le Pépère » », 120 Court,
10-10-16 ; — chevauchement d*embusqué et de
brisque, signifiant que les soldats du demi-
arrière, moins exposés, ont le temps de vieillir
sous une addition de chevrons.
emmancher (s'), Se faire, Se produire ; 81® t.,
14-17 : « V'ià une affaire qui s'emmanche mal »;
« Gomment qu'ça s'emmanche ?» ; — syssém. :
Comment qu\a s' goupille ? — Cf. sous manche,
un emmanchement qui semble distinct.
encaisser. Admettre volontiers dans son
(^) Cf. Cagnadin, type de poilu, Horizon, sept. 18*
~ 221 —
esthétique ; usuel et général ; « deux sortes de
types que je peux pas encaisser : les coiffeurs
et les garçons de café », un marin, -18 ; — dér. :
encaisseur, Facile à séduire : « il était mille
fois moins encaisseur encore que moi touchant
la chose de l'espionnage », Il acceptait encore
moins que moi qu'il y eût des espions en liberté,
Feu, 20-8-16. — Métaphore de physiologie ;
l'Estornac est une caisse ; encaisser est syssém.
de gober, aç^aler, digérer. Agréer, de çomir, dé-
héqueter, Ne pas agréer ; mais il s'y est greffé
l'influence de encaisser, Recevoir etSne pas
rendre (un coup), dont les matches^de boxe
ont décuplé le succès, dlle ne cite qu'un em-
ploi de ce verbe : encaisser unlsoufflet, ce qui
est lâcheté ; depuis, encaisser des ' gnons est
devenu un métier honorable ; un encaisseur est
un Lutteur dont l'endurance aux coups reçus
est une sorte de capacité ; de là « Le troupier
français est devenu le premier « encaisseur » du
monde », z, Œuvre, 20-10-16. — Cf. prendre.
encarabiner, Embêter : « Pourquoi qu'il nous
faut à nous [pour nous mener à l'abreuvoir] un
brigadier, tonnerre de sort !... Un brigadier qui
nous encarabine », Cabaret, 469. — Carabine
ou Fusil étant seringue et clarinette, l'esprit des
222
mots enfifrer et canuler, Embêter, a pu glisser
dn^fifre par la clarmette,|oulde la canule par
la seringue, jusqu'à la carabine. Mais il est plus
vraisemblable que encarabiner est une libre
« suffixation )> modifiant un verbe connu
qui commence par enc-.
enfant de quatre pères et veuf de trois, m.,
Père de quatre enfants ou veuf père de trois ;
81® t., janv. 17. — Simulation plaisante d'une
méprise amenée par le raccourci qu'impose la
fréquence de la formule ; les circulaires offrent
des situations moins exposées aux militaires
ayant ces charges de famille.
enfants de chœur à Poincaré, m., A, Chas-
seurs à pied; 289® inf.,-18; — ^c.-à-d. cadets et
chéris de M. Poincaré, qui fut chasseur. — B,
Gendarmes ; fantassins, 15-16 ; 2® c^^, 17-18 ;
— c.-à-d. Gardes-du-corps de l'Exécutif. —
C, Annamites ; 2® c^^, -17 ; — le bruit courut
que le Président avait une garde annamite (!).
enfifreur de culasses, m.. Artilleur : « Ça
t'apprendra, l'enfifreur de culasses, à <...> »,
Cabaret, 470 ; — rudes amours.
enfile-boche, m., Baïonnette ; 81® t., avr. 16.
engazé. Intoxiqué par les gaz asphyxiants ;
une femme de mobilisé, nov. 17 ; adj. leconte,
— ?23 —
I
-18. ~ Syn. : gazîfié ; 289^ inf., août 18. —
gazé ; 13^ tir. alg., août 18, tant en style poilu
qu'en style médico- officiel ; — même suffixe
simple dans grenade, Dépeuplé de poisson à
coups de grenade, d.
envoyer, Sonner (au clairon) ; marins, 17-18 ;
« Est-ce que la soupe a été envoyée ?» ; « En-
voie-nous les permissionnaires [le rappel à la
bordée de terre] ! )) ; || usuel avant -14. — Se
tire de envoyer un boniment, une chanson, Re-
partir, Chanter ; cf. « Qu'est-ce qu'il envoie
comme parfum ! », Il est parfumé excessive-
ment.
épauler, 1, Coucher en joue : « Le Belge vou-
lait passer vers le navire, il ne comprenait pas
ce que lui disait l'Américain ; celui-ci Ta épaulé
et l'a tué », un marin, -18 ; — 2, Châtier, Punir,
Traiter de rigueur par vengeance : « C'est alors
qu'il l'aurait épaulé », 81^ t., -17 ; « Il va se
faire épauler de quinze jours », Il va empaumer
quinze crans de boîte ; marins, -18; — sys-
sém. : avoir à Vœil, Surveiller sévèrement ; —
viser, même sens.
épicier, m.. Militaire employé à la manuten-
tion des caisses d'essence d'une escadrille :
« Derrière une pile de caisses d'essence un des
— 224 —
« épiciers » de l*escadrille «<•..>► », pol, Gu.
Aér,, 22-3-17, p. 304, c. 2.
épingle à chapeau, f., A, Grenade à fusil ;
lOe inf., -15; | dauzat, 16-4-17, 664. -—
B, Baïonnette ; 340® inf., mai 16 ; | chapelle ;
— syssém. : aiguille à tricoter, f., Baïonnette ;
LAMBERT ; D. || Epéc ; DLLE. — Au sens A la
métaphore se tire de la pointe piquante et de
la longueur agressive des épingles des chapeaux
de femmes vers 09-11 ; au sens B, de la tête à
peu près cylindrique adaptée à une tige mince,
style d'épingles à la mode.
équipe volante, f.. Groupe de soldats liés
par le tempérament, toujours prêts à quelque
expédition extérieure au service, et notam-
ment à la maraude ; 81® t., août-oct. 14. —
Cf. (?) « Une séquelle, une isolante : une sec-
tion », soldats genevois, Schw. Sold., 72.
èrème, m.. Vaguemestre : « A notre batterie
nous appelons notre sympathique vaguemestre
V Erème, de R. M., abréviation de Ravitaille-
ment Moral. Vous devinez aisément pourquoi »,
B. des A., 30-8-16, p. 13, c. 1; — ci.cama,'^'
Syssém. : « un poilu — du secteur 161 . — pro-
pose de lui attribuer [au vaguemestre] le sur»
nom de chasse-cafard, car « le vaguemestre,
— 225 —
ESNAULT 15
dit-il, contribue au maintien de rexcellent
moral chez nos braves et héroïques soldats. » »,
B. des A., 26-7-16, p. 12, c. 3. — sourire, m.,
Vaguemestre, d.
escalier {monter en), S'élever par à-coups ;
R. G. Aé., 17-18.
essence, f., Ce qui fait marcher une machine :
Ceux des soldats qui sont près de la locomotive
stoppée « lancent au mécanicien ; — R'colles-y
de l'essence», benjamin, Jouri}., 1-5-16. —
Extension de sens plaisante et sans doute pas-
sagère, de style, non de lexique ; cf., plus vrai-
ment métaphorique, oriflamme, f.. Energie :
« r t' faudrait un' 'tite 'oiture pour porter tout
ça. — Oui, mais qui c' qui la traînerait ? —
Toi ! en guise de moteur à crottin. — Et qui
c' qui m' mettra d' l'oriflamme dans les mol-
lets ? », un cuisto, 81® t., -17 ; — et, entrés
dans le lexique, sauce, jus, coco, Essence de
pétrole, (boisson nourricière des moteurs), pé-
trole, Eau-de-vie, (fluide générateur de kilo-
grammètres humains).
estanco, m.. A, Cagna, Abri aux tranchées ;
assez usuel, Nantais, 81® t., -15 ; 2® c^\ -18; —
B, Camion-bazar ; monax, 81® t., juin 16; \\
à Vestanco, en Prison, à la Salle de police ;
— 226 —
65® inf. (Nantes), -92 ; estanco, nom, et ensei-
gne, d'un petit café-concert, à Ancenis, -97. —
De l'espagnol estanco, 1, Mise de denrées en
régie ; 2, Débit de tabac ; usuel à Gabès, -97,
au sens de Cabaret ; usuel à Kati (Maroc), -08 :
« l'estanco du père Pérez, l'Espagnol, cette
vieille crapule qui nous louait des femmes bom-
barras et qui nous vendait des œufs presque
toujours couvés )), m. l., N. Contes vér., 190.
Le sens B peut sortir tout droit du sens espa-
gnol 1, et, sans pour cela lui voir engendrer
l'autre sens, je l'aurais noté A, s'il eût été plus
fréquent. — Cf. malabar.
estomac (la faire à 1'), Crâner, Payer d'au-
dace : « On ne vous donnera pas de billet au
guichet, puisqu'il ne doit pas y avoir de per-
missionnaires. Vous croyez que vous en aurez
un ? Vous comptez la faire à l'estomac ? »,
marin, avr. 18 ; | r. w., Gu. Aér., 15-2-17,
p. 214, c. 3; Il estomac, Intrépidité à jouer,
veine ou non, dès -68 ; rig.
étamage, m., Etat-Major : « l'état-mage
boche )), « scribouillard de l'état-mage », paw-
LowsKi, Signaux, 66, 72 ; — apocope-calem-
bour. — Syn. : état- mâchoire, m., déch. ; —
libre suffixation, (cf. çétérinoir), offrant l'idée
— 227 —
qu*on y mange bien, (cf. cheçaux de luxe).
étrangler, Epater, Epoustoufler ; 289^ inf.,
-18 ; — étrangleur, m., Monteur de coups.
Estampeur ; un forain au 81^ t., -16. — Sys-
sém. : cravateur, Bluffeur ; d. ; — d'où coups
de gueule, ici p. 569. — Cf. asphyxier.
étui, m.. Gorge ou Estomac : « tu parles aussi
d'un quart à trous ! C'est à ne pa* y croire c*
qi's' laisse tomber de kilos dans l'étui, dans
l'espace seulement d'une journée », Feu, 22. —
Gorge, Etui, Jargon (1836), terme de malfai-
teurs, offre le sématisme inverse ; cf. fokker.
étui à puces, m., Pantalon ; Feu, 204. —
Etui, Caleçon de dessous ; lavedan. Leur beau
physique, Les dessous. — Cf. fourreau, m., Pan-
talon ; D. m. p. Et quant au pessimisme, trop
légitime en certains domiciles, cf. boîte à poux.
Eugène, m., les Feuillées : « le poste d'écoute
qu'est au bout d'Ugène », saint-cassin. Temps
Buté, in Front, 1-9-16. — Cf. Jules et Eudoxie,
Tinette militaire, rig. ; — madame Durand,
Cabinets, Brest, -98.
Eusèbe, m., la Paye ; adj. leconte, 18 ; |
« palper Eusèbe », Feu, 20-8-16. — Cf. Domi-
nique, la Paye de l'équipage ; marins ; — Ro-
salie.
— 228 —
ex, Exempt de service : « le toubib m'a mis
ex deux jours », chapelle ; rocher. — Se tire
de l'abrégé « ex » mis en regard du nom du
malade, plus exactement « ex. serv. », « ex, exer-
cice », « ex. corvée », suivant la thérapeutique du
major et la discipline du bataillon. — Cf. ax^
dé, fe-fCf pé-cé ; cama.
excès de zèle, m., Adjudant ; d. — Cf. ca-
fard, m.. Adjudant ; d. ; — aboyeur, m., Sous-
officier ; D. — Ils cafardent (mouchardent), ou
gueulent, par excès de zèle.
expliquer (s'), Causer (en parlant du canon) :
« N'était le grondement ininterrompu des
grosses pièces, qui, comme disent les hommes,
« s'expliquent » de ligne à ligne », ch. l., Jourrh.,
1-8-15. — S^expliquer, Discuter, Se disputer,
est usuel populairement. Il est usuel aussi dans
la prostitution, dans la plus basse, au sens de
Se prostituer: « aujourd'hui je ne m'explique
pas », « je m'explique tous les soirs au Châtelet
[sur la place du Châtelet] », Paris, -04, exacte-
ment Débattre le prix de ses faveurs. Toute
platonicienne, l'origine psychologique de l'em-
ploi galant de s'expliquer est saisissable dans
ce texte-ci, où parle un amoureux animé des
sentiments les plus délicats : « il me restait tant
de choses à lui expliquer », J'avais tant d'im-
pressions complexes à peindre devant elle,
NODIER, Thérèse Aubert, éd. Fayard, 29. —
Syssém. : causer, qui se dit des canons, (cf.
faire parler la poudre, et la devise Ultima ratio
regum), dans les conversations orageuses {Cau-
sons maintenant !) et en langage de galanterie
(causer, Faire l'amour, et causeuse, Femme
chaude, Dict. erotique moderne) ; — rouscailler,
1, Parler, Jargon (1628) ; 2, Coïter, rig. ; —
grec ancien oiclU-^o^-ji, 1, Causer ; 2, Coïter,
(et par le sématisme inverse ôapi^to, 1, Vivre en
intimité ; 2, Causer), bailly, Dict. grec. —
Jactance teutonne, f., Bombardement boche ;
D. ; — alliance d'un substantif argotique à un
adjectif savant ; exactement Langage ostro-
goth. — Voir passer, et, aux Notes, jus.
facétie, f., Coup de main (français ou boche),
et même Attaque ; 156^ inf., avr. 18, où l'on
estime que cette expression n'a été relevée
« dans aucun autre régiment ». — Que ce soit,
en plus intense, le même tour d'esprit de pu-
deur et d'euphémisme qui fait appeler l'As-
saut fantaisie sur fil de fer ; d. ; — la Bataille
bagarre, 360^ inf., 14-15, 109^ inf., -17, 8^ gé-
nie, -18 ; — et une Victoire échauîfourée, « Je
— 230 —
sors de la grande échauffourée de Laneuville-
Sire-Bernard [offensive française du 8-8-18
entre Somme et Avre] », i. lâchât, 12-8-18,
telle est l'impression actuelle du combattant
sur le mot facétie ; cette impression ne vaut-
elle pas une étymologie ? Et elle peut être
l'étymologie, et le mot serait syssém. de
cinéma, du même régiment. Toutefois il est
plus prudent d'y soupçonner un souvenir
de S^-Cyr, que des officiers auraient propagé,
avec adaptation du sens ; « Dans l'argot de
Saint-Cyr, on appelle « facéties » les marches
militaires )), note à une pièce de vers, le « Caso »,
(« Ou bien passant gaîment les jours de « fa-
cétie )) Le fusil sur l'épaule et le sac sur le dos »),
citée par sérieyx, Eclair, 1-7-08. — Cf.c/ian-
tier.
facteur, m., Vaguemestre ; 81® t., -15 ; sec-
teurs 93, 101 et 146, B. des A., 26-7-16, p. 12.
— Cf. chantier.
fainéant, m., Havresac ; d. — Il se fait
porter ; — cf. sac à lest.
faire. Faire prisonnier ; 40® art., -18 ; assez
général: « nous, les avons faits », « pour les
faire » ; — être fait, Etre arrêté, faire aux pattes,
Voler, termes de malfaiteurs, usuels aux trou-
231
piers. — Syssém. : travailler, Chaparder ; 13^
tir. alg.,-18.
faire canne, chaussettes, etc., Faire des effets
de canne, *de chaussettes, etc., ou tout simple-
ment Avoir une canne (pour assurer sa marche
dans la boue, sur les routes), des chaussettes, etc.,
81® t., 14-17; Il faire faux-col. Laisser passer le
col de sa chemise, rig. ; faire fantaisie, Porter
des effets non réglementaires, usuel dès long-
temps. — faire ceinture. Jeûner par force,
81® t., 15-17 ; — non par un chevauchement de
faire fine taille + serrer sa ceinture, mais par
condensation de Faire-comme-qui-se-met-la-
ceinture. — faire îissa, Se dépêcher ; 2® mixte,
très usuel, 17-18 ; — non par décalque de faire
vite, qui est plus industriel que militaire, mais
par condensation de Faire-comme-qui-court-
vite. — faire pâle, ou raide, Se porter élève-
mort ; D.
faisandé. Ivre ; 40® art., -18 ; — combine les
idées des syn. mort et mûr, cuit, mais n'est à
l'origine qu'une simple queue romantique sur
fait, même sens.
faisander, Choper : A, Chaparder ; 13® tir.
alg., -18 ; — B, Faire prisonnier ; d. — Queue
romantique sur faire, (par le participe passé :
— 232 —
fait — >" faisandé), peut-être avec allusion au
système D, {fait en dé).
falot (passer au), Passer au conseil de guerre ;
130e inf., 2e c^l, -18 ; \\ 18^ inf., -Oâ. — Idée :
être regardé de près, étant suspect. — Dér. :
faloter, même sens ; d. — Voir tournant.
fauche- pattes, m,, Obus à fusée sensible,
dont les éclats rasent le sol et fauchent les
jambes des hommes non abrités, « bibelosco
dont les Boches sont peu chiches depuis que
nous nous battons sur le tapis », g. maréchal ;
289e inf., mars-juillet 18.
fe-fe, m., Avion Farman frères ; aviateurs,
avr. 18; | Feufeu, Gu. Aér., 29-3-17, p. 310.
— Des deux initiales (prononcées suivant une
mode scolaire moderne) de Farman Frères. La
marque est une F. Cf. me-fe ; ex. — Les météos
nomment be-ce-me, m., le télégramme d'obser-
vations qu'envoie le Bureau Central Météoro-
logique ; mais ils disent plus souvent le bé-
cé-èm.
fer {du), m., des Obus ; un comm* d'art.,
oct. 14. — ferraille, f., Obus : « Donc journelle-
ment nous arrivait une ration de ferraille »,
H. o. (5e art. à pied), N. Contes vér., 222 ;
« Quand j'ai reçu ma ferraille », Gaspard, 150.
— 233 —
— Cf. métaux, zinc, casser du bois. — enclume,
f., Gros obus, D., est moins une métaphore
qu'une métonymie spécifiant le fer par un
objet en fer, la substance par la forme.
fer à repasser (comme un), En tendant lour-
dement vers le centre de la Terre : « Moi, dans
la baille [la Mer] ! Je nage comme un fer à
repasser )), un pilote de dirigeables, déc. 17; ||
« Le temps est passé où celui qui volait bien
se faisait remarquer, maintenant c'est le règne
des aviateurs évoluant « comme des fers à
repasser ! )) A eux les galons et les décorations,
aux virtuoses les punitions et le conseil de
guerre peut-être ! », chevilliard, article de la
Vie au grand air, quelques mois avant la guerre
in Gu. Aér. ,S-2-17, p. 197. — De là fer à re-
passer, m.. A, Cuirassé lourd et dur à manœu-
vrer ; marins, -18 ; — B, Avion mauvais pla-
neur, (quel qu'en soit le type) ; aviateurs,
R. G. Aé. et Miramas, avr., mai 18. — Le fer
à repasser ainsi visé n'est peut-être que le Sou-
lier, cet emploi du mot est dans dlle, F.- A.,
et les pêcheurs savent trop que le soulier est
un poisson de fond.
feuille morte {tomber en). Tomber en oscillant
par les effets de l'air sur les plans de l'appareil ;
234
aviateurs ; 1 « L'appareil se mit en vrille et telle
une feuille morle. descendit de 2 000 à 800 mè-
tres », Matin, 26-4-16, p. 2, c. 3 ; « Moi, je
dégringole en feuille morte », sem, Journ.,
27-5-16.
feuille de timbres- poste, f., Aspect que prend
un terrain soumis à un bombardement métho-
dique : « Représentez-vous, tombant méthodi-
c{uement de quarante en cinquante mètres [sic]
tout d'abord, puis, la ligne tracée, dans l'inter-
valle, des projectiles de gros calibre, creusant
leur entonnoir, forant le sol, comme un crible,
par quatre ou cinq à la minute. Et ainsi, le
jour, la nuit, à jet continu, sans répit... Nos
poilus, dans leur argot pittoresque, ont baptisé
ce marmitage intensif : « la feuille aux timbres-
poste ». Ils mettent toute leur attention à
« suivre le pointillé » », Trois jours, 13-7-16.
ficelle, A, f., Galon d'officier ; 130^, 300^ inf.,
15-18 ; I (( une ou deux ficelles au képeçon »,
RICHARD, Pet. Par., 14-5-16 ; « le nombre de
mes ficelles », Cabaret, 467 ; || Liseré de sous-
officier rengagé ; g. turpin. — Ficelle rouge.
Soldat de 1^^ classe, dlle, offre une image
moins juste pour un galon plus large. Cf. (?)
vermicel, Premier lieutenant, soldats genevois,
— 235 —
Schw. Sold., 72. — Cf. jarretière, f., Galon de
tambour et clairon ; 98^ inf . ; déch. ; — il est
riolépiolé à la mode d'une sorte courante de
jarretières élastiques.
B, Fil téléphonique ; 5® génie, -18.
fièvre de Bercy, f., Ivresse ; V. du p. — Bercy
a de quoi donner des visions internes à plus
qu'une équipe.
fifrer, Exagérer, Mentir ; sans fifrer, 231® inf.,
-16, H. BARBUSSE; non confirmé d'autres corps; |
« tu n'as pas fini de fifrer ! », D. m. p. ; « On
n'a rien, sans fifrer, on n'a rien », Feu, 203. — .
Syssém. : faire de la fanfare, A, Causer du
scandale ; D. m. p. ; — B, Se vanter, D. m. p. ;
— faire de Vharmonie, Faire du tapage, Car-
touche ; faire de la remone, Faire le rodomont,
RiG. ; — peut-être même, Qar un bon mendiant
est un bon menteur, aller en musique, Aller
mendier. Chauffeurs de l'an VIII ; — dans ces
rapprochements musicaux, fifrer semble un peu
maigre, surtout à côté de battre la grosse caisse,
Parler de soi, Faire de la réclame, rig. ; mais
précisément, fifres et tambours jouant souvent
de concert, fifrer peut être présumé synecdoque
de fifrer et tambouriner.
fignard, m.. Tabac ; d. — Dérivation homo-
— 236 —
nymique : Tabac — trèfle ; or trèfle = Fignard
(Anus) ; donc fignard = Tabac.
figne (au), Par derrière : « avoir quinze mètres
au figne », Avoir vent arrière, vitesse 15°^^ à la
seconde, aviateurs et aéronautçs, 17-18 ; —
figne, Cul ; — syssém. : avoir « le vent en plein
cul », PUNCH, Fantasio, 15-8-16, p. 96, c. 1 ;
— « On est fin prêt pour barrer. Même qu'on a
le zef aux fesses », ib. — Cul, Arrière, était déjà
de style nautique.
f Hocher, 1, S'esquiver, Se débrouiller pour es-
quiver du service ; divers soldats ; | « Quand tu
filoches devant une corvée <^...>>, c'est les
autres qui écopent », Feu, 34 ; « qu'un bigor-
neau comme moi <;...]>, ça ne devait pas filo-
cher comme je faisais », chapelle ; — on a
franc-fileur, « celui qui, pour échapper au siège,
c.vait quitté Paris pendant la guerre de 1870.
Par opposition à franc-tireur », rig., généralisé
ensuite, franc-fileur, « individu qui file à l'étran-
ger pour échapper au service militaire », dlle ;
filocber, a, Filer, (Donner) ; b, Filer (Courir) ; d.;
mais il semble que filocher peut signifier aussi
bien Se débrouiller dans le service que Se dé-
brouiller pour n'en pas faire, et d'une manière
générale Profiter, (voir ci-après) ; cela s'expli-
— 237 —
quera bien en tirant filocher de filon, ou tout
au moins en admettant que filon transparaît,
par chevauchement sémantique, sous le radical
de filer, et que filocher remplace filonner ; (cf.
sardoche) ; filon signifie toute Affaire, aussi
bien ce qu'on fait parce qu'on doit le faire, que
ce qu'on fait pour ne pas faire son devoir ; —
2, Mettre à profit : filocher le secteur, Tirer
parti de toute bonne occasion, a. arnoux; ]
Une des dames infirmières, en me frottant le
ventre chaque jour, me « répétait toujours que
son mari n'était propre à rien. J'ai compris
l'allusion. Alors j'ai filoché le secteur.... Oh ! là !
là !... Elle m'a donné des cheveux quand je
suis parti )), Cabaret, 459 ; — le sens premier de
cette locution n'est-il pas Organiser le secteur
de combat de façon débrouillarde ? Cf. secteur.
— Dér. : îilocheur, Débrouillard ; chapelle.
îilon, m., 1, Chance, Bon métier : ai^oir le
filon ; cest pas le filon ; 81^ t., 14-17 ; très
usuel et général ; | « on tient Tfilon », Gaspard,
150 ; « J'ai le filon )), ib., 221 ; la « blessure filon »,
Bourru, 97, envoie à l'arrière ; \\ usuel aux ma-
rins de l'Etat, -07 ; trouver le bon filon. Avoir
de la chance. Trouver une heureuse combinai-
son ; soldats genevois, Schw. Sold., 72 ; — le
— 23ô —
filon, c'est la direction féconde, la route heu-
reuse, la ligne d'or de la conduite ; image issue
des mines : « Il s'égare <;...>» ; vingt fois il
croit tenir le droit filon ; vingt fois <i-'-'> ^S
M. c, N. Contes çér., 135 ; « le turf devint le
filon-mère de la confrérie », mandelstamm,
Jim Blackwood, jockey, 27 ; — dér. : filonner,
S'embusquer : « qu'i's filonnent, bon, c'est
humain, mais qu'après, i' viennent pas dire :
« J'ai été un guerrier » », Feu, 136 ; — filo-
neur, m., Embusqué ; Feu, 129 ; — 2, Affaire,
Chose (jusque dans les emplois les plus vagues),
Métier, Pièce d'une machine, Papier d'iden-
tité, etc. : ça s'rait pas dans V filon, Faut pas
faire ça ; cf. fricot ; — par une marche inverse,
affaire, sans qualification, s'emploie pour Bonne
affaire : « Cette fois j'ai le filon, le fin filon;
"<...}> Cabot à l'équipe de fil de fer, c'est une
affaire », Cabaret, 458. — Je n'ai pas entendu
açoir le bon filin que donne Z). m. p.
fine, f., Blessure-filon ; 20^ chass., -18 ; —
ce que les Tommies nomment blighty wound ;
— fin, Bon, en français populaire.
finish !, Il n'y en vait plus, Tu n'en auras
pas, toute la conjugaison de ne pas avoir :
« L'Anglais avait une flotte ; mais une armée.
239
finish 1 », 2ds.m®s, -18. — La vogue du mot
vient des matches de boxe, (cf. encaisser) ;
« résolus à conduire cette guerre jusqu'au
finish », DEKOBRA, Journ., 4-8-16 ; « l'Alle-
magne décida qu'il fallait un finish avec l'An-
gleterre », interview de Lloyd George, in Œuvre,
30-9-16, p. 4, c. 2 ; de Victoire on a tiré Sup-
pression, et de Suppression Carence.
Autres anglicismes ; (cf. sévère, vaseux, vic-
time ; strafer, tank, tommy) :
Cf. afnaf, 1, Mi-parti : « j'suis content d'un
côté, d'un autre sens, j'suis pas content ; c'est
afnaf comme on dit », donnay, Impr., 71 ; —
half and half, Mélange par moitié de pale-ale et
de stout ; usuel avant -14, aux demoiselles de
perdition, aux chauffeurs, à ce monde qui va
et vient de Chantilly au quartier Bréda. —
2, Ereinté, Rendu : « J'en ai mare, je suis tout
à fait af-naf », dragon e. h., Int. des Ch,,
LXXIII, 551.
Cf. bizness, m.. Travail compliqué ; « Tu parles
d'un bizness ! », « Ah ! quel bizness ! », cris
quotidiens, 95^ inf., mai 18 ; (inusuel au 81® t.) ;
I « Tu parles d'un business », i^eu, 15,100; ||
« Plutôt mourir que travailler Allons nos
femmes, vite au bisnises », crayonnage sous le
— 240 --
■
Cours-la- Reine, Paris, -03 ; « Ça va les « bu-
siness ? )) », Echalote, 51 ; ■ — business, Affaires ;
(« La femme nouvelle, <••.> Elle sera, sans
doute, plus forte, plus agissante, plus busi-
ness », PROVINS, Journ., 29-7-17) ; importé
jusque dans la basse galanterie.
Cf. olrède, Parfait ; divers soldats et marins,
17-18; I « j'ai un fusil qu'est olrède », Feu,
196 ; « Caporal Olred », signataire d'une ques-
tion. Œuvre, 17-11-16, à la rubriq-ue Réponses ;
— ail right (prononcé olrèyt).
Cf. pouleuper, 1, Galoper ; mot de cavaliers,
-17 ; — employé à propos d'un ballon-sonde
que prend un vent fort : « Ça pouleupe là-
haut », météos, 17-18 ; | pouloper -, d. (qui le
croit une onomatopée) ; || Pouleupe !, De la
vitesse !, se dit aux chevaux attelés, dès -98
au moins ; — to pull up, Tirer, Traîner, vive-
ment. — 2, unipersonnel, Aller fort et raide :
« ça ne pulluppait pas assez », donnay, Impr.,
I, 14, Les journées (à l'Etat-Major) n'étaient
pas assez énergiques. — Cf. adruper, Se sau-
ver ; aux Balkans ; d. ; — du sabir adrop !,
Allume !, (arabe dWeb !, Frappe !), usuel au
13e tir. alg., -18.
Cf. rider. Chic, Elégant ; 231^ inf., h. bar-
— 241 —
■SNAU&T 16
BUSSE ; divers soldats, 17-18 ; | «On s'est en-
foncé un poulet ridder », Feu, 21-8-16 ; — rider
(prononcé à la française d'après la graphie, au
lieu du prononcé anglais r^ydœr), Cavalier ; le
composé gentleman-rider, Ecuyer amateur, a été
compris Parfait gentilhomme ; « c'est du riflot,
des vrais gentleman-rider qui dècheront sans
dire ouf à cause des mistonnes », Philibert, 237.
fissa !, Vite', ; quelques hommes du 81® t.,
-17 ; I « Roule, mon vieux et fissa ! », propos
d'un officier à un ancien soldat des corps de
Kabylie, m. l., Contes çér., 84 ; — arabe fis saâ,
Tout de suite ; voir faire ; — cf. chouya.
flambeau, m., Bonne affaire ; 81® t., -15 ;
« Tufparles d'un flambeau ! », ne se dit que par
ironie; |I Affaire, Métier, Invention, dlle. —
Le sens Bonne affaire est premier si le mot est
extrait de affaire flambante ou flamboyante,
très Chic. Cf. filon.
flanches, (f.?), Jambes ; usuel au 2® c^l,
15-18. — Apocope de *flancheuses Poltronnes ?
îlanquement (jeter un coup d'œil de), Re-
garder de travers ; 289® inf., sept. 18 ; — syn. :
regarder en biseau, en chanfrein, ib.
flaût, {t sonore), m., 1, Flamand ; marins,
14-18 ; "JPmot usuel à Armentières, Dunkerque,
— «4S —
Douai, dès -01, aux Flamands eux-mêmes ;
cf. flaoust, Flamand, ross., ignoré do mes
témoins lillois. — 2, Boche (?) dans ce texte :
Nous donnons l'assaut, « Je plaque le bardin
en douce et on fait la patatro sur les flahuts,
ils en étaient comme deux ronds de flan ! »,
GossET, Le nouçeau langage (1915). — Pour le
son ail, cf. -taii ?
fléchette, f.. Bombe de l'obusier de tranchée :
selon les secteurs youyou, fléchette ou queue
de rat », Apollinaire, M. de Fr., 16-2-16. —
De fléchette, Petit rouleau de papier plié en V
qui sert de projectile aux éc^liers en classe ;
cf. pétoire.
fleur {atterrir comme une). Atterrir très
doucement ; Miramas, mai 18. — Quand cette
douceur n'est que relative : atterrir comme une
petite fleur mais avec le pot ; esc. S-152, juill. 18 ;
— comme un merlan dans un cent de clous, Pau,
-18 ; — quand elle est parfaite : comme une
fleur sur des œufs, R. G. Aé., -18.
flic, m., Gendarme ;. 95® inf., 16-18 ; marins,
-18 (et avant) ; || Agent de police, rig. (« Com-
missaire de police »), dlle, ross., noter ;
c'est le sens ordinaire (et c'est celui qu'on a
dans benjamin, Journ,, 13-3-15, et non Gen-
— 243 —
darme, comme traduit sain.). — Dér. fliquer,
Arrêter pour mettre en prison : « deux cognes
[deux Gendarmes] qui vient l'fliquer », Feu,
21-8-16; I être fliqué, Etre arrêté par les gen-
darmes ; D. m. p. ; — fliquerie, f., Gendar-
merie ; D. m. p.
îlubard, m., Téléphone portatif Timimoun ;
artilleurs, -18; | Fantasio, 15-7-18, p. 40, c. 2.
— D'où « tu fais sonner le flubard )>, Tu es ex-
cessif ; artilleurs, ib. — De açoir les flubes,
Avoir peur, (voir copeaux), parce qu'on ap-
pelle certaines sonneries électriques des trem-
bleurs ? ou de flube, parce que le son crachote ?
— flubard, m.. Froussard, et aç^oir les flubards,
Avoir peur, sont usuels à Paris, dès avant -14,
foies blancs (avoir les), et très fréquemment,
par synecdoque, avoir les foies. Avoir peur.
Hésiter, Etre lâche ; très usuel, surtout dans
les corps jeunes et parisianisés. — L'anglais a
de même pale-hearted [au cœur pâle]. Pusilla-
nime. — Une synecdoque analogue suppri-
mant un déterminant nécessaire à l'image se
trouve dans la locution de sens voisin se faire
du sang, S'inquiéter, rig., entendez se faire
du sang de peste. — rougir les foies. Donner
du cœur ; « Quand la lourde pilonne, tu te sens
— 244 ^
i
gaillard, ça rougit les foies à ceux qui les ont
blancs », Cabaret, 460. — Blancs signifie Ex-
sangues, et équivaut à Froids. (Le visage d'un
homme effrayé devenant bleu, vert, jaune, blanc,
de-toutes-les- couleurs, on dit aussi aç>oir les foies
verts, tricolores, Avoir peur). L'antonyme est
joies chauds. Ardeur (amoureuse), Nénesse, 192,
244. Avoir du sang [dans les veines] , c'est Etre
brave. Foie signifie Organe où le sang est actif,
et équivaut à cœur, Courage, et à mou. Poumon,
Courage : se tracasser le joie. Se biler, d'espar-
BÈs, Demi- Solde, viii ; « Ils avaient les foies
[les sangs] complètement retournés », Ils
étaient fous de peur, j. des vignes rouges,
Journ., 1-6-16 ; se biler le mou, Se tracasser,
Paris, -01. Foie a pourtant sa précision :
l'homme « le plus résistant », « lorsque, dans
la rue ou dans le métropolitain, il enregistre,
malgré qu'il en ait, une rumeur inquiétante »,
ressent un coup « du côté du foie », et Paul-
Emile, à son départ pour la Macédoine, disait
aux Romains : Les percos, y a personne qui
les laisse tomber assez pour ne jamais blanchir
du foie et se faire de la bile, « nemo tam famae
contemptor est eu jus non debilitari animus
possit », LABORDE-MiLAA, La continuité clas-
— 245 —
siquôy Revue hebdomadaire, 30-9-16, p. 616.
foin, m., Tabac ; 20^ chass., -18 ; | Gaspard,
64. — • Syn. et syssém. : trèfle, usuel dès -27 ;
{treffoin dans vidocq) ; — varech, m., d.
foire, f.. Pillage, par nos officiers et soldats,
d'un village évacué de ses habitants ; glaces
biseautées pour . cagnas, assiettes pour po-
potes, etc. ; la foire de <...>> ; 81^ t., oct. 14-
fév. 16.
îokker, m.. Gendarme ; aviateurs, mai 18. —
Syssém. : aviatiks, m., Gendarmes : « en
raison de leurs nombreux raids », Mousqu., 71,
73. — Une fois le Fokker appelé gendarme, l'avia-
teur a, d'un saut rebroussé, appelé fokker le
Gendarme qui venait, sur une route terrestre,lui
demander ses papiers. Fokker constitue avec
gendarme un jeu sémantique d'aller et retour
(cf. G. E., Lois, II, 3), dans lequel, si le jeu est
bien mené, le retour est naturellement, —
moyennant initiation préalable, — deux fois
plus amusant que l'aller. — De même si un
lettré nomme tranchées les Rides du front d'un
poilu, Feu, 287, un autre dit « dans les rides
du front », Dans les tranchées, titre de livre. —
Maréchal des logis s'abrège en logis, usage cou-
rant ; or logis, Logement, devient, par un
— 246 —
suffixe libre, logeteau, Nénesse, 195, 206, 236 ;
d'où logeteau, Maréchal des logis ; merlin. —
Avion, c'est oiseau ; et aux Balkans on dit d'un
corbeau que c'est un aéro grec ; d. — -Le cy-
cliste est à cheval ; et le cavalier démonté a
lâché les pédales. — Tel corps nomme les High-
landers, qui sont écossais, petits pois, et les
Petits pois, qui sont écossés, highlanders, d.
Même jeu encore dans bourrin, chiotte, clebs,
coco, (corvée d') enfant de troupe, crapouillot
(2, 2^, h), étui, nourrice, passer à tabac, pélot,
pompier, pou gris, quatre- cent- i^ingt, rasemottes,
réadmis, seringue, tréteau, vosgien.
fort (aller), 1, Exagérer ; assez usuel et gé-
néral; I Gaspard, 51 ; Feu^ 16 ; j. l., Temps,
21-10-16 ; « Michelet va peut-être « un peu
fort », comme tous les grands poètes », téry,
Œuvre, 12-9-16, p. 1, c. 3 ; — 2, Etre exagéré :
« trente sous <;..•>> pour quarante-cinq feuilles
en zinc [un artichaut], ça va fort ! », chapelx.e,
Journ,f 6-9-16, propos d'un soldat. — Séma-
tisme, cf. bousculer.
fouet, sert à exprimer le bruit du canon :
« Lorsque le canon [boche] fait un bruit in-
fernal, le guetteur gouaille : — Tiens ! Fritz a
mis une mèche neuve à son fouet ; sûrement il
— 247 —
va mener le corbillard au kronprinz ! », Cri
de P., vers juill. 16.
fouifoui, m., Membre viril : « Je pars en
perm, tu parles que je vais me faire péter le
fouifoui )), ... m'imposer une rude besogne
d'amour; 340^ inf., -16. — Fouifoui -< — fifi,
(cf. fouichu -< — fichu ; « TArmorique est « foui-
chue » », TAiLHADE, AcùoTi, 24-1-04) ; fifi, syn.
populaire de Petit oiseau ; de nombreux noms
d'oiseaux conviennent au susdit objet : san-
sonnet (ri G.), merle, zizi, chouart, rossignol,
bribri (Brest, -06), coucou, oiseau. Servent de
même les noms de poissons ou simili-poissons,
ex. : anguille, sangsue, d'où : « Il est en perm ;
il dégorge son pimpeneau », dégorger par allu-
sion à sangsue, et pimpeneau, prononcé nantais
de pimperneau, Anguille des étangs saumâ-
tres.
fouilleur, m.. Obus russe utilisé contre nous
par les Boches, dont la chute rejette en arrière
une grande quantité de terre ; 39® art., mai 18 ;
I « le 210, dit « fouilleur », qui explose profon-
dément en terre, fracassant les abris souter-
rains », ASTRuc, Vie Par., 22-6-18. — Cf.
fouilleur. Charrue pour ameublir le sol sans
creuser de sillons, hdt. — Syn. : fouillard, m.,
— 248 —
D. — Syssém. : terrassier, m., Obus à fusée à
retard ; 289^ inf., août 18 ; 40^ art., oct. 18.
four crématoire, m., Avion Voisin à moteur
140 H. P. Canton- Unné; aviateurs, 15-18; |
Fantasio, 1-11-16, p. 234, c. 2-; Gu. Aér., 29-3-
17, p. 310, c. 1. — Le mot fut créé en -15 à la
suite de quelques accidents où le feu, ayant
pris à l'appareil, carbonisa le pilote ; des jalou-
sies n'étaient pas étrangères à la fortune du
sobriquet ; je n'enregistre ici que des viva-
cités de langue, sans peser les réalités ; (cette
remarque s'étend à plusieurs traits de mœurs,
dont l'expression seule m'intéresse, secrétaire
des poilus et non leur juge de paix) ; — quoique
l'expression ait pu désigner presque simulta-
nément le moteur de l'avion en question et
l'ensemble de l'avion, il vaut mieux renoncer
au sens Moteur que j'ai signalé, g. e., 1-4-18,
447, et par suite à la métonymie du tout
par la partie. — Syssém. : marmite norvé-
gienne, f., 1, Avion Renault, marque A. R.,
sorti en -16 ; aviateurs, -16- juill. 18 ; — aux
débuts de ce type, le pilote, soumis aux va-
peurs de radiateurs surchauffés, se plaignait
d'être cuit à l'étouffée ; or le type se trouvait
sortir au moment de la campagne de presse,
— 249 —
menée par exemple par M. Louis Forest, en
faveur de la marmite norvégienne comme
moyen de cuisine économique ; demeuré en
service, il a été amélioré quant au refroidisse-
ment. — 2, Tout appareil dont le moteur
chauffe beaucoup ; R. G. Aé., -18. — Même
correspondance syn. dans ce texte : « ce fut
un four [théâtral] auprès duquel le plus haut
four du Creusot est réduit à des proportions
de marmite norvégienne », anon., Vie Pur.,
25-5-18, p. 465, c. 1. — Cf. piano, apax : « As-tu
vu le piano, comme il a dégringolé ? », à propos
d'un avion boche tombant en flammes ; le ser-
gent qui parlait ainsi, 81® t., mai 16, était sans
lumières spéciales sur l'aviation ; c'était un
bistro de Nantes ; piano, Fourneau, Cuisinière,
donné dans ross., est usuel aux cuisiniers à
Nantes comme à Paris. — Cf. cuisine roulante.
fourbitage, m., Fourbi, Affaire compliquée :
« Quel fourbitage ! », Sale métier !, 81® t., -16,
apax d'un Nantais. — Je ne note ici ce mot
que pour souligner l'emploi populaire de -t-
pour former des dérivés commodes : maque-
reautage, Métier de maquereau ; garouter, Cou-
rir le garou ; bistrote. Débitante de vin ; cuterie,
Histoire de cul ; sursitaire, Mis en sursis ; etc.
— 250 —
fourchette, f., 1, Baïonnette ; 360^ inf., 14
-16 ; 80e t., 81e t., -16 ; divers soldats ; ] aga-
THA ; A. F. (46® inf.), N. Contes vêr.^ 88 ; l. b., i6.,
292 ; « C'est là que les Allemands ont été cueillis
« à la fourchette » suivant le mot d'un soldat,
comme des escargots dans leur coque », anon..
Matin, 15-11-16, p. 1, c. 6; |I rig. ; — 2, Assaut
d'une tranchée : « Le capitaine commanda :
— Tout le monde sur le talus ! Allez-y à la
fourchette ! <...> La fourchette ? Vous savez
ce que c'est ? Non. Vous croyez que c'est la
baïonnette. C'est un peu ça d'abord, mais c'est
surtout la crosse, la matraque, les poings, les
dents, la griffe, l'étranglement et la morsure,
la saignée et l'assommade », m. b.. Contes per.,
171; il « A la fourchette !», langage d'un ancien
combattant de Sébastopol, dauzat, 16-4-17,
668. — fourchette à escargots, f., Baïonnette,
FAGus, 565. — ■ Avec escargots l'image est plus
complète, ou la seule complète et première. Cf.
tire-houchon.
fraise, f., 1, Figure : « la sale fraise qu'il avait,
carrée du bas comme ces boîtes de singe an-
glais )), Feu, 20-8-16 ; — 2, Tête : « tant que
l'on n'a pas pris l'obus « en fraise » », Expres-
sions à la mode, Ver- Luisant, in Front, 16-2-17 ;
— 251 —
• — 3, Tout le corps : « Faut s'manier la fraise »,
... Se hâter, Feu, 229. — La face est rouge par
pudeur, par santé, par ivrognerie ; syssém. :
pêche, cerise, tomate. La forme de la tête et ses
autres couleurs lui valent les noms de patate,
betteraçe, courge, pastèque, olwe, cassis, grume
(Dijon, -99 ; c.-à-d. Grain de raisin), citron, noix,
pomme, poire (^) ; « Il a pris le quart d'eau en
pleine poire », -18 ; Attraper un éclat d'obus
« en poire », Feu, 234. — Le passage du sens 2
au sens 3 se retrouve sous tomate : se manier la
tomate. Se hâter, 19^ inf., -95 ; sous poire : Au
repos « on ne prend pas de pruneaux en poire »,
PANTRUCHARD, 116 ; SOUS gucule i sc faire casser
la gueule, Etre tué.
franco (passer), Ne pas saluer un chef au
passage ; marins, -18. — Franco, Sans payer,
appuyé par la locution cest franc, Il n'y a pas
à se gêner.
frère, m.. Individu ; 81^ t., 15-17 ; très gé-
néral ; « Ce qu'il prend, le frère J », Il se fait
amocher ; « tous ces frères-là » ; « l'autre frère » ;
« le vieux frère »; |1 « ces frères-là », Echalote,
(^) Et probablement jadis * sorbe, d'où, par calem-
bour, sor bonne.
— 252 —
54 ; frère a le même sens vague dans gros-
frères, Cavaliers de réserve, dlle. — frère Mi-
roton, m., même sens ; 81^ t., 15-16; | Feu,
15 ; Il frère Mironton, Nénesse, 55, 73, lOl, 117,
246, 255. — S'emploient volontiers, et surtout,
à propos de ce qui ne se conduit pas du tout
fraternellement, un égoïste, un démerdeur, un
cadavre, un Boche, un porte-monnaie vide.
fricot, m., 1, Métier de sybarite : « nous voila
revenu dans les tranché et tu parle la boue ce
n'est pas le fricot )), un soldat, 41^ t., lettre,
13-11-16; Il « Polochon rayonne. // a un fricot,
un vrai fricot, un fricot d'homme de la classe,
comme P<...> l'armurier, comme ?<••.> le
cuisinier ; il a presque un fricot comme celui
de B<;...>, le garçon de cantine », pawlowski.
Polochon, 5 ; — 2, Travail, Service, tout Ce
qu'on fait : « Tous les jours, je fais mon petit
fricot : c'est de soigner les deux canassons de
tête de ma pièce », lettre d'artilleur, M. de Fr.,
16-3-16, p. 377 ; cf. « Qu'est-ce que j'ai donc
fait au fricot, ce soir ? », Je|n'ai pas de jeu, un
boucher parisien, jouant aux cartes, mai 16. —
Substantif verbal de fricoter, i. Cuisiner, (ex. :
« on avait tout chauffé [pris], sans y en laisser...
à lui»., lui qu'avait fricoté [qui avait fait la
— 253 —
cuistance] )), Gaspard, 71 ; ,d'où Nocer, Avoir
un bon emploi ; 2, Faire, d'où l'idée de Travail.
— Le passage du sens 1 au sens 2 rappelle la
provection de sens de filon.
frigo, m., 1, Viande frigorifiée ; 81 ^ t., -15 ;
I CHAJPËLLE ; — 2, sobriquet d'un majot" aux
manières glacées ; 81^ t., -17 ; — apocope de
frigorifié. — D'où déguisé en frigo, Gelant de
froid, Pépères, 241.
frigorifié. Gelé : A, Souffrant du froid ;
81^ t., -15 ; marins, -18 ; — B, Ivre ; D. ; —
gelé, Ivre, à Brest, -99.
Frigolin, m., sobriquet du soldat boche ;
289e inf., juin 18 ; en vogue, 130^ inf., oct. 18.
— Fritz, m., même sens ; à peu près général
en -17, sauf aux territoriaux ; | paraud ; poi-
LULOGUE ; — Friedrick, m., même sens ; fa-
raud ; — Otto ; Ernest ; Michel ; d. — Pré-
noms boches fréquents.
îrigousse (en avoir). En être rassasié : M.
« en avait « frigousse » » de faire l'exercice,
ERLANDE/ Eu Campagne avec la légion étran-
gère, 46 ; — en avoir figous, En avoir assez ;
D. — De frigousser, Cuisiner, delvau. Manger,
RiG. : *en avoir frigousse = en avoir soUpé ?
froc, m., Pantalon ; Parisiens, 81® t., 15-16 :
— 364 —
« Il chie dans son froc », Il a peur ; 40® art, -18 ;
I agatha; Feu, 16, 113, 116, 188. — Forme
en muance avec frac, Habit de ville et de
soirée.
frontard. Militaire au front : « je suis per-
suadé que vous devez aussi bien vous plaire
[à l'Arrière] sinon mieux que d'être frontard »,
un caporal, 81® t., lettre, 20-1-18; | « trois
offic. frontards », Vie Par., 19-8-16, p. 632,
c. 2. — Cf. classard, couinard, flubard, fouillard,
fuséard, groupard, popotard, téléphonard, trouil-
lard, tunard, çachard, vasouillard, zonard.
froufrou, m.. Obus pneumatique de 74 boche ;
Bourru, 172 ; — de son bruit : « frou... frou... »,
ib., 174.
fuchsia, m., Vin : On a « bu le fuchsia », Feu,
58. — Le soldat, aimant à ronchonner, discerne
volontiers teinte de fuchsine dans son vin ; de
fuchsine, il déduit fuchsia ; c'est une dérivation
par Tobjet interne. Il est vrai que c'est en
l'honneur d*un Fuchs, Bavarois, qu'un arbuste
a été nommé fuchsia, et en l'honneur d'un
^^ tienard, Lyonnais, (traduit en allemand Fuchs),
HL que la fuchsine a reçu son nom ; mais tant d'his-
^B toire n'est pas à la portée de tous ; il n'y a
^H donc pas, à confondre ces deux Fuchs, un ca-
— Sftfi —
lembour, mais simplement une étymologie po-
pulaire. — Syssém. : coloro, m., Vin ; d. ; —
libre suffixation de coloré.
fumantes, f., Chaussettes ; 16^ chass., oct. 16 ;
mécanos d'av^n^ Pau, mars 18 ; 156® inf.,
août 18. — Syssém. : puantes, f., Chaussettes ;
16® chass., oct. 16 ; — reniflantes, Chaussures,
DELVAU ; — fumerons, Pieds, (Jambes maigres,
selon DELVAu). — Toutes images olfactives ;
(cf. gruyère, m.. Pied ; d.)
fuséard, m.^ Soldat lanceur de fusées ; D. m.
p, — fuséen, m., même sens ; D. m. p. — Même
suffixe -ard dans binoclard, m., Homme por-
teur de binocle : « Cocon, le binoclard », Feu,
19 ; I D. m. p.; — cf. frontard.
fuselage (sur le). Sur le dos, terme de com-
bats aériens : « se mettre deux adversaires « sur
le fuselage » », aviateur viallet, Gu. Aér.,
10-1-18, p. 141, c. 1. — On dit au même sens,
sur le casaquin ; sur le paletot ; sur la mercerie^;
et, syn. plus récent, voler dans le bénard à qqn,
lui Sauter dessus, 289® inf., juin 18, le bénard
étant le Pantalon. Le fuselage est comme la
carapace du pilote.
fusil (du), m., du Courage : « Il en aMu fusil,
le gars ! », Feu, 142. — Fusil = Estomac,
— 256 —
(Colle-toi ça dans le fusil /) ; or estomac = Cou-
rage ; donc fusil = Courage.
fusil de rempart, m., Pièce d'artillerie lourde ;
D. m. p.
fusil fou, m.. Fusil- mitrailleur ; 2® c^^, fin 16-
18 ; — son tir, 20 cartouches à la file, ou par
saccades, fait penser à un fusil « devenu subi-
tement fou », I. LACHAT.
fusiller. Démolir, Esquinter ; à propos
d'avions, Miramas, Pau, -18 ; « fusiller un
camion [automobile] », un conducteur, avr. 18 ;
I « Vous allez m'fusiller ma bagnole ! », Feu,
106; Mousqu., 254; || « les caniveaux sont
propres à « fusiller » les cadres [de bicyclette] »,
CATENOY, Fantasio, 1-9-11 ; — syssém. : tuer,
même emploi ; rapprocher aussi fusiller son
pèse, Dépenser son argent, rig. ; fusiller de
la marchandise volée, la Vendre à vil prix,
Matin, 7-6-08. — Syn. : nettoyer.
gabion, m., 1, Képi ; Ver- Luisant, in B. des
A., .12-4-16 ; — métaphore sur la forme en
tronc de cône du képi du troupier. Syn. : pot-
de-fleurs, qui offre le même schéma. — 2, Ma-
caroni gros et court : « On nous donne égale-
ment beaucoup trop de gros et courts macaronis,
appelés a gabions » par les troupiers », z, Armée
— - 257 —
rnssiAULT 17
de La guerre, l'^3, article éciit vers juill. 15 ; —
métaphore|sur la forme du macaroni ; un ga-
bion est àfpeu près un cylindre et il est percé
aux deux bouts. — 3, Gros homme mal habillé :
« Cet adjudant aussi gros que court <;... ne se
doute pas que...>> dans sa capote il est ficelé
comme un gabion ^ », h. o. (5® art. à pied),
N. Contes i^ér., 219 ; — le fait est que beaucoup
de gabions obstruant l'angle de deux barbettes
rappellent le Balzac de Rodin, en mieux.
gâche, f ., Chance, Bonheur, Métier de sybarite ;
6®, 18®, 34® inf. et autres corps du sud-ouest ;
( « Au 81® d'infanterie pour exprimer qu'un
homme est embusqué, on dit qu'il a la gâche »,
z. Armée de 1917, 315 ; « Les S. E. M. des sec-
tions, les R. A. T., les conducteurs d'autos,
les C. 0. A. ont la gâche, la gâche de lézard par
rapport à tout le monde. Les cavaliers par rap-
port aux artilleurs lourds, les lourds par rap-
port aux canonniers de campagne, l'artilleur
de 75 par rapport aux fantassins ont la gâche.
Le cavalier dont le corps n'a pas été aux tran-
chées par rapport à celui dont le corps y a été,
le cavalier de tranchée par rapport aux che-
vaux de frise ont une gâche. <•••> la gâche,
la fine gâche... <<...> ; tous ceux-là par rap-
-- 258 — -
port aux « divisions de for », celles-ci par rap-
port aux aviateurs n'ont que des gâches I
<C...> la vraie gâche », Poil et plume, (du
81® inf.), mai 16 ; « au fond ce serait le vrai
filon, la bonne gâche, n'étaient le soleil et
l'adjudant », lafage, Journ., 22-6-16. — Mot
usuel à Pau, Saintes, (dépôts du 18® et du
6® inf.), etc.
gadiche (ramasser une), Choir ; 81® t., -15 :
« avec les snow-boots on ne tient pas debout,
le sergent en a ramassé des gadiches ! », un
adjudant, normand ; — libre suffixation de
gadin. — ramasser un gadin, Choir ; fantas-
sins, mai 18; | « si j' n'avais pas agrafé la
rampe, je ramassais un beau gadin », Feu, 21-
8-16; II ROSS. — faire gadin- gadouille, Tomber
de cheval, henriot. — On dit ramasser un bou-
chorit même sens, et gadin est traduit Bouchon
par RASASSE et rig. ; mais ils ont pu l'extraire
de la synonymie même ramasser un gadin «= ra-
masser un bouchon (?). Gadin n'est pas de vieil
argot. — Quant à gadouille^ cf. : « Si vous êtes
vêtus comme un provincial frais émoulu de sa
cambrousse, on vous laissera à perpétuité,
comme une pauvre gadouille, moisir sur la
vieille cage à poules », juteux, 234 ; rappro-
— 259 —
■
cher (?) gatouille, k faire disparaître des ca-
bines de luxe les effets du mal de mer, l. Dau-
det, A, fr,f 14-11-16, — sorte de bouchon ?
gaîfe (prononcé gâfe)^ f., Garde : monter la
gaffe ; 246® et 289® inf., 17-18, Parisiens ; —
gaffer^ Faire faction, est dans l'argot dès vi-
DOCQ ; gaffre^ Sergent de police, dès 1455.
gaffer, Regarder : « Gaffe la belle gâcheuse ! »,
carte postale, sept. -16, dont Tavers présente
une femme nue ; | se faire gaffer. Se laisser
apercevoir par imprudence ; D. m. p. ; || « Bille
de Bertillon, mets tes lunettes et gâfe ! »,
BONNOT, Tapache, billet à M. Bertillon, -13 ; —
gaffer, Guetter, vidocq ; Guette I, Regarde ! est
usuel en Bretagne, Normandie, Berry, et l'était
à Paris au 17^ siècle ; se faire voir ou zyeuter
signifie Etre aperçu, et par suite Se faire
prendre, rig. — Dér. : gaffouiller. Regarder,
Etre de guette ; 13® tir. alg., août 18.
Galeries Lafayettes, ; apax: « on a pris le
« Saurer » des Galeries Lafayette et sommes à
c't' heure au repos », pantruchard, 115 ; il
s'agit de troupes relevées des tranchées. —
Saurer, nom d'une des marques de camions
automobiles servant aux transports de troupes ;
si ce camion ramène des Galeries (Lafayette,
— 260 —
par queue romantique), et y conduit, ces gale-
ries ne sont-elles pas les Tranchées, avec leurs
couloirs et rayons, leurs sous-sols, leur bric-à-
brac et leur confort ?
galetouse, f.. Gamelle ; 81® t., 14-17 ; ma-
rins, -18 ; c'est la seule forme que j'aie enten-
due ; I galetouse ; agatha ; D. m. p. ; — gal-
tose ; COHEN, 72 ; — galtosse et galtousse, inf.,
Loraine, 14-15 ; galetos, 120 Court, in B. des
A., 31-5-16 ; caltosse, 95® inf., -18; |1 galetosse,
soldats genevois, Schw. Sold., 72 ; galtos. Ga-
melle des marins, rig. — J'y vois une forme
vieille substituée à galettière, Plat à galette ;
le suffixe -ouse était fort aimé de l'ancien argot.
— galetance, f.. Gamelle ; d. ; — suffixe
d'après béquetance.
gamelle (ramasser une), A, Tomber en rou-
lant (de bicyclette, par ex.). S'étaler par terre
avec de l'élan ; 81® t., -14 ; divers soldats, 17-18 ;
Il usuel aux écoliers, Châtillon-s-Seine, -08.
— Syssém. : faire caisse, Tomber de cheval ;
HENRioT ; on retrouve ce syssématisme de
gamelle et caisse dans en faire une gamelle, ou
une caisse, voir ici déculottée. — B, Subir
un échec (militaire) ; soldats, -18. — Voir
ici, manche, des syn. comportant le verbe
— 161 —
ramasser. L'idée de gamelle semble dérivée de
tremper une soupe, Donner des coups, rig.
gars (prononcé ga), m., 1, comme sujet ou
complément, Homme : « les gars de la 8® » ;
usuel et universel ; — 2, au vocatif. Cama-
rade :« mon gars ! », « Eh ! le gars !» ; — « p'tit
gars !», Mon cher !, assez usuel au 81^ t., 14-17,
même entre territoriaux, même de la ville de
Nantes et de classe aisée. — Remplacé dans
les contingents parisiens, emploi 1, par mec,
« les mecs de l'aviation », emploi 2, par pote,
« mon pote ! », « Eh ! les potes ! », apocope de
poteau.
gaspard, m., Rat : « La tribu des Gaspards »,
ALBIN, Bêtes nuisibles, in B. des A., 6-9 fév. 16 ;
CHAPELLE ; V. du p. ; Il RIG. l'a déjà, en le
notant jargon de chiffonniers. — Gaspard, rat
apprivoisé légendaire à la prison municipale
de Lyon : passer la nuit açec Gaspard ; de
VISA^, in d. Gaspard I, cri d'un paysan qui,
la nuit, voulait faire croire au diable par un
tintamarre préparé, Issoudun, -76, Int. des
CL, LXXIV, 186. C'est à Dijon que fut élevé
L. Bertrand, (1807-1841), l'auteur de Gaspard
de la Nuit.
gaspiller, Amocher, Tuer : « Soudain, dési-
— 262 —
gnant d*un geste large l'espace en avantf^de
son poste, où devaient se trouver, selon lui, les
Boches, il dit : — Ah ! mon vieux ! on va les
gaspiller ! )), VALMY-BAYSSE, Joum., 12-11-16.
— Idée de Mettre en miettes comme pain gas-
pillé. — gaspillage, m., Amochage ; Pépères,B9.
gaufre (ramasser une), Choir ; henriot. —
En effet on se relève la figure mâchée, compar-
timentée de crevasses imprimées ; cf. moule à
gaufres, Visage troué de petite vérole.
gautier, m., Pou : « Si chaque homme aurait
un hamac, on n'aurait pas de gantiers », 81® t.
-15, apax ; 2^ c^^, oct. 17 ; la famille Gautier
les Poux ; 2® c^', -18. — Suffixation libre, ca
lembourisant avec un nom d*homme, sur gaut
Pou,cjui est ancien, (mal orthographié, parfois
go : « les gos », Feu, 9).
gaz (boîte à), f., Boîte à cagoule ; d. — Par
ellipse du mot déterminé : gaz, m., même
sens : le gaz ; mes gaz ; d.
gazer. A, Fumer ; 81® t., -16, rare; | « Pour
Gazer », c.-à-d. Chapitre tabac, poilulogue ;
D. m. p, ; Il usuel à Paris et à Nantes, -94 :
« Il passe son temps à gazer » ; gazer une sèche,
Fumer une cigarette ; • — locution simplifiant
l'idée de faire des gaz, de la fumée ; — B, 1, Aller
— 263 —
vite et bien, en parlant d'une machine à mo-
teur à explosion : « une bagnole qui gaze », une
« gazeuse », une Bonne auto, marce'l, Journ.,
21-6-15 ; « Une demi-heure plus tard nous
gazions de nouveau sur la route », ib. ; « Et
quand il est dans l'zeph, ça gaze ! », musidora ;
— mettre, ou lâcher les gaz, Forcer de vitesse
(en auto) ; — 2, Aller bien : « Ça gaze ? », Ça
marche bien ?, un chauffeur parlant d'un feu
de bois mort, déc. 16 ; « Le chef de gare a mis
sur ma perm le tampon du six au lieu du tam-
pon du cinq, ça gaze ! », un artilleur nazairien,
nov. 17; I « Ça gaze ! », celval et charley,
titre de revue jouée à Ba-Ta-Clan, sept. 16 ;
« La voilà... mon idée <C---Z> H n'y a qu'à
prendre l'avion-canon. J'ai appris le manie-
ment du joujou à l'Ecole de tir aérien... le
quartier-maître Plobanalec, son pointeur, est
en permission... Ça gaze !... Dis-en un mot au
capitaine », nadaud. Liberté, 10-12-16 ; « Allô !
nacelle. Comment va là-haut ? Ça gaze ? »,
MicROMÉGAS, B. des A., 28-11-17, dialogue du
sol avec l'observateur d'un captif ; — 3, Aller
fort. Etre dangereux ; soldats, -17; | « ça gaze
toujours un peu dans le secteur <;...>> Et si le
cuistot vous dit : « Ça va gazer », c'est que ça
— 264 —
va barder », chapelle ; « le pastis, c'est l'en-
droit où ça chauffe, où ça gaze », rocher ;
« Ca gaze, ça barde. — Quand il y a du travail
ou du danger », V. du p. ; — on peut voir dans
ce sens 3 une influence des verbes syn. ça
chauffe, y a de la pression, ça prend feu ; mais
une simple extension du sens 2 a suffi ; — à
preuve le syssém. : il y a de rallure, du Dan-
ger, D. ^
gazouiller. Bien marcher, en parlant^d'un
moteur : « C'était une bonne auto, elle ga-
zouillait », un 2d-m® électricien, nov. 17 ; |
d'un projet : « pour que ça gazouille », Mousqu.,
20. — Deux explications possibles : A, Dérivé de
ça gaze ; le suffixe -ouille se retrouve en cent
dérivés de la ipême acabie,p. ex. « Le ballonnet
vasouille, est vasouillard », Le ballon-sonde est
« vaseux », va et vient sans marquer de "vent
bien établi, météorologues, -17, propos de son-
dages aériens ; dans ça gazouille la dérivation
est fantaisiste en ce qu'elle évoque un verbe
de sens étranger au sujet ; cette explication est
très Satisfaisante, car, parallèlement, à côté de
ça gaze. Ça pue (notamment à propos de merde),
46® inf. et 63® art., 17-18, on entend aussi
ça gazouille, Ça pue, 46® inf. et 63® art., 17-18,
— 265 —
usuel dès -81, rig. (avec texte de Zola) ; dans
ce second couple le sématisme de Puanteur est
sans doute extrait du gaz d'éclairage comme le
croit RIG. ; la|fantaisie calembourique est la
même dans les deux cas, avec cette grâce, dans
le second, de souligner le contraste entre une
puanteur morne et un chant ailé ; — B, Ça
gazouille se disant, c'est un fait, d'un bom-
bardement intense par obus de calibre moyen
qui vous passe par dessus la tête, soit obus
boches cherchant nos batteries, soit 75 arro-
sant la ligne boche, aurait pour syssém. : mur-
murer. Mener grand bruit : a Ça murmure. —
Ils en mettent, les saL..!y),Cri de P,, vers juill. 16 ;
« Ca murmure. — Quand on pressent le dan-
ger », V. du p. ; — ronfler, même sens : « Il est
venu ronfler )),... Faire de la rouspétance, un
artilleur, 10® art. 1., -17 ; « Le vin ronflait »,...
Coulait à flots et échauffait les têtes, 81^ t., -17.
gendarme, m., Fokker, avion boche de
chasse ; aviateurs, mai 18; | montgeorge. —
Le militaire qui circule en auto dans les .zones
limitrophes du secteur de chaque armée voit,
presque à tout carrefour, surgir un gendarme
qui demande les papiers d'identité ; de même
l'aviateur qui veut franchir les lignes voit sur-
— 266 —
I
gir un, plusieurs fokkers, pour lui barrer la
route j plus précisément, peut-être, Taviateur
de chasse étant un chasseur, terme reçu, l'en-
nemi qui le traite en braconnier est son gen-
darme ; cf. fokker. — Syssém. : CUrieux, m.,
1, Eclaireur ; et 2, Avion en reconnaissance ;
LAMBERT ; D. 171. f. ; — 3, Obscrvatcur dans
la tranchée 5 DÉcn. ; — pas plus que gen-
darme^ ce nom n'est un plat éloge de leur vigi-
lance, puisque le curieux est pour les meçs dé-
brouillards le nom du Juge d'instruction.
général, m., Vin : « Mais les poilus, les vrais,
un peu dégoûtés de voir que les civils leur ont
chipé ce mot de pinard, viennent de donner un
nouveau^ nom à leur compagnon fidèle... et
liquide, qui chaque jour les réconforte et les
réchauffe. Le pinard, ils l'appellent mainte-
nant : le général », Vie Par., 21»4-H7, p. 349,
c. 2. — Le vin est le moral ; être dispensateur
de moral est le rôle légitime d'un chef.
genoux- creux, m., Fainéant ; agatha ; « les
genoux-creux (les embusqués) », rocher. — Le
craquement des genoux, (cf. craquer des ge-
nouXf S'agenouiller, Nénesse, 91), empêche de
marcher, et c'est le symptôme des genoux-
creux ; — cf. cheveux creux, et poilus (pieds).
— J67 —
gentillesse, f., Courtoisie élégante : « Vous
savez, ajoute Barrés, le grand mot qu'un soldat
de Verdun a dit. Il l'a dit à un Suisse, à Ben-
jamin Valloton, esprit sérieux et noble, digne
de recueillir une telle déclaration. Ce simple
soldat a dit : « Nous croulons qu'il y ait encore
de la gentillesse dans le monde. » Gentillesse,
c'est un vieux mot qui désigne les qualités
courtoises et nobles qui font que la vie vaut la
peine d'être vécue », A. fr., 31-3-17, p. 2, c. 5.
géo, m., Service géographique de l'armée ;
20® son Je secrétaires d'Etat-Major, 22^ C.O.A.,
avr. 18; Il usité avant -14. — On ne dit pas le
S. G. A.
gercer la tomate, Amocher la figure ; zouaves,
avr. 18 ; « se faire gercer la tomate », Etre tou-
ché à la tête, zouaves. — Syssém. -.faire saigner
la pastèque, Frapper à la figure ; V. du p.
giclée, ï.. Décharge d'une mitrailleuse. Mi-
traillade : « Sitôt qu'un boche traîne son ventre
à mille mètres en dessous, descente verticale,
et en arrière, à bout portant, tu lui déverses
une « giclée » », daçay, Journ., 10-10-16 ; « je
lui envoyais une « giclée » dans son moteur »,
DORME, lettre, 14-7-16, in Gu. Aér., 23-8-17
p. 653.
— 268 —
glinglin, m., Obus, surtout de gros calibre :
« Quand les gros glinglins nous tombaient des-
sus », adj. Steininger, Nancéien, arrivant du
41^ t. au 81^ t., juin 17. — Glinglin, Timbré,
Tapé, Marteau, Un peu fou, « être glinglin » usuel
à Paris, dès -08, me disent des témoins (qui
ignorent le sens d'Obus) ; — glinglin, m., Indi-
vidu lent au travail, Pleurtuit (C.-du-N.), dès
1900 ; — à la saint Glinglin, Jamais ; 81^ t.,
14-17 ; « Penses-tu qu'on aura la paix ? — Oui,
mon gars, à la saint Glinglin » ; — jusqu'à la
saint Glinglin, Indéfiniment, A perpétuité ;
locution « de vieil argot faubourien de Paris »,
me dit un Parisien ; usuelle à Dinan (C.-du-N.)
dès -90, sinon -85 ; très usuelle au 81^ t., 14-17 ;
se lit dans Philibert, 277 ; Gaspard, 290 ; —
à Couéron (Loire- Inf.), -05, on prononce saint
clinclin ; — le 19^ inf., -95, parlait de la saint
trou du cul comme on vient de voir parler de
la saint glinglin, qu'il ne semblait pas con-
naître ; — on parle aussi de la saint- saucisson :
« r nous jamberait avec ça jusqu'à la Saint-
Saucisson », Feu, 133. — Tout cela donne à
penser qu'un gros obus, qui chemine lentement,
mérite le nom de glinglin, qui signifie Lenteur ;
et que ce nom, signifiant aussi Sottise, a pour
— 269 —
syssém. trou du cul. Reste à trouver un mot,
(terminé en -glin et donnant glinglin par apo-
cope à redoublement ?), dont le sens convienne
aux divers sens de son dérivé.
gnole (o bref, ouvert ou peu fermé : corps du
nord-ouest, 81^ t. par ex. ; long, ouvert : sol-
dats de langue d*oc ; long, fermé: Dauphinois,
Lyonnais, et la majorité, non l'unanimité, des
Parisiens et parisianisés ; long et bref concur-
remment en Chatentes avant -14), f.. Eau-de-
vie ; apparu au 81^ t. entre janv. et juin 15 ;
universalisé dès -16, d'autant plus aisément
que Talcool est en campagne une « distribu-
tion » ; I « gniole », Petit Echo (18^ t.), 28-2-15 ;
« guyole )), HENRioT ; « gniaule », Journ., 12-
1-17, p. 2 ,c. 1 ; z. Armée de 1917, 238 ; « gnole »,
Cabaret, 458 ; « gnolle », bringer, M. le Vi-
comte, 112 ; Il avant -14,inconnu dans la ma-
rine, témoins marins 17-18 ; usuel à l'inf. c^^%
témoin un ex-colonial adjudant de carrière en
oct, 14 ; connu en Normandie, d. ; en Cha-
rentes ; introduit au 160^ inf. (Lorraine, Cham-
pagne, Paris), entre -09 et -1^, m. protat ;
connu « depuis très longtemps » de f. buta-
VAND comme' usuel en Champagne et à Lyon ;
ancien à Grenoble, plusieurs témoins ; fréquent
«
— 270 —
dans les pièces du guignol à Lyon, l. sambar-
DiER ; usuel au lycée de Bourg, -94, d» ; au
lOe inf. (à Auxonne), -86, InL des CL, LXXIII,
274.
Sens figuré de gnole, Taloche^ (« gnolle »
RiG. ; « gnole », larchey avec texte du 18® s.),
apocope de torgnole. (Cf. gnole, Chapeau de
femme, noter, apocope de bagnole). De nom-
breux noms du Horion passent au sens Coup
à boire : en français classique, coup ; — ici,
coup de coude ; — taloche sous le nez, voir ici
ruche ; — - pichenette, Eau-de-vie, à Nantes,
Hennebont, 11-18 ; pichenet, Vin ; rig. ; —
uppercut, m., Eau-de-vie ; d. ; (du terme de
boxe) ; — jecte, f., Coup à boire ; 2® c^Vl8 ;
(du brestois jecte. Coup, en tous sens du mot
coup) ; — choueille, étudié ici ; — re^oher, Vin,
dans sauce re^oher, Sauce au vin.
Ce sématisme national engage à expliquer
corniflot par cornanche ; zigzorniffe par mor-
nifîe, Coup au visage, chevauchant zigzag,
Ivre ; pichte gorge par * pichenette- à- gor ge.
On passe de * boire une gnole à boire de la
gnolê aussi aisément que de boire Une goutte à
boire de la goutte. — Les Parisiens et les Lyon-
nais passent de gnole bref à gnôle long, aussi
— 271 —
aisément que de vélodrome, économe, atome,
pote (Camarade), gaffe (Guette), à i^élodrôme,
économe, atome, pôle, gâfe ; cf. knop = que-
naupe (^).
gobi, m., Camarade (au vocatif seulement ?);
(( Un noir rencontre un blanc ou réciproque-
ment : ils se disent Bonjour Gobi, ce qui si-
gnifie Bonjour camarade », i. lâchât, août 18 ;
I « le noir à qui l'appelle Gobi » répond ami-
calement, à qui l'appelle Nègre il répond avec
sa matraque, fagus, 564. — Arabe qebiK
(prononcé q{g)obi). Méchant, Mauvais, Inso-
lent ; apporté au front par les Noirs.
godasse, f.. Chaussure de cuir ; 81® t., 14-17 ;
très usuel et très général : « R'biffe pas : j'te
(^) L'eau-de-vie est un jus rebouilli, (cf. ra^ignole.
Récidive), et concentré, (cf. espagnole, Jus concentré,
LiTTRÉ) ; elle enivre, (cf. gavignolle. Ivresse ; H^-Maine) ;
elle fait chanter, [cî.rossignoler, Chanter) ; elle assomme,
(cf. égnoier. Assommer) ; elle achève un repas, (cf. fignoler,
Parfaire) ; elle rend niais, mou, {gnole) ; elle embrume
la tête, (cf. niôle, Brouillard, à Lyon, en Jura ; — mais
l'alcool est, dès longtemps, du chasse- brouillard, de Veau
pour les yeux, et on n'a pas signalé de phrase où l'ivrognt
fût *dans la gnole). Toutes ces associations d'idées sont
relativement peu satisfaisantes.
— 272 .—
fous ma godasse su' la gueule ! »; | paraud ;
AGATHA ; PoiLULOGUE ; « Ics godasses vernies »,
Bicard, ii, 17; || usuel à un étudiant ancien
élève des Arts-et-Métiers, Meaux -06 ; aux
élèves du lycée, « ma godasse droite et mon cro-
quenot gauche », Reims, -06 ; aux 106^ inf.,
25e art. et E. N. T., Mourmelon, -07 ; aux
Arts-et-Métiers, Angers, 10-14; || syn. de Sou-
liers « le plus récent et le plus spécifiquement
militaire », soldats romands, Schw. Sold., 68 ;
— avoir les godasses à bascules, Etre ivre ;
FAGUS, 564 ; avoir pris ses souliers à bascule,
5® génie, -18 ; — litote qui excuse l'homme ivre
de ne pouvoir tenir debout, (cf. « les Allemandes
ont les talons ronds », On les fait aisément tom-
ber sur le dos, Paris, 1900). — Libre suffixation
de godillot, Soulier du troupier ; (et non de godet,
comme croit sain.) ; le genre est changé par
l'effet du suffixe; cf. cicico, m. — >► cicasse, f.;
trac, m. — > traquette, f., Peur. — Autre suf-
fixe : godaille, f., Soulier ; d.
De là godasses, m. ou f.. Gothas, avions de
bombardement boches ; se répand dans Belle-
ville, entre le 2 et le 11 mars 18 ; usuel dans
Paris, fin mars ; à la R. G. Aé., juin; | enre-
gistré entre guillemets par hervé. Victoire,
-. 273 —
KSNAULT 18
10-3-18 ; « Où n*est plus tué par les Gothas ;
on est mort dans un accident de godasses »,
MARCusE, Pays, 24-3-18 ; — chevauchement
de gotha et godasse à unique fin de calembour.
godet, m., Verre à boire : « à pleins godets »,
Feu, 21-8-16.
godiche, f.. Fièvre ; divers coloniaux, -18 ; |
DAUZAT, mai 17, 486 ; \\ Fièvre paludéenne ;
légion étrangère, Maroc, -12 ; usuel à la vieille
inf. de marine, Intransigeant, 12-7-18, p. 2,
c. 3, 14-8-18, p. 2.
goéland, m., Affamé ; marins, 2^ c^^, -18. —
Syssém. : gabian, m.. Gosier ; coloniaux mar-
seillais, -17 ; D. ; — gabian, autre nom du
Goéland ; — dans n. la traduction est Cou, et
Fétymologie tirée de la grosseur du cou du
goéland. On a bien ici une métonymie nom-
mant une partie de l'homme par l'animal où
cette partie est caractéristique ; mais le propre
du goéland est d'être un gosier affamé. Cf.
tarin, Nez, parce que l'oiseau tarin a le bec
conique et fort ; colimaçon, Tête, en tant que
rétractile.
gorge (pour la), A boire (et du bon) : « Pour
la gorge », c.-à.-d. Chapitre boissons, poilu-
LOGUE ; « vous n'auriez rien pour la gorge ? »,
— 274 —
1
Feu, 58. — Cf. (eau) pour les yeux, Eau-dc-vie.
gorgeronet, m., Petit coup de vin ; soldats
de Seine-et-Marne au 246^ inf., 17^ c^e, avr. 18.
— gorgillon, m., même sens ; 130^ inf., -18.
got, m., Gendarme ; fagus, 563 ; je ne con-
nais pas ce mot autrement. — Apocope de
sergot, et extension du sens Sergent de ville
comme sous flic. — (Il est insoutenable que
gant, Pou, soit « une abréviation de sergot
(sergent de ville) », comme le dit fagus, ib.,
ni de pégot. Pou, que donne ross., ni de espingo,
Espagnol ; gaut apparaît en France dès 1628
et se rattache au fourbesque italien gualdo, daté
1472).
goudronneuse, f.. Cuisine-roulante ; d. —
Syn. et syssém. : bitumeuse, f., d. — Méta-
phore prise de la forme et de l'allure de ces
engins urbains. Image voisine : torpilleur.
gourbi, m., Abri sommaire aux tranchées ;
peu usité au 81^ t., 14-17. — Extension du
sens Baraquement, qui est officiel ; « Si les
ressources locales en cantonnement sont insuf-
fisantes, elles [les troupes en campagne séjour-
nant assez longtemps en certains endroits]
auront quelquefois à construire par leurs
propres moyens des abris plus confortables que
— 275 —
les abris de bivouacs, [à savoir des] gourbis ou
baraques », Instruction sur les travaux de cam-
pagne, approuvée le 21 décembre 1915, 204 ;
suivent les §§ 406-411 sur les gourbis, 411-414
sur les baraques. — Pris de l'arabe ; cf. chouya.
gradient (avoir un ballonnet dans le), Etre
timbré, en parlant d'un météorologue ; mé-
téos, fév. 18. — Sous le couvercle des cieux,
analogue à un crâne, le gradient, quotient de
la distance géographique de deux stations par
la différence de leurs pressions atmosphériques,
exprime la pente aérienne des surfaces iso-
bares ; le ballonnet en question est le ballon-
sonde de caoutchouc qui sert aux sondages
aérologiques ; — syssém. : avoir un hanneton
dans le plafond.
grainetier, m., Météorologue affecté à un
« poste de grains », c.-à-d. à une petite station
de météo surveillant les « grains » atmosphé-
riques ; école de météo, avril-juill. 18.
graisse de chevaux de bois (à la), Qui ne
vaut pas cher : « des boniments à la graisse de
chevaux de bois », ...Idiots, 46® inf., 63® art.,
17-18. — C'est une graisse purement illusoire,
et le sématisme vient de là. — Illusoires aussi
la graisse de parapluie et d^ombrelle : « des
— 276 —
phrases à la graisse de parapluie », du Bourrage
de crâne, journalistes, Paris, -03 ; « toutes
sortes de pépins à la graisse d'ombrelle », même
sens. Cabaret, 459 ; — et même celles de héris-
son, (voir mords) et de hareng saur : « un fourbi
à la graisse d'hareng saur »,... Ridicule, 63® art.,
mars 18. — Par un jeu exagéré de succédanés,
on arrive même à employer au même sens la
graisse d'oie, « un perco à la graisse d'oie »,
PANTRUCHARD, 117 ; — et aussi la peau de
toutou, « nous la faire à la peau de toutou »,
Gaspard, 157.
graisseux, m., A, Cuisinier de compagnie ;
très usuel au 231® inf., 14-16 ; | Feu,2i. —
B, Armurier de mitrailleuse ; déch.
grand mère, f.. Canon de 400 : « nos 400,
ceux que nous avons baptisés les grand'mères »,
Journ., 29-9-16 (3® éd.), p. 1, c. 6. — Idée de
Grosseur respectable. Cf. quatre cent-vingt.
grand père, m.. Vieux ; usité au vocatif, par
ceux de l'active, à l'adresse d'un de la territo-
riale, 14-18. — Le Capitaine de la compagnie
étant couramment nommé le vieux, et le Colonel
étant le père du régiment, le père de tous ces
vieux, le généralissime, Joffre dans l'espèce, a
pu s'appeler le grand-père, au témoignage de
— 277 —
D. m. p. et des journaux de -15 ; mais il faut
observer que mon çieux, l'Officier dont je suis
l'ordonnance, signifie en réalité mon Patron,
est du style de valet de chambre, et cesse de
signifier l'âge ; c'est l'histoire de mon seigneur.
gratouillette, f., Démangeaison (produite par
les poux ou la gale), henriot. — Gratouille,
Gale, DLLE ; suffixe -ette, cf. traquette, f., Trac,
(Peur), LEFRANC, Pet. Journ., 2-8-15.
gravelle, f.. Corvée (?) ; apax : « Le temp
passe plus vite qu'a la section et il n'y as pas de
gravelle », texte, complet, d'une carte postale
adressée de Courbevoie, 17-10-16, à un « bri-
gadier-marcassin )) ; — terme inconnu dans les
divers corps où j'ai enquêté ; « Corvée », tra-
duit G. TURPiN ; (( entendu rarement », ajoute-t-il.
Grêle- à- Mort, f., Mitrailleuse ; ou sobriquet
individuel d'une mitrailleuse ? apax : « Et y
[ce pilote] se sert de mam'zelle Grêle- à- Mort.,,
pas comme d'une seringue... Mam'zelle Grêle-
à-Mort ? quoi c'est ? Faut-il que vous soyez
tourte !... C'est sa mitrailleuse, pardi !.., C'est
un p'titTnom d'amitié que j'iui donne comme
ça », RICHARD, Deux « as » de r A. A, 0. [... de
l'Aviation de P Armée d'Orient], Pet. Par.,
14-5-16 ; propos de soldat aviateur.
— 278 —
grêllère, f., Mitrailleuse ; apax : « Je Tap
pelle aussi « Balle-aux-Boches », la « Grêlière »
« Moulin-à-poivre » », suite du texte ci-dessus
— L'image de Grêle s'adapte assez topique
ment à celle d'une mitrailleuse nubicole ; -ière
suffixe de machine ; cf. gré/ier, 1, (vi^ux fran
çais), Qui a rapport à la grêle ; 2, (en 1752), m.
« Pièce d'artillerie qu'on charge à mitraille »
HPT,
grelots (avoir les), 1, Avoir un accès de foHe
scène de manille : « Allez, joue. — Trèfle... —
Dis, t'as pas les grelots ? J'en ai cinq en main..
et elle passe », boulanger, Les Crapouilloteurs.
Est- Républicain^ 20-8-16, c.-à-d. que le joueur
a hasardé une manille, sixième avec les trèfles
de son partenaire, et qui ne réussit que par
extravagance ; — • de là grelotter, Aller un train
de fièvre et de déraison ; « N. m'a dit que... ;
je lui ai répondu que... ; M., alors m'a répliqué
que... ;'^quand je suis parti, ça continuait en-
core àjgr^^^**®^ ^^ •"-•a discussion continuait
encore, passionnée et confuse, un sergent,
Nantais, mais voyageur de commerce, contant
une scène orageuse entre ses escouades, 81® t.,
-15. — 2, Avoir un accès de peur ; 81® t., -16 ;
109® inf., 16-17 ;40® art. ,-18 ; | « La première
■
— 279
fois qu'on va au feu, il est permis d'avoir les
grelots, mais jamais d'en jouer un air », agatha ;
« Dis donc, ça descend bougrement, vous ne
trouvez pas ? fait Blaire. — T'en fais pas,
vieux panneau, raille Pépin. Mais si t'as les
grelots, tu peux nous laisser tomber », Feu,
217 ; selon un soldat, açoir les grelots, c'est
« grelotter de la bouche », Int. des Ch., LXXIV,
134 ; Il Paris, avant -14. — Cf. açoir les grêlons,
les grolots, sous grolles.
« Dans plusieurs des villages du pays de
Montbéliard et dans ceux, limitrophes de notre
territoire de Belfort, <...> on dit couram-
ment : Il a les grulottes, ou plus exactement :
El ait les grulattes, pour « il tremble, il a des
frissons », soit de peur, soit de froid, soit de
fièvre », j. l., Temps, 4-11-16. Oui, ai^oir les
grelots équivaut à grelotter, mais entendu que
grelotter signifie Avoir en tête les grelots de la
fièvre, qui ne sont autres que des Grillons.
Formes diverses selon les temps et les régions,
grelot, grilot, grillet et grésillon, tous syn. de
Sonnette, grésillon, grillet, grelet et grillon, tous
noms du même Insecte sonore, font un seul
radical ; d'où grelot = Fièvre ; ex. : « quemands
[Mendiants] et belistres [Gueux] -<...> se sal-
— 280 —
I
paudrant [poudrant de drogues] les jambes
pour mieux trembler le grelot », Nouvelles de
la lune, (à la suite de la Satire Ménippée, éd.
Labitte (1883), 345) ; et grillon = 1, Idée
fiévreuse (d'amour), des périers. Nouvelles,
cxxvii ; — 2, Petit camarade pour qui on
ressent une amitié spéciale ; collège de Lan-
gonnet, -90 ; cette véridique équation du Grillon
et de la Fièvre, un habile observateur Ta aussi
notée : Gaw, blessé, balbutia : « Les yeux de
Gaw sont obscurs, ses oreilles sifflent comme
des grillons ! », rosny. Guerre du feu, 171.
Bref, - avoir les grelots n'est pas premièrement
Avoir peur, comme définit le V. du p., mais
Etre affolé. — Syssém., autres noms d'insectes
bruyants : avoir le bourdon. Etre ennuyé ;
V. du p. ; — hanneton. Idée fixe morbide ; —
veson.
J'avais indiqué cette étymologie, g. e.,
1-4-18, 428 ; j'ai reçu de deux combattants
la même protestation : les grelots qu'on a se-
raient des Gringu'enaudes séchées à l'entre-
fesson du poilu et attestant qu'il a eu la chiasse.
Sans m'attarder à chipoter cette image vi-
suelle, elle nécessite que le poilu « ait eu » la
chiasse et ne V « ait » plus, ce qui contredit le
— 281 —
sens même, le plus usuel des deux sens, d'apoir
les grelots, et n'explique pas l'autre.
Dans l'usage moderne général grelot ne s'en-
tend qu'au sens de Sonnette. L'image de son-
nette aussi sert, directement, à exprimer la
peur : battre la drelingue, Trembler, Etre vio-
lemment ému j LAMBERT ; D. m. p. ; — drelin-
guer, Avoir peur à force de désirer fiévreuse-
ment ; D. m. p. ; « j' drelinguais qu' a veule
pas )), Je tremblais qu'elle ne consentît pas,
FeUj 77 ; — drelin est l'onomatopée du son
d'une sonnette : « les drelins d'une sonnette »,
HDT ; le suffixe -ingue, cf. çaldingue, s'est
substitué à la terminaison naturelle de dreliner ;
quant à battre, c'est le verbe du pouls qui hat la
fièvre.
Un chapitre voisin, dans cette entomologie
poétique, est celui des insectes non bruyants
qui expriment eux aussi la Folie, mais par
l'image de piqûre et de rongement, le bigot ;
— le hredin ; — V araignée ; — le cafard ; —
V asticot (qu'on a dans la noisette, dans la Tête,
ROSS.) ; — le cosson, qui est, selon les provinces,
le Rongeur, ou du blé, ou du bois de chêne,
ou des pois et lentilles, et de qui dérive la COSSe,
f., Flemme, Paresse, nom usuel, général, nou-
282
veau, mais antérieur à -14, d'une maladie vieille
comme l'homme, celle d'être piqué du cerveau
comme un bois cossouné ; — le malade est dit
cossard, Fainéant, Flemmard, terme très usuel
et à la mode depuis au moins -05. — Cf. mar-
gouillat, Cafard dans le plafond du colonial en
Cochinchine ; marins, -18 ; — le lézard mar-
gouillat court aux plafonds des cases.
grelu, m.. Troupier haut-alpin : « Le Grelu,
Organe du 159® d'infanterie, régiment haut
alpin », titre du n° 14, 30-5-16 ; « Les bérets
noirs de nos Grelus », ib., p. 4, c. 1 ; « Le Boche
à l'assaut de Verdun, Lance ses troupes de
plus belle. Mais pour rompre l'effortFdu Hun,
C'est le Grelu que l'on appelle <•..> Tant que
les Grelus sont de garde, Tu n'auras pas le fort
de Vaux », ib., p. 5. — Mot de la région lyon-
naise : Des traîne-grolles qui n'ont sur eux
que pilliaudres et pattes, « sont ladres, et grelus,
et mal appris, et ne font que chapoter, et faire
du tapage sans rime ni raison », e. t,, Nouveaux
péchés, 66 ; sobriquet, syn. de Rustaud, accepté
et glorifié par les Hauts- Alpins. Grelu est tra-
duit par Médiocre dans dlle, F.- A. ; cf. un
grollu, un Officier supérieur, Schw. Sold., 69.
grenade, f., Bouteille de vin ; artilleurs, p.
— 283 —
— Grenades et vin de luxe se doivent -porter
comme le bon-dieu.
grignolet, m., Pain ; 231® inf., -15 ; | Feu,
117 ; — brignolet, m., Pain ; fantassins pari-
siens, 14-15 ; Il brignolet, Pain ; rig., avec un
texte. — Dér., parisien sans doute, de grigne,
usuel à Paris dès 1718, 1, Fente dans la croûte
du pain bien cuit, 2, Couleur dorée de cette
croûte, ou de grignon, Morceau de pain cro-
quant, Morceau de biscuit ; suffixe -olet, cf.
guignolet. — gringue, m., Pain ; 231® inf., -15 ;
40e art., -18 ; | Feu, 21-8-16 ; « ou qu'est
r « gringue » ? », p'tit gars ; || rig. ; • — suf-
fixation libre ne gardant de grigne que le
radical gr- ; cf. çaldingue.
griller, 1, Devancer : « — Commençons [pour
trouver des civils qui veuillent bien nous rece-
voir à faire popote] par là-bas tout de suite
[par l'autre bout du village où nous entrons] ;
sans ça, nous [qui arrivons derniers] s'rons
grillés ! )), Feu, 71 ; — 2, Surpasser : « Moi, j'ai
bien chapardé quèqu' petits machins par-ci
par-là, -mais qu'est-ce que c'est qu'ça ? Les
sapeurs, i' m'ont toujours grillé pour la chose
du fauchage, alors quoi ? — On a beau faire
c* qu'on peut, on est toujours grillé par quel-
— 284 —
qu*un », ih,, 192. — D'où faire la grille a qqn
sur qqch., le Surpasser : « Mon petit cousin
Pierret me faisait la grille là-d'ssus [quant aux
soupçons d'espionnage], Feu, 20-8-16. — Sys-
sém. : brûler. Cf. nettoyer.
grimace (barbaque à la), f.. Bœuf de con-
serve : L'homme de soupe annonce « à la façon
(Tun camelot » : « Potage chinois, barbaque à la
grimace, et primeurs d'Italie ! ou si vous préfé-
rez, en bon français à l'usage des « péquenots » :
Riz à l'eau, singe à l'eau, macaroni à l'eau » ;
le tout se mange dans de la « porcelaine éta-
mée », p'tit gars. — boîte à grimaces, f.. Boîte
d'endaubage ; d. — La porcelaine étamée est
la vaisselle de fer. — Le riz, accusé de paraître
trop souvent, est déguisé d'un nom plus con-
forme aux goûts français. — La culture maraî-
chère du macaroni en Italie est notoire. —
Cf. langouste de caillou. Bœuf en conserve ; d.
— Par une ironie analogue, nos prisonniers, au
camp de Gœttingen, nomment légume bien
tendre le Hareng ; le hareng-saur est en cui-
sine l'antipode des petits pois de primeur, qui
sont « un légume bien tendre », chanson con-
nue ; D. regrette trop gravement de n'avoir pu
« identifier » le « légume » nommé « hareng ». —
285
Quant à cette viande grimacière jusque dans
la boîte où l'industrie la comprime, c'est le
singe ; Etre de méchante humeur et ne pas
tenir en place se dit a^oir mangé du singe, Ross.;
de même Mercy, quand il est de soupe, ne
manque pas à crier « Bê, bê ! », s'il rapporte du
moution ; cf. « les valeurs à turban », les Fonds
turcs, coppÉE, Longues et brèches, p. 40, C. 2. —
singe, m., 1, Bœuf de conserve ; universel; || dès
-95 au bas mot; || jusqu'en Suisse ; Schw. Sold.,
68 ; — les indigènes du Grand-Bassam man-
geaient dujsinge boucané ; nos troupiers, sous
Faidherbe, usèrent de cette ressource locale,
Cri de P., 25-7-15 ; du jeune singe est « la base
de tout vrai foutou [plat national du Baoulé] »,
BARATiER, Epopées africaines, 63 ; le sématisme
de ce mot importé par l'infanterie de marine
est que la viande de conserve, vivres de réserve
en principe, est sèche comme du boucan et
n'est qu'un pis-aller ; — 2, Porc de conserve en
boîte ; 81« t., -16. — D'où, syn. : gorille, m., d.
grippe-sous, m.. Sergent ; 2^ c^^, depuis
mai 18 ; — « le sergent seulement », i. lâchât ;
malgré cette spécialité du sens, c'est sans doute
la solde mensuelle des sous-officiers qui a fait
envie au troupier.
— 286 —
\
grise, î., Spleen ; « Quand il était dans ses
grises, on le voyait bien », un marin, mai 18 ; |
ai>oir la grise ; lambert. — Humeur presque
noire ; cafard moins sombre que le noir ; voir
ici, pas mûre, un autre emploi de la même nuance.
groin, m., Masque A. R. S., contre les gaz ;
inf., secteur 174, sept. 18 ; | coiffer le groin,
Mettre le masque. Cabaret, 462 ; — métaphore
inévitable sur l'aspect de ce préservatif. —
Syssém. : museau de cochon, m., Masque
A. R. S. ; 95^ inf., juill. 18. — faux-nez, m..
Masque contre les gaz ; d. ; — se tire directe-
ment de masque pal" l'idée Mardi-Gras.
groUes, f.. Souliers ; trèâ usuel à certains
corps, 109^ inf., 16-17 ; 359® inf., -17 ; 40^ art.,
-18 ; et aux Parisiens; inusité aux recrues de
Touest; I « les chaussures {les grolles) », hen-
RiOT ; PANTRUCHARD ; « On claque les grolles
l'une contre l*autre, des heures entières dans la
neige », c. gr., 120 Court, in B. des A., 3-5 fév.
16. — Grolle, Savate, à Lyon, en Savoie, en
Suisse romande ; la Suisse a aussi grollons,
même sens, Sckw. Sold., 68 ; traîner la groule^
Traîner la misère, rig. sous savate.
grolles (avoir les). Avoir peur ; un Chartrain
parisianisé, 81^ t., -16, (mais inusuel dans ce
287
corps) ; marins, mars 18 ; si usuel aux Lyon-
nais du 109^ inf., 16-17, qu'un témoin, de ce
corps, eût volontiers écrit, et croit avoir en-
tendu prononcer grolots dans la locution syn.
açoir les grelots-, \ « On lui bourrera l'mou et
on lui fich'ra les grolles avec c't affaire-là »,
Feu, 21-8-16 ; « Pour n'avoir pas les grolles,
i' n'a point les grolles ! », ib., 142 ; « Y s'agit
pas d'faire le mariolle Dans les rues d'gueuler :
A Berlin ! Et puis en route avoir les grolles.
Et foirer aux port' de Pantin », montéhus, La
croix de guerre. — H y a mieux que d'y sup-
poser une déformation de grelots, (c'est l'ex-
plication proposée par d., qui affecte les grolles
de la peur au genre masculin, mais j'ignore sur
quel indice), — ou un substantif verbal de
groller, Démarrer, Vibrer, Remuer, dans le
H*-Maine, qui est le français grouiller. — Dans
nos grolles je vois, soit *crolle, substantif .verbal
de croller, vieille forme de crouler (Secouer,
Tomber), conservée en fauconnerie au sens de
Fienter ; le faucon crolle ; aç^oir les *crolles,
( — >- grolles par phonétique, ou par influence
de grolle, Soulier), est ainsi, par son image, et
par son pluriel, le syssém. précis de a^oir les
colombins, et se rattache comme expression
— 288 —
de la. Peur à une physiologie courante; — ou,
plus simplement encore, le même mot que
grolles, Chaussures, par ellipse d'une locution
(lyonnaise ?) plus complexe, comme serait
*avoir les grolles à bascule, Avoir les souliers
ronds et ne pas pouvoir tenir debout, (cf. go-
dasse), dont le déterminant serait tombé ; —
rapprochez avoir mis son pantalon de tremble,
Avoir peur, 5^ génie, -18.
Chez des fantassins, secteur 174, sept. 18, on
dit mettre les grolles. Avoir peur, adj. le-
coNTE ; ce fait ne décide pas de l'étymologie,
car il peut n'offrir qu'un chevauchement ana-
logue à mettre les colombins et mettre les flubes.
Mais le 2^ c^^, où açoir les grelots est inusité,
I. LACHAT, emploie avoir les grêlons. Avoir peur,
sept. 18 ; et grêlons, Chaussures, (autre forme
de grollons), est employé, (d.), dans certaines
unités.
gros, m., A, Obus de gros calibre ; gérerai et
usuel : « Et puis, tu sais, rien que des gros ! »,
81^ t., 15-17 ; I « il tombe « du gros )»), Echo de P,,
fin avr. ou 1-5-16, récit de guerre ; — ellipse
du substantif obus. — gros vert, m.. Gros obus
dégageant une fumée verte ; un soldat des
tranchées de Luxembourg, sain. ; — d'où, syn. :
— 289 --
ESNAULT 19
pernod ; d. ; — vert absinthe. — gros noir,
m., Gros obus dégageant une fumée noire ;
8le t., 14-17 ; 10e ii^f.^ à Morhange, -l4 ; 40^ art.,
-18 ; Obus de 210 ; inf., Lorraine, 14-15 : « Oh !
ceux-là, c'est pas les vrais gros noirs )), un soldat
désignant un éclatement un peu verdâtre,
46^ inf., fév. 15; | cohen, 74 ; V. du p., qui
définit trop spécialement « Obus de 150 » ; —
ce nom n'a aucun besoin d'avoir été traduit de
l'anglais big black, même sens ; et tel qu'il se
date, les Anglais au contraire ont pu le traduire.
— gros lourd, m., Obus de gros calibre ; « Il y
a de tout là dedans : du 75, du 80 de montagne,
des torpillesj du « gros lourd ». Une musique
endiablée », A. fr., 16-4-16, p. 3, c. 2. — Dans
ces trois noms composés, gros, qui sous-entend
obuSf e^t substantif. — ^ B, Tabac de troupe ;
usuel et universel : « du gros » ; « le gros est
bon pour la pipe » ; — ce tabac étant, plus ordi-
nairement encore, et sans conscience de pitto-
resque, nommé le gros-cul, je ne vois pas dans
gros l'abrégé de gros- cul, mais de gros tabac,
gros- cul, m., Bidon militaire de deux litres ;
81^ t., déc. 16, monax. — L'idée de gros vient
de la comparaison avec le bidon d'un litre, de
l'ancien règlement, mais qui subsista ; cul
— 290 —
exprime sans doute la base du bidon, large à
proportion. — Ce mot est précieux sémantiquc-
mentj en ce qu'il invite «à penser que le parlant,
Retailleau, paysan vendéen fixé à Nantes,
compare ce bidon à quelque chose comnae une
culasse de farine, et que cette image risque
d'expliquer, en ligne collatérale, gros-cul, Ta-
bac de troupe (^). — Et toutefois, la grossièreté
et la lourdeur s'exprimant par le oui, le paysan
étant un cul-terreux^ le saunier un cul-salé^ etc.,
et le simple soldat étant un lourdaud à dé-
grossir, le tabac *de gros-cul n'est-il pas fort
simplement du tabac de soldat, par opposition
au tabac de caporal^ qui est déjà plus affiné ?
grosse-julie, f., Avion d'école Nieuport ; Mi-
ramas, mai 18. — Cet appareil a 28 mètres de
surface portante, d'où l'idée d'évoquer l'hé-
roïne d'une chanson, populaire à Paris dès -95,
« ma gross' Juli-i-i-i-e » ; sa grosseur en fait
d'ailleurs l'antithèse naturelle du petit Nieu-
port monoplace que son constructeur a nommé
Bébé. ■ — A leurs petits monoplaces les Anglais
(1) Ce gros cul, traité par d. de « nouvel arrivant 3),
était àîchi-établi dès -§5 au 19® îiif. — Dattâ p-Ois ml,
Gfos tëbat, b., ail h'esl-il pas simpleini^tit cHl éterit fi6-
gligcmment pM le <^&rrefepotidaiit de M. Dauaat ?
— 2«1
ont donné le nom de « tabloïd », les assimilant
aux comprimés comestibles pharmaceutiques de
ce nom. — Cf. bébé, Canon de 75 et Petit che-
min de fer ; d1
grosse-noire, f.. Gros obus noir : « les « grosses
noires » et les 105 fusants », Matin, 6-7-17, p. 2,
c. 3 ; — ellipse du substantif marmite.
groupard, m.. Soldat des Groupes Spéciau^c
(formés de la réunion des anciens joyeux et
des hommes qui ont subi, depuis leur temps de
service,des condamnations de droit commun) ;
z. Armée de la Guerre, 199. — Cf. frontard.
grouper. Saisir, Prendre, d'où, 1, Chaparder ;
usuel aux 231®, 360^ inf., 14-15 ; j ma toile de
tente « qu'un de ces fumiers-là parlait de m' grou-
per », Feu, 9 ; « Quel est l'enfaût d'voleur qui
m'a groupé ma gamelle ? », Crocodile, in B. des
A., 28-2-17 ; — 2, Surprendre, Arrêter (poli-
cièrement) ; se faire grouper. Etre pris (pour
être puni) ; 231® inf., -15; — || grouper. Saisir,
MICHEL. — On a signalé à d. rouper, Chapar-
der ; D. le rattache à un roupiner plus ancien,
que je ne connais pas.
guéguerre, f.. Guerre : « alors je vais faire un
tout petit peu « la guéguerre » et j'irai voir Gui-
guet avant le dîner », paroles de Dorme partant
— 292 —
au combat aérien qui fut son dernier, vitalis,
Gu. Aér., 23-8-17.
guerriculteur, m., Celui qui désire l'exten-
sion de la guerre, parce qu'il y profite ; 81® t.,
mai 17. — Le mot, et l'idée du mot, sont d'or-
dinaire en situation dans la bouche, et l'esprit,
de ceux qui, en temps de paix, seraient grévi-
culteurs.
gueulard, m.. Canon ; D. m. p. — gueularde,
f., Artillerie lourde ; D. m. p. — Syssém. :
râleur, m., aboyeur, m., et roquet, m.. Canon de
75 ; 40® art., -18 ; — en boche, chien de garde, 75.
guichet, m., Créneau de tranchée ; 95® inf. :
monter aux guichets, Monter en première ligne ;
envoyer un homme au guichet, l'Envoyer au
créneau ; — date de -17 dans ce corps. — Cf.
concierge, curieux.
guitare, f.. Sorte de grenade à main, fran-
çaise, désuète depuis -15 ; 289® inf., -18 ; mot
ignoré au 81® t., 14-17; | V. du p. ; voir calen-
drier. — mandoline, f., Grenade à manche ;
D. — De la forme.
guitoune, f., Abri aux tranchées ; 81® t.,
printemps 15 en Artois ; | « Dans les guitounes
de Carency », mac orlan, Journ., 17-7-15 ;
divers secteurs du front français, notamment
— 293 —
en Artois, 14-15, et corps expéditionnaipe dei
Dardanelles, mai 15, dauzat, 16^447, 663 ;
« un gourbi, une guitourne, un cagibi ; c'est la
chambre à coucher du poilu », rochçh; |1 usité
dès longtemps par nos troupiers; ex. : marque»
RiTTE, Braç^es Gens, i\, (Revue de P., 1-1^05, 129).
— Pris à l'arabe kito\în, Tepte, -^ cf. cfiouya — ,
ce mot s'est répandu sur le front, non pour des
raisons de secteur, mais selon le nombre et
Pinfluençe morale, dans une compagnie des
individus, dans une armée des régiments, qui
avaient servi en Afrique, et surtout ailon les
synonymes qui avaient déjà possession de
l'usage ; au 81^ t., en oct. 17, guitoune n'avait
nullement réussi à devenir populaire, sana que
je puisse dire comment l'annamite cagna s'était
imposé. — La forme « guitourne », apax, rap^
pelle une amusante erreur accompagnée d'une
étymologie trop ingénieuse ; « Allumer la quir
tourne, -^ argot de filles, — c'est mettre la
lampe allumée, le soir, derrière le rideau de
la fenêtre. Qui tourne, fenêtre, est tout neuf »,
G. GRisoN, Figaro, 23«11-81. Allumer Jia gui-
toune, c'était simplement Eclairer la chambre
(de façon à appeler le client).
habillé comme une truie avec deux rangées
304
de tétons, Vêtu d'une veste ou capote croisée à
deux rangées de boutons ; un qu^'-m^, fév. 18.
— Cf. veston de singe, m.. Petite veste du soldat
(jusqu'en -15), et Ancienne, veste du marin,
courte et ronde par en bas, qui, laissant pendre
les bras très au-dessous de sa chute, donnait
aux bras et à l'homme un aspect simiesque ;
un m^-fe», mai 18. — corset de singe, m., Bau-
drier anglais qu*ont adopté par fantaisie force
officiers français ; 17® alpins, -17.
hanneton, m., Avion ; d. • — syssém. et syn.:
bruant, m. ; d. ; — ^ de bruant, Hanneton,
dans le nord ; — frelon, m. ; d.
hauts-de-vase, m., Conducteurs, mécaniciens
et menuisiers du génie, qui restent à Parrière
et font peu de travail ; 8® génie, d. — Aucun
électricien n'a pu me dire un sens technique de
ce mot, qui, selon d., a été altéré en Hovas,
usuel, ib. L'altération n'a-t-elle pas été in-
verse ? Les Hovas sont l'aristocratie conqué-
rante, donc les fainéants, de Madagascar.^
herbe ! (douoement sur 1'), Par un atterris-
sage heureux et agréable i « Est-il [lo poilu
sous un bombardement] bousculé par le souffle
[de l'obus] ? Il ajoute : — Doucement sur
V herbe ou dans les roses », Cri de P., vers juill. 16.
— 295 —
— image prise de l'aviation : atterrir en cares-
sant la marguerite, Atterrir avec une douceur
idéale ; esc. S-152, juill. 18 ; | « il effleure la
marguerite », musidora. Herbe, roses et mar-
guerites, sont espèces du genre accident de
terrain, mais du sous-genre doux accident.
hirondelle, f., Eclat d'obus ; inf., Lorraine,
14-15 ; 289® inf., -18. — Cf. coucou, tourterelle.
hirondelle de cimetière, f., Eclat d'obus de
retour ; 246® inf., Apremont, avr. 17. — Sys-
sém. : papillon de corbillard, m., même sens ;
246® inf., environs de Chauny, 24-3-18 ; ce mot
et le précédent s'emploient d'ordinaire au plu-
riel, et pour cause. — Le peuple nomme en
règle générale hirondelle, papillon (de ceci ou
cela), l'homme ou la chose qui hante de prédi-
lection (ceci ou cela) : hirondelles de la mort,
Croquemorts et Gendarmes de service à une
exécution capitale ; papillons d'auberge. Coups
de poing ; ici le complément indique le lieu où
on est conduit, par l'hirondelle et le papillon,
comme dans fleurs de cimetière, Taches qui
viennent au vieillard sur la peau.
homme- flexibles, m.. Soldat de service aux
tubes flexibles pour le gonflement d'un diri-
geable ou d'un captif ; texte ici caporal-tubes ;
— 296 —
— par la même métonymie mulet, m., et bour-
rin, m., Mitrailleur muletier ; 81® t., -14 ; —
homme- lettres, m.. Vaguemestre ; Feu, 41 ; doit
sans doute se prononcer comme omelette ; — •
homme- perco, m., voir perco.
horizon (bleu), m.. Bleu clair de Tuniforme
adopté pour l'infanterie en nov. 14; | « ses
yeux bleu horizon », Feu, 158. — Autre couleur
de guerre : moutarde. Jaune d'ocre : « sa va-
reuse, sa culotte, ses bandes molletières, uni-
formément « moutarde » », hirsch, Journ.,
23-10-16.
hosteau, m.. Hôpital ; général, mais sentant
l'argot; I Gaspard, 168; |1 hosto. Hôpital, Phi-
libert, 282, 300. — Le latin hospitale est devenu
en France oustau dans le midi, hôtel dans le
nord ; le bas-langage du nord-ouest, en repre-
nant oustau à la langue d'oc, comme en témoigne
Vs de hosteau, lui a donné un autre suffixe,
-eau, en patois - iau, dont témoigne la variante
ostio ; hosteau, et ses variantes, en argot de
malfaiteurs au' début du 19® s., signifient Pri-
son ;les notions Hôpital et Prison se confondent,
soit parce que la même maison qui soigne les
gueux les détient, soit parce que le détenu est
compté pour malade dans la conversation des
i
— 297 —
malfaiteurs. — Dans eoinc'to, m., Recoin, Coin,
très usuel, (dès -05, Paris), -to peut être dû à
une synonymie, large, avec hosteau, logeteau ;
-c- au verbe coincer, Serrer (dans un espace
étroit, comme par des coins) ou au diminutif
coinçon.
hurler. Faire son bruit très fort, en parlant
d'un moteur ; « Le moteur tourne régulièrement
à ses 1.220 — 1.240 tours, ma grosse hélice
tant décriée fait merveille et je plains les cama-
rades dont les moteurs « hurlent » à 1.350 tours
pour gagner quelques chevaux », l'étoile
BLEUE, Gu. Aér., 31-5-17, p. 452, c. 2.
inapter. Déclarer inapte : « Le major veut
que tout le monde se présente à la visite en
vue de la vaccination antiparatyphoïdique ; à
lui d'inapter ceux qu'il jugera convenable »,
un sergent, (lettré), 81^ t., mai 16. -— Cf. per-
missionner, Gratifier d'une permission ; D. m. p.;
— le sens précis n*est-il pas Porter sur les états
de permissionnaires ?
influence (la faire à 1'), Paire des épates.
Faire l'important ; 120® chass., juill. 16 ; avia-
teurs et marins, 17-18; | « c'est toujours les
plus foireux qui le font à Pinfluence, chez les
bistrots », Cabaret, 465. — Dans cet usage, il
— 298 —
\
no s'agit p£^s de se prépeater comme influent ;
mais dans une certaine France, politique, l'épa-
teur travaille surtout à pe faire croire influent,
instfillçr, Se faire valoir, Se vanter ; lam»-
BEPT ; « D'un copain prétentieuat qui fait va-
loir geg patrouilles, on dit qu'il installe )), Cri
de P,, vers juilL 16. — Comparaison avec oes
revues d'installage où le troupier, par un dia^
positif 6oigneu3ç, met en valeur, étalés sur aon
lit, des riens ; de cette même image dérive, en
parlant de la bêtise d'un homme, « Ce que tu
en a^ uftQ couche 1 Tu pourraisi installer, tu
sais », COURTEÏ.JNE.
jardin gur l@ nombril (un petit), une Tombe
au cimetière, ou au bord d'une route ; 81^ t.,
14-1.7 ? « Que la guerre durera deux ans ? Alors
nous aurons tous un petit jardin sur le nom-
bril » ; — P^tit jardin sur le ventïô, m„ même
sens ; sons g^nit, autom, 45 et 85, 16-18 ; |
à petit cimetière <C,,,> où dormaient, «pec un
ïpetit jardin sur le centre, comme disent les sol-
lats, tous ceux qui, jamais plus, ne seraient
•élevés du secteur », arnoux. Matin, 3-4-18. —
^Çf, parc- aux- os.
Jean h ifouin, sobriquet du matelot de la
larine nationale ; très usuel aui' marins :
« C n'est pas des permissions, ce n'est pas de
i'amour, Ce qu'il faut à Jean 1* gouin, c'est
trois doubles [de vin] par jour ! », fin de cou-
plet sur l'air de la Madelon, S*-Nazaire, -18 ; ||
semble aux marins s'être établi entre -02 et -04 ;
mais gouin est déjà dans dlle, F.- A,, et dans
RiCHEPiN, à propos de mariniers : « Arrive
enfin le tas des gueux, comme une troupe De
canards éclopés qui poussent des couincouins
Ce sont les vieux pouillards, les gouines et les
gouins », La Mer, les Haleurs. — Jean le ma-
rin — >- maringouin, par queue romantique,
(ex. « les maringouins d'eau douce ! », propos
de matelot, leturque, Tire-Lire, 127), — >►
g'owm, par apocope. — (Comment évoquer, avec
D., un « ancien uniforme » blanc des marins ?
en breton guen, Blanc, et le patronyme Le
Guen, sont prononcés par u consonne (comme
Guise) ; quelques horsains prononcent comme
gain, personne comme gouin (^) .
(^) Les notes de d. sur Targot des marins sont faibles :
la Normandie n'est pour rien dans « consignes noroua » ;
lascar et dominique sont des mots ancestraux ; le castor
n'est pas tant un « jeune marin » qu'un Ex-mousse ; la
bataille de confettis n'est pas un «.charbonnier » ; le six-
— 300 —
jetons (avoit les), Avoir peur ; 2^ c^^, août 18.
jeunot, m., Soldat jeune ; divers soldats et
marins, 17-18; | D. m, p. ; « dans l'escouade
il y a quatre ou cinq « jeunots » », je an des
VIGNES ROUGES, Joum., 2-7-16 ; Il a Le jardi-
nier qui est jeunot, on peut le faire engayer par
une môme », Philibert, 238 ; — on dit aussi
jeunet, ex. Cabaret, 457. |
jockey, m.. Conducteur d'artillerie ; 40^ art.,
fin 17-mai 18 ; — a remplacé charretier.
jockey (régime), m.. Alimentation peu abon-
dante ; au front avant mai 18 ; — être au ré-
gime jockey. Jeûner par force ; 8® génie, 13^ tir.
alg., avr. 18 ; — les jockeys se privent pour con-
server leur légèreté. — Syssém. : ration de La
pieds est le Mécanicien principal [cipal — >- six-pieds),
non l'officier mécanicien ; Canonnier se dit bousoux, non
houson ; hosco, Maître de manœuvre, n'est pas le fran-
çais bossu mais l'anglais bossman ou notre vieux bosseman
avec suffixe plaisant ; le bico n'a rien à voir avec le bur-
lous blanc du Bédouin ; le cuisinier ne s'appelle pas
>M, mais la Corvée de vivres poste aux choux. — Au
Î26 art. 1., descendre à terre, Aller à l'arrière, d., (té^
loin breton), est dans le vrai un fait de marine : aller à
zrre, pour un marin, c'e&t Etre permissionnaire, même
'il est « embarqué » dans un poste à terre, même s'il
it au « dépôt ». — Voir goéland, *matali matau.
— 301 —
Ramée^ Nourriture de prisoû, Jargon (1849) ;
— La Ramée^ nom typique du soldat»
jo££rej m.^ Pièce d'or de vingt francs ; D. m.
p.^ S0U6 monnaie ; ■'^ a le ciel bleu j offre », Bieu^
horizon, sbm> Joum., 18-9'lB, présente la même
allusion reconnaissante à Iti suprématie du
généraUen^ohef.
Joséphine, f., A, la Baïonnette ;inf. c^^*^, Let^
tns héroïques (1916)^44; — B, la Pipe; ^Aetjs,
565 ; — G, Pièce de 75 ; dauzat, 16-4-17, 664.
— Joséphine étant un nom d'excellentes Fran-
çaiseS) il est naturel que le soldat le donne à
ses plus fidèleè compagnes, — notamment au
76 que le colonial nomme «usai par excellence
le petit Français^ Lettres héroïques ^ 44 ; et
d'autres, Gugusse, Julot, d.
journal (lire le), 1) Ne pas avoir à manger ;
81® t.j 14-15) soldats et grades, ex-coloniôux et
parisiens ) \\ « Mon père me disait : Tu n'as pas
donné à manger aux chevaux, ils lisent le
journal, dans l'écurie », souvenir d'enfance
d'un homme de Pleurtuit (d-du-N.) âgé de
32 ans, -18. -^ Remplaçant syn* de lire la
^atette, Jeûner, (archaïque), bruant ; prendre un
plat d'affiches, « Ne pas avoir de quoi déjeuner,
— dans le jargon des ouvriers. A Theure du'
— 303 —
déjeuner, celui qui n*a ni argent, ni crédit,
flâne comme une âme en peine et fait des sta-
tions devant les affiches des théâtres », rig.
Plus anciennement, jeûneur malgré soi, on
allait devant un restaurant manger son pain à
la fumée du rôt ; mais aujourd'hui tout le
monde sait lire et ventre affamé a un cerveau.
jubéol, m.. Café ; 40® art., -18 ; — jubol
suffixe d'après globéol, (reconstituant)i ou che-
vauchement de jus + globéol ; — d'où, syn. :
béol, m., ib. ; — apocope ; — gyraldose, f.,
ib. ; — gyraldose Y oisiiiG avec jubol et globéol
parmi les réclames ; — spermatol, m., ib. ; —
tonique imaginaire.
jubol, m., A, Vin ; b^^ sanit. autom. 85, juin
18 ; — le jubol est un purgatif qui illustre les
journaux d'ingénieux dessins allégoriques ; le
vin, potion souveraine, nettoie, remède héroïque,
les intestins des héros ; — syssémi : tripoli,
Eau-de-vie, rig. ; Rhum, d'esparbès, Demi-
Soldey X ; — quiconque, après une diètcj a bu
un coup d'alcool, s'est vu, le gosier au moins,
fourbi et éclairé ; cf. écouçillon. — B, Nettoyeur
de tranchées, soldat qui lutte corps à corps
avec l'ennemi, grenade à la main, couteau aux
dents j V. du p. \ — « Nettoyeur de boyaux ))^
— 303 —
dit le F. du p. : c*est l'étymologie, comme pour
le sens A ; — cf. pagéol.
juge de paix, m., Mortier de 220 ; artilleurs,
60e Don 1546 ; — « il était d'usage, lorsqu'on
était bombardé par du gros calibre boche, de
faire répondre coup par coup par du 220, ce
qui ne tardait pas à mettre un terme à cette
sorte de discussion », j.-p. faure.
jumelles, f., Gros yeux proéminents ; sol-
dats, G. TURPiN, avr. 18 ; — les jumelles affec-
tées aux officiers et sous-officiers dans la pré-
sente guerre peuvent être la cause occasion-
nelle de cette image, qui souligne, non sans
exagération, la métaphore des syssém. sui-
vants : — carreau, m., Œil ; paraud ; « Jamais
je n'arriverai à rien avec les « carreaux cas-
sés » »,... étant Aveugle, b ri eux, Ann. p. L,
30-7-16, p. 136 ; 11 RiG.; — vitre, f., Œil : Il
« écarquille les vitres », Feu, 21-8-16 ; (cf. yeux
dépolis, Yeux vitreux, Feu, 308) ; — vasistas,
m. Œil : « Faudrait pas encore recevoir ça [un
éclat d'obus comme celui-ci] dans l'vasistas »,
Feu, 231. — Cf. périscope.
jus, m.. A, Café ; très usuel et universel :
« Au jus, là dedans ! », cri traditionnel de
l'homme qui apporte le café matinal, dans la
— 304 —
chambrée autrefois, dans l'abri de tranchée
aujourd'hui ; — synecdoque de jus de chique,
usuel aux marins dès -86, ou de jus de chapeau,
(exactement Sueur mêlée de poussière), usuel
aux civils dès -86 ; cf. rig. ; l'ellipse est in-
consciente, et jus ne comporte plus aucune
défaveur.
B, 1, Huile, d'où Energie : — a, mettre, jeter
du jus, en mettre, Travailler énergiquement ;
usuel et général ; en mettre un jus, Se dépê-
cher ; 2® c^l, -18 ; — parce qu'on dit mettre de
V huile de coude, même sens ; — b, avec jUS, avec
Energie ; 81^ t., -16 \ y aller a^ec jus, Mettre
de l'entrain ; — c, jeter un jus. Briller ; Pari-
siens ; I « Ça jette un jus ! y a plein d'dorures
et ça r'iuit », machard, Guerre des mômes. Fan-
tasio, 15-10-16, p. 199, — parce qu'on dit jeter
de rhuile, Briller, l'huilç donnant du brillant,
(rig. donne jus. Elégance) ; — d'où juteux, m..
Adjudant ; usuel et général; || antérieur à -14 ;
— syn. de gommeux, (rig. donne juteuse,
Femme élégante), parce qu'il est le mieux
habillé des sous-officiers (?), c'est l'explication
de SAIN., — à moins qu'il soit ainsi appelé,
lui qui n'a tout de même pas le chic officier,
et qui, en temps de paix, est souvent trop
— 305 —
BSNAULT 20
chargé de famille ppur faire f^^taisie, en raison
du jus, de l'Energie, qu'il met à faire respecter
la discipline et à organiser le service dont il
est protagoniste ; — d, valoir le jus, Valoir
l'argent dépensé, Etre remarquable : ça vaut
le jus, C'est une chose à aller voir, C'est impa-
yable ; « Oui, tu vaux l'jus, mon vieux [pour
ta taille gigantesque] ! », Feu, 47 ; — parce
que Vhuile c'est l'Argent, (dès 1694, micrel),
et cette explication se confirme par la location
analogue ça vaut Vos, Ça vaut l'argent dépensé,
— à iTioins qu'il faille comprendre Ça vaut la
peine (de le fairp, de se dérfinger), avec jus syji.
de Peine, de Travail ; — e, aller au ji;g, « aller
à l'assaut d^ la tranchée ennemie », sain. ; —
parce qup le jus c'est le Travail et le travail
le Combat ; SAm., seule autorité que j'aie
po^r cptte ^oc^tion, et qui n'en déclare pas la
sourcp, l'explique autrement : ce sériait P aller
an café », s'pxposer ^\i^ « moulins à café » 4c
l'ennpmi ; mais, d'abord, la mitrailleuse à subir
n'est pas tout le cpmhat ; ensuite, elle est un
moulin à café, nop pas un filtre à pafé, les pr^-
np^^:^ qu'elle Iftl^ce n'pnt pas de jus autqur ;
enfin, aller au jus est l'expression consacrée
pour 4Ucr chercher le c£^fé (pour les cama-
rades), et non jamais pour le Boire ; — f,
court-jus, m., Court-circuit ; 8^ génie, c^^ D-4,
sept. 18 ; — le circuit électrique étant une
Energie. — 2, Sauce, d'où Essence de moteur à
explosion ; mettre le jus, Mettre l'essence ; mé-
canos d'av^^, Pau, mars 18 ; cf. sauce.
juteuse, f., Pipe; inf., secteur 174, -18; |
CHAPELLE.
kaddour, m., Chef de bataillon ; 13^ tir. alg.,
-18. — Arabe kaddour, Grand.
kébir, m., 1, Colonel ; 13^ tir. alg., -18; H
Chef de corps ; dlle. — Arabe kbir, kébir.
Grand. — 2, cabir^ Capitaine ; 98^ inf., -17 ;
|d.
kébour, m., Képi ; mécanos d'av»", Pau,
mars 18; | agatha ; imprimé « kibour » dans
HENRioT ; — suffixe peut-être d'après chebour,
Eperon. — Syn. : képlard, m. ; agatha ; —
suffixe comme paplard, Papier. — képçon, m.;
« képeçon », ici ficelle ; — suffixe comme pa-
quçon, Paquet. — képroque, m. ; pantru-
CHARD, 116 ; — suffixe comme labatrock, Ta-
bac, (loucherbèm de tabac). — kébroo, m. ;
AGATHA ; D. m. p. ; Feu, 121 ; « kébrocq »,
B. des A., 12-4-16 ; — suffixe comme albroque,
Allumette, et pébroque, Pépin, (Parapluie). —
— 307 —
Tous ces noms du képi sont inusités au 81^ t.,
14-17.
khaki, m., Etoffe de fantaisie : « un uniforme
de khaki bleu », 81^ t., -16. — Khaki, 1, Terre,
Poussière ; 2, Couleur brun jaune du sol de la
jungle ; 3, Tissu de coton de couleur brun
jaune ; 4, Tissu de coton, bleu à l'occa-
sion ; extension de sens aussi légitime que
celles qu'on trouve dans ai^oir le blanc de
Vœil bleu, à chei^al sur un âne, lumière obs-
cure.
knop, f., Pipe ; « quelques-uns disent aussi
quenauque », dauzat, 27-6-17 ; knop est usuel
à la sous-int*^*^ de la 22® D^^^, -16, (prononcé
o fermé bref, sauf, chez un Parisien, o fermé
long) ; au camp de Ger (Basses-Pyr.), 6®, 12®,
18®, 34e, 49e, 123®, 144® inf., 16-17 ; aux 246®
et 289® inf., (recrutement parisien), 17-18 ;
aux Parisiens du 40® art., (prononcé 0 fermé
long), -18 ; ignoré d'une foule de témoins di-
vers de mai 16 à mai 18 ; « assez peu répandu »,
DAUZAT, 27-6-17 ; « très usité aux armées et
en usage avant 1914 », g. maréchal; | « que-
naupe » ; agatha ; V, du p. — dauzat lui
suppose une origine alsacienne et propose que
ce soit l'alsacien knop, Etroit, en allemand
-— 308 —
knapp ; le sématisme ainsi obtenu ne parais-
sant pas péremptoire, citons, à tout hasard,
quelques!^mots de forme voisine : cône, f., Pipe,
qui serait vieux d'au moins vingt ans et usuel
à Dinan (C.-du-N.), prononcé patois répondant
au français corne ; cônet, m., Grosse pipe, usuel
à Dol (I.-et-V.) ; mais -ope comme suffixe m'est
inconnu ; — dope, m., Mégot de cigarette ;
usuel à Paris ; — knoh-kerri, m.. Massue an-
glaise, B. des A., 29-3-16, p. 10 ; — citons aussi
pour sa ressemblance phonétique méknep, à
couper, très probablement, mes knep, que j'ai
recueilli en deux emplois qui se corroborent,
a, Mes knep, sobriquet, tout Homme grotesque,
(ouvriers parisiens, 19® inf., -95) ; b, mes knep,
Mes couilles (un marchand forain, 81® t., -16) ;
(bruant, Dict. (1901), donne kénep, Ivrogne).
— Dérivé : quenaupier, m., A, Fumieur de pipe ;
D. m. p. ; — B, Marchand de tabac, D. m. p. ;
« quénaupier », Débitant (de tabac et de vin.
Feu, 204, dont M. Barbusse m'écrit qu'il l'avait
« bien ouï une fois ou deux ».
lâchage, m., Séance de vol où l'élève avia-
teur est pour la première fois livré à ses seuls
moyens, thavet.
lacrymo, m., Obus lacrymogène : « leurs sa-
— 309 —
loperies de lacrymos », Crapouillot, in Fronts
16-3-17 ; — cf. aréo.
lance- pierres, m., Fusil ; agatha ; poilu-
LOGUE ; Feu, 90. — De lance- pierres. Morceau
de cuir monté sur fourche de bois avec un
élastique, servant aux enfants à tirer les oi-
seaux ; cf. pétoire.
Lanterne- arrière, sobriquet d'Homme à la
figure rubiconde de vin ; S. A. P.-X, -16 ; —
la lanterne- arrière des voitures est rouge. —
Syssém. : lanterne de claque, Nez rouge ; Ca-
baret, 467 ; — lanterne de bureau de tabac. Nez
rouge, et lampion, même sens, Paris, -11 ; —
falot, m., Nez d'ivrogne : Le capitaine engueu-
lait M., son ordonnance, « On se disait : « Ça
barde pour le falot de M<C...>> » », Bourru,
104 ; — pour son nez = pour lui, et le nez de
M., qui a bu le rhum du capitaine, est uii nez
d'ivrogne ; — anglais, dangeroUs signal (signal
de danger), même sens, -18; — ■ Cf. phare, ici
surface.
lapin (tourner en). Devenir lapin à force de
vivre sous terre : « je tournerai en lapin », pro-
pos d'un soldat qui répugne à descendre dans
le boyau où il serait à l'abri du tir ennemi,
ARNoux, Matin, 3-4-18i
— 310 —
lÉk^in (gagner le), 1, Recevoir une forte puni-
tion ; matins, mars 18 ; — 2, Commettre une
tnalôdresse, (par ex. renverser du vin)^ qui
mériterait Une punitioij ; marinB, niai 18 5 —
un lapin vivant est souvent le gros lot dans Ifes
loteries foraines. — Syssém. : gagner le coque-
tier, Etre blessé ou tué ; usuel dans les milieux
ouvriers, par ex. chez les mécanos, R. G. Aé.,
-17; I « Et pour exprimer qu'ils avaient bien
cru leur dernière heure Venue le pilote — un as
du bombardement — jeta aux échos du camp
d'aviation le fameux et cottsact-é : « Nous avons
failli gagner le coquetier » », eynac, (>u. Aér.,
3-5-17 ; (( on l'a déCrOdhê le cocotier... ^ Pé-
pèrês, 46 ; — -il s'agit du « joli cocotier dans la
rangée supérieure », t, A. fr., 1-6-17, qu'on
gagne aux loteries foraines et qui symbolise la
blessure capitale qu'on peut recevoir à l'assaut.
— Cf., pour l'ironie, gros lot^ Vérole^ — • fade,
(Bien partagé). Grièvement blessé ; ^ — et pour
le sématisme tiré des jeux forains, « « Pan, sur
la tête du gosse ! » disent volontiers nos ar-
tilleurs, devant un coup bien pointé », daudet,
A. fr., 20-5-16, allusion au jeu de massacre ; —
cf. tonneau.
larqué, m., A, Quart de litre : « un demi-lar-
— Ôll —
que de pinard », 2® mixte, -18 ; ■ — B, Quart
pour boire ; 2^ mixte, -18. — larqubèm, m.,
mêmes sens ; 2^ mixte, -18. — Déformations du
mot quart, types larantequé -< — quarante, lou-
cherbèm -< — boucher ; le procédé est nommé
« loucherbèm » ; bruant, Dict.,ejk expose le mé-
canisme. — Notons le succès de lougué ■< —
coup, Gorgée, chez les téléphonistes du 109^ inf.,
16-17, « Viens prendre un louké », « un cin-
quième de louké », lancé par un Lyonnais ;
c'est le louque. Verre à boire, de d. • — Autres :
lacsé ■< — sac, 40^ art, -18; la3opèm-< — pajot ;
cf. latsipume,[linarpèm, loumpé.
latsipume, m., monax : « Le Latsipume »,
nom d'un journalfdu front, cité Journ., 18-7-16,
p. 4, c. 3. — Je n'ai pu pénétrer le sens du mot,
— qui semble du loucherbèm, pour *patsi (?),
pastiss, paquci ?..., — ni savoir en quel corps
ce journal se publiait.
laver les yeux (se), Regarder au périscope ;
D. — Plus exactement se rincer Vœil, Regarder
de jolies choses, des spectacles suaves, en
prendre plein les carreaux. Regarder longue-
ment.
le, la, les, en, y, un, une, ça, quelque chose,
pronoms remplaçant les noms les plus divers,
— 312 —
■
et qui servent éminemment au langage par
allusion aimé du peuple :
le faire, [le Coup, le Boniment], Tromper :
On ne me le fait plus ; | « On nous Ta trop
fait. Attends avant de croire », Feu, 43.
l'avoir à la caille ; voir caille.
l'avoir" dans le pot ; voir pot.
h< l'avoir sec, [le Manillon], Etre très ennuyé ;
Tu parles si je Vai sec !, usuel aux Parisianisés ;
Il « j'ai *<••.!> tapé deux mois de tôle sans
sursis et ensuite je me suis vu diriger sur le
79® de ligne à Nancy. Je te jure que je Valais
sec )), lettre d'un récidiviste, in Matin, 22-9-09.
— Avoir le manillon sec. Avoir un embête-
ment ; usuel à Reims, -06. — Sématisme pris
du jeu de cartes le plus en vogue.
l'avoir sec, [le Gosier], Avoir soif ; V. du p.;
— je ne l'ai pas recueilli dans l'usage et crains
que ce ne soit qu'une étymologie fausse du
précédent.
l'arrondir (se), [le Mât de cocagne]. Etre
privé de qqch. ; 81® t., -15 ; — syssém. : se
taper [la colonne] ; — image erotique prise de
la privation de femme.
la sonner (se), [la Tête], Bien manger ; voir
ruche.
— 313 —
la raliietièr, [la GuêUle], Ronchonner ; tjsuel
aux Parisiens ; || dès -08. — Usuels aussi
rdméfiet- Sa gUeUle^ fûmetiet' sa science, rûtnener.
l'avdit mauvaise, \y Humeur, ou mieux la
Gueulé, en prenant gueule soit au sens de
Figure, ou de Conversation, et celui-ei se com-
prenant soit par la violence d'uû boniment
aigre, ou mieux pat* le désagrément d'une
bouche mdUçdise], Etre de méchante humeur ;
81^ t., 14-17 ; I « je commencerai à la voir mau-
vaise bien sisse^ tôt lorsqu'on ildus ramènera
aux tranchées », paraIjd, 92, graphie inspirée
peut-être de la trouver mauvaise, mais qui ne
se soutient pas, puisqu'on conjugue il Vavait,
il Vaurait rnaUç^aise, etc.
la sauter, [la Générale], Demander la vole à
là manille aux enchères ; Bourg, hôpital,
sept. 18. — La locution consacrée est ; je prends
la générale ; si k la [levée) générale je Substitue
[Madame) la Générale, et que je la prenne, il
est galamment logique de la sauter.
la sauter, [la Perche ? la Ligne ? la Danse
devant le buffet ? la Polka des gencives ?], Etre
privé de manger à l'heure attendue ; 360^ inf.,
-15 ; matins, déc. 17 - mai 18 ; 8^ génie, mai
18 ; 2® c^^, -18 ; la sauter à pieds joints, ma-
— 814 ~
ritis, -18; I « Vous « là sautez» quand un ...
accident survient aux cuisines et nous risquons
de la sauter quand reviendront les beaux jours
de la guerre de mouvement )), Poil et plume
(8le inf.), in A, fr., 4-7-16, p. 2, c. 6 ; « on la
saute depuis ce matin », p. b. (58® art.), Contes
vér.^ 69 ; « je vous annonce qu'on « la saute »
aujourd'hui. Le rata est raté », a. cAf, Fatita-
sio, 15-10-16. — Je rapprochai d'abord cette
locution de sauter à la perche, Etre misérable,
Mourir de faim, dllë ; être à la perche^ Grever
la faim, rig. Mais j'entends un marin, mai 18,
faire observer à un commensal « Tu as sauté
une ligne », Tu as oublié de prendre du second
plat, avant de prendre du troisième ; ce serait
une image prise de la lecture du journal, plutôt
que de l'art du typographe ; elle surprendra
moins si on se rappelle le succès énorme et
général de la locution être, nêtre pas à la page,
Etre bien au fait, Etre distrait. Enfin, et bien
mieux, on parle de la polka des genciçes, et je
crois avoir recueilli *la danser, Jeûner ; on peut
donc voir dans la sauter son remplaçant syn.
où la représenterait cette danse rageuse qu'on
sautille devant le buffet quand on ins*-
pecte ses rayons déserts, ceux du haut, ceux
— 315 —
du bas, et encore le dessus du meuble vide.
la péter, [la Faim], Jeûner par force ; 360^ inf.,
-15 ; usuel, 8^ génie, 156^ inf., 13^ tir. alg.,
mai 18 ; — dér. syn. de la crever, {la faim),
même sens, péter étant syn. de crever (avec
bruif) ; cf. péter au point, Perdre faute d'un
point, RiG, c.-à-d. Crever au point.
la faire, [la Chose, (l'Entreprise)], à V estomac,
à r influence ; voir estomac, influence.
raccrocher (se 1'), [\slJ Ceinture], Etre privé
de qqch. : « Quelquefois du pinard, mais le plus
souvent on se l'accroche », pantruchard ; cf.
« tu t'accroches trois belles ceintures l'une sur
l'autre », Feu, 191 ; — syn. : se la mettre ; —
voir bride ; — fort mal expliqué dans sain.
par « littéralement mettre son envie au croc ».
la serrer, [la Main], Donner une poignée de
main : « ton frangin qui te la serre », lettre de
soldat, -16.
la piler, [V Asphalte ? la Brique ?], N'avoir
pas à manger ; 2^ c^^, -18 ; | « On la « pile »
salement », p'tit gars. — bruant a piler d^ or-
gane. Jeûner ; dlle, F.- A,, sl piler, Manger, (cf.
piloche. Dent) ; la piler serait * piler la brique
(sous les dents) ? Je crois plus heureux de rap-
procher la piler. Etre exténué de fatigue au
— 316 —
COUTS d'une marche, Schw. Sold., 69, que je
comprends piler la route avec peine ; * piler
Fasphalte, ce serait, comme le polir, Aller et
venir cherchant sa vie ; (le genre d'asphalte ne
fait pas difficulté, le mot commençant par une
voyelle).
la mener belle, [V Existence], Vivre agréable-
ment ; divers soldats et marins, 14-18 ; | Phi-
libert, 103 ; — syn. : la mener douce et joyeuse,
DLLE ; — se la couler douce.
l'ouvrir, [la Bouche], Parler : « si tu n'es pas
content et qu' tu l'ouvres trop )),...que tu Rous-
pètes, Feu, 80 ; « J'sais c' que j'dis quand je
l'ouvre )), ib., 89 ; « tu n'entendras jamais deux
poilus l'ouvrir pendant une minute sans qu'
<...> », ib., 183 ; « j' l'ai ouverte », ib., 11-8-16.
la boucler, [ la Bouche], Se taire : « Paraît
que... Mais mieux vaut la boucler », chapelle.
la salir, [la Photo, la Gouache, V Image, —
ou la Cabane ?], Exagérer ; marins, 17-18. —
Voir, sous égratigner, les syssém. de Jésus,
Figure, et, sous cabèche, cabane, syn. de
Tête.
les mettre ; voir bâtons ; « Je les ai mis »,
CARGO, Innocents, 204 ; (dit-on aussi * Je les ai
mises ?) ; — fort mal expliqué dans Schw.
317
Sold., 72 : « Jjes meUre {c.-à-d. les pantalons) :
s'en aller )) (!)
les rouler (se), [les Pelotes ; « une dans le son,
l'autre dans la farine », ajoute-t-on parfois,
81^ t., -16], Fainéanter. — Syssém. : « Quand
nous n'aurons rien à faire, faudra-t-il aussi
aller se sécher les çaiiettes soua le hangar ? »,
centre de dirigeables, -17.
les avoir à la retourne ; voir retournés.
les avoir, [les Foies, ou un syn., voir copeaux,
flubes, grelots, grolles, jetons] ^ Avoir peur ;
R. G. Aé., juin. 18.
en avoir, [du Plomb dans Vaile], Etre atteint
(d'un projectile) : « J'en ai », dernierg mots d'un
sergent mitrailleur, licencié en lettres, à Douau-
mont, -16 ; | « T'en as, toi ? », benjamin,
Jour?*., 21-5-16 ; « j' (( en avais » dans le bras »,
DAÇAY, Gu. Aér., 30-8-17 ; « le Bqche [l'avion
boche] en a... Regarde?, il fume...! », fiqué-
MONT, Gu. Aér., 10-1-18. — Syn. : en prendre
un coup dans le portrait ; 360^ inf., 14-15.
en avoir d^-ns Iç buffet, [du Cç^ur], Avoir du
cœur au ventre, Etre courageux ; un cra-
pouillot,janv. 16 ; 8^ génie, 40^ art., -18 5 | «JQ'est
presque une bonne chose que d'avoir à|^se
battre pour chasser son cafard, et ceux qui
— 318 —
résistent à ce cafard-là en ont dans le « buffet »
(sont des braves éprouvés) )), Troi^ jours, 19-7-
16. — Syssém. : avoir de V estomac, du fusil. —
Syn. et syssém. : dans le coffre, 2^ c^\ -18 ; —
dans le tube, ib. ; — • tuhe, Tenants et aboutis-
sants de l'estomac ; — dans le Ijide, dans l'es-
tomac, 40e art., -18.
en avoir, [des Couilles au cul], Ne pas ^voir
froid ^ux yeux, Etre hardi : « ]plsca4rillps de
monoplaces réservées à nos as pt ai;af vievj:?^
pilotes ayant montré « qu'ils en ^v^ient » )>j
s. -11^ viALLET, Gu. Aér., 10-1-18, p. 142, c. 2.
en avoir plein les mirettes, [du Sahle], Etre
fatigué ; D.
en avoir plein le pot, les ronfles, le^ arcas-
sines, voir pot, ronfles, arcassines.
en avoir ses pleines culottesi, [d'un Emmerd^-
ment]. Etre submergé d'ennuis ; divers soldats,
17-18. ' ff^
en être, [de la Classe], Voir venir la fin 4e la
guerre : Ha f on n'en est pas I, se dit h tqute
distribution de nouveautés d'habillement et
d'équipement ; 8i^ t., 15-17 ; | « Un qui vou-
drait bien en être », ^igiiaturo, p., p. 238.
en faire un plat, [de Hie^s] ; voir décu-
lottée.
— 3td -.
en faire (s'), [de la Bile, — très probable-
ment, — mais avec concours des syn. : du
Souci, de la Mousse, des Cheçeux, du Nerf
pour la Chine], Etre rongé de tracas ; très usuel
et général; | Faut pas s^en faire est le thème
des célèbres Alternati^^es du poilu (in B. des
A,, 21-23oct. 15) ;((on en écrase sans s'en faire
une miette », pantruchard ; « L' bourin, il s'en
fait pas ! », à propos d'un cheval éclopé qui
passe dans une voiture, benjamin, Journ.,
15-5-16; Il date d'au moins -97 ; dauzat ; —
cf. « je ne me fais pas de bile pour un sou »,
PARAUD, 77.
en foutre à qqn plein les yeux, ou les châsses,
ou les mirettes, [de la Poudre- aux-y eux], En
faire accroire à qqn ; 81^ t., 15-17 ; | « nous
en foutre plein la vue », Feu, 326 ; « leur en
jeter dans la vue », donnay, Revue hebdoma-
daire, 25-3-16, p. 473.
en jouer un air ; voir air.
en jouer, [des Jambes], S'enfuir, Partir ;
360e inf., -15.
en gratter, [du Jambonneau, (de la Mando-
line)], hpôur qqn ou qqch.. Aimer qqn ou
qqch. ; divers soldats ; I| Nénesse, 195, 244. —
Syssém. : en pincer, [de la Guitare], pour... —
— 320 —
L'idée exacte est Rabâcher l'expression de son
amour.
en écraser, [de la Paille ? un Air d^orgue de
Barbarie ?], Dormir ; 81^ t., 15-17 ; usuel et
général ; | de losques, lettre, 23-6-15, in Mi-
roir, 29-8-15, p. 14 ; Il Belfort, -10 ; d. — Le com-
plément représenté par en est généralement
sorti du champ de la conscience ; j'ai intéressé
la plupart de mes camarades en leur deman-
dant ce qu'ils écrasent ; une fois éveillés à la
philologie plusieurs ont voulu que ce fussent
des puces ou des poux ; mais le dormeur foule
réellement sa paille, et réellement ses parasites
restent inécrasés. — Malgré les faits cités ici
sous écraser, l'explication de en écraser par la
paillereste douteuse. Selon p. guiton, M. de Fr.,
16-1-18, p. 381, « on dit en écraser un », et cet
italianisant invoque schiacciare un sonnellino,
Ecraser un somme, en argot florentin schiac-
ciare un pisolino ; mais le fait est qu'*en écraser
un est généralement inconnu. — Mieux : on dit
le ronflement de l'orgue ; d'où, en retour, le nez
devient un orgue (^) : jouer de V orgue, Ronfler,
DLLE ; — en souffler. Dormir ; 40® art., -18 ;
{^) Argot : mon orgue = mon nez = Moi.
— 321 —
i
21
— et d'autre part, on dit moudre un air, Jouer
de l'orgue de Barbarie, (à cause de la rotation
de main du joueur) ;. d'où en moudre, 1, Ron-
fler ; 2, Dormir; 20^ chass., -18 ; H Paris, -18;
— de là les syn. : en mettre en poudre ; 360^ inf.,
14-15 ; 2Ôe chass., -18; H Paris, -18; — en
casser ; déch. ; — ^ en écrabouiller ; d. ; — et en
écraser.
en sentir, ou ressentir, (s'), [du Goût],pour qqch.,
Désirer ; usuel, surtout aux ouvriers, 16-18,
d'où aux aviateurs ; 13^ tir. alg,, -18; | « Y
en a un, en tous cas, dans l'escouade, qui
s'en r'ssent salement pour elle )),... Est épris
de cette femme. Feu, 62 ; « j' m'en ressens pas
pour encore becqueter des clarinettes )), ib.,
253 ; « Tu crois qu' i's s'en ressentent pour
l'assaut, ceux-là ? », ib., 284 ; — et, sans com-
plément, (de même qu'on dit populairement,
sans complément, aç>oir du goût, Se sentir de
l'entrain), « aux rares hésitants qui s^en res-
sentent moins que les autres [pour les dangers
de l'aviation] », estève, Gu. Aér., 12-4-17 ;
Le public « confond trop fï^cilement le vrai
pilote ayant le feu sacré, «avec celui qui selon
l'argot d'aérodrome, ne « s'en sent pas » et est
complètement « dégonflé » », mortane, Gu. Aér.,
— 322 —
26-4-17, p. 370 ; « Le bougre s'en « ressentait »,
je te l'ai dit », Il en voulait, Il voulait un duel,
propos de Dorme, daçay, Gu. Aér., 30-8-17 ;
« Je me reprends à m'en ressentir », « Je me
reprends à désirer le combat », montgeorge.
en serrer cinq, [des Sardines, (des Doigts)],
Serrer la main : « Mon vieux poteau, je te
quitte en t'en serrant cinq. Ton copain M<C...>
E », un chasseur (120^ bon), lettre à un zouave,
août 16.
en mettre, [du Jus], Travailler énergiqùe-
ment ; usuel et général ; « Vous allez en
mettre ? », à l'adresse d'un soldat qui ôte sa
veste pour aller aux feuillées ; \\ usuel dès -06 ;
— d'où, spécialement, en mettre, Faire de la
vitesse ; les automobilistes ; — en mettre un
coup, Exécuter un tir ; les artilleurs ; | M. de
Fr.y 16-3-16, p. 377 ; — en fourrer un coup, un
bon coup, des coups. Combattre, paraud, 64,
81, 88 ; ■ — en jeter un coup, Besogner active-
ment ; 13^ tir. alg., -18. — Voir jus.
en avez- vous, [de VEau]- pour- les- yeux ?,
Avez-vous de l'eau-de-vie ?, façon discrète de
demander à un bistro, devant des gens dont
on n*est pas sûr, s'il peut satisfaire « la gorge ».
• — Cf. tu as du ?, Tu as du tabac ?, usuel aux
323
mousses de PAusterlitz pour esquiver le nom
de la denrée interdite. — La gnole matinière
déblaye la vue.
y faire, [à la Chose], Manœuvrer, Mettre à
profit, Jouer ; très usuel et général ; savoir y
faire, Connaître le procédé convenable; |
(( Crois-tu que les Boches peuvent y faire main-
tenant du côté russe ? », paraud, 90 ; « J* veux
pas y faire avec toi »,... Jouer avec toi. Feu,
7-10-16 ; — cf. « Quelle occasion que cette
guerre pour le rationalisme, s'il sait y faire ! »,
anon.. Feuillets, M. de Fr., 16-2-16, p. 624,
c.-à-d. que le peuple de France s'étant battu
admirablement sans mysticisme, les philo-
sophes devront souligner la valeur de la raison
toute nue dans l'action.
y en mettre, [à V Adversaire], [des Coups de
poing], Rosser qqn : « Mets-y-en ! »
un, [Enfant], dans la locution // ne fen fera
pas un dans le dos, Il ne te mangera pas ;
8® génie, -18 ; || Brest, -04; — Il ne c'eut pas
m^en faire un dans les épaules qui trottent. Il
n'est pas si terrible qu'on le croit, ou qu'il en a
l'air, Il ne fera pas l'impossible, marins, -18.
un (sans), [Sou], Complètement dénué d'ar-
gent ; divers soldats argotisants, 14-18.
— 324 —
une (en casser), [Croûte], Manger ; Pépères^
237.
une (en chanter), [Gamme], Engueuler :
« Non I... mais I... tu ne vas pas m'en, chanter
une... )), VALMY-BAYSSE, Joum., 12-11-16.
une (en pincer), [Romance], Dormir ; Pé-
pères, 20.
une (ne bander que d'), [Couille], Ne pas se
sentir d'audace ; S. A. P.-X, -16 ; marins, -18 ;
Il et avant -14; — cf. en boche, ich werde Sie
hewegen bis Ihnen der Schwanz nach hinten
steht !, Je vais vous secouer jusqu'à ce que vous
bandiez en arrière, menace de gradé à la ma-
nœuvre, DELcouRT ; — cf. « OU conuait trop le
danger, on n'y va [à l'assaut] que d'une fesse »,
Cabaret, 464.
ça (remettre) ; voir remettre.
quelque chose (se taper), [de la Mangeaille],
Bien manger : « se taper quèque chose », benja-
min, Journ., 23-2-16, sous-entendu dans le cou,
dans la lampe. — Dans la locution, très usuelle,
t prendre quelque chose, Etre amplement rossé,
quelque chose, sous-entendu comme purge ou
pour son rhume, est énoncé emphatiquement,
parle de quantité, et n'a pas le sens purement
pronominal ici en question.
I
325
limoger, Mettre en disgrâcej en disponibi-
lité : « Kouropatkine vient d'être limogé »,
340® inf., août 16 ; un officier payeur, Bu-
reau 160, août 16; I « A la tête de l'aviation,
nous avons maintenant des compétences. Que
leurs ordres Soient exécutés, que les bras agis-
sent, ou bien qu'ils soient « limogés » », mor-
TANE, Gu. Aér., 28-6-17, p. 515. — Des offi-
ciers supérieurs et généraux, deux douzaines,
dit-on, ont été envoyés en disponibilité à Li-
moges, en sept. 14, (par le train de 9^,43, InU
des CL, LXXVII, 267). — Cet emploi d'uh nom
de ville rappelle se faire shanghaïer, Devenir la
> proie d'une agence de désertion, comme il en
est à Shanghaï, à San-Francisco,..., qui saoule
le marin, le retient au moment de la partance,
et, une fois déserteur, l'engage pour une cam-
pagne de pêche à la baleine, mot en usage chez
nos longs-courriers et dans la marine de l'Etat.
lobé (être). Se trouver déconcerté, dupé,
Avoir le dessous ; 2® mixte, canon de 37, mai 18.
— Le vieux français disait lobeur, Trompeur ;
le H*-Maine, en -59, alober, Tromper, mon-
TESSON ; l'Ille-et- Vilaine, lober, Laisser sortir la
langue hors de la bouche, (ce n'est pas signe
d'un esprit qui domine les circonstances), et
— g26 -^
lobardy Imbécile, orain, Glossaire ; — cf. aba-
lobé, Etonné, Ebahi, dlle, et un lobe bée que
TiMMERMANs, (mincc autorité), donne comme
de l'argot signifiant Bouche bée ; — l'arabe a
lâabj Se jouer de qqn.
losange, m., Conjonction des deux insignes,
l'un en V, appelé Mange, signifiant évacua-
tion sur l'arrière, l'autre en V renversé, signi-
fiant blessure de guerre : « Ceux qui portent
conjointement ces deux brisques ont le lo-
sange », Cri de P., 7-5-16, p. 7, c. 2.
lot, m., Femme, en tant que compagne
souhaitable ; 40^ art., -18 ; — du sens Bonne
Affaire, que donne d. — Mais « la classification
générale des femmes s'établit ainsi : i le lot,
II le numéro, m le petit-beurre (le nec le 4"
ultra) )), F. DE KERALio, Sept. 18.
louis- Philippe, m., Mortier de tranchée ;
95^ inf., mars 15, péricard. Face à face, 316 ;
— c.-à-d. Suranné.
loumpé, f.. Femme ; 66^ chass., mai 18,
M. siELTZER. — louml, f.. Femme ; un docker
nantais, 81® t., -16. • — Formes loucherbèmes
de roumie, Femme ; « roumie chipotasse »,
Femme dégoûtante, Nénesse, 243 ; d'autant
plus que la définition de M. Sieltzer est « terme
i
employé par les poilus contre les femmes à l'ar-
rière du front ». Quant à roumie, est-ce le même
que roumie, « Croûte de pain, — dans le jargon
des chiffonniers », rig. ? ou bien est-ce roulure,
rouleuse, Fille qui roule çà et là, ou roublarde,
Femme rusée ou Femme riche, ou rouchie,
Vaurienne, ou roupie, Punaise, (une Femme
galante étant usuellement dite une punaise,
parce qu'elle a les lits pour habitat), et le
suffixe substitué a-t-il pour but de rappeler
aux Algériens roumi, Européen ? — Syn. :
loulepé, f., usuel à Paris, loucherbèm de poule.
loupiot, m.. Soldat de la classe 16 (en 1916) ;
ROCHER ; — loupiau, Jeune (voleur), rig.
loupiote, f.. Fillette : d'où, 1, Petite lampe
éclairant mal ; Mousqu., 55 ; — 2, par ironie.
Fusée éclairante ; d.
lourd, A,m., Canon d'artillerie lourde : « mal-
gré la canonnade du « lourd » voisin qui fatigue
nos tympans », médecin-major oudiette, B. des
A., 21-11-17. — B, De l'artillerie lourde : « les
artilleurs lourds », Feu, 135. — lourde, f.. Ar-
tillerie lourde : « la lourde », mang, Fantasio,
1-5-16 ; — de même : légère, f.. Artillerie lé-
gère ; M. de Fr., 16-3-16, p. 377 ; — et même :
campagne, f., Artillerie de campagne division-
— 328 —
naire ; 40® art., -18 : « un artilleur de la cam-
pagne )).
lourde (avoir la), Avoir sommeil ; D. m. p. ;
« J'ai la lourde ! », Feu, 284. — Avoir la pau-
pière lourde se fût condensé en *Vavoir lourde.
On a, ici, la chose nommée tout droit par sa
qualité maîtresse ; cf. la lourde, la Porte ; la
longue, l'Année ; préparé par être lourd de som-
meil, la lourde est le Sommeil, comme, préparé
par a^^oir V estomac creux, la creuse est la Faim.
luisante, f., Baïonnette ; d.
lumineuse, f., Fusée éclairante : « les salauds
d'en face envoient une lumineuse », saint-
CASSiN, Temps Buté, in Front, 1-9-16.
lunettes en peau de saucisson (avoir les), Être
gris ; FAGus, 564. — Y voir trouble.
macab, m., Cadavre ; Parisiens, 81® t.,
mai 16; | « macchab », Feu, 15, 248, 340. —
Apocope de macabé, même sens, écrit souvent
macchabée, (ex. Feu, 213, 282, 291), par un
souvenir d'histoire sainte peu motivé ; (cf.
palace).
macavoué, m., Obus, ou Torpille aérienne :
« Macavoué, argot d'Artois, 1915. Disparu »,
L. POTTECHER, avr. 18 ; | « Trois fois nous y
avons été en quatre jours, une fois le temps
329
d*y passer la nuit ; mais le lendemain matin,
oh ! sainte Brigitte I des gros macai^oués (comme
dit le capitaine) nous tombèrent sur le dos »,
Lettres héroïques, (1915), 28 ; h. barbusse l'a
employé , Feu, 24-8-16 (= p. 59), mais il
m'écrit en oct. 16 que le mot lui fut communi-
qué ; cf. préface, p. 14 ; sain, l'a pris dans
Lettres héroïques ; D. m. p. et déch, le donnent
sans référence, et ont pratiqué sain. ; M, Potte-
cher est le seul témoin que j'aie trouvé de ce
mot. — Lorrain hacaoué, Têtard de grenouille,
à Dombasle, Rigny S*-Martin, S*-Mihiel, Com-
mercy, bocaoué à Pont-S*- Vincent, déformé par
l'auteur de la lettre héioïque : m est la nasale
de & ; ç^ est inséré, (cf. caoua — >- cavoua, Café).
Le projectile de crapouillot ressemble au tê-
tard par son corps cylindrique et sa queue ;
cf. queue de rat, saucisson.
machine à broder les pans de capote, f., Mi-
trailleuse ; 13® tir. alg., -18 ; ~ elle les brode
à jours, festons et dentelles. — D'où ensuite,
syn. : machine à coudre les pans de capote, f.,
ib., juin. 18 ; — par chevauchement avec le
suivant.
machine à coudre, f., Mitrailleuse ; lambert ;
« Quand nos mitrailleuses sont en actions, le
— 330 —
Boche en sa guitoune déclare : — Voilà Franz-
man à sa machine à coudre », dekobra, B. des
A., 14-11-17. — D'où machine à découdre, même
sens; 156einf., C.M.-3, -18 ; | agatha ;« Tu t'
goures. <;...>- C'est pas la machine à décou-
dre : c'est une motocyclette qui radine sur le
chemin », Feu, 227 ; — contamination de l'idée
que la mitrailleuse découd beaucoup d'enne-
mis avec l'image auditive de son « tac tac »
de cloueuse de tôles.
machine à couper l'appétit, f., Cuisine-rou-
lante ; 40^ art., -18.
machine à dépeupler, f., Mitrailleuse ; d.
machine à ramer le paletot, f., Mitrailleuse ;
D. — Elle étend la capote, et l'homm^e dedans^
«^ur le « biUard » ; ramer une pièce de drap,
l'Etendre sur un châssis dit rame,
machine à secouer le paletot, f.. Mitrailleuse ;
expression rapportée su 130^ inf. par tm gradé
qui la cueillit en juin 16 ; à Ja mode aux 2^ c^^,
109e inf., nov. 17 ; au 246^ inf., à Chauny, fin
mars 18 ; aux 13^ tir. alg., 8^ génie et 40^ art.,
mai 18. — Syn. : secoue-paletot, m. ; d. ; —
machine à épousseter les paletots, f.; RALF,in
M. de Fr., 16-3-18, p. 319 ; — métaphore sur
le bruit rageur de son « tapotement ».
— 331 —
magogniau, m., Obus (de 150 et au-dessus) ;
40^ art., -18. — Cf. mangonneau, Baliste du
Moyen-Age.
mahaud, m., Bas-Breton (parlant la langue
bretonne) ; usuel dans les corps du nord-ouest ;
40e art., s^n sanit. 85, -18 ; — d'où, syn. :
mahoudi, m., 40® art., -18. — Mahou, mahaud,
très antérieur à la guerre. Niais, Nigaud,
Lourd, désagréable et bête, en Anjou, ver-
rier et ONILLON ; cette injure est appliquée
aux Bas-Bretons dans le nord de la VendéC;
à Redon, à Rennes, dans la Mayenne ; on peut
éclairer ce mot, et même aussi expliquer di-
rectement notre sens par le mot, du Ht-Maine,
mahon, Qui parle d'une façon inintelligible,
MONTESSON ; le Bas-Breton « mahonne » en
ce qu'il parle une langue nationale.
malabar, 1, Malin : « Les types de Panam, c'est
des types malabars, <••.>• », un soldat, non
parisien, nov. 16. — Malabars, catégorie de
Mercantis qui pullulent dans les ports francs,
(Beyrout, Tunisie, Gibraltar, Portugal, Co-
rée,...), vendant des plumes d'autruche, des
bijoux, des soieries, du tussort,... ; habillés à
l'européenne, ils ne sont pas obligés d'être nés
sur la côte du Malabar. A Corée on leur achète
— 332 —
des objets de luxe qu'on paierait 60 0/0 plus
cher à Dakar, si Ton est plus disposé à les rouler
qu'à les écouter. La propagation du mot est
due à nos marins. — Syssém. : arabe, juif, Mer-
canti retors. — 2, Gros et joli :'« un canon ma-
labar )), 2® c^l, -18. — Autres mots de sabir médi-
terranéen : bamboula, barda, barbaque, estanco.
Autres exotismes : chouya ; bougnoul ; toumané ;
cagna ; zigzig ; finish ; boucher noir.
manche (tomber sur un), Subir un échec,
Rater son offensive, Avoir une désillusion ;
81^ t., août 14-oct. 17, généralisé par les Pari-
siens ; très usuel et très général. — Je lis :
« La défaite autrichienne, d'après une estampe
populaire russe qui s'est inspirée de cette locu-
tion en usage chez nos alliés : « Ils sont tombés
sur la fourche », locution qui a presque mot
pour mot son équivalent en français », légende
d'un dessin, Pet. Par., 9-6-16, présentant une
paysanne russe, robuste, rieuse et géante, qui
k cueille du bout de sa fourche un soldat autri-
h: chien. Il est cependant fort peu vraisemblable
^t que nous ayons affaire, avec manche, à une
^H métaphore native, et beaucoup plus à plusieurs
^B syssémantiques et synonymes enchevêtrés et
^H entremordus. D'une part, un mot comme
I
— 333 —
emmanchement, Etat de Thomme qui se voit
dupé, (un Nantais illettré, -15), donne à penser
que le manche en question se trouve dans le
verbe passif se faire emmancher, Etre dupé,
dont l'image rappelle le supplice du pal.
D'autre part, une pelle a un manche et on dit
ramasser une pelle. Subir un échec. — Mais je
connais aussi les manches des parapluies, des
parapluies dits pépins ; or on nomme usuelle-
ment, surtout dans la marine, pépin un Acci-
dent de machine, une Situation embarrassante :
avoir, attraper, ramasser un pépin ; l'origine
en est-elle glisser sur une peau d'orange, tomber
sur un pépin, comme pour le ramasser ? On a
pu passer de pelle à pépin ou de pépin à pelle.
— De parapluie à ombrelle le pont sémantique
est court, et aussi d'ombrelle à bec, soit parce
que le bec de la canne de l'ombrelle est au bout
du manche, soit parce qu'on a croisé *ramasser
une ombrelle avec se trou<^er le bec dans Veau ;
ainsi s'expliqueraient tomber sur un bec, (81® t.,
-15), et être, se trouver bec d* ombrelle, (paraud) ;
duquel bec serait issu tomber sur un bec de gaz,
même sens toujours, 81® t., 14-17, connu en
-18 de tout le monde. — La seule chose cer-
taine en ces diverses locutions, c'est que les
— 334 —
verbes succédanés avoir, être, se trouver, ra-
masser, tomber sur ne fournissent pas d'image
précise et ne servent qu'à introduire librement
le substantif comique. Et dans un tel imbroglio,
l'hypothèse de plusieurs affluents sémantique.'
est pour l'étymologiste, jusqu'à plus ample
informé, une dépense nécessaire.
manche à gigot, m., Pétard allemand, une
boîte de mitraille sur un menche ; 46®, 246® inf
16-17.
manche à poils, m.. Imbécile : « Il a tout du
choléra, c' p'tit manche à poils î), Feu, 21-8-1 f^ ,
« c' vieux manche à poils ! », ib., 211. ■ — Syssém.
et syn. : manche à burnes ; 19® inf., -95 ; —
manche à bastos ; ross. ; — et, sans complé-
ment, manche; 81® t., 15-17; | Feu, 130; ||
19® inf., -95, — que le poil recomplète à nou-
veau.
manche à balai, m., Levier de profondeur de
l'avion ; usuel aux aviateurs, le mot a passé
dans le style quasi officiel ; à la R. G. Aé.,
oct. 17, un avis placardé, signé d'officier,
recommande de mettre « le manche à balai» à
telle position après l'attr.rrissage ; | Journ.,
8-5-16, p. 2, c. 4 ; « aux as du manche à balai »,
aux Aviateurs hors ligne, Fantasio, l-li-16,
~ 335 —
p. 235, c. 1. — Métaphore prise du calibre et
de la longueur d'un manche de balai.
mandoline, f.. Vase pour le malade alité;
hôpitaux,Bourges, Chantilly, -18 ; | R.M.H.,5'oi-
même, 15-4-18. — Syssém. : violon, m., même
sens, (et non Urinai, définition de dauzat,
16-4-17) ; 81^ art. 1., mai 18.
manut', f., Manutention mihtaire ; 81^ t.,
-16 ; I Feu, 6-9-16 ; fagus, 563.
maouss, adjectif, parfois substantif par sy-
necdoque ; s'est répandu considérablement de-
puis -14 ; — n'est connu au 81® t., mars 16-
oct. 17 que des plus parigotisants et des meilleurs
argotiers ; H est connu aux sens Gros, Fort,Bon,
sur les chantiers parisiens et chez les troupiers,
depuis une vingtaine d'années, témoignages
d'un ancien terrassier' et d'un ancien zouave
en -16 ; usuel à Brest et S^-Brieuc dès -95 :
un vent maouss, un plongeon maouss, un rivet
maouss ; — A, 1, Gros : « Et rien que des
maous : des 380, des 420, des deux 44 », Feu,
233, à propos de la canonnade à Verdun ; —
syn. de gros. Gros obus ; — 2, De grandes di-
mensions : Les éclatements d'obus « ont creusé
des trous... des trous « maouses » )), friedberg,
Fantasio, 1-9-16 ; « Et un espion pas ordinaire,
— 336 —
un espion maous, un espion comaco », FeU^
21-8-16 ; — d'où moralement, en parlant de
ces hommes qui portent leur atmosphère avec
eux, « Les types de Panam, c'est <C...> des
mecs maouss », un soldat, non parisien, nov. 16,
(voir malabar) ; — B, Bon, Epatant, (par son
chic, sa saveur,...) : un secteur maouss, un
secteur Pépère, Tranquille ; « On est maouss
maintenant, on voyage en lanterne magique »,
On est des rupins, notre wagon a une lanterne
magique, le même soldat susdit, à propos d'une
lanterne préhistorique suspendue aux crocs à
bagages; | « Le médecin chef est un charmant
homme et je suis dans ses papiers. Mais quand
pïion épaule me laissera faire le salut militaire
à la hauteur, je lui décocherai un mahous » et
je retournerai à mon poste au front, e. c,
Pet, Journ., 8-4-16 ; « Il fait claquer sa langue
et sacre « maous » le pinard », arnac, Fantasio,
1-4-17. — SAIN, rapproche le picard mahousse,
Grosse femme. Truie ; dauzat, 27-6-17, Tan-
gevin mahaud, mahou, Lourd, désagréable et
bête. L'un et l'autre rapprochement laissent
deux hiatus, de sens et de milieu social. En
admettant que notre maouss soit parfois syn.
de Lourd, il ne Test jamais de Lourdaud, il
— 337 —
ESNAULT 22
n*est jamais péjoratif : « Adjectif admiratif
généralement suivi [mieux : souvent suivi ou
précédé] de pépère, soi-soi ou poi-poil », dit
poiLULOGUE. Le mot semble avoir été couvé
aux chantiers et aux camps (algériens ?) et
non pas aux champs ; il est vrai qu'un trans-
fert social a pu justement produire une saute
de sers. L'arabe mâoueudj) {eu bref), Arqué,
En érection, d'où Gros, Grand, Imposant,
Puissant, Excellent, semble en posture d'ex-
pliquer maouss. — Cf. « homme maûs », cargo.
Innocents, 94.
maouss- pépère, pépère- maouss, Gros, Co-
pieux, Confortable, Respectable et bien fait.
Beau ;plus usuels dans les corps d'activé que
de territoriale ; inusités au 81^ t., 14-17 ; pé-
père-maouss,au:K. 40^ art., 130® inf.,-18, plus usuel
que maouss- pépère; | Si un obus « ronfle fort :
c'est un pépère maous ! dit-on », un poilu des
tranchées de Luxembourg, sain. ; « de la
becquetance maous pépère », pantruchard ;
« « Chouette turne ! » s'exclame le caporal. —
« On va être bath », approuve un poilu. — « C'est
pépère maousse », conclut une troisième voix.
Et de suite l'on s'installe. La cave servira de
chambre à coucher », Canard du boyau, ijx
— 338 —
B. des A., 27-5-16 ; « QUINZE grammeg, sa-
peur complètement retourné, mais fantaisiste,
C*^ 9 /l du 6^ génie, par B. C. M., Paris, demande
marraine maous pép. », c.-à-d. Maigriot, il me
faut une marraine dodue. Vie Par., 19-8-16,
p. 632, c. 2.
maouss poilpoil. Très énergique : « MAOUS
POILPOIL, cl. 17 de Panam, une brisque déjà,
très sport., <;...]> dem. corr. avec gent. marr.
Paris., gaie, sentim. », Vie Par., 19-8-16, p. 632,
c. 2 ; — maouss poilu ; sain. ; cf. poipoil. —
Il y a couleur à rapprocher maouss poilpoil des
qualités du poilu, c.-à-d. du combattant, et
maouss pépère plus spécialement de celles du
combattant territorial ; mais n'écrivez pas,
comme M. Sainéan, p. 151, que leur emploi se
répartit « suivant qu'il s'agit du territorial ou
du troupier », l'adverbe disjonctif « ou » est
une impertinence involontaire.
maouss- soi- soi. Copieux et délicat : « une
marraine tout ce qu'il y a de pépère et qui en-
voie des paxons maous soi-soi », c'est « une
dame de l'arrière, pleine de cœur et de gen-
tillesse, qui envoie des colis remplis de bonnes
choses », CHAPELLE ; « maous soie soie », Pé-
pères, 7. — Voir souasoua.
— 339 —
maquillé, Blessé : « Quant au pilote s'il est
« maquillé » il va àwl'hosto » )),thavet. — Ma-
quiller, syn. populaire de Faire ; d'où maquiller
qqn, le faire, lui Régler son compte, le régler,
ex. Philibert, 159.
marabout, Abstème ; 2^ c^^, -18 : être mara-
bout, Ne pas boire de vin ; — « mot venant des
Sénégalais », i. lâchât.
marchand de baisers, m., Vaguemestre ; sec-
teur 93, B. des A., 26-7-16, p. 12.
marche en zig-zag, (f. ou m. ?), Eau-de-vie ;
156^ irf., avr. 18. — L'anglais a to do zig-zag,
Etre ivre, zig-zag, Homme ivre, elwall. En
H*^-Bretagne, -03, zigzaguette, Certain degré
d'ivresse ; à Plérm (C.-du-N.), -le, zig. Ivre.
Aux 40^ art., août 18, s^n sanit. 85, oct. 18,
zigzag. Ivre, est du sabir tout récent dû aux
Yanks en voisinage. — Syssém. : dérive, f.,
Eau-de-vie ; D. m. p. — Cette liqueur met
d'abord du vent dans les voilc^ ; mais redoublée
de dose elle drosse le bâtiment humain comme
le vent, le courant, ou la mer, et au terme de sa
course le navigateur terrestre se trouve sou-
vent dépalé de son but.
marie-louise, m.. Conscrit de la classe 1915 ;
Int. des Ch., LXX, 180 ; « nos petits Marie-Louise
— 340 —
I
<...> des classes 1914, 1915 et 1916 », e. h..
Temps, 24-5-15 ; « les Marie- Louise, les jeunes
de la classe 15 », marcel, Journ., 26-6-15. —
Nom donné en 1814 aux conscrits convoqués
sous le seing de Marie-Louise régente ; B. des
A., 20-9-16, p. 13, c. 1.
marmanche, f.. A, Marmite de campement ;
p'tit gars. — B, Marmite (obus) ; 2® c^^, -18.
marmite (grosse), f., 1, Gros obus boche;
8le t., fin sept, 14-janv. 15 ; 125^ inf., déc. 14 ;
I « aux explosions des grosses marmites », Bi-
card, I, 7 ; — 2, Gros obus ; 81® t., -15, rare-
ment : « du 75 ou des grosses marmites ? ». —
marmite, f., 1, Gros obus boche ; 81® t., -15 ;
125® inf. et autres corps ; universel et usuel
jusqu'à être quasi technique ; académique, et,
comme tel, usé, 40® art., sept. 18 ; postérieur à
grosse marmite ; — plus rarement, au lieu de
sous-entendre ainsi grosse, on dit une grosse
noire, en sous entendant marmite ; — 2, Gros
obus ; 81® t., 15-17, rarement : « nous allons
leur envoyer des marmites, paraît-il ».
Le pot-au-feu est un vase où se cuisinent des
éléments multiples, le culot d*obus un vase
d'explosifs chimiques et de débris métalliques
hétéroclites ; le sématisme est Contenu fort
— 341 —
chaud d'une marmite de ménage. C'est ce qui
fait que l'image a convenu primitivement aux
obus boches, parce que l'imagination les saisit
à leur explosion qui met à jour leur contenu, et
non à leur départ ; ce sématisme est corroboré
par la définition que donne un poète suffisam-
ment populaire : « Qu'est-ce qu'une Marmite ?
<...> C'est un hideux bolide inventé par l'En-
fer Qui contient des pruneaux confits chez
Krupp-le-Boche, Des petits pains K. K... en
cuivre ou bien en fer <C...> C'est le jouet teu-
ton, la surprise fragile Qui vous apporte de
tout : du plomb, du zinc, des clous )), a. sOriac,
Poilu au 277® rég. d^inf., sonnet sur carte pos-
tale, en vente en juill. 16. — L'image serait
exprimée encore plus exactement par le dérivé
marmitée ; ce mot est attesté : « Marmitée,
Eclats d'obus », D. m. p. ; M. Barbusse l'a
employé : « Le type <;...> avait l'air pas ras-
suré et s'en r'ssentait pas pour la marmitée »,
Feu, 58, encore que dans cette phrase marmi-
tage semblerait convenir aussi bien. — Selon
p. MILLE, marmite « date des exploits anar-
chistes », Fantasio, 1-5-15, p. 142, c.-à-d. d'en-
viron -93 ; il serait naturel que, les anarchistes
ayant lancé des bombes de propagande par le
— 342 —
I
fait, les bombes de bombardement aient reçu,
par dér. syn.,le même sobriquet qui fut donné
à celles-là ; il sera relativement facile d'établir
si quelque anarchiste se servit d'une marmite
réelle pour quelque attentat fameux ; si on ne
retrouve pas ce fait,il sera mieux d'admettre que
le sématisme, dès -93, fut pris du contenu
hétérogène de l'engin explosif. — Il est amu-
sant, mais insignifiant, de signaler qu'on
trouve en 1758 « des bombes appelées en mar-
mites, parce qu'elles en ont la figure, et des
bombes oblongues que quelques-uns appellent
à melons », la chesnaye des bois, Dictionnaire
militaire, I, 236 ; ce texte exhumé, dans sain.,
a incité à supposer que le mot marmite aurait
été conservé par « la tradition des écoles d'ar-
tillerie et de Polytechnique », dauzat, 16-4-17,
666 ; on sait au contraire que notre marmite
est populaire, que les balisticiens n'ont pas
tenté de l'expliquer, et qu'il fut d'abord appli-
qué et reste propre aux obus ennemis.
Dér. : marmiter, 1, Bombarder par gros obus ;
usuel et général ; « nous avons été marmites » ;
— 2, Pleuvoir (en parlant d'obus) ; 109® inf.
et 8® génie, 17-18; | « Ça marmite ici ? », mac
oRLAN, Journ.y 8-2-16 ; — marmitage, m.,
343
Bombardement par gros obus ; usuel ; | « avant
ou pendant les « marmitages » », A. fr., 15-3-16,
p. 4, c. 1 ; « ce marmitage intensif », Matiriy
13-7-16, p. 1, c. 5 ; — d'où, littérairement.
Action réalisée par surprise brutale : « M. Be-
douce a déclaré que toute discussion a été
rendue impossible par le fait que le projet a
été, au début de l'après-midi, devant une salle
vide, « adopté par un véritable marmitage » »,
Echo de P., 8-3-18, p. 2, c. 2, compte-rendu de
la Chambre ; — marmitable, Bombardable ;
D. ; — marmiteux, Fécond en marmites ; d. ;
— marmitant, Ecrasant d'inouïsme ; 81^ t.,
10® c*®, avr. 15 ; — syssém. : renversant, suffo-
cant ; — marmite, Stupéfait : « j'en suis mar-
mitée », provins. Vie Par., 11-11-16, p. 851,
c. 2.
Syssém. immédiats : bouteillon, Torpille, —
le bouthéon étant une marmite réduite indivi-
duelle. — pignate, f., Gros obus ; Balkans, d. ;
— pignate, Chaudière, (de l'italien pignatta,
Marmite), est usuel dès longtemps dans la ma-
rine à vapeur ; tel corps l'emploie au sens
Cuisine-roulante, d.
Autres syssém. : œuf de Pâques, m.. Projectile
explosible lancé à la main ou par un canon de
— 344 —
bois, fabriqué expéditîvement d'une grosse
douille ou d'une boîte de singe, usage du début
des tranchées ; 10® et 27^ inf., S^-Mihiel et
Woëvre, -14, N.-D. de Lorette, -15; | « Les
« œufs de Pâques » -<..•> radinaientsur nous,
en vitesse », j. des vignes rouges, Journ.,
1-6-16 ; — l'œuf de Pâques est une boîte à
surprises ; plein de bonnes choses, il offre ici
une ironie qu'on retrouve dans {ça se) donne ;
le mot se retrouve en boche : osterei [œuf de
Pâques], Obus, delcourt ; cf. boucher noir.
— boîte de conserves, f.. Mortier de tranchée,
Crapouillot : « puis, périodiquement, armés de
boîtes de conserves qu'ils nomment crapouillots
et de queues qu'ils coupent aux rats (à quoi
cela peut-il bien leur servir ?) ils [les Poilus]
partent chasser un animal nommé Boche »,
POiLULOGUE, — entendez Armés de Cra-
pouillots qu'ils nomment boîtes de conserves et
de Projectiles qu'ils nomment queues de rats ;
le texte est ironique et se doit lire à l'envers;
M. Sainéan l'a lu à l'endroit — ; (ne pas con-
fondre cette boite de conserves avec le sens
étendu de boîte de singe). — tonneau de chou-
croute, m., même sens ; d. — fût-de-bière, m.,
même sens ; inf.. Lorraine, 14-15, aynaud ; —
— 345 — •
noms de cuisine germanique, réservés sans
doute aux projectiles boches, (avec allusion à
la force du calibre). — seau hygiénique, m.,
Torpille de 245 ; d. ; — vase de déchets mêlés
et malodorants. — cf. bouteille. — Syssém. plus
lointain, où ne se trouve plus l'idée de contenu :
chaudron, m., Obus : « un quartier de chau-
dron qui nous tombe sur la tête à huit kilo-
mètres de distance », a. daudet, Les francs-
tireurSy (1871), (à la suite de Robert Helmont,
in-8^, p. 46, c. 2) ; — le culot étant un vase
métallique comme le chaudron.
maroc, m., Pain ; certaines unités du Midi ;
DAuzAT, 1-1-18, 69. — Emprunté aux soldats
piémontais ? chez eux maroc, Pain, est usuel ;
DAUZAT, ib.
marouille, (f. ?), Mitrailleuse ; 29® dragons ; d.
marraine, f.. Maîtresse qui commence le
commerce galant par échange de lettres : « MA-
RIN voudrait marraine <...> », Vie Par.,
11-11-16, p. 865, c. 3 ; autres textes anté-
rieurs, ib. — Déviation du sens Femme qui de
l'arrière protège un poilu, apparu en -15.
marsouille {la), f., l'Infanterie coloniale ;
52e çal Qi divers Parisiens, (inusuel au 2® c^^),
-18 ; I PAUL FiOLLE, La Marsouille, titre ; —
— 346 —
ensemble des marsouins, Fantassins coloniaux,
anciennement Fantassins de Marine. — Cf. la
biffe, l'Infanterie de ligne ; 81^ t.,14-17 ; | Ca-
baret, 457, 466 ; Il 19e inf., -95 ; — ensemble des
biffins, Fantassins de ligne, comme c'est aussi
l'Ensemble et le Métier des biffins, Chiffonniers,
(rig.) ; — cf. la gouape, la Boulange, l'En-
semble des gouapeurs, des Boulangistes ; et
ici bigorre, mitraille, séné gai.
massier, m.. Vaguemestre ; secteur 194 ;
B. des A., 11-10-16, p. 13, c. 1. — « Ce mot
simple à prononcer a l'avantage de rappeler la
masse que parfois le poilu reçoit pour acheter
du pinard », ib. ; masse, Argent : « Aboule la
masse ! », hirsch, Le Tigre, 299 ; ai^oir masse
complète. Avoir la bourse bien garnie, merlin.
matau, matot, m.. Matelot ; 23^ alpins, d. —
D. y voit l'apocope de matelot. Mais matao,
(2 syllabes, 0 semi-voyelle), c'est Mathurin, en
Loire- Inf. et Vendée, et un mathurin c'est un
Marin. Le singulier matai, (d.), quoique plai-
sant, plaide pour la forme matau.
matériel de secteur, m., Militaire qui reste
dans un même secteur, pris en subsistance par
les unités qui s'y succèdent ; se dit bien des
gardes de matériel, des observateurs de corps,
— 347 —
des téléphonistes, d*un puni de « prison » que
sa compagnie laisse en première ligne à la
relève, et, par extension, des agents de liaison
et chefs de section qui restent quelques jours
après la relève pour passer les consignes ;
109e inf., 16-17 ; 289e inf., -18 ; « j'ai été déta-
ché dans un service où je faisais matériel de
secteur », a. arnoux, lettre, avr. 18 ; — com-
paraison avec les outils, effets, et munitions
qui doivent rester en secteur et sont transmis en
charge aux relèves. — Syssém. : accessoire de
coque, m.. Marin ancien à bord ; marins, 16-18 ;
I jB. des A., 18-7-17; — un accessoire de
coque est d'ordinaire une grosse pièce de ma-
tériel fixe, riçée à bord.
maternelle (/a), .Salle, sise près du corps-de-
garde, puis, à partir de l'été -17, Baraque de
quatre salles, deux grandes, deux petites, cons-
truite de neuf, — servant à l'instruction des
météorologues, à la R. G. Aé., sept. 17-mai 18.
— L'idée est Ecole maternelle, d'autant plus
naturelle que les membres de l'enseignement
étaient en majorité parmi les météos. Une sorte
de respect attaché au mot interdit de le chan-
ger ; ainsi pouponnière, couveuse, sont mal reçus,
mayonnaise (faire la), Agiter le manche à
— - 348 —
balai circulairement dans tous les sens ; avia-
teurs ; Miramas, mai 18.
mec en blouse, m., « Chose belle, ou grosse,
ou qui fait du bruit » ; légion étrangère, a. ar-
Noux ; I Une torpille arrive sur nous, et n'éclata
pas ; un Alsacien, ancien légionnaire, essaie
alors de blaguer : « Le Sanct Petrus a pas voulu
qne j'aurais été bousillé par le gros mec en
blouse qui ratatine... », Cabaret, 459 ; — rata-
tine, pour radine, mauvais français individuel
de l'Alsacien de qui l'écrivain recueillit ce pro-
pos ; mec en blouse, « expression de la légion
étrangère, (surtout de l'ancienne légion), signifie
originairement un homme riche, par extension
tout individu à la hauteur, et, par extension
encore, [définition ci-dessus] », a. arnoux. —
Syssém. : pépère. Gros.
mèche à briquet, f., Fourragère honorifique ;
usuel au 81^ art. 1. dès fin -16 ou janv. 17; |
expression à la mode, Ver-Luisant, in Front,
16-2-17. — Est-ce bien, comme je l'ai cru,
G. E., 1-4-18, 426, et comme tendrait à le
faire croire le rapprochement avec mèches,
Galons, soldats genevois, Schw. Sold., 72, une
métaphore visuelle pu tactile prise de la forme
et de la consistance du cordon ? La fourragère
1
— 349 —
sert, sans confortable, mais réellement, de
mèche au briquet ; i. lâchât, l. pottecher.
Dans un régiment décoré de la fourragère, de-
mandez du feu à un soldat qui ne la porte pas...
Ce serait ainsi une simple métonymie de l'objet
par sa destination. En tout cas, dans le premier
semestre de -17 la seule fourragère existante
était aux couleurs de la croix de guerre, vert et
rouge ; la fourragère aux couleurs de la mé-
daille militaire, jaune et vert, accordée pour la
première fois le 14-7-17, (au 1^^ rég* de marche
de la légion étrangère), n'est donc pas spéciale-
ment visée en raison de son jaune par le nom
de mèche à briquet,, comme l'a cru g. rozet,
Œuvre, 25-7-17. — Syssém. : amadou, m.,
Fourragère : mériter Vamadou, 2^ c^^, août 18 ;
— amadou, Mèche de coton pour briquet à
silex, en Bretagne, Charcutes, Béarn, par sur-
vivance.
me-îe, m.. Avion Maurice Farman ; avia-
teurs, -17 ; I Mousqu., 146. — Des deux ini-
tiales, M. F., marque de ce type ; cf. fe-fe.
mélangé. Ivre ; g. turpin, -18; | Le Piège,
de soupe, ne revient pas ; « Pourvu que Le
Piège ne soit pas « mélangé » avec ses « mar-
n^anches » ? », p'tit gars. — Syssém. : en dé-
350
Sordre, Ivre : « Ah ! laisse-moi, bégaya-t-il,
tout en titubant légèrement : je suis un peu en
désordre », valmy-baysse. Mots de poilus,
Journ., 12-11-16. — Le désordre, le mélange,
en question, est celui du cerveau ; il ne s'agit
pas de l'ivresse qui jette par terre, par quoi
l'homme est mort, retourné, et raide, mais de
celle qui laisse constater le désordre des atlas
cérébraux, bousillés, et noircis, au bibliothé-
caire même de ces atlas.
menteur, m., Journal ; très usuel au 81^ art. 1.,
mai 18. — Menteuse, Affiche, dlle. Cf. bour-
rage.
merde, f.. Temps bouché, qui empêche de
voler ; R. G. Aé., -17. — Syssém. : crasse, f.,
1, 1*^, Brume qui gêne pour voler :« la « crasse »
salissait l'horizon », eynac, Gu. Aer., 3-5-17,
p. 387, c. 3 ; — crasse ou merde, ce sont des
« temps à ne pas mettre une direction dehors »,
Matin et Journ., 5-7-16, syn. aviateur de temps
à ne pas mettre un chien dehors ; — 2^, Nuage
noir : Allons « visiter ce petit paquet de crasse»,
Mousqu., 138 ; — 2, Dépression avec pluie
et vent, visible sur la carte du tenips ; météo-
rologues, 17-18.
merde (dire). Rater : « L'engin n'a pas éclaté.
351
I
' — C'est un obus qui dit merde », Feu, 234. —
Cf. œil qui dit merde à Vautre, œil Louche, et
surtout foirer, Faire long feu, hdt.
messager d'amour, m., Vaguemestre ; à la
3/63 génie, B. des A,, 30-8-16, p. 13. — N'est-il
lettre que de marraine ?
métaux, m.. Obus : « J'allais sans cesse de
Cumières au poste de commandement sous une
dégringolade de métaux », e. c. Pet. Journ.,
8-4-16. — Cf. fer.
métallurgie, f.. Fabrication des bagues, croix,
calvaires, cœurs, porteplumes, en aluminium,
dans la tranchée ; 81® t., 10^ c^e, -16. — C'est
une métallurgie qui ne renvoie pas en sursis à
l'arrière.
météo. A, m., Météorologue ; — B, f.. Météo-
rologie. — Cf. aréo.
métro, m.. Abri souterrain pour section, avec
Jjurtie à chaque bout ; d. — Moins vaste est le
guignol, m., Cagna à un seul habitant. -^ L'abri
le plus sommaire, mais naturel, ce sont les
épaules ; voir colimaçon.
miaule, m.. Mulet : « les miaules sont de pré-
cieux auxiliaires pour les grelus », x..., Le
« miaule », sorte de physiologie du mulet, dans
le Grelu (159^ inf., régt ht-alpin), 30-5-16 ; « les
-- 352 —
braves « miaules » au pied sûr, dandinant leurs
lourdes têtes coiffées d^oreilles brinqueba-
lantes », Diable au Cor, in Front, 25-10-16 ;
E. R., Journ., 24-10-16, p. 2, c. 4 ; art. du
120 Court, in B. des A., 25-4-17. — Mot de
Savoie, et en usage aussi, me dit-on, à Chablis
(Bourgogne) dès -70. — Dér. : miôliste, m.,
Muletier ; d.
miaulant, m., Obus de 77 ; inf., adj. le-
coNTE. — miaule, m.. Obus, de 77 boche, et"
de 75 français ; 81® art. 1., mai 18 ; | Obus de
77 boche ; V. du p, ; — apocope de miaulant^
exprimant l'obus par son cri ; « Quelques obus
passent en miaulant )), pawlowsky. Signaux,
184 ; — cf. youyou, Torpille aérienne, — et
gueulard (^).
(^) Onomatopées du 75 : « — Ça fait csss... ping !...
— Non, dit l'adjudant... Ça fait tss... frac !... — Ça ne
fait pas ... frac, dit Dufîau, musicien à ses heures. Je
traduirais l'éclatement par « vrr... cragh... ph... » », r. l.,
N. Contes ^ér., 112. — Cf. « le bruit de leur trajectoire
[des 77] ressemblait à une longue inspiration suivie d'une
profonde expiration d'éclatement », p. c, ib., 7 ; « les
petits obus [de 75] vibraient dans l'air, comme s'ils cou-
raient en se poussant le long d'un même fil métallique »,
GÉFREY, Contes i'ér., 232.
i
— 353 —
ESNAULT 23
mie de pain mécaniaue, f., 1, Puce ; D. m. p. ;
— si vous voulez chasser avec le dessous du
doigt des miettes de pain de dessus un tapis de
reps, vous les verrez sauter comme puces,
aussi haut et aussi imprévisiblement. — 2, Pou ;
Feu, 9 ; D. m, p. ; • — ce sens 2 semble moins
heureux, du moins pour ce qui est du ressort
mécanique ; mais des mies de pain sèches dans
un lit ou dans la culotte font dfe quoi se gratter.
— Mie de pain, Vermine ; dlle.
mille-pattes, m., Applique de brisques nom-
breuses ; 289^ inf., août 18. — Cf. moustique.
minèn, m., Minenwerfer ; 81® t., oct. 15-17,
les officiers et les lettrés ; 156® inf., avr. 18, un
lieutenant ; | « Quelques minen, des « saucis-
sons )) éclatent », l'autre sergent, Œuvre,
4-11-16 ; « un éclatement de minen », z., Armée
de la guerre, 163 ; cf. ih., 204, et z, Armée de
1917, 195 ; — une prétendue francisation en
« minène », signalée par cohen, 74, est une
simple graphie, sans intérêt si le substantif
coupé reste masculin comme je l'ai toujours
entendu. — Lance-mines, m., proposé pour
Minenwerfer, n'a pas pénétré au 81® t.
miner, m., Minenwerfer. Cette forme s'insinue
au 81® t. depuis sept. 15, devient assez usuelle
— 354 —
au premier de Pan et unique dans Pusage po^
pulaire vers le 20-1-16 ; le caporal Guihard,
qui parle une bonne langue et a l'oreille fine,
semble le seul primaire disant minèn le 30-1-16 ;
I « marmitage effroyable, 150, 210, miners,
torpilles, rien ne manque », lieutenant b.,
Gu. Aér., 9-8-17, p. 622, c. 1, (coquille pour
minen ou minens ?) ; — plus brutal que minèn,
ce raccourcissement est une véritable hernie
réséquée.
miner le, pylône, Exagérer grossièrement :
« Le secteur [la banlieue nord-est de Paris]
n'est pas des plus calmes. Les Boches, selon la
nouvelle expression à la mode ici « minent le
pylône » (lisez cherrent unpeutrop)», h. pinel,
lettre écrite de la R. G. Aé., 9-6-18. — Cf. bous-
culer.
mirliton, m.. Canon (de 75) : « mener de mon
mieux notre brave mirliton », lettre d'artilleur,
M. de Fr., 16-3-16, p. 377. — A rapprocher de
flûte et clarinette signalés, sous cigare^ comme
termes conventionnels de communications té-
léphoniques.
mitraille {là), f., l'Ensemble des mitrailleurs
d'un régiment ; 81^ t., août 14. * — Cf. mar-
souille*
— 366 —
mitrailleuse à gosses, f., Femme prolifique :
« Elle pondait un enfant tous les ans. Réglé,
recta : une vraie mitrailleuse à gosses ! », Feu,
175. — Métaphore de rythme.
mitrailleuse à pissenlits, f., Sabre série Z ;
D. — Double rafraîchissement des syn. coupe-
choux, tranche-fromage ; d. y voit une allusion
aux malades qui pissent au lit ; mais si les
infirmiers, à qui ce sabre n'est pas spécial,
adoptent cette explication, c'est par un séma-
tisme adventif.
mitre, f., Obus de 210 allemand ; V. du p.
— Cf. pot'de-fleur,
mobilisé, Employé à l'arrière par mobilisa-
tion industrielle ; usuel et général au front
aussi bien qu'à l'arrière, 15-18 ; — d'où se mo-
biliser. Se cacher ; d. ; — cf. embusquer, 2.
mobilo, f., Mobilisation : « à la mobilo », au
Moment de la mobilisation d'août 14 ; un sol-
dat, -16. — Cf. çéto.
mochtévo, Moche, Laid, Sale : « Mon quart
est mochtévo », ouvrier parisien, mai 17. —
Moche, suffixe d'après le russe nitchévo ?
modiste, f., Zouave ; d. — Syssém. : blan-
chisseuse, f., Zouave ; d. — De sa culotte bouf-
fante.
— 356 —
mon-bon {les), m., les Français du midi ;
40^ art., -18 ; — de leur vocatif usuel ; — syn. :
marins, m. ;ib. ; — de leur prénom fréquent ;
— macarelle, m. ; ib. ; — d'un de leurs jurons ;
■ — cf. hildepute, m., Béarnais et Landais ; d. ;
— de leur juron familier ; — chtimi.
montagnes russes (faire les), Tanguer en
avion : « le zeph me fait faire le crabe, puis les
montagnes russes », montgeorge.
monter, Aller occuper les tranchées ; inf. ;
Se rapprocher de la ligne de feu ; art. ; usuel et
universel. — Antonyme : descendre. Quitter la
ligne de feu pour une ligne de soutien, ou les
lignes pour le cantonnement ; usuel et univer-
sel. — « Un journal du front pose respectueu-
sement une question à ce qui nous reste de
l'Académie française : Doit-on continuer à
dire, pour une troupe qui relève : « Monter en
ligne )) ou « monter aux tranchées » ? ce qui
équivaut exactement à l'expression : « monter
dans un trou. » )>, Œuvre, 30-3-17, p. 2, c. 3 ;
l'Académie, même sans consultation de ses
deux maréchaux, répondra que c'est un souve-
nir des locutions de service des places garde
montante, descendre de garde. — On dit là-haut.
Sur le front, par opposition à l'arrière, mais
— 357 —
c'est plutôt parce que le front se trouve dans le
nord de la France, plus haut en latitude. De
là redescendre, Evacuer le pays devant l'en-
nemi, en parlant de la population civile : Les
habitants, entre Amiens et Noyon fuient de-
vant le Barbare : « — Ça recommence [C'est
comme en 1914] !... On redescend ! », anon.,
Matin, 3-4-18, p. 1, c. 5. — On dit volontiers
descendre à la caisse, Aller à la prison [de la
caserne], où que soit la prison.
moral, m., Vin ; divers soldats, juill. IG-
nov. 16 ; 81e t., 246e inf.. -17 ; en juill. 16 le
mot arrive aussi à l'armée des Balkans : « « Pi-
nard » sera-t-il détrôné ? Un autre mot vient
de surgir. Où naquit-il ? Sur le front français,
c'est certain ? Mais sur quel point du front
français ? Je ne sais pas. Toujours nous est-il
arrivé et lui avons-nous fait un excellent ac-
cueil. Appeler le vin le « moral » nous a paru
drôle et très juste )), m. -a. g.. Croquis balka-
nique, daté « A l'armée d'Orient, Juillet 1916 »,
in Phare de la Loire, 9-8-16. — Le vin soutient
le moral, le courage ; cf. général. — Syssém. :
« Force morale », étiquette sur bouteille de co-
gnac, Bourru, 104. — remonte- moi- le- moral,
m.. Eau-de-vie ; d. — surmoral, m., Eau-de-
— 358 —
vie ; 246e ou 289^ inf., -18 ; (— cf. surpoilu).
— relève- moral, m., Eau-de-vie, (jamais Vin) ;
156e inf., mai 18.
mords-moi-le-jus {un zigoto à la), « un Rien-
du-tout ; par extension, un Epateur », a. ar-
Noux ; 40e ^Yi^ .j^g . «C'est malheureux, tout
de même, d'avoir affaire à des zigotos à la
mords-moi-le-jus qui ne comprennent rien et
rebiffent à la bagatelle », Cabaret, 469. — Cf.
un zigoto à la mords- moi- le- nœud, un Fanfa-
ron ; un marin de Plérin (C.-du-N.), avr. 18 ;
156e inf., 40e ^^^t ^ 4g . _ f^ire qqch. à la
mords- moi-le-nœud, le Mal faire ; deux Di-
nanais, avr. 18 ; — à la bouffe- moi-le-nœud,
même sens ; un Nantais, avr. 18 ; — une idée
à la mords -moi-le-doigt, une idée Stupide ;
Parisiens, -18 ; | « C't' une idée à la graisse d'hé-
risson et à la mormoelle d'oie, ni plus ni moins »,
Feu, 190. — Il y a un verbe mordre, Regarder,
(voir chérer), mais il est inconnu de ceux de qui
j'ai entendu ces locutions, dont les dernières, et
aussi la définition de a. ARNOux,ne mettent pas
Fanfaronnade en posture de sens premier ;
sans quoi j'aurais traduit mords-moi le jus,
Regarde ce chic (que j'ai en faisant telle chose) ;
il est vrai que bouffer peut ne se trouver ci-
— 359 —
i
dessus que par dér. syn., c.-à-d. avec déviation
du sens de mordre.
mort- subite, f., Avion Morane-Saulnier ; avia-
teurs, 17-18 ; — simplement à cause de sa
marque M. S. — Le même jeu de contresens
benoît donne nombre de « corrigés» de thèmes
français-poilus ; ex. : les anciens maquereaux
bien conservés,traduction perverse de A. M. B.C.,
(Armement militaire des bateaux de commerce);
— consigné nord-ouest (prononcé noroît), Con-
signé jusqu'à nouvel ordre ; marine, 14-18; |1
04-14 ; — en face du nom de l'homme consigné
jusqu'à « nouvel ordre )), le fourrier met les ini-
tiales n. o., qui étaient aussi, naguère, le sym-
bole du « nord-ouest », (aujourd'hui remplacées
par n. w.) ; — pieds et chaussettes, lecture plai-
sante de P. C. qui signifie Ponts et Chaussées ;
marins ; — grand bordel divisionnaire, G. B. D.,
(Groupe des brancardiers divisionnaires) ;
2e c^i, -18 ; — chauffeur- mécanicien {être), ou
conseiller municipal, ou caporal mitrailleur,
avoir C. M., (Consultation motivée) à la visite ;
ib. ; — merde. Mise en route des éclopés ; T^bul,
-16 ; 130® inf., -18 ; — ça va assez doucement,
C. V. A. D. (Convoi administratif) ; Pépères, 54.
— Cf. pé-cé-èr.
— 360 ---
mouchard, m., A, Manomètre enregistreur ;
B, Baromètre enregistreur marins, centres de
Dirigeables et de Captifs, nov. 17-juill. 18; ||
mouchard, A, Contrôleur des rondes, consistant
en un cadran qui tourne sous une plaque de
laiton percée d*un trou ; par ce trou le rondier
poinçonne un papier au carbone plaqué sur le
cadran mobile ; d'où vérification ultérieure de
l'heure de sa ronde ; arsenal de Brest, janv. 14
et avant ; — B, Compteur-enregistreur des
tours de la machine, à bord des vaisseaux ;
marins. — L'instrument enregistreur par ses
points ou sa courbe, qui restent, témoigne des
manquements du rondier, et des inattentions
que peut avoir l'homme de veille à la pression
de la vapeur ou à la pression atmosphérique,
et qu'il masquerait ensuite,n'était le mouchard,
par des manœuvres trop brusques. L'enregis-
treur les trahit donc autant qu'il les sert. —
On a déjà mouchard, «Tableau », dans l'argot,
en -36, Jargon ; — (peut-être ce tableau
affiché, pendant la Révolution, sur chaque
maiso-n et donnant la liste des locataires, pour
aider la police ?) — Le même sématisme a
donné renard, Tableau indicateur, dans la ma-
rine ; — et, en style d'ouvriers, jaune, Ouvrier
— 361 —
i
traître à la corporation, — le Renard étant une
bête jaune.
moulin, m., 1, Moteur d'avion : « le « moulin
gaz[e] bien » et tourne 850 tours », « le moulin
ne veut rien savoir », danziger, B. des A.,
3-1-17 ; « Un moteur, se dit « moulin » », tha-
VET ; « si le moulin ne nous plaque pas »,
ESTÈvE, Gu. Aér., 26-4-17 ; — 2, n'importe
quel Moteur ; marins et soldats d'un centre de
Dirigeables, 17-18. — J'ai compté ce mot pour
une métaphore auditive, g. e., 1-4-18, 429;
à tort. M. le col. faure y voit une image vi-
suelle : moulin, m'écrit-il, ne s'appliquait, tout
au moins vers -09, qu'aux moteurs rotatifs, qui
présentent une certaine analogie avec un mas-
sif moulin à 7 ou 9 ailes ; « il est possible »,
ajoute-t-il, « que, par suite de la seule analogie
de l'hélice, le mot ait passé à tous les moteurs.
Il ferait mieux image appliqué aux avions
britanniques, la plupart de leurs hélices ayant
4 pales au lieu de 2 que possèdent les hélices
françaises », 1-5-18 ; cette explication a le dé-
faut de négliger la rotation du moulin, qui lui
est encore plus essentielle que l'aspect des ailes.
Le vrai sématisme est visuel et cinématique ;
des mécanos me disent : « un moteur est un
— 362 —
moulin parce qu'il tourne » ; et voyez sous tour-
niquet l'équation des idées Moulin et Tourner.
D'où : bi- moulin, m., Avion bi-moteur ;
THAVET.
moulin à café, m., 1, Mitrailleuse ; 81^ t.,
sept. 14 ; usuel et universel ; en employant ce
mot les troupiers font très ordinairement le
geste de tourner une manivelle ; | « les mou-
lins à café ont tourné », Cabaret, 463 ; || lar-
CHEY ; MERLIN ; USUcl dès -70, GAUTHIOT, 81 ;
— de même chez les Boches die Kaffeemilhle ;
— syssém. : écrémeuse. — 2, Moteur d'avion (?);
apax : « Et tout d'abord, que l'argot des camps
d'aviation n'ait plus de secrets pour vous.
<<...>> Parlez sans relâche des « moulins à café
qui gazent bien )) )), juteux.
Le sématisme est généralement ignoré, tant
des mitrailleurs que des profanes. — Les mi-
trailleurs sont pour la plupart agacés du geste
de manœuvrer un moulin à café que font les pro-
fanes. Avec raison, si les profanes croient qu'une
naanivelle détermine le tir de la mitrailleuse. Il
y avait une manivelle à la mitrailleuse de -70 ;
un tour complet déterminait le départ des
25 coups qui composaient toute la charge ;
c'est aussi avec une manivelle que, plus tard,
— 363 —
on actionnait le premier canon-revolver de
37mm La mitrailleuse de la guerre actuelle
n'en comporte pas. Il y a une poignée au petit
volant vertical affecté au pointage en hauteur,
qui déplace lentement le canon, et qui intéresse
beaucoup trop l'œil du profane. La vitesse du
tir et le fauchage, vrais intérêts de l'engin;
s'obtiennent, l'une par le va-et-vient d'un
ressort automatique, l'autre par l'impulsion
que la main du tireur donne de droite ou de
gauche à la culasse.
Le tir crépitant de la mitrailleuse ressemble
par son bruit spécial et sa régularité à la mou-
ture de grains de café ; on ne peut pas dire que
café ne soit ici, comme dans tel emploi aphrodi-
siaque du mot moulin à café, que par queue
romantique sur moulin ; il est plutôt une addi-
tion heureuse à l'image primitive, qui était
toute dans moulin. Moulin traduit, avec sim-
plicité et justesse, quelque chose d'essentiel à
la mitrailleuse, le mécanisme de « répétition »
par lequel les balles s'engagent automatique-
ment dans le canon. Cette présentation méca-
nique, successive et décisive, des objets à
« moudre » st fait employer l'image de moulin
et même le terme de moulin à café pour le
— 364 —
défilé des prévenus devant le juge, (voir tour-
nait). — A bord, le moulin à café, c'est le Ca-
bestan. — Je me suis sans doute trompé
quand j'ai rangé, — g. e., 1-4-18, 428 — ,
moulin à café, Mitrailleuse, parmi les méta-
phores auditives, non pas en ce que j'ai négligé
la manivelle de -70, ni surtout pour avoir, avec
tout mitrailleur, constaté qu'il n'y a rien à tirer
de la rotation du volant de pointage, mais
parce que j'ai méprisé le geste circulaire des
troupiers, qui peut fort bien être traditionnel
depuis -70. Le nombre des gens qui avaient
quelque science de la mitrailleuse ayant été
fort restreint de -71 à -14, il serait suspect que
le geste eût été conservé par simple fidélité
filiale à un geste des combattants de -70 tra-
duisant la manivelle de leurs mitrailleuses. Mais
il est naturel que ce geste ait été conservé en
tant qu'il traduit l'idée de moulin à café ; et
ce mot était juste en tant qu'il exprime l'es-
sentiel d'un engin à répétition. — Un revolver
à barillet serait bien un moulin,si le nombre de
ses balles avait quelque rapport avec ce qu'on
moud communément de grains de café, de
poivre, ou de blé, quand on met en train un
moulin. — C'est par une juste poésie qu'un mi-
— 365 —
trailleur dit : « Avec mon moulin à café entre les
jambes » il faut « opérer tranquillement, comme
si on tournait des films à la revue de Long-
champ )), et « j'irai tourner mon appareil )),
E. c, Pet. Journ., 8-4-16. — Sur la conserva-
tion du nom de moulin à café malgré les trans-
formations de l'engin, cf. crapouillot.
moulin à mitraille, m., Mitrailleuse : « Les
mitrailleurs pointent leurs moulins à mitraille »,
A. A. (21® chass.), Contes vér,y 126.
moulin à poivre, m., Mitrailleuse ; lambert ;
D. m. p. ; voir grêlière. — La mitrailleuse pique,
sale, poivre la chair. — Syn. : poivrière, f. ;
nombreux fantassins de ligne, i. lâchât, -18.
moulin à rata, m., Mitrailleuse ; 81® t., -15;
quelques soldats çàet là, 15-17 ; 2® c^l, -18.
— Le mitrailleur se plaint des fréquents ratés
de sa pièce. Le pilote aviateur parle aussi des
ratés de son moulin : « — Mon compte-tours
baisse, n'entends-tu rien de suspect au moulin ?
J'écoute un moment : le moteur trépide un peu,
mais je ne perçois pas de ratés », estève, Gu.
Aér.y 26-4-17, p. 371, c. 2. Rata pour raté, Coup
manqué, est une substitution de suffixe à fin
de calembour ; rata pour rateur, Homme qui
fait faux bond, Vaurien, est ancien dans la
— 366 —
marine ; un rata fini ; « un « rata » comme toi,
qui ne trouverait pas de l'eau à la mer »,
ciGNEROL, Notes (Tun Bordachien, 147. — Sys-
sém. : turlutine, f., Mitrailleuse ; g. turpin,
-18 ; I HENRioT ; — de turlutine. Sorte de pa-
nade pour les marins, de la landelle, Quarts
de nuit, 147 ; Biscuit pilé avec du riz et du
lard, nourriture du soldat en campagne, cler
(1856), in LARCHEY ; Soupe mitonnée, à Pleur-
tuit, -18 ; d'où on aura tiré * moulin à turlutine,
équivalant à moulin à rata, et par synecdoque tur-
lutine en sous-entendantle substantif déterminé.
moustiaue, m., Insigne de TEtat-Major :
« ceux-là ... qu'ont des moustiques sur le col,
c*est pas des militaires ... », propos d'un tran-
chéien, marchand, Fantasio, 1-6-17. — L'in-
signe est un bâtonnet pourvu de trois paires de
foudres en guise de pattes, et d'une paire d'ailes.
multiple, m., Multiplicateur de téléphonie :
Le téléphoniste est « devant son multiple »,
Boum voilà /, in B. des A., 30-8-16.
mur (avoir fait le). Manquer : «Le pinard a
fait le mur », D. m. p. ; « L' caoutchouc a fait
l'mur », Feu, 203 ; — faire le mur, usuel dès
-12 au moins, c'est Sauter le mur du quartier,
Découcher, donc Manquer (à l'appel).
— 367 —
muraille, Ivre ; 8® génie, 17-18 ; | Cabaret,
458. — Suffixation libre sur mûr, Ivre, dont le
sématisme est qu'Etre complet, Avoir son
saoul, c'est être à point. (Il ne sied pas d'expli-
quer qu'un homme ivre est *mûr parce que le
noir est éminent dans les mûres noires à matu-
rité ; voir noir). — Dérivé : muraillée,f.. Ivresse ;
81^ t., 14 : (( une muraillée générale ».
nager (savoir), 1, Etre débrouillard ; Télé-
Mail, in B. des A., 8-11-16. — 2, Se réserver
les filons et les honneurs ; 246% 289^ inf., -18 ;
<i implique un peu de mépris », g. maréchal.
navet, m., Torpille ; inf., Lorraine, 14-15 ; |
« les crapouillots les plus divers, depuis les
énormes mines allemandes de 245 jusqu'aux
vulgaires « navets » en passant par toutes les
espèces de « tuyaux de poêle », p.. Matin, 20-6-
16. — Syssém. : betterave, f., Obus ; « Qu'est-ce
qu'ils plantent comme betteraves !... », Rigol-
boche, in B. des A., 20-9-16. — Métaphore de
forme.; ces deux légumes sont des cylindres à
queue, comme le têtard ; cf. macaçoué. Il s'y
ajoute une litote consistant à ramasser le séma-
tisme parmi le minable décor des tranchées, à
simuler que le soldat est réduit à des armes
d'homme préhistorique ; cf. parpaing.
-— 368 —
neige, Propre, Reluisant, Pareil à du nickelé ;
employé couramment au 40® art., 15-16, mais
exclusivement par les conducteurs de la Marne
et de la Meuse ;quasi oublié en juin 18.
néma, et niéma, Non, Il n'y en a plus ; armée
d'Orient ; dauzat, 1-1-18, 67. — Négation
serbe, qui a eu la même vogue chez les trou-
piers français dans les Balkans que notre il n^y
a plus en France chez les troupiers anglais qui
le prononcent napou.
nerveux comme un plat de nouilles, Pas ner-
veux du tout, Refusant de marcher, de partir,
en parlant d'un moteur d'avion ; R. G. Aé.,
-17 ; — cf. « Où qu'sont vos nerfs ? Y's êtes
comme des nouilles ? », Gaspard, 242. — Image
de mollesse flasque.
nettoyer. Démolir jusqu'à suppression ; usuel ;
.( L'obus avait nettoyé l'auto », f év. 18 ; ||
nettoyer la monnaie, Manger l'argent de sa
paye, nettoyer qqn, le Chasser de sa place ; rig.
— Le nettoyeur de tranchées purge la tranchée
ennemie de ses combattants, comme le net-
toyeur de cambrousse, le savonneur de cambuse,
vide un appartement de ses objets précieux.
— La provection de sens de nettoyer une place
(d'un objet) à nettoyer un objet (de sa place) a
BSNAULT 24
des analogues : brûler la route, les planches,
c'est Cheminer, Jouer, vite ; brûler un relai, le
Franchir ; puis brûler qqn (au relai), l'y De-
vancer ; cf. griller. — Syn. fusiller, zigouiller.
nibé, m., Chose, Machine, Truc ; ouvriers
argotisants, 81® t., -15 ; « ce nibé-là », 27® al-
pins, -16, à propos d'un fusil- mitrailleur, d.,
(mais non pas syn. de fusil-mitrailleur !) ; \\ très
usuel aux forains;- — SL^-pscrenté knib de.,.,caiT rien
a d'abord signifié Chose. — Au même sens passe-
partout les zouaves emploient chuchemahure,
m., dér. de l'arabe chichema, Lieux d'aisances.
niquer, 1, Baiser ; 2® mixte, mai -18 : « nî-
quer une grognasse » ; — nique nique la coufa !,
phrase proverbiale de sabir, signifiant Em-
prosage. On l'adresse aux Bicots, pour les faire
marronner, tout en tapant de la paume droite
sur l'orifice plissé que forme le poing gauche
entre le pouce allongé et les autres doigts ra-
menés en cylindre ; — cf. malabar. — 2, a. Pu-
nir : « Deux nègres Américains en train de
boire une bouteille de Champagne dans la rue
ont été vus par un gendarme ; tu parles qu'il
les a niques », marins, fév. 18 ; « Tu vas te
faire niquer », Tu vas te faire choper, 2® mixte,
mai 18; — b, Supprimer, Tuer : se faire niquer,
■— 870 —
être sTorpillé, Coulé, etc. : « ÏJ Engageante
vient de se faire niquer par un sous-marin »,
marins, fév. 18. — Syssém. : baiser, très usuel
aux sens a et b, particulièrement dans tout le
nord- ouest ; — le mettre, V introduire à qqn.
Tromper qqn ; — se faire bitter, Etre puni.
Ecole Polytechnique, -13. — Nique s'emploie
aussi en un sens affaibli et vague, comme syn.
de Un peu sot. Qui n'a rien d'épatant : « C'est
un mec, quoi ! — Ho, un mec un peu nique »,
un ouvrier nantais parisianisé, 81® t., mai 17.
noir. Ivre ; 81® t., 15-17 ; un sergent, après
boire, n'arrivjit pas à déchiffrer un ordre cras-
seux : « Pendant que G<....>> ânonnait, on ne
savait pas si le chiffon était trop noir pour les
yeux du sergent, ou le sous-officier trop noir
pour lire son paplard », 81® t., -16; | « gai, à
moitié noir, quoi ! », paraud ; agatha ; D. m.
p. ; « sans être mûrs, on était un peu noirs. On
avait le nez sale, quoi », Feu, 21-8-16. — Les
syn. bousillé, et surtout nez sale et débarbouillé
avec du cassis (voir cirage), montrent bien le
sématisme de noir ; l'ivresse obnubile le cer-
veau ; — autres syssém. : attraper une macula-
ture. Se griser, jargon d'ouvriers pressiers ; rig.;
— goudronné, Ivre ; 40® art., -18. — Cf. chocolat,
— 371 —
noir, m., Tristesse, Spleen ; assez général; |
Les sales percos « sont très rares et méprisés,
car ils laissent dans l'esprit un peu de leur
crasse — autrement dit, ils donnent le noir »,
Rigolboche, in B. des A., 24-5-16 ; |[ « ça
[l'alfa dans le café] me tape sur le ciboulot et
ça me donne du noir », Philibert, 234 ; « De
plus en plus, je prends le noir ! » et ne pense
qu'à me suicider, mirande et rivoire. Pour
çiçre heureux, i, 10. — Soit extrait de broyer
du noir, soit synecdoque de cafard noir ; la
synonymie de grise fait pencher pour la pre-
mière explication.
noix (à la), noix de coco (à la), Qui peut faire
illusion, mais qui est faux et non valable ; très
usuel : « Je me fais une fausse permission avec
une signature à la noix de coco », S. A. P.-X,
sept. 16 ; I « j'suis pas le dernier à envoyer
des salades, un coup qu'on m'enverrait des
boniments à la noix », donnay, Impr., 75 ;
« une installation à la noix », Feu, 9, à propos
d'un lit fait d'une mince couche de fumier ; |1
« Et le gradé [sous-brigadier de paix] ajouta :
— Vous savez, je ne veux pas d'affaires « à la
'noix » ni « à la flanc » ! Il signifiait par là qu'il
était bien décidé à ne pas apporter à Thierry
— 372 -~
[agent de police] un témoignage de complai-
sance », Matin, 27-8-13. — Se tire de l'idée de
stupidité exprimée par noix. Tête, chevauchée
par une image de confiserie à bon marché, coco ;
au total, du « chiqué ».
nouba, f., Noce, Fête grossière ; usuel et
général : « Voilà quinze jours qu'il ne voit pas
le soleil, [noce la nuit, sommeil le jour], c'est
la nouba ! », Parisien, 81® t., -14; | agatha ;
« C'était la vie large et abondante, la « vraie
nouba » », Gaspard, 40 ; « Tu parles d'une
louba qu'i s'est envoyée », Feu, 110; (« un »
louba. Feu, 9-8-16 et p. 31, est une coquille
pour « une », H. BARBUSSE ; mais h. barbusse
n'a entendu au 231® inf. que « louba » et non
« nouba ») ; H usuel dès -97 au moins, dauzat,
16-4-17, 667. — Une noce ne va pas sans mu-
sique, l'Algérie sans la nouha, cette musique
des tirailleurs algériens qui a enchanté les bou-
levards parisiens en -13. — Cf. chouya. —
Syssém. : fête arabe, f.. Noce carabinée ; jeunes
soldats d'inf., oct. 16 ; — il est vrai pourtant
qu^arabe sert parfois d'équivalent à Intense ou
Etrange, mais en mauvaise part : « un bour-
rage-de-crâne arabe », Feu, 123, « un motif [de
punition] arabe ».
— 373 —
nougat, m., Fusil ; 156® inf., -18; | agatha.
— Sans doute par synecdoque de * bâton de nou-
gat. Le fusil est un bâton creux, un bâton à feu en
français d'autrefois. Quant à nougat, j'y vois
une allusion aux enrayages de magasin qui
font du lebel un outil « fragile » ; cf. : « La
chasse ? Il faut marcher ! J'ai des j amibes en
nougat )), un coiffeur obèse, Le Bourget, nov. 17 ;
MICHEL donne bâton de cire, Jambe. — Syssém. :
sucre d'orge, m., Lebel ; 156® inf., -18, apax.
nourrice, f.. Cuisine-roulante ; 23® son de
munitions d'art., d. — C'est sans doute bien
moins une image bucolique qu'une métaphore
reprise aux nourrices industrielles, à celles de
captifs et dirigeables par exemple. Cf. fokker.
nouveau-né, m., Obus non éclaté ; 81® t.,
sept. 15 ; — syn. et syssém. : bébé, m. ; ib. — On
l'entoure d'un berceau prudent.
occuper (s'), 1, Se donner du mal ; usuel et
général : « il a fallu s'occuper pour reprendre
le village », Bicard, i, 6; || « Vous faites bien
vos affaires. — Dame ! ça va, ça va, mais aussi
je m'occupe. Vous ne vous imaginez pas le mal
que l'on a », Philibert, 3 ; — 2, Se donner du
souci ; usuel et général; || Brest, -98 ; — c'est
sur ce sens 2, affaiblissement du sens 1, que
-- 374 —
s*appuîent les queues anecdotiques si usuelles :
Ne inoccupé pas du pot- de- chambre, chie dans
les draps /, 81® t., -15 ; — T^ occupe pas du cha-
peau de la gamine, pousse la voiture /, 81® t.,
sept. 14 ; — T^occupe pas du chapeau de la
gosse /; — Laisse flotter les rubans /; — tous con-
seils syn. de Vas-y carrément, sans scrupules.
— Une pure contagion faisant leur succès à ces
formules, qui servent de phrases passepartout,
jetées dans la conversation si souvent qu'il
leur arrive parfois de redevenir spirituelles, on
peut rapprocher les faits suivants : à la 9® du
109® d'inf., en -16, un coiffeur de Chaumont
faisait suivre toutes ses réponses de « Et avec
ça. Monsieur, un petit coup de fer ? », et un
boucher de Paris, de « Et avec ça, Madame, un
petit coup sur l'os ? », si bien qu'il était devenu
courant de lancer ce dernier boniment au mo-
ment où éclatait un obus. — Cf. ici -tau et
Confusions, p. 561.
œilleton, m.. Créneau de tranchée, Feu, 255 ;
— de œilleton. Pièce adaptée au télescope vers
l'oculaire, et percée d'un trou très petit où l'on
applique l'œil.
offensive (prendre 1'), Faire la chasse aux
poux ; 81® t., -15 ; — syssém. : die Laeuse alar-
— 375 —
mieren, (donner l'alarme aux poux), Gratter
ses poux, DELCOURT.
offic'mar, m.. Officier ; 81^ art. 1., -18 ; —
cf. hochemar, chassmar, tranch^mar, zigomar.
oignon, m., Ruban de la croix-de-guerre ;
esc. Br.-219, -18. — - Cf. banane.
oiseau, m.. Obus : Lettres héroïques (1915),
30. — Syssém. : moineau, m.. Obus : « Des
moineaux fusants de 77 », Journ., 21-6-15 ; ■ —
les Boches nomment moineau la Balle de fusil,
SAIN. — Cf.; « Falcquet paist Libicocque de
bons oiseaux de bois »,... de Coups de bâton,
Merlin Coccaie, xix, (éd. 1859, p. 327) ; — cf.
tourterelle, coucou.
onze, m.. Paire de jambes : « Il faisait frio
aussi, et on tremblait sur son onze », Feu,
21-8-16 ; — • synecdoque de train onze, même
sens ; cf. vingt-deux.
ordin', m., Ordinaire (de compagnie) : « N*en
faut un cabot d'ordine, pas ? », valmy-baysse,
Journ., 12-11-16.
organe (crever d'), Crever de faim. Avoir
grand faim ; usité de divers côtés ; un employé
nantais parisianisé et un négociant bordelais,
juin 17 ; un m^-f^', fév. 18 ; etc. ; — crever
Vorgane ; Di ; || organe, Faim, Jargon (1836) ;
— 376 —
les dictionnaires d'argot postérieurs ont laissé
tomber ce mot, sauf bruant, piler (Torgane,
Jeûner.
OS à qqn (cavaler sur V), (taper sur [F), l'En-
nuyer : « A la gare ! Tu commences à m'cavaler
sur l'os avec ton air d'avoir toujours raison »,
Feu, 8-8-16 ; Les embusqués « commencent à
m'taper sur l'os », ib., 136 ; — dans certaines
locutions syn., cavaler est représenté par courir,
et 1*05 en question, dont la moitié du genre
humain est dépourvue, nommé par d'autres
noms équivalents.
ouistiti, m.. Patron, Officier dont on est
l'ordonnance : « i' cirait les godasses de son
ouistiti », Feu, 5-9-16 ; — syssém. : singe,
Patron, en style de domestiques.
oursin, m.. Entrelacs de fil barbelé, en forme
de sphère d'environ l'^ de diamètre, jetés
dans un boyau, une brèche, pour l'obstruer
rapidement, ou devant les lignes pour ren-
forcer les défenses ; 10^ et 27^ inf., 14-15 ;
95e inf., 15-18 ; 112% 130% 304e inf.^ 16-18 ;
le Camp des oursins, centre de la fabrication
desdits engins, 81® t., -16; | Le soldat, dans
les boyaux « franco-boches », « sent le danger
immédiat, bien des fois même aucun « oursin »
— 377 —
ou cheval de frise ne lui permet d'escompter
un obstacle possible », p., Matin, 20-6-16. —
Mal défini dans g. e., 1-4-18, 423. — Méta-
phore prise des piquants et de la rondeur des
oursins de mer. — Syn. : araignée, f. ; d. —
œuf, m. ; D. — anse de panier,
pagaille, f.. Désordre ; très usuel, et semble
en voie de généralisation; | « dans une
pagaïe effroyable », anon.. Pet. Par., 21-3-16,
p. 2, c. 2 ; « Sans discipline, qu'il jacquetait,
c'est la pagaye », Cabaret, 458 ; ]] très usuel
aux marins et à toute la Bretagne à propos de
tout désordre ; le mot était vendéen aussi ; le
Centre prononçait pagane, la Provence pagaio.
pagéol, m,, Météorologue militaire se servant
pour les sondages aérologiques de ballonnets
de caoutchouc, blancs ou colorés, gonflés à
l'hydrogène ; un m^-f^^, fév. 18, monax. —
Allusion au bouquet de ballons que porte un
homme en blouse dans le croquis qui sert de
réclame au pagéol. Produit pharmaceutique
laveur de la vessie, à voir dans les journaux
aux réclames. — Cf., pour l'influence linguis-
tique des quotidiens, tamar ; — bibendum, m..
Homme corpulent ; agatha ; — allusion à la
caricature qui sert de réclame au pneu Miche-
— 378 —
lin sur les murs aussi bien que dans les jour-
naux ; — et spécialement jubol.
pagnoter (se), Se mettre au lit ; Au 231® inf.,
15-16, « j'ai toujours entendu dire po- beau-
coup plus que pa- », h. barbusse, d'où se po-
gnoter, Feu, 123 ; — pagnoter seule forme que
j'aie entendue 95-18 ; rig., dlle et tous mes
autres témoins ne connaissent aussi que pa-.
pain à cacheter, m., Obus : « j'entends nos
petits canons de montagne et nos 120 longs
qui leur envoient des pains à cacheter », fa-
raud. — Litote fantaisiste, peut-être indivi-
duelle, mais intéressante pour le psychologue :
un objet circulaire, à deux dimensions, est pris
pour sématiser un objet dont la base est un
cercle plat, mais dont la hauteur, ou troisième
dimension, est laissée de côté ; de même une
Chambre est dite une carrée, ou une tôle (du
latin tabula), à cause de son plancher, en né-
gligeant la hauteur de capacité que détermine
forcément le quadrilatère de base ; de même
un Ballot est dit un carré à oreilles, vidocq ;
de même la Tête humaine confetti, {se taper le
confetti, Manger), et map pemonde, [y oir chambou-
ler) ; de même une pastille, qui est un objet plat,
et pratiquement un simple plan, sématise une
— 379 ~
Balle, projectile dont l^épaisseur est très sen-
sible dans la chair humaine. Ainsi les figures
géométriques planes représentent les volumes
de la géométrie dans l'espace. — L'inverse
n'est pas vrai, ou, pour être prudent, n'est pas
aussi vrai. (Si balle signifie Pièce de monnaie,
ronde et plate, c'est parce que la monnaie
porte une balle, une Figure d'homme.) La rai-
son en est que l'oeil ne perçoit pas la profondeur
ou troisième dimension et que le dessin est plus
facile que la sculpture.
pajot, m.. Couche où l'on dort, (quelconque,
sauf la terre nue) ; usuel et général; | pageot,
AGATHA ; pajot, POILULOGUE ; pajo, CHAPELLE.
— Extension de pajot, Lit, usuel aux Pa-
risiens, quoique inconnu de dlle et de ses
devanciers, par ex. au 19® inf., -95, ainsi que
son dérivé pajoter, se pajoter, Coucher, Se cou-
cher ; — de BERCY, (le collaborateur de Bruant
pour son Dictionnaire), me disait en -99 que
pajot vient d'un auvergnat pajet. — Apocope :
paj, m.. Lit ; 40® art., -18 ; — d'où se pajer.
Se coucher ; ib. — Dérivé -calembour : pagéol,
m.. Lit ; ib.
palace, m., Maison de bel aspect et de tenue
parfaite ; s'emploie ironiquement : « Dites
— 380 —
donc, les artiflots, faudrait voir à ne pas amo-
cher l'argenterie du palace », Cabaret, 469, pro-
testation d'un fantassin à l'adresse d'un ar-
tilleur dont le poing vient de renverser une
bouteille sur la table du cabaret. — Ce mot,
pris aux enseignes des grands hôtels anglo-
saxons est sans doute sans rapport avec pa-
lasse, Chic, très usuel aussi, et qui apparaît
dans faire pallas. Faire le grand seigneur, vi-
DOCQ ; — ce dernier est souvent écrit pallas, (par
une orthographe savante, mais inutile ? — cf.
bacante, macabé, et, sous poilus, nickelé).
Panam, m., Paris ; divers soldats, -16 ; très
usuel, 17-18 ; I « nom d'amour donné par les
Parisiens à leur village », Petit Voisognard
(369^ inf.), 21-3-15,in sain. ; agatha ; « Paris,
pour les permissionnaires du dépôt, se nomme
« Panasse » », henriot ; Panasse est une co-
quille ; la spécification erronée des permis-
sionnaires montre que le mot était encore peu
notoire fin juill. 15. — « Panam (Panama ;
l'Eldorado, quoi, avec sous-entendu ironique ?)»,
FAGus, 564 ; cette étymologie explique suffi-
samment le but du mot, par son suffixe ; mais
le radical Pa- conserve la première syllabe de
Paris.
381 —
■
panard, m., Pied ; 40® art.,-18 ; | henriot ;
Feu, 84 ; j] à Bourges, 10-12, un seul soldat, de
Béziers, appelait les pieds des panards, dauzat,
27-6-17 ; le terme a conquis du terrain. — En
provençal panard. Boiteux. On a d'abord appelé
panard le Cheval dont les pieds sont tournés
en dehors, puis 1* Homme qui a ce vice anato-
mique, puis le Pied de ce cheval et de cet
homme, puis tout Pied humain, par la vision
enlaidissante qui est un tour d'œil si populaire.
panier à salade, m.. Casque : « Et si qu'elle
[une marmite, un obus] tombe sur Pcaberlot,
Malgré son panier à salade, D'un boche <C ..>• »,
UN MARSOUIN, oct. 16, in B. des A., 18-10-16,
p. 6. — Le casque français « fuit » par sa ven-
touse ; le rend-elle pratique au-dessus d'un
évier ?
panpan, f.. Voiture automobile Panhard ;
automobilistes militaires de l'armée d'Orient,
16-17; Il usuel dès 02-05 à Bordeaux. — Apo-
cope à redoublement de Panhard (qui se pro-
nonce par un hiatus juxtaposant an et a).
papa, m.. Bon outil : « si c avait été notre
papa de France nommé 75 », on aurait pu
compter les [Boches qui [auraient réchappé,
JEAN MALAVAT, (81® înf.), lettre, dans Poil et
— 382'—
Plume, mai 16, in z, Armée de 1917, 301. — De
papa, Brave homme ; par ex. : « Moi je suis
été le second pour le secourir dont le premier a
été notre papa de notre régiment le médecin-
chef de service nommé B<C...> », id., ib., 302.
papafard, m., A, Grand bouleversement, Ba-
roufle, Scandale ; connu de marins provençaux
et de rares soldats parisiens, août 16-déc. 17 ; |
« et j' savais que quand le vieux i' saurait la
vérité, i' f'rait un fameux coup d'Etat. Ça
n'a pas manqué. Tu parles d*un papafard »,
Feu, 11-8-16 ; — B, Grand bruit ; mêmes mi-
lieux que le sens A ; | « d' dormir et d' faire
schloff avec un bruit et un papafard pareils
comme celui qu'y a », Feu, 236; — provençal
papafard, Paperasse, Ecrit long et ennuyeux,
Pamphlet, Cancan, Tripotage ; mistral.
paplard. m.. Papier portant écriture, (Ordre
écrit. Rapport écrit, Titre de permission) ; 81® t.,
15-17 ; usuel et général ; |1 papelard, Papier,
Jargon (1836) ; — « Bouffe le paquelar pour
qui trainne pas », hirscHj Le Tigre, 82 ; — dér.
libre de papier, par le même suffixe qu'on a
dans le syn. faflard, Fafiot, (Papier). — Dér. :
papelarder, Faire des écritures ; Feu, 121. —
Papyrus, Papier personnel, « Et ici c'est les
— 383 —
I
papyrus. Tu parles d'une bibliothèque », Feu,
186, propos d'un poilu inventoriant ses poches,
est moins une extension de sens d'un mot sa-
vant, que papier suffixe librement, mais par
un suffixe dû à quelque fourrier lettré.
paprika, m. : « Bavons dans V Paprika »,
titre d'un journal du front, in B, des A.,
8-8-17, p. 12. — Austro-hongrois, paprika,
1, Poivre rouge : Wiener Schnitzle mit ou ohm
Paprika, Côtelettes ou Escalopes de veau au
poivre rouge ; 2, Livre, Album d'histoires ga-
lantes, (poivrées) ; 3. grand-carteret.
paçLUci, m., Paquet de tabac ; sous-intce de
la 22e Don 16-17 ; — - dér. libre de paquet, par
un suffixe -ci que je ne retrouve qu'à peu près
dans paccin. Paquet, Cartouche ; cf. maquecée,
Maquerelle, vidocq ; cf. latsipume ? — pa(lUÇOii,
m., 1, Paquet, Colis-postal, tel que le poilu en
reçoit, de victuailles principalement ; divers
soldats, 16-17 ; | « on se tape le rapport ous-
qu'on nous donne les babillardes et les paxons »,
PANTRUCHARD ; poiLULOGUE ; || paxou, Paquct,
ROSS. ; — 2, Havresac monté et surmonté de
suppléments : « des paxons bien solides », Feu,
189 ; — suffixe comme gobeson. Gobelet, vi-
docq ; boxon, Bocard, (Maison publique) ; kép-
— 384 —
I
çon, Képi ; d'après enfançon, Petit enfant,
hameçon, Petit haim, etc., coinçon, Petit coin,
entendu en -18. — paquebust, m., Paquet ; d. ;
— suffixe comme tambuste, m.. Masque à gaz ;
D., — déformation de [masque) Tambuté ; —
et chaffuste, Machine, argot du Borda.
paquebot, m.. Voiture d'ambulance : « si
vous recevez un shrapnell dans le buffet ne
soyez pas étonné qu'on vous signale l'arrivée
de l'ambulance en disant : voici le paquebot »,
AGATHA ; — spécial au 309^ inf. ?, inconnu dans
tous les corps que j'ai sondés, sauf au sec-
teur 174, -18, adj. LECONTE ; — probablement
métaphore prise des couchettes de la voiture
d'ambulance superposées comme dans les na-
vires.
parc aux os, m.. Cimetière : « l'essentiel,
c'est de ne pas être resté dans 1' Parc aux Os »,
Crapouillot, in Front, 16-3-17. — Syn. : parc
des refroidis ; Nénesse, 238 ; — cf. jardin.
parisîané, Parisianisé : « Je me suis vite pa-
risiané », un ouvrier ne à Nantes, 40 ans,
mai 17 ; monax.
parpaing, m.. Obus (qui arrive et va éclater) ;
40e, 270^ art., 13® tir. alg. et secteur 174 ; « les par-
paings radinent »,mai 18 ; | Le Parpairtrg, jour-
— 385 —
ESNAULT 25
nal du front, in B. des A., 1-11-16 ; « Le par-
paing s'amène, Ulle grosse torpille, sur tiotts », Ca-
baret, 459. — Parpaing, Grosse pierre de cons-
truction ; « on dirait que, dans l'air, s'avance
par saccades une grosse pierte », Bouf'ru, 194 ;
cf. navet.
parti avec Itt Iftitie, Mon : « Les lettres de
chez moi, c'est des boîtes à mensonge : ma sœlir
avait iaidi des quat' pattes, partie avec la
lame, (Jue ma femme m'éctivait ettcore Toute
la fàtnille est en bohne santé », un 2d-ni6,
tnat's 18. ~ Répondant nautique de étalé sUr
le parapet. Tué, d.
pfts-ûiôrt, m.. Militaire qui, i*échappê du
ebmbat, ou s'étaîit garé, atttape les i'éfcohi-
penses ; 81^ art. 1., mai 18.
t)as- mûres (vertes et), f.. Affaires pénibles :
« Aux Eparges nous en avons vu de vertes et
de pas-mûres », un soldat, (de Gauville pt"ès
Aumalè), 288^ inf., lettre, mars 16 ; | « un
Nîtnois qui ne cessait de nous en racorlter des
vertes et des pas mûres du matin au soir et
avait toujours fait plus fort qUé lefe autres »,
R. D., Contes çér., 194. — En voif de dutëë, en
voir de raides ; la verdeur d'un fruit pas mûr
sématise sa duteté et sa raideur. On peut aUssi
— 386 —
en i^oir de grises et de toutes les couleurs.
passer qqn à tabac, Se moquet dé lui en
long et en large ; 81® t., juin 16. — Pdssef aU
tabac, Donner des coups, rig. ; dé toute locu-
tion signifiant Raillerie à toute locution signi-
fiant Tromperie, (cf. bobard, peYco), et niêttie
Coups, (cf. coup de gueule), il y a,non seuletnent
passage aisé, niais « allet' et retour », (voit*
fokket) ; lés mêmes verbes, (voit* dés ex. sous
balancer), servent dans les déUx eniplois. — Cf.
discuter le COUj), Se défendre contre l'ennemi ;
D. ; — sens plus UsUél, Causer de la situation,
de la guerre, entre camarades ; 40*^ art., -18.
— Voir expliquer.
i)àstiiré, f.. A, syn. officiel de confetti (voir
ce mot). — B, Balle (d*arme â feu) : « en leur
balançant entte les côtes des centaïUes de pas-
tilles à la minute [avec ma mitrailleuse] »,
È. c. Pet. Journ., 8-4-16 ; — sématisme, cf.
pain à cacheter.
pastiss, m., 1, Boue : « Le génie ayant plus
particulièrement dû travailler dans la boue (et
quelle boue !) l'a décorée du nom de pastisse
(pourquoi ??) qu'il étend à tout fouillis, dé-
sordre, ou cotnard », fagus, 562 ; ^~ 2, Fouillis
de nature quelconque, (par ex. celui des vivres
— 387 ~
dans la musette), spécialement les Vivres de
l'ordinaire sur les voitures ; chapelle ; Les
véhicules « Chargés d'objets de toutes sortes
En pêle-mêle confondus : Bagages, vivres et
liquides, Ballots, pastis et saint s-frusquins... »,
Lapin à plumes, in B. des A., 18-10-16 ; —
3, Désordre, Imbroglio ; coloniaux, -15 ; 13® tir.
alg.,-18 ; I CHAPELLE ; « Vénizélos ou Gounaris,
C'est toujours le même pastis », chansonnette
connue de nos marins en Orient, -17 ; — 4, Dé-
sordre du corps-à-corps. Assaut : « le pastis
c'est l'endroit où ça chauffe, où ça gaze, la
tranchée de première ligne », rocher ; « Le
mobilier du poilu, qui n'est pas dans le pastis,
se compose <;...> », ib. ; — 5, Danger, (Nuit,
Invisible, Inconnu) ; chapelle ; « Chers co-
pains. Deux mots pour vous donner de mes
nouvelles qui sont exellentes et désire qu'il
en soit de même pour vous. Vous vous êtes
sortis d'un joli pastis Paul et toi car nous
allons travailler sur la route de T a l'endroit
même ou il y a « Attention aux fils » Paul cet
ou sait », un soldat (de Pézenas), 112® inf.,
lettre, 10-10-16. — Mot de langue d'oc, géné-
ralement ignoré encore en oct. 17 des régiments
issus du nord : pastis, 1, Pâté, Bouillie épaisse ;
ms
2, Barbouillage, Confusion, Tripotage ; mis-
tral. — Cf. latsipume ?
Le passage de Bouillie à Boue est usuel ; cf.
« cette nuit nous avons pris quelque chose
comme flotte sur la bobine. Il y en a une
bouillie », paraud, 90. De Boue à Fouillis le
passage se retrouve, inversé, (voir fokker), dans
cafouille. Le passage de Boue aux autres sens
est syssém. de purée, mélasse^ panade, toutes
cuisines qui sématisent un Embrouillamini
laissant peu d'espoir ; et de mouise. Embête-
ment, Danger : « C'est toujours le deuxième
bâton qui nous fout dans la mouise. Et on leur
colle les citations », Cabaret, 465 ; être dan^ la
mouise, c'est Etre dans une situation difficile,
particulièrement à cause d'un budget défici-
taire ; mouise dans dlle, F.- A., mouisse dans
DLLE est traduit Soupe ; cf. être dans la pa-
nade ; mais c'est l'alsacien mouess, Bouillie, le
franc-comtois moisse ou mouesse, Confiture
grossière, à Montbéliard, sahler. Vieux propos,
(1917) ; cf. être dans la marmelade.
patate, f., A, 1, Tête : « L'ordonnance du
lieutenant H. dit que le commandant P. a dit
que le général d'A. en a gros sur la patate de
la 88^ Division »,... en a par dessus la tête,
— 389 —
81® t., -14 — cf., à pyopos d*un ivrogne qui
pleure : « C'est des r'vir'ments du temps passé
qui lui passent dans la pomme de terre », Paris,
vers -87 ; — sématisme, cf. fraise. — 2, Imbé-
cile ; usuel et général ; | « C't un professeur de
classes à Pî^ntruche, c'est p£ts une patate ni
un outil )), Gaspard, 222. — Syssém. pour le
ps^ssage du sens 1 au sens 2 ; truffe, f., Benêt ;
LAMBERT; Il « j'ai un joli gosse que j'aime et
j'ai cette truffe-là qui m'entretient », Echalote,
XVI, 52 ; — truffe, Pomme de terre, est dès
longtemps archi-usuel dans le H^-Maine, la
Nièvre et le midi ; — tomate, f., Sot ; Lam-
bert ; « T'as l'air tomate, toi, t'sais, quand tu
rigoles », BENJAMIN, Journ., 3-4-16 ; || dlle ;
« J'en suis comme une tomate », Echalote, xii,
40 ; — betterave, f.. Homme, et spécialement
Soldat, peu dégourdi : « l^i betterave, la tomate,
c'est encore une espèce de ballot », rocher ;
« inutile et fî^lot, ridicule, empoté, et, pour
parler comme eux [les poilus], betterave et
pocheté, propre-à-rien et paquet ! », tardieu.
Echo de P., avr. 16 ; || « Ces « betteraves », ces
soldats de hsnieau commandés de piquet pour
leur ignorance politique [de piquet d'exécution
de condamnés politiques] », d'esparbès, Demi-
— 390 —
Solde, XXII ; — naçet, Imbécile; Mousqu., 43 ; ||
LARCHEY ; Dupe, tt^LE ; — haricot) m,, Soldat
peu débrouillard ; i). m. p. ; — poil?, f., Imbé-
cile ; « Je serais la noi^f », la Dupe ; 360^ inf,,
juin 16 ; I « faudra pus qu' les députés ils
m' bourrent el crâne, ni qu'ils m' prennent pour
une noix ! », Gaspard, 208 ; — et tout fruit ou
légume que cultive le paysan ; aussi il y a con-
venance particulière à qualifier un paysan de
ces noins de 1^ tête humaine ; mais la tête d'un
citadin est aussi bien l'un de ces objets ronds
et humbles, et c'est la tête qui sématise Ifi
Sottise. A preuve bille. Sot ; 40^ art,, -18; |
« C'est bien nous les « billes » », Nous sommes
dupes, On se fiche de nous, p'tit gars ; et
tronche : « Pour qui me prends-tu ? pas possible,
tu me prends pour une tronche », Philibert,
236. Le même sématisme semble se retrouver
aux Etats-Unis : gob, 1, Bouche, Gosier ; 2, Ma-
telot, par opposition à Officier, — comme qui
dirait grosse- gueule, — marins américains, -18.
B, Paysan : « Les Anglais, il les appelait des
« rosbifs ». Les Italiens, il les appelait des « ma-
caronis ». Les Allemands, il les appelait des
« choucroutes ». Quant aux autres étrangers nés
en Bretagne, en Auvergne ou en Franche-
— 391 —
Comté, il les appelait des « patates ». )), Bicard,
I, 1 ; il c'est Bicard, Parisien. — Ce texte
semble dire que le paysan est patate coname
bouffeur de patates ; toutefois le sens B peut
se tirer du sens A^ ; j'ai entendu un soldat
traiter les paysans de « faces agricoles », (il
était cégétéiste conscient et ardent). Les vo-
catifs injurieux pied de chou, pied de vigne, pied
de pommier, « Quel pied de chou ! », Quel imbé-
cile !, 81® t., juin 16 ; « En voilà un pied de
vigne !», ib., juin 16 ; « Pas besoin d'être trois
pour te coller un marron sur la gueule, eh !
pied-de-pommier ! », Cabaret, 465, semblent des
développements de pied, Imbécile, au moyen
d'une image agricole et à l'adresse d'agricul-
teurs, à moins, et ce serait encore plus con-
forme au syssématisme ici étudié, que pied.
Imbécile, en soit précisément la synecdoque ;
— [pied. Imbécile, ne peut se tirer de hête
comme ses pieds, où le mot est au pluriel).
patouille, f., Boue liquide ; 70® inf. etSl® t.,
janv. 15 ; | Bicard, u, 4.
patte de mouche (à la). Très déHcatement ;
aviateurs à propos d'atterrissages : « Il reste
encore à atterrir, ce dont Baron s'acquitte à
la patte de mouche », estève, Gu. Aér., 26-4-17.
— 392 —
pattes (prendre des), Etre barboté, Dispa-
raître; 81^ t., 14-17 : « La bougie a pris des
pattes )). — Syssém. : faire des classes à pied,
même sens : « De la même brosse qui piste ou
chasse ; [ = ,] on peut encore dire quelle fait
des classes à pied », e. h., Temps^ 24-5-15 ;
E. H. est dragon, et au dépôt, dans Toucst ;
classes, Exercices ; — syssém. plus général,
s'envoler ; etc.
pattes (trois-), m., 1, Moteur à trois cylindres,
ou à quatre cylindres dont trois seulement
fonctionnent ; — 2, Avion ayant pour moteur
un trois-pattes ; — de même six-pattes, m.,
Moteur et Avion à six cylindres ; — - aviateurs
et aéronautes, 17-18 ; Miramas, mai 18 ; |
« un modeste « trois pattes » », icart ; « Mon
moteur marche sur six pattes (950 à 1.020 tours)
et l'appareil descend », david, carnet, 23-8-14,
in Gu. Aér., 11-1-17, p. 135, c. 2 ; voir pingouin.
— Simple développement libre de l'idée de
Marcher, (« Maman, les p'tits bateaux qui vont
sur l'eau, ont-ils des jambes ? »), — comme dans
prendre des pattes.
pattes d'acier, m., Cyclistes ; art., d. —
Semblable métalepse engendra la fable des
centaures.
— 393 —
paturons, m., Pieds ; — d'où. mettre les pa-
turons, Se sauver ; d. — Syssém. : mettre les
cales, Partir suhrepticement, Abandonner son
poste ; 95s 156e inf., 40^ art., 16^ chaas.,
13® tir. alg., 17-18 ; • — cales n'est pas un
simple remplaçant syn. de bouts de boisi, (ni
une déformation de cannes) ; les cales, en
technologie, donnent du pied aux appareils ;
d'où cale, Pied humain, qui n'a pas été attesté
jusqu'ici, mais qui a donné caleter, Jouer des
pieds, dès -44 ; (pour le suffixe -etery cf. détra-
quêter). — Cf. bâtons.
pause (ne pas avoir la). Etre en pleine utili-
sation : « je sort tous les soirs avec des copains
<C...!> et je te promet que le pinard n'a pas la
pose », un chasseur (120® bato^^), lettre à un
zouave, août 16 ; | « Ça va pas être la pause
pour le bidon ? », phrase stéréotype usuelle
aux tranchées, z. Armée de la guerre, 235. —
Métaphore tirée des progressions journalières
de l'instruction du soldat, qui comportent des
pauses entre des reprises d'exercice, Par exten-
sion de ce sens technique on dit aussi C^e^t pas
la pause, Ça barde, usuel et général ; 46® inf.,
-11. — Autre, analogue, être en permission,
N'être pas de service r « Il faut croire que la
— 394 —
mort était en permission ; telle fut la réflexion
du sergent mitrailleur R... s'apercevant qu'il
n'était pas du tout le cadavre qu'il redoutait
il y a quelques instantp », Gu. Aér-^ 25-1-17,
p. 164, c. 2.
peau de bouc, f., Enveloppe du ballon diri-
geable ; pilotes de dirigeables, -17. — Méta-
phore de couleur.
pe^u de citron, peau d'orange, f., Enveloppe
du ballon libre sphérique ; pilotes de sphé-
riques, avr. 18. — La toile des sphériques est
communément couleur jaune, plutôt citron. —
Cf. pelure d'orange !, Traître ! Faux-frère ! ;
81^ t., -15 ; — employé notamment par un
octroyen nantais bon syndicaliste, pe mot est
un remplaçant syn. de jaune ; voir mouchard.
pé-cé, m., 1, Niche-abri de troupier, aux
tranchées ; — 2, Cantonnement d'un troupier ;
— 246® et 289® inf., et très usuel aussi dans de
nombreux corps ayant relevé ces deux-là ;
17-18. — De P. C, inscription des ppstes de
commandement des officiers, à partir du coni-
mandant de c^®, étendu par plaisanterie au
sens de Chez-soi (où l'on est maître), — Cf.
té-cé-trois, m., Charrette à bras des cuistQS ;
D. ; — c.-à-d. T. C, (tr^in 4e combat)
d'un type 3, non prévu par le règle-
ment.
pé-cé-èr, f., Dame de la Croix- Rouge ; offi-
ciers de marine, mai 18. — P est l'initiale d'un
syn. de dame, pris dans la basse-cour, et dont
poularde en -80 (rig.), tourterelle et pigeon au-
jourd'hui, sont les syssémantiques. — Le même
jeu d'énigme fournit de nombreux sujets de
versions poilues-françaises ; ex. :les B. C. D. F.,
les Bons couillons du front ; 81^ t., -15 ; — un
P. C. D. P., un Pauvre cocu de poilu ; 2^ c^^,
-18. — Cf. mort subite.
pêche, f., Bombe d'avion ; d. ; — on sait ce
que c'est que poser une pêche. — Syn. et sys-
sém. : crotte. — Syssém. : perle, f., Gros obus ;
D. ; — on sait ce que c'est que lâcher une perle ;
— colombin, Obus, « quand il s'écrase comme
une merde », i. lâchât.
péculier, Ayant pour service, unique ou spé-
cial, de décompter, au bureau de la compagnie,
le pécule de guerre des hommes de troupe;
81^ t., 11^ c^^ juin 17 : « le sergent pécu-
lier ».
pedzingo, m.. Danger ; 81^ t., -16, peu usuel :
« S' y a du pedzingo, j'aurai vite fait d' des-
cendre », un ouvrier nantais. — Suffixation de
— 396 —
petji, Pétard, (Danger), ou, directement, de
pétard, Danger, avec accommodation du t, (en d,
de muette en sonore), à la sonore z ; — même
suffixe dans espingo, m.. Espagnol t « Les
soutiers et les chauffeurs, y avait moitié
d'Espingos », un Nantais ex-marin, 81^ t.,
-14.
pégu'no, m., « Homme peu intéressant, pay-
san maladroit, qui ne comprend pas les choses,
qui veut faire l'intéressant et qui est négli-
geable », Brestois et Nantais parisianisés, 81® t.,
-15. — De péquenot, Homme peu dégourdi,
AGATHA, usuel aux 2® c^l et aux marins, -18,
par accommodation du q, (en g, de muette
en sonore), à la sonore n ; péqu'no, suffixa-
tion sur péquin, (cf. çéto), Individu non sol-
dat, dont le sens premier est Chinois ; « Les
Chinois, et les Pequins se vantent d'estre venus
d'vn Chien, et d'vne femme Chinoise », Ha-
rangues bçrlesqi^es par Monsieur Raisonnable
(1651'), 100 ; d'où Homme ridicule ; d'où Civil,
vers 1800, et Paysan. — Cette notation du par-
fait ridicule du Chinois est renouvelée aujour-
d'hui par le suffixe du nom de Chinetoc que lui
donnent nos marins, -18 et avant, suffixe rappe-
lant mastoc et toc-toc.
— 397 —
pelle, f., Cuiller ; voir becquette; \\ usuel aux
fi'&n es- matons ; tttô.
pélot, m., Obus ; 207^ art., juill. 18 ; « Obus
qui arrive et va éclater », M. ttiÉRY, 270^ art.,
mai 18 (^). — De pêlot. Pois, (Petit pois et
Haricot), terme enfatitiil, à Garteret (Mariche).
Ce mot a aussi passé au sens de Sou, les hati-
cdts sei'VÉïnt dfe jetons sur la table oû on joue
et de postillës dans les pistolets d'ehf^nts. Cf.
puis, Balles : « une Volée de pois », eRlandè,
En campagHë, m, 1. — Retour du sématisme :
soriàiiîiéllâ, m., HaHcots ; BP t;, -16 (occasion-
nellement) ; — mitrailler, Edosset* des hari-
cots ; D. — Le rapport des sëlis de pétard,
A, Haricot (vidocq), B, 9du {CaHoUche),
C, Obus, tle semble pas immédiatement utili-
sable, cat l'obus et le hàricdt sont de réels
péteurs, tandis que la moiiilàie pétard a pu
êti*e influencée pat* la monnaie pûtaf ; pour-
tant. Voir ici pétard.
péiiidhe, f.. Avion Ni'euport biplace ; mont-
GEôRGË. — Cf. taxi.
péïJêre, A, Grt>s ; usuel, mais surtout dans
(1) ]Bello, Torpille de 245, argot boche, est igrlôré aux
207^, 2706 art.
39â
l'active ; inusité au 81^ t., 14-17 ; « les Italiens
ont coulé un cuirassé et avarié iiti autte, ça
c'est utl pépère boulot », un matelot^ mai 18 ;
(on notera dans cet eX. là place de l'adjectif,
qui est établie d'après celle qu'aurait l'adjectif
gros^ Ce qui montre bien iéi, en fait de syntaXe,
le parasitisme argotique que je souligne eu fait
de suffixes daiis becquette, en fait de gettres
dans tatdne, en fait de synonymies dftns rif et
à toute page) ; | Feu, 229j à propos d'un obus ;
ib., 236, à propos d'un rat; |i 46© inf., IG-U ;
Ménilmontant, premiers mois de -14^ à propos
d'un paquet, dauéat, 16-4-17, 668 ; « une
rombière pépère », une Grande-damé (de la
noblesse), brii^ger, M. le Vicomte, 306.
B, Calme ; usuel et général ; Si, Calme par
le stoïqUe accomplissement des devoirs : « Faut
être pépère pour l'arrivée ! S'agit d'mettre ses
moustaches su 1' pied d'guerre ! ))j nÈf^JAMi^,
Journ., 1-5-16 ; « N'oublie pas que tu es un
héros et qUe tu dois l'être en tout... Sois un
poilu Repère ! ))^ Sois héroïq[ue en fait de bonne
tenue j^endant ta permission, conseils aux per-
missionnaires du front, anon., B. des A., 24-5-
16, p. 2, c. 3 ; « un combat pépère y>, « où il a
fallu Se battre comme des lions », h Poiiu^
— m —
20-7-15, in sain. ; « une marraine tout ce qu'il
y a de pépère, et qui m'envoie des paxons
maous soi-soi », chapelle ; — b, Calme par
une judicieuse sélection épicurique de plaisirs :
« secteur pépère », Secteur tranquille, « endroit
pépère », Beau cantonnement, « plat de fayots
pépère », Haricots bons et copieux, le Pépère,
in B. des A., 28-6-16 ; « c'est pépère », Confor-
table, BENJAMIN, Journ., 23-2-16 ; « c'est pé-
père », Il n'y a rien à faire, Gaspard, 232 ;
(( j'me tiens pépère », Coi, Caché donc heureux,
BENJAMIN, Journ., 17-2-16 ; Le permission-
naire du front profite d'un changement de
train, qui lui fait perdre des heures, pour visi-
ter la ville ; il s'asseoit à une terrasse de café ;
« Il est tout à la satisfaction de n'avoir pas
encore atteint son point d'arrivée et d'être
ainsi déjà « pépère » avant que sa perme ait
officiellement commencé »,... d'être Libre de
tout devoir..., letoubib. Vie Par., 26-8-16,
p. 644 ; un abri « pépère », « dans lequel on peut
défier toute marmite », le Poilu, 20-7-15, in
sain. ; — être pépère, N'avoir rien à craindre ;
D. m. p. ; « Avec tel capitaine on est pépère »,
le Pépère, in B. des A., 28-6-16. — On retrou-
vera dans ces textes, a, tout Zenon, la philan-
— 400 —
tropie (de la marraine), la volonté bandée (du
bon soldat) ; b, tout Epicure, le plaisir du
ventre, la tranquillité obtenue par la retraite
et la contemplation. — D'ailleurs, la recherche
épicurique du calme est souvent laborieuse et
demande de la ruse ; d'où, c, pépère, Rusé :
un mécano « tout ce qu'il y a de pépère »,
« vieux roublard du « taxi )) », punch, Fantasio,
15-8-16. — Les trois sens a, b, c, de pépère
correspondent chacun à chacun à trois sens
semblables de peinard ; père-peinard fait le
pont entre les deux mots.
Les sens A et B se tirent de pépère. Grand
père, usuel à travers la France ; A développe
par métaphore, l'idée Ventru, Gros-père ;
B, par extension de sens, l'idée Calme, soit par
une Raison purgée de passions, soit par une
Insouciance rassise, toutes deux qualités
propres de l'Homme d'âge mûr.
Le dérivé parigot pépèremuche, 46^ inf.,
14-17, a les mêmes emplois. — Cf. maouss
et souasoua^ et mec en blouse.
pépin, m,. Monoplan parasol Morane-Saul-
nier ; R, G. Aé., -18 ; — parasol pour son mât
vertical soutenu de haubans ; pépin puisque
parasol.
— 401 —
ESNAULT 26
perce- brumô, m., î, Captif qui sert, par utie
ascension préparatoire, à tâter les conditions
atmosphériques, notamment la visibilité ; aéro-
nauteSj 17-18 ; ' — 2, Observateur faisant cette
ascension, d'ordinaire jeune officier ou souS'
officier, souvent artilleur, candidat élève - ob-
servateur : (( Bientôt le « perco » descendra. Et
pendant que le perce-brume, assez pâlot, un
peu verdâtre, cédera sa place au camarade
endurci <...> », micromégas, B. des A., 28-
11-17. — ' C'est à ce mot que je rattache perco,
m.. Ballon captif monté en observation ; texte
ci-dessus ; ■ — j'y vois une libre suffixation de
perce- brume, a.yec cependant, peut-être, le désir
d'évoquer les Renseignements que donne le
captif. D'ailleurs perco en tous ses sens, et
perce-brume aussi, sont ignorés en mai 18 des
marins observateurs d'un centre de captifs.
perco, m.,1,1®, Percolateur à café : « — Qu'est-
ce qui fiche le cuistot ? Il est tombé dans ses
percos ! », phrase stéréotype usuelle aux tran-
chées, z. Armée de la guerre, 236 ; - — ce boni-
ment est né hors de la guerre de tranchées,
puisque le matériel de campagne ne comporte
pas de percolateur, et probablement antérieur
à la guerre, puisqu'on trouve Perco sobriquet
— 402 —
d'un cuisinier de caserne, u Perco le cuisinier »,
PAWLowsKi, Polochon^ p. 5, c. 2 et 11, c. 2, et
sobriquet de tout cuisinier au 27® art,, ^16 ;
d'où r homme- perco, l'Homme de corvée pour
aller chercher le café, 27® art., -16. — 2^, Ren-
seignement (quelconque) qui circule ; galopin,
Poilus de la 9®, 18 ; « un perco à la graisse
d'oie », un On-dit sans fondement, pantku-
CHARD ; « Perco. Tuyau qui sert à faire chauffer
le jus et à donner les nouvelles des cuistots »,
poiLULOGuE ; « un perco, c'est-à-dire un tuyau »,
CHAPELLE ; — glisser un perco, balancer un
perco, Livrer un renseignement : « le cuistot,
en apportant le jus, nous a glissé un perco en
douce », CHAPELLE ; — réel est en première
ligne l'intérêt porté aux informations qui
s'échangent à la cuisine ; mais en vain le
Temps, 4-9-15, prétend que le « cagibi du per-
colateur c'est, sur le front, le dernier salon où
l'on cause » ; cf. donnay, Liberté, 19-9-15 ;
MAC ORLAN, Joum.^ 28-11-16 ; la cuisine au
front ne saurait avoir de percolateur ; un perco
est un tuyau, rien de plus, d'abord ; on a ici
une simple dérivation synonymique ; et ce
n'est que postérieurement, quoique tôt après,
qu'on a observé que les /?ercos-tuyauX les plus
-^ 403 —
caractérisés sont ceux de Perco-le-cuisinier. —
Cf. rapport. — Perco au sens 2^ est loin d'être
répandu dans l'usage ; je ne l'ai pas trouvé
dans les différents corps que j'ai sondés ; il
a été usité aux Dardanelles, cohen, 74 ; il est
cependant inconnu en mai 18 de plusieurs ma-
rins ayant couru l'Archipel. — 3^, a, Ballon
d'observation du perce-brume, voir perce-
brume ; — b, Blague, Plaisanterie î « C^est une
[sic] bonne perco )>, lambert ; « on lui a fait
un sale perco », D. m. p. ; « J'men ressentais
pas du tout pour un perco de. c' calibre-là »,
Feu, 21-8-16; — pour le passage du sens .2^ au
sens 3^, b, cf. passer à tabac.
2, Marmite norvégienne, chacun des six
vases cylindriques de la Cuisine-roulante ;
95e inf., juin. 18.
percutant, m., Objet qui se meut rapide-
ment : « r passe entre nous deux si vite qu'on
n'a même pas pu le poisser par un abatis. Tu
parles d'un percutant ! », Feu, 21-8-16. —
atterrir percutant. Atterrir brutalement à toute
allure ; esc. S-152, juill. 18. — Comparaison
avec un obus ; — en trombe disait-on aupara-
vant.
périscope, m., A, Homme de taille à dépasser
— 404 —
le parapet de la tranchée ; 81^ t., -16. — Syn. :
paratonnerre ; Feu, 284 ; — infini ; ib. ; —
double-mètre ; agatha, 112 ; — gratte-ciel ; ib. ;
— notés ici pour ce qu'a de topique dans les
tranchées l'inconvénient d'être grand. —
B, Membre viril ; marins, -18 : « Le soir, le
trottoir est plein de gonzesses qui font la veille
contre les périscopes )),... qui se promènent en
quête de clients ; — métaphore d'attitude. —
C, Œil ; 158e inf., 40^ art. -18 ; — métaphore
de fonction ; cf. jumelles.
perm, f.. Permission ; 81^ t., 15-17 ; usuel
et universel ; |1 antérieur à la guerre ; perm,
Faveur de sortir du lycée quoique interne,
Brest, 85-93 ; — cf. « permiss' », même sens,
PAWLOwsKi, Polochon, p. 11, c. 2, 12, c. 1, pro-
pos de chambrée.
perroquet, m., « tireur d'élite qui souvent se
juche sur un arbre pour élargir son champ
de tir » ; mot communiqué à M. Sainéan ;
SAIN.; D.
perte de vitesse (se mettre en), Choir à terre,
étant ivre ; aviateurs : « J'espère que quand tu
es en bordée, tu ne te laisses pas mettre en
perte de vitesse », un 1* aviateur, lettre, mars 18.
— L'avion qui « plafonne » perd son excédent
de puissance, et prend un équilibre instable
dangereux.
pétard, m., A, Revolver ; 270^ art., 130^ inf.,
mai 18. — B, 1, Canen ; 270^ art., mai 18 ; —
2, Obus de 120 français ; V. du p. — Cf. pa-
tard (?), « Oh ! ces gros « patards », comme ils
sont déplaisants ! Quand on se promène dans
les bois <...!> ils éclatent soudain à côté de
vous )), Bourru, 188, ■ — A et B, métaphores
auditives ; le même nom convenant à un
engin d'artillerie et à son projectile, on
passe de B^ à B* par une métonymie ; A,
B^ et B", litotes auditives et balistiques : le
pétard est un jouet de fêtes populaires ; cf.
pétoir.
pétarer, 1, Pétarader ; usuel au 81^ t., 44 :
« Le canon va pétarer )) ; ■ — cf, pétarder, F^ire
du bruit, dlle, — 2, Devenir dur, Barder ;
81^ t., -14 î « Ça va pétarer », Il va y avoir du
pétard, du baroufle ; — cf, péter : « C'est la
meilleure pâte d'homme qui soit, mais quand
on lui bassine les oreilles, ça pète », un 2^'m^,
brestois, -18 ; cf. ça chie, Il y a du scandale ;
cf. « Vingt dieux ! à vot' âge [quand j'étais
jeune], je n' pétais qu' du feu. On ramassait
les étincelles h trente pas derrière moi ! »,
— 406 —
«
langage du Lieuvin, delarue-mardbus, Journ.^
23-11-17.
pétasse, f., Peur ; ai^oir la pétasse ; 46^ inf.
ou 63® art. avant avr. 18 ; ■ — dérivé de péter^
syn. de Chier, par le suffixe du syn. chiasse.
pétasson, m., 1, Canon de 37 ; mitrailleurs,
156® iuf., avr. 18 ; — 2, Canon de 240 bombar-
dant Paris à 120 kilomètres ; R. G. Aé., juin 18 ;
I PAWLOWSKI, Journ,, 11-4-18, — Dér. de pé-
tard ; -asson exprime, 1°, Petitesse de l'objet,
(bécasson, Petite bécassine), d'où, 2^ Horreur
du sujet, (tocasson, Laid, Femme laide), et
Rappetissement de l'objet par mépris, (cf.
bleuçassoUf vinçisson),
pète-pète (fusil), m., Fusil mitrailleur ; 246®
et 287® inf., 17-18.
péter (faire), Tirer des coups de fusil ;
156® inf., -16.
péter les yeux (se faire). Dormir profondé-
ment ; 81® t., 15-16. — A force de regarder qj\
dedans.
petit brutal, m.. Canon et Obus de 88 autri-
chien ; 66® chass., mai 18. — « Pour la
raison qu'aussitôt le départ il éclate sans l'en-
tendre siffler )), M. siELTZER ; — brutal, Canon
est ancien. — Cf. Petit Pierre, m., Canon ;
407
■
usuel au témoignage d'un caporal bon argo-
tier ; « V'ià P'tit Pierre qui parle », le Canon
tonne, 81^ t., -16. Antérieurement j'avais en-
tendu un homme que désassoupissait un écla-
tement demander ce que c'était, et son voisin
lui répondre « C'est P'tit Pierre qui s'en va » ;
j'interprétais que c'était une allusion au bruit
de porte claquée que fait une arrivée d'obus
au loin, et que ce poilu tirait parti d'une image
laissée dans son calepin cérébral personnel par
la bonne vie familiale et ouvrière. — Cf. José-
phine ; Rosalie.
pétoche, f., Peur ; 130^ inf., -18 ; \\ Schw.
Sold., 73. — Libre suffixation de pétasse.
pétoche, f., Mitrailleuse ; mitrailleurs, 156® inf.,
avr. 18. — Libre suffixation de pétoire, f.,
ou de péteuse, f.. Mitrailleuse, d. ; cf. sardoche.
pétoir, m.. Fusil; 95® et 156® inf., -18; |
« mon pétoir », chapelle. — pétoire, f.. A, Fu-
sil ; 81® t., avr. 16 ; — B, Canon ; 270® art.,
mai 18 ; — C, Mitrailleuse ; esc. S-152, juill. 18.
— Métaphore tirée dans les différents corps,
ici de pétoir, m., là de pétoire, f., noms de la
Canonnière de sureau ; ce jouet d'enfant est
une pétoire à Nantes (dépôt du 81® t.). — Cf.
soufflet à punaises, m., À, Canon de 37 ;
408
i
B, Fusil ; D. ; — pousse- pousse, m., Decau-
ville ; D. ; — allusion à un jouet mécanique de
-89 ; — arbalète, fléchette, pirouette, seringue,
tonneau ; toutes ces litotes simulent que Farme •
la mieux au courant de l'industrie n'est qu'un
jouet d'enfant. — Cf. chantier.
pétrole, m., Eau-de-vie ; 81^ t., -17 ; 95^ inf.
et 270® art., -18 ; général; 1| « Mauvais vin.
— Mauvaise eau-de-vie », rig. — Le pétrole
alimente le moteur à explosion, et dès le temps
de Rigaud, la lampe d'éclairage ; le vin et
l'eau-de-vie alimentent le moteur humain ;
une image très voisine fait dire d'un moribond
// n'a plus d'huile dans la lampe ; c'est donc
ici une métaphore de fonction, sans idée péjo-
rative, et les définitions de rig. faussent le
sématisme ; cf. essence et oriflamme. — Syssém.:
gaz, m.. Eau-de-vie ; usuel ; || rig. ; — gaz est
le nom de l'Essence de pétrole dans le Bas-
Maine, DOTTiN ; à Brest, gaz Mill ; — d'où
gazée, f.. Ivresse ; — gazer. Etre allumé par
l'alcool : Il « commençait à gazer », ... à parler
et à gesticuler, 81® t., août 17 ; — d'où être
gaz ; cf. bout de bois ; — as^oir son plein d'es-
sence, Tnème sens ; — en boche : die Einsprit-
zung, (l'injection de pétrole dans les robinets de
— 409 —
décompression de ravion), la Lampée d'alcool
absorbée par l'aviateur avant le vol, delcourt ;
— ■ benzin, Alcool, delcourt. ■ — Voir dans
tripoli une autre métaphore, de fonction en-
core, exprimant l'alcool.
pétroleur, m.. Soldat du génie lançant les
liquides enflammés ; déch.
pétroleuse, f., Automobile ; d'o.ù A, Diri-
geable ; art., d. ; — B, Cuisine-roulante ; inf.,
-15, AYNAuo ; — cf, sous-marin.
Philibert, m., le Havresac ; secteur 174, -18 ;
adj. LECONTE ; | « quand j' mont'rai Phili-
bert )\ Feu, 195 ; -^ cf, Azor, même sens-;
Rosalie,
phoniste, m., Téléphoniste ; « Le phoniste
partage avec le cuistot et le cycliste le mono-
pole des tuyaux sérieux «, Echo des Guitounes^
in B, des A., 25-10-16 ; — cf. télé et terri.
pichtogorne, m., A, Vin ; 289^ inf., 13^ c^%
monax, avr. 18 ; 315^ inf. (-17 ?, rarement),
154^ inf, (Meusiens), juill. 18 ; connu au
13® tir. alg., -18, de g. pemonchy (du 87^ inf.
(S^-Quentin) en 14-15) ; || argot parisien,
M. PROTAT ; « Coup de vin, Verre d'alcool », usuel
à Amiens, 90-10 et au 72® inf. (Amiens) :
<( Nous allons prendre un pichtogorne ? », té-
_ 410 --
t
moin en déc. 17 un Amiénois né en -73 ; pich-
torgorne,jn., Coup de tout ce qui se boit au
bistro ; apporté en -12 au 1^^ groupe d'aéros-
tiers (Maubeuge) par François dit Tintin-des-
Deux-Moulins, (Moulin-Rouge et Moulin de la
Galette), le mot se répandit dans tout le monde
de Taérostation, témoin en déc. 17 un Parisien
pilote de dirigeables. — B, « Caporal dégourdi,
dessalé » ; 168^ inf., -16 : « Monsieur F. Marly
et C^^ Serg. chef des Saligauds et des pichto-
gornes, 168^ 9^ comp. S. P. 191. Je tiens bon
à Panam et on les aura. Chariot », carte du
16-10-16 ; ■ — le destinataire, interrogé, veut
l'orthographe « pychtogorne », et me donne la
définition ci-dessus ; le mot était usuel au
dépôt du 168^. — pichtô, piohtegorge, pichte-
gomme, m., Vin ; 40© art., 5^ b^^, juin 18 ; la
dernière forme semble moins usuelle ; elle rime
avec fromgom, Fromage. — déch. donne piche-
tagore, m., Vin ; d. les ayn. piohenagorne (dans
un corps lorrain et parisien), pichegorge (sec-
teur d'Artois, -15, ou de Champagne, 16-17),
pichenogorge. — Etymologie (?) * pichenette à
gorge. Cf. gnole.
picnel, (m., f. ?), Shrapnell ; d.
pièce-grasse, f., Cuisinier de compagnie ;
— 411 —
i
81® t., juin 16; Il DLLE. — Sous-entendu ar-
tilleur de ; cf. artilleur de la pièce humide, Infir-
mier.
pied, m., Sergent, (et non pas « sous-off. »
comme le dit V Echo des Marmites, n^ 2, Sup-
plément) ; usuel, général ; II dès -95. — De
pied de banc, Sergent ; merlin ; Almanach du
Père Peinard, 1894, 40 ; dlle ; pied en est la
synecdoque, par ellipse du déterminant. Cf.
pied, Maître d'escrime. Argot de S^-Cyr (1893),
ce maître étant ou ayant été un sergent ? —
MERLIN explique « Quatre pieds à un banc,
quatre sergents dans une compagnie », étymo-
logie acceptée par sain, et par dauzat, 16-4-17,
665, et qui ne vaut rien, 1° parce qu'aucun
poète ne verra quelque lueur à ce que quelque
esprit saisisse une analogie d'une compagnie à
un banc, (l'année solaire est-elle un banc parce
qu'elle roule sur quatre saisons, N.-S. Jésus-
Christ un banc parce qu'il s'appuie sur quatre
évangélistes ?), 2^ parce que les sergents ne
vont pas du tout par 4, il y en a 1 par section,
16 par bataillon en temps de paix, 8, voire 12,
par compagnie en campagne, et qu'il est fâ-
cheux d'exiger que cette image ait eu pour
berceau une caserne et pour horoscope les
— 412 —
conjonctions d'un ciel de paix. — Le galon qui
signifie Grade de sergent n'est pas partout et
de tous temps le, simple bâton de biais sur la
manche. Dans la police, la cavalerie, l'artillerie,
le train, le génie monté, le galon de marchis
offrait avant la guerre, et offre encore en -18
par fantaisie, la figure angulaire, le sommet en
haut, qui suggère l'image des pieds d'un banc,
de deux façons, soit en ceci que certains bancs
ont pour pieds des planches échancrées vers le
sol de façon à constituer deux doigts dans ce
pied, ou mieux en ceci que certains bancs, pour
plus de stabilité, ont des pieds obliques qui
convergent en haut sous la planche où l'on
s'asseoit, (un Grec eût dit des pieds de n). Voilà
l'angle qui, fournissant une métaphore pour le
galon, a passé, par métonymie, au porteur du
galon. — Les soldats nomment le sergent-ma-
jor le double, ce qui prouve, s'il en est besoin,
que l'imagination militaire s'intéresse à l'as-
pect des galons. — Syssém. : bancal, Qui a
une jambe ou les deux jambes de travers ;
c'est un dérivé de banc, « les pieds d'un banc
étant ordinairement divergents », hdt ; cela
prouve que l'œil populaire s'est réellement inté-
ressé à l'obHquité des pieds d'un banc ; l'armée
— 413 —
a inventé bancal, m., Sabre de cavalerie, à
cause de sa forme cintrée ; — charron, Insigne
d'ancienneté de services, si^r le haut de la
manche, angulaire, le sommet en haut, dont
l'obliquité et la convergence évoque le chevron
des toitures ; (hdt signale l'emploi analogue
du chevron en sémantique de blason et de
mines) ; il n'est pas surprenant que les galons
en V renversé du bras étant sématisés par une
image de charpenterie, les galons en V ren-
versé de l'avant-bras soient sématisés par une
image de menuiserie. -^ Le Chevron a été sur-
nommé et baraque, et cabane^ et maison ; {ba-
raque a été ravigoré par la guerre actuelle ;
toutefois brisque se dit au moins autant, et au
81^ t. davantage) ; l'angle de la toiture est
essentiel dans le schéma de l'habitation hu-
maine ; voyez les charbonnages les plus rapides
qu'un enfant peut jeter sur un mur. — Bref
pied de banc = Galon de sergent, c* q. f. d. La
citation suivante lève tout scrupule : « Les
troupiers donnent le nom de pied de banc au
chevron qui orne la manche d'un soldat ren-
gagé )), couLABiN, Dict. des locutions popul. de
Rennes, (1891), notation qui a le double avan-
tage de dater le mot de plus haut que ce die-
^ 414 --
I
tionnaire, œuvre lente d'un ancien officier
octogénaire, et de faire penser que, le passage
du sens Chevron au sens Galon de grade étant
une extension de sens, pied de banc ne fut
d'abord, absolument syn. de cheçron, qu'un
syssémantique de chevron lui-même.
piège, m.. Homme barbu ; adj. lecontè,
-18 ; I « Le Piège, [un barbu, comme son nom
vous l'a déjà appris », p'tit gars. — Synec-
doque et métonymie de piège à poux, Barbe.
— Piège à poux s'emploie aussi aux sens de
Peigne ; marins, -18 ; de Chemise ; 40® art., -18 ;
de Gilet de flanelle ; d.
piétiner l'anthracite, Exagérer, Chérer ;
270® art., mai 18 ; — • l'anthracite est dou-
blement précieuse en temps de restrictions
charbonnières ; — piétiner les bégonias. Exa-
gérer ; Vie Par., 18-5-18, p. 429 ; — chevau-
chement de piétiner, Abîmer, avec bégonias.
Jambes. — Cette image se retrouve sous le
verbe " marcher ; Frederick Lemaître improvi-
• sant un autre texte que celui de son rôle, l'au-
teur de la pièce, Barrière, lui dit « Faites atten-
^ tion, vous marchez dans, ma prose », rig. au
mot faire de la toile, — ' Cf. bousculer. • — ■ Syn. :
cisailler le barbelé ; 95® inf., -18 ; — le pati-
— 415 —
nage des réseaux est dangereusement bruyant ;
— piétiner dans les barbelés, Exagérer ; Vie
Par., 19-8-16, p. 617.
pif, m., Vin ; très usuel aux 46^ inf. et
63^ art., 14-18 ; | henriot; ■ — prononcé ra-
pide de piçe, Vin, (rig. ; lambert), qui s'en-
tend au 2^ mixte, -18, apocope de pwois, Vin,
— d'où se piver. Se griser ; lambert ;• pivé.
Ivre, ih. ; — la sonore v devenue finale par
l'apocope se mue en la muette correspondante / ;
cf. souss -< — • sous-intendance ; rap ■< — râble.
pigeon ramier, m., Perforeuse de sape ; d.
— Métaphore ; elle roucoule ; cf. tourte-
relle.
pigouil, m.. Troupier de l'est de la Gironde ;
« Le Poilu Saint- Emilionnais, organe des Pi-
gouils soldats », titre d'un journal du front,
-15 ; — ■ du limousin pigolhou, Petit gars.
piloche, f.. Dent ; 231^ inf., mais peu usuel,
H. BARBUSSE ; | « uuc sculc pilochc », Feu, 10;
cf. 87; Il dès 1596, pechon de ruby. — Cf.
piltoche. Dent ; kirsch. Le Tigre, 228, 234 ;
Nénesse, 119, 123.
pilon, m., Pétard à manche : « Grenades à
manche du modèle courant de l'ennemi, dites
« pilons » <!...> «, légende d'une photographie
416
de matériel allemand pris au sud de la Somme,
Illustration^ 29-7-16, p. 104.
pilonner le terrain^ l'Emietter en y creusant
des trous d'obus jointifs pour en détruire l'or-
ganisation défensive et offensive ; divers sol-
dats, -16 ; I journaux du 8 au 15 juin -16 sur
Verdun ; « vous pilonnez le terrain — pilonner
est l'expression à la mode ; puis vous lancez
vos vagues d'assaut », verraux, Œui^re, 10-8-16.
— Dér. : pilonnage, m., Action de pilonner le
terrain : « cet amas de ruines, ce déchiquetage,
cette pulvérisation, ce pilonnage », l. barthou,
Matin, 12-9-16 ; — syssém. : martèlement,
même sens : « le martèlement mieux assuré des
organisations allemandes », de civrieux, Ma-
tin, 21-8-16.
pilotaillon, m., Pilote aviateur maladroit ;
Mousqu., 74. — Cf. bochaillon, embuscaillon.
piloter le pé-O, Prendre le train de Paris-
Orléans pour Paris ; école d'aven d'Etampes,
mai 18 et avant. — C'est un pilotage aussi
facile, puisqu'on est « sac de lest », qu'agréable
par le point d'atterrissage. — piloter le bé-O,
Prendre le tramway Bourget-Opéra ; R. G. Aé,
oct. 17. — piloter le bessonneau, Ne pas faire
,de vol ; ib.
— 417 —
ESNAULT 27
pilule, f., Défaite ; usuel et général ; ramasser
la pilule, Etre battu militairement ; 81® t.,
14-17 ; I « Vengez-nous, les gars !... On a pris
la pilule ! », Gaspard, 98 ; « Les Boches nous
ont mis la pilule », g, v., N. Contes vér.^ 263 ; ||
Punition : « Pour su' que ça y va fair' pimenter
son pilule », boyer-rebiab, 24 Heures de bor-
dée^ 237. — Défaite ou Punition, sens précisés
du sens général Désagrément, [avaler une pi-
lule ); — syssém. : purge, Défaite, Rossée ;
Ennui ; — prendre une piquette. Etre battu,
mis en déroute ; marins, 2® c*^, -18; || Né-
nesse, 245. — L'idée commune est Amertume.
pinard, m., Vin ; usuel et universel ; inusuel
ou rare au 81® t., avant l'été 15, complètement
établi en janvier 16 ; | Petit Echo (18® t.),
n^ 15, fév. 15 ; AGATHA ; pantruchard ; poi-
LULOGUE ; devenu presque aussi officiellement
littéraire que poilu ; « Versez de la flotte dans
du pinard », edmond perrier. Observations
scientifiques, B. des A., 8-11-16, p. 7, c. 2; tl
usuel dès longtemps dans « certains quartiers »
de Bordeaux ; en -86 au 13® art., d ; « avant
la guerre » dans les casernes de « Nancy, Vitry-
le-François, etc. » et dans la marine, dauzat,
27-6-17 ; introduit au 160® inf. (Paris, Lor-
— 418 —
raine), entre oct, 12 et août 14, m. protat ; de-
puis très longtemps avant la guerre dans la
marine, au témoignage de marins de 35 ans,
janv. 18. — Selon un de mes correspondants,
en mai 18, le pinard serait dans les Charentes
un vin spécial « mélangé de pine (pomme de
pin) »; (?) Bien meilleure semble l'étymologie
ordinairement reçue : suffixation libre de pi-
neau, (d'où le limousin avait déjà tiré pinaro,
Vin), 1, Cépage bourguignon dont la grappe
aux grains serrés rappelle la forme de la pomme
de pin ; par extension. Cépages blancs de
Touraine et d'Anjou ; — d'où les enseignes
« A la pomme de pin » et les branches de pin
servant d'enseigne ; cf. richepin, Baïonnette,
14-12-16 ; 2, Vin tiré de ces raisins, sens usuel
depuis longtemps en Bourgogne, Champagne,
Lorraine, dauzat, 27-6-17 ; — par extension
tout Vin. — Même métonymie du genre (Vin)
par l'espèce (tel Cru) : aramon, m., Vin ; aga-
THA ; Cabaret, 458 ; - — du cru d' Aramon
(Gard) ; — loupillon, m., Vin : « saboter le lou-
pillon )), Renverser le vin, Cabaret, 471 ; —
du cru du Loupillon, propriété de M. Armand
Pallieras, ne tenant que de son propriétaire sa
notoriété grande. — D'ailleurs, le pinard et
419
Taramon, c*est le vin qui coule ^ flots ; le
« cacheté » continue à s'appeler du rm, Guide
des Visiteurs au Front, dans Rigolboche, in
B. des A., 20-9-16.
Dér. : pibus, m., Vin ; d. ; — libre suffixa-
tion. — linarpèm, m., Vin : « du ninar-pem »,
2e (.al^ .j^g^ j^ LACHAT ; — cf. larqué,
pinarder, S'occuper à boire ; 81^ t., -16, mo-
nax. — Syn. : picoler ; très usuel au 231^ inf.,
15-16, H. BARBUSSE ; « y avait plus d'une heure
qu'on était à picoler », un matelot, fév. 18; |
« Tu picolais, et t'avais l'vin mauvais », Feu,
315 ; — piquetonner. — Le piqueton, le picolo
et le pinard sont intertransvasables ; de même
croûtef c'est brichetonner, et à peu de chose
près saucissonner, car on dit très bien des porcs
qu'ils « croûtent )> les truffes.
pinceau, m., Pied : « pinceaux gelés », aga-
THA ; « r m' faut des péniches, <i...^ J'peux
pourtant pas marcher sur la peau d' mes pin-
ceaux », Feu, 84; Il coup de pinceau. Coup de
pied, DLLE. — AGATHA le traduit aussi « Jambe »;
mais on ne peut' y voir un dérivé de pincettes,
paire de pincettes, les deux Jambes, puisqu'on
trouve pinceau au singulier ; c'est un dérivé de
pince. Partie inférieure du devant du sabot
— 420 —
du cheval, EJxtrémité de l'ongle des fauves ;
sur l'animalisation de l'homme dans le bas-
langage, cf. panard, auge, béqueter, bouchon,
chameau, cheç^al, chevaux, chien, colombins,
crâne, cygne, grolles ?, ouistiti, perroquet, pou,
veto, habillé ; mais le suffixe -eau, tout fantai-
siste qu'il est, peut avoir pour but de signi-
fier des pieds crottés aux souliers boueux
qui peinturlurent le parquet où ils se posent.
De là, en tout cas, se retourner les pinceaux,
— syn. : se retourner les fuseaux, — « Atterrir
sur le plan supérieur », Capoter à l'atterris-
sage, de façon que les roues sont en l'air ;
aviateurs, Miramas, mai i8 ; | « qu'il se « re-
tourne les pinceaux » ou non, le « coucou » est
« rectifié », thavet. — C'est seulement avec le
verbe retourner que pinceaux est usité en ce
sens ; c'est en effet une locution toute faite que
d^ avoir les jambes' en Vair, Etre renversé ; ex. :
« quand il [le cuisto dont un obus a bousillé
la marmite] a vu son macaroni les jambes en
l'air », Feu, 34. Malgré l'analogie de l'avion avec
l'oiseau, il n'y a donc pas à s'attacher à l'image
des oisillons morts qui ont les pattes en l'air ;
et on ne peut pas plus traduire pinceau, Roue
d'avion, que patte, Cylindre d'avion, (voirpa^^es).
— 421 —
pingouin, m., 1, Avion d'apprentissage :
« Ici [à l'école d'avon de ...] pas de rouleurs, pas
de « pingouins ». Les « trois pattes » et « six
pattes » sont inconnus », thavet ; « On le voit
manier avec une rare maîtrise le « Pingouin
rouleur » appareil redouté des débutants, effec-
tuer d'impressionnantes lignes droites, déjouer
les « chevaux de bois », décoller, virer, atterrir »,
X, Les premières ailes [de Guynemer], Gu. Aér.,
18-10-17, p. 772, c. 2; Il date de -09 ou -10,
dans les centres d'av»" ; — mère pingouin, f.,
même sens, Aéro auquel « on a rogné les ailes
et qui, avec un bruit de motocyclette enrouée,
est condamné à ne jamais quitter le sol »,
iCART ; — pingouin à cause des ailes rognées ;
mère parce que d'apprentissage, (cf. mater-
nelle). — 2, Aviateur novice, plus ou moins
maladroit et ridicule ; la Gu. Aér., -17, a 1' « his-
toire d'un as » nommé Pingouin, en images ; —
le troupier anglais a aussi ce mot : penguin,
1, Officer of flying status, but who for some
reason doesnot fly ; 2, Type of trailing ma-
chine which does not rise from the ground ;
Morning. — Cf. castor, Officier de marine qui
ne navigue pas.
piquer du nez, Descendre verticalement,
— 422 -—
l'avant vers le sol ; aviateurs ; — terme pris
à la langue nautique, piquer du nez dans la
plume. — piquer à mort, même sens, avec
l'idée d'une rapidité de catastrophe ; Miramas,
mai 18. — Voir piqué chandelle sous chandelle.
pirouette, f.. Torpille aérienne ; 125^ inf.,
COHEN ; DAUZAT, mai 17. — La torpille, ayant
une trajectoire .en épingle à cheveux, fait en
l'air une pirouette visible ; mais il est pro-
bable qu'on a surtout une allusion- à la pi-
rouette, nom du jeu de tinet en Basse-Bretagne,
du toton autre part. Cf. pétoir. .
pisser dans le paquet d^ tabac de qqn. Se
montrer désagréable à son égard ; 147^ inf.,
-14 : « En voilà un qui a pissé dans mon pa-
quet de tabac »; — syssém. : Il a chié dans mon
panier, dans mes bottes ; dlle.
pister, se pister, 1, S'enfuir : « Le type s'est
pisté ; il avait l'air pas rassuré <<...>» « C'est
22 )), qu'i disait », Feu, 58 ; — 2, Disparaître,
Se perdre. Etre démoli ; e. h.. Temps, 24-5-15 ;
— 3, Etre volé : « Brigadier, ma brosse piste ! »,
ib. — C'est une image prise de la piste d'équi-
tation des cavaliers ; cf. pattes. — Pour la
forme pronominale, cf. bagoter.
pistolet, m.. Urinai pour malades alités ;
423
81® art. 1., mai 18; | dauzat, 16-4-17, 665.
— Syn. et syssém. : revolver, mr», d.
plafond, m., 1, Banc de nuages limitant la
vue en hauteur ; météorologues et aviateurs,
17-18; I « Même il pourrait pleuvoir, le « pla-
fond » est bas et mon cor m' fait mal », punch,
Fantasio, 15-8-16, propos d'aviateur ; —
2, Hauteur maximum pour tel avion : « l'avion
bombardier devant traverser les lignes à une
altitude qui le mette à l'abri des tirs d'infan-
terie, c'est-à-dire à 2.000 mètres environ, il
faut qu'il puisse s'élever assez haut, que son
altitude maximum, son plafond, comme on dit,
soit suffisant. Or, chose curieuse, le plafond
d'un avion est d'autant plus élevé que sa vi-
tesse est plus faible », nordmann. Matin,
24-10-16 ; « Pas de surprises d'en haut, puisque
tu te trouves dans leur « plafond » », daçay,
Journ., 10-10-16. — Dér. : plafonner. Voler au
plus haut : « C'est un as qui plafonne. Il est
au moins à 2000 », musidora ; — par anti-
phrase : Les pilotes « jugèrent bon de plafonner
à deux cents mètres pour mieux détruire l'ob-
jectif », xxx..., Gu. Aér., 3-1-18. — Cf. prendre
une hauteur, Dominer l'avion adverse.
plané, m., Vol plané, descente moteur arrêté,
— 424 —
par les seules propriétés de sustentation de
l'avion : Son moteur le plaqua, « malgré tout
il put revenir en plané jusqu'à nos lignes »,
DORME, lettre, 2-7-16, in Gu. Aér., 23-8-17,
p. 563, c. 2. — vol plané, 1, Descente à travers
Fair : « Le lieutenant est descendu de son
hamac en vol plané », 81® t., -15 ; — 2, Chute à
travers l'air, d'un corps quelconque, d'un
homme, abandonné à ses propres moyens, in-
suffisants pour lui assurer une bonne tenue ;
207e art., -18 ; Il (( Plouf ! Tu parles d'un vol
plané ! », DuvERNOis, Nounette, 60, récit d'un
suicide par la fenêtre ; — en particulier, Chute
consécutive à l'ascension que produit une ex-
plosion d'obus : « S'il en arrive un [crapouillot]
comme ça dans le blair à Fritz, il aura des
chances d'aller faire un vol plané », paraud,
103 ; — ou de mine ; Bourru, 181, 183 ; —
3, Chute d'un homme de son haut ; fantas-
sins, mai 18. — Syssém., syn. au sens 2 : glis-
sement sur l'aile ; looping ; virage ; d.
plouc, m., Rustre ; usuel aux corps bas-bre-
tons ; signalé au 34einf. (Mt-de-Marsan). -17,
D. ; Il ancien à Brest, Dinan, Nantes. — Apo-
cope de Plougastel ou quelque autre des 17 noms
de communes rurales qui commencent ainsi.
— 425 -^
ploum, Idiot ; 154e inf. (Meusiens), -18, mot
récent. — De l'allemand plump, Epais, Rustre.
— Cf. boucher noir.
pluches ! (aux), A la charge ! ; 360^ inf.,
août 14 ; Il cri inventé au 160^ inf., 8^ c*^, aux
manœuvres de -11, repris par les réservistes
(360^) pour les charges réelles ; m. protat. —
Cf. épluchureSy f., Eclats d'obus ; déch.
pluie f., Mitraille, Bombes ; D. m. p.
plumji, m., Lit ; Nantais, 81^ t., -15. — Suf-
fixe comme trimji^ Trimard ; fromji, Fromage ;
cognji, Cognac ; pétji, Pétard (Scandale).
poil (atterrir au), Atterrir parfaitement ;
Miramas, mai 18. — Quel poil ? On fait le poil
aux meilleurs champions ? L'atterrissage est
époilant ? Ou bien on effleure le poil de la
terre, l'herbe ?
poiler (se), 1, Se tordre de rire ; 46^ art.,
-16 : « Moi i' me poilais dans mon coin » ;
81^ t., -17 ; ^narins, -18 ; | lambert; D. m. p. ;
Il Nénesse, 252 ; poilant, Torsif ; — 2, Se mo-
quer ; je m! en poile, Je me fiche de ça ; tu te
poiles de moi, Tu te moques de moi ; D. m. p.
■ — Du sens 1 au sens 2 le passage est le même
que de rire à se rire de. Je rn'en bats Vœil, je
vfCen tamponne le coquillard semblent aussi des
— 426 — .
développements intensifs de Ten ris ; on se
tamponne l'œil pour essuyer les larmes venues
à force de rire.
poilu, 1, m., 1^, Homme; usuel et général
dès août 14, surtout aux troupes d'Afrique,
aux fantassins coloniaux, et aux Parisiens,
mais non aux contingents du nord-ouest ; uni-
versalisé par les journaux et les permissions,
été 15 ; usuel par ex. au 81^ t. à partir de
cette date, mais sans éviction du syn. bonhomme -,
« Mets quat' poilus à ta corvée »; || « Vous
prendrez trois poilus pour faire la corvée de
quartier )), 46^ inf., 10-11 ; usuel même à propos
d'adolescents, ce qui fait du mot l'équivalent
de quidam ou de type : « trente poilus à mener
à la promenade », lycée de Reims, -06 ; textes
d'avant la guerre, in g. e., 1-4-18, 441 ; — c'est
l'emploi comme substantif de l'adjectif poilu,
1, Fort ; 2, Brave ; textes d'avant -14, in g. e.,
ib., (y joindre Nénesse, 205, 210, et trois textes
cités Int. des Ch., LXXI, 67) ; le plus an-
cien est de BALZAC : « quarante-deux [ponton-
niers] assez poilus, comme dit Gondrin [ancien
soldat de la République et de l'Empire], pour
entreprendre cet ouvrage », Médecin de cam-
pagne, II, (1834). — Le poil est signe de
— 427 —
Thomme fait ; « Dans la demi-section, il y a
des R. A. T., des bleus et des demi-poils », Feu,
17 ; par suite signe de l'énergie : « bougres à
poil » déterminés à vivre libres ou mourir,
HÉBERT, Père ' Duchêne, n^ 298, (1793). Mais
tous les Français savent assez que c'est le poil
du cul qui est l'emblème éminent de la force
naturelle à un homme adulte, puis de la bra-
voure : a^oir du poil au cul, Etre brave ; — en
grec ancien ixzlyixiiù-^oç, Au cul noir, sobriquet
d'Héraclès ; et en grec moderne [xaXXtapoxwXo;,
1, Au cul noir de poil, 2, Brave ; — cf. anglais
nappy, 1, Poilu, 2, Fort, (en parlant de la
bière) ; — français chenu j 1, Aux cheveux
blancs, 2, Excellent, hdt, (en parlant du vin,
— non que le bon vin soit « blanchâtre »,
comme le dit sain.. Sources, mais parce que
le bon vin est adulte et fort, — et en parlant
de n'importe quoi) ; — i^elu, Chic ; larchey ;
— et probablement aussi, moussu. D'attaque
(soit par richesse, soit par vigueur), dans le
Mystère de la Passion, (1486) ; Riche, dlle ;
— un poilu est donc un brave ; et comme tout
soldat est censé un brave, un poilu est un
homme, un Troupier, puis tout Homme ; — de
là mon poilu, A, mon Associé à la corvée, à la
— 428 —
faction, au combat, dans la bouche d'un sol-
dat ; B, mon Fils qui est à la guerre, mon
Filleul, dans la bouche d'une mère, d'une mar-
raine de guerre. — 2^, Combattant français de
la guerre de 14-18 ; usage universel mais qui
ne date pas nettement d'avant janv. 15 : les
Poilus et les Boches ; Poilus et Tommies.
2, adj.. Spécial aux combattants français de
14-18 ; sens tiré de 1, 2^ ; la langue poilue ;
peut rester invariable comme les adjectifs de
couleur : « Il semblait dépaysé, n'être pas dans
la note « poilu » )), chapelle, Journ., 2-8-16 ;
— d'où les formes hypocoristiques poipoil et
poilpoil : « Maous. Adjectif admiratif généra-
lement suivi de pépère, soi-soi ou poi-poil »,
PoiLULOGUE ; voir maouss et douce. — Dér. :
*poilusien, monax, dans « La Vie poilusienne »,
titre d'un journal du front ; — suffixe pour
allusion au journal la Vie Parisienne, le ca-
lembour étant très reclferché dans les titres de
journaux du front ; — interpoilu. Qui se fait
entre les poilus : « questionnaire interpoilu »,
rubrique inaugurée par le B. des A., 10-5-16 ;
— cf. conférence interalliée ; — demi- poilu,
Fantasio, 15-10-16, p. 207 ; — surpoilu ; Le
journal le Bochofage procurera aux neurasthé-
— 429 —
niques de l'Arrière des parrains « choisis parmi
les poilus à l'indomptable moral, les « sur-
poilus », et il y en a ! », Bochofage, in B. des A.,
25-10-16 ; — d'après le surhomme de Nietz-
sche ; — plus savant, subpoilu, m.. Soldat pas
encore éprouvé t « un village bombardé où le
poilu vit « en père peinard » tandis que le sub-
poilu se sent des fourmis dans les jambes »,
pï* voivENEL, Ann. p. l, 30-4-16, p. 515, c. 2. —
D'où, plus recherché, épilé, m., Individu qui
ne se bat pas. Embusqué : « Tu peux les re-
garder nos poilus. Va, espèce d'épilé ! », invec-
tive d'un jeune Parigot, 10-3-15, citée par
G. OHNET, Figaro, 11-3-15 ; | lambert ; « L'Em-
busqué ou « Epilé » », CH. LÉO, Le langage des
tranchées, cartes postales illustrées, n'^ 5 ; —
on a, de même, pour faire antithèse au front,
fabriqué la nuque, delorme et carpentier.
En franchise, revue jouée à Paris, déc. 15, in
Fantasio, 1-1-16, p. 599, c. 1.
poilus (avoir les pieds), Se refuser à qqch. ;
81^ t., -14 : « Je ne marche pas, j'ai les pieds
poilus ». — C'est une maladie analogue aux
côtes en long, aux genoux creux, plus analogue
encore aux bras retournés ou cintrés, aux pieds
qu'on a palmés comme les c^nards^ et qui se
— 430 —
rattache pratiquement en séméiologic aux
pieds niclés, c.-à-d. aux pieds nattés et noués
par défaut de croissance ; niclé, mal écrit
« nickelé » par étym. populaire, est un mot de
Haute-Bretagne, H*-Maine et Berry ; voir
G. E., Auto, 25-5-18. — La locution ne pas mar-
cher, Ne pas consentir, a suggéré l'image rurale
des pattes rachitiques, et il est certain que du
poil aux pieds, ainsi que dans la main, est une
monstruosité, cause d'inaptitude. — On a dit
aussi ai^oir les pieds attachés^ Etre dans l'im-
possibilité de faire qqch., dlle, qui se rattache
sans doute étroitement non pas à l'image d'une
entrave mise par un étranger, mais à l'idée
que les rhumatismes sont une entrave ; cf.
heude, Entrave, à Rennes, coulabin ; heudes,
Rhumatisme aux jambes, nord de la Loire-
Inf., A. LEROUX.
pointu, m., 1, Soldat allemand î « les pointus
ont dû se rentrer », a. (320^ inf.), N. Contes vér.,
247 ; cf. i&.,248 ; — pointu par le casque ; —
2, Allemand : « Je viens de rentrer de Uckingen
où nous avons encore distribué quelque chose
à ces braves « Pointus )) », cartault, feuillets
de campagne, 15-9-16, in Gu. Aér., 27-9-17,
p. 734.
431
poirer, Prendre ; 231^ inf., h. barbusse ; —
A, Faire prisonnier : « j'ai poiré des Boches »,
Feu, 35 ; cf. ib., 59 ; — B, Occuper : « C'est
épatant, ici [cette maison-ci] et tu sais, ailleurs,
tout est poiré ! )), Feu, 74. — Soit remplaçant
syn. de cueillir, parce qu'on cueille une poire à
l'arbre ; soit dér. syn. de paumer. Appréhender,
la paume ayant été tenue pour une pomme, et
la pomme étant une poire, (antonyme, espèce
de synonyme).
poisse, A, Grognon, Critique intempérant ;
marins, mars 18 ; | « « Grinche » c'est [dans le
vocabulaire des tranchées] un peu plus que
« ronchon » ; c'est un peu moins que « poisse » »,
DUBREuiL, Journ., 21-9-16 ; — apocope de
poissant, Ennuyeux. — B, 1, f., Déveine, Em-
bêtement : « Là-bas y a du beau temps, pen-
dant qu'ici nous sommes dans la poisse' », un
1* météorologue, nov. 17; | lambert; D. m. p. ;
« Soudain, La Seringue arrêta la partie :
« Y m' reste neuf croques <^...'^ je m'arrête,
mince de poisse ! » », punch, Fantasio, 15-8-16 ;
« Quand j' vous 1' disais que c' nom de Fatality
d'vait nous f... la poisse. Faut et' fou pour
app'ler un bateau comme ça ! », galopin. Re-
quin d'acier, Journ., 28-11-17 ; « C'est-il notre
-— 432 —
ï
faute [à nous artilleurs] s'il y a des obus mal
pesés ? C'est la poisse. — Une poisse qui
poisse souvent », Cabaret, 470 ; || « La poisse ! »,
cri de rage d'un coureur cycliste Paris-
Bruxelles, au moment d'une crevaison, Rethel,
-09 ; — substantif verbal de poisser, Ennuyer ;
— 2, m.. Déveinard, Celui qui est de corvée
plus souvent qu'à son tour : Le caporal re-
quiert Ladé d'aller à la soupe ; « Ladé. — Non,
mais ça y est ! C'est moi le Chariot, alors ?
« Poisse le baigneur », c'est toujours « mézigue »
qui s'y colle. J'étais déjà de « tambouille »
avant-hier », p'tit gars ; (voir baigneur) ; —
conime si on appelait quelqu'un La Déveine,
poisser. Embêter : « Ça va bien. Tu nous
poisses ! », Gaspard, 164 ; cf. ib., 62, 156. —
Le sens Appréhender, Attraper, et spécialement
Faire prisonnier, (rig., dlle), se trouve aussi
dans Gaspard, 41, 69.
polka des gencives (faire la), Jeûner par
force ; 13^ tir. alg., juill. 18 ; inf., adj. le-
coNTE. — Cf. la sauter.
polker (faire), Lanterner, Berner ; mécanos
d'avoi^, Pau, mars 18. — Ces mécanos inter-
prètent que l'homme à qui on pose un lapin
piétine du pied et va-et-vient dans un espace
. _ 433 —
MNAVI.T 28
restreint ; le vrai sématisme est Balancer, En-
voyer promener ; syssém. : faire tourner, Mys-
tifier, dès -27, Jargon et Cartouche ; — cf,
balancer, sonner.
pommes de terre (être dans les), 1, Gésir par
terre un peu n'importe où, en mauvaise pos-
ture ; aviateurs, nov. 17, à propos de chutes
d'avions ; | « sans le chef de l'escadrille <...>>
j'aurais peut-être, dans une chute magistrale,
été abîmer quelques plants de pommes de terre
aux environs de Moislains ou villages avoisi-
nants », viallet, Gu. Aér., 10-1-18, p. 141,
cl; — 2, Etre évanoui ; divers soldats pari-
siens, avr. 18 ; 8^ génie, -18; | Ce garçonnet de
treize ans que le bataillon avait adopté
« n'éprouvait aucune gêne devant les blessures
les plus démoralisantes. Il ne tombait jamais
« dans les pommes » », mac orlan, Journ.,
28-11-16 ; être dans les pommes, Etre fichu,
malade, blessé ; V. du p. ; || usuel dans les
hôpitaux avant -14. — Syssém. : être dans les
choux. Etre en mauvaise posture, en^danger ;
divers soldats, 17-18 : a un camion dans les
choux »,... Abandonné dans un champ après
accident ; « un avion dans les choux »,... Tombé ;
j LAMBERT; || chevul dans les choux, Cheval qui
— 434 —
tombe et perd la course, terme de turf ; être
dans les choux, Etre en retard dans son travail,
terme de typographes, rig. — Cf. : Un avion
« qui est allé se retourner hier dans les blés »,
DORME, lettre, 27-6-16, in Gu. Aér., 23-8-17,
p. 653.
pomper, A, Agiter le manche à balai d'avant
en arrière ; aviateurs, Miramas, mai 18 ; —
image prise des manches de pompes usuels
dans les cours et jardins. — B, Faire monter
en grade : « Je l'ai vu arriver simple infirmier
et puis on l'a pompé aide-major, ihajor à deux
[galons], mais i' m' impose pas », un lignard,
nov. 16 ; — de pomper, Travailler ferme et
vite, terme de typographes, boutmy, et d'éco-
liers, RIG., et de S*-Cyriens, dlle ? — ou de
pistonner. Faire avancer ? mais cette seconde
explication suppose plutôt une dér. syn. qu'une
simple substitution syn., car l'image d'un pis-
ton qui fait avancer devant lui est tout autre
que celle d'une pompe, qui épuise, qui aspire,
qui déverse.
pompier (faire un). Boire au goulot ; ma-
rins, 17-18. — Ce dérivé de pomper était, sauf
erreur, comme boire au goulot, une locution
réservée. Gf. fokker.
— 435 —
popotard, m., Cuisinier d'une popote de sous-
officiers ou d'officiers ; paysan nantais, 81^ t.,
-16 ; — cf. frontard. — popoteurs, m., Mili-
taires faisant popote ; de feuquières, Pet,
Par., 25-3-16.
porte- brisques, m., Gendarme ; g. maréchal,
sept. 18. — Même idée de embrisqué.
portion de bas-ventre (croûter une), Bouffer
du chat ; 13^ tir. alg., juill. 18.
posséder, 1, Tenir, Manœuvrer, Régir : Les
chefs « nous possèdent et nous aut', on est
qu' des matricules ! », Gasp., 51 ; à propos d'un
embusqué indébusquable : « On avait essayé de
tous les moyens pour le posséder, mais c'était
pas vrai », Feu, 123 ; dans un coup de main :
« Maintenant qu'on a prouvé aux Boches qu'on
les possède, si on s'en allait...», j. des vignes
ROUGES, Journ., 2-7-16 ; — 2, Dompter, Maî-
triser : « Hier soir, A. et E. ont possédé M. »,
l'ont Vaincu dans l'argumentation, 81® t.,
mai 16; I « Si la « Tank » venait à tomber dans
quelque fosse à éléphant, les Allemands ne la
posséderaient pas pour cela. La magicienne
prendrait des ailes ; elle se volatiliserait dans
l'air », H. LE ROUX, Ma^'n, 23-9-16 ; — 3, Trom-
per, Mystifier t « Il a des tas de trucs [d'attrapes
— 436 —
faisantes] pour vous posséder », 46® art., -16.
— Posséder, de nos jours, remplace açoir;ex. :
« le môme venait de posséder sa quatrième
dent )), Bicard, i, 6, (comme exister, être ; et
existence, vie) ; or avoir qqn, c'est le Mener à
sa fantaisie, le Dominer, en Faire sa chose ;
ex. : « nous les avons eus [les Boches] à la
grenade », Cabaret, 462 ; déjà Jeanne d'Arc
s'exprimait ainsi : « Il ne plaît pas à Mes-
sire qu'on les combatte [les Anglais] aujour-
d'hui, dit-elle. Vous les aurez une autre
fois »; et, le jour de Patay : « En nom Dieu, s'ils
étaient [quand même les Anglais seraient]
pendus aux nuées, nous les aurions », Chronique
de la Pucelle, p. 296, 306. — // est à moi, tenir
qqn, prendre qqn, etc., expriment aussi Supé-
riorité par Possession ; attraper, c'est d'abord
Prendre dans une trappe, puis Mystifier. —
L'anglais répond à notre avoir par son to get :
« We '11 get them », On les aura ; Morning.
pot, m.. Cul ; A, Casser le pot à qqn, le Mettre
au supplice ; 2® mixte, -18 ; — et quel sup-
plice ! auquel fait vis-à-vis lui casser les couilles ;
— B, Vavoir dans le pot, Ne pas avoir réussi ;
par ex., avoir distribué le pinard et se trouver
« à la bourre », s'être fait couper un manillon ;
— 437 —
2^ mixte, -18 ; — syssém. : se trouver couillonné ;
— G, en avoir plein le pot, En avoir (de qqch.
de désagréable) assez et plus qu'assez ; usuel
et en voie de devenir bourgeois ; — beaucoup
l'emploient, ainsi qu'en avoir plein le dos, sans
se douter de l'image première ; le pot en ques-
tion vient d'ailleurs à équivaloir l'ensemble des
organes digestifs, à cause de, ses syn. saladier
et cylindre ; tu fen ferais péter le cylindre. Tu
t'en ferais mourir d'indigestion, dlle ; tu t^en
ferais péter le saladier, même sens, Gompiègne,
-09. — Gf. niquer.
pot de chambre, m., Gasque du combattant,
datant de -15 : « Le pot de chambre te protège
suffisamment l'caberlot contre les billes de
plomb », Feu, 226. — Syn. : soupière; Feu, 17 ;
— en boche, suppenpot, delcourt ; — bocal ;
bol ; casserole ; marmite ; saladier ; d. (^).
pot de fleurs, m.. A, Obus boche de 77 de
tranchée ; 95^ inf., forêt d'Apremont, -15,
(mais désuet dans ce corps en mai 18, malgré
(^) Le casque a été précédé par une calotte de fer,
non percée, à glisser dans le képi, (printemps 15), qui
selon le vœu même d'une notice officielle, servait de
lavabo et de casserole.
— 438 —
Pusage continué de la chose) ; — métaphore de
forme ; cf. mitre, casque à pointe. — B, 1, Képi
du troupier français ; 46® inf., 15-16; | Lam-
bert ; D. m, p. ; Ver-Luisant, m B. des A.,
12-4-16 ; (ce nom, allusion à une forme an-
cienne, du képi rouge, tombe en désuétude) ;
métaphore de forme ; cf. gabion. — 2, Casque
1915 ; divers soldats, -16 ; — (cf. panier à sa-
lade ?)
poteau- frontière, m., Sergent rengagé ; très
usuel à la 11® son c. Q. A., -16; || avant -14 au
65® inf. et probablement aussi à Soissons. —
La profession d'un poteau-frontière est de dire
Ils ne passeront pas, — cf. concierge de tran-
chées — ; rintérêt de notre mot est dans la
forte ironie dont on le teinte par en dessous.
pou gris, m.. Boche : « Les poux gris pré-
parent une attaque », m. b. (22® t., mai 15),
Contes çér., 170 ; « Les poux gris sont capables
d'avoir soulevé [capturé] la patrouille )), m. b.
(403® inf., juin 15), N. contes ^ér., 76. — Tenace
comme poux ; gris par sa capote. — Retour
du sématisme, (cf. fokker) : bavarois, m..
Poux ; D. — Envahisseurs, tenaces, et retran-
chés, comme des Boches.
poupée, f., Grenade française P-2 ; 85®,
— 439 —
95® inf., 15-16. — Métaphore tirée de sa « jupe ».
— Syn. et syssém. : crinoline, f. ; 246® inf.,
15-16.
pousse- au- crime, m., A, Vin : « Il y a différentes
variétés de pinard. Les naturalistes signalent :
le rouquin, l'aramon, le pousse-au-crime, le
casse-pattes^ l'électrique, etc. », Poilu du 37,
in Bl des A., 17-5-16. — B, Eau-de-vie ;
156® inf., 5® génie, une s^n de T. M., -18 ; —
sens plus réel et plus vécu.
praline, f.. Eclat d'obus ; lambert ; D. m. p.
— Syssém. : dragée, f., 1, Balle de fusil, rig. ;
2, Eclat d'obus ; D. m. p. ; — ça pleut comme
aux baptêmes les dragées ; cf. dragée, Menu
plomb de chasse, hdt. — marron, m.. Balle ;
marins, -18 ; | lambert ; — pruneau, Balle ;
— toutes confiseries.
prendre, Recevoir (un projectile) ; usuel et
général; | « j'ai pris un éclat d'obus au coude
gauche », paraud, 79 ; « on ne prend pas de
pruneaux en poire [au cantonnement] », pan-
TRUCHARD ; voir fraise ; « prendre un obus sur
le coin », D. m. p., (sous-entendu : de la gueule) ;
« Il vient de prendre une balle », e. r., Journ.
30-10-16 ; Il prendre, Recevoir (des coups) ;
DAUZAT, Langue franc, d'auj., 36 ; « prendre
— 440 —
un gnon », Nénesse, 243 ; « nous avons pris
quelque chose comme flotte sur la bobine »,
PARAUD, 90. — Syssém. : encaisser.
puants, m., A, Gaz asphyxiants ; — B, Obus
asphyxiants ; — D, m. p. — D'où antipuants,
m., Masque protecteur.
pylône (en), En piquant du nez et la queue
se redressant verticalement ; aviateurs, 16-18 ;
— descente en pylône, Chute verticale qui peut
suivre un « piquage du nez » ; 207^ art., mai 18 ;
— atterrir en pylône, se mettre en pylône, Piquer
du nez dans le sol et rester dans cette position ;
Miramas, mai 18 ; | «je me pique dans un ter-
rain à 180 kilomètres à l'heure, en pylône. Un
retentissant craquement, une forte commotion,
je régarde : il ne reste plus rien de mon appa-
reil », récit d'une chute de Guynemer, Matin,
29-9-16. — Le fuselage vertical, la queue en
haut, ressemble à un des pylônes en forme
d'obélisques des champs d'aviation, surtout
quandjl'appareil s'étant fiché en terre, le fuse-
lage, resté droit, est seul visible au loin. —
Antonyme : s'asseoir, Atterrir par la queue au
lieu du train ; R. G. Aé., -17.
(luart à trous, m., Ivrogne ; voir étui ; —
sématisme analogue à panier percé, Dépensier.
— 441 —
(luatrô cent vingt, m., A, Bidon individuel de
2 litres ; 81^ t., oct. 16-oct. 17 ; — par opposi-
tion avec Tancien d'I litre ; cf. gros-cul. —
B, Coup de poing herculéen ; 81^ t., mars 16. —
C, Homme taillé en hercule, et, par ironie,
Avorton ; ce sens sert de sobriquet ; 81® t.,
-17. — Idée de Grosseur, exprimée par le plus
fort calibre de canon vulgarisé par la guerre
actuelle. — Le rapport du sens C au canon de
420 se retrouve, retourné, (voir fokker)ds.ns le
style des troupiers anglais : Jack Johnson,
Gros obus à fumée noire ; Morning ; — du
nom illustre d'un noir, champion du monde
pour la boxe vers 08-11, de stature et de thorax
géants. — D, Cuisine-roulante ; voir sous-ma-
rin. ■ — Syssém. au sens A : crapouillot, 2, 2^, b.
«lueue (de). Employé à tourner la queue des
appareils dont les pilotes, inexpérimentés, ne
peuvent sans risquer le capotage, se virer tout
seuls ; iCART î Vélève de queue ; le tourneur de
queues ; ih.
queue de rat, f.. A, Grenade boche à tige de
0°^,40, se lançant au fusil ; 46® inf ., mars-avril 15,
Argonne ; cuirassiers, 1®^ groupe léger,15-16 ; |
« Les <;...> « queues de rats )) <..•> radi-
naient sur nous, en vitesse », j. des vignes
— 442 —
I
noUGËs, Journ., 1-6-16. — B, (Torpille aérienne ;
textes sous boîte de conserves (à l'article mar-
mite) et sous fléchette. — Le sens B est nié par
les témoins du sens A ; mais le sématisme étant
pareil, Corps cylindrique à longue queue cy-
lindrique, on peut le retenir jusqu'à ce qu'une
plus ample information l'ait réduit à rien.
queurche, m., Tabac ; fantassins, secteur de
l'Aisne, mai 18 ; témoignage d'un jeune soldat
qui l'a appris dans FAisne. — Ce soldat croit
le mot de l'Aisne et interprète qu'on queurche.
Tire, sur le tabac, en fumant ; en H*-Maine
quercir et queurcir, Crever, creucher, encrucher,
Accrocber, Embarrasser.
rab, m.. Portion (de vivres) qui n'était pas
dès l'abord au programme de la distribution
et qui fait l'objet d'une tournée complémen-
taire ; un bon caporal s'arrange de façon à
avoir du rab, et sous ce nom agréable répare
les inégalités de la première tournée, en sorte
que le rab devient règlement l'objet d'un es-
poir ; usuel et général ; 81^ t., 14-17 ; du rab
de rata ; « J'ai pas eu mon rab de gnole » ; | poi-
LULOGUE ; CHAPELLE ; — rab de rab, Portion
qui fait l'objet d'une troisième tournée com-
plémentaire de deux premières ; « superlatif »
— 443 —
de rah comme dit poilulogue ; (ce spirituel
rédacteur au Rigolboche ayant écrit que les
« indigènes » des tranchées se jettent sur le jus
en criant « Au rah ! », sain, a cru qu'il n'était
de rah que de café ; et poilulogue ajoutant
que rah c'est « merveille », « merveille incon-
nue », SAIN, a sérieusement enregistré cette
plaisanterie : « Rah, merveille, chose excel-
lente » !). — rabs, (altéré parfois en rams), m.,
même sens ; table de 2ds.m^s de la marine, -18.
— Rah apocope de rahiot ; rahs est dû certai-
nement à une infiltration des Ecoles des Arts
et Métiers où sont de mode ces apocopes addi-
tionnées de s, ex. : des roup' s de Krourn s, des
roupettes de Kroumirs, des Rognons (en
sauce) ; cf. cleh — >► cleh's, Chien ; l'altération
rahs — > rams, est parallèle à krouhs — >- kroums,
Pain, signalé aux Balkans, (de l'arabe khouhz,
Pain) ; en physiologie m est h nasalisé. —
Rahiot se trouve dès -32 : « Mousse, accoste
ici ! Prends ton bidon et verse-moi mon bou-
jaron d'eau-de-vie ; mais dans le grand bou-
jaron, entends-tu, et non pas celui que tu
as dans ta poche, qui n'est pas de mesure et
que tu as acheté à terre pour avoir ton rabio
plus fort », EDOUARD CORBIERE, Coupersation
444
politique entre deux matelots en 1815, Journal
du Ha^re, 14-11-32 ; ce texte montre le sens
premier qui, ^u lieu d'être Distribution de ce
qui reste, était Reste que le distributeur s'ad-
juge indûment, bref. Gratte. Rapioter, Gratter,
Voler sous couleur d'administration, apparaît
en 1790 dans le Rat du Châtelet : rapioter le
détenu, c'est, en parlant des geôliers, le Dé-
pouiller à son entrée à la prison, de tout ce
qu'il possède, en prétextant la fouille ; même
emploi en 1797 dans nougaret. Histoire des
prisons, III, 57. Le Jargon (1836) a rabiage,
Rente ; une rente est une manière de supplé-
ment gracieux, de gratte ?
Je n'ai pas entendu rab au sens qu'a fré-
quemment rabiot, Suj^plément anormal à un
programme de travail, à la durée d'un service ;
ex. « trois kilom.ètres de rab », Pépères, 165. —
Le puni de prison fait du rabiot en ceci que
demeurant au corps après ses camarades de
classe, il touche, mieux servi, un supplément
de journées de service; | Guynemer tombe de
3000 mètres et en réchappe, il « vit du rabiot
maintenant », Matin, 29-9-16, p. 1, c. 5. —
D'où rabioteur, m.. Puni de prison ; agatha ;
(nullement parce qu'il « mange et boit des
— 445 —
restes », comme le croit sain.) ; — on emploie
aussi rabioteur^ m., Distributeur malhonnête
qui s'adjuge ce qui reste d'une distribution ;
19e inf., -95 ; 8ie t., -17 ; — cf. rogneur, m.,
Caporal d'ordinaire ; rocher; || Fourrier ;
DLLE ; — distributeur accusé de rogner sur la
portion réglementaire.
rab, m., Dos ; usuel et assez général ; —
tourner le rah, 1, S'enfuir ; 2, Refuser de causer
davantage ; D. m. p. ; — recevoir qqch. sur le
rab, Recevoir des projectiles ; lambert. —
Prononcé rapide de râble, Dos, que donne hdt ;
dans CH. léo. Le langage des tranchées, cartes
postales illustrées, n^ 3, planche anatomique,
rab désigne le dos vers les omoplates. — rig.
donne râpe, Dos, sans indication du genre, et
ROSS, rap, Dos ; on voit mal que le dos soit
une râpe comme l'ont interprété rig. puis
DLLE ; — cf. pif.
radia, m., Radiateur ; mécanos ; Mousqu.,
253.
radiner, Arriver, en parlant de projectiles ;
Parisiens et parisianisés ; | « Les gros noirs
radinaient », Cabaret, 461 ; voir mec, sac à
terre. — Le rade c'est la Promonade, le Trot-
toir, {faire le radin, Racoler sur le trottoir,
— 446 — .
radeuse et radassè, Prostituée), d'où radiner,
Trotter.
radio, m., A, Radiotélégramme ; 81^ t., -15 :
« c'est arrivé par radio )) ; — B, Radiotélégra-
phiste : « TROIS jeunes radio <C.--> », Vie
Par., 3-3-17, p. 209, c. 1; ib.y c, 2. — Cf. aréo.
raide, m., Fusil ; d.
raide. Mort ; — d'où deux emplois : A, se
faire porter raide, Se faire porter malade ; cf.
élève-mort ; — B, raide, Sans le sou : « La Se-
ringue comprit [que Balsamo était dépourvu
d'argent] : — T'es raide ? )) Le pilote [Balsamo]
eut un geste vague. — Tu parles. Il me reste
vingt sous )) », PUNCH, Fantasio, 15-8-16 j —
syssém. : mort (à certains jeux), fauché. —
Raide, Ivre, (d'où raide comme la justice. Ivre),
usuel dès longtemps, (rig., etc.), quoiqu'il
puisse être syssém. de mort, qui se dit pour
Ivre, ne parle pas dans l'usage actuel du degré
d'ivresse d'un homme ivre-mort, mais de celui
où il marche raide comme balle.
ramasser un aviateur avec la cuiller à café
et le papier buvard, après une chute, Recueillir
les lambeaux mortels de l'aviateur ; R, G. Aé.,
juin 18 ; I « on l'a ramassé au papier buvard »,
'Mousqu., 82.
_ 447 —
ramdam, m., 1, Jeûne forcé ; — faire ram-
dam, Jeûner malgré soi ; marins, Mocos et
Bretons, 17-18 et avant; 1| légion étrangère et
zouaves, 94-98 ; cf. aller au ramdam, "Ne rien
toucher à l'ordinaire de la compagnie ; légion
étrangère et zouaves, 94-98 ; — 2, P, Tapage ;
faire du ramdam, Chahuter ; soldats, janv. 16 ;
marins, 2® c^^, -18 ; faire ramdam, Chahuter,
un adjudant d'art., Parisien, déc. 17; | « avec
un crapouillot de 90, j'ai mis le feu à une gui-
toune, ça a flambé pendant au moins une demi-
heure. Ils devaient en faire un ramdam ! »,
paraud; Il faire du ramdam, usuel dès -9C au
moins, témoignage d'un Nantais ; faire du
rame-dame. Se fâcher dru, soldats suisses,
Schw. Sold., 69 ; — 2^, Plaisirs de Vénus ; aller
au ramdam, Aller faire l'amour ; un Nantais
parisianisé, bon argotier, 81® t., -15.
Ramdam est, en toute conscience chez les
soldats d'Afrique et les marins, le ramadan,
Grand jeûne, des Mahométans ; les Algérois
prononcent ramdane ; le mot a fait un stage
en Provence et Languedoc, où il se dit du
Hurlement des loups dans la montagne, du
Bruit des cigales, du Sabbat des chats, aussi
bien que du Carême des Mahométans. Le sens
— 448 —
2,1° sort du sens l,parce que le ramadan s'ac-
compagne de bruyantes manifestations de
gaieté, la nuit, et que tout peuple qui pratique
un jeûne rituel a hâte de le rompre. Le sens 2, 2°
sort du sens 2, 1°, soit à cause que les chats qui
font du sabbat sont en amour, soit par la pro-
vection générale du sens Bruit d'une réunion,
d'une foule, au sens Proxénétisme, qui se re-
trouve dans faire la nouha^ faire la noce, faire
la foire (celui-ci usuel dans les garnisons de l'est,
-05, et au camp de Châlons, -07). — Cf. chouya.
ramdamdam (à la), A grand orchestre :
« C'est le capitaine qui a voulu faire lui-même
le rapport : ha, faut voir comme il a écrit ça :
des mots va comme je te pousse, des phrases
à la ramdamdam, une éloquence à coups de
poing », un caporal fourrier (qui a voyagé
dans le midi), 81^ t., -17. — Issu de ramdam,
par développement autogène, ou par chevau-
chement de tamtam ; cf. « truc à la radadame »,
Affaire compliquée et terrible, Nénesse, 235 ;
« du radada dans le bourrichon », du Tinta-
marre dans la tête, ife.,218 ; ramatata. Tapage,
en Languedoc, mistral.
rame (ne pas en foutre une, ou la), Fai-
néanter; 81^ t., -17, (un négociant bordelais, un
— 449 —
F.SNAULT 29
adjudant ex-colonial) ; 109^ inf., 16-17 ; 8^ gé-
nie, -18; semble général; — ne pas en fouti'e
une ramée, même sens ; 109^ inf., 16-17 ; ma-
rins de diverses spécialités, -18 ; 8® génie, -18,
rampant, m.. Militaire du personnel de
l'aviation, mais qui ne vole pas ; aviateurs,
Miramas, mai 18; | rampant, Quiconque n'est
pas aviateur t « en 1915, à une époque <...^
où les « rampants » qui étaient au courant de
la vie quotidienne des aviateurs, en tiraient
volontiers une espèce de fierté » ; vjncent,
Gu. Aér., 17-1-18.
rapide, m.. Vin qui saoule rapidement : « un
kilo de ce rapide là et j'étais retourné », 81^ t.,
juin. 16. — Syssém. : électrique, m., Vin ;
AGATHA ; D. m. p. ; voir pousse- au- crime ;
Il Toul, -08 ; Paris, avant -14 ; —brutal, m.,
Vin ; AGATHA ; — cf. « Il est bon, le mus-
cadet ? — Pas mauvais, mais brutal », ré-
ponse d'un marin normand, mai 18, — Je ne
crois pas que du vin soit appelé du brutal parce
qu'il rend brutal, quoique cette métonymie
nommant la cause par l'effet se trouve dans
loufoque, Vin (qui rend loufoque le buveur), et
peut-être dans gnole ; je ne crois pas non plus
que le vin soit dit électrique quand il est épa-
450
tant, quoique on me dise qu'électrique a été
usuel comme syn. d* Epatant, dans Parmée,
surtout dans la cavalerie, avant la guerre. Une
« compagnie électrique », à la légion étrangère,
ERLANDE, Eu Campagne, 76, est celle où Pen-
traînement sportif est le plus intensif. Le
Canon est le brutal, parce que l'obus est prompt ;
j'ai entendu en -10 nommer le Train-express
le brutal ; le fait qu'un train « rapide », « élec-
trique )) parfois, est dit « brutal » invite à voir
dans les mômes adjectifs appliqués au vin la
môme idée. Promptitude ; ce n'est pas une
image concrète qui mène PeSrprit du Vin au
Train, mais cette idée que le boire est le Véhi-
cule (Je la raison vers la déraison ; de là train
direct, 1, Litre de vin, chez les bouchers de
la Villette, rig. i 2, Verre d*absinthe, (dont les
catégories sont la grande vitesse pour Cha-
renton, la petite {>itesse, la correspondance), rig. «
et wagon, Grand verre de vin, rig. — Cf. pi-
crate, m., Vin; 40^ art., -18; — c.-à-d. picolo à
force explosive instantanée ; — et cra.
rapide d'Asie, m., Obus de gros calibre que
tire sur Sedul-Bahr une pièce établie à Koum-
Kaleh ; marins, Dardanelles, mai 15. — Sys-
sém. : sud- express, m., Gros obus pendant sa
— 451 —
trajectoire ; 65® t., Berry-au-Bac, -16. — Idée :
Rapidité du voyage de l'obus, (cf. brutal, Ca-
non, sous rapide), et Sonorités complexes de
sa course, d'où une double analogie avec le
train de chemin de fer ; cf. train de plai-
sir.
rapport des cuistos, m., Nouvelles que
l'homme de service à la tranchée apprend des
cuisiniers de la compagnie ; 81® t., 14-17 ; —
syssém. : décision de la roulante, f., même sens ;
81® t., 15-17 ; — décision est le nom officiel de
la pièce rédigée quotidiennement par le colonel
pour être lue au rapport dans les compagnies ;
— rapport du sous- marin, m., même sens ;
A. ARNoux; I « Tuyaux de roulante, rapport
de sous-marin », Cabaret, 464 ; — rapport des
chiottes, m.. Nouvelles qu'on apprend aux
feuillées en voisinant et en lisant le journal,
tout en téléphonant ; 81® t., 15-17.
raquette, f.. A, Grenade à main F-2 pourvue
d'un manche,française ; 10®, 27®, 246® inf., 15-
16 ; I V. du p. ', — B, Pétard à manche ; 15-
16, l*-grenadier morande ; — syn. : calendrier.
— Syssém. : battoir, m., Raquette à lancer les
grenades ; D. m. p. ; — brosse à dents, f.,
Grenade à manche ; d. ; — brosse à cheveux,
— 452 —
f., Grenade boche à manche ; 246® inf., 15-16 ;
— métaphores de forme.
rase- mottes, m., 1, Vol à très faible hauteur ;
ESTÈVE, Gu. Aér., 26-4-17 ; — plus métapho-
rique est le casse- mottes, Navire caboteur qui
tangue fort ; terme de marins ; — 2, Personne
myope ; mécanos d'av»"*, Pau, mars 18 : « Elle
est bien, cette gonzesse-là ! — Oh, la la ! un
rase-mottes !» ; — l'avion étant l'œil de l'ar-
mée, c'est une image réciproque et excellente
que l'œil qui rase l'objet soit un rase-mottes ;
cf. fokker.
rasoche. Ras ; « Et les douilles, à la ton-
deuse, rasoche ! », Feu, 42 ; L'obus éclate dans
la tranchée « rasoche du talus », ib., 234. —
Même suffixe : ralocher. Râler, (Grogner) :
« c'est qu'i' raloche, c' débris », ib., 47 ; — par-
locher. Parler ; ib., 115 ; — coUocher, Coller,
(Etre convenable, faisable) ; ib., 15, 261 ; —
balocher ; pétoche. — D'autres mots, suffixes de
même, offrent une altération du radical, voir
sardoche ; cf. alboche.
rat, m., Homme de la Réserve de l'Armée
Territoriale ; 81® t., fév. 17. — Des initiales
R. A. T., qui ne se sont d'abord prononcées que
èr-a-té, m., même sens, 81® t., 14-17 ; le ca-
— 453 —
lembouï* rat n*a d'ailleurs, à ma connaissance,
qu'un succès d'estime. — Autres à-peu-près :
râleur, m., Homme des Régiments d'Artillerie
Lourde ; — des initiales officielles R. A. L. —
Le son malodorant de C. M. R. - 2, Compagnie
de Mitrailleuses Régimentaire n^ 2, a tellement
plu, qu'au 130e ini, sept. 18, la C. M.-2 s'ap-
pelle encore ainsi, quoique R soit superflu de-
puis la suppression en juillet 16 des C. M. de
brigade» — Cf. cama.
rayon, m., Grand route : filer sur le grand
rayon, Faire une étape ; 5^ cuir., d. - — De
rayoUf Sillon tracé au cordeau.
réadmis, m., Haricots ; à bord de V Aventu-
rier, 16-17 ; — les réadmis étant les Marins-
rengagés, et les Rengagés étant surnommés les
fayots ; cf. fokker.
réaliser son zinc. Démolir son appareil ; di-
vers aviateurs, -17 ; semble en juill. 18, R. G.
Aé., encore plus usuel que bousiller', \ Le Boche
« se houzille en réalisant son zingue )), S'écrase
(au sol)..., MONTGEORGE. — Dc même que des
valeurs financières, ou une maison, sont dites
réalisées quand on s'en défait contre argent, de
même un zinc bousillé est réalisé en ce qu'il
n'est plus bon qu'à vendre comme matériel de
— 454 —
réforme. Une autre idée, la même ironie qui
appelle gibus un haut de forme sinistré en
accordéon, consisterait à supposer que la chute
de l'aviateur a été Une expérience réalisant un
type nouveau ; mais elle déterminerait à dire
qu'il a réalisé un zitic, plutôt que son zinc ;
toutefois les deux idées peuvent confluer,
comme celles de Réaliser une valeur et de
Boire du liquide quand on dit nous a^^ons
liquidé, nous avons Bu ; cf. rectifié.
recamouîler, Retaper, Rafistoler : « Voilà
encore une nouvelle note au sujet des perm.
Il va falloir recamoufler toute la liste de la
compagnie », un sergent, 22^ colonial, août 17.
- — L'image précise est celle de tapons collés
sur la liste, comme un camouflage fait de ra-
fistolages.
rectifié. Amoché; aviateurs, 1748; | « Le
train d'atterrissage est légèrement « rectifié »
mais pas de bobo pour l'équipage », cheva-
lier, Gu. Aér., 28-6-17 ; voir bigorner. — Rem-
plaçant syn. de réglé, terme de lutte et del)oxe ;
régler l'adversaire, c'est le Vaincre, donc le
Mettre à mal ; une punition est une Dégelée de
coups ; corriger, Battre. — Cf. rétamer.
refouler. Rudoyer en paroles ; soldats, juill.
455
16 : « Le capitaine est un chic type ; il ne re-
foule personne )) ; — refouler, Se refuser à,
refouler au trai^ail, Chômer, rig.
relevés par les Boches (être), Perdre ses posi-
tions ; 289^ inf., juin 18. — Même ironie amère
dans ra<^itaillement ; — dans en jouer sur une
toile de tente, et être évacué sur une toile de
tente, Etre tué ; d. ; — dans grande permis-
sion, f.. Mort ; 81^ t., -16 ; — d'où machine à
signer les permissions, f., Mitrailleuse ; d.
remettre qqch., S'en occuper de nouveau :
« Est-ce que j'aurai à remettre les sondages ? »,...
à M'occuper encore des sondages (aériens) ? ;
un matelot, mai 18.
Plus fréquemment, remettre ça, 1, Engager
une contre-offensive, Proposer une reprise de
duel, Recommencer l'offensive ; général, usuel
surtout aux contingents des grandes villes ; |
« Reposez-vous, les petits gars, dit l'adjudant
Ligeois. Demain on remettra ça, et vous cou-
cherez le soir à Vauquois, allongés sur des
tripes de Boches ! », a. f. (46^ inf.), N. Contes
vér., 80; Il « remettre, au sens de « redonner »
(des coups) ou « répéter » (des propos désa-
gréables) )) est usuel dès -07 au moins, dauzat,
16-4-17, 667 ; « ils furent bousculés par un trio
— 456 —
de mauvais aloi. — Vous ne pourriez pas faire
attention, leur dit M. W<...>. Alors l'un
des flâneurs : — Viens donc t'expliquer dans
un coin... Et tout en disant ces mots il allongea
son poing dans la direction de M. W-<...>- ;
mais celui-ci para le coup. A ce moment, des
agents apparurent. Les apaches se disper-
sèrent. Un peu plus loin MM. <...> se trou-
vèrent, encore une fois, en présence des
apaches ; mais cette fois, ces « messieurs »
avaient sorti leurs revolvers et leurs couteaux.
L'un d'eux s'approcha de M. M<C.-->. —
Est-ce qu'on « remet » ça, tous les deux ? lui
dit-il », Matin, 13-8-13, p. 2. — 2, Recom-
mencer ce qu'on n'a pas achevé du premier
coup 1 « Nous avons forcé un avion à atterrir.
Il venait nous bombarder, il retournait faire
son plein ; cinq fois qu'il a remis ça ! », un
artilleur, nov. 17; | « T'as donc pas compris
qu'il faut en finir avec la guerre ? Si on doit
remettre ça un jour, tout c' qui a été fait ne
sert à rien », Feu, 366 ; « A la fin [d'un dépla-
cement par chemin de fer] on arrive, c'est-à-
dire qu'on n'est pas arrivé du tout ; on dé-
barque les roulantes <...>> ; et pour terminer
dignement ce beau jour on « remet ça », autre-
— 457 —
ment dit^ <...> on prend son fusil d'une
main) son courage de l'autre et ses jambes à
êon cou pour se rendre à un cantonnement qui
s'obstine à être toujours un kilomètre plus
loin )), la Roulante^ in B. des A., 15-11-16. —
3j 1^, Recommencer (verbe iûtransitif) : « de
« remettre ça ))», de vous Donner une seconde
série de renseignements, un officier, (40^ s^n
D. G» A.), marins, avr. 18 ; « si je tombais
[de mft bicyclette], je remettais* ça ))j un ar-
tilleur, déc. 17 ; Un moteur a un pépin, on
l'arrange, « deux mois après il remet ça », un
2d-m^ mécanicien, déc. 17; | « Si les Boches
insistent et « remettent ça » (comme on dit
fréquemment à la section téléphonique), une
voix lance dans l'obscurité de la sape : « C'est
un arrosage systématique ! », Poilu du 6-9, in
B. des A., 15-11-16 ; « Ah ! la barbe ! Ça fait
au moins cent fois que j' la dis, mon histoire.
Enfin, puisque ça t' fait plaisir, <...> je
r'metB ça, encore une fois », g. v., N. Contes
^ér., 261 ; « Sept heures de vol hier, quatre
aujourd'hui, et demain à 4 heures je « remets
ça » », DORME, lettre, 2-7-16, in Gu. Aér., 23-
8-17 ; — spécialement, Repartir au front :
«Pour moi, ça va. Je vais sans doute remettre
— 468 —
ça bientôt, caf je suis dans lefe ptemiers à partir.
Je ne tn'en fais pas pour cela », un sergent
(155e inf.), lettre, 20-9-16; | « Il a déjà été à
la chasse, comprends-tu, *<•..> Il en a r'çu ;
il sait c'que c'est et il tient pas autrement à
r'mettre ça », Gaspard, 223. — 2", Recom-
mencer (verbe unipersontiel) : « Ça va r*mett'
ça un beau jour », l'accident Se reproduira ;
un 2'i-me mécanicien, fév. IB.
Si l'on n'avait afftiire qu'au verbe remettre
qqch., S'en occuper de nouveau, on l'explique-
rait bien par une locution d'ouvrier et en sous-
entendant le remettre sur V établi. Cette expli-
cation ne convient pas pour remettre ça. Des
consommateurs dans un café se demandent
« Qu'eSt-ce qu'on prend ? », et prendre signifie
Boire ; des soldats sous les obus se disent
« Qu'est-ce qu'on -prend ! », et prendre signifie
Recevoir ; en violentait ces deux Verbes
prendre et donnant au second un syn. qui ne
convient qu'au premier^ on obtient « Qu'est-ce
qu'on déguste ! » ; déjà plus anciennement,
trinquer^ c*était Recevoir des coups. Remettre
ça retravaille l.e même ordre d'idées ; chez le
bistro, c'est, après avoir été l'invité. Dire au
garçon « Remettes ça » et payer à son tour, de
— 469 —
façon que le payant ne soit pas toujours le
même :« Le garçon invita M. G <[•••> à prendre
quelque chose, ce qui fut accepté avec em-
pressement. — Remettez-nous ça ! déclara
M. G<...>, qui ne voulait pas rester sur une
invitation. Nouveau verre au comptoir », Ma-
tin, 2-8-13 ; « — On va remettre ça, c'est ma
tournée ! », bringer, M. le Vicomte, 112 ;
c'est donc, Rendant la politesse, offrir une
tournée ; or Rosser quelqu'un se dit lui fiche
une tournée, (le faire valser), et par calem-
bour lui payer une tournée. La définition re-
mettre ça, (( Recommencer à se battre » donnée
par AGATHA ne convient qu'à propos de deux
combattants dont aucun n'a été battu et qui
font une reprise après une trêve-Dieu ou un
empêchement majeur ; or, au sens primitif,
celui des bistros, désire remettre ça quelqu'un
qui se considère en état d'infériorité chevale-
resque ; d'où le sens Ayant été battu, recom-
mencer à se battre. Désirer une nouvelle re-
prise pour obtenir un avantage définitif et une
décision heureuse. — L'extension du sens jus-
qu'à Recommencer est postérieure.
Dans le texte « De temps à autre on s'mettait
ça avec les gens d'en face, histoire de s' mon-
— 460 —
trer qu'on était là », g. v., N. Contes vér.^ 264,
il n'est pas évident qu'il faille corriger 5' met-
tait en remettait ; je lis dans une lettre d'un
Landais (3^ chass. d'Afrique) « je suis toujours
en trien [train] de me donner ça avec les
Boches », juin 18.
renfort, m., Mandat-poste ; 7^ génie, d. ; ||
des renforts d'argent est du meilleur français,
(du Corneille, in hdt). — On ne saurait trop
préciser les sématismes populaires ; on peut
supposer qu'il s'agit de * soldats de renfort, (les
soldats étant les Sous), ou de ^chevaux de ren-
fort ; cette dernière hypothèse, due à d., a
l'avantage d'expliquer le mot cheval, Mandat,
mieux que ne le font les mots argotiques hidet
et postillon, Correspondance entre prisonniers.
Il faut remarquer pourtant qu'il y a ressem-
blance d'une lettre à un mandat : une lettre
étant un poulet, on en a tiré pigeon. Avance
d'argent, (delvau, rig.). Mandat, (déch.) —
De cheval. Mandat, (usuel aux soldats, 14-18 ;
aux lycéens, Poitiers, -94 ; aux fantassins,
Orléans, -97), sont issus poney, Billet de
500 francs ; rig. ; — ours, m.. Mandat ; aga-
THA ; D. ; — lapin, m., Mandat ; d. ; — sur ours
et lapin au sens Cheval, voir p. 566.
461
repasser, Passer en revue et mettre en état J
« Vous allez, sans désemparer, « repasser » l'ap-
pareil [l'avion], de la première à la dernière
pièce «, DEÏ.ARQNCE, Croquesel, m, in France
Militaire, 12-10-16.
repérer, 1, Voir, Apercevoir ; usuel et gé-
néral *. « Prends garde de te faire repérer I »,
81^ t., 14-17 ; — d'où se faire repérer^ Etre
pris en faute, parce que c'est aussi le sens de
se fq^ire s^oir ; — 2, Trouver ; usuel et général ;
I « j'ai repéré un coiQsteau "^^Petit Echo (18® t,),
28-2-15 ; « Mme Bicard, ainsi dirigée, sut re-
pérer [dans le journal] la glorieuse citation à
l'ordre du jour », Bicard, ii, 1 ; — 3, Discer-
ner; I « On y [lui] demande comment que
c'est qu'il a repéré les Turcs »,.., comment il a
Reconnu que c'étaient des Turcs qui occupaient
la tranchée, i6., ii, 9 ; — repérer le miaule, aux
Balkans, c'est Prévoir qu'on va être évacué et
par quel mulet ; (dans le civil le malade est
au contraire visé par les croquemoris) \ —
4, Choisir (qqn) à demeure pour les sales cor-
vées et tri&tes postes : « Je l'ai à l'œil, je l'ai
repéré et photographié », 40® art,, -18. — Ce
terme d'artillerie, familiarisé aux emplois les
moins techniques, s'est d'autant plus aisément
4G2
étendu que Tartillerie est devenue prépondé-
rante ; mais on le trouve dès -81, déguisé en
repérir, (bien incapable d'être décalqué di;
latin reperire, et qui offre une confusion prove-
nant de l'écriture), Guetter, Observer, dans le
jargon des voyous, rig., et en -89, repérer.
Regarder, macé, Mes lundis en prison, 264.
replier (se), Fuir à toutei jambes, (même
en parlant d'un animal, d'un civil) ; usuel et
général, 14-18; | Bicard, ii, 11; — euphé-
misme, — imité, dit le poilu, des communi-
qués officiels, (de l'ennemi, s'entend).
requin, m., Avion bimoteur Caudron R^4 ;
aviateurs, -18; [ montgeorge. — Les uns y
voient une métaphore visuelle frappante sur
cet appareil comme pisciforme, les autres ne
découvrent aucune ressemblance ; comme cet
avion sert aux bombardements, je pense qu'e^
effet il a été jugé assez carnassier pour déve-
lopper en requin le R de sa marque ; cf. mort-
subite.
il^îréauisitionner. Voler ; 81® t., 14-17 et pro-
bablement général. — • Réquisitionner c'est
prendre s^ns payer ostensiblement ; — le
même euphémisme est usuel en Allemagne,
Vorvi^aerts, in B. des A., 16-18 mars 16, p. 3,
— 463 —
— Syssém. : acheter, Chiper ; 81^ t., 14-17, —
qui, sauf l'intention d'amorcer une devinette,
ne s'emploie qu'avec un signe d'ironie, un clin
d'oeil, un sourire, un quart de silence, ou, en
écrivant, une soulignure, (cf. Cabaret, 458).
resquiller. S'accorder un supplément. A, d'ab-
sence ; marii^s \ « J'ai resquillé un quart
d'heure », mars 18 ; | resquiller, S'esquiver du
bord, B. des A., 16-5-17, p. 7, traduction sus-
pecte ; — B, de bon temps : « Je resquille, on
m'a oublié », On oublie de me réembarquer
après mon année de terre, marins, -18 ; —
C, de boisson : « Il avait resquillé tout le reste
du litre », ib. — Syn. au sens A : charger, S'oc-
troyer un supplément de permission ; d. ; —
de charger, Exagérer.
rétamer un appareil, Briser un avion ; —
se rétamer, Se tuer ; — aviateurs, -17 ; 1
Mousqu., 20, 82. — On dit d'un perroquet qui
chipote un bouchon de liège qu'il « s'entend à
faire des bouchons neufs » ; rétamer, c'est
Remettre à neuf. — Cf. rectifié.
retour de campagne (nœud de). Muscle viril,
que le défaut d'exercice n'a pas atrophié ; ma-
rins, -18. — Syssém. : « j'ai eu mon «oucher
du jeudi. — Ton crampon des contributions ?
— 464 — •
— Ah ! ne m'en parle pas ! j'aimerais mieux
un retour d'escadre ! Quel enragé ! », propos
d'une fille de maison, Philibert, 80. — Cf. « Il
se tenait là comme un vit de noce »,... Raide,
Gourmé, Plein de soi ; un marin, déc. 17.
retour de flammes (à la), Extravagant (en
parlant d'accoutrements) : « des aviateurs et
des grues habillés à la retour de flammes », un
matelot, mai 18. — Développé de flambard,
flambant, même emploi, mais qui a un sens moins
risible.
retourné, A, Fou ; 81® t., -16 : « Quelquefois
le commandant est vraiment retourné et dingo »;
I Les services de l'arrière, il y en a tant que
c'est « à en devenir r'tourné », Feu, 120 ; voir
maouss-pépère ; — syssém. : chaviré ; marins.
— B, Saoul ; 81® t., juin 16 : « Hier soir, j'étais
retourné » ; 40® art., -18 ; | agatha ; — ému,
c'est Ivre à un certain degré ; être retourné,
c'est Etre vivement ému, hdt ; cette explica-
tion vaut mieux que de rapprocher « Il avait
les yeux retournés », Il était saoul, un Nantais,
-16, qui rappelle davantage le breton mezo^
dall, Saoul à en être aveugle.
retournés (les bras). Incapacité de travail
(prétendue) : « il a les bras retournés », Il est
— 465 —
ESNAULT 30
paresseux ; 81^ t., 15-17 ; « il est né les bras
retournés », Il est paresseux de naissance, un
Parisien, -16 ; — d'où, syn., Jes avoir retournés,
[les Bras], 40^ art., -18 ; — et syssém. : les
avoir cintrés, [les Bras], 40^ art., -18 ; les avoir
en vrille, déch. ; avoir les bras, ou les avoir, à
la retourne, Ne pas avoir le caractère ouvrier,
mécanos d'avo^^, Pau, mars 18 ; au 13^ tir. alg.,
juilL 18, on souligne, d'un expressif « comm'
ça I » en arrondissant les bras ballants, le pouce
sur la couture du pantalon ; | « Pour le turbin,
je les ai à la retourne », Toussaint, Vie Par.,
26-8-16, p. 647 ; cf. « un gentil petit gars, tout
franc et dessalé, qui ne r'tournait pas les mains
devant l'ouvrage », Feu, 20-8-16 ; — mes méca-
nos m'expliquent qu'ayant toujours les mains
huileuses, ils les mettent sur la hanche par le
revers quand ils n'ont pas affaire à la machine,
et que dans cette posture les bras sont retour-
nés ; cette image explique bien le texte du Feu,
suffisamment la locution a^oir les bras à la
retourne, mais point celle de naître les bras
retournés, qui parle d'une incapacité congéni-
tale dont le sématisme est donné ici sous poilus
(pieds).
revue (être de la), A, Ne pas avoir à manger ;
— 466 —
i
8le t., 14 (les Parisiens) -17 ; — B, Etre frus-
tré de sa légitime, Ne pas participer à une
faveur ; divers soldats, surtout les parisia-
nisés, 14-17 : « Encore une perm qui m'échappe,
i'suis toujours d' la r'vue » ; | D. m. p.; ||
« Il n'y a que les pantes qui ont une couche de
veine... Je suis de la revue jusqu'à la gauche »,
Nénesse, 248. — On ne tire bien cette locution
ni des revues inilitaiFes quoique on se brosse et
qu'on aille à V astiquage avant de les passer,
ni d'aller ^oir défiler les dragons, Jeûner par
force, (rig.), ni de quelque phrase comme Je
n'ai rien pour vous aujourd'hui, mais nous
sommes de revue. Revue (de théâtre) semble le
substitut de comédie ; être à la comédie, A, Chô-
mer ; RIG. ; B, Etre sans le sou ; hogier-grison,
Le monde où Von vole (1887) ; envoyer à la co-
médie, Congédier ; dlle ; ce rapprochement,
sans indiquer le sématisme, recule la difficulté,
ricain, m.. Soldat yank ; 95^ inf., depuis le
contact avec les Yanks, avr. 18 ; « Les filles
n'en ont plus que pour les Ricains », lettre d'un
soldat du 95^ en permission, sept. 18. — Apo-
cope analogue : talien, m., Italien ; d.
rifle, m., Combat : « Tu viens au rif ?», un
permissionnaire retournant au front à un soldat
^ 467 —
de l'arrière, pour le traiter d'embusqué, nov. 17 ;
2e c^l^ -18 ; — rifle, Feu, argot ; e'est un
vrai calembour pour journaux amusants de
comparer un soldat qui a longtemps été au feu
à une argile réfractaire ; il faut de la déduction
pour retrouver dans ce feu image de combus-
tion ; l'accommodation du mot rifle à un sens
aussi spécial et technique ne se fait que chez
quelqu'un qui pense au mot feu et par parasi-
tisme ; cf. pépère ; — de même jaffe. Soupe,
mot d'argot, usuel au 66^ chass., -18, s'en-
tend de soi-même, mais être de jaffe, Etre de
corvée pour aller chercher la soupe, p'tit gars,
n'est possible que par référence à la locution
technique être de soupe.
rigolo, m., Fantaisiste : « combien se sont
tués et ont tué en voulant émerveiller la galerie,
« en faisant les rigolos », selon l'argot d'aéro-
drome », MORTANE, Gu. Aér., 12-7-17, p. 546.
— Idée de Clown aérien.
rimailho, m., 1, Viande roulée en cylindre,
en gros boudin enrobé d'une gaze ; on le
nomme aussi « saucisson d'Australie, viande
protégée », c'est intermédiaire entre le « singe »
et la viande fraîche ; fiolle, La Marsouille,
243 ; — cylindre, donc candh, donc rimailho,
468
Canon établi par M. Rimailho, célèbre auprès
des troupiers dès sept. 14. ■ — 2, Embusqué ;
« Et comme tout s'enchaîne, un troisième Ri-
mailho est en train de naître, qui n'est ni un
canon, ni un saucisson d'Australie : lorsque,
parmi les pauvres bougres crasseux qui re-
viennent des tranchées, passe un automobiliste
fringant, un mot fuse parfois : « Tiens ! un
Rimailho !... une viande protégée !... », ib. —
Syssém. : viande protégée, f., Embusqué :
« « Indispensable » — c'est <<...> la porte
ouverte par où passent les « viandes protégées »
à travers les lois les plus étroites et les instruc-
tions les mieux cadenassées », p. c. Pays, 3-4-18.
rince- Boches, m., Baïonnette ; dauzat, 16-
4-17, 660 ; — calembour sur rince-bouche. —
Syn. : vide-Boches, m. ; ib. ; — calembour sur
vide-poches. — tourne- Bôche, m.; sain. ; « Le
Tourne- Boche », nom d'un journal du front ;
D. m. p., 233; — calembour sur tourne- broche.
— tire-Boche, m. ; apax, 81® t., mars 16; |
E. H., Temps, 24-5-15 ; — calembour sur tire-
bouchon. — Cf. embocher, Tuer le Boche avec
sa propre baïonnette ; d. ; — calembour sur
embrocher.
Rip (jouer), S'en aller. Fuir ; 17® chass.,
469
juin. 18, L. SAMBARDiER. — Galemhour sur
riper, dériper, mcnxe sens, usuels aux Pari-
siens ; théâtral comme jouer la Fille de Vair,
il le renouvelle. — Syssém. de riper : glisser,
Partir au repos ou en permission ; d.
rocobille, m., Eau-de-vie ; 48^ t., (Champe-
nois en majorité), hiver 16-17; « du rococo, du
rocobille )), un adjudant, ancien colonial, de
Nancy, juill. 17 ; — le mot est peu répandu (^) ;
cf. crocomolle, Eau-de-vie, rig. ; croquomolle,
Eau-de-vie de cidre, richepin. Brades gens, i,
12, (éd. Lafitte).
ronflant, m.. Nez : « un coup de poing sur le
ronflant », Feu, 21-8-16. — Syn. : reniflant, m.,
Nez ; Cabaret, 466 ; || rig.
ronfles (en avoir plein les). En avoir assez et
plus qu'assez (d'une chose désagréable) ; mé-
(^) Je n'ai que deux faits : lo second, de l'adj. Stei-
ninger, récemment venu du 41 <^ t. au 81^ t. ; l'autre,
dû au témoignage de M'"^ Kiefïer, Laître-sous-Amance,
entre 24-1-17 et 2-2-17, chez qui le 48^ t. avait eu une
popote. — A. MAZERY, mou sergent-major, présent à ce
témoignage, présent peut-être aussi à l'autre fait, a
transmis, à d., j'ignore pourquoi, une forme rocabi. —
De soldats du 81^ t. je n'ai jamais recueilli ni colifi, ni
glinglin, ni Rosalie, transmis à d. par a. mazery.
470
canos û'ry^^, Pau, mars 18 ; 156^ inf. (Pari-
siens), juin 18. — Ces mécanos s'étonnaient
qu'une femme eût employé cette locution ï
faire ronfler le bourrelet, Chier, (rig.), permet
de supposer un mot ^ronflantes. Fesses, dont
ronfles serait l'apocope. Il est plus vraisem-
blable que les ronfles sont les narines. — prendre
une ronflée, Se saouler ; 13^ tir. alg., -18 ; —
c.-à-d. s'en mettre plein les trous de nez ?
Rosalie, f., la Baïonnette ; usuel au 80^ t.,
-16, à Boesinghe près Ypres ; | botrel, chan-
son, in B. des A., 4-11-14 ; Echo des Gourbis^
3-5-15 ; AGATHA ; LAMBERT ; M. B. (22^ t.),
Contes vèr., 172 ; f. d., i6., 296 ; a, f., iV. Contes
9ér., 88 ; G. V., i6, 265, 268 ; après avoir fêté
ce mot, l'Arrière a été avisé qu'il n'était pas
fort répandu : « si vous dites « Rosalie » pour
désigner la baïonnette, il y a des chances pour
que vous ne soyez pas compris ! », Guide des
visiteurs au fronts Rigolboche, in B, de^ A.,
20-9-16 ; il est certain au contraire qu'on se
fera très bien comprendre, pourvu que l'objet
ainsi nommé soit proche de l'esprit ; — mais on
déplaira à l'auditeur s'il sait que la vogue litté-
raire du mot est due à M. Botrel, et s'il est d'un
autre bord politique que ce poète ; M, Barbusse
— 471 —
Ta réservé aux embusqués, Feu, 131 ; M. Er-
nest Charles, Pays, fin fév. 18, juge que c'est
une perle, dans fabri, Uart et la manière, de
dire au poilu « Enfonce-toi bien dans la tête
que, dans le civil, là baïonnette s'appelle
« Rosalie )) » ; cet ostracisme, facile, rappelle
le péché que commettent depuis Jules Le-
maître, non pas ceux qui lisent du Georges
Ohnet, mais ceux qui, en lisant, ne l'avouent
pas. — Tout le monde admet sans peine que
d'autres noms de baptême aient été accordés
aux objets familiers, cf. Charlotte, Eugène,
Eusèbe, Gaspard, Grosse Julie, Joséphine, Petit
Pierre, Philibert, Victor, etc., et zigomar, sans
pour cela croire à leur universalité. — Cî.Mlle Le-
hel, le Fusil 86, barres. Echo de P.,23-12-15.
rototo, m., Moteur rotatif d'avion ; Miramas,
mai 18 ; — déformation comique ou assimila-
tion phonétique involontaire de la deuxième
syllabe de *rotato, apocope de rotatif ; cf. ç>éto.
rouffionner, 1, Ronfler : « Tu rouffionnais »,
un sergent ex-marin, 81^ t., 15, (inusité autre-
ment au 81^ t.) ; — -2, Dormir : « on va pou-
voir rouffionner un brin [au cantonnement] »,
PARAUD, 96, (mal transcrit « roupionner » dans
SAIN.) ; LAMBERT.
^ 472 —
rouge (gros), m., Vin roùge de basse qualité :
« Passe vite le gros rouge que j' m'en foute un
coup dans 1' mirliton )), Crapouillot, in Front,
16-3-17. — Syn. : bœu, m., Vin couleur sang-
de-bœuf, Nantais, 81^ t., -15.
rougeole (boîte à), f., Etui de la cagoule ; d
roulante, f., Cuisine-roulante ; 11^ inf., avr
16 ; 81® t., mai 16 ; | « le « jus )) de la rou
lante », Canard du Boyau, in B. des A., 27-5-16
roule- cerceaux, m., Voiture automobile lé
gère et de luxe pour le service des officiers
automobilistes de l'armée d'Orient, 16-17
« Eh, va donc, avec ton roule-cerceaux ! », crie
un « charretier » à un « chien de luxe ». — Les
cerceaux en question sont les Galons circu-
laires des officiers, et, par métonymie, les
Officiers ; — syssém. ; frette, Galon à la cas-
quette ; marins ; — cf. cylindre ; — self ; —
deux- segments, m.. Lieutenant ; trois-seg-
ments, m.. Capitaine ; automobilistes ; | paw-
LowsKi, Signaux, 119 ; — segment, Anneau de
fonte douce qui fait l'étanchéité de compres-
sion entre le piston et la chemise ; sa circonfé-
rence est rompue d'une fente ; on « tierce » trois
segments en les superposant de façon que les
fentes se contrarient d'un tiers de cercle ; d'où
--- 473 -^
métaphore : a J' sais qu* les segments du pis-
ton [= du capitaine] sont bien tiercés et qu'il
a de la compression pour m'envoyer rebondir »,
ib,
roule- par- terre, m., Eau- de- vie ; marins, juin
18; I AGATHA. — Nos aïcux disaient « vin de
pie, vin de singe, vin de lion, vin de pourceau »,
pour noter les stades de l'ivresse : si gnole
signifie Chantante, il répond à vin de pie ; si
c'est Niaise, à vin de singe ; pousse- au- crime et
saute- à'ia- crête répondent à vin de lion ; roule-
par-terre à vin de pourceau. — Syn. : traîne-
par- terre, m. ; d. ; — roule- tout- debout, m.,
D. ; — ^ le poivrot roule, puis tangue, puis coule
bas. — L'homme qui a trop bu est éteint^
40^ art., -18, — allumé, s'il eût moins bu.
roupane, f., Tunique ; cavalerie ; d.
rouski, m., Réclamation bruyante ; 81® t.,
14-17 ; I LAMBERT ', |1 Brest, -07. — Suffixa-
tion libre de rouspettau, m., Bruit, dlle.'— Du
même radical, et syn. : rouspétance, f,, usuel
dès -81 ; RiG. ; — rouscaillure, f. ; D. m. p. ;
Feu, 126, 203 ; — rouscaille, f. ; usuel aux
109e inf^ et ge génie.
rousser, Ronchonner : « J' dis qu' tu rousses
[contre eux] et qu' pourtant tu voudrais bien
_ 474 ^
êtro à leur place », Feu, 121 ; cf. ib., 11, 125,
— roussoter, même sens, ib., 12.
roustance, f.. Cuisine ; d. — Boustissure, suf-
fixe d'après cuistance.
ruche (se taper la), Manger à suffisance ;
359^ inf. (Lyonnais), -16 ; \\ usuel à Lyon, -13. —
Syssém. : se taper la hotte, Bien manger ; Feu,
20-8-16 ; PUNCH, Fantasio, 15-8-16 ; — les
ruches sont souvent der, hottes de paille ; —
se taper la cloche, Bien manger ; P. ris, -10 ; — •
la hotte et la ruche ont une hauteur ovalisée
comme la cloche et toutes trois somatisent par
là la tête humaine ; — se taper la cerise, Bien
manger ; Gaspard, 57 ; — la cerise, la Tête ; cf.
se refaire la crise. Feu, 9-8-16 ; se rebecqueter
la cerise. Reprendre des forces, style de boxeurs,
vAUTEL, Matin, 10-2-09 ; — se taper la gueule,
se taper la tête, Bien manger ; 81^ t., -14 (Pa-
risiens) ; 270^ art. -18 ; — se cogner la tête,
Manger ; Feu^ 204 ; — se la sonner, Bien dîner ;
RiG. — Sonner, cogner et taper, syn. entre-
substituables ; ainsi, à A, se taper la tête ;
B, se taper, Ne pas avoir part ; C, taper qqn, lui
Soutirer de l'argent ; D, taper, Puer, [ça tape,
Ça pue ; marins, -18 ; usuel aussi à Genève ;
taper du placard. Avoir l'haleine fétide, 270^
— />75 --
art., -18), — répondent : A, se cogner la tête ;
B, se cogner, Ne pas avoir part ; poulbot,
Journ., 25-12-16 ; ross. ; C, cogner qqn, lui
Demander de l'argent ; ross. ; D, cogner, Puer,
Sentir fort, (« Ma voisine est rudement par-
fumée. — Oui, ça cogne ! », Poilu du 37, in
B. des A., 31-1-17).
Se taper, cogner, ou sonner, la tête, signifie que
le geste de porter l'aliment à la bouche res-
semble à celui de porter une taloche au mu-
seau : « Car, au nombre de ses péchés mignons,
Plumage avait celui de collectionner les « pom-
pons » et d'entretenir les cuites. Chaque jour
il se perfectionnait dans ce sport du gosier et
des taloches sous le nez w, Echalote, m, 11.
Cette même image peut aussi s'exprimer en
prenant pour complément d'objet non plus la
tête qu'on tape de qqch., mais la chose dont
on tape la tête : « sous les pilliers [des halles]
où 'tapions simpelment d'misptier de six
yards », Madame Engueule, (1754), scène 8,
in NisARD, Quelques parisianismes, 14 ; « Allons-
nous nous en taper ! »,... Boire, scribe, Uhon-
neur de ma fille, (1836), in rig. — Cf. gnole.
rupture (en). Fou : « Qu'est-ce qui t' prend,
t'es pas en rupture, des fois ? », Feu, 257 ;
476
sous-entendu : de cabanon. — Cf. « Grand, et
si maigre, et si osseux, qu'il semblait en rup-
ture de cercueil », acker, La classe, 30 ; cf.
échappés.
russe, m.. Nouvelle recrue ; au dépôt du
...^ dragons, dans Touest : « Un bleu, c'est un
Russe. Si vous demandez pour quelle raison,
on vous répond : « C'est parce que la Russie
mobilise ! )) », e. h., Temps, 24-5-15. — L'éty-
mologie semble autre : le Russe, le Bleu, mot
de soldats bavarois et wurtembergeois ; et en
allemand populaire er ist ein Russe, Il a bon
dos, C'est un lourdaud, delcourt ; on peut
supposer que le dépôt en question* avait appris
ce mot de prisonniers boches ; cf. boucher noir.
— Ce fut sans doute, d'ailleurs, une plaisan-
terie passagère, analogue à celle d'appeler
boches les premiers soldats de renfort arrivés
au front en bleu horizon et qui semblèrent
odieusement laids, 81^ t., janv. 15 ; — (par
une rencontre curieuse, ou par propagation de
France en Suisse, les soldats genevois disent
aussi Tu as tout du Boche, Tu as la nouvelle
tenue, Schw. Sold., 72).
russes, f.. Linges dont on s'enveloppe les
pieds ; agathaiç — ellipse du mot chaussettes ;
— 477 —
i
chaussettes russes^ même sens, est ancien ; ccjs
linges sont d'usage norçi 1 chez le paysan russe
et réglementaires dans l'armée russe ; cf. gau-
THIOT, 80.
sabre, m., Mandat ; d.
sac à terre, m., A, Imbécile ; — voir ballot.
— B, Obus : Les « « sacs à terre » radinaient
sur nous, en vitesse », j. des vignes rouges,
Joum., 1-6-16 ; — syssém. : sac à charbon,
m., a, Gros obus ; 325® inf. (Poitevins), août-
sept. 14, en Lorraine ; cohen, 74 ; — b, Obus
de tranchées ; cuirassiers, 1®^ gr. léger, 15-16 ; —
Texplosion de Tobus dégage comme un nuage
livide et noir et pulvérulent de charbon ou de
terre ; les noms ci-dessus concrétisent la même
image que note gros noir ; ils visent, comme
marmite, le contenu de l'obus, mais ils le spé-
cifient, en donnent une image plus simple, et
la couleur de l'explosion devient l'essentiel du
sématisme ; — ne pas confondre avec seau à
charbon.
sac à viande, m.. Sac de couchage : deux
pièces de coton, cousues à un bout, et sur les
côtés, jusqu'à la hauteur de la poitrine, où
elles comportent de chaque côté un soufflet ;
la pièce qui reçoit le dos plus longue que
— 478 —
Pautre, de façon à recevoir aussi la nuque ;
8le t., 16-17 ; 40e art., -18 ; — syn. sac à bi-
doche, m., 8le t., 16-17 ; 40^ art., -18. — Sac
à viande, Chemise ; prison de Reims, -50,
TABBÉ ; MERLIN.
sac à lest, sac de lest, m., Soldat aviateur
non pilote, (mitrailleur, bombardier, observa-
teur) : « En voiture, le lest ! », invitation du
pilote, 17-18; | « Ignorants des ailes, ils s'em-
barquent auprès de n'importe quel pilote
<!...> les sacs à lest, des sacs pensants »,
DAÇAY, Gu. Aér., 15-3-17, p. 286, et ib., 17-1-18,
p. 158 ; Il le lest, les Fantassins à bord d'un
transport ; marins. — Syssém. : colis, m., Ob-
servateur en avion ; aviateurs, août 18. - —
morpion de carlingue, m., Radiotélégraphiste ;
ib. ; ■ — parasite du pilote, il se fait porter, (cf.
fainéant) ; en outre lui-même se plaint cons-
tamment d'avoir des parasites, c.-à-d. des
Bruits provenant, dans son appareil, des cou-
rants telluriques ou météoriques.
sac à linge, m., Sergent- fourrier ; D. m. p.
— Idée : il est vêtu de première, du moins
habillé de première main ; du linge, c'est une
Femme coquette ; rig.
saint- honoré, m., Pain (de munition) : « On
— 479 ■—
a conservé par prudence <...> un quignon du
Saint- Honoré », Feu, 58. — Louange sincère ?
salopette, f., Pantalon de toile, bleu, recou-
vrant ou remplaçant le pantalon de drap ou
4e velours ; 81® t., 14-17; || « Large pantalon »
des ouvriers de Paris, a. daudet. Une éç^asion
(1871), (à la suite de Robert Helmont, in-8^
p. 71). — Protégeant le vrai pantalon, elle
prend pour elle les saletés pendant le travail.
sang des autres {le), la Décoration de la Lé-
gion d'honneur ou de la Croix de guerre,
quand elle est attrapée par faveur ou atteinte
à Tancienneté ; 81® art. 1., mai 18. — L'idée
est celle de la fable de Bertrand et Raton ;
mais le sématisme, s'il n'a pas été créé par le
rouge de la Légion et celui que comporte la
croix de guerre, s'en trouve précisé. Hugo, à
l'archevêque de Paris, complice selon lui du
crime de Décembre, disait « Et ce n'est pas
de vin Que ton ciboire est rouge ». — Syssém. :
charognard, m., Officier qui obtient avance-
ment et honneurs à l'arrière ; d. — Il profite
des cadavres. « Les affaires, c'est l'argent des
autres. »
sardoche, f.. Sardine (à l'huile) ; 81® t.,
août-déc. 14 (Nantais). — Libre suffixation
480
altérant le radical ; — de même manoche, f.,
Manille, (jeu) ; 81^ t., -15; | « à faire la « ma-
noche » )), Gaspard, 221 ; — cantoche ; ^er-
noche ; allemoche ; filocher. — Cf. rasoche.
sauce, f.. Essence (de moteur) ; aviateurs,
mars 16- juin 18 : faire son plein de sauce ; —
mettre la sauce, Mettre l'essence carburée ;
mettre toute la sauce, pour forcer de vitesse.
saucisse, f., A, Ballon captif allongé (pour
l'observation) ; 81® t., avr. 15 ; universel et
admis en style officiel dès -15. — D'où sau-
cissemann, m., Observateur en saucisse ; mé-
téorologues à Rosnay, -17 ; — suffixe germa-
nique allusif à l'amour des Boches pour les
saucisses ^ cf. choucroutman, Allemand, dlle,
F.- A. — Syssém. : boudin, m.. Captif allongé ;
81® t., 15-16; — boudin cavaleur, m., 1, même
sens ; — cavaleur parce qu'il se déplace en
campagne par les moyens d'automobilisme,
en mer par ceux de navigation, auxquels son
câble le rattache ; — 2, Femme collante ; d. ;
— parce qu'elle vous espionne.
B, Tuyau de poêle, ou Crapouillot ; 81® art. 1.,
mai 18 ; mot « spécial à la région des Vosges »,
me dit un témoin ; | Les Boches lancent « des
marmites, des saucisses et des tortues », lettre
— 481 —
ESNAULT 31
d'un soldat du front, in sain. — D*où sau-
cisson, m., même sens : « Quelques minen^ des
« saucissons » éclatent », l'autre sergent,
Œuçre, 4-11-16 ; Bourru, 65.
saucisson d'Australie, m.. Viande roulée en
cylindre sous une gaze protectrice ; voir ri-
mailho.
saute-à-la-crête, m., Eau-de-vie ; 156^ inf.,
avr. 18. — Syn. : saute- parapet, m, ; inf.. Lorraine,
14-15. — On en donne au troupier pour
sortir à l'assaut de la crête qu'occupe l'en-
nemi ; — notons que crête, Ligne faîtière d'une
hauteur, terme de topographie, est devenu
tout à fait usuel dès le début de la guerre chez
une foule de paysans et d'ouvriers qui autant
dire l'ignoraient, 81® t., sept.-oct. 14.
sauterelle, f ., A, Fusil mitrailleur ; 289® inf.,
juin 18. — Cette arme est pourvue, pour assurer
la visée, d'une double béquille de bois; — d'où,
syssém. plus simple : îusil à pattes, m., même sens;
66® chass., mai 18. — Ces pattes ne l'empê-
chent pas de sauter ; d'où son nom de cabri,
m. ; D. — B, Lance-bombe à ressort, sorte d'ar-
balète ; -15, j.-p.-FAURE. — Le f.-m. a hérité
l'emploi tactique de cet engin de tranchées.
savé (no-). Je ne comprends pas (ce que vous
— 482 —
dites), Je ne sais pas (la chose que vous ftie
demandez) ; marins, janv. 18 et avant. — Les
Américains, matelots et officiers, conjuguent
/ saç'^y, he sa^^çies, do yoU sa^vy ? I saççièdy
et y voient une itnportation mexicaine intro-
duite par le sud-ouest des Etats-Unis.
schlass^ A, Ivre ; 81^ t., -16; | Feu, 113 ;
FAGus, 564; 11 commis de magasin, -10 ; slasse,
slassique Ivre, dlLe ; — au 81^ t., on prononce
aussi chass ; — B, Esquinté t « je suis schlass »,
Je suis éreinté ; Nancéiens, mai 18. — dlle le
tire d'un hypothétique * soûlasse ; sAiN. d'un
hypothétique *cheulasse ; fAgus de Tallemand
geschlossen.
schloff (faire), Dormir ; Feu, 236. — Plus
anciennement aller au schloff, aller à schloff.
schraspout, m.. Obus : « — Rentre et ferUne
la porte encore une fois, on f ra tant qu'on
finira pas [par] s' faire f... des schraspouts sut
la gueule », boulanger, Est- Républicain, 20-
8-16. — Consultation du d^ Abt, l'ophtalmo-
logue nancéien : Schraspout créé depuis la
guerre est d'aspect très lorrain ; beaucoup de
mots, — exprimant des idées de coups et de
rossée, — reçoivent dans le parler de Nancy le
suffixe -pout, particulièrement les monosyl-
483
labes ; capout est lorrain autant que boche ;
on entend couramment, et dès avant -14, les
paysans lorrains dire Je suis craspout, Je suis
foutu ; un mot comme schlass, Esquinté, de-
viendra aisément * schlasspout ; la terminaison
-spout de ces deux mots-là, la ressemblance de
schlass et de shra-, ont pu influencer particu-
lièrement shrapnell pour y introduire un s.
scrapnell, m., Shrapnell ; 81^ t., 15-17 ; un
2d-m® (qui a fait les Dardanelles), mars 18,
(mais il rectifie immédiatement après en
shrapnell). — Prononcé courant de shrapnell ;
faut-il l'attribuer à la graphie, mal à propos
germanisée, « schrapnell », (ex. : F. d., Contes
ver., 19 ; m. b., i6., 165) ? — Un grutier de
S*-Nazaire prononce léz éscrapnèl, 81^ t.,
avr. 16. — Voir pélot.
seau à charbon, m., Projectile boche plein de
grenades qui se répandent à son éclatement ;
46^ inf., sept. 16, Champagne ; et très em-
ployé déjà avant; | « Le Sceau à charbon »,
titre de journal, in B. des A., 18-4-17 ; —
« le premier qui a employé ce nom est sans
doute le premier qui a vu cet engin ; l'image
est immédiate. Quand on a reçu des seaux à
charbon on ne peut pas concevoir que ce mot
— 484 —
soit employé à autre chose qu'à les indiquer »,
1* DE LA BLANCHARDIÈRE. En boche koleU-
kasten,' (caisse à charbon), Obus lourd, del-
couRT ; en anglais coal box, (boîte à charbon),
Gros obus « that gives out a lot of black smoke »,
Morning. — Cf. sac à charbon, Obus, qui se
tire de la poussière noire qu'émet la chute
d'un sac ; le sac peut ne pas se vider ; l'image
de seau à charbon est d'un récipient noir rempli
d'objets noirs, briquettes, boulets ou cassons,
et qui se décharge(^).
Il n'y a pas à fixer en article de lexique
l'image suivante de M. Barbusse : « le 220 qui
n'est qu'une gueule, un seau à charbon, qui
crache son obus de bas en haut », par compa-
raison avec le 120 long, « mince et fin du bec »,
lévrier gris, Feu, 235.
séchoir (aller au). Aller, en parlant de fan-
tassins, à l'attaque de positions aux barbelés
intacts et bien défendus, où les cadavres res-
teront accrochés comme des loques durant des
(1) L'appareil français Moisson, boîte à mitraille volu-
mineuse, aux parois minces, (souvent un baquet de bois),
munie d'une queue, lancée par crapouillot, en usage en
14-15, répond à peu près au seau à charbon.
— 485 —
jours ; 207® art., juin. 18. — Cette image ma-
cabre, fort nette, vaut une étymologie. Toute-
fois séchey sur le fil, qui a le même em.ploi,
156® inf., août 18, a aussi le sens général Etre
mort, ih. — Cf. monter à la ripée, Partir à l'at-
taque ; 130® inf., C. M. -2, août 18 ; — g. fert
RAND, qui le croit assez général, le tire da
R. I. P., {Requiescat in pace), inscription tom-
bale ; on aura (lit d'abord * monter à Vèr-i-pé,
c.-à-d. aller à son cimetière ? Il est possible
qn aller au séchoir en soit le simple synonyme,
— séchoir, Cimetière, ri g., — et préexistât aux
barbelés.
secteur, na., 1, Département, Service attribué
à qqn ; 81® t., -17 : « Les munitions, c'est pas
mon secteur, je m'occupe de la comptabilité-
personnel )) ; — extension du sens Portion de
front où on est de service. — 2, en diverses
locutions : arroser son secteur, S'arroser le go-
sier, ARNAC, Fantasio, 1-4-17, par allusion aux
arrosages d'artillerie ; — filocher le secteur ;
— queues romantiques amenées par la fré-
quen«3e du mot secteur dans la conversation
du combattant ; — comme on dit açoir le go-
sier pris d'enfilade par un coup de vin^ Boire un
trait, 289® inf., -18 ; — abattre son deuxième
— 486 —
a^ion, Boire son deuxième quart de vin,
C. M. -2 du 130e inf., juin 18 ; — et mettre sa
godasse en liaison avec le derche, Donner un
coup de pied au derrière.
self, m., Officier supérieur ; 8^ génie, c*^ D-4,
sept. 18, M. vERDEiL. — Du Schéma analogue
de ses galons et d'une bobine de self-induction.
Cf. cylindre.
seringue, f.. A, Lebel ; 81^ t., -16 ; 95^, 360^
inf., 16-18 ; général ; | agatha ; « les magasins
d' nos seringues », Feu, 59 ; || Vieux fusil ou Mé-
chant fusil, en Beauce, Lorraine, Provence, etc..
Ancien fusil très long des Arabes, chez les troupes
d'Afrique ; dauzat, 27-6-17 ; en boche spritze,
(seringue). Fusil ; delcourt. — B, Canon ;
« des seringues de 37 », employées à bord des
bateaux contre sous-marins, un l^^-m®, déc. 17 ;
I une carte postale illustrée, éditée (chez Le
Deley) avant nov. 16, montre des caricatures
peintes sur des tentes dans un campement fran-
çais, dont l'une est un artilleur introduisant à
un Boche une seringue étiquetée « 75 » ; —
inversement, (cf. fokker), les Infirmiers sont dits
artilleurs de la pièce humide. — C, Obus du
mortier Stokes ; 2^ mixte, 95^ inf., mai 18 ;
« envoyer une seringue aux Boches » ; — méta-
— 487 —
phore de forme : à l'arrière de l'engin la chambre
d'explosion, à l'avant une fusée ; — les engins
Stokes, (très transportables et lançant 30 obus
à la minute), sont rattachés aux pelotons de
canon de 37. — D, Fusée ; D. m. p. ; — méta-
phore de forme ; à moins que « fusée » soit une
simple coquille pour « fusil ».
Dér. : seringuée, f., A, Bombardement par
obus Stokes ; 2® mixte, mai 18 : « fiche une
seringuée aux Boches » ; — B, Décharge d'une
mitrailleuse ; esc. S-152, juill. 18.
sévères (pertes), Pertes (militaires) fortes,
rudes ; expression fréquente dans les commu-
niqués officiels ; — « séçère n'est qu'une tra-
duction <C--.>> de l'allemand streng. Elle a
paru d'abord dans les éditions genevoises des
communiqués boches, puis a passé dans nos
traductions officielles des communiqués russes »,
Cri de P., 2-11-16, p. 10, c. 2 ; dauzat, mai 17,
483, reproduit cette opinion et le reproche qui
s'en déduit ; mais sévère avait passé, depuis
longtemps, du sens Sans indulgence, Sans relâ-
chement, au sens Exagérément dur, dans cer-
taines alliances de mots comme châtiment
sévère, climat sévère ; au sens Rude, Difficile à
croire, dans En voilà une sévère /, rig. ; et l'an-
— 488 —
glais, qui dit severe d'un climat, d'un rhume,
d'un mal de tête, d'une douleur, est accusable
d'influence plus que l'allemand ; cf. finish.
Cf. SOUS-évaluer, Apprécier au-dessous de la
réalité : « Le correspondant du Times à Wa-
shington télégraphie <...>> Cela n'est pas dû
au fait que les héroïques exploits des Français
sont sous-évalués », Matin, 19-9-16, p. 3, c. 2 ;
est-ce traduit « de l'allemand unter-schaetzeny),
comme le croit dauzat, mai 17, 483 ? on le
trouve sous une influence anglaise ; « sous-
évaluer», elwall, Dict. an glais- français, 13^ éd.,
traduisant to underçalue, terme de commerce ;
— cf. « sous-estimer Veffort de nos adversaires »,
B. des A., 6-9-16, p. 5, c. 1.
Cf. tendre une inondation. Inonder un sec-
teur pour raisons stratégiques : « C'est sans
doute à la même source [traduction des com-
muniqués boches] que remonte l'étrange ex-
pression tendre des inondations, employée dans
plusieurs communiqués de mars 1917 », dauzat,
mai 17, 484 ; non point ; cet emploi de tendre
ne se défend pas seulement par ce texte officiel
« Les inondations, tendues devant le front d'une
position, en rendent l'attaque difficile ; mais
<;...> », Instruction sur les travaux de campagne
— 489 —
approuvée le 21 décembre 1915, 89, mais aussi
par un passage de daru, Venise « autour de
laquelle une vaste inondation est toujours ten-
due », Histoire de Venise (1853), II, 68, et par
ce texte-ci, « Lorsqu'une place sera en état de
guerre, les inondations qui servent à sa défense
ne pourront être tendues ou mises à sec sans
un ordre exprès du Roi », loi du 8-7-1791,
titre I, art. 36, in M. de Fr., 1-2-16, 573.
Cf. inchangé, Sans changement : « situation
inchangée », usuel dans les communiqués offi-
ciels dès oct. 14, et devenu par eux usuel popu-
lairement au moins dans cette alliance de
mots ; DAuzAT estime cette vogue due à une
influence de l'allemand im^eraendert ; mais
inchangé est dans littré ; M. Dauzat lui-même
l'avait employé avant la guerre : «l'orthographe
restait inchangée». Langue franc, d^auj., 116 ; cf.
inchangeable, loti, UInde, Vers Bénarès, xi ;
« des viandes invariées », huysmans. Cathédrale,
110.
sidi, m., A, Individu ; 81^ t., -16; | « Des
journalistes ? — Ben oui, les sidis qui pondent
les journaux », Feu, 39 ; « ce sidi-là », ib., 8-8-
16 ; — valeur de dédain. — B, Soldat indigène
algérien, Bicot ; usuel et général ; | « manger le
— 490 —
couscous avec les « sidis » », Bicard, ii, 16 ; —
et aussi Travailleur colonial, employé à l'Ar-
rière ; usuel à Rennes, mai 18, Ouest- Eclair ,
12-5-18, p. 3, c. 1. — Du vocatif arabe sidi,
Monsieur, d'où le sens A, qu'a aussi monsieur,
et le sens B parce que les hommes de couleur,
êtres de soumission, ont souvent à dire sidi. —
Cf. chouya.
signaleur, m., Lapin ; monax : « il [un lapin]
a Vair de jouer du télégraphe optique avec ses
oreilles ; on l'appelle « le signaleur » )), m. b.,
N. Contes çér., 250. — Image juste, mais un
peu Jules Renard ; je doute qu'elle se fasse
recevoir comme métaphore usuelle.
silencieux, m.. Coutelas de combat : « Le
couteau de tranchées est désigné sous ses an-
cins patronymes de lame et lingue. Au cours
d'une patrouille, j'ai entendu un Parisien l'ap-
peler son silencieux )), g. maréchal, 289^ inf.,
mai 18. — On compte aisément dans le présent
lexique une cinquantaine d'adjectifs employés
comme substantifs.
[^ six- cents- mètres, m., Observateur de captif ;
usuel à l'équipage d'un bateau tracteur de
captifs, S*-Nazaire, -18. — Métonymie prise de
l'altitude où monte fréquemment le captif.
— 491 —
six-mille au cul (avoir une), Etre très pis-
tonné ; 5^ génie, -18 ; h. grelat. —6.000 est le
chiffre de série d'une très puissante locomotive.
soldat (jouer au). Se servir d'abord, Prendre
la plus grosse part î « Tu vois que la quatorze
[la 14® escouade] a taillé son pain en prenant
son pain dans les boules de la demi-section, et
puis après ils viendront prendre encore chacun
sa demi-boule, et la treize se tapera. Faut pas
jouer au soldat ! », 81® t., janv. 16. — Au passif
être fait soldat, Etre privé de sa part ; dlle ;
ROSS. — On connaît l'adage « Moi d'abord ! en
bon militaire ».
soldu, m.. Soldat, en tant que « ramassé
pour des idéaux dont il n'a cure », et machine
à agir passivement, f. de keralio, 40® art.,
-18 : « La viande qui pue, la viande qui sent.
Les asticots qui se balladent dedans. Les
mouches qui tombent dans le rata, Tout ça
c'est bon pour le soldu », vieux couplet retouché
à la rime ; ib. — Suffixe pris à poilu ; ou, si on
préfère, chevauchement de soldat + poilu.
sonner, 1, 1^, Atteindre par des armes à feu :
« les Boches commençaient à nous « sonner »
pour de bon », m. Toussaint, lettre, in barres.
Echo de P,, 17-5-15 ; « C'est quand on a été
— 492 —
sonné là-bas [à Verdun] qu*on peut dire t
« J' sais c' que c'est d' et' sonné ! » », Feu, 232 ;
cf. 360 ; — soit par le canon : « Tu parles
qu'on le sonne ! Sonne-le donc ! », artilleurs
contemplant un tir d'artillerie sur avion,
juin 16; I « les Boches les sonnent terrible-
ment au 105 », E. R., Journ., 20-6-16 ; — soit
par la mitrailleuse : « On nous sonne, et de
très près, se dirent à la fois les deux chasseurs
[aviateurs], qui avaient reconnu le crépite-
ment de la mitrailleuse boche », Matin, 28-4-
16, p. 2, c. 3 ; Tel de nos as « allait en « sonner )>
un, — c'est le terme trivial et tragique », da-
ÇAY, Journ., 10-10-16. — Sonner, Cogner, mot
d'apaches ; voir bacantes et ruche. C'est en ce
sens général, Cogner, qu'on l'entend aux aéro-
dromes : « il faut chercher un terrain propice
et se posera comme une fleur «sans trop « son-
ner le zinc » ! », thavet ; on y dit, sans com-
plément, sonner. Prendre un contact brutal avec
le sol ; Miramas, mai 18. — Dér. : sonnage, m.,
Bombardement : « Tu parles d'un sonnage ! »,
Poilu du 6-9, in B. des A., 15-11-16.— 2^, Anéan-
tir moralement : « J'ai été sonné par la nouvelle
de <C...>- », M. PROTAT ; — syssém. : asseoir,
assommer.
— 493 —
2, Engueuler ; conducteurs, s^ satiit. 45,
mai 17, qui joignent le geste du sonneur de
cloche ; très usuel, son sanit. 85, 17-18 : « Qu'est-
ce qu'il m'a sonné ! » ; 95^ inf., -18.
3, Envoyer promener : « J' vas t' sonner »,
40e son D. C. A., avr. 18 ; « J'ai reçu [à ladite
son] un canonnier qui employait sonner qqn,
l'Assommer, comme dans l'argot parisien. En
quelques jours sonner a fait florès chez des
hommes qui le comprenaient imparfaitement ;
on n'entend plus dans la section que /' i^as i'
sonner, Je vais t'envoyer promener ; exemple
d'engouement pour un mot », 1* de la blan-
CHARDiÈRE ; — malgré le champ restreint de
cette notation, le sématisme n'y est pas aber-
rant ; envoyer promener qqn, c'est en séman-
tique exacte lui Coller un coup qui le rejette
au loin comme pour une promenade, qui le fait
valser (cf. p.olker) par la salle et rouler sur le
parquet, cyclone involontaire où le spectateur
voit méchamment du tourisme ; sonner, ce fut
d'abord Frapper de haut en bas, mais le mot,
s'étant généralisé au sens Rosser, peut devenir
comme envoyer promener, dont le sens premier
est Rosser, un équivalent de Se débarrasser de
l'importun.
— 494 —
Cf. tirer le cordon, « canonner (en parlant de
l'ennemi) » ; d. ; la traduction du témain, (un
fantassin), est inexacte : il s'agit de la corde
que le servant saque pour tirer le coup ; et ce
geste chez l'envoyeur n'intéresse pas l'imagi-
nation du destinataire ; ce cordon semble un
s mple développement verbal de sonner (une
sonnette, dans une maison). Quant au sonnage
apache et artilleur, il se tire de sonner (un pi-
lotis, en le frappant avec une sonnette).
sop, m., Avion Sopwith ; Miramas, mai 18.
— SOP est la marque inscrite sur l'appareil ;
le règlement y veut les trois premières lettres
du nom. — Les Anglais nomment leur Sopwith
le chameau ; Vie Par., 25-5-18, p. 451.
sorcier, m., Météorologue ; aviateurs, déch.
— Prophète du temps.
souasoua, 1, Avec élégance : « des as qui atter-
rissent soi-soi comme des fleurs », juteux ; —
2, Raffiné, Elégant : « Il recevait de sa marraine
tous les quinze jours un colis, et quelque chose
de souasoua », un ouvrier nantais ancien
zouave, 81® t., -16 ; | « des paxons maous soi-
soi », CHAPELLE ; Il connu dès -98, 19®inf.,de
quelques sergents ; — on dit aussi soinsoin ;
matelots, mai 18 : « un morceau de savon
— 495 —
solnsoin » ; | «un virage sur l'aile tout ce qu'il
y a de « soinsoin » », Gu. Aér., 25-1-17, p. 166 ;
— on dit aussi tsointsoin ; centres de Captifs
et de Dirigeables, -18 ; | « — Ça gaze I — T'soin
t'soin... », Mousqu., 25 ; ib., 159. — Apocope
à redoublement de soigné ? ou de soyeux ?
tel est le doute ordinaire, en France ; (cf. « la
plus moderne, la plus soie-soie », Mousqu., 13).
Or, c'est l'arabe souasoua, Egalement, En-
semble. Ce qui est fait avec symétrie, balance
et simultanéité est bien fait ; cf. à la hauteur,
d^équerre, a^ec équilibre, à la dimension. L'em-
ploi adverbial est donc antérieur à l'emploi
adjectif. Cf. chouya.
soufflant, lïi., 1, Revolver ; marins, mai 18 ;
I « il ne voulait pas se rendre et tirait avec son
soufflant », Cabaret, ^^1 ; || «_mon soufflant »,
MARODON, Le diamant ^ert, xiv, Journ., 3-2-17 ;
Pistolet ; viDocQ. — 2, Pistolet automatique ;
289e inf., mai 18, Oise.
sous-marin, m., Commandant du camp d'av®^
de Pau et de tout camp d'av®^ ; mécanos, Pau,
mars 18 ; (non confirmé par des témoins
d'autres centres d'aven et d'aérostation). —
Peut-être parce qu'il surgit à l'improviste, avec
l'œil-du-maître pour périscope ?
496
sous-marin^ m., A, Cuisine-roulante ; inf.,
Lorraine, -15 ; 130® inf., -18 ; | voir rapport.
— « A cause de sa forme », a. arnoux ; j'en
doute. On applique à la roulante des noms de
mécaniques modernes comme elle, pris aux
chemins- de-fer : bousine ; — train blindé, m. ;
D. ; — tortillard, m. ; d. ; — à l'automobilisme :
pétroleuse ; — tank ; — à l'artillerie : quatre-
cent-vingt, m. ; d. ; — canon à rata, m. ; d. ;
— mitrailleuse à haricots, f. ; d. ; — lance-
bombes, m. ; D. ; — à la marine : torpilleur à
roulettes, m. ; inf.. Lorraine, -15 ; torpilleur,
m. ; 2e c^l, -18 ; — six-cent-six, m., 2^ c^l,
août 18, — c.-à-d. le torpilleur 606, 606 pour
évoquer Vénus ; — le tout pour dire four-
naise, véhicule et trépidation ; — son nom de
marie-salope, f.,D., c.-à-d. Drague, parle d'absorp-
tion et de vidange ; celui de batteuse, de bruit.
B, Brodequin ; 81® t., janv. 15. — Naviguait,
en effet, aux tranchées de Bailleulval, par des
fonds d'l°^,50 ; syssém., d'ailleurs, de péniche,
transat[lantique], etc.
sous- verge, m., Second d'un chef ; d*où,
A, Sergent-fourrier, et Scribe de bureau, par
rapport au sergent-major ; 81® t., -17 ; —
B, Lieutenant en second ; r. dupret ; 40® art.,
— 497—
ESNAULT 32
-18 ; — Il commander en sous- çergeyCommsindeT
en second ; dlle. — Image de cavalerie ; le sous-
verge est le cheval attelé à celui, dit porteur,
qui porte le cavalier. Le préfixe sous- a aidé
l'image à exprimer Sous-ordre, et particuliè-
rement à traduire sous-lieutenant ; cf. contre-
coup. Contremaître. — Antonyme : porteur,
m., Lieutenant en premier ; 40^ art., -18»
souss, f., Sous-intendance ; fagus, 563. —
On prononce s ouz- intendance ; devenant final
le z se mue de sonore en muette ; cf. pif. — A la
sous-intendance de la 22® D^", la seule apocope
connue était la souzin.
Stéphane, m., Avion Nieuport biplace ; R. G.
Aé., -18 et avant ; — ce type, accusé d'avoir
un armement défectueux, avait avec un cé-
lèbre poète du prénom de Stéphane cette res-
semblance d'être mallarmé.
straîer. Bombarder, Malmener : « « L'endroit
est malsain, les Boches nous « strafent » ce
matin », nous a lancé le chef d'un petit poste »,
MARSiLLAC, Le « Joumal » aux armées britan-
niques, Journ., 13-8-lG. — AngHcisme tiré de
l'imprécation boche « Gott strafe England ! »,
Que Dieu châtie l'Angleterre !
sucrer. A, Favoriser ; 81® art. 1., mai 18 ;
— 498 —
se faire sucrer, Se faire favoriser, Avoir des
citations : « Le ...^ groupe d'artillerie s'est fait
sucrer », 81® art. 1., Verdun, -16 ; « Il a été
sucré », Il a eu le bon filon. Il a eu la bonne
blessure ; 81® art. 1.; — B, 1, Blesser ; Expres-
sions à la mode, Ver-Luisant, in Front, 16-2-17 ;
— 2, Infecter d'un mal vénérien ; 109® inf. et
8® génie, avr. 18 ; la construction la plus usuelle
est se faire sucrer, équivialent du passif ; || su-
crer. Maltraiter ; rig. ; — le sens B est iro-
nique. — Syssém. : assaisonner, A, Griser :
« Nous l'avons assaisonné » ; — B, Blesser ; —
sens tous deux usuels à Paris et au front, 14-
18. — saler. A, Réprimander ; — B, Blesser ;
14-18 ; — C, Infecter d'un mal vénérien ; — -
poivrer. A, Griser ; — B, Infecter de syphilis.
— Cf. conditionné.
surface (en), A ciel ouvert, hors d'une cave ;
marins, mars 18 : « Le bombardement passé,
on surface !» ; « C'est un poivrot ! Il est som-
melier ; mais quand il revient en surface, on
voit mieux son nez, on dirait le phare d'Eck-
mûhl ! » — Pris de la navigation sous-marine.
survoler, Dominer en volant ; est entré dans
l'usage oral populaire sans supplanter voler au-
dessus de ; 81® t., 16-17 ; H Un monoplan « a sur-
— 499 —
volé Pont-à-Mousson », Matin, 8-6-12. — On a
créé récemment aussi sur- vêtements, Vêtements
de dessus (et sous- vêtements) ; surtricot, Tricot
de dessus, Feu, 14 ; attaques surmarines des
sous-marins ; surcursion de zeppelins à Paris,
Incursion de zeppelins au-dessus de Paris.
table de nuit, f.. Avion d'observation, des
types cages à poules ; quelques aviateurs, 17-
18 ; — image exprimant, comme hoîte à fro-
mage, le parallélisme des deux plans d'un bi-
plan ; les haubans jouent le rôle des quatre
colonnettes reliant les deux étages de certaines
tables de nuit.
tachette, f., Baïonnette ; V. du p. — Langue
d'oc tacheto, f., Petit clou à tête ronde ; mis-
tral. — Syssém. : clou. Baïonnette ; rig.
tacot, m., A, Machine locomotrice : a, Voi-
ture automobile ; usuel et général, 14-18; ||
01-14 ; — b, Train de ravitaillement à» voie de
0^,60 ou 0«i,40, derrière les lignes ; 81^ t., 16-
17 ; 130^ inf., 17-18; | z, Armée de la guerre,
118 ; Il Train départemental ou à voie étroite;
avant -14 ; — c. Avion '. « Tu as les papiers du
« tacot » ? », PUNCH, Fantasio, 15-8-16 ; —
d, Dirigeable ; pilotes de dirigeables, déc. 17 ;
— e, Captif ; un commandant de centre de
^ 500 -^
captifs, avr. 18 ; — f, Tank ; un officier du
500^ A. S., août 18.
B, Machine à lancer des projectiles : a, Mi-
trailleuse ; 156® inf., avr. 18 ; — b, Canon de
75 ; 40e art., 5® b^e, mai 18.
C, Machine : ton tacot, ta Machine à écrire ;
fourriers de la marine, mai 18.
Cette liste des sens ne représente pas leur
génération ; seul l'emploi A% qui est le plus
risqué des emplois A, un captif n'ayant pas de
moteur propre, sort de l'emploi A^, par exten-
sion ; les autres dérivent du sens premier de tacot.
Un tacot est un petit tac, un petit Clou ; tac
et ses dérivés s'appliquent à travers de nom-
breux parler s spéciaux à divers objets compa-
rables à un clou (^).
(^) Le breton a tach, Clou, pris au vieux-français, où
le mot a donné le verbe attacher. On a signalé à d. du-
ché, Clou, tape-dache, Cordonnier. L'argot savoisien dit
« faria » a tac, Bâton ; le français a taquet, Clou de bois
(qui arrête, soutient, sert pour amarrer, ou, enfoncé en
terre, donne un alignement, voir hdt) ; tacques, Usten-
siles de fer fondu, (littré), dont clous, Outils de fer, est
syssém. ; la langue d'oc a tacheto, Clou ; l'espagnol a
taco, Cheville, et Lance mousse. (Dans le français parade
de tac, du tac au tac, tac ne s'expliquerait-il pas mieux
comme un syn. de pointe, que par l'onomatopée que pro-
— 501 —
D'autre part les ouvriers appellent leurs
outils des clous, rig. et usage général, 98-18 ;
les malfaiteurs aussi leurs outils (dlle, ross.) ;
toute machine, une bicyclette (dès -95), une
montre (ross.), le 75 (40® art., -18), est un clou.
Tacot == Clou ; or clou = Outil, Machine ;
donc tacot = Outil, Machine. Les substitutions
synonymiques sont les syllogismes du peuple.
— Pour ce qui est des emplois A, tacot, Ma-
chine locomotrice, on conçoit qu'il est aisé de
faire passer le mot d'une sorte de locomotion
à une autre ; on s^embarque dans un wagon ;
en voiture ! dit le pilote aviateur à son passa-
ger ; voir coucou, berlingot, taxi. — On trouve
en outre sous bécane, Machine grinçante, des em-
plois correspondant aux sens A, B et C de tacot.
pose HDT ?) — Emplois figurés : tac, Phlegmasie érup-
tive, (mieux explicable comme syssém. de cZow, Furoncle,
que par le latin tactus que propose hdt) ; tacot, Tige de
végétal coupé restée en terre et aiguë, (H*-Maine) ; tac,
Scorpion et autres reptiles, (centre et centre-ouest, voir
JAUBERT et l'Atlas linguistique) ; taquet, tacot, tacaud,
tacon, noms de poissons, Gadus luscus, Callionyme lyre,
Saumonneau, (sur la Manche, en Bretagne et dans le
centre-ouest, voir littré), syssém. de nombreux noms
comparant le poisson à un outil pointu, aiguillette, étiquOi
coyaUf lançon, alêne, etc.
— 502 —
taf (mon), 1, mon Compte ; 6® et 12® înf.
(usité plutôt par les Parisiens dans ces corps à
forte proportion d'hommes du sud-ouest),
-17 ; 95® inf. (recrutement berrichon), avr. 18 :
« Toi, t'as eu ton taf, va-t'en », propos du ca-
poral d'ordinaire distribuant le vin, 6® et
12® inf. ; « en avoir son taf », 95® inf. ; — 2, mon
Saoul : « Boire son taf de pinard », 95® inf.,
avr. 18; I « D. — Quelles sont ces pensées
[qui agitent le poilu au moment d'être relevé
des lignes] ? — R. — <...> ; le poilu pense
simplement qu'on va en écraser et boire son
taf de pinard », le Pépère, 1-10-16, p. 2, c. 1.
— Le mot d'argot fade, signalé depuis -27 et
toujours vivant, a les mêmes emplois : 1, açoir
son fade, Avoir sa part dans une distribution,
2, être fade, Avoir son saoul (d'un agrément ou
d'un accident), et spécialement fade, Ration de
boisson, « Les meness's aboulent par douzaines,
R'nifler leur petit fad' d'eau d'af », Les femmes
arrivent... boire leur petite dose d'eau-de-vie,
V Assommoir de Belleçille, chanson, (1850), in
SAIN., Sources ; mais on ne voit pas pourquoi
fade eût été chaviré en *dafe et *dafe altéré
en taf. — L'Anjou et la Bretagne (Nantes,
Brest, S*-Brieuc) disent un taf pour un Chapeau;
— 503 —
les deux taf ne sont pas aussi éloignés qu*il
paraît d'abord : un Verre et un Chapeau tri-
corne ont le commun nom de lampion ; un
Haut de forme est dit un décalitre (et un bois-
seau) ; le colhack, Coiffure militaire en cône
tronqué, sert à désigner le Verre de liqueur,
DLLE, F.-A.
tamar, m., Café : Un poilu servant le café :
« Allez, au « tamar », là-dedans <...>► dégustez
le moka de la roulante, supérieur au bois de
panama », p'tit gars. — Le « tamar indien »,
« fruit purgatif rafraîchissant », célébré à la
4® page des quotidiens, se vend dans les phar-
macies en boîtes de bonbons à 2 fr. 50.
tambour, m.. A, Caporal-fourrier ; 81^ t.,
-16 ; Brigadier-fourrier ; 81® art. 1., -18; |
« Le chef et le sergent-fourrier jouent la par-
lante contre le tambour et le scribe du bu-
reau », B. des A., 22-3-16, p. 14; 1| usuel aux
dragons, rig.; courteline, 8 h. 47 (au 22® chass.
à cheval, Commercy), i, 3 ; — B, Fourrier ;
D. m. p., qui ajoute « Le tambour pied, sergent
ou margis fourrier », [pied, Sergent), et, au mot
sac, tambour, Sergent-fourrier. — Je n'ai guère
observé dans l*usage que le sens A ; cependant
tambour seul peut ne signifier que Fourrier et
— 504 —
convenir aussi bien aux deux sortes de four-
riers, — soit qu'on le comprenne comme expri-
mant l'idée d'Homme lige (du sergent- major),
cf. sous-verge^ en se reportant par exemple à
ce texte-ci, « Il y a dix jours, vous m'accusiez
d'être le « tambour » de MM. La Chapelle et
Le Bail. Aujourd'hui «<.••>> vous utilisez une
lettre de M. Lanoir, dans laquelle son auteur
prétend, cette fois, que je suis à la solde du
Père Pupey- Girard, « camérier du pape » ?»
BiÉTRY, Matin, 29-12-06, — soit que, beau-
coup mieux, on l'explique comme un déve-
loppement de baguettes^ Galons dorés insigne
de la fonction de fourrier, qui du biceps con-
vergent vers le nombril en posture de taper
sur une peau d'âne.
tangent, 1, Sujet au détraquement, (en par-
lant du canon) ; artilleurs, -16 ; — 2, Risqué,
Hasardé ; 40^ art., 5^ b*% mai 18 : « c'est tan-
gent ». — Cf. tangents, Sous, parce qu'ils
prennent aisément la tangente hors des bourses
les plus rondes. — En aviation on appelle
techniquement tangent à V impuissance de sus-
tentation, et plus court tangent, tout appareil
qui arrive près de son « plafond », sa surcharge
ou la faiblesse de son moteur faisant qu'il n'a
— 505 —
plus que juste la force nécessaire pour se sou-
tenir ; une valeur péjorative s'attache au mot,
car Tavion est toujours dangereux quand il
devient tangent ; certains appareils, surtout
dans les écoles, ont des moteurs mal réglés pour
lesquels la tangence commence dès le décollage
du sol ; d'où les textes suivants : « C'est un
sale berlingot, il est tangent », Brise d'enton-
noirSj in B. des A., 28-3-17 ; « « Le « 50 » est
« tangent )> lui a dit son moniteur, « ne cabre
pas afin d'éviter les pertes de vitesse » », tha-
VET, Gu. Aér., 29-3-17 ; sous-entendu tangent
dès les basses altitudes.
tango, A, Orange des écussons du col pour
l'aviation : « écussons tango »,2® groupe d'av^n
17-18 ; — nuance nommée sans doute pour
avoir été adoptée lors de la vogue de la danse
dite tango. L'escadrille des avions boches
Tangos a pour couleur un rouge sang. —
B, Tangage volontaire en avion, pour échapper
à un projecteur ; Mousqu., 47 ; ou par fan-
taisie ; ib., 87 ; — ^ jeu de mots ; — cf. montagnes
russes. — C, Bataille ; inf., d. ; — syssém. :
valse lente !, A l'attaque ! ; d. ; — danse, usuel
et ancien ; — cf. toboggan, cinéma.
tank^ m., 1, Auto blindée de combat en usage
— 506 —
à partir de la mi-sept. 16. — On a d'abord
hésité sur le genre : « la tank », voir posséder ;
« le tank », Vie Par., 4-11-16, p. 841 ; Matin,
16-11-16, p. 1, c. 2 ; le mot est f. en anglais en
ce sens de guerre : « she », Elle, comme en par-
lant de vaisseaux ; • — le mot signifiait Citerne ;
pendant la construction des premiers tanks les
autorités anglaises baissèrent croire qu'il s'agis-
sait de réservoirs à alcool (^). —D'où tank mâle,
m., Tank boche à deux tourelles mobiles ar-
mées chacune d'un canon, et, dit-on, à case-
mate centrale, s'élevant et se rabaissant par
crémaillère, portant sous sa coupole un troi-
sième canon, calibre ^7^J^ ; tudesq, Journ.,
26-4-18 ; — mâle parce que cet engin est deux
fois plus fort et plus rapide (7 à 8 km. à l'heure)
que les tanks primitifs. — Dér. : tankeur, m.,
Combattant affecté aux tanks : « OFFICIER
tankeur », Vie Par., 16-2-18, p. 158, c. 1 ; ih.,
16-3-18, p. 246, c. 2 ; (cf. skieur, m.. Homme
faisant du ski ; — sans qu'il y ait de verbe
* tanker ni * skier) ; — et avec une forme an-
(^) Autre origine d'après les Débats, 1 1-8-1 8 : l'inven-
teur du tracteur à caterpillars serait Thomas Tank Burrel,
manufacturier. ; que ne l'avait-il crié ?
— 507 —
glaise, tanker, m., même sens ; seul usuel au
500e A. S., août 18 ; I « JEUNES tankers »,
Vie Par., 23-3-18, p. 269, c. 2 ; ib., 11-5-18,
p. 424, cl. — Syn. de tank : Caterpillar, m. :
« section de caterpillars )>, tampon adminis-
tratif apposé sur un pli, nov. 16 ; semble tout
à fait désuet, dans son emploi militaire, en
-18 ; — anglais caterpillar (chenille) ; la roue
Cingoli permet aux tanks de ramper et de
franchir les obstacles à la mode des chenilles ;
— char d'assaut, m., imposé dans l'A. S. par
le gén. directeur ; inusité dans les autres armes,
août-oct. 18.
2, A, Cuisine-roulante ; 156® inf., C. M. -3,
et 130® inf., juin 18 ; — cf. sous-marin. —
B, Voiture à viande ; d.
taper, A, Faire son bruit rythmé, (en parlant
d'une mitrailleuse) ; « Une mitrailleuse proche
tapa », M. B., Contes çér., 171 ; |1 (en parlant
d'un moteur d'avion) « Mon moteur « tape »
bien. Je monte», la batte, Fantasio, 1-9-11 ; —
cf. « Le tapotement de nos mitrailleuses résonna»,
J. p.. Contes vér., 276 ; — tap-tap, onomatopée
du tir de mitrailleuse ; a. a., ih., 127, 143 (^).
(*) Onomatopée plus usuelle de la mitrailleuse : tac J
« le tac-tac énervant », h. o., N. Contes vér.y 224 ; « tac,
— 508 —
— B, unipersonnel, Bombarder : Ça tape ; inf.,
Lorraine, 14-15 ; — syn. : ça buque ; 141^ t.,
D. ; I « Ça buquait », recueilli d'un paysan,
vers Soissons, par h. barbusse, et mis dans le
Feu, 34 ; Il de buquer, Taper, sorel, Francion,
I, (éd. Garnier, 24) ; Agréable conférence (1649),
p. 4 ; texte de -77, in rig.
tarare, m.,i, Automobile ; voir chaufferette; \\
Automobile usée ; Bordeaux, -07 ; — assimila-
tion auditive de l'automobile à une certaine
machine bruyante. La manivelle et l'entonnoir
d'un tarare n'ont sans doute pas d'importance
sémantique. — 2, Char d'assaut ; 500^ A. S.,
août 18. — Syssém. : batteuse, f., Cuisine-rou-
lante ; D.
. tasser qqch. (se). Manger qqch. : « Quand je
l'ai vu se tasser une sardine et un bout de pain
comme ça, ça m'a fait pitié », un artilleur pari-
sien, nov. 17 ; — sous-entendu : dans le gosier ;
tac, tac, tac ! », g. v., i6.,268 ; « le « tacata » », enseigne ***,
Revue de Paris, 1-10-15, 634 ; « le tac-tac », montrion,
Gu. Aér., 27-12-17 ; « Tac, tac, tac ! », delvert, Quelques
héros, in Gu. Aér., 3-1-18, p. 136. Et beaucoup moins
usuelle : « Taratata ! »,e. c, Pet. Journ., 8-4-16 ; « ta-ra-
ta-ta », Matin, 18-4-16, p. 1, c. 6.
— 509 —
syssém., d'ailleurs, de cogner, car on dit tasser
des gnons à qqn, « c' que j' lui ai tassé ! »
tatane, f., A, Brodequin militaire, Soulier,
mécanos d'av^^^ Pau, mars 18 ; (je ne Favais
pas entendu auparavant) ; 246^ ou 289^ inf.
avant avr. 18 ; « n'est pas inconnu » à des sol-
dats ayant passé en -17 par les 6^ et 12^ inf. ;
« il a touché des tatanes neuves »; | Chaus-
sure ; V. du p.; Il antérieur à -14 selon un
fantassin parisien et un chass. alpin niçois qui
l'emploient usuellement en mai 18 à Jarville
près Nancy. — Le Parisien susdit croit à une
onomatopée : la savate claquant sur le parquet
ferait ta-ta ; ce qui ne l'empêche pas de nier le
sens Savate et de dire : taîane, « Toute espèce de
godasse » ; (interrogé sur le genre de tatane :
« une tatane, quoi, comme une godasse !» ; pour
cette impression de parasitisme argotique, cf.
pépère). « J'ai entendu des permissionnaires de
Paris appeler leurs chaussures des tartanes
(parfois altéré en tatanes) : métaphore d'origine
provençale, dont la diffusion a été favorisée
par le sens argotique analogue [syssématisme]
de « bateau » (et peut-être aussi, pour la forme,
par tartine [Soulier] <...>) », dauzat, mai''17,
485. Je n'ai pu observer la forme tartane ; au-
— 510 —
tant il est aisé d'expliquer tatane par * tartane,
et le Niçois susdit l'explique ainsi, autant il est
aisé de voir en tartane une déformation de ta-
tane par étymologie populaire.
B, Pied ; 246® inf., 17^ ci% mars 18 ; soldats
parisiens, avr. 18 ; « J'ai mal aux tatanes »,
L. SAMBARDIER ; (scns nié énergiquement par
le fantassin parisien et l'alpin niçois susdits,
et inconnu aux 6^ et 12^ inf., -17, 2^ 0»^, -18) ;
[ tatane, Pied, a été apporté à Ménilmontant
par (( des soldats venus en permission )),« depuis
un an à peine », dauzat, 27-6-17 ; cf. 16-5-17 ;
D. le laisse tomber.
De A à B, le passage sémantique est aisé ;
une Marseillaise me disait couramment Quittez
ç>os pieds, Quittez vos chaussures, 97-05 ;
c'était une plaisanterie ; mais souvent il est
inutile de distinguer entre le pied et la chaus-
sure : « Il a sali le parquet avec ses pieds sales »
se dira .d'un homme aux souliers crottés. Sur-
tout, la chaussure épousant le pied, tous deux
ont une forme analogue ; aussi les nomme-t-on,
par échange mutuel, le Pied pot à crasse, à
l'occasion ribouis,\eL Chaussure ripaton,tous deux
boîte à violon, rig. et trottinet. — N'est-il pas
remarquable que le mot qui rime le plus riche-
— 511 —
ment avec tatane, savoir le mot militaire mata-
tane, f., Salle de police, fustier et dlle, soit
un syn. de boîte et de violon ? Ce rapproche-
ment vaut en sémantique mieux que ne vaut
en phonétique l'hypothèse, de la chute du r de
* tartane. — Naturellement, si on observait que
les chaussures soient nommées argotiquement
des * tannées ou * tannantes, il y aurait là de
quoi penser. On signale à d. un cordonnier de
Châtel-Gérard (Yonne) surnommé dès long-
temps le tatane.
-tau, suffixe pour tout nom propre ; 109® inf.,
9® cl®, -16 i un coiffeur de Chaumont et un
boucher de Paris y lancent la mode de pro-
noncer en -au tous les noms terminés en -au,
ex. : hoyaii ; aux noms propres ils ajoutent -taiX,
ex. : Grolleautaii, Robintau. — La fréquence
du i à la fin des noms propres français rend
compte du t de ce suffixe dont le reste s'ex-
plique par le jeu de supposerjphonétique la
graphie au. — J'ai écarté de ce recueil les no-
tations de morphologie ; j'accroche ici celle
d'un infixe argotique passepartout usité par
un Parisien, graveur sur métaux,^au 81® t.,
-17, ex. : Ct/mcouille et mes denxno de
BergecoVLille et mes deuxrac ; — couille de
— 512 --
mes deux, au 2^ c^^, -18 et dès avant août 17.
taube, m., Avion boche ; 81^ t., -15 ; — ex-
tension du nom d'une marque d'avion de bom-
bardement.
taxi, m., A, Avion ; aviateurs, 14-18; | david,
carnet, 23-8-14, in Gu. Aér., 11-1-17, p. 135 ;
MusiDORA. — De taxi, Fiacre à taximètre, Pa-
ris, -05. — Dans le militaire anglais un avion
« is usually called a « bus )> », Morning ; il y a
longtemps que l'anglais emploie hus, Omnibus.
— Cf. tacot, berlingot, chignole, péniche ; —
cocher, m., Pilote-aviateur ; Mousqu., 87 ; —
écurie, f., Hangar d'aven ; ib. — B, Voiture à
bras ; D. — C, Char d'assaut ; 500^ A. S.,
août 18.
télé, m., Téléphoniste ; Boum ^oilà /, in
B. des A., 30-8-16 ; « l'appel d'un télé.j qui se
meurt d'ennui », Vie Par., 10-3-17, p. 232,
0. 3 ; — cf. phoniste.
téléphonard, m.. Téléphoniste ; usuel et gé-
néral, A. ARNoux ; I Cabaret, 462; ■ — cf. fron-
tard. — Apocope, syn. : phonard, m. ;1306inf.,-18.
téléphoner, A, Aspirer à l'aide d'un tuyau
de caoutchouc le vin d'un tonneau qu'on a
percé frauduleusement, méfait reproché dans
les conseils de guerre du front ; 124^ inf.,
— 513 —
ESNAULT 33
l^e Qie^ . j^7 ; D. ; — métaphore prise de Tattitude
du téléphonant et du tuyau conducteur auquel il
est suspendu. — B, Chier ; très usuel au 109® inf .,
-16, au 95® inf., depuis fév. 18; || dlle ; — se
développe naturellement en téléphoner à
Guillaume {écrire à Bismarck étant coco) ;
d'autres, selon les antipathies, téléphonent au
pape, 109® inf., -16.
temps (heure du), f., Heure vraie astrono-
mique, par opposition à l'heure officielle dé-
calée système Honnorat ; un 2d-m®, fév. 18 ;
— temps, Ciel, comme dans oiseau bleu couleur
du temps, et le temps tombe par morceaux.
terri, Territorial ; lambert. — torrial, m.,
même sens ; et torriale, f., Infanterie territo-
riale ; D. m. p. — Cf. les deux apocopes de
téléphoniste, de capitaine et de combinaison.
têtard, m., Cheval ; agatha ; « 1' têtard du
major », Feu, 106. — De têtard, Têtu ; rig.
teuf-teuf (fusil), m.. Fusil-mitrailleur ; 2® c^^,
août 18. — Cf. fusil automobile, m., Fusil auto-
matique 1917 à chargeurs ; ib., sept. 18. —
Dans le f.-m. il y a évidemment de l'automa-
tisme, de V automobilisme par confusion plai-
sante, mais teuf-teuf a plus de précision que
d'évoquer les autos : teuf-teuf^ tuf-tuf, tf-tf, est
— 514 —
ronomatopée du crachat, g. e., Lois, i, 14 ; or,
le f.-m., « quand il tire, me disait un cama-
rade, a l'air de cracher toutes ses dents »,
G. MARÉCHAL, aOÛt 18.
tigre, m.. Soldat de la classe 19 ; un conscrit
nantais signe « votre tigre », sept. 18 ; | « Les
jeunes recrues de Draguignan, de Brignoles et de
Toulon ont solennellement consacré en de fra-
ternelles réunions mêlées de chants et d'allo-
cutions patriotiques le surnom de tigres donné
aux petits soldats de la classe 1919, en hom-
mage au premier ministre [Clemenceau] qui
est l'élu du Var depuis de nombreuses années »,
Matin, 25-4-18, p. 1, c. 3. — Cf, : Tarmée à
Clemenceau, les Renvoyés des usines en 1918 ;
40^ art., oct. 18 ; — cf. joffre, charles-humbert.
tir de barrage (demander le), ou l'artillerie,
Vomir du vin rouge ; 2^ c^^, nov. 15, usuel en
mai 17-sept. 18. — Syn. et explicatif : lancer
des fusées rouges ; ib. — Lancer une fusée,
Vomir ; dlle.
tire- bouchon, m.. Baïonnette ; Le poilu fran-
çais nomme « the old-style bayonet », (la
baïonnette ancien modèle), « a cabbage-cutter »,
(un coupe-choux), « a cork-screw », (un tire-
bouchon), Morning. — Coupe-choux convient à
— 515 —
la 74, mais tire-bouchon à la 86, et c'est un bon
syssém. de fourchette, ce qui compense la min-
ceur d'autorité du Morning. — Cf. tire- Boche
sous rince- Boches.
tiser qqch. (se). Prendre (comme nourriture,
comme corvée), « Se mettre », « S'appuyer »
qqch. : « Qu'est-ce qu'on va se tiser ! », 13^ tir.
alg., juill. 18 ; « A l'Yser, on s'est tisé quelque
chose », un zouave, -18 ; connu de i. lâchât,
mais non par le 2^ c^^. — De attise. Bois que
le brasseur met sous la chaudière ? Syssém.
de s* enfourner qqch. ?
toboggan, m.. A, Chute rapide d'un avion,
(par ex. du fait d'un « trou d'air », dépression
barométrique locale) ; Mousqu., 136 ; — B, Voi-
ture automobile ; l. imbert.
toboggan (sauter le). Aller à l'assaut ; 156® inf .,
mai 18. — L'effet de chute en arc de cercle
obtenu au bas de la glissade en toboggan est-il
représenté ici par le franchissement du para-
pet de l'ennemi, après la course rapide sur le
« billard » périlleux ? Plus probablement, to-
boggan développe verbalement l'idée de saut ;
l'assaut et le toboggan ont pourtant cette res-
semblance réelle qu'il y faut aller jusqu'au
bout ; cette idée se retrouve dans Lâchons
— 516 •—
tout !, A l'assaut !, d., pris au Lâchez-tout ! des
aéronautes. — Cf. tango.
tôlier, m., Homme puni de prison ; agath a ; —
de taulCf Prison. — Syn. : tôlard, m., 40® art. ,-18.
tomber sur qqch., le Chaparder ; 81® t., 14-17 ;
— « J'avais un quart tout à l'heure ; qui est-ce
qui est tombé faible dessus ? )), 81® t., -16 ; —
tomber dans qqch., même sens ; e. h., Temps,
24-5-15. — Syssém. : s'évanouir sur qqch., le
Chiper, en Prendre indiscrètement ; usuel dès
-99 ; — se trouver mal sur qqch., le Chiper ;
RI G. ; — se casser le poignet sur qqch., le Chi-
per ; 81® t., 14-17; Il 65® inf., -12 ; se fouler le
poignet sur qqch., le Chiper, Feu, 196 ; — cf.
« J'ai été condamné cinquante fois, toujours
pour ivresse ; jamais je ne suis tombé sur les
mains )), ... jamais je n'ai Volé,un docker nan-
tais, déc. 14. — L'image est celle d'une chute
simulée dont le but est de ramasser un objet.
tommy, pluriel tommies (prononcés tous
deux tomi), m., Soldat du Royaume-Uni ; 15-
18 ; I LAMBERT. — Usucl outre-Manchc. (Les
Anglais ne sont pas sûrs de l'étymologie, ou
en sont trop sûrs. Certains admettent qu'un
certain Atkins, Tommy de prénom, se conduisit
bravement à Waterloo ; B. des A., 4-10-16,
— 517 —
p. 10. On dit préférablement qu*un rédacteur
du ministère de la guerre anglais, dans les pre-
mières années du 19^ siècle, remplaça le N...,
symbole de nom d*homme, qui figurait sur les
modèles de prestation de serment, par un nom
et un prénom fort communs, et qu'un sobriquet
en résulta, qui traînait dans les casernes depuis
longtemps déjà quand Kipling le jeta dans le
grand public par ses Ballades de la chambrée
dédiées à Mr T. A. ; viard, Pays de France,
5-10-16, p. 10). — sammy, pluriel sammies,
(prononcés sami), m., Soldat des Etats-Unis,
n'a dans l'usage français qu'un succès beau-
coup plus maigre que tommy. — Sammy,
comme qui dirait Enfant de l'Uncle Sam, ne
va pas sans protestations aux Etats-Unis, dont
écho dans VŒuçre, 16-5-18, p. 2. — Je n'ai
jamais entendu teddy, pluriel teddies, syn. de
sammy, que les journaux ont vo' lu lancer, —
comme qui dirait Enfant de Teddy Roosevelt,
sobriquet en vogue nulle aux Etats-Unis, me
disent les Américains ; — non plus que nicolas,
Soldat russe, D. m. p., — du nom du tsar Ni-
colas II. — yank, m., syn. estampillé par le
gén. March, chef de l'Etat-Major, 14-8-18, est
lui-même « unsatisfactory », The Gas Valide,
— S18 —
(journal des Dirigeables de Paimbœuf), 16-8-18,
p. 1, c. 3.
tonneau, m., Acrobatie d'aviation consistant
à avancer par une vrille horizontale ; aviateurs,
mai-oct. 17; | « amorce la vrille, un coup de
tonneau vigoureux et une feuille morte tapée,
remets la sauce au ras des tranchées boches »,
sTABiLo, Gu. Aér., 7-6-17.
tonneau (faire un). Lancer une bombe de
tranchée vers un but précis ; D. m. p. \ \\ même
sens, Argot de S^-Cyr (1893). — Comparaison
avec un jeu bien connu ; — cf. pétoir, lapin.
torpiller, A, a, Mettre à mal : « Porte-mon-
naie torpillé )), Mousqu., 36 ; — b, Punir ;
8® génie, c^^ D-4, sept. 18. — B, torpiller qqn,
lui Injecter de la quinine ; d. ; — image prise
à la guerre navale, non sans allusion au tor-
pillage électrique du d^- Vincent, fameux dans
l'été 16 ; — cf. takata, m.. Médecin du ba-
taillon ; D. ; — très probablement parce qu'il
pique et repique, (voir sous taper l'onomatopée
tacata), antityphoïdiquemcnt et antiparaty-
phoïdiquement.
toto, m., Pou ; usuel aux troupiers, hiver 14-
15, Argonne, et Champagne ; cuir., 1^^" gr.
léger, Artois, mars 15 ; « totos » légende d'un
— 519 —
crayonnage mural représentant un pou,
Bailleulval (P.-de-C), sept. 15, d'auteur in-
connu, (mais étranger sans doute au 81^ t.
où je n'ai pas entendu le mot); | henriot ;
CHAPELLE ; Il recueilli d'une paysanne nona-
génaire à Montier-en-Der (Barrois), -03, usuel
à l'hôpital S*-Louis, -89, d. — Cf. toto, Sein,
DLLE ; et mon toto, terme d'amitié de mère à
enfant, fagus, 563, non pour le sématisme mais
pour leur forme hypocoristique.
toubi, m., Médecin ; quelques soldats, 15-16 ;
231^ inf., H. BARBUSSE ; I Feu, 34; dauzat,
mai 17, 485. — Déformé de l'arabe toubib,
Médecin, très usuel aux coloniaux, aux marins,
14-18,. et depuis au moins -79. Cf. chouya.
toumané, m., Tirailleur sénégalais ; usuel
aux coloniaux; | D. m. p. ; « nos Sénégalais
— les Toumanés, pour les appeler de leur sur-
nom français, cadets noirs de notre Dumanet
populaire — », guignard, B. des A., 15-11-16.
— De Toumané, prénom pour le fils aîné,
fréquent chez les Soninké, (Sénégal) ; / ni
segué, Toumané, Bonjour mon vieux, en sabir ;
Toumanéa,{= chez \0oumané), ville de Guinée;
CH. MONTEiL. Cf. malabar.
tourlousine (se foutre une). Se battre (avec
— 520 —
qqn); 289^ inf., oct. 17-juill. 18; || connu avant
-14 de p. CHARPENTIER.
tournant (passer au), Etre condamné par le
conseil de guerre î Si les ânes « se trottent dans
les lignes boches, c'est-y eux ou le conducteur
qui passera au « tournant » ? », valmy-baysse,
Journ., 9-10-16. — Syn. : passer au tourniquet :
« J'ai failli passer au tourniquet [pour insultes
à supérieur] ; le lieutenant a arrangé l'affaire »,
Cabaret, 458; || sens antérieur plus précis,pas5er
au tourniqu\ Etre envoyé aux c*^^ de discipline,
19^ inf., 95-96 ; marins, -18 ; tourner, même
sens, 19® inf., 95-96. — Syssém. : passer (des
femmes) au moulin à café, Envoyer dans une
colonie, par mesure de police, (une cargaison
de femmes que la police vient de rafler), de-
LATTRE, plaidoirie du 27-1-79, in rig. ; — le
moulin à café, la Correctionnelle ; dlle ; — les
prévenus défilent et sont broyés l'un après
l'autre, mécaniquement, graines avant, pous-
sière après ; en technologie tourniquet et mou-
linet sont des syn. ; et un Moulin (à blé) est
nommé en argot un tourniquet, dès 1628 ; le
tournant est aussi un mot technique : « Sys-
tème qui, dans un moulin, fait tourner les deux
meules », hdt ; — Biribi, les c*®^ de discipline ;
~ 521 —
• — le jeu de Tourniquet des foires s'appelle Iç
biribi ; à ce jeu a été comparé le conseil de
guerre j puis une extension a porté le mot au
système pénitentiaire où ce tribunal envoie ses
condamnés. — Voir moulin à café.
tourne-broche , m., Baïonnette ; lambert ;
Le poilu français nomme sa baïonnette « a
knitting-needle », (une aiguille à tricoter),
« a roasting-spit », (une broche à rôtir), Morning.
— Cf. tourne- Boche sous rince- Boches.
tourniquet, m., A, Estomac : « Ah ! qu'on
va s'en fout' dans 1' tourniquet ! », Crapouillot,
in Front, 16-3-17 ; — ■ tourniquet, Moulin ; le
tube digestif est un moulin. — B, Roulement
envoyant les soldats au feu avec régularité et
égalité : « Le langage de la guerre vient de
s'enrichir d'un nouveau terme qui est celui de
« rafraîchissement ». L'expression née, dit-on,
à Verdun, est en train de conquérir droit de
cité sur la Somme, où l'emploi de la même mé-
thode qui fit ses preuves dans l'Est, semble
offrir des résultats également satisfaisants
-<...>» Ce système fort bien adapté à notre
caractère national, féru d'égalité, a été baptisé
par nos troupiers : « le tourniquet » <<...>► Ce
système donne en effet à chacun l'illusion d'une
— 522 —
fin possible de la guerre en ce qui le concerne,
limite et définit l'effort qu'il doit donner pour
avoir droit au repos )) ; l'espoir de jouir à brève
échéance des agréments d'une ville non bom-
bardée « lui fait aborder le « tourniquet » avec
joie et presque dédaigner les douceurs relatives
du « rafraîchissement ». C'est là le grand sujet
des conversations du front : « Encore un tour
et puis ça y est... Au repos ! ...- »», Pet. Par.,
12-10-16, p. 1, c. 6. — C, autre emploi, sous
tournant, offrant à peu près le même sématisme
que l'emploi B.
tourterelle, f., 1, Torpille aérienne à ailettes ;
156^ inf ., avr. 18 ; | En Argonne « i's r'çoivent
des tourterelles, qu'i's disent. C'est des grandes
machines lourdes, lancées de près. Ça arrive en
roucoulant, de vrai », Feu, 234 ; « En Argonne
on l'appelait encore tourterelle à cause de son
roucoulement dans l'air, et hirondelle en Artois »,
z, Armée de 1917, 143 ; — 2, Grenade boche à
fusil : ({ Les tourterelles, c'est les Viven-Bes-
sière boches », 34^ inf., juill. 17. — Syssém. :
hirondelle, f., texte ci-dessus. — pigeon, m., 1,
Petite bombe à ailette : « Petites bombes à
ailettes que nous appelons « pigeons » », légende
d'une photographie de matériel allemand pris
— 523 —
au sud de la Somme, Illustration, 29-7-16,
p. 104 ; du côté français se lance par canon
de 58 ; — 2, Grenade à fusil ; l. sambardier.
— Les ailettes de ces engins ont pu suffire à
les faire qualifier d'oiseaux ; (cf. oiseau) ; d'où
hirondelle ; l'image auditive que comportent
tourterelle et pigeon serait postérieure ; cf. pi-
geon ramier ; — sauterelle, f., Grenade à fusil ;
cuir., l^r gr. léger, 15-16.
tout du ... (avoir), Etre complètement... ;
81® t., 15-17 ; marins, 17-18 ; usuel et général ;
I «T'as tout du cuistancier », Tu es sale sur toi
comme un cuisto, Feu, 11 ; — aç>oir tout du
fumier, du choléra, Etre méchant comme une
peste ; — a^^oir tout de la cache, Se montrer
trop difficile ; | « Non mais, t'as tout d'ia
vache ! Tu voudrais-t-il des bécasses ou du
saumon ? », Gaspard, 77 ; H usuel en Suisse :
açoir tout de Vemmanché, du dingot. Etre sot,
fou ; Schw. Sold., 72, 73. — Une locution
comme II a tout de son père est du français le
plus anciennement normal ; Ça n^a rien de sale,
C'est joli, est populaire dès longtemps ; (l'an-
glais dit : « there was nothing of the sneak in
Traddles », Traddles n'avait rien du jobard,
DICKENS, Copperfield, vu) ; nos locutions ci-
— 524 —
dessus en dérivent insensiblement, neuves par
la drôlerie des compléments adaptés à ce tour.
train de plaisir, m.. Gros obus pendant son
trajet ; 80^ t., -16 à Boesinghe. — train de per-
missionnaires, m., Obus de 305 ; V. du p. —
métro, m., Gros obus ; D. m. p. ; « Les projec-
tiles se croisent en se vissant dans l'air à 1,000
et 1,500 mètres de hauteur... Les miens jouent
de la contrebasse, au moins. Les fantassins
les ont surnommés le « Métro » », l. d.-a.. Echo
de P., 9-10-16 ; « Son souffle est lent ; on sent
un projectile plus bedonnant, plus énorme que
les autres. On l'entend passer, descendre en
avant avec une vibration pesante et grandis-
sante de métro entrant en gare », Feu, 229. —
train blindé, m., Gros obus ; d. — chemin- de-
fer, m.. Gros obus ; 360^ inf., 14-15. — wa-
gonnet, m., Gros obus ; 2^ c^l, sept. 18 ; —
c.-à-d. Decauville. — train de wagons-lit, m.,
Série de gros obus ; barrés. Echo de P., 23-
12-15. — corvée d'eau, f., Gros obus de mor-
tiers ennemis ; 207^ art., -18. — Idée commune
de ces syssém. : Lenteur (relative) du voyage
de l'obus de gros calibre, et sonorités com-
plexes de sa course, le tout comparable à la
marche d'un train de chemin de fer plutôt
— 525 —
lent ; — en boche leiterwagen, (voiture à
ridelles, guimbarde), Obus lourd ; delcourt ;
— cf. r « m'Siis un sifflement se fit entendre
très fort ; l'obus arriva comme un train qui
déraille, rasa notre maison et éclata à dix
mètres d'elle et à cent mètres de moi )>, Emile c,
âgé de 16 ans et demi, récit relatif au 30-8-14,
in MAUBLANC (de qui est la soulignure), La
guerre vue par des enfants, Revue de Paris, 15-
9-15, p. 414. — Sématismes très voisins : auto-
bus, rapide. — Autre syssém. : tracteur, m.,
Avion de réglage ; art,, n. ; — de sa lenteur
relativement aux « chasseurs ».
train blindé, m.. A, Vaguemestre ; secteur 14 :
« Un vaguemestre s'appelle train blindé, pour
la rapidité avec laquelle il apporte les lettres
et se débine de même », B. des A., 30-8-16,
p. 13. — Cette explication du mot par le té-
moin est louche ; la rapidité du vaguemestre à
repartir n'intéresse guère les poilus déjà occu-
pés de leurs babillardes, et quant à son arrivée,
on lui reproche communément d'être lent, (cf.
traînard). Une meilleure explication de train
blindé est dans wagon. Vaguemestre ; de wagon
à train synonymie ; blindé, sorte de suffixation
libre. — B, a, voir sous-marin ; b, voir train.
— 526 —
train (oompter au), Compter pour rien, Ne
rien valoir ; Parisiens, mai 18; 2^ c^^, -18 ; |
« — Cœur du manillon !... Il est bon. — Et la
manoche alors, elle compte au train ? », bou-
langer, Est- Républicain, 20-8-16. — : La seule
explication que je peux proposer est que comp-
ter à signifie Etre incorporé ou en suhsiatance
dans, que ce train soit le Train des équipages,
et que les soldats du Train étant dits trainglotSy
leur nom calembourise avec la tringle^ Rien ; à
ce compte * compter à la Traingleet * compter
aux Trainglots auraient précédé compter au train.
train (se manier le), Se hâter ; divers soldats
et officiers, 17-18 ; — train^ Cul (ellipse pour
train de derrière), ri g. ; se manier le train est
sans doute aussi vieux que ses syn. se manier
le figne, etc.
traînard, m., Vaguemestre ; secteur 66 :
« Nous appelons notre sympathique vague-
mestre le traînard, car il ne va jamais assez vite
à notre gré pour nous apporter des nouvelles
de l'intérieur et de la payse », B. des A., 11-10-
16, p. 13.
traînard (ramasser un), Faire une chute ;
360e inf., 14-15 ; l. ïmbert, -18 ; — syn. :
aller à traîne ; 360^ inf., 14-15.
527
« Traîne-patte, surnom donné aux services
de l'arrière, secrétaires d'Etat major, employés
au ravitaillement, aux stations sur routes, aux
magasins, aux gares régulatrices, etc. )>, sain.,
sans référence. — Le mot est-il pris comme un
syn. de Boiteux et de Malingre, ou comme un
équivalent de Traînard à l'arrière d'une armée
en mouvement ? Dans ce second cas le rap-
port de traînard à traîne-patte offrirait comme
chasse-pattes un prélude du suffixe qu'on trouve
dans çosgepatte. — Syssém. : traîne-cul, m.,
Territorial ; d.
traîne- tranchées, m.. Homme ancien dans le
service des premières lignes î « Flutte pour le
Métier jen n'est mare je le rend par les yeux le
métier de traine tranchée 18 mois de Campagne
tout a l'heure C'est trop long pour des territo-
riaux <...> signé un Poilu de la classe 1893 »,
crayonnage dans un abri de guetteur, 81^ t.,
fév. 16, à Wailly, secteur M^. — Un complé-
ment direct se construit avec beaucoup de
verbes intransitifs de sens Aller : « courir les
rues », (( balader les quais », « galoper un mu-
sée », « promener les bordels », « trimballer les
colonies » ; de même en anglais, grec, latin.
tranch' caille, f., Tranchée ; inf., Lorraine,
-- 528 —
*14 ; 106^ chass. (recrutement notablement pa-
risien), oct. 17 ; 8® génie, 289^ inf., 40^ art.,
avr. 18. — Syn. : tranchaille, f. :« Eh ! sergent,
sur le cahier du Toubib, mettez que Riquet des
Tranchailles a mal aux « cannes » )), Crapouillot,
in Front, 16-3-17. — tranchade, f. ; D. m. p.
— tranch'mar, f. ; d. — Suffixes : -ade, attri-
buable à la langue d'oc ; -caille, cf. rouscail-
ler ; -aille, cf. corçaille ; -mar, cf. zigomar.
tranche de melon, f., Calot ; d. — Image
précise pour le calot « réglo », non pour le calot
« fantais' » à forme de caravelle.
tranchée, f., A, Fente sexuelle de la femme ;
81^ t., -16 ; — cf. chicane. — B, Femme ; 81^ t.,
-16. D'où la personnification de la tranchée
du 81^ t. en commère de revue : « La Commère
(Entrant) : La Tranchée I... la voilà ! », péaud
et RIVET, C'est Beau... Mais..., prologue, se. 8 ;
— le sens B a l'avantage de rappeler trancher.
Baiser : « Il passe son temps à trancher les
femelles de B<...> », 81^ t., -15.
tranchéien, m., Soldat des tranchées : « Un
ancien article paru ici même narrait la bonne
camaraderie des « tranchéiens » », Carnet de la
Semaine, 8-7-17, p. 4, c. 1.
tranchéite, f., Spleen des tranchées i La bouf-
— 529 —
ESNAULT 34
larde « prévient la « tranchéite ». Honneur à la
pipe du soldat ! », B. des A., n^ 92. — Même
suffixe médical dans bouite, f., Maladie consis-
tant à être crotté de pied en cap • « En tout cas
vous avez une bouite », un major, 81® t.,
août 15 ; — blérancourdite, f.. Désir immodéré
de faire un tour à l'Arrière, maladie qui se
gagnait au poste de secours de Blérancourt
(Oise) ; 289® inf., -18 ; — cutsite, f., — cameli-
nite, f., même diagnostic, épidémies qui succé-
dèrent à" la blérancourdite, et dont le foyer était
Cuts (Oise) et Camelin (Aisne) ; 289® inf., -18 ;
ces trois mots usuels aux poilus ; — flemmite
et (par chevauchement avec méningite) flem-
mingite, Flemme morbide ; — espionnite, Ma-
ladie mentale de voir des espions partout.
trente-zob, m., Canon de 37 ; 13® tir. alg.,
oct. 18 ; — libre « suffixation » erotique.
tréteau, m., Cheval ; agatha ; Feu, 106. —
Un tréteau est un appareil, analogue à un che-
valet, pourvu de quatre pieds et servant à
porter avec stabilité ; un sématisme inverse
fait du cheval un tréteau ; cf. fokker.
trimbouelle (ramasser une), Tomber de son
haut. Rouler par terre ; fantassins, mai 18. —
• — ? Du radical de trimballage, Transport.
— 530 ^
trisser, se trisser. S'en aller rapidement ;
« Je m' trisse », « J' vais ni' trisser », usuel aux
18e t. (Paris et Normandie), 51^ t., 359^ (Lyon),
106e (Paris), 120^ (Nancy) inf., 16-17 ; 154^ inf.
(Meuse), 13^ tir. alg., -18 ; (non au 81^ t.) ;
« L'eau a trissé »,... a giclé du robinet dans
l'évier, soldat, -17 ; « Tu parles qu'il a envie de
trisser ! », 2<i-me (provençal), -17, parlant d'un
ballonnet gonflé d'hydrogène ; | « le Boche avait
« trissé » et s'était « cavale en vitesse »», chaîne,
Mémoires d'un Rat, ii, 1 ; — apparenté à trisse,
Diarrhée, à Montbéliard, sahler, Vieux propos
(1917), drisse, Diarrhée, dlle, F.-A., (d'où
dringue, Diarrhée et, dès -87, Peur) ; la Diar-
rhée est la courante. — Dér. : trisse, f., Action
de fuir ; 109® inf., 16-17, — notamment dans
boyau de trisse, Boyau propice à la fuite au
moment du danger, (inexistant, mais les poilus
se vantent de le repérer soigneusement dès la
montée en secteur, et les nouveau-arrivés au
front croient sur la foi des anciens à sa réalité
et à son utilité) ; — d'où prendre le boyau Von
Trissmann, Fuir; 289® inf., juin 18; — cf. :
« Alphès qui savait tous les chemins hors la
fuite », HUGO, Les Trois-Cents.
trois- kilos, m.. Main appliquant itn, coup :
^ 531 —
« Un trois kilos te la fermerait vite ! », Feu,
27 ; — syssém. : demi-lwre. Main : « je vous
tends ma demi-livre », un apprenti, Paris, -03.
— Sous-entendu : de viande.
trois points (atterrissage), Atterrissage suc-
cessif (au lieu d'être simultané) des deux roues
et de la béquille de l'avion ; Miramas, mai 18.
trouillard, Peureux ; usuel et général; |
(( C'est pas des trouillards », richard. Pet. Par.,
14-5-16 ; Pépères, 35 ; déch. ; jj oublié par les
lexicographes ; — syn. : trouleux ; Paris, 1900.
trubulu, m., Chahut, Grosse affaire :
(( — L'Yser ? La Champagne ? Même Douau-
mont et Vaux ? Jeux de gosses, à côté de
Thiaumont. Là, c'est le grand trubulu et la
grande misère », Trois jours, Matin, 19-7-16.
— Apparenté à tribulation ?
tue-boches, m., Fusil : « Alors le môme La-
raupem décarre de la cague, il se frotte un peu
le coin des carreaux, prend son tue-boches et
va prendre la faction », paraud, texte dans
le Figaro, 5-5-15, (voir pagna) ; — sain.
traduit tue-boches Baïonnette, sans réfléchir
qu'en première ligne le soldat dort ceinturon
au flanc et n'a pas au réveil à chercher sa
baïonnette. »
— 532 —
tuer, A, Démolir, en parlant d'une automo-
bile : tuer une ^'oiture ; un conducteur, avr. 18 ;
Il tuer une pièce, l'Abîmer, style de charpen-
tiers ; RiG. ; — syssém. : assassiner un camion
(automobile) ; un conducteur, avr. 18 ; —
« mon camion était mort )),... était Démoli ; un
conducteur, avr. 18 ; — fusiller ; — zigouiller ;
— B, Casser, en parlant de la figure : tuer la
gueule à qqn, la lui Casser, le Tuer ; « V'ià qu'ils
nous tuent la gueule et qu'ils voudraient, après,
nous la fermer ! )), Cabaret, 470, c.-à-d. Voici :
les mêmes artilleurs qui nous tuent (en ligne,
par leurs tirs mal réglés), voudraient ensuite
nous empêcher de parler ; (la dans ce texte ne
renvoie pas à gueule de la proposition précé-
dente ; la fermer fait corps).
tunard, m., 1, Pièce de 5 francs : « un tunard
par jour )), Cabaret, 458; | frère thunard, même
sens ; dlle ; — 2, Billet de banque de 5 francs ;
106^ chass., sept. 16 ; — usuel aux pari-
sianisés ; — dérivé de tune, Pièce de 5 francs ;
le rapport de tune à tunard se retrouve de flèche
à fléchard. Sou ; — cf. frontard.
tuyau de poêle, m., 1, Projectile en tôle, lon-
gueur 0^^,60 à 0°^,70 ; largeur un tuyau de
poêle ordinaire ; charge un explosif, (d'ordi-
— 533 —
naire, de la cheddite), muni d'une mèche lente
et quelquefois, en outre, d'un percuteur ;
portée maximum 150"^ ; roulant après sa chute,
il peut aller éclater dans un abri-caverne ;
80e t^ .16 à Boesinghe ; 340^ inf., avant
juin. 16 ; soldats à Sanzey (M.-et-M.), juill. 16;
14e chass., nov. 16 ; 95^ inf., avr. 18 ; |
voir na^et. — 2, Bombe de crapouillot ; 360^ inf.
et cuir., l^r gr. léger, -15 ; 2^ c^ï, -18.
usine à gaz, f.. Avion Bréguet ; déch. — Cf.
cuisine-roulante.
vachard, 1, Lâche: « si personne ne les sur-
veille [les hommes des Bataillons d'Afrique], ils
vont adopter l'attitude vacharde du mulet au
repos, et ils vont se tourner les pouces ou feront
la sieste )), z. Armée de 1917, 218 ; — cache,
Lâche, et vacherie, Saleté, usuels et anciens :
« ça va être encore de la vacherie », propos
d'une escouade qui attend le retour des hommes
de soupe. Feu, 22 ; « si on s' carre à l'abri, la
dernière vacherie qu'on puisse faire c'est d'
faire croire qu'on a risqué », ih., 137 ; — cf.
frontard. — 2, m., a, Rossard, Lâche; b, Rosse,
Pas tendre ; 40^ art., -18 : un sale vachard.
vague. Bizarre, Louche ; 81^ t., mars 16 :
« Je n' sais pas si not' chef de bataillon est mé
>34
chant, mais il a quèque chose de vague dans la
peau ».
vague, f.. Fraction qui fait tel service de
telle à telle heure ; 10® art. 1., fév. 17 : « On fait
ce service là par vagues, j'étais de la troisième
vague, lui de la seconde ». — • Vagues, Lignes
d'assaillants, (lignes minces, ou lignes de pe-
tites colonnes), qui, successives, déferlent contre
la tranchée ennemie. Manuel du chef de sec-
tion (1916), 374.
vainqueurs de la Marne {les), m., les Gen-
darmes ; 2^ c^^, déc. 17. — Double ironie : pas
combattants, faciles vainqueurs du pauvre
soldu.
valdingue (faire, ramasser un). Tomber de
son haut. Rouler par terre ; 87^ inf., -15 ;
156® inf. et divers fantassins, mai-juin 18 ; —
syn. : aller à la valdingue ; 289® inf., -18 ; —
ramasser une valdingue ; 2® c^^, -18 ; — aller à
valdingue ; 360® inf., -15 ; — valdinguer ;
289® inf., -18 ; — cf. ^aldringue, f.. Etat
d'ébriété qui amène une chute par terre, en-
tendu avant mai 18, peut-être à Blain (Loire-
Inf.) ; — apparentés à vadrouille, Vagabon-
dage, ou à valdrague. Désordre ? — suffixe
comme ribouldingue (Vadrouille noceuse), bal-
535
dingue, drelingue, dringue (sous trisser), gringue.
valise, f., A, Projectile d'artillerie lourde ;
156^ inf., juin 18 ; divers soldats antérieure-
ment ; comparaison du contenu assorti d'un
obus aux articles divers d'une valise, (cf. mar-
mite) ? ou simplement idée de colis balancé en
vitesse ? — B, Torpille aérienne boche sans
ailettes ; l. sambardier ; cf. « les calendriers,
les guitares, les raquettes, les {>alises, c'est toute
la variété des torpilles et autres engins simi-
laires », CHAPELLE.
vaseux, 1, Songeur et irrésolu ; usuel et gé-
néral; I « j' dev'nais vaseux devant c'te
porte », Feu, 21-8-16 ; « Il devenait vaseux »,
FABRICE et MARLE, Tribulations d^un Boche,
22 ; — cf. l'anglais muddy, 1, Vaseux, 2, Lourd,
Hébété ; mudded et muddied, 1, Bourbeux,
2, Déconcerté. — 2, Brouillé du cerveau (par
l'ivresse) ; 81^ t., -16 ; — cf. l'anglais muddied,
1, (eau) Troublée, 2, (homme) Grisé, (esprit)
Hébété. — Dér. : vasouiller, Etre irrésolu :
« Le ballon vasouille », ... Ne sait où aller, (le
vent ne le drosse pas nettement), -17 ; — va-
SOUillard, Brouillé du cerveau (par l'ennui) :
« On commence à être vasouillard », jeune sol-
dat se plaignant de la monotonie du voyage
536
en chemin de fer, -17 ,; — voir gazouiller.
vendrou, m., Rengagé ; 40^ art., sept. 18. —
Vendu, Rengagé, suffixe d'après ... ?
verdure, Réduit à l'impuissance : « Trois
francs [dans mon portemonnaie] ! Mon vieux,
faudrait voir à m' remplumer, sans ça, en
r'descendant [des tranchées, où nous allons
monter], j' suis verdure », Feu, 191; || mot de
voyous et apaches : « Tâche d'en sortir [de la
prison maritime] et surtout ne te bile pas : si
tvi es verdure, tu peux t'en rapporter à moi
pour serrer la cuiller [Faire son affaire] à ce
vieux fayot [à cause de qui, l'ayant assailli et
volé, tu es en prison] », matelot l, lettre, in
Dépêche de Brest, 10-2-06. — Tiré de çert,
même sens, (comme de jaune, Traître, se tire
jaunisse, Traître) ; — ^ert- pomme- pas- mûre,
Frustré ; 81^ t., 15-17; | en être çert-pomme,...
Etonné, Surpris ; lambert.
verni, Veinard ; 81^ t., 14-17 ; | D. m. p, ;
« Pendant tout c' temps [retraite de Belgique
et bataille de la Marne] j'ai été verni. Pas une
égratignure », g. v., N. Contes ver., 263 ; « les
gars de la 9^, ils sont vernis ! Une vieille les
reçoit pour rien », Feu, 80 ; « Il est toujours
verni, V 5^ Bâton. Jamais i' n' donne comme
— 537 —
nous ! )), ib., 265 ; aux cartes, « tu es verni ou
tu maquilles les brèmes : l'un des deux ! »,
MAC ORLAN, Joum., 31-12-16 ; « Mais si l'avion
[boche] tombe dans nos lignes, il n'y a plus de
doute, tel pilote l'a abattu -'— du reste, ce
« vernis » est vite rentré et raconte le coup aux
copains », (verni parce que sa victoire sera
homologuée), v..., Gu. Aér., 19-4-17; j] usuel
aussi à Genève, Schw. Sold., 72 ; « je ne suis
pas né vernis », Nénesse, 80 ; — cf. :'(( Il n'y a
que les pantes qui ont une couche de veine »,
Moi je n'ai pas de chance, ib., 248 ; « Lui-même
a foi en son étoile et ne cesse de répéter qu'il
a la « peau vernie » », galopin, Mascotte des
Poilus, I, XI. — Dér. : vernissé, Veinard ; 81^ t.,
14-17 ; — ■ ç^erni et vernissé s'emploient souvent
par ironie à propos de déveine, comme jade
pour signifier Frustré de sa part, — comme cité
pour signifier Puni, d. — vernoche. Vei-
nard : « Mais ce serait trop vernoche » si les
Boches s'en allaient tout d'un coup, pan-
truchard ; — cf. sardoche. — dlle a déjà
petit i>ernis, Jeune élégant ridicule. Syssém. :
reluisant^ brillant, gommeux, qui jette de rhuile^
juteux, doré. Le luisant d'une peau en santé
florissante sématise le Bonheur, d'où la Chance.
— 538 —
L'épiderme de toute peau arrive à s'appeler
le vernis : « Je me suis heurté contre le mur et
je me suis enlevé le vernis », 81^ t., -16. En un
autre sens le vernis est l'Ensemble des gens
chics, des « heureux » : « Je suis plutôt pistonné
au vernis, comme tu vois... On a des relations
dans le dessus du panier », Nénesse, 155.
vésicatoire, m., Havresac ; 246^ inf., juin 17,
à Moronvillers : « Le vésicatoire me tire sur les
côtelettes )>. — Métaphore de sensation mus-
culaire. — Cf. dur, m., Havresac ; inf. c^^^ ; p.
veson, m., Idée fixe de paresse et de déses-
poir ; 80e t., -16 ; 81^ t., 15-17 : « J'ai la cosse
aujourd'hui, c'est plus fort que la flemme, mais
un peu moins que le veson » ; divers soldats et
marins, 17-18 ; « avoir le gros veson rouge »,
Avoir la cosse, Miramas, mai 18. Le vesori
est, disent les uns, « 100.000 fois plus terrible
que la flemme », les autres « à 40 degrés au-
dessus du cafard », ou « au-dessous » comme on
voudra ; le « veson noir » est inguérissable.
vétérinoir, m., Médecin-major ; 81^ t., août 17.
— Libre suffixation sur vétérinaire ; — même
suffixe : désertoir, m., Déserteur ; 81^ t., -16 ;
— réservoir, Réserviste, qui fait calembour. —
Cf. état- mâchoire.
539
veto, m., Vétérinaire ;87^inf.,-14 ; [ D. m. p.;
Feu, 106 ; (( Le Veto du manège de chevaux
de bois », signature, Dernier bateau, in B. des A.,
5-4-16 ; Il à l'école vétérinaire, Toulouse, 99-06.
Le grand nombre des apocopes arrêtant un
mot sur un o, (voir aréo), a suggéré depuis une
quarantaine d'annéfes le procédé de rapocope
renforcée d'un suffixe -o : ventilo, m.. Ventila-
teur: « J'embrayais mon ventilo à 600 [tours] )),
pilotes de dirigeables, déc. 17 ; — ^ stabilo, m.,
Stabilisateur d'avion ; Gu. Aér., 8-12-17, p.206,
c. 3 ; — carburo, m.. Carburateur ; Mousqu.,
95 ; — mécano, m.. Mécanicien ; — branco,
coloro, conçalo, cuiso, cuisto, mobilo, vaguo ;
rototo ; — cyclo, m.. Cycliste ; 40^ art., -18.
Notons un suffixe -lo dans cwlo, m., Civil,
(usuel et universel, (i) ; usuel dès-95), — (cf.
fromlo, Fromage, en Suisse ; viselot, Vice et
Vicieux, ROSS.) ; — un suffixe -no dans pé-
gu'no, — (cf. croquenot, Soulier) ; — le vieux
suffixe -go dans spago, m.. Spahi ; p. théry.
victime, Dupe, Mal partagé dans une distri-
(^) On ht souvent ciblot ; M. P. Charpentier l'emploie
en m'écrivant. Je ne l'ai entendu jamais ; a. blanc non
plus, ni F. DE KERALIO ; G. FERRAND, G. MARECHAL, L.
SAMBARDiER, u'oseut pas être aussi négatifs.
— 540 —
bution ; 81^ t., 14 .(Parisiens) -17. — Le mot,
pour cet emploi adjectif et sans complément, a
pu être influencé par l'anglais to fell a victim
(ex., DICKENS, Pickwick, éd. New Century, 13),
Devenir victime, (cf. « they 're the wictims o'
gammon », Ils sont victimes de la blague, i6.,
390) ; le turf et la galanterie auraient servi de
pont : « un lieu dit le « Cercle" des Victimes »,
assez nauséeux tripot situé aux environs de la
porte Dauphine », fréquenté par les jockeys,
MANDELSTAMM, Jim Blackwood, 40.
Victor, m., le Fusil Lebel ; D. m. p. — Oscar,
le Fusil ; d.
vidange, f., Brisque en forme de V à laquelle
ont droit les militaires renvoyés à l'arrière
pour maladie ; Cri de P., 7-5-16, p. 7, c. 2. —
Vider qqn, le Mettre de côté. Le porteur de cet
insigne a été çidé, Evacué, du front.
vider ses poches, Chier ; 81^ t., 14-17.
village nègre, m., Groupement circulaire de
cagnas ; 81^ t., -15 (Wailly, cote 105) ; | péri-
CARD, Face à face, 341.
villégiature (être en^, Se sentir allongé et
raidi du bas-ventre : « Depuis ce matin, je sais
pas si c'est le wagon, mais je suis en villégia-
ture », jeune permissionnaire, 34^ inf., juill. 17.
— 541 —
' — Syssém. et explicatif : « Je pars en voyage,
i'ai ma canne », le même.
vinaigre (faire), Se dépêcher ; marins, nov.
17; I « — C'est par ici !... Par ici !... Eh ! les
gars, faites vinaigre ! On se précipite sans par-
ler, à travers le dédale du boyau », Feu, 219 ;
Il Du vinaigre !, Vite !, dlle. — Cf. donner du
i^inaigre, Presser le mouvement (en faisant
sauter à la corde), hdt.
vinasson, m., Vin ; D. m. p. ', — cf. pétasson.
vingt-deux, m., A, Moment où il ne sied pas
dé s'attarder, parce que ça devient dangereux ;
D. m. p. ; « il avait Tair pas rassuré <!••.>
c( C'est 22 », qu'i' disait », Feu, 58. — B, Lieute-
nant du commandant du camp d'av»" de Pau
et de tout camp d'av^^ ; mécanos, Pau, mars 18.
— Du i^ingt-deux, çlà les flics ! des apaches,
(d'où pingtdeuser qqn. Faire le guet pour le pré-
venir de l'arrivée de la police, Paris, -09), passé
chez les ouvriers ; çingt-deux I, commandement
usuel dans des chantiers de construction nan-
tais pour que les hommes qui portent une
poutre la jettent à teVre ensemble. Le sens B
semble confirmer l'étymologie proposée pour
sous-marin, et assimiler l'officier à un danger.
— Les flics font leur ronde par couple ; cela
542
fait deux paires de jambes, deux fois onze.
virage de danseuse, m., Virage brusque, cabré
et suivi d'une descente ; aviateurs, Miramas,
mai 18.
viser, usuel et général aux trois sens, 1, Re-
garder : (( Vise-moi ça [un bureau plein d'em-
busqués] : ça fait pitié ! », Gaspard, 243 ; « Vise
le copain », benjamin, Journ., 17-6-16 ; « Mi-
sérables, ils raillent plus misérables qu'eux. —
Vise- moi ç'ui-ci », Feu, 46 ; — 2, Voir : « Je
t'ai visé en train de chercher des têtes d'obus »,
81® t., -15 ; — d'où mal-visé, Peu aimé : « Les
aviateurs finissent par être mal-visés dans
Paris », (à cause de leurs fantaisies), un pilote
de dirigeables, déc. 17 ; — 3, Comprendre :
« Assez ! visé ! », Suffit, j'ai compris, 2^s.mes^
janv. 18 ; — d'où viscope !, C'est bien, d., par
allusion au vieux et usuel viscope, Visière du
képi. — Sens sortis des emplois militaires
ou diversement techniques où on regarde avec
soin en guidant l'œil sur une mire ; comme,pour
viser, on n'ouvre d'ordinaire qu'un œil, viser
est syn. de bigner, guigner, loucher, tous verbes
que le peuple aime employer pour Voir, parce
qu'il s*y ajoute une idée de malignité ; mal- visé
est décalqué de mal-vu ; le sens 3 fait allusion
^ 543 —
à la signalisation optique où on envoie « Com-
pris » pour passer à la suite.
visser un ours, Ennuyer par de longs dis-
cours ; transmis à h. barbusse; | « tu n' pou-
vais pas ouvrir ton bec sans nous visser un
ours à propos d'elle [de ta femme] », Feu, 109 ;
— chevauchement de poser un ours, Débiter
des bavardages insipides, rig., {ours, Bavar-
dage insupportable, rig.), avec visser une
caisse. — visser une caisse. Tenir de longs dis-
cours ; 22^ G. O. A., 14-16 ; — la caisse est une
quantité, (voir déculottée), Vours un objet, mais
tous deux se vissent dans la tête de l'écou-
tant ; cf. se boulonner une idée dans la tête, Se
l'entrer fortement, forest. Matin, 3-8-17.
volant, . m.. Artilleur à cheval des 0°"^ de
cavalerie ; 40^ art., juin 18.
vomir dans les choux (se), Etre jeté hors de
son appareil à l'atterrissage ; esc. S-152, juill.
18 ; — syssém. : être vidé par son appareil ;
aviateurs, 17-18 ; — syn. : être servi, déposé.
Von Kliick (pêche à la), f., Pêche à la gre-
nade, — c.-à-d. à « la manière forte, chère à ce
général », déch.
vosgien, m., 1, Lard ; 40® art., -18 ; —
2, Porc ; ib. — Les Vosgiens sont appelés
— 544 —
bouffeurs de lards, m., ib., — gros lards, m.,
inl'., Lorraine, -14 ; — d'où le retour du séma-
tisme ; cf. fokker.
vrille (en), En spirale de diamètre dimi-
nuant, sorte de descente (en avion) ; — d'où
vrille, f.. Descente en vrille ; — aviateurs, 16-18.
— vriller, Tomber en vrille ; Mousqu., 59.
wagon, m.. Vaguemestre ; secteur 146 :
(( Chez nous, le mot d'argot par lequel on dé-
signe le vaguemestre, c'est le wagon, ou plus
communément le facteur )), B. des A., 26-7-16,
p. 12. — Vag-on, de çag-înestre, suffixe-calem-
bour. — Syn. : vaguo, m., aux Balkans : « Vive-
ment le vaguo )), Glorieuse Bretagne des Armées,
15-8-18, p. 14.
ya-ya, m.. Boche ; a. arnoux; [ Nos mi-
trailleuses balayaient le champ « quand les
ja-ja essayaient de ramper », Cabaret, 462, (ce
/ est le iott allemand) ; — cf. le « clan des ya »,
les Boches et « embochés », l. daudet, A. fr.,
-17, passim. — De ya, Oui ; sobriquet par la
parole fréquente et typique. Les Américains à
S*-Nazaire, -18, et les Boches, nous appellent
les Oh-là-là, non parce que ce serait la plainte
des blessés français, comme le dit delcourt,
mais parce que tous les Français le disent cons-
— 545 —
ESNAULT 35
tamment, pour exprimer moquerie, ironie, stu-
péfaction amusée. — Cf. chtimi.
youyou, sans doute m., Bombe d'obusier de
tranchée : « l'horrible bombe qui naguère ve-
nait en se lamentant et que les Boches ont
réussi à rendre muette se nomme selon les sec-
teurs youyou, fléchette ou queue de rat »,
APOLLINAIRE, M. de Fr., 16-2-16. — Onoma-
topée de cette lamentation.
zèbre, m.. Avion rapide ; Mousqu., 44 ; j]
Cheval ; Argot de S^-Cyr (1893). — Antonyme :
éléphant, m., Biplan à grande envergure, ap-
pelé aussi autobus ; Mousqu., 44.
zébu, m.. Homme des soi^s ^q discipline ; d.
— Bétail étrange, et, le zébu ayant une bosse,
un peu chameau.
zeph, m.. Vent ; usuel dans l'aven et l'aéro-
nautique ; 16-18; I « dans 1' zeph », musidora ;
Il RiG. — Apocope de zéphyr.
zeppelin volant, m., Caudron triplace ; dbch.
• — Avion, mais colossal.
zeppelin (peau de). Rien : « on a tout sup-
primé, tout... c'est nibé, rasibus et peau de
zeppelin », donnay, Impr., 72, propos d'un
ouvrier parisien. — Queue calembourique sur
peau de zébi, même sens ; — zébi, zobi, Membre
~ 546 —
viril, sont usuels aux troupes africaines, ^ —
surtout sous la forme zob, 4<^ zouaves et ma-
rins, 17-18 ; « mon zob ! », formule de refus. —
Cf. trente-zob.
KÎgomar, m., Sabre de cavalerie ; dépôt de
dragons dans l'ouest, e. h., Temps, 24-5-15 ;
BENRioT. — La terminaison est due au souve-
nir du héros d'un roman sanglant paru dans le
Matin en -10, le Zigomar de sazie ; ce nom de
bandit se tirait sans doute de zig. Homme,
zigoto, Individu épateur, {faire son zigoto, dès
-02 au moins), par le suffixe argotique -mar
usuel dès 1800, {guich^mar, Guichetier, boss'-
mar, Bossu, etc. ; cf. offic^mar). Le nom de ce
meurtrier, quoiqu'il ne fût pas sabreur, a-t-il
suffi pour faire baptiser le sabre de cavalerie ?
On peut supposer un syllogisme plus précis.
Majeure : allusion à la marque Z que porte un
certain sabre, comique par le suranné de son
modèle, ce sabre des pompiers et des sergots,
que portaient aussi, au début de la guerre, les
infirmiers et brancardiers, le sabre nommé par
la théorie sabre série Z. Mineure : allusion à ce
fait, copieusement réitéré dans le roman de
M. Sazie, que l'assassin en chef Zigomar et la
bande des Zigomars ses séides ont pour signe
— 547 —
de reconnaissance la lettre majuscule Z, soit
découpée, soit brodée sur des cagoules, ou
collée aux murailles, ou dessinée d'un geste
dans l'air, ou tracée du doigt sur une table.
Conclusion Sabre (série Z, ou autre) = Zigomar.
Si on ajoute à ce sématisme que le lieu, peut-
être unique, où le mot a été observé est un
dépôt de l'ouest, il est vraisemblable que les
cavaliers avaient déjà nommé leur sabre un
zigue ou un zigouillard ; ce n'est plus seulement
une lettre initiale, mais un vrai radical, qui se
trouvait tout prêt à recevoir la terminaison
-omar.
zigouillard, m., Surin, Couteau pour tuer ;
81® t., -16 : « Il ne serait pas long à jouer du
zigouillard », un Nantais. • — Saintongeais
zigue-zigue, m.. Méchant couteau ; nantais
zague, m., Egoïne.
zigouiller, 1, Tuer ; usuel et très général; |
« on va se faire zigouiller comme des lapins »,
Gaspard, 42 ; || en -08 j'avais l'impression de
connaître ce mot depuis longtemps ; date de
-97 au moins dans les milieux ouvriers de Paris,
DAuzAT, 16-4-17, 667 ; « On a « zigouillé » Ro-
marin » parce qu'il pouvait nous vendre, pro-
pos de David, bandit de la Drôme, Matin,
— 548 ~
3-11-08 ; ROSNY, Dans les rues, 244, leroux,
Roi Mystère, II, xviii, {Matin, 22-12-08),
BRUANT, Loupiote, XI, [Journ., 2-11-09), le
mettent dans des bouches d*apaches ; adam.
Ville inconnue, i, [Matin, 10-2-11), de soldats
coloniaux. — C'est un mot de Pouest : poitevin
zigouiller. Couper au couteau en déchirant ;
vendéen sigouiller, Ebranler, Remuer vive-
ment ; angevin zigâiller et sigâiller. Couper en
déchiquetant avec un mauvais outil ; nantais
ziguenailler. Hacher malproprement, Scier lon-
guement ; sciguenailler, Faire des efforts répétés
pour arracher quelque chose, a. leroux (1886).
— 2, Démolir à force de malmener : zigouiller
une auto, S. A. P.-X, sept. 16 ; — syssém. : tuer.
zigzig (faire), Coïter ; S*-Nazaire, mars 18 ;
s^n sanit. 85, oct. 18. — Sabir dû aux Yanks
en voisinage ; cf. calabousse, sammy, zigzag.
zigzorniffe, m., Eau-de-vie ; 5® génie, -18. —
Etymologie (?) sous gnole.
zim-boum, m., Obus, A, de canoii-revolver ;
80^ t., -16,'Boesinghe ; — • B, de 88 autrichien ;
ib. ; — C, de 105 autrichien ; ib. ; | « le « zim-
boum » de Cheppy », Bourru, 119 ; « Bzim !
bdoum ! éclate le 105 », péricard. Face à face,
22.
— 649 —
A, 1, Mitraille : recevoir du zinc,
envoyer du zinc ; Lambert ; — 2, Obus ; 8® gé-
nie, téléphonistes, juill. 17, au front ; usuel au
dépôt de ce corps, 17-18, mais non dans toutes
ses unités dispersées au front ; — d'où aingUet,
Pleuvoir, en patlant d'obus : « ça zinguait »,
8^ génie, juill. 17, même remarque ; — sens 1
et 2, zinc substitution syn. de /er, tout à fait
extérieure à la chimie. — B, 1, Bicyclette ;
marins à Rochefort, -18; || Paris, 10-14 ; —
2, Auto ; usuel, 15-18 ; | pawlowski, Signaux^
123 ; — 3, Avion ; usuel aux aviateurs, 16-18 ;
I « foutu pour foutu, à 160 à l'heure, de toute la
force de mon Gnome, j'entre dans son î^inc »,
SEM, Journ., 27-5-16 ; — 4, Dirigeable ; pilotes
de dirigeables (qui ont pour partie fait de l'avia-
tion), nov. 17 ; — ces sens B ne sont pas dus
à la même ironie déprédatrice que les sens A ;
j'y vois plutôt Pimage, très lâche, dfe véhicule
métallique, exprimée par Récipient de zinc (^) ;
— cf. bidon de zinc, m., Sous- marin, « On
n* trouve pas comme ça à profusion des marins
(^) Cf. poubelle, f., Char d'assaut ; b., — c.-à-d. Boîte
métallique fort pleine et malodorante ; dépréciation pat-
io nez, par l'œil, et quant au métal.
— «50 ~
qui consentent à s'embarquer dans les « bidons
d' zinc » », GALOPIN, Requin (Tacier,,., i, {Journ.,
28-11-17), — qui serait syssém. de bocal et
calebasse, Logement, l'espace où se meut l'équi-
page de l'avant à l'arrière ayant forme de
cylindre, mais qu'ignorent les marins, même
affectés à cette navigation, que j'ai question-
nés ; — une étymologie a cours parmi les avia-
teurs : les ailes des avions furent longtemps
peintes de gris métallique, et les recrues, règle-
ment, demandaient en frappant sur l'entoilage
« c'est du zinc ? » ; outre cette bizarrerie de
mettre paternement les as à l'école d'argot
chez les novices, l'explication a le tort grave,
séparant le sens Avion du sens Bicyclette, de
renoncer à une filière sémantique qu'on re-
trouve sous tacot, etc. — • C, Canon ; 40^ art.,
-18.
Dér. : dézinguer, 1, Démonter, Démolir ;
8^ génie, mai 18 : dézinguer une machine, la
Déranger ; ^ 2, Tuer ; 289^ inf., juin 18 :
dézinguer un Boche* le Descendre ; — se tire
de zinc, devenu syn. de Machine.
zingué. Ivre ; 81^ t. (Nantais), juill. 16. —
Syssém. de rétamé j bljindé. Ivre.
zinzin. A, 1, Moteur d'avion ; 81^ art. 1.,
— 551 —
mai 18 ; — 2, Avion ; 81^ art. 1., mai 18 ; —
3, Dirigeable ; centre de dirigeables, -17. —
B, a, Voiture légère du train d'av<^ii ; aviateurs,
L. POTTECHER ; — b, Tracteur lourd d'art. 1. ;
81^ art. L, mai 18 ; — c, P, nom personnel d'un
tank : « le « Zin-Zin )> », Journ., 24-6-17 ; —
2^, Tank ; 500^ A. S., où un officier « range ce
mot parmi les vieux termes génériques du
genre voiture, appliqués à l'espèce tank «,
G. MARÉCHAL, août 18 ; | « le généralissime fit
connaître aux armées et au public la part prise
par nos zins-zins (ainsi les poilus nomnient
leurs tanks), dans l'offensive. <C...> Devant les
zins-zins, affolés, ils jetaient leurs armes », ano-
nyme, « Tanks » et « zins-zins », Les chars d^ as-
saut », Journ., 24-11-17 ; « TANKS. Deux mé-
canos, perdus dans un zin-zin », Vie Par.,
23-3-18, p. 269, c. 1. — C, Obus ; 360^ inf. et
autres corps, 14-15, m. protat ; zouaves,
chasseurs et fantassins depuis -16 seulement,
témoignages de Parisiens, avr. 18 ; 2® c^^,
août 18 ; I DAUZAT, 16-5-17 ; — Obus qui
arrive et va éclater ; 270^ art. et 8^ génie,
mai 18 ; — d'où zinziner, 1, Bombarder : « la
route est zinzinée », Poilu du 6-9, in B. des A.,
15-11-16 ; — 2, Pleuvoir, en parlant d'obus :
— 552 —
« ça zinzine », 109^ inf. et 8® génie, 17-18. —
Cf. dzin-dzin, (m. ?), Mitraille ; d.
Trois étymologies s'offrent : A, l'onomatopée
zinzin, qui sert en provençal pour le bourdon-
nement du moustique, (cf. à Nantes le père
Zim-Zim, sobriquet d'un joueur de vielle), —
en invoquant l'analogie de youyou, onomatopée
devenue le nom de la torpille ; — B, l'adjectif
zinzin, Paresseux, en H*-Maine, montesson, —
en invoquant la lenteur relative des tanks et
des gros obus et rappelant, comme syssém.,
glinglin ; d'ailleurs ce mot peut très bien se
rattacher à l'onomatopée susdite, car les
insectes bourdonnants servent en sémantique
populaire à signifier Inutilité, Remuement
vain, (cf. grelots) ; — G, le substantif bousin.
Bordel, Boîte à chahut, zinzin par apocope à
redoublement. Cette étymologie est la meilleure :
1^, elle rend compte de l'application de zinzin
non seulement aux véhicules aériens et ter-
restres, qui sont bien des maisons dansantes et
bruyantes, mais à d'autres objets bruyants, à
l'obus fauteur de désordre ; et on n'a pas à
répartir en mots de radicaux divers tous ces
zinzins dont la cohérence sémantique est sen-
sible et analogue à celle qu'on observe sous
— 553 —
zinc, tacot, bécane ; 2^, bousin et son doublet
bousine se recueillent aux sens Locomotive et
Mitrailleuse, c.-à-d. pour l'idée de Machine
bruyante, et sont des syssém. de tacot et zinc ;
3^, lé mot bousiné se recueille comme syn. de
zinzine : « une route bousinée, Défoncée par les
obus », 81^ art. 1., mai 18, se tire de * bousin,
Obus, générateur direct de zinzin, Obus ;
4^, le mot zinzin m'est d'abord arrivé, au 81® t.,
dans deux emplois non militaires, 1, un zinzin,
une Maison de vin et d'amour où se tient urî
bal populaire ; « le zinzin entre Moriville et
Portieux y), nov. 16, — apocope de bousin,
Bordel ; — 2, du zinzin, du Bruit : « Les avions
vont venir ; y aura du zinzin cette nuit »,
juin. 17, — apocope de bousin. Chahut. Les
mêmes Nantais (ouvriers, dockers) employaient
ces deux sens, (et ignoraient ceilx qu*on trouve
ci-dessus). — Ces deux sens sont étroitement
liés : tout mot signifiant Mauvais lieu signifie
Bruit scandaleux, (et l'inverse est vrai) ; ex. :
boucan, sabbat, bazar, bastringue^ chabanais, dé-
dale, ^n Anjou chutrin, en vieux-français iriga/,
du latin au français bacchanal, du français au.
brpton taudion, en italien chiasso et charivari»
zizi, m.. Moteur Anzani (pour avion) ; Mi-
— 564 —
ramas, mai 18. — Onomatopée ? Ou extrait
du nom Anzani ?
zonard, m., Soldat de l^e classe; 94^ inf.,
15-16; I D.
zouavette, f., Soldat venu aux zouaves d'une
autre arme, (par ex. un boulanger originaire
des C. 0. A.) ; 4e zoua>ves et 2^ mixte, 17-18.
— Le genre et le suffixe signifient que c'est un
zouave d'occasion, à la manque. — Le mot a
eu aussi un autre sens.
ZOUaviller, Faire le brave ; transmis à h. Bar-
busse; I « Mais ç'ui-là, s'il a voulu zouaviller,
il est tombé sur le manche », Feu, 8-8-16. —
Syn. : faire le zpuave, même sens ; usuel; |
« d'aller engueuler les Boches sus 1' parapet et
d' vous faire zigouiller en faisant les zouaves
sus F bled », saint- cassin. Temps Buté, in
Front, 1-9-16; |1 richepin, Brades Gens, x ;
ACKER, La classe, 63.
%zS
555 —
U9U9Sl99l?!l?U?USUSUS*Bu*UÎSéf«
SUPPLEMENT
L'objet de ce livre ne comportait ni les ques-
tions de grammaire autres que de sémantique,
ni ce qui est de style plutôt que de lexique, ni
le folk-lore des poilus, ni leur sottisier. Les
quatre notes ci-après se rapportent à ces ma-
tières.
1. GENRE DES SUBSTANTIFS
Chez les ouvriers et paysans, les substantifs
commençant par une voyelle (orale ou nasale)
sont usuellement féminins. J'évalue de 8 à 9
sur 10, de 16 à 18 sur 20 en tenant compte
des cas douteux, la fréquence de l'emploi comme
féminins, des mots (ÎOnt voici des exemples
entendus au 81^ t., 14-17.
— 557 —*
<t une grande abri » ; — « des abus faites poup crier * ;
— « de la bonne acide » ; — « de la belle acier » ; « de la
meilleure acier que l'autre » ; — « Où est Vail ? Je ne
sais pas où elle est » ; — « une alcool plus forte » ; « mon
alcool est la meilleure » ; — « h' aluminium, je la fonds
trois fois pour l'avoir bien pure ; celle-ci, qui n'a été
fondue qu'une fois, est pleine d'antjfiction [antifriction] »;
— « Voilà de l'amadou qui semble bonne » ; — « Si mon
anneau serait pas si étroite, elle aurait été à l'annulaire » ;
— « une petite appareil à acétylène qu'on appelle « bi-
jou » : j'approche mon allumette, elle vole en éclats » ;
— « une appel sérieuse » ; « la contre-appel » ; — « h' ap-
pétit est bonne ?» ; — « une nouvelle apprentissage » ; —
« une aréo allemande » ; « les aréoplanes nouvelles » ; —
« ton argent, quand tu la recevras » ; « JJargent n'est pas
baisante [facile] à lui retirer des mains », Il est avare ;
— « une atout [aux cartes] aussi grosse » ; — « une grosse
avantage » ; — « une endroit plus grande, plus spacieuse » ;
« Le Canada est une endroit moins malsaine » ; — « mon
écart [à la manille] était trop belle » ; « Toujours la bon-
Dieu à' écart !» ; — « Ça fait la même effet » ; — « Toutes
les équipages de ces bategiux-là » ; — « une essai malheu-
reuse » ; — ' « Ça va te faire une bonne estomac », Ça t'ou-
vrira l'appétit ; — « lu' Etat peut faire ça, mais elle ne
peut pas faire <;;...]^ » ; — « pendant toute l'été » ; —
« L'incendie <^..^'^ ; elle éclairait ! elle flambait! »; —
« une mauvaise indice » ; — « pendant toute l'hiver » ;
« une hiver aussi longue » ; — « une ohus, on la voit » ;
— « l'or autrichienne » ; « toute l'or a été ramassée ; et
558
celle qui voyage actuellement <^."^ » ; — « une otage
affreuse » ; — « Je suis venu chercher des ordres plus pré-
cises » ; « Vous pouvez proposer mes ordres [mes conseils]
au général Joffre ; si elles sont acceptées, tant mieux » ;
— « l'oriflamme est plus coûteuse » ; — « Cette os-là est
moins forte que celle-là » ; — « une ostacle sérieuse » ; —
« une jolie hôtel » ; — « l'ouest est brumeuse » ; — « une
petite outil bien faite » ; — ■ « Que toute l'unii^^rs soit
couverte d'un milliard (Je bons-Dieux ! »
« une ache-û-é », un H. O. E, Hôpital d'évacuation >
s«'^ sanit. 85, -18.
2. CONFUSIONS DE SENS ET DE FORME
PAR ÉTYMOLOGIES ET ANALOGIES POPULAIRES
Outre bouteillon et cartouche (au lexique), ont
été entendus, employés en toute naïveté :
accélérer, Mollir, Se ralentir : « Le feu accélère », Le
feu menace de s'éteindre ; 81® t., mars 17, apax. — Accé-
lérer n'a guère d'emploi populaire que dans pas accéléré ;
or ce pas est l'allure normale de la troupe en marche et
non une allure précipitée ; en outre le commandement
Pas accéléré 1 ne s'entend que pour quitter le pas gym-
nastique, lequel est plus rapide, de sorte que prendre le
pas accéléré c'est Ralentir.
— 559 —
adopter, Adapter ; usuel, 81^ t., 15-17 : « adopter utie
vis ».
adversité, f., Opposé : « le militarisme, vois-tu, c'est
l'adversité des choses... parfaitement, le rebrousse-poil
du bon sens... on ne peut pas mieux dire, l'adversité des
choses », Cabaret, 461 ; — influence de adversaire sur un
mot savant.
amnistie, f., Armistice ; confusion constante, 81^ t.,
14-17 : « Avant la signature de la paix, y aura l'amnistie,
qui durera longtemps » ; — trace d'une époque plus
remplie de politique que de guerre et d'un gouvernement
faible envers certains de ses ennemis ? — en tout cas,
cette confusion, fort générale, se trouve déjà, selon le
Cri de P., 13-10-18, dans une lettre adressée au Direc-
toire en 1797 et signée Bonaparte.
antiquité, f.. Identité ; plaque d'antiquité, Plaque
d'identité ; usuel et sincèrement usité par les paysans,
8ie t., lOe cle, fév. 16-mars 17 ; I30e inf., -18 ; || carte
d' antiquité. Carte d'identité faisant sauf-conduit ; usuel
aux femmes du peuple, S^-Nazaire, -18.
asthmatique (fusil). Fusil automatique ; 289^ inf.,
avr. 18, Oise ; 95^ inf., juin 18 ; — cf. teuf-teuf.
aviser. Viser ; usuel: « J'aviserai pas votre permission,
qu'il dit », -17.
cerisette. Série Z : « leur baïonnette [des brancardiers]
est remplacée par l'ineffable sabre sériez [lire : série z]
— cerisette — », laforêt, Le médecin de bataillon, M. de
Fr., 16-1-16, 234. — Voir zigomar.
560
CoUetiner (se), Se battre ; 81^ t., 14-17, où se colleter
est ignoré des ouvriers et paysans ; \ D. m. p. ; || on
trouve dans le Rat du Châtelet (1790) et dans Mémoires
d'un Forçat (1828) in sain.. Sources, l'argot coltiner,
Arrêter (un malfaiteur), qui est aussi Prendre au collet.
— Influence du colletiner, Porter, usuel aux portefaix
qui ont aux épaules un colletin de cuir.
côte, f.. Cote (d'altitude) ; 81^ t., 14-17 : « la côte 105 »,
le Plateau entre Berneville et Wailly ; — confusion avec
un mot cru syn. même par de nombreux officiers.
décimulé, Décimé ; 81^ t., -16 : « le régiment va être dé-
cimulé.» — Influence de dissimuler (cru syn. d'Anéantir ?)
évacuissé, Evacué ; d'abord monax de paysan, devenu
usuel, 81® t., 10^ c*®, 15-16, par moquerie, puis par
gaieté. — De quelque analogie de conjugaison ou de
quelque influence de suffixe que je n'ai pas découverte.
— Sur la puissance propulsive de la moquerie en mor-
phologie, un correspondant m'écrit : « Je crois que c'est
pour « charrier » les gens du Nord, venus assez nombreux
au 109 après Verdun, que l'usage avait été adopté de
prononcer broulle pour brouille, solel pour soleil, fille
comme i^ille, etc., etc. Et réciproquement on prononçait
tranquille comme fille. — Innombrables les « cuirs » que
l'on tente d'immortaliser : au 109 on n'aurait jamais dit
la banlieue ni les empirons, mais les abanlieues [la ban-
lieue — >- Vabanlieue] ; le mot situation était toujours
suivi de tel qu'il est parce que tel camarade avait commis
pareille faute, etc. », j. demeure, mai 18. Les queues
— 561 —
E8NAULT 36
romantiques dont situation tel qu'il est est un exemple
sont dues à la même contagion.
illucité, f., Lucidité : « j'avais toute mon illucité »,
un 2d-m6, -18. — Influence d'illumination.
indigeste (tir), Tir indirect (de mitrailleuse) ; 246^ inf.,
janv. 18 ; 289^ inf., C. M.-4, mai 18.
marmotte, f., Marotte : « Il a la marmotte des permis-
sions », un témoin au conseil de guerre, 88^ Do» t., -15»
apax.
opérer, Repérer ; très usuel, 81® t., 14-17 : « Merde, on
peut plus aller aux feuillées sans se faire opérer. »
oreille, f.. Orée :« l'oreille du bois », 81® t., -16, monax.
récurés, Récupérés (après sursis d'appel) ; descaves,
Journ., 27-8-16.
secoaade, f.. Escouade ; 81® t., -14. — Inversement .
« la machine à escouer le panetot », la Mitrailleuse ;
40® art., -18.
stagiaire, Stationnaire : « Avec cette guerre-ci où nous
sommes stagiaires dans les tranchées », 81® t., -16, monax.
trépidité, f., Trépidation : « C'est pas un éclat d'obus
qui a brisé la vitre, c'est la trépidité », 81® t., -16 ; —^
influence d'intrépidité.
ventrilateur, m., Ventriloque : « ç'ui qui faisait le ven-
trilateur » ; 81® t., -16 ; — influence de ventilateur.
volcanisé, m., Volcanique : « un terrain volcanisé »,
81® t., 16 ; — influence de vulcanisé ; ou plutôt emploi
métaphorique de volcanisé, terme d'atelier résultant de
l'influence de volcan sur vulcanisé.
— 662 —
znlan, m., Uhlan ; usuel, 81® t., août 14 : « quat'
zulans », « un zulan » ; — du prononcé un-n uhlan, des-z
uhlans.
Je ne vois pas de raison proprement phonétique au
traitement poste d'écoute — >- poz d'écou, m., très usuel
au 8le t., 10® cie, 15-16. — Poste des coups [de main]^?
3. COUPS DE GUEULE.
Relèvent du style ( — oral — ) les vocatifs
injurieux, les calembours conscients, les phrases ♦
toutes faites et bien faites qui servent au trou-
pier à se montrer cuirassé et offensif contre les
copains et contre le sort. Le soldat est un poète
dont les deux poings sont les meilleures rimes,
en même temps que les meilleures raisons ;
mais la gueule est la troisième main du soldat.
terribles tauriaux, m., Territoriaux ; 81® t., 14-17 ; |
GALOPIN, Poilus de la 9®, 20 ; « nos vieux « terribles » »,
lettre d'un sergent de t., in A. fr., 26-3-16, p. 1. — C'est
un calembour conscient, qui • ne saurait compter au
lexique. Je n'ai pas entendu le singulier « Terrible-tau-
rial » que donne D. m. p.
Aux injures tirées des diverses situations de
— 563 —
service militaire, (ex. : bleusaille, bras cassés,
enfifreur de culasses, traîne- pattes), il faut, pour
atteindre au ton de la conversation quotidienne
des troupiers, ajouter les vocatifs atroces em-
ployés communément de bonne amitié.
•
Je n'en puis donner qu'un prospectus.
Les gros reproches à l'adresse d'un homme sont :
l'inhabileté et l'inutilité : Sacré pharmacien ! (Mala"
droit) — Guignol ! — - Bon dieu d'acrobate I — Nour-
risson ! (Homme qui ne sait pas gagner sa vie et se
Caisse entretenir) — Enfant de malheur !
l'âge : Vieux canard ! — • Vieux cerf ! — Vieux pé-
tard ! — Vieux nœud ! — ■ Vieux panneau ! — Vieux
ticket l — Vieux détritus ! — Vieux machin ! — Figure
de tête de mort !
la descendance : Graine d'oie ! — Enfant de veau ! —
Fils de noble i^ache ! — Dégringolé du cul de Marie-
Salope I
la laideur, animale, ou inexpressive : Bec de linge ! —
Nez d'âne ! — • Tranche de gaille ! (Tête* de cheval) —
Bec de i^eau I — Tête de cochon mal écumée ! — Tête de
lard ! — Vieille couenne l — Nez de rat ! — Bec de cane I
— Bec de moule I — Vieille punaise ! — Bec de puce !
— • Crâne de pou I — Peau de mouche ! — Face de ver !
— Bec d'asticot ! — Peau de tripe ! (Peau livide) —
Peau d'hareng saur ! (Peau bistrée) — Peau de crachat !
— Glaviot i>ert I — Face de pet ! — Jus de singe 1 —
— 564 —
Tite de pied ! — Face de semelle I — Tête de nœud I —
Figure de peau de couilles ! (Visage ridé) — Doublure
de peau de con 1 — Peau de fesse l — Face de fesse ! —
Face de dos ! — Face d'haricot 1 — Face de noioi ! —
Vieille noix 1 — Vieille cloche ! — Saucisse à pattes l —
Figure de fromage coulant l
la saleté : Bande de poux ! (à l'adresse d'un seul
homme) — Choléra I — Dedans de fumier 1 — Nénuphar
de pot-de-chambre ! — Raclure de pelle à merde 1 • — Bif-
teck d' amphithéâtre 1 — Viande inerte !
On voit que la plupart de ces gueulées attaquent l'in-
dividu par la tête, comme des gifles.
Ont été signalés à M. Dauzat ces synonymes de Che-
val : bout de bois, saucisson, hareng, pélican. Dans un
dépôt de dragons, de l'ouest, « Un cheval s'appelle
rarement un cheval : c'est un bourin, un bourdon,
un zèbre, une bique, un ours, un cerf, une carne, un
bestiau, un tréteau, une vache, et s'il ne marche pas,
un veau », e. h., Temps, 24-5-15. — Est-ce là une vraie
onomastique ? Ces mots sont surtout des vocatifs, inju-
rieux sauf cerf et zèbre, d'un cavalier à une monture ; à
preuve, il faut au parlant, pour être sûr d'être compris,
ou un cheval au bout de son poing, ou un récit servant
de contexte à son mot. On se traite de cache entre cama-
rades : « — Tia ! 1' gars Pinceloup ! Ah ! c'te vieille
vache ! », Gaspard, 8, propos d'un Normand ; on dit à
un cheval malade « Ben, mon zèbre, t'as quèque chose ! »,
-^ 665 —
ÈENjAMiN, Journ., 15-5-16 ; « Vieille bique, ça Ira
mieux ? », ib. ; « brosser le lapin », balzac, Colonel Cha-
bert, (éd. Fayard), 36, se comprend Etriller le cheval parce
qu'on est prévenu par le texte qu'il s'agit de la monture
d'un officier, [lapin, comme ours, évoque un cheval mal
tondu) ; « des biquets de quatre sous », mandelstamm,
Jim Blackwood, jockey, se comprend Chevaux sans va-
leur parce que l'on est dans un monde de jockeys ; « La
chèi^re du capistron », Schw. Sold., 72, s'entend d'un che-
val (maigre) grâce au capitaine qui complète l'image.
Mais jamais on ne dit « Dans le village évacué il restait
une vache », sauf en parlant d'une Vache. Le soldat dit
bien « ma femme » à propos de son Fusil, « ma poule » à
propos de sa Mitrailleuse, mais ne dit pas * Je suis allé
voir les femmes au musée des Invalides.
Un combattant m'écrit : « Le poilu, c*êst le
langage de gens qui veulent plaisanter, qui se
hâtent de rire, qui parlent pour ne pas penser.
Parler et péter n'est-ce pas tout le divertisse-
ment permis à une demi-douzaine d'hommes
serrés les uns contre les autres au fond d'un
mauvais trou pendant un bombardement ? »
On connaît les multiples emplois du verbe chier :
Marcher droit et sec : a Quand le capiston rouscaille, ça
chie » ; Fabriquer : « Brigadier, je n'ai pas eu de sabre !
— 566 —
— Eh bîen, quand on n*a pas de sabre, on en ... un î »,
E. H., Temps, 24-5-15. On ne s'étonnera donc pas de la
forte dose de coprolalie qui se trouve dans les échan-
tillons ci-dessous du style proverbial troupier.
« — Il m'emmerde. — Mets lui ton nez dans le cul
pour l'étouffer », 81 ^ t., -17.
A un homme qui vient semer la zizanie : « Tu voyages
pour la paix ? », 81 e t., -17.
« Triste patelin ici : les souris montent au grenier les
larmes aux yeux », Il n'y a plus rien, Berneville (P.-de-C),
-15.
Réplique à une repartie désagréable : « Ha bien, tu
m'en fous de belles ! Tu me la copieras, celle-là ! », 81® t.,
-15 (1).
« Il répète tout ce que mon cul lui apprend », C'est
un sot ; un soldat, -16. — C,-à-d. : je pète et il répète.
Riposte à qui taille une basane : « Retourne-toi, et
mange-la ! », 81® t., -15.
Salutation à Marais, docker dans le civil : « Bonjour
Monsieur Marais ! — Ho, des monsieurs comme moi et
des cochons comme vous, y en a beaucoup ! », 81® t., -15.
(^) « Engueule-le donc ; c'est pas ton père ! » Ce boni-
ment, qui sert à encourager un timide, n'est connu du
grand public que depuis La dame de chez Maxim (1899).
C'était la plus quotidienne des phrases d'or de Pierre
Le Moënner,Quimpérois, ouvrier chandellier,au 19® d'inf.,
à Brest, 94-95. Il y a vingt ans que j'ai le remords de ne
pa9 réclamer.
— 567 ■-
« — T'as chié partout. — Au moins si je t'avais chîé
dans la gueule, ça te l'aurait bouchée », 81^ t., -14.
« — Je te pisse au cul ! — Et moi, je te chie sur la
gueule et je t'embaume d'un seul coup ! », 81^ t., -15.
« Encore un qui a sucé la Tour Eiffel pour la rendre
pointue », Encore un fanfaron ; marin, -18.
« Va te coucher, de peur de perdre du temps ! » ;
marin, -18.
« — Bon appétit ! — Merci. — Et que la dernière bou-
chée t'étrangle ! », marin, -18.
« Ha la la ! les enfants de nos enfants auront de vilains
grands-pères », marin, -18.
Au-revoir à un permissionnaire en partance : « Va-t'en !
ça puera moins », marin, -18.
« Il n'aime pas l'alcool, non ! Il faut lui pincer le nez
pour le lui faire boire », 81® t., -15.
« — Mais si on retrouve pas la porte de son gourbi ?
— ^ Si vous êtes égaré, cherchez-vous !», 81^ t., -15.
Cantonnement sale : « ... Quand le villagecis rentrera
ici, il faudra pour le nettoyage qu'il s'y prenne le matin,
et encore pas un samedi », 81® t., -15.
« Ceux-ci piocheront, ceux-là pelleteront ; et vous qui
n'avez pas d'outil, vous leur cracherez dans les mains »,
un officier ex-colonial, 81® t., -14.
« Il était couché sur sa paille ; s'il n'avait pas été si
gros, on ^aurait dit l'Enfant Jésus; c't enfant d'pu-
tain ! », 81 e t., -15.
« Il dort encore ? Ha, il ferait bien crever un chien à
— 568 —
i
dormir », Il battrait un chien aux concours de sommeil »
8ie t., -15.
« Si c'est pas arrivé, ça arrivera ? », Tu blagues ; 81® t.
-14.
« C'a été dit à la Cour des Muets... », Tu mens; 81 « t., -14.
Tu veux me tromper, me mettre en boîte : « Dis donc»
est-ce que tu as travaillé chez Amieux ?» ; 13® tir. alg.,
juin. 18 ; — syn. : « Non, pour la mise en boîte, c'est pas
ici I » ; ib. ; — « Non, mon vieux, c'est quai de la Râpée,
maison Amieux frères » ; ib.
« Cause à l'autre ! », Je ne suis pas ta dupe ; 130® inf.,
-18, avec le même geste que pour envoyer un ballot à la
gare. — Syn. : « Cause trois jours !» ; 13® tir. alg., -18 ;
— dévié de « Cause toujours !» ; — « Poisses-en un
autre !» ; « Tu connais Dudule ? Eh bien, poisse-le cinq
minutes » ; « Poisse Dudule ! » ; 204®, 246®, 289® inf.,
juill. 18, {^) ; — « Cause à l'autre trois fois... Marche ! »,
246e, 289®, 321® inf., -18.
Tu veux m'épater, m' asphyxier : « Desserrez vos cra-
vates... Marche ! » ; 246®, 289®, 321® inf., août 18.
Même emploi : « Tout le monde a son pain et son fro-
mage ?... Marche ! » ; 95® inf., sept. 18 ; ' c.-à-d. Ça va
bien, Suffit.
(1) Au 95® inf., sept. 18, Poisse-Dudule est un sobri-
quet ; (antérieur à Dudule le poisse, héros des Signaux
de pawlowsky).
— 569 — -
Même Théorie, chapitre Visite d'un officier supérieur
redouté : « Au commandement de Le 9' là /. tout le monde
fout le camp » ; 289® inf., août 18.
Au sens de Tu charries, N'exagère pas, V Intransigeante
9-7-18, p. 2, c. 4, signale comme frontard : « Ne fais pas
de bruit dans la serrurerie », et comme plus récent et
donnant « le ton suprême des tranchées de Montdidier » :
« Chahute pas le postillon I ».Mes témoins ignorent l'un et
l'autre.
« Oui, mon con, t'as bonne mine », Tu veux charrier ;
46«, 246e inf., 14-18 ; 13® tir. alg., 95^ inf., -18.
Repartie fort psychologique, et qui est au cœur même
de l'art de la pantomime : « Allez, on les connaît tes boni-
ments ; t'as qu'à faire les signes ! », 81® t., -14 ; sert à
rembarrer un rouspéteur invétéré.
Adieux d'un homme en fureur qui abandonne la place
et s'en va en « claquant les portes » : « Je ne suis pas pa-
tron ici, vérole de bon Dieu ; je le serai p'têt' quèque
part » ; 81® t., -16.
A un cavalier qui passe : « Ton canasson est malade ? »
On ajoute ou on sous-entend : « Il a une emplâtre sur le
dos», 8le t., -14. "
« Tant qu'y aura de la merde et des côns, tu seras pas
orphelin », 81^ t., -14.
« Tant que les cons danseront, tu ne joueras pas de
la musique » ; 46® inf., 9® b»", nov. 16 ; 246®, 289® inf.,
-17 ; — « Tant que les cons danseront, tu n'auras pas
froid aux pieds » ; ib.
— 570 —
« Tu ne t'envoleras pas ! », Tu es nique ; 46®, 204®,
24 6e, 2896 in^., 14-18 ; — plus complet : « Avec ce que
tu as au train, tu ne pourras pas t'envoler ! » ; ib.
« Quand nos poux auront grossi, nous les mettrons à
pousser des brouettes », 81^ t., -15.
« — As- tu chaud ? — Oui, je commence à écumer
entre les jambes », 81^ t., -15.
« Un cassecouille et lui, c'est bien le même » ; 81® t.,
-15 ; le même est au neutre ; cf. « Ça et rien, ce sont bien
les deux sœurs », ib., -15.
« — Tu as mal au pied ? — Non, à côté ! ? », 81® t., -14.
« Un demi-quart de vin ! Est-ce que tu m'as jamais
vu boire un demi-quart de vin? Est-ce qu'y a des demi-
saints dans le Paradis ? », 81® t., -15.
« C'est bête de se faire blesser, mais c'est con d'en
mourir », G. Demonchy, 13® tir. alg., sept. 18.
Août 17, Chemin des Dames. Des bataillons de noirs
montent pour l'attaque : « A consommer avant l'hiver ! » ;
246® inf.
Bombardement par aéros : « • — C'est la guerre mo-
derne. — Eh bien, elle est batt, la mode ! », 81® t., -16.
Les majors ont photographié le tableau d'une chasse
au rat (107 têtes) : « J'ai dit Pauvre France ! Les rats
en photographie I », 81® t., -16.
« J'eminerde la merde et je chie dans mon pantalon
quand je veux », Je me moque de tout ; monax de
P. Thébaut, de Quilly, 81® t., 14-17.
Du même : « Je n'étais pas saoulaud avant ; ma vie a
~ 571 —
été trahie par la guerre actuelle », ...Dévastée, Décon-
certée, -15.
« C'est pas régulier ! », protestation adressée à qui-
conque demande du,rab, met sa chéchia de côté, raconte
UD succès galant, etc. ; le ton sérieux fait l'emploi co-
mique ; 13® tir. alg., juill. 18. — Même emploi : « T'as
pas le droit ! » ; 4® zouaves, Milly, -17.
« — Tu aurais dû faire comme ceci. — Occupe-toi de
tes fesses ! », 81® t., -15.
« Va te faire tâter ! », Va te faire lanlaire ; 13® tir.
alg., juill. 18 ; - — « Va te faire tâter par les Zoaques ! »,
130® inf., C. M.-2, sept. 18 ;'— cf. Chez les Zoaques, de
Sacha Guitry.
« Est-ce que je te demande si ta grand mère danse
bien ? », De quoi te mêles-tu ? ; 268®, 289® inf., oct. 17.
A un bronchiteux : « Te voilà baisé à ton tour : ton
cul sent le sapin », 81® t., -15.
« Deux permissionnaires, deux malades, pas de caporal :
la seizième escouade va se trouver à cul », ...Réduite à
impuissance ; 81® t., -16 ; — cf. « C't affaire là est tombée
le cul dans l'eau », ib., -15, c.-à-d. est tombée dans le
seau, n'a pas réussi.
Le soldat qui va essayer des chaussures ne manque
pas d'annoncer : « Pour moi, un 28-4 fillette » ; 289® inf.,
-18.
(f — Dis-donc, cuisto, as-tu gardé pour vous autres à
la cuisine ? — Vous en faites pas î J'en aurai au cul
avant que vous en ayez à la bouche », marin, -I84
-, 672 —
« Quelle cangrène, quelle peste, ce type-là ! si la mort
ne l'embellit pas, ça fera un sale macabé », un soldat, -18.
Formule pour refuser un menu service : « Non, mais
as-tu vu beaucoup de domestiques habillés comme
moi ? », 8le t., -15.
« Ça ne va pas mieux a, répète le poilu à toute chose,
même de mince importance, qui ne va pas selon son
souhait ; misère infinie, fatalité inexorable ; 130® inf.-,
sept. 18.
« Adieu, la valise ! », Tout est fichu ; 13^ tir. alg.,
août 18.
« Il ne mange pas le (?irage », Il n'est pas si terrible
qu'on le croit, ou qu'il veut en avoir l'air ; 109^ inf., -17 ;
8® génie, -18 ; se dit surtout d'un gradé : « Après tout il ne
mange pas le cirage lui non plus ». — Syssém. : bouffer
le linge, Faire toute la besogne à soi seul : « Y a pas que
toi tout d'même pour bouffer le linge, hé, bleusaille de
la classe 15 », Pépères, 107.
« Pleure pas ! tu la reverras, ta mère », usuel dès -16.
— « C'est, malgré sa vulgarité foncière, une parole de
foi vivace et d'amour », franconi. Un tel, 163 ; vulgaire
en effet, et impitoyable, si on ne sent pas que cette
phrase d'un passant à un bébé égaré, ne s'applique que
par simple queue romantique à des poilus qui risquent,
avec leurs pleurs, leurs yeux, et leur tout.
« Vivement demain soir, qu'on se couche ! », Ce sera
deux jours de moins à souffrir ; franconi, 163, chapitre
où sont commentés plusieurs autres apophtegmes poilus.
— 573 --
« 103® terrassiers », c'est le 103® inf. ; « 25® terrassiers »,
le 25® chass. ; « 40® terrassiers », le 40® art. ; lisez le Petit
Voisognard, « organe bi-hebdomadaire du 369® Terras-
siers », mars 15 ; — qui n'a pas remué sa pincée de terre ?
Cette terre, souvent, quelle glu ! Le 40® art. se nomme
« 40® boueux » ; il qualifie ses conducteurs « les boueux »,
les « vaseux » ; le 8® génie s'est dit le « 8® vaseux », (cf.
hauts-de-vase ?),
Au début de -17, le 130® inf. était un vrai bougillon :
« 130® déménageurs », disait-il.
« C'est la guerre ! », phrase courante, et d'ordinaire stu-
pide, des soldats, — pour excTiser ébriété, vol, paillar-
dise ; je désire que ce ne soit qu'une traduction du Der
ist krieg boche.
« Jugulaire : jugulaire ! », Je ne transige pas ; marins,
-18 ; — jugulaire == service.
Bon ! encore une dispute : « La campagne s'avance : les
caractères s'aigrissent ! », 81® t., 16-17 ; marins, -18.
« La bataille de Laisse-ça-là gagnée par le général
Bourretapanse », les manœuvres ... à pagaille ; 40® art.,
14-15.
« Y a gagner Saint-Raphaël », Nous méritons la relève,
le repos, l'intérieur, une fine évacuation ; 40® art., -18 ;
— les Sénégalais de la Do» (la 40®) vont hiverner à S*-
Raphaël.
Locomotive et wagons, au départ, le train chante au
permissionnaire : « Je t'emmène, je t'emmène » ; et au
retour : « Je t'emmerde, je t'emmerde »; 40* art.^ -18.
— 574 —
« Faut pas essayer de comprendre I », C'est absurde !
81^ t., 14-17 ; très usuel et général ; | Gaspard^ 51.—
Employé par ironie à propos, non seulement des ordres
chargés de mystère, mais des ordres absurdes qui portent
leur contre-ordre en croupe.
« N'allez pas là-bas ! » (suspension entre les deux / ; les
trois derniers a très fermés), Dangereux est le secteur où
vous allez, nous l'avons éprouvé, g. ferrand a entendu
ce cri pour la première fois, montant à gauche de Reims,
juin 18, d'un régiment de « joyeux » qui descendaient.
Un écho de V Humour ^ 23-30 août, le déclare né sur la
route « de Ch...s-le-V...s à Herm...Ue », (Châlons-lo-Ver-
geur, Hermonville) : un camoufleur le lança et le réitéra
à deux quidans qui se dirigeaient vers un endroit en vue
des Boches, et ces deux s'étant trouvés le gén. Mangin
et M. Clemenceau, son émoi charitable fut, du coup,
auréolé. Ce fait date de fin mai, d'après un écho de Paris-
Midi antérieur au 13 août. Au début d'août le mot fait
fureur sur tout le front. — Au 13^ tir. alg., oct., on ajoute :
« Prenez le boyau !» ; — (le boyau d'accès, ou le boyau
de trisae, selon l'idée).
« On les aura » [lei Boches] ; uBuel et universel dèi -15 ;
consacré par la plus haute autorité qui fût :« Courage...
On les aura ! », gén. fétain, ordre du jour de la XI^ ar-
mée, 10-4-16. — D'où, par amertume : On les auru /
— les pieds gelés.
« Debout, les morts ! », appel lancé par l'adjudant Jac»
ques Péricard, dans sa tranchée envahie par les Boches,
— 575 —
95^ inf., Bois-Brûlé, 8-4-15 ; || « Debout, les morts ! »,
DiERX, Les paroles du vaincu (1871), str. 3 ; « A vos
postes, les morts ! », dumas, Amour sacré (1912) ;
« Le dragon blessé à la nuque <^...> cria, funèbre, dans
la cour obscure de la maison : — « Les morts, là-haut,
descendez prendre l'air. On va faire une salade d'acier
sur la route ! » Presque aussitôt, sur la plus haute marche
de l'escalier, apparurent les plus infirmes, <C...>' »i
d'esparbès, Tumulte^ Le Pont qui chante. — Il n'est
heureusement pas nécessaire de supposer que M. Péri-
card se rappela ses auteurs, — ni que le général Galliéni,
en lançant son « jusqu'au bout », (3-9 -14), se rappela
l'ordre du jour de Mac-Mahon à l'armée, « J'irai jusqu'au
bout», (9-7-77).
On recueille çà et là chez les littérateurs de guerre des
dictons à images populaires : « tresser du filet pour la
pêche aux boches », Etablir un réseau de barbelé, Pé-
pères, 66 ; — « faire les tableaux vivants », Se tenir immo-
bile pendant l'éclairement d'une fusée, ib., 72 ; — le
« voile photographique », constitué sur la tête du guetteur
par la toile qui bouche du côté intérieur la fente du cré-
neau de tranchée. Bourru, 115 ; — « On va vous poser
des tapis pour passer », phrase adressée à l'infanterie de
l'assaut par les porteurs d'échelles du génie, Artois,mai 15,
ERLANDE, En Campagne, m, 1 ; — « On eût dit qu'ils
voulaient pulvériser Cumières. On n'osait pas coucher
dans les granges, car le réveil n'était pas garanti »,
E. c, Pet. Journ., 8-4-16, — calembour d'un réveil
— 576 —
affirmé quant à l'avenir avec un réveille-matin garanti
contre les accidents.
4. LiTTéRATURE PARIÉTAIRE
Je ne puis citer un lot de crayonnages re-
cueillis dans les abris de guetteurs du secteur
de compagnie M*, devant Wailly en février 16,
en raison des personnalités et des amertumes
dont ils étaient nourris ; on peut souhaiter
qu'il grossira un jour un « Corpus » des ins-
criptions poilues.
Voici un relevé des plus notables enseignes de cagnas
du même secteur de première ligne et de la ligne de
soutien, dans l'hiver 15-16, dues au 81® t. ou à des prédé-
cesseurs.
« Au repos de Jules César », (pour commandant de
compagnie). — « Cottage de l'espoir », (pour officiers),
— « Villa des Poilus ». — « Au pôle nord, 15-1-15 ». —
« La Vigilante », (le parrain, un sergent, n'en donne qu'à
des amis sûrs le sens caché : vigie lente). — « Villa Joffre ».
— • « Villa Sani Suffi », (villas de ce nom à S^-Brévin,
à Pornichet, à S^-Nazaire, 14-18). — « Au Gagne-Petit.
Portret. Scaer. a. zo. portred. mat. Guitaem quet Hep
evat eur chopinad. Milin Caour », en langue bretonne,...
Les gars (Pôtred) de Scaër sont de bons gars. Ne nous
— 577 —
KSNAULT 37
quittohs pas sahà boire une chopihe, (et signature des
deux auteurs). — « Villa des bons grelotteux ». — « Hôtel
de la liaison ». — « Villa du gâchis ». — « Terrier du jeune
Renard ». — « Au petit Bacchus ». — « Consulat de Bre-
tagne ». — « Kermaria ». — « Kermadelon. 1914 ». —
« Ker Herbadilla », (parrain, un paysan d'Herbauges
(Loire-Iiif.) instruit du vieux nom de sa paroisse). —
« La Maisonneuve ». — « Au Soleil-levant ». — « ÎCer Ja-
jionais ». — « Hôtei des Poux Volants ». — « Villa des
ttats ». — - « Fabrique des squelettes ». — « Câstel des
Sâils ^biici de là 3^ esc. ». — « Villa des Indifférente <.
Quelques bdykux pbrtaietlt dhé noms officieux cràyoh-
nés à côté ou à défaut de noms officiels : « Rue d'Alle-
magne ». — « Rue des Antiboches ». — « Rue des Pieds
htltfifdes i. — « Rtie du Bain de siège. » — Telles fëuillées :
« Fabi-ique de chocolat ».
Du 93^ iiif., oii m'écrit, avril 18, que l'usage des en-
seignes s'est à peu près perdu ; on déménage trop sbti-
vent. Toutefois en voici trois de ce régiment : « Villa des
Totbë )K — a Poilus-Palace ». — « Les Cénobites Tran-
quilles » (cette dernière ne doit pàë être lue plU8 d'une
fois..., âUs^i a-t-elle eu un légitime succès à travers les
secteili-s).
bu 289* inf. : « Eau et gaz à touà les étages », Juvin-
cbuH, jâhv. 18 ; boue et gaz asphyxiants. — « Abri
déi Lduftingues », Vareanes, avr. 18 ; calembour sur le
bois, Voisin, de Louvetain. — « Ker-Julot », route de
Mbtilin-§bUâ-Touvent à Attichy, août 18.
— 578 —
Au 49^ inf., Argonne, -16 : « Villa Pot'ana », en béar-
nais... Ça peut aller. — « Il est dangereux de se pencher à
l'extérieur », écriteau de wagon.
Au 130® inf., janv.-juin 18, on constituait des « îlots
de résistance » ; un des îlots s'inscrivit une devise au-
dessous des consignes de combat affichées ; le colonel
approuva ; il rendit obligatoire un texte, au choix ; on
adopta, ici « Le fusil recule, le fantassin français jamais »,
là « Avance si tu l'oses », là « Se défexidre jusqu'à la mort. »
~ 579
NOTES TARDIVES
MOTS USUELS AU 40^ ART., -18, ccttc attes-
tation confirmant utilement celles données
d'autre part :
aramon ; armoire, IJavresac ; artillerie [demander V) ;
autobus, bergougnan, pneu michelin, rognure de taxi^
viande blindée ; baraque, Brisque ; bavarois. Pou ; la
boite à gaz, le gaz (non les gaz], la Boîte à masque ; bocal^
bouterolle, casserole, panier à salade, saladier, soupière.
Casque ; buque [ça) ; caisse d' emballage, Biplan ; calandot
(14-18 et avant -14), pélican. Cheval ; cigare, perle, Obus,
(mots peu usuels) ; course à la mort ; cuiso ; demi-boule^
Auxiliaire ; écrabouiller [en) (peu usuel), faire des heures ;
faloter ; faux-nez ; fouillard ; galeiouse, (non les autfes
suffixes) ; gelé [se faire porter) ; godaille, grêlon, grollon.
581 —
sçMs-rnarin, Mam^ Ct^^ussiife ; gras ppur, JBqii ppuî" ;
gruyère ; installer, Crâner ; kébir, Colonel (d'Afrique) ;
kéhour, kébroc ; malabar, Gros ; mitrailleuse à haricots,
quaire-cent-i>ingt, sous-marin, Roulante ; mouche à miel ;
pétoire, 75 ; phonard ; picoler ; faire un pompier (au bi-
don) ; remonie-moi-le-moral ; rouper, Chaparder ; ta-
basser [se] ; téléphoner , Boire à un tonneau ; torpiller.
Faire une injection sous-cutanée.
Préface, p. 17, 1. 16 :
Mellé, Joli, à la Légion Etrangère, d., est sans doute
une mauvaise lecture de mello, Joli, si usuel aux Lillois.
- — Çlciquot, Fromage, connu de f. de keralio, usi^el à
tel cavalier du 1^^ cuir., et signalé dans p., dérivp sapg
doute de claque-en-hec, Fromage blanc mou, mot ar-
dennais en -99, et rémois dès -45 (saubinet).
agents 4e liaison de la 48^ [D»"] {les), va.,
}es Corbeaux ; p. charpentier, été 18. — Ils
vont et viennent de cadavre en cadavre.
alboche. A Neuchâtel (Suisse), albotche, en
01-07, et sûrement dès -75, sinon dès -70, F. de
KERALIO.
arbalète, f., Cheval maigre ; 40^ art., -18.
arcassines {en aç>oir plein les). Autres sys-
sém. : en avoir plein les pieds, les arpions, les
— 582 —
bottes, 40^ art., -18 ; les trottin^ts, l. sambar-
DiER ; les pattes, 156^ inf., -18. — En outre,
en a^oir plein les pieds, les arpions, Ips pan^yds,
Etre saoul ; 40^ art., -18.
çis [à V). Bouffer à Va^, Jeûner, PRUANT ;
c.-à-d. se brosser au lieu (Ip bouffer.
asphyxier. Très usuel, 130^ inf., 13^ tjr. alg.,
sept. 18.
Badèn-Badèn, m., la Captivité : aller à
Badèn- Badén, Etre fait prisonni(2r ; 40^ art.,
-18. — Prison en argot se dit villégiature.
balancer, B : servir ur\ état (adipinistratif), le
balancer, le Faire avec soin, Pépères, 210.
bec-bois, m.. A, Mitrailleuse ; B, Canon-re-
volver ; typographes lorrains, mercier, Nar\cy
bombardée, 175-178 ; — du nom lorrg^in de
l'oiseau Pie, bec-bois, (qui bèque le bois).
béqaeter, 2, h, Bouffer (au figuré) : béqueier
des kilomètres ; 13^ tir. alg., oct. 18.
boche. Etait connu à Spire en -Ql ; dans une
famille universitaire (le père archéologue, un
fils docteur en philologie et député au Reich-
stag, un autre archiviste), on l'expliquait
ainsi : après 70, les voyageurs, en passant l'ex-
frontière alsacienne, donnaient leur nom ; un
douanier, surpris de la fréquence du nom de;
— 583 —
Boesch, répandu en Palatinat, se serait écrié :
« Aile Boesclî ! », Tous Boche ! ; g. ferrand.
Bochie, Pays des Boches ; très usuel, 1, Ger-
manie, 2, Pays français occupé par les Ger-
mains, 130^ inf,, -18. — Bochenie ; « Le soldat
dit aussi Bochenie, Allemagne », f. de keralio,
nov. 18, spontanément. — bochiser, Rendre
germanophile, par contrainte ou persuasion,
et embocher, Enrôler pour le germanisme, sont
usuels au 40^ art. dès -14 peut-être, f. de
KERALIO, annotant d. ; — V Action française a
largement usé de ces deux dérivés.
bourrin. — Cf. bourri, m., Mulet, (non Che-
val, sens donné par d.), 130^ inf., C. M., -18.
branleur, m., Ordonnance, (mot ancien), est,
malgré une impression donnée dans d., tout à
fait usuel au 40^ art., -18.
bras-cassés, à l'adresse des brancardiers :
xxxxe inf., 14-15 ; 130^ inf., oct. 18.
capitaine, lieutenant, (faire), Rebondir au sol
trois fois, deux fois ; aviateurs, déch. — Voir
bessonneaux.
{caporal). — t cabo-cuisto, m., Caporal d'or-
dinaire ; 40^ art., -18.
chandelle. De la ballotte à l'avion le pont est
fait historiquement par le foot-ball : faire
— 584 —
chandelle, Lancer le ballon très verticalement,
Brest, 05-10.
(chapeau). — Syn. et syssém. de blindé :
casquette en fer, f., 40^ art., -18 ; | d.
chassmar, m., Chasseur à pied ; 94^ inf., -17 ;
4® mixte, -18 ; moins usuel que chassbi ; |
chassemar, Chasseur à cheval ; déch. — Cf.
officmar.
choueille. Cf. « un chweie, un Petit peu ; un
petit chçeie (les Champenois) ; de l'allemand
schwein ? », f. de keralio, nov. 18.
[cirage). — Lion noir. Sénégalais ] 40® art.,
-18; Kaol et Lion-Noir, la D®" Marchand, com-
posée de coloniaux et de Sénégalais, — ceux-
ci barbouillés au cirage, ceux-là plus clairs et
briqués au kaol.
coup de buis, m.. Grande attaque pour en
finir ; un artilleur (d'Epernay), sept. 18. —
Métaphore de cordonnerie, (le buis sert à polir
le cuir du soulier achevé), analogue à coup de
torchon, Bataille qui nettoie la situation et l'un
des adversaires.
crapouilloteur. On a dit « un tireur de cra-
pouillot », Artois, mai 15, erlande, En cam-
pagne, III, 1.
déculottée ; | Le bon Dieu, assis dans une
— «85 —
SQUpis^e, « ji^ge Ips bops cpups ^t poii^tp les
déculottées », arnoux, Opinion, 31-8-18, p. 162.
4eU3ç-coups ; H Le fusil 4 deucc coups, le Pan-
talon drqjt du chasseur d'Afriqv^ej (p^r oppo-
sition ^ son large « fjptt^r^} ») : « Et surtout
pas 4^^ fusils à deu3f coups ! «^ or^ire du colonel
en vue d'une réception qfficipjïe, 5^ c))éiss.
d'Afrique, -07 ; 1* mulot. — Métaphore de forpie.
escargot électrique, m., Projecteur élec-
trique ; 61^ art., p. — Semble une sorte de
monax ; raps témoiy}S l'ignorpnt, y cqnipris
ceux 4e? sections df! prpjepteur?. — Cf. esQÇir^ot,
Çpquilje d'escargot servant de lanapiq^î.. hdt ?
éteignoir, m., Casque ; 40^ i^rt., -18 ; | ^.
fuisçLï^der. — Mieux : gur fç{ire, paf le parti-
cipe présent substantivé faisant^ q^., EJ^croc,
(tricheur ^u jeu QU yendeur de niarph^n4ises
achetées ^ crédit) ; êtfe faisandé serait être yic-
tjff^p d'un faisant.
Jqlat ; pn dit « Mon vieux, tu risques le f^-
Ipt », 130^ inf., -18, non pas *les falots.
fe-fe. — Cf. fe-me, m., Fusil-niitrailleur ;
94^ inf„ 17-18 j ^u 81P t., -\1, If-èm.
flukç^rd ; usu^l, « désigne les appareils 4^
campagne, particulièrement ceux à ^ppel yi-
tiré, (vijjfeurs, tren^hleur§), de là l'e^^pressiqu ;
— m —
Tapp^reil vibre, tremble, donc il a peur : flu-
bard )), 8^ génip, c^^ D-1, nov. 18.
{foin). — varech ; 40^ art., -18 ; 11 d'espar-
BÈs, Demi- Solde, xiii ; — l'anglais weed a les trois
sens de varech : R^but, Mauvaise herbe, Tabac.
franc, Braye ; 95^ inf., 40^ art., -18 ; — fran-
chise, f., Bravoure : « Sa franchise [de Driant]
allait jusqu'à la tén^érité », 5Q^ chass., -16 ;
95e inf., -18.
Fritz ; (on prononce friss ; f. de keralio).
Fritz, c'est l'ennemi au moment où il n^est pas
méchant : Fritz va à la soupe, va se coucher ;
même généralisé, le sens n'a pas la valeur pé-
jorative de Boche.
jrigoussç ou figous. — Etymologie arabe,
fondée sur le caractère algérien de la locution
et sur le synonyme en avoir plein Iç pot : fi,
Dans 4- gouss, Cul, Vagin ; f. ^ijtavand.
fusil à- patates, m.. Fusil-mitrailleur ; inf. de
ligne et 2^ c^^, nov. 18. — Appuyé suf un pa-
rapet, il fusille volontiers à j^aser terre.
gars ; — suivi de l'emploi, de la spécialité, du
grade : le gars cuisto ; les gars mitrailleurs ; le
gaxs, capitaine, ; 130^ inf., -18.
glinglin, Obus ; | pÉCH. ; ARNoyx, Opinion,
31-8-18, p. 163.
— 587 ~
gnole. Prononcé o bref par plusieurs Lyon^
nais.,., usuel en Auvergne sans doute par suite
du va-et-vient de petits commerçants auver-
gnats établis à Lyon..., apocope de guignol qui
signifie, (et guignolet aussi), Eau-de-vie, à
Lyon..., F. DÉCHELETTE, UOV. 18.
(groin). — Le museau de cochon, le Masque
boche de fin -15 et -16, (analogue à celui que
nous avons adopté en -17) ; 40^ art., -16.
gros légumier, m.. Limousine, auto pour
hauts personnages, pour « grosses légumes » ;
V Humour, 23-30 août 18.
khaki, m.. Soldat britannique ; 40^ art., -18 ;
|o.
knop. — La forme cloques est à dopes (voir
l'article briques) comme quenauque est à que-
naupe. D'autre part pipe est usuel au sens
Cigarette (à Paris dès 1900). Il semble ainsi
que, sous la muance de o (bref et long), et mal-
gré la différence de genres (m. et f.), dope,
Mégot, et knop, Pipe, peuvent être un même
mot.
{V accrocher). — se la mettre ; 94^ inf., -16 ;
4^ mixte, -18 ; | pawlowsky, Signaux, 61.
machine à ramer le paletot ; « entendu quel-
quefois )), p. THÉRY, nov. 18.
588
malo, m., Malade ; 40^ art., -18 ; | d.
maouss ; le Maouss, sobriquet d'homme, si-
gnifie Gros avec la touche additionnelle Bon-
enfant ; s^n sanit. 45, -16 ; « un vol maouss
[en avion] », un vol Epatant. — Superlatif ;
pépère- maouss- poilpoil ; s^n sanit. 45, -16.
marraine. Cf. Int. des Ch., LXXIV, 311,
LXXV, 187, 315.
matai (?) Cf. boyal, m.. Boyau ; d. ; — bis-
tral, m.. Bistro ; 40^ art., -18. — Mais matai,
tout à fait inconnu des marins, n'est-il pas
une mauvaise lecture de înataf, Matelot, (Mau-
vais matelot), qui leur est très usuel, depuis
au moins -08 ?
mec en blouse, Type, Bonhomme, se distin-
guant par un air soit cossu, soit campagnard ;
usuel, 13^ tir. alg., nov. 18.
métro ; exactement Abri fait de tôles cin-
trées ; F. DE KERALIO.
moulin à café. — Syssém. : cinéma, m.. Fusil-
mitrailleur ; terme inventé par M. Charles Do-
ridam, le poète chansonnier, au 224^ inf.,
19® 0*^, fit son chemin jusqu'à la D<^" ; — les
balles se présentent au tir successivement,
comme les pellicules d'un film.
paprika. Baver signifie Parler et Parler
i89
exagéréiHent, pat* la sémantique notée sous
déculottée. Etendu au sens Exagérer et che-
vauchant piétiner dans les barbelés, il a donné
haçer dans les barbelés.
(pé-cé). — té-cé-irois, B, Train dfe combat
du 3e bon . i3oe inf., -18.
{perco). — Syssém. : jUS, m., Discours oiseux,
Tartine : en faire un jus, Donner force détails
qui n'intéressent pas l'auditeur ; d^s jus, des
Boniments ; 40^ art., -18 ; — de là faire un jus,
Faire un bruit, un bombardement ; d. ; plus
exactiement, « S'expliquer )) avec bruit.
pétard, Ë, 1, 1^, Canon ; se dit souvent du 75 ;
40^ art., -18 ; — 2^, a, Canonnier servant :
premier- pétard, Canonnier de 1^^ classe ; ib. ;
— parce qu'on l'appelle premier- canon, par
apocope de premier^ canonnier ; — b. Sous-chef
mécanicien, « en argot d'artillerie », lintier,
Tube 1233, 249 ; sens inconnu au 40® art.
piétiner le caillebotis, Exagérer ; 2%^ art.,
nov. 18 ; — bruit dangereux qui fait repérer.
pingouin. — - 3, Insigne au bras du personnel
volant, (deux ailes éployèes) ; marins avia-
teurs, août-nov. 18.
poilu-, Le Poilu de Montmartre, journal vendu
en avr. 93 à la porte dU « Concert des Poilus
590
de Montmartre )>, Int. des Ch., LXXIV,
377.
praline ; — aUtres sy^èéin. : pastille, Bélllè ;
— berlingot, m., Obus ; des sou§-offë d*ÉlH.^
nov. 18 ; — peut-être même bigottlëaii, th.,
Obus ; 40^ art., -18 ; — les berliilgots étant
des limas doux et les bigorneaux dés limas de
mer. — La simple roiideur deû ploitlbs de
shrapnell les fait nommer chiqtièS, f. ; d. ; —
de chique, Bille à jouer ; — mirftbéllèâ, f., m
secteur lorrain, -14 ; b.
[rapport). — !aite une décision, Art-angër les
événements à son gré, soit discutant avec dfes
copâinâ, soit bourrant le crâiie à dfes pâsëàilts ;
40® at-t., -18 ; — sysséirî. de faire des Ibis, Rddà-
péter avec idéologie, surtout en parlant d'un
homme pris de vin, usuel aux Nàritais.
fehi^és. — citation à l'ordre de la Crdi^-
Rouge, f., Evacuation ; 130® inf., -18.
réquisitionner. — Syssém. : mobiliser, 1, Em-
prUhtet" ; 2, Voler ; 40® art., -18.
ricain. — rital, m., Italien; usuel à quelques
voyous parisiens, 40® art., ttbv. 18 ; — chevau-
chement de ricain -\- ital ?
russe ; « les Russes, les Bleus, 1914-1915
(les rbussëUtâ ?) », if. de kêRAtlo, noV. 18,
594
Saindoux, Constantin, roi de Grèce ; un
2d-m^, oct. 18. — Calembour.
tendre une inondation ; autres textes, de
Napoléon I^^ et de Macdonald, in Int. des Ch.,
LXXI, 341, 441.
sous-marin, A, Roulante, est le remplaçant
syn. de torpilleur ; et torpilleur est une méta-
phore de forme, prise aux torpilleurs, torpilleurs
à roues, de Toulon, « véhicules du Service d'hy-
giène, portant un long cylindre horizontal,
semblable à une chaudière de torpilleur »,
BOYER-REBiAB, 24 Heures, 120 (cf. 128, 129,
139, 167) ; ces véhicules roulent dès l'aube et,
stoppant devant les maisons sans lieux d'ai-
sances, recueillent les excréments des toupines
(et les tas d'ordures ?) ; un dessin, ib., 137,
légitime le transfert de cette image à la rou-
lante. — Syssém. prochains : chocotière, marie-
salope, goudronneuse, les deux premiers par-
lant de vidange, le dernier de tonneau couché,
tous trois bien ingrats aux parfums de la cui-
sine de guerre.
B, Brodequin ; on y substitue torpilleur ;
40^ art.
(tatane). / — Matatane ; le matatan est un
gros tambour indien ; le mot s'appliquerait à
rxQo _^
la salle de police, soit comme syn. de çioîon^
ou mieux comme syn. de caisf>e, Tambour et
Prison, (cf. bouine).
terri. — Cf. tirititi, m., Soldat de la territo-
riale ; 98® inf., f. déchelette.
teuf-teuf. — Autre onomatopée : fusil trac
trac, m.. Fusil-mitrailleur ; usuel, 13® tir. alg.,
nov. 18.
{train). — métro, Grosse torpille à gaz as-
phyxiants ; 40® art., -18.
tricotins (avoir les), Avoir peur ; 4®
mixte, -18 ; — avoir envie de tricoter des
jambes.
tripes au soleil (avoir les). Etre mort ; 40® art.,
-18 ; — syn. et syssém. : avoir la panse à l'air ;
ib.
tube, m., Pièce d'artillerie : « Deuxième tube.
A trois heures moins le quart, prêt à démar-
rer ! », LiNTiER, Tube 1233, 41.
valise diplomatique, f.. Gros obus ennemi,
signalé à d. par un capitaine du 74® inf., « est
la traduction du terme russe [syn. d'Obus],
articles Naudeau, je crois », F. de kekalio.
zeppelin, m., Chariot lourd de la 8® pi^ce ;
40® art., 5® b^®, 15-18 ; — long et couvert d'une
bâche, il a un aspect gonflé.
— 593 —
esnault 38
zinzin. Se dit de Pobus, art., -18 ; du télé-
phone, du fusil, du 75, du barda, de toute chose
et amas de choses embêtantes, 40® art. ; —
aller au zinzin, Aller à l'assaut ; p. théry.
Confusions (cf. p. 559) :
détonation, f., Dotation ; 130^ inf., -18.
serouade ; « Plus fréquemment ici :8ecoaée», 130® inf.,
-18.
métalllllgiste, m,, Météorologiste ; bréauté, Notes
d'un météorologiste, M. de Fr., 1-11-18, p. 59.
'»'
594 —
INDEX
(Chercher aussi aux Notes tardives et, p. 559,
aux Confusions)
aboyeur 229, 293 accessoire de coque 348 acheter
144, 464 Aco 171 adruper 241 aéro grec 247 af-
faire 239 afnaf 240 aiguille à tricoter 225 allure 265
amadou 350 amex 128 Amieux 92, 569 anciens mja-
quereaux ... 360 anthracite 415 antiboche 86 anti-
puants 441 anzac 128 araignée 378 aramon 419 ar-
mée à Clemenceau 515 armoire 119 arpions 582 ar-
tillerie 515 asphyxiant 19 assaisonner 499 assassiner
533 asseoir (s') 441 automobile 514 aviatik 246
avion 487 avoir 437
B.G.D.F. 396 babille 52 bacaoué 330 bagarre 230
baguettes 41 Balle-aux-Boches 279 ballotter 55 Jaa-
595
luchard 60 bande (en lâcher une) l8 baraque 414
barbelé 215, 416 bardin 64 bascules (à) 273 baûcuse
509 battoir 452 bavarois 439 baver 589 bébé 292,
374 bec de gaz, d'ombrelle 334 be-cc-me 233 bé-
douin 161 bégonias 109, 147, 415 bénard (dans le)
256 béol303 bergougnan 50 berlingot 193, 591 bes-
tiau 565 betterave 368, 390 bibcndum 50, 378 bicuit
101 bicyclette (bifteck de) 50 bidon 112 ; de zinc 550
biffe 347 bigarrette 68 bigorneau 591 bille 391 bil-
1er 188 bimoulin 363 binaise 171 binoclard 256
bique 565 Biribi 521 biscuit 101 bistral 589 bitte 80
bitter 371 bitunieuse 275 bizness 240
blanchisseuse 356 blérancourdite 530 bleuet 198
bleuvasse 84 blindé 50, 138 bocal 438 boche 477
bœu 473 ; bœufs 149 bois (du) 116 ; (les) 70 boîte à
cochons 122 ; à graisse 132 ; à mouches 33 ; à singe 129 ;
de cirage 162 ; de conserves 345 boîton 122 bol 438
bomber 188 bosco 301 bottes 583 bottines 138
bonasse .98 boudin 481 bouffe-moi ... 359 bouffer le
cirage, le linge 573 bouffeur de lard 545 bougie 138
bouille 135 bouine 593 bonite 530 boule 80 bour-
don 105, 281 bourgeoises (manières) 128 bourrin 297
bousiné 554 bousoux 301 bout de bois 565 ; de bran-
card 50 ; bouts de bois 70 bouton d'or 199 boyal 589
box (cheval de) 149 branlée 201 braquignol 114
brignolet 284 brisque 414 brosse à cheveux, à dents
452 brouetter 108 bruant 295 brutal 450 buquer
509
596
cabale 120 cabo 131,584 cabri 482 cadeau 211
cafard 229 cage à douilles 122 Cagnadin 221 caille-
botis 590 caisse (une) 202 ; (mettre en) 90 ; (bourrer la)
102 ; (faire) 261 ; (visser une) 544 ; à savon, à biscuits,
d'emballage 91 calandot 16 cales (les) 394 caleter
394 caltosse 261 camarade 132 cambuser (8e)205
camelinite 530 campagne 328 canettes 318 cannes
(les) 70 canon à rata 497 caporal mitrailleur 360 car-
buro 540 carcagnat 148 carne 565 carreau 304
carrée 138 casquette en fer 585 . casse-croûte 135 cas-
ser (en) 322 ; le poignet (se) 517 casserole 438 cassis
161 Caterpillar 508 ça va assez ... 360 ceinture 115,
232 cerf 565
chabi 139 chabosse 85 chalausticer 59 chambou-
ler 108 chandelle 138 char d'assaut 508 charger 464
charibotter 109 charognard 480 charrier 107, 108
charte 17 chass 483 chasse-cafard 225 chasse-patte
140 chaudron 346 chauffeur-mécanicien 360 chemin-
de-fer 525 cheval 461 ; chevaux de frise 150 chevron
414 chien de fer, vert 142 chinetoc 397 chiottes (rap-
port des) 452 chique 591 choux (poste aux) 301 ;
(dans les) 434 chuchemahure 370 ciblot 540 cinéma
589 cintrés (bras) 466 cisailler 415 citation 591 ci-
tron 102 civlo 540
claquot 582 clarinettes 116 classes à pied 393
clope 117, 309, 588 coaltar 162 cocher 513 cocotier
311 cogner 475 coinc'tvo 298 colis 479 collochcr 453
coloro 256 conseiller municipal 360 copeau 136 cp-
— 597 ~
quelicot 199 coqueter (se) 168 coquetier 311 corde
115 corset 162 ; de singe 295 corvée d'eau 525 cos-
sard, cosse 282, 283 couille- 80 ; et mes deux 512
course à la mort 40 court-jus 307 cran 116 crîT^uer
des genoux 267 crasse 351 cravatcur 228 crête 482
cri (au) 125 crinoline 440 crotte 125 cul 237 ; sec
49 curieux 267 cutsite 530 cycliste 75 cyclo 540
dache 501 dachebosse 85 dahu 34 déborder 203
débourdinaille 201 débusquer 220 décafardé 121 dé-
cambuter 205 décartonner 200 décision 452, 591 dé-
glinguer 110 dégueuler 203 demi-boule 195 ; -poilu
429 demoiselle ... 96 déposer 56 dérive 340 derrière
toi 71 descendre 357 ; à terre 301 désertoir 539 dé-
sordre (en) 351 détonation 594 dézinguer 551 dis-
cuter le coup 387 distribution 211 dragée 440 dre-
lingue 282 Dudule 569 dur 539 dzin-dzin 553
ébeiller 17 échauffouréc 230 éclater 18 économiser
145 écorcher 216 écrabouiller (en) 322 écurie 513
èf-èm 586 élastique 50 électrique 450 éléphant 546
embocher 469, 584 empailler (s') 205 en ... 318-324
enclume 234 enfilade (d') 486 envoyer 57 épilé 430
épluchures 426 èr-a-té 453 Ernest 254 escargot ...
586 espingo 397 étalé sur ... 386 exercice de pau-
pières 215
fait 172 falot 310 fanfare 236 fantaisie sur ... 230
faux-nez 287 femme 566 fête arabe 373 figous 254,
587 fil de fer 215 filet 576 flubes 173 flûtes 70
foin 97 fossé 138 fourbi 140 fourreau 228 franco-
-- 598 —
boche 90 frelon 33, 295 Friedrick 254 fumerons 41
fuseaux 421 fusées rouges 515 fusil à pattes 482 fût
de bière 345
gabian 274 gambettes 41 gamelle 202 garde-wian-
ger 119 gare (à la) 60 gaz 409 ; (être) 112 gazé, gazi-
fié 224 gelé 217 glissement sur.. .425 glisser 470 gon-
fler le mou, gonfleur 104 gorille 286 gosse (tête du)
311 goudronné 371 gouine 99 grain 112 grammes
(quinze) 203, 339 grand bordel ... 360 gras 94 gre-
nade 224 gringue 284 gros ail 291 ; lard 545 grosse
Bertha 96 gruyère 256 gueule (coup de) 178 Gu-
gusse 302 guignol 352 gyraldose 303
half and half 240 hareng 565 hauteur 19 heures
(des) 215 highlander 247 hildepute 357 hirondelle
523 hôchecagner 17 hotte 475 Hovas 295 hyper-
cafard 121 inchangé 490 intendance 211 interpoilu
429 jactance ... 230 jaffe 468 jambes en l'air 421
jarretière 236 jatte 49 jecte 271 jeter 57 ; un coup
58 Julot 302 jus (un) 590 Kaol ... 585 kroums 444
la ... 313-317 lâchons-tout ! 516 lacsé 312 là-haut
357 laisse flotter ... 375 laisser glisser 56, tomber 56,
57 lajopèm 312 lance-bombes 497 lance-mines 354
langouste 285 lapin 461, 566 légère 328 légume bien
tendre 285 les ... 317, 318 lest 479 lézard 183 liai-
son (en) 487 lieutenant 584 linarpèm 420 lion noir
162, 585 logeteau 247 looping 425 louba 373 lou-
cedoc 213 loulepé 328 loupillon 419 louqué 312
lulu 81
599
macaou 14 macarelle 357 madeleine-bastille 50
mademoiselle Lebel 472 magasin 118 maison 414
mandoline 293 manoche 481 mappemonde 108 mar-
cassin 131 marcassine 41 marche ! 569 mare 164
niargouillat283 marguerite296 marie-salope 497 mia-
rius 357 marmite 438 ; norvégienne 249 marron 440
matatane 512, 592 mec 262 mellé 582 merde 125,
360 merdeux 454 mère-pingouin 422 merlan 243
métallurgiste 594 métro 525 mettre ça (se) 460 ; en
poudre 322
Michel 254 michelin 50 miôliste 353 mirabelle 591
miroir 217 misérables 41 mitrailler 398 mitrailleuse
à ... 497 mobiliser 591 moineau 376 montre 184
morpion de ... 479. mort 533 mouche 33 moudre (en)
322 mouise 389 moutarde 297 mulet 297 muraille
83 murmurer 266 museau ... 287, 588
navet 391 niclé 431 nicolas 518 noix 391 nord-
ouest 360 numéro 327 ; (n^* simplifiés, 207) nuque
430 nyoc 124 œuf 378 ; de Pâques 344 olrède 241
omelette ... 62 oriflamme 226 Oscar 541 Otto 254
ours 544, 565
P.C.D.P. 396 pagéol380 pâle 217, 232 panards 41,
583 panse à l'air 593 pantalon ... 289 papillon 296
pâquerette 199 pardessus 138 parlocher453 pas tant!
148 passer 57 pastèque 268 patard 406 pattes 583
paxon 384 pécal72 pédales 247 pégarre 68 peinard
401 pélican 565 pelure ... 395 péquenot 397 père-
bâton 69 perle 396 permission 394, 456 permission-
— 600 —
ner 298 pernod 290 péteuse 408 petit beurre 327 ;
coup 375 ; Français 302 ; pois 247 phonard513 photo-
graphie 217
piano 250 pibus 420 picoler 420 picrate 451 pied
de ... 392 ; pieds 582 ; et chaussettes 360 pigeon 523
pignate 344 pile 217 pilonner 19 pincer (en) 320 ; le
marbre 146 pipe 159, 588 piqué ,«. 137 piquette 418
piquoiser 17 pitaine 130. piver (se) 416 plafond 19
plaine 78 plat (un) 202 plateau 78 pognoter 379
poilpoil, poipoil 429 pointillé 235 poire 252 pois 398
poivrière 366 porcelaine ... 285 porte-pipe 106 por-
teur 498 poste d'écoute 19,563 pot de fleurs 107 po-
tage chinois 285 pote 262 poubelle 550 pouleuper 241
pousse-pousse 409 prendre (en) 318 prie 117 primeurs
... 285 propriétés 138 puantes 256 quelque chose 325
quenaupe 308, 588
rafraîchissement 522 raide 217, 232 râle (au) 125
râleur 293, 454 ralocher 453 rams 444 ravitaillement
211 refait 172 regain 199 règlement 100 . réglisse 162
regonfler 204 relève-moral 359 rembourl65 remonte-
moi ... 358 renard 361 reniflant 470 repérer 18 res-
sentir 322 rêve de vierge 80 revolver 271 ; 424 rico-
chet 74 ride 246 rider 241 rigoberts 41 ripée 486
rogneur 446 rognure ... 50 rondelle (à la) 209 ronfler
266 roquet 293 roses 295 rossignol 176 rouginet 84
rouper, roupiner, 292 royau 193
sabater 17 saladier (un) 202 ; 438 saluer 197 sam-
my 518 saucisson 565 ; (saint) 269 sauterelle 524 :
— 601 —
bleue 95 scrapnell 398 seau hygiénique 346 secouée
594 secoue-paletot 331 segments 4'î'3 semer 56 Sé-
négal 153 sergent 131 service 100 servir 56, 57, 583
shanghaïer326 sicinel57 singe 286 six-cent-six 497 ;
pattes 393 ; -pieds 301 soinsoin, soisoi 495 souffler (en)
321 soufflet à punaises 408 soupière 438 sourire 226
sous (pour deux) ^03 sous-évaluer 489 spago 540
spermatol 303 stabilo 540 subpoilù 430 sucre d'orge
374 sud-express 451 super... 48 sur... 500 surmoral
358 surpoilu 429
tabasser 178 tableaux-vivants 576 tabor 192 tacot
112 takata 519 talien 467 tambuste 385 tank 20
taper 475 tapis 78 ; (les) 576 té-cé-trois 395, 590
teddy 518 tendre 489 terrassier 349 terriblcs-tau-
riaux 563 tigre bleu 209 tinée 201 tinette 152, 202
tire-Boche 469 tirer le cordon 495 toile de tente
456 tomate 62, 252, 390 tonneau de choucroute 345
toque 138 torpiller 18 torpilleur 497, 592 tor-
rial 514 tortillard 497 tortue 184,189 toto 20
tourne-Boche 469 tousser 202 tracteur 526 train
blindé 497 traînc-par-terre 474 tranchée 20, 246 tra-
quettc 278 travailler 232 tringle 116 triques (les) 70
trognon (au) 93 trois-pattes 393 tronche 391 trotti-
tiets 583 troupes noires 153 truffe 390 tsointsoin
496 turlutine 367 tyoutyou 124
un, une*324, 325 uppercut 271 vache 565 vaguo
545 valse lente 506 varech 246, 587 vasistas 304
veau 565 veiller le Boche 35 ventilo 540 veston de
- 602-
singe 295 viande protégée 469 vide-Boches 469 vidé
544 videur 103 vieux 277 violettes 147 violon 336
virage 425 virer le ventre 218 vitre 304 voile photo-
graphique 576 voiturette (la) 107 vosgepatto 140
vrille (en) 466 wagonnet 525 y ... 324 yank 518
ypériter 48 zéro 67 zigzag 340 zob 547.
603 —
SAIJNT-AMAND (cIIEr). IMPRIMERIE BUSSIÈRE
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PC Esnault, Gaston
yikl Le poilu tel quUl se parle
S737
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