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University of Toronto
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/i^fr
LE POÈME ANGLO-SAXON
DE BEOWULF
1)1 MEME AUTEUR
La Juridiction du Point. d'Honneur sous l'Ancien Régime et le Tribu-
nal des Maréchaux de France. Paris, Picard. 1904. Epuisé.
ni VRAGE HONORÉ D'UNE SOUSCRIPTION l'Ai; LE MINISTÈRE DE LA GUERRE
La Table d'Emeraude. Paris, Pion -Nourrit, 4900. Un volume in- 16,
2«' édition. Prix 3 IV. 50
Tibur. Paris, Pion -Nourrit, 1911. Un volume in-l(ï, 2e édition.
Prix ' 3 IV. 50
HUBERT PIEROUIN
LE
POÈME ANGLO-SAXON
DE BEOWULF
i
INTRODUCTION
LES SAXONS EN ANGLETERRE
il
LE POÈME DE BEOWULF
TEXTE ET TRADUCTION
NOTES - INDEX - BIBLIOGRAPHIE
RYTHMIQUE -- GRAMMAIRE — LEXIQUE
PARIS
ALPHONSE PICARD & FILS, ÉDITEURS
8 2. RU E BON A l'A RT E . 8 2
1912
I
8OG5
IN
MEMORIAM PATRIS
TABLE DES MATIERES
Pages
PREFACE 1
Introduction. . 3
Chapitre premier. — Le manuscrit de Beowulf 3
La géographie de Beowulf 11
La littérature dans Beowulf . 11
Chapitre II. — Considérations diverses sur Beowulf 14
Argument de Beowulf 19
LES SAXONS EN ANGLETERRE
LIVRE 1er
Premier établissement de l'État anglo-saxon
Chapitre premier. — Traditions saxonnes et galloises .... 23
Chapitre IL — La Marche 36
Chapitre III. — Le Ga ou Scir 49
Chapitre IV. — Ln possession du territoire. L'Edel, Hi'd ou Alod . 57
Chapitre V. — Le rang personnel. L'homme libre. Le noble . . 62
Chapitre VI. — Le Boi 70
Chapitre VIL — Les nobles en service 86
Chapitre VIII — L'homme qui n'est pas libre. Le serf .... 99
Chapitre IX. — Les garanties mutuelles. Maegburh. Tithing.
Hundred •. 117
Chapitre X. — Faehde. Wergyld. . . 121
Chapitre XI. — Fo'leland Bo'cland. Lœ 'nland . .... 131
Chapitre XII. — Le Paganisme des Anglo Saxons 143
APPENDICE DU LIVRE PREMIER
I. — Liste des Marches ... 189
II. — Les Marches d'après les noms locaux, en Angle-
terre 197
III — Lœ'nland 221
PR
II TABU DES MATIÈRES
LIVRE II
L'évolution de l'Etat saxon en Angleterre
Pages
Chapitre premier. L'accroissement du pouvoir royal. Les Regalia
ou droits de la royauté 227
Chapitre II. — La Cour et la Maison du roi 2'>r>
Chapitre III. -- L'Ealdorman ou Duc 264
ChapitreIV. — Le Geréfa 274
Chapitre V. — Le Witena Gemot 284
Les pouvoirs du Witena Gemot 290
Chapitre VI. — Les Villes 301
Chapitre VII. - L'Evoque 344
Chapitre VIII . — Le Clergé et les Moines 321
Chapitre IX — Les Revenus du Clergé 330
Chapitre X. — Les Pauvres 334
APPENDICE DU LIVRE II
I. — The Dooms of the City of London 34t
II. — La Dîme 370
III. — Les Villes 374
LE POÈME DE BEOWULF
Le poème de Beowulf (texte, traduction) 381
Notes sur Beowulf . . 598
La Chanson du Voyageur . ... 613
La Bataille de Finnes-Burh .... ... ... 624
IXDEX DES NOMS PROPRES . . 631
BlBLIOGKÀPHlE . 649
APPENDICE
Tables généalogiques 661
RYTHMIQUE ANGLO-SAXONNE ET DU TRÈS ANCIEN ANGLAIS
Le vers allitéré dans l'ancien anglais . ...... 677
1. — Théories sur la forme métrique de la ligne allitérée. . 678
2. — La théorie du vers allitéré à quatre temps 678
3. — La théorie du vers allitéré à deux temps 682
4. — Accentuation de l'ancien anglais 687
5. — L'accent secondaire . 691
6. — - Division et valeur métrique des syllabes 693
6 bis. — Structure de la ligne entière allitérée 694
TAULE DES MATIÈRES III
Pajjes
7. _ iJ(-, structure «le l'hémistiche dans la ligne normale alli
térée 696
8. — L'ordre des membres du vers dans l'hémistiche . . . 700
9. — Analyse des types de vers . . 702
I. — Hémistiches de quatre membres . . . ■• . . . . 702
II. — Hémistiches de cinq membres 711
10. — Les principes de Pall iteration 7 H
11. — Combinaisons el rapports du vers et de la phrase . . 722
12. — Le vers allongé 724
13. - L'origine et la structure du vers allongé ..... 720
1 i. — Formation des stances et de la rime 732
ÉLÉMENT DE GRAMMAIRE ANGLO-SAXONNE
I. — Grammaire. — Introduction 737
II. — Alphabet et prononciation 738
Phonologie. — Première partie . — Les voyelles 740
I. — Caractères généraux 740
IL — Quantité . 740
Les voyellfes du saxon de l'Ouest 741
I Les voyelles des syllabes accentuées 741
1. — Simples voyelles 741
2. — Diphtongues 744
IL — Les voyelles des syllabes légèrement accentuées et des
syllabes sans accentuation 740
1. — Voyelles radicales dans les mots légèrement accen-
tuées . 740
2. — Voyelles de syllabes dérivées et finales .... 747
Deuxième partie. — Les Consonnes 748
A. — Consonnes sonores 748
1. — Les semivoyelles 748
2. — Les liquides 749
3. — Les nasales 750
B. — Consonnes non sonores 751
1. — Labiales 751
2. — Dentales 753
3. — Gutturalesel Palatales . . 755
Inflexion. — Première partie. — Déclinaison 758
Chapitre premier. — Déclinaison des noms . 758
A. — Voyelle ou déclinaison forte 758
1. — La déclinaison o . 758
2. — La déclinaison a .... 700
3. — La déclina ison-i . 702
IV
TABLK DES MATIKRKS
— Radicaux brefs.
— Radicaux longs
— Radicaux brefs.
— Radicaux longs
— La déclinaison -u
— Radicaux brefs.
— Radicaux longs.
Page»
762
762
762
762
763
763
763
B.
C.
I).
E
B. — Déclinaison faible (Radicaux en n) 763
Chapitre II. — Déclinaison des adjectifs 765
A. — Déclinaison forte 765
1. — Radicaux purs en-o 765
2. - Radicaux en-jo 766
3 — Radicaux en-wo 767
- Déclinaison faible 767
- Déclinaison des participes 768
- Comparaison des adjectifs 768
1. — Comparatif 768
2. — Superlatif 768
- Formation des adverbes 769
Chapitre III. — Adjectifs numéraux 770
1. — Cardinaux ... 770
2 — Ordinaux 770
3. — Multiplicatifs 771
Chapitre IV. — Pronoms ... 772
1. — Pronoms personnels sans distinction de genre . . 772
2. — Pronoms de la troisième personne 772
3. — Pronoms possessifs 773
4. — Pronoms démonstratifs 773
5. — Pronoms relatifs 774
6. — Pronoms interrogatifs 774
7 — Pronoms indéfinis 774
Deuxième partie. — Conjugaison 775
I. — Terminaisons des verbes en général 775
II. — Verbes forts 776
III. -Verbes faibles 778
IV. — Verbes particuliers . 782
Bibliographie 787
LEXIQUE
Abréviations
"97
PREFACE
Le présent ouvrage n'a d'autre but que de populariser un
grand poème national dont les origines sont aussi fièrement
revendiquées par l'Angleterre, que celles du Roland, par la
France.
C'est avec un pieux respect que l'érudition anglaise, repré-
sentée par les Kemble et les Thorpe, s'est passionnée pour
la lointaine beauté de cette héroïque légende qui mérite
d'être mieux connue.
Sans présenter les délicatesses de l'art antique, ces vieux
vers, dans leur noble rudesse et leur poésie sauvage, pour-
ront émouvoir le lecteur, et retenir son attention. Du moins,
nous le souhaitons : qu'il se souvienne que dans cette
épopée, l'action héroïque seule est glorifiée, et qu'à cette
lecture, il peut prendre* quelque pure inspiration, loin des
bassesses du réalisme.
Notre labeur n'aura pas été vain, si au contact de la poésie
séculaire, il s'est pris à mieux aimer la tradition véritable,
la sainteté du passé, et s'il a compris notre effort vers la
vérité.
1904-1912.
INTRODUCTION
CHAPITRE PREMIER
Le manuscrit de Beowulf
Le seul manuscrit existant à la bibliothèque du Rritish
Museum, est lié à neuf autres parchemins formant un codex :
on le dénomme Vitellius A. XV. Il avait été découvert au
xvne siècle, par Sir Robert Cotton qui s'efforçait de sauver
les trésors littéraires dispersés dans les derniers monastères.
Sa collection fut vendue en l'année 1700, et fut déposée
pendant quelque temps dans Ashburnham House, West-
minster. En 1731, un incendie détruisit, perdit ou endom-
magea nombre de ces manuscrits, parmi lesquels celui de
Beowulf fut très éprouvé, et altéré au coin des pages.
En 1753, la collection Cotton fut transférée au British
Museum, et en dépit des soins apportés à sa conservation,
les manuscrits en demeurent très loin de la perfection de
IlEOWTLF
leur étal primitif. L'écriture <lu manuscrit de Beowulf paraît
être du Xe siècle, et csl L'œuvre de deux copistes : le pre-
mier écrivant le poème de la ligne 1, au mot moste, de la
ligne 3.878, et le second qui en acheva la copie. L'ignorance
de ces scribes est rendue manifeste par le texte, et le
second copiste paraît avoir été inférieur au premier.
En 1786, un philologue danois, Thorkelin, prit deux
copies du manuscrit de Beowulf, l'une de sa propre main,
l'autre d'un copiste. Ces copies sont conservées à Copen-
hague, et leur valeur documentaire provient de ce qu'elles
ont été prises à une époque où le manuscrit était en meilleur
état qu'aujourd'hui.
La forme du poème est le mètre allitéré sans rime, carac-
téristique de la poésie anglo-saxonne. La langue de Beowulf
est une variété primitive du dialecte saxon de l'ouest, à
laquelle sont mêlées, çà et là, des expressions normandes.
Nombre d'hyjDothèses — et les plus divergentes — ont été
émises sur la date et sur la composition de Beowulf. Ce
poème est-il l'œuvre d'un seul ou de plusieurs auteurs?
Fut-il composé par un Danois, un Geat, un Angle? Ou est-il
encore dû à une double, ou à une triple collaboration ? Fut-il
écrit au vne ou au vine siècle, ou à une époque ultérieure?
Il est impossible de donner sur ces divers points de réponse
décisive. On peut hasarder néanmoins, comme simples
conjectures, les hypothèses suivantes :
1° Le poème, dans son ensemble, paraît écrit par un seul
auteur ;
2° Ce poète était né païen, et converti au christianisme,
n'avait de ses doctrines qu'une vague connaissance ;
3° Il était angle ou mercien ;
4° Il était l'auteur même du poème, et non un simple tra-
ducteur ;
5° Il écrivit, sans doute, le poème entre A. D. 660 et 700,
INTRODUCTION
j3p!r^quh'è on bel-) fz^e-noic me aft
2«)nctV Ion ne çjieniet hme- pjijian ic
We fteojiier fpetW nelle ^Uçte len^
KeWnop fie rup ^epe&rtc^ ucpir 017 mlir
faiuw • fec^e ope^t firzun zpf W ^e-
S^ceon ^ed(i • pij opqL p^pm ^.{îjrôfarj ptcjjj
Çoà onfpalip^qteWii rW?f hpyhren nutfr
■'io^errje-' {paliimgemec: ?wce-" ]?ybe
niner \a}ieaho àepjt Hieoji- fcotfrût ow
; fîiettic Cet jiwc fêle ^ejre ^retaaîr - umiir
L.Wpu» ^epjie çefecean pic ojrîfe j^teo Lujiî;
y>^ft he 4feàei> J><*f * ^ W. Ji^pàoii ^cpjmncM
! ^[t-co peta mict^f in j)£&n pin fele- .
i ' ■
Manuscrit de Beowulf, folio 145.
O BEOWULF
— la seconde partie paraissant composée quelque vingt ans
avant la première.
La majorité des auteurs s'est ralliée à la première propo-
sition, et d'après les considérations suivantes : il n'y a pas
de séparation véritable entre la première et la seconde
partie. Bien plus, certaines particularités de style sont com-
munes à ces deux parties mômes, où se retrouvent égale-
ment, des locutions identiques :
od daet an on g an (v. 200, 4.420).
daet waes gôd cynihg (v. 221, 726, 4.780).
hyne fyrwet braec (v. 464, 3.970, 5.568).
wel brucan (v. 2.090, 4.324, 5.624).
on frean waere (v. 54) et cf. on daes.
waldendes waere (v. 6.218).
werodedlïarâs(v. 1.302,3.580, 6.060).
La même pensée chrétienne inspire l'œuvre entière, et le
caractère de Beowulf, et les développements mêmes du
poème sont homogènes.
D'autre part, il y a moins de couleur et de lumière, dans
la seconde partie que dans la première. Dans la première
partie, la lumière et les ténèbres sont successivement
dépeintes : dans la seconde partie on ne rencontre que la
marque et la description d'un fatalisme désespéré : l'ombre
investit tout le poème, et c'est un vieillard qui semble l'avoir
dépeinte, après avoir chanté autrefois, le soleil et la joie du
jour.
Quant à la seconde proposition, « que le poète de Beowulf
était né païen, et converti au christianisme, n'avait de ses
doctrines qu'une vague connaissance » , on peut faire observer
que le nombre de développements chrétiens dans Beowulf,
est très grand, et l'on en compte plus de cinquante où il est
fait incidemment allusion au Christ, à ses attributs divins, à
son influence sur l'humanité. Il y a aussi quelques develop-
INTRODUCTION
<?*v\
Àr'
<5nuiTD Ky|i^0. pwfc jnfyimc lip*
'un lepra- Jjcnum -pâ»ivlr tàfiify^f;
mes n« pj^ |?«^r * acm* dbnlti/U
Manuscrit de Beowulf, folio 177 (recto).
8
BKOWULF
pcments sur les esprits du mal, sur L'enfer, et sur le juge-
ment dernier (v. 326, 1.156, 1.512, 1.576, 1.616, 1.704,
1.954,— 18, 2.548, 5.482, 5.638, 6.138) ; - ■ trois allusions
à l'Ancien Testament (180, 228, 2.522, 3 374) ; et un
passage où les pratiques païennes sont condamnées (340-
376).
Est-il possible que ces passages aient été ajoutés, par la
suite, au poème, comme d'aucuns l'ont supposé? Nous ne le
croyons pas. Le nombre et l'originalité des allusions, sem-
blent défier l'interpolation. Et l'auteur qui les aurait ajoutées
au texte primitif, eût dû observer, sans défaillance, les
règles rigoureuses de l'allitération, et celle-ci n'est perdue
dans aucun de ces passages.
De plus, cet esprit chrétien pénètre souvent l'essence
même du poème, et n'en inspire pas seulement certains
épisodes particuliers Un poète du christianisme, instruit
dans ses doctrines, ne se fût pas contenté d'aussi faibles
allusions à sa foi. Il n'y a pas, à proprement parler, dans
Beowulf, de mention du Christ, de l'Eglise, de la Trinité, et
toutes les connaissances religieuses du poète semblent
bornées à l'Ancien Testament.
Le manque de couleur, de sincérité et de profondeur reli-
gieuses, dans Beowulf, est une question distincte de celle du
mélange de christianisme et de paganisme, que l'on ren-
contre en certains passages du poème (v. 5.052-3), et du
fatalisme antique dont Beowulf, le héros, parait pénétré
(v. 5.478). Ce mélange et ces contrastes sont fréquents dans
la littérature anglo-saxonne, même avancée, et il faut les
regarder comme la manifestation naturelle et primitive de
l'âge qui les produisit. Dans les ouvrages postérieurs ne
rencontre-t-on pas, à côté de passages inspirés d'un sentiment
chrétien supérieur, des allusions au Nibelungen Lied, à
INTRODUCTION \)
l'Edda, à la Vôlsunga Saga, à la Hrolfs Saga et à la Grettis
Saga?(i).
Dans la troisième proposition est formulée l'hypothèse de
la nationalité de l'auteur, angle ou mercienne. Quelques
critiques ont cru à la nationalité danoise, sans étayer leur
conjecture de raisons bien décisives. Il convient, en effet, de
remarquer :
1° Que le poème est écrit en vieille langue anglaise ;
2° Que l'histoire qu'il rapporte, ne se retrouve pas dans la
littérature du continent ;
3° Que la métrique du poème est bien caractéristique de
l'anglo-saxon, et est sans exemple dans la littérature Scan-
dinave ;
4° Et que si l'on admet que l'auteur de Beowulf ait été
chrétien, l'origine anglaise du poème en découle, car le
christianisme florissant, déjà, en Angleterre, n'avait pas
encore pénétré au Danemark ou dans la Suède orientale, à
une date qui, vraisemblablement, eût pu être celle du
poème ;
5° Que dans bien des passages, il y a des mots classiques
tels que win, mil, représentant des images et des choses
inconnues de la mentalité Scandinave.
Des raisons plus probantes militent en faveur de la natio-
nalité mercienne de l'auteur de Beowulf. L'auteur sort du
sujet même qu'il développe, pour citer Garmund, Of Fa et
Eomaer, ancêtres de la famille royale mercienne. Wealtheow,
femme d'Hrodgar qui apparaît avec relief dans la première
partie du récit, est suzeraine des Helmings, tribu rapprochée
géographiquement de la Mercie ; et le nom porté par son fils
Hrothmund, apparaît dans la généalogie des rois xVngles de
l'orient.
1. Cf. Sarrazin's, Beowulf S tudien, pp. 43-67.
10 BEOWULF
D'autre part, des formes merciennes, telles que (nonne),
apparaissent dans le texte à côté de formes appartenant au
saxon de l'ouest.
La preuve la meilleure, à l'appui de la quatrième propo-
sition, que le poème n'est point une traduction, ressort du
caractère chrétien de l'œuvre.
Et celle-ci est particulièrement anglaise par sa concision
et sa vigueur, par sa sobriété et sa haute mélancolie. Si l'on
compare les harangues de Beowulf à celles des Sagas, le
contraste éclate : ce ne sont dans ces dernières que digres-
sions épisodiques, défis outranciers, tandis que la raison
modère tous les sentiments du héros dans leurs manifesta-
tions, et que l'ardeur belliqueuse de Beowulf est tempérée
par je ne sais quel pressentiment fatal, inquiétude du destin,
réflexion sur l'inanité de la gloire, et sur la vanité des entre-
prises humaines
Quant à la question de date, dans la cinquième proposi-
tion, il demeure pratiquement certain, qu'elle se situe entre
A. D. 512 et A. D. 752, la première date étant celle de
l'invasion d'Hygelac à laquelle il est fait allusion dans les
passages suivants de Beowulf (v. 2.404, 4.708, 5.002, 5.828),
et la seconde marquant celle de la chute de la dynastie
mérovingienne. Au surplus, il faut encore tenir du compte
du temps qui permet de faire entrer dans l'histoire les règnes
d'Heardred et de Beowulf. Wulcker donne, assez arbitraire-
ment, du reste, le chiffre de 158 années, ce qui porte à
A. D. 670, la date la plus récente du poème.
INTRODUCTION 11
II
La géographie de Beowulf
Il demeure à peu près certain que l'île danoise de Zélande
fut le théâtre des événements rapportés dans les deux pre-
mières parties du poème. Diverses opinions ont été émises
sur le lieu de la scène qui se déroule entre Beowulf et le
dragon, et la majorité des auteurs le situe au sud de la
Suède, sur la côte du district connu sous le nom de Bohùslan.
Sarrazin (Beoto. Stud., 4-35) a tenté de situer Heorot et les
autres lieux cités dans le poème ; cette restitution est figurée
dans la carte ci-jointe, et n'a que la valeur d'une conjec-
ture ingénieuse. Il semblerait, toutefois, que sur la côte nord
de Gothenburg, il y eût quelques sites répondant aux des-
criptions du poème.
III
La littérature dans Beowulf
»
La caractéristique que Beowulf partage avec d'autres
poèmes, est sa forme métrique allitérée, l'emploi fréquent
des parallèles, la litote, les métaphores répétées, les syno-
nymes poétiques, que l'on peut également retrouver dans
l'Heliand, l'Hildebrandslied, Muspili et la Wessobrunner
Prayer.
Mais Beowulf est, par lui-même, le poème d'un peuple
enfant, où sous la mélancolie du fatalisme qui l'empreint, se
12
BKOWULF
RAUMARI
Heathoraemas
SWEORICE
Carte idéale de la géographie de Beowulf.
INTRODUCTION 13
devinenl des élans passionnés; où éclate la joie de vivre, de
combattre et de vaincre dans la gloire du jour.
Tout devient image et forme chez ces êtres primitifs, si
près de la réalité, en dépit de leurs exploits légendaires :
Beowulf, mourant, se rassasie de la vue des trésors qu'il va
quitter ; les-gtaives mordent, les vautours chantent le lai de la
bataille ; le cor appelle les guerriers, et le héros visionnaire
compare la porte du palais, à l'image qui hante ses rêves, à
la gueule des monstres. Et le style du poème est bien abrupt
comme les monts et les sites désolés qu'il dépeint ; sonore
comme le cor triomphant ; triste et simple comme la mort
qui atteint fatalement le héros.
S'il se mêle au poème trop de rudesse primitive, combien
de pages, en retour, sont marquées de pensées humaines et
profondes ! Gomme d'elles, l'émotion jaillit sincère et
vibrante, et étreint comme un pur acier. La langue du poète
barbare n'a ni harmonie, ni finesses classiques, mais son
cœur et son àme mêmes ont parlé par elle, et c'est en cela
qu'elle aussi, peut être divine.
La pensée du barde suit, sans relâche Beowulf dans les
triomphes de sa vie, dans la gloire de sa mort. Elle s'échauffe
aux combats, se perd en méditation résignées sur les vicis-
situdes du sort, et souffre dans l'incertitude de la victoire.
Sur quels défilés inaccessibles n'a-t-elle point plané ? A quels
rêves épiques ne s'est-elle point élevée ? Quand le roi victo-
rieux agonise, il semble qu'il emporte dans la mort la pen-
sée suprême de celui qui le chanta, et que le poète a mêlé
son sang à celui du héros surhumain.
Tels sont les caractères qui font de Beowulf, en dépit de
ses imperfections, un poème d'inspiration géniale : Iliade
barbare, où un peuple-enfant pousse son cri de guerre,
cependant que sa pensée naissante flotte, encore indécise,
en rêveries éparses sur la vie, la mort, et la fatalité.
CHAPITRE II
Considérations diverses sur Beowulf
La date des événements rapportés dans Beowulf, est le
milieu du vc siècle : Hrôdgâr et Halga, deux des rois régnant
à l'époque du poème, sont fils et successeurs d'Healfdene II.
Les noms de ces princes revenant maintes fois au cours du
poème, il convient de donner le plus de détails possible sur
leur généalogie. Frôda IV régna sur le Danemark, rangeant
la plupart des îles sous sa domination, ainsi que la portion
orientale de la Scanie, A. D. 370. Ses fils furent : 1. Ingeld;
2. Healfdene II ; 3. Frôda V. D'après le poème de Beowulf
(v. 117), Healfdene eut quatre enfants, Heôrogar, Hrôdgâr,
Halga, et une princesse, Elan. Parmi ceux-ci, Hrôdgâr et
Halga, régnèrent conjointement en Scanie (1) ; et suivant
Suhm, Ingeld fut roi de Zélande (2). Johannes Magnus (3) et
Saxo Grammaticus (4) s'accordent à faire d'Ingeld un con-
temporain d'Healfdene. Et ces auteurs font aussi d'Halga un
1. Holberg, Dannemark's Riges. Hist., vol. I, 49, Hafn., 1762.
2. Historié of Danmark, Hafn., 4776.
3. Hist. Gothorum, 174, Paris, 1554.
4. Hist. Dan., livre VI, p. 107.
INTRODUCTION 15
roi de Norvège, et d'Healfdene, un roi de Suède. Cette
dernière, d'après Beowulf et l'Heimskringla (1), était au
pouvoir d'Eadgils (2). L'histoire d'Hrolfkraki, fils d'Halga,
adoptée et par Torfaeus, et par Holberg correspond bien
à la relation de Beowulf (v. 4.223) sur le même sujet :
notre poème représente Frôda V, comme le meurtrier de
son frère, Healfdene ; il le dépeint comme surpris et brûlé
vif par Hrôdgâr et Halga, laissant un fils, probablement
Hrodwulf (3), avec qui Hrôdgâr fit une paix durable,
en lui donnant pour femme sa propre fille Freâware, et en
l'associant à la dignité royale. Il est à remarquer que la tra-
dition normande rapporte qu'après des années, Hrôdgâr
vendit sa part de royauté pour beaucoup d'or (4), et s'exila
volontairement.
Il est peu question d'Halga par tout le poème : il est dit,
toutefois, que le royaume fut partagé de telle sorte qu'Hrôd-
gâr devint roi de toutes les terres ; Halga, de la mer ; et
qu'après le partage, Hrôdgâr changea le siège de sa capitale
et fonda Roskeldia, d'où provient dans Beowulf, la légende
de la fondation d'Heorot.
Selon Torfaeus, Hrôdgâr naquit A. D. 444, et régna
A. D. 460. Ces dates concordent bien avec la Chanson du
Voyageur qui fait d'Hrôdgâr un contemporain d'Hermanaric,
l'ostrogoth ; de Giidhere, le Burgonde ; d'Attila ; et de Sig-
mund, le Waelsing.
1. Snorro Sturleson, Heimskringla. Hist. Reg. Nortveg., Ed. Schô-
ning, fol. Hai'n., 1177. CI*. Ynglinga Saga, XXX, XXXII.
2. Cf. Ed. Torlaei, Hafn., 1715.
3. Cf. Trav. Song., v. 89.
4. Cf. Langebeke, Script. Dan., vol. I et II,
1G BEOWULF
II
Quoi fut le héros du poème, Beowulf le Geat ? L'opinion
courante fait de Beowulf un Angle du Jutland ou du Sleswicg,
étant l'ami et le neveu d'Hygelac, dont le père Hredel avait
succédé à Offa sur le trône angle. Selon la tradition nor-
mande, Ofla était le fils ou le neveu de Gârmund, son prédé-
cesseur.
Wermund, Uffi et Huhlék, dans les généalogies publiées
par Langebeke, se placent immédiatement après Hrolf Kraki,
fils d'Halga : mais comme il est constant qu'ils ne régnèrent
jamais en Danemark, et que les auteurs des généalogies con-
signent dans leurs documents, les rois contemporains des
pays voisins, on peut considérer ces princes comme ayant
régné au pays angle dans Tordre énuméré plus haut, cepen-
dant que dans la même période régnaient également en
Danemark, Frôda IV, Healfdene II, et Hrôdgâr. Mathieu
Paris (1) dans sa vie d'Offa, rapporte la légende de Gârmund
et d'Offa, telle qu'on la trouve dans Johannes Magnus et
Saxo Grammaticus, (2) avec tous ses merveilleux détails ;
et John de Brompton (3) donne la généalogie suivante de la
race d'Offa : Woden, Wiclaet, Wermond, Offa, Dengelt. Il
résulterait de ces observations qu'il ne peut y avoir de doute
que rOffa de Mathieu Paris et de John de Brompton n'ait été
1'Ubbi, l'Ubbo de la tradition normande. Et, si l'on considère
que ces rois ont été énumérés faussement dans les généalo-
1. Watts, éd. loi. 1671.
2 P. 59.
3. Script. Dan., 1,33.
INTRODUCTION 1 7
gies danoises, alors qu'ils florissaient dans le Sleswicg' et le
Jutland, durant le règne d'Hrôdgâr en Danemark: d'Eadgils
et d'Ohtere en Suède, — on en peut conclure, déjà, que
Beowulf est un poème anglo-saxon. Quelques détails prou-
vent qu'on le devrait, peut être, au pays angle : les termes
de louange par lesquels Offa est toujours désigné ; l'ignorance
manifestée, par l'auteur de Beowulf, de toutes les traditions
danoises; le choix d'un Angle ou d'un Geat, comme héros
de l'aventure, et la forme saxonne de tous les noms pro-
pres que l'on rencontre dans Beowulf, en font une œuvre
autochtone et distincte, en dehors du cycle des Sagas du
Nord.
III
Le chant d'introduction du poème est consacré au héros
mythique, Scyld, descendant de Sceâf. Sceâf et Scyld figu-
rent dans les généalogies incertaines des rois saxons, à côté
du descendant de Wôden. Il est rapporté de Sceâf, qu'il fut
exposé sur les eaux, dans un berceau, avec une gerbe de blé
sur sa tête : d'où son nom (Sceaf, Sheaf, gerbe de blé). Les
eaux le portèrent sur la côte du Sleswicg, où son arrivée
miraculeuse le fit élever avec soin à la cour où bientôt, il
devint roi. Les principaux passages où ces détails furent rela-
tés, sont les suivants ;
« Ipse Scéf cum uno dromone advectus est in insulam
oceani quae dicitur Scani, armis circumdatus, eratque valde
recens puer, et ab incolis illius terrae ignotus, attamen ab
eis suscipitur; et ut familiarem diligenti animo eum custo-
diunt, et post in regem eligunt » (iEthelw. Bk. 3. ch. 3).
« Iste (Sceâf) ut fertur, in quamdam insulam Germanise
Scandzam, de qua Jordanes, historiographus Gothoruni,
2
s
!ti:n\YULF
Loquitur, appulsus uavi sine rémige puerulus, posito ad
capul frumenti manipulo, Ldeoque Sceâf uuncupatus, ab
hominibus regionis illius pro miraculo exceptus, et sedulo
nutritus, adulta aetate regnavit in oppido quod tune Slaswic,
nunc vero Haithebj appellatur : est autem regio illa Anglia
vêtus dicta, unde Angli venerunt in Britanniam inter Saxones
et Gothos const iluta » (Gui. Meld., livre II, ch. II).
Une autre chronique importante (Bib. Publ. Gg. IV, 25)
confirme ces mêmes points de la légende :
« In nomine Domini nostri Jesu-Christi. Incipit linca Saxo-
rum et Anglorum, descendens ab Adamo linealiter usque ad
Sceafeum, de quo Saxones vocabantur, usque ad Hengistum,
et ab Hengïsto usque ad Edwardum quartum regem Angliae
post conquestum, breviter conipilata. Iste Sceâfeus, ut dicunt,
sive quia fortuna comniissus, sive aliud quid causa fuerit
hujusrei, ad insulam quandam Germanise, Scandeam nomine,
appulsus, puerulus, in nave sine rémige, inventus est ab
hominibus dormiens, posito ad caput ejus victui frumenti
manipulo, exceptusque (pro) miraculo, cognominatus ex rei
eventu Scealf quod latine dicitur, manipulus frumenti. Soli-
cite ergo educatus, etc. ».
IV
Le nom de Beowulf se rencontre sous ces formes : Beo ,
Ben, Beau, Beawa, Beowius, Beo, Beowinus^ Boerinns,
Bedwius, Bcaf, Beir. La forme Beo ou Bewod se retrouve
dans le saxon primitif, ainsi: benno, Segetum. Helj, 79, 14 ;
en bavarois : Bau, Seges ; bewod, messis ; la forme teutone :
bouwt, messis, wijnbouwt. Beowulf de guerrier serait donc
devenu une sorte de dieu, protecteur des champs et de la
fertilité.
INTRODUCTION 19
Argument de Beowulf
Hrodgar, roi des Danois, sur les origines duquel le poème
s'ouvre, élève, dans l'orgueil de ses victoires un vaste édifice,
Heorot, pour y traiter ses guerriers, et leur dispenser ses
trésors. Mais un monstre, nommé Grendel, qu'exaspère
lécho des festins de tous les jours, s'attaque au palais, y
dévore quinze thanes, en enlève quinze autres, et revient la
nuit suivante avec les mêmes desseins.
C'est alors qu'Heorot est déserté pendant douze années»
Puis Beowulf, puissant guerrier geat, renommé pour sa
force surhumaine, ayant entendu rapporter les méfaits de
Grendel, traverse la mer avec quatorze suivants, veille sur
Heorot, et après avoir vu périr l'un de ses guerriers, étouffé
par Grendel, il lutte, à son tour, avec le monstre, et lui
arrache le bras entier. Grendel se réfugie dans ses marais,
pour y mourir. La nuit suivante, quand les Danois ont repris
possession du palais, la mère de Grendel fait irruption, et
venge la mort de son fils en tuant Aeschere, noble danois.
Beowulf se met à sa poursuite : il la traque au fond de son
repaire, sous les eaux du marais, et la massacre après une
lutte héroïque : il tranche, nouveau Persée, la tête du
monstre femelle, et la rapporte, en triomphe, à la cour
d'Hrodgar.
Chargé de riches présents, le héros retourne en son propre
pays, et narre ses aventures à Hygelac, son oncle, roi des
Geats. A la mort de ce dernier, Beowulf refuse le trône pour
20 BEOWULF
lui-môme, et s'institue le défenseur du jeune roi Heardred
qui meurt, par la suite, au cours d'une bataille.
Beowulf devient alors roi des (îcats qu'il gouverne avec
sagesse, pendant cinquante ans de paix, jusqu'à la venue
d'un dragon qui se prend à dévaster tout le pays. Le cou-
rage du vieux héros ne se dément pas : mais abandonné par
l'élite de ses guerriers, bien qu'ayant écrasé le serpent de
feu, il trouve néanmoins, la mort dans cette terrible rencontre.
Les épisodes les plus marquants du poème sont : la course
à la nage entre Beowulf et Breca ; Sigemund et le dragon,
et l'histoire de Finn.
LES SAXONS EN ANGLETERRE
« Nobilis et strenua, iuxta-
« que dotem naturae sagacis-
« sima gens Saxonum, ab
« anliquis etiam scriptoribus
« memorata. »
LIVRE I
PREMIER ÉTABLISSEMENT DE L'ÉTAT ANGLO-SAXON
CHAPITRE PREMIER
Traditions saxonnes et galloises
La tradition commune rapporte que vers Tan de grâce
445-446, les habitants bretons d'Angleterre, abandonnés des
Romains, leurs maîtres plus que leurs protecteurs, et exposés
aux invasions des Picts et des Scots, appelèrent à leur aide
les Saxons barbares du continent. Ces étrangers remplirent
fidèlement leur tâche, et châtièrent les envahisseurs du
Nord ; mais pleins de mépris pour la faiblesse de ceux qu'ils
avaient secourus, ils entreprirent de les soumettre aussi, et
après diverses fortunes, les Saxons établirent leur domina-
tion sur les ruines des civilisations romaine et bretonne.
Les quelques détails qui ont pu parvenir jusqu'à nous,
permettent d'établir que les barbares saxons étaient guidés
I. Nous avons suivi, dans celle élude, l'admirable ouvrage de Kemble,
Savons in England, Londres, 1848 el 1876.
2i IlEOWULF
par deux frères, Hengest et Hors; que leurs armes étaient
portées par trois vaisseaux ; que L'armée était composée de
.ii Jutes, de Saxons et d'Angles; que 1 < -s succès de ces
pionniers tentèrent d'autres hommes de leur pays ; et
qu'avec le temps, leurs migrations continuelles vers l'Angle-
terre, firent du désert de l'Anglia,le berceau de leur race (t).
Telle était au vme siècle, la tradition courante sur les vic-
toires des Saxons. En ces temps reculés dont l'histoire res-
tera toujours imparfaitement connue, il est constant que des
changements incessants s'opéraient dans la situation et dans
la condition des tribus diverses qui peuplaient les régions du
Nord de l'Europe. Ce n'étaient que migrations slaves, celtes
ou teutones, et pendant des siècles il y eut, à travers le
monde, ce que les Germains appelèrent, les courses errantes
des nations. Pendant une suite de générations, les tribus,
des parties mêmes de tribus, se déplaçaient sous l'empire
de la nécessité ; des noms de chefs se sont perdus ; des
guerres, des séditions, des conquêtes, la formation solen-
nelle ou la dissolution de tribus confédérées, ont pu rem-
plir, sans laisser de vestiges, les siècles qui s'écoulèrent
entre le premier établissement des Teutons en Germanie, et
leur apparition véritable dans l'histoire, alors qu'ils se
dressent, menaçants, devant Rome. Les lais héroïques peu-
vent bien garder quelques traces de ces événements (2);
mais le détail de ces révolutions nous demeure inconnu, et
sans posséder d'annales écrites, et s'en référant aux seules
œuvres des poètes, l'historien ne peut se perdre souvent
qu'en conjectures. Toutefois, çà et là, voit-on se marquer
par intervalles des évolutions lentes, des luttes puissantes
et des révolutions profondes, jusqu'à ce que le colosse ger-
4. Beda, Hist. Ecct., I, \ 4, 15: Gildas, Hist., 14 ; Nennius, Hist. 38.
2. « Celebrant carminibus antiquis, quod unum apud illos memoriae
lannalium genus est. » Tacit., Mor. Germ , cap. II.
LES SAXONS EN ANGLETERRE 25
main, dépeint par Tacite, apparaisse sous lo ciel assombri
de Rome, terrible et inexplicable.
Mais si Ton s'en tient aux tribus germaines qui se fixèrent
sur les rives dWngleterre, les données historiques permet-
tent d'établir que, vers le milieu du ve siècle, un mouvement
considérable se produisit parmi les tribus qui habitaient les
côtes Ouest de la Germanie, et les îles de la mer Baltique
Resserrées par les invasions de voisins qui les harcelaient
et par les accroissements de la population, ou cédant au
besoin d'aventures qui se manifestait alors par tout l'univers,
les Angles, les Saxons et les Frisons traversèrent l'océan
qu'ils connaissaient à peine, pour chercher à se fixer sur des
continents voisins, qui leur promettaient les joies du pillage,
ou un repos passager à leurs fatigues. La Grande-Bretagne,
fertile et sans défense, riche des travaux de la paix, aban-
donnée de ses anciens maîtres, accoutumée au joug et non
à la pratique des armes, appelait l'attaque des barbares, en
excitant leur convoitise, et il demeure certain qu'à cette épo-
que même, il y eut plusieurs migrations de Germains sur les
rives anglaises (1). Les expéditions rapportées par la tradi-
tion, sont celles d'Hengest, /Elli, Gissa, Gerdic et Port, et
bien qu'elles soient vraisemblables, rien ne prouve, cepen-
dant, quelles marquent le premier établissement des Ger-
mains en Angleterre.
1. Ces détails sont confirmés par Gildas et Nennius. Les Romains
avaient coutume de désarmer les nations qu'ils soumettaient. Ainsi Pro-
bus en usa-t-il avec les Alamans. Sur l'insuffisante défense de l'Angle-
terre, cf. Malmsbury (Gest. Reg. lib., I. § 2) : « Ita cum tyranni nullum
in agris prseter semibarbaros, nullum in urbibus prseter ventri deditos
reliquissent, Britannia omni patrocinio juvenilis vigoris vidua! a, omni
exercilio artiurn exinanita, conterminarum gentium inhiationi diu
obnoxia fuit. »
Prosper Tyro, A D. AW, écrit également : « Thcodosii XVIII, Britan-
niae usque ad hoc tempus variis cladibus eventibusque laceratae in
ditionem Saxonum rediguntur ». Cf. Procop.. Bel. Got , IV, 20.
26 itKow mi
Il csl j uslo d'observer que, durani bien des siècles, des
échanges actifs et nombreux étaient effectués entre les cotes
du Sud de cette ile, et les districts de la Gaule de l'Ouest. La
première venue de César fut commandée par la certitude
qu'il avait que ses ennemis des Gaules réparaient leurs pertes
et fortifiaient leurs armées, par l'appoint des contingents
bretons alliés (1). Et les trafiquants de la côte (2) qui
trouvaient dans la Bretagne un débouché, lui fournirent,
bien qu'à regret, les plans qui servirent à l'invasion romaine.
Quand les armées de César l'eurent facilement emporté sur
leurs faibles ennemis, et que la domination romaine s'éta-
blit sur l'île entière, il est probable que les anciennes rela-
tions furent reprises, et que les échanges se renouvelèrent,
comme parle passé. x\u temps de Strabon, les produits de
l'île, le blé, le bétail, l'or, l'argent, le fer, les peaux, les
esclaves, les chiens, étaient exportés par ses habitants et
certainement, sur les côtes voisines : ce commerce, du reste,
était suffisant pour motiver l'établissement d'un impôt et
d'exportation et d'importation (3). Au siècle de Néron,
Londres sans être une colonie, était regardé comme un centre
remarquable de commerce (4). ; trait d'union de toutes les
nations celtes trafiquantes. Comme les tribus germaines
s'avançaient graduellement, en suivant les lignes de l'Elbe,
du Weser et du Rhin, occupant les contrées sur les rives de
ces fleuves, jusqu'à la mer, on peut dès lors supposer que
quelques-unes de leurs grandes migrations se prolongèrent
jusqu'aux rives prochaines et opposées de l'Angleterre (5).
t. Bell. GalL, III. 8, 9: IV. 20.
2. Particulièrement les 'Vénèles : èzotuoi yào cgv.v xw/ûîiv -ôv ù; -rtv
(}(o£T7awxr,v tzÏoxjv, y^pûuvjoi rw zutzooLm. Strabo , IV, 271. Cf. Bell. Gall m
IV. 20
3. Strabo, IV, 278.
4. Tacit. Ann., XIV, 33.
5 César note les migrations des tribus continentales vers la Bretagne
LES SAXONS EN ANGLETERRE 27
Dès 1<> début du nc siècle, les Chauques sont mentionnés
parmi les habitants de la côte Sud-Ouest de l'Irlande (1), et
quoiqu'on ne puisse les identifier avec la grande tribu
saxonne, leur nom se différencie totalement des terminaisons
celtiques des dénominations des races environnantes.
Les Coritaves qui occupaient les comtés actuels de Lincoln,
Leicester, Rutland, Northampton, Nottingham et Derby sont
Germains, d'après la tradition galloise elle-même (2).
Sans tenir compte de ces détails, il convient d'énumérer
les causes qui rendent probable l'immixtion des tribus ger-
maines en Angleterre, bien avant le milieu du vc siècle. Il
semble que les empereurs romains, recrutant les forces
qui devaient soutenir en tous lieux l'empire ébranlé, parmi
les populations les plus hardies du continent, aient dû
établir dans l'île des familles teutones qui elles-mêmes, ne
cessaient de se tenir en rapports continus, avec les tribus
quelles laissaient derrière elles. La colonie militaire, fondée
par les Césars en Angleterre, était un moyen de récom-
pense facile à ces auxiliaires farouches que Fempereur aimait
mieux fixer dans les vallées fertiles de la Bretagne, plutôt
que de leur permettre de tenir garnison en Lombardie, ou en
Campanie, où ils seraient demeurés menaçants et incertains.
Le sol fertile qui avait autrefois tenté le Romain vainqueur,
dut exercer la même attraction sur les Saxons et les Angles,
errant sur les rives de ces marais déserts, et à l'entour des
« Britanniœ pars interior ab iis incolilur, quos natos in insula ipsamemo-
ria proditum dicunt; mariluria pars ab iis qui praedœ ac belli inferendi
causa ex Belgis transierant : qui omnes 1ère iis norninibus ci vita turn
adpellantur, quibusoiii ex civitatibus eo pervenerunt, et bello inlato ibi
remanserunt, atque agros colère cœperunt » Bell. Gall., V, 12.
1. Ptolémée, liv. II, ch. II.
2. Ptolémée. Liv. II, ch. III, jasB'oi/ç VLopiravoi, iv oïç roAstç, ïhdo-j,
pv.'/c îîra, Karug'j/CÀavol, h ol; nokstç, ffecAipat, oùooXaviov. Cf. Oros, VII, 32 :
« Saxones, genlcm oceani, in littoribus et paludibus inviis sitam. »
28 )u;n\\ i i.i-
îlcs solitaires <le L'Elbe. In veril du nord-esl les portail
presque sans effort, d' Heligoland, ou de Sit et Romsey, vers
la côte de Norfolk. Il y a donc quelque probabilité pour que
des corps de tribus plus ou moins nombreux des entes ger-
maines, aient colonisé les régions du sud de l'Angleterre,
bien avant la date qui est généralement assignée à leur
établissement. Les exigences mêmes du service militaire
avaient rendu l'île familière aux nations du continent : les
Bataves, avec leurs propres chefs indigènes, et une auto-
nomie véritable, avaient joui en Bretagne, d'une partie du
territoire romain (1). Marc Antonin, par esprit politique, à
l'issue de la guerre des Marcomans, avait établi en Bretagne,
des multitudes de Germains, pour servir, et d'instruments de
la puissance romaine, et d'otages pour les hommes de leur
race, sur les frontières de l'empire (2). Cette confédération
puissante dut laisser en Angleterre des traces durables, et
il n'est pas impossible que Garausius, levant en Bretagne,
l'an 287, l'étendard de la révolte, ait compté et sur l'assis-
tance des Germains du pays, et sur celles de leurs frères et
alliés du continent (3). Dix-neuf ans plus tard, la mort de
d. A. D. 69 : « Diu germanicis bellis exerciti ; mox aucta per Britan-
niam gloria, transmissis illuc cohortibus, quas vero instituto, nobilissimi
popularium regebant. » Tacit., Hist , IV, 12.
12 Zosimus (Hist. Nov.) I, 68) : ogoxx; §z Çimocç oloç re yéyovev éïsïv, sic
ftpzTzv.viuv Trupénefi-tyiv qï rrçv vvjcov ot/.ïjaavrsç, £7ravaarav70ç asrà raura
-rjoç, ysydvao-t $a.<rùeï ypriatuoi. Procope va jusqu'à faire parler Bélisaire
de Goths établis en Bretagne (Belt. Got., II, 6).
3. « Omnes enim illos, ut audio, campos atque colles non nisi teter-
rimorum hostium corpora fusa texerunt. Illa barbara aut imitatione bar-
barian olim cultu vestis, et prolixo crine rutilantia, tune vero pulvere et
cruore fœdata, et in diversos situs tracta, sicuti dolorem vulnerum fue-
rant secuta, iacuerunt. .. Enimvero, Caesar invicte, tanto deorum immor-
talium tibi est addicta consensu omnium quidem quos adortus fueris hos-
lium, sed prrecipue internecio Francorum, ut illi quoque milites vestri-
qui per errorem nebulosi, ut paullo ante dixi, maris abiuncti ad oppi,
dum Londiniense pervenerunt, quidquid ex mercenaria illa multitudine
LES SAXONS KN ANGLETERRE 29
Constance lit passer l'empire à Constantin, son (ils. La dignité
impériale lui fut solennellement reconnue en Bretagne, et
parmi les partisans de l'empereur, on compta Crocus ou
Erocus, roi alaman qui avait accompagné son père, de Ger-
manie. Plus tard, sous Valcntinien, on trouve une armée
auxiliaire d'Alamans, servant avec les légions romaines, en
Angleterre.
Nous approchons, maintenant, de la période où fut compilé
le document célèbre, intitulé : Notitia utriusque imperii (1).
Parmi les principaux officiers d'Etat administrant les intérêts
de l'île, ligure le comes littoris Saxonici per Britannias,et son
gouvernement qui s'étendait des environs de Portsmouth
jusqu'à Wells, en Norfolk, se composait de divers établisse-
ments civils et militaires, dispersés, çà et là, sur la côte. Il
faut donc entendre par Litus saxonicum, la zone dans laquelle
s'étaient établis les membres de la confédération saxonne.
Ces préliminaires n'ont eu d'autre but que de montrer ce
qu'il y a d'incertain et de flottant dans ces traditions confuses,
acceptées longtemps sans examen, entretenues rjar les chro-
niqueurs, et aboutissant à cette conclusion, sans base cri-
tique, de l'établissement des Germains en Angleterre, au
ve siècle. Et que l'on considère, ici, que les arguments invo-
barbarorum prselio superfuerat, cum direpta civitate, fugam capessere
cogitarent, passim tola urbe confecerint ». Eumen, Paneg. Const., cap.
XVIII, XIX.
1. Pancirolus date ce document de A. D. 438; Gibbon, en le réfu-
tant, lui donne entre 395 et 407, pour date. Il semble qu'en fait il y ait
erreur à supposer qu'à une pareille date, les Romains aient maintenu
un établissement aussi puissant en Grande-Bretagne. Ammianus n'écrit-il
pas en 364 : « Hoc tempore Picti, Saxonesque et Scotti et Attacotti Britan-
nos œrumnis vexavere continuis » (Hist., XXVI, 4) ; ce qui ne peut répon-
dre à un état florissant de l'armée et de la civilisation romaines dans
l'île. Le document en question se place donc entre 390 ou 400, mais se
réfère à une organisation de la puissance romaine dans l'île, en des temps
moins troublés.
30 BEOWULF
qués contre cette thèse sont tirés au point de vue documen-
taire, d'assertions de témoins impartiaux, sinon indifférents :
fonctionnaires, soldats, écrivains et philosophes, qui rap-
portaient simplement les événements dont ils avaient les
informations les plus prochaines, et qui n'avaient d'autre
souci que de consigner les faits appartenant à l'histoire de
l'empire.
Une autre considération vient encore combattre les don-
nées de la tradition. Il est à remarquer que tous détails tra-
ditionnels donnés sur quelqu'une des races germaniques, se
retrouvent également attribués aux autres, avec quelques
légères variations de localités et de détails. Il est inadmis-
sible de croire à des ressemblances fortuites, tant les exem-
ples de pareilles identités sont nombreux. Ainsi Hengest et
Hors abordent sur les côtes de Kent avec trois vaisseaux, et
iElli opérant un débarquement dans le Sussex, avec le même
nombre de bâtiments, on se souvient encore de la tradition
gothique suivant laquelle des immigrants ostrogoths et visi-
goths remontent jusqu'à l'embouchure de la Vistule, sur
trois vaisseaux également... Le meurtre des chefs bretons par
Hengest est rapporté, totidem verbis, par Widukind, des
anciens Saxons (1). Geoffroy de Monmouth conte aussi com-
ment Hengest obtint des Bretons le territoire que pourrait
couvrir une peau de bœuf : le héros découpa celle-ci en
lamelles, ce qui lui permit de s'attribuer un plus large empla-
cement, sur lequel il éleva le château de ïhong (2). Parmi
les Saxons, la tradition est, en réalité, la même, quoique
rapportée avec quelques variantes dans les détails : une
poignée de terre est départie, sous les mêmes conditions, à
1. Widukind, Leibnitz, Rer. Brunsw., I, 73,74 ; Repgow, Sachsensp.,
III, M, § 2
2. Galf. Monum, H. Brit., VI, 11. Les Indiens prétendent encore que
les Anglais gagnèrent Calcutta par ce même procédé.
LES SAXONS KN ANGLETERRE 31
un Saxon qui la sème sur un Large espace du sol qu'il s'ap-
proprie (1).
La tonne nie nie sous laquelle les détails de la tradition
sont parvenus jusqu'à nous, est suspecte : elle est toute
romantique, et n'a point de caractère historique. Ce sont les
premières défaites des Bretons que les chroniqueurs natio-
naux anglais s'efforcent de dissimuler, et quand par la suite,
les chefs bretons sont vainqueurs des Saxons, ils deviennent
doués de pouvoirs surnaturels, et une fortune toute provi-
dentielle ne cesse de les accompagner. Gildas, Nennius et
Bède fournissent maint exemple de pareilles dissimulations,
ou de semblables exagérations : ils ne cherchent qu'à flatter
l'orgueil celtique, en lui mentant sur ses faiblesses et sur ses
défaites, en lui représentant ses héros, sous la forme de
demi-dieux.
Il faut reconnaître, sans doute, que tout le territoire ne
fut pas soumis, sans résistance, dans ses différentes parties :
çà et là, quelque hardi compagnon, ou la disposition favo-
rable des lieux purent permettre aux indigènes de résister,
même avec quelque succès temporaire, aux envahisseurs.
Mais il est difficile de suivre le lent accroissement de la
puissance germaine en Angleterre : avec constance et sûreté,
de l'orient à l'ouest, du sud au nord, apparaissent bientôt
les haches aiguisées et les longs glaives des Teutons ; tout
cède devant eux, jusqu'aux citadelles où les indigènes ne
tentent plus de sorties contre l'oppresseur. La masse du
peuple accoutumée à la servitude romaine, se résigna à la
perte de sa liberté, et souffrit peu de ce changement de
maîtres : ceux dont le patriotisme était plus généreux, préfé-
rèrent l'exil à la sujétion (2). La condition des Bretons, sous
1. Grimm. Deutsche S a g en, no 547,369.
2. Cf. Ermold, Nigel, liv. III, vol. II, dans Perte, 11,490.
32 BEOWULF
la domination germaine, semble avoir été assez douce et
facile : le joug du vainqueur ne pesa plus lourdement sur
eux, que pour châtier des séditions et des révoltes inutiles (1).
Et dans les lois d'Ini, ce roi saxon de l'ouest assure aux
vaincus la même personnalité juridique qu'à ses sujets.
D'après les explications précédentes, on peut conclure
qu'il ne reste aucune source historique des conquêtes ger-
maines en Angleterre, et que s'il y en eut jamais une, elle
demeure irrévocablement perdue. Seuls, Prosper Tyro et
Procope font mention de ces événements en des termes qui
paraissent ne pas correspondre à la réalité des faits. Le pre-
mier répète sans cesse que vers 441, la Bretagne fut finale-
ment réduite sous la domination saxonne, alors que Procope
cite la relation imparfaite et presque fabuleuse qu'il reçut de
l'événement (2).
Les quelques faits réunis par Bède au commencement du
vme siècle, forment donc la seule base de toutes les déduc-
tions historiques postérieures, et Bède (3) écrivant l'histoire
ecclésiastique de ces temps, laissait de côté tous détails
séculiers. Les annales des rois, les traditions erronnées
vinrent s'ajouter aux travaux de Bède ; les cycles épiques et
1. « Quorum illi qui North wallos, idest Aquilonales Britones diceban-
tur, parti Westsaxonum regum obvenerant. Illi quondam consuetis ser-
vitiis seduli, diu nil asperum retulere, sed tune rebellionem méditantes,
Kentuninus rex tam anxia caede perdomuit, ut nihil ulterius sperarent.
Quare et ultima malorum accessit captivis tributaria functio ; ut qui
antea nec solam umbram palpabant libertatis, nunc iugum subiectionis
palam ingemiscerent ». W. Malmsb, Vit. Aldhelmi, Ang. Sac,
II, 14.
2. Procop, Bel. Got., IV, 20.
3. Bède tente de donner quelques détails sur l'état de la Bretagne,
avant r.arrivée d'Augustin, mais il se borne à quelques citations de Soli-
nus et Gildas, et à rapporter une vie légendaire de Saint-Germain. Et il
lui arrive de mettre en doute certains faits, comme ceux qui composent
l'histoire d'Hengest. Cf. Hist. EccL, I, 15.
LES SA.XONS EN ANGLETERRE 33
mythologiques s'enrichirent, et la vérité première se fondit
en une niasse de fables inconsistantes. Ainsi Wôden, Bael-
daeg, Geât, Scyld, Sceâfet Beôwa prirent place, quoique
leur caractère fût légendaire, dans les généalogies royales :
tour à tour Brutus, Aurelius Ambrosius, Uther Pendragon,
Hengest, Hors et Vortigern furent cités parmi les person-
nages historiques : héros d'épopée, ils devinrent des rois et
des guerriers, vivant, combattant et mourant sur le sol
anglais.
Nous ignorons comment aucun événement historique ait
pu être noté avec certitude, avant Fan 600 : il a pu y avoir
des annales ; des poèmes ont pu voir le jour, mais tous
ont été anéantis, sans laisser de trace. Encore ne peut-il y
avoir lieu de regretter cette absence, pour la peinture des
mœurs, et du développement du génie de ces peuples, car
les rois, les princes, les héros seuls sont la matière de
l'épopée. Ces poèmes sont essentiellement héroïques, célé-
brant les fondateurs quasi-divins des races, les fortunes de
leurs belliqueux descendants, et non la lente évolution des
peuples. L'épopée retentit des rumeurs des festins, et les
armes brillantes, les gobelets d'or étincellent dans ses
descriptions : là, les dieux se mêlent, en égaux, aux actions
des hommes, poursuivent les mêmes desseins, sont animés
des mêmes passions d'amour, de jalousie et de haine ; ou
dieux devenus hommes, ils fondent des races vraiment
royales, puisqu'elles procèdent de la divinité elle-même.
Mais chaque race connaît peu les traditions des autres, et
n'en a nul souci : les alliances et les guerres seules, les rap-
prochent entre elles : toute histoire produite en ces condi-
tions, est nécessairement traditionnelle, épique et nationale :
elle est toute imparfaite et inexacte, et il n'y a que les sources
écrites d'auteurs contemporains et impartiaux, qui puissent
la corriger et lui donner quelque degré de certitude.
3
34 BEOWULF
Faisons lap plication de ces remarques aux premiers événe-
ments de l'histoire saxonne : sur le pays de Kent on ne pos-
sède que des données incertaines : plus vagues et plus incer-
tains encore, sont les faits se référant au Sussex et au
Wessex. Pour le premier pays, on rapporte qu'en l'an 477,
iElli, avec trois fds Cymen, Wlencing et Gissa, ahorda dans
le Sussex ; que Fan 483, ils défirent les Gallois, et qu'en 491 ,
ils détruisirent la population d'Anderida. On ne trouve point
d'autre détail sur le Sussex, dans la chronique saxonne,
avant l'arrivée d'Augustin, à l'exception peut être, de l'affir-
mation de la supériorité d'^Elli sur les autres chefs saxons.
Les événements se rapportant au Wessex sont plus nom-
breux, et mieux détaillés : en 493, deux nobles, Gerdic et
Gyneric vinrent en Angleterre, et abordèrent à Gerdicesora,
où ils se battirent le même jour. En 501, ils furent rejoints
par un noble, du nom de Port qui, avec ses deux fils Bieda et
Maegla, aborda à Portsmouth : ils gagnent tous, en 508, une
grande bataille sur un roi breton qu'ils tuent, avec cinq mille
hommes de son peuple. En 514, Stuff et Wihtgâr, leurs
neveux, leur conduisent un renfort de trois vaisseaux ; en 519,
ils infligent aux Bretons une nouvelle défaite, et fondent le
royaume de Wessex. En 527, ne nouvelle victoire est signa-
lée : en 530, l'île de Wight est soumise, et donnée à Wiht-
gâr ; et en 534, Gerdic meurt, et Gyneric lui succède, qui
règne vingt-six ans (1). En 544, Wihtgâr meurt, et les faits
nouveaux sont alors une victoire de Gyneric en 552 et 556, et
l'accession de Geawlin au trône. Des guerres de rois saxons
de l'Ouest sont encore notées en 568, 571, 577, 584. De 590
à 595, un roi de cette race, nommé Ceôl est encore men-
tionné. L'an 591 marque la déchéance et l'expulsion de
1. Cerdic et Gyneric font leur apparition en 495 : après quarante ans
Cerdic meurt, et Gyneric règne encore vingt-six ans !
LES SAXONS EN ANGLETERRE 35
Ceawlin : en 593, les morts de Ceawlin, Cwichclm et Crida
sont mentionnées, et en 597, date de la venue d'Augustin,
Ceôlwulf monte sur le trône du Wessex.
Ces détails si incomplets soient-ils, l'emportent en nombre
sur ceux qui se rapportent au Northumberland, au pays
d'Essex, et à l'Anglia orientale. En 547, Ida commence à
régner sur le premier de ces royaumes ; /Elli lui succède
en 560 : après un règne de trente (!) ans, il meurt en 588, et a
pour successeur ^Edelric auquel ^Edelfrid succède, en 593.
Tels sont les seuls faits touchant l'histoire du Northumber-
land : de la Mercie, d'Essex, de l'Anglia du Sud, il ne sub-
siste aucune trace.
Il faut donc faire, en ces études, abstraction de toutes les
traditions inconsistantes, non pour arriver à la certitude
historique, niais à plus de vraisemblance, et par la critique
minutieuse, à plus de vérité. C'est moins dans les récits
fabuleux qu'il faut rechercher cette dernière, que dans les
divisions du territoire lui-même, d'après les populations qui
l'occupaient, et le rang qu'avaient leurs membres, dans la
tribu, dans la cité, et dans l'Etat. Les noms des tribus et des
familles ont survécu dans les lieux qu'elles occupaient, ainsi
que leur droit coutumier. Ce sont là les seules sources his-
toriques véritables : la famille, la tribu, le droit se sont con-
servés, alors que les noms des rois se perdent en des généa-
logies poétiques, avec les héros surhumains dont toutes les
conquêtes expliquent moins l'entier et sûr envahissement de
la Grande-Bretagne par le géant teuton, que la borne barbare
posée à la limite du premier champ.
CHAPITRE II
La Marche
Tout ce qu'on peut savoir du principe originaire d'établis-
sement sur un continent, des nations de race germaniques,
repose sur ces deux faits : la possession du sol, et la distinc-
tion du rang ; et la loi publique de chaque tribu teutone
repose sur la dépendance de l'un et l'autre de ces principes.
De même que celui qui n'est pas libre, ne peut, dans les
premiers temps, posséder de terres dans les limites de la
communauté, ainsi celui qui ne possède point une parcelle du
sol de ladite communauté, ne peut être regardé comme entiè-
rement libre, quelque soit son rang personnel, ou son carac-
tère. La qualité d'homme libre est donc liée à la possession
du sol, et en cela, le colon teuton diffère peu du Spartiate,
ou du premier Romain.
Ces principes ont évolué, influencés dans leur développe-
ment, par la nature et les modifications apportées au droit de
propriété commun et individuel ; par la distinction et les pri-
vilèges des classes diverses de citoyens : les hommes libres,
les nobles, les serfs ; par les rudiments d'institutions et de lois,
propres à garantir la vie et la possession paisible du sol.
Ce sont M les origines de la loi coutumière anglaise, et elles
se retrouvent avec chaque établissement des Germains, dans
les pays conquis par Rome.
LES SAXONS EN ANGLETERRE 37
Gomme le territoire peut être possédé par une communauté
d'hommes, ou par diverses familles ou maisons, sous des
conditions déterminées, il convient d'examiner séparément,
chacun des caractères de ces teneurs. En premier lieu, doit
être faite l'étude de la possession commune, car de celle-ci
dépendent l'état politique lui-même, les lois de constitution
de cet état, et sa place par rapport aux autres états. Parmi
les Anglo-Saxons, le territoire ainsi possédé en commun,
était dénommé marche, ga ou shire.
La plus simple et la moins considérable de ces divisions
communes était celle désignée par le mot marche (mearc).
C'est là, la première division générale aboutissant, par ordre
successif, aux propriétés privées, — - ou alods des hommes
de la Marche. Comme son nom l'indique, la marche [mark]
représente quelque chose de défini, strictement délimité, et
dont le caractère exclusif du droit d'autrui, est révélé par
des signes extérieurs. C'est la partie de territoire sur laquelle
se sont établis un plus ou moins grand nombre d'hommes
libres, pour la mettre en valeur parla culture, et pour tirer de
leur association, profit et protection mutuels. Ce territoire
comprend une portion de terre arable et de pâtures, dont
l'étendue est proportionnée au nombre de ceux qui doivent la
posséder (l). Quelqu'ait été, à l'origine, la condition des tri-
bus germaines, l'histoire les représente toujours, comme
vivant d'agriculture et d'élevage (2). Quand les Germains
s'élevèrent contre Rome, ils avaient cessé d'être, de longue
date, des pasteurs, des chasseurs ou des pêcheurs errants.
4. « Agri, pro numéro cultorum, ab universis per vices occupantur,
qnos mox inter se, secundum dignationem, partiuntur ; i'acilitatem par-
tiendi carnporum spatia prsestant, » Tacit., Germ., 26. «
2. « Sola terne seges imperalur». Tacit, Germ., 26. « Krumenti
inodum donnions, aut pecoris, aul vestis, ut colono iniungit : et semis
bactenus paret», Ibid., 25. « Hordeum et frumentum », Ibid., 23.
38 BEOWULF
Les goûts et les dispositions particulières de chaque tribu,
ont pu influer sur leurs modes d'établissement et d'habita-
tion, mais jamais on n'a rapporté des populations germaines
qu'elles aient habité sous les tentes, comme l'Arabe ; dans
les chariots, comme le Scythe, ou dans les cavernes souter-
raines creusées par le Troglodyte de Valachie. Tacite qui
mentionne certaines tribus vivant à leur fantaisie dans quel-
que ombreuse vallée, ou au bord d'un frais cours d'eau,
remarque et dépeint les villages, les maisons, et les citadelles
des autres tribus (1).
Sans commerce, sans moyens d'étendre leurs communica-
tions, sans voisins pacifiques, les Germains ne peuvent avoir
cultivé leurs champs pour des étrangers. Ils étaient à la fois,
producteurs et consommateurs. Même les serfs et autres ser-
vants domestiques avaient droit à une allocation en nature,
à une ration de pain et de viande ; et la quantité de bière et
de malt que l'on trouve énumérée parmi les rentes du sol,
ou les dons à des établissements religieux, supposent une
production très abondante de céréales (2). Mais il demeure
aussi certain que les Germains n'avaient principalement
pour leur subsistance que les troupeaux de bœufs, de mou-
tons et de porcs qui paissaient sur les prairies sans bornes,
ou à l'ombre des chênes qui couvraient la plus grande partie
du territoire. En résumé, dès que l'établissement des Ger-
mains est mentionné, ceux-ci colonisent une terre arable,
1. « Colunt discreti ac diversi, ut fons, ut campus, ut nemus placuit.
Vicos locant, non in nostrum morem, connexis et cohaerentibus aedifi-
ciis ; suam quisque domum spatio circumdat. » Tacit., Germ., 46.
2. « On xii mondum dû scealt sillan dinum peôwan men vii hund
hlàfa XX hlâfa, bûtan morgemettum non met turn » : dans le cours de
douze mois, tu donneras à ton serf, sept cent vingt pains, sans compter
la nourriture du matin et du soir. Sal. Sat., p. 192. « Potui humor ex
hordeo aut frumento, in quamdam similitudinem vini corruptus». Tacit.,
Germ., 23.
LES SAXONS EN ANGLETERRE «50
entourée de forets et de pâturages, sur laquelle ils ont un
droit de propriété précaire.
11 est vrai que César ne rapporte pas que l'agriculture ait
été très répandue parmi les Germains, ou que la propriété de
la terre arable ait été permanente (1) : et l'on peut supposer
que des tribus primitives et belliqueuses aient craint que la
propriété, et la stabilité de vie qu'elle comporte, n'aient
énervé cbez elles le courage et les vertus guerrières. 11 a pu
y avoir aussi chez les Germains, quelque difficulté à procéder
aux divisions annuelles du territoire : et cependant le pro-
priétaire dun champ, dans le district de Madras, le change
tous les ans; les tribus des Afghans procèdent à l'échange
décennal des terres (2) ; Diodore rapporte que les Vac-
caéens (3) faisaient l'échange de leurs champs, une fois l'an,
et qu'ils s'en partageaient les produits; et Strabon (4) cite
une coutume semblable chez les Dalmates.
Mais le principe de la possession du sol semble si fort chez
les Germains, qu'il parait difficile d'admettre, sur sa seule
autorité, l'assertion de César. Des informations inexactes ont
pu lui être données par les habitants des provinces de la
Gaule, et toujours, peut-on opposer à César le dire de
Tacite (5) : arva per annos mutant, et superest age.r, qui peut
s'expliquer de la sorte : les Germains font l'échange entre
eux de terres arables, d'année en année, — et il reste
1. « Agricultural non student : maiorque pars victus eorum in lacle,
caseo, carne consistit : neque quisquam agri moclum certum aut fines
habet proprios ; sed magistrates ac principes in annos singulos gentibus
cognationibusque hominum, qui una coierint, quantum, et quo loco
visum est, agri adlribuunt, alque anno post alio transire cogunt. Eius rei
multas adferunt causas : ne, adsidua consueludine capti, studium belli
gerendi agricultura commutent. » Belt. Gall., Ill, 22.
2. Elphinstonés Caubul, II, 17, 18, 19.
3. Diod, Y, 34.
4. Strab, VII, 315.
5. Tac, Germ., 26.
40 BEOWULF
un territoire à partager entre la communauté, pour les pâtu-
rages ; et à l'intérieur de ce que nous avons appelé, la
Marche, propriété de tous, tel champ de hlé appartenait,
avec les années, à des propriétaires successifs.
Le mot Marche a un sens légal et réel, au sens juridique
de cet adjectif : il désigne non pas seulement l'espace de
terre qui a été étudié, mais encore ce qu'il représente pour
ceux qui l'occupent, de privilèges et de droits envers eux-
mêmes et envers les autres. Mais le mot sappliquant au ter-
ritoire lui-même, a une double signification : il désigne non
seulement la zone des terres occupée par une seule commu-
nauté réduite, mais encore les forêts et les landes, séparant
les possessions dune tribu, de celles qui l'avoisinaient. La
Marche, ou frontière des pâturages, et l'espace cultivé
qu'elle enserre, et qui est départi aux divers membres de la
communauté, sont inséparables. Quelle que soit la différence
de nature de leur propriété, elles forment ensemble un tout
indissoluble. Elles constituent, toutes deux, l'entière posses-
sion territoriale de l'originaire cognatio, race ou tribu. Les
terres labourées et les prairies sont gardées par la Marche,
et le cultivateur tire encore sa subsistance des chasses de
ses fils, de ses tenants, de ses serfs, dans les forêts voi-
sines.
Le caractère essentiel de la Marche, considérée comme
frontière et comme terre commune de pâturages, est de ne
pouvoir être morcelée en terre arable. Les hommes de la
Marche, — appelés Markgenossen en Allemagne, et par les
•Anglo-Saxons, Mearcgeneâtas, — ont des droits en commun,
mais ne peuvent fonder de propriété, sur le territoire pro-
prement dit de la Marche. Même si pour des raisons parti-
culières, un homme de la Marche obtenait le droit de pra-
tiquer des coupes sur une partie de la forêt, cette partie
même, aussitôt qu'elle était soumise à la loi de la propriété
LES SAXONS EN ANGLETERRE 41
individuelle, cessail d'être la Marche. Celle-ci était placée
sous la protection des dieux, et il est probable que dans la
profondeur de ses forêts, il y avait ces retraites ombragées,
visitées des dieux et consacrées à leur culte (1).
Si Ion considère la nature du premier établissement
teuton qui n'a rien de commun avec la cité, il faut nécessai-
rement conclure à l'existence de la Marche, et à son carac-
tère inviolable. Chaque communauté qui n'est protégée ni
par une enceinte, ni par la loi, doit avoir des limites qui la
séparent de ses voisins, et qui la protègent contre ses rivaux,
que la communauté soit réduite ou étendue ; qu'elle ait les
proportions d'un simple village, d'une maison ou d'une tribu
entière ; — elle aura toujours une Marche, — espace qui
limitera ses propres droits, et qui la défendra des entreprises
des tribus voisines. Plus la communauté, intéressée dans la
Marche, est nombreuse, plus solennelles sont les formalités
qui la consacrent et qui la défendent : encore les bornes de
la propriété privée sont-elles sous la protection des dieux et
de la loi. L'acquéreur d'un domaine privé, lui-même, n'a
pas le droit de bâtir, ni de cultiver à l'extrémité de ses pos-
sessions, et il doit respecter un certain espace mitoyen. Cette
règle générale n'est pas abrogée avec l'extension de la
Marche primitive, et avec la confusion de plusieurs districts:
si les limites premières de la Marche ont été effacées,
1. « Slato tempore in si 1 va m, auguriis patrum et prisca formidine
sacra m, omnes eiusdem sanguinis populi legationibus coeunl, cœsoque
publiée homine celebrant barbari ritus horrenda primordia. Est et alia
luco reverentia. Nemo nisi vinculo ligatus ingreditur, ut minor, et
potestatem numinis prae se ferens. Si forte prolapsus est, attolli et
insurgere hand licitum, per humum evolvuntur : coque omnis supersfitio
respicit, tanquam inde initia gentis, ibi regnator omnium deus, cetera
subiecta atque parentia », Germ., 39. « Apud Naharvalos antiquse reli-
gionis lucus ostenditur », id., 43.
\'l HKOWILK
celle-ci se retrouve identique, en fait et en droit, avec de
nouvelles frontières, plus étendues.
Les villages occupés par les Hoardings ou les Modings
peuvent bien cesser d'etre séparés, mais les divisions plus
larges naissant de leur union (Meanwaras, Maegsetan,
lhviccas), leur assurent la persistance des frontières plus
reculées : que celles-ci se perdent encore dans un plus
grand circuit, elles se retrouveront, enfin, protectrices d'un
royaume ayant le marais, la forêt, la montagne contre les
Scots et les Bretons, et la mer, contre les invasions des
Francs et les pirateries des Frisons.
Mais quelle que soit l'étendue de la Marche, elle n'en
demeure pas moins la propriété de la communauté, et chaque
membre en possède une part indivise : l'étranger ne peut
pas plus la violer, que la terre arable qu'elle défend (1). La
Marche est sous la sauvegarde du droit public, après avoir
été longtemps sous la protection des dieux : la Marche est
pleine d'embûches et de dangers : la mort attend sous ses
ombrages, le visiteur hostile ou imprudent :
eal waes daet maerclond tout le territoire de la Marche
mordre bewunden, était environné par la mort,
feôndes fâcne (2). et d'embûches pour l'ennemi.
Les châtiments les plus effroyables (3) frappaient ceux qui
violaient la Marche, et les sacrifices humains qu'ils comman-
daient, semblaient dus, dans la pensée barbare, aux dieux
du sanctuaire profané. Les Marches étaient réputées mau-
1. Si un étranger approche d'une forêt de la Marche, il doit sonner du
cor et crier : ces préliminaires annonceront que ses intentions sont paci-
fiques. Mais s'il cherche à se glisser dans la forêt, sans s'être fait recon-
naître, il peut être tué, et ses ayants-droit ne pourront poursuivre la
vengeance de sa mort, Leg. Ini., §20, 21.
2. Cod. Vercel. And., x. 38.
3. Cf. Grimm, Deutsche Recktsalterthùmer, pp. 518, 519, 520.
LES SAXONS EN ANGLETERRE 43
dites, c'est-à-dire qu'elles étaient fatales à celui des hommes
qui ne respectait pas leur caractère sacro-saint, car sur
elles reposent et la sûreté extérieure de la communauté, et
le service des dieux qui la protègent (1). Quand le fanatisme
religieux s'est perdu, les terreurs de la superstition viennent
encore soutenir la rigueur des lois : les forêts profondes et
les marais sont les repaires des monstres et des dragons ;
les esprits des bois vont toujours errant, près du voyageur
qu'ils conduisent à la mort ; au bord des lacs s'élèvent les
demeures des Nicors (2) : le monstre-titan Grendel fait à
travers les Marches, de fantastiques chevauchées (3), et c'est
au fond d'une caverne creusée dans la montagne, que le
dragon, couché sur un fabuleux trésor, dort son sommeil
séculaire.
Mais l'évolution naturelle de cet état d'isolement, est de
cesser d'être. Quand chaque tribu, resserrée entre ses voi-
sines, voit diminuer sa part de bien-être avec la culture inten-
sive d'un sol qui ne s'étend plus (3) ; qu'elle sent la nécessité
du développement des échanges et de communications nou-
velles, alors la destruction de la Marche se produit d'elle-
même, et d'autre part se réalise l'union de fait des tribus
qu'elle séparait. Considérons, ainsi, deux villages établis au
centre d'une forêt, chacun avec des bornes mal définies dans
le bois qui les sépare : ces villages, avec l'accroissement de
la population et la diminution des terres arables, s'efforcent
de s'étendre vers la forêt, et cherchent, en reculant la
Marche, de nouvelles terres à défricher. Lorsque ces intérêts
t. Il est possible que le cwealmstow, ou lieu d'exécution, se soit trouvé
dans la Marche ; car toute peine capitale, chez les Germains, avait le
caractère d'un sacrifice aux dieux. Quand Juliana va être mise à mort
{Cod. Ex., p. 280), elle est conduite à l'extrémité de la Marche.
2. Beow., 2.822-2, id., 2.695.
3. « Facilitatem partiendi camporum spatia prœstant », Tacit.,
Germ., 26.
'» I BEOWULF
entrent en conflit, trois solutions interviennent : ou les deux
communautés doivent réaliser entre elles une fédération: ou
Tune doit attaquer et soumettre l'autre; ou toutes deux
doivent s'unir sur des bases égales et fraternelles. Ce dernier
moyen est le plus probable, si les dieux d'une tribu sont
communs à l'autre. Mais en tout état de cause, la forêt
cessera d'être la Marche, parce qu'elle sera, dorénavant, le
centre, et non la limite de la nouvelle communauté. Elle
sera convertie en communs pâturages dont chacun jouira,
sous des conditions déterminées ; elle deviendra le folcland,
ou terre publique, et pourra même être divisée, avec le
temps, en propriétés privées, sur les principes établis du
droit public. Ainsi, cette évolution se répétera, jusqu'à ce
que la famille devienne une tribu ; la tribu, un royaume :
alors les champs lourds de moissons n'auront plus leurs
anciennes limites, et les seules Marches subsistantes seront
la montagne prochaine et aride, terme naturel de la culture ;
les marais, les fleuves au cours torrentueux, et le grand
océan.
Le christianisme qui détruit la croyance aux dieux de la
forêt, protecteurs de la Marche, fait que celle-ci est désor-
mais placée sous les garanties du droit public de l'Etat. Les
anciens districts se fondent dans les divisions territoriales
des diocèses, et tant que le principe d'indivision de la Marche
est sauvegardé, elle demeure affectée à tous services d'utilité
publique, depuis les coupes jusqu'au droit de vaine pâture.
Et dans les cas de larges zones séparant de véritables
royaumes, ce sont des citadelles et des remparts qui s'élèvent
à la place des forêts.
La sainteté de la Marche devait être consacrée par des
cérémonies rituelles (1). Il semble que Wôden ait été le dieu
1. « Silvam auguriis patrum et prisca formidine sacram », Tacit.,
Germ., 39. Cf. Môser, Osnabriïckisihe Geschic/tte, I, 57.
LES SAXONS EN . ANGLETERRE 45
tutélaire des Marches, avec Tiw et Frea (1). De quelque
manière que la Marche ait été primitivement tracée, elle se
distinguait par tout un détail de marques et de signes. Des
arbres remarquables par leur beauté et leur hauteur, étaient
chargés de figures de bêtes et d'oiseaux, et même de carac-
tères runiques (2). Parfois, une colline, un cours d'eau, un
marais, le tombeau d'un antique guerrier avertissait le voya-
geur de ne point approcher de ce terrain dangereux. On
fichait des perches dans les sols marécageux, et il était aussi
criminel de les arracher, que de planter la hache dans les
arbres-frontières de la forêt.
Dans la seconde acception du mot, la Marche est la com-
munauté de familles ou de clans établis sur les parties de
territoires et de forêts que nous avons décrites. C'est là, la
base originaire de toute société teutone, et qui lui assure
les premiers bienfaits dus à l'état de société : administration
de la justice ; mutuelles garanties de paix ; sécurité et liberté
de tous les habitants du district. Dans une pareille organisa-
tion, les conditions de culture du sol, de l'exploitation des
eaux et des forêts étaient arrêtées du consentement général,
et pour le plus grand profit de tous. La Marche était donc
une association volontaire d'hommes libres, qui maintenaient
un système de commune culture, réalisant la meilleure utili-
sation du sol ; et de leur association ils excluaient ceux que
n'y appelaient point la naissance ou l'adoption. Les coutumes
des Marches étaient aussi variées que le nombre des Marches
1. Wôden peut passer pour l'équivalent d'EppiJç. Comme Mercure, il
est inventeur des lettres, et comme lui, il est un dieu errant. On rencontre
les formes suivantes: Wônac (Cod. dip., n° 495), Wônstoc, (id., n09287,
Cm7) Teowes porn, ïiw's thorn (id., n° 171), Tiwes mère (id.t no 262),
Frigedaeges treôw (id., no 1221).
2. Cf. Eichhorn, Deutsche Staats- und Rechtsgeschichte, II, 76,
§ 224 a.
il) BEOWULF
elles-mêmes, car dans les limites de la Marche, les hommes
qui la composaient étaient, en fait, assez indépendants pour
la soutenir et la défendre, et pour jouir de leur autonomie.
La cour des hommes de la Marche dut être, au déhut, la
suprême juridiction pour toute cause se référant aux intérêts
généraux ou individuels. Sur le continent germain, les divi-
sions des Marches et l'étendue de leur juridiction peuvent
être fixées avec précision (1), et ce n'est que par induction
qu'on peut attribuer à la Grande-Bretagne, un semblable
état de fait.
La plupart des Marches devaient être considérablement
étendues, et capables de produire à la bataille un grand
nombre de combattants ; d'autres étaient, assurément, moins
nombreuses, mais il convient de ne pas oublier que cent
maisons, protégées par d'impénétrables forêts, dans un
district ignoré de l'envahisseur, constituent, avec leurs habi-
tants, une force capable de défendre des droits et des privi-
lèges.
Le caractère distinctif de la Marche, en dehors de ses
limites extérieures, semble avoir été les rapports de ses
habitants entre eux et avec leurs voisins. On se représente
aisément des unions de grandes familles, comprenant des
membres différents en richesse, en rang et en autorité :
quelques-uns, descendant en ligne directe, des ancêtres
communs ou de quelque héros de la tribu ; les autres, appa-
rentés à celle-ci de façon plus lointaine : par l'accroissement
de la population, par le mariage, par l'adoption ou l'éman-
cipation; mais tous se reconnaissant entre eux une parenté,
ou sibsceaft : tous, demeurant unis dans le respect du droit
d'autrui et des communautés semblables à la leur ; tous,
gouvernés par les mêmes juges et conduits à la guerre par
\. Cf. Grimm, Die deutschen Weisthùmer, 3 vol. in-8.
LES SAXONS EN ANGLETERRE \~
le même chef; tous, partageant les mêmes rites religieux, et
communiant dans ces sentiments, avec les tribus voisines.
Ainsi, les empires et les royaumes, d'abord barbares, qui
ont exercé l'influence la plus profonde sur le cours de la civi-
lisation, sont sortis des collectivités obscures dont les noms
niâmes ne nous sont parvenus que dans les traditions des
poèmes, et par l'appellation des lieux de leur premier éta-
blissement.
Bien des hypothèses ont été émises sur ces agrégats anti-
ques, nés sur le continent de l'Europe. Peut-être la plus
plausible est-elle, qu'une seule famile, descendant des demi-
dieux ou des dieux eux-mêmes, selon ses traditions, dut
grouper autour d'elle plusieurs maisons : elle donna alors
son nom à toute la communauté, et fut instituée gardienne
des rites familiaux et religieux.
Une fois fixées, ces communautés purent changer de nom
et d'établissement, selon les nécessités de la vie matérielle,
et des accroissements de la population. Et même quand il
ne s'agissait que d'un seul individu, d'un guerrier au nom
fameux, il devait advenir que ses compagnons se rangeaient
avec joie, sous ses ordres, pour partager le péril de ses aven-
tures (1).
En résumé, les habitants d'une Marche, se trouvant res-
serrés dans ses limites, émigrent dans d'autres établisse-
ments, et sous sa dénomination première, ils fondent une
communauté nouvelle ; ou dans la division du sol nouvelle-
ment conquis, des hommes qui avaient appartenu à une
communauté sur le continent, se trouvent séparés en fait,
soit par le jeu des lots ou des événements naturels, telle
partie de la communauté ayant précédé l'autre en ces lieux ;
1. Cf Grimm, Deut. Heldensage, p. 280; Geijer, Hist, of Sweden,
159.
48 BEOWULF
ou la Marche so perdait encore, par la dissolution des
anciennes confédérations, produite par des guerres intestines.
Mais toutes ces hypothèses semblent délier la critique de
l'historien : ne touchent-elles pas, en dehors de notre sujet,
à tout établissement, réduit ou étendu, à toutes les migra-
tions originaires de l'humanité primitive? Chaque famille
s'établissant dans les solitudes incultes, assure l'existence de
ceux qui sont sortis d'elle, et par une progression continue,
se change en clan, en tribu, en Etat, sans qu'il soit possible
de suivre l'évolution de ces faits sociaux, dans leur détail.
Peut-on retrouver la trace incertaine des pasteurs, ou le
défrichement d'une forêt, près de la source divine où ces
êtres primitifs se sont rencontrés, et ont compris d'instinct,
qu'il est néfaste pour l'homme, de vivre solitaire?
Sur les clairières des forêts, dans les vallées aux pentes
douces, où coulaient des ruisseaux limpides ; sur les plaines
verdoyantes protégées par les eaux sombres des marais, les
colons guerriers se sont un jour établis, à l'aventure, et avec
l'aide du temps et d'une paix relative, ils sont devenus des
agriculteurs attachés à la patrie nouvelle du sol adopté. Et
pendant ces temps, s'effaçaient les derniers vestiges de la
domination romaine, dans les ruines de ces édifices qui
semblaient avoir été construits pour l'éternité. C'est alors
que par toute l'Angleterre, il existait comme un réseau de
communautés, de fait, distinctes entre elles, mais dont les
membres individuels étaient le plus intimement unis, se
contentant des propres limites que leur imposait la nature
des lieux qu'ils avaient choisis, et las des courses errantes du
passé. Après leur acharnement à la conquête, ces hommes
primitifs ne songeaient qu'à jouir de ses fruits, dans la sim-
plicité de leurs mœurs, et dans la paix.
CHAPITRE III
Le Ga ou Scir
Avec le temps se réalise Y union de deux, trois ou plusieurs
Marches en une fédération, pour répondre à des besoins
religieux, judiciaires ou politiques. L'appellation technique
d'une semblable union est, en Allemagne, Gau ou Bant, et
plus rarement, Eiba et Para ; en Angleterre, l'ancien nom
Gâ a été bientôt et généralement remplacé par celui de Scir
ou Shire. L'étendue du Gâ dépendait ou des limites natu-
relles des collectivités fédérées, ou des dispositions particu-
lières contenues dans les traités.
Le Gâ est le second et dernier état de possession indivise :
car tout agrégat plus étendu, n'est qu'un groupement pro-
gressif des districts qui le composent, autour d'une plus
haute unité politique ou administrative, différente en degré,
et non pas en nature, de celle qui prédominait dans chaque
collectivité. Le royaume n'est qu'un Gâ plus étendu que le
Gâ ordinaire où, déjà, il est en puissance. Mais la possession
indivise que nous rencontrons ainsi dans le Gâ, n'est en
aucune manière semblable à celle qui est décrite dans la
Marche. Là, les habitants sont établis comme hommes de la
Marche, et non comme étant incorporés au Gâ, où toute la
terre cultivée existant dans les limites de la communauté
4
80 BEOWULF
plus étendue, est entière Tient répartie, entre les collectivités
moins nombreuses.
De même que la Marche réalisait en elle-même, le service
de justice, vis-à-vis de ses membres, par le Markmot ; quelle
avait son principal officier ou juge, et son prêtre, ainsi le
Comté, Scir ou Gâ les possédait-il à son tour, à un plus haut
degré : il administrait alors la justice entre une Marche et
une autre Marche, aussi bien qu'entre deux hommes qui en
faisaient jDartie. Si les anciens et les chefs de la Marche pou-
vaient arrêter le mode de conduite des affaires intérieures de
leur district, de même les anciens et les chefs du Gâ, pou-
vaient décider des causes plus importantes, intéressant toute
la communauté. Ainsi, le Scirgemot ou Shiremoot, se trouve
être le complément du système dont le Mearcmôt n'était que
la fondation. Comme les moindres unités avaient des disposi-
tions communes pour la célébration du culte, ainsi les céré-
monies religieuses d'un caractère plus solennel, et auxquelles
toutes les Marches prenaient part, se céléhraient-elles sous
les auspices et par l'autorité du Gâ. Ce gouvernement assu-
rait donc tous les services publics, dont il répartissait les
charges, avec égalité, entre tous les groupements composant
le Gâ.
Toutes ces grandes manifestations religieuses étaient
accompagnées de la tenue d'assises solennelles, placitum,
Ding, trois fois par année, alors que tous les hommes de la
Marche s'assemblaient sans armes, pour délibérer des inté-
rêts communs. Quand il s'agissait de questions graves dont
la solution ne pouvait être différée, les chefs avaient le droit
de convoquer le Ding, de leur propre initiative, et dans cette
assemblée, on prenait toutes mesures propres à sauvegarder
lhonneur et la sûreté communs. Par voie de conséquence, le
Gâ devait être propriétaire des territoires nécessaires à l'édi-
fication des temples ; à l'élevage des animaux destinés aux
LES SAXONS EN ANGLKTKRRE 51
sacrifices ; à l'habitation des prêtres ; à l'érection des rem-
parts ; à la construction des lieux où le Ding devait se réunir.
De plus, s'il existait un territoire n'entrant pas, pour quelque
raison particulière, dans les limites d'une Marche, il est pro-
bable que celui-ci devenait la propriété publique du Gâ,
c'est-à-dire de toutes les Marches fédérées et indivises : cette
induction peut être justifiée par les droits exercées plus tard
sur les territoires inhabités, par l'autorité du duc, du comte
ou du roi.
C'est plutôt la nécessité des faits qui commandait le siège
delà juridiction du Gâ : peut-être, çà et là, quelque Marche
puissante, déjà en possession d'un territoire consacré, attirâ-
t-elle dans ses limites ceux qui s'étaient établis à l'entour
d'elles. Mais comme la possession et la conservation du siège
du Gouvernement, comportaient, pour ceux qui en étaient
investis, certains privilèges et certains avantages matériels,
il est à supposer qu'au cas de réunion de Marches égales en
territoire et en puissance, les lieux consacrés aux temples,
étaient hors de la propriété particulière de chaque Marche.
Ainsi, au sommet d'une succession de collines, dont les val-
lées suffisaient à la culture des hommes de la Marche ; près
de la source des torrents ; au point où se rencontraient les
frontières de deux ou trois communautés, s'étendaient les
lieux choisis pour rassemblée des hommes libres, dans la
clarté des prairies, et à l'ombre des chênes vénérables.
Les chroniques saxonnes, durant la période antérieure au
règne d'Alfred, semblent n'avoir connu que les divisions
anciennes du territoire ; Gantwaraland, Westseaxan, Sùd-
seaxan, Eâstseaxan, Middleseaxan, Wessex, Sussex, Essex,
Easténgle, Wilsaetan, Dornsaetan, Sumorsaetan. Mais après
les temps d'Alfred, les différents manuscrits des chroniques
adoptent généralement le mot Scir; ainsi trouve-t-on : Bear
ruecsir, Bedanfordscir, Buccingahàmscir, Defenascir, Deôra-
Tri
BEOWULF
byscir, Oxnafordscir, Scrobbesbyrigscir, Wigraceasterscir,
Wiltunscir.
Les (las, (jiii n'étaient que des corps politiques furent rapi-
dement absorbés dans les sbires, les royaumes, et s'y perdi-
rent. Les Marches qui avaient une existence propre, passè-
rent facilement d'un système d'agrégation à l'autre, sans
rien perdre de leur caractère essentiel.
Un document très important, a été communiqué dans son
Glossaire par Sir Henry Spelman. Cette pièce d'une haute
antiquité, et connue sous l'appellation à' Hid a, se rapporte à
l'établissement des impôts, ou à la levée de forces militaires
dans le royaume : elle donne le nombre d'hectares conte-
nus dans les divers districts :
Myrcna continet
Wokensetna
Westerna
Pecsetna.
Elmedsetna
Spalda .
Wigesta .
Herefinna
Sweordora
Eysla . .
Hwicca .
Wihtgara
Noxga gâ
Ohtga gâ
Hwynca .
Cilternsetna
Hendrica.
L'étendue de laMercie, de l'Eastanglia, et de Wessex, fait
remonter ces évaluations à une période antérieure à celle
30.000
Lindesfarona con
-
7.000
tinet . . . .
7.000
7.000
Sud Gyrwa .
600
1.200
Nord Gyrwa .
600
600
East Wixna . .
300
600
West Wixna . .
600
900
Unecunga . . .
1.200
1.200
Arosetna . . .
600
300
Fearfinga . . .
300
300
Belmiga .
600
300
Wideringa .
600
600
East Willa . .
600
5.000
WestWilla .
600
2.000
East Engle .
. 30.000
7.000
East Seaxna .
7.000
4.000
Gantwarena .
. 15.000
3.000
Sud Seaxna .
7.000
West Seaxna .
. 100.000 (1)
1. La somme totale est de 243.600 hectares.
LKS SAXONS EIN ANGLETERRE 53
d'Alfred. Caria Mercie, avant les guerres danoises, dut cer-
tainement contenir plus de 30.000 hectares, alors que l'East-
anglia n'eu pouvait renfermer autant, avant rétablissement
des Danois de Gudorm.
Encore est-il difficile de croire que le Wessex, abstraction
faite de Kent et du Sussex, ait été d'une contenance de cent
mille hectares dans les comtés de Surrey, Hampshire,
Dorset, Wiltshire, avec des parties du Berkshire, de Somer-
set et Devon, bien avant le temps d'.Edelstân (1). Il y a des
différences notables entre les chiffres de ce document, et
ceux qui sont donnés par Bède : ainsi, la Mercie à laquelle le
chiffre de trente mille hectares est attribué, n'est citée
qu'avec douze mille hectares dans l'Histoire Ecclésias-
tique (2) ; dans notre document, Hwiccas est porté pour trois
cents hectares, et pour six cents, dans Bède ; Wigesta pour
six cents dans l'un, et pour douze cents dans l'autre.
Il est cependant impossible de mettre en doute que le plus
grand nombre de ces noms du document, ne soient véritables,
et n'appartiennent à la plus haute antiquité. On retrouve un
petit nombre d'entre eux dans les pages d'auteurs très
anciens : ainsi, Gyrwa, Elmet, Lindisfaran, Wihtgare et
Hwiccas, sont mentionnés par Bède, au vme siècle. Et il en
est quelques-uns qu'on peut identifier avec des districts
modernes.
La Mercie dut être vraisemblablement, la partie du
royaume de Burgred que les Danois vainqueurs, en 874, ren-
dirent tributaire de Ceôlwulf : ce territoire tomba, par la
suite, entre les mains d'Alfred, par le traité de Wedmor,
en 878, et fut érigé par lui en duché, dont la souveraineté
appartint à sa fille .Edelflâed, et à l'époux de celle-ci.
1. Vers l'an 647, le Wessex comprenait 9.000 hectares.
2. Ilist. EccL, 111,21,
54 BEOWULF
Wokcnsctna a pu être le Gâ dos Wrocensetans, peuple éta-
bli autour de la campagne <b Somerset, Dorset et Devon.
Les Pecselaus paraissent avoir été les habitants du Peakland,
ou Derbyshire ; les Elmedsetans, ceux d'Elmet, district indé-
pendant du Yorkshire; les Lindisfarans, ceux de Lindisse,
portion du Lincolnshire. Les parties Nord et Sud de Gyrwa*
étaient sans doute dans la Marche, comprise entre l'Eastan-
glia et la Mercie. Les Hwiccas occupèrent le Worcestershire
et le Gloucestershire, et peut-être s'étendirent dans le Here-
fordshire. Les Wihtgaras furent les habitants de l'île de
Wight, et les Gliternsetans gagnèrent sur les Chilterns, les
territoires s'étendant vers Oxfordshire, dans la Marche entre
la Mercie et le Wessex.
Il paraît difficile de pousser plus avant ces identifications,
et de donner une liste, même incomplète, des Gâs anglais,
ceux que l'on peut connaître géographiquement, n'étant pas
mentionnés par les auteurs. Ainsi on ne trouve pas trace du
Tonsetan, dont le district s'étendait sur les rives de la
Saverne ; du Meanware, ou terre des Jutes, dans le Hamp-
shire ; du Merseware, dans le West Kent; ou des Gedingas
qui occupaient une partie de la province de Middlesex. Ces
divisions renfermées elles-mêmes, dans des circonscriptions
plus larges de notre document, prouvent suffisamment que
les noms des Gâs étaient de beaucoup plus nombreux que
ceux énumérés dans la liste, et Ion peut arriver aux conclu-
sions suivantes.
L'origine du Gâ, par l'union fédérale de deux ou plusieurs
Marches, se reporte à des périodes préhistoriques : la divi-
sion en Shires, est d'une détermination presque aussi diffi-
cile que la précédente. Mais il est manifeste que quelques
divisions en Shires, étaient connues dans le Wessex, à la fin
du vne ou au commencement du vme siècle, puisque la loi
d'Ini prévoit le cas. où un plaignant ne peut obtenir justice
LES SAXONS EN A.KGLETERBE 55
<îe son shireman, ou juge (1); et le même prince déclare
que si un ealdorman se rend coupable de haute trahison, il
sera déchu de l'administration du Shire (2) ; par ailleurs, il
fait défense à tout homme du Shire, de quitter son district,
sans l'autorisation de son seigneur (3). La juridiction territo-
riale étant inséparable du rang de duc ou d'ealdorman, le
Shire apparaît avec son établissement, et avec la consolida-
tion du pouvoir royal. Aussi longtemps que des associations
d'hommes libres furent capables de sauvegarder leur indé~
pendance, d'administrer leurs propres affaires, de défendre
par leurs armes et par leurs alliances, leurs territoires et
leurs droits, l'ancienne division des Gâs dut subsister. Mais le
conquérant venu, fît gouverner ces districts par ses propres
officiers, pour l'administration, la justice, le service militaire,
et il voulut substituer l'unité territoriale aux liens de l'anti-
que fédération, et cette centralisation nouvelle ne pouvait
s'appliquer qu'à un état social déjà très éloigné des traditions
de famille, et de la constitution d'un peuple en clans ou en
tribus. Les membres du Gâ s'assemblaient en hommes libres,
sous les auspices de leurs chefs naturels, et constituaient
une unité assez peu cohérente, que menaçaient d'autres col-
lectivités analogues. Le Shire était une division politique,
présidé par un officier déterminé, et ne formant qu'une par-
tie d'un système général de gouvernement, dépourvu, non
seulement de la pleine souveraineté, mais encore de toute
autonomie : on peut imaginer le Gâ, et non le Shire décla-
rant la guerre à des peuples voisins. Avant que le Gâ pût se
maintenir, comme petite république, comme principauté, ou
môme comme royaume, son indépendance fut, en fait, res-
1. Ini, §, 8, Thorpe, I, -106
i. Ibid., § 36, I, 124.
3. Ibid.AM, I, 126,
56 BEOWULF
pcctée. Mais avec l'extinction des races royales, avec la dis-
parition des représentants des familles héroïques, les peuples
et les terres furent absorbés par d'autres unions, se fondi-
rent dans des monarchies plus puissantes, et ce nouvel état
de fait fut consacré par la création des districts, basés sur la
seule division territoriale. De pareils districts, sans carac-
tères propres, sans principe d'union intérieure, apparais-
saient moins dangereux au vainqueur que ces anciennes
collectivités belliqueuses, ardemment éprises de liberté.
CHAPITRE IV
La possession du territoire. L'Edel, Hi'd ou Alod
La propriété dune certaine étendue de terres dans le dis*
trict était la condition indispensable pour jouir des privilèges
et des droits d'un homme libre (1). Cette notion diffère de
celle de l'antiquité, d'Athènes ou de Rome. Les Germains
n'ont formé qu'une association volontaire, sur un territoire
déterminé, pour une exploitation, et en vue d'un avantage
communs. Les distinctions de naissance n'existaient pas,
attendu que les gelondan, ou ceux occupant le même terri-
toire, sont réputés consanguins du fait de leur admission
dans la communauté. On imagine peu, des recherches sur
l'ascendance d'un homme qui avait partagé les périls des
conquêtes et de l'établissement d'une tribu, et on les imagine
moins encore, dans les travaux de la paix, et dans la jouis-
sance des fruits de la victoire.
En fait, les établissements germains, isolés ou collectifs,
1. « Ut nullum liberum sine mortali crimine liceat inservire, nec de
hœreditate sua expellere ; sed liberi, qui iustis legibus deserviunt, sine
impedimento hœreditates suas possideant. Quamvis pauper sit, tamen
libertatem suam non perdat, nec hœreditatem suam, nisi ex spontanea
voluntate, se alicui tradere voluerit, hoc potestatem habeat faciendi »,
Lex. Alam, tit. I, cap. I, Lex. Baiovar, tit. 6, cb. III, § I, Eichorn>
l, 328.
58 BEOWULF
à Leur origine, se fondent sur le principe de la propriété
commune du sol. Et ce n'est point la cité, dans l'acception
antique du mot, qui règle leur genre de vie, et leurs institu-
tions sociales, mais la nature môme du pays qu'ils occupent.
Tacite n'écrit-il pas, qu'il est bien connu qu'aucune des popu-
lations germaines n'habite dans les cités ; qu'elles ne peu-
vent élever de maisons se touchant ; qu'elles vivent séparées,
et que chacun s'établit près de la forêt dont l'ombre l'attire,
ou de la fontaine dont il cherche la fraîcheur (1)? Ainsi la
communauté germaine est attachée au sol, adstricta g/ebœ.
Ses membres se partagent la terre arable, les forêts, les
marais, les eaux,- les pâturages. Leur bien réel est la posses-
sion indivise du territoire, et l'intérêt que chacun trouve
dans ce mode de propriété.
Le sol du district occupé par un corps de nouveaux colons,
était divisé entre eux dans des proportions variables (2). Il
demeure néanmoins certain que tout le territoire n'était pas
distribué : on procédait au lotissement des parties de terre
arable, nécessaires à la culture et à l'entretien de chaque
colon, et le surplus demeurait à l'état de propriété indivise.
Ainsi s'étendaient, comme il a été dit, ces espaces considé-
4. Tacit., Mor. Germ., ch. XVI.
2. Les rappels de ce mode de distribution sont nombreux : Hengest,
après avoir occupé le territoire des Frisons, le distribue, dans Beowulf, à
ses compagnons (Beow., v. 2.187, 2.251). La loi burgonde qualifie ainsi
la terre héréditaire : « Terra sortis titulo acquisita » (Lex. Burg., tit. I,
ch I, II), Eichorn., I, 360, 400. Godred ayant soumis les Manxmen,
répartit leur territoire entre ses soldats : « Godredus sequenti die obtio-
nem exercitui suo dédit, ut si mallent Manniam inter se dividere, et in
ea habitare ; vel cunctam substantiam terne accipere, et ad propria
remeare », Chron. Manniae (Cott Ms. Jul. A. VII, fol. 32). Quand on
transporta à Durham les reliques de Saint Cudberht, on abattit la forêt
qui couvrait le lieu saint, et le terrain en fut divisé par lots : « eradicata
itaque silva, et unicuique mansionibus sorte distribuas », Siméon, Hist.
Dunelm Eccl., § 37.
LES SAXONS EN ANGLETERRE oO
rabies <*t demeurés incultes, ({ni formaient Les Marches, ou
défenses dos diverses communautés. Mais la propriété d'un
homme à la terre indivise, dépendait de sa part préalable
dans le sol arable, de même qu'à Rome, le patricien retirait
par Vhaeredium, des droits de beaucoup plus étendus que
ceux de son seul héritage. Sans participation à la propriété et
à la jouissance de la terre arable, l'homme ne devenait pas
membre de l'Etat : et de cette possession découlaient et sa
franchise, et ses droits politiques. Celui qui n'avait point eu
part à la terre, n'était pas réputé libre : il ne pouvait se pré-
senter aux assemblées des hommes libres, pour y défendre
ses intérêts, mais il demeurait en sujétion, en vassalité,
dans la mund, — et littéralement, — dans la main d'autrui.
Le mot primitif qui désigna ces parts du sol, fut celui de
Hlyt {sors, x)»ftoo;) ; — les mots courants qui répondent à ce
sens, en anglo-saxon, sont Higid (1) (Hid par contraction), —
et Hiwisc. Les équivalents de ces mots, que Ton rencontre
dans les chroniques et danc les chartes, sont : familia, cas-
sattis, mansus, mans a* mansio, manens, terra tributarii. Les
mots Hid et Hiwisc ont un sens presque identique : leur éty-
mologie doit être recherchée dans Higan, Hiwan, la famille,
l'homme et la femme, et ce sens concorde bien avec les ter-
mes latins, familia et cassatus (2). L'Hid est donc la pro-
priété d'une famille, et l'étendue de terre arable possédée
par elle, et nécessaire à sa subsistance (3).
11 est évident que cette surface varie, selon les conditions
du sol et d'autres contingences, telles que le climat, l'accès
des eaux et des terres, la propriété des Marches et des forêts.
Si donc l'Hide comprenait un nombre d'ares déterminé, il
1. Cod. dipL, n° 240.
2. Gf Espagnol : casado.
3. « Hida autem Anglice vocatur terra unius aratri cultura sufficiens
per annum », Henry of Huntingdon, liv. VI, an. 1008.
60 BEOWULF
devait arriver qu'en des lieux moins favorisés, et où la cul-
ture était moins intensive, un hommme libre possédât, pour
sa subsistance, plus d'étendue territoriale que son voisin
établi sur un sol plus fortuné, dans la Marche voisine. Au
demeurant, le territoire seul de la collectivité était délimité
avec précision ; les lots départis aux individus étaient de con-
tenance variable.
Cependant il est certain qu'il existe une moyenne de super-
ficie des Hides, qu'on retrouve généralement dans les chiffres
donnés par les chroniqueurs. Et il y a peu de raison de
croire que ces chiffres aient changé avant la conquête nor-
mande, et la compilation de Domesday (1). Les tribus ger-
maines du continent, durent avoir quelque unité de mesure
territoriale, qui présidait au lotissement du sol, parmi toutes
les tribus.
Cette mesure dut être l'acre (2) (0,404671 hectare). Dans
le dialogue attribué à iElfrie, le laboureur ne s'écrie-t-il pas :
« ac geiûcodan oxan and gefaestnodan sceare and cultre
mit dâere syl aelce daeg ic sceal erian fulne aecer odde
mare » : (( ayant mis mon bœuf sous le joug... je dois labou-
rer tous les jours, l'espace d'un acre, et même davantage.... »
Selon Bède, l'ile de Wight contenait 1 .200 hides, ou famil-
les, et l'ile contenant 86.810 acres, la superficie de l'hide de
chaque famille, devait être de 72 acres 1/3 (3). Thanet, au
dire du même auteur, comprend 600 hides, et 23.000 acres ;
le pays de Kent, 972.240 acres, et 15.000 hides. L'hide était
donc pris sur la terre arable : il constituait la mesure de
l'alod, ou édel-possession, héritée ou individuelle : c'était le
xXvJpoç, le lot, la part du premier colon. L'hide comportait la
1. Bède. Hist. EccL, I, ch. I, 15 : « iuxla mensuram Anglorum ».
2. Acera braéde, l'espace de trois acres (Leg. .Edelst, IV, 5) ; « acrae
latitudine » {Leg. Hen., I, ch. XVI).
3. Hist. EccL, IV, 16.
LES SAXONS EN ANGLETERRE 61
possession d'une charrue, et sa culture devait pourvoir à la
subsistance dune famille ou lliwisc.
Cet entretien était il ainsi assuré ? Il est permis de le
croire, car au vm° siècle, 150 bides, suffisent à nourrir
000 moines dans Yarrow et Wearmouth (1) ! Le possesseur
d'un bide de terre, devenait indépendant, et investi de droits
politiques : s'il trouve un débouché aux produits de sa cul-
ture, il peut s'enrichir par l'épargne, après avoir nourri sa
femme et les siens ; après avoir entretenu le bétail, les porcs
nourris de glands, et le serf laboureur. Bien qu'éclairé par
un ciel moins clément que celui de Grèce ou d'Italie, T An-
glo-Saxon, par l'étendue du territoire qui lui est dévolu ; par
son endurance à la fatigue ; par la simplicité de ses mœurs
et l'absence de tous besoins, se trouve plus riche, en ses sites
sauvages, que les compagnons de Romulus, ou que le paysan
d'Athènes.
1. Anon. Abb. Gyrv)., % 33.
CHAPITRE V
Le rang personnel. L'homme libre. Le noble
Le rang personnel chez les Anglo-Saxons, apparaît insépa-
rable de la possession delà terre.
Ce principe est développé dans Tacite, qui ne parle pas
seulement de nobles, mais encore de rois, de princes et
d'autorité transmise par héritage (1). L'histoire la plus
reculée d'Europe, telle qu'on la peut connaître, est sans
exemple d'une période où il n'y ait eu ni hommes libres, ni
nobles, ni serfs, et dans la succession des âges ces distinc-
tions ne font que se préciser et que se développer, et toute
donnée en dehors de ces faits acquis, n'a jamais que la valeur
d'une conjecture. Sans doute le premier Germain a-t-il pu
être prêtre et seigneur en sa propre maison, mais encore
fallait-il qu'il vécût sous une forme de gouvernement, civil
ou religieux, ou présentant, peut-être, ce double carac-
î. Les Ghérusques, cherchant un roi, envoient demander à Rome, un
descendant d'Arminius (Tacit., An., XI, 47). « Reges ex nobililate, duces
ex virtute sumunt » (Tacit., Germ., VII). % Magna patrum mérita principis
dignationem etiam adolescentulis assignant (ibid., XIII). Les Hérules, en
Illyrie, ayant tué leur roi, envoyèrent demander à leurs frères de Thaïe
(Scandinavie), un descendant de sang royal : pendant l'absence de
celui-ci, ils acceptèrent un autre roi, du choix de Justinien. Mais ils
déposèrent ce dernier et rejetèrent l'alliance romaine, à l'arrivée du
prince qu'ils avaient demandé (Procop. Bell. Got., II, 15).
LES SAXONS EN ANGLETERRE 63
tère L), ei cela pour son plus grand bonheur individuel et
social.
Tout le sujet se ramène à ces deux points de vue dans
lesquels on considère l'homme primitif : vivant seul avec sa
famille, ou vivant avec elle, allié à d'autres membres qui
partagent la même existence dans l'état.
11 est difficile de concevoir une société dans laquelle,
chaque famille vit isolée, sans nul rapport avec celles qui
l'environnent : et même, en supposant qu'un pareil état de
fait fut possible, il évoluerait, sans doute, vers le système
patriarcal où le membre le plus âgé de la famille, devient le
chef de celle-ci. Mais de pareilles conditions sociales ne pou-
vaient durer que pendant un temps déterminé, et en ce qui
touche les tribus germaines, elles ne paraissent avoir pro-
cédé à leur établissement pacifique sur le sol conquis,
qu'après avoir réalisé, au préalable, une sorte d'organisation
militaire et hiérarchique sur laquelle reposait leur constitu-
tion. Et l'état de famille isolé, ne peut se prolonger par
l'extension nécessaire des relations de voisinage ; par le
besoin d'échange. L'idée d'état, elle-même est exclusive de
cette notion ; dans l'état naissant à la civilisation, l'homme
n'existe qu'en tant que membre de l'état, et ce n'est qu'en
cette qualité, qu'il peut exister comme homme. Il ne crée pas
plus l'état que le langage qu'il parle : il naît à tous deux,
et sans eux, n'a point d'existence sociale et juridique.
Quand un nombre de maisons indépendantes sont disper-
sées sur l'étendue du territoire, il advient que des accords
interviennent entre elles pour l'exploitation des bois, pour
la jouissance des eaux et des terres communes, incultes. Ces
1. Môser, Osnabrùckische Geschichte (1780). fer Absch., §8 : « Solche
cinzelne wohner waren Pricster und Kônige in ihren Haùsern und Hof-
marken ». Cf. Tacit., Germ., X.
64 BEOWULF
accords peuvent même avoir pour base et pour consécration,
des cérémonies religieuses. Mais en dehors de ces questions
d'ordre économique, il ne peut y avoir entre elles, d'union,
ni de mutuelle dépendance : chaque tribu solitaire est par
elle-même un état, possédant le jus belli.
Dans sa propre maison, chaque homme peut se faire légis-
lateur, et édicter arbitrairement des lois, d'après certains
principes généraux, communément reçus de ses voisins. Il
peut avoir un culte domestique dont il sera le prêtre (1), et
que ses voisins ne reconnaissent pas. Ceux-ci, s'il trouble
leur jouissance, pourront le tuer ou l'asservir, s'ils en ont la
force et les moyens; s'il s'enrichit, ils pourront le dépouiller,
et cela, jure belli, car ici, le jus imperii ne saurait être con-
sidéré.
Mais ce ne peut être là, l'état normal de l'homme. L'évo-
lution instinctive vers la civilisation, est contraire à cet état
statique, ainsi que le désir instinctif de garanties mutuelles,
de sécurité et de paix. La production des subsistances est la
première application de l'activité de l'homme, puis apparaît
la tendance à assurer et à défendre la possession accumulée.
Cependant que la terre et les eaux suffisent à l'entretien de
la population, les institutions propres à la paix, vont préva-
loir. Mais dès que par les difficultés naturelles à vaincre, ou
par la rareté des subsistances, le clan devient conscient de
son individualité et des empiétements possibles de ses voi-
sins, il veut substituer à l'état pacifique, un état de force et
de défense.
Quelques-unes des institutions inspirées par l'effort vers la
réalisation d'un état social civilisé, avec le moindre sacrifice
des libertés individuelles, telles que le Wergild, le Frank
4. « Si publiée eonsuletur, sacerdos eivitatis, sin privatim, ipse pater-
familias, precatus Deos.. », Tacit., Germ.. X.
LES SAXONS EN ANGLETERRE 65
Pledge, seront étudiées on lour place. Nous nous limitons,
en ce chapitre, à l'examen du rang personnel ; et comme le
((Mitre ël la base du système social teuton, tout entier, est
l'homme libre, pris individuellement, c'est par lui qu'il faut
commencer notre étude.
Les divisions, entre les éléments de toute société humaine
primitive, sont faites entre les hommes libres, et ceux qui ne
le sont pas (1) ; entre ceux qui peuvent se protéger eux-
mêmes, et ceux qui doivent être sous la protection d'autrui.
Ces distinctions se retrouvent jusque dans la famille, où la
femme et le fils ne sont pas libres, par rapport au mari et
au père : ils sont dans sa mund (sa main). De cette mund le
fils peut être émancipé, mais non la femme ou la fille : cel-
les-ci ne peuvent qu'en changer : la femme, du fait de la mort
du mari ; la fille, par le mariage. Dans les deux cas, la
mund est une puissance transmise en d'autres mains (2).
A l'origine, l'homme libre est celui qui possède assez de
terre pour être nourri en la cultivant, et des armes pour
défendre sa possession. Marié à une femme libre qui partage
ses fatigues et régit sa maison, il devient le fondateur d'une
famille, la première unité dans l'état. Le fils, né de cette
union, complète la famille, et reçoit de ceux qui l'ont engen-
dré, et leur sang, et les droits qu'ils ont acquis. C'est ainsi que
par sa descendance, la famille devient la base même de
l'état.
L'union d'un plus ou moins grand nombre de maisons, sur
le territoire qui suffit à leur subsistance, pour la garantie de
leurs droits civils égaux, constitue l'état lui-même : la pre-
1. « Summa itaque divisio personarum haec est, quod omnes hommes
aut liberi sunt, aut servi », Flcta, liv. f, ch. I « Est autem libertas
naturalis facilitas ejus, quod cuique facerc libet, nisi quod de jure aut vi
prohibetur », ibid., ch. II.
2. Cf. Flcta, liv. I, ch. V, VI, VII, IX.
Of) KKOWULK
mière communauté n'est-elle pas, en effet, formée par l'union
d'hommes libres qui veulent s'entr'aider, et qui sacrifient
chacun une part de leur liberté individuelle pour que les
idées d'état, d'ordre légal et de gouvernement, soient prati-
quement réalisées ?
L'homme libre est qualifié man, ceorl, mas, maritns; wae-
pned man, armatus ; après l'établissement de l'esclavage, il
est dénommé pour accuser la distinction sociale dont il jouit,
free, frigman, fribals, c'est-à-dire free neck, cou libre, la
main d'un maitre n'ayant pas ployé son cou (1) : mais la
dénomination la plus ancienne et la plus pure de l'homme
libre, est ceorl. Jusqu'à une période très avancée, la loi
anglo-saxonne ne connaît pas d'autre distinction que celle
de ceorl et d'eorl (2). Le Vieux Rigsmal, consacré à l'origine
des races, regarde Karl, comme le prototype de l'homme
libre. Ses fils sont Haïr, en anglo-saxon, Haele, vir ; Drengr,
en anglo-saxon, Dreng, vir ; pegen, en anglo-saxon, pegn,
vir fortis, miles ; Hôldr, en anglo-saxon, hold, pugil, fide-
lis ; Bui, en anglo-saxon, gebûr, colorias ; Bondi, en anglo-
saxon, bonda, colorais ; Smidr, en anglo-saxon, Smid, faber ;
Seggr, en anglo-saxon, Secg, vir. Parmi les filles de Karl,
on cite Snôt, Brûdr, Fliod et Wif. La plupart de ces termes
ont longtemps survécu, pour distinguer, chez les Saxons, les
diverses classes d'hommes libres.
Les droits de l'homme libre sont les suivants. 11 possède
une terre dans les limites de la communauté, l'edel, ou ter-
ritoire héréditaire (xXripoç, haeredium, hyd) et du fait de
cette possession, il devient une partie intégrante de la com-
munauté; il se trouve astreint aux obligations que celle-ci
impose, et il bénéficie des privilèges qu'elle lui consent. Ces
1. « Swâ eâc we settad be eallum hâdum, ge ceorle, ge eorle », Leg .
Mlf., §4.
2. Cf. Grimm, Deut. Rechtsalt.^ 283.
LES SAXONS EN ANGLETERRE 67
droits, tout en lui étant personnels, son réels en ce sens qu'il
sont attachés à la terre dont il a la possession : et c'est par
celle-ci qu'il a le droit de vote, dans toutes questions rela-
tives aux intérêts généraux de la collectivité : élection du
juge, du chef militaire, ou du roi ; maintien de la paix ou de
la guerre avec une communauté voisine ; abrogation des lois
anciennes, ou promulgation des lois nouvelles; admission de
voisins, hommes libres, à la participation des droits et des
privilèges du district.
L'homme libre doit encore assister aux cérémonies du
culte ; au conseil public, ou Ding ; satisfaire aux services
militaire et judiciaire. 11 a toute liberté de contracter des
alliances personnelles ; de s'unir avec d'autres hommes
libres pour former des gi/ds, ou associations religieuses ou
politiques. Il peut même, s'il le veut, s'attacher à quelque
lord ou patron, et renoncer ainsi aux obligations et aux pri-
vilèges de l'état de liberté. Il peut partir où il veut, avec
sa famille, et personne ne doit l'en empêcher, ni le suivre.
Mais il doit effectuer son départ en plein jour et publique-
ment, afin que les tiers ayant des droits contre lui, puis-
sent les faire valoir, avant qu'il n'aille s'établir en d'autres
lieux (1).
L'homme libre peut posséder et porter des armes : il est né
avec cette capacité juridique et militaire : schildbùrtig ; il
s'en revêt en toutes occasions ou publiques, ou privées (2) ; il
doit s'en servir pour la défense de sa vie et de son honneur :
car il jouit du droit de guerre privée, et seul, ou avec l'aide
de ses alliés, il peut se battre, si bon lui semble. Ce droit,
t. « Si quis liber homo migrare voluerit aliquo, potestatem habeat
infra dominium regni nostri, cum l'ara sua, migrare quo voluerit »,
Leg. Roth., 477. Cf. Grimm, Deut. Rechtsalt ,286.
2. « Nihil neque publicae neque privatae rei nisi armati agunt », Tacit.,
Germ., XII 1.
68 &EOWULF
techniquement, est dénommé fâehde* feùd\ dérivé de l'a,
inimicus\ fâedhe beran, signifie supporter le feud, c'est-à-
dire, les conséquences du droit de guerre. S'il se sent assez
fort pour s'assurer la solution violente dun litige, il peut
attaquer, emprisonner, et même massacrer son adversaire,
mais alors il s'expose aux représailles des parents et des alliés
de sa victime.
En dehors de ses armes, l'homme libre porte ses cheveux
longs, comme signe de sa liberté, et comme ornement, flot-
tants sur ses épaules, ou nattés autour de sa tête (1).
La mesure même de sa valeur sociale, l'attestation et la
défense de celle-ci sont comprises dans le Wergyld, ou prix
de f homme. Sa vie, son corps, les dommages qu'on peut lui
causer, ceux qui dépendent de lui, sa propriété sont prévus,
décrits, garantis et limités ; et bien qu'il ne jouisse pas des
privilèges du noble, l'homme libre demeure, toutefois, de
condition supérieure à celle de l'étranger, du serf ou de
l'affranchi. De telle sorte que ses terres, sans être exemptes
d'impôts, sont moins grevées que celles de ceux qui n'ont pas
la liberté. De plus, il possède un droit de jouissance des
forêts et des eaux communes, que les hommes non libres
n'étaient point appelés à partager.
L'homme libre a donc part au gouvernement de la col-
lectivité, en exécutant lui-même, et en faisant exécuter les
lois qui régissent et les hommes libres, et ceux qui ne le sont
pas. Ce faisant, il consent à la loi une obéissance volontaire,
pour vivre sous son bienfait, dans une communauté politique
pacifiée.
En cet état de choses, le noble appartient à la classe des
1. « Gif freo wif, locbore, lyswaes hwaet gedô », Lex. /Edelb., §73.
L'homme libre était déshonoré si on lui coupait sa chevelure, Lex. /Elfr.,
% 35. Cf, Grimm, Deut. Recàtsalt., pp. 2i0, 283. Eumenius parle des
Francs, comme « prolixo crine rutilantes »,Paneg. Constant, en. XVIII,
LES SAXONS EX ANGLETERRE 69
bommes Libres : il sort d'elle, et il est sujet aux mêmes droits,
privilèges et obligations, mais à des degrés différents, puis-
qu'il possède certains avantages dont L'homme libre ne jouit
pas. Comme ce dernier, il est possesseur réel du sol, dans
le district, mais sans doute, son lot était-il plus étendu que
celui de ses voisins, et moins grevé d'impôts. Il participait
au Ding, p/acitam, mais avec les hommes de sa classe ; il
avait l'initiative et la direction des affaires publiques, et il
exécutait ce qui avait été décidé, du consentement général (1).
Le peuple entier peut élire, mais le noble seul jouit de
l'éligibilité aux fonctions de prêtre, déjuge, ou de roi. Le
prix de sa vie est plus élevé, dans le wergyld, que celui de
l'homme libre. Il est une unité dans la masse ; le repré-
sentant de la souveraineté, tant à l'intérieur qu'au dehors.
Son pouvoir tend à s'accroître, alors que celui de l'homme
libre va toujours en se restreignant, avec les empiétements
de la noblesse.
Le nom distinctif du noble est Eorl, ^Edele, nobilis et
Rice, potens, et il porte encore d'autres titres se rapportant,
aux fonctions dont il est investi, ou aux détails et aux quali-
tés de son rang social : ainsi, ealdor, ealdorman, princeps ;
wita, weota, consiiiarius ; senior ; procer ; melior. Et il
convient de rappeler qu'en dehors de ses privilèges per-
sonnels, le noble possédait dans toute leur plénitude, les
droits de l'homme libre, de la classe à laquelle il appartient,
et dont il n'est, au demeurant, que l'ordre le plus élevé.
I. « De minoribus rebus principes consultant; de majoribus omnes.
ïta tamen utea quoque quorum penes plebern arbitrium est, apud prin-
cipes pertractentur », Tacit., Germ., XI.
CHAPITRE VI
Le Roi
Le Roi, est, par rapport au noble, ce que le noble est à
l'homme libre. Il est au sommet de la hiérarchie de l'ensem-
ble de la classe d'hommes libres. Au début de l'histoire teu-
tone, on trouve des tribus et des nations soumises à la domi-
nation des rois. Les peuples libres regardent leur roi comme
la personnification de l'unité nationale, comme le représen-
tant de toute la nation, et comme un médiateur entre eux-
mêmes et les dieux (1). La royauté élective est la sauvegarde
de la liberté du peuple ; et le principe monarchique est chez
celui-ci, dépendant de sa nationalité.
Chez les Germains primitifs, les habitants de la Marche ou
du Gâ, quelque nombreux ou rares qu'ils puissent être, doi-
vent toujours pourvoir à la double nécessité de la paix et de
la guerre.
Mais la paix est Tétat naturel ou normal, en vue duquel
la guerre elle-même existe, et les institutions proj)res à
la guerre sont l'exception, et non la règle. D'où il résulte que
les attributions sacerdotales et judiciaires du roi sont perma-
i. Dans la tradition des Suédois, si les dieux manifestaient leur colère
au peuple, par des défaites ou des calamités, le sacrifice le plus agréable
qui pût leur être offert, était celui du roi. Cf. Gugling, Sag., ch. XVlïI
(Laing, I, 230); ch. LXVII (I, 256).
LES SAXONS EN ANGLETERRE 71
nentes ; que ses fonctions militaires sont temporaires, et
dépendent des faits qui les commandent. Les premières
fonctions réunies dans une même personne, ou divisées entre
plusieurs autres, sont les conditions nécessaires à l'existence
de l'état, en tant que communauté ; les secondes ne s'exer-
cent libre que par intervalles, pour assurer le développe-
ment des premières, et pour défendre la communauté contre
les attaques de collectivités hostiles.
On peut admettre que le père fut le premier prêtre et le
juge, dans sa propre maison : il possède avant tous, le secret
des rites particuliers du culte familial, et son pouvoir est
encore justifié par 1 âge, l'expérience, et la dignité pater-
nelle. Mais ces principes s'appliquent aussi bien à la famille
déterminée, qu'à un agrégat de maisons : de même que le
culte familial et que la paix de la famille, exigent pour sub-
sister, l'exercice de pouvoirs particuliers, de même ceux-ci
s'imposent pour assurer le culte et la paix publics. Parmi les
chefs de famille, quelqu'un doit-être élu pour assurer ces
fonctions primordiales. Quel autre homme que le prêtre,
peut célébrer les grandes fêtes des dieux, selon le rite anti-
que ; apaiser la colère des justiciers divins ; bénir les fruits
de la terre ; chasser l'esprit malfaisant ; sanctifier l'échange
du sol, l'union de l'homme et de la femme, et la naissance
de l'enfant ? Qui peut, en sa place, administrer la justice, où
les divinités seules révèlent la vérité, et vengent le parjure ?
Quel autre guerrier pourrait, dans la tribu, posséder assez
d'autorité pour punir l'homme libre qui ne se courbe devant
la main du roi, que parce que celui-ci lui apparaît, comme
l'incarnation de la justice et de la puissance divines ? (1).
1. « Duces exemplo potius quam imperio, si prompti, si conspicui, si
ante aciem agant, admiratione praesunt. Ceierum neque animadverlere,
neque Y incire, ne verberare quidem nisi sacerdotibus permissum ; non
quasi in pœnam, nec ducis jussu, sed velut deo imperante, quem adesse
72 BEOWULF
Qui investira-t-on de ces pouvoirs reconnus nécessaires ? Le
choix du peuple se portera sur les représentants des famil-
les, dont la tradition fait remonter l'origine aux dieux parti-
culiers de chaque district, (les dieux aiment leur descen-
dance : ils ont guidé leurs premiers enfants vers la terre
fortunée, en leur donnant le secret de les apaiser et de leur
plaire ; ils les protègent par leur puissance, et ils les inspi-
rent par des révélations ; ils les instituent dépositaires de
leur volonté souveraine, et quelque chose de leur pouvoir
divin accompagne leurs héroïques descendants. Une seule
famille a pu rester longtemps en possession exclusive du
pouvoir sacerdotal, jusqu'à ce qu'une autre maison lui ait
substitué un culte nouveau, et un dieu jusqu'alors inconnu.
Quelque tribu isolée, et jouissant d'une civilisation plus
avancée, a pu s'établir parmi quelques rudes guerriers, en
leur enseignant des procédés plus parfaits de culture, une
architecture qu'ils ne soupçonnaient pas ; elle leur a dévoilé
les mystères du firmament, l'harmonie des sons, et le dieu
bienfaisant qu'elle a fait connaître est reçu dans la commu-
nauté.
Dans la tribu nouvelle se recruteront nécessairement les
prêtres du nouveau culte, car seuls ils en connaîtront les
rites et les observances, qu'ils conserveront à travers les
âges.
Dans une autre hypothèse, une élite remarquable par sa
beauté physique, son intelligence plus développée, sa plus
grande force aux armes, peut établir sa prépondérance sur
une race plus nombreuse, et moins favorisée : en augmen-
tant par des acquisitions, des conquêtes, ou par l'hérédité,
les territoires qu'elle possède, cette élite par sa supériorité
bellantibus credunt », Tacit., Germ., VII; « Diis genitos sacrosque
reges », Tacit , Or at., 12. .
LES SAXONS EN ANGLETEKUE 73
naturelle ou acquise, parviendra à constituer une race noble,
sacerdotale, et royale, parmi des hommes libres. Cette aris-
tocratie pourra imposer et sa religion, et sa forme de gouver-
nement, comme firent les Doriens dans le Péloponnèse (1).
Ou encore, s'il s'établit une entente, l'aristocratie et ses dieux
garderont le premier rang, bien que le peuple soumis con-
serve, avec quelque part au gouvernement de l'état, son
ancien culte. Et ainsi, les dieux de la nature, de la terre et de
l'agriculture, le cèdent, pour un temps variable, à la supré-
matie des dieux de l'esprit, et de la guerre : Odin reçoit les
âmes des guerriers et des hommes libres ; l'antique Dorr ne
doit plus recueillir que les âmes des serfs.
Dans tous les cas énumérés ci-dessus, et auxquels on peut
ajouter la conquête violente du pays par un corps d'immi-
grants, la famille ou la tribu qui parvient à la souverai-
neté, est celle qui l'emporte sur les autres en rang, en
noblesse, et en pouvoir. Son caractère de prédominance ne
sera pas individuel, mais général : c'est-à-dire qu'au sein de
cette tribu d'élite seule, seront choisis les titulaires des fonc-
tions sacerdotales, politiques, et judiciaires : mais, et c'est
ici qu'intervient le principe de la souveraineté populaire,
c'est le peuple qui élira librement chaque homme noble à la
charge qu'il doit remplir. Encore l'histoire présente-t-elle
d'autres exemples où deux ou plusieurs tribus nobles se par-
tagent l'autorité suprême, avec une égalité relative : deux
rois, par exemple, représentent deux tribus de Doriens, dans
la 7zo),i7£'la de Sparte. Chez les anciens Bavarois, les Agilo-
fings pouvaient seuls être revêtus de la dignité ducale, mais
trois ou quatre autres familles possédaient une noblesse par-
ticulière qui les élevait presque autant au-dessus des autres
1. Aïtîov âï... on toÔtvov riva ao£TÀ rvyyavovGU y^opcyi'M x«t (iiK^SffOat
<?vvarca u.U).mj~c/., xcù ït-u v.ù tô xpbtrovv sv itnzpoyj) ùyc/.dov Ttvèç, wars c?oxsi>
ur, ivsv ùoi-fis ii-iv.1 mjv fiîwj.. , Arist., Polit., I, 6. •
7Ï HKOWTLF
Qobles (|ue ces derniers, au-dessus du reste dû peuple. En
cet état, les attributs de la souveraineté peuvent être divisés :
on tirera dune famille les rois ou les juges; d'une autre, les
généraux ; d'une troisième, les prêtres ; ou même ces divi-
sions auront pu naître, avec le temps, au sein d'une même
famille. Encore le général a-t-ilpu être choisi, pour une guerre
déterminée, parmi les juges et les prêtres, ou même, et dans
un cas de nécessité pressante, parmi ceux auxquels leur nais-
sance interdisait l'accès des fonctions judiciaires et sacer-
dotales. Bède n'écrit-il pas des anciens Saxons du conti-
nent :
« Non enim habent regem iidem antiqui Saxones, sed
satrapas plurimos, suae genti praepositos, qui, ingruente belli
articulo, mittunt aequaliter sortes, et quemcumque sors osten-
derit, hune tempore belli ducem omnes sequuntur, huic
obtempérant ; peract ; autem bello, sursum aequalis potentiae
omnes fiunt satrapas (1) ».
Et ceci met singulièrement en lumière, cette phrase de
Tacite s'appliquant aux races germaniques en général :
« Eliguntur in iisdem consilhs et principes qui iura per
pagos vicosque reddunt » (2).
On conçoit aisément la séparation assez rapide des fonc-
tions judiciaires et sacerdotales, et même jusqu'à une date
encore avancée, elles se maintiennent unies. Le jugement de
Dieu, la répartition des lots, et la divination, sont présidées
par les prêtres et par les juges : le prêtre ne consacre-t-il
pas le lieu du jugement ? Et toutes les assemblées du peu-
ple s'ouvrent par des prières et par des cérémonies reli-
gieuses (3). La tenue du Witena-Gemôt, en des temps
1. Hîsl.Eccl.,Y, 10.
2. Germ., XII.
3. Cf. Tacit., Germ., XI. <« Ut turbse placuit, considunt armati. Silen-
tium per sacerdotes, qwibus turn et eoiercendi ius est, imperatur ».
LES SAXONS EN ANGLETERRE 75
plus rapprochés, était inaugurée par la célébration do la
messe (1). Et durant la période florissante du christianisme
chez les Anglo-Saxons, des synodes d'évêques s'ouvraient,
deux fois Fan, comme cours suprêmes de justice, en matière
civile. La loi des Visigoths, alors qu'elle reconnaît la sépa-
ration des personnes, implique la confusion de juridction :
« Si iudex vel sacerdos reperti fuerint nequiter iudicasse (2) ».
Le juge interprète donc la loi; prononce la sentence ; veille
à l'exécution de celle-ci : dans ces fonctions, il représente
aux yeux du peuple, et la justice divine, et le pouvoir collec-
tif de l'état. Ainsi peut-on conclure qu'au début, dans chaque
Marche, et plus spécialement dans chaque Gâ ou Scir, ou
dans la réunion de plusieurs Marches, on rencontre au moins
un homme, descendant d'une famille privilégiée, qui con-
duit, pendant la paix, d'une façon permanente ou momen-
tanée, les affaires publiques, et qui est confondu, dans l'esprit
du peuple, avec sa religion même, et le culte de ses dieux.
Il importe peu qu'on le dénomme ealdorman, iudex, rex,
satrapa, princeps : il est celui qui préside aux actes solen-
nels des hommes libres durant la paix, et il est bien le roi
originaire du Shire, ou petite nation. S'il est prêtre par droit
de naissance, chef de l'armée, par sa science militaire, et
juge, par l'élection, il réunit en lui-même, tous les attri-
buts de la royauté (3).
En ce cas, il ne se contentera pas d'étendre sa puissance
i . « Quadam die multi ta m nobiles quam privati primo mane ad ipsum
locum placitaturi convenerunt ; sed ante placitum, ut Presbyter eis
missam celebraret rogaverunt. At ille, qui ipsa nocte cum uxore dor-
mierat, ad sacrum altaris officium accedere formidabat ; itaque negavit
se id facturum» , Dunelm., Hist. EccL, Dun., ch. XIV, A. D. 1.045
(liv. III, ch. X, édit. de 4732).
2. Leg. Visig., II, 1, § 23.
3. « Hic etenim et rex illis et pontifex ob suam peritiam habebatur, et
in sua iustitia populos iudicabat », Jornandes.
7() BEOWULF
sur les communautés voisines, niais il s'efforcera de la ren-
dre permanente, sinon héréditaire, dans le pays même qu'il
gouverne. Les mêmes faits peuvent se produire, si le prêtre,
le juge, ou le chef militaire, tout en ayant leurs fonctions
divisées, appartiennent à la môme famille.
Le pouvoir royal naît donc des fonctions judiciaires et
sacerdotales, auxquelles vient s'ajouter le commandement
militaire : mais le roi, à son début, n'est que le juge et le
prêtre d'un district peu étendu (1). Quand plusieurs districts
ont été réunis ; que des rois ont été soumis par l'un d'entre
eux, plus puissant et plus fortuné que les autres, c'est alors
que se réalise le type définitif du royaume germanique. Dès
lors, les pouvoirs judiciaires, militaires et sacerdotaux
deviennent subordonnés au pouvoir royal qui représente
l'état entier : les hommes libres, les nobles, et le folcriht,
ou loi publique des uns et des autres.
Le roi possède la juridiction suprême, le droit de punir ;
de maintenir la paix ; d'appeler aux armes les hommes libres
(cyningts ban, cyninges ûtware). Lorsque cet état de fait est
pleinement réalisé, les rois primitifs sont devenus : subreguli,
principes, duces, ealdormen : ils conservent bien leur noblesse,
et peut-être, leur influence sur le peuple, mais ils ne sont que
des officiers inférieurs de l'état, dont le roi héréditaire
demeure le chef (2).
1. «Nee potest aliquis iudicare in temporalibus, nisi solus rex, vel sub-
delegatus : ipse namque ex virtute sacramenti ad hoc specialiter obli-
gatur, et ideo corona insignitur, ut per iudicia populum rega sibi subiec-
tum », Fleta, liv. I, ch. XVII, § 1.
2. « Le titre de roi était primitivement de peu de conséquence chez les
barbares. Ennodius, évêque de Paris, dit d'une armée du grand Théo-
doric : « Il y avait tant de rois dans cette armée, que leur nombre était
au moins égal à celui des soldats qu'on pouvait nourrir, avec les subsis-
tances exigées des habitants du district où elle campait ». Michelet, Hist
France, 1. 198, note.
LES SAXONS KN ANGLETERRE 77
Los historiens admettent généralement ce fait qu'il y avait
simultanément huit royaumes, dans l'Angleterre saxonne.
Dans les temps les pins reculés il y eut, dans le Kent, au
moins doux rois, dont les capitales étaient Canterbury et
Rochester, toutes deux sièges d'évêchés. La distinction entre
Kentings du Sud et de l'Ouest, est maintenue (1) jusqu'au
.loc lin de la monarchie saxonne. On sait non seulement
qu'Eâdric et Hlôdhere régnèrent conjointement, mais encore
que Wihtred et son fils .Edelberht le second, montèrent éga-
lement sur le trône (2) : O'swine est mentionné comme roi
de Kent, à une époque où généralement on considère
Ecgberht, comme ayant régné seul sur le pays (3) : on cite
Swaebbeard(4), autre roi régnant à une date, ordinairement
assignée à Eâdric et à Hlôdhere. Dans les dernières années
de son règne, iEdelberht le second, dut partager son pou-
voir avec Eâdberht (o), Eardwulf (6), Sigiraed (7) et
Ecgberht (8) ; et Sigiraed se qualifie délibérément, de roi de
la moitié du Kent. Un document très remarquable d'Eâd-
behrt, est conservé dans le Textus Roffensis (9) : après le
seing du roi, qui s'intitule : Rex Cantuariorum, ses nobles
placent leurs noms, de la manière et dans l'ordre suivants :
« Ego Wilbaldus comités meos confirmare et subscribere
feci.... » ; et l'on trouve répétés, avec la même formule les
noms de : Dimheahac, Hosberht, Nothbalth, Banta, Ruta, et
t. William de Malmesbury parle des reguli qui furent soumis par
/Edelbcrhl, Gest. Reg., lib. I, § 10.
2. Cod. dipt., nos 72, 77, 86, 408.
3. Ibid., nos 8, 40, 30.
4. Ibid., nos 14, 15; Bède, Hist. Eccl.,\, 8.
•j. Ibid., nos 85, 406, 407.
6. Ibid., n°96.
7. Ibid., nos HO, 414.
8. Ibid., nos H3t 132, 135, 460.
9. Ibid., no 85.
78 BEOWl I.K
Tidbalth. Du fait que ces personnages ont à leur suite des
comtes, comités, il est à supposer qu'ils étaient tous royaux,
rois, ou rois en tutelle. Leur caractère de subordination res-
sort de l'octroi de la charte, qui leur est fait par .^Edelberht;
et parmi ces rois inférieurs, on relève encore les noms
d'^ldelric, d'Heardberth, Eâdberht Pren (1) et Ealhmund :
ce dernier fut le père du célèbre Ecgberht de Wessex.
Parmi les territoires qui furent incorporés au royaume de
Mercie, l'un est célèbre sous le nom de Hwiccas : il compre-
nait, alors, tout le diocèse de Worcester. Cette petite pro-
vince ne garda pas seulement ses rois jusqu'à une époque
très avancée, mais elle eut encore et fréquemment, plusieurs
rois à la fois : ainsi O'sric (2) et 0shere(3); ^Edelweard (4),
/Edelheard (5), ^Edelric (6), et probablement, O'swudu, y
régnèrent entre les années 704 et 709.
Quelques années plus tard, entre 757 et 787, on retrouve
trois frères, Eânberth (7), Ealdred (8) et Uhtred (9) réclamant
le titre royal dans le même district, alors qu'Offa, leur parent,
règne dans la Mercie. 11 est certain que ce grand royaume
avait toujours formé plusieurs états distincts : au temps de
Penda (626-656), la tradition rapporte que les Angles du
Milieu étaient gouvernés par son fils Peada (10), alors que
Merewald, un autre de ses fils était roi des Hécans de
l'Ouest, peuple du Herefordshire. Dans l'importante bataille
1. Flor. Wig., an. 794.
2. Cod.dipL, n° 12.
3. Ibid., nos n, 36.
4. Cod. dipl., n° 56.
5. Ibid., no 53.
6. Ibid., n° 57.
7. Ibid., nos 102, 105.
8. Ibid., nos 125, 431, 146.
9. Ibid., nos 117, H8, 128, 148.
10. Bède, Hist. Eccl , III, 21.
LES SAXONS KN ANGLETERRE 79
de WinwidiVld, où la chute de Penda assura le triomphe du
christianisme, Bèdc écrit que trente chefs royaux tombèrent,
du côté des Mercieus (1). Sous .Edilraed, fils et successeur
de Penda, Bcorhtwald prend le titre de roi, en Mercie (2).
Pendant le règne de Gentwine, dans le Wessex, il est fait
mention d'un roi, Baldred, dont le royaume comprenait pro-
bablement le Sussex, et une partie du Hampshire (3) ; dans
la même période, on trouve encore ^Edilheard qui s'intitule
roi du Wessex (4). Et Friduwald, dans une charte du monas-
tère de Ghertsey, cite les subregali suivants, qui régnent
conjointement : O'sric, Wighard et ^Edelwald (5).
Il y avait un royaume d'Elmet dans le Yorskhire, et même
jusqu'au dixième siècle, un royaume de Bamborough. Ces
exemples suffisent à montrer le nombre des rois qui se par-
tageaient alors l'Angleterre (6), et un chroniqueur duxne siè-
cle écrivait avec juste raison :
« Ea tempestate venerunt multi et saepe de Germania, et
occupaverunt Eâstangle et Merce, sed necdum sub uno rege
redacti erant. Plures autem proceres certatim regiones
occupabant, unde innumerabilia bella fiebant : proceres
vero, quia multi erant, nomine carent » (7).
Ainsi qu'il résulte des développements qui précèdent, la
notion du territoire et de son étendue n'est pas inhérente à
1. « Inito ergo certamine, fugati sunt et cœsi pagani. duces regii
triginla qui ad auxilium vénérant pêne omnes interf'ecti », Bède, Hist,
£ccl.,m, 24.
2. Cod dipt., n° 26 « Non quidem rex potestate, sed subregulus in
quadam regni parle », Vit. Aldhemi, Ang . Sacra, II, 10.
3. Will, Malm., Ant. Glast., an. 681, pp. 308,309 ; Cod.dipL, n° 76.
4. Ibid , n° 73.
5. Ibid., no 987.
6. « Igitur rex unus ibi era aliquando, multi aliquando reguli »,
Henric , Hunt., lib. V : slvca Sï xai 7ro)vuav0pw7i-ov rrçv vïja-ov... Quaùslc, re
xat tfuvàcraç ttoIIoi»; i-yiw, Diod., Sic, V, 21.
7- Henric , Hunt., lib. II.
80 BEOWULF
la couronne : les rois sont les rois des tribus et des peuples,
et non des territoires sur lesquels ceux-ci sont établis : ils
sont bien rois des Saxons de l'Ouest, des Merciens, des Ken-
tings, mais non du Wessex, de la Mercie, du Kent. On arri-
vait môme à concevoir la dignité royale sans le royaume :
« Solo rex verbo, sociis tamen imperitabat » (1).
Le roi se confond avec son peuple même (2) ; c'est du
sein de celui-ci qu'il sort, et c'est par son pouvoir et par sa
volonté, qu'il règne. Le peuple lui a conféré la dignité royale,
mais il n'a que le territoire qu'il possède en propre, et qui
est assimilable aux domaines privés de ses sujets.
Les noms teutons des rois, sont nombreux et variés, sur-
tout dans la langue poétique. La plupart d'entre eux sont
dérivés des mots qui marquent les agrégations des peuples
eux-mêmes, tels que peod, donnant naissance à l'anglo-saxon,
peôden ; foie, d'où dérive le vieux normand Fylkr. Mais le
terme propre qui désigne chez les Teutons, la dignité royale
provient de la notion de noblesse, chez le roi, ainsi que
Tacite l'avait déjà observé : l'anglo-saxon cyning, est une
formation directe de l'adjectif ci/ne, generosus, qui lui-même
est dérivé de cgn, genus.
La seule distinction entre le roi et le reste de son peuple,
réside dans la plus haute estimation qui est faite de sa vie,
si on la compare à celle des autres. De même que dans le
Wergild, le prix de vie du noble est supérieur à celui de
l'homme libre, ainsi la vie du roi est-elle d'une valeur plus
grande que celle du noble (3). Aussi sa protection (mund)
est-elle plus estimée qu'aucune autre, dans l'état; et le tort
1. Abbo deBello, Paris, Civil. Pertz., II, 779.
2. Langebek., II, 77; Dahlmann, Gesch. d. Danen, p. 51.
3. Dans le Kent, la Mercie et le Wessex, le Wergyld du roi était de
120 livres. Celte somme revenait par moitié, à sa famille et à la collec-
tivité.
LES SAXONS KN ANGLETERRE 81
qu'on peut lui faire, entraîne-t-il de plus lourds dommages
(cyninges hansealde frid). Le roi est, de droit, président du
Witena-gemôt, du synode ecclésiastique, et il est institué
gardien de la paix publique.
Au roi appartenait le droit d'ordonner des levées nationa-
les, le posse comitates, pour l'attaque d'un territoire, ou
pour sa défense ; de saisir les tribunaux de matières graves;
d'exercer, à son profit, un prélèvement sur les amendes
infligées en justice ; de recevoir les contributions volontaires
des hommes libres ; de lever les impôts légalement établis
dans les assemblées, et de nommer les officiers du fisc. Les
cérémonies de sa reconnaissance par le peuple, accompa-
gnaient l'intronisation du roi qui, revêtu des insignes de la
royauté, était porté sur un bouclier, et ofîert à l'acclamation
du peuple. Il est probable que, même dans les temps
païens, une cérémonie religieuse accompagnait l'élection et
l'installation du roi ; avec le christianisme, le roi fut sacré
par l'évêque, et cette cérémonie le faisait reconnaître comme
chef spirituel du royaume. Au roi appartenaient les bœufs
et les chariots sur lesquels il allait, visitant les dif-
férentes parties de son royaume, traversant les routes, et
proclamant, partout, la paix dont il avait su garder le bien-
fait, ou la guerre à laquelle il convoquait les hommes libres.
Parmi toutes les tribus, il y avait des signes extérieurs de la
royauté portés par occasion, ou habituellement : les rois
mérovingiens (1) se distinguaient par leur chevelure longue
et flottante ; les Goths, par un bandeau ; parmi les Saxons, le
cynehelm ou cynebeâh, cercle d'or, était en usage, et se por-
tait sur la tête.JDans le Ding ou conseil populaire, il tenait
1. 9ecuTÔv yùp rot; jàao"i).sv7i twv fypy.yywv oÙ7r«7ro~S '/.etozaQcu, tùX
àxstûcxotxKt T£ sifTiv Èx 7Tat«J<wv y.ïi, xai 7rapY}<v>ovjvrai aùrot; âîravT*? eu p\yk<x.
iiz'i ~wj ùiiioù'j oï TiAo/aaoï... touto os ûemp ~i yvwofcaa xat yépy.^ î'ÇctipsTOv
t'Tj Bzaù&ïa yï-jv. uvzïaQut yguôcuarae . Agatliias, liv. I, 4,
8W2 BEOWULF
un sceptre; et à la guerre, il était précédé (Tun étendard.
Le plus précieux des droits royaux, était le pouvoir d'en-
tretenir !<• comitàtus, ou l'ensemble des officiers du palais.
Le roi, comme tous les autres hommes libres, était un pro-
priétaire foncier, qui demandait sa subsistance à la culture
de ses terres (1). Dans plusieurs parties du pays, il tenait des
territoires en pleine propriété, sur lesquels s'élevaient des
bâtiments où il séjournait, au cours de ses voyages, et sui-
vant les nécessités de sa vie politique. A la tête de chacune
de ces villas, ou toic, était placé un bailli, villicus, wiegefera
qui, tout en veillant aux intérêts matériels du roi, repré-
sentait celui-ci auprès des hommes libres et des officiers du
comté.
Le lot du roi, ainsi divisé, comprenait plusieurs fois la
part de l'homme libre. On peut concevoir que l'attribution
territoriale ait été en raison directe de la valeur individuelle
de chaque homme libre, d'après le wergyld ; si la vie du
roi, vaut soixante-douze fois plus que celle du noble, le
domaine royal sera soixante-douze fois plus étendu que celui
4. « De victu ex regiis prœdiis ». « Dis is donne seô lightinge de ic,
wylle eallon'folce gebeorgan de hig aér dyson midedrgehte wâeron ealles
tô swyde. Daet is donne aérost, daet ic bebeôde eallum minan geréfan
daet hi on minan âgenan rihtlice tilian me mid dâm feormian. daet
him nân man ne pearf tô feorm fui tune nân pinge syllan bûtan he sjlf
wille. And gif hwà aefter dâm wite crafige beô he his weres scyldig wid
done cyninge ». Cnut, § XX, Thorpe, I, 412, 443.
« Mos est civitatibus, ullro ac viritim conferre principibus, vel armen-
torum, vel frugum, quod pro honore acceptum, etiam necessitatibus
subvenit. Gaudent praecipue finitimarum gentium donis, quae non modo
a singulis, sed publiée mittuntur : electi equi, magna arma, phalerse,
torquesque. Iam et pecuniam accipere docuimus », Germ., XV.
« In die autem Martis campo secundum antiquam consuetudinem
dona illis regibus a populo offerebantur, et ipse rex sedebat in sella
regia, circumstante exercitu, et maior domus coram eo », an. 753,
Annal. Laurishamenses Minores (Pert s. Monumenta, I, 446).
LES SAXONS EN ANGLETERRE 83
du noble ; et si le territoire concédé à ce dernier, a une con-
tenance de trente acres, c'est 2. 160 acres de terre arable qui
seront attribués au roi lui-même. Aux produits de ses propres
domaines, le roi ajoutait les dons en nature qu'il recevait du
peuple, naturalia, que l'on trouve signalés dans Tacite et
chez la plupart des premiers historiens du continent. Avec
le temps, la nature de ces dons volontaires se modifia : ils
devinrent des contributions forcées ; des impôts établis à des
dates déterminées, et leur caractère primitif et spontané ne
subsista que lors des visites royales, du mariage d'une prin-
cesse ou du roi lui-même, et en toutes occasions publiques
et solennelles. C'est de cet usage qu'est née la contribution
féodale du vassal au seigneur, lors du mariage de sa fille ou
de son fds aîné.
Un autre élément des revenus royaux provenait des parts
dans le butin de guerre, quand le roi et les hommes libres
avaient combattu de concert. La célèbre histoire de Clovis et
du vase de Soissons (Greg. Turon. II, 27) prouve que le roi
recevait sa part, comme le reste de l'armée, et rien ne prouve
qu'elle ait excédé celle de ses compagnons, dans les propor-
tions ordinairement appliquées du wergyld.
Gomme gardien de la paix publique, le roi prélevait une
part des amendes infligées aux coupables, et à ce titre,
comme Tacite le fait remarquer (I), il représentait l'état
entier, et il agissait en vertu de son pouvoir exécutif. Et de
même les biens confisqués étaient attribués au roi, comme
représentant de la collectivité (2).
1. « Sed et levioribus delictis, pro modo pœnarum, equorum peco-
rumque numéro convicti multantur, pars multae régi vel civitati, pars
ipsi qui vindicatur vel propinquis eius exsolvitur », Germ., XII.
2. « Un am mansam quam fur quidam ante posséderai, a rege cum
triginla mancusis auri emit », Cod. Dipl., n° 580. Le trésor trouvé sans
possesseur appartient au roi, par application du même principe.
81 BEOWULF
Avec l'évolution de ces principes, et avec leur application
aux détails de la vie publique, les regalia, ou droits royaux,
deviennent plus nombreux et variés. Le roi est regardé
comme le protecteur naturel de l'étranger qui n'est uni par
aucun lien à la communauté, et qui n'attend que du roi seul,
la garantie de sa liberté. C'est encore lui qui fixe la base
des échanges ; avec le droit qu'il a d'appeler sous les armes,
les hommes libres, il obtient le droit de vie et de mort sur
ceux-ci, en temps de guerre ; c'est de lui qu'émanent toute
justice et toute possession. La conservation de la paix et les
nécessités des services publics, lui permettent de réquisi-
tionner les services des hommes libres, pour recevoir et pour
conduire les étrangers qui voyagent à travers le royaume ;
il peut leur demander leurs chariots et leurs chevaux, pour
transporter des matériaux ou des fourrages, jusqu'à son
palais royal ; il a le droit d'exiger leur aide dans ses chasses
ou dans ses pêches ; de faire entretenir par eux ses meutes
et ses faucons, et nourrir sa suite. Comme chef de l'Eglise, le
roi a une influence prépondérante sur l'élection des évêques;
c'est lui qui nomme le duc, le géré fa, et peut-être même, les
membres du witena-gemôt. Au surplus, il a le droit de
renoncer à certaines attributions de sa charge, pour les con-
fier à qui il lui plaît, dans les différents districts.
Il est certain que la plupart des prérogatives royales,
furent à leur début, des usurpations. Mais il faut admettre,
néanmoins, que même dans les périodes les plus reculées de
l'histoire, les rois furent non seulement plus riches, mais
encore de beaucoup plus puissants que les autres hommes
libres. Ce résultat provient de ce que le roi a été le premier
représentant de son peuple, tant à l'intérieur de son royaume,
qu'au regard de l'étranger : un conseil populaire peut bien
être consulté sur les termes généraux d'un traité, mais il
LKS SAXONS Efl ANGLETERRE cSo
faut que ce dernier ait été arrêté entre des négociateurs moins
nombreux.
Le Sénat romain entre en rapports avec les princes, et
non avec les populations de la Germanie (1). Et le roi
demeure le pouvoir exécutif du royaume, en dehors des
assemblées populaires, en vertu du principe, inconsciemment
appliqué en ces temps reculés, de la séparation des pou-
voirs : délibérer, est le fait de plusieurs ; agir, est le fait d'un
seul (2).
Mais on ne peut induire des développements qui précè-
dent, que le roi ait eu un pouvoir absolu (3) : tenu en échec
par le désir commun de liberté, par les prérogatives des
nobles (-4), il n'était qu'un chef élu, et c'est par la con-
fiance et par l'espoir du peuple représenté par lui, qu'il
montait sur le trône.
1. « Adgandestrii, principis Cattorum, lectas in senatu litems...
Maroboduum... perdona et legationes petivisse fœdus... Misitque legatos
ad Tibërium oraturos auxilii », Armai., 11.88, 45.
2. « De minorions rebus principes consultant ; de maioribus omnes :
ita tamen, ut ea quoque, quorum penes plebem arbitrium est apud prin-
cipes, pertractentur... Mox rex vel princeps, pront aetas cuique, prout
nobilitas, prout decut bellorum, prout facundia est audiuntur, auctori-
tate suadendi magis quam iubendi potestate » (Mor., Germ., XI).
3. « Nec regibus inflnita, nee libera potestas », Mor., Germ., VII.
« Auctore Verrito et Malorige, qui nationem earn regebant, in quantum
Germani regnantur », Tacit., Annal., XIII, 54.
4. « Ceterum Anninius, abscedentibus Romanis et pulso Maroboduo,
regnum adfectano, libertatem popularium adversam habuit, petitusque
armis, cum varia fortuna certaret, dolo propinquorum cecidit », Tacit.,
Ann., II, 88.
CHAPITRE VII
Les nobles en service
Un des privilèges essentiels de la couronne était, pour le
roi, d'entretenir et de former un corps d'officiers du palais :
ce fut là l'origine d'une noblesse issue du trône lui-même.
Avec l'accroissement de la population, l'homme libre et
pauvre cherche à vivre sur les possessions plus étendues du
noble, et la prestation qu'en retour il peut offrir à celui-ci, est
celle du service militaire qu'il remplira avec le plus de joie,
car elle convient bien et à sa nature guerrière, et au seigneur
dont il sollicite la protection. Celui qui vit, pauvre, sur un
sol ingrat et peu étendu, ne craindra pas les aventures de la
guerre, par l'espoir d'établissements plus avantageux. De
plus, le prince qu'il sert, enrichi par les contributions volon-
taires, et possesseur de plus de terres qu'il ne faut, pour sa
propre subsistance, récompensera, en les lui concédant,
l'homme libre qui aura servi, à la guerre, ses desseins ambi-
tieux. Le prince s'efforcera donc de rendre les concessions
qu'il fait à ses guerriers, durables pour ceux-ci, et profita-
bles pour lui-même.... Il peut encore s'entourer d'assistants
nobles et armés, attirés par sa libéralité, ou ses talents mili-
taires ; et il les nourrira à sa propre table, sous le toit de son
palais. Ceux-ci pourront, en retour, remplir des charges
LES SAXONS EN ANGLETERRE 87
domestiques dans le palais en temps de paix, et ils serviront
le prince, en armes, dans la défense ou dans l'attaque (1).
L'institution du C omit al us est exposée longuement dans
Tacite, dans les développements qui suivent (Mor. Germ.
XIII, XIV) : « Une naissance illustre, ou les grands services
de leurs pères, donnent le rang de princes, même aux jeunes
hommes, qui se trouvent ainsi associés à ceux qui ont déjà
fait leurs preuves dans l'État... Et il n'y a point de honte à
figurer parmi les comités. Bien plus, le comitatus lui-même
a ses distinctions que confère celui qu'accompagnent les
comités, et il y a parmi ceux-ci une grande émulation, pour
tenir la plus haute place dans la faveur du prince ; et les
princes, de leur côté, s'eflorcent d'avoir, à leur suite, les
comités les plus hraves et les plus nombreux. C'est une
dignité, et la marque extérieure du pouvoir en temps de
paix, et un soutien à la guerre, que d'être ainsi entouré d'une
élite de ieunes gens... C'est pour ces derniers un déshonneur
que d'être surpassés en valeur par leur prince, et une honte
éternelle que de lui survivre à la bataille... Les princes
combattent pour la victoire; les comités, pour le prince
Celui-ci' ne peut entretenir un comitatus important, que par
la violence et par la guerre... Le butin est la munificence du
prince à leur endroit, et on leur persuadera moins aisément
de labourer la terre... que de provoquer l'ennemi, et de
gagner des blessures au combat : car il leur semble odieux
d'acquérir par la sueur, ce qu'ils peuvent acheter de leur
sang. »
1. « Erat autem rex Oswini et aspectu venuslus. et stalura nobilis, et
affatu iucundus, et moribtis civilis, et manu omnibus, id est nobilibus
atque ignobilibus, 1 argus ; unde contigit ut ob regiam ejus et animi, et
vullus, et meritorum dignitatem, ab omnibus diligeretur, et undique ad
eius ministerium de cunctis prope provinciis viri etiam nobilissimi con-
currerent », Bed., Hist. Ecct., Ill, 14.
88 BEOWULF
Il suffit d'illustrer encore d'exemples pris à d'autres sour-
ces, l'admirable synthèse que donne Tacite du comitatus,
pour pouvoir tirer de cette institution, des conclusions défi-
nitives.
A l'influence et à l'action de ces associations on doit attri-
buer non seulement les conquêtes des diverses tribus, mais
les plus importantes modifications dans la loi du peuple.
Gomme le nom propre pour l'homme libre est ceorl, et pour
le noble-né eorl, ainsi, le mot qui désigne le comes ou com-
pagnon) est gesid. Ce mot se rapporte, étymologiquement, a
sid qui signifie voyage, et il désigne, littéralement, celui qui
accompagne un autre homme. Les fonctions et la position
sociale du gesid lui firent donner une autre appellation : le
cornes est dénommé pegn, par rapport au prince qu'il sert,
c'est-à-dire thane, servant, ou ministre : il ne devient noble,
que quand la royauté consacre et anoblit la dépendance, à
son service. Beowulf se donne comme étant parent et thane
d'Hygélâc : mais son sang royal et sa valeur éprouvée font
encore de lui, le chef d'un comitatus : et il se rend dans
Heorot, avec l'élite de ses compagnons (swaése gesidas) : ces
derniers, comme lui-même, appartiennent à son roi, et sont
qualifiés : Hygeldc's bcodgcnedtas heordgeneâtas (tischgenos-
sen, heerdgenossen) ; ils ont tous place à la table du monar-
que et à son foyer. Une partie du butin devient naturelle-
ment la propriété des gesidas qui ont conduit la guerre. Et
Saxo grammaticus dit bien de l'un de ses héros :
Proceres non solum domesticis stipendiis colebat, sed etiam
spoliis ex hoste quaesitis : affîrmare soli lus, pecuniam ad
milites, gloriam ad ducem redundare debere Horum
omnium clientelam rex liberali familiaritate coluerat. Nam
primis apud eum honoribus, habitum; cultos auro gladios,
opimaque bellorum praemia perceperunt » (1).
i. Hist. Dan.t 6, 144.
LES SAXONS EN ANGLETERRE 89
Et Hialto chante encore (1) :
« Dulceest nos domino percepta rependere dona,
Acceptare enses, famacque impendere ferrum.
Enses theutonici, galeae, armilla)que nitentes,
Loricao talo immissae, quas contulit olim
Rolvo suis, memores acuant in prœli a mentes.
Hes petit, et par est, qiuecumque per otia summa
Nacti pace sumus, belli ditione mereri »
Le même auteur rapporte qu'il arrivait parfois, en l'ab-
sence de reine à la cour, que les comités fussent mal vêtus :
et ceux-ci ne pouvaient remédier à cet état de choses, qu'en
invitant leur roi au mariage :
« Igitur contubernales Frothonis circa indumentorum usum
femineaadmodum ope defecti, quum non haberent unde nova
assuere, aut lacera refîcerepossent, regem celebrandi coniugii
monitis adhortantur » (2).
De même, quand Siegfried part pour sa fatale expédition
chez les Burgondes (3), il est vêtu, ainsi que ses douze com-
pagnons, des mains royales de Siglint. Des rapports entre le
prince et ses comités, sont nés les noms d'épopée sous les-
quels le roi est désigné : hlaford, lord ; littéralement : celui
qui donne le pain ; brytta, beâga brytta : dispensateur des
trésors, des anneaux; sincgifa : celui qui donne les trésors.
Il est constant que le gesid n'avait, à proprement parler,
aucun autre droit dans le partage du butin, que celui qu'il
tenait de la volonté de son chef : et jamais la libéralité de
celui-ci, ne pouvait donner naissance à un droit, pour le
1. Ibid. , p. 33.
2. Ibid , p. 68.
3. Nibelunge. Not , 66, p. 40, Lachmann,
90 BEOWULF
gesid. Ce principe était appliqué ei manifeste, au temps de
Charlemagne (1) :
« Quo acccpto... idem vir prudentissimus idque largissimus
et Dei dispensator magnam inde partem Romam ad Limina
Apostolorum niisit perAngilbertum dilectum abbatem suum ;
porro reliquam partem obtimatibus, clericis sive laicis, ca>
terisque fidelibus suis largitus est ... ».
Et ailleurs, dans les annales d'Eginhart (2) :
« Reliquam vero inter optimates e1 aulicos, caeterosque in
palatio suo militantes liberali manu distribuit. »
Pareillement, William de Malmesbury dit d\Edelstan
(Gest.Reg.I, 213, § 13U :
« Prseda quae in castre reperta i'uerat, et ea quidem
amplissima, magnifiée et viritim divisa. Hoc enim vir Ole
animo imperaverat suo, ut nihil opum ad crumenas corra-
derei : sed omnia conquisita, vel monasteriis, vel fidelibus
suis, munificus expenderet, »
Par contre, un homme libre, servant sous la bannière, et
non sous la dépendance même du roi, avait un droit à sa part
de butin qu'il ne tenait pas de la largitio ou liber alitas.
Cette distinction était essentielle, et la libéralité du chef
envers ses comités, était, quoique 'arbitraire, en raison directe
de leurs services rendus, de leur fidélité, et de leur cou-
rage à la guerre.
L'obligation des comités envers leur prince consistait en
loyalisme et en fidélité. L'engagement en était pris par le
gesid, de manière solennelle : il devait faire sans hésitation,
le sacrifice de sa vie même, si la sauvegarde du prince le
commandait : ainsi, les gesidas de Beowulf s'exposent, en
s'attaquant avec lui, au monstre Grendel (3). Wlglaf risque
1. Annal. Larigh, an. 796: Perte. Mon. Germ . I, 182.
-2. An. 796: Parts., I, 183.
3. Beoir.,\ 1.58-2.
LES SAXONS I H ANGLETERRE
91
sa \ ie, en assistant son seigneur, dans la lutte fatale contre
le dragon ; et les paroles solennelles dont il flétrit ceux qui
ont abandonné leur roi dans le danger, rappellent l'infamie
dont sont notés, au dire de Tacite, les guerriers qui survi-
vent à leur chef (Beow. v. 5.262 et s. ; 5.384 et s.) :
Hû scealsincpego
and swyrdgyfu,
eall édehvyn,
eôwrum cynne
lufen âlicgean :
londrihtes mot
dâere mâegburge
monna âeghwilc
idel hweorfan,
siddan aedelingas
feorran gefriegean
fleam éowerne
dômleâsan dâed.
Dead bid sella
eoiia gehwylcura
donne edwitlif.
(Vous verrez comme) tous dons
de trésors,
et présents de glaives ;
toutes joies d'héritage paternel,
toute aide viendront à manquer
à votre race .
Des droits de cité doit
de votre race
chacun
aller privé,
quand les nobles
au loin, apprendront
votre fuite,
votre lâcheté.
La mort est préférable
pour tout guerrier,
à une vie de honte.
Quand Cwichelm de Wessex envoie un émissaire pour
frapper Eaduuini de Northumberland, ce prince est sauvé
par le dévouement de son t liane, Lilla, qui reçoit le coup
destiné cà son maître, dans la relation de Bède (1) :
« Quod cum videret Lilla minister regis amicissimus, non
habeno scutum ad niaiium quo regem a nece defenderet,
mox interposuit corpus suuni ante ictum pungentis : sed
tanta vi hostis ferrum intixit. ut per corpus militis occisi
etiam regem vulneraret ».
En Lan 786, Cyneheard. aetheling de Wessex, et prétendant
1. Hist. Eccl , 11. 9.
92
nr.Mwri.K
à la couronne, surprit le roi Cynewulf à Merton, dans la
demeure de sa maîtresse, et le tua. Il offrit honneurs et
richesses aux comités du roi défunt, mais ceux-ci refusèrent,
et se firent tuer jusqu'au dernier. D'autre part, une nouvelle
troupe plus nomhreuse de thanes étant survenue le lende-
main, Cyneheard leur fit les mêmes offres, mais en vain; et
il fut massacré sur-le-champ avec ses propres comités qui
refusèrent de l'abandonner dans cette extrémité. La relation
de ces faits se trouve dans la chronique saxonne de l'an-
née 755 :
« Alors il leur offrit, croyant contenter leur désir, de l'or
et des terres, s'ils voulaient le reconnaître pour roi, et il ajou-
tait que leurs propres parents se trouvaient parmi ses com-
pagnons, et que ceux-ci ne l'abandonneraient pas. Alors ils
lui répondirent qu'aucun parent ne leur était aussi cher que
leur seigneur, et que jamais ils ne serviraient son meurtrier.
Alors ils offrirent à leurs parents (qui servaient Cyneheard)
de le quitter, en leur laissant la vie sauve Et ceux-ci
répondirent qu'ils n'en pouvaient rien. »
^Ethelweard, Florent de Worcester, Henry de Hunting-
dom suivent cette chronique, qu'ils reproduisent avec quel-
ques variantes dans les ternies. William de Malmesbury,
tout en adoptant la même relation, y ajoute ces lignes qui
confirment bien le caractère essentiel des obligations du
comitatus :
« Quorum (comitum) qui maximus aevo et prudentia, Osris-
cus, caeteros cohortatus ne necem domini sui in insignem et
perpetuam suam ignominiam inultam dimitterent, districtis
gladiis coniuratos irruit » (1).
De ces rapports intimes entre le prince et le gesid, il résul-
tait pour les parties, des droits et des obligations récipro-
1. Gest. Reg., I, §42.
LES SAXONS EN ANGLETERRE (.W
que s, sanctionnes par la coutume, et dont l'ensemble fut
codifié, en fait, par la suite, pour devenir comme le statut per-
sonnel des comités. Dans les premiers temps du comitatus,
l'idée de liberté est tout absente de sa notion, et se trouve
remplacée par celle du rang. Le cornes peut bien être devenu
possesseur de territoires étendus qu'il tient de la libéralité
du prince, mais jamais il ne sera propriétaire de Y Hide libre,
et astreint du fait de sa possession territoriale, au service du
////y/, ou du folcmôt : il peut avoir rang, riebesses, honneur :
il ne saurait être regardé comme libre.
Si dans ces temps où le prince n'est pas encore considéré
comme représentant l'Etat, l'homme libre s'attache à lui, et
renonce, ainsi, à sa liberté, c'est qu'il préfère à la pénible
possession de ses terres, les largesses de son chef; l'aventure
des guerres; les jouissances de la vie, à la cour. Même si
les hommes de la Marche le retranchaient de leur sein, et
confiaient son édel à un tenancier plus méritant, il pourrait
n'en avoir cure, puisque la reconnaissance du prince peut
lui attribuer des terres vingt fois plus étendues que celles
qu'il possédait, et qu'au demeurant, sa séparation de la com-
munauté inférieure à laquelle il appartenait, lui a déjà valu
l'estime du roi qui s'apprête, peut-être, en quelque sorte,
à l'adopter.
Quand le cornes, à son tour, établissait des hommes libres
sur les territoires qu'il avait reçus du prince, ces derniers se
trouvaient vis-à-vis du gesid, dans les liens de dépendance
qui le rattachaient lui-même, au prince. Le gesid devait
tenir les services de ses vassaux à la disposition du roi, et
c'est ainsi que le souverain pouvait compter sur toute une
armée hiérarchisée et disciplinée, entièrement à sa dévotion,
habituée aux batailles, et prête à courir les chances de la
guerre. Les pouvoirs et les dignités des gesids, s'accroissent
de toutes les conquêtes de la royauté, jusqu'à ce que la cou-
9ri BEOWULF
dition des comités devienne de ]>eaucoup plus enviable que
celle des homines libres, même les plus opulents. Ainsi,
lors de la codification des lois franques, la vie du cornes,
dans son wergyld, est estimée à un prix bien supérieur à
celui du Franc Salien ou Ripuaire (1).
Les avantages que retirait la communauté de la présence
et de la protection de la force armée, constituée par les
gesidas, justifièrent, par la suite, l'entretien de ceux-ci, aux
frais des nobles libres, et des colons. Les comités d'abord
institués pour assurer la sécurité commune, devinrent, en
fait, avec leur roi ou seigneur, les chefs de la communauté
elle-même.
Gomme les gesidas n'étaient pas libres, et ne pouvaient
prendre part aux délibérations des hommes libres, au folc-
môt; comme ils ne pouvaient ester en justice, s'ils n'y
étaient représentés par leur chef, la nécessité fit établir pour
eux un système de lois particulières, qui régirent les rapports
juridiques entre gesidas, et qui furent appliquées dans Jes
cours diverses, par les officiers du roi.
Ces lois exceptionnelles accordées par le monarque,
comme un privilège (2), devaient nécessairement différer de
celles qui étaient en vigueur, dans les juridictions ordinaires
des hommes libres. Ce n'est qu'à la cour de justice royale
qu'on peut trouver des pénalités affectant la vie et l'honneur
1. Leg. Salic , tit. LVII, cap. I, II; Leg. Rip., LIII, cap. I, II.
2. « Concessi ut episcopi homines, tarn nobiles quain ignobiles in
prsefato rare degenies, hoc idem ius in omni haberent dignitate,quo regis
homines perfruuntur. regalibus fiscis commorantes : et omnium ssecula-
rium rerum indicia ad usus praesulum exerceantur eodem modo quo
regalium negotiorum discutiuntur iudicia. Prœdictœ etiam villœ merci-
monium quod Anglice daes times cyping appellatur, censusque omnis
civilis, sanctae Dei ecclesiœ in Wintonia civitate sine retractationis obsta-
culo cum omnibus commodis seternaliter desserviat », Cod. Dipl.,
n° 1.084 (Eâdweard de Wessex, an. 904).
LES SAXONS EN ANGLETERRE 95
du coupable, ei la répression du crime de félonie. L'homme
libre ne pouvait guère encourir qu'une amende, représentant
le dommage qu'il avait causé; et le châtiment suprême était
pour lui, son expulsion de la communauté. Le gesid dont le
corps même appartient, pour ainsi dire, au prince, peut,
pour ses démérites, suhir l'exil, la dégradation de toutes les
dignités, et la mort, selon le plaisir du roi. La confiscation
de ses terres est prononcée contre lui, pour adultère, et
.Llt'red punit de mort le crime de hlâfordsyrwe, ou de cons-
piration contre un souverain (1), alors que le meurtre d'un
homme se rachète parles paiements ordinaires. Il est facile
de voir, par les exemples suivants, à quel point les rapports
du gesid et de son chef, modifiaient profondément les lois
générales de l'Etat.
Le cheval et les armes (2) qui, dans la théorie stricte du
comitatus, sont le don, ou plutôt le prêt du chef, doivent lui
faire retour, à la mort du vassal, pour qu'il puisse les
remettre à quelque autre compagnon : ces armes dénommées
Heregeatwe, artnatura beliica, consistent exactement en che-
vaux et armures. A l'imitation de cette coutume, le tenan-
cier non libre d'une terre du souverain, ne devant pas à son
seigneur le service militaire, lui était redevable du meilleur
bétail (melius- catallum), et cette contribution se justifiait par
ce fait, qu'à l'origine, le seigneur avait fourni au colon ses
premiers instruments agricoles.
D'autre part, le gesid n'a pas de capacité juridique pour
jouir de la propriété personnelle : tout ce qu'il acquérait
devenait, par accession, la propriété de son seigneur, et
même les libéralités de celui-ci n'étaient que des bénéficia,
1. Leg. mf.,%L
2. « Nec ferrum quidem superest, sicut ex génère telorum colligitur u
Germ.. VI.
96 BEOWl II-
de caractère précaiiv et révocable, et non point des dons sans
retour (1).
Il avait l'usufruit de ces terres, durant sa vie : le domi-
nium utile ; le dominium directum appartenait au seigneur,
et émanait de lui. N'ayant pas de famille, le gesid ne pouvait
jouir du ius testamenti ; son seigneur était toute sa parenté.
Le droit héréditaire qui dut être, au début, l'exception, ne se
généralisa que du consentement volontaire ou forcé, du
prince : il ne put arrivera s'établir définitivement, que quand
les distinctions entre les gesidas et les autres hommes libres
de la Marche se furent effacées. Bien qu'un document inti-
tulé, Rectitudines singularum personarum, cite le ius testa-
menti, comme l'un des droits des pegen (2) ; jusqu'à la fin
de la monarchie anglo-saxonne, on trouve des ducs, des pré-
fets, des thanes du roi, demandant humblement au prince
de respecter leurs dispositions testamentaires, et le compre-
nant, pour s'assurer sa faveur, parmi leurs légataires (3).
1. D'après une charte d'/Edelflâed (an. 915 922), il ressort que dans la
Mercie, un thane devait exiger le consentement de son seigneur, avant
de pouvoir acquérir une terre : « Ego ^Edelflâed... dedi licentiam Eâdrico
meo ministro comparandi lerram decern manentium set Fernbeorgen,
sibi suisque haeredibus perpelualiter possidendam >•, Cod. Dip., n° 343.
Ala fin du ixe siècle, un duc, Wulfhere, ayant abandonné son établisse-
ment territorial, et renoncé aux obligations de sa charge, fut condamné
à perdre même les biens privés qu'il possédait par héritage : « Quando
ille utrumque et suum dominum regem /Elfredum et patriam, ultra
iusiurandum quam régi et suis omnibus optimatibus iuraverat, sine
licentia dereliquit : tune etiam. cum omnium iudicio sapientium Geniso-
rura et Mercensium, potestatem et luereditatem dereliquit agrorum »,
Cod. Dipt , n° 1.078.
2. « Pegenes lagu is daet he sy his bôchrites wyrde ; taini lex est ut
sit dignus rectitudine testamenti sui », Thorpe, I, 432.
3. Ala fin du xe siècle, Beorhtric, partagea ses terres entre sa parenté.
Mais il laissa au roi un collier d'une valeur de cent pièces d"or, et une
épée de prix égal ; ses chevaux, dont deux étaient harnachés, ses faucons
et ses meutes. En outre, il légua à la reine, un anneau valant trente
LES SAXONS EN ANGLETERRE 9*7
Les détails qui précèdent démontrent bien que la condition
du gesid n'était pas celle d'un homme libre, et que les hom-
mes libres qui entraient dans le comitatus, renonçant à leur
liberté, étaient réduits à l'état de thanes, de ministres, ou de
servants. Bien qu'ils fussent associés à la vie intime et politi-
que du prince, ils n'en demeuraient pas moins ses commen-
saux et ses serviteurs (1).
En retour de sa liberté qu'il aliénait, le gesid jouissait d'une
certaine stabilité dans ses fonctions ; il menait la vie des
guerres, avec les chances d'aventures, de conquêtes et de pil-
lages, qu'elle promettait ; il prenait part aux longs festins ;
son nom était célébré par les poètes, et il jouissait pendant
sa vie, de la possession des terres, des chevaux, et des bijoux
précieux qu'il avait gagnés au combat. Avec l'accroissement
du pouvoir royal, les hommes libres, dépouillés de leurs
anciens privilèges, menant une existence pénible et précaire,
sollicitent, d'eux-mêmes la protection du seigneur, jusqu'à ce
que les honneurs et la sécurité du service royal, reconnus
de tous, rendent indésirable, l'inutile et incertaine liberté.
pièces d'or (Cod. Dipt., n° 492). Entre 965 et 975, ^Elfheah, cousin
d'iElfdryd qui régnait avec Eâdgâr, laisse des terres dont une large part
est dévolue au roi et à la reine : « be his cynehlâfordes gepafunge »
(Cod. Dipt., no 593). ^delflàed, princesse de sang royal, laissa par testa-
ment des terres qui, pour la plupart, vont appartenir au roi : « And ic
bidde minan leôf'an hlâford l'or godes lul'un, daet min cwide standan
môte » (Cod. DipL, n° 685). Dans son testament, /Elfhelm conclut ainsi :
« Maintenant, je te supplie, mon cher seigneur, de respecter ce testa-
ment, et de ne point souffrir qu'on en méconnaisse les volontés. Dieu
m'est témoin, que je t'ai toujours été fidèle, en tout amour et toute foi ! »
[Cod. DipL, no 967).
1. « Libertini non multum supra servos sunt,raro aliquod, momentum
in domo, numquam in civitate ; exceptis duntaxat iis gentibus, quai
regnantur : ibi enim et super ingenuos et super nobiles ascendunt :
apud cyeteros impares libertini liberlatis argumentum sunt ». Tacit.,
Germ., XXV.
7
98
HKOWULK
L'homme libre, au terme de cette évolution, est privé de ses
biens mêmes qui deviennent les bénéficia des comités ; et les
terres qu'il garde, étant tenues par lui, d'un suzerain, le sys-
tème féodal et royal, se trouve fondé, en fait, sur ces bases
nouvelles.
CHAPITRE VIII
L'homme qui n'est pas libre. Le serf
Une classe d'hommes sans liberté, et moins fortunée que
les gesidas, est celle dont les auteurs latins désignent les
membres, par les mots libertus, servus, et qui sont dénommés
dans toutes les nations germaniques, lazzi ou did ; laet ou
c/eow, lysingr ou praeL Ces hommes n'ont aucune compen-
sation à la perte de leur indépendance ; mais ils constituent
la classe nombreuse des cultivateurs salariés ; des artisans
dans toutes les branches de l'industrie ; des serviteurs du pos-
sesseur libre des terres.
Les causes et les degrés d'esclavage sont variés : une des
raisons qui l'expliquent, c'est la pauvreté naissant de l'ac-
croissement de la population ; mais Eichhorn et Grimm l'attri-
buent, avec plus de vraisemblance, aux conquêtes de la
guerre (1), et à la perte de la liberté, pour crimes. Si, en
efiet, le vainqueur possède le droit de vie et de mort sur le
vaincu, à plus forte raison peut-il renoncer à ce droit, et
laissant la vie à son prisonnier, lui imposer des services, et
1. Deut. Staatsges, I, 72, § 14; Deut. Rechtsalterthumer, p. 320.
Cf. Fleta, lib. I, ch. III, § 3 : « Fiunt aulem homines servi de iure
gentium captivitate : bella enim orta sunt, et captivitates sequutse.
Fiunt etiam de iure civili, per confessionem in curia fisei lactam »,
lOÔ tlKOWULF
le réduire à la condition d'esclave (1). Ces usages consacrés
du paganisme, furent difficilement abolis sous l'influence du
christianisme, et ce droit de vie et de mort du seigneur sur
son prisonnier est illustré par ce fait que rapporte Bède, pour
l'année 679 : un jeune noble fut trouvé blessé sur le champ de
bataille, pendant la guerre entre Ecgfrid de Northumber-
land et ^Edelred de Mercie. Craignant que son rang ne fût
reconnu, il se déguisa en paysan, et se présenta ainsi à
l'earl du château. Mais son langage et son attitude le tra-
hirent bientôt : sous la promesse de l'impunité, il consentit
à révéler sa véritable condition. La réponse du seigneur fut
la suivante : « Je savais bien par tes réponses que tu n'étais
point un serf, et maintenant voici que tu deviens digne de
mourir, puisque tous mes frères et toute ma parenté ont
été massacrés dans la bataille ; mais je ne te tuerai pas,
pour ne pas trahir la foi de ma promesse » (2). Quand ses
blessures furent guéries, le seigneur vendit le jeune noble
à un Frison de Londres qui lui permit, enfin, de se rache-
ter. Ces détails donnent bien la notion de l'étendue du
droit de vie et de mort du vainqueur, sur son prisonnier de
guerre ; ils représentent encore la manière dont ce droit
étiat exercé.
Il n'en résultait pas, toutefois, que la défaite d'une tribu
hostile, comportât, pour tous les survivants, l'esclavage direct
et immédiat : ils étaient le plus souvent, retenus prison-
niers par le vainqueur, et vendus postérieurement. Les chefs
1. Une armée entière pouvait être sacrifiée par les conquérants : « Sed
bellum Hermunduris prosperum, Cattis exitiosius fuit, quia victores
diversam aciem Marti ac Mercurio sacravere, quo voto equi, viri, cuncta,
victa occidioni dantur », Tacit., Ann., XIII, 57. « Lucis propinquis bar-
bares arae, apud quas tribunos ac primorum ordinum centuriones inacla-
verant : etcladis.. superstites. pugnam aut vincula elapsi referebanl...
quotpatibula captivis, quae scrobes... », Tacit., Ann., I, 61.
2. Bède, Hist. EccL, IV, 22,
LES SAXONS EN ANGLETERRE 10 i
étaient frappés los premiers, pour qu'à l'avenir, leur' compé-
tition dangereuse fût écartée (1). Si en leur laissant la vie,
le conquérant se contentait de prendre leur territoire, aux
hommes libres (2), ceux-ci n'avaient d'autre ressource que
de se mettre sous la dépendance du vainqueur, et de perdre,
et leur xAr.oo^, et la liberté. L'homme libre passait, ainsi,
dans le mund du vainqueur.
Mais vis-à-vis du conquérant, les populations vaincues ne
se trouvaient pas dans les rapports de stricte dépendance,
du serf à son propriétaire. Toute leur sujétion devait consis-
ter dans le paiement d'un tribut ; dans l'exclusion du service
militaire ; dans un état de fait correspondant à un protecto-
rat. Leur situation sans honneur, pouvait ne pas être mal-
heureuse : après les contributions payées au vainqueur, elles
jouissaient d'une liberté relative ; ne partageaient plus les
périls de la guerre, et n'avaient plus à délibérer sur leur
sécurité, et sur les moyens propres à l'assurer. La soumis-
sion du territoire n'entraînait pas toujours de changements
juridiques pour les vaincus : en effet, quelques-uns des con-
quérants teutons reconnurent comme lois de l'Etat, celles qui
régissaient les Romains, dans les territoires qu'ils avaient
soumis.
1. Après la bataille entre Ragnachari et Chlodowieh, au cours de
laquelle le premier fut fait prisonnier, le vainqueur s'adressa à lui, en
ces termes : « Cui dixit Chlodoveus, Gur humiliasti gentem nostram, ut
te vinciri permitteres? Nonne melius tibi fuerit mori ? Et elevata bipenne,
in caput eius defixit. et mortuus est. Conversusque ad fratrem eius, ait :
Si tu solatium fratri tuo prrebuisses, ille ligatus non fuisset ! Similiter
et ipsum in capite percussum interfecit, et mortuus est », G est. Reg .
Franc. {Script. lier. Gall .11, 555).
2. « Quod Ariovistus. . . in eorum finibus consedisset, tertiamque
partem agri Sequani qui essct optimus lolius Gallia^, occupavisset ; et
nunc de altera parle tertia Sequanos decedere iuberet » (Gees., Bell.
Gall., 1, 32).
102 BF.OWCJL
Le statut personnel du vaincu était respecté, et soit que
celui-ci voyageât, soit qu'il changeât de district, il était jugé
selon sa loi d'origine, inséparable de sa personnalité juri-
dique. Ainsi les Alamans, les Saxons, les Frisons, les Lango-
bards, les Romains, et les populations slavoniques étaient
unis sous l'empire des lois, des Francs Saliens et Ripuaires.
Des circonstances particulières pouvaient modifier les rap-
ports de dépendance du conquérant et des vaincus. Le
vainqueur pouvait se contenter de piller les terres envahies,
sans vouloir les posséder, n'ayant point la puissance suffi-
sante pour garder le territoire conquis. Ainsi, les Suèves,
incapables de chasser les Ubiens de leur pays, réussirent à
les rendre tributaires (1). Par ailleurs, les Francs et leurs
alliés saxons, en Thuringe, s'emparèrent de toutes les terres,
exterminant les vaincus, ou les réduisant entièrement à l'es-
clavage.
Un autre exemple de ces pratiques variables se trouve,
dans la colonisation de la petite île de Man, par le Norvégien
Godred (2).
« Godredus sequenti die optionem exercitui suo dédit, ut
si mallent Manniam inter se dividere et in ea habitare, vel
cunctam substantiam terra? accipere et ad propria remeare.
Hiis autem magis placuit totam insulam vastare, et de bonis
illius ditari, et sic ad propria reverti. Godredus autem
paucis qui secum remanserunt de insulanis australem partem
insula?, et reliquiis Mannensium aquilonarem tali pacto con-
cessit, ut nemo eorum aliquando auderet iure haereditario
sibi aliquam partem terrae usurpare. Unde accidit ut usque
in hodiernum diem tota insula solius regis sit, et omnes red-
ditus eius ad ipsum pertineant. »
1. Caesar, Bell. Gall., IV, 3.
% A. D. 1,056; Chron. Manniœ, Ms. Colt. Jul, A. VII, fol. 32.
LES SAXONS EN ANGLETERRE 103
L'incapacité héréditaire est donc la preuve même cle l'es-
clavage.
Tacite tait la distinction des degrés différents de servitude,
parmi les Germains. Ainsi, le joueur malheureux qui, sur un
coup de dés. a joué sa liberté, se remet volontairement aux
mains de son partenaire, pour être lié et vendu (1). D'autre
part, les serfs n'étaient pas réduits à un état de domesticité
absolue : leurs maîtres se contentaient d'exiger d'eux des
prestations en nature ; de prélever une certaine quantité de
leurs produits, et pour le surplus, il leur en laissaient la
jouissance (2). Le chef de la maison abandonnait les travaux
purement domestiques, {ministcria per familiam descripta) à
sa femme et à ses enfants. Il ressort donc des développe-
ments qui précèdent, qu'une classe d'hommes non libres est
composée de ceux qui ont été dépossédés par la conquête,
mais qui jouissent encore, à un certain degré, d'une liberté
relative ; et qu'une autre classe comprend tous les tenanciers
du seigneur, sur lesquels celui-ci peut exercer les droits de
vente, de mutilation, et de mort. La première catégorie de
serfs est ordinairement désignée par les termes, taet, en
anglo-saxon ; litus, lito, lazzo, dans les monuments germa-
niques (3) ; et les Romains, déjà, donnaient le nom de laeti
aux auxiliaires germains établis sur le sol de l'empire, et
astreints au tribut et au service militaire. Ces hommes non
libres, forment une classe intermédiaire, entre les hommes
libres et les derniers serfs. Cette condition était qualifiée
1. « Servos conditionis huius per commercia tradunt, ut se quoque
pudore victorise exsolvant », Germ., XXIV.
2. « Cœteris servis, non in nostrum m ore m, descriptis per familiam
ministeriis, utuntur. Suam quisque sedem, suos pénates regit. Frumenti
moduro dominus, aut pccoris, aut vcstis, ut colono, iniungit; et servus
hactenus paret », Germ , XXV.
3. Dent ftechtsall., p. 305,
104 BEOWULF
peowet, en anglo-saxon : le servies, était dit peéw; fancilla,
pcôwen.
Sans qu'il soit nécessaire de s'arrêter à la définition de la
servitude, dans les lois d'Henri Ier (1), on peut diviser l'es-
clavage en deux classes, d'après ses origines, et les faits qui
lui donnent naissance, ou qui le perpétuent. Ainsi, il y a des
serfs casu ou natura ; les serfs casu comprennent ceux que la
fortune de la guerre, le mariage, l'établissement, la sujétion
volontaire, le crime, ou la force d'un pouvoir supérieur, ont
asservis. Les serîsnatura, sont esclaves de naissance.
Les serfs du fait de la guerre, étaient ceux à qui il n'était
pas donné, sous le bienfait de la loi publique, de jouir de
leurs possessions et de leurs libertés anciennes, mais qui, se
trouvant réduits à un état de domesticité relative, pouvaient
même être vendus, selon le plaisir de leur vainqueur.
Le serf par mariage était l'homme ou la femme libre, qui
s'unissait à l'esclave : dans ce cas, la perte de la liberté
s'effectuait sans retour. La loi salique est explicite sur ce
point (2), et chez les Francs Ripuaires, on trouve la disposi-
tion suivante : « Si une Ripuaire a suivi un serf ripuaire, que
le roi ou le comte, lui offre un glaive et un fuseau : si elle
accepte le glaive, elle peut en tuer le serf; si elle choisit le
fuseau, qu'elle aille vivre avec le serf, dans la servi-
tude » (3). En ce cas, la loi burgonde (4) ordonnait qu'on
1. « Servi autem alii natura, alii facto, et alii empcione, et alii
redempcione, alii sua vel alterius dacione, servi, et si quae sunt alia?
species huiusmodi ; quas tamen omnes volumus sub uno servitutis
membre- constitui, quern casum ponimus appellari, ut ita dictum sit,
servi alii casu, alii genitura », Leg. Hen., I, LXXVI, § 3.
2. « Si quis ingenuus ancillam alienam in coniugium sociaverit, ipse
cum ea in servitutem inclinetur », Lex. Sal., XIV, 11 ; « Si ingenua
femina aliquemcunque de illis sua voluntate secuta fuerit ingenuitatem
suam perdat », Lex. Sal., XIV, 7.
3. Lex Rip., LVIII, 48.
4. Lex Burg., XXXV, 2, 3.
LES SAXONS EN ANGLETERRE 105
tuât les deux parties ; mais si les parents de la femme ne
voulaient pas qu'on la mit à mort, elle devenait esclave du
roi : Saxo Grammaticus (1) cite une loi semblable, au Dane-
mark. Il n'y a pas de preuves qu'une pareille coutume ait
existé chez les Anglo-Saxons, et Henri Ier ne mentionne pas
ce mode de servitude, parce qu'en fait, et sans doute, de tel-
les unions devaient être précédées de l'achat ou de l'affran-
chissement, de l'esclave homme ou femme.
Le serf par établissement est celui qui s'est volontairement
îixé dans un district, exclusivement habité par des hommes
qui ne sont pas libres ; c'est cà ce détail que se réfère l'expres-
sion germanique : die lu ft macht eigen ; l'air fait le serf.
Dans l'état social anglo-saxon, on peut faire rentrer dans
cette catégorie, ceux qui ayant cherché un refuge sur la terre
d'un seigneur, sont devenus sea socmen, en fait, et sans avoir
légalement, et solennellement renoncé à leur liberté (2).
Le serf par sujétion volontaire, est le sua datione servus,
de la loi d'Henri ; le servus deditius, et le giafprael (3) de la
loi normande. Dans les temps de disette, l'homme libre,
pour assurer sa subsistance et celle des siens, se voit réduit
à la nécessité du servage : « subdebant se pauperes servitio,
ut quantulumcunque de alimento porrigerent », écrit Gré-
goire de Tours (4) ; Gildas rapporte le même fait de Bre-
4. Hist. Dan., lib. V, p. 85.
2. « Contraxit universam iuventutem Houlandiae strenuissimus cornes
Algarus... una cum cohorte Croylandire monasterii, videlicet GC bellalo-
ribus robustissimis, eo quod maxima pars illorum de fugitivis fuerat »,
Hist. Ingutf'., p. 865.
3. « Si liber homo spontanea vohiniate vel forte necessitate coactus,
nobili, seu libero, seu etiam lito, in personam et in servitium liti se sub-
diderit », Lex. Fres , XI, l : « Ut nullum liberum liceat inservire, quamvis
pauper sit, tamen libertatem suam non perdat, nee hereditatem.... nisi
ex spontanea voluntate se alicui tradere voluerit, hoc potestatëm habeat
faciendi », Lex. Bajuv., VI, 3.
4. Gregor. Turon, VII, 45.
KM) BEOWULF
tons (I), el même lors de La conquête normande, une femme
noble, Geatflâed, gouverne comme serfs, des hommes libres
qui ont aliéné leur liberté, pour vivre (2). Les dettes contrac-
tées, le crime, furent, avec la pauvreté, d'autres causes d'es-
clavage volontaire. Il est à présumer, qu'en matière de dettes,
le servage devait avoir un terme, et qu'une certaine période
<1<' travail servile, devait être regardée comme équivalant
au montant de la dette. Quand un criminel, par application
du wergyld, avait été condamné à payer l'amende, et se
trouvait sans ressources, son seigneur et sa parenté se refu-
sant à lui venir en aide, il devait nécessairement, ou se livrer
au plaignant, ou à un tiers qui acquittait l'amende pour le
condamné, avec l'agrément de la famille de la victime. Cette
forme de servitude était appelé pingian, et le serf qui en
était l'objet, était dénommé witepéow, ou esclave crimi-
nel (3).
1. « Interea faines dira ac famosissima vagis ac nutabundis hœret,
qua} multos eorum crueniis compellit praedonibus sine diiatione vicias
dare inanus, ut pauxillum ad refocillandam animam cibi caperent »,
Hist. Brit., cap. XVII.
2. « Ealle da men de heônon heora heâfod for hyra mêle on dâm
yflum dagum », Cod. Dipt., n° 925.
3. Dans les tribus germaines, chez les Visigoths {Leg. Visigoth, 1^,
§ 4, 2), celui qui aide un serf dans sa fuite, et ne le paye point à son
propriétaire, est réduit en esclavage à sa place. Aux termes de la loi des
Bavarois (Leg. Bajuv., \, § M), celui qui ne peut payer l'amende du
wergyld, doit être réduit en esclavage avec sa femme et ses enfants :
« Rachilda (Grimm, Deutsch Rechtsalt., p. 329) quaa libertatem suam
ibrnicando polluit, amisit... filiœ illorum liberœ permaneant. ., nisi
forte adulterio vel fornicatione polluantur ». L'incontinence paraît avoir
été une cause d'esclavage chez les Anglo-Saxons : « Is equidem {Cod.
Dipt., n° 601) insipiens, adulterans,stuprum,propriam religiose pactatam
abominans, scortum diligens, libidinose commisit. Quo reatu omni
substantia peculiali recte privatus est, et prœfatum rus ab eo abstractum
rex huius patriae suae ditioni avidus devenire iniuste optavit » . Théodore
fixant la pénitence de la fornication, écrit ; « Si intra viginti annos
LES SAXONS EN ANGLETERRE 107
Les serfs du fait d'une force supérieure, ont été réduits en
servitude, par l'acte légal de ceux (pii ont le droit de dispo-
ser de leurs personnes, comme le père peut en user à l'égard
de son tils, ou de sa fille : le chef de la famille, ayant donné
la vie sauve à ceux qui la formaient, avait le droit de déci-
der si le sort de son descendant serait la liberté, ou le ser-
vage.
Les enfants illégitimes ont dû principalement constituer
cette classe d'esclaves, mais des exemples montrent que les
enfants issus du mariage, n'ont pas toujours été épargnés (1 .).
Les Frisons, pour acquitter le tribut qu'il devaient à Rome,
vendirent leurs femmes et leurs enfants (2) : « Ac primo boves
ipsos, mox agros, postremo corpora coniugum aut liberorum
servitio tradebant » ; mais cette pratique parait n'avoir été
qu'exceptionnelle, et qu'employée à toute extrémité. Mais
même à la fin du vne siècle, après l'établissement du chris-
tianisme depuis cent années en Angleterre, on trouve encore
la confirmation et la reconnaissance de ce droit, dans les
monitoires de deux archevêques, à leur clergé. Dans la Péni-
tence de Théodore, archevêque de Canterbury, on lit en effet,
ce passage (3) :
« Pater tilium suum septem annorum, necessitate compul-
sus, potestatem habet tradere in servicium ; deinde, sine
voluntate fîlii, licentiam tradendi non habet. »
Et dans la confession d'Ecgberht, archevêque d'York, on
trouve encore cette phrase :
puella et adolescens peccaverint (Lib. Pœnit., XVI. § 3, Thorpe, II, 9),
i annum, et in secundo iii quadragesimas ac légitimas ferias. Si propter
hoc peccatum servitio humano addicti sunt, iii quadragesimas ».
1. Lingard (.4. S. Church., I, 45) accuse les Saxons païens d'avoir
vendu leurs enfants, à l'étranger.
2. Tacit.. Annal., IV, 72.
3. Theodori, Arch., Cant, Liber Pœnit, XXVIII. Thorpe, A. S. Laws,
II, 19,
108 BËOWULF
« Pater potest filiuin suum, magna necessitate compulsus,
in servitutem traderc, usque ad septimum annum; deinde,
sine voluntate filii, cum tradere non potest » (1).
Les servi casa, comprennent, en général, les enfants illégi-
times, les étrangers sans relations dans le pays, des êtres
sans défense. C'est à cet ensemble d'hommes sans liberté que
ce passage de Théodore fait allusion :
« Si quis Christianus alterum Christianum suaserit, ac in
alteram regionem seduxerit, ibique eum vendiderit pro pro-
prio servo, ille non est dignus inter Ghristianos requiem
habere, donee redimat eum et reducat ad proprium locum...
Si quis Christianus alterum Christianum vagantem reppererit,
eumque furatus fuerit ac vendiderit, non debet habere inter
Christianos requiem, donee redimat eum, et pro illo furto
septem annos pœniteat » (2).
La seconde division générale comprend les servi natura,
nativi, ou serfs, du fait de leur naissance. Ceux-ci sont nés
de deux parents non libres, ou d'un qui ne l'était pas, et
dans ce cas, les solutions données par les différentes coutu-
mes, sont variables : la loi suédoise reconnaît la liberté de
l'enfant (3) ; la loi germaine se prononce contre elle (4). Le
Sachsenpiegel décide que les enfants suivent la condition du
père (5), et la loi d'Henri Ier (6) renferme la disposition sui-
vante :
« Si quis de servo pâtre natus sit et matre libera, pro
servo reddatur occisus... Si pater sit liber et mater ancilla,
pro libero reddatur occisus » ; et cela, d'après le principe
1. Confess. Ecgberhti, Arch. Ebor., XXVII, Thorpe, II, 153.
2. Lib. Pœnit, Theod., XLU, § 4, 5,.XXII1, § 13.
3. Deutsch Rechtsalt., p. 324.
4. Deutsch Rechtsalt., p. 323.
5. Sachs., III, 73.
6. Leg. Hen . , I, LXXII, § 1, 2.
LES SAXONS EN ANGLETERRE 109
général, que « Semper a pâtre, non a matre generacionis
ordo texitur », confirmé par Fortescue (Cominand, cap.
XLÏI.) :
« Lex angliae nnnquani mat ris, sed patris semper condi-
iionein imitari partum indicat, ut ex libera etiam ex nativa
non nisi libernm liber generet, et non nisi servum in matri-
monio procreare potest servus » (1).
Glanville, toutefois, parait adopter une opinion con-
traire (2), qui répond à la maxime : Partus sequilur ventrem.
L'enfant d'un père libre et d'une mère qui ne l'est pas,
appartient au seigneur, selon l'adage : « mien est le veau
qui est né de ma vache » ; mine is the calf that is borne of
my cowe. Fleta précise ce droit, avec une grande clarté (3) :
« Servi autem aut nascuntur, aut fiunt ; mascuntur quidem
ex nativo et nativa solutis vel copulatis, et eius erit servus
in cuius potestate nasci contigerit (3) ; dum tamen de soluta
nativa, domini loci, quia sequitur conditionem matris, a quo-
cunque fuerit genitus, libero vel nativo. Si autem copulati
fuerint et genitus fuerit partus a libero, licet a nativa, par-
tus erit liber ; et si de servo et libera in matrimonio, servus
erit. »
Ainsi, l'enfant suit la condition du père, si toutefois celui-ci
est bien, selon le droit romain, is est quem nitptiœ demons-
trant\ s'il y a eu mariage. L'enfant né d'une union libre, est,
juridiquement, une res nullius , et s'il est né sur la terre d'un
seigneur, il appartient domino loci : il peut, dès lors, être
4. Cf. Fleta, lib. I, cap. Ill, §2.
2. « Sunt autem nativi a prima nativitate sua ; quemadmodum si quis
fueril procrealus ex nativo et nativa, ille quidem nativus nascitur. Idem
est si ex pâtre libero et matre nativa. Sed si ex maire libera et pâtre
nativo idem est dicendum quantum ad status integritatem », lib. V,
cap. VI.
3. Fleta, lib. I, cap III, § 2.
110 BEOWULF
vendu, et astreint à des travaux qui ne seront pour le seigneur,
que la compensation de l'inactivité de la mère, pendant sa
grossesse, et à la naissance de l'enfant.
La condition du serf était pénible, et en dépit de l'influence
du christianisme, on avait coutume de maltraiter, et même
de massacrer les esclaves : l'Eglise punit de la pénitence
publique, le meurtre d'une esclave par sa maîtresse, impetu
et ira, et généralement, tout meurtre d'un serf par son sei-
gneur, sans permission de justice (1).
Devant la loi, l'esclave est la propriété absolue de son sei-
gneur qui peut disposer de lui, selon son bon plaisir. Le
serf ne peut se présenter lui-même, ni représenter les autres
en justice. Ses intérêts doivent être sauvegardés par autrui,
et il ne saurait prendre part à aucune fridborh, ou associa-
tion de garanties mutuelles, car il n'a rien à défendre en
propre, et il n'a en lui-même, aucun moyen de défendre les
droits d'autrui. S'il est tué par un étranger, c'est son seigneur,
et non ses propres enfants, qui demande la réparation du
dommage ; et si le seigneur lui-même l'a tué, sa perte équi-
vaut à celle d'un cheval ou d'un bœuf. De sa mort, aucune
vengeance ne peut être tirée, car il n'y a de parenté effective
et juridique, qu'entre hommes libres. Son serment ne pou-
vait avoir de valeur en justice, et il devait se soumettre aux
épreuves incertaines du jugement de Dieu. Et comme il ne
pouvait racheter les peines corporelles auxquelles il était
condamné, le fouet jusqu'à la mort pour les hommes ; le
1. « Si fsemina, furore zeli incensa, flagellis verberaverit ancillam
suam, ita ut infra diem terlium animam cruciatu effundat, et quod
incertum sit, voluntate an casu occiderit ; si voluntate, VII annos ; si
casu, per quinquennii tempora, ac légitima pœnitentia, a communione
placuit abstinere », Pœn., Theod., XXI, § 13. « Si quis servum proprium,
sine conscientia indicis occiderit, excommunicatione vel pœnitentia
biennii reatum sanguinis emundabit », ibid., § 12.
LES SAXONS EN ANGLETERRE 111
bûcher pour les femmes, étaient le traitement ordinaire
qu'il subissait (1). La durée du travail des serfs n'est point
limitée, et il n'y a pour eux, en retour, aucune garantie de
protection, de nourriture, ou de subsistance.
Il demeure sans droits, et avec des obligations indétermi-
nées, adscript us glebœ (2), et il vouait jusque dans les généra-
tions les plus lointaines, sa descendance au sort misérable
qui ne lavait point abandonné.
Mais quelque espérance d'une vie meilleure n'était pas
interdite au serf. La loi qui le réduisait à l'esclavage, pou-
vait aussi le rendre à la liberté, et Tacite mentionne, déjà,
des affranchis parmi les Germains ^3). Le christianisme s'ef-
força d'adoucir les rigueurs du servage. Bède rapporte que
l'évêque Wilfrid (Hist. Ec. IV, 13), en recevant le don des
Domaines de Selsey, des mains de Geadwealha de Wessex,
affranchit sur-le-champ deux cent cinquante serfs, attachés
au sol, disant, qu'après les avoir rachetés de la servitude du
mal, par le baptême, il les voulait arracher à l'esclavage de
l'homme, par la liberté. Dans cet esprit de charité, le clergé
obtint le repos dominical pour le peôw (Leg. Wihtr. § 9, 10;
Ini, § 3; Edw. Gud. § 7 ; iEdelr. VIII, § 2); le seigneur qui
obligeait le serf à travailler le samedi au coucher du soleil,
était déféré au roi et à la geréfa, et l'esclave dont il s'agit
devenait libre [folk free), par la condamnation de son maî-
tre (4). C'est encore à l'Eglise qu'est due la disposition que
l'on rencontre dans les testaments, où l'affranchissement
d'un certain nombre de serfs est ordonné par le testateur,
pour le repos de son âme (5). Alfred va jusqu'à donner au
1. Leg. tâdelst., Ill, § 6; Thorpe, I, 219.
2. Cod. Dipl., nos 311, 1079.
3. Tacit., Germ., XXV.
4. Leg. Ini, % 3.
5. Cod. Dipt., nos 716, 721, 722, 782, 788, 819, 925, 931, 946, 947
957, 959, 981.
112 BEOWULF
serf le droit de transmettre héréditairement son bien à qui il
lui plaît (1), et cette reconnaissance de droit enlève au sei-
gneur la disposition des produits de l'industrie du serf. Dans
la dernière période de la domination anglo-saxonne, l'es-
clave a pu lui-même reconquérir sa liberté (2), du consente-
ment de son seigneur (3), ou être acheté, pour l'aifranchisse-
ment, par un autre maître ; ou même, être loué pour
quelques années, pendant lesquelles il acquérait le prix de
sa liberté. Il n'apparaît pas, toutefois, que la condition du
serf ait été, en fait, beaucoup plus pénible que celle dun
ouvrier agricole : le seigneur devait, en effet, le nourrir, et
quand il était usé par l'âge et la fatigue, c'est au sein de
l'Eglise même, qu'il trouvait un asile (4). Dans la version en
prose, de Salomon et de Saturne (Thorpe. Ane. Laws. I.,
432 et s.), on lit que chaque serf doit recevoir par an, sept
cent trente pains, c'est-à-dire, deux pains par jour, sans
compter les repas du matin et du soir. On pourrait donc
conclure que sur un domaine, en général, les serfs étaient
commis aux emplois de laboureurs, de gardiens de chèvres,
de bœufs, de moutons, de vaches et de porcs ; qu'ils
vaquaient aux soins des bois et des champs ; tandis que les
1. Leg. .Elf , §43.
2. « Mud tamen notandum est, quod non potest aliquis, in villenagio
positus, libertatem suam propriis denariis suis quœrere. Posset enim
tune a domino suo secundum ius et consuetudinem regni ad villenagium
revocari ; quia omnia catalla cuiuslibet nativi intelliguntur esse in
potesiate domini sui, per quod propriis denariis suis versus dominum
suum a villenagio se redimere non poterit », Glanv., lib. V, cap. V.
3. Cod. Dipl., nos 933, 934 935, 936, 981.
4. Les Romains mettaient à mort les esclaves que l'âge rendait
inutilisables. Claude apporta à ces rigueurs quelque tempérament :
« Gum quidam aîgra et affecta mancipia in insulam /Esculapii taedio
medendi exponereni, omnes, qui exponerentur, liberos esse sanxit, nec
redire in ditionem domini, si convaluissent : quod si quis necare mallet
quem quam exponere, candis crimine teneri », Sue*,, Claud., 25.
LES SAXONS EN ANGLETERRE 113
gcnedt, cotset/a, gebûr, beôcere et gafôlswdn n'étaient que
des hommes libres et pauvres, sur les travaux desquels le
seigneur exerçait un prélèvement, ou qui payaient une rede-
vande ou gafol, sur les exploitations qu'ils mettaient en
valeur. 11 devait y avoir entre serfs, une hiérarchie : et le
serf qui gardait le bétail, et s'occupait de la culture, devait
être plus considéré que celui qui était préposé à la garde
d'une forêt, ou qui tirait l'eau à la rivière prochaine. Dans
une charte de l'année 902, Denevvulf, évêque de Winchester
et son chapitre, donnent à Eblesburne, un fief à Beornwulf,
parent de l'évêque.
Le chapitre signifia à Beornwulf que les serfs devaient
demeurer attachés au sol, quelque fût le possesseur de celui-
ci (1) :
« Daet da men môston on dam lande wunian.... donne
waéron daér preo witepeôwe men bûrbâerde, preo peôw
bâerde, da me salde bisceop da hiwan té rihtre âethe hira
team. »
Il est question, dans cette phrase, de trois esclaves cri-
minels, et de trois serfs : ces derniers sont, à proprement par-
ler, les cultivateurs du sol, alors que les autres serfs sont
véritablement, des esclaves.
L'émancipation du serf avait pour résultat de le faire
entrer dans la communauté des hommes libres, et en le
faisant naitre à la personnalité civile, de l'investir de droits
politiques. Mais comme, chez les Anglo-Saxons, la qualité
d'homme libre est inséparable de la possession territoriale,
il importe que la collectivité dispose, en faveur du serf
émancipé, d'un lot ou Hide, qu'elle lui attribue : une éman-
cipation devient donc un acte de la vie publique, quand le
seigneur, en affranchissant le serf, ne Ta pas doté d'une terre
1. Cod. DipL, n° 1079.
111 liEOWlW
suffisante pour assurer sa subsistance, et lui permettre de
prendre place parmi les hommes libres de la Marche. A ce
sujet, (Uanville écrit : « Il est à observer qu'un maître peut
affranchir son serf, par rapport à lui-même, ou à ses héri-
tiers, mais non point, au regard des tiers (1)... » Il fallait
donc le consentement des hommes libres, et comme une
confirmation de l'affranchissement du serf par eux, pour que
celui-ci devînt juridiquement libre, vis-à-vis de tous..
Cet affranchissement ressemblait à l'admission à Athènes,
d'un métèque ou d'un autre étranger, à tous les droits de
cité, ce qui ne pouvait avoir lieu, sans un vote exprès du
peuple entier, ou <L7)cpw[/.a. Même dans les lois de Guillaume
le conquérant et d'Henri Ier, on voit que la plus grande
publicité était donnée à l'affranchissement du serf, qui était
ainsi présenté au folcmôt assemblé, qui l'accueillait solennel-
lement parmi les hommes libres (2).
En fait, la fin de la servitude ne comportait pas, pour celui
qui en bénéficiait, tous les privilèges de la liberté. Le serf
paraît avoir conservé, vis-à-vis de son ancien maître, un
degré de dépendance : les dures obligations de sa condition
première ont bien cessé pour lui, mais il demeure le plus
souvent sur la terre seigneuriale qu'il occupait autrefois, et
il reçoit de son maître, des gages pour les services qu'il con-
tinue à y rendre. Au vme siècle, Wihtraed de Kent, stipulait,
que même au cas d'affranchissement solennel, l'héritage du
serf et la protection de sa famille, demeuraient au seigneur.
1. Lib. V, cap. V.
2. « Igitur Langobardi, ut bellatorum possint ampliare numerum,
plures a servili iugo ereptos, ad libertatis statum perducunt. Utque rata
eorum haberi posset libertas, sanciunt, more solito, per sagitiam, inmur-
murantes nihilominus, ob rei firmitatem. quœdam patria verba », Paul.
Diac. de Gest.,l, 13. « Si qui vero velit servum suum liberum facere,
tradat eum vice comiti », Leg. Wil, III, § 15. « Qui servum suum libérât
in ecclesia, vel mercato, vel comitatu. . . », Leg. Henr., I, 1, § 78
LES SAXONS KN ANGLETERRE i\&
(Leg. Wihtr., §8). Et le seigneur, le plus souvent, confir-
mait par une charte, le serf dans la possession de la terre
qui lui avait été départie, ou il lui en assurait la jouissance
temporaire, de sorte que l'affranchi demeurait presque néces-
sairement, sur la terre de son ancien seigneur (1).
Les cérémonies solennelles qui accompagnaient l'affran-
chissement d'un serf, chez les Anglo-Saxons, nous sont
demeurées inconnues, mais il y a quelque raison de sup-
poser quelles étaient identiques à celles qui avaient lieu,
parmi les autres nations teu tones. Ces cérémonies avaient
un double caractère, civil et religieux : l'autorité du prince
ou du peuple assemblé ; celle de l'Eglise, sanctionnaient
cet acte public. « Celui qui veut émanciper un serf, dit une
loi de Guillaume le Conquérant (2), doit le commettre aux
mains du sheriff, devant tout le comté ; le proclamer libre
de tout joug de servitude ; lui ouvrir les voies et les portes,
et lui remettre les armes de l'homme libre, la lance et le
glaive; après quoi, l'homme est libre ». Ces dispositions
se retrouvent, en termes, à peu près semblables, dans les
lois d'Henri 1er (3). Chez les Langobards (4), le serf qui
devait être fait entièrement libre, fui [real, était livré succes-
sivement à quatre personnes : la dernière le conduisait à
1. Kettel recommande, dans son testament {Cod. Dipl., n° 1340', que
tous les hommes qu'il a affranchis possèdent en propre, tout ce qu'ils
ont sous la main, c'est-à-dire leurs lots de terre, ou les produits de leur
industrie.
2. Leg. Will. Conq.,\\\, § 15.
3. « .Qui servum suum libérât, in ecclesia, vel mercato, vel comitatu,
vel hundreto, coram testibus et palam faciat, et libéras ei vias et portas
conscribat apertas, et lanceam et gladium, vel quae liberorum arma
sunt, in manibus ei ponat », Leg . Hen., I, LXXVIII, § 1.
4. Leg . Rotharis, Langob Reg., cap. GGXXV. « Per omnes terras suas,
de triginta hominibus numeratis, tredecim manumisit, quemadmodum
eum sorsdocuit. ul in quadrivio posili pergerent quocunque voluissent »,
/fist. Ram., 29.
116 BEOWULF
l'endroit où quatre routes se croisaient, et l'affranchi suivait
celle qu'il choisissait : il devenait alors lihre, dmund, c'est-
à-dire qu'il n'était plus sous la protection et sous la dépen-
dance de son premier maître. Parmi les Francs, l'acte
d'émancipation le plus complet était celui qui avait lieu
devant le roi, ou la cour populaire ; l'affranchi était sur-
nommé denarialis ou denariatus : « qui denarium ante regem
iactavit ». Il devenait justiciable du wergyld ; pouvait con-
tracter mariage et jouissait des droits civils les plus étendus.
Le mode d'affranchissement le plus courant du serf, était
son rachat par celui qui le voulait libérer, ou par lui-même.
On trouve de ce dernier cas, un exemple dans le Codex
Diplomaticus (1350) : « Sur les livres saints, il apparaît
qu'^Elfwif le Rouge s'est racheté de l'abbé yElfsige et de tout
le couvent, pour une livre... Que le Christ aveugle celui qui
le niera ! » Sans doute ce serf avait-il été affranchi à l'autel
ou à la porte de l'abbaye, ainsi qu'il est dit dans le livre de
saint Petroc (1) : « Ce livre témoigne qu'iElfsige a été acheté
d'une femme nommée Ongynedel et de son fils Gydiccael,
pour une demi-livre, à la porte de l'église de Bodmin.. ., et
ce devant l'autel de saint Petroc; le tout attesté par Isaac,
prêtre... ». Cette forme d'émancipation dut être la plus fré-
quente, comme étant la plus facile : le serf était sans doute
conduit au maître-autel, et là, déclaré libre par ses maîtres,
en présence de l'assemblée du clergé. Un registre de ces
actes devait être tenu dans chaque église, avec les noms des
témoins de l'affranchissement.
Au demeurant, les enfants de l'affranchi naissaient libres
de son mariage avec une femme libre, comme il le devient
lui-même, Les autres droits, devoirs et privilèges, et sa con-
dition même sont déterminés par une entente entre le serf
et son seigneur, avant l'acte d'affranchissement
1. Cod.Dipl.,m, | 28.
CHAPITRE IX
Les garanties mutuelles. Maegburh. Tithing. Hundred
La division et l'organisation administratives du pays en
Marches, en Gâ ou Scir, étaient commandées par la nature
du sol, par sa possession commune et parla commune con-:
sommation de ses produits. Ce système présentait donc un
caractère plutôt économique que politique, et il était insuffi-
sant pour assurer la paix, la sécurité publiques, et pour
garantir le libre exercice des droits individuels. Il fallait à la
collectivité une vie sociale autre que celle qui lui était donnée
par la Marche et ses juridictions : ces dernières ne connais-
saient que des différends territoriaux, s'élevant au sujet des
forêts, des pâtures, des violations de frontières.
La famille fut, chez les Germains, avec ses parentés, ses
alliances, ses liens de consanguinité, la première association
politique de fait : le lien de famille est le seul qui unisse
entre eux les membres qui la composent. Les divisions du
sol entre les familles, ont ainsi constitué la première unité
teritoriale, et l'union défensive et offensive des familles entre
elles, fut la base de la première organisation militaire de la
tribu (1) : chaque membre qui la compose, épouse, en effet,
1. « Quodque praecipuum forlitudinis incilainenttun est, non casus
nec forluita conglobatio liirmam aut cuneum iacit, sed l*amili<e et pro-
pinquilates ». Germ., VII.
118 BEOWULF
les sentiments hostiles et les amitiés de la collectivité (1) :
ce qui constitue, chez les Anglo-Saxons, le lien de famille,
le Maêgburh,
Le caractère de la famille germaine, est sacré ; le lien du
mariage naît d'un engagement symbolique et solennel (Tac,
Germ., XIX), et la femme est regardée comme sainte, auprès
de l'homme qu'elle a choisi. Dans les profondeurs de leurs
forêts, ces guerriers à l'âme austère, au courage farouche,
sentaient que la femme était plus queux-mêmes, en commu-
nion avec les dieux tutélaires de la patrie (Tacit., Germ.,
VIII).
Dans les traditions obscures de leur mythologie, c'étaient
les Shieldmays, dans leur immortelle beauté, qui choisis-
saient parmi l'élite des guerriers, ceux qui méritaient d'être
les hôtes fortunés de Wôden. Les matrones gardaient les
secrets rituels; elles présidaient aux divinations (Caes. Bell.
Gall., I, 50), et elles encourageaient les guerriers sur les
champs de bataille (2) : c'étaient Veledas et Aurinias, prê-
tresses et prophetesses qui conduisaient les hordes barbares
à la victoire, sur les vétérans romains. Le rang, ni la richesse
ne pouvaient protéger la femme contre les rigueurs des
châtiments, pour la violation de chasteté (Tac, Germ., XIX) ;
et aucun mauvais traitement n'était plus sévèrement puni que
celui que l'homme, abusant de sa force, infligeait à la femme
(Tacit., Germ., XIX). Prise individuellement, la femme était
donc regardée comme un être dune nature supérieure ; au
1. « Suscipere tam inimicitias seu patris, seu propinqui quam amici-
tias necesse est », Germ., XXI.
2. Tacit., Germ., VII, VIII. Après la défaite des Cimbres par Marius,
leurs femmes supplièrent le Consul d'ordonner que leur chasteté fut
respectée, et elles s'offrirent à devenir esclaves des Vestales. Sur le refus
du Consul, elles se tuèrent avec leurs enfants. Les chiens qui les avaient
accompagnées, défendirent longtemps leurs cadavres, Cf. Florus, III, 3 ;
Orosias, V, 16,
LES SAXONS EN ANGLETERRE J 19
sein delà famille, et comme faisant partie de l'Etat, elle était
subordonnée à l'homme, et juridiquement représentée par
lui.
D'où l'influence politique des mariages, groupant les indi-
vidus et les intérêts ; leur faisant poursuivre des buts com-
muas, profitables à tous. La femme cause immédiate de
tous ces faits sociaux, méritait bien le surnom poétique que
lui donne le barde anglo-saxon, freodowebbe, celle qui tisse
la paix.
Dans les conseils populaires, la famille la plus nombreuse
et la plus distinguée a, nécessairement, une prédominance
de fait, qu'elle perd, quand la population s'accroît ou se
disperse, du fait de la guerre, de la culture et du commerce.
Celle-ci forme des corporations (Tithings and Hundreds),
pour la défense de tous ses intérêts ; ces dernières se propo-
sent, aussi, des buts charitables, etassurent encore les réjouis-
sances publiques et à leurs associés, des secours mutuels.
Ces subdivisions, d'abord personnelles, devinrent territo-
riales et administratives. Au xe siècle, dans la cité de Londres,
on trouve les habitants se divisant en Fridgylds (1), ou asso-
ciation pour le maintien de la paix et de la sécurité publi-
ques. Mais de pareils groupements suivaient les variations
mêmes des populations, et leur existence dépendait des dépla-
cements de celles-ci : ces associations furent réglementées par
Alfred, après les guerres danoises (Leg. Edw. Conf., XX:
Thorpe, I, 450). Les gylds ou tithings avaient pour but
d'assurer la protection de leurs membres qu'elles rendaient
solidairement responsables des faits des uns et des autres,
sans qu'il y eût entre eux, les liens du sang. Chacun se
trouvait donc, sous une mutuelle surveillance, et la respon-
sabilité individuelle était d'autant moins assumée, qu'elle
i. Cf. Leg. Ed, Confess., XX ; .Edelst., v. 8, § 1 ; Thorpe, I, 236.
120 BEOWULF
entraînait la responsabilité de tous. Mais chaque membre de
la tithing était un homme libre : ce n'était qu'une associa-
tion de membres indépendants dune communauté indépen-
dante. Ainsi, le peuple se sentait uni et fort, jusqu'à ce que
les nobles l'eussent dominé, politiquement et économique-
ment, par leur représentation du pouvoir royal, et par la
possession des terres.
CHAPITRE X
Fsehde. Wergyld
Le droit de guerre privée, appelé faéhde ou fead, était un
de ceux que tout homme libre teuton, regardait comme
inaliénable, et qui, s'ajoutant aux obligations de famille,
étaient dérivés de sa position originaire d'homme libre.
Chaque homme doit, par la loi naturelle, pourvoir à sa
propre défense, et s'assurer, par ses propres moyens, la
possession paisible de ses biens, et la jouissance de sa
liberté.
L'histoire et la tradition confirment que ce principe fut
accepté des tribus du Nord, dans les cas où l'on conçoit des
familles séparées, et gardant vis-à-vis les unes des autres,
une position indépendante.
Quand Yimperium n'existe pas chez un peuple, la société
seule, possède elle-même \mjus belli contre ses divers mem-
bres : et si ses voisins ne veulent point vivre entre eux, en
bons rapports, ils doivent être contraints à la paix, par la
volonté et par l'action du plus grand nombre, et cela pour
rendre la vie sociale de tous, susceptible de durée. Le droit
de guerre privée, admet à ses origines, que chaque homme
libre a le droit de se défendre lui-même, avec sa famille et
ses féaux, sous toutes les formes de la guerre. Mais le plein
exercice de ce droit primitif, est un obstacle essentiel à la
\'2'2 BEOWULF
formation d'une société organisée. C'esl alors que les mem-
bres de la collectivité, se faisant législateurs, cherchent à
réglementer les vengeances privées, qui appartiennent à la
partie la plus puissante et la plus forte, même si elle est
coupable.
La première limitation qu'ait reçue le droit de vengeance,
se rencontre dans la loi du talion. L'earl qui fit prisonnier
au vne siècle, le thane Imma, pouvait valablement lui dire :
« Il m'est loisible et juste de te mettre à mort, parce que
mes compagnons sont tombés dans la bataille où tu fus
capturé » (1). Et dans la législation ultérieure, on rencontre
des dispositions analogues : ainsi lit-on dans l'ordonnance
sur les serments, « que le serment d'un homme possédant
douze hides, vaut ceux de six ceorls ; car l'homme qui vengera
celui qui possède douze hides, le fera pleinement sur six
ceorls, et le montant de son wergyld, sera celui de six
ceorls (2). Les nations teutones, en général, évitaient les
r
inconvénients d'un pareil système, en faisant de l'Etat lui-
même, l'arbitre des parties, c'est-à-dire en établissant un
tarif légal de toutes injures, lésions et dommages, et en
confiant à l'Etat le soin do faire accepter à la partie lésée,
ou à ses ayants-droit, la compensation pécuniaire, et le droit
d'exiger celle-ci, de celui qui s'est rendu coupable de crime
ou d'injustice. L'Etat agissait ainsi comme médiateur entre
les parties en conflit, pour le maintien de la paix générale :
la victime était assurée d'une satisfaction légale, pour le
dommage qu'elle avait subi, et l'adversaire savait, qu'après
avoir acquitté le montant de l'amende, il se trouvait placé
1. Bèdc, Hist. Eccl., IV, 22.
2. « Twelf hyndes mannes âd forsent syx ceorla âd ; fordâm gif man
done twelf hyndan man wrecan sceolde, he hid full wrecen on syx
ceorlum, and his wergyld bid syx ceorla wergyld », Oaths, § \2 ; Thorpe,
I, 182.
LES SAXONS EN ANGLETERRE 123
sous la sauvegarde du droit public, et qu'il était désormais à
l'abri de toute vengeance privée.
Pour cet office, l'état exigeait une rémunération, sous la
forme d'un impôt, parfois appelé fredum (de frid, paix), et
parfois, bdnnum, et qui s'ajoutait à la compensation payée
d'homme à homme. C'est à ce dernier point que Tacite fait
sans doute allusion, quand il écrit :
«... Leurs inimitiés ne sont pas implacables ; car l'homicide
même est racheté par un nombre déterminé de troupeaux
ou de têtes de bétail, et toute la famille reçoit ainsi satisfac-
tion... Une pareille pratique est avantageuse pour l'Etat,
caries vengeances privées sont une menace pour la liberté...
Une partie de l'amende est attribuée au roi ou à la cité; le
reste appartient à celui qui a été lésé ou à sa parenté » (1).
Dès que l'Etat se refuse à rendre justice, le droit de guerre
privée revit parmi les familles. Mais avant de recourir aux
armes, l'homme libre, dans les lois d'Alfred, doit avoir subi
un déni formel de justice. D'autre part, si l'offenseur refuse
de recourir au mode de règlement pacifique qui lui est
imposé par les lois de l'Etat, l'offensé peut l'y contraindre
par la violence et avec l'aide de la force publique elle-même.
Ce droit est formulé d'une façon générale et définitive, dans
la loi d'Edouard le Confesseur, par la disposition suivante :
« Qu'il y ait réparation pour les victimes, ou que la guerre
soit alors portée » (2).
Mais l'exercice de ce droit, n'était pas laissé à l'arbitraire
des individus : les ordonnances des rois l'ont réglementé,
sinon défini, et dans les lois d'Alfred on lit notamment :
« Que l'homme qui sait que son ennemi demeure enfermé
dans sa maison, ne l'y attaque point, sans avoir, au préalable,
1. Tacit., Germ., XXII, Xll.
2. Leg. &dw. Conf.,XU, Thorpe, I, 447.
124 îtKnWTLK
demandé justice contre lui. Si son ennemi demeure en sa
maison, qu'il se contente de l'y assiéger, durant sept jours,
niais sans l'attaquer. Si après sept jours, il veut se rendre
avec ses armes, l'assiégeant le gardera, prisonnier et sauf,
pendant trente jours, et préviendra les parents et les amis
de son ennemi, de la captivité de celui-ci... Mais si le plai-
gnant n'a pas les moyens suffisants pour assiéger son adver-
saire, qu'il s'en aille trouver l'ealdorman, pour lui demander
son assistance. Si l'ealdorman la lui refuse, qu'il en appelle
au roi, avant de combattre... Nous déclarons, en outre, qu'il
y a guerre légitime, quand un homme défend son seigneur
contre celui qui l'attaque ; quand le seigneur défend l'homme
libre qui lui est attaché. Il y a encore guerre légitime, dès
lors qu'un homme en trouve un autre, sous portes closes, ou
sous le même toit, avec la femme qu'il épousa ; avec sa fille
née en noces légitimes ; avec sa sœur ou avec la mère, qui
fut donnée à son père, pour épouse » (1).
Les inconvénients et les troubles qu'apportaient dans la
société, de pareilles pratiques, amenèrent dans le milieu du
xe siècle, Eâdmund à affranchir la parenté des parties des
conséquences du faéhde. 11 ouvre, par ces dispositions, ses
lois séculières :
« Eâdmund, le roi, fait savoir à tous, jeunes et vieux, sous
sa domination, ce qu'il a délibéré en son conseil, avec clercs
et lais... Et réprouvant les combats privés, injustes et nom-
breux, nous avons décrété la loi suivante : « Si un homme
en tue quelque autre, il doit supporter, seul, la guerre et la
vengeance... Si sa parenté l'abandonne et se refuse à payer
pour lui la compensation, elle doit être mise hors de cause,
à moins qu'elle n'ait nourri ou protégé le coupable... Et si,
dans ces conditions, la parenté de la victime tire vengeance
1. Mlfr., §42.
LES SAXONS EN ANGLETERRE 125
de la parenté innocente du coupable, que la première soit
déclarée de trahison envers le roi, et que tous ses biens
soient confisqués, au profit dudit roi » (1).
La loi d'Eadweard, l'aîné (A. D. 900-915), règle le mode
de procédure qui doit être suivi, quand les parties sont
d'accord, pour trancher leur différend, sur le principe de la
compensation pécuniaire :
« Le wergyld d'un homme, possédant douze hides de terre,
est de douze cents shillings ; le wergyld de l'homme, possé-
dant deux bides de terre, est de deux cents shillings. Si
quelqu'un est tué, que la rançon de sa mort soit propor-
tionnée à la qualité de sa naissance... Quand le meurtrier
aura donné provision, pour le wergyld,... il se trouvera sous
la protection du roi : tous les parents de celui qui a été tué,
jureront, en vouant au médiateur leurs propres corps, que la
décision du roi sera observée. Dans les vingt et un jours qui
suivront cette date, il sera payé pour le wergyld d'un homme,
possesseur de douze hides, cent dix shillings, comme
heals fang (2), qui appartiendront aux enfants, frères et oncles
paternels, et à ceux qui auront, avec la victime, des liens
réels de consanguinité. Vingt et un jours après le heals fang,
sera payé le manbôt ; puis après le même délai, le fight-fine
(prix du combat) ; puis le frumgyld (prix même de l'homme),
qui sera payé ainsi que le conseil (Witan) l'aura ordonné.
Après quoi, les parties pourront se réconcilier, et avoir pleine
amitié, si elles le désirent... Le wergyld du ceorl sera payé
de la même manière que celui de l'homme, possesseur de
douze hides... » (3).
La loi d'Eâdmund contient des dispositions analogues
1. Eadm. Sec. Leg., § 1, Thorpe, I, 246.
2. Dédommagement dû à la parenté, pour sa renonciation à la ven-
geance.
3. Eâd. and Gud., § 13 ; Thorpe, I, 175.
Iw26 BEOWULF
(Eâdm. Sec. Leg., § 7, Thorpe, I, 250), et le wergyld était
La base de toute solution amiable et pacifique des différends.
Par une fietion juridique, une somme en nature ou en
espèces, était censée être placée sur la tête de chaque
homme libre, et représentative de son rang dans l'Etat, de
sa naissance et de ses charges. Toute injure qui lui était
faite, toute lésion de ses droits civils, tout trouble de sa paix
domestique, étaient représentés et rachetés au prix de
pareille somme qui pouvait s'élever encore, avec les circons-
tances, qui accompagnaient ou qui aggravaient le dommage
causé. Le wergyld du roi, comme celui du paysan, était
payable à sa parenté et à son peuple. Les principales distinc-
tions du wergyld reposent sur les différentes catégories
sociales qu'il comprend. La valeur du serment de chaque
homme est estimée dans le wergyld, ainsi que la protection,
ou mand, dont il jouit ; les impôts qu'il paye, et le prix
même de sa vie. La première unité de compensation dans
le wergyld, est constituée par l'homme libre, base effective
de toute la hiérarchie sociale teutone.
Bien que le principe du wergyld ait été commun à toutes
les tribus germaniques, son application comportait des diffé-
rences, dans les prix auxquels étaient évalués, selon leur
rang, les mend) res de ces sociétés primitives.
Francs Saliens et Ripuaires (1). — Ingenuus, 200 sol. ;
litus, 100 sol.; ingenuus in hoste, 600; litus in hoste,
300 sol. ; ingenuus in truste, 1.800 ; litus in truste, 900 sol.
Angli et Werini. — Liber, 200 sol. ; adaling (noble), 600 ;
libertus (affranchi), 80 sol.
Loi des Saxons. — Liber, 240 shillings; nobilis, 1.440;
libe tus, 120 shillings.
1. Ces chiffres et les suivants, sont cilés par Grimm, Rechtsalt.,
p. 272.
LKS SAXONS EN ANGLETERRE 127
Loi des Bavarois. — Le duc 960 shillings; la famille
ducale des Àgilolfings, OiO ; les cinq autres races nobles,
320; le simple homme libre, 1G0 shillings.
Loi des Al amans. — Primus (le premier rang des nobles),
2i0 shillings; Medianus (le second rang parmi les nobles),
200 ; Minofledus (rhomme libre), 160.
Loi des Burgondes. — Noble, 300 shillings ; noble d'un
degré inférieur (mediocris), 200 ; l'homme libre (minor), 150.
Loi des Frisons. — Noble, 80 shillings ; homme libre,
53 1/3; affranchi, 26 2/3.
Loi des Visigoths. — Homme libre (entre vingt et cin-
quante ans d'âge), 300 shillings ; affranchi, 150.
Dans le Nord, 100 sifrs étaient le wergyld de l'homme libre ;
les lois suédoises le fixaient à 40 marks ; celles du West-
gothland à 39 marks ; des Jutes, à 54 ; des Gutalag, à 3 marks
dor.
Le wergyld du clergé était peu différent de ceux qui pré-
cèdent : parmi les Francs Saliens : diacre, 300 shillings ;
prêtre, 600; évêque, 900.
Chez les Francs Ripuaires : clerc, 200 shillings; sous-
diacre, 400 ; diacre, 500 ; prêtre, 600 ; évêque, 900.
Ces éléments donnent une idée générale du système. Il
est à remarquer que, dans ces textes, le roi n'est pas men-
tionné, car il demeure constant que la plupart de ces lois
ont été promulguées, après que le pouvoir royal se fût
pleinement développé, et qu'il eût perdu ses caractères et
sa nature originaires.
Chez les Anglo-Saxons, les compensations du wergyld,
semblent avoir varié à différentes périodes de l'histoire, et
selon les valeurs relatives de la vie et des produits du sol.
La loi du pays de Kent ne donne que des chiffres approxi-
matifs pour le wergyld des deux classes d'hommes libres
quelle reconnaît, l'eorl et le ceorl.
128 BEOWULF
Dans la loi cTiEdelberht (§ 2, 5, 8), le mundbyrd, ou pro
tection du roi, est estimé 50 shillings ; celui de l'eorl ou du
noble, 12 shillings (§ 13, 14) ; celui du ceorl, ou simple
homme Libre, 6 shillings (§ 15, 2o, 88). Ainsi, les trois
classes sociales se trouvent, entre elles, dans les proportions
de cinquante, douze et six ; ou, en prenant le ceorl pour
unité, leurs valeurs respectives sont de 8 1/3, 2, et 1 :
Ceorl : eorl : : 1 : 2
Ceorl : king: : 1 : 8 1/3
Eorl : king : ; 1 : 1 1/6
Le wergyld ordinaire semble avoir été au-dessus de
100 shillings, et au-dessous de 200. Le cas d'un wergyld
payé parle roi, quoique rare, n'est pas sans exemple (1). En
l'an 687, Mùl-JEdelweard, de la race royale de Wessex,
envahit le pays de Kent, et s'étant laissé surprendre par des
paysans, dans une maison où il s'était arrêté, il y fut brûlé
vif avec ses compagnons. Sept ans plus tard, les hommes
du Kent, firent compensation au roi Ini, pour la mort de
Mùl. William de Malmesbury l'évalue à 30.000 mancuses,
1. En 679, une bataille eut lieu entre Ecgfrid de Northumberland et
/Edelred de Mercie : « Anno regis Ecgrifidi nono, conserto gravi prœlio
inter ipsuin et /Edibredum regein JVJerciorum, iuxta fluviuin Treanta,
occisus est yElfuini, frater regis Ecgfridi, iuvenis circiter decern et octo
annorura, utrique provincial multum amabilis. Nam et sororem eius
quae dicebatur Osdrjd, rex jËdilred habebat uxorem. Gumque materies
belli acrioris et inimiciti* longioris inter reges populosque féroces
videretur exorta, ïheodorus, deo dilectus autistes, divino functus officio,
salutifera exhortatione coeptum tanti periculi funditus exstinguit incen-
dium : adeo ut pacatis alterutrum regibus ac populis, nullius anima
hominis pro interfecto regis fratre, sed débita solummodo multa pecuniae
régi ultori daretur. Cuius fœdera pacis multo exinde tempore inter
eosdem reges eorumque régna durarunt. In prœfato autem prselio, quo
occisus est rex /Elfuini... », lîède, Hist . EccL, IV, 24,22,
LES SAXONS EN ANGLETERRE 129
ainsi que Florent de Worcester (1). /Edelweard (2) donne,
pour somme de ce wergyld, 30.000 solides, et les manuscrits
de la Chronique Saxonne estiment cette compensation à
30.000 livres (3) : prit tig xmnsend punda. Les, contradictions
dans les chiffres des compensations, proviennent des diffé-
rences de types monétaires, que connaissaient les auteurs
précités.
Le texte le plus précis et le plus clair sur l'application
du wergyld, est donné par Thorpe, dans ses lois anglo-
saxonnes (p. 186) :
1. Le wergyld royal est, chez les peuples du Nord, de
trente mille thrymsas.
2. Celui d'un archevêque et d'un aedeling, de quinze mille
thrymsas.
3. Celui d'un évêque et d'un ealdorman, de huit mille.
4. Celui d'un thane laïque ou ecclésiastique, de deux mille.
5. Celui d'un ceorl, de deux mille et soixante-six thrymsas.
6. Celui de l'homme ayant acquis un hide de terrain et
payant l'impôt, de mille vingt shillings ; celui de l'homme
n'ayant acquis qu'un demi-hide, de cinq cents shillings.
7. Si l'homme n'a pas de terres, mais est libre, son
wergyld est de soixante-dix shillings.
8. Le wergyld de l'homme possédant cinq hides de terre,
est de deux mille thrymsas »,
Dans le même recueil (p. 190), est publié un autre docu-
ment sur les compensations :
« Le wergyld du ceorl est de deux cents shillings. Celui
du thane, de six fois plus élevé, soit de douze cents shillings.
Le wergyld du roi vaut six fois celui du thane... ».
1. Will, iMalm., Gest. Reg., lib. I; Flor. Wigorn., an. 094.
2. JEdel. C/iron., II, cap. 40.
3. Chron. saxon., an. 094.
) 30 MKOWULf
En resume, le wergyld était fondé sur ce principe, que son
paiement faisait cesser, pour le coupable, toute responsa-
bilité, tant vis-à-vis de TEtat que des particuliers, et que
dans ces âges barbares, le rachat pécuniaire du crime
entraînait son absolution.
!
CHAPITRE XI
Fo'lcland. Bo'cland. Lœ'nland
Les limites qui avaient été apportées à l'attribution primi-
tive de rédel, ou domaine allodial, avaient permis de laisser
une étendue de terres assez considérable, réservée pour
l'application du principe, que tout homme libre doit s'établir
sur le sol, et jouir de sa possession. L'Etat se trouvait être
le propriétaire nominal de ces territoires qui furent appelés
fôlcland par les populations, et par les chroniqueurs, terra
publiai, ager publiais. Le fôlcland se distinguait de l'edel, en
ce qu'il n'était pas dévolu à l'homme libre en pleine propriété,
et qu'il n'était point héréditaire. Le dominium utile était
consenti au bénéficiaire ; le dominium directum était réservé
par l'Etat, pour la jouissance publique, quand la terre ces-
sait d'être possédée et exploitée par le concessionnaire, par
suite de sa mort, ou de la cessation de ses paiements envers
l'Etat. Parfois, le fôlcland était destiné à récompenser de
grands services publics, et dans ce cas, sur les terres qu'il
renfermait, on constituait un édel, en toute propriété, pour
celui que la collectivité voulait enrichir . Dans Beowulf,
(v. 5.977), Wulf et Eofer, sont récompensés d'avoir tué
Ongendeôw, par une dotation en terres et en anneaux.
L'exposé le plus clair des caractères du fôlcland est donné
par Bède, qui se plaint qu'une partie du domaine public ait
132 BEOWULF
été détourné de son attribution véritable — comme n'étant
plus possédé — à titre de compensation ou de récompense,
par ceux dont les armes défendent le pays :
« Et depuis, écrit-il, qu'il y a de vastes territoires qui ne
sont utiles ni aux hommes, ni à Dieu,... n'étant pas possé-
dés par des guerriers qui pourraient défendre notre sol
des invasions barbares, on pourrait faire un acte louable,
en faisant de ces terres le centre d'un évêché, ou d'une
abbaye Il n'y a plus de terres que les fils de nobles, ou
les soldats vétérans, puissent recevoir en dotation » (1).
Le fôlcland, en Angleterre, comme dans les autres états
teutons, était une propriété nationale, sur laquelle on cons-
tituait des majorats viagers, ou en pleine propriété.
« Prinçeps de eius recuperatione simul et postulatione mul-
tum gavisus, et suum ad hoc consensum et parentum adep-
tus est favorem ; deditque illi in eisdem partibus, multas
possessiones de publico, quatinus viciniori potentia soceris
acceptior factus, non minori apud illos, quam in genitali solo
praecelleret dignitate » (2).
Il est difficile de préciser les conditions dans lesquelles
s'exerçait, pour les tenanciers, leur droit d'usufruit. A la pos
session, même précaire, de ces terres était attaché le service
militaire qui devait être personnellement effectué ; les tra-
vaux d'entretien des voies, ponts, et remparts. Il y avait, en
outre, pour le bénéficiaire du fôlcland, certaines obligations
envers le roi : service de garde, assistance aux chasses roya-
les ; escorte à fournir aux messagers du roi, en services
publics ; nourriture à donner aux meutes, aux faucons et aux
chevaux de l'équipage royal. Le tenancier était encore tenu
à des prestations en nature, sur lesquelles vivaient le roi et
1. Bède, Epist. ad Ecgbirhtum Archiep, § 2 (Opera Min., II, 216).
2. Vit. S. Idae, Pertz, II, 571.
LES SAXONS EN ANGLETERRE 133
sa maison. Ces redevances étaient comprises sous la dénomi-
nation, Cyninges-feorm ou Firma regis.
C'est par les exemptions d'impôts accordées par les rois,
que l'on peut se rendre compte des prestations auxquelles le
tenancier du fôlcland était assujetti.
Entre les années 791 et 796, Offa exempte cinquante hides
de terres, à Westbury et à Hanbury, de tous impôts envers
le roi, les ducs, et leurs officiers, à l'exception de deux tonnes
de bière blonde ; d'une tonne de bière forte du pays de Gal-
les; de sept bœufs; de quarante fromages, et de trente
mesures de blé (1).
En 863, un domaine à Marsham, devait comme redevance
annuelle, trente fromages; quarante agneaux, deux jours de
labourage, qui pouvaient être rachetés, au prix de trente
shillings d'argent (argentea) (2)
En 877, l'évêque Tunberht, du consentement de son cha-
pitre, obtient du roi et de son Conseil, que les lieux où doi-
vent s'élever les réfectoires d'une abbaye, soient dégrevés de
toutes charges :
« Liberam ab omnibus terrenis diffîcultatibus omnium
gravitudinum, sive a pastu regis, principis, exactoris; et ab
omni aedificiorum opère, tributo, a paraveredis, a taxationi-
bus qu :d dicimus witerâedne ; omnium rerum saecularium
perpetualiter libera sit, excepta expeditione et pontis aedifi-
catione » (3).
Vingt ans plus tart, en 883, un monastère est affranchi de
toutes les prestations dues par les moines au roi, en bière,
miel, porcs, bœufs, et moutons (4). Dans les prestations du
1. Cod. DipL, n»166.
2. Ibid., nos 281, 288.
3. Cod. Ûipl.,n° 1063.
4. Ibid., n° 313.
131 BEOWULF
monastère de Taunton, on relève : une nuit de garde auprès
du roi ; huit chirns. <| un gardien desdits chiens ; l'entretien,
pendant huit nuits, des fauconniers du roi; et le transport de
la suite royale à Curry.
Les redevances de vingt hides de terrain à Titchbourn,
accordés entre 901 et 909, par Kâdweard, à Denewulf de Win-
chester pour trois générations, étaient les suivantes : douze
tonnes de bière; douze tonnes de bière sucrée du pays de
Galles ; vingt tonnes de bière blonde ; deux cents pains lar-
ges, et cent pains longs ; deux bœufs frais ou salés ; quatre
porcs; six moutons; quatre flèches de lard, et vingt froma-
ges. La prestation en viandes, pouvait être effectuée en pois-
sons (1).
« Insuper etiam, hanc praedictam terram liberabo ab omni
servitute saecularium rerum, a pastu regis, episcopi, praefec-
torum, exactorum, ducum, canum, vel equorum, seu accipi-
trum ; ab refectione et habitu illorum omnium qui dicuntur
Faestingmen », etc. (2).
« Sint liberati a pastu principum, et a difficultate ilia quod
nos Saxonice dicimus Festingmen ; nec hommes illuc mittant
qui accipitros vel falcones portant, aut canes, aut caballos
ducunt; sed sint liberati perpetualiter in aevum » (3).
« Ab opère regali et pastu regis et prineipis, vel inniorum
eorum ; ab hospitorum refectione venatorum ; etiam equorum
regis falconum et ancipitruni, et puerorum qui ducunt
canes » (4).
« Ut sit liberatum et absolutum illud monasterium ab illis
causis quas Gumfeorme et Eafor vocitemus ; turn a pastu acci-
pitrorum meorum, quam etiam venatorum omnium, vel a
4. Cod. DipL, n° 1088.
2. Ibid., nos 216, 822.
3. Ibid., n° 257, an. SU.
4. Ibid., n°258, an. 845,
LES SAXONS EN ANGLETERRE 135
pastu equoruni meoruin omnium, sive ministrorum eorum.
Quidplura, ab onmi illa incoinnioditate /Efres et Gumfeorme,
nisi istis causis quas hic nominamus : praecones si trans
mare venirent ad regem venturi, vel nuncii de gente Occi-
dentaliuin saxoninn vel de gente Northanhymbrorum, si
venirent ad horam tertiam diei vel ad medium diem dabitur
illis prandium ; si venirent super nonam horam tune dabi-
tur eis noctis pastum, et iterum de mane pergent in viam
siiam » (1).
« Et illam terram hi manentium in Beonetlege, in occiden-
tale plaga Saebrine etiam liberabo a pascua porcorum re[g]is,
quod nominamus Fearnleswe » (2).
« Liberabo illud a pastu et ab refectione omnium ancipi-
trum et falconum in terra Mercensium, et omnium venatorum
regis vel principis, nisiipsorumtantum qui in provincia Hwic-
ciorum sunt ; etiam similiter et a pastu et refectione illorum
hominum quos Saxonice nominamus Waelhfœreld, heora
faesting, ealra Angelcynnes monna, aelpeôdigra raedefaes-
tinge, tam nobilium quam ignobilium » (3).
En 875, Ceôlwulf, usurpateur du trône de Mercie, exempta
tout le diocèse de Worcester, lota parochia Hwicciorum, du
pastus equorum regis, et de l'entretien de leurs conduc-
teurs (4).
Ce fut, dès l'abord, le clergé qui jouit surtout de ces exemp-
tions. Au demeurant, le fôlcland peut être regardé comme
désignant toutes les terres, en dehors du hlot, sors, ou alod,
des premiers hommes de la Marche.
Le pays entier était divisé en fôlclands, contenant un nom-
bre plus ou moins grand de hides, sujets au fôlchriht, ou
I. Cod. Dipl., n° 261, an. 848.
%. Ibid., no 277, an. 855.
3. Ibid., no 278, an. 855.
4. Cod. Dipl., no 306, an. 875,
136 BEOWULF
loi publique, de sorte que, quand Bède parle de terra unius
tributarily terra fa?nili<v unius, il désigne seulement des par-
ties distinctes et séparées, du fôlcland, sens qui se trouve
dans la traduction faite par yElfred.
Le pouvoir de disposer de ces terres, appartenait à la
nation elle-même, c'est-à-dire, à son représentant : au roi et
à son witan. Mais il est probable que ces dotations étaient
conférées avec des symboles solennels : le bénéficiaire rece-
vait, la gerbe, le bâton du pasteur, ou le cespes veridis (1) ;
sans que jamais, ces concessions aient été octroyées dans une
charte.
Le fait même que le fôlcland n'était pas constitué par une
charte, explique l'insuffisance des détails possédés sur cette
particularité territoriale. Le fôlcland n'est qu'incidemment
mentionné, dans le corps des antiquités anglo-saxonnes,
mais il suffît de ces citations, pour conclure que les terres
concédées sur le fôlcland, n'étaient pas héréditaires.
Vers la fin du ixe siècle, /Elfred, ealdorman ou duc de
Surrey, divisa ses terres par testament. Il laissait à sa fille la
majeure partie de ses biens ; et à son fils ^Ëdelweard (enfant
illégitime, sans doute), trois hides de terres héréditaires, ou
bôcland, tout en exprimant l'espoir, que le roi confirmerait
son fils, dans la possession du fôlcland dont il avait joui lui-
même. Mais au cas prévu du refus royal, sa fille devait choi-
sir, pour les attribuer à son frère, deux domaines héréditai-
res qu'elle avait reçus (2).
De même, avant la Conquête, trouve-t-on l'abbé Wulfw old,
portant les faits suivants à la connaissance de Gisa, évêque
4. « Conferebantur etiam primo multa prsedia nudo verbo, absque
scripto, vel charta, tantum cum domini gladio, vel galea, vel cornu, vel
cratera ; et plurima tenementa cum calcari, cum strigili, cum arcu, et
nonnulla cum sagitta », Hist. Croyl., p. 70.
2. Cod. Dipt., n°317.
les saxons en Angleterre 137
de Wells ; (TiEgelnod, abbé ; de Tofîg, sheriff, et de tous les
thanes dans le Somerset (1) :
« Eadweard, le roi, mon Seigneur, m'a donné à Corfestige,
les terres que possédait mon père, et les quatre fermes
d'.Eswic, et les champs et les prairies qui en font partie...,
le tout aussi libre de redevances et d'impôts que le domaine
royal ; avec la faculté pour moi, d'en disposer de mon
rivant... »
11 résulte de ces textes, que les biens fonciers dont il est
question, étaient constitués en bénéfices viagers. Il n'y avait,
du reste, que l'homme libre, et rarement l'affranchi, qui pus-
sent posséder un domaine sur le fôlcland. Et le roi lui-même
pouvait être propriétaire du fôlcland, quand d'anciennes
frontières territoriales étaient déclassées : « ab occidente
Gyninges fôlcland quod habet Wighelm et Wulflâf » (2).
Dès les premiers temps, on eut coutume de tirer du
fôlcland, des domaines héréditaires, qui devinrent ainsi des
propriétés individuelles, que pouvaient donner, vendre, ou
diviser, ceux qui en bénéficiaient : par quoi, le principe du
retour à l'Etat était mis en échec, et les terres publiques se
trouvaient diminuées de ces aliénations successives. Il était
d'usage, en constituant ces terres en dotations, de les rendre
libres de toutes charges (3), excepté de celles qui s'atta-
chaient inévitablement, à toute propriété : communis labor,
generalis incommoditas, onus ineoitabile, trinoda nécessitas .
Quand la possession de ces domaines fut consentie par des
chartes, la terre ainsi aliénée, reçut la dénomination de
bôcland.
Les premières constitutions de fôlcland en bôcland, furent
faites en faveur d'établissements religieux, et il n'y avait pas
1. Cod. DipL, n° 317.
2. Ibid.. n8 281.
3. Hist. Ecct., III, 24.
1'W BEOWULF
dans cocas, de retour possible à l'État, le droit héréditaire
existant pour la personne morale qui se succédait à l'infini.
L'abus de concessions de cette nature, menaçait la sécurité de
l'Etat, car les terres ainsi aliénées, étaient exemptées de tout
service militaire, pour ceux qui les possédaient, ou qui y
étaient établis. Ne lit-on pas, dans Bède (1) qu'Oswiû, en se
convertissant au christianisme, fit entrer sa fille Eânflâed au
couvent, auquel il donna, pour la réception de celle-ci,
douze domaines, possessumculœ terrarum, comprenant cha-
cun, dix hides.
« Ablato studio militiae terrestris, ad exercendam militiam
cœlestem locus facultasque suppeteret Despexit militiam
cum corruptibili donativo terrestrem, ut vero régi militaret. . »
En ce cas, comme dans d'autres, le service militaire n'était
pas exigé du bénéficiaire de cette partie du fôlcland, qui
demeurait inutilisé pour les services publics.
L'inexécution des charges de la donation, ou une destina-
tion autre que celle qui avait été prévue dans sa constitution,
entraînaient la confiscation, pour le bénéficiaire. Ainsi le roi
Ini priva de leur concession l'abbé Hean et l'abbesse Cille,
par ce qu'aucun édifice religieux n'était élevé, sur la partie
du fôlcland qui leur avait été attribué :
« Sed Ini rexi eandem terrain, postea dum regno potiretur,
diripiens ac reipublicae restituit, nondum constructo monas-
terio in ea, nec ullo admodum oratorio erecto » (2).
Les terres ainsi confisquées, faisaient retour à la commu-
nauté, en redevenant parties intégrantes du fôlcland. Le roi,
l'ealdorman, le sheriff interviennent solennellement, à la
constitution du bôcland, avec le witena-gemôt, ou conseil
suprême de la nation (3).
1. Hist, Ed., Ul, M.
2. Cod. DipL, n° 46.
3. Cod, DipL, no 281.
LES SAXONS KiN ANGLETERRE 139
Les rois ne manquèrent pas souvent de se faire constituer,
personnellement, de pareils domaines : ils les sollicitaient de
leur witan, ou conseil, pour en disposer, par la suite, selon
leur plaisir. Vers la fin de la domination anglo-saxonne,
tout le territoire était divisé en bôlcland, aux mains de la
noblesse qui étendait ses domaines, alors que la majorité
des hommes libres, demeurait resserrée dans ses limites pri-
mitives.
Les conditions qui accompagnaient la constitution du
bôcland étaient souvent onéreuses, car il n'était pas toujours
aisé de satisfaire la cupidité du witan qui les accordait : aussi
trouve-t-on que ces constitutions sont limitées à un certain
nombre de générations, ou frappées d'un droit de retour à
l'Etat, après une jouissance viagère. Il est à prévoir que le
bénéficiaire du bôcland, pour assurer sa propre subsistance,
était autorisé à établir sur ses nouveaux domaines, des colons
pauvres, des travaux et des redevances desquels il profitait.
Une partie des terres, généralement, le centre du bôcland,
(dominium, demesne) était affectée à la résidence du seigneur;
aux fermes ; aux communs; aux habitations des serfs, esnes,
laets et autres hommes non libres. Le seigneur récompen-
sait ces derniers de leurs servives par sa protection, par la
nourriture, les vêtements, et par de maigres rétributions
pécuniaires.
Sur les terres plus lointaines, et dans les forêts, les serfs
conduisaient les troupeaux, de chevaux, de porcs, de bœufs
et de moutons, ou dans le dominium (1), ils pourvoyaient,
par leur industrie, à tous les besoins de la maison, tour à tour
1. « Alio quoque tempore, in adolescentia sua, dum adhuc esset in
populari vita, quando in montanis iuxta fluvium quod dicitur Leder, cum
aliis pastoribus, pecora domini sui pascebat... », Anon. Cudberth., cap.
VIII (Bède, op. Min., II, 262). « Contigit eum remotis in montibus
commissorum sibi pecorum agere custodiam » (Id., op. cit., II, 55).
140 BËOWULf
tisserands, cordonniers ou forgerons. Le beurre et les fro-
mages; le pain, le lard, la bière et le miel, étaient préparés
ou récoltes sur les lieux mêmes, comme dans la villa
romaine... Le reste des terres était commis, à des conditions
variables (prestations en nature ou en espèces), aux hommes
qui ne possédaient pas de terres.
La propriété du sol fut donc essentielle, au point de vue
politique, chez les Anglo-Saxons : c'est d'elle que naissent
pour les hommes libres, tous droits civils, et en raison de sa
valeur, toute acquisition du sol ne s'effectue qu'au prix de
lourdes charges. Toute terre concédée moyennant des rede-
vances, rentrait sous la dénomination générale lâen, ou
loan (1). La jouissance du sol ainsi consenti, était précaire ;
et quand le Iden se trouvait sur le fôlcland, sa concession
pouvait être révoquée ad nut uni. Le tenancier du lâenland,
pour récompense de ses longs services, pouvait espérer de
son seigneur, la confirmation solennelle de ses droits, qui
assimilaient, pour une ou deux vies, sa propriété à celle même
du bôcland. Dans une traduction des soliloques d'Augustin,
attribuée (?) à Alfred de Wessex, on lit ce passage (Ms.
Gott. Vitel, A. XV. fol. 2) :
« Il est agréable à tout homme qui s'est bâti une demeure
sur le lâen de son seigneur, et avec laide de celui-ci, de s'y
reposer ; de chasser; de pêcher..., jusqu'à ce que par la lar-
gesse du seigneur, il gagne le bôcland, héritage sans fin. »
En 977, Oswald, archevêque d'York, et évêque de Wor-
cester, fît à Teddington, une concession de trois hides de terre
en faveur de son thane, Eâdric :
« Voici qu'il y avait trois hides de cette terre, lit-on dans
le Codex Diplomaticus, que l'archevêque Oswald conféra,
1. Cf. Cod. DipL, nos 1058, 699, 494, 495, 506, 507, 509, 511, 529,
531, 538; 540, 552, 679.
LES SAXONS EN ANGLETERRE 141
par une charte nouvelle, à Eâdric son thane, qui les possé-
dait auparavant, comme lâenland » (1).
On relève encore ce détail, dans une autre concession
du même prélat entre 972 et 992, faite à son client JE\-
fsige :
« Nous lui octroyons les terres à l'Ouest du clos de Wulf-
sige ; qu'il les tienne pour bocland, alors qu'il les possédait
comme lâenland » (2).
En 977, à Worcester, trois hides de terres sont concédés,
par charte, au moine Wysinge, pour trois vies au titre où son
père les avait tenus ; et entre 978 et 992, le prêtre Goding
est confirmé, pour trois vies, dans la possession des terres,
à lui concédées, hors des portes de la cité (3). Dans ces deux
cas, le lâen parait avoir été converti, en propriété absolue,
en bolcland, pour quelques générations, seulement.
11 semble intéressant de donner, ici, quelques exemples de
ga/ô/s, ou redevances sur les terres concédées.
Pour trente hides de terres à Sempringahn, pendant deux
générations, il est dû : au monastère : deux tonnes de bière
blonde ; deux bœufs; deux mittan, ou mesures de bière du
pays de Galles, et six cents pains ; au domaine privé de
l'abbé : un cheval ; trente shillings d'argent ; quinze mitlan
de bière du pays de Galles, et quinze sesters de bière com-
mune (4).
Quarante hides à Southampstead représentaient, comme
redevances, cent vingt livres de blé ; un bœuf gras et quatre
moutons ; cinq oies ; dix poules, et dix livres de froma-
ges (5).
1. Cod. DipL, nos 617, 651.
2. Ibid , n° 679.
3. Ibid , nos 616, 683.
4. Ibid., n° 267, an. 852, no 950.
5. Ibid., no 226, an. 805-831.
142 BEOWULF
La redevance d'une terre d'un jug a ou geoc, à Lambaliâm,
était de quarante pensas de fromage, ou dune égale quan
tité d'agneaux et de laines (1).
Ealdwulf, évoque de Worcester, pour quarante acres de
terres qu'il avait concédés, exigeait annuellement, cinquante
saumons (2).
En 835, l'abbesse Gyneware concéda des terres au duc
Humberht, à la condition qu'il payât le gablum, ou redevance
de trois cents shillings (3).
Quelque onéreuse que paraisse, pour l'homme libre, la
possession du sol, il faut garder en mémoire qu'elle lui assure
sa liberté même, et que sans elle, il devient un serf, puisque
la terre est la seule force, et la seule richesse, qui donne à
ceux qui la détiennent, les moyens de vivre. Le Saxon savait
peiner avec joie, et le seigneur pouvait, en contemplant à
travers les champs, le travail silencieux et empressé des
serfs, ne pas craindre une flèche derrière les murailles qui
entouraient ses terres, ou les représailles de l'injustice, et de
la misère. Le barbare saxon était capable de souffrance, dans
l'âpre vie des champs, comme il savait mourir, sans regret
et sans plainte, dans les batailles.
1. Cod. Dipt, n° 220, an. 832.
2. Ibid., n» 695.
3. Ibid., n° 1043.
CHAPITRE XII
Le Paganisme des Anglo-Saxons
La religion et la loi, dans les sociétés primitives, sont en
étroites relations, et les formes judiciaires sont toujours
subordonnées au culte, quand les fonctions judiciaires et
sacerdotales sont aux mains de la même classe.
Bien avant que le christianisme eût pénétré parmi eux,
les Saxons avaient des croyances religieuses, qui ne furent
pas sans influence sur les relations familiales et sociales, des
individus. Le barbare, dans les épreuves de sa vie errante,
ou dans les soudaines afflictions de son âme, trouvait quelque
soulagement, dans la pensée que des dieux veillaient sur lui
avec sollicitude ; et souvent, il devait songer que la rude
tâche accomplie par lui chaque jour, était un efïet de leur
volonté divine. Les principes religieux des Germains, dans
leur austérité vertueuse, et avec la ferveur des espoirs qui
les animaient, pouvaient s'harmoniser avec la doctrine même
du christianisme, dont ils semblaient, déjà pénétrés, quoique
perdus dans les théogonies obscures, lueurs incertaines, et
encore fermées aux clartés éternelles de la foi.
La matière même de la religion mythologique des Ger-
mains, doit être recherchée dans les dieux, et dans les héros,
ou demi-dieux. La royauté anglo-saxonne étant de droit divin,
la famille royale a, pour premier titre au trône, sa descen-
144 BEOWULF
dance divine, el Le sang de Wôden quelle représente. Chez
les anglo-saxons, les divinités qui ont fondé leur race et quo
mentionne Tacite (1), ont disparu de leur culte, aussi étu-
dierons-nous successivement, les dieux et les déesses propre-
ment dits; les monstres et les titans; les n essagers divins,
ou intermédiaires entre les hommes et les dieux; enfin, les
héros de l'épopée.
La prudence, et peut être le mépris des premiers écrivains
saxons et chrétiens, pour les croyances païennes, n'ont pas
laissé de trace de ce qu'Augustin et ses missionnaires,
avaient détruit. On n'a en ces matières, d'autres données
que celles de la tradition, des superstitions, et des légendes,
communes à tous les Saxons, et du continent, et de ceux qui
s'étaient établis en Angleterre.
Quand le christianisme apparaît en Angleterre, il est déjà
florissant en Norvège, en Suède, au Danemark, alors que ces
pays sont entrés en relations publiques, avec le reste de
l'Europe.
En Angleterre, les débuts mêmes de l'histoire, et le déve-
loppement du christianisme sont contemporains. Longtemps
après la disparition du paganisme et de ses croyances, la
famille est encore sujette à l'influence héréditaire et persis-
tante, des anciens dieux. Alors quelques superstitions, et
des incantations de la magie se retrouvent dans les croyances
populaires, de même que le temple païen, purifié par les
eaux chrétiennes, garde quelque chose de la sainteté des
mystères qui y étaient célébrés.
Ce que Paul Diacre, Jonas de Babbio, Jornandès, Adam
de Bremen, Alcuin, Widukind affirment des autres races
germaines, Bède le répète pour les Anglo-Saxons, « qu'ils
1. « Celebrant carminibus antiquis... Tuisconem deum terra editum,
et filium Mannum. .. », Germ., U.
LES SAXONS EN ANGLETERRE 145
adoraient dos idoles, idola, simulacra deoritm, et qu'ils
avaient coutume de sacrifier dos bœufs à Leurs divinités » (1).
D'après Bède, également, on apprend qu'Hréde et Eostre,
deux déesses saxonnes, donneront leurs noms à deux dos
mois ; qu'à une saison particulière les troupeaux étaient
sacrifiés aux dieux, et qu'à une autre, des gâteaux leur étaient
présentés en offrande (2). Suivant le même auteur, après la
mort de Saèbeorht, dans l'Essex, ses fils restaurèrent dans
le royaume, le culte des idoles (3) ; Eâdwini de Northum-
berland leur rendit grâces, pour la délivrance de sa reine (i) ;
Reâdwald, de l'Ouest- Anglia, leur sacrifiait des victimes, et
pendant une peste, le peuple d'Essex fit retour à ses ancien-
nes croyances, jusqu'à ce qu'il eût été à nouveau converti au
christianisme par Gearoman (5). Certains charmes runiques
étaient réputés capables de briser les chaînes des captifs,
1. « Cum ergo Dens omnipotens vos ad reverenlissimum virum,
1 rat rem nostrum Augustinum episcopum perduxerit, dicite ei quid diu
mecum de causa Anglorum cogitans, tractavi, videlicet, quia fana idolo-
rum deslrui in eadem gente minime debeant ; sed ipsa, quae in eis sunt,
idola destruantur, aqua benedicta fiat, in eisdem fanis aspergatur, altaria
construantur, reliquiae ponantur. Quia, si fana eadem bene constructa
sunt, necesse est tit a cultu daemonum in obsequium veri Dei debeant
commutari ; ut dum gens ipsa eadem fama sua non videt destrui, de
corde errorem deponat, et Deum verum cognoscens ac adorans ad loca,
quae consuevit, familiarius concurrat. Et quia boves soient in sacrificio
daemonum multos occidere, debet eis etiam hac de re aliqua solemnitas
immutari; ut die dedicationis, vel natalitii sanctorum m arty rum, quorum
illic reliquiae ponuntur, tabernacula sibi circa easdem ecclesias, quae ex
fanis commutatae sunt, dc ramis arborum faciant, et religiosis convidiis
solemnitatem célèbrent, nee diabolo iam animalia immolent, sed ad
laudem Dei in esu suo animalia occidant... » (Bède, Hist. Eccl., I, 30).
2. De natura rerum, cap. XV.
3. Hist. Eccl., 11,5.
A. Ibid., IT, 9.
5. « Cœperunt fana, quse'derelicta erant, restaurare, et adorare simu-
lacra; quasi per lire possenl a morlalitate defendi », Uist. Eccl.. Ill,
30; 11, 15.
JO
I \i\ BEOWULF
quand Eorcenberhl deKenl parvint à abolir complètement le
paganisme dans son royaume, el à y détruire les idoles, <•!
la hiérarchie des prêtres païens (1).
Les recueils des pénitences imposées par l'Eglise, el Les
actes des witena-gemots, sont remplis de prohibitions, contre
les pratiques, ouvertes ou secrètes, du paganisme. On voit
par là, que même au temps de Cnut, l'adoration des fruits,
la sanctification des bois, les enchantements, les philtres et
les incantations nocturnes étaient assez répandus parmi les
populations, pour commander l'intervention du législateur.
Mais on chercherait vainement des allusions précises aux
divinités dont le culte était interdit : il semble qu'une der-
nière terreur de la superstition empêchât le législateur de les
nommer ouvertement, et c'est presque à la seule tradition,
fabuleuse ou historique, que l'on peut avoir recours pour
éclaircir ces matières, puisque la religion anglo-saxonne est
rituelle, formaliste, et non écrite, et que ses secrets se trans-
mettent par les familles, de générations en générations.
Les généalogies des rois anglo-saxons renferment une
multitude de noms d'anciens dieux, auteurs, au cours de
leur vie terrestre, de quelque race royale, et qu'on peut
identifier avec les divinités des pays du Nord et de la Ger-
manie : ainsi trouve-t-on Wôden, Baeldaeg, Geât, Wig et
Frea. Les jours de la semaine, voués aux dieux, en révèlent
les noms : Tiw, Dunor, Fricge et Saetere ; et les dénomina-
tions des villes, par toute l'Angleterre, attestent la disper-
sion du culte de ces divinités.
I. — WODEN ; en vieux normand, OPINN ; en vieux ger-
main, WUOTAN. Toute famille royale anglo-saxonne, établit
sa descendance de Wôden par quelqu'un des demi-dieux,
qu'on retrouve couramment dans les traditions germaniques
1. Ibid.AX, n, 22; XII, 8; De Gest. Reg., lib. I, § 11.
LES SAXONS EN ANGLETERRE 147
ou Scandinaves (1). Le Wôden anglo-saxon, comme l'Opinn
e\ Le Wûotan, est Lion le dieu suprême des races du Nord.
Malmesbury écrit dans ses chroniques, en parlant d'Hengest
et de Hors, « qu'ils étaient 1rs arrières petits-fils du très
antique Wôden, dont les familles royales barbares, sont
issues : c'est à lui que les nations des Angles avaient consacré
le quatrième jour de la semaine, et c'est à son épouse Fréa
qu'avait été voué le sixième » (2). Mathieu de Westminster (3)
et Geoffroy de Monmouth, écrivent également : ce Golimus
maxime Mercurium, quem Wôden lingua nostra appella-
mus ». .Ethelweard, noble anglo-savon, de sang royal, dit
encore au Xe siècle :
« Wothen, qui et rex multarum gentium, quem pagani
nunc ut deum, çolunt aliqui... Hi nepotes fuere Uoddan regis
barbarorum, quem post, infanda dignitate, ut deum hono-
rantes, sacrifîcium obtulerunt pagani, victoriae causa sive
virtutis » (4).
Selon .Edelweard, Wôden était donc invoqué comme le
dispensateur des victoires, et comme le dieu de la valeur
1. «Wodenus igitur ex antiquorum prosapia Germanorum originem
ducens, post mortem inter deos translatas est ; quem veteres pro deo
eolentes, dedicaverunt ei quartam feriam, quam de nomine eius Wode-
nesday, id est diem Wodeni, nuncuparunt. Hic habuit uxorem, nomine
Fream, cui similiter veteres sextam feriam consecrantes, Freday, id est
diem Freœ, appellarunt. Genuit autem Wodenus ex uxore Frea septem
filios inclytos, ex quorum suecessione septem reges traxerunt originem,
qui in Britannia potenter, expulsis Britannis, postea regnaverunt. Ex
filio Wodeni primogenito, nomine Wecta, reges Gantuariorum ; ex
secundo, Frehegeath, reges Merciorum ; ex tertio, Baldao, reges West-
saxonum ; ex quarto, Beldago reges Northanlmbrorum, sive Bernioio-
rura; ex quinto, Wegdego, reges Deirorum... »,Flor., /fist., I, 346.
2. Will. Malm., De Gest., \, % 5.
3. Mal. West. Flor.. Hist . p. Xi (éd. 1601); Galf. Mon., lib. VI, p. «
(éd. I5S71.
4. Mdel Cfiron., lib II. cap. 11.
I 18 IM.nWI I r
guerrière. Une pareille description <lu niôme dieu est donnée,
en Suède, par Adam de Bremen I) :
« In hoc templo, ([nod tot uni ex auro paratum est, statuas
trium deorum veneratur populus, Lta ut potentissimus eorum
Thôr in medio solum ha boat triclinium, hinc et inde locum
possident Wôdan et Fricco. Quorum significations eiusmodi
sunt : Thôr, inquiunt, praesidet in aère, qui tonitrus et ful-
mina, ventos imbresque, serena et fruges gubernat. Alter
Wôdan, id est For/lor, bella regit, hominumque ministrat
virtutem contra inimicos. Tertius est Fricco, pacem voluptat-
emque largiens mortalib us. Cuius etiam simulachrum fingunt
ingenti Priapo. Wôdanen vero sculpunt armatum, sicuti
nostri Martem sculpere soient. Thôr autem cum sceptro
Jovem exprimere videtur ».
Dans l'Exeter Book, Wôden est dépeint de la même
manière, par un moine chrétien, à ses auditeurs :
« Wôden vero queni principalem deum crediderunt, et
praecipuum Àngli, de quo originem duxerant, cui et quartam
l'eriam consecraverant, hominem fuisse mortalem asseruit,
et regem saxonum, a quo plures nationes genus duxerant.
Huius, inquit, corpore in pulverem resoluto, anima in
inferno sepulta aeternum sustinet ignem » (2).
A Wôden était dédié le troisième jour de la semaine, et la
chronique identifie ce dieu avec le Mercure antique (3). On
trouve à ce sujet, ce fragment dans le dialogue de Salomon
et de Saturne (4) : « Qui a inventé les lettres? » — « En vérité
je te le dis, Mercure le Géant î » — « C'est-à-dire, le dieu
Wôden... ». Et dans l'homélie métrique, intitulé « De falsi s
4. Cod. Eucon., p. 341.
2. Legend., Nova, fol. 240, b.
3. Cf. Grimm, Deut. Myth., p. 430 (édition 4844).
4. Dialogue of Salomon and Saturn, edit. Kemble, 4848, pp. 120
et suiv.
LIS SAXONS EN ANGLETERRE 149
diù », Mercure est non seulement identifié avec Wôdcn,
mais encore avec V Opinn des religions du Nord (1) :
« Il y avait un homme, appelé Mercure durant sa vio, el
très trompeur, aimant les vols et les fraudes. Les païens
avaient fait de lui leur propre dieu, et on lui apportait des
offrandes aux carrefours, et on lui sacrifiait des victimes sur
les hautes collines. Ce dieu était puissant chez tous les
païens, et il est appelé d'un autre nom, Odin, chez les
Danois... Ceux-ci ont consacré audit Mercure, le quatrième
jour de la semaine, pour la célébration de son culte... ».
Ainsi Woden, Mercure et Opinn sont identifiés entre eux.
D'aucuns ont pu comparer Woden à Ulysse, qui ayant visité
la Germanie, y aurait fondé une ville du nom d'Axibur-
gium, au dire même de Tacite (2). Woden partage, avec
Ulysse, la vie errante ; il est qualifié de Gangradr, Gangleri,
c'est-à-dire de divinité mouvante. Son manteau et sa coiffure,
rappellent à la fois, le petasus d'Hermès, et le large couvre-
chef que porte Ulysse, sur les pierres gravées ou sur les
poteries (3). Mais sa ressemblance est surtout accusée avec
1. Mss. Cotton, Julius E, VII, 237, b, etc.
2. a Ceterum et Ulixen quidam opinantur longo illo et fabuloso errore
in hune Oceanum delatum adiisse Germanise terras, Asciburgiumque,
quod in ripa Rheni situm hodieque incolitur, ab illo constitum nomina-
tumque. Aram quinetiam Ulixi consecratam adiecto Lœrtae patris nomine
eodem loco olim repartam, monimentaque et tumulos quosdam Graecis
litteris inscriptos in confînio Germanise Rhaetiaeque adhuc exstare. Qua1
neque confirmare argumentis, neque refellere in animo ; ex ingenio suo
quisque demat vel addat fidem», Germ., III.
3. Opinn est surnommé heklumadr, c'est-à-dire l'homme au man-
Icau, Fora. So;/.. I, 325 : « Kom par madr gamall, miok ordspakr,
ciusvnn (Odin n'avait qu'un œil) ok augdapr, ok lial'di hatt sidan, Forn.
Sog., Il, 138. Dans l'Edda. par suite du caractère qui s'attache à son
manteau, ou Hackle, Woden devient Hacleberend, ou Hackleberg, celui
qui conduit la chasse sauvage, ou Wilde Jagd. Cf. Saxo. Gram., Hist.
ban., lib. VIII.
150 itr.nw i u
Mercure: il préside, comme lui, aux arrangements commer-
ciaux, H les offrandes faites à Wôden sur les hautes collines,
s'associent, comme idée, à L'àxpio;, ou Mont Hermès; enfin,
l'EpfjLYÎç 7tp6uiayoç répond au caractère du Wôden anglo-saxon,
dieu dispensateur de la victoire, el du courage qui L'assure.
Des fils héroïques ou divins de Wôden, descendent toutes
les races, ayant une « vocation » au trône, le « jus regnandi « .
L'on retrouve dans les appellations des tribus, des peuples
et des races, les noms des héros légendaires. Geât est le
fondateur de la race des (ieâtas ; Gewis, des Gewissas ;
Scyld, des Scyldingas ou des Skjoldungar; Brand, des
Brondings. Les légendes narrant les aventures de Wôden,
ne devaient pas faire défaut en Germanie, mais elles ont été
seulement conservées en Scandinavie, à moins qu'on ne
doive regarder comme se rapportant à Wôden, les histoires
fabuleuses de Geât et de Sceaf. Wôden avait des temples,
des images, des rites religieux (I) ; les astres, les animaux
et les terres lui étaient consacrés. Les noms de villes et de
4. « Deorum maxime Mercurium col uni, oui certis diebus human is
quoque hostiis litare fas habent », Tacit., Germ., XXXIX. « Victores
diversam aciem Marti ac Mercurio sacravere, quo voto equi, viri, cuncta
victa oceidioni dantur », Tacit.. Annal., XIII, 57. Cf. Yngling, Sag.,
cap. XXIX; Geijer, Gesch. Schwed , I, 416. « Sunt etenin inihi vicinae
nationes Suevorum, quo cum moraretur et inter habitatores illius loci
progrederetur, reperit eos sacrificium profanum litare velle, vasque
magnum, quod vulgo cupam vocant, quod viginti et sex modios amplius
minusve capiebat, cerevisia plenum in medio habebant positum. Ad quod
vir dei accessit et sciscitatur, quid de illo fieri vellent? Illi aiunt : deo
suo Wodano, quem Mercurium vocant alii, se velle litare •-, Ion. Bob-
biensis Vita Columbani. Il était d'usage de porter la santé des dieux,
et Hunding fait préparer une immense tonne de bière, pour la célébra-
tion des obsèques d'Hadding, Saxo, Hist Dan., p. 19. Les loups et les
corbeaux paraissent avoir élé les animaux consacrés à Odin, et l'on
trouve des noms d'arbres qui ont pu être voués à ce dieu : Wônac
(Cod. Dipt., n° 495); Wônstoc (ibid., nos 287, 657); « ad quemdam
lraxinum quem imperiti sacrum vocant » (ibid., n° 1052).
LES SAXONS EN ANGLETERRE 151
cités qui suivent, peuvent être regardés, en toute certitude,
comme dérivés de Wôden, ce qui atteste la reconnaissance
et la diffusion du culte du dieu des dieux par toute l'Angle-
terre, aussi bien que chez les Francs et chez les Alamans.
Wanborough ou Wôdnesbeorh, dans le Surrey, dut être le
berceau de toute religion reçue en Bretagne ; Wanborough,
dans le Wiltshire ; Woodnesborough ou Wôdnesbeorh, dans
le pays de Kent ; Wons ton ou Wôdnesstan, dans le Hamp-
shire ; Wambrook ou Wôdnesbrôc, dans le Dorsetshire ;
Wan) pool ou Wôdnespôl, dans le Cumberland; Wansford ou
Wôdnesford, dans le Northamptonshire ; Wanstead ou
Wôdnesstede, ancienne colonie romaine, dans TEssex ;
Wanstroio ou Wodnestreôw, dans le Somerset ; Wembury ou
Wôdnesbeorh, dans le Devonshire ; Wansdike ou Wôdnesdic,
anciennes frontières de deux royaumes.
Un des noms d'Odin, dans la très ancienne mythologie du
Nord, est Osk, qui est l'équivalent de l'allemand Wunsch ; de
l'anglo-saxon Wise, et de l'anglais Wish. Grimm (1) a
montré, de la manière la plus convaincante, que Wunsch
doit être regardé comme le nom de Wôtan, en Germanie, et
il est probable que Wûsc ou Wise, avaient en anglo-saxon,
une signification analogue.
Parmi les noms des généalogies mythiques, on relève
celui de Wûscfreâ, celui qui répond aux désirs, et l'on peut
soutenir que Oise, épuivalent à Esk, le fondateur de la race
royale de Kent, soit un nom jute de Woden, sous cette forme :
ésc ou ôski, c'est-à-dire Wunsch, Wysc. Dans le Devonshire,
tous les ternies de magie, ont toujours été désignés par le
mot wishtness ; un jour maudit y était qualifié de wisht day,
et plusieurs noms de lieux paraissent avoir été composés
avec wish : Wishanger, Wischangra ou prairie de Wôden,
1. Deut. Myth., pp. 126 et suiv.
Î52 BEOWULF
dans Le Surrey; Wisborough ou Wiscbeorh, dans le Sussex :
Wis h ford ou Wiscford, dans le Wiltshire.
II. — PUNOR ; en vieux normand, PORR; en vieux ger-
main, DONAR. La reconnaissance de La divinité de Dunor, ne
paraît pas avoir été générale en Angleterre : les établisse-
ments des Danois el des Norvégiens, au in/' siècle, parais-
sent l'y avoir développée, et parmi les premiers Saxons, on
retrouve la mention de ce dieu, sous le nom de Thunar. Il
donnait son nom au cinquième jour de la semaine : Thursday
[Dunres daeg ; dies Juris) ; et il représentait chez les Saxons,
Jupiter avec les attributs de la foudre ; avec la puissance de
déchaîner ou de modérer les éléments ; avec la dispensation
souveraine des pluies bienfaisantes (1).
Les noms de lieux, composés avec Dumor, sont très nom-
breux : Thunder s field, dans le Surrey (2) ; Thunder dey
(Dunresléah) dans l'Essex ; Thunders ley, dans le Hamp-
shire (3).
Près de Wanforougb, dans le Surrey, on rencontre encore :
Thursley; Thurlow, dans l'Essex; Thursby, dans le Cumber-
land ; Thursfield, dans le Staffordshire, et Thursford, dans le
Norfolk. Il n'y a point, trace que le nom de Dunor, ait jamais
été porté par aucun anglo-saxon, ce qui atteste bien son
caractère divin.
L'un des noms sous lesquels Dunor était désigné en Ger-
manie, est Hamar (4), dérivé sans doute de l'arme môme
du dieu ; le mot Hamarden, se retrouve dans les chartes (5),
et dans certains noms de lieux : Humeri n g am, dans le Lin-
1. Cf. Adam de Bremen, p. 337 ; Salomon and Saturn, pp. 148, 177 :
Cod. Ex., p. 386, 1. 8.
2. Cod. Dipl., nos 270, 314, 363, 413.
3. Ibid., 450, 781, 784, 1022, 1038.
4. Grimm, Dent. Myth,, p. 166.
5. Cod. Dipl., nos 999, 1039, 1189.
LKS SAXONS EN ANGLETERRE 153
coin; Hamerton, dans l<» Huntingdon; Uomerton, dans le
Middlesex; Hamerton Green, dans Le Yorkshire; Hamerton
Kirke, dans le Yorkshire ; Hammerwick, dans Le Stafford-
shire.
III. — Tiw ; en vieux normand, Tyr ; en vieil allemand,
Xi n. — Le troisième jour de la semaine, porte le nom du
dieu Tiw, ou de l'ancien normand Tyr. Le nom de ce dieu se
re trouve dans Tewesley, près de Thursley etdeWànborough ;
dans Tiwesmére, ou lac de Tiw (1).
Le dieu Tiw était adoré comme le dispensateur supreme
de la victoire, dans la Scandinavie et la Germanie, mais son
culte, en Angleterre, est douteux. Dans la mythologie du
Nord, il est le plus brave des dieux, celui qui n'hésite pas à
placer sa main dans la gueule du loup Fenris, quand celui-ci
exige des dieux le gage, qu'ils briseront les chaînes qu'ils ont
forgées pour lui, et Tiw paye pour le parjure divin. Les
Goths devaient adorer Mars ou Tiw, et cette opinion peut se
fonder sur ce passage de Jornandes (2) :
« Martem semper placavere cultura ; nam victimae ejus
mortes fuere captorum opinantes bellorum praesulem aptius
human i sanguinis eifusione placatum. »
Et le même culte parait avoir été celui des Bo-jâ'/::*', ou
Scandinaves, selon Procope (3).
« 7(1)7 oi [zoz'.tov troiŒi to xaAX'-o-rov avBowTioc sot'.v, QV7TS0 àv
SopiàXtoTOV Tio'.^a-aLVTO irpÛTOV* tû'Jtov yàp too "Apei 9'J0'j<7t.v, èmel
Ôsgv auTOv vofuÇoucrt uivurcov elvat. »
Quoiqu'Opinn, dans les traditions du Nord, soit le dieu
proprement dit de la victoire en général, Tiw est plus parti-
culièrement, Wigagud, deus prœliorum, et l'arbitre du suc-
1. Cod. Dipt., nos 739. 262, 174,
2. Hist. Goth., cap. V,
3. Bell. Goth., 11, 15.
l.Vi
HKOW I I.I
ces dans les batailles : râedr mioc sigri i orosloni » 1 .
Sans doute, 1rs Tenctères peuvenl être ajoutés au uombre
des adorateurs de Tyr, puisque Tacite dit d'eux :
« Communis deis et praicipuo deorum Martigratias agi-
mus » (2).
Dans l'alphabet runique anglo-saxon, diverses lettres
rappellent, clans leur symbole, les noms ou attributs des
anciens dieux. A côté du T qui représente souvent, à lui
seul, Tir ou Tiw, il est un autre caractère runique, corres-
pondant, au point de vue phonétique, à la représentation
de la diphtongue EA ; Ear serait donc un autre nom de
Tiw, ce qui serait confirmé par les faits suivants : dans cer-
taines parties du Sud de l'Allemagne, le troisième jour de la
semaine est appelé Ertag, Eritag, Erichtag ; et de plus, dans
la Westphalie saxonne, il est une montagne nommée Eres-
bar g ouMons Martis.
Dans un poème runique anglo-saxon, cité par Kemble
(Archaeologia, vol. XXVIII), il est question d'Ear, en ces ter-
mes :
« Ear devient la terreur de tout homme dont le corps
devient froid et pale .. Toute joie l'abandonne, et le plaisir
le fuit »
Il est clair qu'il s'agit, dans ce passage, d'un dieu dont le
contact, ou l'intervention donnent la mort, et par déduction,
du dieu des batailles, lui-même.
Les Anglo-Saxons durent avoir, pour désigner Tiw, une
dénomination moins païenne : parmi les expressions dont ils
se servent pour exprimer la mort violente, il entre toujours
en composition le mot wig, gaerre, comme dans wigfornam,
ou wig-gexeôd. Le sens de wig était donc assez abstrait,
1 . Gri m m , Deu l . M y th., p . 179.
2. Hist., IV, 64.
u:s saxons EN ANGLETERRE
155
pour qu'on pûl l'employer, après L'établi sseme ni du christia-
nisme. Le nom de Tiw (Mitre parfois on composition, pour
désigner quelques plantes : Tysfiola, Tyrhjalm, Tysvidr,
et on ne Le rencontre jamais en composition avec des noms
propres.
IV. — FREA' ; en vieux normand FREYR; en ancien alle-
mand FRO. Le culte de Freyr parait avoir été surtout prati-
qué à Upsal, en Suède : dans les pays du Nord, en général,
il y a peu de trace de dieux phalliques, mais la belle légende
de Freyr, s'est conservée dans les poèmes de l'Edda (For
Skirnis) : Freyr languit de désir pour le beau Gedr, et celui-
ci, par amour d'elle, perd le glaive divin, et en est puni de
mort, dans le crépuscule des dieux. Adam de Bremen
(Ed. 1629, p. 23), précise bien les attributs de Frea :
« Tertius est Fricco, pacem voluptatemque largiens mor-
talibus ; cujus etiam simulachrum fingunt ingenti Priapo. »
Les pluies, la lumière du soleil, les bienfaits de la fertilité
étaient les dons particuliers de Freyr (1), qui fut aussi la
déesse des épousailles :
« Si nuptiœ celebranda? sunt, sacrificia oflerunt Fricconi. »
La déesse passait sur les pays, dans son char, entourée
d'un chœur de jeunes prêtresses (2), et son passage était
marqué par l'abondance et par la paix. L'animal consacré
à Freyr était l'ours, ainsi que Tacite le dit des Suèves
(Germ. XIV) :
« Matrem deum venerantur; insigne supers titionis, formas
aprorum gestant. Id pro armis omniumque tutela ; securum
deae cultorem etiam inter hostes praestat. »
Dans les poèmes anglo-saxons, la figure de Fours fait par
tic du casque même des guerriers :
I. Cf. Grimm, .)//////.. pp. 193 el suiv
'2. Formann, Sog., Il, 73 el suiv.
156 BE0W1 LF
« Il Leur ordonna, lit-on dans Beowulf (J), d'apporter For-
nemenl de La tête, L'ours qui surmonte Le casque élevé, dans
La bataille... lis semblaient porter, adornées d'or, durcies au
feu, el protectrices de la vie, les figures de L'ours... Mais Le
casque blanc gardait le chef..., orné des figures de Tours...
que le fer ne pouvait entamer. »
Mais bien qu'il n'y ait pas de preuve décisive du culte de
Frea en Angleterre, durant la période anglo-saxonne pro-
prement dite, on trouve de celui-ci des traces jusqu'au
xine siècle. Ce détail curieux est rapporté dans la chronique
de Landercost (2), pour Tannée 1268 :
« Pro fîdei divinae integritate servanda recolat lector quod,
cum hoc anno in I^aodonia pestis grassaretur in pecudes
armenti, quam vocant usitate Lungessouth, quidam bestiales,
habitu claustrales non animo, docebant idiotas patriae ignem
confrictione de lignis educere et simulachrum Priapi sta-
tuere, et per haec bestiis succurrere. Quod cum unus laicus
Gisterciencis apud Fentone fecisset ante atrium aulae, ac
intinctis testiculis canis in aquam benedictam super animalia
sparsisset, ac pro invento facinore idolatrias dominus villas a
quodarn fîdeli argueretur, ille pro sua innocentia obtendebat,
quod ipso nesciente et absente fuerant haec omnia perpétra,
et adiecit, et cum ad usque hunc mensem Junium aliorum
animalia languerent et deficerent, mea semper sana erant,
nunc vero quotidie mihi moriuntur duo vel tria, itaquod agri-
cultui pauca supersunt. »
« Lnsuper hoc tempore apud Inverchethin, in hebdomada
paschae, sacerdos parochialis, nomine Johannes, Priapi pro-
phana parans, congregatis ex villa puellulis, cogebat eas,
choreis factis, Libero patri circuire ; ut ille feminas in exer-
1. Beow., 1. 4.299 et suiv., 1. 1.604 et suiv., 1. 2.895.
2. Edit. 1839, par J. Stevenson.
LES SAXONS EN ANGLETERRE 1 fS7
citu hahuil, sic iste, procacitatis causa, membra humana vir-
tuti seminariae servientia super asserem artificiata ante talem
ehoreaui praeferebat, el ij>sc tripudians cum cantantibus
motumimico omnes inspectantes et verbo impudico ad luxu-
riant incitabat. Ni, qui honesto matrimonio honorem defere-
bant, ta ni insolente officio, licet reverentur personam, scan-
dalizabant propter gradus eminentiam. Si quis ei seorsum
ex a more correptionis sermonem inferret, fiebat deterior,
cl conviciis eos impetebat. »
Les rapports du Needfire, avec les rites priapiques, appel-
lent quelques mots sur cette superstition particulière.
Le need five, nydfyr, nothfeuer, était ainsi dénommé de son
mode de production, confrictione de lignis : tous les feux,
dans le bourg, devaient être allumés à une même flamme
vierge, produite par le frottement du bois, et ces feux allu-
més purifiaient l'air et les habitants du pays. La relation
d'une autre cérémonie singulière est donné, dans un manus-
crit ancien àeYHarleian Collection, n°2, 345, fol. 50 :
« Eius venerandam nativitatein cum gaudio celebrabitis ;
dico eius nativitatem cum gaudio ; non illo cum gaudio, quo
stulti, vani et prophani, amatores mundi huius, accensis
ignibus, per plateas, turpibus et illicitis ludibus, commessa-
tionibus, et ebrietatibus, cubilibus et impudicitiis intenden-
tes illam celebrare soient Dicamus de tripudiis quœ in
vigilia sancti Johannis fieri soient, quorum tria genera. In
vigilia enini beati Johannis colligunt pueri in quibusdam
regionibus ossa, et quaedam alia immmunda, et insimul cre-
inant, et exinde producitur fumus in aère. Faciunt etiam
brandaset circuunt arva cum brandis. Tercium de rotaquam
faciunt volvi : quod, cum immunda cremant, hoc habent ex
gentilibus. Antiquitus enim dracones in hoc tempore excita-
bantur ad libidinem propter calorem, et volando per aéra
frequenter spermatizabantur aquae, et tunc erat letalis, quia
158 BEOWULF
quicumque inde bibebant, aut moriebantur, aui grave mor-
hiini paciebantur. Quod attendentes philos op hi, iusserunf
ignem fieri frequenter <"l sparsim circa j>u t*M>s et fontes, <'t
immundum ibi cremari, et quaecumque immundum ibi cre-
mari, el quaecumque immundum reddiderunt fumum, nam
per talcm fumum sciebant fugari dracones... Rota involvitur
ad significandum quod sol tunc ascendit ad alciora sui
circuli, et statini regreditur, inde vcnit quod volvitur
rota. »
Dans une charte de l'année 959, on trouve ces mots :
« donne andlang herpades on Frigedaeges treôw » (1), « de
là, le long de la route, jusqu'à l'arbre de Freà »; et, dans
un document similaire, on rencontre le début suivant (2; :
« od doue Frigedaege ». Il y a encore, dans le Yorkshire, une
place dénommée Friday thorpe.
V. — BALD^ËG ; en ancien normand, BALDR; en vieil alle-
mand, PALTAG. Il y a peu de vestiges du culte de Baeldaeg,
chez les Anglo-Saxons, quoique le mot bealdor, se rencontre
fréquemment dans la langue poétique, comme qualificatif des
rois, après avoir été, sans doute, celui d'un dieu. Il y a quel-
ques lieux où l'on retrouve la trace du mot Balder : Bal-
dersby, dans le Yorkshire ; Balder.ston, dans le Lancashire ;
Bealdresôah, et Baldheresbeor/i, dans le Wiltshire. Et en
dehors des généalogies, le nom de Baeldaeg ne se rencontre
jamais; mais il existe un autre nom, Pol on Pal, sous lequel
les Anglo-Saxons ont peut-être adoré le dieu Baeldaeg.
En l'année 1842, il fut fait à Merseberg, une curieuse
découverte : au revers de la feuille d'un manuscrit, on trouva
deux formules magiques, dans la forme métrique, en très
ancien allemand, et l'examen de cette pièce prouva, non
i. Cod. Dipln n°1221.
2. Ibid., nos 1059, 92.
••
LES SAXONS EN ANGLETERRE 159
seulement qu'elle remontail à L'époque du paganisme, mais
qu'elle contenait encore, les noms de divinités païennes. La
teneur en est la suivante :
« Phol endi Wôdan Phôl et Wodan
vuorun zi holza, allèrent h la forêt;
da warl démo Balderes volon alors le pied de l'âne de
sin vuoz birenkit ; Balder fut tordu ;
thu biguolen Sinlhgunt alors Sinthgunt le charma,
Sunna era suister, et Sunna, sa sœur ;
thu biguolen Friiâ, alors Frua le charma,
Vollâera suister, etFolla, sa sœur;
thu higuolen Wédan, alors Wôdan le charma,
so he wola conda : aussi bien qu'il put :
sosé bénrenki, sôse bluotrenki, ils assemblèrent les os
sosé lidirenki ; arrachés avec le sang,
hén zi béna. et les membres, ainsi que
bluot zi bluoda, tous les os ; le sang fût mêlé
lid zi geliden, au sang, comme si ces débris
sôse geh'mida sin. eussent été agglomérés. »
Ce morceau, semblable à la plupart des formules du même
genre, présente un intérêt tout particulier, parle nombre de
divinités, dont il renferme les noms. De plus, on retrouve,
en Angleterre, le même enchantement, sans le paganisme
qui l'empreint en Allemagne, et Baldr, (identifié par Griinm
avec Phol : Vorgelesen in der Kônigl. Akademie der Wis-
senschaften, am. 3. Febr. 1842. pp. 10, 11) y est remplacé par
le Christ lui-même :
« The lord rade, Le Roi vint,
and the foal slade ; et mit l'âne à mort ;
He lighted Puis il se fit un rayonnement et
and he righted ; il accomplit une œuvre bonne :
set joint to joint il assujettit les membres
and bone to bone, et les os entre eux,
sinew to sinew. et les muscles entre eux.
Ileal in the C'était la guérison par
Holy G host's name ! le nom de l'Esprit-Saint ! »
100 BEOWULF
Il y a là, semble-t-il, plus qu'une coïncidence, e1 l'on pour-
rail croire que la première version anglaise, remontant à une
aussi haute antiquité que celle de l'Allemagne, dut être éga-
lemenl païenne, et renferma, dans sa forme primitive, les
noms des mêmes divinités. Le nom de Pol ou Pal, s'est main-
tenu dans la dénomination des lieux suivants. Phalgraben
en Allemagne ; Palgrave, dans le Norfolk; Polekrooke, dans
le Northamptonshire; Polesworth, dans le Warwickshire ;
Po/sdon, dans le Surrey ; Poling, dans le Sussex (1).
Le mythe de Baldr, dans les légendes du Nord, est
empreint d'une grâce touchante, et son culte a la mélancolie
divine, et la tristesse passionnée de l'orphisme. Baldr est le
dieu de la lumière, de la splendeur, et de la beauté. La pro-
phétie de la mort prochaine de Baldr affligea les dieux :
aussi Friga obtint-elle de tout être vivant, que rien dans la
création, ne pourrait blesser cette gloire de lVEsir, ce dieu
chéri de l'Asyniar. Tous les êtres, dans la nature, prirent
part à un serment aussi solennel, à l'exception d'une pousse
de gui, encore trop jeune. Le dieu, fier de son invulnérabi-
lité, s'exposa volontairement aux coups des humains. Les
haches, les masses d'armes, les lances, les glaives s'émous-
saient sur son corps sacré, quand Loki, frère de Baldr, char-
gea un aveugle, Haudr, déplacer, dans la main du dieu, une
pousse de gui. Baldr mourut, alors, etOpinn, lui-même, des-
cendit aux enfers pour persuader à la déesse des morts,
d'abandonner sa proie : il réussit dans son entreprise, annon-
çant que Baldr serait rendu aux dieux, si toutes les créatu-
res pleuraient sa mort. La nature entière, pleura lé Dieu de
la beauté, à l'exception d'une vieille sorcière, sous les traits
de laquelle Loki s'était caché :
1. Cod. Dip/., nos 642, 752, 1136, 1187. Gil. 685. 61, HOT
LES SAXONS EN ANGLETERRE 161
« Qu'ont fait les dieux pour moi s'écria-t-ellc, et qu'ai-je à
pleurer Baldr ? Que l'enfer garde ses morts ! »
Et la destinée de Baldr devint, ainsi, irrévocable (1). La
fidèle Nasma ne voulut point survivre au dieu qu'elle aimait,
et ses cendres se mêlèrent à celles de Baldr, sur un bûcher
autour duquel les autres dieux pleuraient, en silence. Mais
Baldr était appelé à connaître la résurrection, dans le triom-
phe de la mort ; après le crépuscule des dieux, et la des-
truction de l'ancien univers, il devait renaître aux joies et à
la gloire de la vie, et il devait régner sur un inonde, d'où la
tristesse et la mort étaient à jamais bannis.
Si peu de traces qu'on trouve du culte de Baldr, chez les
Anglo-Saxons, on peut néanmoins conclure, que le mieux
aimé des dieux du Nord, ne fut point inconnu en Angleterre,
et que des générations, ferventes, durent s'attendrir et sur
sa beauté immortelle, et sur les tristesses de sa destinée,
qui s'achève dans les souffrances et dans la mort.
VI. — GEAT ; en ancien normand, GAUTR ; en vieil alle-
mand, KO'Z. Geât est désigné, dans les généalogies des
Saxons de l'Ouest, comme un ascendant de Wôden, et le fon-
dateur de la tribu des Geâtas, dont Beowulf devient roi : son
amour pour Madhild , est rapporté dans l'Exeter Book :
« We dset Mœdhilde Pour Mathilde, nous
monge gefrunon avons entendu rapporter
wurdon grundleâse que l'amour de Geat
Geâtes frige fut sans fin. de sorte que
deet him seô sorglufu la peine d'amour éloignait
slaep ealle binom. de lui, tout sommeil. »
Il apparaît bien que Geât fut un dieu : Nennius le nomme,
filius dei (2) ; et Asser écrit :
4. Grimm, Beat. Myth .. pp. 2'M et suiv.
2. Nennius, § 31 .
I!
162 BEOWULF
<( Quern Gctam du dumpagani pro deo venerabantur » (1).
La même croyance esl affirmée j>;ii' Florent de Worces-
ter (2), par Simeon dé Durham (3), el dans le passage sui-
vant du Teûclus Roffensis : « Geâta, dene da hâedenan \\ui-
dedon for god ». La divinité de Geât semble donc prouvée
par ces citations, comme la persistance de son culte, que la
tradition tit parvenir, jusqu'aux chroniqueurs.
VII. SAETERE. — Le S at ur nus latin, figure parmi les divi-
nités anglo-saxonnes : il donne son nom à lavant-dernier
jour de la semaine, Saeteresdaeg ou Saetemesdaeg , et à des
lieux : Salter thumite, dans le Lancashire ; Satterleigh, dans
le Devonshire, et Saeleresbyrig, dans le môme comté (4).
Parmi les plantes, le Gallicrus, est appelé Satorlâde, en
anglo-saxon. Grimm a tenté d'identifier Saetere (o), avec le
dieu germain Ckrôdo, ou Hruodo, dont le nom latin était
Sat ur nus et qu'il était représenté sous les traits d'un vieillard
tenant d'une main, une gerbe de fleurs, et de l'autre, une
roue. Mais l'origine du Saetere anglo-saxon, paraît être pro-
prement latine : son nom qui ne figure pas dans les généa-
logies royales, prouve assez que son culte ne dut pas être
très répandu.
VIII. — Les Déesses. La mythologie anglo-saxonne com-
prend peu de déesses. De la femme vénérable d'Odin ; de la
déesse Fricge, on rapporte seulement qu'elle donna son nom
au sixième jour de la semaine. Parmi les mois, Bède (6) cite
Hrednwnad (mars), et Eôstermonad (avril), comme dérivés
des déesses Rheda et Eostre, auxquelles des sacrifices étaient
1. DeReb. Gest. JElf .\ an. 849.
2. Flor., Wig. Chron., an. 849.
3. De Reb. Gest. reg., an. 849.
4. Cod. Dipt., no 813.
5. Deut. Myth., p. 227.
6. De uatura rem m, cap. XV.
LES SAXONS EN ANGLETERRE 163
offerts en ces mois. Dans la mythologie Scandinave et ger
malne, on rencontre La déesse guerrière, Hréde; Eôslre^ divi-
nité (!•' la lumière (east, orient), des aurores, et du premier
printemps, alors que Le soleil sort vainqueur, des ténèbres de
l'hiver.
Dans le dictionnaire de Lye, on trouve une autre déesse,
Ricen qui est semblable à la Diane antique : elle préside aux
chasses sauvages, et au Ludus Dianae (1). A côté d'elle, figu-
rent successivement, Minerva ou Bertha, Holda, Babundia,
Dame Abonde, Domina, liera, sans attributs définis, et sans
culte certain.
IX. — Les Démons et les Montres. Les Anglo-Saxons
n'ont pas seulement partagé avec les Germains, les croyancs
aux dieux bienfaisants, mais ils ont encore connu et redouté
les créatures monstrueuses et les esprits infernaux.
Dans Beowulf, on rencontre déjà Grendel et sa mère,
titans voraces et invulnérables, issus des géants, et le triom-
phe du héros sur ces montres, fait l'objet de la moitié du
poème.
Dans deux ou trois chartes, des noms de lieux dérivent
de Grendel, et comme dans le poème, la caverne du titan
est creusée sous un lac, ces lieux ont toujours quelque rap-
port avec les eaux : Grindles pyt ; Grindles bece ; Grendles
mere (2). Grendel a pu être identifié avec le démon Loki, du
1. « In contrariam partem est auctoritas decreti XXVI. Ita ibi ]egitur.
Illud non est obmittendum, quodquedam scélérate mulieres retro post
Sathan converse, demonum illusionibus et fantasmatibus seducte,
credunt se et profitentur cum Diana nocturnis horis dea paganorum, vel
cum Herodiade et innumera multitudine mulierum, equitare super
quasdam bestias et multa terrarum spatia intempeste noctis silentio
pertransire, eius iussionibus obedire veluti domine, et certis noctibus ad
eius servitium evocari ». Meronymi Vicecomitis opusculum Lamiarum
vel Striarum, Medial. , 1490.
2. Cod.Drpl., 110*39, 570, 3.>:i.
164 REOWIÎLF
Nord (I). Grendel et Loki, ont une mèro, alors que le démon
<Iu christianisme n'en a point. Comme Satan, Loki* est
enchaîné aux enfers, et ce n'est que par un émissaire qu'il
peut se montrer sur la terre, et y accomplir son œuvre de
destruction (2). C'est ce satellite, fils du démon, exécutant
ses volontés sur la terre, que Ton retrouve dans Caedmon,
dans les légendes de saint Andrew, Juliana et Gûdlâc.
Les caractères des démons, dans la mythologie anglo-
saxonne, sont la force et l'héroïsme : ils sont des dieux de la
nature ; les esprits des bois et de l'océan. Ce sont eux que
l'anachorète interroge, dans la solitude des nuits (M) :
« Volvente deinceps cursu temporis, electus Dei Gallus
retia lymphae laxabat in silentio noctis, sed inter ea audivit
demonem de culmine montis pari suo clamantem, qui erat
in abditis maris. Quo respondente, « Adsum ! » montanus e
contra : « Surge », inquit, « in adiutorium mihi ! Ecce pere-
grini vénérant, qui me de templo eiecerunt » ; nam Deos
conterebant, quos incola? isti colebant ; insuper et eos ad se
convertebant ; « Veni, veni, adiuva nos expellere eos de
terris ! » Marinus demon respondit : « En unus illorum est
in pelago, cui nunquam nocere potero. Volui enim retia sua
ledere, sed me victum proba lugere. Signo orationis est
semper clausus, nec umquam somno oppressus ». Electus
1. Grimm, Deut. Myth., p. 222.
2. Dans la légende de Juliana, le démon inférieur, parle de Satan,
comme de son père, et de son roi {Cod. Exon., pp. 261, 273). Dans
Salomon et Saturne, il est appelé le thane de Satan. Dans la même
composilion, Satan est appelé le père du démon : « Notre Père frappera
le démon de sa hache fulgurante ; une pluie de feu tombera sur sa tête ;
les ténèbres s'épaissiront autour de lui, et il sera rivé à la même chaîne
que Satan, son père ». Dans la légende de saint André, c'est Satan lui-
même qui apparaît. Par ailleurs, Satan envoie comme émissaires, les
démons, ses enfants ( Vercelli Poems, Andr., 1. 2.388 ; 1. 2.692).
3. Vit. Anon. Sri. Galli. Perte. Monum., II, 7.
LES SAXONS EN ANGLETERRE 165
vero Gallus lurc audiens, munivit se (indique signaculo
cruris, dixitque ad eos : (( In nomine Jesu Christi praecipio
vobis, ut de locis istis recedatis, nec aliquem hic ledere
praesumatis ! » Et cum festinatione ad littus rediit, atque
ahbati suo, quae audierat, recitavit. Quod vit* Dei Golunibanus
audiens, convocavit fratres in ecclesiam, solitum signum
tangens. 0 mira dementia diaboli ! voces servorum Dei
praerîpuit vox fantasmatica, cum heiulatus atque ululatus
dira? vocis audiebatur per culmina [ montium] ».
Ces Titans, dans leur force terrible, et quoique redoutables
aux dieux mêmes, sont pleins de sagesse, comme Ghronos
et comme Saturne. S'ils luttent contre les dieux, c'est qu'ils
veulent établir, par la force, leur domination sur l'univers,
en détruisant les fils de la race d'Opinn.
Parmi ces géants en révolte, Loki a la mystérieuse beauté
de quelque archange déchu. Après avoir donné aux autres
dieux l'aide fraternelle de sa force invincible et de son
immortelle sagesse, on le voit entrer en conflit avec eux,
après la mort qu'il a volontairement donnée à Baldr, par
jalousie, peut-être. Il est alors enchaîné dans les profondeurs
de la terre, et sur sa tête un serpent infernal distille, jour et
nuit, son venin. Sa fidèle compagne voit Loki trembler, dans
l'agonie et la nature entière pleure, tressaille et gronde,
quand expire le génie bienfaisant ; dieu, descendu parmi les
hommes, et qui, nouveau Prométhée, voulut apporter aux
êtres vivants la flamme libératrice de l'esprit. Les géants
hostiles aux dieux, se montrent plus cléments envers les
hommes qu'ils veulent soulever avec eux, contre les divi-
nités tyranniques.
Ce n'est qu'avec les progrès du christianisme que se fait
jour l'idée propre du démon, auteur de tout mal, moral ou
matériel, dans le monde, et intimement mêlé à la création,
sous des formes multiples. Un reste de paganisme s'unit
166
MKOWTLF
parfois à celle conception chrétienne (1), el se retrouve en
des poèmes, tels que Salomon et Saturne^ dont nous
extrayons ce passage (2) :
« M jpg si mie se Godes cw.ide
gumena gehwylcum,
ealra feùnda gehwone
fleonde gebringan,
durh mannes mûd,
m an fu Ira heâp
sweartne geswencan ;
nœfre hic dses syllice
bleôum bregdad
softer banco fan,
federhornan onfôd.
Ilwfluni flétan gn'pad,
hwilum hie gewendnd
on wyrmes lie
scearpes and sticoles,
stingad nyten
feldgongende,
feoh gestrudad ;
hwilum hie on wœtere
wieg gehnœgad,
horn u m geheâwad
oddœt him heortan blôd,
fàmig flodes bœd,
foldan geséced.
Hwilum hie ge fêter ad
fanges monnes handa,
gehefegad donne he
cet h il de sceall
wid lâdwerud
lifes tiligan :
âwritad hie on his wsepne
wœlnota heap.
Qu'à jamais le nom de Dieu,
pour tout homme,
puisse tout ennemi
mettre en fuite, prononcé par
la bouche de l'homme, et
disperser la troupe des démons,
la noire cohorte ;
alors il ne changeront plus si
étrangement de couleurs
et de corps, et plus ils ne
prendront de plumes.
Parfois ils saisissent le marin,
parfois ils se changent
en serpent,
au dard perçant ;
ils piquent les bœufs
allant par les champs;
détruisent les troupeaux :
parfois dans les eaux,
ils entraînent les chevaux,
les poussent
de leurs cornes,
et le sang de leur cœur
surnage jusqu'à la terre.
Parfois, ils enchaînent les mains
de ceux qui sont vouésàlamort;
ils les rendent lourdes à la
guerre ; quand le héros, contre
une troupe hostile, doitdéfendre
sa vie : ils gravent sur
ses armes, d'infernales
marques de damnation.
1. Cf. Bède, Hist. EccL, V, 13; 111, 19.
2. Salom. et Sat., pp. 143, 144.
LES SAXONS EN ^NGLETERBE 16/
Et dans la même composition, on trouve encore ces
lignes
..« Et quand le démon est très las, il s'attaque au troupeau
appartenant à quelque pécheur, et qui repose sous un arbre
maudit; s'il rencontre la dépouille d'un homme, sur laquelle
n'a pas été fait le signe de la croix..., il l'emporte vers les
déserts de l'enfer ».
X. — NICOR. Parmi les dieux élémentaires, figurent les
Nicors, ou esprits des eaux : êtres immatériels et surnatu-
rels, elfes, ondines, peuplant les rivières, les lacs et la mer :
ce sont eux qui égarent le marinier imprudent ; qui déchaî-
nent les tempêtes, ou qui laissent voguer doucement la
barque sur les flots apaisés. Opinn est leur roi et leur dieu
suprême : quand il les visite il s'appelle Hnikupr et Nikuz,
noms du dieu des mers. Dans Beowulf, le Nicor est qualifié
de « wundorlic waégbora » ; l'être surnaturel qui soulève les
vagues. Le Nicor est aussi, la fascinante Nix ou Nixie, qui
emporte à la mort, dans ses embrassements, le jeune pêcheur
émerveillé ; c'est encore la vague bondissante, qui entraîne
vers l'abîme, le riant essaim des vierges, qui errent, cou-
ronnées de fleurs, sur le rivage ; le Nicor est, enfin, la
Stromkarl suédoise, qui de son lit d'algues, suit avec joie, les
jeux des jeunes enfants dans les prairies qu'elle fertilise :
elle leur chante, au crépuscule, d'étranges mélodies et de sa
chevelure fleurie, elle détache, pour eux, les nénuphars
blancs, qu'elle laisse flotter sur les eaux, à l'aventure.
XI. — HEL. La divinité la plus redoutée de F Anglo-Saxon
fut Hel, maîtresse du monde souterrain. Le héros du Nord
qui, en mourant dans les batailles, était appelé à la gloire
du Waelheal, tremblait à l'idée de finir ses jours dans la
paix d'une mort naturelle et lente, qui le condamnait à vivre
éternellement, dans le séjour désolé des ombres, et plus
d'un guerrier se donnera volontairement la mort, pour
168 bëowi i.K
renaître à L'immortalité glorieuse (1). Mais Hel n'était pas la
déesse de la mort, proprement dite : elle recevait seulement,
ceux qui n'avaient point mérité, par leurs exploits, de
s'asseoir aux côtés d'Opinn, et c'étaient les Waelcyrians ou
Shieldmays, qui faisaient ce choix funèbre, entre les héros.
Le royaume d'Hel n'a pas les clartés et la joie du Waelheal :
il est toute ombre, toute tristesse, et toute solitude : là, point
de combats héroïques et simulés, dans les brouillards que
vont percer les rayons du soleil des dieux : point de cou-
pes où l'on boit, à longs traits, le vin de l'éternelle jeu-
nesse ! Ces lieux ne retentissent pas du chant barbare, qui
narre les longs récits des batailles, et les immortelles
Shieldmays n'y apparaissent pas, dans le sillage des éclairs.
Aucune des âmes désolées d'Hel, ne prendra part à la lutte
dernière et gigantesque des ein/ierjar, mais elles errent dans
les solitudes glacées, et une lueur d'espoir, dans l'éternité,
ne dissipera jamais les ténèbres qui les environnent.
Pour le parjure et le meurtrier, existait le Ndstrond,
peuplé de monstres et de serpents, et le souvenir de cet enfer
païen, demeure dans des œuvres d'inspiration chrétienne,
tel le Dialogue de Salomon et de Saturne, où on lit encore :
1. Henry de Huntington, dans le sixième livre de son Histoire, rap-
porte que Siegeweard, duc de Northumberland, en apprenant la mort
de son fils, à la bataille, s'écria : « Kecepitne vulnus lethale in anleriori
vel posteriori corporis parte? Uixerunt nuntii : In anteriori. At i J le :
« Gaudeo plane, non enim alio me, vel filium meum digner fuere ». En
10o5, le même personnage, recherche, sentant sa fin prochaine, une mort
héroïque, et le passage suivant atteste la persistance de l'idée païenne et
guerrière, en dépit de l'influence du christianisme : « Siwardus, consul
rigidissimus,prolluvio venlris ductus, mortem sensit imminere.dixitque :
Quantus pudor me tot in bellis mori non poluisse, ut vaccarum morti
cum dedecore reservarer! Induite me saltern lorica mea impenetrabili,
praecingite gladio, sublimate galea : scutum in lanTa, securim auratam
mihi ponite in dextra, ut militum fortissimus modo militis moriar.
Dixerat, et, ut dixerat, armatus honorifice spiritum exhalavit ».
LES SAXONS EN ANGLETEUHE
101)
« him belle gescôp,
wselcealde wic,
wiotre bédeahte :
wœter insende
and wyrmgeardas,
atol deôr monig
irenum hornum ;
blôdige earnas
and blâce nœdran ;
pirst and hungor
and pearle gewin,
eâcne egesan,
unrôtnisse. »
« pour eux il fit l'enfer,
demeure froide et mortelle :
couverte de neige :
il y fit couler des eaux
et courir des serpents,
et plus d'un monstre hideux
à cornes d'airain ;
et des aigles sanglants,
et de pâles vipères.
(11 leur donna) la soif et la faim
des batailles furieuses,
d'épouvantables terreurs,
et la perte de la joie (1). »
Dans la mentalité païenne anglo-saxonne, l'enfer appa
raissait comme la prison des âmes (2), ou comme la gueule
de quelque bête monstrueuse, entrée du séjour des tour-
ments. Dans la poésie épique, Hel est toujours une person-
nification : celle de la déesse du royaume des morts indignes,
ainsi qu'il ressort de ce passage même de Beowulf (3) :
« siddan dreamaleâs
in fenfreodo
feorh âlegde,
hœdene sâwle,
dœr him Hel onfeng.
« quand privé de joie,
dans son séjour des marais,
il perdit la vie
et son âme païenne,
et l'enfer la reçut.
XII. — Les Destins. Les Germains admettaient, en général,
l'intervention entre les hommes et les dieux, de divinités qui
leur étaient supérieures, car les dieux eux-mêmes, dans la
mythologie du Nord, sont destinés a périr, et ils peuvent
aussi peu échapper au sort, que les hommes, nés de leur puis-
sance. L'opinion populaire a pu faire d'Opinn, l'arbitre
t. Sal. Sat., p. 173.
2. Bède, ffisf. Eccl , V, 13 : « inférai claustra ».
3. L. 1698, 357.
170 BEOWULF
suprême des événements, alors que L'élite des sages croyail
aux divinités du Passé, du Présent et du Futur; kl'nlr. à
Werdandi, à Skuld, dont 1 s décrets doivent confondre l<-s
cieux, la terre et les dieux eux-mêmes, dans l'universelle
destruction. Le barbare s'attache plus au passé qu'au futur :
car le présent n'est qu'une dépendance du passé qu'il accuse
ou qu'il loue, de tout ce qu'il souffre, et de tout ce dont il
jouit : son esprit suit la genèse d'événements qui se sont
effectués, ou qui s'achèvent, mais il est peu curieux, dans sa
sagesse primitive, des probabilités indéfinies de l'avenir :
c'est pourquoi Urdr est regardée comme la plus ancienne et
la plus puissante des destinées : sa tâche est achevée et celle
de ses sœurs est encore à accomplir. 11 est probable que par
l'évolution de cette conception, la première destinée finit
par l'emporter sur les autres. Dans les exemples suivants,
tirés du poème en ancien saxon (l), l'Heljand, Wurth, dans
tous les cas où ce mot est employé, peut être remplacé par
dôd, mors: « Thiu Wurth is at handuni, dôd is at hendi » ;
Wicrd (2), la mort est prochaine, pour saisir les condamnés
du destin. « Thiu Wurth nahida thuo », la Weird (la mort),
s'approcha ; « Wurth ina benam » : Wierd, déesse de la
mort, le ravit.
L'équivalent anglo-saxon de Wurth est Wyrd, que l'on
rencontre très fréquemment. Ce mot s'emploie, dans un sens
abstrait, au pluriel, et signifie un événement inattendu ; dans
1. Héljand, Poema Saxonicum Sœculi Noni, édit. A. Schmeller,
Munich, pp. 146, 2; 92, 2; 163, 16; 66, 18; 111, 4. Cf. Grinim, Myth.
p. 377.
2. Ne waes wyrd dâgen
daet he ma môste
m arm a cynnes
picgean ofer dâ niht (Beow., 1. 1.462).
wyrd ne cûdon (ibid.. 1. 2.467)
IIS SAXONS VA ANGLETERRE 171
l'acception du vieux saxon II ///•///, Wyrd est toujours au
singulier. Dans ce passage, les pensées chrétiennes et
païennes se mêlent étrangement, et Wierd y est opposé à
Dieu :
« swâ he hyra ma wôlde
nef ne him witig God,
Wyrd forstôde,
dœs mannes mod (1). »
« Comme ils l'auraient obtenu, si Dieu n'avait été là ; si
Wierd ne l'avait soutenu, ainsi que son propre courage. »
« Hine Wyrdfornam » ; « Wierd l'emporta (2). » « Ac une
sceal weordan aet wealle, swâ une Wyrd geteôd metôd
manna gehwaes » (3) ; « cela nous adviendra, comme Wierd,
le maître de tout homme, l'a décidé », « Swâ him (4) Wyrd
ne gescrâf » ; « Wierd n'en ordonna pas ainsi ». « Ealle
Wyrd forsweôp » ; « Wierd a dispersé. » « U'sseô wyrd
scyded, heard and hetegrim » ; « Wierd nous poursuit,
âpre et terrible, dans la haine. »
Une des particularités de Wierd, est de ressembler de
façon frappante, k la déesse Scandinave, Nornir. Wierd se
tient aux côtés du guerrier condamné par le sort ; elle l'en-
lève, et se montre acharnée à la poursuite de ses victimes.
Mais elle tisse aussi, dans son immutabilité, la trame de la
destinée : « Me daet wyrd gewtef » ; « Wierd, pour moi, a tissé
ce qui m'est advenu (6). » « Wyrmas mec ne âwâefon (7),
Wyrda craeftum, da de geolo godvvebb geatwum frœt-
1. Beow., 1.2.104.
2. Ibid., 1.2.240.
3. Ibid., 1. 5.048.
4. Ibid., 1. 5.145.
5. Beow., 1. 5.624.
6. Cod. Exon., p. 355
7. Ibid. t p. 417.
172 BEOWULF
wad ». « Les vers ne mont point tissé, avec l'habileté de
Wierd, une étoile de brocart jaune. »
Toutes les déesses et toutes les héroïnes teutones filent,
comme Holda et Bertha ; ainsi que les Valkyriur et les
Shieldmays, au regard flamboyant (t) qui s'arrête, dans les
batailles, sur ceux qui sont voués à la mort. Et sur ces der-
nières, on trouve (Ms. Harl. 585, fol. 186), l'incantation
suivante :
(v Voici qu'avec bruit, elles volaient sur la colline, après
avoir chevauché bravement sur la terre plane... Je m'abritais
derrière mon bouclier léger, et les puissantes vierges fai-
saient siffler les javelots à mon oreille... Fixez-vous, parmi
nous, ô déesses de la victoire ! Et ne vous envolez pas vers
les bois, à l'aventure ! Et comblez-nous de vos bienfaits... »
Il y a quelque analogie, et Grimm l'a remarqué (Deut.
Myth., p. 402), entre ses divinités, dans leur vol sauvage à
travers l'espace, et les nymphes guerrières que Saxo Gram-
1. Quand Doit visite Drymr, sous le déguisement de Freya, le géant
a quelque soupçon des yeux flamboyants de la déesse, sous son voile :
« Laut und linu
lysti at kyssa ;
en hann ûtan stôkk
endlangan sal :
« Ilwi eru ôndôtt
augu Freyju ?
pikki mer or augum
eldr of brenna ! »
Sat in alsnotra
embôtt fyrir,
er ord um fann
vid jôtuns màli :
« Svaf vaetr Freyja
âtta nôttum,
svâ var hon ôdfiis
i jôtunheima. »
Hamarsheimt, XXVII, XXVUI
LES SAXONS KN ANGLETERRE ST3
maticus qualifie de femînœ et de nymphe sylvestres (1).
XIII. — La Création et la Destruction. La cosmogonie du
Pentateuque fut adoptée par les Savons convertis à la foi
chrétienne, mais sans exclure, toutefois, les traditions du
paganisme. Dans la mythologie des nations du Nord, la
création du monde occupe une place importante ; ses détails
sont rapportés dans les lais essentiels de l'Ëdda, et quelques-
uns de ceux-ci semblent avoir inspiré les poètes chrétiens
eux-mêmes. L'imagination religieuse des barbares du Nord
est partout identique, et bien que les plaines fertiles de la
Bretagne se déroulassent à ses yeux, les visions obscures ou
rayonnantes de la genèse du monde, hantaient les rêves de
l'Anglo-Saxon, aussi bien que ceux du Suédois contemplant,
dans sa farouche tristesse, ses rives glacées, ses volcans, et
ses montagnes de neige. L'homme du Nord croit, générale-
ment, qu'un vaste chaos précéda l'organisation du monde.
Pendant la vie du géant Ymer, « la terre était vide et sans
forme ». Et la Vaulu Spd, ou Chanson de la Prophétesse,
poursuit ainsi (2) :
« A'r varalda « Quand Ymer habitait là,
par cr Y'mir bygdi : c'était l'aube des temps :
vara sandr né sœr les frais ruisseaux ne coulaient
né svalar unnir : point, ni les sables, ni les mers :
ôrd fannsk œva la terre n'était pas, et le ciel
né upphiminn, ne la recouvrait pas; le vide
gap var ginnunga, était partout, et l'herbe
en gras hvergi. » n'avait point verdi. »
Cependant les fils de Bur, Opinn, Vile et Ve créèrent le
vaste Midgard, ou royaume de la terre :
« SjI skein sunnan « Le soleil, à l'orient, rayonna
a salar steina sur les palais de pierre;
1. Grimm, Deut. Myth., pp. 401 et suiv.
2. Vaulu Spâ, si. 3.
174
BEOWULF
pa var grand groin
grœaum lauki (1). »
Les constellations étaienl encore errantes
et la terre alors naquit,
avec sa verle parure. »
« Soi pat ne vissi
h var hon sali âtti,
mâni pat ne vissi
hvathann megins âtti,
stjôrnur pat ne vissu
hvarpœr stadi âttu(2). »
« Mais le soleil ne savait pas
où serait son royaume ;
et la lune ignorait ce qu'elle
deviendrait,
et les planètes n'avaient point
leur place au firmament. »
Aussi les dieux assemblés réglèrent-ils l'ordre des saisons ;
ils donnèrent leur nom au matin, à la nuit et au jour, afin
que les hommes pussent reconnaître le cours des temps.
A l'apparition du christianisme, les mythes sur l'origine du
monde créé sur le corps d'Ymer, ou sorti de puits mysté-
rieux ou insondables, se sont perdus. Mais il est curieux de
remarquer à quel point est païen le tableau de la création,
donné dans Gaedmon (3) :
« Ne wses hér dâgiet
nymde heôlstersceado
wiht geworden,
ac des wida grund
stôd deôp and dim,
drihtne fremde,
idel and unnyt ;
on done eâgnm wlât
stidfrihd cining,
and da stowe beheôld
dreâma lease.
Geseah deorc gesweorc
sémian sinnihte,
sweart under rodera m,
wonn and wéste
1. Vaulu Spà, st. 5.
2. Ibid,, st. 4.
3. Cœdm., p. 7, 1. 8 et suiv.
« Il n'y avait pas encore,
même l'abri d'une caverne,
mais l'abîme sans fond,
s'ouvrait insondable et noir,
ignoré de Dieu,
inutile et immuable ;
sur lui porta les yeux
le Roi, à la volonté
toute puissante,
et il aperçut ce néant
qu'avait fui toute joie.
Il vit les sombres nuages
s'épaissir dans une nuit
sans fin; sombres et épars
sous le ciel
LES SAXONS IN ANGLETERRE 175
folde wœs dâgyl La terre n'avait pas encore
grœs ungréne; la verte parure de l'herbe ;
gàrsecg peahte mais l'océan recouvrait
sweart synnihte au loin, dans les ténèbres
wfde and side éternelles, les terres
wonne waegas. » désolées... »
Otte première phase de la création, est suivie de la pro-
duction de la lumière ; de la division du soir et du matin ; de
la production de la vie organique elle-même, comme dans le
premier chapitre de la genèse. Le Wida gnmd, ou vaste
abîme, est le Ginnunga gap, ou gouffre béant, de l'Edda, et
comme dans ce dernier poème, l'auteur chrétien écrit qu'il
n'y a sur la terre, ni herbe, ni verdure.
Le monde fut donc créé des parties diverses du corps
d'Ymer, mais on retrouve encore une trace de paganisme
dans la tradition qui se transmit en des temps moins reculés,
de la création de l'homme, des parties mêmes de l'univers,
conception qui sous son symbolisme apparent, est toute
matérialiste. Dans un très ancien manuscrit frison que Grimm
cite dans YAltdeusche Blcltter de Haupt (1), on lit ce pas-
sage :
« Gôd scôp thene éresta meneska, thet was Adam, fon
achta wendem ; thet bénete fon tha sténe, thet flâsk fon
there erthe, thet blôd fon tha wetere, tha herta fon tha
winde, thene thochta fon tha wolken, thene sûet fon tha
dâwe, tha lokkar fon tha gersc, tha âgene fon there sunna
and tha blérem on thene helga 6m ».
« Dieu créa l'homme de huit matières : il tira ses os des
pierres; sa chair, de la terre; sa pensée, des nuages; son
sang, de l'eau ; son cœur, du vent; sa sueur, de la rosée ;
ses cheveux, des herbes ; ses yeux, du soleil ; et puis, le
I . Vol . 1, part. ï, p. 1 .
1 76 BEOWULF
Tout-Puissant insuffla la vie au premier homme. » Dans Salo
mon et Saturne (p. 181), on dit qu'Adam a été créé de huit
livres de chacune de ces matières : une livre de terre, pour
sa chair ; une livre de feu, pour son sang ; une livre de vent,
pour son souffle ; une livre de nuages, pour l'inconstance de
sa pensée ; une livre de grâce, pour sa beauté ; une livre de
sel, pour l'amertume de ses larmes.
L'Anglo-Saxon partage cette croyance générale du paga-
nisme du Nord, qu'à la fin des âges, qu'au crépuscule des
dieux, les pouvoirs titaniques briseront leurs fers : Loki sera
délivré de ses chaînes ; le serpent Midgard qui entoure le
monde, se réveillera menaçant et formidable ; le loup
Fenrir, s'élancera contre les dieux, et le vaisseau Naglfar,
fait des ongles des morts, assemblés, conduira les fils de
Muspelheim, contre les dieux (Vaulu Spâ, st. 50). Opinn,
Thôrr et les autres dieux périront, mais leur mort ne sera
pas laissée sans vengeance : le loup et le serpent tombe-
ront : l'un, sous les coups de Vidarr, fils d'Opinn ; l'autre,
sous la massue de Thôrr. Le soleil et la lune disparaîtront,
avec la terre elle-même, tandis que les cendres d'Yggrdasil,
voleront sur le bûcher de Sutr.
Mais les dieux se retrouveront dans Ivadelli ; la terre
renaîtra de l'océan: le soleil laissera, derrière soi, pour
poursuivre sa course lumineuse, une fille d'éclatante beauté.
Ces divinités se souviendront de leur ancienne puissance, et
Viddar et Vale, fils d'Opinn; Made et Magne, fils de Thôrr,
survivront à l'universelle destruction, et la mort, et le mal
seront bannis du monde, à jamais (1) :
« Sér hon uppkoma « Alors pour la seconde fois,
odru sinni, elle renaîtra, la terre,
jôrd orœgi de l'océan, et
idjagrcena. » verte sera sa parure. »
1. Vaulu Spà, st. 56, 57, 58, 59, 60,
LES SAXONS EN ANGLETERRE 177
Sous L'influence chrétienne, <>n lil dans la ménologie
saxonne :
« Quand Notre-Seigneur fera renaître les créatures et toute
la race dos hommes, le soleil brillera avec sept fois plus
d'éclat, et jamais, il ne déclinera, et la lune ne sera plus
voilée par les nuages... »
Ce passage atteste encore la persistance de l'idée païenne,
dans la conception de la vie éternelle, en dépit des pro-
messes de la foi nouvelle, et de la certitude des dogmes
chrétiens.
XIV. — Les Héros. Le culte des héros, chez les Anglo-
Saxons, est celui de dieux oubliés, ou représentés au cours
de leurs exploits héroïques et humains. Le héros Scyld ou
Sceldwa, a été reconnu pour le fondateur divin de la race
royale des Scyldings, au Danemark ; mais il apparaît aussi
au nombre des ancêtres mythiques de Wôden, dans les
généalogies du Wessex. Il est singulier d'observer que les
Anglo-Saxons, seuls, rapportèrent le mythe de ce héros : le
premier chant de Beôwulf le dépeint enfant, et abondonné,
sur une nef, aux flots de l'océan ; un trésor fabuleux l'accom-
pagne, tandis qu'il vogue vers les rives des Gardanes, dont
il devint roi. Après avoir régné glorieusement et fondé une
race de rois, Scyld meurt, et comme dans son enfance aven-
tureuse, il est placé seul, sur un vaisseau chargé de trésors,
et le flot tutélaire l'emporte encore vers le monde ignoré,
d'où il était venu, pour le bonheur des hommes (Beow., 1. 26).
Ce mythe entra profondément dans les croyances populaires
et fut cité par des chroniqueurs moins anciens, tels qu'^Ëdel-
weard (2) et William de Malmesbury (3) qui s'efforcent même
1. Ms. Corpus Christi, n° 179.
2-3. « Ipse Scef cum uno dronione advectusf est in insula oceani quae
dicitur Scani, armis circumdatus, eratque valde recens puer, cl al»
ncolis illius terrai ignotns ; attamen ab cis suscipitur, cl ut (amiliarem
12
ITS beowi i.i
d'invoquer, pour Scyld, la tradition biblique, <d <!<• prouver,
avec peu de raison, que Le héros était iils de Noé, ué sur
l'arche (1), ei aiiraculeusement exposé sur les eaux... Il y a
un ou deux endroits qui portent, en Angleterre, le nom de ce
héros : Sri/ Ides treôw (2), Scyldmere (3), Set/ ides hedfda (4).
On dit que Scyld eut un fils nommé Beowulf ou Beau .
auteur de plusieurs races royales. Parmi les autres héros
nommés dans le même poème, il convient de citer Hygelac,
que Beowulf appelle son seigneur, son suzerain, et après la
mort duquel, il devient roi des Geats. Hygelac périt dans un
combat contre les Francs. Il semble encore probable que le
caractère quasi-divin d'Hygelac fut reconnu par les Ger-
mains, ainsi qu'il ressort d'un manuscrit du ixe siècle, cité
dans YAldeutsche Blâtter, de Moriz Haupt (liv. V, part. I,
P- 10) :
« De Getarum rege Huiglauco mirae magnitudinis. — Et
sunt mirae* magnitudinis, ut rex Huiglaucus, qui imperavit
Getis et a Francis occisus est, quern equus a duodecimo
anno portare non potuit, cuius ossa in Rheni fluminis insula,
ubi in oceanum prorumpit, reservata sunt et de longinquo
venientibus pro miraculo ostenduntur. »
diligenii animo eum custodierunt, et post in regem eligunt : de coins
prosapia ordinem trahit Athulf rex », .Edelw., lib. NI. « Isie, ut
ferunt, in quandam insula m Germaniœ Scandzam, de qua Jordanes
historiographus Gothorum loquitur, appulsus, navi sine rémige puerulus,
posito ad caput frumenti manipulo, dormiens, ideoque Sceaf nuncu-
palus ad hominibus regionis illius pro miraculo exceptus,et sedulo
nutritus, adulta aetate regnavit in oppido quod tunc Slasvic, nunc vero
llaithebi appellatur. Est au te m regio illa Anglia Velus dicta, unde Angli
venerunt in Britanniam, inter Saxones et Gothos constituta. » {Gest.
Reg., Il, 116).
t. « Se waes geboren in daére carce Noes » (Chron. Sax., 855).
2. Cod. Dipl.. n° 436.
3. Ibid., nos 356, 752.
i Ibid.. n° 721,
LES SAXONS EN ANGLETERRE 179
En Angleterre, des noms de lieux sont formés du mot
Hygelac : ainsi, llyyeldces yei'it (1).
Un autre héros du cycle de Beowulf, est Unaef, le Hocing,
dont la destinée s'achève dans Le poème précité (2), et dans
le fragment intitulé « la bataille de Finnesburh ». Son nom
se retrouve, en Angleterre, dans Hnaefes scylf (3), hôces
byrgels (A), Hôces ltd m (5), Hôcing maéd (6). Ce héros ne
semble pas avoir été inconnu des Francs : Hiltikart, femme
de Charlemagne, de naissance très noble, parmi les Swaefas,
ou Suèves (»< nobilissimi generis Suavorum puella »), était,
en effet, parente de Kotofrit, duc des Alamans (7) : dans sa
généalogie, se retrouvent les noms de Huocingus et Nebi, en
succession immédiate, et il parait difficile de ne point voir en
eux, ceux de Hocing et de Hnaef.
Parmi les héros des traditions païennes, figurent encore
Wada, Weland et Eigil. Tous trois, après avoir été célébrés,
dans les mythes et les épopées Scandinaves et germaniques,
ont laissé quelque trace en Angleterre. De Wada, la Chanson
du Voyageur rapporte seulement qu'il régna sur les Helsings,
et quelques lieux gardent son nom, tels Wadanbeorgas (8),
Wadanhldew (9). Son fils Weland est plus célèbre que lui-
même : c'est le Wieland germanique ; le Vôlundr du Nord ;
le Galand de la tradition franque : Weland est, dans la
légende, le forgeron le plus renommé, et les plus durs
1. Cod. Dipt., n°566.
2. Beow., 1. 2.430 et suiv.
3. Cod. Dipt., no 595.
4. Ibid., n° 1267.
5. Ibid., n° 1142.
6. Ibid., n° I09i.
7. Thegan.'Vit. Hludov., Perte, Monum., 11,590, 591 ; Eginhart, § 18
Pertz, Mon., 11,452,453.
8. Cod. Dipt., n° 55.
9. Ibid , n° 18.
1tfO HKown.r
glaives sortent do ses mains divines. Bc6wulf, avant d'entre^
prendre une lulfe hasardeuse, recommande à ses compa-
gnons de rapporter an palais, s'il succombe, sa cotte <le
mailles [Welande geweofc), œuvre de Weland, ou chef-
d'œuvre que Weland aurait pu forger (1). La légende de
Weland identique, à bien des points de vue, à celle de La
Wilkina Saga, est l'apportée dans le Codex Exoniensis,
p. 377 : il y est t'ait mention de la mutilation de Weland par
Nidaudr ; de la violence que lui tit Bôdhildr, et de la revan-
che du forgeron divin sur ses ennemis.
Dans les traditions du Nord, apparaît un fils de Weland,
nommé Eigil ou Egil, célèbre comme archer. Sans qu'il y ait
de détail précis sur ce héros, on peut croire qu'il dut porter,
chez les Anglo-Saxons, le nom d'^Eigel, et l'on trouve, en
Angleterre, des lieux ainsi désignés : Aïglesbyrig, aujour-
d'hui Aylesbury, dans le Buckinghamshire ; Mylesford (Ayls-
ford), dans le pays de Kent; Mgleswurd (Aylsworth), dans
le Northamptonshire; Aylestone, dans le Leicestershire (2).
La Wilkina Saga renferme encore la légende de Deôdric
(Dietrich von Bern], et d'Eorménric (Hermanaric). Dans une
ménologie saxonne, de haute antiquité, on trouve le récit
dun anachorète, ayant eu cette vision : il aperçut le roi
Théodoric, sans ceinture, pieds nus, lié et conduit par saint
Fini en et par saint Jean, pape et martyr, jusqu'au cratère
d'un volcan, où il fut précipité. L'auteur ajoute qu'il s'agit
bien de Théodoric, roi des Goths, dans Ravenne (3).
1. Beow.,\. 901 ; I). Myth., p. 38t.
2. Cod. DipL, nos 549, 591, 423.
H. MS. C. G. G. Cantab., n° 179. « On done eâhtateôdan dœg daes
momies byd See Johannes tyd dœs pâpan dses martyres, se gedyde
purh Godes my lit blyndum men gesyhde. Done Johannes for aéfstum
[héhi ewellan] Theodoricus se wœs Golena cyning in Ranenna daere
ceaslre ; sum wéstensella on dàm ealonde de is nemned Liparus, he
sœde sciplidendum mannnm dœt he gesâwe Johannes sàwle dœs papan
T,i:s SAXONS EN ANGLETERRE 181
La Légende d'Eormânric était connue des Saxons : ce héros
est cité, à plusieurs reprises, dans la Chanson du Voyageur ',
el \ esl renommé pour son opulence, sa cruauté, et ses tra-
hisons. On apprend encore sur ce héros, dans Beowulf,
qu'Hâma lui ravit le Brôsinga-mén, ou collier mystique de
la déesse, Freya, sans qu'on sache comment ce dernier était
tombé entre les mains d'Eormânric.
La Chanson du Voyageur fait encore mention, sans autres
détails que leurs noms, de nombreux héros, parmi lesquels
on peut citer Sifecca, Hâma, Wugda, ^Etla (Attila ; l'^Etli
Scandinave ; l'Etzel desNibelungen). Dans le même morceau
sont nommés : Gudhere, roi des Burgondes (le Gunnar des
légendes du Nord ; le germain, Gunther) ; Hagena (Hogni,
Hagen), meurtrier de Siegfried. La Chanson du Voyageur ne
contient malheureusement aucun détail sur le grand héros
de l'épopée germanique, sur Sigurdr Fafnisbani, fiancé cà la
Shieldmay, Bryhyldur, et époux de Chriemhilt, à la belle
chevelure.
Seul, le poème de Beowulf, rappelle, sous le nom de
Sigmund, son père, les aventures du héros, et le dragon qu'il
extermine (Fafnis-bani), et sa fidèle amitié pour son parent,
Sinhôtli (Fitela).
XV. — La Divination et la Sorcellerie. Tacite a remarqué
laedan done cyning de hinc ofslôh gebundenne on écum witum. Ile
cwaed, se Godes peôw, tô dâm sciplicendum : Girsan dœg on da nigodan
tid daeges, daît is on done non. Peodricus waes gelaeded ungyrd unseeod
eâe gebunden be dâm tiandum, belweoh Johanne dâm pâpan Finia-
num dâm ealdormen, he waes lïam heom éworpen on byrnendc seâd
on dysum neâh-ealande, dad is nemnea Ulcania And da sciplidende da
• lii'l gehyredon, hig ymbhydelice âmearcodon done daeg, him dà cyrdon
eft 16 Etelwara msegde, daer hig done cyning au* lyfidende forlaeton ;
big dâ eft liine daer deâdne gemétton, dv ylcan daege de his wite dam
Godes peôwe aetywed waes. Dad waes swide Deodericus done we neninad
Deodric ».
182 BEOWULF
(Germ. Xï la prédilection des races germaniques pour la
divination :
c« Ils observent les auspices..., écrit-il. Ils découpent la
branche arrachée à un chêne..., et ayant marqué les mor-
ceaux de signes particuliers, ils les répandent, au hasard, sur
une étoile blanche. Si la consultation est publique, le grand-
prêtre; si elle est privée, le père de famille lui-même, après
avoir prié les dieux, et porté ses regards au ciel, élève par
trois fois, chaque morceau, et en interprète le sens, d'après
les signes qui y sont tracés... Mais cette race consulte encore
les présages... des chevaux. Ceux-ci de couleur blanche, et
laissés libres, sont nourris parle trésor public, dans les bois
et dans les antres sacrés : attelés au chariot consacré, ils sont
accompagnés par le prêtre ou par le roi, qui écoute leurs
hennissements... Il n'est pas d'augure ayant plus d'autorité,
non seulement parmi le peuple, mais encore aux yeux des
nobles et des prêtres qui se croient les ministres des dieux,
alors que les chevaux sont regardés comme leurs confidents.
Il est une autre manière de prendre les auspices, au sujet de
l'issue d'une guerre. Ils prennent un captif de la nation avec
laquelle ils sont en guerre... et ils le font se mesurer avec
un champion de leur choix, chacun portant les armes de son
pays. La victoire de l'un ou de l'autre, est regardée comme
un présage. »
Ces pratiques païennes persistèrent chez les Saxons, malgré
les prohibitions de l'Eglise, jusqu'au vu0 siècle. On laisse
aux chevaux, la détermination du lieu où doivent reposer les
restes de saint Gall :
« Elevato igitur apontifice nec non et a sacerdote feretro,
et equis superposito, ait episcopus : « Tollite frena de capiti-
bus eorum, et pergant, ubi Deus voluerit » (1). Vexillum
1. Vil, Anon, Sci. Galli. Pertz, Mo?iu?n., II, 17.
LES SAXONS EN ANGLETERRE 183
ergo (nuis cum luminaribus adsumcbatur, et psallentcs,
cquis praecedentibus, via incipiebatur. »
Dans un autre exemple, on voit le taureau, animal con-
sacré à la grande déesse Ne rt luis, jouer le même rôle que
1rs chevaux, dans la divination.
Saint Benoit, rapporte la tradition, apparut, une nuit, à un
pécheur, nommé Wulfgeat, et il lui ordonna d'aller annoncer
au duc ^delwine, qu'il voulait qu'on élevât un monastère, à
la gloire de la Mère de Dieu, à l'endroit où un taureau
labourerait le sol (God. Dipl., n° 581) :
« Ut ei igitur haec omnia per ordinem innotescas exhortor,
sernionem addens sermoni, quatenus scrutetur diligentius in
loco praedicto quomodo noctu fessa terrae sua incumbant
animalia, ac ubi taurum surgentem pede dextro viderit per-
çutere terram^ ibidem proculdubio xenodochii sciât se aram
erigere debere... Mira res, et miranda, ubi vir praedictus
insulam est ingressus,... animalia sua in modnm cruris, tau-
rum vero in medio eorum iacere prospexit. Et sicut quondam
sancto dementi agnus pede dextro locum fontis, sic viro isti
taurus terram pede percutiendo locum mensa? futuri arcis-
terii significavit divinitus. »
Parmi les pratiques de la magie, il convient de citer celle
que les Latins appelaient, invultnatio. Ainsi, dans Beo-
wulf (1), Hrôdgâr met en garde le héros contre Yedgena
bear ht m ; contre le sortilège des yeux. Et John de Salisbury
définit en ces termes, linvultuation et ceux qui s'y livrent,
ou vidtivoli :
« Qui ad afîectus hominum immutandos, in molliori mate-
ria, cera forte vel limo, eorum quos pervertere nituntur effi-
gies exprimunt » (2).
1. Beow., I. 3.520 ef suiv.
2. De Nugis Curtate lib. I. cap. II.
184 BEOWULF
Cette sorte d'envoûtemeni est réputé crime, prévu <>f puni
par La loi d'Henri Ier (1).
« Si guis veneno, vel sortilegio, vel invultuacione, sm
maleficio aliquo, faciat homicidium, sive illi paratum sit sive
alii, nihil refert, quin factum mortiferum, et nullo modo redi-
mendum sit. »
C'est probablement pour un pareil crime, qu'au xc siècle,
une veuve fut noyée, près du pont de Londres, et que ses
biens furent confisqués au profit de la Couronne (2). Les
homélies anglo-saxonnes mentionnent encore les philtres, les
incantations, dangereuses pour Fame et pour le corps, et qui
tuent plus sûrement ceux qui s'x livrent, que leurs propres
victimes.
XVI. — Conclusion. — Loin des rêves du Portique, et des
sites païens, telles furent, jusqu'à l'aube du christianisme,
les croyances des Saxons, dans leur rudesse, ou dans leur
poésie. Mais plus que ses dieux guerriers, ce peuple-enfant
adorait la nature, riante ou triste, qui l' environnait. Après
avoir erré par les bois, le libre barbare reposait sa vue avec
délices, sur la terre lointaine qu'il avait conquise, et il éprou-
vait la joie de la vie elle-même, sans le désir humain qui
vient la traverser. Au crépuscule, assis sur quelque tertre,
avec sa compagne, il écoutait, en rêvant, les murmures de la
forêt, un dernier chant, et les ombres de la nuit s'abaissant
sur les collines et sur la vallée, l'invitaient au repos innocent
... La première émotion religieuse ressentie par le barbare,
fut celle de sa faiblesse devant les forces naturelles, qui sem-
blaient conjurées contre lui, sans qu'aucun rayon d'espoir
vint l'éclairer de ce ciel, qu'il contemplait si souvent, et qu'il
croyait à jamais fermé, pour lui. Un soir, sa mélancolie fut
1. Leg. Henr., LXXI, § 1 ; Mdetel., I, § 6.
% Ççd. Dipl., no 591.
F.KS SAXONS EN ANGLETERRE 185
moins profonde, car il porta avec ferveur, ses clairs regards
au firmament : pour lui la foi naissait des mystères de La
nature, el il se sentait, soudain, un amourinfinî pour le dieu
inconnu dont la sagesse avait créé dans l'univers, la terre
encore sauvage, de sa patrie.
APPENDICE DU LIVRE PREMIER
LISTE DES MARCHES
.Eslingas.
Kent. Cod. Dipl. N°
111.
.Esoingas.
Surrey.
314.
Anningas.
Northamptonshire .
445.
Antingas.
Norfolk.
785.
iEfeningas.
1073.
Berecingas.
Essex.
38.
Besingas.
994.
Banesingas.
Oxfordshire.
81.
Boerlingas.
Kent.
152.
Beardingas.
Kent.
207.
Beadingas.
Sussex.
314.
Billingas.
1000.
Bruningas.
374, 1113.
Brahcingas.
Hertfordshire.
410.
Brytfordingas.
Hampshire.
421, 985, 1108
Brydingas.
Wiltshire.
436.
Brydingas.
Dorsetshire.
447.
Bydelingas.
Northamptonshire .
Cod.
Dipl
, N° 445.
Beaddingas.
Isle of Wight.
475.
Beorhfeldingas.
1175.
190
IIKOWIJLF
Beringas.
Kent,
518
BucciiiLins.
Chron. Sa\.
918
Bulungas.
Somersetshire. God.
Dipl. V
569.
Birlingas.
Worcestershire.
570
Bromleagingas.
Kent.
657.
Beorganstedingas
Sussex.
6G3
Boccingas.
Essex.
098
Beorhtingas.
Sussex.
782
Bercingas.
Suffolk.
907
Byrtingas.
Warwickshire.
916
Culingas.
Kent.
132
Gentingas.
Chron. Sax.
999
Grangas.
Kent. Cod. Dip. N°.
179
Geanningas.
1193
Golingas.
Wiltshire.
336
Gearningas.
1212
Giwingas.
Hertfordshire.
410
Gytringas.
Northamptonshire .
443
Cnyllingas.
Northamptonshire .
480
Cystaningas.
Kent.
657
Gateringas.
722
Goringas.
Lincolnshire.
953
Gyceringas.
957
Dicelingas.
Sussex.
314
Dentiiningas.
Northamptonshire,
445
Doccingas.
Norfolk.
759.
Eohingas.
Kent.
121
Englungas.
123
Eâstringas.
Northamptonshire.
480
LES SAXONS EN ANGLETERRE
191
Earmingas.
Earningas.
Embasingas.
Eastuningas.
Eofordûningas
Erpingas.
E finira s.
Eminças.
Cambridgeshire. 563.
Cod. Dipl. N° 1320
Hampshire. 673.
1023.
Northamptonshire. 730.
Norfolk. 785.
Surrey. 812.
Cambridgeshire. 907.
Ferlingas.
Fullingas.
Focingas.
Fasingas.
F earningas.
Fearnbeorgingas.
Fingringas.
Fearningas.
Frinningas.
Somersetshire
Kent.
Hampshire.
Kent.
Essex.
Somersetshire.
Kent.
73.
987.
207.
1083.
450.
657.
685.
723.
896.
Glaestingas.
Geddingas.
Gumëningas.
Gustingas.
Getingas.
Garungas.
Grundlingas.
Gildingas
Gillingas.
Somersetshire.
Middlesex.
Middlesex.
Wiltshire.
Surrey.
Kent.
Worcestershire .
Kent.
Chron. Sax.
Gy
rstlingas.
49.
101
116.
174.
318
364.
548.
790.
809.
1010.
967.
Ilallingas.
Haesthiiras.
Kent 160.
Ch roil. Sax. 1050.
iyz
BEOWULF
Eïeallihgas.
Worcestershire. God.
Dipl. N°
209.
Heretûningas.
Dorsetshire.
'(12.
Hrepingas.
990.
Hoppingas.
Surrey.
:i37.
Haeglingas.
1193.
Heântuningas.
Cod. Dipl. N°
1212.
Heartingas.
Cambridgeshire.
533.
Hwaessingas.
Sussex.
591.
Hohtûningas.
Hampshire.
633.
Hnutscillingas.
Hampshire.
642.
Holingas.
Kent.
722.
Heningas.
Northamptonshire.
733.
Herelingas.
Norfolk.
782.
Hodingas.
Hampshire.
783.
Hanningas.
Norfolk.
785.
Hellingas
Norfolk.
809.
Horningas.
Hampshire.
556.
Horningas.
Norfolk.
740.
Horningas.
Oxfordshire.
775.
Horningas.
Somersetshire.
816.
Horningas.
Cambridgeshire .
907.
Hicelingas.
971.
Haecingas.
Kent.
364.
Ircingas.
Chron. Sax. 918.
Lingas.
Laellingas.
Lamburningas.
Linfrodingas.
Laeingas.
Middlesex. Cod.Dipl.N0 159.
Essex. 715.
Berkshire. 792.
1133.
1153.
LES saxons l\ ANGLETERRE
193
Merlingas.
Somersetshire.
73.
Mundlingas.
Kent.
107.
Mallingas.
<
Kent.
240.
Môdingas.
Kent.
287.
Michaemingas.
Surrey.
537.
Meringas.
809.
Maessingas.
953.
Nessineras.
813.
Neddingas.
Suffolk. God. Dip.
N° 907.
Oddingas.
Worcestershire.
209.
Pegingas.
257.
Paeccingas.
Sussex.
414.
Purbicingas.
Dorsetshire.
418.
Palingas.
Sussex.
432.
Puningas.,
Sussex.
481.
Piccingas.
812.
Piperingas.
1001.
Peartingas.
1016.
Rîcingas.
Essex.
35.
Roegingas.
Kent.
196.
Readingas.
Berkshire.
685.
Rodingas.
907.
Rocingas.
1011.
Ruwanoringas.
1163.
Stoppingas.
Warvickshire.
83.
Sunningas.
Berkshire.
214.
Sempingas.
Lincolnshire.
267.
Staeningas.
Sussex.
314.
13
r.n
IIKiiWTI.F
Scearingas.
Berkshire.
357.
Suntingas.
\oi 1 hamptonshire.
445
Snotingas.
Ghron. Sax.
922.
Sûdtûningas.
Hampshire. God. Dipl.
N°
578.
Stameringas.
Berkshire.
762.
Seaxlingas.
Norfolk.
782.
Scealdedeningas.
Hampshire
783.
Stutingas.
Kent.
773.
Scitingas.
1042.
Terringas.
Sussex.
1138.
Terringas.
Kent.
405.
Tôtingas.
Surrey. God. Dipl. X°
363.
Tôtingas.
Norfolk.
785.
Teofuntingas.
Wiltshire.
379.
Tudingas.
Sussex.
593.
Terlingas.
Essex.
907.
Ticcingas.
928.
Uggafordingas. Wiltshire
778.
Wôcingas.
Wigingas.
Wigingas.
Wealth aemingas,
Weodiiningas.
Wraetlingas.
Wellingas.
Wealingas.
Wealingas.
Surrey. 168.
Kent. 225.
Hertfordshire. Ghron.
Sax. 921 .
Hampshire. God. Dipl.
N° 342.
Northamptonshire 399.
399.
Hertfordshire. 410.
716.
Ghron. Sax. 1013,1016, 1061
I
LES SAXONS KN ANfiLKTKItHE
195
Wealingas.
Hampshire. (
lod. Dipl.
N°
412.
Welingas.
Wiltshire.
462.
Welingas.
1069, 1154.
Witringas.
Sussex.
464.
Wyrtingas.
Hampshire.
481.
Wodringas.
Kent.
492.
Wudutûningas.
Hampshire.
638.
Wealdingas.
Suffolk.
685.
Wane tin gas.
Berskhire.
698.
Witeringas.
992.
Weopingas.
721.
\\ estmoringas.
G h ron. Sax.
966.
Wilringas.
Suffolk. God
. Dipl. N°
759.
Waelsingas.
Norfolk.
759.
Wylfingas.
1135.
Wratingas.
907.
Wanhaemingas.
1135.
Winlingas.
God.
Dipl. N°.
907.
Wasingas.
1159,1173.
Wedringas.
907.
Watingas.
907.
Wintringas.
953.
W eargeburningas
. Hampshire.
783.
Wimbedûningas.
Surrey.
537.
Ytingas
1228.
Ghron. Sax.
906.
Dutingas.
Hampshire.
Cod. Dip.
N°
752.
Domingas.
Kent.
207.
Dristlîngas.
Worcestershi
re.
570.
r.M>
BEOWULF
Writolas.
.Essex.
35.
Hogebûra.
Hampshire.
589.
Holigan.
952.
Momelas.
952.
Waegelas.
Somersetshire.
774.
Beohhaeme. .
Kent.
657.
Burhhaeme.
Kent.
688.
Gethaeme.
Kent.
688.
Cynghaeme.
1212.
Grohhaeme.
Worcestershire.
507.
Dichaeme. ,
Wiltshire.
778.
Hinhaeme.
Worcestershire.
764.
Middelhaeme.
Hampshire.
648.
Monninghaeme.
Worcestershire.
645.
Leofesliaeme.
Kent.
657.
Micghaeme.
Hampshire.
638.
Polhaeme.
Hampshire.
642, 1136
Secghaeme.
, Worcestershire.
764.
Uppinghaeme.
Hampshire.
590.
Wichaeme.
Kent.
657, 1038
Dornhaeme.
Worcestershire.
511.
Beonotsetan.
Worcestershire. God.
Dipt. N°
266.
Brâd se tan. v
Worcestershire.
289.
Brâds e tan.
Gloucestershire.
274.
Craegsetan.
Kent.
287.
Grudsetan.
Wiltshire.
460.
Grimsetan.
Worcestershire .
561.
lncsetan.
Worcestershire.
511.
M ose tan.
Worcestershire.
266.
Wreocensetan.
Worcestershire.
267.
lks saxons en Angleterre 10'
11
LES MARCHES D'APRÈS LES NOMS LOCAUX, EN ANGLETERRE
. Ebingas. A binge r, Surr. ; Abinghall, Glouc. ; Abington,
Cam h.
.Eblingas. Ablington, Glouc. ; Ablington, Wills.
Ju'ingas. Oakington, Camb.
.Eceringas. Accrington, La/ic; Eakring, Notts.
.Eclingas. Acklington, Nthlcl.
Aklingas. Aldingbourn, Sussx. ; Aldingham, Lanc. ;
Aldington, Kent and Wore.
Aldringras. Aldringham, Suff. ; Aldrington, Sussx.
.Elcingas. Alkington, Glouc. and Salop.
.Elci'ingas. Alkrington, Lane.
.Elingas. Allington, Devon, Dors., Hants, Kent, Line,
Wills.
JElmingas. Almington, Staff, and Warm.
.Elinodingas. Almodington, Sussx.
.Elfingas. Alphington, Devon, Alvington, Glouc,
Somers, and Devon] Alvingbain, Line.
.Elpingas. Alpington, Norf.
.Elwingas. Alwington, Devon.
Angnieringas. Anginering, Sussx.
Antingas. Antingbam, Norf.
Ardingas. Ardingly, Sussx. ; Ardington, Berks.
Arlingas. Arlinghain, Glouc, ; Arlington, Devon, Glouc.
and Sussx.
Armingas. Armingford, Camb.', Arminghall, Norf.
Arringas. Arlington, Camb.
AL'dingas. Arthington, York. ; Arthingworth, Nhamp,
198
IlKOW I 1,1
Artingas.
^Escingas.
yEsclingas.
yEderingas.
JEtingas.
M fin gas.
Artington, Sussx,
Ashingdon, Essex ; Asbington, Sussx.
Somers. and Nthhl. ; Ashendon, Bucks*
Ashling, Sussx.
Athrington, Devon and Sussx.
Attington, Oxf.
Avington, Berks, and Hants.
Baebingas.
Baedingas.
Baecgingas.
Baedlingas.
Balcingas.
Baelingas.
Baningas.
Beorcingas.
Beorlingas.
Beormingas.
Beorningas.
Beorringas.
Beortingas.
Basingas.
Bassingas.
B afin gas.
Bealingas.
Bebingas.
Beceringas.
Beccingas.
Beadingas.
Babbingley, Norf. ; Babington, Somers.
Baddington, Chesh, ; Badingham, Suff .
Badgington, G loue. ; Baginton, Warw.
Badlingh am , Comb.
Balking, Essex.
Ballingdon, Essex; Ballingham. Here/
Banningham, Norf.
Barking, Essex, Suff. and Mddx.
Barling, Essex; Barlings, Line.
Banning, Kent ; Birmingham, Warw,
Barningham. Suff'., York., and Norf.
Barrington, Camb., Somers., Berks., Glouc.
Bartington, Chesh.
Basing, Hants ; Basingstoke, ibid.
Bassingbourn, Camb.: Bassingfield, Notts',
Bassingham, Line. ; Bassingthorpe, Line.:
Ba ss in gton , Nth Id.
Bavington, Nthld.
Bealings, Suff.
Bebington, Chesh.
Beckering, Line.
Beckingham, Essex, Line., Notts; Becking-
ton, Somers.
Beddingham, Sussx. ; Beddington, Surr. :
Bedingfield, Suff. ; Bedingham, Norf.
! I s swnNS i;\ ANGLETERRE
9!1
Baedlirigas,
Bécinsras.
Bed in gas.
Bellingas.
Beltingas.
Bennineras.
Bensingas.
Berringas.
Bessingas.
Beofmgas.
Biccingas.
Hill in gas.
Bilsingas.
Bin gas.
Binningas.
Bircingas.
Bridingas.
Birlingas.
Biteringas.
Blaecingas.
Blœdingas.
Bleccingas.
Bliclinffas,
Bedlington, Drhtn.
Beeching Stoke Wilts.
Beeding, Sussx.
Bellingdoiij Bucks] Bellinger, Hants; Bel-
lingham, Nthld.
Belting, Kent,
Benningbrough, York. ; Benningholinc,
York. ; Bennington, Herts, Line. ; Benning-
worth, Line.
Bensington, Oxf.
Berrington, Drhm., Glouc., Salop, Wore.
Bessingby, York. ; Bessingham, Norf.
Bevington, Warw.
Bickington, Devon.
Billing, Nhamp. ; Billinge, Lane. ; Billing-
ford, Norf. ; Billingham, Drhm. ; Billing-
hay, Line. ; Billingley, York. ; Billingsgate,
Mddx. ; Billingshurst, Sussx. ; Billingside,
Drhm. ; Billingsley, Salop ; Billington,
Bedf., Staff., Lane.
Bilsington, Kent.
Bing, Stiff. ; Bingfield, Nthld. ; Bingham,
Nhamp., Somers, ; Bingley, York.
Binnington, York.
Birch ington, Kent.
Birdingbur y , Warw .
Birling, Kent, Nthld. ; Birlingham, Wore.
Bitte ring, Norf.
Blatch ington, Sussx. ; Blatchinworth, Lane.
Bleddington, G loue.
Bletchingley, Surr. ; Bletchington, Oxf.
Blickling, Norf.
200
IIKMWTU-'
Bobbin eras,
Bocingas.
Bodd ingas.
Bolingas.
Bollingas.
Bondingas,
Bonningas.
B
osmgas,
Bofmgas.
Bradingas.
Brentingas.
Brahcingas,
Bressingas.
Bridlingas.
Brihtlingas.
Brimingas.
Bringas.
Briningas.
Brinningas.
Brislingas.
Britingas.
Bucingas.
Budingas.
Bulcingas
Bullingas.
Buntingas,
Burlingas.
Burmingas.
Bobbing, Kent] Bobbing ton, Salop, Staff". :
Bobbin gworth, Esse./:: Bobinger, Essex.
Booking, Essex, Suff.
Boddington, Glouc.n Nhamp.
Bolingbroke, Line.
Bollington, Chesh.
Bondington, Sotners.
Bonnington, Kent and Notts ; Boningale
Salop ; Boninghall, Salop.
Bossingham, Kent ; Bossington, Hauls.,
Somers.
Bovingdon, Herts.
Brading, Hants.
Brantingham, York. ; Brentingley, Leic.
Braugliin, Herts.
Bressingham, Norf.
Bridlington, York.
Brightling, Sussx. ; Brightlingsea, Essex.
Brimington, Derby.
Brington. Hunt, and Nhamp. ; Bringhurst,
Leic.
Briningham, Norf.
Bri nn i n gton , Gh esh .
Brislington, Somers.
Brittenton, Ox/.
Buckingham,- Bucks.
Buddington, Sussx.
Bulkington, Warw . , W Tilts .
Bullingdon, Oxf.\ Bullingham, Here/.; Bul-
lington, Hants and Line.
Buntingford, Herts.
Burlingham, Norf.; Burlington, York.
Burmington, Warw.
LES SAXONS i:\ ANGLETERRE
20
îurrineras,
Buslingas.
I>\ ttingas.
Burringham, Line. ; Burrington, Devon,
Heref. Somers.
Buslingthorpe, Line.
Butting Hill, Sussx.
( laedingas.
Ca Uingas.
Caègingas.
Cameringas
Canningas.
Ceardingas.
(? Heardingas)
Gearlingas.
Cerringas.
( lersington.
Gaessingas.
Geadlingas.
Cealfingas.
Geandlingas.
Ceadineas.
o
Cyllingas.
Geassingas.
Cifingas.
Cyrclingas.
Cidingas
Gaddington, Bed/., Herts ; Keddington, Line.
Kedington, Essex, Sit//.
Callington, Cornw.
Keyinghani, York.
Gameringham, Line. ; Cammerton, Cumb.
Cannings, Wilts', Cannington, Somers. ; Ken-
ningliall, Nor/. ; Kennington, Berks., Kent,
Surr.
Gardington, Bedf., Salop ; Cardinham,
Cornw.
Carlingcot, Somers. ; Garlinghow, York.
Garrington, Ches/i., Line, Notts; Charing,
Kent ; Gherrington, Salop, Wilts.
Carsington, Derby.
Cassington, Ox/'.
Chaddlington, Ox/.
Ghalvington, Sussx. ; Kilvington, York.
Ghandlings, Berks.
Cheddington, Backs, Dors.
Chellington, Bedf. ; Chillingford, Staff. ;
Ghillingham, Nthld. ; Ghillington, Devon,
Somers. ; Kelling, Norf. : Kellingley, York.;
Kellington, York.
Chessington, Surr. ; Kessingland, Suff.
Ghevington, Suff., Nthld.
Kirklingtôn, Notts, York.
Chiddingfold, Surr. ; Ghiddingly, Sussx.
Ckiddingstone, Kent ; Kiddington, Ox/ .
•202
IlKMW I II
Cirmingas.
Ciltingas.
Gemesingas,
Cypingas.
Cenesingas.
Geopingas.
Cetringas.
Claefringas.
Gyrtlingas.
Glimpingas.
Cyslingas.
Goceringas.
Gnudlingas.
Gocingas.
Godingas.
Godringas.
Gollingas.
Gnossingas.
Gnottingas.
Gulingas.
Gopingas.
Goringas.
Cosingas.
Gotingas.
Cofmgas.
Cramlingas.
Creotingas.
Gressingas,
Kirmington, Line.
( îhiltington, Sussx.
Kemsing, Kent.
Chipping, Herts, Lane, Glouc., Berks.,
Oxf. , Essex, Nhamp., Bucks.
Kensington, Mddx.
Ghoppington, Dr km.
Kettering, Nhamp. ; Ketteringham, Norf.
Clave ring, Essex, Norf.
Kirtling, Camb. ; Kirtlington, Oxf.
Glimping. Sussx:.
Kislingbury, Nhamp.
Gockerington, Line.
Knedlington, York.
Cocking, Sussx. ; Gockington, Devon.
Coddington, Chesh., Heref., Notts ; Codden-
ham, Stiff .
Godrington, Glouc.
Collingbourne, With; Collingham, Notts,
York. ; Collington, Heref. ; Collingtree,
Nhamp.
Knossington, Leic.
Knotting, Bedf. ; Knottingley, York.
Cooling, Kent; Cowling, Suff., York.
Gopping-Syke, Line. ; Goppingford, Hunt.
Corringham, Essex, Line.
Gossington, Leic., Somers.
Cottinghani, Nhamp., York. ; Gottingley,
York. ; Gottingwith, York.
Covington, Hunt.
Cramlington, Nth id.
Greeting, Suff .
Gressing, Essex; Cressingham, Norf.
LES SAXONS EN ANGLETERRE
203
Cridlingas.
Crucgingas.
Cub in gas.
Gublingas.
( Iwaedringas.
( Jycelingas.
Gwaerinffas.
Gydingas.
Cydlingas.
(lull in sa s.
Gweningas.
I lulmingas.
Cvlineas.
Gridling-Stubbs, York,
Grudgington, Sa h>p.
Gubbington, \\ arw
Gublington, Bucks.
Quadring, Line.
Gucklingtoiij Somers.
Quarringtqn, Dr Inn., Line.
Cuddington, Bucks, Chesh.: Surr.
Kidlington, Oxf.
Cullingworth, York.
Quenington, Glouc.
Gulmington, Salop ; Kilmington, Devon,
Somers.
Killingbeck, York. ; Killinghall, York. ; Kil-
lingholm, Line. ; Killingworth, Nthld.
Daedlingas.
Divglingas.
Daellingas.
Deorlingas.
Deorringas.
Dartingas.
Daefingas.
Deoplingas.
Deddingas.
Denningas.
Dcorsingas.
Dicringas.
Diddingas.
Didlingas.
Dillingas.
Dadlington, Leic.
Daglingworth , Glo ue .
Dalling, Norf. ; Dallinghoo, Suff. ; Dalling-
ton, Nhamp., Sussx.
Darliiigscott, Wore. ; Darlington, Drhm.
Darrington, York:
Dartington, Devon.
Davington, Kent.
Debtling, Kent.
Deddington, Oxf.
Dennington, Su//'.
Dersingham, Norf. ; Dorsington, (Houe ,
\\ arw.
Dickering, York.
Diddington, Hunt.
Did ling, Sussx. ; Diddlington, Dors., Norf
Dillington, Norf.
20 \
BEOWl I.I-
I timlingas.
Dinningas.
Dintingas.
Dissingas.
Distingas.
Dicelingas.
Docingas.
Dodingas.
Doningas.
Deorcingas.
Dormingas.
Dorringas.
Drihlingas.
Dycingas.
Dyclingas.
Dylingas.
Dyningas.
Dy ring-as.
Dimlington, York.
Dinnington, Nthld. ^ Somers., York.
Dinting, Derby.
Dissington, Nthld.
Distington, Cumb.
Ditchling, Sttssx.
Docking, Norf.
Doddinghurst, Essex; Doddington, Camb.,
Chesh., Kent, Line, Nthld. ; Nhamp. ;
Doddingtree, Wore; Dodington, Glouc.,
Salop, Somers.
Donington, Line . , Leic , , Salop ; Donnington,
Berks., Glouc, Here/'., Leic., Salop,
S us sx.
Dorkink, Surr.
Dormington, Heref.
Dorrington, Line., Salop.
Drighlington, York.
Duckington, Chesh. ; Dikings, Line.
Ducklington, Oxf.
Dullingham, Camb.
Dunningley, York. ; Dunnington, Warw.,
York. ; Dunningwith, Stiff.
Durrington, Sussx\ Wilts.
Ealing as.
Eardingas,
Esingas.
Eastingas.
Eastlingas.
Eastringas.
Ealing, Mdclx. ; Eling, Hants.
Eardington, Salop ; Erdington, Warw.
Eashing, Surr., Easington, Bucks, Drhm.,
Glouc, Nthld., Oxf.. York.; Easingwold,
York.
Eastington, Dors., Glouc., Wore.
Eastling, Kent.
Eastrington, York.
IKS SAXONS I \ AMiLKTKHHK
205
Eberingas
Eccineras.
Edingas.
Eadlingas.
E a fin eras.
Ecglingas.
Elcingas.
Elringas.
Ellin gas.
Elmingas.
Elsingas.
Eltringas.
Elfingas.
Empingas.
Eppingas.
Earmingas.
Eorpingas.
Eorringas.
Essingas.
Ettingas.
Eoferingas.
Efmgas.
Escningas.
Ebrinerton, Glouc.
Eckington, Derby , W ore. ; Eggington, Bed/.]
Etchingham, Sussx.
Edingale, Staff.; Edingley, Notts; Eding-
thorpe, Norf.; Edington, Berks., Nthld.,
Somers.j Wilts. ; Edingwortli, Somers.
Edlingham, Nthld, ; Edlington, Line, York.
Effingham, Snrr.
Enlingham, Nthld.
Elkington, Nhamp., Line,
Ellerington, Nthld.
Ellingham, Hants, Norf., Nthld. ; Ellings-
tring, York. ; Ellington, Hunt., Kent,
Nthld., York.
Elmington, Nhamp.
Elsing, Norf.
Eltringham, Nthld.
Elvington, York.
Empingham, Rati.
Epping, Essex.
Ermington, Devon.
Erpingham, Norf.
Erringden, York.
Essington, Staff.
Ettinghall, Staff'.
Everingham, York.
Evingar, Hants; Evington, Glouc, Leic.
Exning, Suff.
realcingas,
Fealdingas
Fearinsras.
Falkingham, Line; Fclkington, Drhm.
Faldingworth, Line.
Fawdington,
York
Faringdon, Devon; Farringdon, Dors., Hants,
Berks. , S.omers. ; Farrington, Lane, Somers.
206
KKOW I I.I
Feorlingas.
Feormingas.
Fearningas.
Felmingas.
Ferringas.
Fiddingas.
Fillingas.
Fincingas.
Fingringas.
Finningras.
Fitlingas.
Fleccingas.
Fol)ingas.
Folcingas.
Fordingas.
Foderingas.
Framingas.
Framlingas.
Frescingas.
Fringas.
Frodingas.
Funtingas.
Fylingas.
Farlington, Hants, York.
Farmington, Glove.
Farningham, Kent.
Felmingham, Norf.
Ferring, Sussx.
Fiddington, Glotte, Somers., Wilts.
Filliiighain, Line.
Finchingfield, Essex.
F ing rin gh o e , Essex .
Finningham, Suff. ; Finningley, Notts, York.;
Vennington, Salop .
Fitting, York.
Fletching, Sussx.
Fobbing, Essex.
Folkingham, Line. ; Folkington, Sttssx.
Fordingb ridge, Hants; Fordington, Dors.,
Line.
Fotheringay, Nhamp.
Framingham, Norf. ; F remington, Devon,
York.
Framlingham, Suff. ; Framlington, Nthld.
Fressingfield, Stiff'.
Fring, Norf. ; Fringford, Oxf.
Frodingham, Line, York.
Funtington, Sussx.
Fylingdales, York. : Fylingthorpe, York.
Gaegingas.
Galmingas.
Gamelingas.
Gârlingas.
Gaersingas.
Gagingwell, Oxf. ; Ginge, Berks.
Galmington, Somers.
Gamlingay, Camb. ; Gembling, York.
Garlinge, Kent.
Garsington, Oxf.', Grassington, York. ; Gres-
singham, Lane. ; Gressenhall, Norf.
LES SAXONS IN ANGLETERRE
•207
( lealdingas.
Geddingas.
Gearlingas.
Gaedlingas.
Gearingas.
Gestingas.
Geofoningas.
Giddingas.
Geâtingas.
Gildingas.
Gillingas.
Gimingas.
Gipingas.
Gislingas.
Gitlingas.
Glaestingas.
Glaeferingas.
Goddingas.
Goldingas.
Gâringas.
Godringas.
Graegingas.
Gystlingas.
Gytingas.
Yalding, Kent ; Yielding, Bedf.
Gedding, Suff. ; Geddington, S haut//. ; Yea-
ding, Mddx. ; Yeddingham, York.
Yarlington, Somas.
Gedling, Notts.
Yarrington, Oxf.
Gestingthorpe, Essex.
Yeavening, Sihld.
Gidding, Hunt.
Yettington, Devon.
Gildingwells, York.
Gilling, York. ; Gillingham, Dors,, Kent.,
Norf.; Yelling, Hunt.
Giminghani, Norf. ; Gimmingbrook, Kent.
Gipping, Suff.
Gislingham, Suff.
Yetlington, Ntfild.
Glastonbury, Somers.
Glevering, Suff .
Goddington, Oxf.
Golding Stoke, Leic. ; Goldings, Surr. ; Gol-
dington, Bedf., Bucks.
Goring, Oxf., Suff.
Gotherington, Glouc.
Grayingliain, Line.
Guestling, Sussx.
Guy ting, Glouc.
Haeciugas.
I laedingas.
Hallingas.
Hanineras.
lhickington, Kent.
Haddington, Line.
Hallingbury, Essex ; Hallington, Linc.,Nthld.
Hanningfield, Essex; Hannington, Hauts,
N liant p., Wilts,
208
I1KOWI II
Haepingas.
Heard in gas
Herelingas.
II
oariugas.
Heortingas,
Heortlingas.
Heorfingas.
Haeslingas.
Haessingas.
Haestingas.
Haeferingas.
Hafocingas.
Haeglingas.
Heâfodingas.
Healingas.
Haecingas.
Hellingas.
Helmingas.
Helpringas.
Hclsingas.
Hemlingas.
II
emmgas.
Happing, Nor/.
Hardingham, Norf. ; Hardington, Somers. ;
Hardingstone, S ham p. : Harden, York. ;
Hardendale, Wmld. ; Hardenhuish, II ills.
Harling, Nor/.: Harlington, BedJ., Mddx.,
York.
Harrington, Cumb., Line, Nhamp. ; Harring-
worth, Nhamp.
Hartink, Sussx. ; Hartington, Derby., Nthld.\
Hcrtingfbrdbury, Herts.
Hartlington, York.
H ar vington , Wore .
Haslingden, Lane. ; Haslingfield, Camb. ;
Haslington, Chesli. ; Heslington, York.
Hassingham, Norf.
Hastings, Sussx., Berks, Warm., Nhamp. ;
Hastingleyt, Kent ; Hastingwood, Essex.
Havering, Essex', Haveringham, Su/f. ; Have-
ringland, Norf.
Hawkinge, Kent.
Hawling, Glouc. ; Hayling, Hants.
Headingley, York. ; Headington, Oxf. ; Hed-
dington, Wilts ; Hedingham, Essex.
Healing, Line.
Heckingham, Norf. ; Heckington, Line. ;
Heighington, Drhm., Line.
Heliinghill, Nthld. ; Hellingly, Sussx.
Helmingham, Su/f. ; Helmington, Drhm.
Helprington, Line.
Helsington, Wmld.
Hemblington, Norf. ; Hemlingford, )l arw.\
Hemlington, York., Drhm.
Hemingb rough, York. ; Heiningby, Line. ;
LKS SAXONS EN ANGLETERRE
209
Hanesingas.
Heorringas.
Heofingas.
Hicelingas.
Hillingas.
Hindringas,
Hôcringas.
Hodingas.
Holdingas.
Holingas.
Homingas.
Honingas.
Horblingas.
Horningas.
Horingas.
Horsiugas.
Hoferingas.
Holingas.
Hucingas, or
Hocingas.
Hudingas.
Hemingfield, York, ; Hemingford, Hunt. ;
Hemingstone, Stiff. ; Hemington, Nliamp.,
Somers.
Hensingham, Cumb. ; Hensington, Ox/'.
Herring, Dors. ; Herringby, Norf. ; Herring-
fleet, Stiff. ; Herringstone, Dors. ; Herrings-
weU, Stiff. ; Herringthorpe, York. ; Her-
rington, Drhm.
Hevingham, Nor/.
Hickling, Norf., Nolls.
Hillingdon, Mdd.r. ; Hillington, Nor/'.
Hindringham, Norf.
Hockering, Norf.
Hoddington, Hants.
Holdingham, Line.
Hollingbourn, Kent ; Hollingdon, Bucks ;
Hollingliill, Nthld.; Hollington, Derb.,
Staff., Snssx. ; Hollingworth, Chesh.
Homington, Wilts.
Honing, Norf. ; Honingham, Norf. ; Honing-
ton, Line, Suff., Warw.
Horbling, Line.
Horning, Norf. ; Horningbold, Leic. ; Hor-
ninglow, Staff. ; Horningsea, Camb. ; Hor-
ningsham, Wilts ; Horningsheath, Stiff. ;
Horningtoft, Norf.
Horrington, Somers.
Horsington, Line., Somers.
Hoveringbam, Notts.
Hovingliani, York.
Bucking, Kent.
Huddington, Wore.
14
210
llKoWl I.K
III!
ningas, on /
.. Iliniiiiimliani, II arm
Hundmgas. \
Hunsingas.
Hyrstingas.
Hunsingore, York.
Hurstingstone, Hunt
Hunnington, Salop,
Icelingas.
[llingas.
[lmingas.
[lsingas.
hnmihgas.
Impingas.
Ipingas.
Irmingas.
I I'd in gas.
Irdlingas.
Islangas.
Issingas.
Iccingas.
Iteringas.
Ifingas.
Icklingham, Siiff.
[llington, Nor/. ; Illingworth, York.
[lmimgton, Glouc, Warw.
Ilsington, Devon , Dors.
Inimingham, Line.
Impington, Cam//
Iping, Sussx.
I rmingland , Norf.
Irthington, Cumb,
Irthlingborough, Nhamp .
Islington, Norf., Mddx.
Issington, Hants.
Itchingswell, Hants; Itcbington, Glouc,
W arte .
Itteringham, Norf.
Ivinghoe, Bucks', Ivington, Heref. ; Jeving-
ton, Sussx.
Laecingas.
Larlingas.
Leortingas.
Leamingas.
Leasingas.
Leafeningas.
Leafmgvis.
La^pingas.
Lcdringas.
Lackington, Somers. ; Latchingdon, Essex.
Larling, Norf.
Lartington, York,
Leamington, Warw. ; Leeming, York. ; Le
mington, Glouc., NthlcL
Leasingham, Line. ; Lissington, Line.
Leavening, York.
Leavington, York.; Levington, Stiff.
Leppington, York.
Letheringbam, Stiff. ; Letberingsett, Norf.
LES SAXONS EN ANGLETERRE
211
Laeferingas,
Lexingas.
Lidingas.
Lidlingas.
Lidesingas.
Lillineas.
Limingas.
Lingas.
Lytlineras,
Lochmas.
Lo din gas.
Loningas.
Lopin gas.
Lofingas.
Lùcingas.
Lu din eras.
Lullingas.
Leverington, Camb.
Lexington, Notts.
Liddington, Rutl., Wilts.
Lidlington, Bedf.
Lidsing, Kent.
Lillings, York. ; Lillingstone, Bucks ; Lilling-
ton, Dors. y Oxf., ]\ arte.
Limington, Somers. ; Lyminge, Kent ; Ly-
mington, Hants.
Lings, York. ; Lingbob, York. ; Lingen,
Here/'.; Lingfield, Surr. ; Lingham, Chesh.;
Lingwell Gate, York. ; Lingwood, Norf. ;
Lyng, Norf.
Littlington, Camb , Sussx.
Locking, Somers. ; Lockinge, Berks. ; Loc-
king ton, Leic., York.
Loddington, Kent, Leic., N/iamp.
Loningborôugh, Kenl .
Loppington, Salop.
Lovington, Somers.
Luckington , Somers . , W ills .
Luddington, Line, Warw., Hunt., Nhamp.
Lullingfield, Salop. ; Lullingstane, Kent ;
Lullingstone, Kent ; Lullington, Derb.,
Somers., Sussx.
Maedingas.
Mall
niffas.
Manningas.
Myrcingas.
Maddiiigtbn, Wilts; Madingley, Camb.
Mailing, Kenl., Sussx.
Manningford, Wilts ; Manningbam, York.',
Mannirigton, Dors., Norf. ; Manningtree,
Essex ; Monnington, Here/.
March ing ton, Staff. : Markington, York. ;
Mârkingfîeld, York.
l\'l
hkowti.f
Maerlingas.
Maeringas^ ou /
Myrgings ? \
Maessingas.
Maeccingas.
Maetingas.
Maègdlingas.
Mécingas.
Mellingas.
Medringas.
Millingas.
Mintingas.
Mollingas.
Mottingas.
Myçgingas.
Marlingford, Norf.
Marringtori, Salop. ; IVfering, Notts. ; Mer-
rington, D?,/im., Salop.
Massingham, Norf.; Messing, Essex; Mes
singham, Line.
Matching, Essex.
Mattingley, Hants; Me tt high am, Suff.
Maudling, Sussx.
Meeching, Sussx.
Moiling, Lane.
Metheringham, Line.
Millington, Chesh., York.
Minting, Line.
Mollington, Chesh., Oxf., Warw.
Mottingham, Ken t .
Mucking, Essex.
Naecingas.
Naessingas.
Nydingas.
Niwingas.
Nordingas.
Nottingas.
Nackington, Kent ; Nedging, Suff.
Nassington, Nhamp. ; Nazeing, Essex.
Needingworth, Hunt.
Newington, Kent, Notts, Oxf., York., Glouc.,
Sur v., Mddx.
Northington, Hants.
Netting, Bed/. ; Nottington, Dors. ; Notting-
ham, Notts, Berks.
Oddingas.
Oldingas.
Orlingas.
Orpedingas.
Osmingas.
Ossingas.
Oterineras.
Oddingley, Wore. ; Oddington, Glouc., O.rf,
Oldington, Salop.
0 rli n gh ury , Nh amp .
Orpington, Kent.
Osmington, Dors.
Ossington, Notts.
Otterington, York. ; Ottringham, York,
LES SAXONS EN ANGLETERRE
213
0 fin eras,
Oving, Bucks, Sussx, ; Qvingdean; Sussx. ;
Ovingham, York., Nthld.\ Ovingtoti, Essex,
Hauls, Nor/., Nthld., York.
Papccine;as.
Paedingas.
PaelliAgas.
Paemingas.
Peartingas.
Paetringas.
Paetingas.
Paefingas.
Petlingas.
Pa?dlingas.
Penningas.
Piceringas.
Pidingas.
Pilcingas.
Pillingas.
Pitingas.
Poclingas.
Podingas.
Pun tin gas.
Polingas.
Poringas.
Porcingas.
Portingas.
Postlingas.
Polingas.
Pucinsas.
Packington, Derb., Lcic., Staff., IVarw. ;
Patching, Sussx.
Paddington, Mddx. (? Padan tûn).
Palling, Nor/'. ; Pallingham, Sussx. ; Palling-
ton, Dors.
Pamington, Glouc.
Partington, Chesh.
Patrington, York.
Pattingham, Salop., Staff.
Pavingham, Bedf. ; Pevington, Kent.
Peatling, Leic.
Pedling, Kent.
Pennington, Hants, Lane.
Pickering, York.
Piddinghoe, Sussx. ; Piddington, Nhamp.,
Ox/.
Pilkington, Lane.
Pilling, Lanç.
Pittington, Drhm.
Pocklington, York.
Poddington, Bedf. ; Podington, Dors.
Pointington, Somers.
Poling, Sassx. ; Rollington, York.,
Poringland, Nor/.
Porkington, Salop.
Portington, York.
Postling, Kent.
Poling, York.
Puckington, Somers,
214
ItKOW III
Pûningas.
Pydingas.
Poynings, Sussx.
Puddington, Bedf.% Chesh., Devon
Raedingas,
Raetlingas.
Raefningas.
Raedlingas.
Renningas.
Ricingas.
Riclingas.
Ridingas.
Ridlingas.
Rillingas.
Rimniingas.
Riplingas.
Ripingas.
Ris in gas.
Rifingas.
Rocingas.
Rodingas.
Rollingas.
Roringas.
Rossingas.
Rotingas.
Rowingas.
Rucingas.
Rudingas.
Runingas.
Ruscingas.
Rustingas.
Raddingtoiij Somers. ; Reading, Berks ;
Reading-street, Kent.
Ratlinghope, Salop.
Raveningham, Nor/.
Redlingfield, Snff. t
Rennington, Nthld.
Rickinghall, Stiff.
Rickling, Essex.
Riddinge, Derb. ; Riding, Nthld.
Ridlington, Norf , RutL
Rilling ton, York.
Rim in in g ton, York.
Riplingham, York.] Riplington, Hants, X t hid
Rippingale, Line.
Rising, Norf. ; Rissington, G lone.
Rivington, Lane.
Rockingham , Nhamp .
Roddington, Salop. ; Roding, Essex.
Rollington, Dors.
Rorri n gto n , Salop .
Rossington, York.
Rottingdean, Sussx. ;
Rowington, Warw.
Ruckinge, Kent.
Ruddington, Notts.
R u n n ingto n , Somers .
Ruskington, Line.
Rusting ton, Sitsvx.
Rottington, Cumh
Saedingas.
Saddington, Leic.
IKS SAXONS EN ANGLETERRE
215
Saelingas.
Sealfingas.
Sandingas.
Seaxlingas.
Sceahngas.
Scearnineas,
Scearingas, ou
Seringas.
Sceardingas.
Scraegingas.
Screadingas.
Seafingas.
Secgingas.
Seâdingas.
Syllingas.
Seâmingas.
Saling, Essex,
Salvington, Sussx.
Sandringham, Norf.
Saxlingham, Norf.
Scaling-dam, York.
Scarning, Norf.
Scarrington, Notts ; Sharrington, Norf. ;
Sheering, Essex ; Sheringford, Norf. ; Shcr-
ringham, Aro>/. ; Sherrington, Bucks,
Wilts.
Sea rthing well, York.
Serayingham, York.
Scredington, Line.
Seavington, So mers.
Seckington, Wane.
Seething, Norf.
Selling, Kent; Sellingc, Kent.
Semington, Wilts.
Sempringas. Sempringham, Line.
Setringas.
Syfingas.
Sceahingas.
Sceadingas.
Sceâfingas.
Sceaningas.
Scyllingas.
Scylfingas.
Scvmplineras.
Scvtlihgas.
Settrington , York .
Sevington, Kent.
Shabbington, Bucks.
Shadinglield, Suff.
Shavington, Chesh. ; Shevington, Lane. ;
Skeffington, Leic.
Shenington, Glouc.
Shilling-Okeford, Dors. ; Shillingford, Berks,
Oaf., Devon. ; Shillingstone, Dors,; Shil-
lingthorpe, Line. ; Shillington, Beclf. ;
Skfllingthorpe, Line. ; Skillington, Line.
Shilvington, Dors., Nlhld.
Shimpling, Norf., Stiff.
Shitlington, Beclf., Nthld., York.
210
BEOWULF
Scolingas.
S<\ rdingas.
Scytingas.
Sc} Lingas.
Sidingas.
Silfingas.
Sinningas.
Sittingas.
Sceaclingas.
Sceaflingas.
Scyldingas.
Scyrlingas.
Sleaningas.
Snoringas.
Somtingas.
Sunningas.
Sudingas.
Spaldingas,
Specingas.
Spyringas.
Spraettingas.
Sprydlingas,
Steallingas.
Sta>ningas.
Steorlingas,
Stebbingas.
a pin gas.
Stellingas.
Sholing, Hauls.
Shurdington, Qlouc.
Shuttington, Warm.
Sicklingball, York.
Siddington, Glouc.
Silvington, Salop.
Sinnington, York.
Sittingbourne, Kent.
Skeckling, York.
Skeffling, York.
Skelding, York.
Skirlington, York.
Sleningford, York.
Snoring, Norf.
Sompting, Sussx.
Sonning, /Jerks, Oxf. ; SunninghiLi, Berks
Sunningwell, Berks.
Southington, Hants.
Spalding, Line. : Spaldington, York.
Speckington, Somers.
Spirringate, Glouc.
Spratting-street, Kent.
Spridlington, Line.
StaHing-busk, York.; Stallingborough, Line.;
Stallingtpn, Staff".
Stanningfield, Stiff. ; Stanninghall, Norf. ;
Stanningley, York. ; Stannington, Nthid.,
York. ; Steyning, Sussx.
Starling, Lane.
Stebbing, Essex ; Stibbington, Hunt.
Sleeping, Line.; Steppingley, Bedf.
Stelling, Kent., Nlhld. ; Stillingfleet, York. ;
Stillington, Drhm., York.
LES SAXONS EN ANGLETERRE
217
Stefingas.
Stocingas.
Storningas.
Storringas.
Stûtingas.
Strellingas.
Stubingas.
Sulingas.
Surlingas.
Swaningas.
Sweorlingas.
Swedelingas,
Swefelingas.
Swillingas.
Sydlingas.
Stevington', Bedf.
Stocking, Hérts ; Stockingford,
Stokingham, Devon.
Storningley, York.
Storrington, Sussx.
Stouting, Kent.
Strellington, Sussx.
Stubbington, liants.
Sullington, Sussx.
Surlingham, Norf.
Swannington, Leic, Norf.
Swarling, Kent (? Sweordhlincas)
Swathling, Hants.
S we filing, Stiff.
Swillington, York.
Sydling, Dors.
Wartr.
Taedingas.
Taelingas.
Taeningas.
Teorringas.
Taetingas.
Tendringas.
Teorlingas.
Degningas.
Deôdingas.
Docingas.
Doringas, ou
Dyringas
Dorningas.
Taddington, Glouc, Derby. ; Teddington,
Mddx., Wore. ; Tiddington, Oxf., Warw.
TaLlington, Line.
Tannington, Stiff.
Tarring, Sussx ; Tarrington, Here/. ; Terring-
ton, Norf'., York. ; Torrington, Devon.,
Line.
Tattingstone, Stiff.
ïendring, Essex.
Terling, Essex.
Thanington, Kent.
Thedingwqpth, Leic., N/iam/t.
Thockington, Nthld.
Thorington, Stiff. ; Thorrington, Essex
Thornington, Nthld,
2IS
Ml OW I ||
Drecgingas,
Dredlingas.
Dristlingas.
Dryscingas.
Durnihgas.
Dwingas.
Tibbingas.
Tidmingas.
Tilingas.
Tissingas.
Titlingas.
Teofingas.
Tocingas.
Todingas.
Toltingas.
Tôtingas.
Torcingas.
ïortingas.
Trimingas.
Tringas.
Tritlingas.
Trumpingas.
Tucingas.
Tuscingas.
Tuttingas.
Twiningas.
Twicgingas.
Tyrringas.
Tyderingas.
Threckingham, Line.
Thredling, Stiff.
Trislington, Drhm.
Thrussington, Leic.
Thurning, Hunt., Nor/., Nhamp.
Thvving, Y or/,.
Tibbington, Staff.
Tidmington, Wore.
Til\mgh&m, Essex; Tillington, Here /., Staff.,
Snssx.
Tissington, Derby.
Titlington, Nthld.
Tivington, Somers.
Tockington, Glouc.
Toddington, Beclf., Gloue.
Toltingtrough, Kent.
Tooting, Snrr. ; Tottington, Lane., Nor/.
Torkington, Chesh.
Tortington, Sussx.
Trimingham, Nor/.
Tring, Herts.
Tritlington, Nthld.
Trumpington, Camb.
Tuckinp Mills, Somers,
Tushingham, Chesh.
Tuttington, Nor/.
Twining, Glouc.
Twitching, Devon.
Tyrringham, Bucks.
Tytherington, Chesh., Glouc., Wills
Tuckington, Hants
Ucingas.
Uf finiras.
Uckington, Glouc, Salop.
Uflington, Berks, Line, Salop.
LES SAXONS EN ANGLETERRE
219
Ulingas.
rilinu.is.
Upingas.
UUingswick, Ile réf.
Ulting, Essex,
Uppingham, Ridt ; Uppington, Salop
Wadineas.
Waeceringas.
Wealdingas.
Wealdringas.
Wealcringas.
^Yealcingas.
Wealineas.
Waelsingas.
Waeplingas '.
Waeppingas l.
Wearblingas l,
Weardingas.
Wearlingas.
Wearmingas.
Wearningas,
Waeringas.
Weartingas.
Waesingas.
Waddingham, Line. ; Waddington, Line,
York. ; Waddingworth, Line. ; Wcdding-
ton, Wane
Wake ring, Essex.
Waldingfield, Stiff. ; Woldingham, Surr.
Waldringfield , Suff.
Walkeringham, Not Is.
Walkingham, York. ; Walkington, York.
Wallingfen, York. ; Wallingford, Berks ;
Wallington, Hants, Herts, Norf., Sttrr.,
Nthld. \ Wallingwells, Notts? ; Welling-
boro', Nharftp. ; Wellingham, Norf. ; Wel-
lingley, York. ; Wellingore, Line.
Walsingham, Norf. ; Wolsinghani, Dr/un. ;
Woolsington, Nthld.
Waplington, York.
Wapping, Mddx.
Warblington, Hants.
Wardington, Oxf.
Warlingham, Sussx.
\Yarmingham,C/*e.vA. ; Warmmghurst,iS>m\z ;
Warmington, Nhamp., Warw.
Warningcamp , Sussx.
Warrington, Bucks, Lane. ; Werrington,
Devon., Nhamp.
Warthinii*. Sussx.
Washingborough, Line.; Washingley,ZZ>////.;
Washington, Derby., Dt/r/i., Sussx.; Wa-
sing, Berks ; Wessington, Derby,
22(1
lil'.MW I 1,1
Waetringas.
Waetlingas.
Weotingas.
Weolingas.
\Vendlingas.
Weningas.
Wederingas.
Westingas.
Westoningas.
Waetlingas.
Welpingas.
Werringas.
Wippingas.
Witlingas.
Witeringas.
Wittingas.
Widingas.
Willingas.
Wylmingas,
Winingas.
Wintringas.
Wiscingas.
Wiccingas.
Widingas.
Widingas.
W
ocmsras.
Wateringburj . Kent.
Watlington, Norf., Oxf.
Weeting, Nor/'.
Wellington, Here/'., Salop., So?ners., Wilts.
Wendling, Nor/'.
Wennington, Essex, Hunt., Lane.
Wittering, Sussx. ; Wetheringsett, Suff. ;
Withcrington, Wilts.
Westington, G lone.
Westoning, Bedf.
Whatlington, Sussx.
Wholpington, Nthld.
Wlierrington, Staff.
Whippingham, Hants.
Whitlingham, Norf.
Whittering, Nhamp.
Whittingham, Lane, Nthld.-, Whittington,
Herb., Glouc, Lane, Norf., Salop., Staff.,
Warw., Wore, Nthld.
Widdington, Essex, Nthld., York.
Willingale, Essex ; Willingdon, Sussx. ;
Willingham, Camb., Line, Suff.; Wil-
lington, Bedf., Chesh., Herb., Drhni.,
Nthld., Warw.
Wilmington, Kent., Salop., Somcrs., Sussx.
Winnington, Chesh., Staff".
Winteringham, Line, York.
Wissington, Salop., Suff.
Witchingham, Norf.
Witcliling, Kent ; Wychling, Kent.
Withington, Glouc, Heref., Lane, Salop. ,
Staff., Chesh.
Woking, Surr. ; Wokingham, Berks, Wilts.
LES SAXONS EN ANGLETERRE 22 1
Wcorcingas. Workington, Citmb.
Wyrlingas. Worlingham, Suff. ; Worlington, Suff.,
Devon. ; Worlingworth, Suff.
Wyrmingas. Woraiingford, Essex; Worminghall, Bucks ;
Wormington, Glouc.
Weordingas. Worthing, Norf., Sussx. ; Worthington,
Lanc.y Leic.
Wramplingas. Wramplingham, Nor/'.
Wraettingas. Wratting, Camb., Suff.
Wraeningas. Wreningham, Nor/.
Wrestlingas. Wrestling worth, Bed/.
Writhtingas. Wrightington, Lane.
Wrihtlingas. Writhlington, Somers.
Weomeringas. Wymering, Hants.
Wymingas. Wymington, Bed/.
Ill
LyE'NLAND
Le document suivant est un exposé détaillé, donné par
l'évéque de Worcester, Oswald, au roi Eâdgar, d'une
attribution de Laenland, à son église. Ce document est con-
signé dans le Codex Diplomaticus, sous le n° 1287. La teneur
en est la suivante :
« Domino meo karissimo régi Anglorum Eadgaro, ego
Osuualdus Uuigorncnsis a'cclesia1 episcopus omnium qua'
inilii per ipsius clementiam munerum tradita sunt, apud
deum et apud homines gratias ago. Igitur si dei misericordia
suppeditet, coram deo v\ hominibus perpetualiter ei fîdelis
22*2 BEOWULF
permanebo, reminiscens cum gratiarum actione largifluae
benignitatis oins, quia per meos illud quod uiaguopere expe-
tebam mihi concessil internuntios, id csl reverentissimum
Duustauum archiepiscopum el venerandum /Edeluuoldum
Uuintoniae episcopum et virum magnificum Brihtnodum
comitem, quorum legatione et adiutorio meam el sanctae dei
aecclesiae querelam suscepit, et secundum consilium sapien-
tum et principum suorum iuste emendavit, ad sustentamen
a'cclesue quam mihi bénigne et libens regendam commisit.
Quare quo modo lidos mihi subditos telluribus quae meae tra-
ditae sunt potestati per spatium temporis trium hominum, id
est duorum post sc haeredum, condonarem, placuit tarn mihi
quam ipsis fautoribus et consiliariis meis, cum ipsius domini
mci regis licentia et attcstatione, ut fratribus mois suecesso-
ribus, scilicet episcopis, per cyrographi cautionem apertius
enuclearem, ut sciant quid ah eis extorquere iuste debeant
secundum conventionem cum eis factam et sponsionem
suam ; unde et hanc epistolam oh cautelae causam componere
studui, ne quis malignae cupiditatis instinctu hoc sequenti
tempore mutare volens, ahiurare a servitio aecclesiae queat.
Haec itaque conventio cum eis facta est, ipso domino meo
rege annuente, et sua attestation e munificêntiae suae largita-
tem roborante et confirmante, omnihusque ipsius regiminis
sapientibus et principibus attestantihus et consentie ntibus.
Hoc pacto eis terras sanctae aecclesiae sub me tenere concessi,
hoc est ut omnis equitandi lex ah eis impleatur quae ad
équités pertinet ; et ut pleniter persolvant omnia quae ad ius
ipsius aecclesiae iuste competunt, scilicet ea qua1 Anglice
dicuntur ciricsceott et toll, id est theloneum et tace, id est
swinsceade, et caetera iura aecclesiae, nisi episcopus quid
alicui eorum perdonare voluerit ; seseque quamdiu ipsius
terras tenent in mandatis pontificis humiliter cum oniiii
subiectione perseverare etiam iureiurando affirment. Super
LES saxons EN ANGLETERRE 2'23
haec etiam ad omnis industrie episcopi indigentiam semet-
ipsos praesto impendant; equos praestent; ipsi equitent ; et
ad totuni piramiticum opus aecclesiae calcis atque ad pontis
aedificiunl ultro inveniantur parati ; sed et venationis sepem
domini episcopi ultronei ad aedificandum rcpperiantur,
suaque quandocumque domino episcopo libuerit venabula
destinent venatum ; insuper ad limitas alias indigentiae causas
quibus opus est domino antistiti sepe frunisci, sive ad suum
servitium sive ad regale explendum, semper illius arehi-
ductoris dominatui et voluntati qui cpiscopatui praesidet,
propter beneficium quod illis praestitum est, cumomni humi-
litate et subiectione subditi fiant, secundum ipsius volunta-
t < » 111 et terrarum quas quisque possidet quantitatem. Decurso
auteni praefati temporis curriculo, videlicet duorum post eos
qui eas modo possident haeredum vitae spatio, in ipsius
antistitis sit arbitrio quid inde velit, et quomodo sui velle sit
inde ita stet, sive ad suum opus eas retinere, si sic sibi utile
iudicaverit, sive eas alicui diutius praestare, si sic sibi pla-
cuerit velit ; ita dumtaxat ut semper aecclesiae servitia
pleniter ut praefati sumus inde persolvantur. Ast si quid
praefatorum delicti praevaricantis causa defuerit iurum,
praevaricationis delictum secundum quod ptaesulis ius est
emendet, aut illo quod antea potitus est dono et terra careat.
Si quis vero, diabolo instigante, quod minime optamus,
extiterit, qui per nostrum beneficium aecclesiam dei fraude,
seu in sua possessione aut servitio debito privare tempta-
verit, ipse nostra omnique benedictione dei et sanctorum
oins privetur, nisi profundissima emendatione illud corrigere
studeat et ad pristinum statum quod defraudavit redigat,
scriptum est enim « Raptores et sacrilegi regnum dei non
consequentur ». Nunc auteni propter deuni et sanetam
Maria m, in cuius nomine hoc monasterium dicatum est,
nioneo et praecipio, ut nullo modo quis hoc praevaricare
22rl BEOWULF
àudeat, sed sicut a nobis stafutum est, ut praefati sumus,
perpetualiter maneat. Qui custodierit omni benedictione
pepleatur ; qui vero infringetit, maledicetur a domino el ab
omnibus Sanctis, Amen. Gratanter, reverentissime domine,
quo tant is tuae donis clementiaB, secundum quod totius créa-
toris cosmi est velle, praeditus sum, meae operam voluntatis.
ut pro te tuisque deum iugiter interpellem, devotus impen-
dam, meosque successores ad hoc hortari studebo, ut domini
misericordiam pro te deprecari non desinant. ut Christus
pace qui perhenni regnat, ethrali in arce te consortio dignum
haberi dignetur sanctorum omnium in aula cœlesti. Valeat
in aevum qui hoc studuerit servare decretum. Haruin textus
epistolarum très sunt ad praetitulationem et ad signum, una
in ipsa civitate quae vocatur Uuigraceaster, altera cum
venerabili Dunstano archiepiscopo in Cantuaria, tertia cum
^Edeluuoldo episcopo in Uuintonia civitate. »
IV
Ces détails sur les superstitions anglo-saxonnes et sur leur
prohibition par l'Eglise, sont empruntés à Thorpe, op. cit.,
II, 157, 190, 208, 210 :
« XXVII. De Idolatria et Sacrilegio, et qui Angelos colunt,
et malefîcos, Ariolos, Venelicos, Sortilegos, Divinos, et vota
reddentes nisi ad aecclesiam Dei, et in Kalendas Januarii in
cervulo et in vitula vadit, et Matheuiaticos, et Emissores
tempest a turn.
« Si quis maleficio suo aliquem pcrdiderit Vil, annos
pœniteat. Si quis pro amore veneficus sit et neminem pcrdi-
derit, etc. Si autem per hoc mulieris partum quis dece-
LES SAXONS EN ANGLETERRE 225
périt, etc. Si quis ariolos quaerit, quos divinos vocant, vel
aliquas divinationes fecerit, quia et hoc daemoniacum est, etc.
Si quis sortes habuerit, quas Sanctorum contra rationem
vocant, vel aliquas sortes hahuerit, vel qualicunque malo
ingenio sortitus fuerit, vel divinaverit, etc. Si qua millier
divinationes vel incantationes diaholicas fecerit, etc. Si qua
millier illiuin suum vel tiliain super tectum pro sanitate
posuerit, vel in fornace, etc. Qui grana arserit ubi mortuus
est homo, pro sanitate viventium et domus, etc. Si quis, pro
sanitate filioli, per foramen terra» exierit, illudque spinis
post se concludit, etc. Si quis ad arbores, vel ad fontes, vel
ad lapides, sive ad cancellos, vel ubicunque, excepto in
aecclesia Dei, votum voverit aut exsolverit, etc., et hoc sacri-
legium est vel daemoniacum. Qui vero ibidem ederit aut
biberit, etc. Si quis in Kalendas Januarii in cervulo aut
vetula vadit, id est, in ferarum habitus se communicant, et
vestiuntur pellibus pecudum, et assumunt capita bestiarum ;
qui vero taliter in ferinas species se transformant, etc., quia
hoc daemoniacum est Si quis mathematicus est, id est, per
invocationem daemonum hominis mentem converterit, etc.
Si quis emissor tempestatis fuerit, id est, maleficus, etc. Si
quis ligaturas fecerit, quod detestabile est, etc. Qui augura
vel divinationes in consuetudine habuerit, etc. Qui observât
divinos, vel praecantatores, philacteria etiam diabolica, et
somnia vel herbas, aut quintam feriam honore Jovis, vel
Kalendas Januarii, more paganorum, honorât, etc. Qui
student exercere quando lima obscuratur, ut clamoribus suis
ac maleficiis sacrilego usu earn defendere confidunt, etc. Qui
in honore lunae pro aliqua sanitate ieiunat, etc...
« Qui nocturna sacrificia daemonum celebraverint, vel
incantationibus daemones invocaverint, capite puniantur.
« Si quis daemonibus exigui quid immolaverit, annum
unum ieiunet. Quicunque cibum daemonibus immolatum
15
'À2(\ BK0W1 II
comederit, etc. Quicunque grana combusseril in loco obi
nioi'lmis csi homo, pro sanitate viventium el domus, etc. Si
millier filiam suarn super domum, veJ in fornace posuerit, eo
quod earn a febri sanare velit, etc. ».
LIVRE II
L EVOLUTION DE L'ÉTAT SAXON EN ANGLETERRE
CHAPITRE PREMIER
L'accroissement du pouvoir royal. — Les Regalia
ou droits de la royauté
Cette étude suivra le développement des institutions poli-
tiques, jusqu'à la fin de la monarchie anglo-saxonne. Les
deux faits qui dominent cette histoire, sont l'introduction du
christianisme en Angleterre, et la consolidation du pouvoir
royal.
Au cours des guerres continues, des rois de petits états,
et des chefs indépendants s'étaient groupés dans une fédéra-
tion, autour du représentant de quelque antique dynastie,
qui les conduisait à la victoire. Au commencement du
vu0 siècle, l'Angleterre renfermait huit royaumes indépen-
dants, de plus ou moins grande importance. À la pointe sud-
ouest de l'île, se trouvait la confédération du Kent, compre-
1 1 ;i iit, sans doute, les comtés actuels de Kent, Essex,
^28 BKOWULF
Middlesex, Surrey, et Sussex, <l<>nt les rois nombreux et
divers reconnurent l'autorité d\££delberht, fils d'Eormanric,
prince <le La maison des ^Escings, et qui prétendait descen-
cre de Woden, par Hengist, premier roi historique du Dane-
mark. Près de Sussex, le long de la côte Sud, s'étendait le
royaume des Saxons de l'Ouest ou Gewissas, et qui compre-
nait les subdivisions territoriales actuelles : le Hampshire,
avec l'île de Wight, tributaire; le Dorsetshire, et peut-être
une part du Dewonshire ; le Wiltshire ; le Berkshire ; une
partie de l'Oxfordshire ; le Buckinghamshire, et le Middle-
sex, jusqu'à Chiltern Hills. LEastanglia était composée du
Norfolk et du Suffolk ; d'une partie de Cambridge ; du Bed-
forshire et de l'Hertfordshire.
La Mercie couvrait ce qui restait de territoires libres en
Angleterre, et deux petits royaumes, souvent unis, et dénom-
més Deira et Bernicia, occupaient l'espace libre jusqu'à la
frontière des Pietés, et qui peut être figuré en tirant une
ligne de Dumbarton à Inverkeithing. Çà et là, s'élevaient
encore des places fortes, que n'avaient pu soumettre les
Saxons : c'étaient Cornwall et Devon ; le pays de Galles ; le
Cheshire, le Lancashire et le Cumberland.
Il parait bien, que les princes, qui régnaient souverainement
sur ces agrégats de communautés, aient dû trouver, dans
leurs alliances traditionnelles, et dans leurs inimitiés de
races, un rudiment de droit des gens, et une règle de con-
duite politique.
Mais ces notions ne furent que flottantes, chez les rois
anglo-saxons, et il ne semble pas qu'il y ait jamais eu entre
eux de communauté d'action, méthodique et continue : les
populations étaient de races, de lois, de langues tout à fait
différentes ; séparées par des forêts sauvages, des montagnes
abruptes, et des marais profonds : et le culte de Woden fut
le seul lien moral qui les ait unies.
LES SAXONS KN ANGLETERRE 229
La domination dun roi sur les autres, n'était qu'une sou-
veraineté nominale4, et dont l'existence dépendait des
hasards de la guerre. Aux ternies rigoureux de la constitu-
tion anglo-saxonne, le roi (1) est un d'entre son peuple, qui
l'a élu à la royauté, et qui doit par son aide matérielle, lui en
assurer les pouvoirs. Mais il est le plus noble de tous les
homines libres, pour le plus grand bien desquels il règne. Le
roi est donc investi de diverses dignités et privilèges : quoi-
que sa vie, comme celle de tout homme, soit évaluée à un
prix déterminé (celui d'un aedeling, ou personne de sang
royal), elle est encore garantie par une autre prestation, ou
Cynebôt, le prix même de la vie royale qui se distingue du
précédent wergyld, en ce qu'il est attribué à l'Etat, comme
compensation de la perte du prince, chef de l'Etat, alors que
le seul prix du sang est versé à la famille du roi (2).
Les droits personnels du roi, ou regalia consistaient dans
la possession de larges domaines (3), inhérente à la couronne,
et dont la jouissance était viagère, et distincte de celle de la
propriété privée. Le roi avait encore le droit de recevoir les
nalnralia, ou contributions volontaires, en nature, des hom-
mes libres, qui, peu à peu, se changèrent en impôts forcés.
Il y a trace de ces contributions, dans Tacite (Germ. XV),
qui rapporte la coutume qu'avait le peuple, d'offrir aux prin-
1. Les noms qui désignent le roi sont les suivants : peôdeu, dérivé de
peôd, peuple; cyning, de cyne, noble; dryhten, de drynt, officier de
cour, comitatus ; hlâford. chef de la première maison du royaume.
2. Be Wergijldum. Nordleoda laga, § 1 ; Myrcna laga, § 1 ; Thorpe,
I, 186, 190
3. .Edelred, vers 980, donne les raisons suivantes d'une donation faite
par lui, au monastère d'Abingdon. Durant la vie d'Eâdgar, de prince avait
doté le monastère de certains domaines, faisant partie de l'apanage des
princes du sang, « terras ad regios pertinentes filios » ; ces terres à la
mort d'Eâdgar, et à l'avènement d'Eàdweard furent dévolues par le
Wïtenagemôt, à .-Edelred, alors prince royal : « qua* statim terra' iuxta
230 BEOWOtF
res les troupeaux el Le blé, ce <jni n'était pas seulement une
marque d'honneur, mais encore une aide matérielle. Les
annales des rois francs sonl pleines d'exemples de ces dons,
qui s'effectuaient, d'ordinaire, aux grandes assemblées du
peuple, ou Campus Madius (1). Les autres privilèges <ln roi
consistaient dans les droits qu'il prélevait sur les amendes,
et dans la confiscation, au profit de sa couronne, des biens
des condamnés. Le roi se distinguait des autres hommes
libres, parses vêtements et par sa demeure, et par l'entretien
constant dune troupe armée, appelée Hûscarlas, ou troupe
de la maison du roi. C'était à lui qu'appartenait la convoca-
tion du Witena gemôt, ou grand conseil de royaume, toutes
les fois que les circonstances l'exigeaient : à cette assemblée
il faisait toutes propositions touchant au bien de l'Etat, ou à
l'amendement de la législation existante. Comme gardien de
la paix publique, tant à l'intérieur qu'au dehors, le roi pou-
vait ordonner le fyrd, ou levée militaire des hommes libres ;
faire proclamer la paix à travers le royaume, et y faire perce-
voir les impôts que nécessitait la guerre passée. Il constituait
un degré de juridiction suprême, attendu que les deux par-
ties, ou l'une d'elles, pouvaient toujours en appeler à sa
justice, et en dernier ressort. Il nommait aux honneurs et
aux emplois publics ses thanes et ses compagnons, et il
decrêtûïû et praeceptiooem eunctorum optimal uni de praefato sancto
cœnobiô violenter abstracter meaeque ditioni, hisdem pr;ecipientihus,
sunt subaetœ : quam rem si iuste aut iniuste fecerint, ipsi sciant ». A la
mort de son frère Eâdweard, toutes les terres de la couronne échurent à
.Edclread : g et regalium simul, et ad regios filios pertinentium terrarum
susrepi dominium » . C'est alors que ce prince, pris de scrupule, rendit
au monastère, sur ses propres terres, ce qui lui avait été enlevé : « ex
mea propria hereditate », Cod. Dipt., n° 1312.
I. Guut, § 70 ; Thorps, I, 142; Anon. Vita Illudor. Imp., % 7 ; Perte,
II, 610, oil ; Annal. Laùrish.. 753: Ann, Berlin, 837 : Pertz, I, 116,
430 : Hincmar. Inst. Carol., ibid., 11,214.
les saxons i:n Angleterre 291
exerçait cos droits divers et ces privilèges, sur les avis, et
du consentement de son Wïtena gemot, ou Parlement,
Même sous La dénomination chrétienne, la généalogie
divine du roi ne contribuait pas peu, à augmenter le prestige
de sou trône. Son wergyld excédait, de beaucoup, celui des
hommes des autres classes, et les amendes prononcées pour
dommage au roi, à ses vassaux ou à ses domaines, étaient
plus élevées que celles du droit commun. Ce chiffre plus
considérable du bat royal, ou compensation, attestait bien
l'éminente dignité du roi, le premier en rang et en honneurs,
quelque restreint qu'ait été son pouvoir effectif. Ces assertions
sont justifiées par les premières lois d'/Ëdelberht, et par les
dernières, d'Eâdweard le confesseur. Si le roi appelait vers
lui, ses leôde, fidèles, ou thanes, et qu'ils fussent inquiétés
pendant leur voyage, une compensation double de l'ordi-
naire, était exigée des délinquants, en sus d'une amende de
cinquante shillings envers le roi (1). De même, s'il honorait
l'un de ses sujets, en logeant chez lui, la demeure de celui-ci
se trouvait, du fait de la présence du monarque, tranformée
en locus reyius, et tous délits qui y étaient, dès lors, commis,
étaient passibles d'une double amende (2). Le vol commis au
préjudice du roi, était l'objet d'une compensation (3), neuf
fois plus forte que celle qui était demandée, pour le même
délit dont un homme libre, ou noble, était victime.
La mundbyrd, ou protection du roi, était évaluée, cin-
quante shillings ; celle d'un eorl ou d'un ceorl, douze et six
shillings (4). Le messager ou l'homme d'armes du roi, cou-
pable de meurtre, n'était passible que d'un wergyld atténué,
et tout en n'étant pas libre, il était regardé comme tel, du
1. Mdelb., I, g 2.
2. Ibid., I, §3.
3. Ibid., % 4.9.
4. Ibid.. I S. 15.
232 BEOWULF
Pail qu'il appartenait à La suite du roi (1 >. Od ne pouvait
opposer Le sermenl à La parole du roi. el à celle de L'évêque;
et celui qui se battait dans le palais royal, était puni de mort,
ou du châtiment particulier cjue Le roi avait la faculté de lui
infliger. La haute trahison, le complot contre la vie du roi,
la rébellion sur ses domaines, étaient pnnis de mort (2).
Le roi recevait, à son accession au trône, le serment de
tidélité de tous ses sujets ^3), Agés au moins de douze ans
4. /Edelb., §7, 21.
2. JEdf., §4; Gnut, II, § 58.
3. « Imprimis ut omnes iurent in nomine, Domini,... fidelitatem
Eâdmundo régi..., in amando quod amabit, nolendo quod nolet », Eâdm.,
III, § 1, Thorpe, I, 252. — « Omnis enim duodecim annos habens et
ultra, in alicuius frithborgo esse debet et in decenna ; sacramentumque
régi et haeredibus suis facere fidelitatis, et quod nec latro erit, nec latro-
cinio consentiet », Fleta, lib. I. cap. XXVII, §4 — (25 juillet 1280) :
« Pateat universis tam clericis quam laicis per regnum Norwegie consti-
tutis presens seriptum visuris vel audituris quod anno domini m0, ce0.
lxxx0. in festo sancti Suithuni Bergio in ecclesia cathedrali magnificus
princeps et nobilis dominus. Eiricus dei gracia rex Norwegie illustris
filius domini Magni quondam regis coram reverendo pâtre et venerabili
domino Johanne secundo divina miseracione. Nidrosiensi archiepiscopo
qui eum coronando in regem coronam capiti eius inposuit. ipsiusque
suffraganeis et multis clericis et laicis qui présentes fuerant. tactis ewan-
geliis iuramentum prestitit in hune modum. Profiteor et promitto coram
deo et sanctis eius a modo pacem et iusticiam ecclesie dei. populoque
mihi subiecto observare. pontificibus et clero. prout teneor. condignum
honorem exhibere. secundum discrecionem mihi a deo datam. atque ea
que a regibus ecclesiis collala ac reddita sunt . sicut composition est inter
ecclesiam et regnum . inviolabiliter conservare . malasque leges et con-
suetudines perversas precipue contra ecclesiasticam libertatem facientes
abolere et bonas condere prout de concilio fidelium nostrorum melius
invenire poterimus . pat jatta ek gudi ok hans helgum mannum . at ek
skal vardvaeita frid ok rettyndi haulagre kirkiu ok pui folki sem ek er
overdugr ivir skipadr . Byscopum ok lœrdom mannum skal ek vœita
vidrkvsemelega soemd efter pui sem ek er skyldugr . ok gud giœfr mer
skynsemd til . ok pa luti halda obrigdilega . sem af konunggum ero
kirkiunni gefner . ok aftr fegner sua sem sampykt er milium kirkiuiinar
ok rikissens . Rong log ok illar sidueniur einkanlega pœr . sem mote
LES SAXONS EN ANGLETERRE 233
requis, pour La majorité Légale chez les Germains. Le sou-
verain nommait ensuite, les ealdormen dans les shires; les
gérefans, dans les diverses cités ou districts, et il convoquait
son witena gemot dont il avait désigné les membres. Comme
chef de l'administration du pays, le roi avait le pouvoir (h4
frapper d'amendes, les officiers et les individus, dont la
négligence ou les fautes, avaient compromis les intérêts
publics : ces amendes étaient appelées : cyninefs oferhyr-
nes ^1), cëst-à- dire désobéissance au roi.
Le maintien de la paix publique est le devoir primordial
du roi, et celui-ci frappe d'amendes ceux qui portent atteinte
à la vie, à la propriété, ou à l'honneur (2) des hommes
libres.
ero haeilagrar kirkîu fraelsi aftakaok hetr skipa eftir pui sem framazt
faam ver raad til af varom tryggastû m annum . Cum igitur ante corona-
cionem did i regis dubilacio luerit . de regis iuramento . volens predictus
pater ne huiusmodi dubilacio rediviva foret in posterum precavere . utile
quippe etenhn est earn rem cognitam esse que ignorata vel dubia possit
occasionem litigii ministrare . iuramentum seu professionem factam a
domino rege . ad perpetuam memoriam . presenlibus Uteris duxit inse-
rendam . et ad pleniorem rei evideneiam sigillum suum apposuit una
cum sigillis venerabilium patrum . domini Andrée Osloensis . Jorundi
Holensis . Erlendi Ferensis . Arnonis Skalotensis . Arnonis Stawangrensis.
Nerue Bergensis . Thorfinni Harnarensis suffraganeorum Nidrosiensis
ecclesie . Actum viii . Kal. Augusti loco et anno supradictis », Diploma-
tarium Norwegicum, n° 09, p. 02. — « Duodecimo sermone sanximus ;
Ut in ordinatione regum nullus permittat pravorum prœvalere assensum;
sed legitime reges a sacerdotibus et senioribus populi eligantur, et non
de adulterio vel incoestu procreati; quia sicut nostris temporibus ad
sacerdotium, secundum Ganones, adulter pervenire non potest, sic nec
Christ us domini esse valet, et rex totius regni, et haeres patriae, qui ex
legitimo non luerit connubio generatus ». Cone. Calcuth. Legal. Spelm.
p. 290
1. Cf Eàdw., % 1 ; Edelst., I, § 20,22.20; III, § 7; IV. § 1,7; V, §11 :
Eâdm . III, % i, 0, 7 ; Eâdg . I, § 4 ; II, § 7.
2. Cf Hlodh , §9, M. 12. 13, 14; MU ,§ 37; .E.lelst., I, § 1 : III. § 'i ;
V, ^ 5.
234 BEOWI l.K
Dans les cas lies graves, il peul évoquer devant lui, Les
instances criminelles auxquelles soul mêlés ceux que leurs
richesses ou Leur rang semblaienl devoir soustraire à la jus-
lice ordinaire.
Au cours d'une guerre privée, le roi peul imposer la
paix aux parties en présence, cl il L'ordonne, par tout le
royaume, à certaines fêtes, telles que Noel ou Pâques. Le
pouvoir roya] établit les grandes divisions du pays en
shires :
« Divisiones scirarûm regis proprie cum iudicio quatuor
chiminorum regalium sunt ». (Eâdw. conf. i; 13).
Il apparaît, aussi, que le roi, du moins en théorie, dut
avoir Le pouvoir de délimiter, en cas de contestation, les
propriétés privées : il déléguait, sans doute, cette attribution
à ses officiers, dans le cas de conversion de fôlcland en
bôcland.
Mais l'institution essentielle, pour assurer la paix d'homme
à h mime, est l'établissement des cours de justice, auxquel-
les Les hommes libres peuvent soumettre leurs contestations.
sans recourir aux armes. 11 y avait des cours de justice dans
La Ma relu* et dans le (la, dont la création et le fonctionne-
ment avaient été assurés, du consentement de tous les hommes
libres. Puis, avec les progrès de la monarchie, le roi fut
regardé, comme l'origine et le dispensateur de toute justice.
quoique sous lui, les juges qu'il a nommés, l'administrent
librement. Os juges sont régulièrement inspectés, selon
L'usage franc et romain, par des Missi, chargés de punir les
prévaricateurs, et de rechercher les dénis de justice. Asser
rapporte, dans ses Annales, la réprimande faite par Jilfred
à des juges ignorants :
« Je m'étonne de votre audace, puisqu'ayant accepté les
fonctions d'hommes avisés et prudents au conseil, vous avez
négligé les enseignements de la sagesse ! Mon désir est que
LES SAXONS EN ANGLETERRE 236
vous résigniez vos pouvoirs, ou que vous vous adonniez com-
plètement à L'étude «les lois. . . •>
Le r<>i représentai La juridiction suprême à Laquelle les
parties pouvaient en appeler, parce qu'il exerçait sa domina-
tion sur les autres cours de justice, qui réquisitionnaient
la force publique, pour assurer L'exécution de leurs arrêts,
et qui se trouvaient ainsi dépendre du pouvoir «entrai.
La justice du roi découlait donc de son pouvoir, vire
imperii (1).
I. — Le Pardon. Quand un jugement était prononcé, il
apparaît que dans certains cas, le roi avait le pouvoir de faire
surseoir à l'exécution, et de pardonner au coupable. Cette
prérogative remonte à une haute antiquité, cpmuie l'attes-
tent de nombreux passades des lois anciennes (2).
IL — La Confiscation. Avec l'extension des pouvoirs
royaux et l'accroissement de la population! les anciennes
compensations pécuniaires, furent jugées insuffisantes, et la
confiscation des biens du coupable, au profit du roi, fut pra-
tiquée comme une mesure plus sévère.
Dans la haute trahison, le conseil à'JElfreâ décrète non
seulement la peine de mort, mais encore la confiscation de
tous les biens du coupable (3). Pour le crime d'avoir tiré le
glaive dans le palais du roi, la loi d'Ini prononce la peine
capitale, et la confiscation générale (4). Si un seigneur donne
asile à quelque bandit, tous ses biens sont confisqués ; s'il
1. Cf. Ivlolst., I, 20 ; V, S 11 ; Eadg., Il, g :\ ; Thorpe, I, 200, 212, 240,
206; Cod. Dipt., n° 1258; /Edelr.; Ill, § Il ; Thorpe, I, 21)0; Cod, Dipl.\
n» 641.
2. « Si un homme tire son glaive dans It; palais du roi, cl qu'il soil
pris sur le fait, il demeurera ;i la merci du roi, quj pourra le faire massa-
crer ou lui pardonner », Kll'., § 7: lui, $6: Thorpe, I, 60, 106; lui.
g 36; Thorpe, I. 124, 230. 250 208, 298, 330,
:'». <Elf.,§ 4; Thorpe, I, 02. •
4. lui. g 6: Thorpe, I. 106.
236 BEOWULF
aide le bandil dans ses entreprises, la force publique mar-
che contre Lui, Le dépouille de tous ses biens qui sont dépar-
tis, pour moitié, au roi ; pour moitié à ceux qui ont pris pari
à L'expédition (1). Les chartes présentent de nombreux
exemples de confiscation, à la suite de crimes, où les
boclands et les biens propres du coupable sont mis sous
séquestre, entre les mains du roi : encore fallait-il un vote
exprès du witan, pour que le roi pût valablement confisquer
un fôlcland. Vers Tan 900, Helmstân s'étant rendu coupable
du vol, Eânwulf, geréfa royal à Tisbury, confisqua toutes ses
terres au profit de la Couronne (2). ne lui laissant que le
lâenland, réputé insaisissable. Pour adultère (3), un thane
voit ses biens confisqués, bien qu'il les tint, à titre de conces-
sion, de lévêque de Winchester; et de même manière, une
dame noble est privée de ses domaines, pour inconduite
notoire (4). En 966, l'évêque de Rochester, ayant obtenu
jugement contre une dame, pour( avoir pénétré avec violence
sur ses terres, (reâflâc), le sheriff de Kent fit la saisie de ses
châteaux de Fawkham et de Bromley : tous ses biens furent
confisqués au profit du roi (5).
1. jEdelst., I, § 20, III, §30 ; Eàdm., II, §1,6; /Edelr., V, § 28, 29, VI,
§ 35, 37 ; Thorpe, I, 220, 228, 230, 248, 250, 258, 264, 310, 312, 324,
330, 420.
2. Cod. DipL, n° 328.
3. Ibid., nos 601. 1090.
4. Ibid., n° 1295. « Quae portis terrae cuiusdam fœmhiae fornicaria
praevaricatione mihimet yulgari subacta est tradilione ». JEdelred ,
an. 1002.
5. Ilnd., n° 1258. « Dâ stôd dâre wydewan are on daes cynges handa :
dâ wolde Wulfstân se géré fa niman da are tô da?s cynges handa,
Brômleàh Fealcnahâm ».
Ibid., nos 579, U12. « Quo mortuo prœdicta mulier JEUgyfn alio copu-
lata est marito, Wulfgat vocabulo ; qui ambo crimine pessi mo iusie
ab omni inensati sunt populo, causa suas machinationis propria1, de qua
modo non est dicendum per singula, propter quam vero machinationern
LES SAXONS EN ANGLETERRE 237
Au iv siècle-, L'ealdorman Wulfhere, ayant quitté son
duché et abandonné son seigneur, sans la permission de
quae iniuste adquisierunt iustc perdideruDt ». Cod Dipl.. n° 1305.
« Nain quidam minister Wulfget vulgari relata nomine praefatam ter-
rain aliquando posséderai, sed quia inimicis regis se in insidiis socium
applicavit, et in facinore inficiendo etiam legis satisfactio ei defecit, idco
haereditatis suberam penitus amisit, et ex ea praedictus episcopus praes-
criptam villularn, me concedenle, suscepit », Cod Dipl , n» 1310. <« Has
terrarum portiones .El trie eognomento Puer a quadam vidua Ëâdfléd
appellata violenter abstraxit, ac deinde cum in dueatu suo contra me
et contra omnem gentem meam reus existeret, et lise quas praenominavi
portiones et universal quas possederat terrarum possessiones mese subactœ
sunt ditioni, quando ad synodale conciliabulum ad Cyrneceastre universi
optimates mei simul in unum convenerunt, et eundem /Ëlfricum maiesta-
tis reum de hac patria profugum expulerunt, et universa ab illo possessa
niiehi iure possidenda omnes unanimo consensu decreverunt ». Cod.
Dipl., n° 1312. « Emit quoque praedictus vir /Edelmarus a me. cum
triginta libris, duodecim mansiones de villulis quas matrona quaedam
nomine Leôfïœd suis perdidit ineptiis et amisit », Cod. Dipl.. n° 714.
« Hoc denique rus cuiusdam possessoris Leofricus onomate quondam et
etiam nostris diebus patema1 hœreditatis iure fuerat, sed ipse impie
vivendo, hoc est rebellando meis militibus in mea expeditione. ac rapinis
insuetis et adulteriis multisque aliis nefariis sceleribus semetipsum
condempnavit simul et possessiones », Cod. Dipt., n° 1307 « Erat autem
eadem villa cuidam matronae, domine .Edelflsede, derelict a a viro suo,
obeunte illo, qua1 etiam habebat gérmanum quendam, vocabulo Leôf'si-
num quem de satrapis nomine tuli. ad eelsioris apicem dignitatis dignum
duxi promovere, ducem constituendo, scilicet, euni. unde humiliari
magis debuerat, sicut dicitur, « Principem te constitueront, noli
extolli », et caetera. Sed ipse hoc oblitus, cernens se in culmine maioris
status sub rogatu famulari sibi peslilentes spiritus promisit, superbiae
scilicet et audaciae, quibus nicbilominus ipse se dedidit in tantum, ut
floccipenderet quin ofïensione multimoda me multoties graviter offen -
deret; nam praefectum meum /Eficum. quem primatem inter primates
meos taxavi. non cunetatus in propria domo eius eo inseio perimere.
quod nefarium et peregrinum opus est apud christ ianos et gentiles.
Peracto itaque scelere ab eo, inii consilium cum sapientibus regni mei
petens, ut quid fieri placuissel de illo décernèrent ; placuitque in com-
miine nobis eum exulare et extorrem a nobis fieri cum complicibus suis ;
statuimus etiani inviolatum fondus inter nos, quod qui praesumpsisset
238
HKOWI II
celùi-ci, i'uf condamné à la confiscation envers Le roi (1). Le
l'ait <lc laisser* une terre inculte, impliquait, pour le posses-
seur, son abandon an trésor royal (2).
III. — Les Amendes. Celles-ci étaient établies comme
sanction des divers crimes et délits commis au préjudice de
l'Etat ou du roi : la collection des impôts, étant fort difficile,
en épuisait presque le montant, dont il ne parvenait qu'une
faible somme entre les mains du roi, après les prélèvements
de reâldorman et du geréfa. Gnut énumère, cependant,
comme l'un des droits de sa Couronne, la perception des
amendes (3), justifiée par sa qualité de gardien de la paix
publique. Ce droit pouvait être concédé par le roi, à l'un de
ses sujets, qui en assurait pour lui, le recouvrement. ■
IV. — Le Droit au Trésor trouvé. Ce droit parait avoir été
dune grande importance : il est désigné, de la manière sui-
vante, dans les chartes anglo-saxonnes : « aile bordas bûfan
eordan and binnan eordan ». C'était une coutume fréquente,
dans les temps primitifs, que de cacher des trésors sous la
terre : le mourant croyait emporter avec soi, tout ce bien du
monde qu'il allait quitter, et d'autre part, la suite et la mai-
son du roi devaient sacrifier aux funérailles du prince, tous
les avantages matériels gagnés au service du prince. Dans
Beowulf, une partie du trésor conquis, par le fatal combat
avec le dragon, doit accompagner le héros dans sa tombe ;
infringere, exhareditari se sciret omnibus habitis, hoc est, ut nemo
nostrum aliquid humanitatis vel commoditatis ei summînistraret. liane
optionis electionem posthabitam nichili habuit soror eius .Edelthed
omnia qua' possibilitatis eius erant. et utilitatis trains omnibus exercitiis
studuil explere, et hac de causa aliarumque quamplurimarum exhaeredem
se fecit omnibus », Cod. Dipl., n° 719
t. Cod. Dipl , u° 1078.
2. Hist. &lieus\ I, 1 . « Sicque postea per destitutionem regiœ sorti,
sive fisco, idem locus additus est ».
3. Gnut, II. § 12; Thorpe, I, 38-2 ; II, § 15 ; II, § 14 ; Thorpe, I, 384.
LES SAXONS EN ANGLETERRE 239
une nuire part doit être brûlée avec son cadavre, et une autre
encore, doit être enfouie dans Le tertre qui recouvre ses
cendres (Beôw., 1. 6.016 et suiv., 1. 6.320) :
« Ils enfouirent sous le tertre les anneaux et les gemmes
brillantes... Ils laissèrent la terre garder la conquête des
nobles héros; L'or, dans la poussière, où il demeure encore,
inutile aux hommes, comme il l'était dans les jours
passés. »
Une grande quantité de numéraire dut être ainsi enfouie,
par les causes que nous indiquons plus haut, en y ajoutant le
peu de développement des relations commerciales ; l'insuf-
fisante rémunération du capital, et la menace des guerres et
des invasions (1). Les anciens auteurs blâment énergique-
ment ces pratiques de thésaurisation, qui enlevaient Tor et
l'argent à Futilité générale. Mais la croyance populaire
respectait les trésors cachés ; une crainte superstitieuse les
protégeait : des dragons et des enchantements étaient censés
les garder, et on redoutait la malédiction divine, eu arra-
chant à la terre, ce qu'une volonté dernière du mort y avait
confié. Le trésor trouvé était réputé par l'Eglise, or impur
et païen, et avant de passer entre les mains des hommes
libres, il était purifié, selon les rites. Le roi, quoiqu'il en
soit, était le possesseur juridique du trésor, et si le proprié-
taire du lieu où il était trouvé, le gardait entre ses mains,
c'était à la suite dune concession expresse de l'autorité
royale (2). Le roi faisait ainsi, l'abandon fréquent de son
1. » Partim sepultis thesauris, quorum plerrque in hac estate defo-
(limitur, Roman) ad petendas suppetias ire Intendunt », Will. Malm.,
Gest. Reg.. I, § 3.
2. « De iuventoribus thesauri occultati inventi, haee quidein graviora
sunt el majora, eo quod personam regis tangunt principaliter . . . Sunt
etiam crimina aliquantulum minora, siciit heec... », Fid., lib. I. cap. XX,
S 1,2, 3...
240 BKOWULF
privilège, estimant, en fait, que relui qui avait trouvé le tré-
sor, pouvait bien le garder, sans son autorisât] >n et trans-
former, par son silence, sa possession précaire, en propriété.
V. — Fastus ou Convivium, Cyninges /cor m. Un des
devoirs du roi était de faire en personne, ou représenté par
les Missi, des déplacements périodiques à travers le pays.
11 en visitait les différents districts, y proclamait sa paix.
confirmait les droits et privilèges des hommes et des collec-
tivités libres, et entendait les plaintes contre ses officiers.
Ces visites avaient pour origine, la première fonction du
roi, celle d'arbitre des limites des propriétés privées, et le
roi ne voulait point exciter la jalousie des cités rivales, en
établissant dans l'une d'elles, seulement, le siège de son
gouvernement. Ainsi, le roi mérovingien parcourait, en
France, son royaume, sur un char attelé de bœufs; chez les
Anglo-Saxons, le roi semble avoir passé à cheval, à travers
les terres soumises à sa domination, ou il remontait encore
sur un vaisseau, les cours d'eau navigables (1). Le roi avait
le droit de réquisitionner pour lui-même et pour sa suite,
le gite et la nourriture : ces obligations furent stipulées,
même à l'endroit des Missi, et devinrent, par la suite, un
impôt fixe (2), dont les monastères étaient souvent exonérés.
I. Will. Malm., Gest. Reg., II, § 448. « Omni sestate, emensa statim
Paschali festivitate naves per omnia littora coadunari praecipiebat ;
ad occidentale m insulse partem cum orientali classe, et illa remensa
cum occidental! ad borealem. inde cum boreali ad orientalem remigare
consuetus ; pins scilicet explorator, ne quid piratai turbarent. Hyeme
el vere, per omnes provincias equitando, indicia potentiorum exquire-
bat, violati iuris severus ultor ; in hoc iustitiœ, in illo fortitudini stu
dens ; in utroque rëipublicae utilitatibus consulens », Ges. Reg.., Il,
§ 15(5 ; Flor. Wig., an. 975. « Cum more assueto rex Cnuto regni
fines peragrarat », Hist. Rames. Eccl. (Gale, III, 441).
t. Cod. Dipl., no 143. « Necnon et trium annorum ad se pertinentes
pastiones, id est sex convivia, libenter concedendo largitus est».
LES SAXONS EN ANGLETERRE 241
Ces contributions furent même imposées, au profil de tous
les officiers royaux, en mission par service, et dénommés
Angelcynnes mèn, Faesting men, Râede fasting.
VI. — Les Palefrois. Par voie de conséquence, le roi
avait encore le droit de réquisitionner des chevaux, pour le
trajet dune ville à l'autre, tant pour lui-même que pour ses
messagers, et pour ceux qui l'escortaient (I). Il dut y avoir de
ce droit des abus considérables, les chevaux ainsi mis au
service royal, étant enlevés aux travaux des champs. Un
droit semblable subsiste en Hongrie, pour les courriers du
roi, sous le nom de Vorspann.
VIL — Le Droit de Garde. Le roi jouissait du droit d'avoir
auprès de lui, une garde d'honneur, pendant son séjour dans
un district. Il était dénommé, en bas-latin. Vigilia et Gusto-
dia, ou Head ward, en anglo-saxon (2). Cette garde devait
demeurer sous les armes, pendant les chasses, auxquelles
elle finit par prendre part (3). La garde des côtes de la
mer était également un droit royal que subissaient ceux dont
1. « Faciebanl servit iuoi regis cum equis vel per aquam usque ad Blid-
beream, Reddinges, Sudtone, Besentone : et hoc i'acientibus dabat pro-
positus mercedem non de censu regis, sed de suo ». Domcsd. Berks.
« Erat namque antea in illo supradicto monasterio pastus unius noctis
régi, et octo canum, et unius caniculari pastus, et pastus noveni noctium
accipitrariis regis, et quidquid rex vellet inde ducere usque ad Curig vel
Willettun cum plaustris et equis, et si advenae de aliis regionibus
advenirent, debebant ducatum liebere ad aliam regalem villa m quae
proxima l'uisset in illorum via », Cod. Dipt., n° 1 08 i .
2. « Homines de bis terris custodiebant regem apud Cantuariam vel
apud Sandwic per très dies, si rex illuc venisset », Domesd. Kent.
« Quando rex iacebat in hac civitate. servabant eum vigilantes duodecim
homines de melioribus civilatis. Et cum ibi venationem exerceret, simi-
liter custodiebant eum cum arinis meliores burgenses cabalos habentes »,
Domesd. Shropsh « fsti debent vigilare in curia domini, cum pra'sens
merit », Chartul. Evesh., ('. 24.
3. « (jui monitus ad slabililionem venationis non ibat quinquaginta
solidos régi emendabat », Domesd. Berks.
16
1'vl 111 (>\\ I II
les domaines étaient voisins de la hut. Ce droil dut être
établi en raison des fréquentes incursions Scandinaves. Il es1
même probable que divers ports de la côte du Kent ei <lu
Norfolk subirent ce droit de garde, accru d'autres charges,
telles que la réquisition des vaisseaux particuliers, que
devaient conduire les butsecarlns, ou pilotes.
VII. — . Ldificatio. C'était encore un droit royal que celui
d'exiger les services et l'aide des hommes libres, pour édifier
les forteresses ou le palais du roi : la coutume ajoutait
encore à ces travaux, l'entretien des ponts et des rein-
parts.
VIII. — Le Droit d'Epaves. Parmi les Regalia, ce droit
était assez important. Edouard le Confesseur, après avoir
rattaché à l'Himtingdonshire divers bourgs, octroie des pri-
vilèges et des redevances à leur profit, et ajoute (1) :
<( Cum onmi maris proiectu, quod nos anglice shipwrec
appellamus... de meo hire quod mihi soli competebat,
absque ullius reclam atione vel contradictione is ta addidi :
imprimis Ringested, cum omnibus ad se pertinentibus, et
cum omni maris eiectu, qu d shipwrec appellamus... ».
Le Naufragium et l'Algarum maris, sont expressément
cités, comme droits de la Couronne, dans les lois d'Henri Ier (2),
La Chronique saxonne de l'an 1029, rapporte la concession
faite par Cnut à Christchurch, Canterbury, du port de
Sandwich (3) :
« Concedo eidem aeeclesiae ad victum monachorum portum
de Saiiduuic et onines exitus eiusdem aqua1, ab utraque parte
fluminis cuiuscumque terra sit, a Pipernaesse usque ad
Mearcesfleôte, ita ut natante nave in flumine, cum plenum
1. Cod. Dipt., no 809.
2. Leg. Hen., I, 10, § 1.
3. Cod. Dipt, n° 737.
LES saxons EM ANGLETERRE 343
fuerit, quam longiui de aavi potest seouris parvala quam
Angli vocanl T&pereax super terrain proici, ministri aeoclesiœ
Christi rectitudines açcipiant... Si quid autem in magna mari
extra portuni, quantum mare plus se retraxerit, et adhuc
statura unius hominis tenentis Lignum quod Àngli nomiuant
sprâût, et tendentis ante se quantum potest, monachorum
est. Quioquid etiam ex hac parte medietatis maris inventum
et delatum ad Sanduuic fuerit, sive sit vestimentum, sive
rete, arma, fer rum, aurum, argentum, medietas monacho-
rum erit, alia pars, remanebit inventoribus. »
Edouard le Confesseur écrit aussi, en termes presque
identiques, à .Elfwolf, évêque de Sherborne, àl'earl Harold,
à .Elfred, sheriff de Dorsetshire (1) :
« Eâdweard, le roi, salue l'évêque iElfwolf, l'earl Harold,
.Elfred le sheriff, et tous ses thanes dans le Dorsetshire : il
leur fait savoir que X***, son nouveau vassal, aura tout pou-
voir sur ses domaines, en mer et sur la grève, et sur tout ce
que la mer pourra apporter sur ces bords... »
Le principe, en cette matière, semble avoir été que toute
chose sans possesseur juridique, appartient à l'Etat, ou au
roi qui en est le représentant. D'où il s'ensuivit, que l'on
exigea que l'épave eut été entièrement abandonnée, pour
que naquit sur elle, le droit du roi. La présence à bord de
tout être vivant ou de quelque auimal, en entravait l'exer-
cice ; ce qui empêcha souvent qu'on ne portât secours aux
naufragés. Et le droit d'épaves dut même, en ces temps de
barbarie, provoquer parfois le meurtre des sinistrés.
IX. — Le droit de battre Monnaie. La pièce de monnaie,
chez les Anglo-Saxons, portait l'effigie et le nom du roi, et
si l'émission en était ordonnée, selon les besoins de la cir-
culation, par le roi et le witena-gemôt, le monarque seul
1. Cod. DipL, n° 871.
'2 i \ HEOWULF
pouvait La démonétiser, Ainsi Lâdgar fit-il, eu 975, de pièces
dont le poids s'était perdu par l'usage. Le roi concéda son-
vent, à titre onéreux, son droit à des particuliers, au clergé
notamment, qui payaient une forte redevance à In Cou-
ronne (1).
X. — Les Mines. Les mines et les minerais furent compris
parmi les regalia, des rois germains et anglo-saxons. Dans
un document de l'an 689, Osmini de Kent, fait à un vassal,
la concession d'une mine de fer. D'autres actes de même
nature sont consignés dans le Codex Diplomaticus.
Le roi percevait sur les produits de la mine une taxe, sans
compter le fermage de la mine, elle-même (2)
XI. — Les Marchés. Les droits sur les marchés, sur les
poids et mesures, appartenaient au roi qui pouvait les con-
céder. En 904, Eâdweard fait l'abandon de ces droits sur un
marché, à Taunton, à lévêque de Winchester, et .Edelred
de Mercie accorde la moitié des redevances du marché, à
1. Matt. Westm., an. 97o.
« Ibi erant duo monetarii ; quisque eorum reddebat régi iinaui marcam
argenti, et viginti solidos, quando moneta vertebatur », Domesd. Dorset.
« Septem monetarii erant ibi ; unus ex bis erat monetarius episcopi.
Quando moneta vertebatur, dabat quisque eorum octodecim solidos pro
cuneis recipiendis, et ex eo die quo redibant usque ad ununi rnensem,
dabat quisque eorum régi viginti solidos. et similiter habebat episcopus
de suo monetario. In civitate Wirecestre habuit rex Edwardus banc
consuetudinem. Quando moneta vertebatur, quisque monetarius dabat
xx solidos ad Londoniam, pro cuneis moneta1 accipiendis », Domesd.
Worcester.
/Edelr., III. §8: IV, §9. Thorpe. I, 296, H03.
2. Cod. Dipt., n° 30.
Ibid., no 67. « Aliquam agelli partem in qua sal confici solet . . . ad
construcndos très casulos et sex caminos... sex alios... caminos in
duobus casulis, in quibus similiter sal conficitur, vicarios accipiens ».
Ibid., n» 77. « Quarta pars aratri... sali coquendo accommoda.. Et
insuper addidi buic donationi... in onmi anno centum plaustra onusta
de lignis ad coquendum sal ».
LES SAXONS EN ANGLETERRE 245
l-évêque de Worcester. Los marchés, pour plus de sûreté, se
tenaient dans les cités et les places fortes (1).
XII. — Le Péage. Ce droit du roi s'exerçait sur les ports,
sur les transports par terre, et sur les cours d'eau naviga-
bles (2). Au vme siècle, Julelbald de Mercic accorde à un
Cod. In /il . n° 85.
Ibid., n° j234. a El in eodem loco sali coquenda iuxta Limenae, el in
si I va ubi dicitur Andred, centum viginti plaustra ad coquendum sal ».
lbid.% n° 237 . « Cum putheis salis el fornacibus plumbis ».
[bid., n" 1 0HO. « Ego .Edelred, divina largiente gratia principatu
et domino genlis Merciorum subfultus, donatione Irado /Edelwulfo
lerram quinque nianentium in loco qui dicitur Hymeltun... salisque
coctiombus, id est, scx vascula possint praeparari salva libertate, sine
aliquo tributo dominatoris gentis pncdiche, sive ducum, indicumve et
prœsidum, id est statione sive inonei'atione plaustrorura, nisi solo il l i qui
huic praedictœ terrœ Hymeltune dominus existât... ut haec traditio, sive
in terra prsedicta, sive in vico salis, absque omni censu atque tribulo
perpetualiter libera permaneat ».
1. Ibid., n° 280. « Habeat intus liberaliter modium el pondéra et
memsura[m], sicut in porto mos est ad frùendum ».
Ibid., no 310. « Et intro urnam et trutinain ad mensurandum in
emendo sive vendendo ad usum, sive ad necessitatem propriam et
liberam omnimodis habeat... Si aulem foris vel in strata publica seu in
ripa emptorali quislibet suorum mercaverit, iuxla quod rectum sit,
thelonium ad man uni regis subeat : quod si intus in curie praedicta
quislibet emerit vel vendiderit, thelonium debitum ad manum episcopi
supramemorati reddatur ».
2. Cf. Bôhmer, Regest. Karol., nos 7, 14, 28, 31, 67, 71, 83. 89, 97,
111, 163, 206, 217, 220, 227, 231, 240, 252, 260. 272, 283, 288, 304, 308,
398, 415, 461, 463, 559, 561. 36i, 5%. 586, 592, 593, 605, 652, 693, 739,
787, 837. 885, 4528, 2067, 2073.
Ibid. , n° 84. « Navis onustae transvectionis censum qui a thelo-
neariis noslris tributaria exactione impetitur, perdonans attribuo ; ut
ubique in regno noslro libera de omni regali fiscu et tributo maneat ».
Cod. Dipt., n° 95. » Dâ forgeo fende ic him âlvfde aile nédbade twégra
sceopa da de dau* àbœdde beôd fram dâm nédbaderum in Lundentûnes
hvde ; ond naefre ic né mine last weardas né da nédbaderas gepristlaêcen
dret heô hit onwenden odde don widgeen ». Ibid., nos 97, 98, 112.
Ibid., no 78.» Indica me Secisse... iinius navis, sive ilia propria
2'iG &E0W1 11
Monastère, L'exemption de péttge, à travers !<• royaume,
pour un seul vaisseau, chargé d<i marchandises. A Milraed,
évoque <lc Worcester, il fait remise des < I rc»i ts de péage sur
<I(mi\ vaisseauxj payables dans Le port de Londres.
XIII. — Les Forêts. Le droit <lu roi sur les forêts était
consacré, dès la plus haute antiquité : on le qualifiait de
bannum Forestse ou Forstbann (Eichhorn, Deut. Staatsr., I,
813, § 199). L'exploitation immédiate de la forêt consistait
en coupes de bois, en chasses et en pâturages.
Dans la division primitive des terres, des forêts entières
ont pu tomber dans le domaine du roi, alors que déjà, le
ipsius, sive cuiuslibet alterius hominis sit, ineessum, id est Vectigal,
milii et antecessoribiis incis iure regio in portu Lundonia1 usque h al ten us
côtnpêtentem »>.
.Fdelr., IV, § 2. » De telonio dando ad ByHngesgate. Ad Billingesgate,
si advenisset una navicula, imus obolus telonei dnbatur : si maior et
habefët siglas, unus denarius. Si arlveniat ceôl vel hulrus, et ibi iaceat,
quatuor denarios ad teloneum. De navi plena lignorum, unnm lignum
ad teloneum. In ebdoinada panum telonium tribus diebus, die dorninica,
et die Martis et die Jovis. Qui ad pontem venisset cum uno bato. ubi
piscis inesset, ipse mango unum obolum dabat in telonium, et de una
maiori nave, unum denarium Homines de Kotomago, qui veniebant cum
vino vel craspice, dabant rectitudinem sex solidorum de magna navi, et
vicesimum frustum de ipso craspice. Flaudrcnses et Ponteienses et
Normannia et Francia, monstrabant res suas et extolneabant. Hogge et
Leodium et Nivella, qui per terras ibant,ostensionem dabant et teloneum.
Et bomines Imperatoris, qui veniebant in navibus suis, bon arum legum
digni tenebantui". sicut et nos. Pneter discarcatam lanum et dissutum
unctum et très porcos vivos licebat eis emere in naves suas ; et non
licebat eis aliquod foreceàpum facere burhmannis ; et dare telonium
suum, et in sancto Natal! Domini duos grisengos pannos, et unum
brunum, et decern libras piperis, et cirotecas quinque bominum, et duos
caballinos tonellos aceto plenos, et totidem in Pascha : de dosseris cum
gallinis. una gallina telonei, cl de uno dossero cum ovis, quinque ova
telonei, si veniant ad mercatum. Snieremangestre, quae mangonant in
caseo et butiro, quatuordecini diebus ante Natale Domini, unum dena-
rium. et septem rliebus post Natale, unum alium ».
LES n\\u\s I \ ANGLETERRE 217
folcland comprenait avec des espaces boisés, très étendus,
ces retraites vénérées qui n'étaient comprises dans aucun
lotissement « Lucos cl netnora consecrant », Tac. Germ., IX).
Suc ces forêts, le i*oi exerçait tous les droits de la propriété
privée, et dans chaque comté, il nommait quatre thanes
(printarii fûre$tœ)s pour connaître de tous différends et
délits, touchant aux forêts. Sous les ordres de ceux-ci, il
y avait seize officiers secondaires, aidés chacun de deux
archers, qui gardaient la foret et y faisaient des travaux
d'entretien. Les primarii forestœ recevaient du roi, en paie-
ment de leurs services, et par année, deux chevaux, dont
L'un était sellé, un sabré, cinq lances, un javelot, un bou-
clier et deux cents shillings d'argent ; aux officiers secon-
daires, il était remis : un cheval, une lance, un bouclier, et
soixante shillings ; aux archers, enfin, une lance, un arc, et
cinquante shillings. Os officiers étaient exemptés de toutes
charges ; ceux de la seconde classe faisaient le service des
audiences de la Cour des Forêts (Swânmot), où le roi, quand
il était présent, demeurait seul juge des différends, soumis
à la décision de ses officiers. La cour tenait ses assises quatre
fois l'an ; elle pouvait ordonner les épreuves judiciaires, et
exercer les droits de juridiction souveraine, comme les
cours supérieures. Les personnes de ces officiers étaient
inviolables, et sévèrement protégées par la loi : la violence
envers eux, entraînait pour l'homme libre, la perte de sa
liberté ; quant au serf, on lui tranchait la main, et en cas de
récidive, c'était la peine de mort qu'il subissait.
Les délits commis dans les forêts étaient de diverse
nature, et d'un degré différent de gravité. Les ferse forestàè
n'étaient j3as aussi protégées que les jfersè régules. Le délit
d'avoir chassé une bête de la forêt, volontairement ou sans
intention, était puni pour l'homme libre, d'une amende de
dix shillings ; pour le serf, de la flagellation. Mais s'il s'agis-
218 BEOWl II
sail d'une bête royale ; d'un cerf, par exemple, L'homme
Libre perdait Le senium libertatis, et Le serf, sa vie. Les
évêques, h*s abbés et les barons n'étaient pas inquiétés pour
avoir chassé dans les forets royales, hormis le ras où ils
tuaient im cerf : le roi prononçait alors contre eux, telle
pénalité qu'il lui plaisait fixer. La chasse du chevreuil, du
lièvre et du lapin, était passible d'amendes. Les loups, les
renards et les ours n'étaient pas regardés comme gibier de
forêt : on pouvait les chasser avec impunité, hors des limites
de la forêt. On ne pouvait y couper de menu bois, sans
l'autorisation du primarius, et celui qui abattait un arbre,
devait payer une compensation de vingt shillings. Tout
homme libre (mediocris) pouvait chasser sur ses propres
terres, mais sans équipage ; l'homme noble (liberalis), pou-
vait avoir une meute, mais à une distance de dix mille de la
forêt royale. Si un chien pénétrait dans le rayon de celle-ci,
le maître était puni d'une amende de dix shillings, et s'il
poursuivait une bête dans la forêt, l'amende était portée à
douze cents shillings.
Telle fut la législation des forêts sous Gnut : sa sévérité
même donne une preuve de l'extension du pouvoir royal, au
commencement du xie siècle. Néanmoins, les dispositions de
la loi consacrent le droit de chasse des nobles, de toutes
bêtes des forêts royales, à l'exception du cerf ; elles autori-
sent, encore, tout homme libre à chasser sur sa propriété, à
condition qu'il n'empiète pas sur les chasses royales Mais
cette législation n'avait pas toujours présenté la même
rigueur : .Elfred autorisait bien le possesseur du laenland,
à pourvoir à sa subsistance, par la pêche et par la chasse, et
jusqu'au xe siècle, les évêques avaient conservé, proprio iitre,
le droit de chasse dans leurs forêts (1).
1. Cod. Dipt., ii°s 1086, 4287 : « Sert et venationis sepem domini
LES SAXONS K\ ANGLETERRE *249
Quelquail été l'importance de La chasse, elle Qe demeu-
rait pas Le droit forestier Le plus important. Los faines de la
forêt qui servaient de nourriture aux troupeaux de pores, et
les coupes de bois, constituaient les rendements essentiels de
la foret. Les chartes royales en octroyaient la concession, à
titre onéreux, à des particuliers, ou à des corporations, telles
des monastères, qui s'étaient élevés au cœur de la forêt.
En 845, -Edelwulf concède à Badonod, un droit de pâture,
pour ses troupeaux, avec ceux du roi, sur les terres de la
cité de Canterbury (Cod. Dipl. N° 259). En 855, le même roi
fait don à Dun, son thane, de deux chariots de bois coupé
dans la forêt royale ; en 839, il fait à Dudda, la même libéra-
lité. En 772, Offa, en concédant des terres à l'abbé .Edel-
nod, y ajouta un droit de perpétuelle pâture, avec licence de
mener paître une chèvre, avec le troupeau du roi, dans la
forêt royale. Les chartes font allusion à diverses catégories
de forêts royales, qu'il convient de distinguer : les forêts tel-
les que Saenling, Blean, Andred, étaient dites, silvœ regales :
le roi pouvait concéder sur elles, les droits de pâture et de
coupe, qui lui étaient propres. Les forêts, appartenant aux
cités et aux communautés, étaient dénommées silvœ commu-
nes (ceasterwara-weald, burhwara-weald) : le roi sur elles,
concédait aux habitants de la cité, ou aux membres des col-
episeppi ultronei ad aedificandUm, repperiantur, suaque, quandocunque
domino episcopo libererit, venabula destinent venatum ».
±. Cod. Dipl . n° 276 « Et decern eatros cum silvo (sic) honestos in
monle regis, el communionem marisci qnae ad illam villam antiquitus
cum recto pertinebat ».
Ibid.. n° 241. « Duobusque earris dabo licentiam si If am ad illas
secundum antiquam consuetudinem et, constiluidem \sic) in aestale per-
ferendam in commune sill'a quod nos saxonic.e ingeménnisse dicimus »
Ibid , n° 119. «. Et ad [)ascendum porcos et pecora, et iumenta in
silva regali aeternalitèr perdono : et unius ca^rae licentiam in silva qua'
vocatur Saenline ubi meae vadunt »,
w2.")0 IHOWII.K
Lectivités, une jouissance commune. Dans une dernière caté-
gorie, figuraient les petits bois, se rattachant naturellemenl
à di's domaines, dont ils ne faisaient pas juridiquement
partie; ces bois sonl ainsi désignés dans Les chartes : « ter-
rain cum bommunibus utilitatibus, pascuis, pratis, sihis.
piscariis».. « En 706, ^Edelveard dos llwiccas, limita son
droit dcpAture, dans les forêts appartenant au bourg d'Eves-
ham, à un troupeau de porcs, et ÊCgberht, en 835, (i), auto-
rise un thane à prendre, du bois, pour ses constructions dans
la forêt royale.
XIV. — L'Atibaine. Au roi appartenait encore la protection
de l'étranger établi dans son royaume. Et la conséquence de
cette protection était le droit du roi à une part du wergyld
de l'étranger, et à la propriété des biens de celui-ci, après sa
mort.
Dans la tradition anglo-saxonne, le roi, l'earl, lévêque
sont les protecteurs nés de l'étranger, et comme contre-par-
tie, ils héritent de l'étranger mort intestat, et de son vivant,
ils reçoivent de lui une redevance pécuniaire, pour la pro-
tection qu'ils lui accordent. En 835, Ecgberht abandonne les
héritages de Gaulois et de Bretons, au monastère d'Abing-
don. Les Juifs étaient protégés de la même manière que les
autres étrangers, et dans ses lois Eâdweard le Confesseur,
se déclare protecteur de tous les Juifs du royaume, titre et
droit qu'il transmit à ses successeurs normands (2).
1. Cod. Dipt., ii° 56. « Eicepto eo, ut si quando in insula eidem rûri
pertinente proventus copiosior glandis acciderit, uni solummodo gregi
porcorum saginœ pastus régi concederetur ; et prêter hoc nulli, neque
principi, neque prad'eeto, neque tiranno alicui, pascua constituantur ».
Ibid . , n° 23(i. « Silva quoque omnis qua° illi aecclesia1 et suburbanis
eius suppetit, in omnibus causis sit libera, et non secetur ibi ad regis
vel principis sedificia aliqua pars materia1 grossi vel gracilis... ».
2. Ibid,, n° 236. « Similiter de hœreditate peregrinorum, id est
Gallorum et Brittonum et horum similium, aecclesise reddatur. Pra^tium
LES SAXONS EN ANGLETERRE '2 '\ I
XV. — Les Touts. Il est probable qu'aucun homme libre ne
pouvait entreprendre l'édification dun j>ont, sans l'autorisa-
tion royale. Le péage que devait percevoir le constructeur,
justifiait la licence royale*
XVI. — Les Châteaux. Avec la centralisation du pouvoir
royal, le monarque parvint à réserver à la Couronne, le
droit exclusif d'élever des châteaux-forts, droit qu'il concé-
dait à ceux qu'il voulait favoriser Dans le premier établis-
sement de la cité, les habitants de celles-ci fortifient eux-
mêmes leurs demeures, mais quand le comte, le roi ou
l'évèque entrent en vainqueurs, dans la cité> ils s'empres-
sent de détruire ces ouvrages.
Un exemple de licence royale, se rencontre dans la con-
cession faite par .Edelflaed et .Edelraed, en 880, à l'évêque
de Worcester, pour lui permettre d'élever une forteresse
dans la ville, autour de sa cathédrale, pour la défendre des
invasions danoises (1). Au début de l'histoire anglo-saxonne >
il a pu y avoir des forteresses, appartenant à des particuliers,
comme Sulmonnes burh, ou chdlean de Siilman ; et par la
suite (2), plusieurs grands de la cour du roi, reçurent le pri-
vilège de fortifier leurs propres résidences, comme il advint
des châteaux de Pentecost et de Rodberth, sous Eàdweard le
Confesseur.
quoqtie sanguinis peregrinorum, id est wergt/ld, dimidiam partem rex
teneat, dimidiam a.'crlesiœ antedicta» reddant ».
Eâdw. Conf , § 25. « Sciendum est quod omnes Juda'i, ubieunque
regno sint, sub tutela et defensione regis ligie debent esse. Neque aliquis
eorum potest subdere se alicui diviti sine licentia regis; quia ipsi Juda'i
et omnia sua regis sunt. (Juod si aliquis detinuerit illos vel pecuniam
eorum, rex requirat tanquam suum proprium, si vult et potest ».
Cnut, II, § 40 : Thorpe, I, 400; Eâdw. Gud., § 12; Thorpe, I, 174:
.Kdelr., IX, § 33 ; Cnut, II, | 40 ; Hen , I, X, § 3 ; LXXV, § 7.
1. Cod. Dipl., n° 1075.
2. Chron. sax., 1053.
252 BEOWULF
XVII. — Les Routes. Les grandes routes étaient seules
regardées connue routes royales. Les voies qui y aboutis-
saient directement, appartenaient aux comtés. Chaque pro-
priétaire dut avoir le privilège de tracer, dans ses terres,
des routes et sentiers, à sa volonté, et les noms des routes
sont souvent dérivés de ceux des possesseurs du sol (1).
Will. — Les Ports. Les ports et havres pouvaient être
affermés à des individus, ou à des collectivités, par un acte
du pouvoir royal. Les ports, en raison des besoins naissants
du commerce, étaient généralement ouverts : le roi avait le
pouvoir de désigner ceux d'entre eux qui devaient être fer-
més, et de lever cet interdit, quand il le jugeait opportun.
En 994, /Edelraed et son conseil décident (2), que tout
navire marchand qui entrera volontairement dans un port
libre y sera reçu en amitié ; ef qu'au cas où il serait poussé,
par la tempête, dans le port, il y trouverait asile, avec
un refuge (fridburh), pour les hommes et pour la car-
gaison.
XIX. — La tutelle et le mariage. Les droits du roi, en
matière de tutelle et de mariage, dérivaient de l'institution
du comitatus ; ils étaient limités aux enfants et aux veuves
des thanes, ou comités.
La loi de Gnut (If, § 74, 75) contient à ce sujet, les dispo-
sitions suivantes :
« Que la femme demeure douze mois sans époux ; puis,
qu'elle agisse selon sa volonté. Si elle choisit un époux dans
l'année, qu'elle perde et sa dot, et tous les biens qu'elle pos-
sède, du fait de son premier mari, et que son plus proche
parent soit mis en possession desdits biens .. Si la veuve a
1. Bôhm, Reg. KaroL, n«s 248, 316; Red. Sing. Pers., Thorpe,
I, 432.
2. ^delr.. Il, §2; Thorpe, I, 284.
LES SAXONS EN ANGLETERRE 253
été enlevée, par violence, qu'elle perde également ses l>i«Mis,
à moins qu'elle ne quitte son ravisseur... »
XX. - Le Heregeatve, ou droit successoral. Ce droit prit
naissance dans la coutume anciennement pratiquée, que les
armes du cornes, lissent retour à sa mort, au roi. Ce droit se
précisa et s'élargit avec les besoins de la royauté, et la loi
de Gnut en fixa définitivement les détails, par les disposi-
tions suivantes (Gnut, II, § 72, Thorpe, I, 414) :
« Le droit dheregeatwe sera, pour un earl, de huit che-
vaux, dont quatre sellés ; de quatre casques, de quatre cui-
rasses ; de huit lances ; de neuf boucliers ; de quatre épées,
et de deux cents solides, d'or. Pour un thane du roi, le droit
consistera en quatre chevaux, dont deux sellés ; en deux
épées, quatre boucliers, un casque, une cuirasse, et cin-
quante solides dor. Pour un thane ordinaire, le droit
sera dun cheval équipé; des armes du défunt, ou de deux
livres... »>
La succession de Deôdràed, évêque de Londres et d'Elm-
ham, en 940, paya à la couronne un droit de quatre che-
vaux ; deux épées ; quatre boucliers ; quatre lances ; deux
cents livres d'or rouge, et deux coupes d'argent (God. Dipl.
N° 957).
En 94(i-9o6, la succession de realdorman /Ldelwald, paya
au roi quatre chevaux, quatre lances, quatre épées, deux
anneaux d'or, et de la vaisselle d'argent (God. Dipl. N° 1173).
Vers 962, les héritiers de Beohtric payent à la Cou-
ronne, quatre palefrois, deux épées, un anneau d'une valeur
de huit solides, deux faucons, et les meutes (God. Dipl.
N°492) (1).
Aux termes de la- loi de Gnut, le temps suffisant était laissé
à la veuve pour acquitter le droit successoral, dont il lui
1. Cf. Cod. JJipL, nos 0999, 716, 967, 979, 782,410, 685.
254
III n\\ I Li
était fait, par Le roi, entière remise, quand son époui étail
mort au combat, sous les yeux mémos de sou seigneur (1).
Il ressort des explicitions précédente*, qtie le roi avait,
par L'exercice des droits de la Couronne, les moyens suffi-
sants de tenir son rang. Mais la plupart de ces droits furent
perdus, pour la royauté, par suite d'aliénations successives.
Le roi, en affermant, en concédant, ou en vendant la plupart
de ces droits, s'enrichissait en fait, niais en diminuant le
patrimoine de ses successeurs.
t. Cod. Dipl., n° 721,
Domesd. Berks : « Tanius vel miles regis dominicus moriens pro releva-
mento dimjttebat régi omnia arma sua. et equum unum cum sella, unum
sine sella Quod si essent ei eanes vel accipitres, pnesentabantur régi, ut
si vellet, acciperet ».
Fleta, II, cap. LV1I, §1, "2. « Impriniis autem debet quilibet qui tesfa-
verit dorninum suum de meliori re quarn babnerit recognoseere, et postée
a^cclesiam de alia meliori, et in quibusdam locis habet aecclesia melius
animal de consuetudine, in quibusdam secundum vel tertium melius, et
in quibusdam nihil : et ideo observanda est consuetudo loei », § 2 : « Item
de morte uxoris alicuius viri, dum vir superstes fuerit, de toto grege
rommuni secundum melius averium, quasi de parte sua : sed hoc non
nisi de permissione et gratia viri ».
CHAPITRE 11
La Cour et la Maison du roi
La cour anglo saxonne parait être semblable à celle des
empereurs francs : lors du premier établissement du comi-
tatus, les offices de la maison du roi, d'origine purement
domestique, furent recherchés en raison de l'accès qu'ils
pouvaient donner auprès du roi. Les ducs et les barons se
disputaient l'honneur de porter, au couronnement, la coupe
du roi, de même que les électeurs impériaux d'Allemagne,
servaient à table, celui d'entre eux qu'ils avaient élevé à
l'empire.
Les quatre grands-officiers de cour, sont dans les royau-
mes germaniques, le Chambellan, le Grand-Maréchal, le
Sénéchal, et le Grand-Echanson.
Les noms sous lesquels le Chambellan est désigné, sont
hraegel, pegn, littéralement : thane, ou intendant de la
garde-robe, cubicularius, camerarius, bûrgpegn, et quel-
quefois, dispensator, thesaurarius ou hordere. Il est difficile
de préciser les fonctions exactes du chambellan, à la cour
anglo-saxonne, mais elles différaient par de celles du cubi-
cularius de la monarchie franque, et des comités largitio-
iuun et reritm privatarum, des empereurs romains de la
décadence. On peut avancer que le chambellan eut la
gérance des propriétés royales, et la direction même de la
256 BEOWULF
maison du roi I . En cette qualité, il devait être le chef
reconnu des cyninges tûngeréfan, ou baillis du roi, sur les
divers comtés. Et il esta présumer que plus d'un officier eut
Le rang, le titre et les fonctions de chambellan (2 . Parmi
les nobles qui furent chargés de ces fonctions, on relève les
noms suivants (3) :
JElfric thesaurarius, sous JElfred, 892.
. Ldelsige camerarius, sous Eâdgar, 936.
Leôfric hraegtpegn, sous iEdelren, lOOo*.
Eâdrie dispensator regis, sous Kardacnut, 1010.
Hugelinus camerarius, sous Eâdweard, 1044.
Le maréchal (niarescalcus et cornes stabuli, chez les
Francs), était, à proprement parler, le maître des écuries
royales. Mais comme ses fonctions s'exerçaient, en fait, en
temps de guerre, il devint bientôt, le chef des troupes delà
maison du roi. Cet office était tenu par des nobles du plus
haut rang, et quelquefois, par plusieurs d'entre eux. Les
appellations anglo-saxonnes du maréchal, sont steallere,
horspegn, stabulator, et strator regis. Il n'y a pas d'appa-
rence que cet office ait existé avant la fin du ixe siècle, etl'on
peut supposer qu'il fut introduit en Angleterre, par la
famille d'Ecgberht. avec les coutumes de la monarchie
franque, quelle apportait. Parmi les noms des maréchaux
anglo-saxons, on relève ceux de (4) :
1. Hincmàr de Kheims, § 22. « De honestate vero palatii, seu specia-
liter ornamento regali. necnon et de donis annuis militum, absque cibo
et potu. vet equis. ad Règinam pra^cipue, et sub ipsa ad Camerarium
pertinebat : et sollicitudo erat, ut tempore congruo semper futura prospi-
oerent. ne quid, dum opus esset, defuisset. De donis vero diversarum
tegationum ad Camerarium aspiciebat ».
2. « Gubicularios regis duos », Will. Malm.. II, § 180.
3. Cod. Dipt., nos 320. 1245, 715, 771, 810, 809, 904; Flor. Wig.,
an. 1040.
4. Flor. Wig., an. 897 ; Chroti . sax., an. 1047: Cod. Dipt., nos 1328.
LES saxons m ANGLETERRE 267
« Ecgwtilf strator regis : cyninges horspegn, an. 89" .
Dored steallere, 1020.
E'sgàr steallere, 1044-1066.
Robert lîlius Wimarc steallere.
.Elfstân steallere.
Eâdgâr steallere, 1060-1066.
Raulf steallere, 1053-1060.
Bondig steallere, 1060-1066.
— stabulator.
Eadnôd steallere.
Lyfîng steallere.
Alfred regis strator, 1052.
Osgod Clapa steallere, 1047. »
Le sénéchal est ordinairement appelé dapifer, ou discifer
regis : il veillait à tout ce qui regardait le service de la table
royale. Son nom anglo-saxon était discpegn, ou thane de la
table, et les nobles dont les noms suivent, ont rempli cette
charge (1) :
« Eata dux et regis discifer, sous Offa, 785.
Wûlfgâr discifer, sous Eâdwig, 959.
.Edelmâer discpegn, sous^Edelred, 1006.
Raulf dapifer, / „,, , ^
, ... > sous Eadvveard, 1060.
Esgar dapifer,
Atsur regis dapifer, )
-r„ , ... > sous Eadvveard, 1062.
ïting regis dapifer, )
La reine et les princes du sang avaient un officier sembla-
ble, dans leur maison : en 1060, il est fait mention de
Godwine, reginae dapifer, et .Edelstân, fils d\Edelred, avait
un discpegn, nommé .Elfmâer. Le sénéchal est aussi quali-
771, 828, 855, 864, 822, 859, 956, 1338, 773, 809, 9455, 84, 956, 1338.
4. Cod. Dipt., nos 149, 1224, 715, 808, 813, 722.
17
258 m <>w i ir
fié de (Cod. Dipl, N°813)« regiae procurator aulae», titre que
porta l<* grand Esgâr.
Le dernier des officiers de la Couronne, <ist !<> grand-
échanson, <mi Allemagne schork ou buticularius. Ses uni-
ques fonctions semblent avoir consisté dans la garde <it dans
L'approvisionnement des celliers royaux. Un tel office donnait
un rang eminent à la cour saxonne, et les titulaires de cette
charge, riaient les représentants des plus illustres maisons.
O'slâc, descendant direct du sang royal jute, de Stiiit et de
Wihtgâr, fut réchanson du roi Ldelwulf (1). Le nom anglo-
saxon de cet officier, peut avoir été byrele, ou scenca. Les
noms suivants (2) sont mentionnés parmi les Echansons :
Dudda, pincernus . . 780
Sigwulf, — . . 892
.Ldelsige, — . . 959
Wulfgar, — . . 1000
Wigod, . . 1062
Ces offices, à leur création, furent purement domestiques,
et ne se rattachèrent point à l'administration générale du
royaume. Leur importance ne s'accrut qu'avec celle des
comitatus, jusqu'à l'établissement de la féodalité : alors, ces
offices devinrent héréditaires, et leurs titulaires assez puis-
sants pour tenir en échec l'autorité royale elle-même.
A côté de ces officiers, et sous leurs ordres, on trouvait
de nombreux fonctionnaires. C'étaient d'abord les prêtres,
qui servaient de clercs et de notaires, dans la chancellerie
impériale. Parmi ces prêtres était choisi un officier du plus
haut rang, successivement appelé apocrisarius, archicapel-
lanus, capellanus, referendarius. 11 était le chef de ceux
qui étaient préposés à la rédaction de tous actes publics, et
1. Asser., an. 849.
2. Cod. Dipl., nos 148, 3$), ll>24, 1294, 813,
LES SAXONS KN ANGLETERRE 259
qu'on désignait par les noms de notarii ou de tabellio-
nes (1
Dans un étal où le statut personnel était admis ; quand les
parties ou Tune d'elles, n'étaient pas jugées selon la loi du
pays, mais d'après celle de leur nation même, quelle fût
franque, burgonde, ou romaine, la création de pareils légis-
tes devint bientôt indispensable. La justice régie par la loi
coutumière des tribus, pouvait être rendue par des officiers
teutones, mais leur compétence était nécessairement en
défaut, quand quelque homme libre venait invoquer devant
eux, les maximes de la jurisprudence romaine, ou que surgis-
sait un conflit de lois.
Le clergé, par la connaissance des lettres et des lois
latines, prend place dans le parlement carolingien (Hincmar,
§ 16, 19, 21). (Dôninges, Deut. Staatsr. p. 24 et s.). Mais le
role du clergé n'eut pas la même importance en Angleterre,
où Fou ignorait et les conflits de lois, et les notaires profes-
sionnels (2). Ce n'est que sous le règne d'Eâdweard le Con-
fesseur, que Ton rencontre la création de ces officiers. Ils
sont désignés par les titres de cancellarius, sigillarius,
notarius, et si le roi chargeait des scribes de la rédaction des
actes publics, peut-être confiait-il aussi le soin de garder le
1. Hincmar, § 32.
« Qui referendarius ideo est dictas, quod ad euni universae puhlicse
deferentur conscriptiones, ipseque cas annulo regis, sive sigillo al) eo sibi
comniisso immiret sen priniaret », Aimo, Gest. Franc, (V, 41 ; Eichnorn,
I, 194.
« Apocrisario sociebatur su minus cancellarius. qui a secrclis olim
appellabatur, erantque illi subiecli prudentes et intelligentes ac fidèles
viri. qui praeeepta regia absque immoderata eupiditatis venalitate scribe-
rent, et sécréta illius fideliter cuslodirenl », Hincmar, § 16; Eichnorn,
loc. cit.
t. « Quo ni am labcllionum usus in regno Anglian non babclur », Mal.,
Paris, Ffp,,., III.
2(>0 BEOWULF
sceau, el de l'apposer sur l<'s chartes, à quelque fidèle cha-
pelain de sa coin', qui devenait ainsi, uu officier d'état. Ei
l'on relève, dans le Codex Diplomaticus, les noms de (1) :
« Eâdsige capellanus, 1038.
Stigandus 1044.
Heremannus, — lOio.
Wulfwig cancellarius, Eâdweard, 1045.
Reginboldus sigillarius, — —
Reginboldus cancellarius, Eâdweard, 1045.
. Klfgeat notarius, —
Petrus capellanus, — —
Baldwinus capellanus, —
Osbernus capellanus,
Rodbertus capellanus, — —
Heca capellanus, 1047.
Ulf capellanus, 1049.
Cynesige capellanus, 1051.
Wilhelmus capellanus, 1051.
Godmanus capellanus, 1053.
Gisa capellanus, 1060. »
La femme d'Eâdweard, Eâdgyfu et son frère Harald,
avaient aussi leurs chapelains, Walther, devenu évêque
d'Hereford, et Leofgâr qui lavait précédé sur le même
siège (2). L'institution des chapelains dans la maison du roi,
remonte à une très haute antiquité ; avant ces derniers, des
prêtres païens avaient dû prendre place dans le comi-
tatus (3).
1. Flor. Wig., an. 1028, 104-4, 1045, 1047, 1049, 1051; Cod. DipL,
nos 779, 810, 813, 844, 825, 891 .
2. Flor. W., an. 1000, 1056.
3. « Desiderante rege [AJchfrid] ut vir tant» eruditionis ac religionis
sibi specialiter individuo comitatu sacerdos esset et doctor», Bède, Hist.
EccL, II, 19.
LES SAXONS KN ANGLETERRE 201
Parmi les officiers secondaires de la couronne, on peut
citer encore le pedissequus, ou podessessor, dont les fonc-
tions étaient celles de messager du roi. On relève comme
titulaires de cette charge : le duc .Edelbeâb, pedessessor ;
Bola, pedisecus; Alfred, pedisecus; Eâstmund pedise-
cus (l). Dans Beowulf, Hunfcrd, l'orateur, est assis aux
pieds du roi, « de aet fotum saet freân scyldinga » (1. 994).
En Tannée 1010, le carnifex ou bourreau d'Hardacnut. est
désigné comme un officier de haute dignité (2). D'autres
titres et fonctions sont encore énumérés, tels que : Radulfus,
aulicus ; Bundiuus, palatinus ; Deôrmôd, cellarius ; Wiferd,
claviger ; Leôfsige, signifer ; /Elfwine. sticcere ; .Edelric,
bigenga (3). Il est difficile de savoir si les fonctions qui sui-
vent (4), eurent à la cour, un caractère permanent, ou tem-
poraire : Brihtric et /Elfgâr, consilarii ; /Elfwig et Cyne-
weard, pra?positi ; Godricus, tribunus ; Alred theloniarius.
La parenté du roi faisait naturellement partie de la cour, où
sont nommés : /Elfhere, ex parentela regis ; Leôfwine, pro-
pinquus regis ; Hesburnus, regis consanguineus ; Rodbertus,
regis consanguineus (5).
La maison du roi comprenait une garde du corps, ou hûs-
carlas, qui fut maintenue même après la conquête nor-
mande : c'était là comme une association militaire, dont le
roi était le grand-maitre. Cette institution apparaît à l'avè-
nement de Gnut, et se développe sous le règne de ce prince,
et de ses successeurs danois. Cnut désirant assurer la con-
1. Cod Dip/., nos [96, 199, 207, 220, 227, 281.
2. « .-Eliïicum Eboracensem'archiepiscopum, Godwinum comitem, Stir
majorem domus, Thrond suum carnificem, et alios magna» dignitatis
Lundoniam rnisit », Flor. Wig., an. 1040.
3. Cod. DipL, nos 813, 320, 346, 799, 745.
i. Ibid., n'>s 811, 792, 793, 800, 945, 248.
5. îbid., nos 436, 813.
262 Mow i h
quête encore précaire de Bon nouveau royaume; entouré de
nobles au Loyalisme suspect, voulut créer autour de lui une
tone assez imposante, pour prévenir les séditions, ou pour
les étouffer. Les privilèges ef les devoirs des hûscarlas.
furent arrêtés dans le Witherlags Ret, que Lappenberg a
savamment commenté (Thorpe's Lappenberg, II, 202) : Les
soldats de cette troupe d'élite, étaient armés de haches, de
hauberts, et de glaives dorés; provenant de toutes nations,
ils étaient au nombre de cinq à six mille, et soumis à une
discipline rigoureuse.
Un de leurs chefs, Gottschalk, fils d'Udo, demeura long-
temps avec Gnut, en Angleterre, où il épousa une princesse
de sang royal (1). Cnut, lui-même, ayant tué dans sa colère,
un hus-carl, se soumit au jugement de rassemblée des trou-
pes (stefn), et fut condamné à payer une compensation neuf
fois plus forte que l'ordinaire.
La punition des hûscarlas, était l'expulsion de l'armée, ce
qui équivalait, pour le soldat condamné, à un arrêt de mort,
au milieu d'une population hostile, à laquelle ces troupes
royales faisaient plus lourdement sentir le joug de la servi-
tude.
Le soldat banni était qualifié de l'épithète dégradante,
nithintf (rien, personne), et il avait le choix de quitter le
royaume par terre, ou par mer. Il était conduit au rivage par
ses anciens compagnons d'armes qui, après l'avoir embar-
qué, l'abandonnaient à sa fortune : dès lors, il était regardé
comme un étranger, un ennemi, un outlaw, et si les flots le
ramenaient sur la grève, il y était massacré sans merci. S'il
préférait s'éloigner par terre, il était conduit à la forêt pro-
chaine, et là, ses frères le suivaient du regard jusqu'à ce que
1. Adam Bremen, II, 48, 50; III, 21
2. Suen Aggon, I, cap. X.
LES SAXONS EN INGLETERRE '2(ï.\
sa forme eût disparu dans L'épaisseur des bois : ils poussaient .
alors, trois cris, pour l'avertir de Leur présence, ei si, perdu
dans la foret, il so retrouvail devant eux, il était mis à mort.
Si trois hûscarlas accusaient simultanément l'un des leurs,
ils étaient crus sur parole, et la pekie frappait aussitôt le
coupable qu'ils avaient désigné. Des mesures aussi sévères,
édictées pendant le règne de Gnut, restèrent toujours inexé-
cutées, tant étaient parfaits Le loyalisme et la discipline de
ces troupes royales.
D'après un texte du Codex Diplomaticus (n° 956), les steal-
beras ou maréchaux, semblent avoir été les chefs des hûscar-
las. Bientôt, à l'imitation du roi, les grands du royaume
s'entourèrent dune garde de Hûscarlas (I). Cette institution
présentait une différence essentielle avec le comitatus ; les
droits des comités n'étaient pas expressément stipulés, alors
que la loi coutumière et la tradition assuraient aux hûs-
carlas, véritables mercenaires, des privilèges et une solde
déterminés.
d. « Eodem die primitus illius Dànicos hûscarlas Ainunduni et Uaven-
sweartum, de fuga relractos. extra civitaiis muros, ae die sequeote plus
quam ce. viros ex curialibus illins in boreali parte Hiimbrœ fluminis
peremerunt », an. 1065, Flor. de Worcester.
CHAPITRE III
L'Ealdorman ou Duc
La dignité la plus proche du trône était celle d'ealdorman,
ou duc.
Le nom anglo-saxon de cet officier, en tant que chef
d'armée, est heretoga ; en vieil allemand, herizzohho ; et en
allemand moderne herzog ; mot composé de here, armée,
et de fog a, chef. C'est en ce sens que Tacite parle du dux,
chez les Germains : celui-ci est élu pour sa valeur, alors que
le roi est choisi pour l'illustration de sa naissance. Mais
comme les fonctions militaires du duc, chez les Anglo-
Saxons, sont rares et temporaires, le titre d'heretoga, se
rencontre peu fréquemment, étant remplacé par celui d'eal-
dorman, ou aldorman qui implique des fonctions, à la fois
civiles et militaires.
Les auteurs classiques anglo-saxons, Siméon de Durham,
Florent de Worcester, Henry de Huntingdon, et Bède lui-
même, nomment indifféremment le duc, consul, princeps,
dux, et cornes, alors que la Chronique et les chartes saxon-
nes, rappellent invariahlement, ealdorman. Le mot ealdor,
ou aldor, en anglo-saxon, marque la dignité princière, sans
attribution d'autres fonctions. Dans Beôwulf, ce mot est
employé comme synonyme de cyning, peôden, et autres mots
s'appliquant à des personnages royaux. Comme nombre de
LES SAXONS K\ ANGI.ETI UKK
•2(>;>
qualificatifs indiqua ni la dignité, dans les Langues teutones,
ealdorinan est dérivé d'un adjectif marquant la dignité de
l'àee et du rang (IV
Beorhl ealdorman
.Edcllllin
Beorhl frid .
Cum bra .
O'sric
Bcorn
.Edellieard
Wor . .
.Edelmund
Weohslân
Heâbyrht
Eâdbyrhl
Burghard
Muca
Wnlfheard
Ealdormen
Dudda .
O'smod .
Wulfheard
.Edelhelm
Herein rbt
Eânwulf.
O'sric .
Ceorl
Ealbliere
.Edelbcard
H un be rhl
Huda .
O'sric
.Edelwnir
Ckron., an. 68t.
699.
750.
710.
755.
755
780.
794.
800.
800.
— 800.
805.
— 819.
— 822.
— 822.
823.
825.
— 833.
833.
— 837.
837.
— 838.
845.
— 845.
— 851.
— 851,
852.
852.
853.
— 860.
— 800.
Dux Beda IV, 26 Flor.. 684.
Dux. Edelsv., II. Flor., 750.
Consul. II. Hunt, IV.
Prsefeetus, Flor., 710.
Dux. .'Edelw., Il 17. Flor., 755.
Consul. H. Hunt, IV.
Dtix./EdeIw.,I1.47. Flor., 784.
Patricius. Sim I)., 780. Consul
etjusticiarius, H. Hunt, IV.
Dux. Flor , 800. Consul. H
Hunt, IV.
Dux Flor., 800. Consul. H
Hunt, IV.
Comes. Flor., 805.
Dux. Flor.. 822.
Dux. Flor., 822.
Dux Flor , 823. Consul. H
Hunt, IV.
Duces Flor . 823.
Dux. Flor., 837.
Dux Flor., 837.
Dux. Flor., 838.
Dux. Flor., 845.
Dux. Flor., 845
Cornes Flor., 851 .
853. Cornes. Flor., 851,853.
Cornes. Flor.. 852.
Cornes Flor. , 853.
Cornes. Flor., 800.
871. Cornes. Flor.. 800. 87
266
BKOWU.F
Los pouvoirs de L'éaldorman différaîetil sensiblemenl de ceux
du duc, sur Le continent. Dans La constitution impériale des
états germaniques, établie par Charlemagne, Le duc était un
officier, supérieur au cornes, comte ou graf, et un duché
comprenait, au point de vue administratif, plusieurs comtés
sur lesquels le duc avait juridiction immédiate (1). Il y eut,
an. 886. Cornes. Flor.. 886.Dux. Flor.,
894.
.Edelhelm .
—
886, 894. 898. Dux. Flo*., 894.
Beocca .
—
888. Dux. Flor., 889.
/Edelwold . .
—
888. Dux. Flor., 889.
/Edelred . .
—
894. Dux. Flor., 894.
/Edelnôd.
—
894. Dux. Flor., 894.
Ceôlwulf.
—
897. Dux. Flor., 897.
Beorhtwulf.
—
897. Dux. Flor., 897.
Wulfred. .
—
897.
/Edelred .
—
901.
/Edelwulf .
—
903. Dux. Flor., 903.
Sigewulf. .
—
905. Dux. Flor., 905.
Sigehelm
—
905. Cornes. Flor., 905
.Edelred . . .
—
912. Dominus et subregulus. Flor.,
912.
.Elfgâr . .
—
940.
Ordgàr .
—
965. Dux. Flor., 904.
/El there .
—
980, 983. Dux. Flor., 979.
yEdelmaar
—
982. Dux. Flor., 982.
Eâdwine .
—
982. Dux. Flor., 982.
.Elfric . .
—
983, 985,992,993. Dux. Flor., 983.
Birhtnôd.
—
991. Dux. Flor., 991.
/Edelwine .
—
992. Dux. Flor., 992.
.Edelweard .
—
994. Dux. Flor., 994.
Leôfsige .
—
1002. Dux. Flor., 1002.
/El f helm.
—
1006. Dux Flor., 1006.
Eâdric
—
1007, 1009, 1012, 1015, 1016. Dux.
Flor. in an.
/Edelmeer ealdo
rman. —
1013. Cornes. Flor., 1013.
.El fric .
—
1016. Dux. Flor., 1016.
Godwine .
—
1016. Dux. Flor., 1016.
/Edelwine .
—
1016. Dux. Flor., 1016.
4. Eichhorn, Staats-und Rechtsgesch.,1, 460.
LES SAXnN^ in ANGLETERRE. *2()7
sans dotlte, des comtés sans duchés et des duchés sans
comtés), c'est-à-dire que parfois, les titres et les fonctions de
duc et de coude, se trouvaient réunis sur la même tête.
Les ducs représentaient, aussi, des familles souveraines qui
avaient été soumises à l'empiré des Francs, et ils gouver-
naient comme oHiciers impériaux, leurs anciens royaumes :
tels étaient les ducs, en Bavière et en Souabe. Les ducs
étaient encore des chefs militaires, exerçant un commande-
ment suprême, temporaire, dans les margraviats, créés pour
la sécurité des frontières.
Mais cet état de choses, de réalisation possible sur de
vastes étendues territoriales, ne pouvait se rencontrer en
Angleterre : le roi y conservait la plénitude de la souve-
raineté, par tout son royaume, et les ducs n'étaient que ses
officiers, revêtus sans doute de dignités, mais exerçant des
pouvoirs définis et peu étendus. La rébellion d'un duc en
Angleterre, à cette période de l'histoire, était aussi rare
quelle était fréquente en Allemagne. Et l'ealdorman anglo-
saxon, avait plutôt la charge de graf ou comte des Germains,
véritable fonctionnaire, représentant de l'autorité royale, à
laquelle il demeure lui-même soumis.
Dans les lois anglo-saxonnes, on trouve nombre de docu-
ments, ayant trait aux pouvoirs et à la dignité de l'ealdor-
man. Mais les lois de tous les royaumes, ne font pas men-
tion de cet officier. Les lois des rois du Kent, le passent sous
silence, et s'il y avait des ealdormen dans le royaume, ils
devaient être compris dans la catégorie des eorls ou nobles
de naissance, de ceux que la loi d'/Edelberht qualifie cYeorl-
cund, synonyme de betst, c'est-à-dire, le meilleur, l'homme
du plus haut rang (1). Il n'est point question de l'ealdorman
dans les lois d'Eadric et d'Hlôdhere : les procès se pour-
1. Mdelb., g 75 ; Thorpe, T, 20.
2C)H BEOWULF
suivenl dans le palais du roi, devant Je stermelda ou Le
wic-geréfa, mais aucun autre officier n'y est mentionné (1).
Et jusqu'au début du ix'" siècle, la loi de Wihtraed, ne ren-
ferme pas de dispositions concernant l'ealdorman (2).
Bède rapporte qu'à la mort de Peada, en 661, les ducs
des Merciens, Immin, Eaba et Eâdberht, se révoltèrent
contre Osuuiu de Northumberland, et tirent monter Wulfhere
sur le trône de son père (3) ; le même auteur ajoute que
ceux-ci, ayant banni les princes, principibus eiectis, imposes
par le roi étranger, retrouvèrent, et leurs franchises, et les
territoires qu'ils administraient. Il demeure probable que
ces ducs de Mercie et du Northumberland n'étaient pas
seulement des officiers militaires, mais qu'ils avaient encore
des fonctions fiscales et administratives (4). A une date peu
éloignée de la précédente, on rencontre des ducs dans le
Wessex et le Sussex (5) ; et l'on peut, dès lors, suivre
l'institution des ducs, jusqu'à la fin de la période anglo-
saxonne proprement dite, qui se termine avec Eàdmund
Irensida.
Depuis le règne d'Ini de Wessex, on peut retracer, avec
quelque certitude, l'histoire des ducs, à partir des premières
années du vme siècle, cent ans avant que Charlemagne eût
modifié et refondu l'empire germanique. Au début, les eal-
dormen sont peu nombreux et sont augmentés, avec l'exten-
sion du royaume, jusqu'au jour où l'on vient à compter
trois ducs dans le Kent, et seize en Mercie, en 814, sous
Coenwulf.
L'ealdorman était inséparable de la constitution du shire
1. Eâd. Hlod., § 5, 7, 16: Thorpe, I, 28, 1<>, 30, 'M.
2. Leg. Wi/it., Thorpe, 1,36.
3. Bède, Hist. Eccl.,\\\, 24.
4. Cod. DipL, n°986.
5. Ibid., nos 3l? 54, 987, 99t ; Bède, Hist. Eccl., IV, 13.
LES SAXONS EN ANGLETKRHK 2()9
ou gà, les divisions territoriales et administratives étanl
liées. Le nombre des ducs se trouvait donc affecté par le
jeu do la guerre ; par l'adjonction ou la disparition de sbires,
au cours des conquêtes et des revers de l'histoire. ^Elfred
décide que si un homme désire changer de seigneur (hlâford-
soén, droit possédé par tout homme libre), il doit accomplir
cet acte, en présence, et du consentement de l'ealdorman
qu'il a d'abord suivi dans son sbire et auquel il doit par
serment, aide civile et militaire (1). Ini, d'autre part, décrète
que l'ealdorman qui aura favorisé la fuite d'un voleur, devra
se démettre de ses fonctions dans le shire, à moins qu'il
n'obtienne son pardon du roi (2). L'ealdorman est considéré,
dans ce dernier cas, comme l'officier judiciaire supérieur,
dans le comté, comme le graf parmi les Francs.
Deux fois Tan, le duc devait tenir un shiremoot, ou assises
générales du comté, assisté de l'évêque. Cette assemblée
contrôlait l'application des lois civiles, criminelles et ecclé-
siastiques : « Que deux fois dans l'année, un shiremoot soit
tenu, décrète Eâdgàr : l'évêque du shire et l'ealdorman
devront y être présents, pour veiller et aux lois de Dieu, et
à celles du siècle » (3).
La même disposition se trouve dans les lois de Cnut (4),
et celles d'Alfred (5) punissent d'une lourde amende, ceux
qui auront rompu la paix publique, en combattant dans le
folcmo ;t, devant l'ealdorman du roi. En Lan 780, la Chro-
nique saxonne rapporte que les nobles du Northumberland
brûlèrent, à Seletun, un ealdorman pour ses exactions : ce
1. Leg. -hUf., $ 37 : Thorpe, I. 86.
2. Leg. [ni, % 36 ; Ibid., I, 124.
3. Eâdgâr, II, £ 5: Ibid., I, 208.
4. Cruil. Sec § 18 ; Ibid., I, 386.
:» KltV., § 38; Ibid., I, 86.
270 BEOWULF
châtiment fut approuvé parle roi. Henry de Hungtingdon i)
commente ainsi ce l'ail : « L'année suivante, les princes ei
les principaux officiers du Northumberland, brûlèrent leur
consul, parce qu'il avail été plus sévère que juste ».
Les chartes anglo-saxonnes fournissent de nombreux
exemples de la présidence du shiremoot judiciaire, par l'eal-
(lornian du shire. En 82i (2), au sujet d'un droit de pâture
appartenant à la cathédrale de Worcester, un shiremoot fut
tenu à Clofeshoo, sous la présidence de l'ealdorman du
comté, au cours duquel i'évêque donna caution, et prêta
serment. En 1038, dans le Herefordshire, une assemblée
analogue fut tenue à JSgelnodesstân, en présence de I'évêque
JEdelstàn, et de l'ealdorman Ranig, les thanes du comté
étant convoqués (3).
Il ressort des faits précédents, que l'ealdorman était vérita-
blement à la tête de la justice du comté, et qu'il pouvait
connaître tant des matières civiles que des criminelles. Les
scirmen, scirgeréfan ou sheriffs étaient ses officiers, agissant
sous son autorité, et partageant avec lui les pouvoirs exécutifs
et judiciaires. Dans le sbire, l'ealdorman, comme le graf franc,
était le chef militaire du hereban, posse comitates, ou levée
en masse des hommes libres. Il se mettait à la tête de la
force armée, pour réprimer les séditions ou repousser les
invasions, aux frontières du shire qui avait été commis à sa
garde. En 800, un ealdorman des Merciens, /Edelmund,
livre bataille aux Hwiccas, qu'il repousse ; l'ealdorman
Weôxstan(4), se rencontre victorieusement avec les hommes
du Wiltshire. En 837, .Edelhem conduit les hommes de
Dorset contre les Danois ; en 860, Osric, avec les hommes du
1. Ken. Muni, lib. IV.
2. Cod. Dipt., n° 219.
3. Ibid., nos 219, 275.
4. Car on., sax., an. 800.
ils SAXONS I SW ANGLETERRE 271
Hampshire, et l'aide de L'ealdorman, /Edelwulf, repousse
victorieusement les Danois, dans les environs de Win-
chester (1). L'ealdorman est done bien à la tète de la force
militaire du comté, comme il est le chef de la justice du
shire.
C'était l'État qui donnait au duc les moyens de tenir son
rang. L'ealdorman jouissait d'abord du revenu de certaines
terres inaliénables, dépendant du domaine de la Couronne,
et il prélevait un tiers des impôts qu'il avait perçus pour le
trésor royal (2). Le duc, appartenant d'ordinaire à la pre-
mière noblesse, possédait des terres nombreuses par héri-
tage, ou par une concession du roi (3;. De plus, dans un état
social primitif, le duc touchait des redevances particulières
de ceux dont il protégeait expressément la vie et les libertés.
Ainsi, en 8oo, Ealhhun, évèque de Worcester et son cha-
pitre, font donation viagère de onze bides de terres au duc
Jidelwulf et à la duchesse Wulfdryd, à la condition que
l'ealdorman protégera le monastère et ses franchises (i).
En 90 i, Werfrid et le même chapitre accordent au duc
Jidelred, à la duchesse et à leur fille, un domaine dans le
Worcester, de 132 acres de terre arable, pour trois généra-
tions, à charge de retour au donateur, et avec obligation de
protection pour les bénéficiaires (5). Il evt probable que le
duc prélevait encore une part du pillage ; qu'il touchait la
rançon des prisonniers de distinction, et qu'il pouvait, enlin,
réquisitionner les services des hommes libres, pour la cul-
ture de ses terres et la garde de ses troupeaux. Il devait
1 Cf. C/iron. sac . an. 837, 845. 8o3, 800, 905, 10H>.
t « Dovere reddebat 18 libras, de quibus denariis h a be bal rex Kdwardus
duas partes et cornes Goduinus tcrtiam », Domesd. Ghenth.
3. Cod. Dipt , n° 237.
4. Ibid., n° 279.
5. Ibid., n° 339.
272 BE0W1 IK
jouir ni fait, sinon en droit, aè tous les regalia^ et il apparaît
même qu'à L'exemple des évêques, il ait parfois, battu mon-
naie. Comme chef de la force publique, La protection du
duc était sollicitée de toutes parts : elle s'obtenait par des
redevances sur le produit des terres ; par un impôt fixe, ou
par un louage de services.
Le royaume anglo-saxon paraît donc constitué par une
grande association aristocratique, dont les ealdormen étaient
les membres, et le roi, le président-né. Les ducs étaient
presque les égaux roi, et ils pouvaient contracter eux-mêmes,
et pour les leurs, des alliances avec les membres de la famille
royale. Ce n'était que du consentement des ealdormen que
le roi montait sur le trône ; ce n'était que par leur soutien et
leur alliance, qu'il s'y maintenait. Il ne pouvait, sans les
consulter et sans être approuvé d'eux, modifier, abroger, ou
promulguer les lois : ils étaient en un mot, les conseillers
du roi, et les modérateurs de son pouvoir. Le wergyld de
l'ealdorman était distinct de celui d'un noble ordinaire, et
sa maison était regardée comme un lieu d'asile : le criminel
qui s'y réfugiait, pouvait y demeurer trois jours, sans être
inquiété (1). La violation de sa demeure était punie d'une
amende de quatre-vingts shillings, qu'Alfred réduisit à
soixante. La position seule de l'archevêque, était supérieure
à celle de lealdorman, par une réminiscence du rang pré-
pondérant du grand-prêtre païen.
Le duc ne paraît pas avoir eu d'insignes particuliers de
sa dignité : il devait avoir au front, un beâh, sorte de cou-
ronne ; il devait revêtir une toge brodée, pour rendre la
justice, et la cuirasse dor, réservée à la noblesse, quand il
allait combattre. Le glaive et la main, devaient être portés
1. Leg. .Edehf., III, § (i.
LES SAXONS KN ANGLETERRE 27,'{
devant lui, comme symboles de sa juridiction civile cl cri-
minelle.
Les questions suivantes ont été posées sur les fonctions
des ducs : celles-ci étaient-elles héréditaires, viagères,
durante beneplacito, ou benemerito ?
Il y a peu d'exemples de L'hérédité, dans la charge de
l'ealdorman : citons seulement le cas dVElfric, succédant en
Mercie, à son père ^Ëifhere, l'an 933. Ce n'était là qu'une
exception au principe, que la dignité de duc était viagère ;
que même, les titulaires n'en étaient revêtus pour un cer-
tain nombre d'années, et qu'ils la pouvaient perdre pour
trahison et pour fautes graves, dans leur administration (1).
Il demeure constant que les ducs étaient choisis dans les
familles de la plus haute noblesse, descendant, parfois, des
antiques maisons royales. Avant l'extension des pouvoirs du
roi, les ducs adoptèrent souvent les formules de la royauté
elle-même : au ixc siècle, Oswulf, ealdorman du Kent du
Sud, s'intitule : « Dei gratia dux » ; et Sigewulf et Sigehelm
qui figurent au x° siècle, parmi les ducs de Kent, apparte-
naient à la famille de Sigeraed, roi de cette province. A la
promulgation de la constitution de Cnut, le role politique des
ducs alla en s'effaçant, jusqu'à ce qu'ils devinssent réduits,
comme les ducs francs, à la condition de fonctionnaires
royaux, en mission dans les provinces, sous la dépendance
immédiate du roi et inférieurs, en rang, aux grands-officiers
de la Couronne.
I. Leg /Elf, £ 40.
« îsta verb pfaeûbminata tellus prïmitiis fuit praepëdilus a quodam
duce, nomine Wiilfherc» et cius uxore, quando illc uti'umquc et suum
dominum regem .Ellïedum et patriam ultra iusinrandum quam régi et.
suis omnibus optimatibns iuraVerat sine liceritié dereliquil. Tune:
etiam, cum omnium iudicio sapientium Gewissorum cl Mercensium.
potestatem et haereditatem dercliquit agrorum ». Co'd. DîpL, n° 1078.
18
CHAPITRE IV
Le Geréfa
Le nom généralement employé chez les Anglo-Saxons,
pour désigner l'officier fiscal, représentant de l'administra-
tion royale, était celui de geroéfa (God. DipL, n° 235). Mais
un préfixe entrant en composition avec lui, précisait le carac-
tère et l'importance des fonctions, dont le geréfa était investi :
ainsi le scir-geréfa est-il l'officier du shirc, ou sheriff ;
le tûngeréfa, l'officier des fermes, ou bailli (1). L'opinion
généralement admise sur l'étymologie de ce nom est qu'il
dérive de rôf clamor, rof, celeber, famosus, et du verbe
rofan ou réfan, appeler à haute voix. Le nom de geréfa
serait, de la sorte, synonyme de bannitor, officier qui pro-
clame les actes du roi ; héraut qui donne lecture des réquisi-
1. On lit dans les lois d'Eâdweard le Confesseur :
« Grève autem nomen est potestatis; apud nos aulem nieliil melius
videtur esse quam pra'fectura. Est enim multiplex nomen : grève enim
dicitur de scira, de wa'pentagiis, de hundredo, de burgis, de villis : et
videtur nobis coinpositum esse e grid angliee. quod est pax latine, et ve
latine, videlicet quod debet facere grid, i. e. paeem, ex illis qui inferunt
in terram ve, i. e. miseriam vel dolorem... Frisones et Flandrenses
comités suos meregrave vocant, quasi majores vel bonos pacificos: et sicut
modo vocantur grèves, qui habent pi'tefecluras super alios, ita tune
temporis voeabantur eldcreman. non propter senectiitem, sed propter
sapientiam », cap. XXXII.
LES SAXONS EN A.NGLETERBE 2/.)
titms appelanl les hommes Libres sous la bannière du roi ;
et la circonscription de cet officier, portait encore le nom de
mânung ou bannum (1). Par ce seul terme, nombre de
degrés divers d'autorité sont désignés, et quelqu'ait été, à,
l'origine, la signification de ce mot, on ne peut mettre en
doute la 1res haute antiquité de l'institution qu'il sert a
désigner.
Selon toute probabilité, les geréfan lurent les chefs
primitivement élus, qui présidaient les assemblées des
hommes libres du Ga, et qui promulguaient les lois dans Le -5
districts (2). Dans les constitutions germaniques et dans les
documents anglo-saxons, le geréfa apparaît toujours revêtu
de fonctions judiciaires : c'est lui qui tient la cour de
justice, disposition prévue dans les lois d'Eâdweard :
« Eâdweard, le roi, ordonne à tous les officiers (geréfan),
de tenir un gemôt, une fois les quatre semaines ; de veiller à
ce que chaque homme y ait ses droits consacrés, selon la
loi, et que les procès y reçoivent une solution rapide » (3).
Il est certain que les divers geréfan devaient être investis
de pouvoirs très différents, et qu'il ne pouvait y avoir d'ana-
logie entre le geréfa qui promulguait la loi dans le shire, et
celui qui délimitait, par son arbitrage, les champs de deux
voisins.
1° Le Heâhgeréfa. En général, le mot qui entre en com-
position avec geréfa, précise les fonctions particulières de
cet officier ; mais tel n'est pas le cas pour le heâhgeréfa, ou
haut-geréfa dont le caractère demeure incertain. Il est diffi-
cile de savoir si le rang eminent de cet officier, était attaché
1. .Edclst., V, 8, % 2, ?>, 4.
2. « Eliguntnr in iisdem conciliis cl principes, qui iura per pagos
vicosque reddunt », Tacit., Germ., XII.
3. Leg.Eadto., I, § 1, 2, 11 ; Thorpe, I, 158, 160, !(>'*.
-27f> itKi'W i ii
à s;i personne <>n à sa fonction, el si cette dernière étaii
exceptionnelle ou permanente.
On lit dans la Chronique saxonne, de l'an 778, qu\ Edel-
bald et He'ardberthl de Northumberland massacrèrent t rr>is
heâhgeréfan, Ealhwulf, fils de Bosa, Cynewulf et Ëcga : et la
conséquence immédiate de ces actes, parait avoir été la
déposition d'i^Edelred, auquel ^Elfwold succède, sur le
trône de Northumberland. Ces heâhgeréfan, étaient proba-
blement des chefs de l'armée d'^delred, et Siniéon de
Durham, en rapportant Je même fait, les qualifie de ducs.
(litcfs. En 7cS0, Siinéon mentionne encore connue ducs.
Osbald ci ^delheard, mais la Chronique saxonne les
appelle heâhgeréfan.
Cependant le heâhgëréfa avait un wergyld distinct, infé-
rieur à celui de l'ealdorman.
2° Le Scirgeréfa, ou Sheriff. Le scirgeréfa est, comme son
nom l'indique, le fonctionnaire placé à la tête du shire.
pa'glts, ou comté ; il est aussi appelé scirman ou scirigman (1).
C'est lui qui tient la cour du comté, scirgemot ou folcmot, et
il parait avoir été d'abord élu par le peuple, puis rangé sous
l'autorité royale, et contrôlé dans ses actes de juridiction,
par l'ealdorman, et par l'évêque, Car, dans la législation
anglo-saxonne, même du vm° siècle, l'ealdorman est en
droit et en fait, le chef du shire (2) ; mais il n'y a pas
d'apparence qu'il ait jamais siégé judiciairement, dans le
folcmot, sans l'assistance du sheriff, alors que ce dernier
pouvait y siéger, parfois, sans le duc.
D'habitude, la cour tenait ses assisses, sous la présidence
I. Leg. Ini, % 8: .Edelst. v. c, 8. § 2, 3, 4; yËdelwine scirman.. Cod.
DipL, no 761, .EHelwine scirgeréfa : Ibi/L. n° 732, Wulfsige preôsl
scirigman: and Wulfsige se scirigman: Ibid., n° 1288, Ufegeàt scire-
man ; Ibid., n° 902. Leôfric scii'csman : Ibid.. n° *Ji29.
t Leg. Ini. § 3G.
IIS SAXONS K\ ANGLETERRE "277
de t'ealdorman, d<* L'évêque el du scirgeréfa, qui y portait Le
titre d<> vicecomeSj vicedomimts. Sous le règne do Cnut, Le
shiremoot tenu à /Egëlnodesstân, étail composé ôVJEdelstân,
évêque d'Hereford, du duo Ranig, de sou lils Eâdwine, de
Leôfwine el de Durcytel, Le blanc, de Tofîg, missus du roi,
ol de Bryming, sheriff (Cod. Dipl., n° 7o.">), Mais, dans un
procès retentissant, sur des biens-fonds à Wouldham, dans
lo Kent, où l'archevêque Dunstân lui-même, était partie, le
Litige fut tranché, par Le soul sheriff ou shireman, Wulfsige
(Cod. Dipl., n° 1288) : au demeurant, l'évêque étant partie
au procès, ne pouvait siéger à la cour. Dans un différend de
même nature, à Snodland, dans le Kent, il n'est pas fait
mention de l'ealdorman, et l'on peut conclure de cette
absence, que la présence du sheriff à la cour de justice était
toujours nécessaire, alors que celle de l'ealdorman n'était
pas indispensable (l).
Par les dispositions des derniers rois de la période anglo-
saxonne, l'on voit que le scirgemôt ou cour du sheriff, tenait
ses assises, devant lesquelles étaient soumises les causes les
plus importantes (2).
Mais les fonctions judiciaires du scirgeréfa, n'étaient pas
les seules qu'il exerçât. Il était encore chargé de l'exécution
des lois, de la police supreme dans le comté, de la promul-
gation des lois, décrétées par le roi et son witena-gemôt (3).
Mais le scirgeréfa était surtout le principal officier fiscal
du comté. 11 percevait les amendes et les taxes foncières,
établies pour assurer les services publics (i). Le sheriff était
1. Kddsl.. [V,§ 1 ; Thorpe, [,220.
2. Leg Eadg., II. 5: Cnut, II, 18; Thorpe, I, 268, 386./
3. .Edelst.. I, § 26 : III, § 7: IV, £ 2; IX, § 8; Thorpe, I, 212, 219, 222,
262, 342,366; Eâdm , III. § 5 : Thorpe, I, 253, Leg. .Ivlelr., I, § 4:
Thorpe. I, 282.
4. Cod. Dipl., nos 1323, 328, 1258.
278
BEOWULF
lé chef de La milice ou levée des hommes Libres, qu'il prépa-
rait et convoquait à la guerre.
Si les fonctions du scirgeréfa ont pu être électives, au
début de La monarchie, elles furent données, par la suite, au
seul choix du roi. Le sheriff recevait du monarque, une part
des impôts qu'il avait perçus, et il était souvent possesseur
de propriétés étendues, dans le district. Des terres déter-
minées et inaliénables, dans le comté, pouvaient être attri-
buées au sheriff, car on rencontre dans les textes les mots
geréf-land, geréf-mâed, qui indiquent que les biens dont il
s'agit, étaient affectés non au slierili' lui-même, mais à sa
fonction.
On retrouve dans les chartes, les noms de quelques-uns
de ces officiers, dans les divers comtés :
Berks.
Devonshire .
Dorsetshire .
Essex. . .
Hampshire .
Herefordshire
Cyneweard (1).
Gôdric (2).
Hugh the Norman (3).
Alfred (4).
Leofcild (5).
Rodbeard steallcre (6).
Eadsige (7).
Eâdnôd steallere (8).
Jilfnôd (9).
Bryning" (10).
1. Cod. DipL, n° 948.
2. Ibid., n° 840.
3. Flor. Wig., an. 1008.
4. Cod. DipL, n°871.
5. Ibid., nos 788, 869,870.
6. Ibid., n° 859.
7. Ibid., n° 1337.
8. Ibid., n° 845.
9. Chron. sax., 1056.
■10. Cod. Dipt. y no 755.
LES SAXONS EN ANGLETERRE 279
Osbearn (1).
Ulfcytel(2).
Hertfordshire . . . Mfstàn(3).
Ësgâr steallerc i I).
Huntingdonshire . . .Eliïic(o).
Gyneric (G).
Kent Edelric (7).
^delwine (8).
Esgâr steallerc (9).
Leôfric (10).
Osweard (11).
Wulfsige preôst (12).
Wulistân (13).
Lincolnshire . . . Osgôd (14).
Middlesex Elfgeât (15).
Esgâr steallere (16).
Ulf (17).
Norfolk Eâdric(lS).
I. Cod . no 833.
i>. Ibid., n° 802.
3. Ibid , n° 945.
4. Ibid., n° 864
5. Ibid., n° 903.
6. Ibid . n° 90(>.
7. Ibid., nos 1323. 1325.
8. Ibid., nos 731, 732.
9. Ibid., no 827.
JO. Ibid , no 929.
\\. Ibid., nos «47, 85i.
12. Cod. DipL, n° 1288.
13 Ibid., n° 1258.
14. Ibid., n°13i9.
15. Ibid., no 885.
16 Ibid , no 855.
17. Ibid., n° 8'.3#
IS. Ibid., n° 785.
"280 iu;mw i i.i
Norfolk and Suffolk . Tolig (1).
Northampton . . Marleswegen 2 .
Nfordman 1 3).
Somersetshire . . . Godwine (4).
Tpfig (5).
Tauid or Touid (6).
Suffolk ..... J^HVic (7).
Tolig (8).
Warwickshire . . . Uua (9).
Wiltshire .... Eânwulf Penhearding (10).
Worcestershire . . Leofric (1 1).
II n'existe point de documents, permettant d'affirmer que
les fonctions du sheriff aient été annuelles, ou de quelque
autre durée limitée. Le clergé, comme on le peut voir, parmi
les noms ci-dessus, n'était pas exclu de cet office, de même
qu'au temps du paganisme, chez les nations du Nord, le
prêtre était souvent choisi pour juge, en dépit de son carac-
tère sacerdotal (12).
3° Le Cyninges Géré fa, ou officier royal. Dans bien des
cas, ce nom est employé comme synonyme de scîgeréfa.
Ainsi, .Elfred rappelle par deux fois, que le cyninges-
1 Ibid., no» 833, *75, <SS0, 881, 8cX<, 908. 911
2. Ibid , nos 806, 808.
3. Ibid., nos 863, 904.
4. Ibid., nos g34, 835. 836, 838.
5. Ibid., n° 821.
(') ïbid , nos s 17, 839, 917 926, 976.
7. Ibid., nos 832, 8'.2.
8. Ibid., nos 874, 905
9. Ibid., n° m.
10. Ibid , n° 328.
11. Ibid , nos 757, 898, 923.
12. « Si index vel sacerdos reperti l'nerint neqniler indicasse », Leg.
Visigoth., e. I , § 33.
LES SàXOWS EN ANGLETERRE w28|
geréfa siège dans le folnnot e,1 y administre la justice, ce
(jiii ne peut guère s'entendre <ju«* du sheriff (1). Cel officier
dut avoir, et l'on ne peul ici que hasarder des conjectures,
la connaissance des causes, où le roi était mêlé, tant comme
propriétaire privé, que comme personne publique. En 897,
on rapporte la mort de Lucemon, dans un engagement
contre les Danois : la Chronique le nomme, daes cyninges
geréfa : niais Henri de Hungtingdon (Lib. V), le qualifie de
« prœpositus regalis exercitus », donnant à entendre qu'il
s'agissait là, d'un chef militaire. Il y a donc une confusion
entre les fonctions de cet officier et celles du sheriff, et bien
que présentant de grandes analogies, elles durent être
distinctes, et le cyninges-geréfa seul, connaissait, sans doute,
des causes royales, proprement dites. Les autres officiers
royaux nommés dans les chartes, sont .Elfweard (Chron.
sax,, an. 1011) et .Elfgâr (God. Dip!., n° 693).
i° Le Burghgeréfa. Dans une ville fortifiée, généralement
désignée par le mot burh, il y avait un officier qui portait le
titre de burghgeréfa. La critique manque de détails sur ses
pouvoirs particuliers, mais il y a lieu de penser qu'ils étaient
semblables à ceux des autres geréfan. Le burghgeréfa parait
avoir été, principalement, un officier royal, commis à la
garde et à la défense de la forteresse. Les chartes renfer-
ment les noms : de Godwine, propositus civitatis Oxnafordi ;
d\Ldel\vig, prœpositus in Bucingaham ; d'Osulf et Ylcaerdon ,
propositi in Padstow (2). Un des devoirs de la charge de
cet officier, consistait à présider le burghemôt, qui se tenait
trois fois Fan (Leg. Eâdg., II, § 5), et il devait représenter
la cité, dans les juridictions supérieures. Le burghgeréfa
1. .K1IV., § ±2 ; ,-Edelred, III, § 13 : Cnut, H, § 8, 33 : Thorpe, I, 76.
82. 380. 39(>: Cod. Dip/., n° 789.
2. Cod. Dipl , n-s 950, 1289, 981 : Chron sax., an. 90(1.
282
HKOWTLK
semble avoir été sons La surveillance de L'ealdorman : on L'a
parfois comparé, el non sans raison, au praetor urbaniis <!<•
Rome cl au burgrave germanique, sans qu'on ait jamais j>u
déterminer La nature el l'importance exactes de ses ronc-
hons.
5° Le Portgeréfa. Gel officier présidait aux transactions
commerciales, «'tail électif, et connaissait de toutes causes
ayant trait au négoce : à Londres, il avait le rang de sheriff.
On relève dans Les chartes, les noms de Swétmanet .Llfsige,
pdrtgeréfan pour Londres et Canterbury : .Llfsige, pour
Bodmin, et Leôfcilcl, pour Bath (1). La meilleure partie des
revenus de cet officier, devait provenir des frais de justice,
dans les affaires dont il connaissait.
6° Le Wicgeréfa. Cet officier exerçait les mêmes fonctions
que les précédents, dans les villages, et dans les villes, for-
mées, à l'origine, d'un village.
Mais ce titre était parfois étendu à des officiers, qui se
trouvaient à la tête des villes royales. Ainsi la Chronique
saxonne (an. 897), mentionne Beornwulf comme ayant été
wicgeréfa, dans Winchester. Et dans les lois dïllodere et
d'Eâdric, (§ 16, Thorpe, I, 34) ce nom est donné à l'officier
du roi, à Londres : Cyninges wicgeréfa. Mais, en général, on
peut supposer que le wicgeréfa était un officier suhalterne,
et qu'il exerçait surtout ses fonctions, dans les villages
réputés propriétés ducales ou épiscopales ; les autres, qui
dépendaient de la Couronne, étant directement administrés
par le sheriff.
7° Le Tungeréfa. Le tûngcréfa est le villicus, ou bailli du
domaine sur lequel il a juridiction. Quand il était placé à la
1. Cod. DipL, nos 857, 861, 872, 799, 981, 929, 789, 993. Cf. Leg.
Eadw., § 1 ; Thorpe, I, 158; Eâdm , III,. g 5; Thorpe, I, 253; /Edelst., F,
| 12; Thorpe,!. 200.
LES SAXONS EN ANGLETERRE 283
tête des Pennes royales, il devait, en veillant aux détails de
la culture, maintenir la paix entre les travailleurs des
champs. A Londres, il paraît avoir été sous les ordres du
portgeréfa, et l'assistant de celui-ci (J^lelc, IV, 3).
D'après les lois d'^Elfred (.Klf., § 1, Thorpe, 1, 61), il était
encore chargé de la uourriture et de l'entretien des prison-
niers, el c'était lui, qui dans le domaine royal, était l'aumô-
nier du roi : .Ldelstan prescrit à son tûngeréfa, de donner à
un pauvre, un quartier de lard, une tonne de bière, des vête-
ments pour douze mois, et ce, pour la rémission de ses
péchés (JEdelst., I, § 1, Thorpe, I, 196).
8° Le Swângeréfa. Cet officier avait la juridiction des forêts,
et présidait la cour du Swainmoot, qui connaissait des diffé-
rends entre bergers et gardes des forêts ; des questions liti-
gieuses sur les pâtures, les porcs et les usages des biens
communs (Cod Dipl. n°219). L'organisation du swâna gemot
fut définitivement établie par la constitution de Cnut, de
Foresta (Thorpe, I, 246).
Le geréfa n'était pas nécessairement un officier royal : des
évêques, des caldormen, et même de simples nobles, avaient
pour veiller sur leurs domaines un geréfa, qui rendait la jus-
tice entre les serfs, comme le scirgeréfa^ l'administrait, dans
le shirc, entre les hommes libres. La fonction essentielle du
geréfa est donc essentiellement judiciaire, quelque soit l'ini-
portanec de son rang, depuis l'officier royal, jusqu'au simple
intendant des domaines d'un seigneur (1).
1. Cf. Ini, § 03: Cod. Dipl., nos 931, 8'*!.
CHAPITRE V
Le Witena Gemot
Les barbares germains qui avaient contribué à la conquête
romaine de l'Angleterre, s'étaient établis dans ce pays, en y
apportant leurs mœurs propres, et les institutions de Leur
ancienne patrie. Dans l'association volontaire qu'ils far-
inaient entre eux, chacun conservait, avec un reste de liberté
et d'initiative individuelles, le droit de parler et de délibérer,
sur les intérêts généraux de la communauté. Celle-ci n'était
pas trop nombreuse pour être consultée, et le souci de leur
sécurité garantissait la fidélité de ses membres : car le
Germain captif ou déserteur, ne pouvait attendre de ses
ennemis, que la mort ou une longue servitude. Le danger
commun, créait entre tous, une solidarité de fait.
Ces associations étaient bien constituées, en vue de béné-
fices communs, et pour assurer à leurs membres la garantie
de leurs possessions. L'intérêt général et l'intérêt individuel
se trouvaient ainsi liés. Mais le principe d'égalité chez tous
les membres de la communauté, entraînait celui de la loi de
Ja majorité. Si la minorité était faible, elle devait se sou-
mettre ou s'insurger contre la volonté générale : si elle se
trouvait, par le nombre et par les ressources, capable
d'action efficace, elle pouvait renoncera l'alliance, et aller
vers de nouveaux établissements.
LES saxons IN ANGLETERRE 285
Quand le ùoriibre dos citoyens n'est pas excessif, le suf-
frage de la majorité s'exprime dans une assemblée publique,
où sont présents tous los membres de l'Ftat. L'existence <lo
semblables conseils ou assemblées, chez les Germains, appa-
raît aux premiers temps de leur histoire. Tacite los a Longue-
ment décrites (Germ., XI, XII, XIII) :
« ... Dans les affaires dv moindre importance, les chefs se
consultent entre eux ; dans les affaires pins conséquentes,
ils consultent tout le corps do la nation... Ils se réunissent,
à moins d'événement inattendu, a dos joues tixes, à la nou-
velle, ou à la pleine lnne... Ils siègent en armes... Alors lo
roi, le prince, ou (ont autre homme autorise à parler quel-
qu'un de renommé pour son age, sa nohlesse, ou ses vertus
guerrières... Si son opinion n'est point partagée par l'assem-
blée, celle-ci l'accueille par des murmures ; si elle est
agréée, les hommes choquent leurs lances, en signe d'as-
sentiment... Dans les mêmes conseils on élit les princes qui
feront exécuter les lois dans les provinces... »
Tel lut le parlement teuton à son début, et toutes les
autres assemhlées, dénommées shiremoots, markmoots,
placita, ou fôlemots, lui furent analogues chez les Francs,
sous les Mérovingiens, et même sous les Carolingiens.
Charlemagne tenait des parlements deux fois Tan, en mai
et à l'automne, pour l'administration générale des affaires
publiques. La première de ces assemblées était composée
des principaux officiers de l'état, qu'on qualifie successive-
mont de Maiorés, Seniores, Optimates. File préparait les
travaux d'une seconde assemblée où n'étaient admis que les
seniores, et les conseillers intimes du roi. On examinait, dans
ces assises, les questions de droit et de politique générale
qui seraient soumises à l'assemblée publique. Puis les mem-
bres de ce conseil, après leurs délibérations secrètes, se
constituaient en cour do justice et d'appel, pour connaître
286 BEOWULF
des causes qui excédaient la compétence des juridictions
ordinaires (1).
Los assemblées générales so tenaient on plein air, ou dans
des edifices propres à ce dessein Los ecclésiastiques et les
magnats y siégeaient, en dehors de la foule. Chaque ordre
avail à sa disposition des locaux spéciaux, pour y délibérer
sur ses intérêts particuliers : le clergé se consultait sur les
matières purement ecclésiastiques ; les magnats, sur leurs
intérêts civils, et les doux ordres se réunissaient, quand les
matières sur lesquelles ils devaient délibérer, présentaient
un caractère mixte. De ces conseils sortaient des projets de
loi, que le roi approuvait ou infirmait, selon les cas.
Pendant ces délibérations, au dire d'Hincmar (2), le roi se
mêlait à la foule, recevant les vœux de son peuple ; interro-
1. « Sed nec illud pradermittendum, quomodo, si lempus serenum erai,
extra, sin autem intra, diversa loca distincta erant ; nbi et hi abundanter
segregati Femotim, et camera multitude) separatim residere potuissent,
priustamen cseterœ inferiores persona* interesse minime potuissent. Qua1
utraque senorium susceptacula sic in duobus divisa erant, ul primo
omnes episcopi, abbates, vel huiusmodi honorifieentiores elerici, absque
ulla laicorum commixtione congregarenlur; similiter comités vel huius-
modi principes sibimet honorificabililer a ca'tera mulliludine primo mane
segregarentur, quousque tempus, sive praesenle sive absente rege occur-
rerent. Et tune praedicli Seniores more solito, elerici ad suam, laici vero
ad suam constitutam curiam, subsclliis similiter honorificabililer prsepa-
ratis, convocarentur. Qui cum separati a cœteris essent, in eorum mane-
bat potestate, quando simul, vel quando separati résidèrent, prout eos
tractandse causa' qualitas docebat, sive de spiritatibus, sive de saicula-
ribus, seueliam commixtis. Similiter, si propter aliquam vescendi [? nos-
cendi] vel investigandi causa m (juemcunque vocare voluissent, et [? anj
re comperta diseederet, in eorum voluntate manebat . » Hincmaf, c. 35.
2. « Interim vero, quo hœc in regis absentia agebantur, ipse prinrejis
reliqua' multitudini in suscipiendis muneribus, salutandis proceribus,
confabulando rarius visis, compatiendo senioribus, congaudendo iuniori-
bus, et ca?tera his similia tam in spiritalibus, quamque et in ssneularibus
occupatus erat. Ita tamen, quotiuscunque segregatorum volunlas esset
ad eos veniret » Ilincmar, c. 35.
LES SAXONS EN ANGLETERRE "287
-caul les uns, répondant aux autres, Après la promulgation
des lois, le roi entendail un compte rendu de la situation
générale el particulière du royaume et dos districts, puis,
L'assemblée était dissoute. Quand des additions, ou capitula,
étaient laites aux anciennes lois, des missi dominici allaient,
par les provinces, recueillir l'adhésion des hommes libres,
qui transformait en lois du pays, ces propositions.
Tandis ([lie le district reste peu étendu, ce mode de pro-
céder, demeure sans inconvénient. Mais on ne le conçoit
plus pratiquement, du jour ou le comté devient royaume, et
quand le royaume s'est transformé en empire. Ainsi l'assis-
tance aux assemblées du Campus Maduis, sous Charlemagne,
devait être pour ceux qui y étaient convoqués, une lourde
charge. Le cultivateur pour se rendre à ces assises, devait
traverser des solitudes et des forêts sans voies de communi-
cation, et abandonner ses travaux. En Angleterre, les mêmes
difficultés surgissent, quand l'homme libre doit franchir les
limites de son shire. D'autre part, il ne peut prendre
d'intérêt, dans la rédaction s'appliquant à de nombreux dis-
tricts en dehors du sien, et son concours n'offre point d'uti-
lité, dès lors qu'il s'agit de prendre des mesures administra-
tives, s'appliquant à des régions dont il ignore les caractères
et les besoins. L'homme dut donc toujours s'efforcer de faire
peser sur autrui une pareille charge, et c'est de lui-même
qu'il chercha à se faire représenter à l'assemblée. Il trouvait,
en effet, près de lui, le riche propriétaire foncier, qui pou-
vait quitter ses domaines, en les laissant, pendant son
absence, aux soins de ses intendants; le scirgeréfa, l'ealdor-
inan, accoutumés aux détails de l'administration publique ;
1 évèque ou l'abbé, renommés pour leur science ; tous ceux
qui, en un mot, avaient la faculté de s'absenter momenta-
nément du district.
Encore le roi devait-il accueillir avec empressement, ces
288 iii:o\\ ( i.r
hommes qui formaient avec lui la classe dirigeante, dont il
étail Le chef. Les liens «l'alliance ou de consanguinité, l'unis-
saient à la plupart des membres de ce conseil. Ceux-ci se
trouvaient être encore les conseillers de la nation, connais-
sant ses besoins divers, et représentant ses droits auprès de
la Couronne. Car L'Etat anglo-saxon est une aristocratie, a la
tête de Laquelle se trouve placé Le roi, qui ne peut régner
qu'avec Le concours constant de la noblesse et des hommes
libres, dont celle-ci l'ait partie. Dans les nombreux docu-
ments sur ces assemblées, on relève sur les actes, les signa-
tures du roi, des aedelings ou princes de sang, des arche-
vêques, des évéques et des abbés, puis d'une Longue suite de
milites, ministri, ou thanes, officiers royaux et gerefân, dans
les sbires (1).
Quoiqu'on général, les membres du gemot soient nommés
en saxon, witan, ils sont encore désignés dans les ebartes,
par des titres latins (2) : ils sont nommés maiores natu,
sapientes, principes, senatores, primates, optimates, ma-
gnates, procuratores patria*. Mais quels qu'aient été leurs
titres, ils sont regardés comme représentant toute la nation,
et la volonté nationale : en effet, dans une charte d'.Edelstan
(an. 931), il est dit qu'un acte a été promulgué, tot a pleins
generalitate miaule, avec l'approbation de tout le peuple (3),
et un acte de l'an 931, passé à Winchester, porte encore,
dans ses dispositions, la mention : loin popali generali-
tate (4). I^c plus grand nombre de signatures sur les chartes
ne dépasse pas 106, et n'est pas inférieur à 90 (5), après
rétablissement définitif de la monarchie. En des temps plus
1. Leg. .E del st., V. § 10.
2. Cod. dipl., no* 361, 1 102, 1105, 1107. 1108.
3. [bid. , no 1103.
4. Ibid., n<> 304.
5. Ibid., nos 353, -364, 1.107
LES SAXONS EN ANGLETERRE 289
reculés, ce nombre dut être moindre, puisque Bècle rapporte
(Hist. EccL, II, 13) que le gemot réuni pour décider de
l'adoption du christianisme dans le Northumberland, fut
tenu dans une chambre, et que Dunstan se rencontra dans un
local identique, avec les witan d'Angleterre (Ghron. sax.,
an. 978).
Les membres du witena gemot n'étaient pas élus, et si au
début, leur représentation fut élective, elle cessa de l'être du
jour où les scirgeréfan et les ealdormen ne furent plus élus
par le peuple (1).
Le nom particulier, en saxon, de ces assemblées est
witena gemot ; littéralement, la réunion des witan. Mais on
rencontre encore : micel gemot, la grande assemblée ;
sinodlic gemot, l'assemblée synodale ; seonod, le synode.
Les noms latins appliqués au witena gemot sont concilium,
conventus, synodus, synodale conciliabulum. Quoique syno-
dus et seonod semblent se rapporter plutôt à des réunions
ecclésiastiques qu'à des assemblées laïques, il n'apparaît
pas que les Saxons aient fait, ici, de distinction, attendu que
1. « In Saxonum gente priscis temporibus neque summi cœlestisque
regis inerat notitia, ut digna cultai eius exhiberetur reverentia, neque
terreni alicuius regis dignitas et honorificentia, cuius regeretur provi-
dentia, corrigeretur censura, defenderetur industria : sed erat gens ipsa,
siculi nunc usque consistit, ordine tripartito divisa. Sunt denique ibi, qui
illorum lingua tdilingi, sunt qui frîlingi, surit qui lassi dicuntur, quod
in latina sonat lingua, nobiles, ingenuiles atque serviles. Pro suo vero
libitu, consilio quoque, ut videbatur, prudenti, singulis pagis principes
praeerant singuli. Statuto quoque tempore anni scmel ex singulis pagis,
atque ab eisdem ordinibus tripartitis, singillatim viri duodecim elccti, et
in unum collecti, in media Saxonia secus flumen Wiseram et locum
Marklo nuncupatum, exercebant générale concilium, tractantes, sancien-
tes et propalantes communis commoda utilitatis, iuxta placilum a se sta-
tula3 legis. Sed etsi forte belli terreret exitium, si pacis arrideret gau-
dium, consulebant ad bœc quid sibi foret agendum. » Pertz, monum. If,
361, 362.
19
290 BEOWULF
1rs affaires tanl ecclésiastiques que séculières, étaient sou-
mises à la même assemblée. Mais il demeure probable,
comme dans Le système de La monarchie franque, que le
clergé délibérait seul avec le roi sur les matières purement
ecclésiastiques. Il y a des actes sur lesquels ne sont apposées
que les signatures du clergé, alors que dans d'autres docu-
ments, ces dernières sont suivies et confirmées par celles
des laïcs (1).
Les pouvoirs du witena gemot
1° En premier lieu et d'une manière générale, les witan
avaient voix deliberative, et jouissaient du droll d'examen de
tout acte public qui devait Hre promulgué par le roi.
1. « Kegnante lui, Westsaxonum rege, subilanea qusedam incubuerat,
nova quadam seditione exorla, nécessitas, et statim synodale a prima-
tibus a>cclesiarum cum consilio prœdicti regis servorum Dei factum est
concilium : nioxque omnibus in unum convenientibus, saluberrima de
hac recenii dissentione consilii qua'stio inter sacerdotales œcclesiastici
ordinis gradus sapienter exoritur, et prudentiori inito eonsultu, fidèles in
Domino legatos ad archiepiscopum Cantuariœ civitatis, nomine Berdit-
waldum, destinandos deputarunt, ne eorum praisumptione aut temeri-
tate adseriberetur, si quid sine tanti pontificis agerent consilio. Cumque
omnis senatus et uni versus clericorum ordo tam providenti peracta con-
latione consentirent » Pertz., IL 338.
« Theodoricus rex Francorum, cum esset Cathalaunis, elegit viros
sapientes. qui in regno suo legibus antiquis eruditi erant : ipso autem
dictante, iussit conscribere legem Francorum, Alemannorum et Baiuva-
rioruni », etc. Eichhorn, I, 273. « Incipit Lex Alamannorum, quœ tem-
poribus Hlodharii regis (an. 613-628) una cum principibus suis, id sunt
XXXIII episcopis, et XXIV ducibus, et LXII comitibus, vel caetero populo
constitua est. » Eichhorn, I, 274, note a. « In Christi nomine, incipit Lex
Alamannorum, qui temporibus Lanfrido iilio Godofrido renovata est.
Gonvenitenim maioribus nalu populo allamannorum una cum duci eorum
lanfrido vel citerorun populo adunato ut si quilibet », etc. Eich-
liorn, I, 274, note c. « Ut omnis legum Romanarum, et antiqui iuris
LES SA\<»NS KN ANGLETERRE 291
2° Les witan délibéraient sur la rédaction des lois nou-
velles qui devaient être ajoutées au folcriht existant, et qui
ètaient_alor s promulguées de leur propre autorité et de celle
du roi. Bède, dans son Histoire, s'exprime ainsi, à propos
d'iEdelberht (1) :
« Parmi les bienfaits qu'il prodigua à son peuple, il con-
vient de citer les lois qu'il lui donna, sur l'avis de ses
witan, selon l'usage des Romains, et qui ont été écrites en
langue anglaise... »
La promulgation de ces lois était un acte de la double
autorité du roi et des witan. Les préliminaires des lois de
Wihtrâed sont ainsi conçus :
«... Sous le règne du plus clément des rois des hommes
du Kent, Wihtrâed,... dans l'assemblée des hommes illustres
du royaume,... lui-même et ces derniers ont décrété, d'une
voix unanime, ces lois qu'ils ajoutent aux coutumes déjà
existantes... » (2).
Le début des lois d'Ini est formulé en des termes iden-
tiques :
« lui, par la grâce de Dieu, roi des Saxons de l'Ouest, a
promulgué les lois suivantes, avee l'assistance et l'avis de
Génred, son père, des évêques Hedde et Ercenwold, de
tous ses ealdormen, et des plus sages de ses witan... » (3).
Les préambules des lois dVElfred sont conçus en termes
identiques :
obscuritas, adhibitis sacerdotibus ac nobilibus viris, in lucein inlclli^en-
tiii' motions deductn resplendeat. Quibus omnibus enueleatis atque in
uniuii librum prudentium electione collectis, h<ec quœ excerpta sunt, vel
clariori interpretatione composita, venerabilium Episcoporum, vel electo-
nim provincialium nostroruiù roboravit adsensus. » Eichhorn, 1, 280.
noie bb.
1. Hist. Eccl., Il, 5.
2. Thorpe, I, 36.
3. il, ut.. I, 102.
292 BEOWULF
« J'ai, Alfred, roi des Saxons de l'Ouest, soumis ces textes
à tous mes witan qui oui déclaré les tenir pour bons. <>t les
regarder comme lois » (1).
Les lois d'Eâdweard, comme celles d'Hlodhere, ne ren-
ferment pas de préliminaires. Eâdmund, au conseil de
GulintoD, débute ainsi (2) :
« Ceci est le décret qu'Eâdmund, le roi, ses évêques et ses
witan ont rendu à Culinton, sur le maintien de la paix, et sur
la réception des serments de fidélité. »
En 1008, .Edelred promulgue la disposition suivante (3) :
« Voici l'ordonnance que le roi des Anglais a rendue, sur
lavis de ses witan, tant clercs que lais... »
Il résulte de l'examen de ees textes, que les witan exer-
cèrent, conjointement avec le roi, les pouvoirs législatifs, et
même qu'ils pouvaient l'exercer sans le roi, alors que celui-ci
ne pouvait se passer de leur concours. Car en eux était
représentée la nation, dont ils exprimaient la volonté, en la
dirigeant.
3° Les witan avaient le pouvoir de contracter des alliances
et des traités de paix, et d'en arrêter les termes. Après la
défaite des Danois par ^Elfred, en 878, intervint un traité de
paix entre ce roi et le vaincu, Gudorm .Edelstan. Le premier
article de cet acte essentiel, est ainsi formulé (4) :
(( Telle est la paix qu'^Elfred, le roi', et tous les witan de
la nation anglaise, et tout le peuple de TEastanglia, ont
arrêtée et confirmée par serment, pour eux-mêmes, et pour
leurs descendants, nés ou ànaitre... »
i° Les witan avaient le pouvoir délire le roi. La dignité
1. Thorpe, I, 59.
2. Ibid., I, 2-44, 240
3. Ibid , I, 30'k 314, 316, 318, 340, 342, 350, 358, 376, Cf /Edelr.,
Vil, § 24, Ibid., 1. 334, yEdelr IX, § 3(3, Ibid., I, 348.
4. Ibid., I, 452.
LES SAXONS EN ANGLETERRE 293
royale était, chez les Anglo-Saxons, mi-héréditaire et mi-
élective. Les rois étaient généralement choisis dans des
maisons illustres, mais les witan se réservaient le droit
délire la personne qu'ils voulaient voir régner. Les exem-
ples sont nombreux de cas où les fils, ou descendants directs
du roi, sont écartés du trône, en faveur d'un frère ou d'un
autre prince, que la nation jugeait plus digne de régner.
L'avènement au trône dVElfred eut lieu dans de telles condi-
tions, et au détriment des enfants de son frère aîné : car la
nation voulait sur le trône un prince énergique et guerrier,
de sorte qu'Alfred, fort de la volonté de tous, eût pu en cas
d'opposition, détrôner son frère Eldelred, et régner à sa
place (1).
Florent de Worcester rapporte, pour l'année 959, qu'Eâd-
gar fut élu par tout le peuple d'Angleterre :
« Ab omni Anglorum populo electus... regnum suscepit ».
En 979, la Chronique saxonne poursuit :
« Cette année /Edelred prit les rênes du royaume... et
il fut sacré roi à Kingston, parmi la joie de ses witan
anglais... »
On lit dans la même Chronique, qu'à la mort de Swegen,
en 1014, l'armée avait élu roi, Cnut :
« Mais tous les witan qui étaient en Angleterre, clercs et
lais, décidèrent d'aller quérir le roi JMelred, et ils décla-
rèrent qu'aucun autre roi ne leur pouvait être plus agréable
que leur seigneur naturel... »
Cependant Cnut l'emporta, et après l'extinction de sa
dynastie, tout le peuple élut Eâdweard le Confesseur, en
1042 :
1. « .Elfredus a ducibus et a praesulibus totius genlis eligitur, et non
solum ab ipsis, verumetiam ab omni populo adoratur, ut eis praeesset,
ad faeiendam vindictam in nationibus, increpationesin populis. » An. 871 .
Siméon de Durham.
2\ > \ BEOWULF
« Et, ajoute La Chronique, cotte année-là, mourut Harda-
cnut, tandis qu'il buvait à sa table... Tout Le peuple acclama
roi Eâdweard, comme c'était là sou droit naturel... »
5° Les witan (iraient le droit de dévoser le roi, si son
gouvernement ne répondait pas au bien du people. En fait,
l'exercice d'un pareil droit fut rare : l'histoire anglo-saxonne
a' en fournit qu'un exemple : en 755, les witan «le Wessex,
indignés des exactions du roi Sigeberht, le déposèrent, et
nommèrent à sa place, son parent, Gynewulf. Ce fait histo-
rique est rapporté par plusieurs auteurs. La Chronique
saxonne de Fan 755, le mentionne brièvement :
« Cette année-là, Cynewulf et ses witan privèrent Sige-
berht de son royaume, excepté du Hampshire, pour ses
démérites. »
Florent de Worcester (Flor. Wig., an. 755) donne une his-
toire aussi peu détaillée de cet événement, qu'Henri de
Huntingdon rapporte assez longuement, et Siméon de
Durham cite un roi du Northumberland, Alcred, comme
ayant été déposé et exilé, du consentement de tout son
peuple (1).
6° Le roi et ses witan avaient le pouvoir de nommer les
prélats aux sièges épiscopaux vacants. On trouve de nom-
1. « Sigebertus rex, in principle secundi anni regni sui. cum incorrigi-
bilis superbia' et nequitia^ esset, congregati sunt proceres et populus
totius regni, et pro vida deliberatione, et unanimi consensu omnium expul-
sus est a regno. Kinewulf vero, iuvenis egregius, de regia stirpe oriun-
dus, electus est in regem. » Hen. Hunt., Hist. Aug. lib. IV.
« Eodem tempore, Alcredus rex, consilio et consensu omnium suorum,
regia1 familise principum destitutus societate, exilio imperii mutavit
maiestatem. » Sim. Dun. an. 774. « Sed cum Aldoaldus eversa mente
insaniret, de regno eiectus est. » Paul. Diac. Langob., IV, 43. « Generali
nomine rex appellatur Hendinos, etritu veteri, potestate deposita remo-
vetur, si sub eo i'ortuna titubaverit belli, vel segetum copiam negaverit
terra. » Amm. Man., XXXIIÏ. 5.
LES SAXONS EN ANGLETERRE 295
breux exemples de pareilles nominations, dans la Chronique
saxonne, pour les années 971, 995, 1050. Ainsi, en 959,
Dûnstan fut élu archevêque de Canterbury, dans les condi-
tions suivantes :
u Dehinc beatus Dunstanus, /Lthelmi archiepiscopi ex
fratre nepos, Glaestaniae abbas, post Huicciorum et Lon-
doniensium episcopus, ex respectu divino et sapientum con-
silio. prima4 metropolis Anglorum primas et patriarcha. »
(Flor. Wig., an. 959).
7° Ils avaient également le pouvoir de statuer sur les
matières ecclésiastiques ; d ordonner des jeûnes, des aumônes,
d'arrêter le jour des fêtes religieuses, et de fixer le montant
des contributions dues au clergé.
Les fêtes de saint Eâdweard et de saint Dûnstân furent
fixées par les witan, au quinzième jour des calendes d'avril,
et au quatorzième de celles de juin (1).
Les lois renferment encore des dispositions touchant aux
aumônes volontaires efforcées, à l'observation des jeûnes, à
la célébration dominicale, aux règles monastiques, et aux
dispenses et prohibitions de mariage (2).
8" Le roi et les witan avaient le pouvoir de lever des
impôts pour assurer les services publics.
Au début, les contributions des hommes libres durent être
volontaires, mais elles perdirent bientôt ce caractère, et
furent comprises sous la dénomination de cyninges gafol,
ayant pour assiette, la mesure territoriale du hide. Au temps
d'Ini, les witan fixent le montant de cette contribution, en
orge, à six livres, par hide de terrain (3). Des impôts nou-
veaux sont votés, pour les indemnités de la guerre danoise,
1. /Edelr., V, § 16, Cnut, I, § 47, Thorpe, I, 310, 370.
2. Cnut, ï, § 14, 15, 16, Ibid., I, 368; /Edelr., fX, § 6, VI, §41; Ibid.,
1,342, 328.
3. [ni, § 59, Ibid., I, 140.
296 BEOWULF
sous ^Edelred, et pour l'entretien de la flotte : en 1018, ces
taxes s'élevaient, quand riles furent supprimées après trente-
neuf ans, par Eâdweard, à 82.500 livres (1).
9° Le roi et ses witan avaient le pouvoir de mobiliser les
forces de /erre et de mer, quand les circonstances F exigeaient.
Le roi avait le droit propre d'appeler le ban des hommes
libres et de requérir, eu tout état de cause, les services des
comités et de leurs vassaux. Mais quand les circonstances
exigeaient la levée et l'équipement de troupes plus considé-
rables, le roi devait réunir les witan, pour convoquer
l'arrière-ban ou hereban. On lit dans la Chronique, qu'en
999, le roi et les witan ordonnèrent des armements contre
les Danois, et des prières publiques. Après la volonté expri-
mée du roi et des witan, ces levées extraordinaires dépen-
daient encore, en fait, du consentement national, et Svein,
roi des Danois, ayant fait appel à Eâdweard le Confesseur,
contre Magnus de Norvège, le peuple s'opposa, à l'unani-
mité, à ce qu'une flotte fût envoyée à son secours (2).
1 0° Les witan avaient le pouvoir de conférer et de ratifier
des concessions de terres, et iï autoriser la conversion de
fôlcland en ôocland, et réciproquement .
Toute concession de terre, du fait royal, à titre onéreux ou
gratuit, est toujours accompagnée, dans le Codex Diploma-
tics, de la mention « cum consilio, consensu, et licentia
procerum ». Et la nécessité de ce double consentement
s'explique, en ce que de pareils actes entraînaient la con-
version de biens publics, ou fôlcland, en domaines privés, ou
bôcland. Du même coup, les revenus publics dont le roi et
les witan étaient les administrateurs fiduciaires, se trouvaient
atteints, sauf dans le cas où il s'agissait d'un simple échange :
1. Cf. Chron. saxon. , an. 1006, 1008, 1018, 1052
2. Flor., 1047, 1048.
LES SAXONS EN ANGLETERRE 297
en 858 (l), le roi et son l liane Wulflâf, échangèrent des
domaines dans Le Kent, ^delberht recevant cinq hides de
terres à Mersham, contre cinq qu'il donnait à Wassingwell.
Le consentemenl ties witan, comme représentants de la
nation, est encore nécessaire quand des terres sont attribuées
au roi lui-même, comme personne privée.
En 847, Edelwulf de Wessex obtint de ses witan, vingt
hides de terres à Ham. La concession en est rédigée en ces
termes :
« Moi .Edelwulf, par la grâce de Dieu, roi des Saxons de
l'Ouest, avec le consentement et la licence de mes évêques et
de mes princes, je me suis attribué une terre de vingt hides
d'étendue, en héritage... » (2). Offa, roi de Mercie, se fait
concéder cent dix hides de terres conquises dans le Kent, de
l'assentiment de ses conseillers (3). En !)64, le roi Eâdgar
dota son épouse, ^Elfdryd, de dix hides de terres à Aston,
dans le Berkshire, « consilio satellitum, pontificum, comitum,
militum » (4).
11° Les witan avaient le pouvoir d'attribuer à la Couronne
les biens de ceux qui étaient morts intestats et de confisquer
au profit du roi, les domaines des condamnés de droit
commun.
.Elfred, condamné pour trahison et rébellion contre ^Edel-
stân, perdit ses biens par jugement des witan, qui les con-
fisquèrent au profit du roi (5). Encore voit-on les domaines
d'hommes libres, condamnés pour vol, attribués à la Cou-
ronne, avec la mention (6) :
i. Cod. Dipl:, n° 284.
2. Ibid., n°260.
3. Ibid., no 4019.
4. Ibid., no 125li.
5. Ibid . n° 4442.
6. Ibid., n° 374.
298 BEOWULF
« liisfo valde iudicio totius populi, seniorum el prima-
1 11 m ».
Cinquante hides de terres constitués en majorat, par
Ecgberht, en 825, au profit d'Aulton, à Winchester, lui
lirriii retour à La mort du bénéficiaire infestai (1).
12° Les witan agissaient comme juridiction suprême, tant
an civil qu'au criminel.
Ces pouvoirs sont confirmés par de nombreux documents
qui se retrouvent à foutes les pages du Codex Diplomaticus,
avec les noms des parties, l'objet de la cause, les phases du
procès... Mais la justice du gemot semble avoir été mise eu
doute par les contemporains eux-mêmes. Un corps politique
aussi nombreux ne pouvait faire preuve d'équité bien grande :
les violences de la majorité emportaient maintes fois les
suffrages, et des sentences rigoureuses telles que la mort, la
perte des yeux, la mise hors la loi, étaient prononcées par
la haute cour des witan, pour des crimes, et dans des
desseins, le plus souvent, politiques.
Tels sont les divers pouvoirs, très étendus, du gemot.
D'ordinaire, le roi convoquait celui-ci, à quelque domaine
royal, aux fêtes de Pâques, ou à la Noël : les witan pouvaient
être réunis d'urgence, quand les circonstances l'exigeaient.
L'assemblée s'ouvrait par un service religieux, et par l'affir-
mation, chez ses membres, de leur adhésion à la foi catho-
lique (2). Le roi leur soumettait alors les propositions sur les-
quelles ils devaient délibérer, et celles-ci étaient acceptées,
modifiées, ou rejetées. Puis, des messagers royaux allaient
recueillir par les sbires, l'adhésion et le serment de fidélité
des hommes libres, aux lois nouvelles. Le peuple est donc
associé aux votes des witan, et saisi de leurs résultats, étant
1. Cod. DipL, no 1035.
2. Ibid., n° 4019.
LES SAXONS EN ANGLETERRE 299
donné ce principe de La législation fceutone, que La Loi nail
dos volontés jointes, du roi et de son peuple4. (Test ce qui
explique que les capitula étaient signifiés aux homines libres
du shire, qui leur donnaient une adhésion personnelle. Sur
chaque Loi, préparée et votée par les witan, il y avait une
sorte de plebiscite4 qui la ratifiait, ou qui la rejetait définiti-
vement.
Bien que les personnages essentiels fussent seuls nom-
mes dans la composition du gemot, il est probable qu'en
fait, l'homme libre du voisinage y devait venir, en armes,
sinon pour y délibérer, du moins pour ajouter son acclama-
tion à celle qui accueillait tonte mesure favorable à la
majorité du peuple (1), dont la présence réelle ou fictive ne
fut jamais obligatoire. Car ce sont les membres mêmes du
gemot qui représentent le peuple, dans cette assemblée.
Des dispositions ordonnées par Sigeberbt, sont rapportées
comme ayant été prises, dans une assemblée procernm et
populi (2). Une charte d'Ini, en 723, est consentie, cum
prœsentia populations (3). Le 28 mai 92i, un gemot se
réunit à Winchester, tota populi generalitate, et une autre
assemblée s'ouvre à Wordig, en 931, tota plebis generali-
tate (4), .Edelstan, en 938, déclare que certaines terres ont
été confisquées au profit de la Couronne, du consentement
du peuple, des seniores et des primates, et que les chartes,
à leur origine, étaient octroyées par un acte solennel du
peuple entier.
Que le mot peuple ait été employé dans un sens res-
trictif ou plus général, et quelque vague qu'ait été, en ces
1. « Et dixit omnis populis qui ibi «ulerat. Fiat, Fiai. Amen. » Cod.
Dipl., no 1129.
2. Hon. Hunt., lib. IV.
3. Cod. Dipt., no 7:*.
I. Tbid., nos H03, :J64, 186.
MO BEOWl LF
temps, L'idée de représentation, elle n'en existe pas moins à
L'état virtuel, et d'aucuns ont pu voir, dans ces premières
assemblées délibérantes, formellement respectueuses de la
volonté nationale, le premier germe des institutions parle-
mentaires en Angleterre.
CHAPITRE VI
Les Villes
La ville bretonne, au temps de César, ne présentait qu'une
sorte de citadelle, entourée dun rempart ou d'un fossé
creusé, pour arrêter momentanément, les incursions de
l'ennemi. C'est ainsi que s'étaient formées les oppida de
Cassivelaunus, Caratac ou Galgacus, qui résistèrent souvent
au génie du général romain. Mais de telles villes n'avaient
qu'une importance politique ou stratégique, et ne compor-
taient point d'unité administrative, ou de centre économique.
Ce furent des colonies, avec ces derniers caractères qui
constituent intégralement une ville, que les Romains lais-
sèrent sur tous les points de la Bretagne, où les municipia
apparurent de tous côtés. Leur tâche fut facilitée par
l'accroissement de la population, car César rapporte que les
demeures des Bretons étaient nombreuses, comme dans les
cités des Gaules (1). Moins de quatre-vingts ans après le
retour des Romains en Bretagne, et quarante ans après la
soumission complète de l'île, par Agricola, Ptolémée, au
commencement du ne siècle, vers l'an 120, énumère cinquante-
4. « Greberrima aedificia, fere Gallicis consimilia ». Bell. GalL, V, 12.
M)2
111 ii\\ i i.i
si\ viles en Bretagne, doni I existence détail pas toujours
due aux efforts de La civilisation romaine 1).
César, en effet, ne l'ait pas oiention de Londres, quoiqu'il
est difficile de supposer qu'à l'époque de La conquête,
romaine, cette ville n'ait pas été un centre important.
Londres fut longtemps la ville principale des Cantii, que
César a dépeints, comme le peuple le plus poli de la Bre-
tagne, et les marchands qui taisaient le trafic aux rives
Districts
Villes
Districts
Villes
Novantae.
Loucopibia.
Parisi' . . .
Petuaria.
Rhetigonium.
Ordovices . .
Mediolianium.
Selgovae . .
Carbantorigum.
Brannogenium.
Uxelum.
Cornabii . .
Deuana.
Corda.
Viroconium.
Trimontium .
Coritavi . .
Lindum.
Damnii .
Colània.
Rhage.
Vanduara.
Catyeuchlani .
Salenae.
Coria.
Urolaniuni.
Alauna.
Simeni . .
Venla.
Lindurn.
ïrinoantes. .
Camudolanum.
Victoria.
Demetœ . .
Luentinium.
Otadeni . .
Curia.
Maridunuin.
Bremenium.
Silures . . .
Bullaeum.
Vacomagi
Banatia.
Dobuni . . .
Corinium .
Tameia.
Atrebatii .
Nalkua .
ïuesis .
Cantii . . .
Londinium.
Venicontes .
Orrhea.
Darvenurn.
Texal i . . .
De v ana.
Rlmtupiae.
Brigantes. .
Epeiacum.
Rhegni . . .
Naeomagus
Vinnovium.
Belgae . . .
Iscbalis.
Gaturhactonium.
The Hot Springs
Calatum.
Venta.
Isurium.
Durotriges . .
Dunium.
Rhigodunum.
Dumnonii .
Voliba.
0 lie an a.
Ixcla.
Eboracum .
Tamare.
Oiniunlodunum.
Isca.
LES SAXONS K\ kNGLETERRI 'M)\i
anglaises, ne devaient pas ignorer celle ville, silure sur les
bords d'un grand Ûeuve, ei à une distance peu éloignée de
La mer. A cenl soixante ans de distance, Londres esl
renommé comme centre commercial (1), qui avait pu se
développer, sous L'égide romaine, pendant un siècle de paix.
Mais Londres ne fut pas une colonia romaine : la première
ville qui reçut ce titre, avec les avantagés qui s'y ratta-
chaient, fut Gamelodunum, probablement le breton, Gair
Golun, et aujourd'hui, Colchester, dans L'Essex.
Après la victoire des légions, les vaincus, à limitation des
vainqueurs, multiplièrent les municipes et les colonies.
Henry de Huntingdon, Asser et la Chronique saxonne citent
parmi les villes romaines en Angleterre :
Londinium, Verulamium, Colonia, Glevum (Gloucester),
Venta Belgarum ( Winchester), Venta Icenorum (Norwich),
Venta Silurum (Cair Gwint), Durocornovium ou Gorinium
(Cirencester), Calleva Atrebatum (Silchester), Eboracum
(York), Uxella (Exeter), Aquœ Solis (Bath), Durnovaria
(Dorchester), Regnum (Chichester), Durocovernum (Canter-
bury), Iriconium (Wroxeter), et Linduni (Lincoln). Ces
villes comprenaient une population romaine importante : les
ruines de leurs théâtres, de leurs villas, de leurs bains et de
leurs fortifications, l'attestent.
Dans la constitution de la cité romaine, sous la République,
le corps entier des citoyens prend part aux délibérations, tou-
chant les affaires municipales. Les fonctions administra-
tives, cependant, sont dévolues à une classe privilégiée de
citoyens : aux Curiales, Decuriones, Ordo Decurionum,
Senatus. Ceux-ci étaient au corps des citoyens, ce que fut
1. « Al Suetonius mira constantia medios inler hostes Londinium per-
rexil, cognomenlo quidem colonia' non insigne, sed copia negotiatorum
et commeatum maxime célèbre. » Tacite, Ann., XIV, 33.
3(M BEOWULF
Le Sénat, sous les Empereurs, vis-à-vis des citoyens de Rome.
Leurs fonctions étaient héréditaires, et quand La nécessité
exigeait de nouvelles nominations, ces corps privilégiés,
s'adjoignaient d'eux-mêmes, et propria jure, de nouveaux
membres. Dans ce collège de Décurions étaient choisis Les
magistrates , qui constituaient le pouvoir exécutif suprême
de la province : ces derniers devaient être élus pour un an,
et portaient différents noms dans les diverses cités, d'après
leur nombre : Duumviri, Quatuorviri, et rarement, Consules.
Une pareille organisation se retrouvait, avec ses caractères
essentiels, dans Tadministrations des provinces, soumises à la
domination romaine. Mais tous les actes delà vie administra-
tive des cités, étaient soumis au pouvoir régulateur et au
contrôle du Consularis, Legatus ou Procurator, et aux autres
officiers militaires et fiscaux. Les fonctionnaires de la pro-
vince étaient bien élus par l'Orclo ou Curia, niais sur la
présentation du gouverneur romain. En fait, leur juridiction
était très limitée et subissait sans cesse les empiétements des
fonctionnaires de l'empire.
Les décurions provinciaux formaient donc une sorte de
noblesse, distinguée par le rang, les privilèges et par ses
propres richesses. Ils demeuraient responsables de la per-
ception entière des impôts, et subissaient, souvent, les
exactions des officiers impériaux (1), ce qui explique quà la
1. « Ceterum animorum provincial prudens, simulque doctus per aliéna
expérimenta, parum proficiarmis, si iniuriœ sequerentur, causas bellorum
statuil excidere. . Frumenti et tributorum exactionem aequalitate mune-
rum mollire, circumeisis, quai in quaestum reperta, ipso tributo gravius
lolerabantur : namque per ludibrium adsidere clausis horreis, et emerc
ultro frumenta, ac vendere pretio cogebantur : devortia itinerum et lon-
ginquitas regionum indicebatur, ut civitates a proximis hybernis in
remota et avia déferrent, donee, quod omnibus in promtu erat,, paueis
lucrosum fieret. » Tac, Agric, XIX. « Britanni agi tare inter se mala ser-
vitutis, conferre iniuras et interpretando accendere : nihil profîci patientia,
LES SAXONS EN ANGLETERRE 305
décadence romaine, on dut forcer des citoyens à accepter ces
charges sans profit, signe de La misérable condition des pro-
vinces sons les derniers empereurs.
D'antres cités moins favorisées étaient gouvernées comme
des préfectures, par un envoyé direct de Rome, qui centrali-
sait en lui, toute la vie administrative. Dans ces villes, les
fonctions des Décimons étaient encore diminuées : ils
n'avaient plus que la police de la voirie et des marchés, la
garde des poids et mesures. D'autre part, peu de cités jouis-
saient du jus italic um ou droit de former une association
municipale, identique à celle des villes d'Italie. Vers la fin
du ive siècle, dans toutes les cités qui ne jouissaient pas de
pareils privilèges, on trouve un officier particulier, le
Defensor civitatis, qui devait être élu par tout le corps des
citoyens et qui représentait l'élément populaire contre les
empiétements de l'aristocratie, contre les Duumviri et le
Senatus. Dans la plupart des villes de la Gaule, ce furent les
évêques qui remplirent cette charge, ce qui les mit souvent
en rapport avec les envahisseurs barbares (1).
Gomment ces principes de gouvernement et d'administra-
tion publique étaient-ils appliqués à la Grande-Bretagne?
Gelle-ci fut toujours regardée par le vainqueur, comme la
province lointaine sur laquelle il pouvait faire peser le plus
lourdement son joug", et le poids de ses impôts arbitraires.
Quelques phrases de Tacite, demeurent les seules sources
historiques sur la domination romaine en Angleterre. Gettc
nisi ni. graviora, tanquam ex t'acili tolerantibus, imperentur : singulos
sibi olim reges fuisse, nunc binos imponi : e quibus Legatus in sanguinem,
Procurator in bona sœviret. Aeque discordiam Prœpositorum, œque con-
cordiam subiectis exiliosam, alterius nianus, cenluriones alterius, vim et
eontumelias miscere. Nihil iani cupiditati, nihil libidini exceptum.
Tac, Agric, XV.
1. Sâvighy, Rom. Rechf., 1, 53.
806 MlnWILK
domination parait avoir été violente, jusqu'au gouvememenl
d'Agricole qui s'efforça de détruire Le sentiment national
chez les Bretons, par L'introduction des arts el du Luxe,
parmi Le peuple^ Ce u'étail pas La civilisation seule qu'i]
répandait par toute L'île, mais L'esclavage <les besoins nou-
veaux auquel il asservissait ces rudes barbares (1). Des
temples s'élevèrent, des forums, des bains, des portiques : Le
Breton vinl s'asseoir aux festins de Home, et ressentit bientôt
l'influence dissolvante du vainqueur. Mais jamais les Bretons
ne furent admis à jouir des bienfaits proprement dits de la
civilisation, ou à tenir un rang dans le gouvernemenl <le Leur
pays. Telle paraît avoir été, sous la domination romaine, la
condition générale des peuples bretons. Durant les invasions
d'Attila, les Bretons, abandonnés des Romains, sans con-
science nationale du danger, furent livrés bientôt aux enva-
hisseurs, et se mêlèrent à lui, sans souci de reconquérir leur
indépendance, jusqu'au jour où s'effacèrent les derniers
vestiges de l'établissement des Romains.
Même avant le retrait des légions d'Angleterre, l'appau-
vrissement du sol avait contraint la population à se presser
en foule dans les cités, et pendant les invasions des Pietés,
les campagnes furent entièrement désertées au profit des
4. « Sequens hyems salubernmis eonsiliisabsuiupta : namque, ut homi-
nes dispersi ac rudes, eoque in bella faciles, quieli et otio per voluptates
adsuescerent, horlari privatim, adiuvare publiée, ut tenipla, fora, domus
exstruerent, laudando promtos et castigando segnes : ita honoris aemula-
tio pro necessitate erat. I.amvero prineipum filios liberalibus artibuseru-
dire, et ingénia Britannorum studiis Gallonmi anteferre, ut qui modo
linguain Romananm abnuebant, êloquentiam concupiscerènt Inde ctiam
habitus nostri lionor el frequens toga : paullatimque diseessuin ad delini-
menta vitiorum. porticus et balnea et convivioruni elegantiam : idquê
apud imperitos bumanitas vocabatur, cum pars servitntis esse! » Tac.,
Agric, XXI. « Qiuedam civitates Cogidumno régi donata1... vetere ac
iam pridem recepta populi Romani eonsnetudine, ut baberet instrumenta
servitutis et reges », Agric, XIV.
LES SAXONS K.N ANGLETERRE 'M)l
villes (jui devenaient, ainsi, un asile temporaire et un refuge
durant les guerres intestines. Los Saxons, peuple agricole,
s'établirent avec lours troupeaux, près des forets et des
marais qui avoisinaiont los villes, et ils devinrent bientôt les
maîtres de toutes les communications du pays (1). Mais le
triomphe définitif des Saxons ne fut pas obtenu sans lutte,
ear, ça et là, se manifestèrent néanmoins, des velléités de
résistance, bientôt vaincues par les envahisseurs.
La constitution urbaine, chez les Saxons, parait avoir été
la suivante : les hommes libres s'unissent en associations
appelées gt/lr/s, qui formaient un corps entier ou Burhwaru,
gyld des bourgeois. Ces associations jouissaient d'une sorte
de personnalité civile et avaient la capacité juridique
entière : leurs membres se juraient une amitié fraternelle, et
promettaient de toujours s'entraider. On peut retrouver là,
l'origine des communes-jurées, communœ ou commun'm,
qui résisteront à l'oppression de l'évêque ou du baron. De
telles organisations plaçaient une ville sur le pied d'égalité,
vis-à-vis d'autres pouvoirs constitués. Encore peut-on suivre
le développement de diverses villes anglaises, à la fin des
guerres danoises, et après les victoires successives des
1. « Siconim et hic agente impio victore, immo disponenteiusto iudice,
proximas quasque civilaies agrosque dopopulans, ab oriental i man usque
ad occidentale, nullo prohibente, suum continua vit incendium, totamque
propre insula? pereuntis superficiem obtexit Ruebant œdifîcia publica
simul et privata, passim sacerdotes inter altaria trucidabantur, praesules
cum populis, sine ullo respectu honoris, ferro pariter et flammis absu-
nii'hautiir ; nec erat qui crudeliter interemptos sepulturae traderet. Ila-
que nonnulli de miserandis reliquiis. inmontibuscomprehensi acervalim
iugulabantur ; alii faîne confecti procedentes inanus hostibus datant, pro
accipiendis alimentorum subsidiis sternum subit u ri servitium, si tamen
non coniinuo trucidarentur : ali transmarinas regiones dolentes pete-
banl : alii perstantes in patria pauperem vilain in montibus, silvis vel
rupibus arduis. suspecta semper mente, agebant », Beda, Hist. Eccl.,
i, 15.
.'{OS BEOWULF
enfants d'Alfred, Eâdweard roi de Wessex, .Edelflâed,
duchesse de Mercie.
Par le traité de paix entre Alfred et Gudorm, de vastes
territoires au nord et au sud de l'Angleterre, furent aban-
donnés à ce dernier, et à ses alliés Scandinaves, (les contrées
avaient, à des dates reculées, compris d'importantes cites
et des forteresses, dont la plupart avaient été détruites pen-
dant les guerres, qui avaient abouti à l'expulsion des rois de
Northumberland et de Mercie. Les efforts dVElfred avaient
réussi à sauver les royaumes de ses ancêtres, le Wessex et
le Kent, et par les articles de Wedmor, il était entré en
possession d'une notable partie de la Mercie. Au sud et au
nord de ces lignes, les Scandinaves s'étaient établis sur les
terres abandonnées par la population saxonne, alors que
dans le nord, une confédération puissante s'était maintenue,
comprenant sept burghs ou cités, York, Lincoln, Leicester,
Derby, Nottingham, Stamford et Chester. Mais peu à peu,
les Scandinaves furent affaiblis par leurs querelles intestines,
et une ère de revanches fécondes s'ouvrit pour les vaincus.
Les Scandinaves successivement refoulés, durent bientôt se
soumettre aux armes saxonnes, et le pays fut protégé par
une ligne imposante de forteresses.
La reine /Edelflâed, notamment, fait fortifier les places
suivantes : en 910, le burgh de Bremesbyrig ; en 913, ceux
de Tamworth et Stafford ; en 915, Gherbury, Warborough
et Runcorn. En 917, elle s'empare de la place forte de
Derby ; en 918, de Leicester, et après la soumission de York,
la même année, elle dissout la confédération des « sept
burghs ».
L'activité d'Eâdweard ne fut pas moins grande : il élève
des places fortes, en 913, à Hertford, à Witharn et à
Buckingham. En 921, il entoure Towchester de fortifications,
et la même année, il relève celles d'Huntingdon, de Col-
LES SAXONS EN ANi.LETKRKK 309
chestcr et de Gledemouth. Enfin, en 923, il fortifie Thelwall,
Manchester et Nottingham.
Parmi ces villes, la cité de Londres, dans ses constitu-
tions, présenta surtout les caractères d'association munici-
pale libre, bien qu'au vne siècle, clans la loi d'illodaere, il
est question d'un gouverneur royal dans cette ville (1).
En 886, .Elfred, victorieux sur tous les points de l'Angle-
terre, s'attache à la cité de Londres dont il exhausse l'en-
ceinte fortifiée, et annexe la ville elle-même à la Mercie,
érigée en duché au profit d'.Ldelred (2). A la mort de ce
prince, Eadweard s'empara d'Oxford et de Londres, et il
demeure probable qu'il fit gouverner ces deux cités, par
des burhgeréfan royaux, qu'il y déléguait (3). C'est alors
qu'apparait l'important document, « Judicia Givitatis », qui
constitue pour la cité de Londres, le titre originaire de ses
franchises municipales. Les citoyens élisent, dans leur sein,
des portgeréfan ou portreeves (4), à qui les ordres royaux
sont transmis, comme aux sheriffs, dans les comtés. Mais il
parait probable que l'élection de ces officiers par leurs con-
citoyens, devait être ratifiée par l'autorité royale.
L'origine des corps municipaux, dans toutes les cités
anglo-saxonnes, parait remonter à l'élection populaire des
1. Leg. Mod., § 16 ; Thorpe, I, 34.
2. « (iesette .Elf red cyning Lundenburg.. and he da befœste da burg
.Ederede aldormen to healdanne », Chron. sax., an. 886 « Eodein anno
.-Elf red, Angulsaxonum rex. post incendia urbium, stragesque populo-
rum. Londoniam civitatem honorifice reslauravit. et habitabilem fecit :
qua m generi suo /Ederedo, Merciorum comiti, commendavit servan-
dam ». Asser, Vit., /Elf., ann. 886.
3. Chron. sax., an. 912.
4. Swétman, portgeréfa, Cod. Dipl., no 857; /Elfsige, ibid., nos 858,
861; Ulf, ibid., no 872, Ci' Thorpe, «- dc Institutis Londoniae », § 4. I, 301,
Cod. Dipl., no 293, Leg , /Edelr., Ill, § 8, 16; IV, § 5, 9 ; Thorpe. I, 246,
298, 301, 303, Leg., Eâdw., § 1, .Edelst., I, § 12, 13 ; III, § 2; V. § 10;
Thorpe, I, 158, 206.218, 240.
;iio
BKOWULF
jurés qui, dans les marchés et les foires, témoignaient des
ventes 'f dos achats, H qui connaissaient des différends qui
s\ rapportaient. Leur décision ou veredictum, était obliga-
toire pour 1rs parties. Los lois d'Eâdgar portent dans les
grands burghs, (summus portus), Le nombre de ces officiers
à trente-trois: ils prêtaienl serment d'accomplir loyalement
leur tâche (1).
Ces fonctions durent être permanentes, et les « geaédedan
men » ou jurati, constituèrent, par la suite, une juridiction
urbaine déterminée. On voit en eux, le germe d'une institu-
tion municipale, d'une corporation qui assiste le geréfa. Ce
sont là, les « boni et légales hommes », les « testes credi-
hiles », « da gôdan men », les « Scabini » ou « Eschevins »,
dont parlent les textes. Ils furent, en fait, et durant tout le
moyen âge, les représentants et les défenseurs de tous les
droits, franchises et privilèges municipaux.
Les détails historiques sur la vie et l'évolution de ces corps
municipaux, font entièrement défaut Parfois seulement,
lrouve-t-on mentionné un officier particulier, le « propositus
civitatis » ; le tûngerefa, qui veillait au recouvrement des
tailles, et le caccepol, véritable collecteur d'impôts (2).
Ce n'est que par conjecture, et sans base critique, que
l'histoire peut se former l'idée et l'image d'une ville
anglo-saxonne. Au centre des rues commerçantes, la cathé-
drale devait s'élever, avec la maison commune et son beffroi :
çà et là, un marché, la masse des maisons, les demeures de
l'évêque, du souverain et des officiers de la cour; puis tout
à l'entour, une forteresse imposante, symbole des franchises
communales qu'elle défendait, dans la paix armée.
1 . Leg., Eadg. , § 3, 4, 5 ; Thorpe, I, 274.
2. Inst. Lond., § 3 : Thorpe, J, 301.
CHAPITRE Vil
L'Evèque
Dès les origines, il existait chez les Anglo-Saxons païens,
une classe sacerdotale hiérarchisée, avec des prêtres et des
grands-prêtres. De même, après l'instauration du christia-
nisme, rencontre-t-on les degrés de la prêtrise, de Tépisco-
pat, de larchidiocèse, et enfin, du patriarcat. En Angleterre,
comme par ailleurs, l'introduction du christianisme fut suivi
de rétablissement des évèques.
En 396, quand Kome semblait prête à céder sous l'effort
des barbares, le pape Grégoire envoyait aux îles lointaines
d'Angleterre, Augustin et ses quarante missionnaires. Ils
passèrent par les Gaules, où l'apôtre devait recevoir la
consécration épiscopale, et ils pénétrèrent dans le Kent, où
.Edelberht leur permit de prêcher à ses sujets, la doctrine
chrétienne. En peu de temps, les efforts des missionnaires
furent couronnés de succès : Canterbury, Rochester, Londres
reçurent la foi, et les Scots eux-mêmes se convertirent au
christianisme (1), avec toutes les provinces du centre de
l'Angleterre.
1. « Scottos voro per Daganum episcopum in liane, quam superius
memoravimus, iiisiil.im (sc. Britanniam) el Columbarium abbatem in
Gallis venientem, nihil discrepare a Brittonibus in eorum conversatione
didicimus. Nam Daganns episcopue ad nos veniens, non solum cibum
.'JI2 BEOWULF
C esl alors que furenl fondés des évêchés dans les divers
royaumes. L'intention de Grégoire était de créer deux arche-
vêques, avec douze évoques suflragants : l'un ayant sa cathé-
drale à Londres ; l'autre, à York. Mais des événements poli-
tiques s'opposèrent à L'exécution de ce plan : l'archevêque de
Canterbury devint primat de la plupart des diocèses d'Angle-
terre, alors que le siège d'York, après avoir été tenu par
Paulinus, eut pour titulaire, pendant près d'un siècle, un
simple évêque. Mais les premiers prélats ne furent, en fait,
que des missionnaires qui commençaient leurs conversions
par celle du roi et de sa maison, alors que la doctrine du
christianisme, à son origine, s'était répandue des petits aux
grands.
D'ordinaire, la conversion d'un roi était suivie de l'établis-
sement, dans sa capitale, d'un siège episcopal. Jusqu'au
ixc siècle, et jusqu'à l'invasion des Normands, les sièges
épiscopaux d'Angleterre pouvaient être rangés dans l'ordre
suivant :
Province de Canterbury : 1. Lichfield; 2. Leicester
3. Lincoln ; 4. Worcester ; 5. Hereford ; 6. Sherborne
7. Winchester; 8. Elmham ; 9. Dummoc ; 10. Londres
11. Rochester ; 12 Sesley.
Ainsi, en comptant Canterbury et York, il y avait dix-sept
sièges épiscopaux en Angleterre, à cette époque. Plus tard,
quelques-uns de ces évêchés disparurent, tels Lindisfarn,
Hexham, Whiterne et Dummoc ; d'autres furent créés, comme
nobiseum, sed nec in eodem hospitio quo vescebamur, sumere voluit »,
Beda, Hist. Eccl, II. 4. « Qui ordinati sunt Scottorum vel Brittonum
episcopi, qui in Pascha vel tonsura catholiese non sunt adunati aecclesia»,
iterum a catholico episcopo manus impositione confirmentur. Licentiam
quoque non habemus eis poscentibus chrisma vel eucharistiam dare, nisi
ante confessi fuerint velle nobiseum esse in unitate aecclesiae. Et qui ex
eorum similiter gente, vel quicumque de baptismo suo dubitaverit, bap-
tizetur », Cap. Theod '., Thorpe, II, 64.
LES SAXONS en ANGLETERRE 313
ceux de Durham, pour Le Northumberland ; de Dorchester,
pour Lincoln, et dans le Wessex, de Ramsbury.
Les premiers évêques des Saxons furent nécessairement
«les étrangers. Et c'étaient dos Romains, parmi les prêtres
indigènes, qui s'asseyaient sur les trônes des cathédrales de
Canterbury, de Rochester et de Londres, cependant que
Félix évangélisait L'Eastanglia, et qu'Irinus faisait, dans le
Wessex, ses prédications. Mais ce ne fut qu'à la fin du
vue siècle, et sous l'archevêque Théodore de Tarse, que
l'église d'Angleterre, composée d'éléments si disparates,
réalisa son unité définitive.
L'autorité de ce prélat fut admise par toute l'église des
Angles, lorsqu'il eut été solennellement consacré à Canter-
bury, en 668. Et depuis cette date, les prélats s'assemblaient
souvent en des synodes provinciaux, sous la direction du
métropolite, pour y délibérer sur le dogme et sur les articles
de la foi.
L'archevêque et ses suffragants étaient sous la dépendance
immédiate de Home : c'était d'elle qu'ils recevaient le pal-
lium, et l'investiture canonique (1) ; c'est à elle qu'en appe-
1. « Denuo Romam nuntii eius venerunt, sanctumque sedis Aposlolicae
pontificem adlocuti sunt, eique prioris amicitiae, fœdera, quae misericor-
dilerab anlecessore suo, Sanclo Bonifalio eiusque familiae conlata sunt,
manifestaverunt : sed et devotam eius in futurum liumilitatis apostolicae
sedi subiectionem narraverunt, et ut familiaritati ac communioni sancti
pontiticis atqne totius sedis apostolic^ ex hoc devote subiectus communi-
caret, (juemadmodurn edocti erant, praecabantur. Statimergo sedis apos-
tolicae Papa pacificum profert responsum, et suam sedisque apostolicae
familiaritis et amicitiae communionem lam sanclo Bonit'atio quam etiam
sibi sLibiectis condonavit. sumptoque archiepiscopatus pallio, cum niune-
ribus diversisque sanctorum reliquiis legatos honorifice remisit ad
patriam ». Pertz. II, 345. « In Galliarum episcopis nullam til)i auctorita-
tem ti'ibuimus; quia ab aatiquis praedecessorum meorum temporibus
pallium Arelntensis episcopus accepit, quem nos ppivare auctoritate per-
cepta minime debemus »... « Et quia nova Anglorum aecclesia ad omni-
•
9
.'È1 \ BEOWULF
Laienl los prélats et au \ nr m cric, c'esl Le pape qui sanctionne
In formation d'un troisième siège episcopal, suffragan! <lo
potentis Dei gratiam, eodem Domino largiente el te laborante, perducta
est, iisiiiii tibi pallii in ea ;i<l sola missarum solërnnia agenda concédi-
iinis : itti ui per loea singula duodecim episcopos ordines, qui tuae su l*i;« -
ceint ditioni, quatenus Lundoniensis civitatis episcopus semper in poste-
rum a synodo propria debeal consecrari, atque honoris pallium ab hac
sancta et apostolica, oui Dco auctore deservio, sede precipiat. Ad Ebura-
cam vei'o civitatem le volumus episeopum mittere, quern ipse iudicaveris
ordihare; ita duntaxal, ut si eadem ci vitas cum finitimis locis verbum
Dei receperit, ipse quoque duodecim episcopos ordinet, el metropolitan!
honore perfruatur ; quia ei quoque, si vita comes i'uerit, pallium tribuere
Domino favénte disponimus », Beda, Hist. Eccl., I, 27, 2(J.
«. Duo pallia Utrorumque metropolitanorum, id est Honorio et Paulino
direximus, ut dum quis eorum de hoc saeculo ad A.uctorem suum fuerit
arcessitus, in loco ipsius alter episeopum ex hac auctoritate debeat subro-
gare », ibid., II, 17.
« Ne sit necesse ad Romanam usque civitatem per tam prolixa ter-
rarum et maris spatia. pro ordinando archiepiscopo semper fatigari »,
ibid., II, 18.
Les archevêques dont les noms suivent, sont cités par les divers auteurs,
comme ayant reçu de Rome, le pallium :
Canterbury. — Tâtwine, Sim. Dun., an 733
Nôdhelm, Chron. sax., an. 736; Flor. Wig., an 736.
Cûdbcrht. Rog. Wend. . I, 227, an. 740.
Eânberht, Chron. sax., an. 764; Flor. Wig., an. 764.
WuliVed, Chron. sax., an. 804; Flor. Wig., an 804;
Rog. Wend., an. 806
Ceôlnôd, Chron. sax., an. 831, Flor. Wig., an. 831.
York. — Ecgberht, an. 745; Rog. Wend., I, 228.
Alherht, Sim. Dun., an. 773.
Eânbald, I, Chron. sax., an. 780; Flor. Wig., an. 781 ; Sim.
Dun., an 780.
Eânbald II, Chron. sax., an. 797 ; Sim. Dun., an. 797.
Oswald, Flor. Wig., an. 973.
Mais la coutume s'établit pour les prélats, d'aller recevoir, en personne,
le pallium à Rome ;
Canterbury. - .Elfsige, Flor. WTig., an. 950.
Dûnstân, Flor. Wig., an. 960.
Sigerie, Chron. sax., an. 990.
LES SAXONS EN ANGLETERRE 315
l'archevêque de Canterbury, el la même autorité papale,
dans les premières années du iv siècle, annule ces dispo-
sitions.
Après la mort des premiers missionnaires envoyés par la
papauté, en Angleterre, ce furent les représentants des
familles saxonnes, les plus nobles et les plus puissantes, qui
furent pourvus des hautes charges et dignités ecclésiastiques.
Berhtwald, le huitième archevêque de Canterbury, était allié
au roi de Mercie, ^Edelred; l'évêque Aldhelm était apparenté
à la famille royale de Wessex, et jusqu'à la Conquête, cette
union de la haute église et de l'aristocratie, se poursuit dans
l'Ktat, où le prélat siège à côté de Fealdorman, aux assises
du witena gemot, et le clergé avait tous les suffrages publics,
pour le pouvoir modérateur qu'il y exerçait, pour sa média-
tion entre le riche et le pauvre, le fort et le faible et pour la
conscience et l'abnégation avec lequel il s'acquittait de ces
devoirs. Et c'est pourquoi la royauté anglo-saxonne, forte des
vœux et du consentement populaires, reconnaissait les
évêques, pour officiers d'état.
Les circonstances politiques qui entouraient l'établissement
du christianisme en Angleterre, mirent en matière ecclésias-
tique, des pouvoirs très étendus de contrôle et d'autorité,
aux mains du roi. Dès le début, on voit celui-ci jouer un rôle
. Flfric, Chron. sax., an. 965.
/Elfheâh, Chron. sax., an 1007.
.Edelnôd, Chron. sax , an. 1022; Flor. Wig.. \n. 1022.
Rodbyrht, Chron. sax , an 1018.
York. — .Elfric, Chron. sax , an. 1020, Flor. Wig., an 4020.
Aldred, Rog. Wend., I, 502, an . 100t.
« Conquestus sum iterum coram domino papa et mihi valde displicere
causabar, quod mei archiepiscôpi in tantum angariabantur immensitate
pccuniarum quœ ab eis cxpetcbatur, dura pro pallio aecipiendo, secun-
dum morem, apostolicam sedcm {jetèrent; decretumque est ne ita dein-
ceps fierel », Epist. Cnul. apud Flor. Wig., 1031.
316 BEOWULF
prépondérant dans La création des sièges épiscopaux, dans
la nomination des titulaires, et dans tous les rapports de
L'église nouvelle avec l'Etat. Les privilèges et les droits
accordés au clergé, Tétaient par un acte du roi et de ^<is
witan qui approuvaient, en général, toutes nominations ou
élections dans le corps de l'église. C'était plutôt, en fait, un
acte de la volonté royale qu'une élection populaire, qui nom-
mait lévéque à son siège. Cette proposition est illustrée par
un exemple du vu0 siècle. Un Franc, .Kgilberht, avait suc-
cédé, dans le Wessex, à Dirinus, premier évèque-mission-
naire, mais ayant perdu la faveur du roi (1), son diocèse fut
divisé en deux parties, et un autre prélat, Wini, fut nommé
à ce second évêché. ^Egïlberht se retira d'Angleterre, et son
siège fut conféré par le roi à Wini, et ce dernier ayant perdu
son diocèse, pendant les guerres, sollicita de Wulfhari, roi
des Merciens, l'évêché de Londres.
1. « Gum vero restituais esset in regnum Coinwalch, venit in provin-
ciam de Hibernia pontii'ex quidam nomine Agilberctus, natione quidem
Gallus. sed tunc legendarum gratia Scripturarum in Hibernia non parvo
tempore demoratus, coniunxitque se régi, sponte minislerium prœdicandi
adsumens : cuius eruditionem atque industriam videns rex rogaviteum,
accepta ibi sede episcopali, sua? genti manere pontificem. Qui precibus
eius adnuens, multis annis eidem genti sacerdotali iure praefuit. Tandem
rex, qui Saxonum tantum linguam noverat, pertœsus barbara; loquela^,
subintroduxit in provinciam alium suœ linguae episcopum vocabulo Uini,
et ipsum in Gallia ordinatum dividensque induas parochias provinciam,
huic in civitate Venta, quae a gente Saxonum Uintancestir appellatur,
sedem episcopalem tribuit; unde offensus graviter Agilberctus, quod hoc
ipso ineonsulto ageret rex, rediit Galliam, et accepto episcopatu Pari-
siacae civitatis, ibidem senex et plenus dierum obiit. Non multis autem
annis post abcessum eius a Britannia transactis, pulsus est Uini ab eodem
rege de episcopatu ; qui secedens ad regem Merciorum, vocabulo Uulfheri,
emit prelio ab eodem sedem Lundoniœ civitatis, eiusque episcopus usque
ad vitœ sua; terminum mansit »... « Quo honorifîce a populo et a rege
suscepto, rogaverunt Theodorum, tune arebiepiscopum Doruvernensis
ecclesiœ, ipsum sibi antistitem consecrari », Hist. Ecct ., III, 27. Cf. Will.
Malm, de Gest Pontif. lib., IL
LES SAXONS EN ANGLETERRE 317
Quand la nomination ou l'élection de L'évêque avait été
faite ou approuvée, il était d'usage que ce dernier fit sa pro-
fession de foi devant son archevêque, dont il recevait ensuite
la consécration episcopate, avec l'assistance des autres suf-
fragants. Après cette cérémonie, il était investi de la saisine
temporelle des biens de son diocèse, et ce, par charte royale.
En 1060, on trouve un document de cette sorte, pour les
biens temporels de l'évêque Walther, dans le diocèse
d'Hereford (Cod. Dipl., n° 833) :
« Eadwardus rex saluto Haroldum comitem et Osbear-
nuni, et omnes meos ministros in Herefordensi comitatu
aniicabiliter. Et ego notilico vobis quod ego concessi Waltero
episcopo istum episcopatum hic vobiscum, et omnia universa
ilia qua* ad ipsum cuni iusticia pertinent infra portum et
extra, cum saca et cum socna, tam plene et tam plane sicut
ipsum aliquis episcopus ante ipsum prius habuit in omnibus
rebus. Et si illic sit aliqua terra extra dimissa quse illuc intus
cum iustitia pertinet, ego volo quod ipsa reveniat in ipsum
episcopatum, vel ille homo ipsam dimittat eidem in suopraetio,
si quis ipsam cum eo in venire possit. Et ego nolo ullum
hominem licentiare quod ei de manibus rapiat aliquam suam
rem quam ipse iuste habere debet, et ego ei sic concessi. »
Les évêques (1) paraissent avoir reçu, les uns des autres,
1 « ^ Eadwardus rex Haroldo comiti, Ailnodo abbati, (îodwino viceco-
miti, et omnibus ballivis suis Somerset*, salutem ! Sciatis nos dédisse
Gisoni presbytero nostro episcopatum hune apud vos cum omnibus per
tinentiis, in bosco et piano, et saca et socna, in villis et extra, ita plene et
libère in omnibus sicut episcopus Dudocus aut aliqui pnedecessorum suo-
rum habuerunl ; et si quid inde contra iustitiam fuerit sublatuin, volu-
mus quod revocetur, vel quod aliter ei salisi'aciat. Kogamus etiam vos
ut auxiliari eidem veliMs ad Christianitatem sustinandam si necesse
habuerit, nolumus autem ut ultns hominum ei auferat aliquid eorum
quae ei contulimus », Cod. Dipl., n° 835.
« * Eadwardus rex Haroldo comiti. Ailnodo abbati, Godwino, et omni-
318 iw.nw l LI
l,i consécration épiscopale, pour éviter les Longueurs et les
dépenses du voyage à Rome. En 7,'Jl. Tâtwine l'ut sacré à
Canterbury, par Daniel, [ngwald, Aldwine ei Aldwulf,
respectivement évêques de Winchester, Londres, Worcester
et Rochester I l, et Le pape Grégoire III reconnut La validité
de cette consécration, en envoyant le pallium à Tâtwine, Tan
733. Le roi recevait une notification du sacre, par le prélat
consécrateur lui-même, et Wûlfstan, archevêque d'York,
annonce en ces termes à Cnut, la consécration de l'arche-
vêque iEdelnod (2) ;
« Wûlfstan l'archevêque salue Cnut, et JSlgyfu, sa dame,
très humblement : il leur notifie à tous deux qu il aime,
qu'il a consacré, avec leur plaisir, . Ldelwold, l'évêque. »
Puis il va, demandant au roi d'accorder au nouveau
prélat, les droits et les privilèges dont jouissaient ses prédé-
cesseurs.
Les évêques étaient donc des officiers de l'état, et leur
caractère civil et administratif équivalait bien à l'importance
de leurs fonctions, purement ecclésiastiques. Leur science
leur ouvrait tous les conseils ; leur habileté leur faisait
confier les missions diplomatiques les plus importantes, et
leur caractère episcopal les faisait recevoir, comme ambas-
sadeurs, dans tousles pays de la chrétienté.
bus balHvis suis Sumersetac, salutem ! Significamus vobis nos velle quod
episcopus Giso episcopatum apud vos possideat cum omnibus dictum
episcopatum in villis et extra de iure contingentibus, cum saca et socna,
adeo plene et libère per omnia sicut ullus episcoporum prœdecessorum
suorum unquani habebat. Rogamus etiam vos ut coadiutores ipsius esse
velitis ad fidem prœdicandam et Christianitatem sustineiidam pro loco et
tempore, sicut de vobis fidcliter confldimus vos velle id ipsum. Et si quid
de dicto episcopal u sive in terris sive in aliis rebus contra iustitiam fuerit
sublatum, adiuvctis cuni pro amore noslro ad restitutionem, prout ius-
tum fuerit babendam. Conservet vos Dominus », Cod. Dip/., n° 83S.
1. Flor. Wig., an 731.
2. Cod. DipL, a0 4344;
LES ^\'i\s in ANGLETERRE 819
Comme officier de L'Etat, les devoirs de L'évêque consis-
taient dans L'administration <\o La justice, H dans L'assistance
aux épreuves judiciaires. Toutefois, les canons de l'église
interdisaient La présence de L'évêque, dans certaines causes
criminelles, pouvant entraîner, pour les coupables, la peine
de mort ([).
Le clergé lut toujours exempté <lu service militaire per-
sonnel, mais L'évêque devait avoir, à ses frais, une troupe
commandée par des officiers, qu'on désignait indifféremment
des noms à'advocati, vicedomini, vidâmes.
La haute situation de l'évêque est encore prouvée parle
montant de son wergyid. Dans les lois des peuples du Nord,
le wergyid dun archevêque est égal à celui dun aedeling,
ou prince du sang, et vaut cinquante mille thrymsas : celui
dun évêque, répond au wergyid d'un ealdorman, et repré-
sente huit cents thrymsas (2).
En dehors de l'administration ecclésiastique et des ordina-
tions, toutes questions touchant au mariage, étaient de la
compétence de l'évêque. Les prohibitions matrimoniales
étaient absentes de la loi teutone primitive, et d'après
Tacite, des princes germains furent polygames, afin d'aug-
menter le nombre des alliances politiques de la tribu (3).
1. « Axchiepiscopi episcopi et universae persona1 regni, qui de rege
teneni in capite, habeant possessioncs suas de rege sient baroniam, et
inde respondeant iusticiaris et ministris regis, et sequantur et faciunt
omnes consuetudines réglas; et sicut ca^teri barones, debeni intéresse
iudiciis curiae regis quousque perveniaLur ad diininutionem membrornin
vel ad mortem », Rog. Wend, anno 1164, <oxe, II. HOI.
2. Gf. .Kit*., 83, Chut, II, 5!). Thorpe, I, 62, 108.
3. « Namprope soli barbamnim singulis uxoribus contenti sunt, excep-
ts adniodnni paucis, qui non libidine, scd ob nobililatem plurimis nup-
tiis ambiuntur ». Tac, Germ., XVII 1 . » Quod autem scripsi Augustino.
Anglorum gentis episcopo, alurnno videlicet, ut recordaris, Ino, de eon-
sangninilalis coniunetione, ipsi et Anglorum genii, qu33 nuper ad fidem
venerat, tie a bono quod cceperat metuendo austeriora recederet, specia-
;*20 BEOWDLF
Le mariage \ étail soufferl entre belle-mère ei beau-fils,
et Bède parlant (l'une telle union, qualifié Eâdbald, en ces
termes :
« Fornicatione pollutus tali qualem nee inter gentes audi-
tam Apostolus testatur, ita ut uxorem haberet » (1).
L'Eglise maintint devant de pareils états de fait, toutes
ses prohibitions, avec les progrès successifs du christianisme,
en Angleterre. Les prohibitions s'appliquaient aux mariages
entre cousins germains ; l'épouse qui a transgressé ces règles
des canons, est appelée par les chroniqueurs ecclésiastiques,
pellrx, scortum, concubina, et l'Eglise prononçait la sépara-
tion des époux, dans ces unions contractées au mépris de ses
défenses « contra Dei interdictum, et christianorum dignita-
tem, nec non' et contra omnium paganorum consuetudi-
nem ».
liter et non generaliter caeteris me scripsisse cognoscas». « Quinta inter-
rogatio Augustini. Usque ad quotam generationem fidèles debeant cum
propinquis sibi coniugio copulari ? et novercis et cognatis si liceat copulari
coniugio '! Kespondit Gregorius. Qusedam terrena lex in Romana repu-
blica permittit ut, sive frater et soror, seu duorum fratrum germanorum,
vel duarum sororum filius et filia misceantur; sed experimento didicimus
ex tali coniugio sobolem non posse succrescere, et Sacra Lex prohibet
cognationis turpitudinem revelare. Unde necesse est ut iam tertia vel
quarla generatio fidelium licenter sibi iungi debeat; nain secunda, quam
praediximus, a se omni modo debet abstinere. Cum noverca autem mis-
cere grave estfacinus, quia et in Lege scriptum est, « Turpitudinem patris
tui non revelabis ». Quia vero sunt multi in Anglorum gente qui, dum
adhuc in infidelitate essent, huic nefando coniugio dicuntur admixti, ad
fidem venientes admonendi sunt ut se abstineantet grave hoc essepecca-
tum cognoscant », Felicis Litlerœ, Bed., Op. Min., II, 2-42.
1. Hist. EccL, II, 5.
CHAPITRE VIII
Le Clergé et les Moines
Jl est difficile, faute de documents certains, de donner de
l'Eglise d'Angleterre un aperçu exact, avant son organisa-
tion par Théodore. Les premiers missionnaires furent, pour
la plupart, des moines ; mais des clercs accompagnaient
aussi Augustin (I), et la conversion d'un district au christia-
nisme, était immédiatement suivie de l'établissement d'une
cathédrale et d'un clergé séculier. C'était là, le centre de la
vie ecclésiastique du nouveau diocèse, d'où rayonnaient tous
les prêtres qui visitaient les villages et les bourgs, où ils rem-
plissaient leur ministère. Le clergé se trouvait ainsi protégé de
périls constants, par la proximité des sièges royaux, et réali-
sait entre ses membres, les bienfaits de la vie commune. Et
dans l'Histoire de Bède, il est fait mention de prélats quit-
tant leurs diocèses, pour aller évangéliser des villages loin-
tains et pour y administrer le baptême (2). Mais ce mode de
1. « Clerici extra sacros ordines const ituli », [bid., I, 27, HI, 8.
2. Quad am autem die dum parochiam sum circuiens, monita salutis
omnibus ruribus. casis cl vieillis Iargiretur, nec non etiam nuper bapti-
zatis ad aecipiendam Spiritus sancli gratia m manum imponcret », etc.,
Beda, Vit Cutbb , c. 29. « Erat in villa regia non longe ab urbe de qua
praefati sumus[i. e. Bamborough]. In hac enimhabensa;cclesiam elcubi-
culum, sa^pius ibidem diverti ac manere, atque inde ad prœdicandum cir-
'.\2'2 BJ « > \\ i u
vie a'étail |>as sans présenter de graves inconvénients, avec
les dangers el L'éloignemenl <l<' ces voyages pastoraux, à
travers des étendues sauvages el peu sûres. Et le clergé par
suite de la propagation de La foi, put fonder, avec L'aide
dos fidèles, dans chaque district, une église, sous L'autorité de
l'évêque, ou plusieurs églises, quand Les uécessités du culte
L'exigeaient, sous la direction d'un archiprêtre, responsable
vis-à-vis de l'évêque. Au cours du vu'' siècle, ces pratiques
étaient courantes dans l'empire franc, et Théodore (1), pri-
cumquaque exire consueveral : quod i})suii) el in aliis villis regis facere
solebat, utpote nil propria: possessions, excepta aecclesia sua et adiacen-
tibns agellulis, habens », Beda, //. /?., III, 17. « Quantae autem parsimo-
niae fuerit ipse [i.e. Golman] cuin praedecessoribus suis, testabalur etiaru
locus ille quein regebanl, ubi abeuntibus eis, excepta aecclesia, paueis-
simae domus repertœ sunt ; hoc est, illae solummddo, sine quibus conver-
satio civilis esse nullatenus poteral. Nil peenniarum absque pecoribus
liabebanl. Si quid enim pecuniae a divitibus accipiebant, mox pauperibus
dabant Nain neque ad susceptionem potentium saeculi, vel pecunias
colligi vel domus praevideri necesse fuit, qui nunquam ad aecclesiam nisi
orationis tantuin, et audiendi verbi Dei causa veniebanl .. Tota enim
fuit tune solicitudo doctoribus illis Deo serviendi, non saeculo ; tota cura
cordis excolendi non ventris Unde et in magna era! veneratione tem-
pore illo religïonis habitus: ita ut ubicunque clericus aliquis au! mona-
chus advenirct, gaudenlur ah omnibus tanquam Dei famulus exciperetur :
ctiam si in itinere pergens invenirelur, adeurrebant, et flexa cervice vel
manu signari, vel ore illius se benedici gaudebant ; verbis quoque
horum exhortatoriis diligenler auditum praebant. Set et diebus Domi-
nicis ac aecclesiam, sive ad monasteria certatim, non reliciendi corporis^
sed audiendi sermon is Dei gratia eonfluebant : et si qu'us sacerdotuni in
vicum forte deveniret, mox congregati in unum vicani, verbum vitœ ab
illo expetere curabant. Nam neque allia ipsis sacerdotibus aut clericis
vicos adeundi, quam praedicandi, baptizandi, infirmos visitandi, et, ut
breviter dicam, animas curandi causa fuit : qui in tantum erant ab omni
avaritiae peste castigati, ut nemo terri to ri a ac possessiones ad cons
truenda monasteria, nisi a polenlibus saeculi coactus accipercl. Qua'
consuetudo per omnia aliquanto post haec tempora in aecclesiis Nordan-
hymbrorum servata est », Bed., Hist. Eccl., Ill, 20.
1. Elliam dit de Théodore : « Hic excitavit fidelium voluntatem, itl in
LES SA\o\S EN ANGLETERRE ÎÈ23
mat d'Angleterre, 1rs \ introduisit, pendant sud episcopal.
Los églises étaient souvent dévolues aux abbés et aux
évêques eux-mêmes : et dans ce dernier cas, elles étaient
desservies par des prêtres de la cathédrale, spécialement
désignés par Févèque a cet effet. Les revenus proprement
dits de L'église, le casuel, les dons des fidèles, devaient être
également partagés entre les prêtres paroissiaux, ainsi qu'il
ressort d'une ordonnance de l'archevêque Ecgberht, reçue
en Engleterre par la coutume, et qui eut force de loi dans
l'empire franc, par une constitution d'Hludwich, de l'an
816 (1) :
« Ut unicuique aecclesiae vel una niansa intégra absque
alio servitio attribuatur, ... et si aliquod amplius habuerint,
inde senioribus suis, secundum patriae mo rem, debitum
servitium inipendant. »
Mais la plupart des églises paroissiales s'élevèrent, après
civitatibus et villis œcclesias fabricarentur, parochias distinguèrent, et
assensus regios liis procuravit,ut si qui sufficientes essent, super proprium
l'undum construere secclesias, eorundem perpétue patronalu gauderent;
si inter limites allerius alicuius dominii a^cclesias tarèrent, ciusdem fundi
demini nolarentur pro patronis». « Si quis ctiam extra parochias, in qui-
bus est legitimus ordinariusque conventus, oratorium in agro habere
voluent, reliquis feslivitatibus, ut ibi missas teneat propter fatigationem
familise. iusta ordinatione permittimus. Pascha vero, Natale Domini,
Epiphania, Ascensionem Domini, Pentecosten, et Natalem saneti Johan-
nis Baptist œ, vel si qui raaximi dies in feslivitatibus habentur, non nisi
in civitatibus. aut in parochiis teneant. Clerici vero, si qui in feslivitati-
bus, quas supradiximus, in oratoriis, nisi iubente aut permittente epis-
copo, missas facere aut tenerc voluerint, a communionc pellantur ».
Concil. Agalhense, A, D. 50(5, cap. XXI. « Diacones vel presbvteri in paro-
chia constituti de rebus aecclesia sibi creditie nihil audeant commutare,
vendere vel donare. quia res sacratœ Deo esse noseunlur. . . Quicquid
parochiarum prcsbvter de aecclesiastici iuris proprietate distraxerit, inane
habeatur. l'resbyler, dum diocesim tenet, <lc his quae emeril ad aeeclesise
nom en scripturam faciat, aut ab eius quam lenuil aecclesiae ordinatione
discedat ». Concil., Epaonense , A. D , 547.
4. Excerpt., Ercgberht., ^25, Thorpe, 11. JO0,
:V1\ BEOWULF
La conversion des districts au christianisme, sur les ruines
des temples païens (fanum, deluhrum, sacellum). Ces
paroisses s'appelaient plèbes, "gscclesise baptismales, tituli
maiores. Ainsi, au vu' siècle, l'Eglise d'Angleterre se com-
posai de clercs et de moines, vivant sous la même règle et
sous la aiême autorité diocésaine, et desservant, depuis la
cathédrale jusqu'à l'humble église, élevée à la frontière
d'une Marche, sur les ruines d'un temple antique (1).
Dès Tannée 451, le quatrième concile général de Chalcé-
doine, avait posé ce principe, que les établissements ecclé-
siastiques devaient être assimilés, comme hiérarchie et comme
1. « Exin coepere plures per dies de Seolloruni regione venire Britla-
niam, alque illis Anglorum provineiis quibus regnavit rexOsuuald, magna
devotione verbum fidei praedicare, et credentibus gratiam baplismi, qui-
cumque sacerdotali erant gradu praediti, ministrare. Const ruebantur
ergo œcelesia4 per loca, confluebant ad audiendum verbum populi gau-
dentes, donabantur minière regis possessiones et territoria ad insti-
tuenda monasteria », Hist, tied , III, 3. « Qui, acceplo gradu episcopà-
1ns, rediit ad provineiam, et maiori auctoritate caeptuni opus explens,
fecit, per loca a^cclesias. presbyteros et diaconos ordinavii, qui sein verbo
fidei et ministerio baptizandi adiuvarent, maxime in civitale quae lingua
Saxonum Ytlianca^stir appellatur: sed et in ilia qua» Tilaburb cognomi-
natur: quorum prior locus est in ripa Pentaï amnis, secundus in ripa
Tamensis ; in quibus collecto examine faniuloruin Christi, disciplinam
vita' regularis, in quantum rudes adhuc capei'e poterant, custodire
docuit », Hist, tire/., III. 22. « Plures për regiones illas a^cclesias, sed et
monasteria noiinulla co.nstruxit * , H. E., IV. 28. «Qui multa agens soler-
lia... longe lateque omnia pervagatus, et populum et regem praefatum
ad viam iustitiaî reduxit : adeo ut relictis, sive destructis fanis arisque
quas l'ecerant, aperirent ajcelesias, ac nomen Christi, cui contradixerant,
confiteri gauderent, magis cum fide resurrectionis in illo mori, quam in
perfidiœ sordibus inter idola vivere cupientes », Hist. Eccl , III, 30.
« Cumque a^cclesiarum esset non minima in Hassis et Thyringea multi-
tudo exti'iicta. et singulis singuli providerentur custodes », etc. Vit.
Boni!'. Pertz, II, 346. « Pnef'ato itaque regni eius tempore, servus Dei
VVilleliadus per Wigmodiam secçlesias cœpjl construere, ac presbyteros
super eas ordinare, qui libère populis monita salutis, ac baptismi confer-
rent gratiam », Vit. Willehad. Pertz, II, 381.
LES SAXONS EN ANGLETERRE 325
discipline, aux établissements politiques : « Si qua civitas
potestate imperiali nova ta est a ut innovator, civiles disposi-
tiones et pnhlicas ecclesiasticaruni quoque parochiarum
ordines subsequantur ». Le pouvoir central de l'Eglise était
donc représenté par les archevêques et les évêques, et le
pouvoir délégué, parles prêtres des paroisses et des églises
collégiales. Au cours des premières années du ixe siècle, dans
son ouvrage « De exordiis rerum aecclesiasticarum » (cha-
pitre XXXI), Walafrid Strabo fait ainsi la comparaison entre
les institutions laïques et ecclésiastiques :
« Porro sicut comités quidam Missos suos praeponunt
popularibus, qui minores causas déterminent, ipsis maiora
reservent, ita quidam episcopi chorepiscopos habent. Gente-
narii qui et centuriones et Vicarii, qui per pagos statuti sunt,
Presbyteris Plebei, qni baptismales aecclesias tenent, et
minoribus pnesunt Presbyteris, conferri queunt. Decuriones
et Decani, qui sub ipsis vicariis quaedam minora exercent,
Presbyteris titulorum possunt comparari. Sub ipsis ministris
centenariorum sunt adhuc minores qui Collectarii, Quater-
niones, et Duumviri possunt appellari, qui colligunt popu-
lum, et ipso numéro ostendunt se decanis esse minores. Sunt
autem ista vcoabula ab antiquitate mutuata, etc. » (1).-
Dans les matières spirituelles, les prêtres dispersés par
1 . On peut établir le tableau comparatif suivant des fonctions séculiè-
res et ecclésiastiques :
Séculier Ecclésiastique
1. Comes. 1. Episcopus.
a. Missus. «. Ghorepiseopus.
2. Centenarius. Centurio, ou Vi- 2. Presbyter Plebei qui baptisma-
carius : qui per pagos cons- lem aecclesiam habet.
titutus esl .
3. Decurio et Decanus. 3. Minor Presbyter Lituli.
4. Collectarius. Quaternio. Du-
umvir.
326 m <>wi 1 1
lollf lc |>;i \ n. étaient responsables dr ions les actes dfi leUP
ministère envers L'évêque, dont ils étaient regardés comme
1rs vicaires, c'estrà-dire au lien et pince desquels « quorum
vice ») ils remplissaient leurs fonctions. Los « presbyte ri
plebei », ou prêtres des paroisses administraient tous Les
sacrements, à l'exception de ceux qui relevaient de Lépis-
çopat, c'est-à-dire la contirmation, l'ordre, la consécration
des églises, et le sacre des rois; ils pouvaient donc baptiser,
marier et administrer la communion. Par la suite, ils lurent
investis de la « iurisdictio fori interni », de la confession, et
des pouvoirs qui en découlent, d'imposer des pénitences, et
de donner l'absolution : mais ils n'agissaient ainsi que
comme représentants, et comme vicaires de lévêque (1)
D'importants privilèges étaient donnés aux clercs, dans la
société. Leur rang séculier était eminent, et leur wergyld,
très élevé. La vie du weofodpegn, ou simple servant d'autel,
était évaluée au même prix que celle du thane séculier
(woroldpegn). Les serments d'un prêtre ou d'un diacre,
avaient plus de valeur que ceux de tout homme libre. Mais
le prêtre, en retour devait respecter toutes les obligations du
1. « De pœnitentibus, ut a presbyteeis non reconeilientur, nisi pra^ci-
piente episcopo. Ex concilio Afïieano. Ut pœnitentibus, secundum diiïe-
rentiam peccatorum, episeopi arbitrio pœnitentia» tempora decernantur,
et ut, presbyter, inconsulto episcopo, non reconciliet pœnitentem, nisi
absentia episeopi, necessitate cogente... Item, Ex concilio Cartaginensi
(Je eadem re. Aurelius episcopus dixit : Si quisquam in periculo fuerit
consti tutus, et se neconciliari divin is altaribus petierit, si episcopus absens
fuerit, debet utique presbyter consulere episcopum, et sic periclitantem
eius pnecepto reconciliare : quam rem debemus salubri concilio roborare.
Ab universes episcopis dictum est : Placet quod sanctitas vestra necessaria
nos instrucre dignata est. Homani reconciliant bominem intra absidem :
Grœci nolunt. Reconciliatio penitentium in cœna Domini tantum est ab
episcopo, et consummata penitentia : si vero episcopo difficile sit, presby-
tero, potest, necessitatis causa, praebere potestatem, ut impleat », Poen.
Tbeodori, Thorpe, If, C>.
LES SAXONI K.\ ANGLETERRE M~
sacerdoce, et bien qu'on admit que tout clore, on justice.
devait être jugé selon la Loi romaine, Alfred proscrit qu'en
.as de meurtre, le prêtre sera sécularise, avant d'être Livré
à la justice criminelle ordinaire (1). Los lois d'.lvlolred (2)
et de Gnut (3) contiennent dos dispositions analogues. Ead-
weard (4) ordonne, enfin, que Le clerc qui vole, se parjure,
ou vit dans L'incontinence sera sujet aux mêmes pénalités
que le laïque, sans préjudice dos pénitences canoniques (5).
En dehors du clergé séculier et des églises paroissiales,
l'Angleterre chrétienne comprenait encore de nombreux
établissements conventuels. La règle de saint Benoit avait
été établie dans le sud de l'île, bien avant l'arrivée d'Au-
gustin en Angleterre. Gomme le clergé, les moines étaient
soumis au contrôle de l'évêque, et les abbés mitres rece-
vaient la consécration épiscopale de l'évêque diocésain (6).
1. /Elf.,§ 21.
2. leg., .Fdelr , IX. §26: Thorpe, I, 346.
3. Leg., Gnut, If, § il : Thorpe, I, 400.
4. Eâd ; GikL, §3 ; Thorpe, l, 168.
5. Leg., Wihtr, § 18. 19; .Edclr., IX, § 19-24, 27: Cnut, \, § 5;
II, J 41.
6. « Ideo rniiltum cavclole, fratres, semper, ne secundum genus
unquam, ne deforis aliunde vohis Patrem quaeratis; sed iuxta quod
Régula magni quondam abbatis Benedicti, iuxta quod privilegii nostri
continont décréta, in conventu vestrœ congrcgalionis communi consilio
perquiratis, qui secundum vita1 meritum et sapientia» doctrinam aptior ad
(aie miuisterium perficiendum digniorque probetur ; et quemeunque
omnes utianimœ charitatis inquisilione optimum cognoscentes eligeretis,
hune vobis. accito episropo, rogetis abbatem consueta benedictione for-
mari », Beda, Vit. Benêt., § 12. (Opera Minora, II, 151). « Multa diu
secum mente versans. utilius deorevit, dato Fratribus pnecepto, ut iuxta
sui statut a privilegii, iuxtaque Rcgulam sancti abbatis Benedicti, de suis
sibi ipsi Patram, qui aptior esscl, eligerent, etc., Vit. Bened, § 16 (Op.
Min., II, 156). » Vivons ibi quoque secundum sanctam Scripturam, con-
templativam vilain in actuali agens. et nobis regularem vitam primus
fornponens const il ni L, quam usque bodie cum Régula Benedicti observa-
mus », Anon. Cudb., $ 25 (Bed. Op. Min.. Il, 271). « Maxime suo sub
X*2H itKiiW I LF
Quand l'archevêque Dûnstân entreprit, en Angleterre, la
réforme des ordres monastiques, \n plupart de ceux-ci,
u'ayanl point de règles fixes, et ne connaissaient que celles
qui avaient été imposées par le fondateur ou donateur (iure
dominiï) (1).
regulari videlicet disciplina abbati monachica subditus obedientia prap-
bebat, ut labore raanuum coltidiano et disciplinai! ofïieionim amminis-
tratione incessanter secundum praefinitam beali Patris Benedicti rectae
constitutionis formam insisteret », etc.. Vit. Bonif Pertz, H, 336. « Et
hoc pranlicto modo saluberrimam sancti Benedicti sequens institutionem,
primus abbas Anglicse nationis enituit », (Bridferd., MS. Cott. Cleop.,
B XII, fol. 72».
1. « Sunt loca innumera, ut novimus omnes, in monasteriorum ascripto
vocabulum, sed nihil prorsus monastics conversations habentia », Ep.
Ecgb., § 10. « Ouod enim turpe est dicere, tot sub nomine monasterium
loca hi, qui monachicae vitae prorsus sunt expertes, in suam ditionem
acceperunt, sicut ipse melius nosti », etc., ibid,, § 11. » At alii graviore
adhuc tlagitio, quum sint ipsi laiciet nullius vitse regularis vel usu exer-
citi, vel a more prsediti, data regibus pecunia, emunt sibi sub praetextu
monasteriorum construendorum territoria, in quibus suœ liberius vacent
libidini, et hase insuper in ius sibi hœreditarium edictis, regalibus faciunt
ascribi, ipsas quoque litteras privilegiorum suorum, quasi veraciter Deo
dignas, pontificum, abbatum et potestatum seculi. obtinent subscrip-
tione confirmari. Sicque usurpatis sibi agellulis sive vicis. liberi exinde
a divinosimul ethumano servitio, suis tantuminibi desideriis laici mona-
chis imperantes deserviunt ; immo non monachos ibi congregant, sed
quoscunque ob culpam inobedientia; veris expulsos monasteriis alicubi
forte oberrantes invenerent, aut evocare monasteriis ipsi valuerint ; vel
certe quos ipsi de suis satellitibus ad suscipiendam tonsuram, promissa
sibi obedientia monachica, invitare quiverint. Horum distortis cohortibus
suas, quas instruxere, cellas implent, multumque informi atque inaudito
spectaculo. idem ipsi viri modo coniugis ac liberorum procreandorum
curam gérant, modo exsurgentes de cubilibus, quid intra septa onaste-
rium geri debeat sedula intentione pertractant... Sic per annos circiter
ti'iginta, hoc est ex quo Aldfrid rex humanis rebus ablatus est, provincia
nostra vesano illo errore dementata est. ut nullus pêne exinde praefec-
torum extiterit, qui non huiusmodi sibi monasterium in diebus suœ
praefecturœ comparaverit, suamque simul coniugem pari reatu nocivi
mercatus astrinxerit : ac praivalente pessima consuetudine, ministri quo-
que regis ac famuli idem facere sategerint », ibid., 12, 13.
LES SAXONS EN ANGLETERRE ^29
Ce ne l'ut que vers La fin du vin* siècle, que Chrodogang
introduisit dans la cathédrale de son archidiocèse, Ja règle
de vie monastique. Bien avant cotte époque, la grande majo-
rité des églises avait été fondée, et les prêtres ne s'y réunis-
saient que pour l'exercice de leur sacerdoce, et vivaient
séparément de leurs prébendes. Mais souvent, en fait, la
cathédrale se trouvait dépendre d'une abbaye, et ceux qui la
desservaient, menaient nécessairement la vie régulière, sans
que celle-ci ait toujours été rigoureusement observée (1). Et
malgré l'effort réformateur de Dûnstân, ce n'est qu'après sa
mort, et sous .'archevêque /Elfric, que la règle est définiti-
vement introduite à la cathédrale de Canterbury.
1 « Dràfût daclerca of da biscoprice, fordan daet hi noldon nân Regul
liealdan », Chron. sax., an 963.
« Clerici illi, nominetenus Ganonici, frequent ationem chori labores
vigil iarum, et ministerium altaris vicariis suis utcumque sustentatis relin •
quentes.etaba?cclesire conspectu plerumque absentes septennio, quidquid
de pra'bendis percipiebant, locis et modis sibi placitis absumebant. Nuda
fuit aecclesia intus et extra », An. Wint., p. 289.
« Erant Ganonici nefandis scelerum moribus implicati, elatione et
insolentia atque luxuria praeventi, adeo ut nonnulli eorum dedignaren-
tur missas suo ordine cejebrare, repudientes uxores ([lias illicite dux-
erant, et alias aucipientes gula^et ebrietati iugiter dediti », Vit. .Edelw ,
p. 6H.
«. Erat de ssecularibus clericis, gladioque qucm semispatium vocant
semper accinctus, sagoque pro eappa utebatur, parumque apcclesiastica4
disciplina? imperiis parebat." Nain co'piam canuin multiplicem semper
habebai. cum qua venationi quotidie insistebat, sagittatorque praîcipuus in
arcubns ligneis ad aves feriendas erat, bisque operibus inagis quam aic-
clesiasticae disciplina» sludiis se exercebat ». Gcsta Abbatum Fontanellen-
siiim, Pertz. I, 284, 285 ; Cod. Dipl,, nos 675, 078, 553, 586, 615.
CHAPITRE IX
Les Revenus du Clergé
Les revenus proprement dits du clergé, aux différentes
périodes de son histoire, consistèrent en contributions volon-
taires de la part du peuple ; en concessions de domaines et
de terres ; finalement, en impôts grevant les personnes et
les propriétés, autorisés par l'État, et perçus sous son con-
trôle. Et il est probable que ces sources diverses de revenus,
se confondaient pour le clergé, avec les progrès du christia-
nisme.
Déjà les contributions en nature avaient été exigées des
fidèles, par le synode de Tours, en 567 (1), et dix-huit
1. « Agraria, pascuaria. vel décimas porcorum, a?cclesia\ pro fidei nos-
tra1 devotione, concedimus. ita ut actor aut decimator in rebus œcclesise
imllus accédai : œçclesise vel clericis nullain requirant agentes publici
functionem qui avi vel genitorisaut germani nostri immunitatem merue-
rent », Pertz, III, 'A. Conc. Matiscon, 585, can. 5. « Omnes igitur reliquas
fidci causas, quas tempocis Jongitudine cognovimus deterioratas fuisse,
oportet nos ad slatum pristiniim revocare, ne nobis simus adversarii, dum
ea qua» cognoseimus ad nostri ordinis qualitatem pertinere. aut non cor-
rigimus, aut, «piod net'as est, silentio praeterimus . Leges itaque divinse,
consulentes sacerdotibus ac ministris aecclesiarum, pro haereditatis por-
tione omni populo prœceperunt décimas fructuum suorum locis sacris
praestare, ut nullo labore impediti, horis legitimis spiritualibus possent
vacare ministeriis. Quas leges Christianorum congeries longis temporibus
custodivit inlemeratas; nunc autem prulatim pnevaricatores legum poene
LES SAXONS KN ANGLETERRE 381
années plus tard au concile de Mâcon, cet appel fui renou-
velé, comme un retour aux lois Lévitiques. Ce ne fui que
dans les Capitulaires <le 779, que ceg contributions furent
pendues obligatoires par l'Etat, et réparties entre les mem-
bres du clergé, parles soins de L'évêque (1). Dix ans après
le concile de Mâcon, s'ouvrait l'apostolat d'Augustin, en
Angleterre.
La dîme y fut reconnue successivement, par les lois
d \Edelstan, d'Eâdweard, de Gudorm (2), et Théodore dit
expressément dans une instruction à son clergé :
« Tributum aecclesise sit, sicut est consuetudo provincial
id est, ne tantum pauperes in decimis, aut inaliquibus rel>us
vim patiantur. Décimas non est legitimum dare, nisi paupe-
ribus et peregrinis » (3).
L'archevêque Ecgberht fait défense d'appliquer les dîmes
perçues par d'anciennes paroisses, à de nouvelles fondations
(Excerpt. Ecghberhti, nos 24, 101, 102, 4, 5; Thorpe, II, 100,
111, 112,98) :
« In lege Domini scriptum est : « Décimas et primitias non
tardants offerre ». Et in Levitico : « Omnes décimas terra?,
sive de frugibus, sive de pomis arborum, Domini sunt;
boves, et oves, et capra», quae sub pastoris virga transeunt,
quicquid decimum venerit, sanctificabitur Domino ». Non
Christian'! omnes ostendentnr, du m ea quœ divinitus, saneita sunt,
adimplere negligunt. Unde statuimus et decernimus ut mos antiquus a
fidelibus reparetur. et décimas œcclesiasticis famulantibus c.vremoniis
populus omnis inferat, quas sacerdotes aut in pauperum usum, aut in
captivorum redemptionem preerogantes, suis orationibus paccm populo
et salutem impetrent. Si quis autem contumax nostris statutis saluberri-
mis fuerit, a membris aecclesise omni tempore separetur ».
1. « De decimis, ut unusquisque decimam donet, atque per iussionem
pontificis dispensatur », Capit., 769, cap. 7; Pertz, III.
2. ttad. Gud, % 6; Thorpe, I. 470.
3. Capitul. et Fragment, Theod. Thorpe, If, 65.
332
HKOWl II
eligetur nee bonum nee malum, nee alteram commutabitur.
Augustinus (licit : Decimae igitur tributae sunt aecclcsiarum et
egentium animarum. 0 homo, inde Dominus décimas expe-
tit, unde vivis. De militia, de negotio, de artificio rodde déci-
mas; non enim egel Dominus noster, non prœmia postulat,
sed honorem » « Ut unusquisque sacerdos cunctos sibi
pertinentes erudiat, ut sciant qualiter décimas totius facul-
tatis aecclesiis divinis débite offerant. Ut ipsi sacerdotes ;i
populis suscipiant décimas, et nomina eorum quicumque
dederint scripta babeant, et secundum auctoritatem canoni-
cam coram [Deum] timentibus dividant ; et ad ornamentum
aecclesiap primam eligant partem; secundam autem, ad usum
pauperum atque peregrinorum, per eorum manus misericor-
diter cum omni humilitate dispensent, tertiam vero sibimet
ipsis sacerdotes reservent » (1).
1. « (Juando qtiidem iuxta sanctorum canonum décréta décimas in
quatuor portioues dividenfes, unam, sibi, alteram clericis, tertiam pau-
peribus, quartam restaurandis aecclesiis tradiderunt ? Numquid avaritiae
sua1 tantummodo consulenles, in distributione decimarum obliti sunt
pauperum, restaurationisque aecclesiarum, sicut modo, pro dolor ! cer-
nimus agi ? Canones enim sancti, ex quorum auctoritate exiguntur
decimae. non solum décimas dari, sed etiam inter varios a^cclesiae usus
distribui : ut in urbibus quibuslibet et vicis Xenodochia babeantur,
ubi pauperes et peregreni alantur Sed tarn sanctum et tarn necessarium
praee'eptum in pluribus locis non solum minime curatur, sed etiam peene
ignoratur. Nam solummodo illud legitur, quod epicopis decimae sint tri -
buendae ; quid vero exinde agendum sit, vel si quidquam aliud curandum
sit circa monasleria, 1am a clericis — miserabile dictu — quani a laicis
destructa, citraque iudicia religionis Christiana1 subversa. oblivioni sen
ignorantiae commendalur », Pertz, II, 358. « Mos autem sedis apostolicae
est ordinatis episcopis pnecepta tradere, ut in omni stipendio, quod acce-
dit, quatuor debeant fieri portiones : una videlicet episcopo et familiae
propler bospitalitatem atque susceptionem, alia clero, tertia pauperibus,
quarta aecclesiis reparandis. Sed quia tua lraternitas monasterii regulis
erudita, seorsum fieri non debet a clericis suis in aecclcsia-Anglorum qua1,
auctore Deo, nuper adhuc ad fidem adducta est, hanc debet conversa-
tionem instituere, quae initio nascensis aecclesiîe fuit patribus noslris; in
LES SAXONS EN ANGLETERRE 333
L'an So,"), la dime fut étahlie par .lidelwulf qui aban-
donna, au profil de L'Eglise la dixième partie de ses
droits particuliers, ou regalia ( 1 ). Et le clergé jouissait encore
des revenus proprement dits de l'église, des deniers du
culte, du casuel, des fondations, et de droits tels que ceux de
pèche, de chasse et de pâture, que lui concédaient les
fidèles sur leurs propres domaines.
quibus nul Jus eorum ex his, quae possidebant, aliquid suum esse dicebal,
sed erant eis omnia communia », Beda, //. E., I, 27.
1. « Eodem anno .EdhehvuHus praelatus venerabilis rex decimam
lotius regni sui partem ab omni regali servitio el tributo liberavit, in
sempiternoque graphio in cruce Chris! i. pro redemptione animée suaj et
anlecessoriim suorum, uni et Irino Deo immolavil », Chron. sa.c., 855.
« Eodem anno rex magnificus AtheiwuU'us decimam regni sui partem
Deo et Beata* Maria* et omnibus Sanctis contuJit, liberam ab omnibus ser-
vitiis saecularibus exactionibus et Iributis ». « Pro utilîtate animae sua4 et
salute, per omne regnum suum semper in decern hidis vel mansionibiis
pauperem iinum indigenam, vel peregrinum cibo, potu et operirnento,
successoribus suis usque in finem saeculi post se pascere praecepit, ita
lamen ut si terra ilia pecoribus abundaret et ab hominibus coleretur ».
(juamobrem ego .Edelwulfus rex Occidentalium Saxonum cum consilio
episcoporum et principum meorum, consilium salubre atque uniforme
remedium affirmavi; ut aliquam porlionem terrarum hflereditariam, antea
possidentibus gradibus omnibus, — sive t'amulis et t'amulabus Dei Deo
servientibus, sive laicis, — semper decimam mansionern, ubi minimum
sit, turn decimam partem, — in libertatem perpetuam perdonare diiudi-
cavi ; ut sit tuta et munila ab omnibus saecularibus servitutibus, tiscis
regalibus. tributis maioribusel minoribus, sive iaxationibus qua; nos dici-
mus Witera'den ; sit(jue libera omnium rerum, pro remissione animaruni
et peccatorum nostrorum. Deo soli ad serviendum, sine expeditione, et
pontis instruct ione et arcis munitione. ut eo diligentius pro nobis ad Deum
preces sine cessatione i'undant, quo eorunseruitutem saecularem in aliqua
parte levigamus », Cod. DipL, nos 270, 271, 275, 276, 1048, 1050, 1051,
1052, 1053, 1054, 1057, 270.
CHAPITRE X
Les Pauvres
La possession de l'homme lihrc étant limitée par le hyd,
ce dernier devient insuffisant pour assurer la suhsistance de
la famille, dans l'état primitif, chez les Anglo-Saxons.
L'émigration, le service dans le comitatus, la servitude de
la terre, le célibat étaient les conditions qui s'imposaient au
paupérisme naissant, dans une société où l'Etat ne recon-
naît pour membres, que ceux qui doivent leur indépen-
dance à la seule possession du sol. Le christianisme apporta
à la condition des pauvres, quelques tempéraments.
Dans les dernières années du vie siècle, le pape Grégoire
le Grand rappela à Augustin, que s'était la coutume romaine
d'attribuer aux pauvres le quart des offrandes volontaires
des fidèles à l'autel. Cette recommandation fut suivie par
l'Eglise d'Angleterre, et sanctionnée en 1014, par un acte
d'/Ëdelred, conçu dans les ternies suivants :
« ... Le roi et ses witan déclarent que les offrandes et
revenus de l'église, iront pour une part, à l'entretien du
culte ; pour une autre part, au clergé ; pour une dernière
part, aux nécessiteux » (1).
Les ordonnances des évêques anglo-saxons, sont remplies
1. J^lelr., IX, §6.
I i S SAXONS EN ANGLETERRE 338
de dispositions analogues. Dans Les Capitula et Fragmenta,
Théodore défend de prélever sur les offrandes, d'autres
parts, pour les Laïques, que celles qui sont destinées aux
indigents et aux pèlerins (1).
On trouve dans un mandement de l'archevêque Ecgberht,
la disposition suivante (2) :
« ... Les prêtres feront trois parts des dons des fidèles : la
première sera consacrée à la décoration de l'église ; la
seconde sera distribuée en toute merci et charité, aux pau-
vres et aux étrangers; La troisième sera gardée par les
prêtres eux-mêmes. »
Et le même prélat adresse aux confesseurs cette recom-
mandation (3) :
« Soyez doux et charitables envers les pauvres ; zélés
dans vos aumônes, et donnez à l'église de Dieu et aux indi-
gents. »
Dans les canons d'Eâdgâr et dM^lfric, on lit cette ordon-
nance :
« Nous enjoignons aux prêtres de distribuer les aumônes
du peuple, pour l'accoutumer à la charité, et pour donner
satisfaction à Dieu ; une part des aumônes sera délivrée aux
prêtres ; l'autre sera attribuée à l'église, et la dernière sera
partagée entre les pauvres » (4).
Les mêmes canons disposent, que tout homme qui jeûnera,
devra donner aux pauvres de Dieu, les mets qu'il aurait
mangés (5).
Dans la confession, certaines pénitences étaient rachetées
par des aumônes. Théodore prescrit « que celui qui ne peut
I. Gap. el Fragm., Theod. Thorpe, 11,65, 11, 80.
i>. Excerpt. Ecgb., Ibid., Il, 98.
3. Confess. Ecgb., Ibid., Il, 132.
I. lb id., II, 256, 35->.
:>. Ibid., 11. 286.
336 BEOWULF
jeûner, par débilité, doit faire aumône aux pauvres, selon
ses moyens... » (1). Ecghbertht réclame encore pour les
pauvres, le tiers du butin de guerre (2), et /Edelred, pré-
lève à leur intention, une part des amendes infligées en
justice (3). Larchevêque Ecghberht recommande encore aux
fidèles opulents, de donner sur leur superflu, une large
part d'aumônes.
Les évêques et leur clergé devaient exercer la charité
active. Les é\ êques devaient nourrir et vêtir les pauvres (4),
et le clerc était excommunié qui, possédant le superflu, ne
le distribuait point aux pauvres.
Les hôpitaux furent encore, à cette époque, le refuge du
pauvre. Le xenodockium ou hospiiium, fut fondé par la géné-
rosité du clergé ou des fidèles, en dehors des murs des
églises ou des monastères.
L'initiative privée faisait encore de louables efforts, pour
soulager la misère publique. En 832, l'archevêque Wulfred
fait nourrir, par jour, vingt-six pauvres sur ses domaines, et
le jour anniversaire de sa naissance, il fait remettre à
douze cents pauvres, un pain, un fromage, du lard et un
penny (5).
Oswulf, duc du Ouest-Kent, au début du ix° siècle,
ordonne qu'à son anniversaire, on partage aux pauvres,
douze cents pains, un bœuf gras, quatre moutons, cinq oies,
dix poules, dix livres de fromage, trente mesures de bière
galloise, et un tonneau de miel, ou deux de vin (6).
4. Pœnit., Thorpe, II, (il. 07, 69, 70, 134, °222.
2. Pœnit., Ecgb., Ibid., II, 23-2.
3. .ÏCdelr., VI, § 5t ; lbid., 1, 328.
4. a Episcopus pauperibus et infirmis, qui debilitate faciente non pos-
sunt suis manibus laborare, victum et vestimentum, in quantum possibi-
litas fuerit, largiatur », Ibid., II, 105.
5. Cod. Dipt., n° 230.
6. Ibid., n° 226.
LKS SAXONS EN ANGLETERRE '.VM
Vers la tin du x(' siècle, Wulfwaru partage ses biens entre
sa parenté, et impose à ses héritiers L'entretien de vingt
pa uvres (I).
On voit par ces documents, que la part des pauvres, distri-
buée sous la surveillance de lévèqne, était assez considé-
rable, pour soulager sensiblement la misère publique.
I. Cod. Dipl .. n° 694.
22
APPEXDICE DU LIVRE II
I
THE DOOMS OF THE CITY OF LONDON
(JEdelstân V. Thorpe, I, 228, sq.)
« This is the ordinance which the bishops and the reeves
belonging to London have ordained, and with weds confirmed,
among our « frith gegildas », as well eorlish as ceorlish, in
addition to the dooms which were fixed at Greatanlea and at
Exeter and at Thunresfeld.
« This then is first.
« 1. That no thief be spared over Xll pence, and no person
over XII years, whom we learn according to folkright that
he is guilty, and can mak no denial ; that we slay him, and
take all that he has ; and first take the « ceapgild » from the
property ; and after that let the surplus be divided into II :
one part to the wife, if she be innocent, and were not privy
to the crime ; and the other into II ; let the king take half,
half the fellowship. If it be bocland or bishop's land, then
has tho landlord the half part in common with the fellow-
ship.
« 2. And» he who secretly harbours a thief, and is privy to
the crime and to the guilt, to him let the like be done.
342 iu:ow i ii
« .'J. And he who stands with a thief, and fights with him,
let him be slain with the thief.
i. And he who ofl before has been convicted openly of
theft, and shall go to the ordeal, and is there found guilty;
that he he slain, unless the kindred or the lord be willing
to release him hy his « wer », and by the full « ceap-gild »,
and also have him in « borh », that he thenceforth desist
from every kind of evil. If after that he again steal, then
let his kinsmen give him up to the reeve to whom it may
appertain, in such custody as they before took him out of
from the ordeal, and let him be slain in retribution of the
theft. But if anyone defend him, and will take him, although
he was convicted at the ordeal, so that he might not be
shun ; that he should be liable in his life, unless he should
flee to the king, and he should give him his life ; all as it was
before ordained at Greatanlea, and at Exeter, and ad Thun-
resfeld.
« 5. And whoever will avenge a thief, and commits an
assault, or makes an attack on the highway ; let him be liable
in CXX shillings to the king. But if he slay any one in his
revenge, let him be liable in bis life, and in all that he has,
unless the king is willing to be merciful to him.
« Second.
« That we have ordained : that each of us should contri-
bute IV pence for our common use within XII months, and
pay for the property which should be taken after we had
contributed the money : and that all should have the search
in common; and that every man should contribute his shil-
ling who had property to the value of XXX pence, except
the poor widow who has no « forwyrhta » nor any land.
BEOWULF 343
a Third.
a That we count al\\;i\s ten men together, and the chief
should direct the aine in each of those duties which we have
all ordained ; and countj afterwards their « hyndens » toge-
ther, and one « hynden-man » who shall admonish the X for
our common benefit ; and let these XI hold the money of the
« hynden », and decide what they shall dishurse when aught
is to pay, and what they shall receive, if money should arise
to us, at our common suit ; and let them also know that every
contrihution he forthcoming which we have all ordained for
our common benefit, after the rate of XXX pence or one ox ;
so that all be fulfilled which we have ordained in our ordi-
nances, and which stands in our agreement.
« Fourth.
« That every man of them who has heard the orders should
he aidful to others, as well in tracing as in pursuit, so long
as the track is known ; and after the track has failed him,
that one man he found wdiere there is a large population, as
well as from one tithing vhere a less population is, either
tho ride or to go (unless there he need of more) thither where
most need is, and as they all have ordained.
« Fifth
« That no search be abandoned, either to the north of the
march or to the south, before every man who has a horse
has ridden one riding ; and that he who has not a horse,
work for the lord who rides or goes for him, until he come
home; unless right shall have been previously obtained.
:ii4
HI-mW II. K
« Sixth
« 1. Respecting our « ceapgild » : a horse at half a pound,
if it 1)0 so good ; and il* it be inferior, let it he paid for by
the worth of its appearance, and by that which the man
values it at who owns it, unless he have evidenee that it be
as good as he says, and then let [lis] have the surplus which
we there require.
» 2. An ox at a mancus, and a cow at XX, and a swine at X,
and a sheep at a shilling.
« 3. And we have ordained respecting our « theowmen »
whom men might have ; if anyone should steal him, that he
should be paid for with half a pound ; but if we should raise
the « gild », that it should be increased above that, by the
worh of his appearance, and that we should have for oursel-
ves the surplus that we then should require. But if he should
have stolen himself away, that he should be led to the
stoning, as it was formerly ordained ; and that every man
who had a man should contribute either a penny or a half-
penny, according to the number of the fellowship, so that
we might be able to raise the worth. But if he should make
his escape, that he should be paid for by the worth of his
appearance, and we all should make search for him. If we
then should be able to come at him, that the same should be
done to him that would be done to a Wylisc thief, or that he
be hanged.
« 4. And let the « ceapgild » always advance from XXX
pence to half a pound, after we make search ; further, if
we raise the « ceapgild » tho the full « angilde » ; and let
the search still continue, as was before ordained, though it
be less.
BEOWULF
« Seventh,
345
« That we have ordained : Let do the (1p<m1 whoever may
that shall avenge the injuries of us all, that we should he
all so in one friendship as in one foeship, whichever it then
may he; and that he who should kill a thief hefore other
men, that he he XII pence the better for the deed, and for
the enterprize, from our common money. And he who
should own the property for which we pay let him not for-
sake the search, on peril of our « oferhyrnes », and the
notice therewith, until we come to payment; and then also
we would reward him for his labour, out of our common
money, according to the worth of the journey, lest the
giving notice should be neglected.
« Eighth.
« 1. That we gather to us once in every month, if we can
and have leisure, the « hynden men » and those wo direct
the tithings, as well with « bytt-fylling », as else it may
concern us, and know what of our agreement has been exe-
cuted; and let these XII men have their refection together,
and feed themselves according as they may deem themselves
worthy, and deal the remains of the meat for the love of
God.
« 2. And if it then should happen that any kin be so
strong and so great, within land or without, whether
« XII hynde », or « twy hynde », that they refuse us right,
and stand up in defence of a thief ; that we all of us ride
thereto with the reeve within whose « manung » it may
be.
« 3. And also send on both sides to the reeves, and desire
from them aid of so many men as may seem to us adequate
for so gréai a suit, thai there may be the more fear in those
culpable men for our assemblage, and thai we all ride the-
reto, and avenge our wrong, and slay the thief, and those
who fighl and stand with him, unless they be willing to deparl
from him.
« 4. And if any one trace a track from on shire to another,
Let the men who there are next take to it, and pursue the
track till it he made known to the reeve ; let him then with
his « oianung », take to it, and pursue the track out of his
shire, if lie can ; but if he cannot, let him pay the « angyldc »
of the property, and let both reeveships have the full suit in
common, be it wherever it may, as well to the north of the
march as to the south, always from one shire to another ; so
that every reeve may assist another, for the common «frith a
of us all, by the king's « oferhyrnes ».
« 5. And also that everyone shall help another, as it is
ordained and by « weds » confirmed ; and such man as
shall neglect this beyond the march, let him be liable in
XXX pence, or an ox, if he aught of this neglect which
stands in our writings, and we with our « weds » have con-
firmed.
« 6. And we have also ordained respecting every man
who has given his « wed » in our gitdships, if he should die,
thai each gildbrother shall give a « gesufel » loaf for his
soul, and sing a fifty, or get it sung within XXX days.
« 7. And we also command our « hiremen » that each
man shall know when he has his cattle, or when he has
not, on his neighbour's witness, and that he point out to us
the track, if he cannot find it within three days ; for we
believe that many heedless men reck not how their cattle
go, for over-confidence in the « frith ».
« 8. Then we command that within III days he make it
known to his neighbours, if he will ask for the «ceap-gild »;
Il\ll II TRADUCTION .Tj7
and let the search nevertheless go on as it was before ordai-
ned, for we will not pay for any unguarded property,
unless it be stolen. Many men speak fraudulent speech. If
he cannot point out to us the track, let him show on oath
with 111 of his neighbours that it has been stolen within
HI «lay s , and after that let him ask for his « ceapgild ».
u 9. And let it not be denied nor concealed, if our lord or
any of our reeves should suggest to us any addition to our
« frith-gilds » that we will joyfully accept the same, as it
becomes us all, and may be advantageous to us. But let us
trust in God, and our kingly lord, if we fulfil all things thus,
that the affairs of all folk will be better with respect to theft
than they before were. If. however, we slacken in the
« frith » and the « wed » which we have given, and the
king has commanded of us, then may we expect, or well
know, that these thieves wall prevail yet more than they did
before. But let us keep our « weds » and the « frith » as is
pleasing to our lord ; it greatly behoves us that we devise
that which he wills ; and if he order and instruct us more,
we shall be humbly ready.
« Ninth.
« That we have ordained : respecting those thieves whom
one cannot immediatley discover to be guilty, and one after-
wards learns that they are guilty and liable ; that the lord
or the kinsmen should release him in the same manner
as those men are released who are found guilty at the
ordeal.
« Tenth.
« That all the « witan » gave their « weds » altogether to
the archbishop at Thunresfeld, when /Elfeah Stybb and
^iS BE0W1 IK
Brihtnoth Odda's son came to meet the « gemot » by the
king's command ; that each reeve should take the « wed » in
his own shire : that they would all hold the « frith » as king
Ethelstan and his « witan » had counselled it, lirst at Grea-
tanlea, and again at Exeter, and afterwards at Feversham,
and a fourth time at Thunresfeld, before the archbishop
and all the bishops, and his « witan » whom the king him-
self named, who were thereat : that those dooms should be
observed which were fixed at this a gemot », except those
which were there before done away with ; which was. Sunday
marketing, and that with full and true witness any one
might buy out of port.
« Eleventh.
« That ^Ethelstan commands his bishops and his « ealdor-
men » and all his reeves over all my realm, that ye so hold
the « frith » as 1 and my « witan » have ordained ; and if
any of you neglect it, and will not obey me, and will not
take the « wed » of his « hiremen », and he allow of secret
compositions, and will not attend to these regulations as I
have commanded, and it stands in our writs ; then be the
reeve without his « folgoth », and without my friendship,
and pay me CXX shilling ; and each of my thanes who has
land, and will not keep the regulations as 1 have comman-
ded, [let him pay! half that.
« Twelfth.
« 1. That the kin^' now again has ordained to his « witan »
at Witlanburh, and has commanded it to be made known
to the archbishop by bishop Theodred, that it seemed to
him too cruel that so young a man should be killed, and
besides for so little, as he has learned has somewhere been
TEXTE ET TRADUCTION 349
<l<>n<\ He then said, that it seemed to him, and to those who
counselled with him, that no younger person should b<>
slain than XV years, except he should make resistance or
tlee, and would uot surrender himself; that then he should
be slain, as well for more as for less, whichever it might be.
But if he he willing to surrender himself, let him be put into
prison, as it was ordained at (iratanlea, and by the same let
him be redeemed.
« 2. Or if he come not into prison, and they have none,
that they take him in « borh » by his full « wer », thar he will
evermore desist from every kind of evil. If the kindred will
not take him out, nor enter into « borh » lor him, then
let him swear as the bishop may instruct him, that he will
desist from every kind of evil, and stand in servitude by his
« wer ». But if he after that again steal, let him be slain or
hanged, as was before done to the elder ones.
« 3. And the king has also ordained, that no one should
be slain for less property than Xll pence worth, unless he
will flee or defend himself; and that then no one should
hesitate, though it were for less. If we it thus hold, then
trust I in God that our « frith » will be better than it has
before been ».
Les pièces suivantes qui peuvent paraître intéressantes au
point de vue documentaire, sont extraites de Warkônigs' His-
tory of Flanders, vol. II.
I. Première Charte ou Keure de la ville de St. Orner, accordée
par Guillaume de Normandie, comte de Flandre, et con-
firmée par Louis-le-Gros, roi de France. 14 avril 11Q21 '.
« Ego Guillelmus Dei gratia Flandrensium Comes peti-
tioni Burgensium Sancti Audomari contraire nolens, pro eo
;{.">() HKUW III
maxime quia meam $e Gonsulatu Flamlriae petitionem Liben$i
;mim<> receperun^j <*t quia honestius el fidelius caeteris Flan-
drensibue erga mé semper se habuerunt, Lagas sen consue-
tudines suhscriptus perpétue ek iure c once do. et ratas
manere pr»cipio.
« § 1. Primo quidem ut erga unumquemque hominem,
pàcem cis faciam et eus sicut homines meos sine malo inge-
nio manuteneam et defendam; reetumque indicium scabino-
rum erga unumquemque hotninem, et erga me ipsum cis
fieri cpncedam ; ipsisque scabiiiis libertateffi, qualem melius
liabent scabini terra' mea* constituam.
« § 2. Si quis Burgensium Sancti Audomari alicui pecu-
niam suam crediderit, et ille cui crédita est, coram légiti-
mas hominibus et in villa sua hereditariis sponte concesse-
rit, quod si die constituta pecuniam non persolverit, ipse vel
bona eius, donee omnia reddat, retineantur : si persolvere
noluerit, aut si negaverit hanc conventionem, et testimonio
duorum Scabinorum, vel duorum iuratorum inde convictus
fuerit, donee debitum solvat, retineatur.
« § 3. Si quis de iure christianitatis ab aliquo interpellatus
fuerit, de villa Sancti Audomari alias pro iustitia exequenda,
non exeat : sed in eadem villa coram episcopo vel eius
Archidiacono, vel suo presbytero, quod iustum est clerico-
rum, scabinorumque iudicio exequatur : nee respondeat ali-
cui, nisi tribus de causis ; videlicet de infractura ecclesia?,
vel atrii, de lesione clerici, de oppressione et violatione
feminae : quod si de alii s causis, querimonia facta fuerit
coram iudicibus et praeposito meo hoc finiatur. Si eniiii
coram K. Comité et episcopo Johanne statutum fuit.
« 4. Libertateni vero, quam antecessorum nieoruni tenipo-
ribus habuerunt eis concedo. Scilicet quod nuinquam de
terra sua in expeditionem proficiseentur, excepto si hostilis
TEXTE ET TRAD! CTIOIS 3S I
exercitus terrain Flandriae LnvaseritJ tune me et terrain
oieam defendere dehunt.
« § o. Omnes qui Gildam eorum habent, et ad illam per-
tinent, et infra cingnlam villae suae inanent, liberos omnes
a teloneo facio, ad portum Dichesmudœ et GraVeningis ;
et per Iota ni terrain Flandriae, eos liberos a Sewerp facio.
Apud Batpalmas teloneum, quale (louant Atrebatenses, eis
constituto.
« S 6. Quisquis eorum ad terrain imperatoris pro negotia-
tione sua perexerit, a nemine meorum hansam persolvere
cogatur.
« § 7. Si contigerit milii aliquo tempore praeter terrain
Flandriae aliam conquirere, aut si eoncordia pacis inter me et
avunculum nieiini H. regein Àngliae facta fuerit, in conquisita
terra illa aut in toto regno Anglorum eos liberos ab omni
teloneo et ab omni consuetudine in eoncordia illa recipi
facia m.
« § 8. In omni mereato Flandriee si quis elamorem adversus
eos suscitaverit iudicium scabinorum de omni clamore sine
duello subeant ; ab duello vero ulterius liberi sint.
« §9. Omnes qui infra niurum sancti Audomari habitant et
deinceps sunt habitaturi, liberos a Cavagio hoc est a capitali
censu, et de advocationibus constituo.
« $ 10. Pecuniam eorum qua1 post mortem Coniitis lv. eis
ablata est, et quae propter fidelitatein quam erga me habent
adhuc eis detinetur, aut infra annum reddi faciam, aut iudi-
cio scabinorum institiani eis iieri concedain.
« §11. Pra*terea rogaverunt regem Frftiiciae et Uaulphum
de Parona, ut ubicumque in terrain illorum venerint, liberi
sint al) omni teloneo, et traverso et passagio ; quod et concedi
volo.
« S 12. Communionem autem suam sicut earn iuraverunt
permanere pranipio, et a ix-'inine dissolvi permitto, et onnie
352 BKOWULF
rectum rectamque iustitiam sicut melius stat in terra mea,
scilicet in Flandria, cis concede
« $ 13. Et sicut meliores et liberiores Burgenses Flandriae
ab oinni consuetudine liheros deinceps esse volo ; nullum
scotli, nullam taliam, nullam pecuniae suae petitionem ab eis
requiro.
« § 11. iMonetam meam in Sancto Audomaro unde per
annum XXX Libras habebam et quidquid in ea habere debeo,
ad restaura I ionem damnorum suoruni et gildae sua- sustenta-
nientum constitute, lpsi vero Burgenses monetam per totain
vitam meam stabilem et bonani, unde villa sua melioretur,
stabiliant.
« § 15. Custodes qui singulis noctibus per annum vigilantes
castellum Sancti Audomari custodiunt, et qui praeter feodum
suum et praebendam sibi antiquitus constitutain in avena et
caseis et in pellibus arietum, iniuste et violenter ab unaqua-
que domo in eadem villa, scilicet ad Sanctum Andomarum
sanctumque Bertinum in natali domini panem unum et dena-
rium unum ant duos denarios exigere soient, aut pro hiis
pauperum vadimonia tollebant, nihil omnino deinceps praeter
feodum suum et praebendam suam exigere audeant.
« § 16. Quisquis ad Niuverledam venerit, undecumque
venerit, licentiam habeat veniendi ad Sanctum Audomarum
cum rebus suis in quacunque navi voluerit.
« § 17. Si cum Boloniensum comité S. concordiam habuero,
in ilia reconciliation eos a Teleneo et Seuwerp apud Wit-
sant et per totam terrain eius liberos esse facia m.
« § 18. Pasturam adiacentem villa? Sancti Audomari in
nemori, quod dicitur Lo, et in paludibus et in pratis et in
bruera et in Hongrecoltra, usibus eoruni, excepta terra
Lazarorum, concedo, sicut fuit tempore Roberti Gomitis
Barbati.
« § 19. Mansiones quoque, qua1 sunt in niinisterio Advo-
LKS SAXONS EN ANGLETERRE 353
cati Sancti Bertini, i i las videlicet quae inbabitantur, ab omni
consuetudine libéras esse volo : dabuntque singular denarios
XII in festo Sancti Michaelis, et de brotban denarios XII et
de byrban denarios XII. Vanne anteni nihil dab un t.
« § 20. Si ({iiis extraneus aliquem Burgensium Sancti Audo-
mai'i agressus fuerit, et ei contiimeliain vel iniuriam irroga-
verit vel violenter ei sua abstulerit, et cum hac iniura nianus
eius evaserit, postmodum vocatus a castellano vel uxore
eius sen ab eius dapifero infra, iriduum ad satisfactionem
venire contempserit aut neglexerit ; ipsi comniuniter iniu-
riam fratris sui in eo vindicabunt, in qua vindicta si domus
diruta vel combusta fuerit, aut si quispiam vulneratus vel
occisus fuerit, nullum corporis aut rerum suarum periculuin,
qui vindictam perpetravit, incurrat, nee ofi'ensam meant
super hoc sentiat vel pertimescat ; si vero, qui iniuriam intu-
lit presentialiter tentus fuerit, secundum leges et consuetu-
dines villa' presentialiter iudicabitur et secundum quantita-
tein facti punietur; scilicet oculum pro oculo, dentem pro
dente, caput pro capite reddet.
« § 21. De morte Eustachii de Stenford quicunque aliquem
Burgensium Sancti Audomari perturbaverit et molestaverit,
reus proditionis et mortis K. Gomitis habeatur ; quoniam pro
fidelitate mea factum est, quidquid de eo factum est; et sicut
iuravi et fîdeni dedi, sic eos, erga parentes eius reconciliare
et pacificare volo.
« § 25. Hanc igitur Communionem tenendam, has supra -
dictas consuetudines et conventiones esse observandas tide
prorniserunt et sacramento confirmaverunt ; Ludovicus rex
Francorum, Guillelmus cornes Flandriae, Raulphus de
Parona, Hugo Gandeyana, llosto Castellanus, et Guillelmus
frater eius, Robertus de Bethuna, et Guillelmus lilius eius,
Anselmus de Hesdinio, Stephanus Cornes Boloniensis,
Manasses Cornes Gisnensis, Galtcrus de Lillers, Balduinus
23
354 BEOWULF
Gandavensis, HiUvannus frâter eius, Rogerus Castellanus
[nsulensis, ei Robertus lilins dus, Castellanus Gandavensis,
Gervasius Petrus dapifer, Stephanus de Seningaham. Confir-
niatuiu est hoc privilegium el a Comité Guillelmo e1 praedic-
tis Baronibus istis fide et sacramento sancitum, et collauda-
tum anno dominicœ [ncarnationis MCXXVII, win Kl. Maii,
feria Va die festo Sancti Tiburtii et Valeriani. »
II. Additions et change mens faits à la Keure précédente par
h' Comte Thierri d'Alsace. 2? août 1128.
« § 1. Monetam quam Burgenses Sancti Audomari habue-
rant, Comiti liberam reddiderunt eo quod eos benignius
tractaret, et lagas suas eis libèhtius ratas teneret : et insu-
per ut ceteri Flandrenses eidem sua incrementa celerius
redderent.
« § 2. Teloneum vero suum ab eodem in perpetuo ccnsu
receperunt, quotannis C soli dos dando.
« § 8. Si quis etiam eorum mortuo aliquo consanguineo
suo, portionem aliquam possessioni illius sibi obvenire cre-
dens et in comitatu Flandriae manens, cum eo, qui posses-
sionem ilia m tenebit, vel partiri infra annum neglexerit, vel
eum super boc per iudices et scabinos minime convenerit ;
qui per annum integrum sine légitima calumnia tenuerit,
quiète deinceps teneat, et nulli super boc respondeat. Si
autem beres in comitatu Flandriae non fuerit, infra annum,
quo redierit, cum possessore agat supradicto modo : alio-
quin qui tenebit sine ulla inquietatione teneat. Si autem
berede aliquandiu peregre commorante, et cum redierit
suam requirente, possidens se cum eo partitum esse dixerit,
si ille per quinque Scabinos probare falsum esse poterit,.
bereditas qua? eum attingit ei reddetur : alioquin possidens
per quatuor legitimes viros se ei portionem suam dédisse
LES sa\o\s EN ANGLETERRE «V>5
probabit; e1 ila quietus erit. Quod si hères infra annos dis-
cretionis fuerit, pater vel mater, si supervixerint, vel qui
eum rnanutenebit, portionem quae illum attinget scabinis et
aliis Legitimis viris intra annum obitus ill i us ostendat, et si
ois visum fuerit quod ille fideliter servare debeat, ei comit-
tatur. Sin autem iudicio et providentia illorum ita disponatur,
ne hères damnum alioquod patiatur ; etcum ad annos discre-
tions venerit, et opportunum fuerit, hereditate sua intègre
et sine aliqua diniinutione investiatur.
« § i. Item si quis alicui lilium suuni, vel filiam in matri-
monio coniunxerit, et tilius ille, veltilia sine proie obierint, ad
patrem et matreni eorum si supervixerint, si autem mortui
fuerint ad alios filios eorum, vel tilios filiorum redeat here-
ditas quai pertinebat ad filium vel filiam, quos aliis matri-
monio copulaverant; et viventibus pâtre vel maire eorum
heredîtas ilia eum supradictis personis tantum dividatur :
mortuis autem illis propinquiores çonsanguinei illain, prout
iustum est, sortiantur.
« Hane igitur communionem tenendam, et supradietas
institutiones et conventiones esse ol)servandas fide promise-
runt et sacramento confirmaveruiit Tlieodoricus, Cornes
Flandriae, Willelmus Gastellanus Sancti Audomari, Willel-
mus de Lo, Iwaunus de Gandavo, Danihel de Tenramunda,
Raso de Gavera, Gislebertus de Bergis, Henricus de Broburc,
Gastellanus de Gandavo, Gervasius de Brugis. — Praefati
Barones insuper iuraverunt, quod si Gomes Burgenses
Sancti Audomari extra consuetudines suas eiicere et sine
iudicio Scabinorum tractare vellet, se a comité diseessuros
et cum eis remansuros, douce cornes eis suas consuetudines
intégré restitueret et iudicium Scabinorum eos subire permit
teret. Actum anno dominicae tncarnationis MCXXVII1 in octa-
vis assumptionis Beatae Mariae ».
356 BEOWULF
III. Charte de donation du fonds delà Gild-halle de St. Orner
aux Hour (/cois de cette ville, 1151.
« Ego Theodoricus DeipatientiaFlanôrensium Comes, con-
sensu uxoris mese Sibillae, concedente ita quoque Philippo
filio meo, terram in qua Ghildhalla apud sanctum Àudoma-
rum in foro sita est, cuin scopis et adpenditiis suis lain
ligneis quam lapideis, burgensibus eiusdem villae hereditario
iure possidendam, et ad omnem mercaturam tani in appen-
diliis, quam in Ghildhalla exercendam tradidi : hanc quo-
que libertatem eis concessi, ut si (jais in eam venerit, unde-
cunque reus fuerit. in ipsa domo iudici in eum nianum non
mittere licebit ; ille autem su!) cuius custodia Ghildhalla
tenetur, admonitus a iudice réuni extra limen Ghildhallae con-
ducens nisi fideiussione se defenderit, in praesentia duorum
scabinorum vel plurium eum iudici tradet : iudex vero eum
in potestate sua habens secundum quantitatem facti cum eo
aget. Illud quoque addidimus, quod alienus negotiator nus-
quam, nisi in praedicta domo aut in appendiciis eius, vel in
pleno foro merces suas suas vendendas exponat aut vendat.
Solis autem burgensibus in foro, in Ghildhalla, seu magis
velint, is propria domo sua, vendere liceat.
« Quoniam autem humana omnia ex rerum et temporum
varietate senescunt, sigilli mei auctoritate et subscriptorum
testimonio hoc corroboravi. Walterus Gastellanus sancti
Audomari, Arnoldus Cornes de Gisnes, Gerardus Propositus,
Arnulplms de Arde, Henricus (lastcllanus de Briibborg,
Elenardus de Sinningehem, Hugo de Ravensberghe, Balde-
vinus de Bailgul, Michœl Junior, Christianus de Aria, Guido
Gastellanus de Bergis, Bogerus de Wavrin, Helinus filins
(MUS. »
LES SAXONS EN ANGLETERRE 357
IV. Keure de Bruges, Vers 1190.
o Haec est lox et consuetudo quam Brugenses tenere debout
a comité Philippo instituta. Si quisalicui vulnus fcce rit infra
pontem sanctae Maria1, infra Botrebeika, infra usque ad
(Ionium Galtori Calvi, infra usque ad domiini Lanikini Car-
pentaria supra terram Balduini de Prat infra fossatum vote-
ris molendini, et illud veritate scabinorum cognoscatur de
quacunque re factum sit, ad domum in qua ille manet, qui
vulnus imposuit, per scabinos et per iustitiam coniitis sub-
moneatur. Qui submonitus, si scabinis se pra?sentet, veritate
inquisita de illo qui vulnus fecerit per sexaginta libras fore-
factum emendet, et si scabini sciunt quod vulnus non fecerit,
liber et in pace remanebit. Si die quâ submonebitur se non
praesentaverit. remanel)at in forefacto sexaginta librarum, et
si scabini voluerint domum eius prosternere, potcrunt et in
respectum ponere, sed ex toto condonare non possunt nisi
voluntate Comitis.
« 2. Si verô quis aliquem in domo sua assiluerit, undë cla-
mor factus sit, scabini et iustitia domum ibunt inspicere : et
si scabini poterunt videre, assultum esse apparentem, ille de
quo clamor factus est submoneri debet ; qui si scabinis se
praesentaverit et illum intellexerint assultum fecisse, LX libras
amittet. Si vero cognoverint illum assultum non fecisse, liber'
et in pace recédât. Si autem ad diem submonitionis venire
noluerit, domo ejus prostrata LX librarum reus erit. Quod si
alii assul ui interfuerint, de quibus clamor factus non sit, si
cornes super hoc veritatem scabinorum requisierit scabini
veritatem inquirere debent, et quotquot veritate scabinorum
de assultu tenebuntur, unusquisque eorum LX librarum reus
erit, ac si de eo clamor factus sit. Si vero scabini nullum
assultum agnoscere potuerunt ab ipsis super hoc Veritas est
inquirenda.
*Y.\H BEOWULF
<< 3. Qui cum armis molutis infra praafinitos terminos ali-
quem fugaverit, si veritate scabinorum convincatur foris-
facto Librarum LX tenebitur : si aliquis assiiiatur, quidquid
ipse facial in defendendo corpus suum nullo tenebitur foris-
facto.
« 4. Qui aliquem bannitum occideril in hoc nullum facil
forisfactum.
« 5. Quicumque testimonio scabinorum convictus fuorit
de rapina, LX lil) de forisfacto dabit el dampnum rapinae
réstituet.
« G. Qualemcunque concordiam bannitus faciat comiti,
remanebit tamen bannitus, donee viris Brugensibus ad opus
castri IX Solidos dederit.
« 7. Oui bannitum de forefacto LX libr. hospitio susce-
perit, veritate scabinorum convictus LX libras amittet.
« 8. Oui aliquem fuste vel l)aculo perçussent, convictus a
scabinis in forisfacto X lil). incidit de quibus comes habebit
V lib. Castellanus XX sol. ille qui percussus est LX sol. et
ad opus castri XX sol.
« 9. Qui pugno vel palma aliquem percusserit seu per
capillos acceperit inde per scabinos convictus LX sol. dabit
unde XXX solidi comitis erunt, perçus >i XV sol. castellani
X sol. ad opus castri V sol. Qui aliquem per capillos ad terrain
traxerit sive per lutuni trahendo pedibus conculcaverit, Xlib.
comiti dabit, maletractato XV solidos, Gastellano X sol. et
ad castrum V solidos.
<( 10. Qui vero alicui convitia dixerit, si testimonio duorum
scabinorum convincatur, illi cui convicia dixerit V solidos
dabit, Iusticiae XII denarios.
» 11. Quiduobus scabinis aut pluribus inducias pacis, qua5
treuiaB dicuntur, de ([uàlil^ct discordià dare nuolerit, illud
emendabit per LX lib.
« 12. Si dissensiones aut discordiae aut guerraeaut aliquod
LES SAXONS K\ ANGLETERRE 359
aliud malum inter probos viros oppidi exoriatur, unde ad
aures scabinorum clamor perveniat, salvo iure comitis,
scabini illud componere el pacificare poterunt. Oui vero
compositipnem vol pacem quam super hoc scabini consolida-
verint, sequi aoluerit, forisfactum LXlib. ineurret.
« 13. Qui ea dedixerit quae scabini in iudicio vol testimonio
affirmaverint, LX Lib. amittet, et unicuique scabinorum qui
al> eo dedictus orit X Libras dabit.
« M. Quicumque per vim fœminam violaverit, si de eo
veritate scabinorum convincatur, éâdem pœnà dampnabitur,
quanta a pnedecessoribus comitil)US, taies malefactores
dampnari soient in Flandrià.
« 15. Quicumque per malum in scabinos manu m suani
immiserit, si scabini illud testifîcentur, LX libras dabit.
« 16. Praeterea sciant omnes, quod vir de oppido Brugensi,
cuiuscunique forisfacti se réuni fecerit, non amplius quam
LX libr. aniittere poterit, nisi legitime per scabinos convictus
fuerit de raptu, ut dictum est, vel de latrocinio, vel de falsi-
tate, vel nisi hominem occident. Qui verô occiderit hominem,
caput pro capite dabit, et omnia sua in potestate comitis
erunt absque omni contradictione, si de homicidio veritate
scabinorum teneatur.
« 17. Nemo infra praefmitos terminos manens infra muros
castri gladium ferat, nisi sit mercator vel alius qui gratià
negocii sui per castrum transeat. Si vero castrum intraverit
causa inibi morandi, gladium extra in suburbio dimittat.
Quod si non fecerit, LX solidos et gladiadum amittet. lusti-
ciis vero comitis et ministris earum, quia pacem castri obser-
vare del)ent, nocte et die infra castrum arma ferre licebit.
Viris etiam Brugensibus gladium portare et reportare licebit,
dummodo Castro exeanî festinanter. Si quis autem eorum
moras faciendo, vel per castrum vagando, gladium portave-
rit, LX solid, et gladium amittet.
360 BEOWULF
«< IS. Si scabini gratia emendationis villa* assensu iustitiae
comitis bannum in pane et vino et ci'tcris mcr<il>us consti-
tuerint, medietas eorum quae ex banno provenient, comitis
erit, el altera medietas castellani et oppidi*
« 1(.). Si mercator sive alius homo extranens ante scabinos
iustitiae causa venerit, si illi, dequibus conqueritur présentes
sint vel inveniri possint infra turtium diem vel saltern infra
octavum, plena riam ei scabini iustitiam faciant iuxta legem
castri.
« 20. Neniini in foro comitis stallos locare licebit, quod si
locaverit et veritate scabinorum super hoc convictus fuerit,
LX solidos comiti dabit.
21 . Si aliquis de infracturis castri coram scabinis falsum
testimonium portaverit si scabini illud cognoverint LX libras
amittet.
« 22. Quando aliquis scabinus decedet, alius ei substitue-
tur electione Comitis non aliter.
« 23. Si scabinus testimonio scabinorum parium suorum
de falsitate convictus fuerit, ipse et omnia sua in potestate
Comitis erunt.
<( 24 Si Scabini a Comité vel a ministro Comitis submoniti,
falsum super aliqua re iudicium fecerint, veritate scabino-
rum Atrebatensium, sive aliorum qui eandem legem tenent,
comes eos convincere poterit ; et si convicti fuerint, ipsi et
omnia sua in potestate comitis erunt. Quoties vero super
huiusmodi falsitate submoniti fuerint, nullatenus contradi-
cere poterunt, quin diem sibi a Comité pra?fixum teneant,
ubicumque Comes voluerit in Flandriâ.
« 25. De omnibus vero aliis causis ad Comitem pertinenti-
bus, Brugis in castello vel ante castellum placita tenebunt
in praesentia Comitis vel illius quern loco suo ad iustitiam
tenendam instituerit. Instituto autem ad eius submonitionem
LES SAXONS IN A Nli LKTKHHE
M\\
de omnibus tanquam Comiti respondebunt, quamdiu in hoc
servitio comitis erit.
Ad hoc uec scabini nee Burgenses aliquid addere, mutare,
vel corrigere poterunt, nisi per consilium Comitis vol illins
quern Loco silo ad iustitiam tenendam instituerit.
V. Ordonnance du comte Philippe d'Alsace, sur les attributs
des Baillis ni Flandre, Vers 1178
« Hipc sunt puncta. qua? per universam terrain suam Cornes
observari praecepit.
» S 1 . Primo qui homineni occident, caput pro capite
dabit.
» § 2. Item baillivus Comitis poterit arrestare hominem qui
forefecit sine Scabinis donee ante Scabinos veniat, et per
consilium eorum plegium accipiat de forisfacto.
« § 3. Item si baillivus volens hominem arrestare, non
potuerit et auxilium vocaverit, qui primus merit, et balli-
vum non adiuverit in forisfacto erit, sicut Scabini considera-
bunt ; nisi forte ostendere quis potuerit per Scabinos quod
ille qui arrestandus erat, inimicus eius sit de mortali faidâ ;
et tune sine forisfacto erit licet baillivum non adiuverit ad
capiendum suum inimicum.
(( g A. Item baillivus Comitis erit cum Scabinis, qui eligent
probos viros villse ad faciendas tallias et Assisas, sed cum
talliabunt Scabini vel Indicia facient, vel inquisitiones veri-
tatis, vel protractiones, non intererit baillivus ; aliis autem
cousiliis qua» ad utilitatem villae pertinebunt, baillivus intere-
rit cum Scabinis, scriptum autem talliae et assisa? reddent
Scabini baillivo, si postulaverit.
« § 5. Item baillivus accipiet forisfactum adiudicatum
Comiti per Scabinos, ubicumque illud invenerit extra eccle-
siam et ubicumque accipi debet per Scabinos.
'M\li m:<)\\ i i.i
«■ 6. Il<'in (jui bannitum de pecunia reccptaveril eâdem
Lege de pecuniâ tenebitur qua bannitus ; el si fueril capite
bannitus qui receptatus est, tunc receptans tenebitur de
forisfacto LX lil>. Quod si vir domi non fueritj el ejus uxor
bannitum receptaverit, rediensque vir, tertiâ aim mi probo-
1*11111 virorum iurare potueril : quod bannitum in domum suam
receptum esse nescierit; sine forisfacto remanebit : si autem
absentia mariti, uxori prohibitum fuerit per Scabinos, ne
bannitum receptet, de caetero non poteril eum sine forisfacto
receptare.
« § 7. [tern de quindenâ in quindenam, habet conies, vcl
baillivus ex eius parte, veritatem si voluerit.
« g 8. Item domus diruenda Judicio Scabinorum, posl
quindenam a scabinis indultam, quandocumque Comes pra?-
ceperit, aut baillivus eius, diruetur a Communia villae, cam-
pana pulsata per Scabinos : et qui ad diruendam domum
illam non venerit, in forisfacto erit, sicut Scabini considéra -
bunt, nisi talem excusationem habuerit, qu.se Scabinis suffi -
ciens videatur.
« $ 9. Item pater non poterit forisfacere domum vel rem
filiorum, qu.ee eis ex parte matris contingit ; nee lilii pote-
runt forisfacere rem vel domum patris, qnee ex parte patris
venit.
« § 10. Item si homo per Scabinos domum suam sine
scampo invadiaverit, earn forisfacere non poterit, nisi salvo
catallo eius, qui domum illam vadet in vadio.
« vj 11. Item fugïvitus de aliquâ villa pro debito, si in alia
villa inventus fuerit, arrestabitur, et ad villain de qua fuge-
rat, reducetur, et iudicium Scabinorum illius vilLne subire
cogetur.
« § 12. Item si quis vulneratus fuerit, et videatur Scabinis,
quod non sit vulneratus ad mortem, et postea de illo vulnere
mortuus fuerit, Scabini non erunt in forisfacto contra Comi-
LES SAXONS l.N ANGLETERRE 3G3
tcm, qui minorent plegiaturam acceperuni <l<* eo qui eum
vulneravit, quam si mortaliter fuisset vulneratus. »
I. Charte de Beauvais. — « Tous les hommes domiciliés
dans L'enceinte du mur de ville cl dans los faubourgs, de
quelque seigneur que relève Le terrain où ils habitent, prê-
teront serment à la communie. Dans toute l'étendue de la
ville, chacun prêtera secours aux autres, loyalement et selon
son pouvoir.
« Treize pairs seront élus par la commune, entre les-
quels, d'après le vote des autres pairs et de tous ceux qui
auront juré la commune, un ou deux seront créés majeurs.
« Le majeur et les pairs jureront de ne favoriser per-
sonne de la commune pour cause d'amitié, de ne léser per-
sonne pour cause d'inimitié, et de donner en toute chose,
selon leur pouvoir, une décision équitable. Tous les autres
jureront d'obéir et de prêter main forte aux décisions du
majeur et des pairs (1).
« Quiconque aura forfait envers un homme qui aura juré
cette commune, le majeur et les pairs, si plainte leur en est
faite, feront justice du corps et des biens du coupable.
« Si le coupable se réfugie dans quelque chàteau-fort, le
majeur et les pairs de la commune parleront sur cela au
seigneur du château ou à celui qui sera en son lieu ; et si, à
leur avis, satisfaction leur est faite de l'ennemi de la com-
mune, ne sera assez ; mais si le seigneur refuse satisfaction,
ils se feront justice à eux-mêmes sur ses hommes.
1. Ann., de Noyon, I. II, p. 805.
« Turbulenta conjuratio facta communionis » (epistoke Ivonis Garno-
tensisepiscopi, apud script, rer. franc.,) t. XV, p. 105.
«Cum primùm communia acquisita fuit, omnes Viromandiœ pares, et
omnes clerici, salvo ordinesuo, omnesque milites, salvà fidelitate comitis,
firm iter lenendam juraverunt ». {Recueil des ordonnances des rois de
France, t. XI, p. 270).
364
I! I iiWTLF
« Si quelque marchand étranger vient à Beauvais pour Le
marché, el que quelqu'un lui fasse tori ou injure dans les
Limites de la banlieue; si plainte en est faite au majeur et
aux pairs, el que Le marchand puisse trouver son malfai-
teur dans la ville, le majeur et les pairs en feront justice, à
moins que le marchand ne soit un des ennemis de La com-
mune.
« Nul homme de la commune ne devra prêter ni creancer
son argent aux ennemis de la commune tant qu'il y aura
guerre avec eux, car s'il le l'ait il sera parjure ; et si quel-
qu'un est convaincu de leur avoir prêté ou créance quoique
ce soit, justice sera faite de lui, selon que le majeur et les
pairs en décideront.
« S'il arrive que le corps des bourgeois marche hors de la
ville contre ses ennemis, nul ne parlamentera avec eux si ce
n'est avec licence du majeur et des pairs.
« Si quelqu'un de la commune a confié son argent à quel-
qu'un de la ville, et que celui auquel l'argent aura été confié
se réfugie dans quelque chàteau-fort, le seigneur du château,
en ayant reçu plainte, ou rendra l'argent ou chassera le
débiteur de son château ; et s'il ne fait ni l'une ni l'autre
de ces choses, justice sera faite sur les hommes de ce
château.
« Si quelqu'un enlève de l'argent à un homme de la com-
mune et se réfugie dans quelque chàteau-fort, justice sera
faite sur lui si on peut le rencontrer, ou sur les hommes et
les biens du seigneur du château, à moins que l'argent ne
soit rendu.
« S'il arrive que quelqu'un de la commune ait acheté
quelque héritage et l'ait tenu pendant l'an et jour, et si quel-
qu'un vient ensuite réclamer et demander le rachat, il ne lui
sera point fait de réponse, mais l'acheteur demeurera en
paix.
LES SAXONS KN ANGLETERRE 365
« Pour aucune cause la présente charte ne sera portée
hors de la ville. »
11. Charte de. la Commune de Laon. — « Nul ne pourra
se saisir d'aucun homme, soit libre, soit serf, sans le minis-
tère de la justice.
« Si quelqu'un a, de quelque manière que ce soit, fait tori
à un autre, soit clerc, soit chevalier, soit marchand indi-
gène ou étranger, et que celui qui a fait le tort soit de la
ville, il sera sommé de se présenter en justice par-devant le
majeur et les jurés, pour se justifier ou faire amende ; mais
s'il se refuse à faire réparation, il sera exclu de la ville avec
tous ceux de sa famille. Si les propriétés du délinquant en
terres ou en vignes sont situées hors du territoire de la ville,
le majeur et les jurés réclameront justice contre lui, de la
part du seigneur dans le ressort duquel ses biens seront
situés ; mais si l'on n'obtient pas justice de ce seigneur, les
jurés pourront faire dévaster les propriétés du coupable. Si
le coupable n'est pas de la ville, l'affaire sera portée devant
la cour de l'évêque, et si, dans le délai de cinq jours, la for-
faiture n'est pas réparée, le majeur et les jurés en tireront
selon leur pouvoir.
« En matière capitale, la plainte doit d'abord être portée
devant le seigneur justicier dans le ressort duquel aura été
pris le coupable, ou devant son bailli s'il est absent ; et si
le plaignant ne peut obtenir justice ni de l'un ni de l'autre,
il s'adressera aux jurés.
« Les censitaires ne paieront à leur seigneur d'autre
cens que celui qu'ils lui doivent par tête. S'ils ne le paient
pas au temps marqué, ils seront punis selon la loi qui les
régit, mais n'accorderont rien en sus à leur seigneur que de
leur propre volonté.
« Les hommes de la commune pourront prendre pour
366 BKOWI LP
femmes les lilies des vassaux ou (1rs serfs de quelque sei-
gneur (jiH' ce soit, à L'exception «les seigneuries el des
églises qui fonl partie de cette commune. l)ans les families
de ces dernières ils ue pourront prendre des ('houses sans Le
consentement i\\\ seigneur.
« Aucun étranger censitaire des églises ou des chevaliers
de la ville ne sera compris dans la commune que du consen-
tement de son seigneur.
« Quiconque sera reçu dans cette commune, bâtira une
maison dans le délai dun an, ou achètera des vignes, ou
apportera dans la ville assez d'effets mobiliers pour que
justice puisse être faite, s'il y a quelque plainte contre lui.
Les main-mortes sont entièrement abolies. Les tailles seront
réparties de manière que tout homme devant taille paie
seulement quatre deniers à chaque terme et rien de plus, à
moins qu'il n'ait une terre devant taille, à laquelle il tienne
assez pour consentir à payer la taille. »
III. Charte 'de la Commune de Amiens. — « Chacun
gardera fidélité à son juré et lui prêtera secours et conseil
en tout ce qui est juste.
« Si quelqu'un viole sciemment les constitutions de la
commune et qu'il en soit convaincu, la commune, si elle le
peut, démolira sa maison et ne lui permettra point d'habiter
dans ses limites jusqu'à ce qu'il ait donné satisfaction.
« Quiconque aura sciemment reçu dans sa maison un
ennemi de la commune et aura communiqué avec lui, soit
en vendant et achetant, soit en buvant et mangeant, soit en
lui prêtant un secours quelconque, ou lui aura donné aide
et conseil contre la commune, sera coupable de lèse-com-
mune, et, à moins qu'il ne donne promptement satisfaction
en justice, la commune, si elle le peut, démolira sa maison.
« Quiconque aura tenu devant témoins des propos inju-
TEXTE ET TRAD! CT10N M7
pour la commune, si La commune en esl informée, el que
l'inculpé refuse de répondre en justice, la commune, si elle
le peut, démolira sa maison et ne lui permettra pas d'habiter
dans ses limites jusqu'à ce qu'il ait donné satisfaction.
« Si quelqu'un attaque de paroles injurieuses le majeur
dans l'exercice de sa juridiction, sa maison sera démolie,
ou il paiera rançon pour sa maison en la miséricorde des
juges.
« Que nul n'ait la hardiesse de vexer au passage, dans la
banlieue de la cité, les personnes domiciliées dans la com-
mune, ou les marchands qui viennent à la ville pour y
vendre leurs denrées. Si quelqu'un ose le faire, il sera réputé
violateur de la commune et justice sera faite sur sa personne
ou sur ses biens.
« Si un membre de la commune enlève quelque chose à
l'un de ses jurés, il sera sommé par le maire et les échevins
de comparaître en présence de la commune, et fera répara-
tion suivant l'arrêt des échevins.
<( Si le vol a été commis par quelqu'un qui ne soit pas de
la commune, et que cet homme ait refusé de comparaître
en justice dans les limites de la banlieue, la commune,
après l'avoir notifié aux gens du château où le coupable a
son domicile, le saisira, si elle le peut, lui ou quelque
chose qui lui appartienne, et le retiendra jusqu'à ce qm'il
ait fait réparation.
« Quiconque aura blessé avec armes un de ses jurés, à
moins qu'il ne se justifie par témoins et par le serment,
perdra le poing ou paiera neuf livres, six pour les fortifica-
tions de la ville et de la commune, et trois pour la rançon
de son poing; mais s'il est incapable de payer, il aban-
donnera son poing à la miséricorde de la commune.
« Si un homme, qui n'est pas de la commune, frappe ou
blesse quelqu'un de la commune, et refuse de comparaître
368 BËOWULF
en jugement, La commune, si elle Le peut, démolira sa
maison; el si elle parvieni à Le saisir, justice sera faite de
Lui par-devant Le majeur et les échevins.
« Quiconque aura donné à L'un de ses jurés les noms de
serf, mécréant, traîtreou fripon, paiera vingt sous d'amende.
« Si quelque membre de la commune a sciemment acheté
ou vendu quelque article provenant de pillage, il le perdra
et sera tenu de le restituer aux dépouillés, à moins qu'eux-
mêmes ou leurs seigneurs n'aient forfait en quelque chose
contre la commune.
« Dans les limites de la commune, on n'admettra aucun
champion gagé au combat contre l'un de ses membres.
« En toute espèce de cause, l'accusateur, l'accusé et les
témoins s'expliqueront, s'ils le veulent, par avocat.
« Tous ces articles, ainsi que les ordonnances du majeur
et de la commune, n'ont force de loi que de juré à juré : il
n'y a pas égalité en justice entre le juré et le non-juré ».
IV. Charte de la Commune de Soisxons. — « Tous les
hommes habitant dans l'enceinte des murs de la ville de
Soissons et en dehors dans le faubourg, sur quelque sei-
gneurie qu'ils demeurent, jureront la commune : si quelqu'un
s'y refuse, ceux qui l'auront jurée feront justice de sa maison
et de son argent.
« Dans les limites de la commune, tous les hommes s'aide-
ront mutuellement, selon leur pouvoir, et ne souffriront en
nulle manière que qui que ce soit enlève quelque chose ou
fasse payer des tailles à l'un d'entre eux.
« Quand la cloche sonnera pour assembler la commune, si
quelqu'un ne se rend pas à l'assemblée, il payera douze
deniers d'amende.
« Si quelqu'un de la commune a forfait en quelque chose,
IIS SAXONS Ki\ ANGLETERRE 369
el refuse de donner satisfaction devanl les jurés, 1rs hommes
de la commune en feront justice.
« Les membres de cette commune prendront pour épouses
les femmes qu'ils voudront, après en avoir demandé la per-
mission aux seigneurs dont ils relèvent; mais, si les sei-
gneurs s'y refusaient, et que, sans l'aveu du sien, quelqu'un
prit une femme relevant d'une autre seigneurie, l'amende
qu'il paierait dans ce cas, sur la plainte de son seigneur,
serait de cinq sols seulement.
« Si un étranger apporte son pain ou son vin dans la ville
pour les y mettre en sûreté, et qu'ensuite un différend sur-
vienne entre son seigneur et les hommes de cette commune,
il aura quinze jours pour vendre son pain et son vin dans la
ville et emporter l'argent, à moins qu'il n'ait forfait ou ne
soit complice de quelque forfaiture.
« Si l'évèque de Soissons amène par mégarde dans la
ville un homme qui ait forfait envers un membre de cette
commune, après qu'on lui aura remontré que c'est l'un des
ennemis de la commune, il pourra l'emmener cette fois ;
mais ne le ramènera en aucune manière, si ce n'est avec
l'aveu de ceux qui ont charge de maintenir la commune.
« Toute forfaiture, hormis l'infraction de commune et la
vieille haine, sera punie d'une amende de cinq sous ».
91
Il
LA DIME
I
« Et ut detur de omni caruca, denarius vel denarium
valons, et omïiis qui familiam habet, efficiat ut omnis hir-
mannus suus det unum denarium; quod si non habeat, det
dominus eius pro eo. Et omnino Thaynus decimet totum
quicquid habet », Edelr., VII ï, § 1 ; Tliorpe, I, 336.
« Et prapcipimus, ut omnis homo, super dilecti nem Dei
et omnium sanctorum, det Gyricsceattum et rectam decimam
suam, sicut in diebus antecessorum nostrorum stetit, quando
melius stetit ; hoc est, sicut aratrum peragrabit decimam
acram. Et omnis consuetudo reddatur super amicitiam Dei
ad matrem nostram a?cclesiam cui adiacet. Et nemo auferat
Deo quod ad Deum pertinet, et praedecessores nostri conces-
serunt », ^Edelr., VIII, §4; Thorpe, I, 338.
« And with respect to tithe, the king and his witan have
chosen and decreed, as right it is, that one third part of the
tithe which belongs to the church, go to the reparation of
the church, and a second part to God's servants there ; the
third part to God's poor and needy men in thraldom »,
.Edelr., IX, § 6 ; Thorpe, I, 342.
« And be it known to every Christian man that he pay to
Ils SÀXONfi I \ ANGLETERRE M [
the Lord his tithe justly, ever as the plough traverses the
tenth field, on peril of God's mercy, and of the full penalty,
which king Eâdgàr decreed; that is; If any one will not
justly pay the tithe, then Let the king's receve go, and the
mass-priest of the niinstor or the landlord, and the bishop's
reeve, and take by lore*1 the tenth part for the minster to
which it is due, and assign to him ninth part; and let the
remaining eight parts be divided into two ; and let the land-
lord seize half, and the bishop half; be it a king's man or a
thane's », JMelc, ÏX, §7, 8; Thorpe, I, 342; Gnut, I, §8;
Thorpe, I, 3G(>: Leg, Hen. I, XI, §'2 ; Thorpe, I, 520.
«« De omni annona décima garba sanctse aecclesiee reddenda
est. Si quis gregem equarum habuerit, pullum decimum
reddat ; qui imam solam vel duas, de singulis pull is singulos
denarios. Qui vaccas plures habuerit, vitulum deciinuni ; qui
imam vel duas, de singulis obolos singulos. Et si de eis
caseum fecerit, caseum decimum, vel lac décima die. Agnum
decimum, vellus decimum, caseum decimum, butirum deci-
mum, porcelluni decimum. De apibus, secundum quod sibi
per annum hide profecerit. Quinetiam de boscis et pratis,
aquis, molendinis, parcis, vivariis, piscariis, virgultis, ortis,
negotiationibus, et de omnibus similiter rebus quas dederit
Dominus, décima reddenda est; et qui earn detinuerit, per
iusticiam sanctae aecélesiae et regis, si necesse fuerit, ad
redditionem cogatur. Haec pnedicavit sanctus Augustinus,
et h«ec concessa sunt a rege, et contîrmata a baronibus et
populis ; sed postea,iiistigante diabolo, ea plures detinuerunt,
e\ sacerdotes qui divites erant non multum curios! erant ad
perquirendas eas, quia in multis locis sunt modo IV vel III
aeccleeias, ubi tunc teinporis non erat nisi una ; et sic iucepe-
runt minui », Eâdw. Gonf., § 7, 8.
372
BEOWI LF
« Et praecipimus, ut omnis homo super dilectionem Dei
<*l omnium sanctorum (let cyricsceattum et rectam decimani
suam, sicut in diebus antccessorum nostrorum stetit, quando
melius stelil : hoc est, sicut aratrum peragrabit decimam
acram », ^Edelr., VIII, S 4; Thorpe, I, 338.
« De ciricsceatto dicit vicecomitatus quod episcopus, de
omni terra qua' ad ecclesiam suam pertinet, debet habere,
in die festivitatis sancti Martini, unam summam annonae,
qualis melior crescit in ipsa terra, de unaquaque hida libera
et villana ; et si dies ille fractus fuerit, ille qui retinuerit
reddet ipsam summam, et undecies persolvat ; et ipse epis-
copus accipiat inde forisfacturam qualem ipse debet habere
de terra sua. De ciricsceatto de Perscora dicit vicecomitatus
quod ilia ecclesia de Perscora debet habere ipsum ciricsceat-
tum de omnibus CGC hidis, scilicet de unaquaque hida ubi
francus homo inanet, unam summam annona*, et si plures
habet hidas, sint libera' ; et si dies fractus fuerit, in festivi-
tate sancti Martini, ipse qui retinuerit det ipsam summam et
undecies persolvat, abbati de Perscora ; et reddat forisfactu-
ram abbati de Westminstre quia sua terra est ». Cart.
Heming, I, 49, 50. « De ciricsceate. Dicit vicecomitatus quod
de unaquaque hida terrae, libera vel villana, quae ad eccle-
siam de Wirecestre pertinet, debet episcopus habere, in
die festo sancti Martini unam summam annonae, de meliori
quae ibidem crescit ; quod si dies ille non reddita annona
transient, qui retinuit annonam reddat, undecies persolvet,
et insuper forisfacturam episcopus accipiet, qualem et sua
terra habere debet », Ibid., 1, 308.
« Nunc igitur praecipio et obtestor omnes meos episcopos
et regni pra?positos, per fidem quam Deo et mihi debetis.
LES SAXONS EN ANGLETERRE 373
quatenus facialis, ut antequam ego Angliam veniam, omnia
débita, quae Deo secundum Legem antiquam debemus, sint
soluta, scilicet eleemosynae pro aratris, et décimas anima-
lium ipsius ainii procreatorum, et denarii quos Roma' ad
sanctum Petrum debemus, sive ex urbibus sive ex villis, et
mediante Augusto decimae frugum, et in fcstivitate sancti
Martini primitise seminum ad ecclesiam sub cuius parochia
quisque est, quae Anglice Circesceat nominantur », Epist.
Gnut. Flor. Wig., an. 1031.
« Et semper possessor terra? illius reddat tributum aeccle-
siasticum, quod ciricsceat dicitur, tô Pirigtùne ; et omni anno
iinus ager inde aretur to Pirigtùne, et iterum metatur »,
Cod. Dipl., n° 661; « Sit autem hoc praedictum rus liberum
ab omni mundiali servitio,... excepta sanctae Dei basilica?
suppeditatione ac ministratione », Ibid., n° 666.
Ifl
LES VILLES
. Egeles byrig, Aylesbury dans Bucks. Chron. sax., 157, 921 .
Ambresbyrig, Amesbury, Wilts. Chron., 995.
Andredesceaster. Chron., 495.
Baddanbyrig, Badbury, Dorset. Chron., 901.
Badecanwyl, Bakewell, Derby, Chron., 923.
Banesingtûn, Bensington, Oxf. Chron., 571, 777.
Bebbanbùrh, Bamborough. Chron., 642, 920, 993.
Bedanford, Bedford. Chron., 919.
Beranbyrig. Chron., 556.
Bremesbyrig. Chron., 910.
Brunanburh, Brunanbyrig, Brunanfeld. Chron., 937.
Brycgnord, Bridgenorth, Salop. Chron., 912.
Bucingahâm, Buckingham. Chron., 918.
Cantwarabyrig, Canterbury. Dorobernia, ciuitas : Beda,
H. E., lib. 1, c. 25 : Flor. Wig., an. 1011 ; Chron., 633, 655,
995, 1009, 1011.
Cirenceaster. Chron., 577, 628.
Colnceaser, Colchester. Chron., 921 : « niurum illius
l'edintegravit, virosque in ea bellicosos cum stipendio
posuit » ; Flor., 9J8.
Coludesburh, Coldingham. Chron., 679.
Cyppanham, Chippenham, Wilts. Chron., 878.
LES saxons EN ANGLETERRE 375
Deôraby, Derby. Ghron., 917, 941.
Dofera, Dover dans le Kent, Ghron., 1048, 1052; Flor.
Wig., L051.
Dorceceaster, Dorchester, Oxon. Ghron., 954, 971.
Dorceceaster, Dornwaraceaster, Dorchester, Dorset. Ghron.,
635,636, 639.
Eligbyrig, Ely. Ghron., 1036.
E gone s ham, Eynesham, Oxon. Ghron., 571.
Eoforwic, Eoforwic coaster, York ; Kair Ebrauc, Ebora-
Clllll.
Exanceaster, Exerter, Isca Damnoniorum, Uxella. Ghron.,
87(3,891, 1003.
Exanmûda, Exmouth. Ghron., 1001.
Genisburuh, Gainsborough. Ghron,, 1013, 101 4.
Glaestingaburh, Glaestingabyrig, Glastonbury, Som. Urbs
Glastoniae. Ghron., 688, 943.
Gleawanceaster, Gloucester ; Kair glou, Glevum. Urbs
Gloverniae, Glocestriae. Ghron., 577, 918.
Haestingas, Hastings. Ghron., 1066.
Hagustaldes hàm, Hagstealdeshàm, Hexham. Ghron.. 685.
Hamtûn, Southampton. Ghron., 837.
Heanbyrig, Hanbury. Ghron., 674.
Heortford, Hertford. Ghron., 913; Flor., 913.
Hereford, Hereford. Ghron., 918, 1055, 1066.
Hrolesceaster, Durocobrevis , Hrofesbreta, Rochester.
Ghron., 604, 616, 633, 644; Asser., 884.
Huntena tun, Huntingdon. Ghron., 921 ; Flor., 918.
Judanbyrig, Jedburgh, Ghron., 952.
Legaceaster, Kairlegeon, Chester» Ghron., 607 ; Flor., 908.
Legraceaster, Leicester. Ghron., 918, 941, 943; Flor., 942.
Lindicoln, Lindum, Lincoln. Flor., 942.
Lundenbyrig, Lundenwic, Londinium, London. Ghron.,
457, 604, 872, 886, 896, 910, 994, 1009, 1013, 1016, 1052.
:ne> Bi »vn < i.i
Lygeanbyrig, Leightpu buzzard. Chron., 571.
Maidulfi urbs, Meldumesbyrig, Malmesbury. Flor., 940.
Mameceaster, Manchester : « urbem restaurarent, el in ea
fortes milites colloearent ». Flor., 9*20.
Mealdun, Maldon. Chron., 920, 921 ; Flor., 917.
Medeshâmstede, Peterborough. Chron., 913.
Merantûn, Merton dans F Oxfords h ire. Chron., 11Y6.
Middeltûn, Middleton. Chron., 893.
Nordhamtnn, Hâniti'in. Chron., 1010.
Nordwic, Norwich. Chron., 1004.
Oxnaford, Oxford. Chron., 1009.
Raedingas. Asser., 871.
Runcofa. Flor. Wig., 916.
Sandwic, Sandwich. Chron., 851.
Searoburh, Salisbury. Chron., 552.
Scaergeat, Scargate. Chron., 912; arx munita, Flor. Wig.,
913.
Sceaftesbyrig, Shaftsbury. Chron., 980, 982.
Sceobyrig, Shoebury. Chron., 894.
Seletiin, Silton dans le Yorkshire. Chron., 780.
Snotingahâm, Nottingham. Asser., 868 ; Chron., 868, 922,
923, 941 ; Flor. Wig., 919, 921.
Soccabyrig, Sockburn. Chron., 780.
Stafford, Stafford. Chron., 913; arx, Flor. Wig., 914.
Sumerti'm, Somerton. Chron., 733.
Sudbyrig, Sudbury. Chron., 797.
Swanawic, Swanwick, Hants. Chron., 877.
Temesford, Teinpsford. Chron., 921.
Tofeceaster, Towchester. Chron., 921; civitas, Flor. Wig.,
918.
Toniawordig, Tamworth. Chron., 913, 922.
WaBringawlc, Warwick. Chron., 914 ; Flor. Wig., 915.
Weardbyrig, Warborough, Oxford. Flor. Wig., 916.
LES SAXONS K.\ ANGLETERRE 377
Wigornaceoster, Worcester. Ghron., 922, 1041.
Withtgarabyrig, Garisb rook. Ghron., 530, 544'.
Wiltun, Wilton. Ghron., 100S.
Wintanceaster, Winchester. Chron., (H3, (348.
Withâm, Witham. Chron., 913; Flor. Wig., 914.
Delweal, Thelwall. Chron., 923; Flor. Wig., 920.
Detford, Thetford. Chrun., 952, 1004.
LE POÈME DE BEOWULF
II
TEXTE ET TRADUCTION
NOTES — INDEX — BIBLIOGRAPHIE
RYTHMIQUE - GRAMMAIRE - LEXIQUE
TEXTE ET TRADUCTION
llwaet ! We Gâr-Dena
[fol. 129 a.]
in gear dagum,
theôd-cininga
thrym ge-frunon ;
hû tha aethelingas
ellen fremedon.
Oft Scyld Scéfing
sceathen [a] threat uni,
monegum maegthum,
io meodo-setla of-teàh,
egsode eorl
sythan âerest-wearth
feâ-sceaft funden :
he thaes frôfre ge-bâ [d] ;
weôx under wolcnum,
weorth-myndum thâh,
oth thaet him âeg-hwylc
thara ymb-sittendra
ofer hron-râde
20 hyran scolde,
Voilà que nous avons su par les
récits la majesté des Gar-Danes,
de ces rois puissants dans les
jours passés ; et comment ces
nobles hommes furent parfaits en
valeur ! Souvent Scyld, le fils de
Scéf avait-il ravi l'hydromel aux
hôtes de ses ennemis, en les pri-
vant de leurs trônes sur bien des
tribus; ainsi le comte les terrifiait-
il, quand ils l'avaient, une pre-
mière fois, rejeté. Donc il vivait
dans l'opulence, florissant sous le
firmament et plein de dignités, jus-
qu'au jour où chacun des peuples
qui l'entouraient sur les rives que
sillonne la baleine, durent lui obéir
et durent lui payer tribut. 0 quel
bon roi ce fut là !
Les lettres, mots, finales, membres de phrase ajoutés au texte, complétés,
séparés, ou ponctués différemment, pour les nécessités de l'interprétation,
sont imprimés entre parenthèses. Tous changements, modifications, addi-
tions, ou séparations que commande l'intelligence du texte que nous avons
tenté de rétablir ici intégralement, sont indiqués delà même manière. Dans
la traduction française, les mots en italiques, sont ceux qui ont été ajoutés,
pour rendre intelligible le sens général de phrases souvent obscures, incer-
taines ou incomplètes, dans la traduction littérale à laquelle nous nous som-
mes attaché.
382
151 «>\\ I l.l
gomban gyldan :
thaet waes gôd lining.
Thâem eafera waes
aefter cenned
geông in geardum,
thone God sende
folce h'> frôfre :
fyren thearfe on-geat
thaet hie âer drugon
3o aldor — le J use,
lange hwfle :
him thaes lif-freâ,
wnldres wealdend,
worold-âre for-geaf
Beo-wulf waes breme
blaed wide sprang
Scyldes eafera
Scede-landum in :
swa sceal [gtith-fru] ma
40 gode ge-wircean,
fromum feoh-giftum,
on faeder [feo] rme,
[fol. 129 b. j
Par la suite, il lui naquit une
jeune postérité dans les lieux quU
habitait, et que Dieu avait en v<>\ ée
;i ses peuples pour leur bien ; ne
connaissait-il pas la nécessité
malheureuse dont ils avaient souf-
fert pendant un long temps, alors
qu'ils étaient sans prince ? à ces
causes, le maître de la vie, dispen-
sateur de gloire, lui donna la pros-
périté en ce monde. Beowulf fut
fameux : il étendit au loin la gloire
de la souche de Scyld, dans les
terres divisées. Ainsi un prince
guerrier devra-t-il travailler pour
sa propre cause par des bienfaits
et d'habiles dons d'argent, pendant
qu'il est encore à la charge de son
père,
29. Le manuscrit porte « thaet », comme de coutume- Suivant l'opinion
de Zupilza, « thaet» est généralement mis pour thaet ou pour tha, conjonc-
tion (de telle sorte que, ainsi que), qui dans le cas présent, régirait fyr en- 1
hearfe. A cette ligne même, les caractères du manuscrit sont défectueux.
35. Dans l'édition de Heyne et Socin, on lit cette transcription des vers qui
suivent :
Beôwulf was breme,
blaed wide sprang
Scyldes eafera [n]
Scede-landum in.
39. Nous avons admis la version de Kemble : [gulh-fru] ma. 11 y a un
manque, dans le manuscrit, à l'endroit des parenthèses. Les éditeurs succes-
sifs ont donc procédé par addition, et Grein sans plus de raison que Kemble,
propose : [geong g] uma.
At. Il y a une lacune au coin du manuscrit. Zupitza, après Kemble cl
HKOWULF
;jh:{
thael bine on vide
efl ge*wunigen
\vi! IJ-ge-sithas,
thonne wig eunie.
Leôde sre-lâesteD
lôf-dâedu sceal
in maegtha ge-hwàere
5o man ge-theon.
Him thé Scyld se wât
to ge-scaep-hw ile,
fela-hror te ran
on freân wâere :
hi hyne thâ aet-bâeron
tô brimes farothe
swâese ge-sithas
sw â lie sel fa baed,
thenden wordnm weôld
Go wine Scyld inga,
leôf lancl-fruma;
lange ante.
Thaer aet hythe stod
hringed-stefna.
isig and ût-fûs,
aethelinges faer :
a-ledon tha
leofne Iheoden
beâga bryttan,
70 on bearm scipes,
maerne be maeste ;
thaer waes madma fela,
of feor-wegum,
fraetwa ge-laeded.
Ne hyrde ic cymlicor
ceol ge-gyrwan
bilde-waepnum.
and Iieatho-waedum,
. a (in qu'à son tour, dans la
vieillesse, de loyaux compagnons
puissent alors avoir recours à lui,
quand la guerre viendra à fondre
sur lui-même : ,
soutenu par son peuple, un homme
prospérera dans toute tribu, et il
accomplira des prouesses dignes
de louanges. Au jour venu de son
destin, Scyld s'en fut tout caduc,
dans la paix du Seigneur : alors
eux, ses chers compagnons le por-
tèrent hors de sa demeure, sur le
rivage de lamer, comme il l'avait
lui même demandé du temps que
lui, l'ami des Scyldings, le chef
bien-aimé avait du pouvoir par ses
paroles; pouvoir qu'il retint long-
temps ! Là, sur la rive, se tenait
le vaisseau à la proue sonore,
l'équipage des nobles, brillant
comme la glace, et prêt à prendre
la mer. Alors ils déposèrent le
cher prince, le dispensateur des
anneaux au cœur du vaisseau ; —
ce vaillant, auprès du mât ; et il y
avait nombre de trésors et d'orne-
ments venus des lointaines con-
trées. De plus beau navire on
n'entendit jamais parler : on
l'avait orné d'armes de bataille et
de harnais de guerre,
Conybeare propose « .. rme » ou « me » ; Wulcker et Heyne, « wine » ;
Grein, « aern » (maison) ; Thorpe, « bearnie « (soin).
:m
BEOWULF
billum and byrnum ;
80 him on bearrne laeg
mâdma menigo,
tha him mid scoldon
on flôdes aeht
feor ge-witan.
Nalaes hi hine laessan
lacum teôdan,
theôd -ge-s treo quid ,
thon [ne] tha dydon,
the hine aet frum-sceafte
90 forth on-sendon,
âenne ofer ythe,
umbor-vvesende :
[fol. 130 a.;
thâ gyt hie liim â-setton
Segen g[yl] denne
heâh ofer heâfod,
lëlon holm ber [an].
geafon on gâr-secg :
him waes geomor sefa,
murnende mod ;
100 Men ne cunnon
Secgan to sothe,
séle-raedenne,
haeleth under heofenu,
hwa thaein hlaeste on-feng.
Thâ waes on burgum
Beo-wulf Scyldinga,
leof leod-cyning,
longe thrage,
folcum ge-frâege,
1 10 (faeder ellor hwearf,
de haches
et de cottes de mailles. Sur 1«' sein
du héros, l'on avait déposé une
foule de trésors qui devaient
partir au loin avec lui, et devenir
la proie du Ilot. Ils le chargèrent
de présents, avec le même bon
vouloir que d'autres avaient mis
à I envoyer, jadis, à l'aventure,
dans la misère, et à l'abandonner,
seul, sur les vagues
Encore élevèrent-ils pour lui,
bien haut, sur sa tète, une ensei-
gne d'or; ils laissèrent la mer
profonde /'emporter ; ils le com-
mirent à la garde de l'océan.
Tristes étaient leurs esprits, et
leurs cœurs étaient dans l'afflic-
tion. En vérité nul homme — ni
d'entre ceux de bon conseil, ni
parmi les autres qui vivent sous
les cieux, — ne sait qui a reçu le
vaisseau et sa charge.
I
Alors Beowulf devint le roi des
Scyldings sur les cités, pendant
un long temps ; il fut fameux
parmi ses peuples [son père étant
parti à jamais, lui, le prince, de
son palais] ; jusqu'au jour où
sortant de sa race, s'éveilla à la
lumière,
102. On lit dans le M. S. séle-raeden[d]e. La correction est de Kemble,
BEOWULF
385
aldor of earde)
oth timet liim eft OQ-WÔC
heâh Healf-dene ;
heôld thenden lifde
gamol and gdth-reouw,
glaede Scyldingas.
Thâem feower beam
forth-ge-rimed
in worold wocun,
1 20 weoroda raeswa,
Heoro-gâr and Hrôth-gâr
and Halga til,
hyrde, ic lhael Elan ewén
Heatho-Scilfingas,
heals-ge-bedda.
tha waes Hroth-gàre
here-sped gyfen
wiges weorth-mynd,
i3o thaet him his wine-magas
georne hyrdon,
oth thaet seo geôgoth ge-
niago-driht micel. [weox
Hi on mod be-arn
thaet heal reced
h cita n wolde,
[medol-aern micel,
[fol. 130 b.
men he-wyrcean
thone yldo-|"b]earne
. . . . le superbe Healfdene ;
féroce à la guerre, il y vieillil au
cours de sa destinée, et régna
avec bonheur sur les Scyldings.
De lui quatre enfants naquirent
au monde par la suite, le chef des
armées lïéorogar, et Hrothgar, et
le bon Halga; nous avons appris
qu'Elan, la reine, qui avait été
jointe au trùne, alla poursuivre
jusqu'au delà des mers, les guer-
riers Scylfings. Alors le succès des
armes fut donné à Hrothgar, le
digne chef de guerre, de telle
sorte que sa chère parente lui
obéit avec joie, jusqu'au jour où
son jeune peuple devint une nation
forte et unie. Il lui vint à l'esprit
de faire élever un édifice, avec
une vaste salle à boire l'hydromel,
que les fils des hommes célébre-
raient à jamais ; et là, de distri-
buer aussi bien aux jeunes gens
qu'aux vieillards, tout ce que Dieu
lui avait accordé de richesses,
hormis la terre et les vies des
hommes
423. Le M S. porte : « hyrde ic thaet elan cwen », sans lacune. Grundtwig
présume que elan forme les deux dernières syllabes à'Onllan, Onela étant
fils d'Ongentheow, et que le nom de la princesse est perdu. Sur cette con-
jecture, Ettmùller a ajouté au texte : [Ongentheowes waes].
126. Pour la forme gebedda (compagne de lit) appliquée à une femme,
Heyne la compare à foregenga (même sens), dont est qualifiée dans
« Judith », la servante de celle-ci.
135. kemble ajoute « thaet[hej heal-reced »,
25
:wii
HKnWi LF
i (.0 aefre ge-frunon ;
and thaer on-innan
call g e-dâelan,
geongum and ealdum,
swylc hi in God sealde,
huton folc-scarc
and IconiM. gumena.
Tha ic wide ge-fraegn
weorc ge-bannan
m an i g re m a eg the,
1 5o gcond thisme middan-geard ,
folc-stede fraetwan.
Him on fyrste gelomp,
aedre mid yldum,
thaet hit wearth eal gearo,
heal-aerna maest ;
scop him Heort naman
se the his wordes ge-weald
wide haefde.
He be<')t ne a-léh ;
1 60 beàgas dâelde,
sine aet symle ;
sele hlifade ;
lieah and horn-geap
heatlio-wylma bad
la than liges :
ne waes hit lenge tha gen
thaet se secg héte
a thum swerian ;
aefter wael-nithe
170 waecnan scolde ;
. Puis, nous apprenons
que cette œuvre Fui dénoncée à
plus d'une tribu lointaine, au delà
du continent, à travers le monde,
et l'on sut qu'une reine des cités
allait être parée. Entre temps, il
advint au héros — et le bruit s'en
répandil aussitôt parmi les hom-
mes — que ce palais, le plus grand
de tous, fut entièrement achevé, et
lui, dont la parole avait tant de
pouvoir, forgea pour cette demeure,
le nom d'Heort. Il ne fut pas infi-
dèle à ses promesses ; au festin, il
distribua anneaux et trésors : les
voûtes de la salle s'élevaient bien
haut, ainsi que les murailles de la
forteresse sur lesquelles s'arron-
dissaient des tours, prêtes à braver
les flots ennemis d'un feu plein
d'horreur : et il ne s'écoula point
un long temps avant que le héros
ne leur commandât de jurer par
les serments de fèautè
167. Le M. S. porte secg héte; Grein le modifie en ecg-hete.
1(>S . A thum swerian : athum : beau- fils . A ce propos, Bugge fait remar-
quer que allium sweriam, est un composé appartenant à la même catégorie
que suhtergefœderàn, et signifiant à la t'ois beau-fils el beau-père. Ce sens
éclaire singulièrement le passage, où Ingcld épouse la fille d'Hrothgar,
Freawaru (vers 4.044 et suiv.).
UKOWULF
:*87
thé se ellen-gâesl
earfoth-lice
t h rage getholode,
se the in thystru bad
thaet he dogora he-hwàm
dream ge-hyrde,
hludne in healle ;
thaer waes hearpan swég
sw l'itol sang scopes :
1 80 saegde se the ciipe
frum-sceaft fira
feorran reccan,
cwaeth thaet se al-mihtiga
eorthan \vj~orhte]
I fol. 132 a.
wlite-beorhtne wang
swa waeter be bugeth ;
ge-sette sige-hrethig
sunn ;an| and monan,
leôman to leôhte
190 land-bu. fen] dum ;
and ge-fraetwade
fold an sceatas
leomuni and leafum :
Iff eac ge-sceop
cy [n "na ge-hwylcum
thâra the cwice hwyrfath.
Swa thadriht-guman
dreâmum lifd [on]
eadig-lice,
200 oththaet an on-gan
fyrene fre m man
feûnd on helle :
après quoi, le
destin le condamna à s'affaiblir
par suite d'embûches meurtrières ;
et cela, depuis que l'esprit jaloux,
lui qui vit dans les ténèbres, ne
pouvait souffrir pendant une sai-
son, d'entendre chaque jour, la
joie éclater sous les voûtes du
palais : n'y entendait-on pas les
harpes vibrer, et s'élever la claire
chanson des poètes? L'un disait
qu'il savait bien narrer depuis
les jours perdus, l'origine des
hommes, et il parlait ainsi : « la
main du Tout-Puissant a forgé
la terre, la longue plaine à la
face brillante, que l'eau entoure
d'une ceinture : joyeux dans sa
victoire, Il fit monter aux deux le
soleil et la lune, flambeaux qui
éclairent les habitants de l'uni-
vers ; et il orna les régions de la
terre, de rameaux- et de feuilles. Et
il créa aussi la vie, pour toutes les
espèces d'êtres qui vont, vivant
par le monde. Ainsi les vassaux
vivaient heureusement dans la
joie, , . . . .
171. Rieger propose ellor-gaest, qu'Earle adopte également.
183. En ce passage, le manuscrit a une lacune dans un coin du feuillet.
202. Earle adopié la correction de Bugge. healle au lieu de helle. D'autre
part» il accepte au vers 284, la forme hel-lhef/nes au lieu de heal-thègnes,
que propose Ettnnïllcr.
:ws
HKOW I LP
waes se grimma gaest
Grendel hâten,
mâere mearc-stapa
se the moras heôld,
fen and faesten :
fifel-cynnes eard
won-sâeli wer
210 weardode hwile,
sithan him scyppend
for scrifen haefde.
In (laines cynne
1 1 1 o n e c w ea 1 m ge- w raec
éce d ri h ten.
thes the he Abel slog.
Nege-feâh hethaere fâehthe,
ac he hine feor for-wraec,
metod for thy inane,
220 man-cynne frani :
thanon un-tydras
ealle on-vvocon,
Eôtenas and Ylfe
and Orcneas :
swylce gifgantas]
[132 b.]
thâ with Gode wunnon,
lange thrage ;
he] him thaesleânfor-geaïd.
II
[Ge]-wât thâ neosian,
23o sythan ni ht becom,
hean luises,
hû hit Hring-Dene
. jusqu'au jour où lui, le
démon d'enfer, se prit à perpétrer
ses crimes ; l'horrible monstre
étrange, s'appelait Grendel, qui
hantait dans sa puissance, les
marches des états, et qui tenait
les marais SOUS sa domination ;
l'être maudit gardait étroitement
ces retraites de la race des mons-
tres, depuis que le Créateur les
lui avait assignées, pour son châti-
ment. Sur la race de Caïn, le
Seigneur éternel a vengé le meur-
tre qui lit périr Abel. Lui, le Créa-
teur, ne se complut pas à l'acte
de haine, mais il bannit Caïn pour
son crime, loin de l'humanité. De
là naquirent à la vie, les races du
mal, les lémures, les elfes, les
mauvais esprits ; des géants aussi
entrèrent en guerre contre Dieu,
pour un long temps : et il leur
donna la récompense de leurs
forfaits.
II
Grendel se mit en marche,
quand la nuit fut venue, pour
aller visiter la haute maison, et
voir comment les Ring- Danes,
209. Tous les commentateurs adoptent ici la forme usuelle : won-saélig .
213-16. Sievers transcrit : In Caines cynne (thon[n]e cwealm ge-wraec
ece drill ten).
BEOWULF
:W9
aefter [b] eor-thege
ge-bûn haefdon .
Fa ml thâ thaer-inne
aethelinga ge-driht
swefan aefter symble ;
sorge ne ciïthon,
won-sceaft wera,
240 wiht un hâelo.
Grim and graedig
gearo sona waes,
reôc and repe,
and on raeste ge-nam.
thritig tegna :
thanon eft ge-wât
lnithe hrémig
to ham faran,
mid thaere wael-fylle
2Do wica neôsan.
Tha waes on uhtan,
mid aer-daege,
grendles gdth-craeft
gum urn un dyrne :
thâ waes aefter wiste
wop up-â-hafen,
micel morgen-swég :
maere theôden
aetheling aer-gôd,
260 un blithe saet,
tholode thryth-swyth ;
thegn sorge treali ;
sythan hie thaes hit ban
last sceâwedon,
wergan pastes :
waes thaet ge-win to Strang
lath and lons:-sum.
l'avaient adornée, après que la
bière eut été servie. 11 trouva dans
la place une troupe de nobles, dor-
mant après le festin; ils ne con-
naissaient pas le souci, ce mal-
heur des hommes, et jamais ils
n'avaient fait l'épreuve de l'infor-
tune ; l'horrible et avide ogre fut
bientôt prêt, et sauvage et féroce,
il saisit dans leur sommeil, trente
des chefs. Alors il repartit chez
soi, joyeux de sa proie, avec les
ossements de ceux qu'il avait
massacrés, pour visiter ses propres
demeures. Puis à l'aube du matin,
au commencement du jour, la ruse
cruelle de Grendel fut révélée aux
hommes : puis, les lamentations
s'élevèrent après le festin, et de
grandes clameurs éclatèrent au
matin. Le vaillant prince, un
noble d'antique vertu, demeura
consterné ; le fort aux armées
souffrait que les chefs éprouvas-
sent de la douleur ; après avoir vu
l'acte de l'être haïssable, de l'esprit
maudit : la lutte contre lui, était
trop dure, décourageante et vaine.
239. Sievers transcrit « wera[s] ».
390
DEOWl l I
Naes hil lengra fyr at,
133 a.
270 efl ge-fre mede ,
morth-beala mare,
ami no mearn fore ... ,
fâehthe and fyrene ;
wiics h'» laesl on I ham,
th ,1 wars eàth-fynde
the liim elles-hwaer
ge-rumlicor raeste [sothe]
bed aefter burum,
tha him ge-beacnod waes.
280 Ge-saegd soth-lice
sweô ; loj Ian tac ne
heal-thegnes hete ;
heôld hyne syththan
fyr and faestor
se thàem feônde aet-wand.
Swâ rixode
and with rihte wan,
âna with eallum,
oth thaet idel stod
290 hûsa sélest ;
wâes see hwil micel.
NIT. win Ira tid
torn ge-tholode
wine scyld[i]n[g]a,
weana ge-hwelcne,
sidra sorga ;
for tham [syththanjwearth
ylda-bearnum
un-dyrne cuth,
Il ne s'écoula pas un lOOg temps
avantquele monstre n'accomplît
plus de meurtres encore, sans
souci de la haine el du crime; il
était trop acharné contre eux,
depuis (ju\\ s'emparait aisément
en ces lieux (de ce qu'il ne pou-
vait trouver librement ailleurs;,
de lits de repos sous les ombrages,
où il était tenté d'aller. Et l'ennemi
de la salle des chefs donnait de
ses prouesses une preuve évi-
dente: quiconque lui avait échappé
se cachait ensuite, le plus vite et
le plus loin qu'il pouvait.
Ainsi régnait-il souverainement,
et l'emportait-il en dépit du bon
droit, seul contre tous, jusqu'au
jour où le meilleur des maisons
fut vide ; le temps s'écoulait avec
lenteur; pendant douze années,
les féaux des Scyldings endurèrent
la rage du monstre, .
277. Kemble ne comble pas la lacune du manuscrit. Grein ajoute [sohte] :
Wulcker, \_rymdé\.
290. Sievers écrit : husa se/est [waes seohwil micel].
294. Dans le M. S., Scyldenda. Thorpe écrit Scyldinga; Kemble, Scyl-
denda.
297. Syththan, ajouté par Kemble, pour l'allitération.
MEOW! I.K
391
3oo gyddu geomore,
thaette Grendel wan ;
liwi'lr with Hrôth-gâr
hete-nfthas waeg,
fyrene and fâehthe,
fela missora.
singale saece :
sibbe ne wolde
with manna h wo no
maegenes Deniga,
3 io feorh-bealo feorran
fea thingian :
no paer nâenig witena
wénan thorfte
beorhtre bote
Io banu folmu :
Atol ... aege làeca
[133 b.]
ebtende waes,
deorc deâth-sc[ua],
[dulguthe and geôgethe;
320 seomade and syrede,
[s] in-nihte heôld
mistige moras :
men ne c unnon
hwyder hel riinan
hwyrftum scrithath.
swa fela fyrena
feônd man cynnes,
àtolan-gengea,
oft ge-fremede
33o heardra hyntha :
Heorot eardode.
toute misère,
et toute peine profonde. Et voilà
que par la suite, on apprit ouver-
tement aux fils des hommes, voilà
qu'on leur chanta tristement, que
(Jrendel gagnait, tandis qu'il lut-
tait à l'envi contre Hrothgàr de
haine malicieuse, de crimes et de
forfaits, des batailles continuelles
durant bien des années.
Le tueur des vies ne voulait pas,,
même au prix d'une rançon, éta-
blir la paix pour une longue
période, avec aucun homme sous
la domination danoise, et aucun
ambassadeur ne pouvait arracher
de meilleures conditions des mains
du meurtrier ; l'impur maudit,
ombre ténébreuse de la mort,
allait, persécutant à la fois, et
ceux que leur âge dignifiait, et les
jeunes hommes : il les opprimait
et les faisait tomber en des pièges ;
dans la nuit éternelle
311. M. S., fea. Kemble, feo.
315. M.S., bona. Kemble, banan.
310. Lacune à l'extrémité du feuillet. Thorpe la comble avec A toi, (horri-
ble), Riegeravec ac se, (mais lui).
392
HKOW 1 II
sine- l' âge sel,
sweartum nihtum ;
n<> he I hone gif-stôl
grétan music,
mal hum, for metode,
ne his myne wisse :
(had wars wraec micel.
Wine Scyldinga
340 modes brectha
monig oft ge-saet,
rice to nine ;
rded eahtedon,
hwaet swith-fcrhthum
sélesl waere
with faer-gryru
to ge-fremmanne.
Hwi'lum hîe ge-héton
aet hraerg-trafum
35o wig-weorthunga ;
word u m bâedon
thaet himgast-bona
geôce ge-fremede,
with theôd-threâum.
Swyle waes peàw hyra,
hàethenra hyht ;
helle ge-mundon
in môd-sefan,
metod hie ne eu thon
36o dâeda démend,
ne wiston hie drihten God :
[134 a.]
il gardai!
les marais recouverts de brouil-
lard : (;l les hommes ne savent pas
où vont errant, les sorciers d'en-
fer ! Tant de crimes et tant de
cruelles injures, voilà ce que
commettait souvent l'ennemi de
l'homme, le détestable solitaire.
Dans les nuits sombres il habi-
tait Heort, l'antre empli de trésors
variés : [encore ne pouvait-il, par
la protection divine, loucher au
trône, ce trésor, et il ne connais-
sait pas les intentions de Dieu] .
Ce fut là une grande misère ;
l'ami des Scyldings s'asseyait au
conseil, l'esprit abattu, lui, le
guerrier puissant; l'on y délibérait
sur ce que les hommes au cœur
fort, pouvaient entreprendre de
meilleur contre ces horreurs se-
crètes. Parfois, ils promettaient
des prières aux tabernacles de
leurs idoles ; ils priaient avec des
formules, pour que le destracteur
des mauvais esprits leur vînt en
aide contre l'accablant fléau.
Telle était leur coutume; l'es-
poir des païens ; c'était de l'enfer
qu'ils se rappelaient, en leurs
esprits;
hum heofena helm
333. Heyne transcrit cette phrase de la manière suivante :
Sweartum nihtum (no hë~ thone gif-sfôl gretan nïôste, mâththum for
metode, ne bis myne wisse).
359. Grundtvig écrit : « haer<j ».
BKOWILF
393
her i an ne cuthon,
wuldres waldend.
Wé bitli thâem the sceal
thurh slithne nit h
sawle be-sciifa n ,
in tyres faethm ;
fro f re ne wénan
370 wihte ge-vendan :
wel-bith thâem the mot
aefter deâth-dage
drihten sécean,
and to faeder faethmum
f root ho wilnian.
. . . le créateur et le juge de
nos actions, ils ne le connaissaient
pas, et ils ignoraient encore le
Seigneur Dieu... tout an moins, ne
savaient-ils pas comment honorer
le protecteur descieux, le dispen-
sateur de la gloire Malheur à qui,
par le mal où il glisse, livre son
àme en proie au feu ; il ne peut
espérer aucun soulagement à
venir. Bonheur à qui peut, après
le jour de la mort, aller trouver
Dieu, et élire la paix dans le sein
de son Père !
Il
Swâ tha mâel-ceare
maga Healf-denes
singala seât h :
ne mihte snotor haeleth
38o weân on wendan
waes thaetge-win to swyth,
lâth and longsum,
the on tha leode becom,
nyd-wracu nith-grim
nith-bealwa maést.
Thaet fram hâm ge-fraegn
Hige-laces thegn,
gôd mid eâtum,
grendles dâeda ;
390 se waes mon-cynnes
maegenes strengest
on thâem daege
thysses h'fes,
aethele and eacen.
Ilét him yth-lidan
god ne ge-gyrwan ;
cwâeth he guth-cyning
III
Ainsi le fils d'Healfdene sans
trêve, coulait des jours pleins de
chagrin ; le prudent héros ne
pouvait détourner la ruine ; la
lutte était trop dure, découra
géante et vaine pour le peuple
auquel elle s'imposait, avec l'iné-
vitable fléau de malice infernale,
le plus grand des maux de la nuit.
De son pays, le féal d'Hygelac
l'apprit; vaillant parmi les Geats,
il sut les forfaits de Grendel :
pendant les jours de sa vie, il
était le premier en force, de la
race des hommes ;
394
BKOWULF
ofer swan -rade
sécean wolde,
400 maerne theôden,
lha him waes manna thearf.
Tli one sith-faet him
s note re ceorlas
Ivt-hwon logon,
[theà h lie liim leof wYiere :
[134 b.i
hwetton hige-[rlôfne...
hâel sceàwedon,
haefde se goda
geâta lend a
410 cempan gecorone,
thara the he cénoste
findan milite :
XVna sum
sund-wudu sôhte ;
secg wisade,
lagu-craeftig mon.
land-ge-myrcu.
Fyrst forth ge-wât,
flôta waes on ythum,
420 bât under beorge;
beornas gearwe
on stefn stigon ;
streémas w un don,
sund with sande ;
secgas bâeron
in bearm nacan
beorhte fraetwe,
gûth-searo geato-lic ;
guman ût-scufon,
4'3o weras on wil-sith,
wud u bundenne.
noble et bien
développé. Il ordonna qu'on lui
équipât un bon vaisseau : et il
disait qu'il allait chercher le roi
de guerre, sur le sillage du cygne ;
puisque ce prince renommé avait
besoin d'hommes. Les sages con-
seillers blâmaient quelque peu
cette entreprise, quoique le héros
leur fût cher : ils donnaient de
pénétrants avis..., et ils consul-
taient les présages. Le bon chef
avait choisi parmi les guerriers
du peuples des Geats, les plus
vaillants de ceux qu'il avait pu
trouver. Avec quinze de ces
hommes, il alla prendre les rames
de mer ; un guerrier, homme
expert à naviguer sur les lacs,
leur indiquait les limites des
terres.
Le temps passa, et le vaisseau
flottait sur les vagues, et sous une
montagne ; les hardis guerriers
s'avançaient sur la proue. Ils tour-
billonnaient dans les courants,
luttaient en mer contre les sables :
les hommes portaient au cœur de
la barque, les brillants ornements,
leurs fières armures de guerre. Ils
ramaient à l'envi,
406. Le manuscrit manque en cet endroit, et Zupitza propose : hige-
[r]ofnet la lettre manquant à la place des parenthèses aurait pu être r, th,
f, s, ou w.
ÏIEOWULF
395
ge-wàt Unie ofer waeg-holm,
winde ge-fysed,
fïôta fâmi-heals,
fugle ge-licost,
oth thaet ymb ân-tîd
ôthrea dogôres,
wunden stefna
ue-waden haefde.
440 Thaet tha lithende
land ge-sawon,
brim-clifu blican,
beorgas steâpe,
side sâe-naessas :
thâ waes sund lideo
eu 1 êtes aet ende :
thanon ûp hrathe
Wed era leùde
on wâng stigon ;
460 sâe-wudu sâeldon,
syrcan hrysedon,
gûth-ge-wâedo ;
gode thancedon
thaes the him yth-Iâde
eâthe wurdon.
TThâl of wealle ge-seah
[135]
weard Scildinga,
se the [holmj-clifu
healdan scolde,
460 beran ofer bolcan
beorhte randas,
fyrd-searu fùs-licu :
. . . . . . pour achever
le voyage dont ils souhaitaient le
terme, Puis semblable à un oiseau,
le navire cerclé d'écume, poussé
par le vent, bondissait sur les
vagues profondes de la mer, jus-
qu'à la première heure environ
du second jour, où fut accomplie
la traversée par le vaisseau à la
proue couronnée : alors les voya-
geurs purent voir la terre, les
falaises et les montagnes abruptes
qui brillaient, et les promontoires
indéfinis. Donc la mer avait été
franchie, et ils étaient au bout de
leurs peines. De là, rapidement,
ces hommes de l'ouest s'avan-
cèrent sur les plaines; ils rangè-
rent leurs rames, laissèrent leurs
cottes de mailles, et leurs armures
de guerre ; ils remercièrent Dieu,
de ce que les voies des vagues
leur avaient été faciles. Du haut
de la muraille, le guetteur des
Scyldings, dont le devoir était de
veiller sur les falaises, les vit
suspendre aux mâts leurs boucliers
brillants, leurs harnais de guerre
tout préparés.
434. Presque tous les éditeurs ont adopté, sauf Kenible qui a suivi le
manuscrit, la forme « famig-heals ».
436. Le M. S., porte « an tid ». Grein est pour le trait d'union «. an-tid ».
Cosijn, pour and-tid, ou on-tid, signifiant « le même temps », « le temps
correspondant », de telle sorte que la phrase signifierait : « à la même heure
environ, du second jour ». Cette opinion est celle de Heyne et Socin.
396
BEOWI LF
hi ne fyr-wyt braec
môd-ge-bygdum
hwacl, tha men wâeron.
Gewât him thd tô warothe
wicgerfd an j ;
thegn Hrôth-gâres
thrymmum cwehte.
470 Maegen-wudu mundum,
methel-wordum firaegn :
hwaet syndon ge
sea ro-b a ebbe ndra
byrnum wer [e] de,
the thus brontne ceôl
ofer lagu-straéte
lâedan cwomon,
hider ofer bol ma s ?...
le waes ende-saeta
480 aeg-wearde heôld,
tbe on land Dena
lâtbra nâenig
midscip-herge
scethan ne meahte.
No her ciith-licor
cuman on-gunnon
lind-haeblende,
né geleâfnes-word
gûth-fremmendra
490 gearwe ne wisson,
maga ge-médu :
naefre ic m a ran ge-seah
La curiosité de savoir quels
pouvaient être ces hommes, l'em-
porta sur les autres pensées de son
esprit. Il se mit donc à galoper sur
son coursier vers la grève; le féal
d'IIrothgar brandit une forte lance
dans sa droite vaillante : il parla
en ces termes qu'il avait, préparés :
« — Oui êtes vous, hommes armés
que protègent des cottes de mailles
— pour être venu conduire ainsi
la quille du vaisseau pleine
d'écume, sur les sillons des lacs,
jusqu'ici, à travers les profon-
deurs de la mer? A ces desseins,
placé en ces lieux à l'extrémité
du territoire, j'ai veillé sur l'océan,
afin que sur la terre des Danois,
aucun ennemi ne puisse faire de
dommage, avec une flotte de
guerre.
« Jamais porteurs de boucliers
ne sont venus ici plus ouverte-
ment qui n'aient connu, déjà, le
mot de passe de nos guerriers, et
les coutumes qu'on doit observer
entre alliés
488-489. Le M.S., porte « hider ofer holmas le waes », sans lacune.
Thorkelin et Wulcker lisent « le » au lieu de « le », et Zupitza adopte cette
version. Heyne adopte avec Ettmùller, pour remplacer le membre de phrase
manquant, « helmas baeron », et Bugge propose l'addition suivante :
« hider ofer holmas ?
[Hwile ic on weal] le
waes ende-saeta ».
488. Kernble transcrit, « naefne ».
HEOWULF
:*97
eorla ofer eorthan
thonne is eôwer sum
secg on searwum ;
n is tbaet seld guma
waepnum ge weorthad
oaefre him liis wlite Ieôge,
âen-lic an-syn.
5 oo Nu ic eôwer sceal
fruin-cyn witan,
âer ge fyr ^lieoj nan,
[135 b.]
leâs sceâweras,
on land Den [a]
furthur feran.
Nù ge feor-biiend,
mere-lithende,
mine ge-hyrath
an-fealdne ge-thoht ;
5 io ofost is sélest
tô ge-cythanne
hwananeôwre cymesyndon.
Jamais à travers le
monde, je ne vis de champion
plus puissant que n'est l'un de
vous, ce guerrier, paré de ses
armes. Cet homme n'est pas de
ceux qui rarement, ont brillé dans
les faits et armes, à moins que son
visage et son noble maintien ne
men lent en sa faveur. Maintenant,
faut-il que je sache votre origine,
avant que vous ne procédiez sur
la terre des Danois, car de faux
espion, vous pouvez être.
« Maintenant, ô vous qui habitez
la terre lointaine, vous qui navi-
guez sur la mer, oyez ma simple
pensée : il vous conviendrait
mieux de révéler sur-le-champ de
quelle région vous êtes venus » !
IV
IV
Him se yldesta
and-swarode ;
werodes wisa
word-hord on-leâc ;
We synt gum-cynnes
Geâta leode,
and Hige-lâces
520 heorth-geneâtas :
waes min faeder.
folcum ge-cythed,
aethele ord-fruma
Le plus hautain lui fit cette
réponse ; lui, le chef de la troupe,
ouvrit les trésors du verbe :
« Nous sommes par la race, du
peuple des Geât, parents et vas-
saux d'Higelac. Mon père fut bien
connu des nations ; c'était un
noble prince,
503. Ettmiiller adopte, « base ».
508. Kemble écrit, « minne ».
:ws
TÎKOWI (LI
Ecg-theôw hâten :
ge-bàd w intra wui'ii
âer lie on weg hwurfe
gamol of geardum ;
bine gearwe ge-mân
vvftena wcl-hwylc
53o wide geond eorpan.
We thurh holdne hige
hlâford thinne,
sunu Healf-denes,
sécean c worn on,
leôd ge-byrgeatt.
Waes th û lis lârena god ;
habbaih we tu ihâem mâeran
micel aerende
Deniga freân :
540 ne sceal paer dyrne-sum
wesan thaes ic wéne :
thû wâst gif hit is swâ,
we soth-lice
secgan hyrdon,
[136 a.]
thaet mid Scyldingum
scea [thena] ic nat hwylc,
deogol dcied-liata,
deorcuin nihtum
eâweth thurh egsan,
55o un-cuthnenith,
hynthu and hrafyl.
Ic thaes Hrôth-gâr maeg
thurfh] riimne sefan
râed ge-lâeran,
hii he frôd [and] god
. du nom d'Ecgtheôw.
Il habita sur la terre pendant bien
des années, avant que vieillard, il
ne poursuivît son destin hors de
ses demeures*
« Fresque tous les conseillers
sages sur la terre, gardent bien sa
mémoire. Mus par nos sentiments
d'amitié, nous sommes venus
trouver le tils d' Ileal fdene, ton sei-
gneur, et le chef des tiens. Nous
apportons au roi renommé des
Danois une grande nouvelle qui.
je l'espère, ne restera pas une
chose cachée. Tu sais à quoi t'en
tenir à ce sujet, mais on nous a,
en effet, rapporté que parmi les
Scyldings, je ne sais quel ennemi,
contempteur secret de toute bra-
voure, met en œuvre de façon
terrifiante, dans les nuits som-
bres, sa malice étrange, et pra-
tique le mal et le meurtre.
« Je puis d'un esprit avisé,
donner à Hrothgar quelque avis
sûr au sujet de savoir comment
lui,
546. Zupitza fait remarquer que la terminaison « thena », est effacée dans
le manuscrit.
547. Grein dans son Glossaire, commente ainsi « daéd-hata » : facinora
spondens vel moliens. Cette interprétation est celle de Earle, qui traduit
« daéd-hata » par, « l'auteur des actes ».
IlKowi LF
399
feônd ofer-swytheth,
u\ f him ed-wenda n
aefre scolde ;
bealuwa bisigu
56o bot eft cuman,
and tlia cear-wylmas
col ran wurthath :
oththe a syththan
earfoth-thrage,
llireâ-nyd thôlath,
thenden thaer wunath
on heâh-stede
hi i sa sélest.
Weard matlielode,
5yo thaer on wicge saet
om-beht nn-forht ;
.Eg-hwaethres sceal
scearp scyld-wiga
ge-scâd witan,
word a and worca,
se the wel tlienceth.
Ic thaet ge-hyre
thaet this is hold weorod
frean Scyldinga :
58o ge-witath forth beran
waepen and ge wâedu,
ic eôw wisige :
swylce ic magu-thegnas
mine hâte
with feônda geh wone
flôtan eôwerne,
niw-tyrwydne
nacan on sande,
drum healdan,
590 othaet eft by ret h
ofer lagu-streâ mas]
leofne inannan
[136 b.]
wudu wunden-hals
. . prudent et bon, pourra l'em-
porter sur son ennemi, si encore
le destin permet qu'il lui échappe ;
un prompt et favorable retour des
choses lui adviendrait, et le brû-
lant souci pour lui, se calmerait :
autrement, par la suite, il doit
sans relâche, vivre des jours trou-
blés, de misère croissante, aussi
longtemps que survivra l'élite des
nobles maisons, là-haut dans le
palais ». Le guetteur parla, de
l'endroit où il se trouvait sur son
cheval, en serviteur sans crainte,
de son roi : « Le subtil porteur de
bouclier qui pense bien, doit faire
le départ entre les paroles et les
actes : « j'entends que cette troupe
est amie du roi des Scyldings :
allez donc, et retournez vous parer
de vos armes et de vos ornements
de guerre, et je vous conduirai : je
recommanderai aussi à mes frères-
féaux de garder fidèlement, contre
tout ennemi, votre vaisseau flot-
tant, votre barque fraîchement
enduite de poix sur le sable, jus-
qu'au jour où le bois du navire au
col festonné,
400
BEOWULF
1 t]ô weder-mearce,
gôs-fremmendra
swylcum gifethe bith,
thaet thone hilde-raes
liai ge-dfgeth.
Ge-witoo hi m tli a feran,
600 flota [sjtille bad,
seômode on sole,
sfd-faethmed scip,
on ancre faesl :
eo for-lie sciônon
ofer-hleor beran ;
ge-hroden golde
fall and fyr-heard
ferh-wearde heôld :
gûth-môd grummon,
610 gunian on-etton,
sigon aet-somne,
oth thaet hy ael-timbred,
geatolic and gold-fâh,
on-gyton mihton,
thaet waes fore-mâerost
fold-biiendum,
recéda under roderum,
on thaem se rica bâd.
ramènera à la mar-
che de l'ouest, l'homme bien-aimé :
et qu'alors, à chacun des guerriers
de bon vouloir, il soit donné d'ac-
complir en toute sûreté, la course
furieuse à la guerre ! »
Alors ils se mirent en chemin ;
le vaisseau demeurait au repos,
encerclé de courroies ; il était
solidement ancré, le vaisseau au
large cœur : sur la tête des guer-
riers se dessinait un casque à tête
de sanglier ; tressé d'or, aux
nuances variées, et durci au feu, il
était le signe de préservation de la
vie : l'instinct guerrier de ces
hommes était féroce, et ils pres-
saient leur marche, descendant
par groupes, jusqu'à ce qu'ils
eussent aperçu, merveilleusement
bâti, bien fourni et orné d'or, ce
qui pour les habitants de la terre,
était de beaucoup le plus fameux
des palais
595. La correction de Grundtvig « guth-fremmendra », au lieu de « f/od-
fremmendra », est suivie par quelques éditeurs.
600. Fleyne propose « flota... faest ».
601. Quelques auteurs transcrivent « sol ».
604. A propos de « lic-scionon », le Glossaire de Grein donne « scionon »,
prétérit de « scinan », briller, de même qu'au vers 1.585, on trouve un
prétérit de « riodan », ridon.
605. Gering écrit : « hleor-ber[g]an », accusatif pluriel, et signifiant,
couvre-joues.
609. Kemble écrit : « gutk-mod[e] ».
612. Grein : « sael-timbred ».
BEOWULF
toi
Lixte s»1 leôma.
620 ofer landa Tela :
him tha hilde-deôr
h of môdigra
torht ue-taehle,
thaet hie him tô mihton
gegnura gangan.
Giith-beoma sum
wicg ge-wende,
word aefter cwaed :
ma el is me to feran,
63o faeder al-walda
mid ar-stafum
eôwic ge-healde,
sitha ge-sunde :
ic to sae wille
with wj rath-wèrod
[137]
sous les deux, la
demeure du prince puissant. La
lumière brillait sur l'étendue des
terres : puis le guetteur au cheval
de guerre, leur montra la cour
brillante des fiers nobles, atin
qu'ils s'y pussent diriger eux-
mêmes en droite ligne.
Alors, l'un des guerriers fit
retourner sa monture, et ensuite,
il dit ces mots : « il est temps
pour moi de partir ; puisse le
Tout-Puissant Père vous avoir
sous su protection, et vous garder
saufs en votre entrepris*1, je re-
tourne à la mer, pour y prendre
ma garde, en cas de surprise de
quelque troupe ennemie ».
wearde healdan.
Strâet waes stân-fâh,
stig-wisode
gumum aet-gaedere ;
640 guth-byrne scân,
heard hond-locen ;
hring-iren scir
song in searvum
thâ hie to sele furthum,
in livra gryre-geatwum,
gangam cwomon .
Setton sâe-méthe.
side scyldas,
rondas regn-hearde,
65o with tbaes recedes weal.
Bugon thâtô bence,
byrnan hringdon,
La rue était pavée de pierres,
et la voie guidait les guerriers par
groupes ; les cottes de mailles
étincelaient, serrées et fermées à
la main, et les brillants anneaux
d'airain son liaient à leurs armures,
tandis qu'ils se disposaient à fran-
chir le seuil du palais, dans leur
terrible équipage. Ces hommes
battus par les flots, placèrent
leurs larges boucliers aux 1res
dures extrémités, contre les murs
de la demeure
Ils se tournèrent alors vers des
montants de bois ;
26
10.2
UK'tWl 1.1
gûth-searo gumena
garas st/xlon
sâe-manna searo
saniod aet-gaedere.
aesc-holt ufan graeg ;
waes se iren-thrcât
waepnuin ge-wurthad
660 Thé thaer wlonc haeleth
oret-mecgas
aefter-haelethum fraegn :
hwanon ferigeath ge
faette scyldas,
graege syrcan,
and grim-helmas,
here-sceafta heap '!
le eôm Hrôth -gares
âr and om-bith :
670 ne seah ic el-theodige
thus manige men
môdig-licran :
wén'ic thaet ge for wlenco,
nalles for wraec-sithum,
ac for hige-[thr]ymmum,
[137 b.
Hrôth-gâr sôhton.
Him tha e[llen]-rof
and-swarode
wlanc Wedera leôd,
680 word aefter spraec,
heard under helme;
we synt Higè-ïâces
beôd-ge-neâtas
Beôwulf is min nania ;
ils y ftièrenl à
des ann(;aux leurs colles de maillés
et les armures des guerriers : leurs
javelots, les armes des hommes
delà méritaient réunis au-dessus,
et luisaient aussi gris que la cen-
dre du bois; et ce faisceau hérissé
d'airain formait sur les armes, un
glorieux trophée. En ces lieux, et
à ce moment, un fier guerrier
demanda aux fils des batailles qui
ils étaient : « D'où apportez-vous
vos boucliers épais, vos cottes
grises, vos casques fermés, ces
traits de guerre en monceaux ? .Je
suis d'Hrothgar le messager et le
serviteur : jamais ainsi je ne vis
en nombre, de plus fiers étran-
gers : je gage que c'est par bra-
voure, et non par suite d'un exil,
mais mus par quelque grand
dessein, que vous êtes venu trou-
ver Hrothgar ».
Le fier prince des peuples de
l'Ouest, renommé pour sa valeur,
lui dit ensuite ces mots, les traits
hardis sous son casque : « Nous
tenons fief d'Higelac, et mon nom
est Beowulf ;
663. Le Ms. porte « fiaelethum » ; c'est là, une erreur de copiste due au
mot « liaeleth », qui se trouve une ligne plus haut. Grein a corrigé « haethe-
lum », en « aethelum ».
673. L'e de « iceri » est élidé pour l'allitération .
feBOWULV
m\
wille ir â-secgao
sunu-llealf-denes,
màerum theôdne,
m in âerende,
aldre thinum,
690 gif he usge unnan wilr
thaet we hi ne swd gôd ne
gré tan moton.
Wulf-gâr mathelode
thaet waes Wendla lend,
waes his mod-sefa
manegum ge-cythed,
wig and wis-dom :
ic thaes wine Deniga
freân scildinga
700 frinan wille,
beâga hryttan
swâpû béna eart,
theôden, mâerne
ymb thinne sith ;
and the tha and-sware
aedre ge-cythan
the me se goda
â-gifan tenceth.
Hwearf tha hraed-lice
710 thaer Hroth-gâr saet,
raid and un-hâr,
mid his eorla ge driht.
Eode ellen-r6f
thaet he for eaxlum ge-stod
Deniga freân,
cûthe he dûguthe theâw.
Wulf-gâr mathelode
tô his wine-drihtne ;
[138 a.]
her syndon ge[fere]de,
720 feorran cumene
je dirai au lils
d'Ilealfdene, l'illustre prince et
ton roi, pourquoi je suis venu, s'il
veut bien nous accorder de le
saluer, lui, Y homme excellent qu'il
est ». Wulfgar parla, qui était
prince des Wendels ; sa personne,
sa sagesse à la guerre et au conseil,
étaient bien connues de beaucoup :
« Ainsi donc, comme tu le requiers,
à l'ami des Danois, au seigneur
des Scyldings, au dispensateur
des bagues, au prince fameux je
demanderai des ordres au sujet de
ta venue ; et je t'annoncerai sans
tarder, la réponse que le chef
excellent jugera bon de me don-
ner ». Il se rendit alors en hâte à
la place où IIrothgar se tenait
assis, vieux et chauve, dans la
compagnie de ses nobles. L'homme
renommé pour sa valeur marcha
de telle sorte, qu'il se tint derrière
les épaules du roi des Danois ; il
connaissait les règles du cérémo-
nial. Wulfgar parla à son seigneur
et ami : « Voici que sont arrivés
en ces lieux, des guerriers des
Geats, venus de bien loin dans
leur course à travers l'océan : ces
fils des batailles nomment Beowulf,
celui qui les commande ; ils te
supplient, .
686. « mtta » est la forme adoptée par les éditeurs, depuis Kemble.
104
Ill-.nW I I. h
ofer geofenes be]-gang,
geâta leode :
thone y Ides tan
ore[t]-mecgas
Bco-wuir nemnath ;
h y bénan synt
thaet hie theôden min
with the moton
wordum wrixlan ;
j3o nô thu him wearme. Ge-téoh
thinra gegn-cwida
glaedman, H roth-gâr :
h y on wig-getawum
wirthe thinceaht :
eorla ge-aehtlan
hum se aldor dean,
se thâem heatho-rincum
hider wisade.
VI
. . . . ô mon prince, de leur
laisser échanger avec toi des
paroles : ne leur donne pas un
refus, mais au contraire, Ô Hroth-
gar, le bon vouloir de tes répon-
ses : ceux-ci dans leur équipage
guerrier, paraissent dignes des
honneurs dus aux comtes eux-
mêmes : tout au moins, ce prince
est puissant qui a conduit ici de
pareils guerriers ».
VI
Hrothgar, le protecteur des
Scyldings, parla : « Je l'ai connu,
quand il était enfant ; son père
avait nom Ecgtheow, et Hrethel,
le Geat, lui donna en mariage son
unique fille :
Hrôth-gâr mathelode,
740 helm Scyldinga;
ic hine cûthe
cnihi-wesende ;
vvaes his eald-faeder
Ecg-theohâten.
thâem to ham for-geaf
llrethel Geâta
ângan dohtor :
732. Thorkelin et Kieger écrivent « glaednian » ; Grein et Wùlcker,
« glaedman » ; Kemble et Thorpe prennent « glaedman » pour une forme
déclinée d'un substantif « glaedma », gladness, joie. Bugge s'en tient au
manuscrit.
743. Le Ms. porte « ealdfaeder ». Ce composé signifiant aïeul, ancêtre,
se présente aussi sous la forme « ealdfaeder », « ealdefaeder ». Il y a dans
le texte une faute de copie, le composé étant transcrit en un seul mot.
BEOWULF
405
is his eaforan mi
heard her eumen,
-bo sôhte hold ne wine.
ïhonne sâegdon thaet
sâe-h'thende
tha the gif-sceattas
geâta fyredon,
thyder to tha nee,
thaet he XXX ge s
138 b
manna maegen-craeft,
on his mund-gripe,
heatho-rof haebbe.
760 Hinc hâlig God
for âr-stafum
lis on-sende,
to West-Denu,
thaes ic wén haebbe,
with Grendles gryre :
ic thaem gôdan sceal
for his môd-thraece
madmas beodan.
Beo thû on ôfeste,
770 hat ingân,
seôn sibbe-ge-driht
sa mod aet-gaedere :
ge-saga him eac wordum
thaet hi'e sint wil-cuman
Deniga leodum .
. maintenant, voici que
sa vaillante postérité est venue en
ces lieux, et j'ai trouvé-là, un gra-
cieux allié.
« Aux mariniers qui m'ont en
ces lieux apporté les présents des
Geats, je dirai ceci en remercî-
ment, que leur chef renommé à la
guerre, a la force de trente guer-
riers, en serrant la main. C'est lui,
comme je le crois, que le Dieu
saint nous envoie, à nous les
Danois de l'Ouest, comme une
protection contre les horreurs de
Grendel : je vais offrir au bon
guerrier des présents pour son
courage Vas en hâte, et ordonne
aux siens d'entrer, et qu'ils voient
ici assemblée, notre troupe amie !
Dis-leur aussi par des paroles,
qu'ils sont les bienvenus chez le
peuple des Danois ».
748. Kemble adopte l'écriture : « eafora », au lieu d' « eaforan », du
manuscrit.
754. Thorpe adopte « Geatum », ainsi que Bugge et Earle. 11 est vrai de
dire que ce changement n'est pas indipsensable, car ici, le génétif garde le
même sens.
771. « sibbe-yedriht », se rapporte à la troupe de Beowulf, et est régi
comme accusatif par, in g an seon.
775. A cet endroit, du texte, il manque deux vers, dont le second, peut-
i(M>
BKOWI II
Word inné â-beâd ;
eôw hét secgan
s fgi '-drill ten irn'n,
aldor Eâst-Den a,
780 thaet he eôwer aethelu can
and ge him syndon
ofer sàe-wylmas,
heard -hicgende,
hider wil-cuman.
Nu ge môton gangan
in eôwruni guth-geatawum,
under here-griman
Hrôth-gar ge-seon.
Lâetath hilde-bord
790 her on-bidan
wudu wael-sceaftas,
worda ge-thinges.
A'-râs thâ se rica,
ymb hine rinc nlanig
thryth-lic thegna heap ;
sume thaer bidon
heatho-reâf heôldon,
s\vàhimse[hea]rdabe-beâd.
[139 a.]
Snyredon aet-somne,
800 [thaer] secg wi'sode
under Heorotes hrôf,
hea[rd ] under helme,
thaet he on hëothege-stôd.
Beô-wulf mathelode,
Wulfgar parla ; il leur offrit
ces paroles : « Mon victorieux
seigneur, le prince des Danois de
l'Ouest m'ordonne de vous dire
qu'il connaît votre noblesse, et
que vous, hommes aux âmes cou-
rageuses, lui êtes bienvenus à tra-
vers les vagues de la mer. Mainte-
nant vous pouvez aller en armures,
et gardant vos casques, voir Ilroth-
gar. Laissez là vos engins de
guerre, vos lances, vos flèches
mortelles, jusqu'à ce que le conseil
ait décidé de leur usage ». Alors
le héros puissant se leva, et autour
de lui plus d'un guerrier, toute
une troupe hardie de féaux ; d'au-
cuns restèrent à la même place,
pour y garder les vêtements de
guerre, comme le brave chef le
leur avait ordonné.
Ils se hâtèrent en foule vers
l'endroit où, brave sous le casque,
cet homme les guidait ; sur le
seuil d'Heorot,
être, devait annoncer que Wulfgar allait parler. Cette hypothèse peut se
formuler, en s'inspirant du sens général de la phrase suivante. Grein inter-
cale ces lignes :
[Tha with duru heal le
Wulfgar eode].
786. Ettmùller. écrit : «gufh-getawum » .
803. Thorpe et Kemble écrivent : « heo[r]the ».
BEOWULF
\()1
on hi m bypQe scan,
sea po -net seôwed
smithes or-thancum :
waea (lui, Hrô th]-gàr hâl !
le eôm Hige-lâces
810 maeg and mago-thegn :
hacbbe ic màertha fela
on-gunnen on geôgothe;
me wearth G rend les thing
on minre éthel-tyrf
un-dyrne ciitli :
secgatli sâe-lithend
thaet thaes sele stânde,
reced sélesta,
rinca ge hwylcum
820 fdel and un-nyt,
sithan aefen-leôht
under heofones hàdOr
beholen weortheth :
thâ me thaet ge-laerdon
leôde mine,
tha sélestan,
snotere ceoiias,
theôden Hroth-gâr,
thaet ic the sôthe ;
83o for than hie maegenes craeft
mine cuthon ;
selfe ofer-sawon,
thâ ic of searwum cwom,
fâh from feondum,
le héros s'arrêta
sous un dais. Beowulf parla ; sur
lui brillait la cotte de mailles, ce
filet de guerre tissé par les mains
habiles de l'armurier : « Salut à
toi, Urothgar ! D'Higelac,je suis le
parent et le compagnon : dans
mon adolescence, en vérité, j'ai
accompli plus d'un fait glorieux ;
dans mon propre pays, le fléau
de Grendel m'a été entièrement
révélé : les mariniers disent que
ce palais, des maisons la meil-
leure, demeure vide et inutile à
chacun, sitôt que la lumière du
crépuscule va s'assombrir dans la
sérénité des cieux : c'est alors, ô
roi Hrothgar, que des hommes
prudents, l'élite de mon peuple,
me conseillèrent de t'aller trouver,
parce qu'ils connaissaient bien
toute la puissance de ma force;
eux-mêmes guettaient mon arri-
vée, quand je revenais triomphant
des embûches qu'on m'avait dres-
sées, et souillé de sang ennemi,
avec cinq prisonniers dans les
fers ;
808. Des éditeurs substituent la forme « Waes » (Saxon du Nord) à la
forme « Wes » (Saxon de l'Ouest) .
817. Grein écrit « thés ».
821. Heyne et Socin écrivent « hathor ». L'accentuation de Va est incer-
taine, « hathor » signifie : éclat, sérénité. Dans son Glossaire, Grein donne
d' « hathor » les formes suivantes : aheathor », « heador », « hador ».
831. Grein écrit « min[n]e».
M)H
KKOW I IK
thaer ic fffe ge-band,
ythde eôtena cyn,
and on ythum slog
niceras aithes ;
nearo-thearfe dreâh,
840 wraec Wedjera nith,
[139 b.]
wean âhsodon,
for grand [grâ] mum :
and mi with G rend el sceal
with tha ag-laecan,
ana ge-hegan
thing with thyrse. .
[Ic] the nu thâ
hrego Beorht Dena,
biddan wille,
85o [eo] dor Scyldinga,
ânre bene ;
thaet thiime ne for-wyrne,
wigendra hleô,
freo-wine folca,
nii ic thus feorran com,
thaet ic mote ana
[and] minra eorla gedryht,
andthes hearda heap,
Heorot fâelsian.
86o Haebbe ic eâc ge-ahsod
thaet se aeg-laeca
for his won-hydum
waepna ne recceth ;
ic thaet thonne for-hicge,
swa me Hige-lâc sie
min mon-drihten
modes blithe,
thaet ic swreord here
othe sidne scyld,
. j'ai soumis la race des Kites,
et sur les vagues, j'ai massacré
des monstres dans la nuit : j'ai
subi de pressantes épreuves. Par
la guerre, je me suis vengé des
Westerns; ils allaient au-devant
de leur propre malheur, et je les
ai réduits à néant : et aujourd'hui,
ainsi en userai-je envers Grendel,
la bête scélérate, et seul j'entre-
prendrai cette tâche contre le
monstre. Donc, ô prince des bril-
lants Danois, souverain des Scyl-
dings, je ne te demanderai qu'une
grâce : ne me refuse pas, ô pro-
tecteur des guerriers, libre sei-
gneur des nations, maintenant
que je suis venu de si loin, de
pouvoir seul (en compagnie de
mes comtes et de cette troupe guer-
rière), purifier le seuil d'Heorot.
J'ai su encore que la misérable
bête, grâce à sa peau maudite,
émousse les traits des armes :
aussi renoncerai-je (et cela pour
gagner le bon plaisir d'Higelàc,
mon féal seigneur) à porter ou
glaive, ou ample bouclier à pointe
d'or,
857. Groin transpose la conjonction t and », « et », de « thés », devant
a minra ».
BEOWULF
409
870 geolo-rand to guthe;
ac ic mid grape sceal
l'on with leônde,
and yrab feorh sacan,
lath with lâthum,
thaer ge-lyfan sceal
dryhtnes dome
se the nine death nimeth.
Wén ic thaet he wille,
gif he wealdan mot,
880 in thaem guth-sele
Geotena leôde
etan un-forhte,
swa he oft dyde
[140 a.
maegen Hreth-manne.
Nâ thii minne thearft
hafalan hydan ;
ac he me hahban wile
d re^eore fâhne :
gif mec death nimeth,
890 byreth blôdig wael,
byrgean thenceth ;
eteth an genga
un-murn-h'ce;
mearcath fen-hopu ;
nôtkûymb mines ne thearft
lices feerme
leng sorgian .
On send Hige-lace,
gif mec hild nime,
900 beadu-scriida betst
thaet mine breôst wereth,
braegla sélest,
thaet is Ifraedlan làf,
. . à la bataille; mais saisis-
sant le maudit corps à corps, avec
lui je lutterai pour la vie ; c'est là,
au lieu du combat, que dormira
celui des detix que par décret du
Seigneur, la mort doit prendre.
Je gage que Grendel s'il peut l'em-
porter, dévorera sans crainte dans
le palais de la guerre, tout le
peuple des Geats, ainsi qu'il l'a
fait de ceux des Hreth. Dédaigne
de cacher ma cotte de mailles ;
car la bète ne m'aura, que taché
de son propre sang : si la mort
me prend, rapportez ici mon
rouge cadavre, et gardez en mé-
moire de lui donner la sépulture ;
sinon, sans vous lamenter, laissez
le monstre qui passe solitaire,
achever sa pâture, et trouvez
ensuite, où je repose dans les
marais; après quoi, ne vous in-
quiétez plus longtemps du festin
qu'on aura fait de mon corps.
Renvoyez h Higelac,sije succombe
dans la lutte, les plus beaux
bijoux de guerre de la cuirasse
qui garde ma poitrine : ils sont
un legs d'Hraedla, et Weland les
a forgés
8X1. Les éditeurs ;i loptent généralement : « geatena »
!)03. Grein écrit : « ïlredlan ».
110
CI OWI IK
Welandes ge weorc :
gâe tha wyrd swa" hiô scel.
. . . .Et toujours va le destin,
où il doit aller ! »
VII
VII
Hrôth-gâr mathelode,
helm Scyldinga ;
fere fyhtum tln'i
wine min Beô-wulf,
910 and for âr-stafum
ûsic sohtest.
Ge-slôh thin faeder
fâehthe mâeste :
wearth he Heatho-lâfe
to hand-honan
mid Wilfingu,
thâ hine gara cyn
for here-hrôgan
habban ne mihte :
920 thanon he ge-sôhte
Suth-dena foie
ofer ytha ge-wealc,
âr [Sciljdinga,
[140 b."]
thâic furthum weôld
folce Deninga,
and on geôgothe heôld
gimme-rice,
hord-burh haeletha ;
thâ waes Here-gâr dead,
93o myn yldra mâeg
un-h'figende,
bearn [lealf-denes,
se waes betera thon ic :
siththan [th]a fâehthe
Hrothgar, le protecteur des
Scyldings, parla : « C'est pour
porter la défense, 0 Beowulf, ô
très cher ; c'est pour porter le
secours, que tu nous es venu
trouver. Ton père se vengeait des
plus redoutables ennemis, en frap-
pant de grands coups : il mit à
mort Heatholaf, parmi les Wyl-
fings, lui qui, par la terreur guer-
rière qu'il inspirait, avait échappé
à la race qui lance les javelots ;
puis, il alla chercher le peuple
des Danois du Sud, en messager
des Scyldings, sur les monts des
vagues, alors que je régnais pour
la première fois, sur le peuple
des Danois, et que dans ma jeu-
nesse, mon sceptre couvrait l'éten-
due du trésor des cités héroïques ;
Heregar, mon frère aîné, était
parti en ces jours : il ne vivait
plus ; , . . . .
908. Grundtvig propose : « F[or io]ere- fyhtum] ».
925. Les éditeurs écrivent généralement « Deniga ».
BE0W1 II
411
feo thiftgOde ;
sende ic WylfingÛ
ofer waeteres hrycg
ealde màdmas :
be me âthas swor.
940 Sorh is me to secganne,
on se fan minimi,
gumena âengum,
hwaet me Grendel hafatli,
hyntho on Heorote,
mid his hete-thancum,
faer-nitha ge-fremed :
is m in flet-werod,
wig-heap, ge-wanod ;
hie wyrd for-sweôp
950 on Grendles gryre.
God eâthe maeg
thone dol-scathan
dâeda ge-twâefan.
Fui oft ge-beôtedon
beôre druncne,
ofer ealo-wâege
oret-mecgas,
thaet hie in beor-sele
bid an woldon
960 Grendles gûthe
mid gryrum eega.
Thon waes theôs medo-heal
on morgen-tid,
driht-sele dreôr-fâh
thon daeg lixte ;
eal bene thelu
[141 a.]
blôde be-stymed,
heall heor[o]-dreôre :
. . . il était meilleur que moi ;
ensuite, j'apaisai l'ennemi par un
tribut ; sur le dos des vagues,
j'envoyai aux Wylfings des trésors
très anciens : et ils me jurèrent
une trêve. Aujourd'hui, j'ai l'âme
en grande tristesse, de dire à un
homme, de quelle honte, de quelles
calamités soudaines Grendel et sa
haine m'ont accablé : ma garde
du palais, ma troupe de guerre
sont diminuées : le destin les a
emportées, dans l'horreur de Gren-
del (Dieu seul peut aisément dé-
tourner de ses forfaits le malicieux
ennemi). Bien souvent, ivres de
bière, les fils des batailles ont
promis sur la coupe pleine, de
défier Grendel au combat dans la
grande salle, avec la renommée
terrible de leurs glaives. Puis,
cette salle de la bière, au retour
du matin, était teinte de sang,
quand blanchissait l'aube ; tout
le pavé de bois fumait du sang-
répandu par les glaives, sur la
salle entière :
952. Dans le manuscrit, il y a une surcharge d'écriture postérieure, et
un p recouvre le ca.
412
BKOWULF
âhte ic holdr;i thy laes,
• 170 deorre duguthe,
the tli.î death for-nam.
Site 11 ii I 6] symle
and on sael-meoto,
sige-hreth secgu
swâ thin sefa hwette.
T h a wacs G eât- m aecgu m
geador aet-somne
on beor-sele,
bene ge-rymed ;
980 thaer swith-ferhthe
sittan eodon
thrythum dealle :
thegn nytte be-heold
se the on handa baer
hroden ealo-wâege,
scencte scir-wered ;
scop hwilum sang
hâdor on Heorote,
thaer waes haeletha dream
()90 diiguth un-lytel
Den a and Wedéra.
et je ne faisais que
compter des membres en moins,
parmi mes loyaux compagnons,
mes chers jeunes hommes qu'en
ces lieux la mort m'a ravi-.
Maintenant, prends place au
festin, et mange avec joie, et
exulte dans ta victoire parmi mes
guerriers, autant que pourra t'y
inciter ton esprit héroïque ». Alors
pour tous les fils des Geats, un
bancs fut dégagé dans la salle de
la bière; là, l'homme à l'âme cou-
rageuse, libre d'envie, vint s'as-
seoir : le féal faisait son office, lui
qui tient en sa main le vase de
bière à l'anse contournée; il versa
la douce et brillante liqueur ; cepen-
dant que le poète élevait sa voix
mélodieuse sous les voûtes d'Heo-
rot, et il y avait de la joie parmi
ces héros, et une pompe illustre
chez les Danois et les Westerns.
VIII
VIII
Hunferth mathelode
Ecg-lâfes bearn,
the aet fôtum saet
freân Scyldinga;
on-band beado-rune
waes him Beô-wulfes sith.
Hunferth, le fils d'Eglaf, parla,
lui qui était étendu aux pieds du
roi des Scyldings : il suscita un
propos querelleur :
973. Nous adoptons ici l'interprétation de Miillenhof : « meoto » serait
pour « meotu » ou « metu », pluriel de « met ». « pensée », d'où est dérivé
le verbe « metian », « méditer ».
992. La plupart des éditeurs transcrivent : « Unferd ».
BEOWULF
413
môdges mere-faraii,
micel aef-thunca.
looo for I lion the he ae lithe
thaet âenig other man
aefre mâerthe thon ma
141 b.
middan-geardes,
ge-hedde under heofenum,
thon he sylfa :
eart thii se Beo-wulf
se the with Brecan wunne
on sidne sâe,
ymb sund-flite,
io io thaer git for wlence
wad a cunnedon,
and for dol-gilpe
on deop waeter
aldru néthdon ;
ne inc àenig mon,
ne leôf ne lath,
be-leân mihte
sorh-fullne sith :
thâ git on sund reôn.
1020 thaer git eagor-streâm
earmum théhton,
mâeton mere-straeta,
mundum brugdon,
glidon ôfer gâr-secg ;
geofon-ythù
weôl wintrys wylm :
git on waeteres aeht
seofon-niht swuncon;
he the aet sunde ofer-flât,
i o3o haefde mare maegen :
thâ hime on morgen-tid
le voyage de
Beowulf, l'orgueilleux marin, lui
était à grand dépit, parce qu'il
n'accordait pas qu'aucun homme
sous les cieux, eut eu jamais par
le monde plus de renommée que
lui-même : « Es-tu ce Beowulf qui
sur la mer étendue, lutta de vitesse
à la nage avec Brecca, quand par
orgueil, vous exploriez tous deux
les fiords, et que par vaine gloire,
vous aventuriez vos vies sur l'eau
profonde ?
Et tout homme, hostile ou ami,
ne pourrait que blâmer votre
déplorable entreprise : là, vous
remontiez la mer, couvrant tous
deux de vos bras, les courants de
l'océan ; vous mesuriez les défilés
de l'onde, et vous glissiez sur elle;
la fureur de l'hiver bouillonnait
dans les vagues profondes, et tous
deux pendant une semaine, vous
explorâtes avec effort les royau-
mes de la mer : il te surpassa à la
nage, car il avait plus de force
que toi :
1025. Grein et Wûlcker écrivent : geofon-ydum iveol wintry a wllm.
D'autres éditions portent « wylm » ou « tot/lme » ou « wylmum ».
ï\\
BE0W1 Li-
on Heatho-râemes
holm up-aet-baer ;
Ihonoi) he ge-sôhte
swâcsne '8'
leôf his leôdura,
land Brondinga
freôtho burh faegere,
thaer lie foie àhte
1040 burh and beâgas»
Beôt eal with the
su nu Bean-stânes
so[ the j ge-lâeste.
Thon wéne ic tô the
wyrsan thingea,
theâh thû heatho-raesa
ge-hwâer d élite,
grimre gûthe,
gif thû Grendl^esj dearst,
io5o nith-longne fyrst,
neân bi[dan].
Beo-wulf mathelode
beam Ecg-theôwes ;
Hwaet thû worn fêla
wine min Hunterfth],
beôre druncen,
ymb Brecan spraece,
saegdest from his sithe ;
soth ic talige
1 060 thaet ic mere-strengo
mâran âhte,
earfetho on ythum.
. . . et puis au lever du jour,
la mer profonde le porta jusqu'à
Heathoraemes,d'où il gagna le sol
paternel cher à son peuple, la
terre des Brondings où il con-
quit une nation, une cite" et des
anneaux.
Le fils de Beaustan accomplil
loyalement, toutes les promesses
qu'il t'avait faites. Aujourd'hui,
j'attends pour loi un pire échec,
quoique tu te montres si excellent
dans les assauts de guerre et les
terribles batailles, si durant l'es-
pace d'une nuit, tu oses demeurer
auprès de Grendel »... Beôwulf, le
fils d'Ecgtheow, parla : « Ecoute,
pendant un long temps, ami Hun-
ferth, ivre de bière, tu as parlé de
Brecca, et raconté son entreprise.
Je te dis la vérité, et j'ai une force
plus grande sur la mer, une plus
grande endurance contre les
vagues qu'aucun autre homme !
1032. Grein : « Heatho-Raemas ».
4035. Ces caractères runiques en vieil anglais, sont mis à la place du mot
« ethel » .
4055. Dans le manuscrit, « hunferd » est toujours écrit avec Y h, bien que
le mot soit toujours en allitération avec des voyelles.
1062. « eafetho » est proposé par quelques auteurs, comme se rapportant
mieux à « mere-strengo » .
BKnWTLK
u;>
I lionne âenig other man.
Wit thael ge-cwaedon
cniht-wesende
and ge-beôtedon,
wâeron begen thé gil
on geogoth-feore ,
thaet wit, on gar-secg nt
1070 aldrnm nrthdon,
and thaet ge-aefndon swa.
Haefdon swurd nacod,
thé wit on snnd reon,
heard on banda ;
wit une with hron-fixas
wérian thohton.
Ne he wiht fram me
flod-ythu feor
fleotan mealite,
1080 bratbor on holme,
no ic fram him wolde ;
t h â Wit aet-[s]omne
[142 b.
on sae wâeron
fif nibta fyrst,
oth thaet une flôd to-draf,
wado weallende,
wedera cealdost,
nipende niht ;
and northan [w^ind
1090 heatho-grim and hwearf :
hreo waeron [y]tha.
Waes mere-fixa
mod on-hréred :
thaer me with lathum
b'c-syrce m in,
heard bond-locen.
Tous deux, quand nous étions
enfants, nous nous étions dit et
promis (étant, dis-je, dans la pre-
mière adolescence) que nous nous
risquerions avec nos vies, sur
l'océan ; et ainsi fîmes-nous. Nous
avions, fortement serré dans nos
mains, nos glaives nus, quand
nous remontions la mer; car nous
pensions à nous défendre contre
les baleines. Sur l'océan profond,
il ne pouvait nager plus rapide-
ment que moi, ni s'éloigner de moi
sur les vagues du courant, et je ne
voulais pas me séparer de lui ;
ainsi fûmes-nous ensemble pen-
dant cinq nuits sur la mer, jus-
qu'à ce que le flot nous séparât ;
par la plus froide des tempêtes, et
par la nuit obscure, le vent du
nord furieux comme la guerre,
sévissait et tourbillonnait dans
les fiords bouillonnants ; les va-
gues étaient déchaînées.
L'audace des monstres marins
fut excitée : alors, contre ces enne-
mis mon vêtement de corps, dur
et fermé à la main, me donna
quelque assistance ;.....
1090. Grein regarde « hwearf » comme un adjectif qu'il traduit dans son
Glossaire, par « versatilis », « volubilis ».
u<;
BKOWl LF
helpe ge-fremede;
beado hraegl broden
on breôstum laeg,
iioo golde ge-gyrwed.
iVlë tô grunde teâh
fâh feônd-scatha ;
fa este haefde
grim on grape :
hwaethremegyfethe wearth ,
thaet ic ag-laecan
orde ge-raehte,
hilde-bille ;
heatho-râês for-nacn
i no mihtig mere-deor
tburh mine hand .
ma cotte de
mailles ornée d'or reeouvrait ma
poitrine, comme à la guerre. L'en-
nemi aux mille couleurs, m'en-
traînait au fond de l'abîme; il
cne tenait serré, terrible en son
étreinte : cependant, il cne fut
accordé d'atteindre le maudit
avec la pointe de mon glaive
et le tranchant de ma hache de
bataille : et le puissant monstre
marin reçut de cette main, le coup
de guerre.
IX
IX
Swà mec ge-lôme
lath-ge-teônan
threatedon thearle ;
ic him thénode
deôran sweorde,
swâ hit ge-défe vvaes :
nâes hie thâere fylle
ge-feân haefdon,
ii 20 mân-for-dâedlan,
thaet hie me thegon,
symbel ymb sâeton
sae-jrrunde neâh.
Ac on mergenne
mecu wunde,
[143 a.]
be yth-lâfe
uppe lâegon,
swe [ordu] â-swefede ;
Ainsi souvent, mes ennemis
pleins de haine me menaçaient-ils
dans leur violence ; je les servais
bien en retour de mon cher glaive,
ainsi qu'il convenait : eux, ces
artisans du mal, n'avaient pas la
joie du massacre en m'attaquant,
en se jettant sur moi tous ensem-
ble, en m'entraînant au fond de
l'océan. Mais au matin, blessés de
mes coups tranchants, ils demeu-
raient haut derrière les vagues
qui se retiraient : mon glaive les
avait endormis ; de telle sorte que
de ce jour, autour du fiord bouil-
lonnant,
1128. Le manuscrit ne porte que « swe » et une partie de 1' « o ». Thorke- 1
HKOWTLF
H7
I had sythan né
i i3o ymb bront ne ford,
brim lithende
hide ne letton.
Leôht eâstan com.
beorht beâcen Godes,
brimu swathredon,
tbaet ie sâe nâessas
ge-séon mihte,
windige wen lias.
Wyrd oft neretb
i 140 un-fâegne eorl
tbonne bis ellen deâh.
llwaetbere me ge-saelde
thaet ic mid sweorde of slob
niceras nigene :
no ic on nilit ge-fraegn
under beôfones hwealf
lieardran feobtan,
ne on ég-streâmum
n5o earmran mannon :
bwathere ic fara feng,
feore ge digde
sithes wérig,
thâ mec sae oth-baer,
flôd aefter farothe,
on Pinna land,
wudu weallendu.
No ic wiht fra the
swylcra searo-nitha
secgan hyrde,
1 160 billa brogan :
hreca naefre git
. . . ils n'ont jamais détourné
les mariniers de leur course. De
l'orient vint la lumière, le brillant
fanal de Dieu ; les flots furieux
s'apaisèrent, et je pus voir ainsi,
les promontoires de l'Océan et les
falaises battues par les vents.
Le destin souvent conserve
le guerrier qui n'est pas encore
condamné à mourir, quand celui-ci
s'aide de sa propre valeur. J'eus
encore la fortune de massacrer
avec mon glaive neuf nicors (1) :
jamais je n'entendis parler de
bataille nocturne plus dure sous
la voûte des cieux, ni d'homme
plus accablé sur les courants de
l'océan : toutefois, je poursuivis
ma route., et je sauvais ma vie,
harassé de ma tâche : alors, la
mer me porta en Finlande, et au
bord des bords bouillonnants, le
flot me déposa sur la grève.
Jamais je n'ai entendu quelqu'un
d'entre vous parler de semblables
embûches, ni inspirer de la sorte,
la terreur des glaives :
in a transcrit « sweodum », et nous donnons dans le texte, l'addition de
Kemble.
1151. On transcrit généralement « hwaethere », et (1456» « wadu ».
1. Nicor, monstre marin.
11
il8
ItKOW I I.I
aei heatho-lâce,
ne ge-hwaether incer,
ewa deôr-lfce
<l an I ge-fremede,
7 fagum sweordum.
No ic thaes gylpe
theâh tln'i tliinum brothrum
I»'» banan wurde,
heafod-maegum,
1 170 tbaes thu in | belle' scealt
■143 b.]
werhtho dreôgan,
theah thfn | wit] duge.
Secge ic the tu sothe,
sunu Ecg-[laf]es,
tbaet naefre G red el swâ fela
gryra ge-fremede,
atol aeg-laeca
ealdre thinum,
hyntho on Heorote,
1180 gif tbin hige wâere,
sefa swâ searo-grim
swâ tbû self talast.
Ac he bafatb on-funden
tbaet he tha faebtbenetbearf
âtole ecg-tbraece
eôwer leôde
s withe on-sittan,
sige-Scyldinga ;
nynieth nyd-bade,
1 190 nâenegu ârath
leôde Deninga,
ac be lust-wi'geth
Ai Breca, ni aucun de VOUS, au
jeu de guerre, n'a jamais accompli
d'actes de valeur >\ chèremenl
gagnés à la pointe des glaives
souillés de sang. De tout cela je
n'ai point d'orgueil, quoique lu
;iics été le meurtrier de les frères,
de ta plus proche parenté, ce
pourquoi tu dois souffrir de la
damnation aux enfers, bien que
ton esprit soit subtil. Je te le dis
en vérité, fils d'Ecglaf, que (iren-
del, le monstre détestable, n'eut
jamais accompli tant d'horreurs
contre ton prince, et n'eût jamais
causé tant de honte dans Heorot,
si ton esprit et ton cœur avaient
été aussi courageux à la guerre
que tu le dis toi-même.
Mais il a découvert qu'il peut
ne pas prendre grand souci du
belliqueux et fier courage de votre
peuple, des Scyldings victorieux ;
son audace grandit;
Htio. Après « sweordum », Heyne, Harrison et Sharp prétendent que deux
lignes ont été perdues, ce qui n'est qu'une simple hypothèse d'ailleurs mal
étayée et que nous ne reproduirons pas ici, le texte en cet endroit suffisant à
l'interprétation.
•1475. Lire « G rend et ».
HKnWTLF
\U)
swefeth, ond sendeth ;
seoce ne wéneth
té Gar-Denum :
ac ic lii m Geata sccal
eafoth and ellen,
uogeara nu
guthe ge-beodan,
1200 Gâeth eft se the mot.
to medo môdig,
sithan morgen-leôht
ofer ylda-bearn,
ôthres dogores
su n n e s \v eg 1 - w e red
sûthan scénetli.
Thâ waes on sâlum
si noes brytta,
gamol-feax and gûth-rôf
1 2 io geoce ge-lyfde
b rego Beorht-Dena ;
144 a.
ge-hyrde on Beo -wulfe
Ibices hyrde
faest-raedne ge-thoht.
Thaer waes haeletha
hlym swynsode, [hlealitor.
word waeroo wynsume;
eode Wealh-theôw forth
cwen Hrôth-gâres ;
i22o cynna ge-myndig
grétte gold-hroden
guman on liealle ;
and tha freo-lic wif
il n'épargne
nul d'entre le peuple des Danois,
mais il attaque selon son plaisir,
et il vous massacre, et vous endort
à jamais; il dédaigne d'en venir
aux mains avec les Gar-l)anes, en
bataille ! Mais moi, un Geat, je
vais à présent, et sans qu'il s'y
attende, lui offrir en défi mon
instinct guerrier, mon effort per-
sévérant, et ma hardiesse ! En-
suite, celui qui le pourra, vien-
dra orgueilleusement dans la salle
de bière, après qu'au second jour,
la lumière du matin et le soleil,
gardien du ciel, brilleront de
l'Orient sur les fils des hommes. »
Alors le dispensateur des tré-
sors, aux cheveux âgés, lui le
prince des brillants Danois,
fameux à la guerre, eut la foi et
l'apaisement; le pasteur de son
peuple entendit bien les inten-
tions arrêtées de Beowulf. Il y eut
parmi les héros, des rires de joie ;
des chants étaient modulés, et les
propos étaient riants; Wealtheow,
la reine d'IIrothgar, s'avança ; se
souvenant de leurs races, elle, sur
qui toute, pendait l'or, salua les
hommes dans le palais ; . . .
4194. « secce » est une forme de dialecte : Thorpe lui substitue « saecce ».
et est suivi en cela par la plupart des auteurs.
1196. Thorpe et Heyne suppriment « ic ». Thorpe fait de « Geata », forme
faible, le sujet, et de « eafoth and ellen •<, le complément. II est suivi par
Earle. Hevne prend « eafoth and ellen Geata » comme sujet, et « guthe »
comme complément.
420
BEOWI I.K
fui ge-sealde
âeresl East-Dena
éthel-wearde ;
baed bine hlithne
act thaer[e] beôr-thege
leôdum leôfne.
i23o He on lust [e] ge-theâh
symbol and scle-ful,
sige-rôf Kyning.
Ymb-eode tliâ
ides Helminga
diiguthe and geôgothe,
duel aog-hwylcne ;
sine-fats sealde,
ot.li thaet sad a-lamp
thaet hiô Beô-wulfe,
1240 beâg-hroden cwen,
mode ge-thungen,
medo-ful aet-baer.
Grétte Geâta leod.
Gode tb an code
wis-faest word urn,
thaes tbe hire se willa ge-
[lamp,
thaet beô on âenigne
eorl ge-lyfde
fyrena frôfre.
12D0 He thaet fui ge-theâh
wael-reow wiga
el la
dame de libre naissance, tendit
d'abord la coupe au prince des
Danois du Sud, et lui recommanda
de se servir joyeusement de bière
qu'aimait son peuple. Lui, le roi
fier de ses victoires, accepta avec
contentement, le festin et la coupe
du palais.
A ce moment, la souveraine des
Helmings fit le tour de la table,
en s'arrêtant partout, auprès des
jeunes et des vieux ; elle distribua
tout le trésor des vaisseaux, jus-
qu'à ce que l'occasion lui fut
offerte, à elle, la reine recouverte
de ceintures d'anneaux, de tendre.
Tair digne de respect, la coupe de
bière à Beowulf. Prudente en
paroles, elle remercia le Geat, et
rendit grâces au Seigneur de ce
que ses vœux étaient remplis,
maintenant qu'elle pouvait avoir
foi en ce comte, quel qu'il fût, et
le recevoir comme une consola-
tion de tant de crimes. Lui, le
guerrier farouche, reçut la coupe
de Wealtheow, et s'apprêtant au
combat, il parla ;
aet W ealh-tbeôn,
and thâ gyddode
144 h.
1230 Ici, et au vers 1250, il convient de lire « gethah >>. Cette dernière
forme esl le prétérit de « thicr/an », alors que « ge-theah » viendrait de
« theon ».
1242 11 semble qu'on soil ici en présence d'une formule invariable, dans
l'épopée, pour la présentation des coupes (Banning, Die Epischen Formeln
in Beowulf, p. 5).
IIEOWIÎLK
m
gùthe ge-fysed :
Beô-wulf mathelode,
bearn Ecg-theôwes :
le tliaet hogode
thà ic on holm ge-stâh,
sâe-bàt ge-saet
1 260 mid m l'ara seega ge-driht,
tliaet ic ânunga
eôwra leôda
willan ge-worhte,
othe on wael crunge,
feônd-grâpum faest :
ic ge-fremman sceal
eorlic ellen,
othe ende-daea:
on tinsse nieodu-healle
1270 m in ne ge-bidan.
Tham wife tha word
wel h'codon
gilp-ewide Geâtes ;
eôde gold-hroden,
freô-licu folc-cwen.
tô hire freân sittan.
Tha waes eft swâ, âer
inné on healle
thryth-word sprecen,
1280 theôd on sâelum,
sige-folca swég,
hoowulf. le (ils
d'Ecgtheow, dit : « J'ai voulu,
quand je suis parti sur l'océan
profond, quand j'ai tenu la barque
de la nier, avec ma troupe de
guerriers, ou répondre seul au vœu
de votre peuple, et le réaliser, ou
descendre parmi les morts, dans
la dure étreinte de l'ennemi : j'ac-
complirai l'acte valeureux qui
sied à un comte, ou bien j'atten-
drai mon jour de mort dans cette
salle de la bière ». Les paroles,
l'orgueil du Geat furent bien aimés
de la femme ; ceinturée d'or, la
reine librement née de ce peuple
vint s'asseoir auprès de son sei-
gneur. Alors il y eut encore,
comme auparavant, à travers la
salle, de superbes propos échan-
gés':' les hommes étaient heureux ;
il y avait un bruit de nations
victorieuses, quand soudain, le
fils d'flealfdene voulut aller pren-
dre son repos de la nuit ; .
1276-1277. Quelques auteurs, et surtout Kcmble. ont prétondu que le
poème de « Beowulf •> était anglais plutôt que saxon. Et ils ont tiré un
argument, h l'appui de leur thèse, de ces deux vers. Ce n'était pas l'usage,
chez les Saxons du Sud, que la reine fût assise, auprès de son seigneur, sur
le trône, et les autres tribus saxonnes ont du partager ce sentiment. Au
xie siècle, même, /Edewulf fut longtemps blâmé d'avoir accordé cet honneur
à son épouse, Judith, princesse franque. et fille de Charles le Chauve. « Ita
quamris omnis controversia pro aVeniqena uxore fuerit, magna illam
dignatione habitam, fhrono etiam contra morem Westsaxonum, juxta
se locabat », Gui. Meld. de Gest. Meg.. II, 2, pp. 3S, 40.
w»
122
in <»w i it
olli lliacl semninga
sunu llealf-den.es
SéCÔÔtl wolde
aefen-raeste :
wiste tliâeni ali-lâecan
to thàem heâh-sele
hilde ge-thinged,
sithan hie sunnan leôht
i2<)o ge-seôn meahton,
othe nipende
ni ht ofer ealle,
scadu-helma ge-sceapu
scrfthan cwoman,
wan under wolcnu.
Werod eall a -ras.
grétte thâ
nu ma ôtherne,
Hroth-gar Beô~wulf,
1 3oo and him hâel â-beéd
win-aernes ge-weald,
[145 a.
and thaet word à-cwaeth ;
Naefre ic âenegu men
àer â-lyfde,
siththan ic hond and rond
hebhan milite,
thryth-aem Dena,
il savait
que la lutte allée se préparer dans
la haute salle pour les Vassaux
infortunés, après qu'ils ne pou-
vaient plu s lo tig té trips , c ontém pler
la lumière du soleil, ni la nuit
s'épaisissant sur toutes choses, et
toute la création des ombres qui
s'étendent, descendaient pâles,
sous le tirmament. Tous les com-
pagnons se levèrent ; là des hom-
mes s'encourageaient ; Hrothgar
salua Beowulf ; il lui souhaita le
succès ; il lui commit son pouvoir
sur la salle où l'on buvait, et il
dit ces mots : « Jamais en d'autres
jours (alors que je pouvais lever
main et bouclier), je n'ai confié à
d'autre homme qu'à toi même
aujourd'hui, cette salle où s'as-
semblent les Danois
1290. Thorpe propose : « geseon [rie] meahton ». Et cette addition est
généralement acceptée. Bugge, veut regarder « othe » comme équivalent à
« and ». Et contre celui-ci et Heyne, Earle défend le sens habituel d' a or »
ou « bien ».
1293. « gesceap[n], création. La forme la plus usuelle est le féminin,
« gesceaft ». Cf. Caedm. 32* Ainsi en est-il encore du neutre, « uurdigis-
kap », « metodigiscap », dans Je vieux saxon, alors que dans l'anglo-saxon
proprement dit, on rencontre : a metodsceaft »»
1297. Grein et Wûlcker complètent ce vers par l'addition de [« glaedé
mod »] ; Heyne, par celle de « giddum ».
HKMW I I!
123
bulon the mi tha.
Mala in i and ge*heald
i 3 10 I) i'i sa se I est ;
uc-mvne inaert ho,
inaegen-ellen cyth,
waca with w rat I nun :
ne bith the wilna gâd
gif Uni thaet cllcn-weorc
aldre ge digest.
Maintiens, à
présent, el garde l'élite des niai-
sons ; souviens-loi de la renom-
mée; montre Ion puissant cou-
rage ; sois en éveil de l'ennemi :
tu ne seras animé d'aucun désir
qui ne soil satisfait, si lu accom-
plis, en vivant, cet acte de cou-
rase » .
X
X
Tha him Hrôth-gar ge-wât
mid his haeletha ge-dryht,
eudur Scydinga
1820 ût of healle ;
wolde wig-fruma
Wealh-tlieo sécan,
cwen tô ge-beddan :
haefde Kyning wuldor
Grendle tô-geanes,
Alors ïlrothgar, le chef des
Scyldings, sortit de la salle avec
sa cohorte de héros ; le prince de
la guerre voulait chercher Weal-
theow, la reine, la compagne de
son lit :
1308. « nu tha •>. Cf. Anal., 133, 55 ; Psalt., 151,329, 333, 335. 345, 368,
377,378, 387.
1309. « Hafa » . Les verbes de la deuxième conjugaison faible, faisant
« ode » au prétérit, et « od » au participe passé, ont leur impératif en « a»,
comme « seal fa », « unge » : c'est pourquoi Grimm a quelque doute
qu' « hafa » provienne de « habban » (D. G., Il, 908). Les exemples
d* « Hafa » sont très nombreux. Cf. vers 2790 de « Beowulf » : « gethyld
hafa ». Caedm. 147 : « hafa arna thane » . Bed., p. 492 : « hafa thumid
the thone y lean bisceop to spraece ». Cott. Mss. Vitel. C. 3, fol. 18 : « hafa
thonne swithe lange on thinum mut he ». Cod. Verc, 1, 450 : a hafa
bletsunge » On trouve encore des exemples d' « tiafu >■> première personne
du passé indéfini, en « o » ou « u », au vers 50'*3 de Beowulf : « le hafa »,
et Cod. Ex., 48 : « ne ic thaes dea thaes hafu xorge on mode »,
1314. Sur « Gad ». Cf. Caedm.J5 222. Cod. Verc,, VI, 1986 : « Naes tha
friegendra under goldhoman gad in burgum, feorran geferede ».
2324. « Cyning wuldtés ». La gloire des rois, c'est-à-dire» Dieu. Il est
42 i
BEOWI LF
swa gum an ge-frungon,
sele-weard â-seted :
sundor-nytte be-heoTd
vinl) aldor Dena
[33o eoton-weard a head ;
huru G eat a leôd
georne triiwode
môdgan maegnes,
metodes hyldo,
th;V he hi of-dyde
fsern-byrnan,
helm of hafelan,
sealde his hyrsted sweord,
irena cyst.
1 340 ombiht-thegne,
and ge-healdan h et
hilde-geàtwe :
ge-spraec thâ se goda
gylp-worda sum,
Beo-wulf Geâta,
[145 h.]
âer he on hed stige.
Nô ic me an here-waesmun
hnagran talige
gdth-ge-weorca,
i35o thonne Grendel hine,
. Dieu, la gloire des roi>,
comme plusieurs l'ont entendu,
avail placé un veiïlenr pour
garder la salle contre Grendel : il
remplissait sa charge insigne au-
près du prince des Danois ; ce
gardien attendait le monstre.
Tout au moins le chef des Geats
avait-il entière confiance dans sa
force audacieuse et dans la pro-
tection du Créateur, quand il se
dévêtit de sa cotte de mailles
d'airain, qu'il ôta son casque de
son chef, et quand il donna à un
serviteur son glaive ciselé, du
plus coûteux acier, en lui ordon-
nant de tenir son harnais de
bataille : alors parla le bon guer-
rier en quelques mots superbes,
lui, Beowulf, le Geat, avant de
monter sur son lit : « Je ne
m'avoue pas plus faible en belli-
queuse ardeur, ni en faits d'armes,
que Grendel lui-même ne se recon-
naît,
douteux quo l'épithète s'applique à Hrothgar. Cf. Judith. (Anal. 135, 66) ;
Cod. Verc. I, 346, 1114, 1711, 1800, 2821 : Elene, 5.
1324. « Kyning » se trouve à la fin d'une ligne du manuscrit : il y a place
pour un « a ». mais on n'en peut découvrir la trace.
1330. Thorpe donne « eoton » pour accusatif: « weard » pour nominatif ;
Heyne donne « eoton » pour datif, et « weard » pour accusatif.
1347. « here-waestmum » adopté par Thorpe et Kemble: Grein écrit:
« waesmum ».
« Waestînum ». « Waestm » dénote toute croissance, tout développe-
ment. 11 a généralement le sens de taille, stature, et le mot « waist », tour
(]p taille, en anglais moderne, doit sans doute, en dériver.
BEOWULF
426
for than ic hine sweorde
swebban nell<\
aldre be^neôtan,
theâh ic oal maege.
Nat he thâra goda
thaet lie me on-gean sleâ,
rand ge-heâwe,
tlieâh the he rof sie
nith-ge-weorca,
r36o ac wit on niht scnlon.
secge ofer-sittan,
gif het ge-sécean dear
wig ofer waepen ;
and siththan wilig God,
on swâ hwaethere hond,
hâlig dryhten
maertho dénie,
swa him ge-met thince.
Hylde hine tha heatho-deôr
1 370 hleor bolster on feng,
eorles and-wlitan ;
and hineymb monig
snellic sae-rinc
sele-reste ge-beah.
Nâenig heora thôhte
thaet he thanon scolde
eft eard-lufan
aefre ge-sécean,
foie oththe freô-burh
i38o thaer he â-féded waes :
ac hie haefdon ge-frunen
^thaet hie
âer té fêla niicles,
in thaein win-sele
. . car. quoi qu'avec mon glaive
je puisse l'endormir, lui arra-
cher la vie. je ne le ferai pas ainsi
(avec mes armes) (1)... Il pour-
rait me frapper ; il pourrait faus-
ser mon bouclier, tout orgueilleux
qu'il est de ses forfaits insidieux,
mais tous deux par la nuit, nous
nous prêterons attentivement à
la bataille, s'il ose me chercher
sans armes; après quoi, Dieu
sage, Dieu saint, dispensera la
gloire de l'un ou de l'autre côté,
selon même qu'il lui paraîtra
convenable ». Il se coucha sur la
peau des bêtes féroces ; sa joue
s'appuya sur les coussins, et il
gardait le maintien d'un comte :
et autour de lui, plus d'un actif
marinier se dirigea vers la salle
de repos. Chacun d'eux pensait
que jamais, de ce jour, il ne pour-
rait retrouver sa terre bien-aimée,
ni les peuples de la libre cité où
il avait grandi : mais ils avaient
entendu dire qu'une mort san-
glante avait emporté de trop
nombreux d'entre eux,. . -
I. <> passage incomplet, est dans le lexte d'une entière obscurité, et la
traduction n'en peut cire qu'incertaine et approximative.
1362. « he » adopté par Kemble.
120
BEOWULF
wad (Irai h for- nam,
Denigea leôde :
ac him dryhten for-geàf
wig- sped a ge-wiôfu,
[146 a.
frôfor and ful I mu ,
1 390 thael hic feônd heora
iliurli ancs craeft
ealle ofer-comon,
selles mi lilum :
soth is ge*cythed
thael mihtig Grod
manna cynnes weôld.
| | ferhth com
on wan re niht,
scrithan s 'cal du-genga ;
1400 sceotend swâefon
tha timet horn-reced
healdan scoldon,
ealle huton an [um] ;
thael waes yldum cut 1 1 ,
thaet hie ne moste
du peuple
danois, dans la salle des libations :
cependant, Dieu leur donnait le
secret du succès à la guerre, et au
peuple des Westerns, la confiance
et l'art de la défense, de telle sorte
que par la force d'un seul homme
et par sa vertu, ils allaient vain-
cre leur ennemi : en vérité, il est
démontré que Dieu puissant gou-
verne la race des hommes. La
hardiesse d'âme leur vint, tandis
que le fantôme d'omhre s'avan-
çait dans la nuit pâle; les guer-
riers, eux qui devaient garder la
salle élevée, s'endormirent tous,
sauf un ; les hommes apprirent
que le maudit ne pourrait, cette
nuit, les massacrer dans /'omhre
(puisqu'ainsi
1386. Quoique « dryhten » se soit glissé dans ce passage, la pensée en est
païenne, et on peut supposer qu'il a dû autrefois y avoir « Nom » ou
« Wf/rd », à la place de « dryhten ». La croyance est commune, en anglo-
saxon, au destins tissant les trames de la vie humaine. Cf. Deutsche
Mythologie, de Grimm, p. 229-234.
1397. [« wide »] est proposé par Kemble, et [« ride »] par Thorkelin. 11
n'y a dans le manuscrit au début du vers qu'un trait droit dépendant de la
première lettre. Le reste des caractères est effacé.
4400. Les noms à forme de participes, sont généralement sans inflexions,
au nominatif et à l'accusatif pluriel. Cf. Beowulf, vers 816, 2248, 2301,
3650, etc. De pareils noms gardent au génitif pluriel, 1' « r » de la déclinai-
son des adjectifs ; avec une exception pour « fréon d » et « feond », qui,
dès l'abord, ont été regardés comme substantifs, et ont généralement eu le
nominatif et l'accusatif pluriel en « as ».Une exception à cette remarque se
rencontre dans (Gesetze der Angel-Sachsen, par Schmit, p. 167) : « tha
nehstan freond » (nom. plur.).
BKMW II»
vsh
thn met od Qolde
m syn-sratha
under sceadu bfegdan ;
;k' he waeceende
i 1 10 w râthum on atidan,
bad bolgen-môd
beadwa ge-thinges.
Dieu l'avait dé-
fendiO,mais lui (llenwulf), entrait
en rage con Ire l'ennemi, et a tien
dail, le cœur plein de colère, que
la bataille se décidât.
XI
XI
Tha com of mûre
under mist-hléothm,
Grendel gongan ;
godes yrre baer,
mynte se mân-scatba
mannacynnes
surane b[e]-syrwan
1420 in sele thâm heân.
Wôd under [wolcjnum
tô thaes tbe he win-reced,
gold-sele gum[e]na,
gearwost wisse,
faettum fâhne :
ne waes thaet forma sith
thaet he Hroth-gares
ha ge-sôhte.
Naefre he on aldor-dagum
1430 âer ne sith than
heardran liâele
heal-thegnas fand.
Com thâ to recede
ri ne si'thian
dreâmum be-dâeled,
[1.40 lu]
Alors sous les voiles du brouil-
lard, Grendel vint des marais; il
apportait avec soi la colère de
Dieu : le criminel avait le dessein
de surprendre quelques-uns de la
race des hommes, dans la haute
demeure. Jl marchait sous les
cieux, quand il aperçut en toute
clarté la salle des libations, la
maison renfermant les trésors des
hommes, et riche en vaisseaux :
encore n'était-ce pas la première
fois qu'il avait cherché la demeure
d'Hrothgar. Jamais de toute sa
vie, ni avant, ni depuis, il n'avait
trouvé d'hommes plus braves,
gardant la salle. Le monstre vint
alors vers le palais d'où la joie
était bannie ; bientôt, il se rua
sur la porte, l'ébranlant avec des
barres durcies au feu : puis il la
toucha de ses mains ; . . . .
1412. La plupart des auteurs lisent : « beadive », au génitif Singulier
« belli decretum ». Cf. Caedm 250.
1414. Cf. Cod. Ex. 93 : « mist-hleothu » ; 72 b : « mièt-helm ».
î*28
HKOWI LI
duru sôna on-arn,
fyr- ben dura faest,
syththan he hire fol mu m
[hr]an;
On-braed tha bealo-hydig,
1440 thâ [hege] bolgen waes,
recedes mû than ;
rathe aefter ihon
on fàgne flôr
feônd treddode.
Eôdde yrre-môd,
him of eàgum stôd,
li gge gé-licost,
leôht un-faeger.
Ge-seah he in recede
i55o rinça manige
swefan sibbe-ge-driht
samod aet-gadere,
mago-rinca heâp :
thâ his mod â-hlôg :
mynte thaet he ge-dâelde
âer thon daeg cwome,
il voulait le
mal. et arracha, en l'ouvrant.
animé de sa rage, la porte de la
salle; bientôt après, l'ennemi mar-
chait sur les dalles variées d'orne-
ments. Il allait, plein de fureur,
et de ses yeux, semblable à la
flamme, s'échappait une lueur
hideuse. Il vit dans la maison
maint guerrier endormi, une
troupe entière et tranquille, une
troupe d'hommes alliés : alors il
rit de toute sa face :
1438. La correction « aet-hran » de Rask est généralement admise. Elle
s'appuie sur les passages suivants du Cod. Verc. : T, 2001, 2002.
Le manuscrit est incomplet au coin. Zupitza, dans sa copie, écrit :
« [gehr]an ». Il y a place pour deux lettres avant « hran ». Mais rien ne
recommande l'hypothèse de Zupitza. plutôt que toute autre. Kemble pro-
pose, et les éditeurs le suivent d'ordinaire, l'addition « [aet-hr]an ».
1440. Lacune au coin du manuscrit. Kemble, Grein, Wùlcker, Heyne la
complètent avec « [//#][«] bolgen ». Mais Zupitza après un examen plus
attentif du manuscrit, que nous avons également fait, prétend à juste titre,
que devant « bolgen », on aperçoit les traces de deux lettres, dont la pre-
mière semble avoir été un g. Sa correction est reproduite dans le texte.
1442. « aefter thon ». ensuite Cf. Bed. II, 20: III, 2 : III, 18.
1446. Pour « sfod », Cf en ancien normand, « Enn af geirom, geislar
stodo », des rayons partaient des lances. « Tha quamo leiptrar yfir tha oc
stofho geislar i scipin » (Helg. q. Hund. I, 15: II, 16 b.
BEOWULF
429
iitol ag-lâeca,
aura ge-hwylces
Iff with lice;
14Ô0 Ilia him â-lumpeo waes
wist-fylle wén ;
ne waes [w]yrd thé gen,
thaet he ma môste
manna cynnes
thigean ofer tha niht.
Thryth-swytli be heôld
mâeg Hige-lâces,
liû se mân-scatha
under fâer-gripum,
1470 ge-faran wolde.
Ne thaet se ag-làeca
yldan thôhte,
ac he ge-feng hrathe
[131]
forman sithe
slâependne rinc ;
slât un-wearnum,
bât bân-loean,
bl[6d]edrum dranc,
syn-snaedum swealh ;
1480 sôna haefde
un-lyhgendes,
eal ge-feormod,
fét and fol ma :
forth near aet-stôp,
nam thâ mid h[an]da
hige-thihtigne
rinc on raeste.
Hand] raehte on-gean,
feônd mid folme
le maudit,
l'infâme voulait avant la venue
du jour, séparer la vie du corps
de chacun, depuis qu'il nourris-
sait l'espoir d'un abondant festin;
cependant, ce n'était pas son des-
tin de toucher à plus de membres
de la race humaine, de ce soir-là.
Le féal d'JIygelac, à l'âme coura-
geuse, considérait comment le
malin allait procéder dans sa sou-
daine attaque. Le misérable n'avait
point d'intention de la différer,
mais aussitôt, il saisit rapidement
un guerrier endormi ; brusque-
ment, il le déchira, il lui mordit le
corps, il but le sang de ses veines,
et dévora sa chair en la lacérant
sans cesse; bientôt avait-il entière-
ment dévoré les pieds et les mains
du cadavre : il se rapprocha, et
saisit de sa main le guerrier à
l'âme puissante, dans son repos.
Lui {Beowulf), tendit la main, et
subitement, agrippa l'ennemi,
nourrissant des idées de combat,
et se dressa sur le coude ; .
4465. « ofer thâ niht ». Après cette nuit-là. Cf. « gif he ofer thaet
stalige ». Ll. .Kdelst, II, I, § 4 (Schm. [, 71). « sede hine ofer that feor-
mige «, id. id. II, 2, § 1. « but an hi ofer this geswican willon ». id. id. Ill,
Prol. (p. 79). Cf. encore id. id. Ill, 9 (p. 81); VI, 1, § 5 (p. 85).
\'M)
Il KO W I II
i |.)o he ôn-feng hra! he,
in w il thancu,
and with earm-ge-saet :
sôna thael <>n-funde
fyrena hyrde
thaet he ne mette
middan-geardes,
eorthan sceatta,
on ebran men
mnnd -gripe maran :
i 3oo lie od mode wearth
forht on ferhtlie;
no thy âer from meahte :
hyge waes him hin-fus.
wolde on heolster fleun,
sécan deôfla ge-draeg;
ne waes his drohtoth thaer
swylce he on ealder-dagUm
âer ge-métte.
Ge-munde tha se goda
i 5 1 o mâeg Higê laces
aefen spraece,
lip-lang â-stôd
and him faeste with-feng ;
fingras burston,
eôten waes lit Veard ;
eorl furthur stop ;
mynte se mâera,
bientôt,
le berger des erimei vint à décou-
vrir qu'il n'avait jamais rencontré
par tonte la terre, ni parmi les
quartiers de l'univers, ni parmi
les étrangers, d'homme plus fort
au serrement des mains. Rentrant
en lui-même, le monstre se sentit
le cœur épouvanté ; il ne pouvait
se sauver plus tôt pour cela ; ses
desseins étaient dans une fuite
prochaine ; il voulait voler vers
ses cavernes, pour y retrouver les
démons en tumulte ; l'accueil qui
lui était fait en ces lieux était tel
qu'il n'en avait jamais rencontré
de sa vie, auparavant. Alors, le
bon féal d'Higelac se rappela ses
paroles du soir; il se tint haut
dressé, et serra fortement la main
de Grendel ; ses doigts cédèrent :
l'ogre était sorti ; le comte s'élança
à sa suite :
1492. Cf. Gaedm. 291.
1497. Plusieurs éditeurs s'arrêtent à la forme « sceata ».
1499. Au lieu de « mund-gripe », ïrautmann (Anglistik 11, 461) propose
assez inutilement, du reste, « herewaepnum ».
1505. Pour <( gedraeg », Cf. God. Vex'c. I, 82 : « thaer waes cirm micel
geond Mermedonia manfulra hlol/u fordénera gedraeg ». Id. I. 3106 :
« thaer waes wop wera wide gehyred, earmlic y Ida gedraeg ». En ees
deux passages, la notion de « bruit », est contenue dans le mot « gedraeg ».
HKOWULF
4;n
hwae r he meahte swâ,
i:u h.
widre ge-windan
i?2o and Ojn-weg thanoo
fleôn on fen-hôpu :
wiste h is fingra ge-weald
on grâmes uni pu in
thaet lie waes geôcor :
sitli thaet se hearm-sca[th]a
tô Heorute a-teah,
dryht-sele dynede,
Denu eallum wearth
ceaster-biiendum,
r53o cénra ge-hwylcum,
eorlum ealu seerwen :
yrre wâeron begen,
rethe rén-weardas ;
rcced hlynsode;
tha, waes wundor micel
thaet se wm-sele
with-haefdeheatho-deôrum,
thaet he on hrûsan ne féôl,
faeger fold-bold ;
1640 ac he thaes faeste waes,
innan and litan,
iren-bendum,
searo-thoneum be-smithod :
thaer fram sylle â-beag
medu-benc monig,
mine ge-fraege,
le monstre laineux
voulait, s'il l'eût pu ainsi, s'échap-
per plus au large, et puis gagner
dans sa fuite, ses demeures des
marais; il savait, à présent, quelle
résistance avaient ses doigts dans
le serrement de main du héros
plein de colère, et que Beowulf
était le plus fort : avant que le
maudit ne s'en fût d'Iïeorot, la
salle seigneuriale tonna; la bière
futrépandue pour les comtes, pour
tous les Danois, pour ceux qui
vivaient dans la cité, pour chacun
des vaillants : les deux cham-
pions forts et féroces, étaient en
rage ; la demeure résonnait ; alors
ce fut un grand étonnement que
la salle des libations put résister
à ces géants de la guerre, et qu'il
ne s'écroulât point sur le sol, le
magnifique palais ! Mais il était
ainsi armé, tant au dehors qu'au
dedans, de barres de fer, ingé-
nieusement forgées : là (commeje
l'ai entendu narrer), plus d'un
banc orné d"or, et où Ton buvait
l'hydromel, fut emporté sous l'ef-
fort des combattants furieux ; .
I0I8. Le M.S., l'ail défaut au coin du feuillet. Ettinuller, Wùlcker, Heyne
proposent « thaer ». Zupitza, fort d'un examen minutieux du texte, qu'après
lui nous avons vérifié, prétend pouvoir lire « h » et « w », en encre presque
transparente, et il adopte la forme « hwaer, * 11 faut convenir que ces
caractères se devinent, plus qu'on ne peut les lire.
1524. Grein opine pour l'omission de « he », qui figure dans le texte.
1533. « reri » est ici une contract ion de « regen » (Kemble).
432
UEOWULF
golde ge-regnad,
thaer Ilia grdman wunnon
thaes no wén<i( m âer
i55o witan Scyldinga,
thaet li il â mid ge-mete
manna âenig,
het-Hc and ban-fâg,
tô-brecan meahte,
listuni tô-lûcan,
nyintJie listes faethm
swulge on swathule.
swég up a-stag,
ni we ge-neàhhe :
j56o North-Denu sl[6d]
ate-lic egesa
ânra ge-hwylcum
thara [the] of weal le
wop ge-hyrdon,
gryre-leod [ga] Ian
godes and-sacan,
sfge-leâsne sang.
[sâr] wanigean ;
helle-haeft on-heold
1570 hine [to] faeste,
147 a.
et
jamais, autrefois, les conseillers
des Scyldings n'avaient supposé
ceci qu'aucun homme dans la
rage et dans le sang du massacre,
fût un jour capable d'arriver par
les force à les faire céder, ou à les
desceller par ruse, alors que la
flamme seule dans ses embrasse-
ments. eût/)?/ les consumera leur
place même.
Des clameurs qu'on pouvait
dire nouvelles s'élevèrent ; une
terreur sans nom s'empara des
Danois du Nord, de chacun de
ceux qui, des murs, ouïrent le cri
de détresse, entendirent le renégat
de Dieu chanter son terrible chant,
son chant de défaite, et se lamen-
ter de sa blessure
1547. Cf. « gerenode readum gotde », Anal. 141, 31. « gerenod swurd »,
Anal. 125, 61. «. heahsetla mid golde and mid gimmum gerenedra », Boet.
p. 6. « Ne thaet ne beothon thy faegerre thaet mid, elleshwâm gerenod
bith, theâh tha gerenu faegru sien, the hit mid gerenod bith », Boet.
p. 29.
1553. Grundtvig propose « betlic».
1553. Quoique la voyelle de « ban » soit longue dans Je MS., il n'y a
point de doute qu'elle ne soit brève. Il s'agit, ici, de « bana », la mort, et
non de « ban », visage.
1569 Nous avons suivi Zupilza el quelques auteurs qui font de « helle-
haefton » un composé.
1570. La plupart des auteurs placent « to » devant « faeste ». Kemble,
par exemple.
BEOWULF
ï3:*
se i he manna waes
maegene strengest
on thàem daege
thysses ! HV* .
Ml
Nolde eorla hleô.
aenige thinga,
thone cwealm-cuman
cwfcne for-Iaetan :
ne his lif-dagas
1 5 80 leôda âenigum
nytte lealde.
Thaer ge-nehost braegd
eorl Beô-wulfes
ealde-lâfe,
wolde freâh-drihtnes
feorli ealgian
mâeres theodnes,
thaer hie meahton swâ.
Hie thaet ne wiston
1 5go thâ hie ge-win drugon,
heard -hieuende
Celui (|iii des
homines était le plus redoutable
en force dans les jours de sa vie.
le tenait trop étroitement rivé aux
chaînes de la mort.
XII
Le prolecteur des comtes ne
voulait, en aucune façon, laisser
partir vivant son hôte meurtrier ;
car il ne jugeait point les jours
d'une telle vie, utiles à qui que ce
fût.
Alors, soudain, Técuyer de
Beowulf vint à brandir le glaive
antique que lui avaient légué ses
pères; il voulait défendre la vie
de son seigneur, du prince fameux,
puisqu'en ces lieux, et à ce mo-
ment, il était possible de le faire
ainsi
1572. « mae genes strengest » est plus en harmonie avec l'idiome anglo-
saxon. Et il n'est pas d'exemple d'un datif dans une semblable construction.
1576. « aenige thinga », en aucune façon. Cf.. « Beowulf », vers 580o\
Cod. Ex. 27, Bed. II, 2, 5. « naenige thinga », Bed. Ill, 24; IV, 9; V. 6.
« and ae/iig thinga », Bed. IV, 22. « rat host thinga », Ll. Cnut. B. 22,
S 3.
1*>89. Selon la croyance mythologique des peuples du Nord, qui paraît
avoir été parlagée par les Saxons, les géants ne pouvaient être blessés avec
le glaive, quoique leur tête seule, fût vulnérable. D.M. Grimm,307. Grendel
ne peut être blessé (v. 800 et suiv. ), et sa mère ne peut être atteinte par le
glaive, Hruntig (v. 30-44). Elle tombe donc sous les coups d'un glaive forgé
par sa propre race, et qui, comme (Irimm l'observe, est probablemenl de
pierre et non d'airain.
28
m
III it\\ I I I
tulde-inecgas,
and on heal fa ur-liw one
hen \\<in (hohton,
sdwle sécan
(hone syn-scathan,
ûenig ofer eorthan,
irenna cyst,
gutb-billa nan,
KJoo grétan nolde.
Ac he sige-waepnu
for-sworen haefde,
147 b.
ecga ge-hwylcre :
séoldê[h]is aldor-ge-dâl
on daem daege
thysses [lif^es
ear m -lie wurthan,
and se ellor-gast
[on J feonda ge-weald
i(jio feor sithian.
Thâ thaet o^nfunde,
[se the fol a aeror,
modes myrthe,
manna cynne
fyrene ge-fremedo.
he [waes Tag with god]
thaet him se lic-homa
laostan fn]olde ;
ac hine se môdega
iÔ2o mâeg Hyge-lâcos
haofdo be honda ;
waos go-h\vaethor othrum
. Eux, les lils dos batailles,
aux courageuses pensées, oe sa-
vaient point, en consommant cet
effort, et taudis qu'ils cherchaient
à frapper (Grendel) de tous côtés,
el à lui arracher la vie, que même
l'acier le plus coûteux par la terre,
ou que toute autre arme de guerre,
n'eût produit d'effet sur le monstre
puissant. Mais lui (Beoiealf).
avait jure de renoncer à ses armes
de victoire, et à tous ses glaives ;
le destin de (Grendel) était que,
misérablement, il quittât la lu-
mière, au jour extrême de sa vie,
et que son esprit maudit s'en fût
au loin, chercher les puissances
du mal.
Alors lui, qui avait auparavant
commis dans la joie, tant de
crimes contre la race des hommes
(n'était-il pas l'ennemi de Dieu ?)
découvrit que les forces de son
corps allaient le trahir ; mais
l'orgueilleux féal d'Hygelac le
retenait dans sa main, et chacun
des combattants se haïssait, puis-
qu'encore ils étaient tous deux en
vie : . . . .
4 (il G. kemble et Hoyno placent « waes » après « he ». Zupitzales combat,
assez à tort, semble-t-il, en examinant le manuscrit, lorsqu'il prétend qu'il
n'y pus dans celui-ci de place pour « ivaes » devant « fug ».
« he iraes fay with god ». Gf, Caedni. Ti(\ : « Ic eom fall with god ».
Cod. Verc. I, 2IV76 : « eart thu fall with god ». LI. .Edelst. II, 23, g 7
(p. 76) : « Sy he fa h with thone ct/ng, and with ealle his freond ».
HKOWLLK
4î*o
lifigende lathi
Ifc-sàr ge-bâd
a toi a eg -1 area :
1 1 i m on e&xle wearth
syn-dolh swéotol,
seoQOwe on sprungon,
burslon bân-locan ;
i63o Beô-wulfe wearth
giith-hreth gyfethe.
Scolde Grendel thonan
feorh-seôc fleon
under fen-hléothu,
sécean wyn-leàs wic.
Wiste the geornor
thaet his aldres waes
ende ge-gongen,
dogera daeg-rim :
1640 Denum eallum wearth,
aefter tliam wael-raese,
willa ge-Iumpen,
Haefde tha sre-fâelsod
se the âer feorran com
snotor and swyth-ferhth,
sele Hrolh gares
ge-nered with nithe.
[fol. 148 a.]
Niht-weorce ge-féh,
ellen-niâer thum] ;
i65o haefde Eâst-denum
Geat-mecga leod
gilp ge-laested ;
swylce on cyththe
cal le ge beted]
i'n-\vid-sorge
the hie âer drugon,
and for [threa -nyduni
. . le monstre maudit attendait
le coup mortel ; une large bles-
sure était béante sur son épaule ;
ses muscles séparés, se rompirent ;
les jointures de ses os éclatèrent,
et le succès au combat fut donné à
Beowulf. De là, Grendel doit s'en-
fuir, frappé, et triste jusqu'à la
mort, dans le refuge des démons,
pour y retrouver sa demeure sans
joie.
Il savait pleinement que la fin
de sa vie était prochaine ; que le
nombre de ses jours était passé :
et voici que les vœux de tous les
Danois étaient accomplis, après
les fureurs du combat. Lui qui,
d'abord, était venu des pays loin-
tains, l'âme prudente et coura-
geuse, avait ainsi purifié la salle
d'Hrothgar, et Vavait fortifiée
contre les embûches. II se réjouis-
sait dans ses exploits de la nuit,
dans le renom de sa valeur; le
chef des Geats avait accompli ce
dont il s'était vanté aux Danois de
l'Ouest ;
I()28. « Seonow » est du féminin. Il faut donc lire ici « seonowa »>, au
nominatif pluriel.
436
m oui li
tholian scold on,
loni un-lyt. el
k')(x) thaet wiics tâcen swedtol,
syththan hilde-deôr
hond â-legde,
earm and eaxle;
thaer waes cal geador
Grendles grdpe,
under geapne hj rôf .
Mil
il avail encore apaisé
dans loin- pays toute inquiétude
du malin qu'ils avaient supportée,
et dont ils avaient <lù subir, par
une dure nécessité, la rage gran-
dissante; ce Cul l'évidence même,
quand le guerrier valeureux dé-
posa sous la voûte étendue, la
main, le bras et l'épaule; il y
avait là tout ce qu'il avait arraché
à Grendel.
Thâ waes on morgen,
mine ge-frâege,
ymb tha gif-healle
[670 gûth-rinc monig;
ferdon folc-togan
feorran and nean
geond wid-wegas,
wundor sceawian,
lathes lastas.
No bis lif-ge-dâl
sârlic thûhte
seega âenegum
thâra the tir-leâses
1680 trode sceawode
hû lie wérig-môd,
on-\veg thanon,
nitha ofer-cumen,
on, nicera mere
fâege and ge-flymed
feorh lastas baer.
ïhaer waes on blôde
brim-weallende
XIII
Alors au matin, comme je l'ai
entendu rapporter, plus d'un
guerrier vint aux alentours de la
salle des présents : les chefs de
loin et de près, arrivèrent par des
chemins détournés, pour voir le
prodige et les traces du monstre :
jamais son départ de la vie ne
parut être une cause de douleur
pour aucun des hommes qui re-
cherchaient les vestiges de /'être
sans gloire, et (nul ne s'inquiétait
de la manière dont Grendel), au
courage abattu, vaincu au com-
bat, condamné par le destin et
par les armes à fuir, eût pu sauver
les restes de sa vie dans les flots
du lac des Nicors ;
1665. Lacune au coin du M. S.
1666. « under geapne h[rof] ». Sous la voiite étendue. Cf. Miller (Anglia
XII, 397) qui change, sans utilité, « hrof » en « horn ».
BEOWULF
Î37
;it(tl viha ge-spring,
i 690 eal ge-menged,
h;'it on heolfre :
heo ro-dréore weed
deâth-fâege deog,
siththan dreâma-Ieâs
in fen-freotho
feorh â-legde,
hâethjene sâwle,
thaer him hel on-feng.
Thanon [eft] ge-witon
1 700 eald-ge-si'thas,
swylce ge<mg malnig
of gomen-wathe,
tram mere mudge
111 earum ri'dan,
beornas on blancum.
Thaer waes Beo-wulfes
mâertho rnaened ;
monig oft ge-cwaeth
tliaette, suth ne north,
1710 be saern tweonum
ofer eormen-grund,
là, écu mai en t
de sang la rude vague, les tor-
rents des flots en fureur, tout
mêlés et chauds de poison : le
148 h. monstre mourant teignit encore
les eaux <jtii bouillonnaient du
sang répandu au combat, après
que lui, privé de joies, eût rendu
sa vie, son àme païenne en l'asile
des démons où la mort l'étrei-
gnit ! De là, encore, les vieux
compagnons s'éloignèrent, et plu-
sieurs sur leurs chevaux, quit-
taient les sentiers qu'ils aimaient,
et le lac, tels des guerriers che-
vauchant leurs coursiers : la re-
nommée de Beowulf fut procla-
mée ; plus d'un disait souvent:. .
1691. « hat on heolfre » adopté par Kemble et Wùlcker. Grein propose
« hat » « an » au lieu de « hat » « on » du texte.
1693 .Kemble propose « dear/ » au lieu de u deog ».
1693. » death-faege »» n'a pas de sens ici. Kemble propose, avec raison,
la correction ; « death-deoge fah », souillé de taches, c'est-à-dire de sang.
« Death-deog » se rattacherait au vieux normand, « val-dangg », « ros
stragis », Helg. q. Hnnd. II. 42.
4698. « Et l'enfer l'étreignit... » Le mot « Hel », dans ce poème chrétien,
semble une réminiscence des croyances païennes, et de « llela », déesse de
la mort (Slopford, Brook, op. cit. I, 54). Enrle traduit : « Hela Vétrei-
gnit... ». .Mais en maint passage. « hel » n'a que le sens de mort ou d'enfer.
Cf. Beowulf, v. 204, M76, 1596, 2548, 6444.
1 702. Grimm écrit « gomenthath » au lieu de « gomen-wathe ».
'i'
iW
HKOWULF
attar nàenig
under vweglts be^ gong
se Ira mi ere,
rond-haebbendra,
rices wyrthra.
Ne life hum wine-drihten
wiht ne lot» on
glaedne Hrôth-gâr,
1720 ac thaet waes god cyning.
Hwilum heatho-rôfe
hleâpan leton
on ge-flit faran
fealwe mearas,
thaer him fold-wegas
faegere thiihton,
cystum cuthe :
hwflum cyningesthegn,
guma gilp-hlaeden,
1730 gidda ge-myndig,
[se Ihe eal fela
eald-ge-segena
worn ge-munde,
word other fand
sôthe ge-bunden],
secg eft on-gan
sith Beo-wulfes
snyttrum styrian,
[fol. 149 a.]
and on sped wreean
1740 spel ge-rade
wordum wriselan
wel hvvylc ge— cwaeth
. . « qu'au Sud ou <iu Nord, entre
les deux mers et par tonte la terre,
sous les rayons du soleil, il n'était
point d'autre guerrier portant
l'écu, meilleur que lui-même^ et
plus digne de l'empire î » Du
moins ne blâmaient-ils en rien,
leur cher seigneur, Hrothgar plein
de joie; mais c'était là un bon
roi ! Tantôt, les fameux à la guerre,
renommés pour leur munificence,
laissaient courir entre eux leurs
coursiers fauves, aux endroits des
routes où le sol leur paraissait
propice : tantôt, un thane du roi,
à l'esprit orné de hauts faits, lui
qui se souvenait des chansons
(d'un grand nombre de traditions
antiques, mais sur lesquelles il
trouvait d'autres mots, harmo-
nieusement unis ensemble), cet
homme, à l'instant, commença
avec sagesse à mettre en ordre
l'expédition de Beôwulf, puis à en
narrer l'histoire dans sa succes-
sion ;
1731 . Kemble, Bieger et Bugge mettent entre parenthèses, à partir de « se »
jusqu à « ge-bunden ».
1734-1735. « word... ge-bunden ». Cf. Simons, Beowulf vertaald in sta-
frijni, pp. 184, 320. Earle, Deeds of Beowulf, p. 136. Trautmann, Bonner
Anglistik, II, 173.
MKOWI'LF
m
thaei he tram sige-munde[s]
secgan hyrde,
el I en- «la dum,
uii-n'it lies fela,
\\ aelsingcs ge-win,
\vi de sithas
thâera the gumena beam
i y So gear we ne wiston ;
fàehde and fyrena
huton F i te la mi d L Hine
thon ne he swulces hwaet
secgan wolidei
earn his ne fan
swâ hie â wâeron
aet nith ge-hwam
nyd-ge-steallan.
Haefdon eal-fela
j 760 eotena cynnes
sweordum ge-saeged.
Sige-munde ge-sprong
aefter deâth-daege
dôm un-lytel ;
syththan wiges heard
wyrm a-cwealdc,
hordes hyrde ;
he under hârne stan
aethelinges beam
1770 âna ge-nethde
free ne daeda,
ne waes him Fitela mid.
Hwaet hre him ge-saelde
thaetthaetswurd thurh-wod
. . .à en alterner les tenues : il
racontai! tout ce qu'il avait en-
tendu dire de Sigemund, et de ses
hauts faits ; plus d'une étrange
aventure, et les batailles du fils
de Waels, et ses longues courses
errantes qu'ignoraient encore les
fils des hommes, hormis Fitela
qui était avec lui ; et leur alliance
et leurs crimes : alors rapportait-
il volontiers quelque fait de ce
genre, « comment l'oncle et son
neveu partageaient la difficulté
dans toute lutte : eux avec leurs
glaives, avaient sacrifié une mul-
titude d'hommes de la race des
Jutes : de Sigemund, après son
jour de mort, ne sortit point une
faible gloire, depuis que dur à la
guerre, il avait massacré le dra-
gon, le gardien du trésor : lui, le
fils d'un prince, sous des roches
blanches, il se hasarda seul contre
l'auteur d'exécrables forfait, et
Fitela n'était point avec lui.
1743. Le M.S., porte « Sicjemunde ». Grein écrit « Sigemundes », car avec
le sens qui est rendu meilleur par cette correction, le mot suivant dans le
texte commence encore par une « x» .
1745. Kemble propose : « ellen-[dâe]da ».
1753» Hevne adopte la forme normale : « xwylcex ».
iïO
BKOWl LK
wraet-licne wyrm,
thaet liil on wealle aet-stôd,
drilit-liV iron ;
draca morthre swealt.
Ilaefde ag-lâeca
i ?8o çlne sre-gongen,
thaet fie beàh-hordes
brdcan moste
sel Ces ilnme :
sâe-bât ge-hleôd,
149 b.]
baer on bear scipes
beorhte fraetwa
Waelses eafera,
wyrm hat[ge]-mealt.
Se waes wreccena
1 790 wide maerost
ofer wer-theode,
wigendra hleô
ellen-dâedu ;
be thaes âer on-thâh.
Siththan here-môdes
hild [s]wethrode,
earfoth and ellen ;
he mid ente nu m [wjearth
on feonda ge-weald
Ce-
pendant, son heureuse fortune
voulut que sun glaive transperçai
le dragon aux couleurs variées,
de telle sorte que le noble airain
se ficha au cœur du roc ; le dra-
gon périt dans la mort : le guer-
rier en proie aux vicissitudes du
sort, avait gagné par sa valeur de
pouvoir jouir à sa seule volonté,
du trésor des anneaux : le rejeton
de VVaels équipa un navire de la
mer, et porta dans la nef du vais-
seau les trésors brillants ; le dra-
gon se consuma dans ses propres
flammes. Il était parmi les voya-
geurs, de beaucoup le plus fameux
par toute la terre, et le soutien
des guerriers par la renommée de
sa bravoure : donc, il fut d'abord
florissant ; après quoi, les com-
bats, les travaux et la valeur du
guerrier allèrent en déclinant :
1776. « hate », adopté par Scherer et Holder.
1784. Sievers, avec plusieurs éditeurs, propose la contraction : « geklod»,
1788. Earle. après Scherer, adopte la forme hat[e].
1794. La correction de Cosijn « aron thnh », assez indifférente en elle-
même, est adoptée par Heyne et par Earle.
1797. La forme « earfoth » du M S., est acceptée par Wûlcker et
Kemble
1798. « Eotenas » est mis ici pour Frisons. Mais si le « Sigmund » de ce
passage est pris pour « Sigurdr » (Sifrît), il y a certainement confusion
dans la légende Sigmundr et son neveu (par sa sœur Signy), Sinfiotli
(Fitela), sont des Volsungers (« Waelses en-fer an », au vers 1787) et la
KKUWILK
441
iSoo forth for-laeen
sm id e for-sended.
h hue sorh-wylmns
lemede t('> lange ;
he his lend u id wear! h
fallu aethelliogum,
to aldor-ceare.
swylce olt be-mearn
âerran mnclu m
swith-ferhthes sith
1810 snotor ceorl monig,
sc the him bealwa
t(') bote ge-lyfde,
thaet thaet theôdnes beam
parmi les Jutes, il fut livré par
trahison aux mains de ses enne-
mis, et fut bientôt prisonnier : les
atteintes de la douleur l'accablè-
rent trop longtemps : il devint un
fatal souci pour son peuple, et
pour tous les nobles ».
Ainsi, en des temps plus reculés,
maint homme prudent avait-il
chanté les aventures du héros au
cœur vaillant, et cet homme avait
foi en lui,
Volsunga Saga, donne une relation de leurs aventures. En ce cas, « Eotenas »
pourrait indiquer les Frisons, fils d'Hundig contre lesquels Sigmundr suc-
comba. La Nornagesl Saga dit (Fornald. Sog I, 323) : « [fundings sijnir
hofthu tek it undirsik that riki er aft hafthi Sigurdr i Frakklandi... »
I, 327 : « ok eptir that sigldum ver suthr fvrir Holsetuland, or sva fyrir
austan Frisland, ok thar at landi,... >>. Mais ce détail, que Sigmunder, le
Volsunger, tua un dragon pour lui voler ses trésors, sans l'aide de Sinfiotli,
ne se trouve que dans ce poème. Sigurdr, fils de Sigmund, massacra le dragon
Fafnir, et cet exploit est traditionnel dans la mythologie du Nord : mais la
version allemande du xne siècle n'en tient que faiblement compte, et l'aventure
n'est rapportée qu'en trois lignes, dans le Nibelungen Lied, de Hagene. Mais
si. dans « Beowulf », Eotenas désigne les êtres redoutables et cachés, d'une
race mystérieuse appartenant à un autre monde, Sigurdr Fafnisbani, a été
confondu en ces lignes du poème, avec son père, Sigmundr. Les êtres obscurs
du monde souterrain, « Niflungar », opposés souvent à la race de splendeur
et de lumière, « Volsungar », peuvent être vraisemblablement désignés ici
par « Eotenas ».
Aucune explication de la brusque transition, dans ce passage, de
Sigemund à Heremod, n'a pu être encore donnée. Les deux noms se trou-
vent, l'un près de l'autre, dans l'ancienne Edda, ainsi que Dederich et
Fleinzel l'on fait remarquer. Et l'on ne peut que les regarder comme héros
des mêmes aventures (Sieverp, Saxo, 180).
1803. Keinble propose « lemedon».
1804. Avec le nominatif pluriel : « sorh-wytmas », il convient de lire :
« tempflon » .
iï2
BKOWI Lf
ue Ihe.'m srnlde,
faeder a e the 1 urn on-Con,
l'oie gç healdan
bord ond bleô-burh,
haeletha rfce,
•8- ëthel Scyldkiga.
1820 Ile thaereallum weartb
mâeg llige-laces
manna cynne,
l'reôndum ge-faegra ;
hine fyren on-wod.
Ilwilum flitende
féal we straete
mearum mâeton,
thâ waes niorgen-leôht
scofen and scynded ;
i83o eôde scealc monisr
150 a.
swith-hicgende,
to sele thâm heân
searo-wundor séon.
Swylce self-cyning
of bryd-bure,
beâh-horda weafrdl
tryddode tir-faest.
. comme en une protec-
tion contre le mal, ei il croyait que
le fils du roi sérail florissanl : que
la noblesse de smi père lui Berail
léguée; qu'il défendrait le peuple,
les trésors e1 la métropole, le
royaume des héros, l'héritage des
Scyldings. Lui, lieoivulf, le féal
d'Hygelac, était à présent, aux
yeux de toute la race des hommes,
ses alliés, plus fameux encore ;
lui, Sigemund, avait été abattu
par le crime. Parfois, en courant,
les guerriers se mesuraient sur les
voies fauves : quand la lumière
du matin vint à briller, et s'épan-
dit, plus d'un soldat à l'àme cou-
rageuse se rendit à la haute salle,
pour y voir la merveille de l'art.
1815. Il paraît inutile de faire de « faeder -aethelum » un composé, bien
que ce soit là l'avis de plusieurs éditeurs, de Kemble, notamment.
1823. « Hefaegra » est probablement une erreur du copiste. Kemble lit
« gefraegra ». « Fyren » (v. 1825) semble se rapporter à « faehthe and
fyrena u, du vers 1751, que Grimm considère comme une allusion aux
exploits de Sigmundr et de Sintiotli. Même allusion dans Helg-q. Hund I,
38 : « (iorthir thic fraegian al' fïrinwercom ». « Tu t'es rendu fameux par
d'horribles crimes ».
1825. Quelques éditeurs marquent la fin de cet épisode en laissant dans
le texte une ligne d'intervalle. Encore n'y a-t-il dans le M. S. qu'un point.
l(S2(i. « fealwe straete ». Cosijn : « fealwum ». de sorte que « fauve »
s'appliquerait aux chevaux, et non aux avenues.
\
HI.OWI If
ua
gv truiue micle,
evstum ge-cythed :
i (S |o and his cwcn mid him
nied u I'Stig ge-maet
maegtha hose.
XIV.
II roth-gar mathelode ;
ho to healle geôûg,
stud on stapole,
ge-seâh steapne hrôf
golde fâhne,
and Grendles hondl ;
Thisse an-syne,
i85o al wealdan thane
lungue ge-limpe.
Fela ic lathes ge bad
grynna aet Grendle ;
[a maeg God wyrcan
wunder aefter wundre,
wuldres hyrde],
thaet waes un-geara
thaet ic dénigra me
weâna ne wende,
i860 to widan feore,
bote ge-bidan ;
thonne blôde fâh
h il sa selest
heoro-dreorig stod,
weâ wid-scofen
witena ge-hwylcne,
thâra the ne wéndon
thaet hie wide ferhth,
leôda land-ge-weorc
Le roi lui-même, également, le
gardien du trésor des anneaux,
sortit glorieux de sa chambre
nuptiale, avec une troupe nom-
breuse, renommé quit èlail pour
sa munificence, et avec lui, sa
reine monta les degrés conduisant
à la salle de la bière, escortée de
sa compagnie de suivantes.
XIV
Ilrothgar parla ; il se rendit à la
salle ; il s'arrêta sur le seuil ; il vit
la voûte élevée, variée d'or, et la
main de Grendel : « Pour cette
vue, que grâces soient aussitôt
rendues au Tout-Puissant ! J'ai
souffert tant d'ennui et de chagrin
par cette main de Grendel (puisse
à jamais Dieu, le gardien de la
gloire, nous prodiguer miracle sur
miracle !), qu'en vérité, je ne pou-
vais penser à attendre, durant
toute ma vie, de compensation à
mes pertes : alors que maculées,
les meilleures des maisons dégout-
taient d'un sang sauvage; quand
le malheur s'était largement ré-
pandu sur chacun de mes conseil-
lers, qui n'espéraient point qu'eux-
mêmes, vaillants d'esprit, pussent
défendre l'œuvre puissante des na-
tions contre nos ennemis, contre
les démons et les larves ....
4846. Miller (Anglia, XII, 399) montre que l'anglo-saxon, « stapol ».
correspond au français « perron », et il commente ainsi, ce passage :
« Hrothgar parle du haut dos degrés qui conduisent h la snlle de bière .. ».
i '. ï
HKOWTLF
i <Syo lathum be-weredon,
scuccum and scinnum .
150 b.]
.\n scealc hafath.
thurh drihtnes mi ht.
dàed ge-fremede,
the we ealle
âer] ne meahton
snyttrum be-syrwan.
Ilwaet... secgan maeg,
efne swâ hwylc mnegtha
1880 swâ thone magan cende
aefter gum-cynnu,
gyf heô gy lyfath
thaet hyre eald-metod
este wàere
bearn-ge-byrdo.
Nu ic Beô-wulf
thee secg betsta
me for sunu wylle
freogan on fer h the :
[890 heald forth tela
niwe sibbe,
né bith the âenigre gâd
wo roi de wilna
the ic ge- weald haebbe :
ful oft ic for laessan
lean teohhode,
hord-weorthunge,
h nab ran rince,
sâemran aet saecce .
1900 Thii the self ha fast
-Voici que maintenant, un
guerrier avec la puissance du Sei-
gneur, a accompli l'acte que nous
tous auparavant, dan» notre pru-
dence, nous ne pouvons réaliser.
Oyez ! Quelle que soit la femme
qui ait porté ce tils dans la race
des homme — si elle vit encore —
elle peut dire que le Créateur lui
fut favorable dans son enfante-
ment. VA maintenant, Beôwulf, le
meilleur des guerriers, je vais
t aimer en mon âme, comme un
fils : garde bien notre nouvelle
alliance, et tu pourras former tout
souhait au monde, sans l'attendre,
dans la mesure on j'aurai pouvoir
de le réaliser : bien souvent, ai je
pour de moindres faits, donné des
récompenses et l'honneur des tré-
sors à un guerrier plus faible, à
quelqu'un de moins ardent a la
bataille.
1878. Lacune au M.S., que Kemble comble par « ic », et d'autres auteurs
par « thaet ».
4892. Quelques auteurs complètent la forme « aénigre » du manuscrit, en
« \n\aenigra ».
Il convient de lire « aenigra ». se rapportant à « wilna ».
BEOWULF
445
dâedum ge-fr'emed
timet thfn dom lyfath
âwa to aldre :
al-\val(la thee
gode for-gylde,
sw.'i lié mi gyt dyde.
Beô-wulf mathelode
beam Ec g -theôwes ;
we thaet ellen-weorc
k)io éstuin miel u m
feohtan fremedon,
frecne ge-néthdon,
eafoth un-ciithes :
lithe ic cwithor
thaet thu hine selfne
ge-seon moste,
feônd on fraetewuni.
fil-wérigne :
ic him hraedlice
1920 heardan clammu
fol. 151 a.j
on wael-bedde
writhan thôhte,
thaet he for hand-gripe
minum scolde
licgean lif-bysig,
butan his lie swice ;
ic hine ne mihte,
thâ metod nolde]
grange [s] ge-twaenan ;
Toi-même par tes hauts faits,
tu as mérité que l'honneur de Ion
nom vive à jamais : puisse l'Om-
nipotent te récompenser par ses
bénédictions, ainsi qu'il l'a fait,
jusqu'à cette heure même ! »
Beowulf, le lils d'Ecgtheow,
parla : « (Test avec joie que nous
avons accompli cet acte audacieux,
et livré celle bataille ; c'est avec
hardiesse que nous avons osé faire
la guerre à l'étranger ! Encore
aurais-je préféré que tu eusses pu
voir toi-même, l'ennemi parmi les
trésors, et accablé de son déclin ;
je pensais en hâte à l'attacher sur
un lit de mort, avec de durs liens,
de sorte qu'agrippé par moi. il fût
demeuré dans l'inquiétude de sa
vie, si son corps n'avait pas
échappé à mou étreinte ; je ne
pouvais, puisque Dieu ne le vou-
lait point, empêcher sa fuite ; je
ne l'approchais plus avec autant
d'espoir, l'homicide ; il était trop
fort, l'ennemi, en son activité :
1902. Il n'y a, à cette ligne, ni sens, ni allitération. Kemble propose, ici,
« dom » qui signifie non seulement, jugement, mais autorité, pouvoir,
gloire.
L'addition « {dom} » est de Kemble.
1919. Quelques auteurs substituent « hine » à «him, ».
1923. Kemble remplace « hand gripe » du M. S , par « mund-gripe » poul-
ies besoins de l'allitération.
146
HI .n\N I LF
in» ic h ini thaes georne
[o,3o ael fealh
feorh-ge aithlan,
waes tô fore niihtig
frond on (et lie,
hwartherehe his fohnei fbr-j
to l~ïf-wrathe [let
last weardian,
earni and eaxle ;
no thâër âenige swa theâh
feâ-sceaft guma
i ()4o frofe ge-bobte :
n<') thy leng leof[ath
lath ge-teona,
synnum ge-swenced,
ac hyne sar hafath
in mid-gripe
nearve be-fongen,
balw on bendum :
thaer à-bidan sceal
maga mane fâh
ig5o iniclan domes,
hu him scir-metod
scri'fan wille.
Tha waes swigra secg
sunu Ee[g]lafes
on gylp-spraece,
gutb-ge-weorca,
siththan aethelingas
eorles craefte,
ofer heânne hrof
i()()o hand sceâwedon,
pourtant, il a laissé sa main, son
bias, et son épaule, qui lui ser-
vaienl à défendre sa vie, à assurer
sa fuite; toutefois, le maudit n'a
gagné ici nul bonheur ; ri pour
cela, l'odieux fléau ne vivra plus
longtemps sa misérable vie, acca-
blé d'iniquités ; mais déjà, la bles-
sure a mis sur lui sa fatale
empreinte, le tient en des liens
douloureux; là, l'être souillé de
crimes attendra le sort tout-puis-
sant, et le châtiment que lui infli-
gera le Créateur de la lumière ».
Alors le fils d'Ecglaf (Hunferth)
fut plus silencieux en son orgueil-
leux discours d'exploits guerriers,
depuis que par la force du héros,
les nobles pouvaient contempler
au haut de la voûte élevée, la
main, les doigts de l'ennemi ; . .
1939. Thorpe propose « feasreaff otfWià », en le rapportant à Grendel.
1946. Thorpe : « nith-gripe » ; Bugge : « nyd-gripe ».
1960. Pour les besoins du rythme, Sievers propose la correction suivante :
leondes fingras
l'oran aeghwylc waes
stithra naegla...
BËOWULF
Ïi7
feôndes fingras :
forai) aeg-hwylc waeg
steda oaegla ge-hwylc
style ge-licost,
haethonos hond-sporu.
hylde- rinces
[fol. 151 h.
egl un h eo ru :
aeg-hwylc ge-cwaeth.
thaet him heardra nan
1070 hrinan wolde
iren âer-gôd,
thaet thaes âh-Iâecan
blôdge beadu-folme
on-beran-vvolde .
XV
Thâ woes hâteu hrethe,
Heort innan-weard
fol muni ge-fraetwod ;
fêla thâera waes
wera and wffa
1980 the thaet win-reced
gest-sele gyredon ;
gold-fâg scinon
web aefter wagum,
wundor-siona fêla
secga ge-hwylcum
pour
tous, chacun des durs ongles
paraissait semblable à l'acier :
c'était là le gantelet des païens,
l'épouvante des guerriers ! Et cha-
cun de dire qu'aucun fer de la plus
rude trempe, éprouvé de longue
date, n'eût pu les toucher, ni
résister à la main sanglante, à la
main de guerre du monstre.
XV
Alors, les ordres furent aussitôt
donnés, et les mains adornèrent
l'intérieur d'Heorot ; il y avait
foule d'hommes et de femmes qui
préparaient la salle du vin, la
salle des botes : variées d'or, les
tentures brillaient aux murailles,
grand sujet d'étonnement pour
ceux qui les contemplaient. Il
avait beaucoup souffert, le bril-
lant palais, bien quarmè de char-
pentes de fer, à l'intérieur; les
gonds avaient cédé ;
1966. Le M. S., porto « hilde hilde rinces »; le premier « hilde » étant au
bas d'une page, et le suivant, an commencement de l'autre.
1967. Kemble propose : « egle unheoru ». « Unheoru», est le féminin sin-
gulier de l'adjectif, « unhoore », néfaste, dangereux. En allemand du temps
de Luther : « ungoheuer ». On ne rencontre pas la forme forte « egl »,
injure, dommage, mais une forme féminime faible, « eg le » (Gothique :
« agilô ») se trouve dans les psaulmes : « No maog the aonig yfel, egle
weordan »,
418
BËOWI LI
thàra the on swycle s tarât b.
waes thact beorhte bold
tô-brocen swithe
eal inné weard
i ()()o fren-bendu faest,
heorras tô-hlitene,
hrôf âna ge-naes
eal les an-su nd,
the se aeg-lâeca,
fyren-dâedum fâg,
on flem âge-wand,
aldres or-wéna ;
no, thaet y the byth
to be fleonne
2000 fremme se the wille ;
ac gesecan sceal
sâwl-berendra
nyde ge-nydde,
niththa bearna,
grund-hûendra,
gearwe stôwe
thaer his lic-homa
leger-bedde faest
swefeth aefter symle.
2010 Thâ waes sâel and înâel
thaet to healle gang
[fol. 152 a.j
Healf-denes sunu,
wolde self cyning
la vuùte seule
demeurait sans dommage, intacte
sous ses aspects, par ce que le
maudit souillé de crimes, désespé-
rant de sa vie. avait résolu de
s'enfuir. Echapper au destin est
malaisé : qui veuille, le tente !
Mais tout être qui a la vie, chacun
des fils des hommes, habitants de
la terre, soumis à la nécessité, ira
chercher la place même où son
corps, cloué sur le lit de la mort,
devra dormir après le festin !
Alors, ce fut le temps et la saison
où le fils d'IIealfdene s'en vint à
la salle ; le roi lui même voulut
prendre part au festin
1998 à 2000. Ces lignes sont retranscrites dans l'édition de Holder, avec
les principales corrections qui ont été faites :
Nô thaet ythe byth
tô be-fleônne
[fremme se the wille !]
ac gesecan sceal
sâwl-berendra [gehwa],
nyde genyded
niththa bearna.
llEOWULK
\ \\)
symbol thicgan.
Nege-fraego icthâmaegth h
mâran weorode
yiiib byra sinc-gyfan
seliv ge-baeran.
Bugoa tha to be nee
2020 blâed- agen de,
fylle ge-faegon,
faegere ge-thaegon
me eo do-ful nianig,
inagas thara
swith-hicgende
on sele thâin bean,
Hr6tb-gar and Hruth-ulf.
[Heo rot innan waes
freondu a-fylled
2o3o nalles f[acen]-stafas
Theod-Scyldingas
thenden fremedfonj :
for-geaf tbâ Beù-wulfe
brand Healf-denes
segen gyldenne
sigores to leane,
hr[oden]-hilte cumbor,
helm and byrnan
mâere ma[th]thu-sweord
2040 manige ge-sâ\von
be-foran beforn] beran,
Beô-wulf ge-thah
. Jamais je
n'entendis parler de tribus en plus
grand nombre, et se groupant
mieux autour de leurs cbefs : là,
les glorieux guerriers se dirigèrent
vers /es bancs; ils se réjouirent
de l'abondance du festin ; vaillam-
ment, ils se servirent plus d'une
coupe de bière, eux, les féaux aux
cœur hardi, dans la haute salle,
eux, Hrothgar et Hrothwulf.
L'intérieur d'IIeorot était rempli
d'amis; là, point ne faisaient de
trahisons, les braves Scyldings !
Alors le fils d'IIealfdene donna
à Beôwulf une enseigne d'or,
comme récompense de la victoire ;
un trésor à poignée forgée, un
casque et une cuirasse, et un glaive
de grand prix que plus d'un vit
porter devant le héros : Beowulf
reçut la coupe à l'intérieur du
palais ; il pouvait ne pas rougir de
ses présents, devant les guerriers :
2018. 11 faut lire, ici, « sel » l'abverbe, et non « sele » l'adjectif. Cf. B. F.
76. « Gebaerati » : « manode geneahke bencsittende thaet hi cjebaerdon
wel », Anal. 182. «Beorgas waéron blithe tjebaerdon swa ranimas »,
Psalt. 328. « Gebaeran » signifie encore, se comporter : « Kiparen », dans
l'ancien allemand des « Gloses de Kero », 251. En moyen allemand « geba-
ren » (Eschenbach's Parzival, par Lachman, 32 c).
2023. Bugge, suivi par Earle et Heyne, propose d'ouvrir une parenthèse
de « faegere » à « magas » « thara », à cause de la difficulté qu'il y a à
trouver un antécédent à « thara ».
29
150
lll.iiWI II
lui on Hell»' ;
nô h€ thâerè feoh-gyfte
for scôtenum
scamifgan thorfte,
ne ge-fraegn ic freônd-Ifcor
feôw er mâdmas
golde ge-gyrede
2o5o gum-manna fêla,
in ealo-bence,
aethrum ge-sellan.
Ymj bj thaes helmes hrôf
heâfod-beorge.
wirum be-wunden
walan ûtan hêold,
tliaet him fêla af
[fol. 152 b.
frecne ne meahton
scûr-heard sceth[th]an,
20(H) thon scyld-freca
on-géan grâmum
|g]angan scolde.
Héht thâ eoiia hleô
eah| ta i méaras,
faeted hlëore,
on flot teon,
[i]n under eoderas,
. . cl jamais, je n'ai entendu rap-
porter qu'autant d'hommes aient
donné plus amicalement à l'un
d'eux, assis an banc de bière,
quatre présents ornés d'or. Sur le
cimier du casque, la défense du
chef, était fixée avec des fils une
amulette, alin que le glaive durci
au frottement, ne put frapper avec
violence le héros, quand celui-ci
portant le bouclier, serait parti
contre les ennemis.
Alors le protecteur des guerriers
ordonna que huit coursiers, parés
aux œillères fussent amenés dans
l'enceinte, au bas du palais ; . .
2045. Grein : a scoterum » : Wûlcker : « sceolendum ».
2054-2056. Ettmùller propose « irala », déjà adopté par Grein. Si on
laisse cet endroit du manuscrit sans correction, ou l'on doit prendre
« walan » pour sujet et « heafod-beorge » pour complément, contraire-
ment aux règles grammaticales pour le verbe « heold », ou bien, avec Heyne
et Socin, doit-on prendre « heafod-beorge » pour un substantif féminin,
faible au nominatif, et « walan » comme complément, avec plus d'obscu-
rité dans le sens de la phrase.
2058. Thorkelin : « fëlà îâfe ».
2059. « scurheard ». Earle le traduit par « war-sconred ».
2067. Gf. Caediu. 150. cl le vieux saxon (llelj. 151) : « leddun under'
edero.s ».
P.l.nW I LK
151
lli.ira iiiiiini stôd
sadol searwum fâh,
2070 since ge-wurthad :
thael w .ics hilde setl
heâh-cyninges
thon sweorda ge-lâc
su nu Healf-denes
efnan wolde;
naefre on ôre laeg
w id -eu thés wig
thonne walu fêollon ; |
and thé Beô-wulfe
2080 béga ge-hwaethres
eodor lng-\vina
on-weald ge teah,
wicga and waepna ;
hét hine wel brûcaiï.
swâ man -lice
mâere theôden
hord-weard haeletha,
heatho raesas geald
mêarum and mâdmum.
2090 Swâ by naefre man lyhth
se the secgan wile
soth aefter rihte.
XVI
Thâ gyt aeg-hwylcuin,
eorla drihten,
1 1 1 a r a the mid Bëo-wu 1 fe
brim -lead e teâh.
sur
chacun était attachée une selle
d'un travail varié, rendue pré-
cieuse comme un trésor ; c'était là,
le trône de guerre d'un chef hau-
tain, au temps où le (ils d'Iïealf-
dene s'exerçait au jeu des épées ;
(et jamais dans la bataille, la
fureur guerrière àuprince fameux
ne se relâchait, quand morts, tom-
baient des hommes !) — , et alors
à Beôwulf, le prince de Ingwinas,
donna pouvoir et sur les chevaux,
et sur les armes; il lui souhaita
d'en bien jouir : ainsi, virilement,
le roi puissant, le gardien des
trésors des héros, récompensait il
les assauts de guerre, avec des
trésors et des chevaux : ainsi, per-
sonne jamais ne blâmera quicon-
que en toute droiture, dira la
parole de vérité!
XVI
Bien plus, le chef des comtes
donna à chacun de ceux qui, avec
Beowulf, avaient traversé la mer,
un trésor, au banc de bière, .
2073. « Jeu des épées ». En vieux normand : « leih: Hiorleiks firatir ».
Joyeux au jeu des épées Sigurd-q. Il, 23. Autre emploi du verbe « leika » :
*en thar avll skylo f/eirom leika f/od » (Sigurd-q. 11, B. 15). EL Ton ren-
contre, souvent, avec le même sens : « gar plega, guth-plega, hild^plega,
lind-plega, scyldplega ».
2096. Kemble : « hrim-htde ».
452
MhMWLLF
on thâere medu-benee
mâththum ge-sealde,
yrfe-lâfe,
[fol. 153 a.]
2100 and thone âenne héht
golde for-gy I dan
thone the Grendel âer
m âne â-cwealde,
swâ hë hyra ma wolde
nefne him witi[g] gôd,
wyrd for-stôde,
and thaes mannes ni(')d :
[me]tod eallum wëold
gumena cynnes
2i io swà hë nû gyt déth,
forthan bith and-git
aeg-hwaer sélest,
ferhthes fore-thanc;
fêla sceal g[e]-bidan
leôfes and lâthes
se the longe hër
on thyssù win-dagum
worolde brûceth.
Thaer waes sang and swég
2120 samod aet-gaedere,
fore Healf-denes
hilde-wisan,
gomen-wudu gréted,
gid oft wrecen :
thon heal-gamen
Hrôth- gares seop
aefter medo-bence
mâennan scolde,
Fi unes eaferum
el il
commanda de racheter avec de
l'or celui que Grendel avait traî-
treusement occis, comme il l'eût
fait pour bien d'autres : mais Dieu
sage, et la Destinée lui résistèrent
victorieusement, ainsi que le cou-
rage; du héros : le Créateur, en ces
temps-là, régnait sur toute la race
des hommes, ainsi qu'il le fait
encore aujourd'hui même, et donc,
y a-t-il pour le plus grand bon-
heur de tous, et partout, la provi-
dence de son esprit; ainsi, doit-il
s'attendre à beaucoup de joie et à
bien des peines, celui qui long-
temps sur la terre, en ces jours de
lutte, consume sa vie dans le
siècle î
Il y avait des chants et des mu-
siques tout ensemble, devant les
chefs d'Healfdene ; le bois de joie
(la harpe) était touché, et la chan-
son, souvent, était chantée : .
2121. Cf. Cosijn, Aanteekeningen, p. 18. Trautmann, Anglistik, II, 183.
2129-2132. Heyne avec Earle ne fait commencer l'épisode qu'au vers 2131.
Mais Wûlcker et Bugge le font remonter aux vers 2129-2130, parce que
<et le interprétation supprime la difficulté du régime d' « eaferiwi». Kemble
NEOWTLF
153
2i3o thé hie se fâer be-geat, alors
haeleth Healf-dena le poète d'Hrothgar, au bout du
Hnaef Scyldinga banc de bière, dut exciter la joie
in Frês-waele dans la salle, au sujet desdescen-
feallan scolde. dants de Finn, quand une expédi-
Ne hîiru Hilde-burh tion de guerre vint fondre sur
herian thorfte eux : le destin était que le héros
Eôtena treôwe : d'Jïealfdene, Hnaef le Scylding,
un-synnum wearth tombât au pays des Frisons. . .
be loren leofd
propose : « [be] Firmes eaferum », Heyne et Soein « Finnes eaferum
[frairi] ». Bugge démontre que la correction « Jlealf denes », au lieu de
« Healf-Dena » du texte, est fausse, « Healfdenes » étant un nom de tribu.
Aver Heyne et Earle, on peut regarder « haeleth » comme un nominatif
singulier, « Hnaef Scyldinga » étant une expression semblable à «haeleth
ffealf-Dena ».
u2129 et suivants. L'épisode du roi Finn est une partie très obscure du
poème, et constitue plutôt une série d'allusions détachées, qu'un récit con-
tinu. Il peut se résumer ainsi :
Finn, roi des Frisons du Nord (Eotens), et fils de Folcwalda, enlève Hilde-
burh, sœur d'Hnaef et d'Hengest et fille d'Hoc, chef Danois ou Scylding.
Hoc se met à la poursuite des fugitifs, et est tué.
Hnaef et son frère Hengest semblent avoir tenté de venger la mort de leur
frère, par une incursion au pays des Frisons, et une bataille désespérée est
livrée, au cours de laquelle Hnaef et un fils de Finn trouvent la mort.
Après quoi, intervient un traité de paix, où il est dit que comme l'hiver
approche, Hengest et ses soldats danois seront autorisés à demeurer au pays
des Frisons, et seront traités par le roi [Finn], à l'égal de ses propres sujets.
Hengest, cependant, se souvenant du passé, est soupçonné de préparer une
revanche, pour la fin de l'hiver. Et c'est alors que les Frisons le devancent,
et le surprennent avec ses hommes pendant qu'ils dorment la nuit, au
palais. (C'est à cette surprise que se rapporterait le fragment poétique connu
sous le titre : « La bataille de Finnsburg » ; mais il y à ce sujet une autre
opinion qui rapporte le morceau à l'attaque dans laqnelle périt Hnaef :
l'hypothèse est celle de Grein et de Bugge). Hengest est massacré par un
descendant d'Hunlaf, mais Guthlaf et Oslaf, deux de ses partisans, s'enfuient
pour revenir plus lard en ces lieux, y tuer Finn en son palais, et ramener
dans sa patrie la reine Hildeburh.
2139. « Beleosan », prend le datif de l'objet. Cf. Caedm.6 : « leohte belo-
rene ». Cod. Verc. I, 2157 : « lus turn belorene ».
154
BEOWULF
21 |o aej ih.ï hild-plegan,
bearnum and brôthrura :
hie on ge- byrd hruron
gare w unde ;
[fol. 153 b.]
thael wa.es gëomuru ides.
Nalles hôlinga
i II ôces doli tor
meotod-sceaft be-mearn,
si Ihthan morgen com,
thâ hëo under swegle
2i5o [ge]-seôn meahte
morthor-bealo màga,
Hi aerhë[o]âermâeste hëold
vvorolde wynne :
wig ealle for-nam
Finnes thegnas
ne nine feâii ânum,
thaet hô ne melite
on thaem méthel-stede,
wig llengeste
2160 wiht ge-feohtan,
né thâ weâ-lâfe
w lge fo r-t h r i n ga n
theôdnes thegne :
ac highim ge-thingo budon,
thaet liTê him other flet
eal ge-rymdon,
heal le and heah-setl,
tliaet hie healfre ge-weald
wit!) Eotena beam
En-
core Hildeburh n'avait-elle poinl
do raison de louer la fidélité des
Jutes ; elle fut méchamment privée
au jeu de la guerre de ses fils bien-
aimés, el de ses frères : l'un après
l'autre, ils tombèrent, blessés par
les javelines ; ce fut là une triste
héroïne !
La fille de Hoc ne pleura pas en
vain leur mort, après que le
matin fût venu, et que sous le ciel,
elle pût contempler le meurtrier
de son fils, dans les lieux où
auparavant, il avait possédé la
plupart des joies de la terre : la
guerre enleva tous les compagnons
de Finn, hormis quelques-uns, de
sorte que celui-ci ne pouvait sur
les lieux de la rencontre, avoir
d'avantage en combattant contre
Hengest, ni défendre à la guerre
ses misérables restes, contre le
thane du roi ; mais on lui fit des
propositions :
2140. Quelques auteurs substituent « lind-plegan » à « hild-plegan » du
manuscrit, pour l'allitération.
2142. « On-gebyrd » a la même racine que « ge-byrdnes », « ende-
byrdnes », et marque la succession : « ils tombèrent l'un après l'autre ».
« Ac scealon gebyrd faran, an aefter anum », Sal. Sat.
2r>2. Le manuscrti porte « he ».
HKmW ULF
Y
155
2170 ngan môston,
and ac I leoh-g\ flu
Folc-Waldan sunu.
dôgra ge-hwylce,
Dene weorthode,
Hengestes heap
hringû wénede
of ne swâ swithe
sinc-ge-streônuin
faettan goldes,
2180 swâ hê Frësena cyn
on bêor-sele
hyldan wolde.
Tha hie ge-truwedon
on twfi heal fa
faeste friothu-wâere,
Fin Hen geste,
elne un-flitme,
âthû be-nemde
[fol. 154 a.
thaet hë thâ weâ-lâfe
2190 weotena dôme
arum hëolde,
thaet thaer âenig mon
wordù né worcum
wâere né braece,
né thurh in-wit-searo
aefre ge-mâenden,
theâh hie. hira beâg-gyfan
banan folgedon
theôden-leâse,
2200 thâ him swâ ge-thearfod
[waes :
gyf thonne Frysna hwylc
il lui serait donné
tout un second palais, une salle,
un trône; le pouvoir serait par-
tagé avec les (ils des Jutes, et à la
distribution des trésors, chaque
jour, le fils de Folcwalda ferait
honneur aux Danois, aux troupes
d'Ilengest; il leur distribuerait
encore des anneaux, avec de nom-
breux trésors d'or massif, dans la
mesure même où il les aurait dis-
pensés aux hommes de la race des
Frisons, dans la salle de bière.
Là, des deux côtés, on confirma
un traité de paix très étroit : Finn,
avec force et sans équivoque, s'en-
gagea par serment envers Hengest
à protéger gracieusement les pau-
vres survivants, d'après le juge-
ment de son conseil, (et Hengest),
à ce qu'en ce pays, aucun homme
par ses actes ou par ses paroles,
ne romprait la paix, et ne rappel-
lerait jamais, en intentions hos-
tiles, le conflit de guerre, quoique
Ions privés de leur prince qui leur
avait donné des anneaux, dussent
suivre celui qui l'avait massacré,
puisqu'ils y étaient ainsi con-
traints par la nécessité :
2174. « Weorthian » est souvent employé dans la même acception que
dans ce passage. Cf. « Bèowtllf », vers 3988 ; Cod. Verc. I, 113 : « ivordum
weorthian ». Id. I, 1080,
2176. Thorkelin : « thenede ».
456
HKOWTLK
frëcnen spraece
thaes morthor-hetes
myndgiend waere,
thonne hit sweordesecg
syththan scoldc.
Al h waes ge-aefned,
and icge gold
â-haefen of horde
2210 here-Scyldinga :
hetst beado-rinca
waes on bael gearu ;
aet thaem ate waes
eth-ge-syne
swat-fâ h syrce,
swyn eal-gylden,
eofer iren-heard ;
aetheling manig
wundum a-wyrded,
2220 sume on waele erungon.
Hét thâ Hilde-burh
at Hnaefes âde
hire selfre sunu
sweolothe be-faestan,
ban- fa tu baernan,
and on bael don,
earme on eaxle ;
ides gnornode
gëomrode giddum,
223o gûth-rinc â-stâh,
wand [tô] wolcnum
[fol. 154 b.]
wael-fvra ma est.
et au cas
où quelqu'un des Frisons, en inso-
lents discours, ferait allusion à la
guerre mortelle, alors le tranchant
du glaive en tirerait vengeance.
Le serment fut échangé, et de l'or
amoncelé fut apporté du trésor
des guerriers Scyldings : les meil-
leurs des héros se tenaient prêts,
autour du bûcher où il était aisé
de voir des cottes de mailles teintes
de sang, les enseignes d'or à têtes
de sanglier, les lances au fer dur,
— et bien des nobles criblés de
blessures, — car plus d'un était
entré dans la mort. Alors, au faîte
du bûcher de Hnaef, Hildeburh
ordonna qu'on livrât aux flammes
son propre fils ; qu'on brûlât son
corps, et qu'on le plaçât sur le
monceau des cadavres ; la dame
pleurait, penchée sur l'épaule de
son fils, et se lamentait en chants
de deuil ;
2202. Zupitza transcrit avec Kemble : « frecnen spraece » : Wùlcker :
« frecnenspraece ».
221G. « eal-gylden » est un composé très commun en anglo-saxon. Cf. For
Skirn. XIX, 1 (Ed. Saem I, 77) : « Epli ellifo, her hefi ec al-gvllin ».
2230. Grundtvig : « guth-rec ».
BEOWI LF
457
hlynode for hlâwe,
nafelan multon.
ben-geato burston
t lionne blôd aet-spranc,
lâth- b (te lices
lïg cal le for-swealg,
gàesta gïfrost,
22 (.o thâra Ihe thaer grith for-
béga folces waes nam
h ira blâed scacen.
XVII
Ge-witon him tha wigend
wîca neôsian,
freundn be-feallen,
Frvs-land ge-seôn,
llamas and hed-burh ;
Hengest thâgyt
wael-fâgne winter
225o wunode mid Finne,
un hlitme,
eard ge-munde,
theâh the hë meahte
on mere drifan
hringed-stefnan,
holm storme wëol
won with winde,
winter ythe be-lâc
Ts-ge-binde,
2260 oth thaet other com
. . le guerrier fui porté au
bûcher^ ei le pins grand des feux
de mort tourbillonna vers le ciel,
en grondant dans ses remparts de
bois : les casques fondaient ; les
cicatrices drs blessures éclataient,
dans le crépitement des chairs,
quand le sang en jaillissait; la
flamme, des éléments le plus
avide, dévorait tous ceux là qu'en
ces lieux, la mort avait emportés :
des deux peuples, la gloire, ainsi,
s'en était allée.
XVII
De là, les guerriers partirent,
privés d'amis, pour visiter leurs
demeures, pour voir le pays des
Frisons, les maisons de ceux-ci, et
leur cité altière. Hengest encore,
pendant l'hiver aux couleurs de
mort, demeura avec Finn, sans
contrainte ; sans qu'on lui fît
d'attribution de domaines, il cul-
tivait la terre, quoiqu'il eût pu
conduire sur la mer, le vaisseau à
la proue annelée ;
2239. Cf. Cod. Ex. 19 . « Fyr gaésta gifrost •> ; id. 22 : « se gifr
gast ».
2251. Heyne : « mùi » «Finne» « \ealles] » « unhlitme » : Rieger, Grein
cl Wûlcker : « el [ne] » « un[f]lit?ne ».
2253. Grein et quelques auteurs avaient lu « ne », au lieu de « lie », dnns
le manuscrit.
158
BE0W1 I l'
gear m geardas :
s\v;i mi gyt (I ('I h.
tin the syngales
séle be-witiath,
wuldor-torhtan weder.
Thé waes winter scacen,
faeger foldan bearm,
fundode wrecca
gist of geardum;
2270 he tô gyrn-wraece
swithor thôhte
thon t(') sâe-lade,
[fol. 155 a. ;
gif hë torn-[ge] mot
thurh-teôn milite,
thaet hë Eotenfa] bearn
inné ge-munde.
Swâ hë ne fo[r]-wyrnde
worold-raedenne
thonne him Hûn lâfing,
2280 hilde-leôman,
billa sélefst],
on bearn dyde ;
thaes waeron mid Eôtenum
ecge cûthe ;
swylce ferht-frecan
Fin eft be-geat,
les profondeurs
de l'océan bouillonnaienl Boas les
tempêtes, el luttaient contre les
vents; l'hiver retenait la vague
dans des chaînes de glare, jusqu'à
ce qu'une second*' année s'écoulât
pour les habitants de ce continent :
ainsi encore, la saison éternelle
dispense-t-elle avec bonheur des
jours de gloire et de lumière.
Quand l'hiver passa, et que le sein
de la terre devint riant, l'étranger,
l'exilé sortit de ses demeures, pour
explorer le pays. Il pensait plus à
sa vengeance qu'à s'en aller par
mer ; il eût voulu provoquer des
deux côtés, une rencontre hostile
car il se souvenait en lui-même,
des fils des Jutes.
2278. Il est difficile d'accepter, malgré l'opinion de Moller, Bugge, Heyne,
Socin et Earle, la correction « worod-raedenne », car on ne rencontre
jamais la forme « worod » dans la poésie de l'ancien anglais.
2279. En ce passage, nous avons gardé l'écriture du manuscrit : « Hun
lafing », que Zupitza et Kemble transcrivent, comme « hun-lafing ». On
trouve constamment dans le texte des noms propres, séparés en deux, et par
conséquent « Hun lafing », pourrait également s'écrire : « Hunlafing » ou
« Hun Lafing ». Bugge, dans une hypothèse ingénieuse, prétend que
« Hun » est en conjonction avec «Lafing», qui serait le nom du glaive dont
Finn essaye la pointe sur la poitrine d'Hengest, quand celui-ci, pour mieux
assurer sa vengeance, ne refuse pas de se reconnaître pour l'homme lige de
Finn.
BEOWl'LF
459
sweordVbealo slïtlipn.
aet his selfes ham,
sit h Mia n grimne gripe
2290 Giith-Iàf and Ôs-lâf
aefter sae-sithe,
sorge màendon ;
aet-witoo weàna dâel ;
ne ineah le waefre-môd
fôr-habban in hrethre ;
1 1 1,1 waes heal hroden
feônda from in,
swilce Fin slaegen
cyningon corthre,
2 3 00 and sêo cwèn nu m en
sceôtend Scyldinga
tô scypon feredon,
eal in-ge-steald
eorth-cyninges,
swylce hïe aet Finnes-ham
fin dan meahton,
sigla searo-gimma ;
hie on sâe-lade
driht-Iice wif
23 10 té Denum feredon,
laeddon tô leôdum.
[fol. 155 b.]
Lêoth waes a-sungen
gle<')-mannes gyd,
gamen eft â-stàh,
beorhtode benc-swég
byrelas sealdon
wïn of \v under-fatum :
thé cwôm Wealh-theô forth
gân under gyldnum beage.
2320 thaer thâ gôdan
twêgen saeton
suhter-ge-faede Van ;
\insi n'échappa-t-il pas à la
mort, quand le descendant d'Ilun-
laf lui plongea dans le sein l'éclair
de guerre, le meilleur des glaives :
et l'on sut parmi les Jutes, et à la
pointe du glaive, quels guerriers
h l'Ame hardie Finn, le sangui-
naire, devait rencontrer par la
suite, dans ses propres demeures :
quand Gudlaf et Oslaf, après leur
voyage de mer, déplorèrent le
meurtre, et accusèrent Finn de
leur douleur. 11 vengèrent leurs
pertes en partie : et le roi aux
desseins pervers, ne put contenir
sa peter, quand son palais fut
investi par les hommes de ses
ennemis ; Finn, lui-même, fut
massacré, lui, le roi, parmi ses
guerriers, et la reine fut enlevée.
Les héros des Scyldings empor-
tèrent sur leurs vaisseaux, tout ce
qu'ils avaient pu trouver de ri-
chesses domestiques dans le palais
du roi puissant, les joyaux et les
pierres taillées : par la mer, ils
ramenèrent la dame royale chez
les Danois, et ils la rendirent à
son peuple.
Le lai fut chanté, ainsi que la
chanson du bouffon, et la joie à
nouveau s'éleva ; des rumeurs
allaient en croissant, de tous les
bancs, et les porteurs de coupes
versaient le vin hors de vases pré-
cieux : alors Wealtheôw s'avança
sous une couronne d'or, .
2290. Biiirge : « rode// » .
MM)
BEOWULF
thé gyt wars hicra
sib aet-gaedere,
âeg-hwylc ôthrurr, trywe.
Swylce thaer Hunferth thyle
aet fôtum saet
frean Scyldinga ;
233o ge-hwylc hiora
bis ferhthe treôwde
thaet hê haefde môd micel,
theâh he" his mâgum
nàere aer-faesl
aet ecga ge-lâcum.
spraec thâ
ides Scyldinga :
on fôh thissum fui le
freô-drihten mîn,
2340 synces brytta,
thû on saelum wes
gold- wine gumena,
and tô Geâtum spraec
mild urn word u m
swà sceal man don ;
beo with Geâtas glaed,
geofena ge-myndig
neân and feorran ;
thû niî [freotho] hafast,
235o mê man saegde,
thaet thû the for sunu wolde
[fol. 156 a.]
here-ric habban ;
Heorot is ge-faelsod
beâh-sele beofrna] ;
brûc thenden thû mote
vers l'en-
droit où l('^ deux bons cousins
étaient assis : encore chacun, en
ces temps, était-il fidèle à l'au-
tre, en toute paix. Là aussi, le
diserl Hunferth s'était étendu aux
pieds du roi des Scyldings ; tous
avaient confiance en son esprit, et
savaient que grand était son cou-
rage, bien qu'auparavant, et pour
ses vassaux, il ne se fût point
montré ferme au jeu des glaives.
Alors parla la reine des Scyl-
dings : « Reçois cette coupe, o
mon Seigneur, toi qui distribues
les anneaux ! Sois heureux, prince
des héros, et parle aux Geats,
avec de la douceur en tes discours,
ainsi qu'il convient à un roi : vis
avec eux en bonne amitié, te sou-
venant des bienfaits, et de près,
et de loin ! Tu as promis aujour-
d'hui, m'a-t-on rapporté, de re-
garder leur chef comme ton fils ;
lleorot est purifié, Heorot, la salle
d'anneaux des guerriers; . . .
2327. Le M. S., porte « hun ferth ».
2341. « onsalum •> est plus usuel.
2352. Quelques auteurs écrivent [« here-ri\rî]c »].
BEOWULF
'lb*
mamma me da .
and thinum mngum lad'
folc and rice
thon ne Uni forth scyle
236o metod-sceaft scon :
ic... minne can
glaedne Hrôth-ulf
thaet hë tliâ g eôjgothe wile
arum healdan,
gyf thii âer thon hë,
wëne Scyldinga,
worold of-laetest :
wéne ic lhaet hë mid gode
gyldan wille
2 3 70 uricran eaferan,
gyf he thaet eal ge-mon
hwaet wit to willan
and to worth-myndum
umbor-wesendum aer
ârn a gë-fremedon.
Hwearf thâ bT hence
timer hyre byre wâeron
Ilréth-ric and Hroth-mund
and haeletha beam,
238o giôgoth aet-gaedere;
thaer se goda saet
jouis,
pendant que tu le peux, de tout
ton bonheur, cl laisse à tes enfants,
et ton peuple et ton royaume,
quand il le faudra partir, pour
voir la mort : je sais à présent,
mon aimable llrôlbwulf, que gra-
cieusement, il protégera tes fils,
si avant lui, o ami des Scyldings,
tu quittes le monde : je gage qu'il
paiera en bienfaits notre postérité,
s'il se souvient de tout ce qu'en
faveurs, pour sa joie et son hon-
neur, nous avons dispensé sur
lui, en d'autres temps, quand il
était clans le malheur. Alors, elle
se tourna vers le banc où se trou-
vaient ses fils, Hrethric et llroth-
mund, — et les enfants des guer-
riers — toute la jeunesse réunie;
là, le bon guerrier était assis,
Beowulf le Geat, près des deux
frères.
2356. Le manuscrit manque à la finale : « me » [...].
2360. « metod-sceaft ». « Dieselbe heidnische vorstellung bricht nun
noch in dem Alts, rega?igiscapu, reganogiscapu durch, welches. » (Hélj.
79, 103) ; id. : « wurdgis-capu » ; id., 56 : « metodogiscapu » ; Grimm,D. M.
p. IX : « wir sahen cor/iin das Metod ebenfals eine benennung des hochs-
ten wesens icar, die der christliche dichter aus der heidnischen poésie
beizube Italien sich getraute » .
2361. Probablement : « 16 nu ».
2375. Les mots de la quatrième déclinaison féminine forte, ont souvent
un génitif pluriel faible. Ainsi « arna », arena. Caedin. 130, 136, 147, 448,
234; Cod. Ex. 53; Cod. Ver. I, 536.
\&2
Il how I LF
Beô-wulf Geâta
be Iliac ge-b roth rum twame
XVIII
llim waes lui boren,
and freônd-latliu
word m h be-waegned,
and w unden gold
éstum ge^-eâwed,
earn reâde twâ,
23()o hraegl and hringa[s],
heals-beâga mâest
[fol. 156 b.
I h ara the ic on foldan
[gej-fraegen haebbe :
nâenigne ic under sweg[le]
sélran hyrde
hord-mâdmum haeletha,
Will
La coupe lui fut portée, et on le
convia en mots d'amitié : en joie,
on lui présenta de l'or ouvragé,
des anneaux et une robe, teinte en
rouge sur les bras, et le plus écla-
tant des colliers dont j'ai*' jamais
entendu parler : je n'ai connu sous
le soleil de plus coûteux trésor
des héros, depuis qu'IIama em-
porta au monastère d'IIerebyrhte,
le collier des Brosings, les perles
et la vaisselle précieuse : . . .
2389. Grein : « earm-\Ji\reade ».
2396. « /tord maththum ». Grimm (1). H. S., p. 17) l'ait remarquer que
ce passage a. trait à un épisode traditionnel, dans les cycles gothiques et
normands. L' « Hama » de « Beoiculf » est 1' « Heime » des poèmes germa-
niques du xne siècle, où on le trouve toujours lié à « Wîttich » (« Wudga »
et « Hama » dans la « Chanson du Voyageur»), L'épisode avait été connu,
déjà, de Jornandès qui écrit : «Ermanaricus, rex Gothorum, licet multa-
rum gentium extiterit triumji/iator, Rojonalorum gens infida^ quae tune
inter alias Mi famulatum exhibebat, tali eum nanciscitur occasione
decipere. Dam enim quandam mulierem Sanielfi nomine ex g ente memo-
rata, pro mariti f'raudulento discessu, rex furore commotus, equis fero-
cibus illigatam, incitatisque cursibus, per diversa divelli praecepisset,
fratres ejus Sarus et Ammius germanae obilum vindieantes, Ermanarici
latus ferro petierunt... » (Muratori, 1, en. XXIV). D'autres versions donnent
les formes « Roxolanorum », « Rasomonorum », « Rosomorum », et au
lieu de « Sanielh », Sonilda », « Suanibildam », « Sunihil ». La Wilkina
Saga qui contient peut-être la tradition la plus pure, cite les noms suivants :
« Swanhild », « Sorti », « Hamdir », et fait de ces personnages, selon l'his-
toire normande, des enfants de « Gudrun », veuve de « Sigurdr ». Le récit
se trouve avec plus de détails encore, dans l'Edda et dans .Saxo Gramma-
HKOW I IK
u\:\
s\ iht han Ha ma aet-waeg
tê Here-byrtan b yrig
Brosinga mené,
2400 sigte and sinc-faet :
- earo-nithas fealh
Eorm en-rices ;
ge-ceâs écnc raed.
il avait
fait l'épreuve des maléfices d'Iler-
manaric, et il avait choisi les
biens éternels. L'anneau avait été
possédé par llygelac. le Geat,
neveu de Swerting, la dernière
fois où, sous la bannière, . . .
ticus, et l'allusion qui y est faite dans « Beowulf*, prouve que ces vieilles
légendes teuton es étaient alors répandues parmi les Angles païens.
L'histoire d'Hama emportanl les trésors dllermanaric, est seule rapportée
dans ce passage de « Beowulf » : et il est difficile de savoir si « Brosinga
me'n », nom Lien connu sous lequel on désigne le collier de Freya, est ici
pour désigner un bijou précieux quelconque, ou si le Brosinga mén, lui-
même, appartient à « Beowulf ». Quoiqu'il en soit, il est souvent fait allu-
sion, dans de nombreux poèmes du moyen âge, au trésor d'Hermanaric.
Ainsi dans « Reinaert », I, 224.vi :
« Reinaert spraec wilen 1er stotulen
h acide mine hère min vader vonden
des coninx « Hérmelinx » seal
in ere verholnen s fat. »
Et encore : I, 2566 :
« Reinaert nam en stro cor hem
ende s/trac here coninc, nem,
hier gkeve ic di up den scat
di /rilen « Ermelinc » hesat. »
et I, 2614 :
« daer suldi rinden menich ghesmide
ran goude, rikelic ende scone.
daer suldi rinden die crone
die « Ermelinc » die coninc droech,
ende auder chierheit ghenoech,
edele stene, huldin waerc. »
Quelques-unes des copies de « Reinaert » portent « N&sorkwi ». ou
« Nastorqui », au lieu d'Hermanaric,
2398. Ettmïiller : « t h aère ».
2401. Leo, Grundtvig, Cosijn, Bugge : « fleah ». Bugge l'ait justement
remarquer que « feolan » ne régit jamais un accusatif, tandis que « fleon»,
le fait.
2403. Toute la ligne n'est qu'une périphrase, pour dire : « il mourut ».
Gel emploi de « ceosan » est commun dans l'anglo-saxon, el contraste singn-
4Gi
IlKUWULF
Thone bring baefde
Hfge-lâc Geàta,
nefa Swertinges,
n vhslan si'the,
siththan hê under segne
sine ealgode,
24 10 wael-reâf wérede ;
hyne wyrd for-nam
syththan hë for wienco
wean âhsode,
faehthe tô Frysû ;
hë thâ fraetwe waeg,
eorclan-stânas
ofer ytha fui,
n'cg tbeoden,
hê under rande ge-cranc :
2420 ge-hwearf thâin francna
feorh cyninges, [faethm
breôst ge-waedu
and se beâh soinod
il défen-
dit son trésor, et garda les dé-
pouilles de Ceux qui avaient été
massacrés : le destin l'avait em-
porté, quand par orgueil, il s'en
fut au-devant de son propre mal-
heur, en guerroyant contre les
Frisons ; lui, le chef puissant,
ravit les ornements, les pierres
précieuses, sur la coupe des vagues
(la mer , et périt sous le bouclier :
la vie du roi fut prise alors par les
Francs, ainsi que ses colliers de
poitrine, et ses bagues, tout ensem-
ble ; .... ,
lièrement avec « niman », dans des phrases telles que « gif mec flild
ni me » au vers 899 (« Beowulf ») ; « gif mec Death ni met h » (id., vers 889) ;
« hinc wyrd fornam » (id., vers 2411) et « Beorhtn », dans Anal. 128 : « ac
me sceai waepn niman ». C'est sans doute le dogme chrétien (« godes
leoht geceas », au vers 4934 de « Beowulf » qui est opposé à la vieille
croyance païenne en Taction de la Mort, de l'Enfer, des « Wael-cyrian »,
démons qui choisissent parmi les morts. Cf Gaedrii, 99. « aérthon forth-
cure wintrum waeireste », « Beorhtn » Anal. 124 : « wael-reste geceas ».
De môme dans l'allemand du xne siècle : « ioh todes ouh ci Koronne»,
Otf, IV, 13, 23. Et dans l'allemand du temps de Luther : « den piteren tôt
chiesen » ; « den enten chiesen ».D\ui\skd. par Graff, III, 89, 93. Cf. Benecke,
Beytràge, I, 94 : « he sal den doit han irkoren » ; Reinckronik der Stadt
Coin, par Van Groot, p. 9 : « den doit wil ich vil lieuer Keisen » : Nib. N.
170 : « darumbe muosen degene sider Kiesen den tot » ; Grave Kuodolf, par
Grimm, C. b. 15 : « an deme galgen suln sie Kiesen den vil bitteren
tot ».
2411. Wùlcker écrit : « Wyrd » avec le w majuscule, tandis que généra-
lement aucun éditeur, ni Kemble, ne se servent de majuscule pour les noms
religieux, chrétiens.
I»K<»\\ I II
iCS
wvrsan wïg- frecan
wael reàfeden
aefter giith-sceare
Geâta leôde
hrea-wic heoldon .
Ileal swége on = Pëng;
2430 Wealh-theô mathelode
héô fore thaém werede
spraec :
bruc t hisses beâges,
Beô-wulf leôfa,
hvse mid hâele,
and tinsses hraegles neôt,
fol. 157 a.l
L J
theôge-streôna,
and g..., tela,
cen thee mid craefte
and thyssum cnihtu[m]wes
2440 Icira lithe,
ic the thaes lean ge-man :
hafa[st] thû ge-fëred
thaet the feor and neâh,
ealne wide-fer[hth]
weras ehtiffath,
efne swa siide
swei sâe be-buTgethj
wind geard-weallas .
Wes thenden thû litige
2460 aeth elingj eâdig;
ic the an tela
. par le destin de la guerre, le
peuple desGeats occupait la place
des cadavres. La salle fit écho au
son des mois ; Wealthcôw, par-
lant, dit devant l'hôte : « Jouis de
cette bague, cher Beowulf, o guer-
rier, avec la santé encore, et
sers-toi de ces vêtements, de ces
nombreux trésors, et sois bien
florissant : fortifie ton pouvoir,
et sois à ces enfants de doux con-
seil ; à présent, toute ma pensée
est à te récompenser : ce qu'au-
jourd'hui tu as accompli mérite
que tous hommes au cœur géné-
reux te fassent honneur, sur une
étendue même aussi vaste que la
ceinture de la mer autour des
remparts battus des vents, de la
terre
4425. Quelques auteurs écrivent : « reafedon ».
2436. Bugge, Heine : « fheo[d]-gestreona ».
2i)>7. La plupart des auteurs : « getheoh tela ».
2448. Kemble, El lui id 1er : « windige weal las ».
2450. Wùlcker met une virgule après « aetheling », en en faisant un
vocatif Nous n'avons pas reproduit cette modification au texte qui a l'incon-
vénient, comme d'autres analogues, de rompre fâcheusement le rythme.
30
406
HI "WULF
siiic--c-sliv(')iia :
Ikm'> tln'i suna ininii
daedum ge-défe,
dreâm-haldende.
Her is âeg-hwylc eorl
ôthrum ge-trywe,
modes milde,
man-dribtne heol ;
2460 thegnas syndon ge-thwaere,
theod eal gearo,
drunrne dr\ ht-guman
doth swâ ic bidde.
Eôde tha tô setle
thaer vvaes symbla cyst.
dru neon win weras,
wyrd ne eu thon
geô-sceaft grimne
swâ hit à-gangen wearth
2470 eorla manegû
syththan aefen cwùm,
and him Hréth-gâr ge-wat
tô hôfe-sinum
rice to raeste .
Keced weardode
un-rim eorla,
swâ hie oft aer dydon,
benc-thelu béredon ;
hit geond brâeded wearth
2480 beddum and bolstrum,
bëor-scealca sum.
fus and fâege,
flet-raeste ge-[beâh] :
[folio 157 b.]
saeton him tô heâfdon
hilde-randas,
Soi-;, l.ani que lu vivras, un
noble fortuné : je t'accorde a.\ ec
satisfaction ers irésors : Boia celui
qui maintiendra mon fils en joie,
••limine il te sied par tes hauts
fails. Ici, chaque homme est fidèle
à l'autre, et de bon vouloir, et
loyal à son seigneur; gentils sont
les féaux; tout le peuple (prêta
l'obéissance); et même, les guer-
rière pris d'ivresse, agissent ainsi
que je le leur ordonne » .
Elle vint alors s'asseoir à son
trône; là, se trouvait servi le plus
coûteux des festins; les hommes
buvaient le vin : ils ignoraient la
destinée, la puissance du mal, et
comme celle-ci devait l'emporter
sur plus d'un guerrier, après que
la nuit fut venue, et qu'Hrothgar
fût parti, lui le prince puissant,
pour aller prendre à la cour, son
repos. Une multitude de guerriers
veillaient sur la salle, comme ils
l'avaient fait maintes fois, aupa-
vant; ils portaient les planches
des bancs ; on les recouvrait en-
tièrement de lits et de couver-
tures ; quelques-uns des servants
de bière, prêts et destinés à mou-
rir, allaient se reposer à leur
place, dans le palais : au-dessus
de leurs tètes, ils avaient suspendu
l'équipement de guerre, et le bois
brillant du bouclier ; . .
2459. La plupart des auteurs : « hol[d\ ».
2468. Ettmùller : tgrimtnev»
BEOWI II
467
h ord-wudii beorhtan ;
thaer on bence waes,
ofer aethelinge
yth-ge-séne.
2400 heatho-steâpa helm,
hringed byrne,
threc-wudu thrvm-lic ;
waes Hi leàw livra
thaet hTe oft wâeron
an wig gearwe,
ge ael ham ge on herge,
ge ge-hwaether tbâra
efne swvlce mâela
swvlce hira man-dryht nej
2?oo thearf ge-saelde
waes seô thp«'>d tilu.
xrx
Sigon the In slàepc;
sum sare an-geald
aefen-raeste,
awe him ful oft go-lamp
siththan gold-sele
Grendel warode,
un-riht aefnde,
oth thaet ende be-cwom,
25 10 swyltaefter synnum :
thaet ge-syne wearth,
w id -cut h werum,
là, sur le
banc, on pouvait aisémenl voir
au-dessus du guerrier, sow casque
qu'il portait superbement à la
guerre, la cottede mailles annelée,
il le bouclier massif. C'était leur
coutume d'être prêts au combat,
et sous les toits, et dans les
champs, ou dans tout autre lieu.
quand la nécessité contraignait
leur seigneur à la guerre : et ce
peuple était brave.
XIX
Là, ils s'endormirent profon-
dément; quelques-uns devaient
payer chèrement ce repos du soir
qu'ils avaient pris pleinement et
si souvent, depuis que Grendel
visitant la salle de For, avait per-
pétré ses forfaits, jusqu'au jour
où sa fin fut venue : la mort,
après les crimes.
2490-2500. Cf. Tacite, Germania, XIII : « Ils ne traitent d 'affaire publique
ou particulière, quêtant armes ». M., XIV : « Le chef combat pour la
victoire; les vassaux combattent pour leur chef ». Id., XXII : « Ils sont . . .
en armes à leurs fêtes... ».
Ettmûller et Groin : « (znwig-gearwe »,
:2507. Il y a sur le parchemin, une lâche d'encre recouvrant « ira » de
« warode ». Quelques auteurs ont cru, sans raison, pouvoir lire :
« fa rode » .
4(i8
BEOWULF
thael le wrecend thé gyt
lifde aefter lâthu,
lange thràge
aefter gûth-ceare ;
Grendles môdor
ides âg-lâec wiT
yrmthe ge-munde,
2520 sê the waeter-egesan
wunian seolde,
cealde streàmas
si I h than camp wearth
lu ecg-banan
ângan bréther,
faederen maege :
he the fag ge-wat
Il fut manifestement révélé aux
homines qu'un vengeur survivait
au maudit, de longtemps déjà,
depuis le combat : la mère de
Grendel, femme et monstre femelle,
se rappelait sa douleur : elle, dont
le destin même était d'habiter et la
terreur des eaux, et les courants
glacés, après que Gain fût devenu
le meurtrier de son frère unique :
de là, il partit souillé de sang,
marqué par le meurtre, pour fuir
la joie des hommes : .
2523. Au lieu de « camp » du manuscrit, la critique, en général, écrit :
« Cain ».
Le mélange des mythes judaïques et païens, a fait croire dans la tradition
anglo-saxonne, que Gain était le père de toutes les races de monstres. Cette
erreur est née probablement d'une confusion entre les « Anakim » et les
« Eotenas » du Nord Le passage suivant d'un poème du xne siècle, contient
une relation de l'origine des monstres nés des filles de Caïn : « Dco ne
wolt er in niht fliessen . er liiez in gen puosen.sin zeichen er in gab.
daz ime niemen taie deheinen slack . dvo muos er sin fluhtiger tint wada-
lere . ze uil? manege me iare . sin puoze ne was porguot . ubel was sin
herze ioc/i sin muot . er lerte siniu chint . dei zober dei hiute sint . duo
wurten die scuzlinge . glicfi deme stamme . ubel wuocher si parem . dem
tiuele uageten.
« Adam liiez si miden umrze . daz sinen ne wurren an ir geburten .
sin gebot si uerchurn . ir geburt si ferlurn . dei chint si gebaren . dei
unglich iraren .sumelic/ie lieten hobet sam hunt, sumeliche heten an deo
brusten den munt . an den ahselun dei ougen . dei muosen sich des hobtes
getoben . sumeliche heten so michel oren . daz si sich damite dachten.
Etlicner hat einen fuoz . unt was der uile groz . da mit liuf er so balde.
sam daz tier daze walde. Etlichui par drz chint . daz mit alien uieren
gie sam daz vint. Someliche flurn pe garewe . ir sconen uarwe . si wurten
swarz unt egelich . den ist nehein liut gelich . dei ogen in scinent .
die zeni glizent . suenne si si lazent plecchen . so mahten si och den tiufel
screchen . die afterchomen un in zeigtun . waz ir uorderen garnet heten .
alsolich si iraren innen solich wurten dise uzzen », Diut. Ill, 58. 59.
BEOVS I II
409
mortbre ge-mearcod,
m an-dreâm (leôn ;
fol. 158 a.l
253o wêsten warode ;
tli anon woe tela
geô-sceafl gâsta,
waes thâera Grend eljsum
heoro-wearh hete-lic,
se aet Heorote fand
waeccendne wer
wiges bidan ;
thaer him [se] âg-lâeca
aetgraepe wearth ;
2?4<) hwaethre hë ge-munde
maegenes strenge,
gim-faeste gife
the him god sealde,
and him to an-waldan
are ge-lj'fde,
fro f re and fuit urn,
thy hë thone feônd ofer-
[cwôn,
ge-hnaegde helle-gâst ;
thâ hë heân ge-wât,
255o dreâme be-dâeled,
deâth-wîc '[ge j-seôn ,
man-c}mnes feônd ;
and his môdor thâ gyt
gïfre and galg-môd
ge-gân wolde
sorh-fulne sith,
su nu theôd-wrecan.
Côm thâ tô Heorote
thaer llring-Dene
il habita le
désert ; de sa souche naquirent de
grandes puissances d'esprits du
mal, dont Grendel fut l'un : lui,
le loup affreux et sanguinaire qui
trouva dans Heorot un héros qui
veillait, attendant le combat : en
ces lieux, avec lui, le maudit
lutta ; mais le héros se souvint de
toute la puissance de sa force, et
l'étendue de la grâce dont Dieu
l'avait doué, Dieu, son réconfort
et son soutien. Donc, il défit l'en-
nemi, et il humilia l'esprit venu
de l'enfer; l'ennemi de l'homme
s'éloigna du palais dans la honte,
privé de joie, pour aller prendre
place parmi les cadavres : et sa
mère encore, avide et imaginant
des tortures, coulait des jours
douloureux, et voulait venger ter-
riblement son fils. Alors, elle vint
à Heorot, où les Danois aux
anneaux, dormaient dans l'éten-
due de la salle
2542. Thorpe, Gein, Sweet : « gin-faesie », parle changement de a en m
devant les labiales,
a Giri'faest », Cf. « Beowulf », v. 4359 ; Caedm. 176.
2557. Correction d'Ettmùllcr : suma death wrecan ».
/<7(>
m «.wri.F
256o geond thael saeld swâefun.
Thé I haer sôna wearhl .
ed-hwyrfl eorlum,
siththan inne fealh
Grendles môdor :
wa.es se gryre laessa
efne swé micle
sw;i hit h maegtha craeft,
wig-gvfre wifes,
be waepned-inen,
2570 thon heoru-bunden
hamere ge-thuren,
sweord swâte fall,
swi'ii ofer helme.,
ecgum dyhtig [fol . 1 58 b.l
and-weard sciretli.
The waes on healle
heard ecg togen,
sweord ofer setlum,
sid-rand manig
258o hafen Jianda faest,
helm ne ge-munde,
by man side,
tha bine se brôga an-geat.
Ileo waes on ofste.
wolde lit thanon
fëore beorgan,
I ha lieo on-funden waes ;
hrathe heô aethelinga
an ne haefde
2590 faeste be-fangen,
tha heô to fenne gang,
se waes Hrôth-gâre
haeletba leôfost
on ge-sithes had
Là, en eel instant,
il \ eul bientôt un tumulte parmi
les comtes, quand la mère de
Grendel approcha du palais.
La terreur gui régnait était telle
qu'elle se pouvait comparer à la
faiblesse des vierges, à l'horreur
«1rs fe les pour la guerre, auprès
du courage des hommes, quand le
fer forgé, et battu du marteau,
coloré de sang, à la pointe hardie,
fend, en frappant, le cimier du
casque. Alors, dans la salle, les
durs glaives furent brandis; l'épée
fut saisie au-dessus des lits, et
plus d'un large bouclier fut levé
serré dans les mains : le guerrier
oubliait, et son casque, et son
ample cotte de mailles, au moment
où la terreur vint fondre sur lui.
La mère de Grendel se hâtait : elle
voulait sortir du palais, pour
sauver sa vie, depuis qu'elle avait
été découverte.
Bientôt avait-elle étroitement
étouffé l'un des nobles, quand
elle regagna les marais : . . .
2583. Heyne et Sweet : « the hine » : whom, lequel.
2594. Cf. «Beowulf », v. 4382 : « on sweordes had » ; Cod. Verc. II, 53 :
« on /{-"res hade »; Id., I. 1827 : « thurh cnihtes had » .
BEOWI II
471
be seem tweonû,
rice raad-wîga
I hone the heô* on raeste
[à-breat]
blaed-faestne beorn ;
naes Beo-wulfthaer,
2600 ac waes other in
âer ge-teohhod
aefter maththum-gife
nnierum Geâte.
Urea m wearth on Heorote.
heo under heolfre ge-nam
ciithe fol me ;
cearu waes ge-nïwod
ge-worden in wicun,
ne waes thaet ge-wrixle til,
2610 thaet hie on ha healfa
bicgan scaldon
freônda feoni .
Thâ waes frod cyning,
hâr hilde-rinc,
on hreôn mode,
syththan he aldor-thegn
un-lynTgendnel,
thone deôrhtan
deâdne wisse,
2620 Hra[the waes] to biire
Beô-wulf fetod,
sigor-eàdig secg
samod aer-daege ;
eôde eorla sum
aethele cempa.
self mid ge-sithum,
thaer se snottra bad
bwaethre him alf-walda
aefre wille
263o aefter wea-spelle
celui-là
était à llrolhgar le plus cher de
ses héros, et comme un compa-
gnon, et un guerrier puissant
parmi /on s, entre les deux mers,
et elle l'avait détruit durant son
sommeil ; Beowulf n'était point
là : car une autre demeure avait
été assignée au Geat fameux,
après le don du trésor. 11 y eut un
cri dans lleorot; elle prit sous son
bras la main bien connue ; le
souci, à nouveau, planait sur le
palais, et c'était une triste néces-
sité que chacun dût payer des
deux cotés, de la vie de ses com-
pagnons.
Alors le roi prudent, le guer-
rier chenu fut triste dans l'âme,
quand il apprit que le féal prin-
cier qui lui était le plus cher, ne
vivait plus. En bate Beôwulf fut
mandé à la salle, — lui, l'homme
heureux dans la victoire — , à la
pointe du jour : accompagné de
ses comtes, il vint, le noble cham-
pion, lui-même, avec ses compa-
gnons, vers l'endroit où le roi
sage allait, ne sachant si la faveur
du Tout-Puissant lui accorderait
jamais un changement de fortune,
après ces mauvaises nouvelles.
L'homme excellent à la guerre,
passa donc sur le plancher avec
sa troupe ;
2628. La plupari des auteurs écrivent : « Al-walda ».
i72
UKOWLLF
w \ ppe ge-fremmrfa.
)i;nm ili.'i aefter flore
fyrd-wyrthe man
mid his hand-scale,
heal-wudu dynede,
thael he thone wisan
word uni bnâeg[de]
(re; in Ing-wina ;
fraegn gif him waere
2640 aefter neôd-lathu
ni ht ge Uiese.
XX
Hrôth-gâr mathelode
helm Scyldinga :
ne frïn thù aefter sâelû,
sorh is ge niwod
Denigea leodum,
dead is yEsc-here
Yrmen-lafes
VIdra broth or,
2b5o min rfin-wita,
and min ràed-hora,
la salle de bois en
résonna, jusqu'au moment où il
fit en paroles, hommage au chef
des alliés d'Ing : appelé en hâte,
il demandait au roi, si la nuit lui
avait été douce ?
XX
Hrothgar, le protecteur des Scyl-
dings, parla : « Ne t'enquiers pas
demon bonheur! La douleur est
renouvelée pour le peuple des
Danois : .^Eschere, le frère aîné
d'Yrmenlâf, n'est plus ! Lui, le
confident de mes secrets, mon
conseiller, mon plus proche com-
pagnon, quand dans la bataille,
nous défendions nos têtes bardées
de fer, quand les troupes s'écra-
saient l'une contre l'autre, el que
les casques éclataient : ...
2(>3i. Bugge, Grein : « hand scole ».
2637. On peut supprimer dans « hnaegde », 1' « h » qui est prothétique,
et le « g » qui s'élide.
Cf. Cod. Verc. VI, 573 : « origan tha leoflic wif . weras Ebrea .wordum
negan ». Id. VI, 770 : « hio sio cwen origan . wordum genegan ». Id. VI,
1116 : « tha seo cwen ongan . weras Ebresce . wordum ne g an ». Dans
tous ces cas, il convient de lire « hnaegan ». (Test là, le verbe transitif et
faible formé sur le prétérit « hnah », du verbe neutre et fort, « hnigan »,
et pour ces verbes, l'action qu'ils expriment, est transportée à l'objet, alors
que dans le verbe fort, elle se rapporte au sujet seul. Ainsi, « licgan »,
reposer, se coucher, et « lecgan », étendre, ou faire coucher; « birnan »,
brûler, et « baernan », faire brûler, ou mettre le feu à. Cf. Camb. Philolog.
Museum, 1105 : « Les prétérits anglais ».
2(U0. Sweel : « neod-lathe ».
BEOWI LF
m
eaxl ge-stealla
thonne wê on or-lege
ha Tela n wéredon,
llion hnitOD fethan
eoferas cnysédan ;
Swy Ic scolde eorl
fol. 159 b.
wesan àer-irod
swylc /Esc-here waes
Wealth him on Heorote
2660 to hand-banan
wael-gaest waefre ;
ic ne wât hwaether
âtol aesc-wlanc
eft-si (has teah,
fylle ge-fraegnod ;
hen thâ fâehthe wraec
the thii gystran niht
(jlrendel cwealdest,
thurh haestne had
2670 heardû clammum ;
fop-than hê tô lange
leôde mine,
wanode and wyrde ;
hê aet wige ge-crang
ealdres scyldig
and nii other cwôm
mihtig man-scatha,
wolde hype maeg wrecan
ge-feor h a fat h .
2680 fâehthe ge-stàeled :
thaes the thincean maeg
thegne monegum
se the aefter sinc-gyfa
on sefan greôteth,
. toujours, un guerrier
devrait être vaillant . comme fut
.Ksrhere In hôte fatal et mali-
cieux est devenu son meurtrier
dnns Eleorot ! Je ne sais si la misé-
rable est repartie sur son chemin,
gorgée de chair, et se réjouissant
d'être assouvie : avec ses dures
griffes, elle a vengé l'ennemi,
Gpendel que violemment tu mas-
sacras, la nuit dernière : parce
que trop longtemps il détruisit et
dévasta mon peuple, l'infâme a
péri au combat, voué à la mort, et
voici que maintenant, un autre
monstre puissant est apparu, et a.
voulu venger sa progéniture :
vous avez donc retrouvé voire
ennemi venu de loin, ainsi que le
reconnaît plus d'un féal qui main-
tenant, pleure amèrement en son
âme blessée, sur son chef ;
2656. Le Ms , est incomplet au coin du feuillet : « swy... scolde ».
:2()(>:2. Toller : « hwaeder » ou « hwider ».
2(>84. Cf. Sal. Sat. 751. La forme « greôteth «de « Beowulf » présuppose
i7'i
HKOWI LF
hrether bealo-hearde ;
mi see hand lig eth
se the eôw wel h\v\ Icra .
wilna dôhte.
le thael lond-bûend
2690 leôde mine
sele-ràedende
secgan hjTde,
thael lnV ge-sawon
swylce twêgen
micle mearc-stapao
moras healdan,
ellor-gaestas,
thâera (HI 1er waes,
thaes tlie hie ge-wis-licost
2700 ge-witan meahton,
idese on-h'cnaes,
other earm-sceapen
on weres waestmum
wraec-lâstas traed,
[fol. 160 a. j
naefne hê waes mâra thon
âenig [man] other
thone on gear-dagu
Grendel nemfdon]
fold-huende :
2710 no hie faedercunnon
hwae [therl him aenig waes
aer a-cenned,
dyrnra gaesta ;
an
jourd'hui, la main pend, inerte,
qui s'ouvrait, généreuse, à l<ms
vos désirs.
J'ai entendu les habitants de ce
pays, mon peuple, de sage con-
seil, rapporter qu'ils ont vu un
pareil couple, chevauchant sur les
marches à pas de géant, gardant
les marais : hôtes étranges, dont le
premier, autant qu'ils l'ont pu re-
connaître, en toute certitude, avait
la forme d'une femme. Le second,
avec la stature d'un homme, hor-
mis qu'il était plus grand que
tout autre, portait là ses pas
errants, lui, qu'en des jours
passés, les habitants de la terre
avaient appelé Grendel. On ne
leur connaît point de père, et de
ces mystérieux étrangers, l'on ne
sait si l'un d'eux fut jamais
engendré,
le gothique » griutan », qui est rarement rencontré, la forme usuelle étant
« grrta/i » ou « f/reilan >■ . Ainsi, en anglo-saxon, la forme la plus com-
mune est « graétan ». Le très vieux saxon présente aussi la forme
« griotan ». Ci*. Helj. 144, 170, 174.
2687. Sweet : « seo the ».
2701. Zupitza : « onlic-waes » ; Sweet : « onlic, urnes ».
2708. Le manuscrit est défectueux à son extrémité :
Kemble : « )iem[dott]\ Zupitza : « nemdo[n] ».
liKOWl IK
175
lu''1 dygel loud
warigeatb wulf-hleôthu,
wind ige oaessa6,
frêcne fen-ge-Iâd,
than' Qrgen-stream
under oaessa ge-nipu
2720 aither ge-witëth
flôd under foldan ;
nis thaet feor heonon
mil ge-niearces
t lia el se mere standeth,
ofer thaein hongiath
hrïnde-bearwas ;
wiulu wvrtu faest
waeter ofer-helmath :
thaer m a eg nilita g#di\vâem
2730 nith-wundor seen
fyr on flode;
no thaes frôd leofath
gumena bearna
thaet thone grund wite ;
theâh the hâeth-stapa
lis fréquentent la région cachée,
le refuge du loup, les promon-
toires battus des vents, le rude
sentier des marais où un torrent
de la montagne se précipite dans
la vallée, sous l'ombre opaque des
collines, et se perd en un cours
souterrain : il n'y a pas plus d'un
mille de ces lieux, jusqu'au lac,
sur lequel sont suspendues des
grottes rocailleuses : des arbres
aux racines profondément enfouies
dans le sol, ombragent ces eaux.
Là, quelqu'un peut voir à la nuit,
un spectacle merveilleux : du feu
sur le courant !
2720 et suiv. Celte sorte de lac appartient aux superstitions teulones.
Un exemple analogue se rencontre dans Wigalois. Gervasius Tilb. le dépeint:
il s'agit (Time montagne en Catalogne : « in cujus summitate. laças est,
(Kjuam continens subnigram, et infundo imper scrutabilem : il lie mansiô
fertur esse dœmonum, ad modum palatii dilatata, et janua clausa ;
faciès tamen ipsuis mansionis sicut ipsorum dœmonum vulgaribus est
incognita et invisibilis. In lacum si quis aliquam lapideam, aat alias
solidam projecerit materiam, slatim tanquam offensis dœmonibus tem-
pestas erumpit ». Leibniz. Scriptores rerurn germanarum, I, 982.
Cette superstition s'est maintenue au Mont Pilate. Cl*. Macgregor. Note
Book, III, 15, 16, 20.
2726. Morris : « hrimige bear was ».
2729. « ge-hivaem » est le plus souvent construit avec des génitifs
féminin, pluriel. Cf. Cod Yerc. L 246 : « in stow a gehwam ».
2730. « nith », homme, est ici employé de façon abstraite comme « man »,
dans l'allemand du xne siècle.
\n\
HEOWULF
liiimlii ge swenced
heorol hornû trum,
holt-wudu séce
feorran ge-flymed,
2740 âer hê Feorh seleth
aldor on ôfre,
aer he in wille
hafelah hydan].
Nis thaet hêoru-stôw ;
thonon, yth-ge-blond
ûp-â-stfgeth
won to wolcnum,
thon wind slyreth
lath ge-widru,
2-jbo oth thaet lyft, drysmath,
roderas reôtath.
Nii is se râed ge-lang
eft aet [the] and ;
eard git ne const,
frëcne stôwe,
[thaer] thii findan miht
fela-synnigne secg :
[see] gif thii dyrre,
ic the thâ fâehthe
2760 fëo leânige
eald-ge-streénû,
swà ic âer dyde,
wundum golde,
gyf thû on weg cymest.
Des fils des hom-
mes, le plus sage, il n'existe point
(jni connaisse le fond de l'abîme.
Bien quecherchanl les bois, bon-
dissant sur les bruyères, l<* cerf
aux ramures puissantes, harcelé
par les meules, et forcé de fuir
au loin, aimera mieux rendre
aussitôt, et son souffle, et sa vie
sur ces bords, que de plonger dans
l'abîme, pour s'y cacher le chef !
Ce n'est point là un doux lieu î
Et les vagues s'y mêlant, s'élèvent
furieusement contre le ciel, quand
le vent soulève d'effroyables tem-
pêtes ; que l'air s'épuise, et que le
tonnerre gronde. Maintenant, à toi
seul, il appartient à nouveau, de
décider ce qu'il convient de faire,
encore que tu ne connaisses point
la terre, et les lieux sauvages, où
tu peux découvrir le monstre cou-
pable de bien des crimes : cherche-
le, si tu l'oses, et je récompenserai
ton exploit avec des métaux pré-
cieux, et des trésors anciens,
comme je l'ai fait auparavant,
avec de l'or travaillé, si tu reviens,
sauf, de la tentative.
XXI
XXI
Beô-wulf mathelode
beam Ecg-theo-[w]es
Beowulf, le fils d'Ecgtheôw,
parla :
2743. « hydan » : correction de Thorpe.
2750 adrf/snian » provient de « drosn », turpitude; d'où l'adjectif, « on-
drysne ». au vers 3861 de « Beowulf ».
BEOWULF
Î77
ne sorga snotor mima,
sélre hi l h âeg-hwâëm
thaet he" his freônd wrece
2770 t lionne hê fela murne :
lire âeg-hwylc sceal
ende ge-bidan
worolde lifes,
wyrce se" the môte
dômes aer deâthe ;
thaet bith driht-guman
un-lffgendum
aefter sélesl :
â-ris rices weard,
2780 uton hraethe fëran
G rend les mâgan
gan sceâwigan.
Ic hit thé ge-hâte,
nô hë on helm losath,
né on fol dan faethm,
né on fyrgen-holt,
né on gyfenes grand,
gâ thaer hé wille.
Thy s dôgor thû
2750 ge-thyld h a fa
weâna ge-hwylces
swâ ic thé wéne tô.
A-hleôp thâ se gomela,
gode thancode
mihtigan drihlne
thaes se man ge-s[praec].
Thâ waes Hrôth-gâre
hors ge-[bâeted],
wieg wunden-feax.
2800 Wisa fençel
. . « — Ne te laisse point aller
à la douleur, ô homme prudent :
il est préférable pour tout homme
de venger son ami, plutôt que 1I11
se lamenter longtemps ! Chacun
de nous doit connaître la fin de
cette vie terrestre ; que celui qui
le peut, accomplisse l'œuvre de la
justice, avant sa mort : après quoi,
ce sera pour le guerrier, son plus
grand mérite, quand il aura cessé
de vivre !
Debout, gardien du royaume!
Laisse nous partir en hâte pour
suivre la trace de la mère de
(irendel. En vérité, je te le pro-
mets, elle n'échappera point : ni
dans la profondeur des eaux, ni
dans le sein de la terre, ni dans
les forêts de la montagne, ni dans
les abîmes de l'océan : quelle aille,
où elle le voudra !
2782. Dans le manuscrit, en surcharge sur 1' « n », de « sceairif/an. », on
découvre un « g », qui paraît être d'une écriture aussi ancienne (pie le reste
du mot.
2789. Hevne regarde « Ihysdogor », comme un accusatif de durée
Ï7H
llKOWl I.I
geato lie gen g de
gum-fêtha stop
lind-haebbendra,
lâsl as \\ âeron
aefter wald-swathû
w [de ge-syne ;
gang ofer grundas
gegnû for :
ofer myrcan mor
2810 mago-thegna baer
thone sélestan
sâwol-leâsne
thâra the mid Hroth-gâre
ham eahlode.
0 fer- e ode the
aethelinga beam
steâp stân-hlitho,
stige near we,
enge an-pathas,
2820 un-euth ge-lad,
neowle naessas,
nicor-husa fela.
Hë fëara sum
be-foran gengde,
wisra monna
wong sceawian,
oth thaet he" fâeringa
fyrgen-beâmas,
ofer harne stân
283o hleônian funde,
wyn-leasne wudu,
waeter under stôd,
dreorig and ge-dréfed,
Denum eallum waes,
winum Scyldinga,
Pendanl
jour, prends chacune de tes pertes
en patience, comme je l'ai tends
de toi. Alors, le \ ieillard se leva,
en tressaillanl de joie : il remercia
Dieu, le seigneur puissant, pour
ce que le héros avait dit. Un
cheval fui donc sellé pour Hroth-
gar : un coursier, à la crinière
bouclée. Le roi prudenl partil
sur-le-champ. Ine troupe d'hom-
mes s'avançait, de porteurs de
boucliers, qui découvraient les
larges traces du monstre, le long
des andains de la forêt. Us allaient
plus avant sur le sol aride,
côtoyant les sombres mares, où
avaient été portés sans vie, les
meilleurs des féaux et des alliés,
de ceux qui, avec Hrothgar,
avaient défendu le palais.
Alors le fils des. nobles franchit
les pics de pierre abrupts, la
route resserrée, les sentiers perdus
et solitaires, les voies inconnues,
les promontoires à précipices, et
la multitude des demeures des
monstres. Accompagné de quel-
ques hommes sages, il alla de
l'avant pour explorer la plaine,
jusqu'à ce que, tout à coup, il se
trouvât en présence d'arbres des
montagnes, abritant les pierres
nues, — une foret sans joie ; .
2808. Ilcvne adopte la correction de Sievers qui considère ce vers comme
insuffisant de rythme : « [thaer hea].gegnum for ».
::i nwilLK
Ï79
weorce on mode
to ge-tholiaone,
thegne monegu,
ôn-eyth eorla ge-hwâem,
2840 syththan /Esc-heres
on thâ holm-clife
bafelan métton.
Flôd blôde wëol,
foie tô-saegon
hâtan heolfre :
[fol. 101 h.
horn stundum song
fus- lie gryre]-leôth ;
fetha eal ge-scaet ;
ge-sawon thâ aefter w
283o wyrm-cynnes fêla aetere
sel-lice sâe-drâcan
sund cunnian,
swylce on mâes-hleôthum
nieras liegean,
thâ on undern-mâel
oft be-witigath
sorh-fulne sith
on segl-ràde,
wyrmas and wildeôr ;
2860 hie on weg hruron
bitere and ge-bolgne,
bearhtin on-gëaton,
gûth-horn galan ;
sumne Geâta leod
of flân-bogan
feores ge-twâefde,
yth-ge-winnes,
thaethim on aldre stôd
i\o±
eaux coulaient sous ell<\ Irish- e1
troublées. A tous les Danois, aux
amis des Scyldings, «à plus d'un
féal, il fut douloureux dans l'âme,
de retrouver, quand chacun l'eut
bien reconnu, le casque à mailles
d'.Kschere, sur la falaise de
l'océan. Le dot bouillonnait de
sang, de poison brûlant, et la
troupe regardait au loin : parfois
le cor jetait un son menaçant,
chant terrible ; toute la troupe
s'assit ; là, les hommes virent
nager parmi les eaux comme un
serpent, et d'étranges dragons de
mer, et aussi, sur les promon-
toires, des monstres étendus (qui
dans les courants du matin, pré-
parent aux vaisseaux qui sillon-
nent les flots, un passage tour-
menté), et des reptiles, et des
bètes sauvages : ceux-ci s'éloi-
gnaient en rage furieuse : Us per-
cevaient le son, le chant du cor
de guerre. Le prince des Geats
sépara l'un d'eux, de la vie, avec
son arc ; il l'affranchit de sa lutte
avec les flots, et son trait de
guerre restait fixé dans sa chair
vivante :
i>84:>. Cf. « Beowulf», v. 1691 et God. Verc. I, 2480.
2847. Lacune à l'extrémité du manuscrit.
Kemble : « fus-[lic gryrê\ » ; Bouterwerk cl Zupitza : « fûslic f\yrd] »,
■180
KKOWl |,K
here-strael hearda ;
2870 hê on holme waes
s u rides the saenra
the hyne swylt for-nam.
Hrathe wearth on ythum
mid eofer-spréôtum.
heoro-hôc ythum,
hearde ge-nearwod,
nitha ge-naeged,
and on nàes tôgen,
wu n dorh'c wâeg-bora .;
2880 we ras se a wed on
gryre-licne gist.
Gyrede hine Beô-wulf
eorl ge-waedum,
n allés for ealdre m earn :
scolde here-byrne
hondum ge brôden,
sid and searo-fâh,
sund cunnian,
sëo the beân-cofan
2890 beorgan ciithe,
thaet him hilde-grâp
hrethre ne mihte,
eorres in-wit-feng
aldre ge-sceththan :
ae se hwita helm
hafelan wérede,
se the mere-grundas
men[gan] scolde,
séean sund-ge-bland,
2900 since ge-weorthad ;
be-fongen freâ-wrâsnum,
swâ hine fyrn-dagum
worhte waepnasmith,
wundrum teôde,
. . . . et sur les (lots, il allait
nageanl avec plus de lenteur,
quand la mort l'emporta. Bientôt,
le monstre prodigieux qui voguai!
sur les vagues, vaincu dan- ses
maléfices, fut duremenl percé de
lances, bravemenl harponné, et
traîné sur le promontoire : les
hommes regardaient cet hôte
redoutable. Beowulf, se prépa-
rant, révélait son armure, sans
souci de sa vie : la cotte de mailles
travaillée à la main, large et
variée de couleurs, devait, à pré-
sent, éprouver les profondeurs des
eaux, elle qui savait protéger le
corps, afin que l'étreinte de la
guerre ne pût blesser la poitrine,
et que l'effort hostile du monstre
en fureur, nepûi atteindre la vie.
Mais le casque blanc, précieuse-
ment adorné, recouvrait la cotte
de tête, qui devait braver les pro-
fondeurs du lac, et fendre les
vagues confondues; il était entouré
de chaînettes d'or, tout comme aux
jours passés, quand le batteur
d'armes Yavait forgé, l'avait mer-
veilleusement paré,
2878. Sweet : « ije\]i\naeged ».
Kl OWULF
181
be-sette swfn-lfcum,
thaet bine syththan nô
brond né beado-mëcas
bitan ne inealiton :
naes thaet thonne màetost
2()io maegen-fultuma,
thaet him on thearfe lâb
thy le Hroth-gâres;
waes thâm haèft-mëce
Hruntig nama,
thaet waes ânforan
eald-ge-strëona ;
ecg waes iren
âter-tânum fah,
a-hyrded heatho swâte,
2920 naefre hit aet hilde ne swâc
manna aengum
thàra the hit mid mundum
[bewand,
se thegryre-sithas
ge-gan dorste,
folc-stede fâra :
naes thaet forma sith
thaet hit ellen-weorc
aefnan scolde.
Hum nege-munde
2(j3o mago Ecg-lafes.
eafothes craeftig,
thaet hë âer ge-spraec
wine druncen,
thà lié thaes waepnes on-lâh
sélran sweord-freean :
selfa ne dorste
under ytha ge-win
aldrege-néthan
driht-scype dreogan,
2940 thaer he dome for-leâs
en lui don-
nant en ses contours, les formes
du cygne, afin que jamais par la
suite, ni torche, ni glaive de
guerre n'eût pouvoir de l'entamer.
Puis, dans ce que lui avait prêté
Hrolhgar, pour l'assister, ce
n'était pas la moindre arme, que
le glaive à poignée qu'on nommait
Hruntig, et qui était auparavant,
l'un des autiques trésors : la pointe
en était d'airain, teinte de gouttes
de poison, et trempée dans le
sang. Jamais, au combat, il n'avait
trompé aucun homme, parmi ceux
qui l'avaient balancé dans leurs
mains; qui tentaient d'accomplir
la terrible tâche, et de s'emparer
des cités des hommes : ce n'était
pas la première fois qu'il devait se
rendre digne d'un acte de valeur.
Encore le fils d'Ecglaf, dont l'àme
était profondément troublée, ne se
souvenait-il plus de ce qu'autre-
fois il avait dit, pris de vin, alors
qu'il voulait décerner l'arme à un
meilleur guerrier. Lui-même n'osa
point risquer sa vie sous les tem-
pêtes des vagues, et souffrir pour
ce haut fait
2918 Cosijn, Heyne, Socin : « ater-tearum »
31
iS2
l'.mw i i i
ellen- maer thum ;
fol. 162 I».
ne waes thâem ôthrum swâ
syththan hê hine tô gùthe
ge~gyred haefde.
Là, il démentit, à
bon droit, la réputation de son
courage : il n'en étail pas ainsi de
l'autre guerrier, après qu'il se fût
préparé à combattre.
XXII
Wll
Beô-wulf mathelode
bearn Ecg-theowes :
ge-thenc nu se mâera
maga Healf-denes,
snottra fengel.
2950 1111 ic eôm si thés fus,
gold-wine gumena,
hwaet wit geô sprâeeon ;
gif ic aet thearfe
thinre scolde
aldre linnan.
thaet tliu më a wâere
forlh-ge -witenum
on faeder staele ;
waes thû mund-bora
2960 minum mago-thegnum,
hond-ge-sellum,
gif mec hild nime :
swylce thû thâ mâdmas
the thû më sealdest,
Hrôth-gâr leôfa,
Hîge-lâce on on-send :
maegthonne on thâem golde
Beôwulf, le (ils d'Ecgtheow,
parla :« Que maintenant, le fils
fameux d'llealfdene,le prince pru-
dent, le seigneur du peuple, se
souvienne, dès lors que je suis prêt
au suprême voyage, de ce que
nous avons dit tous deux, aupa-
ravant : si je venais à te man-
quer, à cesser de vivre, tu serais
toujours pour moi, comme un
père, même si je devais partir pour
jamais ! Sois donc le protecteur
des féaux de mon sang, de mes
proches compagnons, si la guerre
m'emporte !
2941. Kemble : « weorthum » ; Thorpe : « maerthum » ; Zupilza : « maer-
thum » .
2955. « linnan » est le [dus souvent suivi d'un génitif. Cf. « Beowulf ».
v. 4482. Cod. Verc. I, 2274 (avec le datif).
2900. Heyne se trompe sur le rythme en plaçant « minum », à la fin de
la ligne précédente.
BEOWI IK
îs:i
Geàta çjryjiten on gitan
ge-seôn sunn I ha<M I les
•2070 thon hê on thael sine
stârath,
thnel ic gû-cysturn
gôdne funde
beéga bryttan ;
breac thon nioste :
and tbû Hun-fcith laet
ealde-lâfe,
wraet-lTe wàeg sweord,
w id-cûthne man,
lu ia i'd ecg habban ;
2980 ic më mid llruntinge
dr>m ge-wyrce,
otbthe mec death nimeth.
[fol, 163 a.]
. E f t e r t h a e m \v ord ura]
Weder-Geâta leod
éfste mid elne,
nalas and-sware
bidan wolde:
brim-wvlm on-fëng
hilde-rince.
2990 Thé waes hwil daeges
âcr hô thone grund-wong
on-gytan méhte.
Sôna thaet on funde
se tha flôda be-gong
hcoro-glfre be-hêold
bund missera,
grim and grâedig
thaet thaer gumena sum
ael-wihta eard
En outrç, cher Hroth-
gar, renvoie à Hygelac les trésors
(jue (u m'as donnés, en d'autres
jours : ainsi le chef t\rx (ieats
comprendra-t-il par tout cet or,
ainsi le fils d'Ilrethel verra-t-il,
devant ce trésor, que j'ai trouvé
un dispensateur d'anneaux, royal
dans sa munificence ; que fen ai
joui, pendant le temps qui m'était
dévolu! Et souffre qu'llunferth,
héros à la lointaine renommée,
reçoive l'antique héritage, le glaive
travaillé, à la lame ondulée, à la
dure pointe : avec Hruntig, je me
forgerai la gloire, ou bien la mort
me ravira ! Après ces mots, le
prince des Weder-( ieats se hâta
bravement : il ne voulait point
attendre de réponse, et déjà, la
vague de l'abîme étreignait le
guerrier.
Alors, il s'écoula une partie du
jour, avant qu'il put apercevoir le
fond des eaux. Bientôt le monstre,
assoiffé de sang, féroce et avide,
qui pendant cent années, avait
régné sur l'étendue couverte par
les vagues, découvrit-il qu'en ces
lieux, l'un des fils des hommes,
de ces êtres étranges (pour lui),
essayait de toucher à l'abîme,
venant de la terre élevée. .
2984 el siiLv. Le combat de Beowulf el delà mère de Grendel pourrait être
comparé à l'histoire de la femme de Troll, dans 1' « Old JVorsk Grettio-
Saga » (S. B., I, 122-1317), et à celle qui est rapportée dans la Saga
d' 1 0/7///' S/oro/fsso/i ».
484
BEOWULF
3ooo u l'an cunno de :
map ilia tô-geanes,
gûth-rinc ge-fêng
àt[olan] cloinmum ;
nô thy âer in ge-scôd
lia Ian lice.
hring iilan ymb-beârh,
thaet hêo thone fyrd-hôm
thurh-fôn ne mihte,
locene leôd-syrcan
3oio lâthan fingrum ;
baer th;i se*') brim-wyl[f]
thé heô to botme com,
hringa thengel
tô hôfe sinum,
swâ he ne mihte,
no hë thaem môdigwaes,
waepna ge-wealdan ;
ac hine wundra thaes fela
swe[n]cte on sunde,
3o20 sae-deor monig
hilde-tuxum
here-syrcan braec,
êhton aeg laecan ;
thâ se eoii on-geat
La mère
de Grendel s'avança vers lui pour
/'étreindre; elle le saisit en ses
griffes maudites : mais elle ne put
pour cela, les enfoncer plus avant
dans tout son corps, car la cotte
bien tressée le recouvrait, tant au
dehors qu'au dedans, de sorte f/ue
les doigts de la maudite ne pou-
vaient déchirer l'habit de guerre,
l'armure de combat bien fermée.
En cet instant, la louve de mer
(quand elle eut touché le fond du
lac), emporta le prince des an-
neaux en ses demeures, et il ne
pouvait, furieux comme il était,
se servir de ses armes. Tandis
qu'il nageait, plus d'un être
affrayant lui faisait obstacle; .
3003. * atolum » au datif pluriel, et non « atolan ».
3007. La forme '-a plus usuelle est faible : « fyrd-homa » ; « flaesc-
homa »; « fether-homa ». Mais, dans Anal. 137,9 : « byrn-homas ».
3017. Ms., : « thaem »; Grundtvig et Heyne : « thaes »; Grein : « theah ».
3024 et suiv. Stopford Brooke a trouvé une explication ingénieuse du
repaire du monstre (Hist, of early english, lit. 63, 64) : « La cave sous la
mer. écrit-il, semble être l'un des phénomènes naturels que connaissait per-
sonnellement l'auteur, et qu'il introduisait dans son récit, comme surnaturel,
pour donner au poème, plus de couleur. 11 existe plusieurs cavernes, sem-
blables à celie qui est dépeinte dans « Beowulf». Leur entrée est au niveau
le plus bas du flot. Le plongeur se trouve, aussitôt, dans une haute caverne à
arcs, s'étendant sous les rochers d'une falaise voisine, et aérée par les cre-
vasses du roc. D'après le texte, Beôwulf et la mère de Grendel, se trouvent
BKOWTLF
485
lliael bè" nith-selc
mil bwylcum waes,
thàer him nàenig waeter
wihte nc scethede,
oé li i m for hrôf-sele
3o3o hri'nan no méhte
fâer-gripe flôdes,
Fyr-leô]htge sea h,
[fol. 163 b.]
blâcne leôraan,
beorlite scïnan.
OQ-geat thâ se goda
grund-wyrgenne,
mere-wif mihtig
maegen-raes for-geaf
hilde bille,
3040 hord-swenge ne of-teâh
thaet hire on, hafelan
hring-mâel â-gôl
grâedig giith leôth :
[thâ] se gist on fand
thaet se beado-leôma
bitan nolde,
aldre sceththan,
ac seô ecg ge-swâc
[thJeodne aet thearfe,
3o5o Ttholode àer fêla
hond-fge]-môta,
plus
d'un monstre marin rompait la
cotte de mailles avec ses cornes,
et harcelait le héros infortuné,
quand celui-ci s'aperçut qu'il était
arrivé en je ne sais quelle caverne
ennemie, où les eaux ne l'étouf-
faient plus, et la pression sou-
daine du flot ne pouvait plus
longtemps peser sur lui, à cause
des voûtes qui surplombaient cet
antre. 11 vit une lumière, une
flamme pâle qui brillait, aveu-
glante.
En cet instant, le brave cham-
pion, reconnut la louve de l'abîme,
la forte géante de la mer. Il lui
donna l'attaque aver ses armes de
guerre ; il ne retint point l'élan du
glaive, de sorte que sur sa tête,
l'airain fit retentir son chant
sonore. Alors l'hùte découvrit que
l'arme de bataille ne pouvait en-
tamer, ni détruire sa vie ; . . .
« dans l'antre de la mer, où les eaux ne sont point ». Aux murs de la
caverne sont appendues des armes,... et le combat se poursuit sur le sable
sec, sous une voûte élevée. Un feu est allumé dans l'antre... ».
Contre la thèse ingénieuse de Stopford Brooke, on ne peut que faire
remarquer qu'il n'y a point de lieux au sud du Roskilde Fjord ou dTssefjord,
présentant, ou ayant pu présenter les dispositions qu'il décrit.
3025. Thorpe : « in nith sele ». Grein et Heyne : « nitk-sele », et ils tra-
duisent par : cave souterraine. Sweet adopte la même écriture, et traduit
par : cave de l'ennemi.
3040. Sweet : « sweng hond».
486
BKOWl II
helm ofl ge-scaer
féeges fyrd- hr aegl,
l hé wâes forma sfl h
(Ionium madine
I had his dôm â-laeg
eft w;irs m ràed,
Dalas clues I aet ;
mâertha gé-myndig,
3o6o mâeg Hy[ge] laces
wearp Ilia wundel~mâel,
wraettum ge-bunden^
yrre ôretta,
thaet hit on eordan laeg
stith and styl-ecg,
stren^e ge-trûwode,
mund-gripe maegenes,
sw ;'i seeal man don
thon lie aet gûthe
3070 ge-gân thenceth
long-sum ne lof,
mi ymb his Iff cearath.
Ge-fêng thâ be eaxle,
nalas for fae lithe mearn.
Guth-Geâta leôd
G rend les mod or :
braegd tha beadwe-heard
tli a hë ge-bolgen waes
feorh-ge-nTthlan
3o8o thael héo on fletge-beâh;
hëo him eft li rathe
hand-lean for-geald
grimmam gnipum
[fol. 164 a.]
mais la
pointe du glaive faisait défaut au
prince qui recourait à elle : el
celle laine avait autrefois triom-
phé, en plus d'une rencontre hos-
tile : souvent avait-elle fendu le
casque qui protège le guerrier pré-
destiné, et c'était pour le cher
trésor, la première fois que sa
vertu venait à manquer]. Le héros
pris d'une fureur nouvelle, ne
perdit point courage : se souve-
nant de sa gloire, le féal d'Hyge-
lac, le champion plein de rage,
rejeta la lame ondulée, à la poi-
gnée serrée, de sorte qu'elle gisait
à terre, vaine et émoussée. Il se
fiait à sa force, à la puissance de
son étreinte, comme doit faire au
combat, toute homme qui veut
conquérir une gloire durable, sans
souci de sa vie. Donc, le prince
des guerriers Geats, saisit à
l'épaule la mère de Grendel, sans
crainte de sa risposte : âpre au
combat (depuis qu'il était en
fureur), il enlaça l'homicide, de
sorte qu'il la fit pencher vers le
sol.
:!070. Pour les besoins de l'allitération, Sweet et Rieger adoptent la forme
« feaxey), au lieu de « eaxle ».
3082. Ilevne et Sweet adoptent la correction de Rieger : « and-îëan »,
;ill itérant avec « eft ».
HKOWILK
4 ST
and him tô-gêanes feng ;
ofer-wearp tha wérig-môd
wigena strengest,
let he cempa,
thaet he on fylle wearth ;
of-sael tha thone sele gyst
3090 and liviv seaxe ge-teah,
brâd brun eeg,
wolde hire beam wrecan,
ingan eaferan ;
him on eaxle laeg
breôst-net brnden,
thaet ge~beàrh f<~ore
with ord and with ecge,
in -gang for-stôde :
haefde tha for-si'thod
l 3 100 sunu Ecg-throwes
undfer] gynne-grund,
Geâta cempa,
nemne him, heatho-byrne
helpe ge-fremede,
here:net hearde,
and hâlig God
ge-wêold wig-sigor,
witig drihten,
rodera ràedend,
3no hit on ryht ge-scëd
y t he-lice;
sythlhan hê eft a- s tod.
Bientôt, elle voulut lui rendre
son attaque, et vint à lui, féroce,
pour l'embrasser étroitement. Mais
las d'efforts, le plus puissant des
guerriers, fardenl champion tom-
bant, roula sur lui-même ; alors,
elle assaillit l'étranger qui avail
pénétré dans l'antre, et brandit
son glaive large, à la pointe
brunie : elle voulait venger son
fils, son propre rejeton : sur lui,
sur l'épaule du guerrier, était
agrafée la cotte de poitrine qui
protégeait sa vie contre la pointe
et contre le tranchant, et qui
empêchait la lame de pénétrer.
A ce moment, le fils d'Ecgtheow,
le champion des Geats, eût péri
sous l'abîme, si sa cuirasse de
guerre, sa dure cotte de mailles ne
l'avait défendu, et si Dieu saint,
victorieux dans les batailles, le
Seigneur de toute sagesse, ne
l'avait emporté. Le roi du firma-
ment faisait aisément triompher
la justice : après quoi, le héros,
encore, était debout !
3084. Gosijn l'ail observer que, par exception, « oferweorpan », n'est pas,
ici, intransitif.
3090. Ettmûller, Sweel : « seax », également adopté par Kemblc.
3091. Par raison prosodique, Heyne : « brad [ond] brun-erg ».
3096. « Beorgan » est construit avec le datif. Cf. « Beowulf », v. 5194 ;
Anal. 126, 56; Cod. Verc. 1, 3075.
3110. Wulcker met deux points après « ge seed)), et pas de ponctuation
après « ythe-lice ».
i8S
BE0W1 LF
Will
XXIII
Ge-seah thé on searwum
sfge-eddig bil,
eald sweord eôtenisc,
ecgum Ihyhtig,
wigena weorth-mynd,
thael waepna cyst,
bûton bit waes mâere
3 1 20 âenig mon other [thonne
to bead u -lace
aet-beran meahte,]
gôd and geato-Iic,
giganta ge-weorc :
hé ge-fëng thâ fetel-hilt,
freca Scyldinga,
hrëoh and heoro-grim
hring-mâel, ge-braegd,
a Id res or-wéna
3i3o yrringâ [s]16h,
[fol. 164 b.]
thaet hire with halse
heard grapôde ;
ban-hringas braec,
bil eal thurh-wod
taegne flaesc-homan ;
heô on flet ge-crong :
sweord waes swatig,
secg weorce ge-féh,
llxte se leôma,
3140 leôht inné stôd,
efne swâof hefene
had re scineth
rodores candel,
Alors, il vit parmi les armes, une
lame fortunée dans la victoire,
un glaive antique et démesuré,
à la pointe vaillante, — dignité
des guerriers C'était la plus coû-
teuse des armes, (encore qu'elle
fût trop grande, pour qu'aucun
autre homme pût la brandir au
sein de la guerre). Elle était là,
bonne, prête à servir, forgée par
les géants. 11 saisit la poignée
tressée — le guerrier des Scyl-
dings — et fier et sauvage, vola
l'airain ! Désespérant de la vie, il
frappait furieusement, de sorte
que la lame lui sciait durement le
cou : elle lui brisa les anneaux
des os, et l'arme transperçait tout
le corps maudit. La mère de Gren-
del chancela à terre : le glaive
était sanglant ; le héros se réjouis-
sait de son exploit : un rayon
brilla : une clarté illuminait l'inté-
rieur de l'antre, avec la même
douceur qu'au firmament, luit la
lampe céleste. Son regard par-
courut ces lieux : alors, le féal
d'Hygelac vint au mur, bouillant
de rage, et saisit âprement le
glaive à la poignée.
3118. Correction de Kemble : « thaet [tvaes] waepna cyst».
3138. Généralement au génitif. Cod. Verc. VI, 4701 : « cwen treorces
gefeah ». Cf. Psalt, 8.
BEOWU.K
m
hr aefter recede wlât :
Hwearf thé be vealle,
waepen hafena de
heard l>e hiltum,
Hfge-làces thegn,
yrre and ûn-raed ;
3 1 3o unes see ecg fracod
hilde-rince,
ac hë hrathe wolde
(J rend le Tor gyldan
guth-raesa fela
thâra the hë ge-worhte
to West-den u m
oftor micle
thonne on aenne sith,
thon hë Hroth-gàres
3i6o heorth-ge-neâtas
slôh on sweofote,
slâepende fraet
folces Denigea
fyf-tyne men,
and other swyle
fit of ferede
lath-lieu lac ;
he him thaes lean for-geald,
rëthe ce m pa
3170 to thaes the he on raeste
gûth-wérigne ^ge-seah
Grendel licgan,
aldor-Ieasne,
swâ him aer ge-scud
hi Id aet Heorote ;
hra wide sprong,
syththan hë aefler deâthe
drepe thrô wade
heoro-sweng héordne,
3 1 80 and hine tha heafde be-cearf
Sôna thaet ge sa won
snottre ceorlas
La pointe obéissait au guerrier,
el celui-ci voulail payer Grendel
• les nombreuses attaques qu'il
avait jadis, entreprises contre les
Danois du Sud, bien plus souvent
qu'une fois : quand il massacrait
dans leur sommeil, ceux de la
maison d'Hrothgar ; qu'il dévorait
quinze Danois endormis, et qu'il
en emportait autant : holocauste
terrible ! Il lui donna donc sa
récompense, le fier champion,
d'autant plus qu'il voyait Grendel
abattu par la lutte, gisant sans
vie, ainsi que le sort des armes
l'avait décidé pour lui, dans
Ileorot. Son corps était déchiré
de toutes parts : Beowulf lui
porta, bien qu'il fût mort, un dur
coup de glaive, et lui trancha la
tête. Les hommes prudents qui,
avec Hroihgar, regardaient le lac
profond, virent bientôt un mé-
lange flotter sur les eaux, et le
flot furieux était souillé de sang.
190
111 n\\ ( I.I-
lliTi the mid Hrôth-gâre
on holm w liton ,
thaet waes yth-geblond
eal ge-menged,
brim blôde féh :
blonden-feaxe
gomele ymb gôdne
3 K)o on-geador sprâecon,
thael hig thaes aethelinges
eft ne wêndon
thaet hê sfge-hrethig
sécean côme
mâerne Iheôden ;
Ihâ thaes monige ge-wearth
thaet I line seô brim-wylf
a-breoten haefflde :
tha com non daeges
32oo nâes of-gëafon
hwâte Scyldingas ;
ge-wat him ham thonon
gold-fwinej gumena
gistas spcan.
modes seôce,
and o[n] mere stâredon
wiston and ne wéndon thaet
heora wine-drihten [hie
selfne ge-sâwon.
32io Thâ thaet sweord on-gan
aefter heatho-swâlc,
hilde-gicelum,
wig-bil wanian;
thaet waes wundra sum,
thaet hit eal ge-mealt
I, es hommes chenus, les vieil-
lards s'entretenaient du bon cham-
pion : aucun ne s'attendait plus à
ce que le noble héros vint retrou-
ver le prince fameux : depuis qu'il
y avail apparence que la louve dé
mer l'avait détruit... Puis vin!
l'heure de midi, et les braves
Scyldings quittèrent le promon-
toire : alors, le prince du peuple
s'en revint vers ses hôtes, l'Ame
triste, et ceux-ci regardaient fixe-
ment le lac : ils désiraient, mais
ils ne croyaient pas qu'il leur fût
donné de revoir leur bon seigneur,
lui-même. Mais le glaive de ba-
taille, teint de sang, entrait en
fusion et diminuait : ....
3198. La plupart des auteurs : « abrofen ».
11 faul lire « abroten », participe passé de « abréotan ».
3201. La plupart des auteurs : secean ».
3207. Kemble : « wiseton »; Sweet : « wyseton »; Cosijn : « wiston »
= « wished ».
11E0WULF
491
fse ge-licost,
thon forstes bend
faeder on-laetel h
nn-wintheth war g -râpas,
322Q së I he ge-weald hafath
sdela and mâela,
l had is sôth metod.
V nom he in thàem wicû
Weder-Geâta, leôd,
mâthm-âhta ma,
tliéli 1 1 <~ thaer monige
[ge-seah,
bfiton tlione hafclan
and thâ hilt somod,
since fâge ;
3&3o sweord âer ge-mealt,
for-barn brôden-mâel,
waes thaet blôd [t]ô thaes
âettren ellor-gaest liât
së thaer inné swealt.
Sôna waes on sunde
çê thë âer aet saecce ge-bâd
wig-bryre wrâthra,
waeter ûp-turh-deâf,
wâeron yth-geblond
3240 eal ge-fâelsod,
eâcne eardas,
thâ se ellor-gaest
of-lët lif-dagas
and thâs lâenan ge-sceaft.
Cûni thâ ta lande
lid-manna helm
s with mod swymman,
sâe-lâco ge-feah,
ce fut une
merveille qu'il fondît comme la
-lace, quand le Père (qui a pou-
voir sur le temps, et sur les sai-
sons)— le vrai Dieu, en un mot —
rompt les chaînes de glace, et
rend à la vague captive, sa liberté.
Lui, le prince des Weder-Geats,
ne prit d'autre richesse dans
l'antre aux trésors amoncelés — et
quoiqu'il en vît là d'innombrables,
— que le casque à cotte de mailles,
et avec lui, la poignée du glaive,
précieusement ouvragée.
Auparavant, le glaive lui-même
s'était dissout ; la lame ondulée
avait fondu, tant était chaud le
sang empoisonné de l'étranger qui
avait péri en ces lieux! Bientôt il
allait nageant, celui qui renver-
sait ses ennemis à la bataille ; .
3249. Sweet adopte la correction de Kemble : « iraeg-rapas ». Ileyne :
« wael-ra pas ».
3325. Cf. v. 1694. « Leas » n'est pas souvent construit avec un génitif.
i92
BE0W1 II
maegen- by rthenne
3 2 5 ( ) thâra the he him mid haefde.
Eédon liiiii Ih.i tô geanes,
gode thancodon
thryth Ifc thegna heap,
theôdnes ge-fëgon
thaes the hi hyne ge-sundne
i^c-soon môston :
thâ waes of thaem hrôran
helm mand by me
lungre ;i lysed,
3260 lagu dnisade
waeter under wolcnum,
wael-dréore fâg.
Ferdon forth thonon
fêthe lâstum
fer h thorn faegne
fold-weg maeton
ciithe straete,
cyning-balde men
from thaem holm-clife
hafelan baeron
3270 earforth-lice,
beora aeg-bwaethru
fêla môdigra :
fëower scoldon
on thaem wael-stenge
weorcum ge-ferian
tô thaem gold-sele
Grendles heafod :
oth tbaet semninga
[fol. 166 a.]
tô sele cô m on
3280 frome, fyrd-hwâte,
fêower-tyne
geata gongan
gu[m]-drihten mid ;
modig on ge-monge
meod[o]-wongas traed.
il se
frayait un chemin à la surface des
eaux donl tous les flots étaient
purifiés, et il apercevait les champs
fertiles, où fièrement, il avait fait
le sacrifice de ses jours de vie, et
toute la création. Alors parvint à
terre le chef des mariniers, na-
geant avec vigueur : il se réjouis-
sait du don delà mer, du puissant
fardeau qu'il portait avec soi.
Donc, ils vinrent à sa rencontre ;
la vaillante troupe des féaux
rendit grâces à Dieu ; ils se ré-
jouissaient de leur chef, de pou-
voir le contempler sain et sauf.
Alors, on enleva vivement au
guerrier encore dispos, son casque
et sa cotte de mailles : le lac cou-
lait toujours sous le ciel, taché du
sang du monstre égorgé. Ils par-
tirent de ces lieux à grands pas,
joyeux dans l'âme. Les héros de
royale bravoure, parcouraient le
chemin du pays, la voie qu'ils
connaissaient bien ; du haut des
falaises de la mer, ils portaient le
casque à cotte des hommes au
i;rand cœur, el cette vue affligeait
chacun d'eux : quatre des leurs
devaient soutenir avec peine, jus-
qu'à la salle de l'or, la tète de
Grendel au bout du pieu fatal.
BEOWULF
-493
Thé com in gân
ealdor thegna,
dâed-céne mon
dôme ce-wurlh ad ,
3290 baele hilde-deôr,
H rôth -gàr grétan ;
thé waes be feaxe
on 11 et boren
G rend les heàfod,
thaer human dru neon,
eges-lfc for eorlum,
and tliaere idese mid
wlite seon wr[aet] lie
w eras on sâwon.
XXIV
33oo Beô-wulf mathelode
beam Kcg-thëowe[s] :
hwaet, wë thë thas sae-lâc,
sunu Healf-denes,
leôd Scyldinga,
lustrû brôhton
tires to tac ne,
the Uni lier to-locast.
Ic thaet un-softe
ealdre ge-digde
33 1 o wigge under waetere,
weorc ge-néthde
eafoth-lice;
aet rihte waes
guth ge-twaefed
nymthe mec God scylde.
Ne liieahte ic aet hilde
mid Hruntinge
wihtge-wryrcan,
theah thâët waepen diige ;
3320 ac mê ge-ûthe
Quand soudain, quatorze d'entre
les Geais, bons héros, braves à la
guerre, vinrent au palais avec
leur seigneur : superbe parmi
eux, celui ci marchait à travers
les salles de bière. Alors entra le
prince des féaux, l'homme aux.
valeureux exploits, plein d'hon-
neur et de dignité, l'homme ardent
comme le fauve, à la bataille,
pour saluer Hrothgar : puis on
apporta, tenue par les cheveux, la
tète de Urendel, dans le palais où
buvaient les hommes : elleètait là,
horrible et merveilleux spectacle
à contempler, pour les guerriers
et pour les femmes qui étaient là,
en leur compagnie.
XXIV
Beôwulf, le tîls d'Ecgtheôw,
parla : « — Voilà, fils d'IIealfdene,
prince des Scyldings, que nous
t'avons en joie, apporté ce présent
de la mer que tu considères, comme
un trophée de notre gloire ! J'ai
accompli avec peine cette prouesse,
et au péril de ma vie, dans cette
lutte sous les eaux. L'effort ac-
compagnait ma tâche : mais la
Providence, en a décidé en toute
justice, et Dieu m'a protégé ! Je
n'ai pu à la bataille, me servir
d'Hruntig, quoique cette arme fût
vaillante :
ï!)i
UKOWi LF
vida waldend
thaet ic on wâge ge-seah
wlftig han giao
fol. 166 I».
eald sweord eâcen,
oftosl wfsode,
wénigea-leâsum
thaet i<- thy waepne ge-
braed
( ) f-slôw thâ aet thâere
[saecce,
thâ më sâel â-geald,
333o buses hyrdas ;
thâ thaet hilde-bil
for-[born] brogden-mâel,
swâ thaet blôcl ge-sprang
li âtost heatho-swâta,
ic thaet hilt thanon
feôndum aet-ferede;
fyren-dàeda wraec,
dëath-cwealm Denigea,
swâ hit ge-défe waes,
3340 le hit thê thon ge-hâte
thaet thû on Heorote mùst
fs]orh-leâs swefan
mid thiura seega ge-dryht,
and thegna ge-hwylc[um]
thinra leoda
duguthe and iogothe.
thaet thû him on-draeda ne
on thâ healfe, [thearft
theoden Scyldinga
335o aldor-bealu eorlum,
swâ thû âer dydest.
Thâ waes gylden hilt
gamelum rince,
hârum liild-fruman,
on hand gyfen,
enta âer-geweorc;
. . . . mais l<' ioi des hommes
m'accorda de voir appendu au
mur, un antique el puissant glaive
— qui devait le plus souvent me
soutenir, quand je perdais l'espé-
rance — de sorte qua.vec cette
arme, je me battis. Dans la lutte,
je massacrai-là, puisque l'occa-
sion d'une revanche m'était offerte
en retour, les gardiens de ces
demeures ; et alors l'arme de
guerre, la lame ondulée se con-
suma, au moment où jaillissait le
sang le plus chaud, répandu au
combat : j'arrachai de ces lieux, à
mes ennemis, la dépouille (d\ Es-
chere) ; je punis leurs crimes, le
fléau mortel des Danois, comme il
convenait que je le fisse. Je te
promets donc que tu peux dans
Heorot, dormir en sûreté, avec la
compagnie de tes guerriers, et
avec chacun des féaux de ton
peuple, jeunes et vieux, et que tu
peux ne pas craindre pour eux,
dans ce palais, o prince des Scyl-
dings, de massacre de tes comtes,
ainsi qu'autrefois tu le redoutais.
Donc le casque d'or, première
œuvre des géants, fut remis au
vieux guerrier, au chef vénéra-
ble :
BEOWULF
195
hit on aeht ge-hwearf
aefter deôfla hryre,
Denigea freân,
336o wundor-smitha ge-weorc;
and thé thâs worold of-geaf
grom-heorl mi ma,
godes and-saca,
morthres scyldig,
and his môdor eâc,
on ge- weald ge-hwearf
worold-cyninga
thâcm sâelestan
be saein tweônû,
[fol. 167 a.
3 3 70 thâra the on Sceden-igge
sceatjtas dâelde.
Hroth-gâr mathelode,
liilt sceawode
ealde lâfe,
on thaein waes ôr-wri[ten]
fyrn ge-winnes,
sypthan flod of-s lob ,
gifen geotende,
g i ganta cyn ;
338o frëcne ge -fërdon,
thaet waes fremde theod
écean driht[ne],
him thaes ende-leân
thiirh waeteres wylm
waldend sealde :
swâ waes on thaem scenTne]
sciran goldes
thurh rim-stafas
rih te ge -mearcod,
33go ge-seted and ge-saed,
. . . ce travail de merveilleux
forgerons, après la chute des
démons, passait (Mitre les mains
du seigneur des Danois: quand le
monstre au cœur sauvage, ennemi
de Dieu et souillé de crimes, eut
quitté la terre, et sa mère égale-
ment, il appartenait au meilleur
des puissants rois entre les deux
océans, de ceux qui dansScenedig,
distribuaient les trésors, llrothgar
parla ; il regardait le casque, cet
ancien héritage, où étaient gravées
les origines des plus antiques
luttes : après le déluge, l'océan
débordant détruisit le peuple des
géants : ceux-ci se défendirent
avec audace : c'était une race
ennemie du Dieu éternel, et le
Maître, en revanche, les englou-
tissait une dernière fois, sous des
trombes d'eau
3361. Mûllenhof et Bugge rejettenl «and», comme inutile, au commen-
cement d'une phrase qui n'est (pie le développement de celle qui la précède.
496
UKOWn.F
h warn thael swe ord ge-
[renna cyst, worht,
âerest waere,
wr[eothen hylt and wyrm-
Thé se wisa spraec fâh.
mi nu] Healf-denes,
swigedon eal le;
I h act la m a eg secgan
se the sôth and riht
3400 fremeth on folce,
feor eal ge-mon
eald 8- wear[d],
thaet tes eorl vaere
ge-boren betera.
Blaed^isj â-râered
geond vvid-wegas,
wine nun Beo-[wulfJ.
thin ofer theuda ge-hwylce
Eal thii hit ge-thyldum
[healdest
3410 maegen mid modes snyt-
[trum ;
ic the sceal, mine ge-laestan
freothe swa wit furthum
[sprâecon;
thii scealt to fro f re weor-
[than,
eal-lang twidig,
lêodû thinû,
[hael] ethum to helpe :
[fol. 167 b.]
ne wearth Here-mod [swâ]
eaferum Ecg-welan
âr Seyldingum ;
Egalement à la
surface de l'or, brillanl en carac
teres runiques, avait-on bien mar-
qué et dil pour qui avait été forgé
le glaive, du plus coûteux airain,
avec le casque travaille el au
métal ondulé, comme les anneaux
d'un serpent. Alors, le fils prudent
dMIealfdene parla, et tous furent
silencieux : « — Que tout prince
âgé, ayant vécu dans la vérité,
ayant rendu la justice au peuple,
et se souvenant des antiques
exploits, reconnaisse sur toutes
choses, que ce comte est né très
excellent! Tu t'es élevé en gloire,
o mon cher Beowulf, et par delà
les voies lointaines, et au-dessus
des peuples A ta persévérance est
due ta gloire, et tu jouis de ta
force avec la modération de l'es-
prit; je remplirai ma promesse
envers toi, comme nous Pavons
dit auparavant ; tu seras long-
temps agréable à tes peuples; tu
seras leur soutien, et /'appui des
héros !
3402. La plupart des auteurs : « eatd et/iel-weard ».
8403. Bugge : « thaet the eorl naere ».
3412. Wiïlckeret Heyne : « frôode ».
HKOWTI.K
i<)7
3420 ne ge-weox he him tô
willan
ac tô wael-feal le .
and U'> dëath-cwalum,
Deniga leôdû ;
breât bol gen-môd
beod-gë-nêâtas,
eaxl-ge-[ste] allan,
oth thaet hë ana hwearf,
mâere thë[6d]en,
mon-dreâmû from :
3430 tlieâli the lune [mi]htig God
maegenes wynnû.
eafethum stjépte
ofer ealle men,
forth ge-fremeLd]e,
hwaethere him on ferhthe
[greôw
breôst-[h]ord blôd-reôw,
nallas beâgas geaf
Demi m aéfter dome ;
dreâm-leâs ge-bâd
3440 thaet hë thaes ge-vinnes
weorc thrôwade,
leôd-bealo long-sum ;
thâ thë lâer be thon,
gû-cyste on-git :
ic this gid be thë
â-wraec wintrum frôd,
wundor is té secganne
hû mihtig god
manna cynne
3460 thûr sîdne sella n
snyttru bryttath,
eard and eorl-scipe,
heâh ealra ge-weald ;
hwilû hë on lufan
laeteth hworfan
monnes môd-ge-thonc
. Ainsi lleremod ne fut-il
pas un protecteur pour les Scyl-
dings, pour les fils d'Ecgwela : il
ne s'éleva pas, comme ils l'eussent
voulu, mais il grandit, cause de
destruction, et fléau mortel poul-
ie peuple des Danois. Plein de
colère, il massacra ceux qui
vivaient en son palais, ses pro-
ches compagnons, jusqu'à ce qu'il
s'éloignât, le prince fameux de la
joie des hommes. Bien que Dieu
puissant l'élevâtsur tous les siens
en pouvoir et en œuvres, et qu'il
le poussât vers une gloire nou-
velle, son cœur nourrissait, cepen-
dant, un sentiment sauvage, et
ce prince ne distribuait point aux
Danois d'anneaux, selon l'équité.
Il vécut sans joie, endurant les
travaux de la guerre, odieux fléau
pour son peuple. Eclaire-toi de son
exemple, et comprends les bien-
faits ! Moi-même que les années
ont rendu prudent, j'ai rapporté
pour toi cette histoire : il est mer-
veilleux de dire comment Dieu
puissant, dans sa vaste pensée,
dispense entre la race des hom-
mes, la sagesse, la terre, le cou-
rage, et sur tous, la domination
souveraine
32
fi>8
KKOWILK
maeran cynnes,
selèl li him on élhle
eorthân w^nne
3460 l(') healdanne,
hléo-bubh wera,
ge-déth him swâge-weal-
[dene
worolde dâel as
thael In" his selfa no maeg
his un-snyttrum
ende ge-theneean :
wnnalli In" on wiste,
nô hino wihl dweleth
âd[l] né yldo,
3470 ne him in-wit-sorh
on sefafn] sweorceth,
né ge-sacu 6-h-waer
ecg-he[te] eoweth,
ac him eal worold
wendeth on w[il]lan ;
hô thaet wvrse ne con.
Parfois, selon sôti
plaisir, il souffre que la pensée de
l'homme d'une rare d'élite, se
réalise; e/nriél eri sa possession les
joies de la terre, et il lui permet
de régner sur les cités on se réfu-
gient les hommes Ainsi, il met
sous sa dépendance des parties rie
l'univers, afin que dans sa folie, il
ne puisse plus même se souvenir
de sa fin ; il continue à festoyer ;
ni l'âge, ni la maladie ne l'éclai-
rent, et la peine soudaine n'obs-
curcit pas son âme; nulle part il
ne rencontre la haine meurtrière
de l'ennemi, mais le monde évolue
à sa volonté : il ne connaît point
le malheur.
XXV
XXV
Oth thaet him on innan
ofer-hygda dâel
weax jeth and wridath,
1480 thon se weard swefeth,
sâwele h[yrde] ;
bith se slâep to faest
jusqu au jour ou une semence
d'orgueil croît, et se lève en lui,
quand dort l'ange gardien, le
pasteur de l'Ame ;
3471. Le coin du manuscrit est défectueux. Kemble. Zupilza : t< sef<<[n] ».
3472. Grein : « gesaca ».
3470. Le manuscrit porte un point après « con ». Et puis au § 25, un
0 majuscule. Mais il parait impossible de commencer une phrase nouvelle
avec « oth thaet » = jusqu'à ce que, ainsi qu'Earle le fait. Grein coupe la
phrase au vers 34-75, ainsi que Kemble: Heyne, au vers 3486.
IIKOWTLF
i99
bisgum ge-bunde n ,
bona swfthe neâh
se the of flàn-bogan
fv l'en u ni scéôteth ;
thon l)itli on hrethre
under helm drcpen
biteran si racle,
3400 him be-beorgan ne con
worn wundor-be-bodum
wcrgan gâstes ;
t liincetli him 16 lytel
lhaet hê tô lange liëold ;
gvtsalh grom*hydig,
n alias on gylp seleth
faedde beâgas,
and lie thâ forth-ge-sceaft
for-gyteth and for-gymeth
35oo thaesthe himâerGod saelde,
wuldres wal dend,
[fol. 168 b.]
weorth-mynda dael.
Hit on ende-staef
oft ge-limpeth
timet se Ifc-homa
laene ge-dreôseth,
fâege ge-fealleth,
féhth other' to ,
se the un-murnlfce
35 10 mâdmasdâeleth,
eor les âer-ge-streôn,
eçesan ne symeth.
le sommeil ('si
trop profond, engendré par le
mal ; le meurtrier s'approche, <pii
lance son Ira il de feu. Alors
l'homme est frappé au cœur, sous
la cuirasse, par une (lèche em-
poisonnée ; il ne peut répudier le
mal, ni lutter contre les étonnantes
embûches de l'esprit maudit ! Ce
qu'il a trop longtemps possédé, lui
paraît trop peu étendu.
Son humeur devient cruelle; il
se fait avide : il ne distribue point
superbernent d'anneaux massifs,
et il oublie sa mort, et la méprise,
parce que Dieu, le roi de gloire,
lui a donné une part d'honneurs !
A la fin, il arrive souvent que son
corps décline misérablement, et
tombe., voué à la mort; un autre
lui succède qui, sans deuil, re-
cueille les trésors amassés de
longue date par le guerrier, sans
crainte de vaines terreurs . . .
3491. lïeync n'accentue pas « worn ». Sievers le fail, pour que le vers soit
ainsi mieux scandé.
3494. Selon Zupitza, bien que reproduit dans presque toutes les éditions,
« to » est à tort, intercalé entre « he » et u lange ».
3512. Grein : « egesan », possesseur.
;»()()
HKOWULF
He -beorb the thone bealo-
nith,
Beô-wulf leôfa,
secg betsta,
and thê thaet sélre ge-ceôs,
éce râedas;
of ei-hvda ne gym
ma ere cempa ;
3520 mi is Hunes [mjaegnes bided
âne liwile.
eft sôna bith
thaet itli ec âdl, oththe ecg,
eafothes ge-twâefeth,
oththe [fyjres feng,
oththe (lodes wylm,
oththe giipe Lm]êces,
oththe gdres fliht,
oththe dtol yldo,
353o [ojththe edgena bearhtm,
for- si te th and for-swor[c]eh:
semninga bith
thaet hec, dryht-guma,
death [ojfer-swytheth.
Swd ic Hring-Dena
hund missera
wêold under wolcnum,
and hig wigge be-ledc
manegum maegtha
3540 geond thisne middan-geard,
aescu and ecgum ;
thaet ic më aenigne
under swegles be-gong
ge-sacan ne tealde :
hwaet, me thaes on éthle
Tiens
éloigné de toi ce penchant fatal,
cher Heôwulf, le plus excellent
des hommes, et choisis pour toi
le meilleur sort : les récompenses
éternelles ! Ne t'attache pas à l'or-
gueil, ô champion renommé ! Au-
jourd'hui, pour quelque temps
seulement, la fleur de ta force
s'est épanouie : bientôt, la ma-
ladie ou le glaive te sépareront de
ta valeur, ou encore l'étreinte des
flammes, ou le flot de l'océan, ou
la morsure du fer, ou le trait
volant, ou tes yeux mêmes, se
fermant, lourds et obscurcis ; ce
sera sourdement, que la mort, o
guerrier, triomphera de toi ! Ainsi
moi-même, pendant bien des an-
nées, j'ai gouverné sous le ciel, les
Danois aux anneaux, et je les ai
défendus par la guerre, de bien
des tribus du continent, par les
lances, et par les glaives !
3513. « bebeorgan ». se défendre contre, éviter. Cf. l'allemand du
xne siècle « pipirc », éviter. Diut. I, 145.
3527. Cf. Cod. Verc. I, 376 : « gares gripe».
3545. La plupart des éditeurs : « edwenden ».
BEOWTLF
:,oi
ed-wendan cwôm
gyro aefter gomene,
seoththan Grendel wearth,
eald-ge-winna,
355o in-senga mfn :
ic thàere sôcne
[fol, 169 a
smgales waeg
môd-cear e miele.
thaes sig metode tlianc,
écean driht ne,
thaes the ic on aldre ge-bad
thaet ic on thone hafelan
hegro-dreôrigne,
ofer eald[ge]-win,
356o eagurn starige.
Gâ nu tô setle,
symbel-wynne dreôh,
wig-ge-weorthad :
une [sceal] worn fela
mâthma gê-màenra
siththan [morjgen bith.
Geât waes gïaed-môd
gêong son a [to]
settes neôsan,
3570 swâ se snottra héht.
Th a waes] eft swâ âer
ellen-rôfum,
faegere-ge-reorded
niôwan stefne.
Ni[ht]-helm ge-swearc
deorc ofer dryht-guj» fan] ;
duguth eal â-râs :
wolde blonden-feax
Et j'allais, ne me reconnaissant
point d'adversaire à travers l'éten-
due que couvre le soleil. Hélas !
pour cette présomption, dans ma
destinée, l'épreuve vint fondre sur
moi, — la peine après la joie —
quand Grendel, /'ancien ennemi,
vint hanter mon royaume : tou-
jours, j'éprouvai en mon âme,
une grande douleur de sa venue.
Donc, remercie Dieu, le Seigneur
éternel de ce qu'il m'ait permis de
vivre pour voir de mes yeux,
dégouttante de sang, la tête du
monstre, qui causait mon souci.
Va maintenant à ton siège ; jouis
du festin, toi que les combats ont
ennobli : une multitude de trésors
nous appartiendront en commun,
à l'aube ! » Le Geat en fut satis
fait, et bientôt, il vint reconnaître
son siège, ainsi que le prince pru-
dent l'avait ordonné. Alors, celui-
ci parla encore, en de nouveaux
accents, à ceux qui, renommés,
étaient assis dans le palais. La
voûte du ciel nocturne s'épaissis-
sait, ténébreuse, sur les vassaux :
la cour entière se leva. . .
3549. La plupart des éditeurs : « eald-gewinna ».
3563. Wïilcker : « wig-geweorthad ». Ileyne et Cosijn
[ge]tveor/f>ad ».
« toigge-
;')()2
BK0WULP
358o bed d |efi neôsan,
gamela Scyldiag ;
Gedt unig-metes wel
pôfne rand"W(gan
restan lys te ;
sôna him sele thegn
sfthes wergu,
feorran-cundum
forth wfsade,
se for and-rysnum
35oo ealle be-weotene
thegnes thearfe,
swyce thy dôgore
hëatho-Iithende
habban scoldon.
Eleste bine thâ ri'im-heort,
reced h Una de
geâp and gold-fâh;
gaest inné swaef
olh thaet hrae[fn] blâca
36oo heofones wynne
blith-heort bôdode ;
] beorht scacan.
fol. 169 b.]
Les vieux
Scyldings aux chevelures touffues,
voulaient contempler le lit du
héros; les Geats souhaitaient au
guerrier fameux, un repos indéfini
et doux ; bientôt le thane commis
à la salle, vint guider /étranger,
fatigué de sa tâche, — et de ma-
nière congrue, il réunit tout ce dont
le héros avait besoin, et tout ce
que désiraient ces mariniers, venus
sur l'océan profond. Le guerrier
magnanime se reposa; la demeure
s'élevait en une voûte arrondie, et
variée d'or ; là, l'étranger dormit,
jusqu'à ce que le pâle oiseau au
cœur joyeux, eût annoncé la fête
du ciel : la venue du soleil écla-
tant. Les guerriers se hâtèrent ;
les nobles étaient prêts à retourner
vers leurs vassaux :
3582. La pluparl des éditeurs : « ungemetes ».
3590. Plusieurs éditeurs : « beweotene ».
« Bewitian » est un verbe faible, il faut donc lire : « beweotede ».
3596 « hlifade » répond bien au sens de la phrase, mais, à l'examen, il
est douteux que le Ms., ne porte pas « hlinade ».
Plusieurs éditeurs et Heyne : « hlivade » et « hlifade ».
3(302. Lacune au manuscrit. Wûlcker propose :
« thâ com beorht [leoma] »
« scacan [ofer scadu] » .
Heyne :
« thâ com beorht[sunne] »
« scacan [ofer grundasj ».
Mais ces additions au texte n'ont qu'une valeur relative, celle de l'autorité
des auteurs qui les proposent.
MEOW I II
503
Scathan on-etton,
wâeroD aethelingas
eft tô leôdum
fuse to farenne ;
wolde Peor thanon
ciiiiia col len]-ferhth
ceôles neosan.
36 io Iléht Ihâ se hearda
Il runtig beran
su nu Ecg-lâfes,
heht sweord niman,
leôf-lic iren :
sâegde him tliaesleânes
^thanc,
cwaeth hë thone gûth-wine
[gôd]ne tealde.
wig craef ligne ;
nales [worjdum 16g
3620 mëces ecge :
thaet waes m(')dig secg.
Thâ' sith-frome
searwû gearwe
wigend wâeron,
[e]6de weorth Thenum
aetheling tô yppan,
|thaer| se other waes,
helle hilde-deôr
Hrôth-gâr grétte.
le raillant à
l'esprit bien trempé, voulait loin
de ces lieux, visiter son navire.
Alors le h rave, pria le fils d'Ecglaf
de porter Hruntig : il lui lit jurer
de recevoir le glaive, le fer chéri;
il lui rendit grâces de ses dons ; il
reconnaissait, disait il, /'ami de
guerre pour un prud'homme, puis-
sant aux combats, et il ne blâma
pas en ses paroles, la pointe du
glaive (qui lui avait fait défaut) ;
quel héros magnanime ! Quand
les braves combattants furent
prêts, et revêtus de leur armure,
le prince vint vers les valeureux
Danois, en leur présence, aux
lieux où l'autre prince se trou-
vait : le héros,
— salua Hrothgar.
lion de guerre
XXVI
Beowulf, le fils d'Ecgtheow,
parla :
XXVI
363o [B]eô-\vulfmathelode
bearn Ecg-theôwes :
3615. Heyne, Grein, Socin et Mûllenhoff : « laenes ».
3628. La plupart des éditeurs : « haele » .
Plus correctement. « haele hilde-deor » . Cf. Cod Verc. I, 2006; VI, 1874
« and haelefh hilde-deor ».
504
BEOWI LE
nu; w]ê sâe-lfthend
secgan will.iili
feorran cumene,
I had wê fundiath
Hige-lâc sécan,
wâeron her tela
wi'lhi be-wenede,
Uni ûs wel dôhtest .
3640 Gif ic thonne on eorthan.
(Vwithe maeg
thinre môd-lufan
mâran tilian,
gumena dryhten,
thonne ic gyt dyde,
gùth-ge-\yeorca,
ic beô gearo sôna,
gif ic thaet ge-fricge
[fol. 170 a.]
ofer flôda be -gang
365o thaet thec ymb-sittend
egesan thywath,
[swâ thec hetende
hwilum dydon. ]
le thë thusenda
thegna bri-[n]ge,
hœletha tô helpe :
ic on Hige-lâce wât,
Geata dryhten,
theâh the hë geông sy
366o folces hyrde,
thaet hë mec fremman wile
weordum and worcum
thaet ic thë wel herpge],
and thë tô geôce
. « Maintenant, nous,
mariniers venus de loin, nous
dirons que notre dessein est d'aller
retrouver llygelac ; ici, nous
fûmes excellemment traités, et tu
t'es montré envers nous, magni-
fique ! Si je puis sur la terre et en
toute chose, te donner une plus
grande satisfaction que je ne l'ai
fait, par mes exploits, je serai prêt
aussitôt, si j'apprends que tes
voisins cherchent à t'en imposer
par la terreur (comme l'ont fait
tes anciens ennemis), je t'amènerai
mille féaux qui, guerriers, te
viendront en aide. Je sais d'Hyge-
lac, seigneur des Geats, jeune,
quoique pasteur du peuple, qu'il
me remplacerait en paroles et en
œuvres, de sorte que je puis te
bien défendre, et t'apporter le
secours de mon javelot, le soutien
de mon pouvoir, quand tu auras
besoin d'hommes! Si donc Hreth-
rine, le fils du roi, se rend à la
cour des Geats, il y pourra trouver
des amis en grand nombre :
3638. L'allitération est sur « thu », et Thorpe propose donc « bethenede ».
3602. Correction des éditeurs :
« wordum and weorcum. ».
REOWILF
;•)<>;•)
gâr-holt bere,
maegenes fui lu m
thaerthêbith manna thearf,
g if him thonne Hrëth-rinc
tô hofum geâta
3670 ge-thinged theôdnes bearn,
hê maeg thaer fêla
freônda findan :
feor-cypthe booth
sélran ge-sôhte
thâem the him selfa deâh.
Hrôth-gàr mathelode
him on and-sware :
thë thâ word-cwydas
wigtig d ryh ten
368o on sefan sende ;
ne hyrde ic snotorlTcor,
on swa geôngum fëore,
guman thingian.
Thû eart maegenes Strang
and on mode frod,
wis word-cwida ;
wen ic tâlige
gif thaet ge-gangeth
thaet Ihe gar nymeth,
3(590 hild heoru-grimme,
Hrethles eaferan,
âdl oththe iren,
ealdor thinne,
folces hyrde,
and thû thin feorh hafast,
thaet thô S ;ie-(ieâtas
sélran naebben
tô ge-céosen[ne]
cynig âenigne,
les
guerriers qui vivent sur les terres
lointaines, sont ceux que doit
rechercher d<> préférence, celui
qui lui -menu; est vaillant ! »
Hrothgar lui parla en réponse :
« (Test Dieu sage qui m'inspire
les mots que je prononce ! Jamais
je n'entendis d'homme parler avec
plus de prudence, à un âge aussi
jeune. Ta force est grande, ton
esprit avisé, et sages sont tes
paroles : je crois que l'on peut
dire — si la chose arrivait — que
le javelot ou la guerre, enlevât bru-
talement le descendant d'Hrethrel ;
— que la maladie ou le fer em-
portât ton prince, le pasteur de
son peuple — et que tu fusses
encore en vie : — -je crois, dis je,
que les Geats de la mer ne sau-
raient avoir de meilleur roi à élire
que toi-même, le gardien du trésor
des héros, si ceux-ci voulaient
tenir le royaume de tes alliés.
Ton œuvre m'est agréable, cher
Beôwulf : puisse-t-elle durer le
plus longtemps possible, et ce
sera le mieux !
8670. Kemble : « ge-thingath ».
3(>7î). La plupart des éditeurs : « wittig »,
506
III (iWI LI
3700 hord-weard haeletha,
g if Uni healdan wylt
mâga rice.
Mê I li in môd-sefa
licath leng swa wel
I (M. l'a Bed w ulf :
hafast Uni ge-fered
thaet tlii'uii folcum] s]ceal,
Geâta leôdum
and-Gér-denum,
3710 sib[ge]-mâenum
and sacu restan,
in-wit-nfthas
th je hie àer drugon ;
wesan thenden ic weal [de]
widan rices
math mas ge-mâene ;
raanig ôtherne
gôdum ge-gréttan
ofer ganotes baeth ;
3720 sceal hring-naca
ofer heâthu bringan
lac and lûf-tâcen .
Ic thâ leôde wât
gewith feônd ge with freônd
faeste ge-worhte,
àeg-hwaes un-tâele
ealde wisan.
Thâ gît him eorlahleô
inné ge-sealde,
3730 mago Healf-denes,
mathmas XII.
hét inné mid thaem lâcum
Tu as accompli
ceci. — qu'entre nos peuples en
commun ; qu'entre les tribus des
GeatS cl des Danois aux lances, il
\ aura paix, et que les conflits
s'apaiseront, et que cesse roui les
menées hostiles dont ils souf-
fraient autrefois: — qu^ nos tré-
sors seront confondus, tandis que
mon sceptre couvrira le royaume
étendu î Chacun échangera des
bienfaits, sur les eaux où se baigne
la mouette : le vaisseau à la proue
annelée apportera sur les profon-
deurs, des offrandes et des gages
d'amour. Je sais que les peuples
sont fermes en leurs desseins,
envers amis et ennemis, sans
reprocher à ceux-ci leur conduite
passée, selon les mœurs antiques.
Encore le protecteur des comtes,
le fils d'Healfdene, leur distribua-
t-il douze trésors ; avec des pré-
sents, il donna congé au héros,
d'aller retrouver son peuple en
toute sûreté, et de revenir, bientôt
encore
370i. Bugge et Heyne : a leng sum sel ».
3710. La plupart des éditeurs : « gemaene »
3721. Kluge : « heafu ».
3732. La plupart des éditeurs : « \h]ine ».
HEOWULF
50'
leùdc swàese
séceao on ge-sj ni um,
smide ef't eu man .
Ge-evste thâ
cyning aethelum gôd,
theoden Scyldinga
thegn betstan,
3740 and be healse ge-nam ;
hrûron him têaras
blonden-feaxum ;
him waes béga wén
ealdnm în-frôdum
ôthres swfthor
thaet he seoththan ]
ge-seôn môston,
môdigeon methle :
waes hi m se man tô thon leôf
3750 thaet hë thone h[reôst]-wylm
for-beran ne méhte,
ac him om hrethre
hyge-bendum faest,
aefter d~eôr7um men
dyrne langath
boom with bl[ô]de.
Him Beu-wulf thanan, *
gûth-rinc gold-wlanc,
graes-moldan traed,
37(3o since h[ré]mig :
sae genga bâd
aged freân,
se Tthel on ancre râd.
Alors le roi de bonne
noblesse, le prince des Scyldings,
embrassa le meilleur des thanes,
el le prit par le cou; des larmes
tombaient des yeux du roi, aux
cheveux épars ; vieux et débile,
comme il était, des deux choses
qu'il pouvait attendre, la plus cer-
taine était que par la suite, il ne
pourrait voir encore le héros, et
que tous deux, les hommes au
cœur élevé, ne se rencontreraient
plus. Le héros lui était si cher,
qu'il ne put retenir les larmes qui
tombaient sur son sein, et au fond
de l'âme, secrètement, il aspirait
à revoir le guerrier chéri, crai-
gnant des retours sanglants (de
l'ennemi). De là partit, Beowulf le
héros, dans l'orgueil de l'or, fou-
lant les herbes de la plaine, et se
réjouissant de ses trésors; le pilote
au gouvernail, attendait son sei-
gneur lui-même !
3746. La plu part des éditeurs : « h[i~]e ».
3756. Grein : « beam ». Heyne regarde « dyrne langath beorn » comme
signifiant : « le héros secrètement regrette... ». 11 fait de « beorn », un
nominatif, alors que « langian » est un verbe impersonnel, et commande
l'accusatif de la personne. Ce cas reste sans solution, « beorn » étant une
forme dont on ne rencontre pas d'autre exemple, du prétérit de « beornan ».
La plupart des éditeurs : « age\ri\d-frean ».
:>os
HKOW I IK
Thé waes on gauge
gifu- H rôth -gares
oft ge-aehted,
I had waes an cyning
âeg-hwaes or-leahtre,
oth thaet him yldo be-nam
maegenes wynnum,
3770 se t he oft manegum scod .
Alors, <ji tandis
qu'ils allaient, la munificence
d'Hrothgar fut souvent louée .
c'était un roi sans reproche, sur
toutes choses, jusqu'à ce que
l'Age avancé, qui souvent décide
du sort de bien des hommes, l'eût
empêché de jouir de sa force.
XXVI
XXVil
Cwom thâ tô flôde
fêla môdigra
haeg-stealdra,
bring net bâeron,
locene leotho-syrcan.
hand weord on-fand
eft-sith eorla,
swâ he âer dyde ;
3780 nô hê mid hearme
of h li thés nosan
gaes[tas] grétte,
ac him tô-geanes râd ;
[cwaeth] thaet wil eu man
wedera leôdum,
sca[wan] scîr-hâme
Là, vinrent alors vers le tlot
une multitude de fiers hommes
d'armes qui portaient les cottes de
mailles annelées, et les armures
fermées. Le guetteur de la mer vit
le retour des guerriers, et les
reconnut, comme il l'avait fait
auparavant.
Ce ne fut pas avec l'injure qu'il
accueillit les étrangers à l'extré-
mité du promontoire, mais il vint
à leur rencontre :
3766. Deux points sont ordinairement placés par les éditeurs, après. « ge-
aehted » : les paroles des Geats sont, en effet, rapportées au style indirect.
3770. Thorpe propose « wynna », à l'accusatif pluriel.
3771. Wùlcher et Heyne :
« fela-modigra »
« haeg-stealdra \Jîëap] ».
3782. Le manuscrit a un manque, au coin du feuillet : « gaes » est suivi
d'un espace en blanc. Grundtvig : « gaes[tas] » : Kemble : « gaes\tne] ».
3786. Le manuscrit fait également, défaut au coin du feuillet. Kemble,
Heyne : « sca[wan] » ; Zupitza et Wùlcker : « scathan ». La première syl-
HKOWl LK
50<)
to scipe foron.
Thé waes on saade
sae-geap- naca
3790 hfaden here-[waed]um,
h ringed stefna
maerum and mâth[m]um,
maest h I i fade,
ofer Umth-gares
hord-ge-streônum :
he thâem bât-wearde
bun den golde
swurd ge-sealde,
thaet hë syth than waes
3 800 on ineodu-hence
math ma thy weo[rth]re,
yrfe-lâfe
Ge-wat him on nacan
drëfan deôp waeter,
Dena land of-geat' :
thâ waes be maeste
mere-hraegla sum,
segl sale-faest ;
sund-wudu thenede ;
38 10 nô thaer wëg-flotan
wind ofer ythum
sithes ge-twaefde;
sâe-genga for,
fleât famig-heals
forth ofer y the,
bunden-stefna,
ofer brira-streâmas,
il dit que, bien-
venus chez les peuples des Danois
de l'Ouest, les guerriers dans leurs
cottes brillantes, pouvaient aller à
leur vaisseau. Là, sur le sable était
ancré le vaisseau qui s'incurvait
au-dessus de la mer, — à la pro e
annelée, chargé de harnais de
guerre, de chevaux, et de présents.
Le mât se dressait à une grande
hauteur, sur les trésors accumulés
d'Ilrothgar : au gardien du navire,
celui-ci avait donné un glaive
encerclé d'or, de sorte que par la
suite, au banc de bière, il fut plus
respecté pour ce don qui lui avait
été fait. Beowulf monta sur le
vaisseau, pour fendre les eaux
profondes : il quitta le continent
des Danois. Il y avait, appendu
au mat, l'étendard de la mer,
solidement attaché avec des
cordes ; le bois du navire gron-
dait sourdement. Et alors, le
vent n'éloigna pas la nef flottant
sur les vagues, de sa destination .
labe « sca » est très visible, mais la seconde syllabe manque, au commen-
cement de la ligne suivante. Le mot « scawa » n'est rencontré dans aucune
autre partie du poème : on trouve la forme « seathan », au vers 3603.
3801. Thorpe :
« math me thy weorthra ».
3803. (irein : « [ï/the-] nacan » pour l'allitération. Rieger : « naca ».
;> i o
HKOWTLF
thael hfe Geâta clifu
on-gitan meahton,
3820 cûthe naessas.
Cêol up ge-sprang,
lyft-ge-swencéd
on lande stôd.
Hrathe waes aet holme
livth-wcird geara,
Se I ho àer lange tid
leôfra manna
fus act farothe
[faer] wlatode :
383o sâelde tô sande
sid-faethme scip,
on cear-bendumfaest,
thy laes him yth-thrym,
wudu wyn-suman,
for-wrecan [meahjte.
Hét thâ fip-heran
aetlielinga ge-stre[6n],
fraetwe and faet gold ;
naes him feorthanTon
1840 to
çe-secanne
sinces bryttan :
Hige-lac Hrethling
thaer aet ham wunath,
s[elf]mid ge-sithum
sae-wealle neâh;
bold waes bet-lie,
Brego rôf cyning
heâ healle
hygd-swithe geong,
385o wis wel-thungen
. ;Le vaisseau < j u i passait sur la
mer, le navire au collier d'écume,
avec sa ferme proue, allait, s'avan-
<; . t ni sur les vagues, franchissait
les courants de l'océan de sorte,
que les guerriers aperçurent les
falaises des (ieals, et ces promon-
toires qu'ils connaissaient bien !
Le vaisseau s'élançait* porté par
les vents, et bientôt, il abordait
au rivage.
Aussitôt, sur le bord de la mer,
fut prêt le gardien des cotes,
celui qui longtemps auparavant,
de la plage, avait surveillé le
départ de ses chers compagnons :
il ancra au rivage le vaisseau à la
large carène, de crainte que les
vagues ne fissent dommage au
bois victorieux Alors, il ordonna
de transporter le trésor des nobles,
les ornements d'or massif : de là,
la troupe n'eut pas longtemps à
marcher pour retrouver le dispen-
sateur des trésors, llygelac, le fils
d'Ilrethel, à l'endroit où lui-même
vivait, avec ses compagnons, près
des remparts de la mer. . . .
3825. La plupart des éditeurs : « gearu ».
3832. La plupart des éditeurs: « oncer-bendum •>.
3843. Wùlcker : « wunade ».
3847. lleyne et Grundtvig : « brego-rof »,
HKOW Ml
:> 1 1
theâh the wintra 1\ t
under hurh-loran
ge-biden haebbe
Hâerethes dob tor ;
naes bio hnâh swâ theâh,
aé to gneâih gifa
Geâta leôdurn,
mâthm-gë-streônâ :
môd-thrytho waeg
58(h) tVemu folces cwëti,
firen on-drysne ;
nâonig thaét dorste
deôr ge-nétb;m.
swaesra ge-sitha.
ne-fne sinfreâ,
t lia et li ire an daeges
eâgum stàrede,]
ac liim wael-bende,
fol. 172 b.l
L J
weotode tealde,
3870 hand-ge-wn'thene ;
bratbe sy ththan waes
aefter mund-gripe
mëce ge-tbinged,
thaet hit sceaden-mael
scyran môste,
cwealni-bealu cythan :
ne bitb swylc [cwën-]lic
theâw
Dans lr
/tassé, le palais était déjà excel-
lent, quand le roi — un chef
fameux — gardait fa haute salle
— le très jeune Hygd, sage et très
digne, quoiqu'il n'eût vécu que
quelques hivers dans l'enceinte de
la cité, avec... (Thrytho), la fille
d'Haeredh : — cependant, celle-ci
n'était nullement débonnaire, ni
libérale en dons de trésors accu-
mulés, pour le peuple des Geats.
La reine sauvage de cette nation
perpétrait de terribles crimes dans
sa violence : aucun des chers
féaux n'osait s'aventurer près
d'elle, — hormis son seigneur à
qui elle était unie, et qui la re-
gardait, seul, avec ses yeux, en
face — sans quoi, le compagnon
était marqué des mains de la
reine, pour la mort.
Bientôt après qu'on l'eût saisi,
le jugement était rendu par le
glaive qui tranchait, sans sur-
seoir, le conflit, et qui faisait
apparaître l'œuvre d'iniquité : . .
3861. Suchier : « firen-ondrysne >».
3865. Heyne cl Zupilzii : « Sin-frea ». Ce mol semble être composé dans
le manuscrit même, car il y a un espace distinct entre Yn el Vf.
« Sin-frea » est un compose comme « sine-hïwe », « sin-gal » et « sin-
nikt ».
38()i). Ivcmble, Zupitza, Leo : a and-daeges » ; Suchier : « andeges ».
3874. Bugge, Suchier, Znpilza : « sdèàden mael » ; Heyne : « sceathen-
maet scyran ».
512
liKOSVI U
idese tô efnanne,
theâh the h eô âen-lfcu sy,
388o thaet te freothu-webbe
fêores on-saece
aefter lige tome
leôfne man nan :
h Qru tliaet on-hôhsnod[e
Hemminges mâeg :
[eal]o drincende
Oder sdedon,
thaet hio leùd bealewa
laes ge-fremede,
3890 in-wit-nitha,
syththan âerest wearth
gyfen gold-hroden
geongû cempan,
aetbelum diôre,
syththan heô Offan flet
ofer fealone flod,
be faeder-lâre,
sithe ge-sohte ;
thaer hïo syththan well
3900 in gum-stôle
gode mâere,
lif-ge-sceafta,
lifigende breac,
hiold heâh-lufan
with haeletha brego,
ealles mon-cynnes,
mine ge frâege,
bï sâem tweônû,
tha sélestane
eormen-cynnes;
tels
méfaits qu'il ne convient pas à
une femme d'accomplir, parce
qu'e\\e contraint l'arbitre de la
paix, à poursuivre de sa colère
homicide, un compagnon chéri :
et celle conduite, en effet, répu-
gnait au féal d'Ileinning. D'autres
rapportaient, en buvant la bière,
qu'elle avait commis moins de
crimes et de maléfices, du jour où.
entourée d'or, elle fut d'abord
donnée (en mariage), au jeune
guerrier de noble souche, et
depuis que, sur les conseils de
son père, elle vint trouver, en
une traversée sur le flot sauvage,
le palais d'Ofï'a où par la suite,
heureuse sur le trône, et vivant en
bon renom, elle goûta les joies de
la vie, et porta grand amour au
prince des guerriers, le meilleur
de tous entre les deux mers, de la
race entière des hommes, autant
que j'ai pu l'entendre dire.
3881 . Suchier et Kicger : « onsece
3894. « aethelum », n'a presque que la valeur d'un qualificatif, bête sau-
vage. Les noms de bêtes féroces s'appliquent communément aux héros.
Exemple : « Wulf », « Beorn », « Eofor», etc.
3908. La plupart des éditeurs : « thone sélestan ».
KKOWTLF
513
3910 forthaû Offa waes
geofu and gûthû
gâr-céne man
w id e ge]-weôrthod ;
wîs-dôme heôld
geard-Jéthel sfnne,
tlionon geomor wôc
haelethum to helpe
Heminges niaeg,
nefa (J Tu- m unci es
3û20 nftha craeftig.
XXVIII
Ge-wât him thâ se heard a
mid his hund scôle,
sylf aefter sonde,
sâe-wong tredan,
wide warothas ;
woruld-candel scan,
si gel sûthan fus.
Hi sith drugon,
elne ge eôdon,
3930 tô thaeFs the] eorla hleô,
honan Ongen-theôes,
burg[umj in innan,
geongne gûth-cyning
gôdne ge-frunon
hringas daelan.
Hige-lâce waes
sith Béo-wulfes
snùthe ge-cythed,
thaet daer on worthig
3(j4<j w igendra hleô,
Car
Offa, guerrier portant hardiment
la lance, était fameux au loin
pour ses largesses, et pour les
guerres qu'il entreprenait : il pos-
sédait la sagesse innée de ses
pères, et de cette souche, naquit
le guerrier au triste destin, lui, le
féal d'Hemming, le neveu de Gar-
rnond, formidable à la guerre.
XXVIII
Alors l'homme brave partit lui-
même avec la troupe de ses com-
pagnons, le long des sables pour
fouler les plaines de la mer, les
rivages étendus. La lampe qui
éclaire le monde, brillait : l'astre
se hâtait vers f orient. Ils suppor-
tèrent le voyage : ils allaient har-
diment,jusqu'à ce qu'ils apprirent
que le bon chef, te protecteur des
hommes, le triomphateur d'On-
gentheôw, le roi bon à la guerre,
était en train de distribuer des
anneaux, dans ses demeures.
3916. Bachlerhner : « Eomaer » ; Grein : « Eomor ».
3930. Kenible lit ici : « to thaes the lu/ ». Cf. v. 1422. 4815
33
514
IIEONN I I I
lind-ge-stealla,
lifigende cwôm,
heathô-laces 1 1 *V 1
tô hôfe gODgan.
H h rathe waes ge-rymed
Bwé se rfca be-beàd
fêthe-gestû
Met innan-weard ;
ge-saet thé with sylfne
3o,5o sêthâ saecce ge-naes,
mâeg with màege,
sytthan man-dryhten
turh hléôtfaOr-cwyde
[fol. 173 b.;
hold ne ge-grétte>
i nea g linn wordu :
meodu-scencfi hwearf
geond thaet side reced
Haerethes dohtor,
lafode thâ leôde,
3()6o lith-waege bear
haenfi to handa.
iiige-lac origan
sinne ge-seldan
in sele thâ heân
faegre fricgean ;
[Jygelac on annonça bientôt l'ar-
rivée de Beowulf^ et que là-bas, h
Ira ver- 1rs voies, le protecteur des
guerriers, son compagnon à la
bataille, venait vivant, et sauf du
jeu de la guerre, pour s'appro-
cher de sa cour. Aussitôt, — ainsi
l'ordonna le roi puissant. — la
salle fut préparée pour ses hôtes
valeureux. L'allié (Beôwulf) qui,
en sûreté, était de retour, loin de
la lutte, était assis devant son
allié, après que le seigneur des
hommes l'eût salué à haute voix,
et par des paroles guerrières, lui
(Beowulf), son cher vassal. A tra-
vers la salle bien édifiée, la fille
d'Haereth allait, versant le vin à
la ronde : elle affectionnait le
peuple, et elle élevait jusqu'à la
main des guerriers hautains, les
coupes pleines, Hygelac, avec
complaisance, se prit à interroger
son compagnon, dans la haute
salle :
3957. Zupitza fait remarquer que « side » ajouté sur la ligne, à la même
main, paraît être d'une autre encre. Kemble : « heal-reced ».
3961. Zupitza observe qu'entre Y « ae » et l" « nr>, une lettre qui pour-
rait être « fit ». s'est effacée. Grein : « haelum » : Bugge, Ueyne et Socin :
« haenum » .
« handa » est une forme archaïque, gardant les traces d'une déclinaison
féminine qui s'est perdue. La troisième déclinaison féminine forte, était
tonnée avec « u », et en gothique « handus », en faisait partie. Comme en
anglo-saxon, les masculins « sunu », « irudu » de la troisième déclinaison,
font « suna », « umda » : -- de même « handu », vrai nominatif, comme
« f/uru », (( dura », fait « handa ». Cf. « Beotculf », v. 1485, 1621.
BEOWULF
5 1 8
h v no l'yrwel brâec
h w vice sâe-Geâta
sit has wâeron.
Ili'i lonip e(')\von lâde
3<)7<) leôfa Bôô-wulf|
thé 1 1 1 i*i faer inga
feorr ge-hôgodest
saecce séeean
ofer sealt waeter, .
hilde to iliorote;
ac thû Hroth-gâro
with ciithne weàn
wih te ge béttest,
mâerû theôdne :
3q8o ic thaes môd-ceare
sorh- wy I m u m seat h ,
si the ne truwode
leofes mannes,.
ic the lange baed
thaet thu thone wael-gaest
wihte ne grétte,
let Siith-Dene
sylfe ge-weordan
gûthe with Grendel.
3<K)o God ic thanc secge
thaes the ic thé ge-sundne
ge-seon môste.
Biô-wulf mathelode
bearn Ecg-thiôes :
thaet is un-dyrne,
[fol. 174 a.
dry h ten Ilige-làc,
maerel sremêtinff,
. . . la curiosité le pressait de
savoir quelles avaient été les
aventures des Geats de la nier.
« — Que t'est-il arrivé en ton
voyage, cher Beowulf, quand sou-
dain, tu résolus d'aller chercher
la guerre au loin, par delà la mer
salée, pour lutter dans Heorot ?
As-tu donc, vraiment, délivré
IIrothgar, le prince fameux, du
fléau que nous connaissons bien ?
A ce sujet, mon âme était sou-
cieuse, et accablée de chagrin : je
n'avais point confiance dans /'en-
treprise du roi chéri ! Pendant
longtemps, je te suppliai de ne
point te hasarder contre le fatal
étranger, et de laisser aux Danois
du Sud, le soin de leur propre
gloire, en luttant eux-mêmes
contre Grendel.
3966. [ « Hyne fyrwet braec »], Wûlcker croit que ces mois comportenl
en eux-mêmes une interrogation, el servenl de parallèle à ce qui précède.
3977. Thorpe : « roid ».
3997. « maere ». correction de Grein.
516
BKONVl I.I
monegu lira,
hwylc [orleg-] bwll
4000 uncer Grendles
w carl li on than wange,
thaer hë worna I'cla
sfge- Scyl dingum
sorge ge-fremede,
yriii I li 0 tô a Id re ;
ic thaet ealJ ge-wraec,
swâ [be] gylpan[ne] dearf
(jrendeles mâga
[âenigj ofer eortlian
4010 uht-hlem thone,
[se the] lengest lcofath
lâthan cynnes,
[faer]-bi-fongen.
1c thaer furthum cwom
tô thâ hring-sele
Hrôth-gâr grétan ;
sôna më se niâera
mago Healf-denes,
sythlhan hë mod-sefan
4020 mfnne cûthe
with his sylfes su nu
setl ge-taehte :
weorod waes on wynne,
ne seat) ic widan feorh
A Dieu, je rends
graces de ce qu'il m'a permis de
te revoir en sûreté ! a Beôwulf, le
fils d'Ecgtheow, parla : « — Hyge-
lac, mon seigneur, elle n'est un
secret que pour peu d'hommes, la
manière dont Grendel et moi,
avons passe le temps de la nuit
ensemble, à l'endroit même ou
bien des fois, le monstre avait
désolé les Scyldings victorieux, et
accablé leur prince ! J'ai vengé
tout cela, de sorte qu'aucun des
parents de Grendel sur la terre,
ne peut s'enorgueillir d'avoir
vaincu dans cette lutte au crépus-
cule, ni même celui qui, depuis
tant d années, issu de cette race
maudite, vivait dans les marais.
« Là-bas, d'abord, je vins à
la salle des anneaux pour saluer
ltrothgar, et bientôt, le noble tîls
d'Healfdene, quand il connut mon
dessein, me donna un siège auprès
de son propre fils :
3999. « orleg ». correction de Thorpe et de Kemble.
4000. « uncer Grendles ». Cette construction est assez fréquente dans les
dialectes du Nord. Cf. Rask, Anvisning till Islàndskan eller Nordiska forns-
prokel..., Stockholm, 1818, p. 228.
i-007. Lacune au manuscrit, et additions de Grein Mais on ne rencontre
aucun autre exemple de la forme : « begielpan ».
4009. Correction de Kemble : « aénig ».
4012. « \fdér\-bifongen », correction de Kemble et Wùlcker. Grundtvig
et Heyne : « fenne bifongen ».
•4024. « widan feorh », accusatif singulier, qui équivaut à durant toute
«ROW I LF
;>i7
under heofones hwealf
heal-sittendra
medu -dreâm màr[an :
hwilum mseru cwên,
friihu-sibb folca,
4o3o flet eall geond hwearf;
baedde byre geônge ;
oft h!o beâb w ri than
secge sealde, ]
aer hie tô setle geông;
[fol. 174 b.]
hwi'lû fo[r dûgujthe
dohtor Hrôth-gâres,
eorlum [on] ende,
ealu-wœge brer,
thâ ic Frea-ware
4040 flet -sittende
nemnan hyrde,
thaer hïo [g]led-sinc
haelethum sealde :
sio ge-haien [wses]
geông, gold-hroden
gladu sunaFmdan,
[ha]fath thœs ge-worden
wine Scyldinga
rices hyrde,
ma vie : les mêmes mots sont employés, de façon identique, au datif, avec
la préposition to, v. 1860 : « to ividan feore ». Cod. Verc. I, 2756; VI,
1522, 1623: 1, 215: « widan ferorh »: « widan fyrhth »; « icidan
ferhth » ; to widan feore». Dans le « Psalter », on trouve des termes
semblables : « a to feore » ; « syththan to feore»; « a tea to aldre ». Et
l'expression « in aeternum », se rencontre encore, presque sous la même
forme, dans le « Psalter » : « thur/t eal wide ferhth ». 11 est à remarquer
que, dans cette construction, l'adjectif est toujours dans la forme faible ou
définie, « widan », et non « windne ».
4032. « beah writhenne ». Accusatif masculin singulier.
« wriden » : Kemble.
4042. « [f/]led » : correction de Kemble ; « [nae]f/led » : correction de
Ore in .
les compa
gnons étaient joyeux, et jamais
de toute ma vie, je n'ai vu sous la
voûte des cieux, plus d'hommes
assis dans un palais, et s'aban-
donna nt aux joies de la bière. De
temps à autre., la noble reine, le
lien de paix entre les nations
alliées, faisait le tour de la salle
entière; elle parlait à ses jeunes
fils ; souvent, avant de se rendre
à son siège, elle distribuait au
guerrier, /'anneau forgé ; parfois,
devant la cour majestueuse, la
fille d'Hrothgar, portait aux
héros, successivement, la coupe
de bière, elle que j'entendis dans
le palais, appelée par les servants,
Freaware, quand elle allait, don-
nant aux guerriers des trésors,
étincelant comme l'œil du milan.
518
BEOWULF
4o5o and thael raed talath
thaet hë mid tby w I fe
wsel-fœhtba dœl,
sœcca, ge-sette.
Ofl s eldan, hwaer.
œfter leôd-hrfre,
I vile h wile,
bon-gâr btigeth,
theâb se<) bryd diige.
m |aeg tbas thon of-thyncan
4060 theôden Heatho[b]eardnà
and tliegna ge-hwâm
thara leode,
thon ne hë mid faemnan
on flett gaeth,
dryht-bearn Dena
dugutha bi-wénede,
on him gladiath
gomelra lâfe,
heard and hring-mael,
4070 Heatha-bearna ge-streon,
thenden hie tha wœpnù
weal dan moston.
Oththa?t hie for-laeddan
Jeune, et toute parée d'or, elle fut
promise au fils joyeux de Froda ;
ainsi l'ami des Scyldings devint-il
le pasteur du royaume, et la re-
nommée nous apprend qu'avec sa
femme, il apaisa des bai nés mor-
telles, et des conflits.
« Rarement, en quelque lieu que
ce soit, après la défaite du peuple,
le javelot fatal reste-t-il au repos,
même pour un court moment,
quelque excellente que soit l'épou-
sée ! Ainsi, le chef des Heatho-
bards, et chacun des peuples se
courrouçaient-ils bien de ce que
lui, le royal enfant des Danois,
allât par le palais avec la reine,
servi par les grands, se réjouis-
sant en propre de /'antique héri-
tage, du dur glaive à la poignée
tressée, du trésor des Heatho-
bards, tout le temps que ceux-ci
furent condamnés par le destin, à
abandonner leurs armes,. . . .
-4054. Correction de Heyne : « Oft, \no~\seldan ». Mais Zupitza, Kolbing et
Wiïlcker font remarquer que, malgré une lacune évidente du manuscrit, il
n'y a pas de place suffisante devant « seldan», pour « no ».
4060. Kemble propose « tlicodne », et il soutient que « ofthincan » régit
toujours le datif, et « theoden » ne représente pas ce cas.
4066. Grein : « bi-werede ». Mais d'autres auteurs proposent d'éliminer
la conjonction « thaes » au vers 4059 : de prendre « dugutha » comme
nominatif, par rapport à « biwenede », et de considérer ce cas, comme
l'un de ceux que l'on rencontre fréquemment dans l'ancien anglais : un
sujet au pluriel, avec un verbe au singulier.
4070. La plupart des éditeurs : « Heathobear\d]na ».
4073. Le manuscrit porte un O majuscule, au commencement de la ligne,
et ces majuscules ne se rencontrent guère qu'au début d'un nouveau cbant.
Mn>\\ i IK
519
tù tliâm lind-plegan
sweese ge*sfthas,
ond livra syllVa feorh :
thonne cwith ael bëore
se tlic bean ge-syhth
* fol. 175 a.]
eald a>se-\viga
4080 sô the call ge-[mon]
gâr-ewealm gumena,
him beoth grim-sefa ,
on-gi nneth gëomor-môd
geân nm cempan,
thurh hrethra ge-hygd,
[higes] cunnian,
wTg-bealu weccean,
and thaet wo[rd] â-c\vyth :
meaht thii mïn wine
4090 mêce ge-cnawan
thone thin fœder
to ge feohtej beer
under here-griman,
hindeman si'the,
dyre iren,
thaer hyne Dene slôgon,
weôldon weel-stowe
syththan Wither-gyld hug,
aefter hœlelha hryfrej
4100 hwâte Scyldungas :
nii her thara banfena]
byre nât hwylces
frœtwû hrémig
on flet gaeth,
morthres gylpeth],
and thone maththu byreth
, • et à con-
duire à la destruction, par le jeu
des boucliers, et leurs chers com-
pagnons, et eux-mêmes.
« Alois, à la bi ère, quelque vieux
guerrier rapportera, en voyant un
anneau, et en se souvenant de
toutes choses, le massacre des
hommes, au combat ; son âme s'en
irritera, et enclin à la tristesse, il
tentera d'influer sur l'esprit du
jeune guerrier, sur les pensées
qu'il nourrit en son sein, afin de
réveiller le désir de la guerre, et
il dira ces paroles : « Compagnon,
tu peux reconnaître le glaive, le
cher acier que ton père portait à
la bataille, sous le casque bien
fermé, pour la dernière fois,
quand les Danois le massacrèrent,
et que les hardis Scyldings triom-
phèrent sur le champ fatal, au
moment où Withergyld tomba,
après le massacre des héros :
maintenant, ici, le fils de je ne
sais lequel de ces meurtriers, va
par le palais, s'enorgueillissant de
ses trophées, se vantant des mas-
sacres, et possède ce trésor dont,
à bon droit, tu devrais être pos-
sesseur.
qui serait le chant XIX. Heyne, sans raisons très plausibles, le l'ail com-
mencer au vers 4059.
4080 Le manuscrit est défectueux au coin du feuillet, ainsi qu'aux
vers 4080 et 4105.
520
KKOW I I K
thone the Uni m id rihle
râedan sceoldesl :
manath sw a and myndgath
[no maela ge-hwylce
sérum wordum,
oththaeet s;el cymeth
tliaetse faemnan thcgn,
lore farder dœdum,
aeftbiles bite
blod-fag swefeth,
ealdres scyldig;
him se other thonan
losath[li]figende
[fol. 175 b. |
4120 con him land geare ;
thonne bïoth [à]-brocene
on ba healfe
ath-sweord eorla ;
|syth]than Ingelde
weal lath W8el-nitha,s,
and hï [wif]-lufan
sefter cear-waelmum
côlran [weor]thath.
Thy ic Heatho-bearfdlna
4i3o hyldo ne [tel]ge,
dryht-sibbe dael,
Denïi un-faecne,
I fr]eônd-scipe fa?stne.
Ic sceal forth-sprecan
gën ymbe Grendel,
thaet thii geare I cun]ne,
sinces brytta
to hwan syththan [wjearth
hond-raes heeletha :
« Ainsi, il va /Vxeitant, et rat-
eable en toute occasion, de paro-
les de remords, jusqu'à ce que
la fatalité ordonne que pour les
crimes de son père, le jeune
époux dorme, baigné dans le
sang, après la morsure du glaive,
et privé de la vie. De ces lieux,
alors, un autre guerrier s'enfuit,
connaissant bien le pays où il est
déjà venu : donc, des deux cotés,
sera rompu le serment juré par
les comtes ; après quoi, d'insi-
dieux complots seront fomentés
dans Ingeld, et l'amour du roi
pour la reine, s'émoussera sous
les vagues du souci ! Ainsi, je ne
compte point sur les bons senti-
ments des Heathobards, et je ne
crois point que leur paix géné-
reuse avec les Danois, soit sans
trahison dans l'avenir, et que
durable soit leur amitié. Mainte-
nant je vais continuer à parler de
Grendel, afin que toi, ô dispensa-
teur des trésors, tu puisses ap-
prendre comment les héros me-
nèrent à bien leur effort guerrier!
4119. Lacune au coin du manuscrit. Thorkelin : « wigende » ; Heyne et
Zupitza : « lifigende » .
4121. Kemble et Zupitza : « [a]brocene ».
4123. Kemble et Zupitza : « ath-sweord ».
HKnWTLK
521
4140 syththan heofones g]im
glad ofer grundas,
gœsl yrre cwôm,
a» toi aefen-grom,
user neôsan,
thaer wë ge-sunde
sa'l weardodon
t'hâer wœs Hond-sciô
hilde og sœge,
feorh-bealu faegum;
41 5o se Hie] fyrmest laeg
gyrded ce in pa,
him Grendel wearth,
maerû magû,
thesne to muth-bonan ;
leôfes mannes
lie eall for-swealg :
no thy aer lit tha gên
(del-hende
bona blôdig-toth,
4160 bealewa ge-myndig,
ofthà gold-sele
gongan wolde,
ac hë maëgnes nôf
min costode
grâpode geareo fol m ;
[fol. 176 a.l
glôf [hangodej
sid and syl-lic
searo bendû fsest,
[siô] wœs or-thonefi
4170 eall ge-gyrwed
dé ôfles] erseftum
and dracan fell Ci,
« Après que la perle des nuits
eût glissé dans les profondeurs
du firmament, /'étranger vinl,en
rage, lui, le fléau maudit des
ténèbres, pour nous visiter, à
l'endroit où, en sûreté, nous veil-
lions sur la salle. Là, était tendue
la main du monstre, prompte à la
guerre, et qui détruisait la vie de
ceux qui étaient voués à la mort.
Et, mon noble seigneur et allié,
(îrendel avec sa gueule, fut le
meurtrier du héros aux reins
forts, qui vivait en d'autres jours :
il dévora tout le corps du cher
homme ! Malgré ce forfait, le
meurtrier à la dent sanguinaire,
prêt aux crimes, ne voulut point
s'éloigner encore, de la salle de
l'or, les mains vides : mais or-
gueilleux de sa force, il m'éprouva,
et les mains prêtes, il m'étreignit.
Sa main pendait, large et étrange,
recouverte de bandes adroitement
serrées, et de la peau d'un dra-
gon : elle possédait la force de
l'enfer
il 40. Cf. Cod. Kx. 17 : « halge gimmas ».
4148 La plupart des éditeurs : « hild ».
4153. La plupart des éditeurs : « geareo-folm »,
522
BEOWULF
Ik" nice thœr on | innan
un-synnigne
(If'(')r (l|,i'(l fruma
ge-dôn wohle,
manigra sumne,
hyt ne mihte swâ] ;
syllilli.in ic on yrre
1 1 So upp-ri hi â-stôd.
Tô lang is tô recenne
h ii ' ic thâm] leôd-sceathan
y fia ge-hwylces
hon[d-Ieàn] for-geald,
thaer ic, theôden min,
thine leode
weorthode weorcû ;
hë on-[weg] losade.
lytle h wile
4190 h'f-wynna [breâc],
hwaethre him sîo swithre
swathe [wear]dade
hand on Hiorte,
and hë heân thonan
modes gëomor
inere-g[rund] ge-feôll :
më thone wseel-raes
wine Scyldunga
faettan golde
4200 fêla leânode,
manegû math mû,
sytthan mergen côm,
and wë tô symble
ge-seten hœfdon ;
thaer wœs gidd and gleô,
gomela [Scylding],
[fol. 176 b.]
. . . Lui, le monstre criminel,
voulait me saisir parmi tant d'au-
tres, moi qui ne l'avait point
attaqué î II ne put le faire ainsi,
quand je me dressai devant lui,
dans nia rage ! Il serait trop long
de narrer, el la manière dont je
payai de chacun de ses crimes
sans nombre, ce génie du mal, et
où j'ai, mon prince, soutenu l'hon-
neur de ton peuple, par mes
exploits. Grendel prit la fuite !
Pendant un court moment, il
goûta les plaisirs de la vie. Néan-
moins, sa main gauche le guidait,
tandis qu'il portait ses pas hors
d'Heorot, et qu'il se pressait,
humilié, loin de ces lieux ; et que,
triste dans l'âme, il disparaissait
dans les abîmes du lac.
« L'ami des Scyldings me paya
magnifiquement, en or massif et
par maint trésor, le prix de la
guerre, quand le matin fut venu,
et que nous nous étions assis au
festin. Il y avait là, des chants et
des réjouissances : les vieux Scyl-
dings m'interrogeaient souvent,
et ils rapportaient des histoires
passées.
4182. La plupart des éditeurs, comblant la lacune du manuscrit : « huie-
dam ».
4192. Cf. v. 1934.
BEOWULF
tola fricgende,
feorran rehte ;
[hwflum hilde-deôr
42 ro liearpan wynne,
gLomen -wudu givtte,
h wilfi gyd ;i-wra>c
S('»tli and s;ir|-lï<\
1 1 wi'lu 111 syl-lfc spell
rehte œfter [rihjte
riim-heort cynning,
hwi'Ifi eft [on-g]an,
eldo-ge-bunden,
go m el guth-wiga,
4220 [geu]guthe cwithan
hilde-strengo,
hrether [inne~| weôll,
thou he wintrû frôd
worn [ge-mujnde.
Swâ wë thaer-inne
and-langne[dœg]
niôde nâman,
oththa3t niht be-cwôm.
other thù yldum;
4230 thâ wœes eft hrathe
gearo gyrjn-wrsece,
Grendeles modor
sithode [sorh;-full,
sunu death for-nam
wi'g-hete |Wed]ra ;
wif un- h y re
hyre beam ge-wraec,
beolrn a-cwealde
L _i
ellen-h'ce ;
4240 thaer wees .-Esc[-he]re
frodan fyrn-witan
feorh ûth-genge :
. . . Tantôt, le vieux roi tou-
chait la harpe sonore, le bois
joyeux ; tantôt, il narrait une
légende triste et douce. Parfois,
le souverain magnanime, en
justes termes, poursuivait quelque
étrange récit; parfois encore, le
vieux héros courbé par l'âge,
parlait aux jeunes hommes de la
puissance de la guerre. Son cœur
bondissait, quand dans la pru-
dence de ses années, il évoquait à
sa propre mémoire, la multitude
de ses exploits.
« Ainsi, pendant le jour entier,
nous passâmes le temps en longs
propos animés, jusqu'à ce que vint
la nuit, pour les hommes, la
seconde nuit! Bientôt alors, à son
tour, la mère de Grendel fut prête
à venir venger sa perte : elle
partit pleine de douleur : la mort
avait emporté son fils, et /'objet de
la haine guerrière des Danois du
Sud : la femelle hideuse vengea
sa progéniture, et massacra un
héros, dans sa fureur ! Donc, la
vie abandonna .'Eschere, le con-
seiller vieux et prudent
4227. Kemble : « namon ».
4242. « read-frodum », datif de l'adjectif « /rod »
524
BEOWl II
nô 1 1 her 1 1 \ nine ne môston
syththan mergen cwôm,
deâth-wérigne,
Dénia leôde
bronde For bsernan ;
né on bael hladan
leôfne mannan ;
|2?o lu»'» thaet lie set bœr,
[fol. 177 a )
feôndes faethfrunga |,
un |der firgen-streâm ;
thaet waees Hrôth-gâre
hreôwa lornost
thâra the leod frunian
lange be-gea te ;
thâse theoden [mec]
[be] thine life
heal sodé hreôh-môd,
4260 [thaet ic] on holma ge-thring
eorl-scipe efnfde],
ealdre ge-néthde ;
maertho fremedfel,
hê më méde ge-hét ;
ic thâthaes wfelm[es]
[the is wide cûth I
grim me gryre-1 ic-[nel
grund-hyrde fond ;
thaer une h wile woes
4270 hand-ge-maene,
holm heolfre weôll,
and ic hêafde be-cearf
in thâm | çrund-jsele
Et le
peuple des Danois ne put même,
au malin, brûler dans les flammes
son cadavre vaincu par la mort,
ni élever haul sur le bûcher,
l'homme chéri : elle, la mère de
/'ennemi, avail emporté son corps
sous les profondeurs du torrent
de la montagne.
« C'était depuis longtemps, et
entre toutes les autres, la peine
la plus sensible qui affligeât le
prince du peuple. Puis le roi,
l'âme triste, me conjura par ta
vie, d'accomplir un exploit, parmi
le choc des vagues; de hasarder
mes jours, et de gagner la gloire :
il me promit des récompenses.
Alors, comme je le savais bien, je
trouvai au fond des abîmes, un
féroce et ténébreux gardien de la
vague. Là, pendant un moment,
nous eûmes, tous deux, à lutter
main à main : l'eau profonde
bouillonnait de poison, et je dimi-
nuai de la tête, la mère de Gren-
del, avec une lame puissante, dans
les retraites de l'océan : . . . .
4251. Kemble et Zupitza : « faeth[rungd\, [un]der » Dans le manuscrit,
après « faeth », on ne distingue que le jambage d'une lettre qui peut être
indifféremment r, mou n. Grein : « faeth\mum\ \\111\der ».
42G7 La plupart des éditeurs : « grimne ».
4270. Wûlcker et . Heyne : « hand gemaene ».
4273. « grundel-sele », correction de Grundtvig.
HEOWULF
.")*2.)
G re n del es môdor,
eâenum ecgu m :
un-sôfte Human
feorh oth-ferede.
uses ic fœge thé gyt;
ac më eorla hi eôj
4280 efl ge-sealde
mâthma menigeo,
mago Healf denes.
de son
corps, la vie s'échappa dans la
douleur. .Mon destin n'était point
encore de mourir. Mais le fils
d'Healfdene, le protecteur des
héros, me donna en retour, une
multitude de trésors.
XXXI
XXXI
Swase theôd-kyning
theâwû lyfde,
nealles ic thâ leanû
for-loren hœfde,
mœçenes méde,
ac hê me [mâthmas] geaf,
[fol. 177 h
sunu ilealf-denes
4290 on 1111 n ne sylfes dôrii,
tha ic thé beorn-fcy :ning
bringan wylle,
éslum gejwan.
gëo is eall ;et thé
lissa gelong :
[ici lyt halo
heâfod-mâga
nefne [Hy]ge-làc thec
liét tha in-beran
43oo eafor heafod-segn,
« Ainsi, le roi puissant avait-il
coutume d'en user, et loin de
rien perdre de la récompense de
mon courage, le fils d'Healfdene
me donna, selon mon plaisir, des
trésors que je t'apporterai, ô roi
des hommes, et que joyeusement,
je préparerai à ton intention, puis
que tout ce qui m'advient d'avan-
tageux, se reporte sur toi ! J'ai
peu de parents de mon sang,
hormis toi-même, ô Uygelac ! »
Alors il ordonna qu'on apportât
en ces lieux, la tète de sanglier,
ornement pour le chef, le casque
superbe à la guerre, la cotte de
mailles grise, le glaive prêt à la
bataille
•i2(J0. Grundtvig : « [sih]ne ».
4300. Kemble écrit : « eafor àeafod-sef/n », comme un composé de deux
mots seulement, alors que Zupitza cl la plupart des éditeurs l'écrivent ainsi '■
« pafor-keafodsegti ». Mais les composés de trois mots sont rares, dans
l'ancienne poésie anglaise, et comme les composés de deux mots sont assez
fréquents, l'écriture de Kemble semble la meilleure.
•yu)
liKOW I II
heatho steâpne helm,
h âre-byrnan,
gûth-sweôrd geâto-lic :
gy (I eefter wrœc :
mé Uns hilde-sceorp
Hrôth-gâr sealde,
snotra fengel,
suine | \v |orde hët
thaet ic is aerest thé
43io est ge-saegde ;
c w.iili thaet hyt hsefde
Hioro-gâr cyning,
[l]eôd Scyldunga
lange II wile :
ri»') thy aer suna sinu
syllan wolde,
hwatfi [Hejoro wearde,
llieâh hé him hold waere,
breôst-ge-wœdu ;
4320 brûc ealles well.
Hyrde ic thaet thâm frœt-
[wum
feower mearas,
lungre ge-lice
last weardode,
eeppel-fealuwe,
hë hï est ge-teâh
mëara and math ma,
swâ sceal mœg don ;
[fol. 178 a. I
nealles in-wit-net
433o ôthrû bregdon
\prcs quoi, il (Beôwulf)
prononça ces paroles : « — C'< -1
à moi qu'Hrothgar fil présent de
ce vêlement de guerre ; le prince
avisé me l'offrit avec ses paroles :
il me recommanda, à mon tour,
de te parler d'abord, de cette ar-
mure !
« 11 ajouta qu'Heorogar, te roi,
prince des Scyldings, l'avait long-
temps possédée, sans vouloir
jamais remettre cette parure de
guerre à son fils, le brave Heoro-
weard, quoique celui-ci lui fut
cher. Jouis donc bien de tout
cela ! » Nous avons entendu rap-
porter que quatre chevaux gris
pommelés, suivirent également
les trésors, aussitôt : il (Beowulf)
donna au roi la jouissance et des
chevaux, et des trésors. . . .
4302. Rask : « /tare » .
4310. La plupart des éditeurs ont lu « eft » dans le manuscrit, au lieu de
« est », Kemble, Heyne et Wïilcker. par exemple.
4324. Kemble : « weardodon ».
4330. Kemble : « bregdan ».
mnw I 1,1
&27
il\ mu cfaefte,
death Pen iao
hond-ge-steallao ;
llyge-laiv \\;r>
ii lilies lieardu
nefa swvthe hold,
and ge-hw ;rtheri 6 thrum
broth ra ge-myndig.
1 1 vide ic, tliaet hê thone
heals-beâh
4340 hygde ge-sealde
wrat-lTcne wundur-m âthm
thone the him Weal h -then
Lgeaf,
theôdnes dohtor;
thrTo wics: somod
swancor and sadol-beorht,
hyre syththan waes
sefter] beâh-thege
brfejost ge-weorthod.
Swâ. b e-al dode
435o beam Ecg-the6wes>
guma gi'n thuml ciith,
godû dœdii ;
dreâh eefter dôme,
nealles druncne slog.
heorth-ge-neâtas ;
nœs him hreoh sefa,
ac hê ma[n]-cynnes
maeste crœfte,
gin-fa;sta[n] gife
4360 the im god sealde,
he<Md hilde-deôr;
heân waes lange
swâ hyne Geàta bearn
gôdne ne tealdon,
ne hyne on medo-bence,
micles wyrthne,
[drijhten weredaffol. 178 b. !
Ainsi
devrait agir tout féal, sans ourdir
secrètement de complots insidieux
pour un autre maître, et sans pré-
parer la mort, pour un allié. Aux
yeux d'IIygelac, le hardi cham-
pion était un neveu aux senti-
ments loyaux, et tous deux se
comblaient, à l'envi, de bienfaits.
Nous avons su qu'il donna à
llygd le collier, le trésor étonnant
et varié, dont Wealtheow, une
fille du roi, lui fit don ; avec cela,
trois chevaux élancés, aux selles
brillantes, tout parés de richesses,
depuis qu'ils avaient servi aux
guerriers, portant l'anneau. Ainsi,
le fils d'Ecgtheow, /'homme re-
nommé pour ses combats, vieillit
en hauts faits, se conduisant selon
la justice, et sans frapper dans
l'ivresse, ceux qui partageaient
son foyer. Son âme n'était point
cruelle, mai lui, vrai fauve à la
guerre, gardait entre toute la race
humaine, la plus grande force, —
don puissant que Dieu lui avait
accordé. Ce fut longtemps une
honte, que les fils des Geats se
refusassent à le reconnaître pour
un guerrier excellent, et ne vou-
lussent point faire de lui, le chef
de leurs armées, lui qui était
digne de bien des honneurs, au
banc de bière.
528
iu:o\\ i i.i
ge-dôn wolde ;
bw \ 1 1 1 < • wên don
1 3-0 thaet hê sleàc waere
aetheling j un-fr om,
ed-wendan cwôm
tyr-eâdigû [mejnn
torna ge-hwylces.
Hét tha eorla [hjleô
in-ge-fetian,
heatho-rof cyning,
[Hrêjthles lafe
goldc ge-gyrede ;
4380 nœs mid (ieatû thâ
sinc-mâththû sëlra
[on j sweordes had ;
thaet he on Bio-wulfes
[bejarm a-legde,
and hi ge-sealde
[sejofon thfisendo,
bold and brego stôl :
hi wajs [b]am saniod
on thâ m leod-scipe
4390 [IJùnd ge-cynde,
eard-éthel riht
ôthrum [sjwithor,
side rice
thâ thaer sélra waes .
[M\(t thaet ge-i(')de
u fa ran dogrû
hiide hlemmCi,
syththan Ilyge-lac laeg,
and Hear[drêde
4400 hilde-mêceas,
under bord-hreothan,
to bonan wurdon ;
Uni hyne ge-sôhtan
on sige-theôde
hearde hilde-frecan,
heatho Scylfingas,
Souvent, ils disaient qu'il était
lâche, h prince de peu •!«' vertu :
il vint cependant, pour le glorieux
héros, nu ic\crs de tant d'ennuis.
Donc, le roi fameux à la guerre,
ordonna qu'on apportât dans le
palais, le legs d'Hrethel, adorné
d'or : il n'y avait pas en glaive,
parmi les (ieats, de meilleur
trésor ! Il l'imposa sur le sein de
Beowulf, et il donna à eelui-ci
sept mille (trésors), un palais, et
un siège royal : à chacun d'eux
étaient également attribués le sol
natal, le territoire (acquis), les
tribus ; et le droit d'héritage au
trône était plus fortement consacré
dans le royaume lointain et vaste,
demeuré au roi, que dans celui où
régnait le meilleur héros.
Le premier royaume, encore,
fut disputé par la suite, dans les
tumultes de la guerre, après
qu'Uygelac fût tombé et que les
glaives, au combat, eussent couché
Ileared, sous le monceau des bou-
cliers ; quand les guerriers Scyl-
fings à l'âme dure et trempée à la
bataille, cherchèrent parmi le peu-
ple victorieux, le neveu d'Hereric,
et le firent déchoir du rang où ses
guerres l'avaient placé
BE0W1 l.K
529
nit ha ge-naegdan,
ne fan Here-rTces :
syththan Beé-wulfe
[fol. 179 a.
4410 braede rice
on hand [ge-hwearf] ;
hê ge-heôld tela,
fiftif wintra
wœs frôd cyning,
eald éthel-weard ;
oththœt an on-gan
deorcù nihtû
draca [ricsianj,
se thé on heâfpe]
4420 hord be-weotfode],
stcïn-beorh steapne
stig under laeg,
eldum un-cûtb :
thaer on innan geông
nithfa] nât hwylc,
Vprès
(juoi, le royaume étendu tomba
entre les mains de Beowulf : il le
tint bien pendant cinquante an-
nées, — (c'était un prince pru-
dent, et le gardien âgé de son
héritage) — jusqu'à ce que ce
monstre, — un dragon, — se
prit à régner dans les nuits obscu-
res, couché sur l'amoncellement
de ses trésors, et gardant la forte
montagne de pierre : une voie
souterraine, inconnue aux hu-
mains, y conduisait : je ne sais
quel homme la suivit, et y pé-
nétra...
4409. Avec le dernier folio (198 b.) du manuscrit, le folio 179 a. est le
plus défectueux et le plus illisible de tout le poème. Zupitza seul est parvenu
à en donner une écriture presque intelligible, mais son interprétation n'a
souvent que la valeur d'une conjecture.
4416. D'une écriture plus récente, on peut lire sur le manuscrit : « on ».
4418. Les caractères qui peuvent constituer [« ricsian »], sont presque
entièrement effacés.
Les dragons teutons sont les gardiens des trésors (Menologium Saxoni-
cuni, par Fox, 512). Le début du deuxième livre de Saxo, contient la descrip-
tion entière d'un dragon. Cf. Saxo, liv. VI, p. 101. La « Saga Ragnars
Lodbrokar » dit encore : « ok gvllit ox undir hommi jafnt sem ormrinn
sjalfr ». Fornald. Sog. 1, 237.
4419. A la place d' « hea\_pe] », le manuscrit est très indistinct ; on ne peut
rien découvrir entre « hea », et « hord ». Zupitza propose « hea[fho]-
hleawe » ; Grein et Heyne : a heare heathe ». Nous avons adopté la forme
« hea[pe~\ » donnée parKemble, comme la plus simple.
4421. D'une écriture plus récente on lit : « stearme ».
4425 4458. Ici, nous avons reproduit exactement les transcriptions de
34
580 iu:ow iii
ge-fëng [Il apparaît d'après le sens
haethniim horde général «les quelques mots com-
liond posant ces lignes, qu'elles se
since rah réfèrent au vol d'un vase d'or.
l|3o ne he thsôl syththan. . . . fait au dragon, par un prisonnier
Éhaet rah th e hé qui s'était évadé].
glâepende
be Byre. ... de
thêOfeS rni'l'tc i
thset sic thïod. . . .
.... foie beorna
'» thaet hë gebolgeini waes.
Zupitza, toutes relatives qu'elles sont, nécessairement, tant il y a eu de
divisions en vers, différentes, et de ponctuations. Zupitza dans les pas-
sages illisibles, met autant de points qu'il lui semble avoir été perdu de
lettres.
4429. Zupitza : « fah » a été à l'origine « fac », dans le manuscrit : 1' « h »
a été ajoutée sur le « c ». Heyne : « fame » ; Wulcker : « fahne ».
4431-4432. L'espace entre « th » et « slaéthende », est rempli par l'écri-
ture de Zupitza.
4433. Le même auteur hésite entre « f » ou « s », devant « i/re ».
4435-4436. Zupitza met assez arbitrairement cinq points au vers 4435, et
quatre seulement, sur 4436. Il n'en donne, d'ailleurs, pas la raison.
4437. L' « n » de « gebolgen » est presque entièrement effacée. Depuis
« tltaer on innan » (vers 4424) jusqu'au vers 4437, Grein reconstruit le
passage entier, sans points, ni parenthèses, comme suit :
« thaer on innan giong
nitha nal-hwylr.
4 se neodn gel'cng
haethnum horde :
hond-bollan hwylcne
since l'aime
he thaer syththan genam
readan goldes,
thaet-bereafod weartli
slaepende be fyre , , ,:
sin ces hyrde
thecuès cïaëftê •
IIKOWULF
531
\\\
XXXII
Neallfes mid ge-weoldum
wyrni -horda .... Craeft
44 |o solde . sylfes willum,
Be the him Bare ge -sceôd;
ac l'or threâ-nedlan,
th row nât-hwylces
haeletha bearna
hete-swengeas flëah,
.... [sernes] thearfa,
and thaer-inne fealh,
secg syn-bysig.
Ce n'était assurément pas qu'il
eût véritablement recherché, de
son propre dessein, tous les tré-
sors du dragon, — auquel il fit un
cruel dommage —, mais sous l'em-
pire de la nécessité, quelqu'un de
la race des hommes, avait fui loin
des coups vengeurs, et sans abri,
il tombait au fond de la caverne,
l'Ame inquiète et coupable. . .
tha'et sithlhan theoden onfand,
bealu-leas folc-biorn,
thaet he gebolgen waes. »
La const ruction de Bugge est encore plus incertaine :
« thaer on innan giong
hiththa nat-hwjlc,
neode to gefeng
haethnum horde ;
hond aetgenam
sel e- fui since fah :
ne lie thaet syththan "âgeaf,
theah the he slaepende
besyrede hyrde
theofes craeft e ;
thaet se thioden onfand,
by- foie beorna,
thaet he gebolgen waes. »
443Î). Zupitza : il n y a pas de caractère distinct entre; « borda •, et
« craeft ».
4443. La forme « th[eow] », est donnée par Wulekeret Heyne. Zupitza et
Semble : « th[egn\ », parce qu'il y avait place pour trois lettres entre
« th ». et « nat ». Thorpe, dans son édition de 1830, laisse l'espace en blanc.
4145. D'une écriture plus récente : « fleoh ».
4446. Zupitza écrit qu'à en juger, parles traces du manuscrit, le second
mot de celle liune, devait être :..« [aernes ] ».
;vte
BEOWULF
Sôna in-watide.
4450 thaet thâm gyst <i
gryre- brôga stôd
hwae[thre ; earm- Isceapen
Toi. 170 b.
.... sceapen
[ thâ hyne se faer be-geat
sine faet [geseah |.
thaer waes swylcra fela
in thâm eorth j thujse
44Ô0 aer-gestreona,
swâ h y on geâr-dag[um]
gumena nàt-hwylc
eormen-lâfe
[eejthelan cynnes,
thane hyegende,
thaer ge-[hy]dde,
deore màthmas ;
ealle hie death [f]or- nam
serran nwelû,
4470 and si*ân thâ gên
Bien-
tôt, il arriva qu'un monstre sans
nom apparut devant l'étranger. .
(Lacune de plusieurs lignes).
Tandis que la terreur s'emparait
de lui,... il aperçut l'antre des
trésors.
Il y avait dans la caverne, une
multitude de trésors antiques, tels
que même dans les jours passés,
je ne sache pas qu'aucun homme
dans sa honte, en ait caché là de
semblables, — legs magnifique
d'une nohle race, — et trésors
chéris
4449. Kemble : « in-watide » : Grein : « [ [Vaes] sona in tha tide » ;
Thorpe : « inwlatode ».
4451. Les traces du mol, d'après Zupilza et nos propres observations,
permettent d'ëcrire « gryre ».
4452. Zupilza prétend assez témérairement, car on ne distingue aucun
caractère dans le manuscrit, que le mot précédant « sceapen », aurait pu
être « [earm] ».
4457. Zupilza place « tha hine », devant « ne » : Wùlcker: « faes ». Zupitza
prétend que 1' « s», a été ajouté sur 1' « r » original.
4458. Après la première ligne du nouveau l'olio, le manuscrit, à la tin des
trois premières ligne seulement, est illisible. L'addition « geseah », est de
Heyne. Wùlcker opine pour « scir », ou « seah », prétendant qu'il n'y a
point de place pour « geseah ». L'examen attentif du manuscrit permet de
se rallier à l'opinion de Heyne.
4470. L' « i » de « si », paraît recouvrir un « e », dans le manuscrit.
IIKoWL'JiK
533
lëo]-da dug ii the
se thaer lengest hwearf,
weard-wine gcomor
rihde thœs yldan
[thaet] hô lytel faec
long ge-streona
brucan môste ;
beorh eal-gearo
w u node on wonge.
4480 [waêt]er-ythû neâb,
nïwe be nœsse.
nearo-crœftù fœst ;
thaer on innon beer
eorl-ge-streôna
hringa hyrde,
hard-fyrdne [dlael,
faettan goldes :
fee worda cwaeth
hald thû nû hriise
4490 nû hœleth maestun
eorla aehte ;
hwaet hit aer on thë
gode be-gêaton,
gdth-deâth for-nam
feorh-bealo frêcne,
fyrena ge-hwylcne,
leôda minra,
tha nâ the this [lîf]of geaf ;
ge-sâwon sele-dreâm,
. . . Leiïrs possesseurs étaient
tous morts en des temps reculés,
et l'unique survivant, la (leur du
peuple, un prince attristé qui
était venu le plus souvent en ces
lieux, ne voulait point tarder,
puisqu'il ne pouvait jouir que
peu de temps, de la vue de ces
richesses anciennement acquises...
La montagne s'élevait sur la
grève, près des vagues de l'océan,
au bas du promontoire : rempart
massif et puissant.
En ces lieux, le gardien des
anneaux porta le trésor des guer-
riers, une part d'or solide, durci
au feu
4473. Wûlcker et Heyne : « weard » : Zupitza : « wearth » ; Kemble :
« eard » : le « w » lui paraît ajouté.
4473. Sur « rihde », on distingue dans le manuscrit, une correction :
« wende ».
4476. Kemble : « leng ».
4486. Zupitza : a hard-wyrthne »; Kemble : « fyr-hardne » .
4488. « fee » ajouté sur « fea » (Zupitza).
4499. « ge-sawon sele-dream », peut encore signifier ici les joies éter-
nelles des « einherjar », ou héros morts, dans le Valhalla.
:>:j ï
BËOWULF
.poo .N.i li 1 1 \\ ;'i s\\ rnnl-w Bge
I'ol. 180a.
oththe iv o p nue footed'
wai'-c
(Irvnc-r.rl deûre.
dugnthe ellor^seoc,
seeal se hearda helm
[hyrlsted golde,
fa; tu be-feallan ;
feorm [end I swefath.
tha the beado-griman
bywan sceoldon ;
45 io ge-swylce sëo here-pâd,
[sïo] œt hilde ge-bâd
ofer borda ge-bra>c
lath !-bite irena,
brosnath a^fter beorne;
ne mœg byrnan hring
a>fter w[ïg-fruman]
wide feran,
haslethum be healfe ;
neees hearpan wyn,
4520 gomen gléo-beâmes,
ne gôd h a foc
geond sael swingeth,
ne se swifta mearh
burh-stede beâteth,
be[aloLcwealm hafath
fêla feorh-cynna
[feorth] on-sended.
Swfi. gTomor-môd
giolitho mœnde,
453o an ffifter eallfi
. . // dit rev quelques pa-
roles :•« — |{ciicii> bten, aujour-
d'hui, ô terre, maintenant que i<-s
héros ni' le pourraient plu>. les
richesses acquises par les hom-
mes : car voici qu'autrefois, des
braves les avaient arrachées de
ton sein ! La mort guerrière et la
ruine de la vie ont emporté sans
merci, tous les hommes de mon
peuple, de ceux qui ont perdu le
jour, après avoir connu la joie
des festins, au fond des palais. Il
n'en est plus qui puisse porter le
glaive, ou recevoir la coupe mas-
sive, ou la vaisselle de prix, dans
laquelle on boit : les vaillants sont
morts de tristesse ! Le casque
résistant, orné d'or, aux ciselures
en relief, sera enfoui sous la
terre : ceux qui le fourbissaient,
dorment dans la mort!
« Ainsi en sem-t-il encore de la
cotte de mailles qui dans la
bataille, sous le choc des boucliers,
résistait à /'âpre morsure du fer :
ainsi reposera-t-elle, après le guer-
rier qui la porta. Et /'armure
annelée n'ira plus au large, ni au
loin, avec le héros, aux cotés du
combattant ! .
4501. Au lieu de « feormie », Grein propose « fetige ».
•450-). La plupart des éditeurs : «scoc».
4j 19. Heyne conserve à « naes », la forme du manuscrit.
1527. Zupitza : « forth ».
HEOWTLF
'.YM\
un-blithe hwe op ,
da>ges and nihtes
pththbaet deâthes wylm
In' an act licortan.
Ilord-wvnne fond
cald uhl-s.vathu
opeoe standan,
3ë the byrnende
biorgas§éceth,
p f<) nacod nit I ih Irani
nith es j flëogeth
fyre befangeo ;
hyne fold-buende
awythe ondraeda[th]<
[foL180b.]
He" gesëcean sceall
I ho] r "donj hriisan ... .
thaer hë haethen gold
warath wintrum frod, l{;
né bith him wjhte thy [sél] :
455o thaet a se.theôd— sceatha
thrëo himd wintra
[h]eold on hrusam
hord-serna su,
eacen [cr]œftig, ,
oththset hyne an a-bealch
mon on mode :
man-drvhtne bœr.
faeted wâege, ;
friotho-waere bsed
4D60 hlâford sinne, ;.
Dâ [w]aes bord râsod
. . . . // n'y a plus de joie,
éveillée par la harpe; plus de
plaisir naissant du bois harmo-
nieux. Et le bon faucon, en se
balançant, ne vole plus hors du
palais ; cl l'intrépide cavale ne
s'arrête plus devant les remparts
delà cité! Le fléau fatal exigea le
tribut d'une multitude de vies ! »
Ainsi, Tàme triste d'anciennes dou-
leurs, il se lamentait : seul survi-
vant de tous les autres, amère-
ment il pleurait et le jour, et la
nuit, jusqu'à ce que les vagues de
la mort recouvrissent son cœur.
L'antique fléau du crépuscule
trouvait le trésor enviable., sans
gardien : lui qui, brûlant, cherche
les montagnes: le dragon, nu et
furieux, qui vole par la nuit, dans
un tourbillon de flammes.
Les habitants de la terre le
redoutaient bien, alors que rendu
prudent par les années, il gardait
/'or païen, et n'en avait point,
pour cela, plus de joie. Là, pen-
dant, trois siècles, ce fléau puis-
sant veilla sur l'antre souterrain
des trésors, jusqu'à ce qu'un
homme vînt /'irriter
1 4544-4540. Los corrections entre parenthèses, sont de Zupitza. Le manus-
crit a un manque de deux lignes et quart.
4552. Kcinble : « hrusan »,
455,5., La plupart des éditeurs : « abealh ».
4561. Kcmble : « reafod ».
536
BKOW I LI
on-boren beaga hord,
bene ge tithad
fea-sceaftû men.
Free scëawode
fïra fyrn-ge-weorc
[fjorman si'the ;
thà se wvrm on-wôc
wrôht wvts ge-nlwad,
4570 stone thâ œfter stâne,
stearc-beort on-fand
feôndes f6t-[ljâst ;
hê to forth ge-st6p
dyrnan crœfte
dracan heâfde neâh ;
swâ mseg un-fœge
eâthe ge-digan
wëan and wrœc-sith,
se the wa Id en des
4580 hyldo ge-healdeth .
Hord-weard sohte
georne œfter grunde,
wolde guman findan
thone the hi on sweofote
sâre ge-teode ;
hât and hreôh-mod
hlsewii eft ymbe-hwearf
[fol. 181 a.]
ealne [utan]-weardne
nethaer œnig mon
4590 on thaem wëstenne,
hwaetre hilde ge-féh,
befadu !-weorces hwilû
Celui-ci
porta à son seigneur-, la coupe
massive; il supplia son suzerain
de lui faire remise de sa peine : le
trésor fut découvert; le trésor des
anneaux, fut ravi : sa prière fnl
accordée à l'homme hors la loi,
et son seigneur contempla le tra-
vail antique des hommes.
Sitôt que le dragon s'éveilla, il
redoubla de fureur : il flaira les
rochers à l'entour; la rage au
cœur, il découvrit la trace des pas
de son ennemi : celui-ci s'échappa,
par un pouvoir secret, en passant
près de la tête même du dragon,
et l'homme prédestiné, que pré-
servait la grâce du Dieu Tout-
Puissant, put aisément fuir, loin
de la douleur et du danger de
l'aventure. Le gardien du trésor
cherchait avec acharnement, sur
le sol : il voulait trouver l'homme,
celui qui durant son sommeil, lui
avait fait cette injure. Brûlant et
féroce, il allait et venait autour de
ses monceaux (d'or), parcourant
toute la montagne, sans trouver
d'homme dans la solitude. Mais il
aimait le combat, et se plaisait
aux efforts de la lutte : . . . .
4562. Kemble : « oth-broden »; Thorpe : « oth-boren ». Bugge propose :
« bear/a daêl », en alléguant que la répétition de « hord», est une faute du
copiste.
4588. Kemble, Grundtvig, Thorpe, Wùlcker etHeyne : « hlaeio riû ».
4590. Kemble : « thaem » ou « thaere » ; Grein : « haethe », pour l'alli-
tération. Heyne : « [traps'] on thâere wëstenne ».
HKOWI LF
537
on beorh »t-hw earf
sinc-fci*t sôhte ;
hé thaet sôna on-f and |,
tha't haefde gumena su
goldes ge-fandod,
heâh-ge-streôna.
llord-weard on -bad
4600 earforth-Hce
oththset aefen , cwômj ;
wœs thâ ge- bo I gen
beorges hyrde,
wolde fêla thâ
lïge for-gyldan,
drinc-fset dyre.
Thâ waes dœg sceacen
wyrme on-willan,
no on wealle keg
4610 ne bfdan wolde,
ac mid baele for,
fyre ge-fysed ;
was se fruma eges-lïc
leodû on lande,
swâ hyt lungre wearth
on hyra sinc-gifan
sâre ge-endod .
U revint à
la montagne, et il chercha parmi
la vaisselle précieuse.
Il découvrit bientôt que quel-
qu'un, que certain homme avait
touché à son or, et à ses trésors
magnifiques. Le gardien des
richesses attendit impatiemment
que la nuit fût venue : «à cette
heure, le berger de la montagne
entra en fureur : il voulait, en
soufflant la flamme dans l'étendue
de la contrée, se payer de la perte
de la chère coupe, où il buvait.
Alors, pour la joie du serpent, le
jour s'en fut : il ne voulait demeu-
rer plus longtemps sur son emi-
nence, mais il s'avança, vomis-
sant des flammes, et tout brûlant.
Le commencement du fléau dans
le pays, fut terrible au peuple, et
bientôt il devait, en se précipitant,
s'achever pour lui en douleur,
dans la personne de son prince
bien-aimé.
XXXIII
XXXIII
Thâ se gaest on-gan
glédû spîwan,
4621) beorht hofu baernan ;
bryne-leôma stôd
eldum on andan ;
no th'aerl âht cwices.
Alors l'étranger se prit à vomir
des flammes, et h brûler les claires
demeures.
4004. Jiui»£e : 0 se lalha ».
4(>09. Kemblo et Thorpe : « leng ».
338
111 f.W I I.I
lâth [yfl (loga
lee fan w ol <lc :
fol. 181 1
WJI'S lllil'S WVIIIII'S wig
wide gc-sv ne],
ne aro-fâges nith
iic'ni and feorran,
4()3o lui s e gûth-sceatha
( i en la leôde
hatode and hvn [de :
hord eft ge-scëat,
drvht-sele dyrnfne],
a '!• dœges h wile.
Haefde land-wara
[lï]ge be-fangen,
ba>le and bronde ;
- ; beorges ge-truwode
4O40 wiges and wealles,
hi seo wén ge-leah.
Tha \va3S Bio-wulfe
broga ge-cy[th]ed
sniide to sôthe,
thaet his sylfes him,
bolda sélest,
brvne-wylmû mealt, ! '
gif-stul Geâta ;
thaet tha god an wses
46 5 o hreow [o]n hrethre,
hyge-sorga mœst ;
wénde [s |e wisa
thaet hë wealdende,
ofer ealde [riht, f
écean dryhtne
bitre ge-bulge;
[bjreost innan weôll
theostru ge-thoncum,
swa hi ge-th5rwe ne wœs.
Les flammée terriflaienl les hom-
mes, et lr serpent maudit, en
volant à Iravi'rs les airs, n'en
laissait poinl de \ i vaut . Les hosti-
lités du dragon étaienl très mani-
festes, ainsi que la perfidie du
monstre aux couleurs variées, et
ton sa rail combien ce fléau (Je
guerre haïssait et persécutait le
peuple des Gêats: A son trésor il
retourna, à son antre secret; avant
l'aube. Il avait investi Its habi-
tants du pays, de feu, de flammes ;
il les avait frappés de foudres. //
avait foi en sa montagne, en sa
fureur guerrière, en sa citadelle :
mais l'espoir -lui mentait. Fuis
cette terrible nouvelle, à là vérité,
fut annoncée en hâte à Béowulf :
que son propre palais, le meilleur
des édifices, avait été détruit sous
des vagues de feu } — le trône et
les trésors des Geats !
Ce fut pour le bon prince à /'âme
ardente, la plus sensible des pei-
nes : le roi pensa qu'il avait gra-
vement offensé le Tout-Puissant,
le Seigneur éternel, en violant
l'ancienne loi : son cœur était
empli de sombres pensées, comme
jamais il ne lui était ainsi advenu.
Le gardien de flammes, qui veil-
lait sur /'antre, avait entièrement
détruit par le feu, . . . . .
4645. Wiilcker : « him »; Conybeare, Kemble : « ham »,
HKOW I LF
839
.\(W)o Heefde fig draca
leôda feeten,
ëalojûd utan,
eorth-weard thone,
gledD for-grunden : ; .
hi th.i's gi'ith-kyning,
Wedera thiôden,
wraece leornode.
Iléht hï thé eê wrcean
wigendra hleô
4670 eall (renne,
eorla dry h ten,
wig-bord wreeWfc :
wis se hë gear we
[fol. 182 a.]
thaet hT holt-wudu
heflpan] ne meahte,
lind withlïge ;
sceôlde thend daga •
fetheling a?r-gôd
ende [ge]-bidan
4680 worulde lifes,
and se wyrm somod,
theâh the hord-welan
heoldelanfge ]*
Ofer-hogode thà
hringa fengel
thaet hf1 thone wïd-fïogan
weorode ge-sohte,
sïdan herge,
ik') hë hï thâ sœcce on-dred ;
4690 né him thees wyrm es wig
for wiht dyde,
la consistance
e\ du peuple, et de l'île dans son
étendue. De cela, le roi de la
guerre, le prince des Westerns, lui
fil éprouver le châtiment. Alors
l'espoir des comtes, ordonna qu'on
lui forgeât un bouclier ciselé, tout
de fer : il savait bien, en effet,
qu'un bouclier de bois n'eût pu le
protéger : le bois de tilleul étant
opposé à la 11 am me.
Lui, le prince à la bonté éprou-
vée, était condamné à vivre la
fin des vains jours de la vie du
monde : et avec lui, le dragon,
quoique/ eut longtemps possédé
les trésors amoncelés. Le prince
d°s anneaux fut trop orgueilleux
pour aller trouver le monstre qui
vole au loin, avec une troupe et
une suite nombreuse. ...
4675. Le manuscrit manque au coin du feuillet.
4677. Kemble : « laen-daga ».
4684. Quand Frdtho, fils d'Hadding, va combattre le dragon, il est sans
compagnons. Saxo, livre II : « Solitarius in insulam trajicit, ne comitatior
belluam adoriretur, quam A.thletas aggredi moris f'uernt ».
540
IIEoWliLF
eafotli and ellen ;
for thon hë œr Cela
nearo-néthende
nîtha ge-dfg de],
hilde-hlemma,
syththan hê Hrôth-gàr[es] ,
sigor-eâdig secg,
sele fa'lsodè,
4700 and set gfùthe] for-grâp
Grendeles msegû
lâthan cynnes :
no thyet latest w <es
hond-ge [môta]
thaer mon Hyge-lâc slôh ;
syththan Geâta cyning.
gûthe-raesum
freâ-wine fol ces,
Frës-Iondumon,
47 1 o Hrëthles eafora
hioro-dryncum swealt,
bille ge-beât[en] ;
thonan Bio-wulf côm
sylfes crrefte,
sund-nytte dreâh ;
hœfde hT on earme
[fol. 182 b.]
XXX.
hilde-geâtwa
Ihâ hê thô holme [stâ]g;
4720 nealles het-ware
hrém ge-thorftfonl
fëthe wiges,
the hi foran on-gëan
linde bœron :
Ivt eft be-ewôm
Il De crai-
gnait pas pour lui même, ce com-
bat, et ne faisait aucun cas des
victoires du dragon, de sa force,
ni de sa valeur, car lui-même,
auparavant, en présence d'invinci-
bles obstacles, avait vaincu en
plus d'une entreprise, dans le
tumulte de bien des batailles,
depuis que, guerrier familier du
succès, il avait purifié le palais
d'Hrothgar, et s'était mesuré avec
la parenté de Grendel, de la race
maudite qu'il avait détruite. Ce ne
fut pas le moins terrible des com-
bats, que celui où l'on massacra
Hygelac ; après que le roi des
Geats, le Seigneur et l'ami des
peuples, le rejeton d'Hrethel eût
péri dans les attaques, percé des
glaives, abattu d'un coup, chez
les Frisons. De là, Beôwulf revint,
par le secours de sa seule force,
par l'avantage qu'il avait de
nager : il portait sur les bras, le
poids de trente armures, quand il
se prit à voguer sur la mer pro-
fonde. En aucune manière, ses
ennemis n'eurent raison, dans
leur ardeur guerrière, de se van-
ter de /'avoir attaqué, à l'abri de
leurs boucliers : un petit nombre
d'entre eux échappèrent au loup
de guerre, et rentrèrent à leur
foyer
4717. Le manuscrit a une lacune à ce vers, et Grein la comble ainsi (?)
« [ana] thrittig ».
4723. Kemble : « forons.
BEOWULF
541
frâ thâ hi Id fraecan,
liâmes niôsan :
ofer-swam thé
siôletha bi-gong
473o sunu Ecg-theôwes,
ea rm ân-haga,
eft tô leôdû,
thaer him hygd ge-beâd
hord on rTce
bëagas ond brego-stôl ;
bearne ne trûwode,
thaet hë with ael-fyloû
éthel-stôlas
healdan eût he,
4740 thâ wœsHyge-lAc dead.
Nô thy œr feâ-sceafte
findan meahton
aet thâ aethelinge
[sejnige thinga,
thaet hé Heard rëde
hlâf-ord [w]œre,
oththe thone cyne-dôm
ciôsan wol[d je ;
hwaethre hë hï on folce
47D0 freônd-lârû heôld,
éstû mid are
oththcet hë yldra wearth,
Weder-Geâtû weôld.
Hyne wraec-mœcgas
ofer sâe sôhtan,
suna Oht-eres ;
hsefdon hy for-healden
helm Scylfinga,
thone sélestan
. . . Alors le tils d'Ecgtheow,
misérable et solitaire, nagea sur la
Irace delà baleine, jusqu'aux rives
de son peuple, où Hygd lui offrit
des anneaux, et un trône :
// n'avait pas foi en son tils,
pour tenir dignement le trùne de
son père, et pour le défendre contre
les nations étrangères. Hygelac
était mort : le peuple infortuné ne
put obtenir plus tùt du noble héros,
qu'il devînt le maître d'Heardred,
ou qu il prit, pour lui-même, le
royaume sans partage. Mais il
aida le fils du roi de ses conseils
affectueux, parmi le peuple, et il
gouverna les Weder-Geats, jusqu'à
ce que le jeune homme avançât
en âge, vivant en joie et en hon-
neur. Les fds de la vengeance, la
postérité d'Ohthere vinrent le trou-
ver, par delà les mers. Ils avaient
fendu le casque du chef des Scyl-
finos, du meilleur des rois de la
mer, de ceux qui dans Swio-rice,
distribuaient les trésors : — un
prince fameux, en vérité !
4726. Kemble : « hfrecan ».
4741). Thorpe : « hine »>
4755. Kemble : « sohton ».
o!42
ItKOWl IF
4760 sfie <\\ àinga
thâra the in Swio-nVe
sine*' brytnade,
mâerne theôden :
loi. 183 a.
hi thael tô mearce wearth :
hé thaèr or-feorme
feorh-wunde Meat,
sweor des swen gum,
sunu Hyge-laces,
.:' and [himt eft gé-wàt
4770 Ongeh-thiôes beam
hâ[-mes] ni('>san,
syththan Heardrëd lœg ;
let thone brego-stôl
Biô-wulf healdan,
Geétû wealdan ;#
thaet wœs gôd cyning.
XXXIV
SO tlues leod-hryres
lean ge-rnunde
uferan dôgrû,
4780 Ead gilse wearth
feâ-sçeaftû freônd ;
C'était, défâ, pour lieu 11I1 i'<l, un
présage ! En ces lieux, le fils bVHj
gëlac, privé de la vie reçut par la
destinée, une blessure mortelle
parmi le balancement des glân
et le (ils d'Ongentheow revint
visiter ses demeures, puisque
Il card red avail été massacré. //
laissa Beôwulf monter1 Sur le trône,
et régner sur les Geats : ce fut là,
un bon roi !
XXXIV
(Beowulf) songeait à venger la
ruine du peuple : en des jours
plus lointain, il devint /'ami d'Ead-
gils qui était dans la détresse : il
donna au fils d'Othere, de quoi
traverser la mer étendue, avec des
Guerriers et des armes ; . . .
4702. En saxon, le verbe faisant suite à « thara the », est mis au singulier,
s'il se rencontre, déjà, un nominatif singulier. Le sens reste attaché à la
personne, et n'est pas transporté à ceux, avec qui la personne est comparée.
« thara », se comporte comme une sorte de génitif indéterminé : « gehirylc
thara », tout homme au monde. Son sens devient plus limitatif, quand la
personne à laquelle il s'applique, est plus déterminée : « thone sélestan »,
le meilleur : il est souvent renforcé d'un pronom, tel que « gehirylc »...
Exemple de ce cas, avec « aénig » : « Beowulf », v. 1679, 2922, 5465;
Cod. Verc. I, 764 ; — avec « aéghwylc » : « Beowulf », v. 2095 ; Cod. Verc.
ï, 48 ; — avec « gehwylc » : « Beowalf », v. 196, 1986, 4198. Cf. Psalt. p. 4 :
« Hwisynd swa maenige minra feonda, thara theme swenrafh ».
4705. (irein : on feorme » ; Ileyne etMoller : « for feorme » .
BEOWULF
543
folçe ge-stépte
Ofe r 58e side
nu nu Uht-eres
wigû and waepnû :
bë ge-wraec svththan
cealdû cear-sithum,
cyning ealdre bi-neât«
Swé hê nil ha go- h wane
4700 ge-nesen-lnofde,
sli'thra ge-slyh ta ,
sunu Ecg-thiâwes.
ellen-weorca,
oth thone ânne daeg
the hë vith thâ wyrme
ge-wegan sceolde.
Ge-wât thâ .XII. a sd
torne ge-bolgen,
dryhten-Geâta,
4800 dracan sceawiai n ;
ha'fde thé ge-frûnen
h wan an siô fa?hth â-ràs,
bealo-nith biorna :
hi tp bearm [cwôm]
[fol. 183 b.
màththû-faet rmere
thurh thœs ra[elda]n hond,
se wa?es on thâ dreate
threottëo thai secg,
se tha^s or-leges
4810 ôp on-stealde,
haeft [hy]ge-giômor,
sceolde hean thonon
won g wlïsian ;
et lui
Eadffils, dans une triste et mor-
telle rencontre, priva le roi de la
vitv
Ainsi le fils d'Ecglheow avait-il
triomphé en toute prouesse de
valeur, de toutes embûches, en
tout âpre combat, jusqu'à ce que
le jour vint où il dut se mesurer
avec le ver (de feu). En compagnie
de treize comtes parmi les Geats,
il se mit en route, la rage au cœur,
pour contempler le dragon. Il
avait pu découvrir l'endroit d'où
sortait le maudit, le monstre fatal
aux guerriers : la fameuse coupe
du trésor était venue en sa posses-
sion, par la main du traître qui
était le treizième homme de la
troupe, — et la cause de /'origine
du conflit. Contraint, et l'esprit
soucieux, il dut, effrayé, les guider
à travers la plaine :
4782. Heyne : « fêond\... folce gèstepte ». Dans cette interprétation, et
dans les vers suivants, « sunu » est au nominatif, et « cyning » se réfère à
Eadgils. En s'en lenanl ;'i la lecture du manuscrit, « sunu», est à l*acciisâtif,:
et «cyning » se rapporte à Onela. Et le sens est alors le suivant : « En
aidant Eadgiles coutre Onela, Beowulf tire vengeance des Frisons. »
:; i ï
BKOWULF
be ofer willan qion^
to thaes the he eorth-sele
an ne wisse,
hlâew under [h rusan,
holm -wy I me néh,
vth-ge-vinne;
4820 se \\;«>s innan full
wraetta and wïra ;
weard un-hiôre,
gearo guth-freca,
gold -math mas heuld,
eald under eorthan :
naes thaet ythe ceap
to ge-gangenne
gumena senigu.
Ge-saet thâ on nœsse
483o nith-heard cyning,
thenden haelo â-beâd
heorth-ge-neâtû,
goId-[w]ine Geàta,
him wœs geomor sefa,
waefre and wsel-Ms,
wyrd un-ge-mete neâh,
se thone gomelan
grétan sceolde,
sécean sâwle-hord,
4840 sundur ge-daelan
I if with lice ;
nô thon lange wœes
feorh sethelinffes
fla3sce be-wunden .
Biô-wulf mathelade
beam Ecg-theôwes :
fela ic on-giogothe
guth-raesa ge-nœs,
ôr-leg-hwila ;
4850 ic thaet eall ge-inon :
il allait ainsi
contre son gré, quand il aperçut
une caverne, creusée sous la terre,
près du flot de l'océan, — et
contre laquelle se brisaient les
vagues.
L'antre, à l'intérieur, était plein
d'ornements en relief et de fils
(d'or). Un gardien sauvage, prêt à
la guerre, et féroce, (vivant) depuis
longtemps sous la terre, veillait
sur Cor fabuleux, qu'il n'était aisé
pour aucun homme, d'obtenir.
Donc, le roi dur à la guerre, s'as-
sit sur le promontoire, cependant
qu'il faisait, lui, le prince des
Geats, — ses adieux aux compa-
gnons de son palais. Triste était
son Ame indécise, mais prête à la
la mort : le Destin le touchait
presque, prompt à accueillir le
vieux guerrier ; à ravir le trésor
de son âme ; à séparer sans retour,
la vie de son corps. Et la vie du
noble héros ne devait plus être
longtemps emprisonnée dans sa
chair. Beôwulf, le fils d'Ecgtheow.
parla : « J'ai dans ma jeunesse,
traversé bien des assauts de
guerre, et vécu plus dune heure
de bataille !
« Je me souviens de tout cela !
J'avais sept ans, quand le prince
des trésors, le seigneur ami des
peuples me prit à mon père. . .
4837. Wùlcker : « seo ».
IŒOWULF
545
lc waes syfan-wintre
[fol. 184 a.]
tliâ mecsiofca bal]dor,
freâ-wine folca,
set minCi faîdferej ge-nam ;
heôld mêc and haefde
Hrethel cyn[ing],
geaf mo sine and symbel,
sibbe ge-mund[e] ;
nœs ic hi to life
4860 lâthra 6-wihte,
beorn [in] burgu,
thon" his bearna hwyle,
Here-be[ald], and Hœth-cyn,
olhthe Hyge-lâc mine.
Wses thâm yldestan
un-ge-défe-lice,
mœges deedu,,
morthor-bed strëd,
syththan hyne Hœth-cyn
4870 of horn-bogan,
his freâ-wine,
flâne ge-swencte,
miste mercelses,
and his maeg o[f]-scét,
brôthôr ôtherne,
blôdigan gare ;
thaet w[aes] feoh-leâs ge-
[feoht,
fyrenû ge-syngath :
Hreth[el] hyge-méthe.
4880 Sceôlde hwa3thre swâ theâh
aetheling un-wrecen
ealdres linnan,
swâ bith geômor-lic
gomelû ceorle
Le roi
Hrethrel me nourrit et nVéleva,
nie donnant le trésor et le festin,
et se souvenant de notre parenté.
Dans la vie du palais, je n'étais
pas moins cher au guerrier que
Tun de ses enfants: Herebeald et
Haethcyn. et mon cher Hygelac.
Pour l'aîné, par la faute de son
frère, il fut prématurément étendu
sur la couche de la mort, quand
Haethcyn, son allié et ami, l'eût
tué dune flèche, tirée à fare de
corne ! H manqua son but, et il
atteignit son parent, — car ils
étaient frères entre eux, — d'un
trait sanglant, décoché de loin.
C'était là un crime odieusement
perpétré, et que l'argent ne pou-
vait racheter.
Hrethrel fut abattu par la dou-
leur. Néanmoins le noble enfant,
sans vengeance, dut quitter la vie :
car il est si triste pour un vieil-
lard, d'endurer que son jeune fils
se balance à un gibet ! . . . .
4868. )> morthor-bed stred ». Cf. Cod. Verc. I, 2184
sty red » .
« Mid bed d
35
546
iti «>\\i LP
ti'i ge bidanne
iliac! his byre ride
giông on galgan :
thon hë gyd wrece,
aarigne sang,
4890 thon his su nu hangath
href ne to hrôre,
and hé hï helpan ne mœg,
raid and in-frod
âenige ge-fremman :
synable bith ge-myndgad
morna ge-hwylce
[eafor]an ellor-sith :
[fol. 184 1». J
ôthres ne gymeth
tô i;e-bidanne
4900 burgu in in nan
yrfe-weardas,
tii on se an hafath
thurh deâthes nyd
daxla ge-fondad :
ge-syhth sorh-cearig
on bis suna bure
win-sele wéstne,
wind-ge-reste.
reotebe-rofene :
4910 îidend swefatb
ïtonc il ha
faut seulement chanter un triste
chant, pend a ni que ion Q)s esi
livré en pâture aux corbeaux, et
que lui-même, vieux et infirme,
ne peut lui venir en aide ! Sans
cesse, chaque matin lui rappelle
la mort de ta postérité. // se soucie
peu de l'espoir d'attendre, du haut
de ses tours, un autre héritier,
quand le premier, déjà, a su hi
l'épreuve de la vie, et l'étreinte
subite de la mort ?
Soucieux et se lamentant, il voit
dans les demeures de son fils, la
salle du vin déserte : le vent seul
/'habite; seuls, ses bruits y reten-
tissent :
4891. A « hrore », dans le manuscrit, un « tli » a été ajouté, de sorte que
ce mot y est ainsi écrit : « hrothre » .
On doit lire ici, « hrothre ». Il n'y a pas en anglo-saxon de substantif
« hror ». Le sens général commande « hrother », bienfait. Cf. v. 4338 de
« Beowulf ». Gaedm. 62 : « to hleo and to hrother ». Cod. Ex. 25. Cod.
Verc. 1,225. 1437.
4892. Kemble : « helpe ».
4901. Thorpe : « yrfe-weardes ».
4908. Thorpe : « ge-raeste ».
4910. « ridend », est ici l'équivalent de l'allemand du xne siècle, « ritter »
BKOWIILF
541
fueleth in liothnian ;
nis thaer h(\!ij>a ii vwég,
gomen in geardu,
swvlco I liner \i\ w aron.
XXXV
Ge wfteth thon on sealman,
sorh-leôth gaeleth
an avfter and :
thiîhte him eall to ru
wongas and wfc-stede,
4920 Swa Wedra helm
a'fter Here-bealcle
heortan sorge
weatlende vneg,
wihte ne meahte
on thâm feorh-bonan
fâeghthe ge-bétan ;
no thy 8BF he thone heatho-
rinc
hatian ne meahte,
latho m dœdô,
40 3o theah hi leôf ne wnes.
He tha mid Ulcere sorhge
the hT sio sar be- lamp,
g5 -dream of-geaf,
Godes leoht ge-ceâs ;
eaferû lœfde,
(swâ déth eàdig mon)
lond and leod-byrig,
. . . les guerriers et les comtes
y dorment à jamais, dans les
ténèbres- En ces demeures, comme
autrefois, ne résonnent plus ni
les échos de joie, ni le son de la
harpe.
XXXV
En ces temps, il se prit à
chanter, à chanter des lais de
tristesse, Pun après l'autre. Toute
chose lui semblait trop vaste : et
les plaines désertes i et le palais
abandonné! Ainsi le chef des
Westerns portait en son cœur, des
larmes de douleur pour llere-
beald : et toujours, il ne pouvait
se venger du crime, sur le meur-
trier : et quoiqu'il s en fît un
reproche, il était également inca-
pable de se déterminer à haïr le
guerrier chargé de ce forfait.
Donc, dans la tristesse, depuis
que cette douleur l'avait accablé,
il renonça à la joie du monde, et
choisit la lumière de Dieu. //
laissa à ses descendants, ainsi que
le fait un homme riche, ses terres
et sa métropole^ quand il quitta
la vie
(eques, caballero, unczvs). Et le mot usuel, pour désigner un chevalier, était,
sous les premiers rois normands, « riderez.
4(J2tJ. keniule : « faéhthe».
1934 . Kemble : « sorge ».
4932. Thorpe : « (ha ».
548
BEOWl IF
thé hë of life, ge-wât.
Thâ [wœs] synn and sacu
[fol. 185 a.
4940 Sweôna and (ieâla,
ofer w id ivjeter
wroht ge-maene,
here-nith heard[ra |,
syththan Ilrêthel swealt ;
oththc liï Ongen-theowes
eaferan waeran
fro me fyrd-hwate
freode ne woldon
ofer heafo healdan,
4q3o ac ymb Hreosna-beorh
eatoflne] in-wit-scear
oft ge-fremedon :
thaet infaeg] wine
mine ge wraecan
fcohtheand firene,
s wâ hit ge-frœge wœs,
theâh the other
his ealdre ge-bohte,
heardan ceâpe ;
4960 Haeth-cynne wearth,
Geâta dry ht ne
giith on saeg[e] :
thâ ic on morgne ge-freegn
mfieg 6th erne
billes ecgù
. . . 11 y avait alors un conllil
entre les Suédois et les Geats, sur
le vaste océan, des dissensions
communes, et des dispositions
hostiles chez les guerriers, après
iju'llrethel fût mort; jusque-là,
déjà, les fils d'Ongentheow, braves
et fiers à la guerre, n'avaient pas
voulu maintenir la paix sur la
mer, mais souvent autour d'Hreos-
nabeorh, Us préparaient de terri-
bles embûches. Un mien compa-
gnon pourrait raconter les crimes
et les offenses, tels qu'ils ont été
connus de tous, et de quelle ma-
nière ils ont été vengés chèrement,
au prix de la vie des coupables !
Encore pour Haethcyn, le chef
des Geats, la guerre fut-elle fatale.
Là, au matin, comme je l'appris,
l'un des frères vengea / autre sur
le meurtrier, à la pointe du glaive,
quand Ongentheow se rencontra
avec Eofor ; son casque de com-
bat céda, et le vieux Scylfîng
tomba évanoui : il se rappelait
bien et la force de sa main, et ses
exploits, mais il ne para pas le
fatal élan du glaive
on bonan staelan
thaer Ongen-theo
Eofores niosath ;
4946. Kemble : « waeroti ».
4951. Kemble : « atolne ».
4951. Le manuscrit porle deux fois « ge » par incorrection : « ge ge-
fremedon ».
4908. Grein : « niosade ».
BEOWTLK
549
giitli-helm tô-glâd ;
4070 gomela Scylfing
lire a s blâc,
hond ge-munde
fœhtho ge-nôge,
feorh-sweng ne of-teâh :
ic hl tha math mas
the hê më seal de
geald set gûthe,
swâ më gifethe wœs,
leôlitan sweorde ;
4080 hê më lond for-geaf,
eard éthel-wy[n] :
naes him aenig thearf
thaet hë tô Gifthy,
oththe tô Gâr-denu,
oththe in Swio-rice,
sécean thurfe
[wyrs]an wïg-frecan,
[fol. 185 b.]
weorthe ge-cypa[n].
[Swylce] ic hï on fethan
4990 be-foran wolde,
âna on orde,
and swâ tô aldre sceall
sœcce fremman,
thenden this sweord tôlath
thaet mec aer and sith
oft ge-Iœste,
syththan ic for dûgethû
daeg-hrefne wearth
tô hand-bonan
5ooo Hûga [ce]mpan :
nalles hê thâ frœtwe
Frës-cyning[el,
J'ai payé
avec mes armes promptes à la
guerre, comme il me fut donné
(de le faire), les trésors dont il me
fit présent. Il (Hrethel) me donna,
en effet, des champs, un terri-
toire, et la joie de posséder un
patrimoine : point n'était besoin
pour lui de recherche à prix
d'or, de moindres guerriers, parmi
les Gifthas, ou les Gardenes, ou
dans Swiorice.
Ainsi, à la bataille, je le
devançais, toujours seul, dans la
mêlée, et ainsi le ferai-/e, de
toute rua vie, aussi longtemps
que durera ce glaive qui, récem-
ment, et en des temps lointains,
m'a souvent servi : quand par
ma bravoure, je tuai de mes
mains le corbeau du jour, Hugh,
le guerrier : il ne put nullement
apporter le trésor, /'ornement
pectoral au roi des Frisons, mais
lui, gardien de /'étendard, fut
renversé dans la lutte : . . . .
4969. Cf. Cod. Verc I, 250 : « niht-helm to-glad ».
4971. Grein ajoute au manuscrit : « [heoro-]blac »r
499Kf Kemble ; « daeg-hroefne » ,
:>;>()
BEOWULF
brcnst -worthunge
bringan môste,
ac in cempan ge-erong
rumbles hvrdc,
tetheling on elne.
Né wii's ecg bona,
ac In hilde grâp
5oio heortan wylmas,
bân-hûs ge-bnec.
Nii sceall billes ecg,
bond and heard sweord,
ymb hord wigaûi.
Beô-wulf mathelode
beôt-wordiï sprœc
nïehstan sithe :
ic ge-néthde fela
gutha on geôgothe,
5o2b gyt ic wylle,
frod folces weard,
fachthe sécan
mœrthû freminan,
gif mec se mân-sceatha
of eorth-sele
ut ge-séceth.
Ge-grëtte tha
gumena ge-hwylcne,
hwate helm-berend,
5o3o hindeman sithe,
swaese-ge- sîthas
Nolde ic sweord beran,
waepen to wyrme,
gif ic wiste hu
[fol. 186 a.
with tham ag-kecean
elles meahte
5005. Kenible : « in compe »>
r>009. Thorpe : « Ic him ».
mon
glaive ne le lit point périr, mais
mon (''Ireinte lui brisa le cœur, et
la carcasse. Maintenant aussi, la
pointe du glaive, la m;iin et le
dur acier vont guerroyer pour le
trésor ! »
Beôwulf s'àd ressaut à eux, leur
parla pour la dernière fois, en
termes menaçants : « —J'ai risqué
ma vie en bien des batailles, dans
ma jeunesse, et encore le ferai-je :
pasteur âgé de mon peuple, je
perpétrerai le massacre ; j'accom-
plirai l'œuvre de gloire, si l'inique
fléau me vient chercher hors de
sa caverne ! » Alors, il fit ses
adieux à chacun des hommes, lui
(Beôwulf) qui portait hardiment
le casque ; il salua ses chers com-
pagnons, pour la dernière fois :
« — Je ne prendrai (dit il) ni
glaive, ni toute autre arme contre
le dragon, si je savais que je
pusse serrer étroitement le mau-
dit, comme je le fis autrefois, de
Grendel ; mais je gage que ce
combattant de feu est brûlant,
féroce, et empoisonné : . . . .
5023. KembLe et Bugge : « maertho ».
«B0\< MF
551
gylpe with-gripan
swé ic giô with
Grendle dyde ;
5040 at if thaer 1 1 0 a 1 1 1 u 1 * \ ivs
hâte S \\ (MIC,
0 retfoes .nid hâttres ;
for-thon ic më on hafu
bord and byrnan :
nelle ic beorges weard
ofer-fleon
fûtes I rem
ac nnc see all woorthan aêt
wealle
swâ nnc wyrd ge-teoth,
5o5o metod manna ge-lnwes :
ic eom on mode from
thaet ic with thone giïth-
flogan
gylp\>f~er -sitte;
ge-bide gë on beorge
byrnû werede,
secgas on searwu,
hweether sél maege
a^fF va^l-raese
wunde ge-dygan,
5o6o uncer twéga.
Nis thœteower sith,
né ge-met-mannes,
ne fne] mïn ânes,
wat hê with âg-lœcean
c'est pon r-
quoi je porte sur moi le bouclier,
et la cotte de mailles !
« Je ne rec nierai point d'un senl
pas, dormit le gardien de la mon-
tagne ; mais en présence de
l'obstacle, Dieu, la Providence de
tout homme, nous sera en aide !
J'ai l'orgueilleux dessein d'attein-
dre à la gloire, en combattant
contre le monstre, brave et ailé.
Te nez- vous sur la montagne,
guerriers, couverts de vos cottes
et de vos armures, et v>oyez lequel
des deux combattants, doit se
relever de sa blessure, après la
mêlée
5042. Heyne : « refîtes and-hâttres » .
Il convient de lire : « affres ». L'allitération est sur « le », non sur
« hafu ».
5046. Ce vers est incomplet au point de vue rythmique. ËttmÙll'èr ctGreih
proposent : « [feo/td] oferfleon » ; Heyne : « feond Unhyre ».
5047. Kemble : « tremmum ».
5060. Kemble : <« twegra ».
5064. La plupart des éditeurs et Kemble : « thaef », nu lieu de ti ivat >k
o52
BKOWULF
eofotho da±Ie,
eorl-8cype efne :
ic mid el ne sceall
goldge-gangan,
nth the gùth nimeth,
5070 feorh-bealu frëcne,
freân eowerne.
A'-râs thâ bï ronde
rôf ôretta,
heard under helme,
hioro-sercean ba?r
under stân-cleofu ;
strengo ge-truwode
ânes mannes ;
ne bith swylc earges sith.
3o8o Ge-seah thâ be wealle
(se the worna fela,
[fol. i86 b.]
gû-cystù gôd,
gûtha ge-dïgde,
hilde-hlemma
thon hnitan fêthan),
stôdan stân-bôgan,
streâ ût thonan
brecan of beorge ;
wses thœre burnan wœlm
3090 heatho-fyrû hat,
ne meahte horde neâh
un-byrnende,
âenige hwile
deôp ge-dygan,
for dracan lëge.
. • .Ce n'est point là une entre-
prise pour vous, ni pour tout
autre homme, excepté moi seul, —
d'aller faire effort contre le mau-
dit, et ^/'accomplir la prouesse
héroïque. Par mon courage, j'ob-
tiendrai /'or, ou la guerre qui
ravage la vie, vous ravira sans
merci, votre seigneur ! »
Alors le guerrier fameux, au
bouclier redoutable, se leva, le
casque bien fixé et vêtu de la
cotte de mailles, il s'avançait sous
les cavités de la falaise : il avait
foi en sa seule force : et une telle
entreprise ne sied point au lâche !
Lui, brave et magnifique, qui
dans plus d'une guerre avait eu le
succès, — dans le tumulte des ba-
tailles, quand se heurtaient les
troupes, — Beowulf, aperçut du
haut des pierres sur lesquelles il
était monté, un torrent qui se pré-
cipitait des flancs de la montagne :
les flots en étaient brûlants, comme
la flamme de guerre! Le héros ne
put réussir à descendre près du
trésor, même un instant, sans être
arrêté par la cuisson du feu du
dragon
5065. Kemble : « earfotke».
5085. Kemble : « hnitomn.
5086. Kemble : « stodon ». La plupart des éditeurs : « sto[n~\dan ».
5092. Kemble : « un-birnende »,
5094. Kemble : « f/edîgan ».
BEOWULF
553
Lêt thi of breôstû,
(ha he" ge-bolgcn was.
Weder-Geâta leôd
word ût fa ran :
bioo stearc-heort styrmde,
stefn in be-côm
heatho-torht hlynnan
under hârne stân :
hete waes on-hrêred,
hord-weard on-cnïow
mannes reorde ;
na?s thaer m ara fyrst
freôde tô friclan,
frô aerest cwôm
5 1 io orath âg-laeeean
ût of stâne,
hât hilde-swât :
hriise dynede,
biorn under beorge
bord-rand on swâf
with thâm gryre-gieste
Geâta drybten.
Thé wœs hring-bogan
heorte ge-fysed
5 120 sœcce tô séceanne :
sweord œr ge-braed
gôd guth-cyning,
gomele lâfe,
ecgû un-gleâw :
seg-hwœthrû waes
bealo-bycgendra
[brô]ga frâ othru :
[fol. 187 a.
stlth-mùd ge-st(3d
with steâpne rond
5i3o winia bealdor ;
thâ se wyrm ge-beâh
. . . Ace moment, le chef des
Weder-Geats, dans sa colère,
laissa déborder ses paroles : un
violent orage grondait en son
oenr vaillant. Sa voix sortit en
accents guerriers, et résonna sous
/'Apre rocher : la haine fut excitée.
Le gardien du trésor reconnut la
voix de l'homme : il n'y avait
plus longtemps de paix, pour le
guerrier ! D'abord s'éleva des
pierres, /'haleine du monstre,
chaude et sanglante ; la terre
gronda ; le héros, le seigneur des
Geats, se mit en garde, à /'abri du
bouclier, contre le féroce étranger.
En cet instant, le cœur du dragon
à la croupe annelée, fut prêt à
combattre, et le brave roi de
guerre avait déjà brandi son
glaive, l'antique legs', au dur
tranchant. Dans leur pensée sau-
vage, ils éprouvaient de la terreur,
l'un de /'autre. Le prince des
féaux se tenait inébranlable, cou-
vert par son large bouclier.
£124. Busse : nuns fâir »,
:>:iï
BKOWl Ll
snûde t<'t somne
hë on searwum bâd :
ge-wât thâ b y nie n de
ge-bogeu scrftha a
tô g-scipe scyndan;
m -y Id welge-bearg
li'f] «ind lice
laessan hwile
5140 meerû theôdne
thonnfe) lii.s mynesohte,
thaer hë thy fyrste,
form an dôgore,
wealdan mùste,
swa him wyrd ne ge-scràf
hreth œt hilde.
Hond û[p] â-brœd
Geâta dry h ten,
gryre-fâhne slo[h]
5i5o incge lâfe,
thaet siô ecg ge-wâc
brun on bane,
bât un-swîthor,
thoïi his thiôd-cyning
thearffe] hœfde,
bysigû ge-baeded.
Thâ wœs beorges weard
œfter heathu-swenge
on hreôum mode,
5 160 wearp wâel-fyre
wide sprungon
hilde-leoman :
hrêth sigora ne gealp
gold-wine Geâta,
gûth-bill ge-swfic
nacod œt nithe
Mais le serpenl se replia rapide-
ment sur lui-même, et il attendit,
en embuscade : alors il s'avança,
brûlant, el déroulanl ses anneaux,
pour chercher la bataille. Certes,
le bouclier protégeait bien et la
vie, et le corps du prince fameux,
pendant la durée du combat qu'il
espérait court, en ce premier jour
où il devait forcer la victoire :
mais le destin, pour lui, n'en
ordonna pas ainsi. Le seigneur
des Geats leva la main, et frappa
le monstre aux effroyables cou-
leurs, avec le glaive, /elegs d'Ing,
de sorte qui\ en faussa la pointe,
qui se brunit à la brûlure de fos.
L'acier pénétra avec moins de
force que le puissant roi, las de
fatigues, ne l'avait espéré. Donc
le gardien de la montagne fut
plein de fureur de ce coup guer-
rier : il vomit de funestes flam-
mes : il fit rayonner au loin, les
feux de la guerre.
5136. Heyne adopte ici la correction de Mùllenhoff : « scrithàn to
gescife scyndan », « se montrant, avançant ».
5150. Thorpe : « Tncges ». Cf. Ing, roi des Danois du Sud.
ltloWULF
555
swâ h\ te m'» sceolde
ire ii œr-gôd,
in»1 wfles thaet éthe sfth.)
5 1 70 thaët se meera
maga Ecg-themves
grund-wong thone
of-gyfan wolde,
sceôlde willan
Nvic card i an
elles-hwergeto ;
swâ sceal fieg-hwylc mon
[Vol. 187 b.]
à-laetan Ueen-dagfasj.
Naes tha long to thon
5 1 80 thaet tha âg lrecean
hy eft ge-métton ;
hyrte hyne hord-weard,
hrether aethme weôll
niwan stefne ;
nearo "thrlôwode
fyre be-fongen
se the œr folce weôld :
nealles him on hêape
heand-ge-steallan,
5 190 Bethel in ga beam,
ymbe-ge-stodon,
hilde-cystu ;
ac hy on holt bugon
ealdre burgan :
hiora in ânû weôll
sefa with sorgù ;
sibb aefre ne mœg
wiht on-wendan
thâ the wel tenceth.
Le prince des (jieats ne s'enor-
gueillil pas d'une victoire glo-
rieuse : /'arme trompa son attente
— impuissante au combat —
comme n'eiU pas dû être un acier
d'aussi vieille trempe. Ce n'était
point là une entreprise facile, de
sorte que\e fils illustre d'Ecgtheow,
devait perdre le terrain, et aller
habiter en un autre monde, de
même que chacun doit quitter les
tristes jours de cette vie ! Les com -
battants acharnés furent encore et
bientôt, près l'un de l'autre : le
gardien du trésor résistait, la poi-
trine brûlant des feux de son
haleine, et il redoubla de cla-
meurs. Beowulf qui, auparavant,
avait régné sur le peuple, souf-
frit cruellement, enveloppé de
flammes.
Ses compagnons prochains, les
fils des nobles, ne vinrent nulle-
ment, braves et magnifiques, se
serrer en phalange, autour de
lui : mais ils s'enfuirent vers la
forêt, pour sauver leurs vies !
Cependant, le cœur de l'un d'eux
était rempli de douleur : pour
l'homme aux loyales pensées, rien
ne peut jamais l'affranchir des
devoirs de l'amitié !
5167. Kemble : « hit ».
5173. Kemble : « ofgifan ».
5174. ttieger : ofer willan » ; Grein : « wijrmes willan ».
5189. La plupart des éditeurs : « hand ».
M\(\
IlKOW I II
WW I.
XXXVI
5 200 Wig- 1 à f \va\s 1 1 <iten
Weox-stânes sunn,
leôf-lfc lind-wiga,
leod Scylfinga,
ma eg /Elf-heres :
ge-seah his mon-dryhten
under here-griman
hat thrôwian :
ge-mûnde thâ thâ are
the he him aer for-geaf,
52 10 wlc-stede weligne
Wâeg-mu n d i nga,
folc-rihta ge-hwylc
swâ his fœder âhte.
Ne mihte thâ for-habban,
hond-rond ge-fêng,
geolwe linde,
gomel-swyrd ge-teâh,
thœt wœs mid eldum
Ean-mundes laf
5220 suna Oht-ere[s]
[fol. 188 a.]
thâ aet soecce wearth
(wrfaacj wine-leâsû)
Weoh-stânes bana
mëces ecg-[um],
and his magû aet-baîr
brun-fagne helm,
hringde byrnan,
eald sweord etonisc
thaet hi Onela for-geaf,
523o his gœdelinges
giith-ge-wœdu,
fyrd-searo fûs-lic ;
no ymbe thâ fa3hthe spra^c,
Wiglaf était son nom : il était
fils de Weohstan, rare héros du
bouclier, chef des Scyldings, et
féal d'.EIfhere. Or, il vit son
seigneur bien-aimé souffrir des
flammes, sous son casque. Alors
il se rappel la les faveurs que
Beowulf lui avait autrefois accor-
dées, et le riche palais des Waeg-
mundings, et toutes les charges
publiques dont son père avait été
investi.
En cet instant, il ne put se con-
tenir. // saisit son bouclier au bois
teint en fauve; il tira son glaive
antique qui, parmi les hommes,
était regardé comme l'héritage
d'Eânmund, fils d'Ohthere, dont
Weohstan fut le meurtrier, dans
une bataille, à la pointe du glaive :
(il le châtia sans merci), et à son
compagnon il enleva le casque
aux bruns reflets, la cotte annelée,
le vieux glaive géant qu'Onela lui
avait donné ; /'équipement de
guerre, et tout ce qui sert au
combat. 'Jamais il ne parlait de
ce meurtre, bien qu'il eût conduit
en exil le fils de son frère. . . .
, Kemhle ; « Weoh-stan bana »,
It KO \\ IL F
557
theàh t lie hê his brôthor
[beam
à- bred wade :
hê fraetwe ge-heôld
fêla missera,
bill and by rua n,
othtluet liis byre milite
5240 eorl-scipe efnan
swa liis aer fœder.
(ieaf hï thâ mid Geâtù
giith-ge-waeda
aeg-hwaes un-rim,
thâ hê of ealdre ge-wât
frod on forth weg :
th aetj v<es forma sîth
geôngan cempan
th^aet] hê gûthe-raes
525o mid his freô-thryhtne
fremman sceôlde :
nege-mealt hï se môd-sefa,
né his maegenes làf
ge-wâc set wîge,
tha se wyrm on-fand
syththan hie to-gœdre
ge-gân hœfdon.
Wïg-Iâf mathelode
word-rihta fêla,
5260 saîgde ge-sithû,
h! wa3S se fa geomor :
ic thaet [eall ] ge-man
[fol. 188 b. |
Lui
(Weohstan), conserva pendant
mainte année, le trésor, les armes,
et la cotte, jusqu'à ce que son fils
put accomplir des exploits, comme
son père lavait fait avant lui.
Donc, en présence des Geats, il
lui donna une variété grande
d'armes de guerre, sans compter,
— quand il quitta la vie, âgé, pour
entrer dans les voies de la mort.
C'était la première fois que le
jeune guerrier allait livrer assaut,
avec son libre seigneur, son cou-
rage ne l'abandonna pas, et le
legs de son parent ne s'affaiblit
point entre ses mains, comme le
serpent en fit l'épreuve, quand
tous deux vinrent à se mesurer.
Wiglaf parla : il dit à ses co . pa-
gnons de justes paroles, et son
âme était pleine de douleur :
« — J'ai souvenir de toutes
choses :
5253. Ettmûller : « maegesy».
5255. Thorpe : « thaet » .
5262. Il faut lire, en ce passage, « eal », au lieu de « mael ». Hiallo chante
dans le înêine sentiment :
« dulce est nos domino percepta rependere doua,
acceptare euses, famœque împendere ferrum,
558
HUOWIJLF
thaer wê medu thëgun,
thou ni! wè* ge-héton
ûssu hlâf-orde
in biôr-sele,
the lis thâs beàgag geaf,
thaet wë In thâ gûth-getâwa
gyldan wold on,
5270 gif hT thys-licu
thearf g-lupe,
helmas and hoard sweord ;
the he usic on herge ge-
Tceas
t(') thyssu sith-fate
sylfes willu,
on-munde usic maTtha,
and mê thas mathmas geaf,
thê hê ûsic gâr-wigend
gode tealde,
5280 hwate helm-berend :
theâh the hlâf-ord us
this ellen-weorc
âna â-thohte
tô ge-fremmanne,
folces hyrde,
for-tha ha manna msest
maertha ge-fremede,
. . . . quand noue renions la
bière ; quand nous promettions
dans la salle des libations, a
notre seigneur qui nou> distri-
buait les anneaux, que nous le
paierions en retour, de nos armes,
de nos casques et de nos durs
glaives, s'il se trouvait, comme à
présent, réduit à quelque extré-
mité !
« Quand, de son propre mouve-
ment, il nous choisit de sa suite,
pour cette expédition, il nous
rappela notre bon renom, et me
donna ces trésors ; il ajouta qu'il
nous tenait pour de bons guer-
riers, portant hardiment le cas-
que ; et cependant, notre seigneur,
le pasteur du peuple, a pensé à
achever cette prouesse, seul, loin
de nous, parce que de tous les
hommes, il a conquis le plus de
gloire, et accompli les exploits les
plus follement héroïques ! . . .
enses theutonici, galeœ. armillœquê nitentes,
loricœ talo immisce, quas contulit olim
Rolvo suis, memores acuant in prœlia mentes.
Res petit, et par est, quœcumque per otia summa
nacti pace sumus, belli ditione mereri. ».
(Saxo, lib. II, p. 83).
5263. Kemblc : « fhegon».
5268 etsuiv. Cf. Tacite, Germania, XIV : « Les guerriers viennent solli-
citer les libéralités de leur prince,... quand leur lance est victorieuse, et
tachée de sang,
».
5274. Kemble : « sith-faete »
5286. Zupitza : « fortkau ».
HEOWl LF
559
daeda dol-licra :
mi is se daeg cumen
?2()o thaet Tire man-dry liten
meegenes be-hôfath
god i a gutli rinca :
wiitun gangan to
helpan hild-fruman,
thenden hit sy
gled-egesa grim.
God wat on mec
thaet mi" is micle leofre
thaet minne lic-haman
53oo mid minne gold-gyfan
g lêd fa? t h mie :
ne thynceth mê genrysoe
thaet wë rondas heren
eft tôearde,
nemme wë âer maegèn
fane ge-fyllan,
feorh ealgian i fol. 197 a.
Wedra theodnes.
le wàt gear [ë]
53 1 <> tliaet meron eald ge-wyrht,
thaet he ana scyle
Gë[àta] dûguthe
gnorn thrôwian,
ge-sigan aetsaecce :
ûrû sceal sweord and helm,
hyrne and byrdu scrud,
^beôn] ge-msene.
. . . Mainte-
nant, le jour est venu, où notre
cher seigneur réclame nos forces,
et de bons guerriers : Allons !
Allons vers lui : aidons notre
chef, toute cuisante et terrible
que soit la morsure du feu ! Pour
moi, Dieu sait que je serais même
heureux, que la flamme enve-
loppât mon corps, avec celui du
héros qui m'a donné l'or !
« Il me para ft honteux que nous
ramenions au pays, nos boucliers,
sans avoir d'abord terrassé ^en-
nemi, et défendu les jours du
prince des Westerns. Je sais assez
que ce n'était pas /'usage autre-
fois, que lui seul, sans le secours
des Geats, dût souffrir en détresse,
et tomber dans la lutte ! Aussi, à
nous deux seront communs glaive,
casque, cotte, et lourde armure ! »
Alors, il traversa les tourbillons
de la fumée fatale, et porta son
casque de guerre à /'aide de son
seigneur. . • • • • • . •
5300. Kemhle : « minum ».
5301. Zupiiza : u faethmie » ; Wiilcker : « faethmiae ».
5302. Kemble : « gerisene ».
5310. Kemble : « ge-rith ».
.>:U5. Zupil/îi el Kemble : « urum-sceat » .
5317. Cf. v. 3504. Anal. 20, 130. Cod. Ex. 26 (Fornal. Sôg. I, 221)
« bona skal ykkr bathum ».
560
BKOWLLF
Wôd thé thurli thone wœl-
l'raec,
vis-h'ea folan baer
5320 freân on fultû ;
feâ worda c[waeth] :
leôfa Biô-wulf
best eall tela
swâ Dj ii on g[eô]guth-fëore
geara ge-twaede,
thaet thii ne â-laete
be thé lifigendû
dômge-dreosan :
scealt nu dâedû rôf,
533o œtheling an-hydig,
ealle mœgene
feorh ealgian,
ic thé ful-laestu .
/ftfter thâm wordù
wyrm yrre cwôra,
âtol in-wit-g[aest],
ôthre sitfee,
fyr-wylmû fâh,
fionda niô[san],
5340 lâthra manna :
lig-ythù for-born
bord w[ith] rond,
byrne ne meahte
geôngû gâr-wigan
geôce ge-fremman ;
ac se maga geônga
undfer] his maeges scyld
elne ge-eôde,
thâ hisâgen [wœs]
. . . . // dit quelques paroles :
« — Cher Beowulf, accomplis
bien tout ce qu'en tes jeunes
années tu promettais, déjà : que
tu ne souffrirais point, tant que
durerait ta vie, que la justice fût
vaincue !
« Aujourd'hui, toi qu'ont rendu
fameux tes hauts faits, tu vas,
noble à l'âme droite, défendre ta
vie de toutes tes forces : je t'assis-
terai ! » Après ces paroles, le
serpent vint furieux, plein de
cruelles embûches, tout enveloppé
de vagues ignées, pour se ren-
contrer une seconde fois avec ses
ennemis, les hommes qu'il haïs-
sait. Sous un flot de feu, il con-
suma le bouclier par les bords. La
cotte ne fut d'aucun secours au
jeune guerrier, mais hardiment, il
vint s'abriter sous le bouclier de
son seigneur, puisque le sien avait
été réduit en cendres par les
flammes
5318. Kemble : « réc ».
5325. Kemble : « ge-cwaede ».
5341. Kemble : « for-barn ».
5342. Kemble : « ronde».
HKOWULF
561
535o gledù for-grunden.
Thâ-gën gùth-cyaing
meertha] ge-munde,
msegen-strengo,
slôh hilde-bille
[thaet] hyt on heafolan stôd
nithe ge-nyded,
Naegling for-baerst,
ge-swâc set sœcce
sweord Bio-wulfes
536o Gomol and grâeg-mâel.
In thaet gifethe ne waes
[fol. 197 b.]
[thaet] hï irenna
ecge mi h ton
helpan aet hilde;
wees siô hond to strong
se the mêca ge-h'wane,
mine ge-fraege,
swenge ofer-sôhte
thon hë tô saecce bser
5 3 70 waepen wundû heard ;
nees him wihte thé sél.
Thâ waes theod-sceatha
thriddan sithe,
frëcne fyr-draca,
fâehtha ge-myndig ;
raesde on thone rôfan
thâ hï rû â-geald,
hât and heatho-grim
A son tour, le roi de
guerre se souvint de sa renommée,
de sa force puissante : il frappa
de son glaive qui, balancé avec
fureur, se tint, menaçant, sur la
tête du dragon. L'acier de Nagling
s'ébrécha : elle fit défaut à
Beôwulf, dans le combat, la vieille
lame, aux taches de rouille !
11 ne lui fut pas accordé de se
servir efficacement du tranchant
du glaive, à la bataille : comme je
l'ai entendu rapporter, la main
était trop forte, qui brandissait
l'arme trempée dans les blessures :
elle en faussait à chaque coup, la
portée ; c'était, pour le héros, un
désavantage. Encore te fléau re-
doutable, le serpent furieux vomis-
sant la flamme, fut-il prêt à
/'attaque, une troisième fois : il
s'élança sur le prince renommé :
en cette rencontre, il lui rendit
chèrement son coup
5357. Le nom du glaive de Beôwulf, rappelle celui de Theodoric, «Naglh-
ringur », Wilk. Sag. XVI.
5362. Kemble : « irenne ».
5363. Kemble : « ecga ».
5367. Kemble : « ge-fraegn ».
5370. Wùlcker : « wundum »; Thorpe : « wundrum », — forme qui se
retrouve, au vers 98 du « Wanderer » : «< wundrum heah ».
3G
562
BKOWTLK
heals ealneymbe-fëng
538o biteran banû,
hë ge-blôdegod wearth
sâwul-driôre,
swât ythu weôll.
Brûlant et
féroce, il lui saisit le col entier
(Mitre ses grilles cruelles : il lui
couvert du sang de vie, qui bouil-
lonna comme le (lot.
xxx vu
XXXVII
lluiic aet thearfe [gefraegn]
theùd-cyninges
and-longne eorl
ellen cythan,
craeft and cénthu,
swâ him ge-cynde waes :
53go ne hédde hë thaes heafolan,
ac siô hand ge-barn
môdiges mannes,
thaer hë his maegenes
\ healpé ;
thaet hë thone nith-gœst
niothor-hwéne-slôh,
secg on searwû,
thaet thaet sweord ge-deâf
fâh and faeted ;
thaet thaé?t fyr on-gon
5400 swethrian syththan :
thâ-gën sylf cyning
ge-weold his ge-witte,
wœl-seaxe ge-braed,
biter and beadu-scearp
thaet hë on byrnan wseg :
for-wrât Wedra helm
[fol. 189 a.]
wyrm on middan
feond ge-fyldan
On raconte que le comte dans
la lutte, fit preuve d'audace, de
force, et de courage, en assistant
son grand roi, comme c'était son
devoir de le faire. Il n'avait point
souci de se couvrir de son ar-
mure, et la main du hardi guer-
rier brûla, tandis qu'il secourait
son allié, et qu'il frappait bas,
l'étranger ennemi. Le jeune guer-
rier armé, frappa de telle sorte
qu'il plongea le glaive à la poi-
gnée ciselée et massive ; après
quoi, les flammes commencèrent
à diminuer. A son tour, le roi
retrouva ses esprits : il brandit
son glaive fatal, cruel et tranchant
à la guerre, et qu'î/ portait sur
son armure
5393. Wùlcker : « maegenes » ; Kemble : « maeges »
5394. Kemble : « tha ».
KEOWTI.F
563
ferh-ellen wraec,
5410 and In by ne tha bégen
â-broten hœfdon
sib aethelingas,
1 swylc sceolde secg wesan
thegD set thearfe.)
thaetthâ tlieod ne waes
sithas sige-hwfle
sylfes daedû
worn lde]-ge-\veorces,
thé siô wund on-gon
5420 the hï se eiorthj-draca
a?r ge-worhte
swelan and swellan :
hr thaet sôna on-fand
thaet hi on breostu
bealo-nithj weoll,
fit tor on inn an :
thâ se aetheling giong
thaet h<~ bï wealle
wïs-hycgende
3430 ge s;et on sesse;
seah on enta ge-weorc,
hii thâ stân-bogan,
stapulu faeste,
éce eorth-reced
innan healde.
Hyne thâ mid banda
beoro-drëôrigne
th[eo]den mœrne,
thegn un-ge-mete till,
5440 wine-dryht [en] his
wastere ge-lafede,
hilde-ssedne,
Le fer des Westerns
pénétra dans le dragon par le
milieu (de son corps) : il punit le
serpenl de son mortel courage; il
terrassa l'ennemi : et tous deux,
les féaux alliés avaient détruit le
monstre! Ainsi devrait agir tout
guerrier, dans une pareille extré-
mité !
Ainsi, pour le prince, il y eut un
moment de victoire dans son
expédition, dans son entreprise
humaine, conduite par ses propres
moyens. Alors la blessure creusée
auparavant dans sa chair, par le
feu du serpent de terre, commença
à le brûler, et à s'envenimer. Il
découvrit bientôt qu'un mal inexo-
rable, le poison, brûlait au fond
de sa poitrine. Et le noble héros,
l'esprit encore vivant, alla s'as-
seoir sur une pierre, auprès des
remparts : il contempla le travail
des géants, admirant que la ca-
verne séculaire pût reposer sur
des arches de pierre, comme sur
des piliers. Puis, le féal si bon, de
sa main, baigna avec de l'eau, la
plaie de son cher seigneur, de
l'illustre prince, souillé de sang,
las de la bataille, — et il lui ôta
son casque.
541G. Kemble : « sithes sige-hicil » ; fîrein : « sithast sigehwila ».
5428. Kemble : « 6e».
5435. Heyne : « heoldon ».
564
m:o\\ i if
and liis hé lm on-speôn .
Biô-wulf mathelode,
hr ofer I» eone spraec,
wunde wœl-bleâte ;
wisse I if' gearwe
thaet he" daeg-hwila
gedrogen haefde,
5450 eorthan wynfne] ;
Hi a wœs eall sceacen
dogor-ge-rimes,
death un-ge-niete neâh :
nii ic suna minû
syllan wolde
guth-ge-waedu,
thaer më gifethe swfi
âenig yrfe-weard
[fol. 189 b.]
œfter wurde,
5460 lice ge-lenge.
]c thâs leôde heôld
fTftig wintra ;
nées se folc-cyning
ymbe-sitendra
œnig thâra
the mec gûth-winû
[gjrétan dorste,
egesan theôn :
icon earde bad
5470 [mjeel-ge-sceafta,
heold min tela,
ne sohte searo-nilhas,
ne mê swôr fêla
ad a on unriht.
le Unes ealles maeg
feorh-hennu seoc,
ge-feân habban,
fort h â mê witan ne thearf
Beôwulf parla, il dit ce qu'il
savait de sa blessure, fatale el
mortelle. Il n'ignorait pas, déjà,
qu'il avait rempli ^espace de sa
vie, et qu'il avait vécu las joies de
la terre ; que tous ses jours étaient
comblés, e/que la mort était toute
prochaine. « — C'est maintenant
qu'à mon fils je remettrais ces
armes de guerre, si quelque des-
cendant, sorti de mon sang,
m'avait été donné i J'ai régné sur
ce peuple, pendant cinquante
années. 11 ny eut point de roi
voisin qui ait osé me menacer de
guerriers, ou qui m'ait fait trem-
bler. Je me suis soumis dans mon
royaume, à la destinée : j'ai bien
gardé ce qu'elle me donna ; je
n'ai point cherché d'injustes que-
relles, et jamais, je ne me suis
parjuré !
« Pour tous ces mérites, mou-
rant de mes blessures, je puis
avoir de la joie, puisque le Roi des
hommes n'aura point à me repro-
cher le meurtre de mes féaux,
quand la vie se sera échappée de
mon corps
5443. Le manuscrit au coin, est défectueux.
BKOWULF
568
waldend fïra
3480 morthor-bealo mâga,
thonne mm sceaceth
Ilf of lice.
Ni'i (lui lungre geong
hord sceawian
under hérne stân,
Wig-lâf leôfa,
dû se wyrm ligeth
swefeth sâre wund,
since be-reafod :
5490 biô nii on ôfoste
thaet ic rer-welan,
gold-aeht on-gite,
gearo sceâwige
swegie searo-gîmas,
thaet ic thy séft msege
aefter mâththû-welan
[mi]n â-lœtan
lïf and leôd-scipe
thone ic longe heold.
XXXVIII
55oo Thâ ic snûde ge-frœgn
sunu Wih-stânes,
œff word-cwydû,
wundû dryhtne
hyran heatho-siôcû,
hring-net beran,
brogdne beadu-sercean,
under beorges href.
Ge-seah thâ sige-hrëthig
thâ hê bï sesse geông.
55 10 mago-thegn môdig,
[fol. 190 a.]
. . . . A présent, va-t-en sans
larder, et contemple les trésors
amoncelés sous la pierre sauvage,
o mon cher Wiglaf, maintenant
que le dragon gît, endormi par sa
blessure, et que nous lui avons
ravi le trésor ! Hâte-toi donc, afin
que je puisse contempler les
richesses infinies, /'or conquis, et
que je voie, enfin, tes joyaux, les
pierres variées. Ayant attaché mon
regard sur ces beautés, je pourrai
quitter la vie avec plus de dou-
ceur, — et le peuple que j'ai long-
temps guidé ! »
XXXVIII
Alors ai-je entendu dire que le
fils de Wihstân, après ces paroles,
obéit aussitôt à son seigneur mou-
rant : lui-même blessé, il gagna,
portant encore sa cotte, et son
armure de guerre, la voûte de la
montagne .
5483. Kemble : « gang ».
5509. Kemble : « be ».
566
mow i i.i
màththû-sigla fealo
gold glitmian
grunde ge-tenge,
wundur om wealle,
and thaes wyrmes denn,
ealdes ûht-flogan,
orcas stondan
fyrn-manna fa tu,
feormend- lease,
5520 hyrstu be-hrôrene :
thaer waes helm monig
eald and ômig,
earm-beaga fela
searwû ge-sâeled :
(sine eâthe maeg,
gold on grfunde],
gû-cynnes ge-hwone
ofer-hïgian,
hyde se the wylle : )
553o swylce hë siomian ge-seah
segn eall-gylden
heah ofer horde,
hond-wundra nicest,
ge-locen leotho-crœftiï,
of thâ leôman stôd
thaet he thone grund-wong
on-gitan meah[te],
wraece giond wlitan.
Naes thaes wyrmes thfaer]
5540 on-syn senig,
ac hyneecg for-nâ.
Thâ ic [on] hlœwe ge-frœgn
bord reâfian,
. . . .Glorieux de ta victoire,
à l'endroit où il se rendit près des
rochers, le brave féal aperçut une
multitude de pierres serties, et
l'or massif étincelanl sur h- sol ;
des richesses pendantes aux mu-
railles, et l'antre de /'antique dra-
gon, qui volait au crépuscule. //
di'couvrit rangés, des plats et ^/es-
vaisselles des hommes d'autre-
fois, abandonnés de leurs posses-
seurs, et aux inscriptions effacées.
11 y avait là, maint casque vieux
et rouillé; Une multitude de bra-
celets adroitement liés les uns aux
autres... [Les trésors et l'or, sur
la terre, peuvent aisément rendre
insensé tout être de la race des
hommes : que celui qui le peut,
les cache !]
Il vit également, plus bas, sur
ces richesses, une enseigne toute
d'or, s'élevant, magnifique, sur le
trésor : la plus étrange merveille
que des hommes eussent forgée
de leurs mains, et à l'aide d'in-
cantations : de ce trésor partaient
des rayons de lumière, de sorte
qu'\\ put voir, et l'insondable pro-
fondeur de /'antre, et l'étendue de
cette place isolée
5511. Kemble ; « fela » : quelques éditeurs : « feola »
5528. Grein : « \hord] oferhigian » .
5535. Kemble : « leoma ».
5538. Thorpe : « ivraete ».
BEOWULF
507
eald enta ge-weorc,
ânne man nan ;
hi on bearm hlod an
bfman and discas,
sylfes dome ;
segn eâc ge-no~m],
555o beâcna beorhtost,
bill aer-ge-scod,
ecg waes iren
eald-hlâf-ordes
thâ thâra mat lima
mund-bora wees
longe hwile,
lTg-egesan waeg
liât ne for horde,
hioro-weallende
556o middel-nihtum,
othth be northre swealL
[fol. 190 b.]
A'r waes on ofoste,
eft-sithes georn,
frsetwu ge-fyrthred ;
hyne fyrwet brœc,
hwœther collen-ferth
cwicne ge-mélte
in thâ wong-stede,
Wedra theôdén
55/0 ellen-siôcne,
thaer hë hine âer for-let.
Hê thâ mid thâ mâthmû
maerne thiôden,
dryhten sinne,
driorigne fand,
ealdresœt ende :
hë hine eft on-gon
wœ teres weorpan,
H n'y avait là,
plus de trace du dragon, que la
pointe du glaive avail emporté.
Puis, j'ai su que dans la caverne,
un seul homme se chargea (de
porter) le trésor, /'œuvre anti-
que des géants, suspendant à sa
poitrine, selon sa fantaisie, les
coupes et les plats. // prit /'en-
seigne, aussi, — le plus brillant
des étendards ; des armes au cui-
vre étincelant, à la pointe de fer,
ayant appartenu a l ancien roi
qui avait longtemps défendu par
elles, les trésors. Dans le flam-
boiement des torches, il avait cou-
tume, à minuit, de contempler les
richesses, et ainsi fit-il, jusqu'à
ce qu'il connut la mort.
//homme se hâtait, anxieux de
son retour, avec les trésors dont il
était chargé. La curiosité le pres-
sait de savoir s'il trouverait le
héros au cœur hardi, encore
vivant sur la plaine, ou le prince
des Westerns agonisant, à l'en-
droit où il l'avait auparavant
laissé. S avançant avec les trésors,
il découvrit le prince fameux, son
seigneur, souillé de sang, — au
terme de sa vie
•')"»:>. Hieger : « eald-hlaforde » .
5578. « weorpan », commande après lui, le datif, « waetere ».
568
BEOWULF
oth thaet worries ord
558o breôst-hord thurh-braec ;
gomel on giôgothe
gold sceâwode :
le thâra frœtwa,
fretin elles thane
wuldur-cyninge
wordû [se]cge,
ecu dryhtne,
the ic her on starie ;
thaes the fie] môste
5590 nii'nfi leodd
aer swylt-daege
swyle ge-[str]ynan ;
nu ic on mâth ma hord
minne be-bohte
frode feorh-lege :
fremmath ge-na
leôda thearfe :
ne mseg ic her leng-wesan
hâtath heatho-maere
56oo hâelw ge-wyrcean,
beorhtne aefter baele,
aet brimes nosan ;
se seel to ge-myndu
miniT leodii
heâh hlïfian
on Hrones nassse;
thaet hit sae-lithend
syththan hâtan
Biô-wulfes biorh,
56 10 thâ the Brentingas
Il se prit de nou-
veau, à le baigner d'eau, jusqu'à
ce que le sens des paroles pénétrât
au tréfonds son sein. (Beôwulf
parla), les membres fatigués, et il
regarda /'or : « — Je rends grâces
en paroles au Dieu universel, au
Koi de gloire, au Seigneur éternel,
pour les trésors que je puis con-
templer ici, longuement.
« Je le remerice de ce ^w'avant
ma mort, j'aie obtenu de tels avan-
tages pour mes peuples. Aujour-
d'hui, par prévoyance, j'ai conquis
par ma mort, un monceau de tré-
sors qui serviront encore aux
besoins du royaume. Je puis ne pas
demeurer plus longtemps, ici-bas !
Ordonne aux vétérans de la guerre
de m'élever une tombe éclatante au
sommet du bûcher funéraire, à la
pointe du promontoire, qui s'élè-
vera bien au-dessus d'Hronesnaes,
comme un souvenir pour mon peu-
ple, — et pour que les mariniers,
par la suite, /'appellent le mau-
solée de Beôwulf, quand les Bren-
tings voguent au loin, sur les flots
obscurs !
5581. Thorpe : « giohthe ».
Cf. God. Verc. 1, 136.
5594. La plupart des éditeurs : « mine » ; Kemble : « minum ».
5596. Thorpe, Grein, Heyne : « ge mi ».
5603. Kemble : « sceal ».
BEOWULF
569
ofer flôda ge-nipu
[fol. 191 a.]
feorran dri'fath.
Dyde hi of heal se
hring gyldenne,
thioden thrist-hydig
thegne ge-sealde,
geôndu gâr-wigan,
gold- fâh ne helm,
beâh and byrnan,
5620 héthyne brûcan well.
Thii eart ende-lâf
lisses cynnes,
Waes mundinsa ;
ealle wyrd for-speôf
mine mâgas
tu metod-sceafte,
eorlas on elne;
ic hï œfter sceal.
Thœt wœs thâ gomelan
563o gingœste word,
breôst-ge-hygdCi,
âer hë bâel cure,
hâte heatho-wylmas :
hï of hwœthre ge-wât
sâwol sécean
sôth-frestra dôm.
. . . . Le prince au cœur hardi,
détacha de son cou, son collier
d'or. (// le donna à son féal, au
jeune guerrier), avec son casque à
la couleur d'or, son anneau, et sa
cotte : il lui ordonna de s'en bien
servir : « — Tu es le dernier des-
cendant de notre race, des Waég-
mundings ! La Fatalité a pris dans
la mort, tous mes fils, guerriers
en pleine bravoure : je dois les
suivre !» — Ce fut la dernière pa-
role du vieux prince ; la dernière
pensée de son âme, avant qu'on le
portât sur le feu funéraire, sur les
vagues du feu dévastateur. De son
sein s'échappa son âme, pour
s'élever à la gloire des justes.
XXXIX
Le jeune guerrier eut alors la
douleur de voir sur le sol, le plus
cher des hommes, gisant sans
force, à la fin de sa vie.
XXXIX
Thâ wœs ge-gongen
gumû un-frôdù
earfoth-lice,
5640 thaet hë on eôrthan ge-seah
5624. Grein, Kemble, Heyne : « forsweof »,
5630. Kemble : « f/ingeste » .
5634. Kemble : « hrethre ».
570
BEOWULF
thone leôfestan
lil'cs set ende
bleâte ge-bâeran ;
bona swylce laeg,
eges-liceeorth-draca,
eald[re] be-reâfod,
bealwe ge-baeded ;
beâh-hordû leng
wyrm wôh-bogen
56 5o weald an ne niôste,
ac him irenna
ecga for-n anion,
hearde heatho-scearde,
ho m era lâfe,
thaet se wid-floga
wundu stille
hreâs on hrusan
hord a^rne neâh ;
nalles œfter lyfte
[fol. 191 b.]
566o lâcende hwearf
middcl-nihtu,
mathm-aehta wlonc
an-syn ywde,
ac hê eorthan ge-feoll
for thïes hild-fruman
hond-ge-weorce :
huru thaet on lande
lyt manna thâh
msegen-âgendra,
56yo mine he-fraege,
theâh the hê dâeda ge-hwees
dyrstig wâere,
thaet hé with âttor-sceathan
orethe ge-rsesde,
oththe hring-sele
hon dû styrede,
gifhe weeccende
weard on-funde
Son meurtrier, ^effroyable dra
gon de la terre, était également
étendu, privé de vie, atteinl par
le mal. Le serpent aux longs
replis, ne pouvait plus longtemps
régner sur le trésor des anneaux,
mais les pointes des glaives
l'avaient arrêté, — dures .nines
de guerre, forgées par le marteau
des géants, — de sorte que /'être
volant au loin, immobilisé par les
blessures, tomba sur le sol, prés
du repaire aux trésors. // n'allait
plus, volant à travers les airs, à
minuit, plein d'orgueil, exultant
dans la possession des trésors, et
projetant au loin, son corps, mais
il était tombé sur la terre, frappé
par la main du prince de la
guerre : peu d'hommes, d hommes
forts, comme je l'ai entendu dire,
ont réussi (quelque fut leur audace
en toute aventure), à s'exposer au
souffle empoisonné des monstres,
ou à troubler de leurs mains, la
possession des antres aux trésors,
s'ils en trouvaient le gardien
vivant et éveillé, sur la montagne.
IM-inWULF
571
hi 10 non beorge.
568o Biô-wulfe wearth
dryht-mâthma dael
dëâthe for-golden :
haefde âeg-hwaBthre
en de ge-fered
lâenan lifes.
Naes thâ Iang tô thon,
thaet thâ hild-latan
holt of-gëfan,
tydre treôw-Iogan
5690 Une aet somne,
thâ ne thorston aer
d a ret lui la can
on hyra man-dryhtnes
m ici an thearfe ;
ac h y scamiende
scyldas bâeran,
gùth-ge-wâedu,
thaerse gomela lœg,
wli'tan on Wï-làf :
5 700 hë ge-wërgad sret
fëthe cempa
freân eaxlû neah,
wehte hyne weetre ;
hï wiht ne-speùp,
ne meahte hë on eorthan
theâh hë ûthe wel,
on thâ frû-gâre
feorh ge-healdan,
Jieôwnlf avait acheté de la mort,
.sy* pari des trésors princiers : cha-
cun des combattants avait touché
à la fin de cette misérable vie ! 11
ne s'écoula point un long temps
avant que les lâches ne sortissent
du bois, — race d'hommes sans
foi, — dix tous ensemble : ceux-
là qui, auparavant, n'avaient point
joué de leurs javelots, dans la
grande détresse de leur seigneur
et roi. Maintenant, avec honte, ils
s'avançaient avec leurs boucliers,
leurs armes de guerre, vers l'en-
droit où reposait le vieux prince,
pour contempler Wiglaf. Lui, le
hardi champion se tenait, accablé
de douleur, près de la poitrine de
son seigneur, et il le baignait
d'eau.
Il ne réussit en rien, comme il
l'eût désiré, à rappeler son prince
à la vie terrestre, et la volonté de
Dieu, le roi souverain, l'ordonnait
ainsi,
5679. Kemble : « buan ».
5683. Kemble : « aeghwaether »; Grein : « aegfiwaetkre ».
5688. Kemble : « of g ea fori ».
5691. Kemble : « dorston ».
5696. Kemble : « baéron ».
5699. Kemble : « Wiglaf ' ».
5703. Kemble et la plupart des éditeurs : « speow »
572
BEOWI I. F
né thaes wéaïdendes [willan]
5710 wild on-cifran ;
woldedôm Godes
[fol. 192 a.]
daedû raedan
gumena ge-hwylcû
swa hë mi gën déth.
Thâ wses aet thâ geôngû
grï and-swar[u]
éth-be-gëte
thâ the âer his elne for-leâs.
Wig-làf mathelode
0720 Weoh-stânes sunu,
sec[g] sârig-ferth
seah on un-leôfe :
thaet la inœg secgan
se the wyle sôth sprecan,
thaet se môn-dryhten
se eôw thà mâthmas geaf,
êored-geatwe
the gë thaer on-standath,
thon he on ealu-bence
5y3o oft ge-sealde
heal-sittendû
helm and byrnan,
theoden histhegnû
swylce hë thryd-licost
ô-wër feor oththe neâh
findan neahte,
thaet hë gënunga
gûth-ge-wâedu
wràthe for-wurpe,
5740 thâ hyne wig be-get :
nealles folc-cyning
. . . . comme elle commande;
encore au destin de tout homme,
aujourd'hui même. Puis, le jeune
héros eut bientôt apostrophé ceux
qui, naguère, avaient manqué de
courage. Wiglaf, fils de Wihslan,
parla : le guerrier à l'âme triste.
paraissait en proie à la colère :
« — Ecoutez ! Celui qui dira la
vérité, pourra rapporter que le
seigneur qui vous distribua des
trésors et /'équipement de guerre
qu'à présent vous portez : quand
à la table de bière, il donnait aux
convives des casques et des cottes,
se comportait en prince pour ses
féaux, alors qu'il eut pu en
trouver au loin, ou près de lui, qui
fussent aussi excellents ; celui-là,
dis-je, pourra rapporter qu'il a
rejeté ses armes et ses moyens de
défense, au moment où la guerre
assaillit son roi!
5709. « [willan] » : addition de Thorpe
5735. Kemble : « o-hwaer ».
5740. Kemble : « begeat ».
BEOWULF
573
fyrd-ge-steal Ian
gylpan thorfe,
hwaethre hi God uthe,
sigor[a] waldend,
thaet hê hynesylfege-wreec
âna mid ecge,
thâ hi W8BS elnes thearf.
le hï lif-wnithe
5/5o lytle meahte
set gifan aet giithe,
and on-gan swâ theâh
ofer mïn ge-met
rnaeges helpan :
symle wees thy ssemra
thon ic sweorde drep
ferhth-ge-nithlan,
fyran swithor
wêoll of gewitte.
5760 fergendra to lyt
throng ymbe theôden,
thâ hyne siô thrag be-cwôm,
[fol. 192 b.]
Hû sceal sinc-thego
and swyrd-gifu,
eall éthel-wyn,
« Le prince n'eût pu s'enorgueil-
lir de ses compagnons ; et cepen-
dant Dieu, dispensateur des victoi-
res, lui accorda de se venger seul,
à la pointe du glaive, quand il lui
fallut faire une dernière prouesse.
Je ne pus que protéger faiblement
sa vie dans la bataille, et toute-
fois, je me pris à secourir mon
parent, au delà même de mes
forces. Je demeurai toujours le
plus faible : alors, je frappai de
mon glaive le meurtrier qui brûla,
de lui-même, de flammes plus
ardentes !
« Trop peu de défenseurs se
pressèrent autour de leur prince,
quand l'attaque fondit sur lui !
Maintenant la distribution des
trésors, et le don des glaives,
toute joie de l'héritage paternel,
tout secours manqueront à votre
postérité !
5758. Grein : « fyr ran swithor ».
5760. Kemble et la plupart des éditeurs ; « Wergendra ».
57G3. Kemble : « Nu ».
Toutes ces paroles de Wiglaf sont, sans doute, une formule de jugement.
Ainsi Chlodovis, parlait- il à son vassal Ragnachari, qui avait été pris et
enchaîné. Cf. dans Script. Rer. Gall, and Francic. vol. II, 555 : « Oui dixit
C/tlodoveus, cur humiliasti gentem nostram, ut te vincere permit teres ?
Nonne melius tibi fuerit mori ? Et elevata bipenne, in caput ejus defixit,
et m.jrtuus est. Conversusque ad fratrem ejus, ait; si tu solatium fratm
tuo prœbuisses, ille H g a tus non fuisset. Similiter et ipsum in capite
percussum inter fecit, et mortuus est ». D'après Tacite, la félonie d'un
guerrier, retombait sur sa « gens », ou « maégburh » : Germania, VI :
« nee sacris adesse aut concilium inire ignominioso fas... ».
574
BEOWl LF
eowni cynne
lufenâ-licgean :
lond-rihtes mot
thàere mâeg-burge
770 monna aeg-hwylc
idel hweorfan,
syththan aethelingas
feorran ge-fricgean
fleam eôwerne,
dô-leâsan dâed :
death bith sella
eorla ge-hwylcu
thonne ed-wit-lif.
XL
Héht thâ thaetheathoweorc
5780 tô hagan biôdan,
up ofer ëcg-clif,
thaerthaet eorl-weorod
morgen-longne dseg
môd-giômor sast
bord-haebbende,
béga on wénû
ende dogores
and eft-cymes
leofes monnes.
5790 Lyt swigode
nîwra spella
se the naes ge-râd ;
ac hë sôth-lice
ssegde ofer ealle :
nii is wil-geofa
Wedra leôda,
dryhten Geâta
. . . . Chacun des descendants
de vos familles errera, privé de
ses droits de cité, quand au loin el
au large, des nobles entendront
parler de votre fuite, de votre
acte ignominieux! Pour tout guer-
rier, la mort est préférable à une
vie sans honneur ! »
XL
Il ordonna donc que l'œuvre de
guerre fût annoncée à l'armée, de
la falaise marine, où la troupe des
guerriers portant leurs boucliers,
s'étaient tristement assis durant
ces heures, dans l'attente, et de la
fin du jour, et du retour du héros
chéri.
Le messager cacha peu de chose
des nouvelles, en s'avançant sur le
promontoire, mais il dit en tout,
la vérité : « — Maintenant celui
qui donnait la joie au peuple des
Westerns, le seigneur des Geats,
est étendu sur son lit de mort,, et
il habite le séjour de l'éternel
repos !
5767. Kemble : « leof'en ».
5781 . Kemble ; « lg-clif » .
BEOWULF
575
death -bedde fœst :
wunath wœl-reste
58oo wyrmes dâedû :
liim on efn I i get h
ealdorge-winna,
siex ben nu seôc ;
sweorde ne meahte
on thâ âg-làecean
âenige thinga
wunde ge-wyrcean.
Wïg-làf siteth
ofer Bio-wulfe,
58io l)yre Wih-stânes,
eorl ofer ôthrû
un-lifigendû,
healdeth hige-mœthum
heâfod-wearde
[fol. 193 a.]
leôfes and lâthes.
Nu [is leôdum] wén
orleg-hwile,
syththan under [ne]
Froncû and Fry su
5 8 20 fyll cyninges
wide weortheth ;
wœs siô wrôht scepen
heard with Hûgas,
syththan Hige-lâc cwôm
faran flôt-herge
on Frêsn[a] land
thaer hyne het-ware
hilde ge-hnâegdon,
elnege-eôdon
583o mid ofer-mœgene,
thaet se byrn-wiga
. . . A ses côtés, gft son ennemi
mortel, abattu à coups de stylet,
— car il n'a pu faire de blessure
au monstre, avec son glaive.
Wiglaf, fils de Wihstan, demeure
auprès de Beowulf, — lui, vivant
auprès du mort, et il veille, avec
chagrin, sur l'ami et sur l'ennemi !
« Le peuple peut s'attendre à
une ère de guerres, aussitôt que
la mort du roi sera connue des
Francs et des Frisons : une guerre
implacable fut faite aux Hugas,
après qu'llygelac fût venu, avec
une flotte, envahir le pays des
Frisons, où ses ennemis le vain-
quirent, et l'humilièrent à la
guerre : hardiment, ils marchèrent
contre des forces supérieures, et
ainsi le guerrier dut leur céder :
il tomba dans la bataille, et le
prince ne donna aucun trésor à
ses compagnons vaillants. . . .
5803. Cf. Cacdm. 118; Hélj. 170 : « nundonsiok ».
5813. Kcmble. : « hyge-méthnm » : Sievers : « hige-methe »
5822. Kemble : « scapen».
576
BEOWULF
bûgao sceolde ;
feôll on fëthan :
nulles frœtwe geaf
ealdor dûgothe.
Us wars â-svtbtban
mere-Wïoingas
milts un-gyfethe.
Ne ic te Sweô-theôde
S 840 sibbeoththe treôwe
wihte ne wéne;
ac wœs wide cûth
thaeteOngen-thiô
ealdre be-snythede
liàeth-cen Hrëthling,
with Hrefna-wudu,
thâ, for on-m[edJlan,
arrest ge-sôhton
Geâta leôde
585o gûth-Scilfingas.
Sona hï se frôda
feeder Oht-heres,
eald and eges-full,
hond-slyht à-geaf ;
â-breôt brï-wisan
brydtâ heorde,
gomela iô-mëowl[an],
golde be-rofene,
Onelan môdor
5 860 and Ôht-heres;
Tou
jours, depuis lors, le bienfait de
la paix avec le roi mérovingien,
nous fut refusé : et je n'espère ni
bonne entente, ni fidélité des Sué-
dois.
« Mais il fut bien connu qu'On-
gentheow priva de la vie Hàeth-
cyn, Hlrethling, près de la forêt
d'Hrefna, quand par orgueil, les
guerriers Scylfings cherchèrent
querelle, pour la première fois, au
peuple des Geats. Bientôt le père
avisé d'Ohthere, vieux et terrible,
le frappa de sa main, el priva le
roi de la mer, (Haethcyn) de son
cortège de vierges
5837. Kernble : « mere-Wi-cinga » ; Wûlcker : « Merewioinga ».
5839. La plupart des éditeurs : « to ».
5854. Pour garder l'écriture du texte « hond-slyht », que la plupart des
éditeurs écrivent « ond-slyht », il faut admettre que Y «h », puisse allitérer
avec les voyelles. Le même cas se rencontre plusieurs fois au cours du
poème, dans « Hanferth », par exemple.
5856. Quelques éditeurs : « brjjd ahëorde », mais Zupitza et Kernble con-
servent l'écriture du manuscrit.
BEOWI LF
577
and thé folgode
feorh-ge-nfthlan,
oththœt hi oth-eudon
earfoth-lfce
in Ilrefnes-holl,
lilâf-ord-leâse.
Be-sset thé sin-herge
sweorda lafe,
wundû wërge,
5870 [weân" oft ge-hét
[fol. 193 b.]
earmre teôhhe
ond-lo[ngel niht ;
cwaeth hê on mergenne
méces ecgum
gëtan wolde,
sum[e] on galg-treowu[m]
[fuglum] to gamene :
frôfor eft ge-lamp
sârig-môdû,
588o somod âer-dœge,
Le vieillard
lui ravit la vieille épouse toute
parée d'or, la mère d'Onela et
d'Ohthere, et il poursuivit alors
les meurtriers, jusqu'à ce qu'ils
échappassent malaisément, dans
la foret des corbeaux, et privés de
leur seigneur Puis avec des forces
puissantes, il assaillit ceux que le
glaive avait épargnés, et qui se
mouraient de leurs blessures : pen-
dant la nuit entière, il menaçait
mainte fois de supplices, cette
race malheureuse !
Il disaitqu'au matin, il les trans-
percerait de glaives, et qu'il en
pendrait quelques-uns à des gibets,
pour son plaisir!
5857. 11 faut lire, ici, « iu-meowlan «, et « gomele », à l'accusatif singu-
lier. Parmi les composés de « iu », ou « gio ». Cf. Bed. I, XXIV : « iu-
cyning » ; Caedm. 276 : « iu-daed » ; Boet. 41 : « gio-daeg » ; Beda, V, 23 :
« iu-monna » .
5870. Les guerriers sauvages du Nord mettaient à mort leurs prisonniers,
comme le faisaient presque toutes les nations, avant les progrès du christia-
nisme. Les exemples en sont nombreux dans Saxo Grammaticus : Cf. le
dialogue entre Gro et Bessus, livre I, p. 7 ; V, 84 ; VI, 123 ; VIII, 155, 156 ;
IX, 171, 176. Dagobert faisait massacrer les prisonniers qui étaient plus
hauts que son épée fichée en terre. Pertz. I, 79 ; A. D. 955 : « Otto Rexcum
Agarenis pugnabat... et erat numerus eorum C millia, et multi illorum
comprehensi sunt cum rege eorum nomine Pulszi, et suspensi sunt in pâli -
bulis... ». Charlemagne massacrait ses prisonniers saxons, mais après les
avoir qualifiés de rebelles. Cf. le cruel supplice infligé par Ubbo, à /Ella de
Northumberland : « ôrn risla », « aquilam secare », D. R. A. 691. Dans
l'Edda Saem. Sigurd-q. II, 26 (vol. II, 165), l'on voit Sigurdr faire subir cette
torture à Lingwi, fils d'Hunding. Cf. Fornald. Sôg. I, 329, 354.
5876-5877. Correction de Thorpe.
37
578
IIKOWCLK
sytlillian lue Hyge-lâces
horn and by man.
gealdor on-gëaton,
thâ se goda côm
leôda dûgothe
on lâst faran,
XLI
L'espoir, encore,
vint renaître, à l'aube, jjour les
infortunés, quand ils perçurent le
cor et les trompes d'Ilygelac ;
quand le bon prince vint sur lew
trace, avec la puissance de son
peuple.
XLI
Waes siô svvât-swatbu
Swona and Geâta,
wœl-raes weora,
5 890 wi'de ge-syne ;
hu thâ foie mid hi
fâehthe tô-wehton.
Ge-wât him thâ se goda
mid his gaedelingû,
frôd fela-geômor,
feesten sécean,
eorl Ongen-thio
ufor on-cirde ;
hœfde Ilige-lâces
5900 hilde ge-frûnen,
wlonces wig-crœft ;
wi three netriiwode
thaet hê sœ-mannû
on-sacan mihte,
heâtho-lithendû,
hord for-standan
bearn and bryde ;
beâh eft thonan
eald under eorth-weall.
5910 Thâ wrcs aeht boden
Sweona leôdû,
Les rencontres sanguinaires des
Suédois et des Geats; les fatals
assauts des guerriers, montraient
bien comment les deux peuples
avaient allumé entre eux, la guerre.
Alors le vaillant chef, vieux et
très triste, alla chercher un retran-
chement, avec ses compagnons.
Ongentheôw, le comte, se replia
vers la plage.
Il avait entendu parler du
renom d'Hygelac à la guerre, et de
la force au combat, de /'orgueilleux
héros. Il ne se fiait point à son
adversaire ; il savait ne pouvoir
résister aux hommes de la mer, à
ceux qui avaient vogué sur les
profondeurs, ni défendre contre
eux son trésor, son fils et son
épouse.
5888. « Sw\e]ona » donné par'Kemble> et la plupart des éditeurs.
5889. Kemble : « wera ».
BEOWULF
579
segn Hfge-lace[s] ;
freotho-wong thone
ford ofer-eôdon
syththan Hrëthlingas
to hagan thrungon.
Thaer wearth Ongen-thiôw
ecgû sweordu,
blonden-fexa
5920 on bid wrecen,
thaet se theôd-cyning
thafian sceôlde
eafores arme dôin.
[fol. 194 a.]
H v ne vrrïnga
Wulf Won-rëding
waepne ge-raehte,
thaet him for swenge
swât aedrum sprong
forth under fexe.
593o nœs hë forht swâ thëh
gomela Scilfing,
ac for-geald hrathe
wyrsan wrixle
wsel-hlem thone,
syththan theôd-cyning
thyder on-cirde.
Nemeahte se snella
sunu Won-rëdes
ealdû ceorle
5940 hond-slyht giofan,
ac hë hï on heâfde
helm aer ge-scer,
. . . Le chef âgé partit encore
de là, pour gagner un retranche-
ment. Pendant ce temps, le peuple
des Suédois offrait For, et /'en-
seigne royale à Ilygelac : les
llrethlings traversaient des plaines
tranquilles, quand soudain, ils se
précipitèrent sur les troupes ca-
chées. Alors, on tira vengeance du
meurtre : Ongentheôw à la tête
chenue, fut amené à la pointe des
glaives, et lui, le roi puissant, dut
se résoudre à sa fin, selon la
volonté d'Eofor seul. Wulf, le fils
de Wonred, dans sa rage, l'attei-
gnit de son arme, de sorte que ce
coup fit jaillir le sang des veines,
sous les cheveux.
« Néanmoins le vieux Scylfing
ne fut pas terrifié, mais vivement,
il rendit le coup de pire manière :
après que le roi puissant se fût
retourné, le fils agile de Wonred
ne put faire au vieillard de nou-
velle blessure,
5918. Kemble : « sweorda ».
5923. Kemble : « Io fores »: Heyne : « Eo fores ».
5929. Kemble : « feaxe ».
5940. Kemble : « gif an ».
5942. Kemble : « ge-scear ».
580
BEOWULF
thffet In"' blôde fît h
bûgan sceôlde ;
feôll on foldan,
mes hi faege thâ git;
ac hë hvne ge-wyrpte
theâh the hë wund brine.
Lot se hearda
5950 Hige-làces thegn
l)iâd[n]e mêce
thâ his brôthor laeg,
eald sweord eùtonisc
entiscne helm
brecan ofer bord-weal ;
thâge-beâh cyning
folces hyrde,
wœs in leorh dropen :
thâ waeron monige
5960 The his ma?g writhon
ricone â-raerdon,
thâ h! ge-rymed wearth
thaet hie wael-stôwe
wealdan môston ;
thenden reâfode
rinc ôtherne ;
namon Ongen-thio
iren-byrnan,
heard swyrd hilted
5970 and his helm somod,
hâres hyrste,
Hige-lâce bœr
hë [thâm] frœtwu féng
and hï fsegre ge-hét
leâna[onl leôdû,
mais lui (Ongen-
theôw), la tête déjà fendue sous
le casque, et pleine de sa nu, se
courba, et tomba sur le sol : (Wulfj
n'était pas encore voué à la mort,
et il se ranima, quoique le coup
l'eût atteint. Puis, le brave féal
d'IIygelac, avec ses larges armes,
à l'endroit où son frère était
tombé, laissa le vieux glaive tita-
nique briser le casque gigantes-
que, malgré le rempart du bou-
clier : alors le roi s'abattit, le
pasteur de son peuple : sa vie
était perdue ! Il y eut nombre
d'alliés qui vinrent secourir Wulf :
ils l'emportèrent en hâte, depuis
que le champ était libre, et qu'ils
y pouvaient commander : pendant
ce temps, des guerriers dépouil-
laient /'autre combattant. Ils enle-
vèrent à Ongentheôw sa cotte de
fer, son glaive dur et trempé, et
son casque tout ensemble. Hygelac
se coiffa du casque, ornement de
la chevelure ;
[fol. 194 b.J
5958. Kemble : « drepen ».
5962. Kemble : « mathmum».
5972. Kemble : « baeron ».
BEOWULF
581
and ge-hvsta sw ;i :
-cald thone guth-raes
Geàta divhten,
Hrêthles eafora,
5q8o thâ he tô bâm be-côm
Eofore and Wulfe mid ;
ofer mâth ma m sealde
liiora ge-hwaethru
bund thûsenda
landes and locenra beaga :
ne thorfte hi tha lean oth-
[witan
mon on middan-gearde,
syththan hie thâ meertha ge-
[slôgon;
and tha lofore for geaf
5990 an-gan dohtor,
ham-weorthunge,
hyldo to wedde.
Thaet ys siô fâehtho
and se feônd-scipe,
\v;el-nith wera,
thœs the ic [wénjhafô
the ûs séceath tô
Sweôna leôda,
sytthan hie ge-fricgeath
6000 freân ûserne
ealdor-leâsne
thone the âer ge-heôld
with hettendû
hord an rice,
œfter hseletha hryre
hwâte-Scildingas,
— il prit les dé-
pouilles, et promit écjuitablement
(à Wulf et à Eofer), des récom-
penses parmi son peuple, — et
ainsi le fit-il. Lui, le seigneur des
Geats, le fils d'IIrethel, quand il
revint au palais avec Wulf et
Eofer,, paya l'effort de la guerre :
en sus du trésor, il donna à cha-
cun d'eux cent milles de terres, et
des anneaux bien arrondis.
« Nul homme sur la terre, ne
pouvait le blâmer de ces présents,
puîsqu'Eofor et Wulf avaient
mérité ces honneurs, en combat-
tant ; — et à Eofor il donna sa
fil le unique, comme gage de
faveur, et pour embellir sa mai-
son. Telle fut la guerre ; tels sont
les sentiments hostiles et la haine
mortelle des hommes, qui feront
que le peuple des Suédois nous
attaquera, comme je n'en doute
point, quand ils auront appris
que notre seigneur est mort, lui
qui défendait auparavant, les tré-
sors et le royaume contre nos
ennemis, et gouvernait les vail-
lants Scylfings, après la chute des
héros,
5976. Kemble : « ge-laeste ».
5998. Heyne, Kemble : « Leode » .
6006. Thorpe : « Scylfingas ». Les Scylfings seraient les ancêtres com-
muns des Suédois et- des Geats.
582
BEOWULF
folc-rëd frcmede,
oththe furdur g<~n
eorl-scipc efnde.
6010 Me is ofost betost
thaet wë theôd-cyning
thaer sceâwian,
and thone ge-bringan
the us beâgas geaf
on âd-faere :
ne seel ânes hwœt
m el tan mid thâ môdigan,
ac thaer is mâthma hord,
gold un-rime
6020 grïme ge-ceafpod] ;
and nu setsithestan
sylfes fëore
beâgas (be-bôh)te
thâ sceall brond fretan,
aeled theccean,
nalles eorl wegan
[fol. 195 a.]
mâththum tô ge-myndum,
né mœgth scyne
habban on healse
6o3o hring-weorthunge ;
ac sceall geômor-môd
golde be-reâfod,
oft, nalles aene,
el-land tredan;
. . . faisant le bien de son peu-
ple, et accomplissant toujours des
prouesses nouvelles. Maintenant,
c'est pour nous le mieux, d'aller
contempler, là-bas, notre puis-
sant roi, et de le porter sur le
bûcher, lui qui nous donna les
anneaux !
« Des objets séparés ne seront
pas brûlés avec le prince hardi,
mais il y a un monceau de tré-
sors, de l'or innombrable, âpre-
ment acquis ; et au prix de sa
propre vie, le roi a gagné les
anneaux que le feu dévorera ; que
la flamme recouvrira : il n'y aura
pas de comte, pour porter de trésor
en sa mémoire ; nulle vierge belle,
n'aura la grâce des colliers, à son
cou !
6007. Kemble : « folc-raed ».
6010. Kemble : « Nu », au lieu de « Me ».
6016. Kemble : « Sceal ».
6018. Cf. Psalt. 197 : « oft nalaes seldan » ; God. Ex. 25 : « monge nales
fea »; Id. , 25 : « oft nalles aene ».
6034. « el-land », terre éloignée. La forme plus exacte est « ele-land ».
D'où « êli-lant » (allemand du xne siècle) ; « eli-lenti », et en allemand
moderne, « elend r, misère, exil. Cf. Psalt. fol. 152 : « thaer ic on ele-
BEOWULF
mi se here-wi'sa
hleahtor à-legde,
sramen and çleô-dreâm :
forthon sceall gàr wesan
mo ni g morgen-sceald
6040 inundu be-wunden,
lupfen on handa ;
n ailes hearpan sweg
wigend weccean,
ac se wonna hrefn
fus ofer faegu
fela reordian,
ear ne secgan,
lui hi aet aete speôw,
thenden he with wulf
6o5o wael reâfode.
Swa se secg hwata
secgende waes
lâthra spella,
hê ne leâg fela
wyrda ne worda.
Weorod eall as-ras,
eôdon un-blithe
under earna-nees,
wollen têare,
6060 wundur sceâwian :
fundon thâ on sande
sâwul-leâsne
hlim-bed-healdan
thone he hi hringas geaf
. . . Mais l'âme triste, priyés de
l'or, ils : iront mainte fois, fouler la
terre étrangère, aujourd'hui que le
chef de notre armée a perdu le
rire, la gaieté, et la joie des chan-
sons] Ainsi plus d'un javelot sera
froid au matin, quand des mains
étrangères le raviront !
« Le guerrier n'éveillera plus les
sons de la harpe, mais le corbeau
funèbre prêt à fondre sur les
cadavres, dira bien des choses à
l'aigle, en lui racontant comment
il s'est gorgé, tandis qu'avec le
loup, il dépouillait les carcasses
de ceux qui avaient été massa-
crés!»— Ainsi le guerrier vaillant
allait, parlant de ces événements
malheureux, et il ne mentait ni
en paroles, m en actions. La
troupe entière se leva d'un même
mouvement : tristes et en pleurs,
ils se rendirent sous le promon-
toire des aigles, pour contempler
le prodige :
lande ahte stotve ». En bas allemand moyen : « he toch in dat elende »,
il alla en des pays étrangers. Staatsb. Mag. IX, 361.
6044. Kemble : « hraefn ».
6049. Kemble : « wulfe ».
6058. Cf. Helg-q. Hund. I, 14 : « so vnd Arasteini ».
6059. Cf. Cod. Ey. 31 : « so tearum geotan » (datif pluriel).
6063. Grein, Kemble : « hlin-bed ».
584
BEOWULF
a:rran mœlû :
thâ wœs ende-dseg
gùdû ge-gongen
thaet se gûth-cyning,
Wed ni theôden,
6070 wundor-deâthe swealt :
âer hï thaer ge-sëgan
syl -lie ran wiht,
wyrm on wonge,
wither-raehtes thaer
lathne liegean;
waes se lêg-draca,
grim-lic gryfre],
irledu be-swâeled,
[fol. 195 b.]
se wœs fiftïges
6080 fôt-ge~mearces
lang on légère :
lyft-wynne heôld
nihteshwilû,
nyther eft-ge-wât
dennes nïosian,
wœs thâ deâthe fœst ;
haefde eorth-scrafa
. ende ge-nyttod ;
him big-stodan
6090 bûnan and orcas,
discas lagon,
and dyre swyrd
Us trouvèrent en ces
lieux, sur le sable, et sans vie,
couvrant le lit de mort, celui qui
en des jours passés, leur avait
donné des anneaux. Donc, son
jour extrême était venu pour le
bon roi, et lui, le prince des
Westerns, avait péri de merveil-
leuse mort ! Ils virent là, un
monstre très étrange, le dragon
gisant en face du roi, abattu sur la
plaine.
Le serpent de feu, monstre
effroyable, était consumé par ses
propres flammes, et sa longueur
était de cinquante pieds, à l'en-
droit où il était étendu. Il avait
goûté depuis longtemps, la joie de
voler dans les airs ; il redescendait
pour visiter son antre, et il gisait
là, bien mort. // avait fini de jouir
de ses cavernes ; près de lui étaient
rassemblés des coupes et des
vases, et des plats ;
6071. Kemble : « gesegon ».
6077. Le manuscrit manque au coin. Heyne : « gryre-gaest », en se
basant sur l'hypothèse de Kolbing, qu'il y a place dans le manuscrit, pour
trois à quatre lettres. Mais l'examen du manuscrit suffit à prouver qu'il
manque une lettre au plus, et Zupitza et Kemble proposent, non sans raison,
cette simple correction : « gnj\rë\ ».
6089. Kemble : « stodon »
Cf. Gaedm. 18 ; D. G. II, 903 ; Anal. 126, 33.
BEOWULF
585
omige thurh-etone,
swé lin1 with eorthan fsetbm
tlulsend wintra
tha^r eardodon :
thon wœs thaer yrfe
eâcen-crœftig,
iii-monna gold
6100 galdre bc-wunden,
tbaetthâm hring-sele
hrinan ne môste
gumena aenig,
nefne God sylfà,
sigora sôth cyning,
sealde tha thé wôlde
(hê is manna ge-hyld,)
hord openian,
efne swâ hwylcù manna
61 10 swâ hï ge-met thûhte,
rlaives
.de riches
rongés, dé-
rouillas et
meures enfouis sous la terre pen-
dant mille ans, depuis que cet
héritage magnifique, — /'or des
hommes d'autrefois, — était gardé
par des enchantements, qui em-
pêchaient tout homme d'appro-
cher de l'antre aux colliers, — si
Dieu lui-même, vrai roi des vic-
toires, n'avait permis à son élu, à
celui qu'il lui avait semblé bon de
choisir, (le Seigneur est le dispen-
sateur des graces sur les hommes)
de pénétrer dans le trésor !
XLII
XLIL
Thâ wœs ge-syne
tha et se sith ne thâ h
thâ the un-rihte
inné ge-hydde,
wraece under weal le;
weard âer of-slôh
fêara sûne,
thâ siô fœhth ge-wearth
ge-wrecen wrâth-lice,
6120 wundur hwâr thon
eorl ellen-rôf
ende ge-fëre
lif-ge- sceafta ;
Alors on vit que le destin n'avait
pas favorisé celui qui, contre le
, bon droit, avait caché les trésors
sous la roche de la montagne, à
l'aide de maléfices. Le dragon
avait tué d'abord quelques hom-
mes, et ce meurtre fut cruellement
venge
6093. Kemble : « etene».
6115. Thorpe : « wraete ».
586
HKOWn.F
thon leng oe maeg
mon mid his mag]û
medu-seld biian,
swâ w.rs Biô-wulfe
thâ hë biorges weard,
[fol. 196 a.]
sôhte searo-nithas,
6i3o seolfa ne cûthe thurh hwœt
his woruldege-dâl
weorthan sceôlde :
swâ hit oth domes dseg
diope be-nemdon
theodnas maere,
thâ thaet thâêr dydon,
thaet se secg wœre
synnù scildig,
hergii ge-heatherod ,
6 1 40 hell-bend Ci fœst.
wômû ge-witnad,
se thone wong strâde ;
nœs hë gold-hwœte,
gearwor hsefde
âgendes est
œr ge-scêawod.
Wïg-lâf mathelode
Wih-stânes sunu :
oft sceall eoii monig
6 1 5o ânes willan
wrœcâ dreôgeth,
swâ ûsge-worden is ;
ne meahton wë ge-laeran
leofne théôden,
rices hyrde,
reed senigne,
. . . (l'est toujours un mystère
que de savoir en quel lieu un
noble de vaillant renom, doit ren-
contrer la fin de sa fortune, puis-
qu'un homme ne peut longtemps
s'asseoir parmi ses fils, à la table
de bière. Ainsi en advint-il de
lîeowulf, quand il attaqua le gar-
dien de la montagne, et son infer-
nale malice. // ne savait lui-
même, comment il quitterait la
vie !
Ainsi les principaux d'entre les
chefs qui laissaient le trésor en ces
lieux, prononcèrent-ils sur lui
de terribles imprécations : que
l'homme qui marcherait sur ce
sol, serait souillé de péché, jus-
qu'au jour du jugement ; qu'il
serait enfermé dans les temples
des idoles, lié par l'enfer, et investi
de fléaux. Car il (Beôwulf), n'avait
pas été avide de /'or, mais n'avait
cherché dès l'abord, et constam-
ment, qu'à glorifier le Seigneur.
Wiglaf, fils de Weohstan, parla :
« — Souvent il advient que maint
comte souffre amèrement, du fait
d'un seul homme. Ainsi en a-t-il
été de nous !
6125. Le manuscrit a, au coin du feuillet, une lacune.
6143. Thorpe et Wùlcker « gold-hwaetes » ; Sievers : « gold-hwaeles »
6151. Kemble ; « dreagan».
BEOWULF
587
thaet hé ne grétte
gold-weard thone;
lête hyne licgean
6160 thaer hê longe waes,
wicû wunian
oth woruld-ende :
heoldon heâh ge-sceap;
hord y s ge-sceâwod
grime ge-gongen,
waes thaet gifethe tô swith
the thone thyder on-tyhte :
le waes theer inné
and thaet eall geond seh
6170 recedes geatwa,
thâ më ge-rymed waes ;
nealles swœs-lice ;
sith â-lyfeth
inn under eorth-weall ;
ic on ôfoste ge-fêng
micle mid mundû
maegen-byrthenne
hord-ge-streôna,
hider ût œt-beer
[fol. 196 b.]
5 r8o cyningeminû;
cwico wees thâ gêna
wis and ge-wittig,
worn eall ge-sprœc
gomol on ge-litho,
and êowic grétan hét,
baed thaet gëge-worhton
œfter wines dœdû
in bâel-stede
beorh thone heân,
Nous ne pouvions
persuader à notre cher prince, au
pasteur du royaume, de ne point
attaquer le gardien de l'or; de le
laisser reposer en paix où il vivait
depuis longtemps ; de lui permettre
d'habiter son antre jusqu'à la fin
des siècles. Nous avons subi le
destin, commandé par le ciel!
Voici que nous contemplons le
trésor cruellement gagné, et l'envie
fut funeste qui incita Beowulf, à le
conquérir ! Je fus clans l'antre
dont j'examinai tous les trésors,
puisque je pouvais le faire ; et le
voyage que j'entrepris sous les
remparts de la terre, ne me fut
point doux. De mes mains, en
hâte, j'ai soulevé une puissante et
forte charge de trésors amoncelés .
Je les apportai, ici, à mon roi : il
était encore éveillé, ayant l'esprit
présent. Très âgé, il dit une foule
de paroles, dans sa détresse, et me
chargea de vous saluer en son
nom !
« Il a commandé que vous éle-
viez sur l'emplacement du bûcher
funéraire, un mausolée très haut,
comme il convient aux mérites de
de notre ami :
6163. Kemblc, Grein, Heyne et Toller : • heatdan».
6169. Kemble : « seali ».
6181. Kemble : « cwice ».
588
HKOWULF
6190 micelne and marne,
swii hê manna waes
vvfgend wcorl h ful lost
wide geond eorthan,
thenden he hurh-welan
brdcan môste.
Uton mi efstan
othre [sido]
seôn and sécean
searo-ge-thrrec,
6200 wundur under wealle;
ic eôw wisige
thaet gêge-nôge
ne on sceàwiath
beâgas and brad gold :
sie siô bœr gearo,,
œdre ge sefned
thon wë ut cymen,
and thon ge-ferian
freân ûserne,
Ô210 leôfne mannan,
thœr hê longe sceal
on thaes waldendes
wsere ge-tholian.
Hét thâ ge-béodan
byre-Wih-stânes,
hsele hilde-dior,
hseletha monegu
bold-àgendra,
thaet hie-bœl-wudu
6220 feorran feredon,
folc-âgende
gôdû tô-génes :
nu sceal glëd fretan,
weaxan wonna lëg,
wigena strengel
thone the oft ge-bâd
qu'il soit donc
illustre <;l magnifique, ainsi que
Beowulf fut le plus vaillant guer-
rier d'entre les hommes, tout à
travers la terre, alors qu'il pou-
vait jouir de la richesse des cités !
A présent, hâtons nous pour la
dernière fois, d'aller voir, et
quérir les trésors amoncelés, ces
merveilles qui reposent sous la
montagne ! Je vous guiderai, pour
que vous puissiez contempler
d'assez près, les anneaux, et /'or
massif ! Que pour notre retour, la
sépulture soit aussitôt préparée, et
nous porterons alors notre roi, le
héros chéri, aux lieux où long-
temps, il dormira, dans la paix du
Seigneur ! »
Alors le fils de Wihstan, le
héros furieux à la guerre, com-
manda qu'on fît apporter de loin,
à une foule d'hommes, possesseurs
de palais et de serviteurs, du bois
pour le bûcher, afin de faire hon-
neur au bon chef. « Mainte-
nant, dit-il, la flamme, la flamme
avide dévorera, en tourbillonnant,
le ferme soutien des guerriers, qui
souvent bravait le nuage éclatant
des traits, quand la tempête des
flèches décochées de l'arc, gron-
dait sur la muraille des boucliers ;
quand les flèches sifflaient ; . . .
6203. lleyne : « nean » .
BEOWULF
")89
ïsern-scûre,
thoïï strsela storm
strengû ge-baeded
62 3(5 scôc ofer scild-weall,
sceft-nytte heôld
fœder-gearwu fus,
flane full eode.
Ilûru senotra
su nu Wih-stânes
â-cigdeof eorthre
cyninges thegnas,
[fol. 198 a.]
syfonefaet] somne,
tha sélestan,
6240 eôde eâhta sum
under in-wit-hrôf;
hilde-rinc su
on handa bser
éêled-leôman,
se the on orde geông;
nœs tha on-hlytme
hwâ thaet hord strude,
syththan or-wearde
aenigne dàel
Ô25o secgas ge-sëgon,
on sele wunian,
leene licgan ;
lyt âenig mearn
thaet hie ôfost-lic[e]
ût ge-feredon
dyre mâthmas ;
dracan éc scufun,
wyrm of weall-clif,
quand
passait le vol de leurs plumes ! »
Ainsi le fils prudent de Wihstan
choisit parmi la troupe, les meil-
leurs d'entre les comtes du roi :
accompagné par huit de ceux-ci,
il s'avança sous la voûte de l'en-
nemi : un guerrier les précédant,
portait dans sa main, une torche
brûlante.
Celui qui eût pu distribuer en
parts les trésors, n'étant pas là,
les hommes voyaient avec indif-
férence, ce qui en restait, sans pos-
sesseur, au fond de la caverne, et
ils se souciaient peu d'emporter en
hâte, les chers trésors. Le dragon,
aussi, le serpent fut jeté par eux,
du haut du rempart de la falaise.
Ils laissèrent la vague recevoir, et
le flot embrasser le gardien des
trésors
6234. Kemble : «sceaft-n... ».
6232. Kemble : « fether-geanvu».
6239. Kemble, Zupitza : « [to]-somne » ; Grein : « [aet\-somne >:.
6257. Kemble; : « scufon ».
590
HEOW I IK
lëton w âeg ni man,
6260 flôd fsethmian
fraetwa hyrde :
thaet waes vunden 14 o 1 < J
on waen h laden,
éeg-hwaes un-rim ;
aethelinge boren,
bar hilde-[deor],
to llrones-mrsse.
XLIII
Him thâ gegiredan
Geata leéde
6270 âd on eorthan,
un-wâc-licne,
helm-be-hongen,
hilde-bordû,
beorthû byrnû,
swà hë béna wœs :
â-legdon thâ tô-middes
mâerne theôden
hœleth hiofende,
hlâf-ord leôfne ;
6280 on-gunnon thâ on beorge
bael fyra inaêst
wïgend weccan :
wu[du-r]êc â-stâh
sweart of swic-thole,
. . . Puis, l'or forgé fut chargé
sur le chariot, — richesses de
toutes espèces, et sans nombre, —
et le noble, le glorieux héros fui
porté à llronesnaes.
XUII
Four lui le peuple des Geats
apprêta sur la terre, un monu-
ment funéraire, majestueux et
paré à l'entour, de casques, d'ar-
mures de guerre, et de cuirasses
étincelantes, ainsi qu'il l'avait
demandé. En pleurant, les héros
déposèrent alors au sommet, leur
cher Seigneur, et les guerriers sur
la montagne, se prirent à allumer
le plus violent des feux de mort :
la fumée du bois s'épaississait, en
s'élevant vers les cieux. Les crépi-
tements de la flamme se mêlaient
au bruit des sanglots
6262. Kemble : « tha waes... » ; Thorpe : « thaer ».
6266. Thorpe : « hilde[-rinc] ».
6268. Kemble : « gegiredon ».
6272. Grein : « heln[um] ».
6284. Toller fait dériver « swic-thole » de « swice », « swicc » ; Grein de
« swathul ».
« swic-thol -, désigne le feu, et est composé de « thol », en vieux nor-
BEOWULP 591
swogende let Et les vents
wôpe] be-wunden se turent, jusqu'à ce que le feu
wint-blond g-Iaeg, eût fait éclater la poitrine du roi,
otb -thaet hë tha bân-bûs dans la prison des os. L'âme triste,
ge-brocen haefd[e], le cœur désespéré, ils gémirent
6290 hât on hrethre ; sur la mort de leur seigneur ! Bien
higû un-rote plus, la femme âgée (llygd?), les
môd-ceare mâendon, cheveux relevés, commença un
mon-dryhtnes [cwealm] ; chant plaintif, et répétait qu'elle
swylce geômor-gyd craignait grandement des jours
fsio geo-]meowle néfastes pour elle-même, le car -
[fol. 198 b.] narge, — et ce que redoutent les
wunden heorde guerriers, le joug de la captivité !
sorg-cearig sœlde La fumée se perdit dans lescieux...
ge neahhe
thaet hiô hyre gas
63oo hearde de
mand, bois : « swic-thol », signifie donc littéralement, ce qui dévore le bois
Cf. Grimm, D. M. 467, sur Muspelli.
6285. Thorpe : « leg ».
6291. Kemble : « hygu ».
6295-6304. La meilleure reconstitution de cette lacune du manuscrit, paraît
être celle de Bugge. Heyne compte deux vers entre « egesan »,et «heofon».
Et de même, Wùlcker juge qu'il y a deux vers entre « wonn », et « hytho ».
Bugge répond aux besoins de l'allitération, dans le passage qu'il reconstitue
La version est la suivante, mais s'éloigne bien du texte :
« Swylce giomor-gyd
sio géo-méowle
aefter Béowulfe
bunden-heorde
song sorg-cearig,
saede geneahhe,
thaet hio hyre hearm-dagas
bearde ondrede,
wael-fylla worn,
wigendes egesan,
hyntho ond haeft-nyd,
Leof on rice wealg ».
592
BEOWl I F
lr<>
w.i'l -fvlla wonn
.... des ege8an
hytho ... Ii d.
Heofon rêce swe a
Ge-worhton tha"
Wedra leôde
hlâew on |h jlithe,
se wajs heal) and brad,
[waégjg-lïthendum
63 io wide g[e] syne,
and be-ti inbred on
on tyn-dagum
beadu-rôfis been,
bronda lâfe
wealle be-worhton
swâ hyt weorth-licost
fore-snotre men
findan mihton :
hi on beorg dydon
6320 bégand bfeorht] siglu,
eall swylce on horde âer
swylce on horde ser
nith-hydige men
genumen hœfdon;
for-lêton eorla gestrëon
eorthan healdan,
gold on greôte,
thœr hit nu gën h'fath
eldû swâ un-nyt
633o swâ hit [âeror] waes.
Thâ ybe hlœw riodan
hilde-deôre,
œthelinga beam
Le peuple des Westerns éleva alors
un monument dominant la mer,
haut et large, facilement aperçu
des mariniers sur les vagues, el
pendant dix jouis, ils édifièrent le
mausolée du héros renommé à la
guerre. Ils /'entourèrent d'un mur
d'enceinte, de la meilleure manière
que des hommes avisés puissent
imaginer. Ils enfouirent dans la
sépulture, des anneaux et des
gemmes étincelantes, — tous orne-
ments que les guerriers à l'âme
hère, avaient enlevés du trésor. Ils
souffrirent que la terre reçût le
trésor des guerriers ; que l'or se
perdît dans les sables, où il de-
meure encore, également inutile
auxhommesd'aujourd'hui, comme
il le fut, à ceux du passé !
Alors, autour du monument,
défila une troupe de guerriers
d'élite, en tout, douze d'entre les
nobles
6307. Kemble, Thorpe : « [li\lithe ».
6314. Heyne : « be lafe ».
6320. Kemble : « beag ».
6330. Kemble : » hi[t aero]r ».
UKOWTLF
593
• alia twelfa
woldon ;eeare; cwïthan
kyning nuienan,
word-gyd wrecen
ondymb \v[er]sylfe sprecan;
eahtodan eorl-scipe,
6340 and his ellen-weorc
dùguthû démdon,
swâ hit g-d éfe bithj
thaet mon his wine-dryhten
word 11 herge,
ferhthfi frêofge]
thonne] hë forth scile
of lic-haman,
flame] weorthan.
Swâ be-gnornodon
635o Geâta lëode
hlâfordes [hry ire,
heorth-g-neatas;
cwsedon thaet hé waere
wyruld-cyningja;
manna mildust
and m[on-thw3e]rust,
leodu lithost
and lôf-geornost.
.... Ils allaient, s'entretenant
du roi, le rappelant au souvenir,
chantant ses hauts faits, et ainsi
ils parlaient eux-mêmes : Us
louaient sa valeur, et ils jugeaient
avec éloges, ses prouesses ; ainsi
convient-il qu un guerrier exalte
son seigneur chéri, et /'aime dans
/'âme, quand celui-ci doit aban-
donner son corps, et disparaître !
Donc, le peuple des Geats, les
compagnons du palais pleuraient
leur seigneur bien-aimé : ils di-
saient qu'il était des rois du
monde, le plus doux et le plus
clément ; le plus agréable à sou
peuple, et le plus jaloux de sa
gloire !
6335. Ivemble, Grein : «.[ceare] ».
6335-6340. Cosijn cite un passage de Joraandès (eh. XLIX) qui montre
qu'une semblable coutume existait aussi, chez les Huns.
0338. Grein : « wer ».
«1351. Thorpe : «.[hryré] ».
0359. Tous les détails des funérailles d'un héros teuton étaient déjà
observés, avant l'ère chrétienne, avec le sacrifice des faucons, des meutes, des
chevaux.de l'épouse, et des esclaves. Swàwa se fait ensevelir avec son époux ;
Brvnliild se tue sur le bûcher de Sigurdr. Gudr-q. I : « Brynhildur vildi
eigi Ufa eptir Sigurth ; lion let drepa Praela sina atta, ok funm
àmbotter; tha laydi lion sik sverthi til bana ». Les mêmes faits sont rap-
portés avec plus de précision et de couleur, dans Sigurd-q. Kl, 02. 65.
:*8
OÎ)4 ItKOW I I.I-
<( JJrenni cnom llunska
a hlith m dra
mina thiôna
menion gavfga,
twcir at havfdotn,
ok I weir havkar;
thâ er avllo skipt
til jafnathar.
« Ihwiat hanojn fylgia
il inni aniboltir,
âtta thiùnar
ethlom gôthir,
fôstr-man mitt
ok fatherni
that er Buthli gal'
barrii si no.
« Crement illo Hunnieo
ad alterum latus
meos famulos
monilibus decoros,
duo ad caput,
et duo accipitres ;
ita sunt omnia partita
sequali modo.
« nam eum comitentur
quinque ancillœ,
octo servi
natalibus generosi,
mancipium meum collactaneum,
et hereditas (patrimoniale)
quam Buthlius dedit
soboli suae ».
La croyance commune était que les chevaux, bijoux et chariots places sur
le bûcher, devaient servir au défunt dans un autre monde, le Valhalla, —
et que ceux qu'on brûlait avec lui, l'y suivaient. Ainsi dans ce passage
bËowi i.i SÔS
(Fornald, Sôg. I. 387) : voici Tordre des funérailles du roi, « llaralldr-
Hilditavnn » :
<c Oc annan dag aptir at morni, lœtr ffringr Konungr kanna valinn^ok
leita at liki Haralds Konungs. frœnda sins, ok var mikill herr valsins
fallinn yfir, thar sem //kit la ; var tha orthinn mithr dagr, er likit
fannst, ok valrinn var rofinn : ok têt Hringr Konungr tha taka lik
Harals Konungs. frœnda sins, ok thvd afbloth, ok buavm vegliga eptir
fornri sithvenju, lèt leggia likit i thann vagn, er Haralldr Konungr
ha ft hi till orrostu ; ok eptir that lèt harm kasta mikinn havg, ok let tha
liki h ans aka i theim rag ni, a theim hesti, er Harralldr Konungr ha 'fthi
til orrostu, ok let svd aka i hauginn ; ok sithan var sa hestr drepinn.
Ok tha let Hringr Konungr taka thann sothul, er hann sjalfr ha fthi
rif hit i. ok gaf thann Haralldi Konungi, frœnda sinum, ok bath hann
géra hvârt er hann vildi, ritha til Valhallar etha aka ; ok tha let hann
gera thar mikla veiclu, ok veita utferth Haralds Konungs, frœnda sins.
Ok athr enn haugrinn vœri aptr lokinn, tha bithr Hringr Konungr til
ganga allt stormenni ok alia kappa, er vith voru staddir, at kasta i
hauginn storuni hringum, ok gothum vdpnum, til sœmdr Haraldi
Konungi Hilditon; ok eptir that var aptr by rgthi haugrinn vandliga. »
Une autre coutume était d'exposer le corps du héros sur un vaisseau qu'on
laissait ensuite, voguer à l'aventure. Ainsi Scyld, sur les vagues, est porté
jusqu'aux régions pleines d'ombres, du monde inconnu.
NOTES SUR BEOWULF
NOTES SUR BEOWULF
7. « Scgld, te fils de Sce'f... ». Suivant la légende primitive, Scéf fut
un enfant trouvé dans une barque, avec des gerbes de blé, qui lui firent
donner son surnom de « Sheaf ». Ce détail figure dans Ethelwerd et
dans William de Malmesbury. Mais dans Beowulf, l'enfant trouvé est
dénommé Scyld, et porte le même surnom. Cf. Môller, Das Altenglischo
Volksepos, pp. 43 et suiv.; G. Binz, P. B. XX, 147 etsuiv.; Sievers, Saxo,
p. 176.
11. Nous avons adopté la forme du texte, donnée par Wyatt : « egsode
eorl ». Mais la correction de Kemble : « egsode eorlas », admise par
Sievers (Saxo, 188), par ïrautmann (Bonner Beitràge zur Anglistik, II,
124), est bien préférable, au point de vue du sens. Elle permet de tra-
duire : « aitisiy il les terrifiait. . . ».
22. « thaet ». Forme neutre prise ici en elle-même, sans relation avec
un sujet. Ce qui se retrouve dans l'allemand du temps de Lutber.
Exemple : « dass war ein guter Konig », et non pas « der ». La même
construction se retrouve aux vers 496, 694, 1426, 1720, 2144...
39. A ce vers, il faut lire : « swa sceal guth-fruma ». L'allitération
porte sur le « g », et non sur le « w ».
51. Les verbes marquant une action, un mouvement, sont générale-
ment construits avec « him », paragogique, — ce qui se rencontre notam-
ment, dans « ge-witan ». Et encore, dans le vieux saxon (Schmcller,
Héljand) : « geng imu » (id. 119, 139, 141), « giuuêt imu ». La même
construction se rencontre dans « tredan », au vers 3757. On la trouve
également, dans le moyen anglais : « Jacke hym hyed home full rtjght. »
(Bruns. Alt Platdeutsche Gedichte, p. 40).
o2. Le mot « scapan », « creare», est généralement employé dans la
terminologie mythologique c}u Nord, et dans le dialecte icelandique : il (v
600 m:<>\\ i 1 1
signifie, le destin, « fatum », el précise un événement qui doit se pro-
duire dans un laps <le temps déterminé. A l'appui de cette manière de
voir, on peut citer (For Skirnis, XIII, .'> : Edda Saemundar liions Froda,
I, 7.')) : « Mer var aldr uni « skapathr », Oc alt lif urn lagit ». « Un age
« me fut « assigné », et toute ma vie fut réglée... «.Autre exemple, que
l'on trouve dans Hund, I, 2 : « Normir quamo ther er authlingi alldr um
« scopo ». Il est, du reste, possible que a gescaep-hwil », soit seulement
l'une des périphrases nombreuses, employées en anglo-saxon, pour
désigner la mort.
72. « Fêla », est un substantif désignant une multitude,* et qui ne se
décline pas ; il est toujours suivi d'un génitif, et le verbe dont il dépend,
est au singulier. Cf. vers 3772.
85. « Laessan » est à l'accusatif singulier, et se rapporte à « hine » ;
il n'est pas au datif pluriel, et se rapportant à « lacum », sans quoi l'on
rencontrerait la forme : « laessum ». Une construction analogue se
trouve au vers 2444.
92. « umbor-ivesende » est un accusatif singulier, suivant le verbe, et
se rapportant à Scyld. Des participes présentent, parfois, cette anomalie,
et perdent 1' « n » désignant le plus souvent un adjectif, ou une forme
du participe, à l'accusatif masculin, singulier. Ainsi, au vers 742 : « eniht-
wesende ».
402. ïl faut lire ici « séle raedende », comme au vers 2691. Le présent
du verbe « cunnon », rend cette correction nécessaire : si l'on regarde la
forme « sele-raedenne », comme un génitif, après « men », celle-ci
exigerait un verbe au prétérit.
104. « on-fon » est suivi d'un accusatif ou d'un datif, selon que l'action
de saisir, est plus ou moins indiquée et violente. Il en est de même
d' « hrinan », atteindre, aux vers 1698 et 2338. D'autres exemples de cette
construction avec l'accusatif, figurent dans Bib. Publ. de Cambridge,
John, XVIII, 3 ; Lue, IX, X, 48,53; XIII, 8, 38 ; mais dans John, XIX, 25,
on trouve un génitif, dans l'exemple suivant : « fha se Haélendonfeng
thaes ecedes » : prenant du vinaigre.
106. « Beowulf des Sq/ldings », ainsi au vers 2132 : « Hnaef Scyl-
dinga ». Le génitif pluriel dépend de « Beowulf », et non de
« bur g uni ».
108. L'espace de temps, pendant lequel un événement se produit, est
mis à l'accusatif. « Thrage » est synonyme de « throw », en moyen
anglais. Exemple tiré de la « Vision de Piers Plowman », p. 87 : « And
NOTES (>0l
I have though! a « târowe ». Ce < [ n i en anglais moderne, s'écrirait :
I have though! awhile : j'ai pensé., pendanl un moment...
11*!». Le pluriel « raesira » impliquerait le singulier « raeso », comme
u bref/o », etc.. mais cette forme n'existe pas. Il convient donc de lire :
- raestoan ».
124. La plupart des auteurs s'arrètenl à la correction suivante :« ofer
saésohte. .. ».
130. Il y a quelque difficulté au mot « mayas ». En anglo-saxon, il y
a trois mots à peu près identiques : « maeg », « ma g a » et « mecg », ou
« maecg ». Le premier de ceux-ci, répond à la forme latine « affuris »,
et au gothique « ?negs » : ses voyelles, dans ce cas, doivent donc être
longues, et celles-ci ne changeraient pas au pluriel, dans la déclinaison,
qui serait la suivante : nominatif singulier : « maeg » ; génitif singulier :
« maëg-es » ; datif singulier : « maeg-e » ; accusatif singulier : « maeg » ;
nominatif pluriel : « maeg-as » ; génitif pluriel : « maeg a » ; datif
pluriel : « maeg-um » ; accusatif pluriel : « maeg as ». Si, au contraire,
les voyelles sont brèves, la déclinaison sera changée, au pluriel., en :
nominatif : « mag-as »; génitif: « m,ag-a » ; datif : « mag-um » : accu-
satif : « mag-as ». Mais dans ce dernier cas, il n'y a pas de rapport entre
« maeg », et le gothique « megs », qui commande la forme « maeg ».
II semble, dès lors, qu'il se soit produit une confusion en anglo-saxon, et
qu'autrefois, les deux mots existaient : l'un, avec les voyelles longues,
« maeg » (affinis). correspondant au gothique « megs » ; l'autre, avec
les voyelles brèves « maeg » (le fils), correspondant au gothique « magus ».
Dans « Beowulf », au vers 1169, on rencontre la forme d'un datif au
pluriel : « heafod-maégum ».
145- 146. « Hormis la terre et les vies des hommes... ». Cosijn (Aant, 2)
regarde ces vers, comme ajoutés au texte primitif. Earle pense qu'un
copiste a pu les interpoler, pour mieux mettre ce passage en harmonie
avec les coutumes de son siècle. Il est possible que nous nous trouvions en
présence d'une finale semblable à celle des « Révélations » (XVIII, 13) :
a y.ôù tlvyv.; v;jQorj)T:r,yj ».
JoO. « middan-geard ». On trouve l'explication de cette expression
dans 1' « Edda Icelandique ». en une citation tirée du Dictionnaire de
Clcasby et Vigfûsson, au mot « mithgarthr » : « La terre (« mithgartli »),
la demeure des hommes, est située au milieu de l'univers, fortifiée <l«i
montagnes, et entourée de la ceinture du vaste océan (« uthaf ») : sur
l'autre rivage de cette mer, est 1" « Utgarth »(la région hors de la terre),
la. demeure des géants; le Mithgarth » est défendu par le « bur g » des
609 BEOWULF
dieux (« Asyarfh »), qu i se trouve an milieu do l'univers, (le ciel étant
regardé comme s'élevant sur la terre) ».
159. « lh' beotne a-léh.,, ». On rencontre des constructions analogues
dans : Orosius d'Alfred, par Barriugton, p. 95 : « heo hyre gehat
aleah » : Codex Vercellensis (I, 2148) : « him seo wen geleah » (id,, I,
1230) : « hie seo wyrdbeswac ». El dims « Caedmon», \: et « Beowulf m,
au vers 4641. On trouve un autre exemple de la même construction, dans
Wackemagel (Altdeut. Lesebuch., p. 140, 31) : « Min haut hat mir
gelogen — da mite bin ich betrogen ». « Min liant ist mir worden
meineide ». Ma main m'a fuit défaut. Ma main fut parjure.
163. « horn-geap ». Au sens littéral : l'espace qu'il y a entre deux
cornes, Dans Ridlle (LXXXV) : l'espace entre les cornes qui ornaient les
pignons. Cf, Miller (Anglia, XII, 396).
186. « Sira » est constamment pris pour le relatif « tha », de la memo
manière que « so », dans l'allemand du temps de Luther. Cf. Codex Exo-
niensis, 95, b.
219. « thy » est l'un des rares exemples d'un cas d'ablatif, dans une
langue teutone. Ainsi, dans l'allemand du xme siècle : « diu », et en
vieux saxon : « thiu ».
221. « un » n'est pas seulement négatif : il implique, en bien des cas,
le sens de « mal » ; ainsi dans « un-reordian », blâmer; Caedmon, 269 :
« un-wyrd », mauvais sort ; Boet, 47 : « un-theaw », mœurs dépravées;
Boet, 28 : « un-thier », monstre ; « un-gewitter », courtisane.
229. « Neosian », ou « neosan », dans « Beowulf», a pour régime le
génitif. Cf. vers 250, 3569, 3580. Mais on le rencontre avec l'accusatif,
dans « Caedmon », 207, Luc, VIII, 19. La forme gothique de ce verbe
est : « niuhsan », et sa racine parait être « niuhs », novus.
245. Les adjectifs numéraux au-dessus du nombre huit, sont toujours
suivis d'un génitif.
248. « ham » ne se décline pas, après les prépositions « of ». « from »
et « to ». quand il signifie « demeure ». Cf. « Beowulf », vers 386, 5980 ;
« Caedmon», 280. 300, 306.
297. Pour l'allitération, et pour le sens, la plupart des auteurs corn-
plètenl ce vers, comme suit : « fort ham [syththan] irearth ».
31 i. Il convient de lire ici « feo », datif singulier de « feoh ». pecus,
pecunia. Cf. vers 933. « Ac Jie mid feo with hine get hin gode » (Bed.
IV, 21).
NOTES 603
334-336. Pogatscher (P. B. XIX, 544) lil « formetode » on un mot, et
le l'ail dériver du verbe « formetian », mépriser. -Mais ceci n'explique
point la raison pour Laquelle, Grendel « ne peut » approcher <lu trône.
Sarrazin (Anglia, XIX, 369) avance que le « gif s toi », étail an autel
païen, el que le « math I hum » étail une idole. Mais celle explication esl
sans issue : pourquoi Dieu empêcherait-il Grendel d'approcher de ce!
autel païen, quand son dessein serait de détruire cl l'idole, el le
monstre 1
Traulniann (Bonner Anglistik, II, 133) émel une hypothèse par trop
simpliste : qu'une ligne aurait été perdue, avant le vers 334, de sorte que
les vers précédents se rapporteraient bien à Grendel.
340. « modes breetha ». On rencontre pareillement : « modes »
« blithe » ; « wig es » « heard » ; « sithes » « fus » ; « mot h es » « seoce » ;
m sithes » « wérig » ; « maegenes » « Strang ».
349-350. Pour le caractère païen de « hearg » et de « wih », cf. Héljand,
p. 4 où l'aigle dit: « hof mun ek kiosa, haurga marga » : templum eli-
gam, delubra multa. Et dans Caedmon : « wihyyld », idole (227) ; wih>
idole (228).
365. Cf. un passage à peu près identique, dans le poème allitéré alle-
mand duxn« siècle : « J/uspilli», par Schmeller.
375. « Wilnian » est suivi du génitif, de la chose désirée, et la per-
sonne de qui l'on attend celle-ci, est au datif, avec la préposition « to ».
Cf. Caedmon, 229. Cod. Ex., 19, 121. « Ealle tô the, éce dryliten,
« aetes » on eorthan eâc wilniath », Psalt., 372.
378. « Seothan ». Cf. vers 3980, avec le sens latin de « coquere », est
commun en anglo-saxon. Cf. Beda, II, 12; IV, 9, 29. « Tamcn ante
obitum suum per dies multos amplius incamino aegritudinis excoctus,
et sicut aurum in igné probatus esl », Caesarius, IV, 30.
400-408. « Ils consultaient les présages ». Cf. Tacite, Germania,
ch. X. « Aucun peuple ne pratique... avec plus de soin... la divini-
sation.
413. La construction « XVnu sum », se rencontre de façon identique,
dans Caedmon, 132 : « feowera sum » ; Oros, p. 23 : « thara he saede
thaet he si. /-a sum ofsloge si.rtig on tiram dagum ». Cf. « Beoiculf »,
vers 2823, 4177, 6117, 6240; « feara sum », un d'entre un petit nombre.
En vieux saxon, dans Hélj.. 68 : « fahora su?n ». On rencontre des exem-
ples semblables, dans le vieux frison : « twira sum », un des trois ;
« fîoicera sum » : « sexa su??i » ; « tolva sum. » (Grimm, Deutsche
Grammatik, II, 951).
604 I!i;h\\ i i,r
424. « strèamas wundon, sunt/ with sande »... Cf. Andreas, II. 424,
425 : « Sand is geblonden, grund with greote ! »
i'.\S. « stefn » est la proue; « stefna »,ce qui a une proue, le vaisseau.
Les épithètes accolées à astefna ». se rattachent, néanmoins, à « stefn ».
Ainsi, a wunden-stefna ». signifiera non pas. une proue ornée, mais le
ruisseau, portant une proue ornée. C'esl une forme communément ren-
contrée dans les poèmes épiques du Nord : ainsi lit-on encore, dans Saxo
Grammaticus, livre VIII, p. 145 : « Thirikar vero instar dracontis
tortuosas habente proras navigio vehebatur ».
445. Les verbes « cwethan», « lithan », « snithan », « weorthan », etc.,
changent le « th » en « d • , au pluriel du prétérit, et au participe passé.
Si l'on prend « cwethan-» pour exemple, on aura dans les cas précités :
« le cwaed » ; « we cwaédon » ; « hit is gecirsden ».
453. « thauciàn » régit le dalif. Mask Gr. 124. Cf. « Beowulf »,
vers 1244; dans Ilélj . 141 : « Gode thancôda ».
466. « faroth » signifie rivage, de môme que « waroth » (liltus). On
trouve dans Cod. Verc. I, IÎ97, un curieux composé de ces deux syno-
nymes : « waroth-faruth » .
479-481. Au vers 479, Sievers propose cette correction (Anglia, XIV,
145) : « Hwaet ! le hwile ivaes... ». Voici que je suis gardien des côtes
depuis longtemps... Socin adopte cette modification, sans « Hwaet! »,
dans sa sixième édition.
Pour « aeg-wearde »/Grimm (op. cit., 11, 533J propose « ecg-w », le
garde des armes. Mais la plupart des auteurs, après Kemble, ont écril
« ég-wearde », le gardien de la mer. Cf. « Beowulf », vers 1148 ; Cod.
Verc. I, 519 ; VI, 481. Caedm. 85 : « aeg-flotan ».
488. Le sens « mot de passe », a été indiqué par Earlc.
496. Selon Heyne, Socin et Bugge, « seldguna » est pris dans le sens
de personne ordinaire, de vassal. Ceci étant admis, « nis » qui précède
ce substantif, indique une qualité supérieure, et sert de correctif à ce
qu'il peut y avoir d'inférieur dans la première acception de ce mot,
auquel il donne le sens d' « homme supérieur », de « héros ».
498. Le manuscrit, porte « naefre », mais il ne peut régir le sujel
h leoge ». el l'on doit lire ici « naefne », avec le sens d" «. excepté ».
508. « gethoht » est du masculin : il faut donc lire « minne », el non
« mine ».
NOTES 605
510. « ofosi is se Lest ». Cf. la même expression, au \ers 0010 : « me
is "/'os/ betost ».
535. Le sens de « leod-gebyrgea ». paraît être « civium protectiOy
/■f.r ». et son genre, le masculin. Cf. Cod. Vcrc. VI, 405, 1109.
005. « eofor-lic ». L'image de sanglier souvenl placée au cimier des
casques, chez les tribus germaines de l'orient, était consacrée au dieu
Krevr. Cf. Tacite, Germania, chap. XLV : «... Ils adorent la mère des
dieux, et portent connue un ornement sacré, la tête d'un sanglier sau-
vage ». Ci'. Stopford Brooke, Hist. Early English. Liv. 1,478, 179, el
Earle, Deeds of Beowulf, p. in.
011-012. En ces vers, et dans le suivant, il n'y a pas d'allitération.
Kemble propose d'écrire le vers 011, comme suit : « oththaet hy sael
timbred ».
040. « gungan cwomon ». Littéralement « venir pour aller ». Cette
expression est un saxonisme. Dans Hélj., p. 124, 151. « gangan » signifie
seulement « aller », sans impliquer de direction particulière, de même
que dans l'allemand du xvi° siècle, « gehen » ne se traduit que par
« marcher ». Cf. vers 1413. L'usage d'un verbe actif avec « cwoman»,
est très fréquent, ainsi « scrithan cwoman » ; « ferait cwoman »,
Caedmon, 259.
052. Le verbe faible, « hringian », ayant pour racine « h ring », doit
marquer l'action de renfermer des choses dans un cercle ; en ce sens, on
trouve « ymb-hringian », indiquant l'action de tracer un cercle autour
d'une personne, c'est-à-dire de l'entourer.
000. « grim-helmas ». Les casques à visière proprement dits, semblent
avoir été inconnus au temps de Beôwulf. Mais le visage des combattants
était protégé par une sorte de masque, comme celui qui se rattache au
casque d'argent, trouvé dans le Thorsbjcrg Moss, au sud du Jutland, cl
qui figure à la page 122, du livre de Sophus Mûller, « Nordische Alter-
tumskunde ».
073. « wén ic » qu'on lit dans le manuscrit, n'est accepté d'aucun
auteur. On propose ou « mène ic », ou la forme plus correcte,
« wén is ».
084. Au sens littéral, « Beowulf» signifie « Bee- wolf », c'est-à-dire
« loup qui poursuit les abeilles ». De même « beorn », héros, a pour
forme originaire « bear » : et « beohata », guerrier, dans Caedmon,
signifie littéralement celui <jui hait, ou. poursuit les abeilles, sens ana-
logue à celui de « Beowulf-» (Sweet, first anglo-saxon Header).
606 bEoWutt
l);ins la pluparl des <ns, « gedryht » a'esi pas décliné, même après
une préposition commandait le datif. Cf. vers 1260, 1318, 3343. « Mid
thas wil-gedryht », Cod. Verc. I. 1831. A l'accusatif, il demeure encore
sn us inflexion* Cf. vers 236,771, IL")! : Caedmon, lis. 217.
719. De même, dans le Co<(. Verc. I. 2345 : « Her is gefered ofer
feorne weg aethelinga sum ». Le passage tout entier de « Beowulf »,
rappelle celui de « Sigurd », dans « Edd<i Saetnundar hinns Frada ».
II. 126.
730. « Wearne » a été pris souvent pour l'impératif du veil)'1
« wyrnan » : niais dans les meilleures éditions, il est regardé comme
l'accusatif singulier du substantif « wearn » ou « wyrn ».
743. « e«A7 » est un préfixe, marquant dans les composés, plutôt le
caractère vénérable que l'âge . On doit prendre dans le môme sens, dans
l'allemand du xue sièele. « all-fatar », patriarche. Graflf, Otfrid's Krist .
1, 3, 5. Dans Caedmon (I, 3, 25) ; « eald^feond ». le diable. Autres exem-
ples tirés de Mnsp., pp. 20 et 16 : « alt-riaut »...; « dar piutit der
Satanaz altist ». Exemples d' « eald-feond », Cod. Ex. 34, b. 35, b. 37,
38. Dans Bed. II, 20, vers 14. (Analecta Anglo-Saxoniea de Thorpe, p. 33),
on trouve la forme « se ealda-feo/id », qui n'est plus composée. Dans
« Beorhtnith » (Anal. 36, 127), on rencontre « min ealda faeder ». qui
rompt le rythme, et devrait être écrit « eald-faeder » L'avantage de
cette dernière construction est encore de bien montrer qu' « eald-
faeder ». est un composé, et non deux mots juxtaposés. Celte forme
s'est conservé dans le moyen anglais : « Adam, oure Olde- father »
(P. Plow. fol. 90). « Adam... and his wyfe Eve our Olde-mother »
(Ungley. Pol. Virg. fol. 69).
745. « ham » et « forgifan » sont termes techniques : « to ham for-
(fi fan », donner en mariage ; d'où sont dérivés : » haemed », mariage ;
« haeman », coire ; « nyd-haemed », « unriht-haefned », « nyd-
haeman », etc. ; « mid rihtre ae forgifen», unie en légitime mariage.
Cf. Bed., IV, 5, et Grimm, Deutsche Rechtsalterthùmer, p. 418.
752. ce saé-lithende » est le nominatif pluriel se rapportant à
« saegdon », et « thaet » est l'accusatif singulier, après le verbe. On
rencontre souvent dans la poésie anglo-saxonne, cette construction du
pronom, suivi de la conjonction. Cf. « Beowulf », vers 577, 824, 864,
1064, 1611, 2689, 2993, 3181, 3648, 3688, 3398, 4050, 5723, et aussi Bed.
ill, 12.
753-754. La traduction que nous donnons de ce passage, s'appuie sur
une version de Cosijn (Aant., p. 7) : « thy der » y est remplacé par
\nlF.S (>07
« hyder », cl les (irais deviennent ainsi le peuple qui apporte les
présents.
858-859-860. La construction deces trois lignes es1 rendue très obscure
par les substantifs, qui sonl partout au nominatif. Kemble propose avec
plusieurs au leurs, de mettre « thés hearda heap » en opposition à
a eorla gedryht ». avec le sens suivant : «... afin que moi seul (avec ma
troupe de comtes, vaillante cohorte), je puisse purifier Heorot... ».
877. « setke hi ne », lui que.., CI*. Psalt. 159 : « Ile ireorth éadig
sethe liine ere God cystum geceoseth ». Psalt. 319 : « the lune ». Psalt .
260 : « thaet bit h eadig mon the tint hine, exe God. or, thinre sot/ire aé
si/1 fa get gh test ».
888. « dreore fahne ». souillé de sang : telle est la correction donnée
par Kemhle. On pourrait encore proposer « deorne fah », un cher
ennemi, un ennemi qu'il devait vaincre chèrement.
891. S inspirant du sens littéral de cette ligne, Konrath (H. A. XGIX,
417), soutient qu'elle a trait à l'ancien usage, Scandinave, de couvrir d'un
voile, la tète du cadavre qu'on ensevelissait.
892. Un festin avait toujours lieu aux funérailles d'un héros. Mais
Beowulf, d'après le texte, demande, s'il succombe, qu'on déploie peu de
faste, en ces cérémonies. « Umnurlice », doit être regardé non seulement
comme négatif (« sine maerore »), mais encore, comme ayant un sens
positif (« gratulanter », avec joie). Un héros, en effet, ne pouvait périr
plus glorieusement, et son âme qui s'élevait aussitôt au « Wael-heal »,
ne pouvait être pleurée. A cette conception particulière de la mort des
héros, se rapporte un fragment du xne siècle, trouvé dans Burchart de
Worms (mort en 1204), Collection of the Decretals. Colon. 1548 : « Est
aliquis qui supra mortuum nocturnis horis carmina diabolica cantaret
et biberet et manducar et ibi, quasi de ejus morte gralularetur. . . ».
894. « fen-hopu » est ainsi écrit à tort. Il faut ici lire, pour les néces-
sités du sens « mor-hofu », demeures des marais.
898. A la mort d'un guerrier Y « here-geatwe », c'est-à-dire ses armes
et son cheval, étaient la propriété de son seigneur : « Ins heer-geivate
gehort unsprung lich, pferd, sc/uvert, und Kriegsgetrand des erblas-
sers : dièse stiicke, wenn ein held ge fallen war, warden heimgesandt »
(Klage, 1288), 1). R. A., 568.
912. « slean » est ici pour « slahan », comme par ailleurs, « lean »
pour « leahan » : « thwean » pour « thweahan ». « Slean » indique aussi,
ce qui a été conquis ou accompli, par l'action de frapper. Cf. « Beowulf »,
vers 59SX ; Caed. 129 ; Bed. I, 45, 16.
<)08 BEOWULF
910-917. Il n'v a pas d'allitération dans ces lignes : il faudrail «lone,
pour la rétablir, substituer « waepna cyn », à « gara cyn ».
922. « ofer ytha ge-wealc >•... Périphrase, pour désigner la mer.
Cf. Caedm. 206: Cod. Verc. 1,521.
1)37-938. « lis se réjouissent des présents que leur font les tribus voi-
sines, et ceux-ci ne sont pas envoyés seulement par des particuliers, mais
par la nation elle-même. Ce sont des coursiers choisis: de lourdes
armures, et des chaînes de cou » (Tacite, Germania, cap. XV).
974. Cosijn prend « Sigehrethsecgum »,pour un nom(Âanteekeningen,
10). Trautmann, avec quelque raison, fait observer que « meotot», est un
accusa lil' pluriel de « met », ou « g erne t », avec le sens de règle, de
mesure, et que « sige.hr eth », est un adjectif. Il traduit ainsi : «und lose,
du siegberùbmter, den mànnern die regel, wie dich der geint treibt ».
(Bonner Anglistik, II, 454).
1002. « aefra maertha thon ma ». Cf. le Gothique, « thana mais » :
l'allemand du xne siècle, « dama mer ». Cf. dans les Psaulmes, 200 :
« Naef're withdrifeth Drihten urehis agen foie, ne his yrfe thon
ma on, ealre tide aefre forlaetan » ; Psalt. 158 : « Ne him awiht thon
ma heora tùngan na teonan onsittath »; Poetical Dialogue of Salomon
and Saturn, Ms., de Cambridge, 431 : « For thon thas fold an ne maeg
/ira ae'nig, thone mearcstede mon gesécan, fngol gefleogan, ne thon
ma foldan neat » ; Cott. Ms. Jul. A. 2. fol. 141 : «Meng tha blisse with
tha unrotnesse, fortham heora neither ne bitti noht lange baton
othrum, gif is ne bith to fela, and thu miht the eath on thaes the on
becymth, fortham heora nather ne maeg be~o~n aeltewe butan othrum,,
thon ma the se waeta maeg beon butan drigum, oththe wearm butan
cealdum ».
1019. Le sens general de la phrase exige un verbe, « reotcon ». Le
copiste du texte a dû être égaré par la similitude de son. de « sund-
reon », du texte. Même remarque à l'aire au vers 1073.
1035. « Sept nuits ». Earle : « a sennight ». Cf. Tacite, Germania,
XI : « Au lieu de compter par jours, comme nous le faisons, ils comptent
par nuits... ».
4045. « wyrsan thingea », Rieger et Trautmann (Bonner Anglistik,
II, 155) lisent à ce passage « thinges », au lieu de « thingea ».
4050. « nith longue ». Pendant l'espace d'une nuit. Cf. Cod. Verc. I,
1071, 2618; Caedm, 191, 197.
SÛTES ()09
1068. « on geogoth-f'eore ». Dans notre jeune vie. CI'. Psalt. 137 : « on
middum /'fore ».
1 128. Gf. vers 1351; Anal. 140, 65 ; Cod. Verc. I, 147.
1139. L'intervention du Destin, en dehors de celle de Dieu, était encore
une croyance de l'époque. L'évêque Brymholm écrit, dans « Notae
uberiores », p. r>2 : « Fatum universus Septentrio et Stoicam de neces-
sitate opinionem, magno affîrmavit consensu; contra quam nee res,
nee consilium, nec humana i^irtus ulla, quicquam posset . Hinc adeo
omnium lieroum in extremis vitœ periculis, unanimis vox eral, quœ
prœsentem statum solaretur ». — « Et ma grigum forda, nie ofri-
<jum i hel Kama »... « nec qui morti destinatus est fngere, nec non
destina tus morti adduci potest ». Cf. dans Hild. Lied. (Alt Deutsche
Lesebuch, par Wackernagel, 47, 30 b.) : « Ibu dir din ellen tauc ». On
trouve dans le Codex Vercellehcis, la substitution de « Wyrdm, à « God»
(1. 919). Cf. encore Andreas, 459, 4(50.
1156. « Wudu » étant un masculin, il ne peut être accompagné de
l'adjectif neutre, « iveallendu ». La plupart des auteurs lisent, ici,
« icadu ».
1165. 11 n'y a pas d'allitération dans ce vers.
1193. « swefeth », est la troisième personne du passé indéfini de
« swebban », dormir. En règle générale, quand une muette est suivie de
« i » ou de « j », au milieu d'un mot, la voyelle tombe, et la muette est
doublée. Ainsi « sice/an», « swaf », aller dormir, — donne la forme du
verbe actif « swaf-j-an », endormir quelqu'un, — qui conformément à
la règle citée, et à celle du changement de 1' « a », en « e », deviendrait
« sicejfan ». Mais comme la langue anglo-saxonne ne comporte pas le
doublement d'une aspirée, « Bb » est substitué à « Ff ». Ainsi pour
« hif ». « libban » ; au lieu de « lifjan », « liffan ». En ce dernier cas,
tous les temps et personnes du verbe, absorbant le « j » de formation,
(ce qui ne se présente que pour les verbes faibles ou dérivés) rejettent le
redoublement. Exemple : « sijllan » (pour « sil-j-an »), mais, au con-
traire : « t/tu si/ 1st ». Les cas de Bb = Fj, rejettent aussi la voyelle ;
toute l'assimilation se perd, et 1' « f » réapparaît. De « habban », —
« hafast », ou « fiaefst » : de libban, — au prétérit — « lifde » ou
« leofede » ; de « ivebban ». — « we fed » : de « hebban », — « hefeth »
ou « heftli ». — « Onsendeth ». Dans cette forme, « and » n'entre pas
en composition ave<- les verbes (D. G. Il, 812), et la plupart des auteurs,
après Crinim cl Kemble, adoptent la forme « on-sendan ».
i
39
LA CHANSON DU VOYAGEUR
ET
LA BATAILLE DE FINNES-BURH
LA CHANSON DU VOYAGEUR
Wïd-sith mathôlade Lui qui avait erré au loin, à
[fol. 84 b.] l'aventure, le Barde, ....
word-hôrd on-leac,
1. Kemble : « mathelode ».
2. Le texte de ce poème est établi, d'après le folio 84 du manuscrit d'Exeter
au British Museum, et les travaux de Kemble, Thorpe et Conybeare.
Le manuscrit d'Exeter fut donné par l'évèque Leofric à l'église cathédrale
d'Exeter, au temps de la conquête normande. Il se compose de poèmes
divers, sur des sujets de morale et de religion. « La Chanson du Voyageur »
est placée vers la fin du manuscrit, et ne paraît avoir aucun rapport avec
les morceaux qui la précèdent, ou qui la suivent. L'écriture du manuscrit
paraît assez peu antérieure au temps de Leofric. Quant au poème lui-même,
d'une extrême naïveté, et de caractère barbare, la date de sa composition, à
titre de simple hypothèse, pourrait être fixée vers le milieu du ve siècle ; et
l'auteur aurait vécu sur le continent. Le barde, dans ce morceau, déclare
qu'il a assisté aux guerres des Huns avec quelques tribus des Goths, (recon-
naissant les Huns pour le peuple d'Attila), il dit avoir visité Hermanric, roi
des Goths, et « Guthere », roi des Burgondes. Or, Attila meurt l'an 453 ;
Hermanric règne sur les Visigoths d'Italie, vers l'an 460, et le roi des Bur-
gonrles à la même époque, paraît avoir (Hé « Gunderic », nom qu'on peut
aisément corrompre, en « Guthere ». Il est encore à remarquer que ni
Charlemagne, ni aucun des rois l'ayant précédé, n'apparaissent dans la
suite des rois, nommés dans le poème : et du nombre de tribus oubliées qui
figurent en celui-ci, on peut induire qu'il dut être composé, avant les sub-
divisions de l'empire des Goths. L'auteur parle de ses nationaux, les
Myrgings, des Angles, des Suèves, sans qu'on puisse établir ce que furent les
Myrgings : seraient-ils les « Marsigni » de Tacite? Il y a. toute incertitude
I i
I. A CHANSON hi V(y\ \U I I;
S<~ llic in;i'v|
maertha ofer eorthan,
folca gêond ferde :
oft hê (Iclte ge-thâh
myne-lfcne mâththum ;
I line from Myrgingum
iêthele on-wôcon ;
jo hë mid Ealh-hilde
fadre freothu-webban,
forman sithe,
Hreth-cyninges
hâm ge-s6hte,
eastan of Ongle,
Eorman-rices,
wrathes waer-logan.
On-gon thà worn sprecan :
fela ic monna ge-fraegn
20 maegthum weald an,
(sceal theôda ge hwyle,
theawum lifgan,
eorl œfter othrum
éthle rœdan,
se the his theôden-stôl
ge-theon wile,)
thâra waes Wala
[fol. 85.]
dit ses
épreuves el ses voyages, «-ri des
mois qui partaient d'une âme
inspirée, et il prodiguait !<• trésor
de son ehanl ! Né à Mergia, de
noble race, il avait quitté le palais
où il avait re<;u le jour : ayant
longtemps erré parmi les peuples
de l'univers, il avait vu maint
prodige, et mainte merveille ! —
D'amour et de vraie foi, il servait
Ahilda, la princesse, et arec elle,
des limites des Angles, à l'orient,
il était venu dans le riche royaume
d'un monarque des Goths. Con-
naissant d'Hermanric la main
libérale et l'orgueil guerrier, il fit
entendre à la foule attentive, sa
chanson, et narra ses lointains et
longs voyages : « — J'ai connu de
bien des hommes, la puissante
domination. Chaque peuple doit
vivre selon ses coutumes : le chef,
en noble héros, doit pour les
autres, assumer tous les soins, s'il
Areut garder son royaume. . .
à cet égard, et les mêmes difficultés se présentent pour les Banings, les
Rondings, les Hocings, les Frumtings, etc., et l'on ne peut que se perdre en
conjectures, si l'on veut jeter quelque lumière sur les « gentes bellicosis-
simœ », dont parle Jornandès (cap. XXIII), et qui furent soumises par
Hermanric.
11 est seulement possible de prétendre que le poème, tel qu'il nous est
connu, dut être la traduction, très infidèle, d'une version antérieure du
même morceau.
3. Kemble et Conybeare : « fandode ».
4. Conybeare : « maegtha ».
9. Cf. Gunn. Sag., p. 96.
21 f Conybeare et Kemble : « theodna ».
LA CHANSON DU VOYAf.KUK
615
hwile sélast,
and Alexandria s
3o ealra ricost
monna cynnes,
and De nnest ge-thâh
Unira the ic ofer foldan
ge-fnëgen hâdihe.
.Etla weôld Ilunnin,
Forma n-n'c Gotum,
Becca Baningum,
Burgendum Gifîca;
C a sere weôld Creacum,
40 and Gaelic Finnum,
Hagena Holm-rycum,
and Henden Glommum ;
Witta weôld Swâefum,
Wada Hadsingum,
Meaca Myrgingum,
Mearc-healf Hundingum,
Theôd-ric weold Froncum,
Thyle llondingû,
Breoca Brondingn,
5o Billing Wernum ;
Os-wine wéold Eowum ;
and Ytum Gef-wulf ;
Fin-Folc-walding
Fresna cynne;
Sige-here lengest
Sâe-denum weôld,
Hnaef Hocingum,
Des
rois, Alexandre fut, autrefois, le
plus florissant, et le plus opulent
du genre humain, et il prospéra
le plus de tous ceux que par la
terre, j'aie su fameux : Attila com-
manda aux lïuns ; Hermanric, aux
Goths ; Becca, aux Banings ; Gifica,
aux Burgondes. César commanda
aux Grecs, et Gelic, aux peuples de
Finn; Hagena, aux Holmrycs, et
Henden, aux Glommes. Witta com-
manda aux Suèves ; Wada, aux
Haelsings; Meaca, aux Myrgings ;
Marculphe, aux Hundings. Theo-
doric commanda aux Francs ;
ïhyle, aux Brondings ; Billing,
aux Varins. Oswine commanda
aux Eowis, et Gedwulf, aux Ytis ;
Walding à ceux de Finn, de la
race des Frisons. Sigehere, pen-
dant de très longs jours, com-
manda aux Danois de la mer ;
Hnaef, aux Hocings ; .
28. Kemble : « sélest ».
42. Les « Glommes » étaient une tribu sorabique . Cf. Weissii Antiquitates
Misnico-Saxonicas, p. 136: c Cronico Ditmari.
46. CI', dans Saxo Grammaticus, l'histoire d'Helgo Hundingicida ; mais les
« Hundings « paraissent avoir été une « gens », ou uneré union de familles,
plutôt qu'un peuple entier.
,v)2. Cf. Jornandès (eh, \l\) ; « JLiothida » , « populus fda>)}<
ihi
i..\ (Iianson hi \oya<;kih
Helm Wulfingû,
Wîikl Woingum,
60 W'od Thyringû,
Sâe-ferth Sycgum,
Sweôm Ongend-tbeôw,
Sceaft-herc Ymbriun,
Sceafa Long-beard fi,
Hûn-haet Werum,
and Holen Wrosnum.
1 1 ring-weald waes hâten
llere-farena cyning :
Offa weôld Ongle,
70 Alewih Den Ci,
se wii's tbara manna
modgast ealra ;
no hwœthre hê oferOffan
eorl-scype f remède,
ac Offa gë-slôg
âerest monna,
cniht-wésende,
cyne-rica meest :
naenig efen-eald him
80 eorl-scipe ma ran,
on orette
âne sweorde;
mêrce ge-mœrde
with Myrgingu
bT Fifel-dore ;
heoldon forth siththan
Engle and Swaefe
swà hit Offa ge-slog.
Hroth-wulf and Hrôth-gâr
Helm, aux
Wulfings; Wald, aux Woings ;
Wod,aux Tbyriniçs; Saeferth,aux
Sycgis; Ongentheow, aux Su eves ;
Sceaf there, aux Ymbres; Sceafa,
aux Longobards ; Hunhaet, aux
Wers, et JTolen, aux Wrosnis.
Hingweald était surnommé, le roi
des combattants. Offa commanda
aux Angles; Alewih, aux Danois.
O/fa de tous les hommes fut le
plus fort, et nul n'obtint jamais
sur lui, la puissance. Lui, le pre-
mier des hommes, fonda, dans sa
jeunesse, un grand royaume. El
personne de son age, n'éleva
jamais plus haut de trône, avec
l'aide de sa seule épée !
« Les frontières désignées furent
celles des Myrgings. De ce temps,
les Angles et les Suèves eurent le
libre passage dans cinq cités, ainsi
qu'Offa l'avait imposé. Hrothwulf
et Hrothgar eurent très longtemps,
entre eux, la paix
59. Dans rénumération dos tribus Scandinaves, donnée par Jornandès
(ch. III), il en est une qui paraît se rapprocher de « Woingum », et c'esl :
« Vagoth » (?).
69. Kemble : « Onglum ».
83. Kemble et Oônybeare : « mearce » .
LA chanson in \i\\ \i,i:i u
<>I7
no heôldon lengest
sibbe ael somne,
sr» h.
su h (or- lard ran,
siththan 1 1 y for-wraecon
Wi-cinga cynn,
and Engeldes
ôr for-bigdan,
for-he6wan aet lleorote
Heatho-beardna thrym.
Swâ ic geonde ferde fêla
ioo fremdra londa,
geond gin ne grfind ;
godes and yfles
thœr ic cunnade
cnùsle bi-dcrled,
freô-mœgum feor
folgade wide ;
for thon ic maeg singan
and secgan spell,
m.enan fore mengo
i io in meodu-healle
hû me cyne gode
cystum dohten.
Ic \vais mid Hunum
and mid Hréth-gôtum,
mid Sweom and mid Geâtum,
and mid Sûth-Denum ;
mid Wenlum ic waes and mid
[Waernum,
Issus du même
père, ils cherchèrent ensemble, à
lira- vengeance de id race des
Wisigoths, et ils commencèrenl
les hostilités. Jls tuèrent dans
Ileorot, des hommes puissants, et
de haute naissance.... Ainsi, j'ai
parcouru plusieurs pays lointains,
sur la vaste terre. Là, j'ai connu
le bien et le mal, inhérents à la race
des hommes. Et j'ai été suivi au
loin, par ceux qu avait conquis
mon chant !
<( Voilà pourquoi je puis chanter
et parler, et faire des récits, devant
les hommes, dans la salle de bière,
et rapporter comment des rois
magnifiques, m'ont enrichi de
leurs dons. Je fus avec les Huns,
et chez les Hredgoths ; avec les
Suèves, et avec les Geats, et avec
les Danois du Sud
i)(). Kemble : « for-bigdon ».
ï)7. Conybeare et Kemble : « for-heowon ».
105. Kemble : « freo-maf/um ».
106. Kemble : «folgode».
112. Kemble et Conybeare : « dohton ».
114. Les Hredgoths paraissent avoir habité le Jutland. (11. Edda Snor-
ronis, sub initio.
<>IS
LA CH vn^hn m \n>, a i iK I it
mid mid Wi-eimni ;
mid Gef-thum ic waes and
mid Wincilii
1 20 and mid Gef-flegum ;
mid En glu m ic wœs, and mid
Swaefu
and mid JEneimm ;
mid Seaxum ic waes and
[Sycgum,
and mid Sweord-werum ;
mid Hronum ic waes and mid
Dean nm,
and mid Ileatho-Reamum ;
mid Thyringum ic waes,
and mid Thro wen dû ;
and mid Burgendum
i3o thaer ic beâg ge thah,
më thaër Gûth-here for-geaf
glaed-licne mâththum
songes tô leâne,
nœs thaet sâene cyning.
Mid Froncû ic waes, and mid
[Fry sum
and mid Frumtingù;
mid Rugum ic wees and mid
[Glommu,
and mid Rum- Wain m .
Swylce ic waes on Eatule
140 mid .Elf-wine,
sehaefde mon-cynnes,
mine gë-frâege,
leohteste hond
l(')fes to wyrcenne,
heortanûn hneâweste
hringa ge-dâles,
J'étais avec les
Vinules, et avec les Varins, el avec
les Wirings. Je fus avec les I répi-
des, el avec les Vérèdes. et avec
les Geflèges. Je demeurai chez les
Angles el les Suèves, el avec
les Aniènes. .le fus chez les
Saxons et les Sycges, et chez les
porteurs de glaives. Je vécus chez
les llronis et les Danois, et chez
les plus fameux Romains. Je fus
chez les Thuringes, el chez les
lanceurs de javelots ; et chez les
Burgondes. Là. je me suis réjoui
des bracelets dor, que Gudhere
m'a donnés d'un cœur joyeux, en
récompense de mon chant : et ce
n'est point là nn roi indolent !
« Je fus avec les Francs et les
Frisons, et avec les Frumtings;
avec les Ruges et les Glommes, et
avec les Romains. Je fus encore en
Italie, avec .Elfwine. Et ce fils
d'Eadwine eut, selon mon juge-
ment, la main la plus libérale de
largesses, le cœur le plus généreux,
dans la distribution des anneaux,
et des bracelets étincelants. Je fus
chez les Sercyngs, et chez les
Serings ;
138. Sur le mot « Rum-Walum », pour Romains. Cf. Cluverji Germanic
Antiquitates, I, 79.
144. Conybeare et Kemble : « wyreanne ».
I \ CHANSON W VOYAGE! R
<>!<>
beorthra beâga,
[86
beam Eâd-wines.
Mid Sercingum ic w&s,
1 5o and mid Seringum,
mid CreacQ ic waes, and
[mid Finnu
and mid Càsere
se thê win-burga
ge-weald âhte,
Wiolane and Wilna,
and Wala-rices;
mid Scott û ic waes and mid
[Pëohtum,
and mid Scride-Finnnm ;
mid Lid-wicingum ic waes,
and mid Leonu,
i bo and mid Long-beardum ;
mid Haethnum, and mid
Haelethum,
and mid Hundingum ;
mid Israhelum ic waes,
and mid Exsyringum,
mid Ebreum, and mid
[Indfcum,
and mid Egyptum ;
mid Moidum ic waes, and
[midPersum,
and mid Myrgingum,
and Mofdingum,
170 and ongend Myrgingum,
. . . je fus avec Ins Grecs et
avec les habitants de Finn, et
avec César qui tient la ville splen-
dide, et les pompes, la puissance,
et l'opulence de l'empire.
« Je fus avec les Pietés et les
Scots, et avec les Scritoûnns ;
avec les les Lidwicings, et les
Leomes, et avec les Longobar-
des. Avec les païens j'ai vécu, et
avec les chrétiens, et avec les llnn-
dings. Je fus avec les Israélites,
et avec les Assyriens ; avec les
Hébreux, les Indiens et aussi, les
Egyptiens ; avec les Mèdes et les
Perses; avec les Myrgings, et les
Mofdings; et encore avec les Myr-
gings et les Amothings. Je fus
chez les Thuringes du Sud ; chez
les Eoliens, les Estiens^ et les
Iduméens
155. Kembls : « welena and wilna ».
138. Pour « Scride-Finnum ». Cf. Jornandès, p. 740.
169. Keysler rapporte la découverte d'un autel à Niewmaycn, et dédié :
« Matribus Mopatensibua » ; ces dernières paraissent avoir été, comme
Matrcs, Gallaica?, Trevirae, Suebge, etc., des divinités tutélaires locales. Keysler,
Ant. Sept. 439.
620
LA (HANSON hi \()\ \(,l I H
.■nul mill Vmothingum ;
mid East-Thyringum id wses,
and mid Solum,
and mid Islum.
and [dumingum ;
and ic wics mid Eorman-rice
< allé Linage,
thaer me Gotena cyning
gode dôhte,
se me beâg for-geaf
1 80 Burg-warena fruma
on tham sïex bund wses
s ma êtes goldes,
ge-scyred sceatta
scilling rime ;
tbone ic Ead-gilse
on eeht sealde
minum bleo drihtne,
tlia Te tô ham bï cwôin,
leôfum tô leâne
190 theesthë hë më lond for-geaf,
mines feeder éthel,
freâ Myrginga.
And më thâ Ealh-hild
ôtherne for-geaf,
dryht-cwên dûguthe,
dohtor Ead-wines;
hyre lof lengde
geond londafela
thon ic bë songe
200 secgan sceôlde,
bwaer ic under swegl
sélast wisse
gold-hrodene cwën
giefe bryttian,
T86 b.l
El
chez Hermanric, j'ai vécu tout un
long temps. Là, le roi des Goths
me combla de bienfaits : lui, le
prince du peuple me donna un.
bracelet dor, avec six cents lingots
d'or véritable et vierge.
« Je donnai le bracelet à Ead-
gilse, mon suzerain, dès que
j'allai vers lui, par amour et fidé-
lité. Car lui, le prince m'avait
donné des terres, dans ma patrie.
Et alors, la reine bienfaisante,
fille d'Eadwin, m'investil d'un
au Ire fief. Son amour fui répandu,
en bien des pays. Voilà pourquoi,
je dois dire en mes chants, qu'elle
est sous le ciel, la meilleure reine
entourée d'or, et le dispensant.
471. Cette peuplade est citée dans Jornandès, ch. III.
202. Kemble et Conybeare : « sélest ».
LA CHANSON M VOYAGE! l;
621
<lim wil scilling
scfran reorde
For imci'iini sige-dryhtne
song â-hôfan :
hlùde hi hearpan
2 to hleôthor swinsade :
(hou monige men
môdum wlonce
\\ ordum sprecan
tha tbë wel cûthan,
thaet hi naefre song
séllan ne hyrdon.
Thonan ic ealne geond
! h wear f
élhel Gotena,
S('»hte ic â s it h a
220 thâ sélestan,
thaet wœs inn-weorud
Earman-rices.
Hethcan sôhte ic, anc
[Béadeean
and Herelingas ;
Emercan sôhte ic, and
[Fridlan,
ond Eâst-Gotan,
f rôd ne and godne
feeder Un-wenes.
Seccan sôhte ic, and Beccan,
23o Seafoland Theôd-ric.
Pour ces
récompenses magnifiques, d'au-
tres avant moi, avaient célébré
dans leur chant, l'illustre souve-
raine, taisant résonner la harpe
en notes claires. Alors nombre
d'hommes au grand cœur, — et
qui étaient experts en tari du
chant, — proclamèrent qu'ils
n'avaient jamais entendu de plus
beau chant que le mien. De là,
j'ai parcouru toute la patrie des
Goths. Puis, je suis allé trouver
l'homme le plus favorisé au com-
bat, Hermanric. J'ai visité llethca
et Beadeca et les Herelings, et
Cmerca et Fridlan, et la Gothic
Orientale, à l'insu de -mon père,
âgé et bon.
208. Kemble : « a-hofon ».
209. Ces concours entre bardes étaient fréquents, chez les Goths. On trouve
la relation de celui qui mil en présence Gunnlaug et Rafn, dans Gunn.
Saga, p. 112.
213. Kemble : « spraecort ».
214. Conybcare et Kemble : « eut/ion ».
222. Kemble : « Eormenrices ».
230. « Seafolan ». Il paraîl y avoir une identité entre ce nom, el celui
622
LA mi \ w\ hi VOÎ \u i l;
Heatho-ric and Sifecan,
llli'thc, and Incgen-theôw ;
Êâd-wine sôhte ic, and
Elsan,
/Egel-mund, and Hun-gâr,
and lli.i w loncan ge-dryhf
with M\ Tginga ;
Wulf-here sôhte ic, and
Wvrmhere.
fui oit thaer wi'g no a laeg
thonne Hrseda here
240 hcardum s word û,
ymb Wistla-wudu
wérgan sceôldon
ealdne éthelrstôl
/Kilan leudum :
Raed-here sôhte ic, and
[Rond-here,
Rum-stân, and Gisl-here,
Wither-gield, and Freothe-
ric,
Wudgan, and Haman;
ne waTon thaet ge-sitha
25o tha saemestan
theâh the ic hy â-nihst
nemnan sceôlde ;
fui oft of thâm heâpe
hwinende fleàg
giellende gâr
on grome theôde ;
wrœccan thœr weôldan
wudnan golde
J'ai connu Secca et
Becca ; Seafolan et Theodoric ;
Heathoric etSifeca; lllil.li et Inc-
gentheow : Eadwinet Elsan ; Egel
mund et Hungar, et le maître
sans peur des Mvrgings.
J'allai bien souvent vers Wulf-
here et Wyrmhere : pour eu.i\ la
guerre ne cessai! pas : leur armée
vaillante, aux dures épées, aux
boucliers sonnants, défendait l'an-
tique siège du royaume contre les
hordes d'Attila. Je connus Raeth-
liere et Rondhere; Rumstan et
Gislhere ; Withergield et Fre-
deric ; Wudgan et Haman, et
(/autres moindres compagnons,
que f eusse pu ne pas nommer.
Souvent, l'armée en bataille,
s'élançait eu tumulte, sous leur
conduite, quand Wugda et Hama
voulaient, à coups de flèches,
épouvanter le peuple sauvage, et
arracher aux guerriers et aux
femmes blessés, l'or forgé. . .
de « Saefugl »,qui a été conservé dans la généalogie dVElla. (Chronic. Sas.,
p. 20), Eisa (1, 230), et Withergield (I, 245), semblent bien être Eisa, aïeule
de Gerdic, et Wihlgils, père d'Hengist et d'Horsa. Cf. Chron. Sax., pp. 13, 15.
Ces personnages — si jamais ils ont existé — ont dû fleurir vers Tan 440.
257. Conybeare et Kemble : « weoldon ».
258. Kemble : « unindum ».
I v CHANSON l>l VOYAGÊt R
623
We rum and wifum,
260 Wudga and I l;i ma.
Sw;i ic thaet symle on-fond
on thsere ferimre
thaet so 1 > i 1 1 1 le«')fa>l
lond-buendum,
se the him God syleth
gumena rice
to ge-healdenne
thênden hê her leofâtb.
Swa scn'thende
270 gë-sceapum hweorfath
gleô-men gumena
geond grunda fela,
tliearfe secgath,
thonc-word sprecath,
simle siith oththe north
sumne gë-métath
gydda gleâwne,
geofum un-hnedwne,
se the fore diiguthe wile
280 dôm a-rseran,
eorl-scipe aefnan,
oththsêt eal scâceth
leôht and lif sômod.
Lof se ge-wyrceth
hafath under heofonu
heàh-frcstne dôm.
87
Ainsi,
j'ai maintes ibis observé au cours
de mes voyages, que celui-là
auquel Dieu a commis la conduite
des hommes, est le plus cher aux
peuples de la terre, quand lui-
même, les aime le mieux.
« Ainsi les bardes vont portant,
par toutes les terres, les chants des
héros ; ils disent aux rois les
nécessités du sort ; et ils leur ren-
dent grâces, du Nord à l'Orient.
Encore pour leurs chants magni-
fiques, ceux-ci les récompensent-
ils par des dons éclatants. Tout
héros qui devant les nobles, veut
entendre exalter ses hauts faits, et
soutenir la dignité de son trône,
doit d'une âme libérale, répandre
sur le barde, tous ses bienfaits : il
conquiert son amour, et garde
sous le ciel, une éternelle renom-
mée ! »
267. Kemble : « (je-healdaïuie ».
LA BATAILLE DE FINNES-BURH
hor nas byrnath, nœfre? »
hleôthrode thâ
hearo-geông cyning,
« né this ne dagath eastan,
né hër draca ne fleôgeth,
né her thisse healle
bornas ne byrnath,
ac hër forth-berath,
« Ce ne sont point là, des
palais en flammes !.., » Alors
parla le jeune et vaillant guerrier :
« Ce ne sont pas au loin , les feux
d'Orient, et sur ces lieux, aucun
dragon ne plane ;
4. Le manuscrit original de ce court fragment, écrit sur feuillet d'un
recueil d'homélies, qui existait autrefois dans la librairie archiépiscopale
de Lambeth, a été longtemps perdu. 11 y est fait allusion dans le « Thésaurus
linguarum septentrionalium », de Hickes, Oxford, 1705 (vol. I, p, 1!>2), et
la copie qui en est donnée dans cet ouvrage, est l'unique base sur laquelle
on peut établir le texte. Quelques-unes des nombreuses obscurités du texte,
peuvent être attribuées à la négligence du copiste. Le morceau tout entier
est d'une grande vigueur dramatique, et la traduction qui en est ici donnée
se réfère au texte Je meilleur, établi par Wyatt, et s'inspire des travaux
excellents du professeur Ten Brink : « Grundriss der Germanischen Philo-
logie » (pp. 546-549).
3. Kemblc : « heoro-g . ... »; Hickes : « hearo-g . ... ».
4. Hickes : « eastum».
5. Cf. cette métaphore à celle qu'Eschyle met sur les lèvres d'Apollon,
dans les Euménides, I, 176 :
« Mr, v,où ).</.% où a a. 7rrîi)vôv «ûvïjoTajy Oftv ».
G. Hickes : « fer ».
LA BATAILLE Ht Fl.NNES-BIHH
fugelas singath,
io gylleth grâeg-hama,
gùth-wudu hlynneth,
scyld scefte on-cwyth :
mi scineth thés môna
wathol under wolcnum,
nu â-rfsath weâ-dâeda
lin1 thisne folces ni'th
fremman willath :
ac on-wacnigeath nu
wigend mine,
20 habbath eôwre landa aeht^,
hicgeath on ellen,
Windath on orde,
wesath on-môde.
Thâ â-râs monig
gold-head en thegn,
gyrde nine his swurde ;
thâ tô dura eùdon
driht-lice cempan,
Sige-ferth and Eaha
3o livra sweord ge-tugon,
and set ôthrum durum
Ord-laf and Gûth-làf,
and llengest sylf
hwearf him on lâste.
Thâ gyt Gâr-ulf
Giith-ere styrode.
thaet hê swâ freolic-feorh
forma n si the
tV> thàerehealle durum
40 hyrsta ne baêran,
l'incendie, ici,
n'est pas allumé, mais les ensei-
gnes à tête d'ours s'avancent, les
oiseaux de la bataille chantent;
les cottes grises se choquent ;
l'éclair des lances a lui, et le bou-
clier répond aux traits. Mainte-
nant des crimes vont se perpétrer
qui appelleront la vengeance de
ce peuple !
« Mais éveillez-vous, mainte-
nant, mes guerriers ; tenez vos bou-
cliers dune main ferme; pensez
aux prouesses héroïques ; com-
battez sur le front des armées ; et
soyez dun cœur vaillant ! »
Alors maint comte se leva, bardé
d'or, et ceignit son glaive. Vers
les portes, deux nobles guerriers
s'élancèrent, Sigeferth et Eaha, et
ils tirèrent leurs glaives ; et aux
autres portes coururent, Ordlaf et
Guthlaf ; et Hengest lui-même,
s'élançait sur leurs traces. Bien
plus, Garulf exhorta Guthere à ne
point risquer une aussi noble vie,
au premier engagement d'armes,
aux portes du palais, alors que le
dur adversaire au combat, les
voulait attaquer;
12. Kemble : « sceafte ».
20. Kemble : « eowra ».
21. Kemble : « hyegeath ».
22. Hickes : « windath ».
25. Kemble : « gold-hladen ».
40. Kemble : « baére ».
40
626
La ha: ai i, i. i dé h\\i>-iu iui
mi hit nfllia heard
â-nyman wôldej
;ic hë fragn ofer eal
un-deaminga,
deôr-môd haelelh,
hw a thâ duru heôlde.
Sige-ferth is min nama,
[cwji'th lie.
ic com Sccgena leôd,
wrecten \\ îde-cûth ;
5o fêla ic weana ge-bàd,
heardra hilda,
the is gyt her witod
swœ ther thû sylf to me
sécean wylle.
Thâ waes on healle
wœl-slihta ge-hlyn,
-j- sceôlde celod bord
*}* ge-numon handa,
bân-helm berstan,
60 buruh-thelu dynede,
oth set thœre gûthe
Gâr-ulf ge-crang,
. • . . . et lui-même
(Garulf), le raillant guerrier, de-
mandait déjà, sa rn i.r couvrante
tumulte : — « Qui a forcé la
porte ? » — « Sigeferth »i-t mon
nom, lui fut-il répondu ; je suis
prince des Seegs, et guerrier aven-
tureux, et bien connu !
« J'ai connu bien des soucis, cl
subi d'amères épreuves : le destin
est pour toi, de subir ici lout niai
que tu tenterais de me faire ! »
Alors, sous les voûtes, ce fut le
tumulte du carnage. Sous les
boucliers en forme de quille, écla-
taient les casques à le les d'ours.
Le sol du palais était retentis-
sant : dans la mêlée, Garulf tombe
mort, lui, le premier de tous les
mortels, fils de Guthlaf, — et
maint héros, à ses cotés.
41. Kemble : unit ».
42. Kemble : « a-niman ».
43. Kemble : « fraegn ».
49. Hickes et Kemble : « wrecten », au lieu de « wraeccena ».
50. Hickes : « faela » ; Hickes : « \oeuna ».
51. Hickes : « heordra ».
53. Kemble : « sum thaer ».
54. Kemble : « wille ».
55. Hickes : « healle ».
« on healle ». Conf. Ten Brink, Gmndriss der Germaniselien Philologie,
pp. 546,549.
57. Kemble : « sceolde naeglod bor ge-numen handa » ; Hickes : «.sceolde
celaes borth genumon handa».
LA 1UTA1LLK bfi FIN'NÉS-M II II
(1-27
ealr,a aerest
ntrth-bûendra,
(iûlh-lâles sunu : ymb li\ Q€
gôdra fsela liwearf
lacra hwer
hraefen wandrode,
sweart and sealo-brûn :
70 swurd-lejâma stôd
swylce eal Finns-buruh
fyrenu waere :
aege-fraegn ic nâïfre wurth-
[lTcor
aet wera hilde
sixtig sige-beorna
sél ge-baeran,
7 ne nëfre swâ
noc hwîtne medo
sél for-gyldao,
80 thonne Hnaefe guida n
his haeg-stealdas :
hig fûhtoo fif dagas
swâ hyra nan ne feôl
driht-gesitha,
ac higthàduru heoldon:
thâge-wâthim wund hœleth
on waeg gangan,
saede thaet liis byrne
â-brocen waere,
90 here-sceorpum hrôr,
Une
foule d'ennemis étaient abattus ;
le vautour planait, aux plumes
noires et jaunes ; l'éclair des
glaives brillait, comme si tout
Finnsburg étaient en flammes.
Jamais, je n'ai entendu dire qu'en
aucune rencontre mortelle, des
héros conquérants se soient mieux,
et plus vaillamment conduits ;
jamais dans un plus grand' élan
d'amour (pour son suzerain), un
coup plus rude ne fut porté, que
celui qui fit tomber ÏInaef. Durant
cinq jours ils combattirent, et
quoiqu'ils gardassent les portes,
nombre de leurs suivants furent
tués. Alors le chef blessé se retira,
disant que sa cotte de mailles
était rompue ; que son armure
désormais, était vaine, et que son
casque, encore, était percé.
66-67. « hwearf ladra hreas ». Jellinck. P. B. XV, 434.
()7. Hickes : « hwear/lacra hraer» ; Kemble : « hwearf lathra hraew».
76. Kemble : « sele ».
77. Kemble: « naef're ».
78. Kemble : « not-h. . . ».
85. Kemble : « dura ».
87. Kemble : « weg ».
(i'2H LA BATAILLE l»K H.WI.S-IU lill
and eâc was lii.^ helm Uiyrl Et,
Thé hine sôna fraegn sans détour, le pasteur du peuple
folces hyrde lui demanda si les guerriers sur-
hû thâ wigend hyra vivaient h leurs blessures, et quel
wunda ge-nœson, était celui des jeunes hommes ... .
oththe hwœther Huera
hyssa
91. Keinble : « waes ».
INDEX DES NOMS PROPRES
IXDEX DES NOMS PR OP R ES
Abel. Un rappel est fait du meurtre de Caïn, 213.
yElfhere. Scylfiog, parent de Wiglaf qui est surnommé, « l'allié
d'.LIfhere, 5204.
/Eschere, le compagnon d'armes et le conseiller le plus cher
d'Hrothgar, qui fut massacré et emporté par la mère de Grendel,
2576-2603; 4240-4260.
Ar-Scyldingas, 923. Littéralement : Scyldings honorés, — un nom
des Danois. Aid. Scyldingas,
Bëanstân. Père de Breca, le Bronding, 1042.
Beorht-Dene. Littéralement : Danois brillants, 848, 1211, Vid.
Dene.
Bèowulf, le Danois, n'est pas le héros du poème, mais l'ancêtre du
roi Danois, Hrothgar, 35, 106.
Bf'owulf le Geat (le second scribe dont la copie commence, dans le
Mss., au vers 3878, écrit ce nom, BTowulf. (vers 3970, 3.993); au
génitif. Bïowulfes, v. 4383, 5359, 5609 ; au datif, Bïowulfe, (y, 4642,
5680, 5809, 6127). Il est fait mention de lui, pour la première
lois, au vers 386, comme du « féal dllijgtdac », et l'on trouve
seulement le nom de Beowulf, au vers 684.
Le héros appartient à la famille royale des Geats, et aussi du cùté
paternel, à la ligne suédoise des Waegmundings. Il est fils d'Ecg-
theow ; le nom de sa mère est ignoré, mais celle-ci était fille d'IIrer
tel, roi des Geats, et sœur d'Ilygelac. Le poème entier consiste dans
le récit de la vie de Beowulf, de ses exploits, de sa mort, et de ses
funérailles,
632 IMUA DES NOMS PROPRES
Vprès sa septième année, il est élevé à la cour de son aïeul,
Hrethel, auprès de ses oncles, Herebeald, Haethcyn et Hygelac
(4956-4962). Dans sa jeunesse, il fut longtemps regardé comme
peu brave (4302-4374), niais quand il grandit, sa main avait la
force de celles de trente autres hommes (755-757). C'est donc en en
venant aux mains, qu'il atteint sa plus grande renommer: (5008-
5010; 5365). 11 accompagne Hygelac dans sa fatale expédition oon-
Ire les Hetware, et sauve sa propre vie. après la chute du roi Geat,
en nageant vers sa patrie (4728-4730). Jl refuse le trône qui lui esl
offert, parla veuve d'ilygelac (4747-4748: il devient le protecteur
d'Heardred, fils d'Hygelac, et à la mort de celui-ci, il devient roi des
Geats, sur lesquels il règne pendant cinquante ans (4412-4413).
Le Beowulf qui dirigea l'expédition contre les Hetware, appar-
tient peut-être à l'histoire ; mais le héros des trois exploits princi-
paux du poème : de la lutte à la nage avec Breca ; des combats avec
Grendel et sa mère, est certainement légendaire.
Le caractère de Beowulf mérite une étude attentive : il est tracé
avec beaucoup d'intérêt dans l'ensemble, et de netteté dans le détail.
Le poète paraît apporter de la fidélité à la description de son
héros, et il met également en relief, ses vertus guerrières et ses fau-
tes humaines. L'auteur porte sur Beowulf son propre jugement, à la
fin de la première partie du poème, et la fin de la seconde (4354-
4378). Il dépeint, d'abord, le héros comme vaillant, prudent, et de
cœur magnamine. ; puis il le considère comme doux et bon, quoique
porté aux ambitieux dessins.
Partout, se manifeste la magnanimité de Beowulf: « la gloire, dit-il
doit-être le seul but de l'homme » (2774-2776; 5028), et pour l'at-
teindre, « il faut vaincre ou mourir» (1264-1268 ; 2980-2982; 5070-
5072). Le guerrier doit se comporter en chevalier, même en combat-
tant des monstres (856-880; 1358-1374; 5036-5048). Le sentiment
chevaleresque, dans toute sa pureté, inspire les vers 4690-4692, et
5064-5066. Il s'enquiert avec sollicitude de ses compagnons (2954-
2958), et ne laisse pas son rival Breca, dans la détresse (1086). Ces
mœurs de chevalerie se retrouvent, dépeintes avec un rare bonheur,
au cours du poème (688-694; 2638-2639; 3618-3621). Et Beowulf sait
oublier son ressentiment contre Unferth, quand celui-ci lui demande
le pardon du passé.
La noblesse d'âme et le désintéressement du héros ressortent en
maint endroit : Beowulf refuse le royaume des Geats qui lui est
INDEX DES NOMS PROPRES 033
offert, et se fait tuteur du jeune roi (4747-4748). Son ambition esl
grande, mais il semble dédaigner tout honneur, qui ne s'achète poinl
au prix d'un combat. Il esl mercenaire et d'esprit aventureux, et
réclame son salaire, — ce qu'Hrothgar n'oublie poinl (1320; 2760-
27bi ; 1268). Mais quoique Beowulf parle souvent de l'or, sa récom-
pense (5070), — c'est plutôt pour les autres que pour lui-même,
qu'il combat, el avant tout, pour la gloire (3224-3227). Il sail encore
distribuer généreusement, les dons qu'il a reçus (3800-3800 ; 4296-
1-308).
Sa sagesse politique («si manifeste aux lignes 1058-4000 et 4134-
H36. Il apparaît, pour l'époque, modeste et réservé (2410, 4746), cl
le peu de jactance qu'on relève en ses paroles, est inhérent à sa pro-
fession même (5038-5041 ; 5054-5056).
A son heure extreme, Beowulf s'enorgueillit de la droiture de sa
vie (5. 406-5476), et sa piété est certaine, bien que celle-ci soit mi-
chrétienne, mi-païenne, et empreinte d'un sombre fatalisme (884-
910; 1370-1372; 1028 ; 3316). Tout Beowulf est inspiré delamélan-
colie poétique anglo-saxonne, depuis le jour où le héros est né au
malheur, jusqu'au dernier instant, où il meurt dans la solitude
(5458-5461).
L'astuce et la déloyauté barbares se montrent parfois, chez Beo-
wulf : quand il se vante d'avoir fait maint faux serment (5476), et
d'avoir massacré ses alliés (5478). Mais il convient de faire observer,
en sa faveur, qu'à l'époque, toutes les trahisons étaient légitimes,
dans la poursuite de la vengeance (4058-4060).
Trie remarque plus générale est celle-ci : dans le poème entier, il
n'y a avec YVigiaf, qu'un seul guerrier de grande bravoure^ — Beo-
wulf. C'est sans doute, la un procédé de Fauteur pour mettre en
relief, la valeur du héros principal. Tous les guerriers de la suite de
Beowulf, reculent devant les monstres, que le Geat seul ose aborder
(836-844; 1148-1140; 5064-5067). Ce détail donne au poème un
caractère différent de celui des Nibelungenlied, — où chacun est
également audacieux. — el de la Chanson de Ptoland, où le héros
n'est que le plus brave d'entre ses pairs.
Breca, lutte à la nage avec Beowulf. Il est chef des Brondings, et
fils de Beanstan, Bugge compare cet épisode à celui de la Saga Islan-
dique d'Egil (1020, et s...). Cf. Beitrâge, XII.
Brisings', collier, (en vieux normand, Brisinga men). Ce mot se
634 Index m:s noms propres
rencontre dans l'Edda (Hamarsheimt), éi le collier est cité, comme
ayanl été porté par la déesse, Freyja. Le mol Brosing, offre une ana-
logie avec Breisgau, (à la partie Sud de la Forêt-Noire), qui probla-
blemenl esl le lieu, où la légende est née (2398).
Brondings, La tribu., dont Breca est le chef. Peut-être habitait-elle
le Mecklembourg, ou la Poméranie (A, (il) (1022),
Caïn est cite aux vers 213 et 2523, comme étant l'ancêtre de
Grendel.
Daeghrefn, guerrier des Hugs, que semble avoir tué Hygelac, à
la bataille, et que Beowulf massacre (3002).
Danes. Le théâtre de la première partie du poème, est l'île danoise
de Zealand, et l'on parle des Danois, comme possédant encore Scede-
nig, ou les Scedelands, à la partie Sud de la Suède Dans Widsith,
v. 29, ils sont appelés Sea-Danes ; v. 3o, Danes ; v. 58, South-
Danes.
Dans Beowulf, des noms variés leur sont attribués, qui rappellent
leurs exploits: Beorht-Dene, Gâr Dene, Hring-Dene, — ou leur situa-
tion géographique : East-Dene,North-Dene,Sûth-Dene, West-Dene...
Parmi ces derniers, on cite trois rois légendaires : Scéf, Scyld, et
Beotvulf, le Scyld ing. Leur ère doit être située, avant la naissance du
Christ.
Au quatrième et au cinquième siècle, on trouve Halfdane et ses
fils, Ileorogar, Hrothgar et Jïalga ; Tngeld et Froda, dont le fils,
llrothwulf, fut associé au trône d'Hrothgar, et épousa la fille de
celui-ci, Freaware. Hrothgar eut de la reine, Wealhtheôw. de la
race des Helmings, — deux fils, llrethric et Hrôthmund. Toute cette
race royale est qualifié dTngwinas, terme qui semble se rapprocher
du mot normand, « Ynglingar ». Heremôd est encore cité, comme
ayant régné tyranniquement, sur une partie du Danemark. Ce per-
sonnage peut être identifié avec Sigmund, le Waelsing (v. 170a), et
dans le llyndlv Liôth '-■ (Edd. Saem. I, 34a). D'autres héros danois
qui ne sont point de sang royal, sont nommés dans Beowulf :
/Eschere, llunferth, Wulfgar, Guthlac, Iïengest, etUslaf.
Eadgils, le plus jeune fils d'Ohthere.
Ce qui est dit dans Beowulf, sur les frères Eadgils et Eanmund,
semble s'adresser à des auditeurs connaissant, déjà, les aventures
de ces personnages, Les épisodes où ceux-ci sont mêlés, paraissent
INDEX DES NOMS PROPRES 635
bien obscurs aux commentateurs, qui n'ont pu que reconstituer,
d'oux mêmes, l'histoire dos deux héros. La version la plus ingé-
nieuse est donnée par Wyatt.
Eanmund et Eadgils sonl bannis de Suède, pour s'être révoltés
(4758 et s...), et se réfugient à la cour du roi Geat, Heardred. Le
l'ait qu'ils ont trouvé un asile auprès de son ennemi héréditaire,
excite à tel point la colère du roi Suédois, Onela, leur oncle, que
celui-ci envaliil le pays des Geais (4404 et s...), et parvient à tuer
Heardred (4708 et s...); mais il permet à Beowulf, de prendre la
succession au trône des Geats, sans être inquiété (i778-4780). Hear-
dred est le second roi Geat, qui tombe sous les coups des Suédois
(vid. Haethcyn), et plus tard, Beowulf rouvre les hostilités, en
aidant Eadgils, quand il envahit la Suède, pour y tuer Onela, son
oncle (4784 ; 4779 et s...). Ces détails sont confirmés par la tradition
normande où Athils — Eadgils, massacre Âli = Onela, sur le lac de
glace, Wener (Cf. v. 4792),
Eanmund, Suédois, et fils d'Othere, tué par Weôhstan (5223).
Earnanaes (0062) Eagles ness : littéralement : nid d'aigle. L'en-
droit auprès duquel Beowulf combat le dragon.
Ecglaf. Danois, père d'Unferth (980).
Ecgthëow (Ecgthëo, 746) ; au génitif, Ecgthloes (3998) père de
Beowulf, le Geat; épouse la fille unique d'Hrethel, roi des Geats, et
père d'Hygelac (745-751). Ayant tué lleatholaf, le Wylfing, —
Ecgthëow sollicite la protection d'IIrothgar. au début de sa royauté.
Hrothgar fait alliance avec lui, et lui donne des subsides (918).
. Ecgwela (3420) : « les descendants d'Egcwela, les Scyldings hono-
rés... », c'est-à-dire les Danois. Grein regarde Ecgwela, comme
étant le fondateur de la très ancienne dynastie des rois danois, qui
s'arrête, avec Jleremond.
Elan (124). Danoise, fille d'Iïealfdene, et peut-être, femme d'On-
gentheow, roi des Suédois. Cf. Old. Norse Hrolfs Kraka Saga, dans
Kluge E.S., XXII, 144.
Eofor (datif, lofore, 5986, 5990), guerrier Geat, tils de Wonred,
frère de Wulf, et beau-fils d'Hygelac. Il vient au secours de son
frère Wulf, dans un combat singulier avec Ongentheow qu'il lue,
vengeant, ainsi, la mort d'Haethcyn. Ilygelae récompense libérale-
().'{() INDES DES NOMS PROPRES
niciil les deux frères, el donne sa lill*1 unique .:i Eofor (4968 el s...;
5922 el s...).
Eomaer, Angle, fils d'Offn el de Thrytho (3920).
Eormenric (Hermanaric), roi des Ostrogoths, qui meurl l'an 375,
de l'ère chrétienne. Il esl cité dans Beowulf, au cours de l'épisode du
collier(153). Il <isl fail encore allusion à ce roi, «Lui- Widsith, II. 8,
18, 88, el dans Deors' Lament, au vers 1201. Cf. Jornandès.
Ghap. XXXIV; Edd. Saem, 11, 240; Sigurdr-quid, III, 59; Johannes
Magnus, VI, c. 26; Saxo VIII, 107; Edd. Saem. thryms-quid., 13. I,
187 ; Edd. Snorr. fab. 30 ; Grimm, 1). G. Ill, 454.
Eotenas (Enlliiones, Saxones Eucii), le peuple de Finn, roi de
Friesland. On les a identifiés avec les Jutes (21 44 . 2170, 2282,
2280).
Einn (Fin., 2192, 2292, 2304 ; génitif, Finnes, 2136, etc.), roi de
Friesland (2252), fils de Folcwalda (2178) : la reine, son épouse, lui
llildeburh.
Il y a quelque obscurité dans l'épisode de Finn, rapporté dans
Beowulf (2130 et s...). Ce morceau est évidemment détaché d'une
épopée entière sur Finn, dont un seul fragment, la bataille de
Finnsburg, subsiste. Diverses tentatives ont été faites, pour donner
une restitution de cette histoire.
Bugge, s'appuyant sur l'interprétation des vers 2284-2288, suit
l'opinion de Grein, et soutient que l'attaque nocturne dépeinte, dans
la Bataille de Finnsburg, se produisit après la mort de Hnaef, et
avant les événements, rapportés dans l'épisode de Beowulf (y. 2136).
D'autre part, Moller prétend que le lieu de la bataille est indiqué
dans les mêmes vers, 2288, 2289, et sa reconstitution de l'épisode
paraît être dans son ensemble, la plus rationnelle :
Finn, roi des Frisons, avait enlevé par violence, llildeburh, fille
de Hoc (2152). Ce dernier semble avoir poursuivi les fugitifs, et
avoir été tué dans le combat qu'il livre au ravisseur.
Après vingt années, les fils de Hoc, — Hnaef et Ilengest, furent d'âge
à venger la mort de leur père. Ils font l'invasion du pays de Finn,
et une bataille est livrée, au cours de laquelle plusieurs guerriers, et
Hnaef, avec un fils de Finn, sont tués (2148, 2158,2230). Une paix
solennelle est conclue, et les guerriers morts sont brûlés (2136 et s.).
Comme l'année trop avancée ne permet pas à Ilengest de rentrer
INDIA DES NOMS PROPRES 637
dans sa pairie (2260 et s...), lui-même et les survivants de son
armée demeurenl l'hiver, au pays des Frisons, cl à la cour <lc Finn.
MaisHengestesl constammenl obsédé de la morl de sou Frère Hnaet,
et il souhaite de rompre la paix qu'on a jurée, de pari et d'autre.
Sou désir ^\c vengeance est soupçonné par les Frisons, qui prévien-
nent ses desseins, cl l'attaquent dans le palais, tandis qu'il dort
avec ses hommes. Telle serait l'attaque de nuit, dépeinte dans la
Bataille de Finnsburg.il semble, enfin, qu'après une résistance déses-
pérée, Hengest lui-même, tombe sous les coups d'Hunlafing (2286),
mais deux de ses compagnons, Guthlaf et Oslaf parviennent à
s'échapper, et à revoir leur pays. Avec de nouvelles troupes, ils
reviennent attaquer Finn qu'ils massacrent, et ils délivrent la reine
Hildeburh (2250 et s...).
Finnas (1160), le pays des Finns. Sarrazin (Beowulf studien, p. 32),
situe ce territoire près de la cote de Suède, dans le district de
Bohusliin. Là, Beowulf est porté par le flot, sur le rivage, après
avoir nagé cinq jours, dans sa lutte contre Breca.
Fitela (1752, 1778), le Siniiotli de la Volsunga Saga, fils de Sige-
mund le Volsing, ou Vaelsing, par sa sœur Signy.
Folcwalda (2172), père de Finn, roi des Frisons du Nord.
Froncan (génitif, Francna; 2420) llygelac, roi des Geats, fit une
invasion chez les Frisons, vers l'an 512, après J.-C, et fut défait et
tué, par les forces combinées des Francs, des Frisons du Sud, et des
Hugs (2404 et s...; 5824 et s...),
Freawaru, princesse danoise et tille d'Hrothgar, mariée à
Ingeld, pour assurer la paix entre les Danois et les Heathobards
(4044 et s...).
Frës-cyning (5006). Le roi des Frisons du Sud.
Frës-lond (pluriel) (4714). Le territoire des Frisons du Sud.
Frës-wael (2140). Le lieu de la bataille chez les Frisons du Nord,
où Ilnacf tomba.
Frôda (4050) père d'Ingeld, et roi des Heathobards.
Frysan (génitif, Frësena, 2180, Frysna, 2208, Frësna 5830). Les
Frisons. Il y a d'abord, les Frisons du Nord, le peuple de Finn
(2136 et s...); puis les Frisons du Sud, qui s'unirent aux Francs et
0*38 I.M»I A DES KOMS l'lto|'l;l -
;m\ Huga, contre Hygelac (2404 el s...; 5824 cl suiv...) Le territoire
des premiers esl dénommé Frys-land, au vers 2252; celui des
seconds esl appelé, Frës-lond (au pluriel), (v. 1714).
Garmund (3919). Eomaer est cité comme petit-fils de Garmund,
((m par conséquent, était père d'Offa. Ce personnage esl le Waer-
mund des généalogies de la Chronique, dans laquelle apparaissent
ans^i, Offa cl Eomaer. Gf. Parker Mss. 626.
Gëat (1280, 2002, 3570. (Me.). C'esl le peuple auquel Beowulf
appartient. Leur pays était situé dans la Suède du Sud. entre les
Danois qui occupaient l'extrême Sud, el les Suédois dont le terri-
toire étail probablement limité par le lac Wener. Leur métropole
('■tait, peut-être, Kongelf ou Kungelf. On les identifie plutôt avec les
Goths, qu'avec les Jutes (Cf. Arnold, pp. 50-56). Ils sont encore
désignés sous les noms de Weders cl de Hrethlings (390 et passim.);
Gûd-Gëata, Corme faible ou génitif pluriel (748, 2382, 2404) ; génitif
singulier, Gêatena (88b*) ; en vieux normand. Gântar; en suédois,
Gôtar.
Gëat-mecgas (datif, Gêat-maccgum, 982 ; génitif, Gëat-mecga,
4 058). Ce mot se rapporte aux quatorze guerriers Geais (414), qui
accompagnent Beowulf dans lieorot.
Gifthas 4988) qu'on croit être les Gepidae. Le même peuple est
mentionné dans Widsith, 01, avec les Wends qui habitaient la
Prusse orientale. Mais en des temps historiques plus connus, les
Gépides peuplaient le Dacie, de sorte que l'identification de Gifthas
avec les Gépides, soutenue par Ettmûller, est assez douteuse.
Grendel (de l'anglo-saxon « grindan », moudre '! génitif, Gren-
dles390, 4004 etc. Grendeles, 4012, 4230,4706; datif, Grendle,
1232, 5042): le monstre que tue Beowulf. Grendel descend de Gain,
(2530 et s...). Son père est inconnu (2710).
Grendles môdor (Grendeles môdor, 4230, 4278). La mère de Gren-
del, dont le massacre est le second grand exploit de Beowulf.
Tantôt il est parlé de la mère de Grendel au masculin, et tantôt,
au féminin (2520, 2758, 2784, 2788, 2094, 4272 et 2854 et s..., 2678,
3008 et s..., 3082 et s...).
Guthlaf (2290). Guerrier danois, servant sous IInaef et Hengest,
Y id. Finn.
InDex des noms propres
(ill!)
Haereth. (3S:".s. 3962) le pèred'Hygd, femme d'Hygelac.
Haêdcyn (Ha&thcen 5850, datif, iïaêthcynne, 1964), second (ils
d'Hcethel, roi des Geats. Il tue par trahison son frère, Herebeald, et
lui succède sur le trône. Il péril dans la bataille livrée au roi sué-
dois, Ongentheow (4868, M)48, i964, 5850 et s...).
[Ialf-Danes 2131), Bugge (P. B. XII, 29) écrit que les Hocings,
descendants de la race de Hnaef, étaient, appelés Half- Danes, (mi-
Danois), parce qu'ils n'étaient pas proprement des Danois, niais
alliés, par le sang ou les traités, aux Danois.
Ilalga (the Good), (Halga le bon) (123), frère cadet d'Hrotgar. Il
est regardé comme le père d'Ilrolhwulf (2031 et s. . .), et on l'iden-
tifie avec Helgi, père deRolfkraki = llrothwnlf.
Healfdene (113). Père et prédécesseur d'Hrothgar, sur le trône
des Danois. Il est l'Ilaldanus de Saxo Grammatîcus.
Heardred, Geai, (ils d'Hygelac et d'Hygd. 11 devient roi des(ieats,
bien qu'en minorité, après la mort d'Hygelac, dans la guerre avec
les Frisons et les Francs, et Beowulf assume auprès de lui, la charge
de protecteur et de conseiller. Heardred est tué parOnela, le Suédois
(4064, 4074, 4134).
Heatho-Beardan (génitif, Heatho-Beardna, 4064 etc.). La tradition
veut que les lleatliobards aient possédé un petit royaume, dans
l'île de Zealand, dont la capitale aurait été, Lethra. Ils sont men-
tionnés dans Widsith, comme ayant été vaincus avec leur chef,
Ingeld, par les Danois, à Ileorot. On les appelle communément
(Wyatt), Lombards.
Healholâf (020), Guerrier des Wylfings, tué par Ecgtheow, père
de Beowulf.
Heatho-Raê mas (1038), ou d'après Mûllenhoff, lleathoreamas, peu-
ple de Raumarike, district au Sud de la Norvège. C'est sur cette côte
que vient échouer Breea, après sa lutte à la nage, avec Beowulf.
Ilehningas (1234). La reine, femme d'Hrothgar, Wealhtheow, est
citée comme appartenant à la tribu des Helmings, qui s'étaient
établis chez les Angles du Sud (?}. Cf. Sarrazin, dans E. S. XXIII,
pp. 228, 220.
040 l\M\ DES NOMS PROPRES
Hemming (3888, 2182;. Parent de Hemming, s'applique, et à
Offa, el à sou fils, Eomaer.
Hengesl (2166, 2182 et s...) prend le commandement des Danois,
après la morl de Hnaef. Vid. Finn.
Heorogâr (Heregar, 934 ; Hiorogâr4316), (ils aîné d'Healfdene, el
frère aîné d'Hrothgar. Il ne laisse pas son armure à son lil<. mais
Hrothgar la donne à Beowulf, et Beowulf l'offre à Hygelac.
Heorot (Heort, 156; datif, Heorute, 1 532, Hiorte, 4198), le palais
Heorot ou liait. qu'Hrothgar a construit (134 et s...).
Il est abandonné pendant douze années, parce que la fureur de
Grendel y sévit (290 ets ...). La rencontre de Beowulf et du monstre,
a lieu dans le palais, à la voûte duquel l'on fixe en trophée, le bras
de Grendel que vient d'arracher le héros.
Mùllenhoff identifie Heorot avec Leire, la plus ancienne métropole
des rois danois. Des monographies diverses ont été écrites sur
Heorot : liber die Halle Heorot, par Moritz Heyne, Paderborn, 1804 ;
Heorot-Hall, par C. Klôpper, Rostock, 181)0. Sarrazin dans (Anglia
XIX, 368), pense qu'lleorot, suivant l'ancienne coutume normande,
servait aussi de temple et de lieu d'assemblée, et était regardé
comme le sanctuaire des tribus danoises.
Heoroweard (4322), fils d'Heorogar
llerebeald (4868, 4926), fils aîné du roi geat, llrethel, tué par
imprudence, d'une flèche lancée par son frère, Haethcvn.
Heremod (1002, 3418), roi danois que les siens livrent à l'ennemi,
pour sa cruauté. Ce personnage est identifié par Sievers (Beowulf
und Saxo, pp. 175-179), avec le Lotherus, de Saxo. Réunissant les
données de Saxo et de Beowulf, Sievers parvient à reconstituer, de
la manière suivante, l'histoire de ce personnage : « Dan, roi des
Danois, avait deux fils, l'un faible (l'IIumhlus de Saxo), et l'autre
de nature héroïque (Heremod). Après la mort de Dan, Humblus est
élevé au trône, et Heremod est banni. Mais Humblus ne peut répri-
mer un soulèvement populaire, — ou repousser une invasion étran-
gère, - et le peuple a recours à l'assistance d 'Heremod. Avec de
fortes troupes, il défait Humblus, et gagne la royauté. Mais cupide
et cruel, il devient, bientôt, le fléau de son peuple, qui le dépose et le
tue ('!).
INDEX DES NOMS PROPRES t>4 l
Hererïc (4412). Eleardred est appelé : « ffererices nefa ». Peut-
être, était-il I»1 frère d'Hygd.
Hetwaras (4726, 5832). Peuplade qui, avec les Frisons et les
Francs, repousse l'invasion d'Hygelac. Ce sont là, les llattuarii,
Attoarii, (Gesta regum Francorutn ; les Chattuarii, de Strabon ; les
Chatti, de Tacite (Geruiania, ch. XXX) : ils constituaient une tribu
franco-frisonne, qui peuplait la région du Bas-Rhin, autour de
(-lèves.
Hildeburh (2142, 2228), fille d'IIoc, et femme de Finn. Vid.
Finn.
llnaef (2138 et s...), périt dans la bataille, avec Finn. Vid.
Finn.
Hoc (2132), père d'Hildeburh. Vid. Finn.
HondscTo (1480 et s ... ; 4152). L'un des quatorze compagnons de
Beowulf, dans son expédition au royaume danois, et que Grendel
dévore, avant d'attaquer Beowulf.
Hreosna-beorh (4954). Le théâtre des luttes entre les Suédois et
les Geats, — sous Onela et Ohthere; — probablement à la frontière,
entre la Suède et le territoire des Geats.
Hrêthel (génitif, forme faible, Hrethlan, 908; génitif, llrethles,
2970). Roi des Geats : il était fils de Swerting (2406), père d'Hyge-
lac, et aïeul de Beowulf (746 et s...), à qui il laissa sa cotte de mail-
les (908). 11 meurt de chagrin, en perdant son tils aîné (4870 et s...)
qu'Haethcyn atteint involontairement, d'une flèche.
Hrëth-men (890). Triomphateurs. Epithète donnée aux Danois.
Hréthrlc (2378, 3672). Fils aînéd'Hrothgar.
Hrones-naes (5610, 6272), antre de la baleine. Promontoire
rocheux où Beowulf, en mourant, veut que son mausolée s'élève.
Grein soutient que ce lieu était près de Kongelf, dans une petite île,
entourée du bras Nord du Gota Elf.
Hrôthgâr, roi des Danois, second fils d'Healfdene. 11 est l'un des
personnages principaux du poème : il fait élever le palais d'Heorot,
que Grendel dévaste, et il prépare les voies aux prouesses du héros.
11 a été identifié avec le Roe de Saxo Grammaticus, et avec le Hroar
de la llrolfs Saga (Beowulf passim.).
41
() \2 INDES Dl B NOMS PROPRES
lliôthmund (2378). Le plusjeune til- d'Hrothgar.
Hrôthulf (2034, 2362), probablement le (ils du plus jeune frère
d'Hrôthgar, Eïalga. Ilvivail à là com' de Danemark.
Wealtheow exprime l'espoir qu'elle a, de lui voir rendre en
dévouement à ses enfants, la bonté qu'llrothgar eut pour lui-même
(2360 et s...). Et il semble que cet espoir ait été trahi (2328-2338).
Ce personnage est le Rolf Krakede l'Ynglingâ Saga, et est mentionné
dans Widsith, ligne 45.
Hruntig (2914, 2980, 3318, 3614). Le glaive d'Unferth, que celui-
ci prête à Beowulf, pour combattre la mère de Grendel.
Hugas (5004, 5828). Les i lugs, — Chauci, de Tacite (Germania, 35).
Tribu qui se joint aux Francs, pour repousser l'attaque d'Hygelac,
sur les côtes des Frisons
Hûnlafing (2286), fils d'Hunlaf, et guerrier de Finn : il tue
Hengest.
Mygd (3852, 4344, 4738). Fille d'Haereth (3858), femme d'Hyge-
lac, et mère dTïeardred.
Hygelâc (qu'on écrit généralement Higelâc, 870 ; Hygelâc,
4302 etc.; génitif, llygelâces, 3060, 4772, 5886; lïigelâces, 388 etc.;
datif, Hygelâce, 4338 ; Higelâce, 904 etc.). Le roi régnant des Geats,
pendant toute l'action du poème (llygelac = le Ghocilaicus ou Cho-
cbilagus, de Grégoire de Tours, et de Gesta flegum Francorum). 11
est le troisième fils d'Hrethel, et l'oncle de Beowulf.
Ongentheow avant défait et tué son frère, Haethcyn, llygelac atta-
que, à son tour, le roi de Suède, et l'un de ses compagnons, Eofor,
tue ce dernier.
llygelac, encore jeune, quand Beowulf revient de Danemark,
épouse la princesse Hygd. Il meurt peu de temps après, au cours de
l'invasion qu'il fait chez les Frisons, entre l'an 512 et 520 après
J.-C.(2404ets.. ; 4708 et s...; 5002 et s... ; 5028 et s...). Son jeune
fils, Jleardred lui succède, Beowulf ayant refusé le trône qui lui était
offert par la reine Hygd, veuve d'Hygelac.
Ingeld (4128), fils de Froda, et prince des Heathobards. Beowulf
dit à Hygelâc, que la fille d'Hrothgar, Freawaru, est promise en
mariage à Ingeld, et que le roi danois espère arrêter, parla, les hos-
tilités entre les deux peuples (4048 et s...). Beowulf exprime son
I.NDKX DES NOMS PROPRES 643
doute à cet égard (4134-4138). Les mêmes détails se retrouvent dans
Widsith (45-49) :
« Hrothwulfand Hrôthgàr hëoldon lengest
sibbe a et s o m ne su h tor f a ed ran,
siththan hy forwraëcon Wïçinga cynn
ami [ngeldes ord forbïgdan,
forhëowan aet Heorote llaetliobeardna thrym. »
Greins' Bibliothek, I, 252.
Ingwine (2088, 2638), amis d'Ing, le premier roi légendaire des
Danois du Sud. Sur Ing, on lit dans Rune-poem, 67-68, (édit.
Wiil cher) :
« (Ing) waes aerest mid Eastdenum
gesewen secgun. »
Inç a été identifié avec Sceaf et Frea.
Merewïoing (génitif, Merewïoingas, 5842\ le roi mérovingien des
Francs.
Naegling (5360). Le glaive dont Beowulf se sert, en combattant le
dragon. Stopford Brooke (I, 76), prétend reconnaître dans Naegling,
la racine de nail, clou : le glaive s'enfoncerait dans le corps de l'en-
nemi, comme un clou, — ou bien, nail s'appliquerait aux clous gar-
nissant le pommeau du glaive (?).
Offa (3898, 3914). Roi des Angles (« Offa weôld Ongle », Wid-
sith, 35) ; fils de Garmund ; époux de Thrytho ; père d'Eomaer.
Ohthere (génitif, Ôhteres, 4760, 4788, 5224, Ôhtheres, 5856).
(L'Ottar Vendilkraka de la Saga d'Ynglinga), fils du roi suédois,
Ongentheow, et père d'Eanmund et d'Eadgils.
Onela(5232, 5864). Suédois (l'Ali de l'Ynlinga Sagaj qu'Athils =
Eadgils, tue au cours de la bataille, sur le lac de glace, Wener.
Ongentheow (nom. Ongentheow, 4972; Ongenthïo, 5848, 5902;
OngenthTow, 5922 ; génitif, Ongenthëowes, 4940 ; Ongenthéoes,
3936; Ongenthïoes, 4774; datif, Ongenthïo, 5972). Roi des Suédois,
et père d'Onela et d'Ohthere. On suppose que le nom de sa femme a
été Elan (?). Comme représailles à des incursions des fils d'Ongen-
theow, Ilaethcyn, roi desGeats, envahit la Suède, et enlève la femme
d'Ongenthcow (Elan ?), comme otage Ongentheow viole, alors, le ter-
ritoire des Geats, tueflaethcyn, et délivre sa reine. Mais Ilygelac le
644 INDEX DES NOMS PROPRES
défait, à son tour, à Uavenswood, et Ongentheow est toé par Eofor
(4944-4978 ; 5820-5996).
Oslaf (2296), guerrier qui s'est uni à Guthlaf, pour- venger la morl
de llnaef.
Sceden-ïg (datif, Sceden-igge, 3372; en vieux normand, Skâney).
Scandie, — la partie méridionale de la péninsule Scandinave,
appartenant aux Danois. Ce nom s'applique, ici, à tout !e royaume
danois.
Scêfing (8), (ils de Scef ou Sceaf.
Scyld, (8, 38, 52) fils de Sceaf, et fondateur légendaire de la
dynastie scylding (le Skyoldus de Saxo Grammaticus).
Scyldingas (Scyldungas, 4104; génitif, Scildunga, 4202; Scyl-
dunga, 4318 ; Scyldinga, 60, etc.). Les Scyldings, descendants de
Scyld, et généralement, tout le peuple danois. Formes variées :
Ar-Scyldingas, Here-Scyldingas, Sige-Scyldingas, Theôd-Scyldin-
gas. Vid. Dene.
Scylfingas (4762). Les Scylfings, nom de la dynastie suédoise
régnante, — et qui s'étend au peuple suédois, comme Scyldings
s'applique au peuple danois. Les Scylfings sont encore appelés :
Gùth-Scylfingas, Heatho-Scylfingas.
Le parent de Beowulf, Wiglaf, appartient et à la famille des Scyl-
fings, et à celle des Waegmundings (5628). En ce cas, sa filiation
peut être ainsi établie :
Scylf
Waegmund Ongentheow
Ecgtheow Weohstan
i i
Beowulf Wiiiiaf
l6'
Sigemund (1750, 1768), fils de Waels, père et oncle de Fitela.
Dans la Vôlsunga Saga, et dans leNiebelungenlied, c'est Sigurdr ou
Siegfried, fils de Sigemund, qui tue le dragon, et non Sigemund lui-
même, comme dans Beowulf. Ce qui prouve que la version de cette
légende, dans Beowulf, serait la première en date.
INDEX DES NOMS PROPRES 64f>
Swëon (4944, 5802, 5916, (1002). Les Suédois, appelés aussi,
Swêo-thëod, et leur pays, Swïo-rïce. Ils sont sous la domination de
la dynastie scylfing.
Swerting (2106). (ieat, et aïeul d'IIygelac.
ïrytho. Femme d'Offa, roi des Angles. Elle figure dans un court
épisode, qui apparaît, sans transition, dans le poème, pour accuser,
semble-t-il, le contraste entre la violence et la dureté de cette reine,
et la douceur d'Hygd (3862-3924).
l'nferth. Danois, attaché à la cour d'Hrothgar, comme héraut.
A l'issue du festin qui précède le combat de Beowulf et de Grendel,
Unferth pris de vin et d'envie, s'oublie à méconnaître les lois de
l'hospitalité, et proclame que Beowulf a été vaincu à la nage, par
Breca.
Le héros lui répond victorieusement, et dans la suite du poème,
Unferth est devenu l'ami de Beowulf, à qui il prête Hruntig, le
glaive fameux. C'est là un des caractères les plus incertains, et les
plus barbares du poème (998, 1060, 2330, 3614).
Wœgmundingas (5214, 5628). La famille à laquelle Beowulf et
Wiglaf appartiennent. Vid. Scylfingas.
Wrëls (1754, 1794). Père de Sigemund.
Wealhthëow (1224). (Wealhthëo 1328, 232i,2430; datif, Wealh-
thëon, 1258). De la famille des Helmings (1240), femme d'ilrothgar.
Elle donne à Beowulf, la meilleure hospitalité (1224, 2376, 2430).
Wederas (génitif, Wedera, 450, etc.), ou Weder-Geats, — un
nom des Geats.
Wêland (910). Le Volund de l'Edda, le fameux forgeron de la
légende germanique, dont la cotte de mailles de Beowulf, est
l'œuvre.
Wendlas.(496), (les Wenlas de Widsith, 59 ?), ou plus proba-
blement, les Vandales. Cf. Bugge, dans PB. XII, 7; ten Brink.
Beowulf-Untersuchungen, 203. Moller (Altengl. Volksepos, p. 5, et
Sarrazin (Beowulf-Studien, pp. 29, 43). Ces auteurs les considèrent,
comme ayant habité la partie nord du Jutland.
Weohstân (5226), (génitif, Weôhstanes, 5724 ; Weoxstânes, 5204 ;
Wihstanes, 5504, etc.). Père de Wiglaf, et meurtrier d'Eanmund.
646 INDEX DES NOMS PROPBJ -
Wïglâf. Fils fie Weobstan. 11 est parent fie Beowulf 5626), delà
race des Waegmundinge (T»(>2S;, et l'un des chefs des Scyldings
(5206). Il est choisi, avec dix autres guerriers, pour accompagner
Beowulf dans son expédition contre le dragon ( 5720 et s...), et lui
seul, se montre digne de cet honneur. S'ahritant sous le bouclier de
Beowulf, il fait preuve d'un grand courage, et il porte au dragon le
premier coup mortel (5388 et is...). C'est à lui seul que Beowulf
s'adresse, en mourant, et commet ses volontés dernières (5618, etc.).
Wiglaf reproche leur lâcheté aux autres compagnons de Beowulf,
et il les dépouille de leurs fiefs (5772). Puis il donne, pour les funé-
railles du héros, les ordres mômes qu'il a reçus de Beowulf mourant.
(5601, 6188 et s...).
Withergyld (4102). Le nom d'un guerrier des Ileathobards.
Wonrêd (5942). Père de Wulf et d'Eofor.
Wulf (5930, 5986), fils de Wonred, et père d'Eofor. Dans la
bataille qui met aux prises les forces d'Hygelac et d'Ongentheow,
Wulf attaque ce dernier, qui commence à le mettre en déroute,
quand Eofor se porte au secours de Wulf, et tue Ongentheow
(5928 et s...).
Wulfgar. Chef des Wendels, à la cour d'Hrothgar : c'est lui qui le
premier, reçoit Beowulf et ses compagnons, à leur arrivée en Dane-
mark, et qui les présente à Hrothgar (696, 720, 780).
Wylfingas (dat. Wilfingum, 922, Wylfingum 942). Tribu à
laquelle Heatholaf appartenait. Miillenhoff situe son territoire sur
les côtes Sud-Ouest de la Baltique (Untersuchungen, 90).
Wyrd (5054). Comme le latin, fortwia, wyrd indique et la fatalité,
et la personnification de la fatalité. Dans la mythologie Scandinave,
Wyrd était l'un des trois principaux Noms ou Nornir, qui, avec les
Yalkyriurs, étaient les maîtres absolus de la destinée humaine.
Yrmenlaf (2648). Danois, et le plus jeune frère d'Aeschere.
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berg, 1 90a- 1 900.
APPENDICE
TABLES GENEALOGIQUES
Les noms des femmes sont imprimés en italique. Les noms entre
parenthèses sont ceux quel'on trouve clans Saxo Grammaticus,
D. Danes Scyldings, [ngwine, Hrethmen .
G
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APPENDICE
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TABLES GÉNÉALOGIQUES
tm
S. Swedes (Se vl lings),
1. Scylf.
2. WiPgraund.
3. Ecgtheow.
S. Beowulf.
7. Ongentheovv + Elan
8. Onela. 9. Oh there.
19. Eanmund. 11. Eadgils.
4. Weohstan (Wihstan).
6. Wiglaf.
F. Frisians.
Folcwalda.
Finn 4- fWdebnrh,
664
APPENDICE
A. Angles,
Garmund.
I
0 1 fa + Thrytho.
Ko m nor.
.YIM'KNMCK
660
II
1.
Mots à forme classique employés dans Beowulf : ancre; candel ;
ceaster ; cumbol ou cumbor ; dêofol ; dise; draca ; giganta j inîl ;
non ; segn ; straet ; weall ; wïn.
2.
Expressions comparées dans Widsith et Fîeownlf :
WlDSITH
Ligne
\b wordhord onlëac
20 ofer eorthan
3£ on flettegethâh
66
forman si the
1b
hâm gesôhte
U
worn sprecan
lia
thf'odna gehwylc
lib
thêawum lifgan
13a.
.b
sëthe... wile
16a
monna cynnes
33a*
Hringweald wœs hâten
fïeref arena cyning
51 a
geond gin ne grund
Ttia .
.b
ic maeg.... secgan spell
66a
forgëaf...
Vûa
songes tô îr-ane
Beowulf
wordhord onlëac
ofer eorthan
... gethah
fui on flette
forma sîth
lia m gesôhte
worn. ,. spraëce
worn... gesprsec
thëoda gehwylce
thêawum lyfde
sëthe wille
manna cynnes
Ç Wïglâf wses hâten
/ Weoxstânes sunu
under gynne grund
C se secg... seegende waes
/ lâthra spella
forgëaf ..
si gores tô lêane
(KM
M'l'l \M< I
\\ IDSITH
Ligne
(»"// Dies Ui.i'l saêne cyning
71 b mïnegefrdêge
Hub . . . wlnburga gewald
.rih te
10 la under swegle
102a goldhroden cwën
114a fVôdnc and gôdne
1196
120a heardum sweordum
121)6 wundnan golde
130a werum and wïfum
138a sud oththe north
141a eorlscipe aéfnân
143a under heofonum
Beowulf
l!i;i't ^S3S gôd CJ liin:
mine gefr&ge
( hë ah ealra geweald
under swegle
\ ... goldhroden
/ ... folccwën
... frôd oiid uôd
\ iiiï'fVe on ore laeg
I wïdcûthes wïg
heard swyrd
wandnum golde
wera on wTfa
sfith ne north
eorlscipe aefnan
uncer heofenum
AIM'KNIHCE
mi
L'ancien palais royal Scandinave a été ingénieusement reconsti-
tué, par le docteur L. Simons, Beowulf rertaald in stafrî/m, Gent,
1896, p. 225. L'édifice était rectangulaire, et la voûte en était sup-
portée par quatre rangs de piliers ; l'ensemble de la pièce était
divisé en un vaisseau, et deux ailes, sur les cùlés. Au milieu de la
salle, s'ouvrait un foyer libre.
i 2
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K
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1 2
Porte
E
3 4
£
A.
a
3 4
Diagramme d'un palais royal Scandinave,
I. — Vue plane.
II. — Coupe verticale,
668 APPENDICE
Sur les ailes s'échelonnaient des bancs de bois, surélevés de deux
marches, el qui servaient de sièges, ou de lits de repos. De ces
sièges, la rangée < j 1 1 i se dressail à l'entrée de droite, a la pointe sud
du croquis, était la plus considérée. Les places d'honneur, par
excellence, sont figurées par les lettres A, B, C, I), el sur ces sièges
les chefs pouvaient s'asseoir, avec les guerriers qu'ils voulaient
particulièrement honorer. La place éminente, A, était toujours
occupée par le chef auquel la demeure appartenait ; dans Beôwulf,
par Hrothgar; et Unferth, dans le même poème, assis aux pieds
d'Hrothgar, devrait être placé sur le siège inférieur, B. La seconde
place élevée G, sur le rang opposé, était donnée à l'hôte le plus
distingué. Beowulf l'occuperait donc, dans ses visites à Hrothgar
et à Hygelac. Les autres bancs étaient occupés par la cour, les
guerriers escortant les chefs, etc. Des dispositions analogues se
retrouvent dans l'architecture russe contemporaine, où les maisons
communes comprennent et les bancs circulaires, et le foyer central.
Cf. Grundriss der Germanise hen Philologie de Paul, Xlll, 228-
235 ; Aordbon under Hednatiden, par Holmberg, Stockholm, 1871,
p. 129; Kônigliche Gefolgestube, p. 232.
Ai'i'E.NDia;
()0(J
IV
Fig. I. — Reconstitution du pommeau (Tun glaive, avec inscriptions
runiques, par .1. Wyatt.
Fii,r. II el III. — I. es deux figures inférieures montrent l'autre côté
du pommeau, cl le liant, de celui-ci. avec ses ornements.
Bouclier de bois, avec centre et motifs en bronze, à l'entrecroisement
des bois (J. Wyatt).
<;to
APl'ENDICI
Guerriers de l'île d'Oland, avec enseignes à Lête de sanglier, sur le
casque ; la lance dans la main droite ; la main gauche appuyée sur un
glaive à la courte lame (J. YVvait).
I. — Mors et brides.
II. — Lame damasquinée (J. Wyatt).
VI'I'I.NMU-:
071
VI
Corselet et colle de mailles,
a ligure inférieure montre l'enchevêtrement des anneaux (J. Wyatt),
<)T2
APPENDICE
Vil
Fig. I.
Bracelet.
Fis. IL - - Collier (J. Wyall
Al'I'KNDICK
c>7:*
VIII
Reconstitution d'un navire Scandinave, au pavillon de Norvège,
à l'exposition de Chicago, en 1893.
43
BEOWULF
RYTHMIQUE ANGLO-SAXONNE
ET
DU TRÈS ANCIEN ANGLAIS
RYTHMIQUK
Le vers allitéré dans l'ancien anglais (1)
Il est probable que L'allitération fut la forme primitive de la poé-
tique anglaise. Et la tendance du génie poétique anglais à l'allitéra-
tion, se marque déjà dans la très ancienne prose, en des noms de
héros et de familles, tels que Scyld et Sceaf, Hengist et Horsa, Finn
etFolcwald, qui allitèrent entre eux, comme les noms analogues des
autres familles teutones. (Autre exemple : Mannus, Ingo, Isto,
Irmino) (2). Les plus anciens monuments de la poésie anglaise, tels
que les fragments des hymnes de Caedmon dans le Ms., More de
Cambridge, et l'inscription sur la croix de Ruth well, sont composés
de lignes allitérées, qui représentent le caractère essentiel de la pres-
que totalité de l'ancienne poésie anglaise, à l'exception du « Poème
Rimant » (« Rhyming Poem »), dans l'Exeter Book (3), et de quel-
ques autres pièces en petit nombre, et d'une date ultérieure, où l'al-
litération et la rime sont combinées. Cette très ancienne poésie
anglaise, et les fragments d'anciens dialectes du Nord, et d'Anglo-
1. Nous avons été guide dans cette étude, par les recherches savantes
et définitives de Jacob Shipper, que nous avons suivies, et dont l'excel-
lente histoire de la versification anglaise, fait autorité en la matière
(J. Shipper. A History of English Versification^, Oxford, Clarendon,
Press, 1910.
2. Tacite, G er mania, 11.
3. Cf. Grein-Wûlcker, HI, 1, p. 156.
f)78 KVTIIMlnl I
Saxon (I'lleliand avec 5. 985 lignes, et le fragment récemment décou-
vert, do la Genèse en 335 lignes de vieil anglo-saxon, et publié, en
1894, par Zangemeister et Braune) permettent de retrouver suffisam-
ment, les lois du vers allitéré tel que l'employaient les nation^ teu-
tones.
1
Théories sur la forme métrique de la ligne allitérée
En dépit de leur rareté relative, les fragments de vieil allemand,
Ililderbrandslied, Wessobrunner Gebet, Muspili, et deux formules
magiques, avec un total de cent dix lignes, ont donné naissance aux
premières théories sur les lois de l'accentuation, et sur les caractè-
res généraux de la ligne allitérée.
Le premier essai de théorie sur la structure de la ligne allitérée,
fut fait par Lachmann. Son système s'étayait sur la forme du vers
créé par Otfried, à l'imitation du modèle latin, et consistant en une
ligne longue, de huit accents, divisée par une rime léonine en deux
hémistiches, de quatre accents chacun, alternativement forts et fai-
bles. Les lois du vers rimant et strophique d'Otfried, furent appli-
quées par Lachmann aux vers purement allitérés, de l'ancien alle-
mand, dans Hildebrandslied, par exemple, et cette manière de
scander fut encore pratiquée, par ses successeurs, pour le vers alli-
téré de l'ancien anglais, sur la véritable nature duquel, l'opinion de
la critique s'égara longtemps. En Angleterre, l'évêque Percy eut une
plus claire notion du vers allitéré originaire, en l'année 1765, dans
son « Essai sur le mètre de Pierce Plowmann » (1).
La théorie du vers allitéré à quatre temps
La théorie du vers allitéré à quatre temps, reposant sur ce prin-
cipe, que chacun des deux hémistiches doit avoir quatre syllabes
1. Cf. Sievers, Altgermanische Metrik, 1893, pp. 2-17.
RYTHMIC! B 8TD
accentuées pour produire un rythme régulier, fut d'abord appliquée
par Lachmann lui-même, au seul tree ancien allemand, d'Hilde-
ôra/t(/s/ie</(\), alors qu'il recon naissait, d'au trfepékfy une plus grande
variété" dé VBfSj avec deux, accents principaux seulement, dans cha-
que hémistiche, dans les vieux dialectes du Nord, dans le vieux
saxon, et le vieil anglais. La même théorie fut encore appliquée au
très ancien allemand de Muspilli par Bartsch, et à ce qu'il reste de
moindres vers, en très ancien allemand, par Miïllenhoff (2). La
deuxième tentative des partisans de ce système, fut de l'appliquer
aux vieux saxon, Heliand, et à l'ancien anglais, Beowulf : ce
qu'lleyne voulut réaliser, en 1866 et 1867. Mais le mètre de Beo-
iculf ne diffère pas de celui des autres poèmes allitérés en ancien
anglais^ que Schubert (3) citait à l'appui de la théorie du vers à
quatre temps, mais avec cette modification importante, déjà faite
dans Bartsch, qu'à côté des sections habituelles du vers à quatre
temps, on rencontre aussi, des sections de trois temps seulement.
L'une des difficultés qu'il y a, à appliquer la théorie du vers à quatre
temps marqués, aux hémistiches de l'ancien anglais, réside en ceci,
que dans bien des cas, la plupart de ces hémistiches réunis, n'ont
ensemble que quatre syllabes qui, d'après la théorie que nous étu-
dions, devraient avoir, chacune, un accent propre. Pour expliquer
ces cas, E. Jessen (4), émet l'opinion qu'en ces vers, on substituait
des pauses, aux temps qui n'avaient pas été battus, dans la mesure
du vers. Un autre changement fut encore apporté à la théorie géné-
rale par Amelung (5), qui voulut soutenir que dans le mètre de
Y Heliand, chaque hémistiche renfermait deux accents primaires ou
principaux, et deux accents secondaires, ou subordonnés. Afin
d'adapter le vers à sa manière de le scander, il prétend que certai-
nes syllabes pouvaient être allongées. Et il regardait le vers de \ He-
liand, comme un mètre, réglé par des temps déterminés, et non
1. Cf. Lachmann, Uber althochdeutsche Betonung und Verskunst,
Schriften, II, 358, et Ueber das llildebrandslied, ib., II, 407.
2. Zeitschriff fur deutsches Altertum, I, 138, et De Carmine Wesso-
fontaao, 1861, p. 10.
3. De Anylo-Saxonum arte metrica, 1871 .
4. Grundziige der altgermanischen Metrik, Zeitschrift fur deutsche
Philologie, II, 114.
5. Id., 111,280.
()80 RYTHMIQUE
comme une mesure, pour la récitation libre, — et dépendant seule-
menl du nombre de syllabes accentuées.
Le professeur Môller(l). de Copenhague, s'est efforcé de solution-
un- ce problème, et son élève John Lawrence (2) a donné le résumé
de ses explications : selon le professeur Môller, l'hémistiche consiste
théoriquement, en deux mesures (lakle), — chacune de quatre
morae X'X XX. — (la mora, X, étant le temps marqué pour une
syllabe brève), — et par suite, le vers entier de quatre mesures, est
ainsi composé :
X'XX'X | X'XXXIIX XXX | XXX X|| .
Quand dans un vers, \esmorae nesont pas effectivement remplies
par des syllabes, — le temps de celles-ci doit être marqué par des
pauses (représentées dans le schéma, par/?), observées dans la réci-
tation, et dans le chant, en prolongeant la note. Une syllabe longue
(, — ,) équivaut à deux morae. Ainsi, le vers 414 de Beowulf :
sûnd-vùdu. sôhtè. sécg: wisàde.
peut être ainsi représenté, par symboles :
-'X'X | -'TpW-'pp | -'X'X,
Dans ce système, la pause à secg, sera deux fois plus longue qu'à
sô/ite, alors qu'à wudu, il n'y aura pas de véritable pause, et le point
qui suit ce mot, indiquera simplement la fin de la mesure.
D'autres auteurs ont accepté le point de vue de Bartsch et de
Schubert, et admis qu'il pouvait y avoir des hémistiches avec trois
accents seulement, et avec les quatre temps normaux. Parmi ceux-
ci. on peut citer H. Hirt (3), dont l'opinion est, que trois temps
dans l'hémistiche sont le nombre normal ; quatre se rencontrent
moins fréquemment, et la ligne longue n'a ainsi, au plus, que six
1. Zur althochdeutschen Alliterationspoesie, Kiel und Leipzig.
2. J. Lawrence, Chapters on Alliterative Verse, Londres, 1893, édi-
tion revue par K. Linck : Anglia, Beiblatt, IV, 193. 201.
3. UntersucMingen sur westgermanischen Verskunst, I, Leipzig,
1889; Zur Mètrik des alts, und altochd. Alliteratiohsverses, Germa?iia,
XXXVI, 139, 279 ; Der altdeutsche Reimvers und sein Verhàltnis zur
Alliterationspoesie, Zeitschrift fur deutsclies Altertum, XXXVIII, 304.
RYTHMIQUE <)NI
mesures contre huit, dans la théorie de Lachmann. K. Fuhr (1) sou-
tient que chaque hémistiche, — qu'il soit dans le vers, en premier
ou en second rang, — a quatre temps, si la dernière syllabe n'est
pas accentuée, — {klingend ; - et dans ce cas, la syllabe finale non
accentuée, reçoit un accent rythmique secondaire, par exemple,
feènd mâncy'nnès) — et trois temps, si la dernière syllabe est accen-
tuée (stump f; par exemple fy'rst fôrlh getvît, — ou encore, mûr-
nènlhe môd). 1>. len Brink (2), appelle complets, les hémistiches à
quatre temps, tels que hy'ràn sciUdè, mais il admet les hémistiches
à trois temps seulement, les qualifiant d'incomplets, par le manque
d'un accent secondaire, (ainsi, ïwèlf wintra ltd, ham gesôhle).
M. Kaluza fut parmi les théoriciens du vers à quatre temps, qu'il
s'etTorce de rattacher aux conclusions de Sievers, et de quelques
autres auteurs (3) Trautmann, adoptant le point de vue d'Ame-
lung, reconnaît que certains mots et syllabes peuvent être allongés,
pour obtenir les quatre syllabes accentuées, nécessaires à chaque
hémistiche. Ainsi, on obtiendra avec le mode de scansion de Traut-
mann, pour la ligne suivante :
sprécalh fàegerè befôran
le schéma : XX— XX | XX | ÛX, et pour,
ônd thû him mêle sy'tesl — :
X'X | XX | XX | ÙX.
Ond. en ce dernier cas, est prolongé de deux unités, et un même
exemple de cette application, se rencontre dans la syllabe finale du
mot radores, et dans l'hémistiche, under râdorès ry'ne alors que
dans une section, comme gûth rinc monig, ou of fold-grâefe, les
mots rinc et of auraient une valeur double, et que gûth et fold, vau-
draient quatre unités, pour rentrer dans ce mode de scansion :
1. Die Met ri I,- des westgermanischen Atlilerat ionsverses, Marburg,
1892.
"2. Paul, Grundriss der germanischen Philologie, II, 518.
3. Der alfenglische Vers : I. Kritik der bisherigen Theorien,. 1894 ;
II. Die Metrik des Heowulfliedes. 1894: III. DieMelrik der sog. Caedmo-
nischen Dichtungon. 1895. Cf. Saran, Zeitschrif't fur deutsche Philo-
/o</ic, XXVII, 539 ; K. Kogel, Gesdiichte der deutschen Liftera fur, 1894,
1, 228, et Ergamungsheft eu Band I, Die altsachsische Genesis, 1895,
I». 28.
(iS2
RI I IIMIcl I
\'\ ] \'.\ | \'\ | o.\. La plupart dés auteurs soutenait! la théorie
du vers à quatre temps* s'accordent à Faire des deux premiers
temps, des temps primaires, <ii <]<>< temps secondaires, des deux
autres.
Trautmann, toutefois, ne consent pas à reconnaître de différence
aussi essentielles et marquée, dans la force des quatre accents. Tous
les partisans du vers à quatre temps, professent seuls, cette opinion
commune, que le rythme du vers est basé sur le temps (tahlie-
rend .
La théorie du vers allitéré à deux temps
La théorie du vers allitéré à deux temps repose sur ce principe,
que chacun des deux hémistiches, ne comporte que deux syllabes
accentuées. En Angleterre, cette opinion fut soutenue avec art, par
deux auteurs du xvie siècle, Georges Gascoigne (1), qui cite la ligne
suivante, avec ce schéma d'accentuation :
No wight in this icorld, that wealth can attain
v " r r 'i
et le roi-poète Jacques VIT (2), qui propose cet exemple :
Fetching fude for to feid it fast furth of the Farie
En 1765, Percy dans son Essai sur les Visions de Pierce Plow-
man, fit remarquer « que contrairement h ce que d'aucuns suppo-
sent, l'auteur de ce poème n'a pas été un novateur en sa versifica-
tion, et n'a fait que garder la rythmique anglo-saxonne et gothique,
qui ne fut jamais, à vrai dire, abandonnée, mais seulement négligée
et reprise, à divers intervalles »... Après avoir cité deux vers, en
dialecte ancien du Nord, il les fait suivre de deux vers, de vieil
anglais :
1. Vertayne notes of Instruction concern? 'ng the making of verse or
ryme in English, 1575. (Réimpression d'Arbër. Londres, 18(38, p. 34).
2. Ane Sc/iort Treatise, conteining some Récits and Cauielis to be
obseruit and èschewit in Scottis poésie, 4585, p. 63 de la réimpression
d'Arber.
RYTMMInl I OS^
sceo/h thu una ' sci/rede scythtkendure (Gen. 65)
ham and heahsell heofena rices (if/. XV).
VA il poursuit : * Si nous examinons, à présent, la versification
des Visions de Pierce Plowmann, (dont il cite les premiers vers) :
/// a somer season \ when so fie was the sonne
Ischop me into a schrond j a seheep as {/cere),
nous découvrirons qu'elle est formée selon cette règle, que chaque
distique, — ou longue ligne complète — doit contenir au moins trois
muts. commençant par la même lettre, ou par le même son ; que
chacun des sons correspondants peut être placé soit dans la pre-
mière ou la seconde ligne du distique, et l'un dans l'autre, — mais
que tous trois ne doivent pas être nécessairement groupés dans une
seule ligne ».
Il fait alors de nouvelles citations de vers allitérés, tirées de
Pierce the Ploughman s Crede, The Sege of Jerusalem, The Gheva-
lere Assigne, Death and Liffe et Scottish-Fielde. Ce dernier morceau
se termine par un couplet rimé :
And his ancestors of old time \ have yearde theire longe
lie fore William conquerour \ this cuntry did inhabitt.
Jesus bring them to blisse \ that brought us forth of bale,
That hath hearkened me heure \ or heard my tale.
Percy termine sa dissertation sur l'histoire du vers allitéré, par
la conclusion suivante:
« 11 est à remarquer que les poètes a)rant employé le mètre allitéré,
ont également retenu les idiomes saxons propres à la poésie : et
ce détail appelle V attention de ceux, qui veulent retrouver les lois de
l'ancienne poésie saxonne, qiion a souvent regardées comme inexpli-
cables : je crois qu'ils les restitueront, avec le métré de Pierce Plow-
man ». Au début du xvie siècle, la forme de cette versification se prit
à changer : l'auteur de Scottish Field, comme nous l'avons vu, ter-
mine son poème par un couplet de rimes, et ce fut là, une innova-
tion qui ne fit que préparer la voie à l'admission de cet ornement
plus recherché. Quand la ruine fut surajoutée, tous les raffinements
de l'allitération se maintinrent, au début, à côté d'elle, mais sous
peu, la correspondance des suns finaux attirant toute l'attention du
poète, et satisfaisant le lecteur, l'allitération ne fut plus aussi longue-
684 m m m in i i.
ment étudiée, el vinl se perdre dans les morceaux de composition
vulgaire, — ainsi ce vers :
A cooler (here was and he lived in a stall ».
Il est facile de noter que ee vers présente exactement la même
structure, que les vers cités par Gascoigne :
No wight in this world that wealth can a t lay ne,
U'nless he b'elèue, that all is biit cay' ne,
— avec cette remarque, que ce sont là, des vers de quatre accents
en tout, — deux dans chaque hémistiche. C'est encore la même cons-
truction rythmique de la ligne allitérée, dont parle Jacques VI, avec
« Deux syllabes brèves, et une longue par toute la ligne », — ou en
d'autres termes, avec quatre syllabes accentuées dans le vers.
Percy a donc découvert la relation qui existe entre la ligne allité-
rée, du moyen anglais, et celle de l'ancien anglais. Selon lui, le mètre
de Pierce Plowman renfermait le rythme d'une forme ancienne de
vers, qu'on devrait lire avec deux syllabes accentuées, dans l'hémis-
tiche, et par suite, quatre dans la ligne entière.
Gomme il a été dit plus haut, Lachmann lui-même admettait la
scansion à deux temps, pour les vieux dialectes du Nord, pour le
vieux saxon et l'ancien anglais, et en 1844, A. Schmeller, l'éditeur
de YHèliand, formulait cette loi, que dans les langues teutoniques,
c'est la force même avec laquelle les différentes syllabes sont pro-
noncées qui commande le rythme du vers, et non le nombre ou la
longueur des syllabes. Selon le même auteur, le vers allitéré était
écrit non pour le chant, mais pour la récitation (1). Plus tard,
W. Wackernagel (2) opta en faveur de la théorie à deux temps,
pour tous les vers teutoniques allitérés. Dans chaque hémistiche
du vers, il y a selon Wackernagel, deux syllabes, grammaticale-
ment ou logiquement renforcées, et par suite, fortement accentuées,
le nombre des syllabes plus faiblement accentuées, étant indéter-
miné. La théorie du vers à deux temps, fut encore heureusement
soutenue par F. Vetter (3) et par K. Hildebrand, qui abordèrent ce
\ . Ueber (ten Versbau der alliterierenden Poésie, besonder A ttsachsen,
Bay, Akademie der Wissenschaften, philos .-histor., classe IV, p. 207.
2 Litteraturgesehiclite, p. 45.
3. Ueber die germanische Alliterationspoesie, Vienna, 4872, et Zum
Muspilli, Vienna, IX72.
\\\ I II. M 101 K 685
sujet dans une étude sur le vers allitéré en vieux normand (I), et
par Elieger, dans son essai sur la versification en vieux saxon, et en
ancien anglais (2). Dans cette étude, Elieger fait ressortir les règles
prédominantes, dans la poésie de ces deux nations teutonnes, si
étroitement apparentées : la place et la qualité de l'allitération ; les
rapports entre l'allitération et le nom, adjectif ou verbe ; Tordre des
maux, la césure, la fin du vers, les syllabes accentuées, et la limite
de l'emploi des syllabes non-accentuées. D'autres auteurs, Horm,
Ries et Sievers, s'appuyant sur les bases critiques de Rieger, ont
contribué a mettre en lumière les caractères essentiels de ce
mètre (3).
Parmi eux, Sievers (i) démontre qu'une classification méthodi-
que de groupes de mots, avec leur accentuation naturelle, dans l'une
et l'autre section de la ligne allitérée, permet de juger que ce mètre,
en dépifde sa variété, n'est pas aussi irrégulier, dans les syllabes
non accentuées, au commencement ou au milieu du vers, qu'il a été
dit, et que ce vers comprend un nombre limité de formes définies,
qui, toutes, peuvent être réduites à cinq types primordiaux. Ces
cinq types, ou principales variations dans la position changeante
des syllabes accentuées et non accentuées, sont, d'après Sievers, de
telle nature et si arbitrairement combinés dans les vers, qu'il ne peu-
vent être regardés, comme les pieds symétriques même d'une ligne,
où le nombre des syllabes est compté. Le principe fondamental du
vers allitéré est donc dans le libre changement du rythme, — ce qui
suppose que le vers n'est pas chanté, mais récité (5). Bientôt après
la publication de l'essai de Sievers sur le rythme du vers germani-
que, — ouvrage contenant une classification complète de toutes les
formes de vers se présentant dans Beowulf, — d'autres érudits fai-
sant application de la méthode de Sievers à d'autres textes impor-
tants en vieil anglais, confirmèrent les résultats des études de cet
1. Uber die Verstheilung der Edda, Zeitschr. fur deutsche Phil.,
p. 74.
2. Die alt-und angélsachsisehe Verkunst, Halle, 1876
'6. C. R. Horn, Paul and Braunes Beitrage, v. 164; ,1. Ries, Quellen
und Forsehungen, XLI, 112; E. Sievers, Zeitschr. /'. deutsche Phil.,
XIX, 43.
4. Paul und Braunës Beitrage, X, 18«S5; 14». 209-314 et 491-545.
5. Sievers. Paul's Gruîidriss, H, p. 4.
()8() m Tim lui i
auteur: Luick s'attacha à Judith t); Frucht (2), aux poèmes de
Cyrttwulf, el Cremer, à Andréas(3). El Sievers lui-même, développa,
à nouveau, ses conclusions avec plus dé détails, dans son ouvrage
sur le metre du vieil allemand (4), où il déclare que sa théorie des
cinq types, est moins une théorie, que la simple enumeration des
règles du vers aHitéré, obtenues par la méthode d'observation que
fournit la statistique. Malgré les objections de Moller, Heusler. Hirt,
Furh au système de Sievers, celui-ci n'en demeure pas moins en con-
formité, avec la manière de lire ou de scander le vers allitéré, telle
que la donnent depuis le xvie siècle. les théoriciens de l'ancienne
versification anglaise.
Quant aux formes préhistoriques de la poésie teutonique, l'opi-
nion de Sievers est qu'une forme primitive de cette poésie, consistait
en strophes ou stances, pour le chant, et non pour la seule récita-
tion ; qu'à une période très reculée, cette poésie strophique chantée,
fut remplacée par la récitation de narrations épiques, qui se trans-
formèrent, peu à peu, dans la forme des cinq types. Comme toutes
les tentatives pour prouver que certains poèmes anglais très anciens,
furent composés dans la forme stropique, sont demeurées vaines, on
peut opposer à la conclusion de Sievers que, dans la plupart des cas,
les lignes allitérées se suivaient l'une l'autre, en une succession
ininterrompue, et que même, dans les temps historiques, elles
n'étaient pas composées en mètres symétriques (taktierend), et
n'étaient pas destinées à être chantées, sur des mesures fixes.
On ne peut attribuer à l'ancienne poésie anglaise., de telles mètres
symétriques, par ce fait, que la fin de la ligne ne correspond pas,
en général, avec la fin de la phrase, comme cela eût dû être, si les
lignes avaient été composées en stances, pour le chant. La struc-
ture de la ligne allitérée, n'est commandée que par les nécessités de
la libre récitation. Le vers se compose de deux hémistiches qui ont
1 . Paul und Braune's Beitrage, XI, 470.
2. Metrisches und sprachliches zu Cynewulfs Elené, Juliana und
Crist. Greifsirald, 1887.
3. Metrische und sprachliche Untersuclninu der àtiéiigl dedicate
Andreas, dut lilac, Phœnix, Bonn, 1888.
4. Altgermanische Metrik, Halle, 189)5.
5. H. JVIoller, Das Yolksepos in der ursprii rig lichen stropfiischen
Form, Kiel, 4883.
UY ni m loi i 687
une parenté rythmique résultant de la présence, dans chacun d'eux,
de deux syllabes accentuées, mais qui n'ont pas entre elles, une
complète identité de rythme, parce que le nombre et la place des
syllabes non accentuées, peut varier notablement dans les deux sec-
tions.
Accentuation de l'ancien anglais
Comme la versification de l'ancien anglais est basée sur l'accen-
tuation naturelle du langage, il est nécessaire d'établir les lois de
cette accentuation, avant d'étudier les cinq types auxquels la struc-
ture de l'hémistiche a été réduite.
Dans de simples polysyllabes, l'accent principal ou primaire,
marqué par un accent aigu ('), se trouve en général, sur la syllabe
radicale, et les inflexions et autres éléments du mot ont un accent
moins marqué, qui va de l'accent secondaire marqué par un accent
grave ('), à l'accent le plus faible qui, généralement, n'est pas mar-
qué, ainsi: wâldor, hèofon, ivilig, icûuode, âelhelingas ...
Dans la ligne allitérée, en règle générale, seules les syllabes avec
l'accent principal, comportent ou des sons allitérés, ou les quatre
accents rythmiques du vers. Toutes les autres syllabes, même celles
marquées d'un accent secondaire, ne comptent ordinairement que
pour des sons inférieurs du vers (senkungen) :
siuclon tha héarivas blédum gehôngene
wlitigum wâestmnm : ihaer nô wâniath ô
hâlge under héofonum haltes frâehve .
Phoenix 71-73.
Dans les mots composés, (en en exceptant certaines combinaisons
avec préfixes non accentués), le premier élément du mot composé
(qui modifie ou détermine le sens du second élément) —, a l'accent
principal ; le second élément n'a que l'accent secondaire, ainsi dans :
wûld&r-cyning; heah-sèll; sôih-fàest. Et par voie de conséquence, si
le composé n'a, comme dans la plupart des cas, qu'un son allitéré,
cette allitération doit nécessairement tomber sur la première partie
du composé :
088 RYTHMIQl i
wlHg wuldorcyning wôrlde and héofena.
Dan. 427.
Parfois, il advient que (Jans les hémistiches «le peu <!<• lon-
gueur, la seconde partie du composé comprend l'un des deux accents
rythmiques de l'hémistiche :
on hêah-sélle héofones wâldend.
Cri. ;).».>.
et dans une forme particulière d'allitération, le composé peut même
renfermer l'un des sons allitérés, comme dans ce vers : (1)
hwaet ! we Gârdéna in gëarôâgum.
Beow. I.
Les suffixes moins fortement accentués, dérivés et infléchis, hien
que ne devant pas ail itérer, peuvent occasionnellement, recevoir
l'accent rythmique, à la condition qu'ils suivent immédiatement, une
syllabe longue et accentuée :
mid Wy'lfingum, thâ hine Vsara cijn.
ne mèahle ic aet hilde mid \\r an linge.
Beow. 922-2318.
Ces règles générales pour l'accent des mots composés de deux
noms, ou d'un adjectif et d'un nom, souffrent des modifications pour
les cas où un préfixe, (adverbe ou préposition) est juxtaposé à un
verbe, ou à un substantif. La préposition placée devant un nom, ou
dépendant de celui-ci, est si étroitement unie à ce nom, que les deux
mots n'expriment qu'une même notion, le nom portant l'accent
principal. Ex : onwèg, âwég, (away, au loin), aetsômne (together,
ensemble), of dune (down, en bas), tonihte (tonight, cette nuit),
onmiddum (amid, parmi). Autres exemples dans ces vers :
gebtld finira worn aer he onwég hwûrfe.
Beow. 264,
sîd aetsômne thâ gesfmdrod wâes.
Gen. 162.
Mais tandis que le préfixe en préposition, ne comporte pas d'allité-
ration, du fait de son manque d'accent, quelques-uns des adverbes
pris en composition, sont accentués ; d'autres non accentués, et
1. Cf. Sievers, Altger. Metrik, p. 41.
RYTHMIQUE ()89
d'autres encore, peuvent l'être ou ne pas l'être. Quand le préfixe
adverbial est à l'origine distinct du verbe, tout en étant placé
auprès de lui, il peut dans certains cas, en être dissocié, el il porte
alors l'accent primaire, puisqu'il est bien un élément modifiant le
composé. Quand, toutefois, le préfixe et le verbe sont assez étroite-
ment unis pour n'exprimer qu'une seule notion, le verbe prend
l'accent, et le préfixe est regardé comme proclitique. Il est encore
une troisième classe de ces composés, portant indifféremment l'ac-
cent sur le préfixe ou sur le verbe.
Quelques-uns des préfixes les plus communément employés dans
l'allitération, sont les (1) suivants : and, aefter, eft, ed, fore, fort//,
from, hider. in, hin, mid, mis, nither, ongcan, or, up, ât, efne.
On les rencontre dans des composés tels que : andswarian, ingong,
aèfterveard, etc. :
on kndswâre and on élne strong.
Gû. 264.
àethelïc ingông éat waes gebûnden.
Cri. 308.
and êac y fêla (v-sorh wànath.
Met, VII, 43.
ûplang gestôd with Ysrahêlum.
Ex. 303.
Les préfixes qui ne reçoivent pas l'allitération, sont : â, ge, for,
geond, otli.
âhôn and âhébban on hêahne beam.
Jul. 228.
hâefde thâgeUhlen Uremaèrne blâed.
Jud. 122
brônde forbàernan ne on bâel hlàdan.
Beow. 4292.
Les préfixes suivants relèvent tantôt de Tune, et tantôt, de l'autre
règle : aet, an, bl (big, grand), bi (be, être), of, ofer, on, lô, under,
thurh, with, wither, ymb.
Ils sont généralement accentués, et allitèrent, s'ils entrent en com-
position avec des substantifs ou adjectifs; mais ils ne sont pas
1. Cf. Koch, Historische Grammatih' der englischen Sprache, Weimar,
lx(v{, l, 156.
44
cm
in I H. M in I I
accentués, et n'allitèrent pas, s'ils sont composés avec des verbes, ou
autres particules (1) : ainsi, ôferkéah, éferhyd ; et, ofereàman%
oferbidan. Exemples tirés des textes : (a; préfixes qui allitèrent :
thâra the thurh àferny'dûp dstigeih.
Dan. 494.
\\tol is thin ônsêon hàbbatfuve èalle 8toâ.
Satan 61 .
ymbe-sitîendra âenig thâra.
Beow. 5468.
(b) préfixes qui n'allitèrent pas :
ôththaet he thâ hysgu oferhiden haefde.
Gû. 518.
ne willalh cow ondràedan dêade fèthan.
Exod.266.
sy'mbel ymbsâeton sâegrunde nêah.
Beow. 1128(2).
Quand des prépositions précèdent d'autres prépositions, ou adver-
bes en composition, l'accent reste sur la partie du composé, qu'on
peut regarder comme la plus importante. Des composés de ce genre
rentrent dans trois classes : 1° si une préposition, ou si un adverbe
sont précédés par les prépositions be, on on, to, thurh, with, — ces
dernières ne sont pas accentuées, puisqu'elles ne modifient pas sen-
siblement le sens de l'adverbe qui les suit. Des composés de -ce
genre, sont les suivants : beaèftan, befâran, begeôndan, behindan,
beinnan, benéothan, brifan, bidan, onâf'an, onâppan, tofôran, within-
nan; withûtan (3), under néo than.
Il n'y a que la seconde partie du composé qui puisse allitérer dans
ces mots :
he îêâra sâm beîôran gèngde.
Beow. 2824.
ne the behindan lâet thonne thu heônan cijrre.
Cri. 155.
1. Cf. Streitberg, Ungermanische Grammatik, 1900., § 143, p. 167;
Wilmanns, Deutsche Grammatik, 1897, ï, 407, § 349.
2. Cf. Englische Metrik, I, pp. 43, 45.
3. Koch ajoute à ceux-ci : withéeftan, irithforan, withnéothan.
uvnniini i: 691
Et la plupart de ces ra©ta ne se rèncoft trent pas en poésie. 2° Dans
les composés de timer et d'une préposition, la préposition est accen-
tuée, et reçoit l'allitération :
swà he thaerinne kndlangne ddeg.
Beow. 2824.
the thaerôn sindon èce dn/hten.
Ily. IV, 3
3° weard, comme dans aeflerweard, foreweard, hindanweard,
nitherweard, nfeweard, n'est pas accentué :
hioit hindanweard and se hais gïène.
Ph. 298.
niothotoeard and ufeweard and thael nebb lixetk.
laid. 299.
Ude-gésturh ïlét innanweard.
Beow. 3774.
5
L'accent secondaire
L'accent secondaire ou subordonné, est d'une aussi grande impor-
tance que l'accent principal ou primaire, dans la détermination du
caractère rythmique de la ligne allitérée. On le rencontre dans les
classes de mots suivantes :
1° Dans tous les composés, d'un nom et d'un autre nom, d'un
adjectif et d'un nom, et de deux adjectifs, — le second élément du
composé reçoit l'accent subordonné : heâh sètl, gûth-rinc, hring-nèt,
sùth-faèst. Des syllabes avec cet accent secondaire, sont nécessaires
comme lien du vers, dans des formes telles que thègn Hrôlhgâfes
(-' | -' X'Xi, — ou fyrst forth gewât (-' | -' X X).
2° Dans les noms propres, tels qtfHrothgàr, Bêoivùlf thjgei'c, cet
accent secondaire peut parfois compter, pour Tun des quatre accents
métriques principaux de la ligne :
hèornas on hlâncum lhaer waes ïïèowiïlfes.
Beow. 1114.
3° Quand le second élément n'est plus une partie distincte du com-
posé, et demeure un peu plus qu'un suffixe, il perd complètement
092 KYTHMIQ1 I
l'accent secondaire : ainsi, hlâford, àeghwylc, inwit, et la classe des
mois nombreux, composes de — lie, et de sum :
thaet he Héardrêde hlâford wâere.
Beow. i750.
hifsum and Uihe lèofum monnum.
Cri. 914.
4U Dans les mois de trois syllabes, la seconde syllabe, quand elle
est longue et suit une syllabe radicale longue avec l'accent principal,
poiie, et surtoutdans la première période du vieil anglais, un accent
secondaire bien marqué : ainsi, âerèsta, ùihèrra, sèuninga, éhtènde:
— la troisième syllabe dans les mots de la forme detheltnga, porte
le môme accent secondaire. Cet accent secondaire peut compter
pour l'un des quatre accents rythmiques de la ligne :
thâ âeréslan ùelda cynnes.
(ni. 948.
sigefolca swi'g oth lhael sémninga.
lîeow. 1288.
Des mots de cette classe, non composés, sont relativement rares,
mais des composés avec l'accent secondaire, se rencontrent fréquem-
ment.
Ces secondes syllabes avec un accent secondaire marqué, forment
par elles-mêmes, un membre du vers, et ne sont pas regardées
comme en étant les simples parties :
dy gebra gescèafta.
àgenne broihor.
Créât. 18.
Metr. IX. 28.
5° Après une longue syllabe radicale d'un mot trisyllabique, une
seconde syllabe brève (que sa voyelle ait été originairement, brève
ou longue), peut porter l'un des accents principaux de la ligne, ainsi :
bôcère, biscope :
lhaer ôiscéopas and bùcèras.
An. 607.
Elle peut encore demeurer dans le corps du vers, sans accentua-
tion. Ex :
godes bïsceope thâ spraec gûihcyning.
Cen. 2123.
RYTHMIQ1 I' 693
Ce qui montre que dans le style ordinaire, ees syllabes n'avaient
qu'un léger accent secondaire.
6° Les syllabes finales (brèves ou longues), en règle générale, ne
sont pas accentuées, même si une syllable radicale longue, les pré-
cède.
Division et valeur métrique des syllabes
Quelques autres points touchant à la division et à la valeur
métrique des syllabes de certaines classes de mots, doivent être
précisés.
L'élément formel /, dans la seconde classe des verbes faibles,
compte toujours pour une syllabe, quand il suit une syllabe radicale
longue, ainsi : fund-i-an, fund-i-ende, et non pas fund-yan. Dans
les verbes avec la syllabe radicale brève, au point de vue métrique,
il importe peu que Yi soit regardé comme formant par lui-même
une syllabe, ou comme s'unissant, à la manière d'une consonne,
avec la voyelle suivante : aussi peut-on écrire indifféremment :
ner-i-an, ou ner-yan. Dans les vers de la première et de la troisième
classe, la prononciation consonnante était, selon Sievers, la plus
habituellement employée, ainsi : neryan (nerian); lifyan (lifzan).
Pour les verbes de la seconde classe, la syllabe demeure purement
vocale. Exemple : tholian (1).
Dans les noms étrangers, tels qu' Assyria, Eusebuis, Yi est géné-
ralement considéré comme une voyelle, mais dans des noms plus
longs, comme une consonne, ainsi : Macedunya [Macedonia). En ce
qui touche aux voyelles épenthétiques, dérivées d'un w, la métrique
ne peut solutionner la question de savoir si l'on doit ainsi pro-
noncer, gearowe ou gearwe ; bealowes, ou bealwes. L, m,n (l, m, ?i\
syllabiques, suivant une voyelle radicale brève, perdent leur caractère
syllabique, ainsi : sétl, h raëgl, sicpfn, sont des monosyllabes, mais er
venant après IV originaire, comme dans waeter, léger, peut être ou
consonnant, ou vocal. Après une syllabe radicale longue, la pronon-
I. Cf. Sievers. Rei fraye, X} 22.% : Angelsochsische Grammatïk, §§410,
444,415.
694 M I II Mini I
rial ion vocale est la règle, mais occasionnellement, des mots tels
que tûngl, àôsm, tàcn, sont employés comme monosyllabes, et 17,
I'm e1 Vn sont alors des consonnes. L'hiatus esi permis, mais dans
bien des cas, il y a elision d'nne syllabe non accentuée, quoiqu'il
n'y ail pas de règle fixe, pour le nombre de syllabes non accentuées
permises flans l'hémistiche, ou dans toute la ligne. Souvent les néces
sites métriques obligent le lecteur à éliminer des voyelles qui se sont
glissées dans les textes, par la négligence des copistes, et l'on doit
écrire : t'theles, èngles, au lieu de éngeles, — d/'o/les, au lieu de
df'ofeies; — et dans d'autres cas, il faut restituer les formes plus
anciennes, et écrire : ôtherra au lieu de ôthrâ ; eûwere au lieu de
fowre (1). La contraction des syllabes longues, avec l'accent prin-
cipal sur la dernière partie du mot, — et des syllables longues, avec
l'accent secondaire sur le corps du mot, — indue sensiblement sur
le nombre de syllabes, dans la ligne entière. Au lieu de l'unique
syllabe longue portant l'un des quatre accents principaux du vers,
on rencontre la réunion d'une syllabe brève accentuée, et d'une
syllabe non accentuée, indifféremment longue ou brève (ÙX). Ce
principe admis, un mot tel que fârothe, avec une syllabe accentuée
et deux syllabes non accentuées, a la même valeur rythmique que
fôron, avec une syllabe longue accentuée et une autre qui ne l'est
pas, — ou un groupement comme se the waes, est au point de vue
rythmique, équivalent à Sécgivaes.
Structure de la ligne entière allitérée
La ligne allitérée régulière, est composée de deux hémistiches, ou
sections. Ces deux sections sont séparées l'une de l'autre par une
pause, ou césure, mais unies par les voies de l'allitération, de sorte
qu'elles constituent une unité rythmique. Chaque hémistiche doit
avoir deux syllabes dominant les autres, par leur importance
logique et syntaxique, et qui, pour cette raison, portent un accent
prosodique plus fort. Ces quatre syllabes accentuées pour toute la
1. Cf. Sievers, Altgermanische Metrik, §§ 74-77 ; Beitrage. X, 475.
RYTHMIQUE <W">
ligne comptent pour les accents rythmiques du vers. La force
donnée à res syllabes accentuées est plus marquée, quand ces der-
nières entraînent, en même temps, l'allitération, ce qui advient, au
moins une fois dans chaque hémistiche ; souvent deux fois dans le
premier, et une fois dans le second hémistiche; et dans hien des
cas, deux fois dans chaque hémistiche. Cette accentuation pro-
longée, donnée à ces quatre mots ou syllabes, par la syntaxe,
l'élymologie et le rythme, et souvent par l'allitération, — permet de
regarder les autres mots et syllabes, comme non accentués, alors
même qu'ils portent un accent secondaire.
Dans certains cas de structure particulière de l'hémistiche, on
rencontre un accent rythmique secondaire, qui coïncide, générale-
ment, avec un accent étymologique secondaire, ou avec un mono-
syllabe, ou avec la syllabe radicale d'un mot disyllabique. Sievers
regarde ces syllabes comme ayant dans le rythme du vers, le ton
mineur (Nebenhebung) : mais elles appartiennent plutôt à la classe
de syllabes majeures, avec une légère diminution d'accent {tieftonige
senkung).
Les deux sections de la ligne allitérée présentent rarement une
symétrie parfaite dans le nombre des syllabes non accentuées, et
dans leur position par rapport aux syllabes accentuées. Dans la
majorité des cas, leur analogie consiste seulement en ceci, qu'elles
ont chacune deux syllabes accentuées. Il est à remarquer que cer-
taines combinaisons de syllabes accentuées et non accentuées, se
rencontrent plus fréquemment dans un hémistiche que dans
l'autre, ou ne se rencontrent même que dans un seul hémistiche.
En dehors de la ligne allitérée normale ou ordinaire, avec quatre
accents, il existe clans l'ancien anglais et dans l'ancienne poésie
allemande du sud, une variété de la ligne allitérée qu'on appelle
la ligne allongée (schwellvers ou slreckvers). Dans cette ligne,
chaque hémistiche renferme trois syllabes accentuées : et les syl-
labes non accentuées, sont vis-à vis des autres, dans la même
dépendance que dans l'hémistiche normal, à deux temps.
(i'Mi
in I II Mini |
La structure de l'hémistiche dans la ligne normale allitérée
L'hémistiche normal se compose rie quatre, et rarement de cinq
membres (\)(glieder) : deux d'entre eux sont fortement accentués
(arses\ et les autres {theses), ne sont pas accentués, ou le sont
moins. En règle générale, chaque arsis est formé d'une syllabe
longue accentuée (-'), mais la seconde partie d'un composé, et, —
moins fréquemment, — la seconde syllabe avec un accent secon-
daire d'un mot trisyllabique ou disyllabique, peuvent être regardées
comme arsis. Par contraction, une syllabe longue accentuée, peut
être remplacée par deux syllabes brèves, dont la première est
accentuée. Ce dernier cas peut être résumé par le symbole, ÙX. Les
membres de l'hémistiche, moins fortement accentués rentrent dans
deux classes, selon qu'ils sont non accentués, ou qu'ils portent
l'accent secondaire. Et ce classement, en dernière analyse, dépend
de l'importance logique ou étymologique des syllabes. Les syllabes
non accentuées (marquées dans Sievers par la notation X), étymo-
logiquement longues ou brèves, sont le plus souvent des terminai
sons infléchies, des éléments constitutifs du mot, ou des mots pro-
clitiques et enclitiques.
Les membres du vers portant l'accent secondaire, — la plupart
monosyllabiques et longs — (désignés par le symbole X, et quand
ils sont brefs, par le signe ù), sont des syllabes radicales dans la
seconde partie des composés, et des syllabes secondes et longues de
mots trisyllabiques, dont la syllabe radicale est longue. La valeur
rythmique de ces syllabes portant l'accent secondaire, n'est pas
toujours la même. Quand elles se trouvent dans un pied ou dans
une mesure de deux membres, et qu'elles sont précédées d'une syl-
labe accentuée, elles comptent simplement comme non accentuées,
et le pied est, en fait, identique au type normal, représenté par la
notation -' X (comme dans l'hémistiche wîsra wôrda), mais ces
syllabes à demi-accentuées, peuvent être dénommées thèses fortes,
et les pieds qui les renferment, peuvent être représentés par le
I. Anglo-saxon Header. Sweet, §365.
RYTHMIQUE f>!!7
symbole -'.Y. comme dans wisfaèst wôrdum (-'X' | -'X). L'hémistiche
semblable à ce dernier, esl appelé renforce. parSievers (gesteigert), ou
s'il contient deux syllabes fortes non accentuées dans chaque pied,
il est qualifié de doublement renforcé, par le même auteur, comme
dans la coupe : gûthrinc gôldwlinc (-X | -'X). Dans ces exemples,
la présence d'une syllabe forte non accentuée est possible, mais non
nécessaire ; dans les pieds, ou mesures de trois membres, elle est
obligatoire, en tant que degré intermédiaire entre V arsis et la thèse,
ou entre un membre accentué et un membre non accentué, comme
dans thègn Hrôthgàres(~' j -'X'X),ou dans fgrst forth gewât(- \ -'XX),
ou dans héalaèrna mâest (-'XX j -'). Dans ces cas, Sievers attribue
au membre du vers portant cet accent secondaire, le caractère
d'une arsis subordonnée, ou mesure (Nebenhebung) Mais il paraît
préférable, pour marquer plus fortement la mesure à deux temps
de l'hémistiche, de regarder de pareils membres avec l'accent
secondaire, comme n'ayant que la valeur rythmique de syllabes non
accentuées, et de les appeler des thèses, avec un léger accent. Le
rythme à deux temps de l'hémistiche est la seule caractéristique de
celui-ci, car quoique les deux temps ne soient pas toujours égale-
ment forts, ni aussi fortement marqués (1), ils sont néanmoins tou-
jours distingués des autres membres non accentués de l'hémistiche,
et le rythme même de celui-ci serait altéré par l'introduction d'une
mesure supplémentaire, si légère fut-elle.
Les cas dans lesquels les deux principales mesures de l'hémistiche
ne sont pas exactement de la même force, se présentent quand
deux syllabes accentuées, — ou toutes deux avec l'accent principal,
ou l'une avec le principal, et l'autre avec l'accent secondaire —
sont en juxtaposition, et non séparées par une syllabe qui n'est pas
accentuée. La seconde de ces deux syllabes accentuées peut être
une syllabe brève avec accent principal, au lieu d'une syllabe
longue, comme on l'observe généralement. Mais dans l'un et l'autre
cas, longue ou brève, cette seconde mesure succédant immédiate-
ment à la première mesure, est marquée avec moins de force que
celle-ci, ainsi qu'il ressort d'exemples tels que gebûn hâefdon,
Beow., 234 ; tô hum fâran, id., 242 ; mid àerdnege, id., 252. Rare-
ment la seconde mesure l'emporte en force sur la première. La
1. Sievers. Altgerm. Metrik, % 9, 3, 4.
698 i;\ IHMIQUE
cause de cette variation dans la bra des deux mesures, doil être
recherchée dans les lois de I'acceni syntaxique.
Sous d'autres rapports, dos membres de vers avec un accent
secondaire, suivent des lois analogues à celles qui régissent ceux
qui portent un accent primaire, [Is consistent généralement en une
syllabe longue, mais si un membre ayant V arsis les précède, il peut
yavoir substitution d'une syllabe brève, avec l'accent secondaire. On
rencontre peu de membres de vers de cette espèce, — ce qui prouve
qu'ils sont plus afférents à la thèse, qu'à Yarsis de l'hémistiche.
Une syllabe non accentuée suffit à former la thèse (X), mais
celle-ci peut aussi comprendre deux ou plusieurs syllabes non
accentuées (XX, XXX...), leur nombre augmentant en raison de
leur brièveté, et de la facilité avec laquelle on peut les prononcer,
sans toutefois qu'un accent secondaire intervienne. Toutes ces
syllabes non accentuées sont regardées comme formant une seule
thèse, et s'opposent aux syllabes accentuées, ou arsis. Les éléments
constitutifs de cette thèse plus longue peuvent présenter une cer-
taine gradation de force, en les comparant les uns aux autres, mais
la réunion de ces degrés ne doit jamais égaler la force avec laquelle
Yarsis est prononcée, bien que parfois l'on observe, en raison du
caractère variable de l'accent syntaxique, qu'un monosyllabe qui
dans un cas figure dans la thèse, peut porter ailleurs l'accent secon-
daire, ou même primaire.
On a cru longtemps que le nombre des syllabes non accentuées
de la thèse, dépendait entièrement du seul choix de fauteur (1).
Sievers fut le premier à apporter quelques éclaircissement à cette
étude (2). Il montra que l'hémistiche de la ligne allitérée de l'ancien
anglais est semblable au vers à quatre syllabes dans l'ancien
normand, et présente, en général, le rythme trochaïque (-'X-'X).
Et l'auteur cite, à l'appui de sa thèse, les cinq cent quatre-vingt
douze hémistiches qu'on rencontre dans Beowulf, du type -'X | -'X
(tel que hyran scôlde), et dans le même texte, deux cent trente-huit
du type -'XX | -'X (tels que gode gewyrcan ; hèold thenden lifde),
et dans l'ensemble, huit cent trente hémistiches avec un rythme
trochaïque ou dactylique, contre onze hémistiches de même struc-
ture, mais avec une syllabe non accentuée, en tête(X | -'X(X) | -'X);
1. Cf. Rieger. Alt-und Angelsachsische Verskunst, p. 62.
2. Cf. Paul-Braune's Beitrage, X, 209.
RYTHMIQUE <>99
et même quatre ou cinq de ces onze hémistiches, sont d'une correc-
tion douteuse. D'après ces exemples, il paraît probable que dans le
type (-'X(X)-'X) on n'usait pas, en général, de la licence de faire com-
mencer l'hémistiche par une syllabe non accentuée, avant la pre-
mière syllabe accentuée. D'autre part, quand la première syllabe
accentuée est brève, avec une syllabe non accentuée seulement,
comme dans la thèse (ÙX), on observe que cette syllabe initiale non
accentuée devient presque la règle, comme dans genûmen haéfrfon,
(Beowulf, 6334) (X | uX | -'X) : il existe de cette dernière forme
cent trente exemples, ainsi que Rieger le fait remarquer, alors que
le schéma (ÙX | -'X) se rencontre rarement. Exemple : cyning
màenan (Beowulf, 6334).
II est encore plus singulier d'observer que, tandis que la forme
(-'XX | -'X) se présente environ deux cent trente-huit fois dans les
textes, — un vers de la forme, (X | ttXX | -X), ne se rencontre
jamais. La proportion numérique de la forme (-'X | -'X) (592 cas)
par rapport à la forme (-'XX | -'X) (238 cas), est à peine de 5 h 2,
et la proportion de (X | ùX | -'X) (130 cas) à (X I ùXX | -'X) (0 cas)
est de 130 à 0. La quantité de la seconde arsis, dans la mesure où
elle se rapporte au préfixe de syllabes non accentuées, est dans
l'hémistiche, moins importante que celle de la première. Des
hémistiches du type (-'X | ùX) se présente 34 fois, et dans 29 cas,
la dernière syllabe non accentuée est un mot entier, ou un mono-
syllabe, ou la partie d'un composé. Le même type, avec une syllabe
initiale non accentuée (X | -'X | ùX), se rencontre aussi 34 fois, mais
alors la dernière syllabe est entièrement dépourvue d'accent. La
proportion de la forme (-'X | -X) à la forme (X | -'X | -'X), est de
592 à 11, et celle de la forme (-'X | ùX) à la forme (X | -'X j #X) est
de 34 à 34, avec une différence notable.
On supposait autrefois que le nombre de syllabes non accentuées
suivant la syllabe accentuée, était indifférent. Mais la forme
(-'XX | -'X) se rencontre 238 fois et la forme (-'X | -'XX) 22 fois
seulement. Et nombre d'exemples de cette dernière forme sont d'une
évidence discutable : même en les comptant tous, la proportion des
deux formes est de 11 à 1.
Si les deux syllabes accentuées ne sont pas séparées par une
syllabe non accentuée, ou plutôt, si les deux mesures sont immédia-
tement juxtaposées, — ou deux syllabes non accentuées doivent se
trouver après la seconde arsis [-' | -'XX) — ce qui se rencontre
700 RYTHMIQUE
120 fois dans Beowulf '; — ou une syllabe non accentuée doit pré-
erder la première arsis, et une syllabe non aecentuée doit suivre la
seconde arsis (X-' | -'X) (127 fois dans Beowulf) ; ou enfin, la der-
nière arsis doit <Hre brève (X-' | ùX) (257 fois dans Beowulf). La
forme (-' | -'X) ne se rencontre point.
De ces données, il résulte que les hémistiches de la forme
(-'X | -'X) se présentent environ 17 fois contre une, pour la forme
(-'X | ùX), et que d'autre part, le type (X- | ùX) est deux Pois aussi
fréquenl quo le lype (X-' | -'X>.
L'ordre des membres du vers dans l'hémistiche
Chaque hémistiche se compose de deux pieds ou mesures, conte-
nant chacun une syllabe accentuée. Généralement, ces deux pieds
ou mesures renferment, l'un et l'autre, quatre membres du vers,
et rarement cinq membres. Dans l'hémistiche de quatre membres
qu'il convient d'étudier en premier lieu, les mesures peuvent
consister en deux membres, chacune (2 + 2), ou l'une peut con-
tenir un membre, et l'autre, trois (1 H- 3 ou 3 + 1). Une mesure
d'un membre n'a qu'une syllabe accentuée (-') ; une mesure de deux
membres a une syllabe accentuée, et une syllabe non accentuée qui
peuvent se présenter indifféremment, dans l'un de ces deux ordres
(-'X) au (X-') ; une mesure de trois membres comporte une syllabe
accentuée et deux syllabes non accentuées, dont Tune a l'accent
secondaire, et leur ordre peut être (-'X'X) ou (-'XX) Les mesures de
deux membres peuvent être réunies de trois manières différentes,
pour former un hémistiche : 1° (-'X | -'X), rythme descendant ;
2° (X- | X-'), rythme ascendant; 3° (X- | -'X), rythme ascendant-
descendant fi). 1 et 2 sont symétriques ; 3 est dissymétrique, mais
comme le nombre des membres dans les pieds de ces trois types
(2+2 membres) est le même, nous pouvons les appeler, comme le
fait Sievers, des types à pieds égaux {gleichfiissige Typen), tandis
4. Pour le type (-'xx/-'). Cf. Sievers. Paul-Braunes Beitrarje, X,
p. 2fi2.
Kl I II Mini I 7(H
que les autres types (1+3 membres ou 3 + 1 membres), peuvent
ê.tre qualifiés de types à pieds ou mesures inégales.
L'hémistiche normal, consista ni en quatre membres du wv*,
rentrera, selon la position respective de ces mesures ou pieds, dans
l'un i\<>> cinq types principaux suivants :
<i) Types à pieds égaux (2 + 2 membres) :
l. A (-'X | -'X) double descendant.
2 H (.V | X-') double ascendant.
3. C (X- | -'X) ascendant-descendant.
b) Types à pieds inégaux :
4' D|S^|."'XX')i (1 +3membres)-
5* E /(-'XX I -')[ (3 f ] membres)-
Théoriquement, le type K pourrait être regardé comme un type à
pieds égaux, étant ainsi divisé (-'X | X-'). mais dans la plupart des
cas, ce type présente, au commencement de l'hémistiche, un mot
trisyllabique qui ne permet pas une semblable division des pieds,
ainsi dans wéorthmyndum thdh\ Beowulf, 16(1). Des types comme
(XX-'-) et (XX-'-'), qu'on pourrait s'attendre à rencontrer, ne
figurent pas dans la poésie de l'ancien anglais. En dehors de ces
hémistiches ordinaires à quatre membres, il en est d'autres aux-
quels une syllabe est ajoutée, et qui peuvent être non accentués,
ou porter l'accent secondaire. Ces formes allongées (erweiterte
Formen) (2) peuvent être composées ou de 2 + 3 membres, ou de
3 + 2 membres. Ces hémistiches allongés, doivent être bien distin-
gués des hémistiches qui ont une ou plus d'une syllabe accentuée,
devant la première syllabe accentuée, — dans les types A, D et E.
Et ce préfixe d'une ou plusieurs syllabes, est appelé anacrusis
(Auftakt) par Si e vers.
Les cinq types simples d'hémistiches sont donc susceptibles des
variations suivantes : 1° d'extension, comme il a été vu plus haut :
2° de résolution (ùX au lieu de -') et de contraction de la syllabe
longue accentuée (ù) ; 3° de renforcement de la thèse, au moyen d'un
accent secondaire (Sleigerung) ; 4° d'accroissement du nombre de
syllabes non accentuées formant la thèse ; 5° de variations dans la
1. Cf. Sievers, Paul-Braune's Beitrage, X, p. 262.
2. Cf. Sievers, Altgerm. 3fe£rik, % 13, 2.
702 RYTHMIQUE
place de l'allitération; 6é d'affectation d anacruses. Ces dernières
variétés d'affectations ne sont pas en elles-mêmes défi sous-types,
mais des formes parallèles à celles qui n'ont pas d' anacruses.
Ces subdivisions et ces détails sur les types de vers sont em-
pruntés à Sievers {Altgermanùvhe Metrik, pp. X\ et suiv.).
Analyse des types de vers
1
Hémistiehes de quatre membres
Le type A comporte trois sous types, A4, A9, A3. Le sous-type A,
(-'X | -'X) présente la forme normale, avec allitération de la pre-
mière arsis dans chaque hémistiche, ou avec allitération des deux
arsis dans le premier hémistiche, et de l'une dans le second, — et
avec des syllabes non accentuées dans la thèse, selon la règle com-
mune. Exemple : theodnes thèynas (An. 3) ; hij ran scôlde (Beow . 212) ;
gômban gy'ldan (Beow. 22). Ce type est de tous le plus commun :
dans le poème de Beoivulf, Sievers le relève 471 fois dans le pre-
mier, et 575 fois dans le second hémistiche.
La modification la plus simple de ce type se produit par la réso-
lution d'une ou deux syllabes longues accentuées. Des exemples de
résolution de la première arsis sont très nombreux : cyninga ivnldor
(El. 5); — scèathena thrêalum (Beow. 8) ; sèofon niht swûncon
(Beow. 517) ; — nilher geivïted (Beow. 2722). Les exemples de
résolution de la seconde arsis sont moins nombreux, et tels que :
wûldor cyninge (El. 291) ; — èllen frèmedon (Beow. 6) ; — Scyldes
èaferan (Beow. 38) : — ôfl gefrémede (Beow. 330); — on rencontre
rarement la résolution de deux arsis dans le même hémistiche.
Exemple: g amena gèogothe (An. 1017) ; màeyenes Dèniga (Beow.
310); — gûmum aetgâedere (Beow. 1652).
Le type principal est encore modifié par la thèse, rendue disylla-
bique — et rarement trisyllabique — après la première arsis. Le
schéma est alors : (-'XX | -X). Cette modification est fréquente, et se
rencontre dans : rihta gehwylces (El. 910); — gode gewijrcean
M rHMIQUE 7(KJ
(Beow. 40) : — swéofdum âswéàban (An. 72) ; — sànnanondmônan
(Beow. 18S) ; — fàlct tùfrùfre (Beow. 28) : — wéox under wôlôhUtn
illi'ow. 16).
La résolution de l'arsis peut être combinée avec cette thèse disyl-
labique, comme dans la première arsis, exemple : wèruni on thu/tt
wôngc (An. 22); — éotenas ond ylfe (Beow. 224); — ou (dans la
seconde arsis) ; hitlig of héofenum (Au. 89) ; — hèlpe gefrèniede
(Beow. 1102); ou dans les deux : dûgude ond gèogulhe (Beow.
320) ; — hneleth under hèofenum (Beow. 104).
La première thèse, rarement, dépasse deux syllabes ; une thèse
de trois syllabes est rencontrée parfois, comme : sâegde se the eu the
(Beow. 180) ; — hwtlum hie gehèton (Beow. 350); — et cette forme
peut être combinée avec la résolution de la première arsis, comme
dans : swèotutra ond gesynra (An. 565); bitere ond gebôlgne (Beow .
2862) ; — ou avec la résolution de la seconde arsis, comme dans :
ûlan ymbe aèdelne (An. 873) ; — wïge under wâetere (Beow. 3314) ;
— ou encore avec la résolution des deux arsis, comme dans : recéda
under roderum (Beow. 620). Exemples de thèses de quatre syllabes,
— dans la première thèse : set'ildt thâm the he tvtilde (Beow. 6112) ;
— sêcge ic the tô sot he (Beow. 1182). Une thèse avec cinq syllabes est
encore moins fréquente, exemple : làeddon hine thd of Itjfte (Gû.
398) ; — stôpon thd tô tlidere statue (El. 716).
Les cas où la seconde thèse renferme deux syllabes, sont rares et
jusqu'à un certain point, incertains. Exemple : wûndor scèawian
(Beow. 2002) (1).
L'anacruse devant le type (-'X(X)-'X) est aussi rarement ren-
contrée : exemple ; swâ sàe bebuged (Beow. 2438). Exemple d'ana-
cruse avec résolution de la première arsis : swâ wâeier bebuged
(Beow. 186). La plupart des cas se présentent dans le premier
hémistiche ; à cette place l'anacruse peut être polysyllabique, — et
aller même jusqu'à quatre syllabes — quelquefois avec résolution
de l'arsis, ou avec une thèse polysyllabique. Exemples ; forcôm aet
campe (An. 1327); — gewdt aet w'tge (Beow. 5280) ; — avec résolu-
tion : âbôden in bûrgum (An. 78) ; — genèred with nïthe (Beowr.
1653) ; — anacruse disyllabique : ic waes éndesaela (liow\ 482) ; —
avec résolution : thaer waes haèletha hlèahtor (Beow. 1224) ; —
anacruse trisyllabique : oihthe him Ongentheowes (lieow. 4950) ; —
1. Cf Sievers. Paul-Braune's Retirage, X, 233.
"71k*
704 RYTHMIQUE
anacruse à quatre syllabes : thaet we him thé gûthgealwa (Beow.
5274); - anacruse monosyllabique avec thés»! disyl la bique : in
màgde gehwàere (Beow. 50) : -- àblènded in bin-gum (An. 78); —
anacruse disyllabique avec thèse disyllabiqùe : ge aet hàm ge on
hérge (Heow. 2098): — anacruse trisyllabique avec thèse disylla-
bique : thû sceall tkâ fore gefèran (An. 210) ; — anacruse monosyl-
labique avec thèse trisyllabique : gemânde thâ se goda (Beow, 1518);
— anacruse monosyiIabi(jue avec résolution de la première arsis,
et avec thèse trisyllabique : ne mâgon hie ond ne moton (An. 1217) ;
— avec résolution de la seconde arsis : geivât him thâ té vârotke
(Heow. 408) ; — avec anacruse disyllabique : ne geféah he thaere
faèhthe (Beow. 218); — combinée avec thèse de quatre syllabes :
ofsloh thâ aet thavre saècre (Heow. 3332).
Le sous-type Aa est le type A avec thèse renforcée (c'est-à-dire
une thèse avec l'accent secondaire), et avec l'allitération sur la pre-
mière arsis seulement. Ce sous-type comporte plusieurs :
I. — A, a, avec la première thèse renforcée (-'X' I -'X) ; — se ren-
contre souvent dans le second hémistiche. La seconde arsis peut être
ou longue, ou brève (-'X' | -'X) ou (- X | ùX). Nous désignerons la
forme (-'X' | -X) par la notation A2«/, et la forme (-'X | &X) par
À2 a s h, ou par abréger, Aa /, A9 s h. Exemples de As / : gôdspèl aèrent
(An. 12 1; — wisfaèl wôrdum (Beow. 1252) ; — hringnèt bàeron
(Beow. 3780); — avec résolution de la première arsis : médusèld
bùan (Heow. 0132) ; — avec résolution de la seconde arsis : gârsècg
hlgnede (An. 238) ; — hôrdbùrh haèletha (Heow. 934); — avec réso-
lution des deux arsis : fréothobùrg fâegere (Heow. 1044) ; — avec
résolution de la thèse renforcée : sândwùdu sôhte (Heow. 410) ; —
avec résolution de la première arsis et de la thèse : maégemvudu
mûndum (Heow. 472) ; — avec résolution de la première thèse et de
la seconde arsis: gùlàsèaro g à mena (Heow. 050).
Les exemples de Ais/i sont nombreux : waerfaèst cgning (An. 410);
— gùlhrinc mônig (Beow . 1178) ; — thrèanglh thé lath (Heow. 508).
C'est par exception que Ton trouve la seconde arsis brève, quand la
thèse qui précède n'a pas d'accent secondaire : Hrèthel cgning
(Beow. 4872) ; — Hr Anting nâma (Beow. 2910); — âetheiing bôren
(Beow. 4802); — et avec résolution de la première arsis : séaromèt
séowath (An. 04) ; — motor cèorl mônig (Beow. 1818); — sigerof
cgning (Beow 1238); mâgodriht micel Beow . 134), etc. La plupart
RYTHMIQUE 705
des hémistiches rentrant dans cette catégorie, ont une double allité-
ration.
II. — A2O, avec la seconde thèse renforcée : (-' X | -' X). La plu-
part des cas de ce type se rencontrent dans le premier hémistiche ;
lorsqu'ils se présentent dans le second hémistiche, la mesure (-'X ')
est généralement un nom propre, et non un véritable composé.
Exemples : Gréndles gùiheraèft(\ïeow. 254; — lèofa Bêoivulf (l\eo\v.
1710) ; — avec résolution de la première arsis : gâtnol ond gûihrèàw
(Beow. 116); avec résolution de la seconde arsis : bèoma bèaducràeft
(An. 219); — avec résolution de deux arsis : séfa swâ séarogrim,
(Beow. 1190); — avec résolution de la thèse renforcée: lônd ond
ttodb y rig (Beow. 4944) ; — avec résolution et de la seconde arsis, et
de la thèse : mâeg oudmagothègn (1) (Beow. 816).
Ce type peut être encore modifié par une première thèse de deux,
ou plusieurs syllabes : ùt on tfwet ïglànd (An. 15) ; — fôlc olhihe
frêobùrh (Beow . 1388); — reste hine thâ rûmhèorlh (Beow. 3600) ;
— par la résolution de la première arsis : glidon ofer gdrsècg (Beow.
1030) ; — et de la seconde : lad ofer idgustrcam (An. 423) ; — sym-
belon sèle fui (Beow. 1240) ; — par la résolution de la thèse avec l'ac-
cent secondaire : èahlodon éorlscipe (Beow. 6346). L'anacruse se
présente rarement : gesâwon séledrêam (Beow. 4406); — et la
double allitération dans le premier hémistiche, demeure la règle
dans cette forme du type A.
III. A>ab, — avec les deux thèses renforcées (-'X' | -' X) : bânliàs
blèdf âg (An. 1407); — gulhrinc gôldwlànc (Beow. 3764); — àenlîc
ànsyn (Beow. 502) ; — avec résolution de la première arsis : wlite-
sèon wrâetlîc (Beow. 3302), — et de la seconde arsis : glèawemôd
gode lèof (An. 1581); — gûthswèord gèalolïc (Beow 4316), — et de
la première et de la seconde arsis : héorowèarhhétet te (Beow. 2%3ti);
— avec résolution de la première thèse renforcée : nydwràcu nit/i-
grim (Beow. 386); — avec résolution et de la première arsis, et de
la première thèse : by'relàde bry'd gèong (Gû 842) — avec resolu-
tion de la seconde thèse renforcée : ègestllc èorthdràca (Beow. 5672) ;
— avec résolution de la première et de la seconde thèse : fg'rdsèaru
fûslicu (Beow. 464). La forme de ce type comporte aussi, en règle
générale, la double allitération.
1. Cf. Sievers, Angehachsische Gram., % 141, et Altgerm. Metrik,
§ 79.
45
706 ItVni.Mlnl I.
Le sous-type A:J est le type A, avec l'allitération sur la seeonde
arsis seulement, et il esl presque entièrement limité au premier
hémistiche. Une thèse renforcée ne se présente qu'après la seconde
arsis, et ce sous-type peut être désigné par la notation A/;.
Les vers rentrant dans cette catégorie, avec leur allitération por-
tant toujours sur la dernière syllabe moins une, ou (en cas de
résolution), sur la dernière syllabe moins deux, se distinguent par
la fréquente occurence de thèses polysyllabiques, s'étendant à cinq
syllabes, et en contraste évident avec les types Ai et A2 où les thèses
d'une ou deux, syllabes sont la règle, et les thèses plus longues,
l'exception. Dans A3, cependant, des thèses plus courtes se rencon-
trent avec les résolutions habituelles : une thèse monosyllabique
dans hwâer se thèoden (EL 5(33); — vow hct sécgan (Beow. 782) ; —
avec résolution de la première arsis : wâton nû éfsian(baow. 6204);
— avec résolution de la seconde arsis : thus me fâeder min (EL
528) ; — ic thaet hôgode (Beow. 1266) ; — avec thèse disyllabique :
hèhl thâ on âklan (El. 105); — hùefdese goda (Beow. 410) ; — avec
résolution de la première arsis : thânon he gesôhte (Beow. 9£6) ; —
avec résolution de la seconde arsis : wèarlh him on Hèorote (Beow,
2662) ; — avec la seconde thèse renforcée : èarl thû se Bêowulf
(Beow. 1012) ; — avec thèse trysyllabique : gif thé lliael gelimpe
(El. 441) ; — fiïndon thâ on sânde (Beow. 6068); — avec résolution
de la première arsis : hwâethere më gesàelde (Beow. 1148) ; — avec
résolution de la seconde arsis ; sy'ththan ic for dûgethum (Beow.
5004); — avec la seconde thèse renforcée : no hc thone gifstôl (Beow.
336); — avec une thèse de quatre syllabes : swylce ht me g eb tendon
(Cri 1438); — hâbbath wc tô thaem maeran Beow. 514); — avec
résolution de la première arsis : âian Us tô thaere hy' the . (Cri. 865); —
avec résolution de la première et de la seconde arsis : thône the him
oit swèofote (Beow. 4592) ; — avec la seconde thèse renforcée : no
thy aer thone hèathorinc (Bew. 4932) ; — avec thèse de cinq sylla-
bes : syihthan hc hine tô guthe (Beow. 2946); avec thèse de six syl-
labes : hy'rde ic thaet hc thone héalshcah (Beow. 4346). Ces formes
sont susceptibles d'autres variétés, notamment de l'anacruse mono-
syllabique, combinée avec la thèse monosyllabique : the vow of
wèrglhe (EL 295); — thaet hine on y'ide (Beow. 44) ; — de la seconde
thèse renforcée : thaet hine svo brimwylf (Beow . 3200) ; de la thèse
disyllabique : ne théarft thû swâ swfthe (EL 940) ; — gesprâec thâ se
goda Beow. 1352); — de la thèse disyllabique avec résolution de la
in TiiMiyuE 707
première arsis : gewitun him thâ gôngan (Cri, 533); — de l'anacrqse
disyllabique et de la thèse disyllabique : ne gefràegn ic thâmâeglhe
(Beow. 2024) ; — de la résolution de la seconde arsis : gesèah hv in
recede (Beow. 1450) ; — de la seconde thèse renforcée : geswyflee
sco hérethâd (Beow. 4518); de l'anacruse monosyllabique avec la
thèse trisyllabique : on hwy'lcum thâra bèama{¥A. 851); — de la
thèse à quatre syllabes : geiviteth thonne on seabnan (Beow. 4924) ;
de la résolution de la première arsis ; ne mhyon hi Ihonne gehy'nan
(Cri 3050) ; — de la résolution de la seconde arsis : gesâwon thâ
aefter wâetere (Beow. 2852). La dernière mesure peut être excep-
tionnellement réduite à l'expression : (ÛX). Exemple : wâe$ min
feeder (Beow, 514).
En résumé, le type A semble se rencontrer moins souvent dans le
premier hémistiche, que dans le second. Dans Beowulf, sur les
0.366 hémistiches composant le poème, 2.819 rentrent dans cette
catégorie, dont 1.701 sont des premiers hémistiches, et 1.118 des
seconds hémistiches (1).
Le type principal B (X-' | X-'), n'a en dehors des résolutions,
qu'une seule forme. Mais comme la seconde thèse peut se composer
d'une ou de deux syllabes, on peut faire la distinction de deux sous-
types : B4 (avec seconde thèse monosyllabique), et Ba (avec seconde
thèse disyllabique). La variété la plus commune du type se présente
dans la première thèse, qui peut être polysyllabique.
I, — La forme la plus simple, le sous-type Bt, (X-' | X -') n'est pas
fréquente. Sievers en relève cinquante-neuf exemples, dans tout le
poème de Beowulf : ond Hàlga tîl iBeow. 122); — tlulm hàlig gàd
(An. 14) ; — avec résolution de la première arsis : in séle ihâm Man
(Beow. 1448) ; — de la seconde arsis .tfiurh rûmne se fan (Beow.
556); — des deux arsis : aer snmeres cy'me(E\. 1228). Dautre part, des
hémistiches de ce type, avec une première thèse disyllabique, sont
assez fréquents : sythlhan fàrthum toêox (Beow. 1828 ; — him thâ
scy'ld yewkt (Beow. 52); — avec résolution de la première arsis :
under Hèoroles hrôf (Beow. 800) ; — avec résolution de la seconde
arsis : timet sco cèaster hider (An. 207) ; — et des deux arsis . aefter
hnelelha hry're (Beow. 4100). Lne première thèse trisyllabique est
également assez commune : thêahthehê iitres dry'nc (An. 53) ; — oih
thael him êft onwôc (Beow. 112); — se the on hânda baèr (Beow.
1. Cf. Sievers, Paid-Braune's Beitrage, X, 290.
708 RYTHMIQUE
990j ; — avec résolution de la première arsis : forthàn hie maégeneè
crâeft (Beow . 836); — el de la seconde arsis : ond hû thy thriddan
dàeye (El. 185) ; el des deux arsis : ihaet hèthâ g éo gui he wile(Beow.
2304) ; — avec une première thèse de quatre syllabes : ne hyrde ic
sith ne âer (El . 240) ; — swylce hie net Firmes hàm (Beow. 2314) ; —
avec la première thèse de cinq syllables — rarement — : nthlhan
he hire, fôlmum hràn (Beow. 1446); — et avec résolution de la
seconde arsis : thonne hy him thurh mtnnenôman (Cri. 1351).
Il . — Le sous-type B2, ou 1$ avec une seconde thèse disyllabique.
se rencontre rarement, quand la première thèse n'a qu'une syllabe :
the dry'htnes bibôd (Cri. 1159); — thû wâst gift hit is (Beow. 544) ;
— thdm wife ihâ word (Beow. 1280); — avec résolution de la pre-
mière arsis : Lurh darotha gedrèlh (An. 1446; ; — et de la seconde :
thurh nihta genipu (Gû. 321). Ce sous-type se rencontre plus fré-
quemment, avec une première thèse disyllabique : thâ of wèalle
yeséah (Beow. 458) ; — hè times frofre yebàd (Beow. 152) ; — avec
résolution de la première arsis : mid his hàeletha gedriht) Beow.
1326): — ofer wârotha yecoèorp (An. 306); — avec une première
thèse trisyllabique : thonne hê âer oththe sith {El. 74) ; -- wes thû as
lârena yod (Beow. 538); — avec résolution de la première arsis : thèah
hê thaer môniye yeséah (Beow . 3.228); — et de la seconde arsis :
thael naefre Gréudelswd fêla (Beow. 1 184) ; — avec la première thèse
de quatre et cinq syllabes : hwaethre hê in brèostum thâ yit(Xn. 51);
— thaes the hire sêwilla yelàmth (Beow. 1254).
Dans ce type, des vers avec la seconde thèse trisyllabique, sont
fort rares (1). 11 faut remarquer également que dans ce second type,
la thèse est rarement formée de la seconde partie d'un composé,
comme dans : hine fy'rwit brâec (Beow. 464); les exceptions sont
des noms propres, comme dans : nû ic Beowidf thèc (Beow ,\ 1894) ;
ne wearth Héremôd swa (Beow. 3420).
Le type B, d'après le relevé de Sievers, se présente 1.014 fois
dans Beowulf; 293 fois dans le premier hémistiche; 721 fois dans le
second .
Le type C a trois sous-types : 1. C4, — le type normal : (X-' | -'X)
sans résolution, comme : oft Scy'ldScê/iny (Beow. 8) ; — yebûn hâef-
don (Beow. 234). Là aussi, la première thèse peut se composer de
deux, trois, quatre, ou cinq syllabes : thaei lue aeyhwy'lcne (An. 26);
1. Cf. Sievers, Paul- Bra une' s Beitrage, X, 241, "294.
RYTHMIQUE 709
— thone gôd sénde (Beow. 26) : — ofer hrônràde (Beow. 20) ; — aer
hc onwèg hwurfe (Beow. 528) ; — mid thaere icaéify'lle (Beow. 250);
— the ic htm tô sèce (El. 310); — thàra the mid Béowulfe (Beow.
2104) ; — oth thaet hine sémninga (An. 821) ; — thâra the hè him
m id hàefde (Beow. 3250) ; — swylce lue ofer she cômon [An. 247).
II. — C, est le type normal G avec résolution de la première arsis,
el il se rencontre si fréquemment qu'il peut être regardé comme
constituant par lui-même, un type distinct : on hèrefèlda (An. 10) ;
forscrifen h'ifde (\\eo\x . 212); in wôrold ivôcun (Beow. 120) ; — une
forme moins commune du type, est celle formée avec la résolution
de la première et de la seconde arsis : tô brimes fârothe (Beow. 56) ;
— sioâ fêla fy'rena (Beow. 328); — parfois, avec résolution de la
première arsis seule : tô saes fârothe (An. 236, 1660) ; — for frêan
êgesan (An. 457) ; — mais aucun exemple ne s'en présente dans
Beowulf.
La première thèse peut renfermer deux, trois, ou quatre syllabes :
thâ with gode wânnon (Beow. 226). — ofer lâgustraète ; — avec deux
résolutions : ic thaes wine Dèniga Beow. 700,» ; — hû se mâga frè-
mede (An. 639) ; — thaet him his winemàgas (Beow. 130) ; ne Me
h dru winedrihten (Beow. 1724).
III. — C3 est le type G, avec une seconde arsis brève : {X- | ùX),
et se rencontre asses fréquemment : in géardâgum (Beow. 2) ; — of
fèorwégum (Beow. 74) ; — la première thèse peut avoir de deux à
cinq syllabes : thaet waes god cyning (Beow. 22); — thaet hle in
bèorsèle (Beow. 964) ; — se the hine death nimeth (Beow. 882) ; — ne
meaht thâ thaes sithfâeles (An. 211) ; — thonne hè on thaet sine stâ-
rath (Beow. 2972). La résolution, dans ce type, semble évitée, bien
qu'elle apparaisse çà et là ; of hlithes nôsan (Beow. 3784) ; — on
ihaem nethelslède (Beow. 2166). La thèse avec accent secondaire, ne
figure point dans ce type. Le nombre d'hémistiches du type G, dans
Beowulf, est d'après Sievers, de 564.
Le type D se termine toujours par une thèse disyllabique, dont la
première syllabe est, en général, la seconde syllabe d'un composé,
et porte l'accent secondaire. Il y a quatre sous-types :
I. — D, est la forme normale : (-' | -'XX), comme dans : hélm
àelwihta (An. 118;; — féond mâncynnes (Beow. 328) ; — w'igwéor-
dùnga (Beow. 352); — wéard Scy'ldinga (Beow. 190) ; — lând-
bûèndum (Beow. 190); — hring gy'ldènne (Beow. 5620); — hôf
môdigra (Beow. 624) ; — frêan ûsèrne (Beow. 6004). Les principales
710 in in Mini I
modifications proviennent dé la résolution de là première arsis :
nfniiHj ùétfnihtig (El. 145); — fâeder ûlwàlda (Beow. 032) : —
mèréftthèndê (Beow. 510); — jlâtan êowèfne (BôOW. 588); ct/ning
hvnigne (llcow. 3702); — ou de la Seconde arsis : hêalt hygegèôtAOr
(An. 1081)) ; — ma eg /lige/Aces (lîeow. 1470) ; — de la résolution de
la première et de la seconde arsis : hidden hèrewaedum (Beow.
3796) ; ne fan HètèCÎceê (lîeow. 4414).
Des hémistiches tels que, wiht unhaelo (lîeow. 240), renfermant
des composés en un, peuvent être lus wiht unhaelo, conformément
au type î)s, ou wiht unhaelo, conformément au type A : (-'X | -'X) (1).
II. — D2 est la même forme, mais avec la thèse brève, et l'accent
secondaire : (-' | -uX); — bèorht blâedgifa (An. 84) ; — leaf land-
frinna (lîeow. 62); — stream ût thonan (lîeow. 5092); — ràed
êàdhièdôtï (Beow. 344) ; — avec résolution de la première arsis :
mâegen sâmnode (El. 55) ; — mâga Hèalfdènes (lîeow. 378) ; — avec
résolution de la seconde arsis : hard épenian (Beow. 6114) ; — et
c'en est le seul exemple.
III. — D3 est le type normal, mais avec la seconde arsis brève
(rare) : (-' | ftX'X) : éorthcij 'n inga (El. 1174) ; — avec résolution de
la première arsis : râdorcy'n inges (El. 624).
IV. — D4 revêt la forme : (-' | -'XX), et est apparenté au type E
(-'XX | -'), puisqu'il porte l'accent secondaire sur la dernière syl-
labe de la thèse : brê os t innanwèard (An. 649) ; - — hôlm ùp aetbaèr
(Beow. 1038) ; — fy'rst forth gewtit (Beow. 420) ; — avec résolution
de la première arsis : gèaro gùthe fràm (An. 234) ; — flôta fâmighèals
(Beow. 436); — sûnu death for nam (Beow. 4240): — avec résolu-
tion de ia seconde arsis : vblànc Wèdera I cod {id. 682); — et de la
première et de la seconde arsis : lolitig wèoruda heap (An. 872) ;
— avec résolution de la dernière thèse, avec accent secondaire :
ivnlh ûlh âhàfen (Beow. 256); — - wûnath wintra fêla (Ph. 580).
Certain hémistiches, appartenant à ce sous-type, peuvent comporter
une accentuation alternée, et appartenir au type suivant, par
exemple : scoth luvilum sang (Beow. 992), — peut être lu indiffé-
remment : (-' | -'XX'), — ou comme le type E : (-'XX | -r).Demême :
werod eall tiras (Beow . 1304).
Le type E a deux sous types, qui se distinguent par la position
1. Cf. Sievers, Paul-Braunes Beitrage, X, 251 ; Khige, Paul's Grun-
(frixs, p. 1051.
RYTHMIQUE 711
de la syllabe portant ['accent secondaire : cette syllabe est, généra-
lement, la seconde syllabe d'un composé, ou la syllabe médiale très
longue d'un mot trisyllabique, avec syllabe radicale longue.
Et a la forme : (-'XX | -'), — la syllabe avec l'accent secondaire
étant placée, la première, dans la thèse : môdsorge waèg (Kl. (il);
— wèorîh-myndum thàh (Beow. 16) ; — sûthikèna foie (Beow. 926);
— Hi tende wàei (Beow. 318); — hâethènra ht/ht (Beow. 358)
bénigne thime (Cri. 1498) ; — wôrdhôrd onlèac (Beow. 518)
ûthlàng tisfôd (Beow. 1520) ; — scôth htoîlum sauf/ (Beow. 992)
avec résolution de la première arsis : /léofonrices loeârd (El. 445) ;
— Scèdelùndum in (Beow. 38) ; — wlitehèorhlne wâng (Beow. 196) ;
— lifigende cwom (Beow. 3948) ; — âethelinges tvèox (El. 12) ; —
mèdofitl aetbàer (Beow. 1250); — dàguth èall tiras (Beow. 3582).
La résolution de la seconde arsis est rare : tiro.adge hâeleth 'An. 2) ;
— hèlthègnes hète (Beow. 284). La résolution des deux arsis, égale-
ment, est peu fréquente : sélewèard tisèted (Beow. 1336); — wine-
dryhten frâegen (An. 921;-. Avec résolution de la thèse accentuée :
glêdègesa grim (Beow. 5302).
E, a la dernière syllabe de la thèse avec l'accent secondaire, et se
présente très rarement : (-'XX | -') : môrthobed stred (Beow. 4874) ;
— avec résolution de la dernière arsis : gëomorgidd wrécen
(An. 1550); — bàeron ut hrtiethe(\n. 1223).
Il
Hémistiches de cinq membres
Les hémistiches de cinq membres (étendus), se rencontrent bien
plus rarement que les types normaux de quatre membres. Les types
étendus sont désignés par les lettres A*, B*, C\ etc.
Le type A* a deux sous-types qui se distinguent par la position
de la syllabe portant l'accent secondaire.
I. — \\ (-'XX | -'X) figure principalement dans le premier
hémistiche : gôdbèarn on gâlgan (El. 719); — avec résolution delà
première arsis : gèolorànd ta gûthe (Beow. 876) ; — avec la thèse de
deux syllabes non accentuées, faisant suite à l'accent secondaire :
glàedmôd on gesihthe (Cri. 911); — fâestràèdne gelhôht (Beow.
7 I "2 RTTHMIQl l
1221); — avec thèse finale renforcée par l'accent secondaire :
gàstlîcne gôddrèam {(\\\. 602) ; — gâmolf èax ond gûthrof (Beow.
1218).
II. — A*a (-'XX | -'X) peut, sans doute, se reconnaître dans :
m&thfhumfaèt mnere (Beow. 4810); — wiïldorlvan wéorca (Cri.
1080) ; — avec résolution de la thèse portant l'accent secondaire :
môrthorbèalo maya <Beow. 2150). Il est possible, néanmoins, que
les syllabes uni dans nulthlhum, et or dans wuldor et morthor, puis-
sent s'écrire simplement, m et r, de sorte que la scansion de
l'hémistiche, serait alors : A2 (-'-' | -'X) et (-'û | - X) (1).
Le type B* (X'X-' | X-') ne figure pas dans la poésie de l'ancien
anglais, bien qu'on le trouve en vieux normand.
Le typeC\ sous les formes: (X'X-' | -'X, XXùX | -'X, XX-' | ÛX),
ne se rencontrent pas dans l'ancien anglais.
Le type D\ par contre, figure, mais presque exclusivement, dans
le premier hémistiche. Il a trois sous-types :
I. — D\ (-'X | -'XX) : side sâenàessas (Beow. 446) ; — âldres
ôrwëna (Beow. 2004) ; — avec résolution de la première arsis :
âetheling nnhydig (Beow. 5336) ; — plus fréquemment, avec réso-
lution de la seconde arsis : mâeton mèrestrâêta (Beow. 1026) ; —
avec résolution des deux arsis : lôceneléothosyrcan(Beow. 3012).
IL — D*2 (-'X | -'ùX) : mâere mèarcstàtha (Beow. 206) ; — èaldor
Èastdèna (Beow. 784) ; — avec résolution de la première arsis :
âethele ôrdfrùma (Beow. 526) ; — avec résolution de la seconde
arsis : môdges mèrefàran (Beow. 1004) ; — Beowulf malhelode
(Beow. 1010), etc.
III. _ d:s (-'X | ÙXX) n'offre point d'exemple.
[V. - D\(-'X | -'XX) est rare : grètte Gèata lèod (Beow. 1250);
— ihryfthlïc ihègna heath (Beow. 800) ; — avec résolution de la pre-
mière arsis : èaforan éllorslth (Beow. 4904) ; — avec résolution de
la seconde arsis : ylhthe èotena cy'n (Beow. 842) ; — avec résolution
de la syllabe à accent secondaire : win of wundorfàtum (Beow.
2326) ; — ce dernier type est modifié par l'anacruse : onginneth
gèomormôd (Beow. 4090) ; — et par l'anacruse avec thèse disylla-
bique dans le second pied : oferswâm thâ sioletha big ong (Beow .
4736).
1. Cf. Sievers, Altgerm. Metrik, § 85. 2.
RYTHMIQUE 713
Le type K' ne se présente pas, dans la poésie de l'ancien
anglais (1).
10
Les principes de l'allitération
[. Qualité de l'allitération. — C'est un principe essentiel de l'alli-
tération, que la correspondance des sons doit être exacte, et non
approximative. Un g doit allitérer avec un g, non avec un c ; un d
avec un d, et non avec un /, etc. 11 y a, toutefois, à cette règle l'excep-
tion suivante, qu'il n'y a aucune différence à faire entre c guttural
(comme dans cfdhe), et le c palatal (comme dans cèosari) ; — entre
g guttural (comme dans god), et g palatal (comme dans gierede),
même quand ce dernier représente le j germanique, comme dans
geong et gear. Une consonne suivie d'une voyelle, peut allitérer par
elle-même, suivie d'une autre consonne, ainsi : cûthe n'allitère pas
seulement avec des mots tels que cyning, mais avec des mots
comme craeft, cwellan ; et hus n'allitère pas seulement avec heofon,
mais avec hlèapan, hnaegan, etc. Le fait que différentes voyelles
telles que ï, ûetae, dans ïsig ond ûtfds aelhelinges faer (Beow. 66),
allitèrent ensemble, n'est qu'une apparente exception à la règle :
partout où une voyelle semble allitérer avec une h, on peut croire à
une corruption du texte, comme dans : ôretmecgas aefler haèlethum
fraegn (Beow. 664). Dans d'autres exemples où figurent des noms
étrangers commençant par A, on trouve encore de ces allitérations
irrégulières, comme Halo fer nus ânlyfigendes (Jud. 180) ; — en des
ouvrages moins anciens, tels que les Homélies dsElfric. on ren-
contre aussi l'allitération de 17/ avec une voyelle, non seulement
dans les noms étrangers, mais dans des substantifs proprement
anglo-saxons, comme dans ce vers :
and he âefre his fg'rde tham hâelende betaèhle
(/Elfr. Judges, 417).
Et l'A devant les consonnes, est négligée :
and hc hig âhrédde of ihâm vèthan hcowte,
(Mit Jud. 16).
2. Cf. Sievers. Altgerm. Metrik, § 15 et. 116, 9.
714 HYTinilnl I
on hwnm his glréngthwàes find his vtundorlîce ///>///.
(iàid. 306),
Il est essentiel de remarquer que les combinaisons s/, gc, sp ne
peuvent allitérer entre elles, ou avec des mots commençant par s,
non suivie d'une consonne, — mais st ne peut allitérer qu'avec .s7;
— se, qu'avec se ; — sp, qu'avec sp, ainsi : s para et scyld ; — stillan
et springan : — sae et styrman ne comptent pas pour des allitéra-
tions. L'illustration de la règle est manifeste, dans les lignes sui-
vantes :
hèt stream fare stillatt, star mas restart.
(An. 1578).
he Sbêttfthâ mid ham scg'lde, thaet se scéatt tobùerst
and thaet spére spféngde, thaet hit sprang ongean,
(Byrhtnoth. 136-7).
Par la suite, cette règle ne fut plus strictement observée. Dans
les Psaulmes, se allitère avec s ; et sco avec s, comme dans l'exem-
ple suivant :
hi hine him mmnuncga scêarthum strelum.
(Ps. LXIII, 4).
on thine tha swiihran, ond the ne scéatheth âenig.
(Ps. XC, 7).
Mais sp et st n'allitèrent pas ensemble, ou avec s. Dans yElfric,
toutes ces combinaisons de consonnes allitèrent indifféremment,
l'une avec l'autre, ou avec s, plus une autre consonne, ou avec Ys
simple Exemple :
with thdm the hêo beswtce Sâmson thone strdngan.
(Mit Judges. 308).
Parfois, dans Aïlfric, la lettre allitérante ne se rencontre pas au
commencement du mot :
and hè haefde hèora gewéald eailes twéntig gêara.
{ibid. 85).
Et l'allitération peut même tomber sur une particule non accen-
tuée, comme dans :
RYTHMIQUE 715
[ràm Ins (fêté&fatt and his ttë îùrsûwon (1).
(ièid.M).
II. Position des mots allitérants, — Des quatre syllabes accen-
tuées de la ligne, au moins deux, et généralement trois, doivent
commencer par un son allitéré, et cette allitération renforce encore
le lien qu'ont entre elles ces syllabes, en vertu de leur accent
rythmique et syntactique.
La position de ces sons allitérés dans la ligne, peut varier,
comme le nombre de ceux-ci. Les lois générales régissant la place
de l'allitération, sont les suivantes :
1° Dans le premier hémistiche, on doit rencontrer un son allitéré ;
deux sons de même nature peuvent y figurer ;
2° Dans le second hémistiche, le son allitérant doit tomber sur la
première des deux syllabes accentuées de cet hémistiche, et la
seconde syllabe accentuée dans le second hémistiche, ne contribue
en rien à l'allitération ;
3° Quand il y a trois sons allitérants dans toute la ligne, deux
d'entre eux doivent être dans le premier hémistiche ; un seulement,
dans le second. Exemples de lignes avec trois sons allitérants :
séoifa he yesétte simnan ond mônan
(Sat. 4).
ûfan ond titan him waes âeghwaer wâ.
(Sat. 342).
Des lignes avec deux sons allitérés seulement, — le premier pou-
vant se lier à l'une ou l'autre des syllabes accentuées du premier
hémistiche, — le second, se rapportant à la première syllabe accen-
tuée du second hémistiche — sont très communes :
hêafod èalra hêahgescèafta.
(Gen. 4).
hi hy'ne aetbaeron to brimes fârothe.
(Beow. 56).
Si le premier hémistiche ne contient qu'un son allitéré, cette alli-
tération tombe, en général, sur la moins longue des deux syllabes
accentuées de l'hémistiche, ordinairement, la première :
1. Cf. Dr. Arthur Brandeis, Die alliteration in JElfric's metrischen
Homilien, 1897.
"71<> RYTHHIQ1 I
on in If /es àeht îeôr gewttan.
(Beow. Si)
Dans le type A, la seule allitération du premier hémistiche tombe
fréquemment sur la seconde syllabe accentuée :
thà waes on bûrgum Bêowulf Scyldinga.
(Beow. lOfy
Dans les types C et I), la seule allitération de la première section
doit toujours tomber sur la première syllabe accentuée qui, dans
ces types, est moins longue que la seconde. Dans les types 13 et E,
l'allitération sur la seconde arsis, se reporterait trop près de la fin
de l'hémistiche, et pour cette raison, se présente rarement.
La double allitération dans le premier hémistiche, se rencontre
dans les cinq types, et surtout quand les deux syllabes accentuées
portent, Tune et l'autre, de forts accents. La double allitération est
donc plus rare dans C (X-' | -'X), où la première arsis l'emporte sur
la seconde, — et très fréquente, dans les hémistiches renforcés,
dans D, E, A2, et dans le type D* à cinq membres (1).
Une troisième forme d'allitération, quoique bien moins impor-
tante et moins fréquente que les deux précédentes, se produit quand
la seconde syllabe accentuée du second hémistiche, participe à
l'allitération, et s'ajoute à la première syllabe accentuée. Il y a alors
deux couples de sons allitérés, alternant entre eux, et répartis entre
les deux hémistiches. La forme la plus courante de cette double
allitération de toute la ligne, est représentée par le schéma : ab \ ab,
comme dans :
hwaet ! we Gârâéna in gêar&âgum.
(Beow. 1).
Scy'ldes éaferan Scédelandum in.
(Beow. 38).
hildewàethnum ond héalhowâedum.
(Beow. 78).
On la trouve représentée moins souvent par le schéma : ab \ ba :
thà wâeron mônige the gis mâeg wrîthon.
(Beow. 5964).
4. Sievers, Alt germ. Metrik, §20.
RYTHMIQUE 717
bwtlum for dugutke dôhtor Hrôtfigâres .
(Beow. 4040).
Les règles qui ont été énumérées, sont strictement observées dans
la poésie classique très ancienne ; avec le temps certaines licences
s'y sont introduites : 1° la seconde syllabe accentuée du second
hémistiche peut alors recevoir l'allitération, au lieu de la première
syllabe accentuée :
là s las légde olhthâet hé geUïedde.
(Gen. 2536).
2° Les deux syllabes accentuées du second hémistiche, allitèrent
avec une syllabe accentuée du premier hémistiche :
me sèndon to the sâemen snél/e.
(Byrhtnoth, 29).
M0 Les quatre syllabes accentuées de la ligne, allitèrent ensemble :
Gôdwine ond Gôdwig gûlhe ne gy'mdon.
(ibid. 192).
Dans la plupart des cas, la même lettre allitérante n'est pas
employée dans deux lignes successives, mais on trouve des exem-
ples, tels que :
thâ lobrâed Sâmson bêgen his èarmas
lhaet tha râthas tobiïrslon the he mid gebûnden waes .
CElf. Judg. 269).
Et même, trois lignes se suivant comme :
swy'lee he âUdde of îixum twâm
ond of îff hlâfum ïira cy'nnes
îif thûsendo ; îedan sàeton.
(An. 589).
Les mots non accentués peuvent commencer par la même lettre
que les mots accentués, portant l'allitération proprement dite :
ne hie huru bèofona bèlm berian ne cûthon.
(lîeow. 464).
L'un des mots non accentués peut commencer par la même lettre
qu'un mot accentué qui n'allitère pas. Exemple :
718 H VI II. Mini I.
thael I ram \\àm gefràègn Wu/elâces bègn.
(Beow. 388).
On rencontre encore dans la très ancienne poésie anglaise, des
vers sans allitération, tels que :
he hèlpeth thearfan swy'lce êac waèdlan.
(B. LXXI, 13).
111. L'allitération dans ses rapports arec les parties dn discours, et,
avec V ordre des mots. — L'allitération et toute la structure de la
ligne allitéréé, dépendent et de l'accent étymologique des mots
simples, et de l'accent syntactique que portent ces mots, dans leurs
rapports respectifs. Et de même que la syllabe accentuée d'un mot
simple, peut participer à l'allitération, ainsi ces mots eux-mêmes
peuvent-ils y contribuer, quand ils tiennent dans la phrase une
place essentielle, et qu'ils sont fortement accentués.
On trouve, en général, une certaine gradation d'accent parmi les
mots accentués, que leur importance propre place parmi les pre-
miers de la phrase.
On peut, dès lors, poser les deux principes généraux suivants :
1° si la valeur syntactique des deux syllabes accentuées de l'hémi-
stiche n'est pas égale, en ce cas, le mot portant le plus fort accent
des deux, est choisi pour allitérer : dans le second hémistiche,
c'est toujours le premier mot accentué ; dans le premier hémistiche,
c'est généralement le premier mot accentué, quoique le second mot
accentué, puisse également allitérer; — 2° si les deux syllabes
accentuées de la section sont d'égale valeur syntactique, alors la
première allitère, et quand la double allitération est permise, la
seconde peut aussi allitérer.
Les différentes catégories grammaticales de mots, se comportent
de la façon suivante, par rapport à l'allitération.
Les noms, adjectifs, infinitifs, participes des verbes, portent le
plus fort accent, de tous les mots de la phrase. Par conséquent, un
nom l'emporte sur les autres parties de la phrase dans laquelle il se
présente, et reçoit l'allitération :
ne in thâ céastre becûmah mèahte.
(An. 931).
hire thâ M dam &ndswdrode .
(Gen. 827).
RV TIIMltjl I 7IÎ*
Si deux noms figurent clans le même hémistiche, c'est toujours le
premier qui allitère :
Un sa si1 /est. Waes sco \\wil micel.
(lîeow. 292).
lange luoïle. Mm waesYifJrra.
(Beow. 32).
sçéotiyum ondéa/dum, swylc him gôd séalde.
(lieow. 144).
Quand un nom et deux adjectifs, ou deux noms et un adjectif se
rencontrent dans le même hémistiche, l'un d'eux est toujours subor-
donné à l'autre, et tous deux sont traités, comme une combinaison.
En pareil cas, quand il y a double allitération dans l'hémistiche, la
place des mots allitérants peut être, ou : a a x; ou : ax a ; l'élément
subordonné, (x), figurant à la dernière, ou à la seconde place de
l'hémistiche :
hèorht héacen Godes hrimu swâlhredon.
(Beow. 1140).
[ivèlf winira lid tôrn gelhôlode.
(Beow. 294).
En cas de simple allitération, c'est toujours le premier des noms
ou adjectifs, qui allitère.
Le verbe (l'infinitif et les participes exceptés) est, généralement,
moins fortement accentué que le nom. Il peut, dès lors, précéder ou
suivre, le nom ou l'adjectif sans allitération, soit dans l'arsis, ou
dans la thèse :
lêt se héarda Wigelâces thègn.
(Beow. 5954).
him thâ Scy'ld gewât 10 gesedeth-hwile.
(Beow. 52).
gevàt Ihâ twélfa sâm tôrne gebôlhen.
(Beow. 4802).
D'autre part, quand un hémistiche est composé seulement d'un
nom et d'un verbe, le verbe peut allitérer :
gôdnc gegy 'rwau cwaeifi hc gulk-cy'ning.
(Beow. 398).
720 RYTHMIQUE
hwètton higerôfne hàel scèaivedon .
(Beow. 408;.
Quand un substantif et un adjectif sont en conjonction, un verbe
peut àllitérer dans le même hémistiche :
by'reth blôdiy wael, hyryean théncelh .
(Beow. 896).
séofon niht éivûncoh ; hé thè ael sûnde ofèrflàt.
(Beow. 1034).
Dans les groupes se composant d'un nom et d'un verbe, le nom
l'emporte sur le verbe, et reçoit l'allitération :
wérodes w?s« wôrdhord onléac.
(Beow. 518).
Mais si le verbe est long, il peut àllitérer, bien qu'il y ait un nom
dans le même hémistiche. Ce cas se présente surtout dans le second
hémistiche :
ondbe héalse genâm; hràron him tèaras.
(Beow. 3744).
gry'relicne gist. Gyrede hine Beowulf.
{Ibid. 2882).
On ne rencontre que peu d'exemples, dans le premier hémis-
tiche.
gemânde thâ se goda mâey Higelâces,
(Beow. 1516).
Quand l'un des deux verbes dans l'hémistiche est subordonné à
l'autre verbe, c'est le premier ayant l'accent plus fort, qui alli-
tère :
my'nte thaethê gedàelde âer thon àâeg cwome.
(Beow. 1462).
Si les deux verbes sont coordonnés, le premier allitère :
wôrolde lifes : wyrce se the mote.
(Beow. 2774).
Dans le premier hémistiche, les deux verbes allitèrent générale-
ment :
sèomade ond sy'rede sinriihtè héold.
(Beow. 322).
RYTHMIQUE 721
I .'adverbe. — Les adverbes marquant le degré comme, micle,
swilhe, fui. etc., se rencontrent généralement dans la thèse, et
même s'ils se trouvent dans l'arsis, ils n'allitèrent pas d'habitude :
ôftor micie thoune on àennesith,
(Beow. 3.10).
Quand les adverbes de ce genre ont, dans la phrase, une valeur
particulière, ils peuvent, néanmoins allitérer :
èfneswâ micleswâ bith màegtha craeft.
Beow. 25(58).
ac hé is snél and swithe lèoht.
(Phoen. 317).
Les adverbes modifiant le sens du mot qui les précèdent, allitè-
rent :
àèscholt a fan grâeg : waes se îren threat.
(Beow. 660).
Les prépositions adverbiales précédant le verbe, allitèrent :
hêt ihâ ûp oêran Aethelinga geslréon.
(Beow. 3840).
mais non, lorsqu'ils suivent le verbe :
Gêat waes glâedmôd, géong sôna tô.
(Beow. 2570).
Les adverbes dérivés de noms, sont plus fortement accentués que
le verbe, et, par conséquent, allitèrent :
âlégdon thâ lômiddes mâerne ihêoden.
Les pronoms, — et les adjectifs pronominaux lels que monig, eall,
fêla, sont habituellement enclitiques, et précèdent ou suivent le nom,
sans allitérer :
manigu othru gesceaft éfnswîthe him.
(Metr. XI, 44).
ealne middangéard ôth mères trêamas.
(Dan. 503).
fêla ic ménna gefrâegn mâegthum wèaldan.
(Wid.10).
46
722 RYTHMIQUE
Avec un accent particulièrement marqué, ils peuvent allitérer,
même s'ils précèdent un nom :
on thàem dàege \hysses lïfrs.
(Beow. 394).
Le pronom self, et les pronoms composés du préfixe âé (âêghwâ,
âèghwylc .) sont généralement accentués, etallitèrent, s'ils forment
la première arsis de l'hémistiche :
se Iran gesôhte thàem the him se I fa deah.
Beow. 3680).
hnefde àeghwaether hide ge fired..
(Beow. 5690).
Les prépositions, conjonctions, participes ne sont pas accentués,
en règle générale, mais les prépositions qui sont suivies d'un pro-
nom enclitique, prennent l'accent et allitèrent :
éaldum éarne and kefler thi'm .
(Phoen. 238).
nis under mi' âenig other.
(Riddle XII, 86).
11 y a de l'incertitude sur le point de savoir si les mots de cette
catégorie, se trouvant dans la première arsis du premier hémisti-
che, à côté d'un autre mot, allitérant, devaient allitérer également :
il est probable qu'il en devait être ainsi. Exemple :
mid thy mâestan maégen thrymme cymeth.
(Crist. 1009).
Ces lois d'accentuation ne sont strictement observées que dans la
très ancienne poésie : à la fin du xe siècle, dans Byrhtnoth, dans les
Mètres de Boèce, et les Baumes, elles sont fréquemment violées.
H
Combinaisons et rapports du vers et de la phrase
Les règles qui suivent sont observées dans la répartition de la
phrase ou des parties de celle-ci, entre les hémistiches du vers. Qn
RYTHMIQUE 7*2)1
rencontre deux pauses distinctes dans chaque ligne allitérée : l'une
— communément appelée césure, — entre le premier et le second
hémistiche ; — l'autre, à la fin de la ligne. Et ces pauses sont déter-
minées par la construction syn tactique, c'est-à-dire qu'elles coïnci-
dent avec la fin d'un membre de phrase de moindre valeur. L'hémis-
tiche doit renfermer les parties de la phrase qui se rapportent
étroitement l'une à l'autre : et ces parties unies, telles qu'un pro-
nom et le nom auquel il se rapporte, -- ou un adverbe avec un
adjectif, ne doivent pas être séparés l'un de l'autre par la césure, —
à moins que le pronom ou l'adverbe ne soit placé dans la seconde
arsis de l'hémistiche :
wy'rd aefter t/iissum wôrdgeméarcum.
(Gen. 2355).
gif ge willath minre vaihte gelcfan.
(Sat. 251).
Dans Beowulf, la séparation de mots étroitement liés n'est per-
mise, que si le mot se trouvant dans Farsis, allitère en même temps.
De plus longues parties d'une phrase peuvent être séparées et par la
césure, et par la pause, à la fin de la ligne.
Le rapport syntactique entre les parties d'une phrase morcelée,
contrihue à faire ressortir l'unité des parties qui la composent, et
quand cette division se produit à la césure, entre les deux moitiés
du vers, l'allitération commune au deux hémistiches met encore cette
unité en plus grand relief.
Les lignes simples allitérées se relient l'une à l'autre, par la cou-
tume de terminer la phrase, non à la fin d'une ligne complète, mais
à la fin du premier hémistiche ou au milieu de la ligne, — et de com-
mencer une nouvelle phrase, avec le second hémistiche. La grande
variété des expressions et la paraphrase propres à la poésie de l'an-
cien anglais, contribuent à rendre faciles, dans la ligne, de telles cou-
pures.
En résumé, il demeure certain que dans la poésie de l'ancien
anglais, les membres métriques et syntactiques coïncident parfois,
mais qu'en d'autres endroits, ils n'ont entre eux aucun rapport, et
qu'au demeurant, il est difficile de formuler une règle déduite de cas
aussi divers et incertains (t).
1. Cf. Rieger, All-uudA/t,f/e/.sachsisc/ie Verskunut, p. 18.
724 RYTHMIQUE
12
Le vers allongé
Kn dehors de la ligne normale à quatre temps (avec doux mesu-
res à chaque hémistiche), il va en ancien anglais et en vieux saxon,
une autre variété, la ligne allongée (schwellvers), avec trois mesures
dans chaque hémistiche Ces vers se rencontrent dans presque tous
les poèmes de l'ancien anglais, soit isolés, ou plus souvent, par
groupes, et parfois on trouve des lignes avecun hémistiche de deux
mesures, et le second hémistiche de trois mesures :
pistes dûgethum thàera the mid gares ôrde.
(Gen. 1522).
ou avec un hémistiche allongé de Irois mesures, et un hémistiche
normal de deux mesures.
bâeron brândas on bryne blâcan fy'res
(Dan. 246) (1).
Dans les Psaumes et dans Juliana de Cynewulf, ces vers font tota-
lement défaut. Dans Elene de Cynewulf sur 1321 vers, il n'y a que
quatorze lignes allongées, et trois hémistiches allongés. Des exem-
ples de groupements de ces vers allongés se trouvent dans Gen., 44-
46, 1015-1019, 2167-2169, 2854-2858; Exodus, 569-573; Dan. 59-
106, 203-205, 226-228, 238-246, 262-271, 435-438, 441, 448,
452-458 ; Judith, 2-12, 16-21, 30-34, 54-61, 63-68, 88-99, 272-274,
289-291, 338-349; Satan, 202, 232, 237, 605 ; Crist, 621, 889, 922,
1050, 1382-1386.
Des vers moins allongés se rencontrent dans Salomon et Saturne, et
dans la Genèse : ils ont généralement de longues thèses de quatre
ou cinq syllabes non accentuées, après la première syllabe accen-
tuée :
henné haefde hè swd sunthne geworhtne.
(Gen. 252).
1. Cf. Sievers, Paul Braunes Beitraye, MI, 455: Luick, XIII, 389;
XV, 441 ; Kauffniann, XV, 360 ; Sievers, Altgerm. Metr., %% 88-96.
M i unique 725
lis présentent également do longues anacruses, devant la première
syllabe accentuée :
tfiai't wè htm on ihâm lande làth gefrèmedon.
(Gen. 392) (1).
Il n'est pas toujours possible d'établir une distinction bien nette
entre les lignes régulières avec premières tbèses longues, et les lignes
allongées. Le mouvement et le rythme seuls, permettent de dire si
l'on est en présence d'une ligne normale ou allongée. La ligne allon-
gée est d'usage dans les passages, où le sens commande un rythme
lent et solennel: quand, au contraire, l'allure du morceau est plus
vive, on peut reconnaître en celui-ci, une ligne normale à quatre
temps, avec une longue anacruse, ou une thèse polysyllabique au
milieu de l'hémistiche. La caractéristique d'exemples définitifs de
vers allongés, réside en ceci que dans chaque hémistiche, on trouve
trois temps et trois pieds d'égale valeur métrique. Mais, de même
que dans l'hémistiche habituel à deux temps de la ligne normale,
les deux mesures ne sont pas nécessairement égales, de même dans
l'hémistiche à trois temps, les trois mesures ne sont-elles pas tou-
jours de même degré, et la place de la mesure la plus forte n'est pas
toujours la même dans les deux hémistiches. Les mesures accom-
pagnées d'allitération, sont généralement plus fortes que celles qui
en sont dépourvues. En ce qui touche à l'emploi de l'allitération et
à la structure de l'hémistiche, la ligne allongée se rapproche fort de
la ligne normale.
Allitération. — I. Le premier hémistiche a communément, deux
sons allitérés qui tombent, en règle générale, sur la première et la
seconde mesures :
ge$èoth sôrga m/teste.
(Crist. 1209).
plus rarement, sur la seconde et la troisième mesures :
louer on hyra râedas ri ce.
(Dan. 497).
Quelquefois, sur la première et la troisième mesures :
Vif her méu forUosalh.
(Rhyming Poem. 56).
1. Cf. Siovers. Beitrage, XU, 479.
72() RYTHMIQUE
Çà et là, se rencontrent des hémistiches avec trois allitéra-
tions :
del bith sfi the him drihten ne ondràedeth.
(Seafarer. 100).
thy' sceal on ihêode gelhèon.
(Gnom. Ex. 50).
et par ailleurs, avec une seule allitération, et dans ce dernier cas,
l'allitération tombe plus rarement sur la première mesure :
cy'nîng sceal rtce hèaldan ceâstra bcoth feorran gesyne.
(Gnom. Ex. 1).
que sur la seconde :
thaet se wâere mihta se the hie ofthâm mirce, genérede.
(Dan. 448).
II. Dans le second hémistiche, le son allitéré principal tombe
généralement sur la seconde syllabe accentuée, et seulement, par
exception, sur la première syllabe accentuée, comme dans :
sty'ran sceal mon strongum mode. Stôrmoft hôlm gebringeth .
(Gnom. Ex. 51).
13
L'origine et la structure du vers allongé
D'après sa rareté relative et son usage spécial, la ligne allongée
paraît dériver de la ligne normale à quatre temps. Deux explications
ont été données de son origine et de son développement. La pre-
mière, est celle de Sievers (1.) : selon cet auteur, un pied ou une
mesure du type : (-' c'est-à-dire, une syllabe accentuée, plus x
syllabes non accentuées) fut joint à l'un des cinq types normaux :
d'où (-'X) joint à A, connerait le schéma : (-'X | -'X-'X), — et
( - X) joint à B, domnerait encore (-'X | X-'X-'). L'autre théorie,
soutenue par Luick (2) ; veut prouver que l'hémistiche allongé est
. Bei tr age, XII, 458.
2. Ibid., XIII, 388; XV, 445.
Kl rBMIQUE 7*£7
dû à une corruption de plusieurs types normaux. L'hémistiche
débute, par le commencement d'un des types normaux A, B, C ;
puis, avec la seconde syllabe accentuée, succède un autre type qui
se poursuit, comme si le poète1 avait jugé que le premier mode
adopté par lui, était insuffisant à rendre sa pensée.
Le tableau suivant résume les modifications principales des deux
types normaux, en types allongés à trois temps :
donnant
donnant
donnant
donnant
donnant :
donnant
A(-'X-'X)
+ C(X-'-'X)
AC : (-'X-'-'X);
A(-'X-'X) '
+ D (-'-'XX)
AD :(- X-'-'X X);
B(X-'X-')
+ C (X-'-'X)
BC :(X-' X-'-'X);
B(X-'X-')
+ A (-'X-'X)
BA(X-'^-'X-'X);
C(X-'-'X)
+ A (-'X-'X)
CA(X-'-'X-'X);
A(-'X-'X)
+ A (-'X-'X)
AA(-'X-'X-'X).
Il semble qu'avec le savant professeur Sievers(l), on puisse recon-
naître cette théorie comme la plus ingénieuse, pour mettre en valeur
les variétés de structure du vers allongé .
Il convient de citer, dans cette étude, les types les plus fréquents
du vers allongé.
1. Cf. Sievers, Altger. Metrik, §94, 3, 95.
728 RYTHMIQUE
Parmi ceux ci, vient en première ligne, le type A A (525 exem-
ple)-(-' X....X-'.-'X,) :
wéaxon wêlebrÔgan.Hâefdan hie wrôhtgettme .
(Gen.45).
ou avec résolution de la première syllabe accentuée, dans le premier
hémistiche :
sûnu mid swèordes écge
(Gen. 2857).
et dans le second hémistiche :
Ula bilh îy'rwet-gèornra,
(Gnom.Ex. 102);
avec résolution de la seconde syllabe accentuée, dans le second
hémistiche :
Mer thû thôlades si th than.
(Grist. 1410).
ou de chacune des trois syllabes accentuées, dans le second hémisti-
che :
hy're times îâeder on rôder um.
(Jud. 5).
La principale variation de ce type provient de l'allongement de la
première thèse, qui peut aller de une à six syllabes. Et les résolu-
tions habituelles, se présentent en même temps. Type ordinaire :
(-'XX || -'X | -'X) très fréquent :
grimme with gôd gesômnod.
(Gen. 46;;
avec résolution de la première syllabe accentuée ;
râced ofer réadum gôlde.
(Gen. 2404) ;
avec résolution des deux dernières syllabes accentuées :
snude thâ snoteran idese.
(Jud. 55).
Type avec thèse trisyllabique : (-'XXX||-'X I -'X.) :
meda syndon micla thina.
(Gen. 2167) ;
RYTHMIQUE 729
avec résolution de la première syllabe accentuée :
witon fuira hyht mid dry' ht en.
(Gû. 61).
thèse de quatre à six syllabes : (-'X.... Il -'X | -'X) :
àeleth hy mid thy énldan lige.
(Crist. 1547).
si th than h<~' haefde his gâst onsénded.
(Cross. 49).
hêtre him wâere ihaet hê brôthor âhte.
(Gnom. Ex. 175).
Le second pied renferme moins fréquemment, deux syllabes non
accentuées, et en ce cas, le premier pied a une, ou parfois deux syl-
labes non accentuées :
I. (-'X||-'XX|-'X).
II. — (-'XX II -'XX | -'X).
Exemples :
1 . swâ thû A' bêle tour de.
(Gen. 1019);
avec résolution de la première arsis :
sigor and sôthne gèlêafan.
(Jud.89).
2. — rinça tô vûne gegângan.
(Jud. 54),
Le type A2A (-'X'-'X-'X) qui est le type A A avec l'accent secon-
daire sur la première thèse, se rencontre vingt fois, selon Sievers, et
toujours dans le premier bémistiche. Exemples :
wâerfàest wïllan mines.
(Gen. 2168);
avec résolution de la dernière arsis :
ihèarlmod theoden g amena.
(Jud. 66) ;
avec seconde thèse disyllabique :
ïrèobèarn îâethmum bethèahte.
(Gen. 2867).
730 RYTHMIQUE
Le type A*A, (-'.X X ! -'X. ! -'X) qui est le type A A renforcé avec
première thèse disyllabique, est presque aussi commun que le type
A2A, et se rencontre toujours dans le premier hémistiche :
ârléas of tarde thtnum.
(rien. 1019):
béalo fùl his bêddes nèosan.
(Jud. 63) ;
avec première thèse trisyllabique :
hrêohmôd waessê hâethena tht-oden.
(Dan. 242).
Le type AB, (-'X -'X.-') offre une trentaine d'exemples envi-
ron, d'égale répartition entre le premier et le second hémistiche :
êorthân y'thum thèaht.
(Bidd. XVII, 3) ;
wâesceth his wârîg hrâegl.
(Gnom. Ex. 99).
Le type AC, (-'X -'-'X) se rencontre vingt-neuf fois, et sur
celles-ci, plus de la moitié figurent dans le premier hémistiche :
hrincg thaeshéan landes.
(Gen. 2854);
w litige tô wôruldny'tte.
(Gen. 1016).
Le type AD, (-'X. .-'-'IX), est plus rare, et se présente près de
vingt fois, mais seulement dans le premier hémistiche :
bêalde byrnwiggènde.
(Jud. 17);
Jfidas hire ongên thing ode.
(El. 609).
Le type AE, (-'X. .-'XX.-') est relativement plus commun que le
précédent, et figure dans les deux hémistiches:
swéord and swâtigne hélm.
(Jud. 338);
sâegde him ûntytel spell.
(Gen. 2405).
RYTHMIQUE 731
Le type HA, (X.-'X. . .-'X.-'XJ, se présente 120 fois, et sous sa
forme la plus simple, représentée par le schéma, (X-'X-'X-'X) :
âlàeton \tges gang a.
(Dan. 263);
avec thèse disyllabique, après la première arsis (X-'XX-'X-'X) :
âwyrged l<~> wïthan àldre.
(Gen. 1015);
avec thèse trisyllabique (X-'XXX-'X-'X) :
h g [ivt'gen seen Inn tàêfle gmbsittan.
(Gnom. Ex. 182).
La thèse initiale est rarement disyllabique.
Le type BB, (X.-'X. . .-'X.-') est rencontré environ neuf fois, et la
plupart du temps, dans le premier hémistiche :
gebidan thaes hê gebaedan ne mâeg.
(Gnom. Ex. 105) ;
avec résolution de deux syllabes accentuées :
ofertûmen bith hé her hê âcwéle.
Gnom. Ex. 114).
Le type BC, (X. .-'X. . .-'-' X), aussi commun que le précédent,
figure presque toujours dans le premier hémistiche :
and nâhle èaldfêondum.
(Dan. 454);
begôten of thaes gûman sidan.
(Cross. 49).
Le type BD, (X-'.X. . .-'XX), se rencontre à peu près seize fois,
et dans l'un ou l'autre hémistiche :
on éorthan ûnswàeslicne.
(Jud. 65) ;
aXèdon hie timer limwèrigne.
(Cross. 63).
Le type CA, (X-' -'X.-'X) est représenté par quinze exemples, dont
huit, dans le premier hémistiche :
gesf'oth %ôrga màesie.
(Crist. 1209);
732 RYTHMJQI K
t<> i.\màl<> uni h ta par/////
(Dan. 220j
Le type CC, (X ..-'-'ÙX), n'est relevé que neuf fois, et six fois,
dans le second hémistiche :
t/iael urnes %pd àelmihtig.
(Cross. 390i;
avec résolution de la première syllabe accentuée :
ne se hri/ne bèotmâecgum.
(Dan 205).
thê thaet wèorc siâtholâde.
(And. 800).
Sievers (Allgerm Metrik, § 95, 90), cite encore quelques hémis-
tiches allongés, à quatre temps, parmi lesquels :
engel in thone ôfn innan ôecwôm.
(Dan. 238).
14
Formation des stances et de la rime
La poésie de l'ancien anglais est toute narrative, et l'on n'y trouve
aucun rudiment de stance, ou de strophe. Des traces de combinai-
sons de lignes, pour former une stance, se rencontrent, çà et là, dans
Dcor, le poème runique, les Psaulmes, les Hymnes, les vers Gno-
mique, X Exeter Book, — toutes tentatives qui rappellent les tirades
du vieux français.
D'un autre côté, la fin rimée de deux hémistiches, combinée avec
l'allitération, n'est pas très rare, quoiqu'elle semble, quand on la
rencontre, un ornement accessoire :
îylle gef argon ; îaégere gethargon.
(Beow. 2028) ;
wârd-gyd wrécan ond ymb wér sprècan.
(Beow. 0344) ;
Hrothgâr ma the Iode, hilt sceau) ode.
(Bow. 3374). .
RYTHMIQUE 1X1
Dans le Poème Rimant et VKreter Book, on relève S7 lignes dans
lesquelles, le premier et le second hémistiches riment, entièrement :
(Elene, v. 114-115, 1237-1251) ; (Crist, v. 591-595) ; (And., 869-
N7I . 890) ; (Gûtol., 801); Phœn., 15-16, 54-55). Souvent l'assonance
est jointe à la rime parfaite, comme dans : (Giithl.,802; Phœn. ,53).
Ces exemples suffisent à établir l'usage de la rime qui sert à accen-
tuer le mouvement lyrique d'un passage.
Des rimes monosyllabiques telles que nân : tân (llhym. Poem. 78) ;
rad : gebàd (ib. 16) , onlàh : onwràh (ib. 1) sont dénommées mascu-
lines. Et les rimes disyllabiques, comme wôngum : gôngum (ib. 7) ;
gèngdon : mèngdon (ib. 11); — ou trisyllabiques, comme hlynede :
dynede (ib. 28); sioinsade : minsade (ib. 29); bifade : fdifade
(ib. 30), sont appelées féminines.
Selon leur position dans l'hémistiche, les rimes rentrent dans deux
catégories : a. les rimes intérieures, comme hônd rond ; gef êng
(Jieow. 5218) ; slïlhmôth; gestôd (Beow.5134); — dans des composés
tels que : wùrd-hôrd onteac (Beow. 518) ; — thâ waes sâel and mâel
(Beow. 2016) ; — wôrdum and bôrdum (El. 24) ; — grund ond sund
(And. 747) ; — et dans les rimes, dites grammaticales : lâth with
lâthum (Beow. 880) ; — bèarn aefter béa me (G en. 1070) ; — b. les
rimes de section, joignant les deux moitiés d'une ligne :
sécgas mec saégon symbel ne âlàegon.
(Khym. P. 5).
Et parfois dans le Poème Rimant, se trouvent deux, trois ou
quatre lignes allitérées, unies entre elles de cette façon.
Les rimes finales de l'ancien anglais sont, ou des rimes complètes,
telles que : hond-rond; gefâegon ; gethàegon : — ou des assonances,
dans lesquelles les voyelles seules, se correspondent : ioaef-laes
(El. 1238); — wrâthum ; arum (Crist. 595) ; — lâfodon ; wiïnedon
(And. 870). Et ces assonances ne sont pas dues au hasard, en ce
qu'elles se présentent, jointes à des rimes parfaites.
BEOWULF
ÉLÉMENT DE GRAMMAIRE ANGLO-SAXONNE
GRAMMAIRE
INTRODUCTION (1
I
On comprend, sous la dénomination d'ancien anglais, la langue
parlée par les habitants germaniques de l'Angleterre, depuis leur
premier établissement, jusqu'au milieu ou vers la fin du xie siècle.
La langue qui se différencie de la précédente, à partir de cette
époque, par la corruption successive des formes infléchies et l'intro-
duction d'éléments français, est qualifiée d'anglais moyen.
L'ancien anglais forme une branche dépendante de l'allemand de
l'ouest, langue cohérente et définitive dont procédèrent, par la suite,
l'ancien anglais, le frison, le vieux saxon, le dialecte franc, et le
haut allemand. L'ancien anglais est apparenté au frison, mais plus
encore au vieux saxon. Dans les premiers manuscrits de l'ancien
anglais, on peut distinguer nettement la coexistence de dialectes
variés. Le principal de ceux-ci, est celui du Northumberland, dans
le nord; le mercien, à l'intérieur du pays; le saxon, dans le sud ; et
le dialecte de Kent, dans l'extrême sud-est.
Le dialecte du Northumberland et le mercien forment tous deux
1. Cette étude est faite d'après la grammaire de l'ancien anglais
d'Eduard Sievers, dont le professeur A. S. Cook a donné l'excellente tra-
duction anglaise, et les ouvrages cités dans la bibliographie grammati-
cale sur ces matières.
47
71*8
ii H A M. MA I UK
le groupe angle. Le saxon esl surtout nettement représenté dans
le Wessex, comté saxon, situé le plus à l'ouest, de sorte que le saxon
cie l'ouest a été regardé comme le type le plus représentatif des
dialectes saxons. Le langage de la troisième tribu, des Jutes, figure
comme dialecte de Kent. Ainsi les divisions des Angles, des Saxons
et des Jutes par tribus, se retrouvent parallèlement en linguistique,
dans les dialectes angles, saxons, et de Kent.
Les principales caractéristiques du saxon de l'ouest sont : la
représentation du type allemand a par ae ; la distinction entre
ea et eo ; la perte première du son oe, et le remplacement de la
finale — u ; — o de la première personne au singulier, du présent
indéfini par — e.
Dans le saxon primitif de l'ouest, l'infléchissement (umlaut) de
ea, eo devient ic, et plus tard, iy. Le dialecte du Northumberland
a des tendances accentuées à l'élision de Yn final, et à la conversion
de we en woe, et de toeo en wo. En ces périodes primitives, les
inflexions étaient sans règles déterminées : on remarque, cependant,
la formation fréquente de la troisième personne au singulier du
présent indéfini, et de tous les cas au pluriel, en — s au lieu de
— th. L'observation qu'on peut faire sur le fait le plus ancien qui
se soit produit en dialecte de Kent, porte sur la vocalisation de g
en i. La substitution de Ye à Yy fut de date moins reculée.
Il
Alphabet et prononciation
L'alphabet de l'ancien anglais est l'alphabet des latins, modifié
par les scribes anglais. Les lettres f, g, r, s diffèrent souvent de
leur forme usuelles. En sus des lettres latines, il y avait les carac-
tères ///, tk, w, empruntés à l'alphabet runique.
Des éditions anglaises de textes de l'ancien anglais ont souvent
été imprimées, à l'imitation des caractères des manuscrits (Cf. les
ouvrages de B. Thorpe); mais aujourd'hui, et depuis Kemble, les
lettres romaines ont été généralement adoptées, en leur ajoutant le
caractère runique ///, et parfois, le 3 de l'ancien anglais est encore
employé pour représenter le g.
GRAMMAIRE 739
On se base, clans la critique, pour déterminer la dale de la pro-
nonciation de ces lettres, sur la prononciation traditionnelle du
latin, en Angleterre, aux environs du vir3 siècle. D'autre pari, il
convient de prendre en considération des influences celtiques « | u i se
sont manifestées, et de tenir compte, en précisant les règles de la
prononciation, des variations d'orthographe, et des changements
phonétiques et grammaticaux de l'ancien anglais lui-même, qui a
varié au cours des siècles, et dans les différents pays. Les règles de
prononciation des lettres de ces dialectes demeurent surtout intéres-
santes, lorsque celles-ci diffèrent, comme prononciation, des lettres
latines correspondantes.
PHONOLOGIE
PREMIERE PARTIE
LES VOYELLES
I. — Caractères généraux
Les voyelles de l'ancien sont désignées par les six caractères sim-
ples, a, e, i, o, u, y, par la liaison se, et par les digraphes, oe, ea
(ia), eo, io, ie (rarement au, ai, ei, oi, ui, et dans les plus anciens
textes, en, lu). Ces derniers, du reste, à l'exception de oe, oi, ui, et
quelquefois de eo, ont la valeur de diphtongues.
Au point de vue de l'articulation, a, o, u sont des voyelles guttu-
rales, alors que se, e, i. œ, y sont palatales, et généralement, les
diphtongues commencent par un son palatal.
II. — Quantité
Toutes ces voyelles, en comprenant les diphtongues avec elles,
ont une quantité et brève, et longue. La longueur est parfois
indiquée, et plus particulièrement dans les très anciens manuscrits,
et dans les monosyllabes également, par la gemination du simple
signe de la voyelle, — yy, sans doute : aa, ôreer, miin,doom, /mus.
D'autre part, les liaisons et les diphtongues ne sont jamais gémi-
nées. Par la suite, la longueur est marquée par un accent aigu sur
le signe de la voyelle, ou sur la combinaison de lettres : â, brèr,
min, déni, luis, mys, saé, ôethel ou oèlhel, éac ou eâc, tréowe ou
treôwe, etc., bien que l'emploi de cet accent soit variable, et échappe
GRAMMAIRE 7il
à des règles iixes. Dans la présente élude, — et quoique eet usage
soit contraire aux origines allemandes des dialectes, — la longueur
sera désignée par le signe ordinaire, le macron :
a se e i o œ u v
a ae •' i o te u v
Les voyelles de certaines syllabes dérivées et finales, qui étaient
longues à l'origine, paraissent ne pas avoir gardé ce caractère en
ancien anglais : toute voyelle d'une syllabe dérivée ou finale, doit
donc être regardée comme brève.
LES VOYELLES DU SAXON DE L OUEST
I. — Les voyelles des syllabes accentuées
1 . — Simples voyelles
L'a bref est relativement rare : il fait presque toujours défaut
devant les nasales, et on ne le rencontre pas dans les syllabes étroi-
tement liées. Les exceptions à cette règle, sont rares : habban,
nabban ; crabba ; hnappian ; lappa ; appla ; masce, maxe ; wascan,
waxan ; wrastlian, wraxlian ; brasllian ; les mots latins : abbud
(anglais abbot) ; arc (arcus, ark) ; sacc {sack) ; trahtian {treat). Même
dans les syllabes ouvertes, la présence de la, dépend en partie de
l'influence du mot suivant.
L'a long se rencontre fréquemment, et devant toutes les con-
sonnes, dans les syllabes ouvertes ou fermées : hdtati; gâst; bân ;
bânum; — et dans les mots d'origine latine, comme : sâcerd,
ctîlend, mâgisler {sacerdos, calendae, magister).
as
Vae bref est un son de voyelle, caractéristique de l'ancien anglais,
on le rencontre surtout dans les syllabes fermées : daeg (day) ; faet
(vat) ; saet (sat).
742 liRAMMAIlŒ
L'ae bref manque devant les nasales, le //>, 17/ terminant une syl-
labe ; devant Yn précédant une consonne, et en saxon de l'ouest,
devant 17 suivie d'une consonne.
Vae long semble avoir, en général, la prononciation de Va ger-
main, long. L'origine, d'«e long est variable, et procède :
1° de l'/'-umlaut de l'ancien anglais : à — l'allemand gothique ai,
comme dans lâèran, gothique : iaisjan, de l'ancien anglais : lâr : —
stâênen, de sldn ;
2° du germain âê (gothique ê), comme dans bôcron; — mâcg
(gothique bêrun, mëgs) ;
3° du latin <ly comme dans strâêt ;
4° du changement de quantité de Vae bref, comme dans sàcde, au
lieu de saegde.
6
he bref est l'un des sons les plus communs en ancien anglais. Les
origines de cette voyelle sont diverses :
1° En son premier état, elle correspondrait à l'ancien saxon et à
l'ancien haut allemand è', et au gothique i, comme dans slelan,
(steal), slëlan (gothique : stilan) ;
2° Elle dériverait de Ye umlaut, d7-umlaut d'à, ou plus exacte-
ment d'é/e, comme dans settan (gothique : saljari) ; — ou d'/'-umlaut
d'o, comme dans exen, d'ara (ox).
L'e long correspond :
1° à l'allemand ê (haut allemand ancien eay ta), comme dans hêr
{here) ;
2° à /-umlaut d'à ;
3° à i-umlaut d'm ;
4° à une forme occasionnelle d'ae.
i
En saxon de l'ouest, i présente deux sons : le premier très pur,
qui ne prend le son de Yy que dans les documents les plus récents ;
le second, dérivé d'une diphtongue ie, /o, fut assimilé plus tôt que
le précédent, à la prononciation de Vif. On distingue ces deux sons,
par stable ou instable.
«iHAMM \ I 111
7 'lit
LÏ stable href correspond :
1" à l'allemand /; à l 'indo-européen <'■.
2° à IV allemand ayant évolué en /, dansl'ancien anglais, comme
dans rtt'fttcttt.
Vi bref instable est la modification la plus récente de la diph*
tongue originale />, et moins fréquemment io.
L7 long stable est, ou
1° représentatif de l'allemand ', ou
2° dérivé de l'allemand i par ectblipse, contraction, etc....
L'ï long instable, au contraire, est la modification d'une forme
plus ancienne, le.
ho bref, dans les syllabes radicales, a une double origine, et
représente ainsi deux sons différents :
1° o fermé, le gothique u, comme dans god, boda... Cette lettre
ne se rencontre pas devant les nasales.
2° o ouvert, correspondant au gothique a, devant les nasales, et
auquel a se substitue souvent, comme dans monn et mann ; hona et
hana.
Il est difficile de préciser le son de Vo long : il est possible que
lô long, aussi bien que Vo bref aient eu, à l'origine, une double
prononciation, ouverte et fermée, correspondant à leur double ori-
gine.
Le son de Vô long peut être regardé comme :
t° représentant le gothique ô, comme dans gôd, et dans ce cas,
la voyelle était probablement fermée ;
2° représentant l'allemand ae devant les nasales, comme dans
mônath ;
3° comme dérivé avec allongement, de la forme on = gothique an,
comme dans gôs.
œ
Les deux sons a- et Oê ne se rencontrent pas dans les très anciens
textes du saxon de l'ouest, si l'on en excepte quelques formes
éparses, telles quW. e et o délabialisées, qui se substituent souvent
à ces deux sons.
~\\ 6RAMMA1BE
u
On ne peut donner de preuve de la double prononciation, ouverte
et fermée, d'w dans l'ancien anglais.
Vu bref se rencontre sans règles, devant toutes les consonnes. Il
correspond :
1° à Vu de l'allemand de l'ouest.
2° occasionnellement à Yo de l'allemand de l'ouest, et particulière-
ment devant les nasales, comme dans guma ;
3° cette voyelle dérive souvent d'io et de eo, dans les combinai-
sons telles que wio et weo.
Vu long a une double origine. Il représente généralement l'alle-
mand û, comme dans hûs ; et provient encore de la perte d'une
nasale, dans la combinaison de la forme un, comme dans mïith.
Dans les documents primitifs du saxon de l'ouest, aussi bien que
dans les autres dialectes, la lettre y, à l'origine, marquait un son
ressemblant à l'allemand ù, l'i-umlaut d'u. Cet y est dit stable. Il se
présente encore dans le bas saxon de l'ouest, un y instable, qui fait
substitution avec i.
Les correspondances étymologiques d'y bref sont les suivantes :
1° Vy stable est /-umlaut de u ;
2° Par voie de déduction, Y y instable représente te, ou io.
Vy long apparaît :
1° Comme stable et sous deux aspects : a) comme i-umlaut d'iï ;
b) comme allongé, par voie d'echtlipse, comme dans yst, -hydig;
2° Comme stable, et comme forme correspondant à le, et comme
/'-umlaut de êa et êo.
9
Diphtongues
Toutes les diphtongues de l'ancien anglais, ea, eo, io, ie, ou
brèves, ou longues, sont des diphtongues à chute, c'est-à-dire que
l'accent tonique doit porter chez elles, sur le premier des deux sons.
La distinction de quantité est faite en allongeant, dans la prononcia-
GRAMMAIRE 7'jO
lion, la diphtongue entière. Dans d'autres mots, Vêà long ne doit
pas être regardé comme ê ■+■ #< °u e -f à.
ea et eo
La différence de prononciation entre ea et eo, réside moins dans
la seconde partie de la diphtongue (Va et Vo) que dans le son initial.
Dans les textes très anciens, ea est souvent écrit œo, sea, tandis
que eo fait substitution avec io, dans les manuscrits plus récents. On
peut donc prétendre qu'ea a dû commencer par un son ouvert, res-
semblant à celui d'ae, mais que le premier élément d'eo fut le son
d'e fermé.
ea
ea brève a des origines nombreuses. Elle est tour à tour :
1° La cause d'apparition d'« devant certaines consonnes, comme
dans ear m, ealt, eahta ;
2o L'tt-umlaut d'à, comme dans ealu ;
3° Un dérivé de la forme palatale + ae, comme dans geaf, ceaf,
sceal.
va longue :
1° représente généralement Vau germanique, comme dans beam,
cac, ou
2° naît de la contraction d'« avec d'autres voyelles, comme dans
s lean, ca, ou
3° s'est formée de la palatale -f ae, comme dans gèafon, gèar ; —
moins fréquemment de la palatale + a (de l'allemand ai), comme
dans gêasne, scêan, secadan, — gâesne, scan, scâdan.
eo, 10
Les deux groupes eo et io se rencontrent fréquemment dans les
plus anciens documents : puis io devient de plus en plus rare, pour
disparaître finalement, co long représente eu plus ancien; îo long,
tu plus ancien. De même, eo bref dériva de e plus ancien, tandis
qu'io vint d'i plus ancien. On ne peut que donner cette approxima-
7'it)
GRAMMAIRE
tion, que eo se présente fréquemment pour w, dérivant <!<■ /. mais
<|ue io est moins souvent substitué à eo, dérivant de e.
Sous le rapport de l'origine eo, io sont :
1° la transformation d'un e plus ancien, -i devant certaines con-
sonnes, comme dans nor the, liornian [leornian) ;
2° w- et o-umlauts des mêmes e, i, comme dans eofor, friolhu
(f'reot/m) ;
3° sont dérivés de la forme palatale, 4- o, u, comme dans f/eoc,
f/eont/.
eo (io) longue correspond :
1° Au germain eu ; au gothique iu, comme dans bcodan; stïoran ;
2° Elle dérive de la forme palatale + ô, dans yeômor;
3° ou de la contraction de e, i avec d'autres voyelles, comme dans
séon (sion) ; thvon (thïori).
le
Les diphtongues ie et le appartiennent au saxon primitif de
l'ouest. Au début même, elles sont remplacées par f, i instable, et
enfin, par y, y. Ces derniers demeurent dans le saxon de l'ouest
plus récent.
ie brève est :
1° i-umlaut de ea et eo, comme dans eald-ieldu, weorpan-
wierpth ;
2° une forme moins fréquente de u- et o-umlauts de i, comme
dans siendum, thiessum ;
3° dérivée de la forme palatale + e, comme dans yiefan, gielpan.
ie longue, d'autre part, est ^-umlaut :
1° de va, comme dans hêah-hïehsi ;
2° de co, comme dans cêosan-ciseth.
II. - Les voyelles des syllabes légèrement accentuées
et des syllabes sans accentuation
A . — Voyelles radicales dans les mois légèrement accentués
Sous cette dénomination sont comprises les voyelles radicales des
seconds membres des mots composés, quand le caractère composé,
QRAM MAIRE 747
dans ces mots, à cessé d'être bien distinct, du fait de certains pro-
clitiques et enclitiques, qui perdent leur premier accent tonique dans
le style courant. Cette perte de l'accent primaire a souvent modifie
les voyelles radicales de pareils mots. Les causes principales de ce
fait, sont les suivantes :
1° L'abréviation de la quantité originaire, surtout dans la classe
des composés qui se terminent en -lie, tels que fultic, rythlib,
looroldlic, — qu'on peut opposer à gellc, par exemple, où l'accent
porte sur la syllabe finale ;
2° Le changement de la quantité de la voyelle, ainsi, particuliè-
rement, trouve-t-on :
a) La conversion de eo, io en ea, et finalement, en a : sciptearo,
ifiglearo,... puis sciptara, ï fig tara ;
b) La conversion de ea en #, comme dans qiiwald, opposable à
gewea-ld. La conversion en o s'observe dans ries mots, tels que
finie' fold, hlâford ;
3° L'affaiblissement des voyelles pleines, spécialement en e :
a) Affaiblissement des voyelles brèves originaires, se présentant
surtout dans les nombreux composés terminés en aern et -weard:
b) Affaiblissement des voyelles longues originaires, dans les
formes infléchies de composés se terminant en -lie, et contenant
une voyelle gutturale, particulièrement, a ou o, dans la finale
infléchie, — comme misleca, mislecan, mislecum (comparatif :
mislecor ; superlatif : mislecost). Dans les textes moins anciens, ces
formes se produisent avec u : ncodlueor, atelucost.
2. — Voyelles de syllabes dérivées et finales
Le nombre de voyelles ainsi placées est retreint et par l'absence
ordinaire de voyelles longues, et par la non-représentation des
diphtongues. Le nombre s'en trouve réduit aux six voyelles sui-
vantes : a, <e, e, i, o, u% parmi celle-ci, m et i'sont, à l'exception des
syllabes dérivées telles que -ig, -ihte, -isc, -nis, représentées dans
les seuls très anciens textes, et sont par la suite, uniformément
remplacées par e.
~\x
liiu.MMAim:
DEUXIEME PARTIE
LES CONSONNES
Les signes des consonnes, dans l'ancien anglais, sont ceux de
l'alphabet latin, avec addition du caractère th, et d'un caractère
spécial pour w. Le tableau suivant renferme les consonnes de la
période de l'ancien anglais, suivant leurs rapports phonétiques :
Labiales Dentales Palatales Gutturales
( Semi-voyolles .... ic — g'(i) —
Consonnes sonores < Liquides -- ?',/ — —
\ Nasales m n n' n.
I ( Sourde p t C c
i avec pose <
Consonnes \ ( Sonnante ... b d g' g
non <
sonores j C Sourde /' th,s h' h.
f avec aspiration <
V ( Sonnante... f.{u,b.) th g' g.
On peut donc ainsi résumer la prononciation de ces lettres :
1° de f, ///, comme sourdes et sonnantes aspirantes ;
2° de by comme sonnant avec pose, et sonnant aspirant ;
3° de g, comme semivoyelle, sonnant avec pose, et sonnante
aspirante ;
4° de n, comme dental, palatal, et guttural-nasal ;
5° de toutes lettres tenant lieu de gutturales, celles-ci ayant alors
une prononciation palatale : et cette prononciation est indiquée
ci-dessus, par l'addition d'une virgule.
A. — Consonnes sonores
1. — Les semivoy elles
w
Le io a été substitué au caractère runique, wyn qu'on rencontre
ordinairement, dans les manuscrits : il reproduit le son du w de
l'anglais moderne, et ce w est Xu non-syllabique.
GRAMMAIRE "'<!>
Le w se présente d'abord :
1" devant tontes voyelles : wâi, wer.
2° dans les combinaisons : wr, ml : wrïlan, wlonc.
\\° dans les combinaisons : cu\ hw, (Zip, thw, tw, sw : civethan,
/urn, dweorg, thwèan, twâ, swefan.
An milieu d'un mot, 10 se maintient devant toutes voyelles,
excepté wet i, sans changement : sa wan, stuve... Il disparaît devant
u et î, ce qui donne lieu à des contractions :
1° Devant u, comme dans va, thrêa, riva.
2° Devant i, dans des mots tels que âê, sdc, hrâé, — au lieu de
ât, sâi, hrâi, dérivés des racines aiwi, saiivi-, hraiwi-.
Le tv, à l'origine, ne figure pas à la fin d'une syllabe. Après une
voyelle brève, il se change en u, et les deux voyelles s'unissent
pour former une diphtongue; — après les consonnes, il se vocalise
en u syllabique(o) ; — après une voyelle longue ou une diphtongue,
w disparaît entièrement.
j
Les manuscrits, n'offrent pas de signe propre à la semivoyelle,/,
(c'est-à-dire /', quand elle est consonnante ou non-syllabique), mais
on la trouve indiquée, tantôt par le signe de voyelle i, et tantôt
par 9-
\. i occupe la place initiale en des mots étrangers, comme
Jô/mnnes ; dans les mots originaux d'ancien anglais, il ne se pré-
sente ainsi que devant u: iû, iung. Il figure plus fréquemment au
milieu dun mot : heries, nerian.
2. g est le signe de beaucoup' le plus usuel. Il n'est initial que
devant i, e, y; medial, que devant les voyelles gutturales : àergas,
her gum. Comme final, g est rare, et ne se trouve qu'après une
voyelle longue, ou une diphtongue : âcg, câcg, clâêg, leg.
2. — Les liquides
LV de l'ancien anglais, fut probablement cérébral, c'est-à-dire
prononcé avec la pointe de la langue très relevée. LV est rarement
I'M) QRAMUAfJLI
initial, medial ou final, et plus rarement encore, géminé, comme
dans feorran, âfierran^ cien-an, mierran, Il n'est pas sujet à gémi-
nation devant /.
LV médial subit la niétathèse :
1° r précédant une voyelle, a tendance à changer de position avec
elle, quand cette dernière est suivie de nn, ou de combinaisons
avec s : iernan, bier nan, hors, baers, forsc ;
2° Une pareille application se retrouve devant ///, dans le nor-
mand : frohiiga^ fry h Lu, breht.
r est généralement stable, quelle que soit sa place dans le corps
du mot, et son origine est double, r correspond :
1° à IV allemand, comme dansnee, râèdan, wair. Il peut alors se
trouver dans toute partie du mot.
2° au z allemand, parfois représenté par s : maiza, ausô, hazjan,
nasjan .
1
LV de l'ancien anglais doit avoir eu une double prononciation :
celle de IV ordinaire, et une prononciation presque gutturale, avec
une voyelle la précédant.
LV peut se trouver dans toute partie du mot, est fréquemment
géminée, et souvent syllabique.
LV comporte la meta thèse, dans les cas suivants:
a) Après une syllable accentuée, dl devient Id : bold, seld. spdld ;
b) Après une syllabe faible, ou non accentuée, si, //, tkl ou dl,
deviennent Is, If, Id, dans les noms propres se terminant en -f/ils,
tels que Cynegils, Eadyils; dans les dérivés terminés en -els, -eld,
-old : riecels, faereld, t/icrscold ; — en -elfe,. -il fe : innelfe, innilfe.
3. — Les nasales
m. n
m a le caractère de labiale, et n, conformément à l'usage latin,
n'est pas seulement dentale, mais aussi gutturale, palatale, ou
nasale. Ce dernier caractère n'existe que quand Yn figure devant c
i.iiuiMAiiu: 7.) I
OU g. >n et // se rencontrent dans (ouïes les positions, cl sont aussi
géminées el syllabiques.
La met a thèse d'/// se produit dans worms, (wurms, wyrms); wyr-
msan... ('elle dVi est plus commune, dans certains textes, où se
retrouvent les tinales ncng\ en f//t. — comme dans tdnc, reng,
freng, — pour fàcn, ref/n, fraegn.
La présence de nasales appelle les observations suivantes :
1° Devant les sourdes aspirantes /', ///, s, il y a perte d'm et w,
accompagnée de l'allongement de la voyelle précédente : ainsi Va du
très ancien anglais, se change en ô.
Exemples : 1° de la perte de Y m : fif (gothique : fimf; — l'ad-
verbe sôfte (se ft) : ôsle (amsa/a, du haut ancien allemand).
2° de la perte de Vn : f/ôs, pluriel : gês : has, hôther, sôth, tôth,
pluriel : tetlr, est; sltJi ; ûs ; io y scan.
On peut noter les changements suivants d'w :
1° à la lin d'une syllabe, mn se change en mm, m. par assimila-
tion : em ; hrem : hraem ; — pour emny hremn.
2o h'n d'une finale infléchie, est supprimée en normand, particu-
lièrement à l'infinitif, à l'optatif, mais non au passé indéfini, et dans
les déclinaisons faibles.
B. — Consonnes non sonores
t. — Labiales
p est la labiale sourde, avec pause. Elle est rarement initiale dans
les mots germaniques : pael/i, pâd, pleya, — mais plus fréquente,
dans les mots étrangers, comme pund, pil, pytl. D'autre part, elle
est assez fréquente, dans les positions médiale et finale : scearp,
wâèpen ; et se trouve fréquemment géminée : topp, loppe, aeppel,
scieppariy up(p).
p demeure toujours sans changement ; seulement, pn devient par-
fois, mn dans wâêmn, wâémnian, au lieu de wâèpen, wâépnian.
7.')2 GRAMMAIRE
Dans la plupart des textes, b est le signe de la labiale sonnante avec
pose. Il se présente dans la forme simple, comme initial : bindan,
bringan, bind. Quand il est médial ou final, b simple, dans l'ancien
anglais commun, est remplacé par f ; habban, — ha fast, hafath ; —
fvebb, we fan.
Dans les textes plus anciens, b répond au son d'une aspirante
sonnante, ou labiale, ou labiodentale. Il était alors prononcé comme
le v anglais : obàer, hebttc, halbae, hlâbavd.
/'a un double caractère, — en tant que sourd et qu'aspirant, son-
nant, et labiodental :
1° /' est uniformément un aspirant sourd, lorsqu'il est initial,
comme dans faeder fîndan ; — quand il est géminé au milieu du
mot : gaffetung, hoffing, woffian.
2° D'autre part, /'est généralement aspirant sonnant, quand sa
position est médiale, et qu'il ne se présente pas en combinaisons,
telles que ff /"/, f's : wulf\ wulfes ; gerêfa ; ho fer.
Les exceptions à la stabilité d'/*, en ancien anglais, sont les sui-
vantes :
1° Dans les textes très anciens, j»£, parfois, représente ft : scaept,
edscaepl.
2° fn (avec /" sonnant), se change fréquemment en m«, surtout
quand il est médial, et plus particulièrement, dans l'anglais plus
ancien : emne, stemn, dérivés de efne, stefn.
v ou u, en anglo-saxon, figure le son du v latin, et est identique
à la lettre de l'ancien anglais, sonnante, aspirante et labiodentale.
Et m, dans la période primitive, est employé pour représenter la
semivoyelle w.
GRAMMAIRE ~'-V>\
2. — Dentales
t est toujours la dentale sourde avec pose, et se rencontre dans tou-
tes les positions : toth ; trco ; tien ; elan; wât. Il est souvent géminé,
comme dans sceal(l) ; hlûttor ; halte ; grotte.
t est presque toujours stable. La seule exception est la sui-
vante :
Dans le saxon primitif de l'ouest, st se change souvent en stli,
particulièrement, à la deuxième personne du singulier, du présent
indéfini : tint giefesth : hilpesth ; et dans les mots comme faesth ;
dâsth ; waesthm. La combinaison tj, se change aussi en r:ou ce, dans
orceard, orgeard.
d est le signe de la dentale sonnante avec pose, et correspond au
gothique d. 11 se présente dans toutes positions, et est susceptible
de gemination ; daey, dweorg, biddan.
d est généralement stable, mais il faut faire, à ce sujet, les restric-
tions suivantes :
1° d subit un changement grammatical avec th.
2° Id correspond au gothique Id, comme dans ceald, healdan.
3° Idl devient // dans siellic, — ou bien de sildaleiks, — et aussi,
dans le normand : ballice, seofofallice, — au lieu de baldice, — fal-
dlice.
4° Avant et après des consonnes sourdes, d devient / :
a. Exemple du présent indéfini, à la deuxième personne du singu-
lier : bilsl, laelst, binlsl, slentsl ; — dérivés de biddan, Idêdan, bin-
dan, stondan.
b. particulièrement dans le prétérit faible, et le participe passé de
verbes à longues syllabes, comme scene te, ïecle,
5° après la forme consonnante td, /, il y a perte de rf, comme dans
le prétérit, sende, êhte, — provenant de sendan, ohtan.
48
78 \ GRAMMAIRE
th
1° Deux lettres désignaient à l'origine, et sans distinction, la
dentale aspirante, qui, dans l'anglais moderne, est représentée
par ///.
/// peut se rencontrer dans toutes les positions, et comporte la
gemination : thing ; thrï; tlmntan ; weorthan ; — ou : thing ; thri ;
weorlhan.
Les changements que subit le th, appellent les observations sui-
vantes :
1° th subit le changement grammatical avec d.
2° La forme plus ancienne Ith, se transforme en Id : beald ; fêla ' ;
wilde; gold; — du gothique : balths ; wiltheis ; gulth.
3° La forme plus ancienne //*/, se présentant, après une voyelle
longue, devient régulièrement dl, dans le saxon de l'ouest ; âdl;
nâêdl; wâêdla; — au lieu de : nâêthl ; mît/il; nêthl ; wêthla.
4° Athet dth deviennent tt, qui se simplifie, quand il est final et
qu'il suit une consonne :
a) thaette, — au lieu de timet the.
b) êathmêtto; lâtleow ; gesçentn ; — au lieu de : cathmedthii ; lâth-
thêow ; gescendthu .
s est Tun des sons les plus communs de l'ancien anglais : elle peut
occuper toute place dans le mot, et elle est sujette à gemination :
su nu, sût an, sprecan, wesan, fisc...
Le son de Ys allemande n'était que sourd et sibilant; de même,
Vs de l'ancien anglais était indubitablement sourde, comme les son-
nant allemand.
Les observations à faire sur s, sont les suivantes :
In 11 y a changement grammatical entre s et r.
2° Cette lettre est susceptible des combinaisons suivantes : st et ss,
venant de la dentale xt\ st de sth ; sth de st ; ss de sr ; ss de sth.
3° Les combinaisons se et sp, dans le dernier saxon de l'ouest, —
et quand elles sont médiates, comportent la métathèse en es (hs),
mais généralement, en xet ps.
(.HAM M A IKK 755
Le - n'est pas d'origine germanique, et il n'apparaît en ancien
anglais, que sous la l'orme ts : Atsur ; dracentte.
3. — Gutturales et Palatales
Les lettres c (k, q), y, h, {x), représentent en ancien anglais, et les
gutturales, et les palatales.
c( k, q ; x)
c est le caractère marquant 1<> temps guttural sourd et le temps
palatal sourd. Il se place devant toute voyelle, même e, i, y : çâsere,
cosp, cynn, sac an ; — et il est aussi géminé : sac, sacces, theccan.
Le son du latin qu est généralement désigné par cw, ou dans les
textes plus anciens, par eu : cwethan cuic.
A la place de es, on rencontre généralement x : rlxian, — au lieu
de rlscian: axian, — au lieu de âcsian.
Occasionnellement, c s'intercale dans les combinaisons s/, *>u. sn :
sciât, scleacnes. Devant st et -th du présent indéfini, c devient sou-
vent h, dans le bas saxon de l'ouest : tàêhst, tâvhth, — au lieu de
tdêcst, tâéeth.
c médial, en normand, est souvent écrit ch : folclies, loerclies.
ë
La lettre y ne désigne pas seulement la semi-voyelle allemande /,
mais est encore le symbole d'un son guttural ou palatal, correspon-
dant étymologiquement, à l'allemand y. Du fait que ce son allitère
avec y de l'ancien anglais = /germanique, et qu'il se transpose avec
j et h, on peut induire qu'il doit être regardé généralement comme
aspirant, et non comme un temps sonnant.
1° y initial est avant tout, un son guttural aspirant, comme dans :
g al an, yâst, glâêd. D'autre part, il est palatal aspirant, devant e, ca,
i'0, i, le ïo : yeldan, gieldan, yea/, yea fou.
2° Quand y est final, il se change plus ou moins régulièrement en
h, après une voyelle longue gutturale, — ou r, I : genôh, bca/i, sldh,
7oG GRAMMAIRE
beorh, burh, sorh ; — au lieu de genôg, bêag, stag, beorg, burg,
sorg.
3° Quand g suit une voyelle palatale à la (in d'une syllabe, il se
change parfois en i : bodei, meùhâd, au lieu de bodeg, megthhâd.
4° Quand g est suivi de l'une des consonnes, d, (th), n, — il dis-
paraît souvent, dans le saxon de l'ouest après une voyelle palatale,
la voyelle précédente étant simultanément allongée : mâcden, sâcde,
gesâêdd ; lède, geléd : — au lieu de saegde, legde...
5° ige, dérivé de igi est souvent contracté en l : lîsl, lïth, gelire;
- au lieu de llgest, llgeth, geligere.
6° La finale -if/, perd souvent le//, — dans la plupart des cas,
quand il est médial : syndrie, he fie, hungrie, — au lieu de sgn-
drige, hefige, hungrige.
T -ïg est souvent contracté en -ï, dans le premier membre d'un
mot composé : stîrâp, sivltlma, — au lieu de stlgrdp, sivïgtîma.
La combinaison ng garde le g sans modifications, sauf quand il
est final, et remplacé par -ne, -neg, -ngc : Uuilherinc : Cûsincg ;
Thêodningc.
g géminé a une double origine et une double valeur phonéti-
que :
1° Il dérive du gj germanique, et est palatal en ancien anglais.
2° Dans quelques mots seulement il ne dérive pas de gj, et dans
ceux-ci il ne s'écrit pas cg, mais gg : dogga, frogga, /loggettan.
3° A l'origine, la prononciation de ces deux groupes était celle
d'un double temps sonnant : mais la palate géminée cg devint, par
la suite, la palatale fricative : (dz = anglais j).
h(x)
Vh initiale, est simplement une aspirée : elle se présente, sans
règles, devant les voyelles^ et dans les combinaisons telles que, hl,
hr, hn, hio, — qu'on doit peut-être regarder comme n'étant que
l'équivalent des lettres sourdes, /, r, n, w : hlâf, hliehhan, hraefn,
firing .
Vh initiale disparaît dans nabban, de ne habban, — et dans le
second membre de certains composés : ânllepe; waelrèow.
L'A simple médiale, comme l'originale fuo, disparaît, quand elle
est suivie d'une voyelle, et si une consonne précède l'A, la voyelle
précédente s'allonge du fait de la disparition de Yh.
GRAMMAIRE 757
L'h/i géminé n'est pas fréquent : geneahhe; sitj/i/w ; cohheltan ;
crohha.
h disparaît entre une voyelle et une consonne sonnante, — spé-
cialement /, r, ///, //, — et est toujours maintenu à la fin d'un mot :
feoh. lien h, wôh, rOh.
INFLEXION
PREMIÈRE PARTIE
DÉCLINAISON
CHAPITRE PREMIER
DÉCLINAISON DES NOMS
A. —Voyelle ou déclinaison forte
1 . La DÉCLINAISON 0
La déclinaison o de l'ancien anglais comprend des masculins et
des neutres. Elle correspond à la seconde déclinaison grecque et
latine (gr. masc. — oç, neut. — ov ; lat. — us, — um). Les féminins
correspondant, forment la déclinaison â.
Les radicaux o peuvent être subdivisés comme suit : a) simples
radicaux o; b) radicaux en/o; c) radicaux en wo.
Les terminaisons des masculins et des neutres, sont les mêmes à
tous les cas, excepté au nominatif, et à l'accusatif pluriel.
Les terminaisons des radicaux en o sont :
Singulier
Pluriel
N. V. A. -(-e;-u; -o)
Masc.
Neut
g. -es
-as
-u,-
D. I. -e
-a
-um
GRAMMAIRE 759
Le parenthétique -e, -w, -o dos nominatif el accusatif singuliers,
sont les terminaisons «les radicaux en jo et wo.
a) Simples radicaux en o
Exemples pour le masculin et le neutre : masculin : dôm; neutre
hof, word :
Masculin
Neutr
g
Sing. N. V. A. dôm
hof
word
G. dômes
hofes
wordes
D. I. dôme
hofe
worde
Plur. N. Y. A. dôinas
hofu, -o
word
G. dôma
hofa
word a
D. I. dômum.
hofum
wordum
•
Les mots monosyllabiques masculins sont accentués comme dôm;
les monosyllabiques neutres, avec une syllabe brève radicale, comme
hof, — et comme word, quand ils ont une syllabe longue radicale.
Les mots en ae, devant une simple consonne, comme le substantif
masculin, daeg, changent Yae en a, au pluriel : daeg-dagas, daga,
dagum.
Les mots en h perdent ce son, devant une voyelle finale :
1° Si Yhest précédée d'une consonne, la voyelle radicale s'allonge,
quand Y h disparaît : seolh- scoles ; — feorh-fêores.
2° Si Yh est précédée d'une voyelle, la perte de Y h implique la con-
traction : eoh-ros; feoh-fcos ; Ihêoh-thêos.
Les mots polysyllabiques de cette déclinaison sont soumis aux
règles suivantes :
1° Les neutres, originairement trisyllabiques, — avec une syllabe
radicale longue, comme nïelen, heafôd, ont Yu au nominatif et à
l'accusatif pluriel : nïetenu, hvafodu.
2° Les neutres trisyllabiques, h l'origine, avec une syllabe brève
radicale, sont sans terminaison, au nominatif de l'accusatif pluriel :
reced werod.
760
lill.WIM UHK
I») Radicaux <jn jo
Kxcmples pour le masculin : here secy, ende ; — pour le neutre
cyn, lice, wcsten.
ende
endes
ende
endas
enda
endum
Masculin
Sing. N. V. A.
here
secg
G.
her(i)ges
secges
I). I.
her(i)ge
secge
Hur. N. V. A.
her(i)g(e)as
secg(e)as
G.
her(i)g(e)a
secg(e)a
D. 1.
her(i)gum
secg(i)um
Neutre
Sing. N.
V. A.
cyn(n)
rice
wësten
G.
cynnes
rices
wëstennes
U. I.
cynne
rice
wêstenne
Plur. N.
V. A.
cyn(n)
rlc(i)u
wësten(n)u
G.
cynna
ric(e)a
wësten na
D. I.
cynnum
ric(i)um
wêstennum
c) Radicaux en wo.
Exemples pour le masculin : bearu ;
Masculin
Sing. N. V. A. bearu,-o
G. bearwes
D. I. bearwe
Plur. N.V. A. bearwas
G. bearwa
D. I. bearwum
pour le neutre : searu.
Neutre
searu, -o
searwes
searwe
searu, -o
searwa
searwum
2 . — La déclinaison à
La déclinaison d contient les cas féminins correspondant aux mas-
culins et aux neutres de la déclinaison o.
GRAMMAIRE
7<il
a) Radicaux simples en à
Exemples :
a) pour les radicaux courts : giefu .
b) pour les radicaux longs : âr.
Déclinaison
Brève
Longue
Sing. N. V. giefu, -o
âr
G. giefe
are
D. I. giefe
are
A. giefe
are
Plur. N. V. À. giefa,-e
âra,-e
G. giefa,-ena
ara, -n a, -en a
D. I. giefuin .
ârum
b) Radicaux en ja.
Les radicaux originaires brefs sont tous devenus longs, par la
gemination de la consonne précédant le/, — et leur déclinaison ne
diffère pas de celle des radicaux longs, à l'origine.
Exemples :
a) pour les radicaux originairement brefs : sib(b).
b) pour les radicaux originairement longs : gierd.
Sing. N. V. sib(b) gierd
G. sibbe gierde
D. T. sibbe gierde
A. sibbe gierde
Plur. N. V. sibba, -e gierda,-e
G. sibba gierda
D. I. sibbum gierdum
A. sibba, -e gierda, -e
c) Radicaux en wa
Les noms avec une voyelle longue ou une dipbtongue, sont régu-
lièrement déclinés comme les simples radicaux en â.
Quand une consonne précède le w, le type de la déclinaison est le
suivant, en prenant pour exemple, beadu et mâêd.
Plur. N. bead\va,-e m&d(w)a
G. beadwa mâ;d(w)a
D. I. beadwum mfèd(w)um
A. beadwa, e mâ4d(w)a,-e
Sing. N.
beadu
mrëd
G.
bead we
mâêd
D. I.
bead we
moid
A.
bead we
rmed
7()2 GRAMMAIRE
3. — La DÉCLINAISON i
La déclinaison i de l'ancien anglais est limitée aux noms mascu-
lins et féminins, et à quelques mots, neutres à l'origine, connue
mere, mené, ele, bere, hele, sige qui sont devenus masculins.
a) Masculins et neutres
1 . — Radicaux brefs
Exemples : masc. : wine ; neut. : spere.
Masc. Neut.
Sing. N. V. A. wine spere
G. wines speres
D I. wine spere
Masc. Neut.
Plur. N. V. A. wine, -as speru
G. wina,
winig(e)a spera
D. 1. winum sperum
2. — Radicaux longs
Les radicaux longs masculins ne se rencontrent qu'au pluriel, tels
que Engle, Seaxe, M 1er ce, Dcre, Beornice, Egiple, Crcce, Perse,
Suthhymbre.
Plur. N. V. A. Engle
G. Engla
D. I. Engluin
b) Féminins
1 . — Radicaux brefs
Il n'en demeure que quelques types, et encore sont-ils incertains :
fremu, hylu, -legu. La déclinaison de pareils mots est analogue à la
déclinaison des radicaux brefs en â.
2. — Radicaux longs
Exemple : bën,
Sing. N. V. bën Plur. N. V. bëne,-a
G. bëne G. bëna
D. I. bëne D. I. bënum
A. bën A. bëne, -a.
i ; Il VMM AIRE 703
4. — La déclinaison u.
a) Masculins
1. — Radicaux brefs
Exemple : sunu :
Sing. N. V. sunu,-o; -a Plur. N. V. suna ; -u,-o
G. suna G. suna
D. suna; -u,-o I). 1. sunum
A. sunu,-o:-a A. suna;-u,-o
[. suna
2. — Radicaux longs
Les mots avec un radical long ont perdu Vu dans le nom ace. sing.,
et se sont assimilés aux radicaux en o : ils ont pris presque entière-
ment l'inflexion de ceux-ci. Exemple : feld.
Sing. N. Y. A. feld Plur. N. V. A. felda;-as
G. felda ; -es G. felda
D. I. felda ; -e D.I. feldum
b) Féminins
Il n'y a que peu d'exemples de ceux-ci. Exemples : duru ;
hond.
Sing. N. V. A. duru hond Plur. N. V. A. dura; u honda
G. dura honda G. dura honda
D.I. dura;-u honda D.I. durum horidum
B. — Déclinaison faible
(Radicaux en n)
Les trois genres sont presque identiquement représentés, excepté
au nominatif, et au vocatif singulier ( — et de même à l'accusatif
neutre). Le masculin se termine en -a ; le féminin, en -e ou -u ; le
neutre, en -e. Exemples : masc. guma ; fém. tunge; neut. ëage.
70 i
I.IIAMMAIHI.
Masculin
Féminin
Neutre
Sing. N.
V.
gunia
tunge
êage
G.
guman
tungan
ëagan
1)
. 1.
gunian
tungan
ëagan
A.
guman
tungan
ëage
Plur. N. V.
A.
gunian
tungan
ëagan
G.
guinena
tung(e)na
ëag(e)na
D
1.
gumum
tungum
ëagum
CHAPITRE H
Déclinaison des adjectifs
Les adjectifs d'origine germanique ont une double déclinaison, —
forte et faible. La plupart des adjectifs peuvent être déclinés de
l'une ou l'autre façon, — ce qui dépend surtout de considérations de
syntaxe. La forme faible est généralement employée après l'article,
et toutes les fois que l'adjectif est employé substantivement; la
forme forte est appliquée à l'adjectif qualificatif, — et quand celui-
ci est employé sans l'article.
A. — Déclinaison forte
1 . — Radicaux purs ex o
Il faut faire ici, la distinction entre radicaux longs et brefs; entre
polysyllabes et monosyllabes. Comme exemple de radicaux brefs :
hwael; — de radicaux longs : gôd\ — de polysyllabes : halig.
a) Radicaux brefs
Masc.
Neul.
Fêm.
Sing. N. V.
hwaet
hwaet
hwatu,-o
G.
hwates
hwaetre
D.
kwatum
hivaetre
A.
luoaetne
hwaet
hwate
1.
hwate
Plur.N.V.A.
kwate
hwatu,-o
hwata,-e
G.
hwaelra
I). I.
hwatum
7GG
liltAMMAIHE
b) Radicaux longs
Sing. N. V.
gôd
G.
godes
I).
gôdum
A.
gôdne
I.
gode
Plur.N. V.A.
(jôde
G.
f/Odra
D. I.
gôdum
:ôd
:ôd
'ôd
gôd
gôdrt
rode
i>oda,-e
Sing.N. V.
G
D.
A.
I.
Plur.N. V.A.
G.
D. J.
halii
c) Polysyllabes
hâlges
hâlgum
h al igné
halge
halge
hâlig \ bàligu,-o;
5 ) halgu,-o ; hâlig
halii
c haligu,-o;
l hà!gu,-o ; hâlig
haligra
hâlgum
hâligre
hàligre
halge
halga,-e
2. — Radicaux en jo.
Les radicaux brefs, à l'origine, tels que mid nyl, yesib, — se
déclinent comme les radicaux purs en o, se terminant par une con-
sonne géminée : mid, gen : middes ; fém : midre.
Les radicaux longs, à l'origine, peennent -e au nominatif singu-
lier masculin et neutre; -u, -o au nominatif singulier, féminin, et à
l'accusatif pluriel, neutre ; aux autres cas, ils se déclinent comme
les radicaux purs en o. Exemple : grêne.
Sing. N. V.
G.
D.
A.
Masc.
grene
:renne
Neut.
Fém .
grêne
grenu, -o
g rênes
grênre
grënum
grënre
grêne
grêne
GRAM M Villi.
7<>7
I
Plur. N.V.A. grëne
G
I). I
grëne
grenu, -o grenade
grënra
grenu m
3. — Radigaux en wo
Les mots avec une seule consonne devant le //>, vocalisent ce der-
nier quand il est final, en -u, -o (-a), et en -o, devant une finale con-
sonnante. Exemple : yearu.
Masc.
NeuL
Fem.
Sing.
N. V.
gearu,-o
gearu,-o
gearu,-o
G.
gearwes
gearore
D.
gearwum
gearore
A.
gearone
gearu,-o
gearwe
I.
gearwe
ur. N
V. A.
G.
D. ï.
gearwe
gearu,-o
gearora
gearwum
gearwa,-e
B. — Déclinaison faible
La déclinaison faible des adjectifs est la même que celle des noms,
excepté que le génitif pluriel est presque toujours remplacé par la
forme forte, -ra. Exemple : goda.
Masc.
NeuL
Fém.
Sing. N. V.
goda
gode
gode
G.
gôdan
1). I.
gôdan
A.
gôdan
gode
gôdan
Plur. N. V. A.
gôdan
G.
gôdra,(-
ena)
1). I.
gôdum
7<>8
llltAMMAIHK
C. — Déclinaison des participes
Le participe présent suit la déclinaison en j'o des adjectifs, et peut
être infléchi comme faillie. Exemple : g ie fende.
Masc.
Neut.
Fém.
Sing. N.
V.
giefende
giefende
giefendu,-o
G.
giefendes
giefendum
giefendre
giefendre
A.
giefende
giefende
giefende
1.
giefende
Plur.N. V.
A.
(i.
giefende
giefendu,-o
giefendra
giefenda,-e
1)
. I.
giefendum
Le participe passé, comme un adjectif normal, a une déclinaison
forte et faible Exemples : participes de hâtan; âcèsstm ; nerian.
Forte
Faible
hâten
hâten
hâten u
âcoren
âcoren
âcoren (u)
genered
genered
genered (u)
âcorena
acorene
âcorene
genereda
generede
. generede
D. — Comparaison des adjectifs
1 . — Comparatif
Le comparatif, en ancien anglais, n'a qu'une terminaison, -ra,
correspondant et au gothique, -iza, et au gothique, -oza.
2. — Superlatif
La forme la plus synthétique du superlatif, a une finale en -osl
{-ust, -ast)y et plus rarement, en -est : lêof, Uofost; — rïce, rïc(é)ost;
— slrenge, strenyest.
GRAMMAIRE
769
E. — Formation des adverbes
t. - Les adverbes dérivés d'adjectifs ont la iinale en -e : heard,
hearde : — sôih, sOthe. Quand la formation des adverbes est compo-
sée, ceux-ci se terminent en -lice, -lice : heard, heardlice. Quelques
adverbes se terminent en -a : fêla, gêara, gietia ; d'autres dérivés
d'adjectifs ou de substantifs se terminent en -unga ~inga\ -enga.
2. Les adverbes de lieu sont les suivants :
( h. •*
D'où ?
D'où ?
thàêr,
là
thider
thonan
hwâer,
où
hwider
hwonan
lier,
ici
hider
h ion an : hi ne
inné,
dedans
in(n)
innan
ûte,
sans
ùt
ùtan
uppe,
en haut
up(p)
uppan, ufan
^"* >
en bas
nithor
niothan
"™"" >
avant
forth
foran
i
derrière
hinder
hindan
*— * 5
à l'orient
east
êastan
»
à l'ouest
west
westan
*
au nord
north
northan
•)
au sud
sûth
sûthan
feor(r),
au loin
feor(r)
feorran
néah,
près de
near
nêan
Les adverbes ne marquant pas le mouvement, sont remplacés par
des composés avec prépositions, tels que be-niothan, be-foran, be-
tas tan, on-mnan.
CHAPITRE III
Adjectifs nuitiéraux
1
Cardï.xaix
Les trois premiers adjectifs numéraux sont déclinables dans tous
les genres, et dans tous les cas ; les nombres de quatre à dix-neuf,
quand leur sens est attributif, ne sont pas généralement infléchis.
Si ces nombres sont isolés, ils subissent l'inflexion, conformément à
la déclinaison en i. Exemple : nom. ace. fife ; neut. fifu,-o; gén.
fi fa ; dat. fîfum.
Les dizaines de âO à 60, sont formées par l'addition de la syllabe
-tig (du gothique iigus), décade, — à l'unité correspondante : celles
de 70 à 120, de même manière, avec le préfixe hand. Exemples :
twëntig, thrïtig, fêoïoertig, siextig ; hundsiofontig, hundtwelf-
tig.
Les nombres de 200 à 900, sont généralement formés parle neutre
hand : tu kund, thrlo hund.
1.000 est neutre : thûsend, gén. des, dat,-«fe, et au pluriel : thû-
sendu (-o, -a).
2.
Ordinaux
Le nombre ordinal correspondant à 1 est forma (variantes ; for-
mesla, fgrmest (a), fyrst (a) ;— ou âêresta. Celui qui correspond à 2,
est : ôther ou aefterra. Les autres sont : thritlitha, feortha fifta,
siexta, etc.
Tous les nombres ordinaux se déclinent comme les adjectifs fai-
(ill A M MA I UK
771
blés, à l'exception de other qui appartient à la déclinaison forte. Les
préfixes ne se déclinent pas.
3. — Multiplicatifs
Les multiplicatifs se forment en ajoutant l'adjectif -feald aux nom-
bres cardinaux : ânfeald, -///>?>, t/ry/ca/d, thrie-thry feald, monig-
feald.
CHAPITRE IV
Pronoms
Pronoms personnels sans distinction de genre
Première personne
Seconde personne
Sing
. N.
ïc
thû
G.
mïn
thïn
D.
më
thë
A.
më (mec)
thé (thec)
Duel.
N.
wit
orit
G.
uncer
incer
D.
une
inc
A.
une (uncit ?)
inc (incit)
Plur.
N.
wê
gê
G.
ûre (ûs(s)er)
ëower, ïower
D.
ûs
ëow, îow
A.
ûs (ûsic)
ëow, îow (ëowic)
2.
Pronoms de la troisième personne
Masc.
Neut. Fem.
Sing. N.
hë
hit hïo, hëo
G.
his
hiere (hire, hyre)
D.
him
hiere (hire, hyre)
A.
hi(e)ne
hit hie (hï, hy)
ur. N. A.
hîe (h
ï,hy)
G.
hiera
(hira, hyra) ; hiora, heora
D.
him
GRAMMAIRE 773
3. — Pronoms POSSESSIFS
Les pronoms possessifs sont formés des racines des pronoms per-
sonnels de la première et de la seconde personnes : mïn, thin, sin,
uncer, incer, Cire, cower. La déclinaison des possessifs est identique
à celle des adjectifs forts.
i. — Pronoms démonstratifs
Le pronom se, sio, thael, simplement démonstratif, à l'origine, fut
presque réduit en ancien anglais, au rôle d'article défini. Sa décli-
naison en saxon de l'ouest, est la suivante :
Masc. Neul. Fèm.
Sing. N.
se
thaet
SÏO, S(
G.
thœs
thaëre
D.
thsêm (thâm)
thâêre
A.
thone
thaet
thâ
1.
thy ; thon
—
Plur. N. A.
thâ
G.
thâra (thaêra)
D.
theêm (thâm)
Le pronom démonstratif composé thés: fém. thîos (thêos), neut.
this, est ainsi décliné en saxon de l'ouest primitif :
Masc. Neut. Fem .
Sing. N. thés this thïos, thëos
G. this(s)es, thy(s)es thisse
D. this(s)um, thys(s)um; thiosum thisse
A. thisne, thysne this thâs
I. thys, thïs —
Plur. N. A. thâs
G. thissa
D. this(s)um, thys(s)um ; lhios(s)um
Le pronom d'identité (latin idem), est se ilea. L'équivalent à'ipse
est en saxon de l'ouest primitif : self, sylf, seolf.
771 fitt A .M M A I Ht:
5. — Pronoms rel itifs
L'ancien anglais n*a pas de pronom relatif, proprement dit. il
est remplacé par un pronom démonstratifs'7, sïo, thaet, ou parla par-
ticule the, seule, ou en combinaison avec un pronom démons-
tratif.
fi. Pronoms intehrooatifs
Le pronom interrogatif simple, hwâ, kwaet (du gothique, hwas) ne
"se rencontre qu'au masculin, et au neutre singulier.
Mme. Netfl.
Sing. N. hwâ hwaet
G . hwaes
D. hwaem (hwâm)
A. hwone hwaet
I. — hwv, hwï
7. — Pronoms indéfinis
Le pronom indéfini, quelqu'un, est exprimé par sum, qui se
décline comme un adjectif fort. Dans les phrases négatives et inter-
rogatives, les pronoms interrogatifs hum, hwaether, hwelc, peuvent
être employés comme pronoms indéfinis.
A' importe qui = hwelc-h(w)ugu .
N'importe quoi = âwuht (âuht); ôwuht (ôht).
Qui que ce soit = sum hwaether swâ; swâ hwelc swâ .
L'un des deux, — l'autre = âhwaether ; ôhwaetker.
Chacun = aelc.
ni = nâhumether \ nôhwaether ; — aucun =r nân, naenig ; — rien
= nâwiht, nôwuht.
tel — swelc, thyslic, thuslic.
..liWiUAiiu 77;»
DEUXIEME PARTIE
CONJUGAISON
Le verbe, en ancien anglais, présente les earaetèrea suivants :
lo II n'a qu'une voix, l'actif ;
2° Deux temps, le présent et le prétérit; le futur qui fait défaut,
est remplacé par les verbes auxiliaires : bêon et sculati ;
3° Deux modes complets, un indicatif et un subjonctif, — en
dehors d'un impératif, qui ne se conjugue qu'au présent;
4° Deux nombres, le singulier et je pluriel ;
5o Trois noms verbaux, un infinitif présent, un participe pré-
sent, avec sens actif, et un participe passé, avec sens neutre, ou
passif.
Les verbes anglo-saxons se divisent en deux catégories princi-
pales, commandées par la formation du prétérit :
1° Verbes forts. — Ceux-ci forment leur prétérit, soit par
Y ablaut, c'est-à-dire par la variation de la voyelle radicale (binda,
band), soit par le redoublement de la syllabe radicale, sans exclure
Y ablaut, (haita, hailiait; le ta, lailôt).
2° Verbes faibles . — Ces derniers forment leur prétérit par l'addi-
tion de la syllabe -da, -ta. comme finale (prétérit dental).
Exemple : nasja, haba, salbô = nasida, habaida, salbôda.
I. — Terminaisons des, verbes en général
Terminaisons des verbes forts, en saxon de l'ouest :
PRÉSENT
Indicatif Optatif Impératif
Sing. 1. -e \ Sing. 2. —
2. (e)s, -(e)st > -e Plur. 1. -an
3. -(e)th ) 2. -ath.
Plur. -ath -en, -an, -on
Infinitif: -an Participe : -ende
776
<;r\mmairk
PRETERIT
Indicatif
Optatif
Sing. 1.
-e
2. -e
:\. —
Plur. -un, -on, -an -en, -an, -on
Participe : -en
Terminaisons des verbes faibles (classe I et classe II) :
PRESENT
Indicatif
I II
Sing. 1. -e -i(&)e
2. -(e)s, -(e)st -as, -ast
3. -(e)th -ath
Plur. -ath -i(ge)ath
Infinitif : I. -an ; II. -i(ge)an
Optatif
L II
Impératif
I II
Sing. 2. -e, - -a
-i(g)e Plur. 1. -an -i(ge)an
2. -ath -i(ge)ath
en -i(g)en
Participe : I. -ende ; II. -i(g)ende
PRETERIT
Indicatif
Optatif
Sing. 1. -de
2. -des, dest ï> -de
3. -de
Plur. -dun, -don, -dan -den, -dan, -don
Participe : I. -ed (-t); IL -od (-ad).
II. — Verbes forts
Conjugaison du verbe fort. Exemples : bindan, faran, heipan.
i. ACTIF
a) Verbes réguliers
PRESENT
Indicatif
Sing. I. binde fare helpe bidde
2. bindest, bintst fa?r(e)st hilp(e)st bidest, bitst
«ill A M M A I HE
777
3. bindeth, bint fœr(e)th iiilp(e)tb bideth, bit
Plur. biodath farath helpath biddath
Optatif
Sing.
binde
tare
helpe
bidde
Plur.
bind en
faren
Impératif
belpen
bidden
Sing. 2.
bind
(fœr), far
help
bide
Plur. 1.
bind an
fa ran
helpan
biddan
2
bindath
fa rath
Infinitif
helpath
biddath
bindan
faran
Participes
helpan
biddan
bindende
farende
PRÉTÉRIT
Indicatif
helpende
biddende
Sing. i.
bond
for
healp
baed
2.
bunde
fore
hulpe
baede
3.
bond
for
healp
bœd
Plur.
bundon
fôron
Optatif
hulpon
b&don
Sing.
bunde
fore
hulpe
bœde
Plur.
bunden
fôren
Participes
hulpen
haëden
bunden
faren
holpen
beden
b) Verbes à contraction
PRESENT
Indicatif
Sing. 1. têo têo
2. tïehst tïehst
sëo
siehst
slëa
sliehst
fô
fêhst
778
in
i.lUMMYIKI
%
Uelith
tîeiilli
-iflllll
-Imlilli
fghth
Plur.
tôol II
tëotli
sêoth
Qfëfatif
slf-alh
lôtl)
Sing.
tëo
In»
sëo
slêa
lu
Plur.
Icon
trou
sëon
Impératif
slr-au
Ton
Sing. 2.
tëo h
tëol)
sëoh
sleah
l'ôli
Plur. \,
tëon
tëon
sëon
slëan
fôn
2.
tëoth
tëoth
sëoth
Infinitif
slëath
fr.th
tëon
tëon
sëon
slëan
fôn
Participes
tëonde
tëonde sëonde
slëande
fonde
PRÉTÉRIT
Indicatif
Sing. 1.
tâh
tëah
seah
slog, -h
feng
2.
tige
tuge
sa we
slôge
fenge
3.
tâh
tëah
seah
slôg, -h
feng
Plur.
tigon
tugon
sa won
Optatif
slôgon
fengon
Sing.
tige
tuge
sa we
slôge
fenge
Plur.
tigen
tugen
sâwen
Participes
slôgen
fengen
tig en
togen
sewen
2. l'A S SI F
slaegen
fongen
Ind. 1 et 3
Sing.
: hâtte
Plur. : hâtto r
i
III. -
— Verbes faibles
Les verbes faibles sont, pour la plupart, dérivés. Us sqnt divisés en
Irois classes, qui reposent sur la variation de leurs suffixes dérivés :
Lll.UI.M VlltK
77<>
1° La classe /©-(ou /a-). Son suffixe est dérivé de l'indo-européen,
-t>-ju- ;
2o La çjasse-ô. Son suffice dérivé est l'allemand -0-j'a- :
3° La classe <■- ou ai-. Le radical <in était l'indo-européen -è-.
Première conjttf/aison des vefbes faibles de la c/assf I
nerian et fremman représentent la conjugaison des radicaux ori-
ginaires brefs ; dcman, des radicaux originaires longs. Exemples
identiques des mêmes cas : yiertvanei cïegan :
Sing. t. nerie fremme
2. neres(t) fremes(t)
3. nereth fremeth
Plur. neriath fremmath
Sing, nerie
Plur. nerien
Sing. 2. nere
Plur. t. nerian
2. neriath
fremme
fremmen
freme
fremman
fremmath
nerian fremman
l'HKSKNT
Indicatif
de me
dêm(e)st
dëm(e)th
dêmath
Optatif
dême
dêmen
Impératif
dëm
dëman
dêmath
Infinitif
I dëman
gierwe
gierest
giereth
gierwath
gierwe
sjierwen
gierwe
gierwan
gierwath
Participe
neriende fremmende | dëmende |j gierwende
cïege
c!eg(e)st
cleg(e)th
cïegath
ciege
eleven
cleg
cïegan
cTegath
|| gierwan cïegan
clegende
Sing
1 . nerede fremede
2. neredes(t) fremedes(t)
3. nerede fremede
Plur. neredon fremedon
PRETERIT
11
iaicati[
dêmde
gierede,
cïegde
)
dèmdes(t)
etc.
etc.
dëmde
dëmdon
780
u
GRAMMAIRE
Optatif
Sing.
ne redo
frernede
dômde
gierede,
cïegde,
Plur.
nereden
fremeden
dëmden
etc.
etc.
Participe
Sing.
nered
fremed
dëmed
gier(w)ed,
cïeged ,
Plur.
ne rede
frernede
dêmde
etc.
etc.
Deuxième conjugaison faible
Les formes de cette classe peuvent être rattachées à un même
radical, d'origine germanique : -ôja-. Dans l'ancien anglais, l'ori-
ginal -ôja-, devint successivement -ê/fl-, -eja-, -ija-. Le prétérit et
les participes passés sont formés du radical plus bref, -ô-. Et dans
l'ancien anglais, on trouve souvent à la place de cet ô, un a ou un ?/,
ou un o.
Les exemples de cette classe en saxon de l'ouest, sont les
suivants :
PRÉSENT
Indicatif
Sing. 1. lôcige
2. lôcas(t)
3. lôcath
Plur. lôciath
Infinitif
lôcian
Optatif
lôcige
locigen
Impératif
Sing. 2. lôca
Plur. 1. lôcian
2. lôciath
Participe
lôciende
PRETERIT
Indicatif
Sing. 4. lôcode
2. lôcodes(t)
3. lôcode
Plur. lôcodon
Optatif
lôcode
iôcoden
PARTICIPE
-lôcod
Les terminaisons du participe passé correspondent, en général,
celles du prétérit : en saxon de l'ouest, -od ou -ad.
URAMMAIHK 781
Troisième conjugaison faible
Exemples : habban ; libban ; secg(e)an ; hycg(e)an ; thrêag(e)an ;
frêog{e)an.
PRÉSENT
Indicatif
Singulier :
. ... (libbe . ... .
1. ha'bbe <,.._ . secge bycge threage freoge
f(hfge)
j(hafas[t]) f , C(sagas[t]) (hagas[t] thrft|||t,n frPn(im
- (hsefst ll0taS(t) Isœgst |hyg(e)st thnast(t) («^s(t)
„ ((hafath) .. f ., ((sagath) (hogath ., . .. _ _ ,
3- )) *. liofath }v ° ' ] ° threath li-éoth
(hseftfa (ssegth (hyg(th)
Pluriel :
habbath '/..v secg(e)ath hycg(e)ath thrêag(e)ath frêog(e)ath
Optatif
Singulier
1. ha?bbe \.mmm . secge hycge threage freoge
((lifge) J ° °
Impératif
,. n ((saga) (hoga ,, _ r _
2. hafa liofa y ° ' ), ° threa fr<;o
(saege (hyge
Singulier :
Pluriel :
ibbath
habbath L.. ' secg(e)ath hycg(e)ath threag(e)ath frêogfelath
^(lifgath) v
Infinitif
, ,, ilibban - ,
nannan )/iftr \ secg(e)an hycg(e)an thrëag(e)an irëog(e)an
Participe
bœbbende <•„.. ,. N secgende hycgende thrëagende frëogende
((hfgende) b J °
782
Sin -oilier
1. haefde
gehjpftl
lifde
relifd
i.KVMMAHlK
PRETERIT
Indicatif
ssegde liogde
thrëade
etc., comme dfimde,
409.
fn'ode
Participe
gesaegd gehogod gethrëad gefrêod
IY. — Verbes particuliers
I. — Le verbe substantif
Le verbe substantif est composé de formes dérivées des quatre
racines : es ; er, or; bheu ; wes.
1° Racines en es et or :
PRESENT
Indicatif
Sing. 1.
eom
earn
am
2.
eart
earth
arth
3.
is
is
is
r —
earum
aron, -un
Plur.
} sint
sind
sint
[ sindon, -un
sindun, -on
Optatif
sindon, -un
Sing.
sïe, sî
sïe
sïe, se
Plur.
sïen, sïn
sïen
sïe, se
2o Racines en bheu
PRÉSENT
Indicatif
Optatif
Sing. 1.
(bïo, bêo)
bïom
bïom
2.
bist
bis(t)
bist
3.
bit h
bith
bith
Plur.
bïoth, bëoth
bïoth
ïbi(o)thim, on
(bïath
bïo,
bêo
bia,
bïe,
à bïon,
) bëon
(■K.VMM urn
783
Infinitif Participe Impératif
bïon, bêÔB | (blonde, bëonde) | Sing, bio, bëo. Plur. bïoth, broth
3° Racine en wes .
I'KKSENT
Infinitif Participe Impératif
wesan wesende Sing. wes. ÏMur. wesatfa
Sing. 1
Indicatif
waes
2. waëre
PRKTl 'KIT
Opttitif
w ;ére
II. — £e vierôe will
Le temps au présent, du verbe will, était à l'origine, et dans
l'ancien allemand, un optatif, avec la valeur de l'indicatif. Le
prétérit appartient à la conjugaison faible. La conjugaison en
anglo-saxon de l'ouest, est la suivante :
PRESENT
Indicatif
Sing. 1. willr
2. wilt
3. wilé (wille)
Plur. wiïlath
Optatif
L
lie (wile)
willen
PRETER IT
wolde
111 . — Le verbe do
La conjugaison du verbe dm. est la suivante
Infinitif
willan
Participe
willende
PRESENT
Indicatif
Sing. 1. dô
dôm
dôm
2. d.-i
dœst, -s
dœs
784
CHAM MAI 11 K
3.
dëth
dœtfa
Plur.
dôth
dôth
Optatif
Sing.
dô
(doe
((dôa, dô)
Plur.
don
doen
Impératif
Sing. 2.
dô
dôa,dô
Plur. 1.
don
don
2.
dôth
dôth
Infinitif
don
don, dôan
infl.
donne
donne
dônde
Participe
dônde
Indicatif
Sing. 1.
2.
3.
dyde
dydes(t)
dyde
dyde
dydes, -est
dyde
Plur.
dydon
dydun
Optatif
Sing.
dyde
dyde
Plur.
dyden
dyden
Participe
-don
-dœn
dœth, -s
dôath, -as
doe
doe
dôa, dô
dôath
dôanne
doende
dyde
dydes(tu)
dyde
dydun, -on
dédun
dyde
dydon ?
dêdun?
dœn
IV. — Le verbe go
Le verbe gân est ainsi conjugué en saxon de l'ouest :
HHAMBtÀlR*:
7k;;
PRESEN i
Indicatif
Sing. 1
2. gœst
B. g&th
IMur. gâth
Optatif
•ga
8<
.in
Impératif
Sing. 2. ga
Phir. gâth
Infinitif
gân, infl. gânne
PRKTKKIT
Indicatif
Siûg. t, 3. êode
Optatif
êode
Participe
gegân
5«
M ■•'•■'.)•
lv
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LE POÈME DE BEOWULF
LEXIQUE
ABREVIATIONS
to.
. . fori .
fa.
. . faible.
m.
f .
masculin,
féminin.
neut
neutre.
s . .
substantif, nom
V .
verbe.
sg-
. . singulier.
pi.
pluriel.
subj .
. . subjonctif.
part .
. . . participe.
pp. .
. . participe passé.
conj .
conjonction.
08 ii sioi i.
;i, ad v, aye, ever, always ; jamais, toujours : 905, etc.
ac, conj., luit ; mais; 1473, etc.
ac, adv. interr., = Lai. nonne ; is il ? : est-ce quo ? ; 3976,
âd, in. fo., funeral pile, pyre ; bûcher ;2222, etc.
àd-faru, f. fo., (pyre-faring) way l<> the funeral pile; voie qui
cuuduil au bûcher funéraire ; 6015.
âdl, I". fo.. illness, sickness, disease; maladie; 3469, etc.
iëdre, f. fo., stream, canal, vein; canal, veine, ruisseau; dat. pi.
sw;it sédrum sprong : le sang coula en ruisseaux, 5928 ; bind êdrum
dranc, ils burent le sang en ruisseaux, 1478.
îèdre, adv., quickly; rapidement; 700.
;êfen, m. fo., even, evening; soir; 2471.
refen-grom, adj.. [Even-angry], fierce in the evening, night-
enemy ; l'ennemi de la nuit ; 4143.
œfen-lêoht, neut. fo., even-light; lumière dans la nuit; 821.
Bêfen-raest, f. fo., even-rest ; repos du soir ; 2504.
œfen-spraec, f. fo., even-speech ; discours du soir; 151 I.
aefnan, v. efnan.
rëfre, adv., ever, always ; toujours, jamais ; 140, etc.
iefter, prep, after ; après : 169, 2644, etc.: after, for. concerning;
pour, pour ce qui est de ; 662, 2683, 4921 ; along, amond ; le long de,
parmi; 1983, 5659 ; in accordance with, according to; selon ; 2092,
3438 ; on account of, in consequence of; en considération de; 3211,
3882. Emplois particulier : aefter beorne ; after (the death of) the
hero ; après (la mort du) héros; 4516 ; a->fter mâththum- welan ; after
obtaining wealth of treasure; après avoir obtenu les richesses du
trésor; 5502; aefter farothe ; avec le torrent ; 1155.
cefter, adv., after, aftewards ; après, par la suite; 24, etc.
;ef-tbunea, m. fa., mortification, vexation, annoyance; mortifica-
tion, injure, ennui; 999.
Éëg-hwà, a?g-hwaet, pron., each, everyone, every man ; chaque
chacun, tout homme qui; etc., 2768 ; gen. œghwaes, of each kind ;
de toute sorte; 6265.
îëg-hwaes, gén. neut. employé adverbialement ; in every respect,
altogether : à toul point de vue ; fout ensemble; 3767.
.î'g-hwâer, adv., everywhere; partout ; 21 12.
i i \i.ji i 70!»
îi'u-hw aeiher, pron., either, each ; l'un oh rautre, chacun ; 5125.
Emploi particulier : àêghwaethres sceal scearp scyldwiga gescâd
wilan, wofdaond werca; leguerrier sage <|ui porte le bouclieF,doi1
connaître la différence «les mois aux actes, 573 et s.
aëg-hwylc, (i) pron., each, everyone; chaque; 2330; (2) adj.,
each, even ; chaque ; 1236 .
aUgl&cav vid. âgifèea .
sêg-weard, f. fo., seaward, watch by the sea-coast ; garde de, ou a
la mer ; 480.
œht, f. To., owning, possession, power; possession, pouvoir, 1)8.
8êht, f. fo., pursuit, chase; poursuite, chasse; 5910.
— aëhted, vid. eahtian.
àêled, ro. fo., fire; feu; 002").
â'ied-lêoma, m. fa., fire-gleam, torch; torche, brandon ; 6241.
ael-fylce, n. fo., alien folk, foreign nation; nation étrangère;
4737/
sel-mihtig, adj., ( = eal-mihtig) ; almighty; tout puissant: 183.
sel-wiht, f. fo., (alien-wight) ; strange monster; monstre étrange;
2999.
sêne, adv., once, once only ; une fois, une fois seulement ; 6033.
cénig, adj. -pron., any, anyone ; n'importe qui, tout homme qui;
942, etc.
eén-lïc, adj., (one-like) unique, peerless; unique, sans égal;
409.
senne, vid., an.
a?ppel-fealu, adj., (apple-fallow), apple, or reddish yellow ; jaune-
pomme ; 432').
;ér, adv.j ere, erst, before, formerly; avant, auparavant, d'abord ;
1430. etc.
.«Tor, compar., before, formerly, first ; avant ; 5305.
jïTest, superl., (erst) first; d'abord ; 12, etc.
;ît, prep., avec le dat., ere, before; avant: 2775, etc.
;it, conj.j ere* before : avant que, (s'emploie avec le subjonctif) ;
502, etc
œr-daeg, m. fo., (ere-day) morning, twilight, day-break; aube,
matin, aurore; 252, etc.
jêrende, neut. fo., errand ; course; 538.
œrestj vid. aër.
aêr-faeder, m. lu., (ere-father father; père; 5241.
80U LEXIQUE
sèr-gestrëon, neut. tu., (ere-treasure) ancient treasure; ancien
trésor ; 3551.
aer-geweorc, neut. fo., (ere- work; ancient work; ancien travail ;
3356.
«It god, adj., (ere-good) good before others ; excellent : 259.
aern, neut. fo., house; maison 4440.
rârra, adj. conipar.. earlier, former; précédent, d'autrefois ;
6071, etc.
aéer-wela, m. fo., (ere-weal) ancient wealth; richesse antique ;
5494.
aës, neut. to., corpse; cadavre; 2663.
a3sc. m. fo., (ash) spear; lance 3541.
aesc-holt, neut. lb, (ash-wood) spear; lance; 657.
tusc-wiga. in. fa., (ash- warrior) spear-warrior: guerrier portant la
lance; 4079.
ait, prep., at, in ; à, dans ; 63.
set, m. fo., eating, meal ; nourriture ; 6048.
aët-gaedere, adv., together; ensemble; 639.
ôêt-graépe, adj., grasping at; étreinte; 2539.
;ct-rihte, adv., almost; presque; 3313.
a^t-somne, adv., together ; ensemble ; à la fois ; 5690.
lettren, adj., poisonous; empoisonné: 3233.
aethele, adj., noble; noble ; 394.
aetheling, m. fo., Atheling, noble, prince; prince, noble; 5, etc.
asthelu, neut. fo., noble descent ; noble lignée ; 1818.
tëthm, m. fo., breath; souffle, haleine ; 5183.
âgan, v. fo., own, possess, have; avoir; 2170, etc.
âgen, adj., (pp. de âgan), own ; sien ; 5351 .
Agend, m. fo., Owner, (xod ; celui qui possède toutes choses,
Dieu ; 6145.
agend-frêa. m. fa., owning lord, owner ; possesseur; 3762.
âglrëca, âîgltëca, m. fa., monster fighter, warrior, champion;
monstre, celui qui combat les monstres; 316, etc.
àglaéc-wïf, neut. fo., monster-wife ; monstre femelle ; 2518.
an, âhte, vid. âgan.
âhsian, v. fa., endure, suffer; endurer, souffrir; 841.
âht ( == â-wiht) neut. fo., aught ; jamais ; 4623.
aldor, vid. ealdor.
LEXIQUE SOI
AJ-walda, Al-wealda, m. fa., the all-wielder, (iod ; celui qui régit
tout l'univers, Dieu; 1830.
al-walda, adj. neut., all-wielding ; celui qui régit tout; 630.
an, pre p. vid. on.
an, num. adj. et pron., une. an, a ; un ; 200, etc.
only, alone; un, seul ; 2753, etc.
âna, adj. fa., only, alone ; seul ; 2150, etc.
ancor, m. fo., anchor; ancre; 003.
anda, m. fa., (1) indignation, deûance ; indignation, méfiance;
1410; (2) mischief, horror; horreur, méfait ; i622.
and-gil, neut. fo., understanding, intelligence; intelligence, enten-
dement, 2111.
and-long, vid. ond-long.
and-rysno, f. fo., courtesy ; courtoisie, politesse ; 3589.
and-wiita, m. fa., face, countenance; visage, physionomie, main-
tien; 1371.
ân-feald, adj., onefold, plain ; un, uni ; 509.
ânga, adj. fa., only, sole; seul, unique: 2523, etc.
ân-geng(e)a, m. fa.,one-goer; celui qui va seul; 32S.
an-haga, m. fa., a solitary ; un solitaire; 4731.
àn-hydig, adj., resolute; résolu; 5330.
ân-thaeth, m. fo., (one-path); sentier unique; 2819.
ân-rœd adj., (one-rede), resolute; résolu; 3057.
ân-sund,adj., sound; sain; 1993.
ân-syn, vid. on-syn.
ânunga adv., once for ail ; une fois pour toutes; 1261.
An-walda, m. fa., (on-wielder), God; Dieu; 2544.
âr, m. fo., messenger; messager; 669.
Tir, f. fo., honour; honneur; 4751, etc.
âr-faest, adj., (honour-fast) upright, dutiful; vertueux; 2334,
âr-staef, m. fo., mercy, help ; aide, pitié; 631.
atelïc, adj., horrible; horrible; 1561.
alloc, neut. fo., poison ; poison; 5042.
âth-sweord, neut. fo., oath-swearing; serment; 4123.
awa, adv., aye, ever; toujours; 1903.
Kn2 I I \I-i! I
B
bàêdan, v. fa., beset, press; assiéger, prc-M-r; i-H '»l . dr.
baêl, ncuL fo., fire, feu ; 401 1 .
bœl-fyr, neut. To., fire of Liu» funeral pile; l'eu du bûcher : i.i2NI.
— bœran, ge-baêran, v. fa., bear oneself, behave, fare; se porter,
se comporter ; 5643t.
baernan, v. fa., trans., burn ; brûler 4<>20.
bal dor, vid. bealdoi ■.
ban, neut. fo., bone; os ; 5380.
bân-cofa, m. fa., (bone-cove) body ; corps : 28S.il.
ban-bring* m. fo., bone-ring; vertèbre ; 3133..
bannan,-ge-bannan, v. fo., order; ordonner; 148.
bât-weard, m. fo., (boat-ward), captain ; capitaine ; 311Jo.
be, bï. prep, avec le dat: by; par, dans ses sens divers; 71,
4433, etc.
bëacen, neut. fo., sign, monument; signe, monumeul : ll.Vi.
bëacnian, v. fa., (beckon), indicate: indiquer; 279.
beado, beadu, f. fo., war; guerre; 3077.
beado-gnma, m, fa., battle mask, helmet; casque ; 45US,
beadu-scrud, neut. fo., (battle-shmud) coat of mail : col te de mail-
les ; 000.
bëag, ben h, m. fo., ring; anneau ; 2423, etc.
bêah-thegu, f. fo., ring-receiving; le don de l'anneau; 4347.
bealdian, v. fa., bear oneself boldly ; se comporter bravement ;
4349.
bealdor, baldor, m. fo., prince, lord : prince, seigneur : 5634.
bealo. bealu, neut. fo., evil, ruin ; mal, dommage; 1811, etc.
bearhtm, m. fo., (1) brightness; éclat ; 3530. (2) sound ; sun ;
2862.
bearm, m. fo., (barm) bosom; sein, giron; 70, etc.
beam, neut, Co., (bairn) child, son; enfant, fils; 298. etc.
beam, m. fo., grove, wood ; bois, bosquet, 272b.
bëatan, v. fo., beat; frapper ; 4712.
bed(d) neut. fo., bed ; lit; 288.
be-foran, adv., before; avant 1990,
bëgen, m, bâ, f. et neut., adj. num. el pron., 1067, etc.
1 1 \ivi i S08
be-gong, be-gang, m. !'<>., extent, expanse ; étendue, expan-
sion ; 72 1 , etc.
belgan, v. fo., swell with anger; ("Ire gonflé de colère; IHO, etc.
bên, f. fo., (bene) request; requête ; 15453.
bene, f. fo., bench ; banc; 651, etc.
benn, f. fo., wound ; blessure; £116.
hêodan. biodan. v. fo., (l)announee; annoncer; 5780 : (2) offer,
give; offrir, donner; 2160, etc.
bêod-genëat. m. I'o., table companion ; compagnon <le table;
683, etc.
boon, v. irreg. be ; être ; 3522, etc.
beôr, neut, fo.. beer; bière; 958, etc.
beorgan, v. fo., avec le dat., defend, protect; défendre, protéger;
2890. etc.
beorh, biorh, beorg, m. fo., bill, mountain ; colline, montagne;
420, etc.
beorht, adj., bright; brillant : 461, etc.
beorhtian, v. fa., intrans., brighten; briller; 2315.
beorn, biorn, m. Co., hero, warrior; héros, guerrier; 204*, etc.
beornan, v. fo., intrans., burn; brûler; 4538, el'e.
beorn-cyning, m. Co., warrior-king: roi-guerrier ; i29l.
bêor-seeafo, m. to., beer-seneschal, steward; ecbanson: 2'iSI.
beotian, ge-beotian, v. fa., boast; se vanter de ; 954.
beran. v. fo.. (1) bear; porter; 96, etc., (2) bear, grve birth to:
porter, donner naissance à ; 3404.
berian,v. fa , hare; clear; nettoyer, émonder ; 2178.
berstan, v. fo., intrans-., hurst; éclater; 1514.
bêtan, v. fa., amend; réparer: 105i.
betera, adj., compar. (de gôd) better ; meilleur ; 3404, etc. betosf,
betst, superl, ; 900, etc.
betlïc, adj., excellent ; exeellenl ; 15(il, etc.
bid an, v. f<>.. bide, abide; dtemeurer; 798, etc.
biddan, v. fo., (bid), ask, beg; demander, prier : 58, etc.
bil (1), neut. fo., bill, sword ; glaive; 79, etc.
blndan, v. fo., bind ; lier, attacher; 431, etc.
bilan, v. fo., bile, cut ; mordre, couper; 2908. etc.
bïtre, adv., bitterly; anrèremenl ; 4(>56.
blrir. adj.. bleak, brighl : brillant : 3033.
blaec, adj., black ; noir ; 359&
80 \ ij;xiQUE
bleed, m. fo., breath, life . souffle, vie ; 2242, etc...
blanca, m. fa., a white horse; un cheval Mam-; 1705.
blêate, adv., miserably : misérablemenl ; 5643.
blïcan, v. f'u., -lean: ; briller ; i42.
blithe, adj., joyous; joyeux ; 1227.
blôd, neut. fo, blood ; sang; 1478-, etc.
blonden-feax, adj., blended-haired), gray-haired; aux cheveux
gris; 3188, elc.
bodian, v. fa., (bode) announce ; annoncer ; 3601 , etc.
bold, neut. fo., building; maison, construction; 1987, elc.
bolgen-inôd, adj., (bulged-mood) ; pris de colère, plein fie ressen-
tinicnl ; 1411, etc.
bolster, m. fo., bolster; traversin ; 2480.
bona, bana, m. fa., bane, banesman, slayer; assassin, bourreau ;
315, etc.
bord, neut. fo., (board) shield ; bouclier: 5044.
bot, f. fo., boot, remedy, compensation ; remède, compensation ;
1812, etc.
botni, m. fo., bottom ; fond ; 3012.
brad, adj., broad, wide ; large, ample: (3204, elc.
brsêdan, v. fa., broaden ; étendre ; 2479.
brecan, v. fo,,(l) trans., break; briser; 2194; (2) intrans., même
sens, 5088.
bredwian, à-bredwian, v. l'a., overthrow, slay; renverser, mas-
sacrer; 5235.
bregdan, v. fo , avecledat. ou l'ace. (1) brandish, cast; brandir,
balancer ; 1408, etc.. ; (2) braid, weave ; tisser ; 1098, etc
ge-bregdan, v. fo., avec ace, ou dat., même sensque le precedent;
3128, 2886.
brego, in. fo., prince, king; prince, roi; 848 etc.
brëme, adj., (brim) renowned; renommée : 35.
brenting, m. fo., high ship ; vaisseau de haute envergure; 5(310.
hrëost, neut. fo., breast; poitrine; 5631, etc...
brëotan, â-br'ëotan, v. fo., break kill, destroy; briser, détruire,
tuer ; 2596, etc. ..
brïm, neut. fo., (brim) ocean, sea : océan, mer; 5(3, etc
bringan, v. fo., bring ; apporter, porter ; 3655. etc
brôden, \ id. bregdan.
brôga, m. fa., terror; terreur; 2583.
LEXIQUE 805
brond, m. fo., brand, ûre; brandon, feu ; 2907, etc.
bront, adj., high : haut ; 475, etc.
brosnian, v. l'a., perish : périr ; 1514.
brûthor, m. fo., brother; frère: 2649, etc.
brûcan, v. fo., aver le gén. use. enjoy ; user, jouir de ; 21 IS, etc.
brun, adj., brown ; brun ; 5152.
bryd, f. l'a., wife; femme, épouse; 4058.
brynelëoma, m. l'a., burning ray ; flamme vomie (par ledragon i;
1.621.
brytnian, v. fa., distribute: distribuer; 4762.
bûan, v. fo., (1) intrans., dwell : habiter ; 5679: (2) trans., dwell
in : habiter dans : 6126.
bûgan, v. fo., how, bend, stoop; courber, baisser ; 659, etc.
bunden stefna, m. fa., bound stem, bound prow, ship ; vaisseau ;
^816.
hûne, f. fa., cup; coupe ; 0090.
bûr, neut. fo., bower, room ; chambre ; 278, etc.
burgh, burn, f. fo., burgh, castle: burg, château fortifié : 105, etc.
burne, f. fa., burn, stream ; ruisseau. 5.002.
bûton, bûtan, conj. (1) avec le subj., unless; à moins que; 1920 ;
i 2) avec l'indic. , but that, except ; mais que, excepté que , 3120.
bycgan, bicgan, v. fa., buy ; .acheter; 2611.
byldan. v. fa., encourage; encourager; 2182.
bvme, f. l'a., trumpet ; trompette ; 5882.
byrdû-scrûd, neut. fo., shield; bouclier; 5316.
hvre, m. fo., son boy ; fils, enfant; 2377, etc.
byrgean, v. fa., taste; goûter; 891.
byrne, f. fa., byrny. coatof mail ; cotte de mailles ; 805. etc.
bysigu, f. fo., (business) (rouble, affliction; trouble, affliction
559, etc.
byth, vid., héon.
Itywan, v. fa., prepare, adorn ; préparer, orner ; 4509
camp, m. fo., battle ; bataille ; 5005,
cm. vid. cunnan.
ceald, adj., cold : froid : 2522. etc.
S()C> 1 1 \inn:
cëap, in. fo., i-liap) bargain : marché : 4&26, etc
ceapian. \ fa., (cheapen, chop) purchase ; acheter;6020.
cearian, v. fa ., take care ; prendre sofh; 3072.
cear-sith, m. Co., care-journey; souci du Voyagé ; 4787.
cearu. f Fo., care, sorrow ; souci, chagrin; 2807.
ceaster-bûend, m. fo., castle- dweller ; celui qui habite un châ-
teau, citoyen ; I 529.
cenapa, m. fa., champioti; champion ; 262.'}.
cène, adj., brave ; brave; 1536.
cennan, v. fa.. (1) bèget, bear; engendrer, porter, 2\. etc., (2)
declare ; déclarer; 2438.
cënthu, f. fo , boldness; hardiesse; 5389.
cêol, ni. fo.. ship; vaisseau; 70
ceorfàn, v. Fo., carve: sculpter; avec l'ace, de la pers., et le dàt.
de la chose: 4180.
ceorl, m. fo., man ; homme ; 403, etc.
ceosan, clos, n, ge-ceosan. v. fo., choose, accept; choisir, accep-
ter; 4748, etc.
clgân, â-cïgan, v. fa., call'; appeler, 6236.
cirran, v. fa ., (1) trans., turn, change; tourner, changer ; 5710 ;
(2) intrans., turn, return ; tourner, retourner; 5898.
clif, neut. fo., cliff ; falaise; 3818.
clomm, clamm, m. fo., grip ; prise, étreinte ; 1923, etc.
cnfiwan, ge-cnâwan, on-cnâwan, v. fo., know, recognise; connaî-
tre, reconnaître; 4090, etc.
cnihL m, fo , boy ; enfant, page ; 243!).
cnyssan, v. fa., crash ; écraser; 2056.
côlra, côl, adj., cool; frais; 562, etc.
collen-ferhth.-ferth, adj., of proud spirit; bold-minded ; d'esprit
orgueilleux, à lame fière; 3608, etc.
corther, neut. fo., troop, crowd; troupe, foule; 2304, etc.
era eft, m fo , might strength ; force, pouvoir ; 1391, etc.
cringan, ge cringan, v. fo., fait ; tomber; 2419, etc.
cuman, v. fo., corne; aller, venir; 46, etc.
be-cuman, v. fo., (1) corne ; aller, venir; 230, etc., (2) avec l'ace,
de la pers. befall; advenir, arrivera: 5762.
cumbol. m. i'o., standard ; bannière : 5006.
cunnan. v. f a , et fo., (1) avec l'ace, know, be acquainted with ;
connaître, être en relations avec: 720. etc., (2) avec l'inf., know
i.FXTon: SOT
how to, be able to ; savoir cbmhîiéhl, 6tt*é bÀ^attie dé; 100. etc.
cuoDian, v. fa., avecace. oil jjen.; try, make triai of: essayer,
faire l^préuvé de" ; 101 1. etc.
i-w e'alni, m. fo.. (qiK^Uinu), mùrdér, deaih ; meurtre, mort;
214, elc.
cweceah, \. ta., (tjuaké) brandish ; brandir; 469. etc.
cwellan. ,î-i'\\ ellan. v. l'a., quell, kill ; tuer: 1766. etc.
cwën, 1'. Fo., queen, wife; reine, femme ; 124. etc.
cwethan, a-cwethan- gë-cwëthàn, v. fo.. say, speak ; dire, parler:
4488, etc.
cwic, cwico, adj., quick, living; vif, vivant; 196, etc
cwithan, v. fo., avec l'ace, lament : pleurer, se lamenter de;
1220, elc.
cyne-dùm, m. fo.. kingdom; royaume; 47i7
cyning, kyning, m. fo., king; roi ; 22, etc.
cypan, ge-cypan. v. fa., buy; acheter; U)87, etc.
cyssan, ge-cyssan, v. fa., kiss; embrasser; 3736.
cyst. f. fo., (choosing) choice ; choix; 1339, etc.
cythan, v. fa., make known, show: faire connaître, montrer;
1312, etc.
D
d.Wl. f. fo.. deed, act; l'ait action, acte; 360, etc.
d.éd-cëne, adj.. (deed-keen) bold in act ; brave ; 3288, elc.
d.eg, m. fo., day ; jour ; 071. etc.
daêl, m. fo.. part; part, portion : 3478, etc.
d«el;in. be-dadan. ge-da'-lan. v. l'a., distribute; diviser, distribuer:
160, elc.
daroth, m. fo., dart, javelin ; trait, javelnt ; r»('»02. été.
deall. adj . . proud ; lier ; 082.
dr-alli. m. fo., death; mort: 877. etc.
df'inan. v. fa., adjuge; attribuera; 1367.
demi, neut. fo.. den; laninv ; 608'"».
rlëofoî, m. ro., devil; dehidh; 150!).
dëop, nenl. fo.. deep: profondeur : 5ïl94:
dêor, dïor, adj.. bold, brain! : brave : H 75,
deorc, adj.. dark ; obscur; 318, etc,
disc, m, IV... dish : plat ; 6091,
NOS LEXIQUE
dôgor, neut, to., day ; juin- ; 437; etc.
dohtor, f. fo., daughter; fille; 747.
dol-gilp, m. fo., (doltish yelp) foolish boasl ; vantard; 1012.
dol-lîc, adj . audacious, desperate; audacieux, désespéré; 5288.
(loin, ni. fo., doom ; jugement; 876, etc.
dôm-leas, adj., (glory-less) inglorious; sans gloire; 5774.
don, gê-dôn, v. irreg., do, make, take, put, lay ; faire, prendre,
placer, mettre, déposer; 883, etc.
draca, m. fa., drake, dragon ; serpent, dragon ; 4172.
— dnedan, on-draêdan, v. fo., dread; craindre; i089. etc.
drëam, m fo., (dream) joy, mirth; joie; 170. etc.
drëfan, v. l'a., trouble, stir; troubler, agiter; 3804.
dreôgan, v. fo.. do, go through ; faire, persévérer, achever ;
1171. etc., â-drëogan, v. fo., endure; durer : 6151.
drëor, m. fo., blood; sang; 888.
drëosan, ge-drëosan, v. fo., fall, sink ; tomber, décliner; 3500.
drepan, v. fo., strike ; frapper ; 3488, etc.
drïfan, v. fo., drive; conduire; 2254.
drincan, v. fo , drink; boire; 1478.
drohtolh, m. f o , way of life, calling ; vocation ; 1506.
dryhten, drihten, m. fo., lord, chieftain ; seigneur chef, 2968, etc.
drync-faet. drincfaet, neut. fo., (drink-vat) drinking-vessel : vais-
selle pour boire; 4502. etc.
drysmian, v. fa., darken ; s'obscurcir; 2750.
dûfan, ge-dûfan, thurh-dfifan, v. fo., dive, sink into; plonger,
s'enfoncer dans ; 5397, etc.
dugan, v. fo . et fa., avail ; l'emporter; 736. etc.
duguth, m. fo., doughtiness; bravoure, triomphe ; 4035. etc
durran, v. fo.. et fa., dare; oser; 2924, etc.
duru, in. fo., door; porte ; 776.
dwellan, v. fa., deceive ; tromper; 3468, etc.
dygan, ge-dygan, ge-dïgan, v. fa., survive, ex.apé ; survivre,
échapper à ; 598, etc.
dygel, dëogol, adj., secret, hidden ; secret, caché; 2714.
dynnan. v. l'a , din, resound ; sonner, résonner; 1537. etc.
dyrc. dëore, adj., dear; cher, chéri ; 4116, etc.
dyrstig, adj.. bold ; audacieux ; 5672.
LEXIQUE 809
E
ëac, adv., eke, also ; encore, également ; 194, etc.
êacen, adj., great, extensive; grand, étendu: 6.098.
ëadig, adj., rich ; prospère; 2450.
eafora, eafera, m. l'a., child, son; enfant, (ils; 23, etc.
eafoth, neut. fo., strength, might ; force, puissance ; I79X. etc.
cage. neut. fa., eye ; œil; 1452.
êagor-slream, m. fo., water-stream; cours d'eau; 1020.
eahta, num., eight; huit; 2064.
eahlian, v. fa., consider, deliberate; examiner, délibérer; 2445.
eal, adj., all ; tout ; 222. etc.
eall, adv.. all; entièrement, tout: 3414.
ealles. adv.,(gen. d'ealljall, altogether; entièrement, toul ensem-
ble ; 2011.
eald, adj., yldra, compar., yldesta, superl; old; vieux; 143, etc.
ealdor. aldor, m. fo.. chief, lord ; chef, prince, III, etc.
ealdor, aldor, neut. fo., life ; vie, 2741, etc.
eal-fela, adj.. (all-many) very many ; de très nombreux ; 1759, etc.
ealgian, v. fa., defend, protect ; défendre, protéger; 2008, etc.
ealo-benc, ealu-benc, f. fo., ale-bench ; banc de bière; 2051, etc.
ëa-lond, neut. fo., water-land ; terre près du flot . ; 4662.
ëam, m. fo., uncle; oncle; 1755.
eard, m. fo., estate; domaine; 111, etc.
eardian. v. fa.. (1) intrans. dwell; habiter; 6096.(2) trans.,
inhabit; habiter; 331.
earfoth, neut. fo., endurance; endurance, fatigue; 1002
earg, adj., cowardly; lâche; 5079.
earm. m. fo., arm ; bras ; 1021, etc.
earm, adj., wretched; maudit; 4731, etc.
earn. m. fo., eagle; aigle; 60i7.
eart, m. fa., art ; art ; 702.
ëastan, adv., from the east ; de l'orient ; 1133.
ëathe, ythe. adj . pleasant; plaisant; 455, etc.
êathe, adv.. easily ; facilement: 1)51. etc.
e.ixl. f. fo., (axle) shoulder; épaule ; 1069, etc.
êce, adj.. éternel : éternel ; 215.
810
1 1 viotf
erg. f. f<>., edge; sword; tranehanl du glaive; glaive, épée ;
2208.
ed-hwyrft, m. fo., return, change; changement, retour ; 2562.
ed-wenden, f. fo., return, change; changement, retour; 3546.
edwTt-llf, neut. lb., life of infamy : vile infâme : 5773.
efen, adj., even ; même ; 5801 .
efnan. aefnan; v. fa., achieve ; achever : 2075.
efstan, v fa., hasten ; se hâter; 298b, etc-,
eft, adv., after ; après ; 112, etc
êg-clëf, neut. fo., sea-cliff; falaise; 5T82-.
egesa, m. fo., fear; crainte; 1561, etc.
eges-full, adj., terrible; tenable; 5853.
egi, f. fo., claw ; serre ; 1967.
egsian, v. fa., affright; épouvanter ; 12.
ëhtan, v. fa., pursue ; poursuivre ; 317, etc.
el-land, neut. fo., strange land ; étrange pays; 6034.
ellen, m. fo., strength, courage ; force, courage ; 1141.
elles, adv., else; autrement; 276, etc.
ellor, adv., elsewither ; ailleurs ; 110, etc.
ellor-gast, ellor-gaest, ni. fo., alien spirit ; esprit étranger ;
1608, etc.
elra, adj., (compar. de ele) another; un autre; 1498.
ende, m. fo., end; fin ; 1644, etc.
endian, ge-endian, v. fa., end; finir; 4622.
enge, adj., narrow ; étroit ; 2819.
ent, m. fo., giant; géant; 3356.
eodor, m. fo., (1) barrier: barrière; 2081 ; (2) protector, lord;
seigneur, prince ; 850, etc.
eofer, eofor, ni. fo., boar; durs, tète d'ours; 2217, etc.
eolet, m. fo.,ou neut., sea ; mer; 446.
eorclan-stan, m. fo., precious stone; pierre précieuse"; 2416.
ëored-geatwe, f. pi. fo., military e'qtiipementà ; équipemenls mili-
taires; 5727.
eorl, m. fo., earl ; comte noble guerrier; 12, etc.
eormen-cynn, m. fo., (enormous Kin) mankind ; genre littifiàth ;
3.909, etc. '
eorre, vid. yrre.
eorth-eyning, m, io., earthly king; rdi delà terre; 2.304.
eoten, eoton, m, fo., eoten. giant ; inonstré, géant; 223, etc.
1.1 Moll SU
"iiw . pron. pers. ace. et dat. plur. vim : vous ; ^80-, etc.
ëower, pron. pers. gen. pi.; of you ; de vous; V'.iï. etc.
ëower, adj. poss., your; volte; 512, etc.
ëowic, pron. pers. ace. pi. ; you ; vous : 632, etc.
est, t'. fo.. favour, grace ; grâce, Paveur; UNO, etc.
etao, thurh-etan, v. fo., ea1 : manger, dévorer; (>093, etc.
ëth-begête, adj., (easy-begotten) easily got; Obfenu facilemenl :
5717.
ethel, m. fo., native land ; terre natale; 1040, etfc.
êth-gesyne, 5Tth-gesëne, adj., easy; facile, manifeste; 2214, etc..;
facen-staef, m, fo., treachery : trahison : 2030, etc.
faec, neut. fo., period of time; laps de temps; 5475.
faeder, m. fo., father; père; 110, etc.
Hfege, adj., doomed; condamné : 1693.
faegen, adj.. (fain) glad ; content; 3265.
fseger, adj., beautiful ; beau ; 1038.
faéhth, faêhtho, f. fo., fend, hostility; hostilité; 4802, etc.
ffèlsian., v. fa., cleanse; purifier, nettoyer; 859, etc.
fa-nine, f. fa., bride, lady; épouse, femme ; iOOO, etc.
far, neut. fo., vessel; vaisselle; 66.
faer, m. fo., feor ; ci'ainte, danger: 2130, etc.
fa'st. adj.. fast; attache à, qui tient à ; 003. etc,
fa'stan, v. fa., fasten ; attacher ; 2224.
faet, m. fo., vessel ; vaisselle; 5518.
faêt, neut. fo., gold-plate; plat d'or; H37.
faethm, m. fo., (fathom) embrace, bosom ; sein, embrasseitient
308, etc.
fffithmian, v. fa., embrace; embrasser; 5301, etc.
f7\!x, ffih, adj., stained, coloured : ebloré, teinl : 607, etc.
fâh, fag, adj.. (I) hostile : liostile : 1102; (2) -uilty ; coupable
1 949.
fâ hue, vid. fâg, ffih.
fâmi (g)-heals, adj., foamy-necked ; ceinturé d'écume • 434,
fandian. vid. fondian.
fane, vid. fah, fâg,
S12 LEXIQUE
— fangen, vid.-fôn.
fâra, vid. fa h, fâg.
faran, v. fo., fare, go; se poller, aller; 248, etc.
faroth. m. fo., tide; torrent ; 56, etc.
fêa, adj. pi., few; un petit nombre, 4775, etc.
— feah, vid . iron.
fealh, vit], fëolan.
feallan, v. fo., fall ; tomber , 2134, ge-feallan, v. fo., (1), in trans.,
fall; tomber; 3507 ; (2) trans., fall to; tomber sur. échoir à:
4.200, etc.
fealo, vid. fêla.
féal u, adj., fallow; jaune ; 1820, etc.
fëa-sceaft, adj., wretched; misérable; 14, etc.
feax, neut. fo., hair; cheveux ; 3292.
fëdan, â-fëdan, v. fa., feed, bringup; nourrir, élever: 1390.
fehth, vid. fôn.
fël, f. fo., file, sword ; glaive; 2057.
fêla, neut. fo., indecl. much, many; beaucoup de, nombre de;
1 175. etc.
fêla, adv., much, greatly ; beaucoup, en grand nombre ; 2770, etc.
fell, neut. fo., fell, skin; peau; 4172.
fen (n), neut. fo.. fen, moor; marais; 206, etc.
feng, m. fo., grasp; étreinte, prise: 1152, etc.
lengel, m. fo., prince; prince; 2.800.
feoh, neut. fo., fee, property, money; biens, argent; 310, etc.
feohtan. ge-feohtan. v. fa., light; combattre; 2160, etc.
fëolan, aet-fëolan, v. fa., stick; s'attacher, coller à. pénétrer:
2563, etc.
— fëon, ge-lëon., v. fo., rejoice; se réjouir; 217, etc.
fëond, m. fo., fiend, foe ; ennemi ; 202, etc.
feor, adj., far; lointain; 2722, etc.
feor, adv.. far, afar . loin au loin ; 84, etc.
feorh, m. fo., life; vie; 146, etc.
feorm, f. l'a., food, substance; nourriture, substance; 896.
feormian, v. fa., ({) polish ; polir, fourbir; 4501. (2) eat, devour;
manger, dévorer, 1482.
feorran, v. fa., banish; bannir; 310.
feorran, adv., from afar; de loin; 720, etc.
fëower, num., four; quatre; 117. etc.
i.KMot k si 3
(eower-tyne, aum., fourteen: quatorze; 3281. etc.
leran, v. fa., fare, go; aller, être, se porter : ge-fêran, 1 1) trans.,
goto1reach : aller à, atteindre; 2239, etc. - intrans., fare; se com-
porter : 3380.
ferh, m. fo., (farrow) boar; figure of a boar; ours, enseigne
d'ours ; 608.
ferhtb, m. fo., hearty mind; cœur, esprit; 1501, etc.
ferian, aet-ferian, ge-ferian,v. fa., (ferry) bear; porter; 2310, etc.
fetel-hilt, neut. fo., belted hill ; glaive à ceindre; 3125.
fetian, v. fa., fetch ; aller chercher : 2621, etc.
fêtha, m. fa., troop on fool ; troupe sur pied ; 2848, etc
fëthe, neut . fo., movement : mouvement (de troupes) ; 1933.
tel he- wig, m. fo., foot-war; bataille de fantassins; 4722.
t'ex. vid. feax.
fïf, num., five ; cinq; 1084.
fïfel-cynn, neut. fo., race of monsters; race de monstres; 208.
fTf-tene, num., fifteen : quinze; 3104.
flftig, num., fifty; cinquante; 4412, ete.
find an, on-findan, v. fo., find, find out; trouver, découvrir;
13, etc.
linger, m. fo., finger: doigt; 1514, etc.
f'ïras, id. pi. fo., men; tes hommes; 181.
firen, fyren, f. fo., crime, violence; crime, violence; 273, etc.
firgen, vid. fyrgen.
flaésc, neut. fo., flesh ; chair; 4844.
flan, m. fo.. arrow; Heche; 4872.
fleâh, vid. flëon.
fleam, m. fo., flight ; fuite, vol ; 1999, etc.
flëogan, v. fo., fly; voler, s'envoler; 4541, etc.
flëon, be-Ilëon, ofer-flëon, v. fo., av. ace, flee, flee from ; fuir,
s'enfuir de ; 1504, etc.
flëotan,v fo., float, swim; flotter, nager; 107'.).
flet, neut. fo., floor; plancher, salle; 2043, etc.
fliht, m. fo., flight; vol, fuite; 3528, etc.
fil tan, m. fo., contend; s'efforcer de; 1825; ôfer-flïtan, v. fo.,
overcome; l'emporter sur; 1029, etc.
flôd, m. fo., flood ; flot ; 1078.
(Iota, m. fa. (floater), bark, ship; barque, vaisseau; 419, etc.
flyman, v. fa., put to flight ; mettre en fuite ; 1685, etc.
SI 1 I.! \!nl i
-fôhj vid. l'on.
foie, neut- fo., folk, n.iiioii ; peuple, nation armée ; 27, etc.
fold l)i)lil. iicul. fi».. (!arlli-l)iiil(liiiu ; rempart déterre; 1539.
folde, I*, fa., earth : terre, sol ; 192.
folgian, v. l'a., follow, pursue: suivie, poursuivre ; 21118.
folm, f. fo., hand; main, 315, etc.
Ion, v. fo., seize;, take; prendre, saisir; 872, etc.; befôn, hi-fën,
v. fo., seize; saisir: 1946. etc; §e-fôn, v. fo , av. ace, seiae ;
saisir: 1473:, etc.; on-fon, v. l*o., av. dât., receive, take, seize; rere
voir, prendre, saisir : 1815, 0tc. : llmrli-fon. v. l'o., av. ace., pêne
tratc ; pénétrer ; 3G0&; with-fôn, v. Co.. avec dat., grapple with;
lutter avec; 15tt3 ; ymhe-fon, v. lo , av. ace, encircle; entourer,
étreindre ; 5379.
fondian, fandian, v. fa., av. gén., search out, experience : cher-
cher, faire l'épreuve de ; 4597.
for, prep. (1) av. dat., before ; avant ; 714, etc. (2) av. ace., for,
instead of ; pour, à la place de ; 1888, etc.
foran, adv., before ; en avant, en avant de ; 1962. etc.
ford, ni. fo., forci ; détroit ; 1130.
fore, prep. av. dat., before; avant; 2431, etc.
forbt, adj., fearful, afraid ; apeuré ; 1501.
forma, adj., supeii. de fore, tirsfe; premier; 1426, etc.
Ibrst, m fo., frost; gelée ; 3217.
forth, adv., forth ; avant, en avant de ; 90, etc
for-tham, for-than, for-thon, adv., for that, therefore : ainsi, par
conséquent; 842, etc.; for thon the, conj., because; à cause de ;
1002.
forth-gesceaft, f. fo., (forth-creation), future world ; monde
futur; 3448.
fôt. m. fo., foot; pied ; 994, etc.
fracod, adj., worthless; sans prix ; 3150.
freetwa, fraetwe, f. pi. fo.. (fret-), adornments, jewels; joyaux,
ornements ; 74, etc.
frœtw(i)an, v. fa., (fret), adorn ; orner; 151.
frêa, m. fa., lord; prince, seigneur; 539. etc.
freca, m. fa., wolf, bold man; loup, intrépide, guerrier: 3126.
frêcne, adj. . audacious ; audacieux; 1771, etc.
l'mnde, adj . foreign: étranger: 3381.
IVeme. adj., strenuous ; fort, énergique ; 38l>0.
fremman, ge fremman; frame, do; parachever, lane; (i, etc.
freo-burh, f. fo., (free burgh), free city; ville libre; 1379.
frêod, f. fo.. friendship; amitié : a 108.
frêo, dryhten, m. fo., noble, lord ; noble seigneur; 2339.
frêogan, v. fa . love: aimer; liSS!).
frëo-lïc, adj. (free-like), noble; noble; 1223.
frêond, m. i'o., friend; ami; 1823, etc.
freotho, f. fo., protection, peace; protection, paix; 375,, etc-
fretan, v. fo., (fret), devour; dévorer: 3*162..
I'ricgean, v. fa., ask ; demander ; 3965, elc ; ge-fyijCgean, v. la.,
li'.iiii : apprendre; 5999, etc.
friclan, v.. fa., seek for; rechercher; 5108.
frignan, frïnan, ga-frignan, v. fo., ask, learn ; demander, appren-
dre; G99, etc.
frôd, adj., old, wise; vieux, sage ; 2612, etc.
frôfor, f. fo., solace ; soulagement; 27, etc.
from, adj., bold; hardi, qui va de l'avant; 3280.
from, fram, prep., a v. dat., from, away from; de, loin de;
831, etc.
from, fram, adv., away; au loin; 1502, etc.
fruma, m. fa., beginning; commencement; 4613.
fugol, m. fo., fowl, bird ; poule, oiseau ; 435.
fui, adv., full; entièrement; 960.
ful(l), neut. fo., cup; coupe ; 1231, etc.
full, adj., full ; plein, entier; 4820, etc.
fultum, m. fo., help; aide; 1389, etc.
fundian, v. fa., hasten; se hâter de; 2268.
furtbum, adv., tirst ; d'abord; 644, etc.
furthur, adv., further; plus loin ; 505, etc.
fus, adj., ready ; prompt à, ardent à ; 2482, etc.
fyllan, v. fa., fill up ; remplir ; 2021.
fyr, neut. fo., fire; feu; 368. etc.
fyrd-gestealla, m. fa., army-conrade; compagnon d'armes;
5742, etc.
fyrgen-bëam, m. fo,, mountain wood; foret dans la montagne ;
2786."
fyrn-dagaSj, m. pi. fo., days of old; jours passés; 2902.
fyr-wet, -wyt, neut. fo., curiosity ; curiosité; 103.
fjsan, v. fa., prepare; apprètn-; I2Vi.
S Hi APPENDICE
G
gâd, neut. l'o , lack ; manque; 1314, etc.
gasdeling, m. Co., comrade; compagnon ; 5230, etc.
galaa, â-galan, v fo., sing; chauler; 1565, etc.
galga, ni. fa , gallows ; potence; 4887.
gàlg-môd. adj., (sad-mood), gloomy ; triste ; 2554.
gân, v. irrég., go; aller; 785, etc.; full-gân, v. fo., av. daU,
followa iid aid; suivre et aider; 6238; ge-gân, v. fo., (1) go
(intrans.) : aller ; 31)33 ; (2) go ; trans; make, venture ; faire, tenter;
2555 ; (3) gain, obtain ; gagner, obtenir; 3070 ; (4) happen ; arriver;
4395; ofer-gan, v. fo.. av. ace, go over; traverser; 2807 ; oth-
gan, v. fo., go ; aller ; 5803 ; ymb-gân, v. fo., av. ace, go around ;
aller autour; 1233.
gang, ni. fo., track; trace, pas; 1928, etc.
ganot, m. fo., diver; plongeur; 3719.
gfir, m. fo., spear, javelin; lance, javeioi ; 054, etc.
gasl, m. fo., ghost ; esprit, fantôme ; 205, etc.
ge, conj., and ; et; 2490, etc.
gê, pron. pers. (plur. de thû), ye, you; vous ; 472, etc.
geador, adv., together; ensemble; 1004, etc.
ge-aehtla, m. fa., high esteem ; haute estime ; 735.
gealdor, neut. fo., (1) sound ; son ; 5883; (2) incantation ; incan-
tation; 0100.
gear, neut fo., year; année; 2209.
geard, m. fo., yard ; cour; 20, etc.
gêar-dagas, m. pi. fo., yore-days ; joui' d'autrefois ; 1. etc.
gearo, gear u, adj., ready; prêt; 154, etc.
gearo, adv.. well ; bien ; 5493, etc.
gearwe, geare, adv., well; bien ; 527.
geato-lïc, adj., splendid ; splendide; 428.
geatwa. f. pi. fo., garniture; ornement ; 0170.
ge-bedde, f. fa., bed-fellow ; compagnon de lit; 1330.
ge-braec, neut. fo. (break), crash ; éclat; 4511.
ge-byrd, neut. fo., fate ; destin ; 2142.
ge-cynde, adj. (kind), hereditary; héréditaire; 4390.
ge-dfil, neut. fo., parting; séparation, départ; 0131.
ge-dëfe, adj., fitting; qui sied à ; 1117.
LKXIQl i 817
ge-drseg, neut. fo.. tumult; tumulte; 1505.
ge-dryht, ge-driht, neut. fo., troop ; troupe; 236, etc.
ge-fêa, ni. fa., joy ; joie; 1119, etc.
ge-feoht, neut. fo., Qght ; combal ; 1092, etc.
ge-frœge, adj., renowned; renommé; 10!), etc.
ge-frsegnian, v. fa., make famous ; illustrer; 2065.
gegn-cwide, m. fo., reply; réponse; 731.
gegnum, adv.. forwards; en avant : 62o.
ge-hwâ, pron., pron. av. gen., cadi ; chacun, tout; 585, etc.
ge-hwaer, adv., everywhere; partoul : 1 047.
ge-hwaether, pron., either; l'un ou l'autre; 1163, etc.
ge-hwylc, he-hwelc, adj. pron. av. gen. pi., each; chaque, cha
cun ; 195, etc.
ge hygd. neut. fo., thought: pensée; 4085.
ge-hyld, neut. fo., protection ; protection; 6114.
ge-l«ric, neut. fo., play : jeu ; 2073.
ge-lâd, neut. fo., path; sentier; 2820.
ge-len^e, adj., belongingts; appartenant à ; 5460.
ge-lïc, adj.. like; semblable; 4323.
ge-lôme, adv., frequently; fréquemment; 1112.
ge-long, ge-lang, adj., along of; le long de ; 2752.
ge-mœne, adj., common; commun à ; 3565.
ge-mêde, neut. fo., consent, consentement ; 491.
ge-met. neut. fo., power; pouvoir; 1551.
ge-mëting, f. fo., meeting; assemblée, rencontre; 3997.
ge-mong, m. fo., troop; troupe; 3284.
ge-mynd, f. fo., memorial ; mémorial ; 5603, etc.
gën, adv., again; encore; 1462, etc.
ge-neahhe, adv., enough; assez; 1559, etc.
ge-nip, neut fo., mist ; brouillard ; 2719.
gênunga, adv., wholly; entièrement; 5737.
gêo, gïo, îu, adv., formerly; précédemment; 2952.
gëoc, f. fo., help; aide; 353, etc.
gëocor, adj., sad ; triste ; 1524.
geofon, gifen, gyfen, neut. fo., ocean ; océan ; 721, etc.
geogoth, giogoth, f. fo., youth; jeunesse ; 319, etc.
geolo, adj., yellow ; jaune ; 5217.
gëo-mëowle, f. fa., bride; épousée; 6295.
gëoraor, gïomor, adj., sad ; triste; 98, etc.
63
<S1S LEXIQ1 l
gëomrian, v. fa., lament; se lamenter ; 2229.
geond, prep., av. ace, throughout : à travers; !50, etc.
geong, giong, adj., young; jeune; 25, etc.
georn, adj., eager ; avide de ; 5503.
gëo-sceaft, f. fo. (former shaping), fate : destin ; 2468, etc.
gêotan, v. fo., rush ; se précipiter; 3378
ge-râd, adj., skilful; adroit; 1740.
ge-rûm-lïce, adv., roomily ; largement; 277.
ge-rysne, adj., helitting; qui convient à; 5302.
ge-saca, m. fa., adversary; adversaire : 3544.
ge-sacu, f. fo., strife; lutte; 3472.
ge-scâd, neut. fo., difference; différence; 574.
gescaep-hwïl, f. fo., (shaped while), fated hour; heure du
destin ; 52.
ge-sceaft, f. fo., (shaping), existence; existence; 3244.
ge-sceap, neut. fo., fate; destin; 6163.
ge-slyht, neut. fo., slaying; massacre; 4791.
ge-strêon, neut. fo., possession ; possession ; 3837.
ge-sund, adj., sound; sain et sauf; 3255.
ge-synto, f. fo., soundness; santé; 3734.
ge-taêse, adj., quiet; tranquille; 2641.
gëtan, v. fa., slay ; massacrer ; 5875.
ge-tenge, adj., touching; qui touche à; 5513.
ge-thing, neut. fo.,: (1) terms ; termes; 2164; (2) issue; fin; 792.
ge-thôht, ge-thonc, m. fo., thought; pensée; 509.
ge-thyld, f. fo., patience ; patience ; 2790.
ge-weald, neut. fo., power; pouvoir; 157.
ge-wef, neut. fo., web ; trame; 1394.
ge-weorc, neut. fo., work ; travail, 904, etc.
ge-wider, neut. fo., storm; orage ; 2749, etc.
ge-win(n), neut. fo., strife; lulte ; 266.
ge-witt, neut. fo. (wit(s)), senses; sens, esprit ; 5402.
ge-wrixle, neut. fo., exchange; échange; 2609.
ge-wyrht, neut. fo., merit; mérite; 5310.
gif, gyf, conj., if; si; 879, etc.
gifan, giofan, a-gifan, etc., v. f., give; donner; 97, etc.
glfre, adj., greedy ; gourmand ; 2554.
gifu, f. fo., gift ; don ; 2347, etc.
gilpan, gylpan, v. fo., (yelp), boast; s'enorgueillir de; 1166, etc .
LEXIQUE 810
gim. m. fo., gem; pierre précieuse, gemme ; 4140.
ginnan, on-ginnan. v. fo., begin; entreprendre, commencer;
485, etc.
giohtho, f. fo., sorrow, care; trouble, chagrin; 4529.
gist, gyst, gaest, m. f'o., guest; bote étranger; 203, etc.
git, gyt, adv., yet; encore ; 1067, etc.
gitan, an-gitan, be-gitan, etc., v. fo., get, get at; prendre, attein-
dre, toucher à ; 2130, etc.
gladian, v. fa., glisten; briller; 4067.
glaed, adj. (glad), gracious ; gracieux ; 116, etc.
glêd, f. fo., (glede), fire ; feu ; 4624.
glêo, neut. fo., glee; éclat; 4205, etc.
glîdan, tô-giîdan, v. fo., glide: glisser, tomber en morceaux ;
1030, etc.
gnornian, v. fa., mourn; s'affliger de; 2228, etc.
(iod, m. fo., God ; Dieu ; 26, etc.
gûd, adj., good ; bon; 22, etc.
gôd, neut. fo., good, goodness : bonté; 40, etc.
gold, neut. fo., gold; or; 606, etc.
gombe, f. fa., tribute; tribut; 22.
gomen, gamen, neut. fo., game; jeu ; 2319, etc.
gomol, gomel, gamol, adj., old : vieux; 115, etc.
gongan, gangan, gengan, v. fo., go ; aller ; 625, etc.
graêg, adj., gray; gris; 657.
grain, adj., angry; coléreux, féroce; 842, etc.
grâpian, v. fa., grasp; saisir; 3132.
grëtan, ge-grëtan, f. fa., : (1) salute; saluer; 692; (2) approach,
attack ; approcher, attaquer ; 335, etc.
grim(m), adj., grim; monstrueux; 241, etc.
grimman, v. fo., snort, rage ; être en rage ; 609.
grindan, v. fo., grind down; moudre, mettre en pièces; 842, etc.
grïpan, for-grïpan, with-grïpan, v. fo., grasp; saisir; 3001, etc.
gripe, m. fo., grip; action de saisir ; 2289.
grôwan, v. fo., grow; croître, pousser ; 3435.
grund, m. fo., ground ; terre, sol ; 2807, etc.
gryre, m. fo., terror ; terreur, méfait ; 765, etc.
guma, m. fa., man ; homme; 146, etc.
gum-cynn, neut. fo., (man-kin), nation of men ; nation (d'hom-
mes) ; 517.
820
I.I \lnl I
guth, I'. Co.. war, battle; guerre, bataille; 960, etc.
gyddian, v. fa., recite, chanl ; réciter, chanter; 1253.
gyldan, â-gyldan, an-gyldan, v. fo , yield, pay; payer, céder;
22, etc.
gyman, v. fa., av. gen., incline to; s'occuper de, vouloir faire;
3518, etc.
gyn(n), adj., wide; large; 3101.
gyrdan, v. fa., gird ; entourer; 4151.
gyrn, neut. fo., sorrow ; chagrin ; 3547.
gyrwan, v. fa., prepare, equip; préparer, équiper; 2944.
gytsian, v. fa., covet; désirer, convoiter; 3495.
H
habban, v. fa., have; avoir; 764, etc.; for-habban, v. fo.. keep
back; retenir; 5214; with-habban, v. fa., resist; résister à
6537.
had, m. fo., (-hood), condition; condition ; 2594.
hâdor, adj., sonorous; sonore; 988.
hœf, neut. fo., sea ; mer; 4949.
hœft, m. fo., captive; captif; 4811.
haël, f. fo., (1) health, good chance; santé, chance; 1309;
(2) omen ; présage ; 407 .
hœle, m. fo., man, hero ; homme, guerrier ; 104, etc.
hœrg-trsef, neut. fo., heathen-fane ; temple païen ; 349.
hsêst, adj., violent; violent; 2669.
hafela, hafala, heafola, m. fa., head ; tête ; 886, etc.
hafenian, v. fa., uplift : soulever ; 3141 .
hafoc, m. fa., hawk ; faucon ; 4521 .
haga, m. fa., enclosure; enceinte, rempart ; 5780.
hfil, adj., whole; entier ; 598, etc.
hâlig, adj., holy ; saint; 760. etc.
hâm, m. fo., home ; maison, demeure, famille ; 1428, etc.
bar, adj., gray : gris ; 1768, etc.
hât, adj., hot; chaud ; 5559, etc.
bât, neut. fo,, heat ; chaleur ; 5207, etc.
hâtan, v. fo., (1) order;» ordonner; 584, etc.; (2) name, call;
nommer, appeler; 204, etc. ; ge-hâtan, v. fo., av. ace, promise ,
promettre ; 2783.
i.rxiQUE
821
hatian, v. fa., a v. ace, hale; haïr; 1632, etc.
he, hê6, hit, pron. pers., he, she, il ; lui, elle, il; 14 etc.
hëa-buph, I*. fo., (high-burgh), city; cité; 22i7,
hëafod, neut. fo., head; tête ; 95, etc.
hëah, adj., high : haut : 113, etc.
heal(l), f. fo., hall; salle; 178, etc.
healdan, he-healdan, v. fo., av. ace., hold, keep, guard, protect ;
tenir, garder, protéger; 206, etc. ; for-healdan, v. fo., av. ace,
rebel against; se révolter contre ; 4757 ; ge-healdan, v. fo., av. ace,
hold, have ; tenir, avoir, posséder; 6002, etc.
healf, f. fo., half; moitié ; 1593. etc.
heals, in. fo., neck ; cou ; 3740, etc.
healsian, v. fa., entreat; traiter; 4259.
hêan, adj., abject; abject; 2548, etc.
heap. m. fo., band, company; bande, assemblée ; 795, etc.
heard, adj., hard : dur; 1074, etc.
hearde, adv., hard ; avec dureté ; 2876.
hearin, m. fo., harm, insult; dommage, injure; 3780, etc.
hearp, f. fa., harp ; harpe ; 178, etc.
heatherian, v. fa., restrain; réduire, restreindre: 6139.
heatho-byrne, f. fa., coat of mail; cotte de mailles; 3103, etc.
heatho-dëor, adj., battle-brave; brave à la bataille ; 1336.
hêathu, f. fo., sea, ocean ; mer, océan ; 3721.
hëawan, ge-hëawan, v. fo., hew ; tailler, abattre ; 1594.
hebban, â-hebban, v. fo., raise; élever; 1306, etc.
hêdan, ge-hêddan, v. fa., obtain; obtenir; 1004, etc.
-hëgan, ge-hëgan, v. fa., decide; décider; 845, etc.
hel(l), f. fa., hell ; enfer ; 202, etc.
helan, be-helan, v. fo., hide ; cacher; 823.
helm, m. fo., (helm) (1) helmet; casque; 1337, etc. ; (2) protec-
tion ; protection ; '2784 ; (3) protector, king ; roi, protecteur ; 740.
helmian, ofer-helmi an, v. fa., av. ace, overshadow; faire ombre
sur, éclipser ; 2728.
help, f. fo., help; aide; 1097, etc.
helpan, v. fo., help : aider; 4675, etc.
hel rima, m. fo.. sorcerer; sorcier; 324, etc.
beofon, m. fo., heawen ; ciel ; 103, etc.
héolfor, neut. fo., gore; sang ; 1691.
heolster, neut. fo., darkness; obscurité ; 1504.
822
LEXIQUE
heonan, heonon, adv., hence ; d'où, d'ici ; 502, etc.
hf'ore, adj., pleasant; plaisant; 2744, etc.
heoro, heoru, m. fo., sword ; sabre, glaive, épée; 2570, etc.
heorte, f. fa., heart; cœur ; 4534, etc.
hër, adv., here ; ici; 485, etc.
here, m. fo., army ; armée ; 4688, etc.
herg, m. fo., idol-grove ; temple d'idoles ; 6139.
herian, v. fa., av. ace, praise ; louer, honorer ; 364, etc.
hete, m. fo., hate; haine ; 282, etc.
hider, adv., hither ; ici, y ; 478, etc.
-hïgian, ofer-hïgian, v. fa., hefool ; infatuer, duper; 5528.
hild, f. fo., battle, war ; bataille, guerre ; 899, etc.
hilt, m. fo., ou neut. fo., hilt ; garde, poignée d'une épée ;
3147, etc.
hindema, adj. superl. (hindmost), last; dernier; 4094, etc.
hin-fûs, adj. (hence ready), eager to be gone; désireux d'être
parti ; 1503.
hladan, ge-hladan, v. fo., lade; charger de; 2790, etc.
hleêw, hlâw, m. fo., (low), burial-mound ; tombeau ou caverne
creusée dans la montagne ; 2233, etc.
hlâford, m. fo., lord ; seigneur ; 532, etc.
hleahtor, m. fo., laughter ; rire; 1215.
hlêapan, â-hléapan, v. fo., gallop ; galoper ; 1722.
hlêo, m. fo., (lee), refuge, protection ; refuge, protection ;
853, etc.
hleonian, v. fa., slope; pencher, incliner; 2830.
hlëotan, v. fo., av. ace, get by lot; obtenir par le sort; 4766.
hliehhan, â-hliehhan, v. fo., laugh aloud ; rire aux éclats; 5600.
hlïfian, v. fa., tower ; surmonter de, couronner de; 5605.
hlith, neut. fo.. cliff; falaise ; 3781.
hlûd, adj., loud ; retentissant; 177.
hlynnan, hlynian, v. fa., resound; résonner; 5102, etc.
hlytm, m. fo., lot ; lot ; 6246.
hnêêgan, v. fa., av. ace, fell, vanquish; abattre, vaincre; 2548.
hnâh, adj., mean, base; bas; 3855.
hnïtan, v. fo., clash; écraser; 2655.
hof, neut. fo., court, residence; demeure, palais; 2473, etc.
hôfian, be-hôflan, v. fa., av. gen., need ; avoir besoin de ; 5291 .
-hôhsnian, on-hôhsnian, v. fa., check ; tenir en échec; 3884.
LEXIQUE
823
hold, adj., Friendly , amical ; 578, etc.
holm, m. fo., sea ; mer; 96, etc.
holt, neut. fo., wood ; hois; 5193.
homer, hamer, m. fa., hammer ; marteau : 2571.
hôn, be-hôn, v. fo., trans., hang will»; pendre par; 6272.
hond, hand, f. fa., hand ; main; 1111, etc.
hord, m. fo., ou neut. fo., treasure ; trésor; 1767.
horn, in. fo., horn ; corne; 2737, etc.
hors. neut. fo., horse; cheval ; 2798, etc.
hôs, f. fo., bevy; assemblée; 1842.
hot h ma, m. fa., grave ; tombeau ; 4911 .
hrâ, neut. fo., corpse ; cadavre ; 3176.
hrœgl, neut. fo., (rail), armour; armure; 2390, etc.
h rathe, hrœthe, adv., (rathe), quickly; vivement, en hâte;
447, etc.
hrêam, m. fo., noise ; bruit ; 2604.
hrefn, m. fo.. raven ; corbeau ; 3599.
hrêmig, adj., exultant ; qui exulte ; 247.
hrëoh, adj., rough, fierce ; dur, féroce ; 3127, etc.
hrëosan. v. fo., fall; tomber; 2860; be-hrêosan, v. fo., deprive;
priver de ; 5520.
hrëothan, v. fo., clothe; habiller ; 606, etc.
hrëow, f. fo., distress, grief; détresse, peine ; 4254.
hrëran, v. f., rouse; lever, se lever; 1093, etc.
hrêth, m. fo., glory, renown ; gloire, renom; 5146.
hrether, in. fo., breast, heart; poitrine, cœur; 4222.
hrlmig, adj., (rimy), covered with hoar-frost; couvert de givre ;
2726.
hrïnan, v. fo., av. dat., touch ; touchera, prendre; 1970, etc.
hring, m. fo., ring, ring-mail; anneau, cotte de mailles;
2404, etc.
hringan, v. fa., ring ; sonner, faire du bruit; 652.
hrôf, m. fo., roof; toit; 1846, etc.
hron-fix, m. fo., whale ; baleine ; 1075.
hrôr, adj., valourous : valeureux, fort; 3257.
hrôthor, m. f., benefit, joy ; bienfait, joie ; 4338, etc.
hrûse, f. fa., earth ; terre ; iiS'.), etc.
hrycg, m. fo., back ; dos ; 937.
hryre, m. fo. , fall ; chute, destruction ; 3358, etc.
824
LEXIQUE
lui. adv., how; comment ; 5, clr.
hund, m. fo., hound ; meute; 2730.
hund, num., av. gen., hundred ; cenl : 1551, etc.
hûru. adv., indeed, at least; en effet, du moins; 363, etc.
hùs, neut. fo., house ; maison ; 231, etc.
hûth, f. fo., plunder; hutin, pillage ; 247, etc.
hwâ, m. et f., h\vait, neut. interr., et pron. indef., who, what,
any, somewhat; qui, quoi, tout, quelque ; 104, etc.
hwaer, adv. , where, anywhere ; où, n'importe où ; 4054, etc.
hwaet, adj., active; actif; 6051, etc.
hwaet, interj., lo ! ; voici que! ; 1, etc.
hwaether, adj. pron., whether; lequel des deux; 5057, etc.
hwaether, hwTrcthre, conj., whether; soit, ou; 2711, etc.
hwa3th(e)re, adv., however, yet; toutefois, encore; 1105, etc.
hwanan, hwanon, adv., whence; d'où ; 512, etc.
hwealf, f. fo., vault ; voûte; 1147, etc.
hwêne, adv., a little ; un peu ; 5395.
hweorfan, v. fo., turn, wander, die; tourner, errer, mourir;
526, etc. ; œt-hweorfan, v. fo., return ; retourner; 4593 ; ge-hweor-
fan, v. fo., turn, go; tourner, aller; 2420; geond-hweorfan, v. fo.,
traverse; traverser; 4030; ond-hweorfan, v. fo., turn against; se
tourner contre ; 1090; ymbe-hweorfan, v. fo., av. ace, turn about ;
tourner autour : 4587.
hwergen, adv., elsewhere; ailleurs; 5176.
hwettan, v. fa., encourage; encourager; 406. etc.
hwTl, f. fo., while, space of time ; espace de temps; 291, etc.
hwôpan, v. fo.. cry out, mourn; crier, se lamenter ; 4531.
hwyle, adj. pron., which ; qui, que; 2201, etc.
gwyrfan, v. fa. , move ; remuer, agiter ; 196.
hyegan, ge-hyegan, v. fa., think, resolve; penser, résoudre;
1257 ; for-hicgan, ofer-hyegan, v. fa., reject, despise ; rejeter,
mépriser.
hydan, ge-h5rdan, v. fa., hide; cacher; 2743, etc.
hyge, hige, m. fo., mind, heart; esprit, cœur, âme ; 531, etc.
hyht, m. fo., hope ; espérance ; 356, etc.
hyldan, v. fa., heel over, incline oneself; se pencher, s'incliner
sur ; 1369, etc.
hyldo, f. fo., favour, friendliness; faveur, amitié ; 1334, etc.
lvynaji,v. fa. , humiliate, harm; humilier, faire dommage à ; 4632
LExini i: 825
hyran, ge-hyran, v. fa., hear, learn; entendre, apprendre;
75, etc.
hyrdan, â-byrdan, v. fa., harden , durcir; 2919.
hyrde, m. fo., (herd), keeper ; gardien; 1213, etc.
hyrstan, v. fa., adorn; orner; 1338, etc.
hyrtan, v. fa., embolden; encourager, enhardir ; 5182.
hyse, m. fo., youth ; jeunesse; 2434.
hyth, f. fo., hythe, heavan ; ciel, paradis ; 63, etc.
1c, pron. pers., I ; Je; 500, etc.
Tdel, adj., ilde, empty ; paresseux, vide ; 289, etc.
ides, f. fo., woman; femme ; 1234, etc.
iernan, be-iernan, v. fo., run, occur; courir, se présenter
134, etc.
in, prep., (1) av. dat., in, on; dans, sur (sans action) ; (2) av. ace,
into ; dans, dedans (avec mouvement) ; in, adv., in ; au-dedans, à
l'intérieur; 776, etc.
in-gang, m. fo., entrance; entrée; 3098.
innan, adv., within ; à l'intérieur; 1541, etc.
inwit-feng, m. fo., hostile grasp; étreinte hostile; 2893.
inwit-gaest, in. fo., hostile guest ; hôte hostile ; 5336.
Iren, neut. fo., iron, sword; fer, glaive; 1777.
Is, neut. fo., ice ; glace ; 3216.
ïu-monn, m. fo,, former man ; homme des premiers âges ; 6099.
K
kyning, m. fo., king ; roi ; 1232, etc.
la, interj., lo ; voici que ! ; 3338, etc.
lac, neut. fo., gift; don, présent; 86, etc.
lâcan, v. fo., play ; jouer ; 5660 ; for-lâcan, v. fo., betray ; trahir ,
1800.
826 LEXIQUE
lâd, f. fo., (lode), way ; voie, chemin ; 1132.
laédan, v. fa., lead ; conduire ; 477, etc. ; for-lfèdan, v. fa., av. ace,
mislead ; égarer; 4073.
laëfan, v. fa., leave; laisser; 4625, etc.
lœn, neut. fo., loan ; emprunt ; 3615.
lœran, ge-hëran, v. fa., teach; apprendre, enseigner à; 3443.
Isês, adv. comp., less; moins; 965, etc.
laêssa, adj. comp., less ; moindre; 85, etc.
lœstan, v. fa., (1) av. dat., last, hold out; durer, tendre; 1618 ;
(2) av. ace, do, perform ; faire, accomplir ; 5323; ful-lœstan, v. fa.,
av. dat., help ; aider; 5333 ; ge-lsêstan, v. fa. (1) av. ace. ou dat.,
serve ; servir ; 47, etc. ; (2) av. ace, do ; faire; 3411.
lfêtan, v. fo., let, allow ; laisser, permettre; 96, etc.
lâf, f . fo., leaving ; abandon, don ; 903, etc.
lafian, v. fa., refresh ; rafraîchir; 5441.
lagu, m. fo., lake; lac; 3260.
lâr, f. fo., (lore), instruction ; instruction ; 2440, etc.
lâst, m. fo., track; trace; 264, etc.
lâth, adj . , (loth), loathsome ; odieux ; 267, etc .
leaf, neut. fo., leaf; feuille; 193.
lean, neut. fo., reward; récompense; 228, etc.
lëan, be-Iëan, v. fo., av. ace, blame, prohibit; blâmer, défendre;
404, etc.
lêanian, v. fa., av. ace de la cho.,et dat. person., pay for ; payer
pour ; 4200, etc.
lëas, adj. (-less) (1) av. gen., lacking of ; manquant de ; 1694, etc.;
(2) false : faux ; 503.
lecgan, â-lecgan, v. fa., lay, lay down ; poser, étendre; 62, etc.
lemian, v. fa., blame, trouble; blesser, troubler; 1803.
lenge, adj., long; long; 166, etc.
lëod, m. fo., prince, chief; prince, chef; 679, etc.
lêod, f. fo., people, nation ; peuple, nation; 5998, etc.
lêof, adj . (lief), dear; cher; 62, etc.
lëogan, â-lëogan, ge-lëogan, v. fo., lie, belie, deceive; mentir,
tromper ; 498, etc.
lëoht, neut. fo., light; lumière; 1448, etc.
lëoma, m. fa., gleam, ray; rayon, lueur ; 619, etc
lëon, on-lëon, v. fo., lend ; prêter ; 2934, etc.
leornian, v, fa., learn ; apprendre; 4667, etc.
LEXIQUE ^^
lëosan, be-lëosan, for-lêosan, v. fo., lose, deprive ; perdre, priver
de; 2139, etc.
lëoth, oeut. fo., lay; chanson: 2312.
libban, v. f., live; vivre; 114, etc.
lïc, neut. fo. (lych), body ; corps; 3005.
licg(e)ao, v. fo., lie, lie down ; être étendu ; 80, etc.; fi-Iicg(eïan,
v. fo., fael; manquer, faillir; 3056; ge-licg(e)an, v. fo., be still;
reposer ; 6287.
lïcian, v. fa., av. dat. (like), please; plaire; 1272, etc.
lid-mann, m. fo., sea-man; homme de mer; 3247.
lïf, neut. fo., life ; vie ; 194, etc.
lïg, lêg, m. fo., flame; flamme; 165, etc.
lim, neut. fo., (limb), branch ; branche; 194.
limpan, â-limpan, be-limpan, ge-limpan, v. fo., happen, befall ;
arriver, advenir ; 3969, etc.
lind, f. fo. (linden), shield : bouclier; 4676.
linnan, v. fo., av. gen. ou dat., cease, depart; cesser, partir, être
privé de ; 2955.
liss, f. fo., favour; faveur; 4295.
list, f. fo., cunning; ruse; 1555.
lïthan, v. fo., go ; aller ; 440.
lithe, adj., mild; doux; 2440.
lïthend, m. fo., (going), sailor; marinier; 440.
lTxan, v. fa., gleam ; briller ; 619.
lôcian, v. fa., look ; regarder ; 3307.
lof, m. fo., praise; louange; 3071.
lond, land, neut. fo., land ; terre; 441, etc.
long, lang, adj.. long; long; 108, etc.
losian, v. fa., escape; échapper à; 2784.
lûcan, be-lùcan, v. fo., lock ; fermer; 2258, etc.
lufen, f. fo., hope ; espoir ; 5767.
lufian, v. fa., love; aimer; 3959.
lufu, f. fa., love ; amour ; 3454.
lungre, adv. (1) quickly; rapidement; 3259; (2) quite ; entière
ment ; 4323.
lust, m. fo., (lust), pleasure ; plaisir; 1230, etc.
lyfan, â-lyfan, ge-lyfan, v. fa., entrust, permit ; avoir confiance
en, permettre; 1304.
lyft, m. fo., et fem. neut., (lift), air ; air; 2750, etc.
828 LEXIQUE
lysan, â-Iysan, v. fa., loose; lâcher, détendre; 3259.
lyt, adj. av. gen., few; peu de; 4725, etc.
lyt, adv., little ; peu; 6253, etc.
lytel, adj., little; petit ; 3493.
M
maég, m. fo., kinsman; parent, allié; 810, etc.
mœgen, neut. fo., main, strength ; pouvoir, force; 830, etc.
mœgth, f. fo., maid, woman ; vierge, femme; 1878, etc.
maêgth, f. fo., tribe, people ; tribu, peuple ; 10, etc.
mèêl, neut. f. (1) time, occasion ; temps, occasion ; 629; (2) sword ;
glaive ; 3231 .
maman, v. fa., (mean), (1) av. ace, declare, proclaim; déclarer,
proclamer; 1707; (2) trans., et intrans., lament; se lamenter;
2292.
mœnan, ge-mœnan. v. fa., violate ; violer; 2196.
mrëre, adj., great, famous; grand, fameux; 205, etc.
mrêrtho, maërthu, f. fo., glory ; gloire ; 1003, etc.
mœst, m. fo., mast; mât; 71, etc.
maête, adj., small; petit; 2910.
mâga, m. fa., son, man ; fils, homme; 1880, etc.
magan, v. fo., et fa, may, can ; pouvoir, être capable de;
552, etc.
mago, m. fo . kinsman, son; parent, fils; 2930.
man, neut. fo., crime; crime; 219, etc.
manian. v. fa., exhort ; exhorter; 4109, etc.
mathelian, v. fa., harangue; harangue; 4845, etc.
mâthm-œht, f. fo., owning of treasure; possession de trésors ;
3225.
mâth(th)um, m. fo., thing of value, treasure; chose de prix,
trésor ; 336, etc.
mê, pron. pers., (ace. et dat de ic), me, to me; moi, à moi;
887, etc.
meagol, adj., solemn ; solennel ; 3955.
mearc, f. fo., march, limit ; marche, limite; 4764.
mearcian, v. fa., mark ; marquer, graver ; 894, etc.
mearh, m. fo., horse; cheval ; 1724, etc.
LEXIQUE 829
mëce, m. fo., sword; glaiye : 3873, etc.
mëd, f. fo. (meed), reward : récompense ; 2356.
naedo, medu, m. fo., mead ; hydromel.
meltan, v. fo.. intrans., melf ; fondre ; 2234, etc.
mené, ni. fo., collar : collier; 2399.
mengan, v. fo , mingle; mélanger, fréquenter; 1690.
menigeo, maenigo, f. fo., many; beaucoup, multitude ; 81, etc.
mere, m. fo., (mere), sea : mer; 225i, etc
metan, v. fo., (mete), measure: mesurer; 1022, etc.
mëtan, v. fa., meet, find; rencontrer, trouver; 1508, etc.
Metod, m. fo., God; Dieu, It1 Créateur; 219, etc.
methel, neut. fo., council ; conseil ; 3748, etc.
micel, adj., (mickle), great ; grand ; 257, etc.
mid, prep., av. dat, et ace. (1; av. dat., with, amid; avec,
parmi ; 153, etc. ; (2) av. ace, même sens ; 712, etc.
mid, adv., with tliem ; avec eux ; 3283.
middan-geard, m. fo., (middle-yard), world, earth; terre ; 150, etc.
miht, f. fo., might; puissance; 1398.
milde, adj., mild ; doux ; 2344, etc.
mïl-geamarc, neut. fo., measure by miles ; mesure par lieues ;
2723..
mïn, adj. possess., mine, my ; mon, mien; 508, etc.
missan, v. fa., av. gen., miss ; manquer ; 4873.
missere, neut. fo., half-year; demi-année; 305.
n.'stig. adj., misty; brumeux; 322.
mod, neut. fo. (1) mood, mind ; disposition, esprit; 99; (2) cou-
rage ; courage ; 210.
môdor, f. fo., mother; mère; 2517.
mon(n), man <n), m. fo., man ; homme ; 50, etc.
mun, man, pron, indef., one, they ; on ; 2345. etc.
môna, m. fa., moon; lune; 188, etc.
monig, manig, adj., many ; nombre de ; 9, etc.
môr, m. fo., moor; marais ; 206, etc.
morgen, mergen, m. fo., morning ; matin ; 1667, etc.
morthor, neut. fo., murder; meurtre; 1778, etc.
môtan, v fo., et fa., may, must ; pouvoir, devoir; 371, etc.
munan, ge-munan, on-munan, v. fo., et fa., have in mind,
remind ; avoir en mémoire, rappeler; 2276, etc.
mund, f. fo., hand ; main ; 470, etc.
830 LKMol I
mur nan, v. fo., mourn ; se lamenter ; 99, etc.
mùtha, m. la., mouth ; bouche; 1448, etc.
mynclian, ge-myndian ; v. fo., (1) av. gen., remember; se souve
nir de ; 2.204; (2) remind; rappeler ; 4898.
myne, m. fo.,(l) wish, hope; souhait, espoir ; 5142 ; (2) love ;
amour; 337.
mynian, ge-mynian, v.fo., mind; veillera, se souvenir de; 1411
myrce, adj., murky; sombre ; 2809.
myrth, f. fo., mirth; joie; 1613.
N
nâ, adv. neg., never; jamais ; 1129, etc.
naca, m. fa., bark; écorce ; 426, etc.
nacod, adj., naked ; nu; 1072, 'etc.
nsêfre, adv., never; jamais; 492, "etc.
neégan, v. fa., greet, accost ; saluer, accoster ; 2637.
naegl, m. fo., nail ; clou ; 1963^ et.
nœglian, v. fa., nail ; clouer; 4046.
neenig, adj. pron., none, no one; aucun, personne; 312, etc.
nsés, adv. neg., not, not at all ; ne... pas, pas du tout; 1118, etc.
nama, m. fa., name ; nom ; 156.
nan, adj. pron., none ; aucun ; 1599.
nât-hwylc adj. pron., (wot not which) some ; quelque, quelqu'un;
3026, etc.
ne, partie, neg., not; ne, ne pas ; 75, etc.
nêah, adj., (nigh) near; proche, prochain; 3484, etc.
nëah, adv., (nigh) near; près de ; 2443, etc.
nealles, adv., not at all ; en aucune façon ; 4285.
nêan, néon, adv., from nigh ; de près; 6203.
nearo, neut. fo., distress; détresse ; 4694.
nearo, adj., narrow ; étroit ; 2818.
nearwian, v. fa., straiten; dresser, roidir ; 2876, etc.
nefa, m. fa., nephew ; neveu; 2406, etc.
nefne, naefne, nemne, conj., (1) unless; à moins que; 498, etc.,
(2) save ; excepté que ; 5066, etc.
nemnan, v. fa., name; nommer; 725, etc.
be-nemnan, v. fa., swear; jurer; 2188.
LEXIQUE 831
nemne, prep. av. dat., except; hormis; 2150.
neôd-lathu, f. fo., pressing summons: invitation pressante;
2640, etc.
nëos(i)an, nTos(i)an, v. fa., av. gen., visit; visiter ; 221), etc.
nêotan, v. fo., use; jouir de : 2435 ; be-nêotan, l>i-nêolan, v. fo.,
av. ace. pers., el dat., ch. ; deprive; priver de : 1353, etc.
nerian, v. l'a., save; sauver; 1139.
nesan, ge-nesan, v. fo., (intrans., survive; survivre; 11)92;
(2) trans., escape from; échapper a ou de; 3994.
nëthan, ge-nethan, v. fa., (1) av. ace., dare ; oser; 4694; (2) av.
dat., risk; risquer; 1020.
nicor, neut. fo., sea-monster; monstre marin ; 838, etc.
nigen, num., nine; neuf; 1144.
niht, f. fo., night ; nuit ; 230, etc.
niman, v. fo.. take; prendre; 877, etc., be-niman, v. fo., deprive;
priver de ; 3768; for-niman, v. fo., carry off; emporter; 971.
nïod, f. fo., pleasure ; plaisir; 4233.
nïpan, v. fo.. darken ; obscurcir, 1088.
nith, m. fo., envy; envie; 367, etc.
nïwe, adj., new ; nouveau ; 1559, etc.
nïwian, v. fa., renew; renouveler; 2607, etc.
no, adv., not at all, not; pas du tout, pas; 1081, etc.
nun, f. fo., (noon) ninth hour ; neuvième heure ; 3199.
north, adv., north; nord; 1709.
nose, f. fa., cape ; cap; 5602.
nu, adv., now : maintenant; 500, etc.
nù, conj., now that ; maintenant que ; 855, etc.
nvd, f. fo., need; nécessité ; 2003, etc.
nydan, v. fo., force ; forcer à ; 5356, etc.
nymthe, conj., unless ; à moins que ; 1556, etc.
nyt, adj., useful; utile; 1581, etc.
nytt, f. fo., duty ; devoir, charge ; 983.
nyttian, ge-nyttian, av. gen. et ace, use ; se servir de ; 6088, etc.
O
of, prep., av. dat., from ; de; 73, etc.
ofer, prep., (1) av. ace, over; sur; 19, etc., (2) av. dat., over;
sur ; 956, etc.
832 LEXIQUE
ôfer, m. fo., shore; rivage; 2741.
ofost, f. fo., haste; hâte; 510, etc.
oft, adv., often ; souvent; 7, etc.
ô-hwœr, ô-wêr, adv., anywhere; n'importe où : 3472, etc.
ombeht, ombiht, m. fo., servant; serviteur, officier; 571, etc.
ômig, adj, rusty; rouillé; 5522.
on, an, prep., (1) av. dat. (lieu et temps), on, in; sur, dans,
80, etc., (2) av. ace, into ; dans, dedans; 1013, etc.
on-cyth(th) f. fo., distress ; détresse; 2839.
ond, conj., and ; et; 1197, etc.
ond-long, and-long, adj., livelong; qui dure toute une vie;
4226, etc.
ond-swaru, f. fo., answer ; réponse ; 705, etc.
ônettan, v. fa., hasten ; se hâter; 610, etc.
on-gëan, prep., av. dat., against, at ; contre, à ; 2061, etc.
onlïc-nes, f. fo., likeness; ressemblance; 2701.
on-ssëge, adj., fatal; fatal ; 4962.
on-syn, an-syn, f. fo., sight; vue, aspect; 499, etc.
on-weald, m. fo., possession; propriété; 2082.
openian, v. fa., open; ouvrir; 6108.
ôr, neut. fo., beginning ; origine ; 2076, etc.
ord, neut. fo., point, front; point, front; 1107.
ôretta, m. fa., warrior; guerrier; 3063.
or-leg, neut. fo., battle, war; bataille, guerre ; 2653, etc.
or-thône, or-thanc, m. fo., skill; habileté ; 807, etc.
oruth, neut. fo., breath; souffle; 5110.
oth, prep., av. ace, until ; jusqu'à ce que ; 4794.
other, adj., pron. et num., the other; l'autre, le second;
1010, etc.
oththe, conj., (1) or ; ou ; 563; (2) and ; et ; 4945.
R
raëcan, v. fo., intrans., reach ; atteindre; 1112.
reêdan, v. fo., et fa., (1) intrans., decree, décréter ; 5.712 ;
(2) trans., possess; posséder ; 4108.
reêran, a-rœran, v. fa., exalt; exalter, élever; 3404.
raês, m. fo., rushstorm ; éclat, tempête ; 2249.
LEXIQUE 833
r&san, ge-nfesan, v. fa., race, rush ; courir, ae précipiter ; 5074.
raest, f. Co., rest ; repos, lit; 278, etc.
réeswa, m. fa., leader; chef; 120.
râsian, v. fa., find; trouver; 1561.
rê a fia n, be-reafian, v. fa., reave, rob, plunder; voler, piller
1425.
rëcan, v. fa., av. gen., care; avoir souci de ; 803.
reccan, v. fa., relate, tell ; rapporter, dire ; 182, etc.
reced, neut. fo., house ; demeure, maison; 818.
regnian, rënian, v. fa., prepare, adorn; préparer, orner ; 1547.
rëofan, be-reofan, v. fo., deprive ; priver de, voler; 5858.
reordian, v. fa; speak ; parler ; 6050, etc.
rëotan, v. fo., weep; pleurer; 2751.
restan, v. fa., cease; cesser; 3711.
rice, neut. fo., realm; royaume; 1716.
rice, adj., rich; riche, puissant; 618, etc.
rlcsian, rïxian, v. fa., reign ; régner ; 286, etc.
rïdan, ge rïdan, v. fo., ride ; conduire, chevaucher ; 467, etc.
riht, neut. fo., right; droit; 287, etc.
rlman, v. fa., (rime) number; compter; 118, etc.
rinc, m. fo., man; homme, guerrier; 1434, etc.
rïsan, a-rlsan, v. fo., arise; se lever; 4802, etc.
rodor, m. fo., sky ; ciel ; 617, etc.
rôf, adj., brave; brave, renommé ; 1358, etc.
rond, rand, m. fo., shield ; bouclier; 1305, etc.
rowan, v. fo., row, swim ; ramer, nager, 1019.
rûm, m. fo., room ; chambre; 5377.
run, f. fo., (rune) council ; conseil ; 342, etc.
ryman, ge-ryman, v. fa., (1) make roomy, prepare; aménager,
rendre spacieux ; 979. (2) make room ; faire place à ; 6171.
sacan^ v. fo., strive; s'efforcer de; 873, etc.
ge-sacan, v. fo., gain by strife; obtenir à la lutte ; 2001 .
on-sacan; v. fo., (1) avec ace. pers., et gén. chose., attempt a per-
sons'life; attenter à la vie de ; 3881. (2) avec ace chose, et dat. pris.,
refuse ; refuser ; 5904.
53
<S.'{ \ LEXIQUE
sacu, f. fo., strife; lutte, effort ; 306, etc.
sadol, m. fo., saddle; selle; 2009, etc.
sac, m. fo., etf., sea; mer; 1008, etc.
sœcc, f. fo., strife; lutte, effort; 1194; etc.
seel, neut. fo.. hall ; salle; 614, etc.
sail, m. fo., et f., (1) time, season; temps, saison; 1238, etc.,
(2) happiness ; joie, bonheur ; 1285.
sâdan, v. fa., bind; attacher, lier; 450, etc.
on-saelan, v. fa., unbind ; délier ; 978, etc.
saêlân, v. fa., happen; arriver, advenir; 2.500.
seêmra, adj., comp., worse; pire ; 1899, etc.
sàêlan, v. fa., happen; arriver, advenir; 2.500, etc.
saëmra, adj., comp., worse ; pire : 1899, etc.
same, adj., slow; lent; 2871.
sâl, m. fo., rope; corde; 601.
sand, neut. fo., sand; sable ; 424, etc.
sang, m. fo., song; chant; 179, etc
sâr, neut. fo., et f., pain, sore; peine, blessure: 1568, etc.
sâre, adv. sorely; douloureusement; 2503, etc.
sâwol, f. fo., soul; âme; 367, etc.
scacan, v. fo., shake, go; secouer, partir; 2242.
scâdan, ge-scâdan, v. fo., décide; décider; 3110, etc.
scadu-helm, m. fo., (shadow-helm) cover of night; ombre de la
nuit ; 1293.
scami(g)an, v. fa., be ashamed; avoir honte de; 2046.
scead, neut. fo., shade; ombre ; 1417.
scealc, m. fo., marshal ; maréchal (du palais); 1830.
scearp, adj., sharp ; aigu, pointu ; 573.
scêat, m. fo., (sheet) corner, région ; coin, région; 1467.
sceatt, m. fo., money ; monnaie ; 3371.
sceatha, scatha, m. fo., (scather) foe : ennemi; 3602.
sceathan, ge-sceathan, v. fo., (scathe), injure; blesser, léser;
3770, etc.
scêawere, m. fo., spy, espion; 503.
scëawi(g)an, v. fa., av. ace. (shew)espy ; espionner; 1680, etc.
sceft, m. fo., shaft; trait; 6231.
scencan, v. fa., (skink) pour out; verser; 986.
scêotan, ge-scëotan, of-scëotan, v. fo., avec ace, shoot, kill; tirer
sur, tuer; 4633, etc.
LEXIQ1 I. <S3.i
sceran, ge-sceran, v. fo., (shear) cut ; couper; 3052, etc .
sceththan, v. fa., av. dat., injure ; faire injure à : 3028, etc
scïnan, v. fo., shine ; briller ; 3034, etc.
scinna, in. fa., devil; démon ; IcSTI.
scip, neut. fo., ship; vaisseau : 602, etc.
scïr, adj., (slieerj, bright : brillant ; 642, etc.
scop, n.. fo., (shaper) hard ; poète barde ; 179, etc.
scota. m. fa,, (shooter), warrior; guerrier; 2045.
scrlfan, for-scrîfan, ge-scrlfan; v. fo., (shrive), prescribe; pres-
crire ; 212, etc.
scrithan, v. fo., glide; glisser; I29i, etc.
scucca, m. fo., demon; démon ; IS71 .
scûfan, be-scufan, v. fo., av. ace, shove; pousser avec force;
429, etc., wïd-scûfan, v. fo., (wide-shove) scatter ; éparpiller, dissé-
miner: 1805.
srulan, v. fo. et fa., shall, he to, must, have to; devoir être, être
à. devoir, avoir à; 48, etc.
scïir-heard, adj., (shower-hard), hardened by coldwater: durci à
l'eau froide; 2059.
scyld, scyldan, m. fo., et fa., shield ; bouclier ; 648, etc.
scyldig, adj,, guilty; coupable; 3364, etc.
scyndan, v. fa., hasten ; se hâter ; 5136.
scyne, adj., (sheen) beauteous; beau; 0028.
scyppan, v. fo., (shape) create; créer ; 156, etc.
scyppend, m. fo., creator ; créateur ; 21 1.
scyran, v. fa., (make sheer) hring to light; mettre en lumière ;
3875.
se, m., sëo, sïo, f., thaet, neut., adj. demon., the, that; le, la;
1007, etc.
se, m., sëo, sïo, f., thaet, neut., pion., (1) pron. demon., that one,
he; celui-là, lui; 4809. etc., (2) pron. rel., that, who, which, what;
qui, que; 285, etc.
sealma, m. fa., chamber; chambre; 4915.
searo, neut. fo., armour; armure; 055, etc.
seax, neut. fo., dagger ; poignard : 3090.
sêcan, sêcean, ge-sée(e)an, v. fa., seek: chercher ; 1322, etc.
secg, m. fo., man; homme ; 425, etc.
secgan, a-secgan, ge-secgan, v. fa., say; dire, déclarer : 1009, etc.
sefa, m. fa., mind, soul ; esprit, âme ; 98, etc.
830 LEXIQUE
sëft, adv. comp., softer; plus doucement ; 5495,
segl, neut. fo., sail ; traversée; .'5.808.
segn, m. fo., et neut., sign, banner; signe, bannière; 2408, etc.
seldan, adv., seldom ; rarement; 4054.
sele, m. fo., hall ; salle ; 102, etc.
self, adj. refl., self; se, soi; 1834, etc.
sellan, syllan, ge-sellan, v. fa., (sell) give ; donner; 4316, etc.
sel-lTc, syl-lic (= sed-lic), adj., rare, strange; rare, étrange;
2851, etc.
sëlra, adj. comp., better; meilleur; 1714.
semninga, adv., fortbwith, straightway ; en avant, en ligne droite;
1282, etc.
sendan, for-sendan, on-sendan, v. fa., send : envoyer; 26 etc.
sendan, v. fa., feast ; fêter, festoyer; 1193.
sëoe, adj., sick; malade, mourant ; 3205, etc.
seofon, adj. num., seven ; sept ; 1028, etc.
sëon, ge-sêon, geond-sêon, ofer-sëon, on-sêon, v. fo., see, see
throughout ; survey, look at ; voir, voir à travers, surveiller,
regarder; 456, etc.
seonu, f. fo., sinew; repli ; 1628.
séothan, v. fo., av. ace, seethe, hrood over ; couver ; 376, etc.
sëowian, v. fa., sew ; coudre; 806.
sess, m. fo., seat ; siège ; 5509, etc.
setl, neut. f. fo., seat ; siège ; 2464, etc.
settan, â-settan, be-settan, ge-settan, v. fa., set, set down ; éta-
blir, fonder ; 647, etc.
sib(b) f. fo., peace; paix, alliance ; 5197, etc.
sTd, adj., wide; large; 296, etc.
side, adv., wideley ; largement 1434.
sTgan, ge-slgan, v. fo., sink, fall; s'enfoncer, tomber; 2502, etc
sige-drihten, m. fo., victorious lord ; prince victorieux ; 778, etc.
sigel, m. fo., et neut., sun ; soleil; 3927.
sigor, neut. fo., victory; victoire; 2036, etc.
sin, adj., poss., his; son ; 3014.
sine, neut. fo., treasure ; trésor ; 161, etc.
sin-gal, adj., continuous ; continu ; 306.
sin-gala, adv., continually; continuellement; 378.
singan, â-singan, v. fo., (song, sang) sing ; chanter, résonner;
2846, etc.
LEXIQUE
837
sittan, v. fo., sit; asseoir, s'asseoir; 1204; be-sittan, v. fo., (sil
by) besiege; assiéger; 5867; for-sittan, v. fo., l'ail : manquer; 3531;
ofer-sittan, v. fo., av. ace. abstain from; s'abstenir de ; 3053; of-
sittan, v. fo., av. ace, sil upon; s'asseoir sur; 3089; on-sittan,
v. fo., av. ace, dread; craindre; 1187 ; ymb-sittan, v. fo., av. ace.,
sit round ; s'asseoir autour ; 1 122.
sith, m. fo., (1) way, journey: route, voyage; 1058; (2), time,
repetition : temps, répétition; 4.094, etc.
slthian, v. fa., journey; voyager; 1438; for-sithian, v. fa.,
perish : périr : 3099.
siththan, syththan, seoththan, adv., after, since; après, depuis;
283, etc.
sla^p, ni. fo.. sleep; dormir; 2502.
slcëpan, v. fo., sleep; dormir; 1475, etc.
slêan ; ge-slêan, of-slân, v. fo., av. ace, slay; tuer, massacrer;
216, etc.
slltan, v. f o . , (slit) tear to pieces; mettre en pièces; 1476, etc.
slithe, adj., savage, dangerous; sauvage, dangereux; 366, etc.
smith, m. fo., smith; forgeron ; 807.
smithian, be-smithian, v. fa., make firm by a smith'swork; for-
ger, durcir; 1543.
snell, adj., brisk, keen; prompt, adroit; 5937.
snotor, snottor, adj., wise, prudent; sage, prudent; 403, etc.
snyrian, v. fa., hasten ; se hâter ; 799.
snythian, be-snythian, v. fa., deprive ; priver de ; 5844.
sôcn, f. fo , persecution ; persécution ; 3551.
somod,samod, adv., together ; ensemble ; 2423, etc.
sôna, adv., soon ; bientôt; 242, etc.
sorgian, v. fa., care; avoir souci de ; 897.
sorh, f. fo., sorrow ; chagrin; 4.004, etc.
sôth, neut. fo., truth ; vérité; 1059, etc.
sôthe, adv., truly; vraiment; 1043, etc.
spëd. f. fo., (speed; success ; succès; 1739, etc.
spel(I), neut. fo., spell (story) ; histoire, conte; 4214.
sponnan, on-sponnan, v. fo., (unspan) loosen ; lâcher; 5443.
spôwan, v. fo.. impers., av. dat. pers., succeed; réussir; 6048.
sprecan, specan, ge-sprecan, v. fo., speak ; parler ; 1057, etc.
springan, aet-springan, on springan, v. fo., spring ; s'élancer,
jaillir; 36, etc.
838
i. i:\iouk
stœlan, v. fa., (1) institute; fonder; 2680; (2) avenge; venger;
4966.
stân, m. fo., stone, rock ; pierre, rocher ; 1708, etc.
stapol, m. fo., (staple). (1) column ; colonne ; 5433 ; (2) threshold ;
seuil ; 1845.
starian, v. fa., stare, regarder fixement; 1986, etc.
stede, m. fo., (stead) place; place; 4963.
stefn, f. fo., voice ; voix ; 5102.
stellan, on-stellan, v. fa., institute; fonder; 4810.
stëpan, ge-stëpan, v. fa., exalt; exalter; 3432.
steppan, aet-steppan, ge-steppan, v. fo., step, march ; s'avancer,
marcher; 2802, etc.
stlg, f. fo., path; sentier ; 638.
stîgan, â-stïgan, ge-stïgan, v. fo., (sty) go, ascend; aller, monter;
422, etc.
stille, adj., still ; tranquille, passif; 600, etc.
stïh, adj., stiff; épais ; 3065.
stondan, standan, â-stondan, eet-stondan, ge-stondan, v. fo.,
stand, stand up; se tenir, se tenir debout: 817, etc., for-stondan,
for-standan, v. fo., withstand; résister à, défendre; 3098.
storm, m. fo., storm ; orage ; 2256, etc.
strœt, f. fo., street; rue, voie; 637.
stream, m, fo., stream ; ruisseau 423, etc.
streng, m. fo., string; corde, 6229.
strengo, f. fo., strength ; force ; 2541.
strong, Strang, adj., strong; fort; 3684, etc
strûdan, v. fo., plunder; piller; 6347, etc.
strynan, ge-strynan, v. fa., obtain ; obtenir ; 5592, etc.
stund, f. fo., time, hour; temps, heure; 2846.
style, neut. fo., steel; acier; 3065.
st5'man, be-styman, v. fa., wet; mouiller; 967, etc.
styrian, v. fa., (stir) disturb ; troubler; 5.676.
sum, adj., some, one, a certain; quelque, un, quelqu'un ,
6240, etc.
sund, m. fo., swimming, sea; action de nager, océan; 1009, etc.
sundur, adv., asunder; séparément; 4840.
sunne, f. fa., sun; soleil ; 188, etc.
sunu, m. fo.,son; fils ; 686, etc.
suth, adv., south ; sud, du sud ; 1709, etc.
APPENDICE 889
swâ, (1) adv. de manière et de degré, so, thus; ainsi: 691, etc.,
(2) adv. conj.,as; comme; 58, etc., (3) prou, rel., which, who:
qui, que ; 197, etc., (4) conj., so thaï ; de socle, que ; 3015.
swâelan, be-sw&lan, v. l'a., scorch; griller; G078.
swâpan, for-swâpan, v. fo., sweep away: balayer; 949.
— swariau, and-swarian, \ . l'a., answer ; répondre; 679.
swât. m. fo., (sweat) blood ; sang; 2572.
sweart, adj., (swart) black, dark ; sombre, noir ; 333.
swehhan. â-swebban, v. fa., put to sleep, kill; endormir, tuec ;
swêg, m. fo., sound ; son; 1281.
swegel, neut. fo.. sky : ciel : 1713.
swelan, v. fo.. (sweal), burn ; brûler ; 5422.
swelgan, for-swelgan, v. fo., swallow up ; avaler ; 4156.
sweltan, v. fo., die; mourir; 3234, etc.
Mvencan, ge-swencan, v. fa., molest, strike; molester, frapper ;
3019.
sweorcan, for-sw(e)orcan, v. fo., grow dark ; s'obscurcir; 3471.
sweord, swurd, swyrd, neut. fo., sword ; sabre, glaive, épée ;
1072, etc.
swerian, for-swerian, v. fo., swear; jurer ; 1602.
swTcan, ge-swïcan, v. fo., fail, diappear; manquer, disparaître;
2920, etc.
swift., adj, swift: rapide; 4523.
swTgian, v. fa., be silent ; demeurer silencieux : 9397.
swimman, swymman, ofer-swymman, v. fo., swim; nager;
3247, etc.
swingan, v. fo., swing; balancer; 4528.
swîth, swyth, adj., strong ; fort ; 381, etc.
swTthan, ofer-swlthan, v. fo., et fa., overcome; vaincre;
3534 ; etc.
swylc, adj. pron., such, such as, as; tel, tel que, comme; (1)
(talis ); such; tel; 1158; (2) (qualis) ; such as; tel que; (3) (talis
qualis) ; such... as ; tel... quel... ; 2498.
swylce, (l)adv., as well as : aussi bien que; 226 ; (2) adv. con-
jonc, as; comme; 1507.
swylt, m. fo., death : mort; 2510, etc.
symbel, neut. fo., feast; fête, banquet; 1122, etc.
sym(b)le, adv., always ; toujours ; 4895, etc.
syngian, v. fa., sin : pécher; 4878, etc.
840 LEXIQUE
synn, f. fo., sin ; péché, crime ; 2.510.
syrwan, be-syrwan, v. fa., ensnare; capturer; 320.
syththan, v. fa., avenge ; venger ; 3206.
tâcen, neut. fo., token ; gage ; 281, etc.
tsécan, ge-tœcan, v. fa., teach ; enseigner; instruire; 623, etc.
talian, v. fa., tell ; dire, raconter; 1059.
tëar, m. fo. , tear ; larme ; 3741 , etc.
tela, adv., well ; bien; 1890, etc.
tellan, v. f., tell ; dire; 1581, etc.
têon, at-ëon, ge-tëon, v. fo., (tug) draw, take, take off ; tirer, pren-
dre, arracher; 1102, etc.
têon, v. fa., av. ace, adorn, provide; orner, munir de; 86, etc.
tîd, f. fo., (tide), time; temps ; 292, etc.
tîdan, ge-tidan, v. fa., betide ; arrivera; 122, etc.
tir, m. fo., glory; gloire; 3306, etc.
tïthlan, v. fa., impers., av. gen., grant; accorder; 4563.
tô, prep. av. dat., to, at, for ; à, pour ; 56, etc.
tô, adv. , (1) to, thereto ; à, là ; (2) too, trop de; dev. adj., et adv.;
266, etc.
tô-gaedre, adv., together ; ensemble ; 5256.
tô-geanes, tô-genes, prep., av. dat. towards, against; vers, con-
tre; 3084.
tô-middes, adv., in the midst; au milieu; 6276.
torn, neut. fo , anger, rage ; colère, rage ; 4798.
treddian, tryddian, v. fa., intrans., tread, go; fouler, aller;
1444, etc.
treôw, f. fo., (troth) truth ; vérité; 2137.
treôwan, v. fa., av. dat., (trow) trust ; avoir confiance ; 2331.
trûwian, v. fa., av. gen. ou dat., trust, believe ; croire ; 5078, etc.
twœfan, ge-twâêfan, v. fa., av. dat. pers., gen. ch., divide ; sépa-
rer, diviser; 953, etc.
twœman, ge-twœman, v. fa., av. ace. pers., gen. ch., sever ; sépa-
rer ; 1928, etc.
twêgen, m.,twâ f., et neut., num., twain, two; deux; 2321, etc.
twelf, num., twelve; douze; 6344.
LEXIQUE NU
tvhtan, on-tyhtan, v. fa., entice ; exciter à ; 6107 .
Ivn. num., ten; dix ; 6312, etc.
D. et P. runiques = TH
thâ : (1) adv., then; alors; 6; (2) adv. rel. ou conj., av. indie,
when, as, since ; quand, comme, depuis que ; 401, etc.
theer, (1) adv. there; là; 64, etc., (2) adv. rel., where; où;
2011, etc.
thaes, adv., (1) therefore; ainsi; 1794, etc., (2) thaes the, conj.,
as, because ; comme, parce que; 2699, etc.
thaet, conj., that ; so that; que, de sorte que; 124, etc.
thafian, v. fa., av. ace, consent to ; consentir à ; 5922.
thane, m. fo., thanks, content; remerciements, grâces, contente-
ment ; 1850, etc.
thankian, v. fa , thank ; remercier, 1244, etc.
the, partie, rel. indecl., who, that, which ; qui, que, après se, sêo ;
1.000, etc.
the, pron. pers., thee; toi; 1041, etc.
the, conj., (1) because; parce que; 971, etc., (2) that, so that;
que, ainsi que ; 481, etc.
thëah, conj., av. subj., though; quoique; 405, etc.
thearf, f. fo , need ; besoin, nécessité; 401, etc.
(ge)-thearfian, v. fa., necessitate: exiger, commander; 2200,
thearle, adv., hard ; durement; 1114.
thêaw, m. fo , (thew) custom; coutume; 355.
theccean, v. fa., (thatch) cover; couvrir ; 6025, etc.
thegn, m. fo., thane ; thane, comes ; 810, etc.
thenc(e)an, v. fa., think, intend; penser, avoir l'intention de ;
708, etc.
Hienden, conj., av. indie, ou subj., while ; tandis que; 59, etc.
thënian,v. fa., av. dat , serve; servir; 1105.
thëod, f. fo., people; peuple, nation ; 1280, etc.
thëof, m. fo., thief; voleur; 4543.
thëon, on-theon, ge-thëon, v. fo., succeed ; réussir; 16, etc.
thëow, in. fo., slave; esclave ; 4443.
thés, thêos, this, adj, démon., this ; ce, cet ; 824, etc.
thicg(e)an, v. fo., av. ace, seize, take ; saisir, prendre ; 2014, etc.
842 LEXIQUE
thin, adj., poss., (thine), thy; tien; 4258.
thing, neut. fo., thing; chose; 813, etc.
thingan, v. fa., determine, appoint ; déterminer, nommer ;i ;
3873.
thingian, v. fa., (1) speak ; parler à, s'adresser à ; 3683 ; (2) com-
pound ; composer, ordonner; 311, etc.
■ this, pro. démon., this ; ce cet ; 578, etc.
tholian, v. fa , (thole) endure; endurer, supporter: 1658, etc.
; thon, adv., then ; alors; 4842.
thonne, adv., then ; alors, 751, etc.
thonne, conj., (1) while; tandis que; 46, etc., (2) than; que,
(compar.) 88, etc.
thràg, f. fo., time: temps; 108, etc.
threat, m. fo., troop, band ; troupe ; 8, etc.
thrêatian, v. fa., threaten ; menacer ; 1114.
thrëo, thrïo, num. neut., three ; trois; 4343, etc.
thrïngan, for-thringan, ge-thringan, v. fo., intrans., throng ;
accourir; 5916, etc.
thrôwian, v. fa., suffer; souffrir; 5207.
thrym(m) m. fo., might; force; 3833.
thryth, f. fo , strength ; force ; 982, etc.
thû, pron pers., thou ; tu ; 702, etc.
thunian, v. fa., thunder, rattle ; gronder; 3809.
thurfan, v. fo. , et fa., need ; avoir besoin ; 885.
thurh, prep. av. ace, through; à travers; 1111, etc
thus, adv., thus ; ainsi ; 858, etc.
thûsend, neut. fo., thousand ; mille ; 6095.
thyder, adv. thither; là; 6167, etc.
thyncan, thincean, v. fa., av. dat. pers., seem; sembler, paraî-
tre ; 2861 .
thyrs, m. fo., giant; géant ; 855.
thystru, f. fo., darkness ; obscurité ; 174.
thywan, v. fa., oppress ; opprimer; 3651.
U
ufan, adv., from above ; d'en haut ; 3000, etc.
ufera, adj. compar., later ; plus tard ; 4396, etc.
LEXIQUE 843
ûhte, f. fa., dawn; aube; 252. etc.
un, nég. de-v. adj., un-blithe, adj., joyless ; sans joie; 260, etc.
une. pro. pers., us two; nous deux ; llIT.'i. etc.
under. prép.,(l) av. dat. (repos) ; under; sous; 2408; (2) av. ace.
(mouvemenl et même sens) ; 3101, etc.
under, adv., beneath ; en dessous; 4422.
unnan, v. fo., et fa., grant, will : accorder, vouloir ; 1000, etc.
up, adv., up; en haut; 256, etc.
ûre, pron. pers., gén., of us; de nous; 2771, etc.
ût, adv., out; hors de ; 430, etc.
ûth-genge, adj., escaping; fuyant; 4242.
W
wacan, v. fo., wake, arise; éveiller, s'éveiller, se lever; 119, etc.
wacian, v. fa., watch : veiller ; 1313, etc.
wadan, thurh-wadan, v. fo., wade, go ; aller; 439, etc.
waeenan, v, fa., in trans., waken, arise; s'éveiller, se lever; 170.
waed,n. fo., sea, wave; mer, vague; 1011, etc.
waêfre, adj., expiring; expirant : 4835, etc.
waegnan, be-waegnan, v. fa., offer; offrir: 2386.
wael, neut. fo., entr. fréquem. en comp., slaughter ; massacre,
cadavre ; 890.
wsepen, neut. fo., weapon ; arme; 581, etc.
wœr, f. fo., compact, treaty ; accord, traité ; 2194, etc.
waestm, m. fo,, growth, form ; accroissement, forme; 2703.
waeter, neut. fo., water, sea;eau, mer; 186, etc.
wâg, m. fo., wall; mur; 1983.
wanian, v. fa., (1) intrans., diminish; diminuer ; 3213; (2) trans
diminish ; diminuer ; 2774.
wânigean, v. fa., lament; pleurer, se lamenter; 15C8.
warian, v. fa., guard, inhabit; garder, habiter ; 2494. •
waroth, m. fo., shore ; rivage; 466.
wê, pron. pers., we; nous ; 1, etc.
wëa, m. fa., woe ; malheur; 295, etc.
weal(l), m. fo., wall ; mur ; 650, etc.
wealdan, v. fo., av. dat, gen., wield ; gouverner ; 879.
Wealdend, Waldend ; God ; Dieu, 33, etc.
«S 41 LEXIQUE
weallan, v. fo., boil: bouillir; êtreagité; 1026, etc.
weard, f. fo., ward, watch : veille, garde; 608, etc.
weardian, v. fa., ward, guard; garder, vriller; 210, etc.
weaxan, ge-weaxan, v. fo., wax, grow ; 132, etc.
wecc (e)an, tô-weccan, v. fa., wake up ; ('veiller; 6044. etc.
weder, neut. fo., weather; temps; 1087, etc.
wegan, v. fo., bear ; porter; 6026; aet-wegan, v. fo., carry off;
emporter; 2937 ; ge-wegan, v. fo., tight; combattre; 4706, etc.
wel(l) adv., well ; bien ; 371, etc.
welig, adj., rich ; riche ; 5210.
wën, f. fo., expectation; attente; 764, etc.
wënân, v. fa., av. gen., (ween) expect ; attendre ; 313, etc.
wêndan, v. fa., intrans., (wend) turn ; tourner; 627, etc.
wenian, be-wenian, bi-weniau, v. fa., honour; faire honneur à;
2176.
weorc, neut. fo., work ; tache, œuvre; 148, etc.
weorce, adj., grievous; pénible; 2836.
weorpan, v. fo., (warp) ; (1) av. ace. cho., throw; jeter; 3061 ;
(2) av. ace. pers., et gen. cho., sprinkle; étinceler; 5578; ofer-
weorpan, v. fo., stumble; trébucher; 3.081.
weorth, neut. fo., worth ; valeur, prix ; 4988.
weorth, adj., worthy, honoured : considéré, honoré; 3625.
weorthan, v. fo., become ; devenir; 5048, etc.
ge-weorthan, v. fo., (1) intrans., become, be ; devenir, être;
6118; (2) trans., agree about, settle; s'accorder sur, disposer;
3988 ; (3) impers, av. gen., seem, seem good ; sembler sembler bon ;
4047.
weorth-mynd, f. fo., worship, honour; culte, honneur; 16, etc.
weotian, v. fa., prepare; préparer; 3869; be-veotian, be-witian,
v. fa., observe; observer: 4420.
wer, m. fo., man ; homme; 210, etc.
wered, neut. fo., beer; bière; 986.
werian, be-werian, v. fa.., guard, defend; garder, défendre;
901, etc.
wêrig, adj., av. gen oudat., weary; las; 1153.
werod, weorod^ neut. fo., troop; troupe; 1296.
wesan, v. irreg., be; être; 541, etc.
wësten, neut. fo., waste; désert; 2530.
wîc, neut. fo., (wick) dwelling ; demeure ; 250, etc.
LEIlQi i 815
wTcan, ge-wïcan, \. fo., intrans., weaken, give way; faiblir,
céder : 5254 , etc.
wïcg, 1 1 «mi l . fo., horse ; cheval 27,.>u. etc.
will, adj., wide; large; 1024, etc.
wïf, neut. fo., wife; femme, épouse ; 4236, etc.
wïg, m. fo., (1) war. battle; guerre, bataille; 16, etc., (2) valour;
valeur, action dWIal ; 697, etc.
wïgan, v. fo., fight ; combattre ; 501 î .
wïht, neut.. being, creature ; être, créature; 240, etc.
willa, m. fa., will ; volonté; I2i(i, etc.
willan, v. irreg., will; vouloir: 685, etc.
win, neut. fo.. wine; vin; 2466.
wind, in. fo., wind; vent; 433, etc.
windan, v. to., intrans et trans., wind ; tourner, s'élever : 'ill, etc.
wine, m. fo., friend; ami ; 60, etc
winter, m. fo., year; année ; 1026, etc.
wïs-dôm, in. fo., wisdom : sagesse ; 097, etc.
wTsian, v. fa., show ; montrer ; 800, etc.
wita, in. fa., counsellor ; conseiller; 314, etc.
w dan, v. fo., et fa., know; connaître : 5035, etc.
with, prep., av. dat. ou ace, with; avec; 304, etc.
wlitan, v. fo., look ; regarder; 3144.
w lone, wlanc, adj., proud; orgueilleux ; 002, etc.
won, wan, adj., dark; sombre; 1404, etc.
word, neut. fo., word; parole ; 1740, etc.
worn, neut. fo., multitude ; multitude; 4228, etc.
worold, f. fo., world; monde. 2124, etc.
wraec, neut. fo., exile; exil ; 340, etc.
wrecan, v. fo., av. ace, drive out ; éconduire ; 840, etc.
wiidu, m. fo., wood ; bois; 2836, etc.
wuldor, neut. fo., glory; gloire; 34, etc.
wund, f. fo., wound; blessure ; 5422.
wundor, neut. fo., wonder ; étonnement ; 3018, etc.
wunian, v. fa., dwell, remain ; habiter, rester; 568, etc.
wvrcan, v. fa., work; faire, achever; 184, etc.
wyrd, f. fo., (weird), fate; destin; 910, etc.
wyrdan, v. fa., destroy; détruire ; 2674.
wyrm, m. fo., worm; dragon; 2860, etc.
wyrt, f. fo., root; racine; 2728.
846 LEXIQUE
yfel, neut. fo., evil ; mal ; 4188.
yide, elde, m. pi. fo., men; hommes; 300, etc.
yldo, f. fo., (eld) old age; âge avancé ; 140, etc.
ymb, ymbe, prep. av. ace, about; autour de, aux environs de;
1014, etc.
yppe, f. fa., throne; trône; 3630.
yrfe, neut. fo., heritage; héritage; 6102, etc.
yrmtho, f. fo., misery; misère; 4 010, etc.
yrre, neut. fo., anger; colère; 1422, elc.
5rth, f. fa., wave; vague; 92, etc.
ythan, v. fa., destroy; détruire ; 842.
ywan, ëawan, ëowan, v. fa., (1) trans., show; montrer; 5668;
(2) intrans., appear; apparaître; 3476, etc. ; ge-ywan, ge-êawan,
v. t'a., present ; présenter, offrir, mettre en avant ; 2388.
LAVAL. — IMPRIMERIE L. BARNEOUD ET C'e.
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