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Full text of "Le poilu tel qu'il se parle; dictionnaire des termes populaires récentes et neufs employés aux armées en 1914-1918, étudiés dans leur étymologie, leur développement et leur usage"

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BINBTO  LIST  JUL  1  5  192t 


LE  POILU  TEL  QU'IL  SE  PARLE 


N 


Copyright  by,  gaston  esnault,  1919 


LE   POILU 


TEL 

I  QU'IL  SE  PARLE 

^  DICTIONNAIRE      DES      TERMES       POPULAIRES 

^  RÉCENTS  ET   NEUFS 

^  EMPLOYÉS  AUX   ARMEES   EN    1914-I918 

^  ÉTUDIÉS    DANS    LEUR    ÉTYMOLOGIE,    LEUR  DEVELOPPEMENT 

^  ET    LEUR    USAGE 


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ÉDITIONS    BOSSARD  2-'      Ê 

43,     RUE    MADAME.    43       ,   ri  ^^  J^  ,  ^ 

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PA.RIS 


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PRÉFACE 


Si  mon  poilu  est  bien  tel  que  tu  le  parles^ 
tu  le  liras  deux  fois  et  tu  t\apercevras  de  ses 
exactitudes  et  de  ses  manques.  Je  ne  crois 
utile  de  formuler  ce  que  fai  voulu  faire  que 
pour  f  aider  à  faire,  par  adhésion,  de  même, 
et,  par  contradiction,  mieux. 

Ce  livre  désire  être  un  tableau  des  jeux  de 
la  langue  et  de  la  pensée,  des  «  sématismes  » 
en  usage  chez  le  combattant  de  la  guerre^ 
actuelle. 

y  ai  donné  le  pas  à  ce  que  f  entendais  sur 
ce  qui  m'était  témoigné,  à  Voral  sur  V écrit, 
aux  lettres  du  front  sur  les  récits  imprimés, 

-  7  — 


aux  bonhommes  sur  les  lettrés,  à  Vusage  de 
1 914- 191 8  sur  Vusage  ancien  témoigné  par 
des  lexiques.  Après  quoi,  naturellement,  fai 
de  mon  mieux  expliqué  le  présent  par  le  passé, 
rectifié  les  erreurs  par  la  raison,  préféré  Vusage 
constant  aux  coups  de  langue  de  hasard, 
renié  parfois  mon  expérience  limitée  en  faveur 
de  témoignages  probants. 

Je  série  les  sens  distincts  d^un  mot  sous  des 
chiffres  quand  fai  pu  tirer  le  sens  3  du  sens  2, 
le  sens  2  de  celui  qui  était  premier  dans  V es- 
prit vers  la  date  de  la  mobilisation.  Je  les 
répartis  sous  des  lettres  quand  ils  m^ont  paru 
sortir  de  Vusage  antérieur  par  des  voies  sé- 
parées. Ainsi  A,  B,  C  ne  signifie  que  faisceau, 
cousinage  ;  i,  2,  3,  déduction,  filiation. 

Des  exemples  pas  un  n'est  de  ma  composi- 
tion ;  je  cite  d'abord  des  phrases  entendues, 
avec  ou  sans  guillemets  suivant  leur  caractère 
plus  ou  moins  personnel,  quelques-unes  ex- 
traites de  lettres  de  soldats  ;  \  puis  les  exemples 
utiles  cueillis  dans  des  textes  imprimés  ;  ||  puis 
Vusage  antérieur  ou  extérieur  à  la  guerre  ;  — 
vient  enfin  Vétymologie,Vétymologie prochaine. 


Pour  concentrer  Vattentiony  fai  groupé, 
sous  certains  mots  typiques,  d'autres  mots,  — 
poilus,  —  ou  indépendants  de  la  guerre 
actuelle,  —  où  le  tour  d'esprit  est  analogue 
à  celui  de  leur  chef  de  file  :  les  syssémantiques. 
Un  index  permet  de  repérer  ceux  de  ces  mots 
qui  auraient  figuré  à  juste  titre  à  une  place 
alphabétique. 

Les  lacunes  quantitatives  de  mon  travail 
sautent  aux  yeux  : 

D' abord  V usage  est  inépuisable,  soit  qu'on 
veuille  le  mettre,  océan,  dans  une  coque  de 
noix,  soit  parce  que  la  guerre  n^est  pas  ter- 
minée et  qu'à  son  devenir  correspond  une  ge- 
nèse de  langage  incessante.  Et  puis,  combat- 
tant pendant  trente-huit  mois,  je  me  suis 
trouvé  pendant  ce  temps  à  peu  près  borné  à 
mon  secteur  ;  j'ai  écouté,  les  oreilles  grand  ou- 
vertes, dès  les  premiers  jours  daoût  14  ; 
mais  deux  oreilles  suffisent  mal  à  tout  ce  qui 
se  dit  de  Belfort  à  VYser  et  dOuessant  aux 
Dardanelles.  En  revanche  je  réclame  la 
confiance  du  lecteur  pour  les  faits  qui  dé- 

—  9  — 


passent  ses  observations  propres  :  autre  chose 
est  la  légitime  défiance  à  V égard  d'une  assertion 
d'homme  ivre,  autre  chose  un  patriotisme 
d'escouade  analogue  à  ce  patriotisme  de 
clocher  des  patoisants  qui  déclarent  mal  parlé 
et  même  irréel  ce  qu'on  dit  au  bourg  voisin. 

Les  dates  et  les  lieux  ou  milieux  allégués 
pour  l'usage  oral,  et  ceux  qui  sont  prouvés 
par  l'usage  écrit,  ne  sont  pas,  sauf  mention 
expresse,  des  limites  ;  ces  précisions  ne  de- 
mandent qu'à  être  complétées  par  des  témoi- 
gnages que  je  recevrai  avec  une  extrême  gra- 
titude. La  plupart  des  dates  n'offrent  qu'un 
minimum  de  recul  dans  le  temps  ;  aucun  mot 
n'a  été  vieilli  par  induction,  même  pour  plus 
de  ressemblance  avec  le  vrai. 

Il  eût  été  logique  de  publier  la  carence  de 
chaque  mot  dans  tous  les  milieux  et  à  toutes 
les  dates  où  il  a  été  noté  inconnu  ;  ces  tables 
d'absence  sont  fort  utiles,  pour  cerner  l'éty- 
mologie  du  mot,  pour  respirer  son  atmosphère 
morale,  pour  tracer  la  courbe  de  sa  propaga- 
tion ;  la  lecture  en  serait  fastidieuse^  et  je  les 
garde  par  devers  moi. 


10 


Logique  aussi,  donnant  la  préférence  aux 
mots  de  gueule  sur  les  mots  d'encrier,  de 
nommer  tous  les  camarades  à  qui  je  dois  la 
connaissance  d'un  fait.  Les  écrivains  que  je 
cite  ne  m'en  voudront  pas  si  le  traitement 
contraire,  qui  les  nomme  et  éclipse  les  ano- 
nymes au  langage  spontané,  ne  vient  pas  tant, 
—  ici  — ,  d'avoir  apprécié  leur  style,  que 
d'avoir  voulu  livrer  aux  chercheurs  des  dates 
indiscutables. 

J'intitule  ce  dictionnaire  :  le  poilu  tel  qu'il 
se  parle  ;  et  je  donne  de  nombreux  exemples 
du  poilu  tel  qu'il  s'écrit.  Je  livre  au  public 
plus  de  faits  qu'il  n'en  demande.  J'entends 
bien  :  il  veut  des  faits  vrais  ;  aussi  je  ne  me 
prive  pas  d'éliminer  les  textes  absurdes  et  de 
censurer  les  textes  faux.  On  a  vu  des  roman- 
ciers employer  un  lexique  dangereux.  Mais 
plusieurs  critiques  de  l'arrière  qui  se  sont 
défiés  des  mots  poilus  un  peu  baroques,  fan- 
taisistes, et  obscurs,  et  qui  ont  eu  peur  d'être 
dupes  des  littérateurs,  l'ont  été  doublement  ; 
ils  ont  lu  des  protestations  de  journaux  du 

•    —  11  — 


front  :  que  les  poilus  ne  parlent  pas  tant  que 
ça  argot,  que  ce  mot-ci  ne  se  dit  guère,  que 
celui-là  est  unforgeage  de  lettré  ;  ne  se  sont-ils 
pas  avisés  que  ces  protestations  étaient  encore 
de  la  littérature,  et  qu'après  qu'ils  avaient 
marché  positivement,  on  les  faisait,  au  néga- 
tif, galoper? 

L'idée,  qui  a  été  émise,  de  refuser  en  lexico- 
graphie poilue  tout  emploi  des  sources  im- 
primées, est  sensée  ;  on  pourrait  la  pousser 
jusqu'à  récuser  toute  information  manuscrite, 
toute  lettre  qu'un  filleul  vous  écrit,  surtout 
si  ce  poilu  se  trouve  être  un  Scaliger  organisé 
et  un  conscient  Vaugelas,  et  n'accorder  de 
confiance  qu'aux  éructations  des  sots  avérés? 
Ce  purisme  est  sensé,  dis- je  ;  il  l'est  pour  tout 
curieux;  il  est  pratique  pour  un  civil  et  un 
homme  de  l'arrière,  chez  qui  le  devoir  de 
méfiance  est  impérieux.  Mais  l'expérience 
réelle  et  immédiate  d'un  combattant  qui  se 
trouve  être  un  lexicographe  est  une  autre  af- 
faire ;  comme  combattant  y  il  n'a  qu'à  entendre, 
comme  lexicographe^  qu'à  noter.  Si,  plus  tard, 
il  a  le  loisir  de  lire  des  journaux,  que  constate- 

—  12  — 


t-il?  Que  la  réalité  de  son  information  dépasse 
incomparablement  Vimagination  verbipare  des 
écrivains.  Que  c'est  une  mode,  trop  facile,  de 
se  plaindre  de  prétendues  inventions  des 
chroniqueurs  en  fait  de  langue  poilue.  Que,  le 
plus  souvent,  il  y  a  sous  cette  rouspétance 
amère  la  même  jalousie  qui  meut  les  journaux 
à  s^ accuser  mutuellement  de  bourrer  le  crâne 
au  public.     . 

Les  soldats  ne  sont  pas  tous  des  gavroches 
parlant  de  la  main  gauche  à  jet  continu  ;  et, 
comme  le  rire  est  le  signe  de  la  domination  de 
l'esprit  sur  les  choses,  il  est  très  vrai  aussi  que 
Vhomme  des  tranchées  sous  le  marmitage  ne 
rit  pas  sempiternellement.  Mais  si  un  roman- 
cier force  un  peu  le  dosage  des  mots  pitto- 
resques, c'est  par  une  nécessité  de  condensation 
artistique.  —  En  tout  cas,  il  serait  maladroit, 
quand  on  veut  constituer  un  dictionnaire 
poilu,  de  vider  son  calepin  de  tous  les  mots 
dont  la  première  connaissance  se  trouve  due  à 
une  lecture.  Il  n'y  a  de  vraie  langue  humaine 
que  ce  qui  tombe  de  la  langue  que  nous  avons 
dans  la  bouche;  mais  un  vieux  tranchéien  a  le 

—  13  — 


droit  de  témoigner  de  la  sincérité  générale  des 
écrivains.  J'ai  été  trop  heureux  de  rencontrer 
dans  mes  lectures  des  termes  savoureux  vers 
lesquels  je  portais  ensuite  mon  enquête^  et 
qui  Vun  après  Vautre  comme  à  plaisir  sont 
tombés  dans  mon  observation  auditive. 

Moins  deux  :  mac?  ou  et  macavoué.  Celui- 
ci  n'est,  je  crois,  que  le  mauvais  prononcé  d'un 
mot  patois  réel,  et  ce  n'est  pas  un  crime  d'exer- 
cer les  philologues  en  toute  innocence.  Quant  à 
macaou,  qui  signifierait  Chat,  (mais  je  n'ai 
l'honneur  de  le  connaître  que  par  M.  le  Doc- 
teur Sainéan),  il  a  été  puisé  dans  /'Argot 
des  tranchées,  —  où  il  était  chargé  seulement 
d'expliquer  macavoué  — -,  par  le  D.  m.  p. 
publié  chez  Larousse,  —  oit  il  compte  parmi 
les  mots  du  front  (^)  — ,  et  a  passé  de  là  dans 
le  Feu,  p.  203.  D'une  façon  générale,  je  ne 
sais  pas  de  mot  dont  je  puisse  dire  qu'un  jour- 
naliste de  l'arrière,  l'ayant  créé,  ait  voulu  le 
faire  passer  pour  frontard. 


(*)   Des   chats,   en  première  ligne,   il   s'en   rencontre, 
mais  peu. 

—  14  — 


Il  y  a  une  preuve  de  la  véracité  globale  des 
chroniqueurs  de  la  guerre.  Les  lectures  de 
1916-1918  n'ojfrent presque  plus  de  nouveau- 
tés verbales  populaires.  Si  les  soldats  de 
feuilleton  n'ont  pas  créé  depuis  trois  années 
un  lexique  égal  même  à  la  cinquantième  partie 
du  bloc  qu'on  a  appelé  langue  poilue  au  début 
de  igi^,  c'est  qu'ils  n'avaient  pas  non  plus 
créé  un  vocabulaire  neuf  dans  le  premier  se- 
mestre de  la  campagne  ;  mais  les  journalistes 
et  le  public  s'aperçurent  en  1914,  1915,  d'une 
certaine  avance  qu'avait  prise  sur  eux  à  leur 
insu  le  langage  du  peuple^  et  on  ne  les  voit  pas 
aujourd'hui,  malgré  leur  désir  toujours  aussi 
vif  d'être  au  courant  de  l'actualité,  créer  des 
mots  inobservables  pour  alimenter  en  trompe- 
l'oreille  ce  riche  débit  de  191 5  qui  provenait 
surtout  d'une  sorte  de  citerne  verbale  amassée 
dans  le  populaire  et  mal  soupçonnée  des  lin- 
guistes. 

Cette  remarque  s'entend  des  mots  comme 
zigouiller,  chérer,  boulot,  qui  existaient  dès 
le  temps  fabuleux  de  la  paix.  Naturellement, 
des  mots  dûs  à  la  pratique  de  la  guerre  la 

—  15  -- 


source  demeure  toujours  égale  à  elle-même^  à 
r esprit  français  et  aux  nouveautés  techniques. 

Un  mot  est  poilu  ou  par  sa  destination  ou 
par  son  emploi  intensif  ;  poilus^  les  mots  créés 
par  le  troupier  pour  exprimer  le  combat  ;  mais 
poilus  aussi,  certains  synonymes  de  Manger, 
Boire,  Jeûner,  Mourir,  Quereller,  Peiner, 
parce  que  ce  sont  des  idées  éminentes  chez  le 
combattant.  J'ai  rassemblé  ici,  avec  ce  qui 
était  caractéristique  de  la  guerre,  de  quoi 
énoncer  à  peu  près  tous  les  actes  de  la  vie  cou- 
rante, pourvu  que  cela  ne  traînât  pas  dans 
les  dictionnaires  connue, 

y  ai  rejeté  nombre  de  mots  de  troupiers  et 
de  marins  non  notés  antérieurement  y  mais  qui 
étaient  des  mots  de  caserne  ou,  —  ceux-ci 
surtout  sont  peu  connus^  —  des  mots  de 
bord  ;  nombre  de  mots  de  bas-langage  ou-- 
vrier  donnés  comme  poilus  dans  d'autres 
ouvrages  ;  enfin  nombre  de  mots  provinr- 
ciaux  usuels  çà  et  là  aux  armées  :  ca- 
landot,  Cheval,  usuel  en  Brie,  à  Provins, 
apporté  au  130®  inf  par  un  capitaine  ancien 

—  16  — 


cavalier;  charte,  tout  Véhicule,  général 
au  130®  inf.,  répandu  par  les  conducteurs 
presque  tous  mayennais  ;  ébeiller,  Ëventrer 
à  la  baïonnette,  usuel  au  48®  chass.  à  pied, 
avr.  16,  apporté  par  des  Nantais  et  Vendéens, 
{de  beuille,  Ventre,  mot  vendéen)  ;  hôche- 
cagner,  Marteler,  Ébranler  en  frappant, 
usuel  au  40®  art.,  -18,  apporté  par  des  Ar- 
dennais  et  des  Meusiens  ;,  sabater,  Courir 
toute  la  nuit  à  travers  le  secteur,  recueilli  au 
81®  ^.,  -17  ;  piquoiser,  Houspiller  en  frappant 
et  piquant  :  «  il  ne  faut  pas  les  brusquer  [les 
prisonnier s\,  on  ne  va  pas  les  piquoiser  avec 
une  baïonnette  »,  un  m^  d^ équipage,  ex-  Terre- 
neuvier,  fév.  18,  {de  piquois.  Pieu  ferré  ser- 
vant aux  moruyers  à  harponner  le  poisson) ;etc. 
Cette  exclusion  de  mots  qui  n'ont  que  le  tort 
d'être  populaires  depuis  trop  longtemps  est 
d'autant  plus  pénible  qu'on  ignore  si  le  plus 
beau  sort  ne  leur  est  pas  réservé  à  la  suite  de 
l'amalgame  de  parlers  spéciaux  qui  se  fait 
aux  armées. 

Car,  si  la  guerre  prend  de  la  glèbe,  de 
l'établi^  du  trimard  et  du  ruisseau,  elle  donne 


—  17  — 

■•MAU&T 


à  la  littérature  (*).  Bondir  et  tonner  dans  un 
cercles  d'hommes,  c'esty  comme  un  obusy  écla- 
ter :  Rabiel  «  hurlant^  s'élance  et,  si  l'on  peut 
dire,  éclate  au  milieu  d'eux.  Les  hommes  le 
considèrent,  ahuris  »,  lafage,  Journ.,  24-5- 
16.  — '  Découvrir  quelqu'un  qui  se  cache,  c'est 
le  repérer  ;  «  la  découverte  et  le  châtiment  du 
coupable  subalterne  importent  moins  que  le 
repérage  de  ses  complices,  de  ses  protecteurs 
plus  haut  placés,  —  qui  demeurent  dans 
l'ombre  »,  gohier,  Journ., 9-2-16.  —  Ruiner 
un  homme,  le  couler,  c'est  le  torpiller  :  «  le 
comte  Romanonès  a  été  attaqué  et  a  torpillé  », 
BAiNViLLE,  A.  fr.,  21-4-17;  «  daignez  se- 
courir un  moral  que  la  solitude  et  le  cafard 
ont  torpillé  »,  requête  d'un  marin^Yio  Par., 
23-3-18,  p.  ayo,  c,  2.  ~  Décocher  une  suite 
de  remarques  mordantes,  c'est  en  lâcher  une 
bande  ;  «  dirigeons  sur  lui  la  mitrailleuse  du 
sens  critique,  et  «  lâchons-lui  en  une  bande  » 
vivement  »,  ib.,  18-5-18,  p.  429.  —  Observa' 


(^)  Sur  ce  sujet,  exoellent  artiolo  de  M,  Prévqt,  Ht^ue 


—  18  — 


toire  secret,  Situation  d^espioUy  devient  poste 
d'écoute  ;  «  Uimportant  est  qu^ après  la  guerre 
les  Allemands  ne  reviennent  pas  occuper  à 
nouveau  chez  nous  leurs  postes  d'écoute  et 
de  combat  économique  )),  DAUDET,  A.  fr.,  lo- 
4-16.  —  Empoisonné,  délétère,  pathogène, 
{cf,  «  microber  nos  vierges  énergies  révolu- 
tionnaires »,  BOURGET,  Etape,  155,  propos 
d'un  révolutionnaire  néologiste),sont  remplacés 
par  asphyxiant  :  «  atmosphère  de  germano- 
philie qui  commença  à  se  répandre,  comme  un 
gaz  asphyxiant  de  V intelligence,  au  lendemain 
de  nos  désastres  [de  70]  »,  l.  daudet,  A.  fr., 
27-6-16  ;  «  diseurs  de  paroles  asphyxiantes  », 
DONNAT,  Impr.,  132.  —  Préparer  les  esprits 
avant  d'agir,  c'est  pilonner  le  terrain  ;  a  Sus 
aux  embusqués  !  M.  Clemenceau  annonce 
qu'il  organise  contre  eux  une  formidable  of- 
fensive.,. Elle  est  même  déjà  commencée  :  la 
loi  Mourier  est  un- essai  de  pilonnage  »,  Rire, 
14-4-17,  p.  4.  —  Agir  de  haut  est  rafraîchi 
par  prendre  une  hauteur,  se  donner  un 
plafond  ;  «  Que  le  chef  du  gouvernement 
prenne,  comme  disent  les  aviateurs,  une  hau- 

^19  — 


teur  supérieure  à  celle  de  nos  ennemis  du  de- 
dans et  du  dehors  ;  quHl  se  donne,  selon  le 
même  ingénieux  vocabulaire,  un  a  plafond  » 
supérieur  de  quelques  milliers  de  mètres  au 
niveau  où  s'agitent  les  <...>  »,  maurras, 
A.  fr. ,31-5-17  ;  (différent  de  planer  qui  n'est 
que  contemplatif)  —  Toto,  Pou,  renouvelle 
parasite  ;  «  nous  débarrasser  des  intermédiaires 
louches,  des  trafiquants,  des  totos  de  toute 
sorte  qui  dévorent  le  soldat  »,'  descaves, 
Journ.,  30-12-16.  —  Tank  désignera  une 
entreprise  capable  de  tout  bouleverser  :  Le 
journal  d'Almereyda  «  était  tout  indiqué  pour 
servir  de  tank  <...>  jeter  le  trouble  dans  la 
Capitale,  le  désordre  dans  les  esprits,  puis 
dans  la  rue  »,  L.  daudet,  A.  fr.,  26-4-17.  — 
Une  bande  de  nuées  au  ciel?  une  tranchée  ; 
((  le  soleil  pourpre  s'enfonçait  derrière  une 
gigantesque  tranchée  violette  »,  n.,  N.  Contes 
vér.,  148. 

//  est  d'ordinaire  facile  de  pénétrer  si  une 
image  est  lettrée  ou  populaire,  quant  à  son  ex- 
pression. En  leur  fond  les  images  ne  com- 
portent guère  d'autre  échelle  que  celle  de  la 


20 


précision  objective.  Les  syssémantiques  que 
fournit  une  même  métaphore  sont  parfois  ses 
diverses  réfractions  à  travers  des  milieux  so- 
ciaux différents.  Quelquefois  on  peut  déter- 
miner V époque  et  Faire,  et  le  sous-sol  nour- 
ricier, d^un  sématisme  ;  mais  son  père  et  sa 
mère  c'est  toujours  et  partout  la  Chose  et 
V Esprit  humain.  Cela  explique  avec  quelle 
aisance  les  mots  d'apaches  deviennent  aux 
armées  des  mots  d'excellents  citoyens. 

Je  ne  suis  que  le  secrétaire  des  vivacités 
de  langage  d'un  vaste  bureau  d'esprit.  A  ce 
qu'elles  pourraient  avoir  de  mordant,  je 
n'attache  donc  que  peu  dé  foi  réelle.  Je  le  dis 
notamment  pour  les  femmes  héroïques  de  la 
Croix-Rouge  et  pour  les  savants  inventeurs 
de  types  d'avions.  De  même  il  faudrait  n'avoir 
pas  entendu  parler  le  peuple  pour  se  choquer 
de  ^oir  ici,  sous  la  noble  étiquette  de  poilu,  des 
grossièretés  qui  ont  du  poil  partout  et  des  lo" 
cutions  qui  ne  semblent  qu'à  première  vue 
indiquer  de  méchantes  habitudes.  Que  le  nombre 
de  mes  lecteurs  s'égale  ou  non  à  l'effectif  de  nos 
armées,  autant  de  Français  auront  vécu  dans 


—  21 


la  boue  et  la  gloire^  dans  la  sanie  et  la 
sainteté,  dans  Vordure  et  Vhonneur,  autant 
fautai  de  témoins  pour  certifier  que  mes 
mots  vilains  sont  en  nombre  notablement  in- 
férieur à  la  surproduction  orale.  Ce  que  les 
Latins  nommaient  podex,  les  poilue  en  parlent 
mille  fois  plus  qu'ils  n'y  réflléchissent,  et  ce 
que  les  Grecs  nomment  crxâxa,  Us  n'en  font 
usage    que  comme  de  couleur  en  sémantique. 

Il  me  reste  à  exprimer  ma  gratitude  à  tous 
ceux  qui  de  près  ou  de  loin  ont  collaboré  cons- 
ciemment à  mes  recherches,  notamment  à 
MM.  Arnoux,  Barbusse  et  Benjamin,  peintres 
excellents  de  la  vie  poilue,  sgt  Aynaud 
(xxxx©  /«/.),  sgt  A.  Blanc  (95^  inf.),  /*  de 
la  Blanchardière  (46®  inf.,  63^  art.,  40®  s^^ 
I  jzfixeD.  C.  A.),  F.  But av and,  le  linguiste, 
G. Charpentier, sgt  P, Charpentier  (4©  zouaves, 
2®  mixte  y  13®  tirailleurs  algériens),  /*  avia- 
teur Delrieu,  sgt  J.  Demeure  (8^  génie), 
pilote-aviateur  R.Dupret{esc.  S-152),  aide- 
major  Fassind,  colonel  et  pilote- aviateur 
y, -P.  Faure    (207^    art.),  sgt    G.    Ferrand 

—  22  — 


(130®  inf.)^  R.-A.  Fleury,  le  poète  et  T ami, 
H.  Grelat  (5©  génie),  L.  Itnbert  (sons  sani- 
taires 45  et  85),  F.  de  Keralio  (40®  art.), 
sgt  1.  Lâchai  (2®  c^^),  m^-f^^  E.  Leclerc 
{marine),  adjudant  A,  Leconte  {inf),l^  G. 
Maréchal  (6®,  246®,  289^  inf),  H.  Pinel 
(av^^),  cap.  L.  Pottecher  (81®  art.  /.), 
G.  Prévôt,  mon  collègue,  M.  Protat  (360® 
^^f')y  ^^  ^'  Richet  {1^6^  inf.),  l^  Samhardier 
(16^,  20®  chass.),  M.  Sieltzer  (66^  chass.), 
l^  Tahesse  {av^^),  /*  P.  Théry  (94®  inf., 
4^  mixte),  /*  R.  Théry  (270^  art.),  caporal 
G.  Turpin  (serv.  géogr.),  L.  Villat,  secrétaire 
d'E.-M.;  presque  tous  sont  dans  les  remous 
de  la  bataille  ;  ils  ont  retranché  de  leurs 
minutes  de  repos  pour  notre  correspondance 
assidue  ;  tous  ont  été  des  émules  de  complai- 
sance, de  précision,  de  pénétration  ; 

A  la  direction  du  Mercure  de  France,  et 
à  celle  de  /'Auto,  qui  ont  facilité  mon  enquête; 

Aux  camarades  qui,  tout  en  causant,  m'ont 
signalé  des  faits  de  langage  ;  i^) 

(^)  «  Il  est  savoureux  de  discuter  philologie  et  gram- 
maire sous  les  bombes  »,  Vie  Par.  23-2-18,  p.  177,  c.  1. 

_  23  — 


A  tous  ceux  aussi  qui  ont  parlé  devant  moi 
sans  réfléchir  au  danger  de  lancer  une  phrase 
immortalisahle  ; 

Particulièrement  à  ceux  qui  sont  morts  ; 

Et  aux  chères  mains  qui  du  front  pendant 
longtemps  recevaient  chaque  jour  mes  notes 
linguistiques. 

Octobre  1918. 

Le  lecteur  qui  voudra  bien  compléter  ou 
rectifier  mon  enquête  est  assuré  par  avance 
de  son  utilité  et  de  ma  reconnaissance.  Une 
simple  liste  de  tel  et  tel  des  mots  que  nous 
allons  étudier,  si  on  les  situe  à  une  date  et 
dans  un  milieu,  est  une  œuvre  utile  pour  la 
connaissance  de  l'esprit  humain.  {Gaston 
Esnaulty  2,  rue  Prémion,  Nantes). 


—  24  — 


DÉFINITIONS 


Sémantique,  Partie  de  la  science  grammati- 
cale qui  traite  des  effets  de  la  sensibilité,  du 
jugement  et  de  la  raison  sur  le  langage. 

Sématisme,  1,  Ressort  en  jeu  dans  l'esprit  au 
moment  historique  où  .il  crée  une  expression 
neuve  ;  2,  Contenu  concret  de  l'esprit  qui  jouit 
consciemment  d'une  expression. 

Syssémantique,  Locution  qui  offre  le  même 
ressort  sémantique  qu'une  autre,  ou  une  ana- 
logie du  contenu  sémantique. 

Synonyme,  Locution  qui  peut  servir  à  en 
remplacer  une  autre  pour  désigner  le  même 
objet. 

Dérivation   synonymique,    Substitution    d'un 

—  25  — 


mot  à  un  autre  à  cause  d'un©  convenance  lexi- 
cographique  qui  ne  répond  pas  à  une  conve- 
nance objective. 

Synecdoque,  Désignation  d'une  chose  par  le 
genre  dont  elle  est  l'espèce  ou  l'espèce  dont 
elle  est  le  genre,  opérée  d'ordinaire  dans  une 
locution  composée  par  ellipse  de  la  partie  dé- 
terminante ou  de  la  partie  déterminée. 

Métonymie,  Désignation  d'une  chose  par  une 
autre  qui  lui  est  unie,  de  la  cause  par  l'effet, 
du  contenu  par  le  contenant,  etc. 

Ironie,  Raillerie  disant  le  contraire  de  ce 
qu'on  veut  faire  entendre. 

Queue  romantique,  Adjonction  volontairement 
insensée  d'un  mot  à  un  autre. 

Apocope,  Section  brutale  d'un  mot  sans 
égard  pour  sa  constitution  normale. 

Substitution  de  suffixe.  Ce  phénomène,  cou- 
rant en  français  classique,  (cf.  hdt.  Traité, 
§  62),  doit  souvent  s'entendre  plus  librement 
dans  l'usage  moderne  populaire  et  semi-argo- 
tique ;  par  suite  de  l'ignorance  —  naturelle  — 
de  l'endroit  du  mot  où  se  termine  le  radical  et 
commence  le  suffixe,  le  peuple  ne  saurait  avoir 
le  double  respect  de  cette  cloison  théorique. 

Chevauchement,    Croisement    de    deux    mots 

—  26  — 


qui  empiètent  Pun   sur  Pautre  en  une  forme 
totale  hybride. 

Apax,  Mot  recueilli  une  seule  fois. 

Monax,  Mot  usuel  à  un  seul  parlant. 


ABREVIATIONS 

BIBLIOGRAPHIQUES,    MILITAIRES 
ET    GRAMMATICALES 


A  [ction]  fr  [ançaise] . 

AnnUdes]  p[olitiques  et]  littéraires], 

B[uUetin]  des  A[rmées  de  la  République]. 

Cri  de  P[aris]. 

Echo  de  P[aris]. 

Gu[erre  Aér[ienné]. 

Int[ermédiaire]  des  Ch[ercheurs  et  Curieux]. 

Journ[al]. 

M[ercure]  de  Fr[ancé]. 

Pet[it]  Par[isien]. 

Vie  Par[isienné]. 

LiTTRÉ,  Dictionnaire... 

HDT   :    Hatzfeld,   Darmesteter  et   Thomas,  Dictionnaire 

général...  précédé  d'un   Traité  de  la  formation  de  la 

langue. 

—  27  — 


MISTRAL,  Lou  Trésor... 

Cartouche  :  Granval,  Cartouche  ou  le  Vice  puni  (éd.  1827), 

viDOCQ,  Les  Voleurs  (1837). 

MICHEL,  Etudes  de  philologie  sur  V argot  (1856). 

DELVAU,  Dictionnaire  de  la  langue  inerte  (1866,  1883). 

FusTiER,  Supplément,  à  la  suite  de  delvau. 

RiG.  :  Rigaud,  Dictionnaire  d'argot  moderne  (1881). 

MERLIN,  La  langue  inerte  du  troupier  (1886). 

LARCHEY,  Dictionnaire  historique  d'argot  (11®  éd.,  1888). 

DLLE  :  Delesalle,  Dictionnaire  argot- français  et  français- 
argot  (1896)  ;  DLLE,  F.- A.  :  la  partie  français-argot. 

ROSS.  :  Rossignol,  Dictionnaire  d'argot  (1901). 

BRUANT,  Dictionnaire  Français- Argot  (1901). 

NOTER  :  R.  de  Noter,  Dictionnaire  français-argot  et  des 
locutions  comiques  (1901). 

SAIN.,  Sources  :  Sainéan,  Les  Sources  de  l'Argot  ancien 
(1912,  2  vol.). 

LAMBERT,  Le  langage  des  poilus,  Petit  Dictionnaire  des 
tranchées  par  Claude  Lambert,  ex- brancardier  sur  le 
front  (Bordeaux,  1915,  in-16,  32  p.)  [sain.,  p.  129,  le 
déclare  «  iiisignijQant  »  et  sans  «  donnée  utile  »  ;  c'est 

*  pour  ne  l'avoir  pas  vu]. 

sain.  :  Sainéan,  L'Argot  des  tranchées  d'après  les  Lettres 
des  Poilus  et  les  Journaux  du  Front  (1915,  in-16, 
166  p.)  .  [commode  par  les  textes  cités,  pas  toujours 
reproduits  exactement]. 

GAUTHioT    ^  comptes-rendus  de  sain.  ;  Bulletin  de  la  So- 

coiiEN         )  ciété  de  Linguistique,  t.  XX  (1916). 

D.  m.  p.  :  Dictionnaire  des  termes  militaires  et  de  l'argot 
poilu,  (s.  d.,  chez  Larousse,  in-16,  320  p.)  [compila- 
tion ;  a  démarqué,  imprudemment,  sain.,  (surtout  à 


partir    du    mot    français)    ;     quelques    faits     utiles]. 

V.  du  p.  :  Vocabulaire  du  Poilu  et  Locutions  du  Front. — 
Poilu-Français  et  Français-Poilu  (Paris,  chez  Hanne- 
quin,  1917,  in-16,  20  p.). 

FAGUS,  Quelques  remarques  sur  l'Argot  militaire  pendant 
la  guerre  ;   (M.  de  Fr.,  1-8-17). 

DAUZAT,  16-4-17  :  L'argot  militaire  pendant  la  guerre  ; 
(M.  de  Fr.).  —  1-1-18  :  Les  argots  militaires  de  la 
guerre  à  l'étranger  [Suisse  française,  Suisse  aléma- 
nique, Allemagne,  Angleterre,  Italie)  ;  (ib.). —  28-3-17  ; 
16-5-17  ;  27-6-17  :  Une  enquête  sur  l'argot  militaire  ; 
L'argot  militaire  ;  Quelques  mots  de  l'argot  militaire  ; 
[B.  des  A.). —  mai  17  :  Le  Langage  et  la  Guerre  ;  [Revue 
pédagogique). 

D.  :  Dauzat,  L'argot  de  la  guerre.  D'après  une  enquête 
auprès  des  Officiers  et  Soldats  (1918,  in-16,  295  p.) 
[condense  sous  les  meilleures  disciplines  linguistiques 
les  résultats  d'une  enquête  aux  méthodes  parfaites]. 

DÉGH.  :  Déchelettc,  L'Argot  des  Poilus,  Dictionnaire 
humoristique  et  philologique  du  langage  des  soldats  de 
la  grande  guerre  de  1914...  (1918,  in-16,  xi-258  p.) 
[vécu]. 

G.  E.,  1-4-18  et  16-4-18  :  Esnault,  Le  français  de  la  tran- 
chée ;  [M.  de  Fr.).  —  Colibri  ;  [Reuue  de  philologie 
française  et  de  littérature,  t.  xxvi  (1912).  —  Lois  de 
l'argot  ;  [ib.,  t.  xxvii  et  xxvm  (1913,  1914).  —  Cf. 
l'Auto,  4  et  25-5-18,  12-6-18,  6-7-18. 

Schw.  Sold.  :  Aus  Leben  und  Sprache  des  Schweizer  Sol- 
daten  (Bâle,  1916,  78  p.),  articles  de  L.  Granger  sur 
les  soldats  romands  et  de  H.  Mercier  sur  les  soldats 
genevois. 

_  29  — 


DELcouRT,  Expressions  d'Argot  Allemand  et  Autrichien 

(1917). 
Morning  :  Soldier  slangs  quaint  new  words  invented  hy 

soldiers  of  three  great  allied  armies,  [anglais,  français, 

américains]  ;  {Morning  (édition  anglaise  hebdomadaire 

du  Matin),  fév.  18). 
HENRiOTj    Supplément  au   dictionriaire    de   V Académie  ; 

[Baïonnette,  26-8-15)    [page  de  dessins  à  légendes]. 
CHAPELLE,  Le  Vocabulaire  poilu  ;   [Journ.,  10-8-16.)  — 

autres  articles,  autres  dates. 
ROCHER,  L'Argot  du  poilu  ;  [Progrès  de  la  Somme,  25-8-16). 
MONTGEORGE,  L'argot  dcs  aviateurs  ;  [Courrier  du  Centre, 

27-4-18). 

Philibert  :  Lorrain,  La  maison  Philibert  (1904). 

Echalote  :  hsindre, Echalote  et  ses  amants  (1908), éd.  Mignot. 

Nênesse  :  Casanova,  Le  Journal  à  Nénesse  (1911). 

Bicar'd  :  La  Fouchardière,  Bicard  dit  le  Bouif. 

Gaspard  :  Benjamin,  Les  soldats  de  la  guerre,    Gaspard. 

DONNAY,  Jmpr[omptu  du  Paquetage]  ;  première  repré- 
sentation le  28-6-15. 

Feu  :  Barbusse,  Le  Feu,  journal  d'une  escouade  ;  [pour 
les  passages  supprimés  dans  le  volume,  références  au 
feuilleton  paru  dans  l'Œw^re]. 

Contes  i^ér[idiques  des  Tranchées  1914-1915  par  un  groupe 
de  poilus].  —  Nloui^eaux]  Contes  iJér[idiques  des  Tran- 
chées 1914-1916  par  un  groupe  de  poilus].  —  reparus 
sous  le  titre  Sous  les  obus. 

Pépères  :  Valmy-Baysse,  Les  Pépères  La  Victoire. 

Bourru  :  Jean  des  Vignes  Rouges,  Bourru,  soldat  de 
Vauquoia. 

—  80  ^ 


Mousqu.  :  Nadaud,  Les  Derniers  Mousquetaires,  Roman 

de  la  guerre  aérienne. 
AGATHA  [=  R.  Layus  et  M©  Latour,  sergents  au  309®  inf., 

Vosges,  -15],  Le  vocabulaire  de  la  guerre  ;  {Echo  des 

Marmites,  1915.) 
poiLULOGUE,   Une  France  inconnue.  Quelques  jours  chez 

les  sauvages  ;  [Rigolhoche,  août  15,  Argonne). 
PANTRUCHARD  :  Lettre  d'un  ParUruchard  au  front  ;  {Ri" 

golboche,  1915.) 
FARAUD,  lettres  écrites  du  front  en  -14  ;  {Figaro,  janv.- 

mars  15). 
Ces  quatre  dernières  sourjces  sont  reproduites  par  sain.  ; 

la  page  est  indiquée  quand  le  Lexique-index  de  sain. 

est  muet.  Les  trois  premières  sont  humoristiques.  Les 

lettres  signées  Paraud,  supposées  ou  non,  sont  pleines 

d'authentiques  parisianismes. 
Trois  jours   [avec  ceux  de  Thiaumont]  ;  {Matin,  13,1  Qat 

19-7-16.) 
p'tit  gars  :  Le  p'tit  gars  de  la  Maubert,  La  Soupe  ; 

{Echo  des  Marmites,  in  le  Front,  25-10-16.) 
MusiDORA,  Pigeon  vole  /...  ;  {Fantasio,  1-8-16). 
icART  :  Louis  Icart,  pilote-aviateur.  Comment  on  fait  un 

as  ;  {Fantasio,  15-9-16.) 
JUTEUX  :  Le  Vieux  Juteux,  Conseils  aux  jeunes  aviateurs 

nouvellement  venus  à  la  5®  arme  ;  {Fantasio,  1-11-16.) 
THAVET,  L'Ecole;  {Gu.  Aér,,  29-3-17). 
Cabaret  :  Arnoux,  Le  Cabaret  ;  [M.  de  Fr.,  1-4-18). 

inf[anterie]  ;  t.  :  infanterie  territoriale  ;  c*^  :    infanterie 

coloniale. 
art[illerie  de  campagne]  ;  art,  l[ourde]. 


81 


av®"*  :  aviation  ;  esc.  :  escadrille. 
cliass[eurs  à  pied]. 

R[éserve]  G[énérale]  Aé[ronautique]. 
A[rtillerie]  S[péciale]  :  chars  d'assaut. 
D.  C.  A.  :  défense  contre  avions. 
C.  O.  A.  :  commis  et  ouvriers  d'administration. 
S.  A.  P.-X  :  service  automobile  de  place  n^  10. 
s^"*,  b<>°,  D°"  :  section,  bataillon,  division. 
2^-m®  P^  :  second-maître  fourrier. 

cap[itaine]  ;  col[onel]  ;  gén[éral]  ;  1*  :  lieutenant  ;    sgt: 
sergent. 

dér[ivé],  dér[ivation]. 

syn[onyme],  syn[onymique]. 

tr[ansitif]  ;  intr[ansitijr|. 

sy  ssém  [antique] . 

[     ]  indique  addition  ;  «<;...>>  suppression. 

in  =  dans,  quand  un  texte  est  reproduit  dans  un  autre. 

*  forme  hypothétique. 

-< — ,  — >,  indiquent  le  devenir  d'une  forme  grammaticale. 

-19  =  1819  ;  -18  =  1918  ;  19-18  =  1819-1918. 

ib.  =a  même  milieu  ;  ib.        même  imprimé. 


—  32 


t:T:2T:sTaaT:sTa>T«;Ts;TS>Ts>TS»T<>TS«Ti 


abeille,  f.,  A,  Petit  éclat  d'obus  :  «  Hier,  en 
mangeant  la  soupe,  une  abeille,  à  dix  centi- 
mètres ;  avant-hier,  à  un  créneau,  un  frelon,  à 
n...  »,  LOBBÉ,  instituteur,  lettre  du  4-3-15,  in 
Recrue  de  Paris,  1-1-16,  195  ;  V.  du  p.  — 
B,  Balle  ;  V.  du  p.  ;  —  d'où  boîte  à  mouches, 
f..  Revolver  ;  d.  —  Syssém.,  et  syn.  au  sens  A  : 
frelon,  m.  ;  246^  et  289®  inf.,  16-18  ;  —  mouche 
à  miel,  f.  ;  D.  m.  p.  ;  —  mouche,  f.  ;  360^  inf., 
14-15  :  les  vaches  de  mouches  I  ;  246®  et  289®  inf., 
16-18  ;  —  au  sens  B  :  mouche  à  guêpe,  f., 
40®  art.,  -18  ;  —  mouche  à  merde,  f.,ib.  ;  — 
en  allemand  bienen,  (abeilles).  Balles,  del- 
couRT  (^)  —  Cf.  cigale. 

abeilles  russes, f.,  Poux;  81®  t., hiver  15-16, 
peu  usité  mais  populairement.  —  Cf.  die  rus- 


(^)  Onomatopée  des  balles  :  «  bsi...  bsii...  bsiii...  ou., 
ou.,  ou..  »,  FONSON,  Fantasio,  1-11-15. 


—  33 

ESNAULT 


sische  Biene  [Pabeille  russe],  le  t*ou,  delcourt, 
(et  aussi  die  Biene  et  kleine  Russen  [petits 
Russes],  ib.),  ce  qui  donne  à  penser,  le  pou 
piquant  comme  l'abeille,  mais  la  saleté  russe 
n'étant  pas  notoire  chez  nos  troupiers  métro- 
politains, que  l'expression  est  venue  au  81®  t. 
par  des  journaux  traduisant  de  l'allemand.  — 
Gf.  hûvurois. 

Ékbîïnèr,  1^  Ci'itiquèr,  Traitet  injûrifeUëeitlfeht 
par  uti  procédé  tJâHcatttral  ;  «  abîhlér  litl  bb- 
pain  »,  FAGus,  564.  —  Sysséin.  :  la  salir.  — 
2,  Se  moquer  en  usant  d'exagéî*ations  :  k  II 
abîtiië  tin  peu  »,  340®  ihf.,  juill.  16. —  Syssêm.  : 
boUscUler. 

accroc,  m..  Blessure  :  «  J'ai  qufel(jues  àcCi'DC^, 
mais  j'en  ai  tué  beaucoup  [de  Bdches]  »,  siÂtiR- 
RAS,  A.  fr.,  27-8-17,  p.  1,  c.  1. 

acctOChè- cœurs,  m.,  Décoratioilfe  ;   V.  du  p. 

à  cheval,  th.,  Chasseur  à  cheval  :  «  les  à 
cheval  »,  Fèu,  104. 

additionné  (en  un).  Immédiatement  :  «  des 
tiroirs  dUveHs  et  fermés  en  uil  addititJtiiié  », 
Fèu,  21^8-16. 

affûter  le  dahu.  Guetter  le  Boche  dans  la 
tranchée  :  «  On  a  affûté  le  dahu  pendant  quatre 
heures  »,  95®  inf.,  14-18,  tifêâ  ùèuel  éti  -16,  côiii- 

-34- 


mence  à  vieillir  eh  aVr.  IB  ;  se  dit  quand  oh 
rentre  dû  poste  d'écouté  sans  avoir  rien  vu.  — 
affûter,  Guetter  à  l'affût  ;  cf.  irbu  d'affût, 
Meurtrière  ou  Créneau  de  tranchée,  Bicard,  li, 
9  ;  ie  dahu.  Bête  ihiàgihaire  (oiseàiî,  quadru- 
pède où  reptile  ?)  :  faire  affûter  le  dahu  à  qqn, 
dans  le  Berry,  c^ëst,  jouant  de  sa  naïveté,  le 
Mettre  à  l'affût,  la  huit,  à  un  carrefour,  à  iih 
trou  de  haie,  en  _lui  disant  qu'on  via  rabattre 
le  dahu,  qui  ne  manquera  pas  de  passer  par 
là  ;  après  quoi,  le  laissant,  on  va  fcoire  chopihé, 
ayant  choisi  une  hiiit  fcieh  glaciale  ;  là  haême 
mystification  est  ëh  Loire- Ini.  là  chasse  au 
darain  ;  à  Saint-Ëfieiic,  et  à  Càrtèret  (Màrichë), 
la  chasse  au  homard  de  genêt.  Là  Coquille  sàiht- 
Jacquës  s'àppelaht  dàraih  à  Painipol,  -lO,  et 
le  fticàrdeàu  daàin  à  Sàiht-Quày-Portriéùx, 
-18,  peùt-ôn  y  voir  les  intermédiaires  phôhé- 
tiquës  du  darain  àù  dahu  et  l'intermédiaire 
sémantique  du  darain  au  homard  d'è  genêt  r  — • 
Veiller  té  Boche,  Guetter  le  Boclie,  95®  inf.,  14-18. 
âir  (ptëiidté  1'),  Sortir  en  avion  :  «  plusieurs 
appareils  français  avaient  pris  l'air  avec  ihis- 
sioh  de  détruire  tout  ballon  rencontré  »,  Maiifi, 
5-7-16,  p.  2,  c.  3  ;  «  il  ëét  souverainement  im- 
prudent dé  «  prendre  l'air  »  »  quand  il  y  a  un 

—  â5  — 


crochet  d'orage,  moreux,   Gu.   Aér.,  25-10-17. 

—  Décalqué  du  terme  nautique  prendre  la  mer. 
air   (en  jouer  un),   Partir  ;  81^  t.,   16-17  ; 

270^ art.,  26  0^1,  -18,  usuel  un  peu  partout  ;  [  • 
FeUy  30,  116  ;  —  chevauchement  de  se  donner 
de  Vair  et  jouer  la  Fille  de  Vair.  —  en  faire  un 
air.  Partir  ;  81^  t.,  -16  ;  —  chevauchement  du 
précédent  et  de  se  faire  la  paire  ou  faire  Vahja. 

—  Syn.  :  prendre  la  fille  de  Vair,  Echalote,  xviii, 
62,  =  jouer  la  Fille  de  Vair  +  prendre  la 
poudre  d^ escampette.  —  Cf.  en  jouer  et  Rip. 

alboche,  adj.  et  s..  Allemand  ;  usuel  et  connu 
de  tous  ;  dominé  de  beaucoup  par  le  succès  de 
son  apocope  boche  ;  \\  larchey  (1889)  ;  usité 
par  un  professeur,  lycée  de  Tours,  -68  ;  par 
des  hommes  de  la  Commune  et  d'autres  Fran- 
çais, 70-71  ;  à  Nancy,  prononcé  albeuche,  avec 
le  dér.  albeucher,  Parler  alboche,  peu  après 
-71  ;  Int.  des  Ch.,  -14,  -15,  -17  ;  usuel  parmi 
les  élèves  âgés  de  dix  à  douze  ans  de  l'institu- 
tion Richer,  Arcis-s-Aube,  mai  86  -  janv.  89, 
A.  FLEURY  ;  «  Avec  celui-là  les  Alboches  sont 
foutus  !  »,  un  sabotier  de  Saulgond  (près  Confo- 
lens)  venant  d'achever  son  service  aux  chas- 
seurs à  cheval  à  Limoges,  26  ans,  1887  ou  88, 
MARNET  ;  usuel  parmi  les  élèves  âgés  de  douze 

—  3^-< 


à  seize  ans  du  collège  de  TArc,  Dôle,  janv.  89- 
janv.  93,  a.  fleury.  —  Libre  suffixation  de 
allemand,  comme  rigolboche  de  rigolo  en  1860 
(larchey,  1872),  dégueulboche  de  dégueulasse 
(ri G.),  ramolboche  de  ramolli,  Int,  des  Ch., 
Lxxv,  31,  et  Italboche  de  Italien,  «  qui  a  été 
presque  aussi  populaire  autrefois  que  Angliche 
et  Alboche  )),  camescasse,  VHumanité,  31-8-15. 
Italboche,  datable  -89,  suffit  à  prouver  que  le 
suffixe  dans  alboche  n'est  pas  -oche,  (comme 
dans  rasoche  ou  sardoche),  mais  -boche,  sans 
aucune  intention  de  rappeler  tête  de  boche, 
Homme  obtus,  et  que  ce  suffixe  ne  signifie  ni 
Germanité,  ni  Monstruosité  naéchante.  —  L'ori- 
gine du  suffixe  -boche  est  obscure  ;  on  peut 
l'attribuer  à  des  mots  usuels,  comme  caboche, 
ou  argotiques,  comme  saboche,  Imbécile  (de 
sabot),  comme  liboche,  Forçat  libéré,  Nouméa, 
10-12  ;  mais  c'est  déjà  une  explication  provi- 
soirement suffisante  de  le  rattacher  à  d'autres 
suffixes  qui  offrent  la  même  consonne  d'ap- 
pui, -broque  dans  albroque  de  allumette,  -bif 
dans  dégueulbif  de  dégueulasse,  -bi  dans  Arbi 
de  Arabe,  -baque  dans  morbaque  de  morpion, 
-bard  dans  rigolbard  de  rigolo,  et  surtout  à 
ceux  qui  offrent,  sous    la   même   structure  de 

—  37  — 


pqnspnnes  q|ie  -boche,  la  muance  des  diverses 
voyelles  :  -bêche  dans  ccibèche,  Tête,  hrobèche, 
|ji^fd,  (de  hroquille),  -biche  et  -bige  dans  ci- 
bicJ^e  et  çibige,  Cigarette,  chocolhiche.  Chocolat, 
-bâche  dajis  sqlfaçhe^  Ipibépile,  -bûche  dans 
tyabuches,  DifficiiJ^és  (d'^sparpès,  Demi- Solde, 
xvij).  —  Deux  observateurs  ont  signalé  un 
AJleniQche,  Alléfla^nd,  en  usage  à  Neijpliâtel 
et  dans  la  Meuse,  p. 

aller  :  Çp.  ira-t-il  ?,  Ça  va  bjpn  ?,  Bonjour  1  ; 
81^  t.,  14-17  ;  usage  général. 

alloc,  f.,  Allocation  (aux  fempries  et  parents 
de  mobilisés)  ;  divers  soldats  ;     |     P.  m.  p, 

aipocher,  1,  Blesser  ;  2,  Battre  en  ruine  ; 
très  usuel  et  très  général  ;  ?i'a  fii^i  de  pénétrer 
à  fond  le  81^  t.  que  dans  l'été  15  ;  |1  Rip.  et 
i^Qss.  ne  cpnnaissent  le  niot  qu'à  propos  de 
coups  die  pied  pt  de  poing. 
♦  amurer  un  coup  de  poing  à  qqn,  Lui  décocher 
un  coiip  de  Pping  5  marins,  -18.  —  On  amure 
du  côté  du  vent  •  sous  \p  yent,  on  borde  ;  on 
amure  avec  une  amure,  on  borde  avec  une 
écoute  ;  l'amure  étant  plus  raide  que  l'écoute, 
amurer  convient  pour  une  idée  dé  force.  — 
Amurer  dans  }a  phrase  suivante  «  j 'préfère 
beaucoup   mieux  l'amurer    [mon   quart]   à   ma 


38 


bretelle  de  suspension  avec  un  crophet  »,  Feu^ 
190,  m'a  été  confirmé  par  l'auteur  copime  si- 
gnifiant Amarrer.  Cette  synQ^ymi^  ^e  ^a^pait 
être  qu'une  confusion  chez  un  poilu  peu  marj^. 

anse  de  panier,  f.,  Pelote  de  fil  barbelé  ser- 
vant de  défense  ;  95^  inf.,  avr.  18.  r^rrr  Sy^. 
oursifi. 

antidérai)ant^  ra,,  Vin  ;  V.  du  p.  ;  ||  usi^ej  à 
Paris,  -18,  et,  croit-on?  ^Y^nt  -14.  —  Il  est 
vrai  qu'une  certaine  dose  de  vin,  qi;j  met  iin 
bon  vent  dans  les  voiles,  assure  1^  im^y^he, 
tout  au  moins  la  démarche. 

appel  de  bouc,  m.,  Yif  avancement^  du  n^en- 
ton  que  donne  le  clairon  de  chasseurs  à  pied 
au  moment  d'emboucher  son  instrun^entj 
16^  chass.,  -18.  —  Le  sens  d^appel  est  1^  mênie 
que  dans  appel  du  pied,  terme  d'esp^inie,  Vif 
mouvement  du  pied  sur  la  planche  ;  kouç  r^ste 
du  temps  où  les  chasseurs  portaient  barbiche 
obligatoire.  —  On  trouve  le  sen§  généralisé  à 
l'effort  du  menton  lancé  en  avant  par  le  Pplda* 
qui  veut  défiler  crânenient  :  «  Et  les  I^TOnpiers, 
donc  !  <...>>  ils  bombent  la  poitrine,  le  tp^'se 
arqué  en  arrière,  à  force  de  vouloir  être  droits, 
se  redressant  encore  à  chaque  nouvelle  bordée 
d^  hourras,  4'nn  intrépide  coup  de  menton?  — 


39 


le  légendaire  «  appel  de  boue»  des  chasseurs», 
SEM,  Journ.,  10-7-16. 

apprenti- cadavre,  m.,  Ambitieux  ;  81®  art.  1., 
mai  18.  —  Qui  veut  monter  en  grade  ou  grim- 
per aux  honneurs  risque  sa  peau.  —  Syssém.  : 
la  course  à  la  mort,  f.,  la  Médaille  Militaire  ; 
D.  ;  —  élèves-morts,  m..  Elèves  chefs-de-sec- 
tion, VIII®  corps,  14-15  ;  secteur  des  Eparges, 
-15.  —  Cf.  apprenti- martyr  et  élève-martyr, 
Elève-caporal.  —  Voir  élève-mort. 

arbalète,  f..  Fusil  Lebel  ;  360®  inf.,  14-15  ; 
81®  t.,  -16  ;  assez  général  ;  |  agatha  ;  Feu, 
186.  —  DAUZAt;  1-1-18,  59,  le  signalant  en 
Suisse  (d'après  Schw.  Sold.),  parmi  les  méta- 
phores locales,  dit  «  Le  fusil  ne  pouvait  man- 
quer de  devenir  Varhalète  dans  la  patrie  de 
Guillaume  Tell.  »  Le  vrai  sématisme  est  la  dé- 
préciation d'une  arme  moderne  par  un  nom 
d'arme  de  musées,  ou,  mieux,  d'un  tue-Boche 
excellent  par  un  nom  de  jouet  d'étrennes.  Cf. 
pétoire. 

arcassines,  f..  A,  Jambes  :  «  de  longues  arcas- 
sines  »  ;  —  B,  Pieds  :*Tu  vas  te  faire  monter  sur 
les  arcassines  !  ;  —  40®  art.,  juin-sept.  18  ;  y 
semble  introduit  par  des  Champenois  et  Briards. 
—  en  avoir  plein  les  arcassines,  Etre  excédé  ; 

^  40  — 


ib.,  —  syn.  et  syssém.  de  en  ayoir  plein  les  ba- 
guettes, 360^  inf.,  14-15,  —  les  gambettes, 
20^  chass.,  -18,  —  les  fumerons,  ib.,  — •  les 
jambes,  coureurs  cyclistes.  Auto,  3-4-18,  p.  2, 
c.  6,  —  les  panards,  20^  chass.,  -18,  —  les  rigo- 
berts,  (Mollets),  gosset.  Le  nouveau  langage 
(1915).  —  La  marine  a  dit  arcasse,  Charpente 
-de  poupe,  oublié  aujourd'hui  des  marins  char- 
pentiers. viDOCQ  donne  arcassineur  et  arcassien, 
Détenu  qui  écrit  des  lettres  pou^  escroquer,  et 
LARCHEY,  d'après  le  Figaro  de  -77,  arcasineur, 
Mendiant  à  domicile  ;  le  picard  a  arcassier, 
Trompeur,  Malin  ;  selon  vidocq  la  lettre  du 
détenu  escroqueur  est  un  montage  d'arcat 
(syssém.  de  bateau?)  —  Si  on  supposait  une 
filière  *pied  — >►  pied  de  cochon  — >-  marcassin, 
*marcassine,  f.,  serait  à  jambe  comme  rnarcassin, 
m.,  à  pied  ;  ce  qui,  malgré  la  difficulté  du  m 
disparu,  corrobore  cette  hypothèse,  c'est  le 
juron  de  colère  la  marcassine  !,  signalé  aux 
Balkans,  d.,  qui  me  semble  un  syssém.  de 
la  jambe  I  —  Les  Jambes  sont  dites  aussi  les 
misérables  :  joueurs  de  misérables,  m..  Fuyards  ; 
74e  inf.,  D. 

aréo,  m.  et  f.,  Avion  ;  81®  t.,  14-17  et  usage 
général.  —  Prononcé   des  illettrés  et  de  bien 

—  41  — 


d'autre?  pour  aéra  ;  apocqpe  à^aéroplane  j  cf. 
1^5  jrigQ^  géoy  lacrymq,  météo,  métro,  vci4io.  ; 
2^,  ç'éto.  —  A^ioi^  gagi^e  du  terrain  ;  par  ex., 
quand  il  s'agit  d'appareils  en  grand  nombre, 
Oïl  dira  plutôt  avioïi  :  «  35  ayions  abattus  », 
«  25.000  ^yÎQn?  ^uiériçaifts,  )>  parpe  que  cee 
chiffres,  Qnt  \\n^  prigine  iiuprimée. 

Arnia^nd  f^lljèFÇ^  (l'),  m.jl'H^rtUiann^Tyeiler- 
kppf  :  «  le  faifteu^s^  H^rtru^UUsweiJpr  est  devenu, 
dans  la  bquQ^e  des  soldats  qui  l'pnt  conquis 
et  défendu,  V  Axrnçind  Fç^ïlièrp^,  Notre  uio- 
derne  Polybe  [Théodore  R^iu^^ch],  qui  trouva 
l'appellatiou  jolie,  mais  un  peu  fan^ilière,  en 
fit  le  Vieil  Armand  »,  dauzat,  16-4-17,  660.  — 
Type  d'étymologie  populaire. 

armoire,  f.,  Havresac  ;  Feu,  195  ;  -^  armoire 
à  glace,  f.,  fïavresap  ;  xxxx^  inf.,  14-15  ;  16^, 

20e  ch£iss,  pt  246e  inf.,  17-18  ;  |  lambert  ; 
AG4THA  ;  Il  u^Uel  aus^i  eu  Suisse,  —  Armoire, 
le  fantassin  y  serre  ses  effets,  ces  chiffons,  ces 
biffes,  qui  lui  pnt  valu  le  surnqm  de  hiffin^  de 
Chiffonnier  ■  à  glaçe^  par  queue  romantique. 

arriérés,  m.,  Qeu?  de  l'Arrière;,  Mot  inventé 
dans  Echo  des  Guitounes,  in  Front,  16-3-17.  — 
Ça!em}3our. 

9,rrQ§oiF,     tu.,     1,     Çaupu  ;     Qbusier  j     Mi- 


^2- 


k 


trailleuse  ;  D.  jn,  p.  ;  —  2,  Avion  de  bombar- 
dement :  «  et  je  criais  aux  camarades  l'alarme 
bien  connue  :  «  P^ix,  paix,  v'ià  les  arrosoirs 
boches  !  »  Les  arrosoirs,  composés  de  deux 
escadrilles  au  moijis,  passèrent  sur  nous,  en 
nous  dédaignant,  piquant  droit  sur  Paris  », 
récit  publie  dans  Ip  Temps  ;  in  Quest- Eclair, 
15-4-18,  p.  2,  c.  1.  —  arroseur,  m..  Artilleur  ; 
D.  m.  p.  -^  Arroser,  Bombarder  ipéthodique- 
ment,  arrosage,  Bombardement  jnéthodique, 
sont  termes  reçus  en  style  technique. 

artillerie  de  musette  (1')^  f.,  les  Obus  Viven- 
Bes^ières  ;  ^es  Parisiens,  289^  inf.,  15-5-18, 
(Oise). 

as  (passey  ou  courir  à  1'),  Ne  pas  toucher  sa 
p^rtj  sa  paye  :  «  Ce  pauvre  type  1^  a  passé  à 
l'as  ;  il  est  bien  de  la  compagnie,  mais  il  est 
détaphé,  on  l'a  oublié  »,  81®  t.,  -17  ;  «  Si  je 
trouve  trois  cents  fra^ncs  et  que  j'apprenne 
que  c'est  un  millionnaire  qi;i  les  a  perdus,  il 
peut  courir  à  l'as,  \\  ne  les  reverra  pas  »,  un 
2d-me,  -18.  —  tomber  à  l'as,  EJtre  perdu  de 
vue:  «  ça  a  tpmbé  à  l'as».  Il  n'a  plus  été  ques- 
tion de  ça,  un  2d-m®,  -18  ;  |1  Etre  à  as.  Etre 
sans  argent,  pab4§se  ;  «  Si  d^ps  une  affaire  ou 
partage  on  n'a  rien  pour  soi,  on  pqs^e  à  Vas  », 

—  43  — 


Moss.  ;  passer  à  Vas,  Disparaître  ou  Ne  pas 
être,  Echalote,  xvii,  57.  —  larchey  le  tire 
de  as  (des  cartes),  symbole  de  petite  valeur, 
et  suppose  que  le  sens  premier  est  «  n'avoir 
qu'un  sou  ».  Je  le  tire  de  s'astiquer,  Se  brosser, 
et  suppose  une  forme  première  *  passer  à  Vastic 
ou  *à  V astiquage,  syssém.  de  se  brosser  le  i^entre, 
de  se  gratter,  (et  de  se  V arrondir). 

as,  m.,  A,  Cavalier  du  l®f  peloton  (dans  un 
dépôt  de  dragons),  e.  h.,  Temps,  24-5-15.  — 
B,  1,  Soldat  excellent  dans  son  arme  ou  sa  spé- 
cialité ;  usage  général,  17-18  ;  se  dit  des  avia- 
teurs :  Journ.,  19-1-16,  p.  2,  c.  4  ;  Pet.  Par., 
14-5-16,  p.  2,  c.  3  ;  Matin,  28-7-16,  p.  1,  c.  6  ; 
icART  ;  Journ.,  10-10-16  ;  des  artilleurs  :  (c  les 
artieurs  c'est  tout  bon  ou  tout  mauvais.  Ou 
c'est  des  as  ou  c'est  de  la  roustissure  »,  Feu, 
234  ;  des  fantassins,  Echo  de  P.,  18-1-16  ;  le 
succès  de  ce  mot  au  1^^  de  marche  zouaves 
choque  le  colonel,  qui  rappelle  que  pour  dési- 
gner un  soldat  brave  «  on  doit  dire  un  zouave  », 
décision,  12-11-16  ;  on  surnomme  «  division 
des  as  »  la  ..®  d'inf.  (et  chacun  de  ses  quatre 
régiments  adopte  pour  insigne  l'un  des  as  du 
jeu  de  cartes),  Echo  de  P.,  30-7-17,  p.  1,  c.  5  ; 
bref,  se  dit  de  tout  soldat  brave  :  «  le  jeune 

—  44  — 


chef  de  char  [tank]  entouré  de  tous  ses  «  as  »  », 
Journ.,  24-6-17  ;  et  des  aviateurs  hors  de  page  : 
«  décoller  en  as  »,  Quitter  le  sol  par  une  ma- 
nœuvre hardie,  punch,  Fantasio,  15-8-16.  — 
2,  spécialement,  Aviateur  heureux  dans  ses 
duels  avec  l'ennemi  :  as  à  six  Boches,  ayant 
abattu  six  avions  boches.  Le  pilote  qui  avait 
abattu  cinq  Boches  était  déclaré  «  as  »  jusqu'à 
la  fin  de  -17,  où  le  commandement  décida  de 
réserver  ce  nom  aux  «  chasseurs  »  qui  auraient 
dix  pièces  à  leur  actif.  «  En  aviation,  être  as 
c'est  avoir  un  grade  »,  gén.  matton,  lettre,  in 
Gu.  Aér.,  3-1-18,  p.  122,  c.  2,  qui  propose  de 
dire  «  capitaine  as  Guynemer  »  et  d'instituer 
ainsi  «  une  nouvelle  noblesse  ».  —  C,  au  succès 
proprement  militaire  du  mot  peut  être  attri- 
bué son  application  à  un  soldat  cuisinier  dé- 
brouillard «  à  la  hauteur  pour  dégoter  du  bois  », 
Feu,  32  ;  à  un  soldat  comédien  excellent  sur 
la  scène,  «  Voilà  Bistoquet,  un  as»,  chapelle, 
Journ.,  2-8-16  ;  à  des  femmes  ouvrières  d'usine 
expertes,  london,  Journ.,  3-11-16.  —  Mais  as 
était  usuel  avant  de  devenir  militaire,  et  c'est 
au  langage  des  sports  que  le  prit  Daucourt, 
moniteur  à  l'école  d'av^^^  de  1  au  pour  désigne  i 
ses  meilleurs  élèves.  Sur  les  hippodromes  pari- 

—  45  — 


siens,  «s,  quelque  temps  avant  -14,  était  syn. 
de  CfacK,  cheval  lavori.  En  canotage,  «  de 
tout  temps  ))  selon  E.  Lblgnon,  champiori  de 
France  de  -78  à  -83,  «  depuis  aii  moins  cin- 
quante ans  »  d'ajprès  un  autre  témoin  sérieux, 
as  désignait  le  Rameur  le  meilleur  ;  car,  en 
raison  de  son  exfcellence,  le  rameur  d'élite  avait 
«  le  n"  1  »  des  équipes  à  2,  4,  6,  8  avirons,  et 
était  en  outre  rtiomme  des  courses  «  en  as  » 
(à  un  rameur  par  canot)  ;  cf.  tht.  des  Ck., 
Lxxiv,  322,  376,  Lxxv,  165  ;  il  était  donc  soit 
seul,  soit  n^  1,  et  c'est  là  le  seiië  du  mot  as.  Les 
sports  ne  l'ont  pas  créé  :  tapé  à  Vas,  Réussi  de 
première,  est  dans  bouvîèr,  Auguste  Mdhette,  ih 
RiG.  ;  dans  les  cafés  et  restaurants  «  ùii  bock  a 
l'as  !  »,  «tun  potage  à  l'as  !  »,  crie  le  garçon  tjui 
commande  uii  bock,  un  potage,  pour  là  table,  le 
cabinet  qui  porte  le  n^  1,  rig.;  dllé  ;  jane  sirîon, 
Journal  d^une  «  remplaçante  »  dans  Je  sais  tout,i6- 
9-16. Le  cavalier  du  peloton  n^l  est  un  as  sans  que 
ce  nom  préjuge  une  valeur  équestre  supérieure  au 
peloton  n^  2.  Ainsi,  en  dépit  de  Topiriion  de 
DAÇAY,  Journ.,  10-10-16,,  que  Tas  d^àviatiôh 
eèt  un  «  terme  de  tripot  »  adopté  par  la  giièrre, 
ou  de  plaisanteries  comme  «  Leur  jeu  d*èscâ- 
driliefe  [des  Ëochës]  est  un  jeu  qui  ii'â  qii'uh 

—  4ë  — 


as  ))j  un  seul  champion  sans  émuleSj  Matin^ 
28-7-1(3,  ou  comme  «  On  ne  trouve  plus  que 
des  jeux  de  28  cartes,  tous  les  as  sont  dèins 
l'aviation  »,  notre  métaphore  n'est  pas  issue 
des  jeux  de  cartes  où  l'as  est  de  valeur  très 
variable,  mais  du  jeu  de  dés  où  il  vaut  toujours 
l'unité  ;  c'est  l'idée  de  numérotation  qui  est 
essentielle,  la  métaphore  est  une  métaphore 
d'ordre,  et  dlle  traduit  très  bien  tapé  à  Vas, 
«  Réussi  au  n^  1,  on  ne  peut  mieux  réussi  ))i  — 
Je  ne  t'oubliais  pas,  dit  un  commandant  à  Un 
simple  soldat,  en  lui  tendant  sa  boîte  de  bon- 
bons, «  j'en  offrais  d'abord  au  général,  parce 
que  dans  la  hiérarchie,  il  vient  avant  toi.  — 
Ce  n'est  pas  vrai,  clame  le  général,  le  simple 
poilu,  voilà  le  numéro  un  parmi  les  chics 
types  »,  Bourru,  224.  L'as  est  en  tête  de  la 
liste  des  bons,  comme  en  anglais  soigner  le 
n^  1,  c'est  Se  soigner^  charité  bien  ordonnée 
commençant  par  soi-même  (^). 


(1)  «  Le  prince  de  Beauvau  pense  que  les  as  de  la 
grammaire  (je  parle  comme  le  roi  de  Prusse,  lui,  parla 
dés  as  des  batailles)  iné  venaifeht  assez  souvent  voir...  », 
GARAT,  lettré  à  Jouy,  ll-ë-28,  stir  le  projet  de  rappel  des 
acâdêiiiiciëiis  expulses  en  18Î5  ;  l'ancien  conventionnel 

-47- 


Dér.  :  superas,  m.,  Aviateur  plus  fort  qu'un 
as  :  «  Les  29  victoires  du  «  superas  »  Bail  », 
Pet.  Par.,  20-11-16;  cf.  «  Immelmann,  le  «  su- 
perfaucon »  que  vantent  les  journaux  enthou- 
siastes d'outre-Rhin  »,  B.  des  A.,  17-5-16,  p.  7, 
c.  1  ;  autres  néologies  militaires  :  supercanon, 
supercroix  de  fer,  super  dirigeable,  supermatériel, 
supermufle,  superpréparation,  superpuissance, 
supersous-marin,  supersubmersible,  supertank, 
superzeppelin. 

asphyxier,  A,  Etonner  à  l'extrême;  289^  inf,, 
-17  ;  I  «  et  quand  on  raconte  une  histoire 
intéressante,  l'on  n'épate  plus  quelqu'un,  mais 
on  «  l'asphyxie  »  »,  Echo  des  Marmites, in  Ann. 
p.  L,  5-11-16,  p.  485,  c.  3  ;  expression  signalée 
«  nouvelle  »  dans  le  Crocodile,  in  B.  des  A-, 
28-2-17  ;  —  dér.  :  asphyxiant,  Epatant,  Chic  : 
«  une  femme  asphyxiante  »,  «  une  marraine 
asphyxiante  »,  Verdun,  -16  ;  —  syssém.  : 
ypériter,  même  sens,  289®  inf.,  17-18  ;  —  suffo- 
quer, pétrifier,  tuer,  que  renouvelle  une  image 


rappelle  ses  relations  d'avant  la  Révolution  avec  d'aris- 
tocratiques philologues,  (qu'il  flatte  ainsi  du  titre  de 
princes  de  la  philologie)  ;  il  souligne  le  mot  as  ;  son 
«  roi  de  Prusse  »,  Frédéric  II,  parlait  un  fort  hon  français, 

—  48  — 


prise  des  gaz  de  guerre  asphyxiants  et  vé-. 
sicants  ;  —  et,  plus  lointain,  étrangler.  —  B, 
Prendre  sans  payer  ;  d.  ;  —  syssém.  :  étouffer, 
étrangler. 

aspi,  m.,  Aspirant  (grade  entre  adjudant  et 
sous-lieutenant)  ;  94®  inf.,  17-18;  |  dieudonné, 
UAspi,  Matin,  19-9-16. 

atterrissage,  m.,  Chute  d'un  homme  de  son 
haut  ;  fantassins,  mai  18. 

auge,  f..  Gamelle  ;  81®  t.,  -16  ;  |  agatha  ; 
«  Remplissez  vos  auges,  faites  passer  la  porce- 
laine étamée  »,  p'tit  gars.  —  Syn.  :  jatte,  f.  ;  d. 

aussi  sec  !,  D'un  bloc  et  d'une  haleine,  sans 
peur  et  sans  hésitation  :  «  il  s'est  jeté  à  l'eau 
aussi  sec  !  »,  «  il  a  cru  ça,  aussi  sec  !  »,  marins 
d'un  centre  de  captifs,  -18.  Soit  créé  par  Belz, 
2d-m^,  Lorientais,  ou  lancé  par  lui,  le  mot  a 
autour  de  lui  un  grand  succès.  —  Cf.  (?) 
«  —  <...>  Veux-tu  un  peu  de  gnolle  ?  Il  di- 
sait toujours  oui,  allumait  sa  cigarette,  buvait 
d'un  «  cul  sec  »  vigoureux  le  quart  de  verre  de 
«  gnolle  »  du  colonel  et  repartait  »,  decoin, 
Gu.  Aér.,  1-2-17,  p.  190. 

autobus,  m.,  «  morceau  de  viande  que  la 
meilleure  des  mâchoires  se  refuse  à  entamer  », 
AGATHA.  —  L'idée  n'est  pas  Viande  apportée 

—  49  — 

■SNAULT  4 


au  ravitaillement  par  les  autobus  (comme  le 
pense  sain.)  mais  Viande  à  consistance  de 
pneumatique  d'autobus.  C'est  une  synecdoque 
de  *pneu  d'autobus,  non  une  métonymie  du 
contenant  pour  le  contenu.  —  Syssém.  et  syn.  : 
rognure  de  taxis,  f.  ;  agatha  ;  —  viande  blindée, 
f.,  D.  ;  —  «  Du  bifteck  de  bœuf,  ça  ?  Du  bifteck 
de  bicyclette,  oui,  plutôt  »,  Feu,  22  ;  —  ber- 
gougnan,  m.,  d.  ;  —  michelin,  m.,  20®  chass., 
-16  ;  —  bibendum,  m.,  ib.  ;  —  allusions  au 
pneu  Bergougnan,  au  Michelin  dont  l'élasticité 
«  boit  »  l'obstacle,  et  à  l'allégorique  Bibendum, 
(voir  pagéol)  ;  —  élastique,  m.,  16®  chass.,  -18. 
—  Cf.  tire-fiacre,  Viande  coriace,  rabasse  ; 
RiG.  ;  avec  son  superlatif  bout  de  brancard,  m., 
360®  inf.,  14-15,  —  dont  l'idée  est  que  le  rata 
a  été  fait  avec  du  cheval,  voiture  com- 
prise. 

autobus,  m.,  A,  Gros  obus  au  moment  de  son 
arrivée  ;  cycliste  (du  65®  t.)  à  la  Sous-Int^e  de  la 
22®  Don  inf.,  Berry-au-Bac,  -16  (Parisien).  — 
L'autobus  qui  stoppe  fait  exactement  le  même 
«  dzimm  »  que  le  gros  obus  vers  son  point  de 
chute.  —  Syssém.  :  madeleine- bastille,  m.,  même 
sens  ;  65®  t.,  Berry-au-Bac,  -16.  —  B,  Gros  obus 
sur  sa  trajectoire  :  «  l'autobus  de  Vauquois  qui 

—  50  — 


s'en  va  chez  les  Boches  »,  Bourru,   189.  —  Cf. 
rapide  d^Asie. 

auxi,  m.,  Auxiliaire  (soldat)  :  «  Les  braves 
auxis  »,  Œu9re,  4-10-16,  p.  2,  c.  2  ;  «  Les  «  auxis  » 
aux  usines  »,  titre.  Phare  de  la  Loire,  16-11-16, 
p.  2,  c.  4.  —  Selon  fagus,  563,  le  procédé  de 
l'abréviation  «  rétracte  l'auxiliaire  en  occis  (au 
prix  d'un  savoureux  calembour)»  ;  il  y  a  apo- 
cope, sans  calembour  avec  un  mot  peu  popu- 
laire et  justement  opposé  à  l'idée  d'Auxiliaire. 

aviateur,  m.,  Voleur,  Larron  ;  agatha.  — 
Calembour  sur  çol. 

ax,  m..  Auxiliaire  (soldat)  :  «  Ax,  c'est  la 
dernière  création  »,  l.  d.,  France  Militaire, 
26  et  27-8-17.  —  De  la  marque  AX,  lettres  de 
drap  rouge  cousues  à  la  manche  droite  du 
soldat  auxiliaire.  Cf.  ex. 

babouin,  m..  Mannequin  que  les  Boches 
agitent  dans  leur  tranchée  pour  illusionner  nos 
tireurs  ;  81^  t.,  -14.  —  Babouin,  Figure  gro- 
tesque, a  été  un  terme  militaire,  hdt. 

bacante,  f.,  Moustache  ;  Parisiens,  15-17  : 
«  mes  bacantes  sont  bien  ?  »,  Ma  mioustache 
fait  joli  ?  —  Bacchante,  Barbe,  Favoris,  dans 
LARCHEY,  ainsi  écrit  par  un  hellénisme  sans 
raison,  (cf.  palace),  qui  a  fait,  sans  autre  raison, 

—  51  — 


suspecter  le  mot  (par  sain.,  Sources,  ii,  63), 
est  sans  doute  une  altération  d'un  *hécantey 
Parure  naturelle  du  «  bec  »,  analogue  à  ha- 
quettes  -< —  béquettes,  que  signale  hdt.  —  son- 
ner aux  bacantes,  Embêter  ;  «  Ah  !  ils  nous 
sonnent  aux  bacchantes  »,  Ils  nous  bombardent 
de  façon  embêtante,  Cri  de  P.,  vers  juill.  16  ; 
sonner,  c'est  d'ordinaire  Heurter  une  tête  qu'on 
a  saisie  par  les  cheveux  ;  ici  il  s'agit  de  tirer 
sur  les  moustaches  ;  cf.  «  Le  général  Gustave 
Hervé  ayant  ces  temps  derniers  tiraillé  quelque 
peu  les  moustaches  du  Tigre  [Clemenceau]  », 
A.  fr.,  31-1-17,  p.  2,  c.  4. 

bafouille,  f.,  Lettre  ;  81^  t.,  -17,  mais  rare  ;  | 
CHAPELLE  ;  Progrès  de  la  iSomme,.  25-8-16.  — 
Sur   le   modèle   de    habille,  Lettre,   usité   aux 
360®  inf.,  -14,  8®   génie,   -18,  etc.,  ou   apocope 
d^ un* bafouillar de  parallèle  à  babillarde,  Lettre. 

bagoter.  Marcher,  Errer  :  «  des  cuistots  qui 
bagotaient  dans  les  rues  en  tous  sens,  en  chia- 
lant  parce  qu'ils  n'avaient  pas  d'bois  ni  d'char- 
bon  »,  Feu,  32.  —  se  bagoter,  même  sens  : 
«  Est-ce  que  c'est  pas  pus  prop'  d'a'oir  le  pain 
sur  une  étagère,  comme  ça,  que  d'  l'a'oir  à 
s'bagoter  sur  un'  tab'  ?  »,  un  2(j-m®,  -18.  — 
Bagoter,  c'est  Courir  comme  fait  le  hagotier  qui 

—  52  — 


ahane  à  côté  de  la  voiture  des  voyageurs,  du 
domicile  à  la  gare  ou  inversement,  pour  dé- 
charger les  bag  (Bagages)  ;  c'est  par  suite  faire 
du  pas  gymnastique  ;  gauthiot,  79  ;  de  là  idée 
secondaire  de  Fatigue  et  de  Peine  escortant 
ridée  de  Marche.  —  La  forme  pronominale 
se  bagoter,  rare,  est  due  à  urt  chevauchement 
des  verbes  se  trotter,  se  faire  la  paire,  etc.  ;  la 
même  remarque  s'applique  à  se  baguenauder, 
Se  promener,  {Feu,  S9);  se  caleter;  se  mettre  les 
voiles,  (acker,  Classe,  62,  c.  1)  ;  se  pister  ;  se 
trisser  ;  se  mettre  les  cannes  ;  se  radiner  ;  on  dit 
se  barrer  et  aussi  barrer,  (texte  ici  figne).  S'en 
aller. 

baguettes  (mettre  les),  S'enfuir  ;  xxxx®  inf., 
14-15  ;  —  sématisme,  voir  bâtons.  —  D'où 
avoir  les  baguettes,  Manquer  de  courage.  Avoir 
peur  ;  23^  inf.,  -17  ;  8®  génie  et  156e  inf.  (Pari- 
siens), mai  18  ;  —  il  n'y  a  pas  lieu  de  sous- 
entendre,  *a9oir  les  baguettes  de  tambour.  Fla- 
geoler des  jambes  aussi  vivement  que  des  ba- 
guettes de  tambour  en  plein  jeu.  On  met  les 
jambes  à  son  cou  par  un  effet  de  la  peur.  Le 
verbe  açoir,  vide  d'image,  est  ici  par  un  che- 
vauchement de  avoir  les  foies  (ou  d'une  autre 
locution   similaire)    +    mettre  les   baguettes.   — 

—  53  -^ 


Baguettes^  Jambes,  Entrefesson,  est  usuel  dans 
le  bas-peuple  :  se  faire  taper  dans  les  baguettes, 
Se  faire  baiser,  Brest,  08-18,  syn.  de  se  faire 
taper  dans  les  pattes  que  donne  Ross.  (S'il  était 
mieux  de  voir  dans  les  baguettes  de  cette  autre 
locution  une  altération  de  baguettes,  Tenailles 
pour  tirer  le  métal  qu'on  passe  à  la  filière,  cette 
altération  qu  — >-  gu  pourrait  être  une  étymo- 
logie  populaire  cherchant,  à  défaut  d'image, 
un  mot  mieux  connu  ;  mais  elle  pourrait  être 
aussi  un  traitement  phonétique  analogue  à  celui 
de  béquettes,  Pinces  (hdt)  en  béguettes.  Pinces 
(littré)  ;  et  de  toute  façon  ces  baguettes  se- 
raient encore  un  syssém.  de  pinces,  et  désigne- 
raient encore  ainsi  les  Jambes). 

baigneur,  m.,  Sot  :  «  Enfin,  si  vous  voulez 
être  du|dernier  bateau,  ne  dites  pas  à  un  co- 
pain qui  veut  vous  bourrer  le  crânô  :  passe  la 
main,  à  la  gare,  ou  tu  bouscules  le  pot  de  fleurs, 
mais  «  tu  me  prends  pour  un  baigneur  »,  Ex- 
pressions à  la  mode,  Ver- Luisant,  in  Front, 
16-2-17,  (v.  ici  poisse)  ;  V,  du  p.  - —  Semble  en 
relation  avec  envoyer  au  bain,  Envoyer  pro- 
mener :  «  Mon  capiston,  depuis  cette  affaire-là, 
je  l'envoyais  au  bain  toutes  les  fois  que  j'avais 
affaire  à  lui  »,  48®  t.,  -16  ;  cf.:  «  Mince  de  mince  ! 

^  54  -^ 


<...>>  Si  après  ce  coup  là  nous  ne  sommes  pas 
bombardés  dans  l'ordre  de  la  Jarretière,  je 
veux  bien  aller  au  «  bain  ))  )),  propos  d'un  mé- 
cano aviateur,  h.  delaronce,  Croquesel,  3,  in 
France  Militaire,  12-10-16  (avec  calembour  sur 
l'Ordre  du  Bain)  ;  —  être  en  plonge.  Etre  de 
service  surabondamment,  collège  de  Meaux, 
-05,  semble  à  rattacher  à  l'anglais  plunge, 
Difficulté. 

P|balancé,  Fait,  Bien  fait  ;  très  usuel,  soldats 
et  marins  :  «  Voilà  qui  est  balancé, c'est  foutu  )), 
dit  un  fourrier  admirant  un  état  nominatif 
calligraphié,  81®  t.,  août  16  ;  «  Q'est-ce  que 
t'as  ?  T'as  l'air  bien  balancé  !  »,  Quelle  est  ta 
maladie  ?  Tu  a^  l'air  sohde,  81®  t.,  sept.  17  ; 
—  mal  balancé,  Disgracié  de  la  nature  ;  aga- 
THA,  112,  (avec  le  syn.  mal  éclos,  ib.)  —  Syn., 
ballotté,  foutu,  jeté,  ont  le  même  emploi  :  «  c'est 
un  rien,  mais  c'est  jeté  »  ;  ||  être  bien  jeté  par 
les  pinces,  Avoir  de  jolies  jambes,  Schw.  Sold., 
79)  ;  —  «  y  a  pas  à  chiner,  c'est  foutu  »,  Bien 
agencé,  en  parlant  d'une  machine.  Bien  peint, 
d'un  tableau  ;  —  «  T'es  bien  ballotté  ;  qu'est-cç 
t'attends  pour  aller  faire  risette  aux  Boches  ?  », 
Gaspard,  183.  Les  articles  ci-dessous  confirment 
cette  série  syssémantique. 

—  55  — 


balancer,  Jeter  :  A,  Rejeter  (peu  importe  où) 
qqch.  ou  qqn  dont  on  se  veut  débarrasser  : 
«  les  déséquilibrés  qui  ont  encore  des  illusions 
antialcooliques  ou  qui  n'ont  pu  admettre  la 
suppression  du  Pernod  «  balancent  leur  gnôle  »  », 
Echo  des  Marmites,  in  B.  des  A.,  8-11-16.  — 
Syn.,  laisser  tomber,  laisser  glisser,  déposer, 
semer,  servir,  signifient  aussi  le  même  geste  de 
colère,  de  soulagement  et  de  dédain  ;  «  l'impé- 
ratif «  Laisse  tomber  !  »  équivaut  à  «  Ne  dis 
rien,  reste  tranquille  »  »,  j.  l.,  Temps,  21-10-16  ; 
laisser  tomber  un  ami,  c'est  le  Rejeter,  le  livrer 
à  son  triste  sort  animal,  à  son  poids  brut  indi- 
viduel, le  désocialiser  :  «  son  chef  devait  le 
couvrir,  il  l'a  laissé  tomber  »,  S.  A.  P.-X,  juill.l6  ; 
cf.  Feu,  123,  217  ;  —  «  Si  le  poilu  sait  qu'il  aura 
à  employer  contre  les  Boches  le  procédé  de 
combat  qu'on  lui  montre  à  l'arrière,  il  aura  à 
cœur  —  l'amour-propre  s'en  mêlant  —  de  le 
bien  connaître.  Mais  s'il  doit,  champion  de  sa 
spécialité  à  Tarrière,  se  mettre  à  l'école  d'une 
autre  à  l'avant,  il  haussera  les  épaules  et  lais- 
sera tout  «  glisser  »...  »,  a.  l.,  Journ.,  3-9-17  ; 
—  «  L'on  ne  plaque  plus  un  raseur,  on  le  «  dé- 
pose »  ou  on  le  «  laisse  »  tomber  »,  Echo  des  Mar- 
mites, in  Ann.  p.  L,  1-11-16,  p.  485.  —  Même 


50 


se  laisser  tomber,  Etre  tué  :  «  Il  s'est  laissé  tom- 
ber à  Dixmude  »,  un  2d-m«,  fév;  18,  s'explique 
immédiatement  par  s'expédier  par  terre,  Tom- 
ber ;  —  et  être  servi  signifie  Etre  jeté  à  terre 
par  son  appareil  ;  aviateurs  ;  |  l'infortuné  «  se 
trouve  «  servi  »  [dans  un  «  cheval- de-bois  »] 
sans  même  avoir  eu  le  temps  d'y  rien  com- 
prendre »,  R.  w.,  Gu.  Aér.,  15-2-17. 

B,  Jeter  (à  qqn  qqch.,  pour  qu'il  le  reçoive)  ; 
Parisiens  au  81®  t.,  14-17  ;  usuel  notamment 
et  général  à  propos  de  grenades  ;  |  «  la  bar- 
baque  qu'on  nous  a  balancée  hier  »,  Feu,  22  ; 
«  en  leur  balançant  entre  les  côtes  des  centaines 
de  pastilles  à  la  minute  »,  e.  c.  Pet.  Journ., 
8-4-16,  propos  d'un  mitrailleur  ;  «  On  a  été 
tous  deux  jusqu'à  la  carrière.  On  a  balancé  des 
grenades  ;  les  Boches  sont  sortis  »,  propos  d'un 
chasseur  alpin.  Illustration,  14-10-16,  p.  348, 
c.  3.  —  Outre  un  cadeau  ou  un  projectile,  on 
peut,  figurément,  balancer  des  paroles  :  «  Re- 
garde un  peu  ce  qu'il  nous  balançait  l'autre 
jour  :  »,  suit  la  phrase  ridicule  du  camarade 
désigné  par  «  il  »  ;  |  «  J'vas  lui  balancer  un 
perco  de  ma  façon,  à  c'syphilo-là  »,  Feu, 
21-8-16.  —  Syn.  envoyer,  servir,  passer,  lais- 
ser   tomber,    jeter,  ont    les    mêmes     emplois  : 

—  57  — 


envoyer  une  chanson,  la  Chanter  ;  em^oyer  un 
boniment,  Dire  qqch!  qui  a  quelque  style  ; 
—  sentir  un  bobard,  Enoncer  une  *  opinion 
ahurissante  ;  sentir  des  gnons.  Donner  des 
coups  de  poing  ;  " —  «  qu'est-ce  qu'il  va  nous 
passer  [comme  engueulade]  ?  »,  benjamin, 
Journ.,  17-6-16  ;  «  Au  cours  d'une  préparation 
d'artillerie  française  le  poilu  a  le  sourire  <<...>> 
«  Qu'est-ce  qu'on  leur  passe  !  »  crie-t-il  en  se 
frottant  les  mains  »,  Poilu  du  6-9,  in  B.  des  A., 
15-11-16  ;  —  «  Mince  d'arrosage  !  Qu'est-ce 
qu'y  nous  ont  laissé  tomber  !  »,  a.  a.,  Contes 
ver.,  242  ;  «  on  s'est  laissé  tomber  à  pleins  go- 
dets, dans  l'iampion,  du  réglisse  qui  se  posait 
un  peu  là,  du  bouché  »,  Feu,  21-8-16  ;  —  en 
jeter  un  coup,  En  fiche  un  coup,  Travailler, 
Feu,  146  ;  —  d'où  :  ça  en  jette  un  coup,  C'est 
du  beau  travail,  Mousqu.,  181.  —  Il  est  évi- 
dent que  cette  série  de  syn.  procède  du  geste 
par  lequel  un  ouvrier,pour  fournir  un  outil  ou  des 
matériaux  à  un  camarade,  les  sert  et  les  passe 
en  les  jetant  ou  balançant  ou  laissant  tomber. 

Le  sens  A  se  trouve  dès  -81,  rig.  :  «  balancer 
son  personnel,  sa  môme  »  ;  B  semble  plus  ré- 
cent ;  «  j"ui  ai  balancé  un  rencard  »,  Je  lui  ai 
donné  un  rendez-vous. 

—  58  — 


balancer  (s'en),  ^e  faire  de  qqch.  nul  cas  ; 
fm'en  balance,  Parisiens  au  81®  t.,  août  14  ; 
360®  inf.,  -14  ;  parisianisme  en  vogue  crois- 
sante ;  I  Gaspard,  252  ;  «  J'm*en  balance,  des 
aristos,  moi  »,  boulanger,  Est- Républicain, 
20-8-16,  réponse  d'un  poilu  invité,  ironiquement 
d'ailleurs,  à  dire  comme  dans  «  l'monde  rupin  » 
19  heures  pour  7  heures  du  soir.  —  Syn.  et 
remplaçants  :  foutre,  coller,  flanquer,  tous  verbes 
signifiant  Donner  brutalement  :  il  s'en  fout  ;  — 
je  TPien  colle,  Peu  m'importe  ;  lycéens  Brest, 
-90  ;  —  «  tu  te  flanques  des  signes  »,  Tu  te 
moques  des  louis,  Philibert,  237. 

balaneetictuer,  Renvoyer  ;  «  I'  faut  baianc'ti- 
quer  tous  ces  mecs-là  »,  81®  t.,  -17  ;  \\  balansti- 
quer,  dlle.  —  Suffixation  libre  de  balancer  ; 
cf.  ramastiquer,  Ramasser,  pastiquer,  Passer, 
chanstiquer.  Changer.  Cf.  chalausticer  (?),  Men- 
tir, Grossir  les  choses,  d. 

balayeuse,  f.,  Dernier  train  de  nuit  ramenant 
les  permissionnaires  au  front,  fagus,  563.  — 
Syssém.  :  balai.  Omnibus  qui,  partant  le  der- 
nier de  la  soirée,  ramasse  sur  la  chaussée  des 
gens  attardés,  Paris,  -84  et  avant  ;  —  raclette. 
Ronde  de  police,  larciïéy. 

baldingue,     m.,    Equipement    du    cavalier  ; 


59 


HENRioT.  —  Suffixation  libre  sur  ballot.  Voir 
i^aldingue, 

ballot,  1,  Homme  sot  ;  usuel,  surtout  aux 
Parisiens,  et  général  ;  Il  ross.  ;  «  c'est  un  ballot, 
c'tte  môme-là  !  »,  carco,  Innocents,  101.  — 
ai^oir  tout  du  ballot.  Etre  un  parfait  sot.  ■ —  Mé- 
taphore de  fonction,  en  ce  que  la  fonction  d'un 
ballot  est  purement  négative.  —  Syssém.  :  la 
pochetée;  le  colis,  (par  ex.,  j.  des  vignes  rouges, 
Journ.,  31-12-16,  à  propos  d'un  aspirant  jeunot 
qui  semble  plus  encombrant  que  dirigeant)  ;  le 
paquet,  («  que  j'suis  assez  paquet  »,  Feu,  21-8-16); 
la  malle  («  .Que  malle,  ce  Russien-là  !  »,  boyer- 
rebiab,  24  'Heures,  111)  ;  le  sac  {ib.,  111  ;  Ber- 
trand, Pépète,  64,  120)  ;  le  baluchard,  agatha  ; 
V.  du  p.,  —  suffixation  libre  de  baluchon  ■ —  ; 
autre  syssém.,  occasionnel  au  moins  :  le  sac  à 
terre  :  «  Dites  donc,  fourrier  ?  Parmi  vos 
aïeux  ?  Est-ce  que  vous  n'auriez  pas  un  sac  à 
terre  ?  »,  un  adjudant,  81®  t.,  sept.  17. —  Sur 
ballot  se  greffe  la  queue  anecdotique  à  la  gare  ! 
ou  au  bout  du  quai  !,  ou  à  la  gare  au  bout  du 
quai  I,  qui  s'accompagne  dé  la  main  agitée  la 
paume  en  arrière  devant  l'épaule  et  qui  signifie 
Tu  m'embêtes  ou  II  m'embête.  Elle  semble 
avoir  éclos  en  -13  ;  agatha  la  donne  ;  quoi<^ue 

—  60  — 


Connue  des  parisianisants,  je  n*ai  commencé 
à  l'entendre  au  81®  t.  qu'en  mars  16  ;  donnay, 
Impr.,  75,  la  suppose  encore  ignorée  d'une 
dame  patronesse.  —  2,  Sot  :  «  C'qu'y  a  d'ballot 
c'est  que  c'est  toujours  nous  qui  faisons  les 
corvées  et  l'aut'  compagnie  n'en  fout  pas  une 
rame  »,  81®  t.,  -15  ;  |  dauzat,  16-4-17.  —  Sub- 
stantif pris  adjectivement  ;  cf.   boulot, 

balocher,  1,  Etre  ballotté  :  «  Le  vin  balochait 
autour  de  lui  et  glougloutait  dans  le  fer-blanc 
[des  bidons  qu'il  portait]  »,  arnoux,  Matins 
3-4-18  ;  —  se  balocher  comme  un  arbre^à  prunes, 
Faire  des  courbettes  répétées  (pour  saluer), 
patois  d'Armentières,  -18  ;  —  2,  Arriver  en 
flânant  :  Voilà  les  artilleurs  «  qui  balochent  au 
mitan  du  couloir  »,  Cabaret,  468  ;  la  torpille 
aérienne  «  baloche  juste  sur  notre  tête  »,  ib., 
459  ;  (I  balocher,  Flâner  en  rigolant  ;  ri  g., 
DLLE,  ROSS.  —  C'est  au  verbe  baller,  Danser, 
Marcher  à  pas  mesurés,  hdt,  quelque  désuet 
qu'il  soit,  que  balocher  se  rattache  le  mieux  par 
la  forme  et  par  le  sens.  Cf.  rasoche. 

bamboula,  m..  Tirailleur  sénégalais  ;  D.  m.  p. 
—  Bamboula,  Nègre  ;  usage  général.  Cf.  ma- 
labar. 

banane,   f.,   Décoration   de  la   Médaille  Mih- 

—  61  — 


taire  ;  52®  c^^,  août  18  ;  |  aviateurs,  Mousqu., 
254;  —  similitude  des  couleurs,  jaune  et  vert 
clairs,  du  fruit  colonial  et  du  ruban  de  la  mé- 
daille. —  Cf.:  tomate,  f..  Décoration  de  la  Légion 
d'Honneur  ;  officiers  de  marine,  mai  18  ;  — 
omelette  aux  fines  herbes,  f.,  Fourragère  aux 
couleurs  de  la  Médaille  Militaire,  franconi, 
Un  tel,  142  (qui  attribue  la  métaphore  à  un 
Parigot  de  Charonne)  ;  —  oignon. 

baoulier,  m.,  Homme  de  corvée  pour  aller 
chercher  le  repas  aux  cuisines  ;  fantassins,  sec- 
teurs de  l'Aisne,  mai  18.  — •  baoule,  f..  Marmite, 
Chaudron  ;  ib.  —  Originaire  de  la  région  de 
Dinan  et  Pleurtuit,  Le  Bars,  jeune  fantassin 
témoin  de  ce  mot,  voit  en  baoule  du  patois  de 
l'Aisne  ;  mais  son  régiment  comptait  nombre 
de  Vendéens  ;  or,  au  Croisic,  12-14,  la  baoule, 
est  le  Panier  que  porte  à  dos  le  pêcheur  de  cre- 
vettes ;  en  espagnol  baoul,  m..  Colis.  Plus 
lointain  est  bouille,  boille.  Récipient  pour 
transporter  le  lait  à  la  ville,  en  Jura  suisse. 

baptisé,  m..  Aviateur  qui  a  fait  son  premier 
vol  (avec  défense  de  rien  toucher  aux  com- 
mandes) en  compagnie  d'un  moniteur  :  «  Le 
«  baptisé  »  descend  un  peu  pâle  »,  thavet. 

barbaque  !  (à  la),  A  la  viande  !,  commande- 

—  62  — 


ment  (du  troupier)  pour  aller  à  l'assaut  ;  d.  — 
barbasse,  f.,  Viande  ;  81^  t.,  cet.  14,  un 
voyou  nantais  ;  2^  c^^,  oct.  18.  —  Substitution 
de  suffixe  :  barbaque.  Viande,  usuel  à  l'école 
J.-B.  Say,  Paris,  1900-01,  donné  par  ross., 
tandis  que  ri  g.,  vingt  ans  auparavant,  donne 
barbèque,  a  pour  vraisemblable  étymologie  le 
roumain  berbec,  Mouton,  et  daterait  de  -55  ; 
nos  soldats,  occupant  la  Dobroudja,  y  mangè- 
rent le  mouton  d'Orient  au  goût  fort  ;  le  même 
traitement  de  -bec  en  -bac  se  retrouve  dans 
morbaqucy  Morpion,  pour  lequel  rig.  ne  con- 
naît que  morbec.  —  Cf.  malabar, 

barbelé,  m..  Fil  de  fer  barbelé:  général;  | 
«  les  boîtes  de  singe  qu'on  avait  accrochées 
aux  barbelés  »,  saint- cassin,  Temps  Buté,  in 
FTbnt,  1-9-16.  —  D'où  barbouillé,  m.,  même 
sens  ;  81^  t.,  nov.  16  ;  fantassins  dans  l'Aisne, 
2^  c^l,  -18  ;  I  «  planter  sur  la  plaine  <...>  des 
fils  de  fer,  du  «  barbouillé  »  »,  l'autre  sergent, 
Œuçre,  4-11-16.  — -  Déformation  consciente 
comportant  allusion  au  méli-mélo  embar- 
bouillant  de  ces  fils. 

barda,  m..  Fourniment,  ensemble  des  objets 
affectés  à  un  fantassin,  et  dont  la  pièce  de 
résistance    est    le    havresac  ;    usage    général  : 

—  63  — 


«  tout  mon  barda  »  ;  ||  «  l*activité  silencieuse 
des  tribus  -<...>>  rangeant  le  harda  »,  p.  et  v. 
MARGUERiTTE,  Braves  Gens,  35.  —  Mot  dû  aux 
zouaves,  ross.  ;  aux  soldats  d'Afrique,  D.  m.  p.; 
«  Le  «  barda  »  est  le  sac  du  tirailleur  ;  il  est 
formé  par  la  toile  de  tente  dans  laquelle  sont 
roulés  les  effets  ;  les  quatre  coins  de  cette  toile, 
noués,  forment  deux  bretelles  où  passent  les 
bras  »,  baratier,  Epopées  africaines,  80.  Cette 
définition,  supprimant  l'image  du  havresac 
rigide,  a  l'avantage  de  nous  rapprocher  de 
l'origine  du  mot,  savoir  l'italien  harda.  Cou- 
verture de  cheval.  —  Cf.  malabar.  —  Bazar, 
au  lieu  d'exprimer  le  Fourniment  par  son  en- 
veloppe, considère  la  multiplicité  des  articles. 
' —  bardin,  m.,  même  sens  ;  inf.,  secteur  174, 
'18  ;  HENRIOT  ;  LAMBERT  ;  D.  —  Dér.  de  barda  ; 
le  suffixe  est  peut-être  dû  à  bardin,  m.,  Tout 
ce  qu'un  fleuve  laisse  sur  les  rives  après  la 
crue,  Loire  -Inf, 

barder,  Etre  ou  Devenir  intense,  dur  ;  81®  t., 
14-17  ;  marins,  17-18  ;  usage  général  :  «  Ça 
barde  pour  ma  pomme  »,  Il  m' arrive  une  affaire 
épineuse  ;  |  «  Celui  qui  n'a  pas  vécu  en  hiver 
dans  une  tranchée  où  ça  barde  ne  sait  pas  com- 
bien la  vie  peut  être  une  chose  simple  »,  apol- 

—  64  — 


LiNAiRE,  M,  de  Fr,,  16-2-16  ;  «  il  y  a  des  coups 
que  ça  bardait  »,   donnay,   Impr,,  64;   ||  mot 
usuel  au  19®  inf.  (Brest),  -94  ;  chez  les  soldats  à 
Nantes,  -12  ;  et  m'est  attesté  usuel  à  Rouen, 
-90  ;    Rennes,    -95  ;    l'Ecole    Normale    Supé- 
rieure,   -99  ;    Dol,   -01  ;    Caen,    -08  ;   Constan- 
tine    (chasseurs   d' Afrique)  ;   -09  ;   il   est   dans 
ROSS.  ;    «    D'après    ses    prévisions,    le    combat 
durerait  longtemps.  «  Ça  bardait  ».  »,  charly, 
dans     V  Indiscret,     dernier    trimestre     -05     ou 
l®r  trim.   -06  ;  «   Merde  !   ça   allait  rien  bar- 
der !  »,  PERGAUD,   Guerre  des  boutons,  72  ;  ib. 
270  ;  «  Tu  parles  si  ça  va  barder  »,  m  argueritte, 
Fabrecé,  I,  i  ;  «  faisons-nous  des  progrès  au  con- 
cert ?  —  Ça  pige,  ça  barde,  ça  boulotte  »,  Echa- 
lote,   XVII,    58.  —  Sens  et  emploi    intransitif 
développés    de    barder,    Transporter    avec    un 
bard,  (des  pierres,  par  ex.)  ;  on  disait  fort  bien, 
au  19®  inf.,  -95,  «  Je  vais  vous  faire  barder  »  ; 
de  là  bardée.  Charge  :  «  avoir  une  bardée  », 
Avoir  le  plein  de  l'estomac,  à  propos  de  buve- 
ries,  ouvriers  nantais,  -15  ;  «  être  bardé  »,  Etre 
ivre,  un  Nantais,  -18  ;  bardée.  Excès  de  boisson, 
est  angevin,  verrier  et  onillon  ;  puis  barder, 
Etre  lourd  :  «  des  colis  qui  bardaient  »,  ross.  ; 
et  barder,  transitif.  Traiter  durement  :  «  m*ame 

—  65  — 

ïtSNAULT  ^  5 


Bèzômajou  trouve  quèque  chose  de  nouveau 
pour  nous  «  barder  «  »,  Contes  de  Bibi-Tapin, 
Le  Colonel  Briquemol,  5.  —  Il  peut  y  avoir  eu 
influence  de  bardot^  1,  Petit  mulet,  2,  Souffre- 
douleur,  vTête  de  Turc  ;  alors  barder  intransitif 
serait  syssém.  de  muter,  turquer,  Peiner.  L'an- 
glais a  drudge,  Esclave,  Bardot,  et  to  drudge, 
Travailler  péniblement.  —  La  traduction  Etre 
entrebâillé,  pour  une  poche  qui  «  barde  »,  In- 
térieur des  prisons  (1846),  n^est  peut-être  duo 
qu'à  une  attention  excessive  accordée  à  un 
emploi  particulier  du  mot. 

barre  !  (zéro  la),  Rien  !  ;  marins,  16-18,  très 
usuel:  «  je  suis  rendu  a  mon  bâton  de  maréchal 
et  suis  bien  heureux  car  au  moins  je  n*ais  pas  à 
me  manger  le  sang  pour  tacher  de  gagner  avec 
des  supérieurs  qui  ce  fiche  de  toi  quand  il  te 
voyent  à  moitier  crevé  par  le  boulot  qu'ils  te 
font  faire  [;]  pour  moi  rien  à  faire  [;]  que  l'on 
me  donne  du  monde  et  je  fais  travailler  [;]  au 
cas  contraire  zéro  la  barre  !  »,  un  2d-m®  mé- 
canicien, 7-9-16.  —  La  barre  du  gouvernail  est 
actionnée,  au  moyen  d'engrenages  et  d'un 
moteur,  par  la  commande  qui  est  aux  mains 
de  l'homme  de  barre  ;  cette  commande  est 
d'ordinaire  une  roue  à  poignées  ;  devant  cette 

—  66  — 


foue  Thomme  de  burre  voit  l*axiomètre,  où 
l'aiguille  marque  zéro  quaud  elle  est  perpen- 
diculaire au  plan  de  la  roue  et  parallèle  à  l'axe 
du  bâtiment.  Le  cadran  de  l'axiomètre  porte 
70  divisions,  35  à  gauche  du  0,  autant  à  droite  ; 
l'officier  de  quart  commande  «  5  à  droite  !  )), 
«  zéro,  la  barre  !  »,  «  8  à  gauche  !»  — 'Le  com- 
mandement «  zéro  la  barre  »  ayant  une  valeur 
réelle  et  un  effet  positif,  la  barre  dans  notre 
locution  argotique  n'est  qu'une  queue  roman- 
tique sur  zéro,  Pas  de....  Rien,  ex,  :  «  Pourquoi 
aussi  qu'on  n'a  rien  de  rien  ?  Faut  faire  la 
soupe,  zéro  bois,  zéro  charbon  »,  Feu,  33,  usuel 
avant  -14,  dû  à  l'influence  des  documents 
écrits,  notamment  des  états  administratifs,  (et 
qui  se  range  ainsi  parmi  les  produits  de  l'in- 
fluence grandissante  et  abusive  de  l'écriture 
sur  la  langue,  1^,  avec  un  point  c^est  tout  qui 
sévit  dans  le  style  oral  depuis  au  moins  1902  ; 
2^,  avec  bâton,  rat,  érème,  le  six-sept,  le  sys- 
tème D  ;  3^,  avec  domp-ter,  som-met,  ga-geu-re 
et  autres  prononcés  barbares). 

barré,  Ivre;  mécanos   d'avo»,  p^u^   mars  18. 

barreaux  de  la  chaise  (les),  les  Minuties  : 

«  à  la  guerre,  il   ne    faut    pas    s'embarrasser 

dan»    les  barreaux    de    la   chaise   »,    Chercher 

—  67  - 


la    petite    bête,    Etre     difficile,    j^aràud,    ?1. 

bastos,  f.,  Cartouche  de  fusil  ;  légion  étran- 
gère ;  D.  ;  —  métaphore  de  forme  ;  en  outre,  les 
bastos  sont  des  cigarettes  à  bon  marché,  comme, 
parmi  les  projectiles,  les  cartouches  ;  une  car- 
touche est  un  obus  réduit  ;  bastos,  Cartouche, 
est  le  diminutif  de  cigare,  Obus.  —  Syssém.  : 
bigarrette,  f.,  Cartouche  ;  d.  ;  —  apparenté  à 
pégarre,  f.,  Cigarette,  mécanos  d'avon  Pau,  -18. 

bastringue,  m..  Fourniment  :  «  se  mettre  le 
bastringue  sur  le  dos  »,  2^  c^^,  -18.  —  Ici  comme 
aux  autres  sens,  Lieu  public  de  danse  et  de 
buverie.  Tapage,  Etui  à  outils  pour  malfai- 
teur, bastringue  répond  à  autant  d'acceptions 
de  bazar  et  s'avère  suffixation  libre  de  bazar  ; 
bordel  a  aussi  les  quatre  mêmes  sens. 

barriau  (sauter  le).  Escalader  le  parapet  pour 
attaquer  ;  95^  inf.  (Berrichons),  14  (Bois-Brûlé, 
forêt  d'Apremont),  -18.  - —  Barriau  (prononcé 
berrichon  ou  nivernais  de  barreau,  désigne 
dans  le  Centre  la  palissade  ou  la  barricade  mo- 
bile, sorte  de  Porte  entre  deux  enclos.  Fin  -14, 
début  -15,  de  petites  échelles  de  bois  étaient 
dressées  de  place  à  autre  contre  le  parapet  de 
la  tranchée,  au  Bois-Brûlé,  pour  parer  à  tout 
imprévu,  les  attaques  locales  étant  fréquentes. 


Barriau  fut,  d'abord,  soit  l'échelle,  soit  le 
parapet,  et  en  tout  cas,  Téchelle  disparue  et 
le  mot  conservé,  le  parapet. 
.  bataille  de  confettis,  f..  Chargement  de  char- 
bon à  bord  ;  marins,  16-18  :  «  Demain  y  a  ba- 
taille de  confettis  ».  —  La  poussière  de  charbon 
vole  à  la  figure. 

bâton,  m..  Bataillon  ;  usage  général  ;  |  Caba- 
ret, 465.  —  A  cause  de  l'abrégé  «  bat^^  »,  dont 
se  sert  le  fourrier  et  le  peintre  sur  voiture.  De 
même  dans  la  marine  lieu  de  çaUj  Lieutenant 
de  vaisseau,  à  cause  de  l'abrégé  «  lieu,  de  v^^  ». 
Cf.  déesse,  chasse-patte,  -ou,  cuir,  cama.  —  D'où 
père-bâton,  m..  Chef  de  bataillon  ;  40®  art.,  -18. 

bâtons  (mettre  les).  S'en  aller,  Se  sauver  ; 
8le  t.,  mars  16  ;  S.  A.  P.-X,  oct.  16  ;  46®  inf., 
16e,  20e  chass.,  -17  ;  40®,  53®  art.,  17-18  ;  ma- 
rins, 18.  - —  Où  me^on  les  bâtons,  c.-à-d.  les 
Jambes,  pour  se  sauver  ?  on  les. prend  à  son  cou. 
Le  fantassin  se  plaint  d'avoir  les  jambes  raides 
«  comme  du  bois  »,  comme  des  bâtons  de  chaise 
(rig.),  des  quilles,  des  poteaux,  des  échasses,  des 
badines  (rig.),  des  baguettes.  Cette  étymologie 
semble  adéquate,  et  celles  qu'on  m'a  proposées, 
de  voir  dans  les  bâtons  soit  des  timons  de  voi- 
tures, soit  des  leviers  de  direction  d'avion,  je 

—  6»  — 


ne  puis  que  les  remettre  jusqu'à  preuve  d'ori- 
gine aviatrice  ou  trainglote  ;  le  pluriel  les 
bâtons,  qui  les  contredit,  est  constant.  —  Sys- 
sém.  :  mettre  les  bouts  de  bois,  Partir  ;  46®  art., 
46  ;  46^  inf.,  -17  ;  53^  art.,  130e  inf.,  2^  cal, 
-18  •  «  J'ai  pris  mon  violoncelle  et  j'ai  mis  les 
bouts  de  bois  dans  le  salon  )).  un  brigadier 
violoncelliste  ;  «  V'ià  l'train  qui  met  les  bouts 
de  bois  »,  divers  soldats  ;  ||  mettre  les  bouts  de 
bois  était  usuel  à  Lille  avant  -14,  témoignage 
d'un  jeune  Lillois  ;  —  mettre  les  bois,  Se  sau- 
ver ;  98e  i^f.^  .17  .  95e  inf.,  40e  art.,  -18  ;  — 
mettre  les  bouts,  Se  sauver  :  «Le  coup  de  main 
était  loupé,  on  s'est  mis  les  bouts,  dans  le 
boyau  »,  66e  chass.,  mai  18  ;  —  mettre  les 
cannes,  Partir  ;  46e  inf.,  -17  ;  40e,  53e  .^rt., 
13e  tir.  alg.,  matins,  -18  ;  «  maitre  les  cannes  », 
Quitter  le  secteur,  un  soldat  du  1er  étranger, 
lettre,  sept.  16  ;  [  «  On  m'appelle  à  la  cuis- 
tànce.  Je  mets  les  cannes  »,  chapelle  ;  «  à  se 
mettre  les  cannes,  c'est-à-dire  à  prendre  les 
jambes  à  son  cou  »,  rocher  (cf.  bagoter)  ;  — 
mettre  les  triques,  Partir  ;  sain.  ;  —  mettre  les 
flûtes.  Partir  ;  40e  ^pt.,  -18  ;  —  mettre  les  ba- 
guettes ;  — •  cf.  paturons  et  flubes.  —  Le  soldat 
«uiede  dit  mettre  les  tubès,  Sûhw.  Sold.,  69,  71,  72. 


70 


—  Un  pronom  remplace  ces  noms  ;  on  dit  : 
les  mettre,  Partir  ;  46^  inf.,  -15  ;  très  général 
et  très  usuel  :  «  la  loco  les  met  »  ;  |  «  On  les 
met  »,  «  Mettons-les  »,  «  il  faut  même  qu'ils 
[les  Boches]  les  mettent,  un  jour  ou  l'autre  », 
Feu,  30,  (cf.  167,  208,  218).  —  Et,  le  soldat 
simplifiant  encore  :  «  Dans  les  rangs  l'un  dit 
.  à  l'autre  :  «  Mets  donc  par  quatre,  eh  !  ballot  I  », 
Marche  donc  par  quatre,  luc  platt,  marin 
fusilier,  carnet,  in  PeU  Par.,  20-5-16  ;  de  cette 
dernière  construction  je  n'ai  que  cet  exemple, 
et  elle  est  inconnue  de  plusieurs  bons  témoins, 
fantassins,  artilleurs  et  marins. 

baveux,  m.,  A,  Journal  ;  360^  inf.,  14-15  ;  H 
Paris,  avant  -14  ;  —  haçeux,  Médisant,  dlle. 
—  B,  Savon  ;  marins,  -18  ;   |  «  le  système  ba- 
veux »,  le  Lavabo  (d'un  café),  Feu,  324. 

béard  (laisser),  Laisser  (qqch.)  tranquille  ; 
Un  poilu  a  demandé  où  était  le  bouthéon,  on 
lui  a  répondu  ironiquement,  (c'est  une  des 
scies  du  jour,)  «  derrière  toi  !»  ;  le  bouthéon 
est  sale,  il  demande  où  il  y  a  de  l'eau,  le  chœur 
lui  répond  «  derrière  toi  !  »  ;  alors  l'homme 
exaspéré  :  «  Ah  !  Laissez  ça  «  béard  »  »,  p'^pit 
GARS.  —  Béard,  Tranquille,  dlle. 

béoane,    f.,    Mitrailleuse  ;    un    commerçant 

—  71  — 


aux  halles  de  Paris,  81®  t.,  août  14  ;  un  Nan- 
tais, 8le  t.,  -16  ;  un  1*  mitrailleur,  156®  inf., 
avr.  18  ;  289®  inf.,  mai  18.  —  Bécane  désigne 
toute  Machine  ;  l'application  la  plus  ancienne 
connue  est  Locomotive,  ri  g.  ;  (cf.  bécasse, 
Machine  à  vapeur,  poulot.  Le  sublime,  in  lar- 
CHEY,  1888),  puis  Bicyclette,  IJondeuse  méca- 
nique (le  deuxième  clairon  «  m'a  pas  rasé,  i'  m*a 
«  simpement  »  comme  qui  dirait  tondu  avec 
sa  bécane  »,  boyer-rebiab,  24  Heures,  29), 
Machine  à  écrire,  etc.  —  Géane,  féminin  patois 
(H*- Maine,  par  ex.)  de  géant,  ornemaniste  dé- 
rivé de  ornement,  plafonner,  de  plafond,  prin- 
tanier,  de  printemps,  autorisent  à  voir  en  bé- 
cane le  féminin  du  bécant.  Oiseau,  de  Targot 
faubourien.  L'oiseau  chante,  crie  ;  l'outil,  la 
mécanique,  le  véhicule,  crie,  grince,  guiore  ; 
aussi  la  Fausse  clé  du  cambrioleur  est  un 
oiseau,  grison,  Gil  Blas,  21-4-85,  et  un  rossi- 
gnol ;  la  Voiture  est  une  chignole,  c.-à-d.  une 
pleureuse,  et  une  guimbarde,  c.-à-d.  une  mu- 
sique ;  la  Locomotive,  le  Tank,  l'Avion,  le  Di- 
rigeable, la  Mitrailleuse,  des  bousines,  bousins 
et  zinzins,  Toute  Machine  de  fer  est  donc  une 
oiselle,  une  bécane,  —  Gf.  tacot, 
béqneter,    tr.  et   intr.,  1,  Manger  ;    général, 


plus  usuel  aux  Parisiens  et  Parisianisés  ;  | 
AGATHA  ;  PANTRucHARD  ;  |1  l'image  est  an- 
cienne :  «  Nos  oiseaux  de  proie  [deux  sou- 
peuses  galantes]  recommencent  à  becqueter  », 
LESAGE,  Diable  boiteux  (éd.  Bibl.  Nat.,  I,  138). 
—  2,  Manger  (au  figuré),  Dépenser  :  «  J'ai  bé- 
queté  pus  de  vingt  francs  »,  artilleur  nazairien, 
-17  ;  jl  béqueter  une  thune,  ross.  —  Dér.  :  bé- 
auetance,  f.,  Repas;  13®  tir.  alg.,  -18;  |  becque- 
tance,  pantruchard  ;  poilulogue  ;  bectance, 
Feu,  23  ;  —  becauette,  f.,  Fourchette  :  «  On 
pose  son  godet,  son  couteau,  sa  pelle  et  sa 
becquette  »,  Feu,  21-8-16  Nous  laissons  (sur  la 
table)  verre,  couteau,  cuiller  et  fourchette  ; 
M.  Barbusse  l'a  entendu  «  une  fois  ;  il  était 
peut-être  improvisé»  par  le  parlant;  le  suffixe 
-ette  est  pris  à  fourchette,  le  syn.  prochain^  par 
ce  parasitisme  morphologique,  qui  est,  (cf. 
pép'ère),   une  loi   d'argot. 

berlingot,  m.,  A,  i,  Automobile  ;S.  A.  P.-X, 
nov.  16  ;  I  texte  sous  chaufferette  ; —  2,  Avion, 
«  Suis  le  berlingot  qui  monte  en  chandelle  », 
musidora.  —  Berlingot,  voiture  désuète 
(du  XVIII®  siècle)  ;  d'où  Véhicule  avec  va- 
leur dépréciative  ;  cf.  tacot.  —  B,  Comman- 
dant   du    camp  d'av^^^  de    Pau    et    de    tout 

^  73  -- 


camp  d'avoii  ;  mécanos  d'aven,  Pau,  mars   18. 

berniquette,  f.,  Eau-de-vie  ;  95^  inf.,  7^  c^^, 
très  en  vogue  depuis  mai  18.         . 

bertillette,  f.,  Eau-de-vie  ;  95^  inf.,  7^  c^^, 
très  en  vogue  depuis  mai  18. 

bessonneaux  (faire  des),  Rebondir  au  sol  ; 
aviateurs,  Miramas,  mai  18.  ■ —  Image  prise  de 
l'aspect  ondoyant  d'une  série  de  hangars 
d'aviation  Bessonneau  vus  d'enfilade  et  quant 
à  leut  toit  voûté.  —  Syn.  :  atterrir  au  ricochet^ 
ib. 

biblosco,  m..  Projectile  (quelconque)  ;  usuel 
aux  crapouilloteurs  du  177®  art.,  août  18  ;  — - 
suffixation  de   bibelot. 

bicot,  m.,  1,  1^,  Soldat  de  couleur  de  l'Afrique 
nord,  Arabe,  Berbère,  Marocain  ;  usage  géné- 
ral ;  même,  2^ parfois.  Sénégalais;  1|  se  date  au 
moins  de  -02,  où  se  rendit  fameux  un  «  Bicot 
de  Montparno  »  ;  on  eut  aussi  un  «  Bicot  de 
Montmartre  »,  Journ.j  5-4-03  ;  «  Hein  !  dit  un 
Breton,  on  leur  a  fait  la  pige  aux  mocots  et 
aux  bicots  !  )),  Dépêche  de  Brestj  27-7-06.  — • 
Apocope  de  Arbicot,  suffixation  de  Arbi^  libre 
suffixation  de  Arabe.  —  2,  Marin  chauffeur 
(matelot,  qu^^-m®  ou  sous-off.,  et  non  pas  seu- 
lement quartier-maître  comme  dit  d.  ;  marins, 

—  74  — 


14-18  ;  Il  dès  -98.  — Son  métier  le  fait  bronzé, 
en  fait  un  Noir. 

bicyclette,  f.,  A,  Pince-nez  :  «  T'as  ta  bicyclette 
sur  ton  nez  ?  )),  81®  t^,  mars  16.  —  Métaphore 
sur  la  forme  du  pince-nez  aux  cercles  jumeaux. 
-^  D'où,  plaisamment,  bicycliste,  m.,  Homme 
porteur  de  lunettes  ;  agatha  ;  —  et  non  pas 
dérivé  de  besicles,  comme  dit  sain.  ;  —  et,  syn., 
cycliste  de  bataillon,  m.  ;  2®  c^l,  15-18.  —  B,  Seau 
liygiénique  ;  d.  —  Métaphore,  non  de  forme, 
mais  d'attitude  :  on  l'enfourche  comme  uiio 
bicyclette. 

bidou,  m.,  Simple  soldat  quelconque;  inf., 
secteur  174,  avr.  18  ;  |  «  vulgaire  bidou  )^, 
BRiNGER,  M.  le  Vicomte^  53. 

biff,  m.,  Fantassin  de  ligne  :  «  Hé  !  les  biffs 
de  la  6®  du  ...®  »,  Pépères,  17  ;  —  apocope  de 
biffin. 

bigor,  m.,  Artilleur  de  marine  :  «  Ces  cadres 
admirables,  officiers  et  sous-officiers  de  nos 
marsouins,  de  nos  bigors  et  de  nos  divisions 
algériennes,  tunisiennes  et  marocaines  »,  z, 
Armée  de  1917,  245  ;  H  usuel  à  Brest  dès  >85.  — 
Apocope  de  bigorneau,  même  sens.  Le  bigor- 
neau est  un  mollusque  qui  s'attache  aux  roches 
côtières  ;  l'artilleur  de  marine  en  fait  autant. 

~  7^  — 


RiG.,  LARCHEY,  DLLE  traduisent  bigorneau. 
Soldat  d'infanterie  de  marine  ;  c'est  un  contre- 
sens ;  le  fantassin  de  marine  navigue,  c'est  un 
marsouin  ;  ross.  le  traduit  «  soldat  de  la  ligne 
appelé  ainsi  par  les  zouaves  »  ;  chapelle 
écrit,  dans  une  version  poilu-français,  «  un 
bigorneau  comme  moi  «<•.•>  Le  bigorneaUy 
c'est  le  fantassin  »;  et  on  a  signalé  des  Balkans, 
à  D.,  ce  sens  que  je  n'ai  pas  observé.  —  D'où 
bigorre,  £.,  Artillerie  de  marine  ;  D.  m.  p.  ;  — 
cf.  marsouille, 

bigorner,  1,  Démolir  par  capotage  :  «  se  bi- 
gorner »,  Capoter  à  l'atterrissage  ;  aviateurs,  Mi- 
ramas,  mai  18;  |  «  le  «  coucou  »  est  «  rectifié  », 
«  bouzillé  »,  «  bigorné  »  et  le  «  corbillard  » 
l'emmène  au  «  cimetière  »  <...>  Par  exemple, 
pour  l'atterrissage  il  jfaut  avoir  l'œil  afin  de 
ne  rien  «  bigorner  »  !  »,  thavet  ;  «  de  bigor- 
ner Fritz  »,  de  Détruire  l'avion  boche,  mont- 
GEORGE.  —  2,  Tuer  :  se  faire  bigorner,  Aller  à 
la  mort  ;  13®  tir.  alg.,  -18  ;  en  vogue  générale  ; 

—  se  bigorner,  Aller  à  l'assaut  ;  18®  chass.,  -18. 

—  bigorné,  m.,  Cadavre  ;  Parisiens,  -18  ;  — 
bigorne,  f.,  Trépas  ;  9®  zouaves,  d'où  il  passe 
au  13®  tir.  alg.,  juill.  18  :  aller  ou  monter  à  la 
bigorne,  Aller  se  faire  tuer. 

—  76  — 


billard,  m.,  A,  Terrain  d'exercices  ;  brosser  le 
billard,  Faire  des  exercices  de  guerre  en  ter- 
rain varié  :  «  Demain  les  poilus  au  repos  [au 
cantonnement]  devront  se  contraindre,  comme 
ils  disent,  à  «  brosser  le  billard  )>  —  entendez  à 
subir  les  trois  appels  et  l'exercice  en  campagne 
matin  et  soir.  Après  le  «  travail  »  de  là-bas  [des 
tranchées],  cette  servitude  leur  paraîtra  humi- 
liante, comme  une  rétrogradation  »,  Trois  jours, 
16-7-16  ;- —  l'idée  est  qu'on  frotte  le  terrain 
à  le  faire  reluire.  De  même  briquer,  Frotter, 
(a  briquer  le  pont  du  navire  »),  d'où  briqueviïle, 
Portefaix,  (de  qui  les  courses  astiquent  les 
rues),  et  briquer  la  mer  («  Depuis  deux  ans  qu'il 
«  briquait  »  la  Méditerranée  orientale,  se  lais- 
sant drosser  à  droite,  à  gauche,  <...>  », 
MILLE,  Les  pêcheurs  de  monstres,  Jourrh.,  8-8-17)  ; 
de  même,  gratter  les  paires.  Etre  misérable, 
RiG.  ;  polir  le  bitume,  Se  promener  pour  cher- 
cher pratique,  Jargon  (1849).-  —  B,  Terrain 
de  combat  :  «  F...,  est  cultivateur.  <;...>»  H 
sait  ce  que  pourrait  produire  le  a  billard  »,  tout 
ce  terrain  inculte  —  fécond  seulement  en 
moissons  de  lauriers  !  —  »,  Bochofage,  in  B.  des 
A,,  14-3-17  ;  —  monter  sur  le  billard,  Sortir  de 
la  tranchée  pour  l'assaut  ;  81®  t.,  -15  ;  —  sys- 

—  77  — 


sém.  :  tapis,  m.,  même  sens  ;  monter  sur  le 
tapis,  Sortir  de  la  trancliée  pour  l'assaut, 
81®  t.,  -15  ;  se  battre  sur  le  tapis,  Combattre 
sans  tranchées,  289®  inf.,  -18.  —  C,  Table 
d'opération  chirurgicale  ;  ambulance  de  la 
Maison-Blanche  près  le  Bourget,  janv.  16;  | 
Le  blessé  opéré  sept  fois  s'insurge  quand  on 
lui  parle  d'une  huitième  intervention,  «  et, 
selon  l'expression  consacrée,  déclare  qu'il  ne 
veut  plus  «  monter  sur  le  billard  »  »,  e.  de 
FEUQuiÈRES,  Pet.  Par.,  26-6-16. 

L'idée  comporte  deux  images:  un  espace  plat 
et  un  jeu,  J'entends  aussi  monter  sur  le  billard, 
Se  mettre  au  lit  pour  les  jeux  d'amour,  un  Pa- 
risien, -15  ;  cf.  caramboler  une  femme  ;  ici  et 
dans  l'emploi  C  la  scène  est  vraiment  un  pla- 
teau  ;  si  dans  l'emploi  G  l'acteur  risque  sa 
peau,  si  dans  les  emplois  A  et  B  le  plateau  est 
raboteux,  l'idéô  n'en  est  pas  moins  que  le 
secteur  de  «  no  man's  land  »  à  conquérir  est  un 
champ-clos  où  se  joue  un  jeu  aux  règles  ma- 
thématiques. Les  filles  nomment  tremplin  leur 
endroit  de  racolage,  dlle.  —  Le  secteur  de 
l'assaut  est  aussi  nommé  la  plaine,  2®  c*^, 
-18  ;  — •  le  plateau  :  monter  sur  le  plateau,  Don- 
ner l'assaut,  ib.  ;  —  il  est  schématisé  en  sur- 

—  78  — 


face  plane.  Balayer  les .  planches.  Jouer  dans 
un  lever  de  rideau,  rig.,  rappelle  brosser  le 
billard  d'autant  mieux  que  les  planches  théâ- 
trales sont  nonamées  le  plateau  et  le  tremplin. 
Les  matches  de  boxe  où  deux  champions 
montent  sur  un  plateau  limité  ont  pu  nourrir 
dans  l'imagination  populaire  les  termes  de 
billard  et  de  tapis  :  «  Grassi  se  relève  <<.,.> 
Griqui  le  renvoie  au  tapis  par  un  upper  eut  «, 
Auto,  4-4-18,  p.  2,  c.  4.  {Monter  ^ur  la  plancïw, 
Comparaître  devant  un  tribunal,  boss.,  offre 
une  image  d'escrime). 

biniou,  na.,1,  Clairon,  2,  Soldat  ou  Matelot 
clairon  ;  81^  t.  et  marins,  14-17  ;  109^  inf., 
16-17;  130^  inf.,  2e  0^^,  -18;  n  marins,  19^ 
et  47®  inf.,  95-96.  —  Du  breton  biniou,  Cor- 
nemuse: 

biquet,  m.,  Soldat  de  la  classe  18  ;  18®  inf.; 
-17  ;  I  proposé  par  descaves,  Journ.,  20-3-17  ; 
Marche  des  Biquets,  chanson  de  courtois,  à  la 
suite  du  Doute  impie,  pièce  jouée  en  nov.  17 
au  3®  centre  d'instruction  de  la  IV®  Armée. 

birouie,  f.,  A,  Ballon  captif  d'observation  ; 
2®  mixte,  -18  ;  —  de  biroute,  Membre  viril,  mot 
populaire  (surtout  dans  le  nord)  ;  la  longueur 
du  ballon,  et  la  rondeur  de  ses  bourrelets  sta- 

—  79  — 


bilîsàteurs,  impose  cette  image,  et  les  illustrés 
gais  ne  se  sont  pas  interdit  d'en  jouer  ;  • —  dér.  : 
birontier,  m.,  Equipier  d'aérostation  ;  2®  mixte, 
-18.  —  B,  Manche  à  air,  suspendue  à  un  mât, 
un  pylône^du  camp  d'aviation  ;  gonflée  par  le 
vent,  elle  en  montre  la  direction  et  la  force  ; 
diverses  escadrilles,  17-18  ;  Miramas,  mai  18  ; 

—  pendante  par  temps  calme,  horizontale  par 
vent  fort.  —  Syssém.  :  bitte,  f.,  Ballon  captif 
d'observation  ;  81®  t.,  mai  15  ;  général  ;  ■ — 
couille,  f.,  même  sens  ;  divers  soldats,  -17  ;  — 
rêve  de  vierge,  m.,  même  sens  ;  «  un  B.  C.  A. 
(lisez  :  ballon  captif  allongé),  d'aucuns  l'ont 
encore  appelé  «  Rêi^e  de  Vierge  »  »,  micro még as, 
B.  des  A.,  28-11-17. 

biscotte,  f..  Rengagé  ;  40®  art.,  -18  ;  —  d'où, 
par  libre  suffixation,  biscaille,  f.,  même  sens, 
ib.  ; —  remplaçants  syn.  de  biscuit,  m.,  usuel  et 
général  :  «  Qu'est-ce  que  c'est  que  ce  capitaine  A.? 

—  C'est  un  biscuit.  —  Ho,  alors  !  »,  S.  A.  P.-X, 
►16  ;  Il  avant  -14.  —  L'Engagé  est  nommé  une 
boule  :  il  s'est  «  vendu  »  pour  une  houle  de  pain 
par  jour  ;  (dans  la  marine  et  l'inf.  c^^®  il  est 
nommé  fayol  ;  faire  fayol,  Se  rengager  dans  la 
marine,  —  pour  pouvoir  manger  des  fayols)  ; 
l'Engagé  étant  une  boule,  le  Rengagé  est  une 

--  80  — 


boule  recuite,  un  pain  puissance  2,  un  biscuit 

—  D'où  lulu,  m.,  Rengagé  ;  40®  art.,  sept.  18  ; 

—  du  biscuit  Lefèi^re- Utile  dit  lu,  puis  lulu.  — 
Biscuit,  Engagé  volontaire,  d.,  est  un  sens 
abusif. 

bistouille,  f..  Eau-de-vie  ;  81®  t.,  14-17  ;  et 
autres  corps  ayant  passé  par  le  Pas-de-Calais. 

—  bistouille,  f.,  Café  additionné  d'eau-de-vie, 
Pas-de-Calais. 

bistric,  m.,  Fourniment,  Fourbi  :  «  je  trim- 
balle tout  un  bistric  »,  112®  inf.  ou  304®  inf., 
A.  ARNoux.  —  Dér.  :  bistriquette  et  bistri- 
caillon,  créés  pour  un  plaisir  de  sonorité,  mo- 
nax  recueillis  par  a.  arnoux  ;  |  «  Moi,  je  suis 
soldat  de  deuxième  classe  et  je  distingue  trois 
choses  à  la  guerre  :  le  bistric,  la  bistriquette  et 
le  bistricaillon.  Pour  le  reste,  toc  et  toc....  Vous 
avez  compris,  Monsieur  ?  »,  réponse  narquoise 
d'un  soldat  interrogé  sur  la  guerre  par  un  civil 
indigne  d'une  réponse.  Cabaret,  459. 

bitord,  m.,  Saucisson  ;  3®  chass.  à'  cheval, 
D.  —  Pris  à  la  marine  :  bitord,  1,  Cordage  de 
marine  à  torsades  ;  2,  chez  les  marins,  Sau- 
cisson de  tabac  à  chiquer. 

blairer  (ne  pas),  Ne  pas  aimer,  Ne  pas  ad- 
mettre volontiers  dans  sa  société  ou  dans  son 

—  81  — 

■tMAU&V  ^ 


esthétique  ;  Parisiens  et  parisianisés,  16-17  ;  «  je 
ne  les  blaire  pas  beaucoup  »,  un  marin,  -18  ;  | 
«  un  mec  que  je  ne  peux  pas  blairer  )>,  pantru- 
CHARD  ;  Les  ordonnances  d'officiers,  «  je  les 
blaire  pas,  je  les  considère  pas  comme  des 
hommes  libres  )>,  Cabaret,  464,  — ■  Blairer^  dér. 
de  hlair,  Nez,, organe  fait  pour  sentir,  ne  s'em- 
ploie, comme,  au  même  sens,  son  synonyme 
pouvoir  sentir,  qu'en  tournure  négative  ;  c'egt 
pourquoi  on  ne  peut  pas  poser  blairer  =  Aimer. 
Mais  en  traduisant  blairer  =  «  détester  »,  sain. 
£|  eu  la  même  distraction  que  l'auteur  de  V In- 
térieur de^  prisor^s  (1846)  écrivant  «  Piffer, 
détester  »  et  «  Naser,  détester,  abhorrer  ». 

Wanquet,    m.,    Vin    blanc  ;    assez    usuel    au 
112®  ou  304®  inf.  et  au  génie, a.   arnoux;  | 
«  Une  chopine  de  bl^nquet  »j  Cabaret,  468.  — 
Syn.  :  l)lançhouillard,  m.,  d. 

Weô,  m.,  1,  Rase  campagne,  Terrain  (inha- 
bité) entre  les  lignes,  ou  (en  tant  qu'inhabité) 
sur  la  ligne  de  feu  ;  130®,  156®  inf.,  17-18  ; 
2e  (.al^  _^g  .  JQ-ncer  dq,ns  le  bled,  Attaquer,  (on  y 
dit  aussi  foncer  dans  la  brousse)  ;  40®  art.,  -18  : 
«  prendre  position  dans  le  bled  p,  Mettre  en 
pQsition  sans  abri  de  pièce  ;  n'est  employé  au 
§!•  t,  que  par  les  anciens  Africains  ;  |  «  vous 


faire  jcigouiller  en  faisant  les  zouave?  «U8  l'Wed. 
<„,>  On  grimpe  pus  Tparapet  et  nons  weilh 
sus  l'bled  »,  sAiNT-cAssm,  Temps  Buté,  in  Front, 
1-9-16  ;  «  ep  panne  dang  le  bled,  QÎiki^T  avia- 
teur, <,M>,  au  front  »,  FJ6  Par.,  9-9-16,  p.  688, 
0,  2,  — 2,  Front  :  «  Yqus  saisirez  <..,>le  prâ 
qu'un  poilu  attache  à  qptte  nii^e  au  point  ayant 
de  regagner  le  «  bled  »  »,  e.  mer;.e,  lettre  ftux 
journaux.  Matin,  10-5-18,  p,  2,  ç,  4.  —  3,  En- 
droit   (quelconque,    même   yilJage),    CftRtQn^e- 
meAt  ;  156®  inf.,  mai  18,  où  ce  sens  rare  est 
réel  mais  nouveau  ;  |  «  un  chic  fcled  »  fiù  qn  res- 
tera «  quinze  jours  »,  où  «  deux  colis  m'atten- 
dent au  bureau  du  chef  »,  m^ç  orlaî^,  Journ^^ 
1-9-17.  — Algérien  bled,  nï,,Terrain,  Campagîie, 
Cf.  çkouya, 

blet,  Ivre  ;  22®  C,  0.  A.,  mai  18,  -^  Sysgéni.  : 
mur,  Ivre  ;  81®  t.,  14-17  ;  \\  Brest,  -95  ;  |   ?îpss.; 

—  d'où  muraille,  Ivre  ;  109®  jnf.,  -1?  ;  8®  génie, 
avr,  18  ;  |  Cabaret^  458  ;  -^  suffixation  Jifcre  ; 

—  d'où  muraillée,  f.^  Partie  d'ivrpgnerie  : 
«  une  muraillée  générale  »,  81®  t.,  -14, 

[;^^  bleus  aille,  f.,  1,  goldat  de  la  plus  jeune  classç, 
par  ex,  un  soldat  de  la  classe  11  yerpé  pa^nii 
des  territoriaux  ;  18®  inf.,  rl4  ;  81®  t„  -15  ;  -r- 
2,  Soldat  nouveau-arrivé  au   çprps,  mêniç  §'i} 


-93--^ 


k 


a  fait  campagne  antérieurement  :  «  d'ia  bleu- 
saille  !  »,  Gaspard,  268,  cri  de  soldats  du  front 
à  l'adresse  d'un  renfort  du  dépôt  ;  «  t'es  encore 
une  «  bleusaille  »  »,  ih.,  241,  encore  Naïf.  — 
Syn.  au  sens  1,  blenvasse,  m.  :«  Sale  bleu- 
vasse  !  »,  81®  t.,  -16  ;  j]  acker.  Soldat  Bernard, 
110  ;  —  bleuçasson,  ib,,  63  ;  cf.  pétasson. 

Blentinet,  m.,  nom  d'un  journal  du  front, 
mai  16.  —  Dér.  de  bleu,  Jeune  soldat.  Le  -t- 
qui  amorce  le  suffixe  se  retrouve  dans  bleuté. 
Teinté  de  bleu,  et  le  suffixe  -inet  dans  rouginet, 
m.,  Vin  rouge,  d. 

bobard,  m.,  1,  Blague,  Récit  suspect  :  «  lancer 
des  bobards  »,  Lancer  des  faux-bruits  ;  Pari- 
siens et  Bretons  parisianisés,  81®  t.,  -15  ;  | 
Feu,  43,  227  ;  ||  «  ces  bobards-là  »,  curnonsky, 
Matin,  29-3-12,  à  propos  de  maximes  morales 
aventureuses  ;  —  2,  Méprise  :  «  faire  des  bo- 
bards »,  Se  méprendre  ;  Parisiens  et  voyous 
nantais,  81®  t.,  -14.  —  Bobant,  Forfanterie, 
Roman  de  la  Rose,  vers  9429,  est  trop  lointain 
de  date'^et  de  sens.  On  expliquera  mieux  bo- 
bard, 1,  par  une  suffixation  libre  sur  boniment, 
et  mieux  encore  bobard,  1  et  2,  par  bobèche, 
Hête,  pris  au  sens  de  Coup  de  tête  et  d'Imagi- 
nation ;  cf.    monter  le   bobard.   Illusionner,   où 

—  84  — 


hobard  est  syn.  de  hourrickon.  Tête.  Le  pas- 
sage du  sens  1  au  sens  2  se  retrouve  sous  perco. 
bobosse,  m., Fantassin  ;  assez  général,  moins 
dans  l'inf.  que  dans  les  autres  armes  ;  | 
«  Quand  les  Bobosses  ont  mis  les  voiles  des 
tranchées  avec  tout  leur  bardin,  on  a  pris  le 
«  Saurer  »  des  Galeries- Lafayette  et  sommes  à 
c't'  heure  au  repos  »,  pantruchard,  c.-à-d. 
Quand  nous  avons  (nous  autres,  fantassins), 
quitté  le  secteur  (par  notre  relève)  avec  tout 
notre  bagage,  nous  avons  pris  l'omnibus  des 
tranchées  (les  camions  autos)...,  (et  non  pas  : 
Quand  les  «  Boches  »  «  se  sont  sauvés  »,  traduc- 
tion absurde  donnée  par  sain.,  p.  54)  ;  hirsch, 
Journ.,  7-2-16  ;  m.  l.,  N.  Contes  vér,^  192  ;  || 
usuel  dès  -96  ;  et  aux  hussards,  Alençon,  -09. 

—  Apocope  à  redoublement  de  fantabosse.  — 
Je  n'ai  pas  recueilli,  depuis  -14,  dachebosse, 
m.,  Fantassin,  qui  m'a  été  certifié  en  -13  usuel 
dans  i*est  et  chez  les  Polytechniciens  issus  de 
l'est,  et  qui  semble  le  chevauchement  de  jan- 
tabosse  et   de    Dache   (perruquier  des   zouaves); 

—  ni  chabosse,  m..  Fantassin,  que  donne  d. 
bocco,  m.,  Boche  ;  usuel  au  289®  inf.,  juin  18  ; 

G.  MARÉCHAL  ;  «  si  Ics  Boccos  me  le  permet- 
tent »,  c.-à-d.  si  je  réchappe,  lettre  d'un  1*  du 

—  85  — 


289®,  juill.  18.  —  Le  mot  semtle  spécial  à  ce 
corps.  Il  y  est  conçu  comme  dérivant  de  boche 
et  sans  parenté  avec  hossu,  Boche,  qui  y  est 
inconnu. 

boche,  A,  m.,  1,  Allemand  ;  —  2,  Belligérant 
progetmain  ;  —  B,  adj.  m.  et  f.,  1,  Allemand  ; 
—  2,  Progermain  ;  —  â,  En  convenance  avec 
la  pensée,  le  caractère  germanique  ;  —  pre- 
mière audition  en  campagne,  de  Parisiens  du 
69^  inf.,  combattant  entre  Hem  et  Curlu  avec 
ma  son  de  mitrailleurs  du  Bl®  t.,  23-9-14,  (pro- 
noncé bheuche)  ;  le  mot  ne  s'est  vulgarisé  au 
81^  t.  que  l^hiver  suivant  (par  les  journaux  ? 
par  les  éléments  d'activé  en  liaison  ?)  A  Paris, 
eii  oct.  15,  quand  M^le  A.  D.  put  revenir  d'un 
couvent  d*Ucle-les-Bruxelles,  elle  qui  avait 
toujours  parlé  pur  parigot,  sa  stupéfaction  à 
entendre  parler  de  Boches  n^eut  d'égale  que  la 
stupéfaction  de  ses  parents  devant  tant  d'igno- 
rance ;  I  «  Voici  la  forêt  de  Moyen\  al  <<•••>► 
Les  boches  y  fourmillent  )),  aviateur  david, 
carnet,  23-B-14,  in  Gu.  Aér.,  11-1-17,  p.  135, 
c.  2,  et  ih.,  c.  3.  Dès  -15  l'Intendance  distribue 
au  front  «  l'Anti-Boche  »,  papier  à  cigarette. 
Boche  se  trouve  dans  la  «  citation  »  de  Jacquet, 
assassiné  à  Lille,  patue  au  Journal  Officiel  peu 


86 


avftnt  le  29-5-16.  Une  note  de  k  Vlîl^  Ai'ïnêe, 
14-1-17  l'interdit  en  style  officiel,  parce  que 
((  la  coi'tection  du  style  honore  celui  qui  en  est 
Tauteut.  »  (!)  Mais  une  autre,  datée  G.  Q.  G., 
6-6-17  et  signée  pétain,  Remploie  deux  fois. 
— -  L'anglais,  dès  -14,  Ta  emprunté  :  bôsh  ; 
A.  fr.,  13-12-14,  p.  2,  c.  4.  \\  Boche,  Allemand, 
est  dans  noteîi,  bruant  et  ross.  ;-  Sui'  sa  vie 
modeste  de  -01  à  -14  je  pourrais  joindre  des 
faits  à  ceux  qu*on  a  cités  ;  à  dire  qu'  «  Aucun 
témoignage  n'a  pu  le  relater  avant  1900  »,  d., 
il  y  a  erreur  :  il  est  en  toutes  lettres  dans 
tJÈ  BERCY,  {Lettres  argotiques.  Lanterne  de 
Bruant,  1896,  n»  65,  p.  5)  ;  dans  dlle  (1896)  ; 
dans  viRMAÎTRE,  Dict.  d^argot  (1894)  ;  dans 
VERLAINE  dès  -89,  («  Kant,  Schopenhauer, 
Hegel  et  autres  Boches  »,  in  huret.  Enquête 
(1891),  et  Art  et  Critique,  15-6-89)  ;  «  Bal  des 
Boches  »  est  le  nom  d'un  bastringue,  boule- 
bard  de  la  Gare,  Paris,  -86,  et  «  n'importe  quel 
habitant  du  quartier  vous  dira  que  Boche  est 
synonyme  d'Allemand  »,  Courrier  Français^ 
6-6-86  ;  on  affirme  l'avoir  entendu  en  -70, 
Int.  des  Ch.,  LXXI,  29.  Tête  de  hoche,  qui  n'est 
pas  attesté  plus  anciennement,  ne  dit  rien 
d'autre  que   Tête   d'Allemand  ;  et  les   Boches 


87 


étant  têtus  et  lourds,  on  l*a  employé  à  l'adresse 
des  lourdauds  entêtés  ;  de  même  «  tes  raisons 
de  boche  »,  hirsch,  Le  Tigre,  255,  répond  à 
querelles  d'Allemand  (^).  Naturellement  boche  ser- 
vait pour  tout  ce  qui  parle  germanique  ;  d'où 
Boche,  nom  pour  concierge  alsacien,  zola. 
Assommoir  (1877),  et  sobriquet  pour  ouvrier 
luxembourgeois,  Int.  des  Ch.,  LXXII,  126.  — 
C'est  l'apocope  d'alboche.  (Le  même  procédé, 
appliqué  sans  doute  à  rigolhoche,  a  donné 
boche,  m.,  Mauvais  sujet  aimé  des  petites 
dames,  delvau,  1866). 

Dér.  :  Bochie,  f.,  Germanie  ;  très  usuel  au 
8le  t.,  mai  16  ;  au  2^  c^l,  août  18  ;  |  liou- 
VILLE,  lettre  à  Capus,  Figaro,  fév.  16,  in  A.  fr.. 


(1)  SAIN,  cite  :  «  Tête  de  boche.  Ce  terme  est  spéciale- 
ment appliqué...  aux  Allemands,  parce  qu'ils  compren- 
nent assez  difficilement  -<...>>  »,  boutmy.  Langue  iferie 
typographique,  1874.  —  Mon  exemplaire  de  boutmy, 
1874,  second  tirage  portant  trois  additions,  ne  souffle 
mot  de  cette  locution.  De  «  spécialement  »  d.  a  fait 
«  plus  spécialement  »  ;  c'est  corrompre  le  témoignage. 
Le  «  parce  que  »  de  boutmy  ne  suffit  pas  à  inverser  l'éty- 
mologie. 

—  88  — 


19-2-16  ;  —  suffixe  comme  Turquie;  —  Boche- 
nie,   L,   Germanie  ;  81®t., -15,  apax  ;  —  d'après 

Germanie,  ou  Bosnie?  ;  —  bo chérie,  f.,  A,  Acte 
boche  ;  très  usuel,  2^  c^^,  août  18  ;  —  B,  Objet 
boche  :  «  vous  rapporter  quelques  bocheries  », 
BARON  (4®  spahis),  lettre,  11-6-15,  à  ses  sœurs 
qui  demandaient  s'il  avait  rapporté  des  tro- 
phées ;  —  C,  Pays  et  Société  boche  :  «  en  Bo- 
cherie  »,  40®  art.,  -18  ;  |  m.  l.,  iV.  Contes  vér,y 
195  ;  —  suffixe  comme  turquerie  ;  —  bochon- 
nerie,  f.,  Acte  sale  d'un  Boche  ;  40®  art.,  -18  ; 

I  DONNAT,  Figaro,  3-4-15  ;  —  chevauchement 
de  hoche  -j-  cochonnerie  ;  —  bochetçn,  m..  Re- 
jeton de  Boches  :  «  Mort  à  toute  cette  salle  race 
de  boches  et  de  bochetons  et  leur  chef 
Guillaume  fusillé  sans  retard.  Un  poilu  de  la 
classe  1893  »,  crayonnage,  poste  de  guetteur, 
81®  t.,  Wailly,  fév.  16  ;  |  «  demi-Bochetons  », 
L.  n»AUDET,  Vermine  du  monde,  A,  fr.,  26-5-16  ; 
—  suffixe  comme  moineton.  Petit  moine  ;  — 
bochaillon,  m.,  même  sens  ;  très  usuel,  2®  c^^, 
août  18  ;  —  suffixe  comme  embuscaillon  ;  — 
bochemar,  m.,  Boche  ;  assez  usuel,  40®  art., 
sept.  18  ;  I  Bochemar,  titre  de  roman,  sazie, 
Journ.,  juin  16  ;  —  suffixe  chez  sazie  d'après 
Zigomar  ;  —  bochard.  Boche  ;  40®  art.,  sept.  18  ; 

—  89  — 


I  «  prunes  bochardes  »,  BËiNGtÈR,  M,  le  Vi- 
comte, 63. 

Composé  :  îraiico-boché,  m.,  Ëoyàu  «  qui 
s'organise  toujours  au  point  le  plus  avancé  où 
vient  expirer  le  mouvement  offensif  »,  1*  i»., 
Matin,  20-6-16. 

Les  dérivés  et  composés  populaires  sont  cer- 
tainement plus  nombreux,  (voir  rince- Boches), 
en  dépit  de  d.,  qui,  sauf  b'ochèrie,  les  nie.  Une 
soixantaine  d'autres,  à  ma  connaissance,  se 
trouvent  chez  les  écrivaïtis. 

bôîtê  (mettre  en),  Berner,  Tourne^  en  dérision  ; 
22e  c.O.  A.,  14-16  ;  40e  art., -18;  |  V.dup.— 
Emboîter  qqn,  V  «  Engager  à  faiïe  quelque 
chose  en  votre  faveut,  —  dans  le  jargon  du 
régiment  »,  rig.,  ce  qui  équivaut,  la  complai- 
sance n^étant  pas  Tâme  normale  du  troupier, 
à  Traiter  le  camarade  en  dupe.  C'est  le  sens 
fort,  dont  être  emboîté,  Recevoir  dés  reproches, 
ROSS.,  et  emboîter  un  acteur,  le  Siffler,  dlle, 
offrent  le  sens  faible.  —  Syssém.  :  mettre  en 
caisse.  Berner  ;  22^  C.  0.  A.,  usuel  aux  Parisiens, 
-17  ;  —  mettre  dedans  ;  attraper  ;  ramasser  ; 
ayant,  tous,  les  mêmes  sens  fort  et  faible.  — 
L4mage  est  celle  d'un  homme  qu'on  çisse,  à 
qui  l'on  nVe  le  chu,  qu'on  traite  en  colis.  De 

—  90  — 


même  les  Yanks  disent  io  kan  the  Kaiser^  {kan 
pour  can  par  germanisme),  Mettre  le  Kaiser 
en  boîte  de  conserve,  Emboîter  Guillaume. 
Voir  Coups  de  gueule,  p.  569. 

boîte  à  asticots,  f..  Boîte  à  masque  contre  les 
gaz  ;  Pépères,  69,  223;  fagus,  562.  —  Méta- 
phore prise   de  la  forme  et  du  métal. 

boîte  à  fromage,  f..  A,  Avion  (de  type  quel- 
conque) aux  formes  peu  élégantes  ;  R.  G.  Aé., 
juin  18.  —  B,  Avion  d'observation  biplan  ; 
156^  inf.,  mai  18  ;  —  à  cause  des  plans  pa- 
rallèles. —  Syssém.  et  syn.  de  B  :  caisse  à  sa- 
von, f.  ;  aviateurs  ;  d.  ;  ||  dès  -09  ;  — caisse  à 
biscuits,  f.  ;  D  ;  —  caisse  d'emballage,  f.  ;  d. 
—  cf.  table  de  nuit. 

boîte  à  poux,  f..  Calot,  Bonnet  de  police  : 
«  une  boîte  à  poux  assez  grande  pour  que  ma 
tête  puisse  y  contenir  »,  Feu,  169.  —  Cf.  étui  à 
puces. 

boîte  de  singe,  f.,  1,  Récipient  quelconque, 
notamment  et  à  l'origine  Boîte  de  viande  de 
conserve  vidée,  bouteille  vide,  etc.,  qu*on  em- 
plit d'une  quelconque  cheddite,  munit  d*une 
mèche  et  lance  aux  Boches  ;  46^  inf.,  oct.  14, 
Argonne  ;  |  «  Nos  hommes  sont  arrosés  de 
«  boîtes  de  singe  »  qui  font  heureusement  plus 


91 


de  bruit  que  de  mal  »,  péricard,  Face  à  face, 
314,  souvenirs  du  95^  inf.,  mars  15,  Bois-Brûlé  ; 
—  d'où,  syssém.  :  boîte  à  conserves  Amieux,  f., 
Grenade  boche  ;  66®  chass.,  mai  18  ;  ■ —  dans 
l'hiver  14-15  les  grenades  réglementaires  man- 
quaient ;  les  Boches  tirèrent  parti  comme  nous 
de  leurs  boîtes  de  fer-blanc,  Amieux  ou  pas  à 
mieux.  — •  2,  Projectile  d'engin  de  tranchée  ; 
7®  génie  ;  d.  — -3,  Obus  ;  lambert  ;  ou  Obus 
de  77  ;  galopin,  Poilus  de  la  9®,  14  et  17.  — 
On  peut  trouver  vraisemblable  que  la  même 
provection  qui  fit  nommer  boîtes  de  singe  des 
Bouteilles  explosives  ait  été  poussée  jusqu'au 
sens  d'Obus  explosif.  Mais  en  -18  tel  des 
meilleurs  témoins  que  j'aie  consultés  s'inscrit 
en  faux  contre  le  sens  3.  L'important  est 
de  ne  voir  dans  ces  emplois  que  des  extensions 
du  sens  et  de  les  bien  séparer  de  boîte  de  con- 
sentes, cité  sous  marmite  et  expliqué  comme 
marmite  par  une  métonymie  du  contenant  par 
le  contenu. 

bombette,  f..  A,  Petite  bombe  boche,  sphé- 
rique,  lancée  à  l'arbalète  ;  portée  :  50  mètres  ; 
départ  silencieux  ;  deux  bruits ^'dans^le  trajet  : 
tch...  huit  !  ;  éclatement  bruyant  ;  80®  t.,  -16, 
Boesinghe  ;  —  B,  Œil  :  «  c'que  j*ai  vu  avec  c'te 

—  92  — 


paire  de  bombettes-là  !  »,  Feu,  8-8-16.  — 
B  peut  se  tirer  de  A,  ou  directement  des  autres 
noms  des  yeux  :  billes  ;  calots,  (Noix,  Billes  à 
jouer)  ;  boules  de  loto. 

bon  comme  la  romaine  {être),  Ne  pas  pouvoir 
l'éviter,  (le  désagrément,  la  corvée)  :  «  Je  suis 
bon  comme  la  romaine  »,  81®  t.,  mai  16,  c.-à-d. 
Malgré  la  circulaire  qui  rappelle  les  P.  T.  T. 
(R.  A.  T.),  je  ne  serai  pas  rappelé,  étant  au 
front  ;  |  «  On  est  bon  comme  la  romaine  », 
Gaspard,  42,  signifie  Le  combat  est  inévitable, 
et  ib.,  111,  Nous  allons  avoir  à  charger  à  la 
baïonnette  ;  «  je  pouvais  être  bon  comme  la 
romaine  »,  e.  c.  Pet.  Journ.,  8-4-16,  propos 
d'un  blessé,  Je  pouvais  être  tué.  —  Syssém.  : 
bon  jusqu'au  trognon,  même  sens  ;  Feu,  259  ; 
«  bon  de  tout  et  de  partout,  comme  la  romaine, 
<;...^  Et  jusqu'au  trognon  encore  »,  Pépères,  45. 
—  Je  suis  bon  jusqu^au  trognon  équivaut  à 
07»  tire  de  moi  comme  d^un  jambon  ;  il  se  déve- 
loppe en  bon  comme  la  romaine,  par  précision 
et  par  excellence.  Mais  trognon  ne  développe 
bon  que  par  queue  romantique  ;  bon.  Attrapé, 
Victime,  Réglé,  est  d'argot  général  ;  les  Pari- 
siens disent  :  «  je  ne  suis  pas  bon  »,  N'insiste  pas, 
tu  ne  m"  «  auras  »  pas  ;   bon,    syn.  de  pris, 

—  93  — 


semble  provenir  de  T administration  militaire  : 
hon  pour  le  service^  c'est  Pris  au  service.  —  Dér, 
syn.  :  gras  pour  la  corvée,  même  sens  5  d.  ;  — 
l'animal  gras  est  bon  pour  l'abattoir. 

bonhomme,  (pluriel  bonhommes),  m,.  Soldat, 
—  par  opposition  à  Gradé,  ex.  «  Six  bonhommes, 
pour  la  corvée  !  »,  —  ou  quand  le  grade  n'im- 
porte pas,  ex.  «  Pas  de  tabac,  pas  de  bon- 
homme !  »,  «  Y  a  eu  des  bonhommes  de  tués  ?  »  ; 
81®  t.,  14-17  :  Bonhomme,  sobriquet  du  cap,  G., 
tiré  de  son  vocatif  familier  «  Eh  bien,  bon- 
homme ?  »  ;  usuel  à  tous  les  corps  de  l'ouest, 
(anonyme.  Matin,  1-3-15  ;  e.  h.,  Temps^ 
24-5-15  ;  COHEN,  74),  et  même  au  109®  inf. 
(Lyonnais),  16-17,  où  c'est  le  mot  des  paysans, 
poilu  étant  celui  des  citadins  ;  |  ancien, niais 
peut-être  pas  antérieur  aux  lois  qui  ont  fait 
soldat  tout  paysan.  —  Bonhomme,  Roturier, 
au  Moyen- Age  ;  d'où  Quidam,  Homme  (de 
rang  social  inférieur),  dans  tout  l'ouest,  Pluriel 
bonhommes,  comme  des  Bourgeois- Gentil- 
hommes  et  non  des  Bourgeois- Gentilles- 
Gens. 

bonne,  sans  place  {la),  la  Cavalerie,  quand 
elle  «  se  morfondait  à  l'arrière  »,  Cri  de  P., 
vers  juill.  16.  —  la  bonne  à  tout  faire,  la  Cava- 

—  94  — 


lerie,  «  maintenîtnt  qu'elle  est  dans  les  tran- 
chées »,  ib. 

bossant,    Comique,   à   faire   mourir   de  rire  : 

«  L'plus  ]Dossant,,  c'est  <..,>>  »,   Gaspard,  290  ; 

I   boBsand,  lambert.  —  Syssém.  :   gondolant  ; 

baleinant,  Qui  fait  gondoler  (l'auditeur)  comme 

une  baleine  en  parturition  ;  torsif. 

bossu,  Frustré,  Mal  partagé,  Dupe  :  «  Le 
général  en  prend  à  son  aise,  là-bas,  et  nous,  ici, 
nous  sommes  bossus  »,  81®  t.,  -15.  —  Un  bossu 
est  un  bombé  et  se  bomber  de  portion,  c'est  JLn 
être  frustré  ;  dér.  syn.  —  Quanta  se  bomber, 
c'est  Jltre  frustré,  parce  que  faire  la  tortue, 
c'est  Jeûner,  riq,,  et  que  la  tortue  a  le  dos 
bombé, 

bossu,  m,,  Boche  :  les  Bossus  ;  130®  ijif., 
août  18  ;  G.  fe;rrand, 

bouchei^  uoir,  ni.,  Artilleur  français  ;  marcel, 
Journ.,  21-6-15  ;  je  n'ai  pas  recueilli  dans 
l'usage  ce  terme  que  dauzat,  27-6-17,  note  peu 
répandu  ;  —  semble  le  mot-à-mot  de  schwarz 
Metzger,  que  les  Boches  auraient  appliqué  à 
l'artilleur  français  au  début  de  la  guerre  ;  chez 
nous  cette  façon  d'exprimer  uniforme  sombre 
et  capacité  pour  tuer  semble  aussi  terne  qu'hos- 
tile ;  SAîN,,  p.  50,  la  juge  plaisante.  —  Cf.  sau- 

—  95  — 


terelles  bleues,  f.,  «  nom  prononcé  par  les  Boches 
contre    les    chasseurs    à    pied   »,    m.    sieltzer, 
66®  chass.,  mai  18.  —  demoiselles  au  pompon 
rouge,  f.,  Fusiliers  de  la  brigade  navale  :  Nous 
inspirons  aux  Boches  «  une  terreur  sans  pareille. 
Aussi   nous    ont-ils    surnommés   «   les    oiseaux 
noirs  »,  les  «  tirailleurs  bleus»  et  puis«  les  de- 
moiselles au  pompon  rouge  !  »,  lettre  du  fusilier 
A.  C,  de  Belle- Isle,  in  le  goffic,  Dixmude,  I,  i, 
{Rev.  des  Deux-Mondes,  1-3-15,  173  ;  —  demoi- 
selles à  cause  du  décolletage.  —  Nous  nommons 
grosse    Bertha,    d'après   Targot   boche,    le    420 
boche,  et  aussi,  depuis  mars  18,  le  240  bom- 
bardant Paris.  —  Cf.   capout,   œuf  de  Pâques, 
pélot  (?),  ploum,  russe  (?),  C'est  la  guerre  (?). 

bouchon  (ramasser  un),  1,  Etre  engueulé  ; 
81®  t.,  -15;  I  «  Puis,  comme  étudiant  en  mé- 
decine qui  découchait  régulièrement,  <;.-.> 
j'ai  conclu  une  sorte  d'entente  avec  les  sous- 
officiers  <^...^,  les  faisant  reconnaître  malades 
quand  ils  avaient  la  flemme,  à  condition  qu'ils 
ne  me  fissent  pas  ramasser  de  bouchons  dans 
leurs  appels,  contre-appels,  <....>  »,  z.  Armée 
de  1917,  108.  — ■  Bouchon  se  tire,  par  image 
interne,  de^bouchonner.  Donner  des  coups  de 
poing,   DLLE,   Etriller,  image  de  cavalerie.  — 

—  96  — 


Syssém.  :  foin,  m.,  Admonestation  ;  passer  un 
foin,  LAMBERT  ;  II  d'où  faire  du  foin,  Crier  pour 
faire  scandale,  dlle  ;  —  étriller,  Engueuler  ; 
—  et  plus  généralement  :  laç'er  la  tête,  passer 
un  suif  (marins),  un  savon,  un  shampoing.  — • 
2,  Faire  une  chute  (de  bicyclette,  par  ex.)  ; 
81®  t.,  -14.  • —  C'est  une  façon  de  s'étriller  la 
peau,  comme  ramasser  une  gaufre,  même  sens, 
c'est  se  mettre  la  face  en  gaufre.  —  Cf.  gadiche. 

boudin  (aller  au),  Partir  pour  le  front  ;  dé- 
pôt du  81®  t.,  Nantes,  juin  16.  —  C.-à-d.  aller 
faire  du  boudin,  aller  Verser  le  sang,  rig.  - — • 
Syssém.  :  à  la  barbaque  I 

boueux,  m..  Soldat  originaire  de  la  Marne  ; 
40®  art.,  sept.  18.  —  Marnais  —>-  marneux 
(usuel,  ib.)  — >-  boueux. 

bougnoul,  m..  Troupier  en  tant  que  cor- 
véable ;  marins,  -18.  H  Brest,  -90;  19®  inf.  et 
2®  et  6®  coloniaux  (Brest),  -98.  —  Les  Bou- 
gnoul  sont,  au  témoignage  de  certains  marins 
et  coloniaux,  tous  les  Sauvages  :  aller  chez  les 
Bougnoul,  Aller  aux  colonies  à  Sauvages  ; 
selon  d'autres,  ce  sont  seulement  une  tribu 
de  l'Afrique  nord-ouest  ;  un  marin  me  spécifie 
que  ce  sont  les  Kroumanes  du  cap  des  Palmes, 
mais  déclare  que  ce  nom,  tout  en  leur  étant 

—  97  — 

ESNAULT  7 


appliqué,  a  une  extension  naturelle  plus  grande  ; 
un  Martiniquais  nie  dit  que  la  population  civile 
de  la  Martinique  nomme  Bougnoul  les  noirs, 
les  métis,  les  «  hommes  du  pays  ».  —  Etym.  : 
en  wolof,  (Sénégal),  bou-gnoul,  le  Noir,  khalèl 
fcoM- gnou/,  Négrillon  ;  «pour  l'indigène  frotté  de 
français  c'est  une  injure  proche  de  sale  nègre», 
CH.  MONTEiL.  L'idée  Indigène  à  tête  plus 
ou  moins  sotte  engendre  celle  d'Imbécile  cor- 
véable, parce  que  de  tout  temps  le  colon  traite 
l'indigène  de  Turc  à  More  ;  le  mot  bougnoul 
contient  si  bien  ce  dernier  sentiment  qu'on 
appelle  à  Brest,  -11,  train  bougnoul  le  chemin 
de  fer  départemental  qui  court  dans  les  douves 
de  la  ville,  parce  qu'il  sert  surtout  aux  paysans 
de  l'arrondissement,  ces  indigènes. 

bouillasse,  f..  Boue  ;  70©  inf.,  14-15  ;  —  suf- 
fixation libre  de  bouillie,  Boue,  usuel,  et  qu'on 
lit  dans  paraud,  90.  —  bouasse,  f.,  Boue  ;  Pé- 
pèreSj  8  ;  —  suffixation  de  boue. 

bouillote,  f.,  Trompette;  40^  art.,  -18; 
chass.    d'Afrique,  Balkans  ;  d. 

bonine  (monosyllabe),  f.,  Tambour  ;  «  ma 
bouine  »,  Mercy,  (tambour),  81®  t.,  -15  ;  «  La 
Bouine  »,  sobriquet  de  ce  Mercy,  81^  t.,  10®  c*®, 
d'un  tambour   du   6®  bon  ^^  289®  inf.,   avant 

—  98  — 


juin  18,  et  do  tous  les  tambours  du  95®  inf., 
14-18  ;  Il  95e  inf.,  avant  -14.  —  Cî.bouhine,  f., 
Petite  maison  ;  H*-Maine,  montesson  ;  idée 
commune,  Caisse,  caisse  lui-même  signifiant 
Tambour.  —  Cf.  caberlot.  —  d.  signale  gouine, 
f..  Tambour  ;  146®  inf.  ;  —  cf.  inversement 
g  — >  b,  sous  grignolet. 

boule  (se  mettre  en),  Capoter  à  l'atterrissage  ; 
Miramas,  mai  18.  —  tomber  en  boule,  Tomber 
verticalement  ;  aviateurs  ;  je  «  me  laisse  tom- 
ber en  boule  sur  sa  carlingue  »,  sem,  Journ.y 
27-5-16. 

boulette,  f.,  Grenade  ;  D.  m.  p.  ;  «  «  S'ils  sont 
sortis,  les  Boches,  ils  ont  dû  prendre  quéque' 
chose  !  »  Tiens,  écoute,  là-bas,  les  boulettes 
qui  r'biffent  ?  T'entends  ?  )>,  Feu,  242. 

boulonner,  Travailler  (à  organiser  un  sec- 
teur) ;  général;  |  «  Les  troupes  qui  organisent 
n'attaquent  jamais  où  elles  ont  boulonné  ;  on 
connaît  trop  le  danger,  on  n'y  va  que  d'une 
fesse  »,  Cabaret,  464.  —  Boulonner,  Travailler, 
DLLE,  terme  d'ouvriers  ;  cf.  chantier  ;  rappels 
de  la  vie  civile.  Le  syssém.  immédiat  est  gou- 
piller, Travailler,  attesté  en  -27  dans  l'argot  ; 
un  peu  plus  lointain  buriner.  Travailler,  dlle  ; 
en  -59  montesson  définit  boulonner  «  Courber 

—  99  — 


le  dos  par  suite  de  lassitude  «,  ce  qui  n'est  que 
son  étymologie  personnelle. 

boulot,  1,  m.,  1^,  Travail  ;  usuel  et  général; 
Il  daté  de  -90  dans  sain.  ;  mais  on  trouve 
«  Y  i^a  y  açoir  du  bouleau,  on  va  se  battre  »,  jar- 
gon de  voyous,  dès  -81,  rig.,  et  c'est  très  vrai- 
semblablement le  même  mot  ;  —  2^,  Combat  ; 
divers  soldats,  16-18  ;  —  Combat  se  tire  de 
Travail,  —  cf.  chantier  — ,  sans  qu'il  soit  utile 
de  rappeler  le  bouleau,  Rixe,  des  voyous.  — 
2,  Zélé  au  travail,  au  combat,  au  service  : 
«  mec  boulot  »,  Homme  zélé.  —  Cf.  «  Je  suis 
service  »,  J'aime  à  faire  du  service,  S.  A.  P.-X, 
-16  ;  • —  «  La  sixième,  c'est  la  compagnie  règle- 
ment »,  ...  A  cheval  sur  le  règlement  ;  —  «  une 
toilette  très  guerre  »  ;  —  «  une  barbe  synthé- 
tique, union-sacrée  [,]  noire,  blanche,  grise, 
jaune,  châtain,  carotte  »,  lafage,  Journ., 
31-7-16  ;  —  être  deuil  ;  être  business  ;  être 
flemme  ;  être  ficelle  ;  être  Régence  ;  être  Moyen- 
Age  ;  être   bout-de-bois  ;   être   bec  d^ ombrelle. 

L'explication  de  boulot  est  à  trouver  ;  on 
en  a  aisément  de  plus  vraisemblables  que  de 
le  tirer,  avec  sain.,  du  bois  de  bouleau  et  de  la 
menuiserie  en  tant  que  le  bois  de 'bouleau  est 
impropre  à  la  menuiserie  ;  fil  à  retordre  signifie 

—  100  — 


Difficulté  du  travail,  et  cependant  on  n*en- 
tend  pas  dans  les  ateliers  de  couture  *  Allons, 
mesdemoiselles,  au  barbelé  !  sous  prétexte  que  le 
fil  barbelé  est  impropre  à  la  couture.  Boulot 
ne  signifie  pas  Difficultés  au  travail,  mais  Tra- 
vail en  quantité.  —  Paris  mange  du  pain  rond 
qu'il  nomme  du  boulot  ;  de  l'équation  boulot  = 
Pain  se  tirent  bien,  1^,  du  boulot,  des  Coups  de 
poing,  (des  pains)  ;  2®,  il  y  a  du  boulot  [sur  la 
planche],  Il  y  a  beaucoup  de  travail  [à  faire]  ; 
(ne  pas  confondre  la  locution  il  y  a  du  pain  sur 
la  planche  avec  l'autre,  de  sens  opposé,  fai  du 
pain  cuit  sur  la  planche,  que  donne  hdt)  ;  — 
cf.  il  y  aura  du  biscuit,  Il  y  aura  beaucoup  à 
faire  ;  D.  m.  p.  ;  \\  il  y  aura  du  bicuit  (  =  6^5- 
cuit).  Légion  Etrangère,  -80  ;  m.  protat,  — 
qu'on  peut  interpréter,  non  seulement  comme 
un  symbole  de  l'idée  de  Dureté,  mais  par  le 
pain  boulot  :  le  boulot  sera  dur  ;  cf.  biscuit, 
Militaire  rengagé,  qui  est  une  «  boule  »  recuite. 
— •  Toutefois,  pour  admettre  ferme  cette  étymo- 
logie  de  boulot,  il  faudra  pouvoir  écarter  et  le 
provençal  boulau,  Quantité  plus  ou  moins 
grande,  un  bon  boulau,  une  Bonne  quantité, 
MISTRAL,  et  le  verbe  boulonner.  Travailler,  escorté 
de   barrer  le  boulon,  Ne  pas  travailler,  dlle. 

—  IM  — 


bourguignotte,  f.,  Casque  du  combattant  ; 
15-18.  —  Connu  de  ceux  qui  lisent,  ce  mot  re- 
pris au  Moyen- Age  n'a  pas  passé  dans  la  con- 
versation courante,  à  plus  forte  raison  dans  les 
ordres  oraux  ;  —  hour  gui  guette,  même  sens, 
dans  une  pièce  de  vers,  g.  Bertrand,  in  V.  du  p., 
est  à  la  rime,  pour  une  rime. 

bourrage,  m.,  Amplification  d'un  rhéteur 
optimiste  et  idéologue  ;  usuel  et  général  ;  | 
MAURRAS,  A.  fr.y  21-2-17  ;  «  les  espions  se  pro- 
mènent en  lisant  le  communiqué  :  «  Bourrage  !  » 
<<...>  Patrie  ?  «  Bourrage  !  )>  Honneur  ? 
«  Bourrage  !  »  »,  guitounet,  B.  des  A.,  18-7-17  ; 
jj  Compiègne,  -09;  —  entendez  bourrage  de 
crâne  ou  de  mou.  —  bourrer  le  crâne.  Tromper 
par  de  trop  belles  paroles  ;  81^  t.,  -15  ;  usuel 
et  général  ;  ||  Paris, -07,  dauzat,  mai  17,  481  ; 
Bordeaux,  08-09.  —  Syn.  et  syssém.  :  bourrer 
la  caisse  ;  40^  art.,  -18,  et  Paris,  -18  ;  —  en 
mettre  plein  le  citron  ;  ib.  —  Le  crâne  est  le 
caisson  de  la  nourriture  intellectuelle  ;  y  nxettre 
de  la  bourre,  c'est  lui  faire  un  plein  en  trompe- 
l'œil.  Les  journaux,  en  se  vantant  à  l'envi  de 
suralimenter  leur  abonné,  ont  contribué  au 
succès  de  cette  locution  :  «  Nous  ne  savons  à 
quel  canard  peut  bien  faire  allusion  V Humanité 

—  102  — 


pour  bourrer  le  crâne  de  son  malheUtetiX  pu* 
blic  »,  MAURRAs,  A.  fr.,  28-2-16  ;  «  Maurice 
Barrés  <...;>  n'a  su  que  bourrer  d'étoupe  le 
journal  dans  lequel  il  écrit  »,  «  imbottir  di 
stoppa  le  pagine  del  giornale  »,  Messagero  de 
Rome,  in  VŒuvre,  5-8-16,  p.  2,  qui  ajoute  : 
«  En  français  cela  se  traduit  assez  exactement 
par  «  bourrer  le  crâne  »  ».  Le  général  verraux 
invente  le  type  de  «  Crâne-Bourré  »,  Œuvre^ 
30-9-16.  —  Cf.  «  to  stufï  my  head  »,  de  me  Bour- 
rer la  tête  (de  mauvaises  nouvelles),  Shakes- 
peare, Le  roi  Jean,  vu.  —  Retravaillée,  la 
métaphore  a  donné  aux  lettrés  :  «  Le  pro- 
fane lui-même  <!.••!>  aura  confusément  [en 
lisant  le  Feu]  l'idée  d'un  bourrage  de  nerfs, 
d'ailleurs  involontaire  »,  le  biffin,  A.  fr., 
31-3-17  ;  —  «  en  nous  efforçant  de  débourrer 
les  crânes  »,  maurras,  A.  fr.,  21-2-17  ;  — 
et  videur  de  crânes,  Rhéteur  aux  idées  pessi- 
mistes :  «  ces  «  videurs  de  crânes  »,  agents  évi- 
dents d'un  ennemi  intéressé  à  fomenter  chez 
nous  des  troubles  politiques  »,  A,  fr.,  28-5-17, 
p.  2,  c.  2  ;  cf.  G.  E.,  1-4-18,  435.  —  Le  sens, 
quoique  voisin,  est  autre,  dans  «  J'ai  assez  pour 
vivre  avec  ma  pension  ;  je  n'ai  pas  besoin  de 
me  bourrer  le  crâne  à  apprendre  un  métier  »,... 

—  103  — 


de  me  Farcir  la  cervelle,  brieux,  Ann,  p.  /., 
30-7-16.  —  bourrer  le  mou,  même  sens  ;  81®  t., 
juin  16  ;  marins,  juin  18  ;  |  «on  ne  se  raconte 
[entre  poilus]  que  des  histoires  vraies  :  il  n'y  a 
qu'au  civil  qu'on  peut  «  bourrer  le  mou  »  »,  lug 
PLATT,  carnet,  31-10-15,  in  Pet.  Par.,  28-5-16  ; 
Gaspard,  37,  163  ;  joint  à  fiche  les  grolles,  Feu, 
21-8-16.  —  Syn.  et  syssém.  :  gonîler  le  mou  ; 
D.  ;  —  d'où  gonfleur,  m.,  Hâbleur  ;  d.  — ^  Le  mou, 
c'est  le  Poumon,  donc  le  Cœur,  («  Plutôt  que 
d'causer  sur  cett*  petite  affaire,  j'aimerais 
mieux,  pour  sûr,  me  bouffer  le  mou  »,  me  man- 
ger le  Cœur,  bringer,  M.  le  Vicomte,  187^. 
C'est  le  coffre  aux  sentiments  ;  le  bourrer 
c*est  le  nourrir  d'émotions  creuses.  —  Sy.^- 
sém.  :  fressure,  aloyau,  foie  :  «  De  ma  fres- 
sure Dame  Luxure  Jà  s'emparait  »,  la  fon- 
taine, Janot  et  Catin  ;  — •  flogner  Valoyau  à 
qqn,  Caresser,  Courtiser  qqn,  nisard.  Quel- 
ques parisianismes  ;  —  avoir  les  foies  blancs. 
—  Par  une  métonymie  (de  la  partie  pour 
le  tout),  greffée  sur  cette  péjoration  (d'un 
viscère  animal  pour  notre  plus  noble  viscère), 
mou  devient  syn.  de  Corps  :  se  grouiller  le  mou, 
Se  dépêcher  ;  81®  t. ,-15  ;  1  «  entrer  dans  le  mou  » 
à  qqn,  lui  Donner  des  coups,  Cabaret,  473  ;   || 

—  104  — 


I 


enfler  le  mou  à  une  femme,  l'Enceinter.  — * 
(Cette  explication  vaut  mieux  que* de| traduire 
mou  par  Cerveau,  contenu  du  crâne  à.bo.urrer, 
sous  couleur  qu'on  trouve  «  le  fromage  blanc 
qui  me  sert  de  cervelle  »,  paraud,  92,  et  «  avoir 
du  mou  de  veau  pour  cervelle  »,  hirsch,  Journ., 
10-7-16). 

bourre-crâne,  m..  Blague,  Mensonge  :  «  C'est 
des  bourre-crânes  pour  les  naïfs  »,  un  Nantais, 
8le  t.,  -15,  apax. 

bourrin,  m.,  1,  Cheval;  40®  art.,  14-18; 
toute  la  88©  D^n  t.  (Loire- Inf.  et  Vendée),  14-17  ; 
I  tout  le  IX®  c.  d'armée,  cohen,  75;  agatha; 
Gaspard,  43  ;  «  bourin  »,  Feu,  100  ;  ||  Mulet, 
puis  Mauvais  cheval,  terme  de  caserne,  surtout 
de  cavaliers  et  artilleurs,  95-99,  dauzat, 
27-6-17  ;  «  Marche  !  ou  tu  sauras  comment 
j'attige  les  bourins  »,  rosny,  Marthe  Baraquin, 
Vil  ;  —  de  bourrin.  Ane  ;  Char.-Inf.,  Vendée, 
Nantes,  Lorient,  Anjou,  Loches,  Mantes  ;  cf. 
inversement  rosse,  vocatif  à  l'adresse  d'un  Ane, 
MERLIN  COCCAIE,  XXIII  (éd.  1859,  p.  408  );  — 
d'où  bourdon,  m.,  Cheval  ;  40®  art.,  14-18  ;  | 
dépôt  de  dragons  dans  l'ouest,  e.  h.,  Temps, 
24-5-15  ;  HENRioT  ;  Il  terme  de  cochers  et 
charretiers,     ross.  ;     —    libre     suffixation     de 

—  105  — 


bourrin,  soit  calembour,  ou  pour  rappeler  le 
verhe  bourder^  Achopper,  usuel  en  Loire- Inf. — 
2,  Moteur  à  explosion  ;  un  2<i-ni®  mécanicien, 
(instruit  dans  l'aéronautique  à  S*-Cyr,  -17)  et 
autres  marins,  -18  ;  —  on  mesure  la  force  des 
moteurs  en  chevaux-vapeurs  ;  et  les  Chevaux, 
eux,  étaient  déjà  traités  de  moteurs  à  crottin^ 
ce  qui  est,  comme  dit  ce  2<i-m®,  «  la  même  chose 
renversée  ».  Cf.  fokker. 

bourriguotier,  m.,  Anier  :  «  Le  soldat  Vin- 
cent de  la  10®  c^®  employé  comme  bourriquo- 
tier,  restera  attaché  à  ce  service  »,  note  de 
service,  81®  t.,  9-4-17. 

boasculer,  Se  montrer  excessif,  en  actes,  pa- 
roles, ou  raisonnement  ;  Parisiens  et  parisia- 
nisés,  16-18  :  «  Tu  bouscules  !  »,  Tu  exagères  ; 
un  chauffeur,  S.  A.  P.-X,  oct.  16.  —  bousculer 
du  porte- pipe.  Vomir  :  «  Je  pensais  bien  qu'il 
bousculerait  du  porte-pipe  »,  micromégas, 
B.  des  A.,  28-11-17,  à  propos  d'un  observateur 
mal  endurci  aux  tangage  et  roulis  de  la  sau- 
cisse et  dont  les  lèvres  ont  été  indiscrètes  à 
l'égard  de  la  nacelle.  —  Sous-entendu  dans 
tu  bouscules,  Tu  exagères,  l'objet  bousculé  par 
l'indiscret,  le  fanfaron,  le  surhomme,  est  pré- 
cisé, un  peu  ad  libitum,  dans  l'usage  courant  : 

—  106  — 


Le  capitaine  m'a  dit  que  je  lui  paraissais  tirer 
au  flanc  «  et  que  si  je  voulais  passer  premier- jus, 
fallait  pas  trop  bousculer  le  moulin  à  rata  », 
...je  ne  devais  pas  Exagérer  ma  flemme,  cha- 
pelle, 10-8-16  ;  —  bousculer  le  pot-de- 
fleurs,  Paris,  mai  15  ;  |  Fantasio,  15-8-16, 
p.  99  ;  J.  L.,  Temps,  21-10-16  ;  —  ce  pot-de- 
fleurs  n'est,  très  vraisemblablement,  que  le 
poty  c.-à-d.  le  Cul,  comme  le  bas-relief  de  la 
locution  vieillie  chahutez  pas  le  bas-relief,  Lais- 
sez-moi tranquille  ;  —  bousculer  la  voiturette, 
130e  inf,^  c.  M.-2,  -17  (un  peu  démodé,  sept. 
18)  ;  —  la  voiturette  qui  véhicule  la  mitrailleuse. 
Syssém.  :  charrier,  1,  Malmener  en  paroles, 
Rudoyer  logiquement  et  illogiquement  ;  —  2, 
intr.,  Blaguer  ;  —  général  ;  assez  usuel  même 
aux  paysans,  81^  t. ,16-17  ;  \  D.  m,  p.  ;  fagus, 
564  ;  Il  Philibert,  61,  254  ;  —  la  série  des  sens  de 
charrier  est  celle-ci  ;  1,  Transporter  en  char  ; 
2,  Transporter  :  charrier  sa  bidoche,  se  charrier, 
Se  promener  ;  3,  Pousser  en  bousculant  : 
«  Notre  omnibus  était  bien  sage,  elle  allait  au 
pas,  elle  était  tranquille,  quand  elle  a  été  char- 
riée de  biais  par  une  voiture  de  tonneaux, 
monsieur,  qui  nous  a  culbutés  et  qui  a  bien 
échappé  de  nous  tuer  »,  lavedan,  Leur  beau 

—  107  — 


physique^  83,  propos  d'un  valet  de  chambre  ; 

4,  1^,  Mener  loin  par  des  questions  indiscrètes  ; 
2^,  intr.,  Chercher  à  savoir,  rabasse  ;  d'où 
charrieury   Curieux,   charriage.   Curiosité,   ri  g.  ; 

5,  1^,  Mystifier,  Escroquer,  vidocq  ;  2®,  intr., 
Tricher,  ri  g.  ;  —  autres  syssém.  :  brouetter. 
Tromper  ;  81^  t.,  -16  :  «  Est-ce  que  vous  allez 
longtemps  me  brouetter  comme  ça  ?  »  ;  — 
faire  aller  ;  —  faire  marcher  ;  —  et  aller  fort, 
Exagérer  ;  —  chambouler,!,  .Bouleverser  :  «des 
crapouillots  pour  chambouler  la  cagnat  »,  pan- 
TRUCHARD  ;  «  ça  m'a  chamboulé  »,  Ça  m'a 
bouleversé  moralement.  Feu,  175  ;  —  2,  Exa- 
gérer, Vouloir  rire  :  «  Tu  chamboules  »,  Fan- 
tasio,  15-9-16,  p.  167,  c.  2  ;  — chambouler  la 
mappemonde.  Exagérer  ;  d.  ;  —  la  mappe- 
monde, la  Tête  ;  cf.  secouer  la  tronche^  Railler, 
Nénesse,  84. 

Dérivés  de  charrier  :  charriage  ;  —  par  apo- 
cope de  charriage,  sans  charr,  Sans  exagérer  ; 
—  et,  par  chevauchement  avec  en  faire  un  plat, 
en  faire  un  charr,  Parisiens,  81^  t.,  -17  ;  —  par 
suffixation  libre,  charrette,  Mensonge,  Leurre, 
terme  d'ouvriers,  Dépêche  de  Brest,  16-4-07, 
Conseil  municipal  ;  —  par  queue  romantique, 
charrier  dans  le  mastic,  Exagérer  l'affaire  ;  — 

—  108  — 


et,  par  confusion  calembourique  avec  un  autre 
verbe,  charibotter  dans  le  mastic,  6®  c^^, 
janv.  18  ;  —  charibotter  dans  le  boudin,  Feu, 
20-8-16  ;  —  charibotter  dans  les  bégonias,  Paris, 
juin  16  ;  ces  bégonias  sont  simplement,  à  l'ori- 
gine, les  tiges,  les  Jambes,  de  l'interlocuteur 
qu'on  bouscule.  —  Cf.  chatouiller,  miner ^  pié- 
tiner, abîmer,  flubard. 

bouse  {atterrir  comme  une),  Atterrir  en  épa- 
tant lourdement  l'appareil  ;  esc.  S-152,juin  18. 

—  Image  prise  directement  de  la  bouse  qu'une 
vache  flaque  à  terre,  —  (et  non  de  bouse,  Non- 
valeur,  ex.  Echalote,  46,  syn.  de  galette,  Mala- 
droit). 

bousiller,  1,  Démolir  ;  81®  t.,  -16  ;  très  gé- 
néral ;  I  Mousqu.,  254  ;  —  2,  Tuer  ;  usuel, 
360®  in.,  -14  ;  246®  inf.,  2®  c^\  40®  art.,  -18  ; 
mais  non  au  81®  t.;  |  agatha  ;«  le  com- 
mandant a  été  bouzillé  par  un  méchant  77 
qui  l'a  coupé  en  deux)),  m.  l.,  N.  Contes  vér,, 
196  ;  «  ça  t'démolit  l'épaule  et  ça  t*  fout  par 
terre,  mais  ça  t'  bousille  pas  )),  Feu,  226  ; 
(cf.  172.)  —  Je  n'ai  pas  observé  un  bousiller, 
«  S'enfuir,  se  débiner  )),  que  donne   D.   m.  p. 

—  Le  sens  1  était  usuel  aux  ouvriers  pari- 
siens   dès    10-14    :    ((    J'ai    donné    mon    zinc 


[Bicyclette]  à  rebecter,  Tmécano  m'  l'a  bou- 
sillé ».  Il  sort  du  sens  Mal  faire  (un  travail), 
aussi  usuel  chez  les  bourgeois  de  Brest,  et  les 
paysans  du  H*-Maine  (1859),  qu'à  propos  de  la 
pièce  de  soie,  chez  les  canuts  lyonnais.  Le 
sens  2  date  d'au  moins  -97,  dauzat,  16-4-17, 
667  ;  «  Il  sortit  son  revolver,  —  Si  tu  ne  marches 
pas,  cria-t-il,  on  va  te  «  bousiller  »  !  »,  Matin, 
28-6-13  ;  «  Ça  devient  une  manie.  D'un  bout 
de  la  journée  à  l'autre,  on  n'entend  plus  con- 
juguer à  Y  Anarchie  que  le  verbe  «  bouziller  » 
<C...>>  Bouziller  est  un  verbe  très  simple  qui, 
en  langue  anarchiste,  signifie  :  loger  une  balle 
de  browning  dans  la  peau  de  quelqu'un  », 
RiRETTE-MAiTREJEAN,  Matin,  25-8-13  ;  ces 
textes  montrent  comment  les  milieux  ouvriers 
où  on  ne  travaille  pas  ont  conduit  le  mot  de 
Gâcher  à  Saboter  puis  à  Tuer.  —  Dér.  :  bou- 
sillage,  m..  Bris  :  «  c'est  le  «  bouzillage  »  ef- 
froyable »  de  l'avion  sur  le  sol,  icart.  — ■  Sys- 
sém.  :  déglinguer,  Mettre  en  charpie  :  «  F  s'est 
p'têt'  bien  fait  déglinguer  sur  leurs  fils  de  fer  », 
Feu,  252  ;  —  déglinguer.  Chiffonner,  dlle. 
Déchirer,  ross.  ;  déclinquer,  Démolir,  à  Brest, 
80-08. 

bousillé,    Ivre  ;    81©   t.,    -16.    ~    Idée    d'un 

—  110  — 


brouillamini  cérébral.  Une  mimique  usuelle 
accompagne  le  mot  ;  on  se  tourne  le  poing  de- 
vant le  museau,  comme  pour  le  barbouiller  ; 
(cf.  noir).  —  Syssém.  :  en  désordre  ;  retourné. 

bousin,  m.,  A,  Désordre  ;  95®  inf.,  -18  : 
Quel  bousin  !,  quand  on  reçoit  ordres  et  contre- 
ordres  ;  —  de  bousin,  Bordel  ;  — B,  Mitrailleuse  ; 
66®  chass.,  mai  18  ;  —  cf.  zinzin.  —  bousine, 
f.,  A,  Mitrailleuse  ;  mitrailleurs  du  130®  inf.  et 
d'autres  corps,  17-18  ;  —  B,  1,  Locomotive  ; 
DUR,  Est- Républicain,  3-9-16,  p.  2,  c.  1  ;  — 
2,  Cuisine  roulante  ;  inf.,  -15,  Lorraine,  ay- 
NAUD  ;  —  idée  commune  :  Machine  bruyante  ; 
cf.  zinzin,  et  plus  (généralement  l'application  à 
diverses  machines  des  mots  bécane,  tacot,  tank, 
zinc.  —  bousiner  ;  voir  zinzin. 

bout  de  bois  (tirer  le),  Lancer  l'hélice  ; 
esc.  S-152  ;  juin  18. 

bout  de  bois,  1,  m.,  Etat  d'ébriéto  :  «  J'avais 
pas  le  bout  de  bois,  mais  je  me  sentais  troublé  )>, 
«  Tu  avais  ramassé  un  bout  de  bois,  hier  !  », 
«  Y  en  avait  des  bouts  de  bois,  au  Centre,  le 
premier  janvier  !  »  ;  marins  et  soldats.  Diri- 
geables et  Captifs,  17-18  ;  \\  usuel  aux  marins, 
Brest,  -08.^ —  Est-ce  parce  que  l'homme  ivre 
a  quelque  chose  dans  le  nez  et  que  les  sauvages 

—  111  -^ 


se  mettent  dans  le  nez  un  bout  de  bois  ?  — 
L'espagnol,  qui  a  taco,  Cheville,  a  aussi  taco, 
«  coups  de  vin  bus  Tun  sur  l'autre  »,  quintana  ; 
le  français,  qui  a  tacot,  Bout  de  bois,  (en  Gâti- 
nais,  par  ex.  ;  voir  ici  tacot,)  a  aussi  tacot,  Petit 
verre  d'alcool,  (de  Brest  à  Noirmoutiers)  ;  d'où 
la  substitution  de  bout  de  bois  à  tacot  dans 
*avoir  un  tacot  dans  le  nez  ?  -^^  2,  Ivre  :  «  Je 
suis  bout  de  bois  »  ;  marins,  centre  de  captifs, 
fév.  18.  —  De  même,  de  ai^oir  bu  du  gaz  dérive 
être  gaz.  Etre  ivre  ;  mécanos  d'aven  Pau,  et 
2^  mixte,  -18  ;  —  de  a^oir  son  grain,  être  grain  : 
«  Avant  la  guerre,  je  ne  buvais  jamais,  mainte- 
nant je  suis  toujours  à  moitié  grain  »,  un  ma- 
rin, Captifs,  fév.  18.  —  Cette  explication 
semble  meilleure  que  de  supposer  qu^ être  bout 
de  bois  soit  Etre  raide  (Ivre)  comme  un  bout 
de  bois  et  d'en  tirer  l'emploi  1. 

bouteille,  f.,  1,  Torpille  aérienne  française  ; 
10^  et  27^  inf.,  -15.  —  Syssém.  :  bidon,  m., 
même  sens,  surtout  pour  les  gros  calibres  ; 
95^  inf.,  avr.  16,  Eparges,  (mais  en  mai  18, 
dans  ce  corps,  n*est  plus  usuel  qu'aux  anciens)  ; 
—  2,  «  Tuyau  de  poêle»  boche  ;  95®  inf.,  nov.  14 
au  Bois-Brûlé,  forêt  d'Apremont,  «  nom  assez 
impropre,  qui  est  demeuré  cependant  au  95®  » 

~  112  — 


jiisqu*en  mars  18,  a.  blanc  ;  —  3,  Pétard  a 
manche  ;  d.  —  Le  sens  1  est  dû  à  la  forme  de 
la  torpille  ;  2  et  3  sont  abusifs.  —  bouteille  de 
Champagne,  f.,Obus  de  88  autrichien  ;  20^  chass., 
août  18  ;  —  créé  sans  doute  dans  quelque  sec- 
teur champenois  où  pleuvait  la  bouteille  ;  sous 
Verdun,  -16,  le  soldat  mitraillé  parle  de  dragées 
de  Verdun,  par  allusion  double  à  celles  qu'il  y 
reçoit  et  à  celles  que  Verdun  fabriquait.  —  Cf. 
marmite. 

bouteille  de  Champagne  (la),  f.,  l'Hôpital 
Brezin  à  Garches  ;  d^  c.  sahuc  ;  ■ —  parce  qu'il 
a  reçu  les  évacués  de  la  grande  offensive  de 
Champagne  de  -15  ;  cf.  dauzat,  16-4-17,  660. 

bouteillon,  m.,  1,  Marmite  de  campement  indi- 
viduelle, portée  par  le  fantassin  ;  usage  général  ; 
au  81®  t.,  surtout  en  -14  ;  |  «  Et  les  bouthéons 
(prononcez  houteillons)  )),  p'tit  gars  ;  «  j'en- 
voyai une  corvée  avec  Ses  bouttions  »,  e.  r.^ 
Journ.,  21-9-17.  —  L'objet  a  été  inventé  par 
un  intendant,  M.  Bouthéon  ;  bouteillon  est  une 
étymologie  populaire,  antérieure  d'ailleurs  à 
-14.  A  Montendre  (Char.-Inf.)  bouteillon,  (là 
encore  on  prononce  aussi  bouttion  ;  cf.  artilleur 
■— >-  artieur),  Panier  à  une  anse  et  à  couvercle 
bilobé    pour   faire    le    marché.    —   2,    Torpille 

—  113  — 

S8NAULT  B 


aérienne  :  houtéon,  d.  —  Sématisme,  cf.    mat- 
mite. 

boutrole,  f.,  Casque  1915  ;  d.  —  Métaphore 
de  fonction  (ou  de  forme  et  de  matière)  sur 
bouterolle,  Garniture  de  fer  au  bout  du  four- 
reau d'épée. 

boyauter,  1,  Cheminer  dans  les  boyaux,  aux 
tranchées  ;  81®  t.,  avr.  15  ;  —  2,  Vivre  aux 
tranchées  :  «  la  Chéchia,  journal  boyautant  du 
1®^  zouaves  )),  mars  16,  titre  calembourisant 
avec  se  boyauter,  Se  tordre  de  rire.  —  Dér.  : 
boyauteur,  m.,  Grand  creuseur  de  tranchées  et 
boyaux     ;  81®  t.,  -15. 

branco,  m.,  Brancardier  ;  Feu^  59.  •^-  Syn.  ; 
brancardot,  m.,  et  braquignol,  m.,  d,  —  Cf.  veto. 

braq[uer,  Faire  un  virage  (en  avion)  ;  mont- 
GEORGE.  —  Terme  de  charretier  :  braquer 
l'avant-train,  le  Mettre  dans  une  position 
oblique  par  rapport  à  i'axe  de  la  voiture. 

bras-cassés,  m., A,  Homme  paresseux  ;  V.  du 
p.  ;  D.  m.  p.  S'emploie  à  l'adresse  des  brancar- 
diers, 81®  t.,  15-17  ;  des  sergents-fourriers  et 
caporaux  d'ordinaire,  D.  m.  p.  aux  mots  sac 
et  saindoux.  — ■  Cf.  retourné.  —  B,  Marin  en 
mauvaise  posture  pour  l'avancement  par  suite 
de  mauvaises  notes  ;   marins,   14-18  ;   on   dit 


114 


I, 


aussi  de  lui  «  il  a  eu  les  bras  coupés  ».  —  bras- 
mort,  m.,  Serre-frein  de  train  ;  5®  génie,  sept. 
18  ;  ( —  on  l'appelle  aussi  croquemort). 

brêl,  m.,  Mulet  ;  13^  tir.  alg.,  août  18  ;  des 
brêl  traînent  les  voiturettes  de  mitrailleuses.  ■ — 
Arabe  hgKèl  ;  r  français  faux-équivalent  de  la 
gutturale  aspirée.  Cf.  chouya. 

breler,  Punir  ;  génie,  avant  mai  18.  —  De 
breller,  terme  de  pontonnier,  syn.  d'Attacher  ? 
Serait  en  ce  cas  syssém.  du  mot  des  marins 
souquer,  1,  Raidir  (une  amarre),  2,  Tenir  sévè- 
rement sous  un  régime  de  punitions  ;  —  san- 
gler, Réprimander  ;  —  ceinturer,  hisser,  Arrêter. 
bride  (se  mettre  la),  Jeûner  ;  81^  t.,  -16.  — 
Syssém.  :  se  mettre  la  corde,  1,  Jeûner  ;  81^  t., 
-15  ;  —  2,  par  extension,  Ne  rien  avoir  :  «  si 
tu  laisses  tomber  une  vis  [dans  la  paille  de 
couchage],  tu  peux  t'mettre  la  corde  pour  la 
retrouver  »,  Feu,  146.  —  Ce  sont  de  simples 
remplacements  syn.  de  se  mettre  la  ceinture, 
Jeûner  ;  81®  t.,  14-17  ;  général  ;  ||  date  d'au 
moins  -94,  dauzat,  16-4-17,  667  ;  se  mettre  la 
ceinture  de  qqch.,  en  Etre  frustré  ;  81®  t., 
14-17  ;  général  ;  |  «  on  s'met  la  ceinture  d'élec- 
trique »,  Feu,  203  ;  «  on  se  met  la  ceinture  pour 
le  pinard  »,  Pépères,  256  ;  «  la  ceinture  !  »,  Je  n'ai 

—  115  — 


rien  eu,  Tu  n*en  auras  pas,  Il  n'en  aurait  pas, 
toute  la  conjugaison  ;  — ,  s'accompagne,   chez 
ceux  qui  parlent  bien,   du  geste  approprié  au 
serrage   d'une  ceinture  à  ardillon  pour  moins 
souffrir  du  jeûne  ;  —  de  là  les  crans,  symbole 
de  Privation  ;  (  «  Et  deux  crans,  pour  le  pèze  », 
Pas  d'argent,  cargo,  Innocents,  97)  ;  toutefois, 
cran,    Jour   de   punition,    mot   de   caserne   qui 
semble  se  dater  d'entre  85-95,  ne  vient  pas  de 
ce   que  la   consigne   est   une   «  privation  »   de 
sortie,  (cela,  c'est  du  style  de  collège),  mais  de 
ce  que  le  consigné  est  «  bouclé  »  au  quartier, 
(d'où  l'idée  de  ceinturon  à  crans)  ;  —  se  mettre 
la  tringle.  Jeûner  ;  270^  art.,2e  c^l,  -18  ;  |  «Tu 
m'as  pas  ar'gardé.  Tu  peux  t'mettre  la  tringle  », 
Feu,  42  ;  |]  se  mettre  une  tringle,  même  sens  ;  sol- 
dats   suisses,  6'c/i«'.    Sold.,12  ;  — tringle,  Rien, 
usuel  aux  ouvriers  parisiens,  au  moins  dès  -96. 
briques  (bouffer  des),  Jeûner  ;  81®  t.,  14-17  ; 
général  ;  |1  s'enfiler    des    briques,   rig.,    manger 
des  briques,  noter, et  se  caler  des  briques,  sauce 
cailloux,   ROSS.,  même  sens.  —  Syssém.   :  bec- 
queter du  bois,  Jeûner  ;  Feu,  39  ;  —  manger 
des  clarinettes,    Jeûner  ;    270^    art.,  mai  18  ;  | 
becqueter  des  clarinettes.  Jeûner  ;  Feu,  253  ;  — 
jouer  du  fifre  ;  noter.    —   Ces   divers    menus 


—  116  — 


I 


d'inanition  s'expliquent  suffisamment  de  soi, 
puisqu'on  ne  profite  guère  à  téter  sa  clari- 
nette, ni  à  mordre  du  bois,  ni  à  lécher  les  murs  ; 
briques  cependant  n'est  pas  aussi  limpide  que 
cailloux  :  à  travers  les  patois  briques  signifie 
Fragments,  Miettes  ;  on  peut  croire  aussi  que 
briques  est  un  remplaçant  syn.  de  pavés,  dans 
manger  du  pavé,  Chercher  en  vain  de  l'ouvrage, 
RI  G.,  avec  disparition  de  l'image  première  de 
promenade  famélique  ;  enfin  prie  s'emploie  ac- 
tuellement comme  syn.  de  Rien  :  «  je  n'en- 
trave que  prie  »,  mécanos  d'av^^  parisiens,  Pau 
mars  18,  et  en  gascon  brigo  est  Rien  du  tout  : 
«  Avèt  sucré  ?  —  Nou  n'èy  pas  brigo  !  »  —  On 
se  demande  donc  si  ce  brigo,  ou  ce  prie,  ou  tout 
au  moins  ces  briques,  Fragments,  ne  sont  pas 
l'origine  de  la  série  sysséman tique. — Autre  lo- 
cution syn.  :  béqueter,  s'enfoncer,  se  taper,  ou 
s'envoyer  des  clopes  ;  Parisiens,  avr.  18  ;  Il 
s'envoyer  des  cloques,  bruant  ;  —  les  clopes  ce 
sont  les  Mégots  de  cigarettes  ;  je  ne  sais  s'ils 
sont  symbole  de  jeûne  forcé  parce  qu'ils  sont 
des  cigarettes  de  pauvre,  ou  parce  qu'on  fume 
pour  tromper  la  faim. 

brouillard  (foncer  dans  le).  Monter  à  l'assaut  ; 
2e  0^1,  août  18. 

—  117  — 


brûler,  A,  Tuer  (qqn),  d'un  coup  de  feu  ;  usuel 
aux  ouvriers  des  villes,  14-18  ;  |  «  J'en  ai  brûlé 
un  grand  roux  [un  Boche]  au  dernier  coup  de 
main  »,  Cabaret,  457  ;  ||  usuel  aux  apaches  mo 
dernes  dès  -03  au  moins,  ce  raccourci  de  brûler 
la  cervelle,  ou  la  gueule,  à  qqn,  est  encore  bien 
plus  ancien  :  «  Lâche  le  cheval,  ou  je  te  brûle  !  », 
STENDHAL,  Ckartreuse  de  Parme  (Iggg),  m, 
(éd.  Fayard,  I,  55).  —  B,  1,  Astiquer  ;  d.  ;  — 
un  mauvais  astiquage  brûle  le  cuir  ;  —  Atta- 
quer avec  acharnement  ;  d.  ;  —  astiquer,  c'est 
Rosser. 

buffet,  m.,  1,  Estomac  (du  cardia  au  pylore) 
s-en  mettre  plein  le  buffet,  40®  art.,  -18  ;  | 
LAMBERT  ;  «  J'tc  dis  qu'si  j'ai  rien  dans  l'buffet, 
j'marche  pas  !  »,  la  Saucisse,  in  B.  des  A.,  25- 
7-17  ;  —  syssém.  :  magasin,  m.,  même  sens  ; 
D.  m.  p.  ;  —  allusion  au  magasin,  du  fusil  86  ; 
—  caisse  ;  —  baraque  :  «  se  taper  sur  la  caisse 
ou  sur  la  baraque  »,  Jeûner  par  force,  rig.  ;  — 
2,  par  extension.  Estomac  (Poitrine)  ;  divers 
soldats,  16-17  ;  voir  ici  casserole  et  en  a^oir 
sous  hf  la,  les  ;  |  «  Partie  supérieure  du  corps  », 
D.  m.  p.  ;  ■ — •  ou  Tronc,  y  compris  le  ventre  i 
«  Quand  j'ai  reçu  ma  ferraille,  j'ai  dit  :  «  Aux 
abatis,   ça  va.   Rien  dans  l'buffet,   ça  colle  », 


118 


Gaspard,  150.  —  Syssém.  :  garde- manger,  m., 
Poitrine,  Ventre  :  «  quatre  balles  dans  le  garde- 
manger  »,  d'esparbès,  Journ'.,  10-11-16  ;  il  est 
naturel  de  préciser  par  une  image  alimentaire 
l'espèce  du  coffre  Estomac-Poitrine  ;  —  en 
voici  une  autre  :  armoire,  f.,  Poitrine,  Feu, 
21-8-16,  est  précisé  par  armoire  à  linge,  f., 
Poitrine  ou  Ventre,  Feu,  36,  —  soit  par  queue 
romantique,  soit  pour  évoquer  une  chemise 
plastronneuse. 

busot,m.,Obus;  d. — busoter, Bombarder  ;  d. 

cabane,  f.,  Chevron  de  blessure  :  Les  nou- 
veaux gardiens  de  la  paix  recrutés  au  front 
«  sont  facilement  reconnaissables,  car  tous 
portent  les  quatre  brisques  sur  la  manche 
gauche  et  quelquefois  aussi  une  ou  deux  «  ca- 
banes ))  sur  la  manche  droite  »,  A.  fr.,  13-7-17, 
p.  3,  c.  5.  —  La  répartition  des  deux  sens  Che- 
vron de  blessure  et  Chevron  d'ancienneté  entre 
cabane  et  baraque  n'empêche  pas  l'unité  de 
leur  sématisme  ;  voir  pied. 

cabèche,  f..  Tête  ;  ne  paraît  vraiment  usuel 
que  dans  la  locution  de  sabir  couper  cabèche, 
Couper  la  tête  d'un  ennemi  tué,  usuelle  aux 
Bicots  ;  I  PARAUD.  —  Cabane,  dans  attiger  la 
cabane,   Se  moquer,  semble  une  libre  suffixa- 

^  119  ^ 


tion,  calembourique,  de  cahèche  ou  cahoche  ; 
attiger  c'est  Se  payer  la  tête.  Un  marchand 
forain  bon  argotier^au  81®  t.,  -16,  ne  prononce 
que  attiger  la  cabale. 

caberlot,  m.,  Tête  ;  231®  inf.,  14-16;  |  «  une 
idée  fixe  au  milieu  du  caberlot  »,  Feu,  20-8-16  ; 
Il  Paris,  avant  -14.  —  Cabernot,  Petit  cabinet 
noir,  à  Vertou  (Loire- Inf.),  80-85,  et  à  S^-Na- 
zaire,  -18.  Le  sématisme  est  Caisson.  —  Cf. 
bouine. 

cab-four,  m..  Caporal-fourrier  ;  D.  m.  p.  — 
brig'four,  Brigadier-fourrier  ;  cavalerie,  rig. 

cafard,  m.,  Prise  de  regard  mentale  qui  res- 
treint le  champ  intellectuel,  rend  esclave  des 
impressions  tristes  et  ne  suggère  au  malade 
d'autre  guérison  qu'une  absence  géographique, 
de  sorte  que  le  cafard  devient  l'excuse,  facile, 
des  déserteurs  ;  usuel  et  général  :  coup  de  ca- 
fard, Acte  sot  causé  par  le  spleen  ;  il  courant 
dans  les  corps  africains  et  coloniaux,  généralisé 
par  la  guerre  ;  —  les  hommes  atteints  du  ca- 
fard, du  cafard  noir  (voir  noir),  ou  du  cafard 
vert  (celui-ci  est  le  plus  terrible,  comme  la 
manille  verte  est  la  Manille  la  plus  forte,  celle 
d'atout),  distillent  le  «  sirop  de  cafard  »  et  l'in- 
fusent à  qui  les  écoute  ;   cf.   veson.  —  Séma- 

_  120  — 


tisme  :  Insecte  rongeur  ;  voir  grelots,  - —  Dér.  : 
hypercafard,  Cafard  renforcé  ;  —  cafardisé,  en- 
cafardé,  Atteint  du  cafard  ;  —  décafardé,  dé- 
sencafardé.  Guéri  du  cafard. 

cafouille,  f.,  1,  Fouillis  ;  2,  Boue  ;  154^  inf., 
-18.  —  Cf.  pasdss.  —  Dér.  :  cafouiller,  Mal 
fonctionner  ;  automobilistes,  S.  A.  P.-X,  -16  ; 
aviateurs,  16-18  ;  Etre  maladroit  ;  télépho- 
nistes, 8®  génie,  -18  ;  |  «  Ça  cafouille  )),L'appareil 
est  secoué  par  le  mauvais  régime  d'une  hélice, 
PUNCH,  Fantasio,  15-8-16,  p.  96;  I|  très  usuel 
dans  les  sports,  notamment  au  foot-ball,  au 
sens  Mal  jouer  ;  cafouiller,  «  Chercher  »,  dlle, 
plus  exactement  Mettre  du  désordre  en  cher- 
chant. ■_ —  cafouilleux,  Maladroit  ;  aviateurs, 
téléphonistes,   16-18    ;     |     musidora  ;  |I    Bête, 

DLLE. 

cage  à  poules,  f..  A,  Avion  à  empennages 
M.  Farman,  Voisin  et  peut-être  G-4  (Caudron 
ancien)  ;  15-18  ;  ]  «  de  paisibles  «  cages  à 
poules  »  —  nous  étions  en  1915  —  reposaient 
sous  les  Bessonneaux  »,  Vincent,  Gu,  Aér., 
17-1-18  ;  —  l'hélice  de  ces  types  était  à  l'ar- 
rière, dans  un  bâtis  qui  tenait  lieu  du  fuselage 
des  types  plus  récents.  —  B,  Bâtis  carré  de 
bois  se  fixant   sur  le  coffre  du  caisson  d'ar- 

—  121  — 


tillerie,  pour  transporte!"  le  surplus  de  matériel 
et  d'effets  divers  des  servants  ;  mot  apparu 
au  40®  art.,  fin  oct.  17  dans  la  Somme,  usuel 
trois  semaines  après  et  en  juin  18  ;  —  Taspect 
«  rappelle  tout  à  fait  les  cages  que  les  mar- 
chands de  «  poussines  )>  et  de  pigeons  emploient 
dans  l'est  »,  f.  de  keralio  ;  —  syssém.  :  boîte 
à  cochons,  f.,  même  sens  ;  —  comparaison 
avec  les  boîtes  servant  aux  unités  des  diverses 
armes  à  transporter  leurs  cochons  nourris  des 
déchets  de  l'ordinaire  ;  —  syn.  :  boîton,  m.  ;  — 
ces  deux  noms  boîte  à  cochons  et  boîton  ont  été 
essayés,  au  40®  art.,  17-18,  mais  n'ont  pas  pris  ; 
—  autre  syn.  :  cage  à  douilles,  f.,  moins  usuel 
que  cage  à  poules,  40®  art.,  5.®  b*®,  juin  18. 

cagna,  f.,  1,  Abri  léger  aux  tranchées,  soit 
niche  dans  la  terre,  soit  cabane  de  boisage  ; 
très  usuel  et,  dès  -15,  très  général  ;  81®  t., 
Artois,  et  xxxx®  inf..  Lorraine,  dès  oct.  14, 
infiniment  plus  usuel  que  gourbi  et  guitoune  ; 
«  les  cagnas  individuelles  sont  interdites  «, 
81®  t.,  -15  ;  I  «  Voici  des  «  cagnats  »  admira- 
blement installées.  Des  escaliers  descendent 
sous  terre  et  Ton  aperçoit  de  la  paille  fraîche. 
Des  matelas  épais  de  rondins  et  de  tôle  on- 
dulée    mettent     ces     abris     à     l'épreuve     des 

—  122  -^ 


bombes  les  plus  puissantes  »,  Matin,  17- 
8-15.  —  Annamite  cai-nhà,  Maison  en  paillotte 
ou  bambou  tressé  ;  (ex.  ;  léra,  Tonkinoiseries 
(1896),  14)  ;  d*où  cagna,  f.,  Chambre  (de  ca- 
serne), usuel  dès  longtemps  aux  coloniaux  dans 
leurs  dépôts  en  France  ;  (ex.  :  «  Qui  est-ce  qui 
est  de  caï-nhà  là-dedans  ?  »,  Quel  est  l'homme 
de  chambre  ?,  B.  des  A.,  12-7-16,  p.  12)  ;  — 
2,  Maison  (civile),  Chez-soi  :  «  —  Ah  !  la  cagna  ! 
R'voir  sa  cagna  !...  C'est  propre  ici,  c'est  mi- 
gnon »,  Gaspard,  244,  propos  de  Gaspard  per- 
missionnaire; 11  usuel  à  Brest,  -01  ;  —  syssém.  : 
guitoune,  Chez^soi,  ross.  ;  —  un  ex-officier 
appelle  son  chez-soi  sa  tente,  d'esparbês, 
Demi-  Solde,  xvi.  —  On  lit  «  la  cague  »,  l'Abri 
(aux  tranchées),  dans  une  lettre  de  A.  Paraud, 
Figaro,  5-5-15,  (texte  ici  tue-boches),  coquille 
pour  cagna  ;  (sain,  l'a  transcrit  «  cagne  »,  sans 
prévenir,  et  a  voulu  en  faire  une  forme  «  fran- 
cisée »,  —  que  personne  ne  connaît.  —  Une 
étymologie  proposée  de  cagna  par  cagnard. 
Abri  sur  le  pont  d'un  navire,  Abri  sous  les  ponts 
de  Paris,  (cf.  «  si  un  enfant  <;...>>,  il  faudrait 
l'étouffer  ou  le  jeter  aux  cagnards  »,  diderot. 
Neveu  de  Rameau),  n  est  condamnable  ni  en 
sémantique,  ni  parce  que  cagnard  est  désuet. 


123 


ni  phonétiquement, (cf.  prélart  — >  prélat,  Toile 
goudronnée,  cagnard  • — ^  cagnat,  Goéland,  en 
Côtes-du-Nord);  mais,  outre  le  témoignage  des 
coloniaux,  la  morphologie  s'y  oppose  :  on  dit 
un  cagnard  et  une  cagna.  Quant  à  la  Cagne, 
l'Ecole  Normale  Supérieure,  c'est  bien  moins 
vite  une  importation  d'Annam  pour  dire  Mai- 
son par  excellence,  que  l'ensemble  des  Cagneux 
(Normaliens)  ;  cf.  marsouille.  —  Autres  mots 
annamites  usuels  à  nos  marins  :  nyoc,  f.,  Eau. 
—  tyoutyou,  m.,  Riz  ;  2©  c^l,  -18  ;  —  d'où 
tyoutyouter,  Manger  ;  marins,  -18. 

caïffa,  m..  Chasseur  d'Afrique  ;  d.  —  Ils 
vivent  sous  le  même  tropique  que  le  café  du 
Planteur    de    Caïffa. 

caille  (être  à  la),  Etre  en  rouspétance  ;  Pari- 
siens et  parisianisés,  17-18  ;  «  Ils  s'étaient  payé 
des  fringues  et  on  avait  tout  embarqué  !  Ils 
n'avaient  plus  rien.  Tu  parles  qu'ils  étaient  à 
la  caille  !  »,  un  2^-m®,  Paimbœuf,  -17  ;  — 
l'avoir  à  la  caille,  «  Etre  embêté  avec  souvent 
aussi  l'idée  de  ne  pas  être  rassuré  »,  p.  char- 
pentier, 13®  tir.  alg.,  -18  ;  —  d'où  avoir  qqn 
à  la  caille.  Etre  irrité  contre  qqn  ;  |  «  où  j'ies 
ai  à  la  caille  [les  embusqués  et  demi-em- 
busqués], c'est  quand  i'  crânent  »,  Feu^  136  ; 

— ■  124  — 


((  je  les  avais  plutôt  à  la  caille  [les  touristes  et 
métèques]  )),  J'avais  une  dent  contre  eux,  ib.^ 
20-8-16  ;  Il  «  Je  faisais  faire  cercle  aux  gens  ; 
y  en  avait  un  à  qui  j'avais  dû  laisser  tomber 
ma  crosse  sur  le  pied  plusieurs  fois  ;  à  la  fin  il 
commençait  à  m'avoir  à  la  caille  »,  un  fantassin 
de  ligne,  Parisien,  -10,  à  propos  d'un  service 
d'ordre  en  pays  espagnol.  —  Si  on  invoque 
*rouscaille,  f.,  substantif  verbal  de  rouscailler, 
Rouspéter,  qui  se  trouve  dès  1628  dans  le  Jar- 
gon  au  sens  de  Parler,  lessyssém.  seront  aller 
au  râle,  Rouspéter  :  «  On  lui  a  chipé  son  bidon, 
tu  parles  s'il  va  aller  au  râle  »  ;  soldats,  Pari- 
siens surtout,  -18  ;  H  usuel  avant  14  ;  —  de 
râler  ;  —  aller  au  cri.  Rouspéter  :  «  Quinze 
jours  de  grosse  [de  Prison]  pour  une  plombe 
[Heure]  de  retard,  y  a  de  quoi  aller  au  cri  !  »  ; 
soldats,  Parisiens,  -18  ;  ||  usuel  avant  -14  ;  — 
de  crier.  Si  on  rapproche  se  cailler  le  sang,  Se 
faire  de  la  bile,  usuel  dès  -01,  la  tournure  Valoir, 
où  r  représentera  le  sang,  sera  crue  antérieure 
à  la  tournure  être,  et  le  syssém.  sera  tout  mon 
sang  dans  mes  freines  se  glace.  Si  on  invoque 
mouscaille,  f.,  Gadoue,  V  sera  encore  le  sang, 
mais  les  syssém.  seront  l'avoir  à  la  merde, 
l'avoir  à  la  crotte,  Paris  et  13®  tir.  alg.,  -18,  et 

^  125  — 


3e  faire  un  sang  de  peste.  La  .1^^  hypothèse 
explique  mieux  ai^oir  qqn  à  la  caille,  la  2®  Fa^^oir 
à  la  caille,  la  3^  être  à  la  caille. 

caisseur,  m.,  Discoureur  prolixe  ;  22^  C.  O.  A., 
14-16  ;  —  caissard,  m.,  même  sens  ;  ib.  — 
Homme  qui  en  fait  une  caisse.  —  Cf.  hisser 
et  déculottée. 

calabousse,  f.,  Prison  ;  marins,  15-18.  ~  Un 
marin  en  -15  me  dit  :  «  C'est  le  nom  de  la  prison 
à  San- Francisco.»  Le  mot  est  usuel  aux  marins 
des  Etats-Unis,  mars  18  ;  ils  l'écrivent  «  cala- 
bouss  »  et  l'estiment  connu  à  travers  tous  les 
Etats-Unis,  au  sens  Prison,  ou  tout  au  moins 
Violon  (prison  provisoire). 

calebasse,  f.,  Abri  aux  tranchées  :  chercher 
«  une  calebasse  pour  planquer  ses  os  »,  Feu, 
234  ;  «  une  calebasse  où  des  Boches  s'étaient 
planqués  »,  ib.,  287.  —  Supposé  que  l'image 
première,  d'un  toit  bombé  en  fruit  de  courge, 
convienne  moins  pour  le  second  texte,  qui 
suppose  une  architecture  presque  vitruvienne, 
le  sens  avait  déjà  été  étendu  jusqu'à  Apparte- 
ment civil  :  «  Quand  j'avais  loué  cette  grande 
calebasse  d'appartement,  —  comme  disait  élé- 
gamment le  lieutenant  Louis  de  Meung,  qui 
ne  poétisait  pas  les  choses,  —  »,  d'aurevilly, 

—  126  — 


Diaboliques,  Rideau  cramoisi.  —  Syssém.  t 
bocal,  Logement  ;  —  bidon  de  zinc.  Sous- ma- 
rin. 

calendrier,  m.,  Petite  boîte  d'explosif,  fixée 
sur  raquette  de  bois,  qui,  tenue  par  le  manche, 
se  lance,  ou  s'assène  sur  l'adversaire  ;  engin 
français  ;  95®  inf.,  janv.  15  ;  46®  inf.,  14-16  ; 
mot  ignoré  au  81®  t.,  14-17,  et  au  14®  chass., 
nov.  16;  désuet  d'ailleurs,  comme  la  chose, 
avant  mars  18;  |  D,  m.  p.  ;  a  Grenade  à  main  », 
V.  du  p.  —  Le  texte  suivant,  où  est  censé  parler 
un  soldat  français,  «  recevoir  sur  ma  cloche  des 
calendriers,  des  guitares,  des  raxjuettes  et  des 
crapouillots  »,  chapelle,  pourrait  faire  penser 
à  tort  que  ces  noms  désignent  des  engins 
boches. 

caler  les  dominos  (se),  Manger  ;  8®  inf.,  -17. 
■ — •  Les  dominos  sont  les  Dents.  • —  Syn.  :  se 
caler  les  joues,  les  amygdales,  les  soupapes,  ri  g.  ; 
se  caler  les  foies,  Nantes,  -13. 

calot,  m..  Bonnet  de  police  ;  81®  t.,  14-17  ; 
usuel  et  général;  jj  seul  nom  usuel  au  troupier 
au  19®  inf.,  -95.  —  Mot  que  beaucoup  ignoraient 
avant  -14,  dauzat,  16-4-17,  666  ;  désignait 
jadis  le  Fond  du  shako,  dauzat,  ib.  ;  k  Saint- 
Cyr,  le  Képi,  rig. 

—  127  — 


ôàlûa,  m.,  Centre  d'approvisionnement  de 
matériel  automobile  ;  lafage,  Les  bagnoles  au 
Cama,  Journ.^  22-6-16.  —  Mot  fait  des  initiales 
c,  a,  m,  a  ;  cf.  crip,  rat,  ex,  érème,  bâton,deux- 
quarante- quatre.  —  La  langue  anglo-saxonne 
aime  ces  formules  algébriques  ;  les  Anglais  ont 
anzac, Australian  and  New-Zealand  Army  Corps, 
qu'on  trouve  en  français,  m.  sing.,  Secteur 
occupé  par  l'Anzac  aux  Dardanelles  ;  —  nos 
alliés  des  Etats-Unis  amex,  American  Expedi- 
tionary  Force,  qu'on  trouve,  m.  pi.,  Soldats 
des  Etats-Unis,  dans  nos  textes  imprimés  : 
Matin,  25-8-17,  p.  1,  c.  1  ;  Phare  de  la 
Loire,  13-4-18,  p.  1,  c.  2  ;  Vie  Par.,  18-5-18, 
429. 

camarade  syndiqué.  Mon  ami  ;  vocatif,  usuel  ; 
81®  t.,  14-16  ;  I  Gaspard,  10  ;  —  camarade  syn- 
diqué de  la  Palliée,  même  sens  ;  81®  t.,  14-16  ; 
- —  La  Pallice  étant  proche  de  la  Vendée, 
quelque  événement  syndicaliste  doit  être  l'ori- 
gine du  succès  de  cette  queue  anecdotique 
dans  la  88®  D°^  t.  —  Cf.,  autres  traces  de  la 
lutte  des  classes,  faire  des  manières  bour- 
geoises. Faire  des  manières,  (Viser  à  la  délica- 
tesse,) 81®  t.,  -17  ;  marins,  -18  ;  —  et,  aux 
Confusions,  amnistie. 


128 


camembert,  m.,  Képi  d'officier  :  «  ton  ca- 
membert »,  groupe  de  médecins  militaires,  Pa- 
ris, avr.  -17.  —  Image  prise  de  la  forme  basse 
et  très  cylindrique  du  képi  d'officier  à  la  mode. 
—  boîte  à  singe,  f..  Képi  haut  (d'un  colonel)  ; 
D.  —  C.-à-d.  boîte  à  viande  de  conserve,  cylin- 
drique. 

camigôotte,  f..  Abri  aux  tranchées  ;  Feu,  20- 
8-16,  et  p.  216. 

camoufle,  f,.  Camouflage  ;  faire  une  ca- 
moufle, Maquiller  ;  D.  m.  p. 

camoufler,  Chaparder  ;  13^  tir.  alg.,  40^  art., 
-18  ;  I  «  Quel  est  encore  l'animal  qui  m'a 
«  camouflé  »  mon  paquet  de  tabac  ?  »,  Echo 
des  Marmites,  in  Ann.  p.  L,  5-11-16,  485, 
démarqué  par  le  Crocodile,  in  B.  des  A.,  28- 
2-17.  —  Camoufler  un  engin  d'attaque,  un 
travail  de  défense,  c'est  le  soustraire  (aux  re- 
gards) ;  cf.  embusquer  et  repérer.  Mieux,  ca- 
moufler l'ennemi,  c'est  le  souffler,  le  subtiliser^ 
en  faisant  exploser  un  camouflet  souterrain, 
(«  ce  furent  les  Boches  qui  furent  camouflés  », 
Bourru,  264). 

canadien,  m..  Engagé  de  la  classe  18,  dur  à  ins- 
truire ;  82e  j^rt.  L,  -17  ;  D.  —L'artillerie  fut  dotée 
en    15-17   de  chevaux  canadiens  rétif  s  au  trait. 

—  129  — 

ESNAULT  9 


cantoche,  f.,  Cantine,  (salle  du  cantinier)  ; 
81®  t.,  rare  ;  |  Gaspard,  231  ;  «  Y  fera  soif,  ce 
soir,  à  la  cantocke  »,  marcel,  Journ.,  21-6-15  ; 
(ce  dernier  texte  mal  transcrit  donne  à  sain. 
un  mot  cantache,  que  gauthiot  ensuite  dit 
«  de  vieux  argot  militaire  »,  et  que  je  n'ai 
jamais  entendu.  —  Cf.  sardoche. 

caoutchouc,  m.,  Café  :  «  L'caoutchouc  a  fait 
l'mur  )),  Plus  de  café.  Feu,  203  ;  —  suffixation- 
calembour  sur  caoudji.  —  caoua,  m..  Café  ; 
gagne  du  terrain,  propagé  par  les  coloniaux  ; 
—  arabe,  kahwa,  Café  ;  cf.  chouya.  —  caoudji, 
m.,  Café  ;  même  remarque  ;  —  arabe  kah- 
wadji,  Cafetier  ;  bistro  a  de  même  deux  sens. 
Marchand  de  vin,  «  chez  le  bistro  »,  Débit  de 
vin,  «  aller  au  bistro  ». 

cap-horn,  m.,  1,  Coiffure  de  cuir  pour  les 
navigateurs  :  «  son  front  [d'un  matelot],  où 
les  cheveux  bouclaient  sous  le  «  cap  Horn  »,  — 
la  rude  coiffure  de  cuir,  —  »,  mille,  Journ., 
8-8-17  ;  —  2,  Bonnet  de  vol,  en  cuir,  doublé  de 
drap,  pour  observateurs  de  captifs  et  pilotes 
de  dirigeables,  Paimbœuf  et  S^-Nazaire,  17-18. 

capi,  m.,  Capitaine  ;  D,  m.  p.  —  Syn.  : 
capit',  D.  —  pitaine,  m.,  Chef  d'escadrille  ; 
Mousqu.,  125.  —  Cf.  terri. 

—  130  — 


caporal- patates,     m.,    Caporal    d'ordinaire  ; 
8le  t.,  14-17  ;  78e  t.,  14-17  ;  —  caporal-sain- 
doux, m.,  même  sens  (et  non  Caporal-fourrier, 
comme   dit   rocher,   25-8-16)  ;   81®  t.,    15-16, 
130^  inf.,  -18;  —  cabot- graillon,  m., même  sens  ; 
Télé-Mail,  in  Front,  1-9-16  ;  —  cabo-rata,   m., 
même  sens  ;  3®  s^^  autom.  de   munitions  pour 
l'art.    1.,    Salonique    et    Assanova,    14-17  ;    — 
caporal- mulets,   m.,  Caporal  mitrailleur  mule- 
tier; 81^  t., -14  ;  —  caporal- bourrin,  m.,  même 
sens  ;  81^  t.,  -14  ;  —  brigadier- marcassin,  m.,(?) 
Brigadier    soignant    les    porcs    de    la    section, 
14®   son.  d'auto-canons   75,   30®    art.,    adresse 
d'une    carte-postale    envoyée    de    Courbevoie, 
17-10-16  ;  —  sergent- ballot,  m.,  Sergent  vague- 
mestre affecté  aux  colis  et  qui  les  va  chercher 
avec  une  petite   voiture  ;   dépôt  du  65®  inf., 
Nantes,  14-18  ;  —  caporal- tubes,  m.,  Caporal 
chargé  des  tubes  flexibles  (pour  gonflement  de 
«  saucisse  »  à  l'hydrogène)  :  «  le  zèle  du  caporal- 
tubes   et   des   hommes- flexibles  »,    micromégas, 
B.  des  A,y  28-11-17.  —  Ces  déterminants  ajoutés 
à  caporal  et  sergent  indiquent  les  diverses  causes 
finales  de  leur  emploi;   cf.  homme  et  copahu,  — 
De  là  Patate,  sobriquet  de  Bégos,    cabo    d*or- 
din*,  10®  c**,  81®  t.,  14-15,  (ses  successeurs  n'en 

—  131  — 


curent  pas  la  survivance,)  et  d'un  autre,  78^  t., 
14-17  ;  —  boîte  à  graisse,  f.,  Marchis  mécani- 
cien ;  D.  ;  —  soit  par  synecdoque  en  sous- 
entendant  le  grade,  ou  directement  par  méto- 
nymie parce  qu'ils  prononçaient  souvent  ces 
mots. 

capote,  f..  Paillasson  à  bouteille  de  vin  ; 
coopérative  du  81®  t.,  -17.  —  Vêtement  confor- 
table pour  la  route  et  la  cave-abri. 

capout  !  (moi,  pas),  Grâce  I,  (soit  au  sens 
Ne  m'engueule  pas,  soit  au  sens  Tu  me  rases, 
Lâche-moi  le  coude)  ;  81®  t.,  -17  ;  divers  sol- 
dats, 17-18  ;  —  sabir  franco-germanique  signi- 
fiant Ne  me  tuez  pas,  (l'allemand /capui.  Ruiné, 
Cassé,  Mort,  est  pris  du  français  capot,  Rati- 
boisé), usuel  aux  Boches  faits  prisonniers.  — 
Syssém.  :  camarade  !,  mêmes  sens  ;  —  autre  cri 
du  Boche  qui  demande  grâce.  —  Cf.  boucher 
noir. 

capsaille,  et  capseille  (faire).  Chavirer,  Ca- 
poter ;  marins,  -18  :  «  L'embarcation  a  fait 
capseille  »  ;  «  L'avion  fera  capseille  »;  |1  usuel, 
à  Brest,  à  Dinan,  en  basse-Loire,  «  depuis  tou- 
jours »,  au  témoignage  des  mêmes  marins.  — 
Suffixation  libre  sur  capoter  ? 

carafe,  f.,  Panne  de  moteur  ;  aviateurs  :  «  Si 


132 


le  moteur  «  ne  gaze  »  pas,  c'est  la  «  carafe  »  », 
THAVET.  —  En  carafe.  Abandonné,  Inutilisé, 
usuel  à  Paris, dès  -03  ;  —  très  probablement  de 
l'argot  care,  Cachette,  {mettre  à  la  care,  Mettre 
de  côté),  par  suffixe-calembour. 

carapace  (faire).  A,  Lécher  le  derrière  ; 
81®  t.,  août,  sept.  14  ;  —  B,  Etre  serrés  les  uns 
contre  les  autres,  de  façon  à  présenter  vers  le 
ciel  une  surface  continue  quoique  composite  : 
Le  village  «  fait  la  carapace  autour  de  l'église, 
qui  est  assise  au  milieu  des  maisons  »,  Cabaret, 
454.  —  A,  extension  de  sens  ;  B,  métaphore  ; 
tirées  toutes  deux  du  mouvement  de  service 
en  campagne  nommé  carapace,  par  ex.  aux 
81®  t.,  août  14,  2®  cal,  .18,  consistant  à  se 
jeter,  ayant  fait  à  gauche  par  quatre,  tous  à 
genoux,  la  tête  dans  l'entrefesson  de  l'homme 
de  devant,  sacs  contre  sacs,  préservation  mu- 
tuelle contre  une  rafale  d'obus  ;  autre  part 
le  commandement  d'exécution  était  «  Ra- 
fale !  ». 

carrosserie  {atterrir  sur  la),  Atterrir  par  la 
carlingue  au  lieu  des  roues  ;  esc.  S-152,  -18. 

cartouche,  f..  Cartouchière  ;  Nantais,  81®  t., 
14-17  ;  usage  constant  ;  «  cartouches  a  réparé  », 
carnet  d'un  sergent. 


casque  à  pointe,  m.,  Obus  cylindro-coniquc 
du  mortier  de  tranchées  ;  80®  t.,  fév.  16,  Boe- 
singhe  ;  154®  inf.,  juill.  16,  Mort- Homme.  — 
Pointe  désigne-t'il  le  cône,  et  casque  pas  grand 
chose  ?  Il  y  a  sans  doute  eu  déduction  syno- 
nymique  sur  un  autre  nom  de  coiffure  militaire  ; 
cf.  pot- de- fleur  s. 

casse-gueule.  A,  Téméraire,  Culotté,  Coura- 
geux :  «  un  type  casse-gueule  »,  289®  inf., 
avr.  18.  —  Syssém.  ;  casse-cou.  —  Cf.  ,apprenti- 
cadai^re.  —  B,  m.,  Témérité  ;  Mousqu.^  39. 

casse-pattes,  m..  Eau-de-vie  ;  156®  inf.,  16® 
chass.,  5®  génie,  17-18  ;  |  agatha  ;  «  se  met- 
tre un  cintième  de  casse-pattes  dans  Tcornet», 
Feu,  121  ;  Il  usuel  aux  contingents  du  nord 
dès  1900.  —  Encore  plus  usuel  aux  contin- 
gents du  nord  dès  1900,  casse- pattes,  Vin 
blanc  :  «  Apportez  un  litre  de  casse-pattes  ». 
—  Syssém.  :  roule- par-terre. 

casse- pipe,  m..  Affaire  (militaire)  pénible,  soit 
attaque  ou  défensive  ;  156®  inf.,  mai  18.  —  La 
pipe  est  la  Tête,  dite  fréquemment  tête  de  pipe, 
et  par  synecdoque  pipe  ;  casser  sa  pipe,  qu'on 
traduit  et  qu'on  emploie  équivalent  de  Mourir, 
est  exactement  Mourir  d'accident  ;  on  trouve 
aussi  cassage  de  tête.  Bataille  :  «  préférer  une 

^184  — 


position  un  peu  en  arrière  au  cassage  de  têtes 
de  la  première  ligne  »,  z,  Armée  de  1917,  78. 
Mais  au  succès  de  casse-pipe  a  pu  contribuer 
le  souvenir  des  tirs  forains  sur  pipes  à  bon 
marché.  —  casse-croûte,  m.,  Attaque  ;  d.  ;  — 
libre  suffixation  du  précédent. 

casser  du  bois,  Briser  son  appareil  ;  aviateurs, 
16-18  ;  —  îaire  du  bois,  même  sens,  Dirigeal)les, 
mai  18.  —  Métonymie  de  l'objet  par  sa  matière 
ou  une  de  ses  matières  ;  cf.  fer,  zinc. 

casserole,  f..  A,  Calotte  hémisphérique  adap- 
tée à  l'avant  de  l'avion,  (devant  l'hélice  et  tour- 
nant avec  l'hélice,)  de  façon  à  prolonger  le  fuse- 
lage pisciforme  au  lieu  de  l'arrêter  par  un  méplat; 
aviateurs  ;  —  sématisme.  Cuve  métallique.  — 
B,  Automobile  ;  48^  t.,  -16  ;  —  sématisme, 
Ustensile  aux  stridences  métalliques,  —  syssém.: 
tarare,  —  ou  Ustensile  contenant  du  feu,  — 
syssém.  :  chaufferette,  Automobile  ;  —  bouille, 
f.,  Locomotive  ;  5^  génie,  -18  ;  —  apocope  de 
bouilloire  ou  de  bouillotte.  —  C,  Tête  :  «  Je  m'fous 
d'êt'  blessé,  pourvu  qu'ce  n'soit  ni  au  buffet 
ni  à  la  casserole  »,  fantassin,  fév.  16  ;  —  séma- 
tisme :  Récipient  où  se  produit  une  ébuUition  ; 
—  syssém.  :  bouillotte^  cafetière,  Tête  ;  avoir  la 
tête  en  feu,  le  cerveau  en  ébuUition,  faire  de  la 

—  135  — 


çapeur  ;  (d'où,  par  dér.  syn.  sur  fumée,  fumer 
sans  tabac,  Etre  irrité,  et  tête  de  pipe,  au  sens 
particulier  de  Homme  prompt  à  s'irriter.) 

cassis  (du),  des  Morts  et  des  Blessés  et  de  la 
Casse  de  matériel  :  «  Toujours  dans  le  même 
secteur,  avec  un  peu  de  cassis  de  temps  en 
temps  )),  lettre  du  211^  t.,  sept.  16.  —  Syssém.  : 
copeau  :  rei>enir  en  copeaux,  Etre  rapporté  dé- 
chiqueté, TouNY-LERYs,  M.  dc  Fv.,  16-5-17, 
p.  375  ;  Il  les  anciens  «  qui  avaient  déjà  fait  du 
copeau  dans  les  rangs  anglais  de  1813  à  1815  », 
d'esparbès,   Demi-Solde,  v. 

cercueil  volant,  m.,  1,  Méchant  appareil  de 
vol  ;  aviateurs,  -17  ;  «  C'est  un  vrai  cercueil, 
ce  dirigeable-là  »,  un  adjudant  de  dirigeables, 
déc.  17.  —  2,  Avion  monoplan  parasol  Morane- 
Saulnier,  avr.  18.  • —  Cf.  cercueils  d'acier,  appli- 
qué aux  Sous-marins,  lors  de  la  perte  du  Far- 
fadet, du  Lutin,  du  Pluçiôse. 

chaleureux.  Peureux  ;  40^  art.,  sept.  18.  — 
Euphémisme  pour  ch{iasseux)  ;  cf.  Ah  !  cha- 
leur !,  cri  de  dépit  et  de  refus,  pour  chiasse  !, 
chierie  ! 

chameau  (équipe-),  f.,  Equipe  de  porteurs  de 
madriers  et  poutrelles  dans  un  travail  de 
pontage  ;  génie,  avant  mai  18. 


136 


chandelle,  f.,  Ascension  verticale  ou  presque 
verticale  ;  aviateurs,  16-17  ;  Miramas,  mai  18  ; 
I  «  faire  une  chandelle  »,  dorme,  lettre,  22-7-15, 
in  Gu.  Aér.,  17-1-18  ;  «  —  On  décolle  comme 
les  as  !  —  Une  vraie  chandelle  »,  nadaud,  Li- 
berté, 10-12-16  ;  avion  qui  «  monte  en  chan- 
delle )),  MusiDORA  ;  «  parti  en  chandelle,  il  a 
une  légère  défaillance  ;  il  se  cabre  trop,  il  a 
manqué  la  seconde  où  il  lui  était  permis  de 
redresser  son  appareil  »  et  tombe,  dortet, 
Illustration,  28-10-16  ;  —  d'où  piqué  chandelle, 
m.,  Erection  de  l'avion  perpendiculairement 
au  sol  :  Arrivé  au-dessous  de  l'avion  boche, 
«  je  commençais  à  le  tirer  dans  un  «  piqué  chan- 
delle ».  Le  mitrailleur  ne  ripostait  même  pas, 
le  Boche  piquait  en  hâte  <....'>  J'effectue 
alors  une  série  de  «  piqués  chandelles  »  au  cours 
desquels  j'envoie  plusieurs  salves  »,  récits  de 
R.  Montrion,  aviateur,  in  Gu.  Aér.,  27-12-17, 
p.  110,  c.  1;  Il  «  au  moment  où  l'appareil  a 
commencé  à  se  mettre  «  en  chandelle  »  »,  Matin, 
16-4-13.  —  Emplois  non  aviateurs  :  faire  une 
chandelle.  Lancer  une  balle  bien  verticalement, 
FUSTiER  ;  «  Tout  à  l'heure,  du  haut  de  la 
barque,  il  plongerait  en  chandelle  »,  margue- 
RiTTE,  Fabrecé,  III,  i.  —  J'entends  dire  droit 

—  137  — 


comme  une  bougie,  à  propos  de  qqch.  qui  se 
guindé  rapidement  jusqu'à  la  verticale.  — 
En  chandelle  est  une  image  de  charpentiers  : 
chandelle,  Pièce  de  bois  verticale,  hdt. 

chantier,  m.,  Secteur,  Poste  ;  divers  soldats, 
-17  ;  I  «  Pour  moi  le  chantier  se  tenait  à  Cu- 
mières,  entre  Regnéville  et  Chattancourt  », 
E.  c,  Pet.  Journ,,  8-4-16,  propos  d'un  mi- 
trailleur. —  Rappel  de  la  vie  civile  ;  —  cf. 
«  Je  veux  le  ramener  [l'avion  boche  qui  me 
poursuit]  dans  nos  propriétés  »,...  au-dessus  de 
nos  Lignes,  montgeorge  ;  —  «  Je  passe  au- 
dessus  du  fossé  )),...  au-dessus  de  la  Tranchée 
ennemie,  ib.  ;  — une  Fusée  éclairante  est  dite 
bougie  et  chandelle  ;  la  Gagna  la  carrée  ;  cf. 
1®,  boulonner,  boulot,  chapeau,  facétie,  facteur  ; 
2®,  pétoire. 

chapeau,  m..  Casque  ;  8^  génie,  -18.  —  D'où 
blindé,  m.,  (sous-entendu  chapeau)  ;  d.  —  Syn.  : 
toque,  et  à  peu  près  tous  les  syn.  populaires  de 
chapeau.  —  «  Le  soldat  appelle  son  casque  un 
chapeau,  ses  brodequins  des  bottines,  sa  capote 
un  pardessus  ;  il  essaie  de  plaisanter  »,  j.  de- 
meure ;  ces  plaisanteries  sont  des  rappels  de 
la  vie  civile,  tentant  d'améliorer  l'objet  par 
une  litote  ironique  ;  cf.  chantier. 


138 


Charles- humbert,  m.,  «  Obus  français  de  280  »  ; 
V.  du  p.  —  M.  Charles  Humbert  menait  cam- 
pagne pour  la  multiplication  de  l'artillerie 
lourde. 

Charlotte,  f.,  le  Canon  de  75  ;  dauzat,  16-4- 
17,  664.  Cf.  Joséphine. 

charretier,  m.,  A,  Conducteur  d'artillerie  ; 
40®  art.,  15-16.  —  B,  Automobiliste  employé 
à  un  service  de  convoi  de  matériel,  aux  ca- 
mions-bazars, aux  camionne^ttes  ;  S.A.P.-X, 
-16.  —  Antonyme,  chien  de  luxe  ;  cf.  chenaux 
de  lucce. 

chassbi,  m.,  Chasseur  :  A,  Avion  de  chasse 
(dit  chasseur)  ;  aviateurs  ;  —  B,  surtout,  Chas- 
seur alpin,  Chasseur  à  pied  ;  les  chasseurs 
eux-mêmes  ;  «  Emile  M  <...  >  au  120  Chasbi 
au  Canon  de  37,  secteur  160  »,  adresse  de  lettre, 
août  16;  I  Le  Chahi,  journal  du  front,  cité 
Journ,,  18-7-16,  p.  4,  c.  3  ;  «  S.-lieut.  de  Chas- 
bis  »,  Vie  Par.,  23-3-18,  p.  269,  c.  3  ;  chassebi, 
DAUZAT,  16-4-17,  666  ;  —  C,  Chasseur  à  che- 
val ;  D.  ;  —  D,  Chasseur  d'Afrique  ;  d.,  — 
sens  suspect.  —  Selon  d.  chassebif,  usité  au 
sens  B  au  23®  alpins,  offrirait  la  forme  pre- 
mière et  serait  fait  de  chass{eur)  -\-  biff(in)  ; 
mais  -bif  et  -bi  sont  deux  suffixes  également 

^  139  — 


solides  dans  l'usage  ;  et  les  vitriers  se  sont-ils 
jamais  voulu  appeler  des  Chasseurs-Chiffon- 
niers, les  fantassins  de  marine  des  *mar-biff  ? 
J'ai  entendu  affirmer  que  le  sens  premier 
était  Chasseur  d'Afrique  ;  —  était-ce  pour 
insinuer  que  l'étymologie  est  *chasseur- 
bicot  ?  —  -bi  n'est  que  le  même  suffixe 
qu'on  a  dans  Arbi  (de  Arabe),  frisbi  (de 
{frisquet),  dégueulbi  (de  dégueulasse),  Tochbi  (de 
Dochbi  -< —  Dodoch  -< —  Mardoch  -< —  Mardochée, 
sobriquet  de  M.  Amand,  professeur,  Alençon, 
lycée,  -10),  fourbi,  m.,  Fourrier,  D.  m.  p.,  (de 
fourrier), et  qui  les  fait  rimer  avec  fourbi  (Chose), 
gourbi  (Cabane),  biribi  (Loto),  toubi  (-< — toubib), 
et  autres  mots  populaires.  —  chasse- pattes,  m., 
Chasseurs  à  pied,  dauzat,  16-4-17,  666  ;  — 
substitution  de  patte  à  pied  dans  une  forme 
*chass-pied  due  aux  abréviations  sur  registres  ; 
cf.  bâton  ;  —  de  chasse-patte  a  été  extrait  un 
suffixe  -patte  ;  d'où  VOSgepatte,  m.,  Vosgien  ; 
xxxx®  inf.,  Lorraine,  14-15,  aynaud  ;  «  |  Co- 
lasson,  dit  Vosgepatte,  était  à  la  fois  rede- 
vable de  son  surnom  à  sa  contrée  d'origine,  les 
Vosges,  et  au  Journaliste,  qui  renfermait  men- 
talement dans  cette  appellation  générique  tous 
ses  congénères,  et  la  lui  avait  appliquée,  à  lui 

-.  140  — 


tout  spécialement,  parce  qu'à  ses  yeux  Co- 
lasson  synthétisait  la  race  »,  a.  a..  Contes  vér., 
23  ;  ce  Journaliste  est  de  vrai  un  Parisien 
grand  lecteur  de  quotidiens. 

châsses  (être  aux),  1,  Se  tenir  sur  ses  gardes  ; 
—  2,  Etre  avisé  ;  lambert. — Syssém.  :  être  sur 
Vœil,  même  sens  ;  «  un  gars  sur  l'œil  ».  La 
même  construction  de  être  exprime  de  nom- 
breux états  et  l'idée  d'Avoir  (ex.  être  au  sac, 
Avoir  le  sac.  Etre  riche),  de  nombreuses  actions 
et  l'idée  de  Faire  (ex.  être  à  renaud,  Renauder). 

châtaigne  (aller  à  la),  Attaquer  ;  130^  inf., 
17-18.  —  On  échange  des  châtaignes,  des  mar- 
rons, des  Coups. 

château  (panne  de),  f..  Panne  préméditée, 
dans  un  endroit  d'élection  et  de  dilection  ; 
aviateurs,  Miramas,  mai  18.  —  Tout  châtelain 
fait  gracieuse  chère  à  un  aviateur  en  dé- 
tresse. 

chatouiller    la    torpille.    Exagérer,    Agir    ou 
Parler  inconsidérément  ;  270®  art.,  oct.  18  ;  | 
«   dernière  trouvaille   venue   du    front,   où   on 
nous   garantit    l'avoir    entendue  »,     Vie  Par., 
18-5-18,  p.  429.  —  Cf.   bousculer. 

chaufferette,  f..  Automobile  :  «  L'instrument 
qui  sert  à  jouer  s'appelle  très  ordinairement, 


141 


Berlingoty  Tarare,  ou  Chaufferette')),  Alexandre, 
Le  jeu  de  Vauto,  in  Front,  16-10-16.  —  Le  chauf- 
feur qui  a  les  pieds  sur  les  pédales  sent  aux 
jambes  la  chaleur  du  moteur  à  travers  un 
tablier  métallique  ;  cette  chaufferette  désigne 
par  métonymie  toute  la  voiture  ;  cf.  casserole. 

chaussette  (comme  une),  sert  de  superlatif  à 
retourner,  Mettre  à  l'envers  ;  retourner  qqn 
comme  une  vieille  chaussette,  lui  Faire  faire  des 
déclarations  successives  blanc  et  noir,  marins 
fourriers,  -18;  |  «  ces  effroyables  bombarde- 
ments qui  retournent  les  tranchées  «  comme 
des  chaussettes  »  »,  galtier-boissière.  Ré- 
flexions sur  le  courage,  dans  Revue  franco- 
macédonienne,  in  B.  des  A.,  13-12-16.0 

chef  de  gare,  m..  Sergent  qui  est  de  jour 
paur  toutes  les  escadrilles,  à  la  R.  G.  Aé., 
DORME,  mémoires,  22-7-15,  in  Gu.  Aér.,  17-1-18, 
p.  164,  c.  2.  —  Métaphore  de  fonction. 

chemin  de  fer,  m..  Liseré  de  rengagé  ; 
40®  art.,  -18  ;  —  d'où,  par  bredouillement 
simulé,  le  syn.  chien  de  îer  ;  ib.  ;  —  et,  sans 
doute,  chien  vert  ;  334®  inf.,  signalé  à  d.  sans 
traduction. 

cheminée  (en),  en  Spirale  ;  aviateurs  :  «  des- 
cente en  cheminée  »,musidora  ;  X  «  est  épatant 

—  142  _ 


■ 


pour  monter  en  cheminée  »,  Brise  d'entonnoirs^ 
in  B.  des  A.,  28-3-17;  |  «  L'appareil  s'est  mis 
«  en  cheminée  »  ;  il  a  piqué  du  nez  sans  que  la 
surface  sustentatrice  ait  pu  intervenir  pour 
ralentir  la  chute  »,  Matin,  8-5-09,  p.  2. 

chenille,  f.,  Engin  d'invention  boche  contre 
avions,  chapelet  de  ballonnets  incandescents 
qui  brise  l'hélice  prise  à  ses  liens  de  fer  et 
incendie  les  plans  ;  Gu.  Aér.,  5-7-17,  p.  532  ; 
Mousqu.,  180. 

chérer,  1,  Outrepasser  ;  usage  général,  Pari- 
siens et  parisianisants  :  «  il  chère  »,  Il  fait  des 
acrobaties  sportives,  à  propos  d'un  aviateur, mé- 
canos, Pau,  48,  (cf.  Mousqu.y  82,  139).  — 
2,  Railler  ;  même  usage.  —  On  retrouve  ces 
deux  sens  sous  bousculer  et  charrier. 

Cherrer,  (car  cette  graphie  est  plus  fréquente 
que  chérer,)  «  paraît  être  le  doublet  provincial 
du  parisien  charrier  quelqu'un,  s'en  moquer 
(en  wallon,  on  dit  cherri  pour  charrier)  »,  sain. 
—  Il  me  plairait  au  moins  autant  de  tirer,  avec 
ROSS.,  chérer  de  l'adjectif  cher,  aussi  facile  à 
employer  adverbialement  comme  fort,  sec, 
lourd,  dur,  {aller  fort  ;  péter  sec  ;  rigoler  lourd, 
{Feu,  360)  ;  croire  dur).  Cher,  adverbe,  1,  Beau- 
coup ;  RI  G.  ;  «  Pour  quatre  sous  de  brie  tu  es 

—  143  — 


mal  servi  :  il  n'y  en  a  pas  cher  »,  ross.  ;  la  ques- 
tion argent  offre  un  sématisme  simple  et 
peuple  ;  —  2,  Difficilement  ;  dlle  ; — 3,  Fort, 
Dur  ;  s^enlei^er  cher,  Avoir  le  ventre  vide,  rig. 
(parce  qu'à  force  de  faire  ballon,  de  Jeûner, 
on  a  chance  d'acquérir  une  force  ascension- 
nelle); «  un  des  trois  types  m'avait  m(ordu  cher 
des  châsses  et  du  coude  »,...  m'avait  regardé  et 
m'avait  fait  le  coude  avec  Insistance,  Philibert, 
176  ;  «  il  aurait  écopé  cher  »,...  été  condamné  au 
Maxinium,  ib.,  328  ;  —  4,  En  grand  nombre, 
En  grande  quantité.  Vite  ;  pas  si  cher.  Pas  si 
vite.  Pas  tant,  ross.  ;  «  y  passe  par  [lire  :  pas] 
lerch  [loucherbèm,  pour  cher]  de  treppe, 
...Beaucoup  de  monde,  hayard,  Dict.  (T ar- 
got, 8. 

De  là,  A,  en  conservant  à  cher  son  sens  gé- 
néral. Qui  coûte  beaucoup  d'argent,  on  tire 
chérer,  Forcer  la  dépense,  (p.  ex.  dans  du  bou- 
din ou  du  camembert)  ;  d'où  chérer.  Railler,  et, 
traduction  d'un  bon  argotier  «  Chiner  en  mettant 
les  pieds  dans  le  plat  »,  81^  t.,  mars  16  ;  car 
Railler  qqn  se  dit  Vacheter  et  le  chiner  ;  chérer 
c'est  Y  mettre  le  prix,  Ne  pas  regarder  *à  la 
dépense  d'esprit  en  achetant  et  chinant  ;  d'où, 
par  allusions  culinaires,  cherrer  dans  le  boudin, 

—  144  — 


Se  moquer,  art.  du  Poilu,  6-2-15,  in  sain.; 
GAUTHiOT,  p.  80  ;  cherrer  dans  le  camembert, 
Exagérer,  Fantasio,  15-9-16,  p.  167,  c.  2  ;  — 
l'antonyme  naturel  sera  économiser,  Se  mo- 
dérer dans  la  moquerie  :  «  On  murmure  : 
—  Oui,  oui,  ça  va...  C'est  pas  la  peine  de  nous 
la  faire.  Economise  »,  Feu,  342  ;  —  et,  repre- 
nant au  sens  propre,  mais  par  plaisanterie,  les 
produits  culinaires,  on  aura  :  «  Car,  vraiment, 
entre  nous,  nous  avons  un  peu  «  cherré  »  avec 
les  camemberts,  les  babas  au  rlium,  les  fiçe 
o'clock  teas  »,  prax.  Œuvre,  27-11-16,  c.-à-d. 
Nous  ne  nous  en  sommes  pas  privés. 

B,  en  développant  le  sens  second  cher.  Fort, 
on  a  chérer,  Y  aller  carrément,  sans  regarder 
à  l'effort  :  «  Cherre  pas  trop,  pour  éviter  les 
cahots  »,  Ne  force  pas  de  vitesse,  recommanda- 
tion à  un  chauffeur  de  taxi,  Œuvre,  4-11-16, 
p.  1,  c.  3  ;  «  tu  trouves  pas  que  les  «  cuistots  » 
ont  un  peu  «  cherré  »  dans  le  beurre  ?  »,...  ont 
Mis  trop  de  beurre  dans  la  soupe,  p'tit  gars  ; 
Chairez  !,  Hardi  !  Courage  !,  a.  humbert,  Mon 
bagne,  in  fustier  ;  d'où  chérer,  1,  Exagérer  : 
«  Dites  donc  les  Boches,  je  crois  que  vous  cherrez 
un  peu  !  »,...  vous  Outrepassez  le  temps  con- 
venu (pour  puiser  de  l'eau),  Poilu,  6-2-15,  in 


■ 


—  145  — 

10 


SAIN*  ;  «  3etet-Vo\is  cftri'émeftt  dans  la  mêlée  et 
allez-y  en  cherrant  le  plus  possible.  Cherrez, 
mes  amis,  cherrez,  sous  peine  de  passer  poul" 
des  nouilles  »,  c.-à-d.  Blaguez  en  argot  d'avia- 
tion sur  des  questions  techniques  où  vos  audi- 
teurs rie  comprennent  tien,  vieux  juteux  ; 
sans  chérer^  SariS  exagérer,  231^  inf.,  -16  ;  — 
2,  tr.j  chérer^  Patiner  indiscrètement,  Bous- 
culer, et  même  Rosser  -:  «  les  types  qui  sont 
rétamés  [Ivfes]  ou  qui  chèrent  de  trop  près  les 
fumellefe  pigeift  de  la  grosse  »,  PANtHUCHARD, 
c.-à-d.  Les  hommes  ivres  ou  trop  peloteurs  dfe 
femmes  attrapent  de  la  prison  et  de  la  vérole  ; 
(sAifT.  n'a  pas  vu  dans  ce  texte  le  dotible  sehs 
de  grosse  ;  en  revanche  il  en  a  sorti  uîx  verbe 
«  Ghéher,  faire  la  noce,  c'est-à-dire  boillxe 
chère  »  !)  ;  en  Loire- Inf.,  -05,  un  coureur  cy- 
cliste est  dit  chérer,  sur  la  piste,  quand  il  force 
un  concurrent  à  se  rapprocher  de  la  cofde  et  le 
gêne  ;  cherrer.  Frapper  fort,  ross*  ;  «  Chère-le, 
<C*.^>  il  aime  ça,  qu'on  le  chère*  Les  baffes, 
ça  l'excite  »,  Philibert^  219  ;  -^  d'où  chérèr 
dans  le  mastic,  Exagérer  l'affaire  ;  270®  art. 
mai  18, j  —  et,  par  allusion  aux  déménageurs 
bousculeurs,  cherrer  dans  la  console,  Ejcagérer^ 
s.    GUITRY,    Jean   Illf    acte   2  ;    —   pincer   le 

—  146  — 


marbre,  Exagérer  ;  270^  art.,  mai  18  ;  95^  inf., 
-18  ;  —  syssém.  du  vieux  chahuter  le  bas- 
relief  ;  —  et,  par  précision  sur  les  membres 
heurtés,  chérer  dans  les  bégonias.  Exagérer  ; 
8le  t.,  -16  ;  I  Paris,  mai  16,  InL  des  Ch., 
LXXIV,  135  ;  GAUTHioT,  80  ;  «  Il  cherre  un 
peu  dans  les  bégonias,  le  comité  d'organisa- 
tion )),  Il  monte  son  style  jusqu'au  galimatias, 
Fantasio,  15-6-16,  p.  924,  c.  2  ;  — ■■  les  bégonias 
sont  les  Jambes,  V.  du  p,  ;  —  dans  les  tuli- 
piers, Vie  Par.,  19-8-16,  p.  167,  c.  2  ;  —  dans 
les  tulipes  ;  bringer,  M.  le  Vicomte,  185  ;  — 
dans  les  pétunias  ;  i6.,  60,  106  ;  —  dans  les 
violettes  ;  un  matelot,  sept.  18  ;  —  défriser  la 
chicorée  ;  bringer,  ib.,  109  ;  Mousqu.,  21.  ^ 
Toute  cette  sémantique  qui  tire  Exagérer 
de  Mettre  cher  est  à  rapprocher  de  celle  qui 
tire  Exagérer  d'Aller  fort,  étudiée  sous  bous- 
culer, et  qui  a  contaminé  ses  jeux  de  boudins 
et  de  bégonias  avec  ceux  de  chérer.  —  Plus 
généralement,  sont  encore  syssém.  :  charger, 
Se  moquer.  Exagérer  ;  —  en  remettre,  Exagérer^ 
Ajouter  au  programme  ;  au  texte,  en  parlant 
F  de  Mounet-Sully,  l.  daudet,  A.  fr.,  6-3-16  ; 
au  protocole  de  la  civilité,  en  parlant  d'une 
femme,  bourget,  Le  mensonge  du  père,  iv  ;  — 

—  147  — 


la  même  idée  se  retrouve  dans  Pas  tant  I,  mot 
de  mode  en  nov.  16,  Vie  Par,,  4-11-16,  p.  829, 
c.  2,  qui  sert  de  réducteur  à  une  vantardise  ou 
à  une  lamentation. 

cheval  (mauvais),  Méchant  ;  divers  soldats  et 
marins,  16-18  ;  «  Le  colon  n'est  pas  mauvais 
cheval,  il  cause  avec  nous  »,  81^  t.,  -16.  — 
Syssém.  :  rosse,  — Cf.  carcagnat,  m.,  Cheval  ;  d.  ; 
—  dér.  de  carcan,  Cheval  (porteur  d'un  collier); 
c'est,  changé  de  suffixe  ou  mal  lu,  le  carcagno, 
Usurier^  de  vidocq,  mais  en  son  sens  premier  ; 
les  usuriers  sont  des  rosses. 

chevaux- de- bois  (manger,  bouffer  avec  les), 
Jeûner  (par  force)  ;  81^  t.,  4*5-17  ;  63^  art., 
1^7-18  ;  8^  génie,  avr.  18  ;  |  «  On  «  briffe  »  avec 
les  «  chevaux  de  bois  »,  p'tit  gars.  —  Les  che- 
vaux-de-hois  sont  très  sobres. 

chevaux- de- bois  [du),  des  Evolutions  circu- 
laires (en  avion)  ;  centre  de  dirigeables,  17-18  ; 
I  «  y  z'en  ont  fait  du  ch'vaux  d'bois,en  l'ait  », 
RICHARD,  Pet,  Par.,  14-5-16.  —  Syssém.  :  faire 
le  cirque.  Se  promener  en  rond  (autour  d'un 
pâté  de  maisons,  en  parlant  de  gardiens  de  la 
paix),  BRUANT,  Captii^e,  I,  xxii.  —  D'où,  au 
singulier,  cheval  de  bois,  même  sens,  sauf  qu'il 
est  restreint  à  une   mésaventure  et  non  plus 

—  148   — 


aux  prouesses  de  vol,  Pivotage  tête  à  queue  sur 
le  sol,  produite  par  le  moteur,  dont  le  pilote 
n'est  pas  maître  ;  usuel  aux  aviateurs  ;  Mira- 
mas,  mai  18  ;  |  «  l'appareil  mal  tenu  fait  brus- 
quement dèmi-tour,  avec  un  petit  frisson,  il 
[le  pilote]  sent  la  queue  qui  se  soulève,  et 
coupe  :  un  «  cheval  de  bois...  »  On  le  remet  face 
au  vent,  il  repart,  autre  «  cheval  de  bois  !  », 

THAVET. 

chevaux  de  luxe,  m..  Militaires  faisant  un 
service  agréable,  avec  loisir  d'être  bien  nourris 
et  bien  habillés  ;  en  particulier  Militaires  de  la 
S.A.P.-X,  Toul,  -16.  —  C'est  les  considérer 
comme  embusqués.  Cf.  :  «  vous  n'avez  pas  des 
manières  de  chevaux  de  luxe,  mes  gas,  mais 
des  façons  de  bourrins,  de  sales  bourrins  qui 
ruent  »,  Cabaret,  472.  ■ — •  Syssém.  :  cheval  de 
box,  m..  Sous-officier  ;  d.  (graphie  boxe)  ;  — • 
bœufs,  m..  Officiers-mariniers  ;  marins  ;  ||  dès 
-08  ;  —  l'équipage  nomme  leur  salle  à  manger 
parc  aux  bœufs  et  les  juge  à  l'engrais.  —  Trans- 
posés peuple  de  l'idée  d'officiers  de  salon. 

cheveux  creux  (avoir  les).  N'être  pas  brave  ; 
81^  t.,  -16  :  «  Toi  t'as  les  cheveux  creux  ;  tu 
parles  que  quand  t'es  saoul  »  ;  |  Pépères,  45, 
161.  —  Cf.  genoux-creux. 

—  149  -^ 


chicane,  f.,  Vagin  ;  81®  t.,  mai  16.  —  C'est  le 
pertuis  praticable  à  travers  un  réseau  de  bar- 
belés ;  —  syn.  :  tranchée.  —  Cf.  chevaux  de  frise, 
m.,  Sourcils,  moustaches  hérisses  ;  d. 

ohichiard.  Faiseur  de  manières  ;  231®  inf., 
apax,  témoignage  de  h.  barbusse;  |  Feu^  106. 
—  Chichi,  Grimace,  Complication  dans  les  ma- 
nières ;  Paris,  -95  ;  Brest,  -98. 

chien  de  luxe,  m..  Automobiliste  employé  à 
un  service  chic,  conducteur  de  coupés  d'offi- 
ciers, d'omnibus  d'officiers  ;  S.A.P.rX,  -16.  — 
Antonyme  :  charretier. 

chien- chien- gomme,  m..  Membre  viril  ;  ma- 
rins, S*-Nazaire,  sept.  18.  —  Au  sens  premier, 
c*est  le  nom,  francisé  à  S^-Nazaire,  d'un  bonbon 
dont  raffolent  les  Yanks,  lanière  caoutchou- 
teuse et  menthée  qu'on  mâche  longuement 
sans  la  dissoudre,  le  chewing-gum  ;  (to  chew, 
Ruminer). 

chier  (celui  qui  nous  fait),  m.,  le  Cuisinier  ; 
marins,  avr.  18. 

chignole,   f.,   1,   Voiture   à   bras,   une,   deux, 
trois,  ou  quatre  roues  ;  sur  l'essieu  un  plancher,, 
une  caisse  ou  une  baignoire  ;  parfois  voiture 
d'enfant  ;  un  chien,  des  fois,  aide  le  pousseur  ; 
sert  aux    cuistos  ;  81®  t.  ;  usage  très  général;  [ 

—  450  — 


Echo  des  Marmite^,  in  B.  des  A.,  8-11-16;  (| 
usuel  à  Paris,  rû5.  - —  2,  Automobile  ;  France 
et  armée  d'Orient,  14-16;  ||  usuel  avant  -14.  — 
3,  Avion  î  «  Ma  chignole  va  rester  en  carafe  », 
MONTGEORGE.  —  Se  rattache  à  chignole  (pro- 
noncé aussi  suivant  les  régions  signole,  souaî- 
nole,  Ï.ITTÏIÉ),  Dévidoir  ;  Manivelle  ;  Boucle 
pour  tirer  sur  le  tuyau  à  gaz  allumé  dans  les 
débits  de  tabac,  Paris,  -01  ■  Vilebrequin  por- 
tatif, Mousqu.y  253  ;  etc.  —  dér.  de  chigner, 
Pleurer  ;  une  chignole  est  une  Grinçante  ;  cf. 
bécane^  taxi  ;  gnole. 

Chinoique,  m.,  Olybrius  :  «  s'pèce  de  chi- 
noique  )),  Feu,  39.  —  De  chinois,  même  sens  ; 
le  suffixe  rappelle  la  terminaison  de  amoiqué, 
Emu,  (uuYSMANS,  Sœurs  Vatard,  v),  et  de 
quelpoique,  Rien,  vidocq. 

cbiotte,  f.,  1,  Canot  Wbite  ;  un  2^-m^  méca- 
nicien, -18  ;  ' —  le  militaire  a  pour  faisoirs  des 
baquets  et  bailles  ;  et  une  méchante  barque 
s'appelle  une  baille  ;  on  a  ainsi  un  ^ématisme 
aller  et  retour  ;  cf.  fokker.  —  2,  Dirigeable  de 
petites  dimensions  i  a  Ce  matin,  mon  copain 
Lagadec  a  passé  dans  sa  chiotte  »,...  nous  a 
survolés  dans  le  dirigeable  où  il  est  mécanicien  ; 
le  même  2^-m^,  -18  ;  —  le  canot  White  est  une 


i 


151 


vedette,  et  les  marins  appellent  aussi  çedette 
un  dirigeable  de  petites  dimensions.  —  Syssém.  : 
tinette,  f.,  Automobile  ;  d. 

chipèstèr,  m.,  Eau-de-vie  ;  dépôt  du  57®  art. 
(Toulouse),  (le  témoin  écrit  «  chippester  »), 
avr.-mai  15  ;  97®  t.  (Parisiens),  fin  -16  à  Laître- 
sous-Amance  ;  144®  inf.,  juill.  17  ;  usuel  aux 
6®  et  12®  inf.  (fort  contingent  du  sud-ouest)  ; 
au  camp  de  Ger  (Basses-Pyr.),  6®,  12®,  18®,  34®, 
49®,  123®,  144®  inf.,  févr.  à  mai  17,  (avant 
*-v.  17  on  disait  gnole  et  fil-de-fer)  ;  289®  inf. 
(Parisiens),  où  l'on  parle  de  «  chipèstèr  trois 
(toiles  »,  Eau-de-vie  extra,  avr.  18,  Oise;  |1 
assez  répandu  en  Charentes  avant  -14,  témoi- 
f^nage  d'un  artilleur  en  avr.  18.  —  Inconnu  aux 
^•0®,  81®  t.,  95®  inf.,  inusité  au  40®  art.,  sept.  18, 
£  iuf  de  deux  Gascons  venus  de  Toulouse  en  -16, 
C3  mot,  qui  sonne  espagnol,  ne  semble  pas  es- 
]  agnol  à  des  hispanisants,  ni  anglais,  ni  marin, 
ifi  lorrain,  ni  breton,  ni  berrichon.  —  chipes- 
iarnic,  m..  Eau-de-vie  extra  ;  d.;  —  chevau- 
ciaement  de  chipèstèr  +  chnic. 

chocolat,  1,  m.,  Marocain,  Sénégalais  ;  D.  m. 
p.;  II  Noir;  usuel  aux  étudiants,  Paris,  -96. — 
2,  Ivre  ;  un  Parisien,  81®  t.,  -16  ;  marins,  17- 
18  ;  —  le  sens  2  se  tire  du  sens  1,  sur  ce  que 

—  152  — 


Ivre  se  dit  noir.  —  Syssém.  :  sénégalais,  Ivre  ; 
usuel  à  la  s^ii  sanitaire  automobile  45,  16-17  : 
«  Tu  étais  sénégalais  hier  soir  »  ;  2®  c^^,  -18;  — 
d'où  le  Sénégal,  l'Ensemble  des  ivrognes  de  la 
s°^  sanit.  autom.  45,  16-17  ;  cf.  marsouille  ;  — 
les  troupes  noires,  les  Soldats  saouls  ;  289®  inf., 
13®  cl®,  -18. 

chocolat,  Trompé  dans  son  espoir.  Dupe  ; 
109®  inf.,  -17  ;  8®  génie,  40®  s^n  D.  C.  A.,81®  art. 
1.,  mai  18  ;  «  J'ai  été  chocolat  »  dit  celui  qui  n'a 
pas  trouvé  ce  qu'on  l'avait  envoyé  chercher  ; 
«  On  a  fait  des  combinaisons  savantes,  on  a 
manœuvré  habilement,  on  a  fait  de  rudes 
efforts,  et  puis...  chocolats  !»  ;  «  Jp  suis  cho- 
colat dans  la  combine  »;  H  «j'ai  passé  dix  ans 
de  ma  vie  de  policier  affublé  du  surnom  de 
«  Chocolat  »,  plutôt  désobligeant  pour  un 
homme  dont  la  profession  est  justement  de  ne 
pas  l'être  «  chocolat  »  »,  jaume.  Matin,  4-8-08. 
—  Mal  expliqué  dans  g.  e.,  16-4-18,  653,  au 
détriment  de  l'étymologie  que  j'avais  notée  plus 
anciennement  :  chocolat,  usuel  aux  filous  du  jeu 
de  bonneteau  dès  -86,  a  été  tiré,  par  synec- 
doque, de  *crème  au  chocolat,  queue  roman- 
tique sur  crème  ;  crèmeYsi  le  même  sens  que 
chocolat  :   être  fait  crème,   Etre   dupé  par   son 

^  153  — 


complice,  dlle  ;  «  Tu  me  fais  pas  crème,  va  !  », 
Tu  ne  m'illusionnes  pas,  kirsch,  Le  Tigre,  213. 
—  De  ce  crème  a  été  tiré  aussi  ^crème  au  moka, 
puis,  par  synecdoque,  moka,  syn.  de  chocolat  : 
«  Oui,  et  l'autre  s'est  rebecqueté  la  cerise,  mais 
cela  ne  l'a  pas  empêché  d'être  moka.  Ce  qui 
veut  dire  en  vieux  français  <C.-.!>  l'adver- 
saire [du  boxeur  Sam  Mac  Vea]  a  repris  des 
forces,  mais  il  a  été  tout  de  même  vaincu  », 
vAUTpL,  Matin,  10-2-09. 

De  savoir  quel  était  le  sématisme  de  crème, 
c'est  une  autre  affaire.  Les  soldats  suisses 
disent  on  est  chocolat,  On  est  éreinté,  Schw.  Sold., 
73.  C'est  à  peu  près  au  même  sens  qu'on  trouve 
l'image  de  crème  dans  nos  provinces  :  des  gars 
tout  creumés.  Qui  manquent  d'énergie.  Mous 
comme  de  la  crème,  duine,  Patois  de  Dol, 
Annales  de  Bretagne,  XII,  592  ;  «  Vers  le  soir, 
je  commençai  à  penser  où  je  me  retirerais  pour 
la  nuit.  En  face  de  moi  <<...>*  un  village  était 
campé  <C...>»  Mais  d'aller  y  demander  l'abri, 
c'était  comme  pour  le  manger,  ça  me  faisait 
crème  »,  Je  me  trouvais  sans  courage,  le  roy, 
Jacquou,  150.  Cî.  rester  comme  deux  ronds  de 
flan.  Rester  ébahi.  Toutefois  la  mollesse  des 
crèmes  n'explique  pas  bien  tous  les  emplois  de 


154 


la  Jûpution  faire  crème  ;  leur  couleur  jaune  a 
pu  coopérer  :  passer  au  jaune  c'est  Tromper. 

chQCQtes}  (avoir  les),  Avoir  peur  ;  21  e  cJja^S. 
(un  ténioin  parisien),  P?  ;  |1  choquoUe,  Os  gr^s  ; 
chiffonniers,  mo.  ;  cf.  c^st  d^  la  choquoUef  C'est 
bon,  DÏ.LE  ;  chocaillon,  Chiffonnière,  Ivro- 
gnesse, DEI.VAU  ;  c(  Oui,  ma  chocotte  ;  oui,  niQ|i 
rat  en  sucre  )),  dit  une  fpmme  à  son  mari,  pu- 
vERNois,  Nounette,  44  ;  —  chocote^  c'g^t,  A,  Ce 
qui  pue,  (par  ex.,  un  OS  de  poubelle),  B,  une 
Crotte,  d'où  ma  chocote  /  =  ma  crotte  /,  et 
aç'QÏr  les  cliQcoteSy  sysséna,  à^a^oir  les  colomhins  ; 
—  dér,  ;  chûcoterj  Puer,  [ça  chocote,  ça  cocote), 
usuel  aux  Parigots  ;  —  clipcotièrç,  f .,  Cuisine 
roulante  ;  Parisiens,  d.  ;  —  c.-à-d,  yoiture  à 
ordures  puantes  ;  syssém.  de  torpilleur, 

Ohôî  !,  Vois  !,  Regarde  !  ;  13^  tir.  alg.,  48.  — 
Mût  arabe,  usuel  au5f  Français  d'Alger. 

choueîlle,  (monosyllabe),  m.,  Yerrée  ;  Bel?, 
2^Tm®  (Lorientais),  -18,  mona^ç,  sauf  qu'on  le 
répète  autour  de  lui  ;  —  en  jeter  un  cJjouaiHe, 
Travailler  dur  ;  d.  —  Selon  Belz,  qui  a  vécu 
dans  le  Nord,  c'est  un  mot  lorientais  ;  le  té- 
moin de  D.  a  passé  par  l'Artois.  Les  deux 
emplois  se  ramènent  sous  le  syu.  commun 
coup,  {coup  4  hoire,  en  jeter  un  coup)  ;  cf,  gnole. 


155 


chouya,  m.,  Petite  quantité  :  «  Un  chouia  de 
tabac  ?  )),  Feu,  217.  —  Arabe  chouyat,  Petite 
chose.  —  Nos  soldats  d'Afrique  emploient  dès 
longtemps  chouya- chouya,  Tout  doucement,  rig.; 
—  de  l'arabe  chouya- chouya.  Peu  à  peu.  —  Cf. 
adruper,  brêl,  chôf,  chuchemahure,  class,  clebs, 
fissa,  gourbi,  guitoune,  kaddour,  kébir,  lobé  ?, 
maouss  ?,  niquer,  nouba,  ramdam,  sidi,  souasoua, 
toubi,  zob  ;  malabar. 

Chtimi,  m.,  Français  du  Pas-de-Calais,  du 
Nord,  Picard,  Wallon  ;  46^  inf.,  14-16  ;  40^  art., 
14-18;  11  usuel  avant  -14,  a  fait  fortune  par  la 
guerre.  —  Ch',  Ce,  ti.  Toi,  mi.  Moi,  mots  du 
Nord  juxtaposés.  Au  81®  t.,  où  chtimi  est  in- 
connu, on  appelle  les  Français  du  nord  les 
gars  de  cK  nord,  à  cause  de  leur  habitude  de 
remplacer  l'article  le  par  un  article  ce  pro- 
noncé cK .  —  Cf.  sidi,  mon- bon,  ya-ya  ;  boueux, 
grelu,  gros-lard,  mahaut,  pigouil.  ^ 

cîcasse,  f.,  Eau-de-vie  ;  Parisiens  au  96®  inf., 
-17  ;  154®  inf.  (Meusiens)  et  marins,-18  ;,  |  «  Ah  ! 
ce  sacré  caoua...  en  campagne,  il  nous  semble 
délicieux,  surtout  quand  on  peut  mettre  dedans 
un  peu  de  cicasse...  »,  galopin.  Poilus  de  la  9®, 
21  ;  Le  cuisto  «  arrose  ce  breuvage  [le  café]  d'une 
liqueur   que   les   littérateurs    de   l'arrière   pour 

—  156  — 


paraître  informés,  appellent  sicine  ou  sicasse  », 
VArgonnaute,  in  B.des  A.,  2-5-17  ;  |  lambert. 
—  Il  est  difficile  de  ne  pas  rattacher  ce  mot  à 
cicico,  cicico  boër,  Boisson  hygiénique  sucrée 
des  ménages  ouvriers  brestois,  créée  et  vendue 
deux  sous,  même  un  sou,  le  litre,  en  -04  et  plus 
tard  par  M.  Rouzaut,  rue  de  la  Fontaine,  et 
en  -08  par  M.  Barbier,  rue  Navarin  ;  M.  Rou- 
zaut a  beau  m' affirmer,  en  -12,  que  ce  mot  fut 
sa  «  pure  invention  »,  cicico  semble  apparenté 
à  chicUf  f..  Boisson  indienne  sur  l'Orénoque, 
DIDEROT,  Richardson,  Breuvage  de  maïs  au 
Chili,  texte  de  -76  in  littré,  par  l'intermé- 
diaire de  cici,  m.,  Boisson  de  maïs  ou  de  fruits 
fermentes  usuelle  au  Chili,  larousse  ;  —  séma- 
tisme  de  cicasse  ainsi  compris  :  Liquide  humble, 
économique  et  trompe-le-goût  ;  cf.  tamar.  — 
SAIN,  n'a  pas  hésité  à  tirer  cicasse  de  chicorée  et 
à  croire  que  la  chicorée  est  l'un  des  vivres  de 
l'ordinaire  !  —  Je  commets  peut-être  une 
imprudence  analogue  en  supposant  dans  sicine 
un  dérivé  (savant)  du  latin  siccus  (Sec)  ou  du 
latin  sitis  (Soif). 

cigale,  f.,  Eclat  d'obus  ;  246^,  289^  inf.,  16- 
18  ;  secteur  174,  sept.  18  ;  «  Un  240  éclate-t-il 
au  bord  du  parados  ?  —  Une  paille,  murmure 


157 


le  poilu  éclaboussé  par  les  cigales  »,  Cri  de  P., 
vcts  juin.  16  ;  «  Mêlée  [la  pluie]  aux  «  cigales  « 
(aux  éclats  d'obus),  on  dirait  comme  du  plomb 
foildu  qui  vous  gi*iffe  la  charnUre  )>,  Trois  jours^ 
19-746.  • —  Syssém.  :  abeilles. 

Cigare,  m.,  A,  Obus  ;  D.  m.  p.  ■  «  le  270 
aux  longs  cigafes  qui  Voyagent  lentement  tfès 
haut  )),  A.  F.,  N.  Contes  vêr.,  84  ;«  Il  est  d'usage 
maintenant  de  calibrer  les  cigares  au  milli- 
mètre ;  les  plus  en  vogue  sont  les  75  ;  quand 
on  veut  désigner  des  120,  on  se  sert  du  mot- 
pipe  »,  agatsa,  107  ;  légion  étrangère^  t). 
—  «  Le  nom  de  cigare  fut  donné  au  75  poui* 
êtte  utilisé  dans  les  conversations  télépho- 
niques qu'on  craint  de  voir  interceptées  par 
l'ennemi.  Je  ne  sais  s'il  serait  possible  de  loca- 
liser dans  le  temps  et  l'espace  [cette  conven- 
tion sur]  les  expressions  cigate  et  pipe.  Je  les 
ai  entendues  en  Woëvre  en  1917  ;  mais  elles 
étaient  certainement  en  usage  depuis  long- 
temps ;  dans  la  même  artillerie  on  usitait  aussi, 
pour  les  mêmes  désignations  de  petit  et  de  gros 
calitre,  respectivement  les  expressions  flûte  et 
clarinette,  comme  langage  conventionnel  télé- 
phonique )),  j.-P.  FAuttfe,  avr.  18  ;  le  fait  histo- 
rique ainsi  allégué  serait  d*ûutant  plus  Utile  à 

—  158  — 


établir   en   lieu   et   date   qu'il  repose   sur   une 
convention,  négation  même  de  la  sémantique 
objective  ;  agatha,  notons-le,  n'a  sans  doute 
pas  donné,  dans  le  journal  du  309®  d'inf.,  l'argot 
téléphonique  actuel  du  secteur  ;  il  y  aurait  eu 
une  pointe  de  trahison  ;  il  faut  au  moins  cons- 
tater que  le  mot,  s'il  a  été  adopté  pour  le  télé- 
phone et  seulement  à  temps,  a  su  plaire  dura- 
blement (15-17)  ;  cette  grâce  qu'on  lui  a  faite, 
parmi   tant    d'autres    mots    insignificatifs    des 
codes  secrets  temporaires,  peut  s'expliquer  par 
une    convenance     sémantique     réelle.   Comme 
les   ZeppelinSj   les   Obus   sont   des   cigares  par 
leur    forme    cylindro-conique.    —    Cf.  pipe,    f., 
Obus  de  120  ;  agatita  ;  D.  m.  p.  ;   V.  du  p,  — 
J'ai  cru  à  une  métaphore  prise  de  la  propor- 
tion  du   diamètre   à  la  longueur,   mais  je   me 
rallie  à  cette  autre  idée  qu'  «  employant  cigare 
pour  75,  on  a  tout  naturellement  pris  pipe  pour 
le  120,  parce  que  c'est  le  «  numéro  au-dessus  » 
en  matière  d'articles  de  fu^meur  )),  j.-p.  faure  ; 
cette  déduction  du  moins  ne  repose  pas  sur  une 
convention  ;  dans  les  codes  téléphoniques  il  est 
d'usage  de  donner  des  noms  de  même  catégorie 
à   des  objets  analogues  ;  par   ex.   ce   sont   des 
noms   de   baptême,    Marie,    Pauline,    etc.,    qui 

—  159  — 


désigneront  tous  les  ouvrages  d*un  secteur. 
Suite  logique  du  sématisme  de  pipe  et  cigare  ici 
sous  bastos  ;  —  cf.  mirliton. 

B,  Figure  :  Il  «  va  prendre  la  faction  à  un 
poste  de  grenades  pour  en  mettre  plein  le  cigare 
à  Friedrick,  s'il  voulait  venir  nous  souhaiter  le 
bonjour  )),...  pour  assommer  le  Boche,  s'il  nous 
attaquait  à  l'aube,  paraud.  —  Métaphore  de 
couleur  sur  le  teint  de  certains  visages  ;  ou 
simple  dérivation  synonymique  sur  pipe,  Tête  ; 
cf.  casse-pipe. 

cinéma,  m.,  A,  1,  Bataille  ;  156^  inf.,  mai  18. — 
2,  Séjour  aux  tranchées,  ib.  —  3,  Front  (des 
armées),  ib.  —  Syn.  de  comédie  et  de  pièce,  qui 
sont  d'excellent  style  pour  le  même  objet, 
(mais  de  pièce  éminemment  remuante,  «  mo- 
Loria  »  disaient  les  Romains),  ce  mot,  tout  amer 
qu'il  est  dans  la  bouche  du  poilu,  n'en  égale 
pus  moins  notre  petit  peuple  à  la  noblesse  des 
Ballades  d'Hugo  :  «  Nous  qui  sommes  Gen- 
tilshommes De  haut  lieu.  Il  faut  faire  Bruit  sur 
terre  Et  la  guerre  N'est  qu'un  jeu  )).  Vers  le 
9-5-15,  devant  Arras,  au  360^  inf.,  ,«  un  de 
mes  bons  amis  vit  le  bataillon  voisin  du  sien 
sortir  ;  il  vit  la  course  jusqu'aux  fils,  puis  le 
résultat   des  tirs  des   mitrailleuses   ennemies   : 

—  160  — 


ses  compagnons  pour  la  plupart  se  tordaient  de 
voir  les  cabrioles  des  assaillants  atteints  par 
des  balles,  sans  éprouver  rien  des  sentiments 
qu'un  simple  récit  provoque,  —  on  se  serait 
cru  au  ciné  »,  m.  protat.  —  Cf.  facétie,  tango  ; 
cf.  aussi  entendre  le  bédouin,  Entendre  le  ca- 
non au  loin,  d.,  (bédouin,  Prêtre,  d.),  c.-à-d. 
la  bataille  comparée  à  la  messe  ? 

B,  Bordel  ;  d.  —  Cf.  l'emploi  galant  de  billard. 

C,  Chiqué,  Tape-à-l'œil  :  c^est  du  cinéma, 
C'est  une  démonstration  bien  réglée  de  ehamp- 
de-manœuvre,  plutôt  que  de  la  vraie  guerre 
utile  ;  13®  tir.  alg.,  -18.  —  Syssém.  de  théâtre, 
de  pas-çécu. 

cinq-frères,  m..  Projectile  boche,  faisceau  de 
cinq  tuyaux  à  explosions  successives  ;  d.  — 
Image  prise  des  arbres  à  troncs  multiples 
nommés  deux-frères,  etc. 

cirage,  m..  A,  Vin  ;  246®  inf.,  -15  ou  -17,  mais 
désuet  en  -18  ;  156®  inf.,  -18  ;  |  «  un  litre 
de  cirage  à  seize  ronds  »,  m.  l.,  N.  Contes  vér., 
196  ;  —  corvée  de  cirage,  f.,  Saoulo graphie  en 
commun  :  «  Le  soir  [au  cantonnement]  quel- 
ques-uns vont  à  la  corvée  de  cirage  et  les  types 
qui  sont  rétamés  <<...>  »,  pantruchard,  117  ; 
' —  le  vin  rend  noir,  Ivre.  —  Syssém.  :  cassis, 

—  161  — 

ESNAULT  11 


m.,  Vin  ;  156®  inf.,  -18,  non  fréquent  ;  |  «  se 
débarbouiller  avec  du  cassis  »,  S'enivrer, 
Expressions  à  la  mode,  Ver-Luisant,  in  Front, 
16-2-17  ;  —  le  cassis  est  une  liqueur  noire,  d'où 
l'idée  qu'on  peut  s'en  barbouiller,  outre  le  cer- 
veau, le  museau,  comme  de  mûres,  de  haie.  — 
réglisse,  m..  Vin  ;  156®  inf.,  -18,  non  fréquent  ; 
I  «  on  s'est  laissé  tomber  à  pleins  godets,  dans 
riampion,  du  réglisse  qui  s'posait  un  peu  là, 
du  bouché  »,  Feu,  21-8-16  ;  —  le  jus  de  réglisse 
en  bâton  est  d'un  beau  noir  qui  barbouille  le 
museau  des  gosses  ;  (toutefois  il  se  peut  qu'on 
ait  sous  ce  dernier  mot  la  même  litote  que  sous 
tamar  et  cicasse,  l'assimilation  d'une  liqueur 
précieuse  à  une  liqueur  vulgaire,  savoir  à  l'eau 
de  bois  de  réglisse,  qui  n'enchante  pas  les 
adultes  ;  mais  dans  cette  vue  on  attendrait 
plutôt  coco,  nom  bien  connu  de  cette  infusion, 
et  qui  désigne  l'Eau-de-vie  et  même  le  Vin, 
dans  RiG.).  —  coaltar,  m..  Vin  ;  d.  —  B,  Sou- 
danais ;  D.  ;  —  d'où  lions  noirs,  m..  Sénégalais  ; 
D.  ;  —  à  cause  de  la  célèbre  marque  de  cirage  ; 
—  boîte  de  cirage,  f.,  Artilleur  français  ;  d.  ;  — 
sur  l'ancien  uniforme  noir. 

cisaille,  f.,   Veste  ;  250®  art.  -,  d.  —  Image 
exagérant  celle  de  corset,  m.,  Vareuse  ;  23®  al- 

—  162   - 


plus,  D.  :  la  taille  est  si  serrée,  par  chic,  que  la 
hanche  droite  (gauche)  prolonge  le  flanc  gauche 
(droit). 

clapoter,  Faire  son  bruit  de  fonctionnement, 
en  parlant  du  moteur  (d'avion)  :  «  mon  moulin 
donne  des  ralentis  <;...>>  Je  me  demande  si 
j'ai  fait  mon  plein  de  sauce  avant  le  démarrage, 
lorsque  le  moulin  se  remet  à  clapoter  »,  mont- 
GEORGE.  —  Clapoter)  Manger  ;  rig.  ;  usuel  à 
Brest,  98-18  ;  [claper.  Manger,  d.).  Métaphore 
prise  d'une  mastication  bruyante. 

claque  des  genoux,  m..  Homme  sujet  à  la 
peur  ;  246^  inf.,  17-18. 

claque- merde,  m.,  Bouche  ;  assez  général  : 
«  Ferme  ton  claque-merde  et  le  bec  de  gaz  !  », 
Tais-toi  .et  éteins  la  bougie  ;  «  J'ai  pris  la 
mouche,  et,  d'un  pain,  je  lui  ai  eiifoncé  son 
claque- merde  en  lui  cassant  deux  dents  », 
Sous-Intce  de  la  22^  D»»,  -16  ;  |  «  Verrouille  ton 
claque-merde,  il  fait  courant  d'air  »,  Cabaret, 
471.  —  Claquer,  Manger.  Comparaison  avec  la 
cuvette  à  clapet  des  cabinets  d'aisances  ;  — 
syssém.  :  Ferme  ton  égoût,  ton  clapet. 

olass  (c'est),  C'est  réglé,  Il  n'y  a  plus  à  y 
revenir  :  «  C'est  class,  le  ballon  ne  sortira 
pas  »,  centre  de  dirigeables,  nov.  17,  à  l'occa- 

—  163  — 


sion  d'une  brume  trop  intense;  \\  «  c*est  classe, 
mon  chien  »,  Il  faut  obéir,  Nénesse,  198.  — 
Arabe,  khelas  /,  Assez  !,  du  verbe  khalUs,  il  a 
Fini.  —  Le  chevauchement  de  c^est  class  +  ^n 
avoir  mare  a  donné  c'est  mare,  d.,  et  en  avoir 
class,  Etre  fatigué  de   qqch.,  40^  art.,  août  18. 

classard,  m..  Militaire  qui  a  suivi  le  sort  de 
sa  classe  d'appel,  par  opposition  à  Engagé  : 
«  Les  sous-offs  de  Descaves  sont  réels,  mais  ce 
sont  les  rengagés  qui  ont  ces  mœurs-là,  pas  les 
classards  »,  un  sergent,  340^  inf.,  août  16.  — 
Cf.  frontard. 

clé  anglaise,  f..  Bombe  d'avion  ;  usuel  au 
1676  inf.^  .18. 

cléber,  A,  Jeûner  ;  m.  protat  ;  —  B,  Man- 
ger ;  4®  mixte,  oct.    18  ;   |  d. 

clebs,  m.,  Caporal  ;  81®  t.,  août  14  ;  2^  c^l, 
-17  ;  95e,  289e  inf.  ;  40^  art.,  -18  ;  «  mon  clebs  », 
Mon  caporal  d'escouade  ;  —  Caporal  se  dit 
caho  ;  or  cabot  signifie  Chien  ;  or  Chien  se 
dit  clebs  ;  donc  clebs  signifiera  Caporal  ;  il  y  a 
dér.  syn.  sur  cabo,  qui,  appliqué  au  caporal, 
n'exprime  nullement  l'idée  de  Chien  ;  de  plus 
il  y  a  sématisme  aller  et  retour  ;  cf.  fokker.  — 
Arabe  kelb,  Chien  ;  pour  le  5,  cf.  rabs.  Cf.  chouya. 

Clemenceau,  m..  Vin  remboursable  des  coopé- 

—  164  — 


ratives  de  régiment  ;  g.  turpin.  —  M.  Cle- 
menceau, selon  le  poilu,  a  fait  mettre  ce  vin  à 
1  franc  le  litre.  —  Syn.  :  remboursable,  m., 
assez  général,  -18  ;  —  et  par  apocope,  rembour, 
m.,  40^  art.,  sept.  18. 

cloche,  f..  A,  Casque  ;  2^  c^l,  -18  ;  |  V.  du  p.; 
CHAPELLE  ;  Il  cloche.  Chapeau  melon,  avant  -14. 
—  B,  1,  Hèle  ;  d'où  «  vieille  cloche  »,  vocatif 
amical.  Feu,  32,  118  ;  —  2,  a,  Homme  forte- 
tête  :  «  Y  a  pas  à  dire,  y  a  des  cloches  dans  le 
Centre  [des  Captifs]  »,  un  2^-m®,  -18  ;  —  b. 
Homme  rigoleur  :  «  On  dit  ces  conneries-là 
quand  on  est  une  bande  de  cloches  ensemble  », 
marin,  -18  ;  —  c.  Sot,  Ballot  :  «  T'es  une 
cloche  !  »,  270®  art.,  -18  ;  —  syssém.  :  crâne, 
Hardi,  Fou,  Tapageur,  daté  1787  par  hdt. 

clou,  m..  Etoile  de  croix  de  guerre  ;  esc.  Br.- 
219  ;  marins  ;  -18  ;  |  «  une  croix  de  guerre 
avec  un  «  clou  »  »,  mortane,  Gu.  Aér.,  17-1-18, 
p.  155. 

clous  à  mougère  (faire  des).  Trembler,  et, 
peut-être,  plus  exactement,  claquer  des  dents, 
par  le  froid  ;  marins  lorientais,  mai  18.  —  La 
maugère  (et  non  mougère)  est  une  garniture  en 
cuivre  de  vergue  et  de  dalot  ;  mais  le  clou  à 
maugère  (et  non  clou  à  mangère  comme  l'im- 

—  165  — 


prime  le  Bulletin  Officiel  de  la  Marine,  1915, 
partie  principale,  2^  sem.,  p.  575),  est  un  clou  à 
tête  large.  A  bord,  le  clou  à  maugère  sert  à 
clouer  les  panneaux  ;  panneau,  Bouche,  est 
usuel  aux  marins  ;  faut-il  comprendre  que  les 
dents  que  le  froid  entrechoque  sont  comparées 
à  des  clous  avec  lesquels  on  veut  fermer  un 
panneau  ?  Mieux  vaut  expliquer  la  locution 
par  un  remplacement  syn.,  en  style  marin,  de 
pisser  des  clous  de  sabot,  Souffrir  en  urinant, 
par  suite  d'une  maladie  de  vessie,  ou  d'une 
maladie  vénérienne,  (rig.)  ;  un  froid  doulou- 
reux serre  les  coudes  aux  reins  et  constreint 
l'anus  tout  comme  cette  miction  poignante  et 
tranchante  dont  parle  rig.  ;  l'idée,  ainsi,  est 
Souffrir  comme  si  on  faisait,  c.-à-d.  pissait,  des 
clous  à  large  tête. 

cobaye,  m..  Elève-observateur  d'av^^^;  esc. 
Br.-219,  août  18.  —  Parce  que  les  physiolo- 
gistes ont  des  cobayes  pour  élèçes  ?  Ou  parce 
qu'ils  les  tiennent  en  observation  ? 

COCO,  m.,  1,  Essence  de  pétrole  :  «  C'est  de  l'es- 
sence qu'on  met  dans  le  moteur  [d'avion]  ?  — 
Non,  c'est  du  coco  »,  musidora  ;  Mousqu.,  253. 
— -  Je  doute,  malgré  l'opinion  de  d.,  p.  202, 
que  ce  soit  une  métaphore  de  couleur  prise  du 

—  166  — 


jaune  pâle  du  coco,  Infusion  de  bois  de  réglisse 
au  citron  ;  j'y  vois  une  plus  énergique  méta- 
phore de  fonction,  prise  du  sens  second  de  coco, 
Eau-de-vie,  (voir  ici  sous  cirage)  ;  en  effet,  si 
l'Essence  de  pétrole  est  dite  coco,  inversement 
est  dite  pétrole  l'Eau-de-vie  (et  non  pas  l'Infu- 
sion de  réglisse)  ;  ce  sématisme  mutuel,  cf. 
fokker^  invite  à  décider  qu'en  sémantique  l'es- 
sence est  au  moteur  ce  que  l'alcool  est  à  l'esto- 
1  omac,  une  eau  de  vie.  —  2,  Aviateur  ;  d.  ;  — 
métonymie  ;  cf.  copahu. 

coiffer.  Survoler  de  près  (un  autre  avion)  : 
«  je  cabre  mon  coucou  et  me  laisse  tomber  en 
boule  sur  sa  carlingue.  Je  le  coiffe,  et  à  dix 
mètres,  je  lui  lâche  ma  bande  [de  mitrailleuse]  », 
SEM,  Journ.,  27-5-16.  —  Dans  un  des  commu- 
niqués officiels  de  -14  coiffer  sert  à  exprimer  la 
manœuvre,  tentée  par  le  Boche,  de  Rompre 
notre  front  de  bataille  en  gagnant  de  vitesse 
vers  le  nord  le  meilleur  de  nos  armées,  manœuvre 
appelée  depuis  la  course  à  la  mer.  —  Un  voi- 
lier se  coiffe  quand  il  Reçoit  soudain  le  vent 
par  le  nez. 

coiffton,  m..  Coiffeur  de  compagnie  ;  109^  inf., 
9^  c*^,  -16.  ■ —  Le  suffixe  -ton,  tiré  de  mots 
comme  chaton,  Petit  chat,  où  le  t  est  du  radical, 

—  167  — 


se  retrouve  dans  mesieuton,  m.,  Petit  monsieur, 
Bteau  fils  ne  faisant  pas  de  corvées,  un  paysan 
vendéen,  81^  t.,  -14  ;  mecton,  Petit  mec,  Indi- 
vidu ;  fromton,  Fromage,  etc. 

colimaçon,  m..  Tête  :  «  Tu  rentrerais  ton 
calimaçon  »,  Tu  baisserais  la  tête  dans  les 
épaules  et  au-dessous  de  la  tranchée,  un 
ouvrier  nantais,  81^  t.,  -14,  apax.  —  Ca-  pour 
co-  ;  c'est  aussi  le  prononcé  à  Dinan  (C.-du-N.). 

—  Syssém.  :  se  COQUeter  :  «Naturellement,  faut 
t'coqter  tout  d'même  [quoique  le  casque  te 
protège  la  tête].  Avise-toi  pas  de  l'ver  la 
trompe  en  l'air  [pendant  que  l'obus  arrive]  », 
Feu,  226  ;  trompe  rappelle  assez  les  cornes  du 
limas.  L'anglais  a  de  même  to  shrug,  Ren- 
trer en  sa  coque,  Lever  les  épaules.  Cf.  ga- 
bian. 

colis- postal  franco  de  port  et  d'emballage,  m., 
Obus  ;  2®  c^l,  -18  ;  |  «  Malgré  l'abondance 
regrettable  des  «  105  »,  que  nous  appelions  des 
colis-postaux  »,  mac  orlan,  Journ.,  31-12-16  ; 

—  colis  à  domicile,  m..  Gros  obus  i  «  a  large 
bombshell  is  called  «  un  colis  à  domicile  »,  lite- 
rally  a  C.  0.  D.  [Collect  On  Delivery]  parcel  », 
Morning,  fév.  18.  —  Syssém.  :  italien  pacco 
postale   (à   la   lettre   Colis-postal),    Gros    obus 

—  168  — 


métaphore    de  cette    guerre,   dauzat,   1-1-18. 

colle,  f.,  Riz  (cuit)  ;  agatha  ;  D.  m.  p.  ; 
V.  du  p. 

collet  {s^en  fiche  plein  le),  S'empiffrer  ;  Feu^ 
20-8-16.  —  Syssém.  :  manger  à  plein  pourpoint, 
usuel  au  Mans. 

colombin,  m.,  1,  Gros  excrément  humain  ; 
divers  soldats,  -15  :  les  colombins  f,  Je  refuse  ; 
c.-à-d.  la  merde  !  ;  —  a,  hors  du  moule  : 
«  J'suis  de  colombins  )),...  de  corvée  dans  le 
cantonnement  pour  les  enlever,  Feu,  83  ;  | 
ROSS.  ;  —  b,  dans  le  moule  :  «  J'ai  un  colombin 
qui  presse  »,  2®  groupe  d'av^^^,  avr.  18  ;  —  d'où 
avoir  les  colombins,  Avoir  peur.  Etre  peureux  ; 
81^  t.,  avr.  16  ;  4©  zouaves,  16-17  ;  2^  groupe 
d'avon  -17  ;  40e  art.,  2e  c^l,  2©  mixte,  -18  ;  | 
«  S'agit  pas  de  s'  dir'  patriotes.  Et  puis  d'avoir  les 
colombins  »,  montéhus,  Lacroix  de  guerre  ;  «  j'ai 
les  colombins  »,  Feu,  232  ;  —  un  colombin  est 
une  Fiente  de  colombe  ;  hdt  en  ce  sens  donne 
colombine,  f.  Dans  un  autre  emploi,  colombin, 
Petit  boudin  de  pâte  argileuse  que  l'on  étend  à 
la  main  pour  unifier  à  l'œil  les  diverses  parties 
d'un  pot  d'argile,  B.  des  A.,  6-9-16,  p.  8,  c.  2, 
se  comporte  encore  comme  syssém.  de  boudin. 
Ai^oir  les  colombins,  c'est  sentir  ce  besoin  que 

—  169  — 


la  peur  met  aux  entrailles  ;  il  est  peut-être 
utile  de  sous-entendre  un  complément,  omis 
dans  l'usage,  déterminant  colomhins  ;  cf.  groh 
les  (?)  ;  — syssém.  :  açoir  la  chiasse,  la  trouille, 
la  frousse  (cf.  g.  e.,  Dançez  Geriadur,  heoz),  les 
grolles  (?),  être  foireux  ;  — d'où  mettre  les  COlom- 
bins,  S'enfuir  par  peur  ;  divers  soldats,  dont  un 
territorial,  sept.  17,  un  zouave  au  2®  mixte, 
mai  18  ;  g.  charpentier  ;  —  chevauchement  de 
mettre  les  cannes  +  ai>oir  les  colomhins.  — 
2,  A,  les  colomhins,  les  Feuillées  :  «  il  revient 
des  colomhins  »,  2^  mixte,  mai  18  ;  — B,  Homme 
lâche,  indifférent  à  ce  qui  devrait  l'intéresser  : 
Nos  artilleurs,  vers  qui  nous  tirions  des  fusées, 
«  les  regardaient  seulement  pas,  ces  colom- 
hins !  »,  propos  d'un  fantassin,  Caharet,  470  ; 
—  syssém.  :  merde  t  «  T'es  un  homme  ou  une 
vache  ?  Une  vache  ou  une  machine  ?  Une 
machine  ou  une  merde  ?  »,  ib.,  458  ;  — * 
C,  Ohus  •  2®  cal,  sept.  18.  —  Dér.  :  colombitier, 
Chier  ;  d. 

combine,  f..  A,  Plan  hahile  ;  81®  t.,  14^17  ; 
très  usuel  aux  parisianisants  ;  marcher  dans  la 
comhine,  Etre  du  complot,  de  l'association  ; 
être  chocolat  dans  la  combine;  \  usuel  à  Paris  et 
NanteSj  11-13.  —  B,  Costume  de  vol,  vêtant 

—  170  — 


les  bras  et  les  jambes  d'une  seule  tenue,  Diri- 
geables et  Captifs,  17-18.  —  Chacun  de  ces 
deux  sens  sort  du  sens  correspondant  de 
combinaison.  —  binaise,  f.,  Plan  habile  ;  D.  m. 
p.,  est  Tapocope  de  combinaise,  apocope  de 
combinaison.  —  Cf.  terri.    . 

comme  ac,  comme  aco.  Autant  que  ça,  Aussi 
grand  que  ça,  Tout  à  fait  bien.  Tout  ce  qu'il 
y  a  d-e  bon  ;  se  répand  de  plus  en  plus  :  «  un 
travail  comme  ac  »  ;  «  il  en  a  fait  comme  ac  », 
ouvriers  nantais,  81^  t.,  -17  ;  faire  un  repas,  en 
écraser  comme  aco,  13®  tir.  alg.,  -18  ;  —  d'où  : 
manger  et  dormir  comme  ce  çieil  Aco  lui-même, 
monax,  ib.,  -18  ;  |  comaco,  Feu,  21-8-16.  — 
Provençal,  comme  aco,  Comme  ça. 

compteur  à  gaz,  m.,  Havresac  ;  inf..  Lor- 
raine, 14-15. 

concierge  de  tranchées,  m..  Homme  de  la 
tranchée  qui  conçoit  son  rôle  comme  contem- 
platif, passif  et  déterminé,  pas  assez  comme 
critique,  protéique  et  offensif  :  «  Quand  les 
«  concierges  de  tranchées  »  [ennemis]  seront  tout 
tremblants  à  leur  poste,  les  mitrailleuses  et  les 
fusils  se  tairont  »,  anon.,  B.  des  A.,  10-5-16, 
p.  7,  c.  3.  ■ —  Cf.  guichet  et  -poteau-fron- 
tière. 

—  171  — 


conditionné,  A,  Ivre  :  «  Il  a  été  bien  condi- 
tionné »,  16^  chass.,  14-17  ;  usuel  aussi  à  Paris, 
14-18  ;  —  syssém.  :  fait,  refait,  Ivre  ;  360^  inf., 
14-15;  40^  art.,  -18  ;  —  réussi.  —  B,  Blessé  ; 
16^  chass.,  14-17;  usuel  aussi  à  Paris,  14-18. — 
Syssém.  :  fade  ;  bien  servi  ;  complet  ;  qui  a  son 
compte  ;  de  même  en  anglais  to  get  a  dose,  Avoir 
une  dose  de  boisson  et  Encaisser  un  mauvais 
coup.  —  Cf.  lapin. 

confetti,  m..  Petite  rondelle  de  drap  à  coudre 
au  col  de  la  veste  et  de  la  capote,  une  à  droite, 
une  à  gauche,  à  côté  du  numéro  du  régiment, 
bleues  au  1^^  bato^^,  rouges  au  2®,  jaunes  au  3®, 
exclusivement  dans  la  zone  des  armées  ;  81®  t., 
déc.  16  -  oct.  17.  —  Syn.  pastille. 

convalo,  f..  Convalescence  ;  Feu,  61,  118  ; 
Mousqu.,   34;  — cf.  çéto. 

copahu,  m..  Infirmier  ;  46®  inf.,  14-16  ; 
81e  t.,  16-17  ;  centre  de  dirigeables,  -17  ; 
63®  art.,  -18;  ||  nom  du  chien  d'un  étudiant  en 
médecine,  -02.  —  Sobriquet  par  l'occupation 
fréquente,  ou  prétendue  fréquente,  et  autant 
que  possible  génito-urinaire.  —  Cf.  péca, 
m.,  A,  Médecin  ;  marins,  17-18  ;  —  B,  In- 
firmier, Pharmacien  ;  d.  ;  —  prononcé  vul- 
gaire de  ipéca  ;  —  coco,  2  ;   —   caporal- patates. 

—  172  — 


COpé,  f.,  COpette,  f.,  Coopérative  du  régi- 
ment ;  81®  t.,  -17.  —  00  — >-  o,  comme  dans 
alcool. 

copeaux  (avoir  les),  Avoir  peur  ;  très  usuel 
aux  95e,  156e,  289^  inf.,  40®,  207®  art.,  juin- 
oct.  18.  —  «  De  cette  tradition  des  caricatu- 
ristes de  représenter  par  des  spirales  les  jambes 
des  personnages  terrifiés  (?)  »,  j.-p.  faure  ;  cf. 
(?)  avoir  les  jambes  en  dentelle,  les  panards 
en  malines,  les  avoir  Fatigués.  Ces  copeaux 
semblent  plutôt  être  des  crachats  ;  copeau, 
Crachat,  larchey  ;  —  ce  serait  un  syssém. 
de  açoir  la  flemme,  puisque  flemme  semble 
le  même  mot  que  le  français  flegme,  m.,  1, 
vieux  nom  de  la  Lymphe  ;  2,  Crachat.  Le 
flemmard  est  bien  un  lymphatique  ;  le  genre 
seul  fait  difficulté.  En  outre,  à  flegme  les 
patois  répondent  par  flume,  Crachat,  açoir  des 
flumes,  S'engorger  (dlle)  ;  et  on  trouve  flube. 
Peur,  qui  ne  semble  pas  autre  chose  qu'une 
altération  de  flume.  —  Flube  est  de  genre  m. 
dans  a^oir  le  flub,  Avoir  peur,  bruant,  Cap- 
twe,  I,  XXII  (Pet.  Par.,  20-11-16)  ;  f.,  dans  dlle, 
flube.  Peur  ;  douteux  dans  avoir  les  îlubes, 
Avoir  peur,  156®  inf.,  40eart.,  -18  ;  |  V.du  p.  ; 
—  mettre  les  îlubes,  même  sens  ;  40®  art.,  -18  ; 

—  173  -- 


—  chevauchement  de  mettre  les  bois  +  avoir 
les  flubes.  —  Voir  flubard. 

corbillard,  m.,  1,  Voiture  d'ambulance  ; 
16^  chass.,  -17  ;  —  2,  Camion  qui  emporte  un 
avion  bTisé  ;  H.  G.  Aé.,  -17. 

cornes  du  diable,  f..  Antennes  au  nombre  de 
quatre,  qui  surmontent  le  récipient  sphérique 
de  la  torpille  automatique  marine  ;  terme  de 
chalutiers  dragueurs  de  mines  et  d'observa- 
teurs de  captifs,  -15  -  mars  18;  |  s.  basset,  PeL 
Par,,  2-4-16.  —  Du  diable  parce  que,  choquées, 
elles  font  tout  sauter. 

COrniflot,  m..  Eau-de-vie  ;  246^  inf.,  17^  c^^, 
17-18  ;  20e  chass.,  -17  ;  156^  inf.,  août  18.  — 
Semble  suffixe  comme  f-iflot  de  fantassin, 
gourd-if  lot  de  gourd^,  (cf.  artif-lot  de  artif- 
icier ?), —  ce  qui  laisse  hésiter,  pour  le  radical, 
entre  des  mots  parmi  lesquels  je  n'ai  pas  trouvé 
de  sens  sûrement  convenable  ;  la  corne  ou  cor- 
nouille  est  un  fruit  aigrelet  ;  la  méchante 
eau-de-vie  pue  et  Puer  c'est  corner  ;  enfin,  un 
Coup  de  poing  est  une  cornanche,  (d.)  et  l'Al- 
cool est  un  coup,  (voir  gnole). 

corvaille,  f,,  Corvée  ;  109®  inf.,  -17  ;  8^  génie, 
-18  ;  — ■  suffixe  comme  tranchaille,  Tranchée  ; 
journaille,    Journée     {Philibert,   282  ;   Nénesse, 

—  174  — 


245)  ;  cf.  hleusaille,  muraille.  —  corvasse,  f., 
Corvée  :  «  les  longues  rêveries  de  la  faction,  les 
distractions  et  joies  de  la  «  corvasse  »  »,  Echo 
des  Guitounes,  in  Matin,  26-9-15,  p.  4  ;  —  suf- 
fixe comme  godasse,  Godillot  ;  barbasse,  Bar- 
Baque  ;  cf.  bleu^asse, 

corvée  d'enîant  de  troupe,  f.,  Service  manuel 
d'agrément  qui  fatigue  surtout  celui  qui  le.reçoit  : 
«  Tu  vois  comme  tu  es  [Tu  as  un  fichu  carac- 
tère] !  Et  puis,  après,  tu  reviendras  auprès  de 
moi  pour  la  corvée  d'enfant  de  troupe  !  )),  un 
maçon  nantais,  81®  t.,  -16.  —  Contée,  Travail 
professionnel,  dans  le  jargon  des  filles  de  mai- 
son ;  RI  G.  ;  Philibert,  195  ;  enfant  de  troupe, 
Sperme  mis  au  vent,  est  le  retour  du  sématisme 
dont  l'aller  est  fausse-couche,foutriquet,et  échappé 
de  capotey  Homme  mal  foutu,  Avorton.  : —  corvée 
de  viande,  f.,  Rapports  sexuels  :  aller  à  la  corvée 
de  viande  ;  46®  inf.,  9®  b^^,  déc.  16  ;  2®  groupe 
d'av®^,  avr.  18.  —  Le  même  emploi  comique 
de  corvée  donne  encore  corvée  de  cirage  ;  cf. 
exercice  de  paupières. 

coton,  m.,  A,  Substance  des  nuages,  avia- 
teurs, -16  ;  I  MusiDORA  ;  adjudant  cartault. 
Feuillets  de  carnpagne^  11-9-16,  in  Gu.  Aér., 
27-9-17,  p.   734,   c.  2.   —  Gf.    balles  de  coton. 


175 


Cumulus  ;  terme  marin.  —  B,  Brume  ;  météo- 
rologues, Rosnay,  -17;  |  «  l'épouvantable  «  co- 
ton )),  alias  la  brumasse  )),  eynac,  Gu.  Aér.^ 
3-5-17,  p.  388,  c.  3. 

couche  (prendre  la),  Perdre  une  ancienne 
mentalité  par  l'acquisition  mécanique  d'une 
nouvelle  :  «  Que  veux-tu,  mon  vieux,  dit  Cho- 
pin, tu  es  comme  moi  :  tu  as  pris  la  couche  !  ». 
MILLE,  Journ.,  12-7-16,  propos  consolatif,  à 
l'adresse  d'un  sergent,  curé  «  dans  le  civil  », 
qui  s'aperçoit  un  lundi  d'avoir  oublié  sa  messe 
la  veille.  —  Syssém.  :  se  rouiller. 

COUCOU,  m..  A,  1,  Avion  ;  aviateurs,  15-18;  | 
«  Les  mécaniciens  préparaient  les  «  coucous  »  », 
anon.,  souvenirs  du  24-12-14,  in  Lectures  pour 
tous,  août  15,  p.  148  ;  —  2,  Dirigeable  ;  aéro- 
nautes,  -17  ;  —  syssém.  pour  A^,  A*  :  tacot,  zinc, 
taxi  ;  —  B,  Canon  de  75  ;  40^  art.,  5^  h^^,  mai  18  ; 
—  syssém.  pour  B  :  rossignol,  m.,  Canon,  ib., 
sept.  18  ;  —  zinc,  tacot  ;  —  C,  Eclat  d'obus  : 
«  Entends-tu  le  coucou  ?  »,  un  ouvrier  nantais, 
à  propos  d'un  éclat  d'obus  antiaérien  qui  re- 
tombe en  chantant  ('),  81^  t.,  sept.  17,  apax  ; 


(  1)   Onomatopée   de    la  chute   de    ces    cafïuts  :  «  cha- 
chuchechéchi   »,    pawlowski,  Signaux,  9. 

—  176  — 


I  «  On  l'a  eu,  r filon,  d's^eshigner  des  coucous  !  », 
On  en  a  eu,  de  la  chance,  d'échapper  aux  éclats, 
MARCEL,  Journ.,  21-6-15,  propos  immédiate- 
ment consécutif  à  l'éclatement  d'un  obus,  (la 
traduction  «  obus  »  dans  sain,  fausse  le  sens). 
—  Un  coucou  est  quelque  chose  qui  chante  ; 
syssém.  :  oiseau,  moineau,  Obus  ;  —  plus  spé- 
cialement c'est  une  mécanique  qui  chante,  par 
ex.  une  Méchante  voiture,  boiste.  Dictionnaire 
(1843),  un  Petit  train  départemental,  pays  de 
Retz,  -16,  d'où  les  sens  A  et  B,  où  coucou  a  pour 
syssém.  oiseau,  Fausse  clé,  —  rossignol,  toute 
Vieille  ferraille  grinçante.  Fausse  clé,   —  bécane. 

couînard,  m..  Téléphone  ;  couineur,  m.,  Appel 
téléphonique  vibré  ;  40^  art.,  -18.  — De  couiner. 
Geindre,  en  parlant  d'enfants,  de  meubles, 
usuel  dans  l'ouest. 

coup  de  coude,  m..  Coup  de  vin  ;  112®  ou 
304®  inf.,  -17;  |  «  «  Un  coup-de-coude  pour  tor- 
cher le  cafard  ».  Ah  !  les  doux  et  jolis  noms  que 
les  hommes  ont  trouvés  pour  le  vin  »,  Cabaret, 
468.  —  Queue  romantique  sur  coup,  Verre  (de 
vin)  ;  cf.  gnole. 

coup  de  tabac,  m..  Rafale  aérienne  ;  avia- 
teurs, Miramas,  mai  18;  |  «  Pris  dans  d'inces- 
sants remous,  secoué,  ballotté  par  les  «  coups 

—  177  — 

BSNAUI.T  12 


de  tabac  »,  l'appareil  tanguait  »,  eynac,  Gu. 
Aér.,  3-5-17,  p.  387,  c.  3;  ||  usuel  dès  longtemps 
dans  la  marine.  —  Dér.  :  tabasser,  Subir  un 
coup  de  vent  violent  ;  aviateurs,  Miramas, 
mai  18  ;  —  se  tabasser,  Se  battre.  Se  passer  à 
tahac  ;  13®  tir.  alg.,  -18  ;  —  suffixe  comme  aço- 
casser,  se  prélasser. 

coup  de  trompette,  m.,  1,  Engueulade  par  un 
chef  ;  marins,  -18  ;  —  2,  Affaire  désagréable 
et  embrouillée  ;  marins,  -18.  —  Le  passage  de 
1  à  2  est  une  métonymie  exprimant  la  cause 
par  l'effet  ;  la  trompette  est  la  gueule  du  chef 
et  un  sale  coup  est  un  coup  fécond  en  gueulées 
et  en  engueulades.  —  Syssém.  :  coup  de  gueule, 
1,  Engueulade  ;  —  2,  Affaire  (militaire).  Mê- 
lée :  «  Il  y  a  eu  cependant  dans  la  forêt  un  sacré 
coup  de  gueule,  la  deuxième  fois  :  avant-hier, 
les  Boches  se  sont  avisés  de  nous  charger  la 
nuit  à  la  baïonnette  »,  paraud,  77.  — ■  Le  pas- 
sage, du  sens  Quelque  chose  qu'on  dit,  au  sens 
Quelque  chose  qu'on  fait,  se  retrouve  sous  perco. 

coup  dur,  m.,  Aventure  périlleuse  ;  aviateurs, 
fantassins  et  marins  :  «  Il  a  eu  le  coup  dur  deux 
fois  »,  un  pilote  de  dirigeables,  parlant  d'un 
pilote  aviateur  tombé  deux  fois,  nov.  17  ; 
«  Dans  les  Astra,  si  t'attrapes  le  coup  dur,  t'as 

—  178  — 


1 


pas  à  t'en  faire  )>,  autre  pilote  ;  «  V*là  Tcoup  dur 
maintenant  »,  un  marin  jouant  au  damier, 
fév.  18;  I  «  leur  «  cran  »  de  jadis,  un  peu  dé- 
primé à  la  suite  de  «  coups  durs  »  »,  mortane, 
Gu.  Aér.,  19-4-17,  p.  354  ;  «  Pour  qu'il  pleure... 
un  homme  comme  lui  !...  faut  que  ça  soye  un 
coup  dur  qui  le  tape  !  »,  hirsch.  Chacun  son 
déchoir,  i,  propos  de  soldat;  |1  coup  dur,  Evéne- 
ment imprévu  et  fâcheux,  rig.  —  L'existence 
de  cette  alliance  de  mots  dès  -81,  le  fait  que 
coup  y  a  sensiblement  le  même  sens  que  dans 
tenir  le  coup,  Faire  tête  aux  difficultés,  sem- 
blent en  contradiction  avec  la  vogue  neuve 
dont  jouit  coup  dur.  Au  2®  mixte,  mai  18,  on 
entend  «  Le  coup  est  dur  !  »  cent  fois  le  jour, 
pour  exprimer  le  désappointement  d'une  re- 
lève contremandée,  ou  une  angoisse  au  sujet 
d'un  manillon  sec.  On  peut  croire  que  la  locution 
coup  dur,  toute  existante  qu'elle  fût,  a  été  revi- 
vifiée par  la  mode  de  la  boxe  ;  cf.  :  «  Les  pro- 
fessionnels de  la  boxe  connaissent  bien  ce 
fléchissement  qui  les  attend  vers  le  troisième 
ou  le  quatrième  round.  C'est  là  que  le  cœur 
doit  aider  les  poings  <...>»  Il  en  est  de  même 
du  vrai  chasseur  [aviateur  de  chasse]  qui  en- 
caisse les  coups  durs,  qui  guette  sa  chance,  qui 


t 


179 


la  saisit  au  bond  »,  h.    c,   Gu.   Aér.,    29-11-17. 

courant  d'air,  m..  Nouvelle  :  «  Aussi  est-on 
aux  aguets  pour  deviner  l'instant  de  la  relève... 
Depuis  quelques  jours  déjà  les  «  courants  d'air  » 
circulent  :  )),  Bourru,  191.  —  Métaphore  expri- 
mant une  course  subreptice,  insaisissable. 

courants  d'air  (manger,  croûter,  béqueter  des), 
Jeûner  ;  360^  inf.,  14-15  ;  13^  tir.  alg.,  270^  art., 
-18.  —  toucher  des  boîtes  de  courants  d'air,  Ne 
pas  percevoir  de  vivres  ;  13^  tir.  alg.,  -18.  — 
Cf.  un  homme  «  Mince  comme  un  courant 
d'air  »,  Mousqu.,  62. 

courber  une  aile  (se  faire).  Etre  blessé  ; 
5^  génie,  -18. 

coustible,  m.,  Couteau  ;  mécanos  d'av^^,  Pau, 
mars  18.  —  Un  suffixe  argotique  -ible  apparaît 
dans  encible,  Ensemble,  Mémoires  d'un  forban 
philosophe  (1829). 

cra,  m.,  1,  Explosif  fusant  ou  instantané  ;  d. 
—  2,  Eau-de-vie  ;  f.  de   keralio  ;  — cf.  rapide. 

crabe  (marche  en),  f..  Dérive  dans  l'air  sous 
l'action  du  vent  ;  aviateurs,  Miramas,  mai  18  ; 
marins,  S*-Nazaire,  mai  18  ;  à  propos  d'avions 
et  de  dirigeables  ;  |  «  le  zeph  me  fait  faire  le 
crabe,  puis  les  montagnes  russes  »,  Je  dérive, 
puis  je  tangue,  montgeorge. 


180 


cran,  m.,  Disposition  à  agir  avec  énergie, 
Courage,  Mordant  ;  usuel,  mais  peut-être  moins 
que  les  journaux  le  feraient  croire  ;  inusité  au 
81®  t.,  14-17  ;  «  Vous  manquez  de  cran  »,  Vous 
hésitez,  gén.  Joffre  à  M.  Viviani,  31-7-14,  Int, 
des  Ch.,  LXXII,270  ;  |  «  Pour  avoir  de  l'ascen- 
dant sur  les  hommes,  du  «  cran  »,  comme  l'on  dit 
là-bas  [aux  tranchées],  il  faut  leur  montrer  que 
l'on  n'a  pas  peur  »,  lettre  d'un  officier  blessé, 
dans  Dépêche  de  Toulouse,  in  Journ.,  14-6-15, 
p.  3,  c.  5  ;  Les  Boches  n'ont  «  pas  le  même  cran 
que  nous  )),RiCHARD,Pe^Par., 14-5-16  ;  «  des  offi- 
ciers de  «  cran  »,  de  maizière.  Pet.  Par.,  12-4-16  ; 
«  il  grogne,  le  «  jas  »  [le  soldat  belge]  ;  mais  au 
feu,  il  est  plein  de  cran  »,  Montaigne,  Journ., 
29-10-16  ;  —  à  cran.  En  dispositions  éner- 
giques :  «  de  petits  groupes  [de  soldats  alle- 
mands] un  peu  plus  «  à  cran  »  que  les  autres,  se 
ressaisissent  et  tentent  d'organiser  la  résis- 
tance »,  Journ.,  6-11-16,  p.  1,  c.  5;  —  |1  le  mot 
se  trouve  sous  ces  deux  constructions  bien 
avant  14,  mais  cran  signifiait  surtout  Colère,  et 
à  cran  Exaspéré  :  aç^oir  son  cran.  Etre  en 
colère,  boutmy,  Typographes,  (1874)  ;  Ta 
femme  te  cherche  à  travers  le  bal,  «  elle  est  à 
cran,  va  !  »,  Philibert,  247.  —  Métaphore  prise 

—  181  — 


à  un  mécanisme  plus  ou  moins  capable  (inacti- 
vité suivant  tel  ou  tel  cran,  et  spécialement, 
semble-t-il  au  cran  de  départ  d'une  arme  à  feu  ; 
(cf.  «  «  Ouvrons  l'œil,  que  je  m'dis,  et  les  deux 
oreilles  »,  et  je  me  couche  en  chien  de  fusil, 
l'attention  au  cran  d'arrêt  »,  Philibertj  26). 
La  détente  agit  sur  le  chien  pour  le  mettre  au 
cran  de  départ;  aussi  a-t-on  dit  ai^oir  de  la 
détente,  «  Avoir  de  l'énergie  »,  merlin,  et  anté- 
rieurement aç^oir  du  chien,  Avoir  de  l'entrain, 
DELVAu.  En  somme  être  à  cran,  c'est  être  Prêt 
à  «  éclater  »,  notion  voisine  de  Prêt  à  agir  chez 
le  peuple,  qui  confond  volontiers  colère  et  acti- 
vité. —  Et  comme  le  chien  d'un  fusil  a  aussi  le 
cran  d'abattu,  on  trouve  aussi  à  cran,  Sans 
énergie.  Abattu  :  «  Le  pneu  est  crevé  et  je  suis 
à  cran,  le  pif  sur  le  pavé  »,  Nénesse,  152.  — 
(Cette  explication  tient  pour  non  avenue  l'idée 
que  le  cran  est  l'Ascendant,  comme  le  prétend 
un  des  textes  cités). 

crâne- de- piaffe,  m.,  A,  Homme  vaniteux  ; 
40^  art.,  -18  ;au  vocatif,  un  Parisien,  81^  t.,  -15  ; 
—  peut  s'expliquer  soit  par  piaffe,  f..  Orgueil, 
Embarras,  hdt  et  vidocq,  soit  par  piaffe,  m., 
Moineau,  (et  aussi  Serin),  usuel  aux  ouvriers 
parisiens,  (dès  avant  -14),  qui  donnerait  plutôt 

—  182  — 


ici  le  sens  de  Crâne  léger,  Tête  éventée.  — 
B,  certain  Avion  :  «  vTel  avion  s'appelle  Crâne 
de  Piaffe  <;...>-  un  piaffe  étant  un  moineau  )>, 
FAGus,  562  ;  —  si  «  tel  avion  )>  signifie  tel  «  type  » 
d'avion,  ce  type  est  peut-être  le  Moineau  ?  Voir 
cuisine- roulante. 

crapaud  (faire  le),  A,  Se  tapir  contre  le  sol  : 
«  je  suis  enlevé  de  terre  et  je  retombe  dans  un 
trou  d'obus,  sur  le  dos  de  l'aspirant,  qui  «  fai- 
sait le  crapaud  »  dans  ce  trou,  pour  laisser 
passer  l'orage  »,  anon..  Pet.  Par.,  9-7-16,  p.  2, 
c.  2  ;  —  B,  Progresser  par  bonds  au  ras  du  sol  ; 
«  Il  faut  bondir  à  tout  instant  d'un  entonnoir  à 
l'autre,  «  faire  les  crapauds  »,  comme  ils  disent  ; 
s'agripper  des  pieds,  des  ongles  à  la  terre  glis- 
sante »,  Trois  jours,  13-7-16  ;  —  cf.  lézard, 
image  de  reptation  plus  rapide  :  «  les  moulins 
à  café  ont  tourné  ;  l'autre  s'est  planqué  ventre 
à  terre,  et  il  est  revenu  comme  un  lézard  [du 
bled  où  il  était  à  découvert]  »,  Cabaret,  463. 

crapaud,  m.,  A,  Diskushandgranate,  grenade 
boche,  à  forme  de  coquille  hémisphérique  ou 
lenticulaire,  portant  six  petits  tubes  saillants, 
dont  quatre  sont  des  détonateurs  ;  (deux  types, 
différant  par  la  grosseur)  ;  95^  inf.,  mars,  avr. 
15,  forêt  d'Apremont  ;  le  nom  était  aussi  usuel 

—  183  — 


que  le  proj  ectile  abondant  ;  |    «  Grenades  dites 
«  crapauds  )),  légende  d'une  photographie  de  ma- 
tériel allemand  pris  au  sud  de  la  Somme,  Illus- 
tration, 29-7-16,  p.  104  ;  —  traduit  du  boche 
frœsche  (crapaud),  delcourt  ;   — •  sématisme  : 
les  sauts  désordonnés  que  fait  assez  fréquem- 
ment cette  grenade  en  roulant,  avant  d'éclater, 
A.  BLANC  ;  (annuler  ce  que  j'ai  dit,  g.  e.,  1-4-18, 
423). —  Syn.  :  montre,  f.,  déch.  ; —  métaphore 
de  forme.  —  Une  grenade  boche  très   voisine, 
sinon  la   même,  est    dite    schildkrœte,    (écaille, 
tortue),  DELCOURT,   ce  qui  est  bien  vu,   —  et 
pour  la  forme  (de  carapace),  et  pour  le  nombre 
des   tubes   saillants;   (une   tête,   une   queue   et 
quatre   pattes)  ;    d'où    en   français   tortue,    f.  ; 
Bourru,  82,   141,   172  ;  «   Grenade  lenticulaire 
(Tortue)   »,   décrite   avec   dessin.   Les    Grenades 
actuellement  en  usage  dans   Varmée  allemande, 
Impr.    Nat.,    mai   17.    Un   article   très   confus, 
Temps,  15-9-15,  ayant  signalé  tortue,  sorte  de 
grenade  boche  «  hérissée  »  (1)  de  percuteurs,  et 
devant    son   nom   à   sa   ressemblance    avec   le 
crabe  «  tourteau  »   (!),   sain.,   qui   a   jugé   cet 
article  «  curieux  »,  a  retenu  la  description  et 
l'étymologie  ;  le  D.  m.  p.  l'a  suivi.  —  B,  «  Tuyau 
de    poêle    »  ;    fantassins,    secteurs    de    l'Aisne, 

—  184  — 


mai   18  ;   —  même   sématisme   :   sauts   désor- 
donnés que  fait  ce  projectile. 

crapouillot,  m.,  1,  1°,  Petit  mortier  de  tran- 
chées, portée  variant  de  30  à  300  mètres  ; 
usuel  et  général  depuis  l'été  -15;  |  auparavant 
ceux  qui  apprirent  alors  le  mot  y  saisirent  une 
injure  autant  qu'un  concept  :  «  Ils  ont  une 
drôle  de  forme,  ils  sont  d'un  poids  immaniable, 
jamais  on  ne  pourra  se  servir  de  pareils  cra- 
pouillots,  disions-nous  alors  dédaigneusement  », 
H.  o.,  N.  Contes  vér.,  217  ;  Miroir,  16-5-15, 
p.  15  ;  «  une  batterie  de  crapouillauds  avec  ses 
artilleurs,  baptisés  du  nom  barbare  de  «  cra- 
pouilleurs  »  »,  lè.,  1-8-15,  p.  14;  H  crapouillot, 
Petit  mortier  de  bronze,  à  âme  lisse  ;  mot  usuel, 
me  dit-on  de  divers  côtés,  sous  le  Second 
Empire,  et  qu'on  retrouverait,  sans  doute, 
dans  les  récits  du  siège  de  Sébastopol  ;  en  -85 
aux  écoles  à  feu  de  Pontarlier,  h.  gauthier- 
viLLARS,  Temps,  31-3-15,  pour  un  calibre  de 
15cm  ;  pour  des  calibres  de  15,  22,  27,  32,  Int. 
des  Ch.,  LXXI,  158  ;  en  -90  à  l'école  d'applica- 
tion d'art,  de  Fontainebleau,  j.-p.  faure  ;  — 
2^,  par  métonymie,  Servant  d'une  batterie  des- 
dits mortiers,  81®  t.,  -15  ;  |  Vie  Par.,k  la  ru- 
brique Petite  Correspondance,  24-6-16,  p.  480, 

—  185  — 


c.  3,  et  ultérieurement  ;  —  2,  1°,  Projectile  de 
ce  mortier  de  tranchées  ;  81^  t.,  -16  ;  |  «  Là 
[sur  la  ligne  de  feu]  s'abattent  la  grenade  à 
fusil,  les  crapouillots  les  plus  divers  »,  lieute- 
nant p.,  Matin^  20-6-16  ;  —  extension  du 
sens  1,  1^  ;  —  2^,  a,  Obus  de  77  ;  d.  ;  —  abus 
du  sens  2,  1^  ;  —  b,  Bidon  agrandi  en  y  tirant 
une  cartouche  ;  d.  ;  —  métaphore  sur  le  sens  2, 
1^,  qui  se  retrouve,  exagérée,  sous  quatre  cent 
^ingt,  et  inversée,  (cf.  fokker),  dans  bidoUy  Pro- 
jectile de  crapouillot.  —  A  la  fin  de  -14,  comme 
l'armée  ne  disposait  d'aucun  engin  de  tranchée, 
on  utilisa  provisoirement  les  petits  mortiers 
des  vieux  forts  et  dès  arsenaux,  qui  avaient 
tout  à  fait  la  silhouette  du  crapaud  ;  le  nom 
est.  resté  aux  engins  perfectionnés  qui  leur 
succédèrent  et  qui  gardent  du  crapaud  d'être 
obèses,  béants  et  de  se  guinder  sur  un  affût 
court  et  gros,  pareils  d'attitude  à  la  grenouille 
qui  avale  les  palets  au  jeu  de  tonneau.  L'his- 
toire du  mot  depuis  -14  n'offre  pas  d'autre  diffi- 
culté ;  mais  son  sématisme  initial  n'est  pas 
nettement  débrouillé.  L'image  du  crapaud 
s'imposait  pour  l'objet,  et  elle  était  tradition- 
nelle :  crapaud f  Affût  de  mortier,  hdt  ;  cra- 
paudeaUy  Canon  court  et  gros,  15®  siècle,  co- 

—  Ig6  — 


IJEPROY.  D'autre  part  la  petitesse  de  l'engin 
comparé  aux  vrais  canons  fait  impression  sur 
le  servant,  et  crapouillot  est,  comme  crapoussin, 
un  synonyme  d'Enfant  ;  ainsi  que  des  Bottes 
de  paille  très  petites  sont  dites  des  enfants  de 
bottes,  nos  mortiers  ont  été  conçus  comme  des 
Enfants  de  canons.  Ainsi  le  radical  crap-  offre 
une  métaphore  de  schéma,  le  suffixe  -ouillot 
offre  une  idée  de  petitesse  ;  si  on  constate 
qu'une  grenade,  objet  plus  petit  encore,  a  été 
nompiée  crapaud  sans  diminutif,  on  y  trouvera 
une  nouvelle  raison  de  penser  que  crapouillot, 
qui  nous  est  arrivé  tout  fait,  eut  au  contraire 
pour  sématisme  dans  l'esprit  de  nos  pères, 
l'idée  diminutive  de  son  suffixe. 

Dér.  :  crapouilloter,  1,  Bombarder  par  cra- 
pouillots  ;  divers  soldats,  -16;  |  «  De  tranchée 
à  tranchée  <...>  on  se  «  crapouillotte  »  »,  lettre 
d'un  officier  de  l'Argonne,  B.  des  A.,  2-4  sept.  15, 
p.  1  ;  «  crapouilloté  »,  lambert  ;  «  bombar- 
dés, crapouillotés,  fusillés  »,  z.  Armée  de  1917, 
30  ;  — -2,  Pleuvoir,  en  parlant  des  bombes 
d'obusiers  :  «  il  crapouillotte  )),  Poilu,  6-2-15, 
in  SAIN.  ;  «  ça  crapouilloté  bien  de  temps  en 
temps  »,  propos  d'un  soldat,  B.  des  A.,  fin 
avr.  15,  in  Illustration,  1-5-15,  p.  448  ;  «  Et  ça 


187 


crapouillotait,  fallait  voir  !  »,  Bourru,  141  ;  — 
de  là  crapouilloteur,  m.,  Servant  d'un  cra- 
pouillot,  PARAUD  ;  Vie  Par.,  2-9-16,  p.  670, 
G.  3  ;  z,  Armée  de  1917,  194,  306  ;  —  semble 
plutôt  avoir  pris  son  suffixe  à  artilleur  qu'à 
l'idée  du  verbe  crapouilloter  ;  —  crapouillotage, 
m..  Bombardement  par  crapouillot  ;  d.  — 
crapouiller,  A,  Bombarder  :  «  il  fut  crapouillé  à 
outrance  »,  dorme,  lettre  du  2-7-16,  in  Gu. 
Aér.,  23-8-17,  p.  653  ;  —  B,  Pleuvoir,  en  par- 
lant des  bombes  d'obusiers  :  «  Quand  ça  s'est 
mis  à  crapouiller  »,  «  ça  crapouillait  »,  14^  chass., 
nov.  16  ;  —  de  là  crapouilleur,  m.,  cité  ci- 
dessus,  mais  qui  semble  inusuel,  mai  18  ;  —  cra- 
pouillage,  m..  Bombardement  par  fusants  ; 
Mousqu.,  99.  —  La  même  conjugaison  imper- 
sonnelle a  donné  aussi  ça  bombe,  Il  pleut  des 
bombes,  thénault,  instituteur  à  Reims,  jour- 
nal, 22-2-15,  in  Lectures  pour  tous,  15-7-16, 
p.  1528  ;  —  ça  bille.  Les  bombes  courent  comme 
billes  ;  inf..   Lorraine,  14-15  ;  13®  tir.  alg.,  -18. 

crécelle,  f..  Mitrailleuse  ;  D.  m.  p.  —  Séma- 
tisme,  cf.  moulin  à  café. 

crèche,  f..  A,  Endroit,  Coin  de  grange,  où 
Ton  couche  ;  inf.,  Lorraine,  14-15  ;  plumer 
dans  la  crèche,  un  soldat  d'Agen,  -18  ;  — B,  Abri 

T-  188  — 


aux  tranchées  ;  agatha  ;  Feu,  21-8-16.  — 
De  crèche,  1,  Etable,  Bergerie,  en  Basse-Bre- 
tagne, 2,  Chambre  sale,  en  Bretagne  et  à  Paris. 

crème  de  menthe,  f.,  Tank  :  «  Sur  cinq  crèmes 
de  menthe  il  n'en  est  rentré  que  deux  ;  les  trois 
autres,  foutues  »,  48®  t.,  nov.  16  ;  «  Je  suis 
employé  dans  les  caterpillars  qui  sont  ana- 
logues aux  crèmes  de  menthe  des  Anglais  », 
lettre  d'un  soldat,  nov.  16  ;  —  mot-à-mot  du 
nom  d'un  tank  anglais,  Mint-cream,  qui  s'illus- 
tra, étendu  à  tous  les  tanks,  ce  nom  n'est  pas 
encore  oublié,  oct.  18,  non  plus  que  caterpillar  ; 
mais  ils  n'ont  pas  prévalu  ;  —  tortue,  proposé 
par  un  narrateur  officiel  de  la  bataille  du 
15-9-16,  cf.  Pet.  Par.,  29-9-16,  3®  éd.,  p.  1,  c.  4, 
n'a  pas  du  tout  réussi.  —  Je  n'ai  pas  observé 
un  autre  sens,  «  Celui  qui  donne  du  courage  à 
ses  voisins  de  tranchée  ou  d'assaut  »,  V.  du  p.  ; 
—  vraie  analyse  du  sématisme  anglais  de 
mint-cream,  Stimulant  ;  mais  précisément  sus- 
pect d'être  peu  populaire  par  tant  de  science 
de  l'anglais.  —  faire  une  crème  de  menthe. 
Monter  sur  un  camarade  couché  et  lui  bourrer 
le  ventre  de  coups  de  poings  et  de  genoux  ; 
130e  inf.,  C.  M.-2,  août  18. 

crêpe,  f..  Mauvais  pilote  aviateur  ;  centre  de 

—  189  — 


dirigeables,  17-18  ;  R.  G.  Aé.,  avr.  18.  —  Sys- 
sém.  :  galette,  Maladroit,  usuel  dès  -37  (vi- 
docq)  ;  tourte  ;  tarte.  —  Une  crêpe  a  été  imprimé 
un  crêpé  dans  musidora,  «  Ce  coucou-là  est 
conduit  par  un  crêpé...  )). 

crêpe  (se  retourner  la),  Capoter  à  l'atterris- 
sage ;  aviateurs,  Miramas,  mai  18.  —  Crêpe, 
Cul  ;  cf.  se  retourner  les  pinceaux. 

creuse  (avoir  la),  Avoir  faim  ;  un  Nantais, 
81®  t.,  -15.  —  Le  Jargon  (1836)  nomme  la 
Gorge  la  creuse,  mais  a^oir  cette  creuse-\k  ne 
se  dirait  bien  que  de  la  soif  en  sous-entendant 
sèche.  La  dent  creuse  n'a  fourni  de  sématisme 
usuel  que  pour  l'idée  de  Petite  quantité  d'ali- 
ment ;  elle  ne  se  confond  pas  avec  la  dent 
longue,  à  laquelle  fait  allusion  a^oir  la  dent, 
Avoir  faim  ;  et  surtout  * a^oir  la  dent  creuse  se 
fût  condensé  en  *Va<^oir  creuse.  Dans  notre 
locution  creuse  semble  donc  une  vision  con- 
crète qui  allégorise  directement  la  Faim.  — 
Cf.  lourde. 

creuser,  1,  Faire  vite  de  la  route  :  «  Je  me 
suis  vu  en  retard,  je  creusais,  mais  j'ai  été 
arrêté  par  un  encombrement  de  voitures  »  ; 
«  C't  avion-là  fait  du  220  à  l'heure  ;  tu  parles 
qu*i*  creuse  !  »  ;  «  Je  fais  le  sturdgeon  [sorte  de 

—  190  — 


nage],  tu  parles  que  j*  creuse  !»  ;  —  2,  Avoir 
de  ravancement  :  «  Tous  les  autres  creusent, 
les  torpilleurs  tanguent  sur  leur  bosse  »,  Toutes 
les  autres  spécialités  ont  de  l'avancenient,  les 
torpilleurs  point  ;  —  marins,  -18.  —  Syssém.  : 
tailler  de  Vacant,  tailler,  même  sens  ;  image  prise 
du  navire  qui  creuse  sa  route  en  taillant  la  mer. 

creux  (être  dans  le).  Etre  bien  en  main  : 
«  Attention,  v'ià  le  Général  I  Galvanisés  par  ce 
cri,  les  serre-files  et  les  caporaux  enveloppè- 
rent leurs  hommes  d'un  rapide  regard  d'ins- 
pection, tandis  que  ceux-ci  relevant  la  tête 
tiraient  sur  l'arme,  tendaient  les  jarrets  et 
l'échiné.  La  petite  troupe  était  dans  «  Fcreux  »  ; 
elle  franchit,  à  une  allure  de  14  Juillet,  l'inter- 
valle qui  la  séparait  du  rassemblement  », 
anon.,  Tête-gauche  I,  le  120  Court,  25-10-16, 
p.  1,  c.  3.  —  Entendez  dans  le  creux  de  la  main 
de  son  chef.  Apte  à  obéir  parfaitement  ;  — 
syssém.  :  empaumé,  enganté,  Enthousiasmé, 
Asservi  de  cœur. 

crime  (avoir  du),  Etre  audacieux  ;  13«  tir. 
alg.,  -18.  —  Cf.  a^foir  du  çice,  Etre  ingénieux. 

crinchon,  m..  Eau;  81^  t.,  10^  c^e,  janv.  16: 
«  baptiser  le  pinard  avec  du  crinchon  ».  —  Le 
Crinchon,  affluent  de  la  Scarpe,  court  de  Rivière 

—  191  — 


à  Arras,  arrosant  le  secteur  qui  fut  celui  du  ré- 
giment pendant  seize  mois. 

crip,  m.,  Militaire  au  Cours  Régional  d'Ins- 
truction Physique  ;  Mont-de-Marsan  et  toute 
la  18®  région,  nov.  17  :  «  Etes-vous  un  crip  ?  » 
—  Des  initiales,  c,  r,  i,  p  ;  cf.  cama. 

crocodile,  m..  Suite  de  tuyaux  raccordés, 
chargés  d'explosifs,  destinés  à  rompre  un  ré- 
seau de  fils  de  fer  ;  81®  t.,  mai  17  ;  antérieure- 
ment en  d'autres  corps;  |  Le  Crocodile^  journal 
du  front,  cité  B.  des  A.,  31-1-17.  —  Image  de 
longueur  serpentine  ;  juxtaposées  aux  tuyaux, 
des  grenades  font  peut-être  figure  de  pattes. 

croix- de- bois  (une,  la),  la  Mort  au  champ 
d'honneur  ;  81®  t.,  15-17  ;  usage  général,  15-18  ; 
gagner  la  croix- de- hois,F,tre  tué  à  la  guerre;  | 
SAIN.  —  Allusion  à  la  croix- de- guerre,  dans  des 
réflexions  où  on  établit  laquelle  est  plus  facile 
à  recevoir  ;  mais  la  croix-de-guerre  a  été  insti- 
tuée parjune  loi  du  8-4-15  ;  notre  locution 
n'est-elle  pas  antérieure  ? 

croix- rouge,  f..  Dame  de  la  Croix- Rouge  : 
«  une  petite  Croix-Rouge  très  gentille  )>,  e.  r., 
Journ.,  20-6-16  ;  —  voir  pé-cé-èr.  —  Cf.  tabor, 
m.,  1,  Soldat  indigène  aux  Tirailleurs  Maro- 
cains :   ((    Des   tabors.    Ils    défilent   avec   leurs 

—  192  — 


faces  bises,  jaunes  ou  marron  »,  Feu,  48  ;  — 
de  tabor,  m,,  Troupe  de  soldats  marocains 
commandés  par  un  chef  marocain  ;  —  2,  par 
métaphore  sur  la  hardiesse  primesautière  des 
Marocains,  Poilu  patrouilleur  de  «  corps  franc  »; 
246^  inf.,  août  18.  —  royau,  m..  Soldat  du 
train  ;  d.  ;  —  c.-à-d.un  des  Royaux-Cambouis.  — 
bataillon  d'Afrique,  m., .  Bataillonnaire  :  «  un 
ancien  bataillon  d'Afrique  comme  lui  »,  Phi- 
libert, 99. 

crottes  (lâcher  ses),  Laisser  tomber  ses 
bombes,  en  parlant  d'un  avion,  d'un  aviateur  ; 
81®  t.,  juin  16;  I  «  Puis  nous  sommes  repassés 
sur  le  cantonnement  où  j'ai  lâché  mes...  crottes, 
de  deux  ou  trois  kilos  chacune  »,  dorme,  mé- 
moires, 22-7-15,  in  Gu.  Aér,,  17-1-18,  p.  164, 
c.  2,  et  27-9-15,  ib.,  p.  165,  c.  2  ;  benjamin, 
Journ.,21-5-16.  — berlingot,  m., Bombe  d'avion: 
«  L'oiseau  blessé  <<...>>  lâchait  ses  «  berlin- 
gots »,  destinés  aux  femmes  et  aux  enfants  de 
Paris  »,  récit  publié  par  le  Temps,  in  Ouest- 
Eclair,  15-4-18,  p.  2,  c.  2  ;  —  syn.  de  crotte, 
en  est-ce  le  syssém.,  par  l'idée  de  Bonbon,  de 
Dragée,  et  le  mot  crotte  de  chocolat  ?  Il  semble 
plutôt  que  l'image  de  Fiente  est  déduite  de 
celle  d'Oiseau.  —  Voir   pêche  et  pruneau. 

—  193  — 

ES^AULT  13 


croûte,  f.,  Repas  ;  usuel  et  général  aux  con- 
tingents parisianisés  ;  |  chapelle  ;  Feu,  20, 
'130,  138,  221,  253;  H  usuel  à  Paris,  -90, 
Brest,  -07  ;  — ■  substantif  verbal  de  oroûter, 
Manger.  —  CFOUStaille,  f.,  Rep^s  ;  Gaspard,  101  ; 
^—  et  eroustauoe,  f.,  Repas  ;  desgranges, 
V Auto,  in  Œui^re,  20-8-16,  p.  2,  c.  5  ;  —  sont 
tous  deux  des  suffixations  libres  de  croustille, 
Repas  léger,  hdt. 

-eu,  -Cumulus,  dans  les  composés  eirro-cu, 
m.,Xirro-cumulus,  et  altp-CU,  m..  Alto-cumulus, 
sortes  de  nuages  ;  météorologues,  17-18.  — 
Abrégés  usuels  sur  les  registres,  passant  de  là 
dans  la  conversation  ;  cf.  bâton. 

eube,  m.,  Paquet,  Colis-postal  ;  D.  m.  p.  — 
Cube  de  tabac  est  ancien  et  civil. 

cuillerée  (faire  une),  Faire  une  cueillette 
d'épaves  (dans  des  tranchées  boches  aban- 
données), artilleur  (naguère  du  39^  art.), 
175^  crapouillot,  août  18.  —  De  cueillir  ?  Dp 
cuiller,  Main  ? 

cuir,  m..  Cuirassier  ;  cuirassiers,  train,  art.  ; 
«  2®  cuir.  »,  Deuxième  régiment  de  cuirassiers, 
BENJAMIN,  Journ.,  21-5-16  ;  dauzat,  16-4-17, 
666.  —  Cette  apocope  sans  adjonction  du  sufr 
fixe  -0  est  dup  à  «  cuir.  »,  abrégé  usuel  sur  les 


194 


registres,   et   au   jeu   de    mots    qu'il     fournit. 

cuirassier  coupé  en  deux,  m..  Fantassin  de 
toute  petite  taille  ;  81^  t.,  -17.  —  Syssém.  : 
demi-boule,  f..  Soldat  auxiliaire  ;  d.  ;  —  o.-à-d. 
Malingre  ;  —  demi- portion,  demi-siphon,  bout- 
de-cigare,  Homme  de  petite  taiile. 

cuisine- roulante,  f..  Avion  Moineau,  mono 
moteur  bihélice,  type  sorti  en  -16,  qui  a  peu 
vécu  ;  sobriquet  encore  usuel  en  juin  18,  R.  G. 
Aé.  ;  I  MONTGBORGE.  —  De  la  fumée  ahpn^ 
dante  que  le  moteur  produisait  surtout  au 
départ.  Cf.  piano  sous*  feur  crématoire,  et  usine 
à  gaz.  —  Voir  erâne- de- piaffe. 

CUiso,  m..  Cuisinier  ;  81®  t.,  10^  c^^,  déc.  14, 
rare,  non  recueilli  ensuite  ;  |  n.  ;  —  OUisto,  Cuisi- 
nier ;  81^  t.,  diverses  c^^^,  août  14-oct.  17  ;  très 
usuel  et  très  général;  ||  créé  vers -94,  dau^at, 
16-4-17.  —  Cuisto  dérive  de  euistancier,  cuiso 
de  cuisinier.  Cuistancier  est  à  cuistanee  comTîie 
cuisinier  à  cuisine,  Cuistanee^  dérivé  libre  de 
cuisine,  est  suffixe  comme  ses  syn.  béquetance  et 
croustance  ;  cf.  galetanee  et  roustance. 

cuite,  f.,  Nourriture  :  «  Mon  premier  prépare 

la   cuite   (1)   des   Germains    <...>   (1)   Crous^ 

tance,   cuistanee   ou    cuisine   poijr  les   arriépé^ 

|fc  (gens   de  l'arpière).  »,    Echo  des   Guitounes,  in 

I 


195 


Front,  16-3-17  ;  (ce  «  premier  »  est  «con»,  parce 
que  «  confédération  germanique  »).  —  Terme 
d'ouvriers,  cuite,  Quantité  de  matière  qu'on 
cuit  d'un  coup. 

cul- de-singe,  m..  Cavalier  ;  inf.,  très  usuel  ; 
Il  antérieur  à  -14  ;  —  son  fond  de  pantalon  a 
une  luisance  épilée,  sa  fesse  une  rougeur  écor- 
chée. 

cul-de-zinc,  m.,  Servant  d'artillerie  de  cam- 
pagne divisionnaire  ;  40®  art.,  juin  18  ;  |1  an- 
térieur à  -14  ;  —  il  s'asseoit  sur  le  zinc  du 
«  caisson  )>.  —  Syn.  usuel  :  court- à- pattes. 

culottés  (section  des),  «  Groupe  franc  »  qui 
n'a  pour  service  en  lignes  que  les  coups  de 
main  ;  66®  chass.,  mai  18.  —  Culot,  Audace, 
semble  s'être  établi  entre  -81  et  -90  ;  (rig.  ne 
l'a  pas,  mais  il  a  se  culotter,  Commencer  à  con- 
naître la  vie,  le  monde  ;  dlle,  F. -A.  a  culotter, 
Aguerrir). 

cygne  (faire  le  cou  de).  Baisser  la  tête  en 
vitesse  :  «  Cache-toi,  cache-toi,  Bedin,  fais  le 
cou  de  cygne  !  »,  un  paysan  nantais,  81®  t.,  -15. 
—  Ce  mouvement  de  crainte  sous  les  obus  fut 
jadis  le  même  sous  les  flèches,  et  la  locution 
faire  la  cane  peut  dater  des  batailles  des  plus 
hauts  ternps  ;  il  s'agit  de  la  souplesse  des  ca- 


nards  et  cygnes  à  baisser  le  col  et  non  pas  des 
plongeons  que  fait  sous  l'eau  le  canard.  — 
L'anglais  a  duck,  1,  Cane  ;  2,  Courbette,  Mou- 
vement de  tête.  —  Syn.  :  saluer,  Baisser  la  tête 
(en  entendant  siffler  les  balles)  :  «  le  comman- 
dant se  promenait  debout,  sans  baisser  la  tête, 
sans  saluer  »,  Cabaret,  461. 

cylindre,  m..  Galons  circulaires  aux  manches  ; 
79e,  102e  et  231^  inf.,  15-18  ;  —  est  dû  sans 
doute  aux  premiers  permissionnaires  parisiens 
venus  en  permission  après  que  le  képi  bleu  et 
les  galons  diminués  eurent  été  institués  pour 
le  front.  —  D'où  cylindrique,  m.,  Officier  de 
l'intérieur  :  «  J'ai  rencontré  un  cylindrique  sur 
le  boulevard.  Laissez  tomber  !  [Je  ne  l'ai  pas 
salué.]  Ah  !  mon  pote,  si  tu  l'avais  vu  aller  aux 
oiseaux...  i'  gueulait,  i'  gueulait  »,  avr.  18  ;  — 
cylindrique  comporte  mépris  et  sous-entend 
(Officier)  embusqué.  —  Cf.  roule- cerceaux, 
self, 

dal  !  (un).  Mince  !  ;  2^  c^l,  13^  tir.  alg.,  -18  : 
«  Cent  mille  prisonniers  !  Un  dal  !  »  —  Syssém. 
de  une  paille  /,  un  rien  /,  èe  rattache  à  ne  voir, 
ne  piger,  que  dal,  ou  d^al,...  Rien  ;  —  dal,  mas- 
culin ou  dépourvu  de  genre,  est,  malgré  l'avis 
de  D.,  sans  parenté  vraisemblable  avec  une  dalle. 

—  197  — 


dé,  Aj  m.j  Débrduillatd  :  «  C'est  un  dé  », 
marins,  -18  ;  —  apocoipej  dejdébrouillardi  ou 
midiix  de  démefdeUr^  démêrdard^  même  sens.  = — 
Bj  Dêbrouillardisme  :  «  le  système  dé  »  ;  «  il 
s'est  procuré  ça^  système  dé  »,...  en  le  volant, 
(tout  ftu  moiils  à  un  voleur)  ;  —  apocope  de 
débrouille,  ou  mieux  de  démerde^  substantifs 
verbaux  de  se  débrouiller ^  se  démerder  ;  système 
au  sens  de  Façon  et  A  la  façon  de,  est  dans 
hiOjj  mais  système  dé  semble  postérieur  à  -01. — 
Il  est  difficile  de  décider  si  l'apocope  est  pho- 
nétique et  conserve  dé  comme  première  syllabe 
du  niot,  ou  graphique  et  cite  pour  ainsi  dire 
entre  guillemets  la  lettre  initiale  d  comme  une 
sorte  d'étiquette  ;  —  cf.,  en  faveur  de  cette 
dernièfe  explication,  eûc^ 

débleuir,  Rendre  vieux  soldat  :  «  Je  me  suis 
engagé  :  habillé,  le  lendemain  parti  pour  Ma- 
dago  i  j'étais  vite  débleui  !  »,  marin,  août  IB. 
—  Cf.  bleuet,  m..  Soldat  de  la  plus  jeune  classe, 
appelé  avant  l'âge  de  vingt-et-un  ans,  à  l'oc- 
casion de  la  guerre  ;  mot  proposé  par  des- 
gaves, Journ.,  5-1-16  ;  adopté...  sous  bénéfice 
d'inventaire,  pat  les  combattants  ;  —  méta- 
phore greffée  sur  le  vieux  mot  bleu^  Nouveau 
recruté.  Cf.  bleuets^  Hommes  des  bataillons  de 

—  1»8  — 


voloritàirys,  ■ —  portant  uniforme  bleuj  pois- 
son, U armée  et  la  garde  nationale,  II,  75.  — 
DESCAVES  proposa  aussi  regain,  m.,  Homme 
récupéré  aptes  ajournement,  ^ — c.-à-d*  seconde 
coupe  opérée  sur  une  classe  militaire.  — 
JourUi^  27-8-16.  —  Plus  outre  descaves  a  ris- 
qué bleuettë,  Femme  débutant  dans  une  car- 
rière^ par  ex.  dans  l'enseignement  primaire, 
Journ.,  29-5-17.  —  Sur  bleuet^  d'esparbès^ 
Joufn.^  10-li-lG,  a  risqué  coquelicot,  Jeune 
homme, pour  signifier  Joue  à  la  rougeur  agréable 
en  même  temps  que  Fleur  ;  depuis  on  a  dé- 
crété :  «  Les  coquelicots,  ce  sont  nos  valeu- 
reuses recrues  de  la  classe  19  ;  la  classe  18  avait 
été  baptisée  :  les  pâquerettes  ;  la  classe  17,  les 
bleuets.  Nos  trois  couleurs  sont  ainsi  représen^ 
tées  »,  Avenir  (de  Bagnères-de-Bigotre),  21-4-18, 
p»  1,  c.  4  ;  selon  bergerat^  Journ.,  22-4-18, 
coquelicot  =  19,18  =  bleuet,  17  =  pâquerettes 
—  Mais  quand  on  a  voulu  nommer  la  classe  20 
les  boutons  d'or^  elle  a  protesté,  sur  la  fâcheuse 
couleur  et  la  mince  utilité  de  cette  herbe, 
Liberté^  in  Ouest- Eclair,  26-8-18,  p.  1,  c.  8  ; 
cf.  tigre.  —  L.  DÈSCAVE6  m'écrit  que  coquelicots^ 
pâquerette  et  bouton  d'or  semblent  sortis  de 
V  Intransigeant. 


199 


décoller  (se),  être  décollé,  Maigrir,  Péricliter  : 
«  A  Champigneulles,  triste  résidence,  Où  l'on 
m'exila  un  beau  jour,  Le  cafard  me  tient  per- 
manence Et  je  m'décolle  tous  les  jours  )),  chan- 
son entendue  au  front,  -16  ;  «  J'étais  en  sub- 
sistance chez  les  Anglais.  Leur  alimentation, 
c'est  pas  des  repas,  ça  ne  nous  semble  que  des 
casse-croûtes.  Au  bout  de  huit  jours  de  ce 
régime-là,  j'étais  décollé  »,  8^  génie,  -17;  |  se 
faire  décoller ,  Etre  tué  :  Si...  «  et  qu'il  se  fasse 
décoller  »,  g.  de  wissant,  Contes  vér.,  61  ;  1| 
«  cela  te  ferait  trop  de  peine  de  me  voir  décollé 
comme  je  le  serai  [quand  je  serai  en  prison]  », 
DAVID,  bandit  de  la  Drôme,  lettre,  in  Pet.  Par., 
21-9-09.  —  Syssém.  :  se  dégommer,  S'user,  Se 
flétrir,  rig.  ;  —  se  décartonner.  Maigrir;  8®  gé- 
nie, -17;  Il  S'affaiblir,  boutmy  (1874)  ;  ~  air 
gondolé,  Mauvaise  mine,  rig.  —  Ne  pas  con- 
fondre avec  décoller,  Sortir  de  sa  place,  ou 
de  son  rang,  ou  de  sa  sustentation,par  ex.  Sortir 
en  parlant  d'un  visiteur,  [Le  Boche  décolle,  ex- 
pression usuelle,  130^  inf.,  etc.,  sept.-oct.  18), 
Lâcher  un  concurrent  en  parlant  d'un  cou- 
reur. Prendre  l'essor  en  parlant  d'un  avion, 
d'où  à  l'occasion  Mourir  (dlle,  F.- A). 

décor,  m..  Paysage  qui  entoure  l'aviateur  en 


200 


vol  :  chérer  dans  le  décor  ;  —  rentrer  dans  le 
décor,  Atterrir  «  en  pylône  »  ;  —  aviateurs,  Mi- 
ramas,  mai  18,  et  avant. 

décrocher  (se),  Tomber,  en  parlant  d'avions, 
d'aviateurs  ;  «  Je  crains  un  moment  de  me 
décrocher  [«  de  perdre  l'équilibre  ))]  et  d'aller 
casser  du  bois  »,  montgeorge. 

déculottée,  f.,  Abondance,  Grand  nombre  : 
«  Le  curé  était  un  espion,  tu  te  rappelles  ;  il 
avait  ouvert  son  parapluie,  et  aussitôt  les 
Boches  nous  envoyaient  une  déculottée  d'obus  », 
un  Parisien,  déc.  16.  —  Syssém.  :  débourdi- 
naille,  f..  Chute  abondante  et  chaotique  :  «  Le 
crâne  est  pilonné  comme  le  terrain  pendant 
des  heures  par  la  «  débourdinaille  »  des  mar- 
mites »,  Trois  jours,  19-7-16  ;  —  dérivé  de 
boudin,  Intestin,  avec  un  r  intensif,  peut-être 
avec  chevauchement  de  débourrer,  Chier  ;  à 
Pleurtuit  (C.-du-N.)  bourdine,  Bousine,  Vessie 
de  porc  ;  or  Trois  jours  contient  plusieurs  mots 
de  l'ouest  :  mulon,  castilles,  bonjourer  ;  ■ —  chiée, 
Quantité  :  «  chiée  d'enfants  »,  «  chiée  de  temps  »  ; 

—  suée,  Quantité,  Nénesse,  221,  227  ;  —  bran- 
lée,     1,     Quantité  ;     2,  Douzaine,  81^  t.,  -14  ; 

—  en  combinant  l'idée  stercoraire  avec  celle 
de  récipient,  tinée,  f.,  Grand  nombre  :  «  Prends 

—  201  ~ 


donc  des  huîtres  !  —  J'en  ai  mangé  une  tinée  !  », 
itlârinsj  déc.  17  ;  |  «  Y  en  a|  une  tinée 
[d'hommes]  »,  Feu,  45  ;  «  des  tinées  »,  ib.,  124  ; 
—  tinette,  f  ;,  même  sens  :  «  en  faire  une  tinette  », 
Exagérer  une  chose  par  son  récit  ;2®c^^-18;  | 
Fëu,  89  ;  Il  une  tine^  Beaucoup,  flose.  ;  -^en  se 
contentant  de  Timage  de  la  plénitude  d'Un  réci- 
pient quelconc(Ue,  en  faire  un  platj  Exagérer 
VerbeUsement  ;  Parisiens, 81^  t.,  15-^17: «Tu  ne 
vas  pas  nous  en  faire  Un  plat  ?»  ;  |  «  Oh,  ça  va, 
dit  Mof  ëau,  nous  en  fais  pas  un  plat.  Quand  t'au- 
ras vu  c'que  c'est  [la  guerre],  »,  Gaspard^  223  ; 
Il  il  en  fait  un  plat^  Il  fait  grand  chaud  ;  prendre 
un  plat  [de  chaleur] ,  Avoir  chaud  ;  [de  crêpes  ?] , 
Rouscailler  ;  tioss.  ;  —  en  faire  un  saladier, 
niême  seûs,  81^  t;,  mai  17;  |  «  Et  il  toussait  et 
en  faisait  Ufl  saladier  là-dessus  »,  FeUf  20-8-16  ; 
~  en  faire  une  gamelle,  même  sens  :  «  N'en  fais 
donc  pas  Une  g&melle  I  »,  un  2d-m^,  déc.  17;  — 
en  faire  une  caisse,  même  sens  ;  22^  C.  0.  A., 
14-16  ;  «  N'en  fais  pas  une  caisse  1  »,  Parisiens, 
août  17  ;  cf.  caisseur  et  visser  une  caisse,  — 
L'expression  d'uUè  abondance  de  pensée  et  de 
pâi'ole  par  la  quantité  d'une  excrétion  dont  le 
cÔî*ps  se  soulage  se  retrouve  dans  tousser,  voir 
ci-dessUs  saladier  \  ' —  cracher  les  glaires  et  gla- 

—  202  — 


vioîter^  Parler  ;  —  uvoir  de  sales  retn^ois^  Etre 
fécond  en  boniments  aigres  ;  —  vomir.,  dégorger, 
débéqueter,  dégueuler  (ce  qu'on  avait  sur  le 
cœur)  ;  40^  art.,  -18  ;  —  déborder,  Parler,  Rous- 
péter :  «  Il  frappait  les  hommes  des  fois,  alors 
y  en  avait  qui  débordaient  »,  19®  inf.^  -15  ;  | 
«  tout  le  monde  se  met  à  déborder  et  à  parler 
à  la  fois  »,  Feu,  129  ;  ||  Vomir,  dlle  ]■ —  dé- 
bourrer, débloquer,  1,  Chier  ;  2,  Parlet*  sotte- 
ment. ■ —  Enfin  l'idée  de  Quantité  de  parole 
s'exprime  aussi  par  une  image  de  quantité 
pesée  :  en  conter  pour  deux  sous  ;  13®  tir*  alg., 
-18  ;  I  «  et  i'  t'en  f'sait  par  dessus  le  marché 
quinze  grammes  devant  tout  le  monde  »,  Il 
t'engueulait...  en  sus  de  la  punition  qu'il  por- 
tait, Feu^  259  ;  «  Je  lui  en  ai  collé  pour  deux 
ronds  au  colo  [au  colonel]  »^  dubreuil,  Journ., 
21-9-16; 

déesse,  f..  Direction  des  Etapes  et  Services 
de  FEtat-Major  ;  Toul,  -16;  |  D.  m,  p.  -^  Jeu 
de  mot,  presque  obligé  d'ailleurs  phonéti- 
quement, sur  les  initiales  D;  E.  S.  -^^  Cf.  bâ- 
ton. 

dégonfler  (se)j  A,  1,  Se  décourager  ;  camps 
d'aviation,  17-18  ;  |  Mousqu.,  254;  —  2,  Ne 
pas  oser  tenir  le  coup  après  avoir  promis,  Dé- 

_  a08  — 


clarer  forfait  ;  300®,  315®  inf.,  10^  et  55©  D^^^s 
inf.,  14-18  ;  ||  Paris,  13-18  ;  —  dégonflé,  Décou- 
ragé ;  Miramas,  mai  18  ;  —  B,  «  Se  mouchar- 
der »,  20^  chass.,  août  18,  l.  sambardier  ;  — 
serait  peut-être  mieux  traduit  Se  dénoncer 
mutuellement  (parce  que  le  coupable  qui  se 
dégonfle,  au  sens  A,  avoue  et  dénonce)  ?  — 
se  regonfler.  Reprendre  courage  ;  Miramas, 
mai  18.  —  Image  d'aéronautique  ?  Plutôt 
image  de  cyclisme,  de  pneumatique  dégonflé 
qui  ne  marche  plus. 

déguster,  1,  Subir  (qqch.  de  désagréable)  ; 
Mousqu.,  136,  à  propos  de  tangage  en  avion  ; 
—  2,  Recevoir  (des  obus)  :  «  Qu'est-ce  qu'on 
déguste  !  »,  Nous  sommes  bombardés  intensi- 
vement, MAC  ORLAN,  Joum.,  8-2-16  ;  «  Etre 
bombardé  c'est  «  déguster  »  »,  Expressions  à  la 
mode,  Ver-Luisant,  in  Front,  16-2-17  ;  Mousqu., 
86.  —  Cf.  remettre  ça. 

déhotter,  Faire  sortir  :  «  Les  420  les  ont 
débottés  de  leurs  abris  »,  un  Lorrain,  10®  art.  L, 
janv.  17;  |1  déhotter,  «  Débarrasser  le  pavé  », 
soldats  romands,  Schw.  Sold.,  69,  71.  —  Mal 
expliqué  par  oranger,  à  la  fois  par  «  Partir 
sans  prendre  sa  hotte  »,  et  par  «  Partir  avec  sa 
hotte  »  ;  c'est  Sortir  ou  Etre  expulsé  d'un  abri 

—  204  — 


comparable  à  une  hotte,  la  hotte  étant  pro- 
bablement ici  syn.  de  ruche  et  de  nid  ;  —  sys- 
sém.  :  dénicher,  Faire  sortir.  —  Syn.  *.  décam- 
buter,  Sortir  d'un  abri  :  «  notre  capitaine  crie  : 
«  En  avant  !  »  et  la  compagnie  décambute  de 
la  tranchée  »,  d'esparbès,  Journ.,  10-11-16  ;  — 
dérivé  de  cambuse  ?  cf.  se  cambuser,  Se  cou- 
cher ;  D. 

demi-poil.  Ni  bleu  ni  R.  A.  T.  :  «  Nous  avons 
tous  les  âges.  <C...>  Dans  la  demi-section,  il 
y  a  des  R.  A.  T.,  des  bleus  et  des  demi-poils  », 
Feu,  17.  —  Cf.  poilu.  Le  demi-poil  n'est  ni  un 
duvetier  ni  un  vieux  bougre  velu. 

démontable  en  deux  pièces,  Constitué  de 
deux  noms  joints  par  un  trait  d'union,  en  par- 
lant d'un  patronyme  :  «  le  poilu  au  nom  dé- 
montable en  deux  pièces  »  ;  usuel  aux  246®  et 
289®  inf.,  avr.  18  et  avant.  —  Image  prise  des 
revues  d'armes.  —  Cf.  noms  à  courants  d^air, 
Noms  à  particules,  bourget,  V Emigré,  i. 

déplumer  (se).  Sortir  de  son  couchage  ;  Feu, 
21  ;  —  dér.  de  plum,  m.,  Couchage,  apocope 
de  plumard,  1,  Lit  de  plume,  2,  Couchage  quel- 
conque. —  Cf.  s'empailler,  Se  mettre  au  lit  ; 
Feu,  21-8-16  ;Ils  «  s'empaillent  dans  la  plume  », 
Ils  couchent  dans  des  lits  mollets,  ib.,  121.  — 

—  205  — 


Calembours  avec  les  verbes  anciennement  tirés 
des  mêmes  radicaux. 

descendez,  on  vous  demande  !,  Votre  (ou 
Ton,  Son,  Leur)  atterrissage  est  brusque  ;  avia- 
teurs, Miramas,  mai  18;  |  Moussu.,  101, 105. 
—  Formule  issue  de  quelque  atelier  construit 
en  bâton  de  perroquet. 

détraciueter,  Détraquer  :  «  détraqueter  la  mi- 
trailleuse »  ;  «  un  cheval  détraqueté  »  ;  81^  t., 
août  14-oct.  17.  —  J'entends  aussi,  chez  des 
Nantais,  hriffeter,  Manger,  à  côté  de  briffer. 

deux  (en  moins  de),  Rapidement  :  Il  sort  de 
la  chambre  «  en  moins  de  deux  »,  Feu,  21-8-16  ; 
«  3  Vais  ouvrir  une  boîte  de  singe  en  moins  de 
deux  »,  ifc.,  253  ;  «  il  faudrait  voir  à  c*  que  vous 
vous  fassiez  la  paire  d'ici  en  moins  de  deux  », 
ib.^  113  ;  V.  du  p.  —  En  moins  de  deux  temps 
et  trois  mouvements. 

deux-eoups,  m.,  Pantalon  de  fantassin  ou  de 
civil  :  «  Passe-moi  mon  deuxrcoups  »,  Bl^  t.  et 
4^  zouaves,  -17  ;  ||  mot  usuel  suptout  aux 
zouaves,  dès  -97.  —  Le  zouave  distingue  ainsi, 
du  pantalon  d'infanterie,  étroit,  et  qui  s'enfile 
en  deux  mouvements  rapides,  la  large  culotte 
qui  lui  est  spéciale. 

deux- quarante- quatre,   m.,  Torpille  aérienne 

—  266  — 


du  calibre  244"^"^  ;  artilleurs  sous  Verdun, 
H.  BARBUSSE,  uov.  16  ;  |  «  Et  rien  que  des 
maous  :  des  380,  des  420,  des  deux  44  »,  Feu, 
232  ;  ces  torpilles  sont  plus  souvent  cotées  245  ; 
«  mines  allemandes  de  245  »,  lieutenant  p.. 
Matin,  20-6-16  ;  bello,  mine- torpille  de 
'24cm^  5,  DELCouRT.  —  De  même  un  sept-oinq, 
un  Obus  de  75,  du  sept-sept,  du  Ganon  de  77  ; 
156^  inf.,  juin  18,  40^  art.,  -18  ;  quinze-cinq, 
m.,  Pièce  de  ISS"*'»  ;  40®  art.,  -18  ;  ceci,  il  est 
vrai,  peut  s'expliquer  par  Phabitude  qui  s'in- 
troduit de  compter,  comme  dans  la  marine, 
par  centimètres  :  du  i^ingt-et-un,  du  210, 
(40e  art.,  sept.  18). 

Cf.  la  désignation  d'un  régiment,  dans  l'usage 
de  ce  régiment  même  et  de  ses  camarades,  par 
les  chiffres  de  son  numéro  ou  par  des  nombres 
extraits  de  son  numéro,  au  lieu  du  nombre  que 
le  numéro  traduit  :  le  quatre-sept  (dès  -93  à 
S*-Malo)  ;  le  cinq-sept  ;  le  cinq-neuf  ;  le  six- 
deux  ;  le  six-quatre  ;  le  six-cinq  (Nantes, 
10-18)  ;  le  six-six  ;  le  six^neuf  ;  le  sept-neuf  ;  le 
neuf-quatre  (dès  -13  à  Bar-le-Duc)  ;  le  neuf- 
cinq,  (ceci  rectifie  ce  que  j'ai  dit,  g.  e.,  16-4-18, 
644)  ;  le  treize-quatre  ;  le  quatorze-six  ;  le  quinze-un  ; 
le  quinze-deux  ;  le  quinze-trois  ;  le  quinze-quatre 

~  207  ~ 


(dès  -13  à  Lérouville)  ;  le  quinze-cinq  (dès  -13 
à  Commercy)  ;  le  quinze-six  ;  le  quinze-huit  ; 
le  seize-un  ;  le  seize-quatre  ;  le  seize-cinq  ;  le 
deux-huit-neuf  ;  les  47^,...  134e,...  289^  d'inf., 
avr.-oct.  18.  (Je  n'ai  pas  entendu  *le  huit- 
deux,  ni  *le  six-zéro  ;  ni  ne  se  dit  *le  dix-trois 
à  Alençon.)  On  dit  le  cent-six-trois  ;  le  cent-six- 
six  ;  le  cent-six-sept  ;  le  trois- cent- six- six  ;  les 
163e,...  366e  d'inf.,  janv.  16  -  oct.  18.  (On  dit 
le  cinquante— et-un  ;  le  cinquante- deux  ;  le  quatre- 
vingt-un  de  Nantes  ;  le  quatre-vingt-seize  ;  le 
cent-dix-huit  ;  le  cent-trente  ;  le  cent-trente- deux  ; 
le  cent- quarante- sept  ;  le  deux-cent-dix  ;  le  deux- 
cent- vingt- sept  ;  le  deux- cent-tr ente- quatre  ;  le 
deux- cent- cinquante- et-un  ;  et  même  on  dit  le 
cinquante-huitième  ;  le  cent- cinquante- deuxième). 
Le  procédé  semble  limité  à  l'inf.  de  ligne.  La 
série  simplifiée  ne  commence  pas  au-dessous 
de  40,  parce  que  l'énoncé  trente-neuf,  vingt-huit, 
dix-sept  ne  comporte  pas  plus  de  syllabes  que 
*  trois-neuf,  *  deux-huit,  *  un-sept.  —  A  la  six- 
quatre-deux,  nom  du  journal  du  246^  inf.,fait 
double  allusion  :  à  une  locution  connue  et  au 
numéro  du  corps.  —  Cf.,  autres  énoncés  abré- 
viatifs,  cama,  ex. 

développer  (se),  Circuler,  S'en  aller  à  droite 

—  208  — 


et  à  gauche  ;  divers  soldats,  15-17;  |  Il  faut 
voir  «  comment ^dans  les  cantonnements  les 
frères  se  développent,  pour  chercher  d'abord 
où  bien  loger  et  bien  manger  »,  Feu,  125;  || 
«  A  présent,  développez-vous  dans  les  grands 
prix,  mes  chers  enfants  »,  lavedan,  Leur  beau 
physique,  Chez  le  coiffeur.  —  Syssém.  :  «  Je  m* 
disperse  »,  Je  m'en  vais.  Je  te  quitte,  Brest,  -06. 
diable  bleu,  m.,  1,  Chasseur  alpin  ;  D.  m.  p.  ; 
—  2,  Chasseur  à  pied  ;  20®  chass.,  -18  ;  | 
«  Jeune  mitrailleur,  diable  bleu  <•••>  »,  Vie 
Par,,  19-8-16,  p.  632,  c.  1.  —  diable  noir,  m., 
Soldat  africain  ;  D.  m.  p.  —  Activité  de  diable 
au  combat  ici  sous  peau  noire,  là  sous  uniforme 
bleu.  —  tigre  bleu,  m.,  A,  Fantassin  colonial  ; 
B,  Alpin  ;  -14  ;  d. 

^dimension  (à  la),  Comme-il-faut,  Parfaite- 
ment ou  Parfait  :  «  —  Toujours  gaillards,  les 
enfants  ?  —  C'est  à  la  dimension,  mon  capi- 
taine. —  Alors,  bonne  chance  et  bon  cou- 
rage !  »,  Matin,  29-7-15,  p.  1,  c.  2.  —  Image  de 
technique  manufacturière  ;  —  syssém.  :  passer 
au  gabarit.  Perdre  au  jeu,  rig.  ;  ■ —  dér.  syn. 
sur  être  fait,  même  sens,  le  gabarit  servant  à 
vérifier  les  dimensions  de  la  facture.  —  Syn.  : 
à    la    rondelle.    Parfaitement  ;    81  ^    t.,    -14  : 

—  209  — 

BSNAULT  14 


«Oi^  les  a  faits  trente-quatre  [à  la  manille], 
ah  !  mais,  à  la  rondelle  »  ;  —  dér.  syn.  de  être  à 
la  roulette,  Etre  dans  le  mouvement,  au  courant, 
lequel  est  sensiblement  syn.  de  être  à  la  coule. 

dingue,  f..  Fièvre  paludéenne  ;  2^  c^ViS  ;  | 
Balkans,  -18,  Intransigeant,  14-8-18,  p.  2  ;  — 
syn.  :  dingue- dingue,  f.  ;  inf.  c^le^  Intr.,  9-7-18, 
p.  2,  G.  4  ;  ij  dingue,  Fièvre  paludéenne  d' Indo- 
Chine  et  de  Birmanie  ;  marins,  coloniaux,  dès 
-95  au  moins  ;  — ■  autre  prononcé  de  dengue, 
Fièvre  rhumatismale  des  tropiques,  qui,  au- 
jourd'hui désuet,  servit  de  syn.  à  influenza, 
France,  -89.  —  Dér.  :  dinguer,  Avoir  la  fièvre  ; 
Bçilkans,  -18,  Intr.,  14-8-18  ;  —  dinguot, 
( — >-  dingu*),  Fou. 

distrib,  f.,  Distribution  ;  81^  t.,  -17,  rare;  | 
distribe,  pantruchard  ;  poilulogue  ;  chapelle. 

doigts  dans  le  nez  (les).  Sans  s'occuper  de 
rien  :  «  Nous  sommes  arrivés  à  Brest  les  doigts 
dans  le  nez  »,  un  pilote  de  dirigeables,  déc.  17  ; 

I  On  a  pris  Douaumont  «  les  doigts  dans  le 
nez    et    l'arme    à   la   bretelle   »,    Pépères,    101  ; 

II  c'est,  je  crois,  un  terme  de  courses  cyclistes. 
—  Syssém.  :  les  mains  dans  les  poches  ;  dans  un 
fauteuil  ;  en  se  promenant  ;  usuels  aussi  en  style 
de  courses. 

—  210  — 


donne  !  (ça  se),  Le  bombardement  est  intense, 
(Nous  bombardons,  ou  Nous  sommes  bombar- 
dés) ;  81®  t.,  15-17  ;  et  sans  doute  général  ;  — 
la  phrase  signifie  On  se  montre  généreux  (pour 
nous,  pour  eux),  il  n'y  a  qu'à  prendre  ;  elle  peut 
évoquer  des  distributions  populaires  où  quel- 
qu'un qui  sort  les  mains  pleines  peut  engager  les 
passants  à  se  mettre  dans  la  file  ;  —  cf.  sous 
remettre  une  autre  construction  du  verbe  don- 
ner. —  Syssém.  :  cadeau,  m.,  Projectile  :  «  Les 
Boches  nous  envoient  des  cadeaux  »,  289®  inf., 
-18  ;  —  distribution,  f.,  Bombardement  ;  — 
ravitaillement,  m..  Bombardement  subi  ;  —  in- 
tendance, f..  Bombardement  subi  ;  —  ces  trois 
derniers  se  trouvent  dans  le  V.du  p., définis  dis- 
tribution «  Obus  de  75  )),  ravitaillement  «  Obus 
de  210  allemand  »,  intendance  «  Obus  de  210  al- 
lemand »  ;  je  n'ai  d'usage  oral  témoigné  que 
pour  ravitaillement,  207®  art.,  -18  ;  —  tout  en 
suspectant  les  spécifications  de  calibres  d'étri- 
quer  le  sens,  je  crus  d'abord,  g.  e.,  1-4-18, 
429,  que  la  voiture  d'intendance  et  le  train 
de  ravitaillement  étaient  ici  en  cause,  par  des 
métaphores  auditives  ;  nous  avons,  de  vrai, 
affaire  à  des  métaphores  de  fonction,  prises  de 
la  vie  de  guerre  :  le  bombardement  subi  est  up 

—  211  — 


ravitaillement  en  munitions,  mais  «  arrivant  du 
mauvais  côté,  malheureusement  »,  j.-p.  faure  ; 
cf.  être  relevés  par  les  Boches  ;  intendance,  qui 
parle  au  troupier  de  nourriture  et  non'  de  mu- 
nitions, offre  cette  ironie  que  le  poilu  bombardé 
est  d'autant  plus  mal  ravitaillé  par  son  inten- 
dance qu'il  l'est  davantage  en  munitions  enne- 
mies ;  ce  qu'on  peut  dire  en  faveur  de  la  préci- 
sion de  75  pour  distribution,  c'est  que  les  ra- 
pides rafales  que  ce  calibre  comporte  sont 
comparables  aux  distributions  d'un  caporal 
expéditif,  et  que,  de  ce  calibre-là,  il  y  en  a  pour 
tout  le  monde. 

doré,  m.,  Officier  ;  130^  inf.,  -18  ;  —  galonné 
d'or. 

doublure,  f..  Tranchée  «  de  doublement  )>  qui 
renforce  la  ligne  de  feu  :  «  dix  sapeurs,  chargés 
comme  des  mulets,  s'en  vont  vers  les  réseaux 
<C...>>  —  Changeons  d'épaule,  ça  m'rentre 
dans  la  barbaque.  —  Nous  voilà  dans  la  dou- 
blure. —  Silence,  silence,  bon  sang  !  on  arrive  », 
Crocodile,  in  B.  des  A.,  9-5-17. 

douce  (en),  1,  Sans  effort  :  ((  on  progressait 
l'arme  à  la  bretelle,  sans  penser  à  la  guerre  ; 
les  Boches  ne  tiraient  plus  «<...>»  ;  ça  nous 
faisait  plaisir  de  leur  montrer  qu'on  les  possé- 


212 


dait  en  douce  ;  comme  on  ne  perdait  presque 
personne,  on  ne  se  sentait  pas  de  méchanceté  », 
Cabaret,  ^bl  \  \\  Tranquillement,  dlle  ; — l'idée 
est  celle  du  clinamen  épicurique  ;  cf.  pépère  ; 
aussi  se  rattache-t-elle  à  celle  d'ataraxie  qu'on 
trouve  dans  ce  texte-ci  :  «  Offrez-lui  une  cro- 
quignole  sur  le  bout  du  nez,  et  il  la  recevra  en 
douceur  »,  diderot,  Neveu  de  Rameau,  éd. 
Fayard,  38.  —  2,  Sournoisement,  En  cachette  : 
«  On  ne  devrait  pas  laisser  tant  de  civelots  se 
baguenauder  sur  le  front,  en  douce  poil-poil  », 
Feu,  89,  à  propos  d'espions  ;  —  plus  usuel  que 
le  sens  1,  ce  sens  2  est  très  usuel  et  très  général  ; 
c'est  celui  que  rig.  donne  à  la  locution  en  dou- 
ceur; —  usuelles  aussi  les  formes  loucherbèmes 
en  loucedoc  :  «  en  lousdoc  »,  En  secret.  Feu,  183  ; 
et,  davantage,  en  loucedé. 

Dudule,  sobriquet  du  guetteur  boche  aux 
tranchées,  xxxx^  inf.,  Lorraine,  14-15. 

dur  à  servir.  Qui  n'a  jamais  assez  :  «  dans 
mon  escouade  j'en  ai  des  durs  à  servir,  vous 
savez  »,  un  caporal,  81®  t.,  -17. 

dure,  f..   Viande  ;   Parisiens  au  231  ^  inf.;  | 
«  de  la  dure,  bouillie  »,   Feu,  24  ;  ib.,  215  et 
21-8-16.  —  dure,  Soupe,  d.,  sort  d'un  faux-sens. 

duvetier,  m..  Poilu  qui  n'a  encore  aux  mâ- 

--  213  — 


choires  que  du  duvet  ;  B.  «  pourrait  être  le 
père  de  Biquet,  qui  est  un  duvetier  de  la 
classe  13  »,  Feu,  17  ;  M.  Barbusse  tient  ce  mot 
d'un  témoignage  sur  l'usage  oral.  —  Le  suffixe 
'ier,  qui  indique  une  personne  agissant  sur  la 
chose  que  désigne  le  radical,  offre  ici  la  même 
idée  plaisante  que  dans  soupier,  saucier,  Ama- 
teur de  (ou  comme  on  dit  familièrement  Mar- 
chand de)  soupe,  sauces.  —  Cependant  l*an- 
glais  a  un  shaker,  1,  Barbier,  2,  Blanc-bec,  — 
comme  qui  nommerait  raseur  aussi  bien  celui 
qui  est  rasé,  que  celui  qui  rase. 

échappés  de  cimetière,  m..  Vieux  officiers  des 
services  d'arrière  ;  81^  art.  1.,  mai  18.  —  Cf. 
rupture. 

écoute  (faire  1'),  Ecouter  si  l'ennemi  tra- 
vaille, terme  de  sapes-  souterraines  ;  Bourru, 
259.  —  Cf.  écoute,  f.,  Galerie  d'où  l'on  peut 
entendre  si  le  mineur  ennemi  travaille,  hdt  ; 
écoute,  Action  d'écouter,  semblait  vieilli. 

écouvillon,  m.,  Eau-de-vie  :  «  La  nourriture 
de  ce  Poilu  [le  canonnier  de  37]  est  la  même 
que  celle  des  autres  ;  cependant  il  l'affuble  lui- 
même  de  noms  différents  <...!>  là  gnole  s'ap- 
pelle 1'  «  écouvillon  »  parce  que  «  ça  gratte  le 
tube  »  »,  Diable  au  cor,  in  B.  des  A.,  30-5-17.  — 

—  214  — 


Uécoui^illon  est  le  balai  de  l'âme  du  canon  ;  les  épi- 
nards  sont  le  balai  de  V estomac  ;  —  l'eau-dë-vie 
nettoie  les  yeux  [eau  pour  les  yeux  ;  chasse- 
brouillard)  et  les  boyaux  [tripoli)  ;  si  à  sa  vertu 
détergente  vous  ajoutez  l'impression  de  râpe 
qu*elle  donne  au  gosier,  vous  obtenez  l'image 
de  Vécoui^illon  ;  —  syssém.  :  îil  de  fer,  m.,  1, 
Vin  :  «  Ce  vin  est  bien  mauvais,  c'est  du  vrai 
fil  de  fer  )),  81^  t.,  -15  ;  —  2,  Eau-de-vie  ;  camp 
de      Ger,    16-17.    —    d'où    barbelé,     m.,     Al- 


cool ;  D. 


I 


écraser  de  la  paille.  Dormir  ;  «  Ha,  on  en 
écrase,  de  la  paille,  en  vingt-quatre  heures  !  »,  un 
paysan  de  Châlons-sur-Saône,81®t.,  juinl6  ;  [ 
«  C'est  alors  qu'on  en  écrase...  de  la  paille  sur 
le  pajo  »,  CHAPELLE  ;  • —  un  résultat  du  cpu- 
cher  est  censé  sa  cause  finale  et  le  sommeil  est 
comparé  aune  corvée;  la  même  idée  adonné: 
exercice  de  paupières,  m.,  Sommeil  ;  marins, 
14-18  ;  81®  t.,  juill.  15  ;  —  marche  de  flanc, 
Repos  sur  le  lit  de  camp,  rig.  ;  —  faire  des 
heures.  Dormir  ;  d.  ;  —  sous-entendu  :  supplé- 
mentaires ;  —  et  en  boche  klappendienst  (ser- 
vice de  trappe),  Corvée  de  portefeuille,  del- 
couRT  ;  —  cf.  cori>ée.  —  Dér.  :  écraseur,  m., 
Grand  dormeur  :  «  il  n'y  a  pas  pire  écraseur 

—  215  — 


que  lui  à  la  compagnie  »,  81®  t.,  -15.  —  Voir  en 
écraser  sous  le. 

écrémeuse,  f.,  Mitrailleuse  ;  divers  soldats, 
14-17,  faisant  en  même  temps  le  geste  de  tour- 
ner une  manivelle  ;  «  je  les  ai  déjà  tatée  [les 
Boches]  voilà  10  jours  et  je  n'est  pas  à  me 
plaindre  à  part  quelques  pauvres  malheureux 
qui  ce  sont  laissée  prendre  par  Tecrémeuse,  je 
suis  parti  du  d.  d.  [Dépôt  Divisionnaire]  comme 
vous  voyez  et  je  les  tate  un  peu  pour  voir  ce 
qu'il  on  dans  la  peau  »,  un  docker  nantais, 
65®  inf.,  lettre  11-4-17.  —  Le  sématisme  qu'in- 
dique le  geste  traditionnel  de  tourner  une  ma- 
nivelle se  rattache  à  celui  de  moulin  à  café, 
(Un  caporal  du  81®  t.,  qui  emploie  écrémeuse, 
ne  sait  pas  l'expliquer  autrement  que  par  un 
geste  de  faucheur  ;  la  mitrailleuse,  dit-il, 
«  cueille  les  meilleurs  ».) 

égratigner  le  Jésus,  Exagérer  dans  l'action, 
le  discours  ou  le  raisonnement  ;  340®  inf., 
janv.  16  ;  ...  le  jasus  ;  95®  inf.,  -18.  —  Syn.  et 
syssém.  :  écorcher  ;  d.  —  Egratigner,  écorcher, 
c'est  un  remplacement  de  bousculer.  Quant 
au  Jésus,  c'est  la  figure.  L'idée  de  Figure 
humaine  est  exprimée  multiplement  par  les 
façons  que  l'art  a  trouvées  de  la  reproduire  : 

—  216  — 


h 


portrait,  ri  g.  ;  —  d'où  se  bousculer  le  portrait. 
Se  mettre  le  cerveau  à  l'envers,  bringer,  M.  le 
Vicomte,  188  ;  —  gouache,  rig.  ;  —  médaillon, 
Nénesse,  204  ;  —  photographie  :  «  Non  mais 
pige-moi  la  photographie  de  ce  p'tit  bas  du 
cul  »,  Feu,  47  ;  —  ou  tout  simplement  miroir  : 
({  recevoir  un  obus  dans  le  miroir  »,  D.  m.  p. 
Et  toute  figure  devient  un  Jésus,  parce  que 
l'image  du  Seigneur  est  l'image  éminente,  digne 
de  longue  contemplation  ;  —  de  même  certains 
paysans  nomment  tous  les  livres  des  Heures. 
—  Cf.  la  salir. 

élève-mort,  m.,  A,  Malade,  ou  Blessé  ;  81®  t., 
juin  17  ;  se  dit  en  particulier,  plaisamment,  à 
propos  de  l'homme  qui  exagère  son  mal,  qui 
veut  avoir  une  maladie  de  première-classe;  1| 
porté  sur  la  liste  des  élèves-morts.  Porté  malade, 
au  régiment,  rig.  —  Syssém.  :  pâle,  Mort  ; 
être  pâle  des  jambes,  a,  Etre  mort  de  fatigue  ; 
b,  Avoir  des  jambes  de  squelette  ;  marins,  -18  ; 
(cf.  pâlir  qqn,  le  Tuer)  ;  —  raide.  Mort  ;  [raidir. 
Mourir,  Intérieur  des  prisons  (1846)  ;  raidir 
Vergot,  Mourir,  dlle  ;  raidir  des  quatre  pattes 
et  de  la  queue.  Mourir,  en  parlant  d'hommes,  de 
fleurs  ;  marins,  -18)  ;  —  gelé.  Mort  ;  —  pile. 
Mort  ;  —  ces  quatre  adjectifs  se  tirent  de  la 

—  217  — 


pâleur  des  trépassés,  àe  la  raideur  des  cadavres 
et  de  leur  froideur  glaciale,  et  de  ce  qu'un 
homme  étendu  sur  le  ventre,  ne  montrant  pas 
sa  face,  est  pile,  et  que  c'est  une  attitude  plus 
usuelle  aux  morts  qu'à  ceux  qui  respirent  ; 
(pourtant  se  faite  tuer,  c'est  aussi  i^irer  le  i^entre 
pour  voir  passer  les  aéros,  t).)  ;  ainsi  pile  équivaut 
pratiquement  à  Bousillé  :  «  on  roule  un  peu... 
puistoc...  l'avion  s'at-rête  pile...  Les  roues  avant 
viennent  de  heurter  un  talus  )),  chevalier, 
Gu.  Aér.,  28-6-17,  p.  525;  c.  3  ;  «  Aïe  !  il  faut 
descendre,  comment  ?  Atterrir...  «  pile  ou 
face  !  »...  »,  THAVET  ;  —  de  là  se  faire  porter 
pâle,  Se  faite  inscrire  sur  le  cahier  de  visite  ; 
8®  génie,  -18  ;  ]  Gaspard,  71  ;  chapelle  ;  — 
ou  raide  ;  8®  génie, -18  ;  |  Vous  avez  du  toupet 
«  de  vous  faire  porter  «  raides  »  pour  des  petits 
machins  de  rien  du  tout  »,  chapelle,  Jourrt., 
17-3-17  ;  —  ou  gelé  ;  d.  ;  —  ou  pile,  81®  t., 
14-17  ;  Il  19®  inf.,  96-01  ;  —  qui  signifient  exac- 
tement se  faire  porter  mort,  et  ne  font  pas  allu- 
sion, comme  on  l'a  dit,  à  des  pâleurs  symptô- 
ma tiques,  aune raideut  de  paralysie,  à  une  froi- 
deur désagréable,  à  une  pronation  paresseuse. 

B,  1,  Soldat  qui    va    au   combat  ;  Mousqu., 
51,  à  propos  d'un  aviateur  ;  —  2,  voir  appretiti. 

—  218  •— 


embusquer  (s'),  Se  trouver  un  emploi  (mili- 
taire) doux  et  caché,  Se  mettre  (pendant  la 
guerre)  à  l'écart  des  dangers  du  feu  et  des 
fatigues  des  armes  ;  usuel  et  universel,  14-18  ; 
Il  E.  «  briguait  la  place  du  soldat  libérable 
embusqué  à  la  presse  régimentaire  »,  des- 
caves, Sous-offs,  III,  I  ;  embusqué  s'étendait 
déjà  avant  -14  à  des  emplois  civils  ;  à  propos 
de  civils  exempts  des  périls  de  guerre,  texte 
de  -05,  in  Int.  des  Ch.,  LXXVI,  133  ;  d'uni- 
versitaires postés  hors  cadre  à  Patis  pour  le 
mieux  de  leur  avancement,  ih.,  LXXI,  442  ;  de 
P.  T.  T.  jouissant  d'un  régime  de  faveur. 
Temps,  7-7-09,  p.  3  ;  —  l'idée  première  fut 
qu'on  se  poste  pour  guetter  l'occasion  de 
l'avancement  et  des  honneurs  ;  c'est  une  méta- 
phore d'officiers  plus  que  de  troupiers  ;  cette 
idée  de  finalité  a  disparu  ensuite  ;  l'embusqué 
se  coîitente  de  s'être  soustrait  aux  devoirs  du 
commun.  —  D'où  embusquer,  1,  Mettre  dans 
un  emploi  (militaire)  doux,  caché,  préservé  ; 
usuel  et  universel,  14-18;  ||  avant -14  (?)  ;• — 2,  a. 
Mettre  dans  une  situation  douce  (non  mili- 
taire) :  ((  Quand  il  a  été  mort,  on  a  embusqué 
sa  femme  comme  bonne  de  curé  »,  81^  t.,  -16  ; 
—  b.  Chaparder  :  «  Des  paires  de  souliers  ?  Y  a 


219 


qu'à  aller  à  l'ordinaire.  Le  jour  où  j'en  aurai 
besoin,  j'irai  à  midi  quand  y  a  personne,  et  j'en 
embusquerai  une  »,  81®  t.,  -16  ;  —  parce  que 
chaparder  c'est  détourner  et  mettre  en  sûreté, 
eux  idées  qui  pourfEpicure  n'en  font  qu'une. 

—  Enfin  embusqué^  en  pleine  vogue,  est  em- 
ployé métaphoriquement  par  des  écrivains, 
comme  syn.  de  Fainéant,  Lâche  et  Inutilisé  ; 
voir  G.  E.,  1-4-18,  444. 

Dér.    :    embusque,   f.,    Emploi   d'embusqué  ; 
3®  chass.   d'Afrique,  juin   18;  |  Cabaret,  478  ; 

—  apocope  à.^ embuscade,  ou,  mieux,  substantif 
verbal  de  s'embusquer  ;  —  embuscade,  f.,  Em- 
ploi d'embusqué  ;  —  sans  aucune  idée  de 
chasse,  le  gibier  étant  déjà  possédé  ;  usage 
plaisent  d'un  mot  déjà  formé  ;  —  embusqueur, 
m.,  Celui  qui  embusque  ;  D.  m.  p.  —  débus- 
quer. Retirer  d'une  embusque  ;  D.  m.  p.  ; 
B.  des  A.,  22-3-16,  p.  14  ;  —  débusqueur,  m.. 
Celui  qui  débusque  ;  Œu{^re,  10-10-16,  p.  2, 
c.  2  ;  —  désembusquer.  Débusquer  ;  sénateur 
DEBiERRE,  Joum.,  20-12-16  ;  —  désembus- 
cage,  m..  Action  de  désembusquer  ;  poussin, 
A.  fr.,  27-11-16  ;  —  embuscadin,  Embusqué 
petit-maître,  rime  avec  muscadin  dans  une 
ballade    parue    dans    le    Poilu,    in    Humanité, 

~  220  — 


17-3-16;  —  chevauchement,  embusqué  -f-  mus- 
cadin ;  (^)  —  embuscomanie,  f.,A,  Manie  consis- 
tant à  préjuger  embusqué  tout  civil  ou  soldat 
non  frontard  :  «  Les  méfaits  de  V  «  embusco- 
manie »  »,  le  Briard,  18-10-16,  p.  2,  c.  5  ;  — 
B,  Régime  de  la  recommandation  :  poussin, 
A.  fr.,  27-11-16  ;  —  embuscaillon,  m..  Homme 
sans  valeur  employé  au  bureau  de  la  compa- 
gnie, (dans  Tespèce,  vocatif  à  l'adresse  d'un 
malingre)  ;  81®  t.,  juin  17,  apax  ;  —  embrisqué, 
m.,  Soldat  porteur,  de  nombreuses  brisques  : 
«  Les  Embrisqués  de  la  iZone  Désarmée  -<...>► 
Embrisqué.  Appellation  heureuse  due  à  notre 
verveux  confrère  «  Le  Pépère  »  »,  120  Court, 
10-10-16  ;  —  chevauchement  d*embusqué  et  de 
brisque,  signifiant  que  les  soldats  du  demi- 
arrière,  moins  exposés,  ont  le  temps  de  vieillir 
sous  une  addition  de  chevrons. 

emmancher  (s'),  Se  faire,  Se  produire  ;  81®  t., 
14-17  :  «  V'ià  une  affaire  qui  s'emmanche  mal  »; 
«  Gomment  qu'ça  s'emmanche  ?»  ;  —  syssém.  : 
Comment  qu\a  s' goupille  ?  —  Cf.  sous  manche, 
un  emmanchement  qui  semble  distinct. 

encaisser.     Admettre    volontiers     dans     son 


(^)   Cf.  Cagnadin,  type  de  poilu,  Horizon,  sept.  18* 
~  221  — 


esthétique  ;  usuel  et  général  ;  «  deux  sortes  de 
types  que  je  peux  pas  encaisser  :  les  coiffeurs 
et  les  garçons  de  café  »,  un  marin,  -18  ;  —  dér.  : 
encaisseur,    Facile   à   séduire  :   «  il  était   mille 
fois  moins  encaisseur  encore  que  moi  touchant 
la  chose  de  l'espionnage  »,  Il  acceptait  encore 
moins  que  moi  qu'il  y  eût  des  espions  en  liberté, 
Feu,    20-8-16.    —   Métaphore   de   physiologie  ; 
l'Estornac  est  une  caisse  ;  encaisser  est  syssém. 
de  gober,  aç^aler,  digérer.  Agréer,  de  çomir,  dé- 
héqueter,  Ne  pas  agréer  ;  mais  il  s'y  est  greffé 
l'influence    de    encaisser,    Recevoir    etSne    pas 
rendre   (un  coup),   dont  les  matches^de  boxe 
ont  décuplé  le  succès,  dlle  ne  cite  qu'un  em- 
ploi de  ce  verbe  :  encaisser  unlsoufflet,  ce  qui 
est   lâcheté  ;    depuis,    encaisser   des  '  gnons    est 
devenu  un  métier  honorable  ;  un  encaisseur  est 
un  Lutteur  dont  l'endurance  aux  coups  reçus 
est  une  sorte  de  capacité  ;  de  là  «  Le  troupier 
français  est  devenu  le  premier  «  encaisseur  »  du 
monde  »,    z,    Œuvre,  20-10-16.  —  Cf.    prendre. 
encarabiner,  Embêter  :  «  Pourquoi  qu'il  nous 
faut  à  nous  [pour  nous  mener  à  l'abreuvoir]  un 
brigadier,  tonnerre  de  sort  !...  Un  brigadier  qui 
nous  encarabine  »,   Cabaret,  469.  —  Carabine 
ou  Fusil  étant  seringue  et  clarinette,  l'esprit  des 


222 


mots  enfifrer  et  canuler,  Embêter,  a  pu  glisser 
dn^fifre  par  la  clarmette,|oulde  la  canule  par 
la  seringue,  jusqu'à  la  carabine.  Mais  il  est  plus 
vraisemblable  que  encarabiner  est  une  libre 
«  suffixation  )>  modifiant  un  verbe  connu 
qui   commence  par  enc-. 

enfant  de  quatre  pères  et  veuf  de  trois,  m., 
Père  de  quatre  enfants  ou  veuf  père  de  trois  ; 
81®  t.,  janv.  17.  —  Simulation  plaisante  d'une 
méprise  amenée  par  le  raccourci  qu'impose  la 
fréquence  de  la  formule  ;  les  circulaires  offrent 
des  situations  moins  exposées  aux  militaires 
ayant  ces  charges  de  famille. 

enfants  de  chœur  à  Poincaré,  m.,  A,  Chas- 
seurs à  pied;  289®  inf.,-18; — ^c.-à-d.  cadets  et 
chéris  de  M.  Poincaré,  qui  fut  chasseur.  —  B, 
Gendarmes  ;  fantassins,  15-16  ;  2®  c^^,  17-18  ; 
—  c.-à-d.  Gardes-du-corps  de  l'Exécutif.  — 
C,  Annamites  ;  2®  c^^,  -17  ;  —  le  bruit  courut 
que  le  Président  avait  une  garde  annamite  (!). 

enfifreur  de  culasses,  m..  Artilleur  :  «  Ça 
t'apprendra,  l'enfifreur  de  culasses,  à  <...>  », 
Cabaret,  470  ;  —  rudes  amours. 

enfile-boche,  m.,  Baïonnette  ;  81®  t.,  avr.  16. 

engazé.  Intoxiqué  par  les  gaz  asphyxiants  ; 
une  femme  de  mobilisé,  nov.  17  ;  adj.  leconte, 

—  ?23  — 


I 


-18.  ~  Syn.  :  gazîfié  ;  289^  inf.,  août  18.  — 
gazé  ;  13^  tir.  alg.,  août  18,  tant  en  style  poilu 
qu'en  style  médico- officiel  ;  —  même  suffixe 
simple  dans  grenade,  Dépeuplé  de  poisson  à 
coups  de  grenade,  d. 

envoyer,  Sonner  (au  clairon)  ;  marins,  17-18  ; 
«  Est-ce  que  la  soupe  a  été  envoyée  ?»  ;  «  En- 
voie-nous les  permissionnaires  [le  rappel  à  la 
bordée  de  terre]  !  ))  ;  ||  usuel  avant  -14.  —  Se 
tire  de  envoyer  un  boniment,  une  chanson,  Re- 
partir, Chanter  ;  cf.  «  Qu'est-ce  qu'il  envoie 
comme  parfum  !  »,  Il  est  parfumé  excessive- 
ment. 

épauler,  1,  Coucher  en  joue  :  «  Le  Belge  vou- 
lait passer  vers  le  navire,  il  ne  comprenait  pas 
ce  que  lui  disait  l'Américain  ;  celui-ci  Ta  épaulé 
et  l'a  tué  »,  un  marin,  -18  ;  —  2,  Châtier,  Punir, 
Traiter  de  rigueur  par  vengeance  :  «  C'est  alors 
qu'il  l'aurait  épaulé  »,  81^  t.,  -17  ;  «  Il  va  se 
faire  épauler  de  quinze  jours  »,  Il  va  empaumer 
quinze  crans  de  boîte  ;  marins,  -18;  —  sys- 
sém.  :  avoir  à  Vœil,  Surveiller  sévèrement  ;  — 
viser,  même  sens. 

épicier,  m..  Militaire  employé  à  la  manuten- 
tion des  caisses  d'essence  d'une  escadrille  : 
«  Derrière  une  pile  de  caisses  d'essence  un  des 

—  224  — 


«  épiciers  »  de    l*escadrille  «<•..>►  »,  pol,   Gu. 
Aér,,  22-3-17,  p.  304,  c.  2. 

épingle  à  chapeau,  f.,  A,  Grenade  à  fusil  ; 
lOe  inf.,  -15;  |  dauzat,  16-4-17,  664.  -— 
B,  Baïonnette  ;  340®  inf.,  mai  16  ;  |  chapelle  ; 
—  syssém.  :  aiguille  à  tricoter,  f.,  Baïonnette  ; 
LAMBERT  ;  D.  ||  Epéc  ;  DLLE.  —  Au  sens  A  la 
métaphore  se  tire  de  la  pointe  piquante  et  de 
la  longueur  agressive  des  épingles  des  chapeaux 
de  femmes  vers  09-11  ;  au  sens  B,  de  la  tête  à 
peu  près  cylindrique  adaptée  à  une  tige  mince, 
style  d'épingles  à  la  mode. 

équipe  volante,  f..  Groupe  de  soldats  liés 
par  le  tempérament,  toujours  prêts  à  quelque 
expédition  extérieure  au  service,  et  notam- 
ment à  la  maraude  ;  81®  t.,  août-oct.  14.  — 
Cf.  (?)  «  Une  séquelle,  une  isolante  :  une  sec- 
tion »,  soldats  genevois,  Schw.  Sold.,  72. 

èrème,  m..  Vaguemestre  :  «  A  notre  batterie 
nous  appelons  notre  sympathique  vaguemestre 
V Erème,  de  R.  M.,  abréviation  de  Ravitaille- 
ment Moral.  Vous  devinez  aisément  pourquoi  », 
B.  des  A.,  30-8-16,  p.  13,  c.  1;  —  ci.cama,'^' 
Syssém.  :  «  un  poilu  —  du  secteur  161 . —  pro- 
pose de  lui  attribuer  [au  vaguemestre]  le  sur» 
nom   de   chasse-cafard,    car    «   le   vaguemestre, 

—  225  — 

ESNAULT  15 


dit-il,  contribue  au  maintien  de  rexcellent 
moral  chez  nos  braves  et  héroïques  soldats.  »  », 
B.  des  A.,  26-7-16,  p.  12,  c.  3.  —  sourire,  m., 
Vaguemestre,  d. 

escalier  {monter  en),  S'élever  par  à-coups  ; 
R.  G.  Aé.,  17-18. 

essence,  f.,  Ce  qui  fait  marcher  une  machine  : 
Ceux  des  soldats  qui  sont  près  de  la  locomotive 
stoppée  «  lancent  au  mécanicien  ;  —  R'colles-y 
de  l'essence»,  benjamin,  Jouri}.,  1-5-16.  — 
Extension  de  sens  plaisante  et  sans  doute  pas- 
sagère, de  style,  non  de  lexique  ;  cf.,  plus  vrai- 
ment métaphorique,  oriflamme,  f..  Energie  : 
«  r  t'  faudrait  un'  'tite  'oiture  pour  porter  tout 
ça.  —  Oui,  mais  qui  c'  qui  la  traînerait  ?  — 
Toi  !  en  guise  de  moteur  à  crottin.  —  Et  qui 
c'  qui  m'  mettra  d'  l'oriflamme  dans  les  mol- 
lets ?  »,  un  cuisto,  81®  t.,  -17  ;  —  et,  entrés 
dans  le  lexique,  sauce,  jus,  coco,  Essence  de 
pétrole,  (boisson  nourricière  des  moteurs),  pé- 
trole, Eau-de-vie,  (fluide  générateur  de  kilo- 
grammètres  humains). 

estanco,  m..  A,  Cagna,  Abri  aux  tranchées  ; 
assez  usuel,  Nantais,  81®  t.,  -15  ;  2®  c^\  -18;  — 
B,  Camion-bazar  ;    monax,  81®   t.,  juin  16;    \\ 
à   Vestanco,   en   Prison,   à   la    Salle   de  police  ; 

—  226  — 


65®  inf.  (Nantes),  -92  ;  estanco,  nom,  et  ensei- 
gne, d'un  petit  café-concert,  à  Ancenis,  -97.  — 
De  l'espagnol  estanco,  1,  Mise  de  denrées  en 
régie  ;  2,  Débit  de  tabac  ;  usuel  à  Gabès,  -97, 
au  sens  de  Cabaret  ;  usuel  à  Kati  (Maroc),  -08  : 
«  l'estanco  du  père  Pérez,  l'Espagnol,  cette 
vieille  crapule  qui  nous  louait  des  femmes  bom- 
barras  et  qui  nous  vendait  des  œufs  presque 
toujours  couvés  )),  m.  l.,  N.  Contes  vér.,  190. 
Le  sens  B  peut  sortir  tout  droit  du  sens  espa- 
gnol 1,  et,  sans  pour  cela  lui  voir  engendrer 
l'autre  sens,  je  l'aurais  noté  A,  s'il  eût  été  plus 
fréquent.  —  Cf.  malabar. 

estomac  (la  faire  à  1'),  Crâner,  Payer  d'au- 
dace :  «  On  ne  vous  donnera  pas  de  billet  au 
guichet,  puisqu'il  ne  doit  pas  y  avoir  de  per- 
missionnaires. Vous  croyez  que  vous  en  aurez 
un  ?  Vous  comptez  la  faire  à  l'estomac  ?  », 
marin,  avr.  18  ;  |  r.  w.,  Gu.  Aér.,  15-2-17, 
p.  214,  c.  3;  Il  estomac,  Intrépidité  à  jouer, 
veine  ou  non,  dès  -68  ;  rig. 

étamage,  m.,  Etat-Major  :  «  l'état-mage 
boche  )),  «  scribouillard  de  l'état-mage  »,  paw- 
LowsKi,  Signaux,  66,  72  ;  —  apocope-calem- 
bour. —  Syn.  :  état- mâchoire,  m.,  déch.  ;  — 
libre  suffixation,   (cf.   çétérinoir),  offrant  l'idée 

—  227  — 


qu*on  y  mange    bien,  (cf.    cheçaux    de    luxe). 

étrangler,  Epater,  Epoustoufler  ;  289^  inf., 
-18  ;  —  étrangleur,  m.,  Monteur  de  coups. 
Estampeur  ;  un  forain  au  81^  t.,  -16.  —  Sys- 
sém.  :  cravateur,  Bluffeur  ;  d.  ;  —  d'où  coups 
de  gueule,  ici  p.  569.  —  Cf.  asphyxier. 

étui,  m..  Gorge  ou  Estomac  :  «  tu  parles  aussi 
d'un  quart  à  trous  !  C'est  à  ne  pa*  y  croire  c* 
qi's'  laisse  tomber  de  kilos  dans  l'étui,  dans 
l'espace  seulement  d'une  journée  »,  Feu,  22.  — 
Gorge,  Etui,  Jargon  (1836),  terme  de  malfai- 
teurs, offre  le  sématisme  inverse  ;  cf.  fokker. 

étui  à  puces,  m.,  Pantalon  ;  Feu,  204.  — 
Etui,  Caleçon  de  dessous  ;  lavedan.  Leur  beau 
physique,  Les  dessous.  — Cf.  fourreau,  m., Pan- 
talon ;  D.  m.  p.  Et  quant  au  pessimisme,  trop 
légitime  en  certains  domiciles,  cf.  boîte  à  poux. 

Eugène,  m.,  les  Feuillées  :  «  le  poste  d'écoute 
qu'est  au  bout  d'Ugène  »,  saint-cassin.  Temps 
Buté,  in  Front,  1-9-16.  —  Cf.  Jules  et  Eudoxie, 
Tinette  militaire,  rig.  ;  —  madame  Durand, 
Cabinets,  Brest,  -98. 

Eusèbe,  m.,  la  Paye  ;  adj.  leconte,   18  ;   | 
«  palper  Eusèbe  »,  Feu,  20-8-16.  —  Cf.  Domi- 
nique, la  Paye  de  l'équipage  ;  marins  ;  —  Ro- 
salie. 

—  228  — 


ex,  Exempt  de  service  :  «  le  toubib  m'a  mis 
ex  deux  jours  »,  chapelle  ;  rocher.  —  Se  tire 
de  l'abrégé  «  ex  »  mis  en  regard  du  nom  du 
malade,  plus  exactement  «  ex.  serv.  »,  «  ex,  exer- 
cice »,  «  ex.  corvée  »,  suivant  la  thérapeutique  du 
major  et  la  discipline  du  bataillon.  —  Cf.  ax^ 
dé,  fe-fCf  pé-cé  ;  cama. 

excès  de  zèle,  m.,  Adjudant  ;  d.  —  Cf.  ca- 
fard, m..  Adjudant  ;  d.  ;  —  aboyeur,  m.,  Sous- 
officier  ;  D.  —  Ils  cafardent  (mouchardent),  ou 
gueulent,  par  excès  de  zèle. 

expliquer  (s'),  Causer  (en  parlant  du  canon)  : 
«  N'était  le  grondement  ininterrompu  des 
grosses  pièces,  qui,  comme  disent  les  hommes, 
«  s'expliquent  »  de  ligne  à  ligne  »,  ch.  l.,  Jourrh., 
1-8-15.  —  S^expliquer,  Discuter,  Se  disputer, 
est  usuel  populairement.  Il  est  usuel  aussi  dans 
la  prostitution,  dans  la  plus  basse,  au  sens  de 
Se  prostituer:  «  aujourd'hui  je  ne  m'explique 
pas  »,  «  je  m'explique  tous  les  soirs  au  Châtelet 
[sur  la  place  du  Châtelet]  »,  Paris,  -04,  exacte- 
ment Débattre  le  prix  de  ses  faveurs.  Toute 
platonicienne,  l'origine  psychologique  de  l'em- 
ploi galant  de  s'expliquer  est  saisissable  dans 
ce  texte-ci,  où  parle  un  amoureux  animé  des 
sentiments  les  plus  délicats  :  «  il  me  restait  tant 


de  choses  à  lui  expliquer  »,  J'avais  tant  d'im- 
pressions complexes  à  peindre  devant  elle, 
NODIER,  Thérèse  Aubert,  éd.  Fayard,  29.  — 
Syssém.  :  causer,  qui  se  dit  des  canons,  (cf. 
faire  parler  la  poudre,  et  la  devise  Ultima  ratio 
regum),  dans  les  conversations  orageuses  {Cau- 
sons maintenant  !)  et  en  langage  de  galanterie 
(causer,  Faire  l'amour,  et  causeuse,  Femme 
chaude,  Dict.  erotique  moderne)  ;  —  rouscailler, 
1,  Parler,  Jargon  (1628)  ;  2,  Coïter,  rig.  ;  — 
grec  ancien  oiclU-^o^-ji,  1,  Causer  ;  2,  Coïter, 
(et  par  le  sématisme  inverse  ôapi^to,  1,  Vivre  en 
intimité  ;  2,  Causer),  bailly,  Dict.  grec.  — 
Jactance  teutonne,  f.,  Bombardement  boche  ; 
D.  ;  —  alliance  d'un  substantif  argotique  à  un 
adjectif  savant  ;  exactement  Langage  ostro- 
goth.  —  Voir  passer,  et,  aux  Notes,  jus. 

facétie,  f.,  Coup  de  main  (français  ou  boche), 
et  même  Attaque  ;  156^  inf.,  avr.  18,  où  l'on 
estime  que  cette  expression  n'a  été  relevée 
«  dans  aucun  autre  régiment  ».  —  Que  ce  soit, 
en  plus  intense,  le  même  tour  d'esprit  de  pu- 
deur et  d'euphémisme  qui  fait  appeler  l'As- 
saut fantaisie  sur  fil  de  fer  ;  d.  ;  —  la  Bataille 
bagarre,  360^  inf.,  14-15,  109^  inf.,  -17,  8^  gé- 
nie, -18  ;  —  et  une  Victoire  échauîfourée,  «  Je 

—  230  — 


sors  de  la  grande  échauffourée  de  Laneuville- 
Sire-Bernard  [offensive  française  du  8-8-18 
entre  Somme  et  Avre]  »,  i.  lâchât,  12-8-18, 
telle  est  l'impression  actuelle  du  combattant 
sur  le  mot  facétie  ;  cette  impression  ne  vaut- 
elle  pas  une  étymologie  ?  Et  elle  peut  être 
l'étymologie,  et  le  mot  serait  syssém.  de 
cinéma,  du  même  régiment.  Toutefois  il  est 
plus  prudent  d'y  soupçonner  un  souvenir 
de  S^-Cyr,  que  des  officiers  auraient  propagé, 
avec  adaptation  du  sens  ;  «  Dans  l'argot  de 
Saint-Cyr,  on  appelle  «  facéties  »  les  marches 
militaires  )),  note  à  une  pièce  de  vers,  le  «  Caso  », 
(«  Ou  bien  passant  gaîment  les  jours  de  «  fa- 
cétie ))  Le  fusil  sur  l'épaule  et  le  sac  sur  le  dos  »), 
citée  par  sérieyx,  Eclair,  1-7-08.  —  Cf.c/ian- 
tier. 

facteur,  m.,  Vaguemestre  ;  81®  t.,  -15  ;  sec- 
teurs 93,  101  et  146,  B.  des  A.,  26-7-16,  p.  12. 
—  Cf.  chantier. 

fainéant,  m.,  Havresac  ;  d.  —  Il  se  fait 
porter  ; —  cf.  sac  à  lest. 

faire.  Faire  prisonnier  ;  40®  art.,  -18  ;  assez 
général:  «  nous,  les  avons  faits  »,  «  pour  les 
faire  »  ;  —  être  fait,  Etre  arrêté,  faire  aux  pattes, 
Voler,  termes  de  malfaiteurs,  usuels  aux  trou- 


231 


piers.  —  Syssém.  :  travailler,  Chaparder  ;  13^ 
tir.  alg.,-18. 

faire  canne,  chaussettes,  etc.,  Faire  des  effets 
de  canne,  *de  chaussettes,  etc.,  ou  tout  simple- 
ment Avoir  une  canne  (pour  assurer  sa  marche 
dans  la  boue,  sur  les  routes),  des  chaussettes, etc., 
81®  t.,  14-17;  Il  faire  faux-col.  Laisser  passer  le 
col  de  sa  chemise,  rig.  ;  faire  fantaisie,  Porter 
des  effets  non  réglementaires,  usuel  dès  long- 
temps. —  faire  ceinture.  Jeûner  par  force, 
81®  t.,  15-17  ;  —  non  par  un  chevauchement  de 
faire  fine  taille  +  serrer  sa  ceinture,  mais  par 
condensation  de  Faire-comme-qui-se-met-la- 
ceinture.  —  faire  îissa,  Se  dépêcher  ;  2®  mixte, 
très  usuel,  17-18  ;  —  non  par  décalque  de  faire 
vite,  qui  est  plus  industriel  que  militaire,  mais 
par  condensation  de  Faire-comme-qui-court- 
vite.  —  faire  pâle,  ou  raide,  Se  porter  élève- 
mort  ;  D. 

faisandé.  Ivre  ;  40®  art.,  -18  ;  —  combine  les 
idées  des  syn.  mort  et  mûr,  cuit,  mais  n'est  à 
l'origine  qu'une  simple  queue  romantique  sur 
fait,  même  sens. 

faisander,  Choper  :  A,  Chaparder  ;  13®  tir. 
alg.,  -18  ;  —  B,  Faire  prisonnier  ;  d.  —  Queue 
romantique  sur  faire,  (par  le  participe  passé  : 

—  232  — 


fait  — >"  faisandé),  peut-être  avec  allusion  au 
système  D,  {fait  en  dé). 

falot  (passer  au),  Passer  au  conseil  de  guerre  ; 
130e  inf.,  2e  c^l,  -18  ;  \\  18^  inf.,  -Oâ.  —  Idée  : 
être  regardé  de  près,  étant  suspect.  —  Dér.  : 
faloter,  même  sens  ;  d.  —  Voir  tournant. 

fauche- pattes,  m,,  Obus  à  fusée  sensible, 
dont  les  éclats  rasent  le  sol  et  fauchent  les 
jambes  des  hommes  non  abrités,  «  bibelosco 
dont  les  Boches  sont  peu  chiches  depuis  que 
nous  nous  battons  sur  le  tapis  »,  g.  maréchal  ; 
289e  inf.,  mars-juillet  18. 

fe-fe,  m.,  Avion  Farman  frères  ;  aviateurs, 
avr.  18;  |  Feufeu,  Gu.  Aér.,  29-3-17,  p.  310. 
—  Des  deux  initiales  (prononcées  suivant  une 
mode  scolaire  moderne)  de  Farman  Frères.  La 
marque  est  une  F.  Cf.  me-fe  ;  ex.  —  Les  météos 
nomment  be-ce-me,  m.,  le  télégramme  d'obser- 
vations qu'envoie  le  Bureau  Central  Météoro- 
logique ;  mais  ils  disent  plus  souvent  le  bé- 
cé-èm. 

fer  {du),  m.,  des  Obus  ;  un  comm*  d'art., 
oct.  14.  —  ferraille,  f.,  Obus  :  «  Donc  journelle- 
ment nous  arrivait  une  ration  de  ferraille  », 
H.  o.  (5e  art.  à  pied),  N.  Contes  vér.,  222  ; 
«  Quand  j'ai  reçu  ma  ferraille  »,  Gaspard,  150. 

—  233  — 


—  Cf.  métaux,  zinc,  casser  du  bois.  —  enclume, 
f.,  Gros  obus,  D.,  est  moins  une  métaphore 
qu'une  métonymie  spécifiant  le  fer  par  un 
objet  en  fer,  la  substance  par  la  forme. 

fer  à  repasser  (comme  un),  En  tendant  lour- 
dement vers  le  centre  de  la  Terre  :  «  Moi,  dans 
la  baille  [la  Mer]  !  Je  nage  comme  un  fer  à 
repasser  )),  un  pilote  de  dirigeables,  déc.  17;  || 
«  Le  temps  est  passé  où  celui  qui  volait  bien 
se  faisait  remarquer,  maintenant  c'est  le  règne 
des  aviateurs  évoluant  «  comme  des  fers  à 
repasser  !  ))  A  eux  les  galons  et  les  décorations, 
aux  virtuoses  les  punitions  et  le  conseil  de 
guerre  peut-être  !  »,  chevilliard,  article  de  la 
Vie  au  grand  air,  quelques  mois  avant  la  guerre 
in  Gu.  Aér. ,S-2-17,  p.  197.  —  De  là  fer  à  re- 
passer, m..  A,  Cuirassé  lourd  et  dur  à  manœu- 
vrer ;  marins,  -18  ;  —  B,  Avion  mauvais  pla- 
neur, (quel  qu'en  soit  le  type)  ;  aviateurs, 
R.  G.  Aé.  et  Miramas,  avr.,  mai  18.  —  Le  fer 
à  repasser  ainsi  visé  n'est  peut-être  que  le  Sou- 
lier, cet  emploi  du  mot  est  dans  dlle,  F.- A., 
et  les  pêcheurs  savent  trop  que  le  soulier  est 
un  poisson  de  fond. 

feuille  morte  {tomber  en).  Tomber  en  oscillant 
par  les  effets  de  l'air  sur  les  plans  de  l'appareil  ; 


234 


aviateurs  ;  1  «  L'appareil  se  mit  en  vrille  et  telle 
une  feuille  morle. descendit  de  2  000  à  800  mè- 
tres »,  Matin,  26-4-16,  p.  2,  c.  3  ;  «  Moi,  je 
dégringole  en  feuille  morte  »,  sem,  Journ., 
27-5-16. 

feuille  de  timbres- poste,  f.,  Aspect  que  prend 
un  terrain  soumis  à  un  bombardement  métho- 
dique :  «  Représentez-vous,  tombant  méthodi- 
c{uement  de  quarante  en  cinquante  mètres  [sic] 
tout  d'abord,  puis,  la  ligne  tracée,  dans  l'inter- 
valle, des  projectiles  de  gros  calibre,  creusant 
leur  entonnoir,  forant  le  sol,  comme  un  crible, 
par  quatre  ou  cinq  à  la  minute.  Et  ainsi,  le 
jour,  la  nuit,  à  jet  continu,  sans  répit...  Nos 
poilus,  dans  leur  argot  pittoresque,  ont  baptisé 
ce  marmitage  intensif  :  «  la  feuille  aux  timbres- 
poste  ».  Ils  mettent  toute  leur  attention  à 
«  suivre  le  pointillé  »  »,   Trois  jours,  13-7-16. 

ficelle,  A,  f.,  Galon  d'officier  ;  130^,  300^  inf., 
15-18  ;  I  ((  une  ou  deux  ficelles  au  képeçon  », 
RICHARD,  Pet.  Par.,  14-5-16  ;  «  le  nombre  de 
mes  ficelles  »,  Cabaret,  467  ;  ||  Liseré  de  sous- 
officier  rengagé  ;  g.  turpin.  —  Ficelle  rouge. 
Soldat  de  1^^  classe,  dlle,  offre  une  image 
moins  juste  pour  un  galon  plus  large.  Cf.  (?) 
vermicel,  Premier  lieutenant,  soldats  genevois, 

—  235  — 


Schw.  Sold.,  72.  —  Cf.  jarretière,  f.,  Galon  de 
tambour  et  clairon  ;  98^  inf .  ;  déch.  ;  —  il  est 
riolépiolé  à  la  mode  d'une  sorte  courante  de 
jarretières  élastiques. 

B,  Fil  téléphonique  ;  5®  génie,  -18. 

fièvre  de  Bercy,  f.,  Ivresse  ;  V.  du  p.  —  Bercy 
a  de  quoi  donner  des  visions  internes  à  plus 
qu'une  équipe. 

fifrer,  Exagérer,  Mentir  ;  sans  fifrer,  231®  inf., 
-16,  H.  BARBUSSE;  non  confirmé  d'autres  corps;  | 
«  tu  n'as  pas  fini  de  fifrer  !  »,  D.  m.  p.  ;  «  On 
n'a  rien,  sans  fifrer,  on  n'a  rien  »,  Feu,  203.  — . 
Syssém.  :  faire  de  la  fanfare,  A,  Causer  du 
scandale  ;  D.  m.  p.  ;  —  B,  Se  vanter,  D.  m.  p.  ; 
—  faire  de  Vharmonie,  Faire  du  tapage,  Car- 
touche ;  faire  de  la  remone,  Faire  le  rodomont, 
RiG.  ;  —  peut-être  même,  Qar  un  bon  mendiant 
est  un  bon  menteur,  aller  en  musique,  Aller 
mendier.  Chauffeurs  de  l'an  VIII  ;  —  dans  ces 
rapprochements  musicaux,  fifrer  semble  un  peu 
maigre,  surtout  à  côté  de  battre  la  grosse  caisse, 
Parler  de  soi,  Faire  de  la  réclame,  rig.  ;  mais 
précisément,  fifres  et  tambours  jouant  souvent 
de  concert,  fifrer  peut  être  présumé  synecdoque 
de  fifrer  et  tambouriner. 

fignard,  m..  Tabac  ;  d.  —  Dérivation  homo- 

—  236  — 


nymique  :  Tabac  —  trèfle  ;  or  trèfle  =  Fignard 
(Anus)  ;  donc  fignard  =  Tabac. 

figne  (au),  Par  derrière  :  «  avoir  quinze  mètres 
au  figne  »,  Avoir  vent  arrière,  vitesse  15°^^  à  la 
seconde,  aviateurs  et  aéronautçs,  17-18  ;  — 
figne,  Cul  ;  —  syssém.  :  avoir  «  le  vent  en  plein 
cul  »,  PUNCH,  Fantasio,  15-8-16,  p.  96,  c.  1  ; 
—  «  On  est  fin  prêt  pour  barrer.  Même  qu'on  a 
le  zef  aux  fesses  »,  ib.  —  Cul,  Arrière,  était  déjà 
de  style  nautique. 

f Hocher,  1,  S'esquiver,  Se  débrouiller  pour  es- 
quiver du  service  ;  divers  soldats  ;  |  «  Quand  tu 
filoches  devant  une  corvée  <^...>>,  c'est  les 
autres  qui  écopent  »,  Feu,  34  ;  «  qu'un  bigor- 
neau comme  moi  <;...]>,  ça  ne  devait  pas  filo- 
cher  comme  je  faisais  »,  chapelle  ;  —  on  a 
franc-fileur,  «  celui  qui,  pour  échapper  au  siège, 
c.vait  quitté  Paris  pendant  la  guerre  de  1870. 
Par  opposition  à  franc-tireur  »,  rig.,  généralisé 
ensuite,  franc-fileur,  «  individu  qui  file  à  l'étran- 
ger pour  échapper  au  service  militaire  »,  dlle  ; 
filocber,  a, Filer,  (Donner)  ;  b,  Filer  (Courir)  ;  d.; 
mais  il  semble  que  filocher  peut  signifier  aussi 
bien  Se  débrouiller  dans  le  service  que  Se  dé- 
brouiller pour  n'en  pas  faire,  et  d'une  manière 
générale  Profiter,  (voir  ci-après)  ;  cela  s'expli- 

—  237  — 


quera  bien  en  tirant  filocher  de  filon,  ou  tout 
au  moins  en  admettant  que  filon  transparaît, 
par  chevauchement  sémantique,  sous  le  radical 
de  filer,  et  que  filocher  remplace  filonner  ;  (cf. 
sardoche)  ;  filon  signifie  toute  Affaire,  aussi 
bien  ce  qu'on  fait  parce  qu'on  doit  le  faire,  que 
ce  qu'on  fait  pour  ne  pas  faire  son  devoir  ;  — 
2,  Mettre  à  profit  :  filocher  le  secteur,  Tirer 
parti  de  toute  bonne  occasion,  a.  arnoux;  ] 
Une  des  dames  infirmières,  en  me  frottant  le 
ventre  chaque  jour,  me  «  répétait  toujours  que 
son  mari  n'était  propre  à  rien.  J'ai  compris 
l'allusion.  Alors  j'ai  filoché  le  secteur.... Oh  !  là  ! 
là  !...  Elle  m'a  donné  des  cheveux  quand  je 
suis  parti  )),  Cabaret,  459  ;  —  le  sens  premier  de 
cette  locution  n'est-il  pas  Organiser  le  secteur 
de  combat  de  façon  débrouillarde  ?  Cf.  secteur. 
—  Dér.  :  îilocheur,  Débrouillard  ;  chapelle. 

îilon,  m.,  1,  Chance,  Bon  métier  :  ai^oir  le 
filon  ;  cest  pas  le  filon  ;  81^  t.,  14-17  ;  très 
usuel  et  général  ;  |  «  on  tient  Tfilon  »,  Gaspard, 
150  ;  «  J'ai  le  filon  )),  ib.,  221  ;  la  «  blessure  filon  », 
Bourru,  97,  envoie  à  l'arrière  ;  \\  usuel  aux  ma- 
rins de  l'Etat,  -07  ;  trouver  le  bon  filon.  Avoir 
de  la  chance.  Trouver  une  heureuse  combinai- 
son ;  soldats  genevois,   Schw.   Sold.,  72  ;  —  le 

—  23ô  — 


filon,  c'est  la  direction  féconde,  la  route  heu- 
reuse, la  ligne  d'or  de  la  conduite  ;  image  issue 
des  mines  :  «  Il  s'égare  <;...>»  ;  vingt  fois  il 
croit  tenir  le  droit  filon  ;  vingt  fois  <i-'-'>  ^S 
M.  c,  N.  Contes  çér.,  135  ;  «  le  turf  devint  le 
filon-mère  de  la  confrérie  »,  mandelstamm, 
Jim  Blackwood,  jockey,  27  ;  —  dér.  :  filonner, 
S'embusquer  :  «  qu'i's  filonnent,  bon,  c'est 
humain,  mais  qu'après,  i'  viennent  pas  dire  : 
«  J'ai  été  un  guerrier  »  »,  Feu,  136  ;  —  filo- 
neur,  m.,  Embusqué  ;  Feu,  129  ;  —  2,  Affaire, 
Chose  (jusque  dans  les  emplois  les  plus  vagues), 
Métier,  Pièce  d'une  machine,  Papier  d'iden- 
tité, etc.  :  ça  s'rait  pas  dans  V  filon,  Faut  pas 
faire  ça  ;  cf.  fricot  ;  —  par  une  marche  inverse, 
affaire,  sans  qualification,  s'emploie  pour  Bonne 
affaire  :  «  Cette  fois  j'ai  le  filon,  le  fin  filon; 
"<...}>  Cabot  à  l'équipe  de  fil  de  fer,  c'est  une 
affaire  »,  Cabaret,  458.  —  Je  n'ai  pas  entendu 
açoir  le  bon  filin  que  donne  Z).  m.  p. 

fine,  f.,  Blessure-filon  ;  20^  chass.,  -18  ;  — 
ce  que  les  Tommies  nomment  blighty  wound  ; 
—  fin,  Bon,  en  français  populaire. 

finish  !,  Il  n'y  en  vait  plus,  Tu  n'en  auras 
pas,  toute  la  conjugaison  de  ne  pas  avoir  : 
«  L'Anglais  avait  une  flotte  ;  mais  une  armée. 


239 


finish  1  »,  2ds.m®s,  -18.  —  La  vogue  du  mot 
vient  des  matches  de  boxe,  (cf.  encaisser)  ; 
«  résolus  à  conduire  cette  guerre  jusqu'au 
finish  »,  DEKOBRA,  Journ.,  4-8-16  ;  «  l'Alle- 
magne décida  qu'il  fallait  un  finish  avec  l'An- 
gleterre »,  interview  de  Lloyd  George,  in  Œuvre, 
30-9-16,  p.  4,  c.  2  ;  de  Victoire  on  a  tiré  Sup- 
pression, et  de  Suppression  Carence. 

Autres  anglicismes  ;  (cf.  sévère,  vaseux,  vic- 
time ;  strafer,   tank,  tommy)  : 

Cf.  afnaf,  1,  Mi-parti  :  «  j'suis  content  d'un 
côté,  d'un  autre  sens,  j'suis  pas  content  ;  c'est 
afnaf  comme  on  dit  »,  donnay,  Impr.,  71  ;  — 
half  and  half,  Mélange  par  moitié  de  pale-ale  et 
de  stout  ;  usuel  avant  -14,  aux  demoiselles  de 
perdition,  aux  chauffeurs,  à  ce  monde  qui  va 
et  vient  de  Chantilly  au  quartier  Bréda.  — 
2,  Ereinté,  Rendu  :  «  J'en  ai  mare,  je  suis  tout 
à  fait  af-naf  »,  dragon  e.  h.,  Int.  des  Ch,, 
LXXIII,  551. 

Cf.  bizness,  m..  Travail  compliqué  ;  «  Tu  parles 
d'un  bizness  !  »,  «  Ah  !  quel  bizness  !  »,  cris 
quotidiens,  95^  inf.,  mai  18  ;  (inusuel  au  81®  t.)  ; 
I  «  Tu  parles  d'un  business  »,  i^eu,  15,100;  || 
«  Plutôt  mourir  que  travailler  Allons  nos 
femmes,  vite  au  bisnises  »,  crayonnage  sous  le 

—  240  -- 


■ 


Cours-la- Reine,  Paris,  -03  ;  «  Ça  va  les  «  bu- 
siness ?  ))  »,  Echalote,  51  ;  ■ —  business,  Affaires  ; 
(«  La  femme  nouvelle,  <••.>  Elle  sera,  sans 
doute,  plus  forte,  plus  agissante,  plus  busi- 
ness »,  PROVINS,  Journ.,  29-7-17)  ;  importé 
jusque  dans  la  basse  galanterie. 

Cf.  olrède,  Parfait  ;  divers  soldats  et  marins, 
17-18;  I  «  j'ai  un  fusil  qu'est  olrède  »,  Feu, 
196  ;  «  Caporal  Olred  »,  signataire  d'une  ques- 
tion. Œuvre,  17-11-16,  à  la  rubriq-ue  Réponses  ; 
—  ail  right  (prononcé  olrèyt). 

Cf.  pouleuper,  1,  Galoper  ;  mot  de  cavaliers, 
-17  ;  —  employé  à  propos  d'un  ballon-sonde 
que  prend  un  vent  fort  :  «  Ça  pouleupe  là- 
haut  »,  météos,  17-18  ;  |  pouloper -,  d.  (qui  le 
croit  une  onomatopée)  ;  ||  Pouleupe  !,  De  la 
vitesse  !,  se  dit  aux  chevaux  attelés,  dès  -98 
au  moins  ;  —  to  pull  up,  Tirer,  Traîner,  vive- 
ment. —  2,  unipersonnel,  Aller  fort  et  raide  : 
«  ça  ne  pulluppait  pas  assez  »,  donnay,  Impr., 
I,  14,  Les  journées  (à  l'Etat-Major)  n'étaient 
pas  assez  énergiques.  —  Cf.  adruper,  Se  sau- 
ver ;  aux  Balkans  ;  d.  ;  —  du  sabir  adrop  !, 
Allume  !,  (arabe  dWeb  !,  Frappe  !),  usuel  au 
13e  tir.  alg.,  -18. 

Cf.  rider.  Chic,  Elégant  ;  231^  inf.,  h.  bar- 

—  241  — 

■SNAU&T  16 


BUSSE  ;  divers  soldats,  17-18  ;  |  «On  s'est  en- 
foncé un  poulet  ridder  »,  Feu,  21-8-16  ;  —  rider 
(prononcé  à  la  française  d'après  la  graphie,  au 
lieu  du  prononcé  anglais  r^ydœr),  Cavalier  ;  le 
composé  gentleman-rider,  Ecuyer  amateur,  a  été 
compris  Parfait  gentilhomme  ;  «  c'est  du  riflot, 
des  vrais  gentleman-rider  qui  dècheront  sans 
dire  ouf  à  cause  des  mistonnes  »,  Philibert,  237. 

fissa  !,  Vite',  ;  quelques  hommes  du  81®  t., 
-17  ;  I  «  Roule,  mon  vieux  et  fissa  !  »,  propos 
d'un  officier  à  un  ancien  soldat  des  corps  de 
Kabylie,  m.  l.,  Contes  çér.,  84  ;  —  arabe  fis  saâ, 
Tout  de  suite  ;  voir  faire  ;  —  cf.  chouya. 

flambeau,  m.,  Bonne  affaire  ;  81®  t.,  -15  ; 
«  Tufparles  d'un  flambeau  !  »,  ne  se  dit  que  par 
ironie;  |I  Affaire,  Métier,  Invention,  dlle.  — 
Le  sens  Bonne  affaire  est  premier  si  le  mot  est 
extrait  de  affaire  flambante  ou  flamboyante, 
très  Chic.  Cf.  filon. 

flanches,  (f.?),  Jambes  ;  usuel  au  2®  c^l, 
15-18.  —  Apocope  de  *flancheuses    Poltronnes  ? 

îlanquement  (jeter  un  coup  d'œil  de),  Re- 
garder de  travers  ;  289®  inf.,  sept.  18  ;  —  syn.  : 
regarder  en  biseau,  en  chanfrein,  ib. 

flaût,  {t  sonore),  m.,  1,  Flamand  ;  marins, 
14-18  ;  "JPmot  usuel  à  Armentières,  Dunkerque, 

—  «4S  — 


Douai,  dès  -01,  aux  Flamands  eux-mêmes  ; 
cf.  flaoust,  Flamand,  ross.,  ignoré  do  mes 
témoins  lillois.  —  2,  Boche  (?)  dans  ce  texte  : 
Nous  donnons  l'assaut,  «  Je  plaque  le  bardin 
en  douce  et  on  fait  la  patatro  sur  les  flahuts, 
ils  en  étaient  comme  deux  ronds  de  flan  !  », 
GossET,  Le  nouçeau  langage  (1915).  —  Pour  le 
son  ail,  cf.  -taii  ? 

fléchette,  f..  Bombe  de  l'obusier  de  tranchée  : 

selon  les  secteurs  youyou,  fléchette  ou  queue 
de  rat  »,  Apollinaire,  M.  de  Fr.,  16-2-16.  — 
De  fléchette,  Petit  rouleau  de  papier  plié  en  V 
qui  sert  de  projectile  aux  éc^liers  en  classe  ; 
cf.  pétoire. 

fleur  {atterrir  comme  une).  Atterrir  très 
doucement  ;  Miramas,  mai  18.  —  Quand  cette 
douceur  n'est  que  relative  :  atterrir  comme  une 
petite  fleur  mais  avec  le  pot  ;  esc.  S-152,  juill.  18  ; 
—  comme  un  merlan  dans  un  cent  de  clous,  Pau, 
-18  ;  —  quand  elle  est  parfaite  :  comme  une 
fleur  sur  des  œufs,  R.  G.  Aé.,  -18. 

flic,  m.,  Gendarme  ;.  95®  inf.,  16-18  ;  marins, 
-18  (et  avant)  ;  ||  Agent  de  police,  rig.  («  Com- 
missaire de  police  »),  dlle,  ross.,  noter  ; 
c'est  le  sens  ordinaire  (et  c'est  celui  qu'on  a 
dans  benjamin,  Journ,,  13-3-15,  et  non  Gen- 

—  243  — 


darme,  comme  traduit  sain.).  —  Dér.  fliquer, 
Arrêter  pour  mettre  en  prison  :  «  deux  cognes 
[deux  Gendarmes]  qui  vient  l'fliquer  »,  Feu, 
21-8-16;  I  être  fliqué,  Etre  arrêté  par  les  gen- 
darmes ;  D.  m.  p.  ;  —  fliquerie,  f.,  Gendar- 
merie ;  D.  m.  p. 

îlubard,  m.,  Téléphone  portatif  Timimoun  ; 
artilleurs,  -18;    |    Fantasio,  15-7-18,  p.  40,  c.  2. 

—  D'où  «  tu  fais  sonner  le  flubard  )>,  Tu  es  ex- 
cessif ;  artilleurs,  ib.  —  De  açoir  les  flubes, 
Avoir  peur,  (voir  copeaux),  parce  qu'on  ap- 
pelle certaines  sonneries  électriques  des  trem- 
bleurs  ?  ou  de  flube,  parce  que  le  son  crachote  ? 

—  flubard,  m..  Froussard,  et  aç^oir  les  flubards, 
Avoir  peur,  sont  usuels  à  Paris,  dès  avant  -14, 

foies  blancs  (avoir  les),  et  très  fréquemment, 
par  synecdoque,  avoir  les  foies.  Avoir  peur. 
Hésiter,  Etre  lâche  ;  très  usuel,  surtout  dans 
les  corps  jeunes  et  parisianisés.  —  L'anglais  a 
de  même  pale-hearted  [au  cœur  pâle].  Pusilla- 
nime. —  Une  synecdoque  analogue  suppri- 
mant un  déterminant  nécessaire  à  l'image  se 
trouve  dans  la  locution  de  sens  voisin  se  faire 
du  sang,  S'inquiéter,  rig.,  entendez  se  faire 
du  sang  de  peste.  —  rougir  les  foies.  Donner 
du  cœur  ;  «  Quand  la  lourde  pilonne,  tu  te  sens 

—  244  ^ 


i 


gaillard,  ça  rougit  les  foies  à  ceux  qui  les  ont 
blancs  »,  Cabaret,  460.  —  Blancs  signifie  Ex- 
sangues, et  équivaut  à  Froids.  (Le  visage  d'un 
homme  effrayé  devenant  bleu,  vert,  jaune,  blanc, 
de-toutes-les- couleurs,  on  dit  aussi  aç>oir  les  foies 
verts,  tricolores,  Avoir  peur).  L'antonyme  est 
joies  chauds.  Ardeur  (amoureuse),  Nénesse,  192, 
244.  Avoir  du  sang  [dans  les  veines] ,  c'est  Etre 
brave.  Foie  signifie  Organe  où  le  sang  est  actif, 
et  équivaut  à  cœur,  Courage,  et  à  mou.  Poumon, 
Courage  :  se  tracasser  le  joie.  Se  biler,  d'espar- 
BÈs,  Demi- Solde,  viii  ;  «  Ils  avaient  les  foies 
[les  sangs]  complètement  retournés  »,  Ils 
étaient  fous  de  peur,  j.  des  vignes  rouges, 
Journ.,  1-6-16  ;  se  biler  le  mou,  Se  tracasser, 
Paris,  -01.  Foie  a  pourtant  sa  précision  : 
l'homme  «  le  plus  résistant  »,  «  lorsque,  dans 
la  rue  ou  dans  le  métropolitain,  il  enregistre, 
malgré  qu'il  en  ait,  une  rumeur  inquiétante  », 
ressent  un  coup  «  du  côté  du  foie  »,  et  Paul- 
Emile,  à  son  départ  pour  la  Macédoine,  disait 
aux  Romains  :  Les  percos,  y  a  personne  qui 
les  laisse  tomber  assez  pour  ne  jamais  blanchir 
du  foie  et  se  faire  de  la  bile,  «  nemo  tam  famae 
contemptor  est  eu  jus  non  debilitari  animus 
possit   »,    LABORDE-MiLAA,    La  continuité   clas- 

—  245  — 


siquôy    Revue    hebdomadaire,    30-9-16,    p.    616. 

foin,  m.,  Tabac  ;  20^  chass.,  -18  ;  |  Gaspard, 
64.  — •  Syn.  et  syssém.  :  trèfle,  usuel  dès  -27  ; 
{treffoin  dans  vidocq)  ;  —  varech,  m.,  d. 

foire,  f..  Pillage,  par  nos  officiers  et  soldats, 
d'un  village  évacué  de  ses  habitants  ;  glaces 
biseautées  pour .  cagnas,  assiettes  pour  po- 
potes, etc.  ;  la  foire  de  <...>>  ;  81^  t.,  oct.  14- 
fév.  16. 

îokker,  m..  Gendarme  ;  aviateurs,  mai  18.  — 
Syssém.  :  aviatiks,  m.,  Gendarmes  :  «  en 
raison  de  leurs  nombreux  raids  »,  Mousqu.,  71, 
73.  —  Une  fois  le  Fokker  appelé  gendarme,  l'avia- 
teur a,  d'un  saut  rebroussé,  appelé  fokker  le 
Gendarme  qui  venait,  sur  une  route  terrestre,lui 
demander  ses  papiers.  Fokker  constitue  avec 
gendarme  un  jeu  sémantique  d'aller  et  retour 
(cf.  G.  E.,  Lois,  II,  3),  dans  lequel,  si  le  jeu  est 
bien  mené,  le  retour  est  naturellement,  — 
moyennant  initiation  préalable,  —  deux  fois 
plus  amusant  que  l'aller.  —  De  même  si  un 
lettré  nomme  tranchées  les  Rides  du  front  d'un 
poilu,  Feu,  287,  un  autre  dit  «  dans  les  rides 
du  front  »,  Dans  les  tranchées,  titre  de  livre.  — 
Maréchal  des  logis  s'abrège  en  logis,  usage  cou- 
rant ;    or    logis,    Logement,    devient,    par    un 

—  246  — 


suffixe  libre,  logeteau,  Nénesse,  195,  206, 236  ; 
d'où  logeteau,  Maréchal  des  logis  ;  merlin.  — 
Avion,  c'est  oiseau  ;  et  aux  Balkans  on  dit  d'un 
corbeau  que  c'est  un  aéro  grec  ;  d.  — -Le  cy- 
cliste est  à  cheval  ;  et  le  cavalier  démonté  a 
lâché  les  pédales.  —  Tel  corps  nomme  les  High- 
landers,  qui  sont  écossais,  petits  pois,  et  les 
Petits  pois,  qui  sont  écossés,  highlanders,  d. 
Même  jeu  encore  dans  bourrin,  chiotte,  clebs, 
coco,  (corvée  d')  enfant  de  troupe,  crapouillot 
(2,  2^,  h),  étui,  nourrice,  passer  à  tabac,  pélot, 
pompier,  pou  gris,  quatre- cent- i^ingt,  rasemottes, 
réadmis,  seringue,  tréteau,  vosgien. 

fort  (aller),  1,  Exagérer  ;  assez  usuel  et  gé- 
néral; I  Gaspard,  51  ;  Feu^  16  ;  j.  l.,  Temps, 
21-10-16  ;  «  Michelet  va  peut-être  «  un  peu 
fort  »,  comme  tous  les  grands  poètes  »,  téry, 
Œuvre,  12-9-16,  p.  1,  c.  3  ;  —  2,  Etre  exagéré  : 
«  trente  sous  <;..•>>  pour  quarante-cinq  feuilles 
en  zinc  [un  artichaut],  ça  va  fort  !  »,  chapelx.e, 
Journ,f  6-9-16,  propos  d'un  soldat.  —  Séma- 
tisme,  cf.  bousculer. 

fouet,  sert  à  exprimer  le  bruit  du  canon  : 
«  Lorsque  le  canon  [boche]  fait  un  bruit  in- 
fernal, le  guetteur  gouaille  :  —  Tiens  !  Fritz  a 
mis  une  mèche  neuve  à  son  fouet  ;  sûrement  il 

—  247  — 


va  mener  le  corbillard  au  kronprinz  !  »,  Cri 
de  P.,  vers  juill.  16. 

fouifoui,  m.,  Membre  viril  :  «  Je  pars  en 
perm,  tu  parles  que  je  vais  me  faire  péter  le 
fouifoui  )),  ...  m'imposer  une  rude  besogne 
d'amour;  340^  inf.,  -16.  —  Fouifoui  -< —  fifi, 
(cf.  fouichu  -< —  fichu  ;  «  TArmorique  est  «  foui- 
chue  »  »,  TAiLHADE,  AcùoTi,  24-1-04)  ;  fifi,  syn. 
populaire  de  Petit  oiseau  ;  de  nombreux  noms 
d'oiseaux  conviennent  au  susdit  objet  :  san- 
sonnet (ri G.),  merle,  zizi,  chouart,  rossignol, 
bribri  (Brest,  -06),  coucou,  oiseau.  Servent  de 
même  les  noms  de  poissons  ou  simili-poissons, 
ex.  :  anguille,  sangsue,  d'où  :  «  Il  est  en  perm  ; 
il  dégorge  son  pimpeneau  »,  dégorger  par  allu- 
sion à  sangsue,  et  pimpeneau,  prononcé  nantais 
de  pimperneau,  Anguille  des  étangs  saumâ- 
tres. 

fouilleur,  m..  Obus  russe  utilisé  contre  nous 
par  les  Boches,  dont  la  chute  rejette  en  arrière 
une  grande  quantité  de  terre  ;  39®  art.,  mai  18  ; 
I  «  le  210,  dit  «  fouilleur  »,  qui  explose  profon- 
dément en  terre,  fracassant  les  abris  souter- 
rains »,  ASTRuc,  Vie  Par.,  22-6-18.  —  Cf. 
fouilleur.  Charrue  pour  ameublir  le  sol  sans 
creuser  de  sillons,  hdt.  —  Syn.  :  fouillard,  m., 

—  248  — 


D.  —  Syssém.  :  terrassier,  m.,  Obus  à  fusée  à 
retard  ;  289^  inf.,  août  18  ;  40^  art.,  oct.  18. 

four  crématoire,  m.,  Avion  Voisin  à  moteur 
140  H.  P.  Canton- Unné;  aviateurs,  15-18;  | 
Fantasio,  1-11-16,  p.  234,  c.  2-;  Gu.  Aér.,  29-3- 
17,  p.  310,  c.  1.  —  Le  mot  fut  créé  en  -15  à  la 
suite  de  quelques  accidents  où  le  feu,  ayant 
pris  à  l'appareil,  carbonisa  le  pilote  ;  des  jalou- 
sies n'étaient  pas  étrangères  à  la  fortune  du 
sobriquet  ;  je  n'enregistre  ici  que  des  viva- 
cités de  langue,  sans  peser  les  réalités  ;  (cette 
remarque  s'étend  à  plusieurs  traits  de  mœurs, 
dont  l'expression  seule  m'intéresse,  secrétaire 
des  poilus  et  non  leur  juge  de  paix)  ;  —  quoique 
l'expression  ait  pu  désigner  presque  simulta- 
nément le  moteur  de  l'avion  en  question  et 
l'ensemble  de  l'avion,  il  vaut  mieux  renoncer 
au  sens  Moteur  que  j'ai  signalé,  g.  e.,  1-4-18, 
447,  et  par  suite  à  la  métonymie  du  tout 
par  la  partie.  —  Syssém.  :  marmite  norvé- 
gienne, f.,  1,  Avion  Renault,  marque  A.  R., 
sorti  en  -16  ;  aviateurs,  -16-  juill.  18  ;  —  aux 
débuts  de  ce  type,  le  pilote,  soumis  aux  va- 
peurs de  radiateurs  surchauffés,  se  plaignait 
d'être  cuit  à  l'étouffée  ;  or  le  type  se  trouvait 
sortir  au  moment  de  la  campagne  de  presse, 

—  249  — 


menée  par  exemple  par  M.  Louis  Forest,  en 
faveur  de  la  marmite  norvégienne  comme 
moyen  de  cuisine  économique  ;  demeuré  en 
service,  il  a  été  amélioré  quant  au  refroidisse- 
ment. —  2,  Tout  appareil  dont  le  moteur 
chauffe  beaucoup  ;  R.  G.  Aé.,  -18.  —  Même 
correspondance  syn.  dans  ce  texte  :  «  ce  fut 
un  four  [théâtral]  auprès  duquel  le  plus  haut 
four  du  Creusot  est  réduit  à  des  proportions 
de  marmite  norvégienne  »,  anon.,  Vie  Pur., 
25-5-18,  p.  465,  c.  1.  —  Cf.  piano,  apax  :  «  As-tu 
vu  le  piano,  comme  il  a  dégringolé  ?  »,  à  propos 
d'un  avion  boche  tombant  en  flammes  ;  le  ser- 
gent qui  parlait  ainsi,  81®  t.,  mai  16,  était  sans 
lumières  spéciales  sur  l'aviation  ;  c'était  un 
bistro  de  Nantes  ;  piano,  Fourneau,  Cuisinière, 
donné  dans  ross.,  est  usuel  aux  cuisiniers  à 
Nantes  comme  à  Paris.  —  Cf.  cuisine  roulante. 
fourbitage,  m.,  Fourbi,  Affaire  compliquée  : 
«  Quel  fourbitage  !  »,  Sale  métier  !,  81®  t.,  -16, 
apax  d'un  Nantais.  —  Je  ne  note  ici  ce  mot 
que  pour  souligner  l'emploi  populaire  de  -t- 
pour  former  des  dérivés  commodes  :  maque- 
reautage,  Métier  de  maquereau  ;  garouter,  Cou- 
rir le  garou  ;  bistrote.  Débitante  de  vin  ;  cuterie, 
Histoire  de  cul  ;  sursitaire,  Mis  en  sursis  ;  etc. 

—  250  — 


fourchette,  f.,  1,  Baïonnette  ;  360^  inf.,  14 
-16  ;  80e  t.,  81e  t.,  -16  ;  divers  soldats  ;  ]  aga- 
THA  ;  A.  F.  (46®  inf.),  N.  Contes  vêr.^  88  ;  l.  b.,  i6., 
292  ;  «  C'est  là  que  les  Allemands  ont  été  cueillis 
«  à  la  fourchette  »  suivant  le  mot  d'un  soldat, 
comme  des  escargots  dans  leur  coque  »,  anon.. 
Matin,  15-11-16,  p.  1,  c.  6;  |I  rig.  ;  — 2,  Assaut 
d'une  tranchée  :  «  Le  capitaine  commanda  : 
—  Tout  le  monde  sur  le  talus  !  Allez-y  à  la 
fourchette  !  <...>  La  fourchette  ?  Vous  savez 
ce  que  c'est  ?  Non.  Vous  croyez  que  c'est  la 
baïonnette.  C'est  un  peu  ça  d'abord,  mais  c'est 
surtout  la  crosse,  la  matraque,  les  poings,  les 
dents,  la  griffe,  l'étranglement  et  la  morsure, 
la  saignée  et  l'assommade  »,  m.  b..  Contes  per., 
171;  il  «  A  la  fourchette  !»,  langage  d'un  ancien 
combattant  de  Sébastopol,  dauzat,  16-4-17, 
668.  —  fourchette  à  escargots,  f.,  Baïonnette, 
FAGus,  565.  — ■  Avec  escargots  l'image  est  plus 
complète,  ou  la  seule  complète  et  première.  Cf. 
tire-houchon. 

fraise,  f.,  1,  Figure  :  «  la  sale  fraise  qu'il  avait, 
carrée  du  bas  comme  ces  boîtes  de  singe  an- 
glais )),  Feu,  20-8-16  ;  —  2,  Tête  :  «  tant  que 
l'on  n'a  pas  pris  l'obus  «  en  fraise  »  »,  Expres- 
sions à  la  mode,  Ver- Luisant,  in  Front,  16-2-17  ; 

—  251  — 


• —  3,  Tout  le  corps  :  «  Faut  s'manier  la  fraise  », 
...  Se  hâter,  Feu,  229.  —  La  face  est  rouge  par 
pudeur,  par  santé,  par  ivrognerie  ;  syssém.  : 
pêche,  cerise,  tomate.  La  forme  de  la  tête  et  ses 
autres  couleurs  lui  valent  les  noms  de  patate, 
betteraçe,  courge,  pastèque,  olwe,  cassis,  grume 
(Dijon,  -99  ;  c.-à-d.  Grain  de  raisin),  citron,  noix, 
pomme,  poire  (^)  ;  «  Il  a  pris  le  quart  d'eau  en 
pleine  poire  »,  -18  ;  Attraper  un  éclat  d'obus 
«  en  poire  »,  Feu,  234.  —  Le  passage  du  sens  2 
au  sens  3  se  retrouve  sous  tomate  :  se  manier  la 
tomate.  Se  hâter,  19^  inf.,  -95  ;  sous  poire  :  Au 
repos  «  on  ne  prend  pas  de  pruneaux  en  poire  », 
PANTRUCHARD,  116  ;  SOUS  gucule  i  sc  faire  casser 
la  gueule,  Etre  tué. 

franco  (passer),  Ne  pas  saluer  un  chef  au 
passage  ;  marins,  -18.  —  Franco,  Sans  payer, 
appuyé  par  la  locution  cest  franc,  Il  n'y  a  pas 
à  se  gêner. 

frère,  m..  Individu  ;  81^  t.,  15-17  ;  très  gé- 
néral ;  «  Ce  qu'il  prend,  le  frère  J  »,  Il  se  fait 
amocher  ;  «  tous  ces  frères-là  »  ;  «  l'autre  frère  »  ; 
«  le  vieux  frère  »;    |1  «  ces  frères-là  »,  Echalote, 


(^)   Et   probablement   jadis    *  sorbe,   d'où,   par  calem- 
bour, sor  bonne. 

—  252  — 


54  ;  frère  a  le  même  sens  vague  dans  gros- 
frères,  Cavaliers  de  réserve,  dlle.  —  frère  Mi- 
roton, m.,  même  sens  ;  81^  t.,  15-16;  |  Feu, 
15  ;  Il  frère  Mironton,  Nénesse,  55,  73,  lOl,  117, 
246,  255.  —  S'emploient  volontiers,  et  surtout, 
à  propos  de  ce  qui  ne  se  conduit  pas  du  tout 
fraternellement,  un  égoïste,  un  démerdeur,  un 
cadavre,  un  Boche,  un  porte-monnaie  vide. 

fricot,  m.,  1,  Métier  de  sybarite  :  «  nous  voila 
revenu  dans  les  tranché  et  tu  parle  la  boue  ce 
n'est  pas  le  fricot  )),  un  soldat,  41^  t.,  lettre, 
13-11-16;  Il  «  Polochon  rayonne.  //  a  un  fricot, 
un  vrai  fricot,  un  fricot  d'homme  de  la  classe, 
comme  P<...>  l'armurier,  comme  ?<••.>  le 
cuisinier  ;  il  a  presque  un  fricot  comme  celui 
de  B<;...>,  le  garçon  de  cantine  »,  pawlowski. 
Polochon,  5  ;  —  2,  Travail,  Service,  tout  Ce 
qu'on  fait  :  «  Tous  les  jours,  je  fais  mon  petit 
fricot  :  c'est  de  soigner  les  deux  canassons  de 
tête  de  ma  pièce  »,  lettre  d'artilleur,  M.  de  Fr., 
16-3-16,  p.  377  ;  cf.  «  Qu'est-ce  que  j'ai  donc 
fait  au  fricot,  ce  soir  ?  »,  Je|n'ai  pas  de  jeu,  un 
boucher  parisien,  jouant  aux  cartes,  mai  16.  — 
Substantif  verbal  de  fricoter,  i.  Cuisiner,  (ex.  : 
«  on  avait  tout  chauffé  [pris],  sans  y  en  laisser... 
à  lui».,  lui  qu'avait  fricoté    [qui   avait  fait  la 

—  253  — 


cuistance]  )),   Gaspard,  71  ;  ,d'où  Nocer,  Avoir 

un  bon  emploi  ;  2,  Faire,  d'où  l'idée  de  Travail. 

—  Le  passage  du  sens  1  au  sens  2  rappelle  la 

provection  de  sens  de  filon. 

frigo,  m.,  1,  Viande  frigorifiée  ;  81  ^  t.,  -15  ; 
I   CHAJPËLLE  ;  —  2,    sobriquet  d'un  majot"  aux 

manières  glacées  ;  81^  t.,  -17  ;  —   apocope  de 

frigorifié.  —  D'où  déguisé  en  frigo,  Gelant  de 

froid,  Pépères,  241. 

frigorifié.    Gelé    :    A,    Souffrant    du    froid  ; 

81^  t.,   -15  ;  marins,   -18  ;  —  B,   Ivre  ;   D.  ;  — 
gelé,  Ivre,  à  Brest,  -99. 

Frigolin,  m.,  sobriquet  du  soldat  boche  ; 
289e  inf.,  juin  18  ;  en  vogue,  130^  inf.,  oct.  18. 
—  Fritz,  m.,  même  sens  ;  à  peu  près  général 
en  -17,  sauf  aux  territoriaux  ;  |  paraud  ;  poi- 
LULOGUE  ;  —  Friedrick,  m.,  même  sens  ;  fa- 
raud ;  —  Otto  ;  Ernest  ;  Michel  ;  d.  —  Pré- 
noms boches  fréquents. 

îrigousse  (en  avoir).  En  être  rassasié  :  M. 
«  en  avait  «  frigousse  »  »  de  faire  l'exercice, 
ERLANDE/  Eu  Campagne  avec  la  légion  étran- 
gère, 46  ;  —  en  avoir  figous,  En  avoir  assez  ; 
D.  —  De  frigousser,  Cuisiner,  delvau.  Manger, 
RiG.  :  *en  avoir  frigousse  =  en  avoir  soUpé  ? 
froc,  m.,  Pantalon  ;  Parisiens,  81®  t.,  15-16  : 

—  364  — 


«  Il  chie  dans  son  froc  »,  Il  a  peur  ;  40®  art,  -18  ; 
I   agatha;   Feu,  16,  113,  116,  188.  —  Forme 
en  muance  avec   frac,    Habit    de    ville    et    de 
soirée. 

frontard.  Militaire  au  front  :  «  je  suis  per- 
suadé que  vous  devez  aussi  bien  vous  plaire 
[à  l'Arrière]  sinon  mieux  que  d'être  frontard  », 
un  caporal,  81®  t.,  lettre,  20-1-18;  |  «  trois 
offic.  frontards  »,  Vie  Par.,  19-8-16,  p.  632, 
c.  2.  —  Cf.  classard,  couinard,  flubard,  fouillard, 
fuséard,  groupard,  popotard,  téléphonard,  trouil- 
lard,  tunard,  çachard,  vasouillard,  zonard. 

froufrou,  m..  Obus  pneumatique  de  74  boche  ; 
Bourru,  172  ;  —  de  son  bruit  :  «  frou...  frou...  », 
ib.,  174. 

fuchsia,  m.,  Vin  :  On  a  «  bu  le  fuchsia  »,  Feu, 

58.  —  Le  soldat,  aimant  à  ronchonner,  discerne 

volontiers  teinte  de  fuchsine  dans  son  vin  ;  de 

fuchsine,  il  déduit  fuchsia  ;  c'est  une  dérivation 

par   Tobjet   interne.    Il   est   vrai   que   c'est   en 

l'honneur  d*un  Fuchs,  Bavarois,  qu'un  arbuste 

a   été   nommé   fuchsia,    et   en   l'honneur   d'un 

^^    tienard,  Lyonnais,  (traduit  en  allemand  Fuchs), 

HL   que  la  fuchsine  a  reçu  son  nom  ;  mais  tant  d'his- 

^B  toire  n'est  pas  à  la  portée  de   tous  ;  il  n'y  a 

^H  donc  pas,  à  confondre  ces  deux  Fuchs,  un  ca- 


—  Sftfi  — 


lembour,  mais  simplement  une  étymologie  po- 
pulaire. —  Syssém.  :  coloro,  m.,  Vin  ;  d.  ;  — 
libre  suffixation  de  coloré. 

fumantes,  f.,  Chaussettes  ;  16^  chass.,  oct.  16  ; 
mécanos  d'av^n^  Pau,  mars  18  ;  156®  inf., 
août  18.  —  Syssém.  :  puantes,  f.,  Chaussettes  ; 
16®  chass.,  oct.  16  ;  —  reniflantes,  Chaussures, 
DELVAU  ;  —  fumerons,  Pieds,  (Jambes  maigres, 
selon  DELVAu).  —  Toutes  images  olfactives  ; 
(cf.  gruyère,  m..  Pied  ;  d.) 

fuséard,  m.^  Soldat  lanceur  de  fusées  ;  D.  m. 
p,  —  fuséen,  m.,  même  sens  ;  D.  m.  p.  —  Même 
suffixe  -ard  dans  binoclard,  m.,  Homme  por- 
teur de  binocle  :  «  Cocon,  le  binoclard  »,  Feu, 
19  ;  I    D.  m.  p.;  —  cf.  frontard. 

fuselage  (sur  le).  Sur  le  dos,  terme  de  com- 
bats aériens  :  «  se  mettre  deux  adversaires  «  sur 
le  fuselage  »  »,  aviateur  viallet,  Gu.  Aér., 
10-1-18,  p.  141,  c.  1.  —  On  dit  au  même  sens, 
sur  le  casaquin  ;  sur  le  paletot  ;  sur  la  mercerie^; 
et,  syn.  plus  récent,  voler  dans  le  bénard  à  qqn, 
lui  Sauter  dessus,  289®  inf.,  juin  18,  le  bénard 
étant  le  Pantalon.  Le  fuselage  est  comme  la 
carapace  du  pilote. 

fusil  (du),  m.,  du  Courage  :  «  Il  en  aMu  fusil, 
le   gars  !   »,    Feu,   142.   —   Fusil   =    Estomac, 

—  256  — 


(Colle-toi  ça  dans  le  fusil  /)  ;  or  estomac  =  Cou- 
rage ;  donc  fusil  =  Courage. 

fusil  de  rempart,  m.,  Pièce  d'artillerie  lourde  ; 
D.  m.  p. 

fusil  fou,  m..  Fusil- mitrailleur  ;  2®  c^^,  fin  16- 
18  ;  —  son  tir,  20  cartouches  à  la  file,  ou  par 
saccades,  fait  penser  à  un  fusil  «  devenu  subi- 
tement fou  »,   I.    LACHAT. 

fusiller.  Démolir,  Esquinter  ;  à  propos 
d'avions,  Miramas,  Pau,  -18  ;  «  fusiller  un 
camion  [automobile]  »,  un  conducteur,  avr.  18  ; 
I  «  Vous  allez  m'fusiller  ma  bagnole  !  »,  Feu, 
106;  Mousqu.,  254;  ||  «  les  caniveaux  sont 
propres  à  «  fusiller  »  les  cadres  [de  bicyclette]  », 
CATENOY,  Fantasio,  1-9-11  ;  —  syssém.  :  tuer, 
même  emploi  ;  rapprocher  aussi  fusiller  son 
pèse,  Dépenser  son  argent,  rig.  ;  fusiller  de 
la  marchandise  volée,  la  Vendre  à  vil  prix, 
Matin,  7-6-08.  —  Syn.  :    nettoyer. 

gabion,  m.,  1,  Képi  ;  Ver- Luisant,  in  B.  des 
A.,  .12-4-16  ;  —  métaphore  sur  la  forme  en 
tronc  de  cône  du  képi  du  troupier.  Syn.  :  pot- 
de-fleurs,  qui  offre  le  même  schéma.  —  2,  Ma- 
caroni gros  et  court  :  «  On  nous  donne  égale- 
ment beaucoup  trop  de  gros  et  courts  macaronis, 
appelés  a  gabions  »  par  les  troupiers  »,  z,  Armée 

— -  257  — 
rnssiAULT  17 


de  La  guerre,  l'^3,  article  éciit  vers  juill.  15  ;  — 
métaphore|sur  la  forme  du  macaroni  ;  un  ga- 
bion est  àfpeu  près  un  cylindre  et  il  est  percé 
aux  deux  bouts.  —  3,  Gros  homme  mal  habillé  : 
«  Cet  adjudant  aussi  gros  que  court  <;...  ne  se 
doute  pas  que...>>  dans  sa  capote  il  est  ficelé 
comme  un  gabion ^  »,  h.  o.  (5®  art.  à  pied), 
N.  Contes  i^ér.,  219  ;  —  le  fait  est  que  beaucoup 
de  gabions  obstruant  l'angle  de  deux  barbettes 
rappellent  le  Balzac  de  Rodin,  en  mieux. 

gâche,  f .,  Chance,  Bonheur,  Métier  de  sybarite  ; 
6®,  18®,  34®  inf.  et  autres  corps  du  sud-ouest  ; 
(  «  Au  81®  d'infanterie  pour  exprimer  qu'un 
homme  est  embusqué,  on  dit  qu'il  a  la  gâche  », 
z.  Armée  de  1917,  315  ;  «  Les  S.  E.  M.  des  sec- 
tions, les  R.  A.  T.,  les  conducteurs  d'autos, 
les  C.  0.  A.  ont  la  gâche,  la  gâche  de  lézard  par 
rapport  à  tout  le  monde.  Les  cavaliers  par  rap- 
port aux  artilleurs  lourds,  les  lourds  par  rap- 
port aux  canonniers  de  campagne,  l'artilleur 
de  75  par  rapport  aux  fantassins  ont  la  gâche. 
Le  cavalier  dont  le  corps  n'a  pas  été  aux  tran- 
chées par  rapport  à  celui  dont  le  corps  y  a  été, 
le  cavalier  de  tranchée  par  rapport  aux  che- 
vaux de  frise  ont  une  gâche.  <•••>  la  gâche, 
la  fine  gâche...  <<...>  ;  tous  ceux-là   par  rap- 

--  258  — - 


port  aux  «  divisions  de  for  »,  celles-ci  par  rap- 
port aux  aviateurs  n'ont  que  des  gâches  I 
<C...>  la  vraie  gâche  »,  Poil  et  plume,  (du 
81®  inf.),  mai  16  ;  «  au  fond  ce  serait  le  vrai 
filon,  la  bonne  gâche,  n'étaient  le  soleil  et 
l'adjudant  »,  lafage,  Journ.,  22-6-16.  —  Mot 
usuel  à  Pau,  Saintes,  (dépôts  du  18®  et  du 
6®  inf.),  etc. 

gadiche  (ramasser  une),  Choir  ;  81®  t.,  -15  : 
«  avec  les  snow-boots  on  ne  tient  pas  debout, 
le  sergent  en  a  ramassé  des  gadiches  !  »,  un 
adjudant,  normand  ;  —  libre  suffixation  de 
gadin.  —  ramasser  un  gadin,  Choir  ;  fantas- 
sins, mai  18;  |  «  si  j'  n'avais  pas  agrafé  la 
rampe,  je  ramassais  un  beau  gadin  »,  Feu,  21- 
8-16;  II  ROSS.  —  faire  gadin- gadouille,  Tomber 
de  cheval,  henriot.  —  On  dit  ramasser  un  bou- 
chorit  même  sens,  et  gadin  est  traduit  Bouchon 
par  RASASSE  et  rig.  ;  mais  ils  ont  pu  l'extraire 
de  la  synonymie  même  ramasser  un  gadin  «=  ra- 
masser un  bouchon  (?).  Gadin  n'est  pas  de  vieil 
argot.  —  Quant  à  gadouille^  cf.  :  «  Si  vous  êtes 
vêtus  comme  un  provincial  frais  émoulu  de  sa 
cambrousse,  on  vous  laissera  à  perpétuité, 
comme  une  pauvre  gadouille,  moisir  sur  la 
vieille  cage  à  poules  »,  juteux,  234  ;  rappro- 


—  259  — 


■ 


cher  (?)  gatouille,  k  faire  disparaître  des  ca- 
bines de  luxe  les  effets  du  mal  de  mer,  l.  Dau- 
det, A,  fr,f  14-11-16,  —  sorte  de  bouchon  ? 

gaîfe  (prononcé  gâfe)^  f.,  Garde  :  monter  la 
gaffe  ;  246®  et  289®  inf.,  17-18,  Parisiens  ;  — 
gaffer^  Faire  faction,  est  dans  l'argot  dès  vi- 
DOCQ  ;  gaffre^  Sergent  de  police,  dès  1455. 

gaffer,  Regarder  :  «  Gaffe  la  belle  gâcheuse  !  », 
carte  postale,  sept. -16,  dont  Tavers  présente 
une  femme  nue  ;  |  se  faire  gaffer.  Se  laisser 
apercevoir  par  imprudence  ;  D.  m.  p.  ;  ||  «  Bille 
de  Bertillon,  mets  tes  lunettes  et  gâfe  !  », 
BONNOT,  Tapache,  billet  à  M.  Bertillon,  -13  ;  — 
gaffer,  Guetter,  vidocq  ;  Guette  I,  Regarde  !  est 
usuel  en  Bretagne,  Normandie,  Berry,  et  l'était 
à  Paris  au  17^  siècle  ;  se  faire  voir  ou  zyeuter 
signifie  Etre  aperçu,  et  par  suite  Se  faire 
prendre,  rig.  —  Dér.  :  gaffouiller.  Regarder, 
Etre  de  guette  ;  13®  tir.  alg.,  août  18. 

Galeries  Lafayettes,  ;  apax:  «  on  a  pris  le 
«  Saurer  »  des  Galeries  Lafayette  et  sommes  à 
c't'  heure  au  repos  »,  pantruchard,  115  ;  il 
s'agit  de  troupes  relevées  des  tranchées.  — 
Saurer,  nom  d'une  des  marques  de  camions 
automobiles  servant  aux  transports  de  troupes  ; 
si  ce  camion  ramène  des  Galeries   (Lafayette, 

—  260  — 


par  queue  romantique),  et  y  conduit,  ces  gale- 
ries  ne  sont-elles  pas  les  Tranchées,  avec  leurs 
couloirs  et  rayons,  leurs  sous-sols,  leur  bric-à- 
brac  et  leur  confort  ? 

galetouse,  f..  Gamelle  ;  81®  t.,  14-17  ;  ma- 
rins, -18  ;  c'est  la  seule  forme  que  j'aie  enten- 
due ;  I  galetouse  ;  agatha  ;  D.  m.  p.  ;  —  gal- 
tose  ;  COHEN,  72  ;  —  galtosse  et  galtousse,  inf., 
Loraine,  14-15  ;  galetos,  120  Court,  in  B.  des 
A.,  31-5-16  ;  caltosse,  95®  inf.,  -18;  |1  galetosse, 
soldats  genevois,  Schw.  Sold.,  72  ;  galtos.  Ga- 
melle des  marins,  rig.  —  J'y  vois  une  forme 
vieille  substituée  à  galettière,  Plat  à  galette  ; 
le  suffixe  -ouse  était  fort  aimé  de  l'ancien  argot. 

—  galetance,  f..  Gamelle  ;  d.  ;  —  suffixe 
d'après  béquetance. 

gamelle  (ramasser  une),  A,  Tomber  en  rou- 
lant (de  bicyclette,  par  ex.).  S'étaler  par  terre 
avec  de  l'élan  ;  81®  t.,  -14  ;  divers  soldats,  17-18  ; 
Il  usuel    aux    écoliers,    Châtillon-s-Seine,    -08. 

—  Syssém.  :  faire  caisse,  Tomber  de  cheval  ; 
HENRioT  ;  on  retrouve  ce  syssématisme  de 
gamelle  et  caisse  dans  en  faire  une  gamelle,  ou 
une  caisse,  voir  ici  déculottée.  —  B,  Subir 
un  échec  (militaire)  ;  soldats,  -18.  —  Voir 
ici,    manche,   des    syn.    comportant    le    verbe 

—  161  — 


ramasser.  L'idée  de  gamelle  semble  dérivée  de 
tremper    une    soupe,    Donner    des    coups,    rig. 

gars  (prononcé  ga),  m.,  1,  comme  sujet  ou 
complément,  Homme  :  «  les  gars  de  la  8®  »  ; 
usuel  et  universel  ;  —  2,  au  vocatif.  Cama- 
rade :«  mon  gars  !  »,  «  Eh  !  le  gars  !»  ;  —  «  p'tit 
gars  !»,  Mon  cher  !,  assez  usuel  au  81^  t.,  14-17, 
même  entre  territoriaux,  même  de  la  ville  de 
Nantes  et  de  classe  aisée.  —  Remplacé  dans 
les  contingents  parisiens,  emploi  1,  par  mec, 
«  les  mecs  de  l'aviation  »,  emploi  2,  par  pote, 
«  mon  pote  !  »,  «  Eh  !  les  potes  !  »,  apocope  de 
poteau. 

gaspard,  m.,  Rat  :  «  La  tribu  des  Gaspards  », 
ALBIN,  Bêtes  nuisibles,  in  B.  des  A.,  6-9  fév.  16  ; 
CHAPELLE  ;  V.  du  p.  ;  Il  RIG.  l'a  déjà,  en  le 
notant  jargon  de  chiffonniers.  —  Gaspard,  rat 
apprivoisé  légendaire  à  la  prison  municipale 
de  Lyon  :  passer  la  nuit  açec  Gaspard  ;  de 
VISA^,  in  d.  Gaspard  I,  cri  d'un  paysan  qui, 
la  nuit,  voulait  faire  croire  au  diable  par  un 
tintamarre  préparé,  Issoudun,  -76,  Int.  des 
CL,  LXXIV,  186.  C'est  à  Dijon  que  fut  élevé 
L.  Bertrand,  (1807-1841),  l'auteur  de  Gaspard 
de  la  Nuit. 

gaspiller,   Amocher,  Tuer  :  «  Soudain,  dési- 

—  262  — 


gnant  d*un  geste  large  l'espace  en  avantf^de 
son  poste,  où  devaient  se  trouver,  selon  lui,  les 
Boches,  il  dit  :  —  Ah  !  mon  vieux  !  on  va  les 
gaspiller  !  )),  VALMY-BAYSSE,  Joum.,  12-11-16. 
—  Idée  de  Mettre  en  miettes  comme  pain  gas- 
pillé. —  gaspillage,  m.,  Amochage  ;  Pépères,B9. 

gaufre  (ramasser  une),  Choir  ;  henriot.  — 
En  effet  on  se  relève  la  figure  mâchée,  compar- 
timentée de  crevasses  imprimées  ;  cf.  moule  à 
gaufres,  Visage  troué  de  petite  vérole. 

gautier,  m.,  Pou  :  «  Si  chaque  homme  aurait 
un  hamac,  on  n'aurait  pas  de  gantiers  »,  81®  t. 
-15,  apax  ;  2^  c^^,  oct.  17  ;  la  famille  Gautier 
les  Poux  ;  2®  c^',  -18.  —  Suffixation  libre,  ca 
lembourisant  avec  un  nom  d*homme,  sur  gaut 
Pou,cjui  est  ancien,  (mal  orthographié,  parfois 
go  :  «  les  gos  »,  Feu,  9). 

gaz  (boîte  à),  f.,  Boîte  à  cagoule  ;  d.  —  Par 
ellipse  du  mot  déterminé  :  gaz,  m.,  même 
sens  :  le  gaz  ;  mes  gaz  ;  d. 

gazer.  A,  Fumer  ;  81®  t.,  -16,  rare;  |  «  Pour 
Gazer  »,  c.-à-d.  Chapitre  tabac,  poilulogue  ; 
D.  m.  p,  ;  Il  usuel  à  Paris  et  à  Nantes,  -94  : 
«  Il  passe  son  temps  à  gazer  »  ;  gazer  une  sèche, 
Fumer  une  cigarette  ;  • —  locution  simplifiant 
l'idée  de  faire  des  gaz,  de  la  fumée  ;  — B,  1,  Aller 

—  263  — 


vite  et  bien,  en  parlant  d'une  machine  à  mo- 
teur à  explosion  :  «  une  bagnole  qui  gaze  »,  une 
«  gazeuse  »,  une  Bonne  auto,  marce'l,  Journ., 
21-6-15  ;  «  Une  demi-heure  plus  tard  nous 
gazions  de  nouveau  sur  la  route  »,  ib.  ;  «  Et 
quand  il  est  dans  l'zeph,  ça  gaze  !  »,  musidora  ; 
—  mettre,  ou  lâcher  les  gaz,  Forcer  de  vitesse 
(en  auto)  ;  —  2,  Aller  bien  :  «  Ça  gaze  ?  »,  Ça 
marche  bien  ?,  un  chauffeur  parlant  d'un  feu 
de  bois  mort,  déc.  16  ;  «  Le  chef  de  gare  a  mis 
sur  ma  perm  le  tampon  du  six  au  lieu  du  tam- 
pon du  cinq,  ça  gaze  !  »,  un  artilleur  nazairien, 
nov.  17;  I  «  Ça  gaze  !  »,  celval  et  charley, 
titre  de  revue  jouée  à  Ba-Ta-Clan,  sept.  16  ; 
«  La  voilà...  mon  idée  <C---Z>  H  n'y  a  qu'à 
prendre  l'avion-canon.  J'ai  appris  le  manie- 
ment du  joujou  à  l'Ecole  de  tir  aérien...  le 
quartier-maître  Plobanalec,  son  pointeur,  est 
en  permission...  Ça  gaze  !...  Dis-en  un  mot  au 
capitaine  »,  nadaud.  Liberté,  10-12-16  ;  «  Allô  ! 
nacelle.  Comment  va  là-haut  ?  Ça  gaze  ?  », 
MicROMÉGAS,  B.  des  A.,  28-11-17,  dialogue  du 
sol  avec  l'observateur  d'un  captif  ;  —  3,  Aller 
fort.  Etre  dangereux  ;  soldats,  -17;  |  «  ça  gaze 
toujours  un  peu  dans  le  secteur  <;...>>  Et  si  le 
cuistot  vous  dit  :  «  Ça  va  gazer  »,  c'est  que  ça 

—  264  — 


va  barder  »,  chapelle  ;  «  le  pastis,  c'est  l'en- 
droit où  ça  chauffe,  où  ça  gaze  »,  rocher  ; 
«  Ca  gaze,  ça  barde.  —  Quand  il  y  a  du  travail 
ou  du  danger  »,  V.  du  p.  ;  —  on  peut  voir  dans 
ce  sens  3  une  influence  des  verbes  syn.  ça 
chauffe,  y  a  de  la  pression,  ça  prend  feu  ;  mais 
une  simple  extension  du  sens  2  a  suffi  ;  —  à 
preuve  le  syssém.  :  il  y  a  de  rallure,  du  Dan- 
ger, D.  ^ 

gazouiller.  Bien  marcher,  en  parlant^d'un 
moteur  :  «  C'était  une  bonne  auto,  elle  ga- 
zouillait »,  un  2d-m®  électricien,  nov.  17  ;  | 
d'un  projet  :  «  pour  que  ça  gazouille  »,  Mousqu., 
20.  —  Deux  explications  possibles  :  A,  Dérivé  de 
ça  gaze  ;  le  suffixe  -ouille  se  retrouve  en  cent 
dérivés  de  la  ipême  acabie,p.  ex.  «  Le  ballonnet 
vasouille,  est  vasouillard  »,  Le  ballon-sonde  est 
«  vaseux  »,  va  et  vient  sans  marquer  de  "vent 
bien  établi,  météorologues,  -17,  propos  de  son- 
dages aériens  ;  dans  ça  gazouille  la  dérivation 
est  fantaisiste  en  ce  qu'elle  évoque  un  verbe 
de  sens  étranger  au  sujet  ;  cette  explication  est 
très  Satisfaisante,  car,  parallèlement,  à  côté  de 
ça  gaze.  Ça  pue  (notamment  à  propos  de  merde), 
46®  inf.  et  63®  art.,  17-18,  on  entend  aussi 
ça  gazouille,  Ça  pue,  46®  inf.  et  63®  art.,  17-18, 

—  265  — 


usuel  dès  -81,  rig.  (avec  texte  de  Zola)  ;  dans 
ce  second  couple  le  sématisme  de  Puanteur  est 
sans  doute  extrait  du  gaz  d'éclairage  comme  le 
croit   RIG.  ;  la|fantaisie   calembourique  est  la 
même  dans  les  deux  cas,  avec  cette  grâce,  dans 
le  second,  de  souligner  le  contraste  entre  une 
puanteur  morne  et  un  chant  ailé  ;   —  B,  Ça 
gazouille  se    disant,  c'est  un    fait,  d'un  bom- 
bardement intense  par  obus  de  calibre  moyen 
qui  vous  passe  par  dessus  la  tête,  soit  obus 
boches  cherchant  nos  batteries,   soit  75  arro- 
sant la  ligne  boche,  aurait  pour  syssém.  :  mur- 
murer. Mener  grand  bruit  :  a  Ça  murmure.  — 
Ils  en  mettent,  les  saL..!y),Cri  de  P,,  vers  juill.  16  ; 
«  Ca  murmure.  —  Quand  on  pressent  le  dan- 
ger »,  V.  du  p.  ;  —  ronfler,  même  sens  :  «  Il  est 
venu  ronfler  )),...   Faire  de  la  rouspétance,  un 
artilleur,  10®  art.  1.,  -17  ;  «  Le  vin  ronflait  »,... 
Coulait  à  flots  et  échauffait  les  têtes,  81^  t.,  -17. 
gendarme,     m.,     Fokker,     avion    boche    de 
chasse  ;  aviateurs,  mai  18;  |  montgeorge.  — 
Le  militaire  qui  circule  en  auto  dans  les  .zones 
limitrophes  du  secteur  de  chaque  armée  voit, 
presque  à  tout  carrefour,  surgir  un  gendarme 
qui  demande  les  papiers  d'identité  ;  de  même 
l'aviateur  qui  veut  franchir  les  lignes  voit  sur- 

—  266  — 


I 


gir  un,  plusieurs  fokkers,  pour  lui  barrer  la 
route  j  plus  précisément,  peut-être,  Taviateur 
de  chasse  étant  un  chasseur,  terme  reçu,  l'en- 
nemi qui  le  traite  en  braconnier  est  son  gen- 
darme ;  cf.  fokker.  —  Syssém.  :  CUrieux,  m., 
1,  Eclaireur  ;  et  2,  Avion  en  reconnaissance  ; 
LAMBERT  ;  D.  171.  f.  ;  —  3,  Obscrvatcur  dans 
la  tranchée  5  DÉcn.  ;  —  pas  plus  que  gen- 
darme^  ce  nom  n'est  un  plat  éloge  de  leur  vigi- 
lance, puisque  le  curieux  est  pour  les  meçs  dé- 
brouillards le  nom  du  Juge  d'instruction. 

général,  m.,  Vin  :  «  Mais  les  poilus,  les  vrais, 
un  peu  dégoûtés  de  voir  que  les  civils  leur  ont 
chipé  ce  mot  de  pinard,  viennent  de  donner  un 
nouveau^  nom  à  leur  compagnon  fidèle...  et 
liquide,  qui  chaque  jour  les  réconforte  et  les 
réchauffe.  Le  pinard,  ils  l'appellent  mainte- 
nant :  le  général  »,  Vie  Par.,  21»4-H7,  p.  349, 
c.  2.  —  Le  vin  est  le  moral  ;  être  dispensateur 
de  moral  est  le  rôle  légitime  d'un  chef. 

genoux- creux,  m.,  Fainéant  ;  agatha  ;  «  les 
genoux-creux  (les  embusqués)  »,  rocher.  —  Le 
craquement  des  genoux,  (cf.  craquer  des  ge- 
nouXf  S'agenouiller,  Nénesse,  91),  empêche  de 
marcher,  et  c'est  le  symptôme  des  genoux- 
creux  ;  —  cf.  cheveux  creux,  et  poilus  (pieds). 

—  J67  — 


gentillesse,  f.,  Courtoisie  élégante  :  «  Vous 
savez,  ajoute  Barrés,  le  grand  mot  qu'un  soldat 
de  Verdun  a  dit.  Il  l'a  dit  à  un  Suisse,  à  Ben- 
jamin Valloton,  esprit  sérieux  et  noble,  digne 
de  recueillir  une  telle  déclaration.  Ce  simple 
soldat  a  dit  :  «  Nous  croulons  qu'il  y  ait  encore 
de  la  gentillesse  dans  le  monde.  »  Gentillesse, 
c'est  un  vieux  mot  qui  désigne  les  qualités 
courtoises  et  nobles  qui  font  que  la  vie  vaut  la 
peine  d'être  vécue  »,  A.  fr.,  31-3-17,  p.  2,  c.  5. 

géo,  m.,  Service  géographique  de  l'armée  ; 
20®  son  Je  secrétaires  d'Etat-Major,  22^  C.O.A., 
avr.  18;  Il  usité  avant  -14.  —  On  ne  dit  pas  le 
S.  G.  A. 

gercer  la  tomate,  Amocher  la  figure  ;  zouaves, 
avr.  18  ;  «  se  faire  gercer  la  tomate  »,  Etre  tou- 
ché à  la  tête,  zouaves.  —  Syssém.  -.faire  saigner 
la  pastèque,  Frapper  à  la  figure  ;   V.  du  p. 

giclée,  ï..  Décharge  d'une  mitrailleuse.  Mi- 
traillade :  «  Sitôt  qu'un  boche  traîne  son  ventre 
à  mille  mètres  en  dessous,  descente  verticale, 
et  en  arrière,  à  bout  portant,  tu  lui  déverses 
une  «  giclée  »  »,  daçay,  Journ.,  10-10-16  ;  «  je 
lui  envoyais  une  «  giclée  »  dans  son  moteur  », 
DORME,  lettre,  14-7-16,  in  Gu.  Aér.,  23-8-17 
p.  653. 

—  268  — 


glinglin,  m.,  Obus,  surtout  de  gros  calibre  : 
«  Quand  les  gros  glinglins  nous  tombaient  des- 
sus »,  adj.  Steininger,  Nancéien,  arrivant  du 
41^  t.  au  81^  t.,  juin  17.  —  Glinglin,  Timbré, 
Tapé,  Marteau,  Un  peu  fou,  «  être  glinglin  »  usuel 
à  Paris,  dès  -08,  me  disent  des  témoins  (qui 
ignorent  le  sens  d'Obus)  ;  —  glinglin,  m.,  Indi- 
vidu lent  au  travail,  Pleurtuit  (C.-du-N.),  dès 
1900  ;  —  à  la  saint  Glinglin,  Jamais  ;  81^  t., 
14-17  ;  «  Penses-tu  qu'on  aura  la  paix  ? —  Oui, 
mon  gars,  à  la  saint  Glinglin  »  ;  —  jusqu'à  la 
saint  Glinglin,  Indéfiniment,  A  perpétuité  ; 
locution  «  de  vieil  argot  faubourien  de  Paris  », 
me  dit  un  Parisien  ;  usuelle  à  Dinan  (C.-du-N.) 
dès  -90,  sinon  -85  ;  très  usuelle  au  81^  t.,  14-17  ; 
se  lit  dans  Philibert,  277  ;  Gaspard,  290  ;  — 
à  Couéron  (Loire- Inf.),  -05,  on  prononce  saint 
clinclin  ;  —  le  19^  inf.,  -95,  parlait  de  la  saint 
trou  du  cul  comme  on  vient  de  voir  parler  de 
la  saint  glinglin,  qu'il  ne  semblait  pas  con- 
naître ;  —  on  parle  aussi  de  la  saint- saucisson  : 
«  r  nous  jamberait  avec  ça  jusqu'à  la  Saint- 
Saucisson  »,  Feu,  133.  —  Tout  cela  donne  à 
penser  qu'un  gros  obus,  qui  chemine  lentement, 
mérite  le  nom  de  glinglin,  qui  signifie  Lenteur  ; 
et  que  ce  nom,  signifiant  aussi  Sottise,  a  pour 

—  269  — 


syssém.  trou  du  cul.  Reste  à  trouver  un  mot, 
(terminé  en  -glin  et  donnant  glinglin  par  apo- 
cope à  redoublement  ?),  dont  le  sens  convienne 
aux  divers  sens  de  son  dérivé. 

gnole  (o  bref,  ouvert  ou  peu  fermé  :  corps  du 
nord-ouest,  81^  t.  par  ex.  ;  long,  ouvert  :  sol- 
dats de  langue  d*oc  ;  long,  fermé:  Dauphinois, 
Lyonnais,  et  la  majorité,  non  l'unanimité,  des 
Parisiens  et  parisianisés  ;  long  et  bref  concur- 
remment en  Chatentes  avant  -14),  f..  Eau-de- 
vie  ;  apparu  au  81^  t.  entre  janv.  et  juin  15  ; 
universalisé  dès  -16,  d'autant  plus  aisément 
que  Talcool  est  en  campagne  une  «  distribu- 
tion »  ;  I  «  gniole  »,  Petit  Echo  (18^  t.), 28-2-15  ; 
«  guyole  )),  HENRioT  ;  «  gniaule  »,  Journ.,  12- 
1-17,  p.  2  ,c.  1  ;  z.  Armée  de  1917,  238  ;  «  gnole  », 
Cabaret,  458  ;  «  gnolle  »,  bringer,  M.  le  Vi- 
comte, 112  ;  Il  avant  -14,inconnu  dans  la  ma- 
rine, témoins  marins  17-18  ;  usuel  à  l'inf.  c^^% 
témoin  un  ex-colonial  adjudant  de  carrière  en 
oct,  14  ;  connu  en  Normandie,  d.  ;  en  Cha- 
rentes  ;  introduit  au  160^  inf.  (Lorraine,  Cham- 
pagne, Paris),  entre  -09  et  -1^,  m.  protat  ; 
connu  «  depuis  très  longtemps  »  de  f.  buta- 
VAND  comme'  usuel  en  Champagne  et  à  Lyon  ; 

ancien  à  Grenoble,  plusieurs  témoins  ;  fréquent 

« 

—  270  — 


dans  les  pièces  du  guignol  à  Lyon,  l.  sambar- 
DiER  ;  usuel  au  lycée  de  Bourg,  -94,  d»  ;  au 
lOe  inf.  (à  Auxonne),  -86,  InL  des  CL,  LXXIII, 
274. 

Sens  figuré  de  gnole,  Taloche^  («  gnolle  » 
RiG.  ;  «  gnole  »,  larchey  avec  texte  du  18®  s.), 
apocope  de  torgnole.  (Cf.  gnole,  Chapeau  de 
femme,  noter,  apocope  de  bagnole).  De  nom- 
breux noms  du  Horion  passent  au  sens  Coup 
à  boire  :  en  français  classique,  coup  ;  —  ici, 
coup  de  coude  ;  —  taloche  sous  le  nez,  voir  ici 
ruche  ;  — -  pichenette,  Eau-de-vie,  à  Nantes, 
Hennebont,  11-18  ;  pichenet,  Vin  ;  rig.  ;  — 
uppercut,  m.,  Eau-de-vie  ;  d.  ;  (du  terme  de 
boxe)  ;  —  jecte,  f.,  Coup  à  boire  ;  2®  c^Vl8  ; 
(du  brestois  jecte.  Coup,  en  tous  sens  du  mot 
coup)  ;  —  choueille,  étudié  ici  ;  —  re^oher,  Vin, 
dans  sauce  re^oher,  Sauce  au  vin. 

Ce  sématisme  national  engage  à  expliquer 
corniflot  par  cornanche  ;  zigzorniffe  par  mor- 
nifîe,  Coup  au  visage,  chevauchant  zigzag, 
Ivre  ;  pichte  gorge  par  *  pichenette- à-  gor  ge. 

On  passe  de  *  boire  une  gnole  à  boire  de  la 
gnolê  aussi  aisément  que  de  boire  Une  goutte  à 
boire  de  la  goutte.  —  Les  Parisiens  et  les  Lyon- 
nais passent  de  gnole  bref  à  gnôle  long,  aussi 

—  271  — 


aisément  que  de  vélodrome,  économe,  atome, 
pote  (Camarade),  gaffe  (Guette),  à  i^élodrôme, 
économe,  atome,  pôle,  gâfe  ;  cf.  knop  =  que- 
naupe  (^). 

gobi,  m.,  Camarade  (au  vocatif  seulement  ?); 
((  Un  noir  rencontre  un  blanc  ou  réciproque- 
ment :  ils  se  disent  Bonjour  Gobi,  ce  qui  si- 
gnifie Bonjour  camarade  »,  i.  lâchât,  août  18  ; 
I  «  le  noir  à  qui  l'appelle  Gobi  »  répond  ami- 
calement, à  qui  l'appelle  Nègre  il  répond  avec 
sa  matraque,  fagus,  564.  —  Arabe  qebiK 
(prononcé  q{g)obi).  Méchant,  Mauvais,  Inso- 
lent ;  apporté  au  front  par  les  Noirs. 

godasse,  f..  Chaussure  de  cuir  ;  81®  t.,  14-17  ; 
très  usuel  et  très  général  :  «  R'biffe  pas  :  j'te 


(^)  L'eau-de-vie  est  un  jus  rebouilli,  (cf.  ra^ignole. 
Récidive),  et  concentré,  (cf.  espagnole,  Jus  concentré, 
LiTTRÉ)  ;  elle  enivre,  (cf.  gavignolle.  Ivresse  ;  H^-Maine)  ; 
elle  fait  chanter,  [cî.rossignoler,  Chanter)  ;  elle  assomme, 
(cf.  égnoier.  Assommer)  ;  elle  achève  un  repas,  (cf.  fignoler, 
Parfaire)  ;  elle  rend  niais,  mou,  {gnole)  ;  elle  embrume 
la  tête,  (cf.  niôle,  Brouillard,  à  Lyon,  en  Jura  ;  —  mais 
l'alcool  est,  dès  longtemps,  du  chasse- brouillard,  de  Veau 
pour  les  yeux,  et  on  n'a  pas  signalé  de  phrase  où  l'ivrognt 
fût  *dans  la  gnole).  Toutes  ces  associations  d'idées  sont 
relativement  peu  satisfaisantes. 

—  272  .— 


fous  ma  godasse  su'  la  gueule  !  »;  |  paraud  ; 
AGATHA  ;  PoiLULOGUE  ;  «  Ics  godasses  vernies  », 
Bicard,  ii,  17;  ||  usuel  à  un  étudiant  ancien 
élève  des  Arts-et-Métiers,  Meaux  -06  ;  aux 
élèves  du  lycée,  «  ma  godasse  droite  et  mon  cro- 
quenot  gauche  »,  Reims,  -06  ;  aux  106^  inf., 
25e  art.  et  E.  N.  T.,  Mourmelon,  -07  ;  aux 
Arts-et-Métiers,  Angers,  10-14;  ||  syn.  de  Sou- 
liers «  le  plus  récent  et  le  plus  spécifiquement 
militaire  »,  soldats  romands,  Schw.  Sold.,  68  ; 
—  avoir  les  godasses  à  bascules,  Etre  ivre  ; 
FAGUS,  564  ;  avoir  pris  ses  souliers  à  bascule, 
5®  génie,  -18  ;  —  litote  qui  excuse  l'homme  ivre 
de  ne  pouvoir  tenir  debout,  (cf.  «  les  Allemandes 
ont  les  talons  ronds  »,  On  les  fait  aisément  tom- 
ber sur  le  dos,  Paris,  1900).  —  Libre  suffixation 
de  godillot,  Soulier  du  troupier  ;  (et  non  de  godet, 
comme  croit  sain.)  ;  le  genre  est  changé  par 
l'effet  du  suffixe;  cf.  cicico,  m.  — >►  cicasse,  f.; 
trac,  m.  — >  traquette,  f.,  Peur.  —  Autre  suf- 
fixe :  godaille,  f.,  Soulier  ;  d. 

De  là  godasses,  m.  ou  f..  Gothas,  avions  de 
bombardement  boches  ;  se  répand  dans  Belle- 
ville,  entre  le  2  et  le  11  mars  18  ;  usuel  dans 
Paris,  fin  mars  ;  à  la  R.  G.  Aé.,  juin;  |  enre- 
gistré entre  guillemets    par    hervé.    Victoire, 

-.  273  — 

KSNAULT  18 


10-3-18  ;  «  Où  n*est  plus  tué  par  les  Gothas  ; 
on  est  mort  dans  un  accident  de  godasses  », 
MARCusE,  Pays,  24-3-18  ;  —  chevauchement 
de  gotha  et  godasse  à  unique  fin  de  calembour. 

godet,  m.,  Verre  à  boire  :  «  à  pleins  godets  », 
Feu,  21-8-16. 

godiche,  f..  Fièvre  ;  divers  coloniaux, -18  ;  | 
DAUZAT,    mai    17,    486  ;  \\  Fièvre  paludéenne  ; 
légion  étrangère,  Maroc,  -12  ;  usuel  à  la  vieille 
inf.    de   marine,    Intransigeant,   12-7-18,   p.   2, 
c.  3,  14-8-18,  p.  2. 

goéland,  m.,  Affamé  ;  marins,  2^  c^^,  -18.  — 
Syssém.  :  gabian,  m..  Gosier  ;  coloniaux  mar- 
seillais, -17  ;  D.  ;  —  gabian,  autre  nom  du 
Goéland  ;  —  dans  n.  la  traduction  est  Cou,  et 
Fétymologie  tirée  de  la  grosseur  du  cou  du 
goéland.  On  a  bien  ici  une  métonymie  nom- 
mant une  partie  de  l'homme  par  l'animal  où 
cette  partie  est  caractéristique  ;  mais  le  propre 
du  goéland  est  d'être  un  gosier  affamé.  Cf. 
tarin,  Nez,  parce  que  l'oiseau  tarin  a  le  bec 
conique  et  fort  ;  colimaçon,  Tête,  en  tant  que 
rétractile. 

gorge  (pour  la),  A  boire  (et  du  bon)  :  «  Pour 
la  gorge  »,  c.-à.-d.  Chapitre  boissons,  poilu- 
LOGUE  ;  «  vous  n'auriez  rien  pour  la  gorge  ?  », 

—  274  — 


1 


Feu,  58.  —  Cf.  (eau)  pour  les  yeux,  Eau-dc-vie. 

gorgeronet,  m.,  Petit  coup  de  vin  ;  soldats 
de  Seine-et-Marne  au  246^  inf.,  17^  c^e,  avr.  18. 
—  gorgillon,  m.,  même  sens  ;  130^  inf.,  -18. 

got,  m.,  Gendarme  ;  fagus,  563  ;  je  ne  con- 
nais pas  ce  mot  autrement.  —  Apocope  de 
sergot,  et  extension  du  sens  Sergent  de  ville 
comme  sous  flic.  —  (Il  est  insoutenable  que 
gant,  Pou,  soit  «  une  abréviation  de  sergot 
(sergent  de  ville)  »,  comme  le  dit  fagus,  ib., 
ni  de  pégot.  Pou,  que  donne  ross.,  ni  de  espingo, 
Espagnol  ;  gaut  apparaît  en  France  dès  1628 
et  se  rattache  au  fourbesque  italien  gualdo,  daté 
1472). 

goudronneuse,  f..  Cuisine-roulante  ;  d.  — 
Syn.  et  syssém.  :  bitumeuse,  f.,  d.  —  Méta- 
phore prise  de  la  forme  et  de  l'allure  de  ces 
engins  urbains.  Image  voisine  :  torpilleur. 

gourbi,  m.,  Abri  sommaire  aux  tranchées  ; 
peu  usité  au  81^  t.,  14-17.  —  Extension  du 
sens  Baraquement,  qui  est  officiel  ;  «  Si  les 
ressources  locales  en  cantonnement  sont  insuf- 
fisantes, elles  [les  troupes  en  campagne  séjour- 
nant assez  longtemps  en  certains  endroits] 
auront  quelquefois  à  construire  par  leurs 
propres  moyens  des  abris  plus  confortables  que 

—  275  — 


les  abris  de  bivouacs,  [à  savoir  des]  gourbis  ou 
baraques  »,  Instruction  sur  les  travaux  de  cam- 
pagne, approuvée  le  21  décembre  1915,  204  ; 
suivent  les  §§  406-411  sur  les  gourbis,  411-414 
sur  les  baraques.  —  Pris  de  l'arabe  ;  cf.  chouya. 

gradient  (avoir  un  ballonnet  dans  le),  Etre 
timbré,  en  parlant  d'un  météorologue  ;  mé- 
téos, fév.  18.  —  Sous  le  couvercle  des  cieux, 
analogue  à  un  crâne,  le  gradient,  quotient  de 
la  distance  géographique  de  deux  stations  par 
la  différence  de  leurs  pressions  atmosphériques, 
exprime  la  pente  aérienne  des  surfaces  iso- 
bares ;  le  ballonnet  en  question  est  le  ballon- 
sonde  de  caoutchouc  qui  sert  aux  sondages 
aérologiques  ;  —  syssém.  :  avoir  un  hanneton 
dans  le  plafond. 

grainetier,  m.,  Météorologue  affecté  à  un 
«  poste  de  grains  »,  c.-à-d.  à  une  petite  station 
de  météo  surveillant  les  «  grains  »  atmosphé- 
riques ;  école  de  météo,  avril-juill.  18. 

graisse  de  chevaux  de  bois  (à  la),  Qui  ne 
vaut  pas  cher  :  «  des  boniments  à  la  graisse  de 
chevaux  de  bois  »,  ...Idiots,  46®  inf.,  63®  art., 
17-18.  —  C'est  une  graisse  purement  illusoire, 
et  le  sématisme  vient  de  là.  —  Illusoires  aussi 
la    graisse   de  parapluie  et   d^ombrelle   :   «   des 

—  276  — 


phrases  à  la  graisse  de  parapluie  »,  du  Bourrage 
de  crâne,  journalistes,  Paris,  -03  ;  «  toutes 
sortes  de  pépins  à  la  graisse  d'ombrelle  »,  même 
sens.  Cabaret,  459  ;  —  et  même  celles  de  héris- 
son, (voir  mords)  et  de  hareng  saur  :  «  un  fourbi 
à  la  graisse  d'hareng  saur  »,...  Ridicule,  63®  art., 
mars  18.  —  Par  un  jeu  exagéré  de  succédanés, 
on  arrive  même  à  employer  au  même  sens  la 
graisse  d'oie,  «  un  perco  à  la  graisse  d'oie  », 
PANTRUCHARD,  117  ;  —  et  aussi  la  peau  de 
toutou,  «  nous  la  faire  à  la  peau  de  toutou  », 
Gaspard,  157. 

graisseux,  m.,  A,  Cuisinier  de  compagnie  ; 
très  usuel  au  231®  inf.,  14-16  ;  |  Feu,2i.  — 
B,  Armurier  de  mitrailleuse  ;  déch. 

grand  mère,  f..  Canon  de  400  :  «  nos  400, 
ceux  que  nous  avons  baptisés  les  grand'mères  », 
Journ.,  29-9-16  (3®  éd.),  p.  1,  c.  6.  —  Idée  de 
Grosseur  respectable.  Cf.  quatre  cent-vingt. 

grand  père,  m..  Vieux  ;  usité  au  vocatif,  par 
ceux  de  l'active,  à  l'adresse  d'un  de  la  territo- 
riale, 14-18.  —  Le  Capitaine  de  la  compagnie 
étant  couramment  nommé  le  vieux,  et  le  Colonel 
étant  le  père  du  régiment,  le  père  de  tous  ces 
vieux,  le  généralissime,  Joffre  dans  l'espèce,  a 
pu  s'appeler  le  grand-père,  au   témoignage  de 

—  277  — 


D.  m.  p.  et  des  journaux  de  -15  ;  mais  il  faut 
observer  que  mon  çieux,  l'Officier  dont  je  suis 
l'ordonnance,  signifie  en  réalité  mon  Patron, 
est  du  style  de  valet  de  chambre,  et  cesse  de 
signifier  l'âge  ;  c'est  l'histoire  de  mon  seigneur. 

gratouillette,  f.,  Démangeaison  (produite  par 
les  poux  ou  la  gale),  henriot.  —  Gratouille, 
Gale,  DLLE  ;  suffixe  -ette,  cf.  traquette,  f.,  Trac, 
(Peur),  LEFRANC,  Pet.  Journ.,  2-8-15. 

gravelle,  f..  Corvée  (?)  ;  apax  :  «  Le  temp 
passe  plus  vite  qu'a  la  section  et  il  n'y  as  pas  de 
gravelle  »,  texte,  complet,  d'une  carte  postale 
adressée  de  Courbevoie,  17-10-16,  à  un  «  bri- 
gadier-marcassin ))  ;  —  terme  inconnu  dans  les 
divers  corps  où  j'ai  enquêté  ;  «  Corvée  »,  tra- 
duit G.  TURPiN  ;  ((  entendu  rarement  »,  ajoute-t-il. 

Grêle- à- Mort,  f.,  Mitrailleuse  ;  ou  sobriquet 
individuel  d'une  mitrailleuse  ?  apax  :  «  Et  y 
[ce  pilote]  se  sert  de  mam'zelle  Grêle- à- Mort.,, 
pas  comme  d'une  seringue...  Mam'zelle  Grêle- 
à-Mort  ?  quoi  c'est  ?  Faut-il  que  vous  soyez 
tourte  !...  C'est  sa  mitrailleuse,  pardi  !..,  C'est 
un  p'titTnom  d'amitié  que  j'iui  donne  comme 
ça  »,  RICHARD,  Deux  «  as  »  de  r A.  A,  0.  [...  de 
l'Aviation  de  P Armée  d'Orient],  Pet.  Par., 
14-5-16  ;  propos  de  soldat  aviateur. 

—  278  — 


grêllère,  f.,  Mitrailleuse  ;  apax  :  «  Je  Tap 
pelle  aussi  «  Balle-aux-Boches  »,  la  «  Grêlière  » 
«  Moulin-à-poivre  »  »,  suite  du  texte  ci-dessus 
—  L'image  de  Grêle  s'adapte  assez  topique 
ment  à  celle  d'une  mitrailleuse  nubicole  ;  -ière 
suffixe  de  machine  ;  cf.  gré/ier,  1,  (vi^ux  fran 
çais),  Qui  a  rapport  à  la  grêle  ;  2,  (en  1752),  m. 
«  Pièce  d'artillerie   qu'on  charge   à   mitraille  » 

HPT, 

grelots  (avoir  les),  1,  Avoir  un  accès  de  foHe 
scène  de  manille  :  «  Allez,  joue.  —  Trèfle...  — 
Dis,  t'as  pas  les  grelots  ?  J'en  ai  cinq  en  main.. 
et  elle  passe  »,  boulanger,  Les  Crapouilloteurs. 
Est- Républicain^  20-8-16,  c.-à-d.  que  le  joueur 
a  hasardé  une  manille,  sixième  avec  les  trèfles 
de  son  partenaire,  et  qui  ne  réussit  que  par 
extravagance  ;  — •  de  là  grelotter,  Aller  un  train 
de  fièvre  et  de  déraison  ;  «  N.  m'a  dit  que...  ; 
je  lui  ai  répondu  que...  ;  M.,  alors  m'a  répliqué 
que...  ;'^quand  je  suis  parti,  ça  continuait  en- 
core àjgr^^^**®^  ^^  •"-•a  discussion  continuait 
encore,  passionnée  et  confuse,  un  sergent, 
Nantais,  mais  voyageur  de  commerce,  contant 
une  scène  orageuse  entre  ses  escouades,  81®  t., 
-15.  —  2,  Avoir  un  accès  de  peur  ;  81®  t.,  -16  ; 
109®  inf.,  16-17  ;40®  art. ,-18  ;  |  «  La  première 


■ 


—  279 


fois  qu'on  va  au  feu,  il  est  permis  d'avoir  les 
grelots,  mais  jamais  d'en  jouer  un  air  »,  agatha  ; 
«  Dis  donc,  ça  descend  bougrement,  vous  ne 
trouvez  pas  ?  fait  Blaire.  —  T'en  fais  pas, 
vieux  panneau,  raille  Pépin.  Mais  si  t'as  les 
grelots,  tu  peux  nous  laisser  tomber  »,  Feu, 
217  ;  selon  un  soldat,  açoir  les  grelots,  c'est 
«  grelotter  de  la  bouche  »,  Int.  des  Ch.,  LXXIV, 
134  ;  Il  Paris,  avant  -14.  —  Cf.  açoir  les  grêlons, 
les  grolots,  sous  grolles. 

«  Dans  plusieurs  des  villages  du  pays  de 
Montbéliard  et  dans  ceux,  limitrophes  de  notre 
territoire  de  Belfort,  <...>  on  dit  couram- 
ment :  Il  a  les  grulottes,  ou  plus  exactement  : 
El  ait  les  grulattes,  pour  «  il  tremble,  il  a  des 
frissons  »,  soit  de  peur,  soit  de  froid,  soit  de 
fièvre  »,  j.  l.,  Temps,  4-11-16.  Oui,  ai^oir  les 
grelots  équivaut  à  grelotter,  mais  entendu  que 
grelotter  signifie  Avoir  en  tête  les  grelots  de  la 
fièvre,  qui  ne  sont  autres  que  des  Grillons. 
Formes  diverses  selon  les  temps  et  les  régions, 
grelot,  grilot,  grillet  et  grésillon,  tous  syn.  de 
Sonnette,  grésillon,  grillet,  grelet  et  grillon,  tous 
noms  du  même  Insecte  sonore,  font  un  seul 
radical  ;  d'où  grelot  =  Fièvre  ;  ex.  :  «  quemands 
[Mendiants]  et  belistres  [Gueux]  -<...>  se  sal- 

—  280  — 


I 


paudrant  [poudrant  de  drogues]  les  jambes 
pour  mieux  trembler  le  grelot  »,  Nouvelles  de 
la  lune,  (à  la  suite  de  la  Satire  Ménippée,  éd. 
Labitte  (1883),  345)  ;  et  grillon  =  1,  Idée 
fiévreuse  (d'amour),  des  périers.  Nouvelles, 
cxxvii  ;  —  2,  Petit  camarade  pour  qui  on 
ressent  une  amitié  spéciale  ;  collège  de  Lan- 
gonnet,  -90  ;  cette  véridique  équation  du  Grillon 
et  de  la  Fièvre,  un  habile  observateur  Ta  aussi 
notée  :  Gaw,  blessé,  balbutia  :  «  Les  yeux  de 
Gaw  sont  obscurs,  ses  oreilles  sifflent  comme 
des  grillons  !  »,  rosny.  Guerre  du  feu,  171. 
Bref,  -  avoir  les  grelots  n'est  pas  premièrement 
Avoir  peur,  comme  définit  le  V.  du  p.,  mais 
Etre  affolé.  —  Syssém.,  autres  noms  d'insectes 
bruyants  :  avoir  le  bourdon.  Etre  ennuyé  ; 
V.  du  p.  ;  —  hanneton.  Idée  fixe  morbide  ;  — 
veson. 

J'avais  indiqué  cette  étymologie,  g.  e., 
1-4-18,  428  ;  j'ai  reçu  de  deux  combattants 
la  même  protestation  :  les  grelots  qu'on  a  se- 
raient des  Gringu'enaudes  séchées  à  l'entre- 
fesson  du  poilu  et  attestant  qu'il  a  eu  la  chiasse. 
Sans  m'attarder  à  chipoter  cette  image  vi- 
suelle, elle  nécessite  que  le  poilu  «  ait  eu  »  la 
chiasse  et  ne  V  «  ait  »  plus,  ce  qui  contredit  le 

—  281  — 


sens  même,  le  plus  usuel  des  deux  sens,  d'apoir 
les  grelots,  et  n'explique  pas  l'autre. 

Dans  l'usage  moderne  général  grelot  ne  s'en- 
tend qu'au  sens  de  Sonnette.  L'image  de  son- 
nette aussi  sert,  directement,  à  exprimer  la 
peur  :  battre  la  drelingue,  Trembler,  Etre  vio- 
lemment ému  j  LAMBERT  ;  D.  m.  p.  ;  —  drelin- 
guer,  Avoir  peur  à  force  de  désirer  fiévreuse- 
ment ;  D.  m.  p.  ;  «  j'  drelinguais  qu'  a  veule 
pas  )),  Je  tremblais  qu'elle  ne  consentît  pas, 
FeUj  77  ;  —  drelin  est  l'onomatopée  du  son 
d'une  sonnette  :  «  les  drelins  d'une  sonnette  », 
HDT  ;  le  suffixe  -ingue,  cf.  çaldingue,  s'est 
substitué  à  la  terminaison  naturelle  de  dreliner  ; 
quant  à  battre,  c'est  le  verbe  du  pouls  qui  hat  la 
fièvre. 

Un  chapitre  voisin,  dans  cette  entomologie 
poétique,  est  celui  des  insectes  non  bruyants 
qui  expriment  eux  aussi  la  Folie,  mais  par 
l'image  de  piqûre  et  de  rongement,  le  bigot  ; 
—  le  hredin  ;  —  V araignée  ;  —  le  cafard  ;  — 
V asticot  (qu'on  a  dans  la  noisette,  dans  la  Tête, 
ROSS.)  ;  —  le  cosson,  qui  est,  selon  les  provinces, 
le  Rongeur,  ou  du  blé,  ou  du  bois  de  chêne, 
ou  des  pois  et  lentilles,  et  de  qui  dérive  la  COSSe, 
f.,  Flemme,  Paresse,  nom  usuel,  général,  nou- 


282 


veau,  mais  antérieur  à  -14,  d'une  maladie  vieille 
comme  l'homme,  celle  d'être  piqué  du  cerveau 
comme  un  bois  cossouné  ;  —  le  malade  est  dit 
cossard,  Fainéant,  Flemmard,  terme  très  usuel 
et  à  la  mode  depuis  au  moins  -05.  —  Cf.  mar- 
gouillat,  Cafard  dans  le  plafond  du  colonial  en 
Cochinchine  ;  marins,  -18  ;  —  le  lézard  mar- 
gouillat  court  aux  plafonds  des  cases. 

grelu,  m..  Troupier  haut-alpin  :  «  Le  Grelu, 
Organe  du  159®  d'infanterie,  régiment  haut 
alpin  »,  titre  du  n°  14,  30-5-16  ;  «  Les  bérets 
noirs  de  nos  Grelus  »,  ib.,  p.  4,  c.  1  ;  «  Le  Boche 
à  l'assaut  de  Verdun,  Lance  ses  troupes  de 
plus  belle.  Mais  pour  rompre  l'effortFdu  Hun, 
C'est  le  Grelu  que  l'on  appelle  <•..>  Tant  que 
les  Grelus  sont  de  garde,  Tu  n'auras  pas  le  fort 
de  Vaux  »,  ib.,  p.  5.  —  Mot  de  la  région  lyon- 
naise :  Des  traîne-grolles  qui  n'ont  sur  eux 
que  pilliaudres  et  pattes,  «  sont  ladres,  et  grelus, 
et  mal  appris,  et  ne  font  que  chapoter,  et  faire 
du  tapage  sans  rime  ni  raison  »,  e.  t,,  Nouveaux 
péchés,  66  ;  sobriquet,  syn.  de  Rustaud,  accepté 
et  glorifié  par  les  Hauts- Alpins.  Grelu  est  tra- 
duit par  Médiocre  dans  dlle,  F.- A.  ;  cf.  un 
grollu,  un  Officier  supérieur,  Schw.  Sold.,  69. 

grenade,  f.,  Bouteille  de  vin  ;  artilleurs,   p. 

—  283  — 


—  Grenades  et  vin  de  luxe  se  doivent  -porter 
comme  le  bon-dieu. 

grignolet,  m.,  Pain  ;  231®  inf.,  -15  ;  |  Feu, 
117  ;  —  brignolet,  m.,  Pain  ;  fantassins  pari- 
siens, 14-15  ;  Il  brignolet,  Pain  ;  rig.,  avec  un 
texte.  —  Dér.,  parisien  sans  doute,  de  grigne, 
usuel  à  Paris  dès  1718,  1,  Fente  dans  la  croûte 
du  pain  bien  cuit,  2,  Couleur  dorée  de  cette 
croûte,  ou  de  grignon,  Morceau  de  pain  cro- 
quant, Morceau  de  biscuit  ;  suffixe  -olet,  cf. 
guignolet.  —  gringue,  m.,  Pain  ;  231®  inf.,  -15  ; 
40e  art.,  -18  ;  |  Feu,  21-8-16  ;  «  ou  qu'est 
r  «  gringue  »  ?  »,  p'tit  gars  ;  ||  rig.  ;  • —  suf- 
fixation libre  ne  gardant  de  grigne  que  le 
radical  gr-  ;  cf.  çaldingue. 

griller,  1,  Devancer  :  «  —  Commençons  [pour 
trouver  des  civils  qui  veuillent  bien  nous  rece- 
voir à  faire  popote]  par  là-bas  tout  de  suite 
[par  l'autre  bout  du  village  où  nous  entrons]  ; 
sans  ça,  nous  [qui  arrivons  derniers]  s'rons 
grillés  !  )),  Feu,  71  ;  —  2,  Surpasser  :  «  Moi,  j'ai 
bien  chapardé  quèqu'  petits  machins  par-ci 
par-là,  -mais  qu'est-ce  que  c'est  qu'ça  ?  Les 
sapeurs,  i'  m'ont  toujours  grillé  pour  la  chose 
du  fauchage,  alors  quoi  ?  —  On  a  beau  faire 
c*  qu'on  peut,  on  est  toujours  grillé  par  quel- 

—  284  — 


qu*un  »,  ih,,  192.  —  D'où  faire  la  grille  a  qqn 
sur  qqch.,  le  Surpasser  :  «  Mon  petit  cousin 
Pierret  me  faisait  la  grille  là-d'ssus  [quant  aux 
soupçons  d'espionnage],  Feu,  20-8-16.  —  Sys- 
sém.  :  brûler.  Cf.  nettoyer. 

grimace  (barbaque  à  la),  f..  Bœuf  de  con- 
serve :  L'homme  de  soupe  annonce  «  à  la  façon 
(Tun  camelot  »  :  «  Potage  chinois,  barbaque  à  la 
grimace,  et  primeurs  d'Italie  !  ou  si  vous  préfé- 
rez, en  bon  français  à  l'usage  des  «  péquenots  »  : 
Riz  à  l'eau,  singe  à  l'eau,  macaroni  à  l'eau  »  ; 
le  tout  se  mange  dans  de  la  «  porcelaine  éta- 
mée  »,  p'tit  gars.  —  boîte  à  grimaces,  f..  Boîte 
d'endaubage  ;  d.  —  La  porcelaine  étamée  est 
la  vaisselle  de  fer.  —  Le  riz,  accusé  de  paraître 
trop  souvent,  est  déguisé  d'un  nom  plus  con- 
forme aux  goûts  français.  —  La  culture  maraî- 
chère du  macaroni  en  Italie  est  notoire.  — 
Cf.  langouste  de  caillou.  Bœuf  en  conserve  ;  d. 
—  Par  une  ironie  analogue,  nos  prisonniers,  au 
camp  de  Gœttingen,  nomment  légume  bien 
tendre  le  Hareng  ;  le  hareng-saur  est  en  cui- 
sine l'antipode  des  petits  pois  de  primeur,  qui 
sont  «  un  légume  bien  tendre  »,  chanson  con- 
nue ;  D.  regrette  trop  gravement  de  n'avoir  pu 
«  identifier  »  le  «  légume  »  nommé  «  hareng  ».  — 


285 


Quant  à  cette  viande  grimacière  jusque  dans 
la  boîte  où  l'industrie  la  comprime,  c'est  le 
singe  ;  Etre  de  méchante  humeur  et  ne  pas 
tenir  en  place  se  dit  a^oir  mangé  du  singe,  Ross.; 
de  même  Mercy,  quand  il  est  de  soupe,  ne 
manque  pas  à  crier  «  Bê,  bê  !  »,  s'il  rapporte  du 
moution  ;  cf.  «  les  valeurs  à  turban  »,  les  Fonds 
turcs,  coppÉE,  Longues  et  brèches,  p.  40,  C.  2.  — 
singe,  m.,  1,  Bœuf  de  conserve  ;  universel;  ||  dès 
-95  au  bas  mot;  ||  jusqu'en  Suisse  ;  Schw.  Sold., 
68  ;  —  les  indigènes  du  Grand-Bassam  man- 
geaient dujsinge  boucané  ;  nos  troupiers,  sous 
Faidherbe,  usèrent  de  cette  ressource  locale, 
Cri  de  P.,  25-7-15  ;  du  jeune  singe  est  «  la  base 
de  tout  vrai  foutou  [plat  national  du  Baoulé]  », 
BARATiER,  Epopées  africaines,  63  ;  le  sématisme 
de  ce  mot  importé  par  l'infanterie  de  marine 
est  que  la  viande  de  conserve,  vivres  de  réserve 
en  principe,  est  sèche  comme  du  boucan  et 
n'est  qu'un  pis-aller  ;  —  2,  Porc  de  conserve  en 
boîte  ;  81«  t.,  -16.  —  D'où,  syn.  :  gorille,  m.,  d. 
grippe-sous,  m..  Sergent  ;  2^  c^^,  depuis 
mai  18  ;  —  «  le  sergent  seulement  »,  i.  lâchât  ; 
malgré  cette  spécialité  du  sens,  c'est  sans  doute 
la  solde  mensuelle  des  sous-officiers  qui  a  fait 
envie  au  troupier. 

—  286  — 


\ 


grise,  î.,  Spleen  ;  «  Quand  il  était  dans  ses 
grises,  on  le  voyait  bien  »,  un  marin,  mai  18  ;  | 
ai>oir  la  grise  ;  lambert.  —  Humeur  presque 
noire  ;  cafard  moins  sombre  que  le  noir  ;  voir 
ici,  pas  mûre,  un  autre  emploi  de  la  même  nuance. 
groin,  m.,  Masque  A.  R.  S.,  contre  les  gaz  ; 
inf.,  secteur  174,  sept.  18  ;  |  coiffer  le  groin, 
Mettre  le  masque.  Cabaret,  462  ;  —  métaphore 
inévitable  sur  l'aspect  de  ce  préservatif.  — 
Syssém.  :  museau  de  cochon,  m.,  Masque 
A.  R.  S.  ;  95^  inf.,  juill.  18.  —  faux-nez,  m.. 
Masque  contre  les  gaz  ;  d.  ;  —  se  tire  directe- 
ment de  masque  pal"  l'idée  Mardi-Gras. 

groUes,  f..  Souliers  ;  trèâ  usuel  à  certains 
corps,  109^  inf.,  16-17  ;  359®  inf.,  -17  ;  40^  art., 
-18  ;  et  aux  Parisiens;  inusité  aux  recrues  de 
Touest;  I  «  les  chaussures  {les  grolles)  »,  hen- 
RiOT  ;  PANTRUCHARD  ;  «  On  claque  les  grolles 
l'une  contre  l*autre,  des  heures  entières  dans  la 
neige  »,  c.  gr.,  120  Court,  in  B.  des  A.,  3-5  fév. 
16.  —  Grolle,  Savate,  à  Lyon,  en  Savoie,  en 
Suisse  romande  ;  la  Suisse  a  aussi  grollons, 
même  sens,  Sckw.  Sold.,  68  ;  traîner  la  groule^ 
Traîner  la  misère,  rig.  sous  savate. 

grolles  (avoir  les).  Avoir  peur  ;  un  Chartrain 
parisianisé,  81^  t.,  -16,  (mais  inusuel  dans    ce 


287 


corps)  ;  marins,  mars  18  ;  si  usuel  aux  Lyon- 
nais du  109^  inf.,  16-17,  qu'un  témoin,  de  ce 
corps,  eût  volontiers  écrit,  et  croit  avoir  en- 
tendu prononcer  grolots  dans  la  locution  syn. 
açoir  les  grelots-,  \  «  On  lui  bourrera  l'mou  et 
on  lui  fich'ra  les  grolles  avec  c't  affaire-là  », 
Feu,  21-8-16  ;  «  Pour  n'avoir  pas  les  grolles, 
i'  n'a  point  les  grolles  !  »,  ib.,  142  ;  «  Y  s'agit 
pas  d'faire  le  mariolle  Dans  les  rues  d'gueuler  : 
A  Berlin  !  Et  puis  en  route  avoir  les  grolles. 
Et  foirer  aux  port'  de  Pantin  »,  montéhus,  La 
croix  de  guerre.  —  H  y  a  mieux  que  d'y  sup- 
poser une  déformation  de  grelots,  (c'est  l'ex- 
plication proposée  par  d.,  qui  affecte  les  grolles 
de  la  peur  au  genre  masculin,  mais  j'ignore  sur 
quel  indice),  —  ou  un  substantif  verbal  de 
groller,  Démarrer,  Vibrer,  Remuer,  dans  le 
H*-Maine,  qui  est  le  français  grouiller.  —  Dans 
nos  grolles  je  vois,  soit  *crolle,  substantif  .verbal 
de  croller,  vieille  forme  de  crouler  (Secouer, 
Tomber),  conservée  en  fauconnerie  au  sens  de 
Fienter  ;  le  faucon  crolle  ;  aç^oir  les  *crolles, 
( — >-  grolles  par  phonétique,  ou  par  influence 
de  grolle,  Soulier),  est  ainsi,  par  son  image,  et 
par  son  pluriel,  le  syssém.  précis  de  a^oir  les 
colombins,    et    se   rattache    comme    expression 

—  288  — 


de  la. Peur  à  une  physiologie  courante;  —  ou, 
plus  simplement  encore,  le  même  mot  que 
grolles,  Chaussures,  par  ellipse  d'une  locution 
(lyonnaise  ?)  plus  complexe,  comme  serait 
*avoir  les  grolles  à  bascule,  Avoir  les  souliers 
ronds  et  ne  pas  pouvoir  tenir  debout,  (cf.  go- 
dasse), dont  le  déterminant  serait  tombé  ;  — 
rapprochez  avoir  mis  son  pantalon  de  tremble, 
Avoir  peur,  5^  génie,  -18. 

Chez  des  fantassins,  secteur  174,  sept.  18,  on 
dit  mettre  les  grolles.  Avoir  peur,  adj.  le- 
coNTE  ;  ce  fait  ne  décide  pas  de  l'étymologie, 
car  il  peut  n'offrir  qu'un  chevauchement  ana- 
logue à  mettre  les  colombins  et  mettre  les  flubes. 
Mais  le  2^  c^^,  où  açoir  les  grelots  est  inusité, 
I.  LACHAT,  emploie  avoir  les  grêlons.  Avoir  peur, 
sept.  18  ;  et  grêlons,  Chaussures,  (autre  forme 
de  grollons),  est  employé,  (d.),  dans  certaines 
unités. 

gros,  m.,  A,  Obus  de  gros  calibre  ;  gérerai  et 
usuel  :  «  Et  puis,  tu  sais,  rien  que  des  gros  !  », 
81^  t.,  15-17  ;  I  «  il  tombe  «  du  gros  )»),  Echo  de  P,, 
fin  avr.  ou  1-5-16,  récit  de  guerre  ;  —  ellipse 
du  substantif  obus.  —  gros  vert,  m..  Gros  obus 
dégageant  une  fumée  verte  ;  un  soldat  des 
tranchées  de  Luxembourg,  sain.  ;  —  d'où,  syn.  : 

—  289  -- 

ESNAULT  19 


pernod  ;  d.  ;  —  vert  absinthe.  —  gros  noir, 
m.,  Gros  obus  dégageant  une  fumée  noire  ; 
8le  t.,  14-17  ;  10e  ii^f.^  à  Morhange,  -l4  ;  40^  art., 
-18  ;  Obus  de  210  ;  inf.,  Lorraine,  14-15  :  «  Oh  ! 
ceux-là,  c'est  pas  les  vrais  gros  noirs  )),  un  soldat 
désignant  un  éclatement  un  peu  verdâtre, 
46^  inf.,  fév.  15;  |  cohen,  74  ;  V.  du  p.,  qui 
définit  trop  spécialement  «  Obus  de  150  »  ;  — 
ce  nom  n'a  aucun  besoin  d'avoir  été  traduit  de 
l'anglais  big  black,  même  sens  ;  et  tel  qu'il  se 
date,  les  Anglais  au  contraire  ont  pu  le  traduire. 
—  gros  lourd,  m.,  Obus  de  gros  calibre  ;  «  Il  y 
a  de  tout  là  dedans  :  du  75,  du  80  de  montagne, 
des  torpillesj  du  «  gros  lourd  ».  Une  musique 
endiablée  »,  A.  fr.,  16-4-16,  p.  3,  c.  2.  —  Dans 
ces  trois  noms  composés,  gros,  qui  sous-entend 
obuSf  e^t  substantif.  — ^  B,  Tabac  de  troupe  ; 
usuel  et  universel  :  «  du  gros  »  ;  «  le  gros  est 
bon  pour  la  pipe  »  ;  —  ce  tabac  étant,  plus  ordi- 
nairement encore,  et  sans  conscience  de  pitto- 
resque, nommé  le  gros-cul,  je  ne  vois  pas  dans 
gros  l'abrégé  de  gros- cul,  mais  de  gros  tabac, 

gros- cul,  m.,  Bidon  militaire  de  deux  litres  ; 
81^  t.,  déc.  16,  monax.  —  L'idée  de  gros  vient 
de  la  comparaison  avec  le  bidon  d'un  litre,  de 
l'ancien    règlement,    mais    qui    subsista  ;    cul 

—  290  — 


exprime  sans  doute  la  base  du  bidon,  large  à 
proportion.  —  Ce  mot  est  précieux  sémantiquc- 
mentj  en  ce  qu'il  invite  «à  penser  que  le  parlant, 
Retailleau,  paysan  vendéen  fixé  à  Nantes, 
compare  ce  bidon  à  quelque  chose  comnae  une 
culasse  de  farine,  et  que  cette  image  risque 
d'expliquer,  en  ligne  collatérale,  gros-cul,  Ta- 
bac de  troupe  (^).  — Et  toutefois,  la  grossièreté 
et  la  lourdeur  s'exprimant  par  le  oui,  le  paysan 
étant  un  cul-terreux^  le  saunier  un  cul-salé^  etc., 
et  le  simple  soldat  étant  un  lourdaud  à  dé- 
grossir, le  tabac  *de  gros-cul  n'est-il  pas  fort 
simplement  du  tabac  de  soldat,  par  opposition 
au  tabac  de  caporal^  qui  est  déjà  plus  affiné  ? 
grosse-julie,  f.,  Avion  d'école  Nieuport  ;  Mi- 
ramas,  mai  18.  —  Cet  appareil  a  28  mètres  de 
surface  portante,  d'où  l'idée  d'évoquer  l'hé- 
roïne d'une  chanson,  populaire  à  Paris  dès  -95, 
«  ma  gross'  Juli-i-i-i-e  »  ;  sa  grosseur  en  fait 
d'ailleurs  l'antithèse  naturelle  du  petit  Nieu- 
port monoplace  que  son  constructeur  a  nommé 
Bébé.  ■ —  A  leurs  petits  monoplaces  les  Anglais 


(1)  Ce  gros  cul,  traité  par  d.  de  «  nouvel  arrivant  3), 
était  àîchi-établi  dès  -§5  au  19®  îiif.  —  Dattâ  p-Ois  ml, 
Gfos  tëbat,  b.,  ail  h'esl-il  pas  simpleini^tit  cHl  éterit  fi6- 
gligcmment  pM  le  <^&rrefepotidaiit  de  M.  Dauaat  ? 


—  2«1 


ont  donné  le  nom  de  «  tabloïd  »,  les  assimilant 
aux  comprimés  comestibles  pharmaceutiques  de 
ce  nom.  —  Cf.  bébé,  Canon  de  75  et  Petit  che- 
min de  fer  ;  d1 

grosse-noire,  f..  Gros  obus  noir  :  «  les  «  grosses 
noires  »  et  les  105  fusants  »,  Matin,  6-7-17,  p.  2, 
c.  3  ;  —  ellipse  du  substantif  marmite. 

groupard,  m..  Soldat  des  Groupes  Spéciau^c 
(formés  de  la  réunion  des  anciens  joyeux  et 
des  hommes  qui  ont  subi,  depuis  leur  temps  de 
service,des  condamnations  de  droit  commun)  ; 
z.  Armée  de  la  Guerre,  199.  —  Cf.  frontard. 

grouper.  Saisir,  Prendre,  d'où,  1,  Chaparder  ; 
usuel  aux  231®,  360^  inf.,  14-15  ;  j  ma  toile  de 
tente  «  qu'un  de  ces  fumiers-là  parlait  de  m' grou- 
per »,  Feu,  9  ;  «  Quel  est  l'enfaût  d'voleur  qui 
m'a  groupé  ma  gamelle  ?  »,  Crocodile,  in  B.  des 
A.,  28-2-17  ;  —  2,  Surprendre,  Arrêter  (poli- 
cièrement)  ;  se  faire  grouper.  Etre  pris  (pour 
être  puni)  ;  231®  inf.,  -15; —  ||  grouper.  Saisir, 
MICHEL.  —  On  a  signalé  à  d.  rouper,  Chapar- 
der ;  D.  le  rattache  à  un  roupiner  plus  ancien, 
que  je  ne  connais  pas. 

guéguerre,  f..  Guerre  :  «  alors  je  vais  faire  un 
tout  petit  peu  «  la  guéguerre  »  et  j'irai  voir  Gui- 
guet  avant  le  dîner  »,  paroles  de  Dorme  partant 

—  292  — 


au  combat  aérien  qui  fut  son  dernier,  vitalis, 
Gu.  Aér.,  23-8-17. 

guerriculteur,  m.,  Celui  qui  désire  l'exten- 
sion de  la  guerre,  parce  qu'il  y  profite  ;  81®  t., 
mai  17.  —  Le  mot,  et  l'idée  du  mot,  sont  d'or- 
dinaire en  situation  dans  la  bouche,  et  l'esprit, 
de  ceux  qui,  en  temps  de  paix,  seraient  grévi- 
culteurs. 

gueulard,  m..  Canon  ;  D.  m.  p.  —  gueularde, 
f.,  Artillerie  lourde  ;  D.  m.  p.  —  Syssém.  : 
râleur,  m.,  aboyeur,  m.,  et  roquet,  m..  Canon  de 
75  ;  40®  art.,  -18  ;  —  en  boche,  chien  de  garde,  75. 

guichet,  m.,  Créneau  de  tranchée  ;  95®  inf.  : 
monter  aux  guichets,  Monter  en  première  ligne  ; 
envoyer  un  homme  au  guichet,  l'Envoyer  au 
créneau  ;  —  date  de  -17  dans  ce  corps.  —  Cf. 
concierge,  curieux. 

guitare,  f..  Sorte  de  grenade  à  main,  fran- 
çaise, désuète  depuis  -15  ;  289®  inf.,  -18  ;  mot 
ignoré  au  81®  t.,  14-17;  |  V.  du  p.  ;  voir  calen- 
drier. —  mandoline,  f.,  Grenade  à  manche  ; 
D.  —  De  la  forme. 

guitoune,  f.,  Abri  aux  tranchées  ;  81®  t., 
printemps  15  en  Artois  ;  |  «  Dans  les  guitounes 
de  Carency  »,  mac  orlan,  Journ.,  17-7-15  ; 
divers  secteurs  du  front  français,  notamment 

—  293  — 


en  Artois,  14-15,  et  corps  expéditionnaipe  dei 
Dardanelles,  mai  15,  dauzat,  16^447,  663  ; 
«  un  gourbi,  une  guitourne,  un  cagibi  ;  c'est  la 
chambre  à  coucher  du  poilu  »,  rochçh;  |1  usité 
dès  longtemps  par  nos  troupiers;  ex.  :  marque» 
RiTTE,  Braç^es  Gens,  i\, (Revue  de  P.,  1-1^05, 129). 
—  Pris  à  l'arabe  kito\în,  Tepte,  -^  cf.  cfiouya  — , 
ce  mot  s'est  répandu  sur  le  front,  non  pour  des 
raisons  de  secteur,  mais  selon  le  nombre  et 
Pinfluençe  morale,  dans  une  compagnie  des 
individus,  dans  une  armée  des  régiments,  qui 
avaient  servi  en  Afrique,  et  surtout  ailon  les 
synonymes  qui  avaient  déjà  possession  de 
l'usage  ;  au  81^  t.,  en  oct.  17,  guitoune  n'avait 
nullement  réussi  à  devenir  populaire,  sana  que 
je  puisse  dire  comment  l'annamite  cagna  s'était 
imposé.  —  La  forme  «  guitourne  »,  apax,  rap^ 
pelle  une  amusante  erreur  accompagnée  d'une 
étymologie  trop  ingénieuse  ;  «  Allumer  la  quir 
tourne,  -^  argot  de  filles,  —  c'est  mettre  la 
lampe  allumée,  le  soir,  derrière  le  rideau  de 
la  fenêtre.  Qui  tourne,  fenêtre,  est  tout  neuf  », 
G.  GRisoN,  Figaro,  23«11-81.  Allumer Jia  gui- 
toune, c'était  simplement  Eclairer  la  chambre 
(de  façon  à  appeler  le  client). 
habillé  comme  une  truie  avec  deux  rangées 


304 


de  tétons,  Vêtu  d'une  veste  ou  capote  croisée  à 
deux  rangées  de  boutons  ;  un  qu^'-m^,  fév.  18. 
—  Cf.  veston  de  singe,  m..  Petite  veste  du  soldat 
(jusqu'en  -15),  et  Ancienne,  veste  du  marin, 
courte  et  ronde  par  en  bas,  qui,  laissant  pendre 
les  bras  très  au-dessous  de  sa  chute,  donnait 
aux  bras  et  à  l'homme  un  aspect  simiesque  ; 
un  m^-fe»,  mai  18.  —  corset  de  singe,  m.,  Bau- 
drier anglais  qu*ont  adopté  par  fantaisie  force 
officiers  français  ;  17®  alpins,  -17. 

hanneton,  m.,  Avion  ;  d.  •  — syssém.  et  syn.: 
bruant,  m.  ;  d.  ;  — ^  de  bruant,  Hanneton, 
dans  le  nord  ;  —  frelon,  m.  ;  d. 

hauts-de-vase,  m.,  Conducteurs,  mécaniciens 
et  menuisiers  du  génie,  qui  restent  à  Parrière 
et  font  peu  de  travail  ;  8®  génie,  d.  —  Aucun 
électricien  n'a  pu  me  dire  un  sens  technique  de 
ce  mot,  qui,  selon  d.,  a  été  altéré  en  Hovas, 
usuel,  ib.  L'altération  n'a-t-elle  pas  été  in- 
verse ?  Les  Hovas  sont  l'aristocratie  conqué- 
rante, donc  les  fainéants,  de  Madagascar.^ 

herbe  !  (douoement  sur  1'),  Par  un  atterris- 
sage heureux  et  agréable  i  «  Est-il  [lo  poilu 
sous  un  bombardement]  bousculé  par  le  souffle 
[de  l'obus]  ?  Il  ajoute  :  —  Doucement  sur 
V herbe  ou  dans  les  roses  »,  Cri  de  P.,  vers  juill.  16. 

—  295  — 


—  image  prise  de  l'aviation  :  atterrir  en  cares- 
sant la  marguerite,  Atterrir  avec  une  douceur 
idéale  ;  esc.  S-152,  juill.  18  ;  |  «  il  effleure  la 
marguerite  »,  musidora.  Herbe,  roses  et  mar- 
guerites, sont  espèces  du  genre  accident  de 
terrain,  mais  du  sous-genre  doux  accident. 

hirondelle,  f.,  Eclat  d'obus  ;  inf.,  Lorraine, 
14-15  ;  289®  inf.,  -18.  —  Cf.  coucou,  tourterelle. 

hirondelle  de  cimetière,  f.,  Eclat  d'obus  de 
retour  ;  246®  inf.,  Apremont,  avr.  17.  —  Sys- 
sém.  :  papillon  de  corbillard,  m.,  même  sens  ; 
246®  inf.,  environs  de  Chauny,  24-3-18  ;  ce  mot 
et  le  précédent  s'emploient  d'ordinaire  au  plu- 
riel, et  pour  cause.  —  Le  peuple  nomme  en 
règle  générale  hirondelle,  papillon  (de  ceci  ou 
cela),  l'homme  ou  la  chose  qui  hante  de  prédi- 
lection (ceci  ou  cela)  :  hirondelles  de  la  mort, 
Croquemorts  et  Gendarmes  de  service  à  une 
exécution  capitale  ;  papillons  d'auberge.  Coups 
de  poing  ;  ici  le  complément  indique  le  lieu  où 
on  est  conduit,  par  l'hirondelle  et  le  papillon, 
comme  dans  fleurs  de  cimetière,  Taches  qui 
viennent  au  vieillard  sur  la  peau. 

homme- flexibles,  m..  Soldat  de  service  aux 
tubes  flexibles  pour  le  gonflement  d'un  diri- 
geable ou  d'un  captif  ;  texte  ici  caporal-tubes  ; 

—  296  — 


—  par  la  même  métonymie  mulet,  m.,  et  bour- 
rin, m.,  Mitrailleur  muletier  ;  81®  t.,  -14  ;  — 
homme- lettres,  m..  Vaguemestre  ;  Feu,  41  ;  doit 
sans  doute  se  prononcer  comme  omelette  ;  — • 
homme- perco,  m.,  voir  perco. 

horizon  (bleu),  m..  Bleu  clair  de  Tuniforme 
adopté  pour  l'infanterie  en  nov.  14;  |  «  ses 
yeux  bleu  horizon  »,  Feu,  158.  —  Autre  couleur 
de  guerre  :  moutarde.  Jaune  d'ocre  :  «  sa  va- 
reuse, sa  culotte,  ses  bandes  molletières,  uni- 
formément «  moutarde  »  »,  hirsch,  Journ., 
23-10-16. 

hosteau,  m..  Hôpital  ;  général,  mais  sentant 
l'argot;  I  Gaspard,  168;  |1  hosto.  Hôpital,  Phi- 
libert, 282,  300.  —  Le  latin  hospitale  est  devenu 
en  France  oustau  dans  le  midi,  hôtel  dans  le 
nord  ;  le  bas-langage  du  nord-ouest,  en  repre- 
nant oustau  à  la  langue  d'oc,  comme  en  témoigne 
Vs  de  hosteau,  lui  a  donné  un  autre  suffixe, 
-eau,  en  patois  -  iau,  dont  témoigne  la  variante 
ostio  ;  hosteau,  et  ses  variantes,  en  argot  de 
malfaiteurs  au'  début  du  19®  s.,  signifient  Pri- 
son ;les  notions  Hôpital  et  Prison  se  confondent, 
soit  parce  que  la  même  maison  qui  soigne  les 
gueux  les  détient,  soit  parce  que  le  détenu  est 
compté  pour  malade  dans  la  conversation  des 


i 


—  297  — 


malfaiteurs.  —  Dans  eoinc'to,  m.,  Recoin,  Coin, 
très  usuel,  (dès  -05,  Paris),  -to  peut  être  dû  à 
une  synonymie,  large,  avec  hosteau,  logeteau  ; 
-c-  au  verbe  coincer,  Serrer  (dans  un  espace 
étroit,  comme  par  des  coins)  ou  au  diminutif 
coinçon. 

hurler.  Faire  son  bruit  très  fort,  en  parlant 
d'un  moteur  ;  «  Le  moteur  tourne  régulièrement 
à  ses  1.220  —  1.240  tours,  ma  grosse  hélice 
tant  décriée  fait  merveille  et  je  plains  les  cama- 
rades dont  les  moteurs  «  hurlent  »  à  1.350  tours 
pour  gagner  quelques  chevaux  »,  l'étoile 
BLEUE,  Gu.  Aér.,  31-5-17,  p.  452,  c.  2. 

inapter.  Déclarer  inapte  :  «  Le  major  veut 
que  tout  le  monde  se  présente  à  la  visite  en 
vue  de  la  vaccination  antiparatyphoïdique  ;  à 
lui  d'inapter  ceux  qu'il  jugera  convenable  », 
un  sergent,  (lettré),  81^  t.,  mai  16.  -—  Cf.  per- 
missionner,  Gratifier  d'une  permission  ;  D.  m.  p.; 
—  le  sens  précis  n*est-il  pas  Porter  sur  les  états 
de  permissionnaires  ? 

influence  (la  faire  à  1'),  Paire  des  épates. 
Faire  l'important  ;  120®  chass.,  juill.  16  ;  avia- 
teurs et  marins,  17-18;  |  «  c'est  toujours  les 
plus  foireux  qui  le  font  à  Pinfluence,  chez  les 
bistrots  »,  Cabaret,  465.  —  Dans  cet  usage,  il 

—  298  — 


\ 


no  s'agit  p£^s  de  se  prépeater  comme  influent  ; 
mais  dans  une  certaine  France,  politique,  l'épa- 
teur  travaille  surtout  à  pe  faire  croire  influent, 
instfillçr,  Se  faire  valoir,  Se  vanter  ;  lam»- 
BEPT  ;  «  D'un  copain  prétentieuat  qui  fait  va- 
loir geg  patrouilles,  on  dit  qu'il  installe  )),  Cri 
de  P,,  vers  juilL  16.  —  Comparaison  avec  oes 
revues  d'installage  où  le  troupier,  par  un  dia^ 
positif  6oigneu3ç,  met  en  valeur,  étalés  sur  aon 
lit,  des  riens  ;  de  cette  même  image  dérive,  en 
parlant  de  la  bêtise  d'un  homme,  «  Ce  que  tu 
en  a^  uftQ  couche  1  Tu  pourraisi  installer,  tu 

sais   »,   COURTEÏ.JNE. 

jardin  gur  l@  nombril  (un  petit),  une  Tombe 
au  cimetière,  ou  au  bord  d'une  route  ;  81^  t., 
14-1.7  ?  «  Que  la  guerre  durera  deux  ans  ?  Alors 
nous  aurons  tous  un  petit  jardin  sur  le  nom- 
bril »  ;  —  P^tit  jardin  sur  le  ventïô,  m„  même 
sens  ;  sons  g^nit,  autom,  45  et  85, 16-18  ;  | 
à  petit  cimetière  <C,,,>  où  dormaient,  «pec  un 
ïpetit  jardin  sur  le  centre,  comme  disent  les  sol- 
lats,  tous  ceux  qui,  jamais  plus,  ne  seraient 
•élevés  du  secteur  »,  arnoux.  Matin,  3-4-18.  — 
^Çf,  parc- aux- os. 

Jean  h  ifouin,  sobriquet  du  matelot  de  la 
larine    nationale  ;   très    usuel    aui'    marins    : 


«  C  n'est  pas  des  permissions,  ce  n'est  pas  de 
i'amour,  Ce  qu'il  faut  à  Jean  1*  gouin,  c'est 
trois  doubles  [de  vin]  par  jour  !  »,  fin  de  cou- 
plet sur  l'air  de  la  Madelon,  S*-Nazaire,  -18  ;  || 
semble  aux  marins  s'être  établi  entre  -02  et  -04  ; 
mais  gouin  est  déjà  dans  dlle,  F.- A,,  et  dans 
RiCHEPiN,  à  propos  de  mariniers  :  «  Arrive 
enfin  le  tas  des  gueux,  comme  une  troupe  De 
canards  éclopés  qui  poussent  des  couincouins 
Ce  sont  les  vieux  pouillards,  les  gouines  et  les 
gouins  »,  La  Mer,  les  Haleurs.  —  Jean  le  ma- 
rin — >-  maringouin,  par  queue  romantique, 
(ex.  «  les  maringouins  d'eau  douce  !  »,  propos 
de  matelot,  leturque,  Tire-Lire,  127),  — >► 
g'owm,  par  apocope.  —  (Comment  évoquer,  avec 
D.,  un  «  ancien  uniforme  »  blanc  des  marins  ? 
en  breton  guen,  Blanc,  et  le  patronyme  Le 
Guen,  sont  prononcés  par  u  consonne  (comme 
Guise)  ;  quelques  horsains  prononcent  comme 
gain,  personne  comme  gouin  (^) . 


(^)  Les  notes  de  d.  sur  Targot  des  marins  sont  faibles  : 
la  Normandie  n'est  pour  rien  dans  «  consignes  noroua  »  ; 
lascar  et  dominique  sont  des  mots  ancestraux  ;  le  castor 
n'est  pas  tant  un  «  jeune  marin  »  qu'un  Ex-mousse  ;  la 
bataille  de  confettis  n'est  pas  un  «.charbonnier  »  ;  le  six- 

—  300  — 


jetons  (avoit  les),  Avoir  peur  ;  2^  c^^,  août  18. 

jeunot,  m.,  Soldat  jeune  ;  divers  soldats  et 
marins,  17-18;  |  D.  m,  p.  ;  «  dans  l'escouade 
il  y  a  quatre  ou  cinq  «  jeunots  »  »,  je  an  des 
VIGNES  ROUGES,  Joum.,  2-7-16  ;  Il  a  Le  jardi- 
nier qui  est  jeunot,  on  peut  le  faire  engayer  par 
une  môme  »,  Philibert,  238  ;  —  on  dit  aussi 
jeunet,  ex.  Cabaret,  457. | 

jockey,  m..  Conducteur  d'artillerie  ;  40^  art., 
fin  17-mai  18  ;  —  a  remplacé  charretier. 

jockey  (régime),  m..  Alimentation  peu  abon- 
dante ;  au  front  avant  mai  18  ;  —  être  au  ré- 
gime jockey.  Jeûner  par  force  ;  8®  génie,  13^  tir. 
alg.,  avr.  18  ;  —  les  jockeys  se  privent  pour  con- 
server leur  légèreté.  —  Syssém.  :  ration  de  La 


pieds  est  le  Mécanicien  principal    [cipal  — >-  six-pieds), 
non  l'officier  mécanicien  ;  Canonnier  se  dit  bousoux,  non 
houson  ;  hosco,  Maître  de  manœuvre,  n'est  pas  le  fran- 
çais bossu  mais  l'anglais  bossman  ou  notre  vieux  bosseman 
avec  suffixe  plaisant  ;  le  bico  n'a  rien  à  voir  avec  le  bur- 
lous  blanc  du  Bédouin  ;  le  cuisinier  ne   s'appelle  pas 
>M,  mais  la  Corvée  de  vivres  poste  aux  choux.  —  Au 
Î26  art.  1.,  descendre  à  terre,  Aller    à  l'arrière,  d.,  (té^ 
loin  breton),  est  dans  le  vrai  un  fait  de  marine  :  aller  à 
zrre,  pour  un  marin,  c'e&t  Etre  permissionnaire,  même 
'il  est  «  embarqué  »  dans  un  poste  à  terre,  même  s'il 
it  au  «  dépôt  ».  —  Voir  goéland,  *matali  matau. 

—  301  — 


Ramée^  Nourriture  de  prisoû,  Jargon  (1849)  ; 

—  La  Ramée^  nom  typique  du  soldat» 
jo££rej  m.^  Pièce  d'or  de  vingt  francs  ;  D.  m. 

p.^  S0U6  monnaie  ;  ■'^  a  le  ciel  bleu  j  offre  »,  Bieu^ 
horizon,  sbm>  Joum.,  18-9'lB,  présente  la  même 
allusion  reconnaissante  à  Iti  suprématie  du 
généraUen^ohef. 

Joséphine,  f.,  A,  la  Baïonnette  ;inf.  c^^*^,  Let^ 
tns  héroïques  (1916)^44;  —  B,  la  Pipe;  ^Aetjs, 
565  ;  —  G,  Pièce  de  75  ;  dauzat,  16-4-17,  664. 

—  Joséphine  étant  un  nom  d'excellentes  Fran- 
çaiseS)  il  est  naturel  que  le  soldat  le  donne  à 
ses  plus  fidèleè  compagnes,  —  notamment  au 
76  que  le  colonial  nomme  «usai  par  excellence 
le  petit  Français^  Lettres  héroïques ^  44  ;  et 
d'autres,  Gugusse,  Julot,  d. 

journal  (lire  le),  1)  Ne  pas  avoir  à  manger  ; 
81®  t.j  14-15)  soldats  et  grades,  ex-coloniôux  et 
parisiens  )  \\  «  Mon  père  me  disait  :  Tu  n'as  pas 
donné  à  manger  aux  chevaux,  ils  lisent  le 
journal,  dans  l'écurie  »,  souvenir  d'enfance 
d'un  homme  de  Pleurtuit  (d-du-N.)  âgé  de 
32  ans,  -18.  -^  Remplaçant  syn*  de  lire  la 
^atette,  Jeûner,  (archaïque),  bruant  ;  prendre  un 
plat  d'affiches,  «  Ne  pas  avoir  de  quoi  déjeuner, 

—  dans  le  jargon  des  ouvriers.  A  Theure  du' 

—  303  — 


déjeuner,  celui  qui  n*a  ni  argent,  ni  crédit, 
flâne  comme  une  âme  en  peine  et  fait  des  sta- 
tions devant  les  affiches  des  théâtres  »,  rig. 
Plus  anciennement,  jeûneur  malgré  soi,  on 
allait  devant  un  restaurant  manger  son  pain  à 
la  fumée  du  rôt  ;  mais  aujourd'hui  tout  le 
monde  sait  lire  et  ventre  affamé  a  un  cerveau. 
jubéol,  m..  Café  ;  40®  art.,  -18  ;  —  jubol 
suffixe  d'après  globéol,  (reconstituant)i  ou  che- 
vauchement de  jus  +  globéol  ;  —  d'où,  syn.  : 
béol,  m.,  ib.  ;  —  apocope  ;  —  gyraldose,  f., 
ib.  ;  — gyraldose  Y oisiiiG  avec  jubol  et  globéol 
parmi  les  réclames  ;  —  spermatol,  m.,  ib.  ;  — 
tonique  imaginaire. 

jubol,  m.,  A,  Vin  ;  b^^  sanit.  autom.  85,  juin 
18  ;  —  le  jubol  est  un  purgatif  qui  illustre  les 
journaux  d'ingénieux  dessins  allégoriques  ;  le 
vin,  potion  souveraine,  nettoie,  remède  héroïque, 
les  intestins  des  héros  ;  —  syssémi  :  tripoli, 
Eau-de-vie,  rig.  ;  Rhum,  d'esparbès,  Demi- 
Soldey  X  ;  —  quiconque,  après  une  diètcj  a  bu 
un  coup  d'alcool,  s'est  vu,  le  gosier  au  moins, 
fourbi  et  éclairé  ;  cf.  écouçillon.  —  B,  Nettoyeur 
de  tranchées,  soldat  qui  lutte  corps  à  corps 
avec  l'ennemi,  grenade  à  la  main,  couteau  aux 
dents  j  V.  du  p.  \  —  «  Nettoyeur  de  boyaux  ))^ 

—  303  — 


dit  le  F.  du  p.  :  c*est  l'étymologie,  comme  pour 
le  sens  A  ;  —  cf.  pagéol. 

juge  de  paix,  m.,  Mortier  de  220  ;  artilleurs, 
60e  Don  1546  ;  —  «  il  était  d'usage,  lorsqu'on 
était  bombardé  par  du  gros  calibre  boche,  de 
faire  répondre  coup  par  coup  par  du  220,  ce 
qui  ne  tardait  pas  à  mettre  un  terme  à  cette 
sorte  de  discussion  »,  j.-p.  faure. 

jumelles,  f.,  Gros  yeux  proéminents  ;  sol- 
dats, G.  TURPiN,  avr.  18  ;  —  les  jumelles  affec- 
tées aux  officiers  et  sous-officiers  dans  la  pré- 
sente guerre  peuvent  être  la  cause  occasion- 
nelle de  cette  image,  qui  souligne,  non  sans 
exagération,  la  métaphore  des  syssém.  sui- 
vants :  —  carreau,  m.,  Œil  ;  paraud  ;  «  Jamais 
je  n'arriverai  à  rien  avec  les  «  carreaux  cas- 
sés »  »,...  étant  Aveugle,  b  ri  eux,  Ann.  p.  L, 
30-7-16,  p.  136  ;  11  RiG.;  —  vitre,  f.,  Œil  :  Il 
«  écarquille  les  vitres  »,  Feu,  21-8-16  ;  (cf.  yeux 
dépolis,  Yeux  vitreux,  Feu,  308)  ;  —  vasistas, 
m.  Œil  :  «  Faudrait  pas  encore  recevoir  ça  [un 
éclat  d'obus  comme  celui-ci]  dans  l'vasistas  », 
Feu,  231.  —  Cf.  périscope. 

jus,  m..  A,  Café  ;  très  usuel  et  universel  : 
«  Au  jus,  là  dedans  !  »,  cri  traditionnel  de 
l'homme  qui  apporte  le  café  matinal,  dans  la 

—  304  — 


chambrée  autrefois,  dans  l'abri  de  tranchée 
aujourd'hui  ;  —  synecdoque  de  jus  de  chique, 
usuel  aux  marins  dès  -86,  ou  de  jus  de  chapeau, 
(exactement  Sueur  mêlée  de  poussière),  usuel 
aux  civils  dès  -86  ;  cf.  rig.  ;  l'ellipse  est  in- 
consciente, et  jus  ne  comporte  plus  aucune 
défaveur. 

B,  1,  Huile,  d'où  Energie  :  —  a,  mettre,  jeter 
du  jus,  en  mettre,  Travailler  énergiquement  ; 
usuel  et  général  ;  en  mettre  un  jus,  Se  dépê- 
cher ;  2®  c^l,  -18  ;  —  parce  qu'on  dit  mettre  de 
V huile  de  coude,  même  sens  ;  —  b,  avec  jUS,  avec 
Energie  ;  81^  t.,  -16  \  y  aller  a^ec  jus,  Mettre 
de  l'entrain  ;  —  c,  jeter  un  jus.  Briller  ;  Pari- 
siens ;  I  «  Ça  jette  un  jus  !  y  a  plein  d'dorures 
et  ça  r'iuit  »,  machard,  Guerre  des  mômes.  Fan- 
tasio,  15-10-16,  p.  199,  —  parce  qu'on  dit  jeter 
de  rhuile,  Briller,  l'huilç  donnant  du  brillant, 
(rig.  donne  jus.  Elégance)  ;  —  d'où  juteux,  m.. 
Adjudant  ;  usuel  et  général;  ||  antérieur  à  -14  ; 
—  syn.  de  gommeux,  (rig.  donne  juteuse, 
Femme  élégante),  parce  qu'il  est  le  mieux 
habillé  des  sous-officiers  (?),  c'est  l'explication 
de  SAIN.,  —  à  moins  qu'il  soit  ainsi  appelé, 
lui  qui  n'a  tout  de  même  pas  le  chic  officier, 
et   qui,   en   temps   de   paix,   est   souvent   trop 

—  305  — 

BSNAULT  20 


chargé  de  famille  ppur  faire  f^^taisie,  en  raison 
du  jus,  de  l'Energie,  qu'il  met  à  faire  respecter 
la  discipline  et  à  organiser  le  service  dont  il 
est  protagoniste  ;  —  d,  valoir  le  jus,  Valoir 
l'argent  dépensé,  Etre  remarquable  :  ça  vaut 
le  jus,  C'est  une  chose  à  aller  voir,  C'est  impa- 
yable ;  «  Oui,  tu  vaux  l'jus,  mon  vieux  [pour 
ta  taille  gigantesque]  !  »,  Feu,  47  ;  —  parce 
que  Vhuile  c'est  l'Argent,  (dès  1694,  micrel), 
et  cette  explication  se  confirme  par  la  location 
analogue  ça  vaut  Vos,  Ça  vaut  l'argent  dépensé, 
—  à  iTioins  qu'il  faille  comprendre  Ça  vaut  la 
peine  (de  le  fairp,  de  se  dérfinger),  avec  jus  syji. 
de  Peine,  de  Travail  ;  —  e,  aller  au  ji;g,  «  aller 
à  l'assaut  d^  la  tranchée  ennemie  »,  sain.  ;  — 
parce  qup  le  jus  c'est  le  Travail  et  le  travail 
le  Combat  ;  SAm.,  seule  autorité  que  j'aie 
po^r  cptte  ^oc^tion,  et  qui  n'en  déclare  pas  la 
sourcp,  l'explique  autrement  :  ce  sériait  P  aller 
an  café  »,  s'pxposer  ^\i^  «  moulins  à  café  »  4c 
l'ennpmi  ;  mais,  d'abord,  la  mitrailleuse  à  subir 
n'est  pas  tout  le  cpmhat  ;  ensuite,  elle  est  un 
moulin  à  café,  nop  pas  un  filtre  à  pafé,  les  pr^- 
np^^:^  qu'elle  Iftl^ce  n'pnt  pas  de  jus  autqur  ; 
enfin,  aller  au  jus  est  l'expression  consacrée 
pour   4Ucr   chercher   le   c£^fé   (pour   les   cama- 


rades),  et  non  jamais  pour  le  Boire  ;  —  f, 
court-jus,  m.,  Court-circuit  ;  8^  génie,  c^^  D-4, 
sept.  18  ;  —  le  circuit  électrique  étant  une 
Energie.  —  2,  Sauce,  d'où  Essence  de  moteur  à 
explosion  ;  mettre  le  jus,  Mettre  l'essence  ;  mé- 
canos d'av^^,  Pau,  mars  18  ;  cf.  sauce. 

juteuse,    f.,    Pipe;   inf.,    secteur    174,    -18;   | 

CHAPELLE. 

kaddour,  m.,  Chef  de  bataillon  ;  13^  tir.  alg., 
-18.  —  Arabe  kaddour,  Grand. 

kébir,    m.,    1,  Colonel  ;  13^  tir.  alg.,  -18;  H 
Chef    de    corps  ;    dlle.  —    Arabe    kbir,  kébir. 
Grand.   —  2,  cabir^    Capitaine  ;   98^   inf.,    -17  ; 
|d. 

kébour,  m.,  Képi  ;  mécanos  d'av»",  Pau, 
mars  18;  |  agatha  ;  imprimé  «  kibour  »  dans 
HENRioT  ;  —  suffixe  peut-être  d'après  chebour, 
Eperon.  —  Syn.  :  képlard,  m.  ;  agatha  ;  — 
suffixe  comme  paplard,  Papier.  —  képçon,  m.; 
«  képeçon  »,  ici  ficelle  ;  —  suffixe  comme  pa- 
quçon,  Paquet.  —  képroque,  m.  ;  pantru- 
CHARD,  116  ;  —  suffixe  comme  labatrock,  Ta- 
bac, (loucherbèm  de  tabac).  —  kébroo,  m.  ; 
AGATHA  ;  D.  m.  p.  ;  Feu,  121  ;  «  kébrocq  », 
B.  des  A.,  12-4-16  ;  —  suffixe  comme  albroque, 
Allumette,  et  pébroque,  Pépin,  (Parapluie).  — 

—  307  — 


Tous  ces  noms  du  képi  sont  inusités  au  81^  t., 
14-17. 

khaki,  m.,  Etoffe  de  fantaisie  :  «  un  uniforme 
de  khaki  bleu  »,  81^  t.,  -16.  —  Khaki,  1,  Terre, 
Poussière  ;  2,  Couleur  brun  jaune  du  sol  de  la 
jungle  ;  3,  Tissu  de  coton  de  couleur  brun 
jaune  ;  4,  Tissu  de  coton,  bleu  à  l'occa- 
sion ;  extension  de  sens  aussi  légitime  que 
celles  qu'on  trouve  dans  ai^oir  le  blanc  de 
Vœil  bleu,  à  chei^al  sur  un  âne,  lumière  obs- 
cure. 

knop,  f.,   Pipe  ;  «  quelques-uns  disent  aussi 
quenauque  »,  dauzat,  27-6-17  ;  knop  est  usuel 
à  la  sous-int*^*^  de    la  22®  D^^^, -16,    (prononcé 
o  fermé  bref,  sauf,  chez  un  Parisien,  o  fermé 
long)  ;  au  camp  de  Ger  (Basses-Pyr.),  6®,  12®, 
18®,  34e,  49e,  123®,  144®  inf.,  16-17  ;  aux  246® 
et    289®    inf.,    (recrutement    parisien),    17-18  ; 
aux   Parisiens   du  40®  art.,  (prononcé  0  fermé 
long),  -18  ;  ignoré  d'une  foule  de  témoins  di- 
vers de  mai  16  à  mai  18  ;  «  assez  peu  répandu  », 
DAUZAT,  27-6-17  ;  «  très  usité  aux  armées   et 
en  usage  avant  1914  »,  g.  maréchal;  |  «  que- 
naupe   »  ;    agatha  ;    V,    du   p.    —   dauzat   lui 
suppose  une  origine  alsacienne  et  propose  que 
ce    soit   l'alsacien    knop,    Etroit,   en    allemand 

-—  308  — 


knapp  ;  le  sématisme  ainsi  obtenu  ne  parais- 
sant pas  péremptoire,  citons,  à  tout  hasard, 
quelques!^mots  de  forme  voisine  :  cône,  f.,  Pipe, 
qui  serait  vieux  d'au  moins  vingt  ans  et  usuel 
à  Dinan  (C.-du-N.),  prononcé  patois  répondant 
au  français  corne  ;  cônet,  m.,  Grosse  pipe,  usuel 
à  Dol  (I.-et-V.)  ;  mais  -ope  comme  suffixe  m'est 
inconnu  ;  —  dope,  m.,  Mégot  de  cigarette  ; 
usuel  à  Paris  ;  —  knoh-kerri,  m..  Massue  an- 
glaise, B.  des  A.,  29-3-16,  p.  10  ;  —  citons  aussi 
pour  sa  ressemblance  phonétique  méknep,  à 
couper,  très  probablement,  mes  knep,  que  j'ai 
recueilli  en  deux  emplois  qui  se  corroborent, 
a,  Mes  knep,  sobriquet,  tout  Homme  grotesque, 
(ouvriers  parisiens,  19®  inf.,  -95)  ;  b,  mes  knep, 
Mes  couilles  (un  marchand  forain,  81®  t.,  -16)  ; 
(bruant,  Dict.  (1901),  donne  kénep,  Ivrogne). 
—  Dérivé  :  quenaupier,  m.,  A,  Fumieur  de  pipe  ; 
D.  m.  p.  ;  —  B,  Marchand  de  tabac,  D.  m.  p.  ; 
«  quénaupier  »,  Débitant  (de  tabac  et  de  vin. 
Feu,  204,  dont  M.  Barbusse  m'écrit  qu'il  l'avait 
«  bien  ouï  une  fois  ou  deux  ». 

lâchage,  m.,  Séance  de  vol  où  l'élève  avia- 
teur est  pour  la  première  fois  livré  à  ses  seuls 
moyens,  thavet. 

lacrymo,  m.,  Obus  lacrymogène  :  «  leurs  sa- 

—  309  — 


loperies  de  lacrymos  »,  Crapouillot,  in  Fronts 
16-3-17  ;  —  cf.  aréo. 

lance- pierres,  m.,  Fusil  ;  agatha  ;  poilu- 
LOGUE  ;  Feu,  90.  —  De  lance- pierres.  Morceau 
de  cuir  monté  sur  fourche  de  bois  avec  un 
élastique,  servant  aux  enfants  à  tirer  les  oi- 
seaux ;  cf.  pétoire. 

Lanterne- arrière,  sobriquet  d'Homme  à  la 
figure  rubiconde  de  vin  ;  S.  A.  P.-X,  -16  ;  — 
la  lanterne- arrière  des  voitures  est  rouge.  — 
Syssém.  :  lanterne  de  claque,  Nez  rouge  ;  Ca- 
baret, 467  ;  —  lanterne  de  bureau  de  tabac.  Nez 
rouge,  et  lampion,  même  sens,  Paris,  -11  ;  — 
falot,  m.,  Nez  d'ivrogne  :  Le  capitaine  engueu- 
lait M.,  son  ordonnance,  «  On  se  disait  :  «  Ça 
barde  pour  le  falot  de  M<C...>>  »  »,  Bourru, 
104  ;  —  pour  son  nez  =  pour  lui,  et  le  nez  de 
M.,  qui  a  bu  le  rhum  du  capitaine,  est  uii  nez 
d'ivrogne  ;  —  anglais,  dangeroUs  signal  (signal 
de  danger),  même  sens,  -18;  — ■  Cf.  phare,  ici 
surface. 

lapin  (tourner  en).  Devenir  lapin  à  force  de 
vivre  sous  terre  :  «  je  tournerai  en  lapin  »,  pro- 
pos d'un  soldat  qui  répugne  à  descendre  dans 
le  boyau  où  il  serait  à  l'abri  du  tir  ennemi, 
ARNoux,  Matin,  3-4-18i 

—  310  — 


lÉk^in  (gagner  le),  1,  Recevoir  une  forte  puni- 
tion ;  matins,  mars  18  ;  —  2,  Commettre  une 
tnalôdresse,  (par  ex.  renverser  du  vin)^  qui 
mériterait  Une  punitioij  ;  marinB,  niai  18  5  — 
un  lapin  vivant  est  souvent  le  gros  lot  dans  Ifes 
loteries  foraines.  —  Syssém.  :  gagner  le  coque- 
tier, Etre  blessé  ou  tué  ;  usuel  dans  les  milieux 
ouvriers,  par  ex.  chez  les  mécanos,  R.  G.  Aé., 
-17;  I  «  Et  pour  exprimer  qu'ils  avaient  bien 
cru  leur  dernière  heure  Venue  le  pilote  —  un  as 
du  bombardement  —  jeta  aux  échos  du  camp 
d'aviation  le  fameux  et  cottsact-é  :  «  Nous  avons 
failli  gagner  le  coquetier  »  »,  eynac,  (>u.  Aér., 
3-5-17  ;  ((  on  l'a  déCrOdhê  le  cocotier...  ^  Pé- 
pèrês,  46  ;  — -il  s'agit  du  «  joli  cocotier  dans  la 
rangée  supérieure  »,  t,  A.  fr.,  1-6-17,  qu'on 
gagne  aux  loteries  foraines  et  qui  symbolise  la 
blessure  capitale  qu'on  peut  recevoir  à  l'assaut. 
—  Cf.,  pour  l'ironie,  gros  lot^  Vérole^  — •  fade, 
(Bien  partagé).  Grièvement  blessé  ;  ^ —  et  pour 
le  sématisme  tiré  des  jeux  forains,  «  «  Pan,  sur 
la  tête  du  gosse  !  »  disent  volontiers  nos  ar- 
tilleurs, devant  un  coup  bien  pointé  »,  daudet, 
A.  fr.,  20-5-16,  allusion  au  jeu  de  massacre  ;  — 
cf.  tonneau. 

larqué,  m.,  A,  Quart  de  litre  :  «  un  demi-lar- 

—  Ôll  — 


que  de  pinard  »,  2®  mixte,  -18  ;  ■ —  B,  Quart 
pour  boire  ;  2^  mixte,  -18.  —  larqubèm,  m., 
mêmes  sens  ;  2^  mixte,  -18.  —  Déformations  du 
mot  quart,  types  larantequé  -< —  quarante,  lou- 
cherbèm  -< —  boucher  ;  le  procédé  est  nommé 
«  loucherbèm  »  ;  bruant,  Dict.,ejk  expose  le  mé- 
canisme. —  Notons  le  succès  de  lougué  ■< — 
coup,  Gorgée,  chez  les  téléphonistes  du  109^  inf., 
16-17,  «  Viens  prendre  un  louké  »,  «  un  cin- 
quième de  louké  »,  lancé  par  un  Lyonnais  ; 
c'est  le  louque.  Verre  à  boire,  de  d.  • —  Autres  : 
lacsé  ■< —  sac,  40^  art,  -18;  la3opèm-< — pajot  ; 
cf.  latsipume,[linarpèm,   loumpé. 

latsipume,  m.,  monax  :  «  Le  Latsipume  », 
nom  d'un  journalfdu  front,  cité  Journ.,  18-7-16, 
p.  4,  c.  3.  —  Je  n'ai  pu  pénétrer  le  sens  du  mot, 
—  qui  semble  du  loucherbèm,  pour  *patsi  (?), 
pastiss,  paquci  ?...,  —  ni  savoir  en  quel  corps 
ce  journal  se  publiait. 

laver  les  yeux  (se),  Regarder  au  périscope  ; 
D.  —  Plus  exactement  se  rincer  Vœil,  Regarder 
de  jolies  choses,  des  spectacles  suaves,  en 
prendre  plein  les  carreaux.  Regarder  longue- 
ment. 

le,  la,  les,  en,  y,  un,  une,  ça,  quelque  chose, 
pronoms  remplaçant  les  noms  les  plus  divers, 

—  312  — 


■ 


et  qui  servent  éminemment  au  langage  par 
allusion  aimé  du  peuple  : 

le  faire,  [le  Coup,  le  Boniment],  Tromper  : 
On  ne  me  le  fait  plus  ;  |  «  On  nous  Ta  trop 
fait.   Attends   avant  de  croire  »,  Feu,  43. 

l'avoir  à  la  caille  ;  voir  caille. 

l'avoir" dans  le  pot  ;  voir  pot. 
h<  l'avoir  sec,  [le  Manillon],  Etre  très  ennuyé  ; 
Tu  parles  si  je  Vai  sec  !,  usuel  aux  Parisianisés  ; 
Il  «  j'ai  *<••.!>  tapé  deux  mois  de  tôle  sans 
sursis  et  ensuite  je  me  suis  vu  diriger  sur  le 
79®  de  ligne  à  Nancy.  Je  te  jure  que  je  Valais 
sec  )),  lettre  d'un  récidiviste,  in  Matin,  22-9-09. 

—  Avoir  le  manillon  sec.  Avoir  un  embête- 
ment ;  usuel  à  Reims,  -06.  —  Sématisme  pris 
du  jeu  de  cartes  le  plus  en  vogue. 

l'avoir  sec,  [le  Gosier],  Avoir  soif  ;   V.  du  p.; 

—  je  ne  l'ai  pas  recueilli  dans  l'usage  et  crains 
que  ce  ne  soit  qu'une  étymologie  fausse  du 
précédent. 

l'arrondir  (se),  [le  Mât  de  cocagne].  Etre 
privé  de  qqch.  ;  81®  t.,  -15  ;  —  syssém.  :  se 
taper  [la  colonne]  ;  —  image  erotique  prise  de 
la  privation  de  femme. 

la  sonner  (se),  [la  Tête],  Bien  manger  ;  voir 
ruche. 

—  313  — 


la  raliietièr,  [la  GuêUle],  Ronchonner  ;  tjsuel 
aux  Parisiens  ;  ||  dès  -08.  —  Usuels  aussi 
rdméfiet-  Sa  gUeUle^  fûmetiet'  sa  science,  rûtnener. 

l'avdit  mauvaise,  \y Humeur,  ou  mieux  la 
Gueulé,  en  prenant  gueule  soit  au  sens  de 
Figure,  ou  de  Conversation,  et  celui-ei  se  com- 
prenant soit  par  la  violence  d'uû  boniment 
aigre,  ou  mieux  pat*  le  désagrément  d'une 
bouche  mdUçdise],  Etre  de  méchante  humeur  ; 
81^  t.,  14-17  ;  I  «  je  commencerai  à  la  voir  mau- 
vaise bien  sisse^  tôt  lorsqu'on  ildus  ramènera 
aux  tranchées  »,  paraIjd,  92,  graphie  inspirée 
peut-être  de  la  trouver  mauvaise,  mais  qui  ne 
se  soutient  pas,  puisqu'on  conjugue  il  Vavait, 
il  Vaurait  rnaUç^aise,  etc. 

la  sauter,  [la  Générale],  Demander  la  vole  à 
là  manille  aux  enchères  ;  Bourg,  hôpital, 
sept.  18.  —  La  locution  consacrée  est  ;  je  prends 
la  générale  ;  si  k  la  [levée)  générale  je  Substitue 
[Madame)  la  Générale,  et  que  je  la  prenne,  il 
est  galamment  logique  de  la  sauter. 

la  sauter,  [la  Perche  ?  la  Ligne  ?  la  Danse 
devant  le  buffet  ?  la  Polka  des  gencives  ?],  Etre 
privé  de  manger  à  l'heure  attendue  ;  360^  inf., 
-15  ;  matins,  déc.  17  -  mai  18  ;  8^  génie,  mai 
18  ;  2®  c^^,   -18  ;  la  sauter  à    pieds  joints,  ma- 

—  814  ~ 


ritis,  -18;  I  «  Vous  «  là  sautez»  quand  un  ... 
accident  survient  aux  cuisines  et  nous  risquons 
de  la  sauter  quand  reviendront  les  beaux  jours 
de  la  guerre  de  mouvement  )),  Poil  et  plume 
(8le  inf.),  in  A,  fr.,  4-7-16,  p.  2,  c.  6  ;  «  on  la 
saute  depuis  ce  matin  »,  p.  b.  (58®  art.),  Contes 
vér.^  69  ;  «  je  vous  annonce  qu'on  «  la  saute  » 
aujourd'hui.  Le  rata  est  raté  »,  a.  cAf,  Fatita- 
sio,  15-10-16.  —  Je  rapprochai  d'abord  cette 
locution  de  sauter  à  la  perche,  Etre  misérable, 
Mourir  de  faim,  dllë  ;  être  à  la  perche^  Grever 
la  faim,  rig.  Mais  j'entends  un  marin,  mai  18, 
faire  observer  à  un  commensal  «  Tu  as  sauté 
une  ligne  »,  Tu  as  oublié  de  prendre  du  second 
plat,  avant  de  prendre  du  troisième  ;  ce  serait 
une  image  prise  de  la  lecture  du  journal,  plutôt 
que  de  l'art  du  typographe  ;  elle  surprendra 
moins  si  on  se  rappelle  le  succès  énorme  et 
général  de  la  locution  être,  nêtre  pas  à  la  page, 
Etre  bien  au  fait,  Etre  distrait.  Enfin,  et  bien 
mieux,  on  parle  de  la  polka  des  genciçes,  et  je 
crois  avoir  recueilli  *la  danser,  Jeûner  ;  on  peut 
donc  voir  dans  la  sauter  son  remplaçant  syn. 
où  la  représenterait  cette  danse  rageuse  qu'on 
sautille  devant  le  buffet  quand  on  ins*- 
pecte    ses  rayons   déserts,   ceux  du  haut,  ceux 

—  315  — 


du  bas,  et    encore  le   dessus   du   meuble  vide. 

la  péter,  [la  Faim],  Jeûner  par  force  ;  360^  inf., 
-15  ;  usuel,  8^  génie,  156^  inf.,  13^  tir.  alg., 
mai  18  ;  —  dér.  syn.  de  la  crever,  {la  faim), 
même  sens,  péter  étant  syn.  de  crever  (avec 
bruif)  ;  cf.  péter  au  point,  Perdre  faute  d'un 
point,  RiG,  c.-à-d.  Crever  au  point. 

la  faire,  [la  Chose,  (l'Entreprise)],  à  V estomac, 
à  r influence  ;  voir  estomac,  influence. 

raccrocher  (se  1'),  [\slJ Ceinture],  Etre  privé 
de  qqch.  :  «  Quelquefois  du  pinard,  mais  le  plus 
souvent  on  se  l'accroche  »,  pantruchard  ;  cf. 
«  tu  t'accroches  trois  belles  ceintures  l'une  sur 
l'autre  »,  Feu,  191  ;  —  syn.  :  se  la  mettre  ;  — 
voir  bride  ;  —  fort  mal  expliqué  dans  sain. 
par  «  littéralement  mettre  son  envie  au  croc  ». 

la  serrer,  [la  Main],  Donner  une  poignée  de 
main  :  «  ton  frangin  qui  te  la  serre  »,  lettre  de 
soldat,  -16. 

la  piler,  [V Asphalte  ?  la  Brique  ?],  N'avoir 
pas  à  manger  ;  2^  c^^,  -18  ;  |  «  On  la  «  pile  » 
salement  »,  p'tit  gars.  —  bruant  a  piler  d^ or- 
gane. Jeûner  ;  dlle,  F.- A,,  sl  piler,  Manger,  (cf. 
piloche.  Dent)  ;  la  piler  serait  *  piler  la  brique 
(sous  les  dents)  ?  Je  crois  plus  heureux  de  rap- 
procher la  piler.   Etre  exténué  de  fatigue  au 

—  316  — 


COUTS  d'une  marche,  Schw.  Sold.,  69,  que  je 
comprends  piler  la  route  avec  peine  ;  *  piler 
Fasphalte,  ce  serait,  comme  le  polir,  Aller  et 
venir  cherchant  sa  vie  ;  (le  genre  d'asphalte  ne 
fait  pas  difficulté,  le  mot  commençant  par  une 
voyelle). 

la  mener  belle,  [V Existence],  Vivre  agréable- 
ment ;  divers  soldats  et  marins,  14-18  ;  |  Phi- 
libert, 103  ;  —  syn.  :  la  mener  douce  et  joyeuse, 
DLLE  ;  —  se  la  couler  douce. 

l'ouvrir,  [la  Bouche],  Parler  :  «  si  tu  n'es  pas 
content  et  qu'  tu  l'ouvres  trop  )),...que  tu  Rous- 
pètes, Feu,  80  ;  «  J'sais  c'  que  j'dis  quand  je 
l'ouvre  )),  ib.,  89  ;  «  tu  n'entendras  jamais  deux 
poilus  l'ouvrir  pendant  une  minute  sans  qu' 
<...>  »,  ib.,  183  ;  «  j'  l'ai  ouverte  »,  ib.,  11-8-16. 
la  boucler,  [  la  Bouche],  Se  taire  :  «  Paraît 
que...  Mais  mieux  vaut  la  boucler  »,  chapelle. 
la  salir,  [la  Photo,  la  Gouache,  V Image,  — 
ou  la  Cabane  ?],  Exagérer  ;  marins,  17-18.  — 
Voir,  sous  égratigner,  les  syssém.  de  Jésus, 
Figure,  et,  sous  cabèche,  cabane,  syn.  de 
Tête. 

les  mettre  ;  voir  bâtons  ;  «  Je  les  ai  mis  », 
CARGO,  Innocents,  204  ;  (dit-on  aussi  *  Je  les  ai 
mises  ?)  ;    —    fort    mal    expliqué    dans    Schw. 


317 


Sold.,  72  :  «  Jjes  meUre  {c.-à-d.  les  pantalons)  : 
s'en  aller  ))  (!) 

les  rouler  (se),  [les  Pelotes  ;  «  une  dans  le  son, 
l'autre  dans  la  farine  »,  ajoute-t-on  parfois, 
81^  t.,  -16],  Fainéanter.  —  Syssém.  :  «  Quand 
nous  n'aurons  rien  à  faire,  faudra-t-il  aussi 
aller  se  sécher  les  çaiiettes  soua  le  hangar  ?  », 
centre  de  dirigeables,  -17. 

les  avoir  à  la  retourne  ;  voir  retournés. 

les  avoir,  [les  Foies,  ou  un  syn.,  voir  copeaux, 
flubes,  grelots,  grolles,  jetons] ^  Avoir  peur  ; 
R.  G.  Aé.,  juin.  18. 

en  avoir,  [du  Plomb  dans  Vaile],  Etre  atteint 
(d'un  projectile)  :  «  J'en  ai  »,  dernierg  mots  d'un 
sergent  mitrailleur,  licencié  en  lettres,  à  Douau- 
mont,  -16  ;  |  «  T'en  as,  toi  ?  »,  benjamin, 
Jour?*.,  21-5-16  ;  «  j'  ((  en  avais  »  dans  le  bras  », 
DAÇAY,  Gu.  Aér.,  30-8-17  ;  «  le  Bqche  [l'avion 
boche]  en  a...  Regarde?,  il  fume...!  »,  fiqué- 
MONT,  Gu.  Aér.,  10-1-18.  —  Syn.  :  en  prendre 
un  coup  dans  le  portrait  ;  360^  inf.,  14-15. 

en  avoir  d^-ns  Iç  buffet,  [du  Cç^ur],  Avoir  du 
cœur  au  ventre,  Etre  courageux  ;  un  cra- 
pouillot,janv.  16  ;  8^  génie,  40^  art., -18  5  |  «JQ'est 
presque  une  bonne  chose  que  d'avoir  à|^se 
battre   pour   chasser   son   cafard,   et   ceux  qui 

—  318  — 


résistent  à  ce  cafard-là  en  ont  dans  le  «  buffet  » 
(sont  des  braves  éprouvés)  )),  Troi^  jours,  19-7- 
16.  —  Syssém.  :  avoir  de  V estomac,  du  fusil.  — 
Syn.  et  syssém.  :  dans  le  coffre,  2^  c^\  -18  ;  — 
dans  le  tube,  ib.  ;  — •  tuhe,  Tenants  et  aboutis- 
sants de  l'estomac  ;  —  dans  le  Ijide,  dans  l'es- 
tomac,  40e  art.,  -18. 

en  avoir,  [des  Couilles  au  cul],  Ne  pas  ^voir 
froid  ^ux  yeux,  Etre  hardi  :  «  ]plsca4rillps  de 
monoplaces  réservées  à  nos  as  pt  ai;af  vievj:?^ 
pilotes  ayant  montré  «  qu'ils  en  ^v^ient  »  )>j 
s. -11^  viALLET,  Gu.  Aér.,  10-1-18,  p.  142,  c.  2. 

en  avoir  plein  les  mirettes,  [du  Sahle],  Etre 
fatigué  ;  D. 

en  avoir  plein  le  pot,  les  ronfles,  le^  arcas- 

sines,  voir  pot,  ronfles,  arcassines. 

en  avoir  ses  pleines  culottesi,  [d'un  Emmerd^- 
ment].  Etre  submergé  d'ennuis  ;  divers  soldats, 
17-18.    '       ff^ 

en  être,  [de  la  Classe],  Voir  venir  la  fin  4e  la 
guerre  :  Ha  f  on  n'en  est  pas  I,  se  dit  h  tqute 
distribution  de  nouveautés  d'habillement  et 
d'équipement  ;  8i^  t.,  15-17  ;  |  «  Un  qui  vou- 
drait bien  en  être  »,  ^igiiaturo,  p.,  p.  238. 

en  faire  un  plat,  [de  Hie^s]  ;  voir  décu- 
lottée. 

—  3td  -. 


en  faire  (s'),  [de  la  Bile,  —  très  probable- 
ment, —  mais  avec  concours  des  syn.  :  du 
Souci,  de  la  Mousse,  des  Cheçeux,  du  Nerf 
pour  la  Chine],  Etre  rongé  de  tracas  ;  très  usuel 
et  général;  |  Faut  pas  s^en  faire  est  le  thème 
des  célèbres  Alternati^^es  du  poilu  (in  B.  des 
A,,  21-23oct.  15)  ;((on  en  écrase  sans  s'en  faire 
une  miette  »,  pantruchard  ;  «  L'  bourin,  il  s'en 
fait  pas  !  »,  à  propos  d'un  cheval  éclopé  qui 
passe  dans  une  voiture,  benjamin,  Journ., 
15-5-16;  Il  date  d'au  moins  -97  ;  dauzat  ;  — 
cf.  «  je  ne  me  fais  pas  de  bile  pour  un  sou  », 

PARAUD,  77. 

en  foutre  à  qqn  plein  les  yeux,  ou  les  châsses, 
ou  les  mirettes,  [de  la  Poudre- aux-y eux],  En 
faire  accroire  à  qqn  ;  81^  t.,  15-17  ;  |  «  nous 
en  foutre  plein  la  vue  »,  Feu,  326  ;  «  leur  en 
jeter  dans  la  vue  »,  donnay,  Revue  hebdoma- 
daire, 25-3-16,  p.  473. 

en  jouer  un  air  ;  voir  air. 

en  jouer,  [des  Jambes],  S'enfuir,  Partir  ; 
360e  inf.,  -15. 

en  gratter,  [du  Jambonneau,  (de  la  Mando- 
line)], hpôur  qqn  ou  qqch..  Aimer  qqn  ou 
qqch.  ;  divers  soldats  ;  I|  Nénesse,  195,  244.  — 
Syssém.  :  en  pincer,  [de  la  Guitare],  pour...  — 

—  320  — 


L'idée  exacte  est  Rabâcher  l'expression  de  son 
amour. 

en  écraser,  [de  la  Paille  ?  un  Air  d^orgue  de 
Barbarie  ?],  Dormir  ;  81^  t.,  15-17  ;  usuel  et 
général  ;  |  de  losques,  lettre,  23-6-15,  in  Mi- 
roir, 29-8-15,  p.  14  ;  Il  Belfort,  -10  ;  d.  —  Le  com- 
plément représenté  par  en  est  généralement 
sorti  du  champ  de  la  conscience  ;  j'ai  intéressé 
la  plupart  de  mes  camarades  en  leur  deman- 
dant ce  qu'ils  écrasent  ;  une  fois  éveillés  à  la 
philologie  plusieurs  ont  voulu  que  ce  fussent 
des  puces  ou  des  poux  ;  mais  le  dormeur  foule 
réellement  sa  paille,  et  réellement  ses  parasites 
restent  inécrasés.  —  Malgré  les  faits  cités  ici 
sous  écraser,  l'explication  de  en  écraser  par  la 
paillereste  douteuse.  Selon  p.  guiton,  M.  de  Fr., 
16-1-18,  p.  381,  «  on  dit  en  écraser  un  »,  et  cet 
italianisant  invoque  schiacciare  un  sonnellino, 
Ecraser  un  somme,  en  argot  florentin  schiac- 
ciare un  pisolino  ;  mais  le  fait  est  qu'*en  écraser 
un  est  généralement  inconnu.  —  Mieux  :  on  dit 
le  ronflement  de  l'orgue  ;  d'où,  en  retour,  le  nez 
devient  un  orgue  (^)  :  jouer  de  V orgue,  Ronfler, 
DLLE  ;  —  en  souffler.   Dormir  ;  40®  art.,  -18  ; 


{^)  Argot  :  mon  orgue  =  mon  nez  =  Moi. 
—  321  — 


i 


21 


—  et  d'autre  part,  on  dit  moudre  un  air,  Jouer 
de  l'orgue  de  Barbarie,  (à  cause  de  la  rotation 
de  main  du  joueur)  ;.  d'où  en  moudre,  1,  Ron- 
fler ;  2,  Dormir;  20^  chass.,  -18  ;  H  Paris,  -18; 

—  de  là  les  syn.  :  en  mettre  en  poudre  ;  360^  inf., 
14-15  ;  2Ôe  chass.,  -18;  H  Paris,  -18;  —  en 
casser  ;  déch.  ; — ^  en  écrabouiller  ;  d.  ;  —  et  en 
écraser. 

en  sentir,  ou  ressentir,  (s'),  [du  Goût],pour  qqch., 
Désirer  ;  usuel,  surtout  aux  ouvriers,  16-18, 
d'où  aux  aviateurs  ;  13^  tir.  alg,,  -18;  |  «  Y 
en  a  un,  en  tous  cas,  dans  l'escouade,  qui 
s'en  r'ssent  salement  pour  elle  )),...  Est  épris 
de  cette  femme.  Feu,  62  ;  «  j'  m'en  ressens  pas 
pour  encore  becqueter  des  clarinettes  )),  ib., 
253  ;  «  Tu  crois  qu'  i's  s'en  ressentent  pour 
l'assaut,  ceux-là  ?  »,  ib.,  284  ;  —  et,  sans  com- 
plément, (de  même  qu'on  dit  populairement, 
sans  complément,  aç>oir  du  goût,  Se  sentir  de 
l'entrain),  «  aux  rares  hésitants  qui  s^en  res- 
sentent moins  que  les  autres  [pour  les  dangers 
de  l'aviation]  »,  estève,  Gu.  Aér.,  12-4-17  ; 
Le  public  «  confond  trop  fï^cilement  le  vrai 
pilote  ayant  le  feu  sacré,  «avec  celui  qui  selon 
l'argot  d'aérodrome,  ne  «  s'en  sent  pas  »  et  est 
complètement  «  dégonflé  »  »,  mortane,  Gu.  Aér., 

—  322  — 


26-4-17,  p.  370  ;  «  Le  bougre  s'en  «  ressentait  », 
je  te  l'ai  dit  »,  Il  en  voulait,  Il  voulait  un  duel, 
propos  de  Dorme,  daçay,  Gu.  Aér.,  30-8-17  ; 
«  Je  me  reprends  à  m'en  ressentir  »,  «  Je  me 
reprends  à  désirer  le  combat  »,  montgeorge. 

en  serrer  cinq,  [des  Sardines,  (des  Doigts)], 
Serrer  la  main  :  «  Mon  vieux  poteau,  je  te 
quitte  en  t'en  serrant  cinq.  Ton  copain  M<C...> 
E  »,  un  chasseur  (120^  bon),  lettre  à  un  zouave, 
août  16. 

en  mettre,  [du  Jus],  Travailler  énergiqùe- 
ment  ;  usuel  et  général  ;  «  Vous  allez  en 
mettre  ?  »,  à  l'adresse  d'un  soldat  qui  ôte  sa 
veste  pour  aller  aux  feuillées  ;  \\  usuel  dès  -06  ; 
—  d'où,  spécialement,  en  mettre,  Faire  de  la 
vitesse  ;  les  automobilistes  ;  —  en  mettre  un 
coup,  Exécuter  un  tir  ;  les  artilleurs  ;  |  M.  de 
Fr.y  16-3-16,  p.  377  ;  —  en  fourrer  un  coup,  un 
bon  coup,  des  coups.  Combattre,  paraud,  64, 
81,  88  ;  ■ —  en  jeter  un  coup,  Besogner  active- 
ment ;  13^  tir.  alg.,  -18.  —  Voir  jus. 

en  avez- vous,  [de  VEau]-  pour- les- yeux  ?, 
Avez-vous  de  l'eau-de-vie  ?,  façon  discrète  de 
demander  à  un  bistro,  devant  des  gens  dont 
on  n*est  pas  sûr,  s'il  peut  satisfaire  «  la  gorge  ». 
• —  Cf.  tu  as  du  ?,  Tu  as  du  tabac  ?,  usuel  aux 


323 


mousses  de  PAusterlitz  pour  esquiver  le  nom 
de  la  denrée  interdite.  —  La  gnole  matinière 
déblaye  la  vue. 

y  faire,  [à  la  Chose],  Manœuvrer,  Mettre  à 
profit,  Jouer  ;  très  usuel  et  général  ;  savoir  y 
faire,  Connaître  le  procédé  convenable;  | 
((  Crois-tu  que  les  Boches  peuvent  y  faire  main- 
tenant du  côté  russe  ?  »,  paraud,  90  ;  «  J*  veux 
pas  y  faire  avec  toi  »,...  Jouer  avec  toi.  Feu, 
7-10-16  ;  —  cf.  «  Quelle  occasion  que  cette 
guerre  pour  le  rationalisme,  s'il  sait  y  faire  !  », 
anon..  Feuillets,  M.  de  Fr.,  16-2-16,  p.  624, 
c.-à-d.  que  le  peuple  de  France  s'étant  battu 
admirablement  sans  mysticisme,  les  philo- 
sophes devront  souligner  la  valeur  de  la  raison 
toute  nue  dans  l'action. 

y  en  mettre,  [à  V Adversaire],  [des  Coups  de 
poing],  Rosser  qqn  :  «  Mets-y-en  !  » 

un,  [Enfant],  dans  la  locution  //  ne  fen  fera 
pas  un  dans  le  dos,  Il  ne  te  mangera  pas  ; 
8®  génie,  -18  ;  ||  Brest,  -04;  —  Il  ne  c'eut  pas 
m^en  faire  un  dans  les  épaules  qui  trottent.  Il 
n'est  pas  si  terrible  qu'on  le  croit,  ou  qu'il  en  a 
l'air,  Il  ne  fera  pas  l'impossible,  marins,  -18. 

un  (sans),  [Sou],  Complètement  dénué  d'ar- 
gent ;  divers  soldats  argotisants,  14-18. 

—  324  — 


une  (en  casser),  [Croûte],  Manger  ;  Pépères^ 
237. 

une  (en  chanter),  [Gamme],  Engueuler  : 
«  Non  I...  mais  I...  tu  ne  vas  pas  m'en, chanter 
une...  )),  VALMY-BAYSSE,  Joum.,  12-11-16. 

une  (en  pincer),  [Romance],  Dormir  ;  Pé- 
pères,  20. 

une  (ne  bander  que  d'),  [Couille],  Ne  pas  se 
sentir  d'audace  ;  S.  A.  P.-X,  -16  ;  marins,  -18  ; 
Il  et  avant  -14;  —  cf.  en  boche,  ich  werde  Sie 
hewegen  bis  Ihnen  der  Schwanz  nach  hinten 
steht  !,  Je  vais  vous  secouer  jusqu'à  ce  que  vous 
bandiez  en  arrière,  menace  de  gradé  à  la  ma- 
nœuvre, DELcouRT  ;  —  cf.  «  OU  conuait  trop  le 
danger,  on  n'y  va  [à  l'assaut]  que  d'une  fesse  », 
Cabaret,  464. 

ça  (remettre)  ;  voir  remettre. 

quelque  chose  (se  taper),  [de  la  Mangeaille], 
Bien  manger  :  «  se  taper  quèque  chose  »,  benja- 
min, Journ.,  23-2-16,  sous-entendu  dans  le  cou, 
dans  la  lampe.  —  Dans  la  locution,  très  usuelle, 

t  prendre  quelque  chose,  Etre  amplement  rossé, 
quelque  chose,  sous-entendu  comme  purge  ou 
pour  son  rhume,  est  énoncé  emphatiquement, 
parle  de  quantité,  et  n'a  pas  le  sens  purement 
pronominal  ici  en  question. 
I 


325 


limoger,  Mettre  en  disgrâcej  en  disponibi- 
lité :  «  Kouropatkine  vient  d'être  limogé  », 
340®  inf.,  août  16  ;  un  officier  payeur,  Bu- 
reau 160,  août  16;  I  «  A  la  tête  de  l'aviation, 
nous  avons  maintenant  des  compétences.  Que 
leurs  ordres  Soient  exécutés,  que  les  bras  agis- 
sent, ou  bien  qu'ils  soient  «  limogés  »  »,  mor- 
TANE,  Gu.  Aér.,  28-6-17,  p.  515.  —  Des  offi- 
ciers supérieurs  et  généraux,  deux  douzaines, 
dit-on,  ont  été  envoyés  en  disponibilité  à  Li- 
moges, en  sept.  14,  (par  le  train  de  9^,43,  InU 
des  CL,  LXXVII,  267).  —  Cet  emploi  d'uh  nom 
de  ville  rappelle  se  faire  shanghaïer,  Devenir  la 
>  proie  d'une  agence  de  désertion,  comme  il  en 
est  à  Shanghaï,  à  San-Francisco,...,  qui  saoule 
le  marin,  le  retient  au  moment  de  la  partance, 
et,  une  fois  déserteur,  l'engage  pour  une  cam- 
pagne de  pêche  à  la  baleine,  mot  en  usage  chez 
nos  longs-courriers  et  dans  la  marine  de  l'Etat. 

lobé  (être).  Se  trouver  déconcerté,  dupé, 
Avoir  le  dessous  ;  2®  mixte,  canon  de  37,  mai  18. 
—  Le  vieux  français  disait  lobeur,  Trompeur  ; 
le  H*-Maine,  en  -59,  alober,  Tromper,  mon- 
TESSON  ;  l'Ille-et- Vilaine,  lober,  Laisser  sortir  la 
langue  hors  de  la  bouche,  (ce  n'est  pas  signe 
d'un   esprit   qui   domine   les   circonstances),  et 

—  g26  -^ 


lobardy  Imbécile,  orain,  Glossaire  ;  —  cf.  aba- 
lobé,  Etonné,  Ebahi,  dlle,  et  un  lobe  bée  que 
TiMMERMANs,  (mincc  autorité),  donne  comme 
de  l'argot  signifiant  Bouche  bée  ;  —  l'arabe  a 
lâabj  Se  jouer  de  qqn. 

losange,  m.,  Conjonction  des  deux  insignes, 
l'un  en  V,  appelé  Mange,  signifiant  évacua- 
tion sur  l'arrière,  l'autre  en  V  renversé,  signi- 
fiant blessure  de  guerre  :  «  Ceux  qui  portent 
conjointement  ces  deux  brisques  ont  le  lo- 
sange »,  Cri  de  P.,  7-5-16,  p.  7,  c.  2. 

lot,  m.,  Femme,  en  tant  que  compagne 
souhaitable  ;  40^  art.,  -18  ;  —  du  sens  Bonne 
Affaire,  que  donne  d.  —  Mais  «  la  classification 
générale  des  femmes  s'établit  ainsi  :  i  le  lot, 
II  le  numéro,  m  le  petit-beurre  (le  nec  le  4" 
ultra)  )),  F.  DE  KERALio,  Sept.  18. 

louis- Philippe,  m.,  Mortier  de  tranchée  ; 
95^  inf.,  mars  15,  péricard.  Face  à  face,  316  ; 
—  c.-à-d.  Suranné. 

loumpé,  f..  Femme  ;  66^  chass.,  mai  18, 
M.  siELTZER.  —  louml,  f..  Femme  ;  un  docker 
nantais,  81®  t.,  -16.  • —  Formes  loucherbèmes 
de  roumie,  Femme  ;  «  roumie  chipotasse  », 
Femme  dégoûtante,  Nénesse,  243  ;  d'autant 
plus  que  la  définition  de  M.  Sieltzer  est  «  terme 


i 


employé  par  les  poilus  contre  les  femmes  à  l'ar- 
rière du  front  ».  Quant  à  roumie,  est-ce  le  même 
que  roumie,  «  Croûte  de  pain,  —  dans  le  jargon 
des  chiffonniers  »,  rig.  ?  ou  bien  est-ce  roulure, 
rouleuse,  Fille  qui  roule  çà  et  là,  ou  roublarde, 
Femme  rusée  ou  Femme  riche,  ou  rouchie, 
Vaurienne,  ou  roupie,  Punaise,  (une  Femme 
galante  étant  usuellement  dite  une  punaise, 
parce  qu'elle  a  les  lits  pour  habitat),  et  le 
suffixe  substitué  a-t-il  pour  but  de  rappeler 
aux  Algériens  roumi,  Européen  ?  —  Syn.  : 
loulepé,  f.,  usuel  à  Paris,  loucherbèm  de  poule. 

loupiot,  m..  Soldat  de  la  classe  16  (en  1916)  ; 
ROCHER  ;  —  loupiau,  Jeune  (voleur),  rig. 

loupiote,  f..  Fillette  :  d'où,  1,  Petite  lampe 
éclairant  mal  ;  Mousqu.,  55  ;  —  2,  par  ironie. 
Fusée  éclairante  ;  d. 

lourd,  A,m.,  Canon  d'artillerie  lourde  :  «  mal- 
gré la  canonnade  du  «  lourd  »  voisin  qui  fatigue 
nos  tympans  »,  médecin-major  oudiette,  B.  des 
A.,  21-11-17.  —  B,  De  l'artillerie  lourde  :  «  les 
artilleurs  lourds  »,  Feu,  135.  —  lourde,  f..  Ar- 
tillerie lourde  :  «  la  lourde  »,  mang,  Fantasio, 
1-5-16  ;  —  de  même  :  légère,  f..  Artillerie  lé- 
gère ;  M.  de  Fr.,  16-3-16,  p.  377  ;  —  et  même  : 
campagne,  f.,  Artillerie  de  campagne  division- 

—  328  — 


naire  ;  40®  art.,  -18  :  «  un  artilleur  de  la  cam- 
pagne )). 

lourde  (avoir  la),  Avoir  sommeil  ;  D.  m.  p.  ; 
«  J'ai  la  lourde  !  »,  Feu,  284.  —  Avoir  la  pau- 
pière lourde  se  fût  condensé  en  *Vavoir  lourde. 
On  a,  ici,  la  chose  nommée  tout  droit  par  sa 
qualité  maîtresse  ;  cf.  la  lourde,  la  Porte  ;  la 
longue,  l'Année  ;  préparé  par  être  lourd  de  som- 
meil, la  lourde  est  le  Sommeil,  comme,  préparé 
par  a^^oir  V estomac  creux,  la  creuse  est  la  Faim. 

luisante,  f.,  Baïonnette  ;  d. 

lumineuse,  f.,  Fusée  éclairante  :  «  les  salauds 
d'en  face  envoient  une  lumineuse  »,  saint- 
CASSiN,  Temps  Buté,  in  Front,  1-9-16. 

lunettes  en  peau  de  saucisson  (avoir  les),  Être 
gris  ;  FAGus,  564.  —  Y  voir  trouble. 

macab,  m.,  Cadavre  ;  Parisiens,  81®  t., 
mai  16;  |  «  macchab  »,  Feu,  15,  248,  340.  — 
Apocope  de  macabé,  même  sens,  écrit  souvent 
macchabée,  (ex.  Feu,  213,  282,  291),  par  un 
souvenir  d'histoire  sainte  peu  motivé  ;  (cf. 
palace). 

macavoué,  m.,  Obus,  ou  Torpille  aérienne  : 
«  Macavoué,  argot  d'Artois,  1915.  Disparu  », 
L.  POTTECHER,  avr.  18  ;  |  «  Trois  fois  nous  y 
avons  été  en  quatre  jours,  une  fois  le  temps 


329 


d*y  passer  la  nuit  ;  mais  le  lendemain  matin, 
oh  !  sainte  Brigitte  I  des  gros  macai^oués  (comme 
dit  le  capitaine)  nous  tombèrent  sur  le  dos  », 
Lettres  héroïques,  (1915),  28  ;  h.  barbusse  l'a 
employé  ,  Feu,  24-8-16  (=  p.  59),  mais  il 
m'écrit  en  oct.  16  que  le  mot  lui  fut  communi- 
qué ;  cf.  préface,  p.  14  ;  sain,  l'a  pris  dans 
Lettres  héroïques  ;  D.  m.  p.  et  déch,  le  donnent 
sans  référence,  et  ont  pratiqué  sain.  ;  M,  Potte- 
cher  est  le  seul  témoin  que  j'aie  trouvé  de  ce 
mot.  —  Lorrain  hacaoué,  Têtard  de  grenouille, 
à  Dombasle,  Rigny  S*-Martin,  S*-Mihiel,  Com- 
mercy,  bocaoué  à  Pont-S*- Vincent,  déformé  par 
l'auteur  de  la  lettre  héioïque  :  m  est  la  nasale 
de  &  ;  ç^  est  inséré,  (cf.  caoua  — >-  cavoua,  Café). 
Le  projectile  de  crapouillot  ressemble  au  tê- 
tard par  son  corps  cylindrique  et  sa  queue  ; 
cf.  queue  de  rat,  saucisson. 

machine  à  broder  les  pans  de  capote,  f.,  Mi- 
trailleuse ;  13®  tir.  alg.,  -18  ;  ~  elle  les  brode 
à  jours,  festons  et  dentelles.  —  D'où  ensuite, 
syn.  :  machine  à  coudre  les  pans  de  capote,  f., 
ib.,  juin.  18  ;  —  par  chevauchement  avec  le 
suivant. 

machine  à  coudre,  f.,  Mitrailleuse  ;  lambert  ; 
«  Quand  nos  mitrailleuses  sont  en  actions,  le 

—  330  — 


Boche  en  sa  guitoune  déclare  :  —  Voilà  Franz- 
man  à  sa  machine  à  coudre  »,  dekobra,  B.  des 
A.,  14-11-17.  —  D'où  machine  à  découdre,  même 
sens;  156einf.,  C.M.-3,  -18  ;  |  agatha  ;«  Tu  t' 
goures.  <;...>-  C'est  pas  la  machine  à  décou- 
dre :  c'est  une  motocyclette  qui  radine  sur  le 
chemin  »,  Feu,  227  ;  —  contamination  de  l'idée 
que  la  mitrailleuse  découd  beaucoup  d'enne- 
mis avec  l'image  auditive  de  son  «  tac  tac  » 
de  cloueuse  de    tôles. 

machine  à  couper  l'appétit,  f.,  Cuisine-rou- 
lante ;  40^  art.,  -18. 

machine  à  dépeupler,  f.,  Mitrailleuse  ;  d. 

machine  à  ramer  le  paletot,  f.,  Mitrailleuse  ; 
D.  —  Elle  étend  la  capote,  et  l'homm^e  dedans^ 
«^ur  le  «  biUard  »  ;  ramer  une  pièce  de  drap, 
l'Etendre  sur  un  châssis  dit  rame, 

machine  à  secouer  le  paletot,  f..  Mitrailleuse  ; 
expression  rapportée  su  130^  inf.  par  tm  gradé 
qui  la  cueillit  en  juin  16  ;  à  Ja  mode  aux  2^  c^^, 
109e  inf.,  nov.  17  ;  au  246^  inf.,  à  Chauny,  fin 
mars  18  ;  aux  13^  tir.  alg.,  8^  génie  et  40^  art., 
mai  18.  —  Syn.  :  secoue-paletot,  m.  ;  d.  ;  — 
machine  à  épousseter  les  paletots,  f.;  RALF,in 
M.  de  Fr.,  16-3-18,  p.  319  ;  —  métaphore  sur 
le  bruit  rageur  de  son  «  tapotement  ». 

—  331  — 


magogniau,  m.,  Obus  (de  150  et  au-dessus)  ; 
40^  art.,  -18.  —  Cf.  mangonneau,  Baliste  du 
Moyen-Age. 

mahaud,  m.,  Bas-Breton  (parlant  la  langue 
bretonne)  ;  usuel  dans  les  corps  du  nord-ouest  ; 
40e  art.,  s^n  sanit.  85,  -18  ;  —  d'où,  syn.  : 
mahoudi,  m.,  40®  art.,  -18.  —  Mahou,  mahaud, 
très  antérieur  à  la  guerre.  Niais,  Nigaud, 
Lourd,  désagréable  et  bête,  en  Anjou,  ver- 
rier et  ONILLON  ;  cette  injure  est  appliquée 
aux  Bas-Bretons  dans  le  nord  de  la  VendéC; 
à  Redon,  à  Rennes,  dans  la  Mayenne  ;  on  peut 
éclairer  ce  mot,  et  même  aussi  expliquer  di- 
rectement notre  sens  par  le  mot,  du  Ht-Maine, 
mahon,  Qui  parle  d'une  façon  inintelligible, 
MONTESSON  ;  le  Bas-Breton  «  mahonne  »  en 
ce  qu'il  parle  une  langue  nationale. 

malabar,  1, Malin  :  «  Les  types  de  Panam,  c'est 
des  types  malabars,  <••.>•  »,  un  soldat,  non 
parisien,  nov.  16.  —  Malabars,  catégorie  de 
Mercantis  qui  pullulent  dans  les  ports  francs, 
(Beyrout,  Tunisie,  Gibraltar,  Portugal,  Co- 
rée,...), vendant  des  plumes  d'autruche,  des 
bijoux,  des  soieries,  du  tussort,...  ;  habillés  à 
l'européenne,  ils  ne  sont  pas  obligés  d'être  nés 
sur  la  côte  du  Malabar.  A  Corée  on  leur  achète 

—  332  — 


des  objets  de  luxe  qu'on  paierait  60  0/0  plus 
cher  à  Dakar,  si  Ton  est  plus  disposé  à  les  rouler 
qu'à  les  écouter.  La  propagation  du  mot  est 
due  à  nos  marins.  —  Syssém.  :  arabe,  juif,  Mer- 
canti  retors.  —  2,  Gros  et  joli  :'«  un  canon  ma- 
labar )),  2®  c^l,  -18.  — Autres  mots  de  sabir  médi- 
terranéen :  bamboula,  barda,  barbaque,  estanco. 
Autres  exotismes  :  chouya  ;  bougnoul  ;  toumané  ; 
cagna  ;  zigzig  ;  finish  ;  boucher  noir. 

manche  (tomber  sur  un),   Subir  un  échec, 
Rater    son    offensive,    Avoir    une    désillusion  ; 
81^  t.,  août  14-oct.  17,  généralisé  par  les  Pari- 
siens ;  très  usuel  et  très   général.   —  Je  lis   : 
«  La  défaite  autrichienne,  d'après  une  estampe 
populaire  russe  qui  s'est  inspirée  de  cette  locu- 
tion en  usage  chez  nos  alliés  :  «  Ils  sont  tombés 
sur  la  fourche  »,  locution  qui  a  presque  mot 
pour  mot  son  équivalent  en  français  »,  légende 
d'un  dessin,  Pet.  Par.,  9-6-16,  présentant  une 
paysanne  russe,  robuste,  rieuse  et  géante,  qui 
k     cueille  du  bout  de  sa  fourche  un  soldat  autri- 
h:     chien.  Il  est  cependant  fort  peu  vraisemblable 
^t    que  nous   ayons   affaire,   avec   manche,   à   une 
^H    métaphore  native,  et  beaucoup  plus  à  plusieurs 
^B  syssémantiques   et   synonymes   enchevêtrés   et 
^H  entremordus.     D'une    part,    un    mot    comme 

I 


—  333  — 


emmanchement,  Etat  de  Thomme  qui  se  voit 
dupé,  (un  Nantais  illettré,  -15),  donne  à  penser 
que  le  manche  en  question  se  trouve  dans  le 
verbe  passif  se  faire  emmancher,  Etre  dupé, 
dont  l'image  rappelle  le  supplice  du  pal. 
D'autre  part,  une  pelle  a  un  manche  et  on  dit 
ramasser  une  pelle.  Subir  un  échec.  —  Mais  je 
connais  aussi  les  manches  des  parapluies,  des 
parapluies  dits  pépins  ;  or  on  nomme  usuelle- 
ment, surtout  dans  la  marine,  pépin  un  Acci- 
dent de  machine,  une  Situation  embarrassante  : 
avoir,  attraper,  ramasser  un  pépin  ;  l'origine 
en  est-elle  glisser  sur  une  peau  d'orange,  tomber 
sur  un  pépin,  comme  pour  le  ramasser  ?  On  a 
pu  passer  de  pelle  à  pépin  ou  de  pépin  à  pelle. 
—  De  parapluie  à  ombrelle  le  pont  sémantique 
est  court,  et  aussi  d'ombrelle  à  bec,  soit  parce 
que  le  bec  de  la  canne  de  l'ombrelle  est  au  bout 
du  manche,  soit  parce  qu'on  a  croisé  *ramasser 
une  ombrelle  avec  se  trou<^er  le  bec  dans  Veau  ; 
ainsi  s'expliqueraient  tomber  sur  un  bec,  (81®  t., 
-15),  et  être,  se  trouver  bec  d* ombrelle,  (paraud)  ; 
duquel  bec  serait  issu  tomber  sur  un  bec  de  gaz, 
même  sens  toujours,  81®  t.,  14-17,  connu  en 
-18  de  tout  le  monde.  —  La  seule  chose  cer- 
taine en   ces   diverses  locutions,   c'est   que  les 

—  334  — 


verbes  succédanés  avoir,  être,  se  trouver,  ra- 
masser, tomber  sur  ne  fournissent  pas  d'image 
précise  et  ne  servent  qu'à  introduire  librement 
le  substantif  comique.  Et  dans  un  tel  imbroglio, 
l'hypothèse  de  plusieurs  affluents  sémantique.' 
est  pour  l'étymologiste,  jusqu'à  plus  ample 
informé,  une  dépense  nécessaire. 

manche  à  gigot,   m.,   Pétard  allemand,   une 
boîte  de  mitraille  sur  un  menche  ;  46®,  246®  inf 
16-17. 

manche  à  poils,  m..  Imbécile  :  «  Il  a  tout  du 
choléra,  c'  p'tit  manche  à  poils  î),  Feu,  21-8-1  f^  , 
«  c'  vieux  manche  à  poils  !  »,  ib.,  211.  ■ —  Syssém. 
et  syn.  :  manche  à  burnes  ;  19®  inf.,  -95  ;  — 
manche  à  bastos  ;  ross.  ;  —  et,  sans  complé- 
ment, manche;  81®  t.,  15-17;  |  Feu,  130;  || 
19®  inf.,  -95,  —  que  le  poil  recomplète  à  nou- 
veau. 

manche  à  balai,  m.,  Levier  de  profondeur  de 
l'avion  ;  usuel  aux  aviateurs,  le  mot  a  passé 
dans  le  style  quasi  officiel  ;  à  la  R.  G.  Aé., 
oct.  17,  un  avis  placardé,  signé  d'officier, 
recommande  de  mettre  «  le  manche  à  balai»  à 
telle  position  après  l'attr.rrissage  ;  |  Journ., 
8-5-16,  p.  2,  c.  4  ;  «  aux  as  du  manche  à  balai  », 
aux   Aviateurs   hors   ligne,    Fantasio,   l-li-16, 

~  335  — 


p.  235,  c.  1.  —  Métaphore  prise  du  calibre  et 
de  la  longueur  d'un  manche  de  balai. 

mandoline,  f..  Vase  pour  le  malade  alité; 
hôpitaux,Bourges, Chantilly, -18  ;  |  R.M.H.,5'oi- 
même,  15-4-18.  —  Syssém.  :  violon,  m.,  même 
sens,  (et  non  Urinai,  définition  de  dauzat, 
16-4-17)  ;  81^  art.  1.,  mai  18. 

manut',  f.,  Manutention  mihtaire  ;  81^  t., 
-16  ;  I   Feu,  6-9-16  ;  fagus,  563. 

maouss,  adjectif,  parfois  substantif  par  sy- 
necdoque ;  s'est  répandu  considérablement  de- 
puis -14  ;  —  n'est  connu  au  81®  t.,  mars  16- 
oct.  17  que  des  plus  parigotisants  et  des  meilleurs 
argotiers  ;  H  est  connu  aux  sens  Gros,  Fort,Bon, 
sur  les  chantiers  parisiens  et  chez  les  troupiers, 
depuis  une  vingtaine  d'années,  témoignages 
d'un  ancien  terrassier'  et  d'un  ancien  zouave 
en  -16  ;  usuel  à  Brest  et  S^-Brieuc  dès  -95  : 
un  vent  maouss,  un  plongeon  maouss,  un  rivet 
maouss  ;  —  A,  1,  Gros  :  «  Et  rien  que  des 
maous  :  des  380,  des  420,  des  deux  44  »,  Feu, 
233,  à  propos  de  la  canonnade  à  Verdun  ;  — 
syn.  de  gros.  Gros  obus  ;  —  2,  De  grandes  di- 
mensions :  Les  éclatements  d'obus  «  ont  creusé 
des  trous...  des  trous  «  maouses  »  )),  friedberg, 
Fantasio,  1-9-16  ;  «  Et  un  espion  pas  ordinaire, 

—  336  — 


un  espion  maous,  un  espion  comaco  »,  FeU^ 
21-8-16  ;  —  d'où  moralement,  en  parlant  de 
ces  hommes  qui  portent  leur  atmosphère  avec 
eux,  «  Les  types  de  Panam,  c'est  <C...>  des 
mecs  maouss  »,  un  soldat,  non  parisien,  nov.  16, 
(voir  malabar)  ;  —  B,  Bon,  Epatant,  (par  son 
chic,  sa  saveur,...)  :  un  secteur  maouss,  un 
secteur  Pépère,  Tranquille  ;  «  On  est  maouss 
maintenant,  on  voyage  en  lanterne  magique  », 
On  est  des  rupins,  notre  wagon  a  une  lanterne 
magique,  le  même  soldat  susdit,  à  propos  d'une 
lanterne  préhistorique  suspendue  aux  crocs  à 
bagages;  |  «  Le  médecin  chef  est  un  charmant 
homme  et  je  suis  dans  ses  papiers.  Mais  quand 
pïion  épaule  me  laissera  faire  le  salut  militaire 
à  la  hauteur,  je  lui  décocherai  un  mahous  »  et 
je  retournerai  à  mon  poste  au  front,  e.  c, 
Pet,  Journ.,  8-4-16  ;  «  Il  fait  claquer  sa  langue 
et  sacre  «  maous  »  le  pinard  »,  arnac,  Fantasio, 
1-4-17.  —  SAIN,  rapproche  le  picard  mahousse, 
Grosse  femme.  Truie  ;  dauzat,  27-6-17,  Tan- 
gevin  mahaud,  mahou,  Lourd,  désagréable  et 
bête.  L'un  et  l'autre  rapprochement  laissent 
deux  hiatus,  de  sens  et  de  milieu  social.  En 
admettant  que  notre  maouss  soit  parfois  syn. 
de  Lourd,  il  ne  Test  jamais  de   Lourdaud,  il 

—  337  — 

ESNAULT  22 


n*est  jamais  péjoratif  :  «  Adjectif  admiratif 
généralement  suivi  [mieux  :  souvent  suivi  ou 
précédé]  de  pépère,  soi-soi  ou  poi-poil  »,  dit 
poiLULOGUE.  Le  mot  semble  avoir  été  couvé 
aux  chantiers  et  aux  camps  (algériens  ?)  et 
non  pas  aux  champs  ;  il  est  vrai  qu'un  trans- 
fert social  a  pu  justement  produire  une  saute 
de  sers.  L'arabe  mâoueudj)  {eu  bref),  Arqué, 
En  érection,  d'où  Gros,  Grand,  Imposant, 
Puissant,  Excellent,  semble  en  posture  d'ex- 
pliquer maouss.  —  Cf.  «  homme  maûs  »,  cargo. 
Innocents,  94. 

maouss- pépère,  pépère- maouss,  Gros,  Co- 
pieux, Confortable,  Respectable  et  bien  fait. 
Beau  ;plus  usuels  dans  les  corps  d'activé  que 
de  territoriale  ;  inusités  au  81^  t.,  14-17  ;  pé- 
père-maouss,au:K.  40^  art.,  130®  inf.,-18,  plus  usuel 
que  maouss- pépère;  |  Si  un  obus  «  ronfle  fort  : 
c'est  un  pépère  maous  !  dit-on  »,  un  poilu  des 
tranchées  de  Luxembourg,  sain.  ;  «  de  la 
becquetance  maous  pépère  »,  pantruchard  ; 
«  «  Chouette  turne  !  »  s'exclame  le  caporal.  — 
«  On  va  être  bath  »,  approuve  un  poilu.  —  «  C'est 
pépère  maousse  »,  conclut  une  troisième  voix. 
Et  de  suite  l'on  s'installe.  La  cave  servira  de 
chambre    à    coucher    »,    Canard   du    boyau,   ijx 

—  338  — 


B.  des  A.,  27-5-16  ;  «  QUINZE  grammeg,  sa- 
peur complètement  retourné,  mais  fantaisiste, 
C*^  9  /l  du  6^  génie,  par  B.  C.  M.,  Paris,  demande 
marraine  maous  pép.  »,  c.-à-d.  Maigriot,  il  me 
faut  une  marraine  dodue.  Vie  Par.,  19-8-16, 
p.  632,  c.  2. 

maouss  poilpoil.  Très  énergique  :  «  MAOUS 
POILPOIL,  cl.  17  de  Panam,  une  brisque  déjà, 
très  sport.,  <;...]>  dem.  corr.  avec  gent.  marr. 
Paris.,  gaie,  sentim.  »,  Vie  Par.,  19-8-16,  p.  632, 
c.  2  ;  —  maouss  poilu  ;  sain.  ;  cf.  poipoil.  — 
Il  y  a  couleur  à  rapprocher  maouss  poilpoil  des 
qualités  du  poilu,  c.-à-d.  du  combattant,  et 
maouss  pépère  plus  spécialement  de  celles  du 
combattant  territorial  ;  mais  n'écrivez  pas, 
comme  M.  Sainéan,  p.  151,  que  leur  emploi  se 
répartit  «  suivant  qu'il  s'agit  du  territorial  ou 
du  troupier  »,  l'adverbe  disjonctif  «  ou  »  est 
une  impertinence  involontaire. 

maouss- soi- soi.  Copieux  et  délicat  :  «  une 
marraine  tout  ce  qu'il  y  a  de  pépère  et  qui  en- 
voie des  paxons  maous  soi-soi  »,  c'est  «  une 
dame  de  l'arrière,  pleine  de  cœur  et  de  gen- 
tillesse, qui  envoie  des  colis  remplis  de  bonnes 
choses  »,  CHAPELLE  ;  «  maous  soie  soie  »,  Pé- 
pères,  7.  —  Voir  souasoua. 

—  339  — 


maquillé,  Blessé  :  «  Quant  au  pilote  s'il  est 
«  maquillé  »  il  va  àwl'hosto  »  )),thavet.  —  Ma- 
quiller, syn.  populaire  de  Faire  ;  d'où  maquiller 
qqn,  le  faire,  lui  Régler  son  compte,  le  régler, 
ex.  Philibert,  159. 

marabout,  Abstème  ;  2^  c^^,  -18  :  être  mara- 
bout, Ne  pas  boire  de  vin  ;  —  «  mot  venant  des 
Sénégalais  »,  i.  lâchât. 

marchand  de  baisers,  m.,  Vaguemestre  ;  sec- 
teur 93,  B.  des  A.,  26-7-16,  p.  12. 

marche  en  zig-zag,  (f.  ou  m.  ?),  Eau-de-vie  ; 
156^  irf.,  avr.  18.  —  L'anglais  a  to  do  zig-zag, 
Etre  ivre,  zig-zag,  Homme  ivre,  elwall.  En 
H*^-Bretagne,  -03,  zigzaguette,  Certain  degré 
d'ivresse  ;  à  Plérm  (C.-du-N.),  -le,  zig.  Ivre. 
Aux  40^  art.,  août  18,  s^n  sanit.  85,  oct.  18, 
zigzag.  Ivre,  est  du  sabir  tout  récent  dû  aux 
Yanks  en  voisinage.  —  Syssém.  :  dérive,  f., 
Eau-de-vie  ;  D.  m.  p.  —  Cette  liqueur  met 
d'abord  du  vent  dans  les  voilc^  ;  mais  redoublée 
de  dose  elle  drosse  le  bâtiment  humain  comme 
le  vent,  le  courant,  ou  la  mer,  et  au  terme  de  sa 
course  le  navigateur  terrestre  se  trouve  sou- 
vent dépalé  de  son  but. 

marie-louise,  m..  Conscrit  de  la  classe  1915  ; 
Int.  des  Ch.,  LXX,  180  ;  «  nos  petits  Marie-Louise 

—  340  — 


I 


<...>  des  classes  1914,  1915  et  1916  »,  e.  h.. 
Temps,  24-5-15  ;  «  les  Marie- Louise,  les  jeunes 
de  la  classe  15  »,  marcel,  Journ.,  26-6-15.  — 
Nom  donné  en  1814  aux  conscrits  convoqués 
sous  le  seing  de  Marie-Louise  régente  ;  B.  des 
A.,  20-9-16,  p.  13,  c.  1. 

marmanche,  f..  A,  Marmite  de  campement  ; 
p'tit  gars.  —  B,  Marmite  (obus)  ;  2®  c^^,  -18. 
marmite  (grosse),  f.,  1,  Gros  obus  boche; 
8le  t.,  fin  sept,  14-janv.  15  ;  125^  inf.,  déc.  14  ; 
I  «  aux  explosions  des  grosses  marmites  »,  Bi- 
card,  I,  7  ;  —  2,  Gros  obus  ;  81®  t.,  -15,  rare- 
ment :  «  du  75  ou  des  grosses  marmites  ?  ».  — 
marmite,  f.,  1,  Gros  obus  boche  ;  81®  t.,  -15  ; 
125®  inf.  et  autres  corps  ;  universel  et  usuel 
jusqu'à  être  quasi  technique  ;  académique,  et, 
comme  tel,  usé,  40®  art.,  sept.  18  ;  postérieur  à 
grosse  marmite  ;  —  plus  rarement,  au  lieu  de 
sous-entendre  ainsi  grosse,  on  dit  une  grosse 
noire,  en  sous  entendant  marmite  ;  —  2,  Gros 
obus  ;  81®  t.,  15-17,  rarement  :  «  nous  allons 
leur  envoyer  des  marmites,  paraît-il  ». 

Le  pot-au-feu  est  un  vase  où  se  cuisinent  des 
éléments  multiples,  le  culot  d*obus  un  vase 
d'explosifs  chimiques  et  de  débris  métalliques 
hétéroclites  ;    le    sématisme    est    Contenu    fort 

—  341  — 


chaud  d'une  marmite  de  ménage.  C'est  ce  qui 
fait  que  l'image  a  convenu  primitivement  aux 
obus  boches,  parce  que  l'imagination  les  saisit 
à  leur  explosion  qui  met  à  jour  leur  contenu,  et 
non  à  leur  départ  ;  ce  sématisme  est  corroboré 
par  la  définition  que  donne  un  poète  suffisam- 
ment populaire  :  «  Qu'est-ce  qu'une  Marmite  ? 
<...>  C'est  un  hideux  bolide  inventé  par  l'En- 
fer Qui  contient  des  pruneaux  confits  chez 
Krupp-le-Boche,  Des  petits  pains  K.  K...  en 
cuivre  ou  bien  en  fer  <C...>  C'est  le  jouet  teu- 
ton, la  surprise  fragile  Qui  vous  apporte  de 
tout  :  du  plomb,  du  zinc,  des  clous  )),  a.  sOriac, 
Poilu  au  277®  rég.  d^inf.,  sonnet  sur  carte  pos- 
tale, en  vente  en  juill.  16.  —  L'image  serait 
exprimée  encore  plus  exactement  par  le  dérivé 
marmitée  ;  ce  mot  est  attesté  :  «  Marmitée, 
Eclats  d'obus  »,  D.  m.  p.  ;  M.  Barbusse  l'a 
employé  :  «  Le  type  <;...>  avait  l'air  pas  ras- 
suré et  s'en  r'ssentait  pas  pour  la  marmitée  », 
Feu,  58,  encore  que  dans  cette  phrase  marmi- 
tage  semblerait  convenir  aussi  bien.  —  Selon 
p.  MILLE,  marmite  «  date  des  exploits  anar- 
chistes »,  Fantasio,  1-5-15,  p.  142,  c.-à-d.  d'en- 
viron -93  ;  il  serait  naturel  que,  les  anarchistes 
ayant  lancé  des  bombes  de  propagande  par  le 

—  342  — 


I 


fait,  les  bombes  de  bombardement  aient  reçu, 
par  dér.  syn.,le  même  sobriquet  qui  fut  donné 
à  celles-là  ;  il  sera  relativement  facile  d'établir 
si  quelque  anarchiste  se  servit  d'une  marmite 
réelle  pour  quelque  attentat  fameux  ;  si  on  ne 
retrouve  pas  ce  fait,il  sera  mieux  d'admettre  que 
le  sématisme,  dès  -93,  fut  pris  du  contenu 
hétérogène  de  l'engin  explosif.  —  Il  est  amu- 
sant, mais  insignifiant,  de  signaler  qu'on 
trouve  en  1758  «  des  bombes  appelées  en  mar- 
mites, parce  qu'elles  en  ont  la  figure,  et  des 
bombes  oblongues  que  quelques-uns  appellent 
à  melons  »,  la  chesnaye  des  bois,  Dictionnaire 
militaire,  I,  236  ;  ce  texte  exhumé,  dans  sain., 
a  incité  à  supposer  que  le  mot  marmite  aurait 
été  conservé  par  «  la  tradition  des  écoles  d'ar- 
tillerie et  de  Polytechnique  »,  dauzat,  16-4-17, 
666  ;  on  sait  au  contraire  que  notre  marmite 
est  populaire,  que  les  balisticiens  n'ont  pas 
tenté  de  l'expliquer,  et  qu'il  fut  d'abord  appli- 
qué et  reste  propre  aux  obus  ennemis. 

Dér.  :  marmiter,  1,  Bombarder  par  gros  obus  ; 
usuel  et  général  ;  «  nous  avons  été  marmites  »  ; 
—  2,  Pleuvoir  (en  parlant  d'obus)  ;  109®  inf. 
et  8®  génie,  17-18;  |  «  Ça  marmite  ici  ?  »,  mac 
oRLAN,    Journ.y    8-2-16  ;    —    marmitage,    m., 


343 


Bombardement  par  gros  obus  ;  usuel  ;  |  «  avant 
ou  pendant  les  «  marmitages  »  »,  A.  fr.,  15-3-16, 
p.  4,  c.  1  ;  «  ce  marmitage  intensif  »,  Matiriy 
13-7-16,  p.  1,  c.  5  ;  —  d'où,  littérairement. 
Action  réalisée  par  surprise  brutale  :  «  M.  Be- 
douce  a  déclaré  que  toute  discussion  a  été 
rendue  impossible  par  le  fait  que  le  projet  a 
été,  au  début  de  l'après-midi,  devant  une  salle 
vide,  «  adopté  par  un  véritable  marmitage  »  », 
Echo  de  P.,  8-3-18,  p.  2,  c.  2,  compte-rendu  de 
la  Chambre  ;  —  marmitable,  Bombardable  ; 
D.  ;  —  marmiteux,  Fécond  en  marmites  ;  d.  ; 

—  marmitant,  Ecrasant  d'inouïsme  ;  81^  t., 
10®  c*®,  avr.  15  ;  —  syssém.  :  renversant,  suffo- 
cant ;  —  marmite,  Stupéfait  :  «  j'en  suis  mar- 
mitée  »,  provins.  Vie  Par.,  11-11-16,  p.  851, 
c.  2. 

Syssém.  immédiats  :  bouteillon,  Torpille,  — 
le  bouthéon  étant  une  marmite  réduite  indivi- 
duelle.   —  pignate,  f.,  Gros  obus  ;  Balkans,  d.  ; 

—  pignate,  Chaudière,  (de  l'italien  pignatta, 
Marmite),  est  usuel  dès  longtemps  dans  la  ma- 
rine à  vapeur  ;  tel  corps  l'emploie  au  sens 
Cuisine-roulante,  d. 

Autres  syssém.  :  œuf  de  Pâques,  m..  Projectile 
explosible  lancé  à  la  main  ou  par  un  canon  de 

—  344  — 


bois,  fabriqué  expéditîvement  d'une  grosse 
douille  ou  d'une  boîte  de  singe,  usage  du  début 
des  tranchées  ;  10®  et  27^  inf.,  S^-Mihiel  et 
Woëvre,  -14,  N.-D.  de  Lorette,  -15;  |  «  Les 
«  œufs  de  Pâques  »  -<..•>  radinaientsur  nous, 
en  vitesse  »,  j.  des  vignes  rouges,  Journ., 
1-6-16  ;  —  l'œuf  de  Pâques  est  une  boîte  à 
surprises  ;  plein  de  bonnes  choses,  il  offre  ici 
une  ironie  qu'on  retrouve  dans  {ça  se)  donne  ; 
le  mot  se  retrouve  en  boche  :  osterei  [œuf  de 
Pâques],  Obus,  delcourt  ;  cf.  boucher  noir. 
—  boîte  de  conserves,  f..  Mortier  de  tranchée, 
Crapouillot  :  «  puis,  périodiquement,  armés  de 
boîtes  de  conserves  qu'ils  nomment  crapouillots 
et  de  queues  qu'ils  coupent  aux  rats  (à  quoi 
cela  peut-il  bien  leur  servir  ?)  ils  [les  Poilus] 
partent  chasser  un  animal  nommé  Boche  », 
POiLULOGUE,  —  entendez  Armés  de  Cra- 
pouillots qu'ils  nomment  boîtes  de  conserves  et 
de  Projectiles  qu'ils  nomment  queues  de  rats  ; 
le  texte  est  ironique  et  se  doit  lire  à  l'envers; 
M.  Sainéan  l'a  lu  à  l'endroit  —  ;  (ne  pas  con- 
fondre cette  boite  de  conserves  avec  le  sens 
étendu  de  boîte  de  singe). —  tonneau  de  chou- 
croute, m.,  même  sens  ;  d.  —  fût-de-bière,  m., 
même  sens  ;  inf..  Lorraine,  14-15,  aynaud  ;  — 

—  345  — • 


noms  de  cuisine  germanique,  réservés  sans 
doute  aux  projectiles  boches,  (avec  allusion  à 
la  force  du  calibre).  —  seau  hygiénique,  m., 
Torpille  de  245  ;  d.  ;  —  vase  de  déchets  mêlés 
et  malodorants.  —  cf.  bouteille.  —  Syssém.  plus 
lointain,  où  ne  se  trouve  plus  l'idée  de  contenu  : 
chaudron,  m.,  Obus  :  «  un  quartier  de  chau- 
dron qui  nous  tombe  sur  la  tête  à  huit  kilo- 
mètres de  distance  »,  a.  daudet,  Les  francs- 
tireurSy  (1871),  (à  la  suite  de  Robert  Helmont, 
in-8^,  p.  46,  c.  2)  ;  —  le  culot  étant  un  vase 
métallique  comme  le  chaudron. 

maroc,  m.,  Pain  ;  certaines  unités  du  Midi  ; 
DAuzAT,  1-1-18,  69.  —  Emprunté  aux  soldats 
piémontais  ?  chez  eux  maroc,  Pain,  est  usuel  ; 

DAUZAT,  ib. 

marouille,  (f.  ?),  Mitrailleuse  ;  29®  dragons  ;  d. 

marraine,  f..  Maîtresse  qui  commence  le 
commerce  galant  par  échange  de  lettres  :  «  MA- 
RIN voudrait  marraine  <...>  »,  Vie  Par., 
11-11-16,  p.  865,  c.  3  ;  autres  textes  anté- 
rieurs, ib.  —  Déviation  du  sens  Femme  qui  de 
l'arrière  protège  un  poilu,  apparu  en  -15. 

marsouille  {la),  f.,  l'Infanterie  coloniale  ; 
52e  çal  Qi  divers  Parisiens,  (inusuel  au  2®  c^^), 
-18  ;  I   PAUL   FiOLLE,  La   Marsouille,   titre  ;   — 

—  346  — 


ensemble  des  marsouins,  Fantassins  coloniaux, 
anciennement  Fantassins  de  Marine.  —  Cf.  la 
biffe,  l'Infanterie  de  ligne  ;  81^  t.,14-17  ;  |  Ca- 
baret, 457,  466  ;  Il  19e  inf.,  -95  ;  —  ensemble  des 
biffins,  Fantassins  de  ligne,  comme  c'est  aussi 
l'Ensemble  et  le  Métier  des  biffins,  Chiffonniers, 
(rig.)  ;  —  cf.  la  gouape,  la  Boulange,  l'En- 
semble des  gouapeurs,  des  Boulangistes  ;  et 
ici  bigorre,  mitraille,  séné  gai. 

massier,  m..  Vaguemestre  ;  secteur  194  ; 
B.  des  A.,  11-10-16,  p.  13,  c.  1.  —  «  Ce  mot 
simple  à  prononcer  a  l'avantage  de  rappeler  la 
masse  que  parfois  le  poilu  reçoit  pour  acheter 
du  pinard  »,  ib.  ;  masse,  Argent  :  «  Aboule  la 
masse  !  »,  hirsch,  Le  Tigre,  299  ;  ai^oir  masse 
complète.  Avoir  la  bourse  bien  garnie,  merlin. 

matau,  matot,  m..  Matelot  ;  23^  alpins,  d.  — 
D.  y  voit  l'apocope  de  matelot.  Mais  matao, 
(2  syllabes,  0  semi-voyelle),  c'est  Mathurin,  en 
Loire- Inf.  et  Vendée,  et  un  mathurin  c'est  un 
Marin.  Le  singulier  matai,  (d.),  quoique  plai- 
sant, plaide  pour  la  forme  matau. 

matériel  de  secteur,  m.,  Militaire  qui  reste 
dans  un  même  secteur,  pris  en  subsistance  par 
les  unités  qui  s'y  succèdent  ;  se  dit  bien  des 
gardes  de  matériel,  des  observateurs  de  corps, 

—  347  — 


des  téléphonistes,  d*un  puni  de  «  prison  »  que 
sa  compagnie  laisse  en  première  ligne  à  la 
relève,  et,  par  extension,  des  agents  de  liaison 
et  chefs  de  section  qui  restent  quelques  jours 
après  la  relève  pour  passer  les  consignes  ; 
109e  inf.,  16-17  ;  289e  inf.,  -18  ;  «  j'ai  été  déta- 
ché dans  un  service  où  je  faisais  matériel  de 
secteur  »,  a.  arnoux,  lettre,  avr.  18  ;  —  com- 
paraison avec  les  outils,  effets,  et  munitions 
qui  doivent  rester  en  secteur  et  sont  transmis  en 
charge  aux  relèves.  —  Syssém.  :  accessoire  de 
coque,  m..  Marin  ancien  à  bord  ;  marins,  16-18  ; 
I  jB.  des  A.,  18-7-17;  —  un  accessoire  de 
coque  est  d'ordinaire  une  grosse  pièce  de  ma- 
tériel fixe,  riçée  à  bord. 

maternelle  (/a),  .Salle,  sise  près  du  corps-de- 
garde,  puis,  à  partir  de  l'été  -17,  Baraque  de 
quatre  salles,  deux  grandes,  deux  petites,  cons- 
truite de  neuf,  —  servant  à  l'instruction  des 
météorologues,  à  la  R.  G.  Aé.,  sept.  17-mai  18. 
—  L'idée  est  Ecole  maternelle,  d'autant  plus 
naturelle  que  les  membres  de  l'enseignement 
étaient  en  majorité  parmi  les  météos.  Une  sorte 
de  respect  attaché  au  mot  interdit  de  le  chan- 
ger ;  ainsi  pouponnière,  couveuse,  sont  mal  reçus, 
mayonnaise  (faire  la),   Agiter  le  manche  à 

— -  348  — 


balai  circulairement  dans  tous  les  sens  ;  avia- 
teurs ;  Miramas,  mai  18. 

mec  en  blouse,  m.,  «  Chose  belle,  ou  grosse, 
ou  qui  fait  du  bruit  »  ;  légion  étrangère,  a.  ar- 
Noux  ;  I  Une  torpille  arrive  sur  nous,  et  n'éclata 
pas  ;  un  Alsacien,  ancien  légionnaire,  essaie 
alors  de  blaguer  :  «  Le  Sanct  Petrus  a  pas  voulu 
qne  j'aurais  été  bousillé  par  le  gros  mec  en 
blouse  qui  ratatine...  »,  Cabaret,  459  ;  —  rata- 
tine, pour  radine,  mauvais  français  individuel 
de  l'Alsacien  de  qui  l'écrivain  recueillit  ce  pro- 
pos ;  mec  en  blouse,  «  expression  de  la  légion 
étrangère,  (surtout  de  l'ancienne  légion),  signifie 
originairement  un  homme  riche,  par  extension 
tout  individu  à  la  hauteur,  et,  par  extension 
encore,  [définition  ci-dessus]  »,  a.  arnoux.  — 
Syssém.  :  pépère.  Gros. 

mèche  à  briquet,  f.,  Fourragère  honorifique  ; 
usuel  au  81^  art.  1.  dès  fin  -16  ou  janv.  17;  | 
expression  à  la  mode,  Ver-Luisant,  in  Front, 
16-2-17.  —  Est-ce  bien,  comme  je  l'ai  cru, 
G.  E.,  1-4-18,  426,  et  comme  tendrait  à  le 
faire  croire  le  rapprochement  avec  mèches, 
Galons,  soldats  genevois,  Schw.  Sold.,  72,  une 
métaphore  visuelle  pu  tactile  prise  de  la  forme 
et  de  la  consistance  du  cordon  ?  La  fourragère 


1 


—  349  — 


sert,  sans  confortable,  mais  réellement,  de 
mèche  au  briquet  ;  i.  lâchât,  l.  pottecher. 
Dans  un  régiment  décoré  de  la  fourragère,  de- 
mandez du  feu  à  un  soldat  qui  ne  la  porte  pas... 
Ce  serait  ainsi  une  simple  métonymie  de  l'objet 
par  sa  destination.  En  tout  cas,  dans  le  premier 
semestre  de  -17  la  seule  fourragère  existante 
était  aux  couleurs  de  la  croix  de  guerre,  vert  et 
rouge  ;  la  fourragère  aux  couleurs  de  la  mé- 
daille militaire,  jaune  et  vert,  accordée  pour  la 
première  fois  le  14-7-17,  (au  1^^  rég*  de  marche 
de  la  légion  étrangère),  n'est  donc  pas  spéciale- 
ment visée  en  raison  de  son  jaune  par  le  nom 
de  mèche  à  briquet,,  comme  l'a  cru  g.  rozet, 
Œuvre,  25-7-17.  —  Syssém.  :  amadou,  m., 
Fourragère  :  mériter  Vamadou,  2^  c^^,  août  18  ; 
—  amadou,  Mèche  de  coton  pour  briquet  à 
silex,  en  Bretagne,  Charcutes,  Béarn,  par  sur- 
vivance. 

me-îe,  m..  Avion  Maurice  Farman  ;  avia- 
teurs, -17  ;  I  Mousqu.,  146.  —  Des  deux  ini- 
tiales, M.  F.,  marque  de  ce  type  ;  cf.  fe-fe. 

mélangé.  Ivre  ;  g.  turpin,  -18;  |  Le  Piège, 
de  soupe,  ne  revient  pas  ;  «  Pourvu  que  Le 
Piège  ne  soit  pas  «  mélangé  »  avec  ses  «  mar- 
n^anches  »  ?  »,  p'tit  gars.  —  Syssém.  :  en  dé- 


350 


Sordre,  Ivre  :  «  Ah  !  laisse-moi,  bégaya-t-il, 
tout  en  titubant  légèrement  :  je  suis  un  peu  en 
désordre  »,  valmy-baysse.  Mots  de  poilus, 
Journ.,  12-11-16.  —  Le  désordre,  le  mélange, 
en  question,  est  celui  du  cerveau  ;  il  ne  s'agit 
pas  de  l'ivresse  qui  jette  par  terre,  par  quoi 
l'homme  est  mort,  retourné,  et  raide,  mais  de 
celle  qui  laisse  constater  le  désordre  des  atlas 
cérébraux,  bousillés,  et  noircis,  au  bibliothé- 
caire même  de  ces  atlas. 

menteur,  m.,  Journal  ;  très  usuel  au  81^  art.  1., 
mai  18.  —  Menteuse,  Affiche,  dlle.  Cf.  bour- 
rage. 

merde,  f..  Temps  bouché,  qui  empêche  de 
voler  ;  R.  G.  Aé.,  -17.  —  Syssém.  :  crasse,  f., 
1,  1*^,  Brume  qui  gêne  pour  voler  :«  la  «  crasse  » 
salissait  l'horizon  »,  eynac,  Gu.  Aer.,  3-5-17, 
p.  387,  c.  3  ;  —  crasse  ou  merde,  ce  sont  des 
«  temps  à  ne  pas  mettre  une  direction  dehors  », 
Matin  et  Journ.,  5-7-16,  syn.  aviateur  de  temps 
à  ne  pas  mettre  un  chien  dehors  ;  —  2^,  Nuage 
noir  :  Allons  «  visiter  ce  petit  paquet  de  crasse», 
Mousqu.,  138  ;  —  2,  Dépression  avec  pluie 
et  vent,  visible  sur  la  carte  du  tenips  ;  météo- 
rologues, 17-18. 

merde  (dire).  Rater  :  «  L'engin  n'a  pas  éclaté. 


351 


I 


' —  C'est  un  obus  qui  dit  merde  »,  Feu,  234.  — 
Cf.  œil  qui  dit  merde  à  Vautre,  œil  Louche,  et 
surtout  foirer,  Faire  long  feu,  hdt. 

messager  d'amour,  m.,  Vaguemestre  ;  à  la 
3/63  génie,  B.  des  A,,  30-8-16,  p.  13.  —  N'est-il 
lettre  que  de  marraine  ? 

métaux,  m..  Obus  :  «  J'allais  sans  cesse  de 
Cumières  au  poste  de  commandement  sous  une 
dégringolade  de  métaux  »,  e.  c.  Pet.  Journ., 
8-4-16.  —  Cf.  fer. 

métallurgie,  f..  Fabrication  des  bagues,  croix, 
calvaires,  cœurs,  porteplumes,  en  aluminium, 
dans  la  tranchée  ;  81®  t.,  10^  c^e,  -16.  —  C'est 
une  métallurgie  qui  ne  renvoie  pas  en  sursis  à 
l'arrière. 

météo.  A,  m.,  Météorologue  ;  —  B,  f..  Météo- 
rologie. —  Cf.  aréo. 

métro,  m..  Abri  souterrain  pour  section,  avec 
Jjurtie  à  chaque  bout  ;  d.  —  Moins  vaste  est  le 
guignol,  m.,  Cagna  à  un  seul  habitant.  -^  L'abri 
le  plus  sommaire,  mais  naturel,  ce  sont  les 
épaules  ;  voir  colimaçon. 

miaule,  m..  Mulet  :  «  les  miaules  sont  de  pré- 
cieux auxiliaires  pour  les  grelus  »,  x...,  Le 
«  miaule  »,  sorte  de  physiologie  du  mulet,  dans 
le  Grelu  (159^  inf.,  régt  ht-alpin),  30-5-16  ;  «  les 

--  352  — 


braves  «  miaules  »  au  pied  sûr,  dandinant  leurs 
lourdes  têtes  coiffées  d^oreilles  brinqueba- 
lantes »,  Diable  au  Cor,  in  Front,  25-10-16  ; 
E.  R.,  Journ.,  24-10-16,  p.  2,  c.  4  ;  art.  du 
120  Court,  in  B.  des  A.,  25-4-17.  —  Mot  de 
Savoie,  et  en  usage  aussi,  me  dit-on,  à  Chablis 
(Bourgogne)  dès  -70.  —  Dér.  :  miôliste,  m., 
Muletier  ;  d. 

miaulant,  m.,  Obus  de  77  ;  inf.,  adj.  le- 
coNTE.  —  miaule,  m..  Obus,  de  77  boche,  et" 
de  75  français  ;  81®  art.  1.,  mai  18  ;  |  Obus  de 
77  boche  ;  V.  du  p,  ;  —  apocope  de  miaulant^ 
exprimant  l'obus  par  son  cri  ;  «  Quelques  obus 
passent  en  miaulant  )),  pawlowsky.  Signaux, 
184  ;  —  cf.  youyou,  Torpille  aérienne,  —  et 
gueulard  (^). 


(^)  Onomatopées  du  75  :  «  —  Ça  fait  csss...  ping  !... 
—  Non,  dit  l'adjudant...  Ça  fait  tss...  frac  !...  —  Ça  ne 
fait  pas  ...  frac,  dit  Dufîau,  musicien  à  ses  heures.  Je 
traduirais  l'éclatement  par  «  vrr...  cragh...  ph...  »  »,  r.  l., 
N.  Contes  ^ér.,  112.  —  Cf.  «  le  bruit  de  leur  trajectoire 
[des  77]  ressemblait  à  une  longue  inspiration  suivie  d'une 
profonde  expiration  d'éclatement  »,  p.  c,  ib.,  7  ;  «  les 
petits  obus  [de  75]  vibraient  dans  l'air,  comme  s'ils  cou- 
raient en  se  poussant  le  long  d'un  même  fil  métallique  », 
GÉFREY,  Contes  i'ér.,  232. 


i 


—  353  — 

ESNAULT  23 


mie  de  pain  mécaniaue,  f.,  1,  Puce  ;  D.  m.  p.  ; 

—  si  vous  voulez  chasser  avec  le  dessous  du 
doigt  des  miettes  de  pain  de  dessus  un  tapis  de 
reps,  vous  les  verrez  sauter  comme  puces, 
aussi  haut  et  aussi  imprévisiblement.  —  2,  Pou  ; 
Feu,  9  ;  D.  m,  p.  ;  • —  ce  sens  2  semble  moins 
heureux,  du  moins  pour  ce  qui  est  du  ressort 
mécanique  ;  mais  des  mies  de  pain  sèches  dans 
un  lit  ou  dans  la  culotte  font  dfe  quoi  se  gratter. 

—  Mie  de  pain,  Vermine  ;  dlle. 
mille-pattes,  m.,  Applique  de  brisques  nom- 
breuses ;  289^  inf.,  août  18.  —  Cf.  moustique. 

minèn,  m.,  Minenwerfer  ;  81®  t.,  oct.  15-17, 
les  officiers  et  les  lettrés  ;  156®  inf.,  avr.  18,  un 
lieutenant  ;  |  «  Quelques  minen,  des  «  saucis- 
sons ))  éclatent  »,  l'autre  sergent,  Œuvre, 
4-11-16  ;  «  un  éclatement  de  minen  »,  z.,  Armée 
de  la  guerre,  163  ;  cf.  ih.,  204,  et  z,  Armée  de 
1917,  195  ;  —  une  prétendue  francisation  en 
«  minène  »,  signalée  par  cohen,  74,  est  une 
simple  graphie,  sans  intérêt  si  le  substantif 
coupé  reste  masculin  comme  je  l'ai  toujours 
entendu.  —  Lance-mines,  m.,  proposé  pour 
Minenwerfer,  n'a  pas  pénétré  au  81®  t. 

miner,  m.,  Minenwerfer.  Cette  forme  s'insinue 
au  81®  t.  depuis  sept.  15,  devient  assez  usuelle 

—  354  — 


au  premier  de  Pan  et  unique  dans  Pusage  po^ 
pulaire  vers  le  20-1-16  ;  le  caporal  Guihard, 
qui  parle  une  bonne  langue  et  a  l'oreille  fine, 
semble  le  seul  primaire  disant  minèn  le  30-1-16  ; 
I  «  marmitage  effroyable,  150,  210,  miners, 
torpilles,  rien  ne  manque  »,  lieutenant  b., 
Gu.  Aér.,  9-8-17,  p.  622,  c.  1,  (coquille  pour 
minen  ou  minens  ?)  ;  —  plus  brutal  que  minèn, 
ce  raccourcissement  est  une  véritable  hernie 
réséquée. 

miner  le,  pylône,  Exagérer  grossièrement  : 
«  Le  secteur  [la  banlieue  nord-est  de  Paris] 
n'est  pas  des  plus  calmes.  Les  Boches,  selon  la 
nouvelle  expression  à  la  mode  ici  «  minent  le 
pylône  »  (lisez  cherrent  unpeutrop)»,  h.  pinel, 
lettre  écrite  de  la  R.  G.  Aé.,  9-6-18.  —  Cf.  bous- 
culer. 

mirliton,  m..  Canon  (de  75)  :  «  mener  de  mon 
mieux  notre  brave  mirliton  »,  lettre  d'artilleur, 
M.  de  Fr.,  16-3-16,  p.  377.  —  A  rapprocher  de 
flûte  et  clarinette  signalés,  sous  cigare^  comme 
termes  conventionnels  de  communications  té- 
léphoniques. 

mitraille  {là),  f.,  l'Ensemble  des  mitrailleurs 
d'un  régiment  ;  81^  t.,  août  14.  * —  Cf.  mar- 
souille* 

—  366  — 


mitrailleuse  à  gosses,  f.,  Femme  prolifique  : 
«  Elle  pondait  un  enfant  tous  les  ans.  Réglé, 
recta  :  une  vraie  mitrailleuse  à  gosses  !  »,  Feu, 
175.  —  Métaphore  de  rythme. 

mitrailleuse  à  pissenlits,  f.,  Sabre  série  Z  ; 
D.  —  Double  rafraîchissement  des  syn.  coupe- 
choux,  tranche-fromage  ;  d.  y  voit  une  allusion 
aux  malades  qui  pissent  au  lit  ;  mais  si  les 
infirmiers,  à  qui  ce  sabre  n'est  pas  spécial, 
adoptent  cette  explication,  c'est  par  un  séma- 
tisme  adventif. 

mitre,  f.,  Obus  de  210  allemand  ;  V.  du  p. 
—  Cf.  pot'de-fleur, 

mobilisé,  Employé  à  l'arrière  par  mobilisa- 
tion industrielle  ;  usuel  et  général  au  front 
aussi  bien  qu'à  l'arrière,  15-18  ;  —  d'où  se  mo- 
biliser. Se  cacher  ;  d.  ;  —  cf.  embusquer,  2. 

mobilo,  f.,  Mobilisation  :  «  à  la  mobilo  »,  au 
Moment  de  la  mobilisation  d'août  14  ;  un  sol- 
dat, -16.  — Cf.  çéto. 

mochtévo,  Moche,  Laid,  Sale  :  «  Mon  quart 
est  mochtévo  »,  ouvrier  parisien,  mai  17.  — 
Moche,  suffixe  d'après  le  russe  nitchévo  ? 

modiste,  f.,  Zouave  ;  d.  —  Syssém.  :  blan- 
chisseuse, f.,  Zouave  ;  d.  —  De  sa  culotte  bouf- 
fante. 

—  356  — 


mon-bon  {les),  m.,  les  Français  du  midi  ; 
40^  art.,  -18  ;  —  de  leur  vocatif  usuel  ;  —  syn.  : 
marins,  m.  ;ib.  ;  —  de  leur  prénom  fréquent  ; 

—  macarelle,  m.  ;  ib.  ;  —  d'un  de  leurs  jurons  ; 
■ —  cf.  hildepute,  m.,  Béarnais  et  Landais  ;  d.  ; 

—  de  leur  juron  familier  ;  —  chtimi. 
montagnes   russes    (faire   les),    Tanguer    en 

avion  :  «  le  zeph  me  fait  faire  le  crabe,  puis  les 
montagnes  russes  »,  montgeorge. 

monter,  Aller  occuper  les  tranchées  ;  inf.  ; 
Se  rapprocher  de  la  ligne  de  feu  ;  art.  ;  usuel  et 
universel.  —  Antonyme  :  descendre.  Quitter  la 
ligne  de  feu  pour  une  ligne  de  soutien,  ou  les 
lignes  pour  le  cantonnement  ;  usuel  et  univer- 
sel. —  «  Un  journal  du  front  pose  respectueu- 
sement une  question  à  ce  qui  nous  reste  de 
l'Académie  française  :  Doit-on  continuer  à 
dire,  pour  une  troupe  qui  relève  :  «  Monter  en 
ligne  ))  ou  «  monter  aux  tranchées  »  ?  ce  qui 
équivaut  exactement  à  l'expression  :  «  monter 
dans  un  trou.  »  )>,  Œuvre,  30-3-17,  p.  2,  c.  3  ; 
l'Académie,  même  sans  consultation  de  ses 
deux  maréchaux,  répondra  que  c'est  un  souve- 
nir des  locutions  de  service  des  places  garde 
montante,  descendre  de  garde.  —  On  dit  là-haut. 
Sur  le  front,  par  opposition  à  l'arrière,   mais 

—  357  — 


c'est  plutôt  parce  que  le  front  se  trouve  dans  le 
nord  de  la  France,  plus  haut  en  latitude.  De 
là  redescendre,  Evacuer  le  pays  devant  l'en- 
nemi, en  parlant  de  la  population  civile  :  Les 
habitants,  entre  Amiens  et  Noyon  fuient  de- 
vant le  Barbare  :  «  —  Ça  recommence  [C'est 
comme  en  1914]  !...  On  redescend  !  »,  anon., 
Matin,  3-4-18,  p.  1,  c.  5.  —  On  dit  volontiers 
descendre  à  la  caisse,  Aller  à  la  prison  [de  la 
caserne],  où  que  soit  la  prison. 

moral,  m.,  Vin  ;  divers  soldats,  juill.  IG- 
nov.  16  ;  81e  t.,  246e  inf..  -17  ;  en  juill.  16  le 
mot  arrive  aussi  à  l'armée  des  Balkans  :  «  «  Pi- 
nard »  sera-t-il  détrôné  ?  Un  autre  mot  vient 
de  surgir.  Où  naquit-il  ?  Sur  le  front  français, 
c'est  certain  ?  Mais  sur  quel  point  du  front 
français  ?  Je  ne  sais  pas.  Toujours  nous  est-il 
arrivé  et  lui  avons-nous  fait  un  excellent  ac- 
cueil. Appeler  le  vin  le  «  moral  »  nous  a  paru 
drôle  et  très  juste  )),  m. -a.  g..  Croquis  balka- 
nique, daté  «  A  l'armée  d'Orient,  Juillet  1916  », 
in  Phare  de  la  Loire,  9-8-16.  —  Le  vin  soutient 
le  moral,  le  courage  ;  cf.  général.  —  Syssém.  : 
«  Force  morale  »,  étiquette  sur  bouteille  de  co- 
gnac, Bourru,  104.  —  remonte- moi- le- moral, 
m..  Eau-de-vie  ;  d.  —  surmoral,  m.,   Eau-de- 

—  358  — 


vie  ;  246e  ou  289^  inf.,  -18  ;  (—  cf.  surpoilu). 
—  relève- moral,  m.,  Eau-de-vie,  (jamais  Vin)  ; 
156e  inf.,  mai  18. 

mords-moi-le-jus  {un  zigoto  à  la),  «  un  Rien- 
du-tout  ;  par  extension,  un  Epateur  »,  a.  ar- 
Noux  ;  40e  ^Yi^  .j^g  .  «C'est  malheureux,  tout 
de  même,  d'avoir  affaire  à  des  zigotos  à  la 
mords-moi-le-jus  qui  ne  comprennent  rien  et 
rebiffent  à  la  bagatelle  »,  Cabaret,  469.  —  Cf. 
un  zigoto  à  la  mords- moi- le- nœud,  un  Fanfa- 
ron ;  un  marin  de  Plérin  (C.-du-N.),  avr.  18  ; 
156e  inf.,  40e  ^^^t ^  4g  .  _  f^ire  qqch.  à  la 
mords- moi-le-nœud,  le  Mal  faire  ;  deux  Di- 
nanais,  avr.  18  ;  —  à  la  bouffe- moi-le-nœud, 
même  sens  ;  un  Nantais,  avr.  18  ;  —  une  idée 
à  la  mords -moi-le-doigt,  une  idée  Stupide  ; 
Parisiens,  -18  ;  |  «  C't'  une  idée  à  la  graisse  d'hé- 
risson et  à  la  mormoelle  d'oie,  ni  plus  ni  moins  », 
Feu,  190.  —  Il  y  a  un  verbe  mordre,  Regarder, 
(voir  chérer),  mais  il  est  inconnu  de  ceux  de  qui 
j'ai  entendu  ces  locutions,  dont  les  dernières,  et 
aussi  la  définition  de  a.  ARNOux,ne  mettent  pas 
Fanfaronnade  en  posture  de  sens  premier  ; 
sans  quoi  j'aurais  traduit  mords-moi  le  jus, 
Regarde  ce  chic  (que  j'ai  en  faisant  telle  chose)  ; 
il  est  vrai  que   bouffer  peut  ne  se  trouver  ci- 


—  359  — 


i 


dessus  que  par  dér.  syn.,  c.-à-d.  avec  déviation 
du  sens  de  mordre. 

mort- subite,  f.,  Avion  Morane-Saulnier  ;  avia- 
teurs, 17-18  ;  —  simplement  à  cause  de  sa 
marque  M.  S.  —  Le  même  jeu  de  contresens 
benoît  donne  nombre  de  «  corrigés»  de  thèmes 
français-poilus  ;  ex.  :  les  anciens  maquereaux 
bien  conservés,traduction  perverse  de  A. M. B.C., 
(Armement  militaire  des  bateaux  de  commerce); 

—  consigné  nord-ouest  (prononcé  noroît),  Con- 
signé jusqu'à  nouvel  ordre  ;  marine,  14-18;  |1 
04-14  ; —  en  face  du  nom  de  l'homme  consigné 
jusqu'à  «  nouvel  ordre  )),  le  fourrier  met  les  ini- 
tiales n.  o.,  qui  étaient  aussi,  naguère,  le  sym- 
bole du  «  nord-ouest  »,  (aujourd'hui  remplacées 
par  n.  w.)  ;  —  pieds  et  chaussettes,  lecture  plai- 
sante de  P.  C.  qui  signifie  Ponts  et  Chaussées  ; 
marins  ;  —  grand  bordel  divisionnaire,  G.  B.  D., 
(Groupe  des  brancardiers  divisionnaires)  ; 
2e  c^i,  -18  ;  —  chauffeur- mécanicien  {être),  ou 
conseiller  municipal,  ou  caporal  mitrailleur, 
avoir  C.  M.,  (Consultation  motivée)  à  la  visite  ; 
ib.  ;  —  merde.  Mise  en  route  des  éclopés  ;  T^bul, 
-16  ;  130®  inf.,  -18  ;  —  ça  va  assez  doucement, 
C.  V.  A.  D.  (Convoi  administratif)  ;  Pépères,  54. 

—  Cf.  pé-cé-èr. 

—  360  --- 


mouchard,  m.,  A,  Manomètre  enregistreur  ; 
B,  Baromètre  enregistreur  marins,  centres  de 
Dirigeables  et  de  Captifs,  nov.  17-juill.  18;  || 
mouchard,  A,  Contrôleur  des  rondes,  consistant 
en  un  cadran  qui  tourne  sous  une  plaque  de 
laiton  percée  d*un  trou  ;  par  ce  trou  le  rondier 
poinçonne  un  papier  au  carbone  plaqué  sur  le 
cadran  mobile  ;  d'où  vérification  ultérieure  de 
l'heure  de  sa  ronde  ;  arsenal  de  Brest,  janv.  14 
et  avant  ;  —  B,  Compteur-enregistreur  des 
tours  de  la  machine,  à  bord  des  vaisseaux  ; 
marins.  —  L'instrument  enregistreur  par  ses 
points  ou  sa  courbe,  qui  restent,  témoigne  des 
manquements  du  rondier,  et  des  inattentions 
que  peut  avoir  l'homme  de  veille  à  la  pression 
de  la  vapeur  ou  à  la  pression  atmosphérique, 
et  qu'il  masquerait  ensuite,n'était  le  mouchard, 
par  des  manœuvres  trop  brusques.  L'enregis- 
treur les  trahit  donc  autant  qu'il  les  sert.  — 
On  a  déjà  mouchard,  «Tableau  »,  dans  l'argot, 
en  -36,  Jargon  ;  —  (peut-être  ce  tableau 
affiché,  pendant  la  Révolution,  sur  chaque 
maiso-n  et  donnant  la  liste  des  locataires,  pour 
aider  la  police  ?)  —  Le  même  sématisme  a 
donné  renard,  Tableau  indicateur,  dans  la  ma- 
rine ;  —  et,  en  style  d'ouvriers,  jaune,  Ouvrier 

—  361  — 


i 


traître  à  la  corporation,  —  le  Renard  étant  une 
bête  jaune. 

moulin,  m.,  1,  Moteur  d'avion  :  «  le  «  moulin 
gaz[e]  bien  »  et  tourne  850  tours  »,  «  le  moulin 
ne  veut  rien  savoir  »,  danziger,  B.  des  A., 
3-1-17  ;  «  Un  moteur,  se  dit  «  moulin  »  »,  tha- 
VET  ;  «  si  le  moulin  ne  nous  plaque  pas  », 
ESTÈvE,  Gu.  Aér.,  26-4-17  ;  —  2,  n'importe 
quel  Moteur  ;  marins  et  soldats  d'un  centre  de 
Dirigeables,  17-18.  —  J'ai  compté  ce  mot  pour 
une  métaphore  auditive,  g.  e.,  1-4-18,  429; 
à  tort.  M.  le  col.  faure  y  voit  une  image  vi- 
suelle :  moulin,  m'écrit-il,  ne  s'appliquait,  tout 
au  moins  vers  -09,  qu'aux  moteurs  rotatifs,  qui 
présentent  une  certaine  analogie  avec  un  mas- 
sif moulin  à  7  ou  9  ailes  ;  «  il  est  possible  », 
ajoute-t-il,  «  que,  par  suite  de  la  seule  analogie 
de  l'hélice,  le  mot  ait  passé  à  tous  les  moteurs. 
Il  ferait  mieux  image  appliqué  aux  avions 
britanniques,  la  plupart  de  leurs  hélices  ayant 
4  pales  au  lieu  de  2  que  possèdent  les  hélices 
françaises  »,  1-5-18  ;  cette  explication  a  le  dé- 
faut de  négliger  la  rotation  du  moulin,  qui  lui 
est  encore  plus  essentielle  que  l'aspect  des  ailes. 
Le  vrai  sématisme  est  visuel  et  cinématique  ; 
des   mécanos   me   disent  :  «   un   moteur   est   un 

—  362  — 


moulin  parce  qu'il  tourne  »  ;  et  voyez  sous  tour- 
niquet l'équation  des  idées  Moulin  et  Tourner. 
D'où    :    bi- moulin,    m.,    Avion    bi-moteur  ; 

THAVET. 

moulin  à  café,  m.,  1,  Mitrailleuse  ;  81^  t., 
sept.  14  ;  usuel  et  universel  ;  en  employant  ce 
mot  les  troupiers  font  très  ordinairement  le 
geste  de  tourner  une  manivelle  ;  |  «  les  mou- 
lins à  café  ont  tourné  »,  Cabaret,  463  ;  ||  lar- 

CHEY  ;    MERLIN   ;    USUcl    dès    -70,    GAUTHIOT,    81   ; 

—  de  même  chez  les  Boches  die  Kaffeemilhle  ; 

—  syssém.  :  écrémeuse.  — 2,  Moteur  d'avion  (?); 
apax  :  «  Et  tout  d'abord,  que  l'argot  des  camps 
d'aviation  n'ait  plus  de  secrets  pour  vous. 
<<...>>  Parlez  sans  relâche  des  «  moulins  à  café 
qui  gazent  bien  ))  )),  juteux. 

Le  sématisme  est  généralement  ignoré,  tant 
des  mitrailleurs  que  des  profanes.  —  Les  mi- 
trailleurs sont  pour  la  plupart  agacés  du  geste 
de  manœuvrer  un  moulin  à  café  que  font  les  pro- 
fanes. Avec  raison,  si  les  profanes  croient  qu'une 
naanivelle  détermine  le  tir  de  la  mitrailleuse.  Il 
y  avait  une  manivelle  à  la  mitrailleuse  de  -70  ; 
un  tour  complet  déterminait  le  départ  des 
25  coups  qui  composaient  toute  la  charge  ; 
c'est  aussi  avec  une  manivelle  que,  plus  tard, 

—  363  — 


on  actionnait  le  premier  canon-revolver  de 
37mm  La  mitrailleuse  de  la  guerre  actuelle 
n'en  comporte  pas.  Il  y  a  une  poignée  au  petit 
volant  vertical  affecté  au  pointage  en  hauteur, 
qui  déplace  lentement  le  canon,  et  qui  intéresse 
beaucoup  trop  l'œil  du  profane.  La  vitesse  du 
tir  et  le  fauchage,  vrais  intérêts  de  l'engin; 
s'obtiennent,  l'une  par  le  va-et-vient  d'un 
ressort  automatique,  l'autre  par  l'impulsion 
que  la  main  du  tireur  donne  de  droite  ou  de 
gauche  à  la  culasse. 

Le  tir  crépitant  de  la  mitrailleuse  ressemble 
par  son  bruit  spécial  et  sa  régularité  à  la  mou- 
ture de  grains  de  café  ;  on  ne  peut  pas  dire  que 
café  ne  soit  ici,  comme  dans  tel  emploi  aphrodi- 
siaque du  mot  moulin  à  café,  que  par  queue 
romantique  sur  moulin  ;  il  est  plutôt  une  addi- 
tion heureuse  à  l'image  primitive,  qui  était 
toute  dans  moulin.  Moulin  traduit,  avec  sim- 
plicité et  justesse,  quelque  chose  d'essentiel  à 
la  mitrailleuse,  le  mécanisme  de  «  répétition  » 
par  lequel  les  balles  s'engagent  automatique- 
ment dans  le  canon.  Cette  présentation  méca- 
nique, successive  et  décisive,  des  objets  à 
«  moudre  »  st  fait  employer  l'image  de  moulin 
et  même  le  terme  de   moulin  à  café  pour  le 

—  364  — 


défilé  des  prévenus  devant  le  juge,  (voir  tour- 
nait). —  A  bord,  le  moulin  à  café,  c'est  le  Ca- 
bestan. —  Je  me  suis  sans  doute  trompé 
quand  j'ai  rangé,  —  g.  e.,  1-4-18,  428  — , 
moulin  à  café,  Mitrailleuse,  parmi  les  méta- 
phores auditives,  non  pas  en  ce  que  j'ai  négligé 
la  manivelle  de  -70,  ni  surtout  pour  avoir,  avec 
tout  mitrailleur,  constaté  qu'il  n'y  a  rien  à  tirer 
de  la  rotation  du  volant  de  pointage,  mais 
parce  que  j'ai  méprisé  le  geste  circulaire  des 
troupiers,  qui  peut  fort  bien  être  traditionnel 
depuis  -70.  Le  nombre  des  gens  qui  avaient 
quelque  science  de  la  mitrailleuse  ayant  été 
fort  restreint  de  -71  à  -14,  il  serait  suspect  que 
le  geste  eût  été  conservé  par  simple  fidélité 
filiale  à  un  geste  des  combattants  de  -70  tra- 
duisant la  manivelle  de  leurs  mitrailleuses.  Mais 
il  est  naturel  que  ce  geste  ait  été  conservé  en 
tant  qu'il  traduit  l'idée  de  moulin  à  café  ;  et 
ce  mot  était  juste  en  tant  qu'il  exprime  l'es- 
sentiel d'un  engin  à  répétition.  —  Un  revolver 
à  barillet  serait  bien  un  moulin,si  le  nombre  de 
ses  balles  avait  quelque  rapport  avec  ce  qu'on 
moud  communément  de  grains  de  café,  de 
poivre,  ou  de  blé,  quand  on  met  en  train  un 
moulin.  —  C'est  par  une  juste  poésie  qu'un  mi- 

—  365  — 


trailleur  dit  :  «  Avec  mon  moulin  à  café  entre  les 
jambes  »  il  faut  «  opérer  tranquillement,  comme 
si  on  tournait  des  films  à  la  revue  de  Long- 
champ  )),  et  «  j'irai  tourner  mon  appareil  )), 
E.  c,  Pet.  Journ.,  8-4-16.  —  Sur  la  conserva- 
tion du  nom  de  moulin  à  café  malgré  les  trans- 
formations de  l'engin,  cf.  crapouillot. 

moulin  à  mitraille,  m.,  Mitrailleuse  :  «  Les 
mitrailleurs  pointent  leurs  moulins  à  mitraille  », 
A.  A.  (21®    chass.),  Contes  vér,y  126. 

moulin  à  poivre,  m.,  Mitrailleuse  ;  lambert  ; 
D.  m.  p.  ;  voir  grêlière.  —  La  mitrailleuse  pique, 
sale,  poivre  la  chair.  —  Syn.  :  poivrière,  f.  ; 
nombreux  fantassins  de  ligne,  i.  lâchât,  -18. 

moulin  à  rata,  m.,  Mitrailleuse  ;  81®  t.,  -15; 
quelques  soldats  çàet  là,  15-17  ;  2®  c^l,  -18. 
—  Le  mitrailleur  se  plaint  des  fréquents  ratés 
de  sa  pièce.  Le  pilote  aviateur  parle  aussi  des 
ratés  de  son  moulin  :  «  —  Mon  compte-tours 
baisse,  n'entends-tu  rien  de  suspect  au  moulin  ? 
J'écoute  un  moment  :  le  moteur  trépide  un  peu, 
mais  je  ne  perçois  pas  de  ratés  »,  estève,  Gu. 
Aér.y  26-4-17,  p.  371,  c.  2.  Rata  pour  raté,  Coup 
manqué,  est  une  substitution  de  suffixe  à  fin 
de  calembour  ;  rata  pour  rateur,  Homme  qui 
fait  faux  bond,   Vaurien,   est   ancien   dans  la 

—  366  — 


marine  ;  un  rata  fini  ;  «  un  «  rata  »  comme  toi, 
qui  ne  trouverait  pas  de  l'eau  à  la  mer  », 
ciGNEROL,  Notes  (Tun  Bordachien,  147.  —  Sys- 
sém.  :  turlutine,  f.,  Mitrailleuse  ;  g.  turpin, 
-18  ;  I  HENRioT  ; —  de  turlutine.  Sorte  de  pa- 
nade pour  les  marins,  de  la  landelle,  Quarts 
de  nuit,  147  ;  Biscuit  pilé  avec  du  riz  et  du 
lard,  nourriture  du  soldat  en  campagne,  cler 
(1856),  in  LARCHEY  ;  Soupe  mitonnée,  à  Pleur- 
tuit,  -18  ;  d'où  on  aura  tiré  *  moulin  à  turlutine, 
équivalant  à  moulin  à  rata,  et  par  synecdoque  tur- 
lutine en  sous-entendantle  substantif  déterminé. 

moustiaue,  m.,  Insigne  de  TEtat-Major  : 
«  ceux-là  ...  qu'ont  des  moustiques  sur  le  col, 
c*est  pas  des  militaires ...  »,  propos  d'un  tran- 
chéien,  marchand,  Fantasio,  1-6-17.  —  L'in- 
signe est  un  bâtonnet  pourvu  de  trois  paires  de 
foudres  en  guise  de  pattes,  et  d'une  paire  d'ailes. 

multiple,  m.,  Multiplicateur  de  téléphonie  : 
Le  téléphoniste  est  «  devant  son  multiple  », 
Boum  voilà  /,  in  B.  des  A.,  30-8-16. 

mur  (avoir  fait  le).  Manquer  :  «Le  pinard  a 
fait  le  mur  »,  D.  m.  p.  ;  «  L'  caoutchouc  a  fait 
l'mur  »,  Feu,  203  ;  —  faire  le  mur,  usuel  dès 
-12  au  moins,  c'est  Sauter  le  mur  du  quartier, 
Découcher,  donc  Manquer  (à  l'appel). 

—  367  — 


muraille,  Ivre  ;  8®  génie,  17-18  ;  |  Cabaret, 
458.  —  Suffixation  libre  sur  mûr,  Ivre,  dont  le 
sématisme  est  qu'Etre  complet,  Avoir  son 
saoul,  c'est  être  à  point.  (Il  ne  sied  pas  d'expli- 
quer qu'un  homme  ivre  est  *mûr  parce  que  le 
noir  est  éminent  dans  les  mûres  noires  à  matu- 
rité ;  voir  noir).  — Dérivé  :  muraillée,f..  Ivresse  ; 
81^  t.,  14  :  ((  une  muraillée  générale  ». 

nager  (savoir),  1,  Etre  débrouillard  ;  Télé- 
Mail,  in  B.  des  A.,  8-11-16.  —  2,  Se  réserver 
les  filons  et  les  honneurs  ;  246%  289^  inf.,  -18  ; 
<i  implique  un  peu  de  mépris  »,  g.  maréchal. 

navet,  m.,  Torpille  ;  inf.,  Lorraine,  14-15  ;  | 
«  les  crapouillots  les  plus  divers,  depuis  les 
énormes  mines  allemandes  de  245  jusqu'aux 
vulgaires  «  navets  »  en  passant  par  toutes  les 
espèces  de  «  tuyaux  de  poêle  »,  p..  Matin,  20-6- 
16.  —  Syssém.  :  betterave,  f.,  Obus  ;  «  Qu'est-ce 
qu'ils  plantent  comme  betteraves  !...  »,  Rigol- 
boche,  in  B.  des  A.,  20-9-16.  —  Métaphore  de 
forme.;  ces  deux  légumes  sont  des  cylindres  à 
queue,  comme  le  têtard  ;  cf.  macaçoué.  Il  s'y 
ajoute  une  litote  consistant  à  ramasser  le  séma- 
tisme parmi  le  minable  décor  des  tranchées,  à 
simuler  que  le  soldat  est  réduit  à  des  armes 
d'homme  préhistorique  ;  cf.  parpaing. 

-—  368  — 


neige,  Propre,  Reluisant,  Pareil  à  du  nickelé  ; 
employé  couramment  au  40®  art.,  15-16,  mais 
exclusivement  par  les  conducteurs  de  la  Marne 
et  de  la  Meuse    ;quasi  oublié  en  juin  18. 

néma,  et  niéma,  Non,  Il  n'y  en  a  plus  ;  armée 
d'Orient  ;  dauzat,  1-1-18,  67.  —  Négation 
serbe,  qui  a  eu  la  même  vogue  chez  les  trou- 
piers français  dans  les  Balkans  que  notre  il  n^y 
a  plus  en  France  chez  les  troupiers  anglais  qui 
le  prononcent  napou. 

nerveux  comme  un  plat  de  nouilles,  Pas  ner- 
veux du  tout,  Refusant  de  marcher,  de  partir, 
en  parlant  d'un  moteur  d'avion  ;  R.  G.  Aé., 
-17  ;  —  cf.  «  Où  qu'sont  vos  nerfs  ?  Y's  êtes 
comme  des  nouilles  ?  »,  Gaspard,  242.  —  Image 
de  mollesse  flasque. 

nettoyer.  Démolir  jusqu'à  suppression  ;  usuel  ; 
.(   L'obus    avait   nettoyé   l'auto   »,   f év.    18  ;  || 
nettoyer    la    monnaie,    Manger    l'argent    de    sa 
paye,  nettoyer  qqn,  le  Chasser  de  sa  place  ;  rig. 

—  Le  nettoyeur  de  tranchées  purge  la  tranchée 
ennemie  de  ses  combattants,  comme  le  net- 
toyeur de  cambrousse,  le  savonneur  de  cambuse, 
vide  un    appartement  de   ses   objets   précieux. 

—  La  provection  de  sens  de  nettoyer  une  place 
(d'un  objet)  à  nettoyer  un  objet  (de  sa  place)  a 


BSNAULT  24 


des  analogues  :  brûler  la  route,  les  planches, 
c'est  Cheminer,  Jouer,  vite  ;  brûler  un  relai,  le 
Franchir  ;  puis  brûler  qqn  (au  relai),  l'y  De- 
vancer ;  cf.  griller.  —  Syn.  fusiller,  zigouiller. 

nibé,  m.,  Chose,  Machine,  Truc  ;  ouvriers 
argotisants,  81®  t.,  -15  ;  «  ce  nibé-là  »,  27®  al- 
pins, -16,  à  propos  d'un  fusil- mitrailleur,  d., 
(mais  non  pas  syn.  de  fusil-mitrailleur  !)  ;  \\  très 
usuel  aux  forains;- — SL^-pscrenté  knib  de.,.,caiT  rien 
a  d'abord  signifié  Chose.  —  Au  même  sens  passe- 
partout  les  zouaves  emploient  chuchemahure, 
m.,  dér.  de  l'arabe  chichema,  Lieux  d'aisances. 

niquer,  1,  Baiser  ;  2®  mixte,  mai  -18  :  «  nî- 
quer  une  grognasse  »  ;  —  nique  nique  la  coufa  !, 
phrase  proverbiale  de  sabir,  signifiant  Em- 
prosage.  On  l'adresse  aux  Bicots,  pour  les  faire 
marronner,  tout  en  tapant  de  la  paume  droite 
sur  l'orifice  plissé  que  forme  le  poing  gauche 
entre  le  pouce  allongé  et  les  autres  doigts  ra- 
menés en  cylindre  ;  —  cf.  malabar.  —  2,  a.  Pu- 
nir :  «  Deux  nègres  Américains  en  train  de 
boire  une  bouteille  de  Champagne  dans  la  rue 
ont  été  vus  par  un  gendarme  ;  tu  parles  qu'il 
les  a  niques  »,  marins,  fév.  18  ;  «  Tu  vas  te 
faire  niquer  »,  Tu  vas  te  faire  choper,  2®  mixte, 
mai  18;  —  b,  Supprimer,  Tuer  :  se  faire  niquer, 

■—  870  — 


être  sTorpillé,  Coulé,  etc.  :  «  ÏJ  Engageante 
vient  de  se  faire  niquer  par  un  sous-marin  », 
marins,  fév.  18.  —  Syssém.  :  baiser,  très  usuel 
aux  sens  a  et  b,  particulièrement  dans  tout  le 
nord- ouest  ;  —  le  mettre,  V introduire  à  qqn. 
Tromper  qqn  ;  —  se  faire  bitter,  Etre  puni. 
Ecole  Polytechnique,  -13.  —  Nique  s'emploie 
aussi  en  un  sens  affaibli  et  vague,  comme  syn. 
de  Un  peu  sot.  Qui  n'a  rien  d'épatant  :  «  C'est 
un  mec,  quoi  !  —  Ho,  un  mec  un  peu  nique  », 
un  ouvrier  nantais  parisianisé,  81®  t.,  mai  17. 
noir.  Ivre  ;  81®  t.,  15-17  ;  un  sergent,  après 
boire, n'arrivjit  pas  à  déchiffrer  un  ordre  cras- 
seux :  «  Pendant  que  G<....>>  ânonnait,  on  ne 
savait  pas  si  le  chiffon  était  trop  noir  pour  les 
yeux  du  sergent,  ou  le  sous-officier  trop  noir 
pour  lire  son  paplard  »,  81®  t.,  -16;  |  «  gai,  à 
moitié  noir,  quoi  !  »,  paraud  ;  agatha  ;  D.  m. 
p.  ;  «  sans  être  mûrs,  on  était  un  peu  noirs.  On 
avait  le  nez  sale,  quoi  »,  Feu,  21-8-16.  —  Les 
syn.  bousillé,  et  surtout  nez  sale  et  débarbouillé 
avec  du  cassis  (voir  cirage),  montrent  bien  le 
sématisme  de  noir  ;  l'ivresse  obnubile  le  cer- 
veau ;  —  autres  syssém.  :  attraper  une  macula- 
ture.  Se  griser,  jargon  d'ouvriers  pressiers  ;  rig.; 
—  goudronné,  Ivre  ;  40®  art.,  -18.  —  Cf.  chocolat, 

—  371  — 


noir,  m.,  Tristesse,  Spleen  ;  assez  général;  | 
Les  sales  percos  «  sont  très  rares  et  méprisés, 
car  ils  laissent  dans  l'esprit  un  peu  de  leur 
crasse  —  autrement  dit,  ils  donnent  le  noir  », 
Rigolboche,  in  B.  des  A.,  24-5-16  ;  |[  «  ça 
[l'alfa  dans  le  café]  me  tape  sur  le  ciboulot  et 
ça  me  donne  du  noir  »,  Philibert,  234  ;  «  De 
plus  en  plus,  je  prends  le  noir  !  »  et  ne  pense 
qu'à  me  suicider,  mirande  et  rivoire.  Pour 
çiçre  heureux,  i,  10.  —  Soit  extrait  de  broyer 
du  noir,  soit  synecdoque  de  cafard  noir  ;  la 
synonymie  de  grise  fait  pencher  pour  la  pre- 
mière explication. 

noix  (à  la),  noix  de  coco  (à  la),  Qui  peut  faire 
illusion,  mais  qui  est  faux  et  non  valable  ;  très 
usuel  :  «  Je  me  fais  une  fausse  permission  avec 
une  signature  à  la  noix  de  coco  »,  S.  A.  P.-X, 
sept.  16  ;  I  «  j'suis  pas  le  dernier  à  envoyer 
des  salades,  un  coup  qu'on  m'enverrait  des 
boniments  à  la  noix  »,  donnay,  Impr.,  75  ; 
«  une  installation  à  la  noix  »,  Feu,  9,  à  propos 
d'un  lit  fait  d'une  mince  couche  de  fumier  ;  |1 
«  Et  le  gradé  [sous-brigadier  de  paix]  ajouta  : 
—  Vous  savez,  je  ne  veux  pas  d'affaires  «  à  la 
'noix  »  ni  «  à  la  flanc  »  !  Il  signifiait  par  là  qu'il 
était  bien  décidé  à  ne  pas  apporter  à  Thierry 

—  372  -~ 


[agent  de  police]  un  témoignage  de  complai- 
sance »,  Matin,  27-8-13.  —  Se  tire  de  l'idée  de 
stupidité  exprimée  par  noix.  Tête,  chevauchée 
par  une  image  de  confiserie  à  bon  marché,  coco  ; 
au  total,  du  «  chiqué  ». 

nouba,  f.,  Noce,  Fête  grossière  ;  usuel  et 
général  :  «  Voilà  quinze  jours  qu'il  ne  voit  pas 
le  soleil,  [noce  la  nuit,  sommeil  le  jour],  c'est 
la  nouba  !  »,  Parisien,  81®  t.,  -14;  |  agatha  ; 
«  C'était  la  vie  large  et  abondante,  la  «  vraie 
nouba  »  »,  Gaspard,  40  ;  «  Tu  parles  d'une 
louba  qu'i  s'est  envoyée  »,  Feu,  110;  («  un  » 
louba.  Feu,  9-8-16  et  p.  31,  est  une  coquille 
pour  «  une  »,  H.  BARBUSSE  ;  mais  h.  barbusse 
n'a  entendu  au  231®  inf.  que  «  louba  »  et  non 
«  nouba  »)  ;  H  usuel  dès  -97  au  moins,  dauzat, 
16-4-17,  667.  —  Une  noce  ne  va  pas  sans  mu- 
sique, l'Algérie  sans  la  nouha,  cette  musique 
des  tirailleurs  algériens  qui  a  enchanté  les  bou- 
levards parisiens  en  -13.  —  Cf.  chouya.  — 
Syssém.  :  fête  arabe,  f..  Noce  carabinée  ;  jeunes 
soldats  d'inf.,  oct.  16  ;  —  il  est  vrai  pourtant 
qu^arabe  sert  parfois  d'équivalent  à  Intense  ou 
Etrange,  mais  en  mauvaise  part  :  «  un  bour- 
rage-de-crâne arabe  »,  Feu,  123,  «  un  motif  [de 
punition]  arabe  ». 

—  373  — 


nougat,  m.,  Fusil  ;  156®  inf.,  -18;  |  agatha. 
—  Sans  doute  par  synecdoque  de  *  bâton  de  nou- 
gat. Le  fusil  est  un  bâton  creux,  un  bâton  à  feu  en 
français  d'autrefois.  Quant  à  nougat,  j'y  vois 
une  allusion  aux  enrayages  de  magasin  qui 
font  du  lebel  un  outil  «  fragile  »  ;  cf.  :  «  La 
chasse  ?  Il  faut  marcher  !  J'ai  des  j  amibes  en 
nougat  )),  un  coiffeur  obèse,  Le  Bourget,  nov.  17  ; 
MICHEL  donne  bâton  de  cire,  Jambe.  —  Syssém.  : 
sucre  d'orge,  m.,  Lebel  ;  156®  inf.,  -18,  apax. 

nourrice,  f..  Cuisine-roulante  ;  23®  son  de 
munitions  d'art.,  d.  —  C'est  sans  doute  bien 
moins  une  image  bucolique  qu'une  métaphore 
reprise  aux  nourrices  industrielles,  à  celles  de 
captifs  et  dirigeables  par  exemple.  Cf.  fokker. 

nouveau-né,  m.,  Obus  non  éclaté  ;  81®  t., 
sept.  15  ;  —  syn.  et  syssém.  :  bébé,  m.  ;  ib.  —  On 
l'entoure  d'un  berceau  prudent. 

occuper  (s'),  1,  Se  donner  du  mal  ;  usuel  et 
général  :  «  il  a  fallu  s'occuper  pour  reprendre 
le  village  »,  Bicard,  i,  6;  ||  «  Vous  faites  bien 
vos  affaires.  —  Dame  !  ça  va,  ça  va,  mais  aussi 
je  m'occupe.  Vous  ne  vous  imaginez  pas  le  mal 
que  l'on  a  »,  Philibert,  3  ;  —  2,  Se  donner  du 
souci  ;  usuel  et  général;  ||  Brest,  -98  ;  —  c'est 
sur  ce  sens  2,  affaiblissement  du  sens   1,  que 

--  374  — 


s*appuîent  les  queues  anecdotiques  si  usuelles  : 
Ne  inoccupé  pas  du  pot- de- chambre,  chie  dans 
les  draps  /,  81®  t.,  -15  ;  —  T^ occupe  pas  du  cha- 
peau de  la  gamine,  pousse  la  voiture  /,  81®  t., 
sept.  14  ;  —  T^occupe  pas  du  chapeau  de  la 
gosse  /;  —  Laisse  flotter  les  rubans  /; — tous  con- 
seils syn.  de  Vas-y  carrément,  sans  scrupules. 

—  Une  pure  contagion  faisant  leur  succès  à  ces 
formules,  qui  servent  de  phrases  passepartout, 
jetées  dans  la  conversation  si  souvent  qu'il 
leur  arrive  parfois  de  redevenir  spirituelles,  on 
peut  rapprocher  les  faits  suivants  :  à  la  9®  du 
109®  d'inf.,  en  -16,  un  coiffeur  de  Chaumont 
faisait  suivre  toutes  ses  réponses  de  «  Et  avec 
ça.  Monsieur,  un  petit  coup  de  fer  ?  »,  et  un 
boucher  de  Paris,  de  «  Et  avec  ça,  Madame,  un 
petit  coup  sur  l'os  ?  »,  si  bien  qu'il  était  devenu 
courant  de  lancer  ce  dernier  boniment  au  mo- 
ment où  éclatait  un  obus.  —  Cf.  ici  -tau  et 
Confusions,  p.  561. 

œilleton,  m..  Créneau  de  tranchée,  Feu,  255  ; 

—  de  œilleton.  Pièce  adaptée  au  télescope  vers 
l'oculaire,  et  percée  d'un  trou  très  petit  où  l'on 
applique  l'œil. 

offensive   (prendre  1'),    Faire  la   chasse   aux 
poux  ;  81®  t.,  -15  ;  —  syssém.  :  die  Laeuse  alar- 

—  375  — 


mieren,   (donner  l'alarme   aux  poux),   Gratter 

ses    poux,     DELCOURT. 

offic'mar,  m..  Officier  ;  81^  art.  1.,  -18  ;  — 
cf.  hochemar,  chassmar,  tranch^mar,  zigomar. 

oignon,  m.,  Ruban  de  la  croix-de-guerre  ; 
esc.  Br.-219,  -18.  — -  Cf.  banane. 

oiseau,  m..  Obus  :  Lettres  héroïques  (1915), 
30.  —  Syssém.  :  moineau,  m..  Obus  :  «  Des 
moineaux  fusants  de  77  »,  Journ.,  21-6-15  ;  ■ — 
les  Boches  nomment  moineau  la  Balle  de  fusil, 
SAIN.  —  Cf.;  «  Falcquet  paist  Libicocque  de 
bons  oiseaux  de  bois  »,...  de  Coups  de  bâton, 
Merlin  Coccaie,  xix,  (éd.  1859,  p.  327)  ;  —  cf. 
tourterelle,  coucou. 

onze,  m..  Paire  de  jambes  :  «  Il  faisait  frio 
aussi,  et  on  tremblait  sur  son  onze  »,  Feu, 
21-8-16  ;  — •  synecdoque  de  train  onze,  même 
sens  ;  cf.  vingt-deux. 

ordin',  m.,  Ordinaire  (de  compagnie)  :  «  N*en 
faut  un  cabot  d'ordine,  pas  ?  »,  valmy-baysse, 
Journ.,  12-11-16. 

organe  (crever  d'),  Crever  de  faim.  Avoir 
grand  faim  ;  usité  de  divers  côtés  ;  un  employé 
nantais  parisianisé  et  un  négociant  bordelais, 
juin  17  ;  un  m^-f^',  fév.  18  ;  etc.  ;  —  crever 
Vorgane  ;   Di  ;  ||  organe,  Faim,  Jargon  (1836)  ; 

—  376  — 


les  dictionnaires  d'argot  postérieurs  ont  laissé 
tomber  ce  mot,  sauf  bruant,  piler  (Torgane, 
Jeûner. 

OS  à  qqn  (cavaler  sur  V),  (taper  sur  [F),  l'En- 
nuyer :  «  A  la  gare  !  Tu  commences  à  m'cavaler 
sur  l'os  avec  ton  air  d'avoir  toujours  raison  », 
Feu,  8-8-16  ;  Les  embusqués  «  commencent  à 
m'taper  sur  l'os  »,  ib.,  136  ;  —  dans  certaines 
locutions  syn.,  cavaler  est  représenté  par  courir, 
et  1*05  en  question,  dont  la  moitié  du  genre 
humain  est  dépourvue,  nommé  par  d'autres 
noms  équivalents. 

ouistiti,  m..  Patron,  Officier  dont  on  est 
l'ordonnance  :  «  i'  cirait  les  godasses  de  son 
ouistiti  »,  Feu,  5-9-16  ;  —  syssém.  :  singe, 
Patron,  en  style  de  domestiques. 

oursin,  m..  Entrelacs  de  fil  barbelé,  en  forme 
de  sphère  d'environ  l'^  de  diamètre,  jetés 
dans  un  boyau,  une  brèche,  pour  l'obstruer 
rapidement,  ou  devant  les  lignes  pour  ren- 
forcer les  défenses  ;  10^  et  27^  inf.,  14-15  ; 
95e  inf.,  15-18  ;  112%  130%  304e  inf.^  16-18  ; 
le  Camp  des  oursins,  centre  de  la  fabrication 
desdits  engins,  81®  t.,  -16;  |  Le  soldat,  dans 
les  boyaux  «  franco-boches  »,  «  sent  le  danger 
immédiat,  bien  des  fois  même  aucun  «  oursin  » 

—  377  — 


ou  cheval  de  frise  ne  lui  permet  d'escompter 
un  obstacle  possible  »,  p.,  Matin,  20-6-16.  — 
Mal  défini  dans  g.  e.,  1-4-18,  423.  —  Méta- 
phore prise  des  piquants  et  de  la  rondeur  des 
oursins  de  mer.  —  Syn.  :  araignée,  f.  ;  d.  — 
œuf,  m.  ;  D.  —  anse  de  panier, 

pagaille,  f..  Désordre  ;  très  usuel,  et  semble 
en  voie  de  généralisation;  |  «  dans  une 
pagaïe  effroyable  »,  anon..  Pet.  Par.,  21-3-16, 
p.  2,  c.  2  ;  «  Sans  discipline,  qu'il  jacquetait, 
c'est  la  pagaye  »,  Cabaret,  458  ;  ]]  très  usuel 
aux  marins  et  à  toute  la  Bretagne  à  propos  de 
tout  désordre  ;  le  mot  était  vendéen  aussi  ;  le 
Centre  prononçait  pagane,  la   Provence  pagaio. 

pagéol,  m,,  Météorologue  militaire  se  servant 
pour  les  sondages  aérologiques  de  ballonnets 
de  caoutchouc,  blancs  ou  colorés,  gonflés  à 
l'hydrogène  ;  un  m^-f^^,  fév.  18,  monax.  — 
Allusion  au  bouquet  de  ballons  que  porte  un 
homme  en  blouse  dans  le  croquis  qui  sert  de 
réclame  au  pagéol.  Produit  pharmaceutique 
laveur  de  la  vessie,  à  voir  dans  les  journaux 
aux  réclames.  —  Cf.,  pour  l'influence  linguis- 
tique des  quotidiens,  tamar  ;  —  bibendum,  m.. 
Homme  corpulent  ;  agatha  ;  —  allusion  à  la 
caricature  qui  sert  de  réclame  au  pneu  Miche- 

—  378  — 


lin  sur  les  murs  aussi  bien  que  dans  les  jour- 
naux ;  —  et  spécialement  jubol. 

pagnoter  (se),  Se  mettre  au  lit  ;  Au  231®  inf., 
15-16,  «  j'ai  toujours  entendu  dire  po-  beau- 
coup plus  que  pa-  »,  h.  barbusse,  d'où  se  po- 
gnoter,  Feu,  123  ;  —  pagnoter  seule  forme  que 
j'aie  entendue  95-18  ;  rig.,  dlle  et  tous  mes 
autres  témoins  ne  connaissent  aussi  que  pa-. 

pain  à  cacheter,  m.,  Obus  :  «  j'entends  nos 
petits  canons  de  montagne  et  nos  120  longs 
qui  leur  envoient  des  pains  à  cacheter  »,  fa- 
raud. —  Litote  fantaisiste,  peut-être  indivi- 
duelle, mais  intéressante  pour  le  psychologue  : 
un  objet  circulaire,  à  deux  dimensions,  est  pris 
pour  sématiser  un  objet  dont  la  base  est  un 
cercle  plat,  mais  dont  la  hauteur,  ou  troisième 
dimension,  est  laissée  de  côté  ;  de  même  une 
Chambre  est  dite  une  carrée,  ou  une  tôle  (du 
latin  tabula),  à  cause  de  son  plancher,  en  né- 
gligeant la  hauteur  de  capacité  que  détermine 
forcément  le  quadrilatère  de  base  ;  de  même 
un  Ballot  est  dit  un  carré  à  oreilles,  vidocq  ; 
de  même  la  Tête  humaine  confetti,  {se  taper  le 
confetti,  Manger),  et  map pemonde, [y oir  chambou- 
ler) ;  de  même  une  pastille,  qui  est  un  objet  plat, 
et  pratiquement  un  simple  plan,  sématise  une 

—  379  ~ 


Balle,  projectile  dont  l^épaisseur  est  très  sen- 
sible dans  la  chair  humaine.  Ainsi  les  figures 
géométriques  planes  représentent  les  volumes 
de  la  géométrie  dans  l'espace.  —  L'inverse 
n'est  pas  vrai,  ou,  pour  être  prudent,  n'est  pas 
aussi  vrai.  (Si  balle  signifie  Pièce  de  monnaie, 
ronde  et  plate,  c'est  parce  que  la  monnaie 
porte  une  balle,  une  Figure  d'homme.)  La  rai- 
son en  est  que  l'oeil  ne  perçoit  pas  la  profondeur 
ou  troisième  dimension  et  que  le  dessin  est  plus 
facile  que  la  sculpture. 

pajot,  m..  Couche  où  l'on  dort,  (quelconque, 
sauf  la  terre  nue)  ;  usuel  et  général;  |  pageot, 

AGATHA  ;   pajot,    POILULOGUE   ;      pajo,    CHAPELLE. 

—  Extension  de  pajot,  Lit,  usuel  aux  Pa- 
risiens, quoique  inconnu  de  dlle  et  de  ses 
devanciers,  par  ex.  au  19®  inf.,  -95,  ainsi  que 
son  dérivé  pajoter,  se  pajoter,  Coucher,  Se  cou- 
cher ;  —  de  BERCY,  (le  collaborateur  de  Bruant 
pour  son  Dictionnaire),  me  disait  en  -99  que 
pajot  vient  d'un  auvergnat  pajet.  —  Apocope  : 
paj,  m..  Lit  ;  40®  art.,  -18  ;  —  d'où  se  pajer. 
Se  coucher  ;  ib.  —  Dérivé -calembour  :  pagéol, 
m..  Lit  ;  ib. 

palace,  m.,  Maison  de  bel  aspect  et  de  tenue 
parfaite  ;    s'emploie    ironiquement    :    «    Dites 

—  380  — 


donc,  les  artiflots,  faudrait  voir  à  ne  pas  amo- 
cher l'argenterie  du  palace  »,  Cabaret,  469,  pro- 
testation d'un  fantassin  à  l'adresse  d'un  ar- 
tilleur dont  le  poing  vient  de  renverser  une 
bouteille  sur  la  table  du  cabaret.  —  Ce  mot, 
pris  aux  enseignes  des  grands  hôtels  anglo- 
saxons  est  sans  doute  sans  rapport  avec  pa- 
lasse,  Chic,  très  usuel  aussi,  et  qui  apparaît 
dans  faire  pallas.  Faire  le  grand  seigneur,  vi- 
DOCQ  ;  —  ce  dernier  est  souvent  écrit  pallas,  (par 
une  orthographe  savante,  mais  inutile  ? — cf. 
bacante,  macabé,  et,  sous  poilus,  nickelé). 

Panam,  m.,  Paris  ;  divers  soldats,  -16  ;  très 
usuel,  17-18  ;  I  «  nom  d'amour  donné  par  les 
Parisiens  à  leur  village  »,  Petit  Voisognard 
(369^  inf.),  21-3-15,in  sain.  ;  agatha  ;  «  Paris, 
pour  les  permissionnaires  du  dépôt,  se  nomme 
«  Panasse  »  »,  henriot  ;  Panasse  est  une  co- 
quille ;  la  spécification  erronée  des  permis- 
sionnaires montre  que  le  mot  était  encore  peu 
notoire  fin  juill.  15.  —  «  Panam  (Panama  ; 
l'Eldorado,  quoi,  avec  sous-entendu  ironique  ?)», 
FAGus,  564  ;  cette  étymologie  explique  suffi- 
samment le  but  du  mot,  par  son  suffixe  ;  mais 
le  radical  Pa-  conserve  la  première  syllabe  de 
Paris. 


381  — 


■ 


panard,  m.,  Pied  ;  40®  art.,-18  ;  |  henriot  ; 
Feu,  84  ;  j]  à  Bourges,  10-12, un  seul  soldat,  de 
Béziers,  appelait  les  pieds  des  panards,  dauzat, 
27-6-17  ;  le  terme  a  conquis  du  terrain.  —  En 
provençal  panard.  Boiteux.  On  a  d'abord  appelé 
panard  le  Cheval  dont  les  pieds  sont  tournés 
en  dehors,  puis  1* Homme  qui  a  ce  vice  anato- 
mique,  puis  le  Pied  de  ce  cheval  et  de  cet 
homme,  puis  tout  Pied  humain,  par  la  vision 
enlaidissante  qui  est  un  tour  d'œil  si  populaire. 

panier  à  salade,  m..  Casque  :  «  Et  si  qu'elle 
[une  marmite,  un  obus]  tombe  sur  Pcaberlot, 
Malgré  son  panier  à  salade,  D'un  boche  <C  ..>•  », 
UN  MARSOUIN,  oct.  16,  in  B.  des  A.,  18-10-16, 
p.  6.  —  Le  casque  français  «  fuit  »  par  sa  ven- 
touse ;  le  rend-elle  pratique  au-dessus  d'un 
évier  ? 

panpan,  f..  Voiture  automobile  Panhard  ; 
automobilistes  militaires  de  l'armée  d'Orient, 
16-17;  Il  usuel  dès  02-05  à  Bordeaux.  —  Apo- 
cope à  redoublement  de  Panhard  (qui  se  pro- 
nonce par  un  hiatus  juxtaposant  an  et  a). 

papa,  m..  Bon  outil  :  «  si  c  avait  été  notre 
papa  de  France  nommé  75  »,  on  aurait  pu 
compter  les  [Boches  qui  [auraient  réchappé, 
JEAN  MALAVAT,  (81®  înf.),  lettre,  dans  Poil  et 

—  382'— 


Plume,  mai  16,  in  z,  Armée  de  1917,  301.  —  De 
papa,  Brave  homme  ;  par  ex.  :  «  Moi  je  suis 
été  le  second  pour  le  secourir  dont  le  premier  a 
été  notre  papa  de  notre  régiment  le  médecin- 
chef  de  service  nommé    B<C...>  »,  id.,  ib.,  302. 

papafard,  m.,  A,  Grand  bouleversement,  Ba- 
roufle,  Scandale  ;  connu  de  marins  provençaux 
et  de  rares  soldats  parisiens,  août  16-déc.  17  ;  | 
«  et  j'  savais  que  quand  le  vieux  i'  saurait  la 
vérité,  i'  f'rait  un  fameux  coup  d'Etat.  Ça 
n'a  pas  manqué.  Tu  parles  d*un  papafard  », 
Feu,  11-8-16  ;  —  B,  Grand  bruit  ;  mêmes  mi- 
lieux que  le  sens  A  ;  |  «  d'  dormir  et  d'  faire 
schloff  avec  un  bruit  et  un  papafard  pareils 
comme  celui  qu'y  a  »,  Feu,  236;  —  provençal 
papafard,  Paperasse,  Ecrit  long  et  ennuyeux, 
Pamphlet,   Cancan,  Tripotage  ;  mistral. 

paplard.  m..  Papier  portant  écriture,  (Ordre 
écrit.  Rapport  écrit, Titre  de  permission)  ;  81®  t., 
15-17  ;  usuel  et  général  ;  |1  papelard,  Papier, 
Jargon  (1836)  ;  —  «  Bouffe  le  paquelar  pour 
qui  trainne  pas  »,  hirscHj  Le  Tigre,  82  ;  —  dér. 
libre  de  papier,  par  le  même  suffixe  qu'on  a 
dans  le  syn.  faflard,  Fafiot,  (Papier).  —  Dér.  : 
papelarder,  Faire  des  écritures  ;  Feu,  121.  — 
Papyrus,   Papier  personnel,  «   Et  ici   c'est  les 


—  383  — 


I 


papyrus.  Tu  parles  d'une  bibliothèque  »,  Feu, 
186,  propos  d'un  poilu  inventoriant  ses  poches, 
est  moins  une  extension  de  sens  d'un  mot  sa- 
vant, que  papier  suffixe  librement,  mais  par 
un  suffixe  dû  à  quelque  fourrier  lettré. 

paprika,  m.  :  «  Bavons  dans  V  Paprika  », 
titre  d'un  journal  du  front,  in  B,  des  A., 
8-8-17,  p.  12.  —  Austro-hongrois,  paprika, 
1,  Poivre  rouge  :  Wiener  Schnitzle  mit  ou  ohm 
Paprika,  Côtelettes  ou  Escalopes  de  veau  au 
poivre  rouge  ;  2,  Livre,  Album  d'histoires  ga- 
lantes, (poivrées)  ;  3.  grand-carteret. 

paçLUci,  m.,  Paquet  de  tabac  ;  sous-intce  de 
la  22e  Don  16-17  ;  — -  dér.  libre  de  paquet,  par 
un  suffixe  -ci  que  je  ne  retrouve  qu'à  peu  près 
dans  paccin.  Paquet,  Cartouche  ;  cf.  maquecée, 
Maquerelle,  vidocq  ;  cf.  latsipume  ?  —  pa(lUÇOii, 
m.,  1,  Paquet,  Colis-postal,  tel  que  le  poilu  en 
reçoit,  de  victuailles  principalement  ;  divers 
soldats,  16-17  ;  |  «  on  se  tape  le  rapport  ous- 
qu'on  nous  donne  les  babillardes  et  les  paxons  », 
PANTRUCHARD  ;  poiLULOGUE  ;  ||  paxou,  Paquct, 
ROSS.  ;  —  2,  Havresac  monté  et  surmonté  de 
suppléments  :  «  des  paxons  bien  solides  »,  Feu, 
189  ;  —  suffixe  comme  gobeson.  Gobelet,  vi- 
docq ;  boxon,  Bocard,  (Maison  publique)  ;  kép- 

—  384  — 


I 


çon,  Képi  ;  d'après  enfançon,  Petit  enfant, 
hameçon,  Petit  haim,  etc.,  coinçon,  Petit  coin, 
entendu  en  -18.  —  paquebust,  m.,  Paquet  ;  d.  ; 
—  suffixe  comme  tambuste,  m..  Masque  à  gaz  ; 
D.,  —  déformation  de  [masque)  Tambuté  ;  — 
et  chaffuste,  Machine,  argot  du  Borda. 

paquebot,  m..  Voiture  d'ambulance  :  «  si 
vous  recevez  un  shrapnell  dans  le  buffet  ne 
soyez  pas  étonné  qu'on  vous  signale  l'arrivée 
de  l'ambulance  en  disant  :  voici  le  paquebot  », 
AGATHA  ;  —  spécial  au  309^  inf.  ?,  inconnu  dans 
tous  les  corps  que  j'ai  sondés,  sauf  au  sec- 
teur 174,  -18,  adj.  LECONTE  ;  —  probablement 
métaphore  prise  des  couchettes  de  la  voiture 
d'ambulance  superposées  comme  dans  les  na- 
vires. 

parc  aux  os,  m..  Cimetière  :  «  l'essentiel, 
c'est  de  ne  pas  être  resté  dans  1'  Parc  aux  Os  », 
Crapouillot,  in  Front,  16-3-17.  —  Syn.  :  parc 
des  refroidis  ;  Nénesse,  238  ;  —  cf.  jardin. 

parisîané,  Parisianisé  :  «  Je  me  suis  vite  pa- 
risiané  »,  un  ouvrier  ne  à  Nantes,  40  ans, 
mai  17  ;  monax. 

parpaing,  m..  Obus  (qui  arrive  et  va  éclater)  ; 
40e,  270^  art.,  13®  tir.  alg.  et  secteur  174  ;  «  les  par- 
paings radinent  »,mai  18  ;  |   Le  Parpairtrg,  jour- 

—  385  — 

ESNAULT  25 


nal  du  front,  in  B.  des  A.,  1-11-16  ;  «  Le  par- 
paing s'amène, Ulle  grosse  torpille,  sur  tiotts  »,  Ca- 
baret, 459.  —  Parpaing,  Grosse  pierre  de  cons- 
truction ;  «  on  dirait  que,  dans  l'air,  s'avance 
par  saccades  une  grosse  pierte  »,  Bouf'ru,  194  ; 
cf.  navet. 

parti  avec  Itt  Iftitie,  Mon  :  «  Les  lettres  de 
chez  moi,  c'est  des  boîtes  à  mensonge  :  ma  sœlir 
avait  iaidi  des  quat'  pattes,  partie  avec  la 
lame,  (Jue  ma  femme  m'éctivait  ettcore  Toute 
la  fàtnille  est  en  bohne  santé  »,  un  2d-ni6, 
tnat's  18.  ~  Répondant  nautique  de  étalé  sUr 
le  parapet.  Tué,  d. 

pfts-ûiôrt,  m..  Militaire  qui,  i*échappê  du 
ebmbat,  ou  s'étaîit  garé,  atttape  les  i'éfcohi- 
penses  ;  81^  art.  1.,  mai  18. 

t)as- mûres  (vertes  et),  f..  Affaires  pénibles  : 
«  Aux  Eparges  nous  en  avons  vu  de  vertes  et 
de  pas-mûres  »,  un  soldat,  (de  Gauville  pt"ès 
Aumalè),  288^  inf.,  lettre,  mars  16  ;  |  «  un 
Nîtnois  qui  ne  cessait  de  nous  en  racorlter  des 
vertes  et  des  pas  mûres  du  matin  au  soir  et 
avait  toujours  fait  plus  fort  qUé  lefe  autres  », 
R.  D.,  Contes  çér.,  194.  —  En  voif  de  dutëë,  en 
voir  de  raides  ;  la  verdeur  d'un  fruit  pas  mûr 
sématise  sa  duteté  et  sa  raideur.  On  peut  aUssi 

—  386  — 


en    i^oir  de    grises    et    de    toutes     les   couleurs. 

passer  qqn  à  tabac,  Se  moquet  dé  lui  en 
long  et  en  large  ;  81®  t.,  juin  16.  —  Pdssef  aU 
tabac,  Donner  des  coups,  rig.  ;  dé  toute  locu- 
tion signifiant  Raillerie  à  toute  locution  signi- 
fiant Tromperie,  (cf.  bobard,  peYco),  et  niêttie 
Coups,  (cf.  coup  de  gueule),  il  y  a,non  seuletnent 
passage  aisé,  niais  «  allet'  et  retour  »,  (voit* 
fokket)  ;  lés  mêmes  verbes,  (voit*  dés  ex.  sous 
balancer),  servent  dans  les  déUx  eniplois.  —  Cf. 
discuter  le  COUj),  Se  défendre  contre  l'ennemi  ; 
D.  ;  —  sens  plus  UsUél,  Causer  de  la  situation, 
de  la  guerre,  entre  camarades  ;  40*^  art.,  -18. 
—  Voir  expliquer. 

i)àstiiré,  f..  A,  syn.  officiel  de  confetti  (voir 
ce  mot).  —  B,  Balle  (d*arme  â  feu)  :  «  en  leur 
balançant  entte  les  côtes  des  centaïUes  de  pas- 
tilles à  la  minute  [avec  ma  mitrailleuse]  », 
È.  c.  Pet.  Journ.,  8-4-16  ;  —  sématisme,  cf. 
pain  à  cacheter. 

pastiss,  m.,  1,  Boue  :  «  Le  génie  ayant  plus 
particulièrement  dû  travailler  dans  la  boue  (et 
quelle  boue  !)  l'a  décorée  du  nom  de  pastisse 
(pourquoi  ??)  qu'il  étend  à  tout  fouillis,  dé- 
sordre, ou  cotnard  »,  fagus,  562  ;  ^~  2,  Fouillis 
de  nature  quelconque,  (par  ex.  celui  des  vivres 

—  387  ~ 


dans  la  musette),  spécialement  les  Vivres  de 
l'ordinaire  sur  les  voitures  ;  chapelle  ;  Les 
véhicules  «  Chargés  d'objets  de  toutes  sortes 
En  pêle-mêle  confondus  :  Bagages,  vivres  et 
liquides,  Ballots,  pastis  et  saint s-frusquins...  », 
Lapin  à  plumes,  in  B.  des  A.,  18-10-16  ;  — 
3,  Désordre,  Imbroglio  ;  coloniaux,  -15  ;  13®  tir. 
alg.,-18  ;  I  CHAPELLE  ;  «  Vénizélos  ou  Gounaris, 
C'est  toujours  le  même  pastis  »,  chansonnette 
connue  de  nos  marins  en  Orient,  -17  ; —  4,  Dé- 
sordre du  corps-à-corps.  Assaut  :  «  le  pastis 
c'est  l'endroit  où  ça  chauffe,  où  ça  gaze,  la 
tranchée  de  première  ligne  »,  rocher  ;  «  Le 
mobilier  du  poilu,  qui  n'est  pas  dans  le  pastis, 
se  compose  <;...>  »,  ib.  ;  —  5,  Danger,  (Nuit, 
Invisible,  Inconnu)  ;  chapelle  ;  «  Chers  co- 
pains. Deux  mots  pour  vous  donner  de  mes 
nouvelles  qui  sont  exellentes  et  désire  qu'il 
en  soit  de  même  pour  vous.  Vous  vous  êtes 
sortis  d'un  joli  pastis  Paul  et  toi  car  nous 
allons  travailler  sur  la  route  de  T  a  l'endroit 
même  ou  il  y  a  «  Attention  aux  fils  »  Paul  cet 
ou  sait  »,  un  soldat  (de  Pézenas),  112®  inf., 
lettre,  10-10-16.  —  Mot  de  langue  d'oc,  géné- 
ralement ignoré  encore  en  oct.  17  des  régiments 
issus  du  nord  :  pastis,  1,  Pâté,  Bouillie  épaisse  ; 


ms 


2,  Barbouillage,  Confusion,  Tripotage  ;  mis- 
tral. —  Cf.  latsipume  ? 

Le  passage  de  Bouillie  à  Boue  est  usuel  ;  cf. 
«  cette  nuit  nous  avons  pris  quelque  chose 
comme  flotte  sur  la  bobine.  Il  y  en  a  une 
bouillie  »,  paraud,  90.  De  Boue  à  Fouillis  le 
passage  se  retrouve,  inversé,  (voir  fokker),  dans 
cafouille.  Le  passage  de  Boue  aux  autres  sens 
est  syssém.  de  purée,  mélasse^  panade,  toutes 
cuisines  qui  sématisent  un  Embrouillamini 
laissant  peu  d'espoir  ;  et  de  mouise.  Embête- 
ment, Danger  :  «  C'est  toujours  le  deuxième 
bâton  qui  nous  fout  dans  la  mouise.  Et  on  leur 
colle  les  citations  »,  Cabaret,  465  ;  être  dan^  la 
mouise,  c'est  Etre  dans  une  situation  difficile, 
particulièrement  à  cause  d'un  budget  défici- 
taire ;  mouise  dans  dlle,  F.- A.,  mouisse  dans 
DLLE  est  traduit  Soupe  ;  cf.  être  dans  la  pa- 
nade ;  mais  c'est  l'alsacien  mouess,  Bouillie,  le 
franc-comtois  moisse  ou  mouesse,  Confiture 
grossière,  à  Montbéliard,  sahler.  Vieux  propos, 
(1917)  ;  cf.  être  dans  la  marmelade. 

patate,  f.,  A,  1,  Tête  :  «  L'ordonnance  du 
lieutenant  H.  dit  que  le  commandant  P.  a  dit 
que  le  général  d'A.  en  a  gros  sur  la  patate  de 
la   88^   Division  »,...   en   a  par  dessus  la  tête, 

—  389  — 


81®  t.,  -14  —  cf.,  à  pyopos  d*un  ivrogne  qui 
pleure  :  «  C'est  des  r'vir'ments  du  temps  passé 
qui  lui  passent  dans  la  pomme  de  terre  »,  Paris, 
vers  -87  ;  —  sématisme,  cf.  fraise.  —  2,  Imbé- 
cile ;  usuel  et  général  ;  |  «  C't  un  professeur  de 
classes  à  Pî^ntruche,  c'est  p£ts  une  patate  ni 
un  outil  )),  Gaspard,  222.  —  Syssém.  pour  le 
ps^ssage  du  sens  1  au  sens  2  ;  truffe,  f.,  Benêt  ; 
LAMBERT;  Il  «  j'ai  un  joli  gosse  que  j'aime  et 
j'ai  cette  truffe-là  qui  m'entretient  »,  Echalote, 
XVI,  52  ;  —  truffe,  Pomme  de  terre,  est  dès 
longtemps  archi-usuel  dans  le  H^-Maine,  la 
Nièvre  et  le  midi  ;  —  tomate,  f.,  Sot  ;  Lam- 
bert ;  «  T'as  l'air  tomate,  toi,  t'sais,  quand  tu 
rigoles  »,  BENJAMIN,  Journ.,  3-4-16  ;  ||  dlle  ; 
«  J'en  suis  comme  une  tomate  »,  Echalote,  xii, 
40  ;  —  betterave,  f..  Homme,  et  spécialement 
Soldat,  peu  dégourdi  :  «  l^i  betterave,  la  tomate, 
c'est  encore  une  espèce  de  ballot  »,  rocher  ; 
«  inutile  et  fî^lot,  ridicule,  empoté,  et,  pour 
parler  comme  eux  [les  poilus],  betterave  et 
pocheté,  propre-à-rien  et  paquet  !  »,  tardieu. 
Echo  de  P.,  avr.  16  ;  ||  «  Ces  «  betteraves  »,  ces 
soldats  de  hsnieau  commandés  de  piquet  pour 
leur  ignorance  politique  [de  piquet  d'exécution 
de  condamnés  politiques]  »,  d'esparbès,  Demi- 

—  390  — 


Solde,  XXII  ;  —  naçet,  Imbécile;  Mousqu.,  43  ;  || 
LARCHEY  ;  Dupe,  tt^LE  ;  —  haricot)  m,,  Soldat 
peu  débrouillard  ;  i).  m.  p.  ;  —  poil?,  f.,  Imbé- 
cile ;  «  Je  serais  la  noi^f  »,  la  Dupe  ;  360^  inf,, 
juin  16  ;  I  «  faudra  pus  qu'  les  députés  ils 
m'  bourrent  el  crâne,  ni  qu'ils  m'  prennent  pour 
une  noix  !  »,  Gaspard,  208  ;  —  et  tout  fruit  ou 
légume  que  cultive  le  paysan  ;  aussi  il  y  a  con- 
venance particulière  à  qualifier  un  paysan  de 
ces  noins  de  1^  tête  humaine  ;  mais  la  tête  d'un 
citadin  est  aussi  bien  l'un  de  ces  objets  ronds 
et  humbles,  et  c'est  la  tête  qui  sématise  Ifi 
Sottise.  A  preuve  bille.  Sot  ;  40^  art,,  -18;  | 
«  C'est  bien  nous  les  «  billes  »  »,  Nous  sommes 
dupes,  On  se  fiche  de  nous,  p'tit  gars  ;  et 
tronche  :  «  Pour  qui  me  prends-tu  ?  pas  possible, 
tu  me  prends  pour  une  tronche  »,  Philibert, 
236.  Le  même  sématisme  semble  se  retrouver 
aux  Etats-Unis  :  gob,  1,  Bouche,  Gosier  ;  2,  Ma- 
telot, par  opposition  à  Officier,  —  comme  qui 
dirait  grosse- gueule,  —  marins  américains,  -18. 
B,  Paysan  :  «  Les  Anglais,  il  les  appelait  des 
«  rosbifs  ».  Les  Italiens,  il  les  appelait  des  «  ma- 
caronis ».  Les  Allemands,  il  les  appelait  des 
«  choucroutes  ».  Quant  aux  autres  étrangers  nés 
en    Bretagne,    en    Auvergne    ou    en    Franche- 

—  391  — 


Comté,  il  les  appelait  des  «  patates  ».  )),  Bicard, 
I,  1  ;  il  c'est  Bicard,  Parisien.  —  Ce  texte 
semble  dire  que  le  paysan  est  patate  coname 
bouffeur  de  patates  ;  toutefois  le  sens  B  peut 
se  tirer  du  sens  A^  ;  j'ai  entendu  un  soldat 
traiter  les  paysans  de  «  faces  agricoles  »,  (il 
était  cégétéiste  conscient  et  ardent).  Les  vo- 
catifs injurieux  pied  de  chou,  pied  de  vigne,  pied 
de  pommier,  «  Quel  pied  de  chou  !  »,  Quel  imbé- 
cile !,  81®  t.,  juin  16  ;  «  En  voilà  un  pied  de 
vigne  !»,  ib.,  juin  16  ;  «  Pas  besoin  d'être  trois 
pour  te  coller  un  marron  sur  la  gueule,  eh  ! 
pied-de-pommier  !  »,  Cabaret,  465,  semblent  des 
développements  de  pied,  Imbécile,  au  moyen 
d'une  image  agricole  et  à  l'adresse  d'agricul- 
teurs, à  moins,  et  ce  serait  encore  plus  con- 
forme au  syssématisme  ici  étudié,  que  pied. 
Imbécile,  en  soit  précisément  la  synecdoque  ; 
—  [pied.  Imbécile,  ne  peut  se  tirer  de  hête 
comme  ses  pieds,  où  le  mot  est  au  pluriel). 

patouille,  f.,  Boue  liquide  ;  70®  inf.  etSl®  t., 
janv.  15  ;  |   Bicard,  u,  4. 

patte  de  mouche  (à  la).  Très  déHcatement  ; 
aviateurs  à  propos  d'atterrissages  :  «  Il  reste 
encore  à  atterrir,  ce  dont  Baron  s'acquitte  à 
la  patte  de  mouche  »,  estève,  Gu.  Aér.,  26-4-17. 

—  392  — 


pattes  (prendre  des),  Etre  barboté,  Dispa- 
raître; 81^  t.,  14-17  :  «  La  bougie  a  pris  des 
pattes  )).  —  Syssém.  :  faire  des  classes  à  pied, 

même  sens  :  «  De  la  même  brosse  qui  piste  ou 
chasse  ;  [  =  ,]  on  peut  encore  dire  quelle  fait 
des  classes  à  pied  »,  e.  h.,  Temps^  24-5-15  ; 
E.  H.  est  dragon,  et  au  dépôt,  dans  Toucst  ; 
classes,  Exercices  ;  —  syssém.  plus  général, 
s'envoler  ;  etc. 

pattes  (trois-),  m.,  1,  Moteur  à  trois  cylindres, 
ou  à  quatre  cylindres  dont  trois  seulement 
fonctionnent  ;  —  2,  Avion  ayant  pour  moteur 
un  trois-pattes  ;  —  de  même  six-pattes,  m., 
Moteur  et  Avion  à  six  cylindres  ;  — -  aviateurs 
et  aéronautes,  17-18  ;  Miramas,  mai  18  ;  | 
«  un  modeste  «  trois  pattes  »  »,  icart  ;  «  Mon 
moteur  marche  sur  six  pattes  (950  à  1.020  tours) 
et  l'appareil  descend  »,  david,  carnet,  23-8-14, 
in  Gu.  Aér.,  11-1-17,  p.  135,  c.  2  ;  voir  pingouin. 
—  Simple  développement  libre  de  l'idée  de 
Marcher,  («  Maman,  les  p'tits  bateaux  qui  vont 
sur  l'eau,  ont-ils  des  jambes  ?  »),  —  comme  dans 
prendre  des  pattes. 

pattes  d'acier,  m.,  Cyclistes  ;  art.,  d.  — 
Semblable  métalepse  engendra  la  fable  des 
centaures. 

—  393  — 


paturons,  m.,  Pieds  ;  —  d'où. mettre  les  pa- 
turons, Se  sauver  ;  d.  —  Syssém.  :  mettre  les 
cales,  Partir  suhrepticement,  Abandonner  son 
poste  ;  95s  156e  inf.,  40^  art.,  16^  chaas., 
13®  tir.  alg.,  17-18  ;  • —  cales  n'est  pas  un 
simple  remplaçant  syn.  de  bouts  de  boisi,  (ni 
une  déformation  de  cannes)  ;  les  cales,  en 
technologie,  donnent  du  pied  aux  appareils  ; 
d'où  cale,  Pied  humain,  qui  n'a  pas  été  attesté 
jusqu'ici,  mais  qui  a  donné  caleter,  Jouer  des 
pieds,  dès  -44  ;  (pour  le  suffixe  -etery  cf.  détra- 
quêter).  —  Cf.  bâtons. 

pause  (ne  pas  avoir  la).  Etre  en  pleine  utili- 
sation :  «  je  sort  tous  les  soirs  avec  des  copains 
<C...!>  et  je  te  promet  que  le  pinard  n'a  pas  la 
pose  »,  un  chasseur  (120®  bato^^),  lettre  à  un 
zouave,  août  16  ;  |  «  Ça  va  pas  être  la  pause 
pour  le  bidon  ?  »,  phrase  stéréotype  usuelle 
aux  tranchées,  z.  Armée  de  la  guerre,  235.  — 
Métaphore  tirée  des  progressions  journalières 
de  l'instruction  du  soldat,  qui  comportent  des 
pauses  entre  des  reprises  d'exercice,  Par  exten- 
sion de  ce  sens  technique  on  dit  aussi  C^e^t  pas 
la  pause,  Ça  barde,  usuel  et  général  ;  46®  inf., 
-11.  —  Autre,  analogue,  être  en  permission, 
N'être  pas  de  service  r  «  Il  faut  croire  que  la 

—  394  — 


mort  était  en  permission  ;  telle  fut  la  réflexion 
du  sergent  mitrailleur  R...  s'apercevant  qu'il 
n'était  pas  du  tout  le  cadavre  qu'il  redoutait 
il  y  a  quelques  instantp  »,  Gu.  Aér-^  25-1-17, 
p.  164,  c.  2. 

peau  de  bouc,  f.,  Enveloppe  du  ballon  diri- 
geable ;  pilotes  de  dirigeables,  -17.  —  Méta- 
phore de  couleur. 

pe^u  de  citron,  peau  d'orange,  f.,  Enveloppe 
du  ballon  libre  sphérique  ;  pilotes  de  sphé- 
riques,  avr.  18.  —  La  toile  des  sphériques  est 
communément  couleur  jaune,  plutôt  citron.  — 
Cf.  pelure  d'orange  !,  Traître  !  Faux-frère  !  ; 
81^  t.,  -15  ;  —  employé  notamment  par  un 
octroyen  nantais  bon  syndicaliste,  pe  mot  est 
un  remplaçant  syn.  de  jaune  ;  voir    mouchard. 

pé-cé,  m.,  1,  Niche-abri  de  troupier,  aux 
tranchées  ;  —  2,  Cantonnement  d'un  troupier  ; 
—  246®  et  289®  inf.,  et  très  usuel  aussi  dans  de 
nombreux  corps  ayant  relevé  ces  deux-là  ; 
17-18.  —  De  P.  C,  inscription  des  ppstes  de 
commandement  des  officiers,  à  partir  du  coni- 
mandant  de  c^®,  étendu  par  plaisanterie  au 
sens  de  Chez-soi  (où  l'on  est  maître),  —  Cf. 
té-cé-trois,  m.,  Charrette  à  bras  des  cuistQS  ; 
D.  ;  —   c.-à-d.     T.    C,     (tr^in    4e     combat) 


d'un  type  3,  non  prévu  par  le  règle- 
ment. 

pé-cé-èr,  f.,  Dame  de  la  Croix- Rouge  ;  offi- 
ciers de  marine,  mai  18.  —  P  est  l'initiale  d'un 
syn.  de  dame,  pris  dans  la  basse-cour,  et  dont 
poularde  en  -80  (rig.),  tourterelle  et  pigeon  au- 
jourd'hui, sont  les  syssémantiques. —  Le  même 
jeu  d'énigme  fournit  de  nombreux  sujets  de 
versions  poilues-françaises  ;  ex.  :les  B.  C.  D.  F., 
les  Bons  couillons  du  front  ;  81^  t.,  -15  ;  —  un 
P.  C.  D.  P.,  un  Pauvre  cocu  de  poilu  ;  2^  c^^, 
-18.  —  Cf.  mort  subite. 

pêche,  f.,  Bombe  d'avion  ;  d.  ;  —  on  sait  ce 
que  c'est  que  poser  une  pêche.  —  Syn.  et  sys- 
sém.  :  crotte.  —  Syssém.  :  perle,  f.,  Gros  obus  ; 
D.  ;  —  on  sait  ce  que  c'est  que  lâcher  une  perle  ; 
—  colombin,  Obus,  «  quand  il  s'écrase  comme 
une  merde  »,  i.  lâchât. 

péculier,  Ayant  pour  service,  unique  ou  spé- 
cial, de  décompter,  au  bureau  de  la  compagnie, 
le  pécule  de  guerre  des  hommes  de  troupe; 
81^  t.,  11^  c^^  juin  17  :  «  le  sergent  pécu- 
lier ». 

pedzingo,  m..  Danger  ;  81^  t.,  -16,  peu  usuel  : 
«  S'  y  a  du  pedzingo,  j'aurai  vite  fait  d'  des- 
cendre »,  un  ouvrier  nantais.  —  Suffixation  de 

—  396  — 


petji,  Pétard,  (Danger),  ou,  directement,  de 
pétard,  Danger,  avec  accommodation  du  t,  (en  d, 
de  muette  en  sonore),  à  la  sonore  z  ;  —  même 
suffixe  dans  espingo,  m..  Espagnol  t  «  Les 
soutiers  et  les  chauffeurs,  y  avait  moitié 
d'Espingos  »,  un  Nantais  ex-marin,  81^  t., 
-14. 

pégu'no,  m.,  «  Homme  peu  intéressant,  pay- 
san maladroit,  qui  ne  comprend  pas  les  choses, 
qui  veut  faire  l'intéressant  et  qui  est  négli- 
geable »,  Brestois  et  Nantais  parisianisés,  81®  t., 
-15.  —  De  péquenot,  Homme  peu  dégourdi, 
AGATHA,  usuel  aux  2®  c^l  et  aux  marins,  -18, 
par  accommodation  du  q,  (en  g,  de  muette 
en  sonore),  à  la  sonore  n  ;  péqu'no,  suffixa- 
tion sur  péquin,  (cf.  çéto),  Individu  non  sol- 
dat, dont  le  sens  premier  est  Chinois  ;  «  Les 
Chinois,  et  les  Pequins  se  vantent  d'estre  venus 
d'vn  Chien,  et  d'vne  femme  Chinoise  »,  Ha- 
rangues bçrlesqi^es  par  Monsieur  Raisonnable 
(1651'),  100  ;  d'où  Homme  ridicule  ;  d'où  Civil, 
vers  1800,  et  Paysan.  —  Cette  notation  du  par- 
fait ridicule  du  Chinois  est  renouvelée  aujour- 
d'hui par  le  suffixe  du  nom  de  Chinetoc  que  lui 
donnent  nos  marins,  -18  et  avant,  suffixe  rappe- 
lant mastoc  et  toc-toc. 

—  397  — 


pelle,  f.,  Cuiller  ;  voir  becquette;  \\  usuel  aux 
fi'&n es- matons  ;  tttô. 

pélot,  m.,  Obus  ;  207^  art.,  juill.  18  ;  «  Obus 
qui  arrive  et  va  éclater  »,  M.  ttiÉRY,  270^  art., 
mai  18  (^).  —  De  pêlot.  Pois,  (Petit  pois  et 
Haricot),  terme  enfatitiil,  à  Garteret  (Mariche). 
Ce  mot  a  aussi  passé  au  sens  de  Sou,  les  hati- 
cdts  sei'VÉïnt  dfe  jetons  sur  la  table  oû  on  joue 
et  de  postillës  dans  les  pistolets  d'ehf^nts.  Cf. 
puis,  Balles  :  «  une  Volée  de  pois  »,  eRlandè, 
En  campagHë,  m,  1.  —  Retour  du  sématisme  : 
soriàiiîiéllâ,  m.,  HaHcots  ;  BP  t;,  -16  (occasion- 
nellement) ;  —  mitrailler,  Edosset*  des  hari- 
cots ;  D.  —  Le  rapport  des  sëlis  de  pétard, 
A,  Haricot  (vidocq),  B,  9du  {CaHoUche), 
C,  Obus,  tle  semble  pas  immédiatement  utili- 
sable, cat  l'obus  et  le  hàricdt  sont  de  réels 
péteurs,  tandis  que  la  moiiilàie  pétard  a  pu 
êti*e  influencée  pat*  la  monnaie  pûtaf  ;  pour- 
tant. Voir  ici  pétard. 

péiiidhe,  f..  Avion  Ni'euport  biplace  ;  mont- 
GEôRGË.  —  Cf.  taxi. 

péïJêre,  A,  Grt>s  ;  usuel,  mais  surtout  dans 


(1)   ]Bello,  Torpille  de  245,  argot  boche,  est  igrlôré  aux 
207^,  2706  art. 


39â 


l'active  ;  inusité  au  81^  t.,  14-17  ;  «  les  Italiens 
ont  coulé  un  cuirassé  et  avarié  iiti  autte,  ça 
c'est  utl  pépère  boulot  »,  un  matelot^  mai  18  ; 
(on  notera  dans  cet  eX.  là  place  de  l'adjectif, 
qui  est  établie  d'après  celle  qu'aurait  l'adjectif 
gros^  Ce  qui  montre  bien  iéi,  en  fait  de  syntaXe, 
le  parasitisme  argotique  que  je  souligne  eu  fait 
de  suffixes  daiis  becquette,  en  fait  de  gettres 
dans  tatdne,  en  fait  de  synonymies  dftns  rif  et 
à  toute  page)  ;  |  Feu,  229j  à  propos  d'un  obus  ; 
ib.,  236,  à  propos  d'un  rat;  |i  46©  inf.,  IG-U  ; 
Ménilmontant,  premiers  mois  de  -14^  à  propos 
d'un  paquet,  dauéat,  16-4-17,  668  ;  «  une 
rombière  pépère  »,  une  Grande-damé  (de  la 
noblesse),  brii^ger,  M.  le  Vicomte,  306. 

B,  Calme  ;  usuel  et  général  ;  Si,  Calme  par 
le  stoïqUe  accomplissement  des  devoirs  :  «  Faut 
être  pépère  pour  l'arrivée  !  S'agit  d'mettre  ses 
moustaches  su  1'  pied  d'guerre  !  ))j  nÈf^JAMi^, 
Journ.,  1-5-16  ;  «  N'oublie  pas  que  tu  es  un 
héros  et  qUe  tu  dois  l'être  en  tout...  Sois  un 
poilu  Repère  !  ))^  Sois  héroïq[ue  en  fait  de  bonne 
tenue  j^endant  ta  permission,  conseils  aux  per- 
missionnaires du  front,  anon.,  B.  des  A.,  24-5- 
16,  p.  2,  c.  3  ;  «  un  combat  pépère  y>,  «  où  il  a 
fallu    Se  battre    comme  des  lions  »,  h  Poiiu^ 

—  m  — 


20-7-15,  in  sain.  ;  «  une  marraine  tout  ce  qu'il 
y  a  de  pépère,  et  qui  m'envoie  des  paxons 
maous  soi-soi  »,  chapelle  ;  —  b,  Calme  par 
une  judicieuse  sélection  épicurique  de  plaisirs  : 
«  secteur  pépère  »,  Secteur  tranquille,  «  endroit 
pépère  »,  Beau  cantonnement,  «  plat  de  fayots 
pépère  »,  Haricots  bons  et  copieux,  le  Pépère, 
in  B.  des  A.,  28-6-16  ;  «  c'est  pépère  »,  Confor- 
table, BENJAMIN,  Journ.,  23-2-16  ;  «  c'est  pé- 
père »,  Il  n'y  a  rien  à  faire,  Gaspard,  232  ; 
((  j'me  tiens  pépère  »,  Coi,  Caché  donc  heureux, 
BENJAMIN,  Journ.,  17-2-16  ;  Le  permission- 
naire du  front  profite  d'un  changement  de 
train,  qui  lui  fait  perdre  des  heures,  pour  visi- 
ter la  ville  ;  il  s'asseoit  à  une  terrasse  de  café  ; 
«  Il  est  tout  à  la  satisfaction  de  n'avoir  pas 
encore  atteint  son  point  d'arrivée  et  d'être 
ainsi  déjà  «  pépère  »  avant  que  sa  perme  ait 
officiellement  commencé  »,...  d'être  Libre  de 
tout  devoir...,  letoubib.  Vie  Par.,  26-8-16, 
p.  644  ;  un  abri  «  pépère  »,  «  dans  lequel  on  peut 
défier  toute  marmite  »,  le  Poilu,  20-7-15,  in 
sain.  ;  —  être  pépère,  N'avoir  rien  à  craindre  ; 
D.  m.  p.  ;  «  Avec  tel  capitaine  on  est  pépère  », 
le  Pépère,  in  B.  des  A.,  28-6-16.  —  On  retrou- 
vera dans  ces  textes,  a,  tout  Zenon,  la  philan- 

—  400  — 


tropie  (de  la  marraine),  la  volonté  bandée  (du 
bon  soldat)  ;  b,  tout  Epicure,  le  plaisir  du 
ventre,  la  tranquillité  obtenue  par  la  retraite 
et  la  contemplation.  —  D'ailleurs,  la  recherche 
épicurique  du  calme  est  souvent  laborieuse  et 
demande  de  la  ruse  ;  d'où,  c,  pépère,  Rusé  : 
un  mécano  «  tout  ce  qu'il  y  a  de  pépère  », 
«  vieux  roublard  du  «  taxi  ))  »,  punch,  Fantasio, 
15-8-16.  —  Les  trois  sens  a,  b,  c,  de  pépère 
correspondent  chacun  à  chacun  à  trois  sens 
semblables  de  peinard  ;  père-peinard  fait  le 
pont  entre  les  deux  mots. 

Les  sens  A  et  B  se  tirent  de  pépère.  Grand 
père,  usuel  à  travers  la  France  ;  A  développe 
par  métaphore,  l'idée  Ventru,  Gros-père  ; 
B,  par  extension  de  sens,  l'idée  Calme,  soit  par 
une  Raison  purgée  de  passions,  soit  par  une 
Insouciance  rassise,  toutes  deux  qualités 
propres  de  l'Homme  d'âge  mûr. 

Le  dérivé  parigot  pépèremuche,  46^  inf., 
14-17,  a  les  mêmes  emplois.  —  Cf.  maouss 
et  souasoua^  et  mec  en  blouse. 

pépin,  m,.  Monoplan  parasol  Morane-Saul- 
nier  ;  R,  G.  Aé.,  -18  ;  —  parasol  pour  son  mât 
vertical  soutenu  de  haubans  ;  pépin  puisque 
parasol. 

—  401  — 

ESNAULT  26 


perce- brumô,  m.,  î,  Captif  qui  sert,  par  utie 
ascension  préparatoire,  à  tâter  les  conditions 
atmosphériques,  notamment  la  visibilité  ;  aéro- 
nauteSj  17-18  ;  ' —  2,  Observateur  faisant  cette 
ascension,  d'ordinaire  jeune  officier  ou  souS' 
officier,  souvent  artilleur,  candidat  élève  -  ob- 
servateur :  ((  Bientôt  le  «  perco  »  descendra.  Et 
pendant  que  le  perce-brume,  assez  pâlot,  un 
peu  verdâtre,  cédera  sa  place  au  camarade 
endurci  <...>  »,  micromégas,  B.  des  A.,  28- 
11-17.  — '  C'est  à  ce  mot  que  je  rattache  perco, 
m..  Ballon  captif  monté  en  observation  ;  texte 
ci-dessus  ;  ■ —  j'y  vois  une  libre  suffixation  de 
perce- brume,  a.yec  cependant,  peut-être,  le  désir 
d'évoquer  les  Renseignements  que  donne  le 
captif.  D'ailleurs  perco  en  tous  ses  sens,  et 
perce-brume  aussi,  sont  ignorés  en  mai  18  des 
marins  observateurs  d'un  centre  de  captifs. 

perco,  m.,1,1®,  Percolateur  à  café  :  «  —  Qu'est- 
ce  qui  fiche  le  cuistot  ?  Il  est  tombé  dans  ses 
percos  !  »,  phrase  stéréotype  usuelle  aux  tran- 
chées, z.  Armée  de  la  guerre,  236  ;  - —  ce  boni- 
ment est  né  hors  de  la  guerre  de  tranchées, 
puisque  le  matériel  de  campagne  ne  comporte 
pas  de  percolateur,  et  probablement  antérieur 
à  la  guerre,  puisqu'on  trouve  Perco  sobriquet 

—  402  — 


d'un  cuisinier  de  caserne,  u  Perco  le  cuisinier  », 
PAWLowsKi,  Polochon^  p.  5,  c.  2  et  11,  c.  2,  et 
sobriquet  de  tout  cuisinier  au  27®  art,,  ^16  ; 
d'où  r homme- perco,  l'Homme  de  corvée  pour 
aller  chercher  le  café,  27®  art.,  -16.  —  2^,  Ren- 
seignement (quelconque)  qui  circule  ;  galopin, 
Poilus  de  la  9®,  18  ;  «  un  perco  à  la  graisse 
d'oie  »,  un  On-dit  sans  fondement,  pantku- 
CHARD  ;  «  Perco.  Tuyau  qui  sert  à  faire  chauffer 
le  jus  et  à  donner  les  nouvelles  des  cuistots  », 
poiLULOGuE  ;  «  un  perco,  c'est-à-dire  un  tuyau  », 
CHAPELLE  ;  —  glisser  un  perco,  balancer  un 
perco,  Livrer  un  renseignement  :  «  le  cuistot, 
en  apportant  le  jus,  nous  a  glissé  un  perco  en 
douce  »,  CHAPELLE  ;  —  réel  est  en  première 
ligne  l'intérêt  porté  aux  informations  qui 
s'échangent  à  la  cuisine  ;  mais  en  vain  le 
Temps,  4-9-15,  prétend  que  le  «  cagibi  du  per- 
colateur c'est,  sur  le  front,  le  dernier  salon  où 
l'on  cause  »  ;  cf.  donnay,  Liberté,  19-9-15  ; 
MAC  ORLAN,  Joum.^  28-11-16  ;  la  cuisine  au 
front  ne  saurait  avoir  de  percolateur  ;  un  perco 
est  un  tuyau,  rien  de  plus,  d'abord  ;  on  a  ici 
une  simple  dérivation  synonymique  ;  et  ce 
n'est  que  postérieurement,  quoique  tôt  après, 
qu'on  a  observé  que  les  /?ercos-tuyauX  les  plus 

-^  403  — 


caractérisés  sont  ceux  de  Perco-le-cuisinier. — 
Cf.  rapport.  —  Perco  au  sens  2^  est  loin  d'être 
répandu  dans  l'usage  ;  je  ne  l'ai  pas  trouvé 
dans  les  différents  corps  que  j'ai  sondés  ;  il 
a  été  usité  aux  Dardanelles,  cohen,  74  ;  il  est 
cependant  inconnu  en  mai  18  de  plusieurs  ma- 
rins ayant  couru  l'Archipel.  —  3^,  a,  Ballon 
d'observation  du  perce-brume,  voir  perce- 
brume  ;  —  b,  Blague,  Plaisanterie  î  «  C^est  une 
[sic]  bonne  perco  )>,  lambert  ;  «  on  lui  a  fait 
un  sale  perco  »,  D.  m.  p.  ;  «  J'men  ressentais 
pas  du  tout  pour  un  perco  de.  c'  calibre-là  », 
Feu,  21-8-16;  —  pour  le  passage  du  sens  .2^  au 
sens  3^,  b,  cf.  passer  à  tabac. 

2,  Marmite  norvégienne,  chacun  des  six 
vases  cylindriques  de  la  Cuisine-roulante  ; 
95e  inf.,  juin.  18. 

percutant,  m.,  Objet  qui  se  meut  rapide- 
ment :  «  r  passe  entre  nous  deux  si  vite  qu'on 
n'a  même  pas  pu  le  poisser  par  un  abatis.  Tu 
parles  d'un  percutant  !  »,  Feu,  21-8-16.  — 
atterrir  percutant.  Atterrir  brutalement  à  toute 
allure  ;  esc.  S-152,  juill.  18.  —  Comparaison 
avec  un  obus  ;  —  en  trombe  disait-on  aupara- 
vant. 

périscope,  m.,  A,  Homme  de  taille  à  dépasser 

—  404  — 


le  parapet  de  la  tranchée  ;  81^  t.,  -16.  —  Syn.  : 
paratonnerre  ;  Feu,  284  ;  —  infini  ;  ib.  ;  — 
double-mètre  ;  agatha,  112  ;  —  gratte-ciel  ;  ib.  ; 

—  notés  ici  pour  ce  qu'a  de  topique  dans  les 
tranchées     l'inconvénient     d'être     grand.     — 

B,  Membre  viril  ;  marins,  -18  :  «  Le  soir,  le 
trottoir  est  plein  de  gonzesses  qui  font  la  veille 
contre  les  périscopes  )),...  qui  se  promènent  en 
quête   de   clients  ;  —  métaphore   d'attitude.  — 

C,  Œil  ;  158e  inf.,  40^  art.  -18  ;  —  métaphore 
de  fonction  ;  cf.  jumelles. 

perm,  f..  Permission  ;  81^  t.,  15-17  ;  usuel 
et  universel  ;  |1  antérieur  à  la  guerre  ;  perm, 
Faveur  de  sortir  du  lycée  quoique  interne, 
Brest,  85-93  ;  —  cf.  «  permiss'  »,  même  sens, 
PAWLOwsKi,  Polochon,  p.  11,  c.  2,  12,  c.  1,  pro- 
pos de  chambrée. 

perroquet,  m.,  «  tireur  d'élite  qui  souvent  se 
juche  sur  un  arbre  pour  élargir  son  champ 
de    tir  »  ;  mot     communiqué    à    M.    Sainéan  ; 

SAIN.;  D. 

perte  de  vitesse  (se  mettre  en),  Choir  à  terre, 
étant  ivre  ;  aviateurs  :  «  J'espère  que  quand  tu 
es  en  bordée,  tu  ne  te  laisses  pas  mettre  en 
perte  de  vitesse  »,  un  1*  aviateur,  lettre,  mars  18. 

—  L'avion  qui  «  plafonne  »  perd  son  excédent 


de  puissance,  et  prend  un  équilibre  instable 
dangereux. 

pétard,  m.,  A,  Revolver  ;  270^  art.,  130^  inf., 
mai  18.  —  B,  1,  Canen  ;  270^  art.,  mai  18  ;  — 
2,  Obus  de  120  français  ;  V.  du  p.  —  Cf.  pa- 
tard  (?),  «  Oh  !  ces  gros  «  patards  »,  comme  ils 
sont  déplaisants  !  Quand  on  se  promène  dans 
les  bois  <...!>  ils  éclatent  soudain  à  côté  de 
vous  )),  Bourru,  188,  ■ —  A  et  B,  métaphores 
auditives  ;  le  même  nom  convenant  à  un 
engin  d'artillerie  et  à  son  projectile,  on 
passe  de  B^  à  B*  par  une  métonymie  ;  A, 
B^  et  B",  litotes  auditives  et  balistiques  :  le 
pétard  est  un  jouet  de  fêtes  populaires  ;  cf. 
pétoir. 

pétarer,  1,  Pétarader  ;  usuel  au  81^  t.,  44  : 
«  Le  canon  va  pétarer  ))  ;  ■ —  cf,  pétarder,  F^ire 
du  bruit,  dlle,  —  2,  Devenir  dur,  Barder  ; 
81^  t.,  -14  î  «  Ça  va  pétarer  »,  Il  va  y  avoir  du 
pétard,  du  baroufle  ;  —  cf,  péter  :  «  C'est  la 
meilleure  pâte  d'homme  qui  soit,  mais  quand 
on  lui  bassine  les  oreilles,  ça  pète  »,  un  2^'m^, 
brestois,  -18  ;  cf.  ça  chie,  Il  y  a  du  scandale  ; 
cf.  «  Vingt  dieux  !  à  vot'  âge  [quand  j'étais 
jeune],  je  n'  pétais  qu'  du  feu.  On  ramassait 
les    étincelles    h    trente    pas    derrière    moi  !    », 

—  406  — 


« 


langage  du  Lieuvin,  delarue-mardbus,  Journ.^ 
23-11-17. 

pétasse,  f.,  Peur  ;  ai^oir  la  pétasse  ;  46^  inf. 
ou  63®  art.  avant  avr.  18  ;  ■ —  dérivé  de  péter^ 
syn.  de  Chier,  par  le  suffixe  du  syn.  chiasse. 

pétasson,  m.,  1,  Canon  de  37  ;  mitrailleurs, 
156®  iuf.,  avr.  18  ;  —  2,  Canon  de  240  bombar- 
dant Paris  à  120  kilomètres  ;  R.  G.  Aé.,  juin  18  ; 
I  PAWLOWSKI,  Journ,,  11-4-18,  —  Dér.  de  pé- 
tard ;  -asson  exprime,  1°,  Petitesse  de  l'objet, 
(bécasson,  Petite  bécassine),  d'où,  2^  Horreur 
du  sujet,  (tocasson,  Laid,  Femme  laide),  et 
Rappetissement  de  l'objet  par  mépris,  (cf. 
bleuçassoUf  vinçisson), 

pète-pète  (fusil),  m.,  Fusil  mitrailleur  ;  246® 
et  287®  inf.,  17-18. 

péter  (faire),  Tirer  des  coups  de  fusil  ; 
156®  inf.,  -16. 

péter  les  yeux  (se  faire).  Dormir  profondé- 
ment ;  81®  t.,  15-16.  —  A  force  de  regarder  qj\ 
dedans. 

petit  brutal,  m..  Canon  et  Obus  de  88  autri- 
chien ;    66®     chass.,    mai    18.    —  «    Pour   la 
raison  qu'aussitôt  le  départ  il  éclate  sans  l'en- 
tendre siffler  )),  M.  siELTZER  ;  —  brutal,  Canon 
est   ancien.   —   Cf.    Petit   Pierre,    m.,    Canon  ; 


407 


■ 


usuel  au  témoignage  d'un  caporal  bon  argo- 
tier  ;  «  V'ià  P'tit  Pierre  qui  parle  »,  le  Canon 
tonne,  81^  t.,  -16.  Antérieurement  j'avais  en- 
tendu un  homme  que  désassoupissait  un  écla- 
tement demander  ce  que  c'était,  et  son  voisin 
lui  répondre  «  C'est  P'tit  Pierre  qui  s'en  va  »  ; 
j'interprétais  que  c'était  une  allusion  au  bruit 
de  porte  claquée  que  fait  une  arrivée  d'obus 
au  loin,  et  que  ce  poilu  tirait  parti  d'une  image 
laissée  dans  son  calepin  cérébral  personnel  par 
la  bonne  vie  familiale  et  ouvrière.  —  Cf.  José- 
phine ;  Rosalie. 

pétoche,  f.,  Peur  ;  130^  inf.,  -18  ;  \\  Schw. 
Sold.,  73.  —  Libre  suffixation  de  pétasse. 

pétoche,  f.,  Mitrailleuse  ;  mitrailleurs,  156® inf., 
avr.  18.  —  Libre  suffixation  de  pétoire,  f., 
ou  de  péteuse,  f..  Mitrailleuse,  d.  ;  cf.  sardoche. 

pétoir,  m..  Fusil;  95®  et  156®  inf.,  -18;  | 
«  mon  pétoir  »,  chapelle.  —  pétoire,  f..  A,  Fu- 
sil ;  81®  t.,  avr.  16  ;  —  B,  Canon  ;  270®  art., 
mai  18  ;  —  C,  Mitrailleuse  ;  esc.  S-152,  juill.  18. 
—  Métaphore  tirée  dans  les  différents  corps, 
ici  de  pétoir,  m.,  là  de  pétoire,  f.,  noms  de  la 
Canonnière  de  sureau  ;  ce  jouet  d'enfant  est 
une  pétoire  à  Nantes  (dépôt  du  81®  t.).  —  Cf. 
soufflet    à    punaises,    m.,    À,    Canon    de    37  ; 


408 


i 


B,   Fusil  ;   D.  ;  —  pousse- pousse,   m.,   Decau- 

ville  ;   D.  ;  — allusion   à   un  jouet  mécanique  de 
-89  ;   —   arbalète,   fléchette,   pirouette,    seringue, 
tonneau  ;  toutes  ces  litotes  simulent  que  Farme  • 
la  mieux  au  courant  de  l'industrie  n'est  qu'un 
jouet  d'enfant.  —  Cf.  chantier. 

pétrole,  m.,  Eau-de-vie  ;  81^  t.,  -17  ;  95^  inf. 
et  270®  art.,  -18  ;  général;  1|  «  Mauvais  vin. 
—  Mauvaise  eau-de-vie  »,  rig.  —  Le  pétrole 
alimente  le  moteur  à  explosion,  et  dès  le  temps 
de  Rigaud,  la  lampe  d'éclairage  ;  le  vin  et 
l'eau-de-vie  alimentent  le  moteur  humain  ; 
une  image  très  voisine  fait  dire  d'un  moribond 
//  n'a  plus  d'huile  dans  la  lampe  ;  c'est  donc 
ici  une  métaphore  de  fonction,  sans  idée  péjo- 
rative, et  les  définitions  de  rig.  faussent  le 
sématisme  ;  cf.  essence  et  oriflamme.  —  Syssém.: 
gaz,  m..  Eau-de-vie  ;  usuel  ;  ||  rig.  ;  —  gaz  est 
le  nom  de  l'Essence  de  pétrole  dans  le  Bas- 
Maine,  DOTTiN  ;  à  Brest,  gaz  Mill  ;  —  d'où 
gazée,  f..  Ivresse  ;  —  gazer.  Etre  allumé  par 
l'alcool  :  Il  «  commençait  à  gazer  »,  ...  à  parler 
et  à  gesticuler,  81®  t.,  août  17  ;  —  d'où  être 
gaz  ;  cf.  bout  de  bois  ;  —  as^oir  son  plein  d'es- 
sence, Tnème  sens  ;  —  en  boche  :  die  Einsprit- 
zung,  (l'injection  de  pétrole  dans  les  robinets  de 

—  409  — 


décompression  de  ravion),  la  Lampée  d'alcool 
absorbée  par  l'aviateur  avant  le  vol,  delcourt  ; 
— ■  benzin,  Alcool,  delcourt.  ■ —  Voir  dans 
tripoli  une  autre  métaphore,  de  fonction  en- 
core, exprimant  l'alcool. 

pétroleur,  m..  Soldat  du  génie  lançant  les 
liquides  enflammés  ;  déch. 

pétroleuse,  f.,  Automobile  ;  d'o.ù  A,  Diri- 
geable ;  art.,  d.  ;  —  B,  Cuisine-roulante  ;  inf., 
-15,  AYNAuo  ;  —  cf,  sous-marin. 

Philibert,  m.,  le  Havresac  ;  secteur  174,  -18  ; 
adj.  LECONTE  ;  |  «  quand  j'  mont'rai  Phili- 
bert )\  Feu,  195  ;  -^  cf,  Azor,  même  sens-; 
Rosalie, 

phoniste,  m.,  Téléphoniste  ;  «  Le  phoniste 
partage  avec  le  cuistot  et  le  cycliste  le  mono- 
pole des  tuyaux  sérieux  «,  Echo  des  Guitounes^ 
in  B,  des  A.,  25-10-16  ;  —  cf.  télé  et  terri. 

pichtogorne,  m.,  A,  Vin  ;  289^  inf.,  13^  c^% 
monax,  avr.  18  ;  315^  inf.  (-17  ?,  rarement), 
154^  inf,  (Meusiens),  juill.  18  ;  connu  au 
13®  tir.  alg.,  -18,  de  g.  pemonchy  (du  87^  inf. 
(S^-Quentin)  en  14-15)  ;  ||  argot  parisien, 
M.  PROTAT  ;  «  Coup  de  vin,  Verre  d'alcool  »,  usuel 
à  Amiens,  90-10  et  au  72®  inf.  (Amiens)  : 
<(  Nous  allons  prendre  un  pichtogorne  ?  »,  té- 

_  410  -- 


t 


moin  en  déc.  17  un  Amiénois  né  en  -73  ;  pich- 
torgorne,jn.,  Coup  de  tout  ce  qui  se  boit  au 
bistro  ;  apporté  en  -12  au  1^^  groupe  d'aéros- 
tiers  (Maubeuge)  par  François  dit  Tintin-des- 
Deux-Moulins,  (Moulin-Rouge  et  Moulin  de  la 
Galette), le  mot  se  répandit  dans  tout  le  monde 
de  Taérostation,  témoin  en  déc.  17  un  Parisien 
pilote  de  dirigeables.  —  B,  «  Caporal  dégourdi, 
dessalé  »  ;  168^  inf.,  -16  :  «  Monsieur  F.  Marly 
et  C^^  Serg.  chef  des  Saligauds  et  des  pichto- 
gornes,  168^  9^  comp.  S.  P.  191.  Je  tiens  bon 
à  Panam  et  on  les  aura.  Chariot  »,  carte  du 
16-10-16  ;  ■ —  le  destinataire,  interrogé,  veut 
l'orthographe  «  pychtogorne  »,  et  me  donne  la 
définition  ci-dessus  ;  le  mot  était  usuel  au 
dépôt  du  168^.  —  pichtô,  piohtegorge,  pichte- 
gomme,  m.,  Vin  ;  40©  art.,  5^  b^^,  juin  18  ;  la 
dernière  forme  semble  moins  usuelle  ;  elle  rime 
avec  fromgom,  Fromage.  —  déch.  donne  piche- 
tagore,  m.,  Vin  ;  d.  les  ayn.  piohenagorne  (dans 
un  corps  lorrain  et  parisien),  pichegorge  (sec- 
teur d'Artois,  -15,  ou  de  Champagne,  16-17), 
pichenogorge.  —  Etymologie  (?)  *  pichenette  à 
gorge.  Cf.  gnole. 

picnel,  (m.,  f.  ?),  Shrapnell  ;  d. 

pièce-grasse,     f.,     Cuisinier    de     compagnie  ; 

—  411  — 


i 


81®  t.,  juin  16;  Il  DLLE.  —  Sous-entendu  ar- 
tilleur de  ;  cf.  artilleur  de  la  pièce  humide,  Infir- 
mier. 

pied,  m.,  Sergent,  (et  non  pas  «  sous-off.  » 
comme  le  dit  V  Echo  des  Marmites,  n^  2,  Sup- 
plément) ;  usuel,  général  ;  II  dès  -95.  —  De 
pied  de  banc,  Sergent  ;  merlin  ;  Almanach  du 
Père  Peinard,  1894,  40  ;  dlle  ;  pied  en  est  la 
synecdoque,  par  ellipse  du  déterminant.  Cf. 
pied,  Maître  d'escrime.  Argot  de  S^-Cyr  (1893), 
ce  maître  étant  ou  ayant  été  un  sergent  ?  — 
MERLIN  explique  «  Quatre  pieds  à  un  banc, 
quatre  sergents  dans  une  compagnie  »,  étymo- 
logie  acceptée  par  sain,  et  par  dauzat,  16-4-17, 
665,  et  qui  ne  vaut  rien,  1°  parce  qu'aucun 
poète  ne  verra  quelque  lueur  à  ce  que  quelque 
esprit  saisisse  une  analogie  d'une  compagnie  à 
un  banc,  (l'année  solaire  est-elle  un  banc  parce 
qu'elle  roule  sur  quatre  saisons,  N.-S.  Jésus- 
Christ  un  banc  parce  qu'il  s'appuie  sur  quatre 
évangélistes  ?),  2^  parce  que  les  sergents  ne 
vont  pas  du  tout  par  4,  il  y  en  a  1  par  section, 
16  par  bataillon  en  temps  de  paix,  8,  voire  12, 
par  compagnie  en  campagne,  et  qu'il  est  fâ- 
cheux d'exiger  que  cette  image  ait  eu  pour 
berceau    une    caserne     et    pour    horoscope    les 


—  412  — 


conjonctions  d'un  ciel  de  paix.  —  Le  galon  qui 
signifie  Grade  de  sergent  n'est  pas  partout  et 
de  tous  temps  le,  simple  bâton  de  biais  sur  la 
manche.  Dans  la  police,  la  cavalerie,  l'artillerie, 
le  train,  le  génie  monté,  le  galon  de  marchis 
offrait  avant  la  guerre,  et  offre  encore  en  -18 
par  fantaisie,  la  figure  angulaire,  le  sommet  en 
haut,  qui  suggère  l'image  des  pieds  d'un  banc, 
de  deux  façons,  soit  en  ceci  que  certains  bancs 
ont  pour  pieds  des  planches  échancrées  vers  le 
sol  de  façon  à  constituer  deux  doigts  dans  ce 
pied,  ou  mieux  en  ceci  que  certains  bancs,  pour 
plus  de  stabilité,  ont  des  pieds  obliques  qui 
convergent  en  haut  sous  la  planche  où  l'on 
s'asseoit,  (un  Grec  eût  dit  des  pieds  de  n).  Voilà 
l'angle  qui,  fournissant  une  métaphore  pour  le 
galon,  a  passé,  par  métonymie,  au  porteur  du 
galon.  —  Les  soldats  nomment  le  sergent-ma- 
jor le  double,  ce  qui  prouve,  s'il  en  est  besoin, 
que  l'imagination  militaire  s'intéresse  à  l'as- 
pect des  galons.  —  Syssém.  :  bancal,  Qui  a 
une  jambe  ou  les  deux  jambes  de  travers  ; 
c'est  un  dérivé  de  banc,  «  les  pieds  d'un  banc 
étant  ordinairement  divergents  »,  hdt  ;  cela 
prouve  que  l'œil  populaire  s'est  réellement  inté- 
ressé à  l'obHquité  des  pieds  d'un  banc  ;  l'armée 

—  413  — 


a  inventé  bancal,  m.,  Sabre  de  cavalerie,  à 
cause  de  sa  forme  cintrée  ;  —  charron,  Insigne 
d'ancienneté  de  services,  si^r  le  haut  de  la 
manche,  angulaire,  le  sommet  en  haut,  dont 
l'obliquité  et  la  convergence  évoque  le  chevron 
des  toitures  ;  (hdt  signale  l'emploi  analogue 
du  chevron  en  sémantique  de  blason  et  de 
mines)  ;  il  n'est  pas  surprenant  que  les  galons 
en  V  renversé  du  bras  étant  sématisés  par  une 
image  de  charpenterie,  les  galons  en  V  ren- 
versé de  l'avant-bras  soient  sématisés  par  une 
image  de  menuiserie.  -^  Le  Chevron  a  été  sur- 
nommé et  baraque,  et  cabane^  et  maison  ;  {ba- 
raque a  été  ravigoré  par  la  guerre  actuelle  ; 
toutefois  brisque  se  dit  au  moins  autant,  et  au 
81^  t.  davantage)  ;  l'angle  de  la  toiture  est 
essentiel  dans  le  schéma  de  l'habitation  hu- 
maine ;  voyez  les  charbonnages  les  plus  rapides 
qu'un  enfant  peut  jeter  sur  un  mur.  —  Bref 
pied  de  banc  =  Galon  de  sergent,  c*  q.  f.  d.  La 
citation  suivante  lève  tout  scrupule  :  «  Les 
troupiers  donnent  le  nom  de  pied  de  banc  au 
chevron  qui  orne  la  manche  d'un  soldat  ren- 
gagé )),  couLABiN,  Dict.  des  locutions  popul.  de 
Rennes,  (1891),  notation  qui  a  le  double  avan- 
tage de  dater  le  mot  de  plus  haut  que  ce  die- 

^  414  -- 


I 


tionnaire,  œuvre  lente  d'un  ancien  officier 
octogénaire,  et  de  faire  penser  que,  le  passage 
du  sens  Chevron  au  sens  Galon  de  grade  étant 
une  extension  de  sens,  pied  de  banc  ne  fut 
d'abord,  absolument  syn.  de  cheçron,  qu'un 
syssémantique  de  chevron  lui-même. 

piège,  m..  Homme  barbu  ;  adj.  lecontè, 
-18  ;  I  «  Le  Piège,  [un  barbu,  comme  son  nom 
vous  l'a  déjà  appris  »,  p'tit  gars.  —  Synec- 
doque et  métonymie  de  piège  à  poux,  Barbe. 
—  Piège  à  poux  s'emploie  aussi  aux  sens  de 
Peigne  ;  marins,  -18  ;  de  Chemise  ;  40®  art.,  -18  ; 
de  Gilet  de  flanelle  ;  d. 

piétiner  l'anthracite,  Exagérer,  Chérer  ; 
270®  art.,  mai  18  ;  — •  l'anthracite  est  dou- 
blement précieuse  en  temps  de  restrictions 
charbonnières  ;  —  piétiner  les  bégonias.  Exa- 
gérer ;  Vie  Par.,  18-5-18,  p.  429  ;  —  chevau- 
chement de  piétiner,  Abîmer,  avec  bégonias. 
Jambes.  —  Cette  image  se  retrouve  sous  le 
verbe  "  marcher  ;    Frederick   Lemaître   improvi- 

•  sant  un  autre  texte  que  celui  de  son  rôle,  l'au- 
teur de  la  pièce,  Barrière,  lui  dit  «  Faites  atten- 

^  tion,  vous  marchez  dans,  ma  prose  »,  rig.  au 
mot  faire  de  la  toile,  — '  Cf.  bousculer.  • — ■  Syn.  : 
cisailler  le  barbelé  ;  95®  inf.,  -18  ;  —  le  pati- 

—  415  — 


nage  des  réseaux  est  dangereusement  bruyant  ; 

—  piétiner  dans  les  barbelés,  Exagérer  ;  Vie 
Par.,    19-8-16,   p.   617. 

pif,  m.,  Vin  ;  très  usuel  aux  46^  inf.  et 
63^  art.,  14-18  ;  |  henriot;  ■ —  prononcé  ra- 
pide de  piçe,  Vin,  (rig.  ;  lambert),  qui  s'en- 
tend au  2^  mixte,  -18,  apocope  de  pwois,  Vin, 

—  d'où  se  piver.  Se  griser  ;  lambert  ;•  pivé. 
Ivre,  ih.  ;  —  la  sonore  v  devenue  finale  par 
l'apocope  se  mue  en  la  muette  correspondante  /  ; 
cf.  souss  -< — •  sous-intendance  ;  rap  ■< —  râble. 

pigeon  ramier,   m.,    Perforeuse  de   sape  ;   d. 

—  Métaphore  ;  elle  roucoule  ;  cf.  tourte- 
relle. 

pigouil,  m..  Troupier  de  l'est  de  la  Gironde  ; 
«  Le  Poilu  Saint-  Emilionnais,  organe  des  Pi- 
gouils  soldats  »,  titre  d'un  journal  du  front, 
-15  ;  — ■  du  limousin  pigolhou,  Petit  gars. 

piloche,  f..  Dent  ;  231^  inf.,  mais  peu  usuel, 
H.  BARBUSSE  ;  |  «  uuc  sculc  pilochc  »,  Feu,  10; 
cf.  87;  Il  dès  1596,  pechon  de  ruby.  —  Cf. 
piltoche.  Dent  ;  kirsch.  Le  Tigre,  228,  234  ; 
Nénesse,  119,  123. 

pilon,  m.,  Pétard  à  manche  :  «  Grenades  à 
manche  du  modèle  courant  de  l'ennemi,  dites 
«  pilons  »  <!...>  «,  légende  d'une  photographie 


416 


de  matériel  allemand  pris  au  sud  de  la  Somme, 
Illustration^  29-7-16,  p.  104. 

pilonner  le  terrain^  l'Emietter  en  y  creusant 
des  trous  d'obus  jointifs  pour  en  détruire  l'or- 
ganisation défensive  et  offensive  ;  divers  sol- 
dats, -16  ;  I  journaux  du  8  au  15  juin  -16  sur 
Verdun  ;  «  vous  pilonnez  le  terrain  —  pilonner 
est  l'expression  à  la  mode  ;  puis  vous  lancez 
vos  vagues  d'assaut  »,  verraux,  Œui^re,  10-8-16. 
—  Dér.  :  pilonnage,  m.,  Action  de  pilonner  le 
terrain  :  «  cet  amas  de  ruines,  ce  déchiquetage, 
cette  pulvérisation,  ce  pilonnage  »,  l.  barthou, 
Matin,  12-9-16  ;  —  syssém.  :  martèlement, 
même  sens  :  «  le  martèlement  mieux  assuré  des 
organisations  allemandes  »,  de  civrieux,  Ma- 
tin, 21-8-16. 

pilotaillon,  m.,  Pilote  aviateur  maladroit  ; 
Mousqu.,  74.  —  Cf.  bochaillon,  embuscaillon. 

piloter  le  pé-O,  Prendre  le  train  de  Paris- 
Orléans  pour  Paris  ;  école  d'aven  d'Etampes, 
mai  18  et  avant.  —  C'est  un  pilotage  aussi 
facile,  puisqu'on  est  «  sac  de  lest  »,  qu'agréable 
par  le  point  d'atterrissage.  —  piloter  le  bé-O, 
Prendre  le  tramway  Bourget-Opéra  ;  R.  G.  Aé, 
oct.  17.  —  piloter  le  bessonneau,  Ne  pas  faire 
,de  vol  ;  ib. 

—  417  — 

ESNAULT  27 


pilule,  f.,  Défaite  ;  usuel  et  général  ;  ramasser 
la  pilule,  Etre  battu  militairement  ;  81®  t., 
14-17  ;  I  «  Vengez-nous,  les  gars  !...  On  a  pris 
la  pilule  !  »,  Gaspard,  98  ;  «  Les  Boches  nous 
ont  mis  la  pilule  »,  g,  v.,  N.  Contes  vér.^  263  ;  || 
Punition  :  «  Pour  su'  que  ça  y  va  fair'  pimenter 
son  pilule  »,  boyer-rebiab,  24  Heures  de  bor- 
dée^  237.  —  Défaite  ou  Punition,  sens  précisés 
du  sens  général  Désagrément,  [avaler  une  pi- 
lule ); —  syssém.  :  purge,  Défaite,  Rossée  ; 
Ennui  ;  —  prendre  une  piquette.  Etre  battu, 
mis  en  déroute  ;  marins,  2®  c*^,  -18;  ||  Né- 
nesse,  245.  —  L'idée  commune  est  Amertume. 

pinard,  m.,  Vin  ;  usuel  et  universel  ;  inusuel 
ou  rare  au  81®  t.,  avant  l'été  15,  complètement 
établi  en  janvier  16  ;  |  Petit  Echo  (18®  t.), 
n^  15,  fév.  15  ;  AGATHA  ;  pantruchard  ;  poi- 
LULOGUE  ;  devenu  presque  aussi  officiellement 
littéraire  que  poilu  ;  «  Versez  de  la  flotte  dans 
du  pinard  »,  edmond  perrier.  Observations 
scientifiques,  B.  des  A.,  8-11-16,  p.  7,  c.  2;  tl 
usuel  dès  longtemps  dans  «  certains  quartiers  » 
de  Bordeaux  ;  en  -86  au  13®  art.,  d  ;  «  avant 
la  guerre  »  dans  les  casernes  de  «  Nancy,  Vitry- 
le-François,  etc.  »  et  dans  la  marine,  dauzat, 
27-6-17  ;   introduit   au    160®   inf.    (Paris,    Lor- 

—  418  — 


raine),  entre  oct,  12  et  août  14,  m.  protat  ;  de- 
puis très  longtemps  avant  la  guerre  dans  la 
marine,  au  témoignage  de  marins  de  35  ans, 
janv.  18.  —  Selon  un  de  mes  correspondants, 
en  mai  18,  le  pinard  serait  dans  les  Charentes 
un  vin  spécial  «  mélangé  de  pine  (pomme  de 
pin)  »;  (?)  Bien  meilleure  semble  l'étymologie 
ordinairement  reçue  :  suffixation  libre  de  pi- 
neau, (d'où  le  limousin  avait  déjà  tiré  pinaro, 
Vin),  1,  Cépage  bourguignon  dont  la  grappe 
aux  grains  serrés  rappelle  la  forme  de  la  pomme 
de  pin  ;  par  extension.  Cépages  blancs  de 
Touraine  et  d'Anjou  ;  —  d'où  les  enseignes 
«  A  la  pomme  de  pin  »  et  les  branches  de  pin 
servant  d'enseigne  ;  cf.  richepin,  Baïonnette, 
14-12-16  ;  2,  Vin  tiré  de  ces  raisins,  sens  usuel 
depuis  longtemps  en  Bourgogne,  Champagne, 
Lorraine,  dauzat,  27-6-17  ;  —  par  extension 
tout  Vin.  —  Même  métonymie  du  genre  (Vin) 
par  l'espèce  (tel  Cru)  :  aramon,  m.,  Vin  ;  aga- 
THA  ;  Cabaret,  458  ;  - —  du  cru  d' Aramon 
(Gard)  ;  —  loupillon,  m.,  Vin  :  «  saboter  le  lou- 
pillon  )),  Renverser  le  vin,  Cabaret,  471  ;  — 
du  cru  du  Loupillon,  propriété  de  M.  Armand 
Pallieras,  ne  tenant  que  de  son  propriétaire  sa 
notoriété    grande.    —    D'ailleurs,  le   pinard    et 


419 


Taramon,  c*est  le  vin  qui  coule  ^  flots  ;  le 
«  cacheté  »  continue  à  s'appeler  du  rm,  Guide 
des  Visiteurs  au  Front,  dans  Rigolboche,  in 
B.  des  A.,  20-9-16. 

Dér.  :  pibus,  m.,  Vin  ;  d.  ;  —  libre  suffixa- 
tion. —  linarpèm,  m.,  Vin  :  «  du  ninar-pem  », 
2e  (.al^  .j^g^  j^  LACHAT  ;  —  cf.  larqué, 

pinarder,  S'occuper  à  boire  ;  81^  t.,  -16,  mo- 
nax.  —  Syn.  :  picoler  ;  très  usuel  au  231^  inf., 
15-16,  H.  BARBUSSE  ;  «  y  avait  plus  d'une  heure 
qu'on  était  à  picoler  »,  un  matelot,  fév.  18;  | 
«  Tu  picolais,  et  t'avais  l'vin  mauvais  »,  Feu, 
315  ;  —  piquetonner.  —  Le  piqueton,  le  picolo 
et  le  pinard  sont  intertransvasables  ;  de  même 
croûtef  c'est  brichetonner,  et  à  peu  de  chose 
près  saucissonner,  car  on  dit  très  bien  des  porcs 
qu'ils  «  croûtent  )>  les  truffes. 

pinceau,  m.,  Pied  :  «  pinceaux  gelés  »,  aga- 
THA  ;  «  r  m'  faut  des  péniches,  <i...^  J'peux 
pourtant  pas  marcher  sur  la  peau  d'  mes  pin- 
ceaux »,  Feu,  84;  Il  coup  de  pinceau.  Coup  de 
pied,  DLLE.  —  AGATHA  le  traduit  aussi  «  Jambe  »; 
mais  on  ne  peut'  y  voir  un  dérivé  de  pincettes, 
paire  de  pincettes,  les  deux  Jambes,  puisqu'on 
trouve  pinceau  au  singulier  ;  c'est  un  dérivé  de 
pince.    Partie   inférieure   du   devant    du    sabot 

—  420  — 


du  cheval,  EJxtrémité  de  l'ongle  des  fauves  ; 
sur  l'animalisation  de  l'homme  dans  le  bas- 
langage,  cf.  panard,  auge,  béqueter,  bouchon, 
chameau,  cheç^al,  chevaux,  chien,  colombins, 
crâne,  cygne,  grolles  ?,  ouistiti,  perroquet,  pou, 
veto,  habillé  ;  mais  le  suffixe  -eau,  tout  fantai- 
siste qu'il  est,  peut  avoir  pour  but  de  signi- 
fier des  pieds  crottés  aux  souliers  boueux 
qui  peinturlurent  le  parquet  où  ils  se  posent. 
De  là,  en  tout  cas,  se  retourner  les  pinceaux, 
—  syn.  :  se  retourner  les  fuseaux,  —  «  Atterrir 
sur  le  plan  supérieur  »,  Capoter  à  l'atterris- 
sage, de  façon  que  les  roues  sont  en  l'air  ; 
aviateurs,  Miramas,  mai  i8  ;  |  «  qu'il  se  «  re- 
tourne les  pinceaux  »  ou  non,  le  «  coucou  »  est 
«  rectifié  »,  thavet.  —  C'est  seulement  avec  le 
verbe  retourner  que  pinceaux  est  usité  en  ce 
sens  ;  c'est  en  effet  une  locution  toute  faite  que 
d^ avoir  les  jambes' en  Vair,  Etre  renversé  ;  ex.  : 
«  quand  il  [le  cuisto  dont  un  obus  a  bousillé 
la  marmite]  a  vu  son  macaroni  les  jambes  en 
l'air  »,  Feu,  34.  Malgré  l'analogie  de  l'avion  avec 
l'oiseau,  il  n'y  a  donc  pas  à  s'attacher  à  l'image 
des  oisillons  morts  qui  ont  les  pattes  en  l'air  ; 
et  on  ne  peut  pas  plus  traduire  pinceau,  Roue 
d'avion,  que  patte,  Cylindre  d'avion, (voirpa^^es). 

—  421  — 


pingouin,  m.,  1,  Avion  d'apprentissage  : 
«  Ici  [à  l'école  d'avon  de  ...]  pas  de  rouleurs,  pas 
de  «  pingouins  ».  Les  «  trois  pattes  »  et  «  six 
pattes  »  sont  inconnus  »,  thavet  ;  «  On  le  voit 
manier  avec  une  rare  maîtrise  le  «  Pingouin 
rouleur  »  appareil  redouté  des  débutants,  effec- 
tuer d'impressionnantes  lignes  droites,  déjouer 
les  «  chevaux  de  bois  »,  décoller,  virer,  atterrir  », 
X,  Les  premières  ailes  [de  Guynemer],  Gu.  Aér., 
18-10-17,  p.  772,  c.  2;  Il  date  de  -09  ou  -10, 
dans  les  centres  d'av»"  ;  —  mère  pingouin,  f., 
même  sens,  Aéro  auquel  «  on  a  rogné  les  ailes 
et  qui,  avec  un  bruit  de  motocyclette  enrouée, 
est  condamné  à  ne  jamais  quitter  le  sol  », 
iCART  ;  — pingouin  à  cause  des  ailes  rognées  ; 
mère  parce  que  d'apprentissage,  (cf.  mater- 
nelle). —  2,  Aviateur  novice,  plus  ou  moins 
maladroit  et  ridicule  ;  la  Gu.  Aér.,  -17,  a  1'  «  his- 
toire d'un  as  »  nommé  Pingouin,  en  images  ;  — 
le  troupier  anglais  a  aussi  ce  mot  :  penguin, 
1,  Officer  of  flying  status,  but  who  for  some 
reason  doesnot  fly  ;  2,  Type  of  trailing  ma- 
chine which  does  not  rise  from  the  ground  ; 
Morning.  —  Cf.  castor,  Officier  de  marine  qui 
ne  navigue  pas. 

piquer    du    nez,     Descendre    verticalement, 

—  422  -— 


l'avant  vers  le  sol  ;  aviateurs  ;  —  terme  pris 
à  la  langue  nautique,  piquer  du  nez  dans  la 
plume.  —  piquer  à  mort,  même  sens,  avec 
l'idée  d'une  rapidité  de  catastrophe  ;  Miramas, 
mai  18.  —  Voir  piqué  chandelle  sous  chandelle. 

pirouette,  f..  Torpille  aérienne  ;  125^  inf., 
COHEN  ;  DAUZAT,  mai  17.  —  La  torpille,  ayant 
une  trajectoire  .en  épingle  à  cheveux,  fait  en 
l'air  une  pirouette  visible  ;  mais  il  est  pro- 
bable qu'on  a  surtout  une  allusion-  à  la  pi- 
rouette, nom  du  jeu  de  tinet  en  Basse-Bretagne, 
du  toton  autre  part.  Cf.  pétoir.  . 

pisser  dans  le  paquet  d^  tabac  de  qqn.  Se 
montrer  désagréable  à  son  égard  ;  147^  inf., 
-14  :  «  En  voilà  un  qui  a  pissé  dans  mon  pa- 
quet de  tabac  »;  —  syssém.  :  Il  a  chié  dans  mon 
panier,  dans  mes  bottes  ;  dlle. 

pister,  se  pister,  1,  S'enfuir  :  «  Le  type  s'est 
pisté  ;  il  avait  l'air  pas  rassuré  <<...>»  «  C'est 
22  )),  qu'i  disait  »,  Feu,  58  ;  —  2,  Disparaître, 
Se  perdre.  Etre  démoli  ;  e.  h..  Temps,  24-5-15  ; 
—  3,  Etre  volé  :  «  Brigadier,  ma  brosse  piste  !  », 
ib.  —  C'est  une  image  prise  de  la  piste  d'équi- 
tation  des  cavaliers  ;  cf.  pattes.  —  Pour  la 
forme  pronominale,  cf.  bagoter. 

pistolet,    m..    Urinai    pour    malades    alités  ; 


423 


81®  art.  1.,  mai  18;  |  dauzat,  16-4-17,  665. 
—  Syn.  et  syssém.  :  revolver,  mr»,  d. 

plafond,  m.,  1,  Banc  de  nuages  limitant  la 
vue  en  hauteur  ;  météorologues  et  aviateurs, 
17-18;  I  «  Même  il  pourrait  pleuvoir,  le  «  pla- 
fond »  est  bas  et  mon  cor  m'  fait  mal  »,  punch, 
Fantasio,  15-8-16,  propos  d'aviateur  ;  — 
2,  Hauteur  maximum  pour  tel  avion  :  «  l'avion 
bombardier  devant  traverser  les  lignes  à  une 
altitude  qui  le  mette  à  l'abri  des  tirs  d'infan- 
terie, c'est-à-dire  à  2.000  mètres  environ,  il 
faut  qu'il  puisse  s'élever  assez  haut,  que  son 
altitude  maximum,  son  plafond,  comme  on  dit, 
soit  suffisant.  Or,  chose  curieuse,  le  plafond 
d'un  avion  est  d'autant  plus  élevé  que  sa  vi- 
tesse est  plus  faible  »,  nordmann.  Matin, 
24-10-16  ;  «  Pas  de  surprises  d'en  haut,  puisque 
tu  te  trouves  dans  leur  «  plafond  »  »,  daçay, 
Journ.,  10-10-16.  —  Dér.  :  plafonner.  Voler  au 
plus  haut  :  «  C'est  un  as  qui  plafonne.  Il  est 
au  moins  à  2000  »,  musidora  ;  —  par  anti- 
phrase :  Les  pilotes  «  jugèrent  bon  de  plafonner 
à  deux  cents  mètres  pour  mieux  détruire  l'ob- 
jectif »,  xxx...,  Gu.  Aér.,  3-1-18.  —  Cf.  prendre 
une  hauteur,  Dominer  l'avion  adverse. 

plané,  m.,  Vol  plané,  descente  moteur  arrêté, 

—  424  — 


par  les  seules  propriétés  de  sustentation  de 
l'avion  :  Son  moteur  le  plaqua,  «  malgré  tout 
il  put  revenir  en  plané  jusqu'à  nos  lignes  », 
DORME,  lettre,  2-7-16,  in  Gu.  Aér.,  23-8-17, 
p.  563,  c.  2.  —  vol  plané,  1,  Descente  à  travers 
Fair  :  «  Le  lieutenant  est  descendu  de  son 
hamac  en  vol  plané  »,  81®  t.,  -15  ;  —  2,  Chute  à 
travers  l'air,  d'un  corps  quelconque,  d'un 
homme,  abandonné  à  ses  propres  moyens,  in- 
suffisants pour  lui  assurer  une  bonne  tenue  ; 
207e  art.,  -18  ;  Il  ((  Plouf  !  Tu  parles  d'un  vol 
plané  !  »,  DuvERNOis,  Nounette,  60,  récit  d'un 
suicide  par  la  fenêtre  ;  —  en  particulier, Chute 
consécutive  à  l'ascension  que  produit  une  ex- 
plosion d'obus  :  «  S'il  en  arrive  un  [crapouillot] 
comme  ça  dans  le  blair  à  Fritz,  il  aura  des 
chances  d'aller  faire  un  vol  plané  »,  paraud, 
103  ;  —  ou  de  mine  ;  Bourru,  181,  183  ;  — 
3,  Chute  d'un  homme  de  son  haut  ;  fantas- 
sins, mai  18.  —  Syssém.,  syn.  au  sens  2  :  glis- 
sement sur  l'aile  ;  looping  ;  virage  ;  d. 

plouc,  m.,  Rustre  ;  usuel  aux  corps  bas-bre- 
tons ;  signalé  au  34einf.  (Mt-de-Marsan).  -17, 
D.  ;  Il  ancien  à  Brest,  Dinan,  Nantes.  —  Apo- 
cope de  Plougastel  ou  quelque  autre  des  17  noms 
de   communes  rurales   qui   commencent   ainsi. 

—  425  -^ 


ploum,  Idiot  ;  154e  inf.  (Meusiens),  -18,  mot 
récent.  —  De  l'allemand  plump,  Epais,  Rustre. 
—  Cf.   boucher  noir. 

pluches  !  (aux),  A  la  charge  !  ;  360^  inf., 
août  14  ;  Il  cri  inventé  au  160^  inf.,  8^  c*^,  aux 
manœuvres  de  -11,  repris  par  les  réservistes 
(360^)  pour  les  charges  réelles  ;  m.  protat.  — 
Cf.  épluchureSy  f.,  Eclats  d'obus  ;  déch. 

pluie   f.,  Mitraille,  Bombes  ;  D.  m.  p. 

plumji,  m.,  Lit  ;  Nantais,  81^  t.,  -15.  —  Suf- 
fixe comme  trimji^  Trimard  ;  fromji,  Fromage  ; 
cognji,  Cognac  ;  pétji,  Pétard  (Scandale). 

poil  (atterrir  au),  Atterrir  parfaitement  ; 
Miramas,  mai  18.  —  Quel  poil  ?  On  fait  le  poil 
aux  meilleurs  champions  ?  L'atterrissage  est 
époilant  ?  Ou  bien  on  effleure  le  poil  de  la 
terre,  l'herbe  ? 

poiler  (se),  1,  Se  tordre  de  rire  ;  46^  art., 
-16  :  «  Moi  i'  me  poilais  dans  mon  coin  »  ; 
81^  t.,  -17  ;  ^narins,  -18  ;  |  lambert;  D.  m.  p.  ; 
Il  Nénesse,  252  ;  poilant,  Torsif  ;  —  2,  Se  mo- 
quer ;  je  m! en  poile,  Je  me  fiche  de  ça  ;  tu  te 
poiles  de  moi,  Tu  te  moques  de  moi  ;  D.  m.  p. 
■ —  Du  sens  1  au  sens  2  le  passage  est  le  même 
que  de  rire  à  se  rire  de.  Je  rn'en  bats  Vœil,  je 
vfCen  tamponne  le  coquillard  semblent  aussi  des 

—  426  — . 


développements  intensifs  de  Ten  ris  ;  on  se 
tamponne  l'œil  pour  essuyer  les  larmes  venues 
à  force  de  rire. 

poilu,  1,  m.,  1^,  Homme;  usuel  et  général 
dès  août  14,  surtout  aux  troupes  d'Afrique, 
aux  fantassins  coloniaux,  et  aux  Parisiens, 
mais  non  aux  contingents  du  nord-ouest  ;  uni- 
versalisé par  les  journaux  et  les  permissions, 
été  15  ;  usuel  par  ex.  au  81^  t.  à  partir  de 
cette  date,  mais  sans  éviction  du  syn.  bonhomme  -, 
«  Mets  quat'  poilus  à  ta  corvée  »;  ||  «  Vous 
prendrez  trois  poilus  pour  faire  la  corvée  de 
quartier  )),  46^  inf.,  10-11  ;  usuel  même  à  propos 
d'adolescents,  ce  qui  fait  du  mot  l'équivalent 
de  quidam  ou  de  type  :  «  trente  poilus  à  mener 
à  la  promenade  »,  lycée  de  Reims,  -06  ;  textes 
d'avant  la  guerre,  in  g.  e.,  1-4-18,  441  ; —  c'est 
l'emploi  comme  substantif  de  l'adjectif  poilu, 
1,  Fort  ;  2,  Brave  ;  textes  d'avant  -14,  in  g.  e., 
ib.,  (y  joindre  Nénesse,  205,  210,  et  trois  textes 
cités  Int.  des  Ch.,  LXXI,  67)  ;  le  plus  an- 
cien est  de  BALZAC  :  «  quarante-deux  [ponton- 
niers] assez  poilus,  comme  dit  Gondrin  [ancien 
soldat  de  la  République  et  de  l'Empire],  pour 
entreprendre  cet  ouvrage  »,  Médecin  de  cam- 
pagne,   II,    (1834).    —    Le   poil    est    signe    de 

—  427  — 


Thomme  fait  ;  «  Dans  la  demi-section,  il  y  a 
des  R.  A.  T.,  des  bleus  et  des  demi-poils  »,  Feu, 
17  ;  par  suite  signe  de  l'énergie  :  «  bougres  à 
poil  »  déterminés  à  vivre  libres  ou  mourir, 
HÉBERT,  Père  ' Duchêne,  n^  298,  (1793).  Mais 
tous  les  Français  savent  assez  que  c'est  le  poil 
du  cul  qui  est  l'emblème  éminent  de  la  force 
naturelle  à  un  homme  adulte,  puis  de  la  bra- 
voure :  a^oir  du  poil  au  cul,  Etre  brave  ;  —  en 
grec  ancien  ixzlyixiiù-^oç,  Au  cul  noir,  sobriquet 
d'Héraclès  ;  et  en  grec  moderne  [xaXXtapoxwXo;, 
1,  Au  cul  noir  de  poil,  2,  Brave  ;  —  cf.  anglais 
nappy,  1,  Poilu,  2,  Fort,  (en  parlant  de  la 
bière)  ;  —  français  chenu j  1,  Aux  cheveux 
blancs,  2,  Excellent,  hdt,  (en  parlant  du  vin, 

—  non  que  le  bon  vin  soit  «  blanchâtre  », 
comme  le  dit  sain..  Sources,  mais  parce  que 
le  bon  vin  est  adulte  et  fort,  —  et  en  parlant 
de  n'importe  quoi)  ;  —  i^elu,  Chic  ;  larchey  ; 

—  et  probablement  aussi,  moussu.  D'attaque 
(soit  par  richesse,  soit  par  vigueur),  dans  le 
Mystère  de  la  Passion,   (1486)  ;   Riche,   dlle  ; 

—  un  poilu  est  donc  un  brave  ;  et  comme  tout 
soldat  est  censé  un  brave,  un  poilu  est  un 
homme,  un  Troupier,  puis  tout  Homme  ;  —  de 
là  mon  poilu,  A,  mon  Associé  à  la  corvée,  à  la 

—  428  — 


faction,  au  combat,  dans  la  bouche  d'un  sol- 
dat ;  B,  mon  Fils  qui  est  à  la  guerre,  mon 
Filleul,  dans  la  bouche  d'une  mère,  d'une  mar- 
raine de  guerre.  —  2^,  Combattant  français  de 
la  guerre  de  14-18  ;  usage  universel  mais  qui 
ne  date  pas  nettement  d'avant  janv.  15  :  les 
Poilus  et  les  Boches  ;  Poilus  et  Tommies. 

2,  adj..  Spécial  aux  combattants  français  de 
14-18  ;  sens  tiré  de  1,  2^  ;  la  langue  poilue  ; 
peut  rester  invariable  comme  les  adjectifs  de 
couleur  :  «  Il  semblait  dépaysé,  n'être  pas  dans 
la  note  «  poilu  »  )),  chapelle,  Journ.,  2-8-16  ; 

—  d'où  les  formes  hypocoristiques  poipoil  et 
poilpoil  :  «  Maous.  Adjectif  admiratif  généra- 
lement suivi  de  pépère,  soi-soi  ou  poi-poil  », 
PoiLULOGUE  ;  voir  maouss  et  douce.  —  Dér.  : 
*poilusien,  monax,  dans  «  La  Vie  poilusienne  », 
titre  d'un  journal  du  front  ;  —  suffixe  pour 
allusion  au  journal  la  Vie  Parisienne,  le  ca- 
lembour étant  très  reclferché  dans  les  titres  de 
journaux  du  front  ;  —  interpoilu.  Qui  se  fait 
entre  les  poilus  :  «  questionnaire  interpoilu  », 
rubrique  inaugurée  par  le  B.  des  A.,  10-5-16  ; 

—  cf.  conférence  interalliée  ;  —  demi- poilu, 
Fantasio,  15-10-16,  p.  207  ;  —  surpoilu  ;  Le 
journal  le  Bochofage  procurera  aux   neurasthé- 

—  429  — 


niques  de  l'Arrière  des  parrains  «  choisis  parmi 
les  poilus  à  l'indomptable  moral,  les  «  sur- 
poilus »,  et  il  y  en  a  !  »,  Bochofage,  in  B.  des  A., 
25-10-16  ;  —  d'après  le  surhomme  de  Nietz- 
sche ;  —  plus  savant,  subpoilu,  m..  Soldat  pas 
encore  éprouvé  t  «  un  village  bombardé  où  le 
poilu  vit  «  en  père  peinard  »  tandis  que  le  sub- 
poilu se  sent  des  fourmis  dans  les  jambes  », 
pï*  voivENEL,  Ann.  p.  l,  30-4-16,  p.  515,  c.  2.  — 
D'où,  plus  recherché,  épilé,  m.,  Individu  qui 
ne  se  bat  pas.  Embusqué  :  «  Tu  peux  les  re- 
garder nos  poilus.  Va,  espèce  d'épilé  !  »,  invec- 
tive d'un  jeune  Parigot,  10-3-15,  citée  par 
G.  OHNET,  Figaro,  11-3-15  ;  |  lambert  ;  «  L'Em- 
busqué ou  «  Epilé  »  »,  CH.  LÉO,  Le  langage  des 
tranchées,  cartes  postales  illustrées,  n'^  5  ;  — 
on  a,  de  même,  pour  faire  antithèse  au  front, 
fabriqué  la  nuque,  delorme  et  carpentier. 
En  franchise,  revue  jouée  à  Paris,  déc.  15,  in 
Fantasio,  1-1-16,  p.  599,  c.  1. 

poilus  (avoir  les  pieds),  Se  refuser  à  qqch.  ; 
81^  t.,  -14  :  «  Je  ne  marche  pas,  j'ai  les  pieds 
poilus  ».  —  C'est  une  maladie  analogue  aux 
côtes  en  long,  aux  genoux  creux,  plus  analogue 
encore  aux  bras  retournés  ou  cintrés,  aux  pieds 
qu'on   a   palmés   comme   les  c^nards^  et   qui   se 

—  430  — 


rattache  pratiquement  en  séméiologic  aux 
pieds  niclés,  c.-à-d.  aux  pieds  nattés  et  noués 
par  défaut  de  croissance  ;  niclé,  mal  écrit 
«  nickelé  »  par  étym.  populaire,  est  un  mot  de 
Haute-Bretagne,  H*-Maine  et  Berry  ;  voir 
G.  E.,  Auto,  25-5-18.  —  La  locution  ne  pas  mar- 
cher, Ne  pas  consentir,  a  suggéré  l'image  rurale 
des  pattes  rachitiques,  et  il  est  certain  que  du 
poil  aux  pieds,  ainsi  que  dans  la  main,  est  une 
monstruosité,  cause  d'inaptitude.  —  On  a  dit 
aussi  ai^oir  les  pieds  attachés^  Etre  dans  l'im- 
possibilité de  faire  qqch.,  dlle,  qui  se  rattache 
sans  doute  étroitement  non  pas  à  l'image  d'une 
entrave  mise  par  un  étranger,  mais  à  l'idée 
que  les  rhumatismes  sont  une  entrave  ;  cf. 
heude,  Entrave,  à  Rennes,  coulabin  ;  heudes, 
Rhumatisme   aux  jambes,   nord   de   la    Loire- 

Inf.,    A.    LEROUX. 

pointu,  m.,  1,  Soldat  allemand  î  «  les  pointus 
ont  dû  se  rentrer  »,  a.  (320^  inf.),  N.  Contes  vér., 
247  ;  cf.  i&.,248  ;  —  pointu  par  le  casque  ;  — 
2,  Allemand  :  «  Je  viens  de  rentrer  de  Uckingen 
où  nous  avons  encore  distribué  quelque  chose 
à  ces  braves  «  Pointus  ))  »,  cartault,  feuillets 
de  campagne,  15-9-16,  in  Gu.  Aér.,  27-9-17, 
p.  734. 


431 


poirer,  Prendre  ;  231^  inf.,  h.  barbusse  ;  — 
A,  Faire  prisonnier  :  «  j'ai  poiré  des  Boches  », 
Feu,  35  ;  cf.  ib.,  59  ;  —  B,  Occuper  :  «  C'est 
épatant,  ici  [cette  maison-ci]  et  tu  sais,  ailleurs, 
tout  est  poiré  !  )),  Feu,  74.  —  Soit  remplaçant 
syn.  de  cueillir,  parce  qu'on  cueille  une  poire  à 
l'arbre  ;  soit  dér.  syn.  de  paumer.  Appréhender, 
la  paume  ayant  été  tenue  pour  une  pomme,  et 
la  pomme  étant  une  poire,  (antonyme,  espèce 
de  synonyme). 

poisse,  A,  Grognon,  Critique  intempérant  ; 
marins,  mars  18  ;  |  «  «  Grinche  »  c'est  [dans  le 
vocabulaire  des  tranchées]  un  peu  plus  que 
«  ronchon  »  ;  c'est  un  peu  moins  que  «  poisse  »  », 
DUBREuiL,  Journ.,  21-9-16  ;  —  apocope  de 
poissant,  Ennuyeux.  —  B,  1,  f.,  Déveine,  Em- 
bêtement :  «  Là-bas  y  a  du  beau  temps,  pen- 
dant qu'ici  nous  sommes  dans  la  poisse'  »,  un 
1*  météorologue,  nov.  17;  |  lambert;  D.  m.  p.  ; 
«  Soudain,  La  Seringue  arrêta  la  partie  : 
«  Y  m'  reste  neuf  croques  <^...'^  je  m'arrête, 
mince  de  poisse  !  »  »,  punch,  Fantasio,  15-8-16  ; 
«  Quand  j'  vous  1'  disais  que  c'  nom  de  Fatality 
d'vait  nous  f...  la  poisse.  Faut  et'  fou  pour 
app'ler  un  bateau  comme  ça  !  »,  galopin.  Re- 
quin d'acier,  Journ.,  28-11-17  ;  «  C'est-il  notre 

-—  432  — 


ï 


faute  [à  nous  artilleurs]  s'il  y  a  des  obus  mal 
pesés  ?  C'est  la  poisse.  —  Une  poisse  qui 
poisse  souvent  »,  Cabaret,  470  ;  ||  «  La  poisse  !  », 
cri  de  rage  d'un  coureur  cycliste  Paris- 
Bruxelles,  au  moment  d'une  crevaison,  Rethel, 
-09  ;  —  substantif  verbal  de  poisser,  Ennuyer  ; 
—  2,  m..  Déveinard,  Celui  qui  est  de  corvée 
plus  souvent  qu'à  son  tour  :  Le  caporal  re- 
quiert Ladé  d'aller  à  la  soupe  ;  «  Ladé.  —  Non, 
mais  ça  y  est  !  C'est  moi  le  Chariot,  alors  ? 
«  Poisse  le  baigneur  »,  c'est  toujours  «  mézigue  » 
qui  s'y  colle.  J'étais  déjà  de  «  tambouille  » 
avant-hier  »,  p'tit  gars  ;  (voir  baigneur)  ;  — 
conime  si  on  appelait  quelqu'un  La  Déveine, 

poisser.  Embêter  :  «  Ça  va  bien.  Tu  nous 
poisses  !  »,  Gaspard,  164  ;  cf.  ib.,  62,  156.  — 
Le  sens  Appréhender,  Attraper,  et  spécialement 
Faire  prisonnier,  (rig.,  dlle),  se  trouve  aussi 
dans  Gaspard,  41,  69. 

polka  des  gencives  (faire  la),  Jeûner  par 
force  ;  13^  tir.  alg.,  juill.  18  ;  inf.,  adj.  le- 
coNTE.  —  Cf.  la  sauter. 

polker  (faire),  Lanterner,  Berner  ;  mécanos 
d'avoi^,  Pau,  mars  18.  —  Ces  mécanos  inter- 
prètent que  l'homme  à  qui  on  pose  un  lapin 
piétine  du  pied  et  va-et-vient  dans  un  espace 

.    _  433  — 

MNAVI.T  28 


restreint  ;  le  vrai  sématisme  est  Balancer,  En- 
voyer promener  ;  syssém.  :  faire  tourner,  Mys- 
tifier, dès  -27,  Jargon  et  Cartouche  ;  —  cf, 
balancer,  sonner. 

pommes  de  terre  (être  dans  les),  1,  Gésir  par 
terre  un  peu  n'importe  où,  en  mauvaise  pos- 
ture ;  aviateurs,  nov.  17,  à  propos  de  chutes 
d'avions  ;  |  «  sans  le  chef  de  l'escadrille  <...>> 
j'aurais  peut-être,  dans  une  chute  magistrale, 
été  abîmer  quelques  plants  de  pommes  de  terre 
aux  environs  de  Moislains  ou  villages  avoisi- 
nants  »,  viallet,  Gu.  Aér.,  10-1-18,  p.  141, 
cl;  —  2,  Etre  évanoui  ;  divers  soldats  pari- 
siens, avr.  18  ;  8^  génie,  -18;  |  Ce  garçonnet  de 
treize  ans  que  le  bataillon  avait  adopté 
«  n'éprouvait  aucune  gêne  devant  les  blessures 
les  plus  démoralisantes.  Il  ne  tombait  jamais 
«  dans  les  pommes  »  »,  mac  orlan,  Journ., 
28-11-16  ;  être  dans  les  pommes,  Etre  fichu, 
malade,  blessé  ;  V.  du  p.  ;  ||  usuel  dans  les 
hôpitaux  avant  -14.  —  Syssém.  :  être  dans  les 
choux.  Etre  en  mauvaise  posture,  en^danger  ; 
divers  soldats,  17-18  :  a  un  camion  dans  les 
choux  »,...  Abandonné  dans  un  champ  après 
accident  ;  «  un  avion  dans  les  choux  »,... Tombé  ; 
j  LAMBERT;  ||  chevul  dans  les  choux,  Cheval  qui 

—  434  — 


tombe  et  perd  la  course,  terme  de  turf  ;  être 
dans  les  choux,  Etre  en  retard  dans  son  travail, 
terme  de  typographes,  rig.  —  Cf.  :  Un  avion 
«  qui  est  allé  se  retourner  hier  dans  les  blés  », 
DORME,  lettre,  27-6-16,  in  Gu.  Aér.,  23-8-17, 
p.  653. 

pomper,  A,  Agiter  le  manche  à  balai  d'avant 
en  arrière  ;  aviateurs,  Miramas,  mai  18  ;  — 
image  prise  des  manches  de  pompes  usuels 
dans  les  cours  et  jardins.  —  B,  Faire  monter 
en  grade  :  «  Je  l'ai  vu  arriver  simple  infirmier 
et  puis  on  l'a  pompé  aide-major,  ihajor  à  deux 
[galons],  mais  i'  m'  impose  pas  »,  un  lignard, 
nov.  16  ;  —  de  pomper,  Travailler  ferme  et 
vite,  terme  de  typographes,  boutmy,  et  d'éco- 
liers, RIG.,  et  de  S*-Cyriens,  dlle  ?  —  ou  de 
pistonner.  Faire  avancer  ?  mais  cette  seconde 
explication  suppose  plutôt  une  dér.  syn.  qu'une 
simple  substitution  syn.,  car  l'image  d'un  pis- 
ton qui  fait  avancer  devant  lui  est  tout  autre 
que  celle  d'une  pompe,  qui  épuise,  qui  aspire, 
qui  déverse. 

pompier  (faire  un).  Boire  au  goulot  ;  ma- 
rins, 17-18.  —  Ce  dérivé  de  pomper  était,  sauf 
erreur,  comme  boire  au  goulot,  une  locution 
réservée.  Gf.  fokker. 

—  435  — 


popotard,  m.,  Cuisinier  d'une  popote  de  sous- 
officiers  ou  d'officiers  ;  paysan  nantais,  81^  t., 
-16  ;  —  cf.  frontard.  —  popoteurs,  m.,  Mili- 
taires faisant  popote  ;  de  feuquières,  Pet, 
Par.,  25-3-16. 

porte- brisques,  m.,  Gendarme  ;  g.  maréchal, 
sept.  18.  —  Même  idée  de  embrisqué. 

portion  de  bas-ventre  (croûter  une),  Bouffer 
du  chat  ;  13^  tir.  alg.,  juill.  18. 

posséder,  1,  Tenir,  Manœuvrer,  Régir  :  Les 
chefs  «  nous  possèdent  et  nous  aut',  on  est 
qu'  des  matricules  !  »,  Gasp.,  51  ;  à  propos  d'un 
embusqué  indébusquable  :  «  On  avait  essayé  de 
tous  les  moyens  pour  le  posséder,  mais  c'était 
pas  vrai  »,  Feu,  123  ;  dans  un  coup  de  main  : 
«  Maintenant  qu'on  a  prouvé  aux  Boches  qu'on 
les  possède,  si  on  s'en  allait...»,  j.  des  vignes 
ROUGES,  Journ.,  2-7-16  ;  —  2,  Dompter,  Maî- 
triser :  «  Hier  soir,  A.  et  E.  ont  possédé  M.  », 
l'ont  Vaincu  dans  l'argumentation,  81®  t., 
mai  16;  I  «  Si  la  «  Tank  »  venait  à  tomber  dans 
quelque  fosse  à  éléphant,  les  Allemands  ne  la 
posséderaient  pas  pour  cela.  La  magicienne 
prendrait  des  ailes  ;  elle  se  volatiliserait  dans 
l'air  »,  H.  LE  ROUX,  Ma^'n,  23-9-16  ;  — 3,  Trom- 
per, Mystifier  t  «  Il  a  des  tas  de  trucs  [d'attrapes 

—  436  — 


faisantes]  pour  vous  posséder  »,  46®  art.,  -16. 

—  Posséder,  de  nos  jours,  remplace  açoir;ex.  : 
«  le  môme  venait  de  posséder  sa  quatrième 
dent  )),  Bicard,  i,  6,  (comme  exister,  être  ;  et 
existence,  vie)  ;  or  avoir  qqn,  c'est  le  Mener  à 
sa  fantaisie,  le  Dominer,  en  Faire  sa  chose  ; 
ex.  :  «  nous  les  avons  eus  [les  Boches]  à  la 
grenade  »,  Cabaret,  462  ;  déjà  Jeanne  d'Arc 
s'exprimait  ainsi  :  «  Il  ne  plaît  pas  à  Mes- 
sire  qu'on  les  combatte  [les  Anglais]  aujour- 
d'hui, dit-elle.  Vous  les  aurez  une  autre 
fois  »;  et,  le  jour  de  Patay  :  «  En  nom  Dieu,  s'ils 
étaient  [quand  même  les  Anglais  seraient] 
pendus  aux  nuées,  nous  les  aurions  »,  Chronique 
de  la  Pucelle,  p.  296,  306.  —  //  est  à  moi,  tenir 
qqn,  prendre  qqn,  etc.,  expriment  aussi  Supé- 
riorité par  Possession  ;  attraper,  c'est  d'abord 
Prendre  dans  une  trappe,  puis  Mystifier.  — 
L'anglais  répond  à  notre  avoir  par  son  to  get  : 
«  We  '11  get  them  »,  On  les  aura  ;  Morning. 

pot,  m..  Cul  ;  A,  Casser  le  pot  à  qqn,  le  Mettre 
au  supplice  ;  2®  mixte,  -18  ;  —  et  quel  sup- 
plice !  auquel  fait  vis-à-vis  lui  casser  les  couilles  ; 

—  B,  Vavoir  dans  le  pot,  Ne  pas  avoir  réussi  ; 
par  ex.,  avoir  distribué  le  pinard  et  se  trouver 
«  à  la  bourre  »,  s'être  fait  couper  un   manillon  ; 

—  437  — 


2^  mixte,  -18  ;  —  syssém.  :  se  trouver  couillonné  ; 

—  G,  en  avoir  plein  le  pot,  En  avoir  (de  qqch. 
de  désagréable)  assez  et  plus  qu'assez  ;  usuel 
et  en  voie  de  devenir  bourgeois  ;  —  beaucoup 
l'emploient,  ainsi  qu'en  avoir  plein  le  dos,  sans 
se  douter  de  l'image  première  ;  le  pot  en  ques- 
tion vient  d'ailleurs  à  équivaloir  l'ensemble  des 
organes  digestifs,  à  cause  de,  ses  syn.  saladier 
et  cylindre  ;  tu  fen  ferais  péter  le  cylindre.  Tu 
t'en  ferais  mourir  d'indigestion,  dlle  ;  tu  t^en 
ferais  péter  le  saladier,  même  sens,  Gompiègne, 
-09.  —  Gf.  niquer. 

pot  de  chambre,  m.,  Gasque  du  combattant, 
datant  de  -15  :  «  Le  pot  de  chambre  te  protège 
suffisamment  l'caberlot  contre  les  billes  de 
plomb  »,  Feu,  226.  —  Syn.  :  soupière;  Feu,  17  ; 

—  en  boche,  suppenpot,  delcourt  ;  —  bocal  ; 
bol  ;  casserole  ;  marmite  ;  saladier  ;  d.  (^). 

pot  de  fleurs,  m..  A,  Obus  boche  de  77  de 
tranchée  ;  95^  inf.,  forêt  d'Apremont,  -15, 
(mais  désuet  dans  ce  corps  en  mai  18,  malgré 


(^)  Le  casque  a  été  précédé  par  une  calotte  de  fer, 
non  percée,  à  glisser  dans  le  képi,  (printemps  15),  qui 
selon  le  vœu  même  d'une  notice  officielle,  servait  de 
lavabo  et  de  casserole. 

—  438  — 


Pusage  continué  de  la  chose)  ;  —  métaphore  de 
forme  ;  cf.  mitre,  casque  à  pointe. — B,  1,  Képi 
du  troupier  français  ;  46®  inf.,  15-16;  |  Lam- 
bert ;  D.  m,  p.  ;  Ver-Luisant,  m  B.  des  A., 
12-4-16  ;  (ce  nom,  allusion  à  une  forme  an- 
cienne, du  képi  rouge,  tombe  en  désuétude)  ; 
métaphore  de  forme  ;  cf.  gabion.  —  2,  Casque 
1915  ;  divers  soldats,  -16  ;  —  (cf.  panier  à  sa- 
lade ?) 

poteau- frontière,  m.,  Sergent  rengagé  ;  très 
usuel  à  la  11®  son  c.  Q.  A.,  -16;  ||  avant  -14  au 
65®  inf.  et  probablement  aussi  à  Soissons.  — 
La  profession  d'un  poteau-frontière  est  de  dire 
Ils  ne  passeront  pas,  —  cf.  concierge  de  tran- 
chées —  ;  rintérêt  de  notre  mot  est  dans  la 
forte  ironie  dont  on  le  teinte  par  en  dessous. 

pou  gris,  m..  Boche  :  «  Les  poux  gris  pré- 
parent une  attaque  »,  m.  b.  (22®  t.,  mai  15), 
Contes  çér.,  170  ;  «  Les  poux  gris  sont  capables 
d'avoir  soulevé  [capturé]  la  patrouille  )),  m.  b. 
(403®  inf.,  juin  15),  N.  contes  ^ér.,  76.  —  Tenace 
comme  poux  ;  gris  par  sa  capote.  —  Retour 
du  sématisme,  (cf.  fokker)  :  bavarois,  m.. 
Poux  ;  D.  —  Envahisseurs,  tenaces,  et  retran- 
chés, comme  des  Boches. 

poupée,    f.,     Grenade    française     P-2  ;    85®, 

—  439  — 


95®  inf.,  15-16.  —  Métaphore  tirée  de  sa  «  jupe  ». 

—  Syn.  et  syssém.  :  crinoline,  f.  ;  246®  inf., 
15-16. 

pousse- au- crime,  m.,  A,  Vin  :  «  Il  y  a  différentes 
variétés  de  pinard.  Les  naturalistes  signalent  : 
le  rouquin,  l'aramon,  le  pousse-au-crime,  le 
casse-pattes^  l'électrique,  etc.  »,  Poilu  du  37, 
in  Bl  des  A.,  17-5-16.  —  B,  Eau-de-vie  ; 
156®  inf.,  5®  génie,  une  s^n  de  T.  M.,  -18  ;  — 
sens  plus  réel  et  plus  vécu. 

praline,  f..  Eclat  d'obus  ;  lambert  ;  D.  m.  p. 

—  Syssém.  :  dragée,  f.,  1,  Balle  de  fusil,  rig.  ; 
2,  Eclat  d'obus  ;  D.  m.  p.  ;  —  ça  pleut  comme 
aux  baptêmes  les  dragées  ;  cf.  dragée,  Menu 
plomb  de  chasse,  hdt.  —  marron,  m..  Balle  ; 
marins,   -18  ;  |   lambert  ;   —  pruneau,  Balle  ; 

—  toutes  confiseries. 

prendre,  Recevoir  (un  projectile)  ;  usuel  et 
général;  |  «  j'ai  pris  un  éclat  d'obus  au  coude 
gauche  »,  paraud,  79  ;  «  on  ne  prend  pas  de 
pruneaux  en  poire  [au  cantonnement]  »,  pan- 
TRUCHARD  ;  voir  fraise  ;  «  prendre  un  obus  sur 
le  coin  »,  D.  m.  p.,  (sous-entendu  :  de  la  gueule)  ; 
«  Il  vient  de  prendre  une  balle  »,  e.  r.,  Journ. 
30-10-16  ;  Il  prendre,  Recevoir  (des  coups)  ; 
DAUZAT,   Langue  franc,  d'auj.,    36  ;  «  prendre 

—  440  — 


un  gnon  »,  Nénesse,  243  ;  «  nous  avons  pris 
quelque  chose  comme  flotte  sur  la  bobine  », 
PARAUD,  90.  —  Syssém.  :  encaisser. 

puants,  m.,  A,  Gaz  asphyxiants  ;  —  B,  Obus 
asphyxiants  ;  —  D,  m.  p.  —  D'où  antipuants, 
m.,  Masque  protecteur. 

pylône  (en),  En  piquant  du  nez  et  la  queue 
se  redressant  verticalement  ;  aviateurs,  16-18  ; 

—  descente  en  pylône,  Chute  verticale  qui  peut 
suivre  un  «  piquage  du  nez  »  ;  207^  art.,  mai  18  ; 

—  atterrir  en  pylône,  se  mettre  en  pylône,  Piquer 
du  nez  dans  le  sol  et  rester  dans  cette  position  ; 
Miramas,  mai  18  ;  |  «je  me  pique  dans  un  ter- 
rain à  180  kilomètres  à  l'heure,  en  pylône.  Un 
retentissant  craquement,  une  forte  commotion, 
je  régarde  :  il  ne  reste  plus  rien  de  mon  appa- 
reil »,  récit  d'une  chute  de  Guynemer,  Matin, 
29-9-16.  —  Le  fuselage  vertical,  la  queue  en 
haut,  ressemble  à  un  des  pylônes  en  forme 
d'obélisques  des  champs  d'aviation,  surtout 
quandjl'appareil  s'étant  fiché  en  terre,  le  fuse- 
lage, resté  droit,  est  seul  visible  au  loin.  — 
Antonyme  :  s'asseoir,  Atterrir  par  la  queue  au 
lieu  du  train  ;  R.  G.  Aé.,  -17. 

(luart  à  trous,  m.,  Ivrogne  ;  voir  étui  ;  — 
sématisme  analogue  à  panier  percé,  Dépensier. 

—  441  — 


(luatrô  cent  vingt,  m.,  A,  Bidon  individuel  de 
2  litres  ;  81^  t.,  oct.  16-oct.  17  ;  —  par  opposi- 
tion  avec  Tancien   d'I   litre  ;   cf.    gros-cul.   — 

B,  Coup  de  poing  herculéen  ;  81^  t.,  mars  16.  — 

C,  Homme  taillé  en  hercule,  et,  par  ironie, 
Avorton  ;  ce  sens  sert  de  sobriquet  ;  81®  t., 
-17.  —  Idée  de  Grosseur,  exprimée  par  le  plus 
fort  calibre  de  canon  vulgarisé  par  la  guerre 
actuelle.  —  Le  rapport  du  sens  C  au  canon  de 
420  se  retrouve,  retourné,  (voir  fokker)ds.ns  le 
style  des  troupiers  anglais  :  Jack  Johnson, 
Gros  obus  à  fumée  noire  ;  Morning  ;  —  du 
nom  illustre  d'un  noir,  champion  du  monde 
pour  la  boxe  vers  08-11,  de  stature  et  de  thorax 
géants.  —  D,  Cuisine-roulante  ;  voir  sous-ma- 
rin.  ■ —  Syssém.  au  sens  A  :  crapouillot,  2,  2^,  b. 

«lueue  (de).  Employé  à  tourner  la  queue  des 
appareils  dont  les  pilotes,  inexpérimentés,  ne 
peuvent  sans  risquer  le  capotage,  se  virer  tout 
seuls  ;  iCART  î  Vélève  de  queue  ;  le  tourneur  de 
queues  ;  ih. 

queue  de  rat,  f..  A,  Grenade  boche  à  tige  de 
0°^,40,  se  lançant  au  fusil  ;  46®  inf .,  mars-avril  15, 
Argonne  ;  cuirassiers,  1®^  groupe  léger,15-16  ;  | 
«   Les   <;...>   «   queues   de   rats  ))    <..•>  radi- 
naient  sur  nous,  en  vitesse  »,   j.   des  vignes 

—  442  — 


I 


noUGËs,  Journ.,  1-6-16.  — B,  (Torpille  aérienne  ; 
textes  sous  boîte  de  conserves  (à  l'article  mar- 
mite) et  sous  fléchette.  —  Le  sens  B  est  nié  par 
les  témoins  du  sens  A  ;  mais  le  sématisme  étant 
pareil,  Corps  cylindrique  à  longue  queue  cy- 
lindrique, on  peut  le  retenir  jusqu'à  ce  qu'une 
plus  ample  information  l'ait  réduit  à  rien. 

queurche,  m.,  Tabac  ;  fantassins,  secteur  de 
l'Aisne,  mai  18  ;  témoignage  d'un  jeune  soldat 
qui  l'a  appris  dans  FAisne.  —  Ce  soldat  croit 
le  mot  de  l'Aisne  et  interprète  qu'on  queurche. 
Tire,  sur  le  tabac,  en  fumant  ;  en  H*-Maine 
quercir  et  queurcir,  Crever,  creucher,  encrucher, 
Accrocber,  Embarrasser. 

rab,  m..  Portion  (de  vivres)  qui  n'était  pas 
dès  l'abord  au  programme  de  la  distribution 
et  qui  fait  l'objet  d'une  tournée  complémen- 
taire ;  un  bon  caporal  s'arrange  de  façon  à 
avoir  du  rab,  et  sous  ce  nom  agréable  répare 
les  inégalités  de  la  première  tournée,  en  sorte 
que  le  rab  devient  règlement  l'objet  d'un  es- 
poir ;  usuel  et  général  ;  81^  t.,  14-17  ;  du  rab 
de  rata  ;  «  J'ai  pas  eu  mon  rab  de  gnole  »  ;  |  poi- 
LULOGUE  ;  CHAPELLE  ;  —  rab  de  rab,  Portion 
qui  fait  l'objet  d'une  troisième  tournée  com- 
plémentaire  de   deux    premières  ;  «  superlatif  » 

—  443  — 


de  rah  comme  dit  poilulogue  ;  (ce  spirituel 
rédacteur  au  Rigolboche  ayant  écrit  que  les 
«  indigènes  »  des  tranchées  se  jettent  sur  le  jus 
en  criant  «  Au  rah  !  »,  sain,  a  cru  qu'il  n'était 
de  rah  que  de  café  ;  et  poilulogue  ajoutant 
que  rah  c'est  «  merveille  »,  «  merveille  incon- 
nue »,  SAIN,  a  sérieusement  enregistré  cette 
plaisanterie  :  «  Rah,  merveille,  chose  excel- 
lente »  !).  —  rabs,  (altéré  parfois  en  rams),  m., 
même  sens  ;  table  de  2ds.m^s  de  la  marine,  -18. 
—  Rah  apocope  de  rahiot  ;  rahs  est  dû  certai- 
nement à  une  infiltration  des  Ecoles  des  Arts 
et  Métiers  où  sont  de  mode  ces  apocopes  addi- 
tionnées de  s,  ex.  :  des  roup' s  de  Krourn  s,  des 
roupettes  de  Kroumirs,  des  Rognons  (en 
sauce)  ;  cf.  cleh  — >►  cleh's,  Chien  ;  l'altération 
rahs  — >  rams,  est  parallèle  à  krouhs  — >-  kroums, 
Pain,  signalé  aux  Balkans,  (de  l'arabe  khouhz, 
Pain)  ;  en  physiologie  m  est  h  nasalisé.  — 
Rahiot  se  trouve  dès  -32  :  «  Mousse,  accoste 
ici  !  Prends  ton  bidon  et  verse-moi  mon  bou- 
jaron  d'eau-de-vie  ;  mais  dans  le  grand  bou- 
jaron,  entends-tu,  et  non  pas  celui  que  tu 
as  dans  ta  poche,  qui  n'est  pas  de  mesure  et 
que  tu  as  acheté  à  terre  pour  avoir  ton  rabio 
plus  fort  »,    EDOUARD   CORBIERE,    Coupersation 


444 


politique  entre  deux  matelots  en  1815,  Journal 
du  Ha^re,  14-11-32  ;  ce  texte  montre  le  sens 
premier  qui,  ^u  lieu  d'être  Distribution  de  ce 
qui  reste,  était  Reste  que  le  distributeur  s'ad- 
juge indûment,  bref.  Gratte.  Rapioter,  Gratter, 
Voler  sous  couleur  d'administration,  apparaît 
en  1790  dans  le  Rat  du  Châtelet  :  rapioter  le 
détenu,  c'est,  en  parlant  des  geôliers,  le  Dé- 
pouiller à  son  entrée  à  la  prison,  de  tout  ce 
qu'il  possède,  en  prétextant  la  fouille  ;  même 
emploi  en  1797  dans  nougaret.  Histoire  des 
prisons,  III,  57.  Le  Jargon  (1836)  a  rabiage, 
Rente  ;  une  rente  est  une  manière  de  supplé- 
ment gracieux,  de  gratte  ? 

Je  n'ai  pas  entendu  rab  au  sens  qu'a  fré- 
quemment rabiot,  Suj^plément  anormal  à  un 
programme  de  travail,  à  la  durée  d'un  service  ; 
ex.  «  trois  kilom.ètres  de  rab  »,  Pépères,  165.  — 
Le  puni  de  prison  fait  du  rabiot  en  ceci  que 
demeurant  au  corps  après  ses  camarades  de 
classe,  il  touche,  mieux  servi,  un  supplément 
de  journées  de  service;  |  Guynemer  tombe  de 
3000  mètres  et  en  réchappe,  il  «  vit  du  rabiot 
maintenant  »,  Matin,  29-9-16,  p.  1,  c.  5.  — 
D'où  rabioteur,  m..  Puni  de  prison  ;  agatha  ; 
(nullement   parce   qu'il   «   mange   et   boit    des 

—  445  — 


restes  »,  comme  le  croit  sain.)  ;  —  on  emploie 
aussi  rabioteur^  m.,  Distributeur  malhonnête 
qui  s'adjuge  ce  qui  reste  d'une  distribution  ; 
19e  inf.,  -95  ;  8ie  t.,  -17  ;  —  cf.  rogneur,  m., 
Caporal  d'ordinaire  ;  rocher;  ||  Fourrier  ; 
DLLE  ;  —  distributeur  accusé  de  rogner  sur  la 
portion  réglementaire. 

rab,  m.,  Dos  ;  usuel  et  assez  général  ;  — 
tourner  le  rah,  1,  S'enfuir  ;  2,  Refuser  de  causer 
davantage  ;  D.  m.  p.  ;  —  recevoir  qqch.  sur  le 
rab,  Recevoir  des  projectiles  ;  lambert.  — 
Prononcé  rapide  de  râble,  Dos,  que  donne  hdt  ; 
dans  CH.  léo.  Le  langage  des  tranchées,  cartes 
postales  illustrées,  n^  3,  planche  anatomique, 
rab  désigne  le  dos  vers  les  omoplates.  —  rig. 
donne  râpe,  Dos,  sans  indication  du  genre,  et 
ROSS,  rap,  Dos  ;  on  voit  mal  que  le  dos  soit 
une  râpe  comme  l'ont  interprété  rig.  puis 
DLLE  ;  —  cf.  pif. 

radia,  m.,  Radiateur  ;  mécanos  ;  Mousqu., 
253. 

radiner,  Arriver,  en  parlant  de  projectiles  ; 
Parisiens  et  parisianisés  ;  |  «  Les  gros  noirs 
radinaient  »,  Cabaret,  461  ;  voir  mec,  sac  à 
terre.  —  Le  rade  c'est  la  Promonade,  le  Trot- 
toir,   {faire   le   radin,    Racoler   sur   le   trottoir, 

—  446  — . 


radeuse  et  radassè,  Prostituée),  d'où  radiner, 
Trotter. 

radio,  m.,  A,  Radiotélégramme  ;  81^  t.,  -15  : 
«  c'est  arrivé  par  radio  ))  ;  —  B,  Radiotélégra- 
phiste :  «  TROIS  jeunes  radio  <C.-->  »,  Vie 
Par.,  3-3-17,  p.  209,  c.  1;  ib.y  c,  2.  —  Cf.  aréo. 

raide,  m.,  Fusil  ;  d. 

raide.  Mort  ;  —  d'où  deux  emplois  :  A,  se 
faire  porter  raide,  Se  faire  porter  malade  ;  cf. 
élève-mort  ;  —  B,  raide,  Sans  le  sou  :  «  La  Se- 
ringue comprit  [que  Balsamo  était  dépourvu 
d'argent]  :  —  T'es  raide  ?  ))  Le  pilote  [Balsamo] 
eut  un  geste  vague.  —  Tu  parles.  Il  me  reste 
vingt  sous  ))  »,  PUNCH,  Fantasio,  15-8-16  j  — 
syssém.  :  mort  (à  certains  jeux),  fauché.  — 
Raide,  Ivre,  (d'où  raide  comme  la  justice.  Ivre), 
usuel  dès  longtemps,  (rig.,  etc.),  quoiqu'il 
puisse  être  syssém.  de  mort,  qui  se  dit  pour 
Ivre,  ne  parle  pas  dans  l'usage  actuel  du  degré 
d'ivresse  d'un  homme  ivre-mort,  mais  de  celui 
où  il  marche  raide  comme  balle. 

ramasser  un  aviateur  avec  la  cuiller  à  café 
et  le  papier  buvard,  après  une  chute,  Recueillir 
les  lambeaux  mortels  de  l'aviateur  ;  R,  G.  Aé., 
juin  18  ;  I  «  on  l'a  ramassé  au  papier  buvard  », 
'Mousqu.,  82. 

_  447  — 


ramdam,  m.,  1,  Jeûne  forcé  ;  —  faire  ram- 
dam,  Jeûner  malgré  soi  ;  marins,  Mocos  et 
Bretons,  17-18  et  avant;  1|  légion  étrangère  et 
zouaves,  94-98  ;  cf.  aller  au  ramdam,  "Ne  rien 
toucher  à  l'ordinaire  de  la  compagnie  ;  légion 
étrangère  et  zouaves,  94-98  ;  —  2,  P,  Tapage  ; 
faire  du  ramdam,  Chahuter  ;  soldats,  janv.  16  ; 
marins,  2®  c^^,  -18  ;  faire  ramdam,  Chahuter, 
un  adjudant  d'art.,  Parisien,  déc.  17;  |  «  avec 
un  crapouillot  de  90,  j'ai  mis  le  feu  à  une  gui- 
toune, ça  a  flambé  pendant  au  moins  une  demi- 
heure.  Ils  devaient  en  faire  un  ramdam  !  », 
paraud;  Il  faire  du  ramdam,  usuel  dès  -9C  au 
moins,  témoignage  d'un  Nantais  ;  faire  du 
rame-dame.  Se  fâcher  dru,  soldats  suisses, 
Schw.  Sold.,  69  ;  —  2^,  Plaisirs  de  Vénus  ;  aller 
au  ramdam,  Aller  faire  l'amour  ;  un  Nantais 
parisianisé,  bon  argotier,  81®  t.,  -15. 

Ramdam  est,  en  toute  conscience  chez  les 
soldats  d'Afrique  et  les  marins,  le  ramadan, 
Grand  jeûne,  des  Mahométans  ;  les  Algérois 
prononcent  ramdane  ;  le  mot  a  fait  un  stage 
en  Provence  et  Languedoc,  où  il  se  dit  du 
Hurlement  des  loups  dans  la  montagne,  du 
Bruit  des  cigales,  du  Sabbat  des  chats,  aussi 
bien  que  du  Carême  des  Mahométans.  Le  sens 

—  448  — 


2,1°  sort  du  sens  l,parce  que  le  ramadan  s'ac- 
compagne de  bruyantes  manifestations  de 
gaieté,  la  nuit,  et  que  tout  peuple  qui  pratique 
un  jeûne  rituel  a  hâte  de  le  rompre.  Le  sens  2,  2° 
sort  du  sens  2,  1°,  soit  à  cause  que  les  chats  qui 
font  du  sabbat  sont  en  amour,  soit  par  la  pro- 
vection  générale  du  sens  Bruit  d'une  réunion, 
d'une  foule,  au  sens  Proxénétisme,  qui  se  re- 
trouve dans  faire  la  nouha^  faire  la  noce,  faire 
la  foire  (celui-ci  usuel  dans  les  garnisons  de  l'est, 
-05,  et  au  camp  de  Châlons,  -07).  —  Cf.  chouya. 

ramdamdam  (à  la),  A  grand  orchestre  : 
«  C'est  le  capitaine  qui  a  voulu  faire  lui-même 
le  rapport  :  ha,  faut  voir  comme  il  a  écrit  ça  : 
des  mots  va  comme  je  te  pousse,  des  phrases 
à  la  ramdamdam,  une  éloquence  à  coups  de 
poing  »,  un  caporal  fourrier  (qui  a  voyagé 
dans  le  midi),  81^  t.,  -17.  —  Issu  de  ramdam, 
par  développement  autogène,  ou  par  chevau- 
chement de  tamtam  ;  cf.  «  truc  à  la  radadame  », 
Affaire  compliquée  et  terrible,  Nénesse,  235  ; 
«  du  radada  dans  le  bourrichon  »,  du  Tinta- 
marre dans  la  tête,  ife.,218  ;  ramatata.  Tapage, 
en  Languedoc,  mistral. 

rame   (ne  pas  en  foutre  une,   ou  la),    Fai- 
néanter; 81^  t.,  -17,  (un  négociant  bordelais,  un 

—  449  — 

F.SNAULT  29 


adjudant  ex-colonial)  ;  109^  inf.,  16-17  ;  8^  gé- 
nie, -18;  semble  général;  —  ne  pas  en  fouti'e 
une  ramée,  même  sens  ;  109^  inf.,  16-17  ;  ma- 
rins de  diverses  spécialités,  -18  ;  8®  génie,  -18, 

rampant,  m..  Militaire  du  personnel  de 
l'aviation,  mais  qui  ne  vole  pas  ;  aviateurs, 
Miramas,  mai  18;  |  rampant,  Quiconque  n'est 
pas  aviateur  t  «  en  1915,  à  une  époque  <...^ 
où  les  «  rampants  »  qui  étaient  au  courant  de 
la  vie  quotidienne  des  aviateurs,  en  tiraient 
volontiers  une  espèce  de  fierté  »  ;  vjncent, 
Gu.  Aér.,  17-1-18. 

rapide,  m..  Vin  qui  saoule  rapidement  :  «  un 
kilo  de  ce  rapide  là  et  j'étais  retourné  »,  81^  t., 
juin.  16.  —  Syssém.  :  électrique,  m.,  Vin  ; 
AGATHA  ;  D.  m.  p.  ;  voir  pousse- au- crime  ; 
Il  Toul,  -08  ;  Paris,  avant  -14  ;  —brutal,  m., 
Vin  ;  AGATHA  ;  —  cf.  «  Il  est  bon,  le  mus- 
cadet ?  —  Pas  mauvais,  mais  brutal  »,  ré- 
ponse d'un  marin  normand,  mai  18,  —  Je  ne 
crois  pas  que  du  vin  soit  appelé  du  brutal  parce 
qu'il  rend  brutal,  quoique  cette  métonymie 
nommant  la  cause  par  l'effet  se  trouve  dans 
loufoque,  Vin  (qui  rend  loufoque  le  buveur),  et 
peut-être  dans  gnole  ;  je  ne  crois  pas  non  plus 
que  le  vin  soit  dit  électrique  quand  il  est  épa- 


450 


tant,  quoique  on  me  dise  qu'électrique  a  été 
usuel  comme  syn.  d*  Epatant,  dans  Parmée, 
surtout  dans  la  cavalerie,  avant  la  guerre.  Une 
«  compagnie  électrique  »,  à  la  légion  étrangère, 
ERLANDE,  Eu  Campagne,  76,  est  celle  où  Pen- 
traînement  sportif  est  le  plus  intensif.  Le 
Canon  est  le  brutal,  parce  que  l'obus  est  prompt  ; 
j'ai  entendu  en  -10  nommer  le  Train-express 
le  brutal  ;  le  fait  qu'un  train  «  rapide  »,  «  élec- 
trique ))  parfois,  est  dit  «  brutal  »  invite  à  voir 
dans  les  mômes  adjectifs  appliqués  au  vin  la 
môme  idée.  Promptitude  ;  ce  n'est  pas  une 
image  concrète  qui  mène  PeSrprit  du  Vin  au 
Train,  mais  cette  idée  que  le  boire  est  le  Véhi- 
cule (Je  la  raison  vers  la  déraison  ;  de  là  train 
direct,  1,  Litre  de  vin,  chez  les  bouchers  de 
la  Villette,  rig.  i  2,  Verre  d*absinthe,  (dont  les 
catégories  sont  la  grande  vitesse  pour  Cha- 
renton,  la  petite  {>itesse,  la  correspondance),  rig.  « 
et  wagon,  Grand  verre  de  vin,  rig.  —  Cf.  pi- 
crate, m.,  Vin;  40^  art., -18; —  c.-à-d.  picolo  à 
force  explosive  instantanée  ;  —  et  cra. 

rapide  d'Asie,  m.,  Obus  de  gros  calibre  que 
tire  sur  Sedul-Bahr  une  pièce  établie  à  Koum- 
Kaleh  ;  marins,  Dardanelles,  mai  15.  —  Sys- 
sém.  :  sud- express,  m.,  Gros  obus  pendant  sa 

—  451  — 


trajectoire  ;  65®  t.,  Berry-au-Bac,  -16.  —  Idée  : 
Rapidité  du  voyage  de  l'obus,  (cf.  brutal,  Ca- 
non, sous  rapide),  et  Sonorités  complexes  de 
sa  course,  d'où  une  double  analogie  avec  le 
train  de  chemin  de  fer  ;  cf.  train  de  plai- 
sir. 

rapport  des  cuistos,  m.,  Nouvelles  que 
l'homme  de  service  à  la  tranchée  apprend  des 
cuisiniers  de  la  compagnie  ;  81®  t.,  14-17  ;  — 
syssém.  :  décision  de  la  roulante,  f.,  même  sens  ; 
81®  t.,  15-17  ;  —  décision  est  le  nom  officiel  de 
la  pièce  rédigée  quotidiennement  par  le  colonel 
pour  être  lue  au  rapport  dans  les  compagnies  ; 

—  rapport  du  sous- marin,  m.,  même  sens  ; 
A.  ARNoux;  I  «  Tuyaux  de  roulante,  rapport 
de  sous-marin  »,  Cabaret,  464  ;  —  rapport  des 
chiottes,  m..  Nouvelles  qu'on  apprend  aux 
feuillées  en  voisinant  et  en  lisant  le  journal, 
tout  en  téléphonant  ;  81®  t.,  15-17. 

raquette,  f..  A,  Grenade  à  main  F-2  pourvue 
d'un  manche,française  ;  10®,  27®,  246®  inf.,  15- 
16  ;  I  V.  du  p.  ',  —  B,  Pétard  à  manche  ;  15- 
16,  l*-grenadier  morande  ;  —  syn.  :  calendrier. 

—  Syssém.  :  battoir,  m.,  Raquette  à  lancer  les 
grenades  ;  D.  m.  p.  ;  —  brosse  à  dents,  f., 
Grenade  à  manche  ;  d.  ;  —  brosse  à  cheveux, 

—  452  — 


f.,  Grenade  boche  à  manche  ;  246®  inf.,  15-16  ; 
—  métaphores  de  forme. 

rase- mottes,  m.,  1,  Vol  à  très  faible  hauteur  ; 
ESTÈVE,  Gu.  Aér.,  26-4-17  ;  —  plus  métapho- 
rique est  le  casse- mottes,  Navire  caboteur  qui 
tangue  fort  ;  terme  de  marins  ;  —  2,  Personne 
myope  ;  mécanos  d'av»"*,  Pau,  mars  18  :  «  Elle 
est  bien,  cette  gonzesse-là  !  —  Oh,  la  la  !  un 
rase-mottes  !»  ;  —  l'avion  étant  l'œil  de  l'ar- 
mée, c'est  une  image  réciproque  et  excellente 
que  l'œil  qui  rase  l'objet  soit  un  rase-mottes  ; 
cf.  fokker. 

rasoche.  Ras  ;  «  Et  les  douilles,  à  la  ton- 
deuse, rasoche  !  »,  Feu,  42  ;  L'obus  éclate  dans 
la  tranchée  «  rasoche  du  talus  »,  ib.,  234.  — 
Même  suffixe  :  ralocher.  Râler,  (Grogner)  : 
«  c'est  qu'i'  raloche,  c'  débris  »,  ib.,  47  ;  —  par- 
locher.  Parler  ;  ib.,  115  ;  —  coUocher,  Coller, 
(Etre  convenable,  faisable)  ;  ib.,  15,  261  ;  — 
balocher  ;  pétoche.  —  D'autres  mots,  suffixes  de 
même,  offrent  une  altération  du  radical,  voir 
sardoche  ;  cf.  alboche. 

rat,  m.,  Homme  de  la  Réserve  de  l'Armée 
Territoriale  ;  81®  t.,  fév.  17.  —  Des  initiales 
R.  A.  T.,  qui  ne  se  sont  d'abord  prononcées  que 
èr-a-té,  m.,  même  sens,  81®  t.,  14-17  ;  le  ca- 

—  453  — 


lembouï*  rat  n*a  d'ailleurs,  à  ma  connaissance, 
qu'un  succès  d'estime.  —  Autres  à-peu-près  : 
râleur,  m.,  Homme  des  Régiments  d'Artillerie 
Lourde  ;  —  des  initiales  officielles  R.  A.  L.  — 
Le  son  malodorant  de  C.  M.  R.  -  2,  Compagnie 
de  Mitrailleuses  Régimentaire  n^  2,  a  tellement 
plu,  qu'au  130e  ini,  sept.  18,  la  C.  M.-2  s'ap- 
pelle encore  ainsi,  quoique  R  soit  superflu  de- 
puis la  suppression  en  juillet  16  des  C.  M.  de 
brigade»  —  Cf.  cama. 

rayon,  m.,  Grand  route  :  filer  sur  le  grand 
rayon,  Faire  une  étape  ;  5^  cuir.,  d.  - —  De 
rayoUf  Sillon  tracé  au  cordeau. 

réadmis,  m.,  Haricots  ;  à  bord  de  V Aventu- 
rier, 16-17  ;  —  les  réadmis  étant  les  Marins- 
rengagés,  et  les  Rengagés  étant  surnommés  les 
fayots  ;  cf.  fokker. 

réaliser  son  zinc.  Démolir  son  appareil  ;  di- 
vers aviateurs,  -17  ;  semble  en  juill.  18,  R.  G. 
Aé., encore  plus  usuel  que  bousiller',  \  Le  Boche 
«  se  houzille  en  réalisant  son  zingue  )),  S'écrase 
(au  sol)...,  MONTGEORGE.  —  Dc  même  que  des 
valeurs  financières,  ou  une  maison,  sont  dites 
réalisées  quand  on  s'en  défait  contre  argent,  de 
même  un  zinc  bousillé  est  réalisé  en  ce  qu'il 
n'est  plus  bon  qu'à  vendre  comme  matériel  de 

—  454  — 


réforme.  Une  autre  idée,  la  même  ironie  qui 
appelle  gibus  un  haut  de  forme  sinistré  en 
accordéon,  consisterait  à  supposer  que  la  chute 
de  l'aviateur  a  été  Une  expérience  réalisant  un 
type  nouveau  ;  mais  elle  déterminerait  à  dire 
qu'il  a  réalisé  un  zitic,  plutôt  que  son  zinc  ; 
toutefois  les  deux  idées  peuvent  confluer, 
comme  celles  de  Réaliser  une  valeur  et  de 
Boire  du  liquide  quand  on  dit  nous  a^^ons 
liquidé,  nous  avons  Bu  ;  cf.  rectifié. 

recamouîler,  Retaper,  Rafistoler  :  «  Voilà 
encore  une  nouvelle  note  au  sujet  des  perm. 
Il  va  falloir  recamoufler  toute  la  liste  de  la 
compagnie  »,  un  sergent,  22^  colonial,  août  17. 
- —  L'image  précise  est  celle  de  tapons  collés 
sur  la  liste,  comme  un  camouflage  fait  de  ra- 
fistolages. 

rectifié.  Amoché;  aviateurs,  1748;  |  «  Le 
train  d'atterrissage  est  légèrement  «  rectifié  » 
mais  pas  de  bobo  pour  l'équipage  »,  cheva- 
lier, Gu.  Aér.,  28-6-17  ;  voir  bigorner.  —  Rem- 
plaçant syn.  de  réglé,  terme  de  lutte  et  del)oxe  ; 
régler  l'adversaire,  c'est  le  Vaincre,  donc  le 
Mettre  à  mal  ;  une  punition  est  une  Dégelée  de 
coups  ;  corriger,  Battre.  —  Cf.  rétamer. 

refouler.  Rudoyer  en  paroles  ;  soldats,  juill. 


455 


16  :  «  Le  capitaine  est  un  chic  type  ;  il  ne  re- 
foule personne  ))  ;  —  refouler,  Se  refuser  à, 
refouler  au  trai^ail,  Chômer,  rig. 

relevés  par  les  Boches  (être),  Perdre  ses  posi- 
tions ;  289^  inf.,  juin  18.  —  Même  ironie  amère 
dans  ra<^itaillement  ;  —  dans  en  jouer  sur  une 
toile  de  tente,  et  être  évacué  sur  une  toile  de 
tente,  Etre  tué  ;  d.  ;  —  dans  grande  permis- 
sion, f..  Mort  ;  81^  t.,  -16  ;  —  d'où  machine  à 
signer  les  permissions,  f.,  Mitrailleuse  ;  d. 

remettre  qqch.,  S'en  occuper  de  nouveau  : 
«  Est-ce  que  j'aurai  à  remettre  les  sondages  ?  »,... 
à  M'occuper  encore  des  sondages  (aériens)  ?  ; 
un  matelot,  mai  18. 

Plus  fréquemment,  remettre  ça,  1,  Engager 
une  contre-offensive,  Proposer  une  reprise  de 
duel,  Recommencer  l'offensive  ;  général,  usuel 
surtout  aux  contingents  des  grandes  villes  ;  | 
«  Reposez-vous,  les  petits  gars,  dit  l'adjudant 
Ligeois.  Demain  on  remettra  ça,  et  vous  cou- 
cherez le  soir  à  Vauquois,  allongés  sur  des 
tripes  de  Boches  !  »,  a.  f.  (46^  inf.),  N.  Contes 
vér.,  80;  Il  «  remettre,  au  sens  de  «  redonner  » 
(des  coups)  ou  «  répéter  »  (des  propos  désa- 
gréables) ))  est  usuel  dès  -07  au  moins,  dauzat, 
16-4-17,  667  ;  «  ils  furent  bousculés  par  un  trio 

—  456  — 


de  mauvais  aloi.  —  Vous  ne  pourriez  pas  faire 
attention,  leur  dit  M.  W<...>.  Alors  l'un 
des  flâneurs  :  —  Viens  donc  t'expliquer  dans 
un  coin...  Et  tout  en  disant  ces  mots  il  allongea 
son  poing  dans  la  direction  de  M.  W-<...>-  ; 
mais  celui-ci  para  le  coup.  A  ce  moment,  des 
agents  apparurent.  Les  apaches  se  disper- 
sèrent. Un  peu  plus  loin  MM.  <...>  se  trou- 
vèrent, encore  une  fois,  en  présence  des 
apaches  ;  mais  cette  fois,  ces  «  messieurs  » 
avaient  sorti  leurs  revolvers  et  leurs  couteaux. 
L'un  d'eux  s'approcha  de  M.  M<C.-->.  — 
Est-ce  qu'on  «  remet  »  ça,  tous  les  deux  ?  lui 
dit-il  »,  Matin,  13-8-13,  p.  2.  —  2,  Recom- 
mencer ce  qu'on  n'a  pas  achevé  du  premier 
coup  1  «  Nous  avons  forcé  un  avion  à  atterrir. 
Il  venait  nous  bombarder,  il  retournait  faire 
son  plein  ;  cinq  fois  qu'il  a  remis  ça  !  »,  un 
artilleur,  nov.  17;  |  «  T'as  donc  pas  compris 
qu'il  faut  en  finir  avec  la  guerre  ?  Si  on  doit 
remettre  ça  un  jour,  tout  c'  qui  a  été  fait  ne 
sert  à  rien  »,  Feu,  366  ;  «  A  la  fin  [d'un  dépla- 
cement par  chemin  de  fer]  on  arrive,  c'est-à- 
dire  qu'on  n'est  pas  arrivé  du  tout  ;  on  dé- 
barque les  roulantes  <...>>  ;  et  pour  terminer 
dignement  ce  beau  jour  on  «  remet  ça  »,  autre- 

—  457  — 


ment  dit^  <...>  on  prend  son  fusil  d'une 
main)  son  courage  de  l'autre  et  ses  jambes  à 
êon  cou  pour  se  rendre  à  un  cantonnement  qui 
s'obstine  à  être  toujours  un  kilomètre  plus 
loin  )),  la  Roulante^  in  B.  des  A.,  15-11-16.  — 
3j  1^,  Recommencer  (verbe  iûtransitif)  :  «  de 
«  remettre  ça  ))»,  de  vous  Donner  une  seconde 
série  de  renseignements,  un  officier,  (40^  s^n 
D.  G»  A.),  marins,  avr.  18  ;  «  si  je  tombais 
[de  mft  bicyclette],  je  remettais*  ça  ))j  un  ar- 
tilleur, déc.  17  ;  Un  moteur  a  un  pépin,  on 
l'arrange,  «  deux  mois  après  il  remet  ça  »,  un 
2d-m^  mécanicien,  déc.  17;  |  «  Si  les  Boches 
insistent  et  «  remettent  ça  »  (comme  on  dit 
fréquemment  à  la  section  téléphonique),  une 
voix  lance  dans  l'obscurité  de  la  sape  :  «  C'est 
un  arrosage  systématique  !  »,  Poilu  du  6-9,  in 
B.  des  A.,  15-11-16  ;  «  Ah  !  la  barbe  !  Ça  fait 
au  moins  cent  fois  que  j'  la  dis,  mon  histoire. 
Enfin,  puisque  ça  t'  fait  plaisir,  <...>  je 
r'metB  ça,  encore  une  fois  »,  g.  v.,  N.  Contes 
^ér.,  261  ;  «  Sept  heures  de  vol  hier,  quatre 
aujourd'hui,  et  demain  à  4  heures  je  «  remets 
ça  »  »,  DORME,  lettre,  2-7-16,  in  Gu.  Aér.,  23- 
8-17  ;  —  spécialement,  Repartir  au  front  : 
«Pour  moi,  ça  va.  Je  vais  sans  doute  remettre 

—  468  — 


ça  bientôt,  caf  je  suis  dans  lefe  ptemiers  à  partir. 
Je  ne  tn'en  fais  pas  pour  cela  »,  un  sergent 
(155e  inf.),  lettre,  20-9-16;  |  «  Il  a  déjà  été  à 
la  chasse,  comprends-tu,  *<•..>  Il  en  a  r'çu  ; 
il  sait  c'que  c'est  et  il  tient  pas  autrement  à 
r'mettre  ça  »,  Gaspard,  223.  —  2",  Recom- 
mencer (verbe  unipersontiel)  :  «  Ça  va  r*mett' 
ça  un  beau  jour  »,  l'accident  Se  reproduira  ; 
un  2'i-me  mécanicien,  fév.  IB. 

Si  l'on  n'avait  afftiire  qu'au  verbe  remettre 
qqch.,  S'en  occuper  de  nouveau,  on  l'explique- 
rait bien  par  une  locution  d'ouvrier  et  en  sous- 
entendant  le  remettre  sur  V établi.  Cette  expli- 
cation ne  convient  pas  pour  remettre  ça.  Des 
consommateurs  dans  un  café  se  demandent 
«  Qu'eSt-ce  qu'on  prend  ?  »,  et  prendre  signifie 
Boire  ;  des  soldats  sous  les  obus  se  disent 
«  Qu'est-ce  qu'on  -prend  !  »,  et  prendre  signifie 
Recevoir  ;  en  violentait  ces  deux  Verbes 
prendre  et  donnant  au  second  un  syn.  qui  ne 
convient  qu'au  premier^  on  obtient  «  Qu'est-ce 
qu'on  déguste  !  »  ;  déjà  plus  anciennement, 
trinquer^  c*était  Recevoir  des  coups.  Remettre 
ça  retravaille  l.e  même  ordre  d'idées  ;  chez  le 
bistro,  c'est,  après  avoir  été  l'invité.  Dire  au 
garçon  «  Remettes  ça  »  et  payer  à  son  tour,  de 

—  469  — 


façon  que  le  payant  ne  soit  pas  toujours  le 
même  :«  Le  garçon  invita  M.  G  <[•••>  à  prendre 
quelque  chose,  ce  qui  fut  accepté  avec  em- 
pressement. —  Remettez-nous  ça  !  déclara 
M.  G<...>,  qui  ne  voulait  pas  rester  sur  une 
invitation.  Nouveau  verre  au  comptoir  »,  Ma- 
tin, 2-8-13  ;  «  —  On  va  remettre  ça,  c'est  ma 
tournée  !  »,  bringer,  M.  le  Vicomte,  112  ; 
c'est  donc,  Rendant  la  politesse,  offrir  une 
tournée  ;  or  Rosser  quelqu'un  se  dit  lui  fiche 
une  tournée,  (le  faire  valser),  et  par  calem- 
bour lui  payer  une  tournée.  La  définition  re- 
mettre ça,  ((  Recommencer  à  se  battre  »  donnée 
par  AGATHA  ne  convient  qu'à  propos  de  deux 
combattants  dont  aucun  n'a  été  battu  et  qui 
font  une  reprise  après  une  trêve-Dieu  ou  un 
empêchement  majeur  ;  or,  au  sens  primitif, 
celui  des  bistros,  désire  remettre  ça  quelqu'un 
qui  se  considère  en  état  d'infériorité  chevale- 
resque ;  d'où  le  sens  Ayant  été  battu,  recom- 
mencer à  se  battre.  Désirer  une  nouvelle  re- 
prise pour  obtenir  un  avantage  définitif  et  une 
décision  heureuse.  —  L'extension  du  sens  jus- 
qu'à Recommencer  est  postérieure. 

Dans  le  texte  «  De  temps  à  autre  on  s'mettait 
ça  avec  les  gens  d'en  face,  histoire  de  s'  mon- 

—  460  — 


trer  qu'on  était  là  »,  g.  v.,  N.  Contes  vér.^  264, 
il  n'est  pas  évident  qu'il  faille  corriger  5'  met- 
tait en  remettait  ;  je  lis  dans  une  lettre  d'un 
Landais  (3^  chass.  d'Afrique)  «  je  suis  toujours 
en  trien  [train]  de  me  donner  ça  avec  les 
Boches  »,  juin  18. 

renfort,  m.,  Mandat-poste  ;  7^  génie,  d.  ;  || 
des  renforts  d'argent  est  du  meilleur  français, 
(du  Corneille,  in  hdt).  —  On  ne  saurait  trop 
préciser  les  sématismes  populaires  ;  on  peut 
supposer  qu'il  s'agit  de  *  soldats  de  renfort,  (les 
soldats  étant  les  Sous),  ou  de  ^chevaux  de  ren- 
fort ;  cette  dernière  hypothèse,  due  à  d.,  a 
l'avantage  d'expliquer  le  mot  cheval,  Mandat, 
mieux  que  ne  le  font  les  mots  argotiques  hidet 
et  postillon,  Correspondance  entre  prisonniers. 
Il  faut  remarquer  pourtant  qu'il  y  a  ressem- 
blance d'une  lettre  à  un  mandat  :  une  lettre 
étant  un  poulet,  on  en  a  tiré  pigeon.  Avance 
d'argent,  (delvau,  rig.).  Mandat,  (déch.)  — 
De  cheval.  Mandat,  (usuel  aux  soldats,  14-18  ; 
aux  lycéens,  Poitiers,  -94  ;  aux  fantassins, 
Orléans,  -97),  sont  issus  poney,  Billet  de 
500  francs  ;  rig.  ;  —  ours,  m..  Mandat  ;  aga- 
THA  ;  D.  ;  —  lapin,  m.,  Mandat  ;  d.  ;  —  sur  ours 
et  lapin  au  sens  Cheval,  voir  p.  566. 


461 


repasser,  Passer  en  revue  et  mettre  en  état  J 
«  Vous  allez,  sans  désemparer,  «  repasser  »  l'ap- 
pareil [l'avion],  de  la  première  à  la  dernière 
pièce  «,  DEÏ.ARQNCE,  Croquesel,  m,  in  France 
Militaire,  12-10-16. 

repérer,  1,  Voir,  Apercevoir  ;  usuel  et  gé- 
néral *.  «  Prends  garde  de  te  faire  repérer  I  », 
81^  t.,  14-17  ;  —  d'où  se  faire  repérer^  Etre 
pris  en  faute,  parce  que  c'est  aussi  le  sens  de 
se  fq^ire  s^oir  ;  —  2,  Trouver  ;  usuel  et  général  ; 
I  «  j'ai  repéré  un  coiQsteau  "^^Petit  Echo  (18®  t,), 
28-2-15  ;  «  Mme  Bicard,  ainsi  dirigée,  sut  re- 
pérer [dans  le  journal]  la  glorieuse  citation  à 
l'ordre  du  jour  »,  Bicard,  ii,  1  ;  —  3,  Discer- 
ner; I  «  On  y  [lui]  demande  comment  que 
c'est  qu'il  a  repéré  les  Turcs  »,..,  comment  il  a 
Reconnu  que  c'étaient  des  Turcs  qui  occupaient 
la  tranchée,  i6.,  ii,  9  ;  —  repérer  le  miaule,  aux 
Balkans,  c'est  Prévoir  qu'on  va  être  évacué  et 
par  quel  mulet  ;  (dans  le  civil  le  malade  est 
au  contraire  visé  par  les  croquemoris)  \  — 
4,  Choisir  (qqn)  à  demeure  pour  les  sales  cor- 
vées et  tri&tes  postes  :  «  Je  l'ai  à  l'œil,  je  l'ai 
repéré  et  photographié  »,  40®  art,,  -18.  —  Ce 
terme  d'artillerie,  familiarisé  aux  emplois  les 
moins  techniques,  s'est  d'autant  plus  aisément 


4G2 


étendu  que  Tartillerie  est  devenue  prépondé- 
rante ;  mais  on  le  trouve  dès  -81,  déguisé  en 
repérir,  (bien  incapable  d'être  décalqué  di; 
latin  reperire,  et  qui  offre  une  confusion  prove- 
nant de  l'écriture),  Guetter,  Observer,  dans  le 
jargon  des  voyous,  rig.,  et  en  -89,  repérer. 
Regarder,  macé,  Mes  lundis  en  prison,  264. 

replier  (se),  Fuir  à  toutei  jambes,  (même 
en  parlant  d'un  animal,  d'un  civil)  ;  usuel  et 
général,  14-18;  |  Bicard,  ii,  11;  —  euphé- 
misme, —  imité,  dit  le  poilu,  des  communi- 
qués officiels,  (de  l'ennemi,  s'entend). 

requin,  m.,  Avion  bimoteur  Caudron  R^4  ; 
aviateurs,  -18;  [  montgeorge.  —  Les  uns  y 
voient  une  métaphore  visuelle  frappante  sur 
cet  appareil  comme  pisciforme,  les  autres  ne 
découvrent  aucune  ressemblance  ;  comme  cet 
avion  sert  aux  bombardements,  je  pense  qu'e^ 
effet  il  a  été  jugé  assez  carnassier  pour  déve- 
lopper en  requin  le  R  de  sa  marque  ;  cf.  mort- 
subite. 

il^îréauisitionner.  Voler  ;  81®  t.,  14-17  et  pro- 
bablement général.  — •  Réquisitionner  c'est 
prendre  s^ns  payer  ostensiblement  ;  —  le 
même  euphémisme  est  usuel  en  Allemagne, 
Vorvi^aerts,  in  B.  des  A.,  16-18  mars  16,  p.  3, 

—  463  — 


—  Syssém.  :  acheter,  Chiper  ;  81^  t.,  14-17,  — 
qui,  sauf  l'intention  d'amorcer  une  devinette, 
ne  s'emploie  qu'avec  un  signe  d'ironie,  un  clin 
d'oeil,  un  sourire,  un  quart  de  silence,  ou,  en 
écrivant,  une  soulignure,  (cf.  Cabaret,  458). 

resquiller.  S'accorder  un  supplément.  A,  d'ab- 
sence ;  marii^s  \  «  J'ai  resquillé  un  quart 
d'heure  »,  mars  18  ;  |  resquiller,  S'esquiver  du 
bord,  B.  des  A.,  16-5-17,  p.  7,  traduction  sus- 
pecte ;  —  B,  de  bon  temps  :  «  Je  resquille,  on 
m'a  oublié  »,  On  oublie  de  me  réembarquer 
après  mon  année  de  terre,  marins,  -18  ;  — 
C,  de  boisson  :  «  Il  avait  resquillé  tout  le  reste 
du  litre  »,  ib.  —  Syn.  au  sens  A  :  charger,  S'oc- 
troyer un  supplément  de  permission  ;  d.  ;  — 
de  charger,  Exagérer. 

rétamer  un  appareil,  Briser  un  avion  ;  — 
se  rétamer,  Se  tuer  ;  —  aviateurs,  -17  ;  1 
Mousqu.,  20,  82.  —  On  dit  d'un  perroquet  qui 
chipote  un  bouchon  de  liège  qu'il  «  s'entend  à 
faire  des  bouchons  neufs  »  ;  rétamer,  c'est 
Remettre  à  neuf.  —  Cf.  rectifié. 

retour  de  campagne  (nœud  de).  Muscle  viril, 
que  le  défaut  d'exercice  n'a  pas  atrophié  ;  ma- 
rins, -18.  —  Syssém.  :  «  j'ai  eu  mon  «oucher 
du  jeudi.  —  Ton  crampon  des  contributions  ? 

—  464  — • 


—  Ah  !  ne  m'en  parle  pas  !  j'aimerais  mieux 
un  retour  d'escadre  !  Quel  enragé  !  »,  propos 
d'une  fille  de  maison,  Philibert,  80.  —  Cf.  «  Il 
se  tenait  là  comme  un  vit  de  noce  »,...  Raide, 
Gourmé,  Plein  de  soi  ;  un  marin,  déc.  17. 

retour  de  flammes  (à  la),  Extravagant  (en 
parlant  d'accoutrements)  :  «  des  aviateurs  et 
des  grues  habillés  à  la  retour  de  flammes  »,  un 
matelot,  mai  18.  —  Développé  de  flambard, 
flambant,  même  emploi,  mais  qui  a  un  sens  moins 
risible. 

retourné,  A,  Fou  ;  81®  t.,  -16  :  «  Quelquefois 

le  commandant  est  vraiment  retourné  et  dingo  »; 

I   Les  services  de  l'arrière,  il  y  en  a  tant  que 

c'est  «  à  en  devenir  r'tourné  »,  Feu,  120  ;  voir 

maouss-pépère  ;    —  syssém.  :    chaviré  ;  marins. 

—  B,  Saoul  ;  81®  t.,  juin  16  :  «  Hier  soir,  j'étais 
retourné  »  ;  40®  art.,  -18  ;  |  agatha  ;  —  ému, 
c'est  Ivre  à  un  certain  degré  ;  être  retourné, 
c'est  Etre  vivement  ému,  hdt  ;  cette  explica- 
tion vaut  mieux  que  de  rapprocher  «  Il  avait 
les  yeux  retournés  »,  Il  était  saoul,  un  Nantais, 
-16,  qui  rappelle  davantage  le  breton  mezo^ 
dall,  Saoul  à  en  être  aveugle. 

retournés    (les    bras).    Incapacité    de   travail 
(prétendue)  :  «  il  a  les  bras  retournés  »,  Il  est 

—  465  — 

ESNAULT  30 


paresseux  ;  81^  t.,  15-17  ;  «  il  est  né  les  bras 
retournés  »,  Il  est  paresseux  de  naissance,  un 
Parisien,  -16  ;  —  d'où,  syn.,  Jes  avoir  retournés, 
[les  Bras],  40^  art.,  -18  ;  —  et  syssém.  :  les 
avoir  cintrés,  [les  Bras],  40^  art.,  -18  ;  les  avoir 
en  vrille,  déch.  ;  avoir  les  bras,  ou  les  avoir,  à 
la  retourne,  Ne  pas  avoir  le  caractère  ouvrier, 
mécanos  d'avo^^,  Pau,  mars  18  ;  au  13^  tir.  alg., 
juilL  18,  on  souligne,  d'un  expressif  «  comm' 
ça  I  »  en  arrondissant  les  bras  ballants,  le  pouce 
sur  la  couture  du  pantalon  ;  |  «  Pour  le  turbin, 
je  les  ai  à  la  retourne  »,  Toussaint,  Vie  Par., 
26-8-16,  p.  647  ;  cf.  «  un  gentil  petit  gars,  tout 
franc  et  dessalé,  qui  ne  r'tournait  pas  les  mains 
devant  l'ouvrage  »,  Feu,  20-8-16  ;  —  mes  méca- 
nos m'expliquent  qu'ayant  toujours  les  mains 
huileuses,  ils  les  mettent  sur  la  hanche  par  le 
revers  quand  ils  n'ont  pas  affaire  à  la  machine, 
et  que  dans  cette  posture  les  bras  sont  retour- 
nés ;  cette  image  explique  bien  le  texte  du  Feu, 
suffisamment  la  locution  a^oir  les  bras  à  la 
retourne,  mais  point  celle  de  naître  les  bras 
retournés,  qui  parle  d'une  incapacité  congéni- 
tale dont  le  sématisme  est  donné  ici  sous  poilus 
(pieds). 
revue  (être  de  la),  A,  Ne  pas  avoir  à  manger  ; 

—  466  — 


i 


8le  t.,  14  (les  Parisiens)  -17  ;  —  B,  Etre    frus- 
tré  de    sa   légitime,    Ne   pas   participer   à   une 
faveur  ;    divers    soldats,    surtout    les    parisia- 
nisés,  14-17  :  «  Encore  une  perm  qui  m'échappe, 
i'suis    toujours    d'    la   r'vue   »  ;  |    D.    m.    p.;  || 
«  Il  n'y  a  que  les  pantes  qui  ont  une  couche  de 
veine...  Je  suis  de  la  revue  jusqu'à  la  gauche  », 
Nénesse,  248.  —  On  ne  tire  bien  cette  locution 
ni  des  revues  inilitaiFes  quoique  on  se  brosse  et 
qu'on  aille  à  V astiquage    avant    de    les    passer, 
ni  d'aller  ^oir  défiler  les  dragons,   Jeûner  par 
force,   (rig.),  ni  de  quelque  phrase  comme  Je 
n'ai   rien    pour   vous    aujourd'hui,    mais    nous 
sommes  de  revue.  Revue  (de  théâtre)  semble  le 
substitut  de  comédie  ;  être  à  la  comédie,  A,  Chô- 
mer ;  RIG.  ;  B,  Etre  sans  le  sou  ;  hogier-grison, 
Le  monde  où  Von  vole  (1887)  ;  envoyer  à  la  co- 
médie,   Congédier  ;    dlle  ;    ce   rapprochement, 
sans  indiquer  le  sématisme,  recule  la  difficulté, 
ricain,  m..  Soldat  yank  ;  95^  inf.,  depuis  le 
contact  avec  les   Yanks,   avr.   18  ;  «   Les  filles 
n'en  ont  plus  que  pour  les  Ricains  »,  lettre  d'un 
soldat  du  95^  en  permission,  sept.  18.  —  Apo- 
cope analogue  :  talien,  m.,  Italien  ;  d. 

rifle,  m.,  Combat  :  «  Tu  viens  au  rif    ?»,   un 
permissionnaire  retournant  au  front  à  un  soldat 

^  467  — 


de  l'arrière,  pour  le  traiter  d'embusqué,  nov.  17  ; 
2e  c^l^  -18  ;  —  rifle,  Feu,  argot  ;  e'est  un 
vrai  calembour  pour  journaux  amusants  de 
comparer  un  soldat  qui  a  longtemps  été  au  feu 
à  une  argile  réfractaire  ;  il  faut  de  la  déduction 
pour  retrouver  dans  ce  feu  image  de  combus- 
tion ;  l'accommodation  du  mot  rifle  à  un  sens 
aussi  spécial  et  technique  ne  se  fait  que  chez 
quelqu'un  qui  pense  au  mot  feu  et  par  parasi- 
tisme ;  cf.  pépère  ;  —  de  même  jaffe.  Soupe, 
mot  d'argot,  usuel  au  66^  chass.,  -18,  s'en- 
tend de  soi-même,  mais  être  de  jaffe,  Etre  de 
corvée  pour  aller  chercher  la  soupe,  p'tit  gars, 
n'est  possible  que  par  référence  à  la  locution 
technique  être  de  soupe. 

rigolo,  m.,  Fantaisiste  :  «  combien  se  sont 
tués  et  ont  tué  en  voulant  émerveiller  la  galerie, 
«  en  faisant  les  rigolos  »,  selon  l'argot  d'aéro- 
drome »,  MORTANE,  Gu.  Aér.,  12-7-17,  p.  546. 
—  Idée  de  Clown  aérien. 

rimailho,  m.,  1,  Viande  roulée  en  cylindre, 
en  gros  boudin  enrobé  d'une  gaze  ;  on  le 
nomme  aussi  «  saucisson  d'Australie,  viande 
protégée  »,  c'est  intermédiaire  entre  le  «  singe  » 
et  la  viande  fraîche  ;  fiolle,  La  Marsouille, 
243  ;  —  cylindre,  donc  candh,  donc  rimailho, 


468 


Canon  établi  par  M.  Rimailho,  célèbre  auprès 
des  troupiers  dès  sept.  14.  ■ —  2,  Embusqué  ; 
«  Et  comme  tout  s'enchaîne,  un  troisième  Ri- 
mailho est  en  train  de  naître,  qui  n'est  ni  un 
canon,  ni  un  saucisson  d'Australie  :  lorsque, 
parmi  les  pauvres  bougres  crasseux  qui  re- 
viennent des  tranchées,  passe  un  automobiliste 
fringant,  un  mot  fuse  parfois  :  «  Tiens  !  un 
Rimailho  !...  une  viande  protégée  !...  »,  ib.  — 
Syssém.  :  viande  protégée,  f.,  Embusqué  : 
«  «  Indispensable  »  —  c'est  <<...>  la  porte 
ouverte  par  où  passent  les  «  viandes  protégées  » 
à  travers  les  lois  les  plus  étroites  et  les  instruc- 
tions les  mieux  cadenassées  »,  p.  c.  Pays,  3-4-18. 
rince- Boches,  m.,  Baïonnette  ;  dauzat,  16- 
4-17,  660  ;  —  calembour  sur  rince-bouche.  — 
Syn.  :  vide-Boches,  m.  ;  ib.  ;  —  calembour  sur 
vide-poches.  —  tourne- Bôche,  m.;  sain.  ;  «  Le 
Tourne- Boche  »,  nom  d'un  journal  du  front  ; 

D.  m.  p.,  233;  —  calembour  sur  tourne- broche. 
—  tire-Boche,   m.  ;  apax,  81®  t.,   mars  16;  | 

E.  H.,  Temps,  24-5-15  ;  —  calembour  sur  tire- 
bouchon.  —  Cf.  embocher,  Tuer  le  Boche  avec 
sa  propre  baïonnette  ;  d.  ;  —  calembour  sur 
embrocher. 

Rip    (jouer),    S'en    aller.    Fuir  ;    17®    chass., 


469 


juin.  18,  L.  SAMBARDiER.  —  Galemhour  sur 
riper,  dériper,  mcnxe  sens,  usuels  aux  Pari- 
siens ;  théâtral  comme  jouer  la  Fille  de  Vair, 
il  le  renouvelle.  —  Syssém.  de  riper  :  glisser, 
Partir  au  repos  ou  en  permission  ;  d. 

rocobille,  m.,  Eau-de-vie  ;  48^  t.,  (Champe- 
nois en  majorité),  hiver  16-17;  «  du  rococo,  du 
rocobille  )),  un  adjudant,  ancien  colonial,  de 
Nancy,  juill.  17  ;  —  le  mot  est  peu  répandu  (^)  ; 
cf.  crocomolle,  Eau-de-vie,  rig.  ;  croquomolle, 
Eau-de-vie  de  cidre,  richepin.  Brades  gens,  i, 
12,  (éd.  Lafitte). 

ronflant,  m..  Nez  :  «  un  coup  de  poing  sur  le 
ronflant  »,  Feu,  21-8-16.  —  Syn.  :  reniflant,  m., 
Nez  ;  Cabaret,  466  ;  ||  rig. 

ronfles  (en  avoir  plein  les).  En  avoir  assez  et 
plus  qu'assez   (d'une   chose  désagréable)  ;   mé- 


(^)  Je  n'ai  que  deux  faits  :  lo  second,  de  l'adj.  Stei- 
ninger,  récemment  venu  du  41  <^  t.  au  81^  t.  ;  l'autre, 
dû  au  témoignage  de  M'"^  Kiefïer,  Laître-sous-Amance, 
entre  24-1-17  et  2-2-17,  chez  qui  le  48^  t.  avait  eu  une 
popote.  —  A.  MAZERY,  mou  sergent-major,  présent  à  ce 
témoignage,  présent  peut-être  aussi  à  l'autre  fait,  a 
transmis,  à  d.,  j'ignore  pourquoi,  une  forme  rocabi.  — 
De  soldats  du  81^  t.  je  n'ai  jamais  recueilli  ni  colifi,  ni 
glinglin,  ni  Rosalie,  transmis  à  d.  par  a.  mazery. 


470 


canos  û'ry^^,  Pau,  mars  18  ;  156^  inf.  (Pari- 
siens), juin  18.  —  Ces  mécanos  s'étonnaient 
qu'une  femme  eût  employé  cette  locution  ï 
faire  ronfler  le  bourrelet,  Chier,  (rig.),  permet 
de  supposer  un  mot  ^ronflantes.  Fesses,  dont 
ronfles  serait  l'apocope.  Il  est  plus  vraisem- 
blable que  les  ronfles  sont  les  narines.  —  prendre 
une  ronflée,  Se  saouler  ;  13^  tir.  alg.,  -18  ;  — 
c.-à-d.  s'en  mettre  plein  les  trous  de  nez  ? 

Rosalie,  f.,  la  Baïonnette  ;  usuel  au  80^  t., 
-16,  à  Boesinghe  près  Ypres  ;  |  botrel,  chan- 
son, in  B.  des  A.,  4-11-14  ;  Echo  des  Gourbis^ 

3-5-15   ;     AGATHA  ;     LAMBERT  ;     M.     B.     (22^     t.), 

Contes  vèr.,  172  ;  f.  d.,  i6.,  296  ;  a,  f.,  iV.  Contes 
9ér.,  88  ;  G.  V.,  i6,  265,  268  ;  après  avoir  fêté 
ce  mot,  l'Arrière  a  été  avisé  qu'il  n'était  pas 
fort  répandu  :  «  si  vous  dites  «  Rosalie  »  pour 
désigner  la  baïonnette,  il  y  a  des  chances  pour 
que  vous  ne  soyez  pas  compris  !  »,  Guide  des 
visiteurs  au  fronts  Rigolboche,  in  B,  de^  A., 
20-9-16  ;  il  est  certain  au  contraire  qu'on  se 
fera  très  bien  comprendre,  pourvu  que  l'objet 
ainsi  nommé  soit  proche  de  l'esprit  ;  —  mais  on 
déplaira  à  l'auditeur  s'il  sait  que  la  vogue  litté- 
raire du  mot  est  due  à  M.  Botrel,  et  s'il  est  d'un 
autre  bord  politique  que  ce  poète  ;  M,  Barbusse 

—  471  — 


Ta  réservé  aux  embusqués,  Feu,  131  ;  M.  Er- 
nest Charles,  Pays,  fin  fév.  18,  juge  que  c'est 
une  perle,  dans  fabri,  Uart  et  la  manière,  de 
dire  au  poilu  «  Enfonce-toi  bien  dans  la  tête 
que,  dans  le  civil,  là  baïonnette  s'appelle 
«  Rosalie  ))  »  ;  cet  ostracisme,  facile,  rappelle 
le  péché  que  commettent  depuis  Jules  Le- 
maître,  non  pas  ceux  qui  lisent  du  Georges 
Ohnet,  mais  ceux  qui,  en  lisant,  ne  l'avouent 
pas.  —  Tout  le  monde  admet  sans  peine  que 
d'autres  noms  de  baptême  aient  été  accordés 
aux  objets  familiers,  cf.  Charlotte,  Eugène, 
Eusèbe,  Gaspard,  Grosse  Julie,  Joséphine,  Petit 
Pierre,  Philibert,  Victor,  etc.,  et  zigomar,  sans 
pour  cela  croire  à  leur  universalité. —  Cî.Mlle  Le- 
hel,  le  Fusil  86,  barres.  Echo  de  P.,23-12-15. 

rototo,  m.,  Moteur  rotatif  d'avion  ;  Miramas, 
mai  18  ;  —  déformation  comique  ou  assimila- 
tion phonétique  involontaire  de  la  deuxième 
syllabe  de  *rotato,  apocope  de  rotatif  ;  cf.  ç>éto. 

rouffionner,  1,  Ronfler  :  «  Tu  rouffionnais  », 
un  sergent  ex-marin,  81^  t.,  15,  (inusité  autre- 
ment au  81^  t.)  ;  — -2,  Dormir  :  «  on  va  pou- 
voir rouffionner  un  brin  [au  cantonnement]  », 
PARAUD,  96,  (mal  transcrit  «  roupionner  »  dans 

SAIN.)   ;   LAMBERT. 

^  472  — 


rouge  (gros),  m.,  Vin  roùge  de  basse  qualité  : 
«  Passe  vite  le  gros  rouge  que  j'  m'en  foute  un 
coup  dans  1'  mirliton  )),  Crapouillot,  in  Front, 
16-3-17.  —  Syn.  :  bœu,  m.,  Vin  couleur  sang- 
de-bœuf,  Nantais,  81^  t.,  -15. 

rougeole  (boîte  à),  f.,  Etui  de  la  cagoule  ;  d 

roulante,  f.,  Cuisine-roulante  ;  11^  inf.,  avr 
16  ;  81®  t.,  mai  16  ;  |  «  le  «  jus  ))  de  la  rou 
lante  »,  Canard  du  Boyau,  in  B.  des  A.,  27-5-16 

roule- cerceaux,  m.,  Voiture  automobile  lé 
gère  et  de  luxe  pour  le  service  des  officiers 
automobilistes  de  l'armée  d'Orient,  16-17 
«  Eh,  va  donc,  avec  ton  roule-cerceaux  !  »,  crie 
un  «  charretier  »  à  un  «  chien  de  luxe  ».  —  Les 
cerceaux  en  question  sont  les  Galons  circu- 
laires des  officiers,  et,  par  métonymie,  les 
Officiers  ;  —  syssém.  ;  frette,  Galon  à  la  cas- 
quette ;  marins  ;  —  cf.  cylindre  ;  —  self  ;  — 
deux- segments,  m..  Lieutenant  ;  trois-seg- 
ments,  m..  Capitaine  ;  automobilistes  ;  |  paw- 
LowsKi,  Signaux,  119  ;  —  segment,  Anneau  de 
fonte  douce  qui  fait  l'étanchéité  de  compres- 
sion entre  le  piston  et  la  chemise  ;  sa  circonfé- 
rence est  rompue  d'une  fente  ;  on  «  tierce  »  trois 
segments  en  les  superposant  de  façon  que  les 
fentes  se  contrarient  d'un  tiers  de  cercle  ;  d'où 

---  473  -^ 


métaphore  :  a  J'  sais  qu*  les  segments  du  pis- 
ton [=  du  capitaine]  sont  bien  tiercés  et  qu'il 
a  de  la  compression  pour  m'envoyer  rebondir  », 
ib, 

roule- par- terre,  m.,  Eau- de- vie  ;  marins,  juin 
18;  I  AGATHA.  —  Nos  aïcux  disaient  «  vin  de 
pie,  vin  de  singe,  vin  de  lion,  vin  de  pourceau  », 
pour  noter  les  stades  de  l'ivresse  :  si  gnole 
signifie  Chantante,  il  répond  à  vin  de  pie  ;  si 
c'est  Niaise,  à  vin  de  singe  ;  pousse- au- crime  et 
saute- à'ia- crête  répondent  à  vin  de  lion  ;  roule- 
par-terre  à  vin  de  pourceau.  —  Syn.  :  traîne- 
par- terre,  m.  ;  d.  ;  —  roule- tout- debout,  m., 
D.  ;  — ^  le  poivrot  roule,  puis  tangue,  puis  coule 
bas.  —  L'homme  qui  a  trop  bu  est  éteint^ 
40^  art.,  -18,  —  allumé,  s'il  eût  moins  bu. 

roupane,  f.,  Tunique  ;  cavalerie  ;  d. 

rouski,  m.,  Réclamation  bruyante  ;  81®  t., 
14-17  ;  I  LAMBERT  ',  |1  Brest,  -07.  —  Suffixa- 
tion libre  de  rouspettau,  m.,  Bruit,  dlle.'—  Du 
même  radical,  et  syn.  :  rouspétance,  f,,  usuel 
dès  -81  ;  RiG.  ;  —  rouscaillure,  f.  ;  D.  m.  p.  ; 
Feu,  126,  203  ;  —  rouscaille,  f.  ;  usuel  aux 
109e  inf^  et  ge  génie. 

rousser,  Ronchonner  :  «  J'  dis  qu'  tu  rousses 
[contre  eux]   et  qu'  pourtant  tu  voudrais  bien 

_  474  ^ 


êtro  à  leur  place  »,  Feu,  121  ;  cf.  ib.,  11,  125, 
—  roussoter,  même  sens,  ib.,  12. 

roustance,  f..  Cuisine  ;  d.  —  Boustissure,  suf- 
fixe d'après  cuistance. 

ruche  (se  taper  la),  Manger  à  suffisance  ; 
359^  inf.  (Lyonnais), -16  ;  \\  usuel  à  Lyon, -13. — 
Syssém.  :  se  taper  la  hotte,  Bien  manger  ;  Feu, 
20-8-16  ;  PUNCH,  Fantasio,  15-8-16  ;  —  les 
ruches  sont  souvent  der,  hottes  de  paille  ;  — 
se  taper  la  cloche,  Bien  manger  ;  P.  ris,  -10  ;  — • 
la  hotte  et  la  ruche  ont  une  hauteur  ovalisée 
comme  la  cloche  et  toutes  trois  somatisent  par 
là  la  tête  humaine  ;  —  se  taper  la  cerise,  Bien 
manger  ;  Gaspard,  57  ;  —  la  cerise,  la  Tête  ;  cf. 
se  refaire  la  crise.  Feu,  9-8-16  ;  se  rebecqueter 
la  cerise.  Reprendre  des  forces,  style  de  boxeurs, 
vAUTEL,  Matin,  10-2-09  ;  —  se  taper  la  gueule, 
se  taper  la  tête,  Bien  manger  ;  81^  t.,  -14  (Pa- 
risiens) ;  270^  art.  -18  ;  —  se  cogner  la  tête, 
Manger  ;  Feu^  204  ;  —  se  la  sonner,  Bien  dîner  ; 
RiG.  —  Sonner,  cogner  et  taper,  syn.  entre- 
substituables  ;  ainsi,  à  A,  se  taper  la  tête  ; 
B,  se  taper,  Ne  pas  avoir  part  ;  C,  taper  qqn,  lui 
Soutirer  de  l'argent  ;  D,  taper,  Puer,  [ça  tape, 
Ça  pue  ;  marins,  -18  ;  usuel  aussi  à  Genève  ; 
taper  du  placard.  Avoir  l'haleine    fétide,    270^ 

—  />75  -- 


art.,  -18),  —  répondent  :  A,  se  cogner  la  tête  ; 
B,  se  cogner,  Ne  pas  avoir  part  ;  poulbot, 
Journ.,  25-12-16  ;  ross.  ;  C,  cogner  qqn,  lui 
Demander  de  l'argent  ;  ross.  ;  D,  cogner,  Puer, 
Sentir  fort,  («  Ma  voisine  est  rudement  par- 
fumée. —  Oui,  ça  cogne  !  »,  Poilu  du  37,  in 
B.  des  A.,  31-1-17). 

Se  taper,  cogner, ou  sonner,  la  tête,  signifie  que 
le  geste  de  porter  l'aliment  à  la  bouche  res- 
semble à  celui  de  porter  une  taloche  au  mu- 
seau :  «  Car,  au  nombre  de  ses  péchés  mignons, 
Plumage  avait  celui  de  collectionner  les  «  pom- 
pons »  et  d'entretenir  les  cuites.  Chaque  jour 
il  se  perfectionnait  dans  ce  sport  du  gosier  et 
des  taloches  sous  le  nez  w,  Echalote,  m,  11. 
Cette  même  image  peut  aussi  s'exprimer  en 
prenant  pour  complément  d'objet  non  plus  la 
tête  qu'on  tape  de  qqch.,  mais  la  chose  dont 
on  tape  la  tête  :  «  sous  les  pilliers  [des  halles] 
où  'tapions  simpelment  d'misptier  de  six 
yards  »,  Madame  Engueule,  (1754),  scène  8, 
in  NisARD,  Quelques  parisianismes,  14  ;  «  Allons- 
nous  nous  en  taper  !  »,...  Boire,  scribe,  Uhon- 
neur  de  ma  fille,  (1836),  in  rig.   —  Cf.  gnole. 

rupture  (en).  Fou  :  «  Qu'est-ce  qui  t'  prend, 
t'es   pas   en  rupture,   des   fois  ?   »,    Feu,   257  ; 


476 


sous-entendu  :  de  cabanon.  —  Cf.  «  Grand,  et 
si  maigre,  et  si  osseux,  qu'il  semblait  en  rup- 
ture de  cercueil  »,  acker,  La  classe,  30  ;  cf. 
échappés. 

russe,  m..  Nouvelle  recrue  ;  au  dépôt  du 
...^  dragons,  dans  Touest  :  «  Un  bleu,  c'est  un 
Russe.  Si  vous  demandez  pour  quelle  raison, 
on  vous  répond  :  «  C'est  parce  que  la  Russie 
mobilise  !  ))  »,  e.  h.,  Temps,  24-5-15.  —  L'éty- 
mologie  semble  autre  :  le  Russe,  le  Bleu,  mot 
de  soldats  bavarois  et  wurtembergeois  ;  et  en 
allemand  populaire  er  ist  ein  Russe,  Il  a  bon 
dos,  C'est  un  lourdaud,  delcourt  ;  on  peut 
supposer  que  le  dépôt  en  question*  avait  appris 
ce  mot  de  prisonniers  boches  ;  cf.  boucher  noir. 
—  Ce  fut  sans  doute,  d'ailleurs,  une  plaisan- 
terie passagère,  analogue  à  celle  d'appeler 
boches  les  premiers  soldats  de  renfort  arrivés 
au  front  en  bleu  horizon  et  qui  semblèrent 
odieusement  laids,  81^  t.,  janv.  15  ;  —  (par 
une  rencontre  curieuse,  ou  par  propagation  de 
France  en  Suisse,  les  soldats  genevois  disent 
aussi  Tu  as  tout  du  Boche,  Tu  as  la  nouvelle 
tenue,  Schw.  Sold.,  72). 

russes,  f..  Linges  dont  on  s'enveloppe  les 
pieds  ;  agathaiç  —  ellipse  du  mot  chaussettes  ; 

—  477  — 


i 


chaussettes  russes^  même  sens,  est  ancien  ;  ccjs 
linges  sont  d'usage  norçi  1  chez  le  paysan  russe 
et  réglementaires  dans  l'armée  russe  ;  cf.  gau- 
THIOT,  80. 

sabre,  m.,  Mandat  ;  d. 

sac  à  terre,  m.,  A,  Imbécile  ;  —  voir  ballot. 
—  B,  Obus  :  Les  «  «  sacs  à  terre  »  radinaient 
sur  nous,  en  vitesse  »,  j.  des  vignes  rouges, 
Joum.,  1-6-16  ;  —  syssém.  :  sac  à  charbon, 
m.,  a,  Gros  obus  ;  325®  inf.  (Poitevins),  août- 
sept.  14,  en  Lorraine  ;  cohen,  74  ;  —  b,  Obus 
de  tranchées  ;  cuirassiers,  1®^  gr.  léger,  15-16  ;  — 
Texplosion  de  Tobus  dégage  comme  un  nuage 
livide  et  noir  et  pulvérulent  de  charbon  ou  de 
terre  ;  les  noms  ci-dessus  concrétisent  la  même 
image  que  note  gros  noir  ;  ils  visent,  comme 
marmite,  le  contenu  de  l'obus,  mais  ils  le  spé- 
cifient, en  donnent  une  image  plus  simple,  et 
la  couleur  de  l'explosion  devient  l'essentiel  du 
sématisme  ;  —  ne  pas  confondre  avec  seau  à 
charbon. 

sac  à  viande,  m..  Sac  de  couchage  :  deux 
pièces  de  coton,  cousues  à  un  bout,  et  sur  les 
côtés,  jusqu'à  la  hauteur  de  la  poitrine,  où 
elles  comportent  de  chaque  côté  un  soufflet  ; 
la    pièce    qui    reçoit    le    dos    plus    longue    que 

—  478  — 


Pautre,  de  façon  à  recevoir  aussi  la  nuque  ; 
8le  t.,  16-17  ;  40e  art.,  -18  ;  —  syn.  sac  à  bi- 
doche,  m.,  8le  t.,  16-17  ;  40^  art.,  -18.  —  Sac 
à    viande,    Chemise  ;    prison    de    Reims,    -50, 

TABBÉ    ;    MERLIN. 

sac  à  lest,  sac  de  lest,  m.,  Soldat  aviateur 
non  pilote,  (mitrailleur,  bombardier,  observa- 
teur) :  «  En  voiture,  le  lest  !  »,  invitation  du 
pilote,  17-18;  |  «  Ignorants  des  ailes,  ils  s'em- 
barquent auprès  de  n'importe  quel  pilote 
<!...>  les  sacs  à  lest,  des  sacs  pensants  », 
DAÇAY,  Gu.  Aér.,  15-3-17,  p.  286,  et  ib.,  17-1-18, 
p.  158  ;  Il  le  lest,  les  Fantassins  à  bord  d'un 
transport  ;  marins.  —  Syssém.  :  colis,  m.,  Ob- 
servateur en  avion  ;  aviateurs,  août  18.  - — 
morpion  de  carlingue,  m.,  Radiotélégraphiste  ; 
ib.  ;  ■ —  parasite  du  pilote,  il  se  fait  porter,  (cf. 
fainéant)  ;  en  outre  lui-même  se  plaint  cons- 
tamment d'avoir  des  parasites,  c.-à-d.  des 
Bruits  provenant,  dans  son  appareil,  des  cou- 
rants telluriques  ou  météoriques. 

sac  à  linge,  m.,  Sergent- fourrier  ;  D.  m.  p. 
—  Idée  :  il  est  vêtu  de  première,  du  moins 
habillé  de  première  main  ;  du  linge,  c'est  une 
Femme  coquette  ;  rig. 

saint- honoré,  m.,  Pain  (de  munition)  :  «  On 

—  479  ■— 


a  conservé  par  prudence  <...>  un  quignon  du 
Saint- Honoré  »,  Feu,  58.  —  Louange  sincère  ? 

salopette,  f.,  Pantalon  de  toile,  bleu,  recou- 
vrant ou  remplaçant  le  pantalon  de  drap  ou 
4e  velours  ;  81®  t.,  14-17;  ||  «  Large  pantalon  » 
des  ouvriers  de  Paris,  a.  daudet.  Une  éç^asion 
(1871),  (à  la  suite  de  Robert  Helmont,  in-8^ 
p.  71).  —  Protégeant  le  vrai  pantalon,  elle 
prend  pour  elle  les  saletés  pendant  le  travail. 

sang  des  autres  {le),  la  Décoration  de  la  Lé- 
gion d'honneur  ou  de  la  Croix  de  guerre, 
quand  elle  est  attrapée  par  faveur  ou  atteinte 
à  Tancienneté  ;  81®  art.  1.,  mai  18.  —  L'idée 
est  celle  de  la  fable  de  Bertrand  et  Raton  ; 
mais  le  sématisme,  s'il  n'a  pas  été  créé  par  le 
rouge  de  la  Légion  et  celui  que  comporte  la 
croix  de  guerre,  s'en  trouve  précisé.  Hugo,  à 
l'archevêque  de  Paris,  complice  selon  lui  du 
crime  de  Décembre,  disait  «  Et  ce  n'est  pas 
de  vin  Que  ton  ciboire  est  rouge  ».  —  Syssém.  : 
charognard,  m.,  Officier  qui  obtient  avance- 
ment et  honneurs  à  l'arrière  ;  d.  —  Il  profite 
des  cadavres.  «  Les  affaires,  c'est  l'argent  des 
autres.  » 

sardoche,  f..  Sardine  (à  l'huile)  ;  81®  t., 
août-déc.    14    (Nantais).    —    Libre    suffixation 


480 


altérant  le  radical  ;  —  de  même  manoche,  f., 
Manille,  (jeu)  ;  81^  t.,  -15;  |  «  à  faire  la  «  ma- 
noche »  )),  Gaspard,  221  ;  —  cantoche  ;  ^er- 
noche  ;  allemoche  ;  filocher.  —  Cf.  rasoche. 

sauce,  f..  Essence  (de  moteur)  ;  aviateurs, 
mars  16- juin  18  :  faire  son  plein  de  sauce  ;  — 
mettre  la  sauce,  Mettre  l'essence  carburée  ; 
mettre  toute  la  sauce,  pour  forcer  de  vitesse. 

saucisse,  f.,  A,  Ballon  captif  allongé  (pour 
l'observation)  ;  81®  t.,  avr.  15  ;  universel  et 
admis  en  style  officiel  dès  -15.  —  D'où  sau- 
cissemann,  m.,  Observateur  en  saucisse  ;  mé- 
téorologues à  Rosnay,  -17  ;  —  suffixe  germa- 
nique allusif  à  l'amour  des  Boches  pour  les 
saucisses  ^  cf.  choucroutman,  Allemand,  dlle, 
F.- A.  —  Syssém.  :  boudin,  m..  Captif  allongé  ; 
81®  t.,  15-16;  —  boudin  cavaleur,  m.,  1,  même 
sens  ;  —  cavaleur  parce  qu'il  se  déplace  en 
campagne  par  les  moyens  d'automobilisme, 
en  mer  par  ceux  de  navigation,  auxquels  son 
câble  le  rattache  ;  —  2,  Femme  collante  ;  d.  ; 
—  parce  qu'elle  vous  espionne. 

B,  Tuyau  de  poêle,  ou  Crapouillot  ;  81®  art.  1., 
mai  18  ;  mot  «  spécial  à  la  région  des  Vosges  », 
me  dit  un  témoin  ;  |  Les  Boches  lancent  «  des 
marmites,  des  saucisses  et  des  tortues  »,  lettre 

—  481  — 

ESNAULT  31 


d'un  soldat  du  front,  in  sain.  —  D*où  sau- 
cisson, m.,  même  sens  :  «  Quelques  minen^  des 
«  saucissons  »  éclatent  »,  l'autre  sergent, 
Œuçre,  4-11-16  ;  Bourru,  65. 

saucisson  d'Australie,  m..  Viande  roulée  en 
cylindre  sous  une  gaze  protectrice  ;  voir  ri- 
mailho. 

saute-à-la-crête,  m.,  Eau-de-vie  ;  156^  inf., 
avr.  18. —  Syn.  :  saute- parapet,  m,  ;  inf..  Lorraine, 
14-15.  —  On  en  donne  au  troupier  pour 
sortir  à  l'assaut  de  la  crête  qu'occupe  l'en- 
nemi ;  —  notons  que  crête,  Ligne  faîtière  d'une 
hauteur,  terme  de  topographie,  est  devenu 
tout  à  fait  usuel  dès  le  début  de  la  guerre  chez 
une  foule  de  paysans  et  d'ouvriers  qui  autant 
dire  l'ignoraient,  81®  t.,  sept.-oct.  14. 

sauterelle,  f .,  A,  Fusil  mitrailleur  ;  289®  inf., 
juin  18.  —  Cette  arme  est  pourvue,  pour  assurer 
la  visée,  d'une  double  béquille  de  bois; —  d'où, 
syssém.  plus  simple  :  îusil  à  pattes, m., même  sens; 
66®  chass.,  mai  18.  —  Ces  pattes  ne  l'empê- 
chent pas  de  sauter  ;  d'où  son  nom  de  cabri, 
m.  ;  D.  —  B,  Lance-bombe  à  ressort,  sorte  d'ar- 
balète ;  -15,  j.-p.-FAURE.  —  Le  f.-m.  a  hérité 
l'emploi  tactique  de  cet  engin  de  tranchées. 

savé  (no-).  Je  ne  comprends  pas  (ce  que  vous 

—  482  — 


dites),  Je  ne  sais  pas  (la  chose  que  vous  ftie 
demandez)  ;  marins,  janv.  18  et  avant.  —  Les 
Américains,  matelots  et  officiers,  conjuguent 
/  saç'^y,  he  sa^^çies,  do  yoU  sa^vy  ?  I  saççièdy 
et  y  voient  une  itnportation  mexicaine  intro- 
duite par  le  sud-ouest  des  Etats-Unis. 

schlass^  A,  Ivre  ;  81^  t.,  -16;  |  Feu,  113  ; 
FAGus,  564;  11  commis  de  magasin,  -10  ;  slasse, 
slassique  Ivre,  dlLe  ;  —  au  81^  t.,  on  prononce 
aussi  chass  ;  —  B,  Esquinté  t  «  je  suis  schlass  », 
Je  suis  éreinté  ;  Nancéiens,  mai  18.  —  dlle  le 
tire  d'un  hypothétique  *  soûlasse  ;  sAiN.  d'un 
hypothétique  *cheulasse  ;  fAgus  de  Tallemand 
geschlossen. 

schloff  (faire),  Dormir  ;  Feu,  236.  —  Plus 
anciennement  aller  au  schloff,  aller  à  schloff. 

schraspout,  m..  Obus  :  «  —  Rentre  et  ferUne 
la  porte  encore  une  fois,  on  f  ra  tant  qu'on 
finira  pas  [par]  s'  faire  f...  des  schraspouts  sut 
la  gueule  »,  boulanger,  Est- Républicain,  20- 
8-16.  —  Consultation  du  d^  Abt,  l'ophtalmo- 
logue nancéien  :  Schraspout  créé  depuis  la 
guerre  est  d'aspect  très  lorrain  ;  beaucoup  de 
mots,  —  exprimant  des  idées  de  coups  et  de 
rossée,  —  reçoivent  dans  le  parler  de  Nancy  le 
suffixe    -pout,    particulièrement    les     monosyl- 


483 


labes  ;  capout  est  lorrain  autant  que  boche  ; 
on  entend  couramment,  et  dès  avant  -14,  les 
paysans  lorrains  dire  Je  suis  craspout,  Je  suis 
foutu  ;  un  mot  comme  schlass,  Esquinté,  de- 
viendra aisément  * schlasspout  ;  la  terminaison 
-spout  de  ces  deux  mots-là,  la  ressemblance  de 
schlass  et  de  shra-,  ont  pu  influencer  particu- 
lièrement shrapnell  pour  y  introduire  un  s. 

scrapnell,  m.,  Shrapnell  ;  81^  t.,  15-17  ;  un 
2d-m®  (qui  a  fait  les  Dardanelles),  mars  18, 
(mais  il  rectifie  immédiatement  après  en 
shrapnell).  —  Prononcé  courant  de  shrapnell  ; 
faut-il  l'attribuer  à  la  graphie,  mal  à  propos 
germanisée,  «  schrapnell  »,  (ex.  :  F.  d.,  Contes 
ver.,  19  ;  m.  b.,  i6.,  165)  ?  —  Un  grutier  de 
S*-Nazaire  prononce  léz  éscrapnèl,  81^  t., 
avr.  16.  —  Voir  pélot. 

seau  à  charbon,  m.,  Projectile  boche  plein  de 
grenades  qui  se  répandent  à  son  éclatement  ; 
46^  inf.,  sept.  16,  Champagne  ;  et  très  em- 
ployé déjà  avant;  |  «  Le  Sceau  à  charbon  », 
titre  de  journal,  in  B.  des  A.,  18-4-17  ;  — 
«  le  premier  qui  a  employé  ce  nom  est  sans 
doute  le  premier  qui  a  vu  cet  engin  ;  l'image 
est  immédiate.  Quand  on  a  reçu  des  seaux  à 
charbon  on  ne  peut  pas  concevoir  que  ce  mot 

—  484  — 


soit  employé  à  autre  chose  qu'à  les  indiquer  », 

1*    DE    LA    BLANCHARDIÈRE.    En    boche    koleU- 

kasten,'  (caisse  à  charbon),  Obus  lourd,  del- 
couRT  ;  en  anglais  coal  box,  (boîte  à  charbon), 
Gros  obus  «  that  gives  out  a  lot  of  black  smoke  », 
Morning.  —  Cf.  sac  à  charbon,  Obus,  qui  se 
tire  de  la  poussière  noire  qu'émet  la  chute 
d'un  sac  ;  le  sac  peut  ne  pas  se  vider  ;  l'image 
de  seau  à  charbon  est  d'un  récipient  noir  rempli 
d'objets  noirs,  briquettes,  boulets  ou  cassons, 
et  qui  se  décharge(^). 

Il  n'y  a  pas  à  fixer  en  article  de  lexique 
l'image  suivante  de  M.  Barbusse  :  «  le  220  qui 
n'est  qu'une  gueule,  un  seau  à  charbon,  qui 
crache  son  obus  de  bas  en  haut  »,  par  compa- 
raison avec  le  120  long,  «  mince  et  fin  du  bec  », 
lévrier  gris,  Feu,  235. 

séchoir  (aller  au).  Aller,  en  parlant  de  fan- 
tassins, à  l'attaque  de  positions  aux  barbelés 
intacts  et  bien  défendus,  où  les  cadavres  res- 
teront accrochés  comme  des  loques  durant  des 


(1)  L'appareil  français  Moisson,  boîte  à  mitraille  volu- 
mineuse, aux  parois  minces,  (souvent  un  baquet  de  bois), 
munie  d'une  queue,  lancée  par  crapouillot,  en  usage  en 
14-15,  répond  à  peu  près  au  seau  à  charbon. 

—  485  — 


jours  ;  207®  art.,  juin.  18.  —  Cette  image  ma- 
cabre, fort  nette,  vaut  une  étymologie.  Toute- 
fois séchey  sur  le  fil,  qui  a  le  même  em.ploi, 
156®  inf.,  août  18,  a  aussi  le  sens  général  Etre 
mort,  ih.  —  Cf.  monter  à  la  ripée,  Partir  à  l'at- 
taque ;  130®  inf.,  C.  M. -2,  août  18  ;  —  g.  fert 
RAND,  qui  le  croit  assez  général,  le  tire  da 
R.  I.  P.,  {Requiescat  in  pace),  inscription  tom- 
bale ;  on  aura  (lit  d'abord  *  monter  à  Vèr-i-pé, 
c.-à-d.  aller  à  son  cimetière  ?  Il  est  possible 
qn  aller  au  séchoir  en  soit  le  simple  synonyme, 

—  séchoir,  Cimetière,  ri  g.,  —  et  préexistât  aux 
barbelés. 

secteur,  na.,  1,  Département,  Service  attribué 
à  qqn  ;  81®  t.,  -17  :  «  Les  munitions,  c'est  pas 
mon  secteur,  je  m'occupe  de  la  comptabilité- 
personnel  ))  ;  —  extension  du  sens  Portion  de 
front  où  on  est  de  service.  —  2,  en  diverses 
locutions  :  arroser  son  secteur,  S'arroser  le  go- 
sier, ARNAC,  Fantasio,  1-4-17,  par  allusion  aux 
arrosages    d'artillerie  ;    —   filocher    le    secteur  ; 

—  queues  romantiques  amenées  par  la  fré- 
quen«3e  du  mot  secteur  dans  la  conversation 
du  combattant  ;  —  comme  on  dit  açoir  le  go- 
sier pris  d'enfilade  par  un  coup  de  vin^  Boire  un 
trait,  289®    inf.,  -18  ;    —    abattre  son  deuxième 

—  486  — 


a^ion,  Boire  son  deuxième  quart  de  vin, 
C.  M. -2  du  130e  inf.,  juin  18  ;  —  et  mettre  sa 
godasse  en  liaison  avec  le  derche,  Donner  un 
coup  de  pied  au  derrière. 

self,  m.,  Officier  supérieur  ;  8^  génie,  c*^  D-4, 
sept.  18,  M.  vERDEiL.  —  Du  Schéma  analogue 
de  ses  galons  et  d'une  bobine  de  self-induction. 
Cf.  cylindre. 

seringue,  f..  A,  Lebel  ;  81^  t.,  -16  ;  95^,  360^ 
inf.,  16-18  ;  général  ;  |  agatha  ;  «  les  magasins 
d'  nos  seringues  »,  Feu,  59  ;  ||  Vieux  fusil  ou  Mé- 
chant fusil,  en  Beauce,  Lorraine,  Provence,  etc.. 
Ancien  fusil  très  long  des  Arabes, chez  les  troupes 
d'Afrique  ;  dauzat,  27-6-17  ;  en  boche  spritze, 
(seringue).  Fusil  ;  delcourt.  —  B,  Canon  ; 
«  des  seringues  de  37  »,  employées  à  bord  des 
bateaux  contre  sous-marins,  un  l^^-m®,  déc.  17  ; 
I  une  carte  postale  illustrée,  éditée  (chez  Le 
Deley)  avant  nov.  16,  montre  des  caricatures 
peintes  sur  des  tentes  dans  un  campement  fran- 
çais, dont  l'une  est  un  artilleur  introduisant  à 
un  Boche  une  seringue  étiquetée  «  75  »  ;  — 
inversement,  (cf.  fokker),  les  Infirmiers  sont  dits 
artilleurs  de  la  pièce  humide.  —  C,  Obus  du 
mortier  Stokes  ;  2^  mixte,  95^  inf.,  mai  18  ; 
«  envoyer  une  seringue  aux  Boches  »  ;  —  méta- 

—  487  — 


phore  de  forme  :  à  l'arrière  de  l'engin  la  chambre 
d'explosion,  à  l'avant  une  fusée  ;  —  les  engins 
Stokes,  (très  transportables  et  lançant  30  obus 
à  la  minute),  sont  rattachés  aux  pelotons  de 
canon  de  37.  —  D,  Fusée  ;  D.  m.  p.  ;  —  méta- 
phore de  forme  ;  à  moins  que  «  fusée  »  soit  une 
simple  coquille  pour  «  fusil  ». 

Dér.  :  seringuée,  f.,  A,  Bombardement  par 
obus  Stokes  ;  2®  mixte,  mai  18  :  «  fiche  une 
seringuée  aux  Boches  »  ;  —  B,  Décharge  d'une 
mitrailleuse  ;  esc.  S-152,  juill.  18. 

sévères  (pertes),  Pertes  (militaires)  fortes, 
rudes  ;  expression  fréquente  dans  les  commu- 
niqués officiels  ;  —  «  séçère  n'est  qu'une  tra- 
duction <C--.>>  de  l'allemand  streng.  Elle  a 
paru  d'abord  dans  les  éditions  genevoises  des 
communiqués  boches,  puis  a  passé  dans  nos 
traductions  officielles  des  communiqués  russes  », 
Cri  de  P.,  2-11-16,  p.  10,  c.  2  ;  dauzat,  mai  17, 
483,  reproduit  cette  opinion  et  le  reproche  qui 
s'en  déduit  ;  mais  sévère  avait  passé,  depuis 
longtemps,  du  sens  Sans  indulgence,  Sans  relâ- 
chement, au  sens  Exagérément  dur,  dans  cer- 
taines alliances  de  mots  comme  châtiment 
sévère,  climat  sévère  ;  au  sens  Rude,  Difficile  à 
croire,  dans  En  voilà  une  sévère  /,  rig.  ;  et  l'an- 

—  488  — 


glais,  qui  dit  severe  d'un  climat,  d'un  rhume, 
d'un  mal  de  tête,  d'une  douleur,  est  accusable 
d'influence  plus  que  l'allemand  ;  cf.  finish. 

Cf.  SOUS-évaluer,  Apprécier  au-dessous  de  la 
réalité  :  «  Le  correspondant  du  Times  à  Wa- 
shington télégraphie  <...>>  Cela  n'est  pas  dû 
au  fait  que  les  héroïques  exploits  des  Français 
sont  sous-évalués  »,  Matin,  19-9-16,  p.  3,  c.  2  ; 
est-ce  traduit  «  de  l'allemand  unter-schaetzeny), 
comme  le  croit  dauzat,  mai  17,  483  ?  on  le 
trouve  sous  une  influence  anglaise  ;  «  sous- 
évaluer»,  elwall,  Dict.  an  glais- français,  13^  éd., 
traduisant  to  underçalue,  terme  de  commerce  ; 
—  cf.  «  sous-estimer  Veffort  de  nos  adversaires  », 
B.  des  A.,  6-9-16,  p.  5,  c.  1. 

Cf.  tendre  une  inondation.  Inonder  un  sec- 
teur pour  raisons  stratégiques  :  «  C'est  sans 
doute  à  la  même  source  [traduction  des  com- 
muniqués boches]  que  remonte  l'étrange  ex- 
pression tendre  des  inondations,  employée  dans 
plusieurs  communiqués  de  mars  1917  »,  dauzat, 
mai  17,  484  ;  non  point  ;  cet  emploi  de  tendre 
ne  se  défend  pas  seulement  par  ce  texte  officiel 
«  Les  inondations,  tendues  devant  le  front  d'une 
position,  en  rendent  l'attaque  difficile  ;  mais 
<;...>  »,  Instruction  sur  les  travaux  de  campagne 

—  489  — 


approuvée  le  21  décembre  1915,  89,  mais  aussi 
par  un  passage  de  daru,  Venise  «  autour  de 
laquelle  une  vaste  inondation  est  toujours  ten- 
due »,  Histoire  de  Venise  (1853),  II,  68,  et  par 
ce  texte-ci,  «  Lorsqu'une  place  sera  en  état  de 
guerre,  les  inondations  qui  servent  à  sa  défense 
ne  pourront  être  tendues  ou  mises  à  sec  sans 
un  ordre  exprès  du  Roi  »,  loi  du  8-7-1791, 
titre  I,  art.  36,  in  M.  de  Fr.,  1-2-16,  573. 

Cf.  inchangé,  Sans  changement  :  «  situation 
inchangée  »,  usuel  dans  les  communiqués  offi- 
ciels dès  oct.  14,  et  devenu  par  eux  usuel  popu- 
lairement au  moins  dans  cette  alliance  de 
mots  ;  DAuzAT  estime  cette  vogue  due  à  une 
influence  de  l'allemand  im^eraendert  ;  mais 
inchangé  est  dans  littré  ;  M.  Dauzat  lui-même 
l'avait  employé  avant  la  guerre  :  «l'orthographe 
restait  inchangée».  Langue  franc,  d^auj.,  116  ;  cf. 
inchangeable,  loti,  UInde,  Vers  Bénarès,  xi  ; 
«  des  viandes  invariées  »,  huysmans.  Cathédrale, 
110. 

sidi,  m.,  A,  Individu  ;  81^  t.,  -16;  |  «  Des 
journalistes  ?  —  Ben  oui,  les  sidis  qui  pondent 
les  journaux  »,  Feu,  39  ;  «  ce  sidi-là  »,  ib.,  8-8- 
16  ;  —  valeur  de  dédain.  —  B,  Soldat  indigène 
algérien,  Bicot  ;  usuel  et  général  ;  |   «  manger  le 

—  490  — 


couscous  avec  les  «  sidis  »  »,  Bicard,  ii,  16  ;  — 
et  aussi  Travailleur  colonial,  employé  à  l'Ar- 
rière ;  usuel  à  Rennes,  mai  18,  Ouest-  Eclair , 
12-5-18,  p.  3,  c.  1.  —  Du  vocatif  arabe  sidi, 
Monsieur,  d'où  le  sens  A,  qu'a  aussi  monsieur, 
et  le  sens  B  parce  que  les  hommes  de  couleur, 
êtres  de  soumission,  ont  souvent  à  dire  sidi.  — 
Cf.  chouya. 

signaleur,  m.,  Lapin  ;  monax  :  «  il  [un  lapin] 
a  Vair  de  jouer  du  télégraphe  optique  avec  ses 
oreilles  ;  on  l'appelle  «  le  signaleur  »  )),  m.  b., 
N.  Contes  çér.,  250.  —  Image  juste,  mais  un 
peu  Jules  Renard  ;  je  doute  qu'elle  se  fasse 
recevoir  comme  métaphore  usuelle. 

silencieux,  m..  Coutelas  de  combat  :  «  Le 
couteau  de  tranchées  est  désigné  sous  ses  an- 
cins  patronymes  de  lame  et  lingue.  Au  cours 
d'une  patrouille,  j'ai  entendu  un  Parisien  l'ap- 
peler son  silencieux  )),  g.  maréchal,  289^  inf., 
mai  18.  —  On  compte  aisément  dans  le  présent 
lexique  une  cinquantaine  d'adjectifs  employés 
comme  substantifs. 

[^ six- cents- mètres,  m.,  Observateur  de  captif  ; 
usuel  à  l'équipage  d'un  bateau  tracteur  de 
captifs,  S*-Nazaire,  -18.  —  Métonymie  prise  de 
l'altitude  où  monte  fréquemment  le  captif. 

—  491  — 


six-mille  au  cul  (avoir  une),  Etre  très  pis- 
tonné ;  5^  génie, -18  ;  h.  grelat. —6.000  est  le 
chiffre  de  série  d'une  très  puissante  locomotive. 

soldat  (jouer  au).  Se  servir  d'abord,  Prendre 
la  plus  grosse  part  î  «  Tu  vois  que  la  quatorze 
[la  14®  escouade]  a  taillé  son  pain  en  prenant 
son  pain  dans  les  boules  de  la  demi-section,  et 
puis  après  ils  viendront  prendre  encore  chacun 
sa  demi-boule,  et  la  treize  se  tapera.  Faut  pas 
jouer  au  soldat  !  »,  81®  t.,  janv.  16.  —  Au  passif 
être  fait  soldat,  Etre  privé  de  sa  part  ;  dlle  ; 
ROSS.  —  On  connaît  l'adage  «  Moi  d'abord  !  en 
bon  militaire  ». 

soldu,  m..  Soldat,  en  tant  que  «  ramassé 
pour  des  idéaux  dont  il  n'a  cure  »,  et  machine 
à  agir  passivement,  f.  de  keralio,  40®  art., 
-18  :  «  La  viande  qui  pue,  la  viande  qui  sent. 
Les  asticots  qui  se  balladent  dedans.  Les 
mouches  qui  tombent  dans  le  rata,  Tout  ça 
c'est  bon  pour  le  soldu  »,  vieux  couplet  retouché 
à  la  rime  ;  ib.  —  Suffixe  pris  à  poilu  ;  ou,  si  on 
préfère,  chevauchement  de  soldat  +   poilu. 

sonner,  1, 1^,  Atteindre  par  des  armes  à  feu  : 
«  les  Boches  commençaient  à  nous  «  sonner  » 
pour  de  bon  »,  m.  Toussaint,  lettre,  in  barres. 
Echo  de  P,,  17-5-15  ;  «  C'est  quand  on  a  été 

—  492  — 


sonné  là-bas  [à  Verdun]  qu*on  peut  dire  t 
«  J'  sais  c'  que  c'est  d'  et'  sonné  !  »  »,  Feu,  232  ; 
cf.  360  ;  —  soit  par  le  canon  :  «  Tu  parles 
qu'on  le  sonne  !  Sonne-le  donc  !  »,  artilleurs 
contemplant  un  tir  d'artillerie  sur  avion, 
juin  16;  I  «  les  Boches  les  sonnent  terrible- 
ment au  105  »,  E.  R.,  Journ.,  20-6-16  ;  —  soit 
par  la  mitrailleuse  :  «  On  nous  sonne,  et  de 
très  près,  se  dirent  à  la  fois  les  deux  chasseurs 
[aviateurs],  qui  avaient  reconnu  le  crépite- 
ment de  la  mitrailleuse  boche  »,  Matin,  28-4- 
16,  p.  2,  c.  3  ;  Tel  de  nos  as  «  allait  en  «  sonner  )> 
un,  —  c'est  le  terme  trivial  et  tragique  »,  da- 
ÇAY,  Journ.,  10-10-16.  —  Sonner,  Cogner,  mot 
d'apaches  ;  voir  bacantes  et  ruche.  C'est  en  ce 
sens  général,  Cogner,  qu'on  l'entend  aux  aéro- 
dromes :  «  il  faut  chercher  un  terrain  propice 
et  se  posera  comme  une  fleur  «sans  trop  «  son- 
ner le  zinc  »  !  »,  thavet  ;  on  y  dit,  sans  com- 
plément, sonner.  Prendre  un  contact  brutal  avec 
le  sol  ;  Miramas,  mai  18.  —  Dér.  :  sonnage,  m., 
Bombardement  :  «  Tu  parles  d'un  sonnage  !  », 
Poilu  du  6-9,  in  B.  des  A.,  15-11-16.—  2^,  Anéan- 
tir moralement  :  «  J'ai  été  sonné  par  la  nouvelle 
de  <C...>-  »,  M.  PROTAT  ;  —  syssém.  :  asseoir, 
assommer. 

—  493  — 


2,  Engueuler  ;  conducteurs,  s^  satiit.  45, 
mai  17,  qui  joignent  le  geste  du  sonneur  de 
cloche  ;  très  usuel,  son  sanit.  85,  17-18  :  «  Qu'est- 
ce  qu'il  m'a  sonné  !  »  ;  95^  inf.,  -18. 

3,  Envoyer  promener  :  «  J'  vas  t'  sonner  », 
40e  son  D.  C.  A.,  avr.  18  ;  «  J'ai  reçu  [à  ladite 
son]  un  canonnier  qui  employait  sonner  qqn, 
l'Assommer,  comme  dans  l'argot  parisien.  En 
quelques  jours  sonner  a  fait  florès  chez  des 
hommes  qui  le  comprenaient  imparfaitement  ; 
on  n'entend  plus  dans  la  section  que  /'  i^as  i' 
sonner,  Je  vais  t'envoyer  promener  ;  exemple 
d'engouement  pour  un  mot  »,  1*  de  la  blan- 
CHARDiÈRE  ;  —  malgré  le  champ  restreint  de 
cette  notation,  le  sématisme  n'y  est  pas  aber- 
rant ;  envoyer  promener  qqn,  c'est  en  séman- 
tique exacte  lui  Coller  un  coup  qui  le  rejette 
au  loin  comme  pour  une  promenade,  qui  le  fait 
valser  (cf.  p.olker)  par  la  salle  et  rouler  sur  le 
parquet,  cyclone  involontaire  où  le  spectateur 
voit  méchamment  du  tourisme  ;  sonner,  ce  fut 
d'abord  Frapper  de  haut  en  bas,  mais  le  mot, 
s'étant  généralisé  au  sens  Rosser,  peut  devenir 
comme  envoyer  promener,  dont  le  sens  premier 
est  Rosser,  un  équivalent  de  Se  débarrasser  de 
l'importun. 

—  494  — 


Cf.  tirer  le  cordon,  «  canonner  (en  parlant  de 
l'ennemi)  »  ;  d.  ;  la  traduction  du  témain,  (un 
fantassin),  est  inexacte  :  il  s'agit  de  la  corde 
que  le  servant  saque  pour  tirer  le  coup  ;  et  ce 
geste  chez  l'envoyeur  n'intéresse  pas  l'imagi- 
nation du  destinataire  ;  ce  cordon  semble  un 
s  mple  développement  verbal  de  sonner  (une 
sonnette,  dans  une  maison).  Quant  au  sonnage 
apache  et  artilleur,  il  se  tire  de  sonner  (un  pi- 
lotis, en  le  frappant  avec  une  sonnette). 

sop,  m.,  Avion    Sopwith  ;  Miramas,  mai  18. 

—  SOP  est  la  marque  inscrite  sur  l'appareil  ; 
le  règlement  y  veut  les  trois  premières  lettres 
du  nom. —  Les  Anglais  nomment  leur  Sopwith 
le  chameau  ;   Vie  Par.,  25-5-18,  p.  451. 

sorcier,  m.,  Météorologue  ;  aviateurs,  déch. 

—  Prophète  du  temps. 

souasoua,  1,  Avec  élégance  :  «  des  as  qui  atter- 
rissent soi-soi  comme  des  fleurs  »,  juteux  ;  — 
2,  Raffiné,  Elégant  :  «  Il  recevait  de  sa  marraine 
tous  les  quinze  jours  un  colis,  et  quelque  chose 
de  souasoua  »,  un  ouvrier  nantais  ancien 
zouave,  81®  t.,  -16  ;  |  «  des  paxons  maous  soi- 
soi  »,  CHAPELLE  ;  Il  connu  dès  -98,  19®inf.,de 
quelques  sergents  ;  —  on  dit  aussi  soinsoin  ; 
matelots,    mai    18  :     «  un    morceau    de    savon 

—  495  — 


solnsoin  »  ;  |  «un  virage  sur  l'aile  tout  ce  qu'il 
y  a  de  «  soinsoin  »  »,  Gu.  Aér.,  25-1-17,  p.  166  ; 
—  on  dit  aussi  tsointsoin  ;  centres  de  Captifs 
et  de  Dirigeables,  -18  ;  |  « —  Ça  gaze  I  —  T'soin 
t'soin...  »,  Mousqu.,  25  ;  ib.,  159.  —  Apocope 
à  redoublement  de  soigné  ?  ou  de  soyeux  ? 
tel  est  le  doute  ordinaire,  en  France  ;  (cf.  «  la 
plus  moderne,  la  plus  soie-soie  »,  Mousqu.,  13). 
Or,  c'est  l'arabe  souasoua,  Egalement,  En- 
semble. Ce  qui  est  fait  avec  symétrie,  balance 
et  simultanéité  est  bien  fait  ;  cf.  à  la  hauteur, 
d^équerre,  a^ec  équilibre,  à  la  dimension.  L'em- 
ploi adverbial  est  donc  antérieur  à  l'emploi 
adjectif.  Cf.  chouya. 

soufflant,  lïi.,  1,  Revolver  ;  marins,  mai  18  ; 
I  «  il  ne  voulait  pas  se  rendre  et  tirait  avec  son 
soufflant  »,  Cabaret,  ^^1  ;  ||  «_mon  soufflant  », 
MARODON,  Le  diamant  ^ert,  xiv,  Journ.,  3-2-17  ; 
Pistolet  ;  viDocQ.  —  2,  Pistolet  automatique  ; 
289e  inf.,  mai  18,  Oise. 

sous-marin,  m.,  Commandant  du  camp  d'av®^ 
de  Pau  et  de  tout  camp  d'av®^  ;  mécanos,  Pau, 
mars  18  ;  (non  confirmé  par  des  témoins 
d'autres  centres  d'aven  et  d'aérostation).  — 
Peut-être  parce  qu'il  surgit  à  l'improviste,  avec 
l'œil-du-maître  pour  périscope  ? 


496 


sous-marin^  m.,  A,  Cuisine-roulante  ;  inf., 
Lorraine,    -15  ;    130®   inf.,    -18  ;  |    voir  rapport. 

—  «  A  cause  de  sa  forme  »,  a.  arnoux  ;  j'en 
doute.  On  applique  à  la  roulante  des  noms  de 
mécaniques  modernes  comme  elle,  pris  aux 
chemins- de-fer  :  bousine  ;  —  train  blindé,  m.  ; 
D.  ;  —  tortillard,  m.  ;  d.  ;  —  à  l'automobilisme  : 
pétroleuse  ;  —  tank  ;  —  à  l'artillerie  :  quatre- 
cent-vingt,  m.  ;  d.  ;  —  canon  à  rata,  m.  ;  d.  ; 

—  mitrailleuse  à  haricots,  f.  ;  d.  ;  —  lance- 
bombes,  m.  ;  D.  ;  —  à  la  marine  :  torpilleur  à 
roulettes,  m.  ;  inf..  Lorraine,  -15  ;  torpilleur, 
m.  ;  2e  c^l,  -18  ;  —  six-cent-six,  m.,  2^  c^l, 
août  18,  —  c.-à-d.  le  torpilleur  606,  606  pour 
évoquer  Vénus  ;  —  le  tout  pour  dire  four- 
naise, véhicule  et  trépidation  ;  —  son  nom  de 
marie-salope,  f.,D., c.-à-d. Drague,  parle  d'absorp- 
tion et  de  vidange  ;  celui  de  batteuse,  de  bruit. 

B,  Brodequin  ;  81®  t.,  janv.  15.  —  Naviguait, 
en  effet,  aux  tranchées  de  Bailleulval,  par  des 
fonds  d'l°^,50  ;  syssém.,  d'ailleurs,  de  péniche, 
transat[lantique],  etc. 

sous- verge,    m.,    Second    d'un    chef  ;    d*où, 

A,  Sergent-fourrier,  et  Scribe  de  bureau,  par 
rapport    au    sergent-major  ;    81®    t.,    -17  ;    — 

B,  Lieutenant  en  second  ;  r.  dupret  ;  40®  art., 

—  497— 

ESNAULT  32 


-18  ; —  Il  commander  en  sous- çergeyCommsindeT 
en  second  ;  dlle. —  Image  de  cavalerie  ;  le  sous- 
verge  est  le  cheval  attelé  à  celui,  dit  porteur, 
qui  porte  le  cavalier.  Le  préfixe  sous-  a  aidé 
l'image  à  exprimer  Sous-ordre,  et  particuliè- 
rement à  traduire  sous-lieutenant  ;  cf.  contre- 
coup.  Contremaître.  —  Antonyme  :  porteur, 
m.,  Lieutenant  en  premier  ;  40^  art.,  -18» 

souss,  f.,  Sous-intendance  ;  fagus,  563.  — 
On  prononce  s ouz- intendance  ;  devenant  final 
le  z  se  mue  de  sonore  en  muette  ;  cf.  pif.  —  A  la 
sous-intendance  de  la  22®  D^",  la  seule  apocope 
connue  était  la  souzin. 

Stéphane,  m.,  Avion  Nieuport  biplace  ;  R.  G. 
Aé.,  -18  et  avant  ;  —  ce  type,  accusé  d'avoir 
un  armement  défectueux,  avait  avec  un  cé- 
lèbre poète  du  prénom  de  Stéphane  cette  res- 
semblance d'être  mallarmé. 

straîer.  Bombarder,  Malmener  :  «  «  L'endroit 
est  malsain,  les  Boches  nous  «  strafent  »  ce 
matin  »,  nous  a  lancé  le  chef  d'un  petit  poste  », 
MARSiLLAC,  Le  «  Joumal  »  aux  armées  britan- 
niques, Journ.,  13-8-lG.  —  AngHcisme  tiré  de 
l'imprécation  boche  «  Gott  strafe  England  !  », 
Que  Dieu  châtie  l'Angleterre  ! 

sucrer.   A,    Favoriser  ;  81®  art.  1.,   mai  18  ; 

—  498  — 


se  faire  sucrer,  Se  faire  favoriser,  Avoir  des 
citations  :  «  Le  ...^  groupe  d'artillerie  s'est  fait 
sucrer  »,  81®  art.  1.,  Verdun,  -16  ;  «  Il  a  été 
sucré  »,  Il  a  eu  le  bon  filon.  Il  a  eu  la  bonne 
blessure  ;  81®  art.  1.;  —  B,  1,  Blesser  ;  Expres- 
sions à  la  mode,  Ver-Luisant,  in  Front,  16-2-17  ; 

—  2,  Infecter  d'un  mal  vénérien  ;  109®  inf.  et 
8®  génie,  avr.  18  ;  la  construction  la  plus  usuelle 
est  se  faire  sucrer,  équivialent  du  passif  ;  ||  su- 
crer. Maltraiter  ;  rig.  ;  —  le  sens  B  est  iro- 
nique. —  Syssém.  :  assaisonner,  A,  Griser  : 
«  Nous  l'avons  assaisonné  »  ;  —  B,  Blesser  ;  — 
sens  tous  deux  usuels  à  Paris  et  au  front,  14- 
18.  —  saler.  A,  Réprimander  ;  —  B,  Blesser  ; 
14-18  ;  —  C,  Infecter  d'un  mal  vénérien  ;  — - 
poivrer.  A,  Griser  ;  —  B,   Infecter  de  syphilis. 

—  Cf.  conditionné. 

surface  (en),  A  ciel  ouvert,  hors  d'une  cave  ; 
marins,  mars  18  :  «  Le  bombardement  passé, 
on  surface  !»  ;  «  C'est  un  poivrot  !  Il  est  som- 
melier ;  mais  quand  il  revient  en  surface,  on 
voit  mieux  son  nez,  on  dirait  le  phare  d'Eck- 
mûhl  !  »  —  Pris  de  la  navigation  sous-marine. 

survoler,  Dominer  en  volant  ;  est  entré  dans 
l'usage  oral  populaire  sans  supplanter  voler  au- 
dessus  de  ;  81®  t.,  16-17  ;  H  Un  monoplan  «  a  sur- 

—  499  — 


volé  Pont-à-Mousson  »,  Matin,  8-6-12.  —  On  a 
créé  récemment  aussi  sur- vêtements,  Vêtements 
de  dessus  (et  sous- vêtements)  ;  surtricot,  Tricot 
de  dessus,  Feu,  14  ;  attaques  surmarines  des 
sous-marins  ;  surcursion  de  zeppelins  à  Paris, 
Incursion  de  zeppelins  au-dessus  de  Paris. 

table  de  nuit,  f..  Avion  d'observation,  des 
types  cages  à  poules  ;  quelques  aviateurs,  17- 
18  ;  —  image  exprimant,  comme  hoîte  à  fro- 
mage, le  parallélisme  des  deux  plans  d'un  bi- 
plan ;  les  haubans  jouent  le  rôle  des  quatre 
colonnettes  reliant  les  deux  étages  de  certaines 
tables  de  nuit. 

tachette,  f.,  Baïonnette  ;  V.  du  p.  —  Langue 
d'oc  tacheto,  f.,  Petit  clou  à  tête  ronde  ;  mis- 
tral. —  Syssém.  :  clou.  Baïonnette  ;  rig. 

tacot,  m.,  A,  Machine  locomotrice  :  a,  Voi- 
ture automobile  ;  usuel  et  général,  14-18;  || 
01-14  ;  —  b,  Train  de  ravitaillement  à»  voie  de 
0^,60  ou  0«i,40,  derrière  les  lignes  ;  81^  t.,  16- 
17  ;  130^  inf.,  17-18;  |  z,  Armée  de  la  guerre, 
118  ;  Il  Train  départemental  ou  à  voie  étroite; 
avant  -14  ;  —  c.  Avion  '.  «  Tu  as  les  papiers  du 
«  tacot  »  ?  »,  PUNCH,  Fantasio,  15-8-16  ;  — 
d,  Dirigeable  ;  pilotes  de  dirigeables,  déc.  17  ; 
—  e,   Captif  ;   un   commandant   de   centre  de 

^  500  -^ 


captifs,  avr.  18  ;  —    f,  Tank  ;  un  officier  du 
500^  A.  S.,  août  18. 

B,  Machine  à  lancer  des  projectiles  :  a,  Mi- 
trailleuse ;  156®  inf.,  avr.  18  ;  —  b,  Canon  de 
75  ;  40e  art.,  5®  b^e,  mai  18. 

C,  Machine  :  ton  tacot,  ta  Machine  à  écrire  ; 
fourriers  de  la  marine,  mai  18. 

Cette  liste  des  sens  ne  représente  pas  leur 
génération  ;  seul  l'emploi  A%  qui  est  le  plus 
risqué  des  emplois  A,  un  captif  n'ayant  pas  de 
moteur  propre,  sort  de  l'emploi  A^,  par  exten- 
sion ;  les  autres  dérivent  du  sens  premier  de  tacot. 

Un  tacot  est  un  petit  tac,  un  petit  Clou  ;  tac 
et  ses  dérivés  s'appliquent  à  travers  de  nom- 
breux parler  s  spéciaux  à  divers  objets  compa- 
rables à  un  clou  (^). 


(^)  Le  breton  a  tach,  Clou,  pris  au  vieux-français,  où 
le  mot  a  donné  le  verbe  attacher.  On  a  signalé  à  d.  du- 
ché, Clou,  tape-dache,  Cordonnier.  L'argot  savoisien  dit 
«  faria  »  a  tac,  Bâton  ;  le  français  a  taquet,  Clou  de  bois 
(qui  arrête,  soutient,  sert  pour  amarrer,  ou,  enfoncé  en 
terre,  donne  un  alignement,  voir  hdt)  ;  tacques,  Usten- 
siles de  fer  fondu,  (littré),  dont  clous,  Outils  de  fer,  est 
syssém.  ;  la  langue  d'oc  a  tacheto,  Clou  ;  l'espagnol  a 
taco,  Cheville,  et  Lance  mousse.  (Dans  le  français  parade 
de  tac,  du  tac  au  tac,  tac  ne  s'expliquerait-il  pas  mieux 
comme  un  syn.  de  pointe,  que  par  l'onomatopée  que  pro- 

—  501  — 


D'autre  part  les  ouvriers  appellent  leurs 
outils  des  clous,  rig.  et  usage  général,  98-18  ; 
les  malfaiteurs  aussi  leurs  outils  (dlle,  ross.)  ; 
toute  machine,  une  bicyclette  (dès  -95),  une 
montre  (ross.),  le  75  (40®  art., -18),  est  un  clou. 

Tacot  ==  Clou  ;  or  clou  =  Outil,  Machine  ; 
donc  tacot  =  Outil,  Machine.  Les  substitutions 
synonymiques  sont  les  syllogismes  du  peuple. 
—  Pour  ce  qui  est  des  emplois  A,  tacot,  Ma- 
chine locomotrice,  on  conçoit  qu'il  est  aisé  de 
faire  passer  le  mot  d'une  sorte  de  locomotion 
à  une  autre  ;  on  s^embarque  dans  un  wagon  ; 
en  voiture  !  dit  le  pilote  aviateur  à  son  passa- 
ger ;  voir  coucou,  berlingot,  taxi.  —  On  trouve 
en  outre  sous  bécane,  Machine  grinçante,  des  em- 
plois correspondant  aux  sens  A,  B  et  C  de  tacot. 


pose  HDT  ?)  —  Emplois  figurés  :  tac,  Phlegmasie  érup- 
tive,  (mieux  explicable  comme  syssém.  de  cZow, Furoncle, 
que  par  le  latin  tactus  que  propose  hdt)  ;  tacot,  Tige  de 
végétal  coupé  restée  en  terre  et  aiguë,  (H*-Maine)  ;  tac, 
Scorpion  et  autres  reptiles,  (centre  et  centre-ouest,  voir 
JAUBERT  et  l'Atlas  linguistique)  ;  taquet,  tacot,  tacaud, 
tacon,  noms  de  poissons,  Gadus  luscus,  Callionyme  lyre, 
Saumonneau,  (sur  la  Manche,  en  Bretagne  et  dans  le 
centre-ouest,  voir  littré),  syssém.  de  nombreux  noms 
comparant  le  poisson  à  un  outil  pointu,  aiguillette,  étiquOi 
coyaUf  lançon,  alêne,  etc. 

—  502  — 


taf  (mon),  1,  mon  Compte  ;  6®  et  12®  înf. 
(usité  plutôt  par  les  Parisiens  dans  ces  corps  à 
forte  proportion  d'hommes  du  sud-ouest), 
-17  ;  95®  inf.  (recrutement  berrichon),  avr.  18  : 
«  Toi,  t'as  eu  ton  taf,  va-t'en  »,  propos  du  ca- 
poral d'ordinaire  distribuant  le  vin,  6®  et 
12®  inf.  ;  «  en  avoir  son  taf  »,  95®  inf.  ;  —  2,  mon 
Saoul  :  «  Boire  son  taf  de  pinard  »,  95®  inf., 
avr.  18;  I  «  D.  —  Quelles  sont  ces  pensées 
[qui  agitent  le  poilu  au  moment  d'être  relevé 
des  lignes]  ?  —  R.  —  <...>  ;  le  poilu  pense 
simplement  qu'on  va  en  écraser  et  boire  son 
taf  de  pinard  »,  le  Pépère,  1-10-16,  p.  2,  c.  1. 
—  Le  mot  d'argot  fade,  signalé  depuis  -27  et 
toujours  vivant,  a  les  mêmes  emplois  :  1,  açoir 
son  fade,  Avoir  sa  part  dans  une  distribution, 
2,  être  fade,  Avoir  son  saoul  (d'un  agrément  ou 
d'un  accident),  et  spécialement  fade,  Ration  de 
boisson,  «  Les  meness's  aboulent  par  douzaines, 
R'nifler  leur  petit  fad'  d'eau  d'af  »,  Les  femmes 
arrivent...  boire  leur  petite  dose  d'eau-de-vie, 
V Assommoir  de  Belleçille,  chanson,  (1850),  in 
SAIN.,  Sources  ;  mais  on  ne  voit  pas  pourquoi 
fade  eût  été  chaviré  en  *dafe  et  *dafe  altéré 
en  taf.  —  L'Anjou  et  la  Bretagne  (Nantes, 
Brest,  S*-Brieuc)  disent  un  taf  pour  un  Chapeau; 

—  503  — 


les  deux  taf  ne  sont  pas  aussi  éloignés  qu*il 
paraît  d'abord  :  un  Verre  et  un  Chapeau  tri- 
corne ont  le  commun  nom  de  lampion  ;  un 
Haut  de  forme  est  dit  un  décalitre  (et  un  bois- 
seau) ;  le  colhack,  Coiffure  militaire  en  cône 
tronqué,  sert  à  désigner  le  Verre  de  liqueur, 
DLLE,  F.-A. 

tamar,  m.,  Café  :  Un  poilu  servant  le  café  : 
«  Allez,  au  «  tamar  »,  là-dedans  <...>►  dégustez 
le  moka  de  la  roulante,  supérieur  au  bois  de 
panama  »,  p'tit  gars.  —  Le  «  tamar  indien  », 
«  fruit  purgatif  rafraîchissant  »,  célébré  à  la 
4®  page  des  quotidiens,  se  vend  dans  les  phar- 
macies en  boîtes  de  bonbons  à  2  fr.  50. 

tambour,  m..  A,  Caporal-fourrier  ;  81^  t., 
-16  ;  Brigadier-fourrier  ;  81®  art.  1.,  -18;  | 
«  Le  chef  et  le  sergent-fourrier  jouent  la  par- 
lante contre  le  tambour  et  le  scribe  du  bu- 
reau »,  B.  des  A.,  22-3-16,  p.  14;  1|  usuel  aux 
dragons,  rig.;  courteline,  8  h.  47  (au  22®  chass. 
à  cheval,  Commercy),  i,  3  ;  —  B,  Fourrier  ; 
D.  m.  p.,  qui  ajoute  «  Le  tambour  pied,  sergent 
ou  margis  fourrier  »,  [pied,  Sergent),  et,  au  mot 
sac,  tambour,  Sergent-fourrier.  —  Je  n'ai  guère 
observé  dans  l*usage  que  le  sens  A  ;  cependant 
tambour  seul  peut  ne  signifier  que  Fourrier  et 

—  504  — 


convenir  aussi  bien  aux  deux  sortes  de  four- 
riers, —  soit  qu'on  le  comprenne  comme  expri- 
mant l'idée  d'Homme  lige  (du  sergent- major), 
cf.  sous-verge^  en  se  reportant  par  exemple  à 
ce  texte-ci,  «  Il  y  a  dix  jours,  vous  m'accusiez 
d'être  le  «  tambour  »  de  MM.  La  Chapelle  et 
Le  Bail.  Aujourd'hui  «<.••>>  vous  utilisez  une 
lettre  de  M.  Lanoir,  dans  laquelle  son  auteur 
prétend,  cette  fois,  que  je  suis  à  la  solde  du 
Père  Pupey- Girard,  «  camérier  du  pape  »  ?» 
BiÉTRY,  Matin,  29-12-06,  —  soit  que,  beau- 
coup mieux,  on  l'explique  comme  un  déve- 
loppement de  baguettes^  Galons  dorés  insigne 
de  la  fonction  de  fourrier,  qui  du  biceps  con- 
vergent vers  le  nombril  en  posture  de  taper 
sur  une  peau  d'âne. 

tangent,  1,  Sujet  au  détraquement,  (en  par- 
lant du  canon)  ;  artilleurs,  -16  ;  —  2,  Risqué, 
Hasardé  ;  40^  art.,  5^  b*%  mai  18  :  «  c'est  tan- 
gent ».  —  Cf.  tangents,  Sous,  parce  qu'ils 
prennent  aisément  la  tangente  hors  des  bourses 
les  plus  rondes.  —  En  aviation  on  appelle 
techniquement  tangent  à  V impuissance  de  sus- 
tentation, et  plus  court  tangent,  tout  appareil 
qui  arrive  près  de  son  «  plafond  »,  sa  surcharge 
ou  la  faiblesse  de  son  moteur  faisant  qu'il  n'a 

—  505  — 


plus  que  juste  la  force  nécessaire  pour  se  sou- 
tenir ;  une  valeur  péjorative  s'attache  au  mot, 
car  Tavion  est  toujours  dangereux  quand  il 
devient  tangent  ;  certains  appareils,  surtout 
dans  les  écoles,  ont  des  moteurs  mal  réglés  pour 
lesquels  la  tangence  commence  dès  le  décollage 
du  sol  ;  d'où  les  textes  suivants  :  «  C'est  un 
sale  berlingot,  il  est  tangent  »,  Brise  d'enton- 
noirSj  in  B.  des  A.,  28-3-17  ;  «  «  Le  «  50  »  est 
«  tangent  )>  lui  a  dit  son  moniteur,  «  ne  cabre 
pas  afin  d'éviter  les  pertes  de  vitesse  »  »,  tha- 
VET,  Gu.  Aér.,  29-3-17  ;  sous-entendu  tangent 
dès  les  basses  altitudes. 

tango,  A,  Orange  des  écussons  du  col  pour 
l'aviation  :  «  écussons  tango  »,2®  groupe  d'av^n 
17-18  ;  —  nuance  nommée  sans  doute  pour 
avoir  été  adoptée  lors  de  la  vogue  de  la  danse 
dite  tango.  L'escadrille  des  avions  boches 
Tangos  a  pour  couleur  un  rouge  sang.  — 
B,  Tangage  volontaire  en  avion,  pour  échapper 
à  un  projecteur  ;  Mousqu.,  47  ;  ou  par  fan- 
taisie ;  ib.,  87  ;  — ^  jeu  de  mots  ;  —  cf.  montagnes 
russes.  —  C,  Bataille  ;  inf.,  d.  ;  —  syssém.  : 
valse  lente  !,  A  l'attaque  !  ;  d.  ;  —  danse,  usuel 
et  ancien  ;  —  cf.  toboggan,  cinéma. 

tank^  m.,  1,  Auto  blindée  de  combat  en  usage 

—  506  — 


à  partir  de  la  mi-sept.  16.  —  On  a  d'abord 

hésité  sur  le  genre  :  «  la  tank  »,  voir  posséder  ; 
«  le  tank  »,  Vie  Par.,  4-11-16,  p.  841  ;  Matin, 
16-11-16,  p.  1,  c.  2  ;  le  mot  est  f.  en  anglais  en 
ce  sens  de  guerre  :  «  she  »,  Elle,  comme  en  par- 
lant de  vaisseaux  ;  • —  le  mot  signifiait  Citerne  ; 
pendant  la  construction  des  premiers  tanks  les 
autorités  anglaises  baissèrent  croire  qu'il  s'agis- 
sait de  réservoirs  à  alcool  (^). —D'où  tank  mâle, 
m.,  Tank  boche  à  deux  tourelles  mobiles  ar- 
mées chacune  d'un  canon,  et,  dit-on,  à  case- 
mate centrale,  s'élevant  et  se  rabaissant  par 
crémaillère,  portant  sous  sa  coupole  un  troi- 
sième canon,  calibre  ^7^J^  ;  tudesq,  Journ., 
26-4-18  ;  —  mâle  parce  que  cet  engin  est  deux 
fois  plus  fort  et  plus  rapide  (7  à  8  km.  à  l'heure) 
que  les  tanks  primitifs.  —  Dér.  :  tankeur,  m., 
Combattant  affecté  aux  tanks  :  «  OFFICIER 
tankeur  »,  Vie  Par.,  16-2-18,  p.  158,  c.  1  ;  ih., 
16-3-18,  p.  246,  c.  2  ;  (cf.  skieur,  m..  Homme 
faisant  du  ski  ;  —  sans  qu'il  y  ait  de  verbe 
*  tanker  ni  *  skier)  ;  —  et  avec  une  forme  an- 


(^)  Autre  origine  d'après  les  Débats,  1 1-8-1 8  :  l'inven- 
teur du  tracteur  à  caterpillars  serait  Thomas  Tank  Burrel, 
manufacturier.  ;  que  ne  l'avait-il  crié  ? 

—  507  — 


glaise,   tanker,   m.,  même  sens  ;  seul  usuel  au 

500e  A.  S.,  août  18  ;  I  «  JEUNES  tankers  », 
Vie  Par.,  23-3-18,  p.  269,  c.  2  ;  ib.,  11-5-18, 
p.  424,  cl.  —  Syn.  de  tank  :  Caterpillar,  m.  : 
«  section  de  caterpillars  )>,  tampon  adminis- 
tratif apposé  sur  un  pli,  nov.  16  ;  semble  tout 
à  fait  désuet,  dans  son  emploi  militaire,  en 
-18  ;  —  anglais  caterpillar  (chenille)  ;  la  roue 
Cingoli  permet  aux  tanks  de  ramper  et  de 
franchir  les  obstacles  à  la  mode  des  chenilles  ; 
—  char  d'assaut,  m.,  imposé  dans  l'A.  S.  par 
le  gén.  directeur  ;  inusité  dans  les  autres  armes, 
août-oct.  18. 

2,  A,  Cuisine-roulante  ;  156®  inf.,  C.  M.  -3, 
et  130®  inf.,  juin  18  ;  —  cf.  sous-marin.  — 
B,  Voiture  à  viande  ;  d. 

taper,  A,  Faire  son  bruit  rythmé,  (en  parlant 
d'une  mitrailleuse)  ;  «  Une  mitrailleuse  proche 
tapa  »,  M.  B.,  Contes  çér.,  171  ;  |1  (en  parlant 
d'un  moteur  d'avion)  «  Mon  moteur  «  tape  » 
bien.  Je  monte»,  la  batte,  Fantasio,  1-9-11  ;  — 
cf.  «  Le  tapotement  de  nos  mitrailleuses  résonna», 
J.  p..  Contes  vér.,  276  ;  —  tap-tap,  onomatopée 
du  tir  de  mitrailleuse  ;  a.  a.,  ih.,  127,  143  (^). 


(*)   Onomatopée  plus  usuelle  de  la  mitrailleuse  :  tac  J 
«  le  tac-tac  énervant  »,  h.  o.,  N.  Contes  vér.y  224  ;  «  tac, 

—  508  — 


—  B,  unipersonnel,  Bombarder  :  Ça  tape  ;  inf., 
Lorraine,  14-15  ;  —  syn.  :  ça  buque  ;  141^  t., 
D.  ;  I  «  Ça  buquait  »,  recueilli  d'un  paysan, 
vers  Soissons,  par  h.  barbusse,  et  mis  dans  le 
Feu,  34  ;  Il  de  buquer,  Taper,  sorel,  Francion, 
I,  (éd.  Garnier,  24)  ;  Agréable  conférence  (1649), 
p.  4  ;  texte  de  -77,  in  rig. 

tarare,  m.,i,  Automobile  ;  voir  chaufferette;  \\ 
Automobile  usée  ;  Bordeaux,  -07  ;  —  assimila- 
tion auditive  de  l'automobile  à  une  certaine 
machine  bruyante.  La  manivelle  et  l'entonnoir 
d'un  tarare  n'ont  sans  doute  pas  d'importance 
sémantique.  —  2,  Char  d'assaut  ;  500^  A.  S., 
août  18.  —  Syssém.  :  batteuse,  f.,  Cuisine-rou- 
lante ;  D. 

.  tasser  qqch.  (se).  Manger  qqch.  :  «  Quand  je 
l'ai  vu  se  tasser  une  sardine  et  un  bout  de  pain 
comme  ça,  ça  m'a  fait  pitié  »,  un  artilleur  pari- 
sien, nov.  17  ;  —  sous-entendu  :  dans  le  gosier  ; 


tac,  tac,  tac  !  »,  g.  v.,  i6.,268  ;  «  le  «  tacata  »  »,  enseigne  ***, 
Revue  de  Paris,  1-10-15,  634  ;  «  le  tac-tac  »,  montrion, 
Gu.  Aér., 27-12-17  ;  «  Tac,  tac,  tac  !  »,  delvert,  Quelques 
héros,  in  Gu.  Aér.,  3-1-18,  p.  136.  Et  beaucoup  moins 
usuelle  :  «  Taratata  !  »,e.  c,  Pet.  Journ.,  8-4-16  ;  «  ta-ra- 
ta-ta  »,  Matin,  18-4-16,  p.  1,  c.  6. 

—  509  — 


syssém.,  d'ailleurs,  de  cogner,  car  on  dit  tasser 
des  gnons  à  qqn,  «  c'  que  j'  lui  ai  tassé  !  » 

tatane,  f.,  A,  Brodequin  militaire,  Soulier, 
mécanos  d'av^^^  Pau,  mars  18  ;  (je  ne  Favais 
pas  entendu  auparavant)  ;  246^  ou  289^  inf. 
avant  avr.  18  ;  «  n'est  pas  inconnu  »  à  des  sol- 
dats ayant  passé  en  -17  par  les  6^  et  12^  inf.  ; 
«  il  a  touché  des  tatanes  neuves  »;  |  Chaus- 
sure ;  V.  du  p.;  Il  antérieur  à  -14  selon  un 
fantassin  parisien  et  un  chass.  alpin  niçois  qui 
l'emploient  usuellement  en  mai  18  à  Jarville 
près  Nancy.  —  Le  Parisien  susdit  croit  à  une 
onomatopée  :  la  savate  claquant  sur  le  parquet 
ferait  ta-ta  ;  ce  qui  ne  l'empêche  pas  de  nier  le 
sens  Savate  et  de  dire  :  taîane,  «  Toute  espèce  de 
godasse  »  ;  (interrogé  sur  le  genre  de  tatane  : 
«  une  tatane,  quoi,  comme  une  godasse  !»  ;  pour 
cette  impression  de  parasitisme  argotique,  cf. 
pépère).  «  J'ai  entendu  des  permissionnaires  de 
Paris  appeler  leurs  chaussures  des  tartanes 
(parfois  altéré  en  tatanes)  :  métaphore  d'origine 
provençale,  dont  la  diffusion  a  été  favorisée 
par  le  sens  argotique  analogue  [syssématisme] 
de  «  bateau  »  (et  peut-être  aussi,  pour  la  forme, 
par  tartine  [Soulier]  <...>)  »,  dauzat,  mai''17, 
485.  Je  n'ai  pu  observer  la  forme  tartane  ;  au- 

—  510  — 


tant  il  est  aisé  d'expliquer  tatane  par  *  tartane, 
et  le  Niçois  susdit  l'explique  ainsi,  autant  il  est 
aisé  de  voir  en  tartane  une  déformation  de  ta- 
tane par  étymologie  populaire. 

B,  Pied  ;  246®  inf.,  17^  ci%  mars  18  ;  soldats 
parisiens,  avr.  18  ;  «  J'ai  mal  aux  tatanes  », 
L.  SAMBARDIER  ;  (scns  nié  énergiquement  par 
le  fantassin  parisien  et  l'alpin  niçois  susdits, 
et  inconnu  aux  6^  et  12^  inf.,  -17,  2^  0»^,  -18)  ; 
[  tatane,  Pied,  a  été  apporté  à  Ménilmontant 
par  ((  des  soldats  venus  en  permission  )),«  depuis 
un  an  à  peine  »,  dauzat,  27-6-17  ;  cf.  16-5-17  ; 
D.  le  laisse  tomber. 

De  A  à  B,  le  passage  sémantique  est  aisé  ; 
une  Marseillaise  me  disait  couramment  Quittez 
ç>os  pieds,  Quittez  vos  chaussures,  97-05  ; 
c'était  une  plaisanterie  ;  mais  souvent  il  est 
inutile  de  distinguer  entre  le  pied  et  la  chaus- 
sure :  «  Il  a  sali  le  parquet  avec  ses  pieds  sales  » 
se  dira  .d'un  homme  aux  souliers  crottés.  Sur- 
tout, la  chaussure  épousant  le  pied,  tous  deux 
ont  une  forme  analogue  ;  aussi  les  nomme-t-on, 
par  échange  mutuel,  le  Pied  pot  à  crasse,  à 
l'occasion  ribouis,\eL  Chaussure  ripaton,tous  deux 
boîte  à  violon,  rig.  et  trottinet.  —  N'est-il  pas 
remarquable  que  le  mot  qui  rime  le  plus  riche- 

—  511  — 


ment  avec  tatane,  savoir  le  mot  militaire  mata- 
tane,  f.,  Salle  de  police,  fustier  et  dlle,  soit 
un  syn.  de  boîte  et  de  violon  ?  Ce  rapproche- 
ment vaut  en  sémantique  mieux  que  ne  vaut 
en  phonétique  l'hypothèse,  de  la  chute  du  r  de 
*  tartane.  —  Naturellement,  si  on  observait  que 
les  chaussures  soient  nommées  argotiquement 
des  *  tannées  ou  *  tannantes,  il  y  aurait  là  de 
quoi  penser.  On  signale  à  d.  un  cordonnier  de 
Châtel-Gérard  (Yonne)  surnommé  dès  long- 
temps le  tatane. 

-tau,  suffixe  pour  tout  nom  propre  ;  109®  inf., 
9®  cl®,  -16  i  un  coiffeur  de  Chaumont  et  un 
boucher  de  Paris  y  lancent  la  mode  de  pro- 
noncer en  -au  tous  les  noms  terminés  en  -au, 
ex.  :  hoyaii  ;  aux  noms  propres  ils  ajoutent  -taiX, 
ex.  :  Grolleautaii,  Robintau.  —  La  fréquence 
du  i  à  la  fin  des  noms  propres  français  rend 
compte  du  t  de  ce  suffixe  dont  le  reste  s'ex- 
plique par  le  jeu  de  supposerjphonétique  la 
graphie  au.  —  J'ai  écarté  de  ce  recueil  les  no- 
tations de  morphologie  ;  j'accroche  ici  celle 
d'un  infixe  argotique  passepartout  usité  par 
un  Parisien,  graveur  sur  métaux,^au  81®  t., 
-17,  ex.  :  Ct/mcouille  et  mes  denxno  de 
BergecoVLille    et    mes    deuxrac  ;   —   couille    de 

—  512  -- 


mes  deux,    au  2^  c^^,  -18  et  dès  avant  août  17. 

taube,  m.,  Avion  boche  ;  81^  t.,  -15  ;  —  ex- 
tension du  nom  d'une  marque  d'avion  de  bom- 
bardement. 

taxi,  m.,  A,  Avion  ;  aviateurs,  14-18;  |  david, 
carnet,  23-8-14,  in  Gu.  Aér.,  11-1-17,  p.  135  ; 
MusiDORA.  —  De  taxi,  Fiacre  à  taximètre,  Pa- 
ris, -05.  —  Dans  le  militaire  anglais  un  avion 
«  is  usually  called  a  «  bus  )>  »,  Morning  ;  il  y  a 
longtemps  que  l'anglais  emploie  hus,  Omnibus. 
—  Cf.  tacot,  berlingot,  chignole,  péniche  ;  — 
cocher,  m.,  Pilote-aviateur  ;  Mousqu.,  87  ;  — 
écurie,  f.,  Hangar  d'aven  ;  ib.  —  B,  Voiture  à 
bras  ;  D.  —  C,  Char  d'assaut  ;  500^  A.  S., 
août  18. 

télé,  m.,  Téléphoniste  ;  Boum  ^oilà  /,  in 
B.  des  A.,  30-8-16  ;  «  l'appel  d'un  télé.j  qui  se 
meurt  d'ennui  »,  Vie  Par.,  10-3-17,  p.  232, 
0.  3  ;  —  cf.  phoniste. 

téléphonard,  m..  Téléphoniste  ;  usuel  et  gé- 
néral, A.  ARNoux  ;  I  Cabaret,  462;  ■ —  cf.  fron- 
tard. —  Apocope,  syn.  :  phonard,  m.  ;1306inf.,-18. 

téléphoner,  A,  Aspirer  à  l'aide  d'un  tuyau 
de  caoutchouc  le  vin  d'un  tonneau  qu'on  a 
percé  frauduleusement,  méfait  reproché  dans 
les    conseils    de    guerre    du    front  ;    124^    inf., 

—  513  — 

ESNAULT  33 


l^e  Qie^ .  j^7  ;  D.  ;  —  métaphore  prise  de  Tattitude 
du  téléphonant  et  du  tuyau  conducteur  auquel  il 
est  suspendu.  —  B,  Chier  ;  très  usuel  au  109®  inf ., 
-16,  au  95®  inf.,  depuis  fév.  18;  ||  dlle  ;  —  se 
développe  naturellement  en  téléphoner  à 
Guillaume  {écrire  à  Bismarck  étant  coco)  ; 
d'autres,  selon  les  antipathies,  téléphonent  au 
pape,  109®  inf.,  -16. 

temps  (heure  du),  f.,  Heure  vraie  astrono- 
mique, par  opposition  à  l'heure  officielle  dé- 
calée système  Honnorat  ;  un  2d-m®,  fév.  18  ; 
—  temps,  Ciel,  comme  dans  oiseau  bleu  couleur 
du  temps,  et  le  temps  tombe  par  morceaux. 

terri,  Territorial  ;  lambert.  —  torrial,  m., 
même  sens  ;  et  torriale,  f.,  Infanterie  territo- 
riale ;  D.  m.  p.  —  Cf.  les  deux  apocopes  de 
téléphoniste,  de  capitaine  et  de  combinaison. 

têtard,  m.,  Cheval  ;  agatha  ;  «  1'  têtard  du 
major  »,  Feu,  106.  —  De  têtard,  Têtu  ;  rig. 

teuf-teuf  (fusil),  m..  Fusil-mitrailleur  ;  2®  c^^, 
août  18.  —  Cf.  fusil  automobile,  m., Fusil  auto- 
matique 1917  à  chargeurs  ;  ib.,  sept.  18.  — 
Dans  le  f.-m.  il  y  a  évidemment  de  l'automa- 
tisme, de  V automobilisme  par  confusion  plai- 
sante, mais  teuf-teuf  a  plus  de  précision  que 
d'évoquer  les  autos  :  teuf-teuf^  tuf-tuf,  tf-tf,  est 

—  514  — 


ronomatopée  du  crachat,  g.  e.,  Lois,  i,  14  ;  or, 
le  f.-m.,  «  quand  il  tire,  me  disait  un  cama- 
rade,   a   l'air   de    cracher   toutes    ses    dents   », 

G.    MARÉCHAL,    aOÛt    18. 

tigre,  m..  Soldat  de  la  classe  19  ;  un  conscrit 
nantais  signe  «  votre  tigre  »,  sept.  18  ;  |  «  Les 
jeunes  recrues  de  Draguignan,  de  Brignoles  et  de 
Toulon  ont  solennellement  consacré  en  de  fra- 
ternelles réunions  mêlées  de  chants  et  d'allo- 
cutions patriotiques  le  surnom  de  tigres  donné 
aux  petits  soldats  de  la  classe  1919,  en  hom- 
mage au  premier  ministre  [Clemenceau]  qui 
est  l'élu  du  Var  depuis  de  nombreuses  années  », 
Matin,  25-4-18,  p.  1,  c.  3.  —  Cf,  :  Tarmée  à 
Clemenceau,  les  Renvoyés  des  usines  en  1918  ; 
40^  art.,  oct.  18  ;  —  cf.  joffre,  charles-humbert. 

tir  de  barrage  (demander  le),  ou  l'artillerie, 
Vomir  du  vin  rouge  ;  2^  c^^,  nov.  15,  usuel  en 
mai  17-sept.  18.  —  Syn.  et  explicatif  :  lancer 
des  fusées  rouges  ;  ib.  —  Lancer  une  fusée, 
Vomir  ;  dlle. 

tire- bouchon,  m..  Baïonnette  ;  Le  poilu  fran- 
çais nomme  «  the  old-style  bayonet  »,  (la 
baïonnette  ancien  modèle),  «  a  cabbage-cutter  », 
(un  coupe-choux),  «  a  cork-screw  »,  (un  tire- 
bouchon),  Morning.  —  Coupe-choux  convient  à 

—  515  — 


la  74,  mais  tire-bouchon  à  la  86,  et  c'est  un  bon 
syssém.  de  fourchette,  ce  qui  compense  la  min- 
ceur d'autorité  du  Morning.  —  Cf.  tire- Boche 
sous  rince- Boches. 

tiser  qqch.  (se).  Prendre  (comme  nourriture, 
comme  corvée),  «  Se  mettre  »,  «  S'appuyer  » 
qqch.  :  «  Qu'est-ce  qu'on  va  se  tiser  !  »,  13^  tir. 
alg.,  juill.  18  ;  «  A  l'Yser,  on  s'est  tisé  quelque 
chose  »,  un  zouave,  -18  ;  connu  de  i.  lâchât, 
mais  non  par  le  2^  c^^.  —  De  attise.  Bois  que 
le  brasseur  met  sous  la  chaudière  ?  Syssém. 
de  s* enfourner  qqch.  ? 

toboggan,  m..  A,  Chute  rapide  d'un  avion, 
(par  ex.  du  fait  d'un  «  trou  d'air  »,  dépression 
barométrique  locale)  ;  Mousqu.,  136  ;  —  B,  Voi- 
ture automobile  ;  l.  imbert. 

toboggan  (sauter  le).  Aller  à  l'assaut  ;  156®  inf ., 
mai  18.  —  L'effet  de  chute  en  arc  de  cercle 
obtenu  au  bas  de  la  glissade  en  toboggan  est-il 
représenté  ici  par  le  franchissement  du  para- 
pet de  l'ennemi,  après  la  course  rapide  sur  le 
«  billard  »  périlleux  ?  Plus  probablement,  to- 
boggan développe  verbalement  l'idée  de  saut  ; 
l'assaut  et  le  toboggan  ont  pourtant  cette  res- 
semblance réelle  qu'il  y  faut  aller  jusqu'au 
bout  ;    cette    idée    se   retrouve    dans    Lâchons 

—  516  •— 


tout  !,  A  l'assaut  !,  d.,  pris  au  Lâchez-tout  !  des 
aéronautes.  —  Cf.  tango. 

tôlier,  m.,  Homme  puni  de  prison  ;  agath a  ;  — 
de  taulCf  Prison.  —  Syn.  :  tôlard,  m.,  40®  art. ,-18. 

tomber  sur  qqch.,  le  Chaparder  ;  81®  t.,  14-17  ; 
—  «  J'avais  un  quart  tout  à  l'heure  ;  qui  est-ce 
qui  est  tombé  faible  dessus  ?  )),  81®  t.,  -16  ;  — 
tomber  dans  qqch.,  même  sens  ;  e.  h.,  Temps, 
24-5-15.  —  Syssém.  :  s'évanouir  sur  qqch.,  le 
Chiper,  en  Prendre  indiscrètement  ;  usuel  dès 
-99  ;  —  se  trouver  mal  sur  qqch.,  le  Chiper  ; 
RI  G.  ;  —  se  casser  le  poignet  sur  qqch.,  le  Chi- 
per ;  81®  t.,  14-17;  Il  65®  inf.,  -12  ;  se  fouler  le 
poignet  sur  qqch.,  le  Chiper,  Feu,  196  ;  —  cf. 
«  J'ai  été  condamné  cinquante  fois,  toujours 
pour  ivresse  ;  jamais  je  ne  suis  tombé  sur  les 
mains  )),  ...  jamais  je  n'ai  Volé,un  docker  nan- 
tais, déc.  14.  —  L'image  est  celle  d'une  chute 
simulée  dont  le  but  est  de  ramasser  un  objet. 

tommy,  pluriel  tommies  (prononcés  tous 
deux  tomi),  m.,  Soldat  du  Royaume-Uni  ;  15- 
18  ;  I  LAMBERT.  —  Usucl  outre-Manchc.  (Les 
Anglais  ne  sont  pas  sûrs  de  l'étymologie,  ou 
en  sont  trop  sûrs.  Certains  admettent  qu'un 
certain  Atkins,  Tommy  de  prénom,  se  conduisit 
bravement    à   Waterloo  ;    B.   des    A.,   4-10-16, 

—  517  — 


p.  10.  On  dit  préférablement  qu*un  rédacteur 
du  ministère  de  la  guerre  anglais,  dans  les  pre- 
mières années  du  19^  siècle,  remplaça  le  N..., 
symbole  de  nom  d*homme,  qui  figurait  sur  les 
modèles  de  prestation  de  serment,  par  un  nom 
et  un  prénom  fort  communs,  et  qu'un  sobriquet 
en  résulta,  qui  traînait  dans  les  casernes  depuis 
longtemps  déjà  quand  Kipling  le  jeta  dans  le 
grand  public  par  ses  Ballades  de  la  chambrée 
dédiées  à  Mr  T.  A.  ;  viard,  Pays  de  France, 
5-10-16,  p.  10).  —  sammy,  pluriel  sammies, 
(prononcés  sami),  m.,  Soldat  des  Etats-Unis, 
n'a  dans  l'usage  français  qu'un  succès  beau- 
coup plus  maigre  que  tommy.  —  Sammy, 
comme  qui  dirait  Enfant  de  l'Uncle  Sam,  ne 
va  pas  sans  protestations  aux  Etats-Unis,  dont 
écho  dans  VŒuçre,  16-5-18,  p.  2.  —  Je  n'ai 
jamais  entendu  teddy,  pluriel  teddies,  syn.  de 
sammy,  que  les  journaux  ont  vo' lu  lancer,  — 
comme  qui  dirait  Enfant  de  Teddy  Roosevelt, 
sobriquet  en  vogue  nulle  aux  Etats-Unis,  me 
disent  les  Américains  ;  —  non  plus  que  nicolas, 
Soldat  russe,  D.  m.  p.,  —  du  nom  du  tsar  Ni- 
colas II.  —  yank,  m.,  syn.  estampillé  par  le 
gén.  March,  chef  de  l'Etat-Major,  14-8-18,  est 
lui-même  «  unsatisfactory  »,    The   Gas    Valide, 

—  S18  — 


(journal  des  Dirigeables  de  Paimbœuf),  16-8-18, 
p.  1,  c.  3. 

tonneau,  m.,  Acrobatie  d'aviation  consistant 
à  avancer  par  une  vrille  horizontale  ;  aviateurs, 
mai-oct.  17;  |  «  amorce  la  vrille,  un  coup  de 
tonneau  vigoureux  et  une  feuille  morte  tapée, 
remets  la  sauce  au  ras  des  tranchées  boches  », 
sTABiLo,  Gu.  Aér.,  7-6-17. 

tonneau  (faire  un).  Lancer  une  bombe  de 
tranchée  vers  un  but  précis  ;  D.  m.  p.  \  \\  même 
sens,  Argot  de  S^-Cyr  (1893).  —  Comparaison 
avec    un  jeu  bien  connu  ;  —  cf.  pétoir,   lapin. 

torpiller,  A,  a,  Mettre  à  mal  :  «  Porte-mon- 
naie torpillé  )),  Mousqu.,  36  ;  —  b,  Punir  ; 
8®  génie,  c^^  D-4,  sept.  18.  —  B,  torpiller  qqn, 
lui  Injecter  de  la  quinine  ;  d.  ;  —  image  prise 
à  la  guerre  navale,  non  sans  allusion  au  tor- 
pillage électrique  du  d^-  Vincent,  fameux  dans 
l'été  16  ;  —  cf.  takata,  m..  Médecin  du  ba- 
taillon ;  D.  ;  —  très  probablement  parce  qu'il 
pique  et  repique,  (voir  sous  taper  l'onomatopée 
tacata),  antityphoïdiquemcnt  et  antiparaty- 
phoïdiquement. 

toto,  m.,  Pou  ;  usuel  aux  troupiers,  hiver  14- 
15,  Argonne,  et  Champagne  ;  cuir.,  1^^"  gr. 
léger,  Artois,  mars  15  ;  «  totos  »  légende  d'un 

—  519  — 


crayonnage  mural  représentant  un  pou, 
Bailleulval  (P.-de-C),  sept.  15,  d'auteur  in- 
connu, (mais  étranger  sans  doute  au  81^  t. 
où  je  n'ai  pas  entendu  le  mot);  |  henriot  ; 
CHAPELLE  ;  Il  recueilli  d'une  paysanne  nona- 
génaire à  Montier-en-Der  (Barrois),  -03,  usuel 
à  l'hôpital  S*-Louis,  -89,  d.  —  Cf.  toto,  Sein, 
DLLE  ;  et  mon  toto,  terme  d'amitié  de  mère  à 
enfant,  fagus,  563,  non  pour  le  sématisme  mais 
pour  leur  forme  hypocoristique. 

toubi,  m.,  Médecin  ;  quelques  soldats,  15-16  ; 
231^  inf.,  H.  BARBUSSE  ;  I  Feu,  34;  dauzat, 
mai  17,  485.  —  Déformé  de  l'arabe  toubib, 
Médecin,  très  usuel  aux  coloniaux,  aux  marins, 
14-18,.  et  depuis  au  moins  -79.  Cf.  chouya. 

toumané,  m.,  Tirailleur  sénégalais  ;  usuel 
aux  coloniaux;  |    D.    m.   p.  ;   «  nos   Sénégalais 

—  les  Toumanés,  pour  les  appeler  de  leur  sur- 
nom français,  cadets  noirs  de  notre  Dumanet 
populaire  —  »,  guignard,  B.  des  A.,  15-11-16. 

—  De  Toumané,  prénom  pour  le  fils  aîné, 
fréquent  chez  les  Soninké,  (Sénégal)  ;  /  ni 
segué,  Toumané,  Bonjour  mon  vieux,  en  sabir  ; 
Toumanéa,{=  chez  \0oumané),  ville  de  Guinée; 
CH.  MONTEiL.  Cf.  malabar. 

tourlousine  (se  foutre  une).  Se  battre  (avec 

—  520  — 


qqn);  289^  inf.,  oct.  17-juill.  18;  ||  connu  avant 

-14    de    p.    CHARPENTIER. 

tournant  (passer  au),  Etre  condamné  par  le 
conseil  de  guerre  î  Si  les  ânes  «  se  trottent  dans 
les  lignes  boches,  c'est-y  eux  ou  le  conducteur 
qui  passera  au  «  tournant  »  ?  »,  valmy-baysse, 
Journ.,  9-10-16.  —  Syn.  :  passer  au  tourniquet  : 
«  J'ai  failli  passer  au  tourniquet  [pour  insultes 
à  supérieur]  ;  le  lieutenant  a  arrangé  l'affaire  », 
Cabaret,  458;  ||  sens  antérieur  plus  précis,pas5er 
au  tourniqu\  Etre  envoyé  aux  c*^^  de  discipline, 
19^  inf.,  95-96  ;  marins,  -18  ;  tourner,  même 
sens,  19®  inf.,  95-96.  —  Syssém.  :  passer  (des 
femmes)  au  moulin  à  café,  Envoyer  dans  une 
colonie,  par  mesure  de  police,  (une  cargaison 
de  femmes  que  la  police  vient  de  rafler),  de- 
LATTRE,  plaidoirie  du  27-1-79,  in  rig.  ;  —  le 
moulin  à  café,  la  Correctionnelle  ;  dlle  ;  —  les 
prévenus  défilent  et  sont  broyés  l'un  après 
l'autre,  mécaniquement,  graines  avant,  pous- 
sière après  ;  en  technologie  tourniquet  et  mou- 
linet sont  des  syn.  ;  et  un  Moulin  (à  blé)  est 
nommé  en  argot  un  tourniquet,  dès  1628  ;  le 
tournant  est  aussi  un  mot  technique  :  «  Sys- 
tème qui,  dans  un  moulin,  fait  tourner  les  deux 
meules  »,  hdt  ;  —  Biribi,  les  c*®^  de  discipline  ; 

~  521  — 


• —  le  jeu  de  Tourniquet  des  foires  s'appelle  Iç 
biribi  ;  à  ce  jeu  a  été  comparé  le  conseil  de 
guerre  j  puis  une  extension  a  porté  le  mot  au 
système  pénitentiaire  où  ce  tribunal  envoie  ses 
condamnés.  —  Voir  moulin  à  café. 

tourne-broche  ,  m.,  Baïonnette  ;  lambert  ; 
Le  poilu  français  nomme  sa  baïonnette  «  a 
knitting-needle  »,  (une  aiguille  à  tricoter), 
«  a  roasting-spit  »,  (une  broche  à  rôtir),  Morning. 
—  Cf.  tourne-  Boche  sous  rince-  Boches. 

tourniquet,  m.,  A,  Estomac  :  «  Ah  !  qu'on 
va  s'en  fout'  dans  1'  tourniquet  !  »,  Crapouillot, 
in  Front,  16-3-17  ;  — ■  tourniquet,  Moulin  ;  le 
tube  digestif  est  un  moulin.  —  B,  Roulement 
envoyant  les  soldats  au  feu  avec  régularité  et 
égalité  :  «  Le  langage  de  la  guerre  vient  de 
s'enrichir  d'un  nouveau  terme  qui  est  celui  de 
«  rafraîchissement  ».  L'expression  née,  dit-on, 
à  Verdun,  est  en  train  de  conquérir  droit  de 
cité  sur  la  Somme,  où  l'emploi  de  la  même  mé- 
thode qui  fit  ses  preuves  dans  l'Est,  semble 
offrir  des  résultats  également  satisfaisants 
-<...>»  Ce  système  fort  bien  adapté  à  notre 
caractère  national,  féru  d'égalité,  a  été  baptisé 
par  nos  troupiers  :  «  le  tourniquet  »  <<...>►  Ce 
système  donne  en  effet  à  chacun  l'illusion  d'une 

—  522  — 


fin  possible  de  la  guerre  en  ce  qui  le  concerne, 
limite  et  définit  l'effort  qu'il  doit  donner  pour 
avoir  droit  au  repos  ))  ;  l'espoir  de  jouir  à  brève 
échéance  des  agréments  d'une  ville  non  bom- 
bardée «  lui  fait  aborder  le  «  tourniquet  »  avec 
joie  et  presque  dédaigner  les  douceurs  relatives 
du  «  rafraîchissement  ».  C'est  là  le  grand  sujet 
des  conversations  du  front  :  «  Encore  un  tour 
et  puis  ça  y  est...  Au  repos  !  ...-  »»,  Pet.  Par., 
12-10-16,  p.  1,  c.  6.  —  C,  autre  emploi,  sous 
tournant,  offrant  à  peu  près  le  même  sématisme 
que  l'emploi  B. 

tourterelle,  f.,  1,  Torpille  aérienne  à  ailettes  ; 
156^  inf .,  avr.  18  ;  |  En  Argonne  «  i's  r'çoivent 
des  tourterelles,  qu'i's  disent.  C'est  des  grandes 
machines  lourdes,  lancées  de  près.  Ça  arrive  en 
roucoulant,  de  vrai  »,  Feu,  234  ;  «  En  Argonne 
on  l'appelait  encore  tourterelle  à  cause  de  son 
roucoulement  dans  l'air,  et  hirondelle  en  Artois  », 
z,  Armée  de  1917,  143  ;  —  2,  Grenade  boche  à 
fusil  :  ({  Les  tourterelles,  c'est  les  Viven-Bes- 
sière  boches  »,  34^  inf.,  juill.  17.  —  Syssém.  : 
hirondelle,  f.,  texte  ci-dessus. — pigeon,  m.,  1, 
Petite  bombe  à  ailette  :  «  Petites  bombes  à 
ailettes  que  nous  appelons  «  pigeons  »  »,  légende 
d'une  photographie  de  matériel  allemand  pris 

—  523  — 


au  sud  de  la  Somme,  Illustration,  29-7-16, 
p.  104  ;  du  côté  français  se  lance  par  canon 
de  58  ;  —  2,  Grenade  à  fusil  ;  l.  sambardier. 
—  Les  ailettes  de  ces  engins  ont  pu  suffire  à 
les  faire  qualifier  d'oiseaux  ;  (cf.  oiseau)  ;  d'où 
hirondelle  ;  l'image  auditive  que  comportent 
tourterelle  et  pigeon  serait  postérieure  ;  cf.  pi- 
geon ramier  ;  —  sauterelle,  f.,  Grenade  à  fusil  ; 
cuir.,  l^r  gr.  léger,  15-16. 

tout  du  ...  (avoir),  Etre  complètement...  ; 
81®  t.,  15-17  ;  marins,  17-18  ;  usuel  et  général  ; 
I  «T'as  tout  du  cuistancier  »,  Tu  es  sale  sur  toi 
comme  un  cuisto,  Feu,  11  ;  —  aç>oir  tout  du 
fumier,  du  choléra,  Etre  méchant  comme  une 
peste  ;  —  a^^oir  tout  de  la  cache,  Se  montrer 
trop  difficile  ;  |  «  Non  mais,  t'as  tout  d'ia 
vache  !  Tu  voudrais-t-il  des  bécasses  ou  du 
saumon  ?  »,  Gaspard,  77  ;  H  usuel  en  Suisse  : 
açoir  tout  de  Vemmanché,  du  dingot.  Etre  sot, 
fou  ;  Schw.  Sold.,  72,  73.  —  Une  locution 
comme  II  a  tout  de  son  père  est  du  français  le 
plus  anciennement  normal  ;  Ça  n^a  rien  de  sale, 
C'est  joli,  est  populaire  dès  longtemps  ;  (l'an- 
glais dit  :  «  there  was  nothing  of  the  sneak  in 
Traddles  »,  Traddles  n'avait  rien  du  jobard, 
DICKENS,    Copperfield,  vu)  ;  nos    locutions  ci- 

—  524  — 


dessus  en  dérivent  insensiblement,  neuves  par 
la  drôlerie  des  compléments  adaptés  à  ce  tour. 
train  de  plaisir,  m..  Gros  obus  pendant  son 
trajet  ;  80^  t.,  -16  à  Boesinghe.  —  train  de  per- 
missionnaires, m.,  Obus  de  305  ;  V.  du  p.  — 
métro,  m.,  Gros  obus  ;  D.  m.  p.  ;  «  Les  projec- 
tiles se  croisent  en  se  vissant  dans  l'air  à  1,000 
et  1,500  mètres  de  hauteur...  Les  miens  jouent 
de  la  contrebasse,  au  moins.  Les  fantassins 
les  ont  surnommés  le  «  Métro  »  »,  l.  d.-a..  Echo 
de  P.,  9-10-16  ;  «  Son  souffle  est  lent  ;  on  sent 
un  projectile  plus  bedonnant,  plus  énorme  que 
les  autres.  On  l'entend  passer,  descendre  en 
avant  avec  une  vibration  pesante  et  grandis- 
sante de  métro  entrant  en  gare  »,  Feu,  229. — 
train  blindé,  m.,  Gros  obus  ;  d.  —  chemin- de- 
fer,  m..  Gros  obus  ;  360^  inf.,  14-15.  —  wa- 
gonnet, m.,  Gros  obus  ;  2^  c^l,  sept.  18  ;  — 
c.-à-d.  Decauville.  —  train  de  wagons-lit,  m., 
Série  de  gros  obus  ;  barrés.  Echo  de  P.,  23- 
12-15.  —  corvée  d'eau,  f.,  Gros  obus  de  mor- 
tiers ennemis  ;  207^  art.,  -18.  — Idée  commune 
de  ces  syssém.  :  Lenteur  (relative)  du  voyage 
de  l'obus  de  gros  calibre,  et  sonorités  com- 
plexes de  sa  course,  le  tout  comparable  à  la 
marche   d'un   train   de    chemin   de   fer   plutôt 

—  525  — 


lent  ;  —  en  boche  leiterwagen,  (voiture  à 
ridelles,  guimbarde),  Obus  lourd  ;  delcourt  ; 
—  cf.  r  «  m'Siis  un  sifflement  se  fit  entendre 
très  fort  ;  l'obus  arriva  comme  un  train  qui 
déraille,  rasa  notre  maison  et  éclata  à  dix 
mètres  d'elle  et  à  cent  mètres  de  moi  )>,  Emile  c, 
âgé  de  16  ans  et  demi,  récit  relatif  au  30-8-14, 
in  MAUBLANC  (de  qui  est  la  soulignure),  La 
guerre  vue  par  des  enfants,  Revue  de  Paris,  15- 
9-15,  p.  414.  —  Sématismes  très  voisins  :  auto- 
bus, rapide.  —  Autre  syssém.  :  tracteur,  m., 
Avion  de  réglage  ;  art,,  n.  ;  —  de  sa  lenteur 
relativement  aux  «  chasseurs  ». 

train  blindé,  m..  A,  Vaguemestre  ;  secteur  14  : 
«  Un  vaguemestre  s'appelle  train  blindé,  pour 
la  rapidité  avec  laquelle  il  apporte  les  lettres 
et  se  débine  de  même  »,  B.  des  A.,  30-8-16, 
p.  13.  —  Cette  explication  du  mot  par  le  té- 
moin est  louche  ;  la  rapidité  du  vaguemestre  à 
repartir  n'intéresse  guère  les  poilus  déjà  occu- 
pés de  leurs  babillardes,  et  quant  à  son  arrivée, 
on  lui  reproche  communément  d'être  lent,  (cf. 
traînard).  Une  meilleure  explication  de  train 
blindé  est  dans  wagon.  Vaguemestre  ;  de  wagon 
à  train  synonymie  ;  blindé,  sorte  de  suffixation 
libre.  —  B,  a,  voir  sous-marin  ;  b,  voir  train. 

—  526  — 


train  (oompter  au),  Compter  pour  rien,   Ne 

rien  valoir  ;  Parisiens,  mai  18;  2^  c^^,  -18  ;  | 
«  —  Cœur  du  manillon  !...  Il  est  bon.  —  Et  la 
manoche  alors,  elle  compte  au  train  ?  »,  bou- 
langer, Est- Républicain,  20-8-16.  — :  La  seule 
explication  que  je  peux  proposer  est  que  comp- 
ter à  signifie  Etre  incorporé  ou  en  suhsiatance 
dans,  que  ce  train  soit  le  Train  des  équipages, 
et  que  les  soldats  du  Train  étant  dits  trainglotSy 
leur  nom  calembourise  avec  la  tringle^  Rien  ;  à 
ce  compte  *  compter  à  la  Traingleet  *  compter 
aux  Trainglots  auraient  précédé  compter  au  train. 

train  (se  manier  le),  Se  hâter  ;  divers  soldats 
et  officiers,  17-18  ;  —  train^  Cul  (ellipse  pour 
train  de  derrière),  ri  g.  ;  se  manier  le  train  est 
sans  doute  aussi  vieux  que  ses  syn.  se  manier 
le  figne,  etc. 

traînard,  m.,  Vaguemestre  ;  secteur  66  : 
«  Nous  appelons  notre  sympathique  vague- 
mestre le  traînard,  car  il  ne  va  jamais  assez  vite 
à  notre  gré  pour  nous  apporter  des  nouvelles 
de  l'intérieur  et  de  la  payse  »,  B.  des  A.,  11-10- 
16,  p.  13. 

traînard  (ramasser  un),  Faire  une  chute  ; 
360e  inf.,  14-15  ;  l.  ïmbert,  -18  ;  —  syn.  : 
aller  à  traîne  ;  360^  inf.,  14-15. 


527 


«  Traîne-patte,  surnom  donné  aux  services 
de  l'arrière,  secrétaires  d'Etat  major,  employés 
au  ravitaillement,  aux  stations  sur  routes,  aux 
magasins,  aux  gares  régulatrices,  etc.  )>,  sain., 
sans  référence.  —  Le  mot  est-il  pris  comme  un 
syn.  de  Boiteux  et  de  Malingre,  ou  comme  un 
équivalent  de  Traînard  à  l'arrière  d'une  armée 
en  mouvement  ?  Dans  ce  second  cas  le  rap- 
port de  traînard  à  traîne-patte  offrirait  comme 
chasse-pattes  un  prélude  du  suffixe  qu'on  trouve 
dans  çosgepatte.  —  Syssém.  :  traîne-cul,  m., 
Territorial  ;  d. 

traîne- tranchées,  m..  Homme  ancien  dans  le 
service  des  premières  lignes  î  «  Flutte  pour  le 
Métier  jen  n'est  mare  je  le  rend  par  les  yeux  le 
métier  de  traine  tranchée  18  mois  de  Campagne 
tout  a  l'heure  C'est  trop  long  pour  des  territo- 
riaux <...>  signé  un  Poilu  de  la  classe  1893  », 
crayonnage  dans  un  abri  de  guetteur,  81^  t., 
fév.  16,  à  Wailly,  secteur  M^.  —  Un  complé- 
ment direct  se  construit  avec  beaucoup  de 
verbes  intransitifs  de  sens  Aller  :  «  courir  les 
rues  »,  ((  balader  les  quais  »,  «  galoper  un  mu- 
sée »,  «  promener  les  bordels  »,  «  trimballer  les 
colonies  »  ;  de  même  en  anglais,  grec,  latin. 

tranch' caille,    f.,    Tranchée  ;    inf.,    Lorraine, 

--  528  — 


*14  ;  106^  chass.  (recrutement  notablement  pa- 
risien), oct.  17  ;  8®  génie,  289^  inf.,  40^  art., 
avr.  18.  —  Syn.  :  tranchaille,  f.  :«  Eh  !  sergent, 
sur  le  cahier  du  Toubib,  mettez  que  Riquet  des 
Tranchailles  a  mal  aux  «  cannes  »  )),  Crapouillot, 
in   Front,   16-3-17.  —    tranchade,  f.  ;    D.  m.  p. 

—  tranch'mar,  f.  ;  d.  —  Suffixes  :  -ade,  attri- 
buable  à  la  langue  d'oc  ;  -caille,  cf.  rouscail- 
ler ;  -aille,  cf.  corçaille  ;  -mar,  cf.  zigomar. 

tranche  de  melon,  f.,  Calot  ;  d.  —  Image 
précise  pour  le  calot  «  réglo  »,  non  pour  le  calot 
«  fantais'  »  à  forme  de  caravelle. 

tranchée,  f.,  A,  Fente  sexuelle  de  la  femme  ; 
81^  t.,  -16  ;  —  cf.  chicane.  —  B,  Femme  ;  81^  t., 
-16.  D'où  la  personnification  de  la  tranchée 
du  81^  t.  en  commère  de  revue  :  «  La  Commère 
(Entrant)  :  La  Tranchée  I...  la  voilà  !  »,  péaud 
et  RIVET,  C'est  Beau...  Mais...,  prologue,  se.  8  ; 

—  le  sens  B  a  l'avantage  de  rappeler  trancher. 
Baiser  :  «  Il  passe  son  temps  à  trancher  les 
femelles  de  B<...>  »,  81^  t.,  -15. 

tranchéien,  m.,  Soldat  des  tranchées  :  «  Un 
ancien  article  paru  ici  même  narrait  la  bonne 
camaraderie  des  «  tranchéiens  »  »,  Carnet  de  la 
Semaine,  8-7-17,  p.  4,  c.  1. 

tranchéite,  f.,  Spleen  des  tranchées  i  La  bouf- 

—  529  — 

ESNAULT  34 


larde  «  prévient  la  «  tranchéite  ».  Honneur  à  la 
pipe  du  soldat  !  »,  B.  des  A.,  n^  92.  —  Même 
suffixe  médical  dans  bouite,  f.,  Maladie  consis- 
tant à  être  crotté  de  pied  en  cap  •  «  En  tout  cas 
vous  avez  une  bouite  »,  un  major,  81®  t., 
août  15  ;  —  blérancourdite,  f..  Désir  immodéré 
de  faire  un  tour  à  l'Arrière,  maladie  qui  se 
gagnait  au  poste  de  secours  de  Blérancourt 
(Oise)  ;  289®  inf.,  -18  ;  —  cutsite,  f.,  —  cameli- 
nite,  f.,  même  diagnostic,  épidémies  qui  succé- 
dèrent à"  la  blérancourdite,  et  dont  le  foyer  était 
Cuts  (Oise)  et  Camelin  (Aisne)  ;  289®  inf.,  -18  ; 
ces  trois  mots  usuels  aux  poilus  ;  —  flemmite 
et  (par  chevauchement  avec  méningite)  flem- 
mingite,  Flemme  morbide  ;  —  espionnite,  Ma- 
ladie mentale  de  voir  des  espions  partout. 

trente-zob,  m.,  Canon  de  37  ;  13®  tir.  alg., 
oct.  18  ;  —  libre  «  suffixation  »  erotique. 

tréteau,  m.,  Cheval  ;  agatha  ;  Feu,  106.  — 
Un  tréteau  est  un  appareil,  analogue  à  un  che- 
valet, pourvu  de  quatre  pieds  et  servant  à 
porter  avec  stabilité  ;  un  sématisme  inverse 
fait  du  cheval  un  tréteau  ;  cf.  fokker. 

trimbouelle  (ramasser  une),  Tomber  de  son 
haut.  Rouler  par  terre  ;  fantassins,  mai  18.  — 
• —  ?  Du  radical  de  trimballage,  Transport. 

—  530  ^ 


trisser,    se    trisser.    S'en    aller    rapidement  ; 

«  Je  m'  trisse  »,  «  J'  vais  ni'  trisser  »,  usuel  aux 
18e  t.  (Paris  et  Normandie),  51^  t.,  359^  (Lyon), 
106e  (Paris),  120^  (Nancy)  inf.,  16-17  ;  154^  inf. 
(Meuse),   13^  tir.   alg.,   -18  ;   (non   au  81^  t.)  ; 
«   L'eau  a  trissé  »,...   a   giclé   du  robinet   dans 
l'évier,  soldat,  -17  ;  «  Tu  parles  qu'il  a  envie  de 
trisser  !  »,  2<i-me  (provençal),  -17,  parlant  d'un 
ballonnet  gonflé  d'hydrogène  ;  |  «  le  Boche  avait 
«  trissé  »  et  s'était  «  cavale  en  vitesse  »»,  chaîne, 
Mémoires  d'un  Rat,  ii,  1  ;  —  apparenté  à  trisse, 
Diarrhée,  à  Montbéliard,  sahler,  Vieux  propos 
(1917),    drisse,    Diarrhée,    dlle,   F.-A.,    (d'où 
dringue,  Diarrhée  et,  dès  -87,  Peur)  ;  la  Diar- 
rhée est  la  courante.  —  Dér.  :  trisse,  f.,  Action 
de  fuir  ;  109®  inf.,  16-17,  —  notamment  dans 
boyau  de  trisse,   Boyau  propice  à  la  fuite  au 
moment  du  danger,  (inexistant,  mais  les  poilus 
se  vantent  de  le  repérer  soigneusement  dès  la 
montée  en  secteur,   et  les  nouveau-arrivés  au 
front  croient  sur  la  foi  des  anciens  à  sa  réalité 
et  à  son  utilité)  ;  —  d'où  prendre  le  boyau  Von 
Trissmann,   Fuir;  289®  inf.,  juin   18;  —  cf.   : 
«   Alphès   qui  savait  tous  les   chemins  hors  la 
fuite  »,  HUGO,  Les  Trois-Cents. 

trois- kilos,    m..   Main  appliquant  itn,   coup  : 

^  531  — 


«  Un  trois  kilos  te  la  fermerait  vite  !  »,  Feu, 
27  ;  —  syssém.  :  demi-lwre.  Main  :  «  je  vous 
tends  ma  demi-livre  »,  un  apprenti,  Paris,  -03. 

—  Sous-entendu  :  de  viande. 

trois  points  (atterrissage),  Atterrissage  suc- 
cessif (au  lieu  d'être  simultané)  des  deux  roues 
et  de  la  béquille  de  l'avion  ;  Miramas,  mai  18. 

trouillard,     Peureux  ;    usuel    et    général;  | 
((  C'est  pas  des  trouillards  »,  richard.  Pet.  Par., 
14-5-16  ;  Pépères,  35  ;  déch.  ;  jj  oublié  par  les 
lexicographes  ;  —  syn.   :  trouleux  ;  Paris,  1900. 

trubulu,  m.,  Chahut,  Grosse  affaire  : 
((  —  L'Yser  ?  La  Champagne  ?  Même  Douau- 
mont  et  Vaux  ?  Jeux  de  gosses,  à  côté  de 
Thiaumont.  Là,  c'est  le  grand  trubulu  et  la 
grande  misère  »,    Trois  jours,   Matin,   19-7-16. 

—  Apparenté  à  tribulation  ? 

tue-boches,  m.,  Fusil  :  «  Alors  le  môme  La- 
raupem  décarre  de  la  cague,  il  se  frotte  un  peu 
le  coin  des  carreaux,  prend  son  tue-boches  et 
va  prendre  la  faction  »,  paraud,  texte  dans 
le  Figaro,  5-5-15,  (voir  pagna)  ;  —  sain. 
traduit  tue-boches  Baïonnette,  sans  réfléchir 
qu'en  première  ligne  le  soldat  dort  ceinturon 
au  flanc  et  n'a  pas  au  réveil  à  chercher  sa 
baïonnette.      » 

—  532  — 


tuer,  A,  Démolir,  en  parlant  d'une  automo- 
bile :  tuer  une  ^'oiture  ;  un  conducteur,  avr.  18  ; 
Il  tuer  une  pièce,  l'Abîmer,  style  de  charpen- 
tiers ;  RiG.  ;  —  syssém.  :  assassiner  un  camion 
(automobile)  ;  un  conducteur,  avr.  18  ;  — 
«  mon  camion  était  mort  )),...  était  Démoli  ;  un 
conducteur,  avr.  18  ;  —  fusiller  ;  —  zigouiller  ; 
—  B,  Casser,  en  parlant  de  la  figure  :  tuer  la 
gueule  à  qqn,  la  lui  Casser,  le  Tuer  ;  «  V'ià  qu'ils 
nous  tuent  la  gueule  et  qu'ils  voudraient,  après, 
nous  la  fermer  !  )),  Cabaret,  470,  c.-à-d.  Voici  : 
les  mêmes  artilleurs  qui  nous  tuent  (en  ligne, 
par  leurs  tirs  mal  réglés),  voudraient  ensuite 
nous  empêcher  de  parler  ;  (la  dans  ce  texte  ne 
renvoie  pas  à  gueule  de  la  proposition  précé- 
dente ;  la  fermer  fait  corps). 

tunard,  m.,  1,  Pièce  de  5  francs  :  «  un  tunard 
par  jour  )),  Cabaret,  458;  |  frère  thunard,  même 
sens  ;  dlle  ;  —  2,  Billet  de  banque  de  5  francs  ; 
106^  chass.,  sept.  16  ;  —  usuel  aux  pari- 
sianisés  ;  —  dérivé  de  tune,  Pièce  de  5  francs  ; 
le  rapport  de  tune  à  tunard  se  retrouve  de  flèche 
à  fléchard.  Sou  ;  —  cf.  frontard. 

tuyau  de  poêle,  m.,  1,  Projectile  en  tôle,  lon- 
gueur 0^^,60  à  0°^,70  ;  largeur  un  tuyau  de 
poêle    ordinaire  ;   charge   un   explosif,    (d'ordi- 

—  533  — 


naire,  de  la  cheddite),  muni  d'une  mèche  lente 
et  quelquefois,  en  outre,  d'un  percuteur  ; 
portée  maximum  150"^  ;  roulant  après  sa  chute, 
il  peut  aller  éclater  dans  un  abri-caverne  ; 
80e  t^  .16  à  Boesinghe  ;  340^  inf.,  avant 
juin.  16  ;  soldats  à  Sanzey  (M.-et-M.),  juill.  16; 
14e  chass.,  nov.  16  ;  95^  inf.,  avr.  18  ;  | 
voir  na^et.  —  2,  Bombe  de  crapouillot  ;  360^  inf. 
et  cuir.,  l^r  gr.  léger,  -15  ;  2^  c^ï,  -18. 

usine  à  gaz,  f..  Avion  Bréguet  ;  déch.  —  Cf. 
cuisine-roulante. 

vachard,  1,  Lâche:  «  si  personne  ne  les  sur- 
veille [les  hommes  des  Bataillons  d'Afrique],  ils 
vont  adopter  l'attitude  vacharde  du  mulet  au 
repos,  et  ils  vont  se  tourner  les  pouces  ou  feront 
la  sieste  )),  z.  Armée  de  1917,  218  ;  —  cache, 
Lâche,  et  vacherie,  Saleté,  usuels  et  anciens  : 
«  ça  va  être  encore  de  la  vacherie  »,  propos 
d'une  escouade  qui  attend  le  retour  des  hommes 
de  soupe.  Feu,  22  ;  «  si  on  s'  carre  à  l'abri,  la 
dernière  vacherie  qu'on  puisse  faire  c'est  d' 
faire  croire  qu'on  a  risqué  »,  ih.,  137  ;  —  cf. 
frontard.  —  2,  m.,  a,  Rossard,  Lâche;  b,  Rosse, 
Pas  tendre  ;  40^  art.,  -18  :  un  sale  vachard. 

vague.  Bizarre,  Louche  ;  81^  t.,  mars  16  : 
«  Je  n'  sais  pas  si  not'  chef  de  bataillon  est  mé 


>34 


chant,  mais  il  a  quèque  chose  de  vague  dans  la 
peau  ». 

vague,  f..  Fraction  qui  fait  tel  service  de 
telle  à  telle  heure  ;  10®  art.  1.,  fév.  17  :  «  On  fait 
ce  service  là  par  vagues,  j'étais  de  la  troisième 
vague,  lui  de  la  seconde  ».  — •  Vagues,  Lignes 
d'assaillants,  (lignes  minces,  ou  lignes  de  pe- 
tites colonnes),  qui,  successives,  déferlent  contre 
la  tranchée  ennemie.  Manuel  du  chef  de  sec- 
tion (1916),  374. 

vainqueurs  de  la  Marne  {les),  m.,  les  Gen- 
darmes ;  2^  c^^,  déc.  17.  —  Double  ironie  :  pas 
combattants,  faciles  vainqueurs  du  pauvre 
soldu. 

valdingue  (faire,  ramasser  un).  Tomber  de 
son  haut.  Rouler  par  terre  ;  87^  inf.,  -15  ; 
156®  inf.  et  divers  fantassins,  mai-juin  18  ;  — 
syn.  :  aller  à  la  valdingue  ;  289®  inf.,  -18  ;  — 
ramasser  une  valdingue  ;  2®  c^^,  -18  ;  —  aller  à 
valdingue  ;  360®  inf.,  -15  ;  —  valdinguer  ; 
289®  inf.,  -18  ;  —  cf.  ^aldringue,  f..  Etat 
d'ébriété  qui  amène  une  chute  par  terre,  en- 
tendu avant  mai  18,  peut-être  à  Blain  (Loire- 
Inf.)  ;  —  apparentés  à  vadrouille,  Vagabon- 
dage, ou  à  valdrague.  Désordre  ?  —  suffixe 
comme  ribouldingue  (Vadrouille  noceuse),   bal- 


535 


dingue,  drelingue,  dringue  (sous  trisser),  gringue. 
valise,  f.,  A,  Projectile  d'artillerie  lourde  ; 
156^  inf.,  juin  18  ;  divers  soldats  antérieure- 
ment ;  comparaison  du  contenu  assorti  d'un 
obus  aux  articles  divers  d'une  valise,  (cf.  mar- 
mite) ?  ou  simplement  idée  de  colis  balancé  en 
vitesse  ?  —  B,  Torpille  aérienne  boche  sans 
ailettes  ;  l.  sambardier  ;  cf.  «  les  calendriers, 
les  guitares,  les  raquettes,  les  {>alises,  c'est  toute 
la  variété  des  torpilles  et  autres  engins  simi- 
laires »,    CHAPELLE. 

vaseux,  1,  Songeur  et  irrésolu  ;  usuel  et  gé- 
néral; I  «  j'  dev'nais  vaseux  devant  c'te 
porte  »,  Feu,  21-8-16  ;  «  Il  devenait  vaseux  », 
FABRICE  et  MARLE,  Tribulations  d^un  Boche, 
22  ;  —  cf.  l'anglais  muddy,  1,  Vaseux,  2,  Lourd, 
Hébété  ;  mudded  et  muddied,  1,  Bourbeux, 
2,  Déconcerté.  —  2,  Brouillé  du  cerveau  (par 
l'ivresse)  ;  81^  t.,  -16  ;  —  cf.  l'anglais  muddied, 
1,  (eau)  Troublée,  2,  (homme)  Grisé,  (esprit) 
Hébété.  —  Dér.  :  vasouiller,  Etre  irrésolu  : 
«  Le  ballon  vasouille  »,  ...  Ne  sait  où  aller,  (le 
vent  ne  le  drosse  pas  nettement),  -17  ;  —  va- 
SOUillard,  Brouillé  du  cerveau  (par  l'ennui)  : 
«  On  commence  à  être  vasouillard  »,  jeune  sol- 
dat se  plaignant  de  la  monotonie  du  voyage 


536 


en    chemin    de    fer,   -17  ,;  —    voir   gazouiller. 

vendrou,  m.,  Rengagé  ;  40^  art.,  sept.  18.  — 
Vendu,  Rengagé,  suffixe  d'après  ...  ? 

verdure,  Réduit  à  l'impuissance  :  «  Trois 
francs  [dans  mon  portemonnaie]  !  Mon  vieux, 
faudrait  voir  à  m'  remplumer,  sans  ça,  en 
r'descendant  [des  tranchées,  où  nous  allons 
monter],  j'  suis  verdure  »,  Feu,  191;  ||  mot  de 
voyous  et  apaches  :  «  Tâche  d'en  sortir  [de  la 
prison  maritime]  et  surtout  ne  te  bile  pas  :  si 
tvi  es  verdure,  tu  peux  t'en  rapporter  à  moi 
pour  serrer  la  cuiller  [Faire  son  affaire]  à  ce 
vieux  fayot  [à  cause  de  qui,  l'ayant  assailli  et 
volé,  tu  es  en  prison]  »,  matelot  l,  lettre,  in 
Dépêche  de  Brest,  10-2-06.  —  Tiré  de  çert, 
même  sens,  (comme  de  jaune,  Traître,  se  tire 
jaunisse,  Traître)  ;  —  ^ert- pomme- pas- mûre, 
Frustré  ;  81^  t.,  15-17;  |  en  être  çert-pomme,... 
Etonné,  Surpris  ;  lambert. 

verni,  Veinard  ;  81^  t.,  14-17  ;  |  D.  m.  p,  ; 
«  Pendant  tout  c'  temps  [retraite  de  Belgique 
et  bataille  de  la  Marne]  j'ai  été  verni.  Pas  une 
égratignure  »,  g.  v.,  N.  Contes  ver.,  263  ;  «  les 
gars  de  la  9^,  ils  sont  vernis  !  Une  vieille  les 
reçoit  pour  rien  »,  Feu,  80  ;  «  Il  est  toujours 
verni,  V  5^  Bâton.  Jamais  i'  n'  donne  comme 

—  537  — 


nous  !  )),  ib.,  265  ;  aux  cartes,  «  tu  es  verni  ou 
tu  maquilles  les  brèmes  :  l'un  des  deux  !  », 
MAC  ORLAN,  Joum.,  31-12-16  ;  «  Mais  si  l'avion 
[boche]  tombe  dans  nos  lignes,  il  n'y  a  plus  de 
doute,  tel  pilote  l'a  abattu  -'—  du  reste,  ce 
«  vernis  »  est  vite  rentré  et  raconte  le  coup  aux 
copains  »,  (verni  parce  que  sa  victoire  sera 
homologuée),  v...,  Gu.  Aér.,  19-4-17;  j]  usuel 
aussi  à  Genève,  Schw.  Sold.,  72  ;  «  je  ne  suis 
pas  né  vernis  »,  Nénesse,  80  ;  —  cf.  :'((  Il  n'y  a 
que  les  pantes  qui  ont  une  couche  de  veine  », 
Moi  je  n'ai  pas  de  chance,  ib.,  248  ;  «  Lui-même 
a  foi  en  son  étoile  et  ne  cesse  de  répéter  qu'il 
a  la  «  peau  vernie  »  »,  galopin,  Mascotte  des 
Poilus,  I,  XI.  —  Dér.  :  vernissé,  Veinard  ;  81^  t., 
14-17  ;  — ■  ç^erni  et  vernissé  s'emploient  souvent 

par  ironie  à  propos  de  déveine, comme  jade 

pour  signifier  Frustré  de  sa  part,  —  comme  cité 
pour  signifier  Puni,  d.  —  vernoche.  Vei- 
nard :  «  Mais  ce  serait  trop  vernoche  »  si  les 
Boches  s'en  allaient  tout  d'un  coup,  pan- 
truchard  ;  —  cf.  sardoche.  —  dlle  a  déjà 
petit  i>ernis,  Jeune  élégant  ridicule.  Syssém.  : 
reluisant^  brillant,  gommeux,  qui  jette  de  rhuile^ 
juteux,  doré.  Le  luisant  d'une  peau  en  santé 
florissante  sématise  le  Bonheur,  d'où  la  Chance. 

—  538  — 


L'épiderme  de  toute  peau  arrive  à  s'appeler 
le  vernis  :  «  Je  me  suis  heurté  contre  le  mur  et 
je  me  suis  enlevé  le  vernis  »,  81^  t.,  -16.  En  un 
autre  sens  le  vernis  est  l'Ensemble  des  gens 
chics,  des  «  heureux  »  :  «  Je  suis  plutôt  pistonné 
au  vernis,  comme  tu  vois...  On  a  des  relations 
dans  le  dessus  du  panier  »,  Nénesse,  155. 

vésicatoire,  m.,  Havresac  ;  246^  inf.,  juin  17, 
à  Moronvillers  :  «  Le  vésicatoire  me  tire  sur  les 
côtelettes  )>.  —  Métaphore  de  sensation  mus- 
culaire. —  Cf.  dur,  m.,  Havresac  ;  inf.  c^^^  ;  p. 

veson,  m.,  Idée  fixe  de  paresse  et  de  déses- 
poir ;  80e  t.,  -16  ;  81^  t.,  15-17  :  «  J'ai  la  cosse 
aujourd'hui,  c'est  plus  fort  que  la  flemme,  mais 
un  peu  moins  que  le  veson  »  ;  divers  soldats  et 
marins,  17-18  ;  «  avoir  le  gros  veson  rouge  », 
Avoir  la  cosse,  Miramas,  mai  18.  Le  vesori 
est,  disent  les  uns,  «  100.000  fois  plus  terrible 
que  la  flemme  »,  les  autres  «  à  40  degrés  au- 
dessus  du  cafard  »,  ou  «  au-dessous  »  comme  on 
voudra  ;  le  «  veson  noir  »  est  inguérissable. 

vétérinoir,  m.,  Médecin-major  ;  81^  t.,  août  17. 

—  Libre  suffixation  sur  vétérinaire  ;  —  même 
suffixe  :  désertoir,  m.,  Déserteur  ;  81^  t.,  -16  ; 

—  réservoir,  Réserviste,  qui  fait  calembour.  — 
Cf.  état- mâchoire. 


539 


veto,  m.,  Vétérinaire  ;87^inf.,-14  ;  [  D.  m.  p.; 
Feu,  106  ;  ((  Le  Veto  du  manège  de  chevaux 
de  bois  »,  signature,  Dernier  bateau,  in  B.  des  A., 
5-4-16  ;  Il  à  l'école  vétérinaire,  Toulouse,  99-06. 

Le  grand  nombre  des  apocopes  arrêtant  un 
mot  sur  un  o,  (voir  aréo),  a  suggéré  depuis  une 
quarantaine  d'annéfes  le  procédé  de  rapocope 
renforcée  d'un  suffixe  -o  :  ventilo,  m..  Ventila- 
teur: «  J'embrayais  mon  ventilo  à  600  [tours]  )), 
pilotes  de  dirigeables,  déc.  17  ;  — ^  stabilo,  m., 
Stabilisateur  d'avion  ;  Gu.  Aér.,  8-12-17,  p.206, 
c.  3  ;  —  carburo,  m..  Carburateur  ;  Mousqu., 
95  ;  —  mécano,  m..  Mécanicien  ;  —  branco, 
coloro,  conçalo,  cuiso,  cuisto,  mobilo,  vaguo  ; 
rototo  ;  —  cyclo,   m..    Cycliste  ;  40^  art.,  -18. 

Notons  un  suffixe  -lo  dans  cwlo,  m.,  Civil, 
(usuel  et  universel,  (i)  ;  usuel  dès-95),  — (cf. 
fromlo,  Fromage,  en  Suisse  ;  viselot,  Vice  et 
Vicieux,  ROSS.)  ;  —  un  suffixe  -no  dans  pé- 
gu'no,  —  (cf.  croquenot,  Soulier)  ;  —  le  vieux 
suffixe  -go  dans  spago,  m..  Spahi  ;  p.  théry. 

victime,  Dupe,  Mal  partagé  dans  une  distri- 


(^)   On  ht  souvent  ciblot  ;  M.  P.  Charpentier  l'emploie 
en  m'écrivant.  Je  ne  l'ai  entendu  jamais  ;  a.  blanc  non 

plus,   ni  F.     DE   KERALIO  ;     G.      FERRAND,  G.    MARECHAL,  L. 

SAMBARDiER,  u'oseut  pas  être  aussi  négatifs. 
—  540  — 


bution  ;  81^  t.,  14  .(Parisiens)  -17.  — Le  mot, 
pour  cet  emploi  adjectif  et  sans  complément,  a 
pu  être  influencé  par  l'anglais  to  fell  a  victim 
(ex.,  DICKENS,  Pickwick,  éd.  New  Century,  13), 
Devenir  victime,  (cf.  «  they  're  the  wictims  o' 
gammon  »,  Ils  sont  victimes  de  la  blague,  i6., 
390)  ;  le  turf  et  la  galanterie  auraient  servi  de 
pont  :  «  un  lieu  dit  le  «  Cercle"  des  Victimes  », 
assez  nauséeux  tripot  situé  aux  environs  de  la 
porte  Dauphine  »,  fréquenté  par  les  jockeys, 
MANDELSTAMM,  Jim  Blackwood,  40. 

Victor,  m.,  le  Fusil  Lebel  ;  D.  m.  p.  —  Oscar, 
le  Fusil  ;  d. 

vidange,  f.,  Brisque  en  forme  de  V  à  laquelle 
ont  droit  les  militaires  renvoyés  à  l'arrière 
pour  maladie  ;  Cri  de  P.,  7-5-16,  p.  7,  c.  2.  — 
Vider  qqn,  le  Mettre  de  côté.  Le  porteur  de  cet 
insigne  a  été  çidé,  Evacué,  du  front. 

vider  ses  poches,  Chier  ;  81^  t.,  14-17. 

village  nègre,  m.,  Groupement  circulaire  de 
cagnas  ;  81^  t.,  -15  (Wailly,  cote  105)  ;  |  péri- 
CARD,  Face  à  face,  341. 

villégiature  (être  en^,  Se  sentir  allongé  et 
raidi  du  bas-ventre  :  «  Depuis  ce  matin,  je  sais 
pas  si  c'est  le  wagon,  mais  je  suis  en  villégia- 
ture »,  jeune  permissionnaire,  34^  inf.,  juill.  17. 

—  541  — 


' —  Syssém.  et  explicatif  :  «  Je  pars  en  voyage, 
i'ai   ma  canne  »,  le  même. 

vinaigre  (faire),  Se  dépêcher  ;  marins,  nov. 
17;  I  «  —  C'est  par  ici  !...  Par  ici  !...  Eh  !  les 
gars,  faites  vinaigre  !  On  se  précipite  sans  par- 
ler, à  travers  le  dédale  du  boyau  »,  Feu,  219  ; 
Il  Du  vinaigre  !,  Vite  !,  dlle.  —  Cf.  donner  du 
i^inaigre,  Presser  le  mouvement  (en  faisant 
sauter  à  la  corde),  hdt. 

vinasson,  m.,  Vin  ;  D.  m.  p.  ',  —  cf.  pétasson. 

vingt-deux,  m.,  A,  Moment  où  il  ne  sied  pas 
dé  s'attarder,  parce  que  ça  devient  dangereux  ; 
D.  m.  p.  ;  «  il  avait  Tair  pas  rassuré  <!••.> 
c(  C'est  22  »,  qu'i'  disait  »,  Feu,  58.  —  B,  Lieute- 
nant du  commandant  du  camp  d'av»"  de  Pau 
et  de  tout  camp  d'av^^  ;  mécanos,  Pau,  mars  18. 

—  Du  i^ingt-deux,  çlà  les  flics  !  des  apaches, 
(d'où  pingtdeuser  qqn.  Faire  le  guet  pour  le  pré- 
venir de  l'arrivée  de  la  police,  Paris,  -09),  passé 
chez  les  ouvriers  ;  çingt-deux  I,  commandement 
usuel  dans  des  chantiers  de  construction  nan- 
tais pour  que  les  hommes  qui  portent  une 
poutre  la  jettent  à  teVre  ensemble.  Le  sens  B 
semble  confirmer  l'étymologie  proposée  pour 
sous-marin,  et  assimiler  l'officier  à  un  danger. 

—  Les  flics  font  leur  ronde  par  couple  ;  cela 


542 


fait  deux  paires    de    jambes,    deux    fois    onze. 

virage  de  danseuse,  m.,  Virage  brusque,  cabré 
et  suivi  d'une  descente  ;  aviateurs,  Miramas, 
mai  18. 

viser,  usuel  et  général  aux  trois  sens,  1,  Re- 
garder :  ((  Vise-moi  ça  [un  bureau  plein  d'em- 
busqués] :  ça  fait  pitié  !  »,  Gaspard,  243  ;  «  Vise 
le  copain  »,  benjamin,  Journ.,  17-6-16  ;  «  Mi- 
sérables, ils  raillent  plus  misérables  qu'eux.  — 
Vise- moi  ç'ui-ci  »,   Feu,  46  ;  —  2,  Voir  :  «  Je 
t'ai  visé  en  train  de  chercher  des  têtes  d'obus  », 
81®  t., -15  ;  —  d'où  mal-visé,  Peu  aimé  :  «  Les 
aviateurs    finissent    par    être    mal-visés    dans 
Paris  »,  (à  cause  de  leurs  fantaisies),  un  pilote 
de   dirigeables,    déc.    17  ;   —   3,    Comprendre  : 
«  Assez  !  visé  !  »,  Suffit,   j'ai   compris,   2^s.mes^ 
janv.  18  ;  —  d'où  viscope  !,  C'est  bien,  d.,  par 
allusion  au  vieux  et  usuel  viscope,  Visière  du 
képi.    —    Sens    sortis    des    emplois    militaires 
ou  diversement  techniques  où  on  regarde  avec 
soin  en  guidant  l'œil  sur  une  mire  ;  comme,pour 
viser,  on  n'ouvre   d'ordinaire   qu'un   œil,   viser 
est  syn.  de  bigner,  guigner,  loucher,  tous  verbes 
que  le  peuple  aime  employer  pour  Voir,  parce 
qu'il  s*y  ajoute  une  idée  de  malignité  ;  mal- visé 
est  décalqué  de  mal-vu  ;  le  sens  3  fait  allusion 

^  543  — 


à  la  signalisation  optique  où  on  envoie  «  Com- 
pris »  pour  passer  à  la  suite. 

visser  un  ours,  Ennuyer  par  de  longs  dis- 
cours ;  transmis  à  h.  barbusse;  |  «  tu  n'  pou- 
vais pas  ouvrir  ton  bec  sans  nous  visser  un 
ours  à  propos  d'elle  [de  ta  femme]  »,  Feu,  109  ; 
—  chevauchement  de  poser  un  ours,  Débiter 
des  bavardages  insipides,  rig.,  {ours,  Bavar- 
dage insupportable,  rig.),  avec  visser  une 
caisse.  —  visser  une  caisse.  Tenir  de  longs  dis- 
cours ;  22^  G.  O.  A.,  14-16  ;  —  la  caisse  est  une 
quantité,  (voir  déculottée),  Vours  un  objet,  mais 
tous  deux  se  vissent  dans  la  tête  de  l'écou- 
tant ;  cf.  se  boulonner  une  idée  dans  la  tête,  Se 
l'entrer  fortement,  forest.  Matin,  3-8-17. 

volant, .  m..  Artilleur  à  cheval  des  0°"^  de 
cavalerie  ;  40^  art.,  juin  18. 

vomir  dans  les  choux  (se),  Etre  jeté  hors  de 
son  appareil  à  l'atterrissage  ;  esc.  S-152,  juill. 
18  ;  —  syssém.  :  être  vidé  par  son  appareil  ; 
aviateurs,  17-18  ;  —  syn.  :  être  servi,  déposé. 

Von  Kliick  (pêche  à  la),  f.,  Pêche  à  la  gre- 
nade, —  c.-à-d.  à  «  la  manière  forte,  chère  à  ce 
général  »,  déch. 

vosgien,  m.,  1,  Lard  ;  40®  art.,  -18  ;  — 
2,    Porc  ;    ib.    —    Les    Vosgiens    sont    appelés 

—  544  — 


bouffeurs  de  lards,  m.,  ib.,  —  gros  lards,  m., 

inl'.,  Lorraine,  -14  ;  —  d'où  le  retour  du  séma- 
tisme  ;  cf.  fokker. 

vrille  (en),  En  spirale  de  diamètre  dimi- 
nuant, sorte  de  descente  (en  avion)  ;  —  d'où 
vrille,  f..  Descente  en  vrille  ;  — aviateurs,  16-18. 
—  vriller,  Tomber  en  vrille  ;  Mousqu.,  59. 

wagon,  m..  Vaguemestre  ;  secteur  146  : 
((  Chez  nous,  le  mot  d'argot  par  lequel  on  dé- 
signe le  vaguemestre,  c'est  le  wagon,  ou  plus 
communément  le  facteur  )),  B.  des  A.,  26-7-16, 
p.  12.  —  Vag-on,  de  çag-înestre,  suffixe-calem- 
bour. —  Syn.  :  vaguo,  m.,  aux  Balkans  :  «  Vive- 
ment le  vaguo  )),  Glorieuse  Bretagne  des  Armées, 
15-8-18,  p.  14. 

ya-ya,  m..  Boche  ;  a.  arnoux;  [  Nos  mi- 
trailleuses balayaient  le  champ  «  quand  les 
ja-ja  essayaient  de  ramper  »,  Cabaret,  462,  (ce 
/  est  le  iott  allemand)  ;  —  cf.  le  «  clan  des  ya  », 
les  Boches  et  «  embochés  »,  l.  daudet,  A.  fr., 
-17,  passim.  —  De  ya,  Oui  ;  sobriquet  par  la 
parole  fréquente  et  typique.  Les  Américains  à 
S*-Nazaire,  -18,  et  les  Boches,  nous  appellent 
les  Oh-là-là,  non  parce  que  ce  serait  la  plainte 
des  blessés  français,  comme  le  dit  delcourt, 
mais  parce  que  tous  les  Français  le  disent  cons- 

—  545  — 

ESNAULT  35 


tamment,  pour  exprimer  moquerie,  ironie,  stu- 
péfaction amusée.  —  Cf.  chtimi. 

youyou,  sans  doute  m.,  Bombe  d'obusier  de 
tranchée  :  «  l'horrible  bombe  qui  naguère  ve- 
nait en  se  lamentant  et  que  les  Boches  ont 
réussi  à  rendre  muette  se  nomme  selon  les  sec- 
teurs youyou,  fléchette  ou  queue  de  rat  », 
APOLLINAIRE,  M.  de  Fr.,  16-2-16.  —  Onoma- 
topée de  cette  lamentation. 

zèbre,    m..    Avion   rapide  ;    Mousqu.,  44  ;  j] 
Cheval  ;  Argot  de  S^-Cyr  (1893).  —  Antonyme  : 
éléphant,   m.,  Biplan  à  grande  envergure,  ap- 
pelé aussi  autobus  ;  Mousqu.,  44. 

zébu,  m..  Homme  des  soi^s  ^q  discipline  ;  d. 
—  Bétail  étrange,  et,  le  zébu  ayant  une  bosse, 
un  peu  chameau. 

zeph,  m..  Vent  ;  usuel  dans  l'aven  et  l'aéro- 
nautique ;  16-18;  I   «  dans  1'  zeph  »,  musidora  ; 
Il    RiG.  —  Apocope  de  zéphyr. 

zeppelin  volant,  m.,  Caudron  triplace  ;  dbch. 
• —  Avion,  mais  colossal. 

zeppelin  (peau  de).  Rien  :  «  on  a  tout  sup- 
primé, tout...  c'est  nibé,  rasibus  et  peau  de 
zeppelin  »,  donnay,  Impr.,  72,  propos  d'un 
ouvrier  parisien.  —  Queue  calembourique  sur 
peau  de  zébi,  même  sens  ;  —  zébi,  zobi,  Membre 

~  546  — 


viril,  sont  usuels  aux  troupes  africaines,  ^ — 
surtout  sous  la  forme  zob,  4<^  zouaves  et  ma- 
rins, 17-18  ;  «  mon  zob  !  »,  formule  de  refus.  — 
Cf.  trente-zob. 

KÎgomar,  m.,  Sabre  de  cavalerie  ;  dépôt  de 
dragons  dans  l'ouest,  e.  h.,  Temps,  24-5-15  ; 
BENRioT.  —  La  terminaison  est  due  au  souve- 
nir du  héros  d'un  roman  sanglant  paru  dans  le 
Matin  en  -10,  le  Zigomar  de  sazie  ;  ce  nom  de 
bandit  se  tirait  sans  doute  de  zig.  Homme, 
zigoto,  Individu  épateur,  {faire  son  zigoto,  dès 
-02  au  moins),  par  le  suffixe  argotique  -mar 
usuel  dès  1800,  {guich^mar,  Guichetier,  boss'- 
mar,  Bossu,  etc.  ;  cf.  offic^mar).  Le  nom  de  ce 
meurtrier,  quoiqu'il  ne  fût  pas  sabreur,  a-t-il 
suffi  pour  faire  baptiser  le  sabre  de  cavalerie  ? 
On  peut  supposer  un  syllogisme  plus  précis. 
Majeure  :  allusion  à  la  marque  Z  que  porte  un 
certain  sabre,  comique  par  le  suranné  de  son 
modèle,  ce  sabre  des  pompiers  et  des  sergots, 
que  portaient  aussi,  au  début  de  la  guerre,  les 
infirmiers  et  brancardiers,  le  sabre  nommé  par 
la  théorie  sabre  série  Z.  Mineure  :  allusion  à  ce 
fait,  copieusement  réitéré  dans  le  roman  de 
M.  Sazie,  que  l'assassin  en  chef  Zigomar  et  la 
bande  des  Zigomars  ses  séides  ont  pour   signe 

—  547  — 


de  reconnaissance  la  lettre  majuscule  Z,  soit 
découpée,  soit  brodée  sur  des  cagoules,  ou 
collée  aux  murailles,  ou  dessinée  d'un  geste 
dans  l'air,  ou  tracée  du  doigt  sur  une  table. 
Conclusion  Sabre  (série  Z,  ou  autre)  =  Zigomar. 
Si  on  ajoute  à  ce  sématisme  que  le  lieu,  peut- 
être  unique,  où  le  mot  a  été  observé  est  un 
dépôt  de  l'ouest,  il  est  vraisemblable  que  les 
cavaliers  avaient  déjà  nommé  leur  sabre  un 
zigue  ou  un  zigouillard  ;  ce  n'est  plus  seulement 
une  lettre  initiale,  mais  un  vrai  radical,  qui  se 
trouvait  tout  prêt  à  recevoir  la  terminaison 
-omar. 

zigouillard,  m.,  Surin,  Couteau  pour  tuer  ; 
81®  t.,  -16  :  «  Il  ne  serait  pas  long  à  jouer  du 
zigouillard  »,  un  Nantais.  • —  Saintongeais 
zigue-zigue,  m..  Méchant  couteau  ;  nantais 
zague,  m.,  Egoïne. 

zigouiller,  1,  Tuer  ;  usuel  et  très  général;  | 
«  on  va  se  faire  zigouiller  comme  des  lapins  », 
Gaspard,  42  ;  ||  en  -08  j'avais  l'impression  de 
connaître  ce  mot  depuis  longtemps  ;  date  de 
-97  au  moins  dans  les  milieux  ouvriers  de  Paris, 
DAuzAT,  16-4-17,  667  ;  «  On  a  «  zigouillé  »  Ro- 
marin »  parce  qu'il  pouvait  nous  vendre,  pro- 
pos  de    David,    bandit   de   la    Drôme,    Matin, 

—  548  ~ 


3-11-08  ;  ROSNY,  Dans  les  rues,  244,  leroux, 
Roi  Mystère,  II,  xviii,  {Matin,  22-12-08), 
BRUANT,  Loupiote,  XI,  [Journ.,  2-11-09),  le 
mettent  dans  des  bouches  d*apaches  ;  adam. 
Ville  inconnue,  i,  [Matin,  10-2-11),  de  soldats 
coloniaux.  —  C'est  un  mot  de  Pouest  :  poitevin 
zigouiller.  Couper  au  couteau  en  déchirant  ; 
vendéen  sigouiller,  Ebranler,  Remuer  vive- 
ment ;  angevin  zigâiller  et  sigâiller.  Couper  en 
déchiquetant  avec  un  mauvais  outil  ;  nantais 
ziguenailler.  Hacher  malproprement,  Scier  lon- 
guement ;  sciguenailler,  Faire  des  efforts  répétés 
pour  arracher  quelque  chose,  a.  leroux  (1886). 
—  2,  Démolir  à  force  de  malmener  :  zigouiller 
une  auto,  S.  A.  P.-X,  sept.  16  ;  —  syssém.  :  tuer. 

zigzig  (faire),  Coïter  ;  S*-Nazaire,  mars  18  ; 
s^n  sanit.  85,  oct.  18.  —  Sabir  dû  aux  Yanks 
en  voisinage  ;  cf.  calabousse,  sammy,  zigzag. 

zigzorniffe,  m.,  Eau-de-vie  ;  5®  génie,  -18.  — 
Etymologie  (?)  sous  gnole. 

zim-boum,  m.,  Obus,  A,  de  canoii-revolver  ; 
80^  t.,  -16,'Boesinghe  ;  — •  B,  de  88  autrichien  ; 
ib.  ;  —  C,  de  105  autrichien  ;  ib.  ;  |  «  le  «  zim- 
boum  »  de  Cheppy  »,  Bourru,  119  ;  «  Bzim  ! 
bdoum  !  éclate  le  105  »,  péricard.  Face  à  face, 
22. 

—  649  — 


A,  1,  Mitraille  :  recevoir  du  zinc, 
envoyer  du  zinc  ;  Lambert  ;  —  2,  Obus  ;  8®  gé- 
nie, téléphonistes,  juill.  17,  au  front  ;  usuel  au 
dépôt  de  ce  corps,  17-18,  mais  non  dans  toutes 
ses  unités  dispersées  au  front  ;  —  d'où  aingUet, 
Pleuvoir,  en  patlant  d'obus  :  «  ça  zinguait  », 
8^  génie,  juill.  17,  même  remarque  ;  —  sens  1 
et  2,  zinc  substitution  syn.  de  /er,  tout  à  fait 
extérieure  à  la  chimie.  —  B,  1,  Bicyclette  ; 
marins  à  Rochefort,  -18;  ||  Paris,  10-14  ;  — 
2,  Auto  ;  usuel,  15-18  ;  |  pawlowski,  Signaux^ 
123  ;  —  3,  Avion  ;  usuel  aux  aviateurs,  16-18  ; 
I  «  foutu  pour  foutu,  à  160  à  l'heure, de  toute  la 
force  de  mon  Gnome,  j'entre  dans  son  î^inc  », 
SEM,  Journ.,  27-5-16  ;  —  4,  Dirigeable  ;  pilotes 
de  dirigeables  (qui  ont  pour  partie  fait  de  l'avia- 
tion), nov.  17  ;  —  ces  sens  B  ne  sont  pas  dus 
à  la  même  ironie  déprédatrice  que  les  sens  A  ; 
j'y  vois  plutôt  Pimage,  très  lâche,  dfe  véhicule 
métallique,  exprimée  par  Récipient  de  zinc  (^)  ; 
—  cf.  bidon  de  zinc,  m.,  Sous- marin,  «  On 
n*  trouve  pas  comme  ça  à  profusion  des  marins 


(^)  Cf.  poubelle,  f.,  Char  d'assaut  ;  b.,  —  c.-à-d.  Boîte 
métallique  fort  pleine  et  malodorante  ;  dépréciation  pat- 
io nez,  par  l'œil,  et  quant  au  métal. 

—  «50  ~ 


qui  consentent  à  s'embarquer  dans  les  «  bidons 
d'  zinc  »  »,  GALOPIN,  Requin  (Tacier,,.,  i,  {Journ., 
28-11-17),  —  qui  serait  syssém.  de  bocal  et 
calebasse,  Logement,  l'espace  où  se  meut  l'équi- 
page de  l'avant  à  l'arrière  ayant  forme  de 
cylindre,  mais  qu'ignorent  les  marins,  même 
affectés  à  cette  navigation,  que  j'ai  question- 
nés ;  —  une  étymologie  a  cours  parmi  les  avia- 
teurs :  les  ailes  des  avions  furent  longtemps 
peintes  de  gris  métallique,  et  les  recrues,  règle- 
ment, demandaient  en  frappant  sur  l'entoilage 
«  c'est  du  zinc  ?  »  ;  outre  cette  bizarrerie  de 
mettre  paternement  les  as  à  l'école  d'argot 
chez  les  novices,  l'explication  a  le  tort  grave, 
séparant  le  sens  Avion  du  sens  Bicyclette,  de 
renoncer  à  une  filière  sémantique  qu'on  re- 
trouve sous  tacot,  etc.  — •  C,  Canon  ;  40^  art., 
-18. 

Dér.  :  dézinguer,  1,  Démonter,  Démolir  ; 
8^  génie,  mai  18  :  dézinguer  une  machine,  la 
Déranger  ;  ^  2,  Tuer  ;  289^  inf.,  juin  18  : 
dézinguer  un  Boche*  le  Descendre  ;  —  se  tire 
de  zinc,  devenu  syn.  de  Machine. 

zingué.  Ivre  ;  81^  t.  (Nantais),  juill.  16.  — 
Syssém.  de  rétamé j  bljindé.  Ivre. 

zinzin.   A,   1,   Moteur   d'avion  ;  81^  art.   1., 


—  551  — 


mai  18  ;  —  2,  Avion  ;  81^  art.  1.,  mai  18  ;  — 
3,  Dirigeable  ;  centre  de  dirigeables,  -17.  — 
B,  a,  Voiture  légère  du  train  d'av<^ii  ;  aviateurs, 
L.  POTTECHER  ;  —  b,  Tracteur  lourd  d'art.  1.  ; 
81^  art.  L,  mai  18  ;  —  c,  P,  nom  personnel  d'un 
tank  :  «  le  «  Zin-Zin  )>  »,  Journ.,  24-6-17  ;  — 
2^,  Tank  ;  500^  A.  S.,  où  un  officier  «  range  ce 
mot  parmi  les  vieux  termes  génériques  du 
genre  voiture,  appliqués  à  l'espèce  tank  «, 
G.  MARÉCHAL,  août  18  ;  |  «  le  généralissime  fit 
connaître  aux  armées  et  au  public  la  part  prise 
par  nos  zins-zins  (ainsi  les  poilus  nomnient 
leurs  tanks),  dans  l'offensive.  <C...>  Devant  les 
zins-zins,  affolés,  ils  jetaient  leurs  armes  »,  ano- 
nyme, «  Tanks  »  et  «  zins-zins  »,  Les  chars  d^ as- 
saut »,  Journ.,  24-11-17  ;  «  TANKS.  Deux  mé- 
canos, perdus  dans  un  zin-zin  »,  Vie  Par., 
23-3-18,  p.  269,  c.  1.  —  C,  Obus  ;  360^  inf.  et 
autres  corps,  14-15,  m.  protat  ;  zouaves, 
chasseurs  et  fantassins  depuis  -16  seulement, 
témoignages  de  Parisiens,  avr.  18  ;  2®  c^^, 
août  18  ;  I  DAUZAT,  16-5-17  ;  —  Obus  qui 
arrive  et  va  éclater  ;  270^  art.  et  8^  génie, 
mai  18  ;  —  d'où  zinziner,  1,  Bombarder  :  «  la 
route  est  zinzinée  »,  Poilu  du  6-9,  in  B.  des  A., 
15-11-16  ;  —  2,   Pleuvoir,  en  parlant  d'obus  : 

—  552  — 


«  ça  zinzine  »,  109^  inf.  et  8®  génie,  17-18.  — 
Cf.  dzin-dzin,  (m.  ?),  Mitraille  ;  d. 

Trois  étymologies  s'offrent  :  A,  l'onomatopée 
zinzin,  qui  sert  en  provençal  pour  le  bourdon- 
nement du  moustique,  (cf.  à  Nantes  le  père 
Zim-Zim,  sobriquet  d'un  joueur  de  vielle),  — 
en  invoquant  l'analogie  de  youyou,  onomatopée 
devenue  le  nom  de  la  torpille  ;  —  B,  l'adjectif 
zinzin,  Paresseux,  en  H*-Maine,  montesson,  — 
en  invoquant  la  lenteur  relative  des  tanks  et 
des  gros  obus  et  rappelant,  comme  syssém., 
glinglin  ;  d'ailleurs  ce  mot  peut  très  bien  se 
rattacher  à  l'onomatopée  susdite,  car  les 
insectes  bourdonnants  servent  en  sémantique 
populaire  à  signifier  Inutilité,  Remuement 
vain,  (cf.  grelots)  ;  —  G,  le  substantif  bousin. 
Bordel,  Boîte  à  chahut,  zinzin  par  apocope  à 
redoublement.  Cette  étymologie  est  la  meilleure  : 
1^,  elle  rend  compte  de  l'application  de  zinzin 
non  seulement  aux  véhicules  aériens  et  ter- 
restres, qui  sont  bien  des  maisons  dansantes  et 
bruyantes,  mais  à  d'autres  objets  bruyants,  à 
l'obus  fauteur  de  désordre  ;  et  on  n'a  pas  à 
répartir  en  mots  de  radicaux  divers  tous  ces 
zinzins  dont  la  cohérence  sémantique  est  sen- 
sible et   analogue   à   celle   qu'on   observe  sous 

—  553  — 


zinc,  tacot,  bécane  ;  2^,  bousin  et  son  doublet 
bousine  se  recueillent  aux  sens  Locomotive  et 
Mitrailleuse,  c.-à-d.  pour  l'idée  de  Machine 
bruyante,  et  sont  des  syssém.  de  tacot  et  zinc  ; 
3^,  lé  mot  bousiné  se  recueille  comme  syn.  de 
zinzine  :  «  une  route  bousinée,  Défoncée  par  les 
obus  »,  81^  art.  1.,  mai  18,  se  tire  de  *  bousin, 
Obus,  générateur  direct  de  zinzin,  Obus  ; 
4^,  le  mot  zinzin  m'est  d'abord  arrivé,  au  81®  t., 
dans  deux  emplois  non  militaires,  1,  un  zinzin, 
une  Maison  de  vin  et  d'amour  où  se  tient  urî 
bal  populaire  ;  «  le  zinzin  entre  Moriville  et 
Portieux  y),  nov.  16,  —  apocope  de  bousin, 
Bordel  ;  —  2,  du  zinzin,  du  Bruit  :  «  Les  avions 
vont  venir  ;  y  aura  du  zinzin  cette  nuit  », 
juin.  17,  —  apocope  de  bousin.  Chahut.  Les 
mêmes  Nantais  (ouvriers,  dockers)  employaient 
ces  deux  sens,  (et  ignoraient  ceilx  qu*on  trouve 
ci-dessus).  —  Ces  deux  sens  sont  étroitement 
liés  :  tout  mot  signifiant  Mauvais  lieu  signifie 
Bruit  scandaleux,  (et  l'inverse  est  vrai)  ;  ex.  : 
boucan,  sabbat,  bazar,  bastringue^  chabanais,  dé- 
dale, ^n  Anjou  chutrin,  en  vieux-français  iriga/, 
du  latin  au  français  bacchanal,  du  français  au. 
brpton  taudion,  en  italien  chiasso  et  charivari» 
zizi,   m..   Moteur  Anzani   (pour  avion)  ;  Mi- 

—  564  — 


ramas,   mai   18.   —  Onomatopée  ?   Ou  extrait 
du  nom  Anzani  ? 

zonard,  m.,  Soldat  de  l^e  classe;  94^  inf., 
15-16;   I  D. 

zouavette,  f.,  Soldat  venu  aux  zouaves  d'une 
autre  arme,  (par  ex.  un  boulanger  originaire 
des  C.  0.  A.)  ;  4e  zoua>ves  et  2^  mixte,  17-18. 
—  Le  genre  et  le  suffixe  signifient  que  c'est  un 
zouave  d'occasion,  à  la  manque.  —  Le  mot  a 
eu  aussi  un  autre  sens. 

ZOUaviller,  Faire  le  brave  ;  transmis  à  h.  Bar- 
busse; I  «  Mais  ç'ui-là,  s'il  a  voulu  zouaviller, 
il  est  tombé  sur  le  manche  »,  Feu,  8-8-16.  — 
Syn.  :  faire  le  zpuave,  même  sens  ;  usuel;  | 
«  d'aller  engueuler  les  Boches  sus  1'  parapet  et 
d'  vous  faire  zigouiller  en  faisant  les  zouaves 
sus  F  bled  »,  saint- cassin.  Temps  Buté,  in 
Front,  1-9-16;  |1  richepin,  Brades  Gens,  x  ; 
ACKER,  La  classe,  63. 


%zS 


555  — 


U9U9Sl99l?!l?U?USUSUS*Bu*UÎSéf« 


SUPPLEMENT 


L'objet  de  ce  livre  ne  comportait  ni  les  ques- 
tions de  grammaire  autres  que  de  sémantique, 
ni  ce  qui  est  de  style  plutôt  que  de  lexique,  ni 
le  folk-lore  des  poilus,  ni  leur  sottisier.  Les 
quatre  notes  ci-après  se  rapportent  à  ces  ma- 
tières. 

1.    GENRE    DES    SUBSTANTIFS 

Chez  les  ouvriers  et  paysans,  les  substantifs 
commençant  par  une  voyelle  (orale  ou  nasale) 
sont  usuellement  féminins.  J'évalue  de  8  à  9 
sur  10,  de  16  à  18  sur  20  en  tenant  compte 
des  cas  douteux,  la  fréquence  de  l'emploi  comme 
féminins,  des  mots  (ÎOnt  voici  des  exemples 
entendus  au  81^  t.,  14-17. 

—  557  —* 


<t  une  grande  abri  »  ;  —  «  des  abus  faites  poup  crier  *  ; 

—  «  de  la  bonne  acide  »  ;  —  «  de  la  belle  acier  »  ;  «  de  la 
meilleure  acier  que  l'autre  »  ;  —  «  Où  est  Vail  ?  Je  ne 
sais  pas  où  elle  est  »  ;  —  «  une  alcool  plus  forte  »  ;  «  mon 
alcool  est  la  meilleure  »  ;  —  «  h' aluminium,  je  la  fonds 
trois  fois  pour  l'avoir  bien  pure  ;  celle-ci,  qui  n'a  été 
fondue  qu'une  fois,  est  pleine  d'antjfiction  [antifriction]  »; 

—  «  Voilà  de  l'amadou  qui  semble  bonne  »  ;  —  «  Si  mon 
anneau  serait  pas  si  étroite,  elle  aurait  été  à  l'annulaire  »  ; 

—  «  une  petite  appareil  à  acétylène  qu'on  appelle  «  bi- 
jou »  :  j'approche  mon  allumette,  elle  vole  en  éclats  »  ; 

—  «  une  appel  sérieuse  »  ;  «  la  contre-appel  »  ;  —  «  h' ap- 
pétit est  bonne  ?»  ;  —  «  une  nouvelle  apprentissage  »  ;  — 
«  une  aréo  allemande  »  ;  «  les  aréoplanes  nouvelles  »  ;  — 
«  ton  argent,  quand  tu  la  recevras  »  ;  «  JJargent  n'est  pas 
baisante  [facile]  à  lui  retirer  des  mains  »,  Il  est  avare  ; 

—  «  une  atout  [aux  cartes]  aussi  grosse  »  ;  —  «  une  grosse 
avantage  »  ;  —  «  une  endroit  plus  grande,  plus  spacieuse  »  ; 
«  Le  Canada  est  une  endroit  moins  malsaine  »  ;  —  «  mon 
écart  [à  la  manille]  était  trop  belle  »  ;  «  Toujours  la  bon- 
Dieu  à' écart  !»  ;  —  «  Ça  fait  la  même  effet  »  ;  —  «  Toutes 
les  équipages  de  ces  bategiux-là  »  ;  —  «  une  essai  malheu- 
reuse »  ;  — '  «  Ça  va  te  faire  une  bonne  estomac  »,  Ça  t'ou- 
vrira l'appétit  ;  —  «  lu' Etat  peut  faire  ça,  mais  elle  ne 
peut  pas  faire  <;;...]^  »  ;  —  «  pendant  toute  l'été  »  ;  — 
«  L'incendie  <^..^'^  ;  elle  éclairait  !  elle  flambait!  »;  — 
«  une  mauvaise  indice  »  ;  —  «  pendant  toute  l'hiver  »  ; 
«  une  hiver  aussi  longue  »  ;  —  «  une  ohus,  on  la  voit  »  ; 

—  «  l'or  autrichienne  »  ;  «  toute  l'or  a  été  ramassée  ;  et 


558 


celle  qui  voyage  actuellement  <^."^  »  ;  —  «  une  otage 
affreuse  »  ;  —  «  Je  suis  venu  chercher  des  ordres  plus  pré- 
cises »  ;  «  Vous  pouvez  proposer  mes  ordres  [mes  conseils] 
au  général  Joffre  ;  si  elles  sont  acceptées,  tant  mieux  »  ; 
—  «  l'oriflamme  est  plus  coûteuse  »  ;  —  «  Cette  os-là  est 
moins  forte  que  celle-là  »  ;  —  «  une  ostacle  sérieuse  »  ;  — 
«  une  jolie  hôtel  »  ;  —  «  l'ouest  est  brumeuse  »  ;  —  «  une 
petite  outil  bien  faite  »  ;  — ■  «  Que  toute  l'unii^^rs  soit 
couverte  d'un  milliard  (Je  bons-Dieux  !  » 

«  une  ache-û-é  »,  un  H.  O.  E,  Hôpital  d'évacuation  > 
s«'^  sanit.  85,  -18. 


2.    CONFUSIONS    DE    SENS    ET    DE    FORME 
PAR     ÉTYMOLOGIES     ET     ANALOGIES     POPULAIRES 

Outre  bouteillon  et  cartouche  (au  lexique),  ont 
été  entendus,  employés  en  toute  naïveté  : 

accélérer,  Mollir,  Se  ralentir  :  «  Le  feu  accélère  »,  Le 
feu  menace  de  s'éteindre  ;  81®  t.,  mars  17,  apax.  —  Accé- 
lérer n'a  guère  d'emploi  populaire  que  dans  pas  accéléré  ; 
or  ce  pas  est  l'allure  normale  de  la  troupe  en  marche  et 
non  une  allure  précipitée  ;  en  outre  le  commandement 
Pas  accéléré  1  ne  s'entend  que  pour  quitter  le  pas  gym- 
nastique, lequel  est  plus  rapide,  de  sorte  que  prendre  le 
pas  accéléré  c'est  Ralentir. 

—  559  — 


adopter,  Adapter  ;  usuel,  81^  t.,  15-17  :  «  adopter  utie 
vis  ». 

adversité,  f.,  Opposé  :  «  le  militarisme,  vois-tu,  c'est 
l'adversité  des  choses...  parfaitement,  le  rebrousse-poil 
du  bon  sens...  on  ne  peut  pas  mieux  dire,  l'adversité  des 
choses  »,  Cabaret,  461  ;  —  influence  de  adversaire  sur  un 
mot  savant. 

amnistie,  f.,  Armistice  ;  confusion  constante,  81^  t., 
14-17  :  «  Avant  la  signature  de  la  paix,  y  aura  l'amnistie, 
qui  durera  longtemps  »  ;  —  trace  d'une  époque  plus 
remplie  de  politique  que  de  guerre  et  d'un  gouvernement 
faible  envers  certains  de  ses  ennemis  ?  —  en  tout  cas, 
cette  confusion,  fort  générale,  se  trouve  déjà,  selon  le 
Cri  de  P.,  13-10-18,  dans  une  lettre  adressée  au  Direc- 
toire en  1797  et  signée  Bonaparte. 

antiquité,  f..  Identité  ;  plaque  d'antiquité,  Plaque 
d'identité  ;  usuel  et  sincèrement  usité  par  les  paysans, 
8ie  t.,  lOe  cle,  fév.  16-mars  17  ;  I30e  inf.,  -18  ;  ||  carte 
d' antiquité.  Carte  d'identité  faisant  sauf-conduit  ;  usuel 
aux  femmes   du   peuple,  S^-Nazaire,  -18. 

asthmatique  (fusil).  Fusil  automatique  ;  289^  inf., 
avr.  18,  Oise  ;  95^   inf.,  juin  18  ;  —  cf.  teuf-teuf. 

aviser.  Viser  ;  usuel:  «  J'aviserai  pas  votre  permission, 
qu'il  dit  »,  -17. 

cerisette.  Série  Z  :  «  leur  baïonnette  [des  brancardiers] 
est  remplacée  par  l'ineffable  sabre  sériez  [lire  :  série  z] 
—  cerisette  —  »,  laforêt,  Le  médecin  de  bataillon,  M.  de 
Fr.,  16-1-16,  234.  —  Voir  zigomar. 


560 


CoUetiner  (se),  Se  battre  ;  81^  t.,  14-17,  où  se  colleter 
est  ignoré  des  ouvriers  et  paysans  ;  \  D.  m.  p.  ;  ||  on 
trouve  dans  le  Rat  du  Châtelet  (1790)  et  dans  Mémoires 
d'un  Forçat  (1828)  in  sain..  Sources,  l'argot  coltiner, 
Arrêter  (un  malfaiteur),  qui  est  aussi  Prendre  au  collet. 

—  Influence  du  colletiner,  Porter,  usuel  aux  portefaix 
qui  ont  aux  épaules  un  colletin  de  cuir. 

côte,  f..  Cote  (d'altitude)  ;  81^  t.,  14-17  :  «  la  côte  105  », 
le  Plateau  entre  Berneville  et  Wailly  ;  —  confusion  avec 
un  mot  cru  syn.  même  par  de  nombreux  officiers. 

décimulé,  Décimé  ;  81^  t.,  -16  :  «  le  régiment  va  être  dé- 
cimulé.»  —  Influence  de  dissimuler  (cru  syn.  d'Anéantir  ?) 

évacuissé,  Evacué  ;  d'abord  monax  de  paysan,  devenu 
usuel,  81®  t.,  10^  c*®,  15-16,  par  moquerie,  puis  par 
gaieté.  —  De  quelque  analogie  de  conjugaison  ou  de 
quelque  influence  de  suffixe  que  je  n'ai  pas  découverte. 

—  Sur  la  puissance  propulsive  de  la  moquerie  en  mor- 
phologie, un  correspondant  m'écrit  :  «  Je  crois  que  c'est 
pour  «  charrier  »  les  gens  du  Nord,  venus  assez  nombreux 
au  109  après  Verdun,  que  l'usage  avait  été  adopté  de 
prononcer  broulle  pour  brouille,  solel  pour  soleil,  fille 
comme  i^ille,  etc.,  etc.  Et  réciproquement  on  prononçait 
tranquille  comme  fille.  —  Innombrables  les  «  cuirs  »  que 
l'on  tente  d'immortaliser  :  au  109  on  n'aurait  jamais  dit 
la  banlieue  ni  les  empirons,  mais  les  abanlieues  [la  ban- 
lieue — >-  Vabanlieue]  ;  le  mot  situation  était  toujours 
suivi  de  tel  qu'il  est  parce  que  tel  camarade  avait  commis 
pareille  faute,  etc.  »,  j.  demeure,  mai  18.  Les  queues 

—  561  — 

E8NAULT  36 


romantiques  dont  situation  tel  qu'il  est  est  un  exemple 

sont  dues  à  la  même  contagion. 

illucité,  f.,  Lucidité  :  «  j'avais  toute  mon  illucité  », 
un  2d-m6,  -18.  —  Influence  d'illumination. 

indigeste  (tir),  Tir  indirect  (de  mitrailleuse)  ;  246^  inf., 
janv.  18  ;  289^  inf.,  C.  M.-4,  mai  18. 

marmotte,  f.,  Marotte  :  «  Il  a  la  marmotte  des  permis- 
sions »,  un  témoin  au  conseil  de  guerre,  88^  Do»  t.,  -15» 
apax. 

opérer,  Repérer  ;  très  usuel,  81®  t.,  14-17  :  «  Merde,  on 
peut  plus  aller  aux  feuillées  sans  se  faire  opérer.  » 

oreille,  f..  Orée  :«  l'oreille  du  bois  »,  81®  t.,  -16,  monax. 
récurés,   Récupérés   (après  sursis  d'appel)  ;  descaves, 
Journ.,  27-8-16. 

secoaade,  f..  Escouade  ;  81®  t.,  -14.  —  Inversement  . 
«  la  machine  à  escouer  le  panetot  »,  la  Mitrailleuse  ; 
40®  art.,  -18. 

stagiaire,  Stationnaire  :  «  Avec  cette  guerre-ci  où  nous 

sommes  stagiaires  dans  les  tranchées  »,  81®  t.,  -16,  monax. 

trépidité,  f.,  Trépidation  :  «  C'est  pas  un  éclat  d'obus 

qui  a  brisé  la  vitre,  c'est  la  trépidité  »,  81®  t.,  -16  ;  —^ 

influence  d'intrépidité. 

ventrilateur,  m.,  Ventriloque  :  «  ç'ui  qui  faisait  le  ven- 
trilateur  »  ;  81®  t.,  -16  ;  —  influence  de  ventilateur. 

volcanisé,  m.,  Volcanique  :  «  un  terrain  volcanisé  », 
81®  t.,  16  ;  —  influence  de  vulcanisé  ;  ou  plutôt  emploi 
métaphorique  de  volcanisé,  terme  d'atelier  résultant  de 
l'influence  de  volcan  sur  vulcanisé. 

—  662  — 


znlan,  m.,  Uhlan  ;  usuel,  81®  t.,  août  14  :  «  quat' 
zulans  »,  «  un  zulan  »  ;  —  du  prononcé  un-n  uhlan,  des-z 
uhlans. 

Je  ne  vois  pas  de  raison  proprement  phonétique  au 
traitement  poste  d'écoute  — >-  poz  d'écou,  m.,  très  usuel 
au  8le  t.,  10®  cie,  15-16.  —  Poste  des  coups  [de  main]^? 


3.    COUPS    DE    GUEULE. 

Relèvent  du  style  ( —  oral  — )  les  vocatifs 
injurieux,  les  calembours  conscients,  les  phrases  ♦ 
toutes  faites  et  bien  faites  qui  servent  au  trou- 
pier à  se  montrer  cuirassé  et  offensif  contre  les 
copains  et  contre  le  sort.  Le  soldat  est  un  poète 
dont  les  deux  poings  sont  les  meilleures  rimes, 
en  même  temps  que  les  meilleures  raisons  ; 
mais  la  gueule  est  la  troisième  main  du  soldat. 

terribles  tauriaux,  m.,  Territoriaux  ;  81®  t.,  14-17  ;  | 
GALOPIN,  Poilus  de  la  9®,  20  ;  «  nos  vieux  «  terribles  »  », 
lettre  d'un  sergent  de  t.,  in  A.  fr.,  26-3-16,  p.  1.  —  C'est 
un  calembour  conscient,  qui  •  ne  saurait  compter  au 
lexique.  Je  n'ai  pas  entendu  le  singulier  «  Terrible-tau- 
rial  »  que  donne  D.  m.  p. 

Aux  injures  tirées  des  diverses  situations  de 
—  563  — 


service  militaire,  (ex.  :  bleusaille,  bras  cassés, 
enfifreur  de  culasses,  traîne- pattes),  il  faut,  pour 
atteindre  au  ton  de  la  conversation  quotidienne 
des  troupiers,  ajouter  les  vocatifs  atroces  em- 
ployés communément  de  bonne  amitié. 
• 

Je  n'en  puis  donner  qu'un  prospectus. 

Les  gros  reproches  à  l'adresse  d'un  homme  sont  : 

l'inhabileté  et  l'inutilité  :  Sacré  pharmacien  !  (Mala" 
droit)  —  Guignol  !  — -  Bon  dieu  d'acrobate  I  —  Nour- 
risson !  (Homme  qui  ne  sait  pas  gagner  sa  vie  et  se 
Caisse  entretenir)  —  Enfant  de  malheur  ! 

l'âge  :  Vieux  canard  !  — •  Vieux  cerf  !  —  Vieux  pé- 
tard !  —  Vieux  nœud  !  — ■  Vieux  panneau  !  —  Vieux 
ticket  l —  Vieux  détritus  !  —  Vieux  machin  !  —  Figure 
de  tête  de  mort  ! 

la  descendance  :  Graine  d'oie  !  —  Enfant  de  veau  !  — 
Fils  de  noble  i^ache  !  —  Dégringolé  du  cul  de  Marie- 
Salope  I 

la  laideur,  animale,  ou  inexpressive  :  Bec  de  linge  !  — 
Nez  d'âne  !  — •  Tranche  de  gaille  !  (Tête*  de  cheval)  — 
Bec  de  i^eau  I  —  Tête  de  cochon  mal  écumée  !  —  Tête  de 
lard  !  —  Vieille  couenne  l  —  Nez  de  rat  !  —  Bec  de  cane  I 

—  Bec  de  moule  I  —  Vieille  punaise  !  —  Bec  de  puce  ! 
— •  Crâne  de  pou  I  —  Peau  de  mouche  !  —  Face  de  ver  ! 

—  Bec  d'asticot  !  —  Peau  de  tripe  !   (Peau  livide)   — 
Peau  d'hareng  saur  !  (Peau  bistrée)  —  Peau  de  crachat  ! 

—  Glaviot  i>ert  I  —  Face  de  pet  !   —  Jus  de  singe  1  — 

—  564  — 


Tite  de  pied  !  —  Face  de  semelle  I  —  Tête  de  nœud  I  — 
Figure  de  peau  de  couilles  !  (Visage  ridé)  —  Doublure 
de  peau  de  con  1  —  Peau  de  fesse  l  —  Face  de  fesse  !  — 
Face  de  dos  !  —  Face  d'haricot  1  —  Face  de  noioi  !  — 
Vieille  noix  1  —  Vieille  cloche  !  —  Saucisse  à  pattes  l  — 
Figure  de  fromage  coulant  l 

la  saleté  :  Bande  de  poux  !  (à  l'adresse  d'un  seul 
homme)  —  Choléra  I  —  Dedans  de  fumier  1  —  Nénuphar 
de  pot-de-chambre  !  —  Raclure  de  pelle  à  merde  1  • —  Bif- 
teck d' amphithéâtre  1  —  Viande  inerte  ! 

On  voit  que  la  plupart  de  ces  gueulées  attaquent  l'in- 
dividu par  la  tête,  comme  des  gifles. 

Ont  été  signalés  à  M.  Dauzat  ces  synonymes  de  Che- 
val :  bout  de  bois,  saucisson,  hareng,  pélican.  Dans  un 
dépôt  de  dragons,  de  l'ouest,  «  Un  cheval  s'appelle 
rarement  un  cheval  :  c'est  un  bourin,  un  bourdon, 
un  zèbre,  une  bique,  un  ours,  un  cerf,  une  carne,  un 
bestiau,  un  tréteau,  une  vache,  et  s'il  ne  marche  pas, 
un  veau  »,  e.  h.,  Temps,  24-5-15.  —  Est-ce  là  une  vraie 
onomastique  ?  Ces  mots  sont  surtout  des  vocatifs, inju- 
rieux sauf  cerf  et  zèbre,  d'un  cavalier  à  une  monture  ;  à 
preuve,  il  faut  au  parlant,  pour  être  sûr  d'être  compris, 
ou  un  cheval  au  bout  de  son  poing,  ou  un  récit  servant 
de  contexte  à  son  mot.  On  se  traite  de  cache  entre  cama- 
rades :  «  —  Tia  !  1'  gars  Pinceloup  !  Ah  !  c'te  vieille 
vache  !  »,  Gaspard,  8,  propos  d'un  Normand  ;  on  dit  à 
un  cheval  malade  «  Ben,  mon  zèbre,  t'as  quèque  chose  !  », 

-^  665  — 


ÈENjAMiN,  Journ.,  15-5-16  ;  «  Vieille  bique,  ça  Ira 
mieux  ?  »,  ib.  ;  «  brosser  le  lapin  »,  balzac,  Colonel  Cha- 
bert,  (éd.  Fayard),  36,  se  comprend  Etriller  le  cheval  parce 
qu'on  est  prévenu  par  le  texte  qu'il  s'agit  de  la  monture 
d'un  officier,  [lapin,  comme  ours,  évoque  un  cheval  mal 
tondu)  ;  «  des  biquets  de  quatre  sous  »,  mandelstamm, 
Jim  Blackwood,  jockey,  se  comprend  Chevaux  sans  va- 
leur parce  que  l'on  est  dans  un  monde  de  jockeys  ;  «  La 
chèi^re  du  capistron  »,  Schw.  Sold.,  72,  s'entend  d'un  che- 
val (maigre)  grâce  au  capitaine  qui  complète  l'image. 
Mais  jamais  on  ne  dit  «  Dans  le  village  évacué  il  restait 
une  vache  »,  sauf  en  parlant  d'une  Vache.  Le  soldat  dit 
bien  «  ma  femme  »  à  propos  de  son  Fusil,  «  ma  poule  »  à 
propos  de  sa  Mitrailleuse,  mais  ne  dit  pas  *  Je  suis  allé 
voir  les  femmes  au  musée  des  Invalides. 

Un  combattant  m'écrit  :  «  Le  poilu,  c*êst  le 
langage  de  gens  qui  veulent  plaisanter,  qui  se 
hâtent  de  rire,  qui  parlent  pour  ne  pas  penser. 
Parler  et  péter  n'est-ce  pas  tout  le  divertisse- 
ment permis  à  une  demi-douzaine  d'hommes 
serrés  les  uns  contre  les  autres  au  fond  d'un 
mauvais  trou  pendant  un  bombardement  ?  » 

On  connaît  les  multiples  emplois  du  verbe  chier  : 
Marcher  droit  et  sec  :  a  Quand  le  capiston  rouscaille,  ça 
chie  »  ;  Fabriquer  :  «  Brigadier,  je  n'ai  pas  eu  de  sabre  ! 

—  566  — 


—  Eh  bîen,  quand  on  n*a  pas  de  sabre,  on  en  ...  un  î  », 

E.  H.,  Temps,  24-5-15.  On  ne  s'étonnera  donc  pas  de  la 
forte  dose  de  coprolalie  qui  se  trouve  dans  les  échan- 
tillons ci-dessous  du  style  proverbial  troupier. 

«  —  Il  m'emmerde.  —  Mets  lui  ton  nez  dans  le  cul 
pour  l'étouffer  »,  81  ^  t.,  -17. 

A  un  homme  qui  vient  semer  la  zizanie  :  «  Tu  voyages 
pour  la  paix  ?  »,  81  e  t.,  -17. 

«  Triste  patelin  ici  :  les  souris  montent  au  grenier  les 
larmes  aux  yeux  »,  Il  n'y  a  plus  rien,  Berneville  (P.-de-C), 
-15. 

Réplique  à  une  repartie  désagréable  :  «  Ha  bien,  tu 
m'en  fous  de  belles  !  Tu  me  la  copieras,  celle-là  !  »,  81®  t., 
-15  (1). 

«  Il  répète  tout  ce  que  mon  cul  lui  apprend  »,  C'est 
un  sot  ;  un  soldat,  -16.  — C,-à-d.  :  je  pète  et  il  répète. 

Riposte  à  qui  taille  une  basane  :  «  Retourne-toi,  et 
mange-la  !  »,  81®  t.,  -15. 

Salutation  à  Marais,  docker  dans  le  civil  :  «  Bonjour 
Monsieur  Marais  !  —  Ho,  des  monsieurs  comme  moi  et 
des  cochons  comme  vous,  y  en  a  beaucoup  !  »,  81®  t.,  -15. 


(^)  «  Engueule-le  donc  ;  c'est  pas  ton  père  !  »  Ce  boni- 
ment, qui  sert  à  encourager  un  timide,  n'est  connu  du 
grand  public  que  depuis  La  dame  de  chez  Maxim  (1899). 
C'était  la  plus  quotidienne  des  phrases  d'or  de  Pierre 
Le  Moënner,Quimpérois,  ouvrier  chandellier,au  19®  d'inf., 
à  Brest,  94-95.  Il  y  a  vingt  ans  que  j'ai  le  remords  de  ne 
pa9  réclamer. 

—  567  ■- 


«  —  T'as  chié  partout.  —  Au  moins  si  je  t'avais  chîé 
dans  la  gueule,  ça  te  l'aurait  bouchée  »,  81^  t.,  -14. 

«  —  Je  te  pisse  au  cul  !  —  Et  moi,  je  te  chie  sur  la 
gueule  et  je  t'embaume  d'un  seul  coup  !  »,  81^  t.,  -15. 

«  Encore  un  qui  a  sucé  la  Tour  Eiffel  pour  la  rendre 
pointue  »,  Encore  un  fanfaron  ;  marin,  -18. 

«  Va  te  coucher,  de  peur  de  perdre  du  temps  !  »  ; 
marin,  -18. 

«  —  Bon  appétit  !  —  Merci.  —  Et  que  la  dernière  bou- 
chée t'étrangle  !  »,  marin,  -18. 

«  Ha  la  la  !  les  enfants  de  nos  enfants  auront  de  vilains 
grands-pères  »,  marin,  -18. 

Au-revoir  à  un  permissionnaire  en  partance  :  «  Va-t'en  ! 
ça  puera  moins  »,  marin,  -18. 

«  Il  n'aime  pas  l'alcool,  non  !  Il  faut  lui  pincer  le  nez 
pour  le  lui  faire  boire  »,  81®  t.,  -15. 

«  —  Mais  si  on  retrouve  pas  la  porte  de  son  gourbi  ? 
— ^  Si  vous  êtes  égaré,  cherchez-vous  !»,  81^  t.,  -15. 

Cantonnement  sale  :  «  ...  Quand  le  villagecis  rentrera 
ici,  il  faudra  pour  le  nettoyage  qu'il  s'y  prenne  le  matin, 
et  encore  pas  un  samedi  »,  81®  t.,  -15. 

«  Ceux-ci  piocheront,  ceux-là  pelleteront  ;  et  vous  qui 
n'avez  pas  d'outil,  vous  leur  cracherez  dans  les  mains  », 
un  officier  ex-colonial,  81®  t.,  -14. 

«  Il  était  couché  sur  sa  paille  ;  s'il  n'avait  pas  été  si 
gros,  on  ^aurait  dit  l'Enfant  Jésus;  c't  enfant  d'pu- 
tain  !  »,  81  e  t.,  -15. 

«  Il  dort  encore  ?  Ha,  il  ferait  bien  crever  un  chien  à 

—  568  — 


i 


dormir  »,  Il  battrait  un  chien  aux  concours  de  sommeil  » 
8ie  t.,  -15. 

«  Si  c'est  pas  arrivé,  ça  arrivera  ?  »,  Tu  blagues  ;  81®  t. 
-14. 

«  C'a  été  dit  à  la  Cour  des  Muets...  »,  Tu  mens;  81  «  t.,  -14. 

Tu  veux  me  tromper,  me  mettre  en  boîte  :  «  Dis  donc» 
est-ce  que  tu  as  travaillé  chez  Amieux  ?»  ;  13®  tir.  alg., 
juin.  18  ;  —  syn.  :  «  Non,  pour  la  mise  en  boîte,  c'est  pas 
ici  I  »  ;  ib.  ;  —  «  Non,  mon  vieux,  c'est  quai  de  la  Râpée, 
maison  Amieux  frères  »  ;  ib. 

«  Cause  à  l'autre  !  »,  Je  ne  suis  pas  ta  dupe  ;  130®  inf., 
-18,  avec  le  même  geste  que  pour  envoyer  un  ballot  à  la 
gare.  —  Syn.  :  «  Cause  trois  jours  !»  ;  13®  tir.  alg.,  -18  ; 
—  dévié  de  «  Cause  toujours  !»  ;  —  «  Poisses-en  un 
autre  !»  ;  «  Tu  connais  Dudule  ?  Eh  bien,  poisse-le  cinq 
minutes  »  ;  «  Poisse  Dudule  !  »  ;  204®,  246®,  289®  inf., 
juill.  18,  {^)  ;  —  «  Cause  à  l'autre  trois  fois...  Marche  !  », 
246e,  289®,  321®  inf.,  -18. 

Tu  veux  m'épater,  m' asphyxier  :  «  Desserrez  vos  cra- 
vates... Marche  !  »  ;  246®,  289®,  321®  inf.,  août  18. 

Même  emploi  :  «  Tout  le  monde  a  son  pain  et  son  fro- 
mage ?...  Marche  !  »  ;  95®  inf.,  sept.  18  ;  '  c.-à-d.  Ça  va 
bien,  Suffit. 


(1)  Au  95®  inf.,  sept.  18,  Poisse-Dudule  est  un  sobri- 
quet ;  (antérieur  à  Dudule  le  poisse,  héros  des  Signaux 
de  pawlowsky). 

—  569  — - 


Même  Théorie,  chapitre  Visite  d'un  officier  supérieur 
redouté  :  «  Au  commandement  de  Le  9' là  /.  tout  le  monde 
fout  le  camp  »  ;  289®  inf.,  août  18. 

Au  sens  de  Tu  charries,  N'exagère  pas,  V Intransigeante 
9-7-18,  p.  2,  c.  4,  signale  comme  frontard  :  «  Ne  fais  pas 
de  bruit  dans  la  serrurerie  »,  et  comme  plus  récent  et 
donnant  «  le  ton  suprême  des  tranchées  de  Montdidier  »  : 
«  Chahute  pas  le  postillon  I  ».Mes  témoins  ignorent  l'un  et 
l'autre. 

«  Oui,  mon  con,  t'as  bonne  mine  »,  Tu  veux  charrier  ; 
46«,  246e  inf.,  14-18  ;  13®  tir.  alg.,  95^  inf.,  -18. 

Repartie  fort  psychologique,  et  qui  est  au  cœur  même 
de  l'art  de  la  pantomime  :  «  Allez,  on  les  connaît  tes  boni- 
ments ;  t'as  qu'à  faire  les  signes  !  »,  81®  t.,  -14  ;  sert  à 
rembarrer  un  rouspéteur  invétéré. 

Adieux  d'un  homme  en  fureur  qui  abandonne  la  place 
et  s'en  va  en  «  claquant  les  portes  »  :  «  Je  ne  suis  pas  pa- 
tron ici,  vérole  de  bon  Dieu  ;  je  le  serai  p'têt'  quèque 
part  »  ;  81®  t.,  -16. 

A  un  cavalier  qui  passe  :  «  Ton  canasson  est  malade  ?  » 
On  ajoute  ou  on  sous-entend  :  «  Il  a  une  emplâtre  sur  le 
dos»,  8le  t.,  -14.  " 

«  Tant  qu'y  aura  de  la  merde  et  des  côns,  tu  seras  pas 
orphelin  »,  81^  t.,  -14. 

«  Tant  que  les  cons  danseront,  tu  ne  joueras  pas  de 
la  musique  »  ;  46®  inf.,  9®  b»",  nov.  16  ;  246®,  289®  inf., 
-17  ;  —  «  Tant  que  les  cons  danseront,  tu  n'auras  pas 
froid  aux  pieds  »  ;  ib. 

—  570  — 


«  Tu  ne  t'envoleras  pas  !  »,  Tu  es  nique  ;  46®,  204®, 
24  6e,  2896  in^.,  14-18  ;  —  plus  complet  :  «  Avec  ce  que 
tu  as  au  train,  tu  ne  pourras  pas  t'envoler  !  »  ;  ib. 

«  Quand  nos  poux  auront  grossi,  nous  les  mettrons  à 
pousser  des  brouettes  »,  81^  t.,  -15. 

«  —  As- tu  chaud  ?  —  Oui,  je  commence  à  écumer 
entre  les  jambes  »,  81^  t.,  -15. 

«  Un  cassecouille  et  lui,  c'est  bien  le  même  »  ;  81®  t., 
-15  ;  le  même  est  au  neutre  ;  cf.  «  Ça  et  rien,  ce  sont  bien 
les  deux  sœurs  »,  ib.,  -15. 

«  —  Tu  as  mal  au  pied  ?  —  Non,  à  côté  !  ?  »,  81®  t.,  -14. 

«  Un  demi-quart  de  vin  !  Est-ce  que  tu  m'as  jamais 
vu  boire  un  demi-quart  de  vin?  Est-ce  qu'y  a  des  demi- 
saints  dans  le  Paradis  ?  »,  81®  t.,  -15. 

«  C'est  bête  de  se  faire  blesser,  mais  c'est  con  d'en 
mourir  »,  G.  Demonchy,  13®  tir.  alg.,  sept.  18. 

Août  17,  Chemin  des  Dames.  Des  bataillons  de  noirs 
montent  pour  l'attaque  :  «  A  consommer  avant  l'hiver  !  »  ; 
246®  inf. 

Bombardement  par  aéros  :  «  • —  C'est  la  guerre  mo- 
derne. —  Eh  bien,  elle  est  batt,  la  mode  !  »,  81®  t.,  -16. 

Les  majors  ont  photographié  le  tableau  d'une  chasse 
au  rat  (107  têtes)  :  «  J'ai  dit  Pauvre  France  !  Les  rats 
en  photographie  I  »,  81®  t.,  -16. 

«  J'eminerde  la  merde  et  je  chie  dans  mon  pantalon 
quand  je  veux  »,  Je  me  moque  de  tout  ;  monax  de 
P.  Thébaut,  de  Quilly,  81®  t.,  14-17. 

Du  même  :  «  Je  n'étais  pas  saoulaud  avant  ;  ma  vie  a 

~  571  — 


été  trahie  par  la  guerre  actuelle  »,  ...Dévastée,  Décon- 
certée, -15. 

«  C'est  pas  régulier  !  »,  protestation  adressée  à  qui- 
conque demande  du,rab,  met  sa  chéchia  de  côté,  raconte 
UD  succès  galant,  etc.  ;  le  ton  sérieux  fait  l'emploi  co- 
mique ;  13®  tir.  alg.,  juill.  18.  —  Même  emploi  :  «  T'as 
pas  le  droit  !  »  ;  4®  zouaves,  Milly,  -17. 

«  —  Tu  aurais  dû  faire  comme  ceci.  —  Occupe-toi  de 
tes  fesses  !  »,  81®  t.,  -15. 

«  Va  te  faire  tâter  !  »,  Va  te  faire  lanlaire  ;  13®  tir. 
alg.,  juill.  18  ;  - —  «  Va  te  faire  tâter  par  les  Zoaques  !  », 
130®  inf.,  C.  M.-2,  sept.  18  ;'—  cf.  Chez  les  Zoaques,  de 
Sacha  Guitry. 

«  Est-ce  que  je  te  demande  si  ta  grand  mère  danse 
bien  ?  »,  De  quoi  te  mêles-tu  ?  ;  268®,  289®  inf.,  oct.  17. 

A  un  bronchiteux  :  «  Te  voilà  baisé  à  ton  tour  :  ton 
cul  sent  le  sapin  »,  81®  t.,  -15. 

«  Deux  permissionnaires,  deux  malades,  pas  de  caporal  : 
la  seizième  escouade  va  se  trouver  à  cul  »,  ...Réduite  à 
impuissance  ;  81®  t.,  -16  ;  —  cf.  «  C't  affaire  là  est  tombée 
le  cul  dans  l'eau  »,  ib.,  -15,  c.-à-d.  est  tombée  dans  le 
seau,  n'a  pas  réussi. 

Le  soldat  qui  va  essayer  des  chaussures  ne  manque 
pas  d'annoncer  :  «  Pour  moi,  un  28-4  fillette  »  ;  289®  inf., 
-18. 

(f  —  Dis-donc,  cuisto,  as-tu  gardé  pour  vous  autres  à 
la  cuisine  ?  —  Vous  en  faites  pas  î  J'en  aurai  au  cul 
avant  que  vous  en  ayez  à  la  bouche  »,  marin,  -I84 

-,  672  — 


«  Quelle  cangrène,  quelle  peste,  ce  type-là  !  si  la  mort 

ne  l'embellit  pas,  ça  fera  un  sale  macabé  »,  un  soldat,  -18. 

Formule  pour  refuser  un  menu  service  :  «  Non,  mais 

as-tu    vu    beaucoup    de    domestiques    habillés    comme 

moi  ?  »,  8le  t.,  -15. 

«  Ça  ne  va  pas  mieux  a,  répète  le  poilu  à  toute  chose, 
même  de  mince  importance,  qui  ne  va  pas  selon  son 
souhait  ;  misère  infinie,  fatalité  inexorable  ;  130®  inf.-, 
sept.  18. 

«  Adieu,  la  valise  !  »,  Tout  est  fichu  ;  13^  tir.  alg., 
août  18. 

«  Il  ne  mange  pas  le  (?irage  »,  Il  n'est  pas  si  terrible 
qu'on  le  croit,  ou  qu'il  veut  en  avoir  l'air  ;  109^  inf.,  -17  ; 
8®  génie,  -18  ;  se  dit  surtout  d'un  gradé  :  «  Après  tout  il  ne 
mange  pas  le  cirage  lui  non  plus  ».  —  Syssém.  :  bouffer 
le  linge,  Faire  toute  la  besogne  à  soi  seul  :  «  Y  a  pas  que 
toi  tout  d'même  pour  bouffer  le  linge,  hé,  bleusaille  de 
la  classe  15  »,  Pépères,  107. 

«  Pleure  pas  !  tu  la  reverras,  ta  mère  »,  usuel  dès  -16. 
—  «  C'est,  malgré  sa  vulgarité  foncière,  une  parole  de 
foi  vivace  et  d'amour  »,  franconi.  Un  tel,  163  ;  vulgaire 
en  effet,  et  impitoyable,  si  on  ne  sent  pas  que  cette 
phrase  d'un  passant  à  un  bébé  égaré,  ne  s'applique  que 
par  simple  queue  romantique  à  des  poilus  qui  risquent, 
avec  leurs  pleurs,  leurs  yeux,  et  leur  tout. 

«  Vivement  demain  soir,  qu'on  se  couche  !  »,  Ce  sera 
deux  jours  de  moins  à  souffrir  ;  franconi,  163,  chapitre 
où  sont  commentés  plusieurs  autres  apophtegmes  poilus. 

—  573  -- 


«  103®  terrassiers  »,  c'est  le  103®  inf.  ;  «  25®  terrassiers  », 
le  25®  chass.  ;  «  40®  terrassiers  »,  le  40®  art.  ;  lisez  le  Petit 
Voisognard,  «  organe  bi-hebdomadaire  du  369®  Terras- 
siers »,  mars  15  ;  —  qui  n'a  pas  remué  sa  pincée  de  terre  ? 

Cette  terre,  souvent,  quelle  glu  !  Le  40®  art.  se  nomme 
«  40®  boueux  »  ;  il  qualifie  ses  conducteurs  «  les  boueux  », 
les  «  vaseux  »  ;  le  8®  génie  s'est  dit  le  «  8®  vaseux  »,  (cf. 
hauts-de-vase  ?), 

Au  début  de  -17,  le  130®  inf.  était  un  vrai  bougillon  : 
«  130®  déménageurs  »,  disait-il. 

«  C'est  la  guerre  !  »,  phrase  courante,  et  d'ordinaire  stu- 
pide,  des  soldats,  —  pour  excTiser  ébriété,  vol,  paillar- 
dise ;  je  désire  que  ce  ne  soit  qu'une  traduction  du  Der 
ist  krieg  boche. 

«  Jugulaire  :  jugulaire  !  »,  Je  ne  transige  pas  ;  marins, 
-18  ;  —  jugulaire  ==  service. 

Bon  !  encore  une  dispute  :  «  La  campagne  s'avance  :  les 
caractères  s'aigrissent  !  »,  81®  t.,  16-17  ;  marins,  -18. 

«  La  bataille  de  Laisse-ça-là  gagnée  par  le  général 
Bourretapanse  »,  les  manœuvres  ...  à  pagaille  ;  40®  art., 
14-15. 

«  Y  a  gagner  Saint-Raphaël  »,  Nous  méritons  la  relève, 
le  repos,  l'intérieur,  une  fine  évacuation  ;  40®  art.,  -18  ; 
—  les  Sénégalais  de  la  Do»  (la  40®)  vont  hiverner  à  S*- 
Raphaël. 

Locomotive  et  wagons,  au  départ,  le  train  chante  au 
permissionnaire  :  «  Je  t'emmène,  je  t'emmène  »  ;  et  au 
retour  :  «  Je  t'emmerde,  je  t'emmerde  »;  40*  art.^  -18. 

—  574  — 


«  Faut  pas  essayer  de  comprendre  I  »,  C'est  absurde  ! 
81^  t.,  14-17  ;  très  usuel  et  général  ;  |  Gaspard^  51.— 
Employé  par  ironie  à  propos,  non  seulement  des  ordres 
chargés  de  mystère,  mais  des  ordres  absurdes  qui  portent 
leur  contre-ordre  en  croupe. 

«  N'allez  pas  là-bas  !  »  (suspension  entre  les  deux  /  ;  les 
trois  derniers  a  très  fermés),  Dangereux  est  le  secteur  où 
vous  allez,  nous  l'avons  éprouvé,  g.  ferrand  a  entendu 
ce  cri  pour  la  première  fois,  montant  à  gauche  de  Reims, 
juin  18,  d'un  régiment  de  «  joyeux  »  qui  descendaient. 
Un  écho  de  V Humour ^  23-30  août,  le  déclare  né  sur  la 
route  «  de  Ch...s-le-V...s  à  Herm...Ue  »,  (Châlons-lo-Ver- 
geur,  Hermonville)  :  un  camoufleur  le  lança  et  le  réitéra 
à  deux  quidans  qui  se  dirigeaient  vers  un  endroit  en  vue 
des  Boches,  et  ces  deux  s'étant  trouvés  le  gén.  Mangin 
et  M.  Clemenceau,  son  émoi  charitable  fut,  du  coup, 
auréolé.  Ce  fait  date  de  fin  mai,  d'après  un  écho  de  Paris- 
Midi  antérieur  au  13  août.  Au  début  d'août  le  mot  fait 
fureur  sur  tout  le  front. —  Au  13^  tir.  alg.,  oct.,  on  ajoute  : 
«  Prenez  le  boyau  !»  ;  —  (le  boyau  d'accès,  ou  le  boyau 
de  trisae,  selon  l'idée). 

«  On  les  aura  »  [lei  Boches]  ;  uBuel  et  universel  dèi  -15  ; 
consacré  par  la  plus  haute  autorité  qui  fût  :«  Courage... 
On  les  aura  !  »,  gén.  fétain,  ordre  du  jour  de  la  XI^  ar- 
mée, 10-4-16.  —  D'où,  par  amertume  :  On  les  auru  / 
—  les  pieds  gelés. 

«  Debout,  les  morts  !  »,  appel  lancé  par  l'adjudant  Jac» 
ques  Péricard,  dans  sa  tranchée  envahie  par  les  Boches, 

—  575  — 


95^  inf.,  Bois-Brûlé,  8-4-15  ;  ||  «  Debout,  les  morts  !  », 
DiERX,  Les  paroles  du  vaincu  (1871),  str.  3  ;  «  A  vos 
postes,  les  morts  !  »,  dumas,  Amour  sacré  (1912)  ; 
«  Le  dragon  blessé  à  la  nuque  <^...>  cria,  funèbre,  dans 
la  cour  obscure  de  la  maison  :  —  «  Les  morts,  là-haut, 
descendez  prendre  l'air.  On  va  faire  une  salade  d'acier 
sur  la  route  !  »  Presque  aussitôt,  sur  la  plus  haute  marche 
de  l'escalier,  apparurent  les  plus  infirmes,  <C...>'  »i 
d'esparbès,  Tumulte^  Le  Pont  qui  chante.  —  Il  n'est 
heureusement  pas  nécessaire  de  supposer  que  M.  Péri- 
card  se  rappela  ses  auteurs,  —  ni  que  le  général  Galliéni, 
en  lançant  son  «  jusqu'au  bout  »,  (3-9  -14),  se  rappela 
l'ordre  du  jour  de  Mac-Mahon  à  l'armée,  «  J'irai  jusqu'au 
bout»,  (9-7-77). 

On  recueille  çà  et  là  chez  les  littérateurs  de  guerre  des 
dictons  à  images  populaires  :  «  tresser  du  filet  pour  la 
pêche  aux  boches  »,  Etablir  un  réseau  de  barbelé,  Pé- 
pères,  66  ;  —  «  faire  les  tableaux  vivants  »,  Se  tenir  immo- 
bile pendant  l'éclairement  d'une  fusée,  ib.,  72  ;  —  le 
«  voile  photographique  »,  constitué  sur  la  tête  du  guetteur 
par  la  toile  qui  bouche  du  côté  intérieur  la  fente  du  cré- 
neau de  tranchée.  Bourru,  115  ;  —  «  On  va  vous  poser 
des  tapis  pour  passer  »,  phrase  adressée  à  l'infanterie  de 
l'assaut  par  les  porteurs  d'échelles  du  génie,  Artois,mai  15, 
ERLANDE,  En  Campagne,  m,  1  ;  —  «  On  eût  dit  qu'ils 
voulaient  pulvériser  Cumières.  On  n'osait  pas  coucher 
dans  les  granges,  car  le  réveil  n'était  pas  garanti  », 
E.    c,   Pet.   Journ.,   8-4-16,  —  calembour    d'un    réveil 

—  576  — 


affirmé  quant  à  l'avenir  avec  un  réveille-matin  garanti 
contre  les  accidents. 


4.    LiTTéRATURE    PARIÉTAIRE 

Je  ne  puis  citer  un  lot  de  crayonnages  re- 
cueillis dans  les  abris  de  guetteurs  du  secteur 
de  compagnie  M*,  devant  Wailly  en  février  16, 
en  raison  des  personnalités  et  des  amertumes 
dont  ils  étaient  nourris  ;  on  peut  souhaiter 
qu'il  grossira  un  jour  un  «  Corpus  »  des  ins- 
criptions poilues. 

Voici  un  relevé  des  plus  notables  enseignes  de  cagnas 
du  même  secteur  de  première  ligne  et  de  la  ligne  de 
soutien,  dans  l'hiver  15-16,  dues  au  81®  t.  ou  à  des  prédé- 
cesseurs. 

«  Au  repos  de  Jules  César  »,  (pour  commandant  de 
compagnie).  —  «  Cottage  de  l'espoir  »,  (pour  officiers), 
—  «  Villa  des  Poilus  ». —  «  Au  pôle  nord,  15-1-15  ».  — 
«  La  Vigilante  »,  (le  parrain,  un  sergent,  n'en  donne  qu'à 
des  amis  sûrs  le  sens  caché  :  vigie  lente). —  «  Villa  Joffre  ». 
— •  «  Villa  Sani  Suffi  »,  (villas  de  ce  nom  à  S^-Brévin, 
à  Pornichet,  à  S^-Nazaire,  14-18).  —  «  Au  Gagne-Petit. 
Portret.  Scaer.  a.  zo.  portred.  mat.  Guitaem  quet  Hep 
evat  eur  chopinad.  Milin  Caour  »,  en  langue  bretonne,... 
Les  gars  (Pôtred)  de  Scaër  sont  de  bons  gars.  Ne  nous 

—  577  — 

KSNAULT  37 


quittohs  pas  sahà  boire  une  chopihe,  (et  signature  des 
deux  auteurs).  —  «  Villa  des  bons  grelotteux  ».  —  «  Hôtel 
de  la  liaison  ».  —  «  Villa  du  gâchis  ».  —  «  Terrier  du  jeune 
Renard  ».  —  «  Au  petit  Bacchus  ».  —  «  Consulat  de  Bre- 
tagne ».  —  «  Kermaria  ».  —  «  Kermadelon.  1914  ».  — 
«  Ker  Herbadilla  »,  (parrain,  un  paysan  d'Herbauges 
(Loire-Iiif.)  instruit  du  vieux  nom  de  sa  paroisse).  — 
«  La  Maisonneuve  ».  —  «  Au  Soleil-levant  ».  —  «  ÎCer  Ja- 
jionais  ».  —  «  Hôtei  des  Poux  Volants  ».  —  «  Villa  des 
ttats  ».  — -  «  Fabrique  des  squelettes  ».  —  «  Câstel  des 
Sâils  ^biici  de  là  3^  esc.  ».  —  «  Villa  des  Indifférente  <. 

Quelques  bdykux  pbrtaietlt  dhé  noms  officieux  cràyoh- 
nés  à  côté  ou  à  défaut  de  noms  officiels  :  «  Rue  d'Alle- 
magne ».  —  «  Rue  des  Antiboches  ».  —  «  Rue  des  Pieds 
htltfifdes  i.  —  «  Rtie  du  Bain  de  siège.  »  —  Telles  fëuillées  : 
«  Fabi-ique  de  chocolat  ». 

Du  93^  iiif.,  oii  m'écrit,  avril  18,  que  l'usage  des  en- 
seignes s'est  à  peu  près  perdu  ;  on  déménage  trop  sbti- 
vent.  Toutefois  en  voici  trois  de  ce  régiment  :  «  Villa  des 
Totbë  )K  —  a  Poilus-Palace  ».  — «  Les  Cénobites  Tran- 
quilles »  (cette  dernière  ne  doit  pàë  être  lue  plU8  d'une 
fois...,  âUs^i  a-t-elle  eu  un  légitime  succès  à  travers  les 
secteili-s). 

bu  289*  inf.  :  «  Eau  et  gaz  à  touà  les  étages  »,  Juvin- 
cbuH,  jâhv.  18  ;  boue  et  gaz  asphyxiants.  —  «  Abri 
déi  Lduftingues  »,  Vareanes,  avr.  18  ;  calembour  sur  le 
bois,  Voisin,  de  Louvetain.  —  «  Ker-Julot  »,  route  de 
Mbtilin-§bUâ-Touvent  à  Attichy,  août  18. 

—  578  — 


Au  49^  inf.,  Argonne,  -16  :  «  Villa  Pot'ana  »,  en  béar- 
nais... Ça  peut  aller.  —  «  Il  est  dangereux  de  se  pencher  à 
l'extérieur  »,  écriteau  de  wagon. 

Au  130®  inf.,  janv.-juin  18,  on  constituait  des  «  îlots 
de  résistance  »  ;  un  des  îlots  s'inscrivit  une  devise  au- 
dessous  des  consignes  de  combat  affichées  ;  le  colonel 
approuva  ;  il  rendit  obligatoire  un  texte,  au  choix  ;  on 
adopta,  ici  «  Le  fusil  recule,  le  fantassin  français  jamais  », 
là  «  Avance  si  tu  l'oses  »,  là  «  Se  défexidre  jusqu'à  la  mort.  » 


~  579 


NOTES    TARDIVES 


MOTS  USUELS  AU  40^  ART.,  -18,  ccttc  attes- 
tation confirmant  utilement  celles  données 
d'autre  part  : 

aramon  ;  armoire,  IJavresac  ;  artillerie  [demander  V)  ; 
autobus,  bergougnan,  pneu  michelin,  rognure  de  taxi^ 
viande  blindée  ;  baraque,  Brisque  ;  bavarois.  Pou  ;  la 
boite  à  gaz,  le  gaz  (non  les  gaz],  la  Boîte  à  masque  ;  bocal^ 
bouterolle,  casserole,  panier  à  salade,  saladier,  soupière. 
Casque  ;  buque  [ça)  ;  caisse  d' emballage,  Biplan  ;  calandot 
(14-18  et  avant  -14),  pélican.  Cheval  ;  cigare,  perle,  Obus, 
(mots  peu  usuels)  ;  course  à  la  mort  ;  cuiso  ;  demi-boule^ 
Auxiliaire  ;  écrabouiller  [en)  (peu  usuel),  faire  des  heures  ; 
faloter  ;  faux-nez  ;  fouillard  ;  galeiouse,  (non  les  autfes 
suffixes)  ;  gelé  [se  faire  porter)  ;  godaille,  grêlon,  grollon. 


581  — 


sçMs-rnarin,  Mam^  Ct^^ussiife  ;  gras  ppur,  JBqii  ppuî"  ; 
gruyère  ;  installer,  Crâner  ;  kébir,  Colonel  (d'Afrique)  ; 
kéhour,  kébroc  ;  malabar,  Gros  ;  mitrailleuse  à  haricots, 
quaire-cent-i>ingt,  sous-marin,  Roulante  ;  mouche  à  miel  ; 
pétoire,  75  ;  phonard  ;  picoler  ;  faire  un  pompier  (au  bi- 
don) ;  remonie-moi-le-moral  ;  rouper,  Chaparder  ;  ta- 
basser [se]  ;  téléphoner ,  Boire  à  un  tonneau  ;  torpiller. 
Faire  une  injection  sous-cutanée. 

Préface,  p.  17,  1.  16  : 

Mellé,  Joli,  à  la  Légion  Etrangère,  d.,  est  sans  doute 
une  mauvaise  lecture  de  mello,  Joli,  si  usuel  aux  Lillois. 
- —  Çlciquot,  Fromage,  connu  de  f.  de  keralio,  usi^el  à 
tel  cavalier  du  1^^  cuir.,  et  signalé  dans  p.,  dérivp  sapg 
doute  de  claque-en-hec,  Fromage  blanc  mou,  mot  ar- 
dennais  en  -99,  et  rémois  dès  -45  (saubinet). 

agents  4e  liaison  de  la  48^  [D»"]  {les),  va., 
}es  Corbeaux  ;  p.  charpentier,  été  18.  —  Ils 
vont  et  viennent  de  cadavre  en  cadavre. 

alboche.  A  Neuchâtel  (Suisse),  albotche,  en 
01-07,  et  sûrement  dès  -75,  sinon  dès  -70,  F.  de 

KERALIO. 

arbalète,  f.,  Cheval  maigre  ;  40^  art.,  -18. 
arcassines    {en   aç>oir   plein   les).    Autres    sys- 
sém.  :  en  avoir  plein  les  pieds,  les  arpions,  les 

—  582  — 


bottes,  40^  art.,  -18  ;  les  trottin^ts,  l.  sambar- 
DiER  ;  les  pattes,  156^  inf.,  -18.  —  En  outre, 
en  a^oir  plein  les  pieds,  les  arpions,  Ips  pan^yds, 
Etre  saoul  ;  40^  art.,  -18. 

çis  [à  V).  Bouffer  à  Va^,  Jeûner,  PRUANT  ; 
c.-à-d.  se  brosser  au  lieu  (Ip  bouffer. 

asphyxier.  Très  usuel,  130^  inf.,  13^  tjr.  alg., 
sept.  18. 

Badèn-Badèn,  m.,  la  Captivité  :  aller  à 
Badèn- Badén,  Etre  fait  prisonni(2r  ;  40^  art., 
-18.  —  Prison  en  argot  se  dit  villégiature. 

balancer,  B  :  servir  ur\  état  (adipinistratif),  le 
balancer,  le  Faire  avec  soin,  Pépères,  210. 

bec-bois,  m..  A,  Mitrailleuse  ;  B,  Canon-re- 
volver ;  typographes  lorrains,  mercier,  Nar\cy 
bombardée,  175-178  ;  —  du  nom  lorrg^in  de 
l'oiseau  Pie,  bec-bois,  (qui  bèque  le  bois). 

béqaeter,  2,  h,  Bouffer  (au  figuré)  :  béqueier 
des  kilomètres  ;  13^  tir.  alg.,  oct.  18. 

boche.  Etait  connu  à  Spire  en  -Ql  ;  dans  une 
famille  universitaire  (le  père  archéologue,  un 
fils  docteur  en  philologie  et  député  au  Reich- 
stag,  un  autre  archiviste),  on  l'expliquait 
ainsi  :  après  70,  les  voyageurs,  en  passant  l'ex- 
frontière  alsacienne,  donnaient  leur  nom  ;  un 
douanier,   surpris   de  la  fréquence   du  nom  de; 

—  583  — 


Boesch,  répandu  en  Palatinat,  se  serait  écrié  : 
«  Aile  Boesclî  !  »,  Tous  Boche  !  ;  g.   ferrand. 

Bochie,  Pays  des  Boches  ;  très  usuel,  1,  Ger- 
manie, 2,  Pays  français  occupé  par  les  Ger- 
mains, 130^  inf,,  -18.  —  Bochenie  ;  «  Le  soldat 
dit  aussi  Bochenie,  Allemagne  »,  f.  de  keralio, 
nov.  18,  spontanément.  —  bochiser,  Rendre 
germanophile,  par  contrainte  ou  persuasion, 
et  embocher,  Enrôler  pour  le  germanisme,  sont 
usuels  au  40^  art.  dès  -14  peut-être,  f.  de 
KERALIO,  annotant  d.  ; — V Action  française  a 
largement  usé  de  ces  deux  dérivés. 

bourrin.  —  Cf.  bourri,  m.,  Mulet,  (non  Che- 
val, sens  donné  par  d.),  130^  inf.,  C.  M.,  -18. 

branleur,  m.,  Ordonnance,  (mot  ancien),  est, 
malgré  une  impression  donnée  dans  d.,  tout  à 
fait  usuel  au  40^  art.,  -18. 

bras-cassés,  à  l'adresse  des  brancardiers  : 
xxxxe  inf.,  14-15  ;  130^  inf.,  oct.  18. 

capitaine,  lieutenant,  (faire),  Rebondir  au  sol 
trois  fois,  deux  fois  ;  aviateurs,  déch.  —  Voir 
bessonneaux. 

{caporal).  — t  cabo-cuisto,  m.,  Caporal  d'or- 
dinaire ;  40^  art.,  -18. 

chandelle.  De  la  ballotte  à  l'avion  le  pont  est 
fait    historiquement    par    le    foot-ball    :    faire 

—  584  — 


chandelle,  Lancer  le  ballon  très  verticalement, 
Brest,  05-10. 

(chapeau).  —  Syn.  et  syssém.  de  blindé  : 
casquette  en  fer,  f.,  40^  art.,  -18  ;  |  d. 

chassmar,  m.,  Chasseur  à  pied  ;  94^  inf.,  -17  ; 
4®    mixte,    -18  ;  moins    usuel    que    chassbi  ;  | 
chassemar,    Chasseur   à   cheval  ;    déch.    —   Cf. 
officmar. 

choueille.  Cf.  «  un  chweie,  un  Petit  peu  ;  un 
petit  chçeie  (les  Champenois)  ;  de  l'allemand 
schwein  ?  »,  f.  de  keralio,  nov.  18. 

[cirage).  —  Lion  noir.  Sénégalais  ]  40®  art., 
-18;  Kaol  et  Lion-Noir,  la  D®"  Marchand,  com- 
posée de  coloniaux  et  de  Sénégalais,  —  ceux- 
ci  barbouillés  au  cirage,  ceux-là  plus  clairs  et 
briqués    au  kaol. 

coup  de  buis,  m..  Grande  attaque  pour  en 
finir  ;  un  artilleur  (d'Epernay),  sept.  18.  — 
Métaphore  de  cordonnerie,  (le  buis  sert  à  polir 
le  cuir  du  soulier  achevé),  analogue  à  coup  de 
torchon,  Bataille  qui  nettoie  la  situation  et  l'un 
des  adversaires. 

crapouilloteur.  On  a  dit  «  un  tireur  de  cra- 
pouillot  »,  Artois,  mai  15,  erlande,  En  cam- 
pagne, III,  1. 

déculottée  ;  |   Le    bon    Dieu,  assis    dans    une 

—  «85  — 


SQUpis^e,  «  ji^ge  Ips  bops  cpups  ^t  poii^tp  les 

déculottées  »,  arnoux,  Opinion,  31-8-18,  p.  162. 

4eU3ç-coups  ;  H  Le  fusil  4  deucc  coups,  le  Pan- 
talon drqjt  du  chasseur  d'Afriqv^ej  (p^r  oppo- 
sition ^  son  large  «  fjptt^r^}  »)  :  «  Et  surtout 
pas  4^^  fusils  à  deu3f  coups  !  «^  or^ire  du  colonel 
en  vue  d'une  réception  qfficipjïe,  5^  c))éiss. 
d'Afrique,  -07  ;  1*  mulot.  —  Métaphore  de  forpie. 

escargot  électrique,  m.,  Projecteur  élec- 
trique ;  61^  art.,  p.  —  Semble  une  sorte  de 
monax  ;  raps  témoiy}S  l'ignorpnt,  y  cqnipris 
ceux  4e?  sections  df!  prpjepteur?.  —  Cf.  esQÇir^ot, 
Çpquilje  d'escargot  servant  de  lanapiq^î..  hdt  ? 

éteignoir,  m.,  Casque  ;  40^  i^rt.,  -18  ;  |  ^. 

fuisçLï^der.  —  Mieux  :  gur  fç{ire,  paf  le  parti- 
cipe présent  substantivé  faisant^  q^.,  EJ^croc, 
(tricheur  ^u  jeu  QU  yendeur  de  niarph^n4ises 
achetées  ^  crédit)  ;  êtfe  faisandé  serait  être  yic- 
tjff^p  d'un  faisant. 

Jqlat  ;  pn  dit  «  Mon  vieux,  tu  risques  le  f^- 
Ipt  »,  130^  inf.,  -18,  non  pas  *les  falots. 

fe-fe.  —  Cf.  fe-me,  m.,  Fusil-niitrailleur  ; 
94^  inf„  17-18  j  ^u  81P  t.,  -\1,  If-èm. 

flukç^rd  ;  usu^l,  «  désigne  les  appareils  4^ 
campagne,  particulièrement  ceux  à  ^ppel  yi- 
tiré,  (vijjfeurs,  tren^hleur§),  de  là  l'e^^pressiqu  ; 

—  m  — 


Tapp^reil  vibre,  tremble,  donc  il  a  peur  :  flu- 
bard  )),  8^  génip,  c^^  D-1,  nov.  18. 

{foin).  —  varech  ;  40^  art.,  -18  ;  11  d'espar- 
BÈs,  Demi-  Solde,  xiii  ; —  l'anglais  weed  a  les  trois 
sens  de  varech  :  R^but,  Mauvaise  herbe,  Tabac. 

franc,  Braye  ;  95^  inf.,  40^  art.,  -18  ;  —  fran- 
chise, f.,  Bravoure  :  «  Sa  franchise  [de  Driant] 
allait  jusqu'à  la  tén^érité  »,  5Q^  chass.,  -16  ; 
95e  inf.,  -18. 

Fritz  ;  (on  prononce  friss  ;  f.  de  keralio). 
Fritz,  c'est  l'ennemi  au  moment  où  il  n^est  pas 
méchant  :  Fritz  va  à  la  soupe,  va  se  coucher  ; 
même  généralisé,  le  sens  n'a  pas  la  valeur  pé- 
jorative de  Boche. 

jrigoussç  ou  figous.  —  Etymologie  arabe, 
fondée  sur  le  caractère  algérien  de  la  locution 
et  sur  le  synonyme  en  avoir  plein  Iç  pot  :  fi, 
Dans  4-  gouss,  Cul,  Vagin  ;  f.  ^ijtavand. 

fusil  à- patates,  m..  Fusil-mitrailleur  ;  inf.  de 
ligne  et  2^  c^^,  nov.  18.  —  Appuyé  suf  un  pa- 
rapet, il  fusille  volontiers  à  j^aser  terre. 

gars  ;  —  suivi  de  l'emploi,  de  la  spécialité,  du 
grade  :  le  gars  cuisto  ;  les  gars  mitrailleurs  ;  le 
gaxs,  capitaine,  ;  130^  inf.,  -18. 

glinglin,  Obus  ;  |  pÉCH.  ;  ARNoyx,  Opinion, 
31-8-18,  p.  163. 

—  587  ~ 


gnole.  Prononcé  o  bref  par  plusieurs  Lyon^ 
nais.,.,  usuel  en  Auvergne  sans  doute  par  suite 
du  va-et-vient  de  petits  commerçants  auver- 
gnats établis  à  Lyon...,  apocope  de  guignol  qui 
signifie,    (et    guignolet     aussi),    Eau-de-vie,    à 

Lyon...,       F.     DÉCHELETTE,    UOV.     18. 

(groin).  —  Le  museau  de  cochon,  le  Masque 
boche  de  fin  -15  et  -16,  (analogue  à  celui  que 
nous  avons  adopté  en  -17)  ;  40^  art.,  -16. 

gros  légumier,  m..  Limousine,  auto  pour 
hauts  personnages,  pour  «  grosses  légumes  »  ; 
V Humour,  23-30  août  18. 

khaki,  m..  Soldat  britannique  ;  40^  art.,  -18  ; 
|o. 

knop.  —  La  forme  cloques  est  à  dopes  (voir 
l'article  briques)  comme  quenauque  est  à  que- 
naupe.  D'autre  part  pipe  est  usuel  au  sens 
Cigarette  (à  Paris  dès  1900).  Il  semble  ainsi 
que,  sous  la  muance  de  o  (bref  et  long),  et  mal- 
gré la  différence  de  genres  (m.  et  f.),  dope, 
Mégot,  et  knop,  Pipe,  peuvent  être  un  même 
mot. 

{V accrocher).  —  se  la  mettre  ;  94^  inf.,  -16  ; 
4^  mixte,  -18  ;     |   pawlowsky,    Signaux,  61. 

machine  à  ramer  le  paletot  ;  «  entendu  quel- 
quefois )),  p.  THÉRY,  nov.  18. 


588 


malo,  m.,  Malade  ;  40^  art.,  -18  ;  |  d. 

maouss  ;  le  Maouss,  sobriquet  d'homme,  si- 
gnifie Gros  avec  la  touche  additionnelle  Bon- 
enfant  ;  s^n  sanit.  45,  -16  ;  «  un  vol  maouss 
[en  avion]  »,  un  vol  Epatant.  —  Superlatif  ; 
pépère- maouss- poilpoil  ;  s^n  sanit.  45,  -16. 

marraine.  Cf.  Int.  des  Ch.,  LXXIV,  311, 
LXXV,  187,  315. 

matai  (?)  Cf.  boyal,  m..  Boyau  ;  d.  ;  —  bis- 
tral,  m..  Bistro  ;  40^  art.,  -18.  —  Mais  matai, 
tout  à  fait  inconnu  des  marins,  n'est-il  pas 
une  mauvaise  lecture  de  înataf,  Matelot,  (Mau- 
vais matelot),  qui  leur  est  très  usuel,  depuis 
au  moins  -08  ? 

mec  en  blouse,  Type,  Bonhomme,  se  distin- 
guant par  un  air  soit  cossu,  soit  campagnard  ; 
usuel,  13^  tir.  alg.,  nov.  18. 

métro  ;  exactement  Abri  fait  de  tôles  cin- 
trées ;   F.    DE   KERALIO. 

moulin  à  café.  —  Syssém.  :  cinéma,  m..  Fusil- 
mitrailleur  ;  terme  inventé  par  M.  Charles  Do- 
ridam,  le  poète  chansonnier,  au  224^  inf., 
19®  0*^,  fit  son  chemin  jusqu'à  la  D<^"  ;  —  les 
balles  se  présentent  au  tir  successivement, 
comme  les  pellicules  d'un  film. 

paprika.     Baver    signifie     Parler    et     Parler 


i89 


exagéréiHent,  pat*  la  sémantique  notée  sous 
déculottée.  Etendu  au  sens  Exagérer  et  che- 
vauchant piétiner  dans  les  barbelés,  il  a  donné 
haçer  dans  les  barbelés. 

(pé-cé).  —  té-cé-irois,  B,  Train  dfe  combat 
du  3e  bon  .  i3oe  inf.,  -18. 

{perco).  —  Syssém.  :  jUS,  m.,  Discours  oiseux, 
Tartine  :  en  faire  un  jus,  Donner  force  détails 
qui  n'intéressent  pas  l'auditeur  ;  d^s  jus,  des 
Boniments  ;  40^  art.,  -18  ;  —  de  là  faire  un  jus, 
Faire  un  bruit,  un  bombardement  ;  d.  ;  plus 
exactiement,  «  S'expliquer  ))  avec  bruit. 

pétard,  Ë,  1,  1^,  Canon  ;  se  dit  souvent  du  75  ; 
40^  art.,  -18  ;  —  2^,  a,  Canonnier  servant  : 
premier- pétard,  Canonnier  de  1^^  classe  ;  ib.  ; 
—  parce  qu'on  l'appelle  premier- canon,  par 
apocope  de  premier^ canonnier  ;  —  b.  Sous-chef 
mécanicien,  «  en  argot  d'artillerie  »,  lintier, 
Tube  1233,  249  ;  sens  inconnu  au  40®  art. 

piétiner  le  caillebotis,  Exagérer  ;  2%^  art., 
nov.  18  ;  —  bruit  dangereux  qui  fait  repérer. 

pingouin.  — -  3,  Insigne  au  bras  du  personnel 
volant,  (deux  ailes  éployèes)  ;  marins  avia- 
teurs, août-nov.  18. 

poilu-,  Le  Poilu  de  Montmartre,  journal  vendu 
en  avr.  93  à  la  porte  dU  «  Concert  des  Poilus 


590 


de  Montmartre  )>,  Int.  des  Ch.,  LXXIV, 
377. 

praline  ;  —  aUtres  sy^èéin.  :  pastille,  Bélllè  ; 
—  berlingot,  m.,  Obus  ;  des  sou§-offë  d*ÉlH.^ 
nov.  18  ;  —  peut-être  même  bigottlëaii,  th., 
Obus  ;  40^  art.,  -18  ;  —  les  berliilgots  étant 
des  limas  doux  et  les  bigorneaux  dés  limas  de 
mer.  —  La  simple  roiideur  deû  ploitlbs  de 
shrapnell  les  fait  nommer  chiqtièS,  f.  ;  d.  ;  — 
de  chique,  Bille  à  jouer  ;  —  mirftbéllèâ,  f.,  m 
secteur  lorrain,  -14  ;  b. 

[rapport).  —  !aite  une  décision,  Art-angër  les 
événements  à  son  gré,  soit  discutant  avec  dfes 
copâinâ,  soit  bourrant  le  crâiie  à  dfes  pâsëàilts  ; 
40®  at-t.,  -18  ;  —  sysséirî.  de  faire  des  Ibis,  Rddà- 
péter  avec  idéologie,  surtout  en  parlant  d'un 
homme  pris  de  vin,  usuel  aux  Nàritais. 

fehi^és.  —  citation  à  l'ordre  de  la  Crdi^- 
Rouge,  f.,  Evacuation  ;  130®  inf.,  -18. 

réquisitionner.  —  Syssém.  :  mobiliser,  1,  Em- 
prUhtet"  ;  2,  Voler  ;  40®  art.,  -18. 

ricain.  — rital,  m.,  Italien;  usuel  à  quelques 
voyous  parisiens,  40®  art.,  ttbv.  18  ;  —  chevau- 
chement de  ricain  -\-  ital  ? 

russe  ;  «  les  Russes,  les  Bleus,  1914-1915 
(les  rbussëUtâ  ?)  »,  if.  de  kêRAtlo,  noV.  18, 


594 


Saindoux,  Constantin,  roi  de  Grèce  ;  un 
2d-m^,  oct.  18.  —  Calembour. 

tendre  une  inondation  ;  autres  textes,  de 
Napoléon  I^^  et  de  Macdonald,  in  Int.  des  Ch., 
LXXI,  341,  441. 

sous-marin,  A,  Roulante,  est  le  remplaçant 
syn.  de  torpilleur  ;  et  torpilleur  est  une  méta- 
phore de  forme,  prise  aux  torpilleurs,  torpilleurs 
à  roues,  de  Toulon,  «  véhicules  du  Service  d'hy- 
giène, portant  un  long  cylindre  horizontal, 
semblable  à  une  chaudière  de  torpilleur  », 
BOYER-REBiAB,  24  Heures,  120  (cf.  128,  129, 
139,  167)  ;  ces  véhicules  roulent  dès  l'aube  et, 
stoppant  devant  les  maisons  sans  lieux  d'ai- 
sances, recueillent  les  excréments  des  toupines 
(et  les  tas  d'ordures  ?)  ;  un  dessin,  ib.,  137, 
légitime  le  transfert  de  cette  image  à  la  rou- 
lante. —  Syssém.  prochains  :  chocotière,  marie- 
salope,  goudronneuse,  les  deux  premiers  par- 
lant de  vidange,  le  dernier  de  tonneau  couché, 
tous  trois  bien  ingrats  aux  parfums  de  la  cui- 
sine de  guerre. 

B,  Brodequin  ;  on  y  substitue  torpilleur  ; 
40^  art. 

(tatane).  / —  Matatane  ;  le  matatan  est  un 
gros  tambour  indien  ;  le  mot  s'appliquerait  à 

rxQo    _^ 


la  salle  de  police,  soit  comme  syn.  de  çioîon^ 
ou  mieux  comme  syn.  de  caisf>e,  Tambour  et 
Prison,  (cf.  bouine). 

terri.  —  Cf.  tirititi,  m.,  Soldat  de  la  territo- 
riale ;  98®  inf.,  f.  déchelette. 

teuf-teuf.  —  Autre  onomatopée  :  fusil  trac 
trac,  m..  Fusil-mitrailleur  ;  usuel,  13®  tir.  alg., 
nov.  18. 

{train).  —  métro,  Grosse  torpille  à  gaz  as- 
phyxiants ;  40®  art.,  -18. 

tricotins  (avoir  les),  Avoir  peur  ;  4® 
mixte,  -18  ;  —  avoir  envie  de  tricoter  des 
jambes. 

tripes  au  soleil  (avoir  les).  Etre  mort  ;  40®  art., 
-18  ;  —  syn.  et  syssém.  :  avoir  la  panse  à  l'air  ; 
ib. 

tube,  m.,  Pièce  d'artillerie  :  «  Deuxième  tube. 
A  trois  heures  moins  le  quart,  prêt  à  démar- 
rer !  »,  LiNTiER,   Tube  1233,  41. 

valise  diplomatique,  f..  Gros  obus  ennemi, 
signalé  à  d.  par  un  capitaine  du  74®  inf.,  «  est 
la  traduction  du  terme  russe  [syn.  d'Obus], 
articles  Naudeau,  je  crois  »,  F.  de  kekalio. 

zeppelin,  m.,  Chariot  lourd  de  la  8®  pi^ce  ; 
40®  art.,  5®  b^®,  15-18  ;  —  long  et  couvert  d'une 
bâche,  il  a  un  aspect  gonflé. 

—  593  — 
esnault  38 


zinzin.  Se  dit  de  Pobus,  art.,  -18  ;  du  télé- 
phone, du  fusil,  du  75,  du  barda,  de  toute  chose 
et  amas  de  choses  embêtantes,  40®  art.  ;  — 
aller  au  zinzin,  Aller  à  l'assaut  ;  p.  théry. 

Confusions  (cf.  p.  559)   : 

détonation,  f.,  Dotation  ;  130^  inf.,  -18. 

serouade  ;  «  Plus  fréquemment  ici  :8ecoaée»,  130®  inf., 
-18. 

métalllllgiste,  m,,  Météorologiste  ;  bréauté,  Notes 
d'un  météorologiste,  M.  de  Fr.,  1-11-18,  p.  59. 


'»' 


594  — 


INDEX 


(Chercher  aussi  aux  Notes  tardives  et,  p.  559, 
aux  Confusions) 

aboyeur  229,  293  accessoire  de  coque  348  acheter 
144,  464  Aco  171  adruper  241  aéro  grec  247  af- 
faire 239  afnaf  240  aiguille  à  tricoter  225  allure  265 
amadou  350  amex  128  Amieux  92,  569  anciens  mja- 
quereaux  ...  360  anthracite  415  antiboche  86  anti- 
puants 441  anzac  128  araignée  378  aramon  419  ar- 
mée à  Clemenceau  515  armoire  119  arpions  582  ar- 
tillerie 515  asphyxiant  19  assaisonner  499  assassiner 
533  asseoir  (s')  441  automobile  514  aviatik  246 
avion  487     avoir  437 

B.G.D.F.  396     babille  52     bacaoué  330     bagarre  230 
baguettes  41     Balle-aux-Boches  279     ballotter  55     Jaa- 


595 


luchard  60  bande  (en  lâcher  une)  l8  baraque  414 
barbelé  215,  416  bardin  64  bascules  (à)  273  baûcuse 
509  battoir  452  bavarois  439  baver  589  bébé  292, 
374  bec  de  gaz,  d'ombrelle  334  be-cc-me  233  bé- 
douin 161  bégonias  109,  147,  415  bénard  (dans  le) 
256  béol303  bergougnan  50  berlingot  193, 591  bes- 
tiau  565  betterave  368,  390  bibcndum  50,  378  bicuit 
101  bicyclette  (bifteck  de)  50  bidon  112  ;  de  zinc  550 
biffe  347  bigarrette  68  bigorneau  591  bille  391  bil- 
1er  188  bimoulin  363  binaise  171  binoclard  256 
bique  565  Biribi  521  biscuit  101  bistral  589  bitte  80 
bitter  371     bitunieuse  275     bizness  240 

blanchisseuse  356     blérancourdite  530     bleuet  198 
bleuvasse  84     blindé  50,  138     bocal  438     boche  477 
bœu  473  ;  bœufs  149     bois  (du)  116  ;  (les)  70     boîte  à 
cochons  122  ;  à  graisse  132  ;  à  mouches  33  ;  à  singe  129  ; 
de  cirage  162  ;  de  conserves  345     boîton  122     bol  438 
bomber    188     bosco    301     bottes    583     bottines    138 
bonasse  .98     boudin  481     bouffe-moi  ...  359     bouffer  le 
cirage,  le  linge  573     bouffeur  de  lard  545     bougie  138 
bouille  135     bouine  593     bonite  530     boule  80     bour- 
don 105,  281     bourgeoises  (manières)  128     bourrin  297 
bousiné  554     bousoux  301     bout  de  bois  565  ;  de  bran- 
card 50  ;  bouts  de  bois  70     bouton  d'or  199     boyal  589 
box    (cheval    de)  149      branlée  201      braquignol   114 
brignolet  284     brisque  414     brosse  à  cheveux,  à  dents 
452     brouetter  108       bruant  295       brutal  450       buquer 
509 


596 


cabale  120     cabo  131,584      cabri  482       cadeau  211 
cafard  229     cage  à  douilles  122     Cagnadin  221     caille- 
botis  590     caisse  (une)  202  ;  (mettre  en)  90  ;  (bourrer  la) 
102  ;  (faire)  261  ;  (visser  une)  544  ;  à  savon,  à  biscuits, 
d'emballage    91     calandot    16     cales    (les)    394     caleter 
394     caltosse  261     camarade  132     cambuser  (8e)205 
camelinite    530     campagne    328     canettes    318     cannes 
(les)  70     canon  à  rata  497     caporal  mitrailleur  360     car- 
buro   540     carcagnat   148     carne   565     carreau   304 
carrée  138     casquette  en  fer  585  .  casse-croûte  135     cas- 
ser (en)  322  ;  le  poignet  (se)  517     casserole  438     cassis 
161     Caterpillar  508     ça  va  assez  ...  360     ceinture  115, 
232     cerf  565 

chabi  139  chabosse  85  chalausticer  59  chambou- 
ler 108  chandelle  138  char  d'assaut  508  charger  464 
charibotter  109  charognard  480  charrier  107,  108 
charte  17  chass  483  chasse-cafard  225  chasse-patte 
140  chaudron  346  chauffeur-mécanicien  360  chemin- 
de-fer  525  cheval  461  ;  chevaux  de  frise  150  chevron 
414  chien  de  fer,  vert  142  chinetoc  397  chiottes  (rap- 
port des)  452  chique  591  choux  (poste  aux)  301  ; 
(dans  les)  434  chuchemahure  370  ciblot  540  cinéma 
589  cintrés  (bras)  466  cisailler  415  citation  591  ci- 
tron 102     civlo  540 

claquot   582     clarinettes    116     classes    à    pied    393 
clope  117,  309,  588     coaltar  162     cocher  513     cocotier 
311     cogner  475     coinc'tvo  298     colis  479     collochcr  453 
coloro  256     conseiller  municipal  360     copeau  136     cp- 

—  597  ~ 


quelicot  199  coqueter  (se)  168  coquetier  311  corde 
115  corset  162  ;  de  singe  295  corvée  d'eau  525  cos- 
sard,  cosse  282,  283  couille-  80  ;  et  mes  deux  512 
course  à  la  mort  40  court-jus  307  cran  116  crîT^uer 
des  genoux  267  crasse  351  cravatcur  228  crête  482 
cri  (au)  125  crinoline  440  crotte  125  cul  237  ;  sec 
49     curieux  267     cutsite  530     cycliste  75      cyclo  540 

dache  501  dachebosse  85  dahu  34  déborder  203 
débourdinaille  201  débusquer  220  décafardé  121  dé- 
cambuter  205  décartonner  200  décision  452,  591  dé- 
glinguer 110  dégueuler  203  demi-boule  195  ;  -poilu 
429  demoiselle  ...  96  déposer  56  dérive  340  derrière 
toi  71  descendre  357  ;  à  terre  301  désertoir  539  dé- 
sordre (en)  351  détonation  594  dézinguer  551  dis- 
cuter le  coup  387  distribution  211  dragée  440  dre- 
lingue  282     Dudule  569     dur  539     dzin-dzin  553 

ébeiller  17     échauffouréc  230     éclater  18     économiser 
145     écorcher  216     écrabouiller  (en)  322     écurie  513 
èf-èm  586     élastique  50     électrique  450     éléphant  546 
embocher  469,  584     empailler  (s')  205     en  ...  318-324 
enclume  234     enfilade  (d')  486     envoyer  57     épilé  430 
épluchures   426     èr-a-té  453     Ernest   254     escargot   ... 

586  espingo  397      étalé  sur  ...  386      exercice  de    pau- 
pières 215 

fait  172     falot  310     fanfare  236     fantaisie  sur  ...  230 
faux-nez  287     femme  566     fête  arabe  373     figous  254, 

587  fil  de  fer  215     filet  576     flubes  173     flûtes  70 
foin  97  fossé  138     fourbi  140      fourreau  228      franco- 

--  598  — 


boche  90  frelon  33,  295  Friedrick  254  fumerons  41 
fuseaux  421  fusées  rouges  515  fusil  à  pattes  482  fût 
de  bière  345 

gabian  274  gambettes  41  gamelle  202  garde-wian- 
ger  119  gare  (à  la)  60  gaz  409  ;  (être)  112  gazé,  gazi- 
fié  224  gelé  217  glissement  sur.. .425  glisser  470  gon- 
fler le  mou,  gonfleur  104  gorille  286  gosse  (tête  du) 
311  goudronné  371  gouine  99  grain  112  grammes 
(quinze)  203,  339  grand  bordel  ...  360  gras  94  gre- 
nade 224  gringue  284  gros  ail  291  ;  lard  545  grosse 
Bertha  96  gruyère  256  gueule  (coup  de)  178  Gu- 
gusse  302     guignol  352     gyraldose  303 

half  and  half  240  hareng  565  hauteur  19  heures 
(des)  215  highlander  247  hildepute  357  hirondelle 
523  hôchecagner  17  hotte  475  Hovas  295  hyper- 
cafard  121  inchangé  490  intendance  211  interpoilu 
429  jactance  ...  230  jaffe  468  jambes  en  l'air  421 
jarretière  236  jatte  49  jecte  271  jeter  57  ;  un  coup 
58     Julot  302     jus  (un)  590     Kaol  ...  585     kroums   444 

la  ...  313-317  lâchons-tout  !  516  lacsé  312  là-haut 
357  laisse  flotter  ...  375  laisser  glisser  56,  tomber  56, 
57  lajopèm  312  lance-bombes  497  lance-mines  354 
langouste  285  lapin  461,  566  légère  328  légume  bien 
tendre  285  les  ...  317,  318  lest  479  lézard  183  liai- 
son (en)  487  lieutenant  584  linarpèm  420  lion  noir 
162,  585  logeteau  247  looping  425  louba  373  lou- 
cedoc  213  loulepé  328  loupillon  419  louqué  312 
lulu  81 


599 


macaou    14     macarelle    357     madeleine-bastille    50 
mademoiselle    Lebel   472     magasin    118     maison   414 
mandoline  293     manoche  481     mappemonde  108     mar- 
cassin 131     marcassine  41     marche  !  569     mare  164 
niargouillat283     marguerite296     marie-salope  497     mia- 
rius  357     marmite  438  ;  norvégienne  249     marron  440 
matatane  512,   592     mec   262     mellé   582     merde  125, 
360     merdeux   454     mère-pingouin   422     merlan   243 
métallurgiste   594     métro   525     mettre   ça  (se)  460  ;   en 
poudre  322 

Michel  254  michelin  50  miôliste  353  mirabelle  591 
miroir  217  misérables  41  mitrailler  398  mitrailleuse 
à  ...  497  mobiliser  591  moineau  376  montre  184 
morpion  de  ...  479.  mort  533  mouche  33  moudre  (en) 
322  mouise  389  moutarde  297  mulet  297  muraille 
83     murmurer  266     museau  ...  287,  588 

navet  391     niclé  431     nicolas  518     noix  391     nord- 
ouest   360     numéro    327  ;    (n^*    simplifiés,   207)     nuque 
430     nyoc  124     œuf  378  ;  de  Pâques  344     olrède  241 
omelette  ...  62     oriflamme  226     Oscar  541     Otto  254 
ours  544,  565 

P.C.D.P.  396  pagéol380  pâle  217,  232  panards  41, 
583  panse  à  l'air  593  pantalon  ...  289  papillon  296 
pâquerette  199  pardessus  138  parlocher453  pas  tant! 
148  passer  57  pastèque  268  patard  406  pattes  583 
paxon  384  pécal72  pédales  247  pégarre  68  peinard 
401  pélican  565  pelure  ...  395  péquenot  397  père- 
bâton  69     perle  396     permission  394,  456     permission- 

—  600  — 


ner  298  pernod  290  péteuse  408  petit  beurre  327  ; 
coup  375  ;  Français  302  ;  pois  247  phonard513  photo- 
graphie 217 

piano  250     pibus  420     picoler  420     picrate  451     pied 
de  ...  392  ;  pieds  582  ;  et  chaussettes  360     pigeon  523 
pignate  344     pile  217     pilonner  19     pincer  (en)  320  ;  le 
marbre  146     pipe  159,  588     piqué  ,«.  137     piquette  418 
piquoiser  17     pitaine  130.    piver  (se)  416     plafond  19 
plaine  78     plat  (un)   202     plateau  78     pognoter  379 
poilpoil,  poipoil  429     pointillé  235     poire  252     pois  398 
poivrière  366     porcelaine  ...  285     porte-pipe  106     por- 
teur 498     poste  d'écoute  19,563     pot  de  fleurs  107     po- 
tage chinois  285     pote  262     poubelle  550     pouleuper  241 
pousse-pousse  409     prendre  (en)  318     prie  117     primeurs 
...  285     propriétés  138     puantes  256     quelque  chose  325 
quenaupe  308,  588 

rafraîchissement  522  raide  217,  232  râle  (au)  125 
râleur  293,  454  ralocher  453  rams  444  ravitaillement 
211  refait  172  regain  199  règlement  100  .  réglisse  162 
regonfler  204  relève-moral  359  rembourl65  remonte- 
moi  ...  358  renard  361  reniflant  470  repérer  18  res- 
sentir 322  rêve  de  vierge  80  revolver  271  ;  424  rico- 
chet 74  ride  246  rider  241  rigoberts  41  ripée  486 
rogneur  446  rognure  ...  50  rondelle  (à  la)  209  ronfler 
266  roquet  293  roses  295  rossignol  176  rouginet  84 
rouper,  roupiner,  292     royau  193 

sabater  17     saladier  (un)  202  ;  438     saluer  197     sam- 
my  518     saucisson  565  ;    (saint)    269     sauterelle  524  : 

—  601  — 


bleue  95  scrapnell  398  seau  hygiénique  346  secouée 
594  secoue-paletot  331  segments  4'î'3  semer  56  Sé- 
négal 153  sergent  131  service  100  servir  56,  57,  583 
shanghaïer326  sicinel57  singe  286  six-cent-six  497  ; 
pattes  393  ;  -pieds  301  soinsoin,  soisoi  495  souffler  (en) 
321  soufflet  à  punaises  408  soupière  438  sourire  226 
sous  (pour  deux)  ^03  sous-évaluer  489  spago  540 
spermatol  303  stabilo  540  subpoilù  430  sucre  d'orge 
374  sud-express  451  super...  48  sur...  500  surmoral 
358     surpoilu  429 

tabasser  178     tableaux-vivants  576     tabor  192     tacot 
112     takata  519     talien  467     tambuste  385     tank  20 
taper  475     tapis  78  ;   (les)   576     té-cé-trois  395,   590 
teddy    518     tendre    489     terrassier    349     terriblcs-tau- 
riaux  563     tigre  bleu  209     tinée  201     tinette  152,  202 
tire-Boche    469      tirer    le    cordon  495       toile  de  tente 
456      tomate  62,  252,  390       tonneau  de  choucroute  345 
toque    138       torpiller    18        torpilleur    497,  592       tor- 
rial    514      tortillard    497      tortue    184,189      toto    20 
tourne-Boche     469     tousser     202     tracteur     526     train 
blindé  497     traînc-par-terre  474     tranchée  20,  246     tra- 
quettc  278     travailler  232     tringle  116     triques  (les)  70 
trognon  (au)  93     trois-pattes  393     tronche  391     trotti- 
tiets    583     troupes    noires    153     truffe    390     tsointsoin 
496     turlutine  367     tyoutyou  124 

un,  une*324,  325     uppercut  271     vache  565     vaguo 
545     valse  lente  506     varech  246,  587     vasistas  304 
veau  565     veiller  le  Boche  35     ventilo  540     veston  de 

-  602- 


singe  295     viande  protégée  469     vide-Boches  469     vidé 
544     videur  103     vieux  277     violettes  147     violon  336 
virage  425     virer  le  ventre  218     vitre  304     voile  photo- 
graphique  576     voiturette    (la)    107     vosgepatto   140 
vrille   (en)   466     wagonnet  525     y  ...   324     yank  518 
ypériter  48     zéro  67     zigzag  340     zob  547. 


603  — 


SAIJNT-AMAND    (cIIEr).  IMPRIMERIE   BUSSIÈRE 


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PC        Esnault,  Gaston 

yikl         Le  poilu  tel  quUl  se  parle 

S737 


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