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Full text of "Le poème anglo-saxon de Beowulf"

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University  of  Toronto 


http://www.archive.org/details/lepomeanglosaxonOOpier 


/i^fr 


LE   POÈME   ANGLO-SAXON 

DE  BEOWULF 


1)1    MEME  AUTEUR 


La  Juridiction  du  Point.  d'Honneur  sous  l'Ancien  Régime  et  le  Tribu- 
nal des  Maréchaux  de  France.  Paris,  Picard.  1904.  Epuisé. 

ni  VRAGE    HONORÉ    D'UNE    SOUSCRIPTION    l'Ai;    LE    MINISTÈRE   DE   LA    GUERRE 


La  Table  d'Emeraude.  Paris,  Pion -Nourrit,  4900.  Un  volume  in- 16, 
2«'  édition.  Prix 3  IV.  50 

Tibur.  Paris,  Pion -Nourrit,  1911.  Un  volume  in-l(ï,  2e  édition. 
Prix ' 3  IV.  50 


HUBERT    PIEROUIN 


LE 

POÈME    ANGLO-SAXON 

DE  BEOWULF 


i 

INTRODUCTION 
LES   SAXONS    EN    ANGLETERRE 


il 

LE    POÈME   DE  BEOWULF 

TEXTE   ET   TRADUCTION 

NOTES  -  INDEX  -   BIBLIOGRAPHIE 
RYTHMIQUE  --  GRAMMAIRE  —  LEXIQUE 


PARIS 
ALPHONSE  PICARD  &  FILS,  ÉDITEURS 

8  2.     RU  E     BON  A  l'A  RT  E  .     8  2 

1912 


I 


8OG5 


IN 


MEMORIAM    PATRIS 


TABLE   DES   MATIERES 


Pages 

PREFACE 1 

Introduction.      .                 3 

Chapitre  premier.   —  Le  manuscrit  de  Beowulf          3 

La  géographie  de  Beowulf 11 

La  littérature  dans  Beowulf .  11 

Chapitre  II.  —  Considérations  diverses  sur  Beowulf 14 

Argument  de  Beowulf 19 

LES  SAXONS   EN  ANGLETERRE 

LIVRE  1er 

Premier  établissement  de  l'État  anglo-saxon 

Chapitre  premier.  —  Traditions  saxonnes  et  galloises      ....  23 

Chapitre  IL  —  La  Marche 36 

Chapitre  III.  —  Le  Ga  ou  Scir 49 

Chapitre  IV.  —  Ln  possession  du  territoire.  L'Edel,  Hi'd  ou  Alod   .  57 

Chapitre  V.  —  Le  rang  personnel.  L'homme  libre.  Le  noble    .      .  62 

Chapitre  VI.  —  Le  Boi 70 

Chapitre  VIL  —  Les  nobles  en  service 86 

Chapitre  VIII    —   L'homme  qui  n'est  pas  libre.  Le  serf  ....  99 
Chapitre    IX.    —    Les   garanties    mutuelles.   Maegburh.    Tithing. 

Hundred •.           117 

Chapitre  X.  —  Faehde.  Wergyld.     .      .           121 

Chapitre  XI.  —  Fo'leland    Bo'cland.  Lœ 'nland     .            ....  131 

Chapitre  XII.  —  Le  Paganisme  des  Anglo  Saxons 143 

APPENDICE  DU   LIVRE  PREMIER 

I.  —  Liste  des  Marches ...  189 

II.  —  Les   Marches  d'après  les    noms  locaux,  en  Angle- 

terre    197 

III    —  Lœ'nland 221 


PR 


II  TABU    DES    MATIÈRES 

LIVRE  II 
L'évolution  de  l'Etat  saxon  en  Angleterre 

Pages 

Chapitre  premier.       L'accroissement  du  pouvoir  royal.  Les  Regalia 

ou  droits  de  la  royauté 227 

Chapitre  II.  —  La  Cour  et  la  Maison  du  roi 2'>r> 

Chapitre  III.  --  L'Ealdorman  ou  Duc 264 

ChapitreIV.  —  Le  Geréfa 274 

Chapitre  V.  —  Le  Witena  Gemot 284 

Les  pouvoirs  du  Witena  Gemot 290 

Chapitre  VI.  —  Les  Villes 301 

Chapitre  VII.  -  L'Evoque 344 

Chapitre  VIII .  — Le  Clergé  et  les  Moines 321 

Chapitre  IX    —  Les  Revenus  du  Clergé 330 

Chapitre  X.  —  Les  Pauvres 334 

APPENDICE  DU   LIVRE  II 

I.  —  The  Dooms  of  the  City  of  London 34t 

II.  —  La  Dîme 370 

III.  —  Les  Villes 374 

LE  POÈME  DE  BEOWULF 

Le  poème  de  Beowulf  (texte,  traduction) 381 

Notes  sur  Beowulf .  .  598 

La  Chanson  du  Voyageur .      ...            613 

La  Bataille  de  Finnes-Burh     ....            ...            ...  624 

IXDEX    DES    NOMS    PROPRES       .                 . 631 

BlBLIOGKÀPHlE .  649 

APPENDICE 

Tables  généalogiques 661 

RYTHMIQUE  ANGLO-SAXONNE  ET  DU  TRÈS   ANCIEN   ANGLAIS 

Le  vers  allitéré  dans  l'ancien  anglais    .                 ......  677 

1.  —  Théories  sur  la  forme  métrique  de  la  ligne  allitérée.      .  678 

2.  —  La  théorie  du  vers  allitéré  à  quatre  temps 678 

3.  —  La  théorie  du  vers  allitéré  à  deux  temps 682 

4.  —  Accentuation  de  l'ancien  anglais 687 

5.  —  L'accent  secondaire .  691 

6.  — -  Division  et  valeur  métrique  des  syllabes 693 

6  bis.  —  Structure  de  la  ligne  entière  allitérée 694 


TAULE    DES    MATIÈRES  III 

Pajjes 

7.  _  iJ(-,  structure  «le  l'hémistiche  dans  la  ligne  normale  alli 

térée 696 

8.  —  L'ordre  des  membres  du  vers  dans  l'hémistiche  .      .     .  700 

9.  —  Analyse  des  types  de  vers .    .  702 

I.  —  Hémistiches  de  quatre  membres     . .     .  ■•  .     .     .     .  702 

II.  — Hémistiches  de  cinq  membres 711 

10.  —  Les  principes  de  Pall  iteration 7  H 

11.  —  Combinaisons  el  rapports  du  vers  et  de  la  phrase    .      .  722 

12.  —  Le  vers  allongé 724 

13.  -   L'origine  et  la  structure  du  vers  allongé    .....  720 
1  i.  —  Formation  des  stances  et  de  la  rime 732 

ÉLÉMENT  DE  GRAMMAIRE  ANGLO-SAXONNE 

I.  —  Grammaire.  —  Introduction 737 

II.  —  Alphabet  et  prononciation 738 

Phonologie. — Première  partie . — Les  voyelles 740 

I.  —  Caractères  généraux 740 

IL  —  Quantité  . 740 

Les  voyellfes  du  saxon  de  l'Ouest 741 

I         Les  voyelles  des  syllabes  accentuées 741 

1.  —  Simples  voyelles 741 

2.  —  Diphtongues 744 

IL   —  Les  voyelles  des  syllabes  légèrement   accentuées  et  des 

syllabes  sans  accentuation 740 

1.  —  Voyelles  radicales  dans  les  mots  légèrement  accen- 

tuées       .  740 

2.  —  Voyelles  de  syllabes  dérivées  et  finales     ....  747 
Deuxième  partie.  —  Les  Consonnes 748 

A.  —  Consonnes  sonores 748 

1.  — Les  semivoyelles 748 

2.  —  Les  liquides 749 

3.  —  Les  nasales 750 

B.  —  Consonnes  non  sonores 751 

1.  —  Labiales 751 

2.  —  Dentales 753 

3.  —  Gutturalesel  Palatales .      .  755 

Inflexion.  —  Première  partie.  —  Déclinaison 758 

Chapitre  premier.  —  Déclinaison  des  noms .  758 

A.  —  Voyelle  ou  déclinaison  forte 758 

1. —  La  déclinaison  o .  758 

2.  —  La  déclinaison  a                                       ....  700 

3.  —  La  déclina ison-i .  702 


IV 


TABLK    DES    MATIKRKS 


—  Radicaux  brefs. 

—  Radicaux  longs 

—  Radicaux  brefs. 

—  Radicaux  longs 

—  La  déclinaison -u 

—  Radicaux  brefs. 


—  Radicaux  longs. 


Page» 

762 
762 
762 
762 
763 
763 
763 


B. 

C. 
I). 


E 


B.  —  Déclinaison  faible  (Radicaux  en  n) 763 

Chapitre  II.  —  Déclinaison  des  adjectifs 765 

A.  —  Déclinaison  forte 765 

1.  — Radicaux  purs  en-o 765 

2.  -  Radicaux  en-jo 766 

3   —  Radicaux  en-wo 767 

-  Déclinaison  faible 767 

-  Déclinaison  des  participes 768 

-  Comparaison  des  adjectifs 768 

1.  — Comparatif 768 

2.  —  Superlatif 768 

-  Formation  des  adverbes 769 

Chapitre  III.  —  Adjectifs  numéraux 770 

1.  —  Cardinaux  ...           770 

2   —  Ordinaux 770 

3.  —  Multiplicatifs 771 

Chapitre  IV. —  Pronoms  ...            772 

1.  —  Pronoms  personnels  sans  distinction  de  genre    .      .  772 

2.  —  Pronoms  de  la  troisième  personne 772 

3.  —  Pronoms  possessifs 773 

4.  —  Pronoms  démonstratifs         773 

5.  —  Pronoms  relatifs 774 

6.  —  Pronoms  interrogatifs 774 

7    —  Pronoms  indéfinis 774 

Deuxième  partie.  —  Conjugaison 775 

I.  —  Terminaisons  des  verbes  en  général 775 

II.  —  Verbes  forts 776 

III. -Verbes  faibles 778 

IV.  —  Verbes  particuliers .  782 

Bibliographie 787 


LEXIQUE 


Abréviations 


"97 


PREFACE 


Le  présent  ouvrage  n'a  d'autre  but  que  de  populariser  un 
grand  poème  national  dont  les  origines  sont  aussi  fièrement 
revendiquées  par  l'Angleterre,  que  celles  du  Roland,  par  la 
France. 

C'est  avec  un  pieux  respect  que  l'érudition  anglaise,  repré- 
sentée par  les  Kemble  et  les  Thorpe,  s'est  passionnée  pour 
la  lointaine  beauté  de  cette  héroïque  légende  qui  mérite 
d'être  mieux  connue. 

Sans  présenter  les  délicatesses  de  l'art  antique,  ces  vieux 
vers,  dans  leur  noble  rudesse  et  leur  poésie  sauvage,  pour- 
ront émouvoir  le  lecteur,  et  retenir  son  attention.  Du  moins, 
nous  le  souhaitons  :  qu'il  se  souvienne  que  dans  cette 
épopée,  l'action  héroïque  seule  est  glorifiée,  et  qu'à  cette 
lecture,  il  peut  prendre*  quelque  pure  inspiration,  loin  des 
bassesses  du  réalisme. 

Notre  labeur  n'aura  pas  été  vain,  si  au  contact  de  la  poésie 
séculaire,  il  s'est  pris  à  mieux  aimer  la  tradition  véritable, 
la  sainteté  du  passé,  et  s'il  a  compris  notre  effort  vers  la 
vérité. 

1904-1912. 


INTRODUCTION 


CHAPITRE   PREMIER 


Le  manuscrit  de  Beowulf 

Le  seul  manuscrit  existant  à  la  bibliothèque  du  Rritish 
Museum,  est  lié  à  neuf  autres  parchemins  formant  un  codex  : 
on  le  dénomme  Vitellius  A.  XV.  Il  avait  été  découvert  au 
xvne  siècle,  par  Sir  Robert  Cotton  qui  s'efforçait  de  sauver 
les  trésors  littéraires  dispersés  dans  les  derniers  monastères. 
Sa  collection  fut  vendue  en  l'année  1700,  et  fut  déposée 
pendant  quelque  temps  dans  Ashburnham  House,  West- 
minster. En  1731,  un  incendie  détruisit,  perdit  ou  endom- 
magea nombre  de  ces  manuscrits,  parmi  lesquels  celui  de 
Beowulf  fut  très  éprouvé,  et  altéré  au  coin  des  pages. 
En  1753,  la  collection  Cotton  fut  transférée  au  British 
Museum,  et  en  dépit  des  soins  apportés  à  sa  conservation, 
les  manuscrits  en  demeurent  très  loin  de  la  perfection  de 


IlEOWTLF 


leur  étal  primitif.  L'écriture  <lu  manuscrit  de  Beowulf  paraît 
être  du  Xe  siècle,  et  csl  L'œuvre  de  deux  copistes  :  le  pre- 
mier écrivant  le  poème  de  la  ligne  1,  au  mot  moste,  de  la 
ligne  3.878,  et  le  second  qui  en  acheva  la  copie.  L'ignorance 
de  ces  scribes  est  rendue  manifeste  par  le  texte,  et  le 
second  copiste  paraît  avoir  été  inférieur  au  premier. 

En  1786,  un  philologue  danois,  Thorkelin,  prit  deux 
copies  du  manuscrit  de  Beowulf,  l'une  de  sa  propre  main, 
l'autre  d'un  copiste.  Ces  copies  sont  conservées  à  Copen- 
hague, et  leur  valeur  documentaire  provient  de  ce  qu'elles 
ont  été  prises  à  une  époque  où  le  manuscrit  était  en  meilleur 
état  qu'aujourd'hui. 

La  forme  du  poème  est  le  mètre  allitéré  sans  rime,  carac- 
téristique de  la  poésie  anglo-saxonne.  La  langue  de  Beowulf 
est  une  variété  primitive  du  dialecte  saxon  de  l'ouest,  à 
laquelle  sont  mêlées,  çà  et  là,  des  expressions  normandes. 

Nombre  d'hyjDothèses  —  et  les  plus  divergentes  —  ont  été 
émises  sur  la  date  et  sur  la  composition  de  Beowulf.  Ce 
poème  est-il  l'œuvre  d'un  seul  ou  de  plusieurs  auteurs? 
Fut-il  composé  par  un  Danois,  un  Geat,  un  Angle?  Ou  est-il 
encore  dû  à  une  double,  ou  à  une  triple  collaboration  ?  Fut-il 
écrit  au  vne  ou  au  vine  siècle,  ou  à  une  époque  ultérieure? 
Il  est  impossible  de  donner  sur  ces  divers  points  de  réponse 
décisive.  On  peut  hasarder  néanmoins,  comme  simples 
conjectures,  les  hypothèses  suivantes  : 

1°  Le  poème,  dans  son  ensemble,  paraît  écrit  par  un  seul 
auteur  ; 

2°  Ce  poète  était  né  païen,  et  converti  au  christianisme, 
n'avait  de  ses  doctrines  qu'une  vague  connaissance  ; 

3°  Il  était  angle  ou  mercien  ; 

4°  Il  était  l'auteur  même  du  poème,  et  non  un  simple  tra- 
ducteur ; 

5°  Il  écrivit,  sans  doute,  le  poème  entre  A.  D.  660  et  700, 


INTRODUCTION 


j3p!r^quh'è  on  bel-)  fz^e-noic  me     aft 

2«)nctV  Ion  ne  çjieniet  hme-  pjijian  ic 
We  fteojiier  fpetW  nelle  ^Uçte  len^ 

KeWnop  fie  rup  ^epe&rtc^  ucpir  017  mlir 
faiuw  •  fec^e  ope^t  firzun  zpf  W  ^e- 
S^ceon  ^ed(i  •  pij  opqL  p^pm  ^.{îjrôfarj  ptcjjj 
Çoà onfpalip^qteWii    rW?f  hpyhren  nutfr 
■'io^errje-' {paliimgemec:  ?wce-"  ]?ybe 
niner  \a}ieaho  àepjt   Hieoji- fcotfrût  ow 

;  fîiettic  Cet  jiwc  fêle  ^ejre ^retaaîr  -  umiir 

L.Wpu»  ^epjie  çefecean  pic  ojrîfe  j^teo  Lujiî; 
y>^ft  he  4feàei>  J><*f *  ^  W.  Ji^pàoii  ^cpjmncM 
!  ^[t-co  peta  mict^f  in  j)£&n  pin  fele-   . 


i  '  ■ 


Manuscrit  de  Beowulf,  folio  145. 


O  BEOWULF 

—  la  seconde  partie  paraissant  composée  quelque  vingt  ans 
avant  la  première. 

La  majorité  des  auteurs  s'est  ralliée  à  la  première  propo- 
sition, et  d'après  les  considérations  suivantes  :  il  n'y  a  pas 
de  séparation  véritable  entre  la  première  et  la  seconde 
partie.  Bien  plus,  certaines  particularités  de  style  sont  com- 
munes à  ces  deux  parties  mômes,  où  se  retrouvent  égale- 
ment, des  locutions  identiques  : 

od  daet  an  on  g  an  (v.  200,  4.420). 

daet  waes  gôd  cynihg  (v.  221,  726,  4.780). 

hyne  fyrwet  braec  (v.  464,  3.970,  5.568). 

wel  brucan  (v.  2.090,  4.324,  5.624). 

on  frean  waere  (v.  54)  et  cf.  on  daes. 

waldendes  waere  (v.  6.218). 

werodedlïarâs(v.  1.302,3.580,  6.060). 

La  même  pensée  chrétienne  inspire  l'œuvre  entière,  et  le 
caractère  de  Beowulf,  et  les  développements  mêmes  du 
poème  sont  homogènes. 

D'autre  part,  il  y  a  moins  de  couleur  et  de  lumière,  dans 
la  seconde  partie  que  dans  la  première.  Dans  la  première 
partie,  la  lumière  et  les  ténèbres  sont  successivement 
dépeintes  :  dans  la  seconde  partie  on  ne  rencontre  que  la 
marque  et  la  description  d'un  fatalisme  désespéré  :  l'ombre 
investit  tout  le  poème,  et  c'est  un  vieillard  qui  semble  l'avoir 
dépeinte,  après  avoir  chanté  autrefois,  le  soleil  et  la  joie  du 
jour. 

Quant  à  la  seconde  proposition,  «  que  le  poète  de  Beowulf 
était  né  païen,  et  converti  au  christianisme,  n'avait  de  ses 
doctrines  qu'une  vague  connaissance  » ,  on  peut  faire  observer 
que  le  nombre  de  développements  chrétiens  dans  Beowulf, 
est  très  grand,  et  l'on  en  compte  plus  de  cinquante  où  il  est 
fait  incidemment  allusion  au  Christ,  à  ses  attributs  divins,  à 
son  influence  sur  l'humanité.  Il  y  a  aussi  quelques  develop- 


INTRODUCTION 


<?*v\ 


Àr' 


<5nuiTD  Ky|i^0.  pwfc  jnfyimc  lip* 

'un  lepra- Jjcnum  -pâ»ivlr  tàfiify^f; 
mes  n«  pj^  |?«^r  *  acm*  dbnlti/U 


Manuscrit  de  Beowulf,  folio  177  (recto). 


8 


BKOWULF 


pcments  sur  les  esprits  du  mal,  sur  L'enfer,  et  sur  le  juge- 
ment dernier  (v.  326,   1.156,    1.512,    1.576,    1.616,    1.704, 

1.954,—  18,  2.548,  5.482,  5.638,  6.138)  ;  -  ■  trois  allusions 
à  l'Ancien  Testament  (180,  228,   2.522,   3  374)  ;  et   un 

passage  où  les  pratiques  païennes  sont  condamnées  (340- 
376). 

Est-il  possible  que  ces  passages  aient  été  ajoutés,  par  la 
suite,  au  poème,  comme  d'aucuns  l'ont  supposé?  Nous  ne  le 
croyons  pas.  Le  nombre  et  l'originalité  des  allusions,  sem- 
blent défier  l'interpolation.  Et  l'auteur  qui  les  aurait  ajoutées 
au  texte  primitif,  eût  dû  observer,  sans  défaillance,  les 
règles  rigoureuses  de  l'allitération,  et  celle-ci  n'est  perdue 
dans  aucun  de  ces  passages. 

De  plus,  cet  esprit  chrétien  pénètre  souvent  l'essence 
même  du  poème,  et  n'en  inspire  pas  seulement  certains 
épisodes  particuliers  Un  poète  du  christianisme,  instruit 
dans  ses  doctrines,  ne  se  fût  pas  contenté  d'aussi  faibles 
allusions  à  sa  foi.  Il  n'y  a  pas,  à  proprement  parler,  dans 
Beowulf,  de  mention  du  Christ,  de  l'Eglise,  de  la  Trinité,  et 
toutes  les  connaissances  religieuses  du  poète  semblent 
bornées  à  l'Ancien  Testament. 

Le  manque  de  couleur,  de  sincérité  et  de  profondeur  reli- 
gieuses, dans  Beowulf,  est  une  question  distincte  de  celle  du 
mélange  de  christianisme  et  de  paganisme,  que  l'on  ren- 
contre en  certains  passages  du  poème  (v.  5.052-3),  et  du 
fatalisme  antique  dont  Beowulf,  le  héros,  parait  pénétré 
(v.  5.478).  Ce  mélange  et  ces  contrastes  sont  fréquents  dans 
la  littérature  anglo-saxonne,  même  avancée,  et  il  faut  les 
regarder  comme  la  manifestation  naturelle  et  primitive  de 
l'âge  qui  les  produisit.  Dans  les  ouvrages  postérieurs  ne 
rencontre-t-on  pas,  à  côté  de  passages  inspirés  d'un  sentiment 
chrétien   supérieur,    des   allusions  au   Nibelungen   Lied,    à 


INTRODUCTION  \) 

l'Edda,  à  la  Vôlsunga  Saga,  à  la  Hrolfs  Saga  et  à  la  Grettis 
Saga?(i). 

Dans  la  troisième  proposition  est  formulée  l'hypothèse  de 
la  nationalité  de  l'auteur,  angle  ou  mercienne.  Quelques 
critiques  ont  cru  à  la  nationalité  danoise,  sans  étayer  leur 
conjecture  de  raisons  bien  décisives.  Il  convient,  en  effet,  de 
remarquer  : 

1°  Que  le  poème  est  écrit  en  vieille  langue  anglaise  ; 

2°  Que  l'histoire  qu'il  rapporte,  ne  se  retrouve  pas  dans  la 
littérature  du  continent  ; 

3°  Que  la  métrique  du  poème  est  bien  caractéristique  de 
l'anglo-saxon,  et  est  sans  exemple  dans  la  littérature  Scan- 
dinave ; 

4°  Et  que  si  l'on  admet  que  l'auteur  de  Beowulf  ait  été 
chrétien,  l'origine  anglaise  du  poème  en  découle,  car  le 
christianisme  florissant,  déjà,  en  Angleterre,  n'avait  pas 
encore  pénétré  au  Danemark  ou  dans  la  Suède  orientale,  à 
une  date  qui,  vraisemblablement,  eût  pu  être  celle  du 
poème  ; 

5°  Que  dans  bien  des  passages,  il  y  a  des  mots  classiques 
tels  que  win,  mil,  représentant  des  images  et  des  choses 
inconnues  de  la  mentalité  Scandinave. 

Des  raisons  plus  probantes  militent  en  faveur  de  la  natio- 
nalité mercienne  de  l'auteur  de  Beowulf.  L'auteur  sort  du 
sujet  même  qu'il  développe,  pour  citer  Garmund,  Of  Fa  et 
Eomaer,  ancêtres  de  la  famille  royale  mercienne.  Wealtheow, 
femme  d'Hrodgar  qui  apparaît  avec  relief  dans  la  première 
partie  du  récit,  est  suzeraine  des  Helmings,  tribu  rapprochée 
géographiquement  de  la  Mercie  ;  et  le  nom  porté  par  son  fils 
Hrothmund,  apparaît  dans  la  généalogie  des  rois  xVngles  de 
l'orient. 

1.  Cf.  Sarrazin's,  Beowulf  S tudien,  pp.  43-67. 


10  BEOWULF 

D'autre  part,  des  formes  merciennes,  telles  que  (nonne), 
apparaissent  dans  le  texte  à  côté  de  formes  appartenant  au 
saxon  de  l'ouest. 

La  preuve  la  meilleure,  à  l'appui  de  la  quatrième  propo- 
sition, que  le  poème  n'est  point  une  traduction,  ressort  du 
caractère  chrétien  de  l'œuvre. 

Et  celle-ci  est  particulièrement  anglaise  par  sa  concision 
et  sa  vigueur,  par  sa  sobriété  et  sa  haute  mélancolie.  Si  l'on 
compare  les  harangues  de  Beowulf  à  celles  des  Sagas,  le 
contraste  éclate  :  ce  ne  sont  dans  ces  dernières  que  digres- 
sions épisodiques,  défis  outranciers,  tandis  que  la  raison 
modère  tous  les  sentiments  du  héros  dans  leurs  manifesta- 
tions, et  que  l'ardeur  belliqueuse  de  Beowulf  est  tempérée 
par  je  ne  sais  quel  pressentiment  fatal,  inquiétude  du  destin, 
réflexion  sur  l'inanité  de  la  gloire,  et  sur  la  vanité  des  entre- 
prises humaines 

Quant  à  la  question  de  date,  dans  la  cinquième  proposi- 
tion, il  demeure  pratiquement  certain,  qu'elle  se  situe  entre 
A.  D.  512  et  A.  D.  752,  la  première  date  étant  celle  de 
l'invasion  d'Hygelac  à  laquelle  il  est  fait  allusion  dans  les 
passages  suivants  de  Beowulf  (v.  2.404,  4.708,  5.002,  5.828), 
et  la  seconde  marquant  celle  de  la  chute  de  la  dynastie 
mérovingienne.  Au  surplus,  il  faut  encore  tenir  du  compte 
du  temps  qui  permet  de  faire  entrer  dans  l'histoire  les  règnes 
d'Heardred  et  de  Beowulf.  Wulcker  donne,  assez  arbitraire- 
ment, du  reste,  le  chiffre  de  158  années,  ce  qui  porte  à 
A.  D.  670,  la  date  la  plus  récente  du  poème. 


INTRODUCTION  11 


II 

La  géographie  de  Beowulf 

Il  demeure  à  peu  près  certain  que  l'île  danoise  de  Zélande 
fut  le  théâtre  des  événements  rapportés  dans  les  deux  pre- 
mières parties  du  poème.  Diverses  opinions  ont  été  émises 
sur  le  lieu  de  la  scène  qui  se  déroule  entre  Beowulf  et  le 
dragon,  et  la  majorité  des  auteurs  le  situe  au  sud  de  la 
Suède,  sur  la  côte  du  district  connu  sous  le  nom  de  Bohùslan. 
Sarrazin  (Beoto.  Stud.,  4-35)  a  tenté  de  situer  Heorot  et  les 
autres  lieux  cités  dans  le  poème  ;  cette  restitution  est  figurée 
dans  la  carte  ci-jointe,  et  n'a  que  la  valeur  d'une  conjec- 
ture ingénieuse.  Il  semblerait,  toutefois,  que  sur  la  côte  nord 
de  Gothenburg,  il  y  eût  quelques  sites  répondant  aux  des- 
criptions du  poème. 


III 

La  littérature  dans  Beowulf 

» 

La  caractéristique  que  Beowulf  partage  avec  d'autres 
poèmes,  est  sa  forme  métrique  allitérée,  l'emploi  fréquent 
des  parallèles,  la  litote,  les  métaphores  répétées,  les  syno- 
nymes poétiques,  que  l'on  peut  également  retrouver  dans 
l'Heliand,  l'Hildebrandslied,  Muspili  et  la  Wessobrunner 
Prayer. 

Mais  Beowulf  est,  par  lui-même,  le  poème  d'un  peuple 
enfant,  où  sous  la  mélancolie  du  fatalisme  qui  l'empreint,  se 


12 


BKOWULF 


RAUMARI 

Heathoraemas 


SWEORICE 


Carte  idéale  de  la  géographie  de  Beowulf. 


INTRODUCTION  13 

devinenl  des  élans  passionnés;  où  éclate  la  joie  de  vivre,  de 
combattre  et  de  vaincre  dans  la  gloire  du  jour. 

Tout  devient  image  et  forme  chez  ces  êtres  primitifs,  si 
près  de  la  réalité,  en  dépit  de  leurs  exploits  légendaires  : 
Beowulf,  mourant,  se  rassasie  de  la  vue  des  trésors  qu'il  va 
quitter  ;  les-gtaives  mordent,  les  vautours  chantent  le  lai  de  la 
bataille  ;  le  cor  appelle  les  guerriers,  et  le  héros  visionnaire 
compare  la  porte  du  palais,  à  l'image  qui  hante  ses  rêves,  à 
la  gueule  des  monstres.  Et  le  style  du  poème  est  bien  abrupt 
comme  les  monts  et  les  sites  désolés  qu'il  dépeint  ;  sonore 
comme  le  cor  triomphant  ;  triste  et  simple  comme  la  mort 
qui  atteint  fatalement  le  héros. 

S'il  se  mêle  au  poème  trop  de  rudesse  primitive,  combien 
de  pages,  en  retour,  sont  marquées  de  pensées  humaines  et 
profondes  !  Gomme  d'elles,  l'émotion  jaillit  sincère  et 
vibrante,  et  étreint  comme  un  pur  acier.  La  langue  du  poète 
barbare  n'a  ni  harmonie,  ni  finesses  classiques,  mais  son 
cœur  et  son  àme  mêmes  ont  parlé  par  elle,  et  c'est  en  cela 
qu'elle  aussi,  peut  être  divine. 

La  pensée  du  barde  suit,  sans  relâche  Beowulf  dans  les 
triomphes  de  sa  vie,  dans  la  gloire  de  sa  mort.  Elle  s'échauffe 
aux  combats,  se  perd  en  méditation  résignées  sur  les  vicis- 
situdes du  sort,  et  souffre  dans  l'incertitude  de  la  victoire. 
Sur  quels  défilés  inaccessibles  n'a-t-elle  point  plané  ?  A  quels 
rêves  épiques  ne  s'est-elle  point  élevée  ?  Quand  le  roi  victo- 
rieux agonise,  il  semble  qu'il  emporte  dans  la  mort  la  pen- 
sée suprême  de  celui  qui  le  chanta,  et  que  le  poète  a  mêlé 
son  sang  à  celui  du  héros  surhumain. 

Tels  sont  les  caractères  qui  font  de  Beowulf,  en  dépit  de 
ses  imperfections,  un  poème  d'inspiration  géniale  :  Iliade 
barbare,  où  un  peuple-enfant  pousse  son  cri  de  guerre, 
cependant  que  sa  pensée  naissante  flotte,  encore  indécise, 
en  rêveries  éparses  sur  la  vie,  la  mort,  et  la  fatalité. 


CHAPITRE  II 

Considérations  diverses  sur  Beowulf 


La  date  des  événements  rapportés  dans  Beowulf,  est  le 
milieu  du  vc  siècle  :  Hrôdgâr  et  Halga,  deux  des  rois  régnant 
à  l'époque  du  poème,  sont  fils  et  successeurs  d'Healfdene  II. 
Les  noms  de  ces  princes  revenant  maintes  fois  au  cours  du 
poème,  il  convient  de  donner  le  plus  de  détails  possible  sur 
leur  généalogie.  Frôda  IV  régna  sur  le  Danemark,  rangeant 
la  plupart  des  îles  sous  sa  domination,  ainsi  que  la  portion 
orientale  de  la  Scanie,  A.  D.  370.  Ses  fils  furent  :  1.  Ingeld; 
2.  Healfdene  II  ;  3.  Frôda  V.  D'après  le  poème  de  Beowulf 
(v.  117),  Healfdene  eut  quatre  enfants,  Heôrogar,  Hrôdgâr, 
Halga,  et  une  princesse,  Elan.  Parmi  ceux-ci,  Hrôdgâr  et 
Halga,  régnèrent  conjointement  en  Scanie  (1)  ;  et  suivant 
Suhm,  Ingeld  fut  roi  de  Zélande  (2).  Johannes  Magnus  (3)  et 
Saxo  Grammaticus  (4)  s'accordent  à  faire  d'Ingeld  un  con- 
temporain d'Healfdene.  Et  ces  auteurs  font  aussi  d'Halga  un 

1.  Holberg,  Dannemark's  Riges.  Hist.,  vol.  I,  49,  Hafn.,  1762. 

2.  Historié  of  Danmark,  Hafn.,  4776. 

3.  Hist.  Gothorum,  174,  Paris,  1554. 

4.  Hist.  Dan.,  livre  VI,  p.  107. 


INTRODUCTION  15 

roi  de  Norvège,  et  d'Healfdene,  un  roi  de  Suède.  Cette 
dernière,  d'après  Beowulf  et  l'Heimskringla  (1),  était  au 
pouvoir  d'Eadgils  (2).  L'histoire  d'Hrolfkraki,  fils  d'Halga, 
adoptée  et  par  Torfaeus,  et  par  Holberg  correspond  bien 
à  la  relation  de  Beowulf  (v.  4.223)  sur  le  même  sujet  : 
notre  poème  représente  Frôda  V,  comme  le  meurtrier  de 
son  frère,  Healfdene  ;  il  le  dépeint  comme  surpris  et  brûlé 
vif  par  Hrôdgâr  et  Halga,  laissant  un  fils,  probablement 
Hrodwulf  (3),  avec  qui  Hrôdgâr  fit  une  paix  durable, 
en  lui  donnant  pour  femme  sa  propre  fille  Freâware,  et  en 
l'associant  à  la  dignité  royale.  Il  est  à  remarquer  que  la  tra- 
dition normande  rapporte  qu'après  des  années,  Hrôdgâr 
vendit  sa  part  de  royauté  pour  beaucoup  d'or  (4),  et  s'exila 
volontairement. 

Il  est  peu  question  d'Halga  par  tout  le  poème  :  il  est  dit, 
toutefois,  que  le  royaume  fut  partagé  de  telle  sorte  qu'Hrôd- 
gâr  devint  roi  de  toutes  les  terres  ;  Halga,  de  la  mer  ;  et 
qu'après  le  partage,  Hrôdgâr  changea  le  siège  de  sa  capitale 
et  fonda  Roskeldia,  d'où  provient  dans  Beowulf,  la  légende 
de  la  fondation  d'Heorot. 

Selon  Torfaeus,  Hrôdgâr  naquit  A.  D.  444,  et  régna 
A.  D.  460.  Ces  dates  concordent  bien  avec  la  Chanson  du 
Voyageur  qui  fait  d'Hrôdgâr  un  contemporain  d'Hermanaric, 
l'ostrogoth  ;  de  Giidhere,  le  Burgonde  ;  d'Attila  ;  et  de  Sig- 
mund,  le  Waelsing. 


1.  Snorro  Sturleson,  Heimskringla.  Hist.    Reg.  Nortveg.,  Ed.  Schô- 
ning,  fol.  Hai'n.,  1177.  CI*.  Ynglinga  Saga,  XXX,  XXXII. 

2.  Cf.  Ed.  Torlaei,  Hafn.,  1715. 

3.  Cf.  Trav.  Song.,  v.  89. 

4.  Cf.  Langebeke,  Script.  Dan.,  vol.  I  et  II, 


1G  BEOWULF 


II 


Quoi  fut  le  héros  du  poème,  Beowulf  le  Geat  ?  L'opinion 
courante  fait  de  Beowulf  un  Angle  du  Jutland  ou  du  Sleswicg, 
étant  l'ami  et  le  neveu  d'Hygelac,  dont  le  père  Hredel  avait 
succédé  à  Offa  sur  le  trône  angle.  Selon  la  tradition  nor- 
mande, Ofla  était  le  fils  ou  le  neveu  de  Gârmund,  son  prédé- 
cesseur. 

Wermund,  Uffi  et  Huhlék,  dans  les  généalogies  publiées 
par  Langebeke,  se  placent  immédiatement  après  Hrolf  Kraki, 
fils  d'Halga  :  mais  comme  il  est  constant  qu'ils  ne  régnèrent 
jamais  en  Danemark,  et  que  les  auteurs  des  généalogies  con- 
signent dans  leurs  documents,  les  rois  contemporains  des 
pays  voisins,  on  peut  considérer  ces  princes  comme  ayant 
régné  au  pays  angle  dans  Tordre  énuméré  plus  haut,  cepen- 
dant que  dans  la  même  période  régnaient  également  en 
Danemark,  Frôda  IV,  Healfdene  II,  et  Hrôdgâr.  Mathieu 
Paris  (1)  dans  sa  vie  d'Offa,  rapporte  la  légende  de  Gârmund 
et  d'Offa,  telle  qu'on  la  trouve  dans  Johannes  Magnus  et 
Saxo  Grammaticus,  (2)  avec  tous  ses  merveilleux  détails  ; 
et  John  de  Brompton  (3)  donne  la  généalogie  suivante  de  la 
race  d'Offa  :  Woden,  Wiclaet,  Wermond,  Offa,  Dengelt.  Il 
résulterait  de  ces  observations  qu'il  ne  peut  y  avoir  de  doute 
que  rOffa  de  Mathieu  Paris  et  de  John  de  Brompton  n'ait  été 
1'Ubbi,  l'Ubbo  de  la  tradition  normande.  Et,  si  l'on  considère 
que  ces  rois  ont  été  énumérés  faussement  dans  les  généalo- 

1.  Watts,  éd.  loi.  1671. 

2    P.  59. 

3.  Script.  Dan.,  1,33. 


INTRODUCTION  1 7 

gies  danoises,  alors  qu'ils  florissaient  dans  le  Sleswicg'  et  le 
Jutland,  durant  le  règne  d'Hrôdgâr  en  Danemark:  d'Eadgils 
et  d'Ohtere  en  Suède,  —  on  en  peut  conclure,  déjà,  que 
Beowulf  est  un  poème  anglo-saxon.  Quelques  détails  prou- 
vent qu'on  le  devrait,  peut  être,  au  pays  angle  :  les  termes 
de  louange  par  lesquels  Offa  est  toujours  désigné  ;  l'ignorance 
manifestée,  par  l'auteur  de  Beowulf,  de  toutes  les  traditions 
danoises;  le  choix  d'un  Angle  ou  d'un  Geat,  comme  héros 
de  l'aventure,  et  la  forme  saxonne  de  tous  les  noms  pro- 
pres que  l'on  rencontre  dans  Beowulf,  en  font  une  œuvre 
autochtone  et  distincte,  en  dehors  du  cycle  des  Sagas  du 
Nord. 


III 


Le  chant  d'introduction  du  poème  est  consacré  au  héros 
mythique,  Scyld,  descendant  de  Sceâf.  Sceâf  et  Scyld  figu- 
rent dans  les  généalogies  incertaines  des  rois  saxons,  à  côté 
du  descendant  de  Wôden.  Il  est  rapporté  de  Sceâf,  qu'il  fut 
exposé  sur  les  eaux,  dans  un  berceau,  avec  une  gerbe  de  blé 
sur  sa  tête  :  d'où  son  nom  (Sceaf,  Sheaf,  gerbe  de  blé).  Les 
eaux  le  portèrent  sur  la  côte  du  Sleswicg,  où  son  arrivée 
miraculeuse  le  fit  élever  avec  soin  à  la  cour  où  bientôt,  il 
devint  roi.  Les  principaux  passages  où  ces  détails  furent  rela- 
tés, sont  les  suivants  ; 

«  Ipse  Scéf  cum  uno  dromone  advectus  est  in  insulam 
oceani  quae  dicitur  Scani,  armis  circumdatus,  eratque  valde 
recens  puer,  et  ab  incolis  illius  terrae  ignotus,  attamen  ab 
eis  suscipitur;  et  ut  familiarem  diligenti  animo  eum  custo- 
diunt,  et  post  in  regem  eligunt  »  (iEthelw.  Bk.  3.  ch.  3). 

«  Iste   (Sceâf)  ut  fertur,  in  quamdam  insulam  Germanise 

Scandzam,    de    qua   Jordanes,    historiographus    Gothoruni, 

2 


s 


!ti:n\YULF 


Loquitur,  appulsus  uavi  sine  rémige  puerulus,  posito  ad 
capul  frumenti  manipulo,  Ldeoque  Sceâf  uuncupatus,  ab 
hominibus  regionis  illius  pro  miraculo  exceptus,  et  sedulo 
nutritus,  adulta  aetate  regnavit  in  oppido  quod  tune  Slaswic, 
nunc  vero  Haithebj  appellatur  :  est  autem  regio  illa  Anglia 
vêtus  dicta,  unde  Angli  venerunt  in  Britanniam  inter  Saxones 
et  Gothos  const iluta  »  (Gui.  Meld.,  livre  II,  ch.  II). 

Une  autre  chronique  importante  (Bib.  Publ.  Gg.  IV,  25) 
confirme  ces  mêmes  points  de  la  légende  : 

«  In  nomine  Domini  nostri  Jesu-Christi.  Incipit  linca  Saxo- 
rum  et  Anglorum,  descendens  ab  Adamo  linealiter  usque  ad 
Sceafeum,  de  quo  Saxones  vocabantur,  usque  ad  Hengistum, 
et  ab  Hengïsto  usque  ad  Edwardum  quartum  regem  Angliae 
post  conquestum,  breviter  conipilata.  Iste  Sceâfeus,  ut  dicunt, 
sive  quia  fortuna  comniissus,  sive  aliud  quid  causa  fuerit 
hujusrei,  ad  insulam  quandam  Germanise,  Scandeam  nomine, 
appulsus,  puerulus,  in  nave  sine  rémige,  inventus  est  ab 
hominibus  dormiens,  posito  ad  caput  ejus  victui  frumenti 
manipulo,  exceptusque  (pro)  miraculo,  cognominatus  ex  rei 
eventu  Scealf  quod  latine  dicitur,  manipulus  frumenti.  Soli- 
cite ergo  educatus,  etc.  ». 


IV 


Le  nom  de  Beowulf  se  rencontre  sous  ces  formes  :  Beo , 
Ben,  Beau,  Beawa,  Beowius,  Beo,  Beowinus^  Boerinns, 
Bedwius,  Bcaf,  Beir.  La  forme  Beo  ou  Bewod  se  retrouve 
dans  le  saxon  primitif,  ainsi:  benno,  Segetum.  Helj,  79,  14  ; 
en  bavarois  :  Bau,  Seges  ;  bewod,  messis  ;  la  forme  teutone  : 
bouwt,  messis,  wijnbouwt.  Beowulf  de  guerrier  serait  donc 
devenu  une  sorte  de  dieu,  protecteur  des  champs  et  de  la 
fertilité. 


INTRODUCTION  19 


Argument  de  Beowulf 


Hrodgar,  roi  des  Danois,  sur  les  origines  duquel  le  poème 
s'ouvre,  élève,  dans  l'orgueil  de  ses  victoires  un  vaste  édifice, 
Heorot,  pour  y  traiter  ses  guerriers,  et  leur  dispenser  ses 
trésors.  Mais  un  monstre,  nommé  Grendel,  qu'exaspère 
lécho  des  festins  de  tous  les  jours,  s'attaque  au  palais,  y 
dévore  quinze  thanes,  en  enlève  quinze  autres,  et  revient  la 
nuit  suivante  avec  les  mêmes  desseins. 

C'est  alors  qu'Heorot  est  déserté  pendant  douze  années» 
Puis  Beowulf,  puissant  guerrier  geat,  renommé  pour  sa 
force  surhumaine,  ayant  entendu  rapporter  les  méfaits  de 
Grendel,  traverse  la  mer  avec  quatorze  suivants,  veille  sur 
Heorot,  et  après  avoir  vu  périr  l'un  de  ses  guerriers,  étouffé 
par  Grendel,  il  lutte,  à  son  tour,  avec  le  monstre,  et  lui 
arrache  le  bras  entier.  Grendel  se  réfugie  dans  ses  marais, 
pour  y  mourir.  La  nuit  suivante,  quand  les  Danois  ont  repris 
possession  du  palais,  la  mère  de  Grendel  fait  irruption,  et 
venge  la  mort  de  son  fils  en  tuant  Aeschere,  noble  danois. 
Beowulf  se  met  à  sa  poursuite  :  il  la  traque  au  fond  de  son 
repaire,  sous  les  eaux  du  marais,  et  la  massacre  après  une 
lutte  héroïque  :  il  tranche,  nouveau  Persée,  la  tête  du 
monstre  femelle,  et  la  rapporte,  en  triomphe,  à  la  cour 
d'Hrodgar. 

Chargé  de  riches  présents,  le  héros  retourne  en  son  propre 
pays,  et  narre  ses  aventures  à  Hygelac,  son  oncle,  roi  des 
Geats.  A  la  mort  de  ce  dernier,  Beowulf  refuse  le  trône  pour 


20  BEOWULF 

lui-môme,  et  s'institue  le  défenseur  du  jeune  roi  Heardred 
qui  meurt,  par  la  suite,  au  cours  d'une  bataille. 

Beowulf  devient  alors  roi  des  (îcats  qu'il  gouverne  avec 
sagesse,  pendant  cinquante  ans  de  paix,  jusqu'à  la  venue 
d'un  dragon  qui  se  prend  à  dévaster  tout  le  pays.  Le  cou- 
rage du  vieux  héros  ne  se  dément  pas  :  mais  abandonné  par 
l'élite  de  ses  guerriers,  bien  qu'ayant  écrasé  le  serpent  de 
feu,  il  trouve  néanmoins,  la  mort  dans  cette  terrible  rencontre. 

Les  épisodes  les  plus  marquants  du  poème  sont  :  la  course 
à  la  nage  entre  Beowulf  et  Breca  ;  Sigemund  et  le  dragon, 
et  l'histoire  de  Finn. 


LES  SAXONS  EN  ANGLETERRE 


«  Nobilis  et  strenua,  iuxta- 
«  que  dotem  naturae  sagacis- 
«  sima  gens  Saxonum,  ab 
«  anliquis  etiam  scriptoribus 
«  memorata.  » 


LIVRE  I 


PREMIER    ÉTABLISSEMENT    DE    L'ÉTAT    ANGLO-SAXON 


CHAPITRE  PREMIER 
Traditions  saxonnes  et  galloises 


La  tradition  commune  rapporte  que  vers  Tan  de  grâce 
445-446,  les  habitants  bretons  d'Angleterre,  abandonnés  des 
Romains,  leurs  maîtres  plus  que  leurs  protecteurs,  et  exposés 
aux  invasions  des  Picts  et  des  Scots,  appelèrent  à  leur  aide 
les  Saxons  barbares  du  continent.  Ces  étrangers  remplirent 
fidèlement  leur  tâche,  et  châtièrent  les  envahisseurs  du 
Nord  ;  mais  pleins  de  mépris  pour  la  faiblesse  de  ceux  qu'ils 
avaient  secourus,  ils  entreprirent  de  les  soumettre  aussi,  et 
après  diverses  fortunes,  les  Saxons  établirent  leur  domina- 
tion sur  les  ruines  des  civilisations  romaine  et  bretonne. 

Les  quelques  détails  qui  ont  pu  parvenir  jusqu'à  nous, 
permettent  d'établir  que  les  barbares  saxons  étaient  guidés 

I.  Nous  avons  suivi,  dans  celle  élude,  l'admirable  ouvrage  de  Kemble, 
Savons  in  England,  Londres,  1848  el   1876. 


2i  IlEOWULF 

par  deux  frères,  Hengest  et  Hors;  que  leurs  armes  étaient 
portées  par  trois  vaisseaux  ;  que  L'armée  était  composée  de 
.ii  Jutes,  de  Saxons  et  d'Angles;  que  1  < -s  succès  de  ces 
pionniers  tentèrent  d'autres  hommes  de  leur  pays  ;  et 
qu'avec  le  temps,  leurs  migrations  continuelles  vers  l'Angle- 
terre, firent  du  désert  de  l'Anglia,le  berceau  de  leur  race  (t). 
Telle  était  au  vme  siècle,  la  tradition  courante  sur  les  vic- 
toires des  Saxons.  En  ces  temps  reculés  dont  l'histoire  res- 
tera toujours  imparfaitement  connue,  il  est  constant  que  des 
changements  incessants  s'opéraient  dans  la  situation  et  dans 
la  condition  des  tribus  diverses  qui  peuplaient  les  régions  du 
Nord  de  l'Europe.  Ce  n'étaient  que  migrations  slaves,  celtes 
ou  teutones,  et  pendant  des  siècles  il  y  eut,  à  travers  le 
monde,  ce  que  les  Germains  appelèrent,  les  courses  errantes 
des  nations.  Pendant  une  suite  de  générations,  les  tribus, 
des  parties  mêmes  de  tribus,  se  déplaçaient  sous  l'empire 
de  la  nécessité  ;  des  noms  de  chefs  se  sont  perdus  ;  des 
guerres,  des  séditions,  des  conquêtes,  la  formation  solen- 
nelle ou  la  dissolution  de  tribus  confédérées,  ont  pu  rem- 
plir, sans  laisser  de  vestiges,  les  siècles  qui  s'écoulèrent 
entre  le  premier  établissement  des  Teutons  en  Germanie,  et 
leur  apparition  véritable  dans  l'histoire,  alors  qu'ils  se 
dressent,  menaçants,  devant  Rome.  Les  lais  héroïques  peu- 
vent bien  garder  quelques  traces  de  ces  événements  (2); 
mais  le  détail  de  ces  révolutions  nous  demeure  inconnu,  et 
sans  posséder  d'annales  écrites,  et  s'en  référant  aux  seules 
œuvres  des  poètes,  l'historien  ne  peut  se  perdre  souvent 
qu'en  conjectures.  Toutefois,  çà  et  là,  voit-on  se  marquer 
par  intervalles  des  évolutions  lentes,  des  luttes  puissantes 
et  des  révolutions  profondes,  jusqu'à  ce  que  le  colosse  ger- 

4.  Beda,  Hist.  Ecct.,  I,  \  4,  15:  Gildas,  Hist.,  14  ;  Nennius,  Hist.  38. 
2.  «  Celebrant  carminibus  antiquis,  quod    unum  apud  illos  memoriae 
lannalium  genus  est.  »  Tacit.,  Mor.  Germ  ,  cap.  II. 


LES    SAXONS    EN    ANGLETERRE  25 

main,  dépeint   par  Tacite,  apparaisse  sous  lo  ciel  assombri 
de  Rome,  terrible  et  inexplicable. 

Mais  si  Ton  s'en  tient  aux  tribus  germaines  qui  se  fixèrent 
sur  les  rives  dWngleterre,  les  données  historiques  permet- 
tent d'établir  que,  vers  le  milieu  du  ve  siècle,  un  mouvement 
considérable  se  produisit  parmi  les  tribus  qui  habitaient  les 
côtes  Ouest  de  la  Germanie,  et  les  îles  de  la  mer  Baltique 
Resserrées  par  les  invasions  de  voisins  qui  les  harcelaient 
et  par  les  accroissements  de  la  population,  ou  cédant  au 
besoin  d'aventures  qui  se  manifestait  alors  par  tout  l'univers, 
les  Angles,  les  Saxons  et  les  Frisons  traversèrent  l'océan 
qu'ils  connaissaient  à  peine,  pour  chercher  à  se  fixer  sur  des 
continents  voisins,  qui  leur  promettaient  les  joies  du  pillage, 
ou  un  repos  passager  à  leurs  fatigues.  La  Grande-Bretagne, 
fertile  et  sans  défense,  riche  des  travaux  de  la  paix,  aban- 
donnée de  ses  anciens  maîtres,  accoutumée  au  joug  et  non 
à  la  pratique  des  armes,  appelait  l'attaque  des  barbares,  en 
excitant  leur  convoitise,  et  il  demeure  certain  qu'à  cette  épo- 
que même,  il  y  eut  plusieurs  migrations  de  Germains  sur  les 
rives  anglaises  (1).  Les  expéditions  rapportées  par  la  tradi- 
tion, sont  celles  d'Hengest,  /Elli,  Gissa,  Gerdic  et  Port,  et 
bien  qu'elles  soient  vraisemblables,  rien  ne  prouve,  cepen- 
dant, quelles  marquent  le  premier  établissement  des  Ger- 
mains en  Angleterre. 

1.  Ces  détails  sont  confirmés  par  Gildas  et  Nennius.  Les  Romains 
avaient  coutume  de  désarmer  les  nations  qu'ils  soumettaient.  Ainsi  Pro- 
bus  en  usa-t-il  avec  les  Alamans.  Sur  l'insuffisante  défense  de  l'Angle- 
terre, cf.  Malmsbury  (Gest.  Reg.  lib.,  I.  §  2)  :  «  Ita  cum  tyranni  nullum 
in  agris  prseter  semibarbaros,  nullum  in  urbibus  prseter  ventri  deditos 
reliquissent,  Britannia  omni  patrocinio  juvenilis  vigoris  vidua! a,  omni 
exercilio  artiurn  exinanita,  conterminarum  gentium  inhiationi  diu 
obnoxia  fuit.  » 

Prosper  Tyro,  A  D.  AW,  écrit  également  :  «  Thcodosii  XVIII,  Britan- 
niae  usque  ad  hoc  tempus  variis  cladibus  eventibusque  laceratae  in 
ditionem  Saxonum  rediguntur  ».  Cf.  Procop..  Bel.  Got  ,  IV,  20. 


26  itKow  mi 

Il  csl  j uslo  d'observer  que,  durani  bien  des  siècles,  des 
échanges  actifs  et  nombreux  étaient  effectués  entre  les  cotes 
du  Sud  de  cette  ile,  et  les  districts  de  la  Gaule  de  l'Ouest.  La 
première  venue  de  César  fut  commandée  par  la  certitude 
qu'il  avait  que  ses  ennemis  des  Gaules  réparaient  leurs  pertes 
et  fortifiaient  leurs  armées,  par  l'appoint  des  contingents 
bretons  alliés  (1).  Et  les  trafiquants  de  la  côte  (2)  qui 
trouvaient  dans  la  Bretagne  un  débouché,  lui  fournirent, 
bien  qu'à  regret,  les  plans  qui  servirent  à  l'invasion  romaine. 
Quand  les  armées  de  César  l'eurent  facilement  emporté  sur 
leurs  faibles  ennemis,  et  que  la  domination  romaine  s'éta- 
blit sur  l'île  entière,  il  est  probable  que  les  anciennes  rela- 
tions furent  reprises,  et  que  les  échanges  se  renouvelèrent, 
comme  parle  passé.  x\u  temps  de  Strabon,  les  produits  de 
l'île,  le  blé,  le  bétail,  l'or,  l'argent,  le  fer,  les  peaux,  les 
esclaves,  les  chiens,  étaient  exportés  par  ses  habitants  et 
certainement,  sur  les  côtes  voisines  :  ce  commerce,  du  reste, 
était  suffisant  pour  motiver  l'établissement  d'un  impôt  et 
d'exportation  et  d'importation  (3).  Au  siècle  de  Néron, 
Londres  sans  être  une  colonie,  était  regardé  comme  un  centre 
remarquable  de  commerce  (4).  ;  trait  d'union  de  toutes  les 
nations  celtes  trafiquantes.  Comme  les  tribus  germaines 
s'avançaient  graduellement,  en  suivant  les  lignes  de  l'Elbe, 
du  Weser  et  du  Rhin,  occupant  les  contrées  sur  les  rives  de 
ces  fleuves,  jusqu'à  la  mer,  on  peut  dès  lors  supposer  que 
quelques-unes  de  leurs  grandes  migrations  se  prolongèrent 
jusqu'aux  rives  prochaines  et  opposées  de  l'Angleterre  (5). 

t.  Bell.  GalL,  III.  8,  9:  IV.  20. 

2.  Particulièrement  les  'Vénèles  :  èzotuoi  yào  cgv.v  xw/ûîiv  -ôv  ù;  -rtv 
(}(o£T7awxr,v  tzÏoxjv,  y^pûuvjoi  rw  zutzooLm.  Strabo  ,  IV,  271.  Cf.  Bell.  Gall  m 
IV.  20 

3.  Strabo,  IV,  278. 

4.  Tacit.  Ann.,  XIV,  33. 

5   César  note  les  migrations  des  tribus  continentales  vers  la  Bretagne 


LES    SAXONS    EN    ANGLETERRE  27 

Dès  1<>  début  du  nc  siècle,  les  Chauques  sont  mentionnés 
parmi  les  habitants  de  la  côte  Sud-Ouest  de  l'Irlande  (1),  et 
quoiqu'on  ne  puisse  les  identifier  avec  la  grande  tribu 
saxonne,  leur  nom  se  différencie  totalement  des  terminaisons 
celtiques  des  dénominations  des  races  environnantes. 

Les  Coritaves  qui  occupaient  les  comtés  actuels  de  Lincoln, 
Leicester,  Rutland,  Northampton,  Nottingham  et  Derby  sont 
Germains,  d'après  la  tradition  galloise  elle-même  (2). 

Sans  tenir  compte  de  ces  détails,  il  convient  d'énumérer 
les  causes  qui  rendent  probable  l'immixtion  des  tribus  ger- 
maines en  Angleterre,  bien  avant  le  milieu  du  vc  siècle.  Il 
semble  que  les  empereurs  romains,  recrutant  les  forces 
qui  devaient  soutenir  en  tous  lieux  l'empire  ébranlé,  parmi 
les  populations  les  plus  hardies  du  continent,  aient  dû 
établir  dans  l'île  des  familles  teutones  qui  elles-mêmes,  ne 
cessaient  de  se  tenir  en  rapports  continus,  avec  les  tribus 
quelles  laissaient  derrière  elles.  La  colonie  militaire,  fondée 
par  les  Césars  en  Angleterre,  était  un  moyen  de  récom- 
pense facile  à  ces  auxiliaires  farouches  que  Fempereur  aimait 
mieux  fixer  dans  les  vallées  fertiles  de  la  Bretagne,  plutôt 
que  de  leur  permettre  de  tenir  garnison  en  Lombardie,  ou  en 
Campanie,  où  ils  seraient  demeurés  menaçants  et  incertains. 

Le  sol  fertile  qui  avait  autrefois  tenté  le  Romain  vainqueur, 
dut  exercer  la  même  attraction  sur  les  Saxons  et  les  Angles, 
errant  sur  les  rives  de  ces  marais  déserts,  et  à  l'entour  des 

«  Britanniœ  pars  interior  ab  iis  incolilur,  quos  natos  in  insula  ipsamemo- 
ria  proditum  dicunt;  mariluria  pars  ab  iis  qui  praedœ  ac  belli  inferendi 
causa  ex  Belgis  transierant  :  qui  omnes  1ère  iis  norninibus  ci  vita  turn 
adpellantur,  quibusoiii  ex  civitatibus  eo  pervenerunt,  et  bello  inlato  ibi 
remanserunt,  atque  agros  colère  cœperunt  »    Bell.  Gall.,  V,  12. 

1.  Ptolémée,  liv.  II,  ch.  II. 

2.  Ptolémée.  Liv.  II,  ch.  III,  jasB'oi/ç  VLopiravoi,  iv  oïç  roAstç,  ïhdo-j, 
pv.'/c  îîra,  Karug'j/CÀavol,  h  ol;  nokstç,  ffecAipat,  oùooXaviov.  Cf.  Oros,  VII,  32  : 
«  Saxones,  genlcm  oceani,  in  littoribus  et  paludibus  inviis  sitam.   » 


28  )u;n\\  i  i.i- 

îlcs  solitaires  <le  L'Elbe.  In  veril  du  nord-esl  les  portail 
presque  sans  effort,  d' Heligoland,  ou  de  Sit  et  Romsey,  vers 
la  côte  de  Norfolk.  Il  y  a  donc  quelque  probabilité  pour  que 
des  corps  de  tribus  plus  ou  moins  nombreux  des  entes  ger- 
maines, aient  colonisé  les  régions  du  sud  de  l'Angleterre, 
bien  avant  la  date  qui  est  généralement  assignée  à  leur 
établissement.  Les  exigences  mêmes  du  service  militaire 
avaient  rendu  l'île  familière  aux  nations  du  continent  :  les 
Bataves,  avec  leurs  propres  chefs  indigènes,  et  une  auto- 
nomie véritable,  avaient  joui  en  Bretagne,  d'une  partie  du 
territoire  romain  (1).  Marc  Antonin,  par  esprit  politique,  à 
l'issue  de  la  guerre  des  Marcomans,  avait  établi  en  Bretagne, 
des  multitudes  de  Germains,  pour  servir,  et  d'instruments  de 
la  puissance  romaine,  et  d'otages  pour  les  hommes  de  leur 
race,  sur  les  frontières  de  l'empire  (2).  Cette  confédération 
puissante  dut  laisser  en  Angleterre  des  traces  durables,  et 
il  n'est  pas  impossible  que  Garausius,  levant  en  Bretagne, 
l'an  287,  l'étendard  de  la  révolte,  ait  compté  et  sur  l'assis- 
tance des  Germains  du  pays,  et  sur  celles  de  leurs  frères  et 
alliés  du  continent  (3).  Dix-neuf  ans  plus  tard,  la  mort  de 

d.  A.  D.  69  :  «  Diu  germanicis  bellis  exerciti  ;  mox  aucta  per  Britan- 
niam  gloria,  transmissis  illuc  cohortibus,  quas  vero  instituto,  nobilissimi 
popularium  regebant.  »  Tacit.,  Hist  ,  IV,  12. 

12  Zosimus  (Hist.  Nov.)  I,  68)  :  ogoxx;  §z  Çimocç  oloç  re  yéyovev  éïsïv,  sic 
ftpzTzv.viuv  Trupénefi-tyiv  qï  rrçv  vvjcov  ot/.ïjaavrsç,  £7ravaarav70ç  asrà  raura 
-rjoç,  ysydvao-t  $a.<rùeï  ypriatuoi.  Procope  va  jusqu'à  faire  parler  Bélisaire 
de  Goths  établis  en  Bretagne  (Belt.  Got.,  II,  6). 

3.  «  Omnes  enim  illos,  ut  audio,  campos  atque  colles  non  nisi  teter- 
rimorum  hostium  corpora  fusa  texerunt.  Illa  barbara  aut  imitatione  bar- 
barian olim  cultu  vestis,  et  prolixo  crine  rutilantia,  tune  vero  pulvere  et 
cruore  fœdata,  et  in  diversos  situs  tracta,  sicuti  dolorem  vulnerum  fue- 
rant  secuta,  iacuerunt. ..  Enimvero,  Caesar  invicte,  tanto  deorum  immor- 
talium  tibi  est  addicta  consensu  omnium  quidem  quos  adortus  fueris  hos- 
lium,  sed  prrecipue  internecio  Francorum,  ut  illi  quoque  milites  vestri- 
qui  per  errorem  nebulosi,  ut  paullo  ante  dixi,  maris  abiuncti  ad  oppi, 
dum  Londiniense  pervenerunt,  quidquid  ex  mercenaria  illa  multitudine 


LES    SAXONS    KN    ANGLETERRE  29 

Constance  lit  passer  l'empire  à  Constantin,  son  (ils.  La  dignité 
impériale  lui  fut  solennellement  reconnue  en  Bretagne,  et 
parmi  les  partisans  de  l'empereur,  on  compta  Crocus  ou 
Erocus,  roi  alaman  qui  avait  accompagné  son  père,  de  Ger- 
manie. Plus  tard,  sous  Valcntinien,  on  trouve  une  armée 
auxiliaire  d'Alamans,  servant  avec  les  légions  romaines,  en 
Angleterre. 

Nous  approchons,  maintenant,  de  la  période  où  fut  compilé 
le  document  célèbre,  intitulé  :  Notitia  utriusque  imperii  (1). 
Parmi  les  principaux  officiers  d'Etat  administrant  les  intérêts 
de  l'île,  ligure  le  comes  littoris  Saxonici  per  Britannias,et  son 
gouvernement  qui  s'étendait  des  environs  de  Portsmouth 
jusqu'à  Wells,  en  Norfolk,  se  composait  de  divers  établisse- 
ments civils  et  militaires,  dispersés,  çà  et  là,  sur  la  côte.  Il 
faut  donc  entendre  par  Litus  saxonicum,  la  zone  dans  laquelle 
s'étaient  établis  les  membres  de  la  confédération  saxonne. 

Ces  préliminaires  n'ont  eu  d'autre  but  que  de  montrer  ce 
qu'il  y  a  d'incertain  et  de  flottant  dans  ces  traditions  confuses, 
acceptées  longtemps  sans  examen,  entretenues  rjar  les  chro- 
niqueurs, et  aboutissant  à  cette  conclusion,  sans  base  cri- 
tique, de  l'établissement  des  Germains  en  Angleterre,  au 
ve  siècle.  Et  que  l'on  considère,  ici,  que  les  arguments  invo- 

barbarorum  prselio  superfuerat,  cum  direpta  civitate,  fugam  capessere 
cogitarent,  passim  tola  urbe  confecerint  ».  Eumen,  Paneg.  Const.,  cap. 
XVIII,  XIX. 

1.  Pancirolus  date  ce  document  de  A.  D.  438;  Gibbon,  en  le  réfu- 
tant, lui  donne  entre  395  et  407,  pour  date.  Il  semble  qu'en  fait  il  y  ait 
erreur  à  supposer  qu'à  une  pareille  date,  les  Romains  aient  maintenu 
un  établissement  aussi  puissant  en  Grande-Bretagne.  Ammianus  n'écrit-il 
pas  en  364  :  «  Hoc  tempore  Picti,  Saxonesque  et  Scotti  et  Attacotti  Britan- 
nos  œrumnis  vexavere  continuis  »  (Hist.,  XXVI,  4)  ;  ce  qui  ne  peut  répon- 
dre à  un  état  florissant  de  l'armée  et  de  la  civilisation  romaines  dans 
l'île.  Le  document  en  question  se  place  donc  entre  390  ou  400,  mais  se 
réfère  à  une  organisation  de  la  puissance  romaine  dans  l'île,  en  des  temps 
moins  troublés. 


30  BEOWULF 

qués  contre  cette  thèse  sont  tirés  au  point  de  vue  documen- 
taire, d'assertions  de  témoins  impartiaux,  sinon  indifférents  : 
fonctionnaires,  soldats,  écrivains  et  philosophes,  qui  rap- 
portaient simplement  les  événements  dont  ils  avaient  les 
informations  les  plus  prochaines,  et  qui  n'avaient  d'autre 
souci  que  de  consigner  les  faits  appartenant  à  l'histoire  de 
l'empire. 

Une  autre  considération  vient  encore  combattre  les  don- 
nées de  la  tradition.  Il  est  à  remarquer  que  tous  détails  tra- 
ditionnels donnés  sur  quelqu'une  des  races  germaniques,  se 
retrouvent  également  attribués  aux  autres,  avec  quelques 
légères  variations  de  localités  et  de  détails.  Il  est  inadmis- 
sible de  croire  à  des  ressemblances  fortuites,  tant  les  exem- 
ples de  pareilles  identités  sont  nombreux.  Ainsi  Hengest  et 
Hors  abordent  sur  les  côtes  de  Kent  avec  trois  vaisseaux,  et 
iElli  opérant  un  débarquement  dans  le  Sussex,  avec  le  même 
nombre  de  bâtiments,  on  se  souvient  encore  de  la  tradition 
gothique  suivant  laquelle  des  immigrants  ostrogoths  et  visi- 
goths  remontent  jusqu'à  l'embouchure  de  la  Vistule,  sur 
trois  vaisseaux  également...  Le  meurtre  des  chefs  bretons  par 
Hengest  est  rapporté,  totidem  verbis,  par  Widukind,  des 
anciens  Saxons  (1).  Geoffroy  de  Monmouth  conte  aussi  com- 
ment Hengest  obtint  des  Bretons  le  territoire  que  pourrait 
couvrir  une  peau  de  bœuf  :  le  héros  découpa  celle-ci  en 
lamelles,  ce  qui  lui  permit  de  s'attribuer  un  plus  large  empla- 
cement, sur  lequel  il  éleva  le  château  de  ïhong  (2).  Parmi 
les  Saxons,  la  tradition  est,  en  réalité,  la  même,  quoique 
rapportée  avec  quelques  variantes  dans  les  détails  :  une 
poignée  de  terre  est  départie,  sous  les  mêmes  conditions,  à 

1.  Widukind,  Leibnitz,  Rer.  Brunsw.,  I,  73,74  ;  Repgow,  Sachsensp., 
III,  M,  §  2 

2.  Galf.  Monum,  H.  Brit.,  VI,  11.  Les  Indiens  prétendent  encore  que 
les  Anglais  gagnèrent  Calcutta  par  ce  même  procédé. 


LES    SAXONS    KN    ANGLETERRE  31 

un  Saxon  qui  la  sème  sur  un  Large  espace  du  sol  qu'il  s'ap- 
proprie (1). 

La  tonne  nie  nie  sous  laquelle  les  détails  de  la  tradition 
sont  parvenus  jusqu'à  nous,  est  suspecte  :  elle  est  toute 
romantique,  et  n'a  point  de  caractère  historique.  Ce  sont  les 
premières  défaites  des  Bretons  que  les  chroniqueurs  natio- 
naux anglais  s'efforcent  de  dissimuler,  et  quand  par  la  suite, 
les  chefs  bretons  sont  vainqueurs  des  Saxons,  ils  deviennent 
doués  de  pouvoirs  surnaturels,  et  une  fortune  toute  provi- 
dentielle ne  cesse  de  les  accompagner.  Gildas,  Nennius  et 
Bède  fournissent  maint  exemple  de  pareilles  dissimulations, 
ou  de  semblables  exagérations  :  ils  ne  cherchent  qu'à  flatter 
l'orgueil  celtique,  en  lui  mentant  sur  ses  faiblesses  et  sur  ses 
défaites,  en  lui  représentant  ses  héros,  sous  la  forme  de 
demi-dieux. 

Il  faut  reconnaître,  sans  doute,  que  tout  le  territoire  ne 
fut  pas  soumis,  sans  résistance,  dans  ses  différentes  parties  : 
çà  et  là,  quelque  hardi  compagnon,  ou  la  disposition  favo- 
rable des  lieux  purent  permettre  aux  indigènes  de  résister, 
même  avec  quelque  succès  temporaire,  aux  envahisseurs. 
Mais  il  est  difficile  de  suivre  le  lent  accroissement  de  la 
puissance  germaine  en  Angleterre  :  avec  constance  et  sûreté, 
de  l'orient  à  l'ouest,  du  sud  au  nord,  apparaissent  bientôt 
les  haches  aiguisées  et  les  longs  glaives  des  Teutons  ;  tout 
cède  devant  eux,  jusqu'aux  citadelles  où  les  indigènes  ne 
tentent  plus  de  sorties  contre  l'oppresseur.  La  masse  du 
peuple  accoutumée  à  la  servitude  romaine,  se  résigna  à  la 
perte  de  sa  liberté,  et  souffrit  peu  de  ce  changement  de 
maîtres  :  ceux  dont  le  patriotisme  était  plus  généreux,  préfé- 
rèrent l'exil  à  la  sujétion  (2).  La  condition  des  Bretons,  sous 


1.  Grimm.  Deutsche  S  a  g  en,  no  547,369. 

2.  Cf.  Ermold,  Nigel,  liv.  III,  vol.  II,  dans  Perte,  11,490. 


32  BEOWULF 

la  domination  germaine,  semble  avoir  été  assez  douce  et 
facile  :  le  joug  du  vainqueur  ne  pesa  plus  lourdement  sur 
eux,  que  pour  châtier  des  séditions  et  des  révoltes  inutiles  (1). 
Et  dans  les  lois  d'Ini,  ce  roi  saxon  de  l'ouest  assure  aux 
vaincus  la  même  personnalité  juridique  qu'à  ses  sujets. 

D'après  les  explications  précédentes,  on  peut  conclure 
qu'il  ne  reste  aucune  source  historique  des  conquêtes  ger- 
maines en  Angleterre,  et  que  s'il  y  en  eut  jamais  une,  elle 
demeure  irrévocablement  perdue.  Seuls,  Prosper  Tyro  et 
Procope  font  mention  de  ces  événements  en  des  termes  qui 
paraissent  ne  pas  correspondre  à  la  réalité  des  faits.  Le  pre- 
mier répète  sans  cesse  que  vers  441,  la  Bretagne  fut  finale- 
ment réduite  sous  la  domination  saxonne,  alors  que  Procope 
cite  la  relation  imparfaite  et  presque  fabuleuse  qu'il  reçut  de 
l'événement  (2). 

Les  quelques  faits  réunis  par  Bède  au  commencement  du 
vme  siècle,  forment  donc  la  seule  base  de  toutes  les  déduc- 
tions historiques  postérieures,  et  Bède  (3)  écrivant  l'histoire 
ecclésiastique  de  ces  temps,  laissait  de  côté  tous  détails 
séculiers.  Les  annales  des  rois,  les  traditions  erronnées 
vinrent  s'ajouter  aux  travaux  de  Bède  ;  les  cycles  épiques  et 

1.  «  Quorum  illi  qui  North wallos,  idest  Aquilonales  Britones  diceban- 
tur,  parti  Westsaxonum  regum  obvenerant.  Illi  quondam  consuetis  ser- 
vitiis  seduli,  diu  nil  asperum  retulere,  sed  tune  rebellionem  méditantes, 
Kentuninus  rex  tam  anxia  caede  perdomuit,  ut  nihil  ulterius  sperarent. 
Quare  et  ultima  malorum  accessit  captivis  tributaria  functio  ;  ut  qui 
antea  nec  solam  umbram  palpabant  libertatis,  nunc  iugum  subiectionis 
palam  ingemiscerent  ».  W.  Malmsb,  Vit.  Aldhelmi,  Ang.  Sac, 
II,  14. 

2.  Procop,  Bel.  Got.,  IV,  20. 

3.  Bède  tente  de  donner  quelques  détails  sur  l'état  de  la  Bretagne, 
avant  r.arrivée  d'Augustin,  mais  il  se  borne  à  quelques  citations  de  Soli- 
nus  et  Gildas,  et  à  rapporter  une  vie  légendaire  de  Saint-Germain.  Et  il 
lui  arrive  de  mettre  en  doute  certains  faits,  comme  ceux  qui  composent 
l'histoire  d'Hengest.  Cf.  Hist.  EccL,  I,  15. 


LES    SA.XONS    EN    ANGLETERRE  33 

mythologiques  s'enrichirent,  et  la  vérité  première  se  fondit 
en  une  niasse  de  fables  inconsistantes.  Ainsi  Wôden,  Bael- 
daeg,  Geât,  Scyld,  Sceâfet  Beôwa  prirent  place,  quoique 
leur  caractère  fût  légendaire,  dans  les  généalogies  royales  : 
tour  à  tour  Brutus,  Aurelius  Ambrosius,  Uther  Pendragon, 
Hengest,  Hors  et  Vortigern  furent  cités  parmi  les  person- 
nages historiques  :  héros  d'épopée,  ils  devinrent  des  rois  et 
des  guerriers,  vivant,  combattant  et  mourant  sur  le  sol 
anglais. 

Nous  ignorons  comment  aucun  événement  historique  ait 
pu  être  noté  avec  certitude,  avant  Fan  600  :  il  a  pu  y  avoir 
des   annales  ;   des  poèmes  ont  pu  voir  le  jour,  mais  tous 
ont  été  anéantis,  sans  laisser  de  trace.   Encore  ne  peut-il  y 
avoir  lieu  de  regretter  cette  absence,   pour  la  peinture  des 
mœurs,  et  du  développement  du  génie  de  ces  peuples,  car 
les  rois,  les  princes,  les  héros    seuls  sont  la    matière  de 
l'épopée.  Ces  poèmes  sont  essentiellement  héroïques,  célé- 
brant les  fondateurs  quasi-divins  des  races,  les  fortunes  de 
leurs  belliqueux  descendants,  et  non  la  lente  évolution  des 
peuples.  L'épopée  retentit  des  rumeurs  des  festins,   et  les 
armes    brillantes,    les  gobelets    d'or    étincellent    dans    ses 
descriptions  :  là,  les  dieux  se  mêlent,  en  égaux,  aux  actions 
des  hommes,    poursuivent  les  mêmes  desseins,  sont  animés 
des  mêmes  passions  d'amour,  de  jalousie  et  de  haine  ;  ou 
dieux  devenus   hommes,   ils    fondent    des    races    vraiment 
royales,    puisqu'elles  procèdent  de  la    divinité  elle-même. 
Mais  chaque  race   connaît  peu  les  traditions  des  autres,  et 
n'en  a  nul  souci  :  les  alliances  et  les  guerres  seules,  les  rap- 
prochent entre  elles  :  toute  histoire  produite  en  ces  condi- 
tions, est  nécessairement  traditionnelle,  épique  et  nationale  : 
elle  est  toute  imparfaite  et  inexacte,  et  il  n'y  a  que  les  sources 
écrites  d'auteurs  contemporains  et  impartiaux,  qui  puissent 
la  corriger  et  lui  donner  quelque  degré  de  certitude. 

3 


34  BEOWULF 

Faisons  lap  plication  de  ces  remarques  aux  premiers  événe- 
ments de  l'histoire  saxonne  :  sur  le  pays  de  Kent  on  ne  pos- 
sède que  des  données  incertaines  :  plus  vagues  et  plus  incer- 
tains encore,  sont  les  faits  se  référant  au  Sussex  et  au 
Wessex.  Pour  le  premier  pays,  on  rapporte  qu'en  l'an  477, 
iElli,  avec  trois  fds  Cymen,  Wlencing  et  Gissa,  ahorda  dans 
le  Sussex  ;  que  Fan  483,  ils  défirent  les  Gallois,  et  qu'en  491 , 
ils  détruisirent  la  population  d'Anderida.  On  ne  trouve  point 
d'autre  détail  sur  le  Sussex,  dans  la  chronique  saxonne, 
avant  l'arrivée  d'Augustin,  à  l'exception  peut  être,  de  l'affir- 
mation de  la  supériorité  d'^Elli  sur  les  autres  chefs  saxons. 
Les  événements  se  rapportant  au  Wessex  sont  plus  nom- 
breux, et  mieux  détaillés  :  en  493,  deux  nobles,  Gerdic  et 
Gyneric  vinrent  en  Angleterre,  et  abordèrent  à  Gerdicesora, 
où  ils  se  battirent  le  même  jour.  En  501,  ils  furent  rejoints 
par  un  noble,  du  nom  de  Port  qui,  avec  ses  deux  fils  Bieda  et 
Maegla,  aborda  à  Portsmouth  :  ils  gagnent  tous,  en  508,  une 
grande  bataille  sur  un  roi  breton  qu'ils  tuent,  avec  cinq  mille 
hommes  de  son  peuple.  En  514,  Stuff  et  Wihtgâr,  leurs 
neveux,  leur  conduisent  un  renfort  de  trois  vaisseaux  ;  en  519, 
ils  infligent  aux  Bretons  une  nouvelle  défaite,  et  fondent  le 
royaume  de  Wessex.  En  527,  ne  nouvelle  victoire  est  signa- 
lée :  en  530,  l'île  de  Wight  est  soumise,  et  donnée  à  Wiht- 
gâr ;  et  en  534,  Gerdic  meurt,  et  Gyneric  lui  succède,  qui 
règne  vingt-six  ans  (1).  En  544,  Wihtgâr  meurt,  et  les  faits 
nouveaux  sont  alors  une  victoire  de  Gyneric  en  552  et  556,  et 
l'accession  de  Geawlin  au  trône.  Des  guerres  de  rois  saxons 
de  l'Ouest  sont  encore  notées  en  568,  571,  577,  584.  De  590 
à  595,  un  roi  de  cette  race,  nommé  Ceôl  est  encore  men- 
tionné.   L'an  591   marque   la   déchéance   et  l'expulsion   de 


1.  Cerdic  et  Gyneric  font  leur  apparition  en  495  :  après  quarante  ans 
Cerdic  meurt,  et  Gyneric  règne  encore  vingt-six  ans  ! 


LES    SAXONS    EN    ANGLETERRE  35 

Ceawlin  :  en  593,  les  morts  de  Ceawlin,  Cwichclm  et  Crida 
sont  mentionnées,  et  en  597,  date  de  la  venue  d'Augustin, 
Ceôlwulf  monte  sur  le  trône  du  Wessex. 

Ces  détails  si  incomplets  soient-ils,  l'emportent  en  nombre 
sur  ceux  qui  se  rapportent  au  Northumberland,  au  pays 
d'Essex,  et  à  l'Anglia  orientale.  En  547,  Ida  commence  à 
régner  sur  le  premier  de  ces  royaumes  ;  /Elli  lui  succède 
en  560  :  après  un  règne  de  trente  (!)  ans,  il  meurt  en  588,  et  a 
pour  successeur  ^Edelric  auquel  ^Edelfrid  succède,  en  593. 
Tels  sont  les  seuls  faits  touchant  l'histoire  du  Northumber- 
land :  de  la  Mercie,  d'Essex,  de  l'Anglia  du  Sud,  il  ne  sub- 
siste aucune  trace. 

Il  faut  donc  faire,  en  ces  études,  abstraction  de  toutes  les 
traditions  inconsistantes,  non  pour  arriver  à  la  certitude 
historique,  niais  à  plus  de  vraisemblance,  et  par  la  critique 
minutieuse,  à  plus  de  vérité.  C'est  moins  dans  les  récits 
fabuleux  qu'il  faut  rechercher  cette  dernière,  que  dans  les 
divisions  du  territoire  lui-même,  d'après  les  populations  qui 
l'occupaient,  et  le  rang  qu'avaient  leurs  membres,  dans  la 
tribu,  dans  la  cité,  et  dans  l'Etat.  Les  noms  des  tribus  et  des 
familles  ont  survécu  dans  les  lieux  qu'elles  occupaient,  ainsi 
que  leur  droit  coutumier.  Ce  sont  là  les  seules  sources  his- 
toriques véritables  :  la  famille,  la  tribu,  le  droit  se  sont  con- 
servés, alors  que  les  noms  des  rois  se  perdent  en  des  généa- 
logies poétiques,  avec  les  héros  surhumains  dont  toutes  les 
conquêtes  expliquent  moins  l'entier  et  sûr  envahissement  de 
la  Grande-Bretagne  par  le  géant  teuton,  que  la  borne  barbare 
posée  à  la  limite  du  premier  champ. 


CHAPITRE  II 
La  Marche 


Tout  ce  qu'on  peut  savoir  du  principe  originaire  d'établis- 
sement sur  un  continent,  des  nations  de  race  germaniques, 
repose  sur  ces  deux  faits  :  la  possession  du  sol,  et  la  distinc- 
tion du  rang  ;  et  la  loi  publique  de  chaque  tribu  teutone 
repose  sur  la  dépendance  de  l'un  et  l'autre  de  ces  principes. 
De  même  que  celui  qui  n'est  pas  libre,  ne  peut,  dans  les 
premiers  temps,  posséder  de  terres  dans  les  limites  de  la 
communauté,  ainsi  celui  qui  ne  possède  point  une  parcelle  du 
sol  de  ladite  communauté,  ne  peut  être  regardé  comme  entiè- 
rement libre,  quelque  soit  son  rang  personnel,  ou  son  carac- 
tère. La  qualité  d'homme  libre  est  donc  liée  à  la  possession 
du  sol,  et  en  cela,  le  colon  teuton  diffère  peu  du  Spartiate, 
ou  du  premier  Romain. 

Ces  principes  ont  évolué,  influencés  dans  leur  développe- 
ment, par  la  nature  et  les  modifications  apportées  au  droit  de 
propriété  commun  et  individuel  ;  par  la  distinction  et  les  pri- 
vilèges des  classes  diverses  de  citoyens  :  les  hommes  libres, 
les  nobles,  les  serfs  ;  par  les  rudiments  d'institutions  et  de  lois, 
propres  à  garantir  la  vie  et  la  possession  paisible  du  sol. 
Ce  sont  M  les  origines  de  la  loi  coutumière  anglaise,  et  elles 
se  retrouvent  avec  chaque  établissement  des  Germains,  dans 
les  pays  conquis  par  Rome. 


LES   SAXONS    EN    ANGLETERRE  37 

Gomme  le  territoire  peut  être  possédé  par  une  communauté 
d'hommes,  ou  par  diverses  familles  ou  maisons,  sous  des 
conditions  déterminées,  il  convient  d'examiner  séparément, 
chacun  des  caractères  de  ces  teneurs.  En  premier  lieu,  doit 
être  faite  l'étude  de  la  possession  commune,  car  de  celle-ci 
dépendent  l'état  politique  lui-même,  les  lois  de  constitution 
de  cet  état,  et  sa  place  par  rapport  aux  autres  états.  Parmi 
les  Anglo-Saxons,  le  territoire  ainsi  possédé  en  commun, 
était  dénommé  marche,  ga  ou  shire. 

La  plus  simple  et  la  moins  considérable  de  ces  divisions 
communes  était  celle  désignée  par  le  mot  marche  (mearc). 
C'est  là,  la  première  division  générale  aboutissant,  par  ordre 
successif,  aux  propriétés  privées,  — -  ou  alods  des  hommes 
de  la  Marche.  Comme  son  nom  l'indique,  la  marche  [mark] 
représente  quelque  chose  de  défini,  strictement  délimité,  et 
dont  le  caractère  exclusif  du  droit  d'autrui,  est  révélé  par 
des  signes  extérieurs.  C'est  la  partie  de  territoire  sur  laquelle 
se  sont  établis  un  plus  ou  moins  grand  nombre  d'hommes 
libres, pour  la  mettre  en  valeur  parla  culture,  et  pour  tirer  de 
leur  association,  profit  et  protection  mutuels.  Ce  territoire 
comprend  une  portion  de  terre  arable  et  de  pâtures,  dont 
l'étendue  est  proportionnée  au  nombre  de  ceux  qui  doivent  la 
posséder  (l).  Quelqu'ait  été,  à  l'origine,  la  condition  des  tri- 
bus germaines,  l'histoire  les  représente  toujours,  comme 
vivant  d'agriculture  et  d'élevage  (2).  Quand  les  Germains 
s'élevèrent  contre  Rome,  ils  avaient  cessé  d'être,  de  longue 
date,  des  pasteurs,  des  chasseurs  ou  des  pêcheurs  errants. 


4.  «  Agri,  pro  numéro  cultorum,  ab  universis  per  vices  occupantur, 
qnos  mox  inter  se,  secundum  dignationem,  partiuntur  ;  i'acilitatem  par- 
tiendi  carnporum  spatia  prsestant,  »  Tacit.,  Germ.,  26.  « 

2.  «  Sola  terne  seges  imperalur».  Tacit,  Germ.,  26.  «  Krumenti 
inodum  donnions,  aut  pecoris,  aul  vestis,  ut  colono  iniungit  :  et  semis 
bactenus  paret»,  Ibid.,  25.  «  Hordeum  et  frumentum  »,  Ibid.,  23. 


38  BEOWULF 

Les  goûts  et  les  dispositions  particulières  de  chaque  tribu, 
ont  pu  influer  sur  leurs  modes  d'établissement  et  d'habita- 
tion, mais  jamais  on  n'a  rapporté  des  populations  germaines 
qu'elles  aient  habité  sous  les  tentes,  comme  l'Arabe  ;  dans 
les  chariots,  comme  le  Scythe,  ou  dans  les  cavernes  souter- 
raines creusées  par  le  Troglodyte  de  Valachie.  Tacite  qui 
mentionne  certaines  tribus  vivant  à  leur  fantaisie  dans  quel- 
que ombreuse  vallée,  ou  au  bord  d'un  frais  cours  d'eau, 
remarque  et  dépeint  les  villages,  les  maisons,  et  les  citadelles 
des  autres  tribus  (1). 

Sans  commerce,  sans  moyens  d'étendre  leurs  communica- 
tions, sans  voisins  pacifiques,  les  Germains  ne  peuvent  avoir 
cultivé  leurs  champs  pour  des  étrangers.  Ils  étaient  à  la  fois, 
producteurs  et  consommateurs.  Même  les  serfs  et  autres  ser- 
vants domestiques  avaient  droit  à  une  allocation  en  nature, 
à  une  ration  de  pain  et  de  viande  ;  et  la  quantité  de  bière  et 
de  malt  que  l'on  trouve  énumérée  parmi  les  rentes  du  sol, 
ou  les  dons  à  des  établissements  religieux,  supposent  une 
production  très  abondante  de  céréales  (2).  Mais  il  demeure 
aussi  certain  que  les  Germains  n'avaient  principalement 
pour  leur  subsistance  que  les  troupeaux  de  bœufs,  de  mou- 
tons et  de  porcs  qui  paissaient  sur  les  prairies  sans  bornes, 
ou  à  l'ombre  des  chênes  qui  couvraient  la  plus  grande  partie 
du  territoire.  En  résumé,  dès  que  l'établissement  des  Ger- 
mains est  mentionné,  ceux-ci  colonisent  une  terre   arable, 

1.  «  Colunt  discreti  ac  diversi,  ut  fons,  ut  campus,  ut  nemus  placuit. 
Vicos  locant,  non  in  nostrum  morem,  connexis  et  cohaerentibus  aedifi- 
ciis  ;  suam  quisque  domum  spatio  circumdat.  »  Tacit.,  Germ.,  46. 

2.  «  On  xii  mondum  dû  scealt  sillan  dinum  peôwan  men  vii  hund 
hlàfa  XX  hlâfa,  bûtan  morgemettum  non  met  turn  »  :  dans  le  cours  de 
douze  mois,  tu  donneras  à  ton  serf,  sept  cent  vingt  pains,  sans  compter 
la  nourriture  du  matin  et  du  soir.  Sal.  Sat.,  p.  192.  «  Potui  humor  ex 
hordeo  aut  frumento,  in  quamdam  similitudinem  vini  corruptus».  Tacit., 
Germ.,  23. 


LES   SAXONS    EN    ANGLETERRE  «50 

entourée  de  forets  et  de  pâturages,  sur  laquelle  ils  ont  un 
droit  de  propriété  précaire. 

11  est  vrai  que  César  ne  rapporte  pas  que  l'agriculture  ait 
été  très  répandue  parmi  les  Germains,  ou  que  la  propriété  de 
la  terre  arable  ait  été  permanente  (1)  :  et  l'on  peut  supposer 
que  des  tribus  primitives  et  belliqueuses  aient  craint  que  la 
propriété,  et  la  stabilité  de  vie  qu'elle  comporte,  n'aient 
énervé  cbez  elles  le  courage  et  les  vertus  guerrières.  11  a  pu 
y  avoir  aussi  chez  les  Germains,  quelque  difficulté  à  procéder 
aux  divisions  annuelles  du  territoire  :  et  cependant  le  pro- 
priétaire dun  champ,  dans  le  district  de  Madras,  le  change 
tous  les  ans;  les  tribus  des  Afghans  procèdent  à  l'échange 
décennal  des  terres  (2)  ;  Diodore  rapporte  que  les  Vac- 
caéens  (3)  faisaient  l'échange  de  leurs  champs,  une  fois  l'an, 
et  qu'ils  s'en  partageaient  les  produits;  et  Strabon  (4)  cite 
une  coutume  semblable  chez  les  Dalmates. 

Mais  le  principe  de  la  possession  du  sol  semble  si  fort  chez 
les  Germains,  qu'il  parait  difficile  d'admettre,  sur  sa  seule 
autorité,  l'assertion  de  César.  Des  informations  inexactes  ont 
pu  lui  être  données  par  les  habitants  des  provinces  de  la 
Gaule,  et  toujours,  peut-on  opposer  à  César  le  dire  de 
Tacite  (5)  :  arva  per  annos  mutant,  et  superest  age.r,  qui  peut 
s'expliquer  de  la  sorte  :  les  Germains  font  l'échange  entre 
eux  de  terres  arables,    d'année    en   année,  —  et    il  reste 

1.  «  Agricultural  non  student  :  maiorque  pars  victus  eorum  in  lacle, 
caseo,  carne  consistit  :  neque  quisquam  agri  moclum  certum  aut  fines 
habet  proprios  ;  sed  magistrates  ac  principes  in  annos  singulos  gentibus 
cognationibusque  hominum,  qui  una  coierint,  quantum,  et  quo  loco 
visum  est,  agri  adlribuunt,  alque  anno  post  alio  transire  cogunt.  Eius  rei 
multas  adferunt  causas  :  ne,  adsidua  consueludine  capti,  studium  belli 
gerendi  agricultura  commutent.  »  Belt.  Gall.,  Ill,  22. 

2.  Elphinstonés  Caubul,  II,  17,  18,  19. 

3.  Diod,  Y,  34. 

4.  Strab,  VII,  315. 

5.  Tac,  Germ.,  26. 


40  BEOWULF 

un  territoire  à  partager  entre  la  communauté,  pour  les  pâtu- 
rages ;  et  à  l'intérieur  de  ce  que  nous  avons  appelé,  la 
Marche,  propriété  de  tous,  tel  champ  de  hlé  appartenait, 
avec  les  années,  à  des  propriétaires  successifs. 

Le  mot  Marche  a  un  sens  légal  et  réel,  au  sens  juridique 
de  cet  adjectif  :  il  désigne  non  pas  seulement  l'espace  de 
terre  qui  a  été  étudié,  mais  encore  ce  qu'il  représente  pour 
ceux  qui  l'occupent,  de  privilèges  et  de  droits  envers  eux- 
mêmes  et  envers  les  autres.  Mais  le  mot  sappliquant  au  ter- 
ritoire lui-même,  a  une  double  signification  :  il  désigne  non 
seulement  la  zone  des  terres  occupée  par  une  seule  commu- 
nauté réduite,  mais  encore  les  forêts  et  les  landes,  séparant 
les  possessions  dune  tribu,  de  celles  qui  l'avoisinaient.  La 
Marche,  ou  frontière  des  pâturages,  et  l'espace  cultivé 
qu'elle  enserre,  et  qui  est  départi  aux  divers  membres  de  la 
communauté,  sont  inséparables.  Quelle  que  soit  la  différence 
de  nature  de  leur  propriété,  elles  forment  ensemble  un  tout 
indissoluble.  Elles  constituent,  toutes  deux,  l'entière  posses- 
sion territoriale  de  l'originaire  cognatio,  race  ou  tribu.  Les 
terres  labourées  et  les  prairies  sont  gardées  par  la  Marche, 
et  le  cultivateur  tire  encore  sa  subsistance  des  chasses  de 
ses  fils,  de  ses  tenants,  de  ses  serfs,  dans  les  forêts  voi- 
sines. 

Le  caractère  essentiel  de  la  Marche,  considérée  comme 
frontière  et  comme  terre  commune  de  pâturages,  est  de  ne 
pouvoir  être  morcelée  en  terre  arable.  Les  hommes  de  la 
Marche,  —  appelés  Markgenossen  en  Allemagne,  et  par  les 
•Anglo-Saxons,  Mearcgeneâtas,  —  ont  des  droits  en  commun, 
mais  ne  peuvent  fonder  de  propriété,  sur  le  territoire  pro- 
prement dit  de  la  Marche.  Même  si  pour  des  raisons  parti- 
culières, un  homme  de  la  Marche  obtenait  le  droit  de  pra- 
tiquer des  coupes  sur  une  partie  de  la  forêt,  cette  partie 
même,  aussitôt  qu'elle  était  soumise  à  la  loi  de  la  propriété 


LES   SAXONS    EN    ANGLETERRE  41 

individuelle,  cessail  d'être  la  Marche.  Celle-ci  était  placée 
sous  la  protection  des  dieux,  et  il  est  probable  que  dans  la 
profondeur  de  ses  forêts,  il  y  avait  ces  retraites  ombragées, 
visitées  des  dieux  et  consacrées  à  leur  culte  (1). 

Si  Ion  considère  la  nature  du  premier  établissement 
teuton  qui  n'a  rien  de  commun  avec  la  cité,  il  faut  nécessai- 
rement conclure  à  l'existence  de  la  Marche,  et  à  son  carac- 
tère inviolable.  Chaque  communauté  qui  n'est  protégée  ni 
par  une  enceinte,  ni  par  la  loi,  doit  avoir  des  limites  qui  la 
séparent  de  ses  voisins,  et  qui  la  protègent  contre  ses  rivaux, 
que  la  communauté  soit  réduite  ou  étendue  ;  qu'elle  ait  les 
proportions  d'un  simple  village,  d'une  maison  ou  d'une  tribu 
entière  ;  —  elle  aura  toujours  une  Marche,  —  espace  qui 
limitera  ses  propres  droits,  et  qui  la  défendra  des  entreprises 
des  tribus  voisines.  Plus  la  communauté,  intéressée  dans  la 
Marche,  est  nombreuse,  plus  solennelles  sont  les  formalités 
qui  la  consacrent  et  qui  la  défendent  :  encore  les  bornes  de 
la  propriété  privée  sont-elles  sous  la  protection  des  dieux  et 
de  la  loi.  L'acquéreur  d'un  domaine  privé,  lui-même,  n'a 
pas  le  droit  de  bâtir,  ni  de  cultiver  à  l'extrémité  de  ses  pos- 
sessions, et  il  doit  respecter  un  certain  espace  mitoyen.  Cette 
règle  générale  n'est  pas  abrogée  avec  l'extension  de  la 
Marche  primitive,  et  avec  la  confusion  de  plusieurs  districts: 
si    les    limites  premières    de   la  Marche   ont    été    effacées, 


1.  «  Slato  tempore  in  si  1  va  m,  auguriis  patrum  et  prisca  formidine 
sacra  m,  omnes  eiusdem  sanguinis  populi  legationibus  coeunl,  cœsoque 
publiée  homine  celebrant  barbari  ritus  horrenda  primordia.  Est  et  alia 
luco  reverentia.  Nemo  nisi  vinculo  ligatus  ingreditur,  ut  minor,  et 
potestatem  numinis  prae  se  ferens.  Si  forte  prolapsus  est,  attolli  et 
insurgere  hand  licitum,  per  humum  evolvuntur  :  coque  omnis  supersfitio 
respicit,  tanquam  inde  initia  gentis,  ibi  regnator  omnium  deus,  cetera 
subiecta  atque  parentia  »,  Germ.,  39.  «  Apud  Naharvalos  antiquse  reli- 
gionis  lucus  ostenditur  »,  id.,  43. 


\'l  HKOWILK 

celle-ci  se  retrouve  identique,  en  fait  et  en  droit,  avec  de 
nouvelles  frontières,  plus  étendues. 

Les  villages  occupés  par  les  Hoardings  ou  les  Modings 
peuvent  bien  cesser  d'etre  séparés,  mais  les  divisions  plus 
larges  naissant  de  leur  union  (Meanwaras,  Maegsetan, 
lhviccas),  leur  assurent  la  persistance  des  frontières  plus 
reculées  :  que  celles-ci  se  perdent  encore  dans  un  plus 
grand  circuit,  elles  se  retrouveront,  enfin,  protectrices  d'un 
royaume  ayant  le  marais,  la  forêt,  la  montagne  contre  les 
Scots  et  les  Bretons,  et  la  mer,  contre  les  invasions  des 
Francs  et  les  pirateries  des  Frisons. 

Mais  quelle  que  soit  l'étendue  de  la  Marche,  elle  n'en 
demeure  pas  moins  la  propriété  de  la  communauté,  et  chaque 
membre  en  possède  une  part  indivise  :  l'étranger  ne  peut 
pas  plus  la  violer,  que  la  terre  arable  qu'elle  défend  (1).  La 
Marche  est  sous  la  sauvegarde  du  droit  public,  après  avoir 
été  longtemps  sous  la  protection  des  dieux  :  la  Marche  est 
pleine  d'embûches  et  de  dangers  :  la  mort  attend  sous  ses 
ombrages,  le  visiteur  hostile  ou  imprudent  : 

eal  waes  daet  maerclond  tout  le  territoire  de  la  Marche 

mordre  bewunden,  était  environné   par  la  mort, 

feôndes  fâcne  (2).  et  d'embûches  pour  l'ennemi. 

Les  châtiments  les  plus  effroyables  (3)  frappaient  ceux  qui 
violaient  la  Marche,  et  les  sacrifices  humains  qu'ils  comman- 
daient, semblaient  dus,  dans  la  pensée  barbare,  aux  dieux 
du  sanctuaire  profané.  Les  Marches  étaient  réputées  mau- 

1.  Si  un  étranger  approche  d'une  forêt  de  la  Marche,  il  doit  sonner  du 
cor  et  crier  :  ces  préliminaires  annonceront  que  ses  intentions  sont  paci- 
fiques. Mais  s'il  cherche  à  se  glisser  dans  la  forêt,  sans  s'être  fait  recon- 
naître, il  peut  être  tué,  et  ses  ayants-droit  ne  pourront  poursuivre  la 
vengeance  de  sa  mort,  Leg.  Ini.,  §20,  21. 

2.  Cod.   Vercel.  And.,  x.  38. 

3.  Cf.  Grimm,  Deutsche  Recktsalterthùmer,  pp.  518,  519,  520. 


LES    SAXONS    EN    ANGLETERRE  43 

dites,  c'est-à-dire  qu'elles  étaient  fatales  à  celui  des  hommes 
qui  ne  respectait  pas  leur  caractère  sacro-saint,  car  sur 
elles  reposent  et  la  sûreté  extérieure  de  la  communauté,  et 
le  service  des  dieux  qui  la  protègent  (1).  Quand  le  fanatisme 
religieux  s'est  perdu,  les  terreurs  de  la  superstition  viennent 
encore  soutenir  la  rigueur  des  lois  :  les  forêts  profondes  et 
les  marais  sont  les  repaires  des  monstres  et  des  dragons  ; 
les  esprits  des  bois  vont  toujours  errant,  près  du  voyageur 
qu'ils  conduisent  à  la  mort  ;  au  bord  des  lacs  s'élèvent  les 
demeures  des  Nicors  (2)  :  le  monstre-titan  Grendel  fait  à 
travers  les  Marches,  de  fantastiques  chevauchées  (3),  et  c'est 
au  fond  d'une  caverne  creusée  dans  la  montagne,  que  le 
dragon,  couché  sur  un  fabuleux  trésor,  dort  son  sommeil 
séculaire. 

Mais  l'évolution  naturelle  de  cet  état  d'isolement,  est  de 
cesser  d'être.  Quand  chaque  tribu,  resserrée  entre  ses  voi- 
sines, voit  diminuer  sa  part  de  bien-être  avec  la  culture  inten- 
sive d'un  sol  qui  ne  s'étend  plus  (3)  ;  qu'elle  sent  la  nécessité 
du  développement  des  échanges  et  de  communications  nou- 
velles, alors  la  destruction  de  la  Marche  se  produit  d'elle- 
même,  et  d'autre  part  se  réalise  l'union  de  fait  des  tribus 
qu'elle  séparait.  Considérons,  ainsi,  deux  villages  établis  au 
centre  d'une  forêt,  chacun  avec  des  bornes  mal  définies  dans 
le  bois  qui  les  sépare  :  ces  villages,  avec  l'accroissement  de 
la  population  et  la  diminution  des  terres  arables,  s'efforcent 
de  s'étendre  vers  la  forêt,  et  cherchent,  en  reculant  la 
Marche,  de  nouvelles  terres  à  défricher.  Lorsque  ces  intérêts 

t.  Il  est  possible  que  le  cwealmstow,  ou  lieu  d'exécution, se  soit  trouvé 
dans  la  Marche  ;  car  toute  peine  capitale,  chez  les  Germains,  avait  le 
caractère  d'un  sacrifice  aux  dieux.  Quand  Juliana  va  être  mise  à  mort 
{Cod.  Ex.,  p.  280),  elle  est  conduite  à  l'extrémité  de  la  Marche. 

2.  Beow.,  2.822-2,  id.,  2.695. 

3.  «  Facilitatem  partiendi  camporum  spatia  prœstant  »,  Tacit., 
Germ.,  26. 


'»  I  BEOWULF 

entrent  en  conflit,  trois  solutions  interviennent  :  ou  les  deux 
communautés  doivent  réaliser  entre  elles  une  fédération:  ou 
Tune  doit  attaquer  et  soumettre  l'autre;  ou  toutes  deux 
doivent  s'unir  sur  des  bases  égales  et  fraternelles.  Ce  dernier 
moyen  est  le  plus  probable,  si  les  dieux  d'une  tribu  sont 
communs  à  l'autre.  Mais  en  tout  état  de  cause,  la  forêt 
cessera  d'être  la  Marche,  parce  qu'elle  sera,  dorénavant,  le 
centre,  et  non  la  limite  de  la  nouvelle  communauté.  Elle 
sera  convertie  en  communs  pâturages  dont  chacun  jouira, 
sous  des  conditions  déterminées  ;  elle  deviendra  le  folcland, 
ou  terre  publique,  et  pourra  même  être  divisée,  avec  le 
temps,  en  propriétés  privées,  sur  les  principes  établis  du 
droit  public.  Ainsi,  cette  évolution  se  répétera,  jusqu'à  ce 
que  la  famille  devienne  une  tribu  ;  la  tribu,  un  royaume  : 
alors  les  champs  lourds  de  moissons  n'auront  plus  leurs 
anciennes  limites,  et  les  seules  Marches  subsistantes  seront 
la  montagne  prochaine  et  aride,  terme  naturel  de  la  culture  ; 
les  marais,  les  fleuves  au  cours  torrentueux,  et  le  grand 
océan. 

Le  christianisme  qui  détruit  la  croyance  aux  dieux  de  la 
forêt,  protecteurs  de  la  Marche,  fait  que  celle-ci  est  désor- 
mais placée  sous  les  garanties  du  droit  public  de  l'Etat.  Les 
anciens  districts  se  fondent  dans  les  divisions  territoriales 
des  diocèses,  et  tant  que  le  principe  d'indivision  de  la  Marche 
est  sauvegardé,  elle  demeure  affectée  à  tous  services  d'utilité 
publique,  depuis  les  coupes  jusqu'au  droit  de  vaine  pâture. 
Et  dans  les  cas  de  larges  zones  séparant  de  véritables 
royaumes,  ce  sont  des  citadelles  et  des  remparts  qui  s'élèvent 
à  la  place  des  forêts. 

La  sainteté  de  la  Marche  devait  être  consacrée  par  des 
cérémonies  rituelles  (1).  Il  semble  que  Wôden  ait  été  le  dieu 

1.  «  Silvam  auguriis  patrum  et  prisca  formidine  sacram  »,  Tacit., 
Germ.,  39.  Cf.  Môser,  Osnabriïckisihe  Geschic/tte,  I,  57. 


LES   SAXONS  EN .  ANGLETERRE  45 

tutélaire  des  Marches,  avec  Tiw  et  Frea  (1).  De  quelque 
manière  que  la  Marche  ait  été  primitivement  tracée,  elle  se 
distinguait  par  tout  un  détail  de  marques  et  de  signes.  Des 
arbres  remarquables  par  leur  beauté  et  leur  hauteur,  étaient 
chargés  de  figures  de  bêtes  et  d'oiseaux,  et  même  de  carac- 
tères runiques  (2).  Parfois,  une  colline,  un  cours  d'eau,  un 
marais,  le  tombeau  d'un  antique  guerrier  avertissait  le  voya- 
geur de  ne  point  approcher  de  ce  terrain  dangereux.  On 
fichait  des  perches  dans  les  sols  marécageux,  et  il  était  aussi 
criminel  de  les  arracher,  que  de  planter  la  hache  dans  les 
arbres-frontières  de  la  forêt. 

Dans  la  seconde  acception  du  mot,  la  Marche  est  la  com- 
munauté de  familles  ou  de  clans  établis  sur  les  parties  de 
territoires  et  de  forêts  que  nous  avons  décrites.  C'est  là,  la 
base  originaire  de  toute  société  teutone,  et  qui  lui  assure 
les  premiers  bienfaits  dus  à  l'état  de  société  :  administration 
de  la  justice  ;  mutuelles  garanties  de  paix  ;  sécurité  et  liberté 
de  tous  les  habitants  du  district.  Dans  une  pareille  organisa- 
tion, les  conditions  de  culture  du  sol,  de  l'exploitation  des 
eaux  et  des  forêts  étaient  arrêtées  du  consentement  général, 
et  pour  le  plus  grand  profit  de  tous.  La  Marche  était  donc 
une  association  volontaire  d'hommes  libres,  qui  maintenaient 
un  système  de  commune  culture,  réalisant  la  meilleure  utili- 
sation du  sol  ;  et  de  leur  association  ils  excluaient  ceux  que 
n'y  appelaient  point  la  naissance  ou  l'adoption.  Les  coutumes 
des  Marches  étaient  aussi  variées  que  le  nombre  des  Marches 


1.  Wôden  peut  passer  pour  l'équivalent  d'EppiJç.  Comme  Mercure,  il 
est  inventeur  des  lettres,  et  comme  lui,  il  est  un  dieu  errant.  On  rencontre 
les  formes  suivantes:  Wônac  (Cod.  dip.,  n°  495),  Wônstoc,  (id.,  n09287, 
Cm7)  Teowes  porn,  ïiw's  thorn  (id.,  n°  171),  Tiwes  mère  (id.t  no  262), 
Frigedaeges  treôw  (id.,  no  1221). 

2.  Cf.    Eichhorn,    Deutsche  Staats-  und    Rechtsgeschichte,   II,   76, 
§  224  a. 


il)  BEOWULF 

elles-mêmes,  car  dans  les  limites  de  la  Marche,  les  hommes 
qui  la  composaient  étaient,  en  fait,  assez  indépendants  pour 
la  soutenir  et  la  défendre,  et  pour  jouir  de  leur  autonomie. 
La  cour  des  hommes  de  la  Marche  dut  être,  au  déhut,  la 
suprême  juridiction  pour  toute  cause  se  référant  aux  intérêts 
généraux  ou  individuels.  Sur  le  continent  germain,  les  divi- 
sions des  Marches  et  l'étendue  de  leur  juridiction  peuvent 
être  fixées  avec  précision  (1),  et  ce  n'est  que  par  induction 
qu'on  peut  attribuer  à  la  Grande-Bretagne,  un  semblable 
état  de  fait. 

La  plupart  des  Marches  devaient  être  considérablement 
étendues,  et  capables  de  produire  à  la  bataille  un  grand 
nombre  de  combattants  ;  d'autres  étaient,  assurément,  moins 
nombreuses,  mais  il  convient  de  ne  pas  oublier  que  cent 
maisons,  protégées  par  d'impénétrables  forêts,  dans  un 
district  ignoré  de  l'envahisseur,  constituent,  avec  leurs  habi- 
tants, une  force  capable  de  défendre  des  droits  et  des  privi- 
lèges. 

Le  caractère  distinctif  de  la  Marche,  en  dehors  de  ses 
limites  extérieures,  semble  avoir  été  les  rapports  de  ses 
habitants  entre  eux  et  avec  leurs  voisins.  On  se  représente 
aisément  des  unions  de  grandes  familles,  comprenant  des 
membres  différents  en  richesse,  en  rang  et  en  autorité  : 
quelques-uns,  descendant  en  ligne  directe,  des  ancêtres 
communs  ou  de  quelque  héros  de  la  tribu  ;  les  autres,  appa- 
rentés à  celle-ci  de  façon  plus  lointaine  :  par  l'accroissement 
de  la  population,  par  le  mariage,  par  l'adoption  ou  l'éman- 
cipation; mais  tous  se  reconnaissant  entre  eux  une  parenté, 
ou  sibsceaft  :  tous,  demeurant  unis  dans  le  respect  du  droit 
d'autrui  et  des  communautés  semblables  à  la  leur  ;  tous, 
gouvernés  par  les  mêmes  juges  et  conduits  à  la  guerre  par 

\.  Cf.  Grimm,  Die  deutschen  Weisthùmer,  3  vol.  in-8. 


LES    SAXONS    EN    ANGLETERRE  \~ 

le  même  chef;  tous,  partageant  les  mêmes  rites  religieux,  et 
communiant  dans  ces  sentiments,  avec  les  tribus  voisines. 

Ainsi,  les  empires  et  les  royaumes,  d'abord  barbares,  qui 
ont  exercé  l'influence  la  plus  profonde  sur  le  cours  de  la  civi- 
lisation, sont  sortis  des  collectivités  obscures  dont  les  noms 
niâmes  ne  nous  sont  parvenus  que  dans  les  traditions  des 
poèmes,  et  par  l'appellation  des  lieux  de  leur  premier  éta- 
blissement. 

Bien  des  hypothèses  ont  été  émises  sur  ces  agrégats  anti- 
ques, nés  sur  le  continent  de  l'Europe.  Peut-être  la  plus 
plausible  est-elle,  qu'une  seule  famile,  descendant  des  demi- 
dieux  ou  des  dieux  eux-mêmes,  selon  ses  traditions,  dut 
grouper  autour  d'elle  plusieurs  maisons  :  elle  donna  alors 
son  nom  à  toute  la  communauté,  et  fut  instituée  gardienne 
des  rites  familiaux  et  religieux. 

Une  fois  fixées,  ces  communautés  purent  changer  de  nom 
et  d'établissement,  selon  les  nécessités  de  la  vie  matérielle, 
et  des  accroissements  de  la  population.  Et  même  quand  il 
ne  s'agissait  que  d'un  seul  individu,  d'un  guerrier  au  nom 
fameux,  il  devait  advenir  que  ses  compagnons  se  rangeaient 
avec  joie,  sous  ses  ordres,  pour  partager  le  péril  de  ses  aven- 
tures (1). 

En  résumé,  les  habitants  d'une  Marche,  se  trouvant  res- 
serrés dans  ses  limites,  émigrent  dans  d'autres  établisse- 
ments, et  sous  sa  dénomination  première,  ils  fondent  une 
communauté  nouvelle  ;  ou  dans  la  division  du  sol  nouvelle- 
ment conquis,  des  hommes  qui  avaient  appartenu  à  une 
communauté  sur  le  continent,  se  trouvent  séparés  en  fait, 
soit  par  le  jeu  des  lots  ou  des  événements  naturels,  telle 
partie  de  la  communauté  ayant  précédé  l'autre  en  ces  lieux  ; 


1.  Cf   Grimm,  Deut.  Heldensage,  p.  280;  Geijer,   Hist,  of  Sweden, 
159. 


48  BEOWULF 

ou  la  Marche  so  perdait  encore,  par  la  dissolution  des 
anciennes  confédérations,  produite  par  des  guerres  intestines. 
Mais  toutes  ces  hypothèses  semblent  délier  la  critique  de 
l'historien  :  ne  touchent-elles  pas,  en  dehors  de  notre  sujet, 
à  tout  établissement,  réduit  ou  étendu,  à  toutes  les  migra- 
tions originaires  de  l'humanité  primitive?  Chaque  famille 
s'établissant  dans  les  solitudes  incultes,  assure  l'existence  de 
ceux  qui  sont  sortis  d'elle,  et  par  une  progression  continue, 
se  change  en  clan,  en  tribu,  en  Etat,  sans  qu'il  soit  possible 
de  suivre  l'évolution  de  ces  faits  sociaux,  dans  leur  détail. 
Peut-on  retrouver  la  trace  incertaine  des  pasteurs,  ou  le 
défrichement  d'une  forêt,  près  de  la  source  divine  où  ces 
êtres  primitifs  se  sont  rencontrés,  et  ont  compris  d'instinct, 
qu'il  est  néfaste  pour  l'homme,  de  vivre  solitaire? 

Sur  les  clairières  des  forêts,  dans  les  vallées  aux  pentes 
douces,  où  coulaient  des  ruisseaux  limpides  ;  sur  les  plaines 
verdoyantes  protégées  par  les  eaux  sombres  des  marais,  les 
colons  guerriers  se  sont  un  jour  établis,  à  l'aventure,  et  avec 
l'aide  du  temps  et  d'une  paix  relative,  ils  sont  devenus  des 
agriculteurs  attachés  à  la  patrie  nouvelle  du  sol  adopté.  Et 
pendant  ces  temps,  s'effaçaient  les  derniers  vestiges  de  la 
domination  romaine,  dans  les  ruines  de  ces  édifices  qui 
semblaient  avoir  été  construits  pour  l'éternité.  C'est  alors 
que  par  toute  l'Angleterre,  il  existait  comme  un  réseau  de 
communautés,  de  fait,  distinctes  entre  elles,  mais  dont  les 
membres  individuels  étaient  le  plus  intimement  unis,  se 
contentant  des  propres  limites  que  leur  imposait  la  nature 
des  lieux  qu'ils  avaient  choisis,  et  las  des  courses  errantes  du 
passé.  Après  leur  acharnement  à  la  conquête,  ces  hommes 
primitifs  ne  songeaient  qu'à  jouir  de  ses  fruits,  dans  la  sim- 
plicité de  leurs  mœurs,  et  dans  la  paix. 


CHAPITRE  III 
Le  Ga  ou  Scir 


Avec  le  temps  se  réalise  Y  union  de  deux,  trois  ou  plusieurs 
Marches  en  une  fédération,  pour  répondre  à  des  besoins 
religieux,  judiciaires  ou  politiques.  L'appellation  technique 
d'une  semblable  union  est,  en  Allemagne,  Gau  ou  Bant,  et 
plus  rarement,  Eiba  et  Para  ;  en  Angleterre,  l'ancien  nom 
Gâ  a  été  bientôt  et  généralement  remplacé  par  celui  de  Scir 
ou  Shire.  L'étendue  du  Gâ  dépendait  ou  des  limites  natu- 
relles des  collectivités  fédérées,  ou  des  dispositions  particu- 
lières contenues  dans  les  traités. 

Le  Gâ  est  le  second  et  dernier  état  de  possession  indivise  : 
car  tout  agrégat  plus  étendu,  n'est  qu'un  groupement  pro- 
gressif des  districts  qui  le  composent,  autour  d'une  plus 
haute  unité  politique  ou  administrative,  différente  en  degré, 
et  non  pas  en  nature,  de  celle  qui  prédominait  dans  chaque 
collectivité.  Le  royaume  n'est  qu'un  Gâ  plus  étendu  que  le 
Gâ  ordinaire  où,  déjà,  il  est  en  puissance.  Mais  la  possession 
indivise  que  nous  rencontrons  ainsi  dans  le  Gâ,  n'est  en 
aucune  manière  semblable  à  celle  qui  est  décrite  dans  la 
Marche.  Là,  les  habitants  sont  établis  comme  hommes  de  la 
Marche,  et  non  comme  étant  incorporés  au  Gâ,  où  toute  la 
terre  cultivée  existant   dans  les  limites  de  la  communauté 

4 


80  BEOWULF 

plus  étendue,  est  entière  Tient  répartie,  entre  les  collectivités 
moins  nombreuses. 

De  même  que  la  Marche  réalisait  en  elle-même,  le  service 
de  justice,  vis-à-vis  de  ses  membres,  par  le  Markmot  ;  quelle 
avait  son  principal  officier  ou  juge,  et  son  prêtre,  ainsi  le 
Comté,  Scir  ou  Gâ  les  possédait-il  à  son  tour,  à  un  plus  haut 
degré  :  il  administrait  alors  la  justice  entre  une  Marche  et 
une  autre  Marche,  aussi  bien  qu'entre  deux  hommes  qui  en 
faisaient  jDartie.  Si  les  anciens  et  les  chefs  de  la  Marche  pou- 
vaient arrêter  le  mode  de  conduite  des  affaires  intérieures  de 
leur  district,  de  même  les  anciens  et  les  chefs  du  Gâ,  pou- 
vaient décider  des  causes  plus  importantes,  intéressant  toute 
la  communauté.  Ainsi,  le  Scirgemot  ou  Shiremoot,  se  trouve 
être  le  complément  du  système  dont  le  Mearcmôt  n'était  que 
la  fondation.  Comme  les  moindres  unités  avaient  des  disposi- 
tions communes  pour  la  célébration  du  culte,  ainsi  les  céré- 
monies religieuses  d'un  caractère  plus  solennel,  et  auxquelles 
toutes  les  Marches  prenaient  part,  se  céléhraient-elles  sous 
les  auspices  et  par  l'autorité  du  Gâ.  Ce  gouvernement  assu- 
rait donc  tous  les  services  publics,  dont  il  répartissait  les 
charges,  avec  égalité,  entre  tous  les  groupements  composant 
le  Gâ. 

Toutes  ces  grandes  manifestations  religieuses  étaient 
accompagnées  de  la  tenue  d'assises  solennelles,  placitum, 
Ding,  trois  fois  par  année,  alors  que  tous  les  hommes  de  la 
Marche  s'assemblaient  sans  armes,  pour  délibérer  des  inté- 
rêts communs.  Quand  il  s'agissait  de  questions  graves  dont 
la  solution  ne  pouvait  être  différée,  les  chefs  avaient  le  droit 
de  convoquer  le  Ding,  de  leur  propre  initiative,  et  dans  cette 
assemblée,  on  prenait  toutes  mesures  propres  à  sauvegarder 
lhonneur  et  la  sûreté  communs.  Par  voie  de  conséquence,  le 
Gâ  devait  être  propriétaire  des  territoires  nécessaires  à  l'édi- 
fication des  temples  ;   à  l'élevage  des  animaux  destinés  aux 


LES    SAXONS    EN    ANGLKTKRRE  51 

sacrifices  ;  à  l'habitation  des  prêtres  ;  à  l'érection  des  rem- 
parts ;  à  la  construction  des  lieux  où  le  Ding  devait  se  réunir. 
De  plus,  s'il  existait  un  territoire  n'entrant  pas,  pour  quelque 
raison  particulière,  dans  les  limites  d'une  Marche,  il  est  pro- 
bable que  celui-ci  devenait  la  propriété  publique  du  Gâ, 
c'est-à-dire  de  toutes  les  Marches  fédérées  et  indivises  :  cette 
induction  peut  être  justifiée  par  les  droits  exercées  plus  tard 
sur  les  territoires  inhabités,  par  l'autorité  du  duc,  du  comte 
ou  du  roi. 

C'est  plutôt  la  nécessité  des  faits  qui  commandait  le  siège 
delà  juridiction  du  Gâ  :  peut-être,  çà  et  là,  quelque  Marche 
puissante,  déjà  en  possession  d'un  territoire  consacré,  attirâ- 
t-elle dans  ses  limites  ceux  qui  s'étaient  établis  à  l'entour 
d'elles.  Mais  comme  la  possession  et  la  conservation  du  siège 
du  Gouvernement,  comportaient,  pour  ceux  qui  en  étaient 
investis,  certains  privilèges  et  certains  avantages  matériels, 
il  est  à  supposer  qu'au  cas  de  réunion  de  Marches  égales  en 
territoire  et  en  puissance,  les  lieux  consacrés  aux  temples, 
étaient  hors  de  la  propriété  particulière  de  chaque  Marche. 
Ainsi,  au  sommet  d'une  succession  de  collines,  dont  les  val- 
lées suffisaient  à  la  culture  des  hommes  de  la  Marche  ;  près 
de  la  source  des  torrents  ;  au  point  où  se  rencontraient  les 
frontières  de  deux  ou  trois  communautés,  s'étendaient  les 
lieux  choisis  pour  rassemblée  des  hommes  libres,  dans  la 
clarté  des  prairies,  et  à  l'ombre  des  chênes  vénérables. 

Les  chroniques  saxonnes,  durant  la  période  antérieure  au 
règne  d'Alfred,  semblent  n'avoir  connu  que  les  divisions 
anciennes  du  territoire  ;  Gantwaraland,  Westseaxan,  Sùd- 
seaxan,  Eâstseaxan,  Middleseaxan,  Wessex,  Sussex,  Essex, 
Easténgle,  Wilsaetan,  Dornsaetan,  Sumorsaetan.  Mais  après 
les  temps  d'Alfred,  les  différents  manuscrits  des  chroniques 
adoptent  généralement  le  mot  Scir;  ainsi  trouve-t-on  :  Bear 
ruecsir,  Bedanfordscir,  Buccingahàmscir,  Defenascir,  Deôra- 


Tri 


BEOWULF 


byscir,  Oxnafordscir,  Scrobbesbyrigscir,   Wigraceasterscir, 
Wiltunscir. 

Les  (las,  (jiii  n'étaient  que  des  corps  politiques  furent  rapi- 
dement absorbés  dans  les  sbires,  les  royaumes,  et  s'y  perdi- 
rent. Les  Marches  qui  avaient  une  existence  propre,  passè- 
rent facilement  d'un  système  d'agrégation  à  l'autre,  sans 
rien  perdre  de  leur  caractère  essentiel. 

Un  document  très  important,  a  été  communiqué  dans  son 
Glossaire  par  Sir  Henry  Spelman.  Cette  pièce  d'une  haute 
antiquité,  et  connue  sous  l'appellation  à' Hid  a,  se  rapporte  à 
l'établissement  des  impôts,  ou  à  la  levée  de  forces  militaires 
dans  le  royaume  :  elle  donne  le  nombre  d'hectares  conte- 
nus dans  les  divers  districts  : 


Myrcna  continet 
Wokensetna 
Westerna 
Pecsetna. 
Elmedsetna 
Spalda     . 
Wigesta  . 
Herefinna 
Sweordora 
Eysla .     . 
Hwicca    . 
Wihtgara 
Noxga  gâ 
Ohtga  gâ 
Hwynca  . 
Cilternsetna 
Hendrica. 


L'étendue  de  laMercie,  de  l'Eastanglia,  et  de  Wessex,  fait 
remonter  ces  évaluations  à  une  période  antérieure  à  celle 


30.000 

Lindesfarona  con 

- 

7.000 

tinet .     .     .     . 

7.000 

7.000 

Sud  Gyrwa     . 

600 

1.200 

Nord  Gyrwa  . 

600 

600 

East  Wixna  .     . 

300 

600 

West  Wixna  .     . 

600 

900 

Unecunga .     .     . 

1.200 

1.200 

Arosetna    .     .     . 

600 

300 

Fearfinga  .     .     . 

300 

300 

Belmiga     . 

600 

300 

Wideringa     . 

600 

600 

East  Willa     .     . 

600 

5.000 

WestWilla    . 

600 

2.000 

East  Engle      . 

.      30.000 

7.000 

East  Seaxna  . 

7.000 

4.000 

Gantwarena  . 

.       15.000 

3.000 

Sud  Seaxna    . 

7.000 

West  Seaxna  . 

.     100.000  (1) 

1.  La  somme  totale  est  de  243.600  hectares. 


LKS    SAXONS    EIN    ANGLETERRE  53 

d'Alfred.  Caria  Mercie,  avant  les  guerres  danoises,  dut  cer- 
tainement contenir  plus  de  30.000  hectares,  alors  que  l'East- 
anglia  n'eu  pouvait  renfermer  autant,  avant  rétablissement 
des  Danois  de  Gudorm. 

Encore  est-il  difficile  de  croire  que  le  Wessex,  abstraction 
faite  de  Kent  et  du  Sussex,  ait  été  d'une  contenance  de  cent 
mille  hectares  dans  les  comtés  de  Surrey,  Hampshire, 
Dorset,  Wiltshire,  avec  des  parties  du  Berkshire,  de  Somer- 
set et  Devon,  bien  avant  le  temps  d'.Edelstân  (1).  Il  y  a  des 
différences  notables  entre  les  chiffres  de  ce  document,  et 
ceux  qui  sont  donnés  par  Bède  :  ainsi,  la  Mercie  à  laquelle  le 
chiffre  de  trente  mille  hectares  est  attribué,  n'est  citée 
qu'avec  douze  mille  hectares  dans  l'Histoire  Ecclésias- 
tique (2)  ;  dans  notre  document,  Hwiccas  est  porté  pour  trois 
cents  hectares,  et  pour  six  cents,  dans  Bède  ;  Wigesta  pour 
six  cents  dans  l'un,  et  pour  douze  cents  dans  l'autre. 

Il  est  cependant  impossible  de  mettre  en  doute  que  le  plus 
grand  nombre  de  ces  noms  du  document,  ne  soient  véritables, 
et  n'appartiennent  à  la  plus  haute  antiquité.  On  retrouve  un 
petit  nombre  d'entre  eux  dans  les  pages  d'auteurs  très 
anciens  :  ainsi,  Gyrwa,  Elmet,  Lindisfaran,  Wihtgare  et 
Hwiccas,  sont  mentionnés  par  Bède,  au  vme  siècle.  Et  il  en 
est  quelques-uns  qu'on  peut  identifier  avec  des  districts 
modernes. 

La  Mercie  dut  être  vraisemblablement,  la  partie  du 
royaume  de  Burgred  que  les  Danois  vainqueurs,  en  874,  ren- 
dirent tributaire  de  Ceôlwulf  :  ce  territoire  tomba,  par  la 
suite,  entre  les  mains  d'Alfred,  par  le  traité  de  Wedmor, 
en  878,  et  fut  érigé  par  lui  en  duché,  dont  la  souveraineté 
appartint    à   sa    fille    .Edelflâed,    et  à  l'époux    de  celle-ci. 


1.  Vers  l'an  647,  le  Wessex  comprenait  9.000  hectares. 

2.  Ilist.  EccL,  111,21, 


54  BEOWULF 


Wokcnsctna  a  pu  être  le  Gâ  dos  Wrocensetans,  peuple  éta- 
bli autour  de  la  campagne  <b  Somerset,  Dorset  et  Devon. 
Les  Pecselaus  paraissent  avoir  été  les  habitants  du  Peakland, 
ou  Derbyshire  ;  les  Elmedsetans,  ceux  d'Elmet,  district  indé- 
pendant du  Yorkshire;  les  Lindisfarans,  ceux  de  Lindisse, 
portion  du  Lincolnshire.  Les  parties  Nord  et  Sud  de  Gyrwa* 
étaient  sans  doute  dans  la  Marche,  comprise  entre  l'Eastan- 
glia  et  la  Mercie.  Les  Hwiccas  occupèrent  le  Worcestershire 
et  le  Gloucestershire,  et  peut-être  s'étendirent  dans  le  Here- 
fordshire. Les  Wihtgaras  furent  les  habitants  de  l'île  de 
Wight,  et  les  Gliternsetans  gagnèrent  sur  les  Chilterns,  les 
territoires  s'étendant  vers  Oxfordshire,  dans  la  Marche  entre 
la  Mercie  et  le  Wessex. 

Il  paraît  difficile  de  pousser  plus  avant  ces  identifications, 
et  de  donner  une  liste,  même  incomplète,  des  Gâs  anglais, 
ceux  que  l'on  peut  connaître  géographiquement,  n'étant  pas 
mentionnés  par  les  auteurs.  Ainsi  on  ne  trouve  pas  trace  du 
Tonsetan,  dont  le  district  s'étendait  sur  les  rives  de  la 
Saverne  ;  du  Meanware,  ou  terre  des  Jutes,  dans  le  Hamp- 
shire ;  du  Merseware,  dans  le  West  Kent;  ou  des  Gedingas 
qui  occupaient  une  partie  de  la  province  de  Middlesex.  Ces 
divisions  renfermées  elles-mêmes,  dans  des  circonscriptions 
plus  larges  de  notre  document,  prouvent  suffisamment  que 
les  noms  des  Gâs  étaient  de  beaucoup  plus  nombreux  que 
ceux  énumérés  dans  la  liste,  et  Ion  peut  arriver  aux  conclu- 
sions suivantes. 

L'origine  du  Gâ,  par  l'union  fédérale  de  deux  ou  plusieurs 
Marches,  se  reporte  à  des  périodes  préhistoriques  :  la  divi- 
sion en  Shires,  est  d'une  détermination  presque  aussi  diffi- 
cile que  la  précédente.  Mais  il  est  manifeste  que  quelques 
divisions  en  Shires,  étaient  connues  dans  le  Wessex,  à  la  fin 
du  vne  ou  au  commencement  du  vme  siècle,  puisque  la  loi 
d'Ini  prévoit  le  cas. où  un  plaignant  ne  peut  obtenir  justice 


LES    SAXONS   EN    A.KGLETERBE  55 

<îe  son  shireman,  ou  juge  (1);   et  le  même  prince  déclare 
que  si  un  ealdorman  se  rend  coupable  de  haute  trahison,  il 

sera  déchu  de  l'administration  du  Shire  (2)  ;  par  ailleurs,  il 
fait  défense  à  tout  homme  du  Shire,  de  quitter  son  district, 
sans  l'autorisation  de  son  seigneur  (3).  La  juridiction  territo- 
riale étant  inséparable  du  rang  de  duc  ou  d'ealdorman,  le 
Shire  apparaît  avec  son  établissement,  et  avec  la  consolida- 
tion du  pouvoir  royal.  Aussi  longtemps  que  des  associations 
d'hommes  libres  furent  capables  de  sauvegarder  leur  indé~ 
pendance,  d'administrer  leurs  propres  affaires,  de  défendre 
par  leurs  armes  et  par  leurs  alliances,  leurs  territoires  et 
leurs  droits,  l'ancienne  division  des  Gâs  dut  subsister.  Mais  le 
conquérant  venu,  fît  gouverner  ces  districts  par  ses  propres 
officiers,  pour  l'administration,  la  justice,  le  service  militaire, 
et  il  voulut  substituer  l'unité  territoriale  aux  liens  de  l'anti- 
que fédération,  et  cette  centralisation  nouvelle  ne  pouvait 
s'appliquer  qu'à  un  état  social  déjà  très  éloigné  des  traditions 
de  famille,  et  de  la  constitution  d'un  peuple  en  clans  ou  en 
tribus.  Les  membres  du  Gâ  s'assemblaient  en  hommes  libres, 
sous  les  auspices  de  leurs  chefs  naturels,  et  constituaient 
une  unité  assez  peu  cohérente,  que  menaçaient  d'autres  col- 
lectivités analogues.  Le  Shire  était  une  division  politique, 
présidé  par  un  officier  déterminé,  et  ne  formant  qu'une  par- 
tie d'un  système  général  de  gouvernement,  dépourvu,  non 
seulement  de  la  pleine  souveraineté,  mais  encore  de  toute 
autonomie  :  on  peut  imaginer  le  Gâ,  et  non  le  Shire  décla- 
rant la  guerre  à  des  peuples  voisins.  Avant  que  le  Gâ  pût  se 
maintenir,  comme  petite  république,  comme  principauté,  ou 
môme  comme  royaume,  son  indépendance  fut,  en  fait,   res- 


1.  Ini,  §,  8,  Thorpe,  I,  -106 
i.  Ibid.,  §  36,  I,  124. 
3.  Ibid.AM,  I,  126, 


56  BEOWULF 

pcctée.  Mais  avec  l'extinction  des  races  royales,  avec  la  dis- 
parition des  représentants  des  familles  héroïques,  les  peuples 
et  les  terres  furent  absorbés  par  d'autres  unions,  se  fondi- 
rent dans  des  monarchies  plus  puissantes,  et  ce  nouvel  état 
de  fait  fut  consacré  par  la  création  des  districts,  basés  sur  la 
seule  division  territoriale.  De  pareils  districts,  sans  carac- 
tères propres,  sans  principe  d'union  intérieure,  apparais- 
saient moins  dangereux  au  vainqueur  que  ces  anciennes 
collectivités  belliqueuses,  ardemment  éprises  de  liberté. 


CHAPITRE  IV 
La  possession  du  territoire.  L'Edel,  Hi'd  ou  Alod 


La  propriété  dune  certaine  étendue  de  terres  dans  le  dis* 
trict  était  la  condition  indispensable  pour  jouir  des  privilèges 
et  des  droits  d'un  homme  libre  (1).  Cette  notion  diffère  de 
celle  de  l'antiquité,  d'Athènes  ou  de  Rome.  Les  Germains 
n'ont  formé  qu'une  association  volontaire,  sur  un  territoire 
déterminé,  pour  une  exploitation,  et  en  vue  d'un  avantage 
communs.  Les  distinctions  de  naissance  n'existaient  pas, 
attendu  que  les  gelondan,  ou  ceux  occupant  le  même  terri- 
toire, sont  réputés  consanguins  du  fait  de  leur  admission 
dans  la  communauté.  On  imagine  peu,  des  recherches  sur 
l'ascendance  d'un  homme  qui  avait  partagé  les  périls  des 
conquêtes  et  de  l'établissement  d'une  tribu,  et  on  les  imagine 
moins  encore,  dans  les  travaux  de  la  paix,  et  dans  la  jouis- 
sance des  fruits  de  la  victoire. 

En  fait,  les  établissements  germains,  isolés  ou  collectifs, 


1.  «  Ut  nullum  liberum  sine  mortali  crimine  liceat  inservire,  nec  de 
hœreditate  sua  expellere  ;  sed  liberi,  qui  iustis  legibus  deserviunt,  sine 
impedimento  hœreditates  suas  possideant.  Quamvis  pauper  sit,  tamen 
libertatem  suam  non  perdat,  nec  hœreditatem  suam,  nisi  ex  spontanea 
voluntate,  se  alicui  tradere  voluerit,  hoc  potestatem  habeat  faciendi  », 
Lex.  Alam,  tit.  I,  cap.  I,  Lex.  Baiovar,  tit.  6,  cb.  III,  §  I,  Eichorn> 
l,  328. 


58  BEOWULF 

à  Leur  origine,  se  fondent  sur  le  principe  de  la  propriété 
commune  du  sol.  Et  ce  n'est  point  la  cité,  dans  l'acception 
antique  du  mot,  qui  règle  leur  genre  de  vie,  et  leurs  institu- 
tions sociales,  mais  la  nature  môme  du  pays  qu'ils  occupent. 
Tacite  n'écrit-il  pas,  qu'il  est  bien  connu  qu'aucune  des  popu- 
lations germaines  n'habite  dans  les  cités  ;  qu'elles  ne  peu- 
vent élever  de  maisons  se  touchant  ;  qu'elles  vivent  séparées, 
et  que  chacun  s'établit  près  de  la  forêt  dont  l'ombre  l'attire, 
ou  de  la  fontaine  dont  il  cherche  la  fraîcheur  (1)?  Ainsi  la 
communauté  germaine  est  attachée  au  sol,  adstricta  g/ebœ. 
Ses  membres  se  partagent  la  terre  arable,  les  forêts,  les 
marais,  les  eaux,- les  pâturages.  Leur  bien  réel  est  la  posses- 
sion indivise  du  territoire,  et  l'intérêt  que  chacun  trouve 
dans  ce  mode  de  propriété. 

Le  sol  du  district  occupé  par  un  corps  de  nouveaux  colons, 
était  divisé  entre  eux  dans  des  proportions  variables  (2).  Il 
demeure  néanmoins  certain  que  tout  le  territoire  n'était  pas 
distribué  :  on  procédait  au  lotissement  des  parties  de  terre 
arable,  nécessaires  à  la  culture  et  à  l'entretien  de  chaque 
colon,  et  le  surplus  demeurait  à  l'état  de  propriété  indivise. 
Ainsi  s'étendaient,  comme  il  a  été  dit,  ces  espaces  considé- 

4.  Tacit.,  Mor.  Germ.,  ch.  XVI. 

2.  Les  rappels  de  ce  mode  de  distribution  sont  nombreux  :  Hengest, 
après  avoir  occupé  le  territoire  des  Frisons,  le  distribue,  dans  Beowulf,  à 
ses  compagnons  (Beow.,  v.  2.187,  2.251).  La  loi  burgonde  qualifie  ainsi 
la  terre  héréditaire  :  «  Terra  sortis  titulo  acquisita  »  (Lex.  Burg.,  tit.  I, 
ch  I,  II),  Eichorn.,  I,  360,  400.  Godred  ayant  soumis  les  Manxmen, 
répartit  leur  territoire  entre  ses  soldats  :  «  Godredus  sequenti  die  obtio- 
nem  exercitui  suo  dédit,  ut  si  mallent  Manniam  inter  se  dividere,  et  in 
ea  habitare  ;  vel  cunctam  substantiam  terne  accipere,  et  ad  propria 
remeare  »,  Chron.  Manniae  (Cott  Ms.  Jul.  A.  VII,  fol.  32).  Quand  on 
transporta  à  Durham  les  reliques  de  Saint  Cudberht,  on  abattit  la  forêt 
qui  couvrait  le  lieu  saint,  et  le  terrain  en  fut  divisé  par  lots  :  «  eradicata 
itaque  silva,  et  unicuique  mansionibus  sorte  distribuas  »,  Siméon,  Hist. 
Dunelm  Eccl.,  §  37. 


LES   SAXONS   EN    ANGLETERRE  oO 

rabies  <*t  demeurés  incultes,  ({ni  formaient  Les  Marches,  ou 
défenses  dos  diverses  communautés.  Mais  la  propriété  d'un 
homme  à  la  terre  indivise,  dépendait  de  sa  part  préalable 
dans  le  sol  arable,  de  même  qu'à  Rome,  le  patricien  retirait 
par  Vhaeredium,  des  droits  de  beaucoup  plus  étendus  que 
ceux  de  son  seul  héritage.  Sans  participation  à  la  propriété  et 
à  la  jouissance  de  la  terre  arable,  l'homme  ne  devenait  pas 
membre  de  l'Etat  :  et  de  cette  possession  découlaient  et  sa 
franchise,  et  ses  droits  politiques.  Celui  qui  n'avait  point  eu 
part  à  la  terre,  n'était  pas  réputé  libre  :  il  ne  pouvait  se  pré- 
senter aux  assemblées  des  hommes  libres,  pour  y  défendre 
ses  intérêts,  mais  il  demeurait  en  sujétion,  en  vassalité, 
dans  la  mund,  —  et  littéralement,  —  dans  la  main  d'autrui. 

Le  mot  primitif  qui  désigna  ces  parts  du  sol,  fut  celui  de 
Hlyt  {sors,  x)»ftoo;)  ;  —  les  mots  courants  qui  répondent  à  ce 
sens,  en  anglo-saxon,  sont  Higid  (1)  (Hid  par  contraction),  — 
et  Hiwisc.  Les  équivalents  de  ces  mots,  que  Ton  rencontre 
dans  les  chroniques  et  danc  les  chartes,  sont  :  familia,  cas- 
sattis,  mansus,  mans  a*  mansio,  manens,  terra  tributarii.  Les 
mots  Hid  et  Hiwisc  ont  un  sens  presque  identique  :  leur  éty- 
mologie  doit  être  recherchée  dans  Higan,  Hiwan,  la  famille, 
l'homme  et  la  femme,  et  ce  sens  concorde  bien  avec  les  ter- 
mes latins,  familia  et  cassatus  (2).  L'Hid  est  donc  la  pro- 
priété d'une  famille,  et  l'étendue  de  terre  arable  possédée 
par  elle,  et  nécessaire  à  sa  subsistance  (3). 

11  est  évident  que  cette  surface  varie,  selon  les  conditions 
du  sol  et  d'autres  contingences,  telles  que  le  climat,  l'accès 
des  eaux  et  des  terres,  la  propriété  des  Marches  et  des  forêts. 
Si  donc  l'Hide  comprenait  un  nombre  d'ares   déterminé,  il 

1.  Cod.  dipL,  n°  240. 

2.  Gf    Espagnol  :  casado. 

3.  «  Hida  autem  Anglice  vocatur  terra  unius  aratri  cultura  sufficiens 
per  annum  »,  Henry  of  Huntingdon,  liv.  VI,  an.  1008. 


60  BEOWULF 

devait  arriver  qu'en  des  lieux  moins  favorisés,  et  où  la  cul- 
ture était  moins  intensive,  un  hommme  libre  possédât,  pour 
sa  subsistance,  plus  d'étendue  territoriale  que  son  voisin 
établi  sur  un  sol  plus  fortuné,  dans  la  Marche  voisine.  Au 
demeurant,  le  territoire  seul  de  la  collectivité  était  délimité 
avec  précision  ;  les  lots  départis  aux  individus  étaient  de  con- 
tenance variable. 

Cependant  il  est  certain  qu'il  existe  une  moyenne  de  super- 
ficie des  Hides,  qu'on  retrouve  généralement  dans  les  chiffres 
donnés  par  les  chroniqueurs.  Et  il  y  a  peu  de  raison  de 
croire  que  ces  chiffres  aient  changé  avant  la  conquête  nor- 
mande, et  la  compilation  de  Domesday  (1).  Les  tribus  ger- 
maines du  continent,  durent  avoir  quelque  unité  de  mesure 
territoriale,  qui  présidait  au  lotissement  du  sol,  parmi  toutes 
les  tribus. 

Cette  mesure  dut  être  l'acre  (2)  (0,404671  hectare).  Dans 
le  dialogue  attribué  à  iElfrie,  le  laboureur  ne  s'écrie-t-il  pas  : 
«  ac  geiûcodan  oxan  and  gefaestnodan  sceare  and  cultre 
mit  dâere  syl  aelce  daeg  ic  sceal  erian  fulne  aecer  odde 
mare  »  :  ((  ayant  mis  mon  bœuf  sous  le  joug...  je  dois  labou- 
rer tous  les  jours,  l'espace  d'un  acre,  et  même  davantage....  » 

Selon  Bède,  l'ile  de  Wight  contenait  1 .200  hides,  ou  famil- 
les, et  l'ile  contenant  86.810  acres,  la  superficie  de  l'hide  de 
chaque  famille,  devait  être  de  72  acres  1/3  (3).  Thanet,  au 
dire  du  même  auteur,  comprend  600  hides,  et  23.000  acres  ; 
le  pays  de  Kent,  972.240  acres,  et  15.000  hides.  L'hide  était 
donc  pris  sur  la  terre  arable  :  il  constituait  la  mesure  de 
l'alod,  ou  édel-possession,  héritée  ou  individuelle  :  c'était  le 
xXvJpoç,  le  lot,  la  part  du  premier  colon.  L'hide  comportait  la 

1.  Bède.  Hist.  EccL,  I,  ch.  I,  15  :  «  iuxla  mensuram  Anglorum  ». 

2.  Acera  braéde,  l'espace  de  trois  acres  (Leg.  .Edelst,  IV,  5)  ;  «  acrae 
latitudine  »  {Leg.  Hen.,  I,  ch.  XVI). 

3.  Hist.  EccL,  IV,  16. 


LES    SAXONS    EN    ANGLETERRE  61 

possession  d'une  charrue,  et  sa  culture  devait  pourvoir  à  la 
subsistance  dune  famille  ou  lliwisc. 

Cet  entretien  était  il  ainsi  assuré  ?  Il  est  permis  de  le 
croire,  car  au  vm°  siècle,  150  bides,  suffisent  à  nourrir 
000  moines  dans  Yarrow  et  Wearmouth  (1)  !  Le  possesseur 
d'un  bide  de  terre,  devenait  indépendant,  et  investi  de  droits 
politiques  :  s'il  trouve  un  débouché  aux  produits  de  sa  cul- 
ture, il  peut  s'enrichir  par  l'épargne,  après  avoir  nourri  sa 
femme  et  les  siens  ;  après  avoir  entretenu  le  bétail,  les  porcs 
nourris  de  glands,  et  le  serf  laboureur.  Bien  qu'éclairé  par 
un  ciel  moins  clément  que  celui  de  Grèce  ou  d'Italie,  T An- 
glo-Saxon, par  l'étendue  du  territoire  qui  lui  est  dévolu  ;  par 
son  endurance  à  la  fatigue  ;  par  la  simplicité  de  ses  mœurs 
et  l'absence  de  tous  besoins,  se  trouve  plus  riche,  en  ses  sites 
sauvages,  que  les  compagnons  de  Romulus,  ou  que  le  paysan 
d'Athènes. 

1.  Anon.  Abb.  Gyrv).,  %  33. 


CHAPITRE  V 
Le  rang  personnel.  L'homme  libre.  Le  noble 


Le  rang  personnel  chez  les  Anglo-Saxons,  apparaît  insépa- 
rable de  la  possession  delà  terre. 

Ce  principe  est  développé  dans  Tacite,  qui  ne  parle  pas 
seulement  de  nobles,  mais  encore  de  rois,  de  princes  et 
d'autorité  transmise  par  héritage  (1).  L'histoire  la  plus 
reculée  d'Europe,  telle  qu'on  la  peut  connaître,  est  sans 
exemple  d'une  période  où  il  n'y  ait  eu  ni  hommes  libres,  ni 
nobles,  ni  serfs,  et  dans  la  succession  des  âges  ces  distinc- 
tions ne  font  que  se  préciser  et  que  se  développer,  et  toute 
donnée  en  dehors  de  ces  faits  acquis,  n'a  jamais  que  la  valeur 
d'une  conjecture.  Sans  doute  le  premier  Germain  a-t-il  pu 
être  prêtre  et  seigneur  en  sa  propre  maison,  mais  encore 
fallait-il  qu'il  vécût  sous  une  forme  de  gouvernement,  civil 
ou  religieux,    ou  présentant,    peut-être,    ce  double    carac- 

î.  Les  Ghérusques,  cherchant  un  roi,  envoient  demander  à  Rome,  un 
descendant  d'Arminius  (Tacit.,  An.,  XI,  47).  «  Reges  ex  nobililate,  duces 
ex  virtute  sumunt  »  (Tacit.,  Germ.,  VII).  %  Magna  patrum  mérita  principis 
dignationem  etiam  adolescentulis  assignant  (ibid.,  XIII).  Les  Hérules,  en 
Illyrie,  ayant  tué  leur  roi,  envoyèrent  demander  à  leurs  frères  de  Thaïe 
(Scandinavie),  un  descendant  de  sang  royal  :  pendant  l'absence  de 
celui-ci,  ils  acceptèrent  un  autre  roi,  du  choix  de  Justinien.  Mais  ils 
déposèrent  ce  dernier  et  rejetèrent  l'alliance  romaine,  à  l'arrivée  du 
prince  qu'ils  avaient  demandé  (Procop.  Bell.  Got.,  II,  15). 


LES    SAXONS    EN    ANGLETERRE  63 

tère    L),  ei  cela  pour  son  plus  grand  bonheur  individuel  et 
social. 

Tout  le  sujet  se  ramène  à  ces  deux  points  de  vue  dans 
lesquels  on  considère  l'homme  primitif  :  vivant  seul  avec  sa 
famille,  ou  vivant  avec  elle,  allié  à  d'autres  membres  qui 
partagent  la  même  existence  dans  l'état. 

11  est  difficile  de  concevoir  une  société  dans  laquelle, 
chaque  famille  vit  isolée,  sans  nul  rapport  avec  celles  qui 
l'environnent  :  et  même,  en  supposant  qu'un  pareil  état  de 
fait  fut  possible,  il  évoluerait,  sans  doute,  vers  le  système 
patriarcal  où  le  membre  le  plus  âgé  de  la  famille,  devient  le 
chef  de  celle-ci.  Mais  de  pareilles  conditions  sociales  ne  pou- 
vaient durer  que  pendant  un  temps  déterminé,  et  en  ce  qui 
touche  les  tribus  germaines,  elles  ne  paraissent  avoir  pro- 
cédé à  leur  établissement  pacifique  sur  le  sol  conquis, 
qu'après  avoir  réalisé,  au  préalable,  une  sorte  d'organisation 
militaire  et  hiérarchique  sur  laquelle  reposait  leur  constitu- 
tion. Et  l'état  de  famille  isolé,  ne  peut  se  prolonger  par 
l'extension  nécessaire  des  relations  de  voisinage  ;  par  le 
besoin  d'échange.  L'idée  d'état,  elle-même  est  exclusive  de 
cette  notion  ;  dans  l'état  naissant  à  la  civilisation,  l'homme 
n'existe  qu'en  tant  que  membre  de  l'état,  et  ce  n'est  qu'en 
cette  qualité,  qu'il  peut  exister  comme  homme.  Il  ne  crée  pas 
plus  l'état  que  le  langage  qu'il  parle  :  il  naît  à  tous  deux, 
et  sans  eux,  n'a  point  d'existence  sociale  et  juridique. 

Quand  un  nombre  de  maisons  indépendantes  sont  disper- 
sées sur  l'étendue  du  territoire,  il  advient  que  des  accords 
interviennent  entre  elles  pour  l'exploitation  des  bois,  pour 
la  jouissance  des  eaux  et  des  terres  communes,  incultes.  Ces 


1.  Môser,  Osnabrùckische  Geschichte  (1780).  fer  Absch.,  §8  :  «  Solche 
cinzelne  wohner  waren  Pricster  und  Kônige  in  ihren  Haùsern  und  Hof- 
marken  ».  Cf.  Tacit.,  Germ.,  X. 


64  BEOWULF 

accords  peuvent  même  avoir  pour  base  et  pour  consécration, 
des  cérémonies  religieuses.  Mais  en  dehors  de  ces  questions 
d'ordre  économique,  il  ne  peut  y  avoir  entre  elles,  d'union, 
ni  de  mutuelle  dépendance  :  chaque  tribu  solitaire  est  par 
elle-même  un  état,  possédant  le  jus  belli. 

Dans  sa  propre  maison,  chaque  homme  peut  se  faire  légis- 
lateur, et  édicter  arbitrairement  des  lois,  d'après  certains 
principes  généraux,  communément  reçus  de  ses  voisins.  Il 
peut  avoir  un  culte  domestique  dont  il  sera  le  prêtre  (1),  et 
que  ses  voisins  ne  reconnaissent  pas.  Ceux-ci,  s'il  trouble 
leur  jouissance,  pourront  le  tuer  ou  l'asservir,  s'ils  en  ont  la 
force  et  les  moyens;  s'il  s'enrichit,  ils  pourront  le  dépouiller, 
et  cela,  jure  belli,  car  ici,  le  jus  imperii  ne  saurait  être  con- 
sidéré. 

Mais  ce  ne  peut  être  là,  l'état  normal  de  l'homme.  L'évo- 
lution instinctive  vers  la  civilisation,  est  contraire  à  cet  état 
statique,  ainsi  que  le  désir  instinctif  de  garanties  mutuelles, 
de  sécurité  et  de  paix.  La  production  des  subsistances  est  la 
première  application  de  l'activité  de  l'homme,  puis  apparaît 
la  tendance  à  assurer  et  à  défendre  la  possession  accumulée. 
Cependant  que  la  terre  et  les  eaux  suffisent  à  l'entretien  de 
la  population,  les  institutions  propres  à  la  paix,  vont  préva- 
loir. Mais  dès  que  par  les  difficultés  naturelles  à  vaincre,  ou 
par  la  rareté  des  subsistances,  le  clan  devient  conscient  de 
son  individualité  et  des  empiétements  possibles  de  ses  voi- 
sins, il  veut  substituer  à  l'état  pacifique,  un  état  de  force  et 
de  défense. 

Quelques-unes  des  institutions  inspirées  par  l'effort  vers  la 
réalisation  d'un  état  social  civilisé,  avec  le  moindre  sacrifice 
des  libertés  individuelles,  telles  que  le    Wergild,  le  Frank 


4.  «  Si  publiée  eonsuletur,  sacerdos  eivitatis,  sin  privatim,  ipse  pater- 
familias, precatus  Deos..  »,  Tacit.,  Germ..  X. 


LES    SAXONS    EN    ANGLETERRE  65 

Pledge,  seront  étudiées  on  lour  place.  Nous  nous  limitons, 
en  ce  chapitre,  à  l'examen  du  rang  personnel  ;  et  comme  le 
((Mitre  ël  la  base  du  système  social  teuton,  tout  entier,  est 
l'homme  libre,  pris  individuellement,  c'est  par  lui  qu'il  faut 
commencer  notre  étude. 

Les  divisions,  entre  les  éléments  de  toute  société  humaine 
primitive,  sont  faites  entre  les  hommes  libres,  et  ceux  qui  ne 
le  sont  pas  (1)  ;  entre  ceux  qui  peuvent  se  protéger  eux- 
mêmes,  et  ceux  qui  doivent  être  sous  la  protection  d'autrui. 
Ces  distinctions  se  retrouvent  jusque  dans  la  famille,  où  la 
femme  et  le  fils  ne  sont  pas  libres,  par  rapport  au  mari  et 
au  père  :  ils  sont  dans  sa  mund  (sa  main).  De  cette  mund  le 
fils  peut  être  émancipé,  mais  non  la  femme  ou  la  fille  :  cel- 
les-ci ne  peuvent  qu'en  changer  :  la  femme,  du  fait  de  la  mort 
du  mari  ;  la  fille,  par  le  mariage.  Dans  les  deux  cas,  la 
mund  est  une  puissance  transmise  en  d'autres  mains  (2). 

A  l'origine,  l'homme  libre  est  celui  qui  possède  assez  de 
terre  pour  être  nourri  en  la  cultivant,  et  des  armes  pour 
défendre  sa  possession.  Marié  à  une  femme  libre  qui  partage 
ses  fatigues  et  régit  sa  maison,  il  devient  le  fondateur  d'une 
famille,  la  première  unité  dans  l'état.  Le  fils,  né  de  cette 
union,  complète  la  famille,  et  reçoit  de  ceux  qui  l'ont  engen- 
dré, et  leur  sang,  et  les  droits  qu'ils  ont  acquis.  C'est  ainsi  que 
par  sa  descendance,  la  famille  devient  la  base  même  de 
l'état. 

L'union  d'un  plus  ou  moins  grand  nombre  de  maisons,  sur 
le  territoire  qui  suffit  à  leur  subsistance,  pour  la  garantie  de 
leurs  droits  civils  égaux,  constitue  l'état  lui-même  :  la  pre- 

1.  «  Summa  itaque  divisio  personarum  haec  est,  quod  omnes  hommes 
aut  liberi  sunt,  aut  servi  »,  Flcta,  liv.  f,  ch.  I  «  Est  autem  libertas 
naturalis  facilitas  ejus,  quod  cuique  facerc  libet,  nisi  quod  de  jure  aut  vi 
prohibetur  »,  ibid.,  ch.  II. 

2.  Cf.  Flcta,  liv.  I,  ch.  V,  VI,  VII,  IX. 


Of)  KKOWULK 

mière  communauté  n'est-elle  pas,  en  effet,  formée  par  l'union 
d'hommes  libres  qui  veulent  s'entr'aider,   et  qui  sacrifient 

chacun  une  part  de  leur  liberté  individuelle  pour  que  les 
idées  d'état,  d'ordre  légal  et  de  gouvernement,  soient  prati- 
quement réalisées  ? 

L'homme  libre  est  qualifié  man,  ceorl,  mas,  maritns;  wae- 
pned  man,  armatus  ;  après  l'établissement  de  l'esclavage,  il 
est  dénommé  pour  accuser  la  distinction  sociale  dont  il  jouit, 
free,  frigman,  fribals,  c'est-à-dire  free  neck,  cou  libre,  la 
main  d'un  maitre  n'ayant  pas  ployé  son  cou  (1)  :  mais  la 
dénomination  la  plus  ancienne  et  la  plus  pure  de  l'homme 
libre,  est  ceorl.  Jusqu'à  une  période  très  avancée,  la  loi 
anglo-saxonne  ne  connaît  pas  d'autre  distinction  que  celle 
de  ceorl  et  d'eorl  (2).  Le  Vieux  Rigsmal,  consacré  à  l'origine 
des  races,  regarde  Karl,  comme  le  prototype  de  l'homme 
libre.  Ses  fils  sont  Haïr,  en  anglo-saxon,  Haele,  vir  ;  Drengr, 
en  anglo-saxon,  Dreng,  vir  ;  pegen,  en  anglo-saxon,  pegn, 
vir  fortis,  miles  ;  Hôldr,  en  anglo-saxon,  hold,  pugil,  fide- 
lis  ;  Bui,  en  anglo-saxon,  gebûr,  colorias  ;  Bondi,  en  anglo- 
saxon,  bonda,  colorais  ;  Smidr,  en  anglo-saxon,  Smid,  faber  ; 
Seggr,  en  anglo-saxon,  Secg,  vir.  Parmi  les  filles  de  Karl, 
on  cite  Snôt,  Brûdr,  Fliod  et  Wif.  La  plupart  de  ces  termes 
ont  longtemps  survécu,  pour  distinguer,  chez  les  Saxons,  les 
diverses  classes  d'hommes  libres. 

Les  droits  de  l'homme  libre  sont  les  suivants.  11  possède 
une  terre  dans  les  limites  de  la  communauté,  l'edel,  ou  ter- 
ritoire héréditaire  (xXripoç,  haeredium,  hyd)  et  du  fait  de 
cette  possession,  il  devient  une  partie  intégrante  de  la  com- 
munauté; il  se  trouve  astreint  aux  obligations  que  celle-ci 
impose,  et  il  bénéficie  des  privilèges  qu'elle  lui  consent.  Ces 

1.  «  Swâ  eâc  we  settad  be  eallum  hâdum,  ge  ceorle,  ge  eorle  »,  Leg . 
Mlf.,  §4. 

2.  Cf.  Grimm,  Deut.  Rechtsalt.^  283. 


LES    SAXONS    EN    ANGLETERRE  67 

droits,  tout  en  lui  étant  personnels,  son  réels  en  ce  sens  qu'il 
sont  attachés  à  la  terre  dont  il  a  la  possession  :  et  c'est  par 
celle-ci  qu'il  a  le  droit  de  vote,  dans  toutes  questions  rela- 
tives aux  intérêts  généraux  de  la  collectivité  :  élection  du 
juge,  du  chef  militaire,  ou  du  roi  ;  maintien  de  la  paix  ou  de 
la  guerre  avec  une  communauté  voisine  ;  abrogation  des  lois 
anciennes,  ou  promulgation  des  lois  nouvelles;  admission  de 
voisins,  hommes  libres,  à  la  participation  des  droits  et  des 
privilèges  du  district. 

L'homme  libre  doit  encore  assister  aux  cérémonies  du 
culte  ;  au  conseil  public,  ou  Ding  ;  satisfaire  aux  services 
militaire  et  judiciaire.  11  a  toute  liberté  de  contracter  des 
alliances  personnelles  ;  de  s'unir  avec  d'autres  hommes 
libres  pour  former  des  gi/ds,  ou  associations  religieuses  ou 
politiques.  Il  peut  même,  s'il  le  veut,  s'attacher  à  quelque 
lord  ou  patron,  et  renoncer  ainsi  aux  obligations  et  aux  pri- 
vilèges de  l'état  de  liberté.  Il  peut  partir  où  il  veut,  avec 
sa  famille,  et  personne  ne  doit  l'en  empêcher,  ni  le  suivre. 
Mais  il  doit  effectuer  son  départ  en  plein  jour  et  publique- 
ment, afin  que  les  tiers  ayant  des  droits  contre  lui,  puis- 
sent les  faire  valoir,  avant  qu'il  n'aille  s'établir  en  d'autres 
lieux  (1). 

L'homme  libre  peut  posséder  et  porter  des  armes  :  il  est  né 
avec  cette  capacité  juridique  et  militaire  :  schildbùrtig  ;  il 
s'en  revêt  en  toutes  occasions  ou  publiques,  ou  privées  (2)  ;  il 
doit  s'en  servir  pour  la  défense  de  sa  vie  et  de  son  honneur  : 
car  il  jouit  du  droit  de  guerre  privée,  et  seul,  ou  avec  l'aide 
de  ses  alliés,  il  peut  se  battre,  si  bon  lui  semble.  Ce  droit, 

t.  «  Si  quis  liber  homo  migrare  voluerit  aliquo,  potestatem  habeat 
infra  dominium  regni  nostri,  cum  l'ara  sua,  migrare  quo  voluerit  », 
Leg.  Roth.,  477.  Cf.  Grimm,  Deut.  Rechtsalt  ,286. 

2.  «  Nihil  neque  publicae  neque  privatae  rei  nisi  armati  agunt  »,  Tacit., 
Germ.,  XII 1. 


68  &EOWULF 

techniquement,  est  dénommé  fâehde*  feùd\  dérivé  de  l'a, 
inimicus\  fâedhe  beran,  signifie  supporter  le  feud,  c'est-à- 
dire,  les  conséquences  du  droit  de  guerre.  S'il  se  sent  assez 
fort  pour  s'assurer  la  solution  violente  dun  litige,  il  peut 
attaquer,  emprisonner,  et  même  massacrer  son  adversaire, 
mais  alors  il  s'expose  aux  représailles  des  parents  et  des  alliés 
de  sa  victime. 

En  dehors  de  ses  armes,  l'homme  libre  porte  ses  cheveux 
longs,  comme  signe  de  sa  liberté,  et  comme  ornement,  flot- 
tants sur  ses  épaules,  ou  nattés  autour  de  sa  tête  (1). 

La  mesure  même  de  sa  valeur  sociale,  l'attestation  et  la 
défense  de  celle-ci  sont  comprises  dans  le  Wergyld,  ou  prix 
de  f  homme.  Sa  vie,  son  corps,  les  dommages  qu'on  peut  lui 
causer,  ceux  qui  dépendent  de  lui,  sa  propriété  sont  prévus, 
décrits,  garantis  et  limités  ;  et  bien  qu'il  ne  jouisse  pas  des 
privilèges  du  noble,  l'homme  libre  demeure,  toutefois,  de 
condition  supérieure  à  celle  de  l'étranger,  du  serf  ou  de 
l'affranchi.  De  telle  sorte  que  ses  terres,  sans  être  exemptes 
d'impôts,  sont  moins  grevées  que  celles  de  ceux  qui  n'ont  pas 
la  liberté.  De  plus,  il  possède  un  droit  de  jouissance  des 
forêts  et  des  eaux  communes,  que  les  hommes  non  libres 
n'étaient  point  appelés  à  partager. 

L'homme  libre  a  donc  part  au  gouvernement  de  la  col- 
lectivité, en  exécutant  lui-même,  et  en  faisant  exécuter  les 
lois  qui  régissent  et  les  hommes  libres,  et  ceux  qui  ne  le  sont 
pas.  Ce  faisant,  il  consent  à  la  loi  une  obéissance  volontaire, 
pour  vivre  sous  son  bienfait,  dans  une  communauté  politique 
pacifiée. 

En  cet  état  de  choses,  le  noble  appartient  à  la  classe  des 

1.  «  Gif  freo  wif,  locbore,  lyswaes  hwaet  gedô  »,  Lex.  /Edelb.,  §73. 
L'homme  libre  était  déshonoré  si  on  lui  coupait  sa  chevelure,  Lex.  /Elfr., 
%  35.  Cf,  Grimm,  Deut.  Recàtsalt.,  pp.  2i0,  283.  Eumenius  parle  des 
Francs,  comme  «  prolixo  crine  rutilantes  »,Paneg.  Constant,  en.  XVIII, 


LES    SAXONS    EX    ANGLETERRE  69 

bommes  Libres  :  il  sort  d'elle,  et  il  est  sujet  aux  mêmes  droits, 
privilèges  et  obligations,  mais  à  des  degrés  différents,  puis- 
qu'il possède  certains  avantages  dont  L'homme  libre  ne  jouit 
pas.  Comme  ce  dernier,  il  est  possesseur  réel  du  sol,  dans 
le  district,  mais  sans  doute,  son  lot  était-il  plus  étendu  que 
celui  de  ses  voisins,  et  moins  grevé  d'impôts.  Il  participait 
au  Ding,  p/acitam,  mais  avec  les  hommes  de  sa  classe  ;  il 
avait  l'initiative  et  la  direction  des  affaires  publiques,  et  il 
exécutait  ce  qui  avait  été  décidé,  du  consentement  général  (1). 
Le  peuple  entier  peut  élire,  mais  le  noble  seul  jouit  de 
l'éligibilité  aux  fonctions  de  prêtre,  déjuge,  ou  de  roi.  Le 
prix  de  sa  vie  est  plus  élevé,  dans  le  wergyld,  que  celui  de 
l'homme  libre.  Il  est  une  unité  dans  la  masse  ;  le  repré- 
sentant de  la  souveraineté,  tant  à  l'intérieur  qu'au  dehors. 
Son  pouvoir  tend  à  s'accroître,  alors  que  celui  de  l'homme 
libre  va  toujours  en  se  restreignant,  avec  les  empiétements 
de  la  noblesse. 

Le  nom  distinctif  du  noble  est  Eorl,  ^Edele,  nobilis  et 
Rice,  potens,  et  il  porte  encore  d'autres  titres  se  rapportant, 
aux  fonctions  dont  il  est  investi,  ou  aux  détails  et  aux  quali- 
tés de  son  rang  social  :  ainsi,  ealdor,  ealdorman,  princeps  ; 
wita,  weota,  consiiiarius  ;  senior  ;  procer  ;  melior.  Et  il 
convient  de  rappeler  qu'en  dehors  de  ses  privilèges  per- 
sonnels, le  noble  possédait  dans  toute  leur  plénitude,  les 
droits  de  l'homme  libre,  de  la  classe  à  laquelle  il  appartient, 
et  dont  il  n'est,  au  demeurant,  que  l'ordre  le  plus  élevé. 

I.  «  De  minoribus  rebus  principes  consultant;  de  majoribus  omnes. 
ïta  tamen  utea  quoque  quorum  penes  plebern  arbitrium  est,  apud  prin- 
cipes pertractentur  »,  Tacit.,  Germ.,  XI. 


CHAPITRE  VI 
Le  Roi 


Le  Roi,  est,  par  rapport  au  noble,  ce  que  le  noble  est  à 
l'homme  libre.  Il  est  au  sommet  de  la  hiérarchie  de  l'ensem- 
ble de  la  classe  d'hommes  libres.  Au  début  de  l'histoire  teu- 
tone,  on  trouve  des  tribus  et  des  nations  soumises  à  la  domi- 
nation des  rois.  Les  peuples  libres  regardent  leur  roi  comme 
la  personnification  de  l'unité  nationale,  comme  le  représen- 
tant de  toute  la  nation,  et  comme  un  médiateur  entre  eux- 
mêmes  et  les  dieux  (1).  La  royauté  élective  est  la  sauvegarde 
de  la  liberté  du  peuple  ;  et  le  principe  monarchique  est  chez 
celui-ci,  dépendant  de  sa  nationalité. 

Chez  les  Germains  primitifs,  les  habitants  de  la  Marche  ou 
du  Gâ,  quelque  nombreux  ou  rares  qu'ils  puissent  être,  doi- 
vent toujours  pourvoir  à  la  double  nécessité  de  la  paix  et  de 
la  guerre. 

Mais  la  paix  est  Tétat  naturel  ou  normal,  en  vue  duquel 
la  guerre  elle-même  existe,  et  les  institutions  proj)res  à 
la  guerre  sont  l'exception,  et  non  la  règle.  D'où  il  résulte  que 
les  attributions  sacerdotales  et  judiciaires  du  roi  sont  perma- 

i.  Dans  la  tradition  des  Suédois,  si  les  dieux  manifestaient  leur  colère 
au  peuple,  par  des  défaites  ou  des  calamités,  le  sacrifice  le  plus  agréable 
qui  pût  leur  être  offert,  était  celui  du  roi.  Cf.  Gugling,  Sag.,  ch.  XVlïI 
(Laing,  I,  230);  ch.  LXVII  (I,  256). 


LES    SAXONS    EN    ANGLETERRE  71 

nentes  ;  que  ses  fonctions  militaires  sont  temporaires,  et 
dépendent  des  faits  qui  les  commandent.  Les  premières 
fonctions  réunies  dans  une  même  personne,  ou  divisées  entre 
plusieurs  autres,  sont  les  conditions  nécessaires  à  l'existence 
de  l'état,  en  tant  que  communauté  ;  les  secondes  ne  s'exer- 
cent libre  que  par  intervalles,  pour  assurer  le  développe- 
ment des  premières,  et  pour  défendre  la  communauté  contre 
les  attaques  de  collectivités  hostiles. 

On  peut  admettre  que  le  père  fut  le  premier  prêtre  et  le 
juge,  dans  sa  propre  maison  :  il  possède  avant  tous,  le  secret 
des  rites  particuliers  du  culte  familial,  et  son  pouvoir  est 
encore  justifié  par  1  âge,  l'expérience,  et  la  dignité  pater- 
nelle. Mais  ces  principes  s'appliquent  aussi  bien  à  la  famille 
déterminée,  qu'à  un  agrégat  de  maisons  :  de  même  que  le 
culte  familial  et  que  la  paix  de  la  famille,  exigent  pour  sub- 
sister, l'exercice  de  pouvoirs  particuliers,  de  même  ceux-ci 
s'imposent  pour  assurer  le  culte  et  la  paix  publics.  Parmi  les 
chefs  de  famille,  quelqu'un  doit-être  élu  pour  assurer  ces 
fonctions  primordiales.  Quel  autre  homme  que  le  prêtre, 
peut  célébrer  les  grandes  fêtes  des  dieux,  selon  le  rite  anti- 
que ;  apaiser  la  colère  des  justiciers  divins  ;  bénir  les  fruits 
de  la  terre  ;  chasser  l'esprit  malfaisant  ;  sanctifier  l'échange 
du  sol,  l'union  de  l'homme  et  de  la  femme,  et  la  naissance 
de  l'enfant  ?  Qui  peut,  en  sa  place,  administrer  la  justice,  où 
les  divinités  seules  révèlent  la  vérité,  et  vengent  le  parjure  ? 
Quel  autre  guerrier  pourrait,  dans  la  tribu,  posséder  assez 
d'autorité  pour  punir  l'homme  libre  qui  ne  se  courbe  devant 
la  main  du  roi,  que  parce  que  celui-ci  lui  apparaît,  comme 
l'incarnation  de  la  justice  et  de  la  puissance  divines  ?  (1). 

1.  «  Duces  exemplo  potius  quam  imperio,  si  prompti,  si  conspicui,  si 
ante  aciem  agant,  admiratione  praesunt.  Ceierum  neque  animadverlere, 
neque  Y  incire,  ne  verberare  quidem  nisi  sacerdotibus  permissum  ;  non 
quasi  in  pœnam,  nec  ducis  jussu,  sed  velut  deo  imperante,  quem  adesse 


72  BEOWULF 

Qui  investira-t-on  de  ces  pouvoirs  reconnus  nécessaires  ?  Le 
choix  du  peuple  se  portera  sur  les  représentants  des  famil- 
les, dont  la  tradition  fait  remonter  l'origine  aux  dieux  parti- 
culiers de  chaque  district,  (les  dieux  aiment  leur  descen- 
dance :  ils  ont  guidé  leurs  premiers  enfants  vers  la  terre 
fortunée,  en  leur  donnant  le  secret  de  les  apaiser  et  de  leur 
plaire  ;  ils  les  protègent  par  leur  puissance,  et  ils  les  inspi- 
rent par  des  révélations  ;  ils  les  instituent  dépositaires  de 
leur  volonté  souveraine,  et  quelque  chose  de  leur  pouvoir 
divin  accompagne  leurs  héroïques  descendants.  Une  seule 
famille  a  pu  rester  longtemps  en  possession  exclusive  du 
pouvoir  sacerdotal,  jusqu'à  ce  qu'une  autre  maison  lui  ait 
substitué  un  culte  nouveau,  et  un  dieu  jusqu'alors  inconnu. 

Quelque  tribu  isolée,  et  jouissant  d'une  civilisation  plus 
avancée,  a  pu  s'établir  parmi  quelques  rudes  guerriers,  en 
leur  enseignant  des  procédés  plus  parfaits  de  culture,  une 
architecture  qu'ils  ne  soupçonnaient  pas  ;  elle  leur  a  dévoilé 
les  mystères  du  firmament,  l'harmonie  des  sons,  et  le  dieu 
bienfaisant  qu'elle  a  fait  connaître  est  reçu  dans  la  commu- 
nauté. 

Dans  la  tribu  nouvelle  se  recruteront  nécessairement  les 
prêtres  du  nouveau  culte,  car  seuls  ils  en  connaîtront  les 
rites  et  les  observances,  qu'ils  conserveront  à  travers  les 
âges. 

Dans  une  autre  hypothèse,  une  élite  remarquable  par  sa 
beauté  physique,  son  intelligence  plus  développée,  sa  plus 
grande  force  aux  armes,  peut  établir  sa  prépondérance  sur 
une  race  plus  nombreuse,  et  moins  favorisée  :  en  augmen- 
tant par  des  acquisitions,  des  conquêtes,  ou  par  l'hérédité, 
les  territoires  qu'elle  possède,  cette  élite  par  sa  supériorité 


bellantibus  credunt    »,   Tacit.,   Germ.,    VII;    «  Diis   genitos  sacrosque 
reges  »,  Tacit  ,  Or  at.,  12.       . 


LES    SAXONS    EN    ANGLETEKUE  73 

naturelle  ou  acquise,  parviendra  à  constituer  une  race  noble, 
sacerdotale,  et  royale,  parmi  des  hommes  libres.  Cette  aris- 
tocratie pourra  imposer  et  sa  religion,  et  sa  forme  de  gouver- 
nement, comme  firent  les  Doriens  dans  le  Péloponnèse  (1). 
Ou  encore,  s'il  s'établit  une  entente,  l'aristocratie  et  ses  dieux 
garderont  le  premier  rang,  bien  que  le  peuple  soumis  con- 
serve, avec  quelque  part  au  gouvernement  de  l'état,  son 
ancien  culte.  Et  ainsi,  les  dieux  de  la  nature,  de  la  terre  et  de 
l'agriculture,  le  cèdent,  pour  un  temps  variable,  à  la  supré- 
matie des  dieux  de  l'esprit,  et  de  la  guerre  :  Odin  reçoit  les 
âmes  des  guerriers  et  des  hommes  libres  ;  l'antique  Dorr  ne 
doit  plus  recueillir  que  les  âmes  des  serfs. 

Dans  tous  les  cas  énumérés  ci-dessus,  et  auxquels  on  peut 
ajouter  la  conquête  violente  du  pays  par  un  corps  d'immi- 
grants, la  famille  ou  la  tribu  qui  parvient  à  la  souverai- 
neté, est  celle  qui  l'emporte  sur  les  autres  en  rang,  en 
noblesse,  et  en  pouvoir.  Son  caractère  de  prédominance  ne 
sera  pas  individuel,  mais  général  :  c'est-à-dire  qu'au  sein  de 
cette  tribu  d'élite  seule,  seront  choisis  les  titulaires  des  fonc- 
tions sacerdotales,  politiques,  et  judiciaires  :  mais,  et  c'est 
ici  qu'intervient  le  principe  de  la  souveraineté  populaire, 
c'est  le  peuple  qui  élira  librement  chaque  homme  noble  à  la 
charge  qu'il  doit  remplir.  Encore  l'histoire  présente-t-elle 
d'autres  exemples  où  deux  ou  plusieurs  tribus  nobles  se  par- 
tagent l'autorité  suprême,  avec  une  égalité  relative  :  deux 
rois,  par  exemple,  représentent  deux  tribus  de  Doriens,  dans 
la  7zo),i7£'la  de  Sparte.  Chez  les  anciens  Bavarois,  les  Agilo- 
fings  pouvaient  seuls  être  revêtus  de  la  dignité  ducale,  mais 
trois  ou  quatre  autres  familles  possédaient  une  noblesse  par- 
ticulière qui  les  élevait  presque  autant  au-dessus  des  autres 

1.  Aïtîov  âï...  on  toÔtvov  riva  ao£TÀ  rvyyavovGU  y^opcyi'M  x«t  (iiK^SffOat 
<?vvarca  u.U).mj~c/.,  xcù  ït-u  v.ù  tô  xpbtrovv  sv  itnzpoyj)  ùyc/.dov  Ttvèç,  wars  c?oxsi> 
ur,  ivsv  ùoi-fis  ii-iv.1  mjv  fiîwj..   ,  Arist.,  Polit.,  I,  6.  • 


7Ï  HKOWTLF 

Qobles  (|ue  ces  derniers,  au-dessus  du  reste  dû  peuple.  En 
cet  état,  les  attributs  de  la  souveraineté  peuvent  être  divisés  : 
on  tirera  dune  famille  les  rois  ou  les  juges;  d'une  autre,  les 
généraux  ;  d'une  troisième,  les  prêtres  ;  ou  même  ces  divi- 
sions auront  pu  naître,  avec  le  temps,  au  sein  d'une  même 
famille.  Encore  le  général  a-t-ilpu  être  choisi,  pour  une  guerre 
déterminée,  parmi  les  juges  et  les  prêtres,  ou  même,  et  dans 
un  cas  de  nécessité  pressante,  parmi  ceux  auxquels  leur  nais- 
sance interdisait  l'accès  des  fonctions  judiciaires  et  sacer- 
dotales. Bède  n'écrit-il  pas  des  anciens  Saxons  du  conti- 
nent : 

«  Non  enim  habent  regem  iidem  antiqui  Saxones,  sed 
satrapas  plurimos,  suae  genti  praepositos,  qui,  ingruente  belli 
articulo,  mittunt  aequaliter  sortes,  et  quemcumque  sors  osten- 
derit,  hune  tempore  belli  ducem  omnes  sequuntur,  huic 
obtempérant  ;  peract  ;  autem  bello,  sursum  aequalis  potentiae 
omnes  fiunt  satrapas  (1)  ». 

Et  ceci  met  singulièrement  en  lumière,  cette  phrase  de 
Tacite  s'appliquant  aux  races  germaniques  en  général  : 

«  Eliguntur  in  iisdem  consilhs  et  principes  qui  iura  per 
pagos  vicosque  reddunt  »  (2). 

On  conçoit  aisément  la  séparation  assez  rapide  des  fonc- 
tions judiciaires  et  sacerdotales,  et  même  jusqu'à  une  date 
encore  avancée,  elles  se  maintiennent  unies.  Le  jugement  de 
Dieu,  la  répartition  des  lots,  et  la  divination,  sont  présidées 
par  les  prêtres  et  par  les  juges  :  le  prêtre  ne  consacre-t-il 
pas  le  lieu  du  jugement  ?  Et  toutes  les  assemblées  du  peu- 
ple s'ouvrent  par  des  prières  et  par  des  cérémonies  reli- 
gieuses   (3).    La  tenue   du    Witena-Gemôt,    en    des  temps 

1.  Hîsl.Eccl.,Y,  10. 

2.  Germ.,  XII. 

3.  Cf.  Tacit.,  Germ.,  XI.  <«  Ut  turbse  placuit,  considunt  armati.  Silen- 
tium  per  sacerdotes,  qwibus  turn  et  eoiercendi  ius  est,  imperatur  ». 


LES    SAXONS    EN    ANGLETERRE  75 

plus  rapprochés,  était  inaugurée  par  la  célébration  do  la 
messe  (1).  Et  durant  la  période  florissante  du  christianisme 
chez  les  Anglo-Saxons,  des  synodes  d'évêques  s'ouvraient, 
deux  fois  Fan,  comme  cours  suprêmes  de  justice,  en  matière 
civile.  La  loi  des  Visigoths,  alors  qu'elle  reconnaît  la  sépa- 
ration des  personnes,  implique  la  confusion  de  juridction  : 
«  Si  iudex  vel  sacerdos  reperti  fuerint  nequiter  iudicasse  (2)  ». 
Le  juge  interprète  donc  la  loi;  prononce  la  sentence  ;  veille 
à  l'exécution  de  celle-ci  :  dans  ces  fonctions,  il  représente 
aux  yeux  du  peuple,  et  la  justice  divine,  et  le  pouvoir  collec- 
tif de  l'état.  Ainsi  peut-on  conclure  qu'au  début,  dans  chaque 
Marche,  et  plus  spécialement  dans  chaque  Gâ  ou  Scir,  ou 
dans  la  réunion  de  plusieurs  Marches,  on  rencontre  au  moins 
un  homme,  descendant  d'une  famille  privilégiée,  qui  con- 
duit, pendant  la  paix,  d'une  façon  permanente  ou  momen- 
tanée, les  affaires  publiques,  et  qui  est  confondu,  dans  l'esprit 
du  peuple,  avec  sa  religion  même,  et  le  culte  de  ses  dieux. 
Il  importe  peu  qu'on  le  dénomme  ealdorman,  iudex,  rex, 
satrapa,  princeps  :  il  est  celui  qui  préside  aux  actes  solen- 
nels des  hommes  libres  durant  la  paix,  et  il  est  bien  le  roi 
originaire  du  Shire,  ou  petite  nation.  S'il  est  prêtre  par  droit 
de  naissance,  chef  de  l'armée,  par  sa  science  militaire,  et 
juge,  par  l'élection,  il  réunit  en  lui-même,  tous  les  attri- 
buts de  la  royauté  (3). 

En  ce  cas,  il  ne  se  contentera  pas  d'étendre  sa  puissance 

i .  «  Quadam  die  multi  ta  m  nobiles  quam  privati  primo  mane  ad  ipsum 
locum  placitaturi  convenerunt  ;  sed  ante  placitum,  ut  Presbyter  eis 
missam  celebraret  rogaverunt.  At  ille,  qui  ipsa  nocte  cum  uxore  dor- 
mierat,  ad  sacrum  altaris  officium  accedere  formidabat  ;  itaque  negavit 
se  id  facturum»  ,  Dunelm.,  Hist.  EccL,  Dun.,  ch.  XIV,  A.  D.  1.045 
(liv.  III,  ch.  X,  édit.  de  4732). 

2.  Leg.  Visig.,  II,  1,  §  23. 

3.  «  Hic  etenim  et  rex  illis  et  pontifex  ob  suam  peritiam  habebatur,  et 
in  sua  iustitia  populos  iudicabat  »,  Jornandes. 


7()  BEOWULF 

sur  les  communautés  voisines,  niais  il  s'efforcera  de  la  ren- 
dre permanente,  sinon  héréditaire,  dans  le  pays  même  qu'il 
gouverne.  Les  mêmes  faits  peuvent  se  produire,  si  le  prêtre, 
le  juge,  ou  le  chef  militaire,  tout  en  ayant  leurs  fonctions 
divisées,  appartiennent  à  la  môme  famille. 

Le  pouvoir  royal  naît  donc  des  fonctions  judiciaires  et 
sacerdotales,  auxquelles  vient  s'ajouter  le  commandement 
militaire  :  mais  le  roi,  à  son  début,  n'est  que  le  juge  et  le 
prêtre  d'un  district  peu  étendu  (1).  Quand  plusieurs  districts 
ont  été  réunis  ;  que  des  rois  ont  été  soumis  par  l'un  d'entre 
eux,  plus  puissant  et  plus  fortuné  que  les  autres,  c'est  alors 
que  se  réalise  le  type  définitif  du  royaume  germanique.  Dès 
lors,  les  pouvoirs  judiciaires,  militaires  et  sacerdotaux 
deviennent  subordonnés  au  pouvoir  royal  qui  représente 
l'état  entier  :  les  hommes  libres,  les  nobles,  et  le  folcriht, 
ou  loi  publique  des  uns  et  des  autres. 

Le  roi  possède  la  juridiction  suprême,  le  droit  de  punir  ; 
de  maintenir  la  paix  ;  d'appeler  aux  armes  les  hommes  libres 
(cyningts  ban,  cyninges  ûtware).  Lorsque  cet  état  de  fait  est 
pleinement  réalisé,  les  rois  primitifs  sont  devenus  :  subreguli, 
principes,  duces,  ealdormen  :  ils  conservent  bien  leur  noblesse, 
et  peut-être,  leur  influence  sur  le  peuple,  mais  ils  ne  sont  que 
des  officiers  inférieurs  de  l'état,  dont  le  roi  héréditaire 
demeure  le  chef  (2). 


1.  «Nee  potest  aliquis  iudicare  in  temporalibus,  nisi  solus  rex,  vel  sub- 
delegatus  :  ipse  namque  ex  virtute  sacramenti  ad  hoc  specialiter  obli- 
gatur,  et  ideo  corona  insignitur,  ut  per  iudicia  populum  rega  sibi  subiec- 
tum  »,  Fleta,  liv.  I,  ch.  XVII,  §  1. 

2.  «  Le  titre  de  roi  était  primitivement  de  peu  de  conséquence  chez  les 
barbares.  Ennodius,  évêque  de  Paris,  dit  d'une  armée  du  grand  Théo- 
doric  :  «  Il  y  avait  tant  de  rois  dans  cette  armée,  que  leur  nombre  était 
au  moins  égal  à  celui  des  soldats  qu'on  pouvait  nourrir,  avec  les  subsis- 
tances exigées  des  habitants  du  district  où  elle  campait  ».  Michelet,  Hist 
France,  1. 198,  note. 


LES    SAXONS    KN    ANGLETERRE  77 

Los  historiens  admettent  généralement  ce  fait  qu'il  y  avait 
simultanément  huit  royaumes,  dans  l'Angleterre  saxonne. 
Dans  les  temps  les  pins  reculés  il  y  eut,  dans  le  Kent,  au 
moins  doux  rois,  dont  les  capitales  étaient  Canterbury  et 
Rochester,  toutes  deux  sièges  d'évêchés.  La  distinction  entre 
Kentings  du  Sud  et  de  l'Ouest,  est  maintenue  (1)  jusqu'au 
.loc lin  de  la  monarchie  saxonne.  On  sait  non  seulement 
qu'Eâdric  et  Hlôdhere  régnèrent  conjointement,  mais  encore 
que  Wihtred  et  son  fils  .Edelberht  le  second,  montèrent  éga- 
lement sur  le  trône  (2)  :  O'swine  est  mentionné  comme  roi 
de  Kent,  à  une  époque  où  généralement  on  considère 
Ecgberht,  comme  ayant  régné  seul  sur  le  pays  (3)  :  on  cite 
Swaebbeard(4),  autre  roi  régnant  à  une  date,  ordinairement 
assignée  à  Eâdric  et  à  Hlôdhere.  Dans  les  dernières  années 
de  son  règne,  iEdelberht  le  second,  dut  partager  son  pou- 
voir avec  Eâdberht  (o),  Eardwulf  (6),  Sigiraed  (7)  et 
Ecgberht  (8)  ;  et  Sigiraed  se  qualifie  délibérément,  de  roi  de 
la  moitié  du  Kent.  Un  document  très  remarquable  d'Eâd- 
behrt,  est  conservé  dans  le  Textus  Roffensis  (9)  :  après  le 
seing  du  roi,  qui  s'intitule  :  Rex  Cantuariorum,  ses  nobles 
placent  leurs  noms,  de  la  manière  et  dans  l'ordre  suivants  : 
«  Ego  Wilbaldus  comités  meos  confirmare  et  subscribere 
feci....  »  ;  et  l'on  trouve  répétés,  avec  la  même  formule  les 
noms  de  :  Dimheahac,  Hosberht,  Nothbalth,  Banta,  Ruta,  et 


t.  William  de  Malmesbury  parle  des  reguli  qui  furent  soumis  par 
/Edelbcrhl,  Gest.  Reg.,  lib.  I,  §  10. 

2.  Cod.  dipt.,  nos  72,  77,  86,  408. 

3.  Ibid.,  nos  8,  40,  30. 

4.  Ibid.,  nos  14,  15;  Bède,  Hist.  Eccl.,\,  8. 
•j.   Ibid.,  nos  85,  406,  407. 

6.  Ibid.,  n°96. 

7.  Ibid.,  nos  HO,  414. 

8.  Ibid.,  nos  H3t  132,  135,  460. 

9.  Ibid.,  no  85. 


78  BEOWl  I.K 

Tidbalth.  Du  fait  que  ces  personnages  ont  à  leur  suite  des 
comtes,  comités,  il  est  à  supposer  qu'ils  étaient  tous  royaux, 
rois,  ou  rois  en  tutelle.  Leur  caractère  de  subordination  res- 
sort de  l'octroi  de  la  charte,  qui  leur  est  fait  par  .^Edelberht; 
et  parmi  ces  rois  inférieurs,  on  relève  encore  les  noms 
d'^ldelric,  d'Heardberth,  Eâdberht  Pren  (1)  et  Ealhmund  : 
ce  dernier  fut  le  père  du  célèbre  Ecgberht  de  Wessex. 

Parmi  les  territoires  qui  furent  incorporés  au  royaume  de 
Mercie,  l'un  est  célèbre  sous  le  nom  de  Hwiccas  :  il  compre- 
nait, alors,  tout  le  diocèse  de  Worcester.  Cette  petite  pro- 
vince ne  garda  pas  seulement  ses  rois  jusqu'à  une  époque 
très  avancée,  mais  elle  eut  encore  et  fréquemment,  plusieurs 
rois  à  la  fois  :  ainsi  O'sric  (2)  et  0shere(3);  ^Edelweard  (4), 
/Edelheard  (5),  ^Edelric  (6),  et  probablement,  O'swudu,  y 
régnèrent  entre  les  années  704  et  709. 

Quelques  années  plus  tard,  entre  757  et  787,  on  retrouve 
trois  frères,  Eânberth  (7),  Ealdred  (8)  et  Uhtred  (9)  réclamant 
le  titre  royal  dans  le  même  district,  alors  qu'Offa,  leur  parent, 
règne  dans  la  Mercie.  11  est  certain  que  ce  grand  royaume 
avait  toujours  formé  plusieurs  états  distincts  :  au  temps  de 
Penda  (626-656),  la  tradition  rapporte  que  les  Angles  du 
Milieu  étaient  gouvernés  par  son  fils  Peada  (10),  alors  que 
Merewald,  un  autre  de  ses  fils  était  roi  des  Hécans  de 
l'Ouest,  peuple  du  Herefordshire.  Dans  l'importante  bataille 


1.  Flor.  Wig.,  an.  794. 

2.  Cod.dipL,  n°  12. 

3.  Ibid.,  nos  n,  36. 

4.  Cod.  dipl.,  n°  56. 

5.  Ibid.,  no  53. 

6.  Ibid.,  n°  57. 

7.  Ibid.,  nos  102,  105. 

8.  Ibid.,  nos  125,  431,  146. 

9.  Ibid.,  nos  117,  H8,  128,  148. 

10.  Bède,  Hist.  Eccl  ,  III,  21. 


LES    SAXONS    KN    ANGLETERRE  79 

de  WinwidiVld,  où  la  chute  de  Penda  assura  le  triomphe  du 
christianisme,  Bèdc  écrit  que  trente  chefs  royaux  tombèrent, 
du  côté  des  Mercieus  (1).  Sous  .Edilraed,  fils  et  successeur 
de  Penda,  Bcorhtwald  prend  le  titre  de  roi,  en  Mercie  (2). 
Pendant  le  règne  de  Gentwine,  dans  le  Wessex,  il  est  fait 
mention  d'un  roi,  Baldred,  dont  le  royaume  comprenait  pro- 
bablement le  Sussex,  et  une  partie  du  Hampshire  (3)  ;  dans 
la  même  période,  on  trouve  encore  ^Edilheard  qui  s'intitule 
roi  du  Wessex  (4).  Et  Friduwald,  dans  une  charte  du  monas- 
tère de  Ghertsey,  cite  les  subregali  suivants,  qui  régnent 
conjointement  :  O'sric,  Wighard  et  ^Edelwald  (5). 

Il  y  avait  un  royaume  d'Elmet  dans  le  Yorskhire,  et  même 
jusqu'au  dixième  siècle,  un  royaume  de  Bamborough.  Ces 
exemples  suffisent  à  montrer  le  nombre  des  rois  qui  se  par- 
tageaient alors  l'Angleterre  (6),  et  un  chroniqueur  duxne  siè- 
cle écrivait  avec  juste  raison  : 

«  Ea  tempestate  venerunt  multi  et  saepe  de  Germania,  et 
occupaverunt  Eâstangle  et  Merce,  sed  necdum  sub  uno  rege 
redacti  erant.  Plures  autem  proceres  certatim  regiones 
occupabant,  unde  innumerabilia  bella  fiebant  :  proceres 
vero,  quia  multi  erant,  nomine  carent  »  (7). 

Ainsi  qu'il  résulte  des  développements  qui  précèdent,  la 
notion  du  territoire  et  de  son  étendue  n'est  pas  inhérente  à 

1.  «  Inito  ergo  certamine,  fugati  sunt  et  cœsi  pagani.  duces  regii 
triginla  qui  ad  auxilium  vénérant  pêne  omnes  interf'ecti  »,  Bède,  Hist, 
£ccl.,m,  24. 

2.  Cod  dipt.,  n°  26  «  Non  quidem  rex  potestate,  sed  subregulus  in 
quadam  regni  parle  »,  Vit.  Aldhemi,  Ang .  Sacra,  II,  10. 

3.  Will,  Malm.,  Ant.  Glast.,  an.  681,  pp.  308,309  ;  Cod.dipL,  n°  76. 

4.  Ibid  ,  n°  73. 

5.  Ibid.,  no  987. 

6.  «  Igitur  rex  unus  ibi  era  aliquando,  multi  aliquando  reguli  », 
Henric  ,  Hunt.,  lib.  V  :  slvca  Sï  xai  7ro)vuav0pw7i-ov  rrçv  vïja-ov...  Quaùslc,  re 
xat  tfuvàcraç  ttoIIoi»;  i-yiw,  Diod.,  Sic,  V,  21. 

7-  Henric  ,  Hunt.,  lib.  II. 


80  BEOWULF 

la  couronne  :  les  rois  sont  les  rois  des  tribus  et  des  peuples, 
et  non  des  territoires  sur  lesquels  ceux-ci  sont  établis  :  ils 
sont  bien  rois  des  Saxons  de  l'Ouest,  des  Merciens,  des  Ken- 
tings,  mais  non  du  Wessex,  de  la  Mercie,  du  Kent.  On  arri- 
vait môme  à  concevoir  la  dignité  royale  sans  le  royaume  : 

«  Solo  rex  verbo,  sociis  tamen  imperitabat  »  (1). 

Le  roi  se  confond  avec  son  peuple  même  (2)  ;  c'est  du 
sein  de  celui-ci  qu'il  sort,  et  c'est  par  son  pouvoir  et  par  sa 
volonté,  qu'il  règne.  Le  peuple  lui  a  conféré  la  dignité  royale, 
mais  il  n'a  que  le  territoire  qu'il  possède  en  propre,  et  qui 
est  assimilable  aux  domaines  privés  de  ses  sujets. 

Les  noms  teutons  des  rois,  sont  nombreux  et  variés,  sur- 
tout dans  la  langue  poétique.  La  plupart  d'entre  eux  sont 
dérivés  des  mots  qui  marquent  les  agrégations  des  peuples 
eux-mêmes,  tels  que  peod,  donnant  naissance  à  l'anglo-saxon, 
peôden  ;  foie,  d'où  dérive  le  vieux  normand  Fylkr.  Mais  le 
terme  propre  qui  désigne  chez  les  Teutons,  la  dignité  royale 
provient  de  la  notion  de  noblesse,  chez  le  roi,  ainsi  que 
Tacite  l'avait  déjà  observé  :  l'anglo-saxon  cyning,  est  une 
formation  directe  de  l'adjectif  ci/ne,  generosus,  qui  lui-même 
est  dérivé  de  cgn,  genus. 

La  seule  distinction  entre  le  roi  et  le  reste  de  son  peuple, 
réside  dans  la  plus  haute  estimation  qui  est  faite  de  sa  vie, 
si  on  la  compare  à  celle  des  autres.  De  même  que  dans  le 
Wergild,  le  prix  de  vie  du  noble  est  supérieur  à  celui  de 
l'homme  libre,  ainsi  la  vie  du  roi  est-elle  d'une  valeur  plus 
grande  que  celle  du  noble  (3).  Aussi  sa  protection  (mund) 
est-elle  plus  estimée  qu'aucune  autre,  dans  l'état;  et  le  tort 


1.  Abbo  deBello,  Paris,  Civil.  Pertz.,  II,  779. 

2.  Langebek.,  II,  77;  Dahlmann,  Gesch.  d.  Danen,  p.  51. 

3.  Dans  le  Kent,  la  Mercie  et  le  Wessex,  le  Wergyld  du  roi  était  de 
120  livres.  Celte  somme  revenait  par  moitié,  à  sa  famille  et  à  la  collec- 
tivité. 


LES    SAXONS    KN    ANGLETERRE  81 

qu'on  peut  lui  faire,  entraîne-t-il  de  plus  lourds  dommages 
(cyninges  hansealde  frid).  Le  roi  est,  de  droit,  président  du 
Witena-gemôt,  du  synode  ecclésiastique,  et  il  est  institué 
gardien  de  la  paix  publique. 

Au  roi  appartenait  le  droit  d'ordonner  des  levées  nationa- 
les, le  posse   comitates,   pour   l'attaque   d'un  territoire,   ou 
pour  sa  défense  ;  de  saisir  les  tribunaux  de  matières  graves; 
d'exercer,   à   son  profit,    un  prélèvement  sur  les  amendes 
infligées  en  justice  ;  de  recevoir  les  contributions  volontaires 
des  hommes  libres  ;   de  lever  les  impôts  légalement  établis 
dans  les  assemblées,  et  de  nommer  les  officiers  du  fisc.  Les 
cérémonies  de  sa  reconnaissance  par  le  peuple,  accompa- 
gnaient l'intronisation  du  roi  qui,  revêtu  des  insignes  de  la 
royauté,  était  porté  sur  un  bouclier,  et  ofîert  à  l'acclamation 
du    peuple.   Il  est  probable   que,    même    dans    les   temps 
païens,  une  cérémonie  religieuse  accompagnait  l'élection  et 
l'installation  du  roi  ;  avec  le  christianisme,  le  roi  fut   sacré 
par  l'évêque,  et  cette  cérémonie  le  faisait  reconnaître  comme 
chef  spirituel  du  royaume.  Au  roi  appartenaient  les  bœufs 
et    les    chariots    sur    lesquels    il    allait,   visitant    les    dif- 
férentes parties  de   son  royaume,  traversant  les  routes,  et 
proclamant,  partout,  la  paix  dont  il  avait  su  garder  le  bien- 
fait, ou  la  guerre  à  laquelle  il  convoquait  les  hommes  libres. 
Parmi  toutes  les  tribus,  il  y  avait  des  signes  extérieurs  de  la 
royauté  portés  par  occasion,    ou  habituellement  :  les    rois 
mérovingiens  (1)  se  distinguaient  par  leur  chevelure  longue 
et  flottante  ;  les  Goths,  par  un  bandeau  ;  parmi  les  Saxons,  le 
cynehelm  ou  cynebeâh,  cercle  d'or,  était  en  usage,  et  se  por- 
tait sur  la  tête.JDans  le  Ding  ou  conseil  populaire,  il  tenait 

1.  9ecuTÔv  yùp  rot;  jàao"i).sv7i  twv  fypy.yywv  oÙ7r«7ro~S  '/.etozaQcu,  tùX 
àxstûcxotxKt  T£  sifTiv  Èx  7Tat«J<wv  y.ïi,  xai  7rapY}<v>ovjvrai  aùrot;  âîravT*?  eu  p\yk<x. 
iiz'i  ~wj  ùiiioù'j  oï  TiAo/aaoï...  touto  os  ûemp  ~i  yvwofcaa  xat  yépy.^  î'ÇctipsTOv 
t'Tj  Bzaù&ïa  yï-jv.  uvzïaQut  yguôcuarae .  Agatliias,  liv.  I,  4, 


8W2  BEOWULF 

un  sceptre;  et  à  la  guerre,  il  était  précédé  (Tun  étendard. 
Le  plus  précieux  des  droits  royaux,  était  le  pouvoir  d'en- 
tretenir !<•  comitàtus,  ou  l'ensemble  des  officiers  du  palais. 

Le  roi,  comme  tous  les  autres  hommes  libres,  était  un  pro- 
priétaire foncier,  qui  demandait  sa  subsistance  à  la  culture 
de  ses  terres  (1).  Dans  plusieurs  parties  du  pays,  il  tenait  des 
territoires  en  pleine  propriété,  sur  lesquels  s'élevaient  des 
bâtiments  où  il  séjournait,  au  cours  de  ses  voyages,  et  sui- 
vant les  nécessités  de  sa  vie  politique.  A  la  tête  de  chacune 
de  ces  villas,  ou  toic,  était  placé  un  bailli,  villicus,  wiegefera 
qui,  tout  en  veillant  aux  intérêts  matériels  du  roi,  repré- 
sentait celui-ci  auprès  des  hommes  libres  et  des  officiers  du 
comté. 

Le  lot  du  roi,  ainsi  divisé,  comprenait  plusieurs  fois  la 
part  de  l'homme  libre.  On  peut  concevoir  que  l'attribution 
territoriale  ait  été  en  raison  directe  de  la  valeur  individuelle 
de  chaque  homme  libre,  d'après  le  wergyld  ;  si  la  vie  du 
roi,  vaut  soixante-douze  fois  plus  que  celle  du  noble,  le 
domaine  royal  sera  soixante-douze  fois  plus  étendu  que  celui 


4.  «  De  victu  ex  regiis  prœdiis  ».  «  Dis  is  donne  seô  lightinge  de  ic, 
wylle  eallon'folce  gebeorgan  de  hig  aér dyson  midedrgehte  wâeron  ealles 
tô  swyde.  Daet  is  donne  aérost,  daet  ic  bebeôde  eallum  minan  geréfan 
daet  hi  on  minan  âgenan  rihtlice  tilian  me  mid  dâm  feormian.  daet 
him  nân  man  ne  pearf  tô  feorm  fui  tune  nân  pinge  syllan  bûtan  he  sjlf 
wille.  And  gif  hwà  aefter  dâm  wite  crafige  beô  he  his  weres  scyldig  wid 
done  cyninge  ».  Cnut,  §  XX,  Thorpe,  I,  412,  443. 

«  Mos  est  civitatibus,  ullro  ac  viritim  conferre  principibus,  vel  armen- 
torum,  vel  frugum,  quod  pro  honore  acceptum,  etiam  necessitatibus 
subvenit.  Gaudent  praecipue  finitimarum  gentium  donis,  quae  non  modo 
a  singulis,  sed  publiée  mittuntur  :  electi  equi,  magna  arma,  phalerse, 
torquesque.  Iam  et  pecuniam  accipere  docuimus  »,  Germ., XV. 

«  In  die  autem  Martis  campo  secundum  antiquam  consuetudinem 
dona  illis  regibus  a  populo  offerebantur,  et  ipse  rex  sedebat  in  sella 
regia,  circumstante  exercitu,  et  maior  domus  coram  eo  »,  an.  753, 
Annal.  Laurishamenses  Minores  (Pert s.  Monumenta,  I,  446). 


LES   SAXONS   EN    ANGLETERRE  83 

du  noble  ;  et  si  le  territoire  concédé  à  ce  dernier,  a  une  con- 
tenance de  trente  acres,  c'est 2. 160  acres  de  terre  arable  qui 
seront  attribués  au  roi  lui-même.  Aux  produits  de  ses  propres 
domaines,  le  roi  ajoutait  les  dons  en  nature  qu'il  recevait  du 
peuple,  naturalia,  que  l'on  trouve  signalés  dans  Tacite  et 
chez  la  plupart  des  premiers  historiens  du  continent.  Avec 
le  temps,  la  nature  de  ces  dons  volontaires  se  modifia  :  ils 
devinrent  des  contributions  forcées  ;  des  impôts  établis  à  des 
dates  déterminées,  et  leur  caractère  primitif  et  spontané  ne 
subsista  que  lors  des  visites  royales,  du  mariage  d'une  prin- 
cesse ou  du  roi  lui-même,  et  en  toutes  occasions  publiques 
et  solennelles.  C'est  de  cet  usage  qu'est  née  la  contribution 
féodale  du  vassal  au  seigneur,  lors  du  mariage  de  sa  fille  ou 
de  son  fds  aîné. 

Un  autre  élément  des  revenus  royaux  provenait  des  parts 
dans  le  butin  de  guerre,  quand  le  roi  et  les  hommes  libres 
avaient  combattu  de  concert.  La  célèbre  histoire  de  Clovis  et 
du  vase  de  Soissons  (Greg.  Turon.  II,  27)  prouve  que  le  roi 
recevait  sa  part,  comme  le  reste  de  l'armée,  et  rien  ne  prouve 
qu'elle  ait  excédé  celle  de  ses  compagnons,  dans  les  propor- 
tions ordinairement  appliquées  du  wergyld. 

Gomme  gardien  de  la  paix  publique,  le  roi  prélevait  une 
part  des  amendes  infligées  aux  coupables,  et  à  ce  titre, 
comme  Tacite  le  fait  remarquer  (I),  il  représentait  l'état 
entier,  et  il  agissait  en  vertu  de  son  pouvoir  exécutif.  Et  de 
même  les  biens  confisqués  étaient  attribués  au  roi,  comme 
représentant  de  la  collectivité  (2). 


1.  «  Sed  et  levioribus  delictis,  pro  modo  pœnarum,  equorum  peco- 
rumque  numéro  convicti  multantur,  pars  multae  régi  vel  civitati,  pars 
ipsi  qui  vindicatur  vel  propinquis  eius  exsolvitur  »,  Germ.,  XII. 

2.  «  Un  am  mansam  quam  fur  quidam  ante  posséderai,  a  rege  cum 
triginla  mancusis  auri  emit  »,  Cod.  Dipl.,  n°  580.  Le  trésor  trouvé  sans 
possesseur  appartient  au  roi,  par  application  du  même  principe. 


81  BEOWULF 

Avec  l'évolution  de  ces  principes,  et  avec  leur  application 
aux  détails  de  la  vie  publique,  les  regalia,  ou  droits  royaux, 
deviennent  plus  nombreux  et  variés.  Le  roi  est  regardé 
comme  le  protecteur  naturel  de  l'étranger  qui  n'est  uni  par 
aucun  lien  à  la  communauté,  et  qui  n'attend  que  du  roi  seul, 
la  garantie  de  sa  liberté.  C'est  encore  lui  qui  fixe  la  base 
des  échanges  ;  avec  le  droit  qu'il  a  d'appeler  sous  les  armes, 
les  hommes  libres,  il  obtient  le  droit  de  vie  et  de  mort  sur 
ceux-ci,  en  temps  de  guerre  ;  c'est  de  lui  qu'émanent  toute 
justice  et  toute  possession.  La  conservation  de  la  paix  et  les 
nécessités  des  services  publics,  lui  permettent  de  réquisi- 
tionner les  services  des  hommes  libres,  pour  recevoir  et  pour 
conduire  les  étrangers  qui  voyagent  à  travers  le  royaume  ; 
il  peut  leur  demander  leurs  chariots  et  leurs  chevaux,  pour 
transporter  des  matériaux  ou  des  fourrages,  jusqu'à  son 
palais  royal  ;  il  a  le  droit  d'exiger  leur  aide  dans  ses  chasses 
ou  dans  ses  pêches  ;  de  faire  entretenir  par  eux  ses  meutes 
et  ses  faucons,  et  nourrir  sa  suite.  Comme  chef  de  l'Eglise,  le 
roi  a  une  influence  prépondérante  sur  l'élection  des  évêques; 
c'est  lui  qui  nomme  le  duc,  le  géré  fa,  et  peut-être  même,  les 
membres  du  witena-gemôt.  Au  surplus,  il  a  le  droit  de 
renoncer  à  certaines  attributions  de  sa  charge,  pour  les  con- 
fier à  qui  il  lui  plaît,  dans  les  différents  districts. 

Il  est  certain  que  la  plupart  des  prérogatives  royales, 
furent  à  leur  début,  des  usurpations.  Mais  il  faut  admettre, 
néanmoins,  que  même  dans  les  périodes  les  plus  reculées  de 
l'histoire,  les  rois  furent  non  seulement  plus  riches,  mais 
encore  de  beaucoup  plus  puissants  que  les  autres  hommes 
libres.  Ce  résultat  provient  de  ce  que  le  roi  a  été  le  premier 
représentant  de  son  peuple,  tant  à  l'intérieur  de  son  royaume, 
qu'au  regard  de  l'étranger  :  un  conseil  populaire  peut  bien 
être   consulté  sur  les  termes  généraux  d'un   traité,    mais  il 


LKS    SAXONS    Efl    ANGLETERRE  cSo 

faut  que  ce  dernier  ait  été  arrêté  entre  des  négociateurs  moins 
nombreux. 

Le  Sénat  romain  entre  en  rapports  avec  les  princes,  et 
non  avec  les  populations  de  la  Germanie  (1).  Et  le  roi 
demeure  le  pouvoir  exécutif  du  royaume,  en  dehors  des 
assemblées  populaires,  en  vertu  du  principe,  inconsciemment 
appliqué  en  ces  temps  reculés,  de  la  séparation  des  pou- 
voirs :  délibérer,  est  le  fait  de  plusieurs  ;  agir,  est  le  fait  d'un 
seul  (2). 

Mais  on  ne  peut  induire  des  développements  qui  précè- 
dent, que  le  roi  ait  eu  un  pouvoir  absolu  (3)  :  tenu  en  échec 
par  le  désir  commun  de  liberté,  par  les  prérogatives  des 
nobles  (-4),  il  n'était  qu'un  chef  élu,  et  c'est  par  la  con- 
fiance et  par  l'espoir  du  peuple  représenté  par  lui,  qu'il 
montait  sur  le  trône. 


1.  «  Adgandestrii,  principis  Cattorum,  lectas  in  senatu  litems... 
Maroboduum...  perdona  et  legationes  petivisse  fœdus...  Misitque  legatos 
ad  Tibërium  oraturos  auxilii  »,  Armai.,  11.88,  45. 

2.  «  De  minorions  rebus  principes  consultant  ;  de  maioribus  omnes  : 
ita  tamen,  ut  ea  quoque,  quorum  penes  plebem  arbitrium  est  apud  prin- 
cipes, pertractentur...  Mox  rex  vel  princeps,  pront  aetas  cuique,  prout 
nobilitas,  prout  decut  bellorum,  prout  facundia  est  audiuntur,  auctori- 
tate  suadendi  magis  quam  iubendi  potestate  »  (Mor.,  Germ.,  XI). 

3.  «  Nec  regibus  inflnita,  nee  libera  potestas  »,  Mor.,  Germ.,  VII. 
«  Auctore  Verrito  et  Malorige,  qui  nationem  earn  regebant,  in  quantum 
Germani  regnantur  »,  Tacit.,  Annal.,  XIII,  54. 

4.  «  Ceterum  Anninius,  abscedentibus  Romanis  et  pulso  Maroboduo, 
regnum  adfectano,  libertatem  popularium  adversam  habuit,  petitusque 
armis,  cum  varia  fortuna  certaret,  dolo  propinquorum  cecidit  »,  Tacit., 
Ann.,  II,  88. 


CHAPITRE  VII 


Les  nobles  en  service 


Un  des  privilèges  essentiels  de  la  couronne  était,  pour  le 
roi,  d'entretenir  et  de  former  un  corps  d'officiers  du  palais  : 
ce  fut  là  l'origine  d'une  noblesse  issue  du  trône  lui-même. 

Avec  l'accroissement  de  la  population,  l'homme  libre  et 
pauvre  cherche  à  vivre  sur  les  possessions  plus  étendues  du 
noble,  et  la  prestation  qu'en  retour  il  peut  offrir  à  celui-ci,  est 
celle  du  service  militaire  qu'il  remplira  avec  le  plus  de  joie, 
car  elle  convient  bien  et  à  sa  nature  guerrière,  et  au  seigneur 
dont  il  sollicite  la  protection.  Celui  qui  vit,  pauvre,  sur  un 
sol  ingrat  et  peu  étendu,  ne  craindra  pas  les  aventures  de  la 
guerre,  par  l'espoir  d'établissements  plus  avantageux.  De 
plus,  le  prince  qu'il  sert,  enrichi  par  les  contributions  volon- 
taires, et  possesseur  de  plus  de  terres  qu'il  ne  faut,  pour  sa 
propre  subsistance,  récompensera,  en  les  lui  concédant, 
l'homme  libre  qui  aura  servi,  à  la  guerre,  ses  desseins  ambi- 
tieux. Le  prince  s'efforcera  donc  de  rendre  les  concessions 
qu'il  fait  à  ses  guerriers,  durables  pour  ceux-ci,  et  profita- 
bles pour  lui-même....  Il  peut  encore  s'entourer  d'assistants 
nobles  et  armés,  attirés  par  sa  libéralité,  ou  ses  talents  mili- 
taires ;  et  il  les  nourrira  à  sa  propre  table,  sous  le  toit  de  son 
palais.    Ceux-ci  pourront,  en  retour,    remplir  des   charges 


LES   SAXONS    EN    ANGLETERRE  87 

domestiques  dans  le  palais  en  temps  de  paix,  et  ils  serviront 
le  prince,  en  armes,  dans  la  défense  ou  dans  l'attaque  (1). 

L'institution  du  C  omit  al  us  est  exposée  longuement  dans 
Tacite,  dans  les  développements  qui  suivent  (Mor.  Germ. 
XIII,  XIV)  :  «  Une  naissance  illustre,  ou  les  grands  services 
de  leurs  pères,  donnent  le  rang  de  princes,  même  aux  jeunes 
hommes,  qui  se  trouvent  ainsi  associés  à  ceux  qui  ont  déjà 
fait  leurs  preuves  dans  l'État...  Et  il  n'y  a  point  de  honte  à 
figurer  parmi  les  comités.  Bien  plus,  le  comitatus  lui-même 
a  ses  distinctions  que  confère  celui  qu'accompagnent  les 
comités,  et  il  y  a  parmi  ceux-ci  une  grande  émulation,  pour 
tenir  la  plus  haute  place  dans  la  faveur  du  prince  ;  et  les 
princes,  de  leur  côté,  s'eflorcent  d'avoir,  à  leur  suite,  les 
comités  les  plus  hraves  et  les  plus  nombreux.  C'est  une 
dignité,  et  la  marque  extérieure  du  pouvoir  en  temps  de 
paix,  et  un  soutien  à  la  guerre,  que  d'être  ainsi  entouré  d'une 
élite  de  ieunes  gens...  C'est  pour  ces  derniers  un  déshonneur 
que  d'être  surpassés  en  valeur  par  leur  prince,  et  une  honte 
éternelle  que   de  lui  survivre    à  la   bataille...  Les   princes 

combattent  pour  la  victoire;  les  comités,  pour  le  prince 

Celui-ci' ne  peut  entretenir  un  comitatus  important,  que  par 
la  violence  et  par  la  guerre...  Le  butin  est  la  munificence  du 
prince  à  leur  endroit,  et  on  leur  persuadera  moins  aisément 
de  labourer  la  terre...  que  de  provoquer  l'ennemi,  et  de 
gagner  des  blessures  au  combat  :  car  il  leur  semble  odieux 
d'acquérir  par  la  sueur,  ce  qu'ils  peuvent  acheter  de  leur 
sang.  » 


1.  «  Erat  autem  rex  Oswini  et  aspectu  venuslus.  et  stalura  nobilis,  et 
affatu  iucundus,  et  moribtis  civilis,  et  manu  omnibus,  id  est  nobilibus 
atque  ignobilibus,  1  argus  ;  unde  contigit  ut  ob  regiam  ejus  et  animi,  et 
vullus,  et  meritorum  dignitatem,  ab  omnibus  diligeretur,  et  undique  ad 
eius  ministerium  de  cunctis  prope  provinciis  viri  etiam  nobilissimi  con- 
currerent  »,  Bed.,  Hist.  Ecct.,  Ill,  14. 


88  BEOWULF 

Il  suffit  d'illustrer  encore  d'exemples  pris  à  d'autres  sour- 
ces, l'admirable  synthèse  que  donne  Tacite  du  comitatus, 
pour  pouvoir  tirer  de  cette  institution,  des  conclusions  défi- 
nitives. 

A  l'influence  et  à  l'action  de  ces  associations  on  doit  attri- 
buer non  seulement  les  conquêtes  des  diverses  tribus,  mais 
les  plus  importantes  modifications  dans  la  loi  du  peuple. 
Gomme  le  nom  propre  pour  l'homme  libre  est  ceorl,  et  pour 
le  noble-né  eorl,  ainsi,  le  mot  qui  désigne  le  comes  ou  com- 
pagnon) est  gesid.  Ce  mot  se  rapporte,  étymologiquement,  a 
sid  qui  signifie  voyage,  et  il  désigne,  littéralement,  celui  qui 
accompagne  un  autre  homme.  Les  fonctions  et  la  position 
sociale  du  gesid  lui  firent  donner  une  autre  appellation  :  le 
cornes  est  dénommé  pegn,  par  rapport  au  prince  qu'il  sert, 
c'est-à-dire  thane,  servant,  ou  ministre  :  il  ne  devient  noble, 
que  quand  la  royauté  consacre  et  anoblit  la  dépendance,  à 
son  service.  Beowulf  se  donne  comme  étant  parent  et  thane 
d'Hygélâc  :  mais  son  sang  royal  et  sa  valeur  éprouvée  font 
encore  de  lui,  le  chef  d'un  comitatus  :  et  il  se  rend  dans 
Heorot,  avec  l'élite  de  ses  compagnons  (swaése  gesidas)  :  ces 
derniers,  comme  lui-même,  appartiennent  à  son  roi,  et  sont 
qualifiés  :  Hygeldc's  bcodgcnedtas  heordgeneâtas  (tischgenos- 
sen,  heerdgenossen)  ;  ils  ont  tous  place  à  la  table  du  monar- 
que et  à  son  foyer.  Une  partie  du  butin  devient  naturelle- 
ment la  propriété  des  gesidas  qui  ont  conduit  la  guerre.  Et 
Saxo  grammaticus  dit  bien  de  l'un  de  ses  héros  : 

Proceres  non  solum  domesticis  stipendiis  colebat,  sed  etiam 
spoliis  ex   hoste  quaesitis  :    affîrmare  soli  lus,    pecuniam  ad 

milites,    gloriam    ad  ducem    redundare   debere Horum 

omnium  clientelam  rex  liberali  familiaritate  coluerat.  Nam 
primis  apud  eum  honoribus,  habitum;  cultos  auro  gladios, 
opimaque  bellorum  praemia  perceperunt  »  (1). 

i.  Hist.  Dan.t  6, 144. 


LES    SAXONS   EN    ANGLETERRE  89 

Et  Hialto  chante  encore  (1)  : 

«  Dulceest  nos  domino  percepta  rependere  dona, 
Acceptare  enses,  famacque  impendere  ferrum. 

Enses  theutonici,  galeae,  armilla)que  nitentes, 
Loricao  talo  immissae,  quas  contulit  olim 
Rolvo  suis,  memores  acuant  in  prœli a  mentes. 
Hes  petit,  et  par  est,  qiuecumque  per  otia  summa 
Nacti  pace  sumus,  belli  ditione  mereri   » 

Le  même  auteur  rapporte  qu'il  arrivait  parfois,  en  l'ab- 
sence de  reine  à  la  cour,  que  les  comités  fussent  mal  vêtus  : 
et  ceux-ci  ne  pouvaient  remédier  à  cet  état  de  choses,  qu'en 
invitant  leur  roi  au  mariage  : 

«  Igitur  contubernales  Frothonis  circa  indumentorum  usum 
femineaadmodum  ope  defecti,  quum  non  haberent  unde  nova 
assuere,  aut lacera refîcerepossent,  regem  celebrandi coniugii 
monitis  adhortantur  »  (2). 

De  même,  quand  Siegfried  part  pour  sa  fatale  expédition 
chez  les  Burgondes  (3),  il  est  vêtu,  ainsi  que  ses  douze  com- 
pagnons, des  mains  royales  de  Siglint.  Des  rapports  entre  le 
prince  et  ses  comités,  sont  nés  les  noms  d'épopée  sous  les- 
quels le  roi  est  désigné  :  hlaford,  lord  ;  littéralement  :  celui 
qui  donne  le  pain  ;  brytta,  beâga  brytta  :  dispensateur  des 
trésors,  des  anneaux;  sincgifa  :  celui  qui  donne  les  trésors. 
Il  est  constant  que  le  gesid  n'avait,  à  proprement  parler, 
aucun  autre  droit  dans  le  partage  du  butin,  que  celui  qu'il 
tenait  de  la  volonté  de  son  chef  :  et  jamais  la  libéralité  de 
celui-ci,  ne  pouvait   donner   naissance  à  un  droit,   pour  le 


1.  Ibid. ,  p.  33. 

2.  Ibid  ,  p.  68. 

3.  Nibelunge.  Not  ,  66,  p.  40,  Lachmann, 


90  BEOWULF 

gesid.  Ce  principe  était  appliqué  ei  manifeste,  au  temps  de 
Charlemagne  (1)  : 

«  Quo  acccpto...  idem  vir  prudentissimus  idque  largissimus 
et  Dei  dispensator  magnam  inde  partem  Romam  ad  Limina 
Apostolorum  niisit  perAngilbertum  dilectum  abbatem  suum  ; 
porro  reliquam  partem  obtimatibus,  clericis  sive  laicis,  ca> 
terisque  fidelibus  suis  largitus  est ...  ». 

Et  ailleurs,  dans  les  annales  d'Eginhart  (2)  : 

«  Reliquam  vero  inter  optimates  e1  aulicos,  caeterosque  in 
palatio  suo  militantes  liberali  manu  distribuit.  » 

Pareillement,  William  de  Malmesbury  dit  d\Edelstan 
(Gest.Reg.I,  213,  §  13U  : 

«  Prseda  quae  in  castre  reperta  i'uerat,  et  ea  quidem 
amplissima,  magnifiée  et  viritim  divisa.  Hoc  enim  vir  Ole 
animo  imperaverat  suo,  ut  nihil  opum  ad  crumenas  corra- 
derei  :  sed  omnia  conquisita,  vel  monasteriis,  vel  fidelibus 
suis,  munificus  expenderet,  » 

Par  contre,  un  homme  libre,  servant  sous  la  bannière,  et 
non  sous  la  dépendance  même  du  roi,  avait  un  droit  à  sa  part 
de  butin  qu'il  ne  tenait  pas  de  la  largitio  ou  liber  alitas. 
Cette  distinction  était  essentielle,  et  la  libéralité  du  chef 
envers  ses  comités,  était,  quoique 'arbitraire,  en  raison  directe 
de  leurs  services  rendus,  de  leur  fidélité,  et  de  leur  cou- 
rage à  la  guerre. 

L'obligation  des  comités  envers  leur  prince  consistait  en 
loyalisme  et  en  fidélité.  L'engagement  en  était  pris  par  le 
gesid,  de  manière  solennelle  :  il  devait  faire  sans  hésitation, 
le  sacrifice  de  sa  vie  même,  si  la  sauvegarde  du  prince  le 
commandait  :  ainsi,  les  gesidas  de  Beowulf  s'exposent,  en 
s'attaquant  avec  lui,  au  monstre  Grendel  (3).  Wlglaf  risque 

1.  Annal.  Larigh,  an.  796:  Perte.  Mon.  Germ  .  I,  182. 
-2.  An.  796:  Parts.,  I,  183. 
3.  Beoir.,\    1.58-2. 


LES    SAXONS    I  H    ANGLETERRE 


91 


sa  \ ie,  en  assistant  son  seigneur,  dans  la  lutte  fatale  contre 
le  dragon  ;  et  les  paroles  solennelles  dont  il  flétrit  ceux  qui 
ont  abandonné  leur  roi  dans  le  danger,  rappellent  l'infamie 
dont  sont  notés,  au  dire  de  Tacite,  les  guerriers  qui  survi- 
vent à  leur  chef  (Beow.  v.  5.262  et  s.  ;  5.384  et  s.)  : 


Hû  scealsincpego 

and  swyrdgyfu, 

eall  édehvyn, 
eôwrum  cynne 
lufen  âlicgean  : 
londrihtes  mot 
dâere  mâegburge 
monna  âeghwilc 
idel  hweorfan, 
siddan  aedelingas 
feorran  gefriegean 
fleam  éowerne 
dômleâsan  dâed. 
Dead  bid  sella 
eoiia  gehwylcura 
donne  edwitlif. 


(Vous  verrez  comme)  tous  dons 

de  trésors, 
et  présents  de  glaives  ; 
toutes  joies  d'héritage  paternel, 
toute  aide  viendront  à  manquer 
à  votre  race . 
Des  droits  de  cité  doit 
de  votre  race 
chacun 
aller  privé, 
quand  les  nobles 
au  loin,  apprendront 
votre  fuite, 
votre  lâcheté. 
La  mort  est  préférable 
pour  tout  guerrier, 
à  une  vie  de  honte. 


Quand  Cwichelm  de  Wessex  envoie  un  émissaire  pour 
frapper  Eaduuini  de  Northumberland,  ce  prince  est  sauvé 
par  le  dévouement  de  son  t liane,  Lilla,  qui  reçoit  le  coup 
destiné  cà  son  maître,  dans  la  relation  de  Bède  (1)  : 

«  Quod  cum  videret  Lilla  minister  regis  amicissimus,  non 
habeno  scutum  ad  niaiium  quo  regem  a  nece  defenderet, 
mox  interposuit  corpus  suuni  ante  ictum  pungentis  :  sed 
tanta  vi  hostis  ferrum  intixit.  ut  per  corpus  militis  occisi 
etiam  regem  vulneraret  ». 

En  Lan  786,  Cyneheard.  aetheling  de  Wessex,  et  prétendant 


1.  Hist.  Eccl  ,  11.  9. 


92 


nr.Mwri.K 


à  la  couronne,  surprit  le  roi  Cynewulf  à  Merton,  dans  la 
demeure  de  sa  maîtresse,  et  le  tua.  Il  offrit  honneurs  et 
richesses  aux  comités  du  roi  défunt,  mais  ceux-ci  refusèrent, 
et  se  firent  tuer  jusqu'au  dernier.  D'autre  part,  une  nouvelle 
troupe  plus  nomhreuse  de  thanes  étant  survenue  le  lende- 
main, Cyneheard  leur  fit  les  mêmes  offres,  mais  en  vain;  et 
il  fut  massacré  sur-le-champ  avec  ses  propres  comités  qui 
refusèrent  de  l'abandonner  dans  cette  extrémité.  La  relation 
de  ces  faits  se  trouve  dans  la  chronique  saxonne  de  l'an- 
née 755  : 

«  Alors  il  leur  offrit,  croyant  contenter  leur  désir,  de  l'or 
et  des  terres,  s'ils  voulaient  le  reconnaître  pour  roi,  et  il  ajou- 
tait que  leurs  propres  parents  se  trouvaient  parmi  ses  com- 
pagnons, et  que  ceux-ci  ne  l'abandonneraient  pas.  Alors  ils 
lui  répondirent  qu'aucun  parent  ne  leur  était  aussi  cher  que 
leur  seigneur,  et  que  jamais  ils  ne  serviraient  son  meurtrier. 
Alors  ils  offrirent  à  leurs  parents  (qui  servaient  Cyneheard) 

de  le  quitter,  en  leur  laissant  la    vie  sauve Et  ceux-ci 

répondirent  qu'ils  n'en  pouvaient  rien.  » 

^Ethelweard,  Florent  de  Worcester,  Henry  de  Hunting- 
dom  suivent  cette  chronique,  qu'ils  reproduisent  avec  quel- 
ques variantes  dans  les  ternies.  William  de  Malmesbury, 
tout  en  adoptant  la  même  relation,  y  ajoute  ces  lignes  qui 
confirment  bien  le  caractère  essentiel  des  obligations  du 
comitatus  : 

«  Quorum  (comitum)  qui  maximus  aevo  et  prudentia,  Osris- 
cus,  caeteros  cohortatus  ne  necem  domini  sui  in  insignem  et 
perpetuam  suam  ignominiam  inultam  dimitterent,  districtis 
gladiis  coniuratos  irruit  »  (1). 

De  ces  rapports  intimes  entre  le  prince  et  le  gesid,  il  résul- 
tait pour  les  parties,  des  droits  et  des  obligations  récipro- 

1.  Gest.  Reg.,  I,  §42. 


LES    SAXONS    EN    ANGLETERRE  (.W 

que  s,  sanctionnes  par  la  coutume,  et  dont  l'ensemble  fut 
codifié,  en  fait,  par  la  suite,  pour  devenir  comme  le  statut  per- 
sonnel des  comités.  Dans  les  premiers  temps  du  comitatus, 
l'idée  de  liberté  est  tout  absente  de  sa  notion,  et  se  trouve 
remplacée  par  celle  du  rang.  Le  cornes  peut  bien  être  devenu 
possesseur  de  territoires  étendus  qu'il  tient  de  la  libéralité 
du  prince,  mais  jamais  il  ne  sera  propriétaire  de  Y  Hide  libre, 
et  astreint  du  fait  de  sa  possession  territoriale,  au  service  du 
////y/,  ou  du  folcmôt  :  il  peut  avoir  rang,  riebesses,  honneur  : 
il  ne  saurait  être  regardé  comme  libre. 

Si  dans  ces  temps  où  le  prince  n'est  pas  encore  considéré 
comme  représentant  l'Etat,  l'homme  libre  s'attache  à  lui,  et 
renonce,  ainsi,  à  sa  liberté,  c'est  qu'il  préfère  à  la  pénible 
possession  de  ses  terres,  les  largesses  de  son  chef;  l'aventure 
des  guerres;  les  jouissances  de  la  vie,  à  la  cour.  Même  si 
les  hommes  de  la  Marche  le  retranchaient  de  leur  sein,  et 
confiaient  son  édel  à  un  tenancier  plus  méritant,  il  pourrait 
n'en  avoir  cure,  puisque  la  reconnaissance  du  prince  peut 
lui  attribuer  des  terres  vingt  fois  plus  étendues  que  celles 
qu'il  possédait,  et  qu'au  demeurant,  sa  séparation  de  la  com- 
munauté inférieure  à  laquelle  il  appartenait,  lui  a  déjà  valu 
l'estime  du  roi  qui  s'apprête,  peut-être,  en  quelque  sorte, 
à  l'adopter. 

Quand  le  cornes,  à  son  tour,  établissait  des  hommes  libres 
sur  les  territoires  qu'il  avait  reçus  du  prince,  ces  derniers  se 
trouvaient  vis-à-vis  du  gesid,  dans  les  liens  de  dépendance 
qui  le  rattachaient  lui-même,  au  prince.  Le  gesid  devait 
tenir  les  services  de  ses  vassaux  à  la  disposition  du  roi,  et 
c'est  ainsi  que  le  souverain  pouvait  compter  sur  toute  une 
armée  hiérarchisée  et  disciplinée,  entièrement  à  sa  dévotion, 
habituée  aux  batailles,  et  prête  à  courir  les  chances  de  la 
guerre.  Les  pouvoirs  et  les  dignités  des  gesids,  s'accroissent 
de  toutes  les  conquêtes  de  la  royauté,  jusqu'à  ce  que  la  cou- 


9ri  BEOWULF 

dition  des  comités  devienne  de  ]>eaucoup  plus  enviable  que 
celle  des  homines  libres,  même  les  plus  opulents.  Ainsi, 
lors  de  la  codification  des  lois  franques,  la  vie  du  cornes, 
dans  son  wergyld,  est  estimée  à  un  prix  bien  supérieur  à 
celui  du  Franc  Salien  ou  Ripuaire  (1). 

Les  avantages  que  retirait  la  communauté  de  la  présence 
et  de  la  protection  de  la  force  armée,  constituée  par  les 
gesidas,  justifièrent,  par  la  suite,  l'entretien  de  ceux-ci,  aux 
frais  des  nobles  libres,  et  des  colons.  Les  comités  d'abord 
institués  pour  assurer  la  sécurité  commune,  devinrent,  en 
fait,  avec  leur  roi  ou  seigneur,  les  chefs  de  la  communauté 
elle-même. 

Gomme  les  gesidas  n'étaient  pas  libres,  et  ne  pouvaient 
prendre  part  aux  délibérations  des  hommes  libres,  au  folc- 
môt;  comme  ils  ne  pouvaient  ester  en  justice,  s'ils  n'y 
étaient  représentés  par  leur  chef,  la  nécessité  fit  établir  pour 
eux  un  système  de  lois  particulières,  qui  régirent  les  rapports 
juridiques  entre  gesidas,  et  qui  furent  appliquées  dans  Jes 
cours  diverses,  par  les  officiers  du  roi. 

Ces  lois  exceptionnelles  accordées  par  le  monarque, 
comme  un  privilège  (2),  devaient  nécessairement  différer  de 
celles  qui  étaient  en  vigueur,  dans  les  juridictions  ordinaires 
des  hommes  libres.  Ce  n'est  qu'à  la  cour  de  justice  royale 
qu'on  peut  trouver  des  pénalités  affectant  la  vie  et  l'honneur 


1.  Leg.  Salic  ,  tit.  LVII,  cap.  I,  II;  Leg.  Rip.,  LIII,  cap.  I,  II. 

2.  «  Concessi  ut  episcopi  homines,  tarn  nobiles  quain  ignobiles  in 
prsefato  rare  degenies,  hoc  idem  ius  in  omni  haberent  dignitate,quo  regis 
homines  perfruuntur.  regalibus  fiscis  commorantes  :  et  omnium  ssecula- 
rium  rerum  indicia  ad  usus  praesulum  exerceantur  eodem  modo  quo 
regalium  negotiorum  discutiuntur  iudicia.  Prœdictœ  etiam  villœ  merci- 
monium  quod  Anglice  daes  times  cyping  appellatur,  censusque  omnis 
civilis,  sanctae  Dei  ecclesiœ  in  Wintonia  civitate  sine  retractationis  obsta- 
culo  cum  omnibus  commodis  seternaliter  desserviat  »,  Cod.  Dipl., 
n°  1.084  (Eâdweard  de  Wessex,  an.  904). 


LES    SAXONS    EN    ANGLETERRE  95 

du  coupable,  ei  la  répression  du  crime  de  félonie.  L'homme 
libre  ne  pouvait  guère  encourir  qu'une  amende,  représentant 
le  dommage  qu'il  avait  causé;  et  le  châtiment  suprême  était 
pour  lui,  son  expulsion  de  la  communauté.  Le  gesid  dont  le 
corps  même  appartient,  pour  ainsi  dire,  au  prince,  peut, 
pour  ses  démérites,  suhir  l'exil,  la  dégradation  de  toutes  les 
dignités,  et  la  mort,  selon  le  plaisir  du  roi.  La  confiscation 
de  ses  terres  est  prononcée  contre  lui,  pour  adultère,  et 
.Llt'red  punit  de  mort  le  crime  de  hlâfordsyrwe,  ou  de  cons- 
piration contre  un  souverain  (1),  alors  que  le  meurtre  d'un 
homme  se  rachète  parles  paiements  ordinaires.  Il  est  facile 
de  voir,  par  les  exemples  suivants,  à  quel  point  les  rapports 
du  gesid  et  de  son  chef,  modifiaient  profondément  les  lois 
générales  de  l'Etat. 

Le  cheval  et  les  armes  (2)  qui,  dans  la  théorie  stricte  du 
comitatus,  sont  le  don,  ou  plutôt  le  prêt  du  chef,  doivent  lui 
faire  retour,  à  la  mort  du  vassal,  pour  qu'il  puisse  les 
remettre  à  quelque  autre  compagnon  :  ces  armes  dénommées 
Heregeatwe,  artnatura  beliica,  consistent  exactement  en  che- 
vaux et  armures.  A  l'imitation  de  cette  coutume,  le  tenan- 
cier non  libre  d'une  terre  du  souverain,  ne  devant  pas  à  son 
seigneur  le  service  militaire,  lui  était  redevable  du  meilleur 
bétail  (melius-  catallum),  et  cette  contribution  se  justifiait  par 
ce  fait,  qu'à  l'origine,  le  seigneur  avait  fourni  au  colon  ses 
premiers  instruments  agricoles. 

D'autre  part,  le  gesid  n'a  pas  de  capacité  juridique  pour 
jouir  de  la  propriété  personnelle  :  tout  ce  qu'il  acquérait 
devenait,  par  accession,  la  propriété  de  son  seigneur,  et 
même  les  libéralités  de  celui-ci  n'étaient  que  des  bénéficia, 


1.  Leg.  mf.,%L 

2.  «  Nec  ferrum  quidem  superest,  sicut  ex  génère  telorum  colligitur  u 
Germ..  VI. 


96  BEOWl  II- 

de  caractère  précaiiv  et  révocable,  et  non  point  des  dons  sans 
retour  (1). 

Il  avait  l'usufruit  de  ces  terres,  durant  sa  vie  :  le  domi- 
nium utile  ;  le  dominium  directum  appartenait  au  seigneur, 
et  émanait  de  lui.  N'ayant  pas  de  famille,  le  gesid  ne  pouvait 
jouir  du  ius  testamenti ;  son  seigneur  était  toute  sa  parenté. 
Le  droit  héréditaire  qui  dut  être,  au  début,  l'exception,  ne  se 
généralisa  que  du  consentement  volontaire  ou  forcé,  du 
prince  :  il  ne  put  arrivera  s'établir  définitivement,  que  quand 
les  distinctions  entre  les  gesidas  et  les  autres  hommes  libres 
de  la  Marche  se  furent  effacées.  Bien  qu'un  document  inti- 
tulé, Rectitudines  singularum  personarum,  cite  le  ius  testa- 
menti, comme  l'un  des  droits  des  pegen  (2)  ;  jusqu'à  la  fin 
de  la  monarchie  anglo-saxonne,  on  trouve  des  ducs,  des  pré- 
fets, des  thanes  du  roi,  demandant  humblement  au  prince 
de  respecter  leurs  dispositions  testamentaires,  et  le  compre- 
nant, pour  s'assurer  sa  faveur,  parmi  leurs  légataires  (3). 


1.  D'après  une  charte  d'/Edelflâed  (an.  915  922),  il  ressort  que  dans  la 
Mercie,  un  thane  devait  exiger  le  consentement  de  son  seigneur,  avant 
de  pouvoir  acquérir  une  terre  :  «  Ego  ^Edelflâed...  dedi  licentiam  Eâdrico 
meo  ministro  comparandi  lerram  decern  manentium  set  Fernbeorgen, 
sibi  suisque  haeredibus  perpelualiter  possidendam  >•,  Cod.  Dip.,  n°  343. 
Ala  fin  du  ixe  siècle,  un  duc,  Wulfhere,  ayant  abandonné  son  établisse- 
ment territorial,  et  renoncé  aux  obligations  de  sa  charge,  fut  condamné 
à  perdre  même  les  biens  privés  qu'il  possédait  par  héritage  :  «  Quando 
ille  utrumque  et  suum  dominum  regem  /Elfredum  et  patriam,  ultra 
iusiurandum  quam  régi  et  suis  omnibus  optimatibus  iuraverat,  sine 
licentia  dereliquit  :  tune  etiam.  cum  omnium  iudicio  sapientium  Geniso- 
rura  et  Mercensium,  potestatem  et  luereditatem  dereliquit  agrorum  », 
Cod.  Dipt  ,  n°  1.078. 

2.  «  Pegenes  lagu  is  daet  he  sy  his  bôchrites  wyrde  ;  taini  lex  est  ut 
sit  dignus  rectitudine  testamenti  sui  »,  Thorpe,  I,  432. 

3.  Ala  fin  du  xe  siècle,  Beorhtric,  partagea  ses  terres  entre  sa  parenté. 
Mais  il  laissa  au  roi  un  collier  d'une  valeur  de  cent  pièces  d"or,  et  une 
épée  de  prix  égal  ;  ses  chevaux,  dont  deux  étaient  harnachés,  ses  faucons 
et  ses  meutes.  En  outre,  il  légua  à  la  reine,  un  anneau  valant  trente 


LES    SAXONS    EN    ANGLETERRE  9*7 

Les  détails  qui  précèdent  démontrent  bien  que  la  condition 
du  gesid  n'était  pas  celle  d'un  homme  libre,  et  que  les  hom- 
mes libres  qui  entraient  dans  le  comitatus,  renonçant  à  leur 
liberté,  étaient  réduits  à  l'état  de  thanes,  de  ministres,  ou  de 
servants.  Bien  qu'ils  fussent  associés  à  la  vie  intime  et  politi- 
que du  prince,  ils  n'en  demeuraient  pas  moins  ses  commen- 
saux et  ses  serviteurs  (1). 

En  retour  de  sa  liberté  qu'il  aliénait,  le  gesid  jouissait  d'une 
certaine  stabilité  dans  ses  fonctions  ;  il  menait  la  vie  des 
guerres,  avec  les  chances  d'aventures,  de  conquêtes  et  de  pil- 
lages, qu'elle  promettait  ;  il  prenait  part  aux  longs  festins  ; 
son  nom  était  célébré  par  les  poètes,  et  il  jouissait  pendant 
sa  vie,  de  la  possession  des  terres,  des  chevaux,  et  des  bijoux 
précieux  qu'il  avait  gagnés  au  combat.  Avec  l'accroissement 
du  pouvoir  royal,  les  hommes  libres,  dépouillés  de  leurs 
anciens  privilèges,  menant  une  existence  pénible  et  précaire, 
sollicitent,  d'eux-mêmes  la  protection  du  seigneur,  jusqu'à  ce 
que  les  honneurs  et  la  sécurité  du  service  royal,  reconnus 
de  tous,  rendent  indésirable,  l'inutile  et  incertaine  liberté. 


pièces  d'or  (Cod.  Dipt.,  n°  492).  Entre  965  et  975,  ^Elfheah,  cousin 
d'iElfdryd  qui  régnait  avec  Eâdgâr,  laisse  des  terres  dont  une  large  part 
est  dévolue  au  roi  et  à  la  reine  :  «  be  his  cynehlâfordes  gepafunge  » 
(Cod.  Dipt.,  no  593).  ^delflàed,  princesse  de  sang  royal,  laissa  par  testa- 
ment des  terres  qui,  pour  la  plupart,  vont  appartenir  au  roi  :  «  And  ic 
bidde  minan  leôf'an  hlâford  l'or  godes  lul'un,  daet  min  cwide  standan 
môte  »  (Cod.  DipL,  n°  685).  Dans  son  testament,  /Elfhelm  conclut  ainsi  : 
«  Maintenant,  je  te  supplie,  mon  cher  seigneur,  de  respecter  ce  testa- 
ment, et  de  ne  point  souffrir  qu'on  en  méconnaisse  les  volontés.  Dieu 
m'est  témoin,  que  je  t'ai  toujours  été  fidèle,  en  tout  amour  et  toute  foi  !  » 
[Cod.  DipL,  no  967). 

1.  «  Libertini  non  multum  supra  servos  sunt,raro  aliquod,  momentum 
in  domo,  numquam  in  civitate  ;  exceptis  duntaxat  iis  gentibus,  quai 
regnantur  :  ibi  enim  et  super  ingenuos  et  super  nobiles  ascendunt  : 
apud  cyeteros  impares  libertini  liberlatis  argumentum  sunt  ».  Tacit., 
Germ.,  XXV. 

7 


98 


HKOWULK 


L'homme  libre,  au  terme  de  cette  évolution,  est  privé  de  ses 
biens  mêmes  qui  deviennent  les  bénéficia  des  comités  ;  et  les 
terres  qu'il  garde,  étant  tenues  par  lui,  d'un  suzerain,  le  sys- 
tème féodal  et  royal,  se  trouve  fondé,  en  fait,  sur  ces  bases 
nouvelles. 


CHAPITRE  VIII 
L'homme  qui  n'est  pas  libre.  Le  serf 


Une  classe  d'hommes  sans  liberté,  et  moins  fortunée  que 
les  gesidas,  est  celle  dont  les  auteurs  latins  désignent  les 
membres,  par  les  mots  libertus,  servus,  et  qui  sont  dénommés 
dans  toutes  les  nations  germaniques,  lazzi  ou  did  ;  laet  ou 
c/eow,  lysingr  ou  praeL  Ces  hommes  n'ont  aucune  compen- 
sation à  la  perte  de  leur  indépendance  ;  mais  ils  constituent 
la  classe  nombreuse  des  cultivateurs  salariés  ;  des  artisans 
dans  toutes  les  branches  de  l'industrie  ;  des  serviteurs  du  pos- 
sesseur libre  des  terres. 

Les  causes  et  les  degrés  d'esclavage  sont  variés  :  une  des 
raisons  qui  l'expliquent,  c'est  la  pauvreté  naissant  de  l'ac- 
croissement de  la  population  ;  mais  Eichhorn  et  Grimm  l'attri- 
buent, avec  plus  de  vraisemblance,  aux  conquêtes  de  la 
guerre  (1),  et  à  la  perte  de  la  liberté,  pour  crimes.  Si,  en 
efiet,  le  vainqueur  possède  le  droit  de  vie  et  de  mort  sur  le 
vaincu,  à  plus  forte  raison  peut-il  renoncer  à  ce  droit,  et 
laissant  la  vie  à  son  prisonnier,  lui  imposer  des  services,  et 


1.  Deut.  Staatsges,  I,  72,  §  14;  Deut.  Rechtsalterthumer,  p.  320. 

Cf.  Fleta,  lib.  I,  ch.  III,  §  3  :  «  Fiunt  aulem  homines  servi  de  iure 
gentium  captivitate  :  bella  enim  orta  sunt,  et  captivitates  sequutse. 
Fiunt  etiam  de  iure  civili,  per  confessionem  in  curia  fisei  lactam  », 


lOÔ  tlKOWULF 

le  réduire  à  la  condition  d'esclave  (1).  Ces  usages  consacrés 
du  paganisme,  furent  difficilement  abolis  sous  l'influence  du 
christianisme,  et  ce  droit  de  vie  et  de  mort  du  seigneur  sur 
son  prisonnier  est  illustré  par  ce  fait  que  rapporte  Bède,  pour 
l'année  679  :  un  jeune  noble  fut  trouvé  blessé  sur  le  champ  de 
bataille,  pendant  la  guerre  entre  Ecgfrid  de  Northumber- 
land et  ^Edelred  de  Mercie.  Craignant  que  son  rang  ne  fût 
reconnu,  il  se  déguisa  en  paysan,  et  se  présenta  ainsi  à 
l'earl  du  château.  Mais  son  langage  et  son  attitude  le  tra- 
hirent bientôt  :  sous  la  promesse  de  l'impunité,  il  consentit 
à  révéler  sa  véritable  condition.  La  réponse  du  seigneur  fut 
la  suivante  :  «  Je  savais  bien  par  tes  réponses  que  tu  n'étais 
point  un  serf,  et  maintenant  voici  que  tu  deviens  digne  de 
mourir,  puisque  tous  mes  frères  et  toute  ma  parenté  ont 
été  massacrés  dans  la  bataille  ;  mais  je  ne  te  tuerai  pas, 
pour  ne  pas  trahir  la  foi  de  ma  promesse  »  (2).  Quand  ses 
blessures  furent  guéries,  le  seigneur  vendit  le  jeune  noble 
à  un  Frison  de  Londres  qui  lui  permit,  enfin,  de  se  rache- 
ter. Ces  détails  donnent  bien  la  notion  de  l'étendue  du 
droit  de  vie  et  de  mort  du  vainqueur,  sur  son  prisonnier  de 
guerre  ;  ils  représentent  encore  la  manière  dont  ce  droit 
étiat  exercé. 

Il  n'en  résultait  pas,  toutefois,  que  la  défaite  d'une  tribu 
hostile,  comportât,  pour  tous  les  survivants,  l'esclavage  direct 
et  immédiat  :  ils  étaient  le  plus  souvent,  retenus  prison- 
niers par  le  vainqueur,  et  vendus  postérieurement.  Les  chefs 

1.  Une  armée  entière  pouvait  être  sacrifiée  par  les  conquérants  :  «  Sed 
bellum  Hermunduris  prosperum,  Cattis  exitiosius  fuit,  quia  victores 
diversam  aciem  Marti  ac  Mercurio  sacravere,  quo  voto  equi,  viri,  cuncta, 
victa  occidioni  dantur  »,  Tacit.,  Ann.,  XIII,  57.  «  Lucis  propinquis  bar- 
bares arae,  apud  quas  tribunos  ac  primorum  ordinum  centuriones  inacla- 
verant  :  etcladis..  superstites.  pugnam  aut  vincula  elapsi  referebanl... 
quotpatibula  captivis,  quae  scrobes...  »,  Tacit.,  Ann.,  I,  61. 

2.  Bède,  Hist.  EccL,  IV,  22, 


LES    SAXONS    EN    ANGLETERRE  10 i 

étaient  frappés  los  premiers,  pour  qu'à  l'avenir,  leur' compé- 
tition dangereuse  fût  écartée  (1).  Si  en  leur  laissant  la  vie, 
le  conquérant  se  contentait  de  prendre  leur  territoire,  aux 
hommes  libres  (2),  ceux-ci  n'avaient  d'autre  ressource  que 
de  se  mettre  sous  la  dépendance  du  vainqueur,  et  de  perdre, 
et  leur  xAr.oo^,  et  la  liberté.  L'homme  libre  passait,  ainsi, 
dans  le  mund  du  vainqueur. 

Mais  vis-à-vis  du  conquérant,  les  populations  vaincues  ne 
se  trouvaient  pas  dans  les  rapports  de  stricte  dépendance, 
du  serf  à  son  propriétaire.  Toute  leur  sujétion  devait  consis- 
ter dans  le  paiement  d'un  tribut  ;  dans  l'exclusion  du  service 
militaire  ;  dans  un  état  de  fait  correspondant  à  un  protecto- 
rat. Leur  situation  sans  honneur,  pouvait  ne  pas  être  mal- 
heureuse :  après  les  contributions  payées  au  vainqueur,  elles 
jouissaient  d'une  liberté  relative  ;  ne  partageaient  plus  les 
périls  de  la  guerre,  et  n'avaient  plus  à  délibérer  sur  leur 
sécurité,  et  sur  les  moyens  propres  à  l'assurer.  La  soumis- 
sion du  territoire  n'entraînait  pas  toujours  de  changements 
juridiques  pour  les  vaincus  :  en  effet,  quelques-uns  des  con- 
quérants  teutons  reconnurent  comme  lois  de  l'Etat,  celles  qui 
régissaient  les  Romains,  dans  les  territoires  qu'ils  avaient 
soumis. 


1.  Après  la  bataille  entre  Ragnachari  et  Chlodowieh,  au  cours  de 
laquelle  le  premier  fut  fait  prisonnier,  le  vainqueur  s'adressa  à  lui,  en 
ces  termes  :  «  Cui  dixit  Chlodoveus,  Gur  humiliasti  gentem  nostram,  ut 
te  vinciri  permitteres?  Nonne  melius  tibi  fuerit  mori  ?  Et  elevata  bipenne, 
in  caput  eius  defixit.  et  mortuus  est.  Conversusque  ad  fratrem  eius,  ait  : 
Si  tu  solatium  fratri  tuo  prrebuisses,  ille  ligatus  non  fuisset  !  Similiter 
et  ipsum  in  capite  percussum  interfecit,  et  mortuus  est  »,  G  est.  Reg . 
Franc.  {Script.  lier.   Gall  .11,  555). 

2.  «  Quod  Ariovistus. . .  in  eorum  finibus  consedisset,  tertiamque 
partem  agri  Sequani  qui  essct  optimus  lolius  Gallia^,  occupavisset  ;  et 
nunc  de  altera  parle  tertia  Sequanos  decedere  iuberet  »  (Gees.,  Bell. 
Gall.,  1,  32). 


102  BF.OWCJL 

Le  statut  personnel  du  vaincu  était  respecté,  et  soit  que 
celui-ci  voyageât,  soit  qu'il  changeât  de  district,  il  était  jugé 
selon  sa  loi  d'origine,  inséparable  de  sa  personnalité  juri- 
dique. Ainsi  les  Alamans,  les  Saxons,  les  Frisons,  les  Lango- 
bards,  les  Romains,  et  les  populations  slavoniques  étaient 
unis  sous  l'empire  des  lois,  des  Francs  Saliens  et  Ripuaires. 

Des  circonstances  particulières  pouvaient  modifier  les  rap- 
ports de  dépendance  du  conquérant  et  des  vaincus.  Le 
vainqueur  pouvait  se  contenter  de  piller  les  terres  envahies, 
sans  vouloir  les  posséder,  n'ayant  point  la  puissance  suffi- 
sante pour  garder  le  territoire  conquis.  Ainsi,  les  Suèves, 
incapables  de  chasser  les  Ubiens  de  leur  pays,  réussirent  à 
les  rendre  tributaires  (1).  Par  ailleurs,  les  Francs  et  leurs 
alliés  saxons,  en  Thuringe,  s'emparèrent  de  toutes  les  terres, 
exterminant  les  vaincus,  ou  les  réduisant  entièrement  à  l'es- 
clavage. 

Un  autre  exemple  de  ces  pratiques  variables  se  trouve, 
dans  la  colonisation  de  la  petite  île  de  Man,  par  le  Norvégien 
Godred  (2). 

«  Godredus  sequenti  die  optionem  exercitui  suo  dédit,  ut 
si  mallent  Manniam  inter  se  dividere  et  in  ea  habitare,  vel 
cunctam  substantiam  terra?  accipere  et  ad  propria  remeare. 
Hiis  autem  magis  placuit  totam  insulam  vastare,  et  de  bonis 
illius  ditari,  et  sic  ad  propria  reverti.  Godredus  autem 
paucis  qui  secum  remanserunt  de  insulanis  australem  partem 
insula?,  et  reliquiis  Mannensium  aquilonarem  tali  pacto  con- 
cessit, ut  nemo  eorum  aliquando  auderet  iure  haereditario 
sibi  aliquam  partem  terrae  usurpare.  Unde  accidit  ut  usque 
in  hodiernum  diem  tota  insula  solius  regis  sit,  et  omnes  red- 
ditus  eius  ad  ipsum  pertineant.  » 


1.  Caesar,  Bell.  Gall.,  IV,  3. 

%  A.  D.  1,056;  Chron.  Manniœ,  Ms.  Colt.  Jul,  A.  VII,  fol.  32. 


LES    SAXONS    EN    ANGLETERRE  103 

L'incapacité  héréditaire  est  donc  la  preuve  même  cle  l'es- 
clavage. 

Tacite  tait  la  distinction  des  degrés  différents  de  servitude, 
parmi  les  Germains.  Ainsi,  le  joueur  malheureux  qui,  sur  un 
coup  de  dés.  a  joué  sa  liberté,  se  remet  volontairement  aux 
mains  de  son  partenaire,  pour  être  lié  et  vendu  (1).  D'autre 
part,  les  serfs  n'étaient  pas  réduits  à  un  état  de  domesticité 
absolue  :  leurs  maîtres  se  contentaient  d'exiger  d'eux  des 
prestations  en  nature  ;  de  prélever  une  certaine  quantité  de 
leurs  produits,  et  pour  le  surplus,  il  leur  en  laissaient  la 
jouissance  (2).  Le  chef  de  la  maison  abandonnait  les  travaux 
purement  domestiques,  {ministcria  per  familiam  descripta)  à 
sa  femme  et  à  ses  enfants.  Il  ressort  donc  des  développe- 
ments qui  précèdent,  qu'une  classe  d'hommes  non  libres  est 
composée  de  ceux  qui  ont  été  dépossédés  par  la  conquête, 
mais  qui  jouissent  encore,  à  un  certain  degré,  d'une  liberté 
relative  ;  et  qu'une  autre  classe  comprend  tous  les  tenanciers 
du  seigneur,  sur  lesquels  celui-ci  peut  exercer  les  droits  de 
vente,  de  mutilation,  et  de  mort.  La  première  catégorie  de 
serfs  est  ordinairement  désignée  par  les  termes,  taet,  en 
anglo-saxon  ;  litus,  lito,  lazzo,  dans  les  monuments  germa- 
niques (3)  ;  et  les  Romains,  déjà,  donnaient  le  nom  de  laeti 
aux  auxiliaires  germains  établis  sur  le  sol  de  l'empire,  et 
astreints  au  tribut  et  au  service  militaire.  Ces  hommes  non 
libres,  forment  une  classe  intermédiaire,  entre  les  hommes 
libres  et  les  derniers  serfs.    Cette   condition  était  qualifiée 


1.  «  Servos  conditionis  huius  per  commercia  tradunt,  ut  se  quoque 
pudore  victorise  exsolvant  »,  Germ.,  XXIV. 

2.  «  Cœteris  servis,  non  in  nostrum  m  ore  m,  descriptis  per  familiam 
ministeriis,  utuntur.  Suam  quisque  sedem,  suos  pénates  regit.  Frumenti 
moduro  dominus,  aut  pccoris,  aut  vcstis,  ut  colono,  iniungit;  et  servus 
hactenus  paret  »,  Germ  ,  XXV. 

3.  Dent    ftechtsall.,  p.  305, 


104  BEOWULF 

peowet,  en  anglo-saxon  :  le  servies,  était  dit  peéw;  fancilla, 
pcôwen. 

Sans  qu'il  soit  nécessaire  de  s'arrêter  à  la  définition  de  la 
servitude,  dans  les  lois  d'Henri  Ier  (1),  on  peut  diviser  l'es- 
clavage en  deux  classes,  d'après  ses  origines,  et  les  faits  qui 
lui  donnent  naissance,  ou  qui  le  perpétuent.  Ainsi,  il  y  a  des 
serfs  casu  ou  natura  ;  les  serfs  casu  comprennent  ceux  que  la 
fortune  de  la  guerre,  le  mariage,  l'établissement,  la  sujétion 
volontaire,  le  crime,  ou  la  force  d'un  pouvoir  supérieur,  ont 
asservis.  Les  serîsnatura,  sont  esclaves  de  naissance. 

Les  serfs  du  fait  de  la  guerre,  étaient  ceux  à  qui  il  n'était 
pas  donné,  sous  le  bienfait  de  la  loi  publique,  de  jouir  de 
leurs  possessions  et  de  leurs  libertés  anciennes,  mais  qui,  se 
trouvant  réduits  à  un  état  de  domesticité  relative,  pouvaient 
même  être  vendus,  selon  le  plaisir  de  leur  vainqueur. 

Le  serf  par  mariage  était  l'homme  ou  la  femme  libre,  qui 
s'unissait  à  l'esclave  :  dans  ce  cas,  la  perte  de  la  liberté 
s'effectuait  sans  retour.  La  loi  salique  est  explicite  sur  ce 
point  (2),  et  chez  les  Francs  Ripuaires,  on  trouve  la  disposi- 
tion suivante  :  «  Si  une  Ripuaire  a  suivi  un  serf  ripuaire,  que 
le  roi  ou  le  comte,  lui  offre  un  glaive  et  un  fuseau  :  si  elle 
accepte  le  glaive,  elle  peut  en  tuer  le  serf;  si  elle  choisit  le 
fuseau,  qu'elle  aille  vivre  avec  le  serf,  dans  la  servi- 
tude »   (3).  En  ce  cas,  la  loi  burgonde  (4)  ordonnait  qu'on 

1.  «  Servi  autem  alii  natura,  alii  facto,  et  alii  empcione,  et  alii 
redempcione,  alii  sua  vel  alterius  dacione,  servi,  et  si  quae  sunt  alia? 
species  huiusmodi  ;  quas  tamen  omnes  volumus  sub  uno  servitutis 
membre-  constitui,  quern  casum  ponimus  appellari,  ut  ita  dictum  sit, 
servi  alii  casu,  alii  genitura  »,  Leg.  Hen.,  I,  LXXVI,  §  3. 

2.  «  Si  quis  ingenuus  ancillam  alienam  in  coniugium  sociaverit,  ipse 
cum  ea  in  servitutem  inclinetur  »,  Lex.  Sal.,  XIV,  11  ;  «  Si  ingenua 
femina  aliquemcunque  de  illis  sua  voluntate  secuta  fuerit  ingenuitatem 
suam  perdat  »,  Lex.  Sal.,  XIV,  7. 

3.  Lex  Rip.,  LVIII,  48. 

4.  Lex  Burg.,  XXXV,  2,  3. 


LES   SAXONS    EN    ANGLETERRE  105 

tuât  les  deux  parties  ;  mais  si  les  parents  de  la  femme  ne 
voulaient  pas  qu'on  la  mit  à  mort,  elle  devenait  esclave  du 
roi  :  Saxo  Grammaticus  (1)  cite  une  loi  semblable,  au  Dane- 
mark. Il  n'y  a  pas  de  preuves  qu'une  pareille  coutume  ait 
existé  chez  les  Anglo-Saxons,  et  Henri  Ier  ne  mentionne  pas 
ce  mode  de  servitude,  parce  qu'en  fait,  et  sans  doute,  de  tel- 
les unions  devaient  être  précédées  de  l'achat  ou  de  l'affran- 
chissement, de  l'esclave  homme  ou  femme. 

Le  serf  par  établissement  est  celui  qui  s'est  volontairement 
îixé  dans  un  district,  exclusivement  habité  par  des  hommes 
qui  ne  sont  pas  libres  ;  c'est  cà  ce  détail  que  se  réfère  l'expres- 
sion germanique  :  die  lu  ft  macht  eigen  ;  l'air  fait  le  serf. 
Dans  l'état  social  anglo-saxon,  on  peut  faire  rentrer  dans 
cette  catégorie,  ceux  qui  ayant  cherché  un  refuge  sur  la  terre 
d'un  seigneur,  sont  devenus  sea  socmen,  en  fait,  et  sans  avoir 
légalement,  et  solennellement  renoncé  à  leur  liberté  (2). 

Le  serf  par  sujétion  volontaire,  est  le  sua  datione  servus, 
de  la  loi  d'Henri  ;  le  servus  deditius,  et  le  giafprael  (3)  de  la 
loi  normande.  Dans  les  temps  de  disette,  l'homme  libre, 
pour  assurer  sa  subsistance  et  celle  des  siens,  se  voit  réduit 
à  la  nécessité  du  servage  :  «  subdebant  se  pauperes  servitio, 
ut  quantulumcunque  de  alimento  porrigerent  »,  écrit  Gré- 
goire de  Tours  (4)  ;  Gildas  rapporte  le  même  fait  de  Bre- 

4.  Hist.  Dan.,  lib.  V,  p.  85. 

2.  «  Contraxit  universam  iuventutem  Houlandiae  strenuissimus  cornes 
Algarus...  una  cum  cohorte  Croylandire  monasterii,  videlicet  GC  bellalo- 
ribus  robustissimis,  eo  quod  maxima  pars  illorum  de  fugitivis  fuerat  », 
Hist.  Ingutf'.,  p.  865. 

3.  «  Si  liber  homo  spontanea  vohiniate  vel  forte  necessitate  coactus, 
nobili,  seu  libero,  seu  etiam  lito,  in  personam  et  in  servitium  liti  se  sub- 
diderit  »,  Lex.  Fres  ,  XI,  l  :  «  Ut  nullum  liberum  liceat  inservire,  quamvis 
pauper  sit,  tamen  libertatem  suam  non  perdat,  nee  hereditatem....  nisi 
ex  spontanea  voluntate  se  alicui  tradere  voluerit,  hoc  potestatëm  habeat 
faciendi  »,  Lex.  Bajuv.,  VI,  3. 

4.  Gregor.  Turon,  VII,  45. 


KM)  BEOWULF 

tons  (I),  el  même  lors  de  La  conquête  normande,  une  femme 
noble,  Geatflâed,  gouverne  comme  serfs,  des  hommes  libres 
qui  ont  aliéné  leur  liberté,  pour  vivre  (2).  Les  dettes  contrac- 
tées, le  crime,  furent,  avec  la  pauvreté,  d'autres  causes  d'es- 
clavage volontaire.  Il  est  à  présumer,  qu'en  matière  de  dettes, 
le  servage  devait  avoir  un  terme,  et  qu'une  certaine  période 
<1<'  travail  servile,  devait  être  regardée  comme  équivalant 
au  montant  de  la  dette.  Quand  un  criminel,  par  application 
du  wergyld,  avait  été  condamné  à  payer  l'amende,  et  se 
trouvait  sans  ressources,  son  seigneur  et  sa  parenté  se  refu- 
sant à  lui  venir  en  aide,  il  devait  nécessairement,  ou  se  livrer 
au  plaignant,  ou  à  un  tiers  qui  acquittait  l'amende  pour  le 
condamné,  avec  l'agrément  de  la  famille  de  la  victime.  Cette 
forme  de  servitude  était  appelé  pingian,  et  le  serf  qui  en 
était  l'objet,  était  dénommé  witepéow,  ou  esclave  crimi- 
nel (3). 


1.  «  Interea  faines  dira  ac  famosissima  vagis  ac  nutabundis  hœret, 
qua}  multos  eorum  crueniis  compellit  praedonibus  sine  diiatione  vicias 
dare  inanus,  ut  pauxillum  ad  refocillandam  animam  cibi  caperent  », 
Hist.  Brit.,  cap.  XVII. 

2.  «  Ealle  da  men  de  heônon  heora  heâfod  for  hyra  mêle  on  dâm 
yflum  dagum  »,  Cod.  Dipt.,  n°  925. 

3.  Dans  les  tribus  germaines,  chez  les  Visigoths  {Leg.  Visigoth,  1^, 
§  4,  2),  celui  qui  aide  un  serf  dans  sa  fuite,  et  ne  le  paye  point  à  son 
propriétaire,  est  réduit  en  esclavage  à  sa  place.  Aux  termes  de  la  loi  des 
Bavarois  (Leg.  Bajuv.,  \,  §  M),  celui  qui  ne  peut  payer  l'amende  du 
wergyld,  doit  être  réduit  en  esclavage  avec  sa  femme  et  ses  enfants  : 
«  Rachilda  (Grimm,  Deutsch  Rechtsalt.,  p.  329)  quaa  libertatem  suam 
ibrnicando  polluit,  amisit...  filiœ  illorum  liberœ  permaneant.  .,  nisi 
forte  adulterio  vel  fornicatione  polluantur  ».  L'incontinence  paraît  avoir 
été  une  cause  d'esclavage  chez  les  Anglo-Saxons  :  «  Is  equidem  {Cod. 
Dipt.,  n°  601)  insipiens,  adulterans,stuprum,propriam  religiose  pactatam 
abominans,  scortum  diligens,  libidinose  commisit.  Quo  reatu  omni 
substantia  peculiali  recte  privatus  est,  et  prœfatum  rus  ab  eo  abstractum 
rex  huius  patriae  suae  ditioni  avidus  devenire  iniuste  optavit  » .  Théodore 
fixant   la  pénitence  de  la  fornication,   écrit  ;  «   Si  intra  viginti  annos 


LES   SAXONS   EN    ANGLETERRE  107 

Les  serfs  du  fait  d'une  force  supérieure,  ont  été  réduits  en 
servitude,  par  l'acte  légal  de  ceux  (pii  ont  le  droit  de  dispo- 
ser de  leurs  personnes,  comme  le  père  peut  en  user  à  l'égard 
de  son  tils,  ou  de  sa  fille  :  le  chef  de  la  famille,  ayant  donné 
la  vie  sauve  à  ceux  qui  la  formaient,  avait  le  droit  de  déci- 
der si  le  sort  de  son  descendant  serait  la  liberté,  ou  le  ser- 
vage. 

Les  enfants  illégitimes  ont  dû  principalement  constituer 
cette  classe  d'esclaves,  mais  des  exemples  montrent  que  les 
enfants  issus  du  mariage,  n'ont  pas  toujours  été  épargnés  (1 .). 
Les  Frisons,  pour  acquitter  le  tribut  qu'il  devaient  à  Rome, 
vendirent  leurs  femmes  et  leurs  enfants  (2)  :  «  Ac  primo  boves 
ipsos,  mox  agros,  postremo  corpora  coniugum  aut  liberorum 
servitio  tradebant  »  ;  mais  cette  pratique  parait  n'avoir  été 
qu'exceptionnelle,  et  qu'employée  à  toute  extrémité.  Mais 
même  à  la  fin  du  vne  siècle,  après  l'établissement  du  chris- 
tianisme depuis  cent  années  en  Angleterre,  on  trouve  encore 
la  confirmation  et  la  reconnaissance  de  ce  droit,  dans  les 
monitoires  de  deux  archevêques,  à  leur  clergé.  Dans  la  Péni- 
tence de  Théodore,  archevêque  de  Canterbury,  on  lit  en  effet, 
ce  passage  (3)  : 

«  Pater  tilium  suum  septem  annorum,  necessitate  compul- 
sus,  potestatem  habet  tradere  in  servicium  ;  deinde,  sine 
voluntate  fîlii,  licentiam  tradendi  non  habet.  » 

Et  dans  la  confession  d'Ecgberht,  archevêque  d'York,  on 
trouve  encore  cette  phrase  : 

puella  et  adolescens  peccaverint  (Lib.  Pœnit.,  XVI.  §  3,  Thorpe,  II,  9), 
i  annum,  et  in  secundo  iii  quadragesimas  ac  légitimas  ferias.  Si  propter 
hoc  peccatum  servitio  humano  addicti  sunt,  iii  quadragesimas  ». 

1.  Lingard  (.4.   S.   Church.,   I,   45)  accuse  les  Saxons  païens  d'avoir 
vendu  leurs  enfants,  à  l'étranger. 

2.  Tacit..  Annal.,  IV,  72. 

3.  Theodori,  Arch.,  Cant,  Liber  Pœnit,  XXVIII.  Thorpe,  A.  S.  Laws, 
II,  19, 


108  BËOWULF 

«  Pater  potest  filiuin  suum,  magna  necessitate  compulsus, 
in  servitutem  traderc,  usque  ad  septimum  annum;  deinde, 
sine  voluntate  filii,  cum  tradere  non  potest  »  (1). 

Les  servi  casa,  comprennent,  en  général,  les  enfants  illégi- 
times, les  étrangers  sans  relations  dans  le  pays,  des  êtres 
sans  défense.  C'est  à  cet  ensemble  d'hommes  sans  liberté  que 
ce  passage  de  Théodore  fait  allusion  : 

«  Si  quis  Christianus  alterum  Christianum  suaserit,  ac  in 
alteram  regionem  seduxerit,  ibique  eum  vendiderit  pro  pro- 
prio  servo,  ille  non  est  dignus  inter  Ghristianos  requiem 
habere,  donee  redimat  eum  et  reducat  ad  proprium  locum... 
Si  quis  Christianus  alterum  Christianum  vagantem  reppererit, 
eumque  furatus  fuerit  ac  vendiderit,  non  debet  habere  inter 
Christianos  requiem,  donee  redimat  eum,  et  pro  illo  furto 
septem  annos  pœniteat  »  (2). 

La  seconde  division  générale  comprend  les  servi  natura, 
nativi,  ou  serfs,  du  fait  de  leur  naissance.  Ceux-ci  sont  nés 
de  deux  parents  non  libres,  ou  d'un  qui  ne  l'était  pas,  et 
dans  ce  cas,  les  solutions  données  par  les  différentes  coutu- 
mes, sont  variables  :  la  loi  suédoise  reconnaît  la  liberté  de 
l'enfant  (3)  ;  la  loi  germaine  se  prononce  contre  elle  (4).  Le 
Sachsenpiegel  décide  que  les  enfants  suivent  la  condition  du 
père  (5),  et  la  loi  d'Henri  Ier  (6)  renferme  la  disposition  sui- 
vante : 

«  Si  quis  de  servo  pâtre  natus  sit  et  matre  libera,  pro 
servo  reddatur  occisus...  Si  pater  sit  liber  et  mater  ancilla, 
pro  libero  reddatur  occisus  »  ;   et  cela,  d'après  le  principe 


1.  Confess.  Ecgberhti,  Arch.  Ebor.,  XXVII,  Thorpe,  II,  153. 

2.  Lib.  Pœnit,  Theod.,  XLU,  §  4,  5,.XXII1,  §  13. 

3.  Deutsch  Rechtsalt.,  p.  324. 

4.  Deutsch  Rechtsalt.,  p.  323. 

5.  Sachs.,  III,  73. 

6.  Leg.  Hen . ,  I,  LXXII,  §  1,  2. 


LES    SAXONS    EN    ANGLETERRE  109 

général,  que  «  Semper  a  pâtre,  non  a  matre  generacionis 

ordo    texitur    »,    confirmé   par   Fortescue   (Cominand,   cap. 
XLÏI.)  : 

«  Lex  angliae  nnnquani  mat  ris,  sed  patris  semper  condi- 
iionein  imitari  partum  indicat,  ut  ex  libera  etiam  ex  nativa 
non  nisi  libernm  liber  generet,  et  non  nisi  servum  in  matri- 
monio  procreare  potest  servus  »  (1). 

Glanville,  toutefois,  parait  adopter  une  opinion  con- 
traire (2),  qui  répond  à  la  maxime  :  Partus  sequilur  ventrem. 

L'enfant  d'un  père  libre  et  d'une  mère  qui  ne  l'est  pas, 
appartient  au  seigneur,  selon  l'adage  :  «  mien  est  le  veau 
qui  est  né  de  ma  vache  »  ;  mine  is  the  calf  that  is  borne  of 
my  cowe.  Fleta  précise  ce  droit,  avec  une  grande  clarté  (3)  : 

«  Servi  autem  aut  nascuntur,  aut  fiunt  ;  mascuntur  quidem 
ex  nativo  et  nativa  solutis  vel  copulatis,  et  eius  erit  servus 
in  cuius  potestate  nasci  contigerit  (3)  ;  dum  tamen  de  soluta 
nativa,  domini  loci,  quia  sequitur  conditionem  matris,  a  quo- 
cunque  fuerit  genitus,  libero  vel  nativo.  Si  autem  copulati 
fuerint  et  genitus  fuerit  partus  a  libero,  licet  a  nativa,  par- 
tus erit  liber  ;  et  si  de  servo  et  libera  in  matrimonio,  servus 
erit.  » 

Ainsi,  l'enfant  suit  la  condition  du  père,  si  toutefois  celui-ci 
est  bien,  selon  le  droit  romain,  is  est  quem  nitptiœ  demons- 
trant\  s'il  y  a  eu  mariage.  L'enfant  né  d'une  union  libre,  est, 
juridiquement,  une  res  nullius ,  et  s'il  est  né  sur  la  terre  d'un 
seigneur,  il  appartient  domino  loci  :  il  peut,  dès  lors,  être 


4.  Cf.  Fleta,  lib.  I,  cap.  Ill,  §2. 

2.  «  Sunt  autem  nativi  a  prima  nativitate  sua  ;  quemadmodum  si  quis 
fueril  procrealus  ex  nativo  et  nativa,  ille  quidem  nativus  nascitur.  Idem 
est  si  ex  pâtre  libero  et  matre  nativa.  Sed  si  ex  maire  libera  et  pâtre 
nativo  idem  est  dicendum  quantum  ad  status  integritatem  »,  lib.  V, 
cap.  VI. 

3.  Fleta,  lib.  I,  cap   III,  §  2. 


110  BEOWULF 

vendu,  et  astreint  à  des  travaux  qui  ne  seront  pour  le  seigneur, 
que  la  compensation  de  l'inactivité  de  la  mère,  pendant  sa 
grossesse,  et  à  la  naissance  de  l'enfant. 

La  condition  du  serf  était  pénible,  et  en  dépit  de  l'influence 
du  christianisme,  on  avait  coutume  de  maltraiter,  et  même 
de  massacrer  les  esclaves  :  l'Eglise  punit  de  la  pénitence 
publique,  le  meurtre  d'une  esclave  par  sa  maîtresse,  impetu 
et  ira,  et  généralement,  tout  meurtre  d'un  serf  par  son  sei- 
gneur, sans  permission  de  justice  (1). 

Devant  la  loi,  l'esclave  est  la  propriété  absolue  de  son  sei- 
gneur qui  peut  disposer  de  lui,  selon  son  bon  plaisir.  Le 
serf  ne  peut  se  présenter  lui-même,  ni  représenter  les  autres 
en  justice.  Ses  intérêts  doivent  être  sauvegardés  par  autrui, 
et  il  ne  saurait  prendre  part  à  aucune  fridborh,  ou  associa- 
tion de  garanties  mutuelles,  car  il  n'a  rien  à  défendre  en 
propre,  et  il  n'a  en  lui-même,  aucun  moyen  de  défendre  les 
droits  d'autrui.  S'il  est  tué  par  un  étranger,  c'est  son  seigneur, 
et  non  ses  propres  enfants,  qui  demande  la  réparation  du 
dommage  ;  et  si  le  seigneur  lui-même  l'a  tué,  sa  perte  équi- 
vaut à  celle  d'un  cheval  ou  d'un  bœuf.  De  sa  mort,  aucune 
vengeance  ne  peut  être  tirée,  car  il  n'y  a  de  parenté  effective 
et  juridique,  qu'entre  hommes  libres.  Son  serment  ne  pou- 
vait avoir  de  valeur  en  justice,  et  il  devait  se  soumettre  aux 
épreuves  incertaines  du  jugement  de  Dieu.  Et  comme  il  ne 
pouvait  racheter  les  peines  corporelles  auxquelles  il  était 
condamné,  le   fouet  jusqu'à  la  mort  pour  les  hommes  ;   le 


1.  «  Si  fsemina,  furore  zeli  incensa,  flagellis  verberaverit  ancillam 
suam,  ita  ut  infra  diem  terlium  animam  cruciatu  effundat,  et  quod 
incertum  sit,  voluntate  an  casu  occiderit  ;  si  voluntate,  VII  annos  ;  si 
casu,  per  quinquennii  tempora,  ac  légitima  pœnitentia,  a  communione 
placuit  abstinere  »,  Pœn.,  Theod.,  XXI,  §  13.  «  Si  quis  servum  proprium, 
sine  conscientia  indicis  occiderit,  excommunicatione  vel  pœnitentia 
biennii  reatum  sanguinis  emundabit  »,  ibid.,  §  12. 


LES   SAXONS    EN    ANGLETERRE  111 

bûcher  pour  les  femmes,  étaient  le  traitement  ordinaire 
qu'il  subissait  (1).  La  durée  du  travail  des  serfs  n'est  point 
limitée,  et  il  n'y  a  pour  eux,  en  retour,  aucune  garantie  de 
protection,  de  nourriture,  ou  de  subsistance. 

Il  demeure  sans  droits,  et  avec  des  obligations  indétermi- 
nées, adscript  us  glebœ  (2),  et  il  vouait  jusque  dans  les  généra- 
tions les  plus  lointaines,  sa  descendance  au  sort  misérable 
qui  ne  lavait  point  abandonné. 

Mais  quelque  espérance  d'une  vie  meilleure  n'était  pas 
interdite  au  serf.  La  loi  qui  le  réduisait  à  l'esclavage,  pou- 
vait aussi  le  rendre  à  la  liberté,  et  Tacite  mentionne,  déjà, 
des  affranchis  parmi  les  Germains  ^3).  Le  christianisme  s'ef- 
força d'adoucir  les  rigueurs  du  servage.  Bède  rapporte  que 
l'évêque  Wilfrid  (Hist.  Ec.  IV,  13),  en  recevant  le  don  des 
Domaines  de  Selsey,  des  mains  de  Geadwealha  de  Wessex, 
affranchit  sur-le-champ  deux  cent  cinquante  serfs,  attachés 
au  sol,  disant,  qu'après  les  avoir  rachetés  de  la  servitude  du 
mal,  par  le  baptême,  il  les  voulait  arracher  à  l'esclavage  de 
l'homme,  par  la  liberté.  Dans  cet  esprit  de  charité,  le  clergé 
obtint  le  repos  dominical  pour  le  peôw  (Leg.  Wihtr.  §  9, 10; 
Ini,  §  3;  Edw.  Gud.  §  7  ;  iEdelr.  VIII,  §  2);  le  seigneur  qui 
obligeait  le  serf  à  travailler  le  samedi  au  coucher  du  soleil, 
était  déféré  au  roi  et  à  la  geréfa,  et  l'esclave  dont  il  s'agit 
devenait  libre  [folk  free),  par  la  condamnation  de  son  maî- 
tre (4).  C'est  encore  à  l'Eglise  qu'est  due  la  disposition  que 
l'on  rencontre  dans  les  testaments,  où  l'affranchissement 
d'un  certain  nombre  de  serfs  est  ordonné  par  le  testateur, 
pour  le  repos  de  son  âme  (5).  Alfred  va  jusqu'à  donner  au 

1.  Leg.  tâdelst.,  Ill,  §  6;  Thorpe,  I,  219. 

2.  Cod.  Dipl.,  nos  311,  1079. 

3.  Tacit.,  Germ.,  XXV. 

4.  Leg.  Ini,  %  3. 

5.  Cod.  Dipt.,  nos  716,  721,  722,  782,  788,  819,  925,  931,  946,  947 
957,  959,  981. 


112  BEOWULF 

serf  le  droit  de  transmettre  héréditairement  son  bien  à  qui  il 
lui  plaît  (1),  et  cette  reconnaissance  de  droit  enlève  au  sei- 
gneur la  disposition  des  produits  de  l'industrie  du  serf.  Dans 
la  dernière  période  de  la  domination  anglo-saxonne,  l'es- 
clave a  pu  lui-même  reconquérir  sa  liberté  (2),  du  consente- 
ment de  son  seigneur  (3),  ou  être  acheté,  pour  l'aifranchisse- 
ment,  par  un  autre  maître  ;  ou  même,  être  loué  pour 
quelques  années,  pendant  lesquelles  il  acquérait  le  prix  de 
sa  liberté.  Il  n'apparaît  pas,  toutefois,  que  la  condition  du 
serf  ait  été,  en  fait,  beaucoup  plus  pénible  que  celle  dun 
ouvrier  agricole  :  le  seigneur  devait,  en  effet,  le  nourrir,  et 
quand  il  était  usé  par  l'âge  et  la  fatigue,  c'est  au  sein  de 
l'Eglise  même,  qu'il  trouvait  un  asile  (4).  Dans  la  version  en 
prose,  de  Salomon  et  de  Saturne  (Thorpe.  Ane.  Laws.  I., 
432  et  s.),  on  lit  que  chaque  serf  doit  recevoir  par  an,  sept 
cent  trente  pains,  c'est-à-dire,  deux  pains  par  jour,  sans 
compter  les  repas  du  matin  et  du  soir.  On  pourrait  donc 
conclure  que  sur  un  domaine,  en  général,  les  serfs  étaient 
commis  aux  emplois  de  laboureurs,  de  gardiens  de  chèvres, 
de  bœufs,  de  moutons,  de  vaches  et  de  porcs  ;  qu'ils 
vaquaient  aux  soins  des  bois  et  des  champs  ;  tandis  que  les 

1.  Leg.  .Elf  ,  §43. 

2.  «  Mud  tamen  notandum  est,  quod  non  potest  aliquis,  in  villenagio 
positus,  libertatem  suam  propriis  denariis  suis  quœrere.  Posset  enim 
tune  a  domino  suo  secundum  ius  et  consuetudinem  regni  ad  villenagium 
revocari  ;  quia  omnia  catalla  cuiuslibet  nativi  intelliguntur  esse  in 
potesiate  domini  sui,  per  quod  propriis  denariis  suis  versus  dominum 
suum  a  villenagio  se  redimere  non  poterit  »,  Glanv.,  lib.  V,  cap.  V. 

3.  Cod.  Dipl.,  nos  933,  934  935,  936,  981. 

4.  Les  Romains  mettaient  à  mort  les  esclaves  que  l'âge  rendait 
inutilisables.  Claude  apporta  à  ces  rigueurs  quelque  tempérament  : 
«  Gum  quidam  aîgra  et  affecta  mancipia  in  insulam  /Esculapii  taedio 
medendi  exponereni,  omnes,  qui  exponerentur,  liberos  esse  sanxit,  nec 
redire  in  ditionem  domini,  si  convaluissent  :  quod  si  quis  necare  mallet 
quem  quam  exponere,  candis  crimine  teneri  »,  Sue*,,  Claud.,  25. 


LES  SAXONS  EN  ANGLETERRE  113 

gcnedt,  cotset/a,  gebûr,  beôcere  et  gafôlswdn  n'étaient  que 
des  hommes  libres  et  pauvres,  sur  les  travaux  desquels  le 
seigneur  exerçait  un  prélèvement,  ou  qui  payaient  une  rede- 
vande  ou  gafol,  sur  les  exploitations  qu'ils  mettaient  en 
valeur.  11  devait  y  avoir  entre  serfs,  une  hiérarchie  :  et  le 
serf  qui  gardait  le  bétail,  et  s'occupait  de  la  culture,  devait 
être  plus  considéré  que  celui  qui  était  préposé  à  la  garde 
d'une  forêt,  ou  qui  tirait  l'eau  à  la  rivière  prochaine.  Dans 
une  charte  de  l'année  902,  Denevvulf,  évêque  de  Winchester 
et  son  chapitre,  donnent  à  Eblesburne,  un  fief  à  Beornwulf, 
parent  de  l'évêque. 

Le  chapitre  signifia  à  Beornwulf  que  les  serfs  devaient 
demeurer  attachés  au  sol,  quelque  fût  le  possesseur  de  celui- 
ci  (1)  : 

«  Daet  da  men  môston  on  dam  lande  wunian....  donne 
waéron  daér  preo  witepeôwe  men  bûrbâerde,  preo  peôw 
bâerde,  da  me  salde  bisceop  da  hiwan  té  rihtre  âethe  hira 
team.  » 

Il  est  question,  dans  cette  phrase,  de  trois  esclaves  cri- 
minels, et  de  trois  serfs  :  ces  derniers  sont,  à  proprement  par- 
ler, les  cultivateurs  du  sol,  alors  que  les  autres  serfs  sont 
véritablement,  des  esclaves. 

L'émancipation  du  serf  avait  pour  résultat  de  le  faire 
entrer  dans  la  communauté  des  hommes  libres,  et  en  le 
faisant  naitre  à  la  personnalité  civile,  de  l'investir  de  droits 
politiques.  Mais  comme,  chez  les  Anglo-Saxons,  la  qualité 
d'homme  libre  est  inséparable  de  la  possession  territoriale, 
il  importe  que  la  collectivité  dispose,  en  faveur  du  serf 
émancipé,  d'un  lot  ou  Hide,  qu'elle  lui  attribue  :  une  éman- 
cipation devient  donc  un  acte  de  la  vie  publique,  quand  le 
seigneur,  en  affranchissant  le  serf,  ne  Ta  pas  doté  d'une  terre 

1.  Cod.  DipL,  n°  1079. 


111  liEOWlW 

suffisante  pour  assurer  sa  subsistance,  et  lui  permettre  de 
prendre  place  parmi  les  hommes  libres  de  la  Marche.  A  ce 
sujet,  (Uanville  écrit  :  «  Il  est  à  observer  qu'un  maître  peut 
affranchir  son  serf,  par  rapport  à  lui-même,  ou  à  ses  héri- 
tiers, mais  non  point,  au  regard  des  tiers  (1)...  »  Il  fallait 
donc  le  consentement  des  hommes  libres,  et  comme  une 
confirmation  de  l'affranchissement  du  serf  par  eux,  pour  que 
celui-ci  devînt  juridiquement  libre,  vis-à-vis  de  tous.. 

Cet  affranchissement  ressemblait  à  l'admission  à  Athènes, 
d'un  métèque  ou  d'un  autre  étranger,  à  tous  les  droits  de 
cité,  ce  qui  ne  pouvait  avoir  lieu,  sans  un  vote  exprès  du 
peuple  entier,  ou  <L7)cpw[/.a.  Même  dans  les  lois  de  Guillaume 
le  conquérant  et  d'Henri  Ier,  on  voit  que  la  plus  grande 
publicité  était  donnée  à  l'affranchissement  du  serf,  qui  était 
ainsi  présenté  au  folcmôt  assemblé,  qui  l'accueillait  solennel- 
lement parmi  les  hommes  libres  (2). 

En  fait,  la  fin  de  la  servitude  ne  comportait  pas,  pour  celui 
qui  en  bénéficiait,  tous  les  privilèges  de  la  liberté.  Le  serf 
paraît  avoir  conservé,  vis-à-vis  de  son  ancien  maître,  un 
degré  de  dépendance  :  les  dures  obligations  de  sa  condition 
première  ont  bien  cessé  pour  lui,  mais  il  demeure  le  plus 
souvent  sur  la  terre  seigneuriale  qu'il  occupait  autrefois,  et 
il  reçoit  de  son  maître,  des  gages  pour  les  services  qu'il  con- 
tinue à  y  rendre.  Au  vme  siècle,  Wihtraed  de  Kent,  stipulait, 
que  même  au  cas  d'affranchissement  solennel,  l'héritage  du 
serf  et  la  protection  de  sa  famille,  demeuraient  au  seigneur. 

1.  Lib.  V,  cap.  V. 

2.  «  Igitur  Langobardi,  ut  bellatorum  possint  ampliare  numerum, 
plures  a  servili  iugo  ereptos,  ad  libertatis  statum  perducunt.  Utque  rata 
eorum  haberi  posset  libertas,  sanciunt,  more  solito,  per  sagitiam,  inmur- 
murantes  nihilominus,  ob  rei  firmitatem.  quœdam  patria  verba  »,  Paul. 
Diac.  de  Gest.,l,  13.  «  Si  qui  vero  velit  servum  suum  liberum  facere, 
tradat  eum  vice  comiti  »,  Leg.  Wil,  III,  §  15.  «  Qui  servum  suum  libérât 
in  ecclesia,  vel  mercato,  vel  comitatu. . .  »,  Leg.  Henr.,  I,  1,  §  78 


LES  SAXONS  KN  ANGLETERRE  i\& 

(Leg.  Wihtr.,  §8).  Et  le  seigneur,  le  plus  souvent,  confir- 
mait par  une  charte,  le  serf  dans  la  possession  de  la  terre 
qui  lui  avait  été  départie,  ou  il  lui  en  assurait  la  jouissance 
temporaire,  de  sorte  que  l'affranchi  demeurait  presque  néces- 
sairement, sur  la  terre  de  son  ancien  seigneur  (1). 

Les  cérémonies  solennelles  qui  accompagnaient  l'affran- 
chissement d'un  serf,  chez  les  Anglo-Saxons,  nous  sont 
demeurées  inconnues,  mais  il  y  a  quelque  raison  de  sup- 
poser quelles  étaient  identiques  à  celles  qui  avaient  lieu, 
parmi  les  autres  nations  teu tones.  Ces  cérémonies  avaient 
un  double  caractère,  civil  et  religieux  :  l'autorité  du  prince 
ou  du  peuple  assemblé  ;  celle  de  l'Eglise,  sanctionnaient 
cet  acte  public.  «  Celui  qui  veut  émanciper  un  serf,  dit  une 
loi  de  Guillaume  le  Conquérant  (2),  doit  le  commettre  aux 
mains  du  sheriff,  devant  tout  le  comté  ;  le  proclamer  libre 
de  tout  joug  de  servitude  ;  lui  ouvrir  les  voies  et  les  portes, 
et  lui  remettre  les  armes  de  l'homme  libre,  la  lance  et  le 
glaive;  après  quoi,  l'homme  est  libre  ».  Ces  dispositions 
se  retrouvent,  en  termes,  à  peu  près  semblables,  dans  les 
lois  d'Henri  1er  (3).  Chez  les  Langobards  (4),  le  serf  qui 
devait  être  fait  entièrement  libre,  fui  [real,  était  livré  succes- 
sivement  à  quatre  personnes  :   la  dernière  le  conduisait  à 

1.  Kettel  recommande,  dans  son  testament  {Cod.  Dipl.,  n°  1340',  que 
tous  les  hommes  qu'il  a  affranchis  possèdent  en  propre,  tout  ce  qu'ils 
ont  sous  la  main,  c'est-à-dire  leurs  lots  de  terre,  ou  les  produits  de  leur 
industrie. 

2.  Leg.   Will.  Conq.,\\\,  §  15. 

3.  «  .Qui  servum  suum  libérât,  in  ecclesia,  vel  mercato,  vel  comitatu, 
vel  hundreto,  coram  testibus  et  palam  faciat,  et  libéras  ei  vias  et  portas 
conscribat  apertas,  et  lanceam  et  gladium,  vel  quae  liberorum  arma 
sunt,  in  manibus  ei  ponat  »,  Leg .  Hen.,  I,  LXXVIII,  §  1. 

4.  Leg .  Rotharis,  Langob  Reg.,  cap.  GGXXV.  «  Per  omnes  terras  suas, 
de  triginta  hominibus  numeratis,  tredecim  manumisit,  quemadmodum 
eum  sorsdocuit.  ul  in  quadrivio  posili  pergerent  quocunque  voluissent  », 
/fist.  Ram.,  29. 


116  BEOWULF 

l'endroit  où  quatre  routes  se  croisaient,  et  l'affranchi  suivait 
celle  qu'il  choisissait  :  il  devenait  alors  lihre,  dmund,  c'est- 
à-dire  qu'il  n'était  plus  sous  la  protection  et  sous  la  dépen- 
dance de  son  premier  maître.  Parmi  les  Francs,  l'acte 
d'émancipation  le  plus  complet  était  celui  qui  avait  lieu 
devant  le  roi,  ou  la  cour  populaire  ;  l'affranchi  était  sur- 
nommé denarialis  ou  denariatus  :  «  qui  denarium  ante  regem 
iactavit  ».  Il  devenait  justiciable  du  wergyld  ;  pouvait  con- 
tracter mariage  et  jouissait  des  droits  civils  les  plus  étendus. 

Le  mode  d'affranchissement  le  plus  courant  du  serf,  était 
son  rachat  par  celui  qui  le  voulait  libérer,  ou  par  lui-même. 
On  trouve  de  ce  dernier  cas,  un  exemple  dans  le  Codex 
Diplomaticus  (1350)  :  «  Sur  les  livres  saints,  il  apparaît 
qu'^Elfwif  le  Rouge  s'est  racheté  de  l'abbé  yElfsige  et  de  tout 
le  couvent,  pour  une  livre...  Que  le  Christ  aveugle  celui  qui 
le  niera  !  »  Sans  doute  ce  serf  avait-il  été  affranchi  à  l'autel 
ou  à  la  porte  de  l'abbaye,  ainsi  qu'il  est  dit  dans  le  livre  de 
saint  Petroc  (1)  :  «  Ce  livre  témoigne  qu'iElfsige  a  été  acheté 
d'une  femme  nommée  Ongynedel  et  de  son  fils  Gydiccael, 
pour  une  demi-livre,  à  la  porte  de  l'église  de  Bodmin.. .,  et 
ce  devant  l'autel  de  saint  Petroc;  le  tout  attesté  par  Isaac, 
prêtre...  ».  Cette  forme  d'émancipation  dut  être  la  plus  fré- 
quente, comme  étant  la  plus  facile  :  le  serf  était  sans  doute 
conduit  au  maître-autel,  et  là,  déclaré  libre  par  ses  maîtres, 
en  présence  de  l'assemblée  du  clergé.  Un  registre  de  ces 
actes  devait  être  tenu  dans  chaque  église,  avec  les  noms  des 
témoins  de  l'affranchissement. 

Au  demeurant,  les  enfants  de  l'affranchi  naissaient  libres 
de  son  mariage  avec  une  femme  libre,  comme  il  le  devient 
lui-même,  Les  autres  droits,  devoirs  et  privilèges,  et  sa  con- 
dition même  sont  déterminés  par  une  entente  entre  le  serf 
et  son  seigneur,  avant  l'acte  d'affranchissement 

1.  Cod.Dipl.,m,  |  28. 


CHAPITRE  IX 
Les  garanties  mutuelles.  Maegburh.  Tithing.  Hundred 


La  division  et  l'organisation  administratives  du  pays  en 
Marches,  en  Gâ  ou  Scir,  étaient  commandées  par  la  nature 
du  sol,  par  sa  possession  commune  et  parla  commune  con-: 
sommation  de  ses  produits.  Ce  système  présentait  donc  un 
caractère  plutôt  économique  que  politique,  et  il  était  insuffi- 
sant pour  assurer  la  paix,  la  sécurité  publiques,  et  pour 
garantir  le  libre  exercice  des  droits  individuels.  Il  fallait  à  la 
collectivité  une  vie  sociale  autre  que  celle  qui  lui  était  donnée 
par  la  Marche  et  ses  juridictions  :  ces  dernières  ne  connais- 
saient que  des  différends  territoriaux,  s'élevant  au  sujet  des 
forêts,  des  pâtures,  des  violations  de  frontières. 

La  famille  fut,  chez  les  Germains,  avec  ses  parentés,  ses 
alliances,  ses  liens  de  consanguinité,  la  première  association 
politique  de  fait  :  le  lien  de  famille  est  le  seul  qui  unisse 
entre  eux  les  membres  qui  la  composent.  Les  divisions  du 
sol  entre  les  familles,  ont  ainsi  constitué  la  première  unité 
teritoriale,  et  l'union  défensive  et  offensive  des  familles  entre 
elles,  fut  la  base  de  la  première  organisation  militaire  de  la 
tribu  (1)  :  chaque  membre  qui  la  compose,  épouse,  en  effet, 

1.  «  Quodque  praecipuum  forlitudinis  incilainenttun  est,  non  casus 
nec  forluita  conglobatio  liirmam  aut  cuneum  iacit,  sed  l*amili<e  et  pro- 
pinquilates  ».  Germ.,  VII. 


118  BEOWULF 

les  sentiments  hostiles  et  les  amitiés  de  la  collectivité  (1)  : 
ce  qui  constitue,  chez  les  Anglo-Saxons,  le  lien  de  famille, 
le  Maêgburh, 

Le  caractère  de  la  famille  germaine,  est  sacré  ;  le  lien  du 
mariage  naît  d'un  engagement  symbolique  et  solennel  (Tac, 
Germ.,  XIX),  et  la  femme  est  regardée  comme  sainte,  auprès 
de  l'homme  qu'elle  a  choisi.  Dans  les  profondeurs  de  leurs 
forêts,  ces  guerriers  à  l'âme  austère,  au  courage  farouche, 
sentaient  que  la  femme  était  plus  queux-mêmes,  en  commu- 
nion avec  les  dieux  tutélaires  de  la  patrie  (Tacit.,  Germ., 
VIII). 

Dans  les  traditions  obscures  de  leur  mythologie,  c'étaient 
les  Shieldmays,  dans  leur  immortelle  beauté,  qui  choisis- 
saient parmi  l'élite  des  guerriers,  ceux  qui  méritaient  d'être 
les  hôtes  fortunés  de  Wôden.  Les  matrones  gardaient  les 
secrets  rituels;  elles  présidaient  aux  divinations  (Caes.  Bell. 
Gall.,  I,  50),  et  elles  encourageaient  les  guerriers  sur  les 
champs  de  bataille  (2)  :  c'étaient  Veledas  et  Aurinias,  prê- 
tresses et  prophetesses  qui  conduisaient  les  hordes  barbares 
à  la  victoire,  sur  les  vétérans  romains.  Le  rang,  ni  la  richesse 
ne  pouvaient  protéger  la  femme  contre  les  rigueurs  des 
châtiments,  pour  la  violation  de  chasteté  (Tac,  Germ.,  XIX)  ; 
et  aucun  mauvais  traitement  n'était  plus  sévèrement  puni  que 
celui  que  l'homme,  abusant  de  sa  force,  infligeait  à  la  femme 
(Tacit.,  Germ.,  XIX).  Prise  individuellement,  la  femme  était 
donc  regardée  comme  un  être  dune  nature  supérieure  ;  au 

1.  «  Suscipere  tam  inimicitias  seu  patris,  seu  propinqui  quam  amici- 
tias  necesse  est  »,  Germ.,  XXI. 

2.  Tacit.,  Germ.,  VII,  VIII.  Après  la  défaite  des  Cimbres  par  Marius, 
leurs  femmes  supplièrent  le  Consul  d'ordonner  que  leur  chasteté  fut 
respectée,  et  elles  s'offrirent  à  devenir  esclaves  des  Vestales.  Sur  le  refus 
du  Consul,  elles  se  tuèrent  avec  leurs  enfants.  Les  chiens  qui  les  avaient 
accompagnées,  défendirent  longtemps  leurs  cadavres,  Cf.  Florus,  III,  3  ; 
Orosias,  V,  16, 


LES    SAXONS    EN    ANGLETERRE  J  19 

sein  delà  famille,  et  comme  faisant  partie  de  l'Etat,  elle  était 
subordonnée  à  l'homme,  et  juridiquement  représentée  par 
lui. 

D'où  l'influence  politique  des  mariages,  groupant  les  indi- 
vidus et  les  intérêts  ;  leur  faisant  poursuivre  des  buts  com- 
muas, profitables  à  tous.  La  femme  cause  immédiate  de 
tous  ces  faits  sociaux,  méritait  bien  le  surnom  poétique  que 
lui  donne  le  barde  anglo-saxon,  freodowebbe,  celle  qui  tisse 
la  paix. 

Dans  les  conseils  populaires,  la  famille  la  plus  nombreuse 
et  la  plus  distinguée  a,  nécessairement,  une  prédominance 
de  fait,  qu'elle  perd,  quand  la  population  s'accroît  ou  se 
disperse,  du  fait  de  la  guerre,  de  la  culture  et  du  commerce. 
Celle-ci  forme  des  corporations  (Tithings  and  Hundreds), 
pour  la  défense  de  tous  ses  intérêts  ;  ces  dernières  se  propo- 
sent, aussi,  des  buts  charitables,  etassurent  encore  les  réjouis- 
sances publiques  et  à  leurs  associés,  des  secours  mutuels. 
Ces  subdivisions,  d'abord  personnelles,  devinrent  territo- 
riales et  administratives.  Au  xe  siècle,  dans  la  cité  de  Londres, 
on  trouve  les  habitants  se  divisant  en  Fridgylds  (1),  ou  asso- 
ciation pour  le  maintien  de  la  paix  et  de  la  sécurité  publi- 
ques. Mais  de  pareils  groupements  suivaient  les  variations 
mêmes  des  populations,  et  leur  existence  dépendait  des  dépla- 
cements de  celles-ci  :  ces  associations  furent  réglementées  par 
Alfred,  après  les  guerres  danoises  (Leg.  Edw.  Conf.,  XX: 
Thorpe,  I,  450).  Les  gylds  ou  tithings  avaient  pour  but 
d'assurer  la  protection  de  leurs  membres  qu'elles  rendaient 
solidairement  responsables  des  faits  des  uns  et  des  autres, 
sans  qu'il  y  eût  entre  eux,  les  liens  du  sang.  Chacun  se 
trouvait  donc,  sous  une  mutuelle  surveillance,  et  la  respon- 
sabilité  individuelle  était   d'autant  moins  assumée,  qu'elle 

i.  Cf.  Leg.  Ed,  Confess.,  XX  ;  .Edelst.,  v.  8,  §  1  ;  Thorpe,  I,  236. 


120  BEOWULF 

entraînait  la  responsabilité  de  tous.  Mais  chaque  membre  de 
la  tithing  était  un  homme  libre  :  ce  n'était  qu'une  associa- 
tion de  membres  indépendants  dune  communauté  indépen- 
dante. Ainsi,  le  peuple  se  sentait  uni  et  fort,  jusqu'à  ce  que 
les  nobles  l'eussent  dominé,  politiquement  et  économique- 
ment, par  leur  représentation  du  pouvoir  royal,  et  par  la 
possession  des  terres. 


CHAPITRE   X 
Fsehde.  Wergyld 


Le  droit  de  guerre  privée,  appelé  faéhde  ou  fead,  était  un 
de  ceux  que  tout  homme  libre  teuton,  regardait  comme 
inaliénable,  et  qui,  s'ajoutant  aux  obligations  de  famille, 
étaient  dérivés  de  sa  position  originaire  d'homme  libre. 
Chaque  homme  doit,  par  la  loi  naturelle,  pourvoir  à  sa 
propre  défense,  et  s'assurer,  par  ses  propres  moyens,  la 
possession  paisible  de  ses  biens,  et  la  jouissance  de  sa 
liberté. 

L'histoire  et  la  tradition  confirment  que  ce  principe  fut 
accepté  des  tribus  du  Nord,  dans  les  cas  où  l'on  conçoit  des 
familles  séparées,  et  gardant  vis-à-vis  les  unes  des  autres, 
une  position  indépendante. 

Quand  Yimperium  n'existe  pas  chez  un  peuple,  la  société 
seule,  possède  elle-même  \mjus  belli  contre  ses  divers  mem- 
bres :  et  si  ses  voisins  ne  veulent  point  vivre  entre  eux,  en 
bons  rapports,  ils  doivent  être  contraints  à  la  paix,  par  la 
volonté  et  par  l'action  du  plus  grand  nombre,  et  cela  pour 
rendre  la  vie  sociale  de  tous,  susceptible  de  durée.  Le  droit 
de  guerre  privée,  admet  à  ses  origines,  que  chaque  homme 
libre  a  le  droit  de  se  défendre  lui-même,  avec  sa  famille  et 
ses  féaux,  sous  toutes  les  formes  de  la  guerre.  Mais  le  plein 
exercice  de  ce  droit  primitif,  est  un  obstacle  essentiel  à  la 


\'2'2  BEOWULF 

formation  d'une  société  organisée.  C'esl  alors  que  les  mem- 
bres de  la  collectivité,  se  faisant  législateurs,  cherchent  à 
réglementer  les  vengeances  privées,  qui  appartiennent  à  la 
partie  la  plus  puissante  et  la  plus  forte,  même  si  elle  est 
coupable. 

La  première  limitation  qu'ait  reçue  le  droit  de  vengeance, 
se  rencontre  dans  la  loi  du  talion.  L'earl  qui  fit  prisonnier 
au  vne  siècle,  le  thane  Imma,  pouvait  valablement  lui  dire  : 
«  Il  m'est  loisible  et  juste  de  te  mettre  à  mort,  parce  que 
mes  compagnons  sont  tombés  dans  la  bataille  où  tu  fus 
capturé  »  (1).  Et  dans  la  législation  ultérieure,  on  rencontre 
des  dispositions  analogues  :  ainsi  lit-on  dans  l'ordonnance 
sur  les  serments,  «  que  le  serment  d'un  homme  possédant 
douze  hides,  vaut  ceux  de  six  ceorls  ;  car  l'homme  qui  vengera 
celui  qui  possède  douze  hides,  le  fera  pleinement  sur  six 
ceorls,  et  le  montant  de  son  wergyld,  sera  celui  de  six 
ceorls  (2).    Les   nations  teutones,    en  général,  évitaient  les 

r 

inconvénients  d'un  pareil  système,  en  faisant  de  l'Etat  lui- 
même,  l'arbitre  des  parties,  c'est-à-dire  en  établissant  un 
tarif  légal  de  toutes  injures,  lésions  et  dommages,  et  en 
confiant  à  l'Etat  le  soin  do  faire  accepter  à  la  partie  lésée, 
ou  à  ses  ayants-droit,  la  compensation  pécuniaire,  et  le  droit 
d'exiger  celle-ci,  de  celui  qui  s'est  rendu  coupable  de  crime 
ou  d'injustice.  L'Etat  agissait  ainsi  comme  médiateur  entre 
les  parties  en  conflit,  pour  le  maintien  de  la  paix  générale  : 
la  victime  était  assurée  d'une  satisfaction  légale,  pour  le 
dommage  qu'elle  avait  subi,  et  l'adversaire  savait,  qu'après 
avoir  acquitté  le   montant  de  l'amende,  il  se  trouvait  placé 


1.  Bèdc,  Hist.  Eccl.,  IV,  22. 

2.  «  Twelf  hyndes  mannes  âd  forsent  syx  ceorla  âd  ;  fordâm  gif  man 
done  twelf  hyndan  man  wrecan  sceolde,  he  hid  full  wrecen  on  syx 
ceorlum,  and  his  wergyld  bid  syx  ceorla  wergyld  »,  Oaths,  §  \2  ;  Thorpe, 
I,  182. 


LES  SAXONS  EN  ANGLETERRE  123 

sous  la  sauvegarde  du  droit  public,  et  qu'il  était  désormais  à 
l'abri  de  toute  vengeance  privée. 

Pour  cet  office,  l'état  exigeait  une  rémunération,  sous  la 
forme  d'un  impôt,  parfois  appelé  fredum  (de  frid,  paix),  et 
parfois,  bdnnum,  et  qui  s'ajoutait  à  la  compensation  payée 
d'homme  à  homme.  C'est  à  ce  dernier  point  que  Tacite  fait 
sans  doute  allusion,  quand  il  écrit  : 

«...  Leurs  inimitiés  ne  sont  pas  implacables  ;  car  l'homicide 
même  est  racheté  par  un  nombre  déterminé  de  troupeaux 
ou  de  têtes  de  bétail,  et  toute  la  famille  reçoit  ainsi  satisfac- 
tion... Une  pareille  pratique  est  avantageuse  pour  l'Etat, 
caries  vengeances  privées  sont  une  menace  pour  la  liberté... 
Une  partie  de  l'amende  est  attribuée  au  roi  ou  à  la  cité;  le 
reste  appartient  à  celui  qui  a  été  lésé  ou  à  sa  parenté  »  (1). 

Dès  que  l'Etat  se  refuse  à  rendre  justice,  le  droit  de  guerre 
privée  revit  parmi  les  familles.  Mais  avant  de  recourir  aux 
armes,  l'homme  libre,  dans  les  lois  d'Alfred,  doit  avoir  subi 
un  déni  formel  de  justice.  D'autre  part,  si  l'offenseur  refuse 
de  recourir  au  mode  de  règlement  pacifique  qui  lui  est 
imposé  par  les  lois  de  l'Etat,  l'offensé  peut  l'y  contraindre 
par  la  violence  et  avec  l'aide  de  la  force  publique  elle-même. 
Ce  droit  est  formulé  d'une  façon  générale  et  définitive,  dans 
la  loi  d'Edouard  le  Confesseur,  par  la  disposition  suivante  : 
«  Qu'il  y  ait  réparation  pour  les  victimes,  ou  que  la  guerre 
soit  alors  portée  »  (2). 

Mais  l'exercice  de  ce  droit,  n'était  pas  laissé  à  l'arbitraire 
des  individus  :  les  ordonnances  des  rois  l'ont  réglementé, 
sinon  défini,  et  dans  les  lois  d'Alfred  on  lit  notamment  : 

«  Que  l'homme  qui  sait  que  son  ennemi  demeure  enfermé 
dans  sa  maison,  ne  l'y  attaque  point,  sans  avoir,  au  préalable, 


1.  Tacit.,  Germ.,  XXII,  Xll. 

2.  Leg.  &dw.  Conf.,XU,  Thorpe,  I,  447. 


124  îtKnWTLK 

demandé  justice  contre  lui.  Si  son  ennemi  demeure  en  sa 
maison,  qu'il  se  contente  de  l'y  assiéger,  durant  sept  jours, 
niais  sans  l'attaquer.  Si  après  sept  jours,  il  veut  se  rendre 
avec  ses  armes,  l'assiégeant  le  gardera,  prisonnier  et  sauf, 
pendant  trente  jours,  et  préviendra  les  parents  et  les  amis 
de  son  ennemi,  de  la  captivité  de  celui-ci...  Mais  si  le  plai- 
gnant n'a  pas  les  moyens  suffisants  pour  assiéger  son  adver- 
saire, qu'il  s'en  aille  trouver  l'ealdorman,  pour  lui  demander 
son  assistance.  Si  l'ealdorman  la  lui  refuse,  qu'il  en  appelle 
au  roi,  avant  de  combattre...  Nous  déclarons,  en  outre,  qu'il 
y  a  guerre  légitime,  quand  un  homme  défend  son  seigneur 
contre  celui  qui  l'attaque  ;  quand  le  seigneur  défend  l'homme 
libre  qui  lui  est  attaché.  Il  y  a  encore  guerre  légitime,  dès 
lors  qu'un  homme  en  trouve  un  autre,  sous  portes  closes,  ou 
sous  le  même  toit,  avec  la  femme  qu'il  épousa  ;  avec  sa  fille 
née  en  noces  légitimes  ;  avec  sa  sœur  ou  avec  la  mère,  qui 
fut  donnée  à  son  père,  pour  épouse  »  (1). 

Les  inconvénients  et  les  troubles  qu'apportaient  dans  la 
société,  de  pareilles  pratiques,  amenèrent  dans  le  milieu  du 
xe  siècle,  Eâdmund  à  affranchir  la  parenté  des  parties  des 
conséquences  du  faéhde.  11  ouvre,  par  ces  dispositions,  ses 
lois  séculières  : 

«  Eâdmund,  le  roi,  fait  savoir  à  tous,  jeunes  et  vieux,  sous 
sa  domination,  ce  qu'il  a  délibéré  en  son  conseil,  avec  clercs 
et  lais...  Et  réprouvant  les  combats  privés,  injustes  et  nom- 
breux, nous  avons  décrété  la  loi  suivante  :  «  Si  un  homme 
en  tue  quelque  autre,  il  doit  supporter,  seul,  la  guerre  et  la 
vengeance...  Si  sa  parenté  l'abandonne  et  se  refuse  à  payer 
pour  lui  la  compensation,  elle  doit  être  mise  hors  de  cause, 
à  moins  qu'elle  n'ait  nourri  ou  protégé  le  coupable...  Et  si, 
dans  ces  conditions,  la  parenté  de  la  victime  tire  vengeance 

1.  Mlfr.,  §42. 


LES    SAXONS    EN    ANGLETERRE  125 

de  la  parenté  innocente  du  coupable,  que  la  première  soit 
déclarée  de  trahison  envers  le  roi,  et  que  tous  ses  biens 
soient  confisqués,  au  profit  dudit  roi  »  (1). 

La  loi  d'Eadweard,  l'aîné  (A.  D.  900-915),  règle  le  mode 
de  procédure  qui  doit  être  suivi,  quand  les  parties  sont 
d'accord,  pour  trancher  leur  différend,  sur  le  principe  de  la 
compensation  pécuniaire  : 

«  Le  wergyld  d'un  homme,  possédant  douze  hides  de  terre, 
est  de  douze  cents  shillings  ;  le  wergyld  de  l'homme,  possé- 
dant deux  bides  de  terre,  est  de  deux  cents  shillings.  Si 
quelqu'un  est  tué,  que  la  rançon  de  sa  mort  soit  propor- 
tionnée à  la  qualité  de  sa  naissance...  Quand  le  meurtrier 
aura  donné  provision,  pour  le  wergyld,...  il  se  trouvera  sous 
la  protection  du  roi  :  tous  les  parents  de  celui  qui  a  été  tué, 
jureront,  en  vouant  au  médiateur  leurs  propres  corps,  que  la 
décision  du  roi  sera  observée.  Dans  les  vingt  et  un  jours  qui 
suivront  cette  date,  il  sera  payé  pour  le  wergyld  d'un  homme, 
possesseur  de  douze  hides,  cent  dix  shillings,  comme 
heals  fang  (2),  qui  appartiendront  aux  enfants,  frères  et  oncles 
paternels,  et  à  ceux  qui  auront,  avec  la  victime,  des  liens 
réels  de  consanguinité.  Vingt  et  un  jours  après  le  heals  fang, 
sera  payé  le  manbôt  ;  puis  après  le  même  délai,  le  fight-fine 
(prix  du  combat)  ;  puis  le  frumgyld (prix  même  de  l'homme), 
qui  sera  payé  ainsi  que  le  conseil  (Witan)  l'aura  ordonné. 
Après  quoi,  les  parties  pourront  se  réconcilier,  et  avoir  pleine 
amitié,  si  elles  le  désirent...  Le  wergyld  du  ceorl  sera  payé 
de  la  même  manière  que  celui  de  l'homme,  possesseur  de 
douze  hides...  »  (3). 

La    loi    d'Eâdmund  contient  des  dispositions    analogues 

1.  Eadm.  Sec.  Leg.,  §  1,  Thorpe,  I,  246. 

2.  Dédommagement  dû  à  la  parenté,  pour  sa  renonciation  à  la  ven- 
geance. 

3.  Eâd.  and  Gud.,  §  13  ;  Thorpe,  I,  175. 


Iw26  BEOWULF 

(Eâdm.  Sec.  Leg.,  §  7,  Thorpe,  I,  250),  et  le  wergyld  était 
La  base  de  toute  solution  amiable  et  pacifique  des  différends. 
Par  une  fietion  juridique,  une  somme  en  nature  ou  en 
espèces,  était  censée  être  placée  sur  la  tête  de  chaque 
homme  libre,  et  représentative  de  son  rang  dans  l'Etat,  de 
sa  naissance  et  de  ses  charges.  Toute  injure  qui  lui  était 
faite,  toute  lésion  de  ses  droits  civils,  tout  trouble  de  sa  paix 
domestique,  étaient  représentés  et  rachetés  au  prix  de 
pareille  somme  qui  pouvait  s'élever  encore,  avec  les  circons- 
tances, qui  accompagnaient  ou  qui  aggravaient  le  dommage 
causé.  Le  wergyld  du  roi,  comme  celui  du  paysan,  était 
payable  à  sa  parenté  et  à  son  peuple.  Les  principales  distinc- 
tions du  wergyld  reposent  sur  les  différentes  catégories 
sociales  qu'il  comprend.  La  valeur  du  serment  de  chaque 
homme  est  estimée  dans  le  wergyld,  ainsi  que  la  protection, 
ou  mand,  dont  il  jouit  ;  les  impôts  qu'il  paye,  et  le  prix 
même  de  sa  vie.  La  première  unité  de  compensation  dans 
le  wergyld,  est  constituée  par  l'homme  libre,  base  effective 
de  toute  la  hiérarchie  sociale  teutone. 

Bien  que  le  principe  du  wergyld  ait  été  commun  à  toutes 
les  tribus  germaniques,  son  application  comportait  des  diffé- 
rences, dans  les  prix  auxquels  étaient  évalués,  selon  leur 
rang,  les  mend) res  de  ces  sociétés  primitives. 

Francs  Saliens  et  Ripuaires  (1).  —  Ingenuus,  200  sol.  ; 
litus,  100  sol.;  ingenuus  in  hoste,  600;  litus  in  hoste, 
300  sol.  ;  ingenuus  in  truste,  1.800  ;  litus  in  truste,  900  sol. 

Angli  et  Werini.  —  Liber,  200  sol.  ;  adaling  (noble),  600  ; 
libertus  (affranchi),  80  sol. 

Loi  des  Saxons.  —  Liber,  240  shillings;  nobilis,  1.440; 
libe  tus,  120  shillings. 


1.  Ces  chiffres  et   les  suivants,   sont   cilés  par  Grimm,    Rechtsalt., 
p.  272. 


LKS   SAXONS   EN   ANGLETERRE  127 

Loi  des  Bavarois.  —  Le  duc  960  shillings;  la  famille 
ducale  des  Àgilolfings,  OiO  ;  les  cinq  autres  races  nobles, 
320;  le  simple  homme  libre,  1G0  shillings. 

Loi  des  Al  amans.  —  Primus  (le  premier  rang  des  nobles), 
2i0  shillings;  Medianus  (le  second  rang  parmi  les  nobles), 
200  ;  Minofledus  (rhomme  libre),  160. 

Loi  des  Burgondes.  —  Noble,  300  shillings  ;  noble  d'un 
degré  inférieur  (mediocris),  200  ;  l'homme  libre  (minor),  150. 

Loi  des  Frisons.  —  Noble,  80  shillings  ;  homme  libre, 
53  1/3;  affranchi,  26  2/3. 

Loi  des  Visigoths.  —  Homme  libre  (entre  vingt  et  cin- 
quante ans  d'âge),  300  shillings  ;  affranchi,  150. 

Dans  le  Nord,  100  sifrs  étaient  le  wergyld  de  l'homme  libre  ; 
les  lois  suédoises  le  fixaient  à  40  marks  ;  celles  du  West- 
gothland  à  39  marks  ;  des  Jutes,  à  54  ;  des  Gutalag,  à  3  marks 
dor. 

Le  wergyld  du  clergé  était  peu  différent  de  ceux  qui  pré- 
cèdent :  parmi  les  Francs  Saliens  :  diacre,  300  shillings  ; 
prêtre,  600;  évêque,  900. 

Chez  les  Francs  Ripuaires  :  clerc,  200  shillings;  sous- 
diacre,  400  ;  diacre,  500  ;  prêtre,  600  ;  évêque,  900. 

Ces  éléments  donnent  une  idée  générale  du  système.  Il 
est  à  remarquer  que,  dans  ces  textes,  le  roi  n'est  pas  men- 
tionné, car  il  demeure  constant  que  la  plupart  de  ces  lois 
ont  été  promulguées,  après  que  le  pouvoir  royal  se  fût 
pleinement  développé,  et  qu'il  eût  perdu  ses  caractères  et 
sa  nature  originaires. 

Chez  les  Anglo-Saxons,  les  compensations  du  wergyld, 
semblent  avoir  varié  à  différentes  périodes  de  l'histoire,  et 
selon  les  valeurs  relatives  de  la  vie  et  des  produits  du  sol. 
La  loi  du  pays  de  Kent  ne  donne  que  des  chiffres  approxi- 
matifs pour  le  wergyld  des  deux  classes  d'hommes  libres 
quelle  reconnaît,  l'eorl  et  le  ceorl. 


128  BEOWULF 

Dans  la  loi  cTiEdelberht  (§  2,  5,  8),  le  mundbyrd,  ou  pro 
tection  du  roi,  est  estimé  50  shillings  ;  celui  de  l'eorl  ou  du 
noble,  12  shillings  (§  13,  14)  ;  celui  du  ceorl,  ou  simple 
homme  Libre,  6  shillings  (§  15,  2o,  88).  Ainsi,  les  trois 
classes  sociales  se  trouvent,  entre  elles,  dans  les  proportions 
de  cinquante,  douze  et  six  ;  ou,  en  prenant  le  ceorl  pour 
unité,  leurs  valeurs  respectives  sont  de  8  1/3,  2,  et  1  : 

Ceorl  :  eorl  :   :   1   :  2 
Ceorl  :  king:   :  1   :  8  1/3 
Eorl  :  king  :  ;  1   :  1  1/6 

Le  wergyld  ordinaire  semble  avoir  été  au-dessus  de 
100  shillings,  et  au-dessous  de  200.  Le  cas  d'un  wergyld 
payé  parle  roi,  quoique  rare,  n'est  pas  sans  exemple  (1).  En 
l'an  687,  Mùl-JEdelweard,  de  la  race  royale  de  Wessex, 
envahit  le  pays  de  Kent,  et  s'étant  laissé  surprendre  par  des 
paysans,  dans  une  maison  où  il  s'était  arrêté,  il  y  fut  brûlé 
vif  avec  ses  compagnons.  Sept  ans  plus  tard,  les  hommes 
du  Kent,  firent  compensation  au  roi  Ini,  pour  la  mort  de 
Mùl.  William  de  Malmesbury  l'évalue  à  30.000  mancuses, 


1.  En  679,  une  bataille  eut  lieu  entre  Ecgfrid  de  Northumberland  et 
/Edelred  de  Mercie  :  «  Anno  regis  Ecgrifidi  nono,  conserto  gravi  prœlio 
inter  ipsuin  et  /Edibredum  regein  JVJerciorum,  iuxta  fluviuin  Treanta, 
occisus  est  yElfuini,  frater  regis  Ecgfridi,  iuvenis  circiter  decern  et  octo 
annorura,  utrique  provincial  multum  amabilis.  Nam  et  sororem  eius 
quae  dicebatur  Osdrjd,  rex  jËdilred  habebat  uxorem.  Gumque  materies 
belli  acrioris  et  inimiciti*  longioris  inter  reges  populosque  féroces 
videretur  exorta,  ïheodorus,  deo  dilectus  autistes,  divino  functus  officio, 
salutifera  exhortatione  coeptum  tanti  periculi  funditus  exstinguit  incen- 
dium  :  adeo  ut  pacatis  alterutrum  regibus  ac  populis,  nullius  anima 
hominis  pro  interfecto  regis  fratre,  sed  débita  solummodo  multa  pecuniae 
régi  ultori  daretur.  Cuius  fœdera  pacis  multo  exinde  tempore  inter 
eosdem  reges  eorumque  régna  durarunt.  In  prœfato  autem  prselio,  quo 
occisus  est  rex  /Elfuini...  »,  lîède,  Hist .  EccL,  IV,  24,22, 


LES    SAXONS    EN    ANGLETERRE  129 

ainsi  que  Florent  de  Worcester  (1).  /Edelweard  (2)  donne, 
pour  somme  de  ce  wergyld,  30.000  solides,  et  les  manuscrits 
de  la  Chronique  Saxonne  estiment  cette  compensation  à 
30.000  livres  (3)  :  prit tig  xmnsend  punda.  Les,  contradictions 
dans  les  chiffres  des  compensations,  proviennent  des  diffé- 
rences de  types  monétaires,  que  connaissaient  les  auteurs 
précités. 

Le  texte  le  plus  précis  et  le  plus  clair  sur  l'application 
du  wergyld,  est  donné  par  Thorpe,  dans  ses  lois  anglo- 
saxonnes  (p.  186)  : 

1.  Le  wergyld  royal  est,  chez  les  peuples  du  Nord,  de 
trente  mille  thrymsas. 

2.  Celui  d'un  archevêque  et  d'un  aedeling,  de  quinze  mille 
thrymsas. 

3.  Celui  d'un  évêque  et  d'un  ealdorman,  de  huit  mille. 

4.  Celui  d'un  thane  laïque  ou  ecclésiastique,  de  deux  mille. 

5.  Celui  d'un  ceorl,  de  deux  mille  et  soixante-six  thrymsas. 

6.  Celui  de  l'homme  ayant  acquis  un  hide  de  terrain  et 
payant  l'impôt,  de  mille  vingt  shillings  ;  celui  de  l'homme 
n'ayant  acquis  qu'un  demi-hide,  de  cinq  cents  shillings. 

7.  Si  l'homme  n'a  pas  de  terres,  mais  est  libre,  son 
wergyld  est  de  soixante-dix  shillings. 

8.  Le  wergyld  de  l'homme  possédant  cinq  hides  de  terre, 
est  de  deux  mille  thrymsas  », 

Dans  le  même  recueil  (p.  190),  est  publié  un  autre  docu- 
ment sur  les  compensations  : 

«  Le  wergyld  du  ceorl  est  de  deux  cents  shillings.  Celui 
du  thane,  de  six  fois  plus  élevé,  soit  de  douze  cents  shillings. 
Le  wergyld  du  roi  vaut  six  fois  celui  du  thane...  ». 


1.  Will,  iMalm.,  Gest.  Reg.,  lib.  I;  Flor.  Wigorn.,  an.  094. 

2.  JEdel.  C/iron.,  II,  cap.  40. 

3.  Chron.  saxon.,  an.  094. 


)  30  MKOWULf 

En  resume,  le  wergyld  était  fondé  sur  ce  principe,  que  son 
paiement  faisait  cesser,  pour  le  coupable,  toute  responsa- 
bilité, tant  vis-à-vis  de  TEtat  que  des  particuliers,  et  que 
dans  ces  âges  barbares,  le  rachat  pécuniaire  du  crime 
entraînait  son  absolution. 


! 


CHAPITRE  XI 
Fo'lcland.  Bo'cland.  Lœ'nland 


Les  limites  qui  avaient  été  apportées  à  l'attribution  primi- 
tive de  rédel,  ou  domaine  allodial,  avaient  permis  de  laisser 
une  étendue   de   terres   assez    considérable,    réservée   pour 
l'application  du  principe,  que  tout  homme  libre  doit  s'établir 
sur  le  sol,  et  jouir  de  sa  possession.  L'Etat  se  trouvait  être 
le  propriétaire  nominal  de  ces  territoires  qui  furent  appelés 
fôlcland  par  les  populations,  et  par  les  chroniqueurs,  terra 
publiai,  ager  publiais.  Le  fôlcland  se  distinguait  de  l'edel,  en 
ce  qu'il  n'était  pas  dévolu  à  l'homme  libre  en  pleine  propriété, 
et  qu'il  n'était  point  héréditaire.  Le  dominium  utile  était 
consenti  au  bénéficiaire  ;  le  dominium  directum  était  réservé 
par  l'Etat,  pour  la  jouissance  publique,  quand  la  terre  ces- 
sait d'être  possédée  et  exploitée  par  le  concessionnaire,  par 
suite  de  sa  mort,  ou  de  la  cessation  de  ses  paiements  envers 
l'Etat.    Parfois,  le   fôlcland  était  destiné  à  récompenser  de 
grands  services  publics,  et  dans  ce  cas,  sur  les  terres  qu'il 
renfermait,  on  constituait  un  édel,  en  toute  propriété,  pour 
celui  que   la    collectivité    voulait   enrichir .   Dans   Beowulf, 
(v.  5.977),  Wulf  et  Eofer,    sont   récompensés  d'avoir   tué 
Ongendeôw,   par  une    dotation    en  terres    et  en    anneaux. 
L'exposé  le  plus  clair  des  caractères  du  fôlcland  est  donné 
par  Bède,  qui  se  plaint  qu'une  partie  du  domaine  public  ait 


132  BEOWULF 

été  détourné  de  son  attribution  véritable  —  comme  n'étant 
plus  possédé  —  à  titre  de  compensation  ou  de  récompense, 
par  ceux  dont  les  armes  défendent  le  pays  : 

«  Et  depuis,  écrit-il,  qu'il  y  a  de  vastes  territoires  qui  ne 
sont  utiles  ni  aux  hommes,  ni  à  Dieu,...  n'étant  pas  possé- 
dés par  des  guerriers  qui  pourraient  défendre  notre  sol 
des  invasions  barbares,  on  pourrait  faire  un  acte  louable, 
en  faisant  de  ces  terres  le  centre    d'un  évêché,    ou   d'une 

abbaye Il  n'y  a  plus  de  terres  que  les  fils  de  nobles,  ou 

les  soldats  vétérans,  puissent  recevoir  en  dotation  »  (1). 

Le  fôlcland,  en  Angleterre,  comme  dans  les  autres  états 
teutons,  était  une  propriété  nationale,  sur  laquelle  on  cons- 
tituait des  majorats  viagers,  ou  en  pleine  propriété. 

«  Prinçeps  de  eius  recuperatione  simul  et  postulatione  mul- 
tum  gavisus,  et  suum  ad  hoc  consensum  et  parentum  adep- 
tus  est  favorem  ;  deditque  illi  in  eisdem  partibus,  multas 
possessiones  de  publico,  quatinus  viciniori  potentia  soceris 
acceptior  factus,  non  minori  apud  illos,  quam  in  genitali  solo 
praecelleret  dignitate  »  (2). 

Il  est  difficile  de  préciser  les  conditions  dans  lesquelles 
s'exerçait,  pour  les  tenanciers,  leur  droit  d'usufruit.  A  la  pos 
session,  même  précaire,  de  ces  terres  était  attaché  le  service 
militaire  qui  devait  être  personnellement  effectué  ;  les  tra- 
vaux d'entretien  des  voies,  ponts,  et  remparts.  Il  y  avait,  en 
outre,  pour  le  bénéficiaire  du  fôlcland,  certaines  obligations 
envers  le  roi  :  service  de  garde,  assistance  aux  chasses  roya- 
les ;  escorte  à  fournir  aux  messagers  du  roi,  en  services 
publics  ;  nourriture  à  donner  aux  meutes,  aux  faucons  et  aux 
chevaux  de  l'équipage  royal.  Le  tenancier  était  encore  tenu 
à  des  prestations  en  nature,  sur  lesquelles  vivaient  le  roi  et 


1.  Bède,  Epist.  ad  Ecgbirhtum  Archiep,  §  2  (Opera  Min.,  II,  216). 

2.  Vit.  S.  Idae,  Pertz,  II,  571. 


LES   SAXONS   EN    ANGLETERRE  133 

sa  maison.  Ces  redevances  étaient  comprises  sous  la  dénomi- 
nation, Cyninges-feorm  ou  Firma  regis. 

C'est  par  les  exemptions  d'impôts  accordées  par  les  rois, 
que  l'on  peut  se  rendre  compte  des  prestations  auxquelles  le 
tenancier  du  fôlcland  était  assujetti. 

Entre  les  années  791  et  796,  Offa  exempte  cinquante  hides 
de  terres,  à  Westbury  et  à  Hanbury,  de  tous  impôts  envers 
le  roi,  les  ducs,  et  leurs  officiers,  à  l'exception  de  deux  tonnes 
de  bière  blonde  ;  d'une  tonne  de  bière  forte  du  pays  de  Gal- 
les; de  sept  bœufs;  de  quarante  fromages,  et  de  trente 
mesures  de  blé  (1). 

En  863,  un  domaine  à  Marsham,  devait  comme  redevance 
annuelle,  trente  fromages;  quarante  agneaux,  deux  jours  de 
labourage,  qui  pouvaient  être  rachetés,  au  prix  de  trente 
shillings  d'argent  (argentea)  (2) 

En  877,  l'évêque  Tunberht,  du  consentement  de  son  cha- 
pitre, obtient  du  roi  et  de  son  Conseil,  que  les  lieux  où  doi- 
vent s'élever  les  réfectoires  d'une  abbaye,  soient  dégrevés  de 
toutes  charges  : 

«  Liberam  ab  omnibus  terrenis  diffîcultatibus  omnium 
gravitudinum,  sive  a  pastu  regis,  principis,  exactoris;  et  ab 
omni  aedificiorum  opère,  tributo,  a  paraveredis,  a  taxationi- 
bus  qu  :d  dicimus  witerâedne  ;  omnium  rerum  saecularium 
perpetualiter  libera  sit,  excepta  expeditione  et  pontis  aedifi- 
catione  »  (3). 

Vingt  ans  plus  tart,  en  883,  un  monastère  est  affranchi  de 
toutes  les  prestations  dues  par  les  moines  au  roi,  en  bière, 
miel,  porcs,  bœufs,  et  moutons  (4).  Dans  les  prestations  du 


1.  Cod.  DipL,  n»166. 

2.  Ibid.,  nos  281,  288. 

3.  Cod.  Ûipl.,n°  1063. 

4.  Ibid.,  n°  313. 


131  BEOWULF 

monastère  de  Taunton,  on  relève  :  une  nuit  de  garde  auprès 

du  roi  ;  huit  chirns.  <|  un  gardien  desdits  chiens  ;  l'entretien, 
pendant  huit  nuits,  des  fauconniers  du  roi;  et  le  transport  de 
la  suite  royale  à  Curry. 

Les  redevances  de  vingt  hides  de  terrain  à  Titchbourn, 
accordés  entre  901  et  909,  par  Kâdweard,  à  Denewulf  de  Win- 
chester pour  trois  générations,  étaient  les  suivantes  :  douze 
tonnes  de  bière;  douze  tonnes  de  bière  sucrée  du  pays  de 
Galles  ;  vingt  tonnes  de  bière  blonde  ;  deux  cents  pains  lar- 
ges, et  cent  pains  longs  ;  deux  bœufs  frais  ou  salés  ;  quatre 
porcs;  six  moutons;  quatre  flèches  de  lard,  et  vingt  froma- 
ges. La  prestation  en  viandes,  pouvait  être  effectuée  en  pois- 
sons (1). 

«  Insuper  etiam,  hanc  praedictam  terram  liberabo  ab  omni 
servitute  saecularium  rerum,  a  pastu  regis,  episcopi,  praefec- 
torum,  exactorum,  ducum,  canum,  vel  equorum,  seu  accipi- 
trum  ;  ab  refectione  et  habitu  illorum  omnium  qui  dicuntur 
Faestingmen  »,  etc.  (2). 

«  Sint  liberati  a  pastu  principum,  et  a  difficultate  ilia  quod 
nos  Saxonice  dicimus  Festingmen  ;  nec  hommes  illuc  mittant 
qui  accipitros  vel  falcones  portant,  aut  canes,  aut  caballos 
ducunt;  sed  sint  liberati  perpetualiter  in  aevum  »  (3). 

«  Ab  opère  regali  et  pastu  regis  et  prineipis,  vel  inniorum 
eorum  ;  ab  hospitorum  refectione  venatorum  ;  etiam  equorum 
regis  falconum  et  ancipitruni,  et  puerorum  qui  ducunt 
canes  »  (4). 

«  Ut  sit  liberatum  et  absolutum  illud  monasterium  ab  illis 
causis  quas  Gumfeorme  et  Eafor  vocitemus  ;  turn  a  pastu  acci- 
pitrorum  meorum,  quam  etiam  venatorum  omnium,  vel    a 

4.  Cod.  DipL,  n°  1088. 

2.  Ibid.,  nos  216,  822. 

3.  Ibid.,  n°  257,  an.  SU. 

4.  Ibid.,  n°258,  an.  845, 


LES  SAXONS  EN  ANGLETERRE  135 

pastu  equoruni  meoruin  omnium,  sive  ministrorum  eorum. 
Quidplura,  ab  onmi  illa  incoinnioditate  /Efres  et  Gumfeorme, 
nisi  istis  causis  quas  hic  nominamus  :  praecones  si  trans 
mare  venirent  ad  regem  venturi,  vel  nuncii  de  gente  Occi- 
dentaliuin  saxoninn  vel  de  gente  Northanhymbrorum,  si 
venirent  ad  horam  tertiam  diei  vel  ad  medium  diem  dabitur 
illis  prandium  ;  si  venirent  super  nonam  horam  tune  dabi- 
tur eis  noctis  pastum,  et  iterum  de  mane  pergent  in  viam 
siiam  »  (1). 

«  Et  illam  terram  hi  manentium  in  Beonetlege,  in  occiden- 
tale plaga  Saebrine  etiam  liberabo  a  pascua  porcorum  re[g]is, 
quod  nominamus  Fearnleswe  »  (2). 

«  Liberabo  illud  a  pastu  et  ab  refectione  omnium  ancipi- 
trum  et  falconum  in  terra  Mercensium,  et  omnium  venatorum 
regis  vel  principis,  nisiipsorumtantum  qui  in  provincia  Hwic- 
ciorum  sunt  ;  etiam  similiter  et  a  pastu  et  refectione  illorum 
hominum  quos  Saxonice  nominamus  Waelhfœreld,  heora 
faesting,  ealra  Angelcynnes  monna,  aelpeôdigra  raedefaes- 
tinge,  tam  nobilium  quam  ignobilium  »  (3). 

En  875,  Ceôlwulf,  usurpateur  du  trône  de  Mercie,  exempta 
tout  le  diocèse  de  Worcester,  lota  parochia  Hwicciorum,  du 
pastus  equorum  regis,  et  de  l'entretien  de  leurs  conduc- 
teurs (4). 

Ce  fut,  dès  l'abord,  le  clergé  qui  jouit  surtout  de  ces  exemp- 
tions. Au  demeurant,  le  fôlcland  peut  être  regardé  comme 
désignant  toutes  les  terres,  en  dehors  du  hlot,  sors,  ou  alod, 
des  premiers  hommes  de  la  Marche. 

Le  pays  entier  était  divisé  en  fôlclands,  contenant  un  nom- 
bre plus  ou  moins  grand  de  hides,  sujets  au  fôlchriht,   ou 

I.  Cod.  Dipl.,  n°  261,  an.  848. 

%.  Ibid.,  no  277,  an.  855. 

3.  Ibid.,  no  278,  an.  855. 

4.  Cod.  Dipl.,  no  306,  an.  875, 


136  BEOWULF 

loi  publique,  de  sorte  que,  quand  Bède  parle  de  terra  unius 
tributarily  terra  fa?nili<v  unius,  il  désigne  seulement  des  par- 
ties distinctes  et  séparées,  du  fôlcland,  sens  qui  se  trouve 
dans  la  traduction  faite  par  yElfred. 

Le  pouvoir  de  disposer  de  ces  terres,  appartenait  à  la 
nation  elle-même,  c'est-à-dire,  à  son  représentant  :  au  roi  et 
à  son  witan.  Mais  il  est  probable  que  ces  dotations  étaient 
conférées  avec  des  symboles  solennels  :  le  bénéficiaire  rece- 
vait, la  gerbe,  le  bâton  du  pasteur,  ou  le  cespes  veridis  (1)  ; 
sans  que  jamais,  ces  concessions  aient  été  octroyées  dans  une 
charte. 

Le  fait  même  que  le  fôlcland  n'était  pas  constitué  par  une 
charte,  explique  l'insuffisance  des  détails  possédés  sur  cette 
particularité  territoriale.  Le  fôlcland  n'est  qu'incidemment 
mentionné,  dans  le  corps  des  antiquités  anglo-saxonnes, 
mais  il  suffît  de  ces  citations,  pour  conclure  que  les  terres 
concédées  sur  le  fôlcland,  n'étaient  pas  héréditaires. 

Vers  la  fin  du  ixe  siècle,  /Elfred,  ealdorman  ou  duc  de 
Surrey,  divisa  ses  terres  par  testament.  Il  laissait  à  sa  fille  la 
majeure  partie  de  ses  biens  ;  et  à  son  fils  ^Ëdelweard  (enfant 
illégitime,  sans  doute),  trois  hides  de  terres  héréditaires,  ou 
bôcland,  tout  en  exprimant  l'espoir,  que  le  roi  confirmerait 
son  fils,  dans  la  possession  du  fôlcland  dont  il  avait  joui  lui- 
même.  Mais  au  cas  prévu  du  refus  royal,  sa  fille  devait  choi- 
sir, pour  les  attribuer  à  son  frère,  deux  domaines  héréditai- 
res qu'elle  avait  reçus  (2). 

De  même,  avant  la  Conquête,  trouve-t-on  l'abbé  Wulfw old, 
portant  les  faits  suivants  à  la  connaissance  de  Gisa,  évêque 

4.  «  Conferebantur  etiam  primo  multa  prsedia  nudo  verbo,  absque 
scripto,  vel  charta,  tantum  cum  domini  gladio,  vel  galea,  vel  cornu,  vel 
cratera  ;  et  plurima  tenementa  cum  calcari,  cum  strigili,  cum  arcu,  et 
nonnulla  cum  sagitta  »,  Hist.  Croyl.,  p.  70. 

2.  Cod.  Dipt.,  n°317. 


les  saxons  en  Angleterre  137 

de  Wells  ;  (TiEgelnod,  abbé  ;  de  Tofîg,  sheriff,  et  de  tous  les 
thanes  dans  le  Somerset  (1)  : 

«  Eadweard,  le  roi,  mon  Seigneur,  m'a  donné  à  Corfestige, 
les  terres  que  possédait  mon  père,  et  les  quatre  fermes 
d'.Eswic,  et  les  champs  et  les  prairies  qui  en  font  partie..., 
le  tout  aussi  libre  de  redevances  et  d'impôts  que  le  domaine 
royal  ;  avec  la  faculté  pour  moi,  d'en  disposer  de  mon 
rivant...  » 

11  résulte  de  ces  textes,  que  les  biens  fonciers  dont  il  est 
question,  étaient  constitués  en  bénéfices  viagers.  Il  n'y  avait, 
du  reste,  que  l'homme  libre,  et  rarement  l'affranchi,  qui  pus- 
sent posséder  un  domaine  sur  le  fôlcland.  Et  le  roi  lui-même 
pouvait  être  propriétaire  du  fôlcland,  quand  d'anciennes 
frontières  territoriales  étaient  déclassées  :  «  ab  occidente 
Gyninges  fôlcland  quod  habet  Wighelm  et  Wulflâf  »  (2). 

Dès  les  premiers  temps,  on  eut  coutume  de  tirer  du 
fôlcland,  des  domaines  héréditaires,  qui  devinrent  ainsi  des 
propriétés  individuelles,  que  pouvaient  donner,  vendre,  ou 
diviser,  ceux  qui  en  bénéficiaient  :  par  quoi,  le  principe  du 
retour  à  l'Etat  était  mis  en  échec,  et  les  terres  publiques  se 
trouvaient  diminuées  de  ces  aliénations  successives.  Il  était 
d'usage,  en  constituant  ces  terres  en  dotations,  de  les  rendre 
libres  de  toutes  charges  (3),  excepté  de  celles  qui  s'atta- 
chaient inévitablement,  à  toute  propriété  :  communis  labor, 
generalis  incommoditas,  onus  ineoitabile,  trinoda  nécessitas . 
Quand  la  possession  de  ces  domaines  fut  consentie  par  des 
chartes,  la  terre  ainsi  aliénée,  reçut  la  dénomination  de 
bôcland. 

Les  premières  constitutions  de  fôlcland  en  bôcland,  furent 
faites  en  faveur  d'établissements  religieux,  et  il  n'y  avait  pas 

1.  Cod.  DipL,  n°  317. 

2.  Ibid..  n8  281. 

3.  Hist.  Ecct.,  III,  24. 


1'W  BEOWULF 

dans  cocas,  de  retour  possible  à  l'État,  le  droit  héréditaire 

existant  pour  la  personne  morale  qui  se  succédait  à  l'infini. 
L'abus  de  concessions  de  cette  nature,  menaçait  la  sécurité  de 
l'Etat,  car  les  terres  ainsi  aliénées,  étaient  exemptées  de  tout 
service  militaire,  pour  ceux  qui  les  possédaient,  ou  qui  y 
étaient  établis.  Ne  lit-on  pas,  dans  Bède  (1)  qu'Oswiû,  en  se 
convertissant  au  christianisme,  fit  entrer  sa  fille  Eânflâed  au 
couvent,  auquel  il  donna,  pour  la  réception  de  celle-ci, 
douze  domaines,  possessumculœ  terrarum,  comprenant  cha- 
cun, dix  hides. 

«  Ablato  studio  militiae  terrestris,  ad  exercendam  militiam 

cœlestem  locus  facultasque  suppeteret Despexit  militiam 

cum  corruptibili  donativo  terrestrem,  ut  vero  régi  militaret. .  » 

En  ce  cas,  comme  dans  d'autres,  le  service  militaire  n'était 
pas  exigé  du  bénéficiaire  de  cette  partie  du  fôlcland,  qui 
demeurait  inutilisé  pour  les  services  publics. 

L'inexécution  des  charges  de  la  donation,  ou  une  destina- 
tion autre  que  celle  qui  avait  été  prévue  dans  sa  constitution, 
entraînaient  la  confiscation,  pour  le  bénéficiaire.  Ainsi  le  roi 
Ini  priva  de  leur  concession  l'abbé  Hean  et  l'abbesse  Cille, 
par  ce  qu'aucun  édifice  religieux  n'était  élevé,  sur  la  partie 
du  fôlcland  qui  leur  avait  été  attribué  : 

«  Sed  Ini  rexi  eandem  terrain,  postea  dum  regno  potiretur, 
diripiens  ac  reipublicae  restituit,  nondum  constructo  monas- 
terio  in  ea,  nec  ullo  admodum  oratorio  erecto  »  (2). 

Les  terres  ainsi  confisquées,  faisaient  retour  à  la  commu- 
nauté, en  redevenant  parties  intégrantes  du  fôlcland.  Le  roi, 
l'ealdorman,  le  sheriff  interviennent  solennellement,  à  la 
constitution  du  bôcland,  avec  le  witena-gemôt,  ou  conseil 
suprême  de  la  nation  (3). 

1.  Hist,  Ed.,  Ul,  M. 

2.  Cod.  DipL,  n°  46. 

3.  Cod,  DipL,  no  281. 


LES    SAXONS    KiN    ANGLETERRE  139 

Les  rois  ne  manquèrent  pas  souvent  de  se  faire  constituer, 
personnellement,  de  pareils  domaines  :  ils  les  sollicitaient  de 
leur  witan,  ou  conseil,  pour  en  disposer,  par  la  suite,  selon 
leur  plaisir.  Vers  la  fin  de  la  domination  anglo-saxonne, 
tout  le  territoire  était  divisé  en  bôlcland,  aux  mains  de  la 
noblesse  qui  étendait  ses  domaines,  alors  que  la  majorité 
des  hommes  libres,  demeurait  resserrée  dans  ses  limites  pri- 
mitives. 

Les  conditions  qui  accompagnaient  la  constitution  du 
bôcland  étaient  souvent  onéreuses,  car  il  n'était  pas  toujours 
aisé  de  satisfaire  la  cupidité  du  witan  qui  les  accordait  :  aussi 
trouve-t-on  que  ces  constitutions  sont  limitées  à  un  certain 
nombre  de  générations,  ou  frappées  d'un  droit  de  retour  à 
l'Etat,  après  une  jouissance  viagère.  Il  est  à  prévoir  que  le 
bénéficiaire  du  bôcland,  pour  assurer  sa  propre  subsistance, 
était  autorisé  à  établir  sur  ses  nouveaux  domaines,  des  colons 
pauvres,  des  travaux  et  des  redevances  desquels  il  profitait. 
Une  partie  des  terres,  généralement,  le  centre  du  bôcland, 
(dominium,  demesne)  était  affectée  à  la  résidence  du  seigneur; 
aux  fermes  ;  aux  communs;  aux  habitations  des  serfs,  esnes, 
laets  et  autres  hommes  non  libres.  Le  seigneur  récompen- 
sait ces  derniers  de  leurs  servives  par  sa  protection,  par  la 
nourriture,  les  vêtements,  et  par  de  maigres  rétributions 
pécuniaires. 

Sur  les  terres  plus  lointaines,  et  dans  les  forêts,  les  serfs 
conduisaient  les  troupeaux,  de  chevaux,  de  porcs,  de  bœufs 
et  de  moutons,  ou  dans  le  dominium  (1),  ils  pourvoyaient, 
par  leur  industrie,  à  tous  les  besoins  de  la  maison,  tour  à  tour 

1.  «  Alio  quoque  tempore,  in  adolescentia  sua,  dum  adhuc  esset  in 
populari  vita,  quando  in  montanis  iuxta  fluvium  quod  dicitur  Leder,  cum 
aliis  pastoribus,  pecora  domini  sui  pascebat...  »,  Anon.  Cudberth.,  cap. 
VIII  (Bède,  op.  Min.,  II,  262).  «  Contigit  eum  remotis  in  montibus 
commissorum  sibi  pecorum  agere  custodiam  »  (Id.,  op.  cit.,  II,  55). 


140  BËOWULf 

tisserands,  cordonniers  ou  forgerons.  Le  beurre  et  les  fro- 
mages; le  pain,  le  lard,  la  bière  et  le  miel,  étaient  préparés 
ou  récoltes  sur  les  lieux  mêmes,  comme  dans  la  villa 
romaine...  Le  reste  des  terres  était  commis,  à  des  conditions 
variables  (prestations  en  nature  ou  en  espèces),  aux  hommes 
qui  ne  possédaient  pas  de  terres. 

La  propriété  du  sol  fut  donc  essentielle,  au  point  de  vue 
politique,  chez  les  Anglo-Saxons  :  c'est  d'elle  que  naissent 
pour  les  hommes  libres,  tous  droits  civils,  et  en  raison  de  sa 
valeur,  toute  acquisition  du  sol  ne  s'effectue  qu'au  prix  de 
lourdes  charges.  Toute  terre  concédée  moyennant  des  rede- 
vances, rentrait  sous  la  dénomination  générale  lâen,  ou 
loan  (1).  La  jouissance  du  sol  ainsi  consenti,  était  précaire  ; 
et  quand  le  Iden  se  trouvait  sur  le  fôlcland,  sa  concession 
pouvait  être  révoquée  ad  nut  uni.  Le  tenancier  du  lâenland, 
pour  récompense  de  ses  longs  services,  pouvait  espérer  de 
son  seigneur,  la  confirmation  solennelle  de  ses  droits,  qui 
assimilaient,  pour  une  ou  deux  vies,  sa  propriété  à  celle  même 
du  bôcland.  Dans  une  traduction  des  soliloques  d'Augustin, 
attribuée  (?)  à  Alfred  de  Wessex,  on  lit  ce  passage  (Ms. 
Gott.  Vitel,  A.  XV.  fol.  2)  : 

«  Il  est  agréable  à  tout  homme  qui  s'est  bâti  une  demeure 
sur  le  lâen  de  son  seigneur,  et  avec  laide  de  celui-ci,  de  s'y 
reposer  ;  de  chasser;  de  pêcher...,  jusqu'à  ce  que  par  la  lar- 
gesse du  seigneur,  il  gagne  le  bôcland,  héritage  sans  fin.  » 

En  977,  Oswald,  archevêque  d'York,  et  évêque  de  Wor- 
cester, fît  à  Teddington,  une  concession  de  trois  hides  de  terre 
en  faveur  de  son  thane,  Eâdric  : 

«  Voici  qu'il  y  avait  trois  hides  de  cette  terre,  lit-on  dans 
le  Codex  Diplomaticus,    que  l'archevêque   Oswald  conféra, 


1.  Cf.  Cod.  DipL,  nos  1058,  699,  494,  495,  506,  507,  509,  511,  529, 
531,  538;  540,  552,  679. 


LES  SAXONS  EN  ANGLETERRE  141 

par  une  charte  nouvelle,  à  Eâdric  son  thane,  qui  les  possé- 
dait auparavant,  comme  lâenland  »  (1). 

On  relève  encore  ce  détail,  dans  une  autre  concession 
du  même  prélat  entre  972  et  992,  faite  à  son  client  JE\- 
fsige  : 

«  Nous  lui  octroyons  les  terres  à  l'Ouest  du  clos  de  Wulf- 
sige  ;  qu'il  les  tienne  pour  bocland,  alors  qu'il  les  possédait 
comme  lâenland  »  (2). 

En  977,  à  Worcester,  trois  hides  de  terres  sont  concédés, 
par  charte,  au  moine  Wysinge,  pour  trois  vies  au  titre  où  son 
père  les  avait  tenus  ;  et  entre  978  et  992,  le  prêtre  Goding 
est  confirmé,  pour  trois  vies,  dans  la  possession  des  terres, 
à  lui  concédées,  hors  des  portes  de  la  cité  (3).  Dans  ces  deux 
cas,  le  lâen  parait  avoir  été  converti,  en  propriété  absolue, 
en  bolcland,  pour  quelques  générations,  seulement. 

11  semble  intéressant  de  donner,  ici,  quelques  exemples  de 
ga/ô/s,  ou  redevances  sur  les  terres  concédées. 

Pour  trente  hides  de  terres  à  Sempringahn,  pendant  deux 
générations,  il  est  dû  :  au  monastère  :  deux  tonnes  de  bière 
blonde  ;  deux  bœufs;  deux  mittan,  ou  mesures  de  bière  du 
pays  de  Galles,  et  six  cents  pains  ;  au  domaine  privé  de 
l'abbé  :  un  cheval  ;  trente  shillings  d'argent  ;  quinze  mitlan 
de  bière  du  pays  de  Galles,  et  quinze  sesters  de  bière  com- 
mune (4). 

Quarante  hides  à  Southampstead  représentaient,  comme 
redevances,  cent  vingt  livres  de  blé  ;  un  bœuf  gras  et  quatre 
moutons  ;  cinq  oies  ;  dix  poules,  et  dix  livres  de  froma- 
ges (5). 

1.  Cod.  DipL,  nos  617,  651. 

2.  Ibid  ,  n°  679. 

3.  Ibid  ,  nos  616,  683. 

4.  Ibid.,  n°  267,  an.  852,  no  950. 

5.  Ibid.,  no  226,  an.  805-831. 


142  BEOWULF 

La  redevance  d'une  terre  d'un  jug  a  ou  geoc,  à  Lambaliâm, 
était  de  quarante  pensas  de  fromage,  ou  dune  égale  quan 
tité  d'agneaux  et  de  laines  (1). 

Ealdwulf,  évoque  de  Worcester,  pour  quarante  acres  de 
terres  qu'il  avait  concédés,  exigeait  annuellement,  cinquante 
saumons  (2). 

En  835,  l'abbesse  Gyneware  concéda  des  terres  au  duc 
Humberht,  à  la  condition  qu'il  payât  le  gablum,  ou  redevance 
de  trois  cents  shillings  (3). 

Quelque  onéreuse  que  paraisse,  pour  l'homme  libre,  la 
possession  du  sol,  il  faut  garder  en  mémoire  qu'elle  lui  assure 
sa  liberté  même,  et  que  sans  elle,  il  devient  un  serf,  puisque 
la  terre  est  la  seule  force,  et  la  seule  richesse,  qui  donne  à 
ceux  qui  la  détiennent,  les  moyens  de  vivre.  Le  Saxon  savait 
peiner  avec  joie,  et  le  seigneur  pouvait,  en  contemplant  à 
travers  les  champs,  le  travail  silencieux  et  empressé  des 
serfs,  ne  pas  craindre  une  flèche  derrière  les  murailles  qui 
entouraient  ses  terres,  ou  les  représailles  de  l'injustice,  et  de 
la  misère.  Le  barbare  saxon  était  capable  de  souffrance,  dans 
l'âpre  vie  des  champs,  comme  il  savait  mourir,  sans  regret 
et  sans  plainte,  dans  les  batailles. 


1.  Cod.  Dipt,  n°  220,  an.  832. 

2.  Ibid.,  n»  695. 

3.  Ibid.,  n°  1043. 


CHAPITRE  XII 
Le  Paganisme  des  Anglo-Saxons 


La  religion  et  la  loi,  dans  les  sociétés  primitives,  sont  en 
étroites  relations,  et  les  formes  judiciaires  sont  toujours 
subordonnées  au  culte,  quand  les  fonctions  judiciaires  et 
sacerdotales  sont  aux  mains  de  la  même  classe. 

Bien  avant  que  le  christianisme  eût  pénétré  parmi  eux, 
les  Saxons  avaient  des  croyances  religieuses,  qui  ne  furent 
pas  sans  influence  sur  les  relations  familiales  et  sociales,  des 
individus.  Le  barbare,  dans  les  épreuves  de  sa  vie  errante, 
ou  dans  les  soudaines  afflictions  de  son  âme,  trouvait  quelque 
soulagement,  dans  la  pensée  que  des  dieux  veillaient  sur  lui 
avec  sollicitude  ;  et  souvent,  il  devait  songer  que  la  rude 
tâche  accomplie  par  lui  chaque  jour,  était  un  efïet  de  leur 
volonté  divine.  Les  principes  religieux  des  Germains,  dans 
leur  austérité  vertueuse,  et  avec  la  ferveur  des  espoirs  qui 
les  animaient,  pouvaient  s'harmoniser  avec  la  doctrine  même 
du  christianisme,  dont  ils  semblaient,  déjà  pénétrés,  quoique 
perdus  dans  les  théogonies  obscures,  lueurs  incertaines,  et 
encore  fermées  aux  clartés  éternelles  de  la  foi. 

La  matière  même  de  la  religion  mythologique  des  Ger- 
mains, doit  être  recherchée  dans  les  dieux,  et  dans  les  héros, 
ou  demi-dieux.  La  royauté  anglo-saxonne  étant  de  droit  divin, 
la  famille  royale  a,  pour  premier  titre  au  trône,  sa  descen- 


144  BEOWULF 

dance  divine,  el  Le  sang  de  Wôden  quelle  représente.  Chez 
les  anglo-saxons,  les  divinités  qui  ont  fondé  leur  race  et  quo 
mentionne  Tacite  (1),  ont  disparu  de  leur  culte,  aussi  étu- 
dierons-nous successivement,  les  dieux  et  les  déesses  propre- 
ment dits;  les  monstres  et  les  titans;  les  n  essagers  divins, 
ou  intermédiaires  entre  les  hommes  et  les  dieux;  enfin,  les 
héros  de  l'épopée. 

La  prudence,  et  peut  être  le  mépris  des  premiers  écrivains 
saxons  et  chrétiens,  pour  les  croyances  païennes,  n'ont  pas 
laissé  de  trace  de  ce  qu'Augustin  et  ses  missionnaires, 
avaient  détruit.  On  n'a  en  ces  matières,  d'autres  données 
que  celles  de  la  tradition,  des  superstitions,  et  des  légendes, 
communes  à  tous  les  Saxons,  et  du  continent,  et  de  ceux  qui 
s'étaient  établis  en  Angleterre. 

Quand  le  christianisme  apparaît  en  Angleterre,  il  est  déjà 
florissant  en  Norvège,  en  Suède,  au  Danemark,  alors  que  ces 
pays  sont  entrés  en  relations  publiques,  avec  le  reste  de 
l'Europe. 

En  Angleterre,  les  débuts  mêmes  de  l'histoire,  et  le  déve- 
loppement du  christianisme  sont  contemporains.  Longtemps 
après  la  disparition  du  paganisme  et  de  ses  croyances,  la 
famille  est  encore  sujette  à  l'influence  héréditaire  et  persis- 
tante, des  anciens  dieux.  Alors  quelques  superstitions,  et 
des  incantations  de  la  magie  se  retrouvent  dans  les  croyances 
populaires,  de  même  que  le  temple  païen,  purifié  par  les 
eaux  chrétiennes,  garde  quelque  chose  de  la  sainteté  des 
mystères  qui  y  étaient  célébrés. 

Ce  que  Paul  Diacre,  Jonas  de  Babbio,  Jornandès,  Adam 
de  Bremen,  Alcuin,  Widukind  affirment  des  autres  races 
germaines,  Bède  le  répète  pour  les  Anglo-Saxons,  «  qu'ils 


1.  «  Celebrant  carminibus  antiquis...  Tuisconem  deum  terra  editum, 
et  filium  Mannum. ..  »,  Germ.,  U.  


LES    SAXONS    EN    ANGLETERRE  145 

adoraient  dos  idoles,  idola,  simulacra  deoritm,  et  qu'ils 
avaient  coutume  de  sacrifier  dos  bœufs  à  Leurs  divinités  »  (1). 
D'après  Bède,  également,  on  apprend  qu'Hréde  et  Eostre, 
deux  déesses  saxonnes,  donneront  leurs  noms  à  deux  dos 
mois  ;  qu'à  une  saison  particulière  les  troupeaux  étaient 
sacrifiés  aux  dieux,  et  qu'à  une  autre,  des  gâteaux  leur  étaient 
présentés  en  offrande  (2).  Suivant  le  même  auteur,  après  la 
mort  de  Saèbeorht,  dans  l'Essex,  ses  fils  restaurèrent  dans 
le  royaume,  le  culte  des  idoles  (3)  ;  Eâdwini  de  Northum- 
berland leur  rendit  grâces, pour  la  délivrance  de  sa  reine  (i)  ; 
Reâdwald,  de  l'Ouest- Anglia,  leur  sacrifiait  des  victimes,  et 
pendant  une  peste,  le  peuple  d'Essex  fit  retour  à  ses  ancien- 
nes croyances,  jusqu'à  ce  qu'il  eût  été  à  nouveau  converti  au 
christianisme  par  Gearoman  (5).  Certains  charmes  runiques 
étaient   réputés  capables  de  briser  les  chaînes  des  captifs, 

1.  «  Cum  ergo  Dens  omnipotens  vos  ad  reverenlissimum  virum, 
1  rat  rem  nostrum  Augustinum  episcopum  perduxerit,  dicite  ei  quid  diu 
mecum  de  causa  Anglorum  cogitans,  tractavi,  videlicet,  quia  fana  idolo- 
rum  deslrui  in  eadem  gente  minime  debeant  ;  sed  ipsa,  quae  in  eis  sunt, 
idola  destruantur,  aqua  benedicta  fiat,  in  eisdem  fanis  aspergatur,  altaria 
construantur,  reliquiae  ponantur.  Quia,  si  fana  eadem  bene  constructa 
sunt,  necesse  est  tit  a  cultu  daemonum  in  obsequium  veri  Dei  debeant 
commutari  ;  ut  dum  gens  ipsa  eadem  fama  sua  non  videt  destrui,  de 
corde  errorem  deponat,  et  Deum  verum  cognoscens  ac  adorans  ad  loca, 
quae  consuevit,  familiarius  concurrat.  Et  quia  boves  soient  in  sacrificio 
daemonum  multos  occidere,  debet  eis  etiam  hac  de  re  aliqua  solemnitas 
immutari;  ut  die  dedicationis,  vel  natalitii  sanctorum  m  arty  rum,  quorum 
illic  reliquiae  ponuntur,  tabernacula  sibi  circa  easdem  ecclesias,  quae  ex 
fanis  commutatae  sunt,  dc  ramis  arborum  faciant,  et  religiosis  convidiis 
solemnitatem  célèbrent,  nee  diabolo  iam  animalia  immolent,  sed  ad 
laudem  Dei  in  esu  suo  animalia  occidant...  »  (Bède,  Hist.  Eccl.,  I,  30). 

2.  De  natura  rerum,  cap.  XV. 

3.  Hist.  Eccl.,  11,5. 
A.  Ibid.,  IT,  9. 

5.  «  Cœperunt  fana,  quse'derelicta  erant,  restaurare,  et  adorare  simu- 
lacra; quasi  per  lire  possenl  a  morlalitate  defendi  »,  Uist.  Eccl..  Ill, 
30;  11,  15. 

JO 


I  \i\  BEOWULF 

quand  Eorcenberhl  deKenl  parvint  à  abolir  complètement  le 
paganisme  dans  son  royaume,  el  à  y  détruire  les  idoles,  <•! 
la  hiérarchie  des  prêtres  païens  (1). 

Les  recueils  des  pénitences  imposées  par  l'Eglise,  el  Les 
actes  des  witena-gemots,  sont  remplis  de  prohibitions,  contre 
les  pratiques,  ouvertes  ou  secrètes,  du  paganisme.  On  voit 
par  là,  que  même  au  temps  de  Cnut,  l'adoration  des  fruits, 
la  sanctification  des  bois,  les  enchantements,  les  philtres  et 
les  incantations  nocturnes  étaient  assez  répandus  parmi  les 
populations,  pour  commander  l'intervention  du  législateur. 
Mais  on  chercherait  vainement  des  allusions  précises  aux 
divinités  dont  le  culte  était  interdit  :  il  semble  qu'une  der- 
nière terreur  de  la  superstition  empêchât  le  législateur  de  les 
nommer  ouvertement,  et  c'est  presque  à  la  seule  tradition, 
fabuleuse  ou  historique,  que  l'on  peut  avoir  recours  pour 
éclaircir  ces  matières,  puisque  la  religion  anglo-saxonne  est 
rituelle,  formaliste,  et  non  écrite,  et  que  ses  secrets  se  trans- 
mettent par  les  familles,  de  générations  en  générations. 

Les  généalogies  des  rois  anglo-saxons  renferment  une 
multitude  de  noms  d'anciens  dieux,  auteurs,  au  cours  de 
leur  vie  terrestre,  de  quelque  race  royale,  et  qu'on  peut 
identifier  avec  les  divinités  des  pays  du  Nord  et  de  la  Ger- 
manie :  ainsi  trouve-t-on  Wôden,  Baeldaeg,  Geât,  Wig  et 
Frea.  Les  jours  de  la  semaine,  voués  aux  dieux,  en  révèlent 
les  noms  :  Tiw,  Dunor,  Fricge  et  Saetere  ;  et  les  dénomina- 
tions des  villes,  par  toute  l'Angleterre,  attestent  la  disper- 
sion du  culte  de  ces  divinités. 

I.  —  WODEN  ;  en  vieux  normand,  OPINN  ;  en  vieux  ger- 
main, WUOTAN.  Toute  famille  royale  anglo-saxonne,  établit 
sa  descendance  de  Wôden  par  quelqu'un  des  demi-dieux, 
qu'on  retrouve  couramment  dans  les  traditions  germaniques 

1.  Ibid.AX,  n,  22;  XII,  8;  De  Gest.  Reg.,  lib.  I,  §  11. 


LES    SAXONS    EN    ANGLETERRE  147 

ou  Scandinaves  (1).  Le  Wôden  anglo-saxon,  comme  l'Opinn 
e\  Le  Wûotan,  est  Lion  le  dieu  suprême  des  races  du  Nord. 
Malmesbury  écrit  dans  ses  chroniques,  en  parlant  d'Hengest 
et  de  Hors,  «  qu'ils  étaient  1rs  arrières  petits-fils  du  très 
antique  Wôden,  dont  les  familles  royales  barbares,  sont 
issues  :  c'est  à  lui  que  les  nations  des  Angles  avaient  consacré 
le  quatrième  jour  de  la  semaine,  et  c'est  à  son  épouse  Fréa 
qu'avait  été  voué  le  sixième  »  (2).  Mathieu  de  Westminster  (3) 
et  Geoffroy  de  Monmouth,  écrivent  également  :  ce  Golimus 
maxime  Mercurium,  quem  Wôden  lingua  nostra  appella- 
mus  ».  .Ethelweard,  noble  anglo-savon,  de  sang  royal,  dit 
encore  au  Xe  siècle  : 

«  Wothen,  qui  et  rex  multarum  gentium,  quem  pagani 
nunc  ut  deum,  çolunt  aliqui...  Hi  nepotes  fuere  Uoddan  regis 
barbarorum,  quem  post,  infanda  dignitate,  ut  deum  hono- 
rantes, sacrifîcium  obtulerunt  pagani,  victoriae  causa  sive 
virtutis  »  (4). 

Selon  .Edelweard,  Wôden  était  donc  invoqué  comme  le 
dispensateur  des  victoires,  et  comme  le   dieu  de  la  valeur 


1.  «Wodenus  igitur  ex  antiquorum  prosapia  Germanorum  originem 
ducens,  post  mortem  inter  deos  translatas  est  ;  quem  veteres  pro  deo 
eolentes,  dedicaverunt  ei  quartam  feriam,  quam  de  nomine  eius  Wode- 
nesday,  id  est  diem  Wodeni,  nuncuparunt.  Hic  habuit  uxorem,  nomine 
Fream,  cui  similiter  veteres  sextam  feriam  consecrantes,  Freday,  id  est 
diem  Freœ,  appellarunt.  Genuit  autem  Wodenus  ex  uxore  Frea  septem 
filios  inclytos,  ex  quorum  suecessione  septem  reges  traxerunt  originem, 
qui  in  Britannia  potenter,  expulsis  Britannis,  postea  regnaverunt.  Ex 
filio  Wodeni  primogenito,  nomine  Wecta,  reges  Gantuariorum  ;  ex 
secundo,  Frehegeath,  reges  Merciorum  ;  ex  tertio,  Baldao,  reges  West- 
saxonum  ;  ex  quarto,  Beldago  reges  Northanlmbrorum,  sive  Bernioio- 
rura;  ex  quinto,  Wegdego,  reges  Deirorum...  »,Flor.,  /fist.,  I,  346. 

2.  Will.  Malm.,  De  Gest.,  \,  %  5. 

3.  Mal.  West.  Flor..  Hist  .  p.  Xi  (éd.  1601);  Galf.  Mon.,  lib.  VI,  p.  « 
(éd.  I5S71. 

4.  Mdel  Cfiron.,  lib    II.  cap.  11. 


I  18  IM.nWI  I  r 

guerrière.  Une  pareille  description  <lu  niôme  dieu  est  donnée, 
en  Suède,  par  Adam  de  Bremen    I)  : 

«  In  hoc  templo,  ([nod  tot  uni  ex  auro  paratum  est,  statuas 
trium  deorum  veneratur  populus,  Lta  ut  potentissimus  eorum 
Thôr  in  medio  solum  ha  boat  triclinium,  hinc  et  inde  locum 
possident  Wôdan  et  Fricco.  Quorum  significations  eiusmodi 
sunt  :  Thôr,  inquiunt,  praesidet  in  aère,  qui  tonitrus  et  ful- 
mina, ventos  imbresque,  serena  et  fruges  gubernat.  Alter 
Wôdan,  id  est  For/lor,  bella  regit,  hominumque  ministrat 
virtutem  contra  inimicos.  Tertius  est  Fricco,  pacem  voluptat- 
emque  largiens  mortalib us.  Cuius  etiam  simulachrum  fingunt 
ingenti  Priapo.  Wôdanen  vero  sculpunt  armatum,  sicuti 
nostri  Martem  sculpere  soient.  Thôr  autem  cum  sceptro 
Jovem  exprimere  videtur  ». 

Dans  l'Exeter  Book,  Wôden  est  dépeint  de  la  même 
manière,  par  un  moine  chrétien,  à  ses  auditeurs  : 

«  Wôden  vero  queni  principalem  deum  crediderunt,  et 
praecipuum  Àngli,  de  quo  originem  duxerant,  cui  et  quartam 
l'eriam  consecraverant,  hominem  fuisse  mortalem  asseruit, 
et  regem  saxonum,  a  quo  plures  nationes  genus  duxerant. 
Huius,  inquit,  corpore  in  pulverem  resoluto,  anima  in 
inferno  sepulta  aeternum  sustinet  ignem  »  (2). 

A  Wôden  était  dédié  le  troisième  jour  de  la  semaine,  et  la 
chronique  identifie  ce  dieu  avec  le  Mercure  antique  (3).  On 
trouve  à  ce  sujet,  ce  fragment  dans  le  dialogue  de  Salomon 
et  de  Saturne  (4)  :  «  Qui  a  inventé  les  lettres?  »  —  «  En  vérité 
je  te  le  dis,  Mercure  le  Géant  î  »  —  «  C'est-à-dire,  le  dieu 
Wôden...  ».  Et  dans  l'homélie  métrique,  intitulé  «  De  falsi  s 


4.  Cod.  Eucon.,  p.  341. 

2.  Legend.,  Nova,  fol.  240,  b. 

3.  Cf.  Grimm,  Deut.  Myth.,  p.  430  (édition  4844). 

4.  Dialogue  of  Salomon  and  Saturn,  edit.   Kemble,  4848,    pp.  120 
et  suiv. 


LIS  SAXONS  EN  ANGLETERRE  149 

diù  »,  Mercure  est  non  seulement  identifié  avec  Wôdcn, 
mais  encore  avec  V  Opinn  des  religions  du  Nord  (1)  : 

«  Il  y  avait  un  homme,  appelé  Mercure  durant  sa  vio,  el 
très  trompeur,  aimant  les  vols  et  les  fraudes.  Les  païens 
avaient  fait  de  lui  leur  propre  dieu,  et  on  lui  apportait  des 
offrandes  aux  carrefours,  et  on  lui  sacrifiait  des  victimes  sur 
les  hautes  collines.  Ce  dieu  était  puissant  chez  tous  les 
païens,  et  il  est  appelé  d'un  autre  nom,  Odin,  chez  les 
Danois...  Ceux-ci  ont  consacré  audit  Mercure,  le  quatrième 
jour  de  la  semaine,  pour  la  célébration  de  son  culte...  ». 

Ainsi  Woden,  Mercure  et  Opinn  sont  identifiés  entre  eux. 
D'aucuns  ont  pu  comparer  Woden  à  Ulysse,  qui  ayant  visité 
la  Germanie,  y  aurait  fondé  une  ville  du  nom  d'Axibur- 
gium,  au  dire  même  de  Tacite  (2).  Woden  partage,  avec 
Ulysse,  la  vie  errante  ;  il  est  qualifié  de  Gangradr,  Gangleri, 
c'est-à-dire  de  divinité  mouvante.  Son  manteau  et  sa  coiffure, 
rappellent  à  la  fois,  le  petasus  d'Hermès,  et  le  large  couvre- 
chef  que  porte  Ulysse,  sur  les  pierres  gravées  ou  sur  les 
poteries  (3).  Mais  sa  ressemblance  est  surtout  accusée  avec 


1.  Mss.  Cotton,  Julius  E,  VII,  237,  b,  etc. 

2.  a  Ceterum  et  Ulixen  quidam  opinantur  longo  illo  et  fabuloso  errore 
in  hune  Oceanum  delatum  adiisse  Germanise  terras,  Asciburgiumque, 
quod  in  ripa  Rheni  situm  hodieque  incolitur,  ab  illo  constitum  nomina- 
tumque.  Aram  quinetiam  Ulixi  consecratam  adiecto  Lœrtae  patris  nomine 
eodem  loco  olim  repartam,  monimentaque  et  tumulos  quosdam  Graecis 
litteris  inscriptos  in  confînio  Germanise  Rhaetiaeque  adhuc  exstare.  Qua1 
neque  confirmare  argumentis,  neque  refellere  in  animo  ;  ex  ingenio  suo 
quisque  demat  vel  addat  fidem»,  Germ.,  III. 

3.  Opinn  est  surnommé  heklumadr,  c'est-à-dire  l'homme  au  man- 
Icau,  Fora.  So;/..  I,  325  :  «  Kom  par  madr  gamall,  miok  ordspakr, 
ciusvnn  (Odin  n'avait  qu'un  œil)  ok  augdapr,  ok  lial'di  hatt  sidan,  Forn. 
Sog.,  Il,  138.  Dans  l'Edda.  par  suite  du  caractère  qui  s'attache  à  son 
manteau,  ou  Hackle,  Woden  devient  Hacleberend,  ou  Hackleberg,  celui 
qui  conduit  la  chasse  sauvage,  ou  Wilde  Jagd.  Cf.  Saxo.  Gram.,  Hist. 
ban.,  lib.  VIII. 


150  itr.nw  i  u 

Mercure:  il  préside,  comme  lui,  aux  arrangements  commer- 
ciaux, H  les  offrandes  faites  à  Wôden  sur  les  hautes  collines, 
s'associent,  comme  idée,  à  L'àxpio;,  ou  Mont  Hermès;  enfin, 
l'EpfjLYÎç  7tp6uiayoç  répond  au  caractère  du  Wôden  anglo-saxon, 
dieu  dispensateur  de  la  victoire,  el  du  courage  qui  L'assure. 

Des  fils  héroïques  ou  divins  de  Wôden,  descendent  toutes 
les  races,  ayant  une  «  vocation  »  au  trône,  le  «  jus  regnandi  « . 
L'on  retrouve  dans  les  appellations  des  tribus,  des  peuples 
et  des  races,  les  noms  des  héros  légendaires.  Geât  est  le 
fondateur  de  la  race  des  (ieâtas  ;  Gewis,  des  Gewissas  ; 
Scyld,  des  Scyldingas  ou  des  Skjoldungar;  Brand,  des 
Brondings.  Les  légendes  narrant  les  aventures  de  Wôden, 
ne  devaient  pas  faire  défaut  en  Germanie,  mais  elles  ont  été 
seulement  conservées  en  Scandinavie,  à  moins  qu'on  ne 
doive  regarder  comme  se  rapportant  à  Wôden,  les  histoires 
fabuleuses  de  Geât  et  de  Sceaf.  Wôden  avait  des  temples, 
des  images,  des  rites  religieux  (I)  ;  les  astres,  les  animaux 
et  les  terres  lui  étaient  consacrés.  Les  noms  de  villes  et  de 


4.  «  Deorum  maxime  Mercurium  col  uni,  oui  certis  diebus  human  is 
quoque  hostiis  litare  fas  habent  »,  Tacit.,  Germ.,  XXXIX.  «  Victores 
diversam  aciem  Marti  ac  Mercurio  sacravere,  quo  voto  equi,  viri,  cuncta 
victa  oceidioni  dantur  »,  Tacit..  Annal.,  XIII,  57.  Cf.  Yngling,  Sag., 
cap.  XXIX;  Geijer,  Gesch.  Schwed  ,  I,  416.  «  Sunt  etenin  inihi  vicinae 
nationes  Suevorum,  quo  cum  moraretur  et  inter  habitatores  illius  loci 
progrederetur,  reperit  eos  sacrificium  profanum  litare  velle,  vasque 
magnum,  quod  vulgo  cupam  vocant,  quod  viginti  et  sex  modios  amplius 
minusve  capiebat,  cerevisia  plenum  in  medio  habebant  positum.  Ad  quod 
vir  dei  accessit  et  sciscitatur,  quid  de  illo  fieri  vellent?  Illi  aiunt  :  deo 
suo  Wodano,  quem  Mercurium  vocant  alii,  se  velle  litare  •-,  Ion.  Bob- 
biensis  Vita  Columbani.  Il  était  d'usage  de  porter  la  santé  des  dieux, 
et  Hunding  fait  préparer  une  immense  tonne  de  bière,  pour  la  célébra- 
tion des  obsèques  d'Hadding,  Saxo,  Hist  Dan.,  p.  19.  Les  loups  et  les 
corbeaux  paraissent  avoir  élé  les  animaux  consacrés  à  Odin,  et  l'on 
trouve  des  noms  d'arbres  qui  ont  pu  être  voués  à  ce  dieu  :  Wônac 
(Cod.  Dipt.,  n°  495);  Wônstoc  (ibid.,  nos  287,  657);  «  ad  quemdam 
lraxinum  quem  imperiti  sacrum  vocant  »  (ibid.,  n°  1052). 


LES    SAXONS    EN    ANGLETERRE  151 

cités  qui  suivent,  peuvent  être  regardés,  en  toute  certitude, 
comme  dérivés  de  Wôden,  ce  qui  atteste  la  reconnaissance 
et  la  diffusion  du  culte  du  dieu  des  dieux  par  toute  l'Angle- 
terre, aussi  bien  que  chez  les  Francs  et  chez  les  Alamans. 

Wanborough  ou  Wôdnesbeorh,  dans  le  Surrey,  dut  être  le 
berceau  de  toute  religion  reçue  en  Bretagne  ;  Wanborough, 
dans  le  Wiltshire  ;  Woodnesborough  ou  Wôdnesbeorh,  dans 
le  pays  de  Kent  ;  Wons  ton  ou  Wôdnesstan,  dans  le  Hamp- 
shire ;  Wambrook  ou  Wôdnesbrôc,  dans  le  Dorsetshire  ; 
Wan) pool  ou  Wôdnespôl,  dans  le  Cumberland;  Wansford  ou 
Wôdnesford,  dans  le  Northamptonshire  ;  Wanstead  ou 
Wôdnesstede,  ancienne  colonie  romaine,  dans  TEssex  ; 
Wanstroio  ou  Wodnestreôw,  dans  le  Somerset  ;  Wembury  ou 
Wôdnesbeorh,  dans  le  Devonshire  ;  Wansdike  ou  Wôdnesdic, 
anciennes  frontières  de  deux  royaumes. 

Un  des  noms  d'Odin,  dans  la  très  ancienne  mythologie  du 
Nord,  est  Osk,  qui  est  l'équivalent  de  l'allemand  Wunsch  ;  de 
l'anglo-saxon  Wise,  et  de  l'anglais  Wish.  Grimm  (1)  a 
montré,  de  la  manière  la  plus  convaincante,  que  Wunsch 
doit  être  regardé  comme  le  nom  de  Wôtan,  en  Germanie,  et 
il  est  probable  que  Wûsc  ou  Wise,  avaient  en  anglo-saxon, 
une  signification  analogue. 

Parmi  les  noms  des  généalogies  mythiques,  on  relève 
celui  de  Wûscfreâ,  celui  qui  répond  aux  désirs,  et  l'on  peut 
soutenir  que  Oise,  épuivalent  à  Esk,  le  fondateur  de  la  race 
royale  de  Kent,  soit  un  nom  jute  de  Woden,  sous  cette  forme  : 
ésc  ou  ôski,  c'est-à-dire  Wunsch,  Wysc.  Dans  le  Devonshire, 
tous  les  ternies  de  magie,  ont  toujours  été  désignés  par  le 
mot  wishtness  ;  un  jour  maudit  y  était  qualifié  de  wisht  day, 
et  plusieurs  noms  de  lieux  paraissent  avoir  été  composés 
avec  wish  :   Wishanger,  Wischangra  ou  prairie  de  Wôden, 

1.  Deut.  Myth.,  pp.  126  et  suiv. 


Î52  BEOWULF 

dans  Le  Surrey;    Wisborough  ou  Wiscbeorh,  dans  le  Sussex  : 
Wis h ford  ou  Wiscford,  dans  le  Wiltshire. 

II.  — PUNOR  ;  en  vieux  normand,  PORR;  en  vieux  ger- 
main, DONAR.  La  reconnaissance  de  La  divinité  de  Dunor,  ne 
paraît  pas  avoir  été  générale  en  Angleterre  :  les  établisse- 
ments des  Danois  el  des  Norvégiens,  au  in/'  siècle,  parais- 
sent l'y  avoir  développée,  et  parmi  les  premiers  Saxons,  on 
retrouve  la  mention  de  ce  dieu,  sous  le  nom  de  Thunar.  Il 
donnait  son  nom  au  cinquième  jour  de  la  semaine  :  Thursday 
[Dunres  daeg ;  dies  Juris)  ;  et  il  représentait  chez  les  Saxons, 
Jupiter  avec  les  attributs  de  la  foudre  ;  avec  la  puissance  de 
déchaîner  ou  de  modérer  les  éléments  ;  avec  la  dispensation 
souveraine  des  pluies  bienfaisantes  (1). 

Les  noms  de  lieux,  composés  avec  Dumor,  sont  très  nom- 
breux :  Thunder  s  field,  dans  le  Surrey  (2)  ;  Thunder  dey 
(Dunresléah)  dans  l'Essex  ;  Thunders  ley,  dans  le  Hamp- 
shire (3). 

Près  de  Wanforougb,  dans  le  Surrey,  on  rencontre  encore  : 
Thursley;  Thurlow,  dans  l'Essex;  Thursby,  dans  le  Cumber- 
land ;  Thursfield,  dans  le  Staffordshire,  et  Thursford,  dans  le 
Norfolk.  Il  n'y  a  point,  trace  que  le  nom  de  Dunor,  ait  jamais 
été  porté  par  aucun  anglo-saxon,  ce  qui  atteste  bien  son 
caractère  divin. 

L'un  des  noms  sous  lesquels  Dunor  était  désigné  en  Ger- 
manie, est  Hamar  (4),  dérivé  sans  doute  de  l'arme  môme 
du  dieu  ;  le  mot  Hamarden,  se  retrouve  dans  les  chartes  (5), 
et  dans  certains  noms  de  lieux  :  Humeri n g am,  dans  le  Lin- 


1.  Cf.  Adam  de  Bremen,  p.  337  ;  Salomon  and  Saturn,  pp.  148,  177  : 
Cod.  Ex.,  p.  386,  1.  8. 

2.  Cod.  Dipl.,  nos  270,  314,  363,  413. 

3.  Ibid.,  450,  781,  784,  1022,  1038. 

4.  Grimm,  Dent.  Myth,,  p.  166. 

5.  Cod.  Dipl.,  nos  999,  1039,  1189. 


LKS    SAXONS    EN    ANGLETERRE  153 

coin;  Hamerton,  dans  l<»  Huntingdon;  Uomerton,  dans  le 
Middlesex;  Hamerton  Green,  dans  Le  Yorkshire;  Hamerton 
Kirke,  dans  le  Yorkshire  ;  Hammerwick,  dans  Le  Stafford- 
shire. 

III.  —  Tiw  ;  en  vieux  normand,  Tyr  ;  en  vieil  allemand, 
Xi n.  —  Le  troisième  jour  de  la  semaine,  porte  le  nom  du 
dieu  Tiw,  ou  de  l'ancien  normand  Tyr.  Le  nom  de  ce  dieu  se 
re trouve  dans  Tewesley,  près  de  Thursley  etdeWànborough  ; 
dans  Tiwesmére,  ou  lac  de  Tiw  (1). 

Le  dieu  Tiw  était  adoré  comme  le  dispensateur  supreme 
de  la  victoire,  dans  la  Scandinavie  et  la  Germanie,  mais  son 
culte,  en  Angleterre,  est  douteux.  Dans  la  mythologie  du 
Nord,  il  est  le  plus  brave  des  dieux,  celui  qui  n'hésite  pas  à 
placer  sa  main  dans  la  gueule  du  loup  Fenris,  quand  celui-ci 
exige  des  dieux  le  gage,  qu'ils  briseront  les  chaînes  qu'ils  ont 
forgées  pour  lui,  et  Tiw  paye  pour  le  parjure  divin.  Les 
Goths  devaient  adorer  Mars  ou  Tiw,  et  cette  opinion  peut  se 
fonder  sur  ce  passage  de  Jornandes  (2)  : 

«  Martem  semper  placavere  cultura  ;  nam  victimae  ejus 
mortes  fuere  captorum  opinantes  bellorum  praesulem  aptius 
human i  sanguinis  eifusione  placatum.  » 

Et  le  même  culte  parait  avoir  été  celui  des  Bo-jâ'/::*',  ou 
Scandinaves,  selon  Procope  (3). 

«  7(1)7  oi  [zoz'.tov  troiŒi  to  xaAX'-o-rov  avBowTioc  sot'.v,  QV7TS0  àv 
SopiàXtoTOV  Tio'.^a-aLVTO  irpÛTOV*  tû'Jtov  yàp  too  "Apei  9'J0'j<7t.v,  èmel 
Ôsgv  auTOv  vofuÇoucrt  uivurcov  elvat.  » 

Quoiqu'Opinn,  dans  les  traditions  du  Nord,  soit  le  dieu 
proprement  dit  de  la  victoire  en  général,  Tiw  est  plus  parti- 
culièrement, Wigagud,  deus  prœliorum,  et  l'arbitre  du  suc- 


1.  Cod.  Dipt.,  nos  739.  262,  174, 

2.  Hist.  Goth.,  cap.  V, 

3.  Bell.  Goth.,  11,  15. 


l.Vi 


HKOW  I  I.I 


ces  dans   les   batailles  :   râedr  mioc  sigri  i  orosloni  »     1  . 

Sans  doute,  1rs  Tenctères  peuvenl  être  ajoutés  au  uombre 
des  adorateurs  de  Tyr,  puisque  Tacite  dit  d'eux  : 

«  Communis  deis  et  praicipuo  deorum  Martigratias  agi- 
mus  »  (2). 

Dans  l'alphabet  runique  anglo-saxon,  diverses  lettres 
rappellent,  clans  leur  symbole,  les  noms  ou  attributs  des 
anciens  dieux.  A  côté  du  T  qui  représente  souvent,  à  lui 
seul,  Tir  ou  Tiw,  il  est  un  autre  caractère  runique,  corres- 
pondant, au  point  de  vue  phonétique,  à  la  représentation 
de  la  diphtongue  EA  ;  Ear  serait  donc  un  autre  nom  de 
Tiw,  ce  qui  serait  confirmé  par  les  faits  suivants  :  dans  cer- 
taines parties  du  Sud  de  l'Allemagne,  le  troisième  jour  de  la 
semaine  est  appelé  Ertag,  Eritag,  Erichtag  ;  et  de  plus,  dans 
la  Westphalie  saxonne,  il  est  une  montagne  nommée  Eres- 
bar  g  ouMons  Martis. 

Dans  un  poème  runique  anglo-saxon,  cité  par  Kemble 
(Archaeologia,  vol.  XXVIII),  il  est  question  d'Ear,  en  ces  ter- 
mes : 

«  Ear  devient  la  terreur  de  tout  homme  dont  le  corps 
devient  froid  et  pale  ..  Toute  joie  l'abandonne,  et  le  plaisir 
le  fuit » 

Il  est  clair  qu'il  s'agit,  dans  ce  passage,  d'un  dieu  dont  le 
contact,  ou  l'intervention  donnent  la  mort,  et  par  déduction, 
du  dieu  des  batailles,  lui-même. 

Les  Anglo-Saxons  durent  avoir,  pour  désigner  Tiw,  une 
dénomination  moins  païenne  :  parmi  les  expressions  dont  ils 
se  servent  pour  exprimer  la  mort  violente,  il  entre  toujours 
en  composition  le  mot  wig,  gaerre,  comme  dans  wigfornam, 
ou  wig-gexeôd.  Le  sens  de  wig  était  donc   assez   abstrait, 


1 .  Gri  m  m ,  Deu  l .  M  y  th.,  p .  179. 

2.  Hist.,  IV,  64. 


u:s    saxons    EN    ANGLETERRE 


155 


pour  qu'on  pûl  l'employer,  après  L'établi sseme ni  du  christia- 
nisme. Le  nom  de  Tiw  (Mitre  parfois  on  composition,  pour 
désigner  quelques  plantes  :  Tysfiola,  Tyrhjalm,  Tysvidr, 
et  on  ne  Le  rencontre  jamais  en  composition  avec  des  noms 
propres. 

IV.  —  FREA'  ;  en  vieux  normand  FREYR;  en  ancien  alle- 
mand FRO.  Le  culte  de  Freyr  parait  avoir  été  surtout  prati- 
qué à  Upsal,  en  Suède  :  dans  les  pays  du  Nord,  en  général, 
il  y  a  peu  de  trace  de  dieux  phalliques,  mais  la  belle  légende 
de  Freyr,  s'est  conservée  dans  les  poèmes  de  l'Edda  (For 
Skirnis)  :  Freyr  languit  de  désir  pour  le  beau  Gedr,  et  celui- 
ci,  par  amour  d'elle,  perd  le  glaive  divin,  et  en  est  puni  de 
mort,  dans  le  crépuscule  des  dieux.  Adam  de  Bremen 
(Ed.  1629,  p.  23),  précise  bien  les  attributs  de  Frea  : 

«  Tertius  est  Fricco,  pacem  voluptatemque  largiens  mor- 
talibus  ;  cujus  etiam simulachrum  fingunt  ingenti  Priapo.  » 

Les  pluies,  la  lumière  du  soleil,  les  bienfaits  de  la  fertilité 
étaient  les  dons  particuliers  de  Freyr  (1),  qui  fut  aussi  la 
déesse  des  épousailles  : 

«  Si  nuptiœ  celebranda?  sunt,  sacrificia  oflerunt  Fricconi.  » 

La  déesse  passait  sur  les  pays,  dans  son  char,  entourée 
d'un  chœur  de  jeunes  prêtresses  (2),  et  son  passage  était 
marqué  par  l'abondance  et  par  la  paix.  L'animal  consacré 
à  Freyr  était  l'ours,  ainsi  que  Tacite  le  dit  des  Suèves 
(Germ.  XIV)  : 

«  Matrem  deum  venerantur;  insigne  supers titionis,  formas 
aprorum  gestant.  Id  pro  armis  omniumque  tutela  ;  securum 
deae  cultorem  etiam  inter  hostes  praestat.  » 

Dans  les  poèmes  anglo-saxons,  la  figure  de  Fours  fait  par 
tic  du  casque  même  des  guerriers  : 


I.  Cf.  Grimm,  .)//////..  pp.  193  el  suiv 
'2.  Formann,  Sog.,  Il,  73  el  suiv. 


156  BE0W1  LF 

«  Il  Leur  ordonna,  lit-on  dans  Beowulf  (J),  d'apporter  For- 
nemenl  de  La  tête,  L'ours  qui  surmonte  Le  casque  élevé,  dans 
La  bataille...  lis  semblaient  porter,  adornées  d'or,  durcies  au 
feu,  el  protectrices  de  la  vie,  les  figures  de  L'ours...  Mais  Le 
casque  blanc  gardait  le  chef...,  orné  des  figures  de  Tours... 
que  le  fer  ne  pouvait  entamer.  » 

Mais  bien  qu'il  n'y  ait  pas  de  preuve  décisive  du  culte  de 
Frea  en  Angleterre,  durant  la  période  anglo-saxonne  pro- 
prement dite,  on  trouve  de  celui-ci  des  traces  jusqu'au 
xine  siècle.  Ce  détail  curieux  est  rapporté  dans  la  chronique 
de  Landercost  (2),  pour  Tannée  1268  : 

«  Pro  fîdei  divinae  integritate  servanda  recolat  lector  quod, 
cum  hoc  anno  in  I^aodonia  pestis  grassaretur  in  pecudes 
armenti,  quam  vocant  usitate  Lungessouth,  quidam  bestiales, 
habitu  claustrales  non  animo,  docebant  idiotas  patriae  ignem 
confrictione  de  lignis  educere  et  simulachrum  Priapi  sta- 
tuere,  et  per  haec  bestiis  succurrere.  Quod  cum  unus  laicus 
Gisterciencis  apud  Fentone  fecisset  ante  atrium  aulae,  ac 
intinctis  testiculis  canis  in  aquam  benedictam  super  animalia 
sparsisset,  ac  pro  invento  facinore  idolatrias  dominus  villas  a 
quodarn  fîdeli  argueretur,  ille  pro  sua  innocentia  obtendebat, 
quod  ipso  nesciente  et  absente  fuerant  haec  omnia  perpétra, 
et  adiecit,  et  cum  ad  usque  hunc  mensem  Junium  aliorum 
animalia  languerent  et  deficerent,  mea  semper  sana  erant, 
nunc  vero  quotidie  mihi  moriuntur  duo  vel  tria,  itaquod  agri- 
cultui  pauca  supersunt.  » 

«  Lnsuper  hoc  tempore  apud  Inverchethin,  in  hebdomada 
paschae,  sacerdos  parochialis,  nomine  Johannes,  Priapi  pro- 
phana  parans,  congregatis  ex  villa  puellulis,  cogebat  eas, 
choreis  factis,  Libero  patri  circuire  ;  ut  ille  feminas  in  exer- 


1.  Beow.,  1.  4.299  et  suiv.,  1.  1.604  et  suiv.,  1.  2.895. 

2.  Edit.  1839,  par  J.  Stevenson. 


LES    SAXONS    EN    ANGLETERRE  1  fS7 

citu  hahuil,  sic  iste,  procacitatis  causa,  membra  humana  vir- 
tuti  seminariae  servientia super asserem  artificiata  ante  talem 
ehoreaui  praeferebat,  el  ij>sc  tripudians  cum  cantantibus 
motumimico  omnes  inspectantes  et  verbo  impudico  ad  luxu- 
riant incitabat.  Ni,  qui  honesto  matrimonio  honorem  defere- 
bant,  ta  ni  insolente  officio,  licet  reverentur  personam,  scan- 
dalizabant  propter  gradus  eminentiam.  Si  quis  ei  seorsum 
ex  a  more  correptionis  sermonem  inferret,  fiebat  deterior, 
cl  conviciis  eos  impetebat.  » 

Les  rapports  du  Needfire,  avec  les  rites  priapiques,  appel- 
lent quelques  mots  sur  cette  superstition  particulière. 

Le  need  five,  nydfyr,  nothfeuer,  était  ainsi  dénommé  de  son 
mode  de  production,  confrictione  de  lignis  :  tous  les  feux, 
dans  le  bourg,  devaient  être  allumés  à  une  même  flamme 
vierge,  produite  par  le  frottement  du  bois,  et  ces  feux  allu- 
més purifiaient  l'air  et  les  habitants  du  pays.  La  relation 
d'une  autre  cérémonie  singulière  est  donné,  dans  un  manus- 
crit ancien  àeYHarleian  Collection,  n°2,  345,  fol.  50  : 

«  Eius  venerandam  nativitatein  cum  gaudio  celebrabitis  ; 
dico  eius  nativitatem  cum  gaudio  ;  non  illo  cum  gaudio,  quo 
stulti,  vani  et  prophani,  amatores  mundi  huius,  accensis 
ignibus,  per  plateas,  turpibus  et  illicitis  ludibus,  commessa- 
tionibus,  et  ebrietatibus,  cubilibus  et  impudicitiis  intenden- 

tes  illam  celebrare  soient Dicamus  de   tripudiis  quœ  in 

vigilia  sancti  Johannis  fieri  soient,  quorum  tria  genera.  In 
vigilia  enini  beati  Johannis  colligunt  pueri  in  quibusdam 
regionibus  ossa,  et  quaedam  alia  immmunda,  et  insimul  cre- 
inant,  et  exinde  producitur  fumus  in  aère.  Faciunt  etiam 
brandaset  circuunt  arva  cum  brandis.  Tercium  de  rotaquam 
faciunt  volvi  :  quod,  cum  immunda  cremant,  hoc  habent  ex 
gentilibus.  Antiquitus  enim  dracones  in  hoc  tempore  excita- 
bantur  ad  libidinem  propter  calorem,  et  volando  per  aéra 
frequenter  spermatizabantur  aquae,  et  tunc  erat  letalis,  quia 


158  BEOWULF 

quicumque  inde  bibebant,  aut  moriebantur,  aui  grave  mor- 
hiini  paciebantur.  Quod  attendentes  philos  op  hi,  iusserunf 
ignem  fieri  frequenter  <"l  sparsim  circa  j>u t*M>s  et  fontes,  <'t 
immundum  ibi  cremari,  et  quaecumque  immundum  ibi  cre- 
mari,  el  quaecumque  immundum  reddiderunt  fumum,  nam 
per  talcm  fumum  sciebant  fugari  dracones...  Rota  involvitur 
ad  significandum  quod  sol  tunc  ascendit  ad  alciora  sui 
circuli,  et  statini  regreditur,  inde  vcnit  quod  volvitur 
rota.   » 

Dans  une  charte  de  l'année  959,  on  trouve  ces  mots  : 
«  donne  andlang  herpades  on  Frigedaeges  treôw  »  (1),  «  de 
là,  le  long  de  la  route,  jusqu'à  l'arbre  de  Freà  »;  et,  dans 
un  document  similaire,  on  rencontre  le  début  suivant  (2;  : 
«  od  doue  Frigedaege  ».  Il  y  a  encore,  dans  le  Yorkshire,  une 
place  dénommée  Friday thorpe. 

V.  —  BALD^ËG  ;  en  ancien  normand,  BALDR;  en  vieil  alle- 
mand, PALTAG.  Il  y  a  peu  de  vestiges  du  culte  de  Baeldaeg, 
chez  les  Anglo-Saxons,  quoique  le  mot  bealdor,  se  rencontre 
fréquemment  dans  la  langue  poétique,  comme  qualificatif  des 
rois,  après  avoir  été,  sans  doute,  celui  d'un  dieu.  Il  y  a  quel- 
ques lieux  où  l'on  retrouve  la  trace  du  mot  Balder  :  Bal- 
dersby,  dans  le  Yorkshire  ;  Balder.ston,  dans  le  Lancashire  ; 
Bealdresôah,  et  Baldheresbeor/i,  dans  le  Wiltshire.  Et  en 
dehors  des  généalogies,  le  nom  de  Baeldaeg  ne  se  rencontre 
jamais;  mais  il  existe  un  autre  nom,  Pol  on  Pal,  sous  lequel 
les  Anglo-Saxons  ont  peut-être  adoré  le  dieu  Baeldaeg. 

En  l'année  1842,  il  fut  fait  à  Merseberg,  une  curieuse 
découverte  :  au  revers  de  la  feuille  d'un  manuscrit,  on  trouva 
deux  formules  magiques,  dans  la  forme  métrique,  en  très 
ancien  allemand,    et  l'examen  de    cette  pièce  prouva,   non 


i.  Cod.  Dipln  n°1221. 
2.  Ibid.,  nos  1059,  92. 


•• 


LES    SAXONS    EN    ANGLETERRE  159 

seulement  qu'elle  remontail  à  L'époque  du  paganisme,  mais 
qu'elle  contenait  encore,  les  noms  de  divinités  païennes.  La 
teneur  en  est  la  suivante  : 

«  Phol  endi  Wôdan  Phôl  et  Wodan 

vuorun  zi  holza,  allèrent  h  la  forêt; 

da  warl  démo  Balderes  volon  alors  le  pied  de  l'âne  de 

sin  vuoz  birenkit  ;  Balder  fut  tordu  ; 

thu  biguolen  Sinlhgunt  alors  Sinthgunt  le  charma, 

Sunna  era  suister,  et  Sunna,  sa  sœur  ; 

thu  biguolen  Friiâ,  alors  Frua  le  charma, 

Vollâera  suister,  etFolla,  sa  sœur; 

thu  higuolen  Wédan,  alors  Wôdan  le  charma, 

so  he  wola  conda  :  aussi  bien  qu'il  put  : 

sosé  bénrenki,  sôse  bluotrenki,  ils  assemblèrent  les  os 

sosé  lidirenki  ;  arrachés  avec  le  sang, 

hén  zi  béna.  et  les  membres,  ainsi  que 

bluot  zi  bluoda,  tous  les  os  ;  le  sang  fût  mêlé 

lid  zi  geliden,  au  sang,  comme  si  ces  débris 

sôse  geh'mida  sin.  eussent  été  agglomérés.  » 

Ce  morceau,  semblable  à  la  plupart  des  formules  du  même 
genre,  présente  un  intérêt  tout  particulier,  parle  nombre  de 
divinités,  dont  il  renferme  les  noms.  De  plus,  on  retrouve, 
en  Angleterre,  le  même  enchantement,  sans  le  paganisme 
qui  l'empreint  en  Allemagne,  et  Baldr,  (identifié  par  Griinm 
avec  Phol  :  Vorgelesen  in  der  Kônigl.  Akademie  der  Wis- 
senschaften,  am.  3.  Febr.  1842.  pp.  10,  11)  y  est  remplacé  par 
le  Christ  lui-même  : 

«  The  lord  rade,  Le  Roi  vint, 

and  the  foal  slade  ;  et  mit  l'âne  à  mort  ; 

He  lighted  Puis  il  se  fit  un  rayonnement  et 

and  he  righted  ;  il  accomplit  une  œuvre  bonne  : 

set  joint  to  joint  il  assujettit  les  membres 

and  bone  to  bone,  et  les  os  entre  eux, 

sinew  to  sinew.  et  les  muscles  entre  eux. 

Ileal  in  the  C'était  la  guérison  par 

Holy  G host's  name  !  le  nom  de  l'Esprit-Saint  !  » 


100  BEOWULF 

Il  y  a  là,  semble-t-il,  plus  qu'une  coïncidence,  e1  l'on  pour- 
rail  croire  que  la  première  version  anglaise,  remontant  à  une 
aussi  haute  antiquité  que  celle  de  l'Allemagne,  dut  être  éga- 
lemenl  païenne,  et  renferma,  dans  sa  forme  primitive,  les 
noms  des  mêmes  divinités.  Le  nom  de  Pol  ou  Pal,  s'est  main- 
tenu dans  la  dénomination  des  lieux  suivants.  Phalgraben 
en  Allemagne  ;  Palgrave,  dans  le  Norfolk;  Polekrooke,  dans 
le  Northamptonshire;  Polesworth,  dans  le  Warwickshire  ; 
Po/sdon,  dans  le  Surrey  ;  Poling,  dans  le  Sussex  (1). 

Le  mythe  de  Baldr,  dans  les  légendes  du  Nord,  est 
empreint  d'une  grâce  touchante,  et  son  culte  a  la  mélancolie 
divine,  et  la  tristesse  passionnée  de  l'orphisme.  Baldr  est  le 
dieu  de  la  lumière,  de  la  splendeur,  et  de  la  beauté.  La  pro- 
phétie de  la  mort  prochaine  de  Baldr  affligea  les  dieux  : 
aussi  Friga  obtint-elle  de  tout  être  vivant,  que  rien  dans  la 
création,  ne  pourrait  blesser  cette  gloire  de  lVEsir,  ce  dieu 
chéri  de  l'Asyniar.  Tous  les  êtres,  dans  la  nature,  prirent 
part  à  un  serment  aussi  solennel,  à  l'exception  d'une  pousse 
de  gui,  encore  trop  jeune.  Le  dieu,  fier  de  son  invulnérabi- 
lité, s'exposa  volontairement  aux  coups  des  humains.  Les 
haches,  les  masses  d'armes,  les  lances,  les  glaives  s'émous- 
saient  sur  son  corps  sacré,  quand  Loki,  frère  de  Baldr,  char- 
gea un  aveugle,  Haudr,  déplacer,  dans  la  main  du  dieu,  une 
pousse  de  gui.  Baldr  mourut,  alors,  etOpinn,  lui-même,  des- 
cendit aux  enfers  pour  persuader  à  la  déesse  des  morts, 
d'abandonner  sa  proie  :  il  réussit  dans  son  entreprise,  annon- 
çant que  Baldr  serait  rendu  aux  dieux,  si  toutes  les  créatu- 
res pleuraient  sa  mort.  La  nature  entière,  pleura  lé  Dieu  de 
la  beauté,  à  l'exception  d'une  vieille  sorcière,  sous  les  traits 
de  laquelle  Loki  s'était  caché  : 

1.  Cod.  Dip/.,  nos  642,  752,  1136,  1187.  Gil.  685.  61,  HOT 


LES    SAXONS    EN    ANGLETERRE  161 

«  Qu'ont  fait  les  dieux  pour  moi  s'écria-t-ellc,  et  qu'ai-je  à 
pleurer  Baldr  ?  Que  l'enfer  garde  ses  morts  !  » 

Et  la  destinée  de  Baldr  devint,  ainsi,  irrévocable  (1).  La 
fidèle  Nasma  ne  voulut  point  survivre  au  dieu  qu'elle  aimait, 
et  ses  cendres  se  mêlèrent  à  celles  de  Baldr,  sur  un  bûcher 
autour  duquel  les  autres  dieux  pleuraient,  en  silence.  Mais 
Baldr  était  appelé  à  connaître  la  résurrection,  dans  le  triom- 
phe de  la  mort  ;  après  le  crépuscule  des  dieux,  et  la  des- 
truction de  l'ancien  univers,  il  devait  renaître  aux  joies  et  à 
la  gloire  de  la  vie,  et  il  devait  régner  sur  un  inonde,  d'où  la 
tristesse  et  la  mort  étaient  à  jamais  bannis. 

Si  peu  de  traces  qu'on  trouve  du  culte  de  Baldr,  chez  les 
Anglo-Saxons,  on  peut  néanmoins  conclure,  que  le  mieux 
aimé  des  dieux  du  Nord,  ne  fut  point  inconnu  en  Angleterre, 
et  que  des  générations,  ferventes,  durent  s'attendrir  et  sur 
sa  beauté  immortelle,  et  sur  les  tristesses  de  sa  destinée, 
qui  s'achève  dans  les  souffrances  et  dans  la  mort. 

VI.  —  GEAT  ;  en  ancien  normand,  GAUTR  ;  en  vieil  alle- 
mand, KO'Z.  Geât  est  désigné,  dans  les  généalogies  des 
Saxons  de  l'Ouest,  comme  un  ascendant  de  Wôden,  et  le  fon- 
dateur de  la  tribu  des  Geâtas,  dont  Beowulf  devient  roi  :  son 
amour  pour  Madhild ,  est  rapporté  dans  l'Exeter  Book  : 

«  We  dset  Mœdhilde  Pour  Mathilde,  nous 

monge  gefrunon  avons  entendu  rapporter 

wurdon  grundleâse  que  l'amour  de  Geat 

Geâtes  frige  fut  sans  fin.  de  sorte  que 

deet  him  seô  sorglufu  la  peine  d'amour  éloignait 

slaep  ealle  binom.  de  lui,  tout  sommeil.  » 

Il  apparaît  bien  que  Geât  fut  un  dieu  :  Nennius  le  nomme, 
filius  dei  (2)  ;  et  Asser  écrit  : 

4.  Grimm,  Beat.  Myth ..  pp.  2'M  et  suiv. 
2.  Nennius,  §  31 . 

I! 


162  BEOWULF 

<(  Quern  Gctam  du  dumpagani  pro  deo  venerabantur  »  (1). 

La  même  croyance  esl  affirmée  j>;ii'  Florent  de  Worces- 
ter (2),  par  Simeon  dé  Durham  (3),  el  dans  le  passage  sui- 
vant du  Teûclus  Roffensis  :  «  Geâta,  dene  da  hâedenan  \\ui- 
dedon  for  god  ».  La  divinité  de  Geât  semble  donc  prouvée 
par  ces  citations,  comme  la  persistance  de  son  culte,  que  la 
tradition  tit  parvenir,  jusqu'aux  chroniqueurs. 

VII.  SAETERE. —  Le  S  at  ur  nus  latin,  figure  parmi  les  divi- 
nités anglo-saxonnes  :  il  donne  son  nom  à  lavant-dernier 
jour  de  la  semaine,  Saeteresdaeg  ou  Saetemesdaeg ,  et  à  des 
lieux  :  Salter  thumite,  dans  le  Lancashire  ;  Satterleigh,  dans 
le  Devonshire,  et  Saeleresbyrig,  dans  le  môme  comté  (4). 
Parmi  les  plantes,  le  Gallicrus,  est  appelé  Satorlâde,  en 
anglo-saxon.  Grimm  a  tenté  d'identifier  Saetere  (o),  avec  le 
dieu  germain  Ckrôdo,  ou  Hruodo,  dont  le  nom  latin  était 
Sat  ur  nus  et  qu'il  était  représenté  sous  les  traits  d'un  vieillard 
tenant  d'une  main,  une  gerbe  de  fleurs,  et  de  l'autre,  une 
roue.  Mais  l'origine  du  Saetere  anglo-saxon,  paraît  être  pro- 
prement latine  :  son  nom  qui  ne  figure  pas  dans  les  généa- 
logies royales,  prouve  assez  que  son  culte  ne  dut  pas  être 
très  répandu. 

VIII.  —  Les  Déesses.  La  mythologie  anglo-saxonne  com- 
prend peu  de  déesses.  De  la  femme  vénérable  d'Odin  ;  de  la 
déesse  Fricge,  on  rapporte  seulement  qu'elle  donna  son  nom 
au  sixième  jour  de  la  semaine.  Parmi  les  mois,  Bède  (6)  cite 
Hrednwnad  (mars),  et  Eôstermonad  (avril),  comme  dérivés 
des  déesses  Rheda  et  Eostre,  auxquelles  des  sacrifices  étaient 


1.  DeReb.  Gest.  JElf .\  an.  849. 

2.  Flor.,  Wig.  Chron.,  an.  849. 

3.  De  Reb.  Gest.  reg.,  an.  849. 

4.  Cod.  Dipt.,  no  813. 

5.  Deut.  Myth.,  p.  227. 

6.  De  uatura  rem  m,  cap.  XV. 


LES    SAXONS    EN    ANGLETERRE  163 

offerts  en   ces  mois.  Dans  la  mythologie  Scandinave  et  ger 
malne,  on  rencontre  La  déesse  guerrière,  Hréde;  Eôslre^  divi- 
nité (!•'  la  lumière  (east,  orient),  des  aurores,  et  du  premier 
printemps,  alors  que  Le  soleil  sort  vainqueur,  des  ténèbres  de 
l'hiver. 

Dans  le  dictionnaire  de  Lye,  on  trouve  une  autre  déesse, 
Ricen  qui  est  semblable  à  la  Diane  antique  :  elle  préside  aux 
chasses  sauvages,  et  au  Ludus  Dianae  (1).  A  côté  d'elle,  figu- 
rent successivement,  Minerva  ou  Bertha,  Holda,  Babundia, 
Dame  Abonde,  Domina,  liera,  sans  attributs  définis,  et  sans 
culte  certain. 

IX.  —  Les  Démons  et  les  Montres.  Les  Anglo-Saxons 
n'ont  pas  seulement  partagé  avec  les  Germains,  les  croyancs 
aux  dieux  bienfaisants,  mais  ils  ont  encore  connu  et  redouté 
les  créatures  monstrueuses  et  les  esprits  infernaux. 

Dans  Beowulf,  on  rencontre  déjà  Grendel  et  sa  mère, 
titans  voraces  et  invulnérables,  issus  des  géants,  et  le  triom- 
phe du  héros  sur  ces  montres,  fait  l'objet  de  la  moitié  du 
poème. 

Dans  deux  ou  trois  chartes,  des  noms  de  lieux  dérivent 
de  Grendel,  et  comme  dans  le  poème,  la  caverne  du  titan 
est  creusée  sous  un  lac,  ces  lieux  ont  toujours  quelque  rap- 
port avec  les  eaux  :  Grindles  pyt  ;  Grindles  bece  ;  Grendles 
mere  (2).  Grendel  a  pu  être  identifié  avec  le  démon  Loki,  du 


1.  «  In  contrariam  partem  est  auctoritas  decreti  XXVI.  Ita  ibi  ]egitur. 
Illud  non  est  obmittendum,  quodquedam  scélérate  mulieres  retro  post 
Sathan  converse,  demonum  illusionibus  et  fantasmatibus  seducte, 
credunt  se  et  profitentur  cum  Diana  nocturnis  horis  dea  paganorum,  vel 
cum  Herodiade  et  innumera  multitudine  mulierum,  equitare  super 
quasdam  bestias  et  multa  terrarum  spatia  intempeste  noctis  silentio 
pertransire,  eius  iussionibus  obedire  veluti  domine,  et  certis  noctibus  ad 
eius  servitium  evocari  ».  Meronymi  Vicecomitis  opusculum  Lamiarum 
vel  Striarum,  Medial. ,   1490. 

2.  Cod.Drpl.,  110*39,  570,  3.>:i. 


164  REOWIÎLF 

Nord  (I).  Grendel  et  Loki,  ont  une  mèro,  alors  que  le  démon 
<Iu  christianisme  n'en  a  point.  Comme  Satan,  Loki* est 
enchaîné  aux  enfers,  et  ce  n'est  que  par  un  émissaire  qu'il 
peut  se  montrer  sur  la  terre,  et  y  accomplir  son  œuvre  de 

destruction  (2).  C'est  ce  satellite,  fils  du  démon,  exécutant 
ses  volontés  sur  la  terre,  que  Ton  retrouve  dans  Caedmon, 
dans  les  légendes  de  saint  Andrew,  Juliana  et  Gûdlâc. 

Les  caractères  des  démons,  dans  la  mythologie  anglo- 
saxonne,  sont  la  force  et  l'héroïsme  :  ils  sont  des  dieux  de  la 
nature  ;  les  esprits  des  bois  et  de  l'océan.  Ce  sont  eux  que 
l'anachorète  interroge,  dans  la  solitude  des  nuits  (M)  : 

«  Volvente  deinceps  cursu  temporis,  electus  Dei  Gallus 
retia  lymphae  laxabat  in  silentio  noctis,  sed  inter  ea  audivit 
demonem  de  culmine  montis  pari  suo  clamantem,  qui  erat 
in  abditis  maris.  Quo  respondente,  «  Adsum  !  »  montanus  e 
contra  :  «  Surge  »,  inquit,  «  in  adiutorium  mihi  !  Ecce  pere- 
grini  vénérant,  qui  me  de  templo  eiecerunt  »  ;  nam  Deos 
conterebant,  quos  incola?  isti  colebant  ;  insuper  et  eos  ad  se 
convertebant  ;  «  Veni,  veni,  adiuva  nos  expellere  eos  de 
terris  !  »  Marinus  demon  respondit  :  «  En  unus  illorum  est 
in  pelago,  cui  nunquam  nocere  potero.  Volui  enim  retia  sua 
ledere,  sed  me  victum  proba  lugere.  Signo  orationis  est 
semper  clausus,  nec  umquam   somno  oppressus  ».  Electus 


1.  Grimm,  Deut.  Myth.,  p.  222. 

2.  Dans  la  légende  de  Juliana,  le  démon  inférieur,  parle  de  Satan, 
comme  de  son  père,  et  de  son  roi  {Cod.  Exon.,  pp.  261,  273).  Dans 
Salomon  et  Saturne,  il  est  appelé  le  thane  de  Satan.  Dans  la  même 
composilion,  Satan  est  appelé  le  père  du  démon  :  «  Notre  Père  frappera 
le  démon  de  sa  hache  fulgurante  ;  une  pluie  de  feu  tombera  sur  sa  tête  ; 
les  ténèbres  s'épaissiront  autour  de  lui,  et  il  sera  rivé  à  la  même  chaîne 
que  Satan,  son  père  ».  Dans  la  légende  de  saint  André,  c'est  Satan  lui- 
même  qui  apparaît.  Par  ailleurs,  Satan  envoie  comme  émissaires,  les 
démons,  ses  enfants  (  Vercelli  Poems,  Andr.,  1.  2.388  ;  1.  2.692). 

3.  Vit.  Anon.  Sri.  Galli.  Perte.  Monum.,  II,  7. 


LES    SAXONS    EN    ANGLETERRE  165 

vero  Gallus  lurc  audiens,  munivit  se  (indique  signaculo 
cruris,  dixitque  ad  eos  :  ((  In  nomine  Jesu  Christi  praecipio 
vobis,  ut  de  locis  istis  recedatis,  nec  aliquem  hic  ledere 
praesumatis  !  »  Et  cum  festinatione  ad  littus  rediit,  atque 
ahbati  suo,  quae  audierat,  recitavit.  Quod  vit*  Dei  Golunibanus 
audiens,  convocavit  fratres  in  ecclesiam,  solitum  signum 
tangens.  0  mira  dementia  diaboli  !  voces  servorum  Dei 
praerîpuit  vox  fantasmatica,  cum  heiulatus  atque  ululatus 
dira?  vocis  audiebatur  per  culmina  [  montium]  ». 

Ces  Titans,  dans  leur  force  terrible,  et  quoique  redoutables 
aux  dieux  mêmes,  sont  pleins  de  sagesse,  comme  Ghronos 
et  comme  Saturne.  S'ils  luttent  contre  les  dieux,  c'est  qu'ils 
veulent  établir,  par  la  force,  leur  domination  sur  l'univers, 
en  détruisant  les  fils  de  la  race  d'Opinn. 

Parmi  ces  géants  en  révolte,  Loki  a  la  mystérieuse  beauté 
de  quelque  archange  déchu.  Après  avoir  donné  aux  autres 
dieux  l'aide  fraternelle  de  sa  force  invincible  et  de  son 
immortelle  sagesse,  on  le  voit  entrer  en  conflit  avec  eux, 
après  la  mort  qu'il  a  volontairement  donnée  à  Baldr,  par 
jalousie,  peut-être.  Il  est  alors  enchaîné  dans  les  profondeurs 
de  la  terre,  et  sur  sa  tête  un  serpent  infernal  distille,  jour  et 
nuit,  son  venin.  Sa  fidèle  compagne  voit  Loki  trembler,  dans 
l'agonie  et  la  nature  entière  pleure,  tressaille  et  gronde, 
quand  expire  le  génie  bienfaisant  ;  dieu,  descendu  parmi  les 
hommes,  et  qui,  nouveau  Prométhée,  voulut  apporter  aux 
êtres  vivants  la  flamme  libératrice  de  l'esprit.  Les  géants 
hostiles  aux  dieux,  se  montrent  plus  cléments  envers  les 
hommes  qu'ils  veulent  soulever  avec  eux,  contre  les  divi- 
nités tyranniques. 

Ce  n'est  qu'avec  les  progrès  du  christianisme  que  se  fait 
jour  l'idée  propre  du  démon,  auteur  de  tout  mal,  moral  ou 
matériel,  dans  le  monde,  et  intimement  mêlé  à  la  création, 
sous  des  formes   multiples.   Un  reste   de   paganisme  s'unit 


166 


MKOWTLF 


parfois  à  celle  conception  chrétienne  (1),  el  se  retrouve  en 
des  poèmes,  tels  que  Salomon  et  Saturne^  dont  nous 
extrayons  ce  passage  (2)  : 


«   M  jpg  si  mie  se  Godes  cw.ide 
gumena  gehwylcum, 
ealra  feùnda  gehwone 
fleonde  gebringan, 
durh  mannes  mûd, 
m  an  fu  Ira  heâp 
sweartne  geswencan  ; 
nœfre  hic  dses  syllice 
bleôum  bregdad 
softer  banco  fan, 
federhornan  onfôd. 
Ilwfluni  flétan  gn'pad, 
hwilum  hie  gewendnd 
on  wyrmes  lie 
scearpes  and  sticoles, 
stingad  nyten 
feldgongende, 
feoh  gestrudad  ; 
hwilum  hie  on  wœtere 
wieg  gehnœgad, 
horn u m  geheâwad 
oddœt  him  heortan  blôd, 
fàmig  flodes  bœd, 
foldan  geséced. 
Hwilum  hie  ge  fêter  ad 
fanges  monnes  handa, 
gehefegad  donne  he 
cet  h  il  de  sceall 
wid  lâdwerud 
lifes  tiligan  : 

âwritad  hie  on  his  wsepne 
wœlnota  heap. 


Qu'à  jamais  le  nom  de  Dieu, 

pour  tout  homme, 

puisse  tout  ennemi 

mettre  en  fuite,  prononcé  par 

la  bouche  de  l'homme,  et 

disperser  la  troupe  des  démons, 

la  noire  cohorte  ; 

alors  il  ne  changeront  plus  si 

étrangement  de  couleurs 

et  de  corps,  et  plus  ils  ne 

prendront  de  plumes. 

Parfois  ils  saisissent  le  marin, 

parfois  ils  se  changent 

en  serpent, 

au  dard  perçant  ; 

ils  piquent  les  bœufs 

allant  par  les  champs; 

détruisent  les  troupeaux  : 

parfois  dans  les  eaux, 

ils  entraînent  les  chevaux, 

les  poussent 

de  leurs  cornes, 

et  le  sang  de  leur  cœur 

surnage  jusqu'à  la  terre. 

Parfois,  ils  enchaînent  les  mains 

de  ceux  qui  sont  vouésàlamort; 

ils  les  rendent  lourdes  à  la 

guerre  ;  quand  le  héros,  contre 

une  troupe  hostile,  doitdéfendre 

sa  vie  :  ils  gravent  sur 

ses  armes,  d'infernales 

marques  de  damnation. 


1.  Cf.  Bède,  Hist.  EccL,  V,  13;  111,  19. 

2.  Salom.  et  Sat.,  pp.  143,  144. 


LES   SAXONS    EN    ^NGLETERBE  16/ 

Et    dans  la    même   composition,    on   trouve   encore    ces 


lignes 


..«  Et  quand  le  démon  est  très  las,  il  s'attaque  au  troupeau 
appartenant  à  quelque  pécheur,  et  qui  repose  sous  un  arbre 
maudit;  s'il  rencontre  la  dépouille  d'un  homme,  sur  laquelle 
n'a  pas  été  fait  le  signe  de  la  croix...,  il  l'emporte  vers  les 
déserts  de  l'enfer  ». 

X.  — NICOR.  Parmi  les  dieux  élémentaires,  figurent  les 
Nicors,  ou  esprits  des  eaux  :  êtres  immatériels  et  surnatu- 
rels, elfes,  ondines,  peuplant  les  rivières,  les  lacs  et  la  mer  : 
ce  sont  eux  qui  égarent  le  marinier  imprudent  ;  qui  déchaî- 
nent les  tempêtes,  ou  qui  laissent  voguer  doucement  la 
barque  sur  les  flots  apaisés.  Opinn  est  leur  roi  et  leur  dieu 
suprême  :  quand  il  les  visite  il  s'appelle  Hnikupr  et  Nikuz, 
noms  du  dieu  des  mers.  Dans  Beowulf,  le  Nicor  est  qualifié 
de  «  wundorlic  waégbora  »  ;  l'être  surnaturel  qui  soulève  les 
vagues.  Le  Nicor  est  aussi,  la  fascinante  Nix  ou  Nixie,  qui 
emporte  à  la  mort,  dans  ses  embrassements,  le  jeune  pêcheur 
émerveillé  ;  c'est  encore  la  vague  bondissante,  qui  entraîne 
vers  l'abîme,  le  riant  essaim  des  vierges,  qui  errent,  cou- 
ronnées de  fleurs,  sur  le  rivage  ;  le  Nicor  est,  enfin,  la 
Stromkarl  suédoise,  qui  de  son  lit  d'algues,  suit  avec  joie,  les 
jeux  des  jeunes  enfants  dans  les  prairies  qu'elle  fertilise  : 
elle  leur  chante,  au  crépuscule,  d'étranges  mélodies  et  de  sa 
chevelure  fleurie,  elle  détache,  pour  eux,  les  nénuphars 
blancs,  qu'elle  laisse  flotter  sur  les  eaux,  à  l'aventure. 

XI.  —  HEL.  La  divinité  la  plus  redoutée  de  F  Anglo-Saxon 
fut  Hel,  maîtresse  du  monde  souterrain.  Le  héros  du  Nord 
qui,  en  mourant  dans  les  batailles,  était  appelé  à  la  gloire 
du  Waelheal,  tremblait  à  l'idée  de  finir  ses  jours  dans  la 
paix  d'une  mort  naturelle  et  lente,  qui  le  condamnait  à  vivre 
éternellement,  dans  le  séjour  désolé  des  ombres,  et  plus 
d'un  guerrier    se    donnera    volontairement    la  mort,   pour 


168  bëowi  i.K 

renaître  à  L'immortalité  glorieuse  (1).  Mais  Hel  n'était  pas  la 
déesse  de  la  mort,  proprement  dite  :  elle  recevait  seulement, 
ceux  qui  n'avaient  point  mérité,  par  leurs  exploits,  de 
s'asseoir  aux  côtés  d'Opinn,  et  c'étaient  les  Waelcyrians  ou 

Shieldmays,  qui  faisaient  ce  choix  funèbre,  entre  les  héros. 
Le  royaume  d'Hel  n'a  pas  les  clartés  et  la  joie  du  Waelheal  : 
il  est  toute  ombre,  toute  tristesse,  et  toute  solitude  :  là,  point 
de  combats  héroïques  et  simulés,  dans  les  brouillards  que 
vont  percer  les  rayons  du  soleil  des  dieux  :  point  de  cou- 
pes où  l'on  boit,  à  longs  traits,  le  vin  de  l'éternelle  jeu- 
nesse !  Ces  lieux  ne  retentissent  pas  du  chant  barbare,  qui 
narre  les  longs  récits  des  batailles,  et  les  immortelles 
Shieldmays  n'y  apparaissent  pas,  dans  le  sillage  des  éclairs. 
Aucune  des  âmes  désolées  d'Hel,  ne  prendra  part  à  la  lutte 
dernière  et  gigantesque  des  ein/ierjar,  mais  elles  errent  dans 
les  solitudes  glacées,  et  une  lueur  d'espoir,  dans  l'éternité, 
ne  dissipera  jamais  les  ténèbres  qui  les  environnent. 

Pour  le  parjure  et  le  meurtrier,  existait  le  Ndstrond, 
peuplé  de  monstres  et  de  serpents,  et  le  souvenir  de  cet  enfer 
païen,  demeure  dans  des  œuvres  d'inspiration  chrétienne, 
tel  le  Dialogue  de  Salomon  et  de  Saturne,  où  on  lit  encore  : 

1.  Henry  de  Huntington,  dans  le  sixième  livre  de  son  Histoire,  rap- 
porte que  Siegeweard,  duc  de  Northumberland,  en  apprenant  la  mort 
de  son  fils,  à  la  bataille,  s'écria  :  «  Kecepitne  vulnus  lethale  in  anleriori 
vel  posteriori  corporis  parte?  Uixerunt  nuntii  :  In  anteriori.  At  i J le  : 
«  Gaudeo  plane,  non  enim  alio  me,  vel  filium  meum  digner  fuere  ».  En 
10o5,  le  même  personnage,  recherche,  sentant  sa  fin  prochaine,  une  mort 
héroïque,  et  le  passage  suivant  atteste  la  persistance  de  l'idée  païenne  et 
guerrière,  en  dépit  de  l'influence  du  christianisme  :  «  Siwardus,  consul 
rigidissimus,prolluvio  venlris  ductus,  mortem  sensit  imminere.dixitque  : 
Quantus  pudor  me  tot  in  bellis  mori  non  poluisse,  ut  vaccarum  morti 
cum  dedecore  reservarer!  Induite  me  saltern  lorica  mea  impenetrabili, 
praecingite  gladio,  sublimate  galea  :  scutum  in  lanTa,  securim  auratam 
mihi  ponite  in  dextra,  ut  militum  fortissimus  modo  militis  moriar. 
Dixerat,  et,  ut  dixerat,  armatus  honorifice  spiritum  exhalavit  ». 


LES    SAXONS    EN    ANGLETEUHE 


101) 


«  him  belle  gescôp, 
wselcealde  wic, 
wiotre  bédeahte  : 
wœter  insende 
and  wyrmgeardas, 
atol  deôr  monig 
irenum  hornum  ; 
blôdige  earnas 
and  blâce  nœdran  ; 
pirst  and  hungor 
and  pearle  gewin, 
eâcne  egesan, 
unrôtnisse.  » 


«  pour  eux  il  fit  l'enfer, 

demeure  froide  et  mortelle  : 

couverte  de  neige  : 

il  y  fit  couler  des  eaux 

et  courir  des  serpents, 

et  plus  d'un  monstre  hideux 

à  cornes  d'airain  ; 

et  des  aigles  sanglants, 

et  de  pâles  vipères. 

(11  leur  donna)  la  soif  et  la  faim 

des  batailles  furieuses, 

d'épouvantables  terreurs, 

et  la  perte  de  la  joie  (1).  » 


Dans  la  mentalité  païenne  anglo-saxonne,  l'enfer  appa 
raissait  comme  la  prison  des  âmes  (2),  ou  comme  la  gueule 
de  quelque  bête  monstrueuse,  entrée  du  séjour  des  tour- 
ments. Dans  la  poésie  épique,  Hel  est  toujours  une  person- 
nification :  celle  de  la  déesse  du  royaume  des  morts  indignes, 
ainsi  qu'il  ressort  de  ce  passage  même  de  Beowulf  (3)  : 


«  siddan  dreamaleâs 
in  fenfreodo 
feorh  âlegde, 
hœdene  sâwle, 
dœr  him  Hel  onfeng. 


«  quand  privé  de  joie, 

dans  son  séjour  des  marais, 

il  perdit  la  vie 

et  son  âme  païenne, 

et  l'enfer  la  reçut. 


XII.  —  Les  Destins.  Les  Germains  admettaient,  en  général, 
l'intervention  entre  les  hommes  et  les  dieux,  de  divinités  qui 
leur  étaient  supérieures,  car  les  dieux  eux-mêmes,  dans  la 
mythologie  du  Nord,  sont  destinés  a  périr,  et  ils  peuvent 
aussi  peu  échapper  au  sort,  que  les  hommes,  nés  de  leur  puis- 
sance.   L'opinion   populaire    a  pu  faire   d'Opinn,   l'arbitre 


t.  Sal.  Sat.,  p.  173. 

2.  Bède,  ffisf.  Eccl  ,  V,  13  :  «  inférai  claustra  ». 

3.  L.  1698,  357. 


170  BEOWULF 

suprême  des  événements,  alors  que  L'élite  des  sages  croyail 
aux  divinités  du  Passé,  du  Présent  et  du  Futur;  kl'nlr.  à 

Werdandi,  à  Skuld,  dont  1  s  décrets  doivent  confondre  l<-s 
cieux,  la  terre  et  les  dieux  eux-mêmes,  dans  l'universelle 
destruction.  Le  barbare  s'attache  plus  au  passé  qu'au  futur  : 
car  le  présent  n'est  qu'une  dépendance  du  passé  qu'il  accuse 
ou  qu'il  loue,  de  tout  ce  qu'il  souffre,  et  de  tout  ce  dont  il 
jouit  :  son  esprit  suit  la  genèse  d'événements  qui  se  sont 
effectués,  ou  qui  s'achèvent,  mais  il  est  peu  curieux,  dans  sa 
sagesse  primitive,  des  probabilités  indéfinies  de  l'avenir  : 
c'est  pourquoi  Urdr  est  regardée  comme  la  plus  ancienne  et 
la  plus  puissante  des  destinées  :  sa  tâche  est  achevée  et  celle 
de  ses  sœurs  est  encore  à  accomplir.  11  est  probable  que  par 
l'évolution  de  cette  conception,  la  première  destinée  finit 
par  l'emporter  sur  les  autres.  Dans  les  exemples  suivants, 
tirés  du  poème  en  ancien  saxon  (l),  l'Heljand,  Wurth,  dans 
tous  les  cas  où  ce  mot  est  employé,  peut  être  remplacé  par 
dôd,  mors:  «  Thiu  Wurth  is  at  handuni,  dôd  is  at  hendi  »  ; 

Wicrd  (2),  la  mort  est  prochaine,  pour  saisir  les  condamnés 
du  destin.  «  Thiu  Wurth  nahida  thuo  »,  la  Weird  (la  mort), 
s'approcha  ;  «  Wurth  ina  benam  »  :  Wierd,  déesse  de  la 
mort,  le  ravit. 

L'équivalent  anglo-saxon  de  Wurth  est  Wyrd,  que  l'on 
rencontre  très  fréquemment.  Ce  mot  s'emploie,  dans  un  sens 
abstrait,  au  pluriel,  et  signifie  un  événement  inattendu  ;  dans 

1.  Héljand,  Poema  Saxonicum  Sœculi  Noni,  édit.  A.  Schmeller, 
Munich,  pp.  146,  2;  92,  2;  163,  16;  66,  18;  111,  4.  Cf.  Grinim,  Myth. 
p.  377. 

2.  Ne  waes  wyrd  dâgen 
daet  he  ma  môste 
m  arm  a  cynnes 

picgean  ofer  dâ  niht  (Beow.,  1.   1.462). 


wyrd  ne  cûdon  (ibid..  1.  2.467) 


IIS  SAXONS  VA    ANGLETERRE  171 

l'acception  du  vieux   saxon    II  ///•///,   Wyrd  est   toujours  au 

singulier.    Dans    ce   passage,    les  pensées    chrétiennes    et 

païennes  se  mêlent  étrangement,  et    Wierd  y  est  opposé  à 

Dieu  : 

«  swâ  he  hyra  ma  wôlde 
nef  ne  him  witig  God, 
Wyrd  forstôde, 
dœs  mannes  mod  (1).  » 

«  Comme  ils  l'auraient  obtenu,  si  Dieu  n'avait  été  là  ;  si 
Wierd  ne  l'avait  soutenu,  ainsi  que  son  propre  courage.  » 
«  Hine  Wyrdfornam  »  ;  «  Wierd  l'emporta  (2).  »  «  Ac  une 
sceal  weordan  aet  wealle,  swâ  une  Wyrd  geteôd  metôd 
manna  gehwaes  »  (3)  ;  «  cela  nous  adviendra,  comme  Wierd, 
le  maître  de  tout  homme,  l'a  décidé  »,  «  Swâ  him  (4)  Wyrd 
ne  gescrâf  »  ;  «  Wierd  n'en  ordonna  pas  ainsi  ».  «  Ealle 
Wyrd  forsweôp  »  ;  «  Wierd  a  dispersé.  »  «  U'sseô  wyrd 
scyded,  heard  and  hetegrim  »  ;  «  Wierd  nous  poursuit, 
âpre  et  terrible,  dans  la  haine.  » 

Une  des  particularités  de  Wierd,  est  de  ressembler  de 
façon  frappante,  k  la  déesse  Scandinave,  Nornir.  Wierd  se 
tient  aux  côtés  du  guerrier  condamné  par  le  sort  ;  elle  l'en- 
lève, et  se  montre  acharnée  à  la  poursuite  de  ses  victimes. 
Mais  elle  tisse  aussi,  dans  son  immutabilité,  la  trame  de  la 
destinée  :  «  Me  daet  wyrd  gewtef  »  ;  «  Wierd,  pour  moi,  a  tissé 
ce  qui  m'est  advenu  (6).  »  «  Wyrmas  mec  ne  âwâefon  (7), 
Wyrda   craeftum,    da  de    geolo    godvvebb   geatwum    frœt- 


1.  Beow.,  1.2.104. 

2.  Ibid.,  1.2.240. 

3.  Ibid.,  1.  5.048. 

4.  Ibid.,  1.  5.145. 

5.  Beow.,  1.  5.624. 

6.  Cod.  Exon.,  p.  355 

7.  Ibid. t  p.  417. 


172  BEOWULF 

wad  ».  «  Les  vers  ne  mont  point  tissé,  avec  l'habileté  de 
Wierd,  une  étoile  de  brocart  jaune.  » 

Toutes  les  déesses  et  toutes  les  héroïnes  teutones  filent, 
comme  Holda  et  Bertha  ;  ainsi  que  les  Valkyriur  et  les 
Shieldmays,  au  regard  flamboyant  (t)  qui  s'arrête,  dans  les 
batailles,  sur  ceux  qui  sont  voués  à  la  mort.  Et  sur  ces  der- 
nières, on  trouve  (Ms.  Harl.  585,  fol.  186),  l'incantation 
suivante  : 

(v  Voici  qu'avec  bruit,  elles  volaient  sur  la  colline,  après 
avoir  chevauché  bravement  sur  la  terre  plane...  Je  m'abritais 
derrière  mon  bouclier  léger,  et  les  puissantes  vierges  fai- 
saient siffler  les  javelots  à  mon  oreille...  Fixez-vous,  parmi 
nous,  ô  déesses  de  la  victoire  !  Et  ne  vous  envolez  pas  vers 
les  bois,  à  l'aventure  !  Et  comblez-nous  de  vos  bienfaits...  » 

Il  y  a  quelque  analogie,  et  Grimm  l'a  remarqué  (Deut. 
Myth.,  p.  402),  entre  ses  divinités,  dans  leur  vol  sauvage  à 
travers  l'espace,  et  les  nymphes  guerrières  que  Saxo  Gram- 


1.  Quand  Doit  visite  Drymr,  sous  le  déguisement  de  Freya,  le  géant 
a  quelque  soupçon  des  yeux  flamboyants  de  la  déesse,  sous  son  voile  : 
«  Laut  und  linu 
lysti  at  kyssa  ; 
en  hann  ûtan  stôkk 
endlangan  sal  : 
«  Ilwi  eru  ôndôtt 
augu  Freyju  ? 
pikki  mer  or  augum 
eldr  of  brenna  !  » 
Sat  in  alsnotra 
embôtt  fyrir, 
er  ord  um  fann 
vid  jôtuns  màli  : 
«  Svaf  vaetr  Freyja 
âtta  nôttum, 
svâ  var  hon  ôdfiis 
i  jôtunheima.  » 

Hamarsheimt,  XXVII,  XXVUI 


LES    SAXONS    KN    ANGLETERRE  ST3 

maticus  qualifie  de  femînœ  et  de  nymphe  sylvestres  (1). 
XIII.  — La  Création  et  la  Destruction.  La  cosmogonie  du 
Pentateuque  fut  adoptée  par  les  Savons  convertis  à  la  foi 
chrétienne,  mais  sans  exclure,  toutefois,  les  traditions  du 
paganisme.  Dans  la  mythologie  des  nations  du  Nord,  la 
création  du  monde  occupe  une  place  importante  ;  ses  détails 
sont  rapportés  dans  les  lais  essentiels  de  l'Ëdda,  et  quelques- 
uns  de  ceux-ci  semblent  avoir  inspiré  les  poètes  chrétiens 
eux-mêmes.  L'imagination  religieuse  des  barbares  du  Nord 
est  partout  identique,  et  bien  que  les  plaines  fertiles  de  la 
Bretagne  se  déroulassent  à  ses  yeux,  les  visions  obscures  ou 
rayonnantes  de  la  genèse  du  monde,  hantaient  les  rêves  de 
l'Anglo-Saxon,  aussi  bien  que  ceux  du  Suédois  contemplant, 
dans  sa  farouche  tristesse,  ses  rives  glacées,  ses  volcans,  et 
ses  montagnes  de  neige.  L'homme  du  Nord  croit,  générale- 
ment, qu'un  vaste  chaos  précéda  l'organisation  du  monde. 
Pendant  la  vie  du  géant  Ymer,  «  la  terre  était  vide  et  sans 
forme  ».  Et  la  Vaulu  Spd,  ou  Chanson  de  la  Prophétesse, 
poursuit  ainsi  (2)  : 

«  A'r  varalda  «  Quand  Ymer  habitait  là, 

par  cr  Y'mir  bygdi  :  c'était  l'aube  des  temps  : 

vara  sandr  né  sœr  les  frais  ruisseaux  ne  coulaient 

né  svalar  unnir  :  point,  ni  les  sables,  ni  les  mers  : 

ôrd  fannsk  œva  la  terre  n'était  pas,  et  le  ciel 

né  upphiminn,  ne  la  recouvrait  pas;  le  vide 

gap  var  ginnunga,  était  partout,  et  l'herbe 

en  gras  hvergi.  »  n'avait  point  verdi.  » 

Cependant  les  fils  de  Bur,  Opinn,  Vile  et  Ve  créèrent  le 
vaste  Midgard,  ou  royaume  de  la  terre  : 

«  SjI  skein  sunnan  «  Le  soleil,  à  l'orient,  rayonna 

a  salar  steina  sur  les  palais  de  pierre; 

1.  Grimm,  Deut.  Myth.,  pp.  401  et  suiv. 

2.  Vaulu  Spâ,  si.  3. 


174 


BEOWULF 


pa  var  grand  groin 
grœaum  lauki  (1).  » 

Les  constellations  étaienl  encore  errantes 


et  la  terre  alors  naquit, 
avec  sa  verle  parure.  » 


«  Soi  pat  ne  vissi 
h  var  hon  sali  âtti, 
mâni  pat  ne  vissi 
hvathann  megins  âtti, 
stjôrnur  pat  ne  vissu 
hvarpœr  stadi  âttu(2).  » 


«  Mais  le  soleil  ne  savait  pas 

où  serait  son  royaume  ; 

et  la  lune  ignorait  ce  qu'elle 

deviendrait, 

et  les  planètes  n'avaient  point 

leur  place  au  firmament.  » 


Aussi  les  dieux  assemblés  réglèrent-ils  l'ordre  des  saisons  ; 
ils  donnèrent  leur  nom  au  matin,  à  la  nuit  et  au  jour,  afin 
que  les  hommes  pussent  reconnaître  le  cours  des  temps. 

A  l'apparition  du  christianisme,  les  mythes  sur  l'origine  du 
monde  créé  sur  le  corps  d'Ymer,  ou  sorti  de  puits  mysté- 
rieux ou  insondables,  se  sont  perdus.  Mais  il  est  curieux  de 
remarquer  à  quel  point  est  païen  le  tableau  de  la  création, 
donné  dans  Gaedmon  (3)  : 


«  Ne  wses  hér  dâgiet 
nymde  heôlstersceado 
wiht  geworden, 
ac  des  wida  grund 
stôd  deôp  and  dim, 
drihtne  fremde, 
idel  and  unnyt  ; 
on  done  eâgnm  wlât 
stidfrihd  cining, 
and  da  stowe  beheôld 
dreâma  lease. 
Geseah  deorc  gesweorc 
sémian  sinnihte, 
sweart  under  rodera  m, 
wonn  and  wéste 

1.  Vaulu  Spà,  st.  5. 

2.  Ibid,,  st.  4. 

3.  Cœdm.,  p.  7,  1.  8  et  suiv. 


«  Il  n'y  avait  pas  encore, 
même  l'abri  d'une  caverne, 
mais  l'abîme  sans  fond, 
s'ouvrait  insondable  et  noir, 
ignoré  de  Dieu, 
inutile  et  immuable  ; 
sur  lui  porta  les  yeux 
le  Roi,  à  la  volonté 
toute  puissante, 
et  il  aperçut  ce  néant 
qu'avait  fui  toute  joie. 
Il  vit  les  sombres  nuages 
s'épaissir  dans  une  nuit 
sans  fin;  sombres  et  épars 
sous  le  ciel 


LES  SAXONS  IN  ANGLETERRE  175 

folde  wœs  dâgyl  La  terre  n'avait  pas  encore 

grœs  ungréne;  la  verte  parure  de  l'herbe  ; 

gàrsecg  peahte  mais  l'océan  recouvrait 

sweart  synnihte  au  loin,  dans  les  ténèbres 

wfde  and  side  éternelles,  les  terres 

wonne  waegas.  »  désolées...  » 

Otte  première  phase  de  la  création,  est  suivie  de  la  pro- 
duction de  la  lumière  ;  de  la  division  du  soir  et  du  matin  ;  de 
la  production  de  la  vie  organique  elle-même,  comme  dans  le 
premier  chapitre  de  la  genèse.  Le  Wida  gnmd,  ou  vaste 
abîme,  est  le  Ginnunga  gap,  ou  gouffre  béant,  de  l'Edda,  et 
comme  dans  ce  dernier  poème,  l'auteur  chrétien  écrit  qu'il 
n'y  a  sur  la  terre,  ni  herbe,  ni  verdure. 

Le  monde  fut  donc  créé  des  parties  diverses  du  corps 
d'Ymer,  mais  on  retrouve  encore  une  trace  de  paganisme 
dans  la  tradition  qui  se  transmit  en  des  temps  moins  reculés, 
de  la  création  de  l'homme,  des  parties  mêmes  de  l'univers, 
conception  qui  sous  son  symbolisme  apparent,  est  toute 
matérialiste.  Dans  un  très  ancien  manuscrit  frison  que  Grimm 
cite  dans  YAltdeusche  Blcltter  de  Haupt  (1),  on  lit  ce  pas- 
sage : 

«  Gôd  scôp  thene  éresta  meneska,  thet  was  Adam,  fon 
achta  wendem  ;  thet  bénete  fon  tha  sténe,  thet  flâsk  fon 
there  erthe,  thet  blôd  fon  tha  wetere,  tha  herta  fon  tha 
winde,  thene  thochta  fon  tha  wolken,  thene  sûet  fon  tha 
dâwe,  tha  lokkar  fon  tha  gersc,  tha  âgene  fon  there  sunna 
and  tha  blérem  on  thene  helga  6m  ». 

«  Dieu  créa  l'homme  de  huit  matières  :  il  tira  ses  os  des 
pierres;  sa  chair,  de  la  terre;  sa  pensée,  des  nuages;  son 
sang,  de  l'eau  ;  son  cœur,  du  vent;  sa  sueur,  de  la  rosée  ; 
ses  cheveux,  des  herbes  ;   ses  yeux,   du  soleil  ;  et  puis,  le 

I .  Vol .  1,  part.  ï,  p.   1 . 


1 76  BEOWULF 

Tout-Puissant  insuffla  la  vie  au  premier  homme.  »  Dans  Salo 
mon  et  Saturne  (p.  181),  on  dit  qu'Adam  a  été  créé  de  huit 
livres  de  chacune  de  ces  matières  :  une  livre  de  terre,  pour 
sa  chair  ;  une  livre  de  feu,  pour  son  sang  ;  une  livre  de  vent, 
pour  son  souffle  ;  une  livre  de  nuages,  pour  l'inconstance  de 
sa  pensée  ;  une  livre  de  grâce,  pour  sa  beauté  ;  une  livre  de 
sel,  pour  l'amertume  de  ses  larmes. 

L'Anglo-Saxon  partage  cette  croyance  générale  du  paga- 
nisme du  Nord,  qu'à  la  fin  des  âges,  qu'au  crépuscule  des 
dieux,  les  pouvoirs  titaniques  briseront  leurs  fers  :  Loki  sera 
délivré  de  ses  chaînes  ;  le  serpent  Midgard  qui  entoure  le 
monde,  se  réveillera  menaçant  et  formidable  ;  le  loup 
Fenrir,  s'élancera  contre  les  dieux,  et  le  vaisseau  Naglfar, 
fait  des  ongles  des  morts,  assemblés,  conduira  les  fils  de 
Muspelheim,  contre  les  dieux  (Vaulu  Spâ,  st.  50).  Opinn, 
Thôrr  et  les  autres  dieux  périront,  mais  leur  mort  ne  sera 
pas  laissée  sans  vengeance  :  le  loup  et  le  serpent  tombe- 
ront :  l'un,  sous  les  coups  de  Vidarr,  fils  d'Opinn  ;  l'autre, 
sous  la  massue  de  Thôrr.  Le  soleil  et  la  lune  disparaîtront, 
avec  la  terre  elle-même,  tandis  que  les  cendres  d'Yggrdasil, 
voleront  sur  le  bûcher  de  Sutr. 

Mais  les  dieux  se  retrouveront  dans  Ivadelli  ;  la  terre 
renaîtra  de  l'océan:  le  soleil  laissera,  derrière  soi,  pour 
poursuivre  sa  course  lumineuse,  une  fille  d'éclatante  beauté. 
Ces  divinités  se  souviendront  de  leur  ancienne  puissance,  et 
Viddar  et  Vale,  fils  d'Opinn;  Made  et  Magne,  fils  de  Thôrr, 
survivront  à  l'universelle  destruction,  et  la  mort,  et  le  mal 
seront  bannis  du  monde,  à  jamais  (1)  : 

«  Sér  hon  uppkoma  «  Alors  pour  la  seconde  fois, 

odru  sinni,  elle  renaîtra,  la  terre, 

jôrd  orœgi  de  l'océan,  et 

idjagrcena.  »  verte  sera  sa  parure.  » 

1.  Vaulu  Spà,  st.  56,  57,  58,  59,  60, 


LES    SAXONS    EN    ANGLETERRE  177 

Sous  L'influence  chrétienne,  <>n  lil  dans  la  ménologie 
saxonne  : 

«  Quand  Notre-Seigneur  fera  renaître  les  créatures  et  toute 

la  race  dos  hommes,  le  soleil  brillera  avec  sept  fois  plus 
d'éclat,  et  jamais,  il  ne  déclinera,  et  la  lune  ne  sera  plus 
voilée  par  les  nuages...  » 

Ce  passage  atteste  encore  la  persistance  de  l'idée  païenne, 
dans  la  conception  de  la  vie  éternelle,  en  dépit  des  pro- 
messes de  la  foi  nouvelle,  et  de  la  certitude  des  dogmes 
chrétiens. 

XIV.  —  Les  Héros.  Le  culte  des  héros,  chez  les  Anglo- 
Saxons,  est  celui  de  dieux  oubliés,  ou  représentés  au  cours 
de  leurs  exploits  héroïques  et  humains.  Le  héros  Scyld  ou 
Sceldwa,  a  été  reconnu  pour  le  fondateur  divin  de  la  race 
royale  des  Scyldings,  au  Danemark  ;  mais  il  apparaît  aussi 
au  nombre  des  ancêtres  mythiques  de  Wôden,  dans  les 
généalogies  du  Wessex.  Il  est  singulier  d'observer  que  les 
Anglo-Saxons,  seuls,  rapportèrent  le  mythe  de  ce  héros  :  le 
premier  chant  de  Beôwulf  le  dépeint  enfant,  et  abondonné, 
sur  une  nef,  aux  flots  de  l'océan  ;  un  trésor  fabuleux  l'accom- 
pagne, tandis  qu'il  vogue  vers  les  rives  des  Gardanes,  dont 
il  devint  roi.  Après  avoir  régné  glorieusement  et  fondé  une 
race  de  rois,  Scyld  meurt,  et  comme  dans  son  enfance  aven- 
tureuse, il  est  placé  seul,  sur  un  vaisseau  chargé  de  trésors, 
et  le  flot  tutélaire  l'emporte  encore  vers  le  monde  ignoré, 
d'où  il  était  venu,  pour  le  bonheur  des  hommes  (Beow.,  1. 26). 
Ce  mythe  entra  profondément  dans  les  croyances  populaires 
et  fut  cité  par  des  chroniqueurs  moins  anciens,  tels  qu'^Ëdel- 
weard  (2)  et  William  de  Malmesbury  (3)  qui  s'efforcent  même 

1.  Ms.  Corpus  Christi,  n°  179. 

2-3.  «  Ipse  Scef  cum  uno  dronione  advectusf  est  in  insula  oceani  quae 

dicitur  Scani,   armis    circumdatus,   eratque    valde  recens   puer,    cl    al» 

ncolis  illius  terrai  ignotns  ;  attamen  ab  cis  suscipitur,  cl  ut   (amiliarem 

12 


ITS  beowi  i.i 

d'invoquer,  pour  Scyld,  la  tradition  biblique,  <d  <!<•  prouver, 
avec  peu  de  raison,  que  Le  héros  était  iils  de  Noé,  ué  sur 
l'arche  (1),  ei  aiiraculeusement  exposé  sur  les  eaux...  Il  y  a 
un  ou  deux  endroits  qui  portent,  en  Angleterre,  le  nom  de  ce 
héros  :  Sri/ Ides  treôw  (2),  Scyldmere  (3),  Set/ ides  hedfda  (4). 
On  dit  que  Scyld  eut  un  fils  nommé  Beowulf  ou  Beau . 
auteur  de  plusieurs  races  royales.  Parmi  les  autres  héros 
nommés  dans  le  même  poème,  il  convient  de  citer  Hygelac, 
que  Beowulf  appelle  son  seigneur,  son  suzerain,  et  après  la 
mort  duquel,  il  devient  roi  des  Geats.  Hygelac  périt  dans  un 
combat  contre  les  Francs.  Il  semble  encore  probable  que  le 
caractère  quasi-divin  d'Hygelac  fut  reconnu  par  les  Ger- 
mains, ainsi  qu'il  ressort  d'un  manuscrit  du  ixe  siècle,  cité 
dans  YAldeutsche  Blâtter,  de  Moriz  Haupt  (liv.   V,  part.  I, 

P-  10)  : 

«  De  Getarum  rege    Huiglauco  mirae  magnitudinis.  —  Et 

sunt  mirae*  magnitudinis,  ut  rex  Huiglaucus,  qui  imperavit 
Getis  et  a  Francis  occisus  est,  quern  equus  a  duodecimo 
anno  portare  non  potuit,  cuius  ossa  in  Rheni  fluminis  insula, 
ubi  in  oceanum  prorumpit,  reservata  sunt  et  de  longinquo 
venientibus  pro  miraculo  ostenduntur.  » 

diligenii  animo  eum  custodierunt,  et  post  in  regem  eligunt  :  de  coins 
prosapia  ordinem  trahit  Athulf  rex  »,  .Edelw.,  lib.  NI.  «  Isie,  ut 
ferunt,  in  quandam  insula  m  Germaniœ  Scandzam,  de  qua  Jordanes 
historiographus  Gothorum  loquitur,  appulsus,  navi  sine  rémige  puerulus, 
posito  ad  caput  frumenti  manipulo,  dormiens,  ideoque  Sceaf  nuncu- 
palus  ad  hominibus  regionis  illius  pro  miraculo  exceptus,et  sedulo 
nutritus,  adulta  aetate  regnavit  in  oppido  quod  tunc  Slasvic,  nunc  vero 
llaithebi  appellatur.  Est  au  te  m  regio  illa  Anglia  Velus  dicta,  unde  Angli 
venerunt  in  Britanniam,  inter  Saxones  et  Gothos  constituta.  »  {Gest. 
Reg., Il,  116). 

t.  «  Se  waes  geboren  in  daére  carce  Noes  »  (Chron.  Sax.,  855). 

2.  Cod.  Dipl..  n°  436. 

3.  Ibid.,  nos  356,  752. 
i  Ibid..  n°  721, 


LES    SAXONS    EN    ANGLETERRE  179 

En  Angleterre,  des  noms  de  lieux  sont  formés  du  mot 
Hygelac  :  ainsi,  llyyeldces  yei'it  (1). 

Un  autre  héros  du  cycle  de  Beowulf,  est  Unaef,  le  Hocing, 
dont  la  destinée  s'achève  dans  Le  poème  précité  (2),  et  dans 
le  fragment  intitulé  «  la  bataille  de  Finnesburh  ».  Son  nom 
se  retrouve,  en  Angleterre,  dans  Hnaefes  scylf  (3),  hôces 
byrgels  (A),  Hôces  ltd  m  (5),  Hôcing  maéd  (6).  Ce  héros  ne 
semble  pas  avoir  été  inconnu  des  Francs  :  Hiltikart,  femme 
de  Charlemagne,  de  naissance  très  noble,  parmi  les  Swaefas, 
ou  Suèves  (»<  nobilissimi  generis  Suavorum  puella  »),  était, 
en  effet,  parente  de  Kotofrit,  duc  des  Alamans  (7)  :  dans  sa 
généalogie,  se  retrouvent  les  noms  de  Huocingus  et  Nebi,  en 
succession  immédiate,  et  il  parait  difficile  de  ne  point  voir  en 
eux,  ceux  de  Hocing  et  de  Hnaef. 

Parmi  les  héros  des  traditions  païennes,  figurent  encore 
Wada,  Weland  et  Eigil.  Tous  trois,  après  avoir  été  célébrés, 
dans  les  mythes  et  les  épopées  Scandinaves  et  germaniques, 
ont  laissé  quelque  trace  en  Angleterre.  De  Wada,  la  Chanson 
du  Voyageur  rapporte  seulement  qu'il  régna  sur  les  Helsings, 
et  quelques  lieux  gardent  son  nom,  tels  Wadanbeorgas  (8), 
Wadanhldew  (9).  Son  fils  Weland  est  plus  célèbre  que  lui- 
même  :  c'est  le  Wieland  germanique  ;  le  Vôlundr  du  Nord  ; 
le  Galand  de  la  tradition  franque  :  Weland  est,  dans  la 
légende,   le  forgeron   le  plus  renommé,   et  les   plus  durs 

1.  Cod.  Dipt.,  n°566. 

2.  Beow.,  1.  2.430  et  suiv. 

3.  Cod.  Dipt.,  no  595. 

4.  Ibid.,  n°  1267. 

5.  Ibid.,  n°  1142. 

6.  Ibid.,  n°  I09i. 

7.  Thegan.'Vit.  Hludov.,  Perte,  Monum.,  11,590,  591  ;  Eginhart,  §  18 
Pertz,  Mon.,  11,452,453. 

8.  Cod.  Dipt.,  n°  55. 

9.  Ibid  ,  n°  18. 


1tfO  HKown.r 

glaives  sortent  do  ses  mains  divines.  Bc6wulf,  avant  d'entre^ 
prendre  une  lulfe  hasardeuse,  recommande  à  ses  compa- 
gnons de  rapporter  an  palais,  s'il  succombe,  sa  cotte  <le 
mailles  [Welande  geweofc),  œuvre  de  Weland,  ou  chef- 
d'œuvre  que  Weland  aurait  pu  forger  (1).  La  légende  de 
Weland  identique,  à  bien  des  points  de  vue,  à  celle  de  La 
Wilkina  Saga,  est  l'apportée  dans  le  Codex  Exoniensis, 
p.  377  :  il  y  est  t'ait  mention  de  la  mutilation  de  Weland  par 
Nidaudr  ;  de  la  violence  que  lui  tit  Bôdhildr,  et  de  la  revan- 
che du  forgeron  divin  sur  ses  ennemis. 

Dans  les  traditions  du  Nord,  apparaît  un  fils  de  Weland, 
nommé  Eigil  ou  Egil,  célèbre  comme  archer.  Sans  qu'il  y  ait 
de  détail  précis  sur  ce  héros,  on  peut  croire  qu'il  dut  porter, 
chez  les  Anglo-Saxons,  le  nom  d'^Eigel,  et  l'on  trouve,  en 
Angleterre,  des  lieux  ainsi  désignés  :  Aïglesbyrig,  aujour- 
d'hui Aylesbury,  dans  le  Buckinghamshire  ;  Mylesford (Ayls- 
ford),  dans  le  pays  de  Kent;  Mgleswurd  (Aylsworth),  dans 
le  Northamptonshire;  Aylestone,  dans  le  Leicestershire  (2). 

La  Wilkina  Saga  renferme  encore  la  légende  de  Deôdric 
(Dietrich  von  Bern],  et  d'Eorménric  (Hermanaric).  Dans  une 
ménologie  saxonne,  de  haute  antiquité,  on  trouve  le  récit 
dun  anachorète,  ayant  eu  cette  vision  :  il  aperçut  le  roi 
Théodoric,  sans  ceinture,  pieds  nus,  lié  et  conduit  par  saint 
Fini  en  et  par  saint  Jean,  pape  et  martyr,  jusqu'au  cratère 
d'un  volcan,  où  il  fut  précipité.  L'auteur  ajoute  qu'il  s'agit 
bien  de  Théodoric,  roi  des  Goths,  dans  Ravenne  (3). 

1.  Beow.,\.  901  ;  I).  Myth.,  p.  38t. 

2.  Cod.  DipL,  nos  549,  591,  423. 

H.  MS.  C.  G.  G.  Cantab.,  n°  179.  «  On  done  eâhtateôdan  dœg  daes 
momies  byd  See  Johannes  tyd  dœs  pâpan  dses  martyres,  se  gedyde 
purh  Godes  my  lit  blyndum  men  gesyhde.  Done  Johannes  for  aéfstum 
[héhi  ewellan]  Theodoricus  se  wœs  Golena  cyning  in  Ranenna  daere 
ceaslre  ;  sum  wéstensella  on  dàm  ealonde  de  is  nemned  Liparus,  he 
sœde  sciplidendum  mannnm  dœt  he  gesâwe  Johannes  sàwle  dœs  papan 


T,i:s    SAXONS    EN    ANGLETERRE  181 

La  Légende  d'Eormânric  était  connue  des  Saxons  :  ce  héros 
est  cité,  à  plusieurs  reprises,  dans  la  Chanson  du  Voyageur ', 
el  \  esl  renommé  pour  son  opulence,  sa  cruauté,  et  ses  tra- 
hisons. On  apprend  encore  sur  ce  héros,  dans  Beowulf, 
qu'Hâma  lui  ravit  le  Brôsinga-mén,  ou  collier  mystique  de 
la  déesse,  Freya,  sans  qu'on  sache  comment  ce  dernier  était 
tombé  entre  les  mains  d'Eormânric. 

La  Chanson  du  Voyageur  fait  encore  mention,  sans  autres 
détails  que  leurs  noms,  de  nombreux  héros,  parmi  lesquels 
on  peut  citer  Sifecca,  Hâma,  Wugda,  ^Etla  (Attila  ;  l'^Etli 
Scandinave  ;  l'Etzel  desNibelungen).  Dans  le  même  morceau 
sont  nommés  :  Gudhere,  roi  des  Burgondes  (le  Gunnar  des 
légendes  du  Nord  ;  le  germain,  Gunther)  ;  Hagena  (Hogni, 
Hagen),  meurtrier  de  Siegfried.  La  Chanson  du  Voyageur  ne 
contient  malheureusement  aucun  détail  sur  le  grand  héros 
de  l'épopée  germanique,  sur  Sigurdr  Fafnisbani,  fiancé  cà  la 
Shieldmay,  Bryhyldur,  et  époux  de  Chriemhilt,  à  la  belle 
chevelure. 

Seul,  le  poème  de  Beowulf,  rappelle,  sous  le  nom  de 
Sigmund,  son  père,  les  aventures  du  héros,  et  le  dragon  qu'il 
extermine  (Fafnis-bani),  et  sa  fidèle  amitié  pour  son  parent, 
Sinhôtli  (Fitela). 

XV.  —  La  Divination  et  la  Sorcellerie.  Tacite  a  remarqué 


laedan  done  cyning  de  hinc  ofslôh  gebundenne  on  écum  witum.  Ile 
cwaed,  se  Godes  peôw,  tô  dâm  sciplicendum  :  Girsan  dœg  on  da  nigodan 
tid  daeges,  daît  is  on  done  non.  Peodricus  waes  gelaeded  ungyrd  unseeod 
eâe  gebunden  be  dâm  tiandum,  belweoh  Johanne  dâm  pâpan  Finia- 
num  dâm  ealdormen,  he  waes  lïam  heom  éworpen  on  byrnendc  seâd 
on  dysum  neâh-ealande,  dad  is  nemnea  Ulcania  And  da  sciplidende  da 
•  lii'l  gehyredon,  hig  ymbhydelice  âmearcodon  done  daeg,  him  dà  cyrdon 
eft  16  Etelwara  msegde,  daer  hig  done  cyning  au*  lyfidende  forlaeton  ; 
big  dâ  eft  liine  daer  deâdne  gemétton,  dv  ylcan  daege  de  his  wite  dam 
Godes  peôwe  aetywed  waes.  Dad  waes  swide  Deodericus  done  we  neninad 
Deodric  ». 


182  BEOWULF 

(Germ.  Xï  la  prédilection  des  races  germaniques  pour  la 
divination  : 

c«  Ils  observent  les  auspices...,  écrit-il.  Ils  découpent  la 
branche  arrachée  à  un  chêne...,  et  ayant  marqué  les  mor- 
ceaux de  signes  particuliers,  ils  les  répandent,  au  hasard,  sur 
une  étoile  blanche.  Si  la  consultation  est  publique,  le  grand- 
prêtre;  si  elle  est  privée,  le  père  de  famille  lui-même,  après 
avoir  prié  les  dieux,  et  porté  ses  regards  au  ciel,  élève  par 
trois  fois,  chaque  morceau,  et  en  interprète  le  sens,  d'après 
les  signes  qui  y  sont  tracés...  Mais  cette  race  consulte  encore 
les  présages...  des  chevaux.  Ceux-ci  de  couleur  blanche,  et 
laissés  libres,  sont  nourris  parle  trésor  public,  dans  les  bois 
et  dans  les  antres  sacrés  :  attelés  au  chariot  consacré,  ils  sont 
accompagnés  par  le  prêtre  ou  par  le  roi,  qui  écoute  leurs 
hennissements...  Il  n'est  pas  d'augure  ayant  plus  d'autorité, 
non  seulement  parmi  le  peuple,  mais  encore  aux  yeux  des 
nobles  et  des  prêtres  qui  se  croient  les  ministres  des  dieux, 
alors  que  les  chevaux  sont  regardés  comme  leurs  confidents. 
Il  est  une  autre  manière  de  prendre  les  auspices,  au  sujet  de 
l'issue  d'une  guerre.  Ils  prennent  un  captif  de  la  nation  avec 
laquelle  ils  sont  en  guerre...  et  ils  le  font  se  mesurer  avec 
un  champion  de  leur  choix,  chacun  portant  les  armes  de  son 
pays.  La  victoire  de  l'un  ou  de  l'autre,  est  regardée  comme 
un  présage.  » 

Ces  pratiques  païennes  persistèrent  chez  les  Saxons,  malgré 
les  prohibitions  de  l'Eglise,  jusqu'au  vu0  siècle.  On  laisse 
aux  chevaux,  la  détermination  du  lieu  où  doivent  reposer  les 
restes  de  saint  Gall  : 

«  Elevato  igitur  apontifice  nec  non  et  a  sacerdote  feretro, 
et  equis  superposito,  ait  episcopus  :  «  Tollite  frena  de  capiti- 
bus  eorum,  et  pergant,  ubi  Deus   voluerit  »  (1).    Vexillum 

1.   Vil,  Anon,  Sci.  Galli.  Pertz,  Mo?iu?n.,  II,  17. 


LES    SAXONS    EN    ANGLETERRE  183 

ergo  (nuis  cum  luminaribus  adsumcbatur,  et  psallentcs, 
cquis  praecedentibus,  via  incipiebatur.  » 

Dans  un  autre  exemple,  on  voit  le  taureau,  animal  con- 
sacré à  la  grande  déesse  Ne rt luis,  jouer  le  même  rôle  que 
1rs  chevaux,  dans  la  divination. 

Saint  Benoit,  rapporte  la  tradition,  apparut,  une  nuit,  à  un 
pécheur,  nommé  Wulfgeat,  et  il  lui  ordonna  d'aller  annoncer 
au  duc  ^delwine,  qu'il  voulait  qu'on  élevât  un  monastère,  à 
la  gloire  de  la  Mère  de  Dieu,  à  l'endroit  où  un  taureau 
labourerait  le  sol  (God.  Dipl.,  n°  581)  : 

«  Ut  ei  igitur  haec  omnia  per  ordinem  innotescas  exhortor, 
sernionem  addens  sermoni,  quatenus  scrutetur  diligentius  in 
loco  praedicto  quomodo  noctu  fessa  terrae  sua  incumbant 
animalia,  ac  ubi  taurum  surgentem  pede  dextro  viderit  per- 
çutere  terram^  ibidem  proculdubio  xenodochii  sciât  se  aram 
erigere  debere...  Mira  res,  et  miranda,  ubi  vir  praedictus 
insulam  est  ingressus,...  animalia  sua  in  modnm  cruris,  tau- 
rum vero  in  medio  eorum  iacere  prospexit.  Et  sicut  quondam 
sancto  dementi  agnus  pede  dextro  locum  fontis,  sic  viro  isti 
taurus  terram  pede  percutiendo  locum  mensa?  futuri  arcis- 
terii  significavit  divinitus.  » 

Parmi  les  pratiques  de  la  magie,  il  convient  de  citer  celle 
que  les  Latins  appelaient,  invultnatio.  Ainsi,  dans  Beo- 
wulf (1),  Hrôdgâr  met  en  garde  le  héros  contre  Yedgena 
bear  ht  m  ;  contre  le  sortilège  des  yeux.  Et  John  de  Salisbury 
définit  en  ces  termes,  linvultuation  et  ceux  qui  s'y  livrent, 
ou  vidtivoli  : 

«  Qui  ad  afîectus  hominum  immutandos,  in  molliori  mate- 
ria, cera  forte  vel  limo,  eorum  quos  pervertere  nituntur  effi- 
gies exprimunt  »  (2). 


1.  Beow.,  I.  3.520  ef  suiv. 

2.  De  Nugis  Curtate  lib.  I.  cap.  II. 


184  BEOWULF 

Cette  sorte  d'envoûtemeni  est  réputé  crime,  prévu  <>f  puni 
par  La  loi  d'Henri  Ier  (1). 

«  Si  guis  veneno,  vel  sortilegio,  vel  invultuacione,  sm 
maleficio  aliquo,  faciat  homicidium,  sive  illi  paratum  sit  sive 
alii,  nihil  refert,  quin factum mortiferum,  et  nullo  modo  redi- 
mendum  sit.  » 

C'est  probablement  pour  un  pareil  crime,  qu'au  xc  siècle, 
une  veuve  fut  noyée,  près  du  pont  de  Londres,  et  que  ses 
biens  furent  confisqués  au  profit  de  la  Couronne  (2).  Les 
homélies  anglo-saxonnes  mentionnent  encore  les  philtres,  les 
incantations,  dangereuses  pour  Fame  et  pour  le  corps,  et  qui 
tuent  plus  sûrement  ceux  qui  s'x  livrent,  que  leurs  propres 
victimes. 

XVI. —  Conclusion.  —  Loin  des  rêves  du  Portique,  et  des 
sites  païens,  telles  furent,  jusqu'à  l'aube  du  christianisme, 
les  croyances  des  Saxons,  dans  leur  rudesse,  ou  dans  leur 
poésie.  Mais  plus  que  ses  dieux  guerriers,  ce  peuple-enfant 
adorait  la  nature,  riante  ou  triste,  qui  l' environnait.  Après 
avoir  erré  par  les  bois,  le  libre  barbare  reposait  sa  vue  avec 
délices,  sur  la  terre  lointaine  qu'il  avait  conquise,  et  il  éprou- 
vait la  joie  de  la  vie  elle-même,  sans  le  désir  humain  qui 
vient  la  traverser.  Au  crépuscule,  assis  sur  quelque  tertre, 
avec  sa  compagne,  il  écoutait,  en  rêvant,  les  murmures  de  la 
forêt,  un  dernier  chant,  et  les  ombres  de  la  nuit  s'abaissant 
sur  les  collines  et  sur  la  vallée,  l'invitaient  au  repos  innocent 
...  La  première  émotion  religieuse  ressentie  par  le  barbare, 
fut  celle  de  sa  faiblesse  devant  les  forces  naturelles,  qui  sem- 
blaient conjurées  contre  lui,  sans  qu'aucun  rayon  d'espoir 
vint  l'éclairer  de  ce  ciel,  qu'il  contemplait  si  souvent,  et  qu'il 
croyait  à  jamais  fermé,  pour  lui.  Un  soir,  sa  mélancolie  fut 


1.  Leg.  Henr.,  LXXI,  §  1  ;  Mdetel.,  I,  §  6. 
%  Ççd.  Dipl.,  no  591. 


F.KS    SAXONS    EN     ANGLETERRE  185 

moins  profonde,  car  il  porta  avec  ferveur,  ses  clairs  regards 
au  firmament  :  pour  lui  la  foi  naissait  des  mystères  de  La 
nature,  el  il  se  sentait,  soudain,  un  amourinfinî  pour  le  dieu 
inconnu  dont  la  sagesse  avait  créé  dans  l'univers,  la  terre 
encore  sauvage,  de  sa  patrie. 


APPENDICE  DU  LIVRE  PREMIER 


LISTE  DES  MARCHES 


.Eslingas. 

Kent.  Cod.  Dipl.  N° 

111. 

.Esoingas. 

Surrey. 

314. 

Anningas. 

Northamptonshire . 

445. 

Antingas. 

Norfolk. 

785. 

iEfeningas. 

1073. 

Berecingas. 

Essex. 

38. 

Besingas. 

994. 

Banesingas. 

Oxfordshire. 

81. 

Boerlingas. 

Kent. 

152. 

Beardingas. 

Kent. 

207. 

Beadingas. 

Sussex. 

314. 

Billingas. 

1000. 

Bruningas. 

374,  1113. 

Brahcingas. 

Hertfordshire. 

410. 

Brytfordingas. 

Hampshire. 

421,    985,  1108 

Brydingas. 

Wiltshire. 

436. 

Brydingas. 

Dorsetshire. 

447. 

Bydelingas. 

Northamptonshire . 

Cod. 

Dipl 

,  N°     445. 

Beaddingas. 

Isle  of  Wight. 

475. 

Beorhfeldingas. 

1175. 

190 


IIKOWIJLF 


Beringas. 

Kent, 

518 

BucciiiLins. 

Chron.  Sa\. 

918 

Bulungas. 

Somersetshire.  God. 

Dipl.  V 

569. 

Birlingas. 

Worcestershire. 

570 

Bromleagingas. 

Kent. 

657. 

Beorganstedingas 

Sussex. 

6G3 

Boccingas. 

Essex. 

098 

Beorhtingas. 

Sussex. 

782 

Bercingas. 

Suffolk. 

907 

Byrtingas. 

Warwickshire. 

916 

Culingas. 

Kent. 

132 

Gentingas. 

Chron.  Sax. 

999 

Grangas. 

Kent.  Cod.  Dip.  N°. 

179 

Geanningas. 

1193 

Golingas. 

Wiltshire. 

336 

Gearningas. 

1212 

Giwingas. 

Hertfordshire. 

410 

Gytringas. 

Northamptonshire . 

443 

Cnyllingas. 

Northamptonshire . 

480 

Cystaningas. 

Kent. 

657 

Gateringas. 

722 

Goringas. 

Lincolnshire. 

953 

Gyceringas. 

957 

Dicelingas. 

Sussex. 

314 

Dentiiningas. 

Northamptonshire, 

445 

Doccingas. 

Norfolk. 

759. 

Eohingas. 

Kent. 

121 

Englungas. 

123 

Eâstringas. 

Northamptonshire. 

480 

LES    SAXONS    EN    ANGLETERRE 


191 


Earmingas. 

Earningas. 

Embasingas. 

Eastuningas. 

Eofordûningas 

Erpingas. 

E  finira  s. 

Eminças. 


Cambridgeshire.  563. 

Cod.  Dipl.  N°  1320 

Hampshire.  673. 

1023. 

Northamptonshire.  730. 

Norfolk.  785. 

Surrey.  812. 

Cambridgeshire.  907. 


Ferlingas. 

Fullingas. 

Focingas. 

Fasingas. 

F  earningas. 

Fearnbeorgingas. 

Fingringas. 

Fearningas. 

Frinningas. 


Somersetshire 

Kent. 

Hampshire. 

Kent. 

Essex. 

Somersetshire. 

Kent. 


73. 

987. 
207. 
1083. 
450. 
657. 
685. 
723. 
896. 


Glaestingas. 

Geddingas. 

Gumëningas. 

Gustingas. 

Getingas. 

Garungas. 

Grundlingas. 

Gildingas 

Gillingas. 


Somersetshire. 

Middlesex. 

Middlesex. 

Wiltshire. 

Surrey. 

Kent. 

Worcestershire . 

Kent. 


Chron.  Sax. 


Gy 


rstlingas. 


49. 
101 
116. 
174. 
318 
364. 
548. 
790. 
809. 
1010. 
967. 


Ilallingas. 
Haesthiiras. 


Kent  160. 

Ch roil.  Sax.     1050. 


iyz 

BEOWULF 

Eïeallihgas. 

Worcestershire.  God. 

Dipl.  N° 

209. 

Heretûningas. 

Dorsetshire. 

'(12. 

Hrepingas. 

990. 

Hoppingas. 

Surrey. 

:i37. 

Haeglingas. 

1193. 

Heântuningas. 

Cod.  Dipl.  N° 

1212. 

Heartingas. 

Cambridgeshire. 

533. 

Hwaessingas. 

Sussex. 

591. 

Hohtûningas. 

Hampshire. 

633. 

Hnutscillingas. 

Hampshire. 

642. 

Holingas. 

Kent. 

722. 

Heningas. 

Northamptonshire. 

733. 

Herelingas. 

Norfolk. 

782. 

Hodingas. 

Hampshire. 

783. 

Hanningas. 

Norfolk. 

785. 

Hellingas 

Norfolk. 

809. 

Horningas. 

Hampshire. 

556. 

Horningas. 

Norfolk. 

740. 

Horningas. 

Oxfordshire. 

775. 

Horningas. 

Somersetshire. 

816. 

Horningas. 

Cambridgeshire . 

907. 

Hicelingas. 

971. 

Haecingas. 

Kent. 

364. 

Ircingas. 


Chron.  Sax.     918. 


Lingas. 

Laellingas. 

Lamburningas. 

Linfrodingas. 

Laeingas. 


Middlesex.  Cod.Dipl.N0  159. 
Essex.  715. 

Berkshire.  792. 

1133. 

1153. 


LES  saxons  l\  ANGLETERRE 


193 


Merlingas. 

Somersetshire. 

73. 

Mundlingas. 

Kent. 

107. 

Mallingas. 

< 

Kent. 

240. 

Môdingas. 

Kent. 

287. 

Michaemingas. 

Surrey. 

537. 

Meringas. 

809. 

Maessingas. 

953. 

Nessineras. 

813. 

Neddingas. 

Suffolk.     God.  Dip. 

N°     907. 

Oddingas. 

Worcestershire. 

209. 

Pegingas. 

257. 

Paeccingas. 

Sussex. 

414. 

Purbicingas. 

Dorsetshire. 

418. 

Palingas. 

Sussex. 

432. 

Puningas., 

Sussex. 

481. 

Piccingas. 

812. 

Piperingas. 

1001. 

Peartingas. 

1016. 

Rîcingas. 

Essex. 

35. 

Roegingas. 

Kent. 

196. 

Readingas. 

Berkshire. 

685. 

Rodingas. 

907. 

Rocingas. 

1011. 

Ruwanoringas. 

1163. 

Stoppingas. 

Warvickshire. 

83. 

Sunningas. 

Berkshire. 

214. 

Sempingas. 

Lincolnshire. 

267. 

Staeningas. 

Sussex. 

314. 

13 


r.n 

IIKiiWTI.F 

Scearingas. 

Berkshire. 

357. 

Suntingas. 

\oi  1  hamptonshire. 

445 

Snotingas. 

Ghron.  Sax. 

922. 

Sûdtûningas. 

Hampshire.  God.  Dipl. 

N° 

578. 

Stameringas. 

Berkshire. 

762. 

Seaxlingas. 

Norfolk. 

782. 

Scealdedeningas. 

Hampshire 

783. 

Stutingas. 

Kent. 

773. 

Scitingas. 

1042. 

Terringas. 

Sussex. 

1138. 

Terringas. 

Kent. 

405. 

Tôtingas. 

Surrey.     God.  Dipl.  X° 

363. 

Tôtingas. 

Norfolk. 

785. 

Teofuntingas. 

Wiltshire. 

379. 

Tudingas. 

Sussex. 

593. 

Terlingas. 

Essex. 

907. 

Ticcingas. 

928. 

Uggafordingas.        Wiltshire 


778. 


Wôcingas. 
Wigingas. 
Wigingas. 


Wealth  aemingas, 


Weodiiningas. 

Wraetlingas. 

Wellingas. 

Wealingas. 

Wealingas. 


Surrey.  168. 

Kent.  225. 

Hertfordshire.     Ghron. 

Sax.     921 . 
Hampshire.  God.  Dipl. 

N°     342. 
Northamptonshire  399. 

399. 
Hertfordshire.  410. 

716. 
Ghron.  Sax.     1013,1016,  1061 


I 


LES    SAXONS    KN    ANfiLKTKItHE 


195 


Wealingas. 

Hampshire.  ( 

lod.  Dipl. 

N° 

412. 

Welingas. 

Wiltshire. 

462. 

Welingas. 

1069,  1154. 

Witringas. 

Sussex. 

464. 

Wyrtingas. 

Hampshire. 

481. 

Wodringas. 

Kent. 

492. 

Wudutûningas. 

Hampshire. 

638. 

Wealdingas. 

Suffolk. 

685. 

Wane  tin  gas. 

Berskhire. 

698. 

Witeringas. 

992. 

Weopingas. 

721. 

\\  estmoringas. 

G  h  ron.  Sax. 

966. 

Wilringas. 

Suffolk.    God 

.  Dipl.  N° 

759. 

Waelsingas. 

Norfolk. 

759. 

Wylfingas. 

1135. 

Wratingas. 

907. 

Wanhaemingas. 

1135. 

Winlingas. 

God. 

Dipl.  N°. 

907. 

Wasingas. 

1159,1173. 

Wedringas. 

907. 

Watingas. 

907. 

Wintringas. 

953. 

W  eargeburningas 

.  Hampshire. 

783. 

Wimbedûningas. 

Surrey. 

537. 

Ytingas 

1228. 

Ghron.  Sax. 

906. 

Dutingas. 

Hampshire. 

Cod.  Dip. 

N° 

752. 

Domingas. 

Kent. 

207. 

Dristlîngas. 

Worcestershi 

re. 

570. 

r.M> 

BEOWULF 

Writolas. 

.Essex. 

35. 

Hogebûra. 

Hampshire. 

589. 

Holigan. 

952. 

Momelas. 

952. 

Waegelas. 

Somersetshire. 

774. 

Beohhaeme. . 

Kent. 

657. 

Burhhaeme. 

Kent. 

688. 

Gethaeme. 

Kent. 

688. 

Cynghaeme. 

1212. 

Grohhaeme. 

Worcestershire. 

507. 

Dichaeme.    , 

Wiltshire. 

778. 

Hinhaeme. 

Worcestershire. 

764. 

Middelhaeme. 

Hampshire. 

648. 

Monninghaeme. 

Worcestershire. 

645. 

Leofesliaeme. 

Kent. 

657. 

Micghaeme. 

Hampshire. 

638. 

Polhaeme. 

Hampshire. 

642,  1136 

Secghaeme. 

,  Worcestershire. 

764. 

Uppinghaeme. 

Hampshire. 

590. 

Wichaeme. 

Kent. 

657, 1038 

Dornhaeme. 

Worcestershire. 

511. 

Beonotsetan. 

Worcestershire.      God. 

Dipt.  N° 

266. 

Brâd  se  tan.  v 

Worcestershire. 

289. 

Brâds  e  tan. 

Gloucestershire. 

274. 

Craegsetan. 

Kent. 

287. 

Grudsetan. 

Wiltshire. 

460. 

Grimsetan. 

Worcestershire . 

561. 

lncsetan. 

Worcestershire. 

511. 

M  ose  tan. 

Worcestershire. 

266. 

Wreocensetan. 

Worcestershire. 

267. 

lks  saxons  en  Angleterre  10' 

11 

LES  MARCHES  D'APRÈS  LES  NOMS  LOCAUX,  EN  ANGLETERRE 


.  Ebingas.  A  binge r,  Surr.  ;  Abinghall,  Glouc.  ;  Abington, 

Cam  h. 
.Eblingas.  Ablington,  Glouc.  ;  Ablington,  Wills. 

Ju'ingas.  Oakington,  Camb. 

.Eceringas.  Accrington,  La/ic;  Eakring,  Notts. 

.Eclingas.  Acklington,  Nthlcl. 

Aklingas.  Aldingbourn,    Sussx.  ;    Aldingham,    Lanc.  ; 

Aldington,  Kent  and  Wore. 
Aldringras.         Aldringham,  Suff.  ;  Aldrington,  Sussx. 
.Elcingas.  Alkington,  Glouc.  and  Salop. 

.Elci'ingas.  Alkrington,  Lane. 

.Elingas.  Allington,  Devon,  Dors.,  Hants,  Kent,  Line, 

Wills. 
JElmingas.  Almington,  Staff,  and   Warm. 

.Elinodingas.      Almodington,  Sussx. 
.Elfingas.  Alphington,    Devon,    Alvington,     Glouc, 

Somers,  and  Devon]  Alvingbain,  Line. 
.Elpingas.  Alpington,  Norf. 

.Elwingas.  Alwington,  Devon. 

Angnieringas.    Anginering,  Sussx. 
Antingas.  Antingbam,  Norf. 

Ardingas.  Ardingly,  Sussx.  ;  Ardington,  Berks. 

Arlingas.  Arlinghain,  Glouc,  ;  Arlington,  Devon,  Glouc. 

and  Sussx. 
Armingas.  Armingford,  Camb.',  Arminghall,  Norf. 

Arringas.  Arlington,  Camb. 

AL'dingas.  Arthington,    York.  ;   Arthingworth,  Nhamp, 


198 


IlKOW  I  1,1 


Artingas. 
^Escingas. 


yEsclingas. 


yEderingas. 
JEtingas. 

M  fin  gas. 


Artington,  Sussx, 

Ashingdon,     Essex  ;      Asbington,     Sussx. 

Somers.  and  Nthhl.  ;  Ashendon,  Bucks* 
Ashling,  Sussx. 
Athrington,  Devon  and  Sussx. 
Attington,  Oxf. 
Avington,  Berks,  and  Hants. 


Baebingas. 

Baedingas. 

Baecgingas. 

Baedlingas. 

Balcingas. 

Baelingas. 

Baningas. 

Beorcingas. 

Beorlingas. 

Beormingas. 

Beorningas. 

Beorringas. 

Beortingas. 

Basingas. 

Bassingas. 


B  afin  gas. 

Bealingas. 

Bebingas. 

Beceringas. 

Beccingas. 


Beadingas. 


Babbingley,  Norf.  ;  Babington,  Somers. 

Baddington,  Chesh,  ;  Badingham,  Suff . 

Badgington,  G  loue.  ;  Baginton,  Warw. 

Badlingh am ,  Comb. 

Balking,   Essex. 

Ballingdon,  Essex;  Ballingham.  Here/ 

Banningham,  Norf. 

Barking,  Essex,  Suff.  and  Mddx. 

Barling,   Essex;  Barlings,  Line. 

Banning,  Kent  ;  Birmingham,  Warw, 

Barningham.  Suff'.,  York.,  and  Norf. 

Barrington,   Camb.,  Somers.,  Berks.,  Glouc. 

Bartington,  Chesh. 

Basing,  Hants  ;  Basingstoke,  ibid. 

Bassingbourn,  Camb.:   Bassingfield,  Notts', 

Bassingham,  Line.  ;  Bassingthorpe,  Line.: 

Ba  ss  in  gton ,  Nth  Id. 
Bavington,  Nthld. 
Bealings,  Suff. 
Bebington,  Chesh. 
Beckering,  Line. 
Beckingham,  Essex,  Line.,  Notts;   Becking- 

ton,  Somers. 
Beddingham,    Sussx.  ;    Beddington,    Surr.  : 

Bedingfield,  Suff.  ;  Bedingham,  Norf. 


!  I  s    swnNS    i;\    ANGLETERRE 


9!1 


Baedlirigas, 
Bécinsras. 
Bed  in  gas. 
Bellingas. 

Beltingas. 
Bennineras. 


Bensingas. 

Berringas. 

Bessingas. 

Beofmgas. 

Biccingas. 

Hill  in  gas. 


Bilsingas. 

Bin  gas. 


Binningas. 

Bircingas. 

Bridingas. 

Birlingas. 

Biteringas. 

Blaecingas. 

Blœdingas. 

Bleccingas. 

Bliclinffas, 


Bedlington,  Drhtn. 
Beeching  Stoke   Wilts. 

Beeding,  Sussx. 

Bellingdoiij  Bucks]  Bellinger,  Hants;  Bel- 
lingham,  Nthld. 

Belting,  Kent, 

Benningbrough,  York.  ;  Benningholinc, 
York.  ;  Bennington,  Herts,  Line.  ;  Benning- 
worth,  Line. 

Bensington,  Oxf. 

Berrington,  Drhm.,  Glouc.,  Salop,   Wore. 

Bessingby,    York.  ;  Bessingham,  Norf. 

Bevington,    Warw. 

Bickington,  Devon. 

Billing,  Nhamp.  ;  Billinge,  Lane.  ;  Billing- 
ford,  Norf.  ;  Billingham,  Drhm.  ;  Billing- 
hay,  Line.  ;  Billingley,  York.  ;  Billingsgate, 
Mddx.  ;  Billingshurst,  Sussx.  ;  Billingside, 
Drhm.  ;  Billingsley,  Salop  ;  Billington, 
Bedf.,  Staff.,  Lane. 

Bilsington,  Kent. 

Bing,  Stiff.  ;  Bingfield,  Nthld.  ;  Bingham, 
Nhamp.,  Somers,  ;  Bingley,  York. 

Binnington,   York. 

Birch  ington,  Kent. 

Birdingbur  y ,  Warw . 

Birling,  Kent,  Nthld.  ;  Birlingham,   Wore. 

Bitte  ring,  Norf. 

Blatch ington,  Sussx.  ;  Blatchinworth,   Lane. 

Bleddington,  G  loue. 

Bletchingley,  Surr.  ;   Bletchington,  Oxf. 

Blickling,  Norf. 


200 


IIKMWTU-' 


Bobbin  eras, 


Bocingas. 

Bodd  ingas. 

Bolingas. 

Bollingas. 

Bondingas, 

Bonningas. 


B 


osmgas, 


Bofmgas. 
Bradingas. 
Brentingas. 
Brahcingas, 


Bressingas. 

Bridlingas. 

Brihtlingas. 

Brimingas. 

Bringas. 


Briningas. 

Brinningas. 

Brislingas. 

Britingas. 

Bucingas. 


Budingas. 
Bulcingas 
Bullingas. 


Buntingas, 
Burlingas. 
Burmingas. 


Bobbing,   Kent]  Bobbing  ton,  Salop,  Staff".  : 

Bobbin  gworth,  Esse./::  Bobinger,  Essex. 
Booking,   Essex,  Suff. 
Boddington,  Glouc.n  Nhamp. 
Bolingbroke,  Line. 
Bollington,  Chesh. 
Bondington,  Sotners. 
Bonnington,    Kent    and    Notts  ;    Boningale 

Salop  ;  Boninghall,  Salop. 
Bossingham,     Kent  ;     Bossington,    Hauls., 

Somers. 
Bovingdon,  Herts. 
Brading,  Hants. 

Brantingham,  York.  ;  Brentingley,  Leic. 
Braugliin,  Herts. 
Bressingham,  Norf. 
Bridlington,  York. 

Brightling,  Sussx.  ;  Brightlingsea,  Essex. 
Brimington,  Derby. 
Brington.  Hunt,  and  Nhamp.  ;    Bringhurst, 

Leic. 
Briningham,  Norf. 
Bri nn i n gton ,  Gh esh . 
Brislington,  Somers. 
Brittenton,  Ox/. 
Buckingham,-  Bucks. 
Buddington,  Sussx. 
Bulkington,  Warw . ,  W  Tilts . 
Bullingdon,  Oxf.\  Bullingham,  Here/.;  Bul- 

lington,  Hants  and  Line. 
Buntingford,  Herts. 
Burlingham,  Norf.;  Burlington,  York. 
Burmington,  Warw. 


LES    SAXONS    i:\    ANGLETERRE 


20 


îurrineras, 


Buslingas. 
I>\  ttingas. 


Burringham,     Line.  ;    Burrington,    Devon, 

Heref.  Somers. 
Buslingthorpe,  Line. 
Butting  Hill,  Sussx. 


(  laedingas. 


Ca  Uingas. 
Caègingas. 
Cameringas 
Canningas. 


Ceardingas. 

(?  Heardingas) 

Gearlingas. 

Cerringas. 


(  lersington. 
Gaessingas. 

Geadlingas. 
Cealfingas. 
Geandlingas. 
Ceadineas. 

o 

Cyllingas. 


Geassingas. 
Cifingas. 
Cyrclingas. 
Cidingas 


Gaddington,  Bed/.,  Herts  ;  Keddington, Line. 

Kedington,  Essex,  Sit//. 
Callington,  Cornw. 
Keyinghani,  York. 

Gameringham,   Line.  ;    Cammerton,   Cumb. 
Cannings,  Wilts',  Cannington,  Somers.  ;  Ken- 

ningliall,  Nor/.  ;  Kennington,  Berks.,  Kent, 

Surr. 
Gardington,      Bedf.,     Salop  ;     Cardinham, 

Cornw. 
Carlingcot,  Somers.  ;  Garlinghow,  York. 
Garrington,   Ches/i.,  Line,  Notts;   Charing, 

Kent  ;  Gherrington,  Salop,  Wilts. 
Carsington,  Derby. 
Cassington,  Ox/'. 
Chaddlington,  Ox/. 

Ghalvington,  Sussx.  ;  Kilvington,  York. 
Ghandlings,  Berks. 
Cheddington,  Backs,  Dors. 
Chellington,    Bedf.  ;     Chillingford,    Staff.  ; 

Ghillingham,  Nthld.  ;  Ghillington,  Devon, 

Somers.  ;  Kelling,  Norf. : Kellingley,  York.; 

Kellington,  York. 
Chessington,  Surr.  ;  Kessingland,  Suff. 
Ghevington,  Suff.,  Nthld. 
Kirklingtôn,  Notts,   York. 
Chiddingfold,   Surr.  ;    Ghiddingly,    Sussx. 

Ckiddingstone,  Kent  ;  Kiddington,  Ox/ . 


•202 


IlKMW  I  II 


Cirmingas. 
Ciltingas. 
Gemesingas, 
Cypingas. 


Cenesingas. 
Geopingas. 

Cetringas. 

Claefringas. 

Gyrtlingas. 

Glimpingas. 

Cyslingas. 

Goceringas. 

Gnudlingas. 

Gocingas. 

Godingas. 


Godringas. 
Gollingas. 


Gnossingas. 

Gnottingas. 

Gulingas. 

Gopingas. 

Goringas. 

Cosingas. 

Gotingas. 


Cofmgas. 
Cramlingas. 
Creotingas. 
Gressingas, 


Kirmington,  Line. 

(  îhiltington,  Sussx. 

Kemsing,  Kent. 

Chipping,    Herts,    Lane,     Glouc.,    Berks., 
Oxf. ,  Essex,  Nhamp.,  Bucks. 

Kensington,  Mddx. 

Ghoppington,  Dr  km. 

Kettering,    Nhamp.  ;   Ketteringham,    Norf. 

Clave  ring,  Essex,  Norf. 

Kirtling,  Camb.  ;  Kirtlington,  Oxf. 

Glimping.  Sussx:. 

Kislingbury,  Nhamp. 

Gockerington,  Line. 

Knedlington,  York. 

Cocking,  Sussx.  ;  Gockington,  Devon. 

Coddington,  Chesh.,  Heref.,  Notts  ;  Codden- 

ham,  Stiff . 
Godrington,  Glouc. 

Collingbourne,     With;  Collingham,    Notts, 
York.  ;    Collington,    Heref.  ;    Collingtree, 
Nhamp. 
Knossington,  Leic. 
Knotting,  Bedf.  ;  Knottingley,  York. 
Cooling,  Kent;  Cowling,  Suff.,    York. 
Gopping-Syke,  Line.  ;  Goppingford,  Hunt. 
Corringham,  Essex,  Line. 
Gossington,  Leic.,  Somers. 
Cottinghani,     Nhamp.,     York.  ;     Gottingley, 

York.  ;  Gottingwith,  York. 
Covington,  Hunt. 
Cramlington,  Nth  id. 
Greeting,  Suff . 
Gressing,  Essex;  Cressingham,  Norf. 


LES    SAXONS    EN    ANGLETERRE 


203 


Cridlingas. 
Crucgingas. 
Cub  in  gas. 
Gublingas. 
(  Iwaedringas. 
(  Jycelingas. 
Gwaerinffas. 
Gydingas. 
Cydlingas. 
(lull  in  sa  s. 
Gweningas. 
I  lulmingas. 

Cvlineas. 


Gridling-Stubbs,   York, 

Grudgington,  Sa  h>p. 

Gubbington,  \\  arw 

Gublington,  Bucks. 

Quadring,   Line. 

Gucklingtoiij  Somers. 

Quarringtqn,   Dr  Inn.,  Line. 

Cuddington,  Bucks,  Chesh.:  Surr. 

Kidlington,  Oxf. 

Cullingworth,  York. 

Quenington,  Glouc. 

Gulmington,     Salop  ;     Kilmington,     Devon, 

Somers. 
Killingbeck,   York.  ;  Killinghall,  York.  ;  Kil- 

lingholm,  Line.  ;  Killingworth,  Nthld. 


Daedlingas. 

Divglingas. 
Daellingas. 


Deorlingas. 

Deorringas. 

Dartingas. 

Daefingas. 

Deoplingas. 

Deddingas. 

Denningas. 

Dcorsingas. 


Dicringas. 
Diddingas. 
Didlingas. 
Dillingas. 


Dadlington,  Leic. 

Daglingworth ,  Glo ue . 

Dalling,  Norf.  ;  Dallinghoo,  Suff.  ;  Dalling- 

ton,  Nhamp.,  Sussx. 
Darliiigscott,  Wore.  ;  Darlington,  Drhm. 
Darrington,  York: 
Dartington,  Devon. 
Davington,  Kent. 
Debtling,  Kent. 
Deddington,  Oxf. 
Dennington,  Su//'. 
Dersingham,    Norf.  ;    Dorsington,     (Houe  , 

\\  arw. 
Dickering,    York. 
Diddington,  Hunt. 

Did  ling,    Sussx.  ;    Diddlington,   Dors.,  Norf 
Dillington,  Norf. 


20  \ 


BEOWl  I.I- 


I  timlingas. 

Dinningas. 

Dintingas. 

Dissingas. 

Distingas. 

Dicelingas. 

Docingas. 

Dodingas. 


Doningas. 


Deorcingas. 

Dormingas. 

Dorringas. 

Drihlingas. 

Dycingas. 

Dyclingas. 

Dylingas. 

Dyningas. 

Dy  ring-as. 


Dimlington,  York. 

Dinnington,  Nthld. ^  Somers.,  York. 

Dinting,  Derby. 

Dissington,  Nthld. 

Distington,  Cumb. 

Ditchling,  Sttssx. 

Docking,  Norf. 

Doddinghurst,    Essex;   Doddington,    Camb., 

Chesh.,    Kent,    Line,    Nthld.  ;    Nhamp.  ; 

Doddingtree,    Wore;  Dodington,   Glouc., 

Salop,  Somers. 
Donington,  Line . ,  Leic , ,  Salop  ;  Donnington, 

Berks.,    Glouc,     Here/'.,     Leic.,     Salop, 

S  us sx. 
Dorkink,  Surr. 
Dormington,  Heref. 
Dorrington,  Line.,  Salop. 
Drighlington,  York. 
Duckington,  Chesh.  ;  Dikings,  Line. 
Ducklington,  Oxf. 
Dullingham,  Camb. 
Dunningley,    York.  ;    Dunnington,     Warw., 

York.  ;  Dunningwith,  Stiff. 
Durrington,  Sussx\  Wilts. 


Ealing  as. 
Eardingas, 

Esingas. 


Eastingas. 

Eastlingas. 

Eastringas. 


Ealing,  Mdclx.  ;  Eling,  Hants. 
Eardington,  Salop  ;  Erdington,  Warw. 
Eashing,   Surr.,    Easington,   Bucks,   Drhm., 

Glouc,  Nthld.,  Oxf..   York.;  Easingwold, 

York. 
Eastington,  Dors.,  Glouc.,  Wore. 
Eastling,  Kent. 
Eastrington,  York. 


IKS    SAXONS     I  \     AMiLKTKHHK 


205 


Eberingas 
Eccineras. 


Edingas. 


Eadlingas. 
E  a  fin  eras. 
Ecglingas. 
Elcingas. 

Elringas. 
Ellin  gas. 


Elmingas. 

Elsingas. 

Eltringas. 

Elfingas. 

Empingas. 

Eppingas. 

Earmingas. 

Eorpingas. 

Eorringas. 

Essingas. 

Ettingas. 

Eoferingas. 

Efmgas. 

Escningas. 


Ebrinerton,  Glouc. 

Eckington,  Derby ,  W  ore.  ;  Eggington,  Bed/.] 

Etchingham,  Sussx. 
Edingale,  Staff.;    Edingley,   Notts;    Eding- 

thorpe,  Norf.;  Edington,  Berks.,   Nthld., 

Somers.j  Wilts.  ;  Edingwortli,  Somers. 
Edlingham,  Nthld,  ;  Edlington,  Line,  York. 
Effingham,  Snrr. 
Enlingham,  Nthld. 
Elkington,  Nhamp.,  Line, 
Ellerington,  Nthld. 
Ellingham,   Hants,  Norf.,  Nthld.  ;    Ellings- 

tring,     York.  ;     Ellington,    Hunt.,     Kent, 

Nthld.,  York. 
Elmington,  Nhamp. 
Elsing,  Norf. 
Eltringham,  Nthld. 
Elvington,  York. 
Empingham,  Rati. 
Epping,  Essex. 
Ermington,  Devon. 
Erpingham,  Norf. 
Erringden,   York. 
Essington,  Staff. 
Ettinghall,  Staff'. 
Everingham,  York. 

Evingar,  Hants;  Evington,  Glouc,  Leic. 
Exning,  Suff. 


realcingas, 
Fealdingas 
Fearinsras. 


Falkingham,  Line;  Fclkington,  Drhm. 
Faldingworth,  Line. 


Fawdington, 


York 


Faringdon,  Devon;  Farringdon,  Dors.,  Hants, 
Berks. ,  S.omers. ;  Farrington,  Lane, Somers. 


206 


KKOW  I  I.I 


Feorlingas. 

Feormingas. 

Fearningas. 

Felmingas. 

Ferringas. 

Fiddingas. 

Fillingas. 

Fincingas. 

Fingringas. 

Finningras. 


Fitlingas. 

Fleccingas. 

Fol)ingas. 

Folcingas. 

Fordingas. 


Foderingas. 
Framingas. 

Framlingas. 

Frescingas. 

Fringas. 

Frodingas. 

Funtingas. 

Fylingas. 


Farlington,  Hants,  York. 

Farmington,  Glove. 

Farningham,  Kent. 

Felmingham,  Norf. 

Ferring,  Sussx. 

Fiddington,  Glotte,  Somers.,  Wilts. 

Filliiighain,  Line. 

Finchingfield,  Essex. 

F  ing  rin gh  o  e ,  Essex . 

Finningham, Suff. ; Finningley,  Notts,  York.; 

Vennington,  Salop . 
Fitting,  York. 
Fletching,  Sussx. 
Fobbing,  Essex. 

Folkingham,  Line.  ;  Folkington,  Sttssx. 
Fordingb ridge,   Hants;    Fordington,    Dors., 

Line. 
Fotheringay,  Nhamp. 
Framingham,    Norf.  ;    F  remington,    Devon, 

York. 
Framlingham,  Suff.  ;  Framlington,  Nthld. 
Fressingfield,  Stiff'. 
Fring,  Norf.  ;  Fringford,  Oxf. 
Frodingham,  Line,  York. 
Funtington,  Sussx. 
Fylingdales,  York.  :  Fylingthorpe,  York. 


Gaegingas. 

Galmingas. 

Gamelingas. 

Gârlingas. 

Gaersingas. 


Gagingwell,  Oxf.  ;  Ginge,   Berks. 
Galmington,  Somers. 
Gamlingay,  Camb.  ;  Gembling,  York. 
Garlinge,  Kent. 

Garsington,  Oxf.',  Grassington,  York.  ;  Gres- 
singham,  Lane.  ;  Gressenhall,  Norf. 


LES    SAXONS    IN    ANGLETERRE 


•207 


(  lealdingas. 
Geddingas. 

Gearlingas. 

Gaedlingas. 

Gearingas. 

Gestingas. 

Geofoningas. 

Giddingas. 

Geâtingas. 

Gildingas. 

Gillingas. 


Gimingas. 
Gipingas. 

Gislingas. 

Gitlingas. 

Glaestingas. 

Glaeferingas. 

Goddingas. 

Goldingas. 


Gâringas. 

Godringas. 

Graegingas. 

Gystlingas. 

Gytingas. 


Yalding,  Kent  ;  Yielding,  Bedf. 

Gedding,  Suff.  ;  Geddington,  S  haut//.  ;  Yea- 

ding,  Mddx.  ;  Yeddingham,   York. 
Yarlington,  Somas. 
Gedling,  Notts. 
Yarrington,  Oxf. 
Gestingthorpe,  Essex. 
Yeavening,  Sihld. 
Gidding,  Hunt. 
Yettington,  Devon. 
Gildingwells,  York. 
Gilling,    York.  ;    Gillingham,  Dors,,    Kent., 

Norf.;  Yelling,  Hunt. 
Giminghani,  Norf.  ;  Gimmingbrook,  Kent. 
Gipping,  Suff. 
Gislingham,  Suff. 
Yetlington,  Ntfild. 
Glastonbury,  Somers. 
Glevering,  Suff . 
Goddington,  Oxf. 
Golding  Stoke,  Leic.  ;  Goldings,  Surr.  ;  Gol- 

dington,  Bedf.,  Bucks. 
Goring,  Oxf.,  Suff. 
Gotherington,  Glouc. 
Grayingliain,  Line. 
Guestling,  Sussx. 
Guy  ting,  Glouc. 


Haeciugas. 
I  laedingas. 
Hallingas. 
Hanineras. 


lhickington,  Kent. 
Haddington,  Line. 

Hallingbury,  Essex  ;  Hallington,  Linc.,Nthld. 
Hanningfield,    Essex;    Hannington,     Hauts, 
N  liant  p.,    Wilts, 


208 


I1KOWI  II 


Haepingas. 
Heard  in  gas 


Herelingas. 


II 


oariugas. 


Heortingas, 


Heortlingas. 

Heorfingas. 

Haeslingas. 

Haessingas. 
Haestingas. 


Haeferingas. 

Hafocingas. 

Haeglingas. 

Heâfodingas. 

Healingas. 
Haecingas. 

Hellingas. 

Helmingas. 

Helpringas. 

Hclsingas. 

Hemlingas. 


II 


emmgas. 


Happing,  Nor/. 

Hardingham,  Norf.  ;    Hardington,  Somers.  ; 

Hardingstone,   S  ham  p.  :    Harden,    York.  ; 

Hardendale,  Wmld.  ;  Hardenhuish,  II  ills. 

Harling,   Nor/.:  Harlington,  BedJ.,  Mddx., 

York. 
Harrington,  Cumb.,  Line,  Nhamp.  ;  Harring- 

worth,  Nhamp. 
Hartink,  Sussx.  ;  Hartington,  Derby.,  Nthld.\ 

Hcrtingfbrdbury,  Herts. 
Hartlington,  York. 
H ar vington ,  Wore . 
Haslingden,    Lane.  ;    Haslingfield,    Camb.  ; 

Haslington,  Chesli.  ;  Heslington,  York. 
Hassingham,  Norf. 
Hastings,    Sussx.,  Berks,    Warm.,  Nhamp.  ; 

Hastingleyt,  Kent  ;  Hastingwood,  Essex. 
Havering,  Essex',  Haveringham,  Su/f.  ;  Have- 

ringland,  Norf. 
Hawkinge,  Kent. 

Hawling,  Glouc.  ;  Hayling,  Hants. 
Headingley,  York.  ;  Headington,  Oxf.  ;  Hed- 

dington,  Wilts  ;  Hedingham,  Essex. 
Healing,  Line. 
Heckingham,    Norf.  ;    Heckington,    Line.  ; 

Heighington,  Drhm.,  Line. 
Heliinghill,  Nthld.  ;  Hellingly,  Sussx. 
Helmingham,  Su/f.  ;  Helmington,  Drhm. 
Helprington,  Line. 
Helsington,  Wmld. 
Hemblington,  Norf.  ;  Hemlingford,  )l  arw.\ 

Hemlington,  York.,  Drhm. 
Hemingb rough,    York.  ;    Heiningby,   Line.  ; 


LKS    SAXONS    EN    ANGLETERRE 


209 


Hanesingas. 
Heorringas. 


Heofingas. 

Hicelingas. 

Hillingas. 

Hindringas, 

Hôcringas. 

Hodingas. 

Holdingas. 

Holingas. 


Homingas. 
Honingas. 

Horblingas. 
Horningas. 


Horingas. 
Horsiugas. 
Hoferingas. 
Holingas. 
Hucingas,  or 
Hocingas. 
Hudingas. 


Hemingfield,  York,  ;  Hemingford,  Hunt.  ; 
Hemingstone,  Stiff.  ;  Hemington,  Nliamp., 
Somers. 

Hensingham,  Cumb.  ;  Hensington,  Ox/'. 

Herring,  Dors.  ;  Herringby,  Norf.  ;  Herring- 
fleet,  Stiff.  ;  Herringstone,  Dors.  ;  Herrings- 
weU,  Stiff.  ;  Herringthorpe,  York.  ;  Her- 
rington,  Drhm. 

Hevingham,  Nor/. 

Hickling,  Norf.,  Nolls. 

Hillingdon,  Mdd.r.  ;  Hillington,  Nor/'. 

Hindringham,  Norf. 

Hockering,  Norf. 

Hoddington,  Hants. 

Holdingham,  Line. 

Hollingbourn,  Kent  ;  Hollingdon,  Bucks  ; 
Hollingliill,  Nthld.;  Hollington,  Derb., 
Staff.,  Snssx.  ;  Hollingworth,  Chesh. 

Homington,  Wilts. 

Honing,  Norf.  ;  Honingham,  Norf.  ;  Honing- 
ton,  Line,  Suff.,  Warw. 

Horbling,  Line. 

Horning,  Norf.  ;  Horningbold,  Leic.  ;  Hor- 
ninglow,  Staff.  ;  Horningsea,  Camb.  ;  Hor- 
ningsham,  Wilts  ;  Horningsheath,  Stiff.  ; 
Horningtoft,  Norf. 

Horrington,  Somers. 

Horsington,  Line.,  Somers. 

Hoveringbam,  Notts. 

Hovingliani,  York. 

Bucking,  Kent. 
Huddington,  Wore. 

14 


210 


llKoWl  I.K 


III! 


ningas,  on  / 

..  Iliniiiiimliani,    II  arm 

Hundmgas.  \ 


Hunsingas. 
Hyrstingas. 


Hunsingore,   York. 
Hurstingstone,  Hunt 


Hunnington,  Salop, 


Icelingas. 

[llingas. 

[lmingas. 

[lsingas. 

hnmihgas. 

Impingas. 

Ipingas. 

Irmingas. 

I  I'd  in  gas. 

Irdlingas. 

Islangas. 

Issingas. 

Iccingas. 


Iteringas. 
Ifingas. 


Icklingham,  Siiff. 

[llington,  Nor/.  ;  Illingworth,   York. 

[lmimgton,  Glouc,  Warw. 

Ilsington,  Devon  ,  Dors. 

Inimingham,  Line. 

Impington,  Cam// 

Iping,  Sussx. 

I  rmingland ,  Norf. 

Irthington,  Cumb, 

Irthlingborough,  Nhamp . 

Islington,  Norf.,  Mddx. 

Issington,  Hants. 

Itchingswell,     Hants;     Itcbington,     Glouc, 

W  arte . 
Itteringham,  Norf. 
Ivinghoe,   Bucks',   Ivington,    Heref.  ;  Jeving- 

ton,  Sussx. 


Laecingas. 
Larlingas. 
Leortingas. 
Leamingas. 

Leasingas. 

Leafeningas. 

Leafmgvis. 

La^pingas. 

Lcdringas. 


Lackington,  Somers.  ;  Latchingdon,  Essex. 

Larling,  Norf. 

Lartington,  York, 

Leamington,   Warw.  ;  Leeming,  York.  ;  Le 

mington,  Glouc.,  NthlcL 
Leasingham,  Line.  ;  Lissington,  Line. 
Leavening,  York. 

Leavington,  York.;  Levington,  Stiff. 
Leppington,  York. 
Letheringbam,  Stiff.  ;  Letberingsett,  Norf. 


LES    SAXONS    EN    ANGLETERRE 


211 


Laeferingas, 

Lexingas. 

Lidingas. 

Lidlingas. 

Lidesingas. 

Lillineas. 

Limingas. 

Lingas. 


Lytlineras, 

Lochmas. 


Lo  din  gas. 
Loningas. 

Lopin  gas. 
Lofingas. 
Lùcingas. 
Lu  din  eras. 
Lullingas. 


Leverington,  Camb. 

Lexington,  Notts. 

Liddington,  Rutl.,  Wilts. 

Lidlington,  Bedf. 

Lidsing,  Kent. 

Lillings,  York.  ;  Lillingstone,  Bucks  ;  Lilling- 

ton,  Dors. y  Oxf.,   ]\  arte. 
Limington,   Somers.  ;    Lyminge,    Kent  ;  Ly- 

mington,  Hants. 
Lings,     York.  ;    Lingbob,     York.  ;     Lingen, 

Here/'.;  Lingfield,  Surr.  ;  Lingham,  Chesh.; 

Lingwell  Gate,   York.  ;  Lingwood,  Norf.  ; 

Lyng,  Norf. 
Littlington,  Camb  ,  Sussx. 
Locking,    Somers.  ;    Lockinge,  Berks.  ;    Loc- 
king ton,  Leic.,  York. 
Loddington,  Kent,  Leic.,  N/iamp. 
Loningborôugh,  Kenl . 
Loppington,  Salop. 
Lovington,  Somers. 
Luckington ,  Somers . ,  W  ills . 
Luddington,  Line,    Warw.,  Hunt.,  Nhamp. 
Lullingfield,    Salop.  ;    Lullingstane,    Kent  ; 

Lullingstone,     Kent  ;    Lullington,    Derb., 

Somers.,  Sussx. 


Maedingas. 


Mall 


niffas. 


Manningas. 


Myrcingas. 


Maddiiigtbn,  Wilts;  Madingley,  Camb. 

Mailing,  Kenl.,  Sussx. 

Manningford,    Wilts  ;   Manningbam,  York.', 

Mannirigton,   Dors.,  Norf.  ;  Manningtree, 

Essex  ;  Monnington,  Here/. 
March ing ton,   Staff.  :    Markington,    York.  ; 

Mârkingfîeld,  York. 


l\'l 


hkowti.f 


Maerlingas. 
Maeringas^  ou  / 
Myrgings  ?  \ 
Maessingas. 

Maeccingas. 

Maetingas. 

Maègdlingas. 

Mécingas. 

Mellingas. 

Medringas. 

Millingas. 

Mintingas. 

Mollingas. 

Mottingas. 

Myçgingas. 


Marlingford,  Norf. 

Marringtori,   Salop.  ;   IVfering,  Notts.  ;  Mer- 

rington,  D?,/im.,  Salop. 
Massingham,    Norf.;  Messing,  Essex;    Mes 

singham,  Line. 
Matching,  Essex. 

Mattingley,  Hants;  Me  tt  high  am,  Suff. 
Maudling,  Sussx. 
Meeching,  Sussx. 
Moiling,  Lane. 
Metheringham,  Line. 
Millington,  Chesh.,  York. 
Minting,  Line. 

Mollington,  Chesh.,  Oxf.,  Warw. 
Mottingham,  Ken t . 
Mucking,  Essex. 


Naecingas. 

Naessingas. 

Nydingas. 

Niwingas. 

Nordingas. 
Nottingas. 


Nackington,  Kent  ;  Nedging,  Suff. 

Nassington,  Nhamp.  ;  Nazeing,  Essex. 

Needingworth,  Hunt. 

Newington,  Kent,  Notts,  Oxf.,  York.,  Glouc., 
Sur  v.,  Mddx. 

Northington,  Hants. 

Netting,  Bed/.  ;  Nottington,  Dors.  ;  Notting- 
ham, Notts,  Berks. 


Oddingas. 

Oldingas. 

Orlingas. 

Orpedingas. 

Osmingas. 

Ossingas. 

Oterineras. 


Oddingley,  Wore.  ;  Oddington,  Glouc.,  O.rf, 
Oldington,  Salop. 
0  rli  n  gh  ury ,  Nh  amp . 
Orpington,  Kent. 


Osmington,  Dors. 


Ossington,  Notts. 

Otterington,  York.  ;  Ottringham,  York, 


LES    SAXONS    EN    ANGLETERRE 


213 


0  fin  eras, 


Oving,  Bucks,  Sussx,  ;  Qvingdean;  Sussx.  ; 
Ovingham,  York.,  Nthld.\  Ovingtoti,  Essex, 
Hauls,  Nor/.,  Nthld.,  York. 


Papccine;as. 


Paedingas. 
PaelliAgas. 


Paemingas. 

Peartingas. 

Paetringas. 

Paetingas. 

Paefingas. 

Petlingas. 

Pa?dlingas. 

Penningas. 

Piceringas. 

Pidingas. 


Pilcingas. 

Pillingas. 

Pitingas. 

Poclingas. 

Podingas. 

Pun  tin  gas. 

Polingas. 

Poringas. 

Porcingas. 

Portingas. 

Postlingas. 

Polingas. 

Pucinsas. 


Packington,    Derb.,    Lcic.,   Staff.,    IVarw.  ; 

Patching,  Sussx. 
Paddington,  Mddx.  (?  Padan  tûn). 
Palling,  Nor/'.  ;  Pallingham,  Sussx.  ;  Palling- 

ton,  Dors. 
Pamington,  Glouc. 
Partington,  Chesh. 
Patrington,  York. 
Pattingham,  Salop.,  Staff. 
Pavingham,  Bedf.  ;  Pevington,  Kent. 
Peatling,  Leic. 
Pedling,  Kent. 
Pennington,  Hants,  Lane. 
Pickering,    York. 
Piddinghoe,    Sussx.  ;    Piddington,    Nhamp., 

Ox/. 
Pilkington,  Lane. 
Pilling,  Lanç. 
Pittington,  Drhm. 
Pocklington,  York. 

Poddington,  Bedf.  ;  Podington,  Dors. 
Pointington,  Somers. 
Poling,  Sassx.  ;   Rollington,  York., 
Poringland,  Nor/. 
Porkington,  Salop. 
Portington,  York. 
Postling,  Kent. 
Poling,  York. 
Puckington,  Somers, 


214 


ItKOW  III 


Pûningas. 
Pydingas. 


Poynings,  Sussx. 

Puddington,  Bedf.%  Chesh.,  Devon 


Raedingas, 


Raetlingas. 
Raefningas. 
Raedlingas. 

Renningas. 

Ricingas. 

Riclingas. 

Ridingas. 

Ridlingas. 

Rillingas. 

Rimniingas. 

Riplingas. 

Ripingas. 

Ris  in  gas. 

Rifingas. 

Rocingas. 

Rodingas. 

Rollingas. 

Roringas. 

Rossingas. 

Rotingas. 

Rowingas. 

Rucingas. 

Rudingas. 

Runingas. 

Ruscingas. 

Rustingas. 


Raddingtoiij    Somers.   ;     Reading,     Berks  ; 

Reading-street,  Kent. 
Ratlinghope,  Salop. 
Raveningham,  Nor/. 
Redlingfield,  Snff.  t 

Rennington,  Nthld. 
Rickinghall,  Stiff. 
Rickling,  Essex. 

Riddinge,  Derb.  ;  Riding,  Nthld. 
Ridlington,  Norf  ,  RutL 
Rilling  ton,  York. 
Rim  in  in  g  ton,   York. 

Riplingham,  York.]  Riplington,  Hants,  X t hid 
Rippingale,  Line. 
Rising,  Norf.  ;  Rissington,  G  lone. 
Rivington,  Lane. 
Rockingham ,  Nhamp . 
Roddington,  Salop.  ;  Roding,  Essex. 
Rollington,  Dors. 
Rorri  n  gto  n ,  Salop . 
Rossington,    York. 
Rottingdean,  Sussx.  ; 
Rowington,    Warw. 
Ruckinge,  Kent. 
Ruddington,  Notts. 
R  u  n  n  ingto  n ,  Somers . 
Ruskington,  Line. 
Rusting  ton,  Sitsvx. 


Rottington,  Cumh 


Saedingas. 


Saddington,  Leic. 


IKS   SAXONS    EN    ANGLETERRE 


215 


Saelingas. 

Sealfingas. 

Sandingas. 

Seaxlingas. 

Sceahngas. 

Scearnineas, 


Scearingas,  ou 
Seringas. 

Sceardingas. 
Scraegingas. 
Screadingas. 
Seafingas. 

Secgingas. 
Seâdingas. 
Syllingas. 
Seâmingas. 


Saling,  Essex, 

Salvington,  Sussx. 

Sandringham,  Norf. 

Saxlingham,  Norf. 

Scaling-dam,  York. 

Scarning,  Norf. 

Scarrington,  Notts  ;  Sharrington,  Norf.  ; 
Sheering,  Essex  ;  Sheringford,  Norf.  ;  Shcr- 
ringham,  Aro>/.  ;  Sherrington,  Bucks, 
Wilts. 

Sea rthing well,  York. 

Serayingham,  York. 

Scredington,  Line. 

Seavington,  So  mers. 

Seckington,   Wane. 

Seething,  Norf. 

Selling,  Kent;  Sellingc,  Kent. 

Semington,  Wilts. 


Sempringas.       Sempringham,  Line. 


Setringas. 

Syfingas. 

Sceahingas. 

Sceadingas. 

Sceâfingas. 


Sceaningas. 
Scyllingas. 


Scylfingas. 

Scvmplineras. 

Scvtlihgas. 


Settrington ,   York . 

Sevington,  Kent. 

Shabbington,  Bucks. 

Shadinglield,  Suff. 

Shavington,     Chesh.  ;    Shevington,    Lane.   ; 

Skeffington,  Leic. 
Shenington,  Glouc. 
Shilling-Okeford,  Dors.  ;  Shillingford,  Berks, 

Oaf.,  Devon.  ;  Shillingstone,  Dors,;  Shil- 

lingthorpe,    Line.  ;    Shillington,    Beclf.   ; 

Skfllingthorpe,   Line.  ;  Skillington,  Line. 
Shilvington,  Dors.,  Nlhld. 
Shimpling,  Norf.,  Stiff. 
Shitlington,  Beclf.,  Nthld.,    York. 


210 


BEOWULF 


Scolingas. 

S<\  rdingas. 

Scytingas. 

Sc}  Lingas. 

Sidingas. 

Silfingas. 

Sinningas. 

Sittingas. 

Sceaclingas. 

Sceaflingas. 

Scyldingas. 

Scyrlingas. 

Sleaningas. 

Snoringas. 

Somtingas. 

Sunningas. 

Sudingas. 

Spaldingas, 

Specingas. 

Spyringas. 

Spraettingas. 

Sprydlingas, 

Steallingas. 

Sta>ningas. 


Steorlingas, 
Stebbingas. 
a  pin  gas. 
Stellingas. 


Sholing,  Hauls. 

Shurdington,  Qlouc. 

Shuttington,   Warm. 

Sicklingball,  York. 

Siddington,  Glouc. 

Silvington,  Salop. 

Sinnington,  York. 

Sittingbourne,  Kent. 

Skeckling,  York. 

Skeffling,  York. 

Skelding,  York. 

Skirlington,  York. 

Sleningford,  York. 

Snoring,  Norf. 

Sompting,  Sussx. 

Sonning,  /Jerks,  Oxf.  ;    SunninghiLi,  Berks 

Sunningwell,  Berks. 
Southington,  Hants. 
Spalding,  Line.  :  Spaldington,  York. 
Speckington,  Somers. 
Spirringate,  Glouc. 
Spratting-street,  Kent. 
Spridlington,  Line. 
StaHing-busk,  York.;  Stallingborough,  Line.; 

Stallingtpn,  Staff". 
Stanningfield,  Stiff.  ;   Stanninghall,   Norf.  ; 

Stanningley,    York.  ;  Stannington,  Nthid., 

York.  ;  Steyning,  Sussx. 
Starling,  Lane. 

Stebbing,  Essex  ;  Stibbington,  Hunt. 
Sleeping,  Line.;  Steppingley,  Bedf. 
Stelling,  Kent.,  Nlhld.  ;  Stillingfleet,  York.  ; 

Stillington,  Drhm.,    York. 


LES    SAXONS    EN    ANGLETERRE 


217 


Stefingas. 
Stocingas. 

Storningas. 

Storringas. 

Stûtingas. 

Strellingas. 

Stubingas. 

Sulingas. 

Surlingas. 

Swaningas. 

Sweorlingas. 

Swedelingas, 

Swefelingas. 

Swillingas. 

Sydlingas. 


Stevington',  Bedf. 

Stocking,    Hérts  ;    Stockingford, 

Stokingham,  Devon. 
Storningley,   York. 
Storrington,  Sussx. 
Stouting,  Kent. 
Strellington,  Sussx. 
Stubbington,  liants. 
Sullington,  Sussx. 
Surlingham,  Norf. 
Swannington,  Leic,  Norf. 
Swarling,  Kent  (?  Sweordhlincas) 
Swathling,  Hants. 
S  we  filing,  Stiff. 
Swillington,  York. 
Sydling,  Dors. 


Wartr. 


Taedingas. 


Taelingas. 

Taeningas. 
Teorringas. 


Taetingas. 
Tendringas. 
Teorlingas. 
Degningas. 
Deôdingas. 
Docingas. 
Doringas,  ou 
Dyringas 
Dorningas. 


Taddington,  Glouc,  Derby.  ;  Teddington, 
Mddx.,   Wore.  ;  Tiddington,  Oxf.,  Warw. 

TaLlington,  Line. 

Tannington,  Stiff. 

Tarring,  Sussx  ;  Tarrington,  Here/.  ;  Terring- 
ton,  Norf'.,  York.  ;  Torrington,  Devon., 
Line. 

Tattingstone,  Stiff. 

ïendring,  Essex. 

Terling,  Essex. 

Thanington,  Kent. 

Thedingwqpth,  Leic.,  N/iam/t. 

Thockington,  Nthld. 

Thorington,  Stiff.  ;  Thorrington,  Essex 
Thornington,  Nthld, 


2IS 


Ml  OW  I    || 


Drecgingas, 

Dredlingas. 

Dristlingas. 

Dryscingas. 

Durnihgas. 

Dwingas. 

Tibbingas. 

Tidmingas. 

Tilingas. 


Tissingas. 

Titlingas. 

Teofingas. 

Tocingas. 

Todingas. 

Toltingas. 

Tôtingas. 

Torcingas. 

ïortingas. 

Trimingas. 

Tringas. 

Tritlingas. 

Trumpingas. 

Tucingas. 

Tuscingas. 

Tuttingas. 

Twiningas. 

Twicgingas. 

Tyrringas. 

Tyderingas. 


Threckingham,  Line. 

Thredling,  Stiff. 

Trislington,  Drhm. 

Thrussington,  Leic. 

Thurning,  Hunt.,  Nor/.,  Nhamp. 

Thvving,  Y  or/,. 

Tibbington,  Staff. 

Tidmington,  Wore. 

Til\mgh&m,  Essex;  Tillington,  Here /.,  Staff., 

Snssx. 
Tissington,  Derby. 
Titlington,  Nthld. 
Tivington,  Somers. 
Tockington,  Glouc. 
Toddington,  Beclf.,  Gloue. 
Toltingtrough,  Kent. 
Tooting,  Snrr.  ;  Tottington,  Lane.,  Nor/. 
Torkington,  Chesh. 
Tortington,  Sussx. 
Trimingham,  Nor/. 
Tring,  Herts. 
Tritlington,  Nthld. 
Trumpington,  Camb. 
Tuckinp  Mills,  Somers, 
Tushingham,  Chesh. 
Tuttington,  Nor/. 
Twining,  Glouc. 
Twitching,  Devon. 
Tyrringham,  Bucks. 
Tytherington,  Chesh.,  Glouc.,  Wills 


Tuckington,  Hants 


Ucingas. 
Uf  finiras. 


Uckington,  Glouc,  Salop. 
Uflington,  Berks,  Line,  Salop. 


LES    SAXONS    EN    ANGLETERRE 


219 


Ulingas. 

rilinu.is. 
Upingas. 


UUingswick,  Ile  réf. 

Ulting,  Essex, 

Uppingham,  Ridt  ;  Uppington,  Salop 


Wadineas. 


Waeceringas. 
Wealdingas. 
Wealdringas. 

Wealcringas. 

^Yealcingas. 

Wealineas. 


Waelsingas. 


Waeplingas  '. 
Waeppingas l. 
Wearblingas  l, 
Weardingas. 
Wearlingas. 
Wearmingas. 


Wearningas, 
Waeringas. 

Weartingas. 
Waesingas. 


Waddingham,  Line.  ;  Waddington,  Line, 
York.  ;  Waddingworth,  Line.  ;  Wcdding- 
ton,  Wane 

Wake  ring,  Essex. 

Waldingfield,  Stiff.  ;  Woldingham,  Surr. 

Waldringfield ,  Suff. 

Walkeringham,  Not Is. 

Walkingham,  York.  ;  Walkington,  York. 

Wallingfen,  York.  ;  Wallingford,  Berks  ; 
Wallington,  Hants,  Herts,  Norf.,  Sttrr., 
Nthld.  \  Wallingwells,  Notts?  ;  Welling- 
boro',  Nharftp.  ;  Wellingham,  Norf.  ;  Wel- 
lingley,  York.  ;  Wellingore,  Line. 

Walsingham,  Norf.  ;  Wolsinghani,  Dr/un.  ; 
Woolsington,  Nthld. 

Waplington,  York. 

Wapping,  Mddx. 

Warblington,  Hants. 

Wardington,  Oxf. 

Warlingham,  Sussx. 

\Yarmingham,C/*e.vA. ;  Warmmghurst,iS>m\z ; 
Warmington,  Nhamp.,  Warw. 

Warningcamp ,  Sussx. 

Warrington,  Bucks,  Lane.  ;  Werrington, 
Devon.,  Nhamp. 

Warthinii*.  Sussx. 

Washingborough,  Line.;  Washingley,ZZ>////.; 
Washington,  Derby.,  Dt/r/i.,  Sussx.;  Wa- 
sing,  Berks  ;  Wessington,  Derby, 


22(1 


lil'.MW  I    1,1 


Waetringas. 

Waetlingas. 

Weotingas. 

Weolingas. 

\Vendlingas. 

Weningas. 

Wederingas. 


Westingas. 

Westoningas. 

Waetlingas. 

Welpingas. 

Werringas. 

Wippingas. 

Witlingas. 

Witeringas. 

Wittingas. 


Widingas. 
Willingas. 


Wylmingas, 

Winingas. 

Wintringas. 

Wiscingas. 

Wiccingas. 

Widingas. 

Widingas. 


W 


ocmsras. 


Wateringburj .  Kent. 

Watlington,  Norf.,  Oxf. 

Weeting,  Nor/'. 

Wellington,  Here/'.,  Salop.,  So?ners.,  Wilts. 

Wendling,  Nor/'. 

Wennington,  Essex,  Hunt.,  Lane. 

Wittering,    Sussx.  ;    Wetheringsett,    Suff.  ; 

Withcrington,  Wilts. 
Westington,  G  lone. 
Westoning,  Bedf. 
Whatlington,  Sussx. 
Wholpington,  Nthld. 
Wlierrington,  Staff. 
Whippingham,  Hants. 
Whitlingham,  Norf. 
Whittering,  Nhamp. 
Whittingham,  Lane,  Nthld.-,  Whittington, 

Herb.,  Glouc,  Lane,  Norf.,  Salop.,  Staff., 

Warw.,  Wore,  Nthld. 
Widdington,  Essex,  Nthld.,   York. 
Willingale,     Essex  ;    Willingdon,    Sussx.  ; 

Willingham,   Camb.,    Line,  Suff.;    Wil- 

lington,     Bedf.,     Chesh.,     Herb.,    Drhni., 

Nthld.,  Warw. 
Wilmington,  Kent.,  Salop.,  Somcrs.,  Sussx. 
Winnington,  Chesh.,  Staff". 
Winteringham,  Line,   York. 
Wissington,  Salop.,  Suff. 
Witchingham,  Norf. 
Witcliling,  Kent  ;  Wychling,  Kent. 
Withington,  Glouc,  Heref.,  Lane,  Salop. , 

Staff.,  Chesh. 
Woking,  Surr.  ;  Wokingham,  Berks,  Wilts. 


LES    SAXONS    EN    ANGLETERRE  22 1 

Wcorcingas.       Workington,  Citmb. 

Wyrlingas.         Worlingham,    Suff.  ;     Worlington,     Suff., 

Devon.  ;  Worlingworth,  Suff. 
Wyrmingas.       Woraiingford,  Essex;  Worminghall,  Bucks  ; 

Wormington,  Glouc. 
Weordingas.      Worthing,    Norf.,    Sussx.  ;     Worthington, 

Lanc.y  Leic. 
Wramplingas.    Wramplingham,  Nor/'. 
Wraettingas.        Wratting,  Camb.,  Suff. 
Wraeningas.        Wreningham,  Nor/. 
Wrestlingas.       Wrestling  worth,  Bed/. 
Writhtingas.       Wrightington,  Lane. 
Wrihtlingas.      Writhlington,  Somers. 
Weomeringas.    Wymering,  Hants. 
Wymingas.         Wymington,  Bed/. 


Ill 


LyE'NLAND 


Le  document  suivant  est  un  exposé  détaillé,  donné  par 
l'évéque  de  Worcester,  Oswald,  au  roi  Eâdgar,  d'une 
attribution  de  Laenland,  à  son  église.  Ce  document  est  con- 
signé dans  le  Codex  Diplomaticus,  sous  le  n°  1287.  La  teneur 
en  est  la  suivante  : 

«  Domino  meo  karissimo  régi  Anglorum  Eadgaro,  ego 
Osuualdus  Uuigorncnsis  a'cclesia1  episcopus  omnium  qua' 
inilii  per  ipsius  clementiam  munerum  tradita  sunt,  apud 
deum  et  apud  homines  gratias  ago.  Igitur  si  dei  misericordia 
suppeditet,  coram  deo  v\   hominibus  perpetualiter  ei  fîdelis 


22*2  BEOWULF 

permanebo,  reminiscens  cum  gratiarum  actione  largifluae 
benignitatis  oins,  quia  per  meos  illud  quod  uiaguopere  expe- 
tebam  mihi  concessil  internuntios,  id  csl  reverentissimum 
Duustauum  archiepiscopum  el  venerandum  /Edeluuoldum 
Uuintoniae  episcopum  et  virum  magnificum  Brihtnodum 
comitem,  quorum  legatione  et  adiutorio  meam  el  sanctae  dei 
aecclesiae  querelam  suscepit,  et  secundum  consilium  sapien- 
tum  et  principum  suorum  iuste  emendavit,  ad  sustentamen 
a'cclesue  quam  mihi  bénigne  et  libens  regendam  commisit. 
Quare  quo  modo  lidos  mihi  subditos  telluribus  quae  meae  tra- 
ditae  sunt  potestati  per  spatium  temporis  trium  hominum,  id 
est  duorum  post  sc  haeredum,  condonarem,  placuit  tarn  mihi 
quam  ipsis  fautoribus  et  consiliariis  meis,  cum  ipsius  domini 
mci  regis  licentia  et  attcstatione,  ut  fratribus  mois  suecesso- 
ribus,  scilicet  episcopis,  per  cyrographi  cautionem  apertius 
enuclearem,  ut  sciant  quid  ah  eis  extorquere  iuste  debeant 
secundum  conventionem  cum  eis  factam  et  sponsionem 
suam  ;  unde  et  hanc  epistolam  oh  cautelae  causam  componere 
studui,  ne  quis  malignae  cupiditatis  instinctu  hoc  sequenti 
tempore  mutare  volens,  ahiurare  a  servitio  aecclesiae  queat. 
Haec  itaque  conventio  cum  eis  facta  est,  ipso  domino  meo 
rege  annuente,  et  sua  attestation e  munificêntiae  suae  largita- 
tem  roborante  et  confirmante,  omnihusque  ipsius  regiminis 
sapientibus  et  principibus  attestantihus  et  consentie ntibus. 
Hoc  pacto  eis  terras  sanctae  aecclesiae  sub  me  tenere  concessi, 
hoc  est  ut  omnis  equitandi  lex  ah  eis  impleatur  quae  ad 
équités  pertinet  ;  et  ut  pleniter  persolvant  omnia  quae  ad  ius 
ipsius  aecclesiae  iuste  competunt,  scilicet  ea  qua1  Anglice 
dicuntur  ciricsceott  et  toll,  id  est  theloneum  et  tace,  id  est 
swinsceade,  et  caetera  iura  aecclesiae,  nisi  episcopus  quid 
alicui  eorum  perdonare  voluerit  ;  seseque  quamdiu  ipsius 
terras  tenent  in  mandatis  pontificis  humiliter  cum  oniiii 
subiectione  perseverare  etiam  iureiurando  affirment.  Super 


LES    saxons   EN    ANGLETERRE  2'23 

haec  etiam  ad  omnis  industrie  episcopi  indigentiam  semet- 

ipsos  praesto  impendant;    equos  praestent;  ipsi  equitent  ;   et 

ad  totuni  piramiticum  opus  aecclesiae  calcis  atque  ad  pontis 

aedificiunl  ultro  inveniantur  parati  ;  sed  et  venationis  sepem 

domini    episcopi    ultronei    ad    aedificandum    rcpperiantur, 

suaque  quandocumque  domino  episcopo  libuerit  venabula 

destinent  venatum  ;  insuper  ad  limitas  alias  indigentiae  causas 

quibus  opus  est  domino  antistiti  sepe  frunisci,  sive  ad  suum 

servitium   sive   ad  regale   explendum,  semper  illius  arehi- 

ductoris  dominatui  et  voluntati   qui   cpiscopatui  praesidet, 

propter  beneficium  quod  illis  praestitum  est,  cumomni  humi- 

litate  et  subiectione  subditi  fiant,  secundum  ipsius  volunta- 

t < »  111  et  terrarum  quas  quisque  possidet  quantitatem.  Decurso 

auteni  praefati  temporis  curriculo,  videlicet  duorum  post  eos 

qui    eas   modo    possident  haeredum   vitae   spatio,    in    ipsius 

antistitis  sit  arbitrio  quid  inde  velit,  et  quomodo  sui  velle  sit 

inde  ita  stet,  sive  ad  suum  opus  eas  retinere,  si  sic  sibi  utile 

iudicaverit,   sive  eas  alicui  diutius  praestare,  si  sic  sibi  pla- 

cuerit    velit  ;    ita   dumtaxat    ut    semper    aecclesiae    servitia 

pleniter  ut  praefati   sumus  inde  persolvantur.   Ast   si  quid 

praefatorum    delicti    praevaricantis    causa    defuerit    iurum, 

praevaricationis    delictum  secundum   quod   ptaesulis   ius  est 

emendet,  aut  illo  quod  antea  potitus  est  dono  et  terra  careat. 

Si  quis  vero,    diabolo    instigante,    quod   minime    optamus, 

extiterit,  qui  per  nostrum  beneficium  aecclesiam  dei  fraude, 

seu  in  sua  possessione   aut  servitio  debito  privare  tempta- 

verit,  ipse  nostra  omnique  benedictione   dei  et   sanctorum 

oins  privetur,  nisi  profundissima  emendatione  illud  corrigere 

studeat  et  ad   pristinum    statum   quod  defraudavit  redigat, 

scriptum  est  enim  «  Raptores  et  sacrilegi  regnum  dei  non 

consequentur   ».    Nunc   auteni    propter    deuni    et   sanetam 

Maria  m,    in   cuius   nomine    hoc    monasterium   dicatum  est, 

nioneo  et  praecipio,    ut  nullo   modo  quis    hoc   praevaricare 


22rl  BEOWULF 

àudeat,  sed  sicut  a  nobis  stafutum  est,  ut  praefati  sumus, 
perpetualiter  maneat.  Qui  custodierit  omni  benedictione 
pepleatur  ;  qui  vero  infringetit,  maledicetur  a  domino  el  ab 
omnibus  Sanctis,  Amen.  Gratanter,  reverentissime  domine, 
quo  tant  is  tuae  donis  clementiaB,  secundum  quod  totius  créa- 
toris  cosmi  est  velle,  praeditus  sum,  meae  operam  voluntatis. 
ut  pro  te  tuisque  deum  iugiter  interpellem,  devotus  impen- 
dam,  meosque  successores  ad  hoc  hortari  studebo,  ut  domini 
misericordiam  pro  te  deprecari  non  desinant.  ut  Christus 
pace  qui  perhenni  regnat,  ethrali  in  arce  te  consortio  dignum 
haberi  dignetur  sanctorum  omnium  in  aula  cœlesti.  Valeat 
in  aevum  qui  hoc  studuerit  servare  decretum.  Haruin  textus 
epistolarum  très  sunt  ad  praetitulationem  et  ad  signum,  una 
in  ipsa  civitate  quae  vocatur  Uuigraceaster,  altera  cum 
venerabili  Dunstano  archiepiscopo  in  Cantuaria,  tertia  cum 
^Edeluuoldo  episcopo  in  Uuintonia  civitate.  » 


IV 


Ces  détails  sur  les  superstitions  anglo-saxonnes  et  sur  leur 
prohibition  par  l'Eglise,  sont  empruntés  à  Thorpe,  op.  cit., 
II,  157,  190,  208,  210  : 

«  XXVII.  De  Idolatria  et  Sacrilegio,  et  qui  Angelos  colunt, 
et  malefîcos,  Ariolos,  Venelicos,  Sortilegos,  Divinos,  et  vota 
reddentes  nisi  ad  aecclesiam  Dei,  et  in  Kalendas  Januarii  in 
cervulo  et  in  vitula  vadit,  et  Matheuiaticos,  et  Emissores 
tempest  a  turn. 

«  Si  quis  maleficio  suo  aliquem  pcrdiderit  Vil,  annos 
pœniteat.  Si  quis  pro  amore  veneficus  sit  et  neminem  pcrdi- 
derit,   etc.  Si  autem  per  hoc   mulieris  partum  quis   dece- 


LES    SAXONS    EN    ANGLETERRE  225 

périt,  etc.  Si  quis  ariolos  quaerit,  quos  divinos  vocant,  vel 
aliquas  divinationes  fecerit,  quia  et  hoc  daemoniacum  est,  etc. 
Si  quis  sortes  habuerit,  quas  Sanctorum  contra  rationem 
vocant,  vel  aliquas  sortes  hahuerit,  vel  qualicunque  malo 
ingenio  sortitus  fuerit,  vel  divinaverit,  etc.  Si  qua  millier 
divinationes  vel  incantationes  diaholicas  fecerit,  etc.  Si  qua 
millier  illiuin  suum  vel  tiliain  super  tectum  pro  sanitate 
posuerit,  vel  in  fornace,  etc.  Qui  grana  arserit  ubi  mortuus 
est  homo,  pro  sanitate  viventium  et  domus,  etc.  Si  quis,  pro 
sanitate  filioli,  per  foramen  terra»  exierit,  illudque  spinis 
post  se  concludit,  etc.  Si  quis  ad  arbores,  vel  ad  fontes,  vel 
ad  lapides,  sive  ad  cancellos,  vel  ubicunque,  excepto  in 
aecclesia  Dei,  votum  voverit  aut  exsolverit,  etc.,  et  hoc  sacri- 
legium  est  vel  daemoniacum.  Qui  vero  ibidem  ederit  aut 
biberit,  etc.  Si  quis  in  Kalendas  Januarii  in  cervulo  aut 
vetula  vadit,  id  est,  in  ferarum  habitus  se  communicant,  et 
vestiuntur  pellibus  pecudum,  et  assumunt  capita  bestiarum  ; 
qui  vero  taliter  in  ferinas  species  se  transformant,  etc.,  quia 
hoc  daemoniacum  est  Si  quis  mathematicus  est,  id  est,  per 
invocationem  daemonum  hominis  mentem  converterit,  etc. 
Si  quis  emissor  tempestatis  fuerit,  id  est,  maleficus,  etc.  Si 
quis  ligaturas  fecerit,  quod  detestabile  est,  etc.  Qui  augura 
vel  divinationes  in  consuetudine  habuerit,  etc.  Qui  observât 
divinos,  vel  praecantatores,  philacteria  etiam  diabolica,  et 
somnia  vel  herbas,  aut  quintam  feriam  honore  Jovis,  vel 
Kalendas  Januarii,  more  paganorum,  honorât,  etc.  Qui 
student  exercere  quando  lima  obscuratur,  ut  clamoribus  suis 
ac  maleficiis  sacrilego  usu  earn  defendere  confidunt,  etc.  Qui 
in  honore  lunae  pro  aliqua  sanitate  ieiunat,  etc... 

«  Qui    nocturna   sacrificia    daemonum    celebraverint,    vel 
incantationibus  daemones  invocaverint,  capite  puniantur. 

«   Si   quis   daemonibus   exigui   quid    immolaverit,    annum 
unum    ieiunet.    Quicunque    cibum   daemonibus    immolatum 

15 


'À2(\  BK0W1  II 

comederit,  etc.  Quicunque  grana  combusseril  in  loco  obi 
nioi'lmis  csi  homo,  pro  sanitate  viventium  el  domus,  etc.  Si 
millier  filiam  suarn  super  domum,  veJ  in  fornace  posuerit,  eo 
quod  earn  a  febri  sanare  velit,  etc.  ». 


LIVRE  II 


L  EVOLUTION   DE  L'ÉTAT  SAXON  EN  ANGLETERRE 


CHAPITRE  PREMIER 

L'accroissement  du  pouvoir  royal.  —  Les  Regalia 
ou  droits  de  la  royauté 


Cette  étude  suivra  le  développement  des  institutions  poli- 
tiques, jusqu'à  la  fin  de  la  monarchie  anglo-saxonne.  Les 
deux  faits  qui  dominent  cette  histoire,  sont  l'introduction  du 
christianisme  en  Angleterre,  et  la  consolidation  du  pouvoir 
royal. 

Au  cours  des  guerres  continues,  des  rois  de  petits  états, 
et  des  chefs  indépendants  s'étaient  groupés  dans  une  fédéra- 
tion, autour  du  représentant  de  quelque  antique  dynastie, 
qui  les  conduisait  à  la  victoire.  Au  commencement  du 
vu0  siècle,  l'Angleterre  renfermait  huit  royaumes  indépen- 
dants, de  plus  ou  moins  grande  importance.  À  la  pointe  sud- 
ouest  de  l'île,  se  trouvait  la  confédération  du  Kent,  compre- 
1 1 ;i iit,     sans    doute,     les    comtés    actuels    de   Kent,    Essex, 


^28  BKOWULF 

Middlesex,  Surrey,  et  Sussex,  <l<>nt  les  rois  nombreux  et 
divers  reconnurent  l'autorité  d\££delberht,  fils  d'Eormanric, 
prince  <le  La  maison  des  ^Escings,  et  qui  prétendait  descen- 

cre  de  Woden,  par  Hengist,  premier  roi  historique  du  Dane- 
mark. Près  de  Sussex,  le  long  de  la  côte  Sud,  s'étendait  le 
royaume  des  Saxons  de  l'Ouest  ou  Gewissas,  et  qui  compre- 
nait les  subdivisions  territoriales  actuelles  :  le  Hampshire, 
avec  l'île  de  Wight,  tributaire;  le  Dorsetshire,  et  peut-être 
une  part  du  Dewonshire  ;  le  Wiltshire  ;  le  Berkshire  ;  une 
partie  de  l'Oxfordshire  ;  le  Buckinghamshire,  et  le  Middle- 
sex, jusqu'à  Chiltern  Hills.  LEastanglia  était  composée  du 
Norfolk  et  du  Suffolk  ;  d'une  partie  de  Cambridge  ;  du  Bed- 
forshire  et  de  l'Hertfordshire. 

La  Mercie  couvrait  ce  qui  restait  de  territoires  libres  en 
Angleterre,  et  deux  petits  royaumes,  souvent  unis,  et  dénom- 
més Deira  et  Bernicia,  occupaient  l'espace  libre  jusqu'à  la 
frontière  des  Pietés,  et  qui  peut  être  figuré  en  tirant  une 
ligne  de  Dumbarton  à  Inverkeithing.  Çà  et  là,  s'élevaient 
encore  des  places  fortes,  que  n'avaient  pu  soumettre  les 
Saxons  :  c'étaient  Cornwall  et  Devon  ;  le  pays  de  Galles  ;  le 
Cheshire,  le  Lancashire  et  le  Cumberland. 

Il  parait  bien,  que  les  princes,  qui  régnaient  souverainement 
sur  ces  agrégats  de  communautés,  aient  dû  trouver,  dans 
leurs  alliances  traditionnelles,  et  dans  leurs  inimitiés  de 
races,  un  rudiment  de  droit  des  gens,  et  une  règle  de  con- 
duite politique. 

Mais  ces  notions  ne  furent  que  flottantes,  chez  les  rois 
anglo-saxons,  et  il  ne  semble  pas  qu'il  y  ait  jamais  eu  entre 
eux  de  communauté  d'action,  méthodique  et  continue  :  les 
populations  étaient  de  races,  de  lois,  de  langues  tout  à  fait 
différentes  ;  séparées  par  des  forêts  sauvages,  des  montagnes 
abruptes,  et  des  marais  profonds  :  et  le  culte  de  Woden  fut 
le  seul  lien  moral  qui  les  ait  unies. 


LES  SAXONS  KN  ANGLETERRE  229 

La  domination  dun  roi  sur  les  autres,  n'était  qu'une  sou- 
veraineté nominale4,  et  dont  l'existence  dépendait  des 
hasards  de  la  guerre.  Aux  ternies  rigoureux  de  la  constitu- 
tion anglo-saxonne,  le  roi  (1)  est  un  d'entre  son  peuple,  qui 
l'a  élu  à  la  royauté,  et  qui  doit  par  son  aide  matérielle,  lui  en 
assurer  les  pouvoirs.  Mais  il  est  le  plus  noble  de  tous  les 
homines  libres,  pour  le  plus  grand  bien  desquels  il  règne.  Le 
roi  est  donc  investi  de  diverses  dignités  et  privilèges  :  quoi- 
que sa  vie,  comme  celle  de  tout  homme,  soit  évaluée  à  un 
prix  déterminé  (celui  d'un  aedeling,  ou  personne  de  sang 
royal),  elle  est  encore  garantie  par  une  autre  prestation,  ou 
Cynebôt,  le  prix  même  de  la  vie  royale  qui  se  distingue  du 
précédent  wergyld,  en  ce  qu'il  est  attribué  à  l'Etat,  comme 
compensation  de  la  perte  du  prince,  chef  de  l'Etat,  alors  que 
le  seul  prix  du  sang  est  versé  à  la  famille  du  roi  (2). 

Les  droits  personnels  du  roi,  ou  regalia  consistaient  dans 
la  possession  de  larges  domaines  (3),  inhérente  à  la  couronne, 
et  dont  la  jouissance  était  viagère,  et  distincte  de  celle  de  la 
propriété  privée.  Le  roi  avait  encore  le  droit  de  recevoir  les 
nalnralia,  ou  contributions  volontaires,  en  nature,  des  hom- 
mes libres,  qui,  peu  à  peu,  se  changèrent  en  impôts  forcés. 
Il  y  a  trace  de  ces  contributions,  dans  Tacite  (Germ.  XV), 
qui  rapporte  la  coutume  qu'avait  le  peuple,  d'offrir  aux  prin- 


1.  Les  noms  qui  désignent  le  roi  sont  les  suivants  :  peôdeu,  dérivé  de 
peôd,  peuple;  cyning,  de  cyne,  noble;  dryhten,  de  drynt,  officier  de 
cour,  comitatus  ;  hlâford.  chef  de  la  première  maison  du  royaume. 

2.  Be  Wergijldum.  Nordleoda  laga,  §  1  ;  Myrcna  laga,  §  1  ;  Thorpe, 
I,  186,  190 

3.  .Edelred,  vers  980,  donne  les  raisons  suivantes  d'une  donation  faite 
par  lui,  au  monastère  d'Abingdon.  Durant  la  vie  d'Eâdgar,  de  prince  avait 
doté  le  monastère  de  certains  domaines,  faisant  partie  de  l'apanage  des 
princes  du  sang,  «  terras  ad  regios  pertinentes  filios  »  ;  ces  terres  à  la 
mort  d'Eâdgar,  et  à  l'avènement  d'Eàdweard  furent  dévolues  par  le 
Wïtenagemôt,  à  .-Edelred,  alors  prince  royal  :  «  qua*  statim  terra'  iuxta 


230  BEOWOtF 

res  les  troupeaux  el  Le  blé,  ce  <jni  n'était  pas  seulement  une 
marque  d'honneur,  mais  encore  une  aide  matérielle.  Les 
annales  des  rois  francs  sonl  pleines  d'exemples  de  ces  dons, 
qui  s'effectuaient,  d'ordinaire,  aux  grandes  assemblées  du 
peuple,  ou  Campus  Madius  (1).  Les  autres  privilèges  <ln  roi 
consistaient  dans  les  droits  qu'il  prélevait  sur  les  amendes, 
et  dans  la  confiscation,  au  profit  de  sa  couronne,  des  biens 
des  condamnés.  Le  roi  se  distinguait  des  autres  hommes 
libres,  parses  vêtements  et  par  sa  demeure,  et  par  l'entretien 
constant  dune  troupe  armée,  appelée  Hûscarlas,  ou  troupe 
de  la  maison  du  roi.  C'était  à  lui  qu'appartenait  la  convoca- 
tion du  Witena  gemôt,  ou  grand  conseil  de  royaume,  toutes 
les  fois  que  les  circonstances  l'exigeaient  :  à  cette  assemblée 
il  faisait  toutes  propositions  touchant  au  bien  de  l'Etat,  ou  à 
l'amendement  de  la  législation  existante.  Comme  gardien  de 
la  paix  publique,  tant  à  l'intérieur  qu'au  dehors,  le  roi  pou- 
vait ordonner  le  fyrd,  ou  levée  militaire  des  hommes  libres  ; 
faire  proclamer  la  paix  à  travers  le  royaume,  et  y  faire  perce- 
voir les  impôts  que  nécessitait  la  guerre  passée.  Il  constituait 
un  degré  de  juridiction  suprême,  attendu  que  les  deux  par- 
ties, ou  l'une  d'elles,  pouvaient  toujours  en  appeler  à  sa 
justice,  et  en  dernier  ressort.  Il  nommait  aux  honneurs  et 
aux  emplois  publics  ses  thanes   et  ses    compagnons,   et  il 


decrêtûïû  et  praeceptiooem  eunctorum  optimal  uni  de  praefato  sancto 
cœnobiô  violenter  abstracter  meaeque  ditioni,  hisdem  pr;ecipientihus, 
sunt  subaetœ  :  quam  rem  si  iuste  aut  iniuste  fecerint,  ipsi  sciant  ».  A  la 
mort  de  son  frère  Eâdweard,  toutes  les  terres  de  la  couronne  échurent  à 
.Edclread  :  g  et  regalium  simul,  et  ad  regios  filios  pertinentium  terrarum 
susrepi  dominium  » .  C'est  alors  que  ce  prince,  pris  de  scrupule,  rendit 
au  monastère,  sur  ses  propres  terres,  ce  qui  lui  avait  été  enlevé  :  «  ex 
mea  propria  hereditate  »,  Cod.  Dipt.,  n°  1312. 

I.  Guut,  §  70  ;  Thorps,  I,  142;  Anon.  Vita  Illudor.  Imp.,  %  7  ;  Perte, 
II,  610,  oil  ;  Annal.  Laùrish..  753:  Ann,  Berlin,  837  :  Pertz,  I,  116, 
430  :  Hincmar.  Inst.  Carol.,  ibid.,  11,214. 


les  saxons  i:n  Angleterre  291 

exerçait  cos  droits  divers  et  ces  privilèges,  sur  les  avis,  et 
du  consentement  de  son  Wïtena  gemot,  ou  Parlement, 

Même  sous  La  dénomination  chrétienne,  la  généalogie 
divine  du  roi  ne  contribuait  pas  peu,  à  augmenter  le  prestige 
de  sou  trône.  Son  wergyld  excédait,  de  beaucoup,  celui  des 
hommes  des  autres  classes,  et  les  amendes  prononcées  pour 
dommage  au  roi,  à  ses  vassaux  ou  à  ses  domaines,  étaient 
plus  élevées  que  celles  du  droit  commun.  Ce  chiffre  plus 
considérable  du  bat  royal,  ou  compensation,  attestait  bien 
l'éminente  dignité  du  roi,  le  premier  en  rang  et  en  honneurs, 
quelque  restreint  qu'ait  été  son  pouvoir  effectif.  Ces  assertions 
sont  justifiées  par  les  premières  lois  d'/Ëdelberht,  et  par  les 
dernières,  d'Eâdweard  le  confesseur.  Si  le  roi  appelait  vers 
lui,  ses  leôde,  fidèles,  ou  thanes,  et  qu'ils  fussent  inquiétés 
pendant  leur  voyage,  une  compensation  double  de  l'ordi- 
naire, était  exigée  des  délinquants,  en  sus  d'une  amende  de 
cinquante  shillings  envers  le  roi  (1).  De  même,  s'il  honorait 
l'un  de  ses  sujets,  en  logeant  chez  lui,  la  demeure  de  celui-ci 
se  trouvait,  du  fait  de  la  présence  du  monarque,  tranformée 
en  locus  reyius,  et  tous  délits  qui  y  étaient,  dès  lors,  commis, 
étaient  passibles  d'une  double  amende  (2).  Le  vol  commis  au 
préjudice  du  roi,  était  l'objet  d'une  compensation  (3),  neuf 
fois  plus  forte  que  celle  qui  était  demandée,  pour  le  même 
délit  dont  un  homme  libre,  ou  noble,  était  victime. 

La  mundbyrd,  ou  protection  du  roi,  était  évaluée,  cin- 
quante shillings  ;  celle  d'un  eorl  ou  d'un  ceorl,  douze  et  six 
shillings  (4).  Le  messager  ou  l'homme  d'armes  du  roi,  cou- 
pable de  meurtre,  n'était  passible  que  d'un  wergyld  atténué, 
et  tout  en  n'étant  pas  libre,  il  était  regardé  comme  tel,  du 

1.  Mdelb.,  I,  g  2. 

2.  Ibid.,  I,  §3. 

3.  Ibid.,  %  4.9. 

4.  Ibid..  I  S.  15. 


232  BEOWULF 

Pail  qu'il  appartenait  à  La  suite  du  roi  (1  >.  Od  ne  pouvait 
opposer  Le  sermenl  à  La  parole  du  roi.  el  à  celle  de  L'évêque; 

et  celui  qui  se  battait  dans  le  palais  royal,  était  puni  de  mort, 
ou  du  châtiment  particulier  cjue  Le  roi  avait  la  faculté  de  lui 
infliger.  La  haute  trahison,  le  complot  contre  la  vie  du  roi, 
la  rébellion  sur  ses  domaines,  étaient  pnnis  de  mort  (2). 

Le  roi  recevait,  à   son  accession  au  trône,  le  serment  de 
tidélité  de   tous  ses  sujets  ^3),  Agés  au  moins  de   douze  ans 

4.  /Edelb.,  §7,  21. 

2.  JEdf.,  §4;  Gnut,  II,  §  58. 

3.  «  Imprimis  ut  omnes  iurent  in  nomine,  Domini,...  fidelitatem 
Eâdmundo  régi...,  in  amando  quod  amabit,  nolendo  quod  nolet  »,  Eâdm., 
III,  §  1,  Thorpe,  I,  252.  —  «  Omnis  enim  duodecim  annos  habens  et 
ultra,  in  alicuius  frithborgo  esse  debet  et  in  decenna  ;  sacramentumque 
régi  et  haeredibus  suis  facere  fidelitatis,  et  quod  nec  latro  erit,  nec  latro- 
cinio  consentiet  »,  Fleta,  lib.  I.  cap.  XXVII,  §4  —  (25  juillet  1280)  : 
«  Pateat  universis  tam  clericis  quam  laicis  per  regnum  Norwegie  consti- 
tutis  presens  seriptum  visuris  vel  audituris  quod  anno  domini  m0,  ce0. 
lxxx0.  in  festo  sancti  Suithuni  Bergio  in  ecclesia  cathedrali  magnificus 
princeps  et  nobilis  dominus.  Eiricus  dei  gracia  rex  Norwegie  illustris 
filius  domini  Magni  quondam  regis  coram  reverendo  pâtre  et  venerabili 
domino  Johanne  secundo  divina  miseracione.  Nidrosiensi  archiepiscopo 
qui  eum  coronando  in  regem  coronam  capiti  eius  inposuit.  ipsiusque 
suffraganeis  et  multis  clericis  et  laicis  qui  présentes  fuerant.  tactis  ewan- 
geliis  iuramentum  prestitit  in  hune  modum.  Profiteor  et  promitto  coram 
deo  et  sanctis  eius  a  modo  pacem  et  iusticiam  ecclesie  dei.  populoque 
mihi  subiecto  observare.  pontificibus  et  clero.  prout  teneor.  condignum 
honorem  exhibere.  secundum  discrecionem  mihi  a  deo  datam.  atque  ea 
que  a  regibus  ecclesiis  collala  ac  reddita  sunt .  sicut  composition  est  inter 
ecclesiam  et  regnum  .  inviolabiliter  conservare  .  malasque  leges  et  con- 
suetudines  perversas  precipue  contra  ecclesiasticam  libertatem  facientes 
abolere  et  bonas  condere  prout  de  concilio  fidelium  nostrorum  melius 
invenire  poterimus  .  pat  jatta  ek  gudi  ok  hans  helgum  mannum  .  at  ek 
skal  vardvaeita  frid  ok  rettyndi  haulagre  kirkiu  ok  pui  folki  sem  ek  er 
overdugr  ivir  skipadr  .  Byscopum  ok  lœrdom  mannum  skal  ek  vœita 
vidrkvsemelega  soemd  efter  pui  sem  ek  er  skyldugr .  ok  gud  giœfr  mer 
skynsemd  til  .  ok  pa  luti  halda  obrigdilega  .  sem  af  konunggum  ero 
kirkiunni  gefner  .  ok  aftr  fegner  sua  sem  sampykt  er  milium  kirkiuiinar 
ok  rikissens  .  Rong  log  ok  illar  sidueniur  einkanlega  pœr  .   sem  mote 


LES  SAXONS  EN  ANGLETERRE  233 

requis,  pour  La  majorité  Légale  chez  les  Germains.  Le  sou- 
verain nommait  ensuite,  les  ealdormen  dans  les  shires;  les 
gérefans,  dans  les  diverses  cités  ou  districts,  et  il  convoquait 
son  witena  gemot  dont  il  avait  désigné  les  membres.  Comme 

chef  de  l'administration  du  pays,  le  roi  avait  le  pouvoir  (h4 
frapper  d'amendes,  les  officiers  et  les  individus,  dont  la 
négligence  ou  les  fautes,  avaient  compromis  les  intérêts 
publics  :  ces  amendes  étaient  appelées  :  cyninefs  oferhyr- 
nes  ^1),  cëst-à-  dire  désobéissance  au  roi. 

Le  maintien  de  la  paix  publique  est  le  devoir  primordial 
du  roi,  et  celui-ci  frappe  d'amendes  ceux  qui  portent  atteinte 
à  la  vie,  à  la  propriété,  ou  à  l'honneur  (2)  des  hommes 
libres. 


ero  haeilagrar  kirkîu  fraelsi  aftakaok  hetr  skipa  eftir  pui  sem  framazt 
faam  ver  raad  til  af  varom  tryggastû  m  annum  .  Cum  igitur  ante  corona- 
cionem  did i  regis  dubilacio  luerit  .  de  regis  iuramento  .  volens  predictus 
pater  ne  huiusmodi  dubilacio  rediviva  foret  in  posterum  precavere  .  utile 
quippe  etenhn  est  earn  rem  cognitam  esse  que  ignorata  vel  dubia  possit 
occasionem  litigii  ministrare  .  iuramentum  seu  professionem  factam  a 
domino  rege  .  ad  perpetuam  memoriam  .  presenlibus  Uteris  duxit  inse- 
rendam  .  et  ad  pleniorem  rei  evideneiam  sigillum  suum  apposuit  una 
cum  sigillis  venerabilium  patrum  .  domini  Andrée  Osloensis .  Jorundi 
Holensis  .  Erlendi  Ferensis  .  Arnonis  Skalotensis  .  Arnonis  Stawangrensis. 
Nerue  Bergensis  .  Thorfinni  Harnarensis  suffraganeorum  Nidrosiensis 
ecclesie  .  Actum  viii  .  Kal.  Augusti  loco  et  anno  supradictis  »,  Diploma- 
tarium  Norwegicum,  n°  09,  p.  02.  —  «  Duodecimo  sermone  sanximus  ; 
Ut  in  ordinatione  regum  nullus  permittat  pravorum  prœvalere  assensum; 
sed  legitime  reges  a  sacerdotibus  et  senioribus  populi  eligantur,  et  non 
de  adulterio  vel  incoestu  procreati;  quia  sicut  nostris  temporibus  ad 
sacerdotium,  secundum  Ganones,  adulter  pervenire  non  potest,  sic  nec 
Christ  us  domini  esse  valet,  et  rex  totius  regni,  et  haeres  patriae,  qui  ex 
legitimo  non  luerit  connubio  generatus  ».  Cone.  Calcuth.  Legal.  Spelm. 
p.  290 

1.  Cf    Eàdw.,  %  1  ;    Edelst.,  I,  §  20,22.20;  III,  §  7;  IV.  §  1,7;  V,  §11  : 
Eâdm  .  III,  %  i,  0,  7  ;  Eâdg  .  I,  §  4  ;  II,  §  7. 

2.  Cf    Hlodh  ,  §9,  M.  12.  13,  14;  MU ,§  37;  .E.lelst.,  I,  §  1  :  III.  §  'i  ; 
V,  ^  5. 


234  BEOWI  l.K 

Dans  les  cas  lies  graves,  il  peul  évoquer  devant  lui,  Les 
instances  criminelles  auxquelles  soul  mêlés  ceux  que  leurs 
richesses  ou  Leur  rang  semblaienl  devoir  soustraire  à  la  jus- 
lice  ordinaire. 

Au  cours  d'une  guerre  privée,  le  roi  peul  imposer  la 
paix  aux  parties  en  présence,  cl  il  L'ordonne,  par  tout  le 
royaume,  à  certaines  fêtes,  telles  que  Noel  ou  Pâques.  Le 
pouvoir  roya]  établit  les  grandes  divisions  du  pays  en 
shires  : 

«  Divisiones  scirarûm  regis  proprie  cum  iudicio  quatuor 
chiminorum  regalium  sunt  ».  (Eâdw.  conf.  i;  13). 

Il  apparaît,  aussi,  que  le  roi,  du  moins  en  théorie,  dut 
avoir  Le  pouvoir  de  délimiter,  en  cas  de  contestation,  les 
propriétés  privées  :  il  déléguait,  sans  doute,  cette  attribution 
à  ses  officiers,  dans  le  cas  de  conversion  de  fôlcland  en 
bôcland. 

Mais  l'institution  essentielle,  pour  assurer  la  paix  d'homme 
à  h  mime,  est  l'établissement  des  cours  de  justice,  auxquel- 
les Les  hommes  libres  peuvent  soumettre  leurs  contestations. 
sans  recourir  aux  armes.  11  y  avait  des  cours  de  justice  dans 
La  Ma  relu*  et  dans  le  (la,  dont  la  création  et  le  fonctionne- 
ment avaient  été  assurés,  du  consentement  de  tous  les  hommes 
libres.  Puis,  avec  les  progrès  de  la  monarchie,  le  roi  fut 
regardé,  comme  l'origine  et  le  dispensateur  de  toute  justice. 
quoique  sous  lui,  les  juges  qu'il  a  nommés,  l'administrent 
librement.  Os  juges  sont  régulièrement  inspectés,  selon 
L'usage  franc  et  romain,  par  des  Missi,  chargés  de  punir  les 
prévaricateurs,  et  de  rechercher  les  dénis  de  justice.  Asser 
rapporte,  dans  ses  Annales,  la  réprimande  faite  par  Jilfred 
à  des  juges  ignorants  : 

«  Je  m'étonne  de  votre  audace,  puisqu'ayant  accepté  les 
fonctions  d'hommes  avisés  et  prudents  au  conseil,  vous  avez 
négligé  les  enseignements  de  la  sagesse  !  Mon  désir  est  que 


LES  SAXONS  EN  ANGLETERRE  236 

vous  résigniez  vos  pouvoirs,  ou  que  vous  vous  adonniez  com- 
plètement à  L'étude  «les  lois. . .  •> 

Le  r<>i  représentai  La  juridiction   suprême  à  Laquelle  les 

parties  pouvaient  en  appeler,  parce  qu'il  exerçait  sa  domina- 
tion sur  les  autres  cours  de  justice,  qui  réquisitionnaient 
la  force  publique,  pour  assurer  L'exécution  de  leurs  arrêts, 
et  qui  se  trouvaient  ainsi  dépendre  du  pouvoir  «entrai. 
La  justice  du  roi  découlait  donc  de  son  pouvoir,  vire 
imperii  (1). 

I.  —  Le  Pardon.  Quand  un  jugement  était  prononcé,  il 
apparaît  que  dans  certains  cas,  le  roi  avait  le  pouvoir  de  faire 
surseoir  à  l'exécution,  et  de  pardonner  au  coupable.  Cette 
prérogative  remonte  à  une  haute  antiquité,  cpmuie  l'attes- 
tent de  nombreux  passades  des  lois  anciennes  (2). 

IL  —  La  Confiscation.  Avec  l'extension  des  pouvoirs 
royaux  et  l'accroissement  de  la  population!  les  anciennes 
compensations  pécuniaires,  furent  jugées  insuffisantes,  et  la 
confiscation  des  biens  du  coupable,  au  profit  du  roi,  fut  pra- 
tiquée comme  une  mesure  plus  sévère. 

Dans  la  haute  trahison,  le  conseil  à'JElfreâ  décrète  non 
seulement  la  peine  de  mort,  mais  encore  la  confiscation  de 
tous  les  biens  du  coupable  (3).  Pour  le  crime  d'avoir  tiré  le 
glaive  dans  le  palais  du  roi,  la  loi  d'Ini  prononce  la  peine 
capitale,  et  la  confiscation  générale  (4).  Si  un  seigneur  donne 
asile  à  quelque  bandit,  tous  ses  biens  sont  confisqués  ;  s'il 

1.  Cf.  Ivlolst.,  I,  20  ;  V,  S  11  ;  Eadg.,  Il,  g  :\  ;  Thorpe,  I,  200,  212,  240, 
206;  Cod.  Dipt.,  n°  1258;  /Edelr.;  Ill,  §  Il  ;  Thorpe,  I,  21)0;  Cod,  Dipl.\ 
n» 641. 

2.  «  Si  un  homme  tire  son  glaive  dans  It;  palais  du  roi,  cl  qu'il  soil 
pris  sur  le  fait, il  demeurera  ;i  la  merci  du  roi,  quj  pourra  le  faire  massa- 
crer ou  lui  pardonner  »,  Kll'.,  §  7:  lui,  $6:  Thorpe,  I,  60,  106;  lui. 
g  36;  Thorpe,  I.  124,  230.  250   208,  298,  330, 

:'».   <Elf.,§  4;  Thorpe,  I,  02.     • 
4.  lui.  g  6:  Thorpe,  I.  106. 


236  BEOWULF 

aide  le  bandil  dans  ses  entreprises,  la  force  publique  mar- 
che contre  Lui,  Le  dépouille  de  tous  ses  biens  qui  sont  dépar- 
tis, pour  moitié,  au  roi  ;  pour  moitié  à  ceux  qui  ont  pris  pari 
à  L'expédition  (1).  Les  chartes  présentent  de  nombreux 
exemples  de  confiscation,  à  la  suite  de  crimes,  où  les 
boclands  et  les  biens  propres  du  coupable  sont  mis  sous 
séquestre,  entre  les  mains  du  roi  :  encore  fallait-il  un  vote 
exprès  du  witan,  pour  que  le  roi  pût  valablement  confisquer 
un  fôlcland.  Vers  Tan  900,  Helmstân  s'étant  rendu  coupable 
du  vol,  Eânwulf,  geréfa  royal  à  Tisbury,  confisqua  toutes  ses 
terres  au  profit  de  la  Couronne  (2).  ne  lui  laissant  que  le 
lâenland,  réputé  insaisissable.  Pour  adultère  (3),  un  thane 
voit  ses  biens  confisqués,  bien  qu'il  les  tint,  à  titre  de  conces- 
sion, de  lévêque  de  Winchester;  et  de  même  manière,  une 
dame  noble  est  privée  de  ses  domaines,  pour  inconduite 
notoire  (4).  En  966,  l'évêque  de  Rochester,  ayant  obtenu 
jugement  contre  une  dame,  pour(  avoir  pénétré  avec  violence 
sur  ses  terres,  (reâflâc),  le  sheriff  de  Kent  fit  la  saisie  de  ses 
châteaux  de  Fawkham  et  de  Bromley  :  tous  ses  biens  furent 
confisqués  au  profit  du  roi  (5). 


1.  jEdelst.,  I,  §  20,  III,  §30  ;  Eàdm.,  II,  §1,6;  /Edelr.,  V,  §  28,  29,  VI, 
§  35,  37  ;  Thorpe,  I,  220,  228,  230,  248,  250,  258,  264,  310,  312,  324, 
330,  420. 

2.  Cod.  DipL,  n°  328. 

3.  Ibid.,  nos  601.  1090. 

4.  Ibid.,  n°  1295.  «  Quae  portis  terrae  cuiusdam  fœmhiae  fornicaria 
praevaricatione  mihimet  yulgari  subacta  est  tradilione  ».  JEdelred  , 
an.  1002. 

5.  Ilnd.,  n°  1258.  «  Dâ  stôd  dâre  wydewan  are  on  daes  cynges  handa  : 
dâ  wolde  Wulfstân  se  géré  fa  niman  da  are  tô  da?s  cynges  handa, 
Brômleàh  Fealcnahâm  ». 

Ibid.,  nos  579,  U12.  «  Quo  mortuo  prœdicta  mulier  JEUgyfn  alio  copu- 
lata  est  marito,  Wulfgat  vocabulo  ;  qui  ambo  crimine  pessi  mo  iusie 
ab  omni  inensati  sunt  populo,  causa  suas  machinationis  propria1,  de  qua 
modo  non  est  dicendum  per  singula,  propter  quam  vero  machinationern 


LES    SAXONS    EN    ANGLETERRE  237 

Au   iv  siècle-,    L'ealdorman   Wulfhere,   ayant  quitté  son 
duché  et   abandonné  son  seigneur,    sans    la   permission   de 


quae  iniuste  adquisierunt  iustc  perdideruDt  ».  Cod  Dipl..  n°  1305. 
«  Nain  quidam  minister  Wulfget  vulgari  relata  nomine  praefatam  ter- 
rain aliquando  posséderai,  sed  quia  inimicis  regis  se  in  insidiis  socium 
applicavit,  et  in  facinore  inficiendo  etiam  legis  satisfactio  ei  defecit,  idco 
haereditatis  suberam  penitus  amisit,  et  ex  ea  praedictus  episcopus  praes- 
criptam  villularn,  me  concedenle,  suscepit  »,  Cod  Dipl  ,  n»  1310.  <«  Has 
terrarum  portiones  .El trie  eognomento  Puer  a  quadam  vidua  Ëâdfléd 
appellata  violenter  abstraxit,  ac  deinde  cum  in  dueatu  suo  contra  me 
et  contra  omnem  gentem  meam  reus  existeret,  et  lise  quas  praenominavi 
portiones  et  universal  quas  possederat  terrarum  possessiones  mese  subactœ 
sunt  ditioni,  quando  ad  synodale  conciliabulum  ad  Cyrneceastre  universi 
optimates  mei  simul  in  unum  convenerunt,  et  eundem  /Ëlfricum  maiesta- 
tis  reum  de  hac  patria  profugum  expulerunt,  et  universa  ab  illo  possessa 
niiehi  iure  possidenda  omnes  unanimo  consensu  decreverunt  ».  Cod. 
Dipl.,  n°  1312.  «  Emit  quoque  praedictus  vir  /Edelmarus  a  me.  cum 
triginta  libris,  duodecim  mansiones  de  villulis  quas  matrona  quaedam 
nomine  Leôfïœd  suis  perdidit  ineptiis  et  amisit  »,  Cod.  Dipl..  n°  714. 
«  Hoc  denique  rus  cuiusdam  possessoris  Leofricus  onomate  quondam  et 
etiam  nostris  diebus  patema1  hœreditatis  iure  fuerat,  sed  ipse  impie 
vivendo,  hoc  est  rebellando  meis  militibus  in  mea  expeditione.  ac  rapinis 
insuetis  et  adulteriis  multisque  aliis  nefariis  sceleribus  semetipsum 
condempnavit  simul  et  possessiones  »,  Cod.  Dipt.,  n°  1307  «  Erat  autem 
eadem  villa  cuidam  matronae,  domine  .Edelflsede,  derelict  a  a  viro  suo, 
obeunte  illo,  qua1  etiam  habebat  gérmanum  quendam,  vocabulo  Leôf'si- 
num  quem  de  satrapis  nomine  tuli.  ad  eelsioris  apicem  dignitatis  dignum 
duxi  promovere,  ducem  constituendo,  scilicet,  euni.  unde  humiliari 
magis  debuerat,  sicut  dicitur,  «  Principem  te  constitueront,  noli 
extolli  »,  et  caetera.  Sed  ipse  hoc  oblitus,  cernens  se  in  culmine  maioris 
status  sub  rogatu  famulari  sibi  peslilentes  spiritus  promisit,  superbiae 
scilicet  et  audaciae,  quibus  nicbilominus  ipse  se  dedidit  in  tantum,  ut 
floccipenderet  quin  ofïensione  multimoda  me  multoties  graviter  offen - 
deret;  nam  praefectum  meum  /Eficum.  quem  primatem  inter  primates 
meos  taxavi.  non  cunetatus  in  propria  domo  eius  eo  inseio  perimere. 
quod  nefarium  et  peregrinum  opus  est  apud  christ ianos  et  gentiles. 
Peracto  itaque  scelere  ab  eo,  inii  consilium  cum  sapientibus  regni  mei 
petens,  ut  quid  fieri  placuissel  de  illo  décernèrent  ;  placuitque  in  com- 
miine  nobis  eum  exulare  et  extorrem  a  nobis  fieri  cum  complicibus  suis  ; 
statuimus  etiani  inviolatum   fondus  inter  nos,  quod  qui  praesumpsisset 


238 


HKOWI  II 


celùi-ci,  i'uf  condamné  à  la  confiscation  envers  Le  roi  (1).  Le 
l'ait  <lc  laisser*  une  terre  inculte,  impliquait,  pour  le  posses- 
seur, son  abandon  an  trésor  royal  (2). 

III.  —  Les  Amendes.  Celles-ci  étaient  établies  comme 
sanction  des  divers  crimes  et  délits  commis  au  préjudice  de 
l'Etat  ou  du  roi  :  la  collection  des  impôts,  étant  fort  difficile, 
en  épuisait  presque  le  montant,  dont  il  ne  parvenait  qu'une 
faible  somme  entre  les  mains  du  roi,  après  les  prélèvements 
de  reâldorman  et  du  geréfa.  Gnut  énumère,  cependant, 
comme  l'un  des  droits  de  sa  Couronne,  la  perception  des 
amendes  (3),  justifiée  par  sa  qualité  de  gardien  de  la  paix 
publique.  Ce  droit  pouvait  être  concédé  par  le  roi,  à  l'un  de 
ses  sujets,  qui  en  assurait  pour  lui,  le  recouvrement.   ■ 

IV.  —  Le  Droit  au  Trésor  trouvé.  Ce  droit  parait  avoir  été 
dune  grande  importance  :  il  est  désigné,  de  la  manière  sui- 
vante, dans  les  chartes  anglo-saxonnes  :  «  aile  bordas  bûfan 
eordan  and  binnan  eordan  ».  C'était  une  coutume  fréquente, 
dans  les  temps  primitifs,  que  de  cacher  des  trésors  sous  la 
terre  :  le  mourant  croyait  emporter  avec  soi,  tout  ce  bien  du 
monde  qu'il  allait  quitter,  et  d'autre  part,  la  suite  et  la  mai- 
son du  roi  devaient  sacrifier  aux  funérailles  du  prince,  tous 
les  avantages  matériels  gagnés  au  service  du  prince.  Dans 
Beowulf,  une  partie  du  trésor  conquis,  par  le  fatal  combat 
avec  le  dragon,  doit  accompagner  le  héros  dans  sa  tombe  ; 


infringere,  exhareditari  se  sciret  omnibus  habitis,  hoc  est,  ut  nemo 
nostrum  aliquid  humanitatis  vel  commoditatis  ei  summînistraret.  liane 
optionis  electionem  posthabitam  nichili  habuit  soror  eius  .Edelthed 
omnia  qua'  possibilitatis  eius  erant.  et  utilitatis  trains  omnibus  exercitiis 
studuil  explere,  et  hac  de  causa  aliarumque  quamplurimarum  exhaeredem 
se  fecit  omnibus  »,  Cod.  Dipl.,  n°  719 
t.  Cod.  Dipl  ,  u°  1078. 

2.  Hist.  &lieus\  I,  1 .   «  Sicque  postea  per  destitutionem  regiœ  sorti, 
sive  fisco,  idem  locus  additus  est  ». 

3.  Gnut,  II.  §  12;  Thorpe,  I,  38-2  ;  II,  §  15  ;  II,  §  14  ;  Thorpe,  I,  384. 


LES    SAXONS    EN    ANGLETERRE  239 

une  nuire  part  doit  être  brûlée  avec  son  cadavre, et  une  autre 
encore,  doit  être  enfouie  dans  Le  tertre  qui  recouvre  ses 
cendres  (Beôw.,  1.  6.016  et  suiv.,  1.  6.320)  : 

«  Ils  enfouirent  sous  le  tertre  les  anneaux  et  les  gemmes 
brillantes...  Ils  laissèrent  la  terre  garder  la  conquête  des 
nobles  héros;  L'or,  dans  la  poussière,  où  il  demeure  encore, 
inutile  aux  hommes,  comme  il  l'était  dans  les  jours 
passés.  » 

Une  grande  quantité  de  numéraire  dut  être  ainsi  enfouie, 
par  les  causes  que  nous  indiquons  plus  haut,  en  y  ajoutant  le 
peu  de  développement  des  relations  commerciales  ;  l'insuf- 
fisante rémunération  du  capital,  et  la  menace  des  guerres  et 
des  invasions  (1).  Les  anciens  auteurs  blâment  énergique- 
ment  ces  pratiques  de  thésaurisation,  qui  enlevaient  Tor  et 
l'argent  à  Futilité  générale.  Mais  la  croyance  populaire 
respectait  les  trésors  cachés  ;  une  crainte  superstitieuse  les 
protégeait  :  des  dragons  et  des  enchantements  étaient  censés 
les  garder,  et  on  redoutait  la  malédiction  divine,  eu  arra- 
chant à  la  terre,  ce  qu'une  volonté  dernière  du  mort  y  avait 
confié.  Le  trésor  trouvé  était  réputé  par  l'Eglise,  or  impur 
et  païen,  et  avant  de  passer  entre  les  mains  des  hommes 
libres,  il  était  purifié,  selon  les  rites.  Le  roi,  quoiqu'il  en 
soit,  était  le  possesseur  juridique  du  trésor,  et  si  le  proprié- 
taire du  lieu  où  il  était  trouvé,  le  gardait  entre  ses  mains, 
c'était  à  la  suite  dune  concession  expresse  de  l'autorité 
royale  (2).    Le  roi  faisait  ainsi,   l'abandon   fréquent  de  son 


1.  »  Partim  sepultis  thesauris,  quorum  plerrque  in  hac  estate  defo- 
(limitur,  Roman)  ad  petendas  suppetias  ire  Intendunt  »,  Will.  Malm., 
Gest.  Reg..  I,  §  3. 

2.  «  De  iuventoribus  thesauri  occultati  inventi,  haee  quidein  graviora 
sunt  el  majora,  eo  quod  personam  regis  tangunt  principaliter . . .  Sunt 
etiam  crimina  aliquantulum  minora,  siciit  heec...  »,  Fid.,  lib.  I.  cap.  XX, 
S  1,2,  3... 


240  BKOWULF 

privilège,  estimant,  en  fait,  que  relui  qui  avait  trouvé  le  tré- 
sor, pouvait  bien  le  garder,  sans  son  autorisât]  >n  et  trans- 
former, par  son  silence,  sa  possession  précaire,  en  propriété. 
V.  —  Fastus  ou  Convivium,  Cyninges  /cor m.  Un  des 
devoirs  du  roi  était  de  faire  en  personne,  ou  représenté  par 
les  Missi,  des  déplacements  périodiques  à  travers  le  pays. 
11  en  visitait  les  différents  districts,  y  proclamait  sa  paix. 
confirmait  les  droits  et  privilèges  des  hommes  et  des  collec- 
tivités libres,  et  entendait  les  plaintes  contre  ses  officiers. 
Ces  visites  avaient  pour  origine,  la  première  fonction  du 
roi,  celle  d'arbitre  des  limites  des  propriétés  privées,  et  le 
roi  ne  voulait  point  exciter  la  jalousie  des  cités  rivales,  en 
établissant  dans  l'une  d'elles,  seulement,  le  siège  de  son 
gouvernement.  Ainsi,  le  roi  mérovingien  parcourait,  en 
France,  son  royaume,  sur  un  char  attelé  de  bœufs;  chez  les 
Anglo-Saxons,  le  roi  semble  avoir  passé  à  cheval,  à  travers 
les  terres  soumises  à  sa  domination,  ou  il  remontait  encore 
sur  un  vaisseau,  les  cours  d'eau  navigables  (1).  Le  roi  avait 
le  droit  de  réquisitionner  pour  lui-même  et  pour  sa  suite, 
le  gite  et  la  nourriture  :  ces  obligations  furent  stipulées, 
même  à  l'endroit  des  Missi,  et  devinrent,  par  la  suite,  un 
impôt  fixe  (2),  dont  les  monastères  étaient  souvent  exonérés. 


I.  Will.  Malm.,  Gest.  Reg.,  II,  §  448.  «  Omni  sestate,  emensa  statim 
Paschali  festivitate  naves  per  omnia  littora  coadunari  praecipiebat  ; 
ad  occidentale  m  insulse  partem  cum  orientali  classe,  et  illa  remensa 
cum  occidental!  ad  borealem.  inde  cum  boreali  ad  orientalem  remigare 
consuetus  ;  pins  scilicet  explorator,  ne  quid  piratai  turbarent.  Hyeme 
el  vere,  per  omnes  provincias  equitando,  indicia  potentiorum  exquire- 
bat,  violati  iuris  severus  ultor  ;  in  hoc  iustitiœ,  in  illo  fortitudini  stu 
dens  ;  in  utroque  rëipublicae  utilitatibus  consulens  »,  Ges.  Reg..,  Il, 
§  15(5  ;  Flor.  Wig.,  an.  975.  «  Cum  more  assueto  rex  Cnuto  regni 
fines  peragrarat  »,    Hist.  Rames.  Eccl.  (Gale,  III,  441). 

t.  Cod.  Dipl.,  no  143.  «  Necnon  et  trium  annorum  ad  se  pertinentes 
pastiones,  id  est  sex  convivia,  libenter  concedendo  largitus  est». 


LES    SAXONS    EN    ANGLETERRE  241 

Ces  contributions  furent  même  imposées,  au  profil  de  tous 
les  officiers  royaux,  en  mission  par  service,  et  dénommés 
Angelcynnes  mèn,  Faesting  men,  Râede  fasting. 

VI.  —  Les  Palefrois.  Par  voie  de  conséquence,  le  roi 
avait  encore  le  droit  de  réquisitionner  des  chevaux,  pour  le 
trajet  dune  ville  à  l'autre,  tant  pour  lui-même  que  pour  ses 
messagers,  et  pour  ceux  qui  l'escortaient  (I).  Il  dut  y  avoir  de 
ce  droit  des  abus  considérables,  les  chevaux  ainsi  mis  au 
service  royal,  étant  enlevés  aux  travaux  des  champs.  Un 
droit  semblable  subsiste  en  Hongrie,  pour  les  courriers  du 
roi,  sous  le  nom  de  Vorspann. 

VIL  —  Le  Droit  de  Garde.  Le  roi  jouissait  du  droit  d'avoir 
auprès  de  lui,  une  garde  d'honneur,  pendant  son  séjour  dans 
un  district.  Il  était  dénommé,  en  bas-latin.  Vigilia  et  Gusto- 
dia,  ou  Head  ward,  en  anglo-saxon  (2).  Cette  garde  devait 
demeurer  sous  les  armes,  pendant  les  chasses,  auxquelles 
elle  finit  par  prendre  part  (3).  La  garde  des  côtes  de  la 
mer  était  également  un  droit  royal  que  subissaient  ceux  dont 

1.  «  Faciebanl  servit iuoi  regis  cum  equis  vel  per  aquam  usque  ad  Blid- 
beream,  Reddinges,  Sudtone,  Besentone  :  et  hoc  i'acientibus  dabat  pro- 
positus mercedem  non  de  censu  regis,  sed  de  suo  ».  Domcsd.  Berks. 
«  Erat  namque  antea  in  illo  supradicto  monasterio  pastus  unius  noctis 
régi,  et  octo  canum,  et  unius  caniculari  pastus,  et  pastus  noveni  noctium 
accipitrariis  regis,  et  quidquid  rex  vellet  inde  ducere  usque  ad  Curig  vel 
Willettun  cum  plaustris  et  equis,  et  si  advenae  de  aliis  regionibus 
advenirent,  debebant  ducatum  liebere  ad  aliam  regalem  villa  m  quae 
proxima  l'uisset  in  illorum  via  »,  Cod.  Dipt.,  n°  1 08 i . 

2.  «  Homines  de  bis  terris  custodiebant  regem  apud  Cantuariam  vel 
apud  Sandwic  per  très  dies,  si  rex  illuc  venisset  »,  Domesd.  Kent. 
«  Quando  rex  iacebat  in  hac  civitate.  servabant  eum  vigilantes  duodecim 
homines  de  melioribus  civilatis.  Et  cum  ibi  venationem  exerceret,  simi- 
liter custodiebant  eum  cum  arinis  meliores  burgenses  cabalos  habentes  », 
Domesd.  Shropsh  «  fsti  debent  vigilare  in  curia  domini,  cum  pra'sens 
merit  »,  Chartul.  Evesh.,  ('.  24. 

3.  «  (jui  monitus  ad  slabililionem  venationis  non  ibat  quinquaginta 
solidos  régi  emendabat  »,  Domesd.  Berks. 

16 


1'vl  111  (>\\  I  II 

les  domaines  étaient  voisins  de  la  hut.  Ce  droil  dut  être 
établi  en  raison  des  fréquentes  incursions  Scandinaves.  Il  es1 
même  probable  que  divers  ports  de  la  côte  du  Kent  ei  <lu 
Norfolk  subirent  ce  droit  de  garde,  accru  d'autres  charges, 

telles  que  la  réquisition  des  vaisseaux  particuliers,  que 
devaient  conduire  les  butsecarlns,  ou  pilotes. 

VII.  —  .  Ldificatio.  C'était  encore  un  droit  royal  que  celui 
d'exiger  les  services  et  l'aide  des  hommes  libres,  pour  édifier 
les  forteresses  ou  le  palais  du  roi  :  la  coutume  ajoutait 
encore  à  ces  travaux,  l'entretien  des  ponts  et  des  rein- 
parts. 

VIII.  —  Le  Droit  d'Epaves.  Parmi  les  Regalia,  ce  droit 
était  assez  important.  Edouard  le  Confesseur,  après  avoir 
rattaché  à  l'Himtingdonshire  divers  bourgs,  octroie  des  pri- 
vilèges et  des  redevances  à  leur  profit,  et  ajoute  (1)  : 

<(  Cum  onmi  maris  proiectu,  quod  nos  anglice  shipwrec 
appellamus...  de  meo  hire  quod  mihi  soli  competebat, 
absque  ullius  reclam atione  vel  contradictione  is  ta  addidi  : 
imprimis  Ringested,  cum  omnibus  ad  se  pertinentibus,  et 
cum  omni  maris  eiectu,  qu  d  shipwrec  appellamus...  ». 

Le  Naufragium  et  l'Algarum  maris,  sont  expressément 
cités,  comme  droits  de  la  Couronne,  dans  les  lois  d'Henri  Ier  (2), 
La  Chronique  saxonne  de  l'an  1029,  rapporte  la  concession 
faite  par  Cnut  à  Christchurch,  Canterbury,  du  port  de 
Sandwich  (3)  : 

«  Concedo  eidem  aeeclesiae  ad  victum  monachorum  portum 
de  Saiiduuic  et  onines  exitus  eiusdem  aqua1,  ab  utraque  parte 
fluminis  cuiuscumque  terra  sit,  a  Pipernaesse  usque  ad 
Mearcesfleôte,  ita  ut  natante  nave  in  flumine,  cum  plenum 


1.  Cod.  Dipt.,  no  809. 

2.  Leg.  Hen.,  I,  10,  §  1. 

3.  Cod.  Dipt,  n°  737. 


LES    saxons   EM    ANGLETERRE  343 

fuerit,  quam  longiui  de  aavi  potest  seouris  parvala  quam 
Angli  vocanl  T&pereax  super  terrain  proici,  ministri  aeoclesiœ 
Christi  rectitudines  açcipiant...  Si  quid  autem  in  magna  mari 
extra  portuni,  quantum  mare  plus  se  retraxerit,  et  adhuc 
statura  unius  hominis  tenentis  Lignum  quod  Àngli  nomiuant 
sprâût,  et  tendentis  ante  se  quantum  potest,  monachorum 
est.  Quioquid  etiam  ex  hac  parte  medietatis  maris  inventum 
et  delatum  ad  Sanduuic  fuerit,  sive  sit  vestimentum,  sive 
rete,  arma,  fer  rum,  aurum,  argentum,  medietas  monacho- 
rum erit,  alia  pars,  remanebit  inventoribus.  » 

Edouard  le  Confesseur  écrit  aussi,  en  termes  presque 
identiques,  à  .Elfwolf,  évêque  de  Sherborne,  àl'earl  Harold, 
à  .Elfred,  sheriff  de  Dorsetshire  (1)  : 

«  Eâdweard,  le  roi,  salue  l'évêque  iElfwolf,  l'earl  Harold, 
.Elfred  le  sheriff,  et  tous  ses  thanes  dans  le  Dorsetshire  :  il 
leur  fait  savoir  que  X***,  son  nouveau  vassal,  aura  tout  pou- 
voir sur  ses  domaines,  en  mer  et  sur  la  grève,  et  sur  tout  ce 
que  la  mer  pourra  apporter  sur  ces  bords...  » 

Le  principe,  en  cette  matière,  semble  avoir  été  que  toute 
chose  sans  possesseur  juridique,  appartient  à  l'Etat,  ou  au 
roi  qui  en  est  le  représentant.  D'où  il  s'ensuivit,  que  l'on 
exigea  que  l'épave  eut  été  entièrement  abandonnée,  pour 
que  naquit  sur  elle,  le  droit  du  roi.  La  présence  à  bord  de 
tout  être  vivant  ou  de  quelque  auimal,  en  entravait  l'exer- 
cice ;  ce  qui  empêcha  souvent  qu'on  ne  portât  secours  aux 
naufragés.  Et  le  droit  d'épaves  dut  même,  en  ces  temps  de 
barbarie,  provoquer  parfois  le  meurtre  des  sinistrés. 

IX.  —  Le  droit  de  battre  Monnaie.  La  pièce  de  monnaie, 
chez  les  Anglo-Saxons,  portait  l'effigie  et  le  nom  du  roi,  et 
si  l'émission  en  était  ordonnée,  selon  les  besoins  de  la  cir- 
culation, par  le  roi  et  le   witena-gemôt,  le  monarque  seul 

1.  Cod.  DipL,  n°  871. 


'2  i  \  HEOWULF 

pouvait  La  démonétiser,  Ainsi  Lâdgar  fit-il,  eu  975,  de  pièces 
dont  le  poids  s'était  perdu  par  l'usage.  Le  roi  concéda  son- 
vent,  à  titre  onéreux,  son  droit  à  des  particuliers,  au  clergé 
notamment,  qui  payaient  une  forte  redevance  à  In  Cou- 
ronne (1). 

X.  —  Les  Mines.  Les  mines  et  les  minerais  furent  compris 
parmi  les  regalia,  des  rois  germains  et  anglo-saxons.  Dans 
un  document  de  l'an  689,  Osmini  de  Kent,  fait  à  un  vassal, 
la  concession  d'une  mine  de  fer.  D'autres  actes  de  même 
nature  sont  consignés  dans  le  Codex  Diplomaticus. 

Le  roi  percevait  sur  les  produits  de  la  mine  une  taxe,  sans 
compter  le  fermage  de  la  mine,  elle-même  (2) 

XI.  —  Les  Marchés.  Les  droits  sur  les  marchés,  sur  les 
poids  et  mesures,  appartenaient  au  roi  qui  pouvait  les  con- 
céder. En  904,  Eâdweard  fait  l'abandon  de  ces  droits  sur  un 
marché,  à  Taunton,  à  lévêque  de  Winchester,  et  .Edelred 
de    Mercie  accorde  la  moitié  des  redevances  du  marché,  à 


1.  Matt.  Westm.,  an.  97o. 

«  Ibi  erant  duo  monetarii  ;  quisque  eorum  reddebat  régi  iinaui  marcam 
argenti,  et  viginti  solidos,  quando  moneta  vertebatur  »,  Domesd.  Dorset. 
«  Septem  monetarii  erant  ibi  ;  unus  ex  bis  erat  monetarius  episcopi. 
Quando  moneta  vertebatur,  dabat  quisque  eorum  octodecim  solidos  pro 
cuneis  recipiendis,  et  ex  eo  die  quo  redibant  usque  ad  ununi  rnensem, 
dabat  quisque  eorum  régi  viginti  solidos.  et  similiter  habebat  episcopus 
de  suo  monetario.  In  civitate  Wirecestre  habuit  rex  Edwardus  banc 
consuetudinem.  Quando  moneta  vertebatur,  quisque  monetarius  dabat 
xx  solidos  ad  Londoniam,  pro  cuneis  moneta1  accipiendis  »,  Domesd. 
Worcester. 

/Edelr.,  III.  §8:  IV,  §9.  Thorpe.   I,  296,  H03. 

2.  Cod.  Dipt.,  n°  30. 

Ibid.,  no  67.  «  Aliquam  agelli  partem  in  qua  sal  confici  solet . . .  ad 
construcndos  très  casulos  et  sex  caminos...  sex  alios...  caminos  in 
duobus  casulis,  in  quibus  similiter  sal  conficitur,  vicarios  accipiens  ». 

Ibid.,  n»  77.  «  Quarta  pars  aratri...  sali  coquendo  accommoda..  Et 
insuper  addidi  buic  donationi...  in  onmi  anno  centum  plaustra  onusta 
de  lignis  ad  coquendum  sal  ». 


LES    SAXONS    EN    ANGLETERRE  245 

l-évêque  de  Worcester.  Los  marchés,  pour  plus  de  sûreté,  se 
tenaient  dans  les  cités  et  les  places  fortes  (1). 

XII.  —  Le  Péage.  Ce  droit  du  roi  s'exerçait  sur  les  ports, 
sur  les  transports  par  terre,  et  sur  les  cours  d'eau  naviga- 
bles (2).   Au  vme  siècle,  Julelbald  de  Mercic  accorde  à  un 


Cod.  In /il  .  n°  85. 

Ibid.,  n°  j234.  a  El  in  eodem  loco  sali  coquenda  iuxta  Limenae,  el  in 
si I va  ubi  dicitur  Andred,  centum  viginti  plaustra  ad  coquendum  sal  ». 

lbid.%  n°  237 .  «  Cum  putheis  salis  el  fornacibus  plumbis  ». 

[bid.,  n"  1 0HO.  «  Ego  .Edelred,  divina  largiente  gratia  principatu 
et  domino  genlis  Merciorum  subfultus,  donatione  Irado  /Edelwulfo 
lerram  quinque  nianentium  in  loco  qui  dicitur  Hymeltun...  salisque 
coctiombus,  id  est,  scx  vascula  possint  praeparari  salva  libertate,  sine 
aliquo  tributo  dominatoris  gentis  pncdiche,  sive  ducum,  indicumve  et 
prœsidum,  id  est  statione  sive  inonei'atione  plaustrorura,  nisi  solo  il l i  qui 
huic  praedictœ  terrœ  Hymeltune  dominus  existât...  ut  haec  traditio,  sive 
in  terra  prsedicta,  sive  in  vico  salis,  absque  omni  censu  atque  tribulo 
perpetualiter  libera  permaneat  ». 

1.  Ibid.,  n°  280.  «  Habeat  intus  liberaliter  modium  el  pondéra  et 
memsura[m],  sicut  in  porto  mos  est  ad  frùendum  ». 

Ibid.,  no  310.  «  Et  intro  urnam  et  trutinain  ad  mensurandum  in 
emendo  sive  vendendo  ad  usum,  sive  ad  necessitatem  propriam  et 
liberam  omnimodis  habeat...  Si  aulem  foris  vel  in  strata  publica  seu  in 
ripa  emptorali  quislibet  suorum  mercaverit,  iuxla  quod  rectum  sit, 
thelonium  ad  man  uni  regis  subeat  :  quod  si  intus  in  curie  praedicta 
quislibet  emerit  vel  vendiderit,  thelonium  debitum  ad  manum  episcopi 
supramemorati  reddatur  ». 

2.  Cf.  Bôhmer,  Regest.  Karol.,  nos  7,  14,  28,  31,  67,  71,  83.  89,  97, 
111,  163,  206,  217,  220,  227,  231,  240,  252,  260.  272,  283,  288,  304,  308, 
398,  415,  461,  463,  559,  561.  36i,  5%.  586,  592,  593,  605,  652,  693,  739, 
787,  837.  885,  4528,  2067,  2073. 

Ibid. ,  n°  84.  «  Navis  onustae  transvectionis  censum  qui  a  thelo- 
neariis  noslris  tributaria  exactione  impetitur,  perdonans  attribuo  ;  ut 
ubique  in  regno  noslro  libera  de  omni  regali  fiscu  et  tributo  maneat  ». 

Cod.  Dipt.,  n°  95.  »  Dâ  forgeo fende  ic  him  âlvfde  aile  nédbade  twégra 
sceopa  da  de  dau*  àbœdde  beôd  fram  dâm  nédbaderum  in  Lundentûnes 
hvde  ;  ond  naefre  ic  né  mine  last weardas  né  da  nédbaderas  gepristlaêcen 
dret  heô  hit  onwenden  odde  don  widgeen  ».  Ibid.,  nos  97,  98,  112. 

Ibid.,   no  78.»  Indica  me   Secisse...    iinius   navis,   sive   ilia    propria 


2'iG  &E0W1  11 

Monastère,  L'exemption  de  péttge,  à  travers  !<•  royaume, 
pour  un  seul  vaisseau,  chargé  d<i  marchandises.  A  Milraed, 
évoque  <lc  Worcester,  il  fait  remise  des  < I rc»i ts  de  péage  sur 
<I(mi\  vaisseauxj  payables  dans  Le  port  de  Londres. 

XIII.  —  Les  Forêts.  Le  droit  <lu  roi  sur  les  forêts  était 
consacré,  dès  la  plus  haute  antiquité  :  on  le  qualifiait  de 
bannum  Forestse  ou  Forstbann  (Eichhorn,  Deut.  Staatsr.,  I, 
813,  §  199).  L'exploitation  immédiate  de  la  forêt  consistait 
en  coupes  de  bois,  en  chasses  et  en  pâturages. 

Dans  la  division  primitive  des  terres,  des  forêts  entières 
ont  pu  tomber  dans  le   domaine  du  roi,  alors  que  déjà,  le 


ipsius,  sive  cuiuslibet  alterius  hominis  sit,  ineessum,  id  est  Vectigal, 
milii  et  antecessoribiis  incis  iure  regio  in  portu  Lundonia1  usque  h  al  ten  us 
côtnpêtentem  »>. 

.Fdelr.,  IV,  §  2.  »  De  telonio  dando  ad  ByHngesgate.  Ad  Billingesgate, 
si  advenisset  una  navicula,  imus  obolus  telonei  dnbatur  :  si  maior  et 
habefët  siglas,  unus  denarius.  Si  arlveniat  ceôl  vel  hulrus,  et  ibi  iaceat, 
quatuor  denarios  ad  teloneum.  De  navi  plena  lignorum,  unnm  lignum 
ad  teloneum.  In  ebdoinada  panum  telonium  tribus  diebus,  die  dorninica, 
et  die  Martis  et  die  Jovis.  Qui  ad  pontem  venisset  cum  uno  bato.  ubi 
piscis  inesset,  ipse  mango  unum  obolum  dabat  in  telonium,  et  de  una 
maiori  nave,  unum  denarium  Homines  de  Kotomago,  qui  veniebant  cum 
vino  vel  craspice,  dabant  rectitudinem  sex  solidorum  de  magna  navi,  et 
vicesimum  frustum  de  ipso  craspice.  Flaudrcnses  et  Ponteienses  et 
Normannia  et  Francia,  monstrabant  res  suas  et  extolneabant.  Hogge  et 
Leodium  et  Nivella,  qui  per  terras  ibant,ostensionem  dabant  et  teloneum. 
Et  bomines  Imperatoris,  qui  veniebant  in  navibus  suis,  bon  arum  legum 
digni  tenebantui".  sicut  et  nos.  Pneter  discarcatam  lanum  et  dissutum 
unctum  et  très  porcos  vivos  licebat  eis  emere  in  naves  suas  ;  et  non 
licebat  eis  aliquod  foreceàpum  facere  burhmannis  ;  et  dare  telonium 
suum,  et  in  sancto  Natal!  Domini  duos  grisengos  pannos,  et  unum 
brunum,  et  decern  libras  piperis,  et  cirotecas  quinque  bominum,  et  duos 
caballinos  tonellos  aceto  plenos,  et  totidem  in  Pascha  :  de  dosseris  cum 
gallinis.  una  gallina  telonei,  cl  de  uno  dossero  cum  ovis,  quinque  ova 
telonei,  si  veniant  ad  mercatum.  Snieremangestre,  quae  mangonant  in 
caseo  et  butiro,  quatuordecini  diebus  ante  Natale  Domini,  unum  dena- 
rium. et  septem  rliebus  post  Natale,  unum  alium  ». 


LES    n\\u\s    I \    ANGLETERRE  217 

folcland  comprenait  avec  des  espaces  boisés,  très  étendus, 
ces  retraites  vénérées  qui  n'étaient  comprises  dans  aucun 
lotissement  «  Lucos  cl  netnora  consecrant  »,  Tac.  Germ.,  IX). 
Suc  ces  forêts,  le  i*oi  exerçait  tous  les  droits  de  la  propriété 
privée,  et  dans  chaque  comté,  il  nommait  quatre  thanes 
(printarii  fûre$tœ)s  pour  connaître  de  tous  différends  et 
délits,  touchant  aux  forêts.  Sous  les  ordres  de  ceux-ci,  il 
y  avait  seize  officiers  secondaires,  aidés  chacun  de  deux 
archers,  qui  gardaient  la  foret  et  y  faisaient  des  travaux 
d'entretien.  Les  primarii  forestœ  recevaient  du  roi,  en  paie- 
ment de  leurs  services,  et  par  année,  deux  chevaux,  dont 
L'un  était  sellé,  un  sabré,  cinq  lances,  un  javelot,  un  bou- 
clier et  deux  cents  shillings  d'argent  ;  aux  officiers  secon- 
daires, il  était  remis  :  un  cheval,  une  lance,  un  bouclier,  et 
soixante  shillings  ;  aux  archers,  enfin,  une  lance,  un  arc,  et 
cinquante  shillings.  Os  officiers  étaient  exemptés  de  toutes 
charges  ;  ceux  de  la  seconde  classe  faisaient  le  service  des 
audiences  de  la  Cour  des  Forêts  (Swânmot),  où  le  roi,  quand 
il  était  présent,  demeurait  seul  juge  des  différends,  soumis 
à  la  décision  de  ses  officiers.  La  cour  tenait  ses  assises  quatre 
fois  l'an  ;  elle  pouvait  ordonner  les  épreuves  judiciaires,  et 
exercer  les  droits  de  juridiction  souveraine,  comme  les 
cours  supérieures.  Les  personnes  de  ces  officiers  étaient 
inviolables,  et  sévèrement  protégées  par  la  loi  :  la  violence 
envers  eux,  entraînait  pour  l'homme  libre,  la  perte  de  sa 
liberté  ;  quant  au  serf,  on  lui  tranchait  la  main,  et  en  cas  de 
récidive,  c'était  la  peine  de  mort  qu'il  subissait. 

Les  délits  commis  dans  les  forêts  étaient  de  diverse 
nature,  et  d'un  degré  différent  de  gravité.  Les  ferse  forestàè 
n'étaient  j3as  aussi  protégées  que  les  jfersè  régules.  Le  délit 
d'avoir  chassé  une  bête  de  la  forêt,  volontairement  ou  sans 
intention,  était  puni  pour  l'homme  libre,  d'une  amende  de 
dix  shillings  ;  pour  le  serf,  de  la  flagellation.  Mais  s'il  s'agis- 


218  BEOWl  II 

sail  d'une  bête  royale  ;  d'un  cerf,  par  exemple,  L'homme 
Libre  perdait  Le  senium  libertatis,  et  Le  serf,  sa  vie.  Les 
évêques,  h*s  abbés  et  les  barons  n'étaient  pas  inquiétés  pour 
avoir  chassé  dans  les  forets  royales,  hormis  le  ras  où  ils 
tuaient  im  cerf  :  le  roi  prononçait  alors  contre  eux,  telle 
pénalité  qu'il  lui  plaisait  fixer.  La  chasse  du  chevreuil,  du 
lièvre  et  du  lapin,  était  passible  d'amendes.  Les  loups,  les 
renards  et  les  ours  n'étaient  pas  regardés  comme  gibier  de 
forêt  :  on  pouvait  les  chasser  avec  impunité,  hors  des  limites 
de  la  forêt.  On  ne  pouvait  y  couper  de  menu  bois,  sans 
l'autorisation  du  primarius,  et  celui  qui  abattait  un  arbre, 
devait  payer  une  compensation  de  vingt  shillings.  Tout 
homme  libre  (mediocris)  pouvait  chasser  sur  ses  propres 
terres,  mais  sans  équipage  ;  l'homme  noble  (liberalis),  pou- 
vait avoir  une  meute,  mais  à  une  distance  de  dix  mille  de  la 
forêt  royale.  Si  un  chien  pénétrait  dans  le  rayon  de  celle-ci, 
le  maître  était  puni  d'une  amende  de  dix  shillings,  et  s'il 
poursuivait  une  bête  dans  la  forêt,  l'amende  était  portée  à 
douze  cents  shillings. 

Telle  fut  la  législation  des  forêts  sous  Gnut  :  sa  sévérité 
même  donne  une  preuve  de  l'extension  du  pouvoir  royal,  au 
commencement  du  xie  siècle.  Néanmoins,  les  dispositions  de 
la  loi  consacrent  le  droit  de  chasse  des  nobles,  de  toutes 
bêtes  des  forêts  royales,  à  l'exception  du  cerf  ;  elles  autori- 
sent, encore,  tout  homme  libre  à  chasser  sur  sa  propriété,  à 
condition  qu'il  n'empiète  pas  sur  les  chasses  royales  Mais 
cette  législation  n'avait  pas  toujours  présenté  la  même 
rigueur  :  .Elfred  autorisait  bien  le  possesseur  du  laenland, 
à  pourvoir  à  sa  subsistance,  par  la  pêche  et  par  la  chasse,  et 
jusqu'au  xe  siècle,  les  évêques  avaient  conservé,  proprio  iitre, 
le  droit  de  chasse  dans  leurs  forêts  (1). 

1.  Cod.    Dipt.,  ii°s   1086,   4287  :  «  Sert    et  venationis  sepem   domini 


LES    SAXONS    K\     ANGLETERRE  *249 

Quelquail  été  l'importance  de  La  chasse,  elle  Qe  demeu- 
rait pas  Le  droit  forestier  Le  plus  important.  Los  faines  de  la 
forêt  qui  servaient  de  nourriture  aux  troupeaux  de  pores,  et 
les  coupes  de  bois,  constituaient  les  rendements  essentiels  de 
la  foret.  Les  chartes  royales  en  octroyaient  la  concession,  à 
titre  onéreux,  à  des  particuliers,  ou  à  des  corporations,  telles 
des  monastères,  qui  s'étaient  élevés  au  cœur  de  la  forêt. 

En  845,  -Edelwulf  concède  à  Badonod,  un  droit  de  pâture, 
pour  ses  troupeaux,  avec  ceux  du  roi,  sur  les  terres  de  la 
cité  de  Canterbury  (Cod.  Dipl.  N°  259).  En  855,  le  même  roi 
fait  don  à  Dun,  son  thane,  de  deux  chariots  de  bois  coupé 
dans  la  forêt  royale  ;  en  839,  il  fait  à  Dudda,  la  même  libéra- 
lité. En  772,  Offa,  en  concédant  des  terres  à  l'abbé  .Edel- 
nod,  y  ajouta  un  droit  de  perpétuelle  pâture,  avec  licence  de 
mener  paître  une  chèvre,  avec  le  troupeau  du  roi,  dans  la 
forêt  royale.  Les  chartes  font  allusion  à  diverses  catégories 
de  forêts  royales,  qu'il  convient  de  distinguer  :  les  forêts  tel- 
les que  Saenling,  Blean,  Andred,  étaient  dites,  silvœ  regales  : 
le  roi  pouvait  concéder  sur  elles,  les  droits  de  pâture  et  de 
coupe,  qui  lui  étaient  propres.  Les  forêts,  appartenant  aux 
cités  et  aux  communautés,  étaient  dénommées  silvœ  commu- 
nes (ceasterwara-weald,  burhwara-weald)  :  le  roi  sur  elles, 
concédait  aux  habitants  de  la  cité,  ou  aux  membres  des  col- 


episeppi  ultronei  ad  aedificandUm,  repperiantur,  suaque,  quandocunque 
domino  episcopo  libererit,  venabula  destinent  venatum  ». 

±.  Cod.  Dipl  .  n°  276  «  Et  decern  eatros  cum  silvo  (sic)  honestos  in 
monle  regis,  el  communionem  marisci  qnae  ad  illam  villam  antiquitus 
cum  recto  pertinebat  ». 

Ibid..  n°  241.  «  Duobusque  earris  dabo  licentiam  si  If  am  ad  illas 
secundum  antiquam  consuetudinem  et,  constiluidem  \sic)  in  aestale  per- 
ferendam  in  commune  sill'a  quod  nos  saxonic.e  ingeménnisse  dicimus  » 

Ibid  ,  n°  119.  «.  Et  ad  [)ascendum  porcos  et  pecora,  et  iumenta  in 
silva  regali  aeternalitèr  perdono  :  et  unius  ca^rae  licentiam  in  silva  qua' 
vocatur  Saenline  ubi  meae  vadunt  », 


w2.")0  IHOWII.K 

Lectivités,  une  jouissance  commune.  Dans  une  dernière  caté- 
gorie, figuraient  les  petits  bois,  se  rattachant  naturellemenl 
à  di's  domaines,  dont  ils  ne  faisaient  pas  juridiquement 
partie;  ces  bois  sonl  ainsi  désignés  dans  Les  chartes  :  «  ter- 
rain cum  bommunibus  utilitatibus,  pascuis,  pratis,  sihis. 
piscariis»..  «  En  706,  ^Edelveard  dos  llwiccas,  limita  son 
droit  dcpAture,  dans  les  forêts  appartenant  au  bourg  d'Eves- 
ham,  à  un  troupeau  de  porcs,  et  ÊCgberht,  en  835,  (i),  auto- 
rise un  thane  à  prendre,  du  bois,  pour  ses  constructions  dans 
la  forêt  royale. 

XIV. —  L'Atibaine.  Au  roi  appartenait  encore  la  protection 
de  l'étranger  établi  dans  son  royaume.  Et  la  conséquence  de 
cette  protection  était  le  droit  du  roi  à  une  part  du  wergyld 
de  l'étranger,  et  à  la  propriété  des  biens  de  celui-ci,  après  sa 
mort. 

Dans  la  tradition  anglo-saxonne,  le  roi,  l'earl,  lévêque 
sont  les  protecteurs  nés  de  l'étranger,  et  comme  contre-par- 
tie, ils  héritent  de  l'étranger  mort  intestat,  et  de  son  vivant, 
ils  reçoivent  de  lui  une  redevance  pécuniaire,  pour  la  pro- 
tection qu'ils  lui  accordent.  En  835,  Ecgberht  abandonne  les 
héritages  de  Gaulois  et  de  Bretons,  au  monastère  d'Abing- 
don.  Les  Juifs  étaient  protégés  de  la  même  manière  que  les 
autres  étrangers,  et  dans  ses  lois  Eâdweard  le  Confesseur, 
se  déclare  protecteur  de  tous  les  Juifs  du  royaume,  titre  et 
droit  qu'il  transmit  à  ses  successeurs  normands  (2). 

1.  Cod.  Dipt.,  ii°  56.  «  Eicepto  eo,  ut  si  quando  in  insula  eidem  rûri 
pertinente  proventus  copiosior  glandis  acciderit,  uni  solummodo  gregi 
porcorum  saginœ  pastus  régi  concederetur ;  et  prêter  hoc  nulli,  neque 
principi,  neque  prad'eeto,  neque  tiranno  alicui,  pascua  constituantur  ». 

Ibid . ,  n°  23(i.  «  Silva  quoque  omnis  qua°  illi  aecclesia1  et  suburbanis 
eius  suppetit,  in  omnibus  causis  sit  libera,  et  non  secetur  ibi  ad  regis 
vel  principis  sedificia  aliqua  pars  materia1  grossi  vel  gracilis...  ». 

2.  Ibid,,  n°  236.  «  Similiter  de  hœreditate  peregrinorum,  id  est 
Gallorum  et  Brittonum  et  horum  similium,  aecclesise  reddatur.  Pra^tium 


LES    SAXONS    EN    ANGLETERRE  '2  '\  I 

XV. —  Les  Touts.  Il  est  probable  qu'aucun  homme  libre  ne 
pouvait  entreprendre  l'édification  dun  j>ont,  sans  l'autorisa- 
tion royale.  Le  péage  que  devait  percevoir  le  constructeur, 
justifiait  la  licence  royale* 

XVI.  —  Les  Châteaux.  Avec  la  centralisation  du  pouvoir 
royal,  le  monarque  parvint  à  réserver  à  la  Couronne,  le 
droit  exclusif  d'élever  des  châteaux-forts,  droit  qu'il  concé- 
dait à  ceux  qu'il  voulait  favoriser  Dans  le  premier  établis- 
sement de  la  cité,  les  habitants  de  celles-ci  fortifient  eux- 
mêmes  leurs  demeures,  mais  quand  le  comte,  le  roi  ou 
l'évèque  entrent  en  vainqueurs,  dans  la  cité>  ils  s'empres- 
sent de  détruire  ces  ouvrages. 

Un  exemple  de  licence  royale,  se  rencontre  dans  la  con- 
cession faite  par  .Edelflaed  et  .Edelraed,  en  880,  à  l'évêque 
de  Worcester,  pour  lui  permettre  d'élever  une  forteresse 
dans  la  ville,  autour  de  sa  cathédrale,  pour  la  défendre  des 
invasions  danoises  (1).  Au  début  de  l'histoire  anglo-saxonne  > 
il  a  pu  y  avoir  des  forteresses,  appartenant  à  des  particuliers, 
comme  Sulmonnes  burh,  ou  chdlean  de  Siilman  ;  et  par  la 
suite  (2),  plusieurs  grands  de  la  cour  du  roi,  reçurent  le  pri- 
vilège de  fortifier  leurs  propres  résidences,  comme  il  advint 
des  châteaux  de  Pentecost  et  de  Rodberth,  sous  Eàdweard  le 
Confesseur. 


quoqtie  sanguinis  peregrinorum,  id  est  wergt/ld,  dimidiam  partem  rex 
teneat,  dimidiam  a.'crlesiœ  antedicta»  reddant  ». 

Eâdw.  Conf  ,  §  25.  «  Sciendum  est  quod  omnes  Juda'i,  ubieunque 
regno  sint,  sub  tutela  et  defensione  regis  ligie  debent  esse.  Neque  aliquis 
eorum  potest  subdere  se  alicui  diviti  sine  licentia  regis;  quia  ipsi  Juda'i 
et  omnia  sua  regis  sunt.  (Juod  si  aliquis  detinuerit  illos  vel  pecuniam 
eorum,  rex  requirat  tanquam  suum  proprium,  si  vult  et  potest  ». 

Cnut,  II,  §  40  :  Thorpe,  I,  400;  Eâdw.  Gud.,  §  12;  Thorpe,  I,  174: 
.Kdelr.,  IX,  §  33  ;  Cnut,  II,  |  40  ;  Hen  ,  I,  X,  §  3  ;  LXXV,  §  7. 

1.  Cod.  Dipl.,  n°  1075. 

2.  Chron.  sax.,  1053. 


252  BEOWULF 

XVII.  —  Les  Routes.  Les  grandes  routes  étaient  seules 
regardées  connue  routes  royales.  Les  voies  qui  y  aboutis- 
saient directement,  appartenaient  aux  comtés.  Chaque  pro- 
priétaire dut  avoir  le  privilège  de  tracer,  dans  ses  terres, 
des  routes  et  sentiers,  à  sa  volonté,  et  les  noms  des  routes 
sont  souvent  dérivés  de  ceux  des  possesseurs  du  sol  (1). 

Will.  —  Les  Ports.  Les  ports  et  havres  pouvaient  être 
affermés  à  des  individus,  ou  à  des  collectivités,  par  un  acte 
du  pouvoir  royal.  Les  ports,  en  raison  des  besoins  naissants 
du  commerce,  étaient  généralement  ouverts  :  le  roi  avait  le 
pouvoir  de  désigner  ceux  d'entre  eux  qui  devaient  être  fer- 
més, et  de  lever  cet  interdit,  quand  il  le  jugeait  opportun. 
En  994,  /Edelraed  et  son  conseil  décident  (2),  que  tout 
navire  marchand  qui  entrera  volontairement  dans  un  port 
libre  y  sera  reçu  en  amitié  ;  ef  qu'au  cas  où  il  serait  poussé, 
par  la  tempête,  dans  le  port,  il  y  trouverait  asile,  avec 
un  refuge  (fridburh),  pour  les  hommes  et  pour  la  car- 
gaison. 

XIX.  —  La  tutelle  et  le  mariage.  Les  droits  du  roi,  en 
matière  de  tutelle  et  de  mariage,  dérivaient  de  l'institution 
du  comitatus  ;  ils  étaient  limités  aux  enfants  et  aux  veuves 
des  thanes,  ou  comités. 

La  loi  de  Gnut  (If,  §  74,  75)  contient  à  ce  sujet,  les  dispo- 
sitions suivantes  : 

«  Que  la  femme  demeure  douze  mois  sans  époux  ;  puis, 
qu'elle  agisse  selon  sa  volonté.  Si  elle  choisit  un  époux  dans 
l'année,  qu'elle  perde  et  sa  dot,  et  tous  les  biens  qu'elle  pos- 
sède, du  fait  de  son  premier  mari,  et  que  son  plus  proche 
parent  soit  mis  en  possession  desdits  biens  ..  Si  la  veuve  a 


1.  Bôhm,    Reg.   KaroL,   n«s   248,   316;    Red.    Sing.  Pers.,   Thorpe, 
I,  432. 

2.  ^delr..  Il,  §2;  Thorpe,  I,  284. 


LES    SAXONS    EN    ANGLETERRE  253 

été  enlevée,  par  violence,  qu'elle  perde  également  ses  l>i«Mis, 
à  moins  qu'elle  ne  quitte  son  ravisseur...   » 

XX.  -  Le  Heregeatve,  ou  droit  successoral.  Ce  droit  prit 
naissance  dans  la  coutume  anciennement  pratiquée,  que  les 

armes  du  cornes,  lissent  retour  à  sa  mort,  au  roi.  Ce  droit  se 
précisa  et  s'élargit  avec  les  besoins  de  la  royauté,  et  la  loi 
de  Gnut  en  fixa  définitivement  les  détails,  par  les  disposi- 
tions suivantes  (Gnut,  II,  §  72,  Thorpe,  I,  414)  : 

«  Le  droit  dheregeatwe  sera,  pour  un  earl,  de  huit  che- 
vaux, dont  quatre  sellés  ;  de  quatre  casques,  de  quatre  cui- 
rasses ;  de  huit  lances  ;  de  neuf  boucliers  ;  de  quatre  épées, 
et  de  deux  cents  solides,  d'or.  Pour  un  thane  du  roi,  le  droit 
consistera  en  quatre  chevaux,  dont  deux  sellés  ;  en  deux 
épées,  quatre  boucliers,  un  casque,  une  cuirasse,  et  cin- 
quante solides  dor.  Pour  un  thane  ordinaire,  le  droit 
sera  dun  cheval  équipé;  des  armes  du  défunt,  ou  de  deux 
livres...  »> 

La  succession  de  Deôdràed,  évêque  de  Londres  et  d'Elm- 
ham,  en  940,  paya  à  la  couronne  un  droit  de  quatre  che- 
vaux ;  deux  épées  ;  quatre  boucliers  ;  quatre  lances  ;  deux 
cents  livres  d'or  rouge,  et  deux  coupes  d'argent  (God.  Dipl. 
N°  957). 

En  94(i-9o6,  la  succession  de  realdorman  /Ldelwald,  paya 
au  roi  quatre  chevaux,  quatre  lances,  quatre  épées,  deux 
anneaux  d'or,  et  de  la  vaisselle  d'argent  (God.  Dipl.  N°  1173). 

Vers  962,  les  héritiers  de  Beohtric  payent  à  la  Cou- 
ronne, quatre  palefrois,  deux  épées,  un  anneau  d'une  valeur 
de  huit  solides,  deux  faucons,  et  les  meutes  (God.  Dipl. 
N°492)  (1). 

Aux  termes  de  la- loi  de  Gnut,  le  temps  suffisant  était  laissé 
à  la  veuve  pour  acquitter  le  droit  successoral,   dont  il   lui 

1.   Cf.  Cod.  JJipL,  nos  0999,  716,  967,  979,  782,410,  685. 


254 


III  n\\  I   Li 


était  fait,  par  Le  roi,  entière  remise,  quand  son  époui  étail 
mort  au  combat,  sous  les  yeux  mémos  de  sou  seigneur  (1). 
Il  ressort  des  explicitions  précédente*,  qtie  le  roi  avait, 
par  L'exercice  des  droits  de  la  Couronne,  les  moyens  suffi- 
sants de  tenir  son  rang.  Mais  la  plupart  de  ces  droits  furent 
perdus,  pour  la  royauté,  par  suite  d'aliénations  successives. 
Le  roi,  en  affermant,  en  concédant,  ou  en  vendant  la  plupart 
de  ces  droits,  s'enrichissait  en  fait,  niais  en  diminuant  le 
patrimoine  de  ses  successeurs. 


t.  Cod.  Dipl.,  n°  721, 

Domesd.  Berks  :  «  Tanius  vel  miles  regis  dominicus  moriens  pro  releva- 
mento  dimjttebat  régi  omnia  arma  sua.  et  equum  unum  cum  sella,  unum 
sine  sella  Quod  si  essent  ei  eanes  vel  accipitres,  pnesentabantur  régi,  ut 
si  vellet,  acciperet  ». 

Fleta,  II,  cap.  LV1I,  §1,  "2.  «  Impriniis  autem  debet  quilibet  qui  tesfa- 
verit  dorninum  suum  de  meliori  re  quarn  babnerit  recognoseere,  et  postée 
a^cclesiam  de  alia  meliori,  et  in  quibusdam  locis  habet  aecclesia  melius 
animal  de  consuetudine,  in  quibusdam  secundum  vel  tertium  melius,  et 
in  quibusdam  nihil  :  et  ideo  observanda  est  consuetudo  loei  »,  §  2  :  «  Item 
de  morte  uxoris  alicuius  viri,  dum  vir  superstes  fuerit,  de  toto  grege 
rommuni  secundum  melius  averium,  quasi  de  parte  sua  :  sed  hoc  non 
nisi  de  permissione  et  gratia  viri  ». 


CHAPITRE  11 
La  Cour  et  la  Maison  du  roi 


La  cour  anglo  saxonne  parait  être  semblable  à  celle  des 
empereurs  francs  :  lors  du  premier  établissement  du  comi- 
tatus,  les  offices  de  la  maison  du  roi,  d'origine  purement 
domestique,  furent  recherchés  en  raison  de  l'accès  qu'ils 
pouvaient  donner  auprès  du  roi.  Les  ducs  et  les  barons  se 
disputaient  l'honneur  de  porter,  au  couronnement,  la  coupe 
du  roi,  de  même  que  les  électeurs  impériaux  d'Allemagne, 
servaient  à  table,  celui  d'entre  eux  qu'ils  avaient  élevé  à 
l'empire. 

Les  quatre  grands-officiers  de  cour,  sont  dans  les  royau- 
mes germaniques,  le  Chambellan,  le  Grand-Maréchal,  le 
Sénéchal,  et  le  Grand-Echanson. 

Les  noms  sous  lesquels  le  Chambellan  est  désigné,  sont 
hraegel,  pegn,  littéralement  :  thane,  ou  intendant  de  la 
garde-robe,  cubicularius,  camerarius,  bûrgpegn,  et  quel- 
quefois, dispensator,  thesaurarius  ou  hordere.  Il  est  difficile 
de  préciser  les  fonctions  exactes  du  chambellan,  à  la  cour 
anglo-saxonne,  mais  elles  différaient  par  de  celles  du  cubi- 
cularius de  la  monarchie  franque,  et  des  comités  largitio- 
iuun  et  reritm  privatarum,  des  empereurs  romains  de  la 
décadence.  On  peut  avancer  que  le  chambellan  eut  la 
gérance  des  propriétés  royales,  et  la  direction  même  de  la 


256  BEOWULF 

maison  du  roi  I  .  En  cette  qualité,  il  devait  être  le  chef 
reconnu  des  cyninges  tûngeréfan,  ou  baillis  du  roi,  sur  les 
divers  comtés.  Et  il  esta  présumer  que  plus  d'un  officier  eut 
Le  rang,  le  titre  et  les  fonctions  de  chambellan  (2  .  Parmi 
les  nobles  qui  furent  chargés  de  ces  fonctions,  on  relève  les 
noms  suivants  (3)  : 

JElfric  thesaurarius,  sous  JElfred,  892. 
.  Ldelsige  camerarius,  sous  Eâdgar,  936. 
Leôfric  hraegtpegn,  sous  iEdelren,  lOOo*. 
Eâdrie  dispensator  regis,  sous  Kardacnut,  1010. 
Hugelinus  camerarius,  sous  Eâdweard,  1044. 

Le  maréchal  (niarescalcus  et  cornes  stabuli,  chez  les 
Francs),  était,  à  proprement  parler,  le  maître  des  écuries 
royales.  Mais  comme  ses  fonctions  s'exerçaient,  en  fait,  en 
temps  de  guerre,  il  devint  bientôt,  le  chef  des  troupes  delà 
maison  du  roi.  Cet  office  était  tenu  par  des  nobles  du  plus 
haut  rang,  et  quelquefois,  par  plusieurs  d'entre  eux.  Les 
appellations  anglo-saxonnes  du  maréchal,  sont  steallere, 
horspegn,  stabulator,  et  strator  regis.  Il  n'y  a  pas  d'appa- 
rence que  cet  office  ait  existé  avant  la  fin  du  ixe  siècle,  etl'on 
peut  supposer  qu'il  fut  introduit  en  Angleterre,  par  la 
famille  d'Ecgberht.  avec  les  coutumes  de  la  monarchie 
franque,  quelle  apportait.  Parmi  les  noms  des  maréchaux 
anglo-saxons,  on  relève  ceux  de  (4)  : 

1.  Hincmàr  de  Kheims,  §  22.  «  De  honestate  vero  palatii,  seu  specia- 
liter  ornamento  regali.  necnon  et  de  donis  annuis  militum,  absque  cibo 
et  potu.  vet  equis.  ad  Règinam  pra^cipue,  et  sub  ipsa  ad  Camerarium 
pertinebat  :  et  sollicitudo  erat,  ut  tempore  congruo  semper  futura  prospi- 
oerent.  ne  quid,  dum  opus  esset,  defuisset.  De  donis  vero  diversarum 
tegationum  ad  Camerarium  aspiciebat  ». 

2.  «  Gubicularios  regis  duos  »,  Will.  Malm..  II,  §  180. 

3.  Cod.  Dipt.,  nos  320.  1245,  715,  771,  810,  809,  904;  Flor.  Wig., 
an.  1040. 

4.  Flor.  Wig.,  an.  897  ;  Chroti .  sax.,  an.  1047:  Cod.  Dipt.,  nos  1328. 


LES   saxons    m   ANGLETERRE  267 

«  Ecgwtilf  strator  regis  :  cyninges  horspegn,  an.  89" . 

Dored  steallere,  1020. 

E'sgàr  steallere,  1044-1066. 

Robert  lîlius  Wimarc  steallere. 

.Elfstân  steallere. 

Eâdgâr  steallere,  1060-1066. 

Raulf  steallere,  1053-1060. 

Bondig  steallere,  1060-1066. 

—      stabulator. 
Eadnôd  steallere. 
Lyfîng  steallere. 
Alfred  regis  strator,  1052. 
Osgod  Clapa  steallere,  1047.   » 

Le  sénéchal  est  ordinairement  appelé  dapifer,  ou  discifer 
regis  :  il  veillait  à  tout  ce  qui  regardait  le  service  de  la  table 
royale.  Son  nom  anglo-saxon  était  discpegn,  ou  thane  de  la 
table,  et  les  nobles  dont  les  noms  suivent,  ont  rempli  cette 
charge  (1)  : 

«  Eata  dux  et  regis  discifer,  sous  Offa,  785. 

Wûlfgâr  discifer,  sous  Eâdwig,  959. 

.Edelmâer  discpegn,  sous^Edelred,  1006. 

Raulf  dapifer,  /  „,,  ,        ^ 

,     ...        >  sous  Eadvveard,  1060. 


Esgar  dapifer, 

Atsur  regis  dapifer,  ) 

-r„  ,      ...       >  sous  Eadvveard,  1062. 

ïting  regis  dapifer,  ) 

La  reine  et  les  princes  du  sang  avaient  un  officier  sembla- 
ble, dans  leur  maison  :  en  1060,  il  est  fait  mention  de 
Godwine,  reginae  dapifer,  et  .Edelstân,  fils  d\Edelred,  avait 
un  discpegn,  nommé  .Elfmâer.  Le  sénéchal  est  aussi  quali- 


771,   828,  855,  864,  822,  859,  956,   1338,  773,  809,  9455,  84,  956,  1338. 
4.  Cod.  Dipt.,  nos  149,  1224,  715,  808,  813,  722. 

17 


258  m  <>w  i  ir 

fié  de  (Cod.  Dipl,  N°813)«  regiae  procurator  aulae»,  titre  que 
porta  l<*  grand  Esgâr. 

Le  dernier  des  officiers  de  la  Couronne,  <ist  !<>  grand- 
échanson,  <mi  Allemagne  schork  ou  buticularius.  Ses  uni- 
ques  fonctions  semblent  avoir  consisté  dans  la  garde  <it  dans 
L'approvisionnement  des  celliers  royaux.  Un  tel  office  donnait 
un  rang  eminent  à  la  cour  saxonne,  et  les  titulaires  de  cette 
charge,  riaient  les  représentants  des  plus  illustres  maisons. 
O'slâc,  descendant  direct  du  sang  royal  jute,  de  Stiiit  et  de 
Wihtgâr,  fut  réchanson  du  roi  Ldelwulf  (1).  Le  nom  anglo- 
saxon  de  cet  officier,  peut  avoir  été  byrele,  ou  scenca.  Les 
noms  suivants  (2)  sont  mentionnés  parmi  les  Echansons  : 

Dudda,  pincernus  .  .  780 

Sigwulf,            —  .  .  892 

.Ldelsige,         —  .  .  959 

Wulfgar,          —  .  .  1000 

Wigod,  .  .  1062 

Ces  offices,  à  leur  création,  furent  purement  domestiques, 
et  ne  se  rattachèrent  point  à  l'administration  générale  du 
royaume.  Leur  importance  ne  s'accrut  qu'avec  celle  des 
comitatus,  jusqu'à  l'établissement  de  la  féodalité  :  alors,  ces 
offices  devinrent  héréditaires,  et  leurs  titulaires  assez  puis- 
sants pour  tenir  en  échec  l'autorité  royale  elle-même. 

A  côté  de  ces  officiers,  et  sous  leurs  ordres,  on  trouvait 
de  nombreux  fonctionnaires.  C'étaient  d'abord  les  prêtres, 
qui  servaient  de  clercs  et  de  notaires,  dans  la  chancellerie 
impériale.  Parmi  ces  prêtres  était  choisi  un  officier  du  plus 
haut  rang,  successivement  appelé  apocrisarius,  archicapel- 
lanus,  capellanus,  referendarius.  11  était  le  chef  de  ceux 
qui  étaient  préposés  à  la  rédaction  de  tous  actes  publics,  et 

1.  Asser.,  an.  849. 

2.  Cod.  Dipl.,  nos  148,  3$),  ll>24,  1294,  813, 


LES  SAXONS  KN  ANGLETERRE  259 

qu'on  désignait  par  les  noms  de  notarii  ou  de  tabellio- 
nes  (1 

Dans  un  étal  où  le  statut  personnel  était  admis  ;  quand  les 
parties  ou  Tune  d'elles,  n'étaient  pas  jugées  selon  la  loi  du 
pays,  mais  d'après  celle  de  leur  nation  même,  quelle  fût 
franque,  burgonde,  ou  romaine,  la  création  de  pareils  légis- 
tes devint  bientôt  indispensable.  La  justice  régie  par  la  loi 
coutumière  des  tribus,  pouvait  être  rendue  par  des  officiers 
teutones,  mais  leur  compétence  était  nécessairement  en 
défaut,  quand  quelque  homme  libre  venait  invoquer  devant 
eux,  les  maximes  de  la  jurisprudence  romaine,  ou  que  surgis- 
sait un  conflit  de  lois. 

Le  clergé,  par  la  connaissance  des  lettres  et  des  lois 
latines,  prend  place  dans  le  parlement  carolingien  (Hincmar, 
§  16,  19,  21).  (Dôninges,  Deut.  Staatsr.  p.  24  et  s.).  Mais  le 
role  du  clergé  n'eut  pas  la  même  importance  en  Angleterre, 
où  Fou  ignorait  et  les  conflits  de  lois,  et  les  notaires  profes- 
sionnels (2).  Ce  n'est  que  sous  le  règne  d'Eâdweard  le  Con- 
fesseur, que  Ton  rencontre  la  création  de  ces  officiers.  Ils 
sont  désignés  par  les  titres  de  cancellarius,  sigillarius, 
notarius,  et  si  le  roi  chargeait  des  scribes  de  la  rédaction  des 
actes  publics,  peut-être  confiait-il  aussi  le  soin  de  garder  le 


1.  Hincmar,  §  32. 

«  Qui  referendarius  ideo  est  dictas,  quod  ad  euni  universae  puhlicse 
deferentur  conscriptiones,  ipseque  cas  annulo  regis,  sive  sigillo  al)  eo  sibi 
comniisso  immiret  sen  priniaret  »,  Aimo,  Gest.  Franc,  (V,  41  ;  Eichnorn, 
I,  194. 

«  Apocrisario  sociebatur  su  minus  cancellarius.  qui  a  secrclis  olim 
appellabatur,  erantque  illi  subiecli  prudentes  et  intelligentes  ac  fidèles 
viri.  qui  praeeepta  regia  absque  immoderata  eupiditatis  venalitate  scribe- 
rent,  et  sécréta  illius  fideliter  cuslodirenl  »,  Hincmar,  §  16;  Eichnorn, 
loc.  cit. 

t.  «  Quo  ni  am  labcllionum  usus  in  regno  Anglian  non  babclur  »,  Mal., 
Paris,  Ffp,,.,  III. 


2(>0  BEOWULF 

sceau,  el  de  l'apposer  sur  l<'s  chartes,  à  quelque  fidèle  cha- 
pelain de  sa  coin',  qui  devenait  ainsi,  uu  officier  d'état.  Ei 
l'on  relève,  dans  le  Codex  Diplomaticus,  les  noms  de  (1)  : 

«  Eâdsige  capellanus,   1038. 

Stigandus  1044. 

Heremannus,     —  lOio. 

Wulfwig  cancellarius,     Eâdweard,   1045. 

Reginboldus  sigillarius,  —  — 

Reginboldus    cancellarius,    Eâdweard,   1045. 

.  Klfgeat  notarius,  — 

Petrus  capellanus,  —  — 

Baldwinus  capellanus,  — 

Osbernus  capellanus, 

Rodbertus  capellanus,  —  — 

Heca  capellanus,  1047. 

Ulf  capellanus,  1049. 

Cynesige  capellanus,  1051. 

Wilhelmus  capellanus,  1051. 

Godmanus  capellanus,  1053. 

Gisa  capellanus,   1060.  » 

La  femme  d'Eâdweard,  Eâdgyfu  et  son  frère  Harald, 
avaient  aussi  leurs  chapelains,  Walther,  devenu  évêque 
d'Hereford,  et  Leofgâr  qui  lavait  précédé  sur  le  même 
siège  (2).  L'institution  des  chapelains  dans  la  maison  du  roi, 
remonte  à  une  très  haute  antiquité  ;  avant  ces  derniers,  des 
prêtres  païens  avaient  dû  prendre  place  dans  le  comi- 
tatus  (3). 

1.  Flor.  Wig.,  an.  1028,  104-4,  1045,  1047,  1049,  1051;  Cod.  DipL, 
nos  779,  810,  813,  844,  825,  891 . 

2.  Flor.  W.,  an.  1000,  1056. 

3.  «  Desiderante  rege  [AJchfrid]  ut  vir  tant»  eruditionis  ac  religionis 
sibi  specialiter  individuo  comitatu  sacerdos  esset  et  doctor»,  Bède,  Hist. 
EccL,  II,  19. 


LES    SAXONS   KN    ANGLETERRE  201 

Parmi  les  officiers  secondaires  de  la  couronne,  on  peut 
citer  encore  le  pedissequus,  ou  podessessor,  dont  les  fonc- 
tions étaient  celles  de  messager  du  roi.  On  relève  comme 
titulaires  de  cette  charge  :  le  duc  .Edelbeâb,  pedessessor  ; 
Bola,  pedisecus;  Alfred,  pedisecus;  Eâstmund  pedise- 
cus  (l).  Dans  Beowulf,  Hunfcrd,  l'orateur,  est  assis  aux 
pieds  du  roi,   «  de  aet  fotum  saet  freân  scyldinga  »  (1.  994). 

En  Tannée  1010,  le  carnifex  ou  bourreau  d'Hardacnut.  est 
désigné  comme  un  officier  de  haute  dignité  (2).  D'autres 
titres  et  fonctions  sont  encore  énumérés,  tels  que  :  Radulfus, 
aulicus  ;  Bundiuus,  palatinus  ;  Deôrmôd,  cellarius  ;  Wiferd, 
claviger  ;  Leôfsige,  signifer  ;  /Elfwine.  sticcere  ;  .Edelric, 
bigenga  (3).  Il  est  difficile  de  savoir  si  les  fonctions  qui  sui- 
vent (4),  eurent  à  la  cour,  un  caractère  permanent,  ou  tem- 
poraire :  Brihtric  et  /Elfgâr,  consilarii  ;  /Elfwig  et  Cyne- 
weard,  pra?positi  ;  Godricus,  tribunus  ;  Alred  theloniarius. 
La  parenté  du  roi  faisait  naturellement  partie  de  la  cour,  où 
sont  nommés  :  /Elfhere,  ex  parentela  regis  ;  Leôfwine,  pro- 
pinquus  regis  ;  Hesburnus,  regis  consanguineus  ;  Rodbertus, 
regis  consanguineus  (5). 

La  maison  du  roi  comprenait  une  garde  du  corps,  ou  hûs- 
carlas,  qui  fut  maintenue  même  après  la  conquête  nor- 
mande :  c'était  là  comme  une  association  militaire,  dont  le 
roi  était  le  grand-maitre.  Cette  institution  apparaît  à  l'avè- 
nement de  Gnut,  et  se  développe  sous  le  règne  de  ce  prince, 
et  de  ses  successeurs  danois.  Cnut  désirant  assurer  la  con- 


1.  Cod    Dip/.,  nos  [96,   199,  207,  220,  227,  281. 

2.  «  .-Eliïicum  Eboracensem'archiepiscopum,  Godwinum  comitem,  Stir 
majorem  domus,  Thrond  suum  carnificem,  et  alios  magna»  dignitatis 
Lundoniam  rnisit  »,  Flor.  Wig.,  an.  1040. 

3.  Cod.  DipL,  nos  813,  320,  346,  799,  745. 
i.  Ibid.,  n'>s  811,  792,  793,  800,  945,  248. 
5.  îbid.,  nos  436,  813. 


262  Mow i h 

quête  encore  précaire  de  Bon  nouveau  royaume;  entouré  de 
nobles  au  Loyalisme  suspect,  voulut  créer  autour  de  lui  une 

tone  assez  imposante,  pour  prévenir  les  séditions,  ou  pour 
les  étouffer.  Les  privilèges  ef  les  devoirs  des  hûscarlas. 
furent  arrêtés  dans  le  Witherlags  Ret,  que  Lappenberg  a 
savamment  commenté  (Thorpe's  Lappenberg,  II,  202)  :  Les 
soldats  de  cette  troupe  d'élite,  étaient  armés  de  haches,  de 
hauberts,  et  de  glaives  dorés;  provenant  de  toutes  nations, 
ils  étaient  au  nombre  de  cinq  à  six  mille,  et  soumis  à  une 
discipline  rigoureuse. 

Un  de  leurs  chefs,  Gottschalk,  fils  d'Udo,  demeura  long- 
temps avec  Gnut,  en  Angleterre,  où  il  épousa  une  princesse 
de  sang  royal  (1).  Cnut,  lui-même,  ayant  tué  dans  sa  colère, 
un  hus-carl,  se  soumit  au  jugement  de  rassemblée  des  trou- 
pes (stefn),  et  fut  condamné  à  payer  une  compensation  neuf 
fois  plus  forte  que  l'ordinaire. 

La  punition  des  hûscarlas,  était  l'expulsion  de  l'armée,  ce 
qui  équivalait,  pour  le  soldat  condamné,  à  un  arrêt  de  mort, 
au  milieu  d'une  population  hostile,  à  laquelle  ces  troupes 
royales  faisaient  plus  lourdement  sentir  le  joug  de  la  servi- 
tude. 

Le  soldat  banni  était  qualifié  de  l'épithète  dégradante, 
nithintf  (rien,  personne),  et  il  avait  le  choix  de  quitter  le 
royaume  par  terre,  ou  par  mer.  Il  était  conduit  au  rivage  par 
ses  anciens  compagnons  d'armes  qui,  après  l'avoir  embar- 
qué, l'abandonnaient  à  sa  fortune  :  dès  lors,  il  était  regardé 
comme  un  étranger,  un  ennemi,  un  outlaw,  et  si  les  flots  le 
ramenaient  sur  la  grève,  il  y  était  massacré  sans  merci.  S'il 
préférait  s'éloigner  par  terre,  il  était  conduit  à  la  forêt  pro- 
chaine, et  là,  ses  frères  le  suivaient  du  regard  jusqu'à  ce  que 


1.  Adam  Bremen,  II,  48,  50;  III,  21 

2.  Suen  Aggon,  I,  cap.  X. 


LES    SAXONS    EN     INGLETERRE  '2(ï.\ 

sa  forme  eût  disparu  dans  L'épaisseur  des  bois  :  ils  poussaient  . 
alors,  trois  cris,  pour  l'avertir  de  Leur  présence,  ei  si,  perdu 

dans  la  foret,  il  so  retrouvail  devant  eux,  il  était  mis  à  mort. 
Si  trois  hûscarlas  accusaient  simultanément  l'un  des  leurs, 
ils  étaient  crus  sur  parole,  et  la  pekie  frappait  aussitôt  le 
coupable  qu'ils  avaient  désigné.  Des  mesures  aussi  sévères, 
édictées  pendant  le  règne  de  Gnut,  restèrent  toujours  inexé- 
cutées, tant  étaient  parfaits  Le  loyalisme  et  la  discipline  de 
ces  troupes  royales. 

D'après  un  texte  du  Codex  Diplomaticus  (n°  956),  les  steal- 
beras  ou  maréchaux,  semblent  avoir  été  les  chefs  des  hûscar- 
las. Bientôt,  à  l'imitation  du  roi,  les  grands  du  royaume 
s'entourèrent  dune  garde  de  Hûscarlas  (I).  Cette  institution 
présentait  une  différence  essentielle  avec  le  comitatus  ;  les 
droits  des  comités  n'étaient  pas  expressément  stipulés,  alors 
que  la  loi  coutumière  et  la  tradition  assuraient  aux  hûs- 
carlas, véritables  mercenaires,  des  privilèges  et  une  solde 
déterminés. 


d.  «  Eodem  die  primitus  illius  Dànicos  hûscarlas  Ainunduni  et  Uaven- 
sweartum,  de  fuga  relractos.  extra  civitaiis  muros,  ae  die  sequeote  plus 
quam  ce.  viros  ex  curialibus  illins  in  boreali  parte  Hiimbrœ  fluminis 
peremerunt  »,  an.  1065,  Flor.  de  Worcester. 


CHAPITRE  III 
L'Ealdorman  ou  Duc 


La  dignité  la  plus  proche  du  trône  était  celle  d'ealdorman, 
ou  duc. 

Le  nom  anglo-saxon  de  cet  officier,  en  tant  que  chef 
d'armée,  est  heretoga  ;  en  vieil  allemand,  herizzohho  ;  et  en 
allemand  moderne  herzog  ;  mot  composé  de  here,  armée, 
et  de  fog  a,  chef.  C'est  en  ce  sens  que  Tacite  parle  du  dux, 
chez  les  Germains  :  celui-ci  est  élu  pour  sa  valeur,  alors  que 
le  roi  est  choisi  pour  l'illustration  de  sa  naissance.  Mais 
comme  les  fonctions  militaires  du  duc,  chez  les  Anglo- 
Saxons,  sont  rares  et  temporaires,  le  titre  d'heretoga,  se 
rencontre  peu  fréquemment,  étant  remplacé  par  celui  d'eal- 
dorman,  ou  aldorman  qui  implique  des  fonctions,  à  la  fois 
civiles  et  militaires. 

Les  auteurs  classiques  anglo-saxons,  Siméon  de  Durham, 
Florent  de  Worcester,  Henry  de  Huntingdon,  et  Bède  lui- 
même,  nomment  indifféremment  le  duc,  consul,  princeps, 
dux,  et  cornes,  alors  que  la  Chronique  et  les  chartes  saxon- 
nes, rappellent  invariahlement,  ealdorman.  Le  mot  ealdor, 
ou  aldor,  en  anglo-saxon,  marque  la  dignité  princière,  sans 
attribution  d'autres  fonctions.  Dans  Beôwulf,  ce  mot  est 
employé  comme  synonyme  de  cyning,  peôden,  et  autres  mots 
s'appliquant  à  des  personnages  royaux.  Comme  nombre  de 


LES    SAXONS    K\    ANGI.ETI  UKK 


•2(>;> 


qualificatifs  indiqua  ni  la  dignité,  dans  les  Langues  teutones, 
ealdorinan  est  dérivé  d'un  adjectif  marquant  la  dignité  de 
l'àee  et  du  rang  (IV 


Beorhl  ealdorman 


.Edcllllin 

Beorhl  frid  . 
Cum  bra  . 

O'sric 

Bcorn 

.Edellieard 
Wor  .      . 
.Edelmund 

Weohslân 

Heâbyrht 

Eâdbyrhl 

Burghard 

Muca 

Wnlfheard 

Ealdormen 

Dudda    . 

O'smod  . 

Wulfheard 

.Edelhelm 

Herein  rbt 

Eânwulf. 

O'sric     . 

Ceorl 

Ealbliere 

.Edelbcard 

H  un  be  rhl 

Huda      . 

O'sric 

.Edelwnir 


Ckron.,  an.  68t. 
699. 

750. 

710. 
755. 

755 

780. 

794. 
800. 
800. 

—  800. 

805. 

—  819. 

—  822. 

—  822. 
823. 

825. 

—  833. 
833. 

—  837. 

837. 

—  838. 
845. 

—  845. 

—  851. 

—  851, 
852. 
852. 
853. 

—  860. 

—  800. 


Dux  Beda    IV,  26   Flor..  684. 

Dux.    Edelsv.,  II.  Flor.,  750. 

Consul.  II.  Hunt,  IV. 
Prsefeetus,  Flor.,  710. 
Dux.  .'Edelw.,  Il   17.  Flor.,  755. 

Consul.  H.   Hunt,  IV. 
Dtix./EdeIw.,I1.47.  Flor.,  784. 
Patricius.  Sim   I).,  780.  Consul 

etjusticiarius, H.  Hunt,  IV. 


Dux.    Flor  ,  800.  Consul.  H 

Hunt,  IV. 
Dux    Flor.,  800.    Consul.    H 

Hunt,  IV. 

Comes.  Flor.,  805. 

Dux.  Flor..  822. 
Dux.  Flor.,  822. 
Dux     Flor  ,  823.    Consul.    H 
Hunt,  IV. 
Duces    Flor  .  823. 


Dux.  Flor.,  837. 

Dux    Flor.,  837. 

Dux.  Flor.,  838. 

Dux.  Flor.,  845. 

Dux.  Flor.,  845 

Cornes    Flor.,  851 . 

853.  Cornes.  Flor.,  851,853. 

Cornes.  Flor..  852. 
Cornes  Flor. ,  853. 
Cornes.  Flor.,  800. 
871.  Cornes.  Flor..  800.  87 


266 


BKOWU.F 


Los  pouvoirs  de  L'éaldorman  différaîetil  sensiblemenl  de  ceux 
du  duc,  sur  Le  continent.  Dans  La  constitution  impériale  des 
états  germaniques,  établie  par  Charlemagne,  Le  duc  était  un 
officier,  supérieur  au  cornes,  comte  ou  graf,  et  un  duché 
comprenait,  au  point  de  vue  administratif,  plusieurs  comtés 
sur  lesquels  le  duc  avait  juridiction  immédiate  (1).  Il  y  eut, 


an.  886.  Cornes.  Flor..  886.Dux.  Flor., 
894. 

.Edelhelm     . 

— 

886,  894.  898.  Dux.  Flo*.,  894. 

Beocca   . 

— 

888.  Dux.  Flor.,  889. 

/Edelwold    .      . 

— 

888.   Dux.  Flor.,  889. 

/Edelred .     . 

— 

894.  Dux.  Flor.,  894. 

/Edelnôd. 

— 

894.  Dux.  Flor.,  894. 

Ceôlwulf. 

— 

897.  Dux.  Flor.,  897. 

Beorhtwulf. 

— 

897.  Dux.  Flor.,  897. 

Wulfred.      . 

— 

897. 

/Edelred . 

— 

901. 

/Edelwulf     . 

— 

903.  Dux.  Flor.,  903. 

Sigewulf.     . 

— 

905.  Dux.  Flor.,  905. 

Sigehelm 

— 

905.  Cornes.   Flor.,  905 

.Edelred .      .      . 

— 

912.  Dominus  et  subregulus.  Flor., 
912. 

.Elfgâr    .      . 

— 

940. 

Ordgàr    . 

— 

965.  Dux.  Flor.,  904. 

/El there  . 

— 

980,  983.  Dux.  Flor.,  979. 

yEdelmaar 

— 

982.  Dux.  Flor.,  982. 

Eâdwine . 

— 

982.  Dux.  Flor.,  982. 

.Elfric     .     . 

— 

983,  985,992,993.  Dux. Flor.,  983. 

Birhtnôd. 

— 

991.  Dux.  Flor.,  991. 

/Edelwine     . 

— 

992.  Dux.  Flor.,  992. 

.Edelweard  . 

— 

994.  Dux.   Flor.,  994. 

Leôfsige  . 

— 

1002.  Dux.  Flor.,  1002. 

/El  f  helm. 

— 

1006.  Dux    Flor.,  1006. 

Eâdric 

— 

1007,   1009,  1012,  1015,  1016.  Dux. 
Flor.  in  an. 

/Edelmeer  ealdo 

rman.      — 

1013.  Cornes.  Flor.,  1013. 

.El  fric     . 

— 

1016.  Dux.  Flor.,  1016. 

Godwine . 

— 

1016.  Dux.  Flor.,  1016. 

/Edelwine     . 

— 

1016.  Dux.  Flor.,  1016. 

4.  Eichhorn,  Staats-und  Rechtsgesch.,1,  460. 


LES    SAXnN^    in    ANGLETERRE.  *2()7 

sans  dotlte,  des  comtés  sans  duchés  et  des  duchés  sans 
comtés),  c'est-à-dire  que  parfois,  les  titres  et  les  fonctions  de 
duc  et  de  coude,  se  trouvaient  réunis  sur  la  même  tête. 
Les  ducs  représentaient,  aussi,  des  familles  souveraines  qui 
avaient  été  soumises  à  l'empiré  des  Francs,  et  ils  gouver- 
naient comme  oHiciers  impériaux,  leurs  anciens  royaumes  : 
tels  étaient  les  ducs,  en  Bavière  et  en  Souabe.  Les  ducs 
étaient  encore  des  chefs  militaires,  exerçant  un  commande- 
ment suprême,  temporaire,  dans  les  margraviats,  créés  pour 
la  sécurité  des  frontières. 

Mais  cet  état  de  choses,  de  réalisation  possible  sur  de 
vastes  étendues  territoriales,  ne  pouvait  se  rencontrer  en 
Angleterre  :  le  roi  y  conservait  la  plénitude  de  la  souve- 
raineté, par  tout  son  royaume,  et  les  ducs  n'étaient  que  ses 
officiers,  revêtus  sans  doute  de  dignités,  mais  exerçant  des 
pouvoirs  définis  et  peu  étendus.  La  rébellion  d'un  duc  en 
Angleterre,  à  cette  période  de  l'histoire,  était  aussi  rare 
quelle  était  fréquente  en  Allemagne.  Et  l'ealdorman  anglo- 
saxon,  avait  plutôt  la  charge  de  graf  ou  comte  des  Germains, 
véritable  fonctionnaire,  représentant  de  l'autorité  royale,  à 
laquelle  il  demeure  lui-même  soumis. 

Dans  les  lois  anglo-saxonnes,  on  trouve  nombre  de  docu- 
ments, ayant  trait  aux  pouvoirs  et  à  la  dignité  de  l'ealdor- 
man. Mais  les  lois  de  tous  les  royaumes,  ne  font  pas  men- 
tion de  cet  officier.  Les  lois  des  rois  du  Kent,  le  passent  sous 
silence,  et  s'il  y  avait  des  ealdormen  dans  le  royaume,  ils 
devaient  être  compris  dans  la  catégorie  des  eorls  ou  nobles 
de  naissance,  de  ceux  que  la  loi  d'/Edelberht  qualifie  cYeorl- 
cund,  synonyme  de  betst,  c'est-à-dire,  le  meilleur,  l'homme 
du  plus  haut  rang  (1).  Il  n'est  point  question  de  l'ealdorman 
dans  les  lois  d'Eadric  et  d'Hlôdhere  :  les  procès  se   pour- 

1.  Mdelb.,  g  75  ;  Thorpe,  T,  20. 


2C)H  BEOWULF 

suivenl  dans  le  palais  du  roi,  devant  Je  stermelda  ou  Le 
wic-geréfa,  mais  aucun  autre  officier  n'y  est  mentionné  (1). 
Et  jusqu'au  début  du  ix'"  siècle,  la  loi  de  Wihtraed,  ne  ren- 
ferme pas  de  dispositions  concernant  l'ealdorman  (2). 

Bède  rapporte  qu'à  la  mort  de  Peada,  en  661,  les  ducs 
des  Merciens,  Immin,  Eaba  et  Eâdberht,  se  révoltèrent 
contre  Osuuiu  de  Northumberland,  et  tirent  monter  Wulfhere 
sur  le  trône  de  son  père  (3)  ;  le  même  auteur  ajoute  que 
ceux-ci,  ayant  banni  les  princes,  principibus  eiectis,  imposes 
par  le  roi  étranger,  retrouvèrent,  et  leurs  franchises,  et  les 
territoires  qu'ils  administraient.  Il  demeure  probable  que 
ces  ducs  de  Mercie  et  du  Northumberland  n'étaient  pas 
seulement  des  officiers  militaires,  mais  qu'ils  avaient  encore 
des  fonctions  fiscales  et  administratives  (4).  A  une  date  peu 
éloignée  de  la  précédente,  on  rencontre  des  ducs  dans  le 
Wessex  et  le  Sussex  (5)  ;  et  l'on  peut,  dès  lors,  suivre 
l'institution  des  ducs,  jusqu'à  la  fin  de  la  période  anglo- 
saxonne  proprement  dite,  qui  se  termine  avec  Eàdmund 
Irensida. 

Depuis  le  règne  d'Ini  de  Wessex,  on  peut  retracer,  avec 
quelque  certitude,  l'histoire  des  ducs,  à  partir  des  premières 
années  du  vme  siècle,  cent  ans  avant  que  Charlemagne  eût 
modifié  et  refondu  l'empire  germanique.  Au  début,  les  eal- 
dormen  sont  peu  nombreux  et  sont  augmentés,  avec  l'exten- 
sion du  royaume,  jusqu'au  jour  où  l'on  vient  à  compter 
trois  ducs  dans  le  Kent,  et  seize  en  Mercie,  en  814,  sous 
Coenwulf. 

L'ealdorman  était  inséparable  de  la  constitution  du  shire 

1.  Eâd.  Hlod.,  §  5,  7,  16:  Thorpe,  I,  28,  1<>,  30,  'M. 

2.  Leg.   Wi/it.,  Thorpe,  1,36. 

3.  Bède,  Hist.  Eccl.,\\\,  24. 

4.  Cod.  DipL,  n°986. 

5.  Ibid.,  nos  3l?  54,  987,  99t  ;  Bède,  Hist.  Eccl.,  IV,  13. 


LES    SAXONS    EN    ANGLETKRHK  2()9 

ou  gà,  les  divisions  territoriales  et  administratives  étanl 
liées.  Le  nombre  des  ducs  se  trouvait  donc  affecté  par  le 
jeu  do  la  guerre  ;  par  l'adjonction  ou  la  disparition  de  sbires, 
au  cours  des  conquêtes  et  des  revers  de  l'histoire.  ^Elfred 
décide  que  si  un  homme  désire  changer  de  seigneur  (hlâford- 
soén,  droit  possédé  par  tout  homme  libre),  il  doit  accomplir 
cet  acte,  en  présence,  et  du  consentement  de  l'ealdorman 
qu'il  a  d'abord  suivi  dans  son  sbire  et  auquel  il  doit  par 
serment,  aide  civile  et  militaire  (1).  Ini,  d'autre  part,  décrète 
que  l'ealdorman  qui  aura  favorisé  la  fuite  d'un  voleur,  devra 
se  démettre  de  ses  fonctions  dans  le  shire,  à  moins  qu'il 
n'obtienne  son  pardon  du  roi  (2).  L'ealdorman  est  considéré, 
dans  ce  dernier  cas,  comme  l'officier  judiciaire  supérieur, 
dans  le  comté,  comme  le  graf  parmi  les  Francs. 

Deux  fois  Tan,  le  duc  devait  tenir  un  shiremoot,  ou  assises 
générales  du  comté,  assisté  de  l'évêque.  Cette  assemblée 
contrôlait  l'application  des  lois  civiles,  criminelles  et  ecclé- 
siastiques :  «  Que  deux  fois  dans  l'année,  un  shiremoot  soit 
tenu,  décrète  Eâdgàr  :  l'évêque  du  shire  et  l'ealdorman 
devront  y  être  présents,  pour  veiller  et  aux  lois  de  Dieu,  et 
à  celles  du  siècle  »  (3). 

La  même  disposition  se  trouve  dans  les  lois  de  Cnut  (4), 
et  celles  d'Alfred  (5)  punissent  d'une  lourde  amende,  ceux 
qui  auront  rompu  la  paix  publique,  en  combattant  dans  le 
folcmo  ;t,  devant  l'ealdorman  du  roi.  En  Lan  780,  la  Chro- 
nique saxonne  rapporte  que  les  nobles  du  Northumberland 
brûlèrent,  à  Seletun,  un  ealdorman  pour  ses  exactions  :  ce 


1.  Leg.  -hUf.,  $  37  :  Thorpe,  I.  86. 

2.  Leg.  [ni,  %  36  ;  Ibid.,  I,  124. 

3.  Eâdgâr,  II,  £  5:  Ibid.,  I,  208. 

4.  Cruil.  Sec  §  18  ;  Ibid.,  I,  386. 
:»  KltV.,  §  38;  Ibid.,  I,  86. 


270  BEOWULF 

châtiment  fut  approuvé  parle  roi.  Henry  de  Hungtingdon  i) 
commente  ainsi  ce  l'ail  :  «  L'année  suivante,  les  princes  ei 
les  principaux  officiers  du  Northumberland,  brûlèrent  leur 
consul,  parce  qu'il  avail  été  plus  sévère  que  juste  ». 

Les  chartes  anglo-saxonnes  fournissent  de  nombreux 
exemples  de  la  présidence  du  shiremoot  judiciaire,  par  l'eal- 
(lornian  du  shire.  En  82i  (2),  au  sujet  d'un  droit  de  pâture 
appartenant  à  la  cathédrale  de  Worcester,  un  shiremoot  fut 
tenu  à  Clofeshoo,  sous  la  présidence  de  l'ealdorman  du 
comté,  au  cours  duquel  i'évêque  donna  caution,  et  prêta 
serment.  En  1038,  dans  le  Herefordshire,  une  assemblée 
analogue  fut  tenue  à  JSgelnodesstân,  en  présence  de  I'évêque 
JEdelstàn,  et  de  l'ealdorman  Ranig,  les  thanes  du  comté 
étant  convoqués  (3). 

Il  ressort  des  faits  précédents,  que  l'ealdorman  était  vérita- 
blement à  la  tête  de  la  justice  du  comté,  et  qu'il  pouvait 
connaître  tant  des  matières  civiles  que  des  criminelles.  Les 
scirmen,  scirgeréfan  ou  sheriffs  étaient  ses  officiers,  agissant 
sous  son  autorité,  et  partageant  avec  lui  les  pouvoirs  exécutifs 
et  judiciaires.  Dans  le  sbire,  l'ealdorman,  comme  le  graf  franc, 
était  le  chef  militaire  du  hereban,  posse  comitates,  ou  levée 
en  masse  des  hommes  libres.  Il  se  mettait  à  la  tête  de  la 
force  armée,  pour  réprimer  les  séditions  ou  repousser  les 
invasions,  aux  frontières  du  shire  qui  avait  été  commis  à  sa 
garde.  En  800,  un  ealdorman  des  Merciens,  /Edelmund, 
livre  bataille  aux  Hwiccas,  qu'il  repousse  ;  l'ealdorman 
Weôxstan(4),  se  rencontre  victorieusement  avec  les  hommes 
du  Wiltshire.  En  837,  .Edelhem  conduit  les  hommes  de 
Dorset  contre  les  Danois  ;  en  860,  Osric,  avec  les  hommes  du 

1.  Ken.  Muni,  lib.  IV. 

2.  Cod.   Dipt.,  n°  219. 

3.  Ibid.,  nos  219,  275. 

4.  Car  on.,  sax.,  an.  800. 


ils    SAXONS    I SW    ANGLETERRE  271 

Hampshire,  et  l'aide  de  L'ealdorman,  /Edelwulf,  repousse 
victorieusement  les  Danois,  dans  les  environs  de  Win- 
chester (1).  L'ealdorman  est  done  bien  à  la  tète  de  la  force 
militaire  du  comté,  comme  il  est  le  chef  de  la  justice  du 
shire. 

C'était  l'État  qui  donnait  au  duc  les  moyens  de  tenir  son 
rang.  L'ealdorman  jouissait  d'abord  du  revenu  de  certaines 
terres  inaliénables,  dépendant  du  domaine  de  la  Couronne, 
et  il  prélevait  un  tiers  des  impôts  qu'il  avait  perçus  pour  le 
trésor  royal  (2).  Le  duc,  appartenant  d'ordinaire  à  la  pre- 
mière noblesse,  possédait  des  terres  nombreuses  par  héri- 
tage, ou  par  une  concession  du  roi  (3;.  De  plus,  dans  un  état 
social  primitif,  le  duc  touchait  des  redevances  particulières 
de  ceux  dont  il  protégeait  expressément  la  vie  et  les  libertés. 
Ainsi,  en  8oo,  Ealhhun,  évèque  de  Worcester  et  son  cha- 
pitre, font  donation  viagère  de  onze  bides  de  terres  au  duc 
Jidelwulf  et  à  la  duchesse  Wulfdryd,  à  la  condition  que 
l'ealdorman  protégera  le  monastère  et  ses  franchises  (i). 
En  90 i,  Werfrid  et  le  même  chapitre  accordent  au  duc 
Jidelred,  à  la  duchesse  et  à  leur  fille,  un  domaine  dans  le 
Worcester,  de  132  acres  de  terre  arable,  pour  trois  généra- 
tions, à  charge  de  retour  au  donateur,  et  avec  obligation  de 
protection  pour  les  bénéficiaires  (5).  Il  evt  probable  que  le 
duc  prélevait  encore  une  part  du  pillage  ;  qu'il  touchait  la 
rançon  des  prisonniers  de  distinction,  et  qu'il  pouvait,  enlin, 
réquisitionner  les  services  des  hommes  libres,  pour  la  cul- 
ture  de  ses  terres  et  la  garde  de  ses   troupeaux.  Il  devait 


1    Cf.  C/iron.  sac  .  an.  837,  845.  8o3,  800,  905,  10H>. 
t   «  Dovere  reddebat  18  libras,  de  quibus  denariis  h  a  be  bal  rex  Kdwardus 
duas  partes  et  cornes  Goduinus  tcrtiam  »,  Domesd.  Ghenth. 

3.  Cod.  Dipt  ,  n°  237. 

4.  Ibid.,  n°  279. 

5.  Ibid.,  n°  339. 


272  BE0W1  IK 

jouir  ni  fait,  sinon  en  droit,  aè  tous  les  regalia^  et  il  apparaît 
même  qu'à  L'exemple  des  évêques,  il  ait  parfois,  battu  mon- 
naie. Comme  chef  de  la  force  publique,  La  protection  du 
duc  était  sollicitée  de  toutes  parts  :  elle  s'obtenait  par  des 
redevances  sur  le  produit  des  terres  ;  par  un  impôt  fixe,  ou 
par  un  louage  de  services. 

Le  royaume  anglo-saxon  paraît  donc  constitué  par  une 
grande  association  aristocratique,  dont  les  ealdormen  étaient 
les  membres,  et  le  roi,  le  président-né.  Les  ducs  étaient 
presque  les  égaux  roi,  et  ils  pouvaient  contracter  eux-mêmes, 
et  pour  les  leurs,  des  alliances  avec  les  membres  de  la  famille 
royale.  Ce  n'était  que  du  consentement  des  ealdormen  que 
le  roi  montait  sur  le  trône  ;  ce  n'était  que  par  leur  soutien  et 
leur  alliance,  qu'il  s'y  maintenait.  Il  ne  pouvait,  sans  les 
consulter  et  sans  être  approuvé  d'eux,  modifier,  abroger,  ou 
promulguer  les  lois  :  ils  étaient  en  un  mot,  les  conseillers 
du  roi,  et  les  modérateurs  de  son  pouvoir.  Le  wergyld  de 
l'ealdorman  était  distinct  de  celui  d'un  noble  ordinaire,  et 
sa  maison  était  regardée  comme  un  lieu  d'asile  :  le  criminel 
qui  s'y  réfugiait,  pouvait  y  demeurer  trois  jours,  sans  être 
inquiété  (1).  La  violation  de  sa  demeure  était  punie  d'une 
amende  de  quatre-vingts  shillings,  qu'Alfred  réduisit  à 
soixante.  La  position  seule  de  l'archevêque,  était  supérieure 
à  celle  de  lealdorman,  par  une  réminiscence  du  rang  pré- 
pondérant du  grand-prêtre  païen. 

Le  duc  ne  paraît  pas  avoir  eu  d'insignes  particuliers  de 
sa  dignité  :  il  devait  avoir  au  front,  un  beâh,  sorte  de  cou- 
ronne ;  il  devait  revêtir  une  toge  brodée,  pour  rendre  la 
justice,  et  la  cuirasse  dor,  réservée  à  la  noblesse,  quand  il 
allait  combattre.  Le  glaive  et  la  main,  devaient  être  portés 


1.  Leg.  .Edehf.,  III,  §  (i. 


LES    SAXONS    KN    ANGLETERRE  27,'{ 

devant  lui,  comme  symboles  de  sa  juridiction  civile  cl  cri- 
minelle. 

Les  questions  suivantes  ont  été  posées  sur  les  fonctions 
des  ducs  :  celles-ci  étaient-elles  héréditaires,  viagères, 
durante  beneplacito,  ou  benemerito  ? 

Il  y  a  peu  d'exemples  de  L'hérédité,  dans  la  charge  de 
l'ealdorman  :  citons  seulement  le  cas  dVElfric,  succédant  en 
Mercie,  à  son  père  ^Ëifhere,  l'an  933.  Ce  n'était  là  qu'une 
exception  au  principe,  que  la  dignité  de  duc  était  viagère  ; 
que  même,  les  titulaires  n'en  étaient  revêtus  pour  un  cer- 
tain nombre  d'années,  et  qu'ils  la  pouvaient  perdre  pour 
trahison  et  pour  fautes  graves,  dans  leur  administration  (1). 
Il  demeure  constant  que  les  ducs  étaient  choisis  dans  les 
familles  de  la  plus  haute  noblesse,  descendant,  parfois,  des 
antiques  maisons  royales.  Avant  l'extension  des  pouvoirs  du 
roi,  les  ducs  adoptèrent  souvent  les  formules  de  la  royauté 
elle-même  :  au  ixc  siècle,  Oswulf,  ealdorman  du  Kent  du 
Sud,  s'intitule  :  «  Dei  gratia  dux  »  ;  et  Sigewulf  et  Sigehelm 
qui  figurent  au  x°  siècle,  parmi  les  ducs  de  Kent,  apparte- 
naient à  la  famille  de  Sigeraed,  roi  de  cette  province.  A  la 
promulgation  de  la  constitution  de  Cnut,  le  role  politique  des 
ducs  alla  en  s'effaçant,  jusqu'à  ce  qu'ils  devinssent  réduits, 
comme  les  ducs  francs,  à  la  condition  de  fonctionnaires 
royaux,  en  mission  dans  les  provinces,  sous  la  dépendance 
immédiate  du  roi  et  inférieurs,  en  rang,  aux  grands-officiers 
de  la  Couronne. 


I.  Leg   /Elf,  £  40. 

«  îsta  verb  pfaeûbminata  tellus  prïmitiis  fuit  praepëdilus  a  quodam 
duce,  nomine  Wiilfherc»  et  cius  uxore,  quando  illc  uti'umquc  et  suum 
dominum  regem  .Ellïedum  et  patriam  ultra  iusinrandum  quam  régi  et. 
suis  omnibus  optimatibns  iuraVerat  sine  liceritié  dereliquil.  Tune: 
etiam,  cum  omnium  iudicio  sapientium  Gewissorum  cl  Mercensium. 
potestatem  et  haereditatem  dercliquit  agrorum  ».  Co'd.  DîpL,  n°  1078. 

18 


CHAPITRE  IV 

Le  Geréfa 


Le  nom  généralement  employé  chez  les  Anglo-Saxons, 
pour  désigner  l'officier  fiscal,  représentant  de  l'administra- 
tion royale,  était  celui  de  geroéfa  (God.  DipL,  n°  235).  Mais 
un  préfixe  entrant  en  composition  avec  lui,  précisait  le  carac- 
tère et  l'importance  des  fonctions,  dont  le  geréfa  était  investi  : 
ainsi  le  scir-geréfa  est-il  l'officier  du  shirc,  ou  sheriff  ; 
le  tûngeréfa,  l'officier  des  fermes,  ou  bailli  (1).  L'opinion 
généralement  admise  sur  l'étymologie  de  ce  nom  est  qu'il 
dérive  de  rôf  clamor,  rof,  celeber,  famosus,  et  du  verbe 
rofan  ou  réfan,  appeler  à  haute  voix.  Le  nom  de  geréfa 
serait,  de  la  sorte,  synonyme  de  bannitor,  officier  qui  pro- 
clame les  actes  du  roi  ;  héraut  qui  donne  lecture  des  réquisi- 

1.  On  lit  dans  les  lois  d'Eâdweard  le  Confesseur  : 

«  Grève  autem  nomen  est  potestatis;  apud  nos  aulem  nieliil  melius 
videtur  esse  quam  pra'fectura.  Est  enim  multiplex  nomen  :  grève  enim 
dicitur  de  scira,  de  wa'pentagiis,  de  hundredo,  de  burgis,  de  villis  :  et 
videtur  nobis  coinpositum  esse  e  grid  angliee.  quod  est  pax  latine,  et  ve 
latine,  videlicet  quod  debet  facere  grid,  i.  e.  paeem,  ex  illis  qui  inferunt 
in  terram  ve,  i.  e.  miseriam  vel  dolorem...  Frisones  et  Flandrenses 
comités  suos  meregrave  vocant,  quasi  majores  vel  bonos  pacificos:  et  sicut 
modo  vocantur  grèves,  qui  habent  pi'tefecluras  super  alios,  ita  tune 
temporis  voeabantur  eldcreman.  non  propter  senectiitem,  sed  propter 
sapientiam  »,  cap.  XXXII. 


LES    SAXONS    EN    A.NGLETERBE  2/.) 

titms  appelanl  les  hommes  Libres  sous  la  bannière  du  roi  ; 
et  la  circonscription  de  cet  officier,  portait  encore  le  nom  de 
mânung  ou  bannum  (1).  Par  ce  seul  terme,  nombre  de 
degrés  divers  d'autorité  sont  désignés,  et  quelqu'ait  été,  à, 
l'origine,  la  signification  de  ce  mot,  on  ne  peut  mettre  en 
doute  la  1res  haute  antiquité  de  l'institution  qu'il  sert  a 
désigner. 

Selon  toute  probabilité,  les  geréfan  lurent  les  chefs 
primitivement  élus,  qui  présidaient  les  assemblées  des 
hommes  libres  du  Ga,  et  qui  promulguaient  les  lois  dans  Le -5 
districts  (2).  Dans  les  constitutions  germaniques  et  dans  les 
documents  anglo-saxons,  le  geréfa  apparaît  toujours  revêtu 
de  fonctions  judiciaires  :  c'est  lui  qui  tient  la  cour  de 
justice,  disposition  prévue  dans  les  lois  d'Eâdweard  : 

«  Eâdweard,  le  roi,  ordonne  à  tous  les  officiers  (geréfan), 
de  tenir  un  gemôt,  une  fois  les  quatre  semaines  ;  de  veiller  à 
ce  que  chaque  homme  y  ait  ses  droits  consacrés,  selon  la 
loi,  et  que  les  procès  y  reçoivent  une  solution  rapide  »  (3). 

Il  est  certain  que  les  divers  geréfan  devaient  être  investis 
de  pouvoirs  très  différents,  et  qu'il  ne  pouvait  y  avoir  d'ana- 
logie entre  le  geréfa  qui  promulguait  la  loi  dans  le  shire,  et 
celui  qui  délimitait,  par  son  arbitrage,  les  champs  de  deux 
voisins. 

1°  Le  Heâhgeréfa.  En  général,  le  mot  qui  entre  en  com- 
position avec  geréfa,  précise  les  fonctions  particulières  de 
cet  officier  ;  mais  tel  n'est  pas  le  cas  pour  le  heâhgeréfa,  ou 
haut-geréfa  dont  le  caractère  demeure  incertain.  Il  est  diffi- 
cile de  savoir  si  le  rang  eminent  de  cet  officier,  était  attaché 


1.  .Edclst.,  V,  8,  %  2,  ?>,  4. 

2.  «  Eliguntnr  in    iisdem  conciliis  cl   principes,    qui   iura  per  pagos 
vicosque  reddunt  »,  Tacit.,  Germ.,  XII. 

3.  Leg.Eadto.,  I,  §  1,  2,  11  ;  Thorpe,  I,  158,  160,  !(>'*. 


-27f>  itKi'W  i  ii 

à   s;i    personne  <>n  à   sa    fonction,  el  si  cette   dernière   étaii 
exceptionnelle  ou  permanente. 

On  lit  dans  la  Chronique  saxonne,  de  l'an  778,  qu\ Edel- 
bald  et  He'ardberthl  de  Northumberland  massacrèrent  t rr>is 
heâhgeréfan,  Ealhwulf,  fils  de  Bosa,  Cynewulf  et  Ëcga  :  et  la 
conséquence  immédiate  de  ces  actes,  parait  avoir  été  la 
déposition  d'i^Edelred,  auquel  ^Elfwold  succède,  sur  le 
trône  de  Northumberland.  Ces  heâhgeréfan,  étaient  proba- 
blement des  chefs  de  l'armée  d'^delred,  et  Siniéon  de 
Durham,  en  rapportant  Je  même  fait,  les  qualifie  de  ducs. 
(litcfs.  En  7cS0,  Siinéon  mentionne  encore  connue  ducs. 
Osbald  ci  ^delheard,  mais  la  Chronique  saxonne  les 
appelle  heâhgeréfan. 

Cependant  le  heâhgëréfa  avait  un  wergyld  distinct,  infé- 
rieur à  celui  de  l'ealdorman. 

2°  Le  Scirgeréfa,  ou  Sheriff.  Le  scirgeréfa  est,  comme  son 
nom  l'indique,  le  fonctionnaire  placé  à  la  tête  du  shire. 
pa'glts,  ou  comté  ;  il  est  aussi  appelé  scirman  ou  scirigman  (1). 
C'est  lui  qui  tient  la  cour  du  comté,  scirgemot  ou  folcmot,  et 
il  parait  avoir  été  d'abord  élu  par  le  peuple,  puis  rangé  sous 
l'autorité  royale,  et  contrôlé  dans  ses  actes  de  juridiction, 
par  l'ealdorman,  et  par  l'évêque,  Car,  dans  la  législation 
anglo-saxonne,  même  du  vm°  siècle,  l'ealdorman  est  en 
droit  et  en  fait,  le  chef  du  shire  (2)  ;  mais  il  n'y  a  pas 
d'apparence  qu'il  ait  jamais  siégé  judiciairement,  dans  le 
folcmot,  sans  l'assistance  du  sheriff,  alors  que  ce  dernier 
pouvait  y  siéger,  parfois,  sans  le  duc. 

D'habitude,  la  cour  tenait  ses  assisses,  sous  la  présidence 

I.  Leg.  Ini,  %  8:  .Edelst.  v.  c,  8.  §  2,  3,  4;  yËdelwine  scirman..  Cod. 
DipL,  no  761,  .EHelwine  scirgeréfa  :  Ibi/L.  n°  732,  Wulfsige  preôsl 
scirigman:  and  Wulfsige  se  scirigman:  Ibid.,  n°  1288,  Ufegeàt  scire- 
man  ;  Ibid.,  n°  902.  Leôfric  scii'csman  :  Ibid..  n°  *Ji29. 

t    Leg.  Ini.  §  3G. 


IIS    SAXONS    K\    ANGLETERRE  "277 

de  t'ealdorman,  d<*  L'évêque  el  du  scirgeréfa,  qui  y  portait  Le 
titre  d<>  vicecomeSj  vicedomimts.  Sous  le  règne  do  Cnut,  Le 
shiremoot  tenu  à  /Egëlnodesstân,  étail  composé  ôVJEdelstân, 
évêque  d'Hereford,  du  duo  Ranig,  de  sou  lils  Eâdwine,  de 
Leôfwine  el  de  Durcytel,  Le  blanc,  de  Tofîg,  missus  du  roi, 
ol  de  Bryming,  sheriff  (Cod.  Dipl.,  n°  7o.">),  Mais,  dans  un 
procès  retentissant,  sur  des  biens-fonds  à  Wouldham,  dans 
lo  Kent,  où  l'archevêque  Dunstân  lui-même,  était  partie,  le 
Litige  fut  tranché,  par  Le  soul  sheriff  ou  shireman,  Wulfsige 
(Cod.  Dipl.,  n°  1288)  :  au  demeurant,  l'évêque  étant  partie 
au  procès,  ne  pouvait  siéger  à  la  cour.  Dans  un  différend  de 
même  nature,  à  Snodland,  dans  le  Kent,  il  n'est  pas  fait 
mention  de  l'ealdorman,  et  l'on  peut  conclure  de  cette 
absence,  que  la  présence  du  sheriff  à  la  cour  de  justice  était 
toujours  nécessaire,  alors  que  celle  de  l'ealdorman  n'était 
pas  indispensable  (l). 

Par  les  dispositions  des  derniers  rois  de  la  période  anglo- 
saxonne,  l'on  voit  que  le  scirgemôt  ou  cour  du  sheriff,  tenait 
ses  assises,  devant  lesquelles  étaient  soumises  les  causes  les 
plus  importantes  (2). 

Mais  les  fonctions  judiciaires  du  scirgeréfa,  n'étaient  pas 
les  seules  qu'il  exerçât.  Il  était  encore  chargé  de  l'exécution 
des  lois,  de  la  police  supreme  dans  le  comté,  de  la  promul- 
gation des  lois,  décrétées  par  le  roi  et  son  witena-gemôt  (3). 

Mais  le  scirgeréfa  était  surtout  le  principal  officier  fiscal 
du  comté.  11  percevait  les  amendes  et  les  taxes  foncières, 
établies  pour  assurer  les  services  publics  (i).  Le  sheriff  était 


1.  Kddsl..  [V,§  1  ;  Thorpe,  [,220. 

2.  Leg  Eadg.,  II.  5:  Cnut,  II,  18;  Thorpe,  I,  268,  386./ 

3.  .Edelst..  I,  §  26  :  III,  §  7:  IV,  £  2;  IX,  §  8;  Thorpe,  I,  212,  219,  222, 
262,  342,366;  Eâdm  ,  III.  §  5  :  Thorpe,  I,  253,  Leg.  .Ivlelr.,  I,  §  4: 
Thorpe.  I,  282. 

4.  Cod.  Dipl.,  nos  1323,  328,  1258. 


278 


BEOWULF 


lé  chef  de  La  milice  ou  levée  des  hommes  Libres,  qu'il  prépa- 
rait et  convoquait  à  la  guerre. 

Si  les  fonctions  du  scirgeréfa  ont  pu  être  électives,  au 
début  de  La  monarchie,  elles  furent  données,  par  la  suite,  au 
seul  choix  du  roi.  Le  sheriff  recevait  du  monarque,  une  part 
des  impôts  qu'il  avait  perçus,  et  il  était  souvent  possesseur 
de  propriétés  étendues,  dans  le  district.  Des  terres  déter- 
minées et  inaliénables,  dans  le  comté,  pouvaient  être  attri- 
buées au  sheriff,  car  on  rencontre  dans  les  textes  les  mots 
geréf-land,  geréf-mâed,  qui  indiquent  que  les  biens  dont  il 
s'agit,  étaient  affectés  non  au  slierili'  lui-même,  mais  à  sa 
fonction. 

On  retrouve  dans  les  chartes,  les  noms  de  quelques-uns 
de  ces  officiers,  dans  les  divers  comtés  : 


Berks. 


Devonshire  . 
Dorsetshire  . 
Essex.     .     . 


Hampshire  . 
Herefordshire 


Cyneweard  (1). 

Gôdric  (2). 

Hugh  the  Norman  (3). 
Alfred  (4). 
Leofcild  (5). 
Rodbeard  steallcre  (6). 
Eadsige  (7). 
Eâdnôd  steallere  (8). 
Jilfnôd  (9). 
Bryning"  (10). 


1.  Cod.  DipL,  n°  948. 

2.  Ibid.,  n°  840. 

3.  Flor.  Wig.,  an.  1008. 

4.  Cod.  DipL,  n°871. 

5.  Ibid.,  nos  788,  869,870. 

6.  Ibid.,  n°  859. 

7.  Ibid.,  n°  1337. 

8.  Ibid.,  n°  845. 

9.  Chron.  sax.,  1056. 
■10.  Cod.  Dipt. y  no  755. 


LES    SAXONS    EN    ANGLETERRE  279 

Osbearn  (1). 

Ulfcytel(2). 
Hertfordshire  .     .     .         Mfstàn(3). 

Ësgâr  steallerc  i  I). 
Huntingdonshire  .     .         .Eliïic(o). 

Gyneric  (G). 
Kent Edelric  (7). 

^delwine  (8). 

Esgâr  steallerc  (9). 

Leôfric  (10). 

Osweard  (11). 

Wulfsige  preôst  (12). 

Wulistân  (13). 
Lincolnshire      .     .     .         Osgôd  (14). 
Middlesex Elfgeât  (15). 

Esgâr  steallere  (16). 

Ulf  (17). 
Norfolk Eâdric(lS). 

I.   Cod  .  no  833. 
i>.  Ibid.,  n°  802. 

3.  Ibid  ,  n°  945. 

4.  Ibid.,  n°  864 

5.  Ibid.,  n°  903. 

6.  Ibid  .  n°  90(>. 

7.  Ibid.,  nos  1323.  1325. 

8.  Ibid.,  nos  731,  732. 

9.  Ibid.,  no  827. 
JO.  Ibid  ,  no  929. 

\\.  Ibid.,  nos  «47,  85i. 
12.  Cod.  DipL,  n°  1288. 
13    Ibid.,  n°  1258. 

14.  Ibid.,  n°13i9. 

15.  Ibid.,  no  885. 
16  Ibid  ,  no  855. 
17.  Ibid.,  n°  8'.3# 
IS.  Ibid.,  n°  785. 


"280  iu;mw  i  i.i 

Norfolk  and  Suffolk  .         Tolig  (1). 
Northampton         .     .         Marleswegen   2  . 

Nfordman  1 3). 
Somersetshire  .     .     .         Godwine  (4). 

Tpfig  (5). 

Tauid  or  Touid  (6). 
Suffolk     .....         J^HVic  (7). 

Tolig  (8). 
Warwickshire  .     .     .         Uua  (9). 
Wiltshire     ....         Eânwulf  Penhearding  (10). 
Worcestershire      .     .         Leofric  (1 1). 

II  n'existe  point  de  documents,  permettant  d'affirmer  que 
les  fonctions  du  sheriff  aient  été  annuelles,  ou  de  quelque 
autre  durée  limitée.  Le  clergé,  comme  on  le  peut  voir,  parmi 
les  noms  ci-dessus,  n'était  pas  exclu  de  cet  office,  de  même 
qu'au  temps  du  paganisme,  chez  les  nations  du  Nord,  le 
prêtre  était  souvent  choisi  pour  juge,  en  dépit  de  son  carac- 
tère sacerdotal  (12). 

3°  Le  Cyninges  Géré  fa,  ou  officier  royal.  Dans  bien  des 
cas,  ce  nom  est  employé  comme  synonyme  de  scîgeréfa. 
Ainsi,    .Elfred    rappelle   par  deux   fois,    que    le    cyninges- 


1    Ibid.,  no»  833,  *75,  <SS0,  881,  8cX<,  908.  911 

2.  Ibid  ,  nos  806,  808. 

3.  Ibid.,  nos  863,  904. 

4.  Ibid.,  nos  g34,  835.  836,  838. 

5.  Ibid.,  n°  821. 

(')    ïbid  ,  nos  s  17,  839,  917   926,  976. 

7.  Ibid.,  nos  832,  8'.2. 

8.  Ibid.,  nos  874,  905 

9.  Ibid.,  n°  m. 

10.  Ibid  ,  n°  328. 

11.  Ibid  ,  nos  757,  898,  923. 

12.  «   Si  index  vel  sacerdos  reperti  l'nerint  neqniler  indicasse  »,  Leg. 
Visigoth.,   e.  I  ,  §  33. 


LES    SàXOWS    EN    ANGLETERRE  w28| 

geréfa  siège  dans  le  folnnot  e,1  y  administre  la  justice,  ce 
(jiii  ne  peut  guère  s'entendre  <ju«*  du  sheriff  (1).  Cel  officier 
dut  avoir,  et  l'on  ne  peul  ici  que  hasarder  des  conjectures, 
la  connaissance  des  causes,  où  le  roi  était  mêlé,  tant  comme 
propriétaire  privé,  que  comme  personne  publique.  En  897, 
on  rapporte  la  mort  de  Lucemon,  dans  un  engagement 
contre  les  Danois  :  la  Chronique  le  nomme,  daes  cyninges 
geréfa  :  niais  Henri  de  Hungtingdon  (Lib.  V),  le  qualifie  de 
«  prœpositus  regalis  exercitus  »,  donnant  à  entendre  qu'il 
s'agissait  là,  d'un  chef  militaire.  Il  y  a  donc  une  confusion 
entre  les  fonctions  de  cet  officier  et  celles  du  sheriff,  et  bien 
que  présentant  de  grandes  analogies,  elles  durent  être 
distinctes,  et  le  cyninges-geréfa  seul,  connaissait,  sans  doute, 
des  causes  royales,  proprement  dites.  Les  autres  officiers 
royaux  nommés  dans  les  chartes,  sont  .Elfweard  (Chron. 
sax,,  an.  1011)  et  .Elfgâr  (God.  Dip!.,  n°  693). 

i°  Le  Burghgeréfa.  Dans  une  ville  fortifiée,  généralement 
désignée  par  le  mot  burh,  il  y  avait  un  officier  qui  portait  le 
titre  de  burghgeréfa.  La  critique  manque  de  détails  sur  ses 
pouvoirs  particuliers,  mais  il  y  a  lieu  de  penser  qu'ils  étaient 
semblables  à  ceux  des  autres  geréfan.  Le  burghgeréfa  parait 
avoir  été,  principalement,  un  officier  royal,  commis  à  la 
garde  et  à  la  défense  de  la  forteresse.  Les  chartes  renfer- 
ment les  noms  :  de  Godwine,  propositus  civitatis  Oxnafordi  ; 
d\Ldel\vig,  prœpositus  in  Bucingaham  ;  d'Osulf  et  Ylcaerdon , 
propositi  in  Padstow  (2).  Un  des  devoirs  de  la  charge  de 
cet  officier,  consistait  à  présider  le  burghemôt,  qui  se  tenait 
trois  fois  Fan  (Leg.  Eâdg.,  II,  §  5),  et  il  devait  représenter 
la  cité,  dans  les  juridictions   supérieures.    Le   burghgeréfa 


1.  .K1IV.,   §  ±2  ;   ,-Edelred,  III,  §  13  :  Cnut,  H,  §  8,  33  :  Thorpe,  I,  76. 
82.  380.  39(>:  Cod.  Dip/.,  n°  789. 

2.  Cod.  Dipl  ,  n-s  950,  1289,  981  :  Chron   sax.,  an.  90(1. 


282 


HKOWTLK 


semble  avoir  été  sons  La  surveillance  de  L'ealdorman  :  on  L'a 
parfois  comparé,  el  non  sans  raison,  au  praetor  urbaniis  <!<• 
Rome  cl  au  burgrave  germanique,  sans  qu'on  ait  jamais  j>u 
déterminer  La  nature  el  l'importance  exactes  de  ses  ronc- 
hons. 

5°  Le  Portgeréfa.  Gel  officier  présidait  aux  transactions 
commerciales,  «'tail  électif,  et  connaissait  de  toutes  causes 
ayant  trait  au  négoce  :  à  Londres,  il  avait  le  rang  de  sheriff. 
On  relève  dans  Les  chartes,  les  noms  de  Swétmanet  .Llfsige, 
pdrtgeréfan  pour  Londres  et  Canterbury  :  .Llfsige,  pour 
Bodmin,  et  Leôfcilcl,  pour  Bath  (1).  La  meilleure  partie  des 
revenus  de  cet  officier,  devait  provenir  des  frais  de  justice, 
dans  les  affaires  dont  il  connaissait. 

6°  Le  Wicgeréfa.  Cet  officier  exerçait  les  mêmes  fonctions 
que  les  précédents,  dans  les  villages,  et  dans  les  villes,  for- 
mées, à  l'origine,  d'un  village. 

Mais  ce  titre  était  parfois  étendu  à  des  officiers,  qui  se 
trouvaient  à  la  tête  des  villes  royales.  Ainsi  la  Chronique 
saxonne  (an.  897),  mentionne  Beornwulf  comme  ayant  été 
wicgeréfa,  dans  Winchester.  Et  dans  les  lois  dïllodere  et 
d'Eâdric,  (§  16,  Thorpe,  I,  34)  ce  nom  est  donné  à  l'officier 
du  roi,  à  Londres  :  Cyninges  wicgeréfa.  Mais,  en  général,  on 
peut  supposer  que  le  wicgeréfa  était  un  officier  suhalterne, 
et  qu'il  exerçait  surtout  ses  fonctions,  dans  les  villages 
réputés  propriétés  ducales  ou  épiscopales  ;  les  autres,  qui 
dépendaient  de  la  Couronne,  étant  directement  administrés 
par  le  sheriff. 

7°  Le  Tungeréfa.  Le  tûngcréfa  est  le  villicus,  ou  bailli  du 
domaine  sur  lequel  il  a  juridiction.  Quand  il  était  placé  à  la 


1.  Cod.  DipL,  nos  857,  861,  872,  799,  981,  929,  789,  993.  Cf.  Leg. 
Eadw.,  §  1  ;  Thorpe,  I,  158;  Eâdm  ,  III,.  g  5;  Thorpe,  I,  253;  /Edelst.,  F, 
|  12;  Thorpe,!.  200. 


LES    SAXONS   EN    ANGLETERRE  283 

tête  des  Pennes  royales,  il  devait,   en  veillant  aux  détails  de 
la   culture,   maintenir   la   paix    entre    les   travailleurs   des 

champs.   A  Londres,   il  paraît  avoir  été   sous   les  ordres  du 
portgeréfa,  et  l'assistant  de  celui-ci  (J^lelc,  IV,  3). 

D'après  les  lois  d'^Elfred  (.Klf.,  §  1,  Thorpe,  1,  61),  il  était 
encore  chargé  de  la  uourriture  et  de  l'entretien  des  prison- 
niers, el  c'était  lui,  qui  dans  le  domaine  royal,  était  l'aumô- 
nier du  roi  :  .Ldelstan  prescrit  à  son  tûngeréfa,  de  donner  à 
un  pauvre,  un  quartier  de  lard,  une  tonne  de  bière,  des  vête- 
ments pour  douze  mois,  et  ce,  pour  la  rémission  de  ses 
péchés  (JEdelst.,  I,  §  1,  Thorpe,  I,  196). 

8°  Le  Swângeréfa.  Cet  officier  avait  la  juridiction  des  forêts, 
et  présidait  la  cour  du  Swainmoot,  qui  connaissait  des  diffé- 
rends entre  bergers  et  gardes  des  forêts  ;  des  questions  liti- 
gieuses sur  les  pâtures,  les  porcs  et  les  usages  des  biens 
communs  (Cod  Dipl.  n°219).  L'organisation  du  swâna  gemot 
fut  définitivement  établie  par  la  constitution  de  Cnut,  de 
Foresta  (Thorpe,  I,  246). 

Le  geréfa  n'était  pas  nécessairement  un  officier  royal  :  des 
évêques,  des  caldormen,  et  même  de  simples  nobles,  avaient 
pour  veiller  sur  leurs  domaines  un  geréfa,  qui  rendait  la  jus- 
tice entre  les  serfs,  comme  le  scirgeréfa^  l'administrait,  dans 
le  shirc,  entre  les  hommes  libres.  La  fonction  essentielle  du 
geréfa  est  donc  essentiellement  judiciaire,  quelque  soit  l'ini- 
portanec  de  son  rang,  depuis  l'officier  royal,  jusqu'au  simple 
intendant  des  domaines  d'un  seigneur  (1). 

1.  Cf.  Ini,  §  03:  Cod.  Dipl.,  nos  931,  8'*!. 


CHAPITRE  V 

Le  Witena  Gemot 


Les  barbares  germains  qui  avaient  contribué  à  la  conquête 
romaine  de  l'Angleterre,  s'étaient  établis  dans  ce  pays,  en  y 
apportant  leurs  mœurs  propres,  et  les  institutions  de  Leur 
ancienne  patrie.  Dans  l'association  volontaire  qu'ils  far- 
inaient entre  eux,  chacun  conservait,  avec  un  reste  de  liberté 
et  d'initiative  individuelles,  le  droit  de  parler  et  de  délibérer, 
sur  les  intérêts  généraux  de  la  communauté.  Celle-ci  n'était 
pas  trop  nombreuse  pour  être  consultée,  et  le  souci  de  leur 
sécurité  garantissait  la  fidélité  de  ses  membres  :  car  le 
Germain  captif  ou  déserteur,  ne  pouvait  attendre  de  ses 
ennemis,  que  la  mort  ou  une  longue  servitude.  Le  danger 
commun,  créait  entre  tous,  une  solidarité  de  fait. 

Ces  associations  étaient  bien  constituées,  en  vue  de  béné- 
fices communs,  et  pour  assurer  à  leurs  membres  la  garantie 
de  leurs  possessions.  L'intérêt  général  et  l'intérêt  individuel 
se  trouvaient  ainsi  liés.  Mais  le  principe  d'égalité  chez  tous 
les  membres  de  la  communauté,  entraînait  celui  de  la  loi  de 
Ja  majorité.  Si  la  minorité  était  faible,  elle  devait  se  sou- 
mettre ou  s'insurger  contre  la  volonté  générale  :  si  elle  se 
trouvait,  par  le  nombre  et  par  les  ressources,  capable 
d'action  efficace,  elle  pouvait  renoncera  l'alliance,  et  aller 
vers  de  nouveaux  établissements. 


LES  saxons  IN  ANGLETERRE  285 

Quand  le  ùoriibre  dos  citoyens  n'est  pas  excessif,  le  suf- 
frage de  la  majorité  s'exprime  dans  une  assemblée  publique, 
où  sont  présents  tous  los  membres  de  l'Ftat.  L'existence  <lo 
semblables  conseils  ou  assemblées,  chez  les  Germains,  appa- 
raît aux  premiers  temps  de  leur  histoire.  Tacite  los  a  Longue- 
ment décrites  (Germ.,  XI,  XII,  XIII)  : 

«  ...  Dans  les  affaires  dv  moindre  importance,  les  chefs  se 
consultent  entre  eux  ;  dans  les  affaires  pins  conséquentes, 
ils  consultent  tout  le  corps  do  la  nation...  Ils  se  réunissent, 
à  moins  d'événement  inattendu,  a  dos  joues  tixes,  à  la  nou- 
velle, ou  à  la  pleine  lnne...  Ils  siègent  en  armes...  Alors  lo 
roi,  le  prince,  ou  (ont  autre  homme  autorise  à  parler  quel- 
qu'un de  renommé  pour  son  age,  sa  nohlesse,  ou  ses  vertus 
guerrières...  Si  son  opinion  n'est  point  partagée  par  l'assem- 
blée,  celle-ci  l'accueille  par  des  murmures  ;  si  elle  est 
agréée,  les  hommes  choquent  leurs  lances,  en  signe  d'as- 
sentiment... Dans  les  mêmes  conseils  on  élit  les  princes  qui 
feront  exécuter  les  lois  dans  les  provinces...  » 

Tel  lut  le  parlement  teuton  à  son  début,  et  toutes  les 
autres  assemhlées,  dénommées  shiremoots,  markmoots, 
placita,  ou  fôlemots,  lui  furent  analogues  chez  les  Francs, 
sous  les  Mérovingiens,  et  même  sous  les  Carolingiens. 

Charlemagne  tenait  des  parlements  deux  fois  Tan,  en  mai 
et  à  l'automne,  pour  l'administration  générale  des  affaires 
publiques.  La  première  de  ces  assemblées  était  composée 
des  principaux  officiers  de  l'état,  qu'on  qualifie  successive- 
mont  de  Maiorés,  Seniores,  Optimates.  File  préparait  les 
travaux  d'une  seconde  assemblée  où  n'étaient  admis  que  les 
seniores,  et  les  conseillers  intimes  du  roi.  On  examinait,  dans 
ces  assises,  les  questions  de  droit  et  de  politique  générale 
qui  seraient  soumises  à  l'assemblée  publique.  Puis  les  mem- 
bres de  ce  conseil,  après  leurs  délibérations  secrètes,  se 
constituaient  en  cour  do  justice  et  d'appel,  pour  connaître 


286  BEOWULF 

des  causes  qui  excédaient  la  compétence  des  juridictions 
ordinaires  (1). 

Los  assemblées  générales  so  tenaient  on  plein  air,  ou  dans 
des  edifices  propres  à  ce  dessein  Los  ecclésiastiques  et  les 
magnats  y  siégeaient,  en  dehors  de  la  foule.  Chaque  ordre 
avail  à  sa  disposition  des  locaux  spéciaux,  pour  y  délibérer 
sur  ses  intérêts  particuliers  :  le  clergé  se  consultait  sur  les 
matières  purement  ecclésiastiques  ;  les  magnats,  sur  leurs 
intérêts  civils,  et  les  doux  ordres  se  réunissaient,  quand  les 
matières  sur  lesquelles  ils  devaient  délibérer,  présentaient 
un  caractère  mixte.  De  ces  conseils  sortaient  des  projets  de 
loi,  que  le  roi  approuvait  ou  infirmait,  selon  les  cas. 

Pendant  ces  délibérations,  au  dire  d'Hincmar  (2),  le  roi  se 
mêlait  à  la  foule,  recevant  les  vœux  de  son  peuple  ;  interro- 


1.  «  Sed  nec  illud  pradermittendum,  quomodo,  si  lempus  serenum  erai, 
extra,  sin  autem  intra,  diversa  loca  distincta  erant  ;  nbi  et  hi  abundanter 
segregati  Femotim,  et  camera  multitude)  separatim  residere  potuissent, 
priustamen  cseterœ  inferiores  persona*  interesse  minime  potuissent.  Qua1 
utraque  senorium  susceptacula  sic  in  duobus  divisa  erant,  ul  primo 
omnes  episcopi,  abbates,  vel  huiusmodi  honorifieentiores  elerici,  absque 
ulla  laicorum  commixtione  congregarenlur;  similiter  comités  vel  huius- 
modi principes  sibimet  honorificabililer  a  ca'tera  mulliludine  primo  mane 
segregarentur,  quousque  tempus,  sive  praesenle  sive  absente  rege  occur- 
rerent.  Et  tune  praedicli  Seniores  more  solito,  elerici  ad  suam,  laici  vero 
ad  suam  constitutam  curiam,  subsclliis  similiter  honorificabililer  prsepa- 
ratis,  convocarentur.  Qui  cum  separati  a  cœteris  essent,  in  eorum  mane- 
bat  potestate,  quando  simul,  vel  quando  separati  résidèrent,  prout  eos 
tractandse  causa'  qualitas  docebat,  sive  de  spiritatibus,  sive  de  saicula- 
ribus,  seueliam  commixtis.  Similiter,  si  propter  aliquam  vescendi  [?  nos- 
cendi]  vel  investigandi  causa  m  (juemcunque  vocare  voluissent,  et  [?  anj 
re  comperta  diseederet,  in  eorum  voluntate  manebat  .  »  Hincmaf,  c.  35. 

2.  «  Interim  vero,  quo  hœc  in  regis  absentia  agebantur,  ipse  prinrejis 
reliqua'  multitudini  in  suscipiendis  muneribus,  salutandis  proceribus, 
confabulando  rarius  visis,  compatiendo  senioribus,  congaudendo  iuniori- 
bus,  et  ca?tera  his  similia  tam  in  spiritalibus,  quamque  et  in  ssneularibus 
occupatus  erat.  Ita  tamen,  quotiuscunque  segregatorum  volunlas  esset 
ad  eos  veniret    »  Ilincmar,  c.  35. 


LES   SAXONS    EN    ANGLETERRE  "287 

-caul  les  uns,  répondant  aux  autres,  Après  la  promulgation 
des  lois,  le  roi  entendail  un  compte  rendu  de  la  situation 
générale  el  particulière  du  royaume  et  dos  districts,  puis, 
L'assemblée  était  dissoute.  Quand  des  additions,  ou  capitula, 
étaient  laites  aux  anciennes  lois,  des  missi  dominici  allaient, 
par  les  provinces,  recueillir  l'adhésion  des  hommes  libres, 
qui  transformait  en  lois  du  pays,  ces  propositions. 

Tandis  ([lie  le  district  reste  peu  étendu,  ce  mode  de  pro- 
céder, demeure  sans  inconvénient.  Mais  on  ne  le  conçoit 
plus  pratiquement,  du  jour  ou  le  comté  devient  royaume,  et 
quand  le  royaume  s'est  transformé  en  empire.  Ainsi  l'assis- 
tance aux  assemblées  du  Campus  Maduis,  sous  Charlemagne, 
devait  être  pour  ceux  qui  y  étaient  convoqués,  une  lourde 
charge.  Le  cultivateur  pour  se  rendre  à  ces  assises,  devait 
traverser  des  solitudes  et  des  forêts  sans  voies  de  communi- 
cation, et  abandonner  ses  travaux.  En  Angleterre,  les  mêmes 
difficultés  surgissent,  quand  l'homme  libre  doit  franchir  les 
limites  de  son  shire.  D'autre  part,  il  ne  peut  prendre 
d'intérêt,  dans  la  rédaction  s'appliquant  à  de  nombreux  dis- 
tricts en  dehors  du  sien,  et  son  concours  n'offre  point  d'uti- 
lité, dès  lors  qu'il  s'agit  de  prendre  des  mesures  administra- 
tives, s'appliquant  à  des  régions  dont  il  ignore  les  caractères 
et  les  besoins.  L'homme  dut  donc  toujours  s'efforcer  de  faire 
peser  sur  autrui  une  pareille  charge,  et  c'est  de  lui-même 
qu'il  chercha  à  se  faire  représenter  à  l'assemblée.  Il  trouvait, 
en  effet,  près  de  lui,  le  riche  propriétaire  foncier,  qui  pou- 
vait quitter  ses  domaines,  en  les  laissant,  pendant  son 
absence,  aux  soins  de  ses  intendants;  le  scirgeréfa,  l'ealdor- 
inan,  accoutumés  aux  détails  de  l'administration  publique  ; 
1  évèque  ou  l'abbé,  renommés  pour  leur  science  ;  tous  ceux 
qui,  en  un  mot,  avaient  la  faculté  de  s'absenter  momenta- 
nément  du  district. 

Encore  le  roi  devait-il  accueillir  avec  empressement,   ces 


288  iii:o\\  (  i.r 

hommes  qui  formaient  avec  lui  la  classe  dirigeante,  dont  il 
étail  Le  chef.  Les  liens  «l'alliance  ou  de  consanguinité,  l'unis- 
saient à  la  plupart  des  membres  de  ce  conseil.  Ceux-ci  se 
trouvaient  être  encore  les  conseillers  de  la  nation,  connais- 
sant ses  besoins  divers,  et  représentant  ses  droits  auprès  de 
la  Couronne.  Car  L'Etat  anglo-saxon  est  une  aristocratie,  a  la 
tête  de  Laquelle  se  trouve  placé  Le  roi,  qui  ne  peut  régner 
qu'avec  Le  concours  constant  de  la  noblesse  et  des  hommes 
libres,  dont  celle-ci  l'ait  partie.  Dans  les  nombreux  docu- 
ments sur  ces  assemblées,  on  relève  sur  les  actes,  les  signa- 
tures du  roi,  des  aedelings  ou  princes  de  sang,  des  arche- 
vêques, des  évéques  et  des  abbés,  puis  d'une  Longue  suite  de 
milites,  ministri,  ou  thanes,  officiers  royaux  et  gerefân,  dans 
les  sbires  (1). 

Quoiqu'on  général,  les  membres  du  gemot  soient  nommés 
en  saxon,  witan,  ils  sont  encore  désignés  dans  les  ebartes, 
par  des  titres  latins  (2)  :  ils  sont  nommés  maiores  natu, 
sapientes,  principes,  senatores,  primates,  optimates,  ma- 
gnates, procuratores  patria*.  Mais  quels  qu'aient  été  leurs 
titres,  ils  sont  regardés  comme  représentant  toute  la  nation, 
et  la  volonté  nationale  :  en  effet,  dans  une  charte  d'.Edelstan 
(an.  931),  il  est  dit  qu'un  acte  a  été  promulgué,  tot  a  pleins 
generalitate  miaule,  avec  l'approbation  de  tout  le  peuple  (3), 
et  un  acte  de  l'an  931,  passé  à  Winchester,  porte  encore, 
dans  ses  dispositions,  la  mention  :  loin  popali  generali- 
tate (4).  I^c  plus  grand  nombre  de  signatures  sur  les  chartes 
ne  dépasse  pas  106,  et  n'est  pas  inférieur  à  90  (5),  après 
rétablissement  définitif  de  la  monarchie.  En  des  temps  plus 

1.  Leg.  .E  del  st.,  V.  §  10. 

2.  Cod.  dipl.,  no*  361,  1 102,  1105,  1107.  1108. 

3.  [bid. ,  no  1103. 

4.  Ibid.,  n<>  304. 

5.  Ibid.,  nos  353,  -364,  1.107 


LES   SAXONS    EN    ANGLETERRE  289 

reculés,  ce  nombre  dut  être  moindre,  puisque  Bècle  rapporte 
(Hist.  EccL,  II,  13)  que  le  gemot  réuni  pour  décider  de 
l'adoption  du  christianisme  dans  le  Northumberland,  fut 
tenu  dans  une  chambre,  et  que  Dunstan  se  rencontra  dans  un 
local  identique,  avec  les  witan  d'Angleterre  (Ghron.  sax., 
an.  978). 

Les  membres  du  witena  gemot  n'étaient  pas  élus,  et  si  au 
début,  leur  représentation  fut  élective,  elle  cessa  de  l'être  du 
jour  où  les  scirgeréfan  et  les  ealdormen  ne  furent  plus  élus 
par  le  peuple  (1). 

Le  nom  particulier,  en  saxon,  de  ces  assemblées  est 
witena  gemot  ;  littéralement,  la  réunion  des  witan.  Mais  on 
rencontre  encore  :  micel  gemot,  la  grande  assemblée  ; 
sinodlic  gemot,  l'assemblée  synodale  ;  seonod,  le  synode. 
Les  noms  latins  appliqués  au  witena  gemot  sont  concilium, 
conventus,  synodus,  synodale  conciliabulum.  Quoique  syno- 
dus  et  seonod  semblent  se  rapporter  plutôt  à  des  réunions 
ecclésiastiques  qu'à  des  assemblées  laïques,  il  n'apparaît 
pas  que  les  Saxons  aient  fait,  ici,  de  distinction,  attendu  que 


1.  «  In  Saxonum  gente  priscis  temporibus  neque  summi  cœlestisque 
regis  inerat  notitia,  ut  digna  cultai  eius  exhiberetur  reverentia,  neque 
terreni  alicuius  regis  dignitas  et  honorificentia,  cuius  regeretur  provi- 
dentia,  corrigeretur  censura,  defenderetur  industria  :  sed  erat  gens  ipsa, 
siculi  nunc  usque  consistit,  ordine  tripartito  divisa.  Sunt  denique  ibi,  qui 
illorum  lingua  tdilingi,  sunt  qui  frîlingi,  surit  qui  lassi  dicuntur,  quod 
in  latina  sonat  lingua,  nobiles,  ingenuiles  atque  serviles.  Pro  suo  vero 
libitu,  consilio  quoque,  ut  videbatur,  prudenti,  singulis  pagis  principes 
praeerant  singuli.  Statuto  quoque  tempore  anni  scmel  ex  singulis  pagis, 
atque  ab  eisdem  ordinibus  tripartitis,  singillatim  viri  duodecim  elccti,  et 
in  unum  collecti,  in  media  Saxonia  secus  flumen  Wiseram  et  locum 
Marklo  nuncupatum,  exercebant  générale  concilium,  tractantes,  sancien- 
tes  et  propalantes  communis  commoda  utilitatis,  iuxta  placilum  a  se  sta- 
tula3  legis.  Sed  etsi  forte  belli  terreret  exitium,  si  pacis  arrideret  gau- 
dium,  consulebant  ad  bœc  quid  sibi  foret  agendum.  »  Pertz,  monum.  If, 
361,  362. 

19 


290  BEOWULF 

1rs  affaires  tanl  ecclésiastiques  que  séculières,  étaient  sou- 
mises à  la  même  assemblée.  Mais  il  demeure  probable, 
comme  dans  Le  système  de  La  monarchie  franque,  que  le 
clergé  délibérait  seul  avec  le  roi  sur  les  matières  purement 

ecclésiastiques.  Il  y  a  des  actes  sur  lesquels  ne  sont  apposées 
que  les  signatures  du  clergé,  alors  que  dans  d'autres  docu- 
ments, ces  dernières  sont  suivies  et  confirmées  par  celles 
des  laïcs  (1). 

Les  pouvoirs  du  witena  gemot 

1°  En  premier  lieu  et  d'une  manière  générale,  les  witan 
avaient  voix  deliberative,  et  jouissaient  du  droll  d'examen  de 
tout  acte  public  qui  devait  Hre  promulgué  par  le  roi. 


1.  «  Kegnante  lui,  Westsaxonum  rege,  subilanea  qusedam  incubuerat, 
nova  quadam  seditione  exorla,  nécessitas,  et  statim  synodale  a  prima- 
tibus  a>cclesiarum  cum  consilio  prœdicti  regis  servorum  Dei  factum  est 
concilium  :  nioxque  omnibus  in  unum  convenientibus,  saluberrima  de 
hac  recenii  dissentione  consilii  qua'stio  inter  sacerdotales  œcclesiastici 
ordinis  gradus  sapienter  exoritur,  et  prudentiori  inito  eonsultu,  fidèles  in 
Domino  legatos  ad  archiepiscopum  Cantuariœ  civitatis,  nomine  Berdit- 
waldum,  destinandos  deputarunt,  ne  eorum  praisumptione  aut  temeri- 
tate  adseriberetur,  si  quid  sine  tanti  pontificis  agerent  consilio.  Cumque 
omnis  senatus  et  uni  versus  clericorum  ordo  tam  providenti  peracta  con- 
latione  consentirent »  Pertz.,  IL  338. 

«  Theodoricus  rex  Francorum,  cum  esset  Cathalaunis,  elegit  viros 
sapientes.  qui  in  regno  suo  legibus  antiquis  eruditi  erant  :  ipso  autem 
dictante,  iussit  conscribere  legem  Francorum,  Alemannorum  et  Baiuva- 
rioruni  »,  etc.  Eichhorn,  I,  273.  «  Incipit  Lex  Alamannorum,  quœ  tem- 
poribus  Hlodharii  regis  (an.  613-628)  una  cum  principibus  suis,  id  sunt 
XXXIII  episcopis,  et  XXIV  ducibus,  et  LXII  comitibus,  vel  caetero  populo 
constitua  est.  »  Eichhorn,  I,  274,  note  a.  «  In  Christi  nomine,  incipit  Lex 
Alamannorum,  qui  temporibus  Lanfrido  iilio  Godofrido  renovata  est. 
Gonvenitenim  maioribus  nalu  populo  allamannorum  una  cum  duci  eorum 
lanfrido  vel  citerorun  populo  adunato  ut  si  quilibet  »,  etc.  Eich- 
liorn,    I,   274,   note  c.  «  Ut  omnis   legum  Romanarum,  et  antiqui  iuris 


LES    SA\<»NS    KN    ANGLETERRE  291 

2°  Les  witan  délibéraient  sur  la  rédaction  des  lois  nou- 
velles qui  devaient  être  ajoutées  au  folcriht  existant,  et  qui 
ètaient_alor s  promulguées  de  leur  propre  autorité  et  de  celle 
du  roi.  Bède,  dans  son  Histoire,  s'exprime  ainsi,  à  propos 
d'iEdelberht  (1)  : 

«  Parmi  les  bienfaits  qu'il  prodigua  à  son  peuple,  il  con- 
vient de  citer  les  lois  qu'il  lui  donna,  sur  l'avis  de  ses 
witan,  selon  l'usage  des  Romains,  et  qui  ont  été  écrites  en 
langue  anglaise...  » 

La  promulgation  de  ces  lois  était  un  acte  de  la  double 
autorité  du  roi  et  des  witan.  Les  préliminaires  des  lois  de 
Wihtrâed  sont  ainsi  conçus  : 

«...  Sous  le  règne  du  plus  clément  des  rois  des  hommes 
du  Kent,  Wihtrâed,...  dans  l'assemblée  des  hommes  illustres 
du  royaume,...  lui-même  et  ces  derniers  ont  décrété,  d'une 
voix  unanime,  ces  lois  qu'ils  ajoutent  aux  coutumes  déjà 
existantes...  »  (2). 

Le  début  des  lois  d'Ini  est  formulé  en  des  termes  iden- 
tiques : 

«  lui,  par  la  grâce  de  Dieu,  roi  des  Saxons  de  l'Ouest,  a 
promulgué  les  lois  suivantes,  avee  l'assistance  et  l'avis  de 
Génred,  son  père,  des  évêques  Hedde  et  Ercenwold,  de 
tous  ses  ealdormen,  et  des  plus  sages  de  ses  witan...  »  (3). 

Les  préambules  des  lois  dVElfred  sont  conçus  en  termes 
identiques  : 

obscuritas,  adhibitis  sacerdotibus  ac  nobilibus  viris,  in  lucein  inlclli^en- 
tiii'  motions  deductn  resplendeat.  Quibus  omnibus  enueleatis  atque  in 
uniuii  librum  prudentium  electione  collectis,  h<ec  quœ  excerpta  sunt,  vel 
clariori  interpretatione  composita,  venerabilium  Episcoporum,  vel  electo- 
nim  provincialium  nostroruiù  roboravit  adsensus.  »  Eichhorn,  1,  280. 
noie  bb. 

1.  Hist.  Eccl.,  Il,  5. 

2.  Thorpe,  I,  36. 

3.  il, ut..  I,  102. 


292  BEOWULF 

«  J'ai,  Alfred,  roi  des  Saxons  de  l'Ouest,  soumis  ces  textes 
à  tous  mes  witan  qui  oui  déclaré  les  tenir  pour  bons.  <>t  les 
regarder  comme  lois  »  (1). 

Les  lois  d'Eâdweard,  comme  celles  d'Hlodhere,  ne  ren- 
ferment pas  de  préliminaires.  Eâdmund,  au  conseil  de 
GulintoD,  débute  ainsi  (2)  : 

«  Ceci  est  le  décret  qu'Eâdmund,  le  roi,  ses  évêques  et  ses 
witan  ont  rendu  à  Culinton,  sur  le  maintien  de  la  paix,  et  sur 
la  réception  des  serments  de  fidélité.  » 

En  1008,  .Edelred  promulgue  la  disposition  suivante  (3)  : 

«  Voici  l'ordonnance  que  le  roi  des  Anglais  a  rendue,  sur 
lavis  de  ses  witan,  tant  clercs  que  lais...  » 

Il  résulte  de  l'examen  de  ees  textes,  que  les  witan  exer- 
cèrent, conjointement  avec  le  roi,  les  pouvoirs  législatifs,  et 
même  qu'ils  pouvaient  l'exercer  sans  le  roi,  alors  que  celui-ci 
ne  pouvait  se  passer  de  leur  concours.  Car  en  eux  était 
représentée  la  nation,  dont  ils  exprimaient  la  volonté,  en  la 
dirigeant. 

3°  Les  witan  avaient  le  pouvoir  de  contracter  des  alliances 
et  des  traités  de  paix,  et  d'en  arrêter  les  termes.  Après  la 
défaite  des  Danois  par  ^Elfred,  en  878,  intervint  un  traité  de 
paix  entre  ce  roi  et  le  vaincu,  Gudorm  .Edelstan.  Le  premier 
article  de  cet  acte  essentiel,  est  ainsi  formulé  (4)  : 

((  Telle  est  la  paix  qu'^Elfred,  le  roi',  et  tous  les  witan  de 
la  nation  anglaise,  et  tout  le  peuple  de  TEastanglia,  ont 
arrêtée  et  confirmée  par  serment,  pour  eux-mêmes,  et  pour 
leurs  descendants,  nés  ou  ànaitre...  » 

i°  Les  witan  avaient  le  pouvoir  délire  le  roi.   La  dignité 

1.  Thorpe,  I,  59. 

2.  Ibid.,  I,  2-44,  240 

3.  Ibid  ,  I,   30'k  314,  316,  318,  340,  342,  350,  358,   376,  Cf    /Edelr., 
Vil,  §  24,  Ibid.,  1.  334,  yEdelr   IX,  §  3(3,  Ibid.,  I,  348. 

4.  Ibid.,  I,  452. 


LES  SAXONS  EN  ANGLETERRE  293 

royale  était,  chez  les  Anglo-Saxons,  mi-héréditaire  et  mi- 
élective.  Les  rois  étaient  généralement  choisis  dans  des 
maisons  illustres,  mais  les  witan  se  réservaient  le  droit 
délire  la  personne  qu'ils  voulaient  voir  régner.  Les  exem- 
ples sont  nombreux  de  cas  où  les  fils,  ou  descendants  directs 
du  roi,  sont  écartés  du  trône,  en  faveur  d'un  frère  ou  d'un 
autre  prince,  que  la  nation  jugeait  plus  digne  de  régner. 
L'avènement  au  trône  dVElfred  eut  lieu  dans  de  telles  condi- 
tions, et  au  détriment  des  enfants  de  son  frère  aîné  :  car  la 
nation  voulait  sur  le  trône  un  prince  énergique  et  guerrier, 
de  sorte  qu'Alfred,  fort  de  la  volonté  de  tous,  eût  pu  en  cas 
d'opposition,  détrôner  son  frère  Eldelred,  et  régner  à  sa 
place  (1). 

Florent  de  Worcester  rapporte,  pour  l'année  959,  qu'Eâd- 
gar  fut  élu  par  tout  le  peuple  d'Angleterre  : 

«  Ab  omni  Anglorum populo  electus...  regnum  suscepit  ». 

En  979,  la  Chronique  saxonne  poursuit  : 

«  Cette  année  /Edelred  prit  les  rênes  du  royaume...  et 
il  fut  sacré  roi  à  Kingston,  parmi  la  joie  de  ses  witan 
anglais...  » 

On  lit  dans  la  même  Chronique,  qu'à  la  mort  de  Swegen, 
en  1014,  l'armée  avait  élu  roi,  Cnut  : 

«  Mais  tous  les  witan  qui  étaient  en  Angleterre,  clercs  et 
lais,  décidèrent  d'aller  quérir  le  roi  JMelred,  et  ils  décla- 
rèrent qu'aucun  autre  roi  ne  leur  pouvait  être  plus  agréable 
que  leur  seigneur  naturel...  » 

Cependant  Cnut  l'emporta,  et  après  l'extinction  de  sa 
dynastie,  tout  le  peuple  élut  Eâdweard  le  Confesseur,  en 
1042  : 


1.  «  .Elfredus  a  ducibus  et  a  praesulibus  totius  genlis  eligitur,  et  non 
solum  ab  ipsis,  verumetiam  ab  omni  populo  adoratur,  ut  eis  praeesset, 
ad  faeiendam  vindictam  in  nationibus,  increpationesin  populis.  »  An.  871 . 
Siméon  de  Durham. 


2\  >  \  BEOWULF 

«  Et,  ajoute  La  Chronique,  cotte  année-là,  mourut  Harda- 
cnut,  tandis  qu'il  buvait  à  sa  table...  Tout  Le  peuple  acclama 
roi  Eâdweard,  comme  c'était  là  sou  droit  naturel...  » 

5°  Les  witan  (iraient  le  droit  de  dévoser  le  roi,  si  son 
gouvernement  ne  répondait  pas  au  bien  du  people.  En  fait, 
l'exercice  d'un  pareil  droit  fut  rare  :  l'histoire  anglo-saxonne 
a' en  fournit  qu'un  exemple  :  en  755,  les  witan  «le  Wessex, 
indignés  des  exactions  du  roi  Sigeberht,  le  déposèrent,  et 
nommèrent  à  sa  place,  son  parent,  Gynewulf.  Ce  fait  histo- 
rique est  rapporté  par  plusieurs  auteurs.  La  Chronique 
saxonne  de  Fan  755,  le  mentionne  brièvement  : 

«  Cette  année-là,  Cynewulf  et  ses  witan  privèrent  Sige- 
berht de  son  royaume,  excepté  du  Hampshire,  pour  ses 
démérites.  » 

Florent  de  Worcester  (Flor.  Wig.,  an.  755)  donne  une  his- 
toire aussi  peu  détaillée  de  cet  événement,  qu'Henri  de 
Huntingdon  rapporte  assez  longuement,  et  Siméon  de 
Durham  cite  un  roi  du  Northumberland,  Alcred,  comme 
ayant  été  déposé  et  exilé,  du  consentement  de  tout  son 
peuple  (1). 

6°  Le  roi  et  ses  witan  avaient  le  pouvoir  de  nommer  les 
prélats  aux  sièges  épiscopaux  vacants.  On  trouve   de  nom- 


1.  «  Sigebertus  rex,  in  principle  secundi  anni  regni  sui.  cum  incorrigi- 
bilis  superbia'  et  nequitia^  esset,  congregati  sunt  proceres  et  populus 
totius  regni,  et  pro  vida  deliberatione,  et  unanimi  consensu  omnium  expul- 
sus  est  a  regno.  Kinewulf  vero,  iuvenis  egregius,  de  regia  stirpe  oriun- 
dus,  electus  est  in  regem.  »  Hen.  Hunt.,  Hist.  Aug.  lib.  IV. 

«  Eodem  tempore,  Alcredus  rex,  consilio  et  consensu  omnium  suorum, 
regia1  familise  principum  destitutus  societate,  exilio  imperii  mutavit 
maiestatem.  »  Sim.  Dun.  an.  774.  «  Sed  cum  Aldoaldus  eversa  mente 
insaniret,  de  regno  eiectus  est.  »  Paul.  Diac.  Langob.,  IV,  43.  «  Generali 
nomine  rex  appellatur  Hendinos,  etritu  veteri,  potestate  deposita  remo- 
vetur,  si  sub  eo  i'ortuna  titubaverit  belli,  vel  segetum  copiam  negaverit 
terra.  »  Amm.  Man.,  XXXIIÏ.  5. 


LES    SAXONS    EN    ANGLETERRE  295 

breux  exemples  de  pareilles  nominations,  dans  la  Chronique 
saxonne,  pour  les  années  971,  995,  1050.  Ainsi,  en  959, 
Dûnstan  fut  élu  archevêque  de  Canterbury,  dans  les  condi- 
tions suivantes  : 

u  Dehinc  beatus  Dunstanus,  /Lthelmi  archiepiscopi  ex 
fratre  nepos,  Glaestaniae  abbas,  post  Huicciorum  et  Lon- 
doniensium  episcopus,  ex  respectu  divino  et  sapientum  con- 
silio.  prima4  metropolis  Anglorum  primas  et  patriarcha.  » 
(Flor.  Wig.,  an.  959). 

7°  Ils  avaient  également  le  pouvoir  de  statuer  sur  les 
matières  ecclésiastiques  ;  d  ordonner  des  jeûnes,  des  aumônes, 
d'arrêter  le  jour  des  fêtes  religieuses,  et  de  fixer  le  montant 
des  contributions  dues  au  clergé. 

Les  fêtes  de  saint  Eâdweard  et  de  saint  Dûnstân  furent 
fixées  par  les  witan,  au  quinzième  jour  des  calendes  d'avril, 
et  au  quatorzième  de  celles  de  juin  (1). 

Les  lois  renferment  encore  des  dispositions  touchant  aux 
aumônes  volontaires  efforcées,  à  l'observation  des  jeûnes,  à 
la  célébration  dominicale,  aux  règles  monastiques,  et  aux 
dispenses  et  prohibitions  de  mariage  (2). 

8"  Le  roi  et  les  witan  avaient  le  pouvoir  de  lever  des 
impôts  pour  assurer  les  services  publics. 

Au  début,  les  contributions  des  hommes  libres  durent  être 
volontaires,  mais  elles  perdirent  bientôt  ce  caractère,  et 
furent  comprises  sous  la  dénomination  de  cyninges  gafol, 
ayant  pour  assiette,  la  mesure  territoriale  du  hide.  Au  temps 
d'Ini,  les  witan  fixent  le  montant  de  cette  contribution,  en 
orge,  à  six  livres,  par  hide  de  terrain  (3).  Des  impôts  nou- 
veaux sont  votés,  pour  les  indemnités  de  la  guerre  danoise, 

1.  /Edelr.,  V,  §  16,  Cnut,  I,  §  47,  Thorpe,  I,  310,  370. 

2.  Cnut,  ï,  §  14,  15,  16,  Ibid.,  I,  368;  /Edelr.,  fX,  §  6,  VI,  §41;  Ibid., 
1,342,  328. 

3.  [ni,  §  59,  Ibid.,  I,  140. 


296  BEOWULF 

sous  ^Edelred,  et  pour  l'entretien  de  la  flotte  :  en  1018,  ces 
taxes  s'élevaient,  quand  riles  furent  supprimées  après  trente- 
neuf  ans,  par  Eâdweard,  à  82.500  livres  (1). 
9°  Le  roi  et  ses  witan  avaient  le  pouvoir  de  mobiliser  les 

forces  de  /erre  et  de  mer,  quand  les  circonstances  F  exigeaient. 

Le  roi  avait  le  droit  propre  d'appeler  le  ban  des  hommes 
libres  et  de  requérir,  eu  tout  état  de  cause,  les  services  des 
comités  et  de  leurs  vassaux.  Mais  quand  les  circonstances 
exigeaient  la  levée  et  l'équipement  de  troupes  plus  considé- 
rables, le  roi  devait  réunir  les  witan,  pour  convoquer 
l'arrière-ban  ou  hereban.  On  lit  dans  la  Chronique,  qu'en 
999,  le  roi  et  les  witan  ordonnèrent  des  armements  contre 
les  Danois,  et  des  prières  publiques.  Après  la  volonté  expri- 
mée du  roi  et  des  witan,  ces  levées  extraordinaires  dépen- 
daient encore,  en  fait,  du  consentement  national,  et  Svein, 
roi  des  Danois,  ayant  fait  appel  à  Eâdweard  le  Confesseur, 
contre  Magnus  de  Norvège,  le  peuple  s'opposa,  à  l'unani- 
mité, à  ce  qu'une  flotte  fût  envoyée  à  son  secours  (2). 

1 0°  Les  witan  avaient  le  pouvoir  de  conférer  et  de  ratifier 
des  concessions  de  terres,  et  iï  autoriser  la  conversion  de 
fôlcland  en  ôocland,  et  réciproquement . 

Toute  concession  de  terre,  du  fait  royal,  à  titre  onéreux  ou 
gratuit,  est  toujours  accompagnée,  dans  le  Codex  Diploma- 
tics, de  la  mention  «  cum  consilio,  consensu,  et  licentia 
procerum  ».  Et  la  nécessité  de  ce  double  consentement 
s'explique,  en  ce  que  de  pareils  actes  entraînaient  la  con- 
version de  biens  publics,  ou  fôlcland,  en  domaines  privés,  ou 
bôcland.  Du  même  coup,  les  revenus  publics  dont  le  roi  et 
les  witan  étaient  les  administrateurs  fiduciaires,  se  trouvaient 
atteints,  sauf  dans  le  cas  où  il  s'agissait  d'un  simple  échange  : 


1.  Cf.  Chron.  saxon. ,  an.  1006,  1008, 1018,  1052 

2.  Flor.,  1047,  1048. 


LES    SAXONS    EN    ANGLETERRE  297 

en  858  (l),   le    roi  et  son   l  liane   Wulflâf,  échangèrent  des 

domaines  dans  Le  Kent,  ^delberht   recevant  cinq  hides  de 

terres  à  Mersham,  contre  cinq  qu'il  donnait  à  Wassingwell. 

Le  consentemenl  ties  witan,  comme   représentants  de  la 

nation,  est  encore  nécessaire  quand  des  terres  sont  attribuées 
au  roi  lui-même,  comme  personne  privée. 

En  847,  Edelwulf  de  Wessex  obtint  de  ses  witan,  vingt 
hides  de  terres  à  Ham.  La  concession  en  est  rédigée  en  ces 
termes  : 

«  Moi  .Edelwulf,  par  la  grâce  de  Dieu,  roi  des  Saxons  de 
l'Ouest,  avec  le  consentement  et  la  licence  de  mes  évêques  et 
de  mes  princes,  je  me  suis  attribué  une  terre  de  vingt  hides 
d'étendue,  en  héritage...  »  (2).  Offa,  roi  de  Mercie,  se  fait 
concéder  cent  dix  hides  de  terres  conquises  dans  le  Kent,  de 
l'assentiment  de  ses  conseillers  (3).  En  !)64,  le  roi  Eâdgar 
dota  son  épouse,  ^Elfdryd,  de  dix  hides  de  terres  à  Aston, 
dans  le  Berkshire,  «  consilio  satellitum,  pontificum,  comitum, 
militum  »  (4). 

11°  Les  witan  avaient  le  pouvoir  d'attribuer  à  la  Couronne 
les  biens  de  ceux  qui  étaient  morts  intestats  et  de  confisquer 
au  profit  du  roi,  les  domaines  des  condamnés  de  droit 
commun. 

.Elfred,  condamné  pour  trahison  et  rébellion  contre  ^Edel- 
stân,  perdit  ses  biens  par  jugement  des  witan,  qui  les  con- 
fisquèrent au  profit  du  roi  (5).  Encore  voit-on  les  domaines 
d'hommes  libres,  condamnés  pour  vol,  attribués  à  la  Cou- 
ronne, avec  la  mention  (6)  : 


i.  Cod.  Dipl:,  n°  284. 

2.  Ibid.,  n°260. 

3.  Ibid.,  no  4019. 

4.  Ibid.,  no  125li. 

5.  Ibid  .  n°  4442. 

6.  Ibid.,  n°  374. 


298  BEOWULF 

«  liisfo  valde  iudicio  totius  populi,  seniorum  el  prima- 
1 11  m  ». 

Cinquante  hides  de  terres  constitués  en  majorat,  par 
Ecgberht,  en  825,  au  profit  d'Aulton,  à  Winchester,  lui 
lirriii  retour  à  La  mort  du  bénéficiaire  infestai  (1). 

12°  Les  witan  agissaient  comme  juridiction  suprême,  tant 
an  civil  qu'au  criminel. 

Ces  pouvoirs  sont  confirmés  par  de  nombreux  documents 
qui  se  retrouvent  à  foutes  les  pages  du  Codex  Diplomaticus, 
avec  les  noms  des  parties,  l'objet  de  la  cause,  les  phases  du 
procès...  Mais  la  justice  du  gemot  semble  avoir  été  mise  eu 
doute  par  les  contemporains  eux-mêmes.  Un  corps  politique 
aussi  nombreux  ne  pouvait  faire  preuve  d'équité  bien  grande  : 
les  violences  de  la  majorité  emportaient  maintes  fois  les 
suffrages,  et  des  sentences  rigoureuses  telles  que  la  mort,  la 
perte  des  yeux,  la  mise  hors  la  loi,  étaient  prononcées  par 
la  haute  cour  des  witan,  pour  des  crimes,  et  dans  des 
desseins,  le  plus  souvent,  politiques. 

Tels  sont  les  divers  pouvoirs,  très  étendus,  du  gemot. 
D'ordinaire,  le  roi  convoquait  celui-ci,  à  quelque  domaine 
royal,  aux  fêtes  de  Pâques,  ou  à  la  Noël  :  les  witan  pouvaient 
être  réunis  d'urgence,  quand  les  circonstances  l'exigeaient. 
L'assemblée  s'ouvrait  par  un  service  religieux,  et  par  l'affir- 
mation, chez  ses  membres,  de  leur  adhésion  à  la  foi  catho- 
lique (2).  Le  roi  leur  soumettait  alors  les  propositions  sur  les- 
quelles ils  devaient  délibérer,  et  celles-ci  étaient  acceptées, 
modifiées,  ou  rejetées.  Puis,  des  messagers  royaux  allaient 
recueillir  par  les  sbires,  l'adhésion  et  le  serment  de  fidélité 
des  hommes  libres,  aux  lois  nouvelles.  Le  peuple  est  donc 
associé  aux  votes  des  witan,  et  saisi  de  leurs  résultats,  étant 


1.  Cod.  DipL,  no  1035. 

2.  Ibid.,  n°  4019. 


LES    SAXONS    EN    ANGLETERRE  299 

donné  ce  principe  de  La  législation  fceutone,  que  La  Loi  nail 

dos  volontés  jointes,  du  roi  et  de  son  peuple4.  (Test  ce  qui 
explique  que  les  capitula  étaient  signifiés  aux  homines  libres 
du  shire,  qui  leur  donnaient  une  adhésion  personnelle.  Sur 
chaque  Loi,  préparée  et  votée  par  les  witan,  il  y  avait  une 
sorte  de  plebiscite4  qui  la  ratifiait,  ou  qui  la  rejetait  définiti- 
vement. 

Bien  que  les  personnages  essentiels  fussent  seuls  nom- 
mes dans  la  composition  du  gemot,  il  est  probable  qu'en 
fait,  l'homme  libre  du  voisinage  y  devait  venir,  en  armes, 
sinon  pour  y  délibérer,  du  moins  pour  ajouter  son  acclama- 
tion à  celle  qui  accueillait  tonte  mesure  favorable  à  la 
majorité  du  peuple  (1),  dont  la  présence  réelle  ou  fictive  ne 
fut  jamais  obligatoire.  Car  ce  sont  les  membres  mêmes  du 
gemot  qui  représentent  le  peuple,  dans  cette  assemblée. 

Des  dispositions  ordonnées  par  Sigeberbt,  sont  rapportées 
comme  ayant  été  prises,  dans  une  assemblée  procernm  et 
populi  (2).  Une  charte  d'Ini,  en  723,  est  consentie,  cum 
prœsentia  populations  (3).  Le  28  mai  92i,  un  gemot  se 
réunit  à  Winchester,  tota  populi  generalitate,  et  une  autre 
assemblée  s'ouvre  à  Wordig,  en  931,  tota  plebis  generali- 
tate (4),  .Edelstan,  en  938,  déclare  que  certaines  terres  ont 
été  confisquées  au  profit  de  la  Couronne,  du  consentement 
du  peuple,  des  seniores  et  des  primates,  et  que  les  chartes, 
à  leur  origine,  étaient  octroyées  par  un  acte  solennel  du 
peuple  entier. 

Que  le  mot  peuple  ait  été  employé  dans  un  sens  res- 
trictif ou  plus  général,  et  quelque  vague  qu'ait  été,  en  ces 

1.  «  Et  dixit  omnis  populis  qui  ibi  «ulerat.  Fiat,  Fiai.  Amen.  »  Cod. 
Dipl.,  no  1129. 

2.  Hon.  Hunt.,  lib.  IV. 

3.  Cod.  Dipt.,  no  7:*. 

I.  Tbid.,  nos  H03,  :J64,  186. 


MO  BEOWl  LF 

temps,  L'idée  de  représentation,  elle  n'en  existe  pas  moins  à 
L'état  virtuel,  et  d'aucuns  ont  pu  voir,  dans  ces  premières 
assemblées  délibérantes,  formellement  respectueuses  de  la 
volonté  nationale,  le  premier  germe  des  institutions  parle- 
mentaires en  Angleterre. 


CHAPITRE  VI 


Les  Villes 


La  ville  bretonne,  au  temps  de  César,  ne  présentait  qu'une 
sorte  de  citadelle,  entourée  dun  rempart  ou  d'un  fossé 
creusé,  pour  arrêter  momentanément,  les  incursions  de 
l'ennemi.  C'est  ainsi  que  s'étaient  formées  les  oppida  de 
Cassivelaunus,  Caratac  ou  Galgacus,  qui  résistèrent  souvent 
au  génie  du  général  romain.  Mais  de  telles  villes  n'avaient 
qu'une  importance  politique  ou  stratégique,  et  ne  compor- 
taient point  d'unité  administrative,  ou  de  centre  économique. 

Ce  furent  des  colonies,  avec  ces  derniers  caractères  qui 
constituent  intégralement  une  ville,  que  les  Romains  lais- 
sèrent sur  tous  les  points  de  la  Bretagne,  où  les  municipia 
apparurent  de  tous  côtés.  Leur  tâche  fut  facilitée  par 
l'accroissement  de  la  population,  car  César  rapporte  que  les 
demeures  des  Bretons  étaient  nombreuses,  comme  dans  les 
cités  des  Gaules  (1).  Moins  de  quatre-vingts  ans  après  le 
retour  des  Romains  en  Bretagne,  et  quarante  ans  après  la 
soumission  complète  de  l'île,  par  Agricola,  Ptolémée,  au 
commencement  du  ne  siècle,  vers  l'an  120,  énumère  cinquante- 

4.  «  Greberrima  aedificia,  fere  Gallicis  consimilia  ».  Bell.  GalL,  V,  12. 


M)2 


111  ii\\  i  i.i 


si\  viles   en   Bretagne,  doni    I  existence   détail   pas  toujours 
due  aux  efforts  de  La  civilisation  romaine    1). 

César,  en  effet,  ne  l'ait  pas  oiention  de  Londres,  quoiqu'il 
est  difficile  de  supposer  qu'à  l'époque  de  La  conquête, 
romaine,  cette  ville  n'ait  pas  été  un  centre  important. 
Londres  fut  longtemps  la  ville  principale  des  Cantii,  que 
César  a  dépeints,  comme  le  peuple  le  plus  poli  de  la  Bre- 
tagne, et  les   marchands  qui    taisaient   le    trafic   aux    rives 


Districts 

Villes 

Districts 

Villes 

Novantae. 

Loucopibia. 

Parisi'   .     .     . 

Petuaria. 

Rhetigonium. 

Ordovices  .     . 

Mediolianium. 

Selgovae  .     . 

Carbantorigum. 

Brannogenium. 

Uxelum. 

Cornabii    .     . 

Deuana. 

Corda. 

Viroconium. 

Trimontium . 

Coritavi     .     . 

Lindum. 

Damnii     . 

Colània. 

Rhage. 

Vanduara. 

Catyeuchlani  . 

Salenae. 

Coria. 

Urolaniuni. 

Alauna. 

Simeni  .     . 

Venla. 

Lindurn. 

ïrinoantes.     . 

Camudolanum. 

Victoria. 

Demetœ     .     . 

Luentinium. 

Otadeni    .     . 

Curia. 

Maridunuin. 

Bremenium. 

Silures  .     .     . 

Bullaeum. 

Vacomagi 

Banatia. 

Dobuni .     .     . 

Corinium . 

Tameia. 

Atrebatii    . 

Nalkua . 

ïuesis . 

Cantii    .     .     . 

Londinium. 

Venicontes    . 

Orrhea. 

Darvenurn. 

Texal  i .     .     . 

De  v  ana. 

Rlmtupiae. 

Brigantes.     . 

Epeiacum. 

Rhegni  .     .     . 

Naeomagus 

Vinnovium. 

Belgae   .     .     . 

Iscbalis. 

Gaturhactonium. 

The  Hot  Springs 

Calatum. 

Venta. 

Isurium. 

Durotriges .     . 

Dunium. 

Rhigodunum. 

Dumnonii  . 

Voliba. 

0  lie  an  a. 

Ixcla. 

Eboracum . 

Tamare. 

Oiniunlodunum. 

Isca. 

LES    SAXONS    K\     kNGLETERRI  'M)\i 

anglaises,  ne  devaient  pas  ignorer  celle  ville,  silure  sur  les 
bords  d'un  grand  Ûeuve,  ei  à  une  distance  peu  éloignée  de 
La  mer.  A  cenl  soixante  ans  de  distance,  Londres  esl 
renommé  comme  centre  commercial  (1),  qui  avait  pu  se 
développer,  sous  L'égide  romaine,  pendant  un  siècle  de  paix. 
Mais  Londres  ne  fut  pas  une  colonia  romaine  :  la  première 
ville  qui  reçut  ce  titre,  avec  les  avantagés  qui  s'y  ratta- 
chaient, fut  Gamelodunum,  probablement  le  breton,  Gair 
Golun,  et  aujourd'hui,  Colchester,  dans  L'Essex. 

Après  la  victoire  des  légions,  les  vaincus,  à  limitation  des 
vainqueurs,  multiplièrent  les  municipes  et  les  colonies. 
Henry  de  Huntingdon,  Asser  et  la  Chronique  saxonne  citent 
parmi  les  villes  romaines  en  Angleterre  : 

Londinium,  Verulamium,  Colonia,  Glevum  (Gloucester), 
Venta  Belgarum  (  Winchester),  Venta  Icenorum  (Norwich), 
Venta  Silurum  (Cair  Gwint),  Durocornovium  ou  Gorinium 
(Cirencester),  Calleva  Atrebatum  (Silchester),  Eboracum 
(York),  Uxella  (Exeter),  Aquœ  Solis  (Bath),  Durnovaria 
(Dorchester),  Regnum  (Chichester),  Durocovernum  (Canter- 
bury), Iriconium  (Wroxeter),  et  Linduni  (Lincoln).  Ces 
villes  comprenaient  une  population  romaine  importante  :  les 
ruines  de  leurs  théâtres,  de  leurs  villas,  de  leurs  bains  et  de 
leurs  fortifications,  l'attestent. 

Dans  la  constitution  de  la  cité  romaine,  sous  la  République, 
le  corps  entier  des  citoyens  prend  part  aux  délibérations,  tou- 
chant les  affaires  municipales.  Les  fonctions  administra- 
tives, cependant,  sont  dévolues  à  une  classe  privilégiée  de 
citoyens  :  aux  Curiales,  Decuriones,  Ordo  Decurionum, 
Senatus.    Ceux-ci   étaient  au  corps  des  citoyens,  ce  que  fut 


1.  «  Al  Suetonius  mira  constantia  medios  inler  hostes  Londinium  per- 
rexil,  cognomenlo  quidem  colonia'  non  insigne,  sed  copia  negotiatorum 
et  commeatum  maxime  célèbre.  »  Tacite,  Ann.,  XIV,  33. 


3(M  BEOWULF 

Le  Sénat,  sous  les  Empereurs,  vis-à-vis  des  citoyens  de  Rome. 
Leurs  fonctions  étaient  héréditaires,  et  quand  La  nécessité 
exigeait   de    nouvelles  nominations,   ces  corps  privilégiés, 

s'adjoignaient  d'eux-mêmes,  et  propria  jure,  de  nouveaux 
membres.  Dans  ce  collège  de  Décurions  étaient  choisis  Les 
magistrates ,  qui  constituaient  le  pouvoir  exécutif  suprême 
de  la  province  :  ces  derniers  devaient  être  élus  pour  un  an, 
et  portaient  différents  noms  dans  les  diverses  cités,  d'après 
leur  nombre  :  Duumviri,  Quatuorviri,  et  rarement,  Consules. 

Une  pareille  organisation  se  retrouvait,  avec  ses  caractères 
essentiels,  dans  Tadministrations  des  provinces,  soumises  à  la 
domination  romaine.  Mais  tous  les  actes  delà  vie  administra- 
tive des  cités,  étaient  soumis  au  pouvoir  régulateur  et  au 
contrôle  du  Consularis,  Legatus  ou  Procurator,  et  aux  autres 
officiers  militaires  et  fiscaux.  Les  fonctionnaires  de  la  pro- 
vince étaient  bien  élus  par  l'Orclo  ou  Curia,  niais  sur  la 
présentation  du  gouverneur  romain.  En  fait,  leur  juridiction 
était  très  limitée  et  subissait  sans  cesse  les  empiétements  des 
fonctionnaires  de  l'empire. 

Les  décurions  provinciaux  formaient  donc  une  sorte  de 
noblesse,  distinguée  par  le  rang,  les  privilèges  et  par  ses 
propres  richesses.  Ils  demeuraient  responsables  de  la  per- 
ception entière  des  impôts,  et  subissaient,  souvent,  les 
exactions  des  officiers  impériaux  (1),  ce  qui  explique  quà  la 


1.  «  Ceterum  animorum  provincial  prudens,  simulque  doctus  per  aliéna 
expérimenta,  parum  proficiarmis,  si  iniuriœ  sequerentur,  causas  bellorum 
statuil  excidere. .  Frumenti  et  tributorum  exactionem  aequalitate  mune- 
rum  mollire,  circumeisis,  quai  in  quaestum  reperta,  ipso  tributo  gravius 
lolerabantur  :  namque  per  ludibrium  adsidere  clausis  horreis,  et  emerc 
ultro  frumenta,  ac  vendere  pretio  cogebantur  :  devortia  itinerum  et  lon- 
ginquitas  regionum  indicebatur,  ut  civitates  a  proximis  hybernis  in 
remota  et  avia  déferrent,  donee,  quod  omnibus  in  promtu  erat,,  paueis 
lucrosum  fieret.  »  Tac,  Agric,  XIX.  «  Britanni  agi  tare  inter  se  mala  ser- 
vitutis,  conferre  iniuras  et  interpretando  accendere  :  nihil  profîci  patientia, 


LES  SAXONS  EN  ANGLETERRE  305 

décadence  romaine,  on  dut  forcer  des  citoyens  à  accepter  ces 
charges  sans  profit,  signe  de  La  misérable  condition  des  pro- 
vinces sons  les  derniers  empereurs. 

D'antres  cités  moins  favorisées  étaient  gouvernées  comme 
des  préfectures,  par  un  envoyé  direct  de  Rome,  qui  centrali- 
sait en  lui,  toute  la  vie  administrative.  Dans  ces  villes,  les 
fonctions  des  Décimons  étaient  encore  diminuées  :  ils 
n'avaient  plus  que  la  police  de  la  voirie  et  des  marchés,  la 
garde  des  poids  et  mesures.  D'autre  part,  peu  de  cités  jouis- 
saient du  jus  italic um  ou  droit  de  former  une  association 
municipale,  identique  à  celle  des  villes  d'Italie.  Vers  la  fin 
du  ive  siècle,  dans  toutes  les  cités  qui  ne  jouissaient  pas  de 
pareils  privilèges,  on  trouve  un  officier  particulier,  le 
Defensor  civitatis,  qui  devait  être  élu  par  tout  le  corps  des 
citoyens  et  qui  représentait  l'élément  populaire  contre  les 
empiétements  de  l'aristocratie,  contre  les  Duumviri  et  le 
Senatus.  Dans  la  plupart  des  villes  de  la  Gaule,  ce  furent  les 
évêques  qui  remplirent  cette  charge,  ce  qui  les  mit  souvent 
en  rapport  avec  les  envahisseurs  barbares  (1). 

Gomment  ces  principes  de  gouvernement  et  d'administra- 
tion publique  étaient-ils  appliqués  à  la  Grande-Bretagne? 
Gelle-ci  fut  toujours  regardée  par  le  vainqueur,  comme  la 
province  lointaine  sur  laquelle  il  pouvait  faire  peser  le  plus 
lourdement  son  joug",  et  le  poids  de  ses  impôts  arbitraires. 
Quelques  phrases  de  Tacite,  demeurent  les  seules  sources 
historiques  sur  la  domination  romaine  en  Angleterre.  Gettc 


nisi  ni.  graviora,  tanquam  ex  t'acili  tolerantibus,  imperentur  :  singulos 
sibi  olim  reges  fuisse,  nunc  binos  imponi  :  e  quibus  Legatus  in  sanguinem, 
Procurator  in  bona  sœviret.  Aeque  discordiam  Prœpositorum,  œque  con- 
cordiam  subiectis  exiliosam,  alterius  nianus,  cenluriones  alterius,  vim  et 
eontumelias  miscere.  Nihil  iani  cupiditati,  nihil  libidini  exceptum. 
Tac,  Agric,  XV. 

1.  Sâvighy,  Rom.  Rechf.,  1,  53. 


806  MlnWILK 

domination  parait  avoir  été  violente,  jusqu'au  gouvememenl 
d'Agricole  qui  s'efforça  de  détruire  Le  sentiment  national 
chez  les  Bretons,  par  L'introduction  des  arts  el  du  Luxe, 
parmi  Le  peuple^  Ce  u'étail  pas  La  civilisation  seule  qu'i] 
répandait  par  toute  L'île,  mais  L'esclavage  <les  besoins  nou- 
veaux auquel  il  asservissait  ces  rudes  barbares  (1).  Des 
temples  s'élevèrent,  des  forums,  des  bains,  des  portiques  :  Le 
Breton  vinl  s'asseoir  aux  festins  de  Home,  et  ressentit  bientôt 
l'influence  dissolvante  du  vainqueur.  Mais  jamais  les  Bretons 
ne  furent  admis  à  jouir  des  bienfaits  proprement  dits  de  la 
civilisation,  ou  à  tenir  un  rang  dans  le  gouvernemenl  <le  Leur 
pays.  Telle  paraît  avoir  été,  sous  la  domination  romaine,  la 
condition  générale  des  peuples  bretons.  Durant  les  invasions 
d'Attila,  les  Bretons,  abandonnés  des  Romains,  sans  con- 
science nationale  du  danger,  furent  livrés  bientôt  aux  enva- 
hisseurs, et  se  mêlèrent  à  lui,  sans  souci  de  reconquérir  leur 
indépendance,  jusqu'au  jour  où  s'effacèrent  les  derniers 
vestiges  de  l'établissement  des  Romains. 

Même  avant  le  retrait  des  légions  d'Angleterre,  l'appau- 
vrissement du  sol  avait  contraint  la  population  à  se  presser 
en  foule  dans  les  cités,  et  pendant  les  invasions  des  Pietés, 
les  campagnes  furent   entièrement  désertées  au  profit   des 

4.  «  Sequens  hyems  salubernmis  eonsiliisabsuiupta  :  namque,  ut  homi- 
nes dispersi  ac  rudes,  eoque  in  bella  faciles,  quieli  et  otio  per  voluptates 
adsuescerent,  horlari  privatim,  adiuvare  publiée,  ut  tenipla,  fora,  domus 
exstruerent,  laudando  promtos  et  castigando  segnes  :  ita  honoris  aemula- 
tio  pro  necessitate  erat.  I.amvero  prineipum  filios  liberalibus  artibuseru- 
dire,  et  ingénia  Britannorum  studiis  Gallonmi  anteferre,  ut  qui  modo 
linguain  Romananm  abnuebant,  êloquentiam  concupiscerènt  Inde  ctiam 
habitus  nostri  lionor  el  frequens  toga  :  paullatimque  diseessuin  ad  delini- 
menta  vitiorum.  porticus  et  balnea  et  convivioruni  elegantiam  :  idquê 
apud  imperitos  bumanitas  vocabatur,  cum  pars  servitntis  esse!  »  Tac., 
Agric,  XXI.  «  Qiuedam  civitates  Cogidumno  régi  donata1...  vetere  ac 
iam  pridem  recepta  populi  Romani  eonsnetudine,  ut  baberet  instrumenta 
servitutis  et  reges  »,  Agric,  XIV. 


LES    SAXONS    K.N     ANGLETERRE  'M)l 

villes  (jui  devenaient,  ainsi,  un  asile  temporaire  et  un  refuge 
durant  les  guerres  intestines.  Los  Saxons,  peuple  agricole, 
s'établirent  avec  lours  troupeaux,  près  des  forets  et  des 
marais  qui  avoisinaiont  los  villes,  et  ils  devinrent  bientôt  les 
maîtres  de  toutes  les  communications  du  pays  (1).  Mais  le 
triomphe  définitif  des  Saxons  ne  fut  pas  obtenu  sans  lutte, 
ear,  ça  et  là,  se  manifestèrent  néanmoins,  des  velléités  de 
résistance,  bientôt  vaincues  par  les  envahisseurs. 

La  constitution  urbaine,  chez  les  Saxons,  parait  avoir  été 
la  suivante  :  les  hommes  libres  s'unissent  en  associations 
appelées  gt/lr/s,  qui  formaient  un  corps  entier  ou  Burhwaru, 
gyld  des  bourgeois.  Ces  associations  jouissaient  d'une  sorte 
de  personnalité  civile  et  avaient  la  capacité  juridique 
entière  :  leurs  membres  se  juraient  une  amitié  fraternelle,  et 
promettaient  de  toujours  s'entraider.  On  peut  retrouver  là, 
l'origine  des  communes-jurées,  communœ  ou  commun'm, 
qui  résisteront  à  l'oppression  de  l'évêque  ou  du  baron.  De 
telles  organisations  plaçaient  une  ville  sur  le  pied  d'égalité, 
vis-à-vis  d'autres  pouvoirs  constitués.  Encore  peut-on  suivre 
le  développement  de  diverses  villes  anglaises,  à  la  fin  des 
guerres    danoises,    et    après    les    victoires   successives    des 


1.  «  Siconim  et  hic  agente  impio  victore,  immo  disponenteiusto  iudice, 
proximas  quasque  civilaies  agrosque  dopopulans,  ab  oriental i  man  usque 
ad  occidentale,  nullo  prohibente,  suum  continua  vit  incendium,  totamque 
propre  insula?  pereuntis  superficiem  obtexit  Ruebant  œdifîcia  publica 
simul  et  privata,  passim  sacerdotes  inter  altaria  trucidabantur,  praesules 
cum  populis,  sine  ullo  respectu  honoris,  ferro  pariter  et  flammis  absu- 
nii'hautiir  ;  nec  erat  qui  crudeliter  interemptos  sepulturae  traderet.  Ila- 
que  nonnulli  de miserandis  reliquiis.  inmontibuscomprehensi  acervalim 
iugulabantur  ;  alii  faîne  confecti  procedentes  inanus  hostibus  datant,  pro 
accipiendis  alimentorum  subsidiis  sternum  subit u ri  servitium,  si  tamen 
non  coniinuo  trucidarentur  :  ali  transmarinas  regiones  dolentes  pete- 
banl  :  alii  perstantes  in  patria  pauperem  vilain  in  montibus,  silvis  vel 
rupibus  arduis.  suspecta  semper  mente,  agebant  »,  Beda,  Hist.  Eccl., 
i,  15. 


.'{OS  BEOWULF 

enfants  d'Alfred,  Eâdweard  roi  de  Wessex,  .Edelflâed, 
duchesse  de  Mercie. 

Par  le  traité  de  paix  entre  Alfred  et  Gudorm,  de  vastes 

territoires  au  nord  et  au  sud  de  l'Angleterre,  furent  aban- 
donnés à  ce  dernier,  et  à  ses  alliés  Scandinaves,  (les  contrées 
avaient,  à  des  dates  reculées,  compris  d'importantes  cites 
et  des  forteresses,  dont  la  plupart  avaient  été  détruites  pen- 
dant les  guerres,  qui  avaient  abouti  à  l'expulsion  des  rois  de 
Northumberland  et  de  Mercie.  Les  efforts  dVElfred  avaient 
réussi  à  sauver  les  royaumes  de  ses  ancêtres,  le  Wessex  et 
le  Kent,  et  par  les  articles  de  Wedmor,  il  était  entré  en 
possession  d'une  notable  partie  de  la  Mercie.  Au  sud  et  au 
nord  de  ces  lignes,  les  Scandinaves  s'étaient  établis  sur  les 
terres  abandonnées  par  la  population  saxonne,  alors  que 
dans  le  nord,  une  confédération  puissante  s'était  maintenue, 
comprenant  sept  burghs  ou  cités,  York,  Lincoln,  Leicester, 
Derby,  Nottingham,  Stamford  et  Chester.  Mais  peu  à  peu, 
les  Scandinaves  furent  affaiblis  par  leurs  querelles  intestines, 
et  une  ère  de  revanches  fécondes  s'ouvrit  pour  les  vaincus. 
Les  Scandinaves  successivement  refoulés,  durent  bientôt  se 
soumettre  aux  armes  saxonnes,  et  le  pays  fut  protégé  par 
une  ligne  imposante  de  forteresses. 

La  reine  /Edelflâed,  notamment,  fait  fortifier  les  places 
suivantes  :  en  910,  le  burgh  de  Bremesbyrig  ;  en  913,  ceux 
de  Tamworth  et  Stafford  ;  en  915,  Gherbury,  Warborough 
et  Runcorn.  En  917,  elle  s'empare  de  la  place  forte  de 
Derby  ;  en  918,  de  Leicester,  et  après  la  soumission  de  York, 
la  même  année,  elle  dissout  la  confédération  des  «  sept 
burghs  ». 

L'activité  d'Eâdweard  ne  fut  pas  moins  grande  :  il  élève 
des  places  fortes,  en  913,  à  Hertford,  à  Witharn  et  à 
Buckingham.  En  921,  il  entoure  Towchester  de  fortifications, 
et  la  même  année,  il   relève  celles  d'Huntingdon,  de  Col- 


LES    SAXONS    EN    ANi.LETKRKK  309 

chestcr  et  de  Gledemouth.  Enfin,  en  923,  il  fortifie  Thelwall, 
Manchester  et  Nottingham. 

Parmi  ces  villes,  la  cité  de  Londres,  dans  ses  constitu- 
tions, présenta  surtout  les  caractères  d'association  munici- 
pale libre,  bien  qu'au  vne  siècle,  clans  la  loi  d'illodaere,  il 
est  question  d'un  gouverneur  royal  dans  cette  ville  (1). 
En  886,  .Elfred,  victorieux  sur  tous  les  points  de  l'Angle- 
terre, s'attache  à  la  cité  de  Londres  dont  il  exhausse  l'en- 
ceinte fortifiée,  et  annexe  la  ville  elle-même  à  la  Mercie, 
érigée  en  duché  au  profit  d'.Ldelred  (2).  A  la  mort  de  ce 
prince,  Eadweard  s'empara  d'Oxford  et  de  Londres,  et  il 
demeure  probable  qu'il  fit  gouverner  ces  deux  cités,  par 
des  burhgeréfan  royaux,  qu'il  y  déléguait  (3).  C'est  alors 
qu'apparait  l'important  document,  «  Judicia  Givitatis  »,  qui 
constitue  pour  la  cité  de  Londres,  le  titre  originaire  de  ses 
franchises  municipales.  Les  citoyens  élisent,  dans  leur  sein, 
des  portgeréfan  ou  portreeves  (4),  à  qui  les  ordres  royaux 
sont  transmis,  comme  aux  sheriffs,  dans  les  comtés.  Mais  il 
parait  probable  que  l'élection  de  ces  officiers  par  leurs  con- 
citoyens, devait  être  ratifiée  par  l'autorité  royale. 

L'origine    des  corps   municipaux,    dans    toutes    les    cités 
anglo-saxonnes,  parait  remonter  à  l'élection  populaire  des 

1.  Leg.  Mod.,  §  16  ;  Thorpe,  I,  34. 

2.  «  (iesette  .Elf  red  cyning  Lundenburg..  and  he  da  befœste  da  burg 
.Ederede  aldormen  to  healdanne  »,  Chron.  sax.,  an.  886  «  Eodein  anno 
.-Elf red,  Angulsaxonum  rex.  post  incendia  urbium,  stragesque  populo- 
rum.  Londoniam  civitatem  honorifice  reslauravit.  et  habitabilem  fecit  : 
qua  m  generi  suo  /Ederedo,  Merciorum  comiti,  commendavit  servan- 
dam   ».    Asser,  Vit.,    /Elf.,    ann.    886. 

3.  Chron.  sax.,  an.  912. 

4.  Swétman,  portgeréfa,  Cod.  Dipl.,  no  857;  /Elfsige,  ibid.,  nos  858, 
861;  Ulf,  ibid.,  no  872,  Ci'  Thorpe,  «-  dc  Institutis  Londoniae  »,  §  4.  I,  301, 
Cod.  Dipl.,  no  293,  Leg  ,  /Edelr.,  Ill,  §  8,  16;  IV,  §  5,  9  ;  Thorpe.  I,  246, 
298,  301,  303,  Leg.,  Eâdw.,  §  1,  .Edelst.,  I,  §  12,  13  ;  III,  §  2;  V.  §  10; 
Thorpe,  I,  158,  206.218,  240. 


;iio 


BKOWULF 


jurés  qui,  dans  les  marchés  et  les  foires,  témoignaient  des 
ventes  'f  dos  achats,  H  qui  connaissaient  des  différends  qui 
s\  rapportaient.  Leur  décision  ou  veredictum,  était  obliga- 
toire pour  1rs  parties.  Los  lois  d'Eâdgar  portent  dans  les 
grands  burghs,  (summus  portus),  Le  nombre  de  ces  officiers 
à  trente-trois:  ils  prêtaienl  serment  d'accomplir  loyalement 
leur  tâche  (1). 

Ces  fonctions  durent  être  permanentes,  et  les  «  geaédedan 
men  »  ou  jurati,  constituèrent,  par  la  suite,  une  juridiction 
urbaine  déterminée.  On  voit  en  eux,  le  germe  d'une  institu- 
tion municipale,  d'une  corporation  qui  assiste  le  geréfa.  Ce 
sont  là,  les  «  boni  et  légales  hommes  »,  les  «  testes  credi- 
hiles  »,  «  da  gôdan  men  »,  les  «  Scabini  »  ou  «  Eschevins  », 
dont  parlent  les  textes.  Ils  furent,  en  fait,  et  durant  tout  le 
moyen  âge,  les  représentants  et  les  défenseurs  de  tous  les 
droits,  franchises  et  privilèges  municipaux. 

Les  détails  historiques  sur  la  vie  et  l'évolution  de  ces  corps 
municipaux,  font  entièrement  défaut  Parfois  seulement, 
lrouve-t-on  mentionné  un  officier  particulier,  le  «  propositus 
civitatis  »  ;  le  tûngerefa,  qui  veillait  au  recouvrement  des 
tailles,  et  le  caccepol,  véritable  collecteur  d'impôts  (2). 

Ce  n'est  que  par  conjecture,  et  sans  base  critique,  que 
l'histoire  peut  se  former  l'idée  et  l'image  d'une  ville 
anglo-saxonne.  Au  centre  des  rues  commerçantes,  la  cathé- 
drale devait  s'élever,  avec  la  maison  commune  et  son  beffroi  : 
çà  et  là,  un  marché,  la  masse  des  maisons,  les  demeures  de 
l'évêque,  du  souverain  et  des  officiers  de  la  cour;  puis  tout 
à  l'entour,  une  forteresse  imposante,  symbole  des  franchises 
communales  qu'elle  défendait,  dans  la  paix  armée. 


1 .  Leg.,  Eadg. ,  §  3,  4,  5  ;  Thorpe,  I,  274. 

2.  Inst.  Lond.,  §  3  :  Thorpe,  J,  301. 


CHAPITRE  Vil 

L'Evèque 


Dès  les  origines,  il  existait  chez  les  Anglo-Saxons  païens, 
une  classe  sacerdotale  hiérarchisée,  avec  des  prêtres  et  des 
grands-prêtres.  De  même,  après  l'instauration  du  christia- 
nisme, rencontre-t-on  les  degrés  de  la  prêtrise,  de  Tépisco- 
pat,  de  larchidiocèse,  et  enfin,  du  patriarcat.  En  Angleterre, 
comme  par  ailleurs,  l'introduction  du  christianisme  fut  suivi 
de  rétablissement  des  évèques. 

En  396,  quand  Kome  semblait  prête  à  céder  sous  l'effort 
des  barbares,  le  pape  Grégoire  envoyait  aux  îles  lointaines 
d'Angleterre,  Augustin  et  ses  quarante  missionnaires.  Ils 
passèrent  par  les  Gaules,  où  l'apôtre  devait  recevoir  la 
consécration  épiscopale,  et  ils  pénétrèrent  dans  le  Kent,  où 
.Edelberht  leur  permit  de  prêcher  à  ses  sujets,  la  doctrine 
chrétienne.  En  peu  de  temps,  les  efforts  des  missionnaires 
furent  couronnés  de  succès  :  Canterbury,  Rochester,  Londres 
reçurent  la  foi,  et  les  Scots  eux-mêmes  se  convertirent  au 
christianisme  (1),  avec  toutes  les  provinces  du  centre  de 
l'Angleterre. 

1.  «  Scottos  voro  per  Daganum  episcopum  in  liane,  quam  superius 
memoravimus,  iiisiil.im  (sc.  Britanniam)  el  Columbarium  abbatem  in 
Gallis  venientem,  nihil  discrepare  a  Brittonibus  in  eorum  conversatione 
didicimus.  Nam  Daganns  episcopue  ad  nos  veniens,  non  solum  cibum 


.'JI2  BEOWULF 

C  esl  alors  que  furenl  fondés  des  évêchés  dans  les  divers 
royaumes.  L'intention  de  Grégoire  était  de  créer  deux  arche- 
vêques, avec  douze  évoques  suflragants  :  l'un  ayant  sa  cathé- 
drale à  Londres  ;  l'autre,  à  York.  Mais  des  événements  poli- 
tiques  s'opposèrent  à  L'exécution  de  ce  plan  :  l'archevêque  de 
Canterbury  devint  primat  de  la  plupart  des  diocèses  d'Angle- 
terre, alors  que  le  siège  d'York,  après  avoir  été  tenu  par 
Paulinus,  eut  pour  titulaire,  pendant  près  d'un  siècle,  un 
simple  évêque.  Mais  les  premiers  prélats  ne  furent,  en  fait, 
que  des  missionnaires  qui  commençaient  leurs  conversions 
par  celle  du  roi  et  de  sa  maison,  alors  que  la  doctrine  du 
christianisme,  à  son  origine,  s'était  répandue  des  petits  aux 
grands. 

D'ordinaire,  la  conversion  d'un  roi  était  suivie  de  l'établis- 
sement, dans  sa  capitale,  d'un  siège  episcopal.  Jusqu'au 
ixc  siècle,  et  jusqu'à  l'invasion  des  Normands,  les  sièges 
épiscopaux  d'Angleterre  pouvaient  être  rangés  dans  l'ordre 
suivant  : 

Province  de  Canterbury  :  1.  Lichfield;  2.  Leicester 
3.  Lincoln  ;  4.  Worcester  ;  5.  Hereford  ;  6.  Sherborne 
7.  Winchester;  8.  Elmham  ;  9.  Dummoc  ;  10.  Londres 
11.  Rochester  ;  12   Sesley. 

Ainsi,  en  comptant  Canterbury  et  York,  il  y  avait  dix-sept 
sièges  épiscopaux  en  Angleterre,  à  cette  époque.  Plus  tard, 
quelques-uns  de  ces  évêchés  disparurent,  tels  Lindisfarn, 
Hexham,  Whiterne  et  Dummoc  ;  d'autres  furent  créés,  comme 

nobiseum,  sed  nec  in  eodem  hospitio  quo  vescebamur,  sumere  voluit  », 
Beda,  Hist.  Eccl,  II.  4.  «  Qui  ordinati  sunt  Scottorum  vel  Brittonum 
episcopi,  qui  in  Pascha  vel  tonsura  catholiese  non  sunt  adunati  aecclesia», 
iterum  a  catholico  episcopo  manus  impositione  confirmentur.  Licentiam 
quoque  non  habemus  eis  poscentibus  chrisma  vel  eucharistiam  dare,  nisi 
ante  confessi  fuerint  velle  nobiseum  esse  in  unitate  aecclesiae.  Et  qui  ex 
eorum  similiter  gente,  vel  quicumque  de  baptismo  suo  dubitaverit,  bap- 
tizetur  »,  Cap.  Theod '.,  Thorpe,  II,  64. 


LES    SAXONS    en    ANGLETERRE  313 

ceux  de  Durham,  pour  Le  Northumberland  ;  de  Dorchester, 
pour  Lincoln,  et  dans  le  Wessex,  de  Ramsbury. 

Les  premiers  évêques  des  Saxons  furent  nécessairement 
«les  étrangers.  Et  c'étaient  dos  Romains,  parmi  les  prêtres 
indigènes,  qui  s'asseyaient  sur  les  trônes  des  cathédrales  de 
Canterbury,  de  Rochester  et  de  Londres,  cependant  que 
Félix  évangélisait  L'Eastanglia,  et  qu'Irinus  faisait,  dans  le 
Wessex,  ses  prédications.  Mais  ce  ne  fut  qu'à  la  fin  du 
vue  siècle,  et  sous  l'archevêque  Théodore  de  Tarse,  que 
l'église  d'Angleterre,  composée  d'éléments  si  disparates, 
réalisa  son  unité  définitive. 

L'autorité  de  ce  prélat  fut  admise  par  toute  l'église  des 
Angles,  lorsqu'il  eut  été  solennellement  consacré  à  Canter- 
bury, en  668.  Et  depuis  cette  date,  les  prélats  s'assemblaient 
souvent  en  des  synodes  provinciaux,  sous  la  direction  du 
métropolite,  pour  y  délibérer  sur  le  dogme  et  sur  les  articles 
de  la  foi. 

L'archevêque  et  ses  suffragants  étaient  sous  la  dépendance 
immédiate  de  Home  :  c'était  d'elle  qu'ils  recevaient  le  pal- 
lium, et  l'investiture  canonique  (1)  ;  c'est  à  elle  qu'en  appe- 


1.  «  Denuo  Romam  nuntii  eius  venerunt,  sanctumque  sedis  Aposlolicae 
pontificem  adlocuti  sunt,  eique  prioris  amicitiae,  fœdera,  quae  misericor- 
dilerab  anlecessore  suo,  Sanclo  Bonifalio  eiusque  familiae  conlata  sunt, 
manifestaverunt  :  sed  et  devotam  eius  in  futurum  liumilitatis  apostolicae 
sedi  subiectionem  narraverunt,  et  ut  familiaritati  ac  communioni  sancti 
pontiticis  atqne  totius  sedis  apostolic^  ex  hoc  devote  subiectus  communi- 
caret,  (juemadmodurn  edocti  erant,  praecabantur.  Statimergo  sedis  apos- 
tolicae Papa  pacificum  profert  responsum,  et  suam  sedisque  apostolicae 
familiaritis  et  amicitiae  communionem  lam  sanclo  Bonit'atio  quam  etiam 
sibi  sLibiectis  condonavit.  sumptoque  archiepiscopatus  pallio,  cum  niune- 
ribus  diversisque  sanctorum  reliquiis  legatos  honorifice  remisit  ad 
patriam  ».  Pertz.  II,  345.  «  In  Galliarum  episcopis  nullam  til)i  auctorita- 
tem  ti'ibuimus;  quia  ab  aatiquis  praedecessorum  meorum  temporibus 
pallium  Arelntensis  episcopus  accepit,  quem  nos  ppivare  auctoritate  per- 
cepta  minime  debemus  »...  «  Et  quia  nova  Anglorum  aecclesia  ad  omni- 


• 


9 
.'È1  \  BEOWULF 


Laienl  los  prélats  et  au  \  nr  m  cric,  c'esl  Le  pape  qui  sanctionne 
In   formation  d'un    troisième  siège  episcopal,   suffragan!  <lo 


potentis  Dei  gratiam,  eodem  Domino  largiente  el  te  laborante,  perducta 
est,  iisiiiii  tibi  pallii  in  ea  ;i<l  sola  missarum  solërnnia  agenda  concédi- 
iinis  :  itti  ui  per  loea  singula  duodecim  episcopos  ordines,  qui  tuae  su l*i;« - 
ceint  ditioni,  quatenus  Lundoniensis  civitatis  episcopus  semper  in  poste- 
rum  a  synodo  propria  debeal  consecrari,  atque  honoris  pallium  ab  hac 
sancta  et  apostolica,  oui  Dco  auctore  deservio,  sede  precipiat.  Ad  Ebura- 
cam  vei'o  civitatem  le  volumus  episeopum  mittere,  quern  ipse  iudicaveris 
ordihare;  ita  duntaxal,  ut  si  eadem  ci  vitas  cum  finitimis  locis  verbum 
Dei  receperit,  ipse  quoque  duodecim  episcopos  ordinet,  el  metropolitan! 
honore  perfruatur  ;  quia  ei  quoque,  si  vita  comes  i'uerit,  pallium  tribuere 
Domino  favénte  disponimus  »,  Beda,  Hist.  Eccl.,  I,  27,  2(J. 

«.  Duo  pallia  Utrorumque  metropolitanorum,  id  est  Honorio  et  Paulino 
direximus,  ut  dum  quis  eorum  de  hoc  saeculo  ad  A.uctorem  suum  fuerit 
arcessitus,  in  loco  ipsius  alter  episeopum  ex  hac  auctoritate  debeat  subro- 
gare  »,  ibid.,  II,  17. 

«  Ne  sit  necesse  ad  Romanam  usque  civitatem  per  tam  prolixa  ter- 
rarum  et  maris  spatia.  pro  ordinando  archiepiscopo  semper  fatigari  », 
ibid.,  II,  18. 

Les  archevêques  dont  les  noms  suivent,  sont  cités  par  les  divers  auteurs, 
comme  ayant  reçu  de  Rome,  le  pallium  : 
Canterbury.  — Tâtwine,  Sim.  Dun.,  an    733 

Nôdhelm,  Chron.  sax.,  an.  736;  Flor.  Wig.,  an   736. 
Cûdbcrht.  Rog.  Wend. .  I,  227,  an.  740. 
Eânberht,  Chron.  sax.,  an.  764;  Flor.  Wig.,  an.  764. 
WuliVed,  Chron.  sax.,   an.  804;   Flor.  Wig.,  an  804; 

Rog.  Wend.,  an.  806 
Ceôlnôd,  Chron.  sax.,  an.  831,  Flor.  Wig.,  an.  831. 
York.  —  Ecgberht,  an.  745;  Rog.  Wend.,  I,  228. 
Alherht,  Sim.  Dun.,  an.  773. 
Eânbald,  I,  Chron.  sax.,  an.  780;  Flor.  Wig.,  an.  781  ;  Sim. 

Dun.,  an  780. 
Eânbald  II,  Chron.  sax.,  an.  797  ;  Sim.  Dun.,  an.  797. 
Oswald,  Flor.  Wig.,  an.  973. 
Mais  la  coutume  s'établit  pour  les  prélats,  d'aller  recevoir,  en  personne, 
le  pallium  à  Rome  ; 

Canterbury.  -  .Elfsige,  Flor.  WTig.,  an.  950. 
Dûnstân,  Flor.  Wig.,  an.  960. 
Sigerie,  Chron.  sax.,  an.  990. 


LES    SAXONS    EN    ANGLETERRE  315 

l'archevêque  de  Canterbury,  el  la  même  autorité  papale, 
dans  les  premières  années  du  iv  siècle,  annule  ces  dispo- 
sitions. 

Après  la  mort  des  premiers  missionnaires  envoyés  par  la 
papauté,  en  Angleterre,  ce  furent  les  représentants  des 
familles  saxonnes,  les  plus  nobles  et  les  plus  puissantes,  qui 
furent  pourvus  des  hautes  charges  et  dignités  ecclésiastiques. 
Berhtwald,  le  huitième  archevêque  de  Canterbury,  était  allié 
au  roi  de  Mercie,  ^Edelred;  l'évêque  Aldhelm  était  apparenté 
à  la  famille  royale  de  Wessex,  et  jusqu'à  la  Conquête,  cette 
union  de  la  haute  église  et  de  l'aristocratie,  se  poursuit  dans 
l'Ktat,  où  le  prélat  siège  à  côté  de  Fealdorman,  aux  assises 
du  witena  gemot,  et  le  clergé  avait  tous  les  suffrages  publics, 
pour  le  pouvoir  modérateur  qu'il  y  exerçait,  pour  sa  média- 
tion entre  le  riche  et  le  pauvre,  le  fort  et  le  faible  et  pour  la 
conscience  et  l'abnégation  avec  lequel  il  s'acquittait  de  ces 
devoirs.  Et  c'est  pourquoi  la  royauté  anglo-saxonne,  forte  des 
vœux  et  du  consentement  populaires,  reconnaissait  les 
évêques,  pour  officiers  d'état. 

Les  circonstances  politiques  qui  entouraient  l'établissement 
du  christianisme  en  Angleterre,  mirent  en  matière  ecclésias- 
tique,  des  pouvoirs  très  étendus  de  contrôle  et  d'autorité, 
aux  mains  du  roi.  Dès  le  début,  on  voit  celui-ci  jouer  un  rôle 


.  Flfric,  Chron.  sax.,  an.  965. 

/Elfheâh,  Chron.  sax.,  an  1007. 

.Edelnôd,  Chron.  sax  ,  an.   1022;  Flor.  Wig..    \n.  1022. 

Rodbyrht,  Chron.  sax  ,  an  1018. 
York.  —  .Elfric,  Chron.  sax  ,  an.  1020,  Flor.  Wig.,  an  4020. 
Aldred,  Rog.  Wend.,  I,  502,  an .  100t. 
«  Conquestus  sum  iterum  coram  domino  papa  et  mihi  valde  displicere 
causabar,  quod  mei  archiepiscôpi  in  tantum  angariabantur  immensitate 
pccuniarum  quœ  ab  eis  cxpetcbatur,  dura  pro  pallio  aecipiendo,  secun- 
dum morem,  apostolicam  sedcm  {jetèrent;  decretumque  est  ne  ita  dein- 
ceps  fierel  »,  Epist.  Cnul.  apud  Flor.  Wig.,  1031. 


316  BEOWULF 

prépondérant  dans  La  création  des  sièges  épiscopaux,  dans 
la  nomination  des  titulaires,  et  dans  tous  les  rapports  de 
L'église  nouvelle  avec  l'Etat.  Les  privilèges  et  les  droits 
accordés  au  clergé,  Tétaient  par  un  acte  du  roi  et  de  ^<is 
witan  qui  approuvaient,  en  général,  toutes  nominations  ou 
élections  dans  le  corps  de  l'église.  C'était  plutôt,  en  fait,  un 
acte  de  la  volonté  royale  qu'une  élection  populaire,  qui  nom- 
mait lévéque  à  son  siège.  Cette  proposition  est  illustrée  par 
un  exemple  du  vu0  siècle.  Un  Franc,  .Kgilberht,  avait  suc- 
cédé, dans  le  Wessex,  à  Dirinus,  premier  évèque-mission- 
naire,  mais  ayant  perdu  la  faveur  du  roi  (1),  son  diocèse  fut 
divisé  en  deux  parties,  et  un  autre  prélat,  Wini,  fut  nommé 
à  ce  second  évêché.  ^Egïlberht  se  retira  d'Angleterre,  et  son 
siège  fut  conféré  par  le  roi  à  Wini,  et  ce  dernier  ayant  perdu 
son  diocèse,  pendant  les  guerres,  sollicita  de  Wulfhari,  roi 
des  Merciens,  l'évêché  de  Londres. 

1.  «  Gum  vero  restituais  esset  in  regnum  Coinwalch,  venit  in  provin- 
ciam  de  Hibernia  pontii'ex  quidam  nomine  Agilberctus,  natione  quidem 
Gallus.  sed  tunc  legendarum  gratia  Scripturarum  in  Hibernia  non  parvo 
tempore  demoratus,  coniunxitque  se  régi,  sponte  minislerium  prœdicandi 
adsumens  :  cuius  eruditionem  atque  industriam  videns  rex  rogaviteum, 
accepta  ibi  sede  episcopali,  sua?  genti  manere  pontificem.  Qui  precibus 
eius  adnuens,  multis  annis  eidem  genti  sacerdotali  iure  praefuit.  Tandem 
rex,  qui  Saxonum  tantum  linguam  noverat,  pertœsus  barbara;  loquela^, 
subintroduxit  in  provinciam  alium  suœ  linguae  episcopum  vocabulo  Uini, 
et  ipsum  in  Gallia  ordinatum  dividensque  induas  parochias  provinciam, 
huic  in  civitate  Venta,  quae  a  gente  Saxonum  Uintancestir  appellatur, 
sedem  episcopalem  tribuit;  unde  offensus  graviter  Agilberctus,  quod  hoc 
ipso  ineonsulto  ageret  rex,  rediit  Galliam,  et  accepto  episcopatu  Pari- 
siacae  civitatis,  ibidem  senex  et  plenus  dierum  obiit.  Non  multis  autem 
annis  post  abcessum  eius  a  Britannia  transactis,  pulsus  est  Uini  ab  eodem 
rege  de  episcopatu  ;  qui  secedens  ad  regem  Merciorum,  vocabulo  Uulfheri, 
emit  prelio  ab  eodem  sedem  Lundoniœ  civitatis,  eiusque  episcopus  usque 
ad  vitœ  sua;  terminum  mansit  »...  «  Quo  honorifîce  a  populo  et  a  rege 
suscepto,  rogaverunt  Theodorum,  tune  arebiepiscopum  Doruvernensis 
ecclesiœ,  ipsum  sibi  antistitem  consecrari  »,  Hist.  Ecct .,  III,  27.  Cf.  Will. 
Malm,  de  Gest  Pontif.  lib.,  IL 


LES  SAXONS  EN  ANGLETERRE  317 

Quand  la  nomination   ou  l'élection  de  L'évêque  avait  été 

faite  ou  approuvée,  il  était  d'usage  que  ce  dernier  fit  sa  pro- 
fession de  foi  devant  son  archevêque,  dont  il  recevait  ensuite 
la  consécration  episcopate,  avec  l'assistance  des  autres  suf- 
fragants.  Après  cette  cérémonie,  il  était  investi  de  la  saisine 
temporelle  des  biens  de  son  diocèse,  et  ce,  par  charte  royale. 
En  1060,  on  trouve  un  document  de  cette  sorte,  pour  les 
biens  temporels  de  l'évêque  Walther,  dans  le  diocèse 
d'Hereford  (Cod.  Dipl.,  n°  833)  : 

«  Eadwardus  rex  saluto  Haroldum  comitem  et  Osbear- 
nuni,  et  omnes  meos  ministros  in  Herefordensi  comitatu 
aniicabiliter.  Et  ego  notilico  vobis  quod  ego  concessi  Waltero 
episcopo  istum  episcopatum  hic  vobiscum,  et  omnia  universa 
ilia  qua*  ad  ipsum  cuni  iusticia  pertinent  infra  portum  et 
extra,  cum  saca  et  cum  socna,  tam  plene  et  tam  plane  sicut 
ipsum  aliquis  episcopus  ante  ipsum  prius  habuit  in  omnibus 
rebus.  Et  si  illic  sit  aliqua  terra  extra  dimissa  quse  illuc  intus 
cum  iustitia  pertinet,  ego  volo  quod  ipsa  reveniat  in  ipsum 
episcopatum,  vel  ille  homo  ipsam  dimittat  eidem  in  suopraetio, 
si  quis  ipsam  cum  eo  in  venire  possit.  Et  ego  nolo  ullum 
hominem  licentiare  quod  ei  de  manibus  rapiat  aliquam  suam 
rem  quam  ipse  iuste  habere  debet,  et  ego  ei  sic  concessi.  » 

Les  évêques  (1)  paraissent  avoir  reçu,  les  uns  des  autres, 


1  «  ^  Eadwardus  rex  Haroldo  comiti,  Ailnodo  abbati,  (îodwino  viceco- 
miti,  et  omnibus  ballivis  suis  Somerset*,  salutem  !  Sciatis  nos  dédisse 
Gisoni  presbytero  nostro  episcopatum  hune  apud  vos  cum  omnibus  per 
tinentiis,  in  bosco  et  piano,  et  saca  et  socna,  in  villis  et  extra,  ita  plene  et 
libère  in  omnibus  sicut  episcopus  Dudocus  aut  aliqui  pnedecessorum  suo- 
rum  habuerunl  ;  et  si  quid  inde  contra  iustitiam  fuerit  sublatuin,  volu- 
mus  quod  revocetur,  vel  quod  aliter  ei  salisi'aciat.  Kogamus  etiam  vos 
ut  auxiliari  eidem  veliMs  ad  Christianitatem  sustinandam  si  necesse 
habuerit,  nolumus  autem  ut  ultns  hominum  ei  auferat  aliquid  eorum 
quae  ei  contulimus  »,  Cod.  Dipl.,  n°  835. 

«  *  Eadwardus  rex  Haroldo  comiti.  Ailnodo  abbati,  Godwino,  et  omni- 


318  iw.nw  l  LI 

l,i  consécration  épiscopale,  pour  éviter  les  Longueurs  et  les 
dépenses  du  voyage  à  Rome.  En  7,'Jl.  Tâtwine  l'ut  sacré  à 
Canterbury,  par  Daniel,  [ngwald,  Aldwine  ei  Aldwulf, 
respectivement  évêques  de  Winchester,  Londres,  Worcester 
et  Rochester  I  l,  et  Le  pape  Grégoire  III  reconnut  La  validité 
de  cette  consécration,  en  envoyant  le  pallium  à  Tâtwine,  Tan 
733.  Le  roi  recevait  une  notification  du  sacre,  par  le  prélat 
consécrateur  lui-même,  et  Wûlfstan,  archevêque  d'York, 
annonce  en  ces  termes  à  Cnut,  la  consécration  de  l'arche- 
vêque iEdelnod  (2)  ; 

«  Wûlfstan  l'archevêque  salue  Cnut,  et  JSlgyfu,  sa  dame, 
très  humblement  :  il  leur  notifie  à  tous  deux  qu  il  aime, 
qu'il  a  consacré,  avec  leur  plaisir,  .  Ldelwold,  l'évêque.  » 

Puis  il  va,  demandant  au  roi  d'accorder  au  nouveau 
prélat,  les  droits  et  les  privilèges  dont  jouissaient  ses  prédé- 
cesseurs. 

Les  évêques  étaient  donc  des  officiers  de  l'état,  et  leur 
caractère  civil  et  administratif  équivalait  bien  à  l'importance 
de  leurs  fonctions,  purement  ecclésiastiques.  Leur  science 
leur  ouvrait  tous  les  conseils  ;  leur  habileté  leur  faisait 
confier  les  missions  diplomatiques  les  plus  importantes,  et 
leur  caractère  episcopal  les  faisait  recevoir,  comme  ambas- 
sadeurs, dans  tousles  pays  de  la  chrétienté. 

bus  balHvis  suis  Sumersetac,  salutem  !  Significamus  vobis  nos  velle  quod 
episcopus  Giso  episcopatum  apud  vos  possideat  cum  omnibus  dictum 
episcopatum  in  villis  et  extra  de  iure  contingentibus,  cum  saca  et  socna, 
adeo  plene  et  libère  per  omnia  sicut  ullus  episcoporum  prœdecessorum 
suorum  unquani  habebat.  Rogamus  etiam  vos  ut  coadiutores  ipsius  esse 
velitis  ad  fidem  prœdicandam  et  Christianitatem  sustineiidam  pro  loco  et 
tempore,  sicut  de  vobis  fidcliter  confldimus  vos  velle  id  ipsum.  Et  si  quid 
de  dicto  episcopal u  sive  in  terris  sive  in  aliis  rebus  contra  iustitiam  fuerit 
sublatum,  adiuvctis  cuni  pro  amore  noslro  ad  restitutionem,  prout  ius- 
tum  fuerit  babendam.  Conservet  vos  Dominus  »,  Cod.  Dip/.,  n°  83S. 

1.  Flor.  Wig.,  an    731. 

2.  Cod.  DipL,  a0  4344; 


LES    ^\'i\s    in     ANGLETERRE  819 

Comme  officier  de  L'Etat,  les  devoirs  de  L'évêque  consis- 
taient dans  L'administration  <\o  La  justice,  H  dans  L'assistance 
aux  épreuves  judiciaires.  Toutefois,  les  canons  de  l'église 
interdisaient  La  présence  de  L'évêque,  dans  certaines  causes 
criminelles,  pouvant  entraîner,  pour  les  coupables,  la  peine 
de  mort  ([). 

Le  clergé  lut  toujours  exempté  <lu  service  militaire  per- 
sonnel, mais  L'évêque  devait  avoir,  à  ses  frais,  une  troupe 
commandée  par  des  officiers,  qu'on  désignait  indifféremment 
des  noms  à'advocati,  vicedomini,  vidâmes. 

La  haute  situation  de  l'évêque  est  encore  prouvée  parle 
montant  de  son  wergyid.  Dans  les  lois  des  peuples  du  Nord, 
le  wergyid  dun  archevêque  est  égal  à  celui  dun  aedeling, 
ou  prince  du  sang,  et  vaut  cinquante  mille  thrymsas  :  celui 
dun  évêque,  répond  au  wergyid  d'un  ealdorman,  et  repré- 
sente huit  cents  thrymsas  (2). 

En  dehors  de  l'administration  ecclésiastique  et  des  ordina- 
tions, toutes  questions  touchant  au  mariage,  étaient  de  la 
compétence  de  l'évêque.  Les  prohibitions  matrimoniales 
étaient  absentes  de  la  loi  teutone  primitive,  et  d'après 
Tacite,  des  princes  germains  furent  polygames,  afin  d'aug- 
menter le    nombre  des  alliances   politiques  de  la  tribu  (3). 

1.  «  Axchiepiscopi  episcopi  et  universae  persona1  regni,  qui  de  rege 
teneni  in  capite,  habeant  possessioncs  suas  de  rege  sient  baroniam,  et 
inde  respondeant  iusticiaris  et  ministris  regis,  et  sequantur  et  faciunt 
omnes  consuetudines  réglas;  et  sicut  ca^teri  barones,  debeni  intéresse 
iudiciis  curiae  regis  quousque  perveniaLur  ad  diininutionem  membrornin 
vel  ad  mortem  »,  Rog.  Wend,  anno  1164,  <oxe,  II.  HOI. 

2.  Gf.  .Kit*.,  83,  Chut,  II,  5!).  Thorpe,  I,  62, 108. 

3.  «  Namprope  soli  barbamnim  singulis  uxoribus  contenti  sunt,  excep- 
ts adniodnni  paucis,  qui  non  libidine,  scd  ob  nobililatem  plurimis  nup- 
tiis  ambiuntur  ».  Tac,  Germ.,  XVII 1 .  »  Quod  autem  scripsi  Augustino. 
Anglorum  gentis  episcopo,  alurnno  videlicet,  ut  recordaris,  Ino,  de  eon- 
sangninilalis  coniunetione,  ipsi  et  Anglorum  genii,  qu33  nuper  ad  fidem 
venerat,  tie  a  bono  quod  cceperat  metuendo  austeriora  recederet,  specia- 


;*20  BEOWDLF 

Le  mariage  \  étail  soufferl  entre  belle-mère  ei  beau-fils, 
et  Bède  parlant  (l'une  telle  union,  qualifié  Eâdbald,  en  ces 
termes  : 

«   Fornicatione  pollutus  tali  qualem  nee  inter  gentes  audi- 

tam  Apostolus  testatur,  ita  ut  uxorem  haberet  »  (1). 

L'Eglise  maintint  devant  de  pareils  états  de  fait,  toutes 
ses  prohibitions,  avec  les  progrès  successifs  du  christianisme, 
en  Angleterre.  Les  prohibitions  s'appliquaient  aux  mariages 
entre  cousins  germains  ;  l'épouse  qui  a  transgressé  ces  règles 
des  canons,  est  appelée  par  les  chroniqueurs  ecclésiastiques, 
pellrx,  scortum,  concubina,  et  l'Eglise  prononçait  la  sépara- 
tion des  époux,  dans  ces  unions  contractées  au  mépris  de  ses 
défenses  «  contra  Dei  interdictum,  et  christianorum  dignita- 
tem, nec  non'  et  contra  omnium  paganorum  consuetudi- 
nem  ». 


liter  et  non  generaliter  caeteris  me  scripsisse  cognoscas».  «  Quinta  inter- 
rogatio  Augustini.  Usque  ad  quotam  generationem  fidèles  debeant  cum 
propinquis  sibi  coniugio  copulari  ?  et  novercis  et  cognatis  si  liceat  copulari 
coniugio  '!  Kespondit  Gregorius.  Qusedam  terrena  lex  in  Romana  repu- 
blica  permittit  ut,  sive  frater  et  soror,  seu  duorum  fratrum  germanorum, 
vel  duarum  sororum  filius  et  filia  misceantur;  sed  experimento  didicimus 
ex  tali  coniugio  sobolem  non  posse  succrescere,  et  Sacra  Lex  prohibet 
cognationis  turpitudinem  revelare.  Unde  necesse  est  ut  iam  tertia  vel 
quarla  generatio  fidelium  licenter  sibi  iungi  debeat;  nain  secunda,  quam 
praediximus,  a  se  omni  modo  debet  abstinere.  Cum  noverca  autem  mis- 
cere  grave  estfacinus,  quia  et  in  Lege  scriptum  est,  «  Turpitudinem  patris 
tui  non  revelabis  ».  Quia  vero  sunt  multi  in  Anglorum  gente  qui,  dum 
adhuc  in  infidelitate  essent,  huic  nefando  coniugio  dicuntur  admixti,  ad 
fidem  venientes  admonendi  sunt  ut  se  abstineantet  grave  hoc  essepecca- 
tum  cognoscant  »,  Felicis  Litlerœ,  Bed.,  Op.  Min.,  II,  2-42. 
1.  Hist.  EccL,  II,  5. 


CHAPITRE  VIII 

Le  Clergé  et  les  Moines 


Jl  est  difficile,  faute  de  documents  certains,  de  donner  de 
l'Eglise  d'Angleterre  un  aperçu  exact,  avant  son  organisa- 
tion par  Théodore.  Les  premiers  missionnaires  furent,  pour 
la  plupart,  des  moines  ;  mais  des  clercs  accompagnaient 
aussi  Augustin  (I),  et  la  conversion  d'un  district  au  christia- 
nisme, était  immédiatement  suivie  de  l'établissement  d'une 
cathédrale  et  d'un  clergé  séculier.  C'était  là,  le  centre  de  la 
vie  ecclésiastique  du  nouveau  diocèse,  d'où  rayonnaient  tous 
les  prêtres  qui  visitaient  les  villages  et  les  bourgs,  où  ils  rem- 
plissaient leur  ministère.  Le  clergé  se  trouvait  ainsi  protégé  de 
périls  constants,  par  la  proximité  des  sièges  royaux,  et  réali- 
sait entre  ses  membres,  les  bienfaits  de  la  vie  commune.  Et 
dans  l'Histoire  de  Bède,  il  est  fait  mention  de  prélats  quit- 
tant leurs  diocèses,  pour  aller  évangéliser  des  villages  loin- 
tains et  pour  y  administrer  le  baptême  (2).  Mais  ce  mode  de 

1.  «  Clerici  extra  sacros  ordines  const ituli  »,  [bid.,  I,  27,  HI,  8. 

2.  Quad  am  autem  die  dum  parochiam  sum  circuiens,  monita  salutis 
omnibus  ruribus.  casis  cl  vieillis  Iargiretur,  nec  non  etiam  nuper  bapti- 
zatis  ad  aecipiendam  Spiritus  sancli  gratia  m  manum  imponcret  »,  etc., 
Beda,  Vit  Cutbb  ,  c.  29.  «  Erat  in  villa  regia  non  longe  ab  urbe  de  qua 
praefati  sumus[i.  e.  Bamborough].  In  hac  enimhabensa;cclesiam  elcubi- 
culum,  sa^pius  ibidem  diverti  ac  manere,  atque  inde  ad  prœdicandum  cir- 


'.\2'2  BJ  «  > \\  i  u 

vie  a'étail  |>as  sans  présenter  de  graves  inconvénients,  avec 
les  dangers  el  L'éloignemenl  <l<'  ces  voyages  pastoraux,  à 
travers  des  étendues  sauvages  el  peu  sûres.  Et  le  clergé  par 
suite  de  la  propagation  de  La  foi,  put  fonder,  avec  L'aide 
dos  fidèles,  dans  chaque  district,  une  église,  sous  L'autorité  de 
l'évêque,  ou  plusieurs  églises,  quand  Les  uécessités  du  culte 
L'exigeaient,  sous  la  direction  d'un  archiprêtre,  responsable 
vis-à-vis  de  l'évêque.  Au  cours  du  vu''  siècle,  ces  pratiques 
étaient  courantes  dans  l'empire  franc,  et  Théodore  (1),  pri- 


cumquaque   exire  consueveral  :  quod  i})suii)  el  in  aliis  villis  regis  facere 
solebat,  utpote  nil  propria:  possessions,  excepta  aecclesia  sua  et  adiacen- 
tibns  agellulis,  habens  »,  Beda,  //.  /?.,  III,  17.  «  Quantae  autem  parsimo- 
niae  fuerit  ipse  [i.e.  Golman]  cuin  praedecessoribus  suis,  testabalur  etiaru 
locus  ille  quein  regebanl,  ubi  abeuntibus  eis,  excepta  aecclesia,  paueis- 
simae  domus  repertœ  sunt  ;  hoc  est,  illae  solummddo,  sine  quibus conver- 
satio  civilis  esse   nullatenus  poteral.  Nil  peenniarum  absque   pecoribus 
liabebanl.  Si  quid  enim  pecuniae  a  divitibus  accipiebant,  mox  pauperibus 
dabant     Nain   neque  ad  susceptionem  potentium  saeculi,  vel   pecunias 
colligi  vel  domus  praevideri  necesse  fuit,  qui  nunquam  ad  aecclesiam  nisi 
orationis  tantuin,   et   audiendi  verbi  Dei  causa  veniebanl  ..   Tota  enim 
fuit  tune  solicitudo  doctoribus  illis  Deo  serviendi,  non  saeculo  ;  tota  cura 
cordis   excolendi  non    ventris    Unde  et   in  magna  era!  veneratione  tem- 
pore illo  religïonis  habitus:  ita  ut  ubicunque  clericus  aliquis  au!  mona- 
chus  advenirct,  gaudenlur  ah  omnibus  tanquam  Dei  famulus  exciperetur  : 
ctiam  si  in  itinere  pergens  invenirelur,  adeurrebant,  et  flexa  cervice  vel 
manu  signari,   vel    ore   illius   se   benedici    gaudebant  ;    verbis    quoque 
horum    exhortatoriis  diligenler  auditum  praebant.  Set   et  diebus  Domi- 
nicis  ac  aecclesiam,  sive  ad  monasteria  certatim,  non  reliciendi  corporis^ 
sed  audiendi   sermon  is  Dei  gratia  eonfluebant  :  et  si  qu'us  sacerdotuni  in 
vicum  forte  deveniret,  mox  congregati  in  unum  vicani,  verbum  vitœ  ab 
illo  expetere   curabant.   Nam  neque  allia   ipsis  sacerdotibus  aut  clericis 
vicos  adeundi,  quam    praedicandi,  baptizandi,   infirmos  visitandi,  et,  ut 
breviter  dicam,  animas  curandi  causa  fuit  :  qui  in  tantum  erant  ab  omni 
avaritiae   peste   castigati,    ut    nemo  terri  to  ri  a  ac  possessiones  ad  cons 
truenda   monasteria,   nisi   a    polenlibus   saeculi   coactus  accipercl.   Qua' 
consuetudo  per  omnia  aliquanto  post  haec  tempora  in  aecclesiis  Nordan- 
hymbrorum  servata  est  »,  Bed.,  Hist.   Eccl.,  Ill,  20. 

1.  Elliam  dit  de  Théodore  :  «  Hic  excitavit  fidelium   voluntatem,  itl  in 


LES    SA\o\S    EN    ANGLETERRE  ÎÈ23 

mat  d'Angleterre,  1rs  \  introduisit,  pendant  sud  episcopal. 
Los  églises  étaient  souvent  dévolues  aux  abbés  et  aux 
évêques  eux-mêmes  :  et  dans  ce  dernier  cas,  elles  étaient 
desservies  par  des  prêtres  de  la  cathédrale,  spécialement 
désignés  par  Févèque  a  cet  effet.  Les  revenus  proprement 
dits  de  L'église,  le  casuel,  les  dons  des  fidèles,  devaient  être 
également  partagés  entre  les  prêtres  paroissiaux,  ainsi  qu'il 
ressort  d'une  ordonnance  de  l'archevêque  Ecgberht,  reçue 
en  Engleterre  par  la  coutume,  et  qui  eut  force  de  loi  dans 
l'empire  franc,  par  une  constitution  d'Hludwich,  de  l'an 
816  (1)  : 

«  Ut  unicuique  aecclesiae  vel  una  niansa  intégra  absque 
alio  servitio  attribuatur, ...  et  si  aliquod  amplius  habuerint, 
inde  senioribus  suis,  secundum  patriae  mo  rem,  debitum 
servitium  inipendant.  » 

Mais  la  plupart  des  églises  paroissiales  s'élevèrent,  après 

civitatibus  et  villis  œcclesias  fabricarentur,  parochias  distinguèrent,  et 
assensus  regios  liis  procuravit,ut  si  qui  sufficientes  essent,  super  proprium 
l'undum  construere  secclesias,  eorundem  perpétue  patronalu  gauderent; 
si  inter  limites  allerius  alicuius  dominii  a^cclesias  tarèrent,  ciusdem  fundi 
demini  nolarentur  pro  patronis».  «  Si  quis  ctiam  extra  parochias,  in  qui- 
bus  est  legitimus  ordinariusque  conventus,  oratorium  in  agro  habere 
voluent,  reliquis  feslivitatibus,  ut  ibi  missas  teneat  propter  fatigationem 
familise.  iusta  ordinatione  permittimus.  Pascha  vero,  Natale  Domini, 
Epiphania,  Ascensionem  Domini,  Pentecosten,  et  Natalem  saneti  Johan- 
nis  Baptist œ,  vel  si  qui  raaximi  dies  in  feslivitatibus  habentur,  non  nisi 
in  civitatibus.  aut  in  parochiis  teneant.  Clerici  vero,  si  qui  in  feslivitati- 
bus, quas  supradiximus,  in  oratoriis,  nisi  iubente  aut  permittente  epis- 
copo,  missas  facere  aut  tenerc  voluerint,  a  communionc  pellantur  ». 
Concil.  Agalhense,  A,  D.  50(5,  cap.  XXI.  «  Diacones  vel  presbvteri  in  paro- 
chia  constituti  de  rebus  aecclesia  sibi  creditie  nihil  audeant  commutare, 
vendere  vel  donare.  quia  res  sacratœ  Deo  esse  noseunlur. . .  Quicquid 
parochiarum  prcsbvter  de  aecclesiastici  iuris  proprietate  distraxerit,  inane 
habeatur.  l'resbyler,  dum  diocesim  tenet,  <lc  his  quae  emeril  ad  aeeclesise 
nom  en  scripturam  faciat,  aut  ab  eius  quam  lenuil  aecclesiae  ordinatione 
discedat  ».  Concil.,  Epaonense  ,  A.  D  ,  547. 
4.  Excerpt.,  Ercgberht.,  ^25,  Thorpe,  11.  JO0, 


:V1\  BEOWULF 

La  conversion  des  districts  au  christianisme,  sur  les  ruines 
des  temples  païens  (fanum,  deluhrum,  sacellum).  Ces 
paroisses  s'appelaient  plèbes,  "gscclesise  baptismales,  tituli 
maiores.  Ainsi,  au  vu'  siècle,  l'Eglise  d'Angleterre  se  com- 
posai de  clercs  et  de  moines,  vivant  sous  la  même  règle  et 
sous  la  aiême  autorité  diocésaine,  et  desservant,  depuis  la 
cathédrale  jusqu'à  l'humble  église,  élevée  à  la  frontière 
d'une  Marche,  sur  les  ruines  d'un  temple  antique  (1). 

Dès  Tannée  451,  le  quatrième  concile  général  de  Chalcé- 
doine,  avait  posé  ce  principe,  que  les  établissements  ecclé- 
siastiques devaient  être  assimilés,  comme  hiérarchie  et  comme 


1.  «  Exin  coepere  plures  per  dies  de  Seolloruni  regione  venire  Britla- 
niam,  alque  illis  Anglorum  provineiis  quibus  regnavit  rexOsuuald,  magna 
devotione  verbum  fidei  praedicare,  et  credentibus  gratiam  baplismi,  qui- 
cumque  sacerdotali  erant  gradu  praediti,  ministrare.  Const ruebantur 
ergo  œcelesia4  per  loca,  confluebant  ad  audiendum  verbum  populi  gau- 
dentes,  donabantur  minière  regis  possessiones  et  territoria  ad  insti- 
tuenda  monasteria  »,  Hist,  tied  ,  III,  3.  «  Qui,  acceplo  gradu  episcopà- 
1ns,  rediit  ad  provineiam,  et  maiori  auctoritate  caeptuni  opus  explens, 
fecit,  per  loca  a^cclesias.  presbyteros  et  diaconos  ordinavii,  qui  sein  verbo 
fidei  et  ministerio  baptizandi  adiuvarent,  maxime  in  civitale  quae  lingua 
Saxonum  Ytlianca^stir  appellatur:  sed  et  in  ilia  qua»  Tilaburb  cognomi- 
natur:  quorum  prior  locus  est  in  ripa  Pentaï  amnis,  secundus  in  ripa 
Tamensis  ;  in  quibus  collecto  examine  faniuloruin  Christi,  disciplinam 
vita'  regularis,  in  quantum  rudes  adhuc  capei'e  poterant,  custodire 
docuit  »,  Hist,  tire/.,  III.  22.  «  Plures  për  regiones  illas  a^cclesias,  sed  et 
monasteria  noiinulla  co.nstruxit * ,  H.  E.,  IV.  28.  «Qui  multa  agens  soler- 
lia...  longe  lateque  omnia  pervagatus,  et  populum  et  regem  praefatum 
ad  viam  iustitiaî  reduxit  :  adeo  ut  relictis,  sive  destructis  fanis  arisque 
quas  l'ecerant,  aperirent  ajcelesias,  ac  nomen  Christi,  cui  contradixerant, 
confiteri  gauderent,  magis  cum  fide  resurrectionis  in  illo  mori,  quam  in 
perfidiœ  sordibus  inter  idola  vivere  cupientes  »,  Hist.  Eccl  ,  III,  30. 
«  Cumque  a^cclesiarum  esset  non  minima  in  Hassis  et  Thyringea  multi- 
tudo  exti'iicta.  et  singulis  singuli  providerentur  custodes  »,  etc.  Vit. 
Boni!'.  Pertz,  II,  346.  «  Pnef'ato  itaque  regni  eius  tempore,  servus  Dei 
VVilleliadus  per  Wigmodiam  secçlesias  cœpjl  construere,  ac  presbyteros 
super  eas  ordinare,  qui  libère  populis  monita  salutis,  ac  baptismi  confer- 
rent  gratiam  »,  Vit.  Willehad.  Pertz,  II,  381. 


LES    SAXONS    EN    ANGLETERRE  325 

discipline,  aux  établissements  politiques  :  «  Si  qua  civitas 
potestate  imperiali  nova  ta  est  a  ut  innovator,  civiles  disposi- 
tiones  et  pnhlicas  ecclesiasticaruni  quoque  parochiarum 
ordines  subsequantur  ».  Le  pouvoir  central  de  l'Eglise  était 
donc  représenté  par  les  archevêques  et  les  évêques,  et  le 
pouvoir  délégué,  parles  prêtres  des  paroisses  et  des  églises 
collégiales.  Au  cours  des  premières  années  du  ixe  siècle,  dans 
son  ouvrage  «  De  exordiis  rerum  aecclesiasticarum  »  (cha- 
pitre XXXI),  Walafrid  Strabo  fait  ainsi  la  comparaison  entre 
les  institutions  laïques  et  ecclésiastiques  : 

«  Porro  sicut  comités  quidam  Missos  suos  praeponunt 
popularibus,  qui  minores  causas  déterminent,  ipsis  maiora 
reservent,  ita  quidam  episcopi  chorepiscopos  habent.  Gente- 
narii  qui  et  centuriones  et  Vicarii,  qui  per  pagos  statuti  sunt, 
Presbyteris  Plebei,  qni  baptismales  aecclesias  tenent,  et 
minoribus  pnesunt  Presbyteris,  conferri  queunt.  Decuriones 
et  Decani,  qui  sub  ipsis  vicariis  quaedam  minora  exercent, 
Presbyteris  titulorum  possunt  comparari.  Sub  ipsis  ministris 
centenariorum  sunt  adhuc  minores  qui  Collectarii,  Quater- 
niones,  et  Duumviri  possunt  appellari,  qui  colligunt  popu- 
lum,  et  ipso  numéro  ostendunt  se  decanis  esse  minores.  Sunt 
autem  ista  vcoabula  ab  antiquitate  mutuata,  etc.  »  (1).- 

Dans  les  matières  spirituelles,  les  prêtres   dispersés    par 


1 .  On  peut  établir  le  tableau  comparatif  suivant  des  fonctions  séculiè- 
res et  ecclésiastiques  : 

Séculier  Ecclésiastique 

1.  Comes.  1.   Episcopus. 

a.  Missus.  «.  Ghorepiseopus. 

2.  Centenarius.  Centurio,  ou  Vi-  2.   Presbyter  Plebei  qui  baptisma- 

carius  :  qui  per  pagos  cons-  lem  aecclesiam  habet. 

titutus  esl . 

3.  Decurio  et  Decanus.  3.   Minor  Presbyter  Lituli. 

4.  Collectarius.  Quaternio.  Du- 

umvir. 


326  m  <>wi  1 1 

lollf  lc  |>;i  \  n.   étaient  responsables  dr    ions    les  actes    dfi    leUP 

ministère  envers  L'évêque,  dont  ils  étaient  regardés  comme 
1rs  vicaires,  c'estrà-dire  au  lien  et  pince  desquels  «  quorum 
vice  »)  ils  remplissaient  leurs  fonctions.  Los  «  presbyte  ri 
plebei  »,  ou  prêtres  des  paroisses  administraient  tous  Les 
sacrements,  à  l'exception  de  ceux  qui  relevaient  de  Lépis- 
çopat,  c'est-à-dire  la  contirmation,  l'ordre,  la  consécration 
des  églises,  et  le  sacre  des  rois;  ils  pouvaient  donc  baptiser, 
marier  et  administrer  la  communion.  Par  la  suite,  ils  lurent 
investis  de  la  «  iurisdictio  fori  interni  »,  de  la  confession,  et 
des  pouvoirs  qui  en  découlent,  d'imposer  des  pénitences,  et 
de  donner  l'absolution  :  mais  ils  n'agissaient  ainsi  que 
comme  représentants,  et  comme  vicaires  de  lévêque  (1) 

D'importants  privilèges  étaient  donnés  aux  clercs,  dans  la 
société.  Leur  rang  séculier  était  eminent,  et  leur  wergyld, 
très  élevé.  La  vie  du  weofodpegn,  ou  simple  servant  d'autel, 
était  évaluée  au  même  prix  que  celle  du  thane  séculier 
(woroldpegn).  Les  serments  d'un  prêtre  ou  d'un  diacre, 
avaient  plus  de  valeur  que  ceux  de  tout  homme  libre.  Mais 
le  prêtre,  en  retour  devait  respecter  toutes  les  obligations  du 


1.  «  De  pœnitentibus,  ut  a  presbyteeis  non  reconeilientur,  nisi  pra^ci- 
piente  episcopo.  Ex  concilio  Afïieano.  Ut  pœnitentibus,  secundum  diiïe- 
rentiam  peccatorum,  episeopi  arbitrio  pœnitentia»  tempora  decernantur, 
et  ut,  presbyter,  inconsulto  episcopo,  non  reconciliet  pœnitentem,  nisi 
absentia  episeopi,  necessitate  cogente...  Item,  Ex  concilio  Cartaginensi 
(Je  eadem  re.  Aurelius  episcopus  dixit  :  Si  quisquam  in  periculo  fuerit 
consti  tutus,  et  se  neconciliari  divin  is  altaribus  petierit,  si  episcopus  absens 
fuerit,  debet  utique  presbyter  consulere  episcopum,  et  sic  periclitantem 
eius  pnecepto  reconciliare  :  quam  rem  debemus  salubri  concilio  roborare. 
Ab  universes  episcopis  dictum  est  :  Placet  quod  sanctitas  vestra  necessaria 
nos  instrucre  dignata  est.  Homani  reconciliant  bominem  intra  absidem  : 
Grœci  nolunt.  Reconciliatio  penitentium  in  cœna  Domini  tantum  est  ab 
episcopo,  et  consummata  penitentia  :  si  vero  episcopo  difficile  sit,  presby- 
tero,  potest,  necessitatis  causa,  praebere  potestatem,  ut  impleat  »,  Poen. 
Tbeodori,  Thorpe,  If,  C>. 


LES    SAXONI    K.\    ANGLETERRE  M~ 

sacerdoce,  et  bien  qu'on  admit  que  tout  clore,  on  justice. 
devait  être  jugé  selon  la  Loi  romaine,  Alfred  proscrit  qu'en 
.as  de  meurtre,  le  prêtre  sera  sécularise,  avant  d'être  Livré 
à  la  justice  criminelle  ordinaire  (1).  Los  lois  d'.lvlolred  (2) 
et  de  Gnut  (3)  contiennent  dos  dispositions  analogues.  Ead- 
weard  (4)  ordonne,  enfin,  que  Le  clerc  qui  vole,  se  parjure, 
ou  vit  dans  L'incontinence  sera  sujet  aux  mêmes  pénalités 
que  le  laïque,  sans  préjudice  dos  pénitences  canoniques  (5). 
En  dehors  du  clergé  séculier  et  des  églises  paroissiales, 
l'Angleterre  chrétienne  comprenait  encore  de  nombreux 
établissements  conventuels.  La  règle  de  saint  Benoit  avait 
été  établie  dans  le  sud  de  l'île,  bien  avant  l'arrivée  d'Au- 
gustin en  Angleterre.  Gomme  le  clergé,  les  moines  étaient 
soumis  au  contrôle  de  l'évêque,  et  les  abbés  mitres  rece- 
vaient la  consécration  épiscopale  de  l'évêque  diocésain  (6). 

1.  /Elf.,§  21. 

2.  leg.,  .Fdelr  ,  IX.  §26:  Thorpe,  I,  346. 

3.  Leg.,  Gnut,  If,  §  il  :  Thorpe,  I,  400. 

4.  Eâd  ;  GikL,  §3  ;  Thorpe,  l,  168. 

5.  Leg.,  Wihtr,  §  18.  19;  .Edclr.,  IX,  §  19-24,  27:  Cnut,  \,  §  5; 
II,  J  41. 

6.  «  Ideo  rniiltum  cavclole,  fratres,  semper,  ne  secundum  genus 
unquam,  ne  deforis  aliunde  vohis  Patrem  quaeratis;  sed  iuxta  quod 
Régula  magni  quondam  abbatis  Benedicti,  iuxta  quod  privilegii  nostri 
continont  décréta,  in  conventu  vestrœ  congrcgalionis  communi  consilio 
perquiratis,  qui  secundum  vita1  meritum  et  sapientia»  doctrinam  aptior  ad 
(aie  miuisterium  perficiendum  digniorque  probetur  ;  et  quemeunque 
omnes  utianimœ  charitatis  inquisilione  optimum  cognoscentes  eligeretis, 
hune  vobis.  accito  episropo,  rogetis  abbatem  consueta  benedictione  for- 
mari  »,  Beda,  Vit.  Benêt.,  §  12.  (Opera  Minora,  II,  151).  «  Multa  diu 
secum  mente  versans.  utilius  deorevit,  dato  Fratribus  pnecepto,  ut  iuxta 
sui  statut  a  privilegii,  iuxtaque  Rcgulam  sancti  abbatis  Benedicti,  de  suis 
sibi  ipsi  Patram,  qui  aptior  esscl,  eligerent,  etc.,  Vit.  Bened,  §  16  (Op. 
Min.,  II,  156).  »  Vivons  ibi  quoque  secundum  sanctam  Scripturam,  con- 
templativam  vilain  in  actuali  agens.  et  nobis  regularem  vitam  primus 
fornponens  const  il  ni  L,  quam  usque  bodie  cum  Régula  Benedicti  observa- 
mus   »,  Anon.  Cudb.,  $  25  (Bed.  Op.  Min..  Il,  271).  «  Maxime  suo  sub 


X*2H  itKiiW  I  LF 

Quand  l'archevêque  Dûnstân  entreprit,  en  Angleterre,  la 
réforme  des  ordres  monastiques,  \n  plupart  de  ceux-ci, 
u'ayanl  point  de  règles  fixes,  et  ne  connaissaient  que  celles 
qui  avaient  été  imposées  par  le  fondateur  ou  donateur  (iure 
dominiï)  (1). 

regulari  videlicet  disciplina  abbati  monachica  subditus  obedientia  prap- 
bebat,  ut  labore  raanuum  coltidiano  et  disciplinai!  ofïieionim  amminis- 
tratione  incessanter  secundum  praefinitam  beali  Patris  Benedicti  rectae 
constitutionis  formam  insisteret  »,  etc..  Vit.  Bonif  Pertz,  H,  336.  «  Et 
hoc  pranlicto  modo  saluberrimam  sancti  Benedicti  sequens  institutionem, 
primus  abbas  Anglicse  nationis  enituit  »,  (Bridferd.,  MS.  Cott.  Cleop., 
B    XII,  fol.  72». 

1.  «  Sunt  loca  innumera,  ut  novimus  omnes,  in  monasteriorum  ascripto 
vocabulum,  sed  nihil  prorsus  monastics  conversations  habentia  »,  Ep. 
Ecgb.,  §  10.  «  Ouod  enim  turpe  est  dicere,  tot  sub  nomine  monasterium 
loca  hi,  qui  monachicae  vitae  prorsus  sunt  expertes,  in  suam  ditionem 
acceperunt,  sicut  ipse  melius  nosti  »,  etc.,  ibid,,  §  11.  »  At  alii  graviore 
adhuc  tlagitio,  quum  sint  ipsi  laiciet  nullius  vitse  regularis  vel  usu  exer- 
citi,  vel  a  more  prsediti,  data  regibus  pecunia,  emunt  sibi  sub  praetextu 
monasteriorum  construendorum  territoria,  in  quibus  suœ  liberius  vacent 
libidini,  et  hase  insuper  in  ius  sibi  hœreditarium  edictis,  regalibus  faciunt 
ascribi,  ipsas  quoque  litteras  privilegiorum  suorum,  quasi  veraciter  Deo 
dignas,  pontificum,  abbatum  et  potestatum  seculi.  obtinent  subscrip- 
tione  confirmari.  Sicque  usurpatis  sibi  agellulis  sive  vicis.  liberi  exinde 
a  divinosimul  ethumano  servitio,  suis  tantuminibi  desideriis  laici  mona- 
chis  imperantes  deserviunt  ;  immo  non  monachos  ibi  congregant,  sed 
quoscunque  ob  culpam  inobedientia;  veris  expulsos  monasteriis  alicubi 
forte  oberrantes  invenerent,  aut  evocare  monasteriis  ipsi  valuerint  ;  vel 
certe  quos  ipsi  de  suis  satellitibus  ad  suscipiendam  tonsuram,  promissa 
sibi  obedientia  monachica,  invitare  quiverint.  Horum  distortis  cohortibus 
suas,  quas  instruxere,  cellas  implent,  multumque  informi  atque  inaudito 
spectaculo.  idem  ipsi  viri  modo  coniugis  ac  liberorum  procreandorum 
curam  gérant,  modo  exsurgentes  de  cubilibus,  quid  intra  septa  onaste- 
rium  geri  debeat  sedula  intentione  pertractant...  Sic  per  annos  circiter 
ti'iginta,  hoc  est  ex  quo  Aldfrid  rex  humanis  rebus  ablatus  est,  provincia 
nostra  vesano  illo  errore  dementata  est.  ut  nullus  pêne  exinde  praefec- 
torum  extiterit,  qui  non  huiusmodi  sibi  monasterium  in  diebus  suœ 
praefecturœ  comparaverit,  suamque  simul  coniugem  pari  reatu  nocivi 
mercatus  astrinxerit  :  ac  praivalente  pessima  consuetudine,  ministri  quo- 
que  regis  ac  famuli  idem  facere  sategerint  »,  ibid.,  12,  13. 


LES    SAXONS    EN    ANGLETERRE  ^29 

Ce  ne  l'ut  que  vers  La  fin  du  vin*  siècle,  que  Chrodogang 

introduisit  dans  la  cathédrale  de  son  archidiocèse,  Ja  règle 
de  vie  monastique.  Bien  avant  cotte  époque,  la  grande  majo- 
rité des  églises  avait  été  fondée,  et  les  prêtres  ne  s'y  réunis- 
saient que  pour  l'exercice  de  leur  sacerdoce,  et  vivaient 
séparément  de  leurs  prébendes.  Mais  souvent,  en  fait,  la 
cathédrale  se  trouvait  dépendre  d'une  abbaye,  et  ceux  qui  la 
desservaient,  menaient  nécessairement  la  vie  régulière,  sans 
que  celle-ci  ait  toujours  été  rigoureusement  observée  (1).  Et 
malgré  l'effort  réformateur  de  Dûnstân,  ce  n'est  qu'après  sa 
mort,  et  sous  .'archevêque  /Elfric,  que  la  règle  est  définiti- 
vement introduite  à  la  cathédrale  de  Canterbury. 


1  «  Dràfût  daclerca  of  da  biscoprice,  fordan  daet  hi  noldon  nân  Regul 
liealdan  »,  Chron.  sax.,  an  963. 

«  Clerici  illi,  nominetenus  Ganonici,  frequent ationem  chori  labores 
vigil iarum,  et  ministerium  altaris  vicariis  suis  utcumque  sustentatis  relin  • 
quentes.etaba?cclesire  conspectu  plerumque  absentes  septennio,  quidquid 
de  pra'bendis  percipiebant,  locis  et  modis  sibi  placitis  absumebant.  Nuda 
fuit aecclesia  intus  et  extra  »,  An.  Wint.,  p.   289. 

«  Erant  Ganonici  nefandis  scelerum  moribus  implicati,  elatione  et 
insolentia  atque  luxuria  praeventi,  adeo  ut  nonnulli  eorum  dedignaren- 
tur  missas  suo  ordine  cejebrare,  repudientes  uxores  ([lias  illicite  dux- 
erant,  et  alias  aucipientes  gula^et  ebrietati  iugiter  dediti  »,  Vit.  .Edelw  , 
p.  6H. 

«.  Erat  de  ssecularibus  clericis,  gladioque  qucm  semispatium  vocant 
semper  accinctus,  sagoque  pro  eappa  utebatur,  parumque  apcclesiastica4 
disciplina?  imperiis  parebat."  Nain  co'piam  canuin  multiplicem  semper 
habebai.  cum  qua  venationi  quotidie  insistebat,  sagittatorque  praîcipuus  in 
arcubns  ligneis  ad  aves  feriendas  erat,  bisque  operibus  inagis  quam  aic- 
clesiasticae  disciplina»  sludiis  se  exercebat  ».  Gcsta  Abbatum  Fontanellen- 
siiim,  Pertz.  I,  284,  285  ;  Cod.  Dipl,,  nos  675,  078,  553,  586,  615. 


CHAPITRE  IX 

Les  Revenus  du  Clergé 


Les  revenus  proprement  dits  du  clergé,  aux  différentes 
périodes  de  son  histoire,  consistèrent  en  contributions  volon- 
taires de  la  part  du  peuple  ;  en  concessions  de  domaines  et 
de  terres  ;  finalement,  en  impôts  grevant  les  personnes  et 
les  propriétés,  autorisés  par  l'État,  et  perçus  sous  son  con- 
trôle. Et  il  est  probable  que  ces  sources  diverses  de  revenus, 
se  confondaient  pour  le  clergé,  avec  les  progrès  du  christia- 
nisme. 

Déjà  les  contributions  en  nature  avaient  été  exigées  des 
fidèles,  par  le   synode   de    Tours,    en    567   (1),    et  dix-huit 

1.  «  Agraria,  pascuaria.  vel  décimas  porcorum,  a?cclesia\  pro  fidei  nos- 
tra1 devotione,  concedimus.  ita  ut  actor  aut  decimator  in  rebus  œcclesise 
imllus  accédai  :  œçclesise  vel  clericis  nullain  requirant  agentes  publici 
functionem  qui  avi  vel  genitorisaut  germani  nostri  immunitatem  merue- 
rent  »,  Pertz,  III,  'A.  Conc.  Matiscon,  585,  can.  5.  «  Omnes  igitur  reliquas 
fidci  causas,  quas  tempocis  Jongitudine  cognovimus  deterioratas  fuisse, 
oportet  nos  ad  slatum  pristiniim  revocare,  ne  nobis  simus  adversarii,  dum 
ea  qua»  cognoseimus  ad  nostri  ordinis  qualitatem  pertinere.  aut  non  cor- 
rigimus,  aut,  «piod  net'as  est,  silentio  praeterimus .  Leges  itaque  divinse, 
consulentes  sacerdotibus  ac  ministris  aecclesiarum,  pro  haereditatis  por- 
tione  omni  populo  prœceperunt  décimas  fructuum  suorum  locis  sacris 
praestare,  ut  nullo  labore  impediti,  horis  legitimis  spiritualibus  possent 
vacare  ministeriis.  Quas  leges Christianorum  congeries  longis  temporibus 
custodivit  inlemeratas;  nunc  autem  prulatim  pnevaricatores  legum  poene 


LES  SAXONS  KN  ANGLETERRE  381 

années  plus  tard  au  concile  de  Mâcon,  cet  appel  fui  renou- 
velé, comme  un  retour  aux  lois  Lévitiques.  Ce  ne  fui  que 
dans  les  Capitulaires  <le  779,  que  ceg  contributions  furent 
pendues  obligatoires  par  l'Etat,  et  réparties  entre  les  mem- 
bres du  clergé,  parles  soins  de  L'évêque  (1).  Dix  ans  après 
le  concile  de  Mâcon,  s'ouvrait  l'apostolat  d'Augustin,  en 
Angleterre. 

La  dîme  y  fut  reconnue  successivement,  par  les  lois 
d \Edelstan,  d'Eâdweard,  de  Gudorm  (2),  et  Théodore  dit 
expressément  dans  une  instruction  à  son  clergé  : 

«  Tributum  aecclesise  sit,  sicut  est  consuetudo  provincial 
id  est,  ne  tantum  pauperes  in  decimis,  aut  inaliquibus  rel>us 
vim  patiantur.  Décimas  non  est  legitimum  dare,  nisi  paupe- 
ribus  et  peregrinis  »  (3). 

L'archevêque  Ecgberht  fait  défense  d'appliquer  les  dîmes 
perçues  par  d'anciennes  paroisses,  à  de  nouvelles  fondations 
(Excerpt.  Ecghberhti,  nos  24,  101,  102,  4,  5;  Thorpe,  II,  100, 
111,  112,98)  : 

«  In  lege  Domini  scriptum  est  :  «  Décimas  et  primitias  non 
tardants  offerre  ».  Et  in  Levitico  :  «  Omnes  décimas  terra?, 
sive  de  frugibus,  sive  de  pomis  arborum,  Domini  sunt; 
boves,  et  oves,  et  capra»,  quae  sub  pastoris  virga  transeunt, 
quicquid   decimum  venerit,    sanctificabitur  Domino  ».  Non 


Christian'!  omnes  ostendentnr,  du  m  ea  quœ  divinitus,  saneita  sunt, 
adimplere  negligunt.  Unde  statuimus  et  decernimus  ut  mos  antiquus  a 
fidelibus  reparetur.  et  décimas  œcclesiasticis  famulantibus  c.vremoniis 
populus  omnis  inferat,  quas  sacerdotes  aut  in  pauperum  usum,  aut  in 
captivorum  redemptionem  preerogantes,  suis  orationibus  paccm  populo 
et  salutem  impetrent.  Si  quis  autem  contumax  nostris  statutis  saluberri- 
mis  fuerit,  a  membris  aecclesise  omni  tempore  separetur  ». 

1.  «  De  decimis,  ut  unusquisque  decimam  donet,  atque  per  iussionem 
pontificis  dispensatur  »,  Capit.,  769,  cap.  7;  Pertz,  III. 

2.  ttad.  Gud,  %  6;  Thorpe,  I.  470. 

3.  Capitul.  et  Fragment,  Theod.  Thorpe,  If,  65. 


332 


HKOWl  II 


eligetur  nee  bonum  nee  malum,  nee  alteram  commutabitur. 
Augustinus  (licit  :  Decimae  igitur  tributae  sunt  aecclcsiarum  et 
egentium  animarum.  0  homo,  inde  Dominus  décimas  expe- 
tit, unde  vivis.  De  militia,  de  negotio,  de  artificio  rodde  déci- 
mas; non  enim  egel    Dominus  noster,  non  prœmia  postulat, 

sed  honorem  » «  Ut  unusquisque  sacerdos  cunctos  sibi 

pertinentes  erudiat,  ut  sciant  qualiter  décimas  totius  facul- 
tatis  aecclesiis  divinis  débite  offerant.  Ut  ipsi  sacerdotes  ;i 
populis  suscipiant  décimas,  et  nomina  eorum  quicumque 
dederint  scripta  babeant,  et  secundum  auctoritatem  canoni- 
cam  coram  [Deum]  timentibus  dividant  ;  et  ad  ornamentum 
aecclesiap  primam  eligant  partem;  secundam  autem,  ad  usum 
pauperum  atque  peregrinorum,  per  eorum  manus  misericor- 
diter  cum  omni  humilitate  dispensent,  tertiam  vero  sibimet 
ipsis  sacerdotes  reservent  »  (1). 

1.  «  (Juando  qtiidem  iuxta  sanctorum  canonum  décréta  décimas  in 
quatuor  portioues  dividenfes,  unam,  sibi,  alteram  clericis,  tertiam  pau- 
peribus,  quartam  restaurandis  aecclesiis  tradiderunt  ?  Numquid  avaritiae 
sua1  tantummodo  consulenles,  in  distributione  decimarum  obliti  sunt 
pauperum,  restaurationisque  aecclesiarum,  sicut  modo,  pro  dolor  !  cer- 
nimus  agi  ?  Canones  enim  sancti,  ex  quorum  auctoritate  exiguntur 
decimae.  non  solum  décimas  dari,  sed  etiam  inter  varios  a^cclesiae  usus 
distribui  :  ut  in  urbibus  quibuslibet  et  vicis  Xenodochia  babeantur, 
ubi  pauperes  et  peregreni  alantur  Sed  tarn  sanctum  et  tarn  necessarium 
praee'eptum  in  pluribus  locis  non  solum  minime  curatur,  sed  etiam  peene 
ignoratur.  Nam  solummodo  illud  legitur,  quod  epicopis  decimae  sint  tri  - 
buendae  ;  quid  vero  exinde  agendum  sit,  vel  si  quidquam  aliud  curandum 
sit  circa  monasleria,  1am  a  clericis  —  miserabile  dictu  —  quani  a  laicis 
destructa,  citraque  iudicia  religionis  Christiana1  subversa.  oblivioni  sen 
ignorantiae  commendalur  »,  Pertz,  II,  358.  «  Mos  autem  sedis  apostolicae 
est  ordinatis  episcopis  pnecepta  tradere,  ut  in  omni  stipendio,  quod  acce- 
dit,  quatuor  debeant  fieri  portiones  :  una  videlicet  episcopo  et  familiae 
propler  bospitalitatem  atque  susceptionem,  alia  clero,  tertia  pauperibus, 
quarta  aecclesiis  reparandis.  Sed  quia  tua  lraternitas  monasterii  regulis 
erudita,  seorsum  fieri  non  debet  a  clericis  suis  in  aecclcsia-Anglorum  qua1, 
auctore  Deo,  nuper  adhuc  ad  fidem  adducta  est,  hanc  debet  conversa- 
tionem  instituere,  quae  initio  nascensis  aecclesiîe  fuit  patribus  noslris;  in 


LES   SAXONS    EN   ANGLETERRE  333 

L'an  So,"),  la  dime  fut  étahlie  par  .lidelwulf  qui  aban- 
donna, au  profil  de  L'Eglise  la  dixième  partie  de  ses 
droits  particuliers,  ou  regalia  (  1  ).  Et  le  clergé  jouissait  encore 
des  revenus  proprement  dits  de  l'église,  des  deniers  du 
culte,  du  casuel,  des  fondations,  et  de  droits  tels  que  ceux  de 
pèche,  de  chasse  et  de  pâture,  que  lui  concédaient  les 
fidèles  sur  leurs  propres  domaines. 


quibus  nul  Jus  eorum  ex  his,  quae  possidebant,  aliquid  suum  esse  dicebal, 
sed  erant  eis  omnia  communia  »,  Beda,  //.  E.,  I,  27. 

1.  «  Eodem  anno  .EdhehvuHus  praelatus  venerabilis  rex  decimam 
lotius  regni  sui  partem  ab  omni  regali  servitio  el  tributo  liberavit,  in 
sempiternoque  graphio  in  cruce  Chris! i.  pro  redemptione  animée  suaj  et 
anlecessoriim  suorum,  uni  et  Irino  Deo  immolavil  »,  Chron.  sa.c.,  855. 
«  Eodem  anno  rex  magnificus  AtheiwuU'us  decimam  regni  sui  partem 
Deo  et  Beata*  Maria*  et  omnibus  Sanctis  contuJit,  liberam  ab  omnibus  ser- 
vitiis  saecularibus  exactionibus  et  Iributis  ».  «  Pro  utilîtate  animae  sua4  et 
salute,  per  omne  regnum  suum  semper  in  decern  hidis  vel  mansionibiis 
pauperem  iinum  indigenam,  vel  peregrinum  cibo,  potu  et  operirnento, 
successoribus  suis  usque  in  finem  saeculi  post  se  pascere  praecepit,  ita 
lamen  ut  si  terra  ilia  pecoribus  abundaret  et  ab  hominibus  coleretur  ». 
(juamobrem  ego  .Edelwulfus  rex  Occidentalium  Saxonum  cum  consilio 
episcoporum  et  principum  meorum,  consilium  salubre  atque  uniforme 
remedium  affirmavi;  ut  aliquam  porlionem  terrarum  hflereditariam,  antea 
possidentibus  gradibus  omnibus,  —  sive  t'amulis  et  t'amulabus  Dei  Deo 
servientibus,  sive  laicis,  —  semper  decimam  mansionern,  ubi  minimum 
sit,  turn  decimam  partem,  —  in  libertatem  perpetuam  perdonare  diiudi- 
cavi  ;  ut  sit  tuta  et  munila  ab  omnibus  saecularibus  servitutibus,  tiscis 
regalibus.  tributis  maioribusel  minoribus,  sive  iaxationibus  qua;  nos  dici- 
mus  Witera'den  ;  sit(jue  libera  omnium  rerum,  pro  remissione  animaruni 
et  peccatorum  nostrorum.  Deo  soli  ad  serviendum,  sine  expeditione,  et 
pontis  instruct ione  et  arcis  munitione.  ut  eo  diligentius  pro  nobis  ad  Deum 
preces  sine  cessatione  i'undant,  quo  eorunseruitutem  saecularem  in  aliqua 
parte  levigamus  »,  Cod.  DipL,  nos  270,  271,  275,  276,  1048,  1050,  1051, 
1052,  1053,  1054,  1057,  270. 


CHAPITRE  X 

Les  Pauvres 


La  possession  de  l'homme  lihrc  étant  limitée  par  le  hyd, 
ce  dernier  devient  insuffisant  pour  assurer  la  suhsistance  de 
la  famille,  dans  l'état  primitif,  chez  les  Anglo-Saxons. 
L'émigration,  le  service  dans  le  comitatus,  la  servitude  de 
la  terre,  le  célibat  étaient  les  conditions  qui  s'imposaient  au 
paupérisme  naissant,  dans  une  société  où  l'Etat  ne  recon- 
naît pour  membres,  que  ceux  qui  doivent  leur  indépen- 
dance à  la  seule  possession  du  sol.  Le  christianisme  apporta 
à  la  condition  des  pauvres,  quelques  tempéraments. 

Dans  les  dernières  années  du  vie  siècle,  le  pape  Grégoire 
le  Grand  rappela  à  Augustin,  que  s'était  la  coutume  romaine 
d'attribuer  aux  pauvres  le  quart  des  offrandes  volontaires 
des  fidèles  à  l'autel.  Cette  recommandation  fut  suivie  par 
l'Eglise  d'Angleterre,  et  sanctionnée  en  1014,  par  un  acte 
d'/Ëdelred,  conçu  dans  les  ternies  suivants  : 

«  ...  Le  roi  et  ses  witan  déclarent  que  les  offrandes  et 
revenus  de  l'église,  iront  pour  une  part,  à  l'entretien  du 
culte  ;  pour  une  autre  part,  au  clergé  ;  pour  une  dernière 
part,  aux  nécessiteux  »  (1). 

Les  ordonnances  des  évêques  anglo-saxons,  sont  remplies 

1.  J^lelr.,  IX,  §6. 


I  i  S    SAXONS    EN    ANGLETERRE  338 

de  dispositions  analogues.  Dans  Les  Capitula  et  Fragmenta, 
Théodore  défend  de  prélever  sur  les  offrandes,  d'autres 
parts,  pour  les  Laïques,  que  celles  qui  sont  destinées  aux 
indigents  et  aux  pèlerins  (1). 

On  trouve  dans  un  mandement  de  l'archevêque  Ecgberht, 
la  disposition  suivante  (2)  : 

«  ...  Les  prêtres  feront  trois  parts  des  dons  des  fidèles  :  la 
première  sera  consacrée  à  la  décoration  de  l'église  ;  la 
seconde  sera  distribuée  en  toute  merci  et  charité,  aux  pau- 
vres et  aux  étrangers;  La  troisième  sera  gardée  par  les 
prêtres  eux-mêmes.  » 

Et  le  même  prélat  adresse  aux  confesseurs  cette  recom- 
mandation (3)  : 

«  Soyez  doux  et  charitables  envers  les  pauvres  ;  zélés 
dans  vos  aumônes,  et  donnez  à  l'église  de  Dieu  et  aux  indi- 
gents. » 

Dans  les  canons  d'Eâdgâr  et  dM^lfric,  on  lit  cette  ordon- 
nance : 

«  Nous  enjoignons  aux  prêtres  de  distribuer  les  aumônes 
du  peuple,  pour  l'accoutumer  à  la  charité,  et  pour  donner 
satisfaction  à  Dieu  ;  une  part  des  aumônes  sera  délivrée  aux 
prêtres  ;  l'autre  sera  attribuée  à  l'église,  et  la  dernière  sera 
partagée  entre  les  pauvres  »  (4). 

Les  mêmes  canons  disposent,  que  tout  homme  qui  jeûnera, 
devra  donner  aux  pauvres  de  Dieu,  les  mets  qu'il  aurait 
mangés  (5). 

Dans  la  confession,  certaines  pénitences  étaient  rachetées 
par  des  aumônes.  Théodore  prescrit  «  que  celui  qui  ne  peut 


I.  Gap.  el  Fragm.,  Theod.  Thorpe,  11,65,  11,  80. 
i>.  Excerpt.  Ecgb.,  Ibid.,  Il,  98. 
3.  Confess.  Ecgb.,  Ibid.,  Il,  132. 
I.  lb  id.,  II,  256,  35->. 
:>.  Ibid.,  11.  286. 


336  BEOWULF 

jeûner,  par  débilité,  doit  faire  aumône  aux  pauvres,  selon 
ses  moyens...  »  (1).  Ecghbertht  réclame  encore  pour  les 
pauvres,  le  tiers  du  butin  de  guerre  (2),  et  /Edelred,  pré- 
lève à  leur  intention,  une  part  des  amendes  infligées  en 
justice  (3).  Larchevêque  Ecghberht  recommande  encore  aux 
fidèles  opulents,  de  donner  sur  leur  superflu,  une  large 
part  d'aumônes. 

Les  évêques  et  leur  clergé  devaient  exercer  la  charité 
active.  Les  é\  êques  devaient  nourrir  et  vêtir  les  pauvres  (4), 
et  le  clerc  était  excommunié  qui,  possédant  le  superflu,  ne 
le  distribuait  point  aux  pauvres. 

Les  hôpitaux  furent  encore,  à  cette  époque,  le  refuge  du 
pauvre.  Le  xenodockium  ou  hospiiium,  fut  fondé  par  la  géné- 
rosité du  clergé  ou  des  fidèles,  en  dehors  des  murs  des 
églises  ou  des  monastères. 

L'initiative  privée  faisait  encore  de  louables  efforts,  pour 
soulager  la  misère  publique.  En  832,  l'archevêque  Wulfred 
fait  nourrir,  par  jour,  vingt-six  pauvres  sur  ses  domaines,  et 
le  jour  anniversaire  de  sa  naissance,  il  fait  remettre  à 
douze  cents  pauvres,  un  pain,  un  fromage,  du  lard  et  un 
penny  (5). 

Oswulf,  duc  du  Ouest-Kent,  au  début  du  ix°  siècle, 
ordonne  qu'à  son  anniversaire,  on  partage  aux  pauvres, 
douze  cents  pains,  un  bœuf  gras,  quatre  moutons,  cinq  oies, 
dix  poules,  dix  livres  de  fromage,  trente  mesures  de  bière 
galloise,  et  un  tonneau  de  miel,  ou  deux  de  vin  (6). 

4.  Pœnit.,  Thorpe,  II,  (il.  07,  69,  70,  134,  °222. 

2.  Pœnit.,  Ecgb., Ibid.,  II,  23-2. 

3.  .ÏCdelr.,  VI,  §  5t  ;  lbid.,  1,  328. 

4.  a  Episcopus  pauperibus  et  infirmis,  qui  debilitate  faciente  non  pos- 
sunt  suis  manibus  laborare,  victum  et  vestimentum,  in  quantum  possibi- 
litas  fuerit,  largiatur  »,  Ibid.,  II,  105. 

5.  Cod.  Dipt.,  n°  230. 

6.  Ibid.,  n°  226. 


LKS    SAXONS    EN    ANGLETERRE  '.VM 

Vers  la  tin  du  x('  siècle,  Wulfwaru  partage  ses  biens  entre 
sa  parenté,  et  impose  à  ses  héritiers  L'entretien  de  vingt 
pa uvres  (I). 

On  voit  par  ces  documents,  que  la  part  des  pauvres,  distri- 
buée sous  la  surveillance  de  lévèqne,  était  assez  considé- 
rable, pour  soulager  sensiblement  la  misère  publique. 


I.  Cod.  Dipl ..  n°  694. 


22 


APPEXDICE  DU  LIVRE  II 


I 


THE  DOOMS  OF  THE  CITY  OF  LONDON 
(JEdelstân  V.  Thorpe,  I,  228,  sq.) 


«  This  is  the  ordinance  which  the  bishops  and  the  reeves 
belonging  to  London  have  ordained,  and  with  weds  confirmed, 
among  our  «  frith  gegildas  »,  as  well  eorlish  as  ceorlish,  in 
addition  to  the  dooms  which  were  fixed  at  Greatanlea  and  at 
Exeter  and  at  Thunresfeld. 

«  This  then  is  first. 

«  1.  That  no  thief  be  spared  over  Xll  pence,  and  no  person 
over  XII  years,  whom  we  learn  according  to  folkright  that 
he  is  guilty,  and  can  mak  no  denial  ;  that  we  slay  him,  and 
take  all  that  he  has  ;  and  first  take  the  «  ceapgild  »  from  the 
property  ;  and  after  that  let  the  surplus  be  divided  into  II  : 
one  part  to  the  wife,  if  she  be  innocent,  and  were  not  privy 
to  the  crime  ;  and  the  other  into  II  ;  let  the  king  take  half, 
half  the  fellowship.  If  it  be  bocland  or  bishop's  land,  then 
has  tho  landlord  the  half  part  in  common  with  the  fellow- 
ship. 

«  2.  And»  he  who  secretly  harbours  a  thief,  and  is  privy  to 
the  crime  and  to  the  guilt,  to  him  let  the  like  be  done. 


342  iu:ow  i  ii 

«  .'J.  And  he  who  stands  with  a  thief,  and  fights  with  him, 
let  him  be  slain  with  the  thief. 

i.  And  he  who  ofl  before  has  been  convicted  openly  of 
theft,  and  shall  go  to  the  ordeal,  and  is  there  found  guilty; 
that  he  he  slain,  unless  the  kindred  or  the  lord  be  willing 
to  release  him  hy  his  «  wer  »,  and  by  the  full  «  ceap-gild  », 
and  also  have  him  in  «  borh  »,  that  he  thenceforth  desist 
from  every  kind  of  evil.  If  after  that  he  again  steal,  then 
let  his  kinsmen  give  him  up  to  the  reeve  to  whom  it  may 
appertain,  in  such  custody  as  they  before  took  him  out  of 
from  the  ordeal,  and  let  him  be  slain  in  retribution  of  the 
theft.  But  if  anyone  defend  him,  and  will  take  him,  although 
he  was  convicted  at  the  ordeal,  so  that  he  might  not  be 
shun  ;  that  he  should  be  liable  in  his  life,  unless  he  should 
flee  to  the  king,  and  he  should  give  him  his  life  ;  all  as  it  was 
before  ordained  at  Greatanlea,  and  at  Exeter,  and  ad  Thun- 
resfeld. 

«  5.  And  whoever  will  avenge  a  thief,  and  commits  an 
assault,  or  makes  an  attack  on  the  highway  ;  let  him  be  liable 
in  CXX  shillings  to  the  king.  But  if  he  slay  any  one  in  his 
revenge,  let  him  be  liable  in  bis  life,  and  in  all  that  he  has, 
unless  the  king  is  willing  to  be  merciful  to  him. 

«  Second. 

«  That  we  have  ordained  :  that  each  of  us  should  contri- 
bute IV  pence  for  our  common  use  within  XII  months,  and 
pay  for  the  property  which  should  be  taken  after  we  had 
contributed  the  money  :  and  that  all  should  have  the  search 
in  common;  and  that  every  man  should  contribute  his  shil- 
ling who  had  property  to  the  value  of  XXX  pence,  except 
the  poor  widow  who  has  no  «  forwyrhta  »  nor  any  land. 


BEOWULF  343 


a  Third. 


a  That  we  count  al\\;i\s  ten  men  together,  and  the  chief 
should  direct  the  aine  in  each  of  those  duties  which  we  have 
all  ordained  ;  and  countj  afterwards  their  «  hyndens  »  toge- 
ther, and  one  «  hynden-man  »  who  shall  admonish  the  X  for 
our  common  benefit  ;  and  let  these  XI  hold  the  money  of  the 
«  hynden  »,  and  decide  what  they  shall  dishurse  when  aught 
is  to  pay,  and  what  they  shall  receive,  if  money  should  arise 
to  us,  at  our  common  suit  ;  and  let  them  also  know  that  every 
contrihution  he  forthcoming  which  we  have  all  ordained  for 
our  common  benefit,  after  the  rate  of  XXX  pence  or  one  ox  ; 
so  that  all  be  fulfilled  which  we  have  ordained  in  our  ordi- 
nances, and  which  stands  in  our  agreement. 

«  Fourth. 

«  That  every  man  of  them  who  has  heard  the  orders  should 
he  aidful  to  others,  as  well  in  tracing  as  in  pursuit,  so  long 
as  the  track  is  known  ;  and  after  the  track  has  failed  him, 
that  one  man  he  found  wdiere  there  is  a  large  population,  as 
well  as  from  one  tithing  vhere  a  less  population  is,  either 
tho  ride  or  to  go  (unless  there  he  need  of  more)  thither  where 
most  need  is,  and  as  they  all  have  ordained. 

«  Fifth 

«  That  no  search  be  abandoned,  either  to  the  north  of  the 
march  or  to  the  south,  before  every  man  who  has  a  horse 
has  ridden  one  riding  ;  and  that  he  who  has  not  a  horse, 
work  for  the  lord  who  rides  or  goes  for  him,  until  he  come 
home;  unless  right  shall  have  been  previously  obtained. 


:ii4 


HI-mW  II. K 


«  Sixth 


«  1.  Respecting  our  «  ceapgild  »  :  a  horse  at  half  a  pound, 
if  it  1)0  so  good  ;  and  il*  it  be  inferior,  let  it  he  paid  for  by 
the  worth  of  its  appearance,  and  by  that  which  the  man 
values  it  at  who  owns  it,  unless  he  have  evidenee  that  it  be 
as  good  as  he  says,  and  then  let  [lis]  have  the  surplus  which 
we  there  require. 

»  2.  An  ox  at  a  mancus,  and  a  cow  at  XX,  and  a  swine  at  X, 
and  a  sheep  at  a  shilling. 

«  3.  And  we  have  ordained  respecting  our  «  theowmen  » 
whom  men  might  have  ;  if  anyone  should  steal  him,  that  he 
should  be  paid  for  with  half  a  pound  ;  but  if  we  should  raise 
the  «  gild  »,  that  it  should  be  increased  above  that,  by  the 
worh  of  his  appearance,  and  that  we  should  have  for  oursel- 
ves the  surplus  that  we  then  should  require.  But  if  he  should 
have  stolen  himself  away,  that  he  should  be  led  to  the 
stoning,  as  it  was  formerly  ordained  ;  and  that  every  man 
who  had  a  man  should  contribute  either  a  penny  or  a  half- 
penny, according  to  the  number  of  the  fellowship,  so  that 
we  might  be  able  to  raise  the  worth.  But  if  he  should  make 
his  escape,  that  he  should  be  paid  for  by  the  worth  of  his 
appearance,  and  we  all  should  make  search  for  him.  If  we 
then  should  be  able  to  come  at  him,  that  the  same  should  be 
done  to  him  that  would  be  done  to  a  Wylisc  thief,  or  that  he 
be  hanged. 

«  4.  And  let  the  «  ceapgild  »  always  advance  from  XXX 
pence  to  half  a  pound,  after  we  make  search  ;  further,  if 
we  raise  the  «  ceapgild  »  tho  the  full  «  angilde  »  ;  and  let 
the  search  still  continue,  as  was  before  ordained,  though  it 
be  less. 


BEOWULF 


«  Seventh, 


345 


«  That  we  have  ordained  :  Let  do  the  (1p<m1  whoever  may 
that  shall  avenge  the  injuries  of  us  all,  that  we  should  he 
all  so  in  one  friendship  as  in  one  foeship,  whichever  it  then 
may  he;  and  that  he  who  should  kill  a  thief  hefore  other 
men,  that  he  he  XII  pence  the  better  for  the  deed,  and  for 
the  enterprize,  from  our  common  money.  And  he  who 
should  own  the  property  for  which  we  pay  let  him  not  for- 
sake the  search,  on  peril  of  our  «  oferhyrnes  »,  and  the 
notice  therewith,  until  we  come  to  payment;  and  then  also 
we  would  reward  him  for  his  labour,  out  of  our  common 
money,  according  to  the  worth  of  the  journey,  lest  the 
giving  notice  should  be  neglected. 

«   Eighth. 

«  1.  That  we  gather  to  us  once  in  every  month,  if  we  can 
and  have  leisure,  the  «  hynden  men  »  and  those  wo  direct 
the  tithings,  as  well  with  «  bytt-fylling  »,  as  else  it  may 
concern  us,  and  know  what  of  our  agreement  has  been  exe- 
cuted; and  let  these  XII  men  have  their  refection  together, 
and  feed  themselves  according  as  they  may  deem  themselves 
worthy,  and  deal  the  remains  of  the  meat  for  the  love  of 
God. 

«  2.  And  if  it  then  should  happen  that  any  kin  be  so 
strong  and  so  great,  within  land  or  without,  whether 
«  XII  hynde  »,  or  «  twy  hynde  »,  that  they  refuse  us  right, 
and  stand  up  in  defence  of  a  thief  ;  that  we  all  of  us  ride 
thereto  with  the  reeve  within  whose  «  manung  »  it  may 
be. 

«  3.  And  also  send  on  both  sides  to  the  reeves,  and  desire 
from  them  aid  of  so  many  men  as  may  seem  to  us  adequate 


for  so  gréai  a  suit,  thai  there  may  be  the  more  fear  in  those 
culpable  men  for  our  assemblage,  and  thai  we  all  ride  the- 
reto, and  avenge  our  wrong,  and  slay  the  thief,  and  those 
who  fighl  and  stand  with  him,  unless  they  be  willing  to  deparl 
from  him. 

«  4.  And  if  any  one  trace  a  track  from  on  shire  to  another, 
Let  the  men  who  there  are  next  take  to  it,  and  pursue  the 
track  till  it  he  made  known  to  the  reeve  ;  let  him  then  with 
his  «  oianung  »,  take  to  it,  and  pursue  the  track  out  of  his 
shire,  if  lie  can  ;  but  if  he  cannot,  let  him  pay  the  «  angyldc  » 
of  the  property,  and  let  both  reeveships have  the  full  suit  in 
common,  be  it  wherever  it  may,  as  well  to  the  north  of  the 
march  as  to  the  south,  always  from  one  shire  to  another  ;  so 
that  every  reeve  may  assist  another,  for  the  common  «frith  a 
of  us  all,  by  the  king's  «  oferhyrnes  ». 

«  5.  And  also  that  everyone  shall  help  another,  as  it  is 
ordained  and  by  «  weds  »  confirmed  ;  and  such  man  as 
shall  neglect  this  beyond  the  march,  let  him  be  liable  in 
XXX  pence,  or  an  ox,  if  he  aught  of  this  neglect  which 
stands  in  our  writings,  and  we  with  our  «  weds  »  have  con- 
firmed. 

«  6.  And  we  have  also  ordained  respecting  every  man 
who  has  given  his  «  wed  »  in  our  gitdships,  if  he  should  die, 
thai  each  gildbrother  shall  give  a  «  gesufel  »  loaf  for  his 
soul,  and  sing  a  fifty,  or  get  it  sung  within  XXX  days. 

«  7.  And  we  also  command  our  «  hiremen  »  that  each 
man  shall  know  when  he  has  his  cattle,  or  when  he  has 
not,  on  his  neighbour's  witness,  and  that  he  point  out  to  us 
the  track,  if  he  cannot  find  it  within  three  days  ;  for  we 
believe  that  many  heedless  men  reck  not  how  their  cattle 
go,  for  over-confidence  in  the  «  frith  ». 

«  8.  Then  we  command  that  within  III  days  he  make  it 
known  to  his  neighbours,  if  he  will  ask  for  the  «ceap-gild  »; 


Il\ll     II     TRADUCTION  .Tj7 

and  let  the  search  nevertheless  go  on  as  it  was  before  ordai- 
ned, for  we  will  not  pay  for  any  unguarded  property, 
unless  it  be  stolen.  Many  men  speak  fraudulent  speech.  If 
he  cannot  point  out  to  us  the  track,  let  him  show  on  oath 
with  111  of  his  neighbours  that  it  has  been  stolen  within 
HI  «lay  s ,  and  after  that  let  him  ask  for  his  «  ceapgild  ». 

u  9.  And  let  it  not  be  denied  nor  concealed,  if  our  lord  or 
any  of  our  reeves  should  suggest  to  us  any  addition  to  our 
«  frith-gilds  »  that  we  will  joyfully  accept  the  same,  as  it 
becomes  us  all,  and  may  be  advantageous  to  us.  But  let  us 
trust  in  God,  and  our  kingly  lord,  if  we  fulfil  all  things  thus, 
that  the  affairs  of  all  folk  will  be  better  with  respect  to  theft 
than  they  before  were.  If.  however,  we  slacken  in  the 
«  frith  »  and  the  «  wed  »  which  we  have  given,  and  the 
king  has  commanded  of  us,  then  may  we  expect,  or  well 
know,  that  these  thieves  wall  prevail  yet  more  than  they  did 
before.  But  let  us  keep  our  «  weds  »  and  the  «  frith  »  as  is 
pleasing  to  our  lord  ;  it  greatly  behoves  us  that  we  devise 
that  which  he  wills  ;  and  if  he  order  and  instruct  us  more, 
we  shall  be  humbly  ready. 

«  Ninth. 

«  That  we  have  ordained  :  respecting  those  thieves  whom 
one  cannot  immediatley  discover  to  be  guilty,  and  one  after- 
wards learns  that  they  are  guilty  and  liable  ;  that  the  lord 
or  the  kinsmen  should  release  him  in  the  same  manner 
as  those  men  are  released  who  are  found  guilty  at  the 
ordeal. 

«  Tenth. 

«  That  all  the  «  witan  »  gave  their  «  weds  »  altogether  to 
the  archbishop  at   Thunresfeld,   when  /Elfeah  Stybb    and 


^iS  BE0W1  IK 

Brihtnoth  Odda's  son  came  to  meet  the  «  gemot  »  by  the 
king's  command  ;  that  each  reeve  should  take  the  «  wed  »  in 
his  own  shire  :  that  they  would  all  hold  the  «  frith  »  as  king 
Ethelstan  and  his  «  witan  »  had  counselled  it,  lirst  at  Grea- 
tanlea,  and  again  at  Exeter,  and  afterwards  at  Feversham, 
and  a  fourth  time  at  Thunresfeld,  before  the  archbishop 
and  all  the  bishops,  and  his  «  witan  »  whom  the  king  him- 
self named,  who  were  thereat  :  that  those  dooms  should  be 
observed  which  were  fixed  at  this  a  gemot  »,  except  those 
which  were  there  before  done  away  with  ;  which  was.  Sunday 
marketing,  and  that  with  full  and  true  witness  any  one 
might  buy  out  of  port. 

«  Eleventh. 

«  That  ^Ethelstan  commands  his  bishops  and  his  «  ealdor- 
men  »  and  all  his  reeves  over  all  my  realm,  that  ye  so  hold 
the  «  frith  »  as  1  and  my  «  witan  »  have  ordained  ;  and  if 
any  of  you  neglect  it,  and  will  not  obey  me,  and  will  not 
take  the  «  wed  »  of  his  «  hiremen  »,  and  he  allow  of  secret 
compositions,  and  will  not  attend  to  these  regulations  as  I 
have  commanded,  and  it  stands  in  our  writs  ;  then  be  the 
reeve  without  his  «  folgoth  »,  and  without  my  friendship, 
and  pay  me  CXX  shilling  ;  and  each  of  my  thanes  who  has 
land,  and  will  not  keep  the  regulations  as  1  have  comman- 
ded, [let  him  pay!  half  that. 

«  Twelfth. 

«  1.  That  the  kin^'  now  again  has  ordained  to  his  «  witan  » 
at  Witlanburh,  and  has  commanded  it  to  be  made  known 
to  the  archbishop  by  bishop  Theodred,  that  it  seemed  to 
him  too  cruel  that  so  young  a  man  should  be  killed,  and 
besides  for  so  little,  as  he  has  learned  has  somewhere  been 


TEXTE    ET    TRADUCTION  349 

<l<>n<\  He  then  said,  that  it  seemed  to  him,  and  to  those  who 
counselled  with  him,  that  no  younger  person  should  b<> 
slain  than  XV  years,  except  he  should  make  resistance  or 
tlee,  and  would  uot  surrender  himself;  that  then  he  should 
be  slain,  as  well  for  more  as  for  less,  whichever  it  might  be. 
But  if  he  he  willing  to  surrender  himself,  let  him  be  put  into 
prison,  as  it  was  ordained  at  (iratanlea,  and  by  the  same  let 
him  be  redeemed. 

«  2.  Or  if  he  come  not  into  prison,  and  they  have  none, 
that  they  take  him  in  «  borh  »  by  his  full  «  wer  »,  thar  he  will 
evermore  desist  from  every  kind  of  evil.  If  the  kindred  will 
not  take  him  out,  nor  enter  into  «  borh  »  lor  him,  then 
let  him  swear  as  the  bishop  may  instruct  him,  that  he  will 
desist  from  every  kind  of  evil,  and  stand  in  servitude  by  his 
«  wer  ».  But  if  he  after  that  again  steal,  let  him  be  slain  or 
hanged,  as  was  before  done  to  the  elder  ones. 

«  3.  And  the  king  has  also  ordained,  that  no  one  should 
be  slain  for  less  property  than  Xll  pence  worth,  unless  he 
will  flee  or  defend  himself;  and  that  then  no  one  should 
hesitate,  though  it  were  for  less.  If  we  it  thus  hold,  then 
trust  I  in  God  that  our  «  frith  »  will  be  better  than  it  has 
before  been  ». 

Les  pièces  suivantes  qui  peuvent  paraître  intéressantes  au 
point  de  vue  documentaire,  sont  extraites  de  Warkônigs'  His- 
tory of  Flanders,  vol.  II. 

I.  Première  Charte  ou  Keure  de  la  ville  de  St.  Orner,  accordée 
par  Guillaume  de  Normandie,  comte  de  Flandre,  et  con- 
firmée par  Louis-le-Gros,  roi  de  France.  14  avril  11Q21 '. 

«  Ego  Guillelmus  Dei  gratia  Flandrensium  Comes  peti- 
tioni  Burgensium  Sancti  Audomari  contraire  nolens,  pro  eo 


;{.">()  HKUW  III 

maxime  quia  meam  $e  Gonsulatu  Flamlriae  petitionem  Liben$i 
;mim<>  receperun^j  <*t  quia  honestius  el  fidelius  caeteris  Flan- 
drensibue  erga  mé  semper  se  habuerunt,  Lagas  sen  consue- 
tudines  suhscriptus  perpétue  ek  iure  c  once  do.  et  ratas 
manere  pr»cipio. 

«  §  1.  Primo  quidem  ut  erga  unumquemque  hominem, 
pàcem  cis  faciam  et  eus  sicut  homines  meos  sine  malo  inge- 
nio  manuteneam  et  defendam;  reetumque  indicium  scabino- 
rum  erga  unumquemque  hotninem,  et  erga  me  ipsum  cis 
fieri  cpncedam  ;  ipsisque  scabiiiis  libertateffi,  qualem  melius 
liabent  scabini  terra'  mea*  constituam. 

«  §  2.  Si  quis  Burgensium  Sancti  Audomari  alicui  pecu- 
niam  suam  crediderit,  et  ille  cui  crédita  est,  coram  légiti- 
mas hominibus  et  in  villa  sua  hereditariis  sponte  concesse- 
rit,  quod  si  die  constituta  pecuniam  non  persolverit,  ipse  vel 
bona  eius,  donee  omnia  reddat,  retineantur  :  si  persolvere 
noluerit,  aut  si  negaverit  hanc  conventionem,  et  testimonio 
duorum  Scabinorum,  vel  duorum  iuratorum  inde  convictus 
fuerit,  donee  debitum  solvat,  retineatur. 

«  §  3.  Si  quis  de  iure  christianitatis  ab  aliquo  interpellatus 
fuerit,  de  villa  Sancti  Audomari  alias  pro  iustitia  exequenda, 
non  exeat  :  sed  in  eadem  villa  coram  episcopo  vel  eius 
Archidiacono,  vel  suo  presbytero,  quod  iustum  est  clerico- 
rum,  scabinorumque  iudicio  exequatur  :  nee  respondeat  ali- 
cui, nisi  tribus  de  causis  ;  videlicet  de  infractura  ecclesia?, 
vel  atrii,  de  lesione  clerici,  de  oppressione  et  violatione 
feminae  :  quod  si  de  alii  s  causis,  querimonia  facta  fuerit 
coram  iudicibus  et  praeposito  meo  hoc  finiatur.  Si  eniiii 
coram  K.  Comité  et  episcopo  Johanne  statutum  fuit. 

«  4.  Libertateni  vero,  quam  antecessorum  nieoruni  tenipo- 
ribus  habuerunt  eis  concedo.  Scilicet  quod  nuinquam  de 
terra  sua  in  expeditionem  proficiseentur,  excepto  si  hostilis 


TEXTE    ET   TRAD!  CTIOIS  3S  I 

exercitus  terrain  Flandriae  LnvaseritJ  tune  me  et  terrain 
oieam  defendere  dehunt. 

«  §  o.  Omnes  qui  Gildam  eorum  habent,  et  ad  illam  per- 
tinent, et  infra  cingnlam  villae  suae  inanent,  liberos  omnes 
a  teloneo  facio,  ad  portum  Dichesmudœ  et  GraVeningis  ; 
et  per  Iota  ni  terrain  Flandriae,  eos  liberos  a  Sewerp  facio. 
Apud  Batpalmas  teloneum,  quale  (louant  Atrebatenses,  eis 
constituto. 

«  S  6.  Quisquis  eorum  ad  terrain  imperatoris  pro  negotia- 
tione  sua  perexerit,  a  nemine  meorum  hansam  persolvere 
cogatur. 

«  §  7.  Si  contigerit  milii  aliquo  tempore  praeter  terrain 
Flandriae  aliam  conquirere,  aut  si  eoncordia  pacis  inter  me  et 
avunculum  nieiini  H.  regein  Àngliae  facta fuerit,  in  conquisita 
terra  illa  aut  in  toto  regno  Anglorum  eos  liberos  ab  omni 
teloneo  et  ab  omni  consuetudine  in  eoncordia  illa  recipi 
facia  m. 

«  §  8.  In  omni  mereato  Flandriee  si  quis  elamorem  adversus 
eos  suscitaverit  iudicium  scabinorum  de  omni  clamore  sine 
duello  subeant  ;  ab  duello  vero  ulterius  liberi  sint. 

«  §9.  Omnes  qui  infra  niurum  sancti  Audomari  habitant  et 
deinceps  sunt  habitaturi,  liberos  a  Cavagio  hoc  est  a  capitali 
censu,  et  de  advocationibus  constituo. 

«  $  10.  Pecuniam  eorum  qua1  post  mortem  Coniitis  lv.  eis 
ablata  est,  et  quae  propter  fidelitatein  quam  erga  me  habent 
adhuc  eis  detinetur,  aut  infra  annum  reddi  faciam,  aut  iudi- 
cio  scabinorum  institiani  eis  iieri  concedain. 

«  §11.  Pra*terea  rogaverunt  regem  Frftiiciae  et  Uaulphum 
de  Parona,  ut  ubicumque  in  terrain  illorum  venerint,  liberi 
sint  al)  omni  teloneo,  et  traverso  et  passagio  ;  quod  et  concedi 
volo. 

«  S  12.  Communionem  autem  suam  sicut  earn  iuraverunt 
permanere  pranipio,  et  a  ix-'inine  dissolvi  permitto,  et  onnie 


352  BKOWULF 

rectum  rectamque  iustitiam  sicut  melius  stat  in  terra  mea, 
scilicet  in  Flandria,  cis  concede 

«  $  13.  Et  sicut  meliores  et  liberiores  Burgenses  Flandriae 
ab  oinni  consuetudine  liheros  deinceps  esse  volo  ;  nullum 
scotli,  nullam  taliam,  nullam  pecuniae  suae  petitionem ab  eis 
requiro. 

«  §  11.  iMonetam  meam  in  Sancto  Audomaro  unde  per 
annum  XXX  Libras  habebam  et  quidquid  in  ea  habere  debeo, 
ad  restaura  I  ionem  damnorum  suoruni  et  gildae  sua-  sustenta- 
nientum  constitute,  lpsi  vero  Burgenses  monetam  per  totain 
vitam  meam  stabilem  et  bonani,  unde  villa  sua  melioretur, 
stabiliant. 

«  §  15.  Custodes  qui  singulis  noctibus  per  annum  vigilantes 
castellum  Sancti  Audomari  custodiunt,  et  qui  praeter  feodum 
suum  et  praebendam  sibi  antiquitus  constitutain  in  avena  et 
caseis  et  in  pellibus  arietum,  iniuste  et  violenter  ab  unaqua- 
que  domo  in  eadem  villa,  scilicet  ad  Sanctum  Andomarum 
sanctumque  Bertinum  in  natali  domini  panem  unum  et  dena- 
rium  unum  ant  duos  denarios  exigere  soient,  aut  pro  hiis 
pauperum  vadimonia  tollebant,  nihil  omnino  deinceps  praeter 
feodum  suum  et  praebendam  suam  exigere  audeant. 

«  §  16.  Quisquis  ad  Niuverledam  venerit,  undecumque 
venerit,  licentiam  habeat  veniendi  ad  Sanctum  Audomarum 
cum  rebus  suis  in  quacunque  navi  voluerit. 

«  §  17.  Si  cum  Boloniensum  comité  S.  concordiam  habuero, 
in  ilia  reconciliation  eos  a  Teleneo  et  Seuwerp  apud  Wit- 
sant  et  per  totam  terrain  eius  liberos  esse  facia m. 

«  §  18.  Pasturam  adiacentem  villa?  Sancti  Audomari  in 
nemori,  quod  dicitur  Lo,  et  in  paludibus  et  in  pratis  et  in 
bruera  et  in  Hongrecoltra,  usibus  eoruni,  excepta  terra 
Lazarorum,  concedo,  sicut  fuit  tempore  Roberti  Gomitis 
Barbati. 

«  §  19.  Mansiones  quoque,  qua1  sunt  in  niinisterio  Advo- 


LKS    SAXONS    EN    ANGLETERRE  353 

cati  Sancti  Bertini,  i i las  videlicet  quae  inbabitantur,  ab  omni 
consuetudine  libéras  esse  volo  :  dabuntque  singular  denarios 
XII  in  festo  Sancti  Michaelis,  et  de  brotban  denarios  XII  et 
de  byrban  denarios  XII.  Vanne  anteni  nihil  dab  un  t. 

«  §  20.  Si  ({iiis  extraneus aliquem  Burgensium  Sancti  Audo- 
mai'i  agressus  fuerit,  et  ei  contiimeliain  vel  iniuriam  irroga- 
verit  vel  violenter  ei  sua  abstulerit,  et  cum  hac  iniura  nianus 
eius  evaserit,  postmodum  vocatus  a  castellano  vel  uxore 
eius  sen  ab  eius  dapifero  infra,  iriduum  ad  satisfactionem 
venire  contempserit  aut  neglexerit  ;  ipsi  comniuniter  iniu- 
riam fratris  sui  in  eo  vindicabunt,  in  qua  vindicta  si  domus 
diruta  vel  combusta  fuerit,  aut  si  quispiam  vulneratus  vel 
occisus  fuerit,  nullum  corporis  aut  rerum  suarum  periculuin, 
qui  vindictam  perpetravit,  incurrat,  nee  ofi'ensam  meant 
super  hoc  sentiat  vel  pertimescat  ;  si  vero,  qui  iniuriam  intu- 
lit  presentialiter  tentus  fuerit,  secundum  leges  et  consuetu- 
dines  villa'  presentialiter  iudicabitur  et  secundum  quantita- 
tein  facti  punietur;  scilicet  oculum  pro  oculo,  dentem  pro 
dente,  caput  pro  capite  reddet. 

«  §  21.  De  morte  Eustachii  de  Stenford  quicunque  aliquem 
Burgensium  Sancti  Audomari  perturbaverit  et  molestaverit, 
reus  proditionis  et  mortis  K.  Gomitis  habeatur  ;  quoniam  pro 
fidelitate  mea  factum  est,  quidquid  de  eo  factum  est;  et  sicut 
iuravi  et  fîdeni  dedi,  sic  eos,  erga  parentes  eius  reconciliare 
et  pacificare  volo. 

«  §  25.  Hanc  igitur  Communionem  tenendam,  has  supra  - 
dictas  consuetudines  et  conventiones  esse  observandas  tide 
prorniserunt  et  sacramento  confirmaverunt  ;  Ludovicus  rex 
Francorum,  Guillelmus  cornes  Flandriae,  Raulphus  de 
Parona,  Hugo  Gandeyana,  llosto  Castellanus,  et  Guillelmus 
frater  eius,  Robertus  de  Bethuna,  et  Guillelmus  lilius  eius, 
Anselmus  de  Hesdinio,  Stephanus  Cornes  Boloniensis, 
Manasses  Cornes  Gisnensis,   Galtcrus  de   Lillers,    Balduinus 

23 


354  BEOWULF 

Gandavensis,  HiUvannus  frâter  eius,  Rogerus  Castellanus 
[nsulensis,  ei  Robertus  lilins  dus,  Castellanus  Gandavensis, 
Gervasius  Petrus  dapifer,  Stephanus  de  Seningaham.  Confir- 
niatuiu  est  hoc  privilegium  el  a  Comité  Guillelmo  e1  praedic- 
tis  Baronibus  istis  fide  et  sacramento  sancitum,  et  collauda- 
tum  anno  dominicœ  [ncarnationis  MCXXVII,  win  Kl.  Maii, 
feria  Va  die  festo  Sancti  Tiburtii  et  Valeriani.  » 

II.  Additions  et  change  mens  faits  à  la  Keure précédente  par 
h'  Comte  Thierri  d'Alsace.  2?  août  1128. 

«  §  1.  Monetam  quam  Burgenses  Sancti  Audomari  habue- 
rant,  Comiti  liberam  reddiderunt  eo  quod  eos  benignius 
tractaret,  et  lagas  suas  eis  libèhtius  ratas  teneret  :  et  insu- 
per ut  ceteri  Flandrenses  eidem  sua  incrementa  celerius 
redderent. 

«  §  2.  Teloneum  vero  suum  ab  eodem  in  perpetuo  ccnsu 
receperunt,  quotannis  C  soli  dos  dando. 

«  §  8.  Si  quis  etiam  eorum  mortuo  aliquo  consanguineo 
suo,  portionem  aliquam  possessioni  illius  sibi  obvenire  cre- 
dens  et  in  comitatu  Flandriae  manens,  cum  eo,  qui  posses- 
sionem ilia  m  tenebit,  vel  partiri  infra  annum  neglexerit,  vel 
eum  super  boc  per  iudices  et  scabinos  minime  convenerit  ; 
qui  per  annum  integrum  sine  légitima  calumnia  tenuerit, 
quiète  deinceps  teneat,  et  nulli  super  boc  respondeat.  Si 
autem  beres  in  comitatu  Flandriae  non  fuerit,  infra  annum, 
quo  redierit,  cum  possessore  agat  supradicto  modo  :  alio- 
quin  qui  tenebit  sine  ulla  inquietatione  teneat.  Si  autem 
berede  aliquandiu  peregre  commorante,  et  cum  redierit 
suam  requirente,  possidens  se  cum  eo  partitum  esse  dixerit, 
si  ille  per  quinque  Scabinos  probare  falsum  esse  poterit,. 
bereditas  qua?  eum  attingit  ei  reddetur  :  alioquin  possidens 
per  quatuor  legitimes  viros  se  ei  portionem  suam  dédisse 


LES    sa\o\s    EN    ANGLETERRE  «V>5 

probabit;  e1  ila  quietus  erit.  Quod  si  hères  infra  annos  dis- 
cretionis  fuerit,  pater  vel  mater,  si  supervixerint,  vel  qui 
eum  rnanutenebit,  portionem  quae  illum  attinget  scabinis  et 
aliis  Legitimis  viris  intra  annum  obitus  ill i us  ostendat,  et  si 
ois  visum  fuerit  quod  ille  fideliter  servare  debeat,  ei  comit- 
tatur.  Sin  autem  iudicio  et  providentia  illorum  ita  disponatur, 
ne  hères  damnum  alioquod patiatur  ;  etcum  ad  annos  discre- 
tions venerit,  et  opportunum  fuerit,  hereditate  sua  intègre 
et  sine  aliqua  diniinutione  investiatur. 

«  §  i.  Item  si  quis  alicui  lilium  suuni,  vel  filiam  in  matri- 
monio  coniunxerit,  et  tilius  ille,  veltilia  sine  proie  obierint,  ad 
patrem  et  matreni  eorum  si  supervixerint,  si  autem  mortui 
fuerint  ad  alios  filios  eorum,  vel  tilios  filiorum  redeat  here- 
ditas  quai  pertinebat  ad  filium  vel  filiam,  quos  aliis  matri- 
monio  copulaverant;  et  viventibus  pâtre  vel  maire  eorum 
heredîtas  ilia  eum  supradictis  personis  tantum  dividatur  : 
mortuis  autem  illis  propinquiores  çonsanguinei  illain,  prout 
iustum  est,  sortiantur. 

«  Hane  igitur  communionem  tenendam,  et  supradietas 
institutiones  et  conventiones  esse  ol)servandas  fide  promise- 
runt  et  sacramento  confirmaveruiit  Tlieodoricus,  Cornes 
Flandriae,  Willelmus  Gastellanus  Sancti  Audomari,  Willel- 
mus  de  Lo,  Iwaunus  de  Gandavo,  Danihel  de  Tenramunda, 
Raso  de  Gavera,  Gislebertus  de  Bergis,  Henricus  de  Broburc, 
Gastellanus  de  Gandavo,  Gervasius  de  Brugis.  —  Praefati 
Barones  insuper  iuraverunt,  quod  si  Gomes  Burgenses 
Sancti  Audomari  extra  consuetudines  suas  eiicere  et  sine 
iudicio  Scabinorum  tractare  vellet,  se  a  comité  diseessuros 
et  cum  eis  remansuros,  douce  cornes  eis  suas  consuetudines 
intégré  restitueret  et  iudicium  Scabinorum  eos  subire  permit 
teret.  Actum  anno  dominicae  tncarnationis  MCXXVII1  in  octa- 
vis  assumptionis  Beatae  Mariae  ». 


356  BEOWULF 

III.  Charte  de  donation  du  fonds  delà  Gild-halle  de  St.  Orner 
aux  Hour  (/cois  de  cette  ville,  1151. 

«  Ego  Theodoricus  DeipatientiaFlanôrensium  Comes,  con- 
sensu uxoris  mese  Sibillae,  concedente  ita  quoque  Philippo 
filio  meo,  terram  in  qua  Ghildhalla  apud  sanctum  Àudoma- 
rum  in  foro  sita  est,  cuin  scopis  et  adpenditiis  suis  lain 
ligneis  quam  lapideis,  burgensibus  eiusdem  villae  hereditario 
iure  possidendam,  et  ad  omnem  mercaturam  tani  in  appen- 
diliis,  quam  in  Ghildhalla  exercendam  tradidi  :  hanc  quo- 
que libertatem  eis  concessi,  ut  si  (jais  in  eam  venerit,  unde- 
cunque  reus  fuerit.  in  ipsa  domo  iudici  in  eum  nianum  non 
mittere  licebit  ;  ille  autem  su!)  cuius  custodia  Ghildhalla 
tenetur,  admonitus  a  iudice  réuni  extra  limen  Ghildhallae  con- 
ducens  nisi  fideiussione  se  defenderit,  in  praesentia  duorum 
scabinorum  vel  plurium  eum  iudici  tradet  :  iudex  vero  eum 
in  potestate  sua  habens  secundum  quantitatem  facti  cum  eo 
aget.  Illud  quoque  addidimus,  quod  alienus  negotiator  nus- 
quam,  nisi  in  praedicta  domo  aut  in  appendiciis  eius,  vel  in 
pleno  foro  merces  suas  suas  vendendas  exponat  aut  vendat. 
Solis  autem  burgensibus  in  foro,  in  Ghildhalla,  seu  magis 
velint,  is  propria  domo  sua,  vendere  liceat. 

«  Quoniam  autem  humana  omnia  ex  rerum  et  temporum 
varietate  senescunt,  sigilli  mei  auctoritate  et  subscriptorum 
testimonio  hoc  corroboravi.  Walterus  Gastellanus  sancti 
Audomari,  Arnoldus  Cornes  de  Gisnes,  Gerardus  Propositus, 
Arnulplms  de  Arde,  Henricus  (lastcllanus  de  Briibborg, 
Elenardus  de  Sinningehem,  Hugo  de  Ravensberghe,  Balde- 
vinus  de  Bailgul,  Michœl  Junior,  Christianus  de  Aria,  Guido 
Gastellanus  de  Bergis,    Bogerus  de  Wavrin,   Helinus   filins 

(MUS.   » 


LES    SAXONS    EN    ANGLETERRE  357 

IV.  Keure  de  Bruges,  Vers  1190. 

o  Haec  est  lox  et  consuetudo quam  Brugenses  tenere  debout 
a  comité  Philippo  instituta.  Si  quisalicui  vulnus  fcce rit  infra 
pontem  sanctae  Maria1,  infra  Botrebeika,  infra  usque  ad 
(Ionium  Galtori  Calvi,  infra  usque  ad  domiini  Lanikini  Car- 
pentaria supra  terram  Balduini  de  Prat  infra  fossatum  vote- 
ris  molendini,  et  illud  veritate  scabinorum  cognoscatur  de 
quacunque  re  factum  sit,  ad  domum  in  qua  ille  manet,  qui 
vulnus  imposuit,  per  scabinos  et  per  iustitiam  coniitis  sub- 
moneatur.  Qui  submonitus,  si  scabinis  se  pra?sentet,  veritate 
inquisita  de  illo  qui  vulnus  fecerit  per  sexaginta  libras  fore- 
factum  emendet,  et  si  scabini  sciunt  quod  vulnus  non  fecerit, 
liber  et  in  pace  remanebit.  Si  die  quâ  submonebitur  se  non 
praesentaverit.  remanel)at  in  forefacto  sexaginta  librarum,  et 
si  scabini  voluerint  domum  eius  prosternere,  potcrunt  et  in 
respectum  ponere,  sed  ex  toto  condonare  non  possunt  nisi 
voluntate  Comitis. 

«  2.  Si  verô  quis  aliquem  in  domo  sua  assiluerit,  undë  cla- 
mor factus  sit,  scabini  et  iustitia  domum  ibunt  inspicere  :  et 
si  scabini  poterunt  videre,  assultum  esse  apparentem,  ille  de 
quo  clamor  factus  est  submoneri  debet  ;  qui  si  scabinis  se 
praesentaverit  et  illum  intellexerint  assultum  fecisse,  LX  libras 
amittet.  Si  vero  cognoverint  illum  assultum  non  fecisse,  liber' 
et  in  pace  recédât.  Si  autem  ad  diem  submonitionis  venire 
noluerit,  domo  ejus  prostrata  LX  librarum  reus  erit.  Quod  si 
alii  assul  ui  interfuerint,  de  quibus  clamor  factus  non  sit,  si 
cornes  super  hoc  veritatem  scabinorum  requisierit  scabini 
veritatem  inquirere  debent,  et  quotquot  veritate  scabinorum 
de  assultu  tenebuntur,  unusquisque  eorum  LX  librarum  reus 
erit,  ac  si  de  eo  clamor  factus  sit.  Si  vero  scabini  nullum 
assultum  agnoscere  potuerunt  ab  ipsis  super  hoc  Veritas  est 
inquirenda. 


*Y.\H  BEOWULF 

<<  3.  Qui  cum  armis  molutis  infra  praafinitos  terminos  ali- 
quem  fugaverit,  si  veritate  scabinorum  convincatur  foris- 
facto  Librarum  LX  tenebitur  :  si  aliquis  assiiiatur,  quidquid 
ipse  facial  in  defendendo  corpus  suum  nullo  tenebitur  foris- 
facto. 

«  4.  Qui  aliquem  bannitum  occideril  in  hoc  nullum  facil 
forisfactum. 

«  5.  Quicumque  testimonio  scabinorum  convictus  fuorit 
de  rapina,  LX  lil)  de  forisfacto  dabit  el  dampnum  rapinae 
réstituet. 

«  G.  Qualemcunque  concordiam  bannitus  faciat  comiti, 
remanebit  tamen  bannitus,  donee  viris  Brugensibus  ad  opus 
castri  IX  Solidos  dederit. 

«  7.  Oui  bannitum  de  forefacto  LX  libr.  hospitio  susce- 
perit,  veritate  scabinorum  convictus  LX  libras  amittet. 

«  8.  Oui  aliquem  fuste  vel  l)aculo  perçussent,  convictus  a 
scabinis  in  forisfacto  X  lil).  incidit  de  quibus  comes  habebit 
V  lib.  Castellanus  XX  sol.  ille  qui  percussus  est  LX  sol.  et 
ad  opus  castri  XX  sol. 

«  9.  Qui  pugno  vel  palma  aliquem  percusserit  seu  per 
capillos  acceperit  inde  per  scabinos  convictus  LX  sol.  dabit 
unde  XXX  solidi  comitis  erunt,  perçus >i  XV  sol.  castellani 
X  sol.  ad  opus  castri  V  sol.  Qui  aliquem  per  capillos  ad  terrain 
traxerit  sive  per  lutuni  trahendo  pedibus  conculcaverit,  Xlib. 
comiti  dabit,  maletractato  XV  solidos,  Gastellano  X  sol.  et 
ad  castrum  V  solidos. 

<(  10.  Qui  vero  alicui  convitia  dixerit,  si  testimonio  duorum 
scabinorum  convincatur,  illi  cui  convicia  dixerit  V  solidos 
dabit,  Iusticiae  XII  denarios. 

»  11.  Quiduobus  scabinis  aut  pluribus  inducias  pacis,  qua5 
treuiaB  dicuntur,  de  ([uàlil^ct  discordià  dare  nuolerit,  illud 
emendabit  per  LX  lib. 

«  12.  Si  dissensiones  aut  discordiae  aut  guerraeaut  aliquod 


LES    SAXONS    K\     ANGLETERRE  359 

aliud  malum  inter  probos  viros  oppidi  exoriatur,  unde  ad 
aures  scabinorum  clamor  perveniat,  salvo  iure  comitis, 
scabini  illud  componere  el  pacificare  poterunt.  Oui  vero 
compositipnem  vol  pacem  quam  super  hoc  scabini  consolida- 
verint,  sequi  aoluerit,  forisfactum  LXlib.  ineurret. 

«  13.  Qui  ea  dedixerit  quae  scabini  in  iudicio  vol  testimonio 
affirmaverint,  LX  Lib.  amittet,  et  unicuique  scabinorum  qui 
al>  eo  dedictus  orit  X  Libras  dabit. 

«  M.  Quicumque  per  vim  fœminam  violaverit,  si  de  eo 
veritate  scabinorum  convincatur,  éâdem  pœnà  dampnabitur, 
quanta  a  pnedecessoribus  comitil)US,  taies  malefactores 
dampnari  soient  in  Flandrià. 

«  15.  Quicumque  per  malum  in  scabinos  manu  m  suani 
immiserit,  si  scabini  illud  testifîcentur,  LX  libras  dabit. 

«  16.  Praeterea  sciant  omnes,  quod  vir  de  oppido  Brugensi, 
cuiuscunique  forisfacti  se  réuni  fecerit,  non  amplius  quam 
LX  libr.  aniittere  poterit,  nisi  legitime  per  scabinos  convictus 
fuerit  de  raptu,  ut  dictum  est,  vel  de  latrocinio,  vel  de  falsi- 
tate,  vel  nisi  hominem  occident.  Qui  verô  occiderit  hominem, 
caput  pro  capite  dabit,  et  omnia  sua  in  potestate  comitis 
erunt  absque  omni  contradictione,  si  de  homicidio  veritate 
scabinorum  teneatur. 

«  17.  Nemo  infra  praefmitos  terminos  manens  infra  muros 
castri  gladium  ferat,  nisi  sit  mercator  vel  alius  qui  gratià 
negocii  sui  per  castrum  transeat.  Si  vero  castrum  intraverit 
causa  inibi  morandi,  gladium  extra  in  suburbio  dimittat. 
Quod  si  non  fecerit,  LX  solidos  et  gladiadum  amittet.  lusti- 
ciis  vero  comitis  et  ministris  earum,  quia  pacem  castri  obser- 
vare  del)ent,  nocte  et  die  infra  castrum  arma  ferre  licebit. 
Viris  etiam  Brugensibus  gladium  portare  et  reportare  licebit, 
dummodo  Castro  exeanî  festinanter.  Si  quis  autem  eorum 
moras  faciendo,  vel  per  castrum  vagando,  gladium  portave- 
rit,  LX  solid,  et  gladium  amittet. 


360  BEOWULF 

«<  IS.  Si  scabini  gratia  emendationis  villa*  assensu  iustitiae 
comitis  bannum  in  pane  et  vino  et  ci'tcris  mcr<il>us  consti- 
tuerint,  medietas  eorum  quae  ex  banno  provenient,  comitis 
erit,  el  altera  medietas  castellani  et  oppidi* 

«  1(.).  Si  mercator  sive  alius  homo  extranens  ante  scabinos 
iustitiae  causa  venerit,  si  illi,  dequibus  conqueritur  présentes 
sint  vel  inveniri  possint  infra  turtium  diem  vel  saltern  infra 
octavum,  plena riam  ei  scabini  iustitiam  faciant  iuxta  legem 
castri. 

«  20.  Neniini  in  foro  comitis  stallos  locare  licebit,  quod  si 
locaverit  et  veritate  scabinorum  super  hoc  convictus  fuerit, 
LX  solidos  comiti  dabit. 

21 .  Si  aliquis  de  infracturis  castri  coram  scabinis  falsum 
testimonium  portaverit  si  scabini  illud  cognoverint  LX  libras 
amittet. 

«  22.  Quando  aliquis  scabinus  decedet,  alius  ei  substitue- 
tur  electione  Comitis  non  aliter. 

«  23.  Si  scabinus  testimonio  scabinorum  parium  suorum 
de  falsitate  convictus  fuerit,  ipse  et  omnia  sua  in  potestate 
Comitis  erunt. 

<(  24  Si  Scabini  a  Comité  vel  a  ministro  Comitis  submoniti, 
falsum  super  aliqua  re  iudicium  fecerint,  veritate  scabino- 
rum Atrebatensium,  sive  aliorum  qui  eandem  legem  tenent, 
comes  eos  convincere  poterit  ;  et  si  convicti  fuerint,  ipsi  et 
omnia  sua  in  potestate  comitis  erunt.  Quoties  vero  super 
huiusmodi  falsitate  submoniti  fuerint,  nullatenus  contradi- 
cere  poterunt,  quin  diem  sibi  a  Comité  pra?fixum  teneant, 
ubicumque  Comes  voluerit  in  Flandriâ. 

«  25.  De  omnibus  vero  aliis  causis  ad  Comitem  pertinenti- 
bus,  Brugis  in  castello  vel  ante  castellum  placita  tenebunt 
in  praesentia  Comitis  vel  illius  quern  loco  suo  ad  iustitiam 
tenendam  instituerit.  Instituto  autem  ad  eius  submonitionem 


LES    SAXONS     IN     A  Nli  LKTKHHE 


M\\ 


de  omnibus  tanquam  Comiti  respondebunt,  quamdiu  in  hoc 
servitio  comitis  erit. 

Ad  hoc  uec  scabini  nee  Burgenses  aliquid  addere,  mutare, 
vel  corrigere  poterunt,  nisi  per  consilium  Comitis  vol  illins 
quern  Loco  silo  ad  iustitiam  tenendam  instituerit. 

V.  Ordonnance  du  comte  Philippe  d'Alsace,  sur  les  attributs 
des  Baillis  ni  Flandre,  Vers  1178 


«  Hipc  sunt  puncta.  qua? per  universam  terrain  suam  Cornes 
observari  praecepit. 

»  S  1 .  Primo  qui  homineni  occident,  caput  pro  capite 
dabit. 

»  §  2.  Item  baillivus  Comitis  poterit  arrestare  hominem  qui 
forefecit  sine  Scabinis  donee  ante  Scabinos  veniat,  et  per 
consilium  eorum  plegium  accipiat  de  forisfacto. 

«  §  3.  Item  si  baillivus  volens  hominem  arrestare,  non 
potuerit  et  auxilium  vocaverit,  qui  primus  merit,  et  balli- 
vum  non  adiuverit  in  forisfacto  erit,  sicut  Scabini  considera- 
bunt  ;  nisi  forte  ostendere  quis  potuerit  per  Scabinos  quod 
ille  qui  arrestandus  erat,  inimicus  eius  sit  de  mortali  faidâ  ; 
et  tune  sine  forisfacto  erit  licet  baillivum  non  adiuverit  ad 
capiendum  suum  inimicum. 

((  g  A.  Item  baillivus  Comitis  erit  cum  Scabinis,  qui  eligent 
probos  viros  villse  ad  faciendas  tallias  et  Assisas,  sed  cum 
talliabunt  Scabini  vel  Indicia  facient,  vel  inquisitiones  veri- 
tatis,  vel  protractiones,  non  intererit  baillivus  ;  aliis  autem 
cousiliis  qua»  ad  utilitatem  villae  pertinebunt,  baillivus  intere- 
rit cum  Scabinis,  scriptum  autem  talliae  et  assisa?  reddent 
Scabini  baillivo,  si  postulaverit. 

«  §  5.  Item  baillivus  accipiet  forisfactum  adiudicatum 
Comiti  per  Scabinos,  ubicumque  illud  invenerit  extra  eccle- 
siam  et  ubicumque  accipi  debet  per  Scabinos. 


'M\li  m:<)\\  i  i.i 

«■  6.  Il<'in  (jui  bannitum  de  pecunia  reccptaveril  eâdem 
Lege  de  pecuniâ  tenebitur  qua  bannitus  ;  el  si  fueril  capite 
bannitus  qui  receptatus  est,  tunc  receptans  tenebitur  de 
forisfacto  LX  lil>.  Quod  si  vir  domi  non  fueritj  el  ejus  uxor 
bannitum  receptaverit,  rediensque  vir,  tertiâ  aim  mi  probo- 
1*11111  virorum  iurare  potueril  :  quod  bannitum  in  domum  suam 
receptum  esse  nescierit;  sine  forisfacto  remanebit  :  si  autem 
absentia  mariti,  uxori  prohibitum  fuerit  per  Scabinos,  ne 
bannitum  receptet,  de  caetero  non  poteril  eum  sine  forisfacto 
receptare. 

«  §  7.  [tern  de  quindenâ  in  quindenam,  habet  conies,  vcl 
baillivus  ex  eius  parte,  veritatem  si  voluerit. 

«  g  8.  Item  domus  diruenda  Judicio  Scabinorum,  posl 
quindenam  a  scabinis  indultam,  quandocumque  Comes  pra?- 
ceperit,  aut  baillivus  eius,  diruetur  a  Communia  villae,  cam- 
pana  pulsata  per  Scabinos  :  et  qui  ad  diruendam  domum 
illam  non  venerit,  in  forisfacto  erit,  sicut  Scabini  considéra  - 
bunt,  nisi  talem  excusationem  habuerit,  qu.se  Scabinis  suffi  - 
ciens  videatur. 

«  $  9.  Item  pater  non  poterit  forisfacere  domum  vel  rem 
filiorum,  qu.ee  eis  ex  parte  matris  contingit  ;  nee  lilii  pote- 
runt  forisfacere  rem  vel  domum  patris,  qnee  ex  parte  patris 
venit. 

«  §  10.  Item  si  homo  per  Scabinos  domum  suam  sine 
scampo  invadiaverit,  earn  forisfacere  non  poterit,  nisi  salvo 
catallo  eius,  qui  domum  illam  vadet  in  vadio. 

«  vj  11.  Item  fugïvitus  de  aliquâ  villa  pro  debito,  si  in  alia 
villa  inventus  fuerit,  arrestabitur,  et  ad  villain  de  qua  fuge- 
rat,  reducetur,  et  iudicium  Scabinorum  illius  vilLne  subire 
cogetur. 

«  §  12.  Item  si  quis  vulneratus  fuerit,  et  videatur  Scabinis, 
quod  non  sit  vulneratus  ad  mortem,  et  postea  de  illo  vulnere 
mortuus  fuerit,  Scabini  non  erunt  in  forisfacto  contra  Comi- 


LES    SAXONS    l.N     ANGLETERRE  3G3 

tcm,  qui  minorent  plegiaturam  acceperuni  <l<*  eo  qui  eum 
vulneravit,  quam  si  mortaliter  fuisset  vulneratus.  » 

I.  Charte  de  Beauvais.  —  «  Tous  les  hommes  domiciliés 
dans  L'enceinte  du  mur  de  ville  cl  dans  los  faubourgs,  de 
quelque  seigneur  que  relève  Le  terrain  où  ils  habitent,  prê- 
teront serment  à  la  communie.  Dans  toute  l'étendue  de  la 
ville,  chacun  prêtera  secours  aux  autres,  loyalement  et  selon 
son  pouvoir. 

«  Treize  pairs  seront  élus  par  la  commune,  entre  les- 
quels, d'après  le  vote  des  autres  pairs  et  de  tous  ceux  qui 
auront  juré  la  commune,  un  ou  deux  seront  créés  majeurs. 

«  Le  majeur  et  les  pairs  jureront  de  ne  favoriser  per- 
sonne de  la  commune  pour  cause  d'amitié,  de  ne  léser  per- 
sonne pour  cause  d'inimitié,  et  de  donner  en  toute  chose, 
selon  leur  pouvoir,  une  décision  équitable.  Tous  les  autres 
jureront  d'obéir  et  de  prêter  main  forte  aux  décisions  du 
majeur  et  des  pairs  (1). 

«  Quiconque  aura  forfait  envers  un  homme  qui  aura  juré 
cette  commune,  le  majeur  et  les  pairs,  si  plainte  leur  en  est 
faite,  feront  justice  du  corps  et  des  biens  du  coupable. 

«  Si  le  coupable  se  réfugie  dans  quelque  chàteau-fort,  le 
majeur  et  les  pairs  de  la  commune  parleront  sur  cela  au 
seigneur  du  château  ou  à  celui  qui  sera  en  son  lieu  ;  et  si,  à 
leur  avis,  satisfaction  leur  est  faite  de  l'ennemi  de  la  com- 
mune, ne  sera  assez  ;  mais  si  le  seigneur  refuse  satisfaction, 
ils  se  feront  justice  à  eux-mêmes  sur  ses  hommes. 

1.  Ann.,  de  Noyon,  I.  II,  p.  805. 

«  Turbulenta  conjuratio  facta  communionis  »  (epistoke  Ivonis  Garno- 
tensisepiscopi,  apud  script,  rer.  franc.,)  t.  XV,  p.  105. 

«Cum  primùm  communia  acquisita  fuit,  omnes  Viromandiœ  pares,  et 
omnes  clerici,  salvo  ordinesuo,  omnesque  milites,  salvà  fidelitate  comitis, 
firm  iter  lenendam  juraverunt  ».  {Recueil  des  ordonnances  des  rois  de 
France,  t.  XI,  p.  270). 


364 


I! I  iiWTLF 


«  Si  quelque  marchand  étranger  vient  à  Beauvais  pour  Le 
marché,  el  que  quelqu'un  lui  fasse  tori  ou  injure  dans  les 
Limites  de  la  banlieue;  si  plainte  en  est  faite  au  majeur  et 
aux  pairs,  el  que  Le  marchand  puisse  trouver  son  malfai- 
teur dans  la  ville,  le  majeur  et  les  pairs  en  feront  justice,  à 
moins  que  le  marchand  ne  soit  un  des  ennemis  de  La  com- 
mune. 

«  Nul  homme  de  la  commune  ne  devra  prêter  ni  creancer 
son  argent  aux  ennemis  de  la  commune  tant  qu'il  y  aura 
guerre  avec  eux,  car  s'il  le  l'ait  il  sera  parjure  ;  et  si  quel- 
qu'un est  convaincu  de  leur  avoir  prêté  ou  créance  quoique 
ce  soit,  justice  sera  faite  de  lui,  selon  que  le  majeur  et  les 
pairs  en  décideront. 

«  S'il  arrive  que  le  corps  des  bourgeois  marche  hors  de  la 
ville  contre  ses  ennemis,  nul  ne  parlamentera  avec  eux  si  ce 
n'est  avec  licence  du  majeur  et  des  pairs. 

«  Si  quelqu'un  de  la  commune  a  confié  son  argent  à  quel- 
qu'un de  la  ville,  et  que  celui  auquel  l'argent  aura  été  confié 
se  réfugie  dans  quelque  chàteau-fort,  le  seigneur  du  château, 
en  ayant  reçu  plainte,  ou  rendra  l'argent  ou  chassera  le 
débiteur  de  son  château  ;  et  s'il  ne  fait  ni  l'une  ni  l'autre 
de  ces  choses,  justice  sera  faite  sur  les  hommes  de  ce 
château. 

«  Si  quelqu'un  enlève  de  l'argent  à  un  homme  de  la  com- 
mune et  se  réfugie  dans  quelque  chàteau-fort,  justice  sera 
faite  sur  lui  si  on  peut  le  rencontrer,  ou  sur  les  hommes  et 
les  biens  du  seigneur  du  château,  à  moins  que  l'argent  ne 
soit  rendu. 

«  S'il  arrive  que  quelqu'un  de  la  commune  ait  acheté 
quelque  héritage  et  l'ait  tenu  pendant  l'an  et  jour,  et  si  quel- 
qu'un vient  ensuite  réclamer  et  demander  le  rachat,  il  ne  lui 
sera  point  fait  de  réponse,  mais  l'acheteur  demeurera  en 
paix. 


LES    SAXONS    KN    ANGLETERRE  365 

«   Pour  aucune  cause  la    présente  charte   ne   sera  portée 
hors  de  la  ville.  » 

11.  Charte  de.  la  Commune  de  Laon.  —    «  Nul  ne  pourra 

se  saisir  d'aucun  homme,  soit  libre,  soit  serf,  sans  le  minis- 
tère de  la  justice. 

«  Si  quelqu'un  a,  de  quelque  manière  que  ce  soit,  fait  tori 
à  un  autre,  soit  clerc,  soit  chevalier,  soit  marchand  indi- 
gène ou  étranger,  et  que  celui  qui  a  fait  le  tort  soit  de  la 
ville,  il  sera  sommé  de  se  présenter  en  justice  par-devant  le 
majeur  et  les  jurés,  pour  se  justifier  ou  faire  amende  ;  mais 
s'il  se  refuse  à  faire  réparation,  il  sera  exclu  de  la  ville  avec 
tous  ceux  de  sa  famille.  Si  les  propriétés  du  délinquant  en 
terres  ou  en  vignes  sont  situées  hors  du  territoire  de  la  ville, 
le  majeur  et  les  jurés  réclameront  justice  contre  lui,  de  la 
part  du  seigneur  dans  le  ressort  duquel  ses  biens  seront 
situés  ;  mais  si  l'on  n'obtient  pas  justice  de  ce  seigneur,  les 
jurés  pourront  faire  dévaster  les  propriétés  du  coupable.  Si 
le  coupable  n'est  pas  de  la  ville,  l'affaire  sera  portée  devant 
la  cour  de  l'évêque,  et  si,  dans  le  délai  de  cinq  jours,  la  for- 
faiture n'est  pas  réparée,  le  majeur  et  les  jurés  en  tireront 
selon  leur  pouvoir. 

«  En  matière  capitale,  la  plainte  doit  d'abord  être  portée 
devant  le  seigneur  justicier  dans  le  ressort  duquel  aura  été 
pris  le  coupable,  ou  devant  son  bailli  s'il  est  absent  ;  et  si 
le  plaignant  ne  peut  obtenir  justice  ni  de  l'un  ni  de  l'autre, 
il  s'adressera  aux  jurés. 

«  Les  censitaires  ne  paieront  à  leur  seigneur  d'autre 
cens  que  celui  qu'ils  lui  doivent  par  tête.  S'ils  ne  le  paient 
pas  au  temps  marqué,  ils  seront  punis  selon  la  loi  qui  les 
régit,  mais  n'accorderont  rien  en  sus  à  leur  seigneur  que  de 
leur  propre  volonté. 

«   Les  hommes    de    la  commune  pourront   prendre  pour 


366  BKOWI  LP 

femmes  les  lilies  des  vassaux  ou  (1rs  serfs  de  quelque  sei- 
gneur (jiH'  ce  soit,  à  L'exception  «les  seigneuries  el  des 
églises  qui  fonl  partie  de  cette  commune.  l)ans  les  families 
de  ces  dernières  ils  ue  pourront  prendre  des  ('houses  sans  Le 
consentement  i\\\  seigneur. 

«  Aucun  étranger  censitaire  des  églises  ou  des  chevaliers 
de  la  ville  ne  sera  compris  dans  la  commune  que  du  consen- 
tement de  son  seigneur. 

«  Quiconque  sera  reçu  dans  cette  commune,  bâtira  une 
maison  dans  le  délai  dun  an,  ou  achètera  des  vignes,  ou 
apportera  dans  la  ville  assez  d'effets  mobiliers  pour  que 
justice  puisse  être  faite,  s'il  y  a  quelque  plainte  contre  lui. 
Les  main-mortes  sont  entièrement  abolies.  Les  tailles  seront 
réparties  de  manière  que  tout  homme  devant  taille  paie 
seulement  quatre  deniers  à  chaque  terme  et  rien  de  plus,  à 
moins  qu'il  n'ait  une  terre  devant  taille,  à  laquelle  il  tienne 
assez  pour  consentir  à  payer  la  taille.  » 

III.  Charte  'de  la  Commune  de  Amiens.  —  «  Chacun 
gardera  fidélité  à  son  juré  et  lui  prêtera  secours  et  conseil 
en  tout  ce  qui  est  juste. 

«  Si  quelqu'un  viole  sciemment  les  constitutions  de  la 
commune  et  qu'il  en  soit  convaincu,  la  commune,  si  elle  le 
peut,  démolira  sa  maison  et  ne  lui  permettra  point  d'habiter 
dans  ses  limites  jusqu'à  ce  qu'il  ait  donné  satisfaction. 

«  Quiconque  aura  sciemment  reçu  dans  sa  maison  un 
ennemi  de  la  commune  et  aura  communiqué  avec  lui,  soit 
en  vendant  et  achetant,  soit  en  buvant  et  mangeant,  soit  en 
lui  prêtant  un  secours  quelconque,  ou  lui  aura  donné  aide 
et  conseil  contre  la  commune,  sera  coupable  de  lèse-com- 
mune, et,  à  moins  qu'il  ne  donne  promptement  satisfaction 
en  justice,  la  commune,  si  elle  le  peut,  démolira  sa   maison. 

«  Quiconque  aura  tenu  devant   témoins  des  propos  inju- 


TEXTE    ET    TRAD!  CT10N  M7 

pour  la  commune,  si  La  commune  en  esl  informée,  el  que 
l'inculpé  refuse  de  répondre  en  justice,  la  commune,  si  elle 
le  peut,  démolira  sa  maison  et  ne  lui  permettra  pas  d'habiter 
dans  ses  limites  jusqu'à  ce  qu'il  ait  donné  satisfaction. 

«  Si  quelqu'un  attaque  de  paroles  injurieuses  le  majeur 
dans  l'exercice  de  sa  juridiction,  sa  maison  sera  démolie, 
ou  il  paiera  rançon  pour  sa  maison  en  la  miséricorde  des 
juges. 

«  Que  nul  n'ait  la  hardiesse  de  vexer  au  passage,  dans  la 
banlieue  de  la  cité,  les  personnes  domiciliées  dans  la  com- 
mune, ou  les  marchands  qui  viennent  à  la  ville  pour  y 
vendre  leurs  denrées.  Si  quelqu'un  ose  le  faire,  il  sera  réputé 
violateur  de  la  commune  et  justice  sera  faite  sur  sa  personne 
ou  sur  ses  biens. 

«  Si  un  membre  de  la  commune  enlève  quelque  chose  à 
l'un  de  ses  jurés,  il  sera  sommé  par  le  maire  et  les  échevins 
de  comparaître  en  présence  de  la  commune,  et  fera  répara- 
tion suivant  l'arrêt  des  échevins. 

<(  Si  le  vol  a  été  commis  par  quelqu'un  qui  ne  soit  pas  de 
la  commune,  et  que  cet  homme  ait  refusé  de  comparaître 
en  justice  dans  les  limites  de  la  banlieue,  la  commune, 
après  l'avoir  notifié  aux  gens  du  château  où  le  coupable  a 
son  domicile,  le  saisira,  si  elle  le  peut,  lui  ou  quelque 
chose  qui  lui  appartienne,  et  le  retiendra  jusqu'à  ce  qm'il 
ait  fait  réparation. 

«  Quiconque  aura  blessé  avec  armes  un  de  ses  jurés,  à 
moins  qu'il  ne  se  justifie  par  témoins  et  par  le  serment, 
perdra  le  poing  ou  paiera  neuf  livres,  six  pour  les  fortifica- 
tions de  la  ville  et  de  la  commune,  et  trois  pour  la  rançon 
de  son  poing;  mais  s'il  est  incapable  de  payer,  il  aban- 
donnera son  poing  à  la  miséricorde  de  la  commune. 

«  Si  un  homme,  qui  n'est  pas  de  la  commune,  frappe  ou 
blesse  quelqu'un  de  la  commune,  et  refuse   de  comparaître 


368  BËOWULF 

en  jugement,   La   commune,    si   elle  Le    peut,   démolira    sa 
maison;  el  si  elle  parvieni  à  Le  saisir,  justice  sera  faite  de 

Lui   par-devant   Le  majeur  et  les  échevins. 

«  Quiconque  aura  donné  à  L'un  de  ses  jurés  les  noms  de 
serf,  mécréant,  traîtreou  fripon,  paiera  vingt  sous  d'amende. 

«  Si  quelque  membre  de  la  commune  a  sciemment  acheté 
ou  vendu  quelque  article  provenant  de  pillage,  il  le  perdra 
et  sera  tenu  de  le  restituer  aux  dépouillés,  à  moins  qu'eux- 
mêmes  ou  leurs  seigneurs  n'aient  forfait  en  quelque  chose 
contre  la  commune. 

«  Dans  les  limites  de  la  commune,  on  n'admettra  aucun 
champion  gagé  au  combat  contre  l'un  de  ses  membres. 

«  En  toute  espèce  de  cause,  l'accusateur,  l'accusé  et  les 
témoins  s'expliqueront,  s'ils  le  veulent,  par  avocat. 

«  Tous  ces  articles,  ainsi  que  les  ordonnances  du  majeur 
et  de  la  commune,  n'ont  force  de  loi  que  de  juré  à  juré  :  il 
n'y  a  pas  égalité  en  justice  entre  le  juré  et  le  non-juré  ». 

IV.  Charte  de  la  Commune  de  Soisxons.  —  «  Tous  les 
hommes  habitant  dans  l'enceinte  des  murs  de  la  ville  de 
Soissons  et  en  dehors  dans  le  faubourg,  sur  quelque  sei- 
gneurie qu'ils  demeurent,  jureront  la  commune  :  si  quelqu'un 
s'y  refuse,  ceux  qui  l'auront  jurée  feront  justice  de  sa  maison 
et  de  son  argent. 

«  Dans  les  limites  de  la  commune,  tous  les  hommes  s'aide- 
ront mutuellement,  selon  leur  pouvoir,  et  ne  souffriront  en 
nulle  manière  que  qui  que  ce  soit  enlève  quelque  chose  ou 
fasse  payer  des  tailles  à  l'un  d'entre  eux. 

«  Quand  la  cloche  sonnera  pour  assembler  la  commune,  si 
quelqu'un  ne  se  rend  pas  à  l'assemblée,  il  payera  douze 
deniers  d'amende. 

«  Si  quelqu'un  de  la  commune  a  forfait  en  quelque  chose, 


IIS    SAXONS    Ki\    ANGLETERRE  369 

el  refuse  de  donner  satisfaction  devanl  les  jurés,  1rs  hommes 
de  la  commune  en  feront  justice. 

«  Les  membres  de  cette  commune  prendront  pour  épouses 
les  femmes  qu'ils  voudront,  après  en  avoir  demandé  la  per- 
mission aux  seigneurs  dont  ils  relèvent;  mais,  si  les  sei- 
gneurs s'y  refusaient,  et  que,  sans  l'aveu  du  sien,  quelqu'un 
prit  une  femme  relevant  d'une  autre  seigneurie,  l'amende 
qu'il  paierait  dans  ce  cas,  sur  la  plainte  de  son  seigneur, 
serait  de  cinq  sols  seulement. 

«  Si  un  étranger  apporte  son  pain  ou  son  vin  dans  la  ville 
pour  les  y  mettre  en  sûreté,  et  qu'ensuite  un  différend  sur- 
vienne entre  son  seigneur  et  les  hommes  de  cette  commune, 
il  aura  quinze  jours  pour  vendre  son  pain  et  son  vin  dans  la 
ville  et  emporter  l'argent,  à  moins  qu'il  n'ait  forfait  ou  ne 
soit  complice  de  quelque  forfaiture. 

«  Si  l'évèque  de  Soissons  amène  par  mégarde  dans  la 
ville  un  homme  qui  ait  forfait  envers  un  membre  de  cette 
commune,  après  qu'on  lui  aura  remontré  que  c'est  l'un  des 
ennemis  de  la  commune,  il  pourra  l'emmener  cette  fois  ; 
mais  ne  le  ramènera  en  aucune  manière,  si  ce  n'est  avec 
l'aveu  de  ceux  qui  ont  charge  de  maintenir  la  commune. 

«  Toute  forfaiture,  hormis  l'infraction  de  commune  et  la 
vieille  haine,  sera  punie  d'une  amende  de  cinq  sous  ». 


91 


Il 


LA  DIME 


I 


«  Et  ut  detur  de  omni  caruca,  denarius  vel  denarium 
valons,  et  omïiis  qui  familiam  habet,  efficiat  ut  omnis  hir- 
mannus  suus  det  unum  denarium;  quod  si  non  habeat,  det 
dominus  eius  pro  eo.  Et  omnino  Thaynus  decimet  totum 
quicquid  habet  »,    Edelr.,  VII ï,  §  1  ;  Tliorpe,  I,  336. 

«  Et  prapcipimus,  ut  omnis  homo,  super  dilecti  nem  Dei 
et  omnium  sanctorum,  det  Gyricsceattum  et  rectam  decimam 
suam,  sicut  in  diebus  antecessorum  nostrorum  stetit,  quando 
melius  stetit  ;  hoc  est,  sicut  aratrum  peragrabit  decimam 
acram.  Et  omnis  consuetudo  reddatur  super  amicitiam  Dei 
ad  matrem  nostram  a?cclesiam  cui  adiacet.  Et  nemo  auferat 
Deo  quod  ad  Deum  pertinet,  et  praedecessores  nostri  conces- 
serunt  »,  ^Edelr.,  VIII,  §4;  Thorpe,  I,  338. 

«  And  with  respect  to  tithe,  the  king  and  his  witan  have 
chosen  and  decreed,  as  right  it  is,  that  one  third  part  of  the 
tithe  which  belongs  to  the  church,  go  to  the  reparation  of 
the  church,  and  a  second  part  to  God's  servants  there  ;  the 
third  part  to  God's  poor  and  needy  men  in  thraldom  », 
.Edelr.,  IX,  §  6  ;  Thorpe,  I,  342. 

«  And  be  it  known  to  every  Christian  man  that  he  pay  to 


Ils    SÀXONfi    I  \     ANGLETERRE  M  [ 

the  Lord  his  tithe  justly,  ever  as  the  plough  traverses  the 
tenth  field,  on  peril  of  God's  mercy,  and  of  the  full  penalty, 
which  king  Eâdgàr  decreed;  that  is;  If  any  one  will  not 
justly  pay  the  tithe,  then  Let  the  king's  receve  go,  and  the 
mass-priest  of  the  niinstor  or  the  landlord,  and  the  bishop's 
reeve,  and  take  by  lore*1  the  tenth  part  for  the  minster  to 
which  it  is  due,  and  assign  to  him  ninth  part;  and  let  the 
remaining  eight  parts  be  divided  into  two  ;  and  let  the  land- 
lord seize  half,  and  the  bishop  half;  be  it  a  king's  man  or  a 
thane's  »,  JMelc,  ÏX,  §7,  8;  Thorpe,  I,  342;  Gnut,  I,  §8; 
Thorpe,  I,  3G(>:  Leg,  Hen.  I,  XI,  §'2  ;  Thorpe,  I,  520. 

««  De  omni  annona  décima  garba  sanctse  aecclesiee  reddenda 
est.  Si  quis  gregem  equarum  habuerit,  pullum  decimum 
reddat  ;  qui  imam  solam  vel  duas,  de  singulis  pull  is  singulos 
denarios.  Qui  vaccas  plures  habuerit,  vitulum  deciinuni  ;  qui 
imam  vel  duas,  de  singulis  obolos  singulos.  Et  si  de  eis 
caseum  fecerit,  caseum  decimum,  vel  lac  décima  die.  Agnum 
decimum,  vellus  decimum,  caseum  decimum,  butirum  deci- 
mum, porcelluni  decimum.  De  apibus,  secundum  quod  sibi 
per  annum  hide  profecerit.  Quinetiam  de  boscis  et  pratis, 
aquis,  molendinis,  parcis,  vivariis,  piscariis,  virgultis,  ortis, 
negotiationibus,  et  de  omnibus  similiter  rebus  quas  dederit 
Dominus,  décima  reddenda  est;  et  qui  earn  detinuerit,  per 
iusticiam  sanctae  aecélesiae  et  regis,  si  necesse  fuerit,  ad 
redditionem  cogatur.  Haec  pnedicavit  sanctus  Augustinus, 
et  h«ec  concessa  sunt  a  rege,  et  contîrmata  a  baronibus  et 
populis  ;  sed  postea,iiistigante  diabolo,  ea  plures  detinuerunt, 
e\  sacerdotes  qui  divites  erant  non  multum  curios!  erant  ad 
perquirendas  eas,  quia  in  multis  locis  sunt  modo  IV  vel  III 
aeccleeias,  ubi  tunc  teinporis  non  erat  nisi  una  ;  et  sic  iucepe- 
runt  minui  »,  Eâdw.  Gonf.,  §  7,  8. 


372 


BEOWI  LF 


«  Et  praecipimus,  ut  omnis  homo  super  dilectionem  Dei 
<*l  omnium  sanctorum  (let  cyricsceattum  et  rectam  decimani 
suam,  sicut  in  diebus  antccessorum  nostrorum  stetit, quando 
melius  stelil  :  hoc  est,  sicut  aratrum  peragrabit  decimam 
acram  »,  ^Edelr.,  VIII,  S  4;  Thorpe,  I,  338. 

«   De   ciricsceatto   dicit  vicecomitatus  quod  episcopus,  de 
omni  terra   qua'  ad  ecclesiam  suam  pertinet,  debet  habere, 
in  die    festivitatis  sancti  Martini,   unam  summam  annonae, 
qualis  melior  crescit  in  ipsa  terra,  de  unaquaque  hida  libera 
et  villana  ;  et   si   dies  ille  fractus    fuerit,  ille  qui  retinuerit 
reddet  ipsam  summam,  et  undecies  persolvat  ;  et  ipse  epis- 
copus accipiat  inde  forisfacturam  qualem  ipse  debet  habere 
de  terra  sua.  De  ciricsceatto  de  Perscora  dicit  vicecomitatus 
quod  ilia  ecclesia  de  Perscora  debet  habere  ipsum  ciricsceat- 
tum  de  omnibus  CGC  hidis,  scilicet  de  unaquaque  hida  ubi 
francus  homo  inanet,  unam  summam  annona*,  et  si  plures 
habet  hidas,  sint  libera'  ;  et  si  dies  fractus  fuerit,  in  festivi- 
tate  sancti  Martini,  ipse  qui  retinuerit  det  ipsam  summam  et 
undecies  persolvat,  abbati  de  Perscora  ;  et  reddat  forisfactu- 
ram  abbati   de   Westminstre   quia    sua    terra    est    ».    Cart. 
Heming,  I,  49,  50.  «  De  ciricsceate.  Dicit  vicecomitatus  quod 
de  unaquaque  hida  terrae,  libera  vel  villana,  quae  ad  eccle- 
siam de   Wirecestre  pertinet,   debet    episcopus   habere,   in 
die  festo  sancti  Martini  unam  summam  annonae,  de  meliori 
quae   ibidem   crescit  ;  quod  si  dies  ille  non  reddita  annona 
transient,  qui  retinuit  annonam  reddat,  undecies  persolvet, 
et  insuper  forisfacturam  episcopus   accipiet,  qualem  et  sua 
terra  habere  debet  »,  Ibid.,  1,  308. 

«  Nunc  igitur  praecipio  et  obtestor  omnes  meos  episcopos 
et  regni  pra?positos,    per   fidem  quam  Deo  et  mihi  debetis. 


LES    SAXONS    EN    ANGLETERRE  373 

quatenus  facialis,  ut  antequam  ego  Angliam  veniam,  omnia 
débita,  quae  Deo  secundum  Legem  antiquam  debemus,  sint 
soluta,  scilicet  eleemosynae  pro  aratris,  et  décimas  anima- 
lium  ipsius  ainii  procreatorum,  et  denarii  quos  Roma'  ad 
sanctum  Petrum  debemus,  sive  ex  urbibus  sive  ex  villis,  et 
mediante  Augusto  decimae  frugum,  et  in  fcstivitate  sancti 
Martini  primitise seminum  ad  ecclesiam  sub  cuius  parochia 
quisque  est,  quae  Anglice  Circesceat  nominantur  »,  Epist. 
Gnut.  Flor.  Wig.,  an.  1031. 

«  Et  semper  possessor  terra?  illius  reddat  tributum  aeccle- 
siasticum,  quod  ciricsceat  dicitur,  tô  Pirigtùne  ;  et  omni  anno 
iinus  ager  inde  aretur  to  Pirigtùne,  et  iterum  metatur  », 
Cod.  Dipl.,  n°  661;  «  Sit  autem  hoc  praedictum  rus  liberum 
ab  omni  mundiali  servitio,...  excepta  sanctae  Dei  basilica? 
suppeditatione  ac  ministratione  »,  Ibid.,  n°  666. 


Ifl 


LES    VILLES 


.  Egeles  byrig,  Aylesbury  dans  Bucks.  Chron.  sax.,  157,  921 . 

Ambresbyrig,  Amesbury,  Wilts.  Chron.,  995. 

Andredesceaster.  Chron.,  495. 

Baddanbyrig,  Badbury,  Dorset.  Chron.,  901. 

Badecanwyl,  Bakewell,  Derby,  Chron.,  923. 

Banesingtûn,  Bensington,  Oxf.  Chron.,  571,  777. 

Bebbanbùrh,  Bamborough.  Chron.,  642,  920,  993. 

Bedanford,  Bedford.  Chron.,  919. 

Beranbyrig.  Chron.,  556. 

Bremesbyrig.  Chron.,  910. 

Brunanburh,  Brunanbyrig,  Brunanfeld.  Chron.,  937. 

Brycgnord,  Bridgenorth,  Salop.  Chron.,  912. 

Bucingahâm,  Buckingham.  Chron.,  918. 

Cantwarabyrig,  Canterbury.  Dorobernia,  ciuitas  :  Beda, 
H.  E.,  lib.  1,  c.  25  :  Flor.  Wig.,  an.  1011  ;  Chron.,  633,  655, 
995,  1009,  1011. 

Cirenceaster.  Chron.,  577,  628. 

Colnceaser,  Colchester.  Chron.,  921  :  «  niurum  illius 
l'edintegravit,  virosque  in  ea  bellicosos  cum  stipendio 
posuit  »  ;  Flor.,  9J8. 

Coludesburh,  Coldingham.  Chron.,  679. 

Cyppanham,  Chippenham,  Wilts.  Chron.,  878. 


LES  saxons  EN  ANGLETERRE  375 

Deôraby,  Derby.  Ghron.,  917,  941. 

Dofera,  Dover  dans  le  Kent,  Ghron.,  1048,  1052;  Flor. 
Wig.,  L051. 

Dorceceaster,  Dorchester,  Oxon.  Ghron.,  954,  971. 

Dorceceaster,  Dornwaraceaster,  Dorchester,  Dorset. Ghron., 
635,636,  639. 

Eligbyrig,  Ely.  Ghron.,  1036. 

E  gone  s  ham,  Eynesham,  Oxon.  Ghron.,  571. 

Eoforwic,  Eoforwic  coaster,  York  ;  Kair  Ebrauc,  Ebora- 

Clllll. 

Exanceaster,  Exerter,  Isca  Damnoniorum,  Uxella.  Ghron., 
87(3,891,  1003. 

Exanmûda,  Exmouth.  Ghron.,  1001. 

Genisburuh,  Gainsborough.  Ghron,,  1013,  101  4. 

Glaestingaburh,  Glaestingabyrig,  Glastonbury,  Som.  Urbs 
Glastoniae.  Ghron.,  688,  943. 

Gleawanceaster,  Gloucester  ;  Kair  glou,  Glevum.  Urbs 
Gloverniae,  Glocestriae.  Ghron.,  577,  918. 

Haestingas,  Hastings.  Ghron.,  1066. 

Hagustaldes  hàm,  Hagstealdeshàm,  Hexham.  Ghron..  685. 

Hamtûn,  Southampton.  Ghron.,  837. 

Heanbyrig,  Hanbury.  Ghron.,  674. 

Heortford,  Hertford.  Ghron.,  913;  Flor.,  913. 

Hereford,  Hereford.  Ghron.,  918,  1055,  1066. 

Hrolesceaster,  Durocobrevis ,  Hrofesbreta,  Rochester. 
Ghron.,  604,  616,  633,  644;  Asser.,  884. 

Huntena  tun,  Huntingdon.  Ghron.,  921  ;  Flor.,  918. 

Judanbyrig,  Jedburgh,  Ghron.,  952. 

Legaceaster,  Kairlegeon,  Chester»  Ghron.,  607  ;  Flor.,  908. 

Legraceaster,  Leicester.  Ghron.,  918,  941,  943;  Flor.,  942. 

Lindicoln,  Lindum,  Lincoln.  Flor.,  942. 

Lundenbyrig,  Lundenwic,  Londinium,  London.  Ghron., 
457,  604,  872,  886,  896,  910,  994,  1009,  1013,  1016,  1052. 


:ne>  Bi  »vn  <  i.i 

Lygeanbyrig,  Leightpu  buzzard.  Chron.,  571. 

Maidulfi  urbs,  Meldumesbyrig,  Malmesbury.  Flor.,  940. 

Mameceaster,  Manchester  :  «  urbem  restaurarent,  el  in  ea 
fortes  milites  colloearent  ».  Flor.,  9*20. 

Mealdun,  Maldon.  Chron.,  920,  921  ;  Flor.,  917. 

Medeshâmstede,  Peterborough.  Chron.,  913. 

Merantûn,  Merton  dans  F  Oxfords  h  ire.  Chron.,  11Y6. 

Middeltûn,  Middleton.  Chron.,  893. 

Nordhamtnn,  Hâniti'in.  Chron.,  1010. 

Nordwic,  Norwich.  Chron.,  1004. 

Oxnaford,  Oxford.  Chron.,  1009. 

Raedingas.  Asser.,  871. 

Runcofa.  Flor.  Wig.,  916. 

Sandwic,  Sandwich.  Chron.,  851. 

Searoburh,  Salisbury.  Chron.,  552. 

Scaergeat,  Scargate.  Chron.,  912;  arx  munita,  Flor.  Wig., 
913. 

Sceaftesbyrig,  Shaftsbury.  Chron.,  980,  982. 

Sceobyrig,  Shoebury.  Chron.,  894. 

Seletiin,  Silton  dans  le  Yorkshire.  Chron.,  780. 

Snotingahâm,  Nottingham.  Asser.,  868  ;  Chron.,  868,  922, 
923,  941  ;  Flor.  Wig.,  919,  921. 

Soccabyrig,  Sockburn.  Chron.,  780. 

Stafford,  Stafford.  Chron.,   913;  arx,  Flor.  Wig.,  914. 

Sumerti'm,  Somerton.  Chron.,  733. 

Sudbyrig,  Sudbury.  Chron.,  797. 

Swanawic,  Swanwick,  Hants.  Chron.,  877. 

Temesford,  Teinpsford.  Chron.,  921. 

Tofeceaster,  Towchester.  Chron.,  921;  civitas,  Flor.  Wig., 
918. 

Toniawordig,  Tamworth.  Chron.,  913,  922. 

WaBringawlc,  Warwick.  Chron.,  914  ;  Flor.  Wig.,  915. 

Weardbyrig,  Warborough,  Oxford.  Flor.  Wig.,  916. 


LES    SAXONS    K.\    ANGLETERRE  377 

Wigornaceoster,  Worcester.  Ghron.,  922,  1041. 
Withtgarabyrig,  Garisb rook.  Ghron.,  530,  544'. 
Wiltun,  Wilton.  Ghron.,  100S. 
Wintanceaster,  Winchester.  Chron.,  (H3,  (348. 
Withâm,  Witham.  Chron.,  913;  Flor.  Wig.,  914. 
Delweal,  Thelwall.  Chron.,  923;  Flor.  Wig.,  920. 
Detford,  Thetford.  Chrun.,  952,  1004. 


LE  POÈME  DE  BEOWULF 


II 


TEXTE   ET  TRADUCTION 

NOTES  —  INDEX  —  BIBLIOGRAPHIE 
RYTHMIQUE   -  GRAMMAIRE   -  LEXIQUE 


TEXTE   ET  TRADUCTION 


llwaet  !  We  Gâr-Dena 

[fol.  129  a.] 

in  gear  dagum, 

theôd-cininga 

thrym  ge-frunon  ; 

hû  tha  aethelingas 

ellen  fremedon. 

Oft  Scyld  Scéfing 

sceathen  [a]  threat  uni, 

monegum  maegthum, 
io  meodo-setla  of-teàh, 

egsode  eorl 

sythan  âerest-wearth 

feâ-sceaft  funden  : 

he  thaes  frôfre  ge-bâ  [d]  ; 

weôx  under  wolcnum, 

weorth-myndum  thâh, 

oth  thaet  him  âeg-hwylc 

thara  ymb-sittendra 

ofer  hron-râde 
20  hyran  scolde, 


Voilà  que  nous  avons  su  par  les 
récits  la  majesté  des  Gar-Danes, 
de  ces  rois  puissants  dans  les 
jours  passés  ;  et  comment  ces 
nobles  hommes  furent  parfaits  en 
valeur  !  Souvent  Scyld,  le  fils  de 
Scéf  avait-il  ravi  l'hydromel  aux 
hôtes  de  ses  ennemis,  en  les  pri- 
vant de  leurs  trônes  sur  bien  des 
tribus;  ainsi  le  comte  les  terrifiait- 
il,  quand  ils  l'avaient,  une  pre- 
mière fois,  rejeté.  Donc  il  vivait 
dans  l'opulence,  florissant  sous  le 
firmament  et  plein  de  dignités,  jus- 
qu'au jour  où  chacun  des  peuples 
qui  l'entouraient  sur  les  rives  que 
sillonne  la  baleine,  durent  lui  obéir 
et  durent  lui  payer  tribut.  0  quel 
bon  roi  ce  fut  là  ! 


Les  lettres,  mots,  finales,  membres  de  phrase  ajoutés  au  texte,  complétés, 
séparés,  ou  ponctués  différemment,  pour  les  nécessités  de  l'interprétation, 
sont  imprimés  entre  parenthèses.  Tous  changements,  modifications,  addi- 
tions, ou  séparations  que  commande  l'intelligence  du  texte  que  nous  avons 
tenté  de  rétablir  ici  intégralement,  sont  indiqués  delà  même  manière.  Dans 
la  traduction  française,  les  mots  en  italiques,  sont  ceux  qui  ont  été  ajoutés, 
pour  rendre  intelligible  le  sens  général  de  phrases  souvent  obscures,  incer- 
taines ou  incomplètes,  dans  la  traduction  littérale  à  laquelle  nous  nous  som- 
mes attaché. 


382 


151  «>\\  I  l.l 


gomban  gyldan  : 
thaet  waes  gôd  lining. 
Thâem  eafera  waes 

aefter  cenned 

geông  in  geardum, 

thone  God  sende 

folce  h'>  frôfre  : 

fyren  thearfe  on-geat 

thaet  hie  âer drugon 
3o  aldor  —     le  J  use, 

lange  hwfle  : 

him  thaes  lif-freâ, 

wnldres  wealdend, 

worold-âre  for-geaf 

Beo-wulf  waes  breme 

blaed  wide  sprang 

Scyldes  eafera 

Scede-landum  in  : 

swa  sceal  [gtith-fru]  ma 
40  gode  ge-wircean, 

fromum  feoh-giftum, 

on  faeder  [feo]  rme, 

[fol.  129  b. j 


Par  la  suite,  il  lui  naquit  une 
jeune  postérité  dans  les  lieux  quU 
habitait,  et  que  Dieu  avait  en  v<>\  ée 
;i  ses  peuples  pour  leur  bien  ;  ne 
connaissait-il  pas  la  nécessité 
malheureuse  dont  ils  avaient  souf- 
fert pendant  un  long  temps,  alors 
qu'ils  étaient  sans  prince  ?  à  ces 
causes,  le  maître  de  la  vie,  dispen- 
sateur de  gloire,  lui  donna  la  pros- 
périté en  ce  monde.  Beowulf  fut 
fameux  :  il  étendit  au  loin  la  gloire 
de  la  souche  de  Scyld,  dans  les 
terres  divisées.  Ainsi  un  prince 
guerrier  devra-t-il  travailler  pour 
sa  propre  cause  par  des  bienfaits 
et  d'habiles  dons  d'argent,  pendant 
qu'il  est  encore  à  la  charge  de  son 
père, 


29.  Le  manuscrit  porte  «  thaet  »,  comme  de  coutume-  Suivant  l'opinion 
de  Zupilza,  «  thaet»  est  généralement  mis  pour  thaet  ou  pour  tha,  conjonc- 
tion (de  telle  sorte  que,  ainsi  que),  qui  dans  le  cas  présent,  régirait  fyr en- 1 
hearfe.  A  cette  ligne  même,  les  caractères  du  manuscrit  sont  défectueux. 

35.  Dans  l'édition  de  Heyne  et  Socin,  on  lit  cette  transcription  des  vers  qui 
suivent  : 

Beôwulf  was  breme, 
blaed  wide  sprang 
Scyldes  eafera  [n] 
Scede-landum  in. 

39.  Nous  avons  admis  la  version  de  Kemble  :  [gulh-fru]  ma.  11  y  a  un 
manque,  dans  le  manuscrit,  à  l'endroit  des  parenthèses.  Les  éditeurs  succes- 
sifs ont  donc  procédé  par  addition,  et  Grein  sans  plus  de  raison  que  Kemble, 
propose  :  [geong  g]  uma. 

At.  Il  y  a   une  lacune  au   coin  du  manuscrit.  Zupitza,  après   Kemble  cl 


HKOWULF 


;jh:{ 


thael  bine  on  vide 
efl  ge*wunigen 

\vi!  IJ-ge-sithas, 

thonne  wig  eunie. 

Leôde  sre-lâesteD 

lôf-dâedu  sceal 

in  maegtha  ge-hwàere 
5o  man  ge-theon. 

Him  thé  Scyld  se  wât 

to  ge-scaep-hw  ile, 

fela-hror  te  ran 

on  freân  wâere  : 

hi  hyne  thâ  aet-bâeron 

tô  brimes  farothe 

swâese  ge-sithas 

sw  â  lie  sel  fa  baed, 

thenden  wordnm  weôld 
Go  wine  Scyld inga, 

leôf  lancl-fruma; 

lange  ante. 

Thaer  aet  hythe  stod 

hringed-stefna. 

isig  and  ût-fûs, 

aethelinges  faer  : 

a-ledon  tha 

leofne  Iheoden 

beâga  bryttan, 
70  on  bearm  scipes, 

maerne  be  maeste  ; 

thaer waes  madma  fela, 

of  feor-wegum, 

fraetwa  ge-laeded. 

Ne  hyrde  ic  cymlicor 

ceol  ge-gyrwan 

bilde-waepnum. 

and  Iieatho-waedum, 


.  a  (in  qu'à  son  tour,  dans  la 
vieillesse,  de  loyaux  compagnons 
puissent  alors  avoir  recours  à  lui, 
quand  la  guerre  viendra  à  fondre 

sur  lui-même  : , 

soutenu  par  son  peuple,  un  homme 
prospérera  dans  toute  tribu,  et  il 
accomplira  des  prouesses  dignes 
de  louanges.  Au  jour  venu  de  son 
destin,  Scyld  s'en  fut  tout  caduc, 
dans  la  paix  du  Seigneur  :  alors 
eux,  ses  chers  compagnons  le  por- 
tèrent hors  de  sa  demeure,  sur  le 
rivage  de  lamer,  comme  il  l'avait 
lui  même  demandé  du  temps  que 
lui,  l'ami  des  Scyldings,  le  chef 
bien-aimé  avait  du  pouvoir  par  ses 
paroles;  pouvoir  qu'il  retint  long- 
temps !  Là,  sur  la  rive,  se  tenait 
le  vaisseau  à  la  proue  sonore, 
l'équipage  des  nobles,  brillant 
comme  la  glace,  et  prêt  à  prendre 
la  mer.  Alors  ils  déposèrent  le 
cher  prince,  le  dispensateur  des 
anneaux  au  cœur  du  vaisseau  ;  — 
ce  vaillant,  auprès  du  mât  ;  et  il  y 
avait  nombre  de  trésors  et  d'orne- 
ments venus  des  lointaines  con- 
trées. De  plus  beau  navire  on 
n'entendit  jamais  parler  :  on 
l'avait  orné  d'armes  de  bataille  et 
de  harnais  de  guerre, 


Conybeare  propose  «  ..    rme  »  ou  «  me  »  ;   Wulcker  et  Heyne,  «  wine  »  ; 
Grein,  «  aern  »  (maison)  ;  Thorpe,  «  bearnie  «  (soin). 


:m 


BEOWULF 


billum  and  byrnum  ; 
80  him  on  bearrne  laeg 

mâdma  menigo, 

tha  him  mid  scoldon 

on  flôdes  aeht 

feor  ge-witan. 

Nalaes  hi  hine  laessan 

lacum  teôdan, 

theôd  -ge-s  treo  quid  , 

thon  [ne]  tha  dydon, 

the  hine  aet  frum-sceafte 
90  forth  on-sendon, 

âenne  ofer  ythe, 

umbor-vvesende  : 

[fol.  130  a.; 

thâ  gyt  hie  liim  â-setton 

Segen  g[yl]  denne 

heâh  ofer  heâfod, 

lëlon  holm  ber  [an]. 

geafon  on  gâr-secg  : 

him  waes  geomor  sefa, 

murnende  mod  ; 
100  Men  ne  cunnon 

Secgan  to  sothe, 

séle-raedenne, 

haeleth  under  heofenu, 

hwa  thaein  hlaeste  on-feng. 


Thâ  waes  on  burgum 
Beo-wulf  Scyldinga, 
leof  leod-cyning, 
longe  thrage, 
folcum  ge-frâege, 
1 10  (faeder  ellor  hwearf, 


de  haches 

et  de  cottes  de  mailles.  Sur  1«'  sein 
du  héros,  l'on  avait  déposé  une 
foule    de    trésors    qui    devaient 

partir  au  loin  avec  lui,  et  devenir 
la  proie  du  Ilot.  Ils  le  chargèrent 
de  présents,  avec  le  même  bon 
vouloir  que  d'autres  avaient  mis 
à  I  envoyer,  jadis,  à  l'aventure, 
dans  la  misère,  et  à  l'abandonner, 

seul,  sur  les  vagues 

Encore  élevèrent-ils  pour  lui, 
bien  haut,  sur  sa  tète,  une  ensei- 
gne d'or;  ils  laissèrent  la  mer 
profonde  /'emporter  ;  ils  le  com- 
mirent à  la  garde  de  l'océan. 
Tristes  étaient  leurs  esprits,  et 
leurs  cœurs  étaient  dans  l'afflic- 
tion. En  vérité  nul  homme  —  ni 
d'entre  ceux  de  bon  conseil,  ni 
parmi  les  autres  qui  vivent  sous 
les  cieux,  —  ne  sait  qui  a  reçu  le 
vaisseau  et  sa  charge. 


I 


Alors  Beowulf  devint  le  roi  des 
Scyldings  sur  les  cités,  pendant 
un  long  temps  ;  il  fut  fameux 
parmi  ses  peuples  [son  père  étant 
parti  à  jamais,  lui,  le  prince,  de 
son  palais]  ;  jusqu'au  jour  où 
sortant  de  sa  race,  s'éveilla  à  la 
lumière, 


102.   On  lit  dans  le  M.  S.  séle-raeden[d]e.  La  correction  est  de  Kemble, 


BEOWULF 


385 


aldor  of  earde) 

oth  timet  liim  eft  OQ-WÔC 
heâh  Healf-dene  ; 
heôld  thenden  lifde 
gamol  and  gdth-reouw, 
glaede  Scyldingas. 
Thâem  feower  beam 
forth-ge-rimed 
in  worold  wocun, 
1 20  weoroda  raeswa, 

Heoro-gâr  and  Hrôth-gâr 

and  Halga  til, 

hyrde,  ic  lhael  Elan  ewén 

Heatho-Scilfingas, 
heals-ge-bedda. 
tha  waes  Hroth-gàre 
here-sped  gyfen 
wiges  weorth-mynd, 
i3o  thaet  him  his  wine-magas 
georne  hyrdon, 
oth  thaet  seo  geôgoth  ge- 
niago-driht  micel.         [weox 
Hi  on  mod  be-arn 
thaet  heal  reced 
h  cita  n  wolde, 
[medol-aern  micel, 

[fol.  130  b. 
men  he-wyrcean 
thone  yldo-|"b]earne 


.  .  .  .  le  superbe  Healfdene  ; 
féroce  à  la  guerre,  il  y  vieillil  au 
cours  de  sa  destinée,  et  régna 
avec  bonheur  sur  les  Scyldings. 

De  lui  quatre  enfants  naquirent 
au  monde  par  la  suite,  le  chef  des 
armées  lïéorogar,  et  Hrothgar,  et 
le  bon  Halga;  nous  avons  appris 
qu'Elan,  la  reine,  qui  avait  été 
jointe  au  trùne,  alla  poursuivre 
jusqu'au  delà  des  mers,  les  guer- 
riers Scylfings.  Alors  le  succès  des 
armes  fut  donné  à  Hrothgar,  le 
digne  chef  de  guerre,  de  telle 
sorte  que  sa  chère  parente  lui 
obéit  avec  joie,  jusqu'au  jour  où 
son  jeune  peuple  devint  une  nation 
forte  et  unie.  Il  lui  vint  à  l'esprit 
de  faire  élever  un  édifice,  avec 
une  vaste  salle  à  boire  l'hydromel, 
que  les  fils  des  hommes  célébre- 
raient à  jamais  ;  et  là,  de  distri- 
buer aussi  bien  aux  jeunes  gens 
qu'aux  vieillards,  tout  ce  que  Dieu 
lui  avait  accordé  de  richesses, 
hormis  la  terre  et  les  vies  des 
hommes 


423.  Le  M  S.  porte  :  «  hyrde  ic  thaet  elan  cwen  »,  sans  lacune.  Grundtwig 
présume  que  elan  forme  les  deux  dernières  syllabes  à'Onllan,  Onela  étant 
fils  d'Ongentheow,  et  que  le  nom  de  la  princesse  est  perdu.  Sur  cette  con- 
jecture, Ettmùller  a  ajouté  au  texte  :  [Ongentheowes  waes]. 

126.  Pour  la  forme  gebedda  (compagne  de  lit)  appliquée  à  une  femme, 
Heyne  la  compare  à  foregenga  (même  sens),  dont  est  qualifiée  dans 
«  Judith  »,  la  servante  de  celle-ci. 

135.   kemble  ajoute  «  thaet[hej  heal-reced  », 

25 


:wii 


HKnWi  LF 


i  (.0  aefre  ge-frunon  ; 
and  thaer  on-innan 

call  g  e-dâelan, 

geongum  and  ealdum, 

swylc  hi  in  God  sealde, 

huton  folc-scarc 

and  IconiM.  gumena. 

Tha  ic  wide  ge-fraegn 

weorc  ge-bannan 

m  an  i  g  re  m  a  eg  the, 
1 5o  gcond  thisme  middan-geard , 

folc-stede  fraetwan. 

Him  on  fyrste  gelomp, 

aedre  mid  yldum, 

thaet  hit  wearth  eal  gearo, 

heal-aerna  maest  ; 

scop  him  Heort  naman 

se  the  his  wordes  ge-weald 

wide  haefde. 

He  be<')t  ne  a-léh  ; 
1 60  beàgas  dâelde, 

sine  aet  symle  ; 

sele  hlifade  ; 

lieah  and  horn-geap 

heatlio-wylma  bad 

la  than  liges  : 

ne  waes  hit  lenge  tha  gen 

thaet  se  secg  héte 

a  thum  swerian  ; 

aefter  wael-nithe 
170  waecnan  scolde  ; 


.  Puis,   nous  apprenons 
que  cette  œuvre    Fui   dénoncée  à 

plus  d'une  tribu  lointaine,  au  delà 
du  continent,  à  travers  le  monde, 
et  l'on  sut  qu'une  reine  des  cités 
allait  être  parée.  Entre  temps,  il 
advint  au  héros  —  et  le  bruit  s'en 
répandil  aussitôt  parmi  les  hom- 
mes —  que  ce  palais,  le  plus  grand 
de  tous,  fut  entièrement  achevé,  et 
lui,  dont  la  parole  avait  tant  de 
pouvoir,  forgea  pour  cette  demeure, 
le  nom  d'Heort.  Il  ne  fut  pas  infi- 
dèle à  ses  promesses  ;  au  festin,  il 
distribua  anneaux  et  trésors  :  les 
voûtes  de  la  salle  s'élevaient  bien 
haut,  ainsi  que  les  murailles  de  la 
forteresse  sur  lesquelles  s'arron- 
dissaient des  tours,  prêtes  à  braver 
les  flots  ennemis  d'un  feu  plein 
d'horreur  :  et  il  ne  s'écoula  point 
un  long  temps  avant  que  le  héros 
ne  leur  commandât  de  jurer  par 
les  serments  de  fèautè 


167.    Le  M.  S.  porte  secg  héte;  Grein  le  modifie  en  ecg-hete. 

1(>S .  A  thum  swerian  :  athum  :  beau- fils .  A  ce  propos,  Bugge  fait  remar- 
quer que  allium  sweriam,  est  un  composé  appartenant  à  la  même  catégorie 
que  suhtergefœderàn,  et  signifiant  à  la  t'ois  beau-fils  el  beau-père.  Ce  sens 
éclaire  singulièrement  le  passage,  où  Ingcld  épouse  la  fille  d'Hrothgar, 
Freawaru  (vers  4.044  et  suiv.). 


UKOWULF 


:*87 


thé  se  ellen-gâesl 

earfoth-lice 

t  h  rage  getholode, 

se  the  in  thystru  bad 

thaet  he  dogora  he-hwàm 

dream  ge-hyrde, 

hludne  in  healle  ; 

thaer  waes  hearpan  swég 

sw  l'itol  sang  scopes  : 
1 80  saegde  se  the  ciipe 

frum-sceaft  fira 

feorran  reccan, 

cwaeth  thaet  se  al-mihtiga 

eorthan  \vj~orhte] 

I  fol.  132  a. 

wlite-beorhtne  wang 

swa  waeter  be  bugeth  ; 

ge-sette  sige-hrethig 

sunn  ;an|  and  monan, 

leôman  to  leôhte 
190  land-bu.  fen]  dum  ; 

and  ge-fraetwade 

fold  an  sceatas 

leomuni  and  leafum  : 

Iff  eac  ge-sceop 

cy  [n "na  ge-hwylcum 

thâra  the  cwice  hwyrfath. 

Swa  thadriht-guman 

dreâmum  lifd  [on] 

eadig-lice, 
200  oththaet  an  on-gan 

fyrene  fre  m  man 

feûnd  on  helle  : 


après  quoi,  le 

destin  le  condamna  à  s'affaiblir 
par  suite  d'embûches  meurtrières  ; 
et  cela,  depuis  que  l'esprit  jaloux, 
lui  qui  vit  dans  les  ténèbres,  ne 
pouvait  souffrir  pendant  une  sai- 
son, d'entendre  chaque  jour,  la 
joie  éclater  sous  les  voûtes  du 
palais  :  n'y  entendait-on  pas  les 
harpes  vibrer,  et  s'élever  la  claire 
chanson  des  poètes?  L'un  disait 
qu'il  savait  bien  narrer  depuis 
les  jours  perdus,  l'origine  des 
hommes,  et  il  parlait  ainsi  :  «  la 
main  du  Tout-Puissant  a  forgé 
la  terre,  la  longue  plaine  à  la 
face  brillante,  que  l'eau  entoure 
d'une  ceinture  :  joyeux  dans  sa 
victoire,  Il  fit  monter  aux  deux  le 
soleil  et  la  lune,  flambeaux  qui 
éclairent  les  habitants  de  l'uni- 
vers ;  et  il  orna  les  régions  de  la 
terre, de  rameaux- et  de  feuilles.  Et 
il  créa  aussi  la  vie,  pour  toutes  les 
espèces  d'êtres  qui  vont,  vivant 
par  le  monde.  Ainsi  les  vassaux 
vivaient  heureusement  dans  la 
joie, ,     .     .      .     . 


171.  Rieger  propose  ellor-gaest,  qu'Earle  adopte  également. 

183.  En  ce  passage,  le  manuscrit  a  une  lacune  dans  un  coin  du  feuillet. 

202.  Earle  adopié  la  correction  de  Bugge.  healle  au  lieu  de  helle.  D'autre 
part»  il  accepte  au  vers  284,  la  forme  hel-lhef/nes  au  lieu  de  heal-thègnes, 
que  propose  Ettnnïllcr. 


:ws 


HKOW  I  LP 


waes  se  grimma  gaest 

Grendel  hâten, 

mâere  mearc-stapa 

se  the  moras  heôld, 

fen  and  faesten  : 

fifel-cynnes  eard 

won-sâeli  wer 
210  weardode  hwile, 

sithan  him  scyppend 

for  scrifen  haefde. 

In  (laines  cynne 

1 1 1  o  n  e  c  w  ea  1  m  ge-  w  raec 

éce  d  ri  h  ten. 

thes  the  he  Abel  slog. 

Nege-feâh  hethaere  fâehthe, 

ac  he  hine  feor  for-wraec, 

metod  for  thy  inane, 
220  man-cynne  frani  : 

thanon  un-tydras 

ealle  on-vvocon, 

Eôtenas  and  Ylfe 

and  Orcneas  : 

swylce  gifgantas] 

[132  b.] 

thâ  with  Gode  wunnon, 

lange  thrage  ; 
he]  him  thaesleânfor-geaïd. 


II 


[Ge]-wât  thâ  neosian, 
23o  sythan  ni  ht  becom, 
hean  luises, 
hû  hit  Hring-Dene 


.  jusqu'au  jour  où  lui,  le 
démon  d'enfer,  se  prit  à  perpétrer 
ses  crimes  ;    l'horrible    monstre 

étrange,  s'appelait  Grendel,  qui 
hantait  dans  sa  puissance,  les 
marches  des  états,  et  qui  tenait 
les  marais  SOUS  sa  domination  ; 
l'être  maudit  gardait  étroitement 
ces  retraites  de  la  race  des  mons- 
tres, depuis  que  le  Créateur  les 
lui  avait  assignées,  pour  son  châti- 
ment. Sur  la  race  de  Caïn,  le 
Seigneur  éternel  a  vengé  le  meur- 
tre qui  lit  périr  Abel.  Lui,  le  Créa- 
teur, ne  se  complut  pas  à  l'acte 
de  haine,  mais  il  bannit  Caïn  pour 
son  crime,  loin  de  l'humanité.  De 
là  naquirent  à  la  vie,  les  races  du 
mal,  les  lémures,  les  elfes,  les 
mauvais  esprits  ;  des  géants  aussi 
entrèrent  en  guerre  contre  Dieu, 
pour  un  long  temps  :  et  il  leur 
donna  la  récompense  de  leurs 
forfaits. 


II 


Grendel  se  mit  en  marche, 
quand  la  nuit  fut  venue,  pour 
aller  visiter  la  haute  maison,  et 
voir    comment    les    Ring- Danes, 


209.  Tous  les  commentateurs  adoptent  ici  la  forme  usuelle  :  won-saélig . 

213-16.   Sievers  transcrit  :  In   Caines  cynne  (thon[n]e  cwealm  ge-wraec 
ece  drill  ten). 


BEOWULF 


:W9 


aefter  [b]  eor-thege 

ge-bûn  haefdon . 

Fa  ml  thâ  thaer-inne 

aethelinga  ge-driht 

swefan  aefter  symble  ; 

sorge  ne  ciïthon, 

won-sceaft  wera, 
240  wiht  un  hâelo. 

Grim  and  graedig 

gearo  sona  waes, 

reôc  and  repe, 

and  on  raeste  ge-nam. 

thritig  tegna  : 

thanon  eft  ge-wât 

lnithe  hrémig 

to  ham  faran, 

mid  thaere  wael-fylle 
2Do  wica  neôsan. 

Tha  waes  on  uhtan, 

mid  aer-daege, 

grendles  gdth-craeft 

gum  urn  un  dyrne  : 

thâ  waes  aefter  wiste 

wop  up-â-hafen, 

micel  morgen-swég  : 

maere  theôden 

aetheling  aer-gôd, 
260  un  blithe  saet, 

tholode  thryth-swyth  ; 

thegn  sorge  treali  ; 

sythan  hie  thaes  hit  ban 

last  sceâwedon, 

wergan  pastes  : 

waes  thaet  ge-win  to  Strang 

lath  and  lons:-sum. 


l'avaient  adornée,  après  que  la 
bière  eut  été  servie.  11  trouva  dans 
la  place  une  troupe  de  nobles,  dor- 
mant après  le  festin;  ils  ne  con- 
naissaient pas  le  souci,  ce  mal- 
heur des  hommes,  et  jamais  ils 
n'avaient  fait  l'épreuve  de  l'infor- 
tune ;  l'horrible  et  avide  ogre  fut 
bientôt  prêt,  et  sauvage  et  féroce, 
il  saisit  dans  leur  sommeil,  trente 
des  chefs.  Alors  il  repartit  chez 
soi,  joyeux  de  sa  proie,  avec  les 
ossements  de  ceux  qu'il  avait 
massacrés,  pour  visiter  ses  propres 
demeures.  Puis  à  l'aube  du  matin, 
au  commencement  du  jour,  la  ruse 
cruelle  de  Grendel  fut  révélée  aux 
hommes  :  puis,  les  lamentations 
s'élevèrent  après  le  festin,  et  de 
grandes  clameurs  éclatèrent  au 
matin.  Le  vaillant  prince,  un 
noble  d'antique  vertu,  demeura 
consterné  ;  le  fort  aux  armées 
souffrait  que  les  chefs  éprouvas- 
sent de  la  douleur  ;  après  avoir  vu 
l'acte  de  l'être  haïssable,  de  l'esprit 
maudit  :  la  lutte  contre  lui,  était 
trop  dure,  décourageante  et  vaine. 


239.  Sievers  transcrit  «  wera[s]  ». 


390 


DEOWl  l  I 


Naes  hil  lengra    fyr  at, 

133  a. 
270  efl  ge-fre  mede  , 

morth-beala  mare, 

ami  no  mearn  fore   ...  , 

fâehthe  and  fyrene  ; 

wiics  h'»  laesl  on  I  ham, 

th  ,1    wars  eàth-fynde 

the  liim  elles-hwaer 

ge-rumlicor  raeste  [sothe] 

bed  aefter  burum, 

tha  him  ge-beacnod  waes. 
280  Ge-saegd  soth-lice 

sweô  ;  loj  Ian  tac  ne 

heal-thegnes  hete  ; 

heôld  hyne  syththan 

fyr  and  faestor 

se  thàem  feônde  aet-wand. 

Swâ  rixode 

and  with  rihte  wan, 

âna  with  eallum, 

oth  thaet  idel  stod 
290  hûsa  sélest  ; 

wâes  see  hwil  micel. 

NIT.  win  Ira  tid 

torn  ge-tholode 

wine  scyld[i]n[g]a, 

weana  ge-hwelcne, 

sidra  sorga  ; 

for  tham  [syththanjwearth 

ylda-bearnum 

un-dyrne  cuth, 


Il  ne  s'écoula  pas  un  lOOg  temps 
avantquele  monstre  n'accomplît 
plus   de    meurtres    encore,    sans 

souci  de  la  haine  el  du  crime;  il 
était  trop  acharné  contre  eux, 
depuis  (ju\\  s'emparait  aisément 
en  ces  lieux  (de  ce  qu'il  ne  pou- 
vait trouver  librement  ailleurs;, 
de  lits  de  repos  sous  les  ombrages, 
où  il  était  tenté  d'aller.  Et  l'ennemi 
de  la  salle  des  chefs  donnait  de 
ses  prouesses  une  preuve  évi- 
dente: quiconque  lui  avait  échappé 
se  cachait  ensuite,  le  plus  vite  et 
le  plus  loin  qu'il  pouvait. 

Ainsi  régnait-il  souverainement, 
et  l'emportait-il  en  dépit  du  bon 
droit,  seul  contre  tous,  jusqu'au 
jour  où  le  meilleur  des  maisons 
fut  vide  ;  le  temps  s'écoulait  avec 
lenteur;  pendant  douze  années, 
les  féaux  des  Scyldings  endurèrent 
la   rage  du  monstre,      . 


277.  Kemble  ne  comble  pas  la  lacune  du  manuscrit.  Grein  ajoute  [sohte]  : 
Wulcker,  \_rymdé\. 

290.  Sievers  écrit  :  husa  se/est  [waes  seohwil  micel]. 

294.  Dans  le  M.  S.,  Scyldenda.  Thorpe  écrit  Scyldinga;  Kemble,  Scyl- 
denda. 

297.  Syththan,  ajouté  par  Kemble,  pour  l'allitération. 


MEOW!  I.K 


391 


3oo  gyddu  geomore, 

thaette  Grendel  wan  ; 

liwi'lr  with  Hrôth-gâr 

hete-nfthas  waeg, 

fyrene  and  fâehthe, 

fela  missora. 

singale  saece  : 

sibbe  ne  wolde 

with  manna  h  wo  no 

maegenes  Deniga, 
3 io  feorh-bealo feorran 

fea  thingian  : 

no  paer  nâenig  witena 

wénan  thorfte 

beorhtre  bote 

Io  banu  folmu  : 
Atol  ...  aege  làeca 

[133  b.] 

ebtende  waes, 

deorc  deâth-sc[ua], 

[dulguthe  and  geôgethe; 
320  seomade  and  syrede, 

[s]  in-nihte  heôld 

mistige  moras  : 

men  ne  c  unnon 

hwyder  hel  riinan 

hwyrftum  scrithath. 

swa  fela  fyrena 

feônd  man  cynnes, 

àtolan-gengea, 

oft  ge-fremede 
33o  heardra  hyntha  : 

Heorot  eardode. 


toute  misère, 

et  toute  peine  profonde.  Et  voilà 
que  par  la  suite,  on  apprit  ouver- 
tement aux  fils  des  hommes,  voilà 
qu'on  leur  chanta  tristement,  que 
(Jrendel  gagnait,  tandis  qu'il  lut- 
tait à  l'envi  contre  Hrothgàr  de 
haine  malicieuse,  de  crimes  et  de 
forfaits,  des  batailles  continuelles 
durant  bien  des  années. 

Le  tueur  des  vies  ne  voulait  pas,, 
même  au  prix  d'une  rançon,  éta- 
blir la  paix  pour  une  longue 
période,  avec  aucun  homme  sous 
la  domination  danoise,  et  aucun 
ambassadeur  ne  pouvait  arracher 
de  meilleures  conditions  des  mains 
du  meurtrier  ;  l'impur  maudit, 
ombre  ténébreuse  de  la  mort, 
allait,  persécutant  à  la  fois,  et 
ceux  que  leur  âge  dignifiait,  et  les 
jeunes  hommes  :  il  les  opprimait 
et  les  faisait  tomber  en  des  pièges  ; 
dans  la  nuit  éternelle 


311.  M.  S.,  fea.  Kemble,  feo. 
315.  M.S.,  bona.  Kemble,  banan. 

310.  Lacune  à  l'extrémité  du  feuillet.  Thorpe  la  comble  avec  A  toi,  (horri- 
ble), Riegeravec  ac  se,  (mais  lui). 


392 


HKOW  1  II 


sine-  l'  âge  sel, 

sweartum  nihtum  ; 

n<>  he  I  hone  gif-stôl 

grétan  music, 

mal  hum,  for  metode, 

ne  his  myne  wisse  : 

(had  wars  wraec  micel. 

Wine  Scyldinga 
340  modes  brectha 

monig  oft  ge-saet, 

rice  to  nine  ; 

rded  eahtedon, 

hwaet  swith-fcrhthum 

sélesl  waere 

with  faer-gryru 

to  ge-fremmanne. 

Hwi'lum  hîe  ge-héton 

aet  hraerg-trafum 
35o  wig-weorthunga  ; 

word u m  bâedon 

thaet  himgast-bona 

geôce  ge-fremede, 

with  theôd-threâum. 

Swyle  waes  peàw  hyra, 

hàethenra  hyht  ; 

helle  ge-mundon 

in  môd-sefan, 

metod  hie  ne  eu  thon 
36o  dâeda  démend, 

ne  wiston  hie  drihten  God  : 


[134  a.] 


il    gardai! 

les  marais  recouverts  de  brouil- 
lard :  (;l  les  hommes  ne  savent  pas 
où  vont  errant,  les  sorciers  d'en- 
fer !  Tant  de  crimes  et  tant  de 
cruelles  injures,  voilà  ce  que 
commettait  souvent  l'ennemi  de 
l'homme,    le   détestable   solitaire. 

Dans  les  nuits  sombres  il  habi- 
tait Heort,  l'antre  empli  de  trésors 
variés  :  [encore  ne  pouvait-il,  par 
la  protection  divine,  loucher  au 
trône,  ce  trésor,  et  il  ne  connais- 
sait pas  les  intentions  de  Dieu] . 
Ce  fut  là  une  grande  misère  ; 
l'ami  des  Scyldings  s'asseyait  au 
conseil,  l'esprit  abattu,  lui,  le 
guerrier  puissant;  l'on  y  délibérait 
sur  ce  que  les  hommes  au  cœur 
fort,  pouvaient  entreprendre  de 
meilleur  contre  ces  horreurs  se- 
crètes. Parfois,  ils  promettaient 
des  prières  aux  tabernacles  de 
leurs  idoles  ;  ils  priaient  avec  des 
formules,  pour  que  le  destracteur 
des  mauvais  esprits  leur  vînt  en 
aide  contre  l'accablant  fléau. 

Telle  était  leur  coutume;  l'es- 
poir des  païens  ;  c'était  de  l'enfer 
qu'ils  se  rappelaient,  en  leurs 
esprits; 


hum  heofena  helm 


333.  Heyne  transcrit  cette  phrase  de  la  manière  suivante  : 
Sweartum   nihtum   (no  hë~  thone  gif-sfôl    gretan   nïôste,    mâththum   for 
metode,  ne  bis  myne  wisse). 

359.  Grundtvig écrit  :  «  haer<j  ». 


BKOWILF 


393 


her i an   ne  cuthon, 
wuldres  waldend. 
Wé  bitli  thâem  the  sceal 
thurh  slithne  nit  h 
sawle  be-sciifa  n  , 
in  tyres  faethm  ; 
fro  f re  ne  wénan 
370  wihte  ge-vendan  : 

wel-bith  thâem  the  mot 
aefter  deâth-dage 
drihten  sécean, 
and  to  faeder  faethmum 
f root  ho  wilnian. 


.  .  .  le  créateur  et  le  juge  de 
nos  actions,  ils  ne  le  connaissaient 
pas,  et  ils  ignoraient  encore  le 
Seigneur  Dieu...  tout  an  moins,  ne 
savaient-ils  pas  comment  honorer 
le  protecteur  descieux,  le  dispen- 
sateur de  la  gloire  Malheur  à  qui, 
par  le  mal  où  il  glisse,  livre  son 
àme  en  proie  au  feu  ;  il  ne  peut 
espérer  aucun  soulagement  à 
venir.  Bonheur  à  qui  peut,  après 
le  jour  de  la  mort,  aller  trouver 
Dieu,  et  élire  la  paix  dans  le  sein 
de  son  Père  ! 


Il 


Swâ  tha  mâel-ceare 

maga  Healf-denes 

singala  seât  h  : 

ne  mihte  snotor  haeleth 
38o  weân  on  wendan 

waes  thaetge-win  to  swyth, 

lâth  and  longsum, 

the  on  tha  leode  becom, 

nyd-wracu  nith-grim 

nith-bealwa  maést. 

Thaet  fram  hâm  ge-fraegn 

Hige-laces  thegn, 

gôd  mid  eâtum, 

grendles  dâeda  ; 
390  se  waes  mon-cynnes 

maegenes  strengest 

on  thâem  daege 

thysses  h'fes, 

aethele  and  eacen. 

Ilét  him  yth-lidan 

god  ne  ge-gyrwan  ; 

cwâeth  he  guth-cyning 


III 


Ainsi  le  fils  d'Healfdene  sans 
trêve,  coulait  des  jours  pleins  de 
chagrin  ;  le  prudent  héros  ne 
pouvait  détourner  la  ruine  ;  la 
lutte  était  trop  dure,  découra 
géante  et  vaine  pour  le  peuple 
auquel  elle  s'imposait,  avec  l'iné- 
vitable fléau  de  malice  infernale, 
le  plus  grand  des  maux  de  la  nuit. 
De  son  pays,  le  féal  d'Hygelac 
l'apprit;  vaillant  parmi  les  Geats, 
il  sut  les  forfaits  de  Grendel  : 
pendant  les  jours  de  sa  vie,  il 
était  le  premier  en  force,  de  la 
race  des  hommes  ; 


394 


BKOWULF 


ofer  swan -rade 

sécean  wolde, 
400  maerne  theôden, 

lha  him  waes  manna  thearf. 

Tli  one  sith-faet  him 

s  note  re  ceorlas 

Ivt-hwon  logon, 

[theà  h  lie  liim  leof  wYiere  : 

[134  b.i 

hwetton  hige-[rlôfne... 

hâel  sceàwedon, 

haefde  se  goda 

geâta  lend a 
410  cempan  gecorone, 

thara  the  he  cénoste 

findan  milite  : 

XVna  sum 

sund-wudu  sôhte  ; 

secg  wisade, 

lagu-craeftig  mon. 

land-ge-myrcu. 

Fyrst  forth  ge-wât, 

flôta  waes  on  ythum, 
420  bât  under  beorge; 

beornas  gearwe 

on  stefn  stigon  ; 

streémas  w  un  don, 

sund  with  sande  ; 

secgas  bâeron 

in  bearm  nacan 

beorhte  fraetwe, 

gûth-searo  geato-lic  ; 

guman  ût-scufon, 
4'3o  weras  on  wil-sith, 

wud u  bundenne. 


noble  et  bien 

développé.  Il  ordonna  qu'on  lui 
équipât  un  bon  vaisseau  :  et  il 
disait  qu'il  allait  chercher  le  roi 
de  guerre,  sur  le  sillage  du  cygne  ; 
puisque  ce  prince  renommé  avait 
besoin  d'hommes.  Les  sages  con- 
seillers blâmaient  quelque  peu 
cette  entreprise,  quoique  le  héros 
leur  fût  cher  :  ils  donnaient  de 
pénétrants  avis...,  et  ils  consul- 
taient les  présages.  Le  bon  chef 
avait  choisi  parmi  les  guerriers 
du  peuples  des  Geats,  les  plus 
vaillants  de  ceux  qu'il  avait  pu 
trouver.  Avec  quinze  de  ces 
hommes,  il  alla  prendre  les  rames 
de  mer  ;  un  guerrier,  homme 
expert  à  naviguer  sur  les  lacs, 
leur  indiquait  les  limites  des 
terres. 

Le  temps  passa,  et  le  vaisseau 
flottait  sur  les  vagues,  et  sous  une 
montagne  ;  les  hardis  guerriers 
s'avançaient  sur  la  proue.  Ils  tour- 
billonnaient dans  les  courants, 
luttaient  en  mer  contre  les  sables  : 
les  hommes  portaient  au  cœur  de 
la  barque,  les  brillants  ornements, 
leurs  fières  armures  de  guerre.  Ils 
ramaient  à  l'envi, 


406.  Le  manuscrit  manque  en  cet  endroit,  et  Zupitza  propose  :  hige- 
[r]ofnet  la  lettre  manquant  à  la  place  des  parenthèses  aurait  pu  être  r,  th, 
f,  s,  ou  w. 


ÏIEOWULF 


395 


ge-wàt  Unie  ofer  waeg-holm, 

winde  ge-fysed, 

fïôta  fâmi-heals, 

fugle  ge-licost, 

oth  thaet  ymb  ân-tîd 

ôthrea  dogôres, 

wunden  stefna 

ue-waden  haefde. 
440  Thaet  tha  lithende 

land  ge-sawon, 

brim-clifu  blican, 

beorgas  steâpe, 

side  sâe-naessas  : 

thâ  waes  sund  lideo 

eu  1  êtes  aet  ende  : 

thanon  ûp  hrathe 

Wed  era  leùde 

on  wâng  stigon  ; 
460  sâe-wudu  sâeldon, 

syrcan  hrysedon, 

gûth-ge-wâedo  ; 

gode thancedon 

thaes  the  him  yth-Iâde 

eâthe  wurdon. 

TThâl  of  wealle  ge-seah 

[135] 

weard  Scildinga, 

se  the  [holmj-clifu 

healdan  scolde, 
460  beran  ofer  bolcan 

beorhte  randas, 

fyrd-searu  fùs-licu  : 


.     .     .  .     .     .   pour  achever 

le  voyage  dont  ils  souhaitaient  le 
terme,  Puis  semblable  à  un  oiseau, 
le  navire  cerclé  d'écume,  poussé 
par  le  vent,  bondissait  sur  les 
vagues  profondes  de  la  mer,  jus- 
qu'à la  première  heure  environ 
du  second  jour,  où  fut  accomplie 
la  traversée  par  le  vaisseau  à  la 
proue  couronnée  :  alors  les  voya- 
geurs purent  voir  la  terre,  les 
falaises  et  les  montagnes  abruptes 
qui  brillaient,  et  les  promontoires 
indéfinis.  Donc  la  mer  avait  été 
franchie,  et  ils  étaient  au  bout  de 
leurs  peines.  De  là,  rapidement, 
ces  hommes  de  l'ouest  s'avan- 
cèrent sur  les  plaines;  ils  rangè- 
rent leurs  rames,  laissèrent  leurs 
cottes  de  mailles,  et  leurs  armures 
de  guerre  ;  ils  remercièrent  Dieu, 
de  ce  que  les  voies  des  vagues 
leur  avaient  été  faciles.  Du  haut 
de  la  muraille,  le  guetteur  des 
Scyldings,  dont  le  devoir  était  de 
veiller  sur  les  falaises,  les  vit 
suspendre  aux  mâts  leurs  boucliers 
brillants,  leurs  harnais  de  guerre 
tout  préparés. 


434.  Presque  tous  les  éditeurs  ont  adopté,  sauf  Kenible  qui  a  suivi  le 
manuscrit,  la  forme  «  famig-heals  ». 

436.  Le  M.  S.,  porte  «  an  tid  ».  Grein  est  pour  le  trait  d'union  «.  an-tid  ». 
Cosijn,  pour  and-tid,  ou  on-tid,  signifiant  «  le  même  temps  »,  «  le  temps 
correspondant  »,  de  telle  sorte  que  la  phrase  signifierait  :  «  à  la  même  heure 
environ,  du  second  jour  ».  Cette  opinion  est  celle  de  Heyne  et  Socin. 


396 


BEOWI  LF 


hi  ne  fyr-wyt  braec 

môd-ge-bygdum 

hwacl,  tha  men  wâeron. 

Gewât  him  thd  tô  warothe 

wicgerfd   an  j  ; 

thegn  Hrôth-gâres 

thrymmum  cwehte. 
470  Maegen-wudu  mundum, 

methel-wordum  firaegn  : 

hwaet  syndon  ge 

sea  ro-b  a  ebbe  ndra 

byrnum  wer  [e]  de, 

the  thus  brontne  ceôl 

ofer  lagu-straéte 

lâedan  cwomon, 

hider  ofer  bol  ma  s  ?... 

le  waes  ende-saeta 
480  aeg-wearde  heôld, 

tbe  on  land  Dena 

lâtbra  nâenig 

midscip-herge 

scethan  ne  meahte. 

No  her  ciith-licor 

cuman  on-gunnon 

lind-haeblende, 

né  geleâfnes-word 

gûth-fremmendra 
490  gearwe  ne  wisson, 

maga  ge-médu  : 

naefre  ic  m  a  ran  ge-seah 


La  curiosité  de  savoir  quels 
pouvaient  être  ces  hommes,  l'em- 
porta sur  les  autres  pensées  de  son 
esprit.  Il  se  mit  donc  à  galoper  sur 
son  coursier  vers  la  grève;  le  féal 
d'IIrothgar  brandit  une  forte  lance 
dans  sa  droite  vaillante  :  il  parla 
en  ces  termes  qu'il  avait,  préparés  : 
«  —  Oui  êtes  vous,  hommes  armés 
que  protègent  des  cottes  de  mailles 
—  pour  être  venu  conduire  ainsi 
la  quille  du  vaisseau  pleine 
d'écume,  sur  les  sillons  des  lacs, 
jusqu'ici,  à  travers  les  profon- 
deurs de  la  mer?  A  ces  desseins, 
placé  en  ces  lieux  à  l'extrémité 
du  territoire,  j'ai  veillé  sur  l'océan, 
afin  que  sur  la  terre  des  Danois, 
aucun  ennemi  ne  puisse  faire  de 
dommage,  avec  une  flotte  de 
guerre. 

«  Jamais  porteurs  de  boucliers 
ne  sont  venus  ici  plus  ouverte- 
ment qui  n'aient  connu,  déjà,  le 
mot  de  passe  de  nos  guerriers,  et 
les  coutumes  qu'on  doit  observer 
entre   alliés 


488-489.  Le  M.S.,  porte  «  hider  ofer  holmas  le  waes  »,  sans  lacune. 
Thorkelin  et  Wulcker  lisent  «  le  »  au  lieu  de  «  le  »,  et  Zupitza  adopte  cette 
version.  Heyne  adopte  avec  Ettmùller,  pour  remplacer  le  membre  de  phrase 
manquant,  «  helmas  baeron  »,  et  Bugge  propose  l'addition  suivante  : 

«  hider  ofer  holmas  ? 
[Hwile  ic  on  weal]  le 
waes  ende-saeta  ». 


488.  Kernble  transcrit,  «  naefne  ». 


HEOWULF 


:*97 


eorla  ofer  eorthan 

thonne  is  eôwer  sum 

secg  on  searwum  ; 

n is  tbaet  seld  guma 

waepnum  ge  weorthad 

oaefre  him  liis  wlite  Ieôge, 

âen-lic  an-syn. 
5 oo  Nu  ic  eôwer  sceal 

fruin-cyn  witan, 

âer  ge  fyr  ^lieoj  nan, 

[135  b.] 

leâs  sceâweras, 

on  land  Den  [a] 

furthur  feran. 

Nù  ge  feor-biiend, 

mere-lithende, 

mine  ge-hyrath 

an-fealdne  ge-thoht  ; 
5  io  ofost  is  sélest 

tô  ge-cythanne 

hwananeôwre  cymesyndon. 


Jamais  à  travers  le 

monde,  je  ne  vis  de  champion 
plus  puissant  que  n'est  l'un  de 
vous,  ce  guerrier,  paré  de  ses 
armes.  Cet  homme  n'est  pas  de 
ceux  qui  rarement,  ont  brillé  dans 
les  faits  et  armes,  à  moins  que  son 
visage  et  son  noble  maintien  ne 
men  lent  en  sa  faveur.  Maintenant, 
faut-il  que  je  sache  votre  origine, 
avant  que  vous  ne  procédiez  sur 
la  terre  des  Danois,  car  de  faux 
espion,  vous  pouvez  être. 

«  Maintenant, ô  vous  qui  habitez 
la  terre  lointaine,  vous  qui  navi- 
guez sur  la  mer,  oyez  ma  simple 
pensée  :  il  vous  conviendrait 
mieux  de  révéler  sur-le-champ  de 
quelle  région  vous  êtes  venus  »  ! 


IV 


IV 

Him  se  yldesta 
and-swarode  ; 
werodes  wisa 
word-hord  on-leâc  ; 
We  synt  gum-cynnes 
Geâta  leode, 
and  Hige-lâces 
520  heorth-geneâtas  : 
waes  min  faeder. 
folcum  ge-cythed, 
aethele  ord-fruma 


Le  plus  hautain  lui  fit  cette 
réponse  ;  lui,  le  chef  de  la  troupe, 
ouvrit  les  trésors  du  verbe  : 
«  Nous  sommes  par  la  race,  du 
peuple  des  Geât,  parents  et  vas- 
saux d'Higelac.  Mon  père  fut  bien 
connu  des  nations  ;  c'était  un 
noble  prince, 


503.  Ettmiiller  adopte,  «  base  ». 
508.  Kemble  écrit,  «  minne  ». 


:ws 


TÎKOWI  (LI 


Ecg-theôw  hâten  : 

ge-bàd  w intra  wui'ii 

âer  lie  on  weg  hwurfe 

gamol  of  geardum  ; 

bine  gearwe  ge-mân 

vvftena  wcl-hwylc 
53o  wide  geond  eorpan. 

We  thurh  holdne  hige 

hlâford  thinne, 

sunu  Healf-denes, 

sécean  c  worn  on, 

leôd  ge-byrgeatt. 

Waes  th û  lis  lârena  god  ; 

habbaih  we  tu  ihâem  mâeran 

micel  aerende 
Deniga  freân  : 
540  ne  sceal  paer  dyrne-sum 
wesan  thaes  ic  wéne  : 
thû  wâst  gif  hit  is  swâ, 
we  soth-lice 
secgan  hyrdon, 

[136  a.] 
thaet  mid  Scyldingum 
scea  [thena]  ic  nat  hwylc, 
deogol  dcied-liata, 
deorcuin  nihtum 
eâweth  thurh  egsan, 
55o  un-cuthnenith, 
hynthu  and  hrafyl. 
Ic  thaes  Hrôth-gâr  maeg 
thurfh]  riimne  sefan 
râed  ge-lâeran, 
hii  he  frôd  [and]  god 


.  du  nom  d'Ecgtheôw. 
Il  habita  sur  la  terre  pendant  bien 
des  années,  avant  que  vieillard,  il 
ne  poursuivît  son  destin  hors  de 
ses  demeures* 

«  Fresque  tous  les  conseillers 
sages  sur  la  terre,  gardent  bien  sa 
mémoire.  Mus  par  nos  sentiments 
d'amitié,  nous  sommes  venus 
trouver  le  tils  d' Ileal fdene,  ton  sei- 
gneur, et  le  chef  des  tiens.  Nous 
apportons  au  roi  renommé  des 
Danois  une  grande  nouvelle  qui. 
je  l'espère,  ne  restera  pas  une 
chose  cachée.  Tu  sais  à  quoi  t'en 
tenir  à  ce  sujet,  mais  on  nous  a, 
en  effet,  rapporté  que  parmi  les 
Scyldings,  je  ne  sais  quel  ennemi, 
contempteur  secret  de  toute  bra- 
voure, met  en  œuvre  de  façon 
terrifiante,  dans  les  nuits  som- 
bres, sa  malice  étrange,  et  pra- 
tique le  mal  et  le  meurtre. 

«  Je  puis  d'un  esprit  avisé, 
donner  à  Hrothgar  quelque  avis 
sûr  au  sujet  de  savoir  comment 
lui, 


546.  Zupitza  fait  remarquer  que  la  terminaison  «  thena  »,  est  effacée  dans 
le  manuscrit. 

547.  Grein  dans  son  Glossaire,  commente  ainsi  «  daéd-hata  »  :  facinora 
spondens  vel  moliens.  Cette  interprétation  est  celle  de  Earle,  qui  traduit 
«  daéd-hata  »  par,  «  l'auteur  des  actes  ». 


IlKowi  LF 


399 


feônd  ofer-swytheth, 

u\  f  him  ed-wenda    n 

aefre  scolde  ; 

bealuwa  bisigu 
56o  bot  eft  cuman, 

and  tlia  cear-wylmas 

col  ran  wurthath  : 

oththe  a  syththan 

earfoth-thrage, 

llireâ-nyd  thôlath, 

thenden  thaer  wunath 

on  heâh-stede 

hi i sa  sélest. 

Weard  matlielode, 
5yo  thaer  on  wicge  saet 

om-beht  nn-forht  ; 

.Eg-hwaethres  sceal 

scearp  scyld-wiga 

ge-scâd  witan, 

word  a  and  worca, 

se  the  wel  tlienceth. 

Ic  thaet  ge-hyre 

thaet  this  is  hold  weorod 

frean  Scyldinga  : 
58o  ge-witath  forth  beran 

waepen  and  ge  wâedu, 

ic  eôw  wisige  : 

swylce  ic  magu-thegnas 

mine  hâte 

with  feônda  geh  wone 

flôtan  eôwerne, 

niw-tyrwydne 

nacan  on  sande, 

drum  healdan, 
590  othaet  eft  by  ret  h 

ofer  lagu-streâ   mas] 

leofne  inannan 

[136  b.] 

wudu  wunden-hals 


.  .  prudent  et  bon,  pourra  l'em- 
porter sur  son  ennemi,  si  encore 
le  destin  permet  qu'il  lui  échappe  ; 
un  prompt  et  favorable  retour  des 
choses  lui  adviendrait,  et  le  brû- 
lant souci  pour  lui,  se  calmerait  : 
autrement,  par  la  suite,  il  doit 
sans  relâche,  vivre  des  jours  trou- 
blés, de  misère  croissante,  aussi 
longtemps  que  survivra  l'élite  des 
nobles  maisons,  là-haut  dans  le 
palais  ».  Le  guetteur  parla,  de 
l'endroit  où  il  se  trouvait  sur  son 
cheval,  en  serviteur  sans  crainte, 
de  son  roi  :  «  Le  subtil  porteur  de 
bouclier  qui  pense  bien,  doit  faire 
le  départ  entre  les  paroles  et  les 
actes  :  «  j'entends  que  cette  troupe 
est  amie  du  roi  des  Scyldings  : 
allez  donc,  et  retournez  vous  parer 
de  vos  armes  et  de  vos  ornements 
de  guerre,  et  je  vous  conduirai  :  je 
recommanderai  aussi  à  mes  frères- 
féaux  de  garder  fidèlement,  contre 
tout  ennemi,  votre  vaisseau  flot- 
tant, votre  barque  fraîchement 
enduite  de  poix  sur  le  sable,  jus- 
qu'au jour  où  le  bois  du  navire  au 
col  festonné, 


400 


BEOWULF 


1 t]ô  weder-mearce, 
gôs-fremmendra 
swylcum  gifethe  bith, 
thaet  thone  hilde-raes 
liai  ge-dfgeth. 
Ge-witoo  hi  m  tli  a  feran, 

600  flota  [sjtille  bad, 
seômode  on  sole, 
sfd-faethmed  scip, 
on  ancre  faesl  : 
eo for-lie  sciônon 
ofer-hleor  beran  ; 
ge-hroden  golde 
fall  and  fyr-heard 
ferh-wearde  heôld  : 
gûth-môd  grummon, 

610  gunian  on-etton, 
sigon  aet-somne, 
oth  thaet  hy  ael-timbred, 
geatolic  and  gold-fâh, 
on-gyton  mihton, 
thaet  waes  fore-mâerost 
fold-biiendum, 
recéda  under  roderum, 
on  thaem  se  rica  bâd. 


ramènera  à  la  mar- 
che de  l'ouest,  l'homme  bien-aimé  : 

et  qu'alors,  à  chacun  des  guerriers 
de  bon  vouloir,  il  soit  donné  d'ac- 
complir en  toute  sûreté,  la  course 
furieuse  à  la  guerre  !  » 

Alors  ils  se  mirent  en  chemin  ; 
le  vaisseau  demeurait  au  repos, 
encerclé  de  courroies  ;  il  était 
solidement  ancré,  le  vaisseau  au 
large  cœur  :  sur  la  tête  des  guer- 
riers se  dessinait  un  casque  à  tête 
de  sanglier  ;  tressé  d'or,  aux 
nuances  variées,  et  durci  au  feu,  il 
était  le  signe  de  préservation  de  la 
vie  :  l'instinct  guerrier  de  ces 
hommes  était  féroce,  et  ils  pres- 
saient leur  marche,  descendant 
par  groupes,  jusqu'à  ce  qu'ils 
eussent  aperçu,  merveilleusement 
bâti,  bien  fourni  et  orné  d'or,  ce 
qui  pour  les  habitants  de  la  terre, 
était  de  beaucoup  le  plus  fameux 
des     palais 


595.  La  correction  de  Grundtvig  «  guth-fremmendra  »,  au  lieu  de  «  f/od- 
fremmendra  »,  est  suivie  par  quelques  éditeurs. 

600.  Fleyne  propose  «  flota...  faest  ». 

601.  Quelques  auteurs  transcrivent  «  sol  ». 

604.  A  propos  de  «  lic-scionon  »,  le  Glossaire  de  Grein  donne  «  scionon  », 
prétérit  de  «  scinan  »,  briller,  de  même  qu'au  vers  1.585,  on  trouve  un 
prétérit  de  «  riodan  »,  ridon. 

605.  Gering  écrit  :  «  hleor-ber[g]an  »,  accusatif  pluriel,  et  signifiant, 
couvre-joues. 

609.  Kemble  écrit  :  «  gutk-mod[e]  ». 

612.  Grein  :  «  sael-timbred  ». 


BEOWULF 


toi 


Lixte  s»1  leôma. 
620  ofer  landa  Tela  : 

him  tha  hilde-deôr 

h  of  môdigra 

torht  ue-taehle, 

thaet  hie  him  tô  mihton 

gegnura  gangan. 

Giith-beoma  sum 

wicg  ge-wende, 

word  aefter  cwaed  : 

ma  el  is  me  to  feran, 
63o  faeder  al-walda 

mid  ar-stafum 

eôwic  ge-healde, 

sitha  ge-sunde  : 

ic  to  sae  wille 

with   wj  rath-wèrod 


[137] 


sous    les    deux,    la 

demeure  du  prince  puissant.  La 
lumière  brillait  sur  l'étendue  des 
terres  :  puis  le  guetteur  au  cheval 
de  guerre,  leur  montra  la  cour 
brillante  des  fiers  nobles,  atin 
qu'ils  s'y  pussent  diriger  eux- 
mêmes  en  droite  ligne. 

Alors,  l'un  des  guerriers  fit 
retourner  sa  monture,  et  ensuite, 
il  dit  ces  mots  :  «  il  est  temps 
pour  moi  de  partir  ;  puisse  le 
Tout-Puissant  Père  vous  avoir 
sous  su  protection,  et  vous  garder 
saufs  en  votre  entrepris*1,  je  re- 
tourne à  la  mer,  pour  y  prendre 
ma  garde,  en  cas  de  surprise  de 
quelque  troupe  ennemie  ». 


wearde  healdan. 


Strâet  waes  stân-fâh, 

stig-wisode 

gumum  aet-gaedere  ; 
640  guth-byrne  scân, 

heard  hond-locen  ; 

hring-iren  scir 

song  in  searvum 

thâ  hie  to  sele  furthum, 

in  livra  gryre-geatwum, 

gangam  cwomon . 

Setton  sâe-méthe. 

side  scyldas, 

rondas  regn-hearde, 
65o  with  tbaes  recedes  weal. 

Bugon  thâtô  bence, 

byrnan  hringdon, 


La  rue  était  pavée  de  pierres, 
et  la  voie  guidait  les  guerriers  par 
groupes  ;  les  cottes  de  mailles 
étincelaient,  serrées  et  fermées  à 
la  main,  et  les  brillants  anneaux 
d'airain  son  liaient  à  leurs  armures, 
tandis  qu'ils  se  disposaient  à  fran- 
chir le  seuil  du  palais,  dans  leur 
terrible  équipage.  Ces  hommes 
battus  par  les  flots,  placèrent 
leurs  larges  boucliers  aux  1res 
dures  extrémités,  contre  les  murs 
de  la  demeure 

Ils  se  tournèrent  alors  vers  des 
montants  de  bois  ; 


26 


10.2 


UK'tWl  1.1 


gûth-searo  gumena 

garas  st/xlon 

sâe-manna  searo 

saniod  aet-gaedere. 

aesc-holt  ufan  graeg  ; 

waes  se  iren-thrcât 

waepnuin  ge-wurthad 
660  Thé  thaer  wlonc  haeleth 

oret-mecgas 

aefter-haelethum  fraegn  : 

hwanon  ferigeath  ge 

faette  scyldas, 

graege  syrcan, 

and  grim-helmas, 

here-sceafta  heap  '! 

le  eôm  Hrôth -gares 

âr  and  om-bith  : 
670  ne  seah  ic  el-theodige 

thus  manige  men 

môdig-licran  : 

wén'ic  thaet  ge  for  wlenco, 

nalles  for  wraec-sithum, 

ac  for  hige-[thr]ymmum, 

[137  b. 

Hrôth-gâr  sôhton. 

Him  tha  e[llen]-rof 

and-swarode 

wlanc  Wedera  leôd, 
680  word  aefter  spraec, 

heard  under  helme; 

we  synt  Higè-ïâces 

beôd-ge-neâtas 

Beôwulf  is  min  nania  ; 


ils  y  ftièrenl  à 

des  ann(;aux  leurs  colles  de  maillés 
et  les  armures  des  guerriers  :  leurs 

javelots,  les  armes  des  hommes 
delà  méritaient  réunis  au-dessus, 
et  luisaient  aussi  gris  que  la  cen- 
dre du  bois;  et  ce  faisceau  hérissé 
d'airain  formait  sur  les  armes,  un 
glorieux  trophée.  En  ces  lieux,  et 
à  ce  moment,  un  fier  guerrier 
demanda  aux  fils  des  batailles  qui 
ils  étaient  :  «  D'où  apportez-vous 
vos  boucliers  épais,  vos  cottes 
grises,  vos  casques  fermés,  ces 
traits  de  guerre  en  monceaux  ?  .Je 
suis  d'Hrothgar  le  messager  et  le 
serviteur  :  jamais  ainsi  je  ne  vis 
en  nombre,  de  plus  fiers  étran- 
gers :  je  gage  que  c'est  par  bra- 
voure, et  non  par  suite  d'un  exil, 
mais  mus  par  quelque  grand 
dessein,  que  vous  êtes  venu  trou- 
ver Hrothgar  ». 

Le  fier  prince  des  peuples  de 
l'Ouest,  renommé  pour  sa  valeur, 
lui  dit  ensuite  ces  mots,  les  traits 
hardis  sous  son  casque  :  «  Nous 
tenons  fief  d'Higelac,  et  mon  nom 
est    Beowulf    ; 


663.  Le  Ms.  porte  «  fiaelethum  »  ;  c'est  là,  une  erreur  de  copiste  due  au 
mot  «  liaeleth  »,  qui  se  trouve  une  ligne  plus  haut.  Grein  a  corrigé  «  haethe- 
lum  »,  en  «  aethelum  ». 

673.  L'e  de  «  iceri  »  est  élidé  pour  l'allitération . 


feBOWULV 


m\ 


wille  ir  â-secgao 

sunu-llealf-denes, 

màerum  theôdne, 

m  in  âerende, 

aldre  thinum, 
690  gif  he  usge  unnan  wilr 

thaet  we  hi  ne  swd  gôd  ne 

gré  tan  moton. 

Wulf-gâr  mathelode 

thaet  waes  Wendla  lend, 

waes  his  mod-sefa 

manegum  ge-cythed, 

wig  and  wis-dom  : 

ic  thaes  wine  Deniga 

freân  scildinga 
700  frinan  wille, 

beâga  hryttan 

swâpû  béna  eart, 

theôden,  mâerne 

ymb  thinne  sith  ; 

and  the  tha  and-sware 

aedre  ge-cythan 

the  me  se  goda 

â-gifan  tenceth. 

Hwearf  tha  hraed-lice 
710  thaer  Hroth-gâr  saet, 

raid  and  un-hâr, 

mid  his  eorla  ge  driht. 

Eode  ellen-r6f 

thaet  he  for  eaxlum  ge-stod 

Deniga  freân, 

cûthe  he  dûguthe  theâw. 

Wulf-gâr  mathelode 

tô  his  wine-drihtne  ; 

[138  a.] 

her  syndon  ge[fere]de, 
720  feorran  cumene 


je    dirai    au    lils 

d'Ilealfdene,  l'illustre  prince  et 
ton  roi,  pourquoi  je  suis  venu,  s'il 
veut  bien  nous  accorder  de  le 
saluer,  lui,  Y  homme  excellent  qu'il 
est  ».  Wulfgar  parla,  qui  était 
prince  des  Wendels  ;  sa  personne, 
sa  sagesse  à  la  guerre  et  au  conseil, 
étaient  bien  connues  de  beaucoup  : 
«  Ainsi  donc,  comme  tu  le  requiers, 
à  l'ami  des  Danois,  au  seigneur 
des  Scyldings,  au  dispensateur 
des  bagues,  au  prince  fameux  je 
demanderai  des  ordres  au  sujet  de 
ta  venue  ;  et  je  t'annoncerai  sans 
tarder,  la  réponse  que  le  chef 
excellent  jugera  bon  de  me  don- 
ner ».  Il  se  rendit  alors  en  hâte  à 
la  place  où  IIrothgar  se  tenait 
assis,  vieux  et  chauve,  dans  la 
compagnie  de  ses  nobles.  L'homme 
renommé  pour  sa  valeur  marcha 
de  telle  sorte,  qu'il  se  tint  derrière 
les  épaules  du  roi  des  Danois  ;  il 
connaissait  les  règles  du  cérémo- 
nial. Wulfgar  parla  à  son  seigneur 
et  ami  :  «  Voici  que  sont  arrivés 
en  ces  lieux,  des  guerriers  des 
Geats,  venus  de  bien  loin  dans 
leur  course  à  travers  l'océan  :  ces 
fils  des  batailles  nomment  Beowulf, 
celui  qui  les  commande  ;  ils  te 
supplient, . 


686.   «  mtta  »  est  la  forme  adoptée  par  les  éditeurs,  depuis  Kemble. 


104 


Ill-.nW  I  I. h 


ofer  geofenes  be]-gang, 
geâta  leode  : 
thone  y  Ides  tan 
ore[t]-mecgas 
Bco-wuir  nemnath  ; 
h  y  bénan  synt 
thaet  hie  theôden  min 
with  the  moton 
wordum  wrixlan  ; 
j3o  nô  thu  him  wearme.  Ge-téoh 
thinra  gegn-cwida 
glaedman,  H roth-gâr  : 
h  y  on  wig-getawum 
wirthe  thinceaht  : 
eorla  ge-aehtlan 
hum  se  aldor  dean, 
se  thâem  heatho-rincum 
hider  wisade. 


VI 


.  .  .  .  ô  mon  prince,  de  leur 
laisser  échanger  avec  toi  des 
paroles  :  ne  leur  donne  pas  un 
refus,  mais  au  contraire,  Ô  Hroth- 
gar,  le  bon  vouloir  de  tes  répon- 
ses :  ceux-ci  dans  leur  équipage 
guerrier,  paraissent  dignes  des 
honneurs  dus  aux  comtes  eux- 
mêmes  :  tout  au  moins,  ce  prince 
est  puissant  qui  a  conduit  ici  de 
pareils  guerriers  ». 


VI 


Hrothgar,  le  protecteur  des 
Scyldings,  parla  :  «  Je  l'ai  connu, 
quand  il  était  enfant  ;  son  père 
avait  nom  Ecgtheow,  et  Hrethel, 
le  Geat,  lui  donna  en  mariage  son 
unique  fille  : 


Hrôth-gâr  mathelode, 
740  helm  Scyldinga; 
ic  hine  cûthe 
cnihi-wesende  ; 
vvaes  his  eald-faeder 
Ecg-theohâten. 
thâem  to  ham  for-geaf 
llrethel  Geâta 
ângan  dohtor  : 


732.  Thorkelin  et  Kieger  écrivent  «  glaednian  »  ;  Grein  et  Wùlcker, 
«  glaedman  »  ;  Kemble  et  Thorpe  prennent  «  glaedman  »  pour  une  forme 
déclinée  d'un  substantif  «  glaedma  »,  gladness,  joie.  Bugge  s'en  tient  au 
manuscrit. 

743.  Le  Ms.  porte  «  ealdfaeder  ».  Ce  composé  signifiant  aïeul,  ancêtre, 
se  présente  aussi  sous  la  forme  «  ealdfaeder  »,  «  ealdefaeder  ».  Il  y  a  dans 
le  texte  une  faute  de  copie,  le  composé  étant  transcrit  en  un  seul  mot. 


BEOWULF 


405 


is  his  eaforan  mi 
heard  her  eumen, 

-bo  sôhte  hold  ne  wine. 
ïhonne  sâegdon  thaet 
sâe-h'thende 
tha  the  gif-sceattas 
geâta  fyredon, 
thyder  to  tha  nee, 
thaet  he  XXX  ge  s 

138  b 
manna  maegen-craeft, 
on  his  mund-gripe, 
heatho-rof  haebbe. 

760  Hinc  hâlig  God 
for  âr-stafum 
lis  on-sende, 
to  West-Denu, 
thaes  ic  wén  haebbe, 
with  Grendles  gryre  : 
ic  thaem  gôdan  sceal 
for  his  môd-thraece 
madmas  beodan. 
Beo  thû  on  ôfeste, 

770  hat  ingân, 

seôn  sibbe-ge-driht 
sa  mod  aet-gaedere  : 
ge-saga  him  eac  wordum 
thaet  hi'e  sint  wil-cuman 
Deniga  leodum  . 


.  maintenant,  voici  que 
sa  vaillante  postérité  est  venue  en 
ces  lieux,  et  j'ai  trouvé-là,  un  gra- 
cieux allié. 

«  Aux  mariniers  qui  m'ont  en 
ces  lieux  apporté  les  présents  des 
Geats,  je  dirai  ceci  en  remercî- 
ment,  que  leur  chef  renommé  à  la 
guerre,  a  la  force  de  trente  guer- 
riers, en  serrant  la  main.  C'est  lui, 
comme  je  le  crois,  que  le  Dieu 
saint  nous  envoie,  à  nous  les 
Danois  de  l'Ouest,  comme  une 
protection  contre  les  horreurs  de 
Grendel  :  je  vais  offrir  au  bon 
guerrier  des  présents  pour  son 
courage  Vas  en  hâte,  et  ordonne 
aux  siens  d'entrer,  et  qu'ils  voient 
ici  assemblée,  notre  troupe  amie  ! 
Dis-leur  aussi  par  des  paroles, 
qu'ils  sont  les  bienvenus  chez  le 
peuple  des  Danois  ». 


748.  Kemble  adopte  l'écriture  :  «  eafora  »,  au  lieu  d'  «  eaforan  »,  du 
manuscrit. 

754.  Thorpe  adopte  «  Geatum  »,  ainsi  que  Bugge  et  Earle.  11  est  vrai  de 
dire  que  ce  changement  n'est  pas  indipsensable,  car  ici,  le  génétif  garde  le 
même  sens. 

771.  «  sibbe-yedriht  »,  se  rapporte  à  la  troupe  de  Beowulf,  et  est  régi 
comme  accusatif  par,  in  g  an  seon. 

775.  A  cet  endroit,  du  texte,  il  manque  deux  vers,  dont  le  second,  peut- 


i(M> 


BKOWI  II 


Word  inné  â-beâd  ; 

eôw  hét  secgan 

s fgi '-drill ten  irn'n, 

aldor  Eâst-Den a, 
780  thaet  he  eôwer  aethelu  can 

and  ge  him  syndon 

ofer  sàe-wylmas, 

heard  -hicgende, 

hider  wil-cuman. 

Nu  ge  môton  gangan 

in  eôwruni  guth-geatawum, 

under  here-griman 

Hrôth-gar  ge-seon. 

Lâetath  hilde-bord 
790  her  on-bidan 

wudu  wael-sceaftas, 

worda  ge-thinges. 

A'-râs  thâ  se  rica, 

ymb  hine  rinc  nlanig 

thryth-lic  thegna  heap  ; 

sume  thaer  bidon 

heatho-reâf  heôldon, 

s\vàhimse[hea]rdabe-beâd. 
[139  a.] 

Snyredon  aet-somne, 
800  [thaer]  secg  wi'sode 

under  Heorotes  hrôf, 

hea[rd  ]  under  helme, 

thaet  he  on  hëothege-stôd. 

Beô-wulf  mathelode, 


Wulfgar  parla  ;  il  leur  offrit 
ces  paroles  :  «  Mon  victorieux 
seigneur,  le  prince  des  Danois  de 
l'Ouest  m'ordonne  de  vous  dire 
qu'il  connaît  votre  noblesse,  et 
que  vous,  hommes  aux  âmes  cou- 
rageuses, lui  êtes  bienvenus  à  tra- 
vers les  vagues  de  la  mer.  Mainte- 
nant vous  pouvez  aller  en  armures, 
et  gardant  vos  casques,  voir  Ilroth- 
gar.  Laissez  là  vos  engins  de 
guerre,  vos  lances,  vos  flèches 
mortelles,  jusqu'à  ce  que  le  conseil 
ait  décidé  de  leur  usage  ».  Alors 
le  héros  puissant  se  leva,  et  autour 
de  lui  plus  d'un  guerrier,  toute 
une  troupe  hardie  de  féaux  ;  d'au- 
cuns restèrent  à  la  même  place, 
pour  y  garder  les  vêtements  de 
guerre,  comme  le  brave  chef  le 
leur  avait  ordonné. 

Ils  se  hâtèrent  en  foule  vers 
l'endroit  où,  brave  sous  le  casque, 
cet  homme  les  guidait  ;  sur  le 
seuil  d'Heorot, 


être,  devait  annoncer  que  Wulfgar  allait  parler.  Cette  hypothèse  peut  se 
formuler,  en  s'inspirant  du  sens  général  de  la  phrase  suivante.  Grein  inter- 
cale ces  lignes  : 

[Tha  with  duru  heal  le 

Wulfgar  eode]. 

786.  Ettmùller.  écrit  :  «gufh-getawum  » . 

803.  Thorpe  et  Kemble  écrivent  :  «  heo[r]the  ». 


BEOWULF 


\()1 


on  hi  m  bypQe  scan, 
sea  po  -net  seôwed 
smithes  or-thancum  : 
waea  (lui,  Hrô  th]-gàr  hâl  ! 

le  eôm  Hige-lâces 
810  maeg  and  mago-thegn  : 

hacbbe  ic  màertha  fela 

on-gunnen  on  geôgothe; 

me  wearth  G  rend  les  thing 

on  minre  éthel-tyrf 

un-dyrne  ciitli  : 

secgatli  sâe-lithend 

thaet  thaes  sele  stânde, 

reced  sélesta, 

rinca  ge  hwylcum 
820  fdel  and  un-nyt, 

sithan  aefen-leôht 

under  heofones  hàdOr 

beholen  weortheth  : 

thâ  me  thaet  ge-laerdon 

leôde  mine, 

tha  sélestan, 

snotere  ceoiias, 

theôden  Hroth-gâr, 

thaet  ic  the  sôthe  ; 
83o  for  than  hie  maegenes  craeft 

mine  cuthon  ; 

selfe  ofer-sawon, 

thâ  ic  of  searwum  cwom, 

fâh  from  feondum, 


le   héros   s'arrêta 

sous  un  dais.  Beowulf  parla  ;  sur 
lui  brillait  la  cotte  de  mailles,  ce 
filet  de  guerre  tissé  par  les  mains 
habiles  de  l'armurier  :  «  Salut  à 
toi,  Urothgar  !  D'Higelac,je  suis  le 
parent  et  le  compagnon  :  dans 
mon  adolescence,  en  vérité,  j'ai 
accompli  plus  d'un  fait  glorieux  ; 
dans  mon  propre  pays,  le  fléau 
de  Grendel  m'a  été  entièrement 
révélé  :  les  mariniers  disent  que 
ce  palais,  des  maisons  la  meil- 
leure, demeure  vide  et  inutile  à 
chacun,  sitôt  que  la  lumière  du 
crépuscule  va  s'assombrir  dans  la 
sérénité  des  cieux  :  c'est  alors,  ô 
roi  Hrothgar,  que  des  hommes 
prudents,  l'élite  de  mon  peuple, 
me  conseillèrent  de  t'aller  trouver, 
parce  qu'ils  connaissaient  bien 
toute  la  puissance  de  ma  force; 
eux-mêmes  guettaient  mon  arri- 
vée, quand  je  revenais  triomphant 
des  embûches  qu'on  m'avait  dres- 
sées, et  souillé  de  sang  ennemi, 
avec  cinq  prisonniers  dans  les 
fers  ; 


808.  Des  éditeurs  substituent  la  forme  «  Waes  »  (Saxon  du  Nord)  à  la 
forme  «  Wes  »  (Saxon  de  l'Ouest) . 

817.  Grein  écrit  «  thés  ». 

821.  Heyne  et  Socin  écrivent  «  hathor  ».  L'accentuation  de  Va  est  incer- 
taine, «  hathor  »  signifie  :  éclat,  sérénité.  Dans  son  Glossaire,  Grein  donne 
d'  «  hathor  »  les  formes  suivantes  :  aheathor  »,  «  heador  »,  «  hador  ». 

831.  Grein  écrit  «  min[n]e». 


M)H 


KKOW  I  IK 


thaer  ic  fffe  ge-band, 

ythde  eôtena  cyn, 

and  on  ythum  slog 

niceras  aithes  ; 

nearo-thearfe  dreâh, 
840  wraec   Wedjera  nith, 

[139  b.] 

wean  âhsodon, 

for  grand  [grâ]  mum  : 

and  mi  with  G  rend  el  sceal 

with  tha  ag-laecan, 

ana  ge-hegan 

thing  with  thyrse.    . 

[Ic]  the  nu  thâ 

hrego  Beorht  Dena, 

biddan  wille, 
85o  [eo]  dor  Scyldinga, 

ânre  bene  ; 

thaet  thiime  ne  for-wyrne, 

wigendra  hleô, 

freo-wine  folca, 

nii  ic  thus  feorran  com, 

thaet  ic  mote  ana 

[and]  minra  eorla  gedryht, 

andthes  hearda  heap, 

Heorot  fâelsian. 
86o  Haebbe  ic  eâc  ge-ahsod 

thaet  se  aeg-laeca 

for  his  won-hydum 

waepna  ne  recceth  ; 

ic  thaet  thonne  for-hicge, 

swa  me  Hige-lâc  sie 

min  mon-drihten 

modes  blithe, 

thaet  ic  swreord  here 

othe  sidne  scyld, 


.   j'ai  soumis  la  race  des  Kites, 
et  sur  les  vagues,  j'ai   massacré 
des   monstres   dans  la  nuit  :   j'ai 
subi   de    pressantes  épreuves.  Par 
la   guerre,  je  me  suis  vengé  des 
Westerns;  ils  allaient  au-devant 
de  leur  propre  malheur,  et  je  les 
ai  réduits  à  néant  :  et  aujourd'hui, 
ainsi  en  userai-je  envers  Grendel, 
la  bête   scélérate,  et  seul  j'entre- 
prendrai   cette    tâche    contre    le 
monstre.  Donc,  ô  prince  des  bril- 
lants Danois,  souverain  des  Scyl- 
dings,  je  ne  te  demanderai  qu'une 
grâce  :  ne  me  refuse  pas,  ô  pro- 
tecteur des    guerriers,    libre   sei- 
gneur   des    nations,    maintenant 
que  je  suis   venu  de   si   loin,  de 
pouvoir  seul    (en   compagnie    de 
mes  comtes  et  de  cette  troupe  guer- 
rière), purifier  le  seuil  d'Heorot. 
J'ai   su  encore  que   la  misérable 
bête,    grâce  à  sa  peau    maudite, 
émousse  les    traits    des   armes    : 
aussi   renoncerai-je  (et  cela  pour 
gagner  le   bon   plaisir  d'Higelàc, 
mon    féal    seigneur)  à  porter   ou 
glaive,  ou  ample  bouclier  à  pointe 
d'or, 


857.  Groin  transpose  la   conjonction  t  and  »,  «  et  »,  de  «  thés  »,  devant 
a  minra  ». 


BEOWULF 


409 


870  geolo-rand  to  guthe; 
ac  ic  mid  grape  sceal 
l'on  with  leônde, 

and  yrab  feorh  sacan, 

lath  with  lâthum, 

thaer  ge-lyfan  sceal 

dryhtnes  dome 

se  the  nine  death  nimeth. 

Wén  ic  thaet  he  wille, 

gif  he  wealdan  mot, 
880  in  thaem  guth-sele 

Geotena  leôde 

etan  un-forhte, 

swa  he  oft  dyde 

[140  a. 

maegen  Hreth-manne. 

Nâ   thii    minne  thearft 

hafalan  hydan  ; 

ac  he  me  hahban  wile 

d  re^eore  fâhne  : 

gif  mec  death  nimeth, 
890  byreth  blôdig  wael, 

byrgean  thenceth  ; 

eteth  an  genga 

un-murn-h'ce; 

mearcath  fen-hopu  ; 

nôtkûymb  mines  ne  thearft 

lices  feerme 

leng  sorgian . 

On  send  Hige-lace, 

gif  mec  hild  nime, 
900  beadu-scriida  betst 

thaet  mine  breôst  wereth, 

braegla  sélest, 

thaet  is  Ifraedlan  làf, 


.  .  à  la  bataille;  mais  saisis- 
sant le  maudit  corps  à  corps,  avec 
lui  je  lutterai  pour  la  vie  ;  c'est  là, 
au  lieu  du  combat,  que  dormira 
celui  des  detix  que  par  décret  du 
Seigneur,  la  mort  doit  prendre. 
Je  gage  que  Grendel s'il  peut  l'em- 
porter, dévorera  sans  crainte  dans 
le  palais  de  la  guerre,  tout  le 
peuple  des  Geats,  ainsi  qu'il  l'a 
fait  de  ceux  des  Hreth.  Dédaigne 
de  cacher  ma  cotte  de  mailles  ; 
car  la  bète  ne  m'aura,  que  taché 
de  son  propre  sang  :  si  la  mort 
me  prend,  rapportez  ici  mon 
rouge  cadavre,  et  gardez  en  mé- 
moire de  lui  donner  la  sépulture  ; 
sinon,  sans  vous  lamenter,  laissez 
le  monstre  qui  passe  solitaire, 
achever  sa  pâture,  et  trouvez 
ensuite,  où  je  repose  dans  les 
marais;  après  quoi,  ne  vous  in- 
quiétez plus  longtemps  du  festin 
qu'on  aura  fait  de  mon  corps. 
Renvoyez  h  Higelac,sije  succombe 
dans  la  lutte,  les  plus  beaux 
bijoux  de  guerre  de  la  cuirasse 
qui  garde  ma  poitrine  :  ils  sont 
un  legs  d'Hraedla,  et  Weland  les 
a  forgés 


8X1.  Les  éditeurs  ;i  loptent  généralement  :  «  geatena  » 
!)03.  Grein  écrit  :  «  ïlredlan  ». 


110 


CI  OWI   IK 


Welandes  ge  weorc  : 

gâe  tha  wyrd  swa"  hiô  scel. 


.    .     .     .Et  toujours  va  le  destin, 
où  il  doit  aller  !  » 


VII 


VII 


Hrôth-gâr  mathelode, 
helm  Scyldinga  ; 
fere  fyhtum  tln'i 
wine  min  Beô-wulf, 

910  and  for  âr-stafum 

ûsic  sohtest. 

Ge-slôh  thin  faeder 

fâehthe  mâeste  : 

wearth  he  Heatho-lâfe 

to  hand-honan 

mid  Wilfingu, 

thâ  hine  gara  cyn 

for  here-hrôgan 

habban  ne  mihte  : 
920  thanon  he  ge-sôhte 

Suth-dena  foie 

ofer  ytha  ge-wealc, 

âr  [Sciljdinga, 

[140  b."] 

thâic  furthum  weôld 

folce  Deninga, 

and  on  geôgothe  heôld 

gimme-rice, 

hord-burh  haeletha  ; 

thâ  waes  Here-gâr  dead, 
93o  myn  yldra  mâeg 

un-h'figende, 

bearn  [lealf-denes, 

se  waes  betera  thon  ic  : 

siththan  [th]a  fâehthe 


Hrothgar,  le  protecteur  des 
Scyldings,  parla  :  «  C'est  pour 
porter  la  défense,  0  Beowulf,  ô 
très  cher  ;  c'est  pour  porter  le 
secours,  que  tu  nous  es  venu 
trouver.  Ton  père  se  vengeait  des 
plus  redoutables  ennemis,  en  frap- 
pant de  grands  coups  :  il  mit  à 
mort  Heatholaf,  parmi  les  Wyl- 
fings,  lui  qui,  par  la  terreur  guer- 
rière qu'il  inspirait,  avait  échappé 
à  la  race  qui  lance  les  javelots  ; 
puis,  il  alla  chercher  le  peuple 
des  Danois  du  Sud,  en  messager 
des  Scyldings,  sur  les  monts  des 
vagues,  alors  que  je  régnais  pour 
la  première  fois,  sur  le  peuple 
des  Danois,  et  que  dans  ma  jeu- 
nesse, mon  sceptre  couvrait  l'éten- 
due du  trésor  des  cités  héroïques  ; 
Heregar,  mon  frère  aîné,  était 
parti  en  ces  jours  :  il  ne  vivait 
plus  ; ,     .     .     .    . 


908.  Grundtvig  propose  :  «  F[or  io]ere- fyhtum]  ». 
925.  Les  éditeurs  écrivent  généralement  «  Deniga  ». 


BE0W1  II 


411 


feo  thiftgOde  ; 

sende  ic  WylfingÛ 

ofer  waeteres  hrycg 

ealde  màdmas  : 

be  me  âthas  swor. 
940  Sorh  is  me  to  secganne, 

on  se  fan  minimi, 

gumena  âengum, 

hwaet  me  Grendel  hafatli, 

hyntho  on  Heorote, 

mid  his  hete-thancum, 

faer-nitha  ge-fremed  : 

is  m  in  flet-werod, 

wig-heap,  ge-wanod  ; 

hie  wyrd  for-sweôp 
950  on  Grendles  gryre. 

God  eâthe  maeg 

thone  dol-scathan 

dâeda  ge-twâefan. 

Fui  oft  ge-beôtedon 

beôre  druncne, 

ofer  ealo-wâege 

oret-mecgas, 

thaet  hie  in  beor-sele 

bid  an  woldon 
960  Grendles  gûthe 

mid  gryrum  eega. 

Thon  waes  theôs  medo-heal 

on  morgen-tid, 

driht-sele  dreôr-fâh 

thon  daeg  lixte  ; 

eal  bene  thelu 

[141  a.] 

blôde  be-stymed, 

heall  heor[o]-dreôre  : 


.  .  .  il  était  meilleur  que  moi  ; 
ensuite,  j'apaisai  l'ennemi  par  un 
tribut  ;  sur  le  dos  des  vagues, 
j'envoyai  aux  Wylfings  des  trésors 
très  anciens  :  et  ils  me  jurèrent 
une  trêve.  Aujourd'hui,  j'ai  l'âme 
en  grande  tristesse,  de  dire  à  un 
homme,  de  quelle  honte,  de  quelles 
calamités  soudaines  Grendel  et  sa 
haine  m'ont  accablé  :  ma  garde 
du  palais,  ma  troupe  de  guerre 
sont  diminuées  :  le  destin  les  a 
emportées,  dans  l'horreur  de  Gren- 
del (Dieu  seul  peut  aisément  dé- 
tourner de  ses  forfaits  le  malicieux 
ennemi).  Bien  souvent,  ivres  de 
bière,  les  fils  des  batailles  ont 
promis  sur  la  coupe  pleine,  de 
défier  Grendel  au  combat  dans  la 
grande  salle,  avec  la  renommée 
terrible  de  leurs  glaives.  Puis, 
cette  salle  de  la  bière,  au  retour 
du  matin,  était  teinte  de  sang, 
quand  blanchissait  l'aube  ;  tout 
le  pavé  de  bois  fumait  du  sang- 
répandu  par  les  glaives,  sur  la 
salle  entière  : 


952.  Dans  le  manuscrit,  il  y  a  une  surcharge  d'écriture  postérieure,  et 
un  p  recouvre  le  ca. 


412 


BKOWULF 


âhte  ic  holdr;i  thy  laes, 
•  170  deorre  duguthe, 

the  tli.î  death  for-nam. 

Site  11  ii  I  6]  symle 

and  on  sael-meoto, 

sige-hreth  secgu 

swâ  thin  sefa  hwette. 

T  h  a  wacs  G  eât-  m  aecgu  m 

geador  aet-somne 

on  beor-sele, 

bene  ge-rymed  ; 
980  thaer  swith-ferhthe 

sittan  eodon 

thrythum  dealle  : 

thegn  nytte  be-heold 

se  the  on  handa  baer 

hroden  ealo-wâege, 

scencte  scir-wered  ; 

scop  hwilum  sang 

hâdor  on  Heorote, 

thaer  waes  haeletha  dream 
()90  diiguth  un-lytel 

Den  a  and  Wedéra. 


et  je  ne  faisais  que 

compter  des   membres  en  moins, 
parmi   mes    loyaux    compagnons, 

mes  chers  jeunes   hommes  qu'en 
ces  lieux  la  mort  m'a  ravi-. 

Maintenant,  prends  place  au 
festin,  et  mange  avec  joie,  et 
exulte  dans  ta  victoire  parmi  mes 
guerriers,  autant  que  pourra  t'y 
inciter  ton  esprit  héroïque  ».  Alors 
pour  tous  les  fils  des  Geats,  un 
bancs  fut  dégagé  dans  la  salle  de 
la  bière;  là,  l'homme  à  l'âme  cou- 
rageuse, libre  d'envie,  vint  s'as- 
seoir :  le  féal  faisait  son  office,  lui 
qui  tient  en  sa  main  le  vase  de 
bière  à  l'anse  contournée;  il  versa 
la  douce  et  brillante  liqueur  ;  cepen- 
dant que  le  poète  élevait  sa  voix 
mélodieuse  sous  les  voûtes  d'Heo- 
rot,  et  il  y  avait  de  la  joie  parmi 
ces  héros,  et  une  pompe  illustre 
chez  les  Danois  et  les  Westerns. 


VIII 


VIII 


Hunferth  mathelode 
Ecg-lâfes  bearn, 
the  aet  fôtum  saet 
freân  Scyldinga; 
on-band  beado-rune 
waes  him  Beô-wulfes  sith. 


Hunferth,  le  fils  d'Eglaf,  parla, 
lui  qui  était  étendu  aux  pieds  du 
roi  des  Scyldings  :  il  suscita  un 
propos  querelleur  : 


973.  Nous  adoptons  ici  l'interprétation  de  Miillenhof  :  «  meoto  »  serait 
pour  «  meotu  »  ou  «  metu  »,  pluriel  de  «  met  ».  «  pensée  »,  d'où  est  dérivé 
le  verbe  «  metian  »,  «  méditer  ». 


992.  La  plupart  des  éditeurs  transcrivent  :  «  Unferd  ». 


BEOWULF 


413 


môdges  mere-faraii, 
micel  aef-thunca. 

looo  for  I  lion  the  he  ae  lithe 
thaet  âenig  other  man 
aefre  mâerthe  thon  ma 

141  b. 

middan-geardes, 

ge-hedde  under  heofenum, 

thon  he  sylfa  : 

eart  thii  se  Beo-wulf 

se  the  with  Brecan  wunne 

on  sidne  sâe, 

ymb  sund-flite, 
io io  thaer  git  for  wlence 

wad  a  cunnedon, 

and  for  dol-gilpe 

on  deop  waeter 

aldru  néthdon  ; 

ne  inc  àenig  mon, 

ne  leôf  ne  lath, 

be-leân  mihte 

sorh-fullne  sith  : 

thâ  git  on  sund  reôn. 
1020  thaer  git  eagor-streâm 

earmum  théhton, 

mâeton  mere-straeta, 

mundum  brugdon, 

glidon  ôfer  gâr-secg  ; 

geofon-ythù 

weôl  wintrys  wylm  : 

git  on  waeteres  aeht 

seofon-niht  swuncon; 

he  the  aet  sunde  ofer-flât, 
i  o3o  haefde  mare  maegen  : 

thâ  hime  on  morgen-tid 


le  voyage  de 

Beowulf,  l'orgueilleux  marin,  lui 
était  à  grand  dépit,  parce  qu'il 
n'accordait  pas  qu'aucun  homme 
sous  les  cieux,  eut  eu  jamais  par 
le  monde  plus  de  renommée  que 
lui-même  :  «  Es-tu  ce  Beowulf  qui 
sur  la  mer  étendue,  lutta  de  vitesse 
à  la  nage  avec  Brecca,  quand  par 
orgueil,  vous  exploriez  tous  deux 
les  fiords,  et  que  par  vaine  gloire, 
vous  aventuriez  vos  vies  sur  l'eau 
profonde  ? 

Et  tout  homme,  hostile  ou  ami, 
ne  pourrait  que  blâmer  votre 
déplorable  entreprise  :  là,  vous 
remontiez  la  mer,  couvrant  tous 
deux  de  vos  bras,  les  courants  de 
l'océan  ;  vous  mesuriez  les  défilés 
de  l'onde,  et  vous  glissiez  sur  elle; 
la  fureur  de  l'hiver  bouillonnait 
dans  les  vagues  profondes,  et  tous 
deux  pendant  une  semaine,  vous 
explorâtes  avec  effort  les  royau- 
mes de  la  mer  :  il  te  surpassa  à  la 
nage,  car  il  avait  plus  de  force 
que  toi  : 


1025.  Grein  et  Wûlcker  écrivent  :  geofon-ydum  iveol   wintry  a    wllm. 
D'autres  éditions  portent  «  wylm  »  ou  «  tot/lme  »  ou  «  wylmum  ». 


ï\\ 


BE0W1  Li- 


on Heatho-râemes 
holm  up-aet-baer  ; 
Ihonoi)  he  ge-sôhte 
swâcsne  '8' 
leôf  his  leôdura, 
land  Brondinga 
freôtho  burh  faegere, 
thaer  lie  foie  àhte 

1040  burh  and  beâgas» 
Beôt  eal  with  the 
su  nu  Bean-stânes 
so[  the  j  ge-lâeste. 
Thon  wéne  ic  tô  the 
wyrsan  thingea, 
theâh  thû  heatho-raesa 
ge-hwâer  d  élite, 
grimre  gûthe, 
gif  thû  Grendl^esj  dearst, 

io5o  nith-longne  fyrst, 
neân  bi[dan]. 
Beo-wulf  mathelode 
beam  Ecg-theôwes  ; 
Hwaet  thû  worn  fêla 
wine  min  Hunterfth], 
beôre  druncen, 
ymb  Brecan  spraece, 
saegdest  from  his  sithe  ; 
soth  ic  talige 

1 060  thaet  ic  mere-strengo 
mâran  âhte, 
earfetho  on  ythum. 


.  .  .  et  puis  au  lever  du  jour, 
la  mer  profonde  le  porta  jusqu'à 
Heathoraemes,d'où  il  gagna  le  sol 
paternel  cher  à  son  peuple,  la 
terre  des  Brondings  où  il  con- 
quit une  nation,  une  cite"  et  des 
anneaux. 

Le  fils  de  Beaustan  accomplil 
loyalement,  toutes  les  promesses 
qu'il  t'avait  faites.  Aujourd'hui, 
j'attends  pour  loi  un  pire  échec, 
quoique  tu  te  montres  si  excellent 
dans  les  assauts  de  guerre  et  les 
terribles  batailles,  si  durant  l'es- 
pace d'une  nuit,  tu  oses  demeurer 
auprès  de  Grendel  »...  Beôwulf,  le 
fils  d'Ecgtheow,  parla  :  «  Ecoute, 
pendant  un  long  temps,  ami  Hun- 
ferth,  ivre  de  bière,  tu  as  parlé  de 
Brecca,  et  raconté  son  entreprise. 
Je  te  dis  la  vérité,  et  j'ai  une  force 
plus  grande  sur  la  mer,  une  plus 
grande  endurance  contre  les 
vagues  qu'aucun  autre  homme  ! 


1032.  Grein  :  «  Heatho-Raemas  ». 

4035.  Ces  caractères  runiques  en  vieil  anglais,  sont  mis  à  la  place  du  mot 
«  ethel  » . 

4055.  Dans  le  manuscrit,  «  hunferd  »  est  toujours  écrit  avec  Y  h,  bien  que 
le  mot  soit  toujours  en  allitération  avec  des  voyelles. 

1062.  «  eafetho  »  est  proposé  par  quelques  auteurs,  comme  se  rapportant 
mieux  à  «  mere-strengo  » . 


BKnWTLK 


u;> 


I lionne  âenig  other  man. 
Wit  thael  ge-cwaedon 

cniht-wesende 

and  ge-beôtedon, 
wâeron  begen  thé  gil 

on  geogoth-feore  , 

thaet  wit,  on  gar-secg  nt 
1070  aldrnm  nrthdon, 

and  thaet  ge-aefndon  swa. 

Haefdon  swurd  nacod, 

thé  wit  on  snnd  reon, 

heard  on  banda  ; 

wit  une  with  hron-fixas 

wérian  thohton. 

Ne  he  wiht  fram  me 

flod-ythu  feor 

fleotan  mealite, 
1080  bratbor  on  holme, 

no  ic  fram  him  wolde  ; 
t h â  Wit  aet-[s]omne 

[142  b. 
on  sae  wâeron 
fif  nibta  fyrst, 
oth  thaet  une  flôd  to-draf, 
wado  weallende, 
wedera  cealdost, 
nipende  niht  ; 
and  northan  [w^ind 
1090  heatho-grim  and  hwearf  : 
hreo  waeron  [y]tha. 
Waes  mere-fixa 
mod  on-hréred  : 
thaer  me  with  lathum 
b'c-syrce  m  in, 
heard  bond-locen. 


Tous  deux,  quand  nous  étions 
enfants,  nous  nous  étions  dit  et 
promis  (étant,  dis-je,  dans  la  pre- 
mière adolescence)  que  nous  nous 
risquerions  avec  nos  vies,  sur 
l'océan  ;  et  ainsi  fîmes-nous.  Nous 
avions,  fortement  serré  dans  nos 
mains,  nos  glaives  nus,  quand 
nous  remontions  la  mer;  car  nous 
pensions  à  nous  défendre  contre 
les  baleines.  Sur  l'océan  profond, 
il  ne  pouvait  nager  plus  rapide- 
ment que  moi,  ni  s'éloigner  de  moi 
sur  les  vagues  du  courant,  et  je  ne 
voulais  pas  me  séparer  de  lui  ; 
ainsi  fûmes-nous  ensemble  pen- 
dant cinq  nuits  sur  la  mer,  jus- 
qu'à ce  que  le  flot  nous  séparât  ; 
par  la  plus  froide  des  tempêtes,  et 
par  la  nuit  obscure,  le  vent  du 
nord  furieux  comme  la  guerre, 
sévissait  et  tourbillonnait  dans 
les  fiords  bouillonnants  ;  les  va- 
gues étaient  déchaînées. 

L'audace  des  monstres  marins 
fut  excitée  :  alors,  contre  ces  enne- 
mis mon  vêtement  de  corps,  dur 
et  fermé  à  la  main,  me  donna 
quelque  assistance  ;..... 


1090.  Grein  regarde  «  hwearf  »  comme  un  adjectif  qu'il  traduit  dans  son 
Glossaire,  par  «  versatilis  »,  «  volubilis  ». 


u<; 


BKOWl  LF 


helpe  ge-fremede; 

beado  hraegl  broden 

on  breôstum  laeg, 
iioo  golde  ge-gyrwed. 

iVlë  tô  grunde  teâh 

fâh  feônd-scatha  ; 

fa  este  haefde 

grim  on  grape  : 

hwaethremegyfethe  wearth , 

thaet  ic  ag-laecan 

orde  ge-raehte, 

hilde-bille  ; 

heatho-râês  for-nacn 
i  no  mihtig  mere-deor 

tburh  mine  hand . 


ma  cotte   de 

mailles  ornée  d'or  reeouvrait  ma 
poitrine,  comme  à  la  guerre.  L'en- 
nemi aux  mille  couleurs,  m'en- 
traînait au  fond  de  l'abîme;  il 
cne  tenait  serré,  terrible  en  son 
étreinte  :  cependant,  il  cne  fut 
accordé  d'atteindre  le  maudit 
avec  la  pointe  de  mon  glaive 
et  le  tranchant  de  ma  hache  de 
bataille  :  et  le  puissant  monstre 
marin  reçut  de  cette  main,  le  coup 
de  guerre. 


IX 


IX 

Swà  mec  ge-lôme 
lath-ge-teônan 
threatedon  thearle  ; 
ic  him  thénode 
deôran  sweorde, 
swâ  hit  ge-défe  vvaes  : 
nâes  hie  thâere  fylle 
ge-feân  haefdon, 
ii  20  mân-for-dâedlan, 
thaet  hie  me  thegon, 
symbel  ymb  sâeton 
sae-jrrunde  neâh. 


Ac  on  mergenne 
mecu  wunde, 


[143  a.] 


be  yth-lâfe 

uppe  lâegon, 

swe  [ordu]  â-swefede  ; 


Ainsi  souvent,  mes  ennemis 
pleins  de  haine  me  menaçaient-ils 
dans  leur  violence  ;  je  les  servais 
bien  en  retour  de  mon  cher  glaive, 
ainsi  qu'il  convenait  :  eux,  ces 
artisans  du  mal,  n'avaient  pas  la 
joie  du  massacre  en  m'attaquant, 
en  se  jettant  sur  moi  tous  ensem- 
ble, en  m'entraînant  au  fond  de 
l'océan.  Mais  au  matin,  blessés  de 
mes  coups  tranchants,  ils  demeu- 
raient haut  derrière  les  vagues 
qui  se  retiraient  :  mon  glaive  les 
avait  endormis  ;  de  telle  sorte  que 
de  ce  jour,  autour  du  fiord  bouil- 
lonnant,    


1128.  Le  manuscrit  ne  porte  que  «  swe  »  et  une  partie  de  1'  «  o  ».  Thorke- 1 


HKOWTLF 


H7 


I  had  sythan  né 
i  i3o  ymb  bront    ne   ford, 

brim  lithende 

hide  ne  letton. 

Leôht    eâstan  com. 

beorht  beâcen  Godes, 

brimu  swathredon, 

tbaet  ie  sâe  nâessas 

ge-séon  mihte, 

windige  wen  lias. 

Wyrd  oft  neretb 
i  140  un-fâegne  eorl 

tbonne  bis  ellen  deâh. 

llwaetbere  me  ge-saelde 

thaet  ic  mid  sweorde  of  slob 

niceras  nigene  : 

no  ic  on  nilit  ge-fraegn 

under  beôfones  hwealf 

lieardran  feobtan, 

ne  on  ég-streâmum 
n5o  earmran  mannon  : 

bwathere  ic  fara  feng, 

feore  ge  digde 

sithes  wérig, 

thâ  mec  sae  oth-baer, 

flôd  aefter  farothe, 

on  Pinna  land, 

wudu  weallendu. 

No  ic  wiht  fra  the 

swylcra  searo-nitha 

secgan  hyrde, 
1 160  billa  brogan  : 

hreca  naefre  git 


.     .     .     ils  n'ont  jamais  détourné 

les  mariniers  de  leur  course.  De 
l'orient  vint  la  lumière,  le  brillant 
fanal  de  Dieu  ;  les  flots  furieux 
s'apaisèrent,  et  je  pus  voir  ainsi, 
les  promontoires  de  l'Océan  et  les 
falaises  battues  par  les  vents. 

Le  destin  souvent  conserve 
le  guerrier  qui  n'est  pas  encore 
condamné  à  mourir,  quand  celui-ci 
s'aide  de  sa  propre  valeur.  J'eus 
encore  la  fortune  de  massacrer 
avec  mon  glaive  neuf  nicors  (1)  : 
jamais  je  n'entendis  parler  de 
bataille  nocturne  plus  dure  sous 
la  voûte  des  cieux,  ni  d'homme 
plus  accablé  sur  les  courants  de 
l'océan  :  toutefois,  je  poursuivis 
ma  route.,  et  je  sauvais  ma  vie, 
harassé  de  ma  tâche  :  alors,  la 
mer  me  porta  en  Finlande,  et  au 
bord  des  bords  bouillonnants,  le 
flot  me  déposa  sur  la  grève. 
Jamais  je  n'ai  entendu  quelqu'un 
d'entre  vous  parler  de  semblables 
embûches,  ni  inspirer  de  la  sorte, 
la  terreur  des  glaives  : 


in  a  transcrit  «  sweodum  »,  et  nous  donnons  dans  le  texte,  l'addition   de 
Kemble. 

1151.  On  transcrit  généralement  «  hwaethere  »,  et  (1456»  «  wadu  ». 

1.   Nicor,  monstre  marin. 


11 


il8 


ItKOW  I  I.I 


aei  heatho-lâce, 

ne  ge-hwaether  incer, 

ewa  deôr-lfce 

<l  an  I  ge-fremede, 

7  fagum  sweordum. 

No  ic  thaes  gylpe 

theâh  tln'i  tliinum  brothrum 

I»'»  banan  wurde, 

heafod-maegum, 
1 170  tbaes  thu  in  |  belle'  scealt 

■143  b.] 

werhtho  dreôgan, 

theah  thfn  |  wit]  duge. 

Secge  ic  the  tu  sothe, 

sunu  Ecg-[laf]es, 

tbaet  naefre  G  red  el  swâ  fela 

gryra  ge-fremede, 

atol  aeg-laeca 

ealdre  thinum, 

hyntho  on  Heorote, 
1180  gif  tbin  hige  wâere, 

sefa  swâ  searo-grim 

swâ  tbû  self  talast. 

Ac  he  bafatb  on-funden 

tbaet he tha  faebtbenetbearf 

âtole  ecg-tbraece 

eôwer  leôde 

s  withe  on-sittan, 

sige-Scyldinga  ; 

nynieth  nyd-bade, 
1 190  nâenegu  ârath 

leôde  Deninga, 

ac  be  lust-wi'geth 


Ai  Breca,  ni  aucun  de  VOUS,  au 
jeu  de  guerre,  n'a  jamais  accompli 
d'actes  de  valeur  >\  chèremenl 
gagnés  à  la  pointe  des  glaives 
souillés  de  sang.  De  tout  cela  je 
n'ai  point  d'orgueil,  quoique  lu 
;iics  été  le  meurtrier  de  les  frères, 
de  ta  plus  proche  parenté,  ce 
pourquoi  tu  dois  souffrir  de  la 
damnation  aux  enfers,  bien  que 
ton  esprit  soit  subtil.  Je  te  le  dis 
en  vérité,  fils  d'Ecglaf,  que  (iren- 
del,  le  monstre  détestable,  n'eut 
jamais  accompli  tant  d'horreurs 
contre  ton  prince,  et  n'eût  jamais 
causé  tant  de  honte  dans  Heorot, 
si  ton  esprit  et  ton  cœur  avaient 
été  aussi  courageux  à  la  guerre 
que  tu  le  dis  toi-même. 

Mais  il  a  découvert  qu'il  peut 
ne  pas  prendre  grand  souci  du 
belliqueux  et  fier  courage  de  votre 
peuple,  des  Scyldings  victorieux  ; 
son  audace  grandit; 


Htio.  Après  «  sweordum  »,  Heyne,  Harrison  et  Sharp  prétendent  que  deux 
lignes  ont  été  perdues,  ce  qui  n'est  qu'une  simple  hypothèse  d'ailleurs  mal 
étayée  et  que  nous  ne  reproduirons  pas  ici,  le  texte  en  cet  endroit  suffisant  à 
l'interprétation. 


•1475.   Lire  «  G  rend  et  ». 


HKnWTLF 


\U) 


swefeth,  ond  sendeth  ; 

seoce  ne  wéneth 
té  Gar-Denum  : 

ac  ic  lii m  Geata  sccal 
eafoth  and  ellen, 
uogeara  nu 

guthe  ge-beodan, 
1200  Gâeth  eft  se  the  mot. 

to  medo  môdig, 

sithan  morgen-leôht 

ofer  ylda-bearn, 

ôthres  dogores 

su  n  n  e  s  \v  eg  1  -  w  e  red 

sûthan  scénetli. 

Thâ  waes  on  sâlum 

si  noes  brytta, 

gamol-feax  and  gûth-rôf 
1 2 io  geoce  ge-lyfde 

b  rego  Beorht-Dena  ; 

144  a. 

ge-hyrde  on   Beo  -wulfe 

Ibices  hyrde 

faest-raedne  ge-thoht. 

Thaer  waes  haeletha 

hlym  swynsode,    [hlealitor. 

word  waeroo  wynsume; 

eode  Wealh-theôw  forth 

cwen  Hrôth-gâres  ; 
i22o  cynna  ge-myndig 

grétte  gold-hroden 

guman  on  liealle  ; 

and  tha  freo-lic  wif 


il  n'épargne 

nul  d'entre  le  peuple  des  Danois, 
mais  il  attaque  selon  son  plaisir, 
et  il  vous  massacre,  et  vous  endort 
à  jamais;  il  dédaigne  d'en  venir 
aux  mains  avec  les  Gar-l)anes,  en 
bataille  !  Mais  moi,  un  Geat,  je 
vais  à  présent,  et  sans  qu'il  s'y 
attende,  lui  offrir  en  défi  mon 
instinct  guerrier,  mon  effort  per- 
sévérant, et  ma  hardiesse  !  En- 
suite, celui  qui  le  pourra,  vien- 
dra orgueilleusement  dans  la  salle 
de  bière,  après  qu'au  second  jour, 
la  lumière  du  matin  et  le  soleil, 
gardien  du  ciel,  brilleront  de 
l'Orient  sur  les  fils  des  hommes.  » 
Alors  le  dispensateur  des  tré- 
sors, aux  cheveux  âgés,  lui  le 
prince  des  brillants  Danois, 
fameux  à  la  guerre,  eut  la  foi  et 
l'apaisement;  le  pasteur  de  son 
peuple  entendit  bien  les  inten- 
tions arrêtées  de  Beowulf.  Il  y  eut 
parmi  les  héros,  des  rires  de  joie  ; 
des  chants  étaient  modulés,  et  les 
propos  étaient  riants;  Wealtheow, 
la  reine  d'IIrothgar,  s'avança  ;  se 
souvenant  de  leurs  races,  elle,  sur 
qui  toute,  pendait  l'or,  salua  les 
hommes  dans   le  palais  ;   .     .     . 


4194.  «  secce  »  est  une  forme  de  dialecte  :  Thorpe  lui  substitue  «  saecce  ». 
et  est  suivi  en  cela  par  la  plupart  des  auteurs. 

1196.  Thorpe  et  Heyne  suppriment  «  ic  ».  Thorpe  fait  de  «  Geata  »,  forme 
faible,  le  sujet,  et  de  «  eafoth  and  ellen  •<,  le  complément.  II  est  suivi  par 
Earle.  Hevne  prend  «  eafoth  and  ellen  Geata  »  comme  sujet,  et  «  guthe  » 
comme  complément. 


420 


BEOWI  I.K 


fui  ge-sealde 

âeresl  East-Dena 

éthel-wearde  ; 

baed  bine  hlithne 

act  thaer[e]  beôr-thege 

leôdum  leôfne. 
i23o  He  on  lust  [e]  ge-theâh 

symbol  and  scle-ful, 

sige-rôf  Kyning. 

Ymb-eode  tliâ 

ides  Helminga 

diiguthe  and  geôgothe, 

duel  aog-hwylcne  ; 

sine-fats  sealde, 

ot.li  thaet  sad  a-lamp 

thaet  hiô  Beô-wulfe, 
1240  beâg-hroden  cwen, 

mode  ge-thungen, 

medo-ful  aet-baer. 

Grétte  Geâta  leod. 

Gode  tb an code 

wis-faest  word  urn, 

thaes  tbe  hire  se  willa  ge- 

[lamp, 

thaet  beô  on  âenigne 

eorl  ge-lyfde 

fyrena  frôfre. 
12D0  He  thaet  fui  ge-theâh 

wael-reow  wiga 


el    la 

dame  de  libre  naissance,  tendit 
d'abord  la  coupe  au  prince  des 
Danois  du  Sud,  et  lui  recommanda 
de  se  servir  joyeusement  de  bière 
qu'aimait  son  peuple.  Lui,  le  roi 
fier  de  ses  victoires,  accepta  avec 
contentement,  le  festin  et  la  coupe 
du  palais. 

A  ce  moment,  la  souveraine  des 
Helmings  fit  le  tour  de  la  table, 
en  s'arrêtant  partout,  auprès  des 
jeunes  et  des  vieux  ;  elle  distribua 
tout  le  trésor  des  vaisseaux,  jus- 
qu'à ce  que  l'occasion  lui  fut 
offerte,  à  elle,  la  reine  recouverte 
de  ceintures  d'anneaux,  de  tendre. 
Tair  digne  de  respect,  la  coupe  de 
bière  à  Beowulf.  Prudente  en 
paroles,  elle  remercia  le  Geat,  et 
rendit  grâces  au  Seigneur  de  ce 
que  ses  vœux  étaient  remplis, 
maintenant  qu'elle  pouvait  avoir 
foi  en  ce  comte,  quel  qu'il  fût,  et 
le  recevoir  comme  une  consola- 
tion de  tant  de  crimes.  Lui,  le 
guerrier  farouche,  reçut  la  coupe 
de  Wealtheow,  et  s'apprêtant  au 
combat,  il  parla  ; 


aet  W  ealh-tbeôn, 


and  thâ  gyddode 


144  h. 


1230  Ici,  et  au  vers  1250,  il  convient  de  lire  «  gethah  >>.  Cette  dernière 
forme  esl  le  prétérit  de  «  thicr/an  »,  alors  que  «  ge-theah  »  viendrait  de 
«  theon  ». 

1242  11  semble  qu'on  soil  ici  en  présence  d'une  formule  invariable,  dans 
l'épopée,  pour  la  présentation  des  coupes  (Banning,  Die  Epischen  Formeln 
in  Beowulf,  p.  5). 


IIEOWIÎLK 


m 


gùthe  ge-fysed  : 
Beô-wulf  mathelode, 
bearn  Ecg-theôwes  : 
le  tliaet  hogode 
thà  ic  on  holm  ge-stâh, 
sâe-bàt  ge-saet 

1 260  mid  m  l'ara  seega  ge-driht, 
tliaet  ic  ânunga 
eôwra  leôda 
willan  ge-worhte, 
othe  on  wael  crunge, 
feônd-grâpum  faest  : 
ic  ge-fremman  sceal 
eorlic  ellen, 
othe  ende-daea: 
on  tinsse  nieodu-healle 

1270  m  in  ne  ge-bidan. 

Tham  wife  tha  word 
wel  h'codon 
gilp-ewide  Geâtes  ; 
eôde  gold-hroden, 
freô-licu  folc-cwen. 
tô  hire  freân  sittan. 
Tha  waes  eft  swâ,  âer 
inné  on  healle 
thryth-word  sprecen, 

1280  theôd  on  sâelum, 
sige-folca  swég, 


hoowulf.  le  (ils 

d'Ecgtheow,  dit  :  «  J'ai  voulu, 
quand  je  suis  parti  sur  l'océan 
profond,  quand  j'ai  tenu  la  barque 
de  la  nier,  avec  ma  troupe  de 
guerriers,  ou  répondre  seul  au  vœu 
de  votre  peuple,  et  le  réaliser,  ou 
descendre  parmi  les  morts,  dans 
la  dure  étreinte  de  l'ennemi  :  j'ac- 
complirai l'acte  valeureux  qui 
sied  à  un  comte,  ou  bien  j'atten- 
drai mon  jour  de  mort  dans  cette 
salle  de  la  bière  ».  Les  paroles, 
l'orgueil  du  Geat  furent  bien  aimés 
de  la  femme  ;  ceinturée  d'or,  la 
reine  librement  née  de  ce  peuple 
vint  s'asseoir  auprès  de  son  sei- 
gneur. Alors  il  y  eut  encore, 
comme  auparavant,  à  travers  la 
salle,  de  superbes  propos  échan- 
gés':'  les  hommes  étaient  heureux  ; 
il  y  avait  un  bruit  de  nations 
victorieuses,  quand  soudain,  le 
fils  d'flealfdene  voulut  aller  pren- 
dre son  repos  de  la  nuit  ;    . 


1276-1277.  Quelques  auteurs,  et  surtout  Kcmble.  ont  prétondu  que  le 
poème  de  «  Beowulf  •>  était  anglais  plutôt  que  saxon.  Et  ils  ont  tiré  un 
argument,  h  l'appui  de  leur  thèse,  de  ces  deux  vers.  Ce  n'était  pas  l'usage, 
chez  les  Saxons  du  Sud,  que  la  reine  fût  assise,  auprès  de  son  seigneur,  sur 
le  trône,  et  les  autres  tribus  saxonnes  ont  du  partager  ce  sentiment.  Au 
xie  siècle,  même,  /Edewulf  fut  longtemps  blâmé  d'avoir  accordé  cet  honneur 
à  son  épouse,  Judith,  princesse  franque.  et  fille  de  Charles  le  Chauve.  «  Ita 
quamris  omnis  controversia  pro  aVeniqena  uxore  fuerit,  magna  illam 
dignatione  habitam,  fhrono  etiam  contra  morem  Westsaxonum,  juxta 
se  locabat  »,  Gui.  Meld.  de  Gest.  Meg..  II,  2,  pp.  3S,  40. 


w» 


122 


in  <»w  i  it 


olli  lliacl  semninga 
sunu  llealf-den.es 

SéCÔÔtl  wolde 

aefen-raeste  : 

wiste  tliâeni  ali-lâecan 

to  thàem  heâh-sele 

hilde  ge-thinged, 

sithan  hie  sunnan  leôht 
i2<)o  ge-seôn  meahton, 

othe  nipende 

ni  ht  ofer  ealle, 

scadu-helma  ge-sceapu 

scrfthan  cwoman, 

wan  under  wolcnu. 

Werod  eall  a -ras. 

grétte  thâ 

nu  ma  ôtherne, 

Hroth-gar  Beô~wulf, 
1 3oo  and  him  hâel  â-beéd 

win-aernes  ge-weald, 

[145  a. 

and  thaet  word  à-cwaeth  ; 

Naefre  ic  âenegu  men 

àer  â-lyfde, 

siththan  ic  hond  and  rond 

hebhan  milite, 

thryth-aem  Dena, 


il  savait 

que  la  lutte  allée  se  préparer  dans 
la    haute   salle   pour  les  Vassaux 
infortunés,   après   qu'ils  ne  pou- 
vaient plu  s  lo  tig  té  trips ,  c  ontém  pler 
la    lumière    du    soleil,   ni  la   nuit 
s'épaisissant  sur  toutes  choses,  et 
toute  la  création  des  ombres  qui 
s'étendent,     descendaient     pâles, 
sous  le  tirmament.  Tous  les  com- 
pagnons se  levèrent  ;  là  des  hom- 
mes  s'encourageaient  ;   Hrothgar 
salua  Beowulf  ;   il  lui  souhaita  le 
succès  ;  il  lui  commit  son  pouvoir 
sur  la   salle   où   l'on  buvait,  et  il 
dit  ces  mots  :  «  Jamais  en  d'autres 
jours  (alors  que  je  pouvais  lever 
main  et  bouclier),  je  n'ai  confié  à 
d'autre    homme    qu'à     toi  même 
aujourd'hui,   cette  salle  où  s'as- 
semblent les  Danois 


1290.  Thorpe  propose  :  «  geseon  [rie]  meahton  ».  Et  cette  addition  est 
généralement  acceptée.  Bugge,  veut  regarder  «  othe  »  comme  équivalent  à 
«  and  ».  Et  contre  celui-ci  et  Heyne,  Earle  défend  le  sens  habituel  d'  a  or  » 
ou  «  bien  ». 

1293.  «  gesceap[n],  création.  La  forme  la  plus  usuelle  est  le  féminin, 
«  gesceaft  ».  Cf.  Caedm.  32*  Ainsi  en  est-il  encore  du  neutre,  «  uurdigis- 
kap  »,  «  metodigiscap  »,  dans  Je  vieux  saxon,  alors  que  dans  l'anglo-saxon 
proprement  dit,  on  rencontre  :  a  metodsceaft  »» 

1297.  Grein  et  Wûlcker  complètent  ce  vers  par  l'addition  de  [«  glaedé 
mod  »]  ;  Heyne,  par  celle  de  «  giddum  ». 


HKMW  I  I! 


123 


bulon  the  mi  tha. 
Mala  in i  and  ge*heald 
i  3  10  I) i'i sa  se  I est  ; 

uc-mvne  inaert  ho, 
inaegen-ellen  cyth, 
waca  with  w  rat  I  nun  : 
ne  bith  the  wilna  gâd 
gif  Uni  thaet  cllcn-weorc 
aldre  ge  digest. 


Maintiens,  à 

présent,  el  garde  l'élite  des  niai- 
sons  ;  souviens-loi  de  la  renom- 
mée; montre  Ion  puissant  cou- 
rage ;  sois  en  éveil  de  l'ennemi  : 
tu  ne  seras  animé  d'aucun  désir 
qui  ne  soil  satisfait,  si  lu  accom- 
plis, en  vivant,  cet  acte  de  cou- 
rase  » . 


X 


X 


Tha  him  Hrôth-gar  ge-wât 
mid  his  haeletha  ge-dryht, 
eudur  Scydinga 
1820  ût  of  healle  ; 

wolde  wig-fruma 
Wealh-tlieo  sécan, 
cwen  tô  ge-beddan  : 
haefde  Kyning  wuldor 
Grendle  tô-geanes, 


Alors  ïlrothgar,  le  chef  des 
Scyldings,  sortit  de  la  salle  avec 
sa  cohorte  de  héros  ;  le  prince  de 
la  guerre  voulait  chercher  Weal- 
theow,  la  reine,  la  compagne  de 
son  lit  : 


1308.  «  nu  tha  •>.  Cf.  Anal.,  133,  55  ;  Psalt.,  151,329,  333,  335.  345,  368, 
377,378,  387. 

1309.  «  Hafa  » .  Les  verbes  de  la  deuxième  conjugaison  faible,  faisant 
«  ode  »  au  prétérit,  et  «  od  »  au  participe  passé,  ont  leur  impératif  en  «  a», 
comme  «  seal  fa  »,  «  unge  »  :  c'est  pourquoi  Grimm  a  quelque  doute 
qu'  «  hafa  »  provienne  de  «  habban  »  (D.  G.,  Il,  908).  Les  exemples 
d*  «  Hafa  »  sont  très  nombreux.  Cf.  vers  2790  de  «  Beowulf  »  :  «  gethyld 
hafa  ».  Caedm.  147  :  «  hafa  arna  thane  » .  Bed.,  p.  492  :  «  hafa  thumid 
the  thone  y  lean  bisceop  to  spraece  ».  Cott.  Mss.  Vitel.  C.  3,  fol.  18  :  «  hafa 
thonne  swithe  lange  on  thinum  mut  he  ».  Cod.  Verc,  1,  450  :  a  hafa 
bletsunge  »  On  trouve  encore  des  exemples  d'  «  tiafu  >■>  première  personne 
du  passé  indéfini,  en  «  o  »  ou  «  u  »,  au  vers  50'*3  de  Beowulf  :  «  le  hafa  », 
et  Cod.  Ex.,  48  :  «  ne  ic  thaes  dea  thaes  hafu  xorge  on  mode  », 

1314.  Sur  «  Gad  ».  Cf.  Caedm.J5  222.  Cod.  Verc,,  VI,  1986  :  «  Naes  tha 
friegendra  under  goldhoman  gad  in  burgum,  feorran  geferede  ». 

2324.  «  Cyning  wuldtés   ».   La  gloire   des  rois,  c'est-à-dire»    Dieu.  Il  est 


42  i 


BEOWI  LF 


swa  gum  an  ge-frungon, 

sele-weard  â-seted  : 

sundor-nytte  be-heoTd 

vinl)  aldor  Dena 
[33o  eoton-weard  a  head  ; 

huru  G  eat  a  leôd 

georne  triiwode 

môdgan  maegnes, 

metodes  hyldo, 

th;V  he  hi  of-dyde 

fsern-byrnan, 

helm  of  hafelan, 

sealde  his  hyrsted  sweord, 

irena  cyst. 
1 340  ombiht-thegne, 

and  ge-healdan  h  et 

hilde-geàtwe  : 

ge-spraec  thâ  se  goda 

gylp-worda  sum, 

Beo-wulf  Geâta, 

[145  h.] 

âer  he  on  hed  stige. 

Nô  ic  me  an  here-waesmun 

hnagran  talige 

gdth-ge-weorca, 
i35o  thonne  Grendel  hine, 


.  Dieu,  la  gloire  des  roi>, 
comme  plusieurs  l'ont  entendu, 
avail  placé  un  veiïlenr  pour 
garder  la  salle  contre  Grendel  :  il 
remplissait  sa  charge  insigne  au- 
près du  prince  des  Danois  ;  ce 
gardien  attendait  le  monstre. 

Tout  au  moins  le  chef  des  Geats 
avait-il  entière  confiance  dans  sa 
force  audacieuse  et  dans  la  pro- 
tection du  Créateur,  quand  il  se 
dévêtit  de  sa  cotte  de  mailles 
d'airain,  qu'il  ôta  son  casque  de 
son  chef,  et  quand  il  donna  à  un 
serviteur  son  glaive  ciselé,  du 
plus  coûteux  acier,  en  lui  ordon- 
nant de  tenir  son  harnais  de 
bataille  :  alors  parla  le  bon  guer- 
rier en  quelques  mots  superbes, 
lui,  Beowulf,  le  Geat,  avant  de 
monter  sur  son  lit  :  «  Je  ne 
m'avoue  pas  plus  faible  en  belli- 
queuse ardeur,  ni  en  faits  d'armes, 
que  Grendel  lui-même  ne  se  recon- 
naît,    


douteux  quo  l'épithète  s'applique  à  Hrothgar.  Cf.   Judith.  (Anal.    135,  66)  ; 
Cod.  Verc.  I,  346,  1114,  1711,  1800,  2821  :  Elene,  5. 

1324.  «  Kyning  »  se  trouve  à  la  fin  d'une  ligne  du  manuscrit  :  il  y  a  place 
pour  un  «  a  ».  mais  on  n'en  peut  découvrir  la  trace. 

1330.  Thorpe  donne  «  eoton  »  pour  accusatif:  «  weard  »  pour  nominatif  ; 
Heyne  donne  «  eoton  »  pour  datif,  et  «  weard  »  pour  accusatif. 

1347.  «  here-waestmum  »  adopté  par  Thorpe  et  Kemble:  Grein  écrit: 
«  waesmum  ». 

«  Waestînum  ».  «  Waestm  »  dénote  toute  croissance,  tout  développe- 
ment. 11  a  généralement  le  sens  de  taille,  stature,  et  le  mot  «  waist  »,  tour 
(]p  taille,  en  anglais  moderne,  doit  sans  doute,  en  dériver. 


BEOWULF 


426 


for  than  ic  hine  sweorde 
swebban  nell<\ 
aldre  be^neôtan, 
theâh  ic  oal  maege. 

Nat  he  thâra  goda 

thaet  lie  me  on-gean  sleâ, 

rand  ge-heâwe, 

tlieâh  the  he  rof  sie 

nith-ge-weorca, 
r36o  ac  wit  on  niht  scnlon. 

secge  ofer-sittan, 

gif  het  ge-sécean  dear 

wig  ofer  waepen  ; 

and  siththan  wilig  God, 

on  swâ  hwaethere  hond, 

hâlig  dryhten 

maertho  dénie, 

swa  him  ge-met  thince. 

Hylde  hine  tha  heatho-deôr 
1 370  hleor  bolster  on  feng, 

eorles  and-wlitan  ; 

and  hineymb  monig 

snellic  sae-rinc 

sele-reste  ge-beah. 

Nâenig  heora  thôhte 

thaet  he  thanon  scolde 

eft  eard-lufan 

aefre  ge-sécean, 

foie  oththe  freô-burh 
i38o  thaer  he  â-féded  waes  : 

ac  hie  haefdon  ge-frunen 

^thaet  hie 

âer  té  fêla  niicles, 

in  thaein  win-sele 


.    .   car. quoi  qu'avec  mon  glaive 

je  puisse  l'endormir,  lui  arra- 
cher la  vie.  je  ne  le  ferai  pas  ainsi 
(avec  mes  armes)  (1)...  Il  pour- 
rait me  frapper  ;  il  pourrait  faus- 
ser mon  bouclier,  tout  orgueilleux 
qu'il  est  de  ses  forfaits  insidieux, 
mais  tous  deux  par  la  nuit,  nous 
nous  prêterons  attentivement  à 
la  bataille,  s'il  ose  me  chercher 
sans  armes;  après  quoi,  Dieu 
sage,  Dieu  saint,  dispensera  la 
gloire  de  l'un  ou  de  l'autre  côté, 
selon  même  qu'il  lui  paraîtra 
convenable  ».  Il  se  coucha  sur  la 
peau  des  bêtes  féroces  ;  sa  joue 
s'appuya  sur  les  coussins,  et  il 
gardait  le  maintien  d'un  comte  : 
et  autour  de  lui,  plus  d'un  actif 
marinier  se  dirigea  vers  la  salle 
de  repos.  Chacun  d'eux  pensait 
que  jamais,  de  ce  jour,  il  ne  pour- 
rait retrouver  sa  terre  bien-aimée, 
ni  les  peuples  de  la  libre  cité  où 
il  avait  grandi  :  mais  ils  avaient 
entendu  dire  qu'une  mort  san- 
glante avait  emporté  de  trop 
nombreux  d'entre  eux,.     .     - 


I.  <>  passage  incomplet,  est  dans  le  lexte  d'une  entière  obscurité,  et  la 
traduction  n'en  peut  cire  qu'incertaine  et  approximative. 

1362.  «  he  »  adopté  par  Kemble. 


120 


BEOWULF 


wad  (Irai h  for- nam, 

Denigea  leôde  : 

ac  him  dryhten  for-geàf 

wig- sped  a  ge-wiôfu, 

[146  a. 

frôfor  and  ful  I mu  , 
1 390    thael  hic  feônd  heora 

iliurli  ancs  craeft 

ealle  ofer-comon, 

selles  mi lilum  : 

soth  is  ge*cythed 

thael  mihtig  Grod 

manna  cynnes  weôld. 

| |  ferhth  com 

on  wan  re  niht, 

scrithan  s 'cal  du-genga  ; 
1400  sceotend  swâefon 

tha  timet  horn-reced 

healdan  scoldon, 

ealle  huton  an  [um]  ; 

thael  waes  yldum  cut  1 1 , 

thaet  hie  ne  moste 


du  peuple 

danois,  dans  la  salle  des  libations  : 

cependant,  Dieu  leur  donnait  le 
secret  du  succès  à  la  guerre,  et  au 
peuple  des  Westerns,  la  confiance 
et  l'art  de  la  défense,  de  telle  sorte 
que  par  la  force  d'un  seul  homme 
et  par  sa  vertu,  ils  allaient  vain- 
cre leur  ennemi  :  en  vérité,  il  est 
démontré  que  Dieu  puissant  gou- 
verne la  race  des  hommes.  La 
hardiesse  d'âme  leur  vint,  tandis 
que  le  fantôme  d'omhre  s'avan- 
çait dans  la  nuit  pâle;  les  guer- 
riers, eux  qui  devaient  garder  la 
salle  élevée,  s'endormirent  tous, 
sauf  un  ;  les  hommes  apprirent 
que  le  maudit  ne  pourrait,  cette 
nuit,  les  massacrer  dans  /'omhre 
(puisqu'ainsi 


1386.  Quoique  «  dryhten  »  se  soit  glissé  dans  ce  passage,  la  pensée  en  est 
païenne,  et  on  peut  supposer  qu'il  a  dû  autrefois  y  avoir  «  Nom  »  ou 
«  Wf/rd  »,  à  la  place  de  «  dryhten  ».  La  croyance  est  commune,  en  anglo- 
saxon,  au  destins  tissant  les  trames  de  la  vie  humaine.  Cf.  Deutsche 
Mythologie,  de  Grimm,  p.  229-234. 

1397.  [«  wide  »]  est  proposé  par  Kemble,  et  [«  ride  »]  par  Thorkelin.  11 
n'y  a  dans  le  manuscrit  au  début  du  vers  qu'un  trait  droit  dépendant  de  la 
première  lettre.  Le  reste  des  caractères  est  effacé. 

4400.  Les  noms  à  forme  de  participes,  sont  généralement  sans  inflexions, 
au  nominatif  et  à  l'accusatif  pluriel.  Cf.  Beowulf,  vers  816,  2248,  2301, 
3650,  etc.  De  pareils  noms  gardent  au  génitif  pluriel,  1'  «  r  »  de  la  déclinai- 
son des  adjectifs  ;  avec  une  exception  pour  «  fréon d  »  et  «  feond  »,  qui, 
dès  l'abord,  ont  été  regardés  comme  substantifs,  et  ont  généralement  eu  le 
nominatif  et  l'accusatif  pluriel  en  «  as  ».Une  exception  à  cette  remarque  se 
rencontre  dans  (Gesetze  der  Angel-Sachsen,  par  Schmit,  p.  167)  :  «  tha 
nehstan  freond  »  (nom.  plur.). 


BKMW  II» 


vsh 


thn  met  od  Qolde 

m  syn-sratha 

under  sceadu  bfegdan  ; 

;k'  he  waeceende 
i  1 10  w râthum  on  atidan, 
bad  bolgen-môd 
beadwa  ge-thinges. 


Dieu  l'avait  dé- 

fendiO,mais  lui  (llenwulf),  entrait 
en   rage  con  Ire  l'ennemi,  et  a  tien 
dail,  le  cœur  plein  de  colère,  que 
la  bataille  se  décidât. 


XI 


XI 

Tha  com  of  mûre 
under  mist-hléothm, 
Grendel  gongan  ; 
godes  yrre  baer, 
mynte  se  mân-scatba 
mannacynnes 
surane  b[e]-syrwan 

1420  in  sele  thâm  heân. 

Wôd  under  [wolcjnum 

tô  thaes  tbe  he  win-reced, 

gold-sele  gum[e]na, 

gearwost  wisse, 

faettum  fâhne  : 

ne  waes  thaet  forma  sith 

thaet  he  Hroth-gares 

ha  ge-sôhte. 

Naefre  he  on  aldor-dagum 

1430  âer  ne    sith  than 


heardran  liâele 
heal-thegnas  fand. 
Com  thâ  to  recede 
ri  ne  si'thian 
dreâmum  be-dâeled, 


[1.40  lu] 


Alors  sous  les  voiles  du  brouil- 
lard, Grendel  vint  des  marais;  il 
apportait  avec  soi  la  colère  de 
Dieu  :  le  criminel  avait  le  dessein 
de  surprendre  quelques-uns  de  la 
race  des  hommes,  dans  la  haute 
demeure.  Jl  marchait  sous  les 
cieux,  quand  il  aperçut  en  toute 
clarté  la  salle  des  libations,  la 
maison  renfermant  les  trésors  des 
hommes,  et  riche  en  vaisseaux  : 
encore  n'était-ce  pas  la  première 
fois  qu'il  avait  cherché  la  demeure 
d'Hrothgar.  Jamais  de  toute  sa 
vie,  ni  avant,  ni  depuis,  il  n'avait 
trouvé  d'hommes  plus  braves, 
gardant  la  salle.  Le  monstre  vint 
alors  vers  le  palais  d'où  la  joie 
était  bannie  ;  bientôt,  il  se  rua 
sur  la  porte,  l'ébranlant  avec  des 
barres  durcies  au  feu  :  puis  il  la 
toucha  de  ses  mains  ;    .     .     .      . 


1412.  La  plupart  des  auteurs  lisent  :  «  beadive  »,  au  génitif  Singulier 
«  belli  decretum  ».  Cf.  Caedm    250. 


1414.  Cf.  Cod.  Ex.  93  :  «  mist-hleothu  »  ;  72  b  :  «  mièt-helm  ». 


î*28 


HKOWI  LI 


duru  sôna  on-arn, 

fyr-  ben  dura  faest, 

syththan  he  hire  fol  mu  m 

[hr]an; 

On-braed  tha  bealo-hydig, 
1440  thâ  [hege]  bolgen  waes, 

recedes  mû  than  ; 

rathe  aefter  ihon 

on  fàgne  flôr 

feônd  treddode. 

Eôdde  yrre-môd, 

him  of  eàgum  stôd, 

li  gge  gé-licost, 

leôht  un-faeger. 

Ge-seah  he  in  recede 
i55o  rinça  manige 

swefan  sibbe-ge-driht 

samod  aet-gadere, 

mago-rinca  heâp  : 

thâ  his  mod  â-hlôg  : 

mynte  thaet  he  ge-dâelde 

âer  thon  daeg  cwome, 


il  voulait  le 

mal.  et  arracha,  en  l'ouvrant. 
animé  de  sa  rage,  la  porte  de  la 

salle;  bientôt  après,  l'ennemi  mar- 
chait sur  les  dalles  variées  d'orne- 
ments. Il  allait,  plein  de  fureur, 
et  de  ses  yeux,  semblable  à  la 
flamme,  s'échappait  une  lueur 
hideuse.  Il  vit  dans  la  maison 
maint  guerrier  endormi,  une 
troupe  entière  et  tranquille,  une 
troupe  d'hommes  alliés  :  alors  il 
rit  de  toute  sa  face  : 


1438.  La  correction  «  aet-hran  »  de  Rask  est  généralement  admise.  Elle 
s'appuie  sur  les  passages  suivants  du  Cod.  Verc.  :  T,  2001,  2002. 

Le  manuscrit  est  incomplet  au  coin.  Zupitza,  dans  sa  copie,  écrit  : 
«  [gehr]an  ».  Il  y  a  place  pour  deux  lettres  avant  «  hran  ».  Mais  rien  ne 
recommande  l'hypothèse  de  Zupitza.  plutôt  que  toute  autre.  Kemble  pro- 
pose, et  les  éditeurs  le  suivent  d'ordinaire,  l'addition  «  [aet-hr]an  ». 

1440.  Lacune  au  coin  du  manuscrit.  Kemble,  Grein,  Wùlcker,  Heyne  la 
complètent  avec  «  [//#][«]  bolgen  ».  Mais  Zupitza  après  un  examen  plus 
attentif  du  manuscrit,  que  nous  avons  également  fait,  prétend  à  juste  titre, 
que  devant  «  bolgen  »,  on  aperçoit  les  traces  de  deux  lettres,  dont  la  pre- 
mière semble  avoir  été  un  g.  Sa  correction  est  reproduite  dans  le  texte. 

1442.  «  aefter  thon  ».  ensuite    Cf.  Bed.  II,  20:  III,  2  :  III,  18. 

1446.  Pour  «  sfod  »,  Cf  en  ancien  normand,  «  Enn  af  geirom,  geislar 
stodo  »,  des  rayons  partaient  des  lances.  «  Tha  quamo  leiptrar  yfir  tha  oc 
stofho  geislar  i  scipin  »  (Helg.  q.  Hund.  I,  15:  II,  16  b. 


BEOWULF 


429 


iitol  ag-lâeca, 

aura  ge-hwylces 

Iff  with  lice; 
14Ô0  Ilia  him  â-lumpeo  waes 

wist-fylle  wén  ; 

ne  waes  [w]yrd  thé  gen, 

thaet  he  ma  môste 

manna  cynnes 

thigean  ofer  tha  niht. 

Thryth-swytli  be  heôld 

mâeg  Hige-lâces, 

liû  se  mân-scatha 

under  fâer-gripum, 
1470  ge-faran  wolde. 

Ne  thaet  se  ag-làeca 

yldan  thôhte, 


ac  he  ge-feng  hrathe 


[131] 


forman  sithe 
slâependne  rinc  ; 
slât  un-wearnum, 
bât  bân-loean, 
bl[6d]edrum  dranc, 
syn-snaedum  swealh  ; 
1480  sôna  haefde 
un-lyhgendes, 
eal  ge-feormod, 
fét  and  fol  ma  : 
forth  near  aet-stôp, 
nam  thâ  mid  h[an]da 
hige-thihtigne 
rinc  on  raeste. 
Hand]  raehte  on-gean, 
feônd  mid  folme 


le   maudit, 

l'infâme  voulait  avant  la  venue 
du  jour,  séparer  la  vie  du  corps 
de  chacun,  depuis  qu'il  nourris- 
sait l'espoir  d'un  abondant  festin; 
cependant,  ce  n'était  pas  son  des- 
tin de  toucher  à  plus  de  membres 
de  la  race  humaine,  de  ce  soir-là. 
Le  féal  d'JIygelac,  à  l'âme  coura- 
geuse, considérait  comment  le 
malin  allait  procéder  dans  sa  sou- 
daine attaque.  Le  misérable  n'avait 
point  d'intention  de  la  différer, 
mais  aussitôt,  il  saisit  rapidement 
un  guerrier  endormi  ;  brusque- 
ment, il  le  déchira,  il  lui  mordit  le 
corps,  il  but  le  sang  de  ses  veines, 
et  dévora  sa  chair  en  la  lacérant 
sans  cesse;  bientôt  avait-il  entière- 
ment dévoré  les  pieds  et  les  mains 
du  cadavre  :  il  se  rapprocha,  et 
saisit  de  sa  main  le  guerrier  à 
l'âme  puissante,  dans  son  repos. 
Lui  {Beowulf),  tendit  la  main,  et 
subitement,  agrippa  l'ennemi, 
nourrissant  des  idées  de  combat, 
et  se  dressa  sur  le  coude  ;    . 


4465.  «  ofer  thâ  niht  ».  Après  cette  nuit-là.  Cf.  «  gif  he  ofer  thaet 
stalige  ».  Ll.  .Kdelst,  II,  I,  §  4  (Schm.  [,  71).  «  sede  hine  ofer  that  feor- 
mige  «,  id.  id.  II,  2,  §  1.  «  but  an  hi  ofer  this  geswican  willon  ».  id.  id.  Ill, 
Prol.  (p.  79).  Cf.  encore  id.  id.  Ill,  9  (p.  81);  VI,  1,  §  5  (p.  85). 


\'M) 


Il  KO  W  I  II 


i  |.)o  he  ôn-feng  hra! he, 

in  w  il  thancu, 

and  with  earm-ge-saet  : 

sôna  thael  <>n-funde 

fyrena  hyrde 

thaet  he  ne  mette 

middan-geardes, 

eorthan  sceatta, 

on  ebran  men 

mnnd -gripe  maran  : 
i  3oo  lie  od  mode  wearth 

forht  on  ferhtlie; 

no  thy  âer  from  meahte  : 

hyge  waes  him  hin-fus. 

wolde  on  heolster  fleun, 

sécan  deôfla  ge-draeg; 

ne  waes  his  drohtoth  thaer 

swylce  he  on  ealder-dagUm 

âer  ge-métte. 

Ge-munde  tha  se  goda 
i  5 1  o  mâeg  Higê  laces 

aefen  spraece, 

lip-lang  â-stôd 

and  him  faeste  with-feng  ; 

fingras  burston, 

eôten  waes  lit  Veard  ; 

eorl  furthur  stop  ; 

mynte  se  mâera, 


bientôt, 

le  berger  des  erimei  vint  à  décou- 
vrir qu'il  n'avait  jamais  rencontré 
par  tonte  la  terre,  ni  parmi  les 
quartiers  de  l'univers,  ni  parmi 
les  étrangers,  d'homme  plus  fort 
au  serrement  des  mains.  Rentrant 
en  lui-même,  le  monstre  se  sentit 
le  cœur  épouvanté  ;  il  ne  pouvait 
se  sauver  plus  tôt  pour  cela  ;  ses 
desseins  étaient  dans  une  fuite 
prochaine  ;  il  voulait  voler  vers 
ses  cavernes,  pour  y  retrouver  les 
démons  en  tumulte  ;  l'accueil  qui 
lui  était  fait  en  ces  lieux  était  tel 
qu'il  n'en  avait  jamais  rencontré 
de  sa  vie,  auparavant.  Alors,  le 
bon  féal  d'Higelac  se  rappela  ses 
paroles  du  soir;  il  se  tint  haut 
dressé,  et  serra  fortement  la  main 
de  Grendel  ;  ses  doigts  cédèrent  : 
l'ogre  était  sorti  ;  le  comte  s'élança 
à  sa   suite    : 


1492.  Cf.  Gaedm.  291. 

1497.  Plusieurs  éditeurs  s'arrêtent  à  la  forme  «  sceata  ». 

1499.  Au  lieu  de  «  mund-gripe  »,  ïrautmann  (Anglistik  11,  461)  propose 
assez  inutilement,  du  reste,  «  herewaepnum  ». 

1505.  Pour  <(  gedraeg  »,  Cf.  God.  Vex'c.  I,  82  :  «  thaer  waes  cirm  micel 
geond  Mermedonia  manfulra  hlol/u  fordénera  gedraeg  ».  Id.  I.  3106  : 
«  thaer  waes  wop  wera  wide  gehyred,  earmlic  y  Ida  gedraeg  ».  En  ees 
deux  passages,  la  notion  de  «  bruit  »,  est  contenue  dans  le  mot  «  gedraeg  ». 


HKOWULF 


4;n 


hwae  r  he  meahte  swâ, 

i:u  h. 

widre  ge-windan 
i?2o  and  Ojn-weg  thanoo 

fleôn  on  fen-hôpu  : 

wiste  h  is  fingra  ge-weald 

on  grâmes  uni  pu  in 

thaet  lie  waes  geôcor  : 

sitli  thaet  se  hearm-sca[th]a 

tô  Heorute  a-teah, 

dryht-sele  dynede, 

Denu  eallum  wearth 

ceaster-biiendum, 
r53o  cénra  ge-hwylcum, 

eorlum  ealu  seerwen  : 

yrre  wâeron  begen, 

rethe  rén-weardas  ; 

rcced  hlynsode; 

tha,  waes  wundor  micel 

thaet  se  wm-sele 

with-haefdeheatho-deôrum, 

thaet  he  on  hrûsan  ne  féôl, 

faeger  fold-bold  ; 
1640  ac  he  thaes  faeste  waes, 

innan  and  litan, 

iren-bendum, 

searo-thoneum  be-smithod  : 

thaer  fram  sylle  â-beag 

medu-benc  monig, 

mine  ge-fraege, 


le  monstre  laineux 

voulait,  s'il  l'eût  pu  ainsi,  s'échap- 
per plus  au  large,  et  puis  gagner 
dans  sa  fuite,  ses  demeures  des 
marais;  il  savait,  à  présent,  quelle 
résistance  avaient  ses  doigts  dans 
le  serrement  de  main  du  héros 
plein  de  colère,  et  que  Beowulf 
était  le  plus  fort  :  avant  que  le 
maudit  ne  s'en  fût  d'Iïeorot,  la 
salle  seigneuriale  tonna;  la  bière 
futrépandue  pour  les  comtes,  pour 
tous  les  Danois,  pour  ceux  qui 
vivaient  dans  la  cité,  pour  chacun 
des  vaillants  :  les  deux  cham- 
pions forts  et  féroces,  étaient  en 
rage  ;  la  demeure  résonnait  ;  alors 
ce  fut  un  grand  étonnement  que 
la  salle  des  libations  put  résister 
à  ces  géants  de  la  guerre,  et  qu'il 
ne  s'écroulât  point  sur  le  sol,  le 
magnifique  palais  !  Mais  il  était 
ainsi  armé,  tant  au  dehors  qu'au 
dedans,  de  barres  de  fer,  ingé- 
nieusement forgées  :  là  (commeje 
l'ai  entendu  narrer),  plus  d'un 
banc  orné  d"or,  et  où  Ton  buvait 
l'hydromel,  fut  emporté  sous  l'ef- 
fort des  combattants  furieux  ;     . 


I0I8.  Le  M.S.,  l'ail  défaut  au  coin  du  feuillet.  Ettinuller,  Wùlcker,  Heyne 
proposent  «  thaer  ».  Zupitza,  fort  d'un  examen  minutieux  du  texte,  qu'après 
lui  nous  avons  vérifié,  prétend  pouvoir  lire  «  h  »  et  «  w  »,  en  encre  presque 
transparente,  et  il  adopte  la  forme  «  hwaer,  *  11  faut  convenir  que  ces 
caractères  se  devinent,  plus  qu'on  ne  peut  les  lire. 

1524.  Grein  opine  pour  l'omission  de  «  he  »,  qui  figure  dans  le  texte. 

1533.  «  reri  »  est  ici  une  contract  ion  de  «  regen  »  (Kemble). 


432 


UEOWULF 


golde  ge-regnad, 
thaer  Ilia  grdman  wunnon 
thaes  no  wén<i( m  âer 
i55o  witan  Scyldinga, 

thaet  li il  â  mid  ge-mete 
manna  âenig, 
het-Hc  and  ban-fâg, 
tô-brecan  meahte, 
listuni  tô-lûcan, 
nyintJie  listes  faethm 


swulge  on  swathule. 
swég  up  a-stag, 


ni  we  ge-neàhhe  : 
j56o  North-Denu  sl[6d] 
ate-lic  egesa 
ânra  ge-hwylcum 
thara  [the]  of  weal  le 
wop  ge-hyrdon, 
gryre-leod  [ga]  Ian 
godes  and-sacan, 
sfge-leâsne  sang. 
[sâr]  wanigean  ; 
helle-haeft  on-heold 
1570  hine  [to]  faeste, 


147  a. 


et 

jamais,  autrefois,  les  conseillers 
des  Scyldings   n'avaient  supposé 

ceci  qu'aucun  homme  dans  la 
rage  et  dans  le  sang  du  massacre, 
fût  un  jour  capable  d'arriver  par 
les  force  à  les  faire  céder,  ou  à  les 
desceller  par  ruse,  alors  que  la 
flamme  seule  dans  ses  embrasse- 
ments.  eût/)?/  les  consumera  leur 
place  même. 

Des  clameurs  qu'on  pouvait 
dire  nouvelles  s'élevèrent  ;  une 
terreur  sans  nom  s'empara  des 
Danois  du  Nord,  de  chacun  de 
ceux  qui,  des  murs,  ouïrent  le  cri 
de  détresse,  entendirent  le  renégat 
de  Dieu  chanter  son  terrible  chant, 
son  chant  de  défaite,  et  se  lamen- 
ter de  sa  blessure 


1547.  Cf.  «  gerenode  readum  gotde  »,  Anal.  141,  31.  «  gerenod  swurd  », 
Anal.  125,  61.  «.  heahsetla  mid  golde  and  mid  gimmum  gerenedra  »,  Boet. 
p.  6.  «  Ne  thaet  ne  beothon  thy  faegerre  thaet  mid,  elleshwâm  gerenod 
bith,  theâh  tha  gerenu  faegru  sien,  the  hit  mid  gerenod  bith  »,  Boet. 
p.  29. 

1553.  Grundtvig  propose  «  betlic». 

1553.  Quoique  la  voyelle  de  «  ban  »  soit  longue  dans  Je  MS.,  il  n'y  a 
point  de  doute  qu'elle  ne  soit  brève.  Il  s'agit,  ici,  de  «  bana  »,  la  mort,  et 
non  de  «  ban  »,  visage. 

1569  Nous  avons  suivi  Zupilza  el  quelques  auteurs  qui  font  de  «  helle- 
haefton  »  un  composé. 

1570.  La  plupart  des  auteurs  placent  «  to  »  devant  «  faeste  ».  Kemble, 
par  exemple. 


BEOWULF 


ï3:* 


se  i  he  manna  waes 
maegene  strengest 
on  thàem  daege 
thysses  !  HV* . 


Ml 

Nolde  eorla  hleô. 

aenige  thinga, 

thone  cwealm-cuman 

cwfcne  for-Iaetan  : 

ne  his  lif-dagas 
1 5  80  leôda  âenigum 

nytte  lealde. 

Thaer  ge-nehost  braegd 

eorl  Beô-wulfes 

ealde-lâfe, 

wolde  freâh-drihtnes 

feorli  ealgian 

mâeres  theodnes, 

thaer  hie  meahton  swâ. 

Hie  thaet  ne  wiston 
1  5go  thâ  hie  ge-win  drugon, 

heard -hieuende 


Celui  (|iii  des 

homines  était  le  plus  redoutable 
en  force  dans  les  jours  de  sa  vie. 
le  tenait  trop  étroitement  rivé  aux 
chaînes  de  la  mort. 

XII 

Le  prolecteur  des  comtes  ne 
voulait,  en  aucune  façon,  laisser 
partir  vivant  son  hôte  meurtrier  ; 
car  il  ne  jugeait  point  les  jours 
d'une  telle  vie,  utiles  à  qui  que  ce 
fût. 

Alors,  soudain,  Técuyer  de 
Beowulf  vint  à  brandir  le  glaive 
antique  que  lui  avaient  légué  ses 
pères;  il  voulait  défendre  la  vie 
de  son  seigneur,  du  prince  fameux, 
puisqu'en  ces  lieux,  et  à  ce  mo- 
ment, il  était  possible  de  le  faire 
ainsi 


1572.  «  mae genes  strengest  »  est  plus  en  harmonie  avec  l'idiome  anglo- 
saxon.  Et  il  n'est  pas  d'exemple  d'un  datif  dans  une  semblable  construction. 

1576.  «  aenige  thinga  »,  en  aucune  façon.  Cf..  «  Beowulf  »,  vers  580o\ 
Cod.  Ex.  27,  Bed.  II,  2,  5.  «  naenige  thinga  »,  Bed.  Ill,  24;  IV,  9;  V.  6. 
«  and  ae/iig  thinga  »,  Bed.  IV,  22.  «  rat  host  thinga  »,  Ll.  Cnut.  B.  22, 
S  3. 

1*>89.  Selon  la  croyance  mythologique  des  peuples  du  Nord,  qui  paraît 
avoir  été  parlagée  par  les  Saxons,  les  géants  ne  pouvaient  être  blessés  avec 
le  glaive,  quoique  leur  tête  seule,  fût  vulnérable.  D.M.  Grimm,307.  Grendel 
ne  peut  être  blessé  (v.  800  et  suiv.  ),  et  sa  mère  ne  peut  être  atteinte  par  le 
glaive,  Hruntig  (v.  30-44).  Elle  tombe  donc  sous  les  coups  d'un  glaive  forgé 
par  sa  propre  race,  et  qui,  comme  (Irimm  l'observe,  est  probablemenl  de 
pierre  et  non  d'airain. 

28 


m 


III  it\\  I   I  I 


tulde-inecgas, 
and  on  heal  fa  ur-liw  one 
hen \\<in  (hohton, 
sdwle  sécan 
(hone  syn-scathan, 
ûenig  ofer  eorthan, 
irenna  cyst, 
gutb-billa  nan, 
KJoo  grétan  nolde. 

Ac  he  sige-waepnu 
for-sworen  haefde, 


147  b. 


ecga  ge-hwylcre  : 

séoldê[h]is  aldor-ge-dâl 

on  daem  daege 

thysses  [lif^es 

ear  m -lie  wurthan, 

and  se  ellor-gast 

[on  J  feonda  ge-weald 
i(jio  feor  sithian. 

Thâ  thaet  o^nfunde, 

[se  the  fol  a  aeror, 

modes  myrthe, 

manna  cynne 

fyrene  ge-fremedo. 

he  [waes  Tag  with  god] 

thaet  him  se  lic-homa 

laostan  fn]olde  ; 

ac  hine  se  môdega 
iÔ2o  mâeg  Hyge-lâcos 
haofdo  be  honda  ; 
waos  go-h\vaethor  othrum 


.  Eux,  les  lils  dos  batailles, 
aux  courageuses  pensées,  oe  sa- 
vaient point,  en  consommant  cet 

effort,  et  taudis  qu'ils  cherchaient 
à  frapper  (Grendel)  de  tous  côtés, 

el  à  lui  arracher  la  vie,  que  même 
l'acier  le  plus  coûteux  par  la  terre, 
ou  que  toute  autre  arme  de  guerre, 
n'eût  produit  d'effet  sur  le  monstre 
puissant.  Mais  lui  (Beoiealf). 
avait  jure  de  renoncer  à  ses  armes 
de  victoire,  et  à  tous  ses  glaives  ; 
le  destin  de  (Grendel)  était  que, 
misérablement,  il  quittât  la  lu- 
mière, au  jour  extrême  de  sa  vie, 
et  que  son  esprit  maudit  s'en  fût 
au  loin,  chercher  les  puissances 
du  mal. 

Alors  lui,  qui  avait  auparavant 
commis  dans  la  joie,  tant  de 
crimes  contre  la  race  des  hommes 
(n'était-il  pas  l'ennemi  de  Dieu  ?) 
découvrit  que  les  forces  de  son 
corps  allaient  le  trahir  ;  mais 
l'orgueilleux  féal  d'Hygelac  le 
retenait  dans  sa  main,  et  chacun 
des  combattants  se  haïssait,  puis- 
qu'encore  ils  étaient  tous  deux  en 
vie  : .     .     .     . 


4  (il  G.  kemble  et  Hoyno  placent  «  waes  »  après  «  he  ».  Zupitzales  combat, 
assez  à  tort,  semble-t-il,  en  examinant  le  manuscrit,  lorsqu'il  prétend  qu'il 
n'y  pus  dans  celui-ci  de  place  pour  «  ivaes  »  devant  «  fug  ». 

«  he  iraes  fay  with  god  ».  Gf,  Caedni.  Ti(\  :  «  Ic  eom  fall  with  god  ». 
Cod.  Verc.  I,  2IV76  :  «  eart  thu  fall  with  god  ».  LI.  .Edelst.  II,  23,  g  7 
(p.  76)  :  «  Sy  he  fa  h  with  thone  ct/ng,  and  with  ealle  his  freond  ». 


HKOWLLK 


4î*o 


lifigende  lathi 

Ifc-sàr  ge-bâd 

a  toi  a  eg -1  area  : 

1 1 i m  on  e&xle  wearth 

syn-dolh  swéotol, 

seoQOwe  on  sprungon, 

burslon  bân-locan   ; 
i63o  Beô-wulfe  wearth 

giith-hreth  gyfethe. 

Scolde  Grendel  thonan 

feorh-seôc  fleon 

under  fen-hléothu, 

sécean  wyn-leàs  wic. 

Wiste  the  geornor 

thaet  his  aldres  waes 

ende  ge-gongen, 

dogera  daeg-rim  : 
1640  Denum  eallum  wearth, 

aefter  tliam  wael-raese, 

willa  ge-Iumpen, 

Haefde  tha  sre-fâelsod 

se  the  âer  feorran  com 

snotor  and  swyth-ferhth, 

sele  Hrolh  gares 

ge-nered  with  nithe. 

[fol.  148  a.] 

Niht-weorce  ge-féh, 

ellen-niâer  thum]  ; 
i65o  haefde  Eâst-denum 

Geat-mecga  leod 

gilp  ge-laested  ; 

swylce  on  cyththe 

cal  le  ge  beted] 

i'n-\vid-sorge 

the  hie  âer  drugon, 

and  for  [threa -nyduni 


.  .  le  monstre  maudit  attendait 
le  coup  mortel  ;  une  large  bles- 
sure était  béante  sur  son  épaule  ; 
ses  muscles  séparés,  se  rompirent  ; 
les  jointures  de  ses  os  éclatèrent, 
et  le  succès  au  combat  fut  donné  à 
Beowulf.  De  là,  Grendel  doit  s'en- 
fuir, frappé,  et  triste  jusqu'à  la 
mort,  dans  le  refuge  des  démons, 
pour  y  retrouver  sa  demeure  sans 
joie. 

Il  savait  pleinement  que  la  fin 
de  sa  vie  était  prochaine  ;  que  le 
nombre  de  ses  jours  était  passé  : 
et  voici  que  les  vœux  de  tous  les 
Danois  étaient  accomplis,  après 
les  fureurs  du  combat.  Lui  qui, 
d'abord,  était  venu  des  pays  loin- 
tains, l'âme  prudente  et  coura- 
geuse, avait  ainsi  purifié  la  salle 
d'Hrothgar,  et  Vavait  fortifiée 
contre  les  embûches.  II  se  réjouis- 
sait dans  ses  exploits  de  la  nuit, 
dans  le  renom  de  sa  valeur;  le 
chef  des  Geats  avait  accompli  ce 
dont  il  s'était  vanté  aux  Danois  de 
l'Ouest  ; 


I()28.  «  Seonow  »  est  du  féminin.  Il   faut  donc  lire  ici  «  seonowa  »>,  au 
nominatif  pluriel. 


436 


m  oui  li 


tholian  scold  on, 

loni  un-lyt.  el 
k')(x)  thaet  wiics  tâcen  swedtol, 
syththan  hilde-deôr 
hond  â-legde, 
earm  and  eaxle; 
thaer  waes  cal  geador 
Grendles  grdpe, 
under  geapne  hj  rôf  . 

Mil 


il  avail  encore  apaisé 
dans  loin-  pays  toute  inquiétude 
du  malin  qu'ils  avaient  supportée, 

et  dont  ils  avaient  <lù  subir,  par 
une  dure  nécessité,  la  rage  gran- 
dissante; ce  Cul  l'évidence  même, 
quand  le  guerrier  valeureux  dé- 
posa sous  la  voûte  étendue,  la 
main,  le  bras  et  l'épaule;  il  y 
avait  là  tout  ce  qu'il  avait  arraché 
à  Grendel. 


Thâ  waes  on  morgen, 
mine  ge-frâege, 
ymb  tha  gif-healle 

[670  gûth-rinc  monig; 
ferdon  folc-togan 
feorran  and  nean 
geond  wid-wegas, 
wundor  sceawian, 
lathes  lastas. 
No  bis  lif-ge-dâl 
sârlic  thûhte 
seega  âenegum 
thâra  the  tir-leâses 

1680  trode  sceawode 
hû  lie  wérig-môd, 
on-\veg  thanon, 
nitha  ofer-cumen, 
on,  nicera  mere 
fâege  and  ge-flymed 
feorh  lastas  baer. 
ïhaer  waes  on  blôde 
brim-weallende 


XIII 

Alors  au  matin,  comme  je  l'ai 
entendu  rapporter,  plus  d'un 
guerrier  vint  aux  alentours  de  la 
salle  des  présents  :  les  chefs  de 
loin  et  de  près,  arrivèrent  par  des 
chemins  détournés,  pour  voir  le 
prodige  et  les  traces  du  monstre  : 
jamais  son  départ  de  la  vie  ne 
parut  être  une  cause  de  douleur 
pour  aucun  des  hommes  qui  re- 
cherchaient les  vestiges  de  /'être 
sans  gloire,  et  (nul  ne  s'inquiétait 
de  la  manière  dont  Grendel),  au 
courage  abattu,  vaincu  au  com- 
bat, condamné  par  le  destin  et 
par  les  armes  à  fuir,  eût  pu  sauver 
les  restes  de  sa  vie  dans  les  flots 
du  lac  des  Nicors  ; 


1665.  Lacune  au  coin  du  M.  S. 

1666.  «  under  geapne  h[rof]  ».  Sous  la  voiite  étendue.  Cf.  Miller  (Anglia 
XII,  397)  qui  change,  sans  utilité,  «  hrof  »  en  «  horn  ». 


BEOWULF 


Î37 


;it(tl  viha  ge-spring, 
i  690  eal  ge-menged, 
h;'it  on  heolfre  : 
heo  ro-dréore  weed 

deâth-fâege  deog, 
siththan  dreâma-Ieâs 
in  fen-freotho 
feorh  â-legde, 
hâethjene  sâwle, 
thaer  him  hel  on-feng. 
Thanon  [eft]  ge-witon 

1 700  eald-ge-si'thas, 

swylce  ge<mg   malnig 
of  gomen-wathe, 
tram  mere  mudge 
111  earum  ri'dan, 
beornas  on  blancum. 
Thaer  waes  Beo-wulfes 
mâertho  rnaened  ; 
monig  oft  ge-cwaeth 
tliaette,  suth  ne  north, 

1710  be  saern  tweonum 
ofer  eormen-grund, 


là,  écu  mai  en  t 

de  sang  la  rude  vague,  les  tor- 
rents des  flots  en  fureur,  tout 
mêlés  et  chauds  de  poison  :  le 
148  h.  monstre  mourant  teignit  encore 
les  eaux  <jtii  bouillonnaient  du 
sang  répandu  au  combat,  après 
que  lui,  privé  de  joies,  eût  rendu 
sa  vie,  son  àme  païenne  en  l'asile 
des  démons  où  la  mort  l'étrei- 
gnit  !  De  là,  encore,  les  vieux 
compagnons  s'éloignèrent,  et  plu- 
sieurs sur  leurs  chevaux,  quit- 
taient les  sentiers  qu'ils  aimaient, 
et  le  lac,  tels  des  guerriers  che- 
vauchant leurs  coursiers  :  la  re- 
nommée de  Beowulf  fut  procla- 
mée ;  plus  d'un  disait  souvent:.    . 


1691.  «  hat  on  heolfre  »  adopté  par  Kemble  et  Wùlcker.  Grein  propose 
«  hat  »  «  an  »  au  lieu  de  «  hat  »  «  on  »  du  texte. 

1693  .Kemble  propose  «  dear/  »  au  lieu  de  u  deog  ». 

1693.  »  death-faege  »»  n'a  pas  de  sens  ici.  Kemble  propose,  avec  raison, 
la  correction  ;  «  death-deoge  fah  »,  souillé  de  taches,  c'est-à-dire  de  sang. 
«  Death-deog  »  se  rattacherait  au  vieux  normand,  «  val-dangg  »,  «  ros 
stragis  »,  Helg.   q.  Hnnd.  II.  42. 

4698.  «  Et  l'enfer  l'étreignit...  »  Le  mot  «  Hel  »,  dans  ce  poème  chrétien, 
semble  une  réminiscence  des  croyances  païennes,  et  de  «  llela  »,  déesse  de 
la  mort  (Slopford,  Brook,  op.  cit.  I,  54).  Enrle  traduit  :  «  Hela  Vétrei- 
gnit...  ».  .Mais  en  maint  passage.  «  hel  »  n'a  que  le  sens  de  mort  ou  d'enfer. 
Cf.  Beowulf,  v.  204,  M76,  1596,  2548,  6444. 

1 702.  Grimm  écrit  «  gomenthath  »  au  lieu  de  «  gomen-wathe  ». 


'i' 


iW 


HKOWULF 


attar  nàenig 

under  vweglts  be^ gong 

se  Ira  mi  ere, 

rond-haebbendra, 

rices  wyrthra. 

Ne  life  hum  wine-drihten 

wiht  ne  lot» on 

glaedne  Hrôth-gâr, 
1720  ac  thaet  waes  god  cyning. 

Hwilum  heatho-rôfe 

hleâpan  leton 

on  ge-flit  faran 

fealwe  mearas, 

thaer  him  fold-wegas 

faegere  thiihton, 

cystum  cuthe  : 

hwflum  cyningesthegn, 

guma  gilp-hlaeden, 
1730  gidda  ge-myndig, 

[se  Ihe  eal  fela 

eald-ge-segena 

worn  ge-munde, 

word  other  fand 

sôthe  ge-bunden], 

secg  eft  on-gan 

sith  Beo-wulfes 

snyttrum  styrian, 

[fol.  149  a.] 

and  on  sped  wreean 
1740  spel  ge-rade 

wordum  wriselan 

wel  hvvylc  ge— cwaeth 


.   .  «  qu'au  Sud  ou  <iu  Nord,  entre 

les  deux  mers  et  par  tonte  la  terre, 
sous  les  rayons  du  soleil,  il  n'était 
point  d'autre  guerrier  portant 
l'écu,  meilleur  que  lui-même^  et 
plus  digne  de  l'empire  î  »  Du 
moins  ne  blâmaient-ils  en  rien, 
leur  cher  seigneur,  Hrothgar  plein 
de  joie;  mais  c'était  là  un  bon 
roi  !  Tantôt,  les  fameux  à  la  guerre, 
renommés  pour  leur  munificence, 
laissaient  courir  entre  eux  leurs 
coursiers  fauves,  aux  endroits  des 
routes  où  le  sol  leur  paraissait 
propice  :  tantôt,  un  thane  du  roi, 
à  l'esprit  orné  de  hauts  faits,  lui 
qui  se  souvenait  des  chansons 
(d'un  grand  nombre  de  traditions 
antiques,  mais  sur  lesquelles  il 
trouvait  d'autres  mots,  harmo- 
nieusement unis  ensemble),  cet 
homme,  à  l'instant,  commença 
avec  sagesse  à  mettre  en  ordre 
l'expédition  de  Beôwulf,  puis  à  en 
narrer  l'histoire  dans  sa  succes- 
sion ; 


1731 .  Kemble,  Bieger  et  Bugge  mettent  entre  parenthèses,  à  partir  de  «  se  » 
jusqu  à  «  ge-bunden  ». 

1734-1735.  «  word...  ge-bunden  ».  Cf.  Simons,  Beowulf  vertaald  in  sta- 
frijni,  pp.  184,  320.  Earle,  Deeds  of  Beowulf,  p.  136.  Trautmann,  Bonner 
Anglistik,  II,  173. 


MKOWI'LF 


m 


thaei  he  tram  sige-munde[s] 
secgan  hyrde, 
el  I  en-  «la  dum, 
uii-n'it lies  fela, 

\\  aelsingcs  ge-win, 
\vi  de   sithas 

thâera  the  gumena  beam 
i  y  So  gear  we  ne  wiston  ; 

fàehde  and  fyrena 

huton  F  i  te  la  mi  d  L  Hine 

thon  ne  he  swulces  hwaet 

secgan  wolidei 

earn  his  ne  fan 

swâ  hie  â  wâeron 

aet  nith  ge-hwam 

nyd-ge-steallan. 

Haefdon  eal-fela 
j  760  eotena  cynnes 

sweordum  ge-saeged. 

Sige-munde  ge-sprong 

aefter  deâth-daege 

dôm  un-lytel  ; 

syththan  wiges  heard 

wyrm  a-cwealdc, 

hordes  hyrde  ; 

he  under  hârne  stan 

aethelinges  beam 
1770  âna  ge-nethde 

free  ne  daeda, 

ne  waes  him  Fitela  mid. 

Hwaet  hre  him  ge-saelde 

thaetthaetswurd  thurh-wod 


.  .  .à  en  alterner  les  tenues  :  il 
racontai!  tout  ce  qu'il  avait  en- 
tendu dire  de  Sigemund,  et  de  ses 
hauts  faits  ;  plus  d'une  étrange 
aventure,  et  les  batailles  du  fils 
de  Waels,  et  ses  longues  courses 
errantes  qu'ignoraient  encore  les 
fils  des  hommes,  hormis  Fitela 
qui  était  avec  lui  ;  et  leur  alliance 
et  leurs  crimes  :  alors  rapportait- 
il  volontiers  quelque  fait  de  ce 
genre,  «  comment  l'oncle  et  son 
neveu  partageaient  la  difficulté 
dans  toute  lutte  :  eux  avec  leurs 
glaives,  avaient  sacrifié  une  mul- 
titude d'hommes  de  la  race  des 
Jutes  :  de  Sigemund,  après  son 
jour  de  mort,  ne  sortit  point  une 
faible  gloire,  depuis  que  dur  à  la 
guerre,  il  avait  massacré  le  dra- 
gon, le  gardien  du  trésor  :  lui,  le 
fils  d'un  prince,  sous  des  roches 
blanches,  il  se  hasarda  seul  contre 
l'auteur  d'exécrables  forfait,  et 
Fitela  n'était  point  avec  lui. 


1743.  Le  M.S.,  porte  «  Sicjemunde  ».  Grein  écrit  «  Sigemundes  »,  car  avec 
le  sens  qui  est  rendu  meilleur  par  cette  correction,  le  mot  suivant  dans  le 
texte  commence  encore  par  une  «  x» . 

1745.  Kemble  propose  :  «  ellen-[dâe]da  ». 

1753»  Hevne  adopte  la  forme  normale  :  «  xwylcex  ». 


iïO 


BKOWl  LK 


wraet-licne  wyrm, 

thaet  liil  on  wealle  aet-stôd, 

drilit-liV  iron  ; 

draca  morthre  swealt. 

Ilaefde  ag-lâeca 
i  ?8o  çlne  sre-gongen, 

thaet  fie  beàh-hordes 

brdcan  moste 

sel  Ces  ilnme  : 

sâe-bât  ge-hleôd, 

149  b.] 

baer  on  bear  scipes 

beorhte  fraetwa 

Waelses  eafera, 

wyrm  hat[ge]-mealt. 

Se  waes  wreccena 
1  790  wide  maerost 

ofer  wer-theode, 

wigendra  hleô 

ellen-dâedu  ; 

be  thaes  âer  on-thâh. 

Siththan  here-môdes 

hild  [s]wethrode, 

earfoth  and  ellen  ; 

he  mid  ente  nu  m  [wjearth 

on  feonda  ge-weald 


Ce- 
pendant, son  heureuse  fortune 
voulut  que  sun  glaive  transperçai 
le  dragon   aux  couleurs   variées, 

de  telle  sorte  que  le  noble  airain 
se  ficha  au  cœur  du  roc  ;  le  dra- 
gon périt  dans  la  mort  :  le  guer- 
rier en  proie  aux  vicissitudes  du 
sort,  avait  gagné  par  sa  valeur  de 
pouvoir  jouir  à  sa  seule  volonté, 
du  trésor  des  anneaux  :  le  rejeton 
de  VVaels  équipa  un  navire  de  la 
mer,  et  porta  dans  la  nef  du  vais- 
seau les  trésors  brillants  ;  le  dra- 
gon se  consuma  dans  ses  propres 
flammes.  Il  était  parmi  les  voya- 
geurs, de  beaucoup  le  plus  fameux 
par  toute  la  terre,  et  le  soutien 
des  guerriers  par  la  renommée  de 
sa  bravoure  :  donc,  il  fut  d'abord 
florissant  ;  après  quoi,  les  com- 
bats, les  travaux  et  la  valeur  du 
guerrier  allèrent    en   déclinant   : 


1776.   «  hate  »,  adopté  par  Scherer  et  Holder. 

1784.  Sievers,  avec  plusieurs  éditeurs,  propose  la  contraction  :  «  geklod», 

1788.  Earle.  après  Scherer,  adopte  la  forme  hat[e]. 

1794.  La  correction  de  Cosijn  «  aron  thnh  »,  assez  indifférente  en  elle- 
même,  est  adoptée  par  Heyne  et  par  Earle. 

1797.  La  forme  «  earfoth  »  du  M  S.,  est  acceptée  par  Wûlcker  et 
Kemble 

1798.  «  Eotenas  »  est  mis  ici  pour  Frisons.  Mais  si  le  «  Sigmund  »  de  ce 
passage  est  pris  pour  «  Sigurdr  »  (Sifrît),  il  y  a  certainement  confusion 
dans  la  légende  Sigmundr  et  son  neveu  (par  sa  sœur  Signy),  Sinfiotli 
(Fitela),  sont  des  Volsungers  («   Waelses  en-fer  an   »,  au   vers    1787)  et    la 


KKUWILK 


441 


iSoo  forth  for-laeen 

sm id e  for-sended. 

h  hue  sorh-wylmns 

lemede  t('>  lange  ; 

he  his  lend u id  wear! h 

fallu  aethelliogum, 

to  aldor-ceare. 

swylce  olt  be-mearn 

âerran  mnclu  m 

swith-ferhthes  sith 
1810  snotor  ceorl  monig, 

sc  the  him  bealwa 

t(')  bote  ge-lyfde, 

thaet  thaet  theôdnes  beam 


parmi  les  Jutes,  il  fut  livré  par 
trahison  aux  mains  de  ses  enne- 
mis, et  fut  bientôt  prisonnier  :  les 
atteintes  de  la  douleur  l'accablè- 
rent trop  longtemps  :  il  devint  un 
fatal  souci  pour  son  peuple,  et 
pour  tous  les  nobles  ». 

Ainsi,  en  des  temps  plus  reculés, 
maint  homme  prudent  avait-il 
chanté  les  aventures  du  héros  au 
cœur  vaillant,  et  cet  homme  avait 
foi  en  lui, 


Volsunga  Saga,  donne  une  relation  de  leurs  aventures.  En  ce  cas,  «  Eotenas  » 
pourrait  indiquer  les  Frisons,  fils  d'Hundig  contre  lesquels  Sigmundr  suc- 
comba. La  Nornagesl  Saga  dit  (Fornald.  Sog  I,  323)  :  «  [fundings  sijnir 
hofthu  tek  it  undirsik  that  riki  er  aft  hafthi  Sigurdr  i  Frakklandi...  » 
I,  327  :  «  ok  eptir  that  sigldum  ver  suthr  fvrir  Holsetuland,  or  sva  fyrir 
austan  Frisland,  ok  thar  at  landi,...  >>.  Mais  ce  détail,  que  Sigmunder,  le 
Volsunger,  tua  un  dragon  pour  lui  voler  ses  trésors,  sans  l'aide  de  Sinfiotli, 
ne  se  trouve  que  dans  ce  poème.  Sigurdr,  fils  de  Sigmund,  massacra  le  dragon 
Fafnir,  et  cet  exploit  est  traditionnel  dans  la  mythologie  du  Nord  :  mais  la 
version  allemande  du  xne  siècle  n'en  tient  que  faiblement  compte,  et  l'aventure 
n'est  rapportée  qu'en  trois  lignes,  dans  le  Nibelungen  Lied,  de  Hagene.  Mais 
si.  dans  «  Beowulf  »,  Eotenas  désigne  les  êtres  redoutables  et  cachés,  d'une 
race  mystérieuse  appartenant  à  un  autre  monde,  Sigurdr  Fafnisbani,  a  été 
confondu  en  ces  lignes  du  poème,  avec  son  père,  Sigmundr.  Les  êtres  obscurs 
du  monde  souterrain,  «  Niflungar  »,  opposés  souvent  à  la  race  de  splendeur 
et  de  lumière,  «  Volsungar  »,  peuvent  être  vraisemblablement  désignés  ici 
par  «  Eotenas  ». 

Aucune  explication  de  la  brusque  transition,  dans  ce  passage,  de 
Sigemund  à  Heremod,  n'a  pu  être  encore  donnée.  Les  deux  noms  se  trou- 
vent, l'un  près  de  l'autre,  dans  l'ancienne  Edda,  ainsi  que  Dederich  et 
Fleinzel  l'on  fait  remarquer.  Et  l'on  ne  peut  que  les  regarder  comme  héros 
des  mêmes  aventures  (Sieverp,  Saxo,  180). 

1803.  Keinble  propose  «  lemedon». 

1804.  Avec  le  nominatif  pluriel  :  «  sorh-wytmas  »,  il  convient  de  lire  : 
«  tempflon  » . 


iï2 


BKOWI  Lf 


ue  Ihe.'m  srnlde, 

faeder  a e the  1  urn  on-Con, 
l'oie  gç  healdan 
bord  ond  bleô-burh, 
haeletha  rfce, 
•8-   ëthel   Scyldkiga. 

1820  Ile  thaereallum  weartb 
mâeg  llige-laces 
manna  cynne, 
l'reôndum  ge-faegra  ; 
hine  fyren  on-wod. 
Ilwilum  flitende 
féal  we  straete 
mearum  mâeton, 
thâ  waes  niorgen-leôht 
scofen  and  scynded  ; 

i83o  eôde  scealc  monisr 


150  a. 


swith-hicgende, 
to  sele  thâm  heân 
searo-wundor  séon. 
Swylce  self-cyning 
of  bryd-bure, 
beâh-horda  weafrdl 
tryddode  tir-faest. 


.  comme  en  une  protec- 
tion contre  le  mal,  ei  il  croyait  que 
le  fils  du  roi  sérail  florissanl  :  que 

la  noblesse  de    smi  père  lui   Berail 

léguée;  qu'il  défendrait  le  peuple, 
les  trésors    e1    la    métropole,    le 

royaume  des  héros,  l'héritage  des 
Scyldings.  Lui,  lieoivulf,  le  féal 
d'Hygelac,  était  à  présent,  aux 
yeux  de  toute  la  race  des  hommes, 
ses  alliés,  plus  fameux  encore  ; 
lui,  Sigemund,  avait  été  abattu 
par  le  crime.  Parfois,  en  courant, 
les  guerriers  se  mesuraient  sur  les 
voies  fauves  :  quand  la  lumière 
du  matin  vint  à  briller,  et  s'épan- 
dit,  plus  d'un  soldat  à  l'àme  cou- 
rageuse se  rendit  à  la  haute  salle, 
pour  y  voir  la  merveille  de  l'art. 


1815.  Il  paraît  inutile  de  faire  de  «  faeder -aethelum  »  un  composé,  bien 
que  ce  soit  là  l'avis  de  plusieurs  éditeurs,  de  Kemble,  notamment. 

1823.  «  Hefaegra  »  est  probablement  une  erreur  du  copiste.  Kemble  lit 
«  gefraegra  ».  «  Fyren  »  (v.  1825)  semble  se  rapporter  à  «  faehthe  and 
fyrena  u,  du  vers  1751,  que  Grimm  considère  comme  une  allusion  aux 
exploits  de  Sigmundr  et  de  Sintiotli.  Même  allusion  dans  Helg-q.  Hund  I, 
38  :  «  (iorthir  thic  fraegian  al'  fïrinwercom  ».  «  Tu  t'es  rendu  fameux  par 
d'horribles  crimes  ». 

1825.  Quelques  éditeurs  marquent  la  fin  de  cet  épisode  en  laissant  dans 
le  texte  une  ligne  d'intervalle.  Encore  n'y  a-t-il  dans  le  M.  S.  qu'un  point. 

l(S2(i.  «  fealwe  straete  ».  Cosijn  :  «  fealwum  ».  de  sorte  que  «  fauve  » 
s'appliquerait  aux  chevaux,  et  non  aux  avenues. 

\ 


HI.OWI  If 


ua 


gv  truiue  micle, 
evstum  ge-cythed  : 

i  (S  |o  and  his  cwcn  mid  him 
nied  u  I'Stig  ge-maet 


maegtha  hose. 


XIV. 


II roth-gar  mathelode  ; 
ho  to  healle  geôûg, 
stud  on  stapole, 
ge-seâh  steapne  hrôf 
golde  fâhne, 
and  Grendles  hondl  ; 
Thisse  an-syne, 

i85o  al  wealdan  thane 
lungue  ge-limpe. 
Fela  ic  lathes  ge  bad 
grynna  aet  Grendle  ; 
[a  maeg  God  wyrcan 
wunder  aefter  wundre, 
wuldres  hyrde], 
thaet  waes  un-geara 
thaet  ic  dénigra  me 
weâna  ne  wende, 

i860  to  widan  feore, 
bote  ge-bidan  ; 
thonne  blôde  fâh 
h  il  sa  selest 
heoro-dreorig  stod, 
weâ  wid-scofen 
witena  ge-hwylcne, 
thâra  the  ne  wéndon 
thaet  hie  wide  ferhth, 
leôda  land-ge-weorc 


Le  roi  lui-même,  également,  le 
gardien  du  trésor  des  anneaux, 
sortit  glorieux  de  sa  chambre 
nuptiale,  avec  une  troupe  nom- 
breuse, renommé  quit  èlail  pour 
sa  munificence,  et  avec  lui,  sa 
reine  monta  les  degrés  conduisant 
à  la  salle  de  la  bière,  escortée  de 
sa  compagnie  de  suivantes. 

XIV 

Ilrothgar  parla  ;  il  se  rendit  à  la 
salle  ;  il  s'arrêta  sur  le  seuil  ;  il  vit 
la  voûte  élevée,  variée  d'or,  et  la 
main  de  Grendel  :  «  Pour  cette 
vue,  que  grâces  soient  aussitôt 
rendues  au  Tout-Puissant  !  J'ai 
souffert  tant  d'ennui  et  de  chagrin 
par  cette  main  de  Grendel  (puisse 
à  jamais  Dieu,  le  gardien  de  la 
gloire,  nous  prodiguer  miracle  sur 
miracle  !),  qu'en  vérité,  je  ne  pou- 
vais penser  à  attendre,  durant 
toute  ma  vie,  de  compensation  à 
mes  pertes  :  alors  que  maculées, 
les  meilleures  des  maisons  dégout- 
taient d'un  sang  sauvage;  quand 
le  malheur  s'était  largement  ré- 
pandu sur  chacun  de  mes  conseil- 
lers, qui  n'espéraient  point  qu'eux- 
mêmes,  vaillants  d'esprit,  pussent 
défendre  l'œuvre  puissante  des  na- 
tions contre  nos  ennemis,  contre 
les  démons  et  les  larves  .... 


4846.  Miller  (Anglia,  XII,  399)  montre  que  l'anglo-saxon,  «  stapol  ». 
correspond  au  français  «  perron  »,  et  il  commente  ainsi,  ce  passage  : 
«  Hrothgar  parle  du  haut  dos  degrés  qui  conduisent  h  la  snlle  de  bière  ..  ». 


i  '.  ï 


HKOWTLF 


i  <Syo  lathum  be-weredon, 

scuccum  and  scinnum . 

150  b.] 

.\n  scealc  hafath. 

thurh  drihtnes  mi  ht. 

dàed  ge-fremede, 

the  we  ealle 
âer]  ne  meahton 

snyttrum  be-syrwan. 

Ilwaet...  secgan  maeg, 

efne  swâ  hwylc  mnegtha 
1880  swâ  thone  magan  cende 

aefter  gum-cynnu, 

gyf  heô  gy  lyfath 

thaet  hyre  eald-metod 

este  wàere 

bearn-ge-byrdo. 

Nu  ic  Beô-wulf 

thee  secg  betsta 

me  for  sunu  wylle 

freogan  on  fer  h  the  : 
[890  heald  forth  tela 

niwe  sibbe, 

né  bith  the  âenigre  gâd 

wo  roi  de  wilna 

the  ic  ge- weald  haebbe  : 

ful  oft  ic  for  laessan 

lean  teohhode, 

hord-weorthunge, 

h  nab  ran  rince, 

sâemran  aet  saecce . 
1900  Thii  the  self  ha  fast 


-Voici  que  maintenant,  un 
guerrier  avec  la  puissance  du  Sei- 
gneur, a  accompli  l'acte  que  nous 
tous  auparavant,  dan»  notre  pru- 
dence, nous  ne  pouvons  réaliser. 
Oyez  !  Quelle  que  soit  la  femme 
qui  ait  porté  ce  tils  dans  la  race 
des  homme  —  si  elle  vit  encore  — 
elle  peut  dire  que  le  Créateur  lui 
fut  favorable  dans  son  enfante- 
ment. VA  maintenant,  Beôwulf,  le 
meilleur  des  guerriers,  je  vais 
t  aimer  en  mon  âme,  comme  un 
fils  :  garde  bien  notre  nouvelle 
alliance,  et  tu  pourras  former  tout 
souhait  au  monde,  sans  l'attendre, 
dans  la  mesure  on  j'aurai  pouvoir 
de  le  réaliser  :  bien  souvent,  ai  je 
pour  de  moindres  faits,  donné  des 
récompenses  et  l'honneur  des  tré- 
sors à  un  guerrier  plus  faible,  à 
quelqu'un  de  moins  ardent  a  la 
bataille. 


1878.  Lacune  au  M.S.,  que  Kemble  comble  par  «  ic  »,  et  d'autres  auteurs 
par  «  thaet  ». 

4892.  Quelques  auteurs  complètent  la  forme  «  aénigre  »  du  manuscrit,  en 
«  \n\aenigra  ». 
Il  convient  de  lire  «  aenigra  ».  se  rapportant  à  «  wilna  ». 


BEOWULF 


445 


dâedum  ge-fr'emed 
timet  thfn    dom  lyfath 
âwa  to  aldre  : 

al-\val(la  thee 
gode  for-gylde, 
sw.'i  lié  mi  gyt  dyde. 
Beô-wulf  mathelode 

beam  Ec  g  -theôwes  ; 

we  thaet  ellen-weorc 
k)io  éstuin  miel  u  m 

feohtan  fremedon, 

frecne  ge-néthdon, 

eafoth  un-ciithes  : 

lithe  ic  cwithor 

thaet  thu  hine  selfne 

ge-seon  moste, 

feônd  on  fraetewuni. 

fil-wérigne  : 

ic  him  hraedlice 
1920  heardan  clammu 

fol.  151  a.j 

on  wael-bedde 

writhan  thôhte, 

thaet  he  for  hand-gripe 

minum  scolde 

licgean  lif-bysig, 

butan  his  lie  swice  ; 

ic  hine  ne  mihte, 
thâ  metod  nolde] 

grange  [s]  ge-twaenan  ; 


Toi-même  par  tes  hauts  faits, 
tu  as  mérité  que  l'honneur  de  Ion 
nom  vive  à  jamais  :  puisse  l'Om- 
nipotent te  récompenser  par  ses 
bénédictions,  ainsi  qu'il  l'a  fait, 
jusqu'à  cette  heure  même  !  » 
Beowulf,  le  lils  d'Ecgtheow, 
parla  :  «  (Test  avec  joie  que  nous 
avons  accompli  cet  acte  audacieux, 
et  livré  celle  bataille  ;  c'est  avec 
hardiesse  que  nous  avons  osé  faire 
la  guerre  à  l'étranger  !  Encore 
aurais-je  préféré  que  tu  eusses  pu 
voir  toi-même,  l'ennemi  parmi  les 
trésors,  et  accablé  de  son  déclin  ; 
je  pensais  en  hâte  à  l'attacher  sur 
un  lit  de  mort,  avec  de  durs  liens, 
de  sorte  qu'agrippé  par  moi.  il  fût 
demeuré  dans  l'inquiétude  de  sa 
vie,  si  son  corps  n'avait  pas 
échappé  à  mou  étreinte  ;  je  ne 
pouvais,  puisque  Dieu  ne  le  vou- 
lait point,  empêcher  sa  fuite  ;  je 
ne  l'approchais  plus  avec  autant 
d'espoir,  l'homicide  ;  il  était  trop 
fort,   l'ennemi,   en   son  activité  : 


1902.  Il  n'y  a,  à  cette  ligne,  ni  sens,  ni  allitération.  Kemble  propose,  ici, 
«  dom  »  qui  signifie  non  seulement,  jugement,  mais  autorité,  pouvoir, 
gloire. 

L'addition  «  {dom}  »  est  de  Kemble. 

1919.  Quelques  auteurs  substituent  «  hine  »  à  «him,  ». 

1923.  Kemble  remplace  «  hand  gripe  »  du  M.  S  ,  par  «  mund-gripe  »  poul- 
ies besoins  de  l'allitération. 


146 


HI .n\N  I  LF 


in»  ic  h ini  thaes  georne 

[o,3o  ael fealh 

feorh-ge  aithlan, 

waes  tô  fore  niihtig 

frond  on  (et lie, 

hwartherehe  his  fohnei  fbr-j 

to  l~ïf-wrathe  [let 

last  weardian, 

earni  and  eaxle  ; 

no  thâër  âenige  swa  theâh 

feâ-sceaft  guma 
i  ()4o  frofe  ge-bobte  : 

n<')  thy  leng  leof[ath 

lath  ge-teona, 

synnum  ge-swenced, 

ac  hyne  sar  hafath 

in  mid-gripe 

nearve  be-fongen, 

balw  on  bendum  : 

thaer  à-bidan  sceal 

maga  mane  fâh 
ig5o  iniclan  domes, 

hu  him  scir-metod 

scri'fan  wille. 

Tha  waes  swigra  secg 

sunu  Ee[g]lafes 

on  gylp-spraece, 

gutb-ge-weorca, 

siththan  aethelingas 

eorles  craefte, 

ofer  heânne  hrof 
i()()o  hand  sceâwedon, 


pourtant,  il  a  laissé  sa  main,  son 

bias,  et  son  épaule,  qui  lui  ser- 
vaienl  à  défendre  sa  vie,  à  assurer 
sa  fuite;  toutefois,  le  maudit  n'a 
gagné  ici  nul  bonheur  ;  ri  pour 
cela,  l'odieux  fléau  ne  vivra  plus 
longtemps  sa  misérable  vie,  acca- 
blé d'iniquités  ;  mais  déjà,  la  bles- 
sure a  mis  sur  lui  sa  fatale 
empreinte,  le  tient  en  des  liens 
douloureux;  là,  l'être  souillé  de 
crimes  attendra  le  sort  tout-puis- 
sant, et  le  châtiment  que  lui  infli- 
gera le  Créateur  de  la  lumière  ». 
Alors  le  fils  d'Ecglaf  (Hunferth) 
fut  plus  silencieux  en  son  orgueil- 
leux discours  d'exploits  guerriers, 
depuis  que  par  la  force  du  héros, 
les  nobles  pouvaient  contempler 
au  haut  de  la  voûte  élevée,  la 
main,  les  doigts  de  l'ennemi  ;    .     . 


1939.  Thorpe  propose  «  feasreaff  otfWià  »,  en  le  rapportant  à  Grendel. 

1946.  Thorpe  :  «  nith-gripe  »  ;  Bugge  :  «  nyd-gripe  ». 

1960.  Pour  les  besoins  du  rythme,  Sievers  propose  la  correction  suivante  : 


leondes  fingras 


l'oran  aeghwylc  waes 
stithra  naegla... 


BËOWULF 


Ïi7 


feôndes  fingras  : 
forai)  aeg-hwylc  waeg 
steda  oaegla  ge-hwylc 
style  ge-licost, 
haethonos  hond-sporu. 
hylde- rinces 

[fol.  151  h. 
egl  un  h eo ru  : 
aeg-hwylc  ge-cwaeth. 
thaet  him  heardra  nan 
1070  hrinan  wolde 
iren  âer-gôd, 
thaet  thaes  âh-Iâecan 
blôdge  beadu-folme 
on-beran-vvolde . 

XV 

Thâ  woes  hâteu  hrethe, 
Heort  innan-weard 
fol  muni  ge-fraetwod  ; 
fêla  thâera  waes 
wera  and  wffa 
1980  the  thaet  win-reced 
gest-sele  gyredon  ; 
gold-fâg  scinon 
web  aefter  wagum, 
wundor-siona  fêla 
secga  ge-hwylcum 


pour 

tous,  chacun  des  durs  ongles 
paraissait  semblable  à  l'acier  : 
c'était  là  le  gantelet  des  païens, 
l'épouvante  des  guerriers  !  Et  cha- 
cun de  dire  qu'aucun  fer  de  la  plus 
rude  trempe,  éprouvé  de  longue 
date,  n'eût  pu  les  toucher,  ni 
résister  à  la  main  sanglante,  à  la 
main  de  guerre  du  monstre. 

XV 

Alors,  les  ordres  furent  aussitôt 
donnés,  et  les  mains  adornèrent 
l'intérieur  d'Heorot  ;  il  y  avait 
foule  d'hommes  et  de  femmes  qui 
préparaient  la  salle  du  vin,  la 
salle  des  botes  :  variées  d'or,  les 
tentures  brillaient  aux  murailles, 
grand  sujet  d'étonnement  pour 
ceux  qui  les  contemplaient.  Il 
avait  beaucoup  souffert,  le  bril- 
lant palais,  bien  quarmè  de  char- 
pentes de  fer,  à  l'intérieur;  les 
gonds  avaient  cédé  ; 


1966.  Le  M.  S.,  porto  «  hilde  hilde  rinces  »;  le  premier  «  hilde  »  étant  au 
bas  d'une  page,  et  le  suivant,  an  commencement  de  l'autre. 

1967.  Kemble  propose  :  «  egle  unheoru  ».  «  Unheoru»,  est  le  féminin  sin- 
gulier de  l'adjectif,  «  unhoore  »,  néfaste,  dangereux.  En  allemand  du  temps 
de  Luther  :  «  ungoheuer  ».  On  ne  rencontre  pas  la  forme  forte  «  egl  », 
injure,  dommage,  mais  une  forme  féminime  faible,  «  eg  le  »  (Gothique  : 
«  agilô  »)  se  trouve  dans  les  psaulmes  :  «  No  maog  the  aonig  yfel,  egle 
weordan  », 


418 


BËOWI  LI 


thàra  the  on  swycle  s  tarât  b. 

waes  thact  beorhte  bold 

tô-brocen  swithe 

eal  inné  weard 
i  ()()o  fren-bendu  faest, 

heorras  tô-hlitene, 

hrôf  âna  ge-naes 

eal  les  an-su  nd, 

the  se  aeg-lâeca, 

fyren-dâedum  fâg, 

on  flem  âge-wand, 

aldres  or-wéna  ; 

no,  thaet  y  the  byth 

to  be  fleonne 
2000  fremme  se  the  wille  ; 

ac  gesecan  sceal 

sâwl-berendra 

nyde  ge-nydde, 

niththa  bearna, 

grund-hûendra, 

gearwe  stôwe 

thaer  his  lic-homa 

leger-bedde  faest 

swefeth  aefter  symle. 
2010  Thâ  waes  sâel  and  înâel 

thaet  to  healle  gang 

[fol.  152  a.j 

Healf-denes  sunu, 

wolde  self  cyning 


la  vuùte  seule 

demeurait  sans  dommage,  intacte 
sous  ses  aspects,  par  ce  que  le 
maudit  souillé  de  crimes,  désespé- 
rant de  sa  vie.  avait  résolu  de 
s'enfuir.  Echapper  au  destin  est 
malaisé  :  qui  veuille,  le  tente  ! 
Mais  tout  être  qui  a  la  vie,  chacun 
des  fils  des  hommes,  habitants  de 
la  terre,  soumis  à  la  nécessité,  ira 
chercher  la  place  même  où  son 
corps,  cloué  sur  le  lit  de  la  mort, 
devra  dormir  après  le  festin  ! 
Alors,  ce  fut  le  temps  et  la  saison 
où  le  fils  d'IIealfdene  s'en  vint  à 
la  salle  ;  le  roi  lui  même  voulut 
prendre  part  au  festin 


1998  à  2000.  Ces  lignes  sont  retranscrites  dans  l'édition  de  Holder,  avec 
les  principales  corrections  qui  ont  été  faites  : 

Nô  thaet  ythe  byth 
tô  be-fleônne 
[fremme  se  the  wille  !] 
ac  gesecan  sceal 
sâwl-berendra  [gehwa], 
nyde  genyded 
niththa  bearna. 


llEOWULK 


\  \\) 


symbol  thicgan. 

Nege-fraego  icthâmaegth  h 

mâran  weorode 

yiiib  byra  sinc-gyfan 

seliv  ge-baeran. 

Bugoa  tha  to  be  nee 
2020  blâed-  agen  de, 

fylle  ge-faegon, 

faegere  ge-thaegon 

me  eo  do-ful  nianig, 

inagas  thara 

swith-hicgende 

on  sele  thâin  bean, 

Hr6tb-gar  and  Hruth-ulf. 

[Heo  rot  innan  waes 

freondu  a-fylled 
2o3o  nalles  f[acen]-stafas 

Theod-Scyldingas 

thenden  fremedfonj  : 

for-geaf  tbâ  Beù-wulfe 

brand  Healf-denes 

segen  gyldenne 

sigores  to  leane, 

hr[oden]-hilte  cumbor, 

helm  and  byrnan 

mâere  ma[th]thu-sweord 
2040  manige  ge-sâ\von 

be-foran  beforn]  beran, 

Beô-wulf  ge-thah 


.     Jamais  je 

n'entendis  parler  de  tribus  en  plus 
grand  nombre,  et  se  groupant 
mieux  autour  de  leurs  cbefs  :  là, 
les  glorieux  guerriers  se  dirigèrent 
vers  /es  bancs;  ils  se  réjouirent 
de  l'abondance  du  festin  ;  vaillam- 
ment, ils  se  servirent  plus  d'une 
coupe  de  bière,  eux,  les  féaux  aux 
cœur  hardi,  dans  la  haute  salle, 
eux,  Hrothgar  et  Hrothwulf. 
L'intérieur  d'IIeorot  était  rempli 
d'amis;  là,  point  ne  faisaient  de 
trahisons,  les  braves  Scyldings  ! 
Alors  le  fils  d'IIealfdene  donna 
à  Beôwulf  une  enseigne  d'or, 
comme  récompense  de  la  victoire  ; 
un  trésor  à  poignée  forgée,  un 
casque  et  une  cuirasse,  et  un  glaive 
de  grand  prix  que  plus  d'un  vit 
porter  devant  le  héros  :  Beowulf 
reçut  la  coupe  à  l'intérieur  du 
palais  ;  il  pouvait  ne  pas  rougir  de 
ses  présents,  devant  les  guerriers  : 


2018.  11  faut  lire,  ici,  «  sel  »  l'abverbe,  et  non  «  sele  »  l'adjectif.  Cf.  B.  F. 
76.  «  Gebaerati  »  :  «  manode  geneahke  bencsittende  thaet  hi  cjebaerdon 
wel  »,  Anal.  182.  «Beorgas  waéron  blithe  tjebaerdon  swa  ranimas  », 
Psalt.  328.  «  Gebaeran  »  signifie  encore,  se  comporter  :  «  Kiparen  »,  dans 
l'ancien  allemand  des  «  Gloses  de  Kero  »,  251.  En  moyen  allemand  «  geba- 
ren  »  (Eschenbach's  Parzival,  par  Lachman,  32  c). 

2023.  Bugge,  suivi  par  Earle  et  Heyne,  propose  d'ouvrir  une  parenthèse 
de  «  faegere  »  à  «  magas  »  «  thara  »,  à  cause  de  la  difficulté  qu'il  y  a  à 
trouver  un  antécédent  à  «  thara  ». 

29 


150 


lll.iiWI  II 


lui  on  Hell»'  ; 

nô   h€   thâerè  feoh-gyfte 

for  scôtenum 

scamifgan   thorfte, 

ne  ge-fraegn  ic  freônd-Ifcor 

feôw  er   mâdmas 

golde  ge-gyrede 
2o5o  gum-manna  fêla, 

in  ealo-bence, 

aethrum  ge-sellan. 

Ymj  bj  thaes  helmes  hrôf 

heâfod-beorge. 

wirum  be-wunden 

walan  ûtan  hêold, 

tliaet  him  fêla af 

[fol.  152  b. 

frecne  ne  meahton 

scûr-heard  sceth[th]an, 
20(H)  thon  scyld-freca 

on-géan  grâmum 

|g]angan  scolde. 

Héht  thâ  eoiia  hleô 

eah|  ta  i  méaras, 

faeted  hlëore, 

on  flot  teon, 

[i]n  under  eoderas, 


.  .  cl  jamais,  je  n'ai  entendu  rap- 
porter qu'autant  d'hommes  aient 
donné  plus  amicalement  à  l'un 
d'eux,  assis  an  banc  de  bière, 
quatre  présents  ornés  d'or.  Sur  le 
cimier  du  casque,  la  défense  du 
chef,  était  fixée  avec  des  fils  une 
amulette,  alin  que  le  glaive  durci 
au  frottement,  ne  put  frapper  avec 
violence  le  héros,  quand  celui-ci 
portant  le  bouclier,  serait  parti 
contre  les  ennemis. 

Alors  le  protecteur  des  guerriers 
ordonna  que  huit  coursiers,  parés 
aux  œillères  fussent  amenés  dans 
l'enceinte,  au  bas  du  palais  ;   .     . 


2045.  Grein  :  a  scoterum  »  :  Wûlcker  :  «  sceolendum  ». 

2054-2056.  Ettmùller  propose  «  irala  »,  déjà  adopté  par  Grein.  Si  on 
laisse  cet  endroit  du  manuscrit  sans  correction,  ou  l'on  doit  prendre 
«  walan  »  pour  sujet  et  «  heafod-beorge  »  pour  complément,  contraire- 
ment aux  règles  grammaticales  pour  le  verbe  «  heold  »,  ou  bien,  avec  Heyne 
et  Socin,  doit-on  prendre  «  heafod-beorge  »  pour  un  substantif  féminin, 
faible  au  nominatif,  et  «  walan  »  comme  complément,  avec  plus  d'obscu- 
rité dans  le  sens  de  la  phrase. 

2058.  Thorkelin  :  «  fëlà  îâfe  ». 

2059.  «  scurheard  ».  Earle  le  traduit  par  «  war-sconred  ». 

2067.  Gf.  Caediu.  150.  cl  le  vieux  saxon  (llelj.  151)  :  «  leddun  under' 
edero.s  ». 


P.l.nW  I  LK 


151 


lli.ira  iiiiiini  stôd 
sadol  searwum  fâh, 

2070  since  ge-wurthad  : 
thael  w  .ics  hilde  setl 
heâh-cyninges 
thon  sweorda  ge-lâc 
su  nu  Healf-denes 
efnan  wolde; 
naefre  on  ôre  laeg 
w  id -eu  thés  wig 
thonne  walu  fêollon  ;  | 
and  thé  Beô-wulfe 

2080  béga  ge-hwaethres 
eodor  lng-\vina 
on-weald  ge  teah, 
wicga  and  waepna  ; 
hét  hine  wel  brûcaiï. 
swâ  man -lice 
mâere  theôden 
hord-weard  haeletha, 
heatho  raesas  geald 
mêarum  and  mâdmum. 

2090  Swâ  by  naefre  man  lyhth 
se  the  secgan  wile 
soth  aefter  rihte. 

XVI 

Thâ  gyt  aeg-hwylcuin, 
eorla  drihten, 
1 1 1  a r a  the  mid  Bëo-wu  1  fe 
brim -lead  e  teâh. 


sur 

chacun  était  attachée  une  selle 
d'un  travail  varié,  rendue  pré- 
cieuse comme  un  trésor  ;  c'était  là, 
le  trône  de  guerre  d'un  chef  hau- 
tain, au  temps  où  le  (ils  d'Iïealf- 
dene  s'exerçait  au  jeu  des  épées  ; 
(et  jamais  dans  la  bataille,  la 
fureur  guerrière  àuprince  fameux 
ne  se  relâchait,  quand  morts,  tom- 
baient des  hommes  !)  — ,  et  alors 
à  Beôwulf,  le  prince  de  Ingwinas, 
donna  pouvoir  et  sur  les  chevaux, 
et  sur  les  armes;  il  lui  souhaita 
d'en  bien  jouir  :  ainsi,  virilement, 
le  roi  puissant,  le  gardien  des 
trésors  des  héros,  récompensait  il 
les  assauts  de  guerre,  avec  des 
trésors  et  des  chevaux  :  ainsi,  per- 
sonne jamais  ne  blâmera  quicon- 
que en  toute  droiture,  dira  la 
parole  de  vérité! 

XVI 

Bien  plus,  le  chef  des  comtes 
donna  à  chacun  de  ceux  qui,  avec 
Beowulf,  avaient  traversé  la  mer, 
un  trésor,  au  banc  de  bière,   . 


2073.  «  Jeu  des  épées  ».  En  vieux  normand  :  «  leih:  Hiorleiks  firatir  ». 
Joyeux  au  jeu  des  épées  Sigurd-q.  Il,  23.  Autre  emploi  du  verbe  «  leika  »  : 
*en  thar  avll  skylo  f/eirom  leika  f/od  »  (Sigurd-q.  11,  B.  15).  EL  Ton  ren- 
contre, souvent,  avec  le  même  sens  :  «  gar  plega,  guth-plega,  hild^plega, 
lind-plega,  scyldplega  ». 

2096.  Kemble  :  «  hrim-htde  ». 


452 


MhMWLLF 


on  thâere  medu-benee 

mâththum  ge-sealde, 

yrfe-lâfe, 

[fol.  153  a.] 
2100  and  thone  âenne  héht 

golde  for-gy  I  dan 

thone  the  Grendel  âer 

m  âne  â-cwealde, 

swâ  hë  hyra  ma  wolde 

nefne  him  witi[g]  gôd, 

wyrd  for-stôde, 

and  thaes  mannes  ni(')d  : 

[me]tod  eallum  wëold 

gumena  cynnes 
2i  io  swà  hë  nû  gyt  déth, 

forthan  bith  and-git 

aeg-hwaer  sélest, 

ferhthes  fore-thanc; 

fêla  sceal  g[e]-bidan 

leôfes  and  lâthes 

se  the  longe  hër 

on  thyssù  win-dagum 

worolde  brûceth. 

Thaer  waes  sang  and  swég 
2120  samod  aet-gaedere, 

fore  Healf-denes 

hilde-wisan, 

gomen-wudu  gréted, 

gid  oft  wrecen  : 

thon  heal-gamen 

Hrôth- gares  seop 

aefter  medo-bence 

mâennan  scolde, 

Fi  unes  eaferum 


el  il 


commanda  de  racheter   avec  de 

l'or  celui  que  Grendel  avait  traî- 
treusement occis,  comme  il  l'eût 
fait  pour  bien  d'autres  :  mais  Dieu 
sage,  et  la  Destinée  lui  résistèrent 
victorieusement,  ainsi  que  le  cou- 
rage; du  héros  :  le  Créateur,  en  ces 
temps-là,  régnait  sur  toute  la  race 
des  hommes,  ainsi  qu'il  le  fait 
encore  aujourd'hui  même, et  donc, 
y  a-t-il  pour  le  plus  grand  bon- 
heur de  tous,  et  partout,  la  provi- 
dence de  son  esprit;  ainsi,  doit-il 
s'attendre  à  beaucoup  de  joie  et  à 
bien  des  peines,  celui  qui  long- 
temps sur  la  terre,  en  ces  jours  de 
lutte,  consume  sa  vie  dans  le 
siècle  î 

Il  y  avait  des  chants  et  des  mu- 
siques tout  ensemble,  devant  les 
chefs  d'Healfdene  ;  le  bois  de  joie 
(la  harpe)  était  touché,  et  la  chan- 
son, souvent,  était  chantée  :   . 


2121.  Cf.  Cosijn,  Aanteekeningen,  p.  18.  Trautmann,  Anglistik,  II,  183. 


2129-2132.  Heyne  avec  Earle  ne  fait  commencer  l'épisode  qu'au  vers  2131. 
Mais  Wûlcker  et  Bugge  le  font  remonter  aux  vers  2129-2130,  parce  que 
<et  le  interprétation  supprime  la  difficulté  du  régime  d'  «  eaferiwi».  Kemble 


NEOWTLF 


153 


2i3o  thé  hie  se  fâer  be-geat,  alors 

haeleth  Healf-dena  le  poète  d'Hrothgar,  au  bout  du 

Hnaef  Scyldinga  banc  de  bière,  dut  exciter  la  joie 

in  Frês-waele  dans  la  salle,  au  sujet  desdescen- 

feallan  scolde.  dants  de  Finn,  quand  une  expédi- 

Ne  hîiru  Hilde-burh  tion   de   guerre   vint   fondre   sur 

herian  thorfte  eux  :  le  destin  était  que  le  héros 

Eôtena  treôwe  :  d'Jïealfdene,    Hnaef  le   Scylding, 

un-synnum  wearth  tombât  au  pays  des  Frisons.  .     . 
be  loren  leofd 


propose  :  «  [be]  Firmes  eaferum  »,  Heyne  et  Soein  «  Finnes  eaferum 
[frairi]  ».  Bugge  démontre  que  la  correction  «  Jlealf denes  »,  au  lieu  de 
«  Healf-Dena  »  du  texte,  est  fausse,  «  Healfdenes  »  étant  un  nom  de  tribu. 
Aver  Heyne  et  Earle,  on  peut  regarder  «  haeleth  »  comme  un  nominatif 
singulier,  «  Hnaef  Scyldinga  »  étant  une  expression  semblable  à  «haeleth 
ffealf-Dena  ». 

u2129  et  suivants.  L'épisode  du  roi  Finn  est  une  partie  très  obscure  du 
poème,  et  constitue  plutôt  une  série  d'allusions  détachées,  qu'un  récit  con- 
tinu. Il  peut  se  résumer  ainsi  : 

Finn,  roi  des  Frisons  du  Nord  (Eotens),  et  fils  de  Folcwalda,  enlève  Hilde- 
burh,  sœur  d'Hnaef  et  d'Hengest  et  fille  d'Hoc,  chef  Danois  ou  Scylding. 
Hoc  se  met  à  la  poursuite  des  fugitifs,  et  est  tué. 

Hnaef  et  son  frère  Hengest  semblent  avoir  tenté  de  venger  la  mort  de  leur 
frère,  par  une  incursion  au  pays  des  Frisons,  et  une  bataille  désespérée  est 
livrée,  au  cours  de  laquelle  Hnaef  et  un  fils  de  Finn  trouvent  la  mort. 

Après  quoi,  intervient  un  traité  de  paix,  où  il  est  dit  que  comme  l'hiver 
approche,  Hengest  et  ses  soldats  danois  seront  autorisés  à  demeurer  au  pays 
des  Frisons,  et  seront  traités  par  le  roi  [Finn],  à  l'égal  de  ses  propres  sujets. 
Hengest,  cependant,  se  souvenant  du  passé,  est  soupçonné  de  préparer  une 
revanche,  pour  la  fin  de  l'hiver.  Et  c'est  alors  que  les  Frisons  le  devancent, 
et  le  surprennent  avec  ses  hommes  pendant  qu'ils  dorment  la  nuit,  au 
palais.  (C'est  à  cette  surprise  que  se  rapporterait  le  fragment  poétique  connu 
sous  le  titre  :  «  La  bataille  de  Finnsburg  »  ;  mais  il  y  à  ce  sujet  une  autre 
opinion  qui  rapporte  le  morceau  à  l'attaque  dans  laqnelle  périt  Hnaef  : 
l'hypothèse  est  celle  de  Grein  et  de  Bugge).  Hengest  est  massacré  par  un 
descendant  d'Hunlaf,  mais  Guthlaf  et  Oslaf,  deux  de  ses  partisans,  s'enfuient 
pour  revenir  plus  lard  en  ces  lieux,  y  tuer  Finn  en  son  palais,  et  ramener 
dans  sa  patrie  la  reine  Hildeburh. 

2139.  «  Beleosan  »,  prend  le  datif  de  l'objet.  Cf.  Caedm.6  :  «  leohte  belo- 
rene  ».  Cod.  Verc.  I,  2157  :   «  lus  turn  belorene  ». 


154 


BEOWULF 


21  |o  aej  ih.ï  hild-plegan, 

bearnum  and  brôthrura  : 

hie  on  ge-  byrd  hruron 

gare   w  unde  ; 

[fol.  153  b.] 

thael  wa.es  gëomuru  ides. 

Nalles  hôlinga 

i  II  ôces  doli tor 

meotod-sceaft  be-mearn, 

si    Ihthan  morgen  com, 

thâ  hëo  under  swegle 
2i5o  [ge]-seôn  meahte 

morthor-bealo  màga, 
Hi  aerhë[o]âermâeste hëold 

vvorolde  wynne  : 

wig  ealle  for-nam 

Finnes  thegnas 

ne  nine  feâii  ânum, 

thaet  hô  ne  melite 

on  thaem  méthel-stede, 

wig  llengeste 
2160  wiht  ge-feohtan, 

né  thâ  weâ-lâfe 

w  lge  fo  r-t  h  r  i  n  ga  n 

theôdnes  thegne : 

ac  highim  ge-thingo  budon, 

thaet  liTê  him  other  flet 

eal  ge-rymdon, 

heal  le  and  heah-setl, 

tliaet  hie  healfre  ge-weald 

wit!)  Eotena  beam 


En- 
core Hildeburh  n'avait-elle  poinl 
do  raison  de  louer  la  fidélité  des 
Jutes  ;  elle  fut  méchamment  privée 
au  jeu  de  la  guerre  de  ses  fils  bien- 
aimés,  el  de  ses  frères  :  l'un  après 
l'autre,  ils  tombèrent,  blessés  par 
les  javelines  ;  ce  fut  là  une  triste 
héroïne  ! 

La  fille  de  Hoc  ne  pleura  pas  en 
vain  leur  mort,  après  que  le 
matin  fût  venu,  et  que  sous  le  ciel, 
elle  pût  contempler  le  meurtrier 
de  son  fils,  dans  les  lieux  où 
auparavant,  il  avait  possédé  la 
plupart  des  joies  de  la  terre  :  la 
guerre  enleva  tous  les  compagnons 
de  Finn,  hormis  quelques-uns,  de 
sorte  que  celui-ci  ne  pouvait  sur 
les  lieux  de  la  rencontre,  avoir 
d'avantage  en  combattant  contre 
Hengest,  ni  défendre  à  la  guerre 
ses  misérables  restes,  contre  le 
thane  du  roi  ;  mais  on  lui  fit  des 
propositions  : 


2140.  Quelques  auteurs  substituent  «  lind-plegan  »  à  «  hild-plegan  »  du 
manuscrit,  pour  l'allitération. 

2142.  «  On-gebyrd  »  a  la  même  racine  que  «  ge-byrdnes  »,  «  ende- 
byrdnes  »,  et  marque  la  succession  :  «  ils  tombèrent  l'un  après  l'autre  ». 
«  Ac  scealon  gebyrd  faran,  an  aefter  anum  »,  Sal.  Sat. 


2r>2.  Le  manuscrti  porte  «  he  ». 


HKmW  ULF 


Y 


155 


2170  ngan  môston, 

and  ac I  leoh-g\  flu 

Folc-Waldan  sunu. 

dôgra  ge-hwylce, 

Dene  weorthode, 

Hengestes  heap 

hringû  wénede 

of  ne  swâ  swithe 

sinc-ge-streônuin 

faettan  goldes, 
2180  swâ  hê  Frësena  cyn 

on  bêor-sele 

hyldan  wolde. 

Tha  hie  ge-truwedon 

on  twfi  heal  fa 

faeste  friothu-wâere, 

Fin  Hen  geste, 

elne  un-flitme, 

âthû  be-nemde 

[fol.  154  a. 

thaet  hë  thâ  weâ-lâfe 
2190  weotena  dôme 

arum  hëolde, 

thaet  thaer  âenig  mon 

wordù  né  worcum 

wâere  né  braece, 

né  thurh  in-wit-searo 

aefre  ge-mâenden, 

theâh  hie.  hira  beâg-gyfan 

banan  folgedon 

theôden-leâse, 
2200  thâ  him  swâ  ge-thearfod 

[waes  : 

gyf  thonne  Frysna  hwylc 


il   lui  serait  donné 

tout  un  second  palais,  une  salle, 
un  trône;  le  pouvoir  serait  par- 
tagé avec  les  (ils  des  Jutes,  et  à  la 
distribution  des  trésors,  chaque 
jour,  le  fils  de  Folcwalda  ferait 
honneur  aux  Danois,  aux  troupes 
d'Ilengest;  il  leur  distribuerait 
encore  des  anneaux,  avec  de  nom- 
breux trésors  d'or  massif,  dans  la 
mesure  même  où  il  les  aurait  dis- 
pensés aux  hommes  de  la  race  des 
Frisons,  dans  la  salle  de  bière. 
Là,  des  deux  côtés,  on  confirma 
un  traité  de  paix  très  étroit  :  Finn, 
avec  force  et  sans  équivoque,  s'en- 
gagea par  serment  envers  Hengest 
à  protéger  gracieusement  les  pau- 
vres survivants,  d'après  le  juge- 
ment de  son  conseil,  (et  Hengest), 
à  ce  qu'en  ce  pays,  aucun  homme 
par  ses  actes  ou  par  ses  paroles, 
ne  romprait  la  paix,  et  ne  rappel- 
lerait jamais,  en  intentions  hos- 
tiles, le  conflit  de  guerre,  quoique 
Ions  privés  de  leur  prince  qui  leur 
avait  donné  des  anneaux,  dussent 
suivre  celui  qui  l'avait  massacré, 
puisqu'ils  y  étaient  ainsi  con- 
traints par  la  nécessité  : 


2174.  «  Weorthian  »  est  souvent  employé  dans  la  même  acception  que 
dans  ce  passage.  Cf.  «  Bèowtllf  »,  vers  3988  ;  Cod.  Verc.  I,  113  :  «  ivordum 
weorthian  ».  Id.  I,  1080, 


2176.  Thorkelin  :  «  thenede  ». 


456 


HKOWTLK 


frëcnen  spraece 
thaes  morthor-hetes 

myndgiend  waere, 

thonne  hit  sweordesecg 

syththan  scoldc. 

Al  h  waes  ge-aefned, 

and  icge  gold 

â-haefen  of  horde 
2210  here-Scyldinga  : 

hetst  beado-rinca 

waes  on  bael  gearu  ; 

aet  thaem  ate  waes 

eth-ge-syne 

swat-fâ  h  syrce, 

swyn  eal-gylden, 

eofer  iren-heard  ; 

aetheling  manig 

wundum  a-wyrded, 
2220  sume  on  waele  erungon. 

Hét  thâ  Hilde-burh 

at  Hnaefes  âde 

hire  selfre  sunu 

sweolothe  be-faestan, 

ban- fa  tu  baernan, 

and  on  bael  don, 

earme  on  eaxle  ; 

ides  gnornode 

gëomrode  giddum, 
223o  gûth-rinc  â-stâh, 

wand  [tô]  wolcnum 

[fol.  154  b.] 

wael-fvra  ma  est. 


et  au  cas 

où  quelqu'un  des  Frisons,  en  inso- 
lents discours,  ferait  allusion  à  la 
guerre  mortelle,  alors  le  tranchant 
du  glaive  en  tirerait  vengeance. 
Le  serment  fut  échangé,  et  de  l'or 
amoncelé  fut  apporté  du  trésor 
des  guerriers  Scyldings  :  les  meil- 
leurs des  héros  se  tenaient  prêts, 
autour  du  bûcher  où  il  était  aisé 
de  voir  des  cottes  de  mailles  teintes 
de  sang,  les  enseignes  d'or  à  têtes 
de  sanglier,  les  lances  au  fer  dur, 
—  et  bien  des  nobles  criblés  de 
blessures,  —  car  plus  d'un  était 
entré  dans  la  mort.  Alors,  au  faîte 
du  bûcher  de  Hnaef,  Hildeburh 
ordonna  qu'on  livrât  aux  flammes 
son  propre  fils  ;  qu'on  brûlât  son 
corps,  et  qu'on  le  plaçât  sur  le 
monceau  des  cadavres  ;  la  dame 
pleurait,  penchée  sur  l'épaule  de 
son  fils,  et  se  lamentait  en  chants 
de  deuil  ; 


2202.  Zupitza  transcrit  avec  Kemble  :  «  frecnen  spraece  »  :  Wùlcker  : 
«  frecnenspraece  ». 

221G.  «  eal-gylden  »  est  un  composé  très  commun  en  anglo-saxon.  Cf.  For 
Skirn.  XIX,  1  (Ed.  Saem    I,  77)  :  «  Epli  ellifo,  her  hefi  ec  al-gvllin  ». 

2230.  Grundtvig  :  «  guth-rec  ». 


BEOWI  LF 


457 


hlynode  for  hlâwe, 
nafelan  multon. 
ben-geato  burston 
t lionne  blôd  aet-spranc, 
lâth- b (te  lices 
lïg  cal  le  for-swealg, 
gàesta  gïfrost, 
22  (.o  thâra  Ihe  thaer  grith  for- 
béga  folces  waes  nam 

h  ira  blâed  scacen. 

XVII 

Ge-witon  him  tha  wigend 

wîca  neôsian, 

freundn  be-feallen, 

Frvs-land  ge-seôn, 

llamas  and  hed-burh  ; 

Hengest  thâgyt 

wael-fâgne  winter 
225o  wunode  mid  Finne, 

un  hlitme, 

eard  ge-munde, 

theâh  the  hë  meahte 

on  mere  drifan 

hringed-stefnan, 

holm  storme  wëol 

won  with  winde, 

winter  ythe  be-lâc 

Ts-ge-binde, 
2260  oth  thaet  other  com 


.  .  le  guerrier  fui  porté  au 
bûcher^  ei  le  pins  grand  des  feux 
de  mort  tourbillonna  vers  le  ciel, 
en  grondant  dans  ses  remparts  de 
bois  :  les  casques  fondaient  ;  les 
cicatrices  drs  blessures  éclataient, 
dans  le  crépitement  des  chairs, 
quand  le  sang  en  jaillissait;  la 
flamme,  des  éléments  le  plus 
avide,  dévorait  tous  ceux  là  qu'en 
ces  lieux,  la  mort  avait  emportés  : 
des  deux  peuples,  la  gloire,  ainsi, 
s'en  était  allée. 

XVII 

De  là,  les  guerriers  partirent, 
privés  d'amis,  pour  visiter  leurs 
demeures,  pour  voir  le  pays  des 
Frisons,  les  maisons  de  ceux-ci,  et 
leur  cité  altière.  Hengest  encore, 
pendant  l'hiver  aux  couleurs  de 
mort,  demeura  avec  Finn,  sans 
contrainte  ;  sans  qu'on  lui  fît 
d'attribution  de  domaines,  il  cul- 
tivait la  terre,  quoiqu'il  eût  pu 
conduire  sur  la  mer,  le  vaisseau  à 
la  proue  annelée  ; 


2239.  Cf.  Cod.    Ex.    19   .   «  Fyr  gaésta  gifrost  •>  ;   id.  22  :   «  se  gifr 
gast  ». 

2251.  Heyne  :  «  mùi  »  «Finne»  «  \ealles]  »  «  unhlitme  »  :  Rieger,  Grein 
cl  Wûlcker  :  «  el  [ne]  »  «  un[f]lit?ne  ». 

2253.  Grein  et  quelques  auteurs  avaient  lu  «  ne  »,  au  lieu  de  «  lie  »,  dnns 
le  manuscrit. 


158 


BE0W1  I  l' 


gear  m  geardas  : 

s\v;i  mi  gyt  (I  ('I  h. 

tin  the  syngales 

séle  be-witiath, 

wuldor-torhtan  weder. 

Thé  waes  winter  scacen, 

faeger  foldan  bearm, 

fundode  wrecca 

gist  of  geardum; 
2270  he  tô  gyrn-wraece 

swithor  thôhte 

thon  t(')  sâe-lade, 

[fol.  155  a.  ; 

gif  hë  torn-[ge]  mot 

thurh-teôn  milite, 

thaet  hë  Eotenfa]  bearn 

inné  ge-munde. 

Swâ  hë  ne  fo[r]-wyrnde 

worold-raedenne 

thonne  him  Hûn  lâfing, 
2280  hilde-leôman, 

billa  sélefst], 

on  bearn  dyde  ; 

thaes  waeron  mid  Eôtenum 

ecge  cûthe  ; 

swylce  ferht-frecan 

Fin  eft  be-geat, 


les  profondeurs 

de  l'océan  bouillonnaienl  Boas  les 
tempêtes,  el  luttaient  contre  les 
vents;   l'hiver  retenait   la  vague 

dans  des  chaînes  de  glare,  jusqu'à 
ce  qu'une  second*'  année  s'écoulât 
pour  les  habitants  de  ce  continent  : 

ainsi  encore,  la  saison  éternelle 
dispense-t-elle  avec  bonheur  des 
jours  de  gloire  et  de  lumière. 
Quand  l'hiver  passa,  et  que  le  sein 
de  la  terre  devint  riant,  l'étranger, 
l'exilé  sortit  de  ses  demeures,  pour 
explorer  le  pays.  Il  pensait  plus  à 
sa  vengeance  qu'à  s'en  aller  par 
mer  ;  il  eût  voulu  provoquer  des 
deux  côtés,  une  rencontre  hostile 
car  il  se  souvenait  en  lui-même, 
des  fils  des  Jutes. 


2278.  Il  est  difficile  d'accepter,  malgré  l'opinion  de  Moller,  Bugge,  Heyne, 
Socin  et  Earle,  la  correction  «  worod-raedenne  »,  car  on  ne  rencontre 
jamais  la  forme  «  worod  »  dans  la  poésie  de  l'ancien  anglais. 

2279.  En  ce  passage,  nous  avons  gardé  l'écriture  du  manuscrit  :  «  Hun 
lafing  »,  que  Zupitza  et  Kemble  transcrivent,  comme  «  hun-lafing  ».  On 
trouve  constamment  dans  le  texte  des  noms  propres,  séparés  en  deux,  et  par 
conséquent  «  Hun  lafing  »,  pourrait  également  s'écrire  :  «  Hunlafing  »  ou 
«  Hun  Lafing  ».  Bugge,  dans  une  hypothèse  ingénieuse,  prétend  que 
«  Hun  »  est  en  conjonction  avec  «Lafing»,  qui  serait  le  nom  du  glaive  dont 
Finn  essaye  la  pointe  sur  la  poitrine  d'Hengest,  quand  celui-ci,  pour  mieux 
assurer  sa  vengeance,  ne  refuse  pas  de  se  reconnaître  pour  l'homme  lige  de 
Finn. 


BEOWl'LF 


459 


sweordVbealo  slïtlipn. 

aet   his   selfes  ham, 

sit  h  Mia  n  grimne  gripe 
2290  Giith-Iàf  and  Ôs-lâf 

aefter  sae-sithe, 

sorge  màendon  ; 

aet-witoo  weàna  dâel  ; 

ne  ineah le  waefre-môd 

fôr-habban  in  hrethre  ; 

1 1 1,1  waes  heal  hroden 

feônda  from  in, 

swilce  Fin  slaegen 

cyningon  corthre, 
2  3  00  and  sêo  cwèn  nu  m  en 

sceôtend  Scyldinga 

tô  scypon  feredon, 

eal  in-ge-steald 

eorth-cyninges, 

swylce  hïe  aet  Finnes-ham 

fin  dan  meahton, 

sigla  searo-gimma  ; 

hie  on  sâe-lade 

driht-Iice  wif 
23 10  té  Denum  feredon, 

laeddon  tô  leôdum. 

[fol.  155  b.] 

Lêoth  waes  a-sungen 

gle<')-mannes  gyd, 

gamen  eft  â-stàh, 

beorhtode  benc-swég 

byrelas  sealdon 

wïn  of  \v  under-fatum  : 

thé  cwôm  Wealh-theô  forth 

gân  under  gyldnum  beage. 
2320  thaer  thâ  gôdan 

twêgen  saeton 

suhter-ge-faede Van  ; 


\insi  n'échappa-t-il  pas  à  la 
mort,  quand  le  descendant  d'Ilun- 
laf  lui  plongea  dans  le  sein  l'éclair 
de  guerre,  le  meilleur  des  glaives  : 
et  l'on  sut  parmi  les  Jutes,  et  à  la 
pointe  du  glaive,  quels  guerriers 
h  l'Ame  hardie  Finn,  le  sangui- 
naire, devait  rencontrer  par  la 
suite,  dans  ses  propres  demeures  : 
quand  Gudlaf  et  Oslaf,  après  leur 
voyage  de  mer,  déplorèrent  le 
meurtre,  et  accusèrent  Finn  de 
leur  douleur.  11  vengèrent  leurs 
pertes  en  partie  :  et  le  roi  aux 
desseins  pervers,  ne  put  contenir 
sa  peter,  quand  son  palais  fut 
investi  par  les  hommes  de  ses 
ennemis  ;  Finn,  lui-même,  fut 
massacré,  lui,  le  roi,  parmi  ses 
guerriers,  et  la  reine  fut  enlevée. 
Les  héros  des  Scyldings  empor- 
tèrent sur  leurs  vaisseaux,  tout  ce 
qu'ils  avaient  pu  trouver  de  ri- 
chesses domestiques  dans  le  palais 
du  roi  puissant,  les  joyaux  et  les 
pierres  taillées  :  par  la  mer,  ils 
ramenèrent  la  dame  royale  chez 
les  Danois,  et  ils  la  rendirent  à 
son  peuple. 

Le  lai  fut  chanté,  ainsi  que  la 
chanson  du  bouffon,  et  la  joie  à 
nouveau  s'éleva  ;  des  rumeurs 
allaient  en  croissant,  de  tous  les 
bancs,  et  les  porteurs  de  coupes 
versaient  le  vin  hors  de  vases  pré- 
cieux :  alors  Wealtheôw  s'avança 
sous  une  couronne  d'or,    . 


2290.  Biiirge  :  «  rode//  » . 


MM) 


BEOWULF 


thé  gyt  wars  hicra 

sib  aet-gaedere, 

âeg-hwylc  ôthrurr,  trywe. 

Swylce  thaer  Hunferth  thyle 

aet  fôtum  saet 

frean  Scyldinga  ; 
233o  ge-hwylc  hiora 

bis  ferhthe  treôwde 

thaet  hê  haefde  môd  micel, 

theâh  he"  his  mâgum 

nàere  aer-faesl 

aet  ecga  ge-lâcum. 

spraec  thâ 

ides  Scyldinga  : 

on  fôh  thissum  fui  le 

freô-drihten  mîn, 
2340  synces  brytta, 

thû  on  saelum  wes 

gold- wine  gumena, 

and  tô  Geâtum  spraec 

mild  urn  word  u  m 

swà  sceal  man  don  ; 

beo  with  Geâtas  glaed, 

geofena  ge-myndig 

neân  and  feorran  ; 

thû  niî  [freotho]  hafast, 
235o  mê  man  saegde, 

thaet  thû  the  for  sunu  wolde 
[fol.  156  a.] 

here-ric  habban  ; 

Heorot  is  ge-faelsod 

beâh-sele  beofrna]  ; 

brûc  thenden  thû  mote 


vers  l'en- 
droit où  l('^  deux  bons  cousins 
étaient  assis  :  encore  chacun,  en 
ces  temps,  était-il  fidèle  à  l'au- 
tre, en  toute  paix.  Là  aussi,  le 
diserl  Hunferth  s'était  étendu  aux 
pieds  du  roi  des  Scyldings  ;  tous 
avaient  confiance  en  son  esprit,  et 
savaient  que  grand  était  son  cou- 
rage, bien  qu'auparavant,  et  pour 
ses  vassaux,  il  ne  se  fût  point 
montré  ferme  au  jeu  des  glaives. 
Alors  parla  la  reine  des  Scyl- 
dings :  «  Reçois  cette  coupe,  o 
mon  Seigneur,  toi  qui  distribues 
les  anneaux  !  Sois  heureux,  prince 
des  héros,  et  parle  aux  Geats, 
avec  de  la  douceur  en  tes  discours, 
ainsi  qu'il  convient  à  un  roi  :  vis 
avec  eux  en  bonne  amitié,  te  sou- 
venant des  bienfaits,  et  de  près, 
et  de  loin  !  Tu  as  promis  aujour- 
d'hui, m'a-t-on  rapporté,  de  re- 
garder leur  chef  comme  ton  fils  ; 
lleorot  est  purifié,  Heorot,  la  salle 
d'anneaux  des   guerriers;    .   .     . 


2327.  Le  M.  S.,  porte  «  hun  ferth  ». 

2341.  «  onsalum  •>  est  plus  usuel. 

2352.  Quelques  auteurs  écrivent  [«  here-ri\rî]c  »]. 


BEOWULF 


'lb* 


mamma  me  da  . 

and  thinum  mngum  lad' 

folc  and  rice 

thon  ne  Uni  forth  scyle 
236o  metod-sceaft  scon  : 

ic...  minne  can 

glaedne  Hrôth-ulf 

thaet  hë  tliâ  g  eôjgothe  wile 

arum  healdan, 

gyf  thii  âer  thon  hë, 

wëne  Scyldinga, 

worold  of-laetest  : 

wéne  ic  lhaet  hë  mid  gode 

gyldan  wille 
2 3  70  uricran  eaferan, 

gyf  he  thaet  eal  ge-mon 

hwaet  wit  to  willan 

and  to  worth-myndum 

umbor-wesendum  aer 

ârn  a  gë-fremedon. 

Hwearf  thâ  bT  hence 

timer  hyre  byre  wâeron 

Ilréth-ric  and  Hroth-mund 

and  haeletha  beam, 
238o  giôgoth  aet-gaedere; 

thaer  se  goda  saet 


jouis, 

pendant  que  tu  le  peux,  de  tout 
ton  bonheur, cl  laisse  à  tes  enfants, 
et  ton  peuple  et  ton  royaume, 
quand  il  le  faudra  partir,  pour 
voir  la  mort  :  je  sais  à  présent, 
mon  aimable  llrôlbwulf,  que  gra- 
cieusement, il  protégera  tes  fils, 
si  avant  lui,  o  ami  des  Scyldings, 
tu  quittes  le  monde  :  je  gage  qu'il 
paiera  en  bienfaits  notre  postérité, 
s'il  se  souvient  de  tout  ce  qu'en 
faveurs,  pour  sa  joie  et  son  hon- 
neur, nous  avons  dispensé  sur 
lui,  en  d'autres  temps,  quand  il 
était  clans  le  malheur.  Alors,  elle 
se  tourna  vers  le  banc  où  se  trou- 
vaient ses  fils,  Hrethric  et  llroth- 
mund,  —  et  les  enfants  des  guer- 
riers —  toute  la  jeunesse  réunie; 
là,  le  bon  guerrier  était  assis, 
Beowulf  le  Geat,  près  des  deux 
frères. 


2356.  Le  manuscrit  manque  à  la  finale  :  «  me  »  [...]. 

2360.  «  metod-sceaft  ».  «  Dieselbe  heidnische  vorstellung  bricht  nun 
noch  in  dem  Alts,  rega?igiscapu,  reganogiscapu  durch,  welches.  »  (Hélj. 
79,  103)  ;  id.  :  «  wurdgis-capu  »  ;  id.,  56  :  «  metodogiscapu  »  ;  Grimm,D.  M. 
p.  IX  :  «  wir  sahen  cor/iin  das  Metod  ebenfals  eine  benennung  des  hochs- 
ten  wesens  icar,  die  der  christliche  dichter  aus  der  heidnischen  poésie 
beizube  Italien  sich  getraute  »  . 

2361.  Probablement  :  «  16  nu  ». 

2375.  Les  mots  de  la  quatrième  déclinaison  féminine  forte,  ont  souvent 
un  génitif  pluriel  faible.  Ainsi  «  arna  »,  arena.  Caedin.  130,  136,  147,  448, 
234;  Cod.  Ex.  53;  Cod.  Ver.  I,  536. 


\&2 


Il  how  I  LF 


Beô-wulf  Geâta 

be  Iliac  ge-b roth  rum  twame 

XVIII 

llim  waes  lui  boren, 

and  freônd-latliu 
word  m  h  be-waegned, 
and  w unden  gold 
éstum  ge^-eâwed, 
earn  reâde  twâ, 
23()o  hraegl  and  hringa[s], 
heals-beâga  mâest 

[fol.  156  b. 
I  h  ara  the  ic  on  foldan 
[gej-fraegen  haebbe  : 
nâenigne  ic  under  sweg[le] 
sélran  hyrde 
hord-mâdmum  haeletha, 


Will 

La  coupe  lui  fut  portée,  et  on  le 
convia  en  mots  d'amitié  :  en  joie, 
on  lui  présenta  de  l'or  ouvragé, 
des  anneaux  et  une  robe,  teinte  en 
rouge  sur  les  bras,  et  le  plus  écla- 
tant des  colliers  dont  j'ai*'  jamais 
entendu  parler  :  je  n'ai  connu  sous 
le  soleil  de  plus  coûteux  trésor 
des  héros,  depuis  qu'IIama  em- 
porta au  monastère  d'IIerebyrhte, 
le  collier  des  Brosings,  les  perles 
et  la  vaisselle  précieuse  :  .     .     . 


2389.  Grein  :  «  earm-\Ji\reade  ». 

2396.  «  /tord  maththum  ».  Grimm  (1).  H.  S.,  p.  17)  l'ait  remarquer  que 
ce  passage  a.  trait  à  un  épisode  traditionnel,  dans  les  cycles  gothiques  et 
normands.  L'  «  Hama  »  de  «  Beoiculf  »  est  1'  «  Heime  »  des  poèmes  germa- 
niques du  xne  siècle,  où  on  le  trouve  toujours  lié  à  «  Wîttich  »  («  Wudga  » 
et  «  Hama  »  dans  la  «  Chanson  du  Voyageur»),  L'épisode  avait  été  connu, 
déjà,  de  Jornandès  qui  écrit  :  «Ermanaricus,  rex  Gothorum,  licet  multa- 
rum  gentium  extiterit  triumji/iator,  Rojonalorum  gens  infida^  quae  tune 
inter  alias  Mi  famulatum  exhibebat,  tali  eum  nanciscitur  occasione 
decipere.  Dam  enim  quandam  mulierem  Sanielfi  nomine  ex  g  ente  memo- 
rata,  pro  mariti  f'raudulento  discessu,  rex  furore  commotus,  equis  fero- 
cibus  illigatam,  incitatisque  cursibus,  per  diversa  divelli  praecepisset, 
fratres  ejus  Sarus  et  Ammius  germanae  obilum  vindieantes,  Ermanarici 
latus  ferro  petierunt...  »  (Muratori,  1,  en.  XXIV).  D'autres  versions  donnent 
les  formes  «  Roxolanorum  »,  «  Rasomonorum  »,  «  Rosomorum  »,  et  au 
lieu  de  «  Sanielh  »,  Sonilda  »,  «  Suanibildam  »,  «  Sunihil  ».  La  Wilkina 
Saga  qui  contient  peut-être  la  tradition  la  plus  pure,  cite  les  noms  suivants  : 
«  Swanhild  »,  «  Sorti  »,  «  Hamdir  »,  et  fait  de  ces  personnages,  selon  l'his- 
toire normande,  des  enfants  de  «  Gudrun  »,  veuve  de  «  Sigurdr  ».  Le  récit 
se  trouve  avec  plus  de  détails  encore,  dans  l'Edda  et   dans  .Saxo  Gramma- 


HKOW  I  IK 


u\:\ 


s\  iht  han  Ha  ma  aet-waeg 
tê  Here-byrtan  b  yrig 
Brosinga  mené, 
2400  sigte  and  sinc-faet  : 
-  earo-nithas  fealh 
Eorm  en-rices  ; 
ge-ceâs  écnc  raed. 


il  avait 

fait  l'épreuve  des  maléfices  d'Iler- 
manaric,  et  il  avait  choisi  les 
biens  éternels.  L'anneau  avait  été 
possédé  par  llygelac.  le  Geat, 
neveu  de  Swerting,  la  dernière 
fois  où,  sous  la  bannière,     .     .     . 


ticus,  et  l'allusion  qui  y  est  faite  dans  «  Beowulf*,  prouve  que  ces  vieilles 
légendes  teuton  es  étaient  alors  répandues  parmi  les  Angles  païens. 
L'histoire  d'Hama  emportanl  les  trésors  dllermanaric,  est  seule  rapportée 
dans  ce  passage  de  «  Beowulf  »  :  et  il  est  difficile  de  savoir  si  «  Brosinga 
me'n  »,  nom  Lien  connu  sous  lequel  on  désigne  le  collier  de  Freya,  est  ici 
pour  désigner  un  bijou  précieux  quelconque,  ou  si  le  Brosinga  mén,  lui- 
même,  appartient  à  «  Beowulf  ».  Quoiqu'il  en  soit,  il  est  souvent  fait  allu- 
sion, dans  de  nombreux  poèmes  du  moyen  âge,  au  trésor  d'Hermanaric. 
Ainsi  dans  «  Reinaert  »,  I,  224.vi  : 

«  Reinaert  spraec  wilen  1er  stotulen 

h  acide  mine  hère  min  vader  vonden 

des  coninx  «  Hérmelinx  »  seal 

in  ere  verholnen  s  fat.  » 
Et  encore  :  I,  2566  : 

«  Reinaert  nam  en  stro  cor  hem 

ende  s/trac  here  coninc,  nem, 

hier  gkeve  ic  di  up  den  scat 

di  /rilen  «  Ermelinc  »  hesat.  » 
et  I,  2614  : 

«  daer  suldi  rinden  menich  ghesmide 

ran  goude,  rikelic  ende  scone. 

daer  suldi  rinden  die  crone 

die  «  Ermelinc  »  die  coninc  droech, 

ende  auder  chierheit  ghenoech, 

edele  stene,  huldin  waerc.   » 
Quelques-unes  des  copies  de    «   Reinaert  »  portent  «  N&sorkwi  ».    ou 
«  Nastorqui  »,  au  lieu  d'Hermanaric, 

2398.  Ettmïiller  :  «  t  h  aère  ». 

2401.  Leo,  Grundtvig,  Cosijn,  Bugge  :  «  fleah  ».  Bugge  l'ait  justement 
remarquer  que  «  feolan  »  ne  régit  jamais  un  accusatif,  tandis  que  «  fleon», 
le  fait. 

2403.  Toute  la  ligne  n'est  qu'une  périphrase,  pour  dire  :  «  il  mourut  ». 
Gel  emploi  de  «  ceosan  »  est  commun  dans  l'anglo-saxon,  el  contraste  singn- 


4Gi 


IlKUWULF 


Thone  bring  baefde 

Hfge-lâc  Geàta, 

nefa  Swertinges, 

n vhslan  si'the, 

siththan  hê  under  segne 

sine  ealgode, 
24 10  wael-reâf  wérede  ; 

hyne  wyrd  for-nam 

syththan  hë  for  wienco 

wean  âhsode, 

faehthe  tô  Frysû  ; 

hë  thâ  fraetwe  waeg, 

eorclan-stânas 

ofer  ytha  fui, 

n'cg  tbeoden, 

hê  under  rande  ge-cranc  : 
2420  ge-hwearf  thâin  francna 

feorh  cyninges,         [faethm 

breôst  ge-waedu 

and  se  beâh  soinod 


il  défen- 
dit son  trésor,  et  garda  les  dé- 
pouilles de  Ceux  qui  avaient  été 
massacrés  :  le  destin  l'avait  em- 
porté, quand  par  orgueil,  il  s'en 
fut  au-devant  de  son  propre  mal- 
heur, en  guerroyant  contre  les 
Frisons  ;  lui,  le  chef  puissant, 
ravit  les  ornements,  les  pierres 
précieuses,  sur  la  coupe  des  vagues 
(la  mer  ,  et  périt  sous  le  bouclier  : 
la  vie  du  roi  fut  prise  alors  par  les 
Francs,  ainsi  que  ses  colliers  de 
poitrine,  et  ses  bagues,  tout  ensem- 
ble ;  ....     ,     


lièrement  avec  «  niman  »,  dans  des  phrases  telles  que  «  gif  mec  flild 
ni  me  »  au  vers  899  («  Beowulf  »)  ;  «  gif  mec  Death  ni  met  h  »  (id.,  vers  889)  ; 
«  hinc  wyrd  fornam  »  (id.,  vers  2411)  et  «  Beorhtn  »,  dans  Anal.  128  :  «  ac 
me  sceai  waepn  niman  ».  C'est  sans  doute  le  dogme  chrétien  («  godes 
leoht  geceas  »,  au  vers  4934  de  «  Beowulf  »  qui  est  opposé  à  la  vieille 
croyance  païenne  en  Taction  de  la  Mort,  de  l'Enfer,  des  «  Wael-cyrian  », 
démons  qui  choisissent  parmi  les  morts.  Cf  Gaedrii,  99.  «  aérthon  forth- 
cure  wintrum  waeireste  »,  «  Beorhtn  »  Anal.  124  :  «  wael-reste  geceas  ». 
De  môme  dans  l'allemand  du  xne  siècle  :  «  ioh  todes  ouh  ci  Koronne», 
Otf,  IV,  13,  23.  Et  dans  l'allemand  du  temps  de  Luther  :  «  den  piteren  tôt 
chiesen  »  ;  «  den  enten  chiesen  ».D\ui\skd.  par  Graff,  III,  89,  93.  Cf.  Benecke, 
Beytràge,  I,  94  :  «  he  sal  den  doit  han  irkoren  »  ;  Reinckronik  der  Stadt 
Coin,  par  Van  Groot,  p.  9  :  «  den  doit  wil  ich  vil  lieuer  Keisen  »  :  Nib.  N. 
170  :  «  darumbe  muosen  degene  sider  Kiesen  den  tot  »  ;  Grave  Kuodolf,  par 
Grimm,  C.  b.  15  :  «  an  deme  galgen  suln  sie  Kiesen  den  vil  bitteren 
tot  ». 

2411.  Wùlcker  écrit  :  «  Wyrd  »  avec  le  w  majuscule,  tandis  que  généra- 
lement aucun  éditeur,  ni  Kemble,  ne  se  servent  de  majuscule  pour  les  noms 
religieux,  chrétiens. 


I»K<»\\  I  II 


iCS 


wvrsan  wïg-  frecan 
wael  reàfeden 
aefter  giith-sceare 
Geâta  leôde 
hrea-wic  heoldon . 
Ileal  swége  on  =  Pëng; 
2430  Wealh-theô  mathelode 
héô  fore  thaém  werede 

spraec  : 
bruc  t hisses  beâges, 
Beô-wulf  leôfa, 
hvse  mid  hâele, 
and  tinsses  hraegles  neôt, 

fol.  157  a.l 

L  J 

theôge-streôna, 

and  g...,  tela, 

cen  thee  mid  craefte 

and  thyssum  cnihtu[m]wes 

2440  Icira  lithe, 

ic  the  thaes  lean  ge-man  : 
hafa[st]  thû  ge-fëred 
thaet  the  feor  and  neâh, 
ealne  wide-fer[hth] 
weras  ehtiffath, 
efne  swa  siide 
swei  sâe  be-buTgethj 
wind  geard-weallas . 
Wes  thenden  thû  litige 

2460  aeth  elingj  eâdig; 
ic  the  an  tela 


.  par  le  destin  de  la  guerre,  le 

peuple  desGeats  occupait  la  place 
des  cadavres.  La  salle  fit  écho  au 
son  des  mois  ;  Wealthcôw,  par- 
lant, dit  devant  l'hôte  :  «  Jouis  de 
cette  bague,  cher  Beowulf,  o  guer- 
rier, avec  la  santé  encore,  et 
sers-toi  de  ces  vêtements,  de  ces 
nombreux  trésors,  et  sois  bien 
florissant  :  fortifie  ton  pouvoir, 
et  sois  à  ces  enfants  de  doux  con- 
seil ;  à  présent,  toute  ma  pensée 
est  à  te  récompenser  :  ce  qu'au- 
jourd'hui tu  as  accompli  mérite 
que  tous  hommes  au  cœur  géné- 
reux te  fassent  honneur,  sur  une 
étendue  même  aussi  vaste  que  la 
ceinture  de  la  mer  autour  des 
remparts  battus  des  vents,  de  la 
terre 


4425.  Quelques  auteurs  écrivent  :  «  reafedon  ». 

2436.  Bugge,  Heine  :  «  fheo[d]-gestreona  ». 

2i)>7.  La  plupart  des  auteurs  :  «  getheoh  tela  ». 

2448.  Kemble,  El  lui  id  1er  :  «  windige  weal  las  ». 

2450.  Wùlcker  met  une  virgule  après  «  aetheling  »,  en  en  faisant  un 
vocatif  Nous  n'avons  pas  reproduit  cette  modification  au  texte  qui  a  l'incon- 
vénient, comme  d'autres  analogues,  de  rompre  fâcheusement  le  rythme. 

30 


406 


HI  "WULF 


siiic--c-sliv(')iia  : 

Ikm'>  tln'i  suna  ininii 

daedum  ge-défe, 

dreâm-haldende. 

Her  is  âeg-hwylc  eorl 

ôthrum  ge-trywe, 

modes  milde, 

man-dribtne  heol  ; 
2460  thegnas syndon  ge-thwaere, 

theod  eal  gearo, 

drunrne  dr\  ht-guman 

doth  swâ  ic  bidde. 

Eôde  tha  tô  setle 

thaer  vvaes  symbla  cyst. 

dru  neon  win  weras, 

wyrd  ne  eu  thon 

geô-sceaft  grimne 

swâ  hit  à-gangen  wearth 
2470  eorla  manegû 

syththan  aefen  cwùm, 

and  him  Hréth-gâr  ge-wat 

tô  hôfe-sinum 

rice  to  raeste . 

Keced  weardode 

un-rim  eorla, 

swâ  hie  oft  aer  dydon, 

benc-thelu  béredon  ; 

hit  geond  brâeded  wearth 
2480  beddum  and  bolstrum, 

bëor-scealca  sum. 

fus  and  fâege, 

flet-raeste  ge-[beâh]  : 

[folio  157  b.] 

saeton  him  tô  heâfdon 

hilde-randas, 


Soi-;,  l.ani  que  lu  vivras,  un 
noble  fortuné  :  je  t'accorde  a.\ ec 
satisfaction  ers  irésors  :  Boia  celui 
qui  maintiendra  mon  fils  en  joie, 

••limine  il  te  sied  par  tes  hauts 
fails.  Ici,  chaque  homme  est  fidèle 
à  l'autre,  et  de  bon  vouloir,  et 
loyal  à  son  seigneur;  gentils  sont 
les  féaux;  tout  le  peuple  (prêta 
l'obéissance);  et  même,  les  guer- 
rière pris  d'ivresse,  agissent  ainsi 
que  je  le  leur  ordonne  »  . 

Elle  vint  alors  s'asseoir  à  son 
trône;  là,  se  trouvait  servi  le  plus 
coûteux  des  festins;  les  hommes 
buvaient  le  vin  :  ils  ignoraient  la 
destinée,  la  puissance  du  mal,  et 
comme  celle-ci  devait  l'emporter 
sur  plus  d'un  guerrier,  après  que 
la  nuit  fut  venue,  et  qu'Hrothgar 
fût  parti,  lui  le  prince  puissant, 
pour  aller  prendre  à  la  cour,  son 
repos.  Une  multitude  de  guerriers 
veillaient  sur  la  salle,  comme  ils 
l'avaient  fait  maintes  fois,  aupa- 
vant;  ils  portaient  les  planches 
des  bancs  ;  on  les  recouvrait  en- 
tièrement de  lits  et  de  couver- 
tures ;  quelques-uns  des  servants 
de  bière,  prêts  et  destinés  à  mou- 
rir, allaient  se  reposer  à  leur 
place,  dans  le  palais  :  au-dessus 
de  leurs  tètes,  ils  avaient  suspendu 
l'équipement  de  guerre,  et  le  bois 
brillant  du  bouclier  ;     .     . 


2459.  La  plupart  des  auteurs  :  «  hol[d\  ». 
2468.  Ettmùller  :  tgrimtnev» 


BEOWI  II 


467 


h  ord-wudii  beorhtan  ; 

thaer  on  bence  waes, 

ofer  aethelinge 

yth-ge-séne. 
2400  heatho-steâpa  helm, 

hringed  byrne, 

threc-wudu  thrvm-lic  ; 

waes    Hi  leàw  livra 

thaet  hTe  oft  wâeron 

an  wig  gearwe, 

ge  ael  ham  ge  on  herge, 

ge  ge-hwaether  tbâra 

efne  swvlce  mâela 

swvlce  hira  man-dryht  nej 
2?oo  thearf  ge-saelde 

waes  seô  thp«'>d  tilu. 


xrx 

Sigon  the  In  slàepc; 
sum  sare  an-geald 
aefen-raeste, 
awe  him  ful  oft  go-lamp 
siththan  gold-sele 
Grendel  warode, 
un-riht  aefnde, 
oth  thaet  ende  be-cwom, 
25 10  swyltaefter  synnum  : 
thaet  ge-syne  wearth, 
w  id  -cut  h  werum, 


là,    sur    le 

banc,  on  pouvait  aisémenl  voir 
au-dessus  du  guerrier,  sow  casque 
qu'il  portait  superbement  à  la 
guerre,  la  cottede  mailles  annelée, 
il  le  bouclier  massif.  C'était  leur 
coutume  d'être  prêts  au  combat, 
et  sous  les  toits,  et  dans  les 
champs,  ou  dans  tout  autre  lieu. 
quand  la  nécessité  contraignait 
leur  seigneur  à  la  guerre  :  et  ce 
peuple  était  brave. 

XIX 

Là,  ils  s'endormirent  profon- 
dément; quelques-uns  devaient 
payer  chèrement  ce  repos  du  soir 
qu'ils  avaient  pris  pleinement  et 
si  souvent,  depuis  que  Grendel 
visitant  la  salle  de  For,  avait  per- 
pétré ses  forfaits,  jusqu'au  jour 
où  sa  fin  fut  venue  :  la  mort, 
après  les  crimes. 


2490-2500.  Cf.  Tacite,  Germania,  XIII  :  «  Ils  ne  traitent  d 'affaire publique 
ou  particulière,  quêtant  armes  ».  M.,  XIV  :  «  Le  chef  combat  pour  la 
victoire;  les  vassaux  combattent  pour  leur  chef  ».  Id.,  XXII  :  «  Ils  sont . . . 
en  armes  à  leurs  fêtes...  ». 

Ettmûller  et  Groin  :  «  (znwig-gearwe  », 

:2507.  Il  y  a  sur  le  parchemin,  une  lâche  d'encre  recouvrant   «  ira  »  de 
«    warode   ».    Quelques    auteurs    ont    cru,    sans    raison,    pouvoir    lire  : 
«  fa  rode  »  . 


4(i8 


BEOWULF 


thael  le  wrecend  thé  gyt 
lifde  aefter  lâthu, 
lange  thràge 
aefter  gûth-ceare  ; 
Grendles  môdor 
ides  âg-lâec  wiT 
yrmthe  ge-munde, 
2520  sê  the  waeter-egesan 
wunian  seolde, 
cealde  streàmas 
si  I  h  than  camp  wearth 
lu  ecg-banan 
ângan  bréther, 
faederen  maege  : 
he  the  fag  ge-wat 


Il  fut  manifestement  révélé  aux 
homines  qu'un  vengeur  survivait 
au  maudit,  de  longtemps  déjà, 
depuis  le  combat  :  la  mère  de 
Grendel, femme  et  monstre  femelle, 
se  rappelait  sa  douleur  :  elle,  dont 
le  destin  même  était  d'habiter  et  la 
terreur  des  eaux,  et  les  courants 
glacés,  après  que  Gain  fût  devenu 
le  meurtrier  de  son  frère  unique  : 
de  là,  il  partit  souillé  de  sang, 
marqué  par  le  meurtre,  pour  fuir 
la  joie  des  hommes  :     . 


2523.  Au  lieu  de  «  camp  »  du  manuscrit,  la  critique,  en  général,  écrit  : 
«  Cain  ». 

Le  mélange  des  mythes  judaïques  et  païens,  a  fait  croire  dans  la  tradition 
anglo-saxonne,  que  Gain  était  le  père  de  toutes  les  races  de  monstres.  Cette 
erreur  est  née  probablement  d'une  confusion  entre  les  «  Anakim  »  et  les 
«  Eotenas  »  du  Nord  Le  passage  suivant  d'un  poème  du  xne  siècle,  contient 
une  relation  de  l'origine  des  monstres  nés  des  filles  de  Caïn  :  «  Dco  ne 
wolt  er  in  niht  fliessen  .  er  liiez  in  gen  puosen.sin  zeichen  er  in  gab. 
daz  ime  niemen  taie  deheinen  slack  .  dvo  muos  er  sin  fluhtiger  tint  wada- 
lere .  ze  uil?  manege  me  iare .  sin  puoze  ne  was  porguot .  ubel  was  sin 
herze  ioc/i  sin  muot .  er  lerte  siniu  chint  .  dei  zober  dei  hiute  sint  .  duo 
wurten  die  scuzlinge  .  glicfi  deme  stamme  .  ubel  wuocher  si  parem  .  dem 
tiuele  uageten. 

«  Adam  liiez  si  miden  umrze  .  daz  sinen  ne  wurren  an  ir  geburten  . 
sin  gebot  si  uerchurn  .  ir  geburt  si  ferlurn  .  dei  chint  si  gebaren  .  dei 
unglich  iraren  .sumelic/ie  lieten  hobet  sam  hunt,  sumeliche  heten  an  deo 
brusten  den  munt .  an  den  ahselun  dei  ougen .  dei  muosen  sich  des  hobtes 
getoben  .  sumeliche  heten  so  michel  oren  .  daz  si  sich  damite  dachten. 
Etlicner  hat  einen  fuoz  .  unt  was  der  uile  groz  .  da  mit  liuf  er  so  balde. 
sam  daz  tier  daze  walde.  Etlichui  par  drz  chint .  daz  mit  alien  uieren 
gie  sam  daz  vint.  Someliche  flurn  pe  garewe  .  ir  sconen  uarwe  .  si  wurten 
swarz  unt  egelich  .  den  ist  nehein  liut  gelich  .  dei  ogen  in  scinent  . 
die  zeni  glizent .  suenne  si  si  lazent  plecchen  .  so  mahten  si  och  den  tiufel 
screchen  .  die  afterchomen  un  in  zeigtun  .  waz  ir  uorderen  garnet  heten . 
alsolich  si  iraren  innen    solich  wurten  dise  uzzen  »,  Diut.  Ill,  58.  59. 


BEOVS  I  II 


409 


mortbre  ge-mearcod, 
m  an-dreâm  (leôn  ; 

fol.  158  a.l 
253o  wêsten  warode  ; 

tli  anon  woe   tela 

geô-sceafl  gâsta, 

waes  thâera  Grend  eljsum 

heoro-wearh  hete-lic, 

se  aet  Heorote  fand 

waeccendne  wer 

wiges  bidan  ; 

thaer  him  [se]  âg-lâeca 

aetgraepe  wearth  ; 
2?4<)  hwaethre  hë  ge-munde 

maegenes  strenge, 

gim-faeste  gife 

the  him  god  sealde, 

and  him  to  an-waldan 

are  ge-lj'fde, 

fro  f  re  and  fuit  urn, 

thy  hë  thone  feônd  ofer- 

[cwôn, 

ge-hnaegde  helle-gâst  ; 

thâ  hë  heân  ge-wât, 
255o  dreâme  be-dâeled, 

deâth-wîc '[ge  j-seôn , 

man-c}mnes  feônd  ; 

and  his  môdor  thâ  gyt 

gïfre  and  galg-môd 

ge-gân  wolde 

sorh-fulne  sith, 

su  nu  theôd-wrecan. 

Côm  thâ  tô  Heorote 

thaer  llring-Dene 


il  habita  le 

désert  ;  de  sa  souche  naquirent  de 
grandes  puissances  d'esprits  du 
mal,  dont  Grendel  fut  l'un  :  lui, 
le  loup  affreux  et  sanguinaire  qui 
trouva  dans  Heorot  un  héros  qui 
veillait,  attendant  le  combat  :  en 
ces  lieux,  avec  lui,  le  maudit 
lutta  ;  mais  le  héros  se  souvint  de 
toute  la  puissance  de  sa  force,  et 
l'étendue  de  la  grâce  dont  Dieu 
l'avait  doué,  Dieu,  son  réconfort 
et  son  soutien.  Donc,  il  défit  l'en- 
nemi, et  il  humilia  l'esprit  venu 
de  l'enfer;  l'ennemi  de  l'homme 
s'éloigna  du  palais  dans  la  honte, 
privé  de  joie,  pour  aller  prendre 
place  parmi  les  cadavres  :  et  sa 
mère  encore,  avide  et  imaginant 
des  tortures,  coulait  des  jours 
douloureux,  et  voulait  venger  ter- 
riblement son  fils.  Alors,  elle  vint 
à  Heorot,  où  les  Danois  aux 
anneaux,  dormaient  dans  l'éten- 
due de  la  salle 


2542.  Thorpe,  Gein,  Sweet  :  «  gin-faesie  »,  parle  changement  de  a  en  m 
devant  les  labiales, 
a  Giri'faest  »,  Cf.  «  Beowulf  »,  v.  4359  ;  Caedm.  176. 

2557.  Correction  d'Ettmùllcr  :  suma  death  wrecan  ». 


/<7(> 


m  «.wri.F 


256o  geond  thael  saeld  swâefun. 

Thé  I  haer  sôna  wearhl . 

ed-hwyrfl  eorlum, 

siththan  inne  fealh 

Grendles  môdor  : 

wa.es  se  gryre  laessa 

efne  swé  micle 

sw;i  hit  h  maegtha  craeft, 

wig-gvfre  wifes, 

be  waepned-inen, 
2570  thon  heoru-bunden 

hamere  ge-thuren, 

sweord  swâte  fall, 

swi'ii  ofer  helme., 

ecgum  dyhtig [fol .  1 58  b.l 

and-weard  sciretli. 

The  waes  on  healle 

heard  ecg  togen, 

sweord  ofer  setlum, 

sid-rand  manig 
258o  hafen  Jianda  faest, 

helm  ne  ge-munde, 

by  man  side, 

tha  bine  se  brôga  an-geat. 

Ileo  waes  on  ofste. 

wolde  lit  thanon 

fëore  beorgan, 

I  ha  lieo  on-funden  waes  ; 

hrathe  heô  aethelinga 

an  ne  haefde 
2590  faeste  be-fangen, 

tha  heô  to  fenne  gang, 

se  waes  Hrôth-gâre 

haeletba  leôfost 

on  ge-sithes  had 


Là,  en  eel  instant, 

il  \  eul  bientôt  un  tumulte  parmi 
les  comtes,  quand  la  mère  de 
Grendel  approcha  du  palais. 

La  terreur  gui  régnait  était  telle 
qu'elle  se  pouvait  comparer  à  la 
faiblesse  des  vierges,  à  l'horreur 

«1rs  fe les  pour  la  guerre,  auprès 

du  courage  des  hommes,  quand  le 
fer  forgé,  et  battu  du  marteau, 
coloré  de  sang,  à  la  pointe  hardie, 
fend,  en  frappant,  le  cimier  du 
casque.  Alors,  dans  la  salle,  les 
durs  glaives  furent  brandis;  l'épée 
fut  saisie  au-dessus  des  lits,  et 
plus  d'un  large  bouclier  fut  levé 
serré  dans  les  mains  :  le  guerrier 
oubliait,  et  son  casque,  et  son 
ample  cotte  de  mailles,  au  moment 
où  la  terreur  vint  fondre  sur  lui. 
La  mère  de  Grendel  se  hâtait  :  elle 
voulait  sortir  du  palais,  pour 
sauver  sa  vie,  depuis  qu'elle  avait 
été  découverte. 

Bientôt  avait-elle  étroitement 
étouffé  l'un  des  nobles,  quand 
elle  regagna  les  marais  :   .     .     . 


2583.  Heyne  et  Sweet  :  «  the  hine  »  :  whom,  lequel. 

2594.  Cf.  «Beowulf  »,  v.  4382  :  «  on  sweordes  had  »  ;  Cod.  Verc.  II,  53  : 
«  on  /{-"res  hade  »;  Id.,  I.  1827  :  «  thurh  cnihtes  had  » . 


BEOWI  II 


471 


be  seem  tweonû, 
rice  raad-wîga 

I  hone  the  heô*  on  raeste 

[à-breat] 

blaed-faestne  beorn  ; 

naes  Beo-wulfthaer, 
2600  ac  waes  other  in 

âer  ge-teohhod 

aefter  maththum-gife 

nnierum  Geâte. 

Urea  m  wearth  on  Heorote. 

heo  under  heolfre  ge-nam 

ciithe  fol  me  ; 

cearu  waes  ge-nïwod 

ge-worden  in  wicun, 

ne  waes  thaet  ge-wrixle  til, 
2610  thaet  hie  on  ha  healfa 

bicgan  scaldon 

freônda  feoni . 

Thâ  waes  frod  cyning, 

hâr  hilde-rinc, 

on  hreôn  mode, 

syththan  he  aldor-thegn 

un-lynTgendnel, 

thone  deôrhtan 

deâdne  wisse, 
2620  Hra[the  waes]  to  biire 

Beô-wulf  fetod, 

sigor-eàdig  secg 

samod  aer-daege  ; 

eôde  eorla  sum 

aethele  cempa. 

self  mid  ge-sithum, 

thaer  se  snottra  bad 

bwaethre  him  alf-walda 

aefre  wille 
263o  aefter  wea-spelle 


celui-là 

était  à  llrolhgar  le  plus  cher  de 
ses  héros,  et  comme  un  compa- 
gnon, et  un  guerrier  puissant 
parmi  /on s,  entre  les  deux  mers, 
et  elle  l'avait  détruit  durant  son 
sommeil  ;  Beowulf  n'était  point 
là  :  car  une  autre  demeure  avait 
été  assignée  au  Geat  fameux, 
après  le  don  du  trésor.  11  y  eut  un 
cri  dans  lleorot;  elle  prit  sous  son 
bras  la  main  bien  connue  ;  le 
souci,  à  nouveau,  planait  sur  le 
palais,  et  c'était  une  triste  néces- 
sité que  chacun  dût  payer  des 
deux  cotés,  de  la  vie  de  ses  com- 
pagnons. 

Alors  le  roi  prudent,  le  guer- 
rier chenu  fut  triste  dans  l'âme, 
quand  il  apprit  que  le  féal  prin- 
cier qui  lui  était  le  plus  cher,  ne 
vivait  plus.  En  bate  Beôwulf  fut 
mandé  à  la  salle,  —  lui,  l'homme 
heureux  dans  la  victoire  — ,  à  la 
pointe  du  jour  :  accompagné  de 
ses  comtes,  il  vint,  le  noble  cham- 
pion, lui-même,  avec  ses  compa- 
gnons, vers  l'endroit  où  le  roi 
sage  allait,  ne  sachant  si  la  faveur 
du  Tout-Puissant  lui  accorderait 
jamais  un  changement  de  fortune, 
après  ces  mauvaises  nouvelles. 
L'homme  excellent  à  la  guerre, 
passa  donc  sur  le  plancher  avec 
sa  troupe  ; 


2628.  La  plupari  des  auteurs  écrivent  :  «  Al-walda  ». 


i72 


UKOWLLF 


w  \  ppe  ge-fremmrfa. 

)i;nm  ili.'i  aefter  flore 
fyrd-wyrthe  man 
mid  his  hand-scale, 
heal-wudu  dynede, 
thael  he  thone  wisan 
word  uni  bnâeg[de] 
(re; in  Ing-wina  ; 
fraegn  gif  him  waere 
2640  aefter  neôd-lathu 
ni  ht  ge  Uiese. 

XX 

Hrôth-gâr  mathelode 
helm  Scyldinga  : 
ne  frïn  thù  aefter  sâelû, 
sorh  is  ge  niwod 
Denigea  leodum, 
dead  is  yEsc-here 
Yrmen-lafes 
VIdra  broth  or, 
2b5o  min  rfin-wita, 

and  min  ràed-hora, 


la  salle  de  bois  en 

résonna,  jusqu'au  moment  où  il 
fit  en  paroles,  hommage  au  chef 
des  alliés  d'Ing  :  appelé  en   hâte, 

il  demandait  au  roi,  si  la  nuit  lui 
avait  été  douce  ? 

XX 

Hrothgar,  le  protecteur  des  Scyl- 
dings,  parla  :  «  Ne  t'enquiers  pas 
demon  bonheur!  La  douleur  est 
renouvelée  pour  le  peuple  des 
Danois  :  .^Eschere,  le  frère  aîné 
d'Yrmenlâf,  n'est  plus  !  Lui,  le 
confident  de  mes  secrets,  mon 
conseiller,  mon  plus  proche  com- 
pagnon, quand  dans  la  bataille, 
nous  défendions  nos  têtes  bardées 
de  fer,  quand  les  troupes  s'écra- 
saient l'une  contre  l'autre,  el  que 
les  casques  éclataient    :       ... 


2(>3i.  Bugge,  Grein  :  «  hand  scole  ». 

2637.  On  peut  supprimer  dans  «  hnaegde  »,  1'  «  h  »  qui  est  prothétique, 
et  le  «  g  »  qui  s'élide. 

Cf.  Cod.  Verc.  VI,  573  :  «  origan  tha  leoflic  wif .  weras  Ebrea  .wordum 
negan  ».  Id.  VI,  770  :  «  hio  sio  cwen  origan  .  wordum  genegan  ».  Id.  VI, 
1116  :  «  tha  seo  cwen  ongan  .  weras  Ebresce  .  wordum  ne  g  an  ».  Dans 
tous  ces  cas,  il  convient  de  lire  «  hnaegan  ».  (Test  là,  le  verbe  transitif  et 
faible  formé  sur  le  prétérit  «  hnah  »,  du  verbe  neutre  et  fort,  «  hnigan  », 
et  pour  ces  verbes,  l'action  qu'ils  expriment,  est  transportée  à  l'objet,  alors 
que  dans  le  verbe  fort,  elle  se  rapporte  au  sujet  seul.  Ainsi,  «  licgan  », 
reposer,  se  coucher,  et  «  lecgan  »,  étendre,  ou  faire  coucher;  «  birnan  », 
brûler,  et  «  baernan  »,  faire  brûler,  ou  mettre  le  feu  à.  Cf.  Camb.  Philolog. 
Museum,  1105  :  «  Les  prétérits  anglais  ». 

2(U0.  Sweel  :  «  neod-lathe  ». 


BEOWI  LF 


m 


eaxl  ge-stealla 

thonne  wê  on  or-lege 

ha  Tela  n  wéredon, 

llion  hnitOD  fethan 

eoferas  cnysédan  ; 

Swy  Ic  scolde  eorl 

fol.  159  b. 

wesan  àer-irod 

swylc  /Esc-here   waes 

Wealth  him  on  Heorote 
2660  to  hand-banan 

wael-gaest  waefre  ; 

ic  ne  wât  hwaether 

âtol  aesc-wlanc 

eft-si  (has  teah, 

fylle  ge-fraegnod  ; 

hen  thâ  fâehthe  wraec 

the  thii  gystran  niht 

(jlrendel  cwealdest, 

thurh  haestne  had 
2670  heardû  clammum  ; 

fop-than  hê  tô  lange 

leôde  mine, 

wanode  and  wyrde  ; 

hê  aet  wige  ge-crang 

ealdres  scyldig 

and  nii  other  cwôm 

mihtig  man-scatha, 

wolde  hype  maeg  wrecan 

ge-feor  h  a  fat  h . 
2680  fâehthe  ge-stàeled  : 

thaes  the  thincean  maeg 

thegne  monegum 

se  the  aefter  sinc-gyfa 

on  sefan  greôteth, 


.  toujours,  un  guerrier 
devrait  être  vaillant .  comme  fut 
.Ksrhere  In  hôte  fatal  et  mali- 
cieux est  devenu   son    meurtrier 

dnns  Eleorot  !  Je  ne  sais  si  la  misé- 
rable  est  repartie  sur  son  chemin, 
gorgée  de  chair,  et  se  réjouissant 
d'être  assouvie  :  avec  ses  dures 
griffes,  elle  a  vengé  l'ennemi, 
Gpendel  que  violemment  tu  mas- 
sacras,  la  nuit  dernière  :  parce 
que  trop  longtemps  il  détruisit  et 
dévasta  mon  peuple,  l'infâme  a 
péri  au  combat,  voué  à  la  mort,  et 
voici  que  maintenant,  un  autre 
monstre  puissant  est  apparu,  et  a. 
voulu  venger  sa  progéniture  : 
vous  avez  donc  retrouvé  voire 
ennemi  venu  de  loin,  ainsi  que  le 
reconnaît  plus  d'un  féal  qui  main- 
tenant, pleure  amèrement  en  son 
âme  blessée,  sur  son  chef  ; 


2656.  Le  Ms  ,  est  incomplet  au  coin  du  feuillet  :  «  swy...  scolde  ». 

:2()(>:2.  Toller  :  «  hwaeder  »  ou  «  hwider  ». 

2(>84.  Cf.  Sal.  Sat.  751.  La  forme  «  greôteth  «de  «  Beowulf  »  présuppose 


i7'i 


HKOWI  LF 


hrether  bealo-hearde  ; 
mi  see  hand  lig  eth 

se  the  eôw  wel  h\v\  Icra . 

wilna  dôhte. 

le  thael  lond-bûend 
2690  leôde  mine 

sele-ràedende 

secgan  hjTde, 

thael  lnV  ge-sawon 

swylce  twêgen 

micle  mearc-stapao 

moras  healdan, 

ellor-gaestas, 

thâera  (HI  1er  waes, 

thaes  tlie  hie  ge-wis-licost 
2700  ge-witan  meahton, 

idese  on-h'cnaes, 

other  earm-sceapen 

on  weres  waestmum 

wraec-lâstas  traed, 

[fol.  160  a. j 

naefne  hê  waes  mâra  thon 

âenig  [man]  other 

thone  on  gear-dagu 

Grendel  nemfdon] 

fold-huende  : 
2710  no  hie  faedercunnon 

hwae  [therl  him  aenig  waes 

aer  a-cenned, 

dyrnra  gaesta  ; 


an 


jourd'hui,    la  main    pend,  inerte, 
qui  s'ouvrait,  généreuse,   à   l<ms 
vos  désirs. 
J'ai  entendu  les  habitants  de  ce 

pays,  mon  peuple,  de  sage  con- 
seil, rapporter  qu'ils  ont  vu  un 
pareil  couple,  chevauchant  sur  les 
marches  à  pas  de  géant,  gardant 
les  marais  :  hôtes  étranges,  dont  le 
premier,  autant  qu'ils  l'ont  pu  re- 
connaître, en  toute  certitude,  avait 
la  forme  d'une  femme.  Le  second, 
avec  la  stature  d'un  homme,  hor- 
mis qu'il  était  plus  grand  que 
tout  autre,  portait  là  ses  pas 
errants,  lui,  qu'en  des  jours 
passés,  les  habitants  de  la  terre 
avaient  appelé  Grendel.  On  ne 
leur  connaît  point  de  père,  et  de 
ces  mystérieux  étrangers,  l'on  ne 
sait  si  l'un  d'eux  fut  jamais 
engendré, 


le  gothique  »  griutan  »,  qui  est  rarement  rencontré,  la  forme  usuelle  étant 
«  grrta/i  »  ou  «  f/reilan  >■ .  Ainsi,  en  anglo-saxon,  la  forme  la  plus  com- 
mune est  «  graétan  ».  Le  très  vieux  saxon  présente  aussi  la  forme 
«   griotan  ».  Ci*.  Helj.  144,  170,  174. 

2687.  Sweet  :  «  seo  the  ». 

2701.  Zupitza  :  «  onlic-waes »  ;  Sweet  :  «  onlic,  urnes  ». 

2708.  Le  manuscrit  est  défectueux  à  son  extrémité  : 
Kemble  :  «  )iem[dott]\  Zupitza  :  «  nemdo[n]  ». 


liKOWl  IK 


175 


lu''1  dygel  loud 

warigeatb  wulf-hleôthu, 

wind  ige   oaessa6, 

frêcne  fen-ge-Iâd, 

than'  Qrgen-stream 

under  oaessa  ge-nipu 
2720  aither  ge-witëth 

flôd  under  foldan  ; 

nis  thaet  feor  heonon 

mil  ge-niearces 

t  lia  el  se  mere  standeth, 

ofer  thaein  hongiath 

hrïnde-bearwas  ; 

wiulu  wvrtu  faest 

waeter  ofer-helmath  : 

thaer  m  a  eg  nilita  g#di\vâem 
2730  nith-wundor  seen 

fyr  on  flode; 

no  thaes  frôd  leofath 

gumena  bearna 

thaet  thone  grund  wite  ; 

theâh  the  hâeth-stapa 


lis  fréquentent  la  région  cachée, 
le  refuge  du  loup,  les  promon- 
toires battus  des  vents,  le  rude 
sentier  des  marais  où   un  torrent 

de  la  montagne  se  précipite  dans 
la  vallée,  sous  l'ombre  opaque  des 
collines,  et  se  perd  en  un  cours 
souterrain  :  il  n'y  a  pas  plus  d'un 
mille  de  ces  lieux,  jusqu'au  lac, 
sur  lequel  sont  suspendues  des 
grottes  rocailleuses  :  des  arbres 
aux  racines  profondément  enfouies 
dans  le  sol,  ombragent  ces  eaux. 
Là,  quelqu'un  peut  voir  à  la  nuit, 
un  spectacle  merveilleux  :  du  feu 
sur  le  courant  ! 


2720  et  suiv.  Celte  sorte  de  lac  appartient  aux  superstitions  teulones. 
Un  exemple  analogue  se  rencontre  dans  Wigalois.  Gervasius  Tilb.  le  dépeint: 
il  s'agit  (Time  montagne  en  Catalogne  :  «  in  cujus  summitate.  laças  est, 
(Kjuam  continens  subnigram,  et  infundo  imper  scrutabilem  :  il  lie  mansiô 
fertur  esse  dœmonum,  ad  modum  palatii  dilatata,  et  janua  clausa  ; 
faciès  tamen  ipsuis  mansionis  sicut  ipsorum  dœmonum  vulgaribus  est 
incognita  et  invisibilis.  In  lacum  si  quis  aliquam  lapideam,  aat  alias 
solidam  projecerit  materiam,  slatim  tanquam  offensis  dœmonibus  tem- 
pestas  erumpit  ».  Leibniz.  Scriptores  rerurn  germanarum,  I,  982. 

Cette  superstition  s'est  maintenue  au  Mont  Pilate.  Cl*.  Macgregor.  Note 
Book,  III,  15,  16,  20. 

2726.  Morris  :  «  hrimige  bear  was  ». 

2729.  «  ge-hivaem  »  est  le  plus  souvent  construit  avec  des  génitifs 
féminin,  pluriel.  Cf.  Cod    Yerc.  L  246  :  «  in  stow  a  gehwam  ». 

2730.  «  nith  »,  homme,  est  ici  employé  de  façon  abstraite  comme  «  man  », 
dans  l'allemand  du  xne  siècle. 


\n\ 


HEOWULF 


liiimlii  ge  swenced 

heorol  hornû  trum, 

holt-wudu  séce 

feorran  ge-flymed, 
2740  âer  hê  Feorh  seleth 

aldor  on  ôfre, 

aer  he  in  wille 

hafelah    hydan]. 

Nis  thaet  hêoru-stôw  ; 

thonon,  yth-ge-blond 

ûp-â-stfgeth 

won  to  wolcnum, 

thon  wind  slyreth 

lath  ge-widru, 
2-jbo  oth  thaet  lyft,  drysmath, 

roderas  reôtath. 

Nii  is  se  râed  ge-lang 

eft  aet  [the]  and  ; 

eard  git  ne  const, 

frëcne  stôwe, 

[thaer]  thii  findan  miht 

fela-synnigne  secg  : 

[see]  gif  thii  dyrre, 

ic  the  thâ  fâehthe 
2760  fëo  leânige 

eald-ge-streénû, 

swà  ic  âer  dyde, 

wundum  golde, 

gyf  thû  on  weg  cymest. 


Des  fils  des  hom- 
mes, le  plus  sage,  il  n'existe  point 
(jni  connaisse  le  fond  de  l'abîme. 
Bien  quecherchanl  les  bois,  bon- 
dissant sur  les  bruyères,  l<*  cerf 
aux  ramures  puissantes,  harcelé 
par  les  meules,  et  forcé  de  fuir 
au  loin,  aimera  mieux  rendre 
aussitôt,  et  son  souffle,  et  sa  vie 
sur  ces  bords,  que  de  plonger  dans 
l'abîme,  pour  s'y  cacher  le  chef  ! 
Ce  n'est  point  là  un  doux  lieu  î 
Et  les  vagues  s'y  mêlant,  s'élèvent 
furieusement  contre  le  ciel,  quand 
le  vent  soulève  d'effroyables  tem- 
pêtes ;  que  l'air  s'épuise,  et  que  le 
tonnerre  gronde.  Maintenant,  à  toi 
seul,  il  appartient  à  nouveau,  de 
décider  ce  qu'il  convient  de  faire, 
encore  que  tu  ne  connaisses  point 
la  terre,  et  les  lieux  sauvages,  où 
tu  peux  découvrir  le  monstre  cou- 
pable de  bien  des  crimes  :  cherche- 
le,  si  tu  l'oses,  et  je  récompenserai 
ton  exploit  avec  des  métaux  pré- 
cieux, et  des  trésors  anciens, 
comme  je  l'ai  fait  auparavant, 
avec  de  l'or  travaillé,  si  tu  reviens, 
sauf,  de  la  tentative. 


XXI 


XXI 


Beô-wulf  mathelode 
beam  Ecg-theo-[w]es 


Beowulf,    le    fils    d'Ecgtheôw, 
parla  : 


2743.  «  hydan  »  :  correction  de  Thorpe. 

2750    adrf/snian  »  provient  de  «  drosn  »,  turpitude;  d'où  l'adjectif,  «  on- 
drysne  ».  au  vers  3861  de  «  Beowulf  ». 


BEOWULF 


Î77 


ne  sorga  snotor  mima, 
sélre  hi l  h  âeg-hwâëm 
thaet  he"  his  freônd  wrece 

2770  t  lionne  hê  fela  murne  : 
lire  âeg-hwylc  sceal 
ende  ge-bidan 
worolde  lifes, 
wyrce  se"  the  môte 
dômes  aer  deâthe  ; 
thaet  bith  driht-guman 
un-lffgendum 
aefter  sélesl  : 
â-ris  rices  weard, 

2780  uton  hraethe  fëran 
G  rend  les  mâgan 
gan  sceâwigan. 
Ic  hit  thé  ge-hâte, 
nô  hë  on  helm  losath, 
né  on  fol  dan  faethm, 
né  on  fyrgen-holt, 
né  on  gyfenes  grand, 
gâ  thaer  hé  wille. 
Thy s dôgor thû 

2750  ge-thyld  h  a  fa 

weâna  ge-hwylces 
swâ  ic  thé  wéne  tô. 
A-hleôp  thâ  se  gomela, 
gode  thancode 
mihtigan  drihlne 
thaes  se  man  ge-s[praec]. 
Thâ  waes  Hrôth-gâre 
hors  ge-[bâeted], 
wieg  wunden-feax. 

2800  Wisa  fençel 


.  .  «  —  Ne  te  laisse  point  aller 
à  la  douleur,  ô  homme  prudent  : 
il  est  préférable  pour  tout  homme 
de  venger  son  ami,  plutôt  que  1I11 
se  lamenter  longtemps  !  Chacun 
de  nous  doit  connaître  la  fin  de 
cette  vie  terrestre  ;  que  celui  qui 
le  peut,  accomplisse  l'œuvre  de  la 
justice,  avant  sa  mort  :  après  quoi, 
ce  sera  pour  le  guerrier,  son  plus 
grand  mérite,  quand  il  aura  cessé 
de  vivre  ! 

Debout,  gardien  du  royaume! 
Laisse  nous  partir  en  hâte  pour 
suivre  la  trace  de  la  mère  de 
(irendel.  En  vérité,  je  te  le  pro- 
mets, elle  n'échappera  point  :  ni 
dans  la  profondeur  des  eaux,  ni 
dans  le  sein  de  la  terre,  ni  dans 
les  forêts  de  la  montagne,  ni  dans 
les  abîmes  de  l'océan  :  quelle  aille, 
où  elle  le  voudra  ! 


2782.  Dans  le  manuscrit,  en  surcharge  sur  1'  «  n  »,  de  «  sceairif/an.  »,  on 
découvre  un  «  g  »,  qui  paraît  être  d'une  écriture  aussi  ancienne  (pie  le  reste 
du  mot. 


2789.  Hevne  regarde  «  Ihysdogor  »,  comme  un  accusatif  de  durée 


Ï7H 


llKOWl  I.I 


geato  lie  gen  g  de 

gum-fêtha  stop 

lind-haebbendra, 

lâsl  as    \\  âeron 

aefter  wald-swathû 

w  [de  ge-syne  ; 

gang  ofer  grundas 

gegnû  for  : 

ofer  myrcan  mor 
2810  mago-thegna  baer 

thone  sélestan 

sâwol-leâsne 

thâra  the  mid  Hroth-gâre 

ham  eahlode. 

0 fer- e ode  the 

aethelinga  beam 

steâp  stân-hlitho, 

stige  near  we, 

enge  an-pathas, 
2820  un-euth  ge-lad, 

neowle  naessas, 

nicor-husa  fela. 

Hë  fëara  sum 

be-foran  gengde, 

wisra  monna 

wong  sceawian, 

oth  thaet  he"  fâeringa 

fyrgen-beâmas, 

ofer  harne  stân 
283o  hleônian  funde, 

wyn-leasne  wudu, 

waeter  under  stôd, 

dreorig  and  ge-dréfed, 

Denum  eallum  waes, 

winum  Scyldinga, 


Pendanl 

jour,  prends  chacune  de  tes  pertes 
en  patience,  comme  je  l'ai  tends 
de  toi.  Alors,  le  \  ieillard  se  leva, 
en  tressaillanl  de  joie  :  il  remercia 
Dieu,  le  seigneur  puissant,  pour 
ce  que  le  héros  avait  dit.  Un 
cheval  fui  donc  sellé  pour  Hroth- 
gar  :  un  coursier,  à  la  crinière 
bouclée.  Le  roi  prudenl  partil 
sur-le-champ.  Ine  troupe  d'hom- 
mes s'avançait,  de  porteurs  de 
boucliers,  qui  découvraient  les 
larges  traces  du  monstre,  le  long 
des  andains  de  la  forêt.  Us  allaient 
plus  avant  sur  le  sol  aride, 
côtoyant  les  sombres  mares,  où 
avaient  été  portés  sans  vie,  les 
meilleurs  des  féaux  et  des  alliés, 
de  ceux  qui,  avec  Hrothgar, 
avaient  défendu  le  palais. 

Alors  le  fils  des. nobles  franchit 
les  pics  de  pierre  abrupts,  la 
route  resserrée,  les  sentiers  perdus 
et  solitaires,  les  voies  inconnues, 
les  promontoires  à  précipices,  et 
la  multitude  des  demeures  des 
monstres.  Accompagné  de  quel- 
ques hommes  sages,  il  alla  de 
l'avant  pour  explorer  la  plaine, 
jusqu'à  ce  que,  tout  à  coup,  il  se 
trouvât  en  présence  d'arbres  des 
montagnes,  abritant  les  pierres 
nues,  —  une  foret  sans  joie  ;  . 


2808.   Ilcvne  adopte  la  correction  de  Sievers  qui  considère  ce  vers  comme 
insuffisant  de  rythme  :  «  [thaer hea].gegnum  for  ». 


::i  nwilLK 


Ï79 


weorce  on  mode 

to  ge-tholiaone, 

thegne  monegu, 

ôn-eyth  eorla  ge-hwâem, 
2840  syththan  /Esc-heres 

on  thâ  holm-clife 

bafelan  métton. 

Flôd  blôde  wëol, 

foie  tô-saegon 

hâtan  heolfre  : 

[fol.  101  h. 

horn  stundum  song 

fus-  lie  gryre]-leôth  ; 

fetha  eal  ge-scaet  ; 

ge-sawon  thâ  aefter  w 
283o  wyrm-cynnes  fêla        aetere 

sel-lice  sâe-drâcan 

sund  cunnian, 

swylce  on  mâes-hleôthum 

nieras  liegean, 

thâ  on  undern-mâel 

oft  be-witigath 

sorh-fulne  sith 

on  segl-ràde, 

wyrmas  and  wildeôr  ; 
2860  hie  on  weg  hruron 

bitere  and  ge-bolgne, 

bearhtin  on-gëaton, 

gûth-horn  galan  ; 

sumne  Geâta  leod 

of  flân-bogan 

feores  ge-twâefde, 

yth-ge-winnes, 

thaethim  on  aldre  stôd 


i\o± 

eaux  coulaient  sous  ell<\  Irish-  e1 
troublées.  A  tous  les  Danois,  aux 
amis  des  Scyldings,  «à  plus  d'un 
féal,  il  fut  douloureux  dans  l'âme, 
de  retrouver,  quand  chacun  l'eut 
bien  reconnu,  le  casque  à  mailles 
d'.Kschere,  sur  la  falaise  de 
l'océan.  Le  dot  bouillonnait  de 
sang,  de  poison  brûlant,  et  la 
troupe  regardait  au  loin  :  parfois 
le  cor  jetait  un  son  menaçant, 
chant  terrible  ;  toute  la  troupe 
s'assit  ;  là,  les  hommes  virent 
nager  parmi  les  eaux  comme  un 
serpent,  et  d'étranges  dragons  de 
mer,  et  aussi,  sur  les  promon- 
toires, des  monstres  étendus  (qui 
dans  les  courants  du  matin,  pré- 
parent aux  vaisseaux  qui  sillon- 
nent les  flots,  un  passage  tour- 
menté), et  des  reptiles,  et  des 
bètes  sauvages  :  ceux-ci  s'éloi- 
gnaient en  rage  furieuse  :  Us  per- 
cevaient le  son,  le  chant  du  cor 
de  guerre.  Le  prince  des  Geats 
sépara  l'un  d'eux,  de  la  vie,  avec 
son  arc  ;  il  l'affranchit  de  sa  lutte 
avec  les  flots,  et  son  trait  de 
guerre  restait  fixé  dans  sa  chair 
vivante  : 


i>84:>.  Cf.  «  Beowulf»,  v.  1691  et  God.  Verc.  I,  2480. 

2847.  Lacune  à  l'extrémité  du  manuscrit. 

Kemble  :  «  fus-[lic  gryrê\  »  ;  Bouterwerk  cl  Zupitza  :  «  fûslic  f\yrd]  », 


■180 


KKOWl  |,K 


here-strael  hearda  ; 

2870  hê  on  holme  waes 
s u rides  the  saenra 
the  hyne  swylt  for-nam. 
Hrathe  wearth  on  ythum 
mid  eofer-spréôtum. 
heoro-hôc  ythum, 
hearde  ge-nearwod, 
nitha  ge-naeged, 
and  on  nàes  tôgen, 
wu  n dorh'c  wâeg-bora .; 

2880  we  ras  se  a  wed  on 
gryre-licne  gist. 
Gyrede  hine  Beô-wulf 
eorl  ge-waedum, 
n  allés  for  ealdre  m  earn  : 
scolde  here-byrne 
hondum  ge  brôden, 
sid  and  searo-fâh, 
sund  cunnian, 
sëo  the  beân-cofan 

2890  beorgan  ciithe, 

thaet  him  hilde-grâp 
hrethre  ne  mihte, 
eorres  in-wit-feng 
aldre  ge-sceththan  : 
ae  se  hwita  helm 
hafelan  wérede, 
se  the  mere-grundas 
men[gan]  scolde, 
séean  sund-ge-bland, 

2900  since  ge-weorthad  ; 

be-fongen  freâ-wrâsnum, 
swâ  hine  fyrn-dagum 
worhte  waepnasmith, 
wundrum  teôde, 


.  .  .  .  et  sur  les  (lots,  il  allait 
nageanl  avec  plus  de  lenteur, 
quand  la  mort  l'emporta.  Bientôt, 

le  monstre  prodigieux  qui  voguai! 
sur  les  vagues,  vaincu  dan-  ses 
maléfices,  fut  duremenl  percé  de 
lances,    bravemenl   harponné,   et 

traîné  sur  le  promontoire  :  les 
hommes  regardaient  cet  hôte 
redoutable.  Beowulf,  se  prépa- 
rant, révélait  son  armure,  sans 
souci  de  sa  vie  :  la  cotte  de  mailles 
travaillée  à  la  main,  large  et 
variée  de  couleurs,  devait,  à  pré- 
sent, éprouver  les  profondeurs  des 
eaux,  elle  qui  savait  protéger  le 
corps,  afin  que  l'étreinte  de  la 
guerre  ne  pût  blesser  la  poitrine, 
et  que  l'effort  hostile  du  monstre 
en  fureur,  nepûi  atteindre  la  vie. 
Mais  le  casque  blanc,  précieuse- 
ment adorné,  recouvrait  la  cotte 
de  tête,  qui  devait  braver  les  pro- 
fondeurs du  lac,  et  fendre  les 
vagues  confondues;  il  était  entouré 
de  chaînettes  d'or,  tout  comme  aux 
jours  passés,  quand  le  batteur 
d'armes  Yavait  forgé,  l'avait  mer- 
veilleusement paré,    


2878.  Sweet  :  «  ije\]i\naeged  ». 


Kl  OWULF 


181 


be-sette  swfn-lfcum, 
thaet  bine  syththan  nô 
brond  né  beado-mëcas 

bitan  ne  inealiton  : 

naes  thaet  thonne  màetost 
2()io  maegen-fultuma, 

thaet  him  on  thearfe  lâb 

thy  le  Hroth-gâres; 

waes  thâm  haèft-mëce 

Hruntig  nama, 

thaet  waes  ânforan 

eald-ge-strëona  ; 

ecg  waes  iren 

âter-tânum  fah, 

a-hyrded  heatho  swâte, 
2920  naefre  hit  aet  hilde  ne  swâc 

manna  aengum 

thàra  the  hit  mid  mundum 
[bewand, 

se  thegryre-sithas 

ge-gan  dorste, 

folc-stede  fâra  : 

naes  thaet  forma  sith 

thaet  hit  ellen-weorc 

aefnan  scolde. 

Hum  nege-munde 
2(j3o  mago  Ecg-lafes. 

eafothes  craeftig, 

thaet  hë  âer  ge-spraec 

wine  druncen, 

thà  lié  thaes  waepnes  on-lâh 

sélran  sweord-freean  : 

selfa  ne  dorste 

under  ytha  ge-win 

aldrege-néthan 

driht-scype  dreogan, 
2940  thaer  he  dome  for-leâs 


en  lui  don- 
nant en  ses  contours,  les  formes 
du  cygne,  afin  que  jamais  par  la 
suite,  ni  torche,  ni  glaive  de 
guerre  n'eût  pouvoir  de  l'entamer. 
Puis,  dans  ce  que  lui  avait  prêté 
Hrolhgar,  pour  l'assister,  ce 
n'était  pas  la  moindre  arme,  que 
le  glaive  à  poignée  qu'on  nommait 
Hruntig,  et  qui  était  auparavant, 
l'un  des  autiques  trésors  :  la  pointe 
en  était  d'airain,  teinte  de  gouttes 
de  poison,  et  trempée  dans  le 
sang.  Jamais,  au  combat,  il  n'avait 
trompé  aucun  homme,  parmi  ceux 
qui  l'avaient  balancé  dans  leurs 
mains;  qui  tentaient  d'accomplir 
la  terrible  tâche,  et  de  s'emparer 
des  cités  des  hommes  :  ce  n'était 
pas  la  première  fois  qu'il  devait  se 
rendre  digne  d'un  acte  de  valeur. 
Encore  le  fils  d'Ecglaf,  dont  l'àme 
était  profondément  troublée,  ne  se 
souvenait-il  plus  de  ce  qu'autre- 
fois il  avait  dit,  pris  de  vin,  alors 
qu'il  voulait  décerner  l'arme  à  un 
meilleur  guerrier.  Lui-même  n'osa 
point  risquer  sa  vie  sous  les  tem- 
pêtes des  vagues,  et  souffrir  pour 
ce  haut  fait 


2918    Cosijn,  Heyne,  Socin  :  «  ater-tearum  » 


31 


iS2 


l'.mw  i  i  i 


ellen-  maer  thum  ; 

fol.  162  I». 
ne  waes  thâem  ôthrum  swâ 
syththan  hê  hine  tô  gùthe 
ge~gyred  haefde. 


Là,    il  démentit,  à 

bon  droit,  la  réputation  de  son 
courage  :  il  n'en  étail  pas  ainsi  de 
l'autre  guerrier,  après  qu'il  se  fût 
préparé  à  combattre. 


XXII 


Wll 


Beô-wulf  mathelode 

bearn  Ecg-theowes  : 

ge-thenc  nu  se  mâera 

maga  Healf-denes, 

snottra  fengel. 
2950  1111  ic  eôm  si  thés  fus, 

gold-wine  gumena, 

hwaet  wit  geô  sprâeeon  ; 

gif  ic  aet  thearfe 

thinre  scolde 

aldre  linnan. 

thaet  tliu  më  a  wâere 

forlh-ge  -witenum 

on  faeder  staele  ; 

waes  thû  mund-bora 
2960  minum  mago-thegnum, 

hond-ge-sellum, 

gif  mec  hild  nime  : 

swylce  thû  thâ  mâdmas 

the  thû  më  sealdest, 

Hrôth-gâr  leôfa, 

Hîge-lâce  on  on-send  : 

maegthonne  on  thâem  golde 


Beôwulf,    le    (ils    d'Ecgtheow, 
parla  :«       Que  maintenant,  le  fils 

fameux  d'llealfdene,le  prince  pru- 
dent, le  seigneur  du  peuple,  se 
souvienne,  dès  lors  que  je  suis  prêt 
au  suprême  voyage,  de  ce  que 
nous  avons  dit  tous  deux,  aupa- 
ravant :  si  je  venais  à  te  man- 
quer, à  cesser  de  vivre,  tu  serais 
toujours  pour  moi,  comme  un 
père,  même  si  je  devais  partir  pour 
jamais  !  Sois  donc  le  protecteur 
des  féaux  de  mon  sang,  de  mes 
proches  compagnons,  si  la  guerre 
m'emporte  ! 


2941.  Kemble  :  «  weorthum  »  ;  Thorpe  :  «  maerthum  »  ;  Zupilza  :  «  maer- 
thum  » . 

2955.  «  linnan  »  est  le  [dus  souvent  suivi  d'un  génitif.   Cf.  «  Beowulf  ». 
v.  4482.  Cod.  Verc.  I,  2274  (avec  le  datif). 

2900.  Heyne  se  trompe  sur  le  rythme  en   plaçant  «  minum  »,  à  la  fin  de 
la  ligne  précédente. 


BEOWI  IK 


îs:i 


Geàta  çjryjiten  on  gitan 

ge-seôn  sunn  I ha<M I les 
•2070  thon  hê  on  thael  sine 

stârath, 

thnel  ic  gû-cysturn 

gôdne  funde 

beéga  bryttan  ; 

breac  thon  nioste  : 

and  tbû  Hun-fcith  laet 

ealde-lâfe, 

wraet-lTe  wàeg  sweord, 

w  id-cûthne  man, 

lu ia i'd  ecg  habban  ; 
2980  ic  më  mid  llruntinge 

dr>m  ge-wyrce, 

otbthe  mec  death  nimeth. 

[fol,  163  a.] 

.  E  f  t  e r  t  h  a  e  m   \v ord ura] 

Weder-Geâta  leod 

éfste  mid  elne, 

nalas  and-sware 

bidan  wolde: 

brim-wvlm  on-fëng 

hilde-rince. 
2990  Thé  waes  hwil  daeges 

âcr  hô  thone  grund-wong 

on-gytan  méhte. 

Sôna  thaet  on  funde 

se  tha  flôda  be-gong 

hcoro-glfre  be-hêold 

bund  missera, 

grim  and  grâedig 

thaet  thaer  gumena  sum 

ael-wihta  eard 


En  outrç,  cher  Hroth- 

gar,  renvoie  à  Hygelac  les  trésors 
(jue  (u  m'as  donnés,  en  d'autres 
jours  :  ainsi  le  chef  t\rx  (ieats 
comprendra-t-il  par  tout  cet  or, 
ainsi  le  fils  d'Ilrethel  verra-t-il, 
devant  ce  trésor,  que  j'ai  trouvé 
un  dispensateur  d'anneaux,  royal 
dans  sa  munificence  ;  que  fen  ai 
joui,  pendant  le  temps  qui  m'était 
dévolu!  Et  souffre  qu'llunferth, 
héros  à  la  lointaine  renommée, 
reçoive  l'antique  héritage,  le  glaive 
travaillé,  à  la  lame  ondulée,  à  la 
dure  pointe  :  avec  Hruntig,  je  me 
forgerai  la  gloire,  ou  bien  la  mort 
me  ravira  !  Après  ces  mots,  le 
prince  des  Weder-( ieats  se  hâta 
bravement  :  il  ne  voulait  point 
attendre  de  réponse,  et  déjà,  la 
vague  de  l'abîme  étreignait  le 
guerrier. 

Alors,  il  s'écoula  une  partie  du 
jour,  avant  qu'il  put  apercevoir  le 
fond  des  eaux.  Bientôt  le  monstre, 
assoiffé  de  sang,  féroce  et  avide, 
qui  pendant  cent  années,  avait 
régné  sur  l'étendue  couverte  par 
les  vagues,  découvrit-il  qu'en  ces 
lieux,  l'un  des  fils  des  hommes, 
de  ces  êtres  étranges  (pour  lui), 
essayait  de  toucher  à  l'abîme, 
venant  de  la  terre  élevée.    . 


2984 el  siiLv.  Le  combat  de  Beowulf  el  delà  mère  de  Grendel  pourrait  être 
comparé  à  l'histoire  de  la  femme  de  Troll,  dans  1'  «  Old  JVorsk  Grettio- 
Saga  »  (S.  B.,  I,  122-1317),  et  à  celle  qui  est  rapportée  dans  la  Saga 
d'  1  0/7///'  S/oro/fsso/i  ». 


484 


BEOWULF 


3ooo  u l'an  cunno  de    : 
map  ilia  tô-geanes, 
gûth-rinc  ge-fêng 
àt[olan]  cloinmum  ; 
nô  thy  âer  in  ge-scôd 
lia  Ian  lice. 

hring  iilan  ymb-beârh, 
thaet  hêo  thone  fyrd-hôm 
thurh-fôn  ne  mihte, 
locene  leôd-syrcan 

3oio  lâthan  fingrum  ; 

baer  th;i  se*')  brim-wyl[f] 

thé  heô  to  botme  com, 

hringa  thengel 

tô  hôfe  sinum, 

swâ  he  ne  mihte, 

no  hë  thaem  môdigwaes, 

waepna  ge-wealdan  ; 

ac  hine  wundra  thaes  fela 

swe[n]cte  on  sunde, 

3o20  sae-deor  monig 
hilde-tuxum 
here-syrcan  braec, 
êhton  aeg  laecan  ; 
thâ  se  eoii  on-geat 


La  mère 

de  Grendel  s'avança  vers  lui  pour 

/'étreindre;  elle  le  saisit  en  ses 
griffes  maudites  :  mais  elle  ne  put 
pour  cela,  les  enfoncer  plus  avant 
dans  tout  son  corps,  car  la  cotte 
bien  tressée  le  recouvrait,  tant  au 
dehors  qu'au  dedans,  de  sorte  f/ue 
les  doigts  de  la  maudite  ne  pou- 
vaient déchirer  l'habit  de  guerre, 
l'armure  de  combat  bien  fermée. 
En  cet  instant,  la  louve  de  mer 
(quand  elle  eut  touché  le  fond  du 
lac),  emporta  le  prince  des  an- 
neaux en  ses  demeures,  et  il  ne 
pouvait,  furieux  comme  il  était, 
se  servir  de  ses  armes.  Tandis 
qu'il  nageait,  plus  d'un  être 
affrayant  lui  faisait  obstacle;   . 


3003.   *  atolum  »  au  datif  pluriel,  et  non  «  atolan  ». 

3007.  La  forme  '-a  plus  usuelle  est  faible  :  «  fyrd-homa  »  ;  «  flaesc- 
homa  »;  «  fether-homa  ».  Mais,  dans  Anal.    137,9  :  «  byrn-homas  ». 

3017.  Ms.,  :  «  thaem  »;  Grundtvig  et  Heyne  :  «  thaes  »;  Grein  :  «  theah  ». 

3024  et  suiv.  Stopford  Brooke  a  trouvé  une  explication  ingénieuse  du 
repaire  du  monstre  (Hist,  of  early  english,  lit.  63,  64)  :  «  La  cave  sous  la 
mer.  écrit-il,  semble  être  l'un  des  phénomènes  naturels  que  connaissait  per- 
sonnellement l'auteur,  et  qu'il  introduisait  dans  son  récit,  comme  surnaturel, 
pour  donner  au  poème,  plus  de  couleur.  11  existe  plusieurs  cavernes,  sem- 
blables à  celie  qui  est  dépeinte  dans  «  Beowulf».  Leur  entrée  est  au  niveau 
le  plus  bas  du  flot.  Le  plongeur  se  trouve,  aussitôt,  dans  une  haute  caverne  à 
arcs,  s'étendant  sous  les  rochers  d'une  falaise  voisine,  et  aérée  par  les  cre- 
vasses du  roc.  D'après  le  texte,  Beôwulf  et  la  mère  de  Grendel,  se  trouvent 


BKOWTLF 


485 


lliael  bè"  nith-selc 

mil  bwylcum  waes, 

thàer  him  nàenig  waeter 

wihte  nc  scethede, 

oé  li i m  for  hrôf-sele 
3o3o  hri'nan  no  méhte 

fâer-gripe  flôdes, 
Fyr-leô]htge  sea  h, 

[fol.  163  b.] 

blâcne  leôraan, 

beorlite  scïnan. 

OQ-geat  thâ  se  goda 

grund-wyrgenne, 

mere-wif  mihtig 

maegen-raes  for-geaf 

hilde  bille, 
3040  hord-swenge  ne  of-teâh 

thaet  hire  on,  hafelan 

hring-mâel  â-gôl 

grâedig  giith  leôth  : 

[thâ]  se  gist  on  fand 

thaet  se  beado-leôma 

bitan  nolde, 

aldre  sceththan, 

ac  seô  ecg  ge-swâc 

[thJeodne  aet  thearfe, 
3o5o  Ttholode  àer  fêla 

hond-fge]-môta, 


plus 

d'un  monstre  marin  rompait  la 
cotte  de  mailles  avec  ses  cornes, 
et  harcelait  le  héros  infortuné, 
quand  celui-ci  s'aperçut  qu'il  était 
arrivé  en  je  ne  sais  quelle  caverne 
ennemie,  où  les  eaux  ne  l'étouf- 
faient  plus,  et  la  pression  sou- 
daine du  flot  ne  pouvait  plus 
longtemps  peser  sur  lui,  à  cause 
des  voûtes  qui  surplombaient  cet 
antre.  11  vit  une  lumière,  une 
flamme  pâle  qui  brillait,  aveu- 
glante. 

En  cet  instant,  le  brave  cham- 
pion, reconnut  la  louve  de  l'abîme, 
la  forte  géante  de  la  mer.  Il  lui 
donna  l'attaque  aver  ses  armes  de 
guerre  ;  il  ne  retint  point  l'élan  du 
glaive,  de  sorte  que  sur  sa  tête, 
l'airain  fit  retentir  son  chant 
sonore.  Alors  l'hùte  découvrit  que 
l'arme  de  bataille  ne  pouvait  en- 
tamer, ni  détruire  sa  vie  ;   .     .     . 


«  dans  l'antre  de  la  mer,  où  les  eaux  ne  sont  point  ».  Aux  murs  de  la 
caverne  sont  appendues  des  armes,...  et  le  combat  se  poursuit  sur  le  sable 
sec,  sous  une  voûte  élevée.  Un  feu  est  allumé  dans  l'antre...  ». 

Contre  la  thèse  ingénieuse  de  Stopford  Brooke,  on  ne  peut  que  faire 
remarquer  qu'il  n'y  a  point  de  lieux  au  sud  du  Roskilde  Fjord  ou  dTssefjord, 
présentant,  ou  ayant  pu  présenter  les  dispositions  qu'il  décrit. 

3025.  Thorpe  :  «  in  nith  sele  ».  Grein  et  Heyne  :  «  nitk-sele  »,  et  ils  tra- 
duisent par  :  cave  souterraine.  Sweet  adopte  la  même  écriture,  et  traduit 
par  :  cave  de  l'ennemi. 

3040.  Sweet  :  «  sweng  hond». 


486 


BKOWl  II 


helm  ofl  ge-scaer 
féeges  fyrd-  hr  aegl, 
l  hé  wâes  forma  sfl  h 

(Ionium  madine 

I  had  his  dôm  â-laeg 

eft  w;irs  m  ràed, 

Dalas  clues    I  aet  ; 

mâertha  gé-myndig, 
3o6o  mâeg  Hy[ge]  laces 

wearp  Ilia  wundel~mâel, 

wraettum  ge-bunden^ 

yrre  ôretta, 

thaet  hit  on  eordan  laeg 

stith  and  styl-ecg, 

stren^e  ge-trûwode, 

mund-gripe  maegenes, 

sw  ;'i  seeal  man  don 

thon  lie  aet  gûthe 
3070  ge-gân  thenceth 

long-sum  ne  lof, 

mi  ymb  his  Iff  cearath. 

Ge-fêng  thâ  be  eaxle, 

nalas  for  fae  lithe  mearn. 

Guth-Geâta  leôd 

G  rend  les  mod  or  : 

braegd  tha  beadwe-heard 

tli a  hë  ge-bolgen  waes 

feorh-ge-nTthlan 
3o8o  thael  héo  on  fletge-beâh; 

hëo  him  eft  li rathe 

hand-lean  for-geald 

grimmam  gnipum 

[fol.  164  a.] 


mais  la 

pointe  du  glaive  faisait  défaut  au 

prince  qui  recourait  à  elle  :  el 
celle  laine  avait  autrefois  triom- 
phé, en  plus  d'une  rencontre  hos- 
tile :  souvent  avait-elle  fendu  le 
casque  qui  protège  le  guerrier  pré- 
destiné, et  c'était  pour  le  cher 
trésor,  la  première  fois  que  sa 
vertu  venait  à  manquer].  Le  héros 
pris  d'une  fureur  nouvelle,  ne 
perdit  point  courage  :  se  souve- 
nant de  sa  gloire,  le  féal  d'Hyge- 
lac,  le  champion  plein  de  rage, 
rejeta  la  lame  ondulée,  à  la  poi- 
gnée serrée,  de  sorte  qu'elle  gisait 
à  terre,  vaine  et  émoussée.  Il  se 
fiait  à  sa  force,  à  la  puissance  de 
son  étreinte,  comme  doit  faire  au 
combat,  toute  homme  qui  veut 
conquérir  une  gloire  durable,  sans 
souci  de  sa  vie.  Donc,  le  prince 
des  guerriers  Geats,  saisit  à 
l'épaule  la  mère  de  Grendel,  sans 
crainte  de  sa  risposte  :  âpre  au 
combat  (depuis  qu'il  était  en 
fureur),  il  enlaça  l'homicide,  de 
sorte  qu'il  la  fit  pencher  vers  le 
sol. 


:!070.  Pour  les  besoins  de  l'allitération,  Sweet  et  Rieger  adoptent  la  forme 
«  feaxey),  au  lieu  de  «  eaxle  ». 

3082.  Ilevne   et  Sweet  adoptent  la  correction  de    Rieger  :  «  and-îëan  », 
;ill  itérant   avec  «  eft  ». 


HKOWILK 


4  ST 


and  him  tô-gêanes  feng  ; 

ofer-wearp  tha  wérig-môd 

wigena  strengest, 

let  he  cempa, 

thaet  he  on  fylle  wearth  ; 

of-sael  tha  thone  sele  gyst 
3090  and  liviv  seaxe  ge-teah, 

brâd  brun  eeg, 

wolde  hire  beam  wrecan, 

ingan  eaferan  ; 

him  on  eaxle  laeg 

breôst-net  brnden, 

thaet  ge~beàrh  f<~ore 

with  ord  and  with  ecge, 

in -gang  for-stôde  : 

haefde  tha  for-si'thod 
l    3 100  sunu  Ecg-throwes 

undfer]  gynne-grund, 

Geâta  cempa, 

nemne  him,  heatho-byrne 

helpe  ge-fremede, 

here:net  hearde, 

and  hâlig  God 

ge-wêold  wig-sigor, 

witig  drihten, 

rodera  ràedend, 
3no  hit  on  ryht  ge-scëd 

y  t  he-lice; 

sythlhan  hê  eft  a- s  tod. 


Bientôt,  elle  voulut  lui  rendre 
son  attaque,  et  vint  à  lui,  féroce, 
pour  l'embrasser  étroitement. Mais 
las  d'efforts,  le  plus  puissant  des 
guerriers,  fardenl  champion  tom- 
bant, roula  sur  lui-même  ;  alors, 
elle  assaillit  l'étranger  qui  avail 
pénétré  dans  l'antre,  et  brandit 
son  glaive  large,  à  la  pointe 
brunie  :  elle  voulait  venger  son 
fils,  son  propre  rejeton  :  sur  lui, 
sur  l'épaule  du  guerrier,  était 
agrafée  la  cotte  de  poitrine  qui 
protégeait  sa  vie  contre  la  pointe 
et  contre  le  tranchant,  et  qui 
empêchait  la  lame  de  pénétrer. 
A  ce  moment,  le  fils  d'Ecgtheow, 
le  champion  des  Geats,  eût  péri 
sous  l'abîme,  si  sa  cuirasse  de 
guerre,  sa  dure  cotte  de  mailles  ne 
l'avait  défendu,  et  si  Dieu  saint, 
victorieux  dans  les  batailles,  le 
Seigneur  de  toute  sagesse,  ne 
l'avait  emporté.  Le  roi  du  firma- 
ment faisait  aisément  triompher 
la  justice  :  après  quoi,  le  héros, 
encore,  était  debout  ! 


3084.  Gosijn  l'ail  observer  que,  par  exception,  «  oferweorpan  »,  n'est  pas, 
ici,  intransitif. 

3090.  Ettmûller,  Sweel  :  «  seax  »,  également  adopté  par  Kemblc. 

3091.  Par  raison  prosodique,  Heyne  :  «  brad  [ond]  brun-erg  ». 

3096.  «  Beorgan  »  est  construit  avec  le  datif.  Cf.   «  Beowulf  »,  v.  5194  ; 
Anal.  126,  56;  Cod.  Verc.  1,  3075. 

3110.  Wulcker  met  deux  points  après  «  ge  seed)),  et  pas  de  ponctuation 
après  «  ythe-lice  ». 


i8S 


BE0W1  LF 


Will 


XXIII 


Ge-seah  thé  on  searwum 

sfge-eddig  bil, 

eald  sweord  eôtenisc, 

ecgum  Ihyhtig, 

wigena  weorth-mynd, 

thael  waepna  cyst, 
bûton  bit  waes  mâere 
3 1 20  âenig  mon  other       [thonne 

to  bead  u -lace 

aet-beran  meahte,] 

gôd  and  geato-Iic, 

giganta  ge-weorc  : 

hé  ge-fëng  thâ  fetel-hilt, 

freca  Scyldinga, 

hrëoh  and  heoro-grim 

hring-mâel,  ge-braegd, 

a  Id  res  or-wéna 
3i3o  yrringâ  [s]16h, 

[fol.  164  b.] 

thaet  hire  with  halse 

heard  grapôde  ; 

ban-hringas  braec, 

bil  eal  thurh-wod 

taegne  flaesc-homan  ; 

heô  on  flet  ge-crong  : 

sweord  waes  swatig, 

secg  weorce  ge-féh, 

llxte  se  leôma, 
3140  leôht  inné  stôd, 

efne  swâof  hefene 

had  re  scineth 

rodores  candel, 


Alors,  il  vit  parmi  les  armes,  une 
lame  fortunée  dans  la  victoire, 
un  glaive  antique  et  démesuré, 
à  la  pointe  vaillante,  —  dignité 
des  guerriers  C'était  la  plus  coû- 
teuse des  armes,  (encore  qu'elle 
fût  trop  grande,  pour  qu'aucun 
autre  homme  pût  la  brandir  au 
sein  de  la  guerre).  Elle  était  là, 
bonne,  prête  à  servir,  forgée  par 
les  géants.  11  saisit  la  poignée 
tressée  —  le  guerrier  des  Scyl- 
dings  —  et  fier  et  sauvage,  vola 
l'airain  !  Désespérant  de  la  vie,  il 
frappait  furieusement,  de  sorte 
que  la  lame  lui  sciait  durement  le 
cou  :  elle  lui  brisa  les  anneaux 
des  os,  et  l'arme  transperçait  tout 
le  corps  maudit.  La  mère  de  Gren- 
del  chancela  à  terre  :  le  glaive 
était  sanglant  ;  le  héros  se  réjouis- 
sait de  son  exploit  :  un  rayon 
brilla  :  une  clarté  illuminait  l'inté- 
rieur de  l'antre,  avec  la  même 
douceur  qu'au  firmament,  luit  la 
lampe  céleste.  Son  regard  par- 
courut ces  lieux  :  alors,  le  féal 
d'Hygelac  vint  au  mur,  bouillant 
de  rage,  et  saisit  âprement  le 
glaive  à  la  poignée. 


3118.  Correction  de  Kemble  :  «  thaet  [tvaes]  waepna  cyst». 

3138.  Généralement   au  génitif.  Cod.   Verc.  VI,   4701    :   «  cwen  treorces 
gefeah  ».  Cf.  Psalt,  8. 


BEOWU.K 


m 


hr  aefter  recede  wlât  : 

Hwearf  thé  be  vealle, 

waepen  hafena  de 

heard  l>e  hiltum, 

Hfge-làces  thegn, 

yrre   and    ûn-raed  ; 
3 1  3o  unes  see  ecg  fracod 

hilde-rince, 

ac  hë  hrathe  wolde 

(J  rend  le  Tor  gyldan 

guth-raesa  fela 

thâra  the  hë  ge-worhte 

to  West-den u  m 

oftor  micle 

thonne  on  aenne  sith, 

thon  hë  Hroth-gàres 
3i6o  heorth-ge-neâtas 

slôh  on  sweofote, 

slâepende  fraet 

folces  Denigea 

fyf-tyne  men, 

and  other  swyle 

fit  of  ferede 

lath-lieu  lac  ; 

he  him  thaes  lean  for-geald, 

rëthe  ce  m  pa 
3170  to  thaes  the  he  on  raeste 

gûth-wérigne  ^ge-seah 

Grendel  licgan, 

aldor-Ieasne, 

swâ  him  aer  ge-scud 

hi  Id  aet  Heorote  ; 

hra  wide  sprong, 

syththan  hë  aefler  deâthe 

drepe  thrô wade 

heoro-sweng  héordne, 
3 1 80  and  hine  tha  heafde  be-cearf 

Sôna  thaet  ge  sa  won 

snottre  ceorlas 


La  pointe  obéissait  au  guerrier, 
el  celui-ci  voulail  payer  Grendel 

•  les  nombreuses  attaques  qu'il 
avait  jadis,  entreprises  contre  les 
Danois  du  Sud,  bien  plus  souvent 
qu'une  fois  :  quand  il  massacrait 
dans  leur  sommeil,  ceux  de  la 
maison  d'Hrothgar  ;  qu'il  dévorait 
quinze  Danois  endormis,  et  qu'il 
en  emportait  autant  :  holocauste 
terrible  !  Il  lui  donna  donc  sa 
récompense,  le  fier  champion, 
d'autant  plus  qu'il  voyait  Grendel 
abattu  par  la  lutte,  gisant  sans 
vie,  ainsi  que  le  sort  des  armes 
l'avait  décidé  pour  lui,  dans 
Ileorot.  Son  corps  était  déchiré 
de  toutes  parts  :  Beowulf  lui 
porta,  bien  qu'il  fût  mort,  un  dur 
coup  de  glaive,  et  lui  trancha  la 
tête.  Les  hommes  prudents  qui, 
avec  Hroihgar,  regardaient  le  lac 
profond,  virent  bientôt  un  mé- 
lange flotter  sur  les  eaux,  et  le 
flot  furieux  était  souillé  de  sang. 


190 


111  n\\  (  I.I- 


lliTi  the  mid  Hrôth-gâre 

on  holm  w  liton  , 

thaet  waes  yth-geblond 

eal  ge-menged, 

brim  blôde  féh  : 

blonden-feaxe 

gomele  ymb  gôdne 
3  K)o  on-geador  sprâecon, 

thael  hig  thaes  aethelinges 

eft  ne  wêndon 

thaet  hê  sfge-hrethig 

sécean  côme 

mâerne  Iheôden  ; 

Ihâ  thaes  monige  ge-wearth 

thaet  I  line  seô  brim-wylf 

a-breoten  haefflde  : 

tha  com  non  daeges 
32oo  nâes  of-gëafon 

hwâte  Scyldingas  ; 

ge-wat  him  ham  thonon 

gold-fwinej  gumena 

gistas  spcan. 

modes  seôce, 

and  o[n]  mere  stâredon 

wiston  and  ne  wéndon  thaet 

heora  wine-drihten         [hie 

selfne  ge-sâwon. 
32io  Thâ  thaet  sweord  on-gan 

aefter  heatho-swâlc, 

hilde-gicelum, 

wig-bil  wanian; 

thaet  waes  wundra  sum, 

thaet  hit  eal  ge-mealt 


I, es  hommes  chenus,  les  vieil- 
lards s'entretenaient  du  bon  cham- 
pion :  aucun  ne  s'attendait  plus  à 
ce  que  le  noble  héros  vint  retrou- 
ver le  prince  fameux  :  depuis  qu'il 
y  avail  apparence  que  la  louve  dé 
mer  l'avait  détruit...  Puis  vin! 
l'heure  de  midi,  et  les  braves 
Scyldings  quittèrent  le  promon- 
toire :  alors,  le  prince  du  peuple 
s'en  revint  vers  ses  hôtes,  l'Ame 
triste,  et  ceux-ci  regardaient  fixe- 
ment le  lac  :  ils  désiraient,  mais 
ils  ne  croyaient  pas  qu'il  leur  fût 
donné  de  revoir  leur  bon  seigneur, 
lui-même.  Mais  le  glaive  de  ba- 
taille, teint  de  sang,  entrait  en 
fusion  et  diminuait  :      .... 


3198.  La  plupart  des  auteurs  :  «  abrofen  ». 

11  faul  lire  «  abroten  »,  participe  passé  de  «  abréotan  ». 

3201.  La  plupart  des  auteurs  :  secean  ». 

3207.  Kemble  :  «  wiseton  »;  Sweet  :  «   wyseton  »;  Cosijn  :  «  wiston  » 
=  «  wished  ». 


11E0WULF 


491 


fse  ge-licost, 

thon  forstes  bend 

faeder  on-laetel  h 

nn-wintheth  war  g  -râpas, 
322Q  së  I  he  ge-weald  hafath 

sdela  and  mâela, 

l  had  is  sôth  metod. 

V  nom  he  in  thàem  wicû 

Weder-Geâta,  leôd, 

mâthm-âhta  ma, 

tliéli  1 1 <~  thaer  monige 

[ge-seah, 

bfiton  tlione  hafclan 

and  thâ  hilt  somod, 

since  fâge  ; 
3&3o  sweord  âer  ge-mealt, 

for-barn  brôden-mâel, 

waes  thaet  blôd  [t]ô  thaes 

âettren  ellor-gaest  liât 

së  thaer  inné  swealt. 

Sôna  waes  on  sunde 

çê  thë  âer  aet  saecce  ge-bâd 

wig-bryre  wrâthra, 

waeter  ûp-turh-deâf, 

wâeron  yth-geblond 
3240  eal  ge-fâelsod, 

eâcne  eardas, 

thâ  se  ellor-gaest 

of-lët  lif-dagas 

and  thâs  lâenan  ge-sceaft. 

Cûni  thâ  ta  lande 

lid-manna  helm 

s  with  mod  swymman, 

sâe-lâco  ge-feah, 


ce  fut  une 

merveille  qu'il  fondît  comme  la 
-lace,  quand  le  Père  (qui  a  pou- 
voir sur  le  temps,  et  sur  les  sai- 
sons)—  le  vrai  Dieu,  en  un  mot  — 
rompt  les  chaînes  de  glace,  et 
rend  à  la  vague  captive,  sa  liberté. 
Lui,  le  prince  des  Weder-Geats, 
ne  prit  d'autre  richesse  dans 
l'antre  aux  trésors  amoncelés  —  et 
quoiqu'il  en  vît  là  d'innombrables, 
—  que  le  casque  à  cotte  de  mailles, 
et  avec  lui,  la  poignée  du  glaive, 
précieusement  ouvragée. 

Auparavant,  le  glaive  lui-même 
s'était  dissout  ;  la  lame  ondulée 
avait  fondu,  tant  était  chaud  le 
sang  empoisonné  de  l'étranger  qui 
avait  péri  en  ces  lieux!  Bientôt  il 
allait  nageant,  celui  qui  renver- 
sait ses  ennemis  à  la  bataille  ;  . 


3249.  Sweet  adopte  la  correction  de  Kemble  :  «  iraeg-rapas  ».  Ileyne  : 
«  wael-ra pas  ». 

3325.  Cf.  v.  1694.  «  Leas  »  n'est  pas  souvent  construit  avec  un  génitif. 


i92 


BE0W1  II 


maegen-  by  rthenne 
3 2  5 ( )  thâra  the  he  him  mid  haefde. 

Eédon  liiiii  Ih.i  tô  geanes, 

gode  thancodon 

thryth  Ifc  thegna  heap, 

theôdnes  ge-fëgon 

thaes  the  hi  hyne  ge-sundne 

i^c-soon  môston  : 

thâ  waes  of  thaem  hrôran 

helm  mand  by  me 

lungre  ;i  lysed, 
3260  lagu  dnisade 

waeter  under  wolcnum, 

wael-dréore  fâg. 

Ferdon  forth  thonon 

fêthe  lâstum 

fer  h  thorn  faegne 

fold-weg  maeton 

ciithe  straete, 

cyning-balde  men 

from  thaem  holm-clife 

hafelan  baeron 
3270  earforth-lice, 

beora  aeg-bwaethru 

fêla  môdigra  : 

fëower  scoldon 

on  thaem  wael-stenge 

weorcum  ge-ferian 

tô  thaem  gold-sele 

Grendles  heafod  : 

oth  tbaet  semninga 

[fol.  166  a.] 

tô  sele  cô  m  on 
3280  frome,  fyrd-hwâte, 

fêower-tyne 

geata  gongan 

gu[m]-drihten  mid  ; 

modig  on  ge-monge 

meod[o]-wongas  traed. 


il  se 

frayait  un  chemin  à  la  surface  des 
eaux  donl  tous  les  flots  étaient 
purifiés,  et  il  apercevait  les  champs 

fertiles,  où  fièrement,  il  avait  fait 
le  sacrifice  de  ses  jours  de  vie,  et 
toute  la  création.  Alors  parvint  à 
terre  le  chef  des  mariniers,  na- 
geant avec  vigueur  :  il  se  réjouis- 
sait du  don  delà  mer,  du  puissant 
fardeau  qu'il  portait  avec  soi. 
Donc,  ils  vinrent  à  sa  rencontre  ; 
la  vaillante  troupe  des  féaux 
rendit  grâces  à  Dieu  ;  ils  se  ré- 
jouissaient de  leur  chef,  de  pou- 
voir le  contempler  sain  et  sauf. 
Alors,  on  enleva  vivement  au 
guerrier  encore  dispos,  son  casque 
et  sa  cotte  de  mailles  :  le  lac  cou- 
lait toujours  sous  le  ciel,  taché  du 
sang  du  monstre  égorgé.  Ils  par- 
tirent de  ces  lieux  à  grands  pas, 
joyeux  dans  l'âme.  Les  héros  de 
royale  bravoure,  parcouraient  le 
chemin  du  pays,  la  voie  qu'ils 
connaissaient  bien  ;  du  haut  des 
falaises  de  la  mer,  ils  portaient  le 
casque  à  cotte  des  hommes  au 
i;rand  cœur,  el  cette  vue  affligeait 
chacun  d'eux  :  quatre  des  leurs 
devaient  soutenir  avec  peine,  jus- 
qu'à la  salle  de  l'or,  la  tète  de 
Grendel  au  bout  du  pieu  fatal. 


BEOWULF 


-493 


Thé  com  in  gân 
ealdor  thegna, 
dâed-céne  mon 
dôme  ce-wurlh  ad  , 
3290  baele  hilde-deôr, 
H rôth -gàr  grétan  ; 
thé  waes  be  feaxe 
on  11  et  boren 
G  rend  les  heàfod, 
thaer  human  dru  neon, 
eges-lfc  for   eorlum, 
and  tliaere  idese  mid 
wlite  seon  wr[aet]  lie 
w  eras  on  sâwon. 


XXIV 

33oo  Beô-wulf  mathelode 

beam  Kcg-thëowe[s]  : 

hwaet,  wë  thë  thas  sae-lâc, 

sunu  Healf-denes, 

leôd  Scyldinga, 

lustrû  brôhton 

tires  to  tac  ne, 

the  Uni  lier  to-locast. 

Ic  thaet  un-softe 

ealdre  ge-digde 
33 1  o  wigge  under  waetere, 

weorc  ge-néthde 

eafoth-lice; 

aet  rihte  waes 

guth  ge-twaefed 

nymthe  mec  God  scylde. 

Ne  liieahte  ic  aet  hilde 

mid  Hruntinge 

wihtge-wryrcan, 

theah  thâët  waepen  diige  ; 
3320  ac  mê  ge-ûthe 


Quand  soudain,  quatorze  d'entre 
les  Geais,  bons  héros,  braves  à  la 
guerre,  vinrent  au  palais  avec 
leur  seigneur  :  superbe  parmi 
eux,  celui  ci  marchait  à  travers 
les  salles  de  bière.  Alors  entra  le 
prince  des  féaux,  l'homme  aux. 
valeureux  exploits,  plein  d'hon- 
neur et  de  dignité,  l'homme  ardent 
comme  le  fauve,  à  la  bataille, 
pour  saluer  Hrothgar  :  puis  on 
apporta,  tenue  par  les  cheveux,  la 
tète  de  Urendel,  dans  le  palais  où 
buvaient  les  hommes  :  elleètait  là, 
horrible  et  merveilleux  spectacle 
à  contempler,  pour  les  guerriers 
et  pour  les  femmes  qui  étaient  là, 
en  leur  compagnie. 

XXIV 

Beôwulf,  le  tîls  d'Ecgtheôw, 
parla  :  «  —  Voilà,  fils  d'IIealfdene, 
prince  des  Scyldings,  que  nous 
t'avons  en  joie,  apporté  ce  présent 
de  la  mer  que  tu  considères,  comme 
un  trophée  de  notre  gloire  !  J'ai 
accompli  avec  peine  cette  prouesse, 
et  au  péril  de  ma  vie,  dans  cette 
lutte  sous  les  eaux.  L'effort  ac- 
compagnait ma  tâche  :  mais  la 
Providence,  en  a  décidé  en  toute 
justice,  et  Dieu  m'a  protégé  !  Je 
n'ai  pu  à  la  bataille,  me  servir 
d'Hruntig,  quoique  cette  arme  fût 
vaillante  : 


ï!)i 


UKOWi  LF 


vida  waldend 

thaet  ic  on  wâge  ge-seah 

wlftig   han  giao 

fol.  166  I». 

eald  sweord  eâcen, 

oftosl  wfsode, 

wénigea-leâsum 

thaet  i<-  thy  waepne  ge- 

braed 

(  )  f-slôw  thâ  aet  thâere 

[saecce, 

thâ  më  sâel  â-geald, 
333o  buses  hyrdas  ; 

thâ  thaet  hilde-bil 

for-[born]  brogden-mâel, 

swâ  thaet  blôcl  ge-sprang 
li  âtost  heatho-swâta, 

ic  thaet  hilt  thanon 

feôndum  aet-ferede; 

fyren-dàeda  wraec, 

dëath-cwealm  Denigea, 

swâ  hit  ge-défe  waes, 
3340  le  hit  thê  thon  ge-hâte 

thaet  thû  on  Heorote  mùst 

fs]orh-leâs  swefan 

mid  thiura  seega  ge-dryht, 

and  thegna  ge-hwylc[um] 

thinra  leoda 

duguthe  and  iogothe. 

thaet  thû  him  on-draeda  ne 

on  thâ  healfe,  [thearft 

theoden  Scyldinga 
335o  aldor-bealu  eorlum, 

swâ  thû  âer  dydest. 

Thâ  waes  gylden  hilt 

gamelum  rince, 

hârum  liild-fruman, 

on  hand  gyfen, 

enta  âer-geweorc; 


.  .  .  .  mais  l<'  ioi  des  hommes 
m'accorda  de  voir  appendu  au 
mur, un  antique  el  puissant  glaive 
—  qui   devait  le  plus  souvent  me 

soutenir,  quand  je  perdais  l'espé- 
rance —  de  sorte  qua.vec  cette 
arme,  je  me  battis.  Dans  la  lutte, 
je  massacrai-là,  puisque  l'occa- 
sion d'une  revanche  m'était  offerte 
en  retour,  les  gardiens  de  ces 
demeures  ;  et  alors  l'arme  de 
guerre,  la  lame  ondulée  se  con- 
suma, au  moment  où  jaillissait  le 
sang  le  plus  chaud,  répandu  au 
combat  :  j'arrachai  de  ces  lieux,  à 
mes  ennemis,  la  dépouille  (d\  Es- 
chere)  ;  je  punis  leurs  crimes,  le 
fléau  mortel  des  Danois,  comme  il 
convenait  que  je  le  fisse.  Je  te 
promets  donc  que  tu  peux  dans 
Heorot,  dormir  en  sûreté,  avec  la 
compagnie  de  tes  guerriers,  et 
avec  chacun  des  féaux  de  ton 
peuple,  jeunes  et  vieux,  et  que  tu 
peux  ne  pas  craindre  pour  eux, 
dans  ce  palais,  o  prince  des  Scyl- 
dings,  de  massacre  de  tes  comtes, 
ainsi  qu'autrefois  tu  le  redoutais. 
Donc  le  casque  d'or,  première 
œuvre  des  géants,  fut  remis  au 
vieux  guerrier,  au  chef  vénéra- 
ble : 


BEOWULF 


195 


hit  on  aeht  ge-hwearf 

aefter  deôfla  hryre, 

Denigea  freân, 
336o  wundor-smitha  ge-weorc; 

and  thé  thâs  worold  of-geaf 

grom-heorl  mi  ma, 

godes  and-saca, 

morthres  scyldig, 

and  his  môdor  eâc, 

on  ge- weald  ge-hwearf 

worold-cyninga 

thâcm  sâelestan 

be  saein  tweônû, 

[fol.  167  a. 
3 3 70  thâra  the  on  Sceden-igge 
sceatjtas  dâelde. 

Hroth-gâr  mathelode, 

liilt  sceawode 

ealde  lâfe, 

on  thaein  waes  ôr-wri[ten] 

fyrn  ge-winnes, 

sypthan  flod  of-s  lob  , 

gifen  geotende, 

g i ganta  cyn  ; 
338o  frëcne  ge  -fërdon, 

thaet  waes  fremde  theod 

écean  driht[ne], 

him  thaes  ende-leân 

thiirh  waeteres  wylm 

waldend  sealde  : 

swâ  waes  on  thaem  scenTne] 

sciran  goldes 

thurh  rim-stafas 

rih  te   ge  -mearcod, 
33go  ge-seted  and  ge-saed, 


.  .  .  ce  travail  de  merveilleux 
forgerons,  après  la  chute  des 
démons,  passait  (Mitre  les  mains 
du  seigneur  des  Danois:  quand  le 
monstre  au  cœur  sauvage,  ennemi 
de  Dieu  et  souillé  de  crimes,  eut 
quitté  la  terre,  et  sa  mère  égale- 
ment, il  appartenait  au  meilleur 
des  puissants  rois  entre  les  deux 
océans, de  ceux  qui  dansScenedig, 
distribuaient  les  trésors,  llrothgar 
parla  ;  il  regardait  le  casque,  cet 
ancien  héritage,  où  étaient  gravées 
les  origines  des  plus  antiques 
luttes  :  après  le  déluge,  l'océan 
débordant  détruisit  le  peuple  des 
géants  :  ceux-ci  se  défendirent 
avec  audace  :  c'était  une  race 
ennemie  du  Dieu  éternel,  et  le 
Maître,  en  revanche,  les  englou- 
tissait une  dernière  fois,  sous  des 
trombes  d'eau 


3361.  Mûllenhof  et  Bugge  rejettenl  «and»,  comme  inutile,  au  commen- 
cement d'une  phrase  qui  n'est  (pie  le  développement  de  celle  qui  la  précède. 


496 


UKOWn.F 


h  warn  thael  swe  ord    ge- 

[renna  cyst,  worht, 

âerest  waere, 

wr[eothen    hylt  and  wyrm- 

Thé  se  wisa  spraec         fâh. 

mi  nu]  Healf-denes, 

swigedon  eal  le; 

I  h  act  la  m  a  eg  secgan 

se  the  sôth  and  riht 
3400  fremeth  on  folce, 

feor  eal  ge-mon 

eald    8-  wear[d], 

thaet  tes  eorl  vaere 

ge-boren  betera. 

Blaed^isj  â-râered 

geond  vvid-wegas, 

wine  nun  Beo-[wulfJ. 

thin  ofer  theuda  ge-hwylce 

Eal  thii  hit  ge-thyldum 

[healdest 
3410  maegen  mid  modes  snyt- 

[trum  ; 

ic  the  sceal,  mine  ge-laestan 

freothe  swa  wit  furthum 

[sprâecon; 

thii  scealt  to  fro  f re  weor- 

[than, 

eal-lang  twidig, 

lêodû  thinû, 

[hael]  ethum  to  helpe  : 

[fol.  167  b.] 

ne  wearth  Here-mod  [swâ] 

eaferum  Ecg-welan 

âr  Seyldingum  ; 


Egalement    à    la 

surface  de  l'or,  brillanl  en  carac 
teres  runiques,  avait-on  bien  mar- 
qué et  dil  pour  qui  avait  été  forgé 
le  glaive,  du  plus  coûteux  airain, 
avec  le  casque  travaille  el  au 
métal  ondulé,  comme  les  anneaux 
d'un  serpent.  Alors,  le  fils  prudent 
dMIealfdene  parla,  et  tous  furent 
silencieux  :  «  —  Que  tout  prince 
âgé,  ayant  vécu  dans  la  vérité, 
ayant  rendu  la  justice  au  peuple, 
et  se  souvenant  des  antiques 
exploits,  reconnaisse  sur  toutes 
choses,  que  ce  comte  est  né  très 
excellent!  Tu  t'es  élevé  en  gloire, 
o  mon  cher  Beowulf,  et  par  delà 
les  voies  lointaines,  et  au-dessus 
des  peuples  A  ta  persévérance  est 
due  ta  gloire,  et  tu  jouis  de  ta 
force  avec  la  modération  de  l'es- 
prit; je  remplirai  ma  promesse 
envers  toi,  comme  nous  Pavons 
dit  auparavant  ;  tu  seras  long- 
temps agréable  à  tes  peuples;  tu 
seras  leur  soutien,  et  /'appui  des 
héros  !     


3402.  La  plupart  des  auteurs  :  «  eatd  et/iel-weard  ». 
8403.   Bugge  :  «  thaet  the  eorl  naere  ». 
3412.  Wiïlckeret  Heyne  :  «  frôode  ». 


HKOWTI.K 


i<)7 


3420    ne  ge-weox  he  him  tô 

willan 

ac  tô  wael-feal  le  . 

and  U'>  dëath-cwalum, 

Deniga  leôdû  ; 

breât   bol  gen-môd 

beod-gë-nêâtas, 

eaxl-ge-[ste]  allan, 

oth  thaet  hë  ana  hwearf, 

mâere  thë[6d]en, 

mon-dreâmû  from  : 
3430  tlieâli  the  lune  [mi]htig  God 

maegenes  wynnû. 

eafethum   stjépte 

ofer  ealle  men, 

forth  ge-fremeLd]e, 

hwaethere  him  on  ferhthe 

[greôw 

breôst-[h]ord  blôd-reôw, 

nallas  beâgas  geaf 

Demi  m  aéfter  dome  ; 

dreâm-leâs  ge-bâd 
3440  thaet  hë  thaes  ge-vinnes 

weorc  thrôwade, 

leôd-bealo  long-sum  ; 

thâ  thë  lâer  be  thon, 

gû-cyste  on-git  : 

ic  this  gid  be  thë 

â-wraec  wintrum  frôd, 

wundor  is  té  secganne 

hû  mihtig  god 

manna  cynne 
3460  thûr  sîdne  sella n 

snyttru  bryttath, 

eard  and  eorl-scipe, 

heâh  ealra  ge-weald  ; 

hwilû  hë  on  lufan 

laeteth  hworfan 

monnes  môd-ge-thonc 


.  Ainsi  lleremod  ne  fut-il 
pas  un  protecteur  pour  les  Scyl- 
dings,  pour  les  fils  d'Ecgwela  :  il 
ne  s'éleva  pas,  comme  ils  l'eussent 
voulu,  mais  il  grandit,  cause  de 
destruction,  et  fléau   mortel  poul- 
ie peuple   des    Danois.   Plein    de 
colère,     il     massacra     ceux    qui 
vivaient  en   son   palais,  ses   pro- 
ches compagnons,  jusqu'à  ce  qu'il 
s'éloignât,  le  prince  fameux  de  la 
joie  des  hommes.  Bien  que  Dieu 
puissant  l'élevâtsur  tous  les  siens 
en  pouvoir  et  en  œuvres,  et  qu'il 
le  poussât   vers   une   gloire   nou- 
velle, son  cœur  nourrissait,  cepen- 
dant,   un  sentiment   sauvage,    et 
ce  prince  ne  distribuait  point  aux 
Danois  d'anneaux,  selon  l'équité. 
Il    vécut  sans  joie,  endurant  les 
travaux  de  la  guerre,  odieux  fléau 
pour  son  peuple.  Eclaire-toi  de  son 
exemple,  et   comprends   les  bien- 
faits !  Moi-même   que  les  années 
ont  rendu    prudent,  j'ai  rapporté 
pour  toi  cette  histoire  :  il  est  mer- 
veilleux  de   dire   comment   Dieu 
puissant,  dans  sa   vaste   pensée, 
dispense  entre  la  race  des  hom- 
mes, la  sagesse,  la  terre,  le  cou- 
rage,  et  sur  tous,  la  domination 
souveraine 


32 


fi>8 


KKOWILK 


maeran  cynnes, 

selèl  li  him  on  élhle 

eorthân  w^nne 
3460  l(')  healdanne, 

hléo-bubh  wera, 

ge-déth  him  swâge-weal- 

[dene 

worolde   dâel  as 

thael  In"  his  selfa  no  maeg 

his  un-snyttrum 

ende  ge-theneean  : 

wnnalli  In"  on  wiste, 

nô  hino  wihl  dweleth 

âd[l]  né  yldo, 
3470  ne  him  in-wit-sorh 

on  sefafn]  sweorceth, 

né  ge-sacu  6-h-waer 

ecg-he[te]  eoweth, 

ac  him  eal  worold 

wendeth  on  w[il]lan  ; 

hô  thaet  wvrse  ne  con. 


Parfois,  selon  sôti 
plaisir,  il  souffre  que  la  pensée  de 
l'homme  d'une  rare  d'élite,  se 
réalise;  e/nriél  eri  sa  possession  les 

joies  de  la  terre,  et  il  lui  permet 
de  régner  sur  les  cités  on  se  réfu- 
gient les  hommes  Ainsi,  il  met 
sous  sa  dépendance  des  parties  rie 
l'univers,  afin  que  dans  sa  folie,  il 
ne  puisse  plus  même  se  souvenir 
de  sa  fin  ;  il  continue  à  festoyer  ; 
ni  l'âge,  ni  la  maladie  ne  l'éclai- 
rent,  et  la  peine  soudaine  n'obs- 
curcit pas  son  âme;  nulle  part  il 
ne  rencontre  la  haine  meurtrière 
de  l'ennemi,  mais  le  monde  évolue 
à  sa  volonté  :  il  ne  connaît  point 
le  malheur. 


XXV 


XXV 

Oth  thaet  him  on  innan 
ofer-hygda  dâel 
weax  jeth   and  wridath, 
1480  thon  se  weard  swefeth, 
sâwele  h[yrde]  ; 
bith  se  slâep  to  faest 


jusqu  au  jour  ou  une  semence 
d'orgueil  croît,  et  se  lève  en  lui, 
quand  dort  l'ange  gardien,  le 
pasteur  de  l'Ame  ; 


3471.  Le  coin  du  manuscrit  est  défectueux.  Kemble.  Zupilza  :  t<  sef<<[n]  ». 

3472.  Grein  :  «  gesaca  ». 

3470.  Le  manuscrit  porte  un  point  après  «  con  ».  Et  puis  au  §  25,  un 
0  majuscule.  Mais  il  parait  impossible  de  commencer  une  phrase  nouvelle 
avec  «  oth  thaet  »  =  jusqu'à  ce  que,  ainsi  qu'Earle  le  fait.  Grein  coupe  la 
phrase  au  vers  34-75,  ainsi  que  Kemble:  Heyne,  au  vers  3486. 


IIKOWTLF 


i99 


bisgum  ge-bunde    n  , 

bona  swfthe  neâh 

se  the  of  flàn-bogan 

fv l'en u  ni  scéôteth  ; 

thon  l)itli  on  hrethre 

under  helm  drcpen 

biteran  si  racle, 
3400  him  be-beorgan  ne  con 

worn  wundor-be-bodum 

wcrgan  gâstes  ; 

t liincetli  him  16  lytel 

lhaet  hê  tô  lange  liëold  ; 

gvtsalh  grom*hydig, 

n alias  on  gylp  seleth 

faedde  beâgas, 

and  lie  thâ  forth-ge-sceaft 

for-gyteth  and  for-gymeth 
35oo  thaesthe  himâerGod  saelde, 

wuldres    wal  dend, 

[fol.  168  b.] 

weorth-mynda  dael. 

Hit  on  ende-staef 

oft  ge-limpeth 

timet  se  Ifc-homa 

laene  ge-dreôseth, 

fâege  ge-fealleth, 

féhth  other' to  , 

se  the  un-murnlfce 
35 10  mâdmasdâeleth, 

eor  les  âer-ge-streôn, 

eçesan  ne  symeth. 


le  sommeil  ('si 

trop  profond,  engendré  par  le 
mal  ;  le  meurtrier  s'approche,  <pii 
lance  son  Ira  il  de  feu.  Alors 
l'homme  est  frappé  au  cœur,  sous 
la  cuirasse,  par  une  (lèche  em- 
poisonnée ;  il  ne  peut  répudier  le 
mal,  ni  lutter  contre  les  étonnantes 
embûches  de  l'esprit  maudit  !  Ce 
qu'il  a  trop  longtemps  possédé,  lui 
paraît  trop  peu  étendu. 

Son  humeur  devient  cruelle;  il 
se  fait  avide  :  il  ne  distribue  point 
superbernent  d'anneaux  massifs, 
et  il  oublie  sa  mort,  et  la  méprise, 
parce  que  Dieu,  le  roi  de  gloire, 
lui  a  donné  une  part  d'honneurs  ! 
A  la  fin,  il  arrive  souvent  que  son 
corps  décline  misérablement,  et 
tombe.,  voué  à  la  mort;  un  autre 
lui  succède  qui,  sans  deuil,  re- 
cueille les  trésors  amassés  de 
longue  date  par  le  guerrier,  sans 
crainte  de  vaines  terreurs  .     .     . 


3491.  lïeync  n'accentue  pas  «  worn  ».  Sievers  le  fail,  pour  que  le  vers  soit 
ainsi  mieux  scandé. 

3494.   Selon  Zupitza,  bien  que  reproduit  dans  presque  toutes  les  éditions, 
«  to  »  est  à  tort,  intercalé  entre  «  he  »  et  u  lange  ». 

3512.  Grein  :  «  egesan  »,  possesseur. 


;»()() 


HKOWULF 


He  -beorb  the  thone  bealo- 

nith, 

Beô-wulf  leôfa, 

secg  betsta, 

and  thê  thaet  sélre  ge-ceôs, 

éce  râedas; 
of  ei-hvda  ne  gym 

ma  ere  cempa  ; 
3520  mi  is  Hunes  [mjaegnes  bided 

âne  liwile. 

eft  sôna  bith 

thaet  itli  ec  âdl,  oththe  ecg, 

eafothes  ge-twâefeth, 

oththe  [fyjres  feng, 

oththe  (lodes  wylm, 

oththe  giipe  Lm]êces, 

oththe  gdres  fliht, 

oththe  dtol  yldo, 
353o  [ojththe  edgena  bearhtm, 

for- si  te  th  and  for-swor[c]eh: 

semninga  bith 

thaet  hec,  dryht-guma, 

death  [ojfer-swytheth. 

Swd  ic  Hring-Dena 

hund  missera 

wêold  under  wolcnum, 

and  hig  wigge  be-ledc 

manegum  maegtha 
3540  geond  thisne  middan-geard, 

aescu  and  ecgum  ; 

thaet  ic  më  aenigne 

under  swegles  be-gong 

ge-sacan  ne  tealde  : 

hwaet,  me  thaes  on  éthle 


Tiens 

éloigné  de  toi  ce  penchant  fatal, 
cher  Heôwulf,  le  plus  excellent 
des  hommes,  et  choisis  pour  toi 
le  meilleur  sort  :  les  récompenses 
éternelles  !  Ne  t'attache  pas  à  l'or- 
gueil, ô  champion  renommé  !  Au- 
jourd'hui, pour  quelque  temps 
seulement,  la  fleur  de  ta  force 
s'est  épanouie  :  bientôt,  la  ma- 
ladie ou  le  glaive  te  sépareront  de 
ta  valeur,  ou  encore  l'étreinte  des 
flammes,  ou  le  flot  de  l'océan,  ou 
la  morsure  du  fer,  ou  le  trait 
volant,  ou  tes  yeux  mêmes,  se 
fermant,  lourds  et  obscurcis  ;  ce 
sera  sourdement,  que  la  mort,  o 
guerrier,  triomphera  de  toi  !  Ainsi 
moi-même,  pendant  bien  des  an- 
nées, j'ai  gouverné  sous  le  ciel,  les 
Danois  aux  anneaux,  et  je  les  ai 
défendus  par  la  guerre,  de  bien 
des  tribus  du  continent,  par  les 
lances,  et  par  les  glaives  ! 


3513.  «   bebeorgan  ».   se    défendre    contre,    éviter.    Cf.    l'allemand    du 
xne  siècle  «  pipirc  »,  éviter.  Diut.  I,  145. 

3527.  Cf.  Cod.  Verc.  I,  376  :  «  gares  gripe». 

3545.  La  plupart  des  éditeurs  :  «  edwenden  ». 


BEOWTLF 


:,oi 


ed-wendan  cwôm 
gyro  aefter  gomene, 
seoththan  Grendel  wearth, 

eald-ge-winna, 
355o  in-senga  mfn  : 


ic  thàere  sôcne 


[fol,  169  a 


smgales  waeg 

môd-cear  e    miele. 

thaes  sig  metode  tlianc, 

écean    driht  ne, 

thaes  the  ic  on  aldre  ge-bad 

thaet  ic  on  thone  hafelan 

hegro-dreôrigne, 

ofer  eald[ge]-win, 
356o  eagurn  starige. 

Gâ  nu  tô  setle, 

symbel-wynne  dreôh, 

wig-ge-weorthad  : 

une  [sceal]  worn  fela 

mâthma  gê-màenra 

siththan  [morjgen  bith. 

Geât  waes  gïaed-môd 

gêong  son  a  [to] 

settes  neôsan, 
3570  swâ  se  snottra  héht. 

Th  a  waes]  eft  swâ  âer 

ellen-rôfum, 

faegere-ge-reorded 

niôwan  stefne. 

Ni[ht]-helm  ge-swearc 

deorc  ofer  dryht-guj»  fan]  ; 

duguth  eal  â-râs  : 

wolde  blonden-feax 


Et  j'allais,  ne  me  reconnaissant 
point  d'adversaire  à  travers  l'éten- 
due que  couvre  le  soleil.  Hélas  ! 
pour  cette  présomption,  dans  ma 
destinée,  l'épreuve  vint  fondre  sur 
moi,  —  la  peine  après  la  joie  — 
quand  Grendel,  /'ancien  ennemi, 
vint  hanter  mon  royaume  :  tou- 
jours, j'éprouvai  en  mon  âme, 
une  grande  douleur  de  sa  venue. 
Donc,  remercie  Dieu,  le  Seigneur 
éternel  de  ce  qu'il  m'ait  permis  de 
vivre  pour  voir  de  mes  yeux, 
dégouttante  de  sang,  la  tête  du 
monstre,  qui  causait  mon  souci. 
Va  maintenant  à  ton  siège  ;  jouis 
du  festin,  toi  que  les  combats  ont 
ennobli  :  une  multitude  de  trésors 
nous  appartiendront  en  commun, 
à  l'aube  !  »  Le  Geat  en  fut  satis 
fait,  et  bientôt,  il  vint  reconnaître 
son  siège,  ainsi  que  le  prince  pru- 
dent l'avait  ordonné.  Alors,  celui- 
ci  parla  encore,  en  de  nouveaux 
accents,  à  ceux  qui,  renommés, 
étaient  assis  dans  le  palais.  La 
voûte  du  ciel  nocturne  s'épaissis- 
sait, ténébreuse,  sur  les  vassaux  : 
la  cour  entière  se    leva.     .     . 


3549.  La  plupart  des  éditeurs  :  «  eald-gewinna  ». 

3563.  Wïilcker  :   «   wig-geweorthad    ».    Ileyne    et    Cosijn 
[ge]tveor/f>ad  ». 


«    toigge- 


;')()2 


BK0WULP 


358o  bed  d  |efi  neôsan, 

gamela  Scyldiag  ; 

Gedt  unig-metes  wel 

pôfne  rand"W(gan 

restan  lys  te  ; 

sôna  him  sele  thegn 

sfthes  wergu, 

feorran-cundum 

forth  wfsade, 

se  for  and-rysnum 
35oo  ealle  be-weotene 

thegnes  thearfe, 

swyce  thy  dôgore 

hëatho-Iithende 

habban  scoldon. 

Eleste  bine  thâ  ri'im-heort, 

reced  h  Una  de 

geâp  and  gold-fâh; 

gaest  inné  swaef 

olh  thaet  hrae[fn]  blâca 
36oo  heofones  wynne 

blith-heort  bôdode  ; 

]  beorht  scacan. 

fol.  169  b.] 


Les  vieux 

Scyldings  aux  chevelures  touffues, 
voulaient  contempler  le  lit  du 
héros;  les  Geats  souhaitaient  au 
guerrier  fameux,  un  repos  indéfini 
et  doux  ;  bientôt  le  thane  commis 
à  la  salle,  vint  guider  /étranger, 
fatigué  de  sa  tâche,  —  et  de  ma- 
nière congrue,  il  réunit  tout  ce  dont 
le  héros  avait  besoin,  et  tout  ce 
que  désiraient  ces  mariniers,  venus 
sur  l'océan  profond.  Le  guerrier 
magnanime  se  reposa;  la  demeure 
s'élevait  en  une  voûte  arrondie,  et 
variée  d'or  ;  là,  l'étranger  dormit, 
jusqu'à  ce  que  le  pâle  oiseau  au 
cœur  joyeux,  eût  annoncé  la  fête 
du  ciel  :  la  venue  du  soleil  écla- 
tant. Les  guerriers  se  hâtèrent  ; 
les  nobles  étaient  prêts  à  retourner 
vers  leurs  vassaux  : 


3582.   La  pluparl  des  éditeurs  :  «  ungemetes  ». 

3590.   Plusieurs  éditeurs  :  «  beweotene  ». 

«  Bewitian  »  est  un  verbe  faible,  il  faut  donc  lire  :  «  beweotede  ». 

3596    «  hlifade  »  répond  bien  au  sens  de  la  phrase,  mais,  à  l'examen,  il 
est  douteux  que  le  Ms.,  ne  porte  pas  «  hlinade  ». 

Plusieurs  éditeurs  et  Heyne  :  «  hlivade  »  et  «  hlifade  ». 

3(302.  Lacune  au  manuscrit.  Wûlcker  propose  : 

«  thâ  com  beorht [leoma]   » 

«  scacan  [ofer  scadu]  » . 
Heyne  : 

«  thâ  com  beorht[sunne]  » 

«  scacan  [ofer  grundasj  ». 

Mais  ces  additions  au  texte  n'ont  qu'une  valeur  relative,  celle  de  l'autorité 
des  auteurs  qui  les  proposent. 


MEOW  I  II 


503 


Scathan  on-etton, 
wâeroD   aethelingas 

eft  tô  leôdum 
fuse  to  farenne  ; 

wolde  Peor  thanon 

ciiiiia  col  len]-ferhth 

ceôles  neosan. 
36 io  Iléht  Ihâ  se  hearda 
Il  runtig  beran 

su  nu  Ecg-lâfes, 

heht  sweord  niman, 

leôf-lic  iren  : 

sâegde  him    tliaesleânes 

^thanc, 

cwaeth  hë  thone  gûth-wine 

[gôd]ne  tealde. 

wig  craef ligne  ; 

nales  [worjdum  16g 
3620  mëces  ecge  : 

thaet  waes  m(')dig  secg. 

Thâ'  sith-frome 

searwû  gearwe 

wigend  wâeron, 

[e]6de  weorth  Thenum 

aetheling  tô  yppan, 

|thaer|  se  other  waes, 

helle  hilde-deôr 

Hrôth-gâr  grétte. 


le  raillant  à 

l'esprit  bien  trempé,  voulait  loin 
de  ces  lieux,  visiter  son  navire. 
Alors  le  h  rave,  pria  le  fils  d'Ecglaf 
de  porter  Hruntig  :  il  lui  lit  jurer 
de  recevoir  le  glaive,  le  fer  chéri; 
il  lui  rendit  grâces  de  ses  dons  ;  il 
reconnaissait,  disait  il,  /'ami  de 
guerre  pour  un  prud'homme,  puis- 
sant aux  combats,  et  il  ne  blâma 
pas  en  ses  paroles,  la  pointe  du 
glaive  (qui  lui  avait  fait  défaut)  ; 
quel  héros  magnanime  !  Quand 
les  braves  combattants  furent 
prêts,  et  revêtus  de  leur  armure, 
le  prince  vint  vers  les  valeureux 
Danois,  en  leur  présence,  aux 
lieux  où  l'autre  prince  se  trou- 
vait :  le  héros, 
—  salua  Hrothgar. 


lion  de  guerre 


XXVI 

Beowulf,    le    fils    d'Ecgtheow, 
parla  : 


XXVI 

363o  [B]eô-\vulfmathelode 
bearn  Ecg-theôwes  : 


3615.  Heyne,  Grein,  Socin  et  Mûllenhoff  :  «  laenes  ». 
3628.  La  plupart  des  éditeurs  :  «  haele  » . 

Plus  correctement.  «  haele  hilde-deor  » .  Cf.  Cod   Verc.  I,  2006;  VI,  1874 
«  and  haelefh  hilde-deor  ». 


504 


BEOWI  LE 


nu;  w]ê  sâe-lfthend 

secgan  will.iili 

feorran  cumene, 

I  had  wê  fundiath 

Hige-lâc  sécan, 

wâeron  her  tela 

wi'lhi  be-wenede, 

Uni  ûs  wel  dôhtest . 
3640  Gif  ic  thonne  on  eorthan. 

(Vwithe  maeg 

thinre  môd-lufan 

mâran  tilian, 

gumena  dryhten, 

thonne  ic  gyt  dyde, 

gùth-ge-\yeorca, 

ic  beô  gearo  sôna, 

gif  ic  thaet  ge-fricge 

[fol.  170  a.] 

ofer  flôda  be -gang 
365o  thaet  thec  ymb-sittend 

egesan  thywath, 

[swâ  thec  hetende 

hwilum  dydon.  ] 

le  thë  thusenda 

thegna  bri-[n]ge, 

hœletha  tô  helpe  : 

ic  on  Hige-lâce  wât, 

Geata  dryhten, 

theâh  the  hë  geông  sy 
366o  folces  hyrde, 

thaet  hë  mec  fremman  wile 

weordum  and  worcum 

thaet  ic  thë  wel  herpge], 

and  thë  tô  geôce 


.     «  Maintenant,    nous, 

mariniers   venus    de    loin,    nous 

dirons  que  notre  dessein  est  d'aller 
retrouver  llygelac  ;  ici,  nous 
fûmes  excellemment  traités,  et  tu 
t'es  montré  envers  nous,  magni- 
fique !  Si  je  puis  sur  la  terre  et  en 
toute  chose,  te  donner  une  plus 
grande  satisfaction  que  je  ne  l'ai 
fait,  par  mes  exploits,  je  serai  prêt 
aussitôt,  si  j'apprends  que  tes 
voisins  cherchent  à  t'en  imposer 
par  la  terreur  (comme  l'ont  fait 
tes  anciens  ennemis),  je  t'amènerai 
mille  féaux  qui,  guerriers,  te 
viendront  en  aide.  Je  sais  d'Hyge- 
lac,  seigneur  des  Geats,  jeune, 
quoique  pasteur  du  peuple,  qu'il 
me  remplacerait  en  paroles  et  en 
œuvres,  de  sorte  que  je  puis  te 
bien  défendre,  et  t'apporter  le 
secours  de  mon  javelot,  le  soutien 
de  mon  pouvoir,  quand  tu  auras 
besoin  d'hommes!  Si  donc  Hreth- 
rine,  le  fils  du  roi,  se  rend  à  la 
cour  des  Geats,  il  y  pourra  trouver 
des  amis   en  grand   nombre  : 


3638.  L'allitération  est  sur  «  thu  »,  et  Thorpe  propose  donc  «  bethenede  ». 

3602.  Correction  des  éditeurs  : 

«  wordum  and  weorcum.  ». 


REOWILF 


;•)<>;•) 


gâr-holt  bere, 

maegenes  fui  lu  m 

thaerthêbith  manna  thearf, 

g  if  him  thonne  Hrëth-rinc 

tô  hofum  geâta 
3670  ge-thinged  theôdnes  bearn, 

hê  maeg  thaer  fêla 

freônda  findan  : 

feor-cypthe  booth 

sélran  ge-sôhte 

thâem  the  him  selfa  deâh. 

Hrôth-gàr  mathelode 

him  on  and-sware  : 

thë  thâ  word-cwydas 

wigtig  d ryh ten 
368o  on  sefan  sende  ; 

ne  hyrde  ic  snotorlTcor, 

on  swa  geôngum  fëore, 

guman  thingian. 

Thû  eart  maegenes  Strang 

and  on  mode  frod, 

wis  word-cwida  ; 

wen  ic  tâlige 

gif  thaet  ge-gangeth 

thaet  Ihe  gar  nymeth, 
3(590  hild  heoru-grimme, 

Hrethles  eaferan, 

âdl  oththe  iren, 

ealdor  thinne, 

folces  hyrde, 

and  thû  thin  feorh  hafast, 

thaet  thô   S  ;ie-(ieâtas 

sélran  naebben 

tô  ge-céosen[ne] 

cynig  âenigne, 


les 

guerriers  qui  vivent  sur  les  terres 

lointaines,  sont  ceux  que  doit 
rechercher  d<>  préférence,  celui 
qui  lui -menu;  est  vaillant  !  » 
Hrothgar  lui  parla  en  réponse  : 
«  (Test  Dieu  sage  qui  m'inspire 
les  mots  que  je  prononce  !  Jamais 
je  n'entendis  d'homme  parler  avec 
plus  de  prudence,  à  un  âge  aussi 
jeune.  Ta  force  est  grande,  ton 
esprit  avisé,  et  sages  sont  tes 
paroles  :  je  crois  que  l'on  peut 
dire  —  si  la  chose  arrivait  — que 
le  javelot  ou  la  guerre,  enlevât  bru- 
talement le  descendant  d'Hrethrel  ; 
—  que  la  maladie  ou  le  fer  em- 
portât ton  prince,  le  pasteur  de 
son  peuple  —  et  que  tu  fusses 
encore  en  vie  :  — -je  crois,  dis  je, 
que  les  Geats  de  la  mer  ne  sau- 
raient avoir  de  meilleur  roi  à  élire 
que  toi-même,  le  gardien  du  trésor 
des  héros,  si  ceux-ci  voulaient 
tenir  le  royaume  de  tes  alliés. 
Ton  œuvre  m'est  agréable,  cher 
Beôwulf  :  puisse-t-elle  durer  le 
plus  longtemps  possible,  et  ce 
sera   le  mieux  ! 


8670.   Kemble  :  «  ge-thingath  ». 

3(>7î).  La  plupart  des  éditeurs  :  «  wittig  », 


506 


III  (iWI  LI 


3700  hord-weard  haeletha, 

g  if  Uni  healdan  wylt 

mâga  rice. 

Mê  I li in  môd-sefa 

licath  leng  swa  wel 

I (M. l'a  Bed    w   ulf  : 

hafast  Uni  ge-fered 

thaet  tlii'uii  folcum]  s]ceal, 

Geâta  leôdum 

and-Gér-denum, 
3710  sib[ge]-mâenum 

and  sacu  restan, 

in-wit-nfthas 

th  je  hie  àer  drugon  ; 

wesan  thenden  ic  weal  [de] 

widan  rices 

math  mas  ge-mâene  ; 

raanig  ôtherne 

gôdum  ge-gréttan 

ofer  ganotes  baeth  ; 
3720  sceal  hring-naca 

ofer  heâthu  bringan 

lac  and  lûf-tâcen . 

Ic  thâ  leôde  wât 

gewith  feônd  ge  with  freônd 

faeste  ge-worhte, 

àeg-hwaes  un-tâele 

ealde  wisan. 

Thâ  gît  him  eorlahleô 

inné  ge-sealde, 
3730  mago  Healf-denes, 

mathmas  XII. 

hét  inné  mid  thaem  lâcum 


Tu   as  accompli 

ceci. —  qu'entre  nos  peuples  en 
commun  ;  qu'entre  les  tribus  des 
GeatS  cl  des  Danois  aux  lances,  il 
\  aura  paix,  et  que  les  conflits 
s'apaiseront,  et  que  cesse  roui  les 
menées  hostiles  dont  ils  souf- 
fraient autrefois:  —  qu^  nos  tré- 
sors seront  confondus,  tandis  que 
mon  sceptre  couvrira  le  royaume 
étendu  î  Chacun  échangera  des 
bienfaits,  sur  les  eaux  où  se  baigne 
la  mouette  :  le  vaisseau  à  la  proue 
annelée  apportera  sur  les  profon- 
deurs, des  offrandes  et  des  gages 
d'amour.  Je  sais  que  les  peuples 
sont  fermes  en  leurs  desseins, 
envers  amis  et  ennemis,  sans 
reprocher  à  ceux-ci  leur  conduite 
passée,  selon  les  mœurs  antiques. 
Encore  le  protecteur  des  comtes, 
le  fils  d'Healfdene,  leur  distribua- 
t-il  douze  trésors  ;  avec  des  pré- 
sents, il  donna  congé  au  héros, 
d'aller  retrouver  son  peuple  en 
toute  sûreté,  et  de  revenir,  bientôt 
encore 


370i.   Bugge  et  Heyne  :  a  leng  sum  sel  ». 
3710.  La  plupart  des  éditeurs  :  «  gemaene  » 
3721.  Kluge  :  «  heafu  ». 
3732.  La  plupart  des  éditeurs  :  «  \h]ine  ». 


HEOWULF 


50' 


leùdc  swàese 
séceao  on  ge-sj  ni um, 
smide  ef't  eu  man . 

Ge-evste  thâ 

cyning  aethelum  gôd, 

theoden  Scyldinga 

thegn  betstan, 
3740  and  be  healse  ge-nam  ; 

hrûron  him  têaras 

blonden-feaxum  ; 

him  waes  béga  wén 

ealdnm  în-frôdum 

ôthres  swfthor 

thaet  he  seoththan ] 

ge-seôn  môston, 

môdigeon  methle  : 

waes  hi  m  se  man  tô  thon  leôf 
3750  thaet  hë  thone  h[reôst]-wylm 

for-beran  ne  méhte, 

ac  him    om  hrethre 

hyge-bendum  faest, 

aefter  d~eôr7um  men 

dyrne  langath 

boom  with  bl[ô]de. 

Him  Beu-wulf  thanan,  * 

gûth-rinc  gold-wlanc, 

graes-moldan  traed, 
37(3o  since  h[ré]mig  : 

sae  genga  bâd 

aged  freân, 

se  Tthel  on  ancre  râd. 


Alors  le  roi  de  bonne 

noblesse,  le  prince  des  Scyldings, 

embrassa  le  meilleur  des  thanes, 
el  le  prit  par  le  cou;  des  larmes 
tombaient  des  yeux  du  roi,  aux 
cheveux  épars  ;  vieux  et  débile, 
comme  il  était,  des  deux  choses 
qu'il  pouvait  attendre,  la  plus  cer- 
taine était  que  par  la  suite,  il  ne 
pourrait  voir  encore  le  héros,  et 
que  tous  deux,  les  hommes  au 
cœur  élevé,  ne  se  rencontreraient 
plus.  Le  héros  lui  était  si  cher, 
qu'il  ne  put  retenir  les  larmes  qui 
tombaient  sur  son  sein,  et  au  fond 
de  l'âme,  secrètement,  il  aspirait 
à  revoir  le  guerrier  chéri,  crai- 
gnant des  retours  sanglants  (de 
l'ennemi).  De  là  partit,  Beowulf  le 
héros,  dans  l'orgueil  de  l'or,  fou- 
lant les  herbes  de  la  plaine,  et  se 
réjouissant  de  ses  trésors;  le  pilote 
au  gouvernail,  attendait  son  sei- 


gneur lui-même  ! 


3746.  La  plu  part  des  éditeurs  :  «  h[i~]e  ». 

3756.  Grein  :  «  beam  ».  Heyne  regarde  «  dyrne  langath  beorn  »  comme 
signifiant  :  «  le  héros  secrètement  regrette...  ».  11  fait  de  «  beorn  »,  un 
nominatif,  alors  que  «  langian  »  est  un  verbe  impersonnel,  et  commande 
l'accusatif  de  la  personne.  Ce  cas  reste  sans  solution,  «  beorn  »  étant  une 
forme  dont  on  ne  rencontre  pas  d'autre  exemple,  du  prétérit  de  «  beornan  ». 

La  plupart  des  éditeurs  :  «  age\ri\d-frean  ». 


:>os 


HKOW  I  IK 


Thé  waes  on  gauge 
gifu- H  rôth -gares 
oft  ge-aehted, 
I  had  waes  an  cyning 
âeg-hwaes  or-leahtre, 
oth  thaet  him  yldo  be-nam 
maegenes  wynnum, 
3770  se  t  he  oft  manegum  scod . 


Alors,  <ji  tandis 

qu'ils  allaient,  la  munificence 
d'Hrothgar  fut  souvent  louée  . 
c'était  un  roi  sans   reproche,  sur 

toutes  choses,  jusqu'à  ce  que 
l'Age  avancé,  qui  souvent  décide 
du  sort  de  bien  des  hommes,  l'eût 
empêché  de  jouir  de  sa  force. 


XXVI 


XXVil 


Cwom  thâ  tô  flôde 
fêla  môdigra 
haeg-stealdra, 
bring  net  bâeron, 
locene  leotho-syrcan. 
hand  weord  on-fand 
eft-sith  eorla, 
swâ  he  âer  dyde  ; 
3780  nô  hê  mid  hearme 
of  h li thés  nosan 
gaes[tas]  grétte, 
ac  him  tô-geanes  râd  ; 
[cwaeth]  thaet  wil  eu  man 
wedera  leôdum, 
sca[wan]  scîr-hâme 


Là,  vinrent  alors  vers  le  tlot 
une  multitude  de  fiers  hommes 
d'armes  qui  portaient  les  cottes  de 
mailles  annelées,  et  les  armures 
fermées.  Le  guetteur  de  la  mer  vit 
le  retour  des  guerriers,  et  les 
reconnut,  comme  il  l'avait  fait 
auparavant. 

Ce  ne  fut  pas  avec  l'injure  qu'il 
accueillit  les  étrangers  à  l'extré- 
mité du  promontoire,  mais  il  vint 
à  leur  rencontre  : 


3766.  Deux  points  sont  ordinairement  placés  par  les  éditeurs,  après.  «  ge- 
aehted  »  :  les  paroles  des  Geats  sont,  en  effet,  rapportées  au  style  indirect. 

3770.  Thorpe  propose  «  wynna  »,  à  l'accusatif  pluriel. 

3771.  Wùlcher  et  Heyne  : 

«  fela-modigra  » 

«  haeg-stealdra  \Jîëap]  ». 

3782.  Le  manuscrit  a  un  manque,  au  coin  du  feuillet  :  «  gaes  »  est  suivi 
d'un  espace  en  blanc.  Grundtvig  :  «  gaes[tas]  »  :  Kemble  :  «  gaes\tne]  ». 

3786.  Le  manuscrit  fait  également,  défaut   au  coin  du  feuillet.  Kemble, 
Heyne  :  «  sca[wan]  »  ;  Zupitza  et  Wùlcker  :  «  scathan  ».  La  première  syl- 


HKOWl  LK 


50<) 


to  scipe  foron. 

Thé  waes  on  saade 

sae-geap-  naca 
3790  hfaden  here-[waed]um, 

h  ringed  stefna 

maerum  and  mâth[m]um, 

maest  h  I  i  fade, 

ofer  Umth-gares 

hord-ge-streônum  : 

he  thâem  bât-wearde 

bun  den  golde 

swurd  ge-sealde, 

thaet  hë  syth    than    waes 
3 800  on  ineodu-hence 

math  ma  thy  weo[rth]re, 

yrfe-lâfe 

Ge-wat  him  on  nacan 

drëfan  deôp  waeter, 

Dena  land  of-geat'  : 

thâ  waes  be  maeste 

mere-hraegla  sum, 

segl  sale-faest  ; 

sund-wudu  thenede  ; 
38 10  nô  thaer  wëg-flotan 

wind  ofer  ythum 

sithes  ge-twaefde; 

sâe-genga  for, 

fleât  famig-heals 

forth  ofer  y  the, 

bunden-stefna, 

ofer  brira-streâmas, 


il  dit  que,  bien- 
venus chez  les  peuples  des  Danois 
de  l'Ouest,  les  guerriers  dans  leurs 
cottes  brillantes,  pouvaient  aller  à 
leur  vaisseau.  Là,  sur  le  sable  était 
ancré  le  vaisseau  qui  s'incurvait 
au-dessus  de  la  mer, —  à  la  pro  e 
annelée,  chargé  de  harnais  de 
guerre,  de  chevaux,  et  de  présents. 
Le  mât  se  dressait  à  une  grande 
hauteur,  sur  les  trésors  accumulés 
d'Ilrothgar  :  au  gardien  du  navire, 
celui-ci  avait  donné  un  glaive 
encerclé  d'or,  de  sorte  que  par  la 
suite,  au  banc  de  bière,  il  fut  plus 
respecté  pour  ce  don  qui  lui  avait 
été  fait.  Beowulf  monta  sur  le 
vaisseau,  pour  fendre  les  eaux 
profondes  :  il  quitta  le  continent 
des  Danois.  Il  y  avait,  appendu 
au  mat,  l'étendard  de  la  mer, 
solidement  attaché  avec  des 
cordes  ;  le  bois  du  navire  gron- 
dait sourdement.  Et  alors,  le 
vent  n'éloigna  pas  la  nef  flottant 
sur  les  vagues,  de  sa  destination . 


labe  «  sca  »  est  très  visible,  mais  la  seconde  syllabe  manque,  au  commen- 
cement de  la  ligne  suivante.  Le  mot  «  scawa  »  n'est  rencontré  dans  aucune 
autre  partie  du  poème  :  on  trouve  la  forme  «  seathan  »,  au  vers  3603. 

3801.  Thorpe  : 

«  math  me  thy  weorthra  ». 

3803.   (irein  :  «  [ï/the-]  nacan  »  pour  l'allitération.  Rieger  :  «  naca  ». 


;>  i  o 


HKOWTLF 


thael  hfe  Geâta  clifu 
on-gitan  meahton, 

3820  cûthe  naessas. 

Cêol  up  ge-sprang, 
lyft-ge-swencéd 
on  lande  stôd. 
Hrathe  waes  aet  holme 
livth-wcird  geara, 
Se  I  ho  àer  lange  tid 
leôfra  manna 
fus  act  farothe 
[faer]  wlatode  : 

383o  sâelde  tô  sande 
sid-faethme  scip, 
on  cear-bendumfaest, 
thy  laes  him  yth-thrym, 
wudu  wyn-suman, 
for-wrecan  [meahjte. 
Hét  thâ  fip-heran 
aetlielinga  ge-stre[6n], 
fraetwe  and  faet  gold  ; 


naes  him  feorthanTon 


1840  to 


çe-secanne 


sinces  bryttan  : 
Hige-lac  Hrethling 
thaer  aet  ham  wunath, 
s[elf]mid  ge-sithum 
sae-wealle  neâh; 
bold  waes  bet-lie, 
Brego  rôf  cyning 
heâ  healle 
hygd-swithe  geong, 
385o  wis  wel-thungen 


.  ;Le  vaisseau  < j u i  passait  sur  la 
mer,  le  navire  au  collier  d'écume, 

avec  sa  ferme  proue,  allait,  s'avan- 
<; . t  ni  sur  les  vagues,  franchissait 
les  courants  de  l'océan  de  sorte, 

que   les  guerriers  aperçurent  les 

falaises  des  (ieals,  et  ces  promon- 
toires qu'ils  connaissaient  bien  ! 
Le  vaisseau  s'élançait*  porté  par 
les  vents,  et  bientôt,  il  abordait 
au  rivage. 

Aussitôt,  sur  le  bord  de  la  mer, 
fut  prêt  le  gardien  des  cotes, 
celui  qui  longtemps  auparavant, 
de  la  plage,  avait  surveillé  le 
départ  de  ses  chers  compagnons  : 
il  ancra  au  rivage  le  vaisseau  à  la 
large  carène,  de  crainte  que  les 
vagues  ne  fissent  dommage  au 
bois  victorieux  Alors,  il  ordonna 
de  transporter  le  trésor  des  nobles, 
les  ornements  d'or  massif  :  de  là, 
la  troupe  n'eut  pas  longtemps  à 
marcher  pour  retrouver  le  dispen- 
sateur des  trésors,  llygelac,  le  fils 
d'Ilrethel,  à  l'endroit  où  lui-même 
vivait,  avec  ses  compagnons,  près 
des  remparts  de  la  mer.     .     .     . 


3825.  La  plupart  des  éditeurs  :  «  gearu  ». 

3832.  La  plupart  des  éditeurs:  «  oncer-bendum  •>. 

3843.  Wùlcker  :  «  wunade  ». 

3847.  lleyne  et  Grundtvig  :  «  brego-rof  », 


HKOW  Ml 


:>  1 1 


theâh  the  wintra  1\  t 

under  hurh-loran 
ge-biden  haebbe 
Hâerethes  dob  tor  ; 
naes  bio  hnâh  swâ  theâh, 
aé  to  gneâih  gifa 
Geâta  leôdurn, 
mâthm-gë-streônâ  : 
môd-thrytho  waeg 
58(h)  tVemu  folces  cwëti, 
firen  on-drysne  ; 
nâonig  thaét  dorste 
deôr  ge-nétb;m. 
swaesra  ge-sitha. 
ne-fne  sinfreâ, 
t  lia  et  li  ire  an  daeges 
eâgum  stàrede,] 
ac  liim  wael-bende, 

fol.  172  b.l 

L  J 

weotode  tealde, 
3870  hand-ge-wn'thene  ; 

bratbe   sy  ththan  waes 
aefter  mund-gripe 
mëce  ge-tbinged, 
thaet  hit  sceaden-mael 
scyran  môste, 
cwealni-bealu  cythan  : 
ne  bitb  swylc  [cwën-]lic 

theâw 


Dans  lr 

/tassé,  le  palais  était  déjà  excel- 
lent, quand  le  roi  —  un  chef 
fameux  —  gardait  fa  haute  salle 
—  le  très  jeune  Hygd,  sage  et  très 
digne,  quoiqu'il  n'eût  vécu  que 
quelques  hivers  dans  l'enceinte  de 
la  cité,  avec...  (Thrytho),  la  fille 
d'Haeredh  :  —  cependant,  celle-ci 
n'était  nullement  débonnaire,  ni 
libérale  en  dons  de  trésors  accu- 
mulés, pour  le  peuple  des  Geats. 
La  reine  sauvage  de  cette  nation 
perpétrait  de  terribles  crimes  dans 
sa  violence  :  aucun  des  chers 
féaux  n'osait  s'aventurer  près 
d'elle,  —  hormis  son  seigneur  à 
qui  elle  était  unie,  et  qui  la  re- 
gardait, seul,  avec  ses  yeux,  en 
face  —  sans  quoi,  le  compagnon 
était  marqué  des  mains  de  la 
reine,  pour  la  mort. 

Bientôt  après  qu'on  l'eût  saisi, 
le  jugement  était  rendu  par  le 
glaive  qui  tranchait,  sans  sur- 
seoir, le  conflit,  et  qui  faisait 
apparaître  l'œuvre  d'iniquité  :  .    . 


3861.  Suchier  :  «  firen-ondrysne  >». 

3865.  Heyne  cl  Zupilzii  :  «  Sin-frea  ».  Ce  mol  semble  être  composé  dans 
le  manuscrit  même,  car  il  y  a  un  espace  distinct  entre  Yn  el  Vf. 

«  Sin-frea  »  est  un  compose  comme  «  sine-hïwe  »,  «  sin-gal  »  et  «  sin- 
nikt  ». 

38()i).   Ivcmble,  Zupitza,  Leo  :  a  and-daeges  »  ;  Suchier  :  «  andeges  ». 

3874.  Bugge,  Suchier,  Znpilza  :  «  sdèàden  mael  »  ;  Heyne  :  «  sceathen- 
maet  scyran  ». 


512 


liKOSVI  U 


idese  tô  efnanne, 

theâh  the  h  eô   âen-lfcu  sy, 
388o  thaet  te  freothu-webbe 

fêores  on-saece 

aefter  lige  tome 

leôfne  man  nan  : 

h  Qru  tliaet  on-hôhsnod[e 

Hemminges  mâeg  : 

[eal]o  drincende 

Oder  sdedon, 

thaet  hio  leùd  bealewa 

laes  ge-fremede, 
3890  in-wit-nitha, 

syththan  âerest  wearth 

gyfen  gold-hroden 

geongû  cempan, 

aetbelum  diôre, 

syththan  heô  Offan  flet 

ofer  fealone  flod, 

be  faeder-lâre, 

sithe  ge-sohte  ; 

thaer  hïo  syththan  well 
3900  in  gum-stôle 

gode  mâere, 

lif-ge-sceafta, 

lifigende  breac, 

hiold  heâh-lufan 

with  haeletha  brego, 

ealles  mon-cynnes, 

mine  ge  frâege, 

bï  sâem  tweônû, 

tha  sélestane 

eormen-cynnes; 


tels 


méfaits  qu'il  ne  convient  pas  à 
une  femme  d'accomplir,  parce 
qu'e\\e  contraint  l'arbitre  de  la 
paix,  à  poursuivre  de  sa  colère 
homicide,  un  compagnon  chéri  : 
et  celle  conduite,  en  effet,  répu- 
gnait au  féal  d'Ileinning.  D'autres 
rapportaient,  en  buvant  la  bière, 
qu'elle  avait  commis  moins  de 
crimes  et  de  maléfices,  du  jour  où. 
entourée  d'or,  elle  fut  d'abord 
donnée  (en  mariage),  au  jeune 
guerrier  de  noble  souche,  et 
depuis  que,  sur  les  conseils  de 
son  père,  elle  vint  trouver,  en 
une  traversée  sur  le  flot  sauvage, 
le  palais  d'Ofï'a  où  par  la  suite, 
heureuse  sur  le  trône,  et  vivant  en 
bon  renom,  elle  goûta  les  joies  de 
la  vie,  et  porta  grand  amour  au 
prince  des  guerriers,  le  meilleur 
de  tous  entre  les  deux  mers,  de  la 
race  entière  des  hommes,  autant 
que  j'ai  pu  l'entendre  dire. 


3881 .  Suchier  et  Kicger  :  «  onsece 

3894.  «  aethelum  »,  n'a  presque  que  la  valeur  d'un  qualificatif,  bête  sau- 
vage. Les  noms  de  bêtes  féroces  s'appliquent  communément  aux  héros. 
Exemple  :  «  Wulf  »,  «  Beorn  »,  «  Eofor»,  etc. 

3908.  La  plupart  des  éditeurs  :  «  thone  sélestan  ». 


KKOWTLF 


513 


3910  forthaû  Offa  waes 
geofu  and  gûthû 
gâr-céne  man 
w  id  e  ge]-weôrthod  ; 
wîs-dôme  heôld 
geard-Jéthel  sfnne, 
tlionon  geomor  wôc 
haelethum  to  helpe 
Heminges  niaeg, 
nefa  (J  Tu- m  unci  es 

3û20  nftha  craeftig. 


XXVIII 

Ge-wât  him  thâ  se  heard  a 

mid  his  hund  scôle, 

sylf  aefter  sonde, 

sâe-wong  tredan, 

wide  warothas  ; 

woruld-candel  scan, 

si  gel  sûthan  fus. 

Hi  sith  drugon, 

elne  ge  eôdon, 
3930  tô  thaeFs  the]  eorla  hleô, 

honan  Ongen-theôes, 

burg[umj  in  innan, 

geongne  gûth-cyning 

gôdne  ge-frunon 

hringas  daelan. 

Hige-lâce  waes 

sith  Béo-wulfes 

snùthe  ge-cythed, 

thaet  daer  on  worthig 
3(j4<j  w igendra  hleô, 


Car 

Offa,  guerrier  portant  hardiment 
la  lance,  était  fameux  au  loin 
pour  ses  largesses,  et  pour  les 
guerres  qu'il  entreprenait  :  il  pos- 
sédait la  sagesse  innée  de  ses 
pères,  et  de  cette  souche,  naquit 
le  guerrier  au  triste  destin,  lui,  le 
féal  d'Hemming,  le  neveu  de  Gar- 
rnond,  formidable  à  la  guerre. 


XXVIII 

Alors  l'homme  brave  partit  lui- 
même  avec  la  troupe  de  ses  com- 
pagnons, le  long  des  sables  pour 
fouler  les  plaines  de  la  mer,  les 
rivages  étendus.  La  lampe  qui 
éclaire  le  monde,  brillait  :  l'astre 
se  hâtait  vers  f  orient.  Ils  suppor- 
tèrent le  voyage  :  ils  allaient  har- 
diment,jusqu'à  ce  qu'ils  apprirent 
que  le  bon  chef,  te  protecteur  des 
hommes,  le  triomphateur  d'On- 
gentheôw,  le  roi  bon  à  la  guerre, 
était  en  train  de  distribuer  des 
anneaux,   dans  ses  demeures. 


3916.  Bachlerhner  :  «  Eomaer  »  ;  Grein  :  «  Eomor  ». 
3930.  Kenible  lit  ici  :  «  to  thaes  the  lu/  ».  Cf.  v.  1422.  4815 


33 


514 


IIEONN  I  I  I 


lind-ge-stealla, 

lifigende  cwôm, 

heathô-laces  1 1  *V  1 

tô  hôfe  gODgan. 

H  h  rathe  waes  ge-rymed 

Bwé  se  rfca  be-beàd 

fêthe-gestû 

Met  innan-weard  ; 

ge-saet  thé  with  sylfne 
3o,5o  sêthâ  saecce  ge-naes, 

mâeg  with  màege, 

sytthan  man-dryhten 

turh  hléôtfaOr-cwyde 

[fol.  173  b.; 

hold  ne  ge-grétte> 

i  nea  g  linn  wordu  : 

meodu-scencfi  hwearf 

geond  thaet  side  reced 

Haerethes  dohtor, 

lafode  thâ  leôde, 
3()6o  lith-waege  bear 

haenfi  to  handa. 

iiige-lac  origan 

sinne  ge-seldan 

in  sele  thâ  heân 

faegre  fricgean  ; 


[Jygelac  on  annonça  bientôt  l'ar- 
rivée de  Beowulf^  et  que  là-bas,  h 
Ira  ver-  1rs  voies,  le  protecteur  des 
guerriers,  son  compagnon  à  la 
bataille,  venait  vivant,  et  sauf  du 
jeu  de  la  guerre,  pour  s'appro- 
cher de  sa  cour.  Aussitôt,  —  ainsi 
l'ordonna  le  roi  puissant.  —  la 
salle  fut  préparée  pour  ses  hôtes 
valeureux.  L'allié  (Beôwulf)  qui, 
en  sûreté,  était  de  retour,  loin  de 
la  lutte,  était  assis  devant  son 
allié,  après  que  le  seigneur  des 
hommes  l'eût  salué  à  haute  voix, 
et  par  des  paroles  guerrières,  lui 
(Beowulf),  son  cher  vassal.  A  tra- 
vers la  salle  bien  édifiée,  la  fille 
d'Haereth  allait,  versant  le  vin  à 
la  ronde  :  elle  affectionnait  le 
peuple,  et  elle  élevait  jusqu'à  la 
main  des  guerriers  hautains,  les 
coupes  pleines,  Hygelac,  avec 
complaisance,  se  prit  à  interroger 
son  compagnon,  dans  la  haute 
salle  : 


3957.  Zupitza  fait  remarquer  que  «  side  »  ajouté  sur  la  ligne,  à  la  même 
main,  paraît  être  d'une  autre  encre.  Kemble  :  «  heal-reced  ». 

3961.  Zupitza  observe  qu'entre  Y  «  ae  »  et  l"  «  nr>,  une  lettre  qui  pour- 
rait être  «  fit  ».  s'est  effacée.  Grein  :  «  haelum  »  :  Bugge,  Ueyne  et  Socin  : 
«  haenum  » . 

«  handa  »  est  une  forme  archaïque,  gardant  les  traces  d'une  déclinaison 
féminine  qui  s'est  perdue.  La  troisième  déclinaison  féminine  forte,  était 
tonnée  avec  «  u  »,  et  en  gothique  «  handus  »,  en  faisait  partie.  Comme  en 
anglo-saxon,  les  masculins  «  sunu  »,  «  irudu  »  de  la  troisième  déclinaison, 
font  «  suna  »,  «  umda  »  :  --  de  même  «  handu  »,  vrai  nominatif,  comme 
«  f/uru  »,  ((  dura  »,  fait  «  handa  ».  Cf.  «  Beotculf  »,  v.  1485,  1621. 


BEOWULF 


5 1 8 


h v no  l'yrwel  brâec 

h  w  vice  sâe-Geâta 

sit  has  wâeron. 

Ili'i  lonip  e(')\von  lâde 
3<)7<)  leôfa  Bôô-wulf| 

thé  1 1 1  i*i  faer  inga 

feorr  ge-hôgodest 

saecce  séeean 

ofer  sealt  waeter,    . 

hilde  to  iliorote; 

ac  thû  Hroth-gâro 

with  ciithne  weàn 

wih  te  ge  béttest, 

mâerû  theôdne  : 
3q8o  ic  thaes  môd-ceare 

sorh-  wy  I  m  u  m  seat  h , 

si  the  ne  truwode 

leofes  mannes,. 

ic  the  lange  baed 

thaet  thu  thone  wael-gaest 

wihte  ne  grétte, 

let  Siith-Dene 

sylfe  ge-weordan 

gûthe  with  Grendel. 
3<K)o  God  ic  thanc  secge 

thaes  the  ic  thé  ge-sundne 

ge-seon  môste. 

Biô-wulf  mathelode 

bearn  Ecg-thiôes  : 

thaet  is  un-dyrne, 

[fol.  174  a. 

dry  h  ten  Ilige-làc, 

maerel  sremêtinff, 


.  .  .  la  curiosité  le  pressait  de 
savoir  quelles  avaient  été  les 
aventures  des  Geats  de  la  nier. 

«  —  Que  t'est-il  arrivé  en  ton 
voyage,  cher  Beowulf,  quand  sou- 
dain, tu  résolus  d'aller  chercher 
la  guerre  au  loin,  par  delà  la  mer 
salée,  pour  lutter  dans  Heorot  ? 
As-tu  donc,  vraiment,  délivré 
IIrothgar,  le  prince  fameux,  du 
fléau  que  nous  connaissons  bien  ? 
A  ce  sujet,  mon  âme  était  sou- 
cieuse, et  accablée  de  chagrin  :  je 
n'avais  point  confiance  dans  /'en- 
treprise du  roi  chéri  !  Pendant 
longtemps,  je  te  suppliai  de  ne 
point  te  hasarder  contre  le  fatal 
étranger,  et  de  laisser  aux  Danois 
du  Sud,  le  soin  de  leur  propre 
gloire,  en  luttant  eux-mêmes 
contre  Grendel. 


3966.  [  «  Hyne  fyrwet  braec  »],  Wûlcker  croit  que  ces  mois  comportenl 
en  eux-mêmes  une  interrogation,  el  servenl  de  parallèle  à  ce  qui  précède. 

3977.  Thorpe  :  «  roid  ». 

3997.   «  maere  ».  correction  de  Grein. 


516 


BKONVl  I.I 


monegu  lira, 
hwylc  [orleg-]  bwll 

4000  uncer  Grendles 

w  carl  li  on  than  wange, 
thaer  hë  worna  I'cla 
sfge-  Scyl  dingum 
sorge  ge-fremede, 
yriii  I  li  0    tô  a  Id  re  ; 
ic  thaet  ealJ  ge-wraec, 
swâ  [be]  gylpan[ne]  dearf 
(jrendeles  mâga 
[âenigj  ofer  eortlian 

4010  uht-hlem  thone, 

[se  the]  lengest  lcofath 
lâthan  cynnes, 
[faer]-bi-fongen. 
1c  thaer  furthum  cwom 
tô  thâ  hring-sele 
Hrôth-gâr  grétan  ; 
sôna  më  se  niâera 
mago  Healf-denes, 
sythlhan  hë  mod-sefan 

4020  mfnne  cûthe 

with  his  sylfes  su  nu 
setl  ge-taehte  : 
weorod  waes  on  wynne, 
ne  seat)  ic  widan  feorh 


A  Dieu,  je  rends 

graces  de  ce  qu'il  m'a  permis  de 
te  revoir  en  sûreté  !  a  Beôwulf,  le 
fils  d'Ecgtheow,  parla  :  «  —  Hyge- 
lac,  mon  seigneur,  elle  n'est  un 
secret  que  pour  peu  d'hommes,  la 
manière  dont  Grendel  et  moi, 
avons  passe  le  temps  de  la  nuit 
ensemble,  à  l'endroit  même  ou 
bien  des  fois,  le  monstre  avait 
désolé  les  Scyldings  victorieux,  et 
accablé  leur  prince  !  J'ai  vengé 
tout  cela,  de  sorte  qu'aucun  des 
parents  de  Grendel  sur  la  terre, 
ne  peut  s'enorgueillir  d'avoir 
vaincu  dans  cette  lutte  au  crépus- 
cule, ni  même  celui  qui,  depuis 
tant  d  années,  issu  de  cette  race 
maudite,  vivait  dans  les  marais. 
«  Là-bas,  d'abord,  je  vins  à 
la  salle  des  anneaux  pour  saluer 
ltrothgar,  et  bientôt,  le  noble  tîls 
d'Healfdene,  quand  il  connut  mon 
dessein,  me  donna  un  siège  auprès 
de  son   propre  fils  : 


3999.  «  orleg  ».  correction  de  Thorpe  et  de  Kemble. 

4000.  «  uncer  Grendles  ».  Cette  construction  est  assez  fréquente  dans  les 
dialectes  du  Nord.  Cf.  Rask,  Anvisning  till  Islàndskan  eller  Nordiska  forns- 
prokel...,  Stockholm,  1818,  p.  228. 

i-007.  Lacune  au  manuscrit,  et  additions  de  Grein  Mais  on  ne  rencontre 
aucun  autre  exemple  de  la  forme  :  «  begielpan  ». 

4009.  Correction  de  Kemble  :  «  aénig  ». 

4012.  «  \fdér\-bifongen  »,  correction  de  Kemble  et  Wùlcker.  Grundtvig 
et  Heyne  :  «  fenne  bifongen  ». 

•4024.   «  widan  feorh  »,  accusatif  singulier,  qui  équivaut  à  durant  toute 


«ROW  I  LF 


;>i7 


under  heofones  hwealf 

heal-sittendra 

medu -dreâm  màr[an  : 

hwilum  mseru  cwên, 

friihu-sibb  folca, 
4o3o  flet  eall  geond  hwearf; 

baedde  byre  geônge  ; 

oft  h!o  beâb  w ri than 

secge   sealde,  ] 

aer  hie  tô  setle  geông; 

[fol.  174  b.] 

hwi'lû  fo[r  dûgujthe 

dohtor  Hrôth-gâres, 

eorlum  [on]  ende, 

ealu-wœge  brer, 

thâ  ic  Frea-ware 
4040    flet  -sittende 

nemnan  hyrde, 

thaer  hïo  [g]led-sinc 

haelethum  sealde  : 

sio  ge-haien  [wses] 

geông,  gold-hroden 

gladu  sunaFmdan, 

[ha]fath  thœs  ge-worden 

wine  Scyldinga 

rices  hyrde, 


ma  vie  :  les  mêmes  mots  sont  employés,  de  façon  identique,  au  datif,  avec 
la  préposition  to,  v.  1860  :  «  to  ividan  feore  ».  Cod.  Verc.  I,  2756;  VI, 
1522,  1623:  1,  215:  «  widan  ferorh  »:  «  widan  fyrhth  »;  «  icidan 
ferhth  »  ;  to  widan  feore».  Dans  le  «  Psalter  »,  on  trouve  des  termes 
semblables  :  «  a  to  feore  »  ;  «  syththan  to  feore»;  «  a  tea  to  aldre  ».  Et 
l'expression  «  in  aeternum  »,  se  rencontre  encore,  presque  sous  la  même 
forme,  dans  le  «  Psalter  »  :  «  thur/t  eal  wide  ferhth  ».  11  est  à  remarquer 
que,  dans  cette  construction,  l'adjectif  est  toujours  dans  la  forme  faible  ou 
définie,  «  widan  »,  et  non  «  windne  ». 

4032.  «  beah  writhenne  ».  Accusatif  masculin  singulier. 
«  wriden  »  :  Kemble. 

4042.  «  [f/]led  »  :  correction  de  Kemble  ;  «  [nae]f/led  »  :   correction  de 
Ore  in . 


les  compa 

gnons  étaient  joyeux,  et  jamais 
de  toute  ma  vie,  je  n'ai  vu  sous  la 
voûte  des  cieux,  plus  d'hommes 
assis  dans  un  palais,  et  s'aban- 
donna nt  aux  joies  de  la  bière.  De 
temps  à  autre.,  la  noble  reine,  le 
lien  de  paix  entre  les  nations 
alliées,  faisait  le  tour  de  la  salle 
entière;  elle  parlait  à  ses  jeunes 
fils  ;  souvent,  avant  de  se  rendre 
à  son  siège,  elle  distribuait  au 
guerrier,  /'anneau  forgé  ;  parfois, 
devant  la  cour  majestueuse,  la 
fille  d'Hrothgar,  portait  aux 
héros,  successivement,  la  coupe 
de  bière,  elle  que  j'entendis  dans 
le  palais,  appelée  par  les  servants, 
Freaware,  quand  elle  allait,  don- 
nant aux  guerriers  des  trésors, 
étincelant  comme  l'œil  du  milan. 


518 


BEOWULF 


4o5o  and  thael  raed  talath 

thaet  hë  mid  tby   w  I  fe 

wsel-fœhtba  dœl, 

sœcca,  ge-sette. 

Ofl    s  eldan,  hwaer. 

œfter  leôd-hrfre, 

I  vile  h  wile, 

bon-gâr  btigeth, 

theâb  se<)  bryd  diige. 
m  |aeg  tbas  thon  of-thyncan 
4060  theôden  Heatho[b]eardnà 

and  tliegna  ge-hwâm 

thara  leode, 

thon  ne  hë  mid  faemnan 

on  flett  gaeth, 

dryht-bearn  Dena 

dugutha  bi-wénede, 

on  him  gladiath 

gomelra  lâfe, 

heard  and  hring-mael, 
4070  Heatha-bearna  ge-streon, 

thenden  hie  tha  wœpnù 

weal  dan  moston. 

Oththa?t  hie  for-laeddan 


Jeune,  et  toute  parée  d'or,  elle  fut 
promise  au  fils  joyeux  de  Froda  ; 
ainsi  l'ami  des  Scyldings  devint-il 

le  pasteur  du  royaume,  et  la  re- 
nommée nous  apprend  qu'avec  sa 
femme,  il  apaisa  des  bai  nés  mor- 
telles, et  des  conflits. 

«  Rarement,  en  quelque  lieu  que 
ce  soit,  après  la  défaite  du  peuple, 
le  javelot  fatal  reste-t-il  au  repos, 
même  pour  un  court  moment, 
quelque  excellente  que  soit  l'épou- 
sée !  Ainsi,  le  chef  des  Heatho- 
bards,  et  chacun  des  peuples  se 
courrouçaient-ils  bien  de  ce  que 
lui,  le  royal  enfant  des  Danois, 
allât  par  le  palais  avec  la  reine, 
servi  par  les  grands,  se  réjouis- 
sant en  propre  de  /'antique  héri- 
tage, du  dur  glaive  à  la  poignée 
tressée,  du  trésor  des  Heatho- 
bards,  tout  le  temps  que  ceux-ci 
furent  condamnés  par  le  destin,  à 
abandonner  leurs  armes,.     .     .     . 


-4054.  Correction  de  Heyne  :  «  Oft,  \no~\seldan  ».  Mais  Zupitza,  Kolbing  et 
Wiïlcker  font  remarquer  que,  malgré  une  lacune  évidente  du  manuscrit,  il 
n'y  a  pas  de  place  suffisante  devant  «  seldan»,  pour  «  no  ». 

4060.  Kemble  propose  «  tlicodne  »,  et  il  soutient  que  «  ofthincan  »  régit 
toujours  le  datif,  et  «  theoden  »  ne  représente  pas  ce  cas. 

4066.  Grein  :  «  bi-werede  ».  Mais  d'autres  auteurs  proposent  d'éliminer 
la  conjonction  «  thaes  »  au  vers  4059  :  de  prendre  «  dugutha  »  comme 
nominatif,  par  rapport  à  «  biwenede  »,  et  de  considérer  ce  cas,  comme 
l'un  de  ceux  que  l'on  rencontre  fréquemment  dans  l'ancien  anglais  :  un 
sujet  au  pluriel,  avec  un  verbe  au  singulier. 

4070.  La  plupart  des  éditeurs  :  «  Heathobear\d]na  ». 

4073.  Le  manuscrit  porte  un  O  majuscule,  au  commencement  de  la  ligne, 
et  ces  majuscules  ne  se  rencontrent  guère  qu'au  début  d'un  nouveau  cbant. 


Mn>\\  i  IK 


519 


tù  tliâm  lind-plegan 

sweese  ge*sfthas, 

ond  livra  syllVa  feorh  : 

thonne  cwith  ael  bëore 

se  tlic  bean  ge-syhth 

*   fol.  175  a.] 

eald  a>se-\viga 
4080  sô  the  call  ge-[mon] 

gâr-ewealm  gumena, 
him  beoth  grim-sefa  , 

on-gi nneth  gëomor-môd 

geân    nm    cempan, 

thurh  hrethra  ge-hygd, 

[higes]  cunnian, 

wTg-bealu  weccean, 

and  thaet  wo[rd]  â-c\vyth  : 

meaht  thii  mïn  wine 
4090  mêce  ge-cnawan 

thone  thin  fœder 

to  ge  feohtej  beer 

under  here-griman, 

hindeman  si'the, 

dyre  iren, 

thaer  hyne  Dene  slôgon, 

weôldon  weel-stowe 

syththan  Wither-gyld  hug, 

aefter  hœlelha  hryfrej 
4100  hwâte  Scyldungas  : 

nii  her  thara  banfena] 

byre  nât  hwylces 

frœtwû  hrémig 

on  flet  gaeth, 

morthres  gylpeth], 

and  thone  maththu  byreth 


,  •  et  à  con- 
duire à  la  destruction,  par  le  jeu 
des  boucliers,  et  leurs  chers  com- 
pagnons, et  eux-mêmes. 

«  Alois,  à  la  bi  ère,  quelque  vieux 
guerrier  rapportera,  en  voyant  un 
anneau,  et  en  se  souvenant  de 
toutes  choses,  le  massacre  des 
hommes,  au  combat  ;  son  âme  s'en 
irritera,  et  enclin  à  la  tristesse,  il 
tentera  d'influer  sur  l'esprit  du 
jeune  guerrier,  sur  les  pensées 
qu'il  nourrit  en  son  sein,  afin  de 
réveiller  le  désir  de  la  guerre,  et 
il  dira  ces  paroles  :  «  Compagnon, 
tu  peux  reconnaître  le  glaive,  le 
cher  acier  que  ton  père  portait  à 
la  bataille,  sous  le  casque  bien 
fermé,  pour  la  dernière  fois, 
quand  les  Danois  le  massacrèrent, 
et  que  les  hardis  Scyldings  triom- 
phèrent sur  le  champ  fatal,  au 
moment  où  Withergyld  tomba, 
après  le  massacre  des  héros  : 
maintenant,  ici,  le  fils  de  je  ne 
sais  lequel  de  ces  meurtriers,  va 
par  le  palais,  s'enorgueillissant  de 
ses  trophées,  se  vantant  des  mas- 
sacres, et  possède  ce  trésor  dont, 
à  bon  droit,  tu  devrais  être  pos- 
sesseur. 


qui  serait  le  chant  XIX.  Heyne,  sans  raisons  très  plausibles,  le   l'ail    com- 
mencer au  vers  4059. 

4080     Le    manuscrit  est  défectueux   au  coin    du    feuillet,    ainsi   qu'aux 
vers  4080  et  4105. 


520 


KKOW  I  I  K 


thone  the  Uni  m  id    rihle 

râedan  sceoldesl  : 

manath  sw  a  and  myndgath 
[no  maela  ge-hwylce 

sérum  wordum, 

oththaeet  s;el  cymeth 

tliaetse  faemnan  thcgn, 

lore  farder  dœdum, 

aeftbiles  bite 

blod-fag  swefeth, 

ealdres  scyldig; 

him  se  other  thonan 

losath[li]figende 

[fol.  175  b.  | 
4120  con  him  land  geare  ; 

thonne  bïoth  [à]-brocene 

on  ba  healfe 

ath-sweord  eorla  ; 

|syth]than  Ingelde 

weal  lath  W8el-nitha,s, 

and  hï  [wif]-lufan 

sefter  cear-waelmum 

côlran  [weor]thath. 

Thy  ic  Heatho-bearfdlna 
4i3o  hyldo  ne  [tel]ge, 

dryht-sibbe  dael, 

Denïi  un-faecne, 

I  fr]eônd-scipe  fa?stne. 

Ic  sceal  forth-sprecan 

gën  ymbe  Grendel, 

thaet  thii  geare  I  cun]ne, 

sinces  brytta 

to  hwan  syththan  [wjearth 

hond-raes  heeletha  : 


«  Ainsi,  il  va  /Vxeitant,  et  rat- 
eable en  toute  occasion,  de  paro- 
les  de   remords,  jusqu'à    ce   que 

la  fatalité  ordonne  que  pour  les 
crimes  de  son  père,  le  jeune 
époux  dorme,  baigné  dans  le 
sang,  après  la  morsure  du  glaive, 
et  privé  de  la  vie.  De  ces  lieux, 
alors,  un  autre  guerrier  s'enfuit, 
connaissant  bien  le  pays  où  il  est 
déjà  venu  :  donc,  des  deux  cotés, 
sera  rompu  le  serment  juré  par 
les  comtes  ;  après  quoi,  d'insi- 
dieux complots  seront  fomentés 
dans  Ingeld,  et  l'amour  du  roi 
pour  la  reine,  s'émoussera  sous 
les  vagues  du  souci  !  Ainsi,  je  ne 
compte  point  sur  les  bons  senti- 
ments des  Heathobards,  et  je  ne 
crois  point  que  leur  paix  géné- 
reuse avec  les  Danois,  soit  sans 
trahison  dans  l'avenir,  et  que 
durable  soit  leur  amitié.  Mainte- 
nant je  vais  continuer  à  parler  de 
Grendel,  afin  que  toi,  ô  dispensa- 
teur des  trésors,  tu  puisses  ap- 
prendre comment  les  héros  me- 
nèrent à  bien  leur  effort  guerrier! 


4119.  Lacune  au  coin  du  manuscrit.  Thorkelin  :  «  wigende  »  ;  Heyne  et 
Zupitza  :  «  lifigende  » . 

4121.  Kemble  et  Zupitza  :  «  [a]brocene  ». 

4123.  Kemble  et  Zupitza  :  «  ath-sweord  ». 


HKnWTLK 


521 


4140  syththan  heofones  g]im 

glad  ofer  grundas, 

gœsl  yrre  cwôm, 
a»  toi  aefen-grom, 

user  neôsan, 

thaer  wë  ge-sunde 

sa'l  weardodon 

t'hâer  wœs  Hond-sciô 

hilde  og  sœge, 

feorh-bealu  faegum; 
41  5o    se  Hie]  fyrmest  laeg 

gyrded  ce  in  pa, 

him  Grendel  wearth, 

maerû  magû, 

thesne  to  muth-bonan  ; 

leôfes  mannes 

lie  eall  for-swealg  : 

no  thy  aer  lit  tha  gên 

(del-hende 

bona  blôdig-toth, 
4160  bealewa  ge-myndig, 

ofthà  gold-sele 

gongan  wolde, 

ac  hë  maëgnes  nôf 

min  costode 

grâpode  geareo  fol  m  ; 

[fol.  176  a.l 

glôf  [hangodej 

sid  and  syl-lic 

searo  bendû  fsest, 

[siô]  wœs  or-thonefi 
4170  eall  ge-gyrwed 

dé  ôfles]  erseftum 

and  dracan  fell  Ci, 


«  Après  que  la  perle  des  nuits 
eût  glissé  dans  les  profondeurs 
du  firmament, /'étranger  vinl,en 
rage,  lui,  le  fléau  maudit  des 
ténèbres,  pour  nous  visiter,  à 
l'endroit  où,  en  sûreté,  nous  veil- 
lions sur  la  salle.  Là,  était  tendue 
la  main  du  monstre,  prompte  à  la 
guerre,  et  qui  détruisait  la  vie  de 
ceux  qui  étaient  voués  à  la  mort. 
Et,  mon  noble  seigneur  et  allié, 
(îrendel  avec  sa  gueule,  fut  le 
meurtrier  du  héros  aux  reins 
forts,  qui  vivait  en  d'autres  jours  : 
il  dévora  tout  le  corps  du  cher 
homme  !  Malgré  ce  forfait,  le 
meurtrier  à  la  dent  sanguinaire, 
prêt  aux  crimes,  ne  voulut  point 
s'éloigner  encore,  de  la  salle  de 
l'or,  les  mains  vides  :  mais  or- 
gueilleux de  sa  force,  il  m'éprouva, 
et  les  mains  prêtes,  il  m'étreignit. 
Sa  main  pendait,  large  et  étrange, 
recouverte  de  bandes  adroitement 
serrées,  et  de  la  peau  d'un  dra- 
gon :  elle  possédait  la  force  de 
l'enfer 


il 40.  Cf.  Cod.  Kx.  17  :  «  halge  gimmas  ». 

4148    La  plupart  des  éditeurs  :  «  hild  ». 

4153.  La  plupart  des  éditeurs  :  «  geareo-folm  », 


522 


BEOWULF 


Ik"  nice    thœr  on  |  innan 

un-synnigne 

(If'(')r  (l|,i'(l  fruma 

ge-dôn  wohle, 

manigra  sumne, 

hyt   ne  mihte   swâ]  ; 

syllilli.in  ic  on  yrre 
1 1 So  upp-ri  hi    â-stôd. 

Tô  lang  is  tô  recenne 

h ii  '  ic  thâm]  leôd-sceathan 

y  fia  ge-hwylces 

hon[d-Ieàn]  for-geald, 

thaer  ic,  theôden  min, 

thine  leode 

weorthode  weorcû  ; 

hë  on-[weg]  losade. 

lytle  h  wile 
4190  h'f-wynna  [breâc], 

hwaethre  him  sîo  swithre 

swathe  [wear]dade 

hand  on  Hiorte, 

and  hë  heân  thonan 

modes  gëomor 

inere-g[rund]  ge-feôll  : 

më  thone  wseel-raes 

wine  Scyldunga 

faettan  golde 
4200  fêla  leânode, 

manegû  math  mû, 

sytthan  mergen  côm, 

and  wë  tô  symble 

ge-seten  hœfdon  ; 

thaer  wœs  gidd  and  gleô, 

gomela  [Scylding], 

[fol.  176  b.] 


.  .  .  Lui,  le  monstre  criminel, 
voulait  me  saisir  parmi  tant  d'au- 
tres, moi  qui  ne  l'avait  point 
attaqué  î  II  ne  put  le  faire  ainsi, 
quand  je  me  dressai  devant  lui, 
dans  nia  rage  !  Il  serait  trop  long 
de  narrer,  el  la  manière  dont  je 
payai  de  chacun  de  ses  crimes 
sans  nombre,  ce  génie  du  mal,  et 
où  j'ai,  mon  prince,  soutenu  l'hon- 
neur de  ton  peuple,  par  mes 
exploits.  Grendel  prit  la  fuite  ! 
Pendant  un  court  moment,  il 
goûta  les  plaisirs  de  la  vie.  Néan- 
moins, sa  main  gauche  le  guidait, 
tandis  qu'il  portait  ses  pas  hors 
d'Heorot,  et  qu'il  se  pressait, 
humilié,  loin  de  ces  lieux  ;  et  que, 
triste  dans  l'âme,  il  disparaissait 
dans  les  abîmes  du  lac. 

«  L'ami  des  Scyldings  me  paya 
magnifiquement,  en  or  massif  et 
par  maint  trésor,  le  prix  de  la 
guerre,  quand  le  matin  fut  venu, 
et  que  nous  nous  étions  assis  au 
festin.  Il  y  avait  là,  des  chants  et 
des  réjouissances  :  les  vieux  Scyl- 
dings m'interrogeaient  souvent, 
et  ils  rapportaient  des  histoires 
passées. 


4182.  La  plupart  des  éditeurs,  comblant  la  lacune  du  manuscrit  :  «  huie- 
dam  ». 


4192.  Cf.  v.  1934. 


BEOWULF 


tola  fricgende, 
feorran  rehte ; 
[hwflum  hilde-deôr 

42  ro  liearpan  wynne, 

gLomen  -wudu  givtte, 
h  wilfi  gyd  ;i-wra>c 
S('»tli  and    s;ir|-lï<\ 
1 1  wi'lu  111  syl-lfc  spell 
rehte  œfter  [rihjte 
riim-heort  cynning, 
hwi'Ifi  eft  [on-g]an, 
eldo-ge-bunden, 
go  m  el  guth-wiga, 

4220  [geu]guthe  cwithan 
hilde-strengo, 
hrether  [inne~|  weôll, 
thou  he  wintrû  frôd 
worn  [ge-mujnde. 
Swâ  wë  thaer-inne 
and-langne[dœg] 
niôde  nâman, 
oththa3t  niht  be-cwôm. 
other  thù  yldum; 

4230  thâ  wœes  eft  hrathe 
gearo  gyrjn-wrsece, 
Grendeles  modor 
sithode  [sorh;-full, 
sunu  death  for-nam 
wi'g-hete  |Wed]ra  ; 
wif  un- h  y  re 
hyre  beam  ge-wraec, 
beolrn  a-cwealde 

L  _i 

ellen-h'ce  ; 
4240  thaer  wees  .-Esc[-he]re 
frodan  fyrn-witan 
feorh  ûth-genge  : 


.  .  .  Tantôt,  le  vieux  roi  tou- 
chait la  harpe  sonore,  le  bois 
joyeux  ;  tantôt,  il  narrait  une 
légende  triste  et  douce.  Parfois, 
le  souverain  magnanime,  en 
justes  termes,  poursuivait  quelque 
étrange  récit;  parfois  encore,  le 
vieux  héros  courbé  par  l'âge, 
parlait  aux  jeunes  hommes  de  la 
puissance  de  la  guerre.  Son  cœur 
bondissait,  quand  dans  la  pru- 
dence de  ses  années,  il  évoquait  à 
sa  propre  mémoire,  la  multitude 
de  ses  exploits. 

«  Ainsi,  pendant  le  jour  entier, 
nous  passâmes  le  temps  en  longs 
propos  animés,  jusqu'à  ce  que  vint 
la  nuit,  pour  les  hommes,  la 
seconde  nuit!  Bientôt  alors,  à  son 
tour,  la  mère  de  Grendel  fut  prête 
à  venir  venger  sa  perte  :  elle 
partit  pleine  de  douleur  :  la  mort 
avait  emporté  son  fils,  et  /'objet  de 
la  haine  guerrière  des  Danois  du 
Sud  :  la  femelle  hideuse  vengea 
sa  progéniture,  et  massacra  un 
héros,  dans  sa  fureur  !  Donc,  la 
vie  abandonna  .'Eschere,  le  con- 
seiller vieux  et  prudent 


4227.  Kemble  :  «  namon  ». 

4242.  «  read-frodum  »,  datif  de  l'adjectif  «  /rod  » 


524 


BEOWl  II 


nô  1 1  her  1 1  \    nine  ne  môston 

syththan  mergen  cwôm, 

deâth-wérigne, 

Dénia  leôde 

bronde  For  bsernan  ; 

né  on  bael  hladan 

leôfne  mannan  ; 
|2?o  lu»'»  thaet  lie  set  bœr, 

[fol.  177  a  ) 

feôndes  faethfrunga  |, 
un  |der  firgen-streâm  ; 

thaet  waees  Hrôth-gâre 

hreôwa  lornost 

thâra  the  leod  frunian 

lange  be-gea  te  ; 

thâse  theoden  [mec] 

[be]  thine  life 

heal  sodé  hreôh-môd, 
4260  [thaet  ic]  on  holma  ge-thring 

eorl-scipe  efnfde], 

ealdre  ge-néthde  ; 

maertho  fremedfel, 

hê  më  méde  ge-hét  ; 

ic  thâthaes  wfelm[es] 

[the  is  wide  cûth  I 

grim  me  gryre-1  ic-[nel 

grund-hyrde  fond  ; 

thaer  une  h  wile  woes 
4270  hand-ge-maene, 

holm  heolfre  weôll, 

and  ic  hêafde  be-cearf 

in  thâm  | çrund-jsele 


Et  le 

peuple  des  Danois  ne  put  même, 
au  malin,  brûler  dans  les  flammes 
son  cadavre  vaincu  par  la  mort, 
ni  élever  haul  sur  le  bûcher, 
l'homme  chéri  :  elle,  la  mère  de 
/'ennemi,  avail  emporté  son  corps 
sous  les  profondeurs  du  torrent 
de  la  montagne. 

«  C'était  depuis  longtemps,  et 
entre  toutes  les  autres,  la  peine 
la  plus  sensible  qui  affligeât  le 
prince  du  peuple.  Puis  le  roi, 
l'âme  triste,  me  conjura  par  ta 
vie,  d'accomplir  un  exploit,  parmi 
le  choc  des  vagues;  de  hasarder 
mes  jours,  et  de  gagner  la  gloire  : 
il  me  promit  des  récompenses. 
Alors,  comme  je  le  savais  bien,  je 
trouvai  au  fond  des  abîmes,  un 
féroce  et  ténébreux  gardien  de  la 
vague.  Là,  pendant  un  moment, 
nous  eûmes,  tous  deux,  à  lutter 
main  à  main  :  l'eau  profonde 
bouillonnait  de  poison,  et  je  dimi- 
nuai de  la  tête,  la  mère  de  Gren- 
del,  avec  une  lame  puissante,  dans 
les  retraites  de  l'océan  :     .    .    .    . 


4251.  Kemble  et  Zupitza  :  «  faeth[rungd\,  [un]der  »  Dans  le  manuscrit, 
après  «  faeth  »,  on  ne  distingue  que  le  jambage  d'une  lettre  qui  peut  être 
indifféremment  r,  mou  n.  Grein  :  «  faeth\mum\  \\111\der  ». 

42G7    La  plupart  des  éditeurs  :  «  grimne  ». 

4270.  Wûlcker  et .  Heyne  :  «  hand  gemaene  ». 

4273.  «  grundel-sele  »,  correction  de  Grundtvig. 


HEOWULF 


.")*2.) 


G  re  n  del  es  môdor, 
eâenum  ecgu  m  : 
un-sôfte  Human 
feorh  oth-ferede. 
uses  ic  fœge  thé  gyt; 
ac  më  eorla  hi  eôj 
4280  efl  ge-sealde 

mâthma  menigeo, 
mago  Healf  denes. 


de  son 

corps,  la  vie  s'échappa  dans  la 
douleur.  .Mon  destin  n'était  point 
encore  de  mourir.  Mais  le  fils 
d'Healfdene,  le  protecteur  des 
héros,  me  donna  en  retour,  une 
multitude  de  trésors. 


XXXI 


XXXI 

Swase  theôd-kyning 

theâwû  lyfde, 

nealles  ic  thâ  leanû 

for-loren  hœfde, 

mœçenes  méde, 

ac  hê  me  [mâthmas]  geaf, 
[fol.  177  h 

sunu  ilealf-denes 
4290  on   1111  n  ne  sylfes  dôrii, 

tha  ic  thé  beorn-fcy  :ning 

bringan  wylle, 

éslum  gejwan. 

gëo  is  eall  ;et  thé 

lissa  gelong  : 

[ici  lyt  halo 

heâfod-mâga 

nefne  [Hy]ge-làc  thec 

liét  tha  in-beran 
43oo  eafor  heafod-segn, 


«  Ainsi,  le  roi  puissant  avait-il 
coutume  d'en  user,  et  loin  de 
rien  perdre  de  la  récompense  de 
mon  courage,  le  fils  d'Healfdene 
me  donna,  selon  mon  plaisir,  des 
trésors  que  je  t'apporterai,  ô  roi 
des  hommes,  et  que  joyeusement, 
je  préparerai  à  ton  intention,  puis 
que  tout  ce  qui  m'advient  d'avan- 
tageux, se  reporte  sur  toi  !  J'ai 
peu  de  parents  de  mon  sang, 
hormis  toi-même,  ô  Uygelac  !  » 
Alors  il  ordonna  qu'on  apportât 
en  ces  lieux,  la  tète  de  sanglier, 
ornement  pour  le  chef,  le  casque 
superbe  à  la  guerre,  la  cotte  de 
mailles  grise,  le  glaive  prêt  à  la 
bataille 


•i2(J0.  Grundtvig  :  «  [sih]ne  ». 

4300.  Kemble  écrit  :  «  eafor  àeafod-sef/n  »,  comme  un  composé  de  deux 
mots  seulement,  alors  que  Zupitza  cl  la  plupart  des  éditeurs  l'écrivent  ainsi  '■ 
«  pafor-keafodsegti  ».  Mais  les  composés  de  trois  mots  sont  rares,  dans 
l'ancienne  poésie  anglaise,  et  comme  les  composés  de  deux  mots  sont  assez 
fréquents,  l'écriture  de  Kemble  semble  la  meilleure. 


•yu) 


liKOW  I  II 


heatho  steâpne  helm, 
h  âre-byrnan, 

gûth-sweôrd  geâto-lic  : 
gy  (I  eefter  wrœc  : 

mé  Uns  hilde-sceorp 

Hrôth-gâr  sealde, 

snotra  fengel, 

suine  |  \v  |orde  hët 

thaet  ic  is  aerest  thé 
43io  est  ge-saegde  ; 

c  w.iili  thaet  hyt  hsefde 

Hioro-gâr  cyning, 

[l]eôd  Scyldunga 

lange  II  wile  : 

ri»')  thy  aer  suna  sinu 

syllan  wolde, 

hwatfi  [Hejoro  wearde, 

llieâh  hé  him  hold  waere, 

breôst-ge-wœdu  ; 
4320  brûc  ealles  well. 

Hyrde  ic  thaet  thâm  frœt- 

[wum 

feower  mearas, 

lungre  ge-lice 

last  weardode, 

eeppel-fealuwe, 

hë  hï  est  ge-teâh 

mëara  and  math  ma, 

swâ  sceal  mœg  don  ; 

[fol.  178  a.  I 

nealles  in-wit-net 
433o  ôthrû  bregdon 


\prcs  quoi,  il  (Beôwulf) 

prononça  ces  paroles  :  «  —  C'<  -1 
à  moi  qu'Hrothgar  fil  présent  de 
ce  vêlement  de  guerre  ;  le  prince 
avisé  me  l'offrit  avec  ses  paroles  : 
il  me  recommanda,  à  mon  tour, 
de  te  parler  d'abord,  de  cette  ar- 
mure ! 

«  11  ajouta  qu'Heorogar,  te  roi, 
prince  des  Scyldings,  l'avait  long- 
temps possédée,  sans  vouloir 
jamais  remettre  cette  parure  de 
guerre  à  son  fils,  le  brave  Heoro- 
weard,  quoique  celui-ci  lui  fut 
cher.  Jouis  donc  bien  de  tout 
cela  !  »  Nous  avons  entendu  rap- 
porter que  quatre  chevaux  gris 
pommelés,  suivirent  également 
les  trésors,  aussitôt  :  il  (Beowulf) 
donna  au  roi  la  jouissance  et  des 
chevaux,  et  des  trésors.      .     .     . 


4302.  Rask  :  «  /tare  » . 

4310.  La  plupart  des  éditeurs  ont  lu  «  eft  »  dans  le  manuscrit,  au  lieu  de 
«  est  »,  Kemble,  Heyne  et  Wïilcker.  par  exemple. 

4324.  Kemble  :  «  weardodon  ». 

4330.  Kemble  :  «  bregdan  ». 


mnw  I  1,1 


&27 


il\  mu  cfaefte, 
death  Pen  iao 
hond-ge-steallao  ; 

llyge-laiv  \\;r> 

ii  lilies    lieardu 

nefa  swvthe  hold, 

and  ge-hw  ;rtheri  6 thrum 

broth ra  ge-myndig. 

1 1  vide  ic,  tliaet  hê  thone 

heals-beâh 
4340  hygde ge-sealde 

wrat-lTcne  wundur-m  âthm 

thone  the  him  Weal  h -then 

Lgeaf, 

theôdnes   dohtor; 

thrTo  wics:  somod 

swancor  and  sadol-beorht, 

hyre  syththan  waes 
sefter]  beâh-thege 

brfejost  ge-weorthod. 

Swâ.  b  e-al  dode 
435o  beam  Ecg-the6wes> 

guma  gi'n  thuml  ciith, 

godû  dœdii  ; 

dreâh  eefter  dôme, 

nealles  druncne  slog. 

heorth-ge-neâtas  ; 

nœs  him  hreoh  sefa, 

ac  hê  ma[n]-cynnes 

maeste  crœfte, 

gin-fa;sta[n]  gife 
4360  the  im  god  sealde, 

he<Md  hilde-deôr; 

heân  waes  lange 

swâ  hyne  Geàta  bearn 

gôdne  ne  tealdon, 

ne  hyne  on  medo-bence, 

micles  wyrthne, 

[drijhten  weredaffol.  178  b.  ! 


Ainsi 

devrait  agir  tout  féal,  sans  ourdir 
secrètement  de  complots  insidieux 
pour  un  autre  maître,  et  sans  pré- 
parer la  mort,  pour  un  allié.  Aux 
yeux  d'IIygelac,  le  hardi  cham- 
pion était  un  neveu  aux  senti- 
ments loyaux,  et  tous  deux  se 
comblaient,  à  l'envi,  de  bienfaits. 
Nous  avons  su  qu'il  donna  à 
llygd  le  collier,  le  trésor  étonnant 
et  varié,  dont  Wealtheow,  une 
fille  du  roi,  lui  fit  don  ;  avec  cela, 
trois  chevaux  élancés,  aux  selles 
brillantes,  tout  parés  de  richesses, 
depuis  qu'ils  avaient  servi  aux 
guerriers,  portant  l'anneau.  Ainsi, 
le  fils  d'Ecgtheow,  /'homme  re- 
nommé pour  ses  combats,  vieillit 
en  hauts  faits,  se  conduisant  selon 
la  justice,  et  sans  frapper  dans 
l'ivresse,  ceux  qui  partageaient 
son  foyer.  Son  âme  n'était  point 
cruelle,  mai  lui,  vrai  fauve  à  la 
guerre,  gardait  entre  toute  la  race 
humaine,  la  plus  grande  force,  — 
don  puissant  que  Dieu  lui  avait 
accordé.  Ce  fut  longtemps  une 
honte,  que  les  fils  des  Geats  se 
refusassent  à  le  reconnaître  pour 
un  guerrier  excellent,  et  ne  vou- 
lussent point  faire  de  lui,  le  chef 
de  leurs  armées,  lui  qui  était 
digne  de  bien  des  honneurs,  au 
banc  de  bière. 


528 


iu:o\\  i  i.i 


ge-dôn  wolde  ; 
bw  \  1 1 1  <  •   wên  don 

1 3-0  thaet  hê  sleàc  waere 
aetheling  j  un-fr  om, 
ed-wendan  cwôm 
tyr-eâdigû  [mejnn 
torna  ge-hwylces. 
Hét  tha  eorla  [hjleô 
in-ge-fetian, 
heatho-rof  cyning, 
[Hrêjthles  lafe 
goldc  ge-gyrede  ; 

4380  nœs  mid  (ieatû  thâ 
sinc-mâththû  sëlra 
[on  j  sweordes  had  ; 
thaet  he  on  Bio-wulfes 
[bejarm  a-legde, 
and  hi  ge-sealde 
[sejofon  thfisendo, 
bold  and  brego  stôl  : 
hi  wajs  [b]am  saniod 
on  thâ  m  leod-scipe 

4390  [IJùnd  ge-cynde, 
eard-éthel  riht 
ôthrum  [sjwithor, 
side  rice 

thâ  thaer  sélra  waes . 
[M\(t  thaet  ge-i(')de 
u  fa  ran  dogrû 
hiide  hlemmCi, 
syththan  Ilyge-lac  laeg, 
and  Hear[drêde 

4400  hilde-mêceas, 

under  bord-hreothan, 
to  bonan  wurdon  ; 
Uni  hyne  ge-sôhtan 
on  sige-theôde 
hearde  hilde-frecan, 
heatho  Scylfingas, 


Souvent,  ils  disaient  qu'il  était 
lâche,  h  prince  de  peu  •!«'  vertu  : 
il  vint  cependant,  pour  le  glorieux 
héros,  nu  ic\crs  de  tant  d'ennuis. 
Donc,  le  roi  fameux  à  la  guerre, 
ordonna  qu'on  apportât  dans  le 
palais,  le  legs  d'Hrethel,  adorné 
d'or  :  il  n'y  avait  pas  en  glaive, 
parmi  les  (ieats,  de  meilleur 
trésor  !  Il  l'imposa  sur  le  sein  de 
Beowulf,  et  il  donna  à  eelui-ci 
sept  mille  (trésors),  un  palais,  et 
un  siège  royal  :  à  chacun  d'eux 
étaient  également  attribués  le  sol 
natal,  le  territoire  (acquis),  les 
tribus  ;  et  le  droit  d'héritage  au 
trône  était  plus  fortement  consacré 
dans  le  royaume  lointain  et  vaste, 
demeuré  au  roi,  que  dans  celui  où 
régnait  le  meilleur  héros. 

Le  premier  royaume,  encore, 
fut  disputé  par  la  suite,  dans  les 
tumultes  de  la  guerre,  après 
qu'Uygelac  fût  tombé  et  que  les 
glaives,  au  combat,  eussent  couché 
Ileared,  sous  le  monceau  des  bou- 
cliers ;  quand  les  guerriers  Scyl- 
fings  à  l'âme  dure  et  trempée  à  la 
bataille,  cherchèrent  parmi  le  peu- 
ple victorieux,  le  neveu  d'Hereric, 
et  le  firent  déchoir  du  rang  où  ses 
guerres  l'avaient  placé 


BE0W1  l.K 


529 


nit  ha  ge-naegdan, 

ne  fan  Here-rTces  : 

syththan  Beé-wulfe 

[fol.  179  a. 
4410  braede  rice 

on  hand  [ge-hwearf]  ; 

hê  ge-heôld  tela, 

fiftif  wintra 

wœs  frôd  cyning, 

eald  éthel-weard  ; 

oththœt  an  on-gan 

deorcù  nihtû 

draca  [ricsianj, 

se  thé  on  heâfpe] 
4420  hord  be-weotfode], 

stcïn-beorh  steapne 

stig  under  laeg, 

eldum  un-cûtb  : 

thaer  on  innan  geông 

nithfa]  nât  hwylc, 


Vprès 

(juoi,  le  royaume  étendu  tomba 
entre  les  mains  de  Beowulf  :  il  le 
tint  bien  pendant  cinquante  an- 
nées, —  (c'était  un  prince  pru- 
dent, et  le  gardien  âgé  de  son 
héritage)  —  jusqu'à  ce  que  ce 
monstre,  —  un  dragon,  —  se 
prit  à  régner  dans  les  nuits  obscu- 
res, couché  sur  l'amoncellement 
de  ses  trésors,  et  gardant  la  forte 
montagne  de  pierre  :  une  voie 
souterraine,  inconnue  aux  hu- 
mains, y  conduisait  :  je  ne  sais 
quel  homme  la  suivit,  et  y  pé- 
nétra... 


4409.  Avec  le  dernier  folio  (198  b.)  du  manuscrit,  le  folio  179  a.  est  le 
plus  défectueux  et  le  plus  illisible  de  tout  le  poème.  Zupitza  seul  est  parvenu 
à  en  donner  une  écriture  presque  intelligible,  mais  son  interprétation  n'a 
souvent  que  la  valeur  d'une  conjecture. 

4416.  D'une  écriture  plus  récente,  on  peut  lire  sur  le  manuscrit  :  «  on  ». 

4418.  Les  caractères  qui  peuvent  constituer  [«  ricsian  »],  sont  presque 
entièrement  effacés. 

Les  dragons  teutons  sont  les  gardiens  des  trésors  (Menologium  Saxoni- 
cuni,  par  Fox,  512).  Le  début  du  deuxième  livre  de  Saxo,  contient  la  descrip- 
tion entière  d'un  dragon.  Cf.  Saxo,  liv.  VI,  p.  101.  La  «  Saga  Ragnars 
Lodbrokar  »  dit  encore  :  «  ok  gvllit  ox  undir  hommi  jafnt  sem  ormrinn 
sjalfr  ».  Fornald.  Sog.  1,  237. 

4419.  A  la  place  d'  «  hea\_pe]  »,  le  manuscrit  est  très  indistinct  ;  on  ne  peut 
rien  découvrir  entre  «  hea  »,  et  «  hord  ».  Zupitza  propose  «  hea[fho]- 
hleawe  »  ;  Grein  et  Heyne  :  a  heare  heathe  ».  Nous  avons  adopté  la  forme 
«  hea[pe~\  »  donnée  parKemble,  comme  la  plus  simple. 

4421.  D'une  écriture  plus  récente  on  lit  :  «  stearme  ». 
4425  4458.    Ici,   nous  avons  reproduit   exactement   les  transcriptions  de 

34 


580  iu:ow  iii 

ge-fëng  [Il    apparaît    d'après    le    sens 

haethniim  horde  général  «les  quelques  mots  com- 

liond posant    ces    lignes,    qu'elles    se 

since  rah  réfèrent  au   vol  d'un   vase  d'or. 

l|3o  ne  he  thsôl  syththan.  .  .  .         fait  au  dragon,  par  un  prisonnier 

Éhaet  rah   th  e  hé  qui  s'était  évadé]. 

glâepende 

be  Byre.   ...  de 

thêOfeS  rni'l'tc  i 

thset  sic  thïod.  .  .  . 
....  foie  beorna 
'»    thaet  hë  gebolgeini  waes. 


Zupitza,  toutes  relatives  qu'elles  sont,  nécessairement,  tant  il  y  a  eu  de 
divisions  en  vers,  différentes,  et  de  ponctuations.  Zupitza  dans  les  pas- 
sages illisibles,  met  autant  de  points  qu'il  lui  semble  avoir  été  perdu  de 
lettres. 

4429.  Zupitza  :  «  fah  »  a  été  à  l'origine  «  fac  »,  dans  le  manuscrit  :  1'  «  h  » 
a  été  ajoutée  sur  le  «  c  ».  Heyne  :  «  fame  »  ;  Wulcker  :  «  fahne  ». 

4431-4432.  L'espace  entre  «  th  »  et  «  slaéthende  »,  est  rempli  par  l'écri- 
ture de  Zupitza. 

4433.  Le  même  auteur  hésite  entre  «  f  »  ou  «  s  »,  devant  «  i/re  ». 

4435-4436.  Zupitza  met  assez  arbitrairement  cinq  points  au  vers  4435,  et 
quatre  seulement,  sur  4436.  Il  n'en  donne,  d'ailleurs,  pas  la  raison. 

4437.  L'  «  n  »  de  «  gebolgen  »  est  presque  entièrement  effacée.  Depuis 
«  tltaer  on  innan  »  (vers  4424)  jusqu'au  vers  4437,  Grein  reconstruit  le 
passage  entier,  sans  points,  ni  parenthèses,  comme  suit  : 

«  thaer  on  innan  giong 
nitha  nal-hwylr. 
4  se  neodn  gel'cng 
haethnum  horde  : 
hond-bollan  hwylcne 
since  l'aime 

he  thaer  syththan  genam 
readan  goldes, 
thaet-bereafod  weartli 

slaepende  be  fyre  ,  ,  ,: 

sin  ces  hyrde 
thecuès  cïaëftê  • 


IIKOWULF 


531 


\\\ 


XXXII 


Neallfes  mid  ge-weoldum 
wyrni  -horda ....  Craeft 
44  |o    solde  .  sylfes  willum, 
Be  the  him  Bare  ge  -sceôd; 
ac  l'or  threâ-nedlan, 
th  row    nât-hwylces 
haeletha  bearna 
hete-swengeas  flëah, 
....  [sernes]  thearfa, 
and  thaer-inne  fealh, 
secg  syn-bysig. 


Ce  n'était  assurément  pas  qu'il 
eût  véritablement  recherché,  de 
son  propre  dessein,  tous  les  tré- 
sors du  dragon,  —  auquel  il  fit  un 
cruel  dommage  —,  mais  sous  l'em- 
pire de  la  nécessité,  quelqu'un  de 
la  race  des  hommes,  avait  fui  loin 
des  coups  vengeurs,  et  sans  abri, 
il  tombait  au  fond  de  la  caverne, 
l'Ame  inquiète  et  coupable.     .     . 


tha'et  sithlhan  theoden  onfand, 
bealu-leas  folc-biorn, 
thaet  he  gebolgen  waes.  » 

La  const  ruction  de  Bugge  est  encore  plus  incertaine  : 

«  thaer  on  innan  giong 

hiththa  nat-hwjlc, 

neode  to  gefeng 

haethnum  horde  ; 

hond  aetgenam 

sel  e- fui  since  fah  : 

ne  lie  thaet  syththan  "âgeaf, 

theah  the  he  slaepende 

besyrede  hyrde 

theofes  craeft  e  ; 

thaet  se  thioden  onfand, 

by- foie  beorna, 

thaet  he  gebolgen  waes.  » 

443Î).  Zupitza  :  il  n  y  a  pas  de  caractère  distinct  entre;  «  borda  •,  et 
«  craeft  ». 

4443.  La  forme  «  th[eow]  »,  est  donnée  par  Wulekeret  Heyne.  Zupitza  et 
Semble  :  «  th[egn\  »,  parce  qu'il  y  avait  place  pour  trois  lettres  entre 
«  th  ».  et  «  nat  ».  Thorpe,  dans  son  édition  de  1830,  laisse  l'espace  en  blanc. 

4145.   D'une  écriture  plus  récente  :  «  fleoh  ». 

4446.  Zupitza  écrit  qu'à  en  juger,  parles  traces  du  manuscrit,  le  second 
mot  de  celle  liune,  devait  être  :..«  [aernes  ]  ». 


;vte 


BEOWULF 


Sôna  in-watide. 

4450  thaet  thâm  gyst  <i 

gryre-  brôga  stôd 
hwae[thre  ;  earm-  Isceapen 

Toi.  170  b. 

....  sceapen 

[  thâ  hyne  se  faer  be-geat 

sine  faet  [geseah  |. 

thaer  waes  swylcra  fela 

in  thâm  eorth  j  thujse 
44Ô0  aer-gestreona, 

swâ  h  y  on  geâr-dag[um] 

gumena  nàt-hwylc 

eormen-lâfe 

[eejthelan  cynnes, 

thane  hyegende, 

thaer  ge-[hy]dde, 

deore  màthmas  ; 

ealle  hie  death [f]or- nam 

serran  nwelû, 
4470  and  si*ân  thâ  gên 


Bien- 
tôt, il  arriva  qu'un  monstre  sans 
nom  apparut  devant  l'étranger.  . 
(Lacune  de  plusieurs  lignes). 
Tandis  que  la  terreur  s'emparait 
de  lui,...  il  aperçut  l'antre  des 
trésors. 

Il  y  avait  dans  la  caverne,  une 
multitude  de  trésors  antiques,  tels 
que  même  dans  les  jours  passés, 
je  ne  sache  pas  qu'aucun  homme 
dans  sa  honte,  en  ait  caché  là  de 
semblables,  —  legs  magnifique 
d'une  nohle  race,  —  et  trésors 
chéris 


4449.  Kemble  :  «  in-watide  »  :  Grein  :  «  [  [Vaes]  sona  in  tha  tide  »  ; 
Thorpe  :  «  inwlatode  ». 

4451.  Les  traces  du  mol,  d'après  Zupilza  et  nos  propres  observations, 
permettent  d'ëcrire  «  gryre  ». 

4452.  Zupilza  prétend  assez  témérairement,  car  on  ne  distingue  aucun 
caractère  dans  le  manuscrit,  que  le  mot  précédant  «  sceapen  »,  aurait  pu 
être  «  [earm]  ». 

4457.  Zupilza  place  «  tha  hine  »,  devant  «  ne  »  :  Wùlcker:  «  faes  ».  Zupitza 
prétend  que  1'  «  s»,  a  été  ajouté  sur  1'  «  r  »  original. 

4458.  Après  la  première  ligne  du  nouveau  l'olio,  le  manuscrit,  à  la  tin  des 
trois  premières  ligne  seulement,  est  illisible.  L'addition  «  geseah  »,  est  de 
Heyne.  Wùlcker  opine  pour  «  scir  »,  ou  «  seah  »,  prétendant  qu'il  n'y  a 
point  de  place  pour  «  geseah  ».  L'examen  attentif  du  manuscrit  permet  de 
se  rallier  à  l'opinion  de  Heyne. 

4470.  L'  «  i  »  de  «  si  »,  paraît  recouvrir  un  «  e  »,  dans  le  manuscrit. 


IIKoWL'JiK 


533 


lëo]-da  dug ii the 

se  thaer  lengest  hwearf, 

weard-wine  gcomor 

rihde  thœs  yldan 

[thaet]  hô  lytel  faec 

long  ge-streona 

brucan  môste  ; 

beorh  eal-gearo 

w u node  on  wonge. 
4480  [waêt]er-ythû  neâb, 

nïwe  be  nœsse. 

nearo-crœftù  fœst  ; 

thaer  on  innon  beer 

eorl-ge-streôna 

hringa  hyrde, 

hard-fyrdne  [dlael, 

faettan  goldes  : 

fee  worda  cwaeth 

hald  thû  nû  hriise 
4490  nû  hœleth  maestun 

eorla  aehte  ; 

hwaet  hit  aer  on  thë 

gode  be-gêaton, 

gdth-deâth  for-nam 

feorh-bealo  frêcne, 

fyrena  ge-hwylcne, 

leôda  minra, 

tha  nâ  the  this  [lîf]of  geaf  ; 

ge-sâwon  sele-dreâm, 


.  .  .  Leiïrs  possesseurs  étaient 
tous  morts  en  des  temps  reculés, 
et  l'unique  survivant,  la  (leur  du 
peuple,  un  prince  attristé  qui 
était  venu  le  plus  souvent  en  ces 
lieux,  ne  voulait  point  tarder, 
puisqu'il  ne  pouvait  jouir  que 
peu  de  temps,  de  la  vue  de  ces 
richesses  anciennement  acquises... 
La  montagne  s'élevait  sur  la 
grève,  près  des  vagues  de  l'océan, 
au  bas  du  promontoire  :  rempart 
massif  et  puissant. 

En  ces  lieux,  le  gardien  des 
anneaux  porta  le  trésor  des  guer- 
riers, une  part  d'or  solide,  durci 
au   feu 


4473.  Wûlcker  et  Heyne  :  «  weard  »  :  Zupitza  :  «  wearth  »  ;  Kemble  : 
«  eard  »  :  le  «  w  »  lui  paraît  ajouté. 

4473.  Sur  «  rihde  »,  on  distingue  dans  le  manuscrit,  une  correction  : 
«  wende  ». 

4476.  Kemble  :  «  leng  ». 

4486.  Zupitza  :  a  hard-wyrthne  »;  Kemble  :  «  fyr-hardne  » . 

4488.  «  fee  »  ajouté  sur  «  fea  »  (Zupitza). 

4499.  «  ge-sawon  sele-dream  »,  peut  encore  signifier  ici  les  joies  éter- 
nelles des  «  einherjar  »,  ou  héros  morts,  dans  le  Valhalla. 


:>:j  ï 


BËOWULF 


.poo   .N.i  li    1 1  \\  ;'i  s\\  rnnl-w  Bge 

I'ol.  180a. 

oththe  iv  o  p  nue  footed' 

wai'-c 

(Irvnc-r.rl  deûre. 

dugnthe  ellor^seoc, 

seeal  se  hearda  helm 

[hyrlsted  golde, 

fa;  tu  be-feallan  ; 

feorm  [end  I  swefath. 

tha  the  beado-griman 

bywan  sceoldon  ; 
45  io  ge-swylce  sëo  here-pâd, 

[sïo]  œt  hilde  ge-bâd 

ofer  borda  ge-bra>c 
lath  !-bite  irena, 

brosnath  a^fter  beorne; 

ne  mœg  byrnan  hring 

a>fter  w[ïg-fruman] 
wide  feran, 

haslethum  be  healfe  ; 

neees  hearpan  wyn, 
4520  gomen  gléo-beâmes, 

ne  gôd  h  a  foc 

geond  sael  swingeth, 

ne  se  swifta  mearh 

burh-stede  beâteth, 

be[aloLcwealm  hafath 

fêla  feorh-cynna 

[feorth]  on-sended. 

Swfi.  gTomor-môd 

giolitho  mœnde, 
453o  an  ffifter  eallfi 


.  .  //  dit  rev  quelques  pa- 
roles :•« —  |{ciicii>  bten,  aujour- 
d'hui, ô  terre,  maintenant  que  i<-s 

héros  ni'  le  pourraient  plu>.  les 
richesses  acquises  par  les  hom- 
mes :  car  voici  qu'autrefois,  des 
braves  les  avaient  arrachées  de 
ton  sein  !  La  mort  guerrière  et  la 
ruine  de  la  vie  ont  emporté  sans 
merci,  tous  les  hommes  de  mon 
peuple,  de  ceux  qui  ont  perdu  le 
jour,  après  avoir  connu  la  joie 
des  festins,  au  fond  des  palais.  Il 
n'en  est  plus  qui  puisse  porter  le 
glaive,  ou  recevoir  la  coupe  mas- 
sive, ou  la  vaisselle  de  prix,  dans 
laquelle  on  boit  :  les  vaillants  sont 
morts  de  tristesse  !  Le  casque 
résistant,  orné  d'or,  aux  ciselures 
en  relief,  sera  enfoui  sous  la 
terre  :  ceux  qui  le  fourbissaient, 
dorment  dans  la  mort! 

«  Ainsi  en  sem-t-il  encore  de  la 
cotte  de  mailles  qui  dans  la 
bataille,  sous  le  choc  des  boucliers, 
résistait  à  /'âpre  morsure  du  fer  : 
ainsi  reposera-t-elle,  après  le  guer- 
rier qui  la  porta.  Et  /'armure 
annelée  n'ira  plus  au  large,  ni  au 
loin,  avec  le  héros,  aux  cotés  du 
combattant   ! . 


4501.  Au  lieu  de  «  feormie  »,  Grein  propose  «  fetige  ». 
•450-).  La  plupart  des  éditeurs  :  «scoc». 
4j  19.  Heyne  conserve  à  «  naes  »,  la  forme  du  manuscrit. 
1527.  Zupitza  :  «  forth  ». 


HEOWTLF 


'.YM\ 


un-blithe  hwe  op  , 

da>ges  and  nihtes 

pththbaet  deâthes  wylm 

In'  an   act  licortan. 

Ilord-wvnne  fond 

cald  uhl-s.vathu 

opeoe  standan, 

3ë  the  byrnende 

biorgas§éceth, 
p  f<)  nacod  nit  I  ih  Irani 

nith  es  j  flëogeth 

fyre  befangeo  ; 

hyne  fold-buende 

awythe  ondraeda[th]< 

[foL180b.] 

He"  gesëcean  sceall 

I  ho]  r  "donj  hriisan     ...    . 

thaer  hë  haethen  gold 

warath  wintrum  frod,       l{; 

né  bith  him  wjhte  thy  [sél]  : 
455o    thaet   a  se.theôd— sceatha 

thrëo  himd  wintra 

[h]eold  on  hrusam 

hord-serna  su, 

eacen  [cr]œftig,     , 

oththset  hyne  an  a-bealch 

mon  on  mode  : 

man-drvhtne  bœr. 

faeted  wâege,        ; 

friotho-waere  bsed 
4D60  hlâford  sinne,    ;. 

Dâ  [w]aes  bord  râsod 


.  .  .  .  //  n'y  a  plus  de  joie, 
éveillée  par  la  harpe;  plus  de 
plaisir  naissant  du  bois  harmo- 
nieux. Et  le  bon  faucon,  en  se 
balançant,  ne  vole  plus  hors  du 
palais  ;  cl  l'intrépide  cavale  ne 
s'arrête  plus  devant  les  remparts 
delà  cité!  Le  fléau  fatal  exigea  le 
tribut  d'une  multitude  de  vies  !  » 
Ainsi,  Tàme  triste  d'anciennes  dou- 
leurs, il  se  lamentait  :  seul  survi- 
vant de  tous  les  autres,  amère- 
ment il  pleurait  et  le  jour,  et  la 
nuit,  jusqu'à  ce  que  les  vagues  de 
la  mort  recouvrissent  son  cœur. 
L'antique  fléau  du  crépuscule 
trouvait  le  trésor  enviable.,  sans 
gardien  :  lui  qui,  brûlant,  cherche 
les  montagnes:  le  dragon,  nu  et 
furieux,  qui  vole  par  la  nuit,  dans 
un  tourbillon  de  flammes. 

Les  habitants  de  la  terre  le 
redoutaient  bien,  alors  que  rendu 
prudent  par  les  années,  il  gardait 
/'or  païen,  et  n'en  avait  point, 
pour  cela,  plus  de  joie.  Là,  pen- 
dant, trois  siècles,  ce  fléau  puis- 
sant veilla  sur  l'antre  souterrain 
des  trésors,  jusqu'à  ce  qu'un 
homme  vînt   /'irriter 


1  4544-4540.  Los  corrections  entre  parenthèses,  sont  de  Zupitza.  Le  manus- 
crit a  un  manque  de  deux  lignes  et  quart. 

4552.  Kcinble  :  «  hrusan  », 

455,5.,  La  plupart  des  éditeurs  :   «  abealh  ». 

4561.  Kcmble  :  «  reafod  ». 


536 


BKOW  I  LI 


on-boren  beaga  hord, 

bene  ge  tithad 

fea-sceaftû  men. 

Free  scëawode 

fïra  fyrn-ge-weorc 

[fjorman  si'the  ; 

thà  se  wvrm  on-wôc 

wrôht  wvts  ge-nlwad, 
4570  stone  thâ  œfter  stâne, 

stearc-beort  on-fand 

feôndes  f6t-[ljâst  ; 

hê  to  forth  ge-st6p 

dyrnan  crœfte 

dracan  heâfde  neâh  ; 

swâ  mseg  un-fœge 

eâthe  ge-digan 

wëan  and  wrœc-sith, 

se  the  wa  Id  en  des 
4580  hyldo  ge-healdeth . 

Hord-weard  sohte 

georne  œfter  grunde, 

wolde  guman  findan 

thone  the  hi  on  sweofote 

sâre  ge-teode  ; 

hât  and  hreôh-mod 

hlsewii  eft  ymbe-hwearf 

[fol.  181  a.] 

ealne  [utan]-weardne 

nethaer  œnig  mon 
4590  on  thaem  wëstenne, 

hwaetre  hilde  ge-féh, 

befadu  !-weorces  hwilû 


Celui-ci 

porta  à  son  seigneur-,  la  coupe 
massive;  il  supplia  son  suzerain 
de  lui  faire  remise  de  sa  peine  :  le 
trésor  fut  découvert;  le  trésor  des 
anneaux,  fut  ravi  :  sa  prière  fnl 
accordée  à  l'homme  hors  la  loi, 
et  son  seigneur  contempla  le  tra- 
vail antique  des  hommes. 

Sitôt  que  le  dragon  s'éveilla,  il 
redoubla  de  fureur  :  il  flaira  les 
rochers  à  l'entour;  la  rage  au 
cœur,  il  découvrit  la  trace  des  pas 
de  son  ennemi  :  celui-ci  s'échappa, 
par  un  pouvoir  secret,  en  passant 
près  de  la  tête  même  du  dragon, 
et  l'homme  prédestiné,  que  pré- 
servait la  grâce  du  Dieu  Tout- 
Puissant,  put  aisément  fuir,  loin 
de  la  douleur  et  du  danger  de 
l'aventure.  Le  gardien  du  trésor 
cherchait  avec  acharnement,  sur 
le  sol  :  il  voulait  trouver  l'homme, 
celui  qui  durant  son  sommeil,  lui 
avait  fait  cette  injure.  Brûlant  et 
féroce,  il  allait  et  venait  autour  de 
ses  monceaux  (d'or),  parcourant 
toute  la  montagne,  sans  trouver 
d'homme  dans  la  solitude.  Mais  il 
aimait  le  combat,  et  se  plaisait 
aux  efforts  de  la  lutte  :    .    .    .    . 


4562.  Kemble  :  «  oth-broden  »;  Thorpe  :  «  oth-boren  ».  Bugge  propose  : 
«  bear/a  daêl  »,  en  alléguant  que  la  répétition  de  «  hord»,  est  une  faute  du 
copiste. 

4588.  Kemble,  Grundtvig,  Thorpe,  Wùlcker  etHeyne  :  «  hlaeio  riû  ». 

4590.  Kemble  :  «  thaem  »  ou  «  thaere  »  ;  Grein  :  «  haethe  »,  pour  l'alli- 
tération.  Heyne  :  «  [traps']  on  thâere  wëstenne  ». 


HKOWI  LF 


537 


on  beorh  »t-hw  earf 
sinc-fci*t  sôhte  ; 

hé  thaet  sôna  on-f  and  |, 

tha't  haefde  gumena  su 

goldes  ge-fandod, 

heâh-ge-streôna. 

llord-weard  on -bad 
4600  earforth-Hce 

oththset  aefen  ,  cwômj  ; 

wœs  thâ  ge- bo  I  gen 

beorges  hyrde, 

wolde  fêla  thâ 

lïge  for-gyldan, 

drinc-fset  dyre. 

Thâ  waes  dœg  sceacen 

wyrme  on-willan, 

no  on  wealle  keg 
4610    ne  bfdan  wolde, 

ac  mid  baele  for, 

fyre  ge-fysed  ; 

was  se  fruma  eges-lïc 

leodû  on  lande, 

swâ  hyt  lungre  wearth 

on  hyra  sinc-gifan 

sâre  ge-endod . 


U  revint  à 

la  montagne,  et  il  chercha  parmi 
la  vaisselle  précieuse. 

Il  découvrit  bientôt  que  quel- 
qu'un, que  certain  homme  avait 
touché  à  son  or,  et  à  ses  trésors 
magnifiques.  Le  gardien  des 
richesses  attendit  impatiemment 
que  la  nuit  fût  venue  :  «à  cette 
heure,  le  berger  de  la  montagne 
entra  en  fureur  :  il  voulait,  en 
soufflant  la  flamme  dans  l'étendue 
de  la  contrée,  se  payer  de  la  perte 
de  la  chère  coupe,  où  il  buvait. 
Alors,  pour  la  joie  du  serpent,  le 
jour  s'en  fut  :  il  ne  voulait  demeu- 
rer plus  longtemps  sur  son  emi- 
nence, mais  il  s'avança,  vomis- 
sant des  flammes,  et  tout  brûlant. 
Le  commencement  du  fléau  dans 
le  pays,  fut  terrible  au  peuple,  et 
bientôt  il  devait,  en  se  précipitant, 
s'achever  pour  lui  en  douleur, 
dans  la  personne  de  son  prince 
bien-aimé. 


XXXIII 


XXXIII 


Thâ  se  gaest  on-gan 
glédû  spîwan, 
4621)  beorht  hofu  baernan  ; 
bryne-leôma  stôd 
eldum  on  andan  ; 
no  th'aerl  âht  cwices. 


Alors  l'étranger  se  prit  à  vomir 
des  flammes,  et  h  brûler  les  claires 
demeures. 


4004.  Jiui»£e  :  0  se  lalha  ». 


4(>09.  Kemblo  et  Thorpe  :  «  leng  ». 


338 


111  f.W  I   I.I 


lâth  [yfl  (loga 
lee  fan    w  ol  <lc  : 

fol.  181  1 

WJI'S  lllil'S    WVIIIII'S    wig 

wide  gc-sv  ne], 
ne  aro-fâges  nith 
iic'ni  and  feorran, 
4()3o  lui  s  e  gûth-sceatha 
(  i en  la  leôde 

hatode  and  hvn [de    : 

hord  eft  ge-scëat, 

drvht-sele  dyrnfne], 

a '!•  dœges  h  wile. 

Haefde  land-wara 

[lï]ge  be-fangen, 

ba>le  and  bronde  ; 
-  ;       beorges  ge-truwode 
4O40  wiges  and  wealles, 

hi  seo  wén  ge-leah. 

Tha  \va3S  Bio-wulfe 

broga  ge-cy[th]ed 

sniide  to  sôthe, 

thaet  his  sylfes  him, 

bolda  sélest, 

brvne-wylmû  mealt,     !  ' 

gif-stul  Geâta  ; 

thaet  tha  god  an  wses 
46  5  o  hreow  [o]n  hrethre, 

hyge-sorga  mœst  ; 

wénde  [s  |e  wisa 

thaet  hë  wealdende, 

ofer  ealde  [riht,  f 

écean  dryhtne 

bitre  ge-bulge; 

[bjreost  innan  weôll 

theostru  ge-thoncum, 

swa  hi  ge-th5rwe  ne  wœs. 


Les  flammée  terriflaienl  les  hom- 
mes,   et    lr    serpent    maudit,    en 

volant  à  Iravi'rs  les  airs,  n'en 
laissait  poinl de  \  i vaut .  Les  hosti- 
lités du  dragon  étaienl  très  mani- 
festes, ainsi  que  la  perfidie  du 
monstre  aux  couleurs  variées,  et 
ton  sa  rail  combien  ce  fléau  (Je 
guerre  haïssait  et  persécutait  le 
peuple  des  Gêats:  A  son  trésor  il 
retourna,  à  son  antre  secret;  avant 
l'aube.  Il  avait  investi  Its  habi- 
tants du  pays,  de  feu,  de  flammes  ; 
il  les  avait  frappés  de  foudres.  // 
avait  foi  en  sa  montagne,  en  sa 
fureur  guerrière,  en  sa  citadelle  : 
mais  l'espoir -lui  mentait.  Fuis 
cette  terrible  nouvelle,  à  là  vérité, 
fut  annoncée  en  hâte  à  Béowulf  : 
que  son  propre  palais,  le  meilleur 
des  édifices,  avait  été  détruit  sous 
des  vagues  de  feu }  —  le  trône  et 
les  trésors  des  Geats  ! 

Ce  fut  pour  le  bon  prince  à  /'âme 
ardente,  la  plus  sensible  des  pei- 
nes :  le  roi  pensa  qu'il  avait  gra- 
vement offensé  le  Tout-Puissant, 
le  Seigneur  éternel,  en  violant 
l'ancienne  loi  :  son  cœur  était 
empli  de  sombres  pensées,  comme 
jamais  il  ne  lui  était  ainsi  advenu. 
Le  gardien  de  flammes,  qui  veil- 
lait sur  /'antre,  avait  entièrement 
détruit  par  le  feu,     .     .     .     .     . 


4645.  Wiilcker  :  «  him  »;  Conybeare,  Kemble  :  «  ham  », 


HKOW  I  LF 


839 


.\(W)o  Heefde  fig  draca 

leôda  feeten, 

ëalojûd  utan, 

eorth-weard  thone, 

gledD  for-grunden  :        ;    . 

hi  th.i's  gi'ith-kyning, 

Wedera  thiôden, 

wraece  leornode. 

Iléht  hï  thé  eê  wrcean 

wigendra  hleô 
4670  eall  (renne, 

eorla  dry  h  ten, 

wig-bord  wreeWfc  : 

wis  se  hë  gear  we 

[fol.  182  a.] 

thaet  hT  holt-wudu 

heflpan]  ne  meahte, 

lind  withlïge  ; 

sceôlde  thend  daga   • 

fetheling  a?r-gôd 

ende  [ge]-bidan 
4680  worulde  lifes, 

and  se  wyrm  somod, 

theâh  the  hord-welan 

heoldelanfge  ]* 

Ofer-hogode  thà 

hringa  fengel 

thaet  hf1  thone  wïd-fïogan 

weorode  ge-sohte, 

sïdan  herge, 

ik')  hë  hï  thâ  sœcce  on-dred  ; 
4690  né  him  thees  wyrm  es  wig 

for  wiht  dyde, 


la  consistance 

e\  du  peuple,  et  de  l'île  dans  son 
étendue.  De  cela,  le  roi  de  la 
guerre,  le  prince  des  Westerns,  lui 
fil  éprouver  le  châtiment.  Alors 
l'espoir  des  comtes,  ordonna  qu'on 
lui  forgeât  un  bouclier  ciselé,  tout 
de  fer  :  il  savait  bien,  en  effet, 
qu'un  bouclier  de  bois  n'eût  pu  le 
protéger  :  le  bois  de  tilleul  étant 
opposé  à  la  11  am  me. 

Lui,  le  prince  à  la  bonté  éprou- 
vée, était  condamné  à  vivre  la 
fin  des  vains  jours  de  la  vie  du 
monde  :  et  avec  lui,  le  dragon, 
quoique/  eut  longtemps  possédé 
les  trésors  amoncelés.  Le  prince 
d°s  anneaux  fut  trop  orgueilleux 
pour  aller  trouver  le  monstre  qui 
vole  au  loin,  avec  une  troupe  et 
une  suite  nombreuse.     ... 


4675.   Le  manuscrit  manque  au  coin  du  feuillet. 

4677.  Kemble  :  «  laen-daga  ». 

4684.  Quand  Frdtho,  fils  d'Hadding,  va  combattre  le  dragon,  il  est  sans 
compagnons.  Saxo,  livre  II  :  «  Solitarius  in  insulam  trajicit,  ne  comitatior 
belluam adoriretur,  quam  A.thletas  aggredi  moris  f'uernt  ». 


540 


IIEoWliLF 


eafotli  and  ellen  ; 

for  thon  hë  œr  Cela 

nearo-néthende 

nîtha  ge-dfg  de], 

hilde-hlemma, 

syththan  hê  Hrôth-gàr[es] , 

sigor-eâdig  secg, 

sele  fa'lsodè, 
4700  and  set  gfùthe]  for-grâp 

Grendeles  msegû 

lâthan  cynnes  : 

no  thyet  latest  w  <es 

hond-ge  [môta] 

thaer  mon  Hyge-lâc  slôh  ; 

syththan  Geâta  cyning. 

gûthe-raesum 

freâ-wine  fol  ces, 

Frës-Iondumon, 
47 1  o  Hrëthles  eafora 

hioro-dryncum  swealt, 

bille  ge-beât[en]  ; 

thonan  Bio-wulf  côm 

sylfes  crrefte, 

sund-nytte  dreâh  ; 

hœfde  hT  on  earme 

[fol.  182  b.] 

XXX. 

hilde-geâtwa 

Ihâ  hê  thô  holme  [stâ]g; 
4720  nealles  het-ware 

hrém  ge-thorftfonl 

fëthe  wiges, 

the  hi  foran  on-gëan 

linde  bœron  : 

Ivt  eft  be-ewôm 


Il  De  crai- 
gnait pas  pour  lui  même,  ce  com- 
bat, et  ne  faisait  aucun  cas  des 
victoires  du  dragon,  de  sa  force, 
ni  de  sa  valeur,  car  lui-même, 
auparavant,  en  présence  d'invinci- 
bles obstacles,  avait  vaincu  en 
plus  d'une  entreprise,  dans  le 
tumulte  de  bien  des  batailles, 
depuis  que,  guerrier  familier  du 
succès,  il  avait  purifié  le  palais 
d'Hrothgar,  et  s'était  mesuré  avec 
la  parenté  de  Grendel,  de  la  race 
maudite  qu'il  avait  détruite.  Ce  ne 
fut  pas  le  moins  terrible  des  com- 
bats, que  celui  où  l'on  massacra 
Hygelac  ;  après  que  le  roi  des 
Geats,  le  Seigneur  et  l'ami  des 
peuples,  le  rejeton  d'Hrethel  eût 
péri  dans  les  attaques,  percé  des 
glaives,  abattu  d'un  coup,  chez 
les  Frisons.  De  là,  Beôwulf  revint, 
par  le  secours  de  sa  seule  force, 
par  l'avantage  qu'il  avait  de 
nager  :  il  portait  sur  les  bras,  le 
poids  de  trente  armures,  quand  il 
se  prit  à  voguer  sur  la  mer  pro- 
fonde. En  aucune  manière,  ses 
ennemis  n'eurent  raison,  dans 
leur  ardeur  guerrière,  de  se  van- 
ter de  /'avoir  attaqué,  à  l'abri  de 
leurs  boucliers  :  un  petit  nombre 
d'entre  eux  échappèrent  au  loup 
de  guerre,  et  rentrèrent  à  leur 
foyer 


4717.   Le  manuscrit  a  une  lacune  à  ce  vers,  et  Grein  la  comble  ainsi  (?) 
«  [ana]  thrittig  ». 

4723.  Kemble  :  «  forons. 


BEOWULF 


541 


frâ  thâ  hi  Id  fraecan, 

liâmes  niôsan  : 

ofer-swam  thé 

siôletha  bi-gong 
473o  sunu  Ecg-theôwes, 

ea  rm  ân-haga, 

eft  tô  leôdû, 

thaer  him  hygd  ge-beâd 

hord  on  rTce 

bëagas  ond  brego-stôl  ; 

bearne  ne  trûwode, 

thaet  hë  with  ael-fyloû 

éthel-stôlas 

healdan  eût  he, 
4740  thâ  wœsHyge-lAc  dead. 

Nô  thy  œr  feâ-sceafte 

findan  meahton 

aet  thâ  aethelinge 

[sejnige  thinga, 

thaet  hé  Heard rëde 

hlâf-ord  [w]œre, 

oththe  thone  cyne-dôm 

ciôsan  wol[d  je  ; 

hwaethre  hë  hï  on  folce 
47D0  freônd-lârû  heôld, 

éstû  mid  are 

oththcet  hë  yldra  wearth, 

Weder-Geâtû  weôld. 

Hyne  wraec-mœcgas 

ofer  sâe  sôhtan, 

suna  Oht-eres  ; 

hsefdon  hy  for-healden 

helm  Scylfinga, 

thone  sélestan 


.  .  .  Alors  le  tils  d'Ecgtheow, 
misérable  et  solitaire,  nagea  sur  la 
Irace  delà  baleine,  jusqu'aux  rives 
de  son  peuple,  où  Hygd  lui  offrit 
des  anneaux,  et  un  trône  : 

//  n'avait  pas  foi  en  son  tils, 
pour  tenir  dignement  le  trùne  de 
son  père,  et  pour  le  défendre  contre 
les  nations  étrangères.  Hygelac 
était  mort  :  le  peuple  infortuné  ne 
put  obtenir  plus  tùt  du  noble  héros, 
qu'il  devînt  le  maître  d'Heardred, 
ou  qu  il  prit,  pour  lui-même,  le 
royaume  sans  partage.  Mais  il 
aida  le  fils  du  roi  de  ses  conseils 
affectueux,  parmi  le  peuple,  et  il 
gouverna  les  Weder-Geats, jusqu'à 
ce  que  le  jeune  homme  avançât 
en  âge,  vivant  en  joie  et  en  hon- 
neur. Les  fds  de  la  vengeance,  la 
postérité  d'Ohthere  vinrent  le  trou- 
ver, par  delà  les  mers.  Ils  avaient 
fendu  le  casque  du  chef  des  Scyl- 
finos,  du  meilleur  des  rois  de  la 
mer,  de  ceux  qui  dans  Swio-rice, 
distribuaient  les  trésors  :  —  un 
prince  fameux,  en  vérité  ! 


4726.   Kemble  :  «  hfrecan  ». 
4741).  Thorpe  :  «  hine  »> 
4755.  Kemble  :  «  sohton  ». 


o!42 


ItKOWl  IF 


4760  sfie  <\\  àinga 

thâra  the  in  Swio-nVe 

sine*'  brytnade, 

mâerne  theôden  : 

loi.  183  a. 

hi  thael  tô  mearce  wearth  : 

hé    thaèr  or-feorme 

feorh-wunde  Meat, 

sweor  des  swen gum, 

sunu  Hyge-laces, 
.:'  and  [himt  eft  gé-wàt 
4770  Ongeh-thiôes  beam 

hâ[-mes]  ni('>san, 

syththan  Heardrëd  lœg  ; 

let  thone  brego-stôl 

Biô-wulf  healdan, 

Geétû  wealdan  ;# 

thaet  wœs  gôd  cyning. 

XXXIV 

SO  tlues  leod-hryres 
lean  ge-rnunde 
uferan  dôgrû, 
4780  Ead  gilse  wearth 
feâ-sçeaftû  freônd  ; 


C'était,  défâ,  pour  lieu  11I1  i'<l,  un 

présage  !  En  ces  lieux,  le  fils  bVHj 
gëlac,  privé  de  la  vie  reçut  par  la 
destinée,    une  blessure   mortelle 
parmi  le  balancement  des  glân 
et    le    (ils    d'Ongentheow    revint 
visiter     ses    demeures,    puisque 
Il  card  red  avail   été   massacré.   // 
laissa  Beôwulf monter1  Sur  le  trône, 
et  régner  sur  les  Geats  :  ce  fut  là, 
un  bon  roi  ! 


XXXIV 

(Beowulf)  songeait  à  venger  la 
ruine  du  peuple  :  en  des  jours 
plus  lointain,  il  devint  /'ami  d'Ead- 
gils  qui  était  dans  la  détresse  :  il 
donna  au  fils  d'Othere,  de  quoi 
traverser  la  mer  étendue,  avec  des 
Guerriers    et   des  armes  ;    .    .    . 


4702.  En  saxon,  le  verbe  faisant  suite  à  «  thara  the  »,  est  mis  au  singulier, 
s'il  se  rencontre,  déjà,  un  nominatif  singulier.  Le  sens  reste  attaché  à  la 
personne,  et  n'est  pas  transporté  à  ceux,  avec  qui  la  personne  est  comparée. 
«  thara  »,  se  comporte  comme  une  sorte  de  génitif  indéterminé  :  «  gehirylc 
thara  »,  tout  homme  au  monde.  Son  sens  devient  plus  limitatif,  quand  la 
personne  à  laquelle  il  s'applique,  est  plus  déterminée  :  «  thone  sélestan  », 
le  meilleur  :  il  est  souvent  renforcé  d'un  pronom,  tel  que  «  gehirylc  »... 
Exemple  de  ce  cas,  avec  «  aénig  »  :  «  Beowulf  »,  v.  1679,  2922,  5465; 
Cod.  Verc.  I,  764  ;  —  avec  «  aéghwylc  »  :  «  Beowulf  »,  v.  2095  ;  Cod.  Verc. 
ï,  48  ;  —  avec  «  gehwylc  »  :  «  Beowalf  »,  v.  196,  1986,  4198.  Cf.  Psalt.  p.  4  : 
«  Hwisynd  swa  maenige  minra  feonda,  thara  theme  swenrafh  ». 

4705.  (irein  :  on  feorme  »  ;  Ileyne  etMoller  :  «  for  feorme  » . 


BEOWULF 


543 


folçe  ge-stépte 

Ofe  r    58e  side 

nu  nu  Uht-eres 
wigû  and  waepnû  : 
bë  ge-wraec  svththan 
cealdû  cear-sithum, 
cyning  ealdre  bi-neât« 
Swé  hê  nil  ha  go- h  wane 

4700  ge-nesen-lnofde, 
sli'thra  ge-slyh  ta  , 
sunu  Ecg-thiâwes. 
ellen-weorca, 
oth  thone  ânne  daeg 
the  hë  vith  thâ  wyrme 
ge-wegan  sceolde. 
Ge-wât  thâ  .XII. a  sd 
torne  ge-bolgen, 
dryhten-Geâta, 

4800  dracan  sceawiai  n  ; 
ha'fde  thé  ge-frûnen 
h  wan  an  siô  fa?hth  â-ràs, 
bealo-nith  biorna  : 
hi  tp  bearm  [cwôm] 

[fol.  183  b. 
màththû-faet  rmere 
thurh  thœs  ra[elda]n  hond, 
se  wa?es  on  thâ  dreate 
threottëo  thai  secg, 
se  tha^s  or-leges 

4810  ôp  on-stealde, 

haeft  [hy]ge-giômor, 
sceolde  hean  thonon 
won  g    wlïsian  ; 


et  lui 

Eadffils,  dans  une  triste  et  mor- 
telle rencontre,  priva  le  roi  de  la 
vitv 

Ainsi  le  fils  d'Ecglheow  avait-il 
triomphé  en  toute  prouesse  de 
valeur,  de  toutes  embûches,  en 
tout  âpre  combat,  jusqu'à  ce  que 
le  jour  vint  où  il  dut  se  mesurer 
avec  le  ver  (de  feu).  En  compagnie 
de  treize  comtes  parmi  les  Geats, 
il  se  mit  en  route,  la  rage  au  cœur, 
pour  contempler  le  dragon.  Il 
avait  pu  découvrir  l'endroit  d'où 
sortait  le  maudit,  le  monstre  fatal 
aux  guerriers  :  la  fameuse  coupe 
du  trésor  était  venue  en  sa  posses- 
sion, par  la  main  du  traître  qui 
était  le  treizième  homme  de  la 
troupe,  —  et  la  cause  de  /'origine 
du  conflit.  Contraint,  et  l'esprit 
soucieux,  il  dut,  effrayé,  les  guider 
à  travers  la  plaine  : 


4782.  Heyne  :  «  fêond\...  folce  gèstepte  ».  Dans  cette  interprétation,  et 
dans  les  vers  suivants,  «  sunu  »  est  au  nominatif,  et  «  cyning  »  se  réfère  à 
Eadgils.  En  s'en  lenanl  ;'i  la  lecture  du  manuscrit,  «  sunu»,  est  à  l*acciisâtif,: 
et  «cyning  »  se  rapporte  à  Onela.  Et  le  sens  est  alors  le  suivant  :  «  En 
aidant  Eadgiles  coutre  Onela,  Beowulf  tire  vengeance  des  Frisons.  » 


:;  i  ï 


BKOWULF 


be  ofer  willan  qion^ 

to  thaes  the  he  eorth-sele 

an  ne  wisse, 

hlâew  under  [h  rusan, 

holm -wy  I  me  néh, 

vth-ge-vinne; 

4820  se  \\;«>s  innan  full 
wraetta  and  wïra  ; 
weard  un-hiôre, 
gearo  guth-freca, 
gold -math  mas  heuld, 
eald  under  eorthan  : 
naes  thaet  ythe  ceap 
to  ge-gangenne 
gumena  senigu. 
Ge-saet  thâ  on  nœsse 

483o  nith-heard  cyning, 
thenden  haelo  â-beâd 
heorth-ge-neâtû, 
goId-[w]ine  Geàta, 
him  wœs  geomor  sefa, 
waefre  and  wsel-Ms, 
wyrd  un-ge-mete  neâh, 
se  thone  gomelan 
grétan  sceolde, 
sécean  sâwle-hord, 

4840  sundur  ge-daelan 
I  if  with  lice  ; 
nô  thon  lange  wœes 
feorh  sethelinffes 
fla3sce  be-wunden . 
Biô-wulf  mathelade 
beam  Ecg-theôwes  : 
fela  ic  on-giogothe 
guth-raesa  ge-nœs, 
ôr-leg-hwila  ; 

4850  ic  thaet  eall  ge-inon  : 


il  allait  ainsi 

contre  son  gré,  quand  il  aperçut 
une  caverne,  creusée  sous  la  terre, 
près  du  flot  de  l'océan,  —  et 
contre  laquelle  se  brisaient  les 
vagues. 

L'antre,  à  l'intérieur,  était  plein 
d'ornements  en  relief  et  de  fils 
(d'or).  Un  gardien  sauvage,  prêt  à 
la  guerre,  et  féroce,  (vivant)  depuis 
longtemps  sous  la  terre,  veillait 
sur  Cor  fabuleux,  qu'il  n'était  aisé 
pour  aucun  homme,  d'obtenir. 
Donc,  le  roi  dur  à  la  guerre,  s'as- 
sit sur  le  promontoire,  cependant 
qu'il  faisait,  lui,  le  prince  des 
Geats,  —  ses  adieux  aux  compa- 
gnons de  son  palais.  Triste  était 
son  Ame  indécise,  mais  prête  à  la 
la  mort  :  le  Destin  le  touchait 
presque,  prompt  à  accueillir  le 
vieux  guerrier  ;  à  ravir  le  trésor 
de  son  âme  ;  à  séparer  sans  retour, 
la  vie  de  son  corps.  Et  la  vie  du 
noble  héros  ne  devait  plus  être 
longtemps  emprisonnée  dans  sa 
chair.  Beôwulf,  le  fils  d'Ecgtheow. 
parla  :  «  J'ai  dans  ma  jeunesse, 
traversé  bien  des  assauts  de 
guerre,  et  vécu  plus  dune  heure 
de  bataille  ! 

«  Je  me  souviens  de  tout  cela  ! 
J'avais  sept  ans,  quand  le  prince 
des  trésors,  le  seigneur  ami  des 
peuples  me  prit  à  mon  père.    .    . 


4837.  Wùlcker  :  «  seo  ». 


IŒOWULF 


545 


lc  waes  syfan-wintre 

[fol.  184  a.] 
tliâ  mecsiofca  bal]dor, 

freâ-wine  folca, 

set  minCi  faîdferej  ge-nam  ; 

heôld  mêc  and  haefde 

Hrethel  cyn[ing], 

geaf  mo  sine  and  symbel, 

sibbe  ge-mund[e]  ; 

nœs  ic  hi  to  life 
4860  lâthra  6-wihte, 

beorn  [in]  burgu, 

thon"  his  bearna  hwyle, 

Here-be[ald],  and  Hœth-cyn, 

olhthe  Hyge-lâc  mine. 

Wses  thâm  yldestan 

un-ge-défe-lice, 

mœges  deedu,, 

morthor-bed  strëd, 

syththan  hyne  Hœth-cyn 
4870  of  horn-bogan, 

his  freâ-wine, 

flâne  ge-swencte, 

miste  mercelses, 

and  his  maeg  o[f]-scét, 

brôthôr  ôtherne, 

blôdigan  gare  ; 

thaet  w[aes]  feoh-leâs  ge- 

[feoht, 

fyrenû  ge-syngath  : 

Hreth[el]  hyge-méthe. 
4880  Sceôlde  hwa3thre  swâ  theâh 

aetheling  un-wrecen 

ealdres  linnan, 

swâ  bith  geômor-lic 

gomelû  ceorle 


Le  roi 

Hrethrel  me  nourrit  et  nVéleva, 
nie  donnant  le  trésor  et  le  festin, 
et  se  souvenant  de  notre  parenté. 
Dans  la  vie  du  palais,  je  n'étais 
pas  moins  cher  au  guerrier  que 
Tun  de  ses  enfants:  Herebeald  et 
Haethcyn.  et  mon  cher  Hygelac. 
Pour  l'aîné,  par  la  faute  de  son 
frère,  il  fut  prématurément  étendu 
sur  la  couche  de  la  mort,  quand 
Haethcyn,  son  allié  et  ami,  l'eût 
tué  dune  flèche,  tirée  à  fare  de 
corne  !  H  manqua  son  but,  et  il 
atteignit  son  parent,  —  car  ils 
étaient  frères  entre  eux,  —  d'un 
trait  sanglant,  décoché  de  loin. 
C'était  là  un  crime  odieusement 
perpétré,  et  que  l'argent  ne  pou- 
vait racheter. 

Hrethrel  fut  abattu  par  la  dou- 
leur. Néanmoins  le  noble  enfant, 
sans  vengeance,  dut  quitter  la  vie  : 
car  il  est  si  triste  pour  un  vieil- 
lard, d'endurer  que  son  jeune  fils 
se  balance  à  un  gibet  !     .     .     .    . 


4868.  )>  morthor-bed  stred   ».    Cf.    Cod.   Verc.    I,  2184 
sty  red  » . 


«  Mid  bed d 


35 


546 


iti  «>\\i  LP 


ti'i  ge  bidanne 

iliac!  his  byre  ride 

giông  on  galgan  : 

thon  hë  gyd  wrece, 

aarigne  sang, 
4890  thon  his  su  nu  hangath 

href  ne  to  hrôre, 

and  hé  hï  helpan  ne  mœg, 

raid  and  in-frod 

âenige  ge-fremman  : 

synable  bith  ge-myndgad 

morna  ge-hwylce 

[eafor]an  ellor-sith  : 

[fol.  184  1». J 

ôthres  ne  gymeth 

tô  i;e-bidanne 
4900  burgu  in  in nan 

yrfe-weardas, 

tii  on  se  an  hafath 

thurh  deâthes  nyd 

daxla  ge-fondad  : 

ge-syhth  sorh-cearig 

on  bis  suna  bure 

win-sele  wéstne, 

wind-ge-reste. 

reotebe-rofene  : 
4910  îidend  swefatb 


ïtonc  il  ha 

faut  seulement  chanter  un  triste 
chant,  pend  a  ni  que  ion  Q)s  esi 
livré  en  pâture  aux  corbeaux,  et 

que  lui-même,  vieux  et  infirme, 
ne  peut  lui  venir  en  aide  !  Sans 
cesse,  chaque  matin  lui  rappelle 
la  mort  de  ta  postérité.  //  se  soucie 
peu  de  l'espoir  d'attendre,  du  haut 
de  ses  tours,  un  autre  héritier, 
quand  le  premier,  déjà,  a  su  hi 
l'épreuve  de  la  vie,  et  l'étreinte 
subite  de  la  mort  ? 

Soucieux  et  se  lamentant,  il  voit 
dans  les  demeures  de  son  fils,  la 
salle  du  vin  déserte  :  le  vent  seul 
/'habite;  seuls,  ses  bruits  y  reten- 
tissent : 


4891.  A  «  hrore  »,  dans  le  manuscrit,  un  «  tli  »  a  été  ajouté,  de  sorte  que 
ce  mot  y  est  ainsi  écrit  :  «  hrothre  » . 

On  doit  lire  ici,  «  hrothre  ».  Il  n'y  a  pas  en  anglo-saxon  de  substantif 
«  hror  ».  Le  sens  général  commande  «  hrother  »,  bienfait.  Cf.  v.  4338  de 
«  Beowulf  ».  Gaedm.  62  :  «  to  hleo  and  to  hrother  ».  Cod.  Ex.  25.  Cod. 
Verc.  1,225.  1437. 

4892.  Kemble  :  «  helpe  ». 

4901.  Thorpe  :  «  yrfe-weardes  ». 

4908.  Thorpe  :  «  ge-raeste  ». 

4910.  «  ridend  »,  est  ici  l'équivalent  de  l'allemand  du  xne  siècle,  «  ritter  » 


BKOWIILF 


541 


fueleth  in  liothnian  ; 
nis  thaer  h(\!ij>a ii  vwég, 
gomen  in  geardu, 
swvlco  I  liner  \i\  w  aron. 

XXXV 

Ge  wfteth  thon  on  sealman, 

sorh-leôth  gaeleth 

an  avfter  and  : 

thiîhte  him  eall  to  ru 

wongas  and  wfc-stede, 
4920  Swa  Wedra  helm 

a'fter  Here-bealcle 

heortan  sorge 

weatlende  vneg, 

wihte  ne  meahte 

on  thâm  feorh-bonan 

fâeghthe  ge-bétan  ; 

no  thy  8BF  he  thone  heatho- 

rinc 

hatian  ne  meahte, 

latho  m  dœdô, 
40 3o  theah  hi  leôf  ne  wnes. 

He  tha  mid  Ulcere  sorhge 

the  hT  sio  sar  be- lamp, 

g5 -dream  of-geaf, 

Godes  leoht  ge-ceâs  ; 

eaferû  lœfde, 

(swâ  déth  eàdig  mon) 

lond  and  leod-byrig, 


.  .  .  les  guerriers  et  les  comtes 
y  dorment  à  jamais,  dans  les 
ténèbres-  En  ces  demeures,  comme 
autrefois,  ne  résonnent  plus  ni 
les  échos  de  joie,  ni  le  son  de  la 
harpe. 

XXXV 

En  ces  temps,  il  se  prit  à 
chanter,  à  chanter  des  lais  de 
tristesse,  Pun  après  l'autre.  Toute 
chose  lui  semblait  trop  vaste  :  et 
les  plaines  désertes i  et  le  palais 
abandonné!  Ainsi  le  chef  des 
Westerns  portait  en  son  cœur,  des 
larmes  de  douleur  pour  llere- 
beald  :  et  toujours,  il  ne  pouvait 
se  venger  du  crime,  sur  le  meur- 
trier :  et  quoiqu'il  s  en  fît  un 
reproche,  il  était  également  inca- 
pable de  se  déterminer  à  haïr  le 
guerrier  chargé  de  ce  forfait. 

Donc,  dans  la  tristesse,  depuis 
que  cette  douleur  l'avait  accablé, 
il  renonça  à  la  joie  du  monde,  et 
choisit  la  lumière  de  Dieu.  // 
laissa  à  ses  descendants,  ainsi  que 
le  fait  un  homme  riche,  ses  terres 
et  sa  métropole^  quand  il  quitta 
la  vie 


(eques,  caballero,  unczvs).  Et  le  mot  usuel,  pour  désigner  un  chevalier,  était, 
sous  les  premiers  rois  normands,  «  riderez. 

4(J2tJ.  keniule  :  «  faéhthe». 

1934 .  Kemble  :  «  sorge  ». 

4932.    Thorpe  :  «  (ha  ». 


548 


BEOWl  IF 


thé  hë  of  life,  ge-wât. 

Thâ  [wœs]  synn  and  sacu 
[fol.  185  a. 
4940  Sweôna  and  (ieâla, 

ofer    w  id  ivjeter 

wroht  ge-maene, 

here-nith  heard[ra  |, 

syththan  Ilrêthel  swealt  ; 

oththc  liï  Ongen-theowes 

eaferan  waeran 

fro  me  fyrd-hwate 

freode  ne  woldon 

ofer  heafo  healdan, 
4q3o  ac  ymb  Hreosna-beorh 

eatoflne]  in-wit-scear 

oft  ge-fremedon  : 

thaet  infaeg]  wine 

mine  ge  wraecan 

fcohtheand  firene, 

s wâ  hit  ge-frœge  wœs, 

theâh  the  other 

his  ealdre  ge-bohte, 

heardan  ceâpe  ; 
4960  Haeth-cynne  wearth, 

Geâta  dry  ht  ne 

giith  on  saeg[e]  : 

thâ  ic  on  morgne  ge-freegn 

mfieg  6th erne 

billes  ecgù 


.  .  .  11  y  avait  alors  un  conllil 
entre  les  Suédois  et  les  Geats,  sur 
le  vaste  océan,  des  dissensions 
communes,  et  des  dispositions 
hostiles  chez  les  guerriers,  après 
iju'llrethel  fût  mort;  jusque-là, 
déjà,  les  fils  d'Ongentheow,  braves 
et  fiers  à  la  guerre,  n'avaient  pas 
voulu  maintenir  la  paix  sur  la 
mer,  mais  souvent  autour  d'Hreos- 
nabeorh,  Us  préparaient  de  terri- 
bles embûches.  Un  mien  compa- 
gnon pourrait  raconter  les  crimes 
et  les  offenses,  tels  qu'ils  ont  été 
connus  de  tous,  et  de  quelle  ma- 
nière ils  ont  été  vengés  chèrement, 
au  prix  de  la  vie  des  coupables  ! 
Encore  pour  Haethcyn,  le  chef 
des  Geats,  la  guerre  fut-elle  fatale. 
Là,  au  matin,  comme  je  l'appris, 
l'un  des  frères  vengea  /  autre  sur 
le  meurtrier,  à  la  pointe  du  glaive, 
quand  Ongentheow  se  rencontra 
avec  Eofor  ;  son  casque  de  com- 
bat céda,  et  le  vieux  Scylfîng 
tomba  évanoui  :  il  se  rappelait 
bien  et  la  force  de  sa  main,  et  ses 
exploits,  mais  il  ne  para  pas  le 
fatal  élan  du  glaive 


on  bonan  staelan 
thaer  Ongen-theo 
Eofores  niosath  ; 


4946.  Kemble  :  «  waeroti  ». 

4951.  Kemble  :  «  atolne  ». 

4951.  Le  manuscrit  porle  deux  fois  «  ge  »  par  incorrection  :   «  ge  ge- 
fremedon  ». 

4908.  Grein  :  «  niosade  ». 


BEOWTLK 


549 


giitli-helm  tô-glâd  ; 
4070  gomela  Scylfing 

lire  a  s  blâc, 

hond  ge-munde 

fœhtho  ge-nôge, 

feorh-sweng  ne  of-teâh  : 

ic  hl  tha  math  mas 

the  hê  më  seal  de 

geald  set  gûthe, 

swâ  më  gifethe  wœs, 

leôlitan  sweorde  ; 
4080  hê  më  lond  for-geaf, 

eard  éthel-wy[n]  : 

naes  him  aenig  thearf 

thaet  hë  tô  Gifthy, 

oththe  tô  Gâr-denu, 

oththe  in  Swio-rice, 

sécean  thurfe 

[wyrs]an  wïg-frecan, 

[fol.  185  b.] 

weorthe  ge-cypa[n]. 

[Swylce]  ic  hï  on  fethan 
4990  be-foran  wolde, 

âna  on  orde, 

and  swâ  tô  aldre  sceall 

sœcce  fremman, 

thenden  this  sweord  tôlath 

thaet  mec  aer  and  sith 

oft  ge-Iœste, 

syththan  ic  for  dûgethû 

daeg-hrefne  wearth 

tô  hand-bonan 
5ooo  Hûga  [ce]mpan  : 

nalles  hê  thâ  frœtwe 

Frës-cyning[el, 


J'ai  payé 

avec  mes  armes  promptes  à  la 
guerre,  comme  il  me  fut  donné 
(de  le  faire),  les  trésors  dont  il  me 
fit  présent.  Il  (Hrethel)  me  donna, 
en  effet,  des  champs,  un  terri- 
toire, et  la  joie  de  posséder  un 
patrimoine  :  point  n'était  besoin 
pour  lui  de  recherche  à  prix 
d'or,  de  moindres  guerriers,  parmi 
les  Gifthas,  ou  les  Gardenes,  ou 
dans  Swiorice. 

Ainsi,  à  la  bataille,  je  le 
devançais,  toujours  seul,  dans  la 
mêlée,  et  ainsi  le  ferai-/e,  de 
toute  rua  vie,  aussi  longtemps 
que  durera  ce  glaive  qui,  récem- 
ment, et  en  des  temps  lointains, 
m'a  souvent  servi  :  quand  par 
ma  bravoure,  je  tuai  de  mes 
mains  le  corbeau  du  jour,  Hugh, 
le  guerrier  :  il  ne  put  nullement 
apporter  le  trésor,  /'ornement 
pectoral  au  roi  des  Frisons,  mais 
lui,  gardien  de  /'étendard,  fut 
renversé  dans  la  lutte  :    .     .     .     . 


4969.  Cf.  Cod.  Verc  I,  250  :  «  niht-helm  to-glad  ». 
4971.  Grein  ajoute  au  manuscrit  :  «  [heoro-]blac  »r 
499Kf  Kemble  ;  «  daeg-hroefne  » , 


:>;>() 


BEOWULF 


brcnst  -worthunge 

bringan  môste, 

ac  in  cempan  ge-erong 

rumbles  hvrdc, 
tetheling  on  elne. 
Né  wii's  ecg  bona, 
ac  In  hilde  grâp 

5oio  heortan  wylmas, 
bân-hûs  ge-bnec. 
Nii  sceall  billes  ecg, 
bond  and  heard  sweord, 
ymb  hord  wigaûi. 
Beô-wulf  mathelode 
beôt-wordiï  sprœc 
nïehstan  sithe  : 
ic  ge-néthde  fela 
gutha  on  geôgothe, 

5o2b  gyt  ic  wylle, 

frod  folces  weard, 
fachthe  sécan 
mœrthû  freminan, 
gif  mec  se  mân-sceatha 
of  eorth-sele 
ut  ge-séceth. 
Ge-grëtte  tha 
gumena  ge-hwylcne, 
hwate  helm-berend, 

5o3o  hindeman  sithe, 
swaese-ge-  sîthas 
Nolde  ic  sweord  beran, 
waepen  to  wyrme, 


gif  ic  wiste  hu 


[fol.  186  a. 


with  tham  ag-kecean 
elles  meahte 


5005.  Kenible  :  «  in  compe  »> 
r>009.  Thorpe  :  «  Ic  him  ». 


mon 

glaive  ne  le  lit  point   périr,  mais 

mon  (''Ireinte  lui  brisa  le  cœur,  et 
la  carcasse.  Maintenant  aussi,  la 
pointe  du  glaive,  la  m;iin  et  le 
dur  acier  vont  guerroyer  pour  le 
trésor  !  » 

Beôwulf  s'àd ressaut  à  eux,  leur 
parla  pour  la  dernière  fois,  en 
termes  menaçants  :  «  —J'ai  risqué 
ma  vie  en  bien  des  batailles,  dans 
ma  jeunesse,  et  encore  le  ferai-je  : 
pasteur  âgé  de  mon  peuple,  je 
perpétrerai  le  massacre  ;  j'accom- 
plirai l'œuvre  de  gloire,  si  l'inique 
fléau  me  vient  chercher  hors  de 
sa  caverne  !  »  Alors,  il  fit  ses 
adieux  à  chacun  des  hommes,  lui 
(Beôwulf)  qui  portait  hardiment 
le  casque  ;  il  salua  ses  chers  com- 
pagnons, pour  la  dernière  fois  : 
«  —  Je  ne  prendrai  (dit  il)  ni 
glaive,  ni  toute  autre  arme  contre 
le  dragon,  si  je  savais  que  je 
pusse  serrer  étroitement  le  mau- 
dit, comme  je  le  fis  autrefois,  de 
Grendel  ;  mais  je  gage  que  ce 
combattant  de  feu  est  brûlant, 
féroce,  et  empoisonné  :  .     .     .     . 


5023.  KembLe  et  Bugge  :  «  maertho  ». 


«B0\<  MF 


551 


gylpe  with-gripan 
swé  ic  giô  with 
Grendle  dyde  ; 
5040  at  if  thaer  1 1 0 a 1 1 1  u  1  * \  ivs 

hâte  S      \\  (MIC, 

0  retfoes  .nid  hâttres  ; 
for-thon  ic  më  on  hafu 
bord  and  byrnan  : 
nelle  ic  beorges  weard 
ofer-fleon 
fûtes  I  rem 

ac  nnc  see  all    woorthan  aêt 

wealle 
swâ  nnc  wyrd  ge-teoth, 
5o5o  metod  manna  ge-lnwes  : 
ic  eom  on  mode  from 


thaet  ic  with  thone  giïth- 


flogan 


gylp\>f~er  -sitte; 
ge-bide  gë  on  beorge 
byrnû  werede, 
secgas  on  searwu, 
hweether  sél  maege 
a^fF  va^l-raese 
wunde  ge-dygan, 
5o6o  uncer  twéga. 

Nis  thœteower  sith, 
né  ge-met-mannes, 
ne  fne]  mïn  ânes, 
wat  hê  with  âg-lœcean 


c'est  pon  r- 

quoi  je  porte  sur  moi  le  bouclier, 
et  la  cotte  de  mailles  ! 

«  Je  ne  rec nierai  point  d'un  senl 
pas,  dormit  le  gardien  de  la  mon- 
tagne ;  mais  en  présence  de 
l'obstacle,  Dieu,  la  Providence  de 
tout  homme,  nous  sera  en  aide  ! 
J'ai  l'orgueilleux  dessein  d'attein- 
dre à  la  gloire,  en  combattant 
contre  le  monstre,  brave  et  ailé. 
Te  nez- vous  sur  la  montagne, 
guerriers,  couverts  de  vos  cottes 
et  de  vos  armures,  et  v>oyez  lequel 
des  deux  combattants,  doit  se 
relever  de  sa  blessure,  après  la 
mêlée 


5042.  Heyne  :  «  refîtes  and-hâttres  » . 

Il  convient  de  lire  :  «   affres  ».   L'allitération    est  sur   «  le  »,  non  sur 
«  hafu  ». 

5046.  Ce  vers  est  incomplet  au  point  de  vue  rythmique.  ËttmÙll'èr  ctGreih 
proposent  :  «  [feo/td]  oferfleon  »  ;  Heyne  :  «  feond  Unhyre  ». 

5047.  Kemble  :  «  tremmum  ». 
5060.  Kemble  :  <«  twegra  ». 

5064.  La  plupart  des  éditeurs  et  Kemble  :  «  thaef  »,  nu  lieu  de  ti  ivat  >k 


o52 


BKOWULF 


eofotho  da±Ie, 

eorl-8cype  efne  : 

ic  mid  el  ne  sceall 

goldge-gangan, 

nth  the  gùth  nimeth, 
5070  feorh-bealu  frëcne, 

freân  eowerne. 

A'-râs  thâ  bï  ronde 

rôf  ôretta, 

heard  under  helme, 

hioro-sercean  ba?r 

under  stân-cleofu  ; 

strengo  ge-truwode 

ânes  mannes  ; 

ne  bith  swylc  earges  sith. 
3o8o  Ge-seah  thâ  be  wealle 

(se  the  worna  fela, 

[fol.  i86  b.] 

gû-cystù  gôd, 

gûtha  ge-dïgde, 

hilde-hlemma 

thon  hnitan  fêthan), 

stôdan  stân-bôgan, 

streâ  ût  thonan 

brecan  of  beorge  ; 

wses  thœre  burnan  wœlm 
3090  heatho-fyrû  hat, 

ne  meahte  horde  neâh 

un-byrnende, 

âenige  hwile 

deôp  ge-dygan, 

for  dracan  lëge. 


.  •  .Ce  n'est  point  là  une  entre- 
prise pour  vous,  ni  pour  tout 
autre  homme,  excepté  moi  seul, — 
d'aller  faire  effort  contre  le  mau- 
dit, et  ^/'accomplir  la  prouesse 
héroïque.  Par  mon  courage,  j'ob- 
tiendrai /'or,  ou  la  guerre  qui 
ravage  la  vie,  vous  ravira  sans 
merci,  votre  seigneur  !  » 

Alors  le  guerrier  fameux,  au 
bouclier  redoutable,  se  leva,  le 
casque  bien  fixé  et  vêtu  de  la 
cotte  de  mailles,  il  s'avançait  sous 
les  cavités  de  la  falaise  :  il  avait 
foi  en  sa  seule  force  :  et  une  telle 
entreprise  ne  sied  point  au  lâche  ! 
Lui,  brave  et  magnifique,  qui 
dans  plus  d'une  guerre  avait  eu  le 
succès,  —  dans  le  tumulte  des  ba- 
tailles, quand  se  heurtaient  les 
troupes,  —  Beowulf,  aperçut  du 
haut  des  pierres  sur  lesquelles  il 
était  monté,  un  torrent  qui  se  pré- 
cipitait des  flancs  de  la  montagne  : 
les  flots  en  étaient  brûlants,  comme 
la  flamme  de  guerre!  Le  héros  ne 
put  réussir  à  descendre  près  du 
trésor,  même  un  instant,  sans  être 
arrêté  par  la  cuisson  du  feu  du 
dragon 


5065.  Kemble  :  «  earfotke». 

5085.  Kemble  :  «  hnitomn. 

5086.  Kemble  :  «  stodon  ».  La  plupart  des  éditeurs  :  «  sto[n~\dan  ». 
5092.  Kemble  :  «  un-birnende  », 

5094.  Kemble  :  «  f/edîgan  ». 


BEOWULF 


553 


Lêt  thi  of  breôstû, 

(ha  he"  ge-bolgcn  was. 

Weder-Geâta  leôd 

word  ût  fa  ran  : 
bioo  stearc-heort  styrmde, 

stefn  in  be-côm 

heatho-torht  hlynnan 

under  hârne  stân  : 

hete  waes  on-hrêred, 

hord-weard  on-cnïow 

mannes  reorde  ; 

na?s  thaer  m  ara  fyrst 

freôde  tô  friclan, 

frô  aerest  cwôm 
5 1  io  orath  âg-laeeean 

ût  of  stâne, 

hât  hilde-swât  : 

hriise  dynede, 

biorn  under  beorge 

bord-rand  on  swâf 

with  thâm  gryre-gieste 

Geâta  drybten. 

Thé  wœs  hring-bogan 

heorte  ge-fysed 
5 120  sœcce  tô  séceanne  : 

sweord  œr  ge-braed 

gôd  guth-cyning, 

gomele  lâfe, 

ecgû  un-gleâw  : 

seg-hwœthrû  waes 

bealo-bycgendra 

[brô]ga  frâ  othru  : 

[fol.  187  a. 

stlth-mùd  ge-st(3d 

with  steâpne  rond 
5i3o  winia  bealdor  ; 

thâ  se  wyrm  ge-beâh 


.  .  .  Ace  moment,  le  chef  des 
Weder-Geats,  dans  sa  colère, 
laissa  déborder  ses  paroles  :  un 
violent  orage  grondait  en  son 
oenr  vaillant.  Sa  voix  sortit  en 
accents  guerriers,  et  résonna  sous 
/'Apre  rocher  :  la  haine  fut  excitée. 
Le  gardien  du  trésor  reconnut  la 
voix  de  l'homme  :  il  n'y  avait 
plus  longtemps  de  paix,  pour  le 
guerrier  !  D'abord  s'éleva  des 
pierres,  /'haleine  du  monstre, 
chaude  et  sanglante  ;  la  terre 
gronda  ;  le  héros,  le  seigneur  des 
Geats,  se  mit  en  garde,  à  /'abri  du 
bouclier,  contre  le  féroce  étranger. 
En  cet  instant,  le  cœur  du  dragon 
à  la  croupe  annelée,  fut  prêt  à 
combattre,  et  le  brave  roi  de 
guerre  avait  déjà  brandi  son 
glaive,  l'antique  legs',  au  dur 
tranchant.  Dans  leur  pensée  sau- 
vage, ils  éprouvaient  de  la  terreur, 
l'un  de  /'autre.  Le  prince  des 
féaux  se  tenait  inébranlable,  cou- 
vert par  son  large  bouclier. 


£124.  Busse  :  nuns fâir  », 


:>:iï 


BKOWl  Ll 


snûde  t<'t  somne 

hë  on  searwum  bâd  : 

ge-wât  thâ  b  y  nie  n  de 

ge-bogeu  scrftha  a 

tô  g-scipe  scyndan; 

m -y  Id  welge-bearg 

li'f]  «ind  lice 

laessan  hwile 
5140  meerû  theôdne 

thonnfe)  lii.s  mynesohte, 

thaer  hë  thy  fyrste, 

form  an  dôgore, 

wealdan  mùste, 

swa  him  wyrd  ne  ge-scràf 

hreth  œt  hilde. 

Hond  û[p]  â-brœd 

Geâta  dry  h  ten, 

gryre-fâhne  slo[h] 
5i5o  incge  lâfe, 

thaet  siô  ecg  ge-wâc 

brun  on  bane, 

bât  un-swîthor, 

thoïi  his  thiôd-cyning 

thearffe]  hœfde, 

bysigû  ge-baeded. 

Thâ  wœs  beorges  weard 

œfter  heathu-swenge 

on  hreôum  mode, 
5 160  wearp  wâel-fyre 

wide  sprungon 

hilde-leoman  : 

hrêth  sigora  ne  gealp 

gold-wine  Geâta, 

gûth-bill  ge-swfic 

nacod  œt  nithe 


Mais  le  serpenl  se  replia  rapide- 
ment sur  lui-même,  et  il  attendit, 
en  embuscade  :  alors  il  s'avança, 
brûlant,  el  déroulanl  ses  anneaux, 
pour  chercher  la  bataille.  Certes, 
le  bouclier  protégeait  bien  et  la 
vie,  et  le  corps  du  prince  fameux, 
pendant  la  durée  du  combat  qu'il 
espérait  court,  en  ce  premier  jour 
où  il  devait  forcer  la  victoire  : 
mais  le  destin,  pour  lui,  n'en 
ordonna  pas  ainsi.  Le  seigneur 
des  Geats  leva  la  main,  et  frappa 
le  monstre  aux  effroyables  cou- 
leurs, avec  le  glaive,  /elegs  d'Ing, 
de  sorte  qui\  en  faussa  la  pointe, 
qui  se  brunit  à  la  brûlure  de  fos. 
L'acier  pénétra  avec  moins  de 
force  que  le  puissant  roi,  las  de 
fatigues,  ne  l'avait  espéré.  Donc 
le  gardien  de  la  montagne  fut 
plein  de  fureur  de  ce  coup  guer- 
rier :  il  vomit  de  funestes  flam- 
mes :  il  fit  rayonner  au  loin,  les 
feux  de  la  guerre. 


5136.  Heyne   adopte  ici    la   correction    de   Mùllenhoff  :    «    scrithàn   to 
gescife  scyndan  »,  «  se  montrant,  avançant  ». 

5150.  Thorpe  :  «  Tncges  ».  Cf.  Ing,  roi  des  Danois  du  Sud. 


ltloWULF 


555 


swâ  h\  te  m'»  sceolde 
ire ii  œr-gôd, 

in»1  wfles  thaet  éthe  sfth.) 
5 1 70  thaët  se  meera 

maga  Ecg-themves 

grund-wong  thone 

of-gyfan  wolde, 

sceôlde  willan 

Nvic  card  i  an 

elles-hwergeto  ; 

swâ  sceal  fieg-hwylc  mon 

[Vol.  187  b.] 

à-laetan  Ueen-dagfasj. 

Naes  tha  long  to  thon 
5 1 80  thaet  tha  âg  lrecean 

hy  eft  ge-métton  ; 

hyrte  hyne  hord-weard, 

hrether  aethme  weôll 

niwan  stefne  ; 

nearo  "thrlôwode 

fyre  be-fongen 

se  the  œr  folce  weôld  : 

nealles  him  on  hêape 

heand-ge-steallan, 
5 190  Bethel  in  ga  beam, 

ymbe-ge-stodon, 

hilde-cystu  ; 

ac  hy  on  holt  bugon 

ealdre  burgan  : 

hiora  in  ânû  weôll 

sefa  with  sorgù  ; 

sibb  aefre  ne  mœg 

wiht  on-wendan 

thâ  the  wel  tenceth. 


Le  prince  des  (jieats  ne  s'enor- 
gueillil  pas  d'une  victoire  glo- 
rieuse :  /'arme  trompa  son  attente 
—  impuissante  au  combat  — 
comme  n'eiU  pas  dû  être  un  acier 
d'aussi  vieille  trempe.  Ce  n'était 
point  là  une  entreprise  facile,  de 
sorte  que\e  fils  illustre  d'Ecgtheow, 
devait  perdre  le  terrain,  et  aller 
habiter  en  un  autre  monde,  de 
même  que  chacun  doit  quitter  les 
tristes  jours  de  cette  vie  !  Les  com  - 
battants  acharnés  furent  encore  et 
bientôt,  près  l'un  de  l'autre  :  le 
gardien  du  trésor  résistait,  la  poi- 
trine brûlant  des  feux  de  son 
haleine,  et  il  redoubla  de  cla- 
meurs. Beowulf  qui,  auparavant, 
avait  régné  sur  le  peuple,  souf- 
frit cruellement,  enveloppé  de 
flammes. 

Ses  compagnons  prochains,  les 
fils  des  nobles,  ne  vinrent  nulle- 
ment, braves  et  magnifiques,  se 
serrer  en  phalange,  autour  de 
lui  :  mais  ils  s'enfuirent  vers  la 
forêt,  pour  sauver  leurs  vies  ! 
Cependant,  le  cœur  de  l'un  d'eux 
était  rempli  de  douleur  :  pour 
l'homme  aux  loyales  pensées,  rien 
ne  peut  jamais  l'affranchir  des 
devoirs  de  l'amitié  ! 


5167.  Kemble  :  «  hit  ». 

5173.  Kemble  :  «  ofgifan  ». 

5174.  ttieger  :  ofer  willan  »  ;  Grein  :  «  wijrmes  willan  ». 
5189.  La  plupart  des  éditeurs  :  «  hand  ». 


M\(\ 


IlKOW  I   II 


WW  I. 


XXXVI 


5 200  Wig- 1 à  f  \va\s  1 1  <iten 

Weox-stânes  sunn, 

leôf-lfc  lind-wiga, 

leod  Scylfinga, 

ma  eg  /Elf-heres  : 

ge-seah  his  mon-dryhten 

under  here-griman 

hat  thrôwian  : 

ge-mûnde  thâ  thâ  are 

the  he  him  aer  for-geaf, 
52 10  wlc-stede  weligne 

Wâeg-mu  n  d  i  nga, 

folc-rihta  ge-hwylc 

swâ  his  fœder  âhte. 

Ne  mihte  thâ  for-habban, 

hond-rond  ge-fêng, 

geolwe  linde, 

gomel-swyrd  ge-teâh, 

thœt  wœs  mid  eldum 

Ean-mundes  laf 
5220  suna  Oht-ere[s] 

[fol.  188  a.] 

thâ  aet  soecce  wearth 

(wrfaacj  wine-leâsû) 

Weoh-stânes  bana 

mëces  ecg-[um], 

and  his  magû  aet-baîr 

brun-fagne  helm, 

hringde  byrnan, 

eald  sweord  etonisc 

thaet  hi  Onela  for-geaf, 
523o  his  gœdelinges 

giith-ge-wœdu, 

fyrd-searo  fûs-lic  ; 

no  ymbe  thâ  fa3hthe  spra^c, 


Wiglaf  était  son  nom  :  il  était 
fils  de  Weohstan,  rare  héros  du 
bouclier,  chef  des  Scyldings,  et 
féal  d'.EIfhere.  Or,  il  vit  son 
seigneur  bien-aimé  souffrir  des 
flammes,  sous  son  casque.  Alors 
il  se  rappel  la  les  faveurs  que 
Beowulf  lui  avait  autrefois  accor- 
dées, et  le  riche  palais  des  Waeg- 
mundings,  et  toutes  les  charges 
publiques  dont  son  père  avait  été 
investi. 

En  cet  instant,  il  ne  put  se  con- 
tenir. //  saisit  son  bouclier  au  bois 
teint  en  fauve;  il  tira  son  glaive 
antique  qui,  parmi  les  hommes, 
était  regardé  comme  l'héritage 
d'Eânmund,  fils  d'Ohthere,  dont 
Weohstan  fut  le  meurtrier,  dans 
une  bataille,  à  la  pointe  du  glaive  : 
(il  le  châtia  sans  merci),  et  à  son 
compagnon  il  enleva  le  casque 
aux  bruns  reflets,  la  cotte  annelée, 
le  vieux  glaive  géant  qu'Onela  lui 
avait  donné  ;  /'équipement  de 
guerre,  et  tout  ce  qui  sert  au 
combat.  'Jamais  il  ne  parlait  de 
ce  meurtre,  bien  qu'il  eût  conduit 
en  exil  le  fils  de  son  frère.  .     .     . 


,  Kemhle  ;  «  Weoh-stan  bana  », 


It  KO  \\  IL  F 


557 


theàh  t lie  hê  his  brôthor 

[beam 

à- bred  wade  : 

hê  fraetwe  ge-heôld 

fêla  missera, 

bill  and  by rua n, 

othtluet  liis  byre  milite 
5240  eorl-scipe  efnan 

swa  liis  aer  fœder. 

(ieaf  hï  thâ  mid  Geâtù 

giith-ge-waeda 

aeg-hwaes  un-rim, 

thâ  hê  of  ealdre  ge-wât 

frod  on  forth  weg  : 

th  aetj  v<es  forma  sîth 

geôngan  cempan 

th^aet]  hê  gûthe-raes 
525o  mid  his  freô-thryhtne 

fremman  sceôlde  : 

nege-mealt  hï  se  môd-sefa, 

né  his  maegenes  làf 

ge-wâc  set  wîge, 

tha  se  wyrm  on-fand 

syththan  hie  to-gœdre 

ge-gân  hœfdon. 

Wïg-Iâf  mathelode 

word-rihta  fêla, 
5260  saîgde  ge-sithû, 

h!  wa3S  se  fa  geomor  : 

ic  thaet  [eall ]  ge-man 

[fol.  188  b.  | 


Lui 

(Weohstan),  conserva  pendant 
mainte  année,  le  trésor,  les  armes, 
et  la  cotte,  jusqu'à  ce  que  son  fils 
put  accomplir  des  exploits,  comme 
son  père  lavait  fait  avant  lui. 
Donc,  en  présence  des  Geats,  il 
lui  donna  une  variété  grande 
d'armes  de  guerre,  sans  compter, 
—  quand  il  quitta  la  vie,  âgé,  pour 
entrer  dans  les  voies  de  la  mort. 

C'était  la  première  fois  que  le 
jeune  guerrier  allait  livrer  assaut, 
avec  son  libre  seigneur,  son  cou- 
rage ne  l'abandonna  pas,  et  le 
legs  de  son  parent  ne  s'affaiblit 
point  entre  ses  mains,  comme  le 
serpent  en  fit  l'épreuve,  quand 
tous  deux  vinrent  à  se  mesurer. 
Wiglaf  parla  :  il  dit  à  ses  co  .  pa- 
gnons  de  justes  paroles,  et  son 
âme  était  pleine  de  douleur  : 
«  —  J'ai  souvenir  de  toutes 
choses  :  


5253.  Ettmûller  :  «  maegesy». 

5255.  Thorpe  :  «  thaet  » . 

5262.  Il  faut  lire,  en  ce  passage,  «  eal  »,  au  lieu  de  «  mael  ».  Hiallo  chante 
dans  le  înêine  sentiment  : 

«  dulce  est  nos  domino  percepta  rependere  doua, 
acceptare  euses,  famœque  împendere  ferrum, 


558 


HUOWIJLF 


thaer  wê  medu  thëgun, 

thou  ni!   wè*  ge-héton 

ûssu  hlâf-orde 

in  biôr-sele, 

the  lis  thâs  beàgag  geaf, 

thaet  wë  In  thâ  gûth-getâwa 

gyldan  wold  on, 
5270  gif  hT  thys-licu 

thearf  g-lupe, 

helmas  and  hoard  sweord  ; 

the  he  usic  on  herge  ge- 

Tceas 

t(')  thyssu  sith-fate 

sylfes  willu, 

on-munde  usic  maTtha, 

and  mê  thas  mathmas  geaf, 

thê  hê  ûsic  gâr-wigend 

gode  tealde, 
5280  hwate  helm-berend  : 

theâh  the  hlâf-ord  us 

this  ellen-weorc 

âna  â-thohte 

tô  ge-fremmanne, 

folces  hyrde, 

for-tha  ha  manna  msest 

maertha  ge-fremede, 


.  .  .  .  quand  noue  renions  la 
bière  ;   quand    nous  promettions 

dans  la  salle  des  libations,  a 
notre  seigneur  qui  nou>  distri- 
buait les  anneaux,  que  nous  le 
paierions  en  retour,  de  nos  armes, 
de  nos  casques  et  de  nos  durs 
glaives,  s'il  se  trouvait,  comme  à 
présent,  réduit  à  quelque  extré- 
mité ! 

«  Quand,  de  son  propre  mouve- 
ment, il  nous  choisit  de  sa  suite, 
pour  cette  expédition,  il  nous 
rappela  notre  bon  renom,  et  me 
donna  ces  trésors  ;  il  ajouta  qu'il 
nous  tenait  pour  de  bons  guer- 
riers, portant  hardiment  le  cas- 
que ;  et  cependant,  notre  seigneur, 
le  pasteur  du  peuple,  a  pensé  à 
achever  cette  prouesse,  seul,  loin 
de  nous,  parce  que  de  tous  les 
hommes,  il  a  conquis  le  plus  de 
gloire,  et  accompli  les  exploits  les 
plus  follement  héroïques  !    .    .     . 


enses  theutonici,  galeœ.  armillœquê  nitentes, 
loricœ  talo  immisce,  quas  contulit  olim 
Rolvo  suis,  memores  acuant  in  prœlia  mentes. 
Res  petit,  et  par  est,  quœcumque  per  otia  summa 
nacti  pace  sumus,  belli  ditione  mereri.  ». 

(Saxo,  lib.  II,  p.  83). 
5263.  Kemblc  :  «  fhegon». 

5268  etsuiv.   Cf.  Tacite,  Germania,  XIV  :  «  Les  guerriers  viennent  solli- 
citer les  libéralités  de  leur  prince,...  quand  leur  lance  est  victorieuse,  et 


tachée  de  sang, 


». 


5274.  Kemble  :  «  sith-faete  » 
5286.  Zupitza  :  «  fortkau  ». 


HEOWl  LF 


559 


daeda  dol-licra  : 
mi  is  se  daeg  cumen 

?2()o  thaet  Tire  man-dry  liten 

meegenes  be-hôfath 

god  i  a  gutli  rinca  : 

wiitun  gangan  to 

helpan  hild-fruman, 

thenden  hit  sy 

gled-egesa  grim. 

God  wat  on  mec 

thaet  mi"  is  micle  leofre 

thaet  minne  lic-haman 
53oo  mid  minne  gold-gyfan 

g  lêd  fa?  t  h  mie  : 

ne  thynceth  mê  genrysoe 

thaet  wë  rondas  heren 

eft  tôearde, 

nemme  wë  âer  maegèn 

fane  ge-fyllan, 

feorh  ealgian       i  fol.  197  a. 

Wedra  theodnes. 

le  wàt  gear  [ë] 
53 1 <>  tliaet  meron  eald  ge-wyrht, 

thaet  he  ana  scyle 

Gë[àta]  dûguthe 

gnorn  thrôwian, 

ge-sigan  aetsaecce  : 

ûrû  sceal  sweord  and  helm, 

hyrne  and  byrdu  scrud, 

^beôn]  ge-msene. 


.  .  .  Mainte- 
nant, le  jour  est  venu,  où  notre 
cher  seigneur  réclame  nos  forces, 
et  de  bons  guerriers  :  Allons  ! 
Allons  vers  lui  :  aidons  notre 
chef,  toute  cuisante  et  terrible 
que  soit  la  morsure  du  feu  !  Pour 
moi,  Dieu  sait  que  je  serais  même 
heureux,  que  la  flamme  enve- 
loppât mon  corps,  avec  celui  du 
héros  qui  m'a  donné  l'or  ! 

«  Il  me  para  ft  honteux  que  nous 
ramenions  au  pays,  nos  boucliers, 
sans  avoir  d'abord  terrassé  ^en- 
nemi,  et  défendu  les  jours  du 
prince  des  Westerns.  Je  sais  assez 
que  ce  n'était  pas  /'usage  autre- 
fois, que  lui  seul,  sans  le  secours 
des  Geats,  dût  souffrir  en  détresse, 
et  tomber  dans  la  lutte  !  Aussi,  à 
nous  deux  seront  communs  glaive, 
casque,  cotte,  et  lourde  armure  !  » 
Alors,  il  traversa  les  tourbillons 
de  la  fumée  fatale,  et  porta  son 
casque  de  guerre  à  /'aide  de  son 
seigneur.     .     •     •     •     •     •     .     • 


5300.  Kemhle  :  «  minum  ». 

5301.  Zupiiza  :  u  faethmie  »  ;  Wiilcker  :  «  faethmiae  ». 

5302.  Kemble  :  «  gerisene  ». 
5310.  Kemble  :  «  ge-rith  ». 

.>:U5.  Zupil/îi  el  Kemble  :  «  urum-sceat  » . 

5317.  Cf.    v.  3504.   Anal.  20,    130.  Cod.   Ex.  26  (Fornal.  Sôg.  I,  221) 
«  bona  skal  ykkr  bathum  ». 


560 


BKOWLLF 


Wôd  thé  thurli  thone  wœl- 

l'raec, 

vis-h'ea    folan  baer 
5320  freân  on  fultû  ; 

feâ  worda  c[waeth]  : 

leôfa  Biô-wulf 

best  eall  tela 

swâ  Dj ii  on  g[eô]guth-fëore 

geara  ge-twaede, 

thaet  thii  ne  â-laete 

be  thé  lifigendû 

dômge-dreosan  : 

scealt  nu  dâedû  rôf, 
533o  œtheling  an-hydig, 

ealle  mœgene 

feorh  ealgian, 

ic  thé  ful-laestu . 

/ftfter  thâm  wordù 

wyrm  yrre  cwôra, 

âtol  in-wit-g[aest], 

ôthre  sitfee, 

fyr-wylmû  fâh, 

fionda  niô[san], 
5340  lâthra  manna  : 

lig-ythù  for-born 

bord  w[ith]  rond, 

byrne  ne  meahte 

geôngû  gâr-wigan 

geôce  ge-fremman  ; 

ac  se  maga  geônga 

undfer]  his  maeges  scyld 

elne  ge-eôde, 

thâ  hisâgen  [wœs] 


.    .    .     .  //  dit  quelques  paroles  : 

«  —  Cher  Beowulf,  accomplis 
bien  tout  ce  qu'en  tes  jeunes 
années  tu  promettais,  déjà  :  que 
tu  ne  souffrirais  point,  tant  que 
durerait  ta  vie,  que  la  justice  fût 
vaincue  ! 

«  Aujourd'hui,  toi  qu'ont  rendu 
fameux  tes  hauts  faits,  tu  vas, 
noble  à  l'âme  droite,  défendre  ta 
vie  de  toutes  tes  forces  :  je  t'assis- 
terai !  »  Après  ces  paroles,  le 
serpent  vint  furieux,  plein  de 
cruelles  embûches,  tout  enveloppé 
de  vagues  ignées,  pour  se  ren- 
contrer une  seconde  fois  avec  ses 
ennemis,  les  hommes  qu'il  haïs- 
sait. Sous  un  flot  de  feu,  il  con- 
suma le  bouclier  par  les  bords.  La 
cotte  ne  fut  d'aucun  secours  au 
jeune  guerrier,  mais  hardiment,  il 
vint  s'abriter  sous  le  bouclier  de 
son  seigneur,  puisque  le  sien  avait 
été  réduit  en  cendres  par  les 
flammes 


5318.  Kemble  :  «  réc  ». 
5325.  Kemble  :  «  ge-cwaede  ». 

5341.  Kemble  :  «  for-barn  ». 

5342.  Kemble  :  «  ronde». 


HKOWULF 


561 


535o  gledù  for-grunden. 

Thâ-gën  gùth-cyaing 
meertha]  ge-munde, 

msegen-strengo, 

slôh  hilde-bille 

[thaet]  hyt  on  heafolan  stôd 

nithe  ge-nyded, 

Naegling  for-baerst, 

ge-swâc  set  sœcce 

sweord  Bio-wulfes 
536o  Gomol  and  grâeg-mâel. 

In  thaet  gifethe  ne  waes 

[fol.  197  b.] 

[thaet]  hï  irenna 

ecge  mi  h  ton 

helpan  aet  hilde; 

wees  siô  hond  to  strong 

se  the  mêca  ge-h'wane, 

mine  ge-fraege, 

swenge  ofer-sôhte 

thon  hë  tô  saecce  bser 
5 3 70  waepen  wundû  heard  ; 

nees  him  wihte  thé  sél. 

Thâ  waes  theod-sceatha 

thriddan  sithe, 

frëcne  fyr-draca, 

fâehtha  ge-myndig  ; 

raesde  on  thone  rôfan 

thâ  hï  rû  â-geald, 

hât  and  heatho-grim 


A  son  tour,  le  roi  de 

guerre  se  souvint  de  sa  renommée, 
de  sa  force  puissante  :  il  frappa 
de  son  glaive  qui,  balancé  avec 
fureur,  se  tint,  menaçant,  sur  la 
tête  du  dragon.  L'acier  de  Nagling 
s'ébrécha  :  elle  fit  défaut  à 
Beôwulf,  dans  le  combat,  la  vieille 
lame,  aux  taches  de  rouille  ! 

11  ne  lui  fut  pas  accordé  de  se 
servir  efficacement  du  tranchant 
du  glaive,  à  la  bataille  :  comme  je 
l'ai  entendu  rapporter,  la  main 
était  trop  forte,  qui  brandissait 
l'arme  trempée  dans  les  blessures  : 
elle  en  faussait  à  chaque  coup,  la 
portée  ;  c'était,  pour  le  héros,  un 
désavantage.  Encore  te  fléau  re- 
doutable, le  serpent  furieux  vomis- 
sant la  flamme,  fut-il  prêt  à 
/'attaque,  une  troisième  fois  :  il 
s'élança  sur  le  prince  renommé  : 
en  cette  rencontre,  il  lui  rendit 
chèrement  son   coup 


5357.  Le  nom  du  glaive  de  Beôwulf,  rappelle  celui  de  Theodoric,  «Naglh- 
ringur  »,  Wilk.  Sag.  XVI. 

5362.  Kemble  :  «  irenne  ». 

5363.  Kemble  :  «  ecga  ». 

5367.  Kemble  :  «  ge-fraegn  ». 

5370.  Wùlcker  :  «  wundum  »;  Thorpe  :    «  wundrum  »,  —  forme  qui  se 
retrouve,  au  vers  98  du  «  Wanderer  »  :  «<  wundrum  heah  ». 

3G 


562 


BKOWTLK 


heals  ealneymbe-fëng 
538o  biteran  banû, 

hë  ge-blôdegod  wearth 
sâwul-driôre, 

swât  ythu  weôll. 


Brûlant  et 

féroce,  il  lui  saisit  le  col  entier 
(Mitre  ses  grilles  cruelles  :  il  lui 
couvert  du  sang  de  vie,  qui  bouil- 
lonna comme  le  (lot. 


xxx  vu 


XXXVII 


lluiic  aet  thearfe  [gefraegn] 

theùd-cyninges 

and-longne  eorl 

ellen  cythan, 

craeft  and  cénthu, 

swâ  him  ge-cynde  waes  : 

53go  ne  hédde  hë  thaes  heafolan, 
ac  siô  hand  ge-barn 
môdiges  mannes, 
thaer  hë  his  maegenes 

\ healpé ; 
thaet  hë  thone  nith-gœst 
niothor-hwéne-slôh, 
secg  on  searwû, 
thaet  thaet  sweord  ge-deâf 
fâh  and  faeted  ; 
thaet  thaé?t  fyr  on-gon 

5400  swethrian  syththan  : 
thâ-gën  sylf  cyning 
ge-weold  his  ge-witte, 
wœl-seaxe  ge-braed, 
biter  and  beadu-scearp 
thaet  hë  on  byrnan  wseg  : 
for-wrât  Wedra  helm 

[fol.  189  a.] 
wyrm  on  middan 
feond  ge-fyldan 


On  raconte  que  le  comte  dans 
la  lutte,  fit  preuve  d'audace,  de 
force,  et  de  courage,  en  assistant 
son  grand  roi,  comme  c'était  son 
devoir  de  le  faire.  Il  n'avait  point 
souci  de  se  couvrir  de  son  ar- 
mure, et  la  main  du  hardi  guer- 
rier brûla,  tandis  qu'il  secourait 
son  allié,  et  qu'il  frappait  bas, 
l'étranger  ennemi.  Le  jeune  guer- 
rier armé,  frappa  de  telle  sorte 
qu'il  plongea  le  glaive  à  la  poi- 
gnée ciselée  et  massive  ;  après 
quoi,  les  flammes  commencèrent 
à  diminuer.  A  son  tour,  le  roi 
retrouva  ses  esprits  :  il  brandit 
son  glaive  fatal,  cruel  et  tranchant 
à  la  guerre,  et  qu'î/  portait  sur 
son  armure 


5393.  Wùlcker  :  «  maegenes  »  ;  Kemble  :  «  maeges  » 

5394.  Kemble  :  «  tha  ». 


KEOWTI.F 


563 


ferh-ellen  wraec, 

5410  and  In  by  ne  tha  bégen 

â-broten  hœfdon 

sib  aethelingas, 

1  swylc  sceolde  secg  wesan 

thegD  set  thearfe.) 

thaetthâ  tlieod ne  waes 

sithas  sige-hwfle 

sylfes  daedû 

worn  lde]-ge-\veorces, 

thé  siô  wund  on-gon 
5420  the  hï  se  eiorthj-draca 

a?r  ge-worhte 

swelan  and  swellan  : 
hr    thaet  sôna  on-fand 

thaet  hi  on  breostu 

bealo-nithj  weoll, 

fit  tor  on  inn  an  : 

thâ  se  aetheling  giong 

thaet  h<~  bï  wealle 

wïs-hycgende 
3430  ge  s;et  on  sesse; 

seah  on  enta  ge-weorc, 

hii  thâ  stân-bogan, 

stapulu  faeste, 

éce  eorth-reced 

innan  healde. 

Hyne  thâ  mid  banda 

beoro-drëôrigne 

th[eo]den  mœrne, 

thegn  un-ge-mete  till, 
5440  wine-dryht  [en]  his 

wastere  ge-lafede, 

hilde-ssedne, 


Le  fer  des  Westerns 

pénétra  dans  le  dragon  par  le 
milieu  (de  son  corps)  :  il  punit  le 
serpenl  de  son  mortel  courage;  il 
terrassa  l'ennemi  :  et  tous  deux, 
les  féaux  alliés  avaient  détruit  le 
monstre!  Ainsi  devrait  agir  tout 
guerrier,  dans  une  pareille  extré- 
mité ! 

Ainsi,  pour  le  prince,  il  y  eut  un 
moment  de  victoire  dans  son 
expédition,  dans  son  entreprise 
humaine,  conduite  par  ses  propres 
moyens.  Alors  la  blessure  creusée 
auparavant  dans  sa  chair,  par  le 
feu  du  serpent  de  terre,  commença 
à  le  brûler,  et  à  s'envenimer.  Il 
découvrit  bientôt  qu'un  mal  inexo- 
rable, le  poison,  brûlait  au  fond 
de  sa  poitrine.  Et  le  noble  héros, 
l'esprit  encore  vivant,  alla  s'as- 
seoir sur  une  pierre,  auprès  des 
remparts  :  il  contempla  le  travail 
des  géants,  admirant  que  la  ca- 
verne séculaire  pût  reposer  sur 
des  arches  de  pierre,  comme  sur 
des  piliers.  Puis,  le  féal  si  bon,  de 
sa  main,  baigna  avec  de  l'eau,  la 
plaie  de  son  cher  seigneur,  de 
l'illustre  prince,  souillé  de  sang, 
las  de  la  bataille,  —  et  il  lui  ôta 
son  casque. 


541G.  Kemble  :  «  sithes  sige-hicil  »  ;  fîrein  :  «  sithast  sigehwila  ». 
5428.  Kemble  :  «  6e». 
5435.  Heyne  :  «  heoldon  ». 


564 


m:o\\  i  if 


and  liis  hé  lm  on-speôn . 

Biô-wulf  mathelode, 

hr  ofer  I»  eone  spraec, 

wunde  wœl-bleâte  ; 

wisse  I  if'  gearwe 

thaet  he"  daeg-hwila 

gedrogen  haefde, 
5450  eorthan  wynfne]  ; 

Hi  a  wœs  eall  sceacen 

dogor-ge-rimes, 

death  un-ge-niete  neâh  : 

nii  ic  suna  minû 

syllan  wolde 

guth-ge-waedu, 

thaer  më  gifethe  swfi 

âenig  yrfe-weard 

[fol.  189  b.] 

œfter  wurde, 
5460  lice  ge-lenge. 

]c  thâs  leôde  heôld 

fTftig  wintra  ; 

nées  se  folc-cyning 

ymbe-sitendra 

œnig  thâra 

the  mec  gûth-winû 

[gjrétan  dorste, 

egesan  theôn  : 

icon  earde  bad 
5470  [mjeel-ge-sceafta, 

heold  min  tela, 

ne  sohte  searo-nilhas, 

ne  mê  swôr  fêla 

ad  a  on  unriht. 

le  Unes  ealles  maeg 

feorh-hennu  seoc, 

ge-feân  habban, 

fort  h  â  mê  witan  ne  thearf 


Beôwulf  parla,  il  dit  ce  qu'il 
savait  de  sa    blessure,   fatale   el 

mortelle.  Il   n'ignorait  pas,   déjà, 
qu'il  avait  rempli    ^espace  de  sa 
vie,  et  qu'il  avait  vécu  las  joies  de 
la  terre  ;  que  tous  ses  jours  étaient 
comblés,  e/que  la  mort  était  toute 
prochaine.  «  —  C'est  maintenant 
qu'à   mon    fils  je    remettrais    ces 
armes  de  guerre,  si  quelque  des- 
cendant,    sorti     de    mon     sang, 
m'avait  été  donné  i  J'ai  régné  sur 
ce    peuple,     pendant    cinquante 
années.   11    ny  eut  point  de  roi 
voisin  qui  ait  osé  me  menacer  de 
guerriers,  ou  qui  m'ait  fait  trem- 
bler. Je  me  suis  soumis  dans  mon 
royaume,  à  la  destinée  :  j'ai  bien 
gardé   ce  qu'elle   me   donna  ;   je 
n'ai  point  cherché  d'injustes  que- 
relles, et  jamais,  je  ne   me  suis 
parjuré  ! 

«  Pour  tous  ces  mérites,  mou- 
rant de  mes  blessures,  je  puis 
avoir  de  la  joie,  puisque  le  Roi  des 
hommes  n'aura  point  à  me  repro- 
cher le  meurtre  de  mes  féaux, 
quand  la  vie  se  sera  échappée  de 
mon  corps 


5443.  Le  manuscrit  au  coin,  est  défectueux. 


BKOWULF 


568 


waldend  fïra 
3480  morthor-bealo  mâga, 

thonne  mm  sceaceth 

Ilf  of  lice. 

Ni'i  (lui  lungre  geong 

hord  sceawian 

under  hérne  stân, 

Wig-lâf  leôfa, 

dû  se  wyrm  ligeth 

swefeth  sâre  wund, 

since  be-reafod  : 
5490  biô  nii  on  ôfoste 

thaet  ic  rer-welan, 

gold-aeht  on-gite, 

gearo  sceâwige 

swegie  searo-gîmas, 

thaet  ic  thy  séft  msege 

aefter  mâththû-welan 

[mi]n  â-lœtan 

lïf  and  leôd-scipe 

thone  ic  longe  heold. 

XXXVIII 

55oo  Thâ  ic  snûde  ge-frœgn 
sunu  Wih-stânes, 
œff  word-cwydû, 
wundû  dryhtne 
hyran  heatho-siôcû, 
hring-net  beran, 
brogdne  beadu-sercean, 
under  beorges  href. 
Ge-seah  thâ  sige-hrëthig 
thâ  hê  bï  sesse  geông. 

55 10  mago-thegn  môdig, 

[fol.  190  a.] 


.  .  .  .  A  présent,  va-t-en  sans 
larder,  et  contemple  les  trésors 
amoncelés  sous  la  pierre  sauvage, 
o  mon  cher  Wiglaf,  maintenant 
que  le  dragon  gît,  endormi  par  sa 
blessure,  et  que  nous  lui  avons 
ravi  le  trésor  !  Hâte-toi  donc,  afin 
que  je  puisse  contempler  les 
richesses  infinies,  /'or  conquis,  et 
que  je  voie,  enfin,  tes  joyaux,  les 
pierres  variées.  Ayant  attaché  mon 
regard  sur  ces  beautés,  je  pourrai 
quitter  la  vie  avec  plus  de  dou- 
ceur, —  et  le  peuple  que  j'ai  long- 
temps guidé  !  » 

XXXVIII 

Alors  ai-je  entendu  dire  que  le 
fils  de  Wihstân,  après  ces  paroles, 
obéit  aussitôt  à  son  seigneur  mou- 
rant :  lui-même  blessé,  il  gagna, 
portant  encore  sa  cotte,  et  son 
armure  de  guerre,  la  voûte  de  la 
montagne . 


5483.  Kemble  :  «  gang  ». 
5509.  Kemble  :  «  be  ». 


566 


mow  i  i.i 


màththû-sigla  fealo 

gold  glitmian 

grunde  ge-tenge, 

wundur  om  wealle, 

and  thaes  wyrmes  denn, 

ealdes  ûht-flogan, 

orcas  stondan 

fyrn-manna  fa  tu, 

feormend- lease, 
5520  hyrstu  be-hrôrene  : 

thaer  waes  helm  monig 

eald  and  ômig, 

earm-beaga  fela 

searwû  ge-sâeled  : 

(sine  eâthe  maeg, 

gold  on  grfunde], 

gû-cynnes  ge-hwone 

ofer-hïgian, 

hyde  se  the  wylle  :  ) 
553o  swylce  hë  siomian  ge-seah 

segn  eall-gylden 

heah  ofer  horde, 

hond-wundra  nicest, 

ge-locen  leotho-crœftiï, 

of  thâ  leôman  stôd 

thaet  he  thone  grund-wong 

on-gitan  meah[te], 

wraece  giond  wlitan. 

Naes  thaes  wyrmes  thfaer] 
5540  on-syn  senig, 

ac  hyneecg  for-nâ. 

Thâ  ic  [on]  hlœwe  ge-frœgn 

bord  reâfian, 


.  .  .  .Glorieux  de  ta  victoire, 
à  l'endroit  où  il  se  rendit  près  des 
rochers,  le  brave  féal  aperçut  une 
multitude  de  pierres  serties,  et 
l'or  massif  étincelanl  sur  h-  sol  ; 
des  richesses  pendantes  aux  mu- 
railles, et  l'antre  de  /'antique  dra- 
gon, qui  volait  au  crépuscule.  // 
di'couvrit  rangés,  des  plats  et  ^/es- 
vaisselles  des  hommes  d'autre- 
fois, abandonnés  de  leurs  posses- 
seurs, et  aux  inscriptions  effacées. 
11  y  avait  là,  maint  casque  vieux 
et  rouillé;  Une  multitude  de  bra- 
celets adroitement  liés  les  uns  aux 
autres...  [Les  trésors  et  l'or,  sur 
la  terre,  peuvent  aisément  rendre 
insensé  tout  être  de  la  race  des 
hommes  :  que  celui  qui  le  peut, 
les  cache  !] 

Il  vit  également,  plus  bas,  sur 
ces  richesses,  une  enseigne  toute 
d'or,  s'élevant,  magnifique,  sur  le 
trésor  :  la  plus  étrange  merveille 
que  des  hommes  eussent  forgée 
de  leurs  mains,  et  à  l'aide  d'in- 
cantations :  de  ce  trésor  partaient 
des  rayons  de  lumière,  de  sorte 
qu'\\  put  voir,  et  l'insondable  pro- 
fondeur de  /'antre,  et  l'étendue  de 
cette  place  isolée 


5511.  Kemble  ;  «  fela  »  :  quelques  éditeurs  :  «  feola  » 
5528.  Grein  :  «  \hord]  oferhigian  » . 
5535.  Kemble  :  «  leoma  ». 
5538.  Thorpe  :  «  ivraete  ». 


BEOWULF 


507 


eald  enta  ge-weorc, 

ânne  man nan  ; 

hi  on  bearm  hlod  an 

bfman  and  discas, 

sylfes  dome  ; 

segn  eâc  ge-no~m], 
555o  beâcna  beorhtost, 

bill  aer-ge-scod, 

ecg  waes  iren 

eald-hlâf-ordes 

thâ  thâra  mat  lima 

mund-bora  wees 

longe  hwile, 

lTg-egesan  waeg 

liât  ne  for  horde, 

hioro-weallende 
556o  middel-nihtum, 

othth  be  northre  swealL 

[fol.  190  b.] 

A'r  waes  on  ofoste, 

eft-sithes  georn, 

frsetwu  ge-fyrthred  ; 

hyne  fyrwet  brœc, 

hwœther  collen-ferth 

cwicne  ge-mélte 

in  thâ  wong-stede, 

Wedra  theôdén 
55/0  ellen-siôcne, 

thaer  hë  hine  âer  for-let. 

Hê  thâ  mid  thâ  mâthmû 

maerne  thiôden, 

dryhten  sinne, 

driorigne  fand, 

ealdresœt  ende  : 

hë  hine  eft  on-gon 

wœ teres  weorpan, 


H  n'y  avait  là, 

plus  de  trace  du  dragon,  que  la 
pointe  du  glaive  avail  emporté. 
Puis,  j'ai  su  que  dans  la  caverne, 
un  seul  homme  se  chargea  (de 
porter)  le  trésor,  /'œuvre  anti- 
que des  géants,  suspendant  à  sa 
poitrine,  selon  sa  fantaisie,  les 
coupes  et  les  plats.  //  prit  /'en- 
seigne, aussi,  —  le  plus  brillant 
des  étendards  ;  des  armes  au  cui- 
vre étincelant,  à  la  pointe  de  fer, 
ayant  appartenu  a  l  ancien  roi 
qui  avait  longtemps  défendu  par 
elles,  les  trésors.  Dans  le  flam- 
boiement des  torches,  il  avait  cou- 
tume, à  minuit,  de  contempler  les 
richesses,  et  ainsi  fit-il,  jusqu'à 
ce  qu'il  connut  la  mort. 

//homme  se  hâtait,  anxieux  de 
son  retour,  avec  les  trésors  dont  il 
était  chargé.  La  curiosité  le  pres- 
sait de  savoir  s'il  trouverait  le 
héros  au  cœur  hardi,  encore 
vivant  sur  la  plaine,  ou  le  prince 
des  Westerns  agonisant,  à  l'en- 
droit où  il  l'avait  auparavant 
laissé.  S avançant  avec  les  trésors, 
il  découvrit  le  prince  fameux,  son 
seigneur,  souillé  de  sang,  —  au 
terme  de  sa  vie 


•')"»:>.  Hieger  :  «  eald-hlaforde  » . 
5578.  «  weorpan  »,  commande  après  lui,  le  datif,  «  waetere  ». 


568 


BEOWULF 


oth  thaet  worries  ord 
558o  breôst-hord  thurh-braec  ; 

gomel  on  giôgothe 

gold  sceâwode  : 

le  thâra  frœtwa, 

fretin  elles  thane 

wuldur-cyninge 

wordû  [se]cge, 

ecu  dryhtne, 

the  ic  her  on  starie  ; 

thaes  the  fie]  môste 
5590  nii'nfi  leodd 

aer  swylt-daege 

swyle  ge-[str]ynan  ; 

nu  ic  on  mâth ma  hord 

minne  be-bohte 

frode  feorh-lege  : 

fremmath  ge-na 

leôda  thearfe  : 

ne  mseg  ic  her  leng-wesan 

hâtath  heatho-maere 
56oo  hâelw  ge-wyrcean, 

beorhtne  aefter  baele, 

aet  brimes  nosan  ; 

se  seel  to  ge-myndu 

miniT  leodii 

heâh  hlïfian 

on  Hrones  nassse; 

thaet  hit  sae-lithend 

syththan  hâtan 

Biô-wulfes  biorh, 
56 10  thâ  the  Brentingas 


Il  se  prit  de  nou- 
veau, à  le  baigner  d'eau,  jusqu'à 
ce  que  le  sens  des  paroles  pénétrât 

au  tréfonds  son  sein.  (Beôwulf 
parla),  les  membres  fatigués,  et  il 
regarda  /'or  :  «  —  Je  rends  grâces 
en  paroles  au  Dieu  universel,  au 
Koi  de  gloire,  au  Seigneur  éternel, 
pour  les  trésors  que  je  puis  con- 
templer ici,  longuement. 

«   Je  le  remerice  de  ce  ^w'avant 
ma  mort,  j'aie  obtenu  de  tels  avan- 
tages pour  mes  peuples.   Aujour- 
d'hui, par  prévoyance,  j'ai  conquis 
par  ma  mort,  un  monceau  de  tré- 
sors   qui    serviront    encore    aux 
besoins  du  royaume.  Je  puis  ne  pas 
demeurer  plus  longtemps,  ici-bas  ! 
Ordonne  aux  vétérans  de  la  guerre 
de  m'élever  une  tombe  éclatante  au 
sommet  du  bûcher  funéraire,  à  la 
pointe  du  promontoire,  qui  s'élè- 
vera bien  au-dessus  d'Hronesnaes, 
comme  un  souvenir  pour  mon  peu- 
ple, —  et  pour  que  les  mariniers, 
par   la  suite,  /'appellent  le  mau- 
solée de  Beôwulf,  quand  les  Bren- 
tings  voguent  au  loin,  sur  les  flots 
obscurs  ! 


5581.  Thorpe  :  «  giohthe  ». 
Cf.  God.  Verc.  1, 136. 

5594.  La  plupart  des  éditeurs  :  «  mine  »  ;  Kemble  :  «  minum  ». 
5596.  Thorpe,  Grein,  Heyne  :  «  ge  mi  ». 
5603.  Kemble  :  «  sceal  ». 


BEOWULF 


569 


ofer  flôda  ge-nipu 

[fol.  191  a.] 

feorran  dri'fath. 

Dyde  hi  of  heal  se 

hring  gyldenne, 

thioden  thrist-hydig 

thegne  ge-sealde, 

geôndu  gâr-wigan, 

gold- fâh ne  helm, 

beâh  and  byrnan, 
5620  héthyne  brûcan  well. 

Thii  eart  ende-lâf 

lisses  cynnes, 

Waes  mundinsa  ; 

ealle  wyrd  for-speôf 

mine  mâgas 

tu  metod-sceafte, 

eorlas  on  elne; 

ic  hï  œfter  sceal. 

Thœt  wœs  thâ  gomelan 
563o  gingœste  word, 

breôst-ge-hygdCi, 

âer  hë  bâel  cure, 

hâte  heatho-wylmas  : 

hï  of  hwœthre  ge-wât 

sâwol  sécean 

sôth-frestra  dôm. 


.  .  .  .  Le  prince  au  cœur  hardi, 
détacha  de  son  cou,  son  collier 
d'or.  (//  le  donna  à  son  féal,  au 
jeune  guerrier),  avec  son  casque  à 
la  couleur  d'or,  son  anneau,  et  sa 
cotte  :  il  lui  ordonna  de  s'en  bien 
servir  :  «  —  Tu  es  le  dernier  des- 
cendant de  notre  race,  des  Waég- 
mundings  !  La  Fatalité  a  pris  dans 
la  mort,  tous  mes  fils,  guerriers 
en  pleine  bravoure  :  je  dois  les 
suivre  !»  —  Ce  fut  la  dernière  pa- 
role du  vieux  prince  ;  la  dernière 
pensée  de  son  âme,  avant  qu'on  le 
portât  sur  le  feu  funéraire,  sur  les 
vagues  du  feu  dévastateur.  De  son 
sein  s'échappa  son  âme,  pour 
s'élever  à  la  gloire  des  justes. 

XXXIX 

Le  jeune  guerrier  eut  alors  la 
douleur  de  voir  sur  le  sol,  le  plus 
cher  des  hommes,  gisant  sans 
force,  à  la  fin  de  sa  vie. 


XXXIX 


Thâ  wœs  ge-gongen 
gumû  un-frôdù 
earfoth-lice, 
5640  thaet  hë  on  eôrthan  ge-seah 


5624.  Grein,  Kemble,  Heyne  :  «  forsweof  », 
5630.  Kemble  :  «  f/ingeste  » . 
5634.  Kemble  :  «  hrethre  ». 


570 


BEOWULF 


thone  leôfestan 

lil'cs  set  ende 

bleâte  ge-bâeran  ; 

bona  swylce  laeg, 

eges-liceeorth-draca, 

eald[re]  be-reâfod, 

bealwe  ge-baeded  ; 

beâh-hordû  leng 

wyrm  wôh-bogen 
56  5o  weald  an  ne  niôste, 

ac  him  irenna 

ecga  for-n anion, 

hearde  heatho-scearde, 

ho  m  era  lâfe, 

thaet  se  wid-floga 

wundu  stille 

hreâs  on  hrusan 

hord  a^rne  neâh  ; 

nalles  œfter  lyfte 

[fol.  191  b.] 
566o  lâcende  hwearf 

middcl-nihtu, 

mathm-aehta  wlonc 

an-syn  ywde, 

ac  hê  eorthan  ge-feoll 

for  thïes  hild-fruman 

hond-ge-weorce  : 

huru  thaet  on  lande 

lyt  manna  thâh 

msegen-âgendra, 
56yo  mine  he-fraege, 

theâh  the  hê  dâeda  ge-hwees 

dyrstig  wâere, 

thaet  hé  with  âttor-sceathan 

orethe  ge-rsesde, 

oththe  hring-sele 

hon  dû  styrede, 

gifhe  weeccende 

weard  on-funde 


Son  meurtrier,  ^effroyable  dra 
gon  de  la  terre,  était  également 
étendu,  privé  de  vie,  atteinl  par 
le  mal.  Le  serpent  aux  longs 
replis,  ne  pouvait  plus  longtemps 
régner  sur  le  trésor  des  anneaux, 
mais  les  pointes  des  glaives 
l'avaient  arrêté,  —  dures  .nines 
de  guerre,  forgées  par  le  marteau 
des  géants,  —  de  sorte  que  /'être 
volant  au  loin,  immobilisé  par  les 
blessures,  tomba  sur  le  sol,  prés 
du  repaire  aux  trésors.  //  n'allait 
plus,  volant  à  travers  les  airs,  à 
minuit,  plein  d'orgueil,  exultant 
dans  la  possession  des  trésors,  et 
projetant  au  loin,  son  corps,  mais 
il  était  tombé  sur  la  terre,  frappé 
par  la  main  du  prince  de  la 
guerre  :  peu  d'hommes,  d  hommes 
forts,  comme  je  l'ai  entendu  dire, 
ont  réussi  (quelque  fut  leur  audace 
en  toute  aventure),  à  s'exposer  au 
souffle  empoisonné  des  monstres, 
ou  à  troubler  de  leurs  mains,  la 
possession  des  antres  aux  trésors, 
s'ils  en  trouvaient  le  gardien 
vivant  et  éveillé,  sur  la  montagne. 


IM-inWULF 


571 


hi  10 non  beorge. 

568o  Biô-wulfe  wearth 
dryht-mâthma  dael 
dëâthe  for-golden  : 
haefde  âeg-hwaBthre 
en  de  ge-fered 
lâenan  lifes. 
Naes  thâ  Iang  tô  thon, 
thaet  thâ  hild-latan 
holt  of-gëfan, 
tydre  treôw-Iogan 

5690  Une  aet  somne, 

thâ  ne  thorston  aer 
d  a  ret  lui  la  can 
on  hyra  man-dryhtnes 
m  ici  an  thearfe  ; 
ac  h  y  scamiende 
scyldas  bâeran, 
gùth-ge-wâedu, 
thaerse  gomela  lœg, 
wli'tan  on  Wï-làf  : 

5 700  hë  ge-wërgad  sret 
fëthe  cempa 
freân  eaxlû  neah, 
wehte  hyne  weetre  ; 
hï  wiht  ne-speùp, 
ne  meahte  hë  on  eorthan 
theâh  hë  ûthe  wel, 
on  thâ  frû-gâre 
feorh  ge-healdan, 


Jieôwnlf  avait  acheté  de  la  mort, 
.sy*  pari  des  trésors  princiers  :  cha- 
cun des  combattants  avait  touché 
à  la  fin  de  cette  misérable  vie  !  11 
ne  s'écoula  point  un  long  temps 
avant  que  les  lâches  ne  sortissent 
du  bois,  —  race  d'hommes  sans 
foi,  —  dix  tous  ensemble  :  ceux- 
là  qui,  auparavant,  n'avaient  point 
joué  de  leurs  javelots,  dans  la 
grande  détresse  de  leur  seigneur 
et  roi.  Maintenant,  avec  honte,  ils 
s'avançaient  avec  leurs  boucliers, 
leurs  armes  de  guerre,  vers  l'en- 
droit où  reposait  le  vieux  prince, 
pour  contempler  Wiglaf.  Lui,  le 
hardi  champion  se  tenait,  accablé 
de  douleur,  près  de  la  poitrine  de 
son  seigneur,  et  il  le  baignait 
d'eau. 

Il  ne  réussit  en  rien,  comme  il 
l'eût  désiré,  à  rappeler  son  prince 
à  la  vie  terrestre,  et  la  volonté  de 
Dieu,  le  roi  souverain,  l'ordonnait 
ainsi, 


5679.  Kemble  :  «  buan  ». 

5683.  Kemble  :  «  aeghwaether  »;  Grein  :  «  aegfiwaetkre  ». 

5688.  Kemble  :  «  of  g ea fori  ». 

5691.  Kemble  :  «  dorston  ». 

5696.  Kemble  :  «  baéron  ». 

5699.  Kemble  :  «  Wiglaf '  ». 

5703.  Kemble  et  la  plupart  des  éditeurs  :  «  speow  » 


572 


BEOWI  I.  F 


né  thaes  wéaïdendes  [willan] 
5710  wild  on-cifran  ; 

woldedôm  Godes 

[fol.  192  a.] 

daedû  raedan 

gumena  ge-hwylcû 

swa  hë  mi  gën  déth. 

Thâ  wses  aet  thâ  geôngû 

grï  and-swar[u] 

éth-be-gëte 

thâ  the  âer  his  elne  for-leâs. 

Wig-làf  mathelode 
0720  Weoh-stânes  sunu, 

sec[g]  sârig-ferth 

seah  on  un-leôfe  : 

thaet  la  inœg  secgan 

se  the  wyle  sôth  sprecan, 

thaet  se  môn-dryhten 

se  eôw  thà  mâthmas  geaf, 

êored-geatwe 

the  gë  thaer  on-standath, 

thon  he  on  ealu-bence 
5y3o  oft  ge-sealde 

heal-sittendû 

helm  and  byrnan, 

theoden  histhegnû 

swylce  hë  thryd-licost 

ô-wër  feor  oththe  neâh 

findan  neahte, 

thaet  hë  gënunga 

gûth-ge-wâedu 

wràthe  for-wurpe, 
5740  thâ  hyne  wig  be-get  : 

nealles  folc-cyning 


.  .  .  .  comme  elle  commande; 
encore  au  destin  de  tout  homme, 
aujourd'hui  même.  Puis,  le  jeune 
héros  eut  bientôt  apostrophé  ceux 
qui,  naguère,  avaient  manqué  de 
courage.  Wiglaf,  fils  de  Wihslan, 
parla  :  le  guerrier  à  l'âme  triste. 
paraissait  en  proie  à  la  colère  : 
«  —  Ecoutez  !  Celui  qui  dira  la 
vérité,  pourra  rapporter  que  le 
seigneur  qui  vous  distribua  des 
trésors  et  /'équipement  de  guerre 
qu'à  présent  vous  portez  :  quand 
à  la  table  de  bière,  il  donnait  aux 
convives  des  casques  et  des  cottes, 
se  comportait  en  prince  pour  ses 
féaux,  alors  qu'il  eut  pu  en 
trouver  au  loin, ou  près  de  lui, qui 
fussent  aussi  excellents  ;  celui-là, 
dis-je,  pourra  rapporter  qu'il  a 
rejeté  ses  armes  et  ses  moyens  de 
défense,  au  moment  où  la  guerre 
assaillit  son  roi! 


5709.  «  [willan]  »  :  addition  de  Thorpe 
5735.  Kemble  :  «  o-hwaer  ». 
5740.  Kemble  :  «  begeat  ». 


BEOWULF 


573 


fyrd-ge-steal  Ian 

gylpan  thorfe, 

hwaethre  hi  God  uthe, 

sigor[a]  waldend, 

thaet  hê  hynesylfege-wreec 

âna  mid  ecge, 

thâ  hi  W8BS  elnes  thearf. 

le  hï  lif-wnithe 
5/5o  lytle  meahte 

set  gifan  aet  giithe, 

and  on-gan  swâ  theâh 

ofer  mïn  ge-met 

rnaeges  helpan  : 

symle  wees  thy  ssemra 

thon  ic  sweorde  drep 

ferhth-ge-nithlan, 

fyran  swithor 

wêoll  of  gewitte. 
5760  fergendra  to  lyt 

throng  ymbe  theôden, 

thâ  hyne  siô  thrag  be-cwôm, 
[fol.  192  b.] 

Hû  sceal  sinc-thego 

and  swyrd-gifu, 

eall  éthel-wyn, 


«  Le  prince  n'eût  pu  s'enorgueil- 
lir de  ses  compagnons  ;  et  cepen- 
dant Dieu,  dispensateur  des  victoi- 
res, lui  accorda  de  se  venger  seul, 
à  la  pointe  du  glaive,  quand  il  lui 
fallut  faire  une  dernière  prouesse. 
Je  ne  pus  que  protéger  faiblement 
sa  vie  dans  la  bataille,  et  toute- 
fois, je  me  pris  à  secourir  mon 
parent,  au  delà  même  de  mes 
forces.  Je  demeurai  toujours  le 
plus  faible  :  alors,  je  frappai  de 
mon  glaive  le  meurtrier  qui  brûla, 
de  lui-même,  de  flammes  plus 
ardentes  ! 

«  Trop  peu  de  défenseurs  se 
pressèrent  autour  de  leur  prince, 
quand  l'attaque  fondit  sur  lui  ! 
Maintenant  la  distribution  des 
trésors,  et  le  don  des  glaives, 
toute  joie  de  l'héritage  paternel, 
tout  secours  manqueront  à  votre 
postérité  ! 


5758.  Grein  :  «  fyr  ran  swithor  ». 

5760.  Kemble  et  la  plupart  des  éditeurs  ;  «  Wergendra  ». 

57G3.  Kemble  :  «  Nu  ». 

Toutes  ces  paroles  de  Wiglaf  sont,  sans  doute,  une  formule  de  jugement. 
Ainsi  Chlodovis,  parlait- il  à  son  vassal  Ragnachari,  qui  avait  été  pris  et 
enchaîné.  Cf.  dans  Script.  Rer.  Gall,  and  Francic.  vol.  II,  555  :  «  Oui  dixit 
C/tlodoveus,  cur  humiliasti  gentem  nostram,  ut  te  vincere  permit  teres  ? 
Nonne  melius  tibi  fuerit  mori  ?  Et  elevata  bipenne,  in  caput  ejus  defixit, 
et  m.jrtuus  est.  Conversusque  ad  fratrem  ejus,  ait;  si  tu  solatium  fratm 
tuo  prœbuisses,  ille  H  g  a  tus  non  fuisset.  Similiter  et  ipsum  in  capite 
percussum  inter  fecit,  et  mortuus  est  ».  D'après  Tacite,  la  félonie  d'un 
guerrier,  retombait  sur  sa  «  gens  »,  ou  «  maégburh  »  :  Germania,  VI  : 
«  nee  sacris  adesse  aut  concilium  inire  ignominioso  fas...  ». 


574 


BEOWl  LF 


eowni  cynne 
lufenâ-licgean  : 
lond-rihtes  mot 
thàere  mâeg-burge 
770  monna aeg-hwylc 
idel  hweorfan, 
syththan  aethelingas 
feorran  ge-fricgean 
fleam  eôwerne, 
dô-leâsan  dâed  : 
death  bith  sella 
eorla  ge-hwylcu 
thonne  ed-wit-lif. 


XL 

Héht  thâ  thaetheathoweorc 
5780  tô  hagan  biôdan, 

up  ofer  ëcg-clif, 

thaerthaet  eorl-weorod 

morgen-longne  dseg 

môd-giômor  sast 

bord-haebbende, 

béga  on  wénû 

ende  dogores 

and  eft-cymes 

leofes  monnes. 
5790  Lyt  swigode 

nîwra  spella 

se  the  naes  ge-râd  ; 

ac  hë  sôth-lice 

ssegde  ofer  ealle  : 

nii  is  wil-geofa 

Wedra  leôda, 

dryhten  Geâta 


.  .  .  .  Chacun  des  descendants 
de  vos  familles  errera,  privé  de 
ses  droits  de  cité,  quand  au  loin  el 
au   large,  des   nobles   entendront 

parler  de  votre  fuite,  de  votre 
acte  ignominieux!  Pour  tout  guer- 
rier, la  mort  est  préférable  à  une 
vie  sans  honneur  !  » 


XL 

Il  ordonna  donc  que  l'œuvre  de 
guerre  fût  annoncée  à  l'armée,  de 
la  falaise  marine,  où  la  troupe  des 
guerriers  portant  leurs  boucliers, 
s'étaient  tristement  assis  durant 
ces  heures,  dans  l'attente,  et  de  la 
fin  du  jour,  et  du  retour  du  héros 
chéri. 

Le  messager  cacha  peu  de  chose 
des  nouvelles,  en  s'avançant  sur  le 
promontoire,  mais  il  dit  en  tout, 
la  vérité  :  «  —  Maintenant  celui 
qui  donnait  la  joie  au  peuple  des 
Westerns,  le  seigneur  des  Geats, 
est  étendu  sur  son  lit  de  mort,,  et 
il  habite  le  séjour  de  l'éternel 
repos  !     


5767.  Kemble  :  «  leof'en  ». 
5781 .  Kemble  ;  «  lg-clif  » . 


BEOWULF 


575 


death -bedde  fœst  : 

wunath  wœl-reste 
58oo  wyrmes  dâedû  : 

liim  on  efn  I  i  get  h 

ealdorge-winna, 

siex  ben  nu  seôc  ; 

sweorde  ne  meahte 

on  thâ  âg-làecean 

âenige  thinga 

wunde  ge-wyrcean. 

Wïg-làf  siteth 

ofer  Bio-wulfe, 
58io  l)yre  Wih-stânes, 

eorl  ofer  ôthrû 

un-lifigendû, 

healdeth  hige-mœthum 

heâfod-wearde 

[fol.  193  a.] 

leôfes  and  lâthes. 

Nu  [is  leôdum]  wén 

orleg-hwile, 

syththan  under  [ne] 

Froncû  and  Fry  su 
5 8 20  fyll  cyninges 

wide  weortheth  ; 

wœs  siô  wrôht  scepen 

heard  with  Hûgas, 

syththan  Hige-lâc  cwôm 

faran  flôt-herge 

on  Frêsn[a]  land 

thaer  hyne  het-ware 

hilde  ge-hnâegdon, 

elnege-eôdon 
583o  mid  ofer-mœgene, 

thaet  se  byrn-wiga 


.  .  .  A  ses  côtés,  gft  son  ennemi 
mortel,  abattu  à  coups  de  stylet, 
—  car  il  n'a  pu  faire  de  blessure 
au  monstre,  avec  son  glaive. 
Wiglaf,  fils  de  Wihstan,  demeure 
auprès  de  Beowulf,  —  lui,  vivant 
auprès  du  mort,  et  il  veille,  avec 
chagrin,  sur  l'ami  et  sur  l'ennemi  ! 
«  Le  peuple  peut  s'attendre  à 
une  ère  de  guerres,  aussitôt  que 
la  mort  du  roi  sera  connue  des 
Francs  et  des  Frisons  :  une  guerre 
implacable  fut  faite  aux  Hugas, 
après  qu'llygelac  fût  venu,  avec 
une  flotte,  envahir  le  pays  des 
Frisons,  où  ses  ennemis  le  vain- 
quirent, et  l'humilièrent  à  la 
guerre  :  hardiment,  ils  marchèrent 
contre  des  forces  supérieures,  et 
ainsi  le  guerrier  dut  leur  céder  : 
il  tomba  dans  la  bataille,  et  le 
prince  ne  donna  aucun  trésor  à 
ses  compagnons  vaillants.  .     .     . 


5803.  Cf.  Cacdm.  118;  Hélj.  170  :  «  nundonsiok  ». 
5813.  Kcmble.  :  «  hyge-méthnm  »  :  Sievers  :  «  hige-methe  » 
5822.  Kemble  :  «  scapen». 


576 


BEOWULF 


bûgao  sceolde  ; 

feôll  on  fëthan  : 
nulles  frœtwe  geaf 
ealdor  dûgothe. 

Us  wars  â-svtbtban 
mere-Wïoingas 
milts  un-gyfethe. 

Ne  ic  te  Sweô-theôde 
S 840  sibbeoththe  treôwe 
wihte  ne  wéne; 
ac  wœs  wide  cûth 
thaeteOngen-thiô 
ealdre  be-snythede 
liàeth-cen  Hrëthling, 
with  Hrefna-wudu, 
thâ,  for  on-m[edJlan, 
arrest  ge-sôhton 
Geâta  leôde 
585o  gûth-Scilfingas. 
Sona  hï  se  frôda 
feeder  Oht-heres, 
eald  and  eges-full, 
hond-slyht  à-geaf  ; 
â-breôt  brï-wisan 
brydtâ  heorde, 
gomela  iô-mëowl[an], 
golde  be-rofene, 
Onelan  môdor 
5 860  and  Ôht-heres; 


Tou 

jours,  depuis  lors,  le  bienfait  de 
la  paix  avec  le  roi  mérovingien, 
nous  fut  refusé  :  et  je  n'espère  ni 
bonne  entente,  ni  fidélité  des  Sué- 
dois. 

«  Mais  il  fut  bien  connu  qu'On- 
gentheow  priva  de  la  vie  Hàeth- 
cyn,  Hlrethling,  près  de  la  forêt 
d'Hrefna,  quand  par  orgueil,  les 
guerriers  Scylfings  cherchèrent 
querelle,  pour  la  première  fois,  au 
peuple  des  Geats.  Bientôt  le  père 
avisé  d'Ohthere,  vieux  et  terrible, 
le  frappa  de  sa  main,  el  priva  le 
roi  de  la  mer,  (Haethcyn)  de  son 
cortège  de   vierges 


5837.  Kernble  :  «  mere-Wi-cinga  »  ;  Wûlcker  :  «  Merewioinga  ». 

5839.  La  plupart  des  éditeurs  :  «  to  ». 

5854.  Pour  garder  l'écriture  du  texte  «  hond-slyht  »,  que  la  plupart  des 
éditeurs  écrivent  «  ond-slyht  »,  il  faut  admettre  que  Y  «h  »,  puisse  allitérer 
avec  les  voyelles.  Le  même  cas  se  rencontre  plusieurs  fois  au  cours  du 
poème,  dans  «  Hanferth  »,  par  exemple. 

5856.  Quelques  éditeurs  :  «  brjjd  ahëorde  »,  mais  Zupitza  et  Kernble  con- 
servent l'écriture  du  manuscrit. 


BEOWI  LF 


577 


and  thé  folgode 
feorh-ge-nfthlan, 
oththœt  hi  oth-eudon 
earfoth-lfce 

in  Ilrefnes-holl, 

lilâf-ord-leâse. 

Be-sset  thé  sin-herge 

sweorda  lafe, 

wundû  wërge, 
5870  [weân"  oft  ge-hét 

[fol.  193  b.] 

earmre  teôhhe 

ond-lo[ngel  niht  ; 

cwaeth  hê  on  mergenne 

méces  ecgum 

gëtan  wolde, 

sum[e]  on  galg-treowu[m] 

[fuglum]  to  gamene  : 

frôfor  eft  ge-lamp 

sârig-môdû, 
588o  somod  âer-dœge, 


Le  vieillard 

lui  ravit  la  vieille  épouse  toute 
parée  d'or,  la  mère  d'Onela  et 
d'Ohthere,  et  il  poursuivit  alors 
les  meurtriers,  jusqu'à  ce  qu'ils 
échappassent  malaisément,  dans 
la  foret  des  corbeaux,  et  privés  de 
leur  seigneur  Puis  avec  des  forces 
puissantes,  il  assaillit  ceux  que  le 
glaive  avait  épargnés,  et  qui  se 
mouraient  de  leurs  blessures  :  pen- 
dant la  nuit  entière,  il  menaçait 
mainte  fois  de  supplices,  cette 
race  malheureuse  ! 

Il  disaitqu'au  matin,  il  les  trans- 
percerait de  glaives,  et  qu'il  en 
pendrait  quelques-uns  à  des  gibets, 
pour  son  plaisir! 


5857.  11  faut  lire,  ici,  «  iu-meowlan  «,  et  «  gomele  »,  à  l'accusatif  singu- 
lier. Parmi  les  composés  de  «  iu  »,  ou  «  gio  ».  Cf.  Bed.  I,  XXIV  :  «  iu- 
cyning  »  ;  Caedm.  276  :  «  iu-daed  »  ;  Boet.  41  :  «  gio-daeg  »  ;  Beda,  V,  23  : 
«  iu-monna  » . 

5870.  Les  guerriers  sauvages  du  Nord  mettaient  à  mort  leurs  prisonniers, 
comme  le  faisaient  presque  toutes  les  nations,  avant  les  progrès  du  christia- 
nisme. Les  exemples  en  sont  nombreux  dans  Saxo  Grammaticus  :  Cf.  le 
dialogue  entre  Gro  et  Bessus,  livre  I,  p.  7  ;  V,  84  ;  VI,  123  ;  VIII,  155,  156  ; 
IX,  171,  176.  Dagobert  faisait  massacrer  les  prisonniers  qui  étaient  plus 
hauts  que  son  épée  fichée  en  terre.  Pertz.  I,  79  ;  A.  D.  955  :  «  Otto  Rexcum 
Agarenis  pugnabat...  et  erat  numerus  eorum  C  millia,  et  multi  illorum 
comprehensi  sunt  cum  rege  eorum  nomine  Pulszi,  et  suspensi  sunt  in  pâli  - 
bulis...  ».  Charlemagne  massacrait  ses  prisonniers  saxons,  mais  après  les 
avoir  qualifiés  de  rebelles.  Cf.  le  cruel  supplice  infligé  par  Ubbo,  à  /Ella  de 
Northumberland  :  «  ôrn  risla  »,  «  aquilam  secare  »,  D.  R.  A.  691.  Dans 
l'Edda  Saem.  Sigurd-q.  II,  26  (vol.  II,  165),  l'on  voit  Sigurdr  faire  subir  cette 
torture  à  Lingwi,  fils  d'Hunding.  Cf.  Fornald.  Sôg.  I,  329,  354. 

5876-5877.  Correction  de  Thorpe. 

37 


578 


IIKOWCLK 


sytlillian  lue  Hyge-lâces 
horn  and  by  man. 
gealdor  on-gëaton, 
thâ  se  goda  côm 
leôda  dûgothe 
on  lâst  faran, 


XLI 


L'espoir,  encore, 

vint  renaître,  à  l'aube,  jjour  les 
infortunés,  quand  ils  perçurent  le 

cor  et  les  trompes  d'Ilygelac  ; 
quand  le  bon  prince  vint  sur  lew 
trace,  avec  la  puissance  de  son 
peuple. 

XLI 


Waes  siô  svvât-swatbu 
Swona  and  Geâta, 
wœl-raes  weora, 
5  890  wi'de  ge-syne  ; 

hu  thâ  foie  mid  hi 
fâehthe  tô-wehton. 
Ge-wât  him  thâ  se  goda 
mid  his  gaedelingû, 
frôd  fela-geômor, 
feesten  sécean, 
eorl  Ongen-thio 
ufor  on-cirde  ; 
hœfde  Ilige-lâces 

5900  hilde  ge-frûnen, 

wlonces  wig-crœft  ; 
wi  three  netriiwode 
thaet  hê  sœ-mannû 
on-sacan  mihte, 
heâtho-lithendû, 
hord  for-standan 
bearn  and  bryde  ; 
beâh  eft  thonan 
eald  under  eorth-weall. 

5910  Thâ  wrcs  aeht  boden 
Sweona  leôdû, 


Les  rencontres  sanguinaires  des 
Suédois  et  des  Geats;  les  fatals 
assauts  des  guerriers,  montraient 
bien  comment  les  deux  peuples 
avaient  allumé  entre  eux, la  guerre. 
Alors  le  vaillant  chef,  vieux  et 
très  triste,  alla  chercher  un  retran- 
chement, avec  ses  compagnons. 
Ongentheôw,  le  comte,  se  replia 
vers  la  plage. 

Il  avait  entendu  parler  du 
renom  d'Hygelac  à  la  guerre,  et  de 
la  force  au  combat,  de  /'orgueilleux 
héros.  Il  ne  se  fiait  point  à  son 
adversaire  ;  il  savait  ne  pouvoir 
résister  aux  hommes  de  la  mer,  à 
ceux  qui  avaient  vogué  sur  les 
profondeurs,  ni  défendre  contre 
eux  son  trésor,  son  fils  et  son 
épouse. 


5888.  «  Sw\e]ona  »  donné  par'Kemble>  et  la  plupart  des  éditeurs. 

5889.  Kemble  :  «  wera  ». 


BEOWULF 


579 


segn  Hfge-lace[s]  ; 

freotho-wong  thone 

ford  ofer-eôdon 

syththan  Hrëthlingas 

to  hagan  thrungon. 

Thaer  wearth  Ongen-thiôw 

ecgû  sweordu, 

blonden-fexa 
5920  on  bid  wrecen, 

thaet  se  theôd-cyning 

thafian  sceôlde 

eafores  arme  dôin. 

[fol.  194  a.] 

H v ne  vrrïnga 

Wulf  Won-rëding 

waepne  ge-raehte, 

thaet  him  for  swenge 

swât  aedrum  sprong 

forth  under  fexe. 
593o  nœs  hë  forht  swâ  thëh 

gomela  Scilfing, 

ac  for-geald  hrathe 

wyrsan  wrixle 

wsel-hlem  thone, 

syththan  theôd-cyning 

thyder  on-cirde. 

Nemeahte  se  snella 

sunu  Won-rëdes 

ealdû  ceorle 
5940  hond-slyht  giofan, 

ac  hë  hï  on  heâfde 

helm  aer  ge-scer, 


.  .  .  Le  chef  âgé  partit  encore 
de  là,  pour  gagner  un  retranche- 
ment. Pendant  ce  temps,  le  peuple 
des  Suédois  offrait  For,  et  /'en- 
seigne royale  à  Ilygelac  :  les 
llrethlings  traversaient  des  plaines 
tranquilles,  quand  soudain,  ils  se 
précipitèrent  sur  les  troupes  ca- 
chées. Alors,  on  tira  vengeance  du 
meurtre  :  Ongentheôw  à  la  tête 
chenue,  fut  amené  à  la  pointe  des 
glaives,  et  lui,  le  roi  puissant,  dut 
se  résoudre  à  sa  fin,  selon  la 
volonté  d'Eofor  seul.  Wulf,  le  fils 
de  Wonred,  dans  sa  rage,  l'attei- 
gnit de  son  arme,  de  sorte  que  ce 
coup  fit  jaillir  le  sang  des  veines, 
sous  les  cheveux. 

«  Néanmoins  le  vieux  Scylfing 
ne  fut  pas  terrifié,  mais  vivement, 
il  rendit  le  coup  de  pire  manière  : 
après  que  le  roi  puissant  se  fût 
retourné,  le  fils  agile  de  Wonred 
ne  put  faire  au  vieillard  de  nou- 
velle blessure, 


5918.  Kemble  :  «  sweorda  ». 

5923.  Kemble  :  «  Io fores  »:  Heyne  :  «  Eo fores  ». 

5929.  Kemble  :  «  feaxe  ». 

5940.  Kemble  :  «  gif  an  ». 

5942.  Kemble  :  «  ge-scear  ». 


580 


BEOWULF 


thffet  In"'  blôde  fît  h 

bûgan  sceôlde  ; 
feôll  on  foldan, 

mes  hi  faege  thâ  git; 
ac  hë  hvne  ge-wyrpte 
theâh  the  hë  wund  brine. 
Lot  se  hearda 
5950  Hige-làces  thegn 
l)iâd[n]e  mêce 
thâ  his  brôthor  laeg, 
eald  sweord  eùtonisc 
entiscne  helm 
brecan  ofer  bord-weal  ; 
thâge-beâh  cyning 
folces  hyrde, 
wœs  in  leorh  dropen  : 
thâ  waeron  monige 
5960  The  his  ma?g  writhon 
ricone  â-raerdon, 
thâ  h!  ge-rymed  wearth 
thaet  hie  wael-stôwe 
wealdan  môston  ; 
thenden  reâfode 
rinc  ôtherne  ; 
namon  Ongen-thio 
iren-byrnan, 
heard  swyrd  hilted 
5970  and  his  helm  somod, 
hâres  hyrste, 
Hige-lâce  bœr 
hë  [thâm]  frœtwu  féng 
and  hï  fsegre  ge-hét 
leâna[onl  leôdû, 


mais  lui  (Ongen- 

theôw),   la  tête  déjà  fendue  sous 
le   casque,  et   pleine   de   sa  nu,  se 
courba,  et  tomba  sur  le  sol  :  (Wulfj 
n'était  pas  encore  voué  à  la  mort, 
et  il   se  ranima,  quoique  le  coup 
l'eût  atteint.   Puis,  le  brave   féal 
d'IIygelac,  avec  ses  larges  armes, 
à    l'endroit    où    son    frère    était 
tombé,  laissa  le  vieux  glaive  tita- 
nique  briser  le  casque   gigantes- 
que, malgré   le  rempart  du  bou- 
clier  :    alors   le  roi    s'abattit,    le 
pasteur  de  son   peuple   :   sa   vie 
était    perdue  !  Il    y    eut   nombre 
d'alliés  qui  vinrent  secourir  Wulf  : 
ils  l'emportèrent  en  hâte,  depuis 
que  le  champ  était  libre,  et  qu'ils 
y  pouvaient  commander  :  pendant 
ce  temps,  des   guerriers  dépouil- 
laient /'autre  combattant.  Ils  enle- 
vèrent à  Ongentheôw  sa  cotte  de 
fer,  son  glaive  dur  et  trempé,  et 
son  casque  tout  ensemble.  Hygelac 
se  coiffa  du  casque,  ornement  de 
la  chevelure  ; 


[fol.  194  b.J 


5958.  Kemble  :  «  drepen  ». 
5962.  Kemble  :  «  mathmum». 
5972.  Kemble  :  «  baeron  ». 


BEOWULF 


581 


and  ge-hvsta  sw  ;i  : 

-cald  thone  guth-raes 

Geàta  divhten, 

Hrêthles  eafora, 
5q8o  thâ  he  tô  bâm  be-côm 

Eofore  and  Wulfe  mid  ; 

ofer  mâth  ma  m  sealde 

liiora  ge-hwaethru 

bund  thûsenda 

landes  and  locenra  beaga  : 

ne  thorfte  hi  tha  lean  oth- 

[witan 

mon  on  middan-gearde, 

syththan  hie  thâ  meertha  ge- 
[slôgon; 

and  tha  lofore  for  geaf 
5990  an-gan  dohtor, 

ham-weorthunge, 

hyldo  to  wedde. 

Thaet  ys  siô  fâehtho 

and  se  feônd-scipe, 

\v;el-nith  wera, 

thœs  the  ic  [wénjhafô 

the  ûs  séceath  tô 

Sweôna  leôda, 

sytthan  hie  ge-fricgeath 
6000  freân  ûserne 

ealdor-leâsne 

thone  the  âer  ge-heôld 

with  hettendû 

hord  an  rice, 

œfter  hseletha  hryre 

hwâte-Scildingas, 


—  il  prit  les  dé- 
pouilles, et  promit  écjuitablement 
(à  Wulf  et  à  Eofer),  des  récom- 
penses parmi  son  peuple,  —  et 
ainsi  le  fit-il.  Lui,  le  seigneur  des 
Geats,  le  fils  d'IIrethel,  quand  il 
revint  au  palais  avec  Wulf  et 
Eofer,,  paya  l'effort  de  la  guerre  : 
en  sus  du  trésor,  il  donna  à  cha- 
cun d'eux  cent  milles  de  terres,  et 
des  anneaux  bien  arrondis. 

«  Nul  homme  sur  la  terre,  ne 
pouvait  le  blâmer  de  ces  présents, 
puîsqu'Eofor  et  Wulf  avaient 
mérité  ces  honneurs,  en  combat- 
tant ;  —  et  à  Eofor  il  donna  sa 
fil  le  unique,  comme  gage  de 
faveur,  et  pour  embellir  sa  mai- 
son. Telle  fut  la  guerre  ;  tels  sont 
les  sentiments  hostiles  et  la  haine 
mortelle  des  hommes,  qui  feront 
que  le  peuple  des  Suédois  nous 
attaquera,  comme  je  n'en  doute 
point,  quand  ils  auront  appris 
que  notre  seigneur  est  mort,  lui 
qui  défendait  auparavant,  les  tré- 
sors et  le  royaume  contre  nos 
ennemis,  et  gouvernait  les  vail- 
lants Scylfings,  après  la  chute  des 
héros, 


5976.  Kemble  :  «  ge-laeste  ». 

5998.  Heyne,  Kemble  :  «  Leode  » . 

6006.  Thorpe  :  «  Scylfingas  ».  Les  Scylfings  seraient  les   ancêtres  com- 
muns des  Suédois  et- des  Geats. 


582 


BEOWULF 


folc-rëd  frcmede, 

oththe  furdur  g<~n 

eorl-scipc  efnde. 
6010  Me  is  ofost  betost 

thaet  wë  theôd-cyning 

thaer  sceâwian, 

and  thone  ge-bringan 

the  us  beâgas  geaf 

on  âd-faere  : 

ne  seel  ânes  hwœt 

m  el  tan  mid  thâ  môdigan, 

ac  thaer  is  mâthma  hord, 

gold  un-rime 
6020  grïme  ge-ceafpod]  ; 

and  nu  setsithestan 

sylfes  fëore 

beâgas  (be-bôh)te 

thâ  sceall  brond  fretan, 

aeled  theccean, 

nalles  eorl  wegan 

[fol.  195  a.] 

mâththum  tô  ge-myndum, 

né  mœgth  scyne 

habban  on  healse 
6o3o  hring-weorthunge  ; 

ac  sceall  geômor-môd 

golde  be-reâfod, 

oft,  nalles  aene, 

el-land  tredan; 


.  .  .  faisant  le  bien  de  son  peu- 
ple, et  accomplissant  toujours  des 
prouesses  nouvelles.  Maintenant, 
c'est  pour  nous  le  mieux,  d'aller 
contempler,  là-bas,  notre  puis- 
sant roi,  et  de  le  porter  sur  le 
bûcher,  lui  qui  nous  donna  les 
anneaux  ! 

«  Des  objets  séparés  ne  seront 
pas  brûlés  avec  le  prince  hardi, 
mais  il  y  a  un  monceau  de  tré- 
sors, de  l'or  innombrable,  âpre- 
ment  acquis  ;  et  au  prix  de  sa 
propre  vie,  le  roi  a  gagné  les 
anneaux  que  le  feu  dévorera  ;  que 
la  flamme  recouvrira  :  il  n'y  aura 
pas  de  comte,  pour  porter  de  trésor 
en  sa  mémoire  ;  nulle  vierge  belle, 
n'aura  la  grâce  des  colliers,  à  son 
cou  ! 


6007.  Kemble  :  «  folc-raed  ». 

6010.  Kemble  :  «  Nu  »,  au  lieu  de  «  Me  ». 

6016.  Kemble  :  «  Sceal  ». 

6018.  Cf.  Psalt.  197  :  «  oft  nalaes  seldan  »  ;  God.  Ex.  25  :  «  monge  nales 
fea  »;  Id. ,  25  :  «  oft  nalles  aene  ». 

6034.  «  el-land  »,  terre  éloignée.  La  forme  plus  exacte  est  «  ele-land  ». 
D'où  «  êli-lant  »  (allemand  du  xne  siècle)  ;  «  eli-lenti  »,  et  en  allemand 
moderne,  «  elend  r,  misère,  exil.  Cf.  Psalt.  fol.  152  :  «  thaer  ic  on  ele- 


BEOWULF 


mi  se  here-wi'sa 
hleahtor  à-legde, 
sramen  and  çleô-dreâm  : 
forthon  sceall  gàr  wesan 
mo  ni  g  morgen-sceald 

6040  inundu  be-wunden, 
lupfen  on  handa  ; 
n ailes  hearpan  sweg 
wigend  weccean, 
ac  se  wonna  hrefn 
fus  ofer  faegu 
fela  reordian, 
ear  ne  secgan, 
lui  hi  aet  aete  speôw, 
thenden  he  with  wulf 

6o5o  wael  reâfode. 

Swa  se  secg  hwata 
secgende  waes 
lâthra  spella, 
hê  ne  leâg  fela 
wyrda  ne  worda. 
Weorod  eall  as-ras, 
eôdon  un-blithe 
under  earna-nees, 
wollen  têare, 

6060  wundur  sceâwian  : 
fundon  thâ  on  sande 
sâwul-leâsne 
hlim-bed-healdan 
thone  he  hi  hringas  geaf 


.  .  .  Mais  l'âme  triste,  priyés  de 
l'or,  ils :  iront  mainte  fois,  fouler  la 
terre  étrangère,  aujourd'hui  que  le 
chef  de  notre  armée  a  perdu  le 
rire,  la  gaieté,  et  la  joie  des  chan- 
sons] Ainsi  plus  d'un  javelot  sera 
froid  au  matin,  quand  des  mains 
étrangères  le  raviront  ! 

«  Le  guerrier  n'éveillera  plus  les 
sons  de  la  harpe,  mais  le  corbeau 
funèbre  prêt  à  fondre  sur  les 
cadavres,  dira  bien  des  choses  à 
l'aigle,  en  lui  racontant  comment 
il  s'est  gorgé,  tandis  qu'avec  le 
loup,  il  dépouillait  les  carcasses 
de  ceux  qui  avaient  été  massa- 
crés!»—  Ainsi  le  guerrier  vaillant 
allait,  parlant  de  ces  événements 
malheureux,  et  il  ne  mentait  ni 
en  paroles,  m  en  actions.  La 
troupe  entière  se  leva  d'un  même 
mouvement  :  tristes  et  en  pleurs, 
ils  se  rendirent  sous  le  promon- 
toire des  aigles,  pour  contempler 
le  prodige  : 


lande  ahte  stotve  ».  En  bas  allemand  moyen  :  «  he  toch  in  dat  elende  », 
il  alla  en  des  pays  étrangers.  Staatsb.  Mag.  IX,  361. 

6044.  Kemble  :  «  hraefn  ». 

6049.  Kemble  :  «  wulfe  ». 

6058.  Cf.  Helg-q.  Hund.  I,  14  :  «  so  vnd  Arasteini  ». 

6059.  Cf.  Cod.  Ey.  31  :  «  so  tearum  geotan  »  (datif  pluriel). 
6063.  Grein,  Kemble  :  «  hlin-bed  ». 


584 


BEOWULF 


a:rran  mœlû  : 
thâ  wœs  ende-dseg 

gùdû  ge-gongen 
thaet  se  gûth-cyning, 
Wed  ni  theôden, 
6070  wundor-deâthe  swealt  : 
âer  hï  thaer  ge-sëgan 
syl -lie ran  wiht, 
wyrm  on  wonge, 
wither-raehtes  thaer 
lathne  liegean; 
waes  se  lêg-draca, 
grim-lic  gryfre], 


irledu  be-swâeled, 


[fol.  195  b.] 


se  wœs  fiftïges 

6080  fôt-ge~mearces 
lang  on  légère  : 
lyft-wynne  heôld 
nihteshwilû, 
nyther  eft-ge-wât 
dennes  nïosian, 
wœs  thâ  deâthe  fœst  ; 
haefde  eorth-scrafa 
.    ende  ge-nyttod  ; 
him  big-stodan 

6090  bûnan  and  orcas, 
discas  lagon, 
and  dyre  swyrd 


Us  trouvèrent  en  ces 

lieux,  sur  le  sable,  et  sans  vie, 
couvrant  le  lit  de  mort,  celui  qui 
en  des  jours  passés,  leur  avait 
donné  des  anneaux.  Donc,  son 
jour  extrême  était  venu  pour  le 
bon  roi,  et  lui,  le  prince  des 
Westerns,  avait  péri  de  merveil- 
leuse mort  !  Ils  virent  là,  un 
monstre  très  étrange,  le  dragon 
gisant  en  face  du  roi,  abattu  sur  la 
plaine. 

Le  serpent  de  feu,  monstre 
effroyable,  était  consumé  par  ses 
propres  flammes,  et  sa  longueur 
était  de  cinquante  pieds,  à  l'en- 
droit où  il  était  étendu.  Il  avait 
goûté  depuis  longtemps,  la  joie  de 
voler  dans  les  airs  ;  il  redescendait 
pour  visiter  son  antre,  et  il  gisait 
là,  bien  mort.  //  avait  fini  de  jouir 
de  ses  cavernes  ;  près  de  lui  étaient 
rassemblés  des  coupes  et  des 
vases,   et  des    plats  ; 


6071.  Kemble  :  «  gesegon  ». 

6077.  Le  manuscrit  manque  au  coin.  Heyne  :  «  gryre-gaest  »,  en  se 
basant  sur  l'hypothèse  de  Kolbing,  qu'il  y  a  place  dans  le  manuscrit,  pour 
trois  à  quatre  lettres.  Mais  l'examen  du  manuscrit  suffit  à  prouver  qu'il 
manque  une  lettre  au  plus,  et  Zupitza  et  Kemble  proposent,  non  sans  raison, 
cette  simple  correction  :  «  gnj\rë\  ». 

6089.  Kemble  :  «  stodon  » 

Cf.  Gaedm.  18  ;  D.  G.  II,  903  ;  Anal.  126,  33. 


BEOWULF 


585 


omige  thurh-etone, 

swé  lin1  with  eorthan  fsetbm 

tlulsend  wintra 

tha^r  eardodon  : 

thon  wœs  thaer  yrfe 

eâcen-crœftig, 

iii-monna  gold 
6100  galdre  bc-wunden, 

tbaetthâm  hring-sele 

hrinan  ne  môste 

gumena  aenig, 

nefne  God  sylfà, 

sigora  sôth  cyning, 

sealde  tha  thé  wôlde 

(hê  is  manna  ge-hyld,) 

hord  openian, 

efne  swâ  hwylcù  manna 
61 10  swâ  hï  ge-met  thûhte, 


rlaives 


.de  riches 
rongés,    dé- 


rouillas et 
meures  enfouis  sous  la  terre  pen- 
dant mille  ans,  depuis  que  cet 
héritage  magnifique,  —  /'or  des 
hommes  d'autrefois,  —  était  gardé 
par  des  enchantements,  qui  em- 
pêchaient tout  homme  d'appro- 
cher de  l'antre  aux  colliers,  —  si 
Dieu  lui-même,  vrai  roi  des  vic- 
toires, n'avait  permis  à  son  élu,  à 
celui  qu'il  lui  avait  semblé  bon  de 
choisir,  (le  Seigneur  est  le  dispen- 
sateur des  graces  sur  les  hommes) 
de  pénétrer  dans  le  trésor  ! 

XLII 


XLIL 

Thâ  wœs  ge-syne 
tha  et  se  sith  ne  thâ  h 
thâ  the  un-rihte 
inné  ge-hydde, 
wraece  under  weal  le; 
weard  âer  of-slôh 
fêara  sûne, 

thâ  siô  fœhth  ge-wearth 
ge-wrecen  wrâth-lice, 
6120  wundur  hwâr  thon 
eorl  ellen-rôf 
ende  ge-fëre 
lif-ge-  sceafta  ; 


Alors  on  vit  que  le  destin  n'avait 
pas  favorisé  celui  qui,  contre  le 
,  bon  droit,  avait  caché  les  trésors 
sous  la  roche  de  la  montagne,  à 
l'aide  de  maléfices.  Le  dragon 
avait  tué  d'abord  quelques  hom- 
mes, et  ce  meurtre  fut  cruellement 


venge 


6093.  Kemble  :  «  etene». 
6115.  Thorpe  :  «  wraete  ». 


586 


HKOWn.F 


thon  leng  oe  maeg 

mon  mid  his  mag]û 

medu-seld  biian, 

swâ  w.rs  Biô-wulfe 

thâ  hë  biorges  weard, 

[fol.  196  a.] 

sôhte  searo-nithas, 
6i3o  seolfa  ne  cûthe  thurh  hwœt 

his  woruldege-dâl 

weorthan  sceôlde  : 

swâ  hit  oth  domes  dseg 

diope  be-nemdon 

theodnas  maere, 

thâ  thaet  thâêr  dydon, 

thaet  se  secg  wœre 

synnù  scildig, 

hergii  ge-heatherod , 
6 1 40  hell-bend  Ci  fœst. 

wômû  ge-witnad, 

se  thone  wong  strâde  ; 

nœs  hë  gold-hwœte, 

gearwor  hsefde 

âgendes  est 

œr  ge-scêawod. 

Wïg-lâf  mathelode 

Wih-stânes  sunu  : 

oft  sceall  eoii  monig 
6 1 5o  ânes  willan 

wrœcâ  dreôgeth, 

swâ  ûsge-worden  is  ; 

ne  meahton  wë  ge-laeran 

leofne  théôden, 

rices  hyrde, 

reed  senigne, 


.  .  .  (l'est  toujours  un  mystère 
que  de  savoir  en  quel  lieu  un 
noble  de  vaillant  renom,  doit  ren- 
contrer la  fin  de  sa  fortune,  puis- 
qu'un homme  ne  peut  longtemps 
s'asseoir  parmi  ses  fils,  à  la  table 
de  bière.  Ainsi  en  advint-il  de 
lîeowulf,  quand  il  attaqua  le  gar- 
dien de  la  montagne,  et  son  infer- 
nale malice.  //  ne  savait  lui- 
même,  comment  il  quitterait  la 
vie  ! 

Ainsi  les  principaux  d'entre  les 
chefs  qui  laissaient  le  trésor  en  ces 
lieux,  prononcèrent-ils  sur  lui 
de  terribles  imprécations  :  que 
l'homme  qui  marcherait  sur  ce 
sol,  serait  souillé  de  péché,  jus- 
qu'au jour  du  jugement  ;  qu'il 
serait  enfermé  dans  les  temples 
des  idoles,  lié  par  l'enfer,  et  investi 
de  fléaux.  Car  il  (Beôwulf),  n'avait 
pas  été  avide  de  /'or,  mais  n'avait 
cherché  dès  l'abord,  et  constam- 
ment, qu'à  glorifier  le  Seigneur. 
Wiglaf,  fils  de  Weohstan,  parla  : 
«  —  Souvent  il  advient  que  maint 
comte  souffre  amèrement,  du  fait 
d'un  seul  homme.  Ainsi  en  a-t-il 
été  de  nous  ! 


6125.  Le  manuscrit  a,  au  coin  du  feuillet,  une  lacune. 

6143.  Thorpe  et  Wùlcker  «  gold-hwaetes  »  ;  Sievers  :  «  gold-hwaeles  » 

6151.  Kemble  ;  «  dreagan». 


BEOWULF 


587 


thaet  hé  ne  grétte 

gold-weard  thone; 

lête  hyne  licgean 
6160  thaer  hê  longe  waes, 

wicû  wunian 

oth  woruld-ende  : 

heoldon  heâh  ge-sceap; 

hord  y  s  ge-sceâwod 

grime  ge-gongen, 

waes  thaet  gifethe  tô  swith 

the  thone  thyder  on-tyhte  : 

le  waes  theer  inné 

and  thaet  eall  geond  seh 
6170  recedes  geatwa, 

thâ  më  ge-rymed  waes  ; 

nealles  swœs-lice  ; 

sith  â-lyfeth 

inn  under  eorth-weall  ; 

ic  on  ôfoste  ge-fêng 

micle  mid  mundû 

maegen-byrthenne 

hord-ge-streôna, 

hider  ût  œt-beer 

[fol.  196  b.] 
5  r8o  cyningeminû; 

cwico  wees  thâ  gêna 

wis  and  ge-wittig, 

worn  eall  ge-sprœc 

gomol  on  ge-litho, 

and  êowic  grétan  hét, 

baed  thaet  gëge-worhton 

œfter  wines  dœdû 

in  bâel-stede 

beorh  thone  heân, 


Nous  ne   pouvions 

persuader  à  notre  cher  prince,  au 
pasteur  du  royaume,  de  ne  point 
attaquer  le  gardien  de  l'or;  de  le 
laisser  reposer  en  paix  où  il  vivait 
depuis  longtemps  ;  de  lui  permettre 
d'habiter  son  antre  jusqu'à  la  fin 
des  siècles.  Nous  avons  subi  le 
destin,  commandé  par  le  ciel! 
Voici  que  nous  contemplons  le 
trésor  cruellement  gagné,  et  l'envie 
fut  funeste  qui  incita  Beowulf,  à  le 
conquérir  !  Je  fus  clans  l'antre 
dont  j'examinai  tous  les  trésors, 
puisque  je  pouvais  le  faire  ;  et  le 
voyage  que  j'entrepris  sous  les 
remparts  de  la  terre,  ne  me  fut 
point  doux.  De  mes  mains,  en 
hâte,  j'ai  soulevé  une  puissante  et 
forte  charge  de  trésors  amoncelés . 
Je  les  apportai,  ici,  à  mon  roi  :  il 
était  encore  éveillé,  ayant  l'esprit 
présent.  Très  âgé,  il  dit  une  foule 
de  paroles,  dans  sa  détresse,  et  me 
chargea  de  vous  saluer  en  son 
nom  ! 

«  Il  a  commandé  que  vous  éle- 
viez sur  l'emplacement  du  bûcher 
funéraire,  un  mausolée  très  haut, 
comme  il  convient  aux  mérites  de 
de  notre  ami  : 


6163.  Kemblc,  Grein,  Heyne  et  Toller  :   •  heatdan». 
6169.  Kemble  :  «  seali  ». 
6181.  Kemble  :  «  cwice  ». 


588 


HKOWULF 


6190  micelne  and  marne, 
swii  hê  manna  waes 
vvfgend  wcorl  h  ful lost 
wide  geond  eorthan, 
thenden  he  hurh-welan 
brdcan  môste. 
Uton  mi  efstan 
othre  [sido] 
seôn  and  sécean 
searo-ge-thrrec, 

6200  wundur  under  wealle; 
ic  eôw  wisige 
thaet  gêge-nôge 
ne  on  sceàwiath 
beâgas  and  brad  gold  : 
sie  siô  bœr  gearo,, 
œdre  ge  sefned 
thon  wë  ut  cymen, 
and  thon  ge-ferian 
freân  ûserne, 

Ô210  leôfne  mannan, 

thœr  hê  longe  sceal 
on  thaes  waldendes 
wsere  ge-tholian. 
Hét  thâ  ge-béodan 
byre-Wih-stânes, 
hsele  hilde-dior, 
hseletha  monegu 
bold-àgendra, 
thaet  hie-bœl-wudu 

6220  feorran  feredon, 
folc-âgende 
gôdû  tô-génes  : 
nu  sceal  glëd  fretan, 
weaxan  wonna  lëg, 
wigena  strengel 
thone  the  oft  ge-bâd 


qu'il    soit    donc 

illustre  <;l  magnifique,  ainsi  que 
Beowulf  fut  le  plus  vaillant  guer- 
rier d'entre  les  hommes,  tout  à 
travers  la  terre,  alors  qu'il  pou- 
vait jouir  de  la  richesse  des  cités  ! 
A  présent,  hâtons  nous  pour  la 
dernière  fois,  d'aller  voir,  et 
quérir  les  trésors  amoncelés,  ces 
merveilles  qui  reposent  sous  la 
montagne  !  Je  vous  guiderai,  pour 
que  vous  puissiez  contempler 
d'assez  près,  les  anneaux,  et  /'or 
massif  !  Que  pour  notre  retour,  la 
sépulture  soit  aussitôt  préparée,  et 
nous  porterons  alors  notre  roi,  le 
héros  chéri,  aux  lieux  où  long- 
temps, il  dormira,  dans  la  paix  du 
Seigneur  !  » 

Alors  le  fils  de  Wihstan,  le 
héros  furieux  à  la  guerre,  com- 
manda qu'on  fît  apporter  de  loin, 
à  une  foule  d'hommes,  possesseurs 
de  palais  et  de  serviteurs,  du  bois 
pour  le  bûcher,  afin  de  faire  hon- 
neur au  bon  chef.  «  Mainte- 
nant, dit-il,  la  flamme,  la  flamme 
avide  dévorera,  en  tourbillonnant, 
le  ferme  soutien  des  guerriers,  qui 
souvent  bravait  le  nuage  éclatant 
des  traits,  quand  la  tempête  des 
flèches  décochées  de  l'arc,  gron- 
dait sur  la  muraille  des  boucliers  ; 
quand  les  flèches  sifflaient  ;  .    .     . 


6203.  lleyne  :  «  nean  » . 


BEOWULF 


")89 


ïsern-scûre, 

thoïï  strsela  storm 

strengû  ge-baeded 
62 3(5  scôc  ofer  scild-weall, 

sceft-nytte  heôld 

fœder-gearwu  fus, 

flane  full  eode. 

Ilûru  senotra 

su  nu  Wih-stânes 

â-cigdeof  eorthre 

cyninges  thegnas, 

[fol.  198  a.] 

syfonefaet]  somne, 

tha  sélestan, 
6240  eôde  eâhta  sum 

under  in-wit-hrôf; 

hilde-rinc  su 

on  handa  bser 

éêled-leôman, 

se  the  on  orde  geông; 

nœs  tha  on-hlytme 

hwâ  thaet  hord  strude, 

syththan  or-wearde 

aenigne  dàel 
Ô25o  secgas  ge-sëgon, 

on  sele  wunian, 

leene  licgan  ; 

lyt  âenig  mearn 

thaet  hie  ôfost-lic[e] 

ût  ge-feredon 

dyre  mâthmas  ; 

dracan  éc  scufun, 

wyrm  of  weall-clif, 


quand 

passait  le  vol  de  leurs  plumes  !  » 
Ainsi  le  fils  prudent  de  Wihstan 
choisit  parmi  la  troupe,  les  meil- 
leurs d'entre  les  comtes  du  roi  : 
accompagné  par  huit  de  ceux-ci, 
il  s'avança  sous  la  voûte  de  l'en- 
nemi :  un  guerrier  les  précédant, 
portait  dans  sa  main,  une  torche 
brûlante. 

Celui  qui  eût  pu  distribuer  en 
parts  les  trésors,  n'étant  pas  là, 
les  hommes  voyaient  avec  indif- 
férence, ce  qui  en  restait,  sans  pos- 
sesseur, au  fond  de  la  caverne,  et 
ils  se  souciaient  peu  d'emporter  en 
hâte,  les  chers  trésors.  Le  dragon, 
aussi,  le  serpent  fut  jeté  par  eux, 
du  haut  du  rempart  de  la  falaise. 
Ils  laissèrent  la  vague  recevoir,  et 
le  flot  embrasser  le  gardien  des 
trésors 


6234.  Kemble  :  «sceaft-n...  ». 

6232.  Kemble  :  «  fether-geanvu». 

6239.  Kemble,  Zupitza  :  «  [to]-somne  »  ;  Grein  :  «  [aet\-somne  >:. 

6257.  Kemble; :  «  scufon  ». 


590 


HEOW  I  IK 


lëton  w  âeg  ni  man, 
6260  flôd  fsethmian 
fraetwa  hyrde  : 
thaet  waes  vunden  14 o  1  < J 
on  waen  h  laden, 
éeg-hwaes  un-rim  ; 
aethelinge  boren, 
bar  hilde-[deor], 
to  llrones-mrsse. 


XLIII 

Him  thâ  gegiredan 

Geata  leéde 
6270  âd  on  eorthan, 

un-wâc-licne, 

helm-be-hongen, 

hilde-bordû, 

beorthû  byrnû, 

swà  hë  béna  wœs  : 

â-legdon  thâ  tô-middes 

mâerne  theôden 

hœleth  hiofende, 

hlâf-ord  leôfne  ; 
6280  on-gunnon  thâ  on  beorge 

bael  fyra  inaêst 

wïgend  weccan  : 

wu[du-r]êc  â-stâh 

sweart  of  swic-thole, 


.  .  .  Puis,  l'or  forgé  fut  chargé 
sur  le  chariot,  —  richesses  de 
toutes  espèces,  et  sans  nombre,  — 
et  le  noble,  le  glorieux  héros  fui 
porté  à  llronesnaes. 

XUII 

Four  lui  le  peuple  des  Geats 
apprêta  sur  la  terre,  un  monu- 
ment funéraire,  majestueux  et 
paré  à  l'entour,  de  casques,  d'ar- 
mures de  guerre,  et  de  cuirasses 
étincelantes,  ainsi  qu'il  l'avait 
demandé.  En  pleurant,  les  héros 
déposèrent  alors  au  sommet,  leur 
cher  Seigneur,  et  les  guerriers  sur 
la  montagne,  se  prirent  à  allumer 
le  plus  violent  des  feux  de  mort  : 
la  fumée  du  bois  s'épaississait,  en 
s'élevant  vers  les  cieux.  Les  crépi- 
tements de  la  flamme  se  mêlaient 
au  bruit  des  sanglots 


6262.  Kemble  :  «  tha  waes...  »  ;  Thorpe  :  «  thaer  ». 

6266.  Thorpe  :  «  hilde[-rinc]  ». 

6268.  Kemble  :  «  gegiredon  ». 

6272.  Grein  :  «  heln[um]  ». 

6284.  Toller  fait  dériver  «  swic-thole  »  de  «  swice  »,  «  swicc  »  ;  Grein  de 
«  swathul  ». 
«  swic-thol  -,  désigne  le  feu,  et  est  composé  de  «  thol  »,  en  vieux  nor- 


BEOWULP  591 

swogende  let  Et  les  vents 

wôpe]  be-wunden  se  turent,  jusqu'à  ce  que  le  feu 

wint-blond  g-Iaeg,  eût  fait  éclater  la  poitrine  du  roi, 

otb -thaet  hë  tha  bân-bûs  dans  la  prison  des  os.  L'âme  triste, 

ge-brocen  haefd[e],  le  cœur  désespéré,   ils  gémirent 

6290  hât  on  hrethre  ;  sur  la  mort  de  leur  seigneur  !  Bien 

higû  un-rote  plus,  la  femme  âgée  (llygd?),  les 

môd-ceare  mâendon,  cheveux    relevés,    commença    un 

mon-dryhtnes  [cwealm]  ;  chant  plaintif,  et  répétait  qu'elle 

swylce  geômor-gyd  craignait    grandement   des  jours 

fsio  geo-]meowle néfastes   pour  elle-même,  le  car  - 

[fol.  198  b.]  narge,  —  et  ce  que  redoutent  les 
wunden  heorde  guerriers,  le  joug  de  la  captivité  ! 
sorg-cearig  sœlde  La  fumée  se  perdit  dans  lescieux... 


ge  neahhe 


thaet  hiô  hyre gas 

63oo  hearde de 


mand,  bois  :  «  swic-thol  »,  signifie  donc  littéralement,  ce  qui  dévore  le  bois 
Cf.  Grimm,  D.  M.  467,  sur  Muspelli. 

6285.  Thorpe  :  «  leg  ». 

6291.  Kemble  :  «  hygu  ». 

6295-6304.  La  meilleure  reconstitution  de  cette  lacune  du  manuscrit,  paraît 
être  celle  de  Bugge.  Heyne  compte  deux  vers  entre  «  egesan  »,et  «heofon». 
Et  de  même,  Wùlcker  juge  qu'il  y  a  deux  vers  entre  «  wonn  »,  et  «  hytho  ». 
Bugge  répond  aux  besoins  de  l'allitération,  dans  le  passage  qu'il  reconstitue 
La  version  est  la  suivante,  mais  s'éloigne  bien  du  texte  : 

«  Swylce  giomor-gyd 
sio  géo-méowle 
aefter  Béowulfe 
bunden-heorde 
song  sorg-cearig, 
saede  geneahhe, 
thaet  hio  hyre  hearm-dagas 
bearde  ondrede, 
wael-fylla  worn, 
wigendes  egesan, 
hyntho  ond  haeft-nyd, 
Leof  on  rice  wealg  ». 


592 


BEOWl  I  F 


lr<> 


w.i'l -fvlla  wonn 
....  des  ege8an 

hytho  ...  Ii d. 

Heofon  rêce  swe  a 

Ge-worhton  tha" 

Wedra  leôde 

hlâew  on  |h  jlithe, 

se  wajs  heal)  and  brad, 

[waégjg-lïthendum 

63  io  wide  g[e]  syne, 
and  be-ti  inbred  on 
on  tyn-dagum 
beadu-rôfis  been, 
bronda  lâfe 
wealle  be-worhton 
swâ  hyt  weorth-licost 
fore-snotre  men 
findan  mihton  : 
hi  on  beorg  dydon 

6320  bégand  bfeorht]  siglu, 
eall  swylce  on  horde  âer 
swylce  on  horde  ser 
nith-hydige  men 
genumen  hœfdon; 
for-lêton  eorla  gestrëon 
eorthan  healdan, 
gold  on  greôte, 
thœr  hit  nu  gën  h'fath 
eldû  swâ  un-nyt 

633o  swâ  hit  [âeror]  waes. 
Thâ  ybe  hlœw  riodan 
hilde-deôre, 
œthelinga  beam 


Le  peuple  des  Westerns  éleva  alors 
un  monument  dominant  la  mer, 
haut  et  large,  facilement  aperçu 
des   mariniers  sur  les  vagues,    el 
pendant  dix  jouis,  ils  édifièrent  le 
mausolée  du  héros  renommé  à  la 
guerre.  Ils  /'entourèrent  d'un  mur 
d'enceinte,  de  la  meilleure  manière 
que  des  hommes  avisés  puissent 
imaginer.  Ils  enfouirent  dans   la 
sépulture,    des    anneaux    et    des 
gemmes  étincelantes,  —  tous  orne- 
ments que   les  guerriers  à  l'âme 
hère,  avaient  enlevés  du  trésor.  Ils 
souffrirent  que  la   terre   reçût  le 
trésor  des  guerriers  ;  que  l'or  se 
perdît  dans  les  sables,  où  il  de- 
meure encore,    également  inutile 
auxhommesd'aujourd'hui,  comme 
il  le  fut,  à  ceux  du  passé  ! 

Alors,  autour  du  monument, 
défila  une  troupe  de  guerriers 
d'élite,  en  tout,  douze  d'entre  les 
nobles 


6307.  Kemble,  Thorpe  :  «  [li\lithe  ». 
6314.  Heyne  :  «  be  lafe  ». 
6320.  Kemble  :  «  beag  ». 
6330.  Kemble  :  »  hi[t  aero]r  ». 


UKOWTLF 


593 


•  alia  twelfa 

woldon  ;eeare;  cwïthan 

kyning  nuienan, 

word-gyd  wrecen 

ondymb  \v[er]sylfe  sprecan; 

eahtodan  eorl-scipe, 
6340  and  his  ellen-weorc 

dùguthû  démdon, 

swâ  hit  g-d  éfe  bithj 

thaet  mon  his  wine-dryhten 

word  11  herge, 

ferhthfi  frêofge] 
thonne]  hë  forth  scile 

of  lic-haman, 

flame]  weorthan. 

Swâ  be-gnornodon 
635o  Geâta  lëode 

hlâfordes  [hry  ire, 

heorth-g-neatas; 

cwsedon  thaet  hé  waere 

wyruld-cyningja; 

manna  mildust 

and  m[on-thw3e]rust, 

leodu  lithost 

and  lôf-geornost. 


....  Ils  allaient,  s'entretenant 
du  roi,  le  rappelant  au  souvenir, 
chantant  ses  hauts  faits,  et  ainsi 
ils  parlaient  eux-mêmes  :  Us 
louaient  sa  valeur,  et  ils  jugeaient 
avec  éloges,  ses  prouesses  ;  ainsi 
convient-il  qu  un  guerrier  exalte 
son  seigneur  chéri,  et  /'aime  dans 
/'âme,  quand  celui-ci  doit  aban- 
donner son  corps,  et  disparaître  ! 
Donc,  le  peuple  des  Geats,  les 
compagnons  du  palais  pleuraient 
leur  seigneur  bien-aimé  :  ils  di- 
saient qu'il  était  des  rois  du 
monde,  le  plus  doux  et  le  plus 
clément  ;  le  plus  agréable  à  sou 
peuple,  et  le  plus  jaloux  de  sa 
gloire  ! 


6335.  Ivemble,  Grein  :  «.[ceare]  ». 

6335-6340.  Cosijn  cite  un  passage  de   Joraandès  (eh.  XLIX)  qui  montre 
qu'une  semblable  coutume  existait  aussi,  chez  les  Huns. 

0338.  Grein  :  «  wer  ». 

«1351.  Thorpe  :  «.[hryré]  ». 

0359.  Tous  les  détails  des  funérailles  d'un  héros  teuton  étaient  déjà 
observés,  avant  l'ère  chrétienne,  avec  le  sacrifice  des  faucons,  des  meutes,  des 
chevaux.de  l'épouse,  et  des  esclaves.  Swàwa  se  fait  ensevelir  avec  son  époux  ; 
Brvnliild  se  tue  sur  le  bûcher  de  Sigurdr.  Gudr-q.  I  :  «  Brynhildur  vildi 
eigi  Ufa  eptir  Sigurth  ;  lion  let  drepa  Praela  sina  atta,  ok  funm 
àmbotter;  tha  laydi  lion  sik  sverthi  til  bana  ».  Les  mêmes  faits  sont  rap- 
portés avec  plus  de  précision  et  de  couleur,  dans  Sigurd-q.  Kl,  02.  65. 

:*8 


OÎ)4  ItKOW  I  I.I- 

<(  JJrenni  cnom  llunska 
a  hlith  m  dra 
mina  thiôna 
menion  gavfga, 
twcir  at  havfdotn, 
ok  I  weir  havkar; 
thâ  er  avllo  skipt 
til  jafnathar. 


«  Ihwiat  hanojn  fylgia 
il inni  aniboltir, 
âtta  thiùnar 
ethlom  gôthir, 
fôstr-man  mitt 
ok  fatherni 
that  er  Buthli  gal' 
barrii  si  no. 


«  Crement  illo  Hunnieo 
ad  alterum  latus 
meos  famulos 
monilibus  decoros, 
duo  ad  caput, 
et  duo  accipitres  ; 
ita  sunt  omnia  partita 
sequali  modo. 


«  nam  eum  comitentur 
quinque  ancillœ, 
octo  servi 
natalibus  generosi, 
mancipium  meum  collactaneum, 
et  hereditas  (patrimoniale) 
quam  Buthlius  dedit 
soboli  suae  ». 

La  croyance  commune  était  que  les  chevaux,  bijoux  et  chariots  places  sur 
le  bûcher,  devaient  servir  au  défunt  dans  un  autre  monde,  le  Valhalla,  — 
et  que  ceux  qu'on  brûlait  avec  lui,  l'y  suivaient.  Ainsi  dans  ce  passage 


bËowi  i.i  SÔS 

(Fornald,  Sôg.  I.  387)  :  voici  Tordre  des  funérailles  du  roi,  «  llaralldr- 
Hilditavnn  »  : 

<c  Oc  annan  dag  aptir  at  morni,  lœtr  ffringr  Konungr  kanna  valinn^ok 
leita  at  liki  Haralds  Konungs.  frœnda  sins,  ok  var  mikill  herr  valsins 
fallinn  yfir,  thar  sem  //kit  la  ;  var  tha  orthinn  mithr  dagr,  er  likit 
fannst,  ok  valrinn  var  rofinn  :  ok  têt  Hringr  Konungr  tha  taka  lik 
Harals  Konungs.  frœnda  sins,  ok  thvd  afbloth,  ok  buavm  vegliga  eptir 
fornri  sithvenju,  lèt  leggia  likit  i  thann  vagn,  er  Haralldr  Konungr 
ha  ft  hi  till  orrostu  ;  ok  eptir  that  lèt  harm  kasta  mikinn  havg,  ok  let  tha 
liki  h  ans  aka  i  theim  rag  ni,  a  theim  hesti,  er  Harralldr  Konungr  ha 'fthi 
til  orrostu,  ok  let  svd  aka  i  hauginn  ;  ok  sithan  var  sa  hestr  drepinn. 
Ok  tha  let  Hringr  Konungr  taka  thann  sothul,  er  hann  sjalfr  ha  fthi 
rif hit  i.  ok  gaf  thann  Haralldi  Konungi,  frœnda  sinum,  ok  bath  hann 
géra  hvârt  er  hann  vildi,  ritha  til  Valhallar  etha  aka  ;  ok  tha  let  hann 
gera  thar  mikla  veiclu,  ok  veita  utferth  Haralds  Konungs,  frœnda  sins. 
Ok  athr  enn  haugrinn  vœri  aptr  lokinn,  tha  bithr  Hringr  Konungr  til 
ganga  allt  stormenni  ok  alia  kappa,  er  vith  voru  staddir,  at  kasta  i 
hauginn  storuni  hringum,  ok  gothum  vdpnum,  til  sœmdr  Haraldi 
Konungi  Hilditon;  ok  eptir  that  var  aptr  by rgthi  haugrinn  vandliga.   » 

Une  autre  coutume  était  d'exposer  le  corps  du  héros  sur  un  vaisseau  qu'on 
laissait  ensuite,  voguer  à  l'aventure.  Ainsi  Scyld,  sur  les  vagues,  est  porté 
jusqu'aux  régions  pleines  d'ombres,  du  monde  inconnu. 


NOTES  SUR  BEOWULF 


NOTES  SUR  BEOWULF 


7.  «  Scgld,  te  fils  de  Sce'f...  ».  Suivant  la  légende  primitive,  Scéf  fut 
un  enfant  trouvé  dans  une  barque,  avec  des  gerbes  de  blé,  qui  lui  firent 
donner  son  surnom  de  «  Sheaf  ».  Ce  détail  figure  dans  Ethelwerd  et 
dans  William  de  Malmesbury.  Mais  dans  Beowulf,  l'enfant  trouvé  est 
dénommé  Scyld,  et  porte  le  même  surnom.  Cf.  Môller,  Das  Altenglischo 
Volksepos,  pp.  43  et  suiv.;  G.  Binz,  P.  B.  XX,  147  etsuiv.;  Sievers,  Saxo, 
p.  176. 

11.  Nous  avons  adopté  la  forme  du  texte,  donnée  par  Wyatt  :  «  egsode 
eorl  ».  Mais  la  correction  de  Kemble  :  «  egsode  eorlas  »,  admise  par 
Sievers  (Saxo,  188),  par  ïrautmann  (Bonner  Beitràge  zur  Anglistik,  II, 
124),  est  bien  préférable,  au  point  de  vue  du  sens.  Elle  permet  de  tra- 
duire :  «  aitisiy  il  les  terrifiait. . .  ». 

22.  «  thaet  ».  Forme  neutre  prise  ici  en  elle-même,  sans  relation  avec 
un  sujet.  Ce  qui  se  retrouve  dans  l'allemand  du  temps  de  Lutber. 
Exemple  :  «  dass  war  ein  guter  Konig  »,  et  non  pas  «  der  ».  La  même 
construction  se  retrouve  aux  vers  496,  694,  1426, 1720,  2144... 

39.  A  ce  vers,  il  faut  lire  :  «  swa  sceal  guth-fruma  ».  L'allitération 
porte  sur  le  «  g  »,  et  non  sur  le  «  w  ». 

51.  Les  verbes  marquant  une  action,  un  mouvement,  sont  générale- 
ment construits  avec  «  him  »,  paragogique,  —  ce  qui  se  rencontre  notam- 
ment, dans  «  ge-witan  ».  Et  encore,  dans  le  vieux  saxon  (Schmcller, 
Héljand)  :  «  geng  imu  »  (id.  119,  139,  141),  «  giuuêt  imu  ».  La  même 
construction  se  rencontre  dans  «  tredan  »,  au  vers  3757.  On  la  trouve 
également,  dans  le  moyen  anglais  :  «  Jacke  hym  hyed  home  full  rtjght.  » 
(Bruns.  Alt  Platdeutsche  Gedichte,  p.  40). 

o2.  Le  mot  «  scapan  »,  «  creare»,  est  généralement  employé  dans  la 
terminologie  mythologique  c}u  Nord,  et  dans  le  dialecte  icelandique  :  il  (v 


600  m:<>\\  i  1 1 

signifie,  le  destin,  «  fatum  »,  el  précise  un  événement  qui  doit  se  pro- 
duire dans  un  laps  <le  temps  déterminé.  A  l'appui  de  cette  manière  de 
voir,  on  peut  citer  (For  Skirnis,  XIII,  .'>  :  Edda  Saemundar  liions  Froda, 

I,  7.'))  :  «  Mer  var  aldr  uni  «  skapathr  »,  Oc  alt  lif  urn  lagit  ».  «  Un  age 
«  me  fut  «  assigné  »,  et  toute  ma  vie  fut  réglée...  «.Autre  exemple,  que 
l'on  trouve  dans  Hund,  I,  2  :  «  Normir  quamo  ther  er  authlingi  alldr  um 
«  scopo  ».  Il  est,  du  reste,  possible  que  a  gescaep-hwil  »,  soit  seulement 
l'une  des  périphrases  nombreuses,  employées  en  anglo-saxon,  pour 
désigner  la  mort. 

72.  «  Fêla  »,  est  un  substantif  désignant  une  multitude,*  et  qui  ne  se 
décline  pas  ;  il  est  toujours  suivi  d'un  génitif,  et  le  verbe  dont  il  dépend, 
est  au  singulier.  Cf.  vers  3772. 

85.  «  Laessan  »  est  à  l'accusatif  singulier,  et  se  rapporte  à  «  hine  »  ; 
il  n'est  pas  au  datif  pluriel,  et  se  rapportant  à  «  lacum  »,  sans  quoi  l'on 
rencontrerait  la  forme  :  «  laessum  ».  Une  construction  analogue  se 
trouve  au  vers  2444. 

92.  «  umbor-ivesende  »  est  un  accusatif  singulier,  suivant  le  verbe,  et 
se  rapportant  à  Scyld.  Des  participes  présentent,  parfois,  cette  anomalie, 
et  perdent  1'  «  n  »  désignant  le  plus  souvent  un  adjectif,  ou  une  forme 
du  participe,  à  l'accusatif  masculin,  singulier.  Ainsi,  au  vers  742  :  «  eniht- 
wesende  ». 

402.  ïl  faut  lire  ici  «  séle  raedende  »,  comme  au  vers  2691.  Le  présent 
du  verbe  «  cunnon  »,  rend  cette  correction  nécessaire  :  si  l'on  regarde  la 
forme  «  sele-raedenne  »,  comme  un  génitif,  après  «  men  »,  celle-ci 
exigerait  un  verbe  au  prétérit. 

104.  «  on-fon  »  est  suivi  d'un  accusatif  ou  d'un  datif,  selon  que  l'action 
de  saisir,  est  plus  ou  moins  indiquée  et  violente.  Il  en  est  de  même 
d'  «  hrinan  »,  atteindre,  aux  vers  1698  et  2338.  D'autres  exemples  de  cette 
construction  avec  l'accusatif,  figurent  dans  Bib.  Publ.  de  Cambridge, 
John,  XVIII,  3  ;  Lue,  IX,  X,  48,53;  XIII,  8,  38  ;  mais  dans  John,  XIX,  25, 
on  trouve  un  génitif,  dans  l'exemple  suivant  :  «  fha  se  Haélendonfeng 
thaes  ecedes  »  :  prenant  du  vinaigre. 

106.  «  Beowulf  des  Sq/ldings  »,  ainsi  au  vers  2132  :  «  Hnaef  Scyl- 
dinga  ».  Le  génitif  pluriel  dépend  de  «  Beowulf  »,  et  non  de 
«  bur  g  uni  ». 

108.  L'espace  de  temps,  pendant  lequel  un  événement  se  produit,  est 
mis  à  l'accusatif.  «  Thrage  »  est  synonyme  de  «  throw  »,  en  moyen 
anglais.  Exemple  tiré  de  la  «   Vision  de  Piers  Plowman  »,  p.  87  :  «  And 


NOTES  (>0l 

I  have  though!   a  «  târowe  ».  Ce  < [ n i  en  anglais   moderne,  s'écrirait  : 

I  have  though!  awhile  :  j'ai  pensé.,  pendanl  un  moment... 

11*!».  Le  pluriel  «  raesira  »  impliquerait  le  singulier  «  raeso  »,  comme 
u  bref/o  »,  etc..  mais  cette  forme  n'existe  pas.  Il  convient  donc  de  lire  : 
-  raestoan  ». 

124.  La  plupart  des  auteurs  s'arrètenl  à  la  correction  suivante  :«  ofer 
saésohte. ..  ». 

130.  Il  y  a  quelque  difficulté  au  mot  «  mayas  ».  En  anglo-saxon,  il  y 
a  trois  mots  à  peu  près  identiques  :  «  maeg  »,  «  ma  g  a  »  et  «  mecg  »,  ou 
«  maecg  ».  Le  premier  de  ceux-ci,  répond  à  la  forme  latine  «  affuris  », 
et  au  gothique  «  ?negs  »  :  ses  voyelles,  dans  ce  cas,  doivent  donc  être 
longues,  et  celles-ci  ne  changeraient  pas  au  pluriel,  dans  la  déclinaison, 
qui  serait  la  suivante  :  nominatif  singulier  :  «  maeg  »  ;  génitif  singulier  : 
«  maëg-es  »  ;  datif  singulier  :  «  maeg-e  »  ;  accusatif  singulier  :  «  maeg  »  ; 
nominatif  pluriel  :  «  maeg-as  »  ;  génitif  pluriel  :  «  maeg  a  »  ;  datif 
pluriel  :  «  maeg-um  »  ;  accusatif  pluriel  :  «  maeg  as  ».  Si,  au  contraire, 
les  voyelles  sont  brèves,  la  déclinaison  sera  changée,  au  pluriel.,  en  : 
nominatif  :  «  mag-as  »;  génitif:  «  m,ag-a  »  ;  datif  :  «  mag-um  »  :  accu- 
satif :  «  mag-as  ».  Mais  dans  ce  dernier  cas,  il  n'y  a  pas  de  rapport  entre 
«  maeg  »,  et  le  gothique  «  megs  »,  qui  commande  la  forme  «  maeg  ». 

II  semble,  dès  lors,  qu'il  se  soit  produit  une  confusion  en  anglo-saxon,  et 
qu'autrefois,  les  deux  mots  existaient  :  l'un,  avec  les  voyelles  longues, 
«  maeg  »  (affinis).  correspondant  au  gothique  «  megs  »  ;  l'autre,  avec 
les  voyelles  brèves  «  maeg  »  (le  fils),  correspondant  au  gothique  «  magus  ». 
Dans  «  Beowulf  »,  au  vers  1169,  on  rencontre  la  forme  d'un  datif  au 
pluriel  :  «  heafod-maégum  ». 

145- 146.  «  Hormis  la  terre  et  les  vies  des  hommes...  ».  Cosijn  (Aant,  2) 
regarde  ces  vers,  comme  ajoutés  au  texte  primitif.  Earle  pense  qu'un 
copiste  a  pu  les  interpoler,  pour  mieux  mettre  ce  passage  en  harmonie 
avec  les  coutumes  de  son  siècle.  Il  est  possible  que  nous  nous  trouvions  en 
présence  d'une  finale  semblable  à  celle  des  «  Révélations  »  (XVIII,  13)  : 
a   y.ôù  tlvyv.;   v;jQorj)T:r,yj   ». 

JoO.  «  middan-geard  ».  On  trouve  l'explication  de  cette  expression 
dans  1'  «  Edda  Icelandique  ».  en  une  citation  tirée  du  Dictionnaire  de 
Clcasby  et  Vigfûsson,  au  mot  «  mithgarthr  »  :  «  La  terre  («  mithgartli  »), 
la  demeure  des  hommes,  est  située  au  milieu  de  l'univers,  fortifiée  <l«i 
montagnes,  et  entourée  de  la  ceinture  du  vaste  océan  («  uthaf  »)  :  sur 
l'autre  rivage  de  cette  mer,  est  1"  «  Utgarth  »(la  région  hors  de  la  terre), 
la.  demeure  des  géants;  le  Mithgarth  »  est  défendu  par  le  «  bur  g  »  des 


609  BEOWULF 

dieux  («  Asyarfh  »),  qu i  se  trouve  an  milieu  do  l'univers,  (le  ciel  étant 
regardé  comme  s'élevant  sur  la  terre)  ». 

159.  «  lh'  beotne  a-léh.,,  ».  On  rencontre  des  constructions  analogues 
dans  :  Orosius  d'Alfred,  par  Barriugton,  p.  95  :  «  heo  hyre  gehat 
aleah  »  :  Codex  Vercellensis  (I,  2148)  :  «  him  seo  wen  geleah  »  (id,,  I, 
1230)  :  «  hie  seo  wyrdbeswac  ».  El  dims  «  Caedmon»,  \:  et  «  Beowulf  m, 
au  vers  4641.  On  trouve  un  autre  exemple  de  la  même  construction, dans 
Wackemagel  (Altdeut.  Lesebuch.,  p.  140,  31)  :  «  Min  haut  hat  mir 
gelogen  —  da  mite  bin  ich  betrogen  ».  «  Min  liant  ist  mir  worden 
meineide  ».  Ma  main  m'a  fuit  défaut.  Ma  main  fut  parjure. 

163.  «  horn-geap  ».  Au  sens  littéral  :  l'espace  qu'il  y  a  entre  deux 
cornes,  Dans  Ridlle  (LXXXV)  :  l'espace  entre  les  cornes  qui  ornaient  les 
pignons.  Cf,  Miller  (Anglia,  XII,  396). 

186.  «  Sira  »  est  constamment  pris  pour  le  relatif  «  tha  »,  de  la  memo 
manière  que  «  so  »,  dans  l'allemand  du  temps  de  Luther.  Cf.  Codex  Exo- 
niensis,  95,  b. 

219.  «  thy  »  est  l'un  des  rares  exemples  d'un  cas  d'ablatif,  dans  une 
langue  teutone.  Ainsi,  dans  l'allemand  du  xme  siècle  :  «  diu  »,  et  en 
vieux  saxon  :  «  thiu  ». 

221.  «  un  »  n'est  pas  seulement  négatif  :  il  implique,  en  bien  des  cas, 
le  sens  de  «  mal  »  ;  ainsi  dans  «  un-reordian  »,  blâmer;  Caedmon,  269  : 
«  un-wyrd  »,  mauvais  sort  ;  Boet,  47  :  «  un-theaw  »,  mœurs  dépravées; 
Boet,  28  :  «  un-thier  »,  monstre  ;  «  un-gewitter  »,  courtisane. 

229.  «  Neosian  »,  ou  «  neosan  »,  dans  «  Beowulf»,  a  pour  régime  le 
génitif.  Cf.  vers  250,  3569,  3580.  Mais  on  le  rencontre  avec  l'accusatif, 
dans  «  Caedmon  »,  207,  Luc,  VIII,  19.  La  forme  gothique  de  ce  verbe 
est  :  «  niuhsan  »,  et  sa  racine  parait  être  «  niuhs  »,  novus. 

245.  Les  adjectifs  numéraux  au-dessus  du  nombre  huit,  sont  toujours 
suivis  d'un  génitif. 

248.  «  ham  »  ne  se  décline  pas,  après  les  prépositions  «  of  ».  «  from  » 
et  «  to  ».  quand  il  signifie  «  demeure  ».  Cf.  «  Beowulf  »,  vers  386,  5980  ; 
«  Caedmon»,  280.  300,  306. 

297.  Pour  l'allitération,  et  pour  le  sens,  la  plupart  des  auteurs  corn- 
plètenl  ce  vers,  comme  suit  :  «  fort  ham  [syththan]  irearth  ». 

31  i.  Il  convient  de  lire  ici  «  feo  »,  datif  singulier  de  «  feoh  ».  pecus, 
pecunia.  Cf.  vers  933.  «  Ac  Jie  mid  feo  with  hine  get  hin  gode  »  (Bed. 
IV,  21). 


NOTES  603 

334-336.  Pogatscher  (P.  B.  XIX,  544)  lil  «  formetode  »  on  un  mot,  et 
le  l'ail  dériver  du  verbe  «  formetian  »,  mépriser.  -Mais  ceci  n'explique 
point  la  raison  pour  Laquelle,  Grendel  «  ne  peut  »  approcher  <lu  trône. 

Sarrazin  (Anglia,  XIX,  369)  avance  que  le  «  gif  s  toi  »,  étail  an  autel 
païen,  el  que  le  «  math I hum  »  étail  une  idole.  Mais  celle  explication  esl 
sans  issue  :  pourquoi  Dieu  empêcherait-il  Grendel  d'approcher  de  ce! 
autel  païen,  quand  son  dessein  serait  de  détruire  cl  l'idole,  el  le 
monstre  1 

Traulniann  (Bonner  Anglistik,  II,  133)  émel  une  hypothèse  par  trop 
simpliste  :  qu'une  ligne  aurait  été  perdue,  avant  le  vers  334,  de  sorte  que 
les  vers  précédents  se  rapporteraient  bien  à  Grendel. 

340.  «  modes  breetha  ».  On  rencontre  pareillement  :  «  modes  » 
«  blithe  »  ;  «  wig  es  »  «  heard  »  ;  «  sithes  »  «  fus  »  ;  «  mot  h  es  »  «  seoce  »  ; 
m  sithes  »  «  wérig  »  ;  «  maegenes  »  «  Strang  ». 

349-350.  Pour  le  caractère  païen  de  «  hearg  »  et  de  «  wih  »,  cf.  Héljand, 
p.  4  où  l'aigle  dit:  «  hof  mun  ek  kiosa,  haurga  marga  »  :  templum  eli- 
gam,  delubra  multa.  Et  dans  Caedmon  :  «  wihyyld  »,  idole  (227)  ;  wih> 
idole  (228). 

365.  Cf.  un  passage  à  peu  près  identique,  dans  le  poème  allitéré  alle- 
mand duxn«  siècle  :  «  J/uspilli»,  par  Schmeller. 

375.  «  Wilnian  »  est  suivi  du  génitif,  de  la  chose  désirée,  et  la  per- 
sonne de  qui  l'on  attend  celle-ci,  est  au  datif,  avec  la  préposition  «  to  ». 
Cf.  Caedmon,  229.  Cod.  Ex.,  19,  121.  «  Ealle  tô  the,  éce  dryliten, 
«  aetes  »  on  eorthan  eâc  wilniath  »,  Psalt.,  372. 

378.  «  Seothan  ».  Cf.  vers  3980,  avec  le  sens  latin  de  «  coquere  »,  est 
commun  en  anglo-saxon.  Cf.  Beda,  II,  12;  IV,  9,  29.  «  Tamcn  ante 
obitum  suum  per  dies  multos  amplius  incamino  aegritudinis  excoctus, 
et  sicut  aurum  in  igné  probatus  esl  »,  Caesarius,  IV,  30. 

400-408.  «  Ils  consultaient  les  présages  ».  Cf.  Tacite,  Germania, 
ch.  X.  «  Aucun  peuple  ne  pratique...  avec  plus  de  soin...  la  divini- 
sation. 

413.  La  construction  «  XVnu  sum  »,  se  rencontre  de  façon  identique, 
dans  Caedmon,  132  :  «  feowera  sum  »  ;  Oros,  p.  23  :  «  thara  he  saede 
thaet  he  si. /-a  sum  ofsloge  si.rtig  on  tiram  dagum  ».  Cf.  «  Beoiculf  », 
vers  2823,  4177,  6117,  6240;  «  feara  sum  »,  un  d'entre  un  petit  nombre. 
En  vieux  saxon,  dans  Hélj..  68  :  «  fahora  su?n  ».  On  rencontre  des  exem- 
ples semblables,  dans  le  vieux  frison  :  «  twira  sum  »,  un  des  trois  ; 
«  fîoicera  sum  »  :  «  sexa  su??i  »  ;  «  tolva  sum.  »  (Grimm,  Deutsche 
Grammatik,  II,  951). 


604  I!i;h\\  i  i,r 

424.  «  strèamas  wundon,  sunt/  with  sande  »...  Cf.  Andreas,  II.  424, 
425  :  «  Sand  is  geblonden,  grund  with  greote  !  » 

i'.\S.  «  stefn  »  est  la  proue;  «  stefna  »,ce  qui  a  une  proue,  le  vaisseau. 
Les  épithètes  accolées  à  astefna  ».  se  rattachent, néanmoins,  à  «  stefn  ». 
Ainsi,  a  wunden-stefna  ».  signifiera  non  pas.  une  proue  ornée,  mais  le 
ruisseau,  portant  une  proue  ornée.  C'esl  une  forme  communément  ren- 
contrée dans  les  poèmes  épiques  du  Nord  :  ainsi  lit-on  encore,  dans  Saxo 
Grammaticus,  livre  VIII,  p.  145  :  «  Thirikar  vero  instar  dracontis 
tortuosas  habente  proras  navigio  vehebatur  ». 

445.  Les  verbes  «  cwethan»,  «  lithan  »,  «  snithan  »,  «  weorthan  »,  etc., 
changent  le  «  th  »  en  «  d  •  ,  au  pluriel  du  prétérit,  et  au  participe  passé. 
Si  l'on  prend  «  cwethan-»  pour  exemple,  on  aura  dans  les  cas  précités  : 
«  le  cwaed  »  ;  «  we  cwaédon  »  ;  «  hit  is  gecirsden  ». 

453.  «  thauciàn  »  régit  le  dalif.  Mask  Gr.  124.  Cf.  «  Beowulf  », 
vers  1244;  dans  Ilélj .  141  :  «  Gode  thancôda  ». 

466.  «  faroth  »  signifie  rivage,  de  môme  que  «  waroth  »  (liltus).  On 
trouve  dans  Cod.  Verc.  I,  IÎ97,  un  curieux  composé  de  ces  deux  syno- 
nymes :  «  waroth-faruth  » . 

479-481.  Au  vers  479,  Sievers  propose  cette  correction  (Anglia,  XIV, 
145)  :  «  Hwaet  !  le  hwile  ivaes...  ».  Voici  que  je  suis  gardien  des  côtes 
depuis  longtemps...  Socin  adopte  cette  modification,  sans  «  Hwaet!  », 
dans  sa  sixième  édition. 

Pour  «  aeg-wearde  »/Grimm  (op.  cit.,  11,  533J  propose  «  ecg-w  »,  le 
garde  des  armes.  Mais  la  plupart  des  auteurs,  après  Kemble,  ont  écril 
«  ég-wearde  »,  le  gardien  de  la  mer.  Cf.  «  Beowulf  »,  vers  1148  ;  Cod. 
Verc.  I,  519  ;  VI,  481.  Caedm.  85  :  «  aeg-flotan  ». 

488.  Le  sens  «  mot  de  passe  »,  a  été  indiqué  par  Earlc. 

496.  Selon  Heyne,  Socin  et  Bugge,  «  seldguna  »  est  pris  dans  le  sens 
de  personne  ordinaire,  de  vassal.  Ceci  étant  admis,  «  nis  »  qui  précède 
ce  substantif,  indique  une  qualité  supérieure,  et  sert  de  correctif  à  ce 
qu'il  peut  y  avoir  d'inférieur  dans  la  première  acception  de  ce  mot, 
auquel  il  donne  le  sens  d'  «  homme  supérieur  »,  de  «  héros  ». 

498.  Le  manuscrit,  porte  «  naefre  »,  mais  il  ne  peut  régir  le  sujel 
h  leoge  ».  el  l'on  doit  lire  ici  «  naefne  »,  avec  le  sens  d"  «.  excepté  ». 

508.  «  gethoht  »  est  du  masculin  :  il  faut  donc  lire  «  minne  »,  el  non 
«  mine  ». 


NOTES  605 

510.  «  ofosi  is  se  Lest  ».  Cf.  la  même  expression,  au  \ers  0010  :  «  me 
is  "/'os/  betost  ». 

535.  Le  sens  de  «  leod-gebyrgea  ».  paraît  être  «  civium   protectiOy 

/■f.r  ».  et  son  genre,  le  masculin.  Cf.  Cod.  Vcrc.  VI,  405,  1109. 

005.  «  eofor-lic  ».  L'image  de  sanglier  souvenl  placée  au  cimier  des 
casques,  chez  les  tribus  germaines  de  l'orient,  était  consacrée  au  dieu 
Krevr.  Cf.  Tacite,  Germania,  chap.  XLV  :  «...  Ils  adorent  la  mère  des 
dieux,  et  portent  connue  un  ornement  sacré,  la  tête  d'un  sanglier  sau- 
vage  ».  Ci'.  Stopford  Brooke,  Hist.  Early  English.  Liv.  1,478,  179,  el 
Earle,  Deeds  of  Beowulf,  p.  in. 

011-012.  En  ces  vers,  et  dans  le  suivant,  il  n'y  a  pas  d'allitération. 
Kemble  propose  d'écrire  le  vers  011,  comme  suit  :  «  oththaet  hy  sael 
timbred  ». 

040.  «  gungan  cwomon  ».  Littéralement  «  venir  pour  aller  ».  Cette 
expression  est  un  saxonisme.  Dans  Hélj.,  p.  124,  151.  «  gangan  »  signifie 
seulement  «  aller  »,  sans  impliquer  de  direction  particulière,  de  même 
que  dans  l'allemand  du  xvi°  siècle,  «  gehen  »  ne  se  traduit  que  par 
«  marcher  ».  Cf.  vers  1413.  L'usage  d'un  verbe  actif  avec  «  cwoman», 
est  très  fréquent,  ainsi  «  scrithan  cwoman  »  ;  «  ferait  cwoman  », 
Caedmon,  259. 

052.  Le  verbe  faible,  «  hringian  »,  ayant  pour  racine  «  h  ring  »,  doit 
marquer  l'action  de  renfermer  des  choses  dans  un  cercle  ;  en  ce  sens,  on 
trouve  «  ymb-hringian  »,  indiquant  l'action  de  tracer  un  cercle  autour 
d'une  personne,  c'est-à-dire  de  l'entourer. 

000.  «  grim-helmas  ».  Les  casques  à  visière  proprement  dits,  semblent 
avoir  été  inconnus  au  temps  de  Beôwulf.  Mais  le  visage  des  combattants 
était  protégé  par  une  sorte  de  masque,  comme  celui  qui  se  rattache  au 
casque  d'argent,  trouvé  dans  le  Thorsbjcrg  Moss,  au  sud  du  Jutland,  cl 
qui  figure  à  la  page  122,  du  livre  de  Sophus  Mûller,  «  Nordische  Alter- 
tumskunde  ». 

073.  «  wén  ic  »  qu'on  lit  dans  le  manuscrit,  n'est  accepté  d'aucun 
auteur.  On  propose  ou  «  mène  ic  »,  ou  la  forme  plus  correcte, 
«  wén  is  ». 

084.  Au  sens  littéral,  «  Beowulf»  signifie  «  Bee- wolf  »,  c'est-à-dire 
«  loup  qui  poursuit  les  abeilles  ».  De  même  «  beorn  »,  héros,  a  pour 
forme  originaire  «  bear  »  :  et  «  beohata  »,  guerrier,  dans  Caedmon, 
signifie  littéralement  celui  <jui  hait,  ou.  poursuit  les  abeilles,  sens  ana- 
logue à  celui  de  «  Beowulf-»  (Sweet,  first  anglo-saxon  Header). 


606  bEoWutt 

l);ins  la  pluparl  des  <ns,  «  gedryht  »  a'esi  pas  décliné,  même  après 
une  préposition  commandait  le  datif.  Cf.  vers  1260,  1318,  3343.  «  Mid 
thas  wil-gedryht  »,  Cod.  Verc.  I.  1831.  A  l'accusatif,  il  demeure  encore 
sn us  inflexion*  Cf.  vers  236,771,  IL")!  :  Caedmon,  lis.  217. 

719.  De  même,  dans  le  Co<(.  Verc.  I.  2345  :  «  Her  is  gefered  ofer 
feorne  weg  aethelinga  sum  ».  Le  passage  tout  entier  de  «  Beowulf  », 
rappelle  celui  de  «  Sigurd  »,  dans  «  Edd<i  Saetnundar  hinns  Frada  ». 
II.  126. 

730.  «  Wearne  »  a  été  pris  souvent  pour  l'impératif  du  veil)'1 
«  wyrnan  »  :  niais  dans  les  meilleures  éditions,  il  est  regardé  comme 
l'accusatif  singulier  du  substantif  «  wearn  »  ou  «  wyrn  ». 

743.  «  e«A7  »  est  un  préfixe,  marquant  dans  les  composés,  plutôt  le 
caractère  vénérable  que  l'âge .  On  doit  prendre  dans  le  môme  sens,  dans 
l'allemand  du  xue  sièele.  «  all-fatar  »,  patriarche.  Graflf,  Otfrid's  Krist . 
1,  3,  5.  Dans  Caedmon  (I,  3,  25)  ;  «  eald^feond  ».  le  diable.  Autres  exem- 
ples tirés  de  Mnsp.,  pp.  20  et  16  :  «  alt-riaut  »...;  «  dar piutit  der 
Satanaz  altist  ».  Exemples  d'  «  eald-feond  »,  Cod.  Ex.  34,  b.  35,  b.  37, 
38.  Dans  Bed.  II,  20,  vers  14.  (Analecta  Anglo-Saxoniea  de  Thorpe,  p.  33), 
on  trouve  la  forme  «  se  ealda-feo/id  »,  qui  n'est  plus  composée.  Dans 
«  Beorhtnith  »  (Anal.  36,  127),  on  rencontre  «  min  ealda  faeder  ».  qui 
rompt  le  rythme,  et  devrait  être  écrit  «  eald-faeder  »  L'avantage  de 
cette  dernière  construction  est  encore  de  bien  montrer  qu'  «  eald- 
faeder  ».  est  un  composé,  et  non  deux  mots  juxtaposés.  Celte  forme 
s'est  conservé  dans  le  moyen  anglais  :  «  Adam,  oure  Olde- father  » 
(P.  Plow.  fol.  90).  «  Adam...  and  his  wyfe  Eve  our  Olde-mother  » 
(Ungley.  Pol.  Virg.  fol.  69). 

745.  «  ham  »  et  «  forgifan  »  sont  termes  techniques  :  «  to  ham  for- 
(fi fan  »,  donner  en  mariage  ;  d'où  sont  dérivés  :  »  haemed  »,  mariage  ; 
«  haeman  »,  coire  ;  «  nyd-haemed  »,  «  unriht-haefned  »,  «  nyd- 
haeman  »,  etc.  ;  «  mid  rihtre  ae  forgifen»,  unie  en  légitime  mariage. 
Cf.  Bed.,  IV,  5,  et  Grimm,  Deutsche  Rechtsalterthùmer,  p.  418. 

752.  ce  saé-lithende  »  est  le  nominatif  pluriel  se  rapportant  à 
«  saegdon  »,  et  «  thaet  »  est  l'accusatif  singulier,  après  le  verbe.  On 
rencontre  souvent  dans  la  poésie  anglo-saxonne,  cette  construction  du 
pronom,  suivi  de  la  conjonction.  Cf.  «  Beowulf  »,  vers  577,  824,  864, 
1064,  1611,  2689,  2993,  3181,  3648,  3688,  3398,  4050,  5723,  et  aussi  Bed. 
ill,  12. 

753-754.  La  traduction  que  nous  donnons  de  ce  passage,  s'appuie  sur 
une  version  de   Cosijn  (Aant.,  p.    7)  :  «   thy  der  »  y  est  remplacé  par 


\nlF.S  (>07 

«   hyder  »,  cl   les   (irais  deviennent  ainsi  le   peuple  qui    apporte   les 
présents. 

858-859-860.  La  construction  deces  trois  lignes es1  rendue  très  obscure 
par  les  substantifs,  qui  sonl  partout  au  nominatif.  Kemble  propose  avec 
plusieurs  au  leurs,  de  mettre  «  thés  hearda  heap  »  en  opposition  à 
a  eorla  gedryht  ».  avec  le  sens  suivant  :  «...  afin  que  moi  seul  (avec  ma 
troupe  de  comtes,  vaillante  cohorte),  je  puisse  purifier  Heorot...  ». 

877.  «  setke  hi  ne  »,  lui  que..,  CI*.  Psalt.  159  :  «  Ile  ireorth  éadig 
sethe  liine  ere  God  cystum  geceoseth  ».  Psalt.  319  :  «  the  lune  ».  Psalt . 
260  :  «  thaet  bit  h  eadig  mon  the  tint  hine,  exe  God.  or,  thinre  sot/ire  aé 
si/1 fa  get  gh  test  ». 

888.  «  dreore  fahne  ».  souillé  de  sang  :  telle  est  la  correction  donnée 
par  Kemhle.  On  pourrait  encore  proposer  «  deorne  fah  »,  un  cher 
ennemi,  un  ennemi  qu'il  devait  vaincre  chèrement. 

891.  S  inspirant  du  sens  littéral  de  cette  ligne,  Konrath  (H.  A.  XGIX, 
417),  soutient  qu'elle  a  trait  à  l'ancien  usage,  Scandinave,  de  couvrir  d'un 
voile,  la  tète  du  cadavre  qu'on  ensevelissait. 

892.  Un  festin  avait  toujours  lieu  aux  funérailles  d'un  héros.  Mais 
Beowulf,  d'après  le  texte,  demande,  s'il  succombe,  qu'on  déploie  peu  de 
faste,  en  ces  cérémonies.  «  Umnurlice  »,  doit  être  regardé  non  seulement 
comme  négatif  («  sine  maerore  »),  mais  encore,  comme  ayant  un  sens 
positif  («  gratulanter  »,  avec  joie).  Un  héros,  en  effet,  ne  pouvait  périr 
plus  glorieusement,  et  son  âme  qui  s'élevait  aussitôt  au  «  Wael-heal  », 
ne  pouvait  être  pleurée.  A  cette  conception  particulière  de  la  mort  des 
héros,  se  rapporte  un  fragment  du  xne  siècle,  trouvé  dans  Burchart  de 
Worms  (mort  en  1204),  Collection  of  the  Decretals.  Colon.  1548  :  «  Est 
aliquis  qui  supra  mortuum  nocturnis  horis  carmina  diabolica  cantaret 
et  biberet  et  manducar et  ibi,  quasi  de  ejus  morte  gralularetur. . .  ». 

894.  «  fen-hopu  »  est  ainsi  écrit  à  tort.  Il  faut  ici  lire,  pour  les  néces- 
sités du  sens  «  mor-hofu  »,  demeures  des  marais. 

898.  A  la  mort  d'un  guerrier  Y  «  here-geatwe  »,  c'est-à-dire  ses  armes 
et  son  cheval,  étaient  la  propriété  de  son  seigneur  :  «  Ins  heer-geivate 
gehort  unsprung lich,  pferd,  sc/uvert,  und  Kriegsgetrand  des  erblas- 
sers  :  dièse  stiicke,  wenn  ein  held  ge fallen  war,  warden  heimgesandt  » 
(Klage,  1288),  1).  R.  A.,  568. 

912.  «  slean  »  est  ici  pour  «  slahan  »,  comme  par  ailleurs,  «  lean  » 
pour  «  leahan  »  :  «  thwean  »  pour  «  thweahan  ».  «  Slean  »  indique  aussi, 
ce  qui  a  été  conquis  ou  accompli,  par  l'action  de  frapper.  Cf.  «  Beowulf  », 
vers  59SX  ;  Caed.  129  ;  Bed.  I,  45, 16. 


<)08  BEOWULF 

910-917.  Il  n'v  a  pas  d'allitération  dans  ces  lignes  :  il  faudrail  «lone, 
pour  la  rétablir,  substituer  «  waepna  cyn  »,  à  «  gara  cyn  ». 

922.  «  ofer  ytha  ge-wealc  >•...  Périphrase,  pour  désigner  la  mer. 
Cf.  Caedm.  206:  Cod.  Verc.  1,521. 

1)37-938.  «  lis  se  réjouissent  des  présents  que  leur  font  les  tribus  voi- 
sines, et  ceux-ci  ne  sont  pas  envoyés  seulement  par  des  particuliers,  mais 
par  la  nation  elle-même.  Ce  sont  des  coursiers  choisis:  de  lourdes 
armures,  et  des  chaînes  de  cou  »  (Tacite,  Germania,  cap.  XV). 

974.  Cosijn  prend  «  Sigehrethsecgum  »,pour  un  nom(Âanteekeningen, 
10).  Trautmann,  avec  quelque  raison,  fait  observer  que  «  meotot»,  est  un 
accusa  lil'  pluriel  de  «  met  »,  ou  «  g  erne  t  »,  avec  le  sens  de  règle,  de 
mesure,  et  que  «  sige.hr eth  »,  est  un  adjectif.  Il  traduit  ainsi  :  «und  lose, 
du  siegberùbmter,  den  mànnern  die  regel,  wie  dich  der  geint  treibt  ». 
(Bonner  Anglistik,  II,  454). 

1002.  «  aefra  maertha  thon  ma  ».  Cf.  le  Gothique,  «  thana  mais  »  : 
l'allemand  du  xne  siècle,  «  dama  mer  ».  Cf.  dans  les  Psaulmes,  200  : 
«  Naef're  withdrifeth  Drihten  urehis  agen  foie,  ne  his  yrfe  thon 
ma  on,  ealre  tide  aefre  forlaetan  »  ;  Psalt.  158  :  «  Ne  him  awiht  thon 
ma  heora  tùngan  na  teonan  onsittath  »;  Poetical  Dialogue  of  Salomon 
and  Saturn,  Ms.,  de  Cambridge,  431  :  «  For  thon  thas  fold  an  ne  maeg 
/ira  ae'nig,  thone  mearcstede  mon  gesécan,  fngol  gefleogan,  ne  thon 
ma  foldan  neat  »  ;  Cott.  Ms.  Jul.  A.  2.  fol.  141  :  «Meng  tha  blisse  with 
tha  unrotnesse,  fortham  heora  neither  ne  bitti  noht  lange  baton 
othrum,  gif  is  ne  bith  to  fela,  and  thu  miht  the  eath  on  thaes  the  on 
becymth,  fortham  heora  nather  ne  maeg  be~o~n  aeltewe  butan  othrum,, 
thon  ma  the  se  waeta  maeg  beon  butan  drigum,  oththe  wearm  butan 
cealdum  ». 

1019.  Le  sens  general  de  la  phrase  exige  un  verbe,  «  reotcon  ».  Le 
copiste  du  texte  a  dû  être  égaré  par  la  similitude  de  son.  de  «  sund- 
reon  »,  du  texte.  Même  remarque  à  l'aire  au  vers  1073. 

1035.  «  Sept  nuits  ».  Earle  :  «  a  sennight  ».  Cf.  Tacite,  Germania, 
XI  :  «  Au  lieu  de  compter  par  jours,  comme  nous  le  faisons,  ils  comptent 
par  nuits...  ». 

4045.  «  wyrsan  thingea  »,  Rieger  et  Trautmann  (Bonner  Anglistik, 
II,  155)  lisent  à  ce  passage  «  thinges  »,  au  lieu  de  «  thingea  ». 

4050.  «  nith  longue  ».  Pendant  l'espace  d'une  nuit.  Cf.  Cod.  Verc.  I, 
1071,  2618;  Caedm,  191,  197. 


SÛTES  ()09 

1068.  «  on  geogoth-f'eore  ».  Dans  notre  jeune  vie.  CI'.  Psalt.  137  :  «  on 
middum  /'fore  ». 

1 128.  Gf.  vers  1351;  Anal.  140,  65  ;  Cod.  Verc.  I,  147. 

1139.  L'intervention  du  Destin,  en  dehors  de  celle  de  Dieu,  était  encore 
une  croyance  de  l'époque.  L'évêque  Brymholm  écrit,  dans  «  Notae 
uberiores  »,  p.  r>2  :  «  Fatum  universus  Septentrio  et  Stoicam  de  neces- 
sitate opinionem,  magno  affîrmavit  consensu;  contra  quam  nee  res, 
nee  consilium,  nec  humana  i^irtus  ulla,  quicquam  posset .  Hinc  adeo 
omnium  lieroum  in  extremis  vitœ  periculis,  unanimis  vox  eral,  quœ 
prœsentem  statum  solaretur  ».  —  «  Et  ma  grigum  forda,  nie  ofri- 
<jum  i  hel  Kama  »...  «  nec  qui  morti  destinatus  est  fngere,  nec  non 
destina  tus  morti  adduci  potest  ».  Cf.  dans  Hild.  Lied.  (Alt  Deutsche 
Lesebuch,  par  Wackernagel,  47,  30  b.)  :  «  Ibu  dir  din  ellen  tauc  ».  On 
trouve  dans  le  Codex  Vercellehcis,  la  substitution  de  «  Wyrdm,  à  «  God» 
(1.  919).  Cf.  encore  Andreas,  459,  4(50. 

1156.  «  Wudu  »  étant  un  masculin,  il  ne  peut  être  accompagné  de 
l'adjectif  neutre,  «  iveallendu  ».  La  plupart  des  auteurs  lisent,  ici, 
«  icadu  ». 

1165.  11  n'y  a  pas  d'allitération  dans  ce  vers. 

1193.  «  swefeth  »,  est  la  troisième  personne  du  passé  indéfini  de 
«  swebban  »,  dormir.  En  règle  générale,  quand  une  muette  est  suivie  de 
«  i  »  ou  de  «  j  »,  au  milieu  d'un  mot,  la  voyelle  tombe,  et  la  muette  est 
doublée.  Ainsi  «  sice/an»,  «  swaf  »,  aller  dormir,  —  donne  la  forme  du 
verbe  actif  «  swaf-j-an  »,  endormir  quelqu'un,  —  qui  conformément  à 
la  règle  citée,  et  à  celle  du  changement  de  1'  «  a  »,  en  «  e  »,  deviendrait 
«  sicejfan  ».  Mais  comme  la  langue  anglo-saxonne  ne  comporte  pas  le 
doublement  d'une  aspirée,  «  Bb  »  est  substitué  à  «  Ff  ».  Ainsi  pour 
«  hif  ».  «  libban  »  ;  au  lieu  de  «  lifjan  »,  «  liffan  ».  En  ce  dernier  cas, 
tous  les  temps  et  personnes  du  verbe,  absorbant  le  «  j  »  de  formation, 
(ce  qui  ne  se  présente  que  pour  les  verbes  faibles  ou  dérivés)  rejettent  le 
redoublement.  Exemple  :  «  sijllan  »  (pour  «  sil-j-an  »),  mais,  au  con- 
traire :  «  t/tu  si/ 1st  ».  Les  cas  de  Bb  =  Fj,  rejettent  aussi  la  voyelle  ; 
toute  l'assimilation  se  perd,  et  1' «  f  »  réapparaît.  De  «  habban  »,  — 
«  hafast  »,  ou  «  fiaefst  »  :  de  libban,  —  au  prétérit  —  «  lifde  »  ou 
«  leofede  »  ;  de  «  ivebban  ».  —  «  we  fed  »  :  de  «  hebban  »,  —  «  hefeth  » 
ou  «  heftli  ».  —  «  Onsendeth  ».  Dans  cette  forme,  «  and  »  n'entre  pas 
en  composition  ave<-  les  verbes  (D.  G.  Il,  812),  et  la  plupart  des  auteurs, 
après  Crinim  cl  Kemble,  adoptent  la  forme  «  on-sendan  ». 

i 

39 


LA  CHANSON  DU  VOYAGEUR 


ET 


LA  BATAILLE  DE  FINNES-BURH 


LA  CHANSON  DU  VOYAGEUR 


Wïd-sith  mathôlade  Lui  qui  avait  erré  au  loin,  à 

[fol.  84  b.]      l'aventure,  le  Barde,     .... 
word-hôrd  on-leac, 

1.  Kemble  :  «  mathelode  ». 

2.  Le  texte  de  ce  poème  est  établi,  d'après  le  folio  84  du  manuscrit  d'Exeter 
au  British  Museum,  et  les  travaux  de  Kemble,  Thorpe  et  Conybeare. 

Le  manuscrit  d'Exeter  fut  donné  par  l'évèque  Leofric  à  l'église  cathédrale 
d'Exeter,  au  temps  de  la  conquête  normande.  Il  se  compose  de  poèmes 
divers,  sur  des  sujets  de  morale  et  de  religion.  «  La  Chanson  du  Voyageur  » 
est  placée  vers  la  fin  du  manuscrit,  et  ne  paraît  avoir  aucun  rapport  avec 
les  morceaux  qui  la  précèdent,  ou  qui  la  suivent.  L'écriture  du  manuscrit 
paraît  assez  peu  antérieure  au  temps  de  Leofric.  Quant  au  poème  lui-même, 
d'une  extrême  naïveté,  et  de  caractère  barbare,  la  date  de  sa  composition,  à 
titre  de  simple  hypothèse,  pourrait  être  fixée  vers  le  milieu  du  ve  siècle  ;  et 
l'auteur  aurait  vécu  sur  le  continent.  Le  barde,  dans  ce  morceau,  déclare 
qu'il  a  assisté  aux  guerres  des  Huns  avec  quelques  tribus  des  Goths,  (recon- 
naissant les  Huns  pour  le  peuple  d'Attila),  il  dit  avoir  visité  Hermanric,  roi 
des  Goths,  et  «  Guthere  »,  roi  des  Burgondes.  Or,  Attila  meurt  l'an  453  ; 
Hermanric  règne  sur  les  Visigoths  d'Italie,  vers  l'an  460,  et  le  roi  des  Bur- 
gonrles  à  la  même  époque,  paraît  avoir  (Hé  «  Gunderic  »,  nom  qu'on  peut 
aisément  corrompre,  en  «  Guthere  ».  Il  est  encore  à  remarquer  que  ni 
Charlemagne,  ni  aucun  des  rois  l'ayant  précédé,  n'apparaissent  dans  la 
suite  des  rois,  nommés  dans  le  poème  :  et  du  nombre  de  tribus  oubliées  qui 
figurent  en  celui-ci,  on  peut  induire  qu'il  dut  être  composé,  avant  les  sub- 
divisions de  l'empire  des  Goths.  L'auteur  parle  de  ses  nationaux,  les 
Myrgings,  des  Angles,  des  Suèves,  sans  qu'on  puisse  établir  ce  que  furent  les 
Myrgings  :  seraient-ils  les  «  Marsigni  »  de  Tacite?  Il  y  a.  toute  incertitude 


I  i 


I. A    CHANSON    hi      V(y\  \U  I  I; 


S<~  llic  in;i'v| 

maertha  ofer  eorthan, 

folca  gêond  ferde  : 

oft  hê  (Iclte  ge-thâh 

myne-lfcne  mâththum  ; 

I  line  from  Myrgingum 

iêthele  on-wôcon  ; 
jo  hë  mid  Ealh-hilde 

fadre  freothu-webban, 

forman  sithe, 

Hreth-cyninges 

hâm  ge-s6hte, 

eastan  of  Ongle, 

Eorman-rices, 

wrathes  waer-logan. 

On-gon  thà  worn  sprecan  : 

fela  ic  monna  ge-fraegn 
20  maegthum  weald  an, 

(sceal  theôda  ge  hwyle, 

theawum  lifgan, 

eorl  œfter  othrum 

éthle  rœdan, 

se  the  his  theôden-stôl 

ge-theon  wile,) 

thâra  waes  Wala 

[fol.  85.] 


dit   ses 

épreuves  el  ses  voyages,  «-ri  des 
mois  qui  partaient  d'une  âme 
inspirée,  et  il  prodiguait  !<•  trésor 
de  son  ehanl  !  Né  à  Mergia,  de 
noble  race,  il  avait  quitté  le  palais 
où  il  avait  re<;u  le  jour  :  ayant 
longtemps  erré  parmi  les  peuples 
de  l'univers,  il  avait  vu  maint 
prodige,  et  mainte  merveille  !  — 
D'amour  et  de  vraie  foi,  il  servait 
Ahilda,  la  princesse,  et  arec  elle, 
des  limites  des  Angles,  à  l'orient, 
il  était  venu  dans  le  riche  royaume 
d'un  monarque  des  Goths.  Con- 
naissant d'Hermanric  la  main 
libérale  et  l'orgueil  guerrier,  il  fit 
entendre  à  la  foule  attentive,  sa 
chanson,  et  narra  ses  lointains  et 
longs  voyages  :  «  —  J'ai  connu  de 
bien  des  hommes,  la  puissante 
domination.  Chaque  peuple  doit 
vivre  selon  ses  coutumes  :  le  chef, 
en  noble  héros,  doit  pour  les 
autres,  assumer  tous  les  soins,  s'il 
Areut  garder  son   royaume.     .     . 


à  cet  égard,  et  les  mêmes  difficultés  se  présentent  pour  les  Banings,  les 
Rondings,  les  Hocings,  les  Frumtings,  etc.,  et  l'on  ne  peut  que  se  perdre  en 
conjectures,  si  l'on  veut  jeter  quelque  lumière  sur  les  «  gentes  bellicosis- 
simœ  »,  dont  parle  Jornandès  (cap.  XXIII),  et  qui  furent  soumises  par 
Hermanric. 

11  est  seulement  possible  de  prétendre  que  le  poème,  tel  qu'il  nous  est 
connu,  dut  être  la  traduction,  très  infidèle,  d'une  version  antérieure  du 
même  morceau. 

3.  Kemble  et  Conybeare  :  «  fandode  ». 

4.  Conybeare  :  «  maegtha  ». 
9.  Cf.  Gunn.  Sag.,  p.  96. 

21  f  Conybeare  et  Kemble  :  «  theodna  ». 


LA    CHANSON    DU    VOYAf.KUK 


615 


hwile  sélast, 

and  Alexandria  s 
3o  ealra  ricost 

monna  cynnes, 

and  De  nnest  ge-thâh 

Unira  the  ic  ofer  foldan 

ge-fnëgen  hâdihe. 

.Etla  weôld  Ilunnin, 

Forma  n-n'c  Gotum, 

Becca  Baningum, 

Burgendum  Gifîca; 

C  a  sere  weôld  Creacum, 
40  and  Gaelic  Finnum, 

Hagena  Holm-rycum, 

and  Henden  Glommum  ; 

Witta  weôld  Swâefum, 

Wada  Hadsingum, 

Meaca  Myrgingum, 

Mearc-healf  Hundingum, 

Theôd-ric  weold  Froncum, 

Thyle  llondingû, 

Breoca  Brondingn, 
5o  Billing  Wernum  ; 

Os-wine  wéold  Eowum  ; 

and  Ytum  Gef-wulf  ; 

Fin-Folc-walding 

Fresna  cynne; 

Sige-here  lengest 

Sâe-denum  weôld, 

Hnaef  Hocingum, 


Des 

rois,  Alexandre  fut,  autrefois,  le 
plus  florissant,  et  le  plus  opulent 
du  genre  humain,  et  il  prospéra 
le  plus  de  tous  ceux  que  par  la 
terre,  j'aie  su  fameux  :  Attila  com- 
manda aux  lïuns  ;  Hermanric,  aux 
Goths  ;  Becca,  aux  Banings  ;  Gifica, 
aux  Burgondes.  César  commanda 
aux  Grecs,  et  Gelic,  aux  peuples  de 
Finn;  Hagena,  aux  Holmrycs,  et 
Henden,  aux Glommes.  Witta  com- 
manda aux  Suèves  ;  Wada,  aux 
Haelsings;  Meaca,  aux  Myrgings  ; 
Marculphe,  aux  Hundings.  Theo- 
doric  commanda  aux  Francs  ; 
ïhyle,  aux  Brondings  ;  Billing, 
aux  Varins.  Oswine  commanda 
aux  Eowis,  et  Gedwulf,  aux  Ytis  ; 
Walding  à  ceux  de  Finn,  de  la 
race  des  Frisons.  Sigehere,  pen- 
dant de  très  longs  jours,  com- 
manda aux  Danois  de  la  mer  ; 
Hnaef,  aux  Hocings  ;    . 


28.  Kemble  :  «  sélest  ». 

42.  Les  «  Glommes  »  étaient  une  tribu  sorabique .  Cf.  Weissii  Antiquitates 
Misnico-Saxonicas,  p.  136:  c  Cronico  Ditmari. 

46.  CI',  dans  Saxo  Grammaticus,  l'histoire  d'Helgo  Hundingicida  ;  mais  les 
«  Hundings  «  paraissent  avoir  été  une  «  gens  »,  ou  uneré  union  de  familles, 
plutôt  qu'un  peuple  entier. 

,v)2.  Cf.  Jornandès  (eh,  \l\)  ;  «  JLiothida  » ,  «  populus  fda>)}< 


ihi 


i..\   (Iianson   hi    \oya<;kih 


Helm  Wulfingû, 

Wîikl  Woingum, 
60  W'od  Thyringû, 

Sâe-ferth  Sycgum, 

Sweôm  Ongend-tbeôw, 

Sceaft-herc  Ymbriun, 

Sceafa  Long-beard fi, 

Hûn-haet  Werum, 

and  Holen  Wrosnum. 

1 1  ring-weald  waes  hâten 

llere-farena  cyning  : 

Offa  weôld  Ongle, 
70  Alewih  Den  Ci, 

se  wii's  tbara  manna 

modgast  ealra  ; 

no  hwœthre  hê  oferOffan 

eorl-scype  f remède, 

ac  Offa  gë-slôg 

âerest  monna, 

cniht-wésende, 

cyne-rica  meest  : 

naenig  efen-eald  him 
80  eorl-scipe  ma  ran, 

on  orette 

âne  sweorde; 

mêrce  ge-mœrde 

with  Myrgingu 

bT  Fifel-dore  ; 

heoldon  forth  siththan 

Engle  and  Swaefe 

swà  hit  Offa  ge-slog. 

Hroth-wulf  and  Hrôth-gâr 


Helm,  aux 

Wulfings;    Wald,    aux  Woings  ; 

Wod,aux  Tbyriniçs;  Saeferth,aux 
Sycgis;  Ongentheow,  aux  Su  eves  ; 
Sceaf there,  aux  Ymbres;  Sceafa, 
aux   Longobards  ;    Hunhaet,  aux 

Wers,  et  JTolen,  aux  Wrosnis. 
Hingweald  était  surnommé,  le  roi 
des  combattants.  Offa  commanda 
aux  Angles;  Alewih,  aux  Danois. 
O/fa  de  tous  les  hommes  fut  le 
plus  fort,  et  nul  n'obtint  jamais 
sur  lui,  la  puissance.  Lui,  le  pre- 
mier des  hommes,  fonda,  dans  sa 
jeunesse,  un  grand  royaume.  El 
personne  de  son  age,  n'éleva 
jamais  plus  haut  de  trône,  avec 
l'aide  de  sa  seule  épée  ! 

«  Les  frontières  désignées  furent 
celles  des  Myrgings.  De  ce  temps, 
les  Angles  et  les  Suèves  eurent  le 
libre  passage  dans  cinq  cités,  ainsi 
qu'Offa  l'avait  imposé.  Hrothwulf 
et  Hrothgar  eurent  très  longtemps, 
entre  eux,  la  paix 


59.  Dans  rénumération  dos  tribus  Scandinaves,  donnée  par  Jornandès 
(ch.  III),  il  en  est  une  qui  paraît  se  rapprocher  de  «  Woingum  »,  et  c'esl  : 
«  Vagoth  »  (?). 

69.  Kemble  :  «  Onglum  ». 

83.  Kemble  et  Oônybeare  :  «  mearce  » . 


LA   chanson    in    \i\\  \i,i:i  u 


<>I7 


no  heôldon  lengest 
sibbe  ael  somne, 

sr»  h. 

su  h  (or- lard  ran, 

siththan  1 1  y  for-wraecon 

Wi-cinga  cynn, 

and  Engeldes 

ôr  for-bigdan, 

for-he6wan  aet  lleorote 

Heatho-beardna  thrym. 

Swâ  ic  geonde  ferde  fêla 
ioo  fremdra  londa, 

geond  gin  ne  grfind  ; 

godes  and  yfles 

thœr  ic  cunnade 

cnùsle  bi-dcrled, 

freô-mœgum  feor 

folgade  wide  ; 

for  thon  ic  maeg  singan 

and  secgan  spell, 

m.enan  fore  mengo 
i  io  in  meodu-healle 

hû  me  cyne  gode 

cystum  dohten. 

Ic  \vais  mid  Hunum 

and  mid  Hréth-gôtum, 

mid  Sweom  and  mid  Geâtum, 

and  mid  Sûth-Denum  ; 

mid  Wenlum  ic  waes  and  mid 
[Waernum, 


Issus  du  même 

père,  ils  cherchèrent  ensemble,  à 

lira-  vengeance  de  id  race  des 
Wisigoths,  et  ils  commencèrenl 
les  hostilités.  Jls  tuèrent  dans 
Ileorot,  des  hommes  puissants,  et 
de  haute  naissance....  Ainsi,  j'ai 
parcouru  plusieurs  pays  lointains, 
sur  la  vaste  terre.  Là,  j'ai  connu 
le  bien  et  le  mal,  inhérents  à  la  race 
des  hommes.  Et  j'ai  été  suivi  au 
loin,  par  ceux  qu  avait  conquis 
mon  chant  ! 

<(  Voilà  pourquoi  je  puis  chanter 
et  parler,  et  faire  des  récits,  devant 
les  hommes,  dans  la  salle  de  bière, 
et  rapporter  comment  des  rois 
magnifiques,  m'ont  enrichi  de 
leurs  dons.  Je  fus  avec  les  Huns, 
et  chez  les  Hredgoths  ;  avec  les 
Suèves,  et  avec  les  Geats,  et  avec 
les  Danois  du  Sud 


i)().  Kemble  :  «  for-bigdon  ». 

ï)7.  Conybeare  et  Kemble  :  «  for-heowon  ». 

105.  Kemble  :  «  freo-maf/um  ». 

106.  Kemble  :  «folgode». 

112.  Kemble  et  Conybeare  :  «  dohton  ». 

114.  Les  Hredgoths  paraissent  avoir  habité  le  Jutland.  (11.    Edda  Snor- 
ronis,  sub  initio. 


<>IS 


LA  CH  vn^hn    m     \n>,  a i iK I  it 


mid  mid  Wi-eimni  ; 

mid  Gef-thum  ic  waes  and 

mid  Wincilii 
1 20  and  mid  Gef-flegum  ; 

mid  En  glu  m  ic  wœs,  and  mid 

Swaefu 

and  mid  JEneimm  ; 

mid  Seaxum  ic  waes  and 

[Sycgum, 

and  mid  Sweord-werum  ; 

mid  Hronum  ic  waes  and  mid 
Dean  nm, 

and  mid  Ileatho-Reamum  ; 

mid  Thyringum  ic  waes, 

and  mid  Thro  wen  dû  ; 

and  mid  Burgendum 
i3o  thaer  ic  beâg  ge  thah, 

më  thaër  Gûth-here  for-geaf 

glaed-licne  mâththum 

songes  tô  leâne, 

nœs  thaet  sâene  cyning. 

Mid  Froncû  ic  waes,  and  mid 
[Fry  sum 

and  mid  Frumtingù; 

mid  Rugum  ic  wees  and  mid 
[Glommu, 

and  mid  Rum- Wain  m . 

Swylce  ic  waes  on  Eatule 
140  mid  .Elf-wine, 

sehaefde  mon-cynnes, 

mine  gë-frâege, 

leohteste  hond 

l(')fes  to  wyrcenne, 

heortanûn  hneâweste 

hringa  ge-dâles, 


J'étais  avec  les 

Vinules,  et  avec  les  Varins,  el  avec 
les  Wirings.  Je  fus  avec  les  I  répi- 
des,  el  avec  les  Vérèdes.  et  avec 
les  Geflèges.  Je  demeurai  chez  les 
Angles  el  les  Suèves,  el  avec 
les  Aniènes.  .le  fus  chez  les 
Saxons  et  les  Sycges,  et  chez  les 
porteurs  de  glaives.  Je  vécus  chez 
les  llronis  et  les  Danois,  et  chez 
les  plus  fameux  Romains.  Je  fus 
chez  les  Thuringes,  el  chez  les 
lanceurs  de  javelots  ;  et  chez  les 
Burgondes.  Là.  je  me  suis  réjoui 
des  bracelets  dor,  que  Gudhere 
m'a  donnés  d'un  cœur  joyeux,  en 
récompense  de  mon  chant  :  et  ce 
n'est  point  là  nn  roi  indolent  ! 

«  Je  fus  avec  les  Francs  et  les 
Frisons,  et  avec  les  Frumtings; 
avec  les  Ruges  et  les  Glommes,  et 
avec  les  Romains.  Je  fus  encore  en 
Italie,  avec  .Elfwine.  Et  ce  fils 
d'Eadwine  eut,  selon  mon  juge- 
ment, la  main  la  plus  libérale  de 
largesses,  le  cœur  le  plus  généreux, 
dans  la  distribution  des  anneaux, 
et  des  bracelets  étincelants.  Je  fus 
chez  les  Sercyngs,  et  chez  les 
Serings  ; 


138.  Sur  le  mot  «  Rum-Walum  »,  pour  Romains.  Cf.  Cluverji  Germanic 
Antiquitates,  I,  79. 

144.  Conybeare  et  Kemble  :  «  wyreanne  ». 


I  \    CHANSON    W    VOYAGE!  R 


<>!<> 


beorthra  beâga, 


[86 


beam  Eâd-wines. 
Mid  Sercingum  ic  w&s, 
1 5o  and  mid  Seringum, 

mid  CreacQ  ic  waes,  and 

[mid  Finnu 
and  mid  Càsere 
se  thê  win-burga 
ge-weald  âhte, 
Wiolane  and  Wilna, 
and  Wala-rices; 
mid  Scott û  ic  waes  and  mid 
[Pëohtum, 
and  mid  Scride-Finnnm  ; 
mid  Lid-wicingum  ic  waes, 
and  mid  Leonu, 
i  bo  and  mid  Long-beardum  ; 
mid  Haethnum,  and  mid 

Haelethum, 
and  mid  Hundingum  ; 
mid  Israhelum  ic  waes, 
and  mid  Exsyringum, 
mid  Ebreum,  and  mid 

[Indfcum, 
and  mid  Egyptum  ; 
mid  Moidum  ic  waes,  and 

[midPersum, 
and  mid  Myrgingum, 
and  Mofdingum, 
170  and  ongend  Myrgingum, 


.  .  .  je  fus  avec  Ins  Grecs  et 
avec  les  habitants  de  Finn,  et 
avec  César  qui  tient  la  ville  splen- 
dide,  et  les  pompes,  la  puissance, 
et  l'opulence  de  l'empire. 

«  Je  fus  avec  les  Pietés  et  les 
Scots,  et  avec  les  Scritoûnns  ; 
avec  les  les  Lidwicings,  et  les 
Leomes,  et  avec  les  Longobar- 
des.  Avec  les  païens  j'ai  vécu,  et 
avec  les  chrétiens,  et  avec  les  llnn- 
dings.  Je  fus  avec  les  Israélites, 
et  avec  les  Assyriens  ;  avec  les 
Hébreux,  les  Indiens  et  aussi,  les 
Egyptiens  ;  avec  les  Mèdes  et  les 
Perses;  avec  les  Myrgings,  et  les 
Mofdings;  et  encore  avec  les  Myr- 
gings et  les  Amothings.  Je  fus 
chez  les  Thuringes  du  Sud  ;  chez 
les  Eoliens,  les  Estiens^  et  les 
Iduméens 


155.  Kembls  :  «  welena  and  wilna  ». 

138.  Pour  «  Scride-Finnum  ».  Cf.  Jornandès,  p.  740. 

169.  Keysler  rapporte  la  découverte  d'un  autel  à  Niewmaycn,  et  dédié  : 
«  Matribus  Mopatensibua  »  ;  ces  dernières  paraissent  avoir  été,  comme 
Matrcs,  Gallaica?,  Trevirae,  Suebge,  etc.,  des  divinités  tutélaires  locales.  Keysler, 
Ant.  Sept.  439. 


620 


LA     (HANSON     hi      \()\  \(,l  I  H 


.■nul  mill   Vmothingum  ; 
mid  East-Thyringum  id  wses, 
and  mid  Solum, 

and  mid  Islum. 

and  [dumingum  ; 

and  ic  wics mid  Eorman-rice 

<  allé  Linage, 

thaer  me  Gotena  cyning 

gode  dôhte, 

se  me  beâg  for-geaf 
1 80  Burg-warena  fruma 

on  tham  sïex  bund  wses 

s  ma  êtes  goldes, 

ge-scyred  sceatta 

scilling  rime  ; 

tbone  ic  Ead-gilse 

on  eeht  sealde 

minum  bleo  drihtne, 

tlia  Te  tô  ham  bï  cwôin, 

leôfum  tô  leâne 
190  theesthë  hë  më  lond  for-geaf, 

mines  feeder  éthel, 

freâ  Myrginga. 

And  më  thâ  Ealh-hild 

ôtherne  for-geaf, 

dryht-cwên  dûguthe, 

dohtor  Ead-wines; 

hyre  lof  lengde 

geond  londafela 

thon  ic  bë  songe 
200  secgan  sceôlde, 

bwaer  ic  under  swegl 
sélast  wisse 

gold-hrodene  cwën 
giefe  bryttian, 

T86  b.l 


El 


chez  Hermanric,  j'ai  vécu  tout  un 
long  temps.  Là,  le  roi  des  Goths 
me  combla  de  bienfaits  :  lui,  le 
prince  du  peuple  me  donna  un. 
bracelet  dor,  avec  six  cents  lingots 
d'or  véritable  et  vierge. 

«  Je  donnai  le  bracelet  à  Ead- 
gilse,  mon  suzerain,  dès  que 
j'allai  vers  lui,  par  amour  et  fidé- 
lité. Car  lui,  le  prince  m'avait 
donné  des  terres,  dans  ma  patrie. 
Et  alors,  la  reine  bienfaisante, 
fille  d'Eadwin,  m'investil  d'un 
au  Ire  fief.  Son  amour  fui  répandu, 
en  bien  des  pays.  Voilà  pourquoi, 
je  dois  dire  en  mes  chants,  qu'elle 
est  sous  le  ciel,  la  meilleure  reine 
entourée  d'or,  et  le  dispensant. 


471.  Cette  peuplade  est  citée  dans  Jornandès,  ch.  III. 
202.  Kemble  et  Conybeare  :  «  sélest  ». 


LA    CHANSON    M     VOYAGE!  l; 


621 


<lim  wil  scilling 

scfran  reorde 

For  imci'iini  sige-dryhtne 

song  â-hôfan  : 

hlùde  hi  hearpan 
2  to  hleôthor  swinsade  : 

(hou  monige  men 

môdum  wlonce 

\\  ordum  sprecan 

tha  tbë  wel  cûthan, 

thaet  hi  naefre  song 

séllan  ne  hyrdon. 

Thonan  ic  ealne  geond 

!  h  wear  f 

élhel  Gotena, 

S('»hte  ic  â  s  it  h  a 
220  thâ  sélestan, 

thaet  wœs  inn-weorud 

Earman-rices. 

Hethcan  sôhte  ic,  anc 

[Béadeean 

and  Herelingas  ; 

Emercan  sôhte  ic,  and 

[Fridlan, 

ond  Eâst-Gotan, 

f rôd ne  and  godne 

feeder  Un-wenes. 

Seccan  sôhte  ic,  and  Beccan, 
23o  Seafoland  Theôd-ric. 


Pour  ces 

récompenses  magnifiques,  d'au- 
tres avant  moi,  avaient  célébré 
dans  leur  chant,  l'illustre  souve- 
raine, taisant  résonner  la  harpe 
en  notes  claires.  Alors  nombre 
d'hommes  au  grand  cœur,  —  et 
qui  étaient  experts  en  tari  du 
chant,  —  proclamèrent  qu'ils 
n'avaient  jamais  entendu  de  plus 
beau  chant  que  le  mien.  De  là, 
j'ai  parcouru  toute  la  patrie  des 
Goths.  Puis,  je  suis  allé  trouver 
l'homme  le  plus  favorisé  au  com- 
bat, Hermanric.  J'ai  visité  llethca 
et  Beadeca  et  les  Herelings,  et 
Cmerca  et  Fridlan,  et  la  Gothic 
Orientale,  à  l'insu  de  -mon  père, 


âgé  et  bon. 


208.  Kemble  :  «  a-hofon  ». 

209.  Ces  concours  entre  bardes  étaient  fréquents,  chez  les  Goths.  On  trouve 
la  relation  de  celui  qui  mil  en  présence  Gunnlaug  et  Rafn,  dans  Gunn. 
Saga,  p.  112. 

213.  Kemble  :  «  spraecort  ». 

214.  Conybcare  et  Kemble  :  «  eut/ion  ». 
222.  Kemble  :  «  Eormenrices  ». 

230.  «  Seafolan  ».  Il  paraîl  y  avoir  une  identité  entre  ce  nom,  el  celui 


622 


LA    mi  \  w\    hi     VOÎ  \u  i  l; 


Heatho-ric  and  Sifecan, 

llli'thc,  and  Incgen-theôw  ; 
Êâd-wine  sôhte  ic,  and 

Elsan, 
/Egel-mund,  and  Hun-gâr, 

and  lli.i  w  loncan  ge-dryhf 

with  M\  Tginga  ; 

Wulf-here  sôhte  ic,  and 

Wvrmhere. 

fui  oit  thaer  wi'g  no  a  laeg 

thonne  Hrseda  here 
240  hcardum  s  word  û, 

ymb  Wistla-wudu 

wérgan  sceôldon 

ealdne  éthelrstôl 

/Kilan  leudum  : 

Raed-here  sôhte  ic,  and 

[Rond-here, 

Rum-stân,  and  Gisl-here, 

Wither-gield,  and  Freothe- 

ric, 

Wudgan,  and  Haman; 

ne  waTon  thaet  ge-sitha 
25o  tha  saemestan 

theâh  the  ic  hy  â-nihst 

nemnan  sceôlde  ; 

fui  oft  of  thâm  heâpe 

hwinende  fleàg 

giellende  gâr 

on  grome  theôde  ; 

wrœccan  thœr  weôldan 

wudnan  golde 


J'ai   connu  Secca   et 

Becca  ;    Seafolan    et    Theodoric  ; 
Heathoric  etSifeca;  lllil.li  et  Inc- 
gentheow  :  Eadwinet  Elsan  ;  Egel 
mund   et   Hungar,    et    le    maître 
sans  peur  des  Mvrgings. 

J'allai  bien  souvent  vers  Wulf- 
here  et  Wyrmhere  :  pour  eu.i\  la 
guerre  ne  cessai!  pas  :  leur  armée 
vaillante,  aux  dures  épées,  aux 
boucliers  sonnants,  défendait  l'an- 
tique siège  du  royaume  contre  les 
hordes  d'Attila.  Je  connus  Raeth- 
liere  et  Rondhere;  Rumstan  et 
Gislhere  ;  Withergield  et  Fre- 
deric ;  Wudgan  et  Haman,  et 
(/autres  moindres  compagnons, 
que  f  eusse  pu  ne  pas  nommer. 
Souvent,  l'armée  en  bataille, 
s'élançait  eu  tumulte,  sous  leur 
conduite,  quand  Wugda  et  Hama 
voulaient,  à  coups  de  flèches, 
épouvanter  le  peuple  sauvage,  et 
arracher  aux  guerriers  et  aux 
femmes  blessés,  l'or  forgé.      .     . 


de  «  Saefugl  »,qui  a  été  conservé  dans  la  généalogie  dVElla.  (Chronic.  Sas., 
p.  20),  Eisa  (1,  230),  et  Withergield  (I,  245),  semblent  bien  être  Eisa,  aïeule 
de  Gerdic,  et  Wihlgils,  père  d'Hengist  et  d'Horsa.  Cf.  Chron.  Sax.,  pp.  13, 15. 
Ces  personnages  —  si  jamais  ils  ont  existé  —  ont  dû  fleurir  vers  Tan  440. 

257.  Conybeare  et  Kemble  :  «  weoldon  ». 

258.  Kemble  :  «  unindum  ». 


I  v    CHANSON    l>l     VOYAGÊt  R 


623 


We  rum  and  wifum, 
260  Wudga  and  I l;i ma. 

Sw;i  ic  thaet  symle  on-fond 
on  thsere  ferimre 


thaet  so  1  > i 1 1 1  le«')fa>l 
lond-buendum, 

se  the  him  God  syleth 
gumena  rice 
to  ge-healdenne 
thênden  hê  her  leofâtb. 
Swa  scn'thende 

270  gë-sceapum  hweorfath 
gleô-men  gumena 
geond  grunda  fela, 
tliearfe  secgath, 
thonc-word  sprecath, 
simle  siith  oththe  north 
sumne  gë-métath 
gydda  gleâwne, 
geofum  un-hnedwne, 
se  the  fore  diiguthe  wile 

280  dôm  a-rseran, 
eorl-scipe  aefnan, 
oththsêt  eal  scâceth 
leôht  and  lif  sômod. 
Lof  se  ge-wyrceth 
hafath  under  heofonu 
heàh-frcstne  dôm. 


87 


Ainsi, 

j'ai  maintes  ibis  observé  au  cours 
de  mes  voyages,  que  celui-là 
auquel  Dieu  a  commis  la  conduite 
des  hommes,  est  le  plus  cher  aux 
peuples  de  la  terre,  quand  lui- 
même,  les  aime  le  mieux. 

«  Ainsi  les  bardes  vont  portant, 
par  toutes  les  terres,  les  chants  des 
héros  ;  ils  disent  aux  rois  les 
nécessités  du  sort  ;  et  ils  leur  ren- 
dent grâces,  du  Nord  à  l'Orient. 
Encore  pour  leurs  chants  magni- 
fiques, ceux-ci  les  récompensent- 
ils  par  des  dons  éclatants.  Tout 
héros  qui  devant  les  nobles,  veut 
entendre  exalter  ses  hauts  faits,  et 
soutenir  la  dignité  de  son  trône, 
doit  d'une  âme  libérale,  répandre 
sur  le  barde,  tous  ses  bienfaits  :  il 
conquiert  son  amour,  et  garde 
sous  le  ciel,  une  éternelle  renom- 
mée !  » 


267.  Kemble  :  «  (je-healdaïuie  ». 


LA  BATAILLE  DE  FINNES-BURH 


hor   nas  byrnath,  nœfre?  » 
hleôthrode  thâ 
hearo-geông  cyning, 
«  né  this  ne  dagath  eastan, 
né  hër  draca  ne  fleôgeth, 
né  her  thisse  healle 
bornas  ne  byrnath, 
ac  hër  forth-berath, 


« Ce  ne  sont  point  là,  des 

palais  en  flammes  !..,  »  Alors 
parla  le  jeune  et  vaillant  guerrier  : 
«  Ce  ne  sont  pas  au  loin ,  les  feux 
d'Orient,  et  sur  ces  lieux,  aucun 
dragon  ne  plane  ; 


4.  Le  manuscrit  original  de  ce  court  fragment,  écrit  sur  feuillet  d'un 
recueil  d'homélies,  qui  existait  autrefois  dans  la  librairie  archiépiscopale 
de  Lambeth,  a  été  longtemps  perdu.  11  y  est  fait  allusion  dans  le  «  Thésaurus 
linguarum  septentrionalium  »,  de  Hickes,  Oxford,  1705  (vol.  I,  p,  1!>2),  et 
la  copie  qui  en  est  donnée  dans  cet  ouvrage,  est  l'unique  base  sur  laquelle 
on  peut  établir  le  texte.  Quelques-unes  des  nombreuses  obscurités  du  texte, 
peuvent  être  attribuées  à  la  négligence  du  copiste.  Le  morceau  tout  entier 
est  d'une  grande  vigueur  dramatique,  et  la  traduction  qui  en  est  ici  donnée 
se  réfère  au  texte  Je  meilleur,  établi  par  Wyatt,  et  s'inspire  des  travaux 
excellents  du  professeur  Ten  Brink  :  «  Grundriss  der  Germanischen  Philo- 
logie »  (pp.  546-549). 

3.  Kemblc  :  «  heoro-g . ...  »;  Hickes  :  «  hearo-g . ...  ». 

4.  Hickes  :  «  eastum». 

5.  Cf.  cette  métaphore  à  celle  qu'Eschyle  met  sur  les  lèvres  d'Apollon, 
dans  les  Euménides,  I,  176  : 

«   Mr,  v,où  ).</.%  où  a  a.  7rrîi)vôv  «ûvïjoTajy  Oftv  ». 

G.    Hickes  :  «  fer  ». 


LA    BATAILLE    Ht    Fl.NNES-BIHH 


fugelas  singath, 
io  gylleth  grâeg-hama, 

gùth-wudu  hlynneth, 

scyld  scefte  on-cwyth  : 

mi  scineth  thés  môna 

wathol  under  wolcnum, 

nu  â-rfsath  weâ-dâeda 

lin1  thisne  folces  ni'th 

fremman  willath  : 

ac  on-wacnigeath  nu 

wigend  mine, 
20  habbath  eôwre  landa  aeht^, 

hicgeath  on  ellen, 

Windath  on  orde, 

wesath  on-môde. 

Thâ  â-râs  monig 

gold-head  en  thegn, 

gyrde  nine  his  swurde  ; 

thâ  tô  dura  eùdon 

driht-lice  cempan, 

Sige-ferth  and  Eaha 
3o  livra  sweord  ge-tugon, 

and  set  ôthrum  durum 

Ord-laf  and  Gûth-làf, 

and  llengest  sylf 

hwearf  him  on  lâste. 

Thâ  gyt  Gâr-ulf 

Giith-ere  styrode. 

thaet  hê  swâ  freolic-feorh 

forma  n  si  the 

tV>  thàerehealle  durum 
40  hyrsta  ne  baêran, 


l'incendie,  ici, 

n'est  pas  allumé,  mais  les  ensei- 
gnes à  tête  d'ours  s'avancent,  les 
oiseaux  de  la  bataille  chantent; 
les  cottes  grises  se  choquent  ; 
l'éclair  des  lances  a  lui,  et  le  bou- 
clier répond  aux  traits.  Mainte- 
nant des  crimes  vont  se  perpétrer 
qui  appelleront  la  vengeance  de 
ce  peuple  ! 

«  Mais  éveillez-vous,  mainte- 
nant, mes  guerriers  ;  tenez  vos  bou- 
cliers dune  main  ferme;  pensez 
aux  prouesses  héroïques  ;  com- 
battez sur  le  front  des  armées  ;  et 
soyez  dun  cœur  vaillant  !  » 
Alors  maint  comte  se  leva,  bardé 
d'or,  et  ceignit  son  glaive.  Vers 
les  portes,  deux  nobles  guerriers 
s'élancèrent,  Sigeferth  et  Eaha,  et 
ils  tirèrent  leurs  glaives  ;  et  aux 
autres  portes  coururent,  Ordlaf  et 
Guthlaf  ;  et  Hengest  lui-même, 
s'élançait  sur  leurs  traces.  Bien 
plus,  Garulf  exhorta  Guthere  à  ne 
point  risquer  une  aussi  noble  vie, 
au  premier  engagement  d'armes, 
aux  portes  du  palais,  alors  que  le 
dur  adversaire  au  combat,  les 
voulait  attaquer; 


12.  Kemble  :  «  sceafte  ». 

20.  Kemble  :  «  eowra  ». 

21.  Kemble  :  «  hyegeath  ». 

22.  Hickes  :  «  windath  ». 

25.  Kemble  :  «  gold-hladen  ». 
40.  Kemble  :  «  baére  ». 


40 


626 


La   ha: ai i, i. i    dé   h\\i>-iu  iui 


mi  hit  nfllia  heard 
â-nyman  wôldej 
;ic  hë  fragn  ofer  eal 
un-deaminga, 
deôr-môd  haelelh, 
hw  a  thâ  duru  heôlde. 
Sige-ferth  is  min  nama, 

[cwji'th  lie. 

ic  com  Sccgena  leôd, 

wrecten  \\  îde-cûth  ; 
5o  fêla  ic  weana  ge-bàd, 

heardra  hilda, 

the  is  gyt  her  witod 

swœ  ther  thû  sylf  to  me 

sécean  wylle. 

Thâ  waes  on  healle 

wœl-slihta  ge-hlyn, 
-j-  sceôlde  celod  bord 
*}*  ge-numon  handa, 

bân-helm  berstan, 
60  buruh-thelu  dynede, 

oth  set  thœre  gûthe 

Gâr-ulf  ge-crang, 


.  •  .  .  .  et  lui-même 
(Garulf),  le  raillant  guerrier,  de- 
mandait déjà, sa  rn i.r  couvrante 
tumulte  :  —  «  Qui  a  forcé  la 
porte  ?  »  —  «  Sigeferth  »i-t  mon 
nom,  lui  fut-il  répondu  ;  je  suis 
prince  des  Seegs,  et  guerrier  aven- 
tureux, et  bien  connu  ! 

«  J'ai  connu  bien  des  soucis,  cl 
subi  d'amères  épreuves  :  le  destin 
est  pour  toi,  de  subir  ici  lout  niai 
que  tu  tenterais  de  me  faire  !  » 
Alors,  sous  les  voûtes,  ce  fut  le 
tumulte  du  carnage.  Sous  les 
boucliers  en  forme  de  quille,  écla- 
taient les  casques  à  le  les  d'ours. 
Le  sol  du  palais  était  retentis- 
sant :  dans  la  mêlée,  Garulf  tombe 
mort,  lui,  le  premier  de  tous  les 
mortels,  fils  de  Guthlaf,  —  et 
maint  héros,   à  ses   cotés. 


41.  Kemble  :  unit  ». 

42.  Kemble  :  «  a-niman  ». 

43.  Kemble  :  «  fraegn  ». 

49.  Hickes  et  Kemble  :  «  wrecten  »,  au  lieu  de  «  wraeccena  ». 

50.  Hickes  :  «  faela  »  ;  Hickes  :  «  \oeuna  ». 

51.  Hickes  :  «  heordra  ». 

53.  Kemble  :  «  sum  thaer  ». 

54.  Kemble  :  «  wille  ». 

55.  Hickes  :  «  healle  ». 

«  on  healle  ».  Conf.  Ten  Brink,  Gmndriss  der  Germaniselien  Philologie, 
pp.  546,549. 

57.  Kemble  :  «  sceolde  naeglod  bor  ge-numen  handa  »  ;  Hickes  :  «.sceolde 
celaes  borth  genumon  handa». 


LA    1UTA1LLK    bfi    FIN'NÉS-M  II  II 


(1-27 


ealr,a  aerest 

ntrth-bûendra, 

(iûlh-lâles  sunu  :  ymb  li\  Q€ 

gôdra  fsela  liwearf 

lacra  hwer 

hraefen  wandrode, 

sweart  and  sealo-brûn  : 
70  swurd-lejâma  stôd 

swylce  eal  Finns-buruh 

fyrenu  waere  : 

aege-fraegn  ic  nâïfre  wurth- 

[lTcor 

aet  wera  hilde 

sixtig  sige-beorna 

sél  ge-baeran, 
7  ne  nëfre  swâ 

noc  hwîtne  medo 

sél  for-gyldao, 
80  thonne  Hnaefe  guida  n 

his  haeg-stealdas  : 

hig  fûhtoo  fif  dagas 

swâ  hyra  nan  ne  feôl 

driht-gesitha, 

ac  higthàduru  heoldon: 

thâge-wâthim  wund  hœleth 

on  waeg  gangan, 

saede  thaet  liis  byrne 

â-brocen  waere, 
90  here-sceorpum  hrôr, 


Une 

foule  d'ennemis  étaient  abattus  ; 
le  vautour  planait,  aux  plumes 
noires  et  jaunes  ;  l'éclair  des 
glaives  brillait,  comme  si  tout 
Finnsburg  étaient  en  flammes. 
Jamais,  je  n'ai  entendu  dire  qu'en 
aucune  rencontre  mortelle,  des 
héros  conquérants  se  soient  mieux, 
et  plus  vaillamment  conduits  ; 
jamais  dans  un  plus  grand' élan 
d'amour  (pour  son  suzerain),  un 
coup  plus  rude  ne  fut  porté,  que 
celui  qui  fit  tomber  ÏInaef.  Durant 
cinq  jours  ils  combattirent,  et 
quoiqu'ils  gardassent  les  portes, 
nombre  de  leurs  suivants  furent 
tués.  Alors  le  chef  blessé  se  retira, 
disant  que  sa  cotte  de  mailles 
était  rompue  ;  que  son  armure 
désormais,  était  vaine,  et  que  son 
casque,   encore,    était    percé. 


66-67.  «  hwearf  ladra  hreas  ».  Jellinck.  P.  B.  XV,  434. 

()7.  Hickes  :  «  hwear/lacra  hraer»  ;  Kemble  :  «  hwearf  lathra  hraew». 

76.  Kemble  :  «  sele  ». 

77.  Kemble:  «  naef're  ». 

78.  Kemble  :  «  not-h. . .  ». 
85.  Kemble  :  «  dura  ». 
87.  Kemble  :  «  weg  ». 


(i'2H  LA    BATAILLE    l»K    H.WI.S-IU  lill 

and  eâc  was  lii.^  helm  Uiyrl Et, 

Thé  hine  sôna  fraegn  sans  détour,  le  pasteur  du  peuple 

folces  hyrde  lui  demanda  si  les  guerriers  sur- 

hû  thâ  wigend  hyra  vivaient  h  leurs  blessures,  et  quel 

wunda  ge-nœson,  était  celui  des  jeunes  hommes  ... . 
oththe  hwœther  Huera 

hyssa 


91.  Keinble  :  «  waes  ». 


INDEX   DES   NOMS   PROPRES 


IXDEX  DES  NOMS  PR  OP  R  ES 


Abel.  Un  rappel  est  fait  du  meurtre  de  Caïn,  213. 

yElfhere.  Scylfiog,  parent  de  Wiglaf  qui  est  surnommé,  «  l'allié 
d'.LIfhere,  5204. 

/Eschere,  le  compagnon  d'armes  et  le  conseiller  le  plus  cher 
d'Hrothgar,  qui  fut  massacré  et  emporté  par  la  mère  de  Grendel, 
2576-2603;  4240-4260. 

Ar-Scyldingas,  923.  Littéralement  :  Scyldings  honorés,  —  un  nom 
des  Danois.  Aid.  Scyldingas, 

Bëanstân.  Père  de  Breca,  le  Bronding,  1042. 

Beorht-Dene.  Littéralement  :  Danois  brillants,  848,  1211,  Vid. 
Dene. 

Bèowulf,  le  Danois,  n'est  pas  le  héros  du  poème,  mais  l'ancêtre  du 
roi  Danois,  Hrothgar,  35,  106. 

Bf'owulf  le  Geat  (le  second  scribe  dont  la  copie  commence,  dans  le 
Mss.,  au  vers  3878,  écrit  ce  nom,  BTowulf.  (vers  3970,  3.993);  au 
génitif.  Bïowulfes,  v.  4383,  5359,  5609  ;  au  datif,  Bïowulfe,  (y,  4642, 
5680,  5809,  6127).  Il  est  fait  mention  de  lui,  pour  la  première 
lois,  au  vers  386,  comme  du  «  féal  dllijgtdac  »,  et  l'on  trouve 
seulement  le  nom  de  Beowulf,  au  vers  684. 

Le  héros  appartient  à  la  famille  royale  des  Geats,  et  aussi  du  cùté 
paternel,  à  la  ligne  suédoise  des  Waegmundings.  Il  est  fils  d'Ecg- 
theow  ;  le  nom  de  sa  mère  est  ignoré,  mais  celle-ci  était  fille  d'IIrer 
tel,  roi  des  Geats,  et  sœur  d'Ilygelac.  Le  poème  entier  consiste  dans 
le  récit  de  la  vie  de  Beowulf,  de  ses  exploits,  de  sa  mort,  et  de  ses 
funérailles, 


632  IMUA    DES    NOMS    PROPRES 

Vprès  sa  septième  année,  il  est  élevé  à  la  cour  de  son  aïeul, 
Hrethel,  auprès  de  ses  oncles,  Herebeald,  Haethcyn  et  Hygelac 
(4956-4962).   Dans  sa  jeunesse,   il  fut  longtemps  regardé    comme 

peu  brave  (4302-4374),  niais  quand  il  grandit,  sa  main  avait  la 
force  de  celles  de  trente  autres  hommes  (755-757).  C'est  donc  en  en 
venant  aux  mains,  qu'il  atteint  sa  plus  grande  renommer:  (5008- 
5010;  5365).  11  accompagne  Hygelac  dans  sa  fatale  expédition  oon- 
Ire  les  Hetware,  et  sauve  sa  propre  vie.  après  la  chute  du  roi  Geat, 
en  nageant  vers  sa  patrie  (4728-4730).  Jl  refuse  le  trône  qui  lui  esl 
offert,  parla  veuve  d'ilygelac  (4747-4748:  il  devient  le  protecteur 
d'Heardred,  fils  d'Hygelac,  et  à  la  mort  de  celui-ci,  il  devient  roi  des 
Geats,  sur  lesquels  il  règne  pendant  cinquante  ans  (4412-4413). 

Le  Beowulf  qui  dirigea  l'expédition  contre  les  Hetware,  appar- 
tient peut-être  à  l'histoire  ;  mais  le  héros  des  trois  exploits  princi- 
paux du  poème  :  de  la  lutte  à  la  nage  avec  Breca  ;  des  combats  avec 
Grendel  et  sa  mère,  est  certainement  légendaire. 

Le  caractère  de  Beowulf  mérite  une  étude  attentive  :  il  est  tracé 
avec  beaucoup  d'intérêt  dans  l'ensemble,  et  de  netteté  dans  le  détail. 

Le  poète  paraît  apporter  de  la  fidélité  à  la  description  de  son 
héros,  et  il  met  également  en  relief,  ses  vertus  guerrières  et  ses  fau- 
tes humaines.  L'auteur  porte  sur  Beowulf  son  propre  jugement,  à  la 
fin  de  la  première  partie  du  poème,  et  la  fin  de  la  seconde  (4354- 
4378).  Il  dépeint,  d'abord,  le  héros  comme  vaillant,  prudent,  et  de 
cœur  magnamine.  ;  puis  il  le  considère  comme  doux  et  bon,  quoique 
porté  aux  ambitieux  dessins. 

Partout,  se  manifeste  la  magnanimité  de  Beowulf:  «  la  gloire,  dit-il 
doit-être  le  seul  but  de  l'homme  »  (2774-2776;  5028),  et  pour  l'at- 
teindre, «  il  faut  vaincre  ou  mourir»  (1264-1268  ;  2980-2982;  5070- 
5072).  Le  guerrier  doit  se  comporter  en  chevalier,  même  en  combat- 
tant des  monstres  (856-880;  1358-1374;  5036-5048).  Le  sentiment 
chevaleresque,  dans  toute  sa  pureté,  inspire  les  vers  4690-4692,  et 
5064-5066.  Il  s'enquiert  avec  sollicitude  de  ses  compagnons  (2954- 
2958),  et  ne  laisse  pas  son  rival  Breca,  dans  la  détresse  (1086).  Ces 
mœurs  de  chevalerie  se  retrouvent,  dépeintes  avec  un  rare  bonheur, 
au  cours  du  poème  (688-694;  2638-2639;  3618-3621).  Et  Beowulf  sait 
oublier  son  ressentiment  contre  Unferth,  quand  celui-ci  lui  demande 
le  pardon  du  passé. 

La  noblesse  d'âme  et  le  désintéressement  du  héros  ressortent  en 
maint  endroit  :  Beowulf  refuse  le  royaume  des  Geats  qui   lui  est 


INDEX    DES    NOMS    PROPRES  033 

offert,  et  se  fait  tuteur  du  jeune  roi  (4747-4748).  Son  ambition  esl 
grande,  mais  il  semble  dédaigner  tout  honneur,  qui  ne  s'achète  poinl 
au  prix  d'un  combat.  Il  esl  mercenaire  et  d'esprit  aventureux,  et 
réclame  son  salaire,  —  ce  qu'Hrothgar  n'oublie  poinl  (1320;  2760- 
27bi  ;  1268).  Mais  quoique  Beowulf  parle  souvent  de  l'or,  sa  récom- 
pense (5070),  —  c'est  plutôt  pour  les  autres  que  pour  lui-même, 
qu'il  combat,  el  avant  tout,  pour  la  gloire  (3224-3227).  Il  sail  encore 
distribuer  généreusement,  les  dons  qu'il  a  reçus  (3800-3800  ;  4296- 
1-308). 

Sa  sagesse  politique  («si  manifeste  aux  lignes  1058-4000  et  4134- 
H36.  Il  apparaît,  pour  l'époque,  modeste  et  réservé  (2410,  4746),  cl 
le  peu  de  jactance  qu'on  relève  en  ses  paroles,  est  inhérent  à  sa  pro- 
fession même  (5038-5041  ;  5054-5056). 

A  son  heure  extreme,  Beowulf  s'enorgueillit  de  la  droiture  de  sa 
vie  (5. 406-5476),  et  sa  piété  est  certaine,  bien  que  celle-ci  soit  mi- 
chrétienne,  mi-païenne,  et  empreinte  d'un  sombre  fatalisme  (884- 
910;  1370-1372;  1028  ;  3316).  Tout  Beowulf  est  inspiré  delamélan- 
colie  poétique  anglo-saxonne,  depuis  le  jour  où  le  héros  est  né  au 
malheur,  jusqu'au  dernier  instant,  où  il  meurt  dans  la  solitude 
(5458-5461). 

L'astuce  et  la  déloyauté  barbares  se  montrent  parfois,  chez  Beo- 
wulf :  quand  il  se  vante  d'avoir  fait  maint  faux  serment  (5476),  et 
d'avoir  massacré  ses  alliés  (5478).  Mais  il  convient  de  faire  observer, 
en  sa  faveur,  qu'à  l'époque,  toutes  les  trahisons  étaient  légitimes, 
dans  la  poursuite  de  la  vengeance  (4058-4060). 

Trie  remarque  plus  générale  est  celle-ci  :  dans  le  poème  entier,  il 
n'y  a  avec  YVigiaf,  qu'un  seul  guerrier  de  grande  bravoure^  — Beo- 
wulf. C'est  sans  doute,  la  un  procédé  de  Fauteur  pour  mettre  en 
relief,  la  valeur  du  héros  principal.  Tous  les  guerriers  de  la  suite  de 
Beowulf,  reculent  devant  les  monstres,  que  le  Geat  seul  ose  aborder 
(836-844;  1148-1140;  5064-5067).  Ce  détail  donne  au  poème  un 
caractère  différent  de  celui  des  Nibelungenlied,  —  où  chacun  est 
également  audacieux.  —  el  de  la  Chanson  de  Ptoland,  où  le  héros 
n'est  que  le  plus  brave  d'entre  ses  pairs. 

Breca,  lutte  à  la  nage  avec  Beowulf.  Il  est  chef  des  Brondings,  et 
fils  de  Beanstan,  Bugge  compare  cet  épisode  à  celui  de  la  Saga  Islan- 
dique  d'Egil  (1020,  et  s...).  Cf.  Beitrâge,  XII. 

Brisings',   collier,  (en  vieux  normand,  Brisinga  men).  Ce  mot  se 


634  Index  m:s  noms  propres 

rencontre  dans  l'Edda  (Hamarsheimt),  éi  le  collier  est  cité,  comme 
ayanl  été  porté  par  la  déesse,  Freyja.  Le  mol  Brosing,  offre  une  ana- 
logie avec  Breisgau,  (à  la  partie  Sud  de  la  Forêt-Noire),  qui  probla- 
blemenl  esl  le  lieu,  où  la  légende  est  née  (2398). 

Brondings,  La  tribu.,  dont  Breca  est  le  chef.  Peut-être  habitait-elle 
le  Mecklembourg,  ou  la Poméranie (A,  (il)  (1022), 

Caïn  est  cite  aux  vers  213  et  2523,  comme  étant  l'ancêtre  de 
Grendel. 

Daeghrefn,  guerrier  des  Hugs,  que  semble  avoir  tué  Hygelac,  à 
la  bataille,  et  que  Beowulf  massacre  (3002). 

Danes.  Le  théâtre  de  la  première  partie  du  poème,  est  l'île  danoise 
de  Zealand,  et  l'on  parle  des  Danois,  comme  possédant  encore  Scede- 
nig,  ou  les  Scedelands,  à  la  partie  Sud  de  la  Suède  Dans  Widsith, 
v.  29,  ils  sont  appelés  Sea-Danes  ;  v.  3o,  Danes  ;  v.  58,  South- 
Danes. 

Dans  Beowulf,  des  noms  variés  leur  sont  attribués,  qui  rappellent 
leurs  exploits:  Beorht-Dene,  Gâr  Dene,  Hring-Dene, —  ou  leur  situa- 
tion géographique  :  East-Dene,North-Dene,Sûth-Dene,  West-Dene... 
Parmi  ces  derniers,  on  cite  trois  rois  légendaires  :  Scéf,  Scyld,  et 
Beotvulf,  le  Scyld  ing.  Leur  ère  doit  être  située,  avant  la  naissance  du 
Christ. 

Au  quatrième  et  au  cinquième  siècle,  on  trouve  Halfdane  et  ses 
fils,  Ileorogar,  Hrothgar  et  Jïalga  ;  Tngeld  et  Froda,  dont  le  fils, 
llrothwulf,  fut  associé  au  trône  d'Hrothgar,  et  épousa  la  fille  de 
celui-ci,  Freaware.  Hrothgar  eut  de  la  reine,  Wealhtheôw.  de  la 
race  des  Helmings,  —  deux  fils,  llrethric  et  Hrôthmund.  Toute  cette 
race  royale  est  qualifié  dTngwinas,  terme  qui  semble  se  rapprocher 
du  mot  normand,  «  Ynglingar  ».  Heremôd  est  encore  cité,  comme 
ayant  régné  tyranniquement,  sur  une  partie  du  Danemark.  Ce  per- 
sonnage peut  être  identifié  avec  Sigmund,  le  Waelsing  (v.  170a),  et 
dans  le  llyndlv  Liôth  '-■  (Edd.  Saem.  I,  34a).  D'autres  héros  danois 
qui  ne  sont  point  de  sang  royal,  sont  nommés  dans  Beowulf  : 
/Eschere,  llunferth,  Wulfgar,  Guthlac,  Iïengest,  etUslaf. 

Eadgils,  le  plus  jeune  fils  d'Ohthere. 

Ce  qui  est  dit  dans  Beowulf,  sur  les  frères  Eadgils  et  Eanmund, 
semble  s'adresser  à  des  auditeurs  connaissant,  déjà,  les  aventures 
de  ces  personnages,  Les  épisodes  où  ceux-ci  sont  mêlés,  paraissent 


INDEX    DES    NOMS    PROPRES  635 

bien  obscurs  aux  commentateurs,  qui  n'ont  pu  que  reconstituer, 
d'oux  mêmes,  l'histoire  dos  deux  héros.  La  version  la  plus  ingé- 
nieuse est  donnée  par  Wyatt. 

Eanmund  et  Eadgils  sonl  bannis  de  Suède,  pour  s'être  révoltés 
(4758  et  s...),  et  se  réfugient  à  la  cour  du  roi  Geat,  Heardred.  Le 
l'ait  qu'ils  ont  trouvé  un  asile  auprès  de  son  ennemi  héréditaire, 
excite  à  tel  point  la  colère  du  roi  Suédois,  Onela,  leur  oncle,  que 
celui-ci  envaliil  le  pays  des  Geais  (4404  et  s...),  et  parvient  à  tuer 
Heardred  (4708  et  s...);  mais  il  permet  à  Beowulf,  de  prendre  la 
succession  au  trône  des  Geats,  sans  être  inquiété  (i778-4780).  Hear- 
dred est  le  second  roi  Geat,  qui  tombe  sous  les  coups  des  Suédois 
(vid.  Haethcyn),  et  plus  tard,  Beowulf  rouvre  les  hostilités,  en 
aidant  Eadgils,  quand  il  envahit  la  Suède,  pour  y  tuer  Onela,  son 
oncle  (4784  ;  4779  et  s...).  Ces  détails  sont  confirmés  par  la  tradition 
normande  où  Athils  —  Eadgils,  massacre  Âli  =  Onela,  sur  le  lac  de 
glace,  Wener  (Cf.  v.  4792), 

Eanmund,  Suédois,  et  fils  d'Othere,  tué  par  Weôhstan  (5223). 

Earnanaes  (0062)  Eagles  ness  :  littéralement  :  nid  d'aigle.  L'en- 
droit auprès  duquel  Beowulf  combat  le  dragon. 

Ecglaf.  Danois,  père  d'Unferth  (980). 

Ecgthëow  (Ecgthëo,  746)  ;  au  génitif,  Ecgthloes  (3998)  père  de 
Beowulf,  le  Geat;  épouse  la  fille  unique  d'Hrethel,  roi  des  Geats,  et 
père  d'Hygelac  (745-751).  Ayant  tué  lleatholaf,  le  Wylfing,  — 
Ecgthëow  sollicite  la  protection  d'IIrothgar.  au  début  de  sa  royauté. 
Hrothgar  fait  alliance  avec  lui,  et  lui  donne  des  subsides  (918). 

.  Ecgwela  (3420)  :  «  les  descendants  d'Egcwela,  les  Scyldings  hono- 
rés... »,  c'est-à-dire  les  Danois.  Grein  regarde  Ecgwela,  comme 
étant  le  fondateur  de  la  très  ancienne  dynastie  des  rois  danois,  qui 
s'arrête,  avec  Jleremond. 

Elan  (124).  Danoise,  fille  d'Iïealfdene,  et  peut-être,  femme  d'On- 
gentheow,  roi  des  Suédois.  Cf.  Old.  Norse  Hrolfs  Kraka  Saga,  dans 
Kluge  E.S.,  XXII,  144. 

Eofor  (datif,  lofore,  5986,  5990),  guerrier  Geat,  tils  de  Wonred, 
frère  de  Wulf,  et  beau-fils  d'Hygelac.  Il  vient  au  secours  de  son 
frère  Wulf,  dans  un  combat  singulier  avec  Ongentheow  qu'il  lue, 
vengeant,  ainsi,  la  mort  d'Haethcyn.  Ilygelae  récompense  libérale- 


().'{()  INDES    DES    NOMS    PROPRES 

niciil  les  deux  frères,  el  donne  sa  lill*1  unique  .:i  Eofor  (4968  el  s...; 
5922  el  s...). 

Eomaer,  Angle,  fils  d'Offn  el  de  Thrytho  (3920). 

Eormenric  (Hermanaric),  roi  des  Ostrogoths,  qui  meurl  l'an  375, 
de  l'ère  chrétienne.  Il  esl  cité  dans  Beowulf,  au  cours  de  l'épisode  du 
collier(153).  Il  <isl  fail  encore  allusion  à  ce  roi,  «Lui-  Widsith,  II.  8, 
18,  88,  el  dans  Deors'  Lament,  au  vers  1201.  Cf.  Jornandès. 
Ghap.  XXXIV;  Edd.  Saem,  11,  240;  Sigurdr-quid,  III,  59;  Johannes 
Magnus,  VI,  c.  26;  Saxo  VIII,  107;  Edd.  Saem.  thryms-quid.,  13.  I, 
187  ;  Edd.  Snorr.  fab.  30  ;  Grimm,  1).  G.  Ill,  454. 

Eotenas  (Enlliiones,  Saxones  Eucii),  le  peuple  de  Finn,  roi  de 
Friesland.  On  les  a  identifiés  avec  les  Jutes  (21 44 .  2170,  2282, 
2280). 

Einn  (Fin.,  2192,  2292,  2304  ;  génitif,  Finnes,  2136,  etc.),  roi  de 
Friesland  (2252),  fils  de  Folcwalda  (2178)  :  la  reine,  son  épouse,  lui 
llildeburh. 

Il  y  a  quelque  obscurité  dans  l'épisode  de  Finn,  rapporté  dans 
Beowulf  (2130  et  s...).  Ce  morceau  est  évidemment  détaché  d'une 
épopée  entière  sur  Finn,  dont  un  seul  fragment,  la  bataille  de 
Finnsburg,  subsiste.  Diverses  tentatives  ont  été  faites,  pour  donner 
une  restitution  de  cette  histoire. 

Bugge,  s'appuyant  sur  l'interprétation  des  vers  2284-2288,  suit 
l'opinion  de  Grein,  et  soutient  que  l'attaque  nocturne  dépeinte,  dans 
la  Bataille  de  Finnsburg,  se  produisit  après  la  mort  de  Hnaef,  et 
avant  les  événements,  rapportés  dans  l'épisode  de  Beowulf  (y.  2136). 
D'autre  part,  Moller  prétend  que  le  lieu  de  la  bataille  est  indiqué 
dans  les  mêmes  vers,  2288,  2289,  et  sa  reconstitution  de  l'épisode 
paraît  être  dans  son  ensemble,  la  plus  rationnelle  : 

Finn,  roi  des  Frisons,  avait  enlevé  par  violence,  llildeburh,  fille 
de  Hoc  (2152).  Ce  dernier  semble  avoir  poursuivi  les  fugitifs,  et 
avoir  été  tué  dans  le  combat  qu'il  livre  au  ravisseur. 

Après  vingt  années,  les  fils  de  Hoc,  —  Hnaef  et  Ilengest,  furent  d'âge 
à  venger  la  mort  de  leur  père.  Ils  font  l'invasion  du  pays  de  Finn, 
et  une  bataille  est  livrée,  au  cours  de  laquelle  plusieurs  guerriers,  et 
Hnaef,  avec  un  fils  de  Finn,  sont  tués  (2148,  2158,2230).  Une  paix 
solennelle  est  conclue,  et  les  guerriers  morts  sont  brûlés  (2136  et  s.). 

Comme  l'année  trop  avancée  ne  permet  pas  à  Ilengest  de  rentrer 


INDIA    DES    NOMS    PROPRES  637 

dans  sa  pairie  (2260  et  s...),  lui-même  et  les  survivants  de  son 
armée  demeurenl  l'hiver,  au  pays  des  Frisons,  cl  à  la  cour  <lc  Finn. 
MaisHengestesl  constammenl  obsédé  de  la  morl  de  sou  Frère  Hnaet, 
et  il  souhaite  de  rompre  la  paix  qu'on  a  jurée,  de  pari  et  d'autre. 
Sou  désir  ^\c  vengeance  est  soupçonné  par  les  Frisons,  qui  prévien- 
nent ses  desseins,  cl  l'attaquent  dans  le  palais,  tandis  qu'il  dort 
avec  ses  hommes.  Telle  serait  l'attaque  de  nuit,  dépeinte  dans  la 
Bataille  de  Finnsburg.il  semble,  enfin,  qu'après  une  résistance  déses- 
pérée, Hengest  lui-même,  tombe  sous  les  coups  d'Hunlafing  (2286), 
mais  deux  de  ses  compagnons,  Guthlaf  et  Oslaf  parviennent  à 
s'échapper,  et  à  revoir  leur  pays.  Avec  de  nouvelles  troupes,  ils 
reviennent  attaquer  Finn  qu'ils  massacrent,  et  ils  délivrent  la  reine 
Hildeburh  (2250 et  s...). 

Finnas  (1160),  le  pays  des  Finns.  Sarrazin  (Beowulf  studien,  p.  32), 
situe  ce  territoire  près  de  la  cote  de  Suède,  dans  le  district  de 
Bohusliin.  Là,  Beowulf  est  porté  par  le  flot,  sur  le  rivage,  après 
avoir  nagé  cinq  jours,  dans  sa  lutte  contre  Breca. 

Fitela  (1752,  1778),  le  Siniiotli  de  la  Volsunga  Saga,  fils  de  Sige- 
mund  le  Volsing,  ou  Vaelsing,  par  sa  sœur  Signy. 

Folcwalda  (2172),  père  de  Finn,  roi  des  Frisons  du  Nord. 

Froncan  (génitif,  Francna;  2420)  llygelac,  roi  des  Geats,  fit  une 
invasion  chez  les  Frisons,  vers  l'an  512,  après  J.-C,  et  fut  défait  et 
tué,  par  les  forces  combinées  des  Francs,  des  Frisons  du  Sud,  et  des 
Hugs  (2404  et  s...;  5824  et  s...), 

Freawaru,  princesse  danoise  et  tille  d'Hrothgar,  mariée  à 
Ingeld,  pour  assurer  la  paix  entre  les  Danois  et  les  Heathobards 

(4044  et  s...). 

Frës-cyning  (5006).  Le  roi  des  Frisons  du  Sud. 

Frës-lond  (pluriel)  (4714).  Le  territoire  des  Frisons  du  Sud. 

Frës-wael  (2140).  Le  lieu  de  la  bataille  chez  les  Frisons  du  Nord, 
où  Ilnacf  tomba. 

Frôda  (4050)  père  d'Ingeld,  et  roi  des  Heathobards. 

Frysan  (génitif,  Frësena,  2180,  Frysna,  2208,  Frësna  5830).  Les 
Frisons.  Il  y  a  d'abord,  les  Frisons  du  Nord,  le  peuple  de  Finn 
(2136  et  s...);  puis  les  Frisons  du  Sud,  qui  s'unirent  aux  Francs  et 


0*38  I.M»I A     DES     KOMS    l'lto|'l;l  - 

;m\  Huga,  contre  Hygelac  (2404  el  s...;  5824 cl  suiv...)  Le  territoire 
des  premiers  esl  dénommé  Frys-land,  au  vers  2252;  celui  des 
seconds  esl  appelé,  Frës-lond  (au  pluriel),  (v.  1714). 

Garmund  (3919).  Eomaer  est  cité  comme  petit-fils  de  Garmund, 
((m  par  conséquent,  était  père  d'Offa.  Ce  personnage  esl  le  Waer- 
mund  des  généalogies  de  la  Chronique,  dans  laquelle  apparaissent 
ans^i,  Offa  cl  Eomaer.  Gf.  Parker  Mss.  626. 

Gëat  (1280,  2002,  3570.  (Me.).  C'esl  le  peuple  auquel  Beowulf 
appartient.  Leur  pays  était  situé  dans  la  Suède  du  Sud.  entre  les 
Danois  qui  occupaient  l'extrême  Sud,  el  les  Suédois  dont  le  terri- 
toire étail  probablement  limité  par  le  lac  Wener.  Leur  métropole 
('■tait,  peut-être,  Kongelf  ou  Kungelf.  On  les  identifie  plutôt  avec  les 
Goths,  qu'avec  les  Jutes  (Cf.  Arnold,  pp.  50-56).  Ils  sont  encore 
désignés  sous  les  noms  de  Weders  cl  de  Hrethlings  (390  et  passim.); 
Gûd-Gëata,  Corme  faible  ou  génitif  pluriel  (748,  2382,  2404)  ;  génitif 
singulier,  Gêatena  (88b*)  ;  en  vieux  normand.  Gântar;  en  suédois, 
Gôtar. 

Gëat-mecgas  (datif,  Gêat-maccgum,  982  ;  génitif,  Gëat-mecga, 
4  058).  Ce  mot  se  rapporte  aux  quatorze  guerriers  Geais  (414),  qui 
accompagnent  Beowulf  dans  lieorot. 

Gifthas  4988)  qu'on  croit  être  les  Gepidae.  Le  même  peuple  est 
mentionné  dans  Widsith,  01,  avec  les  Wends  qui  habitaient  la 
Prusse  orientale.  Mais  en  des  temps  historiques  plus  connus,  les 
Gépides  peuplaient  le  Dacie,  de  sorte  que  l'identification  de  Gifthas 
avec  les  Gépides,  soutenue  par  Ettmûller,  est  assez  douteuse. 

Grendel  (de  l'anglo-saxon  «  grindan  »,  moudre  '!  génitif,  Gren- 
dles390,  4004  etc.  Grendeles,  4012,  4230,4706;  datif,  Grendle, 
1232,  5042):  le  monstre  que  tue  Beowulf.  Grendel  descend  de  Gain, 
(2530  et  s...).  Son  père  est  inconnu  (2710). 

Grendles  môdor  (Grendeles  môdor,  4230,  4278).  La  mère  de  Gren- 
del, dont  le  massacre  est  le  second  grand  exploit  de  Beowulf. 

Tantôt  il  est  parlé  de  la  mère  de  Grendel  au  masculin,  et  tantôt, 
au  féminin  (2520,  2758,  2784,  2788,  2094,  4272  et  2854  et  s...,  2678, 
3008  et  s...,  3082  et  s...). 

Guthlaf  (2290).  Guerrier  danois,  servant  sous  IInaef  et  Hengest, 
Y  id.  Finn. 


InDex  des  noms  propres 


(ill!) 


Haereth.  (3S:".s.  3962)  le  pèred'Hygd,  femme  d'Hygelac. 

Haêdcyn  (Ha&thcen  5850,  datif,  iïaêthcynne,  1964),  second  (ils 
d'Hcethel,  roi  des  Geats.  Il  tue  par  trahison  son  frère,  Herebeald,  et 
lui  succède  sur  le  trône.  Il  péril  dans  la  bataille  livrée  au  roi  sué- 
dois, Ongentheow  (4868,  M)48,  i964,  5850  et  s...). 

[Ialf-Danes  2131),  Bugge  (P.  B.  XII,  29)  écrit  que  les  Hocings, 
descendants  de  la  race  de  Hnaef,  étaient,  appelés  Half- Danes,  (mi- 
Danois),  parce  qu'ils  n'étaient  pas  proprement  des  Danois,  niais 
alliés,  par  le  sang  ou  les  traités,  aux  Danois. 

Ilalga  (the  Good), (Halga  le  bon)  (123),  frère  cadet  d'Hrotgar.  Il 
est  regardé  comme  le  père  d'Ilrolhwulf  (2031  et  s.  .  .),  et  on  l'iden- 
tifie avec  Helgi,  père  deRolfkraki  =  llrothwnlf. 

Healfdene  (113).  Père  et  prédécesseur  d'Hrothgar,  sur  le  trône 
des  Danois.  Il  est  l'Ilaldanus  de  Saxo  Grammatîcus. 

Heardred,  Geai,  (ils  d'Hygelac  et  d'Hygd.  11  devient  roi  des(ieats, 
bien  qu'en  minorité,  après  la  mort  d'Hygelac,  dans  la  guerre  avec 
les  Frisons  et  les  Francs,  et  Beowulf  assume  auprès  de  lui,  la  charge 
de  protecteur  et  de  conseiller.  Heardred  est  tué  parOnela,  le  Suédois 
(4064,  4074,  4134). 

Heatho-Beardan  (génitif,  Heatho-Beardna,  4064  etc.).  La  tradition 
veut  que  les  lleatliobards  aient  possédé  un  petit  royaume,  dans 
l'île  de  Zealand,  dont  la  capitale  aurait  été,  Lethra.  Ils  sont  men- 
tionnés dans  Widsith,  comme  ayant  été  vaincus  avec  leur  chef, 
Ingeld,  par  les  Danois,  à  Ileorot.  On  les  appelle  communément 
(Wyatt),  Lombards. 

Healholâf  (020),  Guerrier  des  Wylfings,  tué  par  Ecgtheow,  père 
de  Beowulf. 

Heatho-Raê  mas  (1038),  ou  d'après  Mûllenhoff,  lleathoreamas,  peu- 
ple de  Raumarike,  district  au  Sud  de  la  Norvège.  C'est  sur  cette  côte 
que  vient  échouer  Breea,  après  sa  lutte  à  la  nage,  avec  Beowulf. 

Ilehningas  (1234).  La  reine,  femme  d'Hrothgar,  Wealhtheow,  est 
citée  comme  appartenant  à  la  tribu  des  Helmings,  qui  s'étaient 
établis  chez  les  Angles  du  Sud  (?}.  Cf.  Sarrazin,  dans  E.  S.  XXIII, 
pp.  228,  220. 


040  l\M\    DES    NOMS    PROPRES 

Hemming  (3888,  2182;.  Parent  de  Hemming,  s'applique,  et  à 
Offa,  el  à  sou  fils,  Eomaer. 

Hengesl  (2166,  2182  et  s...)  prend  le  commandement  des  Danois, 
après  la  morl  de  Hnaef.  Vid.  Finn. 

Heorogâr  (Heregar,  934  ;  Hiorogâr4316),  (ils  aîné  d'Healfdene,  el 
frère  aîné  d'Hrothgar.  Il  ne  laisse  pas  son  armure  à  son  lil<.  mais 
Hrothgar  la  donne  à  Beowulf,  et  Beowulf  l'offre  à  Hygelac. 

Heorot  (Heort,  156;  datif,  Heorute,  1 532,  Hiorte,  4198),  le  palais 
Heorot  ou  liait.  qu'Hrothgar  a  construit  (134  et  s...). 

Il  est  abandonné  pendant  douze  années,  parce  que  la  fureur  de 
Grendel  y  sévit  (290  ets ...).  La  rencontre  de  Beowulf  et  du  monstre, 
a  lieu  dans  le  palais,  à  la  voûte  duquel  l'on  fixe  en  trophée,  le  bras 
de  Grendel  que  vient  d'arracher  le  héros. 

Mùllenhoff  identifie  Heorot  avec  Leire,  la  plus  ancienne  métropole 
des  rois  danois.  Des  monographies  diverses  ont  été  écrites  sur 
Heorot  :  liber  die  Halle  Heorot,  par  Moritz  Heyne,  Paderborn,  1804  ; 
Heorot-Hall,  par  C.  Klôpper,  Rostock,  181)0.  Sarrazin  dans  (Anglia 
XIX,  368),  pense  qu'lleorot,  suivant  l'ancienne  coutume  normande, 
servait  aussi  de  temple  et  de  lieu  d'assemblée,  et  était  regardé 
comme  le  sanctuaire  des  tribus  danoises. 

Heoroweard  (4322),  fils  d'Heorogar 

llerebeald  (4868,  4926),  fils  aîné  du  roi  geat,  llrethel,  tué  par 
imprudence,  d'une  flèche  lancée  par  son  frère,  Haethcvn. 

Heremod  (1002,  3418),  roi  danois  que  les  siens  livrent  à  l'ennemi, 
pour  sa  cruauté.  Ce  personnage  est  identifié  par  Sievers  (Beowulf 
und  Saxo,  pp.  175-179),  avec  le  Lotherus,  de  Saxo.  Réunissant  les 
données  de  Saxo  et  de  Beowulf,  Sievers  parvient  à  reconstituer,  de 
la  manière  suivante,  l'histoire  de  ce  personnage  :  «  Dan,  roi  des 
Danois,  avait  deux  fils,  l'un  faible  (l'IIumhlus  de  Saxo),  et  l'autre 
de  nature  héroïque  (Heremod).  Après  la  mort  de  Dan,  Humblus  est 
élevé  au  trône,  et  Heremod  est  banni.  Mais  Humblus  ne  peut  répri- 
mer un  soulèvement  populaire,  —  ou  repousser  une  invasion  étran- 
gère, -  et  le  peuple  a  recours  à  l'assistance  d 'Heremod.  Avec  de 
fortes  troupes,  il  défait  Humblus,  et  gagne  la  royauté.  Mais  cupide 
et  cruel,  il  devient,  bientôt,  le  fléau  de  son  peuple,  qui  le  dépose  et  le 
tue  ('!). 


INDEX    DES    NOMS    PROPRES  t>4  l 

Hererïc  (4412).  Eleardred  est  appelé  :  «  ffererices  nefa  ».  Peut- 
être,  était-il  I»1  frère  d'Hygd. 

Hetwaras  (4726,  5832).  Peuplade  qui,  avec  les  Frisons  et  les 
Francs,  repousse  l'invasion  d'Hygelac.  Ce  sont  là,  les  llattuarii, 
Attoarii,  (Gesta  regum  Francorutn  ;  les  Chattuarii,  de  Strabon  ;  les 
Chatti,  de  Tacite  (Geruiania,  ch.  XXX)  :  ils  constituaient  une  tribu 
franco-frisonne,  qui  peuplait  la  région  du  Bas-Rhin,  autour  de 
(-lèves. 

Hildeburh  (2142,  2228),  fille  d'IIoc,  et  femme  de  Finn.  Vid. 
Finn. 

llnaef  (2138  et  s...),  périt  dans  la  bataille,  avec  Finn.  Vid. 
Finn. 

Hoc  (2132),  père  d'Hildeburh.  Vid.  Finn. 

HondscTo  (1480  et  s ...  ;  4152).  L'un  des  quatorze  compagnons  de 
Beowulf,  dans  son  expédition  au  royaume  danois,  et  que  Grendel 
dévore,  avant  d'attaquer  Beowulf. 

Hreosna-beorh  (4954).  Le  théâtre  des  luttes  entre  les  Suédois  et 
les  Geats,  —  sous  Onela  et  Ohthere;  — probablement  à  la  frontière, 
entre  la  Suède  et  le  territoire  des  Geats. 

Hrêthel  (génitif,  forme  faible,  Hrethlan,  908;  génitif,  llrethles, 
2970).  Roi  des  Geats  :  il  était  fils  de  Swerting  (2406),  père  d'Hyge- 
lac, et  aïeul  de  Beowulf  (746  et  s...),  à  qui  il  laissa  sa  cotte  de  mail- 
les (908).  11  meurt  de  chagrin,  en  perdant  son  tils  aîné  (4870  et  s...) 
qu'Haethcyn  atteint  involontairement,  d'une  flèche. 

Hrëth-men  (890).   Triomphateurs.  Epithète  donnée  aux  Danois. 

Hréthrlc  (2378,  3672).  Fils  aînéd'Hrothgar. 

Hrones-naes  (5610,  6272),  antre  de  la  baleine.  Promontoire 
rocheux  où  Beowulf,  en  mourant,  veut  que  son  mausolée  s'élève. 
Grein  soutient  que  ce  lieu  était  près  de  Kongelf,  dans  une  petite  île, 
entourée  du  bras  Nord  du  Gota  Elf. 

Hrôthgâr,  roi  des  Danois,  second  fils  d'Healfdene.  11  est  l'un  des 
personnages  principaux  du  poème  :  il  fait  élever  le  palais  d'Heorot, 
que  Grendel  dévaste,  et  il  prépare  les  voies  aux  prouesses  du  héros. 
11  a  été  identifié  avec  le  Roe  de  Saxo  Grammaticus,  et  avec  le  Hroar 
de  la  llrolfs  Saga  (Beowulf  passim.). 

41 


()  \2  INDES    Dl  B    NOMS    PROPRES 

lliôthmund  (2378).  Le  plusjeune  til-  d'Hrothgar. 

Hrôthulf  (2034,  2362),  probablement  le  (ils  du  plus  jeune  frère 
d'Hrôthgar,  Eïalga.  Ilvivail  à  là  com' de  Danemark. 

Wealtheow  exprime  l'espoir  qu'elle  a,  de  lui  voir  rendre  en 
dévouement  à  ses  enfants,  la  bonté  qu'llrothgar  eut  pour  lui-même 
(2360  et  s...).  Et  il  semble  que  cet  espoir  ait  été  trahi  (2328-2338). 
Ce  personnage  est  le  Rolf  Krakede  l'Ynglingâ  Saga,  et  est  mentionné 
dans  Widsith,  ligne  45. 

Hruntig  (2914,  2980,  3318,  3614).  Le  glaive  d'Unferth,  que  celui- 
ci  prête  à  Beowulf,  pour  combattre  la  mère  de  Grendel. 

Hugas  (5004,  5828).  Les  i lugs,  — Chauci,  de  Tacite  (Germania,  35). 
Tribu  qui  se  joint  aux  Francs,  pour  repousser  l'attaque  d'Hygelac, 
sur  les  côtes  des  Frisons 

Hûnlafing  (2286),  fils  d'Hunlaf,  et  guerrier  de  Finn  :  il  tue 
Hengest. 

Mygd  (3852,  4344,  4738).  Fille  d'Haereth  (3858),  femme  d'Hyge- 
lac, et  mère  dTïeardred. 

Hygelâc  (qu'on  écrit  généralement  Higelâc,  870  ;  Hygelâc, 
4302  etc.;  génitif,  llygelâces,  3060,  4772,  5886;  lïigelâces,  388  etc.; 
datif,  Hygelâce,  4338  ;  Higelâce,  904  etc.).  Le  roi  régnant  des  Geats, 
pendant  toute  l'action  du  poème  (llygelac  =  le  Ghocilaicus  ou  Cho- 
cbilagus,  de  Grégoire  de  Tours,  et  de  Gesta  flegum  Francorum).  11 
est  le  troisième  fils  d'Hrethel,  et  l'oncle  de  Beowulf. 

Ongentheow  avant  défait  et  tué  son  frère,  Haethcyn,  llygelac  atta- 
que, à  son  tour,  le  roi  de  Suède,  et  l'un  de  ses  compagnons,  Eofor, 
tue  ce  dernier. 

llygelac,  encore  jeune,  quand  Beowulf  revient  de  Danemark, 
épouse  la  princesse  Hygd.  Il  meurt  peu  de  temps  après,  au  cours  de 
l'invasion  qu'il  fait  chez  les  Frisons,  entre  l'an  512  et  520  après 
J.-C.(2404ets..  ;  4708  et  s...;  5002  et  s...  ;  5028  et  s...).  Son  jeune 
fils,  Jleardred  lui  succède,  Beowulf  ayant  refusé  le  trône  qui  lui  était 
offert  par  la  reine  Hygd,  veuve  d'Hygelac. 

Ingeld  (4128),  fils  de  Froda,  et  prince  des  Heathobards.  Beowulf 
dit  à  Hygelâc,  que  la  fille  d'Hrothgar,  Freawaru,  est  promise  en 
mariage  à  Ingeld,  et  que  le  roi  danois  espère  arrêter,  parla,  les  hos- 
tilités entre  les  deux  peuples  (4048  et  s...).  Beowulf  exprime  son 


I.NDKX    DES    NOMS    PROPRES  643 

doute  à  cet  égard  (4134-4138).  Les  mêmes  détails  se  retrouvent  dans 
Widsith  (45-49)  : 

«  Hrothwulfand  Hrôthgàr  hëoldon  lengest 

sibbe  a  et  s  o  m  ne  su  h  tor  f a  ed  ran, 

siththan  hy  forwraëcon  Wïçinga  cynn 

ami  [ngeldes  ord  forbïgdan, 

forhëowan  aet  Heorote  llaetliobeardna  thrym.  » 

Greins'  Bibliothek,  I,  252. 

Ingwine  (2088,  2638),  amis  d'Ing,  le  premier  roi  légendaire  des 
Danois  du  Sud.  Sur  Ing,  on  lit  dans  Rune-poem,  67-68,  (édit. 
Wiil cher)  : 

«  (Ing)  waes  aerest  mid  Eastdenum 
gesewen  secgun.  » 

Inç  a  été  identifié  avec  Sceaf  et  Frea. 

Merewïoing  (génitif,  Merewïoingas,  5842\  le  roi  mérovingien  des 
Francs. 

Naegling  (5360).  Le  glaive  dont  Beowulf  se  sert,  en  combattant  le 
dragon.  Stopford  Brooke  (I,  76),  prétend  reconnaître  dans  Naegling, 
la  racine  de  nail,  clou  :  le  glaive  s'enfoncerait  dans  le  corps  de  l'en- 
nemi, comme  un  clou,  —  ou  bien,  nail  s'appliquerait  aux  clous  gar- 
nissant le  pommeau  du  glaive  (?). 

Offa  (3898,  3914).  Roi  des  Angles  («  Offa  weôld  Ongle  »,  Wid- 
sith, 35)  ;  fils  de  Garmund  ;  époux  de  Thrytho  ;  père  d'Eomaer. 

Ohthere  (génitif,  Ôhteres,  4760,  4788,  5224,  Ôhtheres,  5856). 
(L'Ottar  Vendilkraka  de  la  Saga  d'Ynglinga),  fils  du  roi  suédois, 
Ongentheow,  et  père  d'Eanmund  et  d'Eadgils. 

Onela(5232,  5864).  Suédois  (l'Ali  de  l'Ynlinga  Sagaj  qu'Athils  = 
Eadgils,  tue  au  cours  de  la  bataille,  sur  le  lac  de  glace,  Wener. 

Ongentheow  (nom.  Ongentheow,  4972;  Ongenthïo,  5848,  5902; 
OngenthTow,  5922  ;  génitif,  Ongenthëowes,  4940  ;  Ongenthéoes, 
3936;  Ongenthïoes,  4774;  datif,  Ongenthïo,  5972).  Roi  des  Suédois, 
et  père  d'Onela  et  d'Ohthere.  On  suppose  que  le  nom  de  sa  femme  a 
été  Elan  (?).  Comme  représailles  à  des  incursions  des  fils  d'Ongen- 
theow,  Ilaethcyn,  roi  desGeats,  envahit  la  Suède,  et  enlève  la  femme 
d'Ongenthcow  (Elan  ?),  comme  otage  Ongentheow  viole,  alors,  le  ter- 
ritoire des  Geats,  tueflaethcyn,  et  délivre  sa  reine.  Mais  Ilygelac  le 


644  INDEX    DES    NOMS    PROPRES 

défait,  à  son  tour,  à  Uavenswood,  et  Ongentheow  est  toé  par  Eofor 
(4944-4978  ;  5820-5996). 

Oslaf  (2296),  guerrier  qui  s'est  uni  à  Guthlaf,  pour-  venger  la  morl 
de  llnaef. 

Sceden-ïg  (datif,  Sceden-igge,  3372;  en  vieux  normand,  Skâney). 
Scandie,  —  la  partie  méridionale  de  la  péninsule  Scandinave, 
appartenant  aux  Danois.  Ce  nom  s'applique,  ici,  à  tout  !e  royaume 
danois. 

Scêfing  (8),  (ils  de  Scef  ou  Sceaf. 

Scyld,  (8,  38,  52)  fils  de  Sceaf,  et  fondateur  légendaire  de  la 
dynastie  scylding  (le  Skyoldus  de  Saxo  Grammaticus). 

Scyldingas  (Scyldungas,  4104;  génitif,  Scildunga,  4202;  Scyl- 
dunga,  4318  ;  Scyldinga,  60,  etc.).  Les  Scyldings,  descendants  de 
Scyld,  et  généralement,    tout  le   peuple  danois.    Formes  variées  : 

Ar-Scyldingas,  Here-Scyldingas,  Sige-Scyldingas,  Theôd-Scyldin- 
gas.  Vid.  Dene. 

Scylfingas  (4762).  Les  Scylfings,  nom  de  la  dynastie  suédoise 
régnante,  —  et  qui  s'étend  au  peuple  suédois,  comme  Scyldings 
s'applique  au  peuple  danois.  Les  Scylfings  sont  encore  appelés  : 
Gùth-Scylfingas,  Heatho-Scylfingas. 

Le  parent  de  Beowulf,  Wiglaf,  appartient  et  à  la  famille  des  Scyl- 
fings, et  à  celle  des  Waegmundings  (5628).  En  ce  cas,  sa  filiation 
peut  être  ainsi  établie  : 

Scylf 


Waegmund  Ongentheow 


Ecgtheow  Weohstan 

i  i 

Beowulf  Wiiiiaf 


l6' 

Sigemund  (1750,  1768),  fils  de  Waels,  père  et  oncle  de  Fitela. 
Dans  la  Vôlsunga  Saga,  et  dans  leNiebelungenlied,  c'est  Sigurdr  ou 
Siegfried,  fils  de  Sigemund,  qui  tue  le  dragon,  et  non  Sigemund  lui- 
même,  comme  dans  Beowulf.  Ce  qui  prouve  que  la  version  de  cette 
légende,  dans  Beowulf,  serait  la  première  en  date. 


INDEX    DES    NOMS    PROPRES  64f> 

Swëon  (4944,  5802,  5916,  (1002).  Les  Suédois,  appelés  aussi, 
Swêo-thëod,  et  leur  pays,  Swïo-rïce.  Ils  sont  sous  la  domination  de 
la  dynastie  scylfing. 

Swerting  (2106).  (ieat,  et  aïeul  d'IIygelac. 

ïrytho.  Femme  d'Offa,  roi  des  Angles.  Elle  figure  dans  un  court 
épisode,  qui  apparaît,  sans  transition,  dans  le  poème,  pour  accuser, 
semble-t-il,  le  contraste  entre  la  violence  et  la  dureté  de  cette  reine, 
et  la  douceur  d'Hygd  (3862-3924). 

l'nferth.  Danois,  attaché  à  la  cour  d'Hrothgar,  comme  héraut. 
A  l'issue  du  festin  qui  précède  le  combat  de  Beowulf  et  de  Grendel, 
Unferth  pris  de  vin  et  d'envie,  s'oublie  à  méconnaître  les  lois  de 
l'hospitalité,  et  proclame  que  Beowulf  a  été  vaincu  à  la  nage,  par 
Breca. 

Le  héros  lui  répond  victorieusement,  et  dans  la  suite  du  poème, 
Unferth  est  devenu  l'ami  de  Beowulf,  à  qui  il  prête  Hruntig,  le 
glaive  fameux.  C'est  là  un  des  caractères  les  plus  incertains,  et  les 
plus  barbares  du  poème  (998,  1060,  2330,  3614). 

Wœgmundingas  (5214,  5628).  La  famille  à  laquelle  Beowulf  et 
Wiglaf  appartiennent.  Vid.  Scylfingas. 

Wrëls  (1754,  1794).  Père  de  Sigemund. 

Wealhthëow  (1224).  (Wealhthëo  1328,  232i,2430;  datif,  Wealh- 
thëon,  1258).  De  la  famille  des  Helmings  (1240),  femme  d'ilrothgar. 
Elle  donne  à  Beowulf,  la  meilleure  hospitalité  (1224,  2376,  2430). 

Wederas  (génitif,  Wedera,  450,  etc.),  ou  Weder-Geats,  —  un 
nom  des  Geats. 

Wêland  (910).  Le  Volund  de  l'Edda,  le  fameux  forgeron  de  la 
légende  germanique,  dont  la  cotte  de  mailles  de  Beowulf,  est 
l'œuvre. 

Wendlas.(496),  (les  Wenlas  de  Widsith,  59  ?),  ou  plus  proba- 
blement, les  Vandales.  Cf.  Bugge,  dans  PB.  XII,  7;  ten  Brink. 
Beowulf-Untersuchungen,  203.  Moller  (Altengl.  Volksepos,  p.  5,  et 
Sarrazin  (Beowulf-Studien,  pp.  29,  43).  Ces  auteurs  les  considèrent, 
comme  ayant  habité  la  partie  nord  du  Jutland. 

Weohstân  (5226),  (génitif,  Weôhstanes,  5724  ;  Weoxstânes,  5204  ; 
Wihstanes,  5504,  etc.).  Père  de  Wiglaf,  et  meurtrier  d'Eanmund. 


646  INDEX    DES   NOMS   PROPBJ  - 

Wïglâf.  Fils  fie  Weobstan.  11  est  parent  fie  Beowulf  5626),  delà 
race  des  Waegmundinge  (T»(>2S;,  et  l'un  des  chefs  des  Scyldings 

(5206).  Il  est  choisi,  avec  dix  autres  guerriers,  pour  accompagner 
Beowulf  dans  son  expédition  contre  le  dragon  ( 5720  et  s...),  et  lui 
seul,  se  montre  digne  de  cet  honneur.  S'ahritant  sous  le  bouclier  de 
Beowulf,  il  fait  preuve  d'un  grand  courage,  et  il  porte  au  dragon  le 
premier  coup  mortel  (5388  et  is...).  C'est  à  lui  seul  que  Beowulf 
s'adresse,  en  mourant,  et  commet  ses  volontés  dernières  (5618,  etc.). 
Wiglaf  reproche  leur  lâcheté  aux  autres  compagnons  de  Beowulf, 
et  il  les  dépouille  de  leurs  fiefs  (5772).  Puis  il  donne,  pour  les  funé- 
railles du  héros,  les  ordres  mômes  qu'il  a  reçus  de  Beowulf  mourant. 
(5601,  6188  et  s...). 

Withergyld  (4102).  Le  nom  d'un  guerrier  des  Ileathobards. 

Wonrêd  (5942).  Père  de  Wulf  et  d'Eofor. 

Wulf  (5930,  5986),  fils  de  Wonred,  et  père  d'Eofor.  Dans  la 
bataille  qui  met  aux  prises  les  forces  d'Hygelac  et  d'Ongentheow, 
Wulf  attaque  ce  dernier,  qui  commence  à  le  mettre  en  déroute, 
quand  Eofor  se  porte  au  secours  de  Wulf,  et  tue  Ongentheow 
(5928  et  s...). 

Wulfgar.  Chef  des  Wendels,  à  la  cour  d'Hrothgar  :  c'est  lui  qui  le 
premier,  reçoit  Beowulf  et  ses  compagnons,  à  leur  arrivée  en  Dane- 
mark, et  qui  les  présente  à  Hrothgar  (696,  720,  780). 

Wylfingas  (dat.  Wilfingum,  922,  Wylfingum  942).  Tribu  à 
laquelle  Heatholaf  appartenait.  Miillenhoff  situe  son  territoire  sur 
les  côtes  Sud-Ouest  de  la  Baltique  (Untersuchungen,  90). 

Wyrd  (5054).  Comme  le  latin,  fortwia,  wyrd  indique  et  la  fatalité, 
et  la  personnification  de  la  fatalité.  Dans  la  mythologie  Scandinave, 
Wyrd  était  l'un  des  trois  principaux  Noms  ou  Nornir,  qui,  avec  les 
Yalkyriurs,  étaient  les  maîtres  absolus  de  la  destinée  humaine. 

Yrmenlaf  (2648).  Danois,  et  le  plus  jeune  frère  d'Aeschere. 


BIBLIOGRAPHIE 


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APPENDICE 


TABLES   GENEALOGIQUES 

Les  noms  des  femmes  sont  imprimés  en  italique.    Les  noms  entre 
parenthèses  sont  ceux  quel'on  trouve  clans  Saxo  Grammaticus, 

D.  Danes    Scyldings,  [ngwine,  Hrethmen  . 


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662 


APPENDICE 


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TABLES    GÉNÉALOGIQUES 


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S.  Swedes  (Se  vl  lings), 


1.  Scylf. 


2.  WiPgraund. 


3.  Ecgtheow. 


S.   Beowulf. 


7.  Ongentheovv  +  Elan 


8.  Onela.  9.  Oh  there. 


19.  Eanmund.       11.  Eadgils. 


4.  Weohstan  (Wihstan). 
6.  Wiglaf. 


F.   Frisians. 


Folcwalda. 
Finn  4-  fWdebnrh, 


664 


APPENDICE 


A.  Angles, 


Garmund. 

I 

0 1  fa  +  Thrytho. 

Ko m nor. 


.YIM'KNMCK 


660 


II 


1. 


Mots  à  forme  classique  employés  dans  Beowulf  :  ancre;  candel  ; 
ceaster ;  cumbol  ou  cumbor  ;  dêofol  ;  dise;  draca  ;  giganta  j  inîl  ; 
non  ;  segn  ;  straet  ;  weall  ;  wïn. 


2. 


Expressions  comparées  dans  Widsith  et  Fîeownlf  : 


WlDSITH 

Ligne 

\b         wordhord  onlëac 
20         ofer  eorthan 

3£         on  flettegethâh 


66 

forman  si  the 

1b 

hâm  gesôhte 

U 

worn  sprecan 

lia 

thf'odna  gehwylc 

lib 

thêawum  lifgan 

13a. 

.b 

sëthe...  wile 

16a 

monna  cynnes 

33a* 

Hringweald  wœs  hâten 
fïeref arena  cyning 

51  a 

geond  gin  ne  grund 

Ttia . 

.b 

ic  maeg....  secgan  spell 

66a 

forgëaf... 

Vûa 

songes  tô  îr-ane 

Beowulf 

wordhord  onlëac 

ofer  eorthan 

...  gethah 

fui  on  flette 

forma  sîth 

lia  m  gesôhte 

worn. ,.  spraëce 

worn...  gesprsec 

thëoda  gehwylce 

thêawum  lyfde 

sëthe  wille 

manna  cynnes 
Ç  Wïglâf  wses  hâten 
/      Weoxstânes  sunu 

under  gynne  grund 
C  se  secg...  seegende  waes 
/  lâthra  spella 

forgëaf  .. 

si  gores  tô  lêane 


(KM 


M'l'l  \M<  I 


\\  IDSITH 

Ligne 

(»"//        Dies  Ui.i'l  saêne  cyning 

71  b        mïnegefrdêge 

Hub       . . .  wlnburga     gewald 

.rih  te 
10  la        under  swegle 

102a        goldhroden  cwën 
114a         fVôdnc  and  gôdne 


1196 

120a  heardum  sweordum 

121)6  wundnan  golde 

130a  werum  and  wïfum 

138a  sud  oththe  north 

141a  eorlscipe  aéfnân 

143a  under  heofonum 


Beowulf 

l!i;i't   ^S3S  gôd  CJ  liin: 

mine  gefr&ge 

(  hë  ah  ealra  geweald 

under  swegle 
\  ...  goldhroden 
/  ...  folccwën 

...  frôd  oiid  uôd 
\  iiiï'fVe  on  ore  laeg 
I  wïdcûthes  wïg 
heard  swyrd 
wandnum  golde 
wera  on  wTfa 
sfith  ne  north 
eorlscipe  aefnan 
uncer  heofenum 


AIM'KNIHCE 


mi 


L'ancien  palais  royal  Scandinave  a  été  ingénieusement  reconsti- 
tué, par  le  docteur  L.  Simons,  Beowulf  rertaald  in  stafrî/m,  Gent, 
1896,  p.  225.  L'édifice  était  rectangulaire,  et  la  voûte  en  était  sup- 
portée par  quatre  rangs  de  piliers  ;  l'ensemble  de  la  pièce  était 
divisé  en  un  vaisseau,  et  deux  ailes,  sur  les  cùlés.  Au  milieu  de  la 
salle,  s'ouvrait  un  foyer  libre. 


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Diagramme  d'un  palais  royal  Scandinave, 

I.  —  Vue  plane. 

II.  —  Coupe  verticale, 


668  APPENDICE 

Sur  les  ailes  s'échelonnaient  des  bancs  de  bois,  surélevés  de  deux 
marches,  el  qui  servaient  de  sièges,  ou  de  lits  de  repos.  De  ces 
sièges,  la  rangée  <  j  1 1  i  se  dressail  à  l'entrée  de  droite,  a  la  pointe  sud 
du  croquis,  était  la  plus  considérée.  Les  places  d'honneur,  par 
excellence,  sont  figurées  par  les  lettres  A,  B,  C,  I),  el  sur  ces  sièges 
les  chefs  pouvaient  s'asseoir,  avec  les  guerriers  qu'ils  voulaient 
particulièrement  honorer.  La  place  éminente,  A,  était  toujours 
occupée  par  le  chef  auquel  la  demeure  appartenait  ;  dans  Beôwulf, 
par  Hrothgar;  et  Unferth,  dans  le  même  poème,  assis  aux  pieds 
d'Hrothgar,  devrait  être  placé  sur  le  siège  inférieur,  B.  La  seconde 
place  élevée  G,  sur  le  rang  opposé,  était  donnée  à  l'hôte  le  plus 
distingué.  Beowulf  l'occuperait  donc,  dans  ses  visites  à  Hrothgar 
et  à  Hygelac.  Les  autres  bancs  étaient  occupés  par  la  cour,  les 
guerriers  escortant  les  chefs,  etc.  Des  dispositions  analogues  se 
retrouvent  dans  l'architecture  russe  contemporaine,  où  les  maisons 
communes  comprennent  et  les  bancs  circulaires,  et  le  foyer  central. 

Cf.  Grundriss  der  Germanise  hen  Philologie  de  Paul,  Xlll,  228- 
235  ;  Aordbon  under  Hednatiden,  par  Holmberg,  Stockholm,  1871, 
p.  129;  Kônigliche  Gefolgestube,  p.  232. 


Ai'i'E.NDia; 


()0(J 


IV 


Fig.  I.  —  Reconstitution  du  pommeau  (Tun  glaive,  avec  inscriptions 

runiques,  par  .1.  Wyatt. 

Fii,r.  II  el  III.  —  I. es  deux  figures  inférieures  montrent  l'autre  côté 

du  pommeau,  cl   le  liant,  de  celui-ci.  avec  ses  ornements. 


Bouclier  de  bois,  avec  centre  et  motifs  en  bronze,  à  l'entrecroisement 

des  bois  (J.  Wyatt). 


<;to 


APl'ENDICI 


Guerriers  de  l'île  d'Oland,  avec  enseignes  à  Lête  de  sanglier,  sur  le 
casque  ;  la  lance  dans  la  main  droite  ;  la  main  gauche  appuyée  sur  un 
glaive  à  la  courte  lame  (J.  YVvait). 


I.  —   Mors  et   brides. 

II.  —  Lame  damasquinée  (J.  Wyatt). 


VI'I'I.NMU-: 


071 


VI 


Corselet  et  colle  de  mailles, 
a  ligure  inférieure  montre  l'enchevêtrement  des  anneaux  (J.  Wyatt), 


<)T2 


APPENDICE 


Vil 


Fig.  I. 


Bracelet. 


Fis.   IL  -  -  Collier  (J.   Wyall 


Al'I'KNDICK 


c>7:* 


VIII 


Reconstitution  d'un  navire  Scandinave,  au  pavillon  de  Norvège, 
à  l'exposition  de  Chicago,  en  1893. 


43 


BEOWULF 


RYTHMIQUE  ANGLO-SAXONNE 


ET 


DU  TRÈS  ANCIEN  ANGLAIS 


RYTHMIQUK 


Le  vers  allitéré  dans  l'ancien  anglais  (1) 


Il  est  probable  que  L'allitération  fut  la  forme  primitive  de  la  poé- 
tique anglaise.  Et  la  tendance  du  génie  poétique  anglais  à  l'allitéra- 
tion, se  marque  déjà  dans  la  très  ancienne  prose,  en  des  noms  de 
héros  et  de  familles,  tels  que  Scyld  et  Sceaf,  Hengist  et  Horsa,  Finn 
etFolcwald,  qui  allitèrent  entre  eux,  comme  les  noms  analogues  des 
autres  familles  teutones.  (Autre  exemple  :  Mannus,  Ingo,  Isto, 
Irmino)  (2).  Les  plus  anciens  monuments  de  la  poésie  anglaise,  tels 
que  les  fragments  des  hymnes  de  Caedmon  dans  le  Ms.,  More  de 
Cambridge,  et  l'inscription  sur  la  croix  de  Ruth  well,  sont  composés 
de  lignes  allitérées,  qui  représentent  le  caractère  essentiel  de  la  pres- 
que totalité  de  l'ancienne  poésie  anglaise,  à  l'exception  du  «  Poème 
Rimant  »  («  Rhyming  Poem  »),  dans  l'Exeter  Book  (3),  et  de  quel- 
ques autres  pièces  en  petit  nombre,  et  d'une  date  ultérieure,  où  l'al- 
litération et  la  rime  sont  combinées.  Cette  très  ancienne  poésie 
anglaise,  et  les  fragments  d'anciens  dialectes  du  Nord,  et  d'Anglo- 

1.  Nous  avons  été  guide  dans  cette  étude,  par  les  recherches  savantes 
et  définitives  de  Jacob  Shipper,  que  nous  avons  suivies,  et  dont  l'excel- 
lente histoire  de  la  versification  anglaise,  fait  autorité  en  la  matière 
(J.  Shipper.  A  History  of  English  Versification^,  Oxford,  Clarendon, 
Press,  1910. 

2.  Tacite,  G er mania,  11. 

3.  Cf.  Grein-Wûlcker,  HI,  1,  p.  156. 


f)78  KVTIIMlnl  I 

Saxon  (I'lleliand  avec  5. 985  lignes,  et  le  fragment  récemment  décou- 
vert, do  la  Genèse  en  335  lignes  de  vieil  anglo-saxon,  et  publié,  en 
1894,  par  Zangemeister  et  Braune)  permettent  de  retrouver  suffisam- 
ment, les  lois  du  vers  allitéré  tel  que  l'employaient  les  nation^  teu- 
tones. 

1 

Théories  sur  la  forme  métrique  de  la  ligne  allitérée 

En  dépit  de  leur  rareté  relative,  les  fragments  de  vieil  allemand, 
Ililderbrandslied,  Wessobrunner  Gebet,  Muspili,  et  deux  formules 
magiques,  avec  un  total  de  cent  dix  lignes,  ont  donné  naissance  aux 
premières  théories  sur  les  lois  de  l'accentuation,  et  sur  les  caractè- 
res généraux  de  la  ligne  allitérée. 

Le  premier  essai  de  théorie  sur  la  structure  de  la  ligne  allitérée, 
fut  fait  par  Lachmann.  Son  système  s'étayait  sur  la  forme  du  vers 
créé  par  Otfried,  à  l'imitation  du  modèle  latin,  et  consistant  en  une 
ligne  longue,  de  huit  accents,  divisée  par  une  rime  léonine  en  deux 
hémistiches,  de  quatre  accents  chacun,  alternativement  forts  et  fai- 
bles. Les  lois  du  vers  rimant  et  strophique  d'Otfried,  furent  appli- 
quées par  Lachmann  aux  vers  purement  allitérés,  de  l'ancien  alle- 
mand, dans  Hildebrandslied,  par  exemple,  et  cette  manière  de 
scander  fut  encore  pratiquée,  par  ses  successeurs,  pour  le  vers  alli- 
téré de  l'ancien  anglais,  sur  la  véritable  nature  duquel,  l'opinion  de 
la  critique  s'égara  longtemps.  En  Angleterre,  l'évêque  Percy  eut  une 
plus  claire  notion  du  vers  allitéré  originaire,  en  l'année  1765,  dans 
son  «  Essai  sur  le  mètre  de  Pierce  Plowmann  »  (1). 


La  théorie  du  vers  allitéré  à  quatre  temps 

La  théorie  du  vers  allitéré  à  quatre  temps,  reposant  sur  ce  prin- 
cipe, que  chacun  des  deux  hémistiches  doit  avoir  quatre  syllabes 

1.  Cf.  Sievers,  Altgermanische  Metrik,  1893,  pp.  2-17. 


RYTHMIC!  B  8TD 

accentuées  pour  produire  un  rythme  régulier,  fut  d'abord  appliquée 
par  Lachmann  lui-même,  au  seul  tree  ancien  allemand,  d'Hilde- 

ôra/t(/s/ie</(\),  alors  qu'il  recon  naissait,  d'au  trfepékfy  une  plus  grande 
variété"  dé  VBfSj  avec  deux,  accents  principaux  seulement,  dans  cha- 
que hémistiche,  dans  les  vieux  dialectes  du  Nord,  dans  le  vieux 
saxon,  et  le  vieil  anglais.  La  même  théorie  fut  encore  appliquée  au 
très  ancien  allemand  de  Muspilli  par  Bartsch,  et  à  ce  qu'il  reste  de 
moindres  vers,  en  très  ancien  allemand,  par  Miïllenhoff  (2).  La 
deuxième  tentative  des  partisans  de  ce  système,  fut  de  l'appliquer 
aux  vieux  saxon,  Heliand,  et  à  l'ancien  anglais,  Beowulf  :  ce 
qu'lleyne  voulut  réaliser,  en  1866  et  1867.  Mais  le  mètre  de  Beo- 
iculf  ne  diffère  pas  de  celui  des  autres  poèmes  allitérés  en  ancien 
anglais^  que  Schubert  (3)  citait  à  l'appui  de  la  théorie  du  vers  à 
quatre  temps,  mais  avec  cette  modification  importante,  déjà  faite 
dans  Bartsch,  qu'à  côté  des  sections  habituelles  du  vers  à  quatre 
temps,  on  rencontre  aussi,  des  sections  de  trois  temps  seulement. 
L'une  des  difficultés  qu'il  y  a,  à  appliquer  la  théorie  du  vers  à  quatre 
temps  marqués,  aux  hémistiches  de  l'ancien  anglais,  réside  en  ceci, 
que  dans  bien  des  cas,  la  plupart  de  ces  hémistiches  réunis,  n'ont 
ensemble  que  quatre  syllabes  qui,  d'après  la  théorie  que  nous  étu- 
dions, devraient  avoir,  chacune,  un  accent  propre.  Pour  expliquer 
ces  cas,  E.  Jessen  (4),  émet  l'opinion  qu'en  ces  vers,  on  substituait 
des  pauses,  aux  temps  qui  n'avaient  pas  été  battus,  dans  la  mesure 
du  vers.  Un  autre  changement  fut  encore  apporté  à  la  théorie  géné- 
rale par  Amelung  (5),  qui  voulut  soutenir  que  dans  le  mètre  de 
Y  Heliand,  chaque  hémistiche  renfermait  deux  accents  primaires  ou 
principaux,  et  deux  accents  secondaires,  ou  subordonnés.  Afin 
d'adapter  le  vers  à  sa  manière  de  le  scander,  il  prétend  que  certai- 
nes syllabes  pouvaient  être  allongées.  Et  il  regardait  le  vers  de  \  He- 
liand, comme  un   mètre,  réglé  par  des  temps  déterminés,  et   non 


1.  Cf.  Lachmann,    Uber  althochdeutsche  Betonung  und   Verskunst, 
Schriften,  II,  358,  et  Ueber  das  llildebrandslied,  ib.,  II,  407. 

2.  Zeitschriff  fur  deutsches  Altertum,  I,  138,  et  De  Carmine  Wesso- 
fontaao,  1861,  p.  10. 

3.  De  Anylo-Saxonum  arte  metrica,  1871 . 

4.  Grundziige  der  altgermanischen  Metrik,   Zeitschrift  fur  deutsche 
Philologie,  II,  114. 

5.  Id.,  111,280. 


()80  RYTHMIQUE 

comme  une  mesure,  pour  la  récitation  libre,  —  et  dépendant  seule- 
menl  du  nombre  de  syllabes  accentuées. 

Le  professeur  Môller(l).  de  Copenhague,  s'est  efforcé  de  solution- 
un-  ce  problème,  et  son  élève  John  Lawrence  (2)  a  donné  le  résumé 
de  ses  explications  :  selon  le  professeur  Môller,  l'hémistiche  consiste 
théoriquement,  en  deux  mesures  (lakle),  —  chacune  de  quatre 
morae  X'X  XX.  —  (la  mora,  X,  étant  le  temps  marqué  pour  une 
syllabe  brève),  —  et  par  suite,  le  vers  entier  de  quatre  mesures,  est 
ainsi  composé  : 

X'XX'X  |  X'XXXIIX  XXX  |  XXX  X||  . 

Quand  dans  un  vers,  \esmorae  nesont  pas  effectivement  remplies 
par  des  syllabes,  —  le  temps  de  celles-ci  doit  être  marqué  par  des 
pauses  (représentées  dans  le  schéma,  par/?),  observées  dans  la  réci- 
tation, et  dans  le  chant,  en  prolongeant  la  note.  Une  syllabe  longue 
(, — ,)  équivaut  à  deux  morae.  Ainsi,  le  vers  414  de  Beowulf  : 

sûnd-vùdu.  sôhtè.  sécg:  wisàde. 

peut  être  ainsi  représenté,  par  symboles  : 

-'X'X  |  -'TpW-'pp  |  -'X'X, 

Dans  ce  système,  la  pause  à  secg,  sera  deux  fois  plus  longue  qu'à 
sô/ite,  alors  qu'à  wudu,  il  n'y  aura  pas  de  véritable  pause,  et  le  point 
qui  suit  ce  mot,  indiquera  simplement  la  fin  de  la  mesure. 

D'autres  auteurs  ont  accepté  le  point  de  vue  de  Bartsch  et  de 
Schubert,  et  admis  qu'il  pouvait  y  avoir  des  hémistiches  avec  trois 
accents  seulement,  et  avec  les  quatre  temps  normaux.  Parmi  ceux- 
ci.  on  peut  citer  H.  Hirt  (3),  dont  l'opinion  est,  que  trois  temps 
dans  l'hémistiche  sont  le  nombre  normal  ;  quatre  se  rencontrent 
moins  fréquemment,  et  la  ligne  longue  n'a  ainsi,  au  plus,  que  six 


1.  Zur  althochdeutschen  Alliterationspoesie,  Kiel  und  Leipzig. 

2.  J.  Lawrence,  Chapters  on  Alliterative  Verse,  Londres,  1893,  édi- 
tion revue  par  K.  Linck  :  Anglia,  Beiblatt,  IV,  193.  201. 

3.  UntersucMingen  sur  westgermanischen  Verskunst,  I,  Leipzig, 
1889;  Zur  Mètrik  des  alts,  und  altochd.  Alliteratiohsverses,  Germa?iia, 
XXXVI,  139,  279  ;  Der  altdeutsche  Reimvers  und  sein  Verhàltnis  zur 
Alliterationspoesie,  Zeitschrift  fur  deutsclies  Altertum,  XXXVIII,  304. 


RYTHMIQUE  <)NI 

mesures  contre  huit,  dans  la  théorie  de  Lachmann.  K.  Fuhr  (1)  sou- 
tient que  chaque  hémistiche,  —  qu'il  soit  dans  le  vers,  en  premier 
ou  en  second  rang,  —  a  quatre  temps,  si  la  dernière  syllabe  n'est 
pas  accentuée,  —  {klingend  ;  -  et  dans  ce  cas,  la  syllabe  finale  non 
accentuée,  reçoit  un  accent  rythmique  secondaire,  par  exemple, 
feènd  mâncy'nnès)  —  et  trois  temps,  si  la  dernière  syllabe  est  accen- 
tuée (stump  f;  par  exemple  fy'rst  fôrlh  getvît,  —  ou  encore,  mûr- 
nènlhe  môd).  1>.  len  Brink  (2),  appelle  complets,  les  hémistiches  à 
quatre  temps,  tels  que  hy'ràn  sciUdè,  mais  il  admet  les  hémistiches 
à  trois  temps  seulement,  les  qualifiant  d'incomplets,  par  le  manque 
d'un  accent  secondaire,  (ainsi,  ïwèlf  wintra  ltd,  ham  gesôhle). 
M.  Kaluza  fut  parmi  les  théoriciens  du  vers  à  quatre  temps,  qu'il 
s'etTorce  de  rattacher  aux  conclusions  de  Sievers,  et  de  quelques 
autres  auteurs  (3)  Trautmann,  adoptant  le  point  de  vue  d'Ame- 
lung,  reconnaît  que  certains  mots  et  syllabes  peuvent  être  allongés, 
pour  obtenir  les  quatre  syllabes  accentuées,  nécessaires  à  chaque 
hémistiche.  Ainsi,  on  obtiendra  avec  le  mode  de  scansion  de  Traut- 
mann, pour  la  ligne  suivante  : 

sprécalh  fàegerè  befôran 

le  schéma  :  XX— XX  |  XX  |  ÛX,  et  pour, 

ônd  thû  him  mêle  sy'tesl  —  : 

X'X  |  XX  |  XX  |  ÙX. 

Ond.  en  ce  dernier  cas,  est  prolongé  de  deux  unités,  et  un  même 
exemple  de  cette  application,  se  rencontre  dans  la  syllabe  finale  du 
mot  radores,  et  dans  l'hémistiche,  under  râdorès  ry'ne  alors  que 
dans  une  section,  comme  gûth  rinc  monig,  ou  of  fold-grâefe,  les 
mots  rinc  et  of  auraient  une  valeur  double,  et  que  gûth  et  fold,  vau- 
draient quatre  unités,   pour  rentrer  dans  ce  mode  de  scansion    : 

1.  Die  Met  ri  I,-  des  westgermanischen  Atlilerat  ionsverses,  Marburg, 
1892. 

"2.  Paul,  Grundriss  der  germanischen  Philologie,  II,  518. 

3.  Der  alfenglische  Vers  :  I.  Kritik  der  bisherigen  Theorien,.  1894  ; 
II.  Die  Metrik  des  Heowulfliedes.  1894:  III.  DieMelrik  der  sog.  Caedmo- 
nischen  Dichtungon.  1895.  Cf.  Saran,  Zeitschrif't  fur  deutsche  Philo- 
/o</ic,  XXVII,  539  ;  K.  Kogel,  Gesdiichte  der  deutschen  Liftera  fur,  1894, 
1,  228,  et  Ergamungsheft  eu  Band  I,  Die  altsachsische  Genesis,  1895, 
I».  28. 


(iS2 


RI  I  IIMIcl  I 


\'\  ]  \'.\  |  \'\  |  o.\.  La  plupart  dés  auteurs  soutenait!  la  théorie 
du  vers  à  quatre  temps*  s'accordent  à  Faire  des  deux  premiers 
temps,  des  temps  primaires,  <ii  <]<><  temps  secondaires,  des  deux 
autres. 

Trautmann,  toutefois,  ne  consent  pas  à  reconnaître  de  différence 
aussi  essentielles  et  marquée,  dans  la  force  des  quatre  accents.  Tous 
les  partisans  du  vers  à  quatre  temps,  professent  seuls,  cette  opinion 
commune,  que  le  rythme  du  vers  est  basé  sur  le  temps  (tahlie- 
rend . 


La  théorie  du  vers  allitéré  à  deux  temps 

La  théorie  du  vers  allitéré  à  deux  temps  repose  sur  ce  principe, 
que  chacun  des  deux  hémistiches,  ne  comporte  que  deux  syllabes 
accentuées.  En  Angleterre,  cette  opinion  fut  soutenue  avec  art,  par 
deux  auteurs  du  xvie  siècle,  Georges  Gascoigne  (1),  qui  cite  la  ligne 
suivante,  avec  ce  schéma  d'accentuation  : 

No  wight  in  this  icorld,  that  wealth  can  attain 

v   "   r    r   'i 

et  le  roi-poète  Jacques  VIT  (2),  qui  propose  cet  exemple  : 

Fetching  fude  for  to  feid  it  fast  furth  of  the  Farie 

En  1765,  Percy  dans  son  Essai  sur  les  Visions  de  Pierce  Plow- 
man, fit  remarquer  «  que  contrairement  h  ce  que  d'aucuns  suppo- 
sent, l'auteur  de  ce  poème  n'a  pas  été  un  novateur  en  sa  versifica- 
tion, et  n'a  fait  que  garder  la  rythmique  anglo-saxonne  et  gothique, 
qui  ne  fut  jamais,  à  vrai  dire,  abandonnée,  mais  seulement  négligée 
et  reprise,  à  divers  intervalles  »...  Après  avoir  cité  deux  vers,  en 
dialecte  ancien  du  Nord,  il  les  fait  suivre  de  deux  vers,  de  vieil 
anglais  : 

1.  Vertayne  notes  of  Instruction  concern? 'ng  the  making  of  verse  or 
ryme  in  English,  1575.  (Réimpression  d'Arbër.  Londres,  18(38,  p.  34). 

2.  Ane  Sc/iort  Treatise,  conteining  some  Récits  and  Cauielis  to  be 
obseruit  and  èschewit  in  Scottis  poésie,  4585,  p.  63  de  la  réimpression 
d'Arber. 


RYTMMInl  I  OS^ 

sceo/h  thu  una '  sci/rede  scythtkendure  (Gen.  65) 
ham  and heahsell heofena  rices  (if/.  XV). 

VA  il  poursuit  :  *  Si  nous  examinons,  à  présent,  la  versification 
des  Visions  de  Pierce  Plowmann,  (dont  il  cite  les  premiers  vers)  : 

///  a  somer  season  \  when  so  fie  was  the  sonne 
Ischop  me  into  a  schrond  j  a  seheep  as  {/cere), 

nous  découvrirons  qu'elle  est  formée  selon  cette  règle,  que  chaque 
distique,  —  ou  longue  ligne  complète  —  doit  contenir  au  moins  trois 
muts.  commençant  par  la  même  lettre,  ou  par  le  même  son  ;  que 
chacun  des  sons  correspondants  peut  être  placé  soit  dans  la  pre- 
mière ou  la  seconde  ligne  du  distique,  et  l'un  dans  l'autre,  —  mais 
que  tous  trois  ne  doivent  pas  être  nécessairement  groupés  dans  une 
seule  ligne  ». 

Il  fait  alors  de  nouvelles  citations  de  vers  allitérés,  tirées  de 
Pierce  the  Ploughman  s  Crede,  The  Sege  of  Jerusalem,  The  Gheva- 
lere  Assigne,  Death  and  Liffe  et  Scottish-Fielde.  Ce  dernier  morceau 
se  termine  par  un  couplet  rimé  : 

And  his  ancestors  of  old  time   \   have  yearde  theire  longe 
lie  fore  William  conquerour    \    this  cuntry  did  inhabitt. 
Jesus  bring  them  to  blisse    \   that  brought  us  forth  of  bale, 
That  hath  hearkened  me  heure    \   or  heard  my  tale. 

Percy  termine  sa  dissertation  sur  l'histoire  du  vers  allitéré,  par 
la  conclusion  suivante: 

«  11  est  à  remarquer  que  les  poètes  a)rant  employé  le  mètre  allitéré, 
ont  également  retenu  les  idiomes  saxons  propres  à  la  poésie  :  et 
ce  détail  appelle  V attention  de  ceux,  qui  veulent  retrouver  les  lois  de 
l'ancienne  poésie  saxonne,  qiion  a  souvent  regardées  comme  inexpli- 
cables :  je  crois  qu'ils  les  restitueront,  avec  le  métré  de  Pierce  Plow- 
man  ».  Au  début  du  xvie siècle,  la  forme  de  cette  versification  se  prit 
à  changer  :  l'auteur  de  Scottish  Field,  comme  nous  l'avons  vu,  ter- 
mine son  poème  par  un  couplet  de  rimes,  et  ce  fut  là,  une  innova- 
tion qui  ne  fit  que  préparer  la  voie  à  l'admission  de  cet  ornement 
plus  recherché.  Quand  la  ruine  fut  surajoutée,  tous  les  raffinements 
de  l'allitération  se  maintinrent,  au  début,  à  côté  d'elle,  mais  sous 
peu,  la  correspondance  des  suns  finaux  attirant  toute  l'attention  du 
poète,  et  satisfaisant  le  lecteur,  l'allitération  ne  fut  plus  aussi  longue- 


684  m  m  m  in  i  i. 

ment  étudiée,  el  vinl  se  perdre  dans  les  morceaux  de  composition 
vulgaire,  —  ainsi  ce  vers  : 

A  cooler  (here  was  and  he  lived  in  a  stall  ». 

Il  est  facile  de  noter  que  ee  vers  présente  exactement  la  même 
structure,  que  les  vers  cités  par  Gascoigne  : 

No  wight  in  this  world  that  wealth  can  a  t  lay  ne, 

U'nless  he  b'elèue,  that  all  is  biit  cay' ne, 

—  avec  cette  remarque,  que  ce  sont  là,  des  vers  de  quatre  accents 
en  tout,  —  deux  dans  chaque  hémistiche.  C'est  encore  la  même  cons- 
truction rythmique  de  la  ligne  allitérée,  dont  parle  Jacques  VI,  avec 
«  Deux  syllabes  brèves,  et  une  longue  par  toute  la  ligne  »,  —  ou  en 
d'autres  termes,  avec  quatre  syllabes  accentuées  dans  le  vers. 

Percy  a  donc  découvert  la  relation  qui  existe  entre  la  ligne  allité- 
rée, du  moyen  anglais,  et  celle  de  l'ancien  anglais.  Selon  lui,  le  mètre 
de  Pierce  Plowman  renfermait  le  rythme  d'une  forme  ancienne  de 
vers,  qu'on  devrait  lire  avec  deux  syllabes  accentuées,  dans  l'hémis- 
tiche, et  par  suite,  quatre  dans  la  ligne  entière. 

Gomme  il  a  été  dit  plus  haut,  Lachmann  lui-même  admettait  la 
scansion  à  deux  temps,  pour  les  vieux  dialectes  du  Nord,  pour  le 
vieux  saxon  et  l'ancien  anglais,  et  en  1844,  A.  Schmeller,  l'éditeur 
de  YHèliand,  formulait  cette  loi,  que  dans  les  langues  teutoniques, 
c'est  la  force  même  avec  laquelle  les  différentes  syllabes  sont  pro- 
noncées qui  commande  le  rythme  du  vers,  et  non  le  nombre  ou  la 
longueur  des  syllabes.  Selon  le  même  auteur,  le  vers  allitéré  était 
écrit  non  pour  le  chant,  mais  pour  la  récitation  (1).  Plus  tard, 
W.  Wackernagel  (2)  opta  en  faveur  de  la  théorie  à  deux  temps, 
pour  tous  les  vers  teutoniques  allitérés.  Dans  chaque  hémistiche 
du  vers,  il  y  a  selon  Wackernagel,  deux  syllabes,  grammaticale- 
ment ou  logiquement  renforcées,  et  par  suite,  fortement  accentuées, 
le  nombre  des  syllabes  plus  faiblement  accentuées,  étant  indéter- 
miné. La  théorie  du  vers  à  deux  temps,  fut  encore  heureusement 
soutenue  par  F.  Vetter  (3)  et  par  K.  Hildebrand,  qui  abordèrent  ce 

\ .  Ueber  (ten  Versbau  der  alliterierenden  Poésie,  besonder  A  ttsachsen, 
Bay,  Akademie  der  Wissenschaften,  philos .-histor.,  classe  IV,  p.  207. 

2    Litteraturgesehiclite,  p.  45. 

3.  Ueber  die  germanische  Alliterationspoesie,  Vienna,  4872,  et  Zum 
Muspilli,  Vienna,  IX72. 


\\\  I  II. M  101  K  685 

sujet  dans  une  étude  sur  le  vers  allitéré  en  vieux  normand  (I),  et 
par  Elieger,  dans  son  essai  sur  la  versification  en  vieux  saxon,  et  en 
ancien  anglais  (2).  Dans  cette  étude,  Elieger  fait  ressortir  les  règles 
prédominantes,  dans  la  poésie  de  ces  deux  nations  teutonnes,  si 
étroitement  apparentées  :  la  place  et  la  qualité  de  l'allitération  ;  les 
rapports  entre  l'allitération  et  le  nom,  adjectif  ou  verbe  ;  Tordre  des 
maux,  la  césure,  la  fin  du  vers,  les  syllabes  accentuées,  et  la  limite 
de  l'emploi  des  syllabes  non-accentuées.  D'autres  auteurs,  Horm, 
Ries  et  Sievers,  s'appuyant  sur  les  bases  critiques  de  Rieger,  ont 
contribué  a  mettre  en  lumière  les  caractères  essentiels  de  ce 
mètre  (3). 

Parmi  eux,  Sievers  (i)  démontre  qu'une  classification  méthodi- 
que de  groupes  de  mots,  avec  leur  accentuation  naturelle,  dans  l'une 
et  l'autre  section  de  la  ligne  allitérée,  permet  de  juger  que  ce  mètre, 
en  dépifde  sa  variété,  n'est  pas  aussi  irrégulier,  dans  les  syllabes 
non  accentuées,  au  commencement  ou  au  milieu  du  vers,  qu'il  a  été 
dit,  et  que  ce  vers  comprend  un  nombre  limité  de  formes  définies, 
qui,  toutes,  peuvent  être  réduites  à  cinq  types  primordiaux.  Ces 
cinq  types,  ou  principales  variations  dans  la  position  changeante 
des  syllabes  accentuées  et  non  accentuées,  sont,  d'après  Sievers,  de 
telle  nature  et  si  arbitrairement  combinés  dans  les  vers,  qu'il  ne  peu- 
vent être  regardés,  comme  les  pieds  symétriques  même  d'une  ligne, 
où  le  nombre  des  syllabes  est  compté.  Le  principe  fondamental  du 
vers  allitéré  est  donc  dans  le  libre  changement  du  rythme,  —  ce  qui 
suppose  que  le  vers  n'est  pas  chanté,  mais  récité  (5).  Bientôt  après 
la  publication  de  l'essai  de  Sievers  sur  le  rythme  du  vers  germani- 
que, —  ouvrage  contenant  une  classification  complète  de  toutes  les 
formes  de  vers  se  présentant  dans  Beowulf,  —  d'autres  érudits  fai- 
sant application  de  la  méthode  de  Sievers  à  d'autres  textes  impor- 
tants en  vieil  anglais,  confirmèrent  les  résultats  des  études  de  cet 


1.  Uber  die  Verstheilung  der  Edda,  Zeitschr.  fur  deutsche  Phil., 
p.  74. 

2.  Die  alt-und  angélsachsisehe  Verkunst,  Halle,  1876 

'6.  C.  R.  Horn,  Paul  and  Braunes  Beitrage,  v.  164;  ,1.  Ries,  Quellen 
und  Forsehungen,  XLI,  112;  E.  Sievers,  Zeitschr.  /'.  deutsche  Phil., 
XIX,  43. 

4.  Paul  und  Braunës  Beitrage,  X,  18«S5;  14».  209-314  et  491-545. 

5.  Sievers.  Paul's  Gruîidriss,  H,  p.  4. 


()8()  m  Tim  lui  i 

auteur:  Luick  s'attacha  à  Judith  t);  Frucht  (2),  aux  poèmes  de 
Cyrttwulf,  el  Cremer,  à  Andréas(3).  El  Sievers  lui-même,  développa, 
à  nouveau,  ses  conclusions  avec  plus  dé  détails,  dans  son  ouvrage 
sur  le  metre  du  vieil  allemand  (4),  où  il  déclare  que  sa  théorie  des 
cinq  types,  est  moins  une  théorie,  que  la  simple  enumeration  des 
règles  du  vers  aHitéré,  obtenues  par  la  méthode  d'observation  que 
fournit  la  statistique.  Malgré  les  objections  de  Moller,  Heusler.  Hirt, 
Furh  au  système  de  Sievers,  celui-ci  n'en  demeure  pas  moins  en  con- 
formité, avec  la  manière  de  lire  ou  de  scander  le  vers  allitéré,  telle 
que  la  donnent  depuis  le  xvie  siècle.  les  théoriciens  de  l'ancienne 
versification  anglaise. 

Quant  aux  formes  préhistoriques  de  la  poésie  teutonique,  l'opi- 
nion de  Sievers  est  qu'une  forme  primitive  de  cette  poésie,  consistait 
en  strophes  ou  stances,  pour  le  chant,  et  non  pour  la  seule  récita- 
tion ;  qu'à  une  période  très  reculée,  cette  poésie  strophique  chantée, 
fut  remplacée  par  la  récitation  de  narrations  épiques,  qui  se  trans- 
formèrent, peu  à  peu,  dans  la  forme  des  cinq  types.  Comme  toutes 
les  tentatives  pour  prouver  que  certains  poèmes  anglais  très  anciens, 
furent  composés  dans  la  forme  stropique,  sont  demeurées  vaines,  on 
peut  opposer  à  la  conclusion  de  Sievers  que,  dans  la  plupart  des  cas, 
les  lignes  allitérées  se  suivaient  l'une  l'autre,  en  une  succession 
ininterrompue,  et  que  même,  dans  les  temps  historiques,  elles 
n'étaient  pas  composées  en  mètres  symétriques  (taktierend),  et 
n'étaient  pas  destinées  à  être  chantées,  sur  des  mesures  fixes. 

On  ne  peut  attribuer  à  l'ancienne  poésie  anglaise.,  de  telles  mètres 
symétriques,  par  ce  fait,  que  la  fin  de  la  ligne  ne  correspond  pas, 
en  général,  avec  la  fin  de  la  phrase,  comme  cela  eût  dû  être,  si  les 
lignes  avaient  été  composées  en  stances,  pour  le  chant.  La  struc- 
ture de  la  ligne  allitérée,  n'est  commandée  que  par  les  nécessités  de 
la  libre  récitation.  Le  vers  se  compose  de  deux  hémistiches  qui  ont 


1 .  Paul  und  Braune's  Beitrage,  XI,  470. 

2.  Metrisches  und  sprachliches  zu  Cynewulfs  Elené,  Juliana  und 
Crist.  Greifsirald,   1887. 

3.  Metrische  und    sprachliche    Untersuclninu  der  àtiéiigl  dedicate 
Andreas,  dut  lilac,  Phœnix,  Bonn,  1888. 

4.  Altgermanische  Metrik,  Halle,  189)5. 

5.  H.    JVIoller,    Das    Yolksepos  in  der  ursprii  rig  lichen  stropfiischen 
Form,  Kiel,  4883. 


UY  ni  m  loi  i  687 

une  parenté  rythmique  résultant  de  la  présence,  dans  chacun  d'eux, 
de  deux  syllabes  accentuées,  mais  qui  n'ont  pas  entre  elles,  une 
complète  identité  de  rythme,  parce  que  le  nombre  et  la  place  des 
syllabes  non  accentuées,  peut  varier  notablement  dans  les  deux  sec- 
tions. 


Accentuation  de  l'ancien  anglais 

Comme  la  versification  de  l'ancien  anglais  est  basée  sur  l'accen- 
tuation naturelle  du  langage,  il  est  nécessaire  d'établir  les  lois  de 
cette  accentuation,  avant  d'étudier  les  cinq  types  auxquels  la  struc- 
ture de  l'hémistiche  a  été  réduite. 

Dans  de  simples  polysyllabes,  l'accent  principal  ou  primaire, 
marqué  par  un  accent  aigu  ('),  se  trouve  en  général,  sur  la  syllabe 
radicale,  et  les  inflexions  et  autres  éléments  du  mot  ont  un  accent 
moins  marqué,  qui  va  de  l'accent  secondaire  marqué  par  un  accent 
grave  ('),  à  l'accent  le  plus  faible  qui,  généralement,  n'est  pas  mar- 
qué, ainsi:  wâldor,  hèofon,  ivilig,  icûuode,  âelhelingas ... 

Dans  la  ligne  allitérée,  en  règle  générale,  seules  les  syllabes  avec 
l'accent  principal,  comportent  ou  des  sons  allitérés,  ou  les  quatre 
accents  rythmiques  du  vers.  Toutes  les  autres  syllabes,  même  celles 
marquées  d'un  accent  secondaire,  ne  comptent  ordinairement  que 
pour  des  sons  inférieurs  du  vers  (senkungen)  : 

siuclon  tha  héarivas  blédum  gehôngene 
wlitigum  wâestmnm  :  ihaer  nô  wâniath  ô 
hâlge  under  héofonum  haltes  frâehve . 

Phoenix  71-73. 

Dans  les  mots  composés,  (en  en  exceptant  certaines  combinaisons 
avec  préfixes  non  accentués),  le  premier  élément  du  mot  composé 
(qui  modifie  ou  détermine  le  sens  du  second  élément)  —,  a  l'accent 
principal  ;  le  second  élément  n'a  que  l'accent  secondaire,  ainsi  dans  : 
wûld&r-cyning;  heah-sèll;  sôih-fàest.  Et  par  voie  de  conséquence,  si 
le  composé  n'a,  comme  dans  la  plupart  des  cas,  qu'un  son  allitéré, 
cette  allitération  doit  nécessairement  tomber  sur  la  première  partie 
du  composé  : 


088  RYTHMIQl  i 

wlHg  wuldorcyning  wôrlde  and  héofena. 

Dan.  427. 

Parfois,  il  advient  que  (Jans  les  hémistiches  «le  peu  <!<•  lon- 
gueur, la  seconde  partie  du  composé  comprend  l'un  des  deux  accents 
rythmiques  de  l'hémistiche  : 

on  hêah-sélle  héofones  wâldend. 

Cri.  ;).».>. 

et  dans  une  forme  particulière  d'allitération,  le  composé  peut  même 
renfermer  l'un  des  sons  allitérés,  comme  dans  ce  vers  :  (1) 

hwaet  !  we  Gârdéna  in  gëarôâgum. 

Beow.  I. 

Les  suffixes  moins  fortement  accentués,  dérivés  et  infléchis,  hien 
que  ne  devant  pas  ail  itérer,  peuvent  occasionnellement,  recevoir 
l'accent  rythmique,  à  la  condition  qu'ils  suivent  immédiatement,  une 
syllabe  longue  et  accentuée  : 

mid  Wy'lfingum,  thâ  hine  Vsara  cijn. 
ne  mèahle  ic  aet  hilde  mid  \\r  an  linge. 

Beow.  922-2318. 

Ces  règles  générales  pour  l'accent  des  mots  composés  de  deux 
noms,  ou  d'un  adjectif  et  d'un  nom,  souffrent  des  modifications  pour 
les  cas  où  un  préfixe,  (adverbe  ou  préposition)  est  juxtaposé  à  un 
verbe,  ou  à  un  substantif.  La  préposition  placée  devant  un  nom,  ou 
dépendant  de  celui-ci,  est  si  étroitement  unie  à  ce  nom,  que  les  deux 
mots  n'expriment  qu'une  même  notion,  le  nom  portant  l'accent 
principal.  Ex  :  onwèg,  âwég,  (away,  au  loin),  aetsômne  (together, 
ensemble),  of  dune  (down,  en  bas),  tonihte  (tonight,  cette  nuit), 
onmiddum  (amid,  parmi).  Autres  exemples  dans  ces  vers  : 

gebtld  finira  worn  aer  he  onwég  hwûrfe. 

Beow.  264, 
sîd  aetsômne  thâ  gesfmdrod  wâes. 

Gen.  162. 

Mais  tandis  que  le  préfixe  en  préposition,  ne  comporte  pas  d'allité- 
ration, du  fait  de  son  manque  d'accent,  quelques-uns  des  adverbes 
pris  en   composition,  sont  accentués  ;  d'autres  non  accentués,   et 

1.  Cf.  Sievers,  Altger.  Metrik,  p.  41. 


RYTHMIQUE  ()89 

d'autres  encore,  peuvent  l'être  ou  ne  pas  l'être.  Quand  le  préfixe 
adverbial  est  à  l'origine  distinct  du  verbe,  tout  en  étant  placé 
auprès  de  lui,  il  peut  dans  certains  cas,  en  être  dissocié,  el  il  porte 
alors  l'accent  primaire,  puisqu'il  est  bien  un  élément  modifiant  le 
composé.  Quand,  toutefois,  le  préfixe  et  le  verbe  sont  assez  étroite- 
ment unis  pour  n'exprimer  qu'une  seule  notion,  le  verbe  prend 
l'accent,  et  le  préfixe  est  regardé  comme  proclitique.  Il  est  encore 
une  troisième  classe  de  ces  composés,  portant  indifféremment  l'ac- 
cent sur  le  préfixe  ou  sur  le  verbe. 

Quelques-uns  des  préfixes  les  plus  communément  employés  dans 
l'allitération,  sont  les  (1)  suivants  :  and,  aefter,  eft,  ed,  fore,  fort//, 
from,  hider.  in,  hin,  mid,  mis,  nither,  ongcan,  or,  up,  ât,  efne. 
On  les  rencontre  dans  des  composés  tels  que  :  andswarian,  ingong, 
aèfterveard,  etc.  : 

on  kndswâre  and  on  élne  strong. 

Gû.  264. 
àethelïc  ingông  éat  waes gebûnden. 

Cri.  308. 
and  êac  y  fêla  (v-sorh  wànath. 

Met,  VII,  43. 
ûplang  gestôd  with  Ysrahêlum. 

Ex.  303. 

Les  préfixes  qui  ne  reçoivent  pas  l'allitération,  sont  :  â,  ge,  for, 
geond,  otli. 

âhôn  and  âhébban  on  hêahne  beam. 

Jul.  228. 
hâefde  thâgeUhlen  Uremaèrne  blâed. 

Jud.  122 
brônde  forbàernan  ne  on  bâel  hlàdan. 

Beow.  4292. 

Les  préfixes  suivants  relèvent  tantôt  de  Tune,  et  tantôt,  de  l'autre 
règle  :  aet,  an,  bl  (big,  grand),  bi  (be,  être),  of,  ofer,  on,  lô,  under, 
thurh,  with,  wither,  ymb. 

Ils  sont  généralement  accentués,  et  allitèrent,  s'ils  entrent  en  com- 
position avec  des   substantifs  ou  adjectifs;    mais  ils  ne  sont  pas 

1.  Cf.  Koch,  Historische  Grammatih'  der  englischen  Sprache,  Weimar, 
lx(v{,  l,  156. 

44 


cm 


in  I  H. M  in  I  I 


accentués,  et  n'allitèrent  pas,  s'ils  sont  composés  avec  des  verbes,  ou 
autres  particules  (1)  :  ainsi,  ôferkéah,  éferhyd  ;  et,  ofereàman% 
oferbidan.  Exemples  tirés  des  textes  :  (a;  préfixes  qui  allitèrent  : 

thâra  the  thurh  àferny'dûp  dstigeih. 

Dan.  494. 
\\tol  is  thin  ônsêon  hàbbatfuve  èalle  8toâ. 

Satan  61 . 
ymbe-sitîendra  âenig  thâra. 

Beow.  5468. 
(b)  préfixes  qui  n'allitèrent  pas  : 

ôththaet  he  thâ  hysgu  oferhiden  haefde. 

Gû.  518. 
ne  willalh  cow  ondràedan  dêade  fèthan. 

Exod.266. 
sy'mbel  ymbsâeton  sâegrunde  nêah. 

Beow.  1128(2). 

Quand  des  prépositions  précèdent  d'autres  prépositions,  ou  adver- 
bes en  composition,  l'accent  reste  sur  la  partie  du  composé,  qu'on 
peut  regarder  comme  la  plus  importante.  Des  composés  de  ce  genre 
rentrent  dans  trois  classes  :  1°  si  une  préposition,  ou  si  un  adverbe 
sont  précédés  par  les  prépositions  be,  on  on,  to,  thurh,  with,  —  ces 
dernières  ne  sont  pas  accentuées,  puisqu'elles  ne  modifient  pas  sen- 
siblement le  sens  de  l'adverbe  qui  les  suit.  Des  composés  de  -ce 
genre,  sont  les  suivants  :  beaèftan,  befâran,  begeôndan,  behindan, 
beinnan,  benéothan,  brifan,  bidan,  onâf'an,  onâppan,  tofôran,  within- 
nan;  withûtan  (3),  under néo than. 

Il  n'y  a  que  la  seconde  partie  du  composé  qui  puisse  allitérer  dans 
ces  mots  : 

he  îêâra  sâm  beîôran  gèngde. 

Beow.  2824. 
ne  the  behindan  lâet  thonne  thu  heônan  cijrre. 

Cri.  155. 


1.  Cf.  Streitberg,   Ungermanische  Grammatik,  1900.,  §  143,  p.  167; 
Wilmanns,  Deutsche  Grammatik,  1897,  ï,  407,  §  349. 

2.  Cf.  Englische  Metrik,  I,  pp.  43,  45. 

3.  Koch  ajoute  à  ceux-ci  :  withéeftan,  irithforan,  withnéothan. 


uvnniini  i:  691 

Et  la  plupart  de  ces  ra©ta  ne  se  rèncoft  trent  pas  en  poésie.  2°  Dans 
les  composés  de  timer  et  d'une  préposition,  la  préposition  est  accen- 
tuée, et  reçoit  l'allitération  : 

swà  he  thaerinne  kndlangne  ddeg. 

Beow.  2824. 

the  thaerôn  sindon  èce  dn/hten. 

Ily.  IV,  3 

3°  weard,  comme  dans  aeflerweard,  foreweard,  hindanweard, 
nitherweard,  nfeweard,  n'est  pas  accentué  : 

hioit  hindanweard  and  se  hais  gïène. 

Ph.  298. 
niothotoeard  and  ufeweard  and  thael  nebb  lixetk. 

laid.  299. 
Ude-gésturh  ïlét  innanweard. 

Beow.  3774. 

5 

L'accent  secondaire 

L'accent  secondaire  ou  subordonné,  est  d'une  aussi  grande  impor- 
tance que  l'accent  principal  ou  primaire,  dans  la  détermination  du 
caractère  rythmique  de  la  ligne  allitérée.  On  le  rencontre  dans  les 
classes  de  mots  suivantes  : 

1°  Dans  tous  les  composés,  d'un  nom  et  d'un  autre  nom,  d'un 
adjectif  et  d'un  nom,  et  de  deux  adjectifs,  —  le  second  élément  du 
composé  reçoit  l'accent  subordonné  :  heâh  sètl,  gûth-rinc,  hring-nèt, 
sùth-faèst.  Des  syllabes  avec  cet  accent  secondaire,  sont  nécessaires 
comme  lien  du  vers,  dans  des  formes  telles  que  thègn  Hrôlhgâfes 
(-'  |  -'  X'Xi,  —  ou  fyrst  forth  gewât  (-'  |  -'  X  X). 

2°  Dans  les  noms  propres,  tels  qtfHrothgàr,  Bêoivùlf  thjgei'c,  cet 
accent  secondaire  peut  parfois  compter,  pour  Tun  des  quatre  accents 
métriques  principaux  de  la  ligne  : 

hèornas  on  hlâncum  lhaer  waes  ïïèowiïlfes. 

Beow.  1114. 

3°  Quand  le  second  élément  n'est  plus  une  partie  distincte  du  com- 
posé, et  demeure  un  peu  plus  qu'un  suffixe,  il  perd  complètement 


092  KYTHMIQ1  I 

l'accent  secondaire  :  ainsi,  hlâford,  àeghwylc,  inwit,  et  la  classe  des 

mois  nombreux,  composes  de —  lie,  et  de  sum  : 

thaet  he  Héardrêde  hlâford  wâere. 

Beow.  i750. 
hifsum  and  Uihe  lèofum  monnum. 

Cri.  914. 

4U  Dans  les  mois  de  trois  syllabes,  la  seconde  syllabe,  quand  elle 
est  longue  et  suit  une  syllabe  radicale  longue  avec  l'accent  principal, 
poiie,  et  surtoutdans  la  première  période  du  vieil  anglais,  un  accent 
secondaire  bien  marqué  :  ainsi,  âerèsta,  ùihèrra,  sèuninga,  éhtènde: 
—  la  troisième  syllabe  dans  les  mots  de  la  forme  detheltnga,  porte 
le  môme  accent  secondaire.  Cet  accent  secondaire  peut  compter 
pour  l'un  des  quatre  accents  rythmiques  de  la  ligne  : 

thâ  âeréslan  ùelda  cynnes. 

(ni.  948. 
sigefolca  swi'g  oth  lhael  sémninga. 

lîeow.  1288. 

Des  mots  de  cette  classe,  non  composés,  sont  relativement  rares, 
mais  des  composés  avec  l'accent  secondaire,  se  rencontrent  fréquem- 
ment. 

Ces  secondes  syllabes  avec  un  accent  secondaire  marqué,  forment 
par  elles-mêmes,  un  membre  du  vers,  et  ne  sont  pas  regardées 
comme  en  étant  les  simples  parties  : 

dy  gebra  gescèafta. 


àgenne  broihor. 


Créât.  18. 


Metr.  IX.  28. 


5°  Après  une  longue  syllabe  radicale  d'un  mot  trisyllabique,  une 
seconde  syllabe  brève  (que  sa  voyelle  ait  été  originairement,  brève 
ou  longue),  peut  porter  l'un  des  accents  principaux  de  la  ligne,  ainsi  : 

bôcère,  biscope  : 

lhaer  ôiscéopas  and  bùcèras. 

An.  607. 

Elle  peut  encore  demeurer  dans  le  corps  du  vers,  sans  accentua- 
tion. Ex  : 

godes  bïsceope  thâ  spraec  gûihcyning. 

Cen.  2123. 


RYTHMIQ1  I'  693 

Ce  qui  montre  que  dans  le  style  ordinaire,  ees  syllabes  n'avaient 
qu'un  léger  accent  secondaire. 

6°  Les  syllabes  finales  (brèves  ou  longues),  en  règle  générale,  ne 
sont  pas  accentuées,  même  si  une  syllable  radicale  longue,  les  pré- 
cède. 


Division  et  valeur  métrique  des  syllabes 

Quelques  autres  points  touchant  à  la  division  et  à  la  valeur 
métrique  des  syllabes  de  certaines  classes  de  mots,  doivent  être 
précisés. 

L'élément  formel  /,  dans  la  seconde  classe  des  verbes  faibles, 
compte  toujours  pour  une  syllabe,  quand  il  suit  une  syllabe  radicale 
longue,  ainsi  :  fund-i-an,  fund-i-ende,  et  non  pas  fund-yan.  Dans 
les  verbes  avec  la  syllabe  radicale  brève,  au  point  de  vue  métrique, 
il  importe  peu  que  Yi  soit  regardé  comme  formant  par  lui-même 
une  syllabe,  ou  comme  s'unissant,  à  la  manière  d'une  consonne, 
avec  la  voyelle  suivante  :  aussi  peut-on  écrire  indifféremment  : 
ner-i-an,  ou  ner-yan.  Dans  les  vers  de  la  première  et  de  la  troisième 
classe,  la  prononciation  consonnante  était,  selon  Sievers,  la  plus 
habituellement  employée,  ainsi  :  neryan  (nerian);  lifyan  (lifzan). 
Pour  les  verbes  de  la  seconde  classe,  la  syllabe  demeure  purement 
vocale.  Exemple  :  tholian  (1). 

Dans  les  noms  étrangers,  tels  qu' Assyria,  Eusebuis,  Yi  est  géné- 
ralement considéré  comme  une  voyelle,  mais  dans  des  noms  plus 
longs,  comme  une  consonne,  ainsi  :  Macedunya  [Macedonia).  En  ce 
qui  touche  aux  voyelles  épenthétiques,  dérivées  d'un  w,  la  métrique 
ne  peut  solutionner  la  question  de  savoir  si  l'on  doit  ainsi  pro- 
noncer, gearowe  ou  gearwe  ;  bealowes,  ou  bealwes.  L,  m,n  (l,  m,  ?i\ 

syllabiques,  suivant  une  voyelle  radicale  brève,  perdent  leur  caractère 
syllabique,  ainsi  :  sétl,  h raëgl,  sicpfn,  sont  des  monosyllabes,  mais  er 
venant  après  IV  originaire,  comme  dans  waeter,  léger,  peut  être  ou 
consonnant,  ou  vocal.  Après  une  syllabe  radicale  longue,  la  pronon- 

I.  Cf.  Sievers.  Rei fraye,  X}  22.%  :  Angelsochsische  Grammatïk,  §§410, 
444,415. 


694  M  I  II  Mini  I 

rial  ion  vocale  est  la  règle,  mais  occasionnellement,  des  mots  tels 
que  tûngl,  àôsm,  tàcn,  sont  employés  comme  monosyllabes,  et  17, 
I'm  e1  Vn  sont  alors  des  consonnes.  L'hiatus  esi  permis,  mais  dans 
bien  des  cas,  il  y  a  elision  d'nne  syllabe  non  accentuée,  quoiqu'il 

n'y  ail  pas  de  règle  fixe,  pour  le  nombre  de  syllabes  non  accentuées 
permises  flans  l'hémistiche, ou  dans  toute  la  ligne.  Souvent  les  néces 
sites  métriques  obligent  le  lecteur  à  éliminer  des  voyelles  qui  se  sont 
glissées  dans  les  textes,  par  la  négligence  des  copistes,  et  l'on  doit 
écrire  :  t'theles,  èngles,  au  lieu  de  éngeles,  —  d/'o/les,  au  lieu  de 
df'ofeies;  —  et  dans  d'autres  cas,  il  faut  restituer  les  formes  plus 
anciennes,  et  écrire  :  ôtherra  au  lieu  de  ôthrâ  ;  eûwere  au  lieu  de 
fowre  (1).  La  contraction  des  syllabes  longues,  avec  l'accent  prin- 
cipal sur  la  dernière  partie  du  mot,  — et  des  syllables  longues,  avec 
l'accent  secondaire  sur  le  corps  du  mot,  —  indue  sensiblement  sur 
le  nombre  de  syllabes,  dans  la  ligne  entière.  Au  lieu  de  l'unique 
syllabe  longue  portant  l'un  des  quatre  accents  principaux  du  vers, 
on  rencontre  la  réunion  d'une  syllabe  brève  accentuée,  et  d'une 
syllabe  non  accentuée,  indifféremment  longue  ou  brève  (ÙX).  Ce 
principe  admis,  un  mot  tel  que  fârothe,  avec  une  syllabe  accentuée 
et  deux  syllabes  non  accentuées,  a  la  même  valeur  rythmique  que 
fôron,  avec  une  syllabe  longue  accentuée  et  une  autre  qui  ne  l'est 
pas,  —  ou  un  groupement  comme  se  the  waes,  est  au  point  de  vue 
rythmique,  équivalent  à  Sécgivaes. 


Structure  de  la  ligne  entière  allitérée 

La  ligne  allitérée  régulière,  est  composée  de  deux  hémistiches,  ou 
sections.  Ces  deux  sections  sont  séparées  l'une  de  l'autre  par  une 
pause,  ou  césure,  mais  unies  par  les  voies  de  l'allitération,  de  sorte 
qu'elles  constituent  une  unité  rythmique.  Chaque  hémistiche  doit 
avoir  deux  syllabes  dominant  les  autres,  par  leur  importance 
logique  et  syntaxique,  et  qui,  pour  cette  raison,  portent  un  accent 
prosodique  plus  fort.  Ces  quatre  syllabes  accentuées  pour  toute  la 

1.  Cf.  Sievers,  Altgermanische Metrik,  §§  74-77  ;  Beitrage.  X,  475. 


RYTHMIQUE  <W"> 

ligne  comptent  pour  les  accents  rythmiques  du  vers.  La  force 
donnée  à  res  syllabes  accentuées  est  plus  marquée,  quand  ces  der- 
nières entraînent,  en  même  temps,  l'allitération,  ce  qui  advient,  au 
moins  une  fois  dans  chaque  hémistiche  ;  souvent  deux  fois  dans  le 
premier,  et  une  fois  dans  le  second  hémistiche;  et  dans  hien  des 
cas,  deux  fois  dans  chaque  hémistiche.  Cette  accentuation  pro- 
longée, donnée  à  ces  quatre  mots  ou  syllabes,  par  la  syntaxe, 
l'élymologie  et  le  rythme,  et  souvent  par  l'allitération,  —  permet  de 
regarder  les  autres  mots  et  syllabes,  comme  non  accentués,  alors 
même  qu'ils  portent  un  accent  secondaire. 

Dans  certains  cas  de  structure  particulière  de  l'hémistiche,  on 
rencontre  un  accent  rythmique  secondaire,  qui  coïncide,  générale- 
ment, avec  un  accent  étymologique  secondaire,  ou  avec  un  mono- 
syllabe, ou  avec  la  syllabe  radicale  d'un  mot  disyllabique.  Sievers 
regarde  ces  syllabes  comme  ayant  dans  le  rythme  du  vers,  le  ton 
mineur  (Nebenhebung)  :  mais  elles  appartiennent  plutôt  à  la  classe 
de  syllabes  majeures, avec  une  légère  diminution  d'accent  {tieftonige 
senkung). 

Les  deux  sections  de  la  ligne  allitérée  présentent  rarement  une 
symétrie  parfaite  dans  le  nombre  des  syllabes  non  accentuées,  et 
dans  leur  position  par  rapport  aux  syllabes  accentuées.  Dans  la 
majorité  des  cas,  leur  analogie  consiste  seulement  en  ceci,  qu'elles 
ont  chacune  deux  syllabes  accentuées.  Il  est  à  remarquer  que  cer- 
taines combinaisons  de  syllabes  accentuées  et  non  accentuées,  se 
rencontrent  plus  fréquemment  dans  un  hémistiche  que  dans 
l'autre,  ou  ne  se  rencontrent  même  que  dans  un  seul  hémistiche. 

En  dehors  de  la  ligne  allitérée  normale  ou  ordinaire,  avec  quatre 
accents,  il  existe  clans  l'ancien  anglais  et  dans  l'ancienne  poésie 
allemande  du  sud,  une  variété  de  la  ligne  allitérée  qu'on  appelle 
la  ligne  allongée  (schwellvers  ou  slreckvers).  Dans  cette  ligne, 
chaque  hémistiche  renferme  trois  syllabes  accentuées  :  et  les  syl- 
labes non  accentuées,  sont  vis-à  vis  des  autres,  dans  la  même 
dépendance  que  dans  l'hémistiche  normal,  à  deux  temps. 


(i'Mi 


in  I  II  Mini   | 


La  structure  de  l'hémistiche  dans  la  ligne  normale  allitérée 

L'hémistiche  normal  se  compose  rie  quatre,  et  rarement  de  cinq 
membres  (\)(glieder)  :  deux  d'entre  eux  sont  fortement  accentués 
(arses\  et  les  autres  {theses),  ne  sont  pas  accentués,  ou  le  sont 
moins.  En  règle  générale,  chaque  arsis  est  formé  d'une  syllabe 
longue  accentuée  (-'),  mais  la  seconde  partie  d'un  composé,  et,  — 
moins  fréquemment,  —  la  seconde  syllabe  avec  un  accent  secon- 
daire d'un  mot  trisyllabique  ou  disyllabique,  peuvent  être  regardées 
comme  arsis.  Par  contraction,  une  syllabe  longue  accentuée,  peut 
être  remplacée  par  deux  syllabes  brèves,  dont  la  première  est 
accentuée.  Ce  dernier  cas  peut  être  résumé  par  le  symbole,  ÙX.  Les 
membres  de  l'hémistiche,  moins  fortement  accentués  rentrent  dans 
deux  classes,  selon  qu'ils  sont  non  accentués,  ou  qu'ils  portent 
l'accent  secondaire.  Et  ce  classement,  en  dernière  analyse,  dépend 
de  l'importance  logique  ou  étymologique  des  syllabes.  Les  syllabes 
non  accentuées  (marquées  dans  Sievers  par  la  notation  X),  étymo- 
logiquement  longues  ou  brèves,  sont  le  plus  souvent  des  terminai 
sons  infléchies,  des  éléments  constitutifs  du  mot,  ou  des  mots  pro- 
clitiques et  enclitiques. 

Les  membres  du  vers  portant  l'accent  secondaire,  —  la  plupart 
monosyllabiques  et  longs  —  (désignés  par  le  symbole  X,  et  quand 
ils  sont  brefs,  par  le  signe  ù),  sont  des  syllabes  radicales  dans  la 
seconde  partie  des  composés,  et  des  syllabes  secondes  et  longues  de 
mots  trisyllabiques,  dont  la  syllabe  radicale  est  longue.  La  valeur 
rythmique  de  ces  syllabes  portant  l'accent  secondaire,  n'est  pas 
toujours  la  même.  Quand  elles  se  trouvent  dans  un  pied  ou  dans 
une  mesure  de  deux  membres,  et  qu'elles  sont  précédées  d'une  syl- 
labe accentuée,  elles  comptent  simplement  comme  non  accentuées, 
et  le  pied  est,  en  fait,  identique  au  type  normal,  représenté  par  la 
notation  -'  X  (comme  dans  l'hémistiche  wîsra  wôrda),  mais  ces 
syllabes  à  demi-accentuées,  peuvent  être  dénommées  thèses  fortes, 
et  les  pieds  qui  les  renferment,   peuvent  être  représentés  par  le 

I.  Anglo-saxon  Header.  Sweet,  §365. 


RYTHMIQUE  f>!!7 

symbole -'.Y.  comme  dans  wisfaèst  wôrdum  (-'X'  |  -'X).  L'hémistiche 
semblable  à  ce  dernier, esl  appelé  renforce.  parSievers (gesteigert),  ou 

s'il  contient  deux  syllabes  fortes  non  accentuées  dans  chaque  pied, 
il  est  qualifié  de  doublement  renforcé,  par  le  même  auteur,  comme 
dans  la  coupe  :  gûthrinc  gôldwlinc  (-X  |  -'X).  Dans  ces  exemples, 
la  présence  d'une  syllabe  forte  non  accentuée  est  possible,  mais  non 
nécessaire  ;  dans  les  pieds,  ou  mesures  de  trois  membres,  elle  est 
obligatoire,  en  tant  que  degré  intermédiaire  entre  V arsis  et  la  thèse, 
ou  entre  un  membre  accentué  et  un  membre  non  accentué,  comme 
dans thègn Hrôthgàres(~'  j  -'X'X),ou dans fgrst  forth gewât(-  \  -'XX), 
ou  dans  héalaèrna  mâest  (-'XX  j  -').  Dans  ces  cas,  Sievers  attribue 
au  membre  du  vers  portant  cet  accent  secondaire,  le  caractère 
d'une  arsis  subordonnée,  ou  mesure  (Nebenhebung)  Mais  il  paraît 
préférable,  pour  marquer  plus  fortement  la  mesure  à  deux  temps 
de  l'hémistiche,  de  regarder  de  pareils  membres  avec  l'accent 
secondaire,  comme  n'ayant  que  la  valeur  rythmique  de  syllabes  non 
accentuées,  et  de  les  appeler  des  thèses,  avec  un  léger  accent.  Le 
rythme  à  deux  temps  de  l'hémistiche  est  la  seule  caractéristique  de 
celui-ci,  car  quoique  les  deux  temps  ne  soient  pas  toujours  égale- 
ment forts,  ni  aussi  fortement  marqués  (1),  ils  sont  néanmoins  tou- 
jours distingués  des  autres  membres  non  accentués  de  l'hémistiche, 
et  le  rythme  même  de  celui-ci  serait  altéré  par  l'introduction  d'une 
mesure  supplémentaire,  si  légère  fut-elle. 

Les  cas  dans  lesquels  les  deux  principales  mesures  de  l'hémistiche 
ne  sont  pas  exactement  de  la  même  force,  se  présentent  quand 
deux  syllabes  accentuées,  —  ou  toutes  deux  avec  l'accent  principal, 
ou  l'une  avec  le  principal,  et  l'autre  avec  l'accent  secondaire  — 
sont  en  juxtaposition,  et  non  séparées  par  une  syllabe  qui  n'est  pas 
accentuée.  La  seconde  de  ces  deux  syllabes  accentuées  peut  être 
une  syllabe  brève  avec  accent  principal,  au  lieu  d'une  syllabe 
longue,  comme  on  l'observe  généralement.  Mais  dans  l'un  et  l'autre 
cas,  longue  ou  brève,  cette  seconde  mesure  succédant  immédiate- 
ment à  la  première  mesure,  est  marquée  avec  moins  de  force  que 
celle-ci,  ainsi  qu'il  ressort  d'exemples  tels  que  gebûn  hâefdon, 
Beow.,  234  ;  tô  hum  fâran,  id.,  242  ;  mid  àerdnege,  id.,  252.  Rare- 
ment la  seconde  mesure  l'emporte  en   force  sur   la   première.  La 

1.  Sievers.  Altgerm.  Metrik,  %  9,  3,  4. 


698  i;\  IHMIQUE 

cause  de  cette  variation  dans  la  bra  des  deux  mesures,  doil  être 
recherchée  dans  les  lois  de  I'acceni  syntaxique. 

Sous  d'autres  rapports,  dos  membres  de  vers  avec  un  accent 
secondaire,  suivent  des  lois  analogues  à  celles  qui  régissent  ceux 
qui  portent  un  accent  primaire,  [Is  consistent  généralement  en  une 
syllabe  longue,  mais  si  un  membre  ayant  V arsis  les  précède,  il  peut 
yavoir  substitution  d'une  syllabe  brève,  avec  l'accent  secondaire.  On 
rencontre  peu  de  membres  de  vers  de  cette  espèce,  —  ce  qui  prouve 
qu'ils  sont  plus  afférents  à  la  thèse,  qu'à  Yarsis  de  l'hémistiche. 

Une  syllabe  non  accentuée  suffit  à  former  la  thèse  (X),  mais 
celle-ci  peut  aussi  comprendre  deux  ou  plusieurs  syllabes  non 
accentuées  (XX,  XXX...),  leur  nombre  augmentant  en  raison  de 
leur  brièveté,  et  de  la  facilité  avec  laquelle  on  peut  les  prononcer, 
sans  toutefois  qu'un  accent  secondaire  intervienne.  Toutes  ces 
syllabes  non  accentuées  sont  regardées  comme  formant  une  seule 
thèse,  et  s'opposent  aux  syllabes  accentuées,  ou  arsis.  Les  éléments 
constitutifs  de  cette  thèse  plus  longue  peuvent  présenter  une  cer- 
taine gradation  de  force,  en  les  comparant  les  uns  aux  autres,  mais 
la  réunion  de  ces  degrés  ne  doit  jamais  égaler  la  force  avec  laquelle 
Yarsis  est  prononcée,  bien  que  parfois  l'on  observe,  en  raison  du 
caractère  variable  de  l'accent  syntaxique,  qu'un  monosyllabe  qui 
dans  un  cas  figure  dans  la  thèse,  peut  porter  ailleurs  l'accent  secon- 
daire, ou  même  primaire. 

On  a  cru  longtemps  que  le  nombre  des  syllabes  non  accentuées 
de  la  thèse,  dépendait  entièrement  du  seul  choix  de  fauteur  (1). 
Sievers  fut  le  premier  à  apporter  quelques  éclaircissement  à  cette 
étude  (2).  Il  montra  que  l'hémistiche  de  la  ligne  allitérée  de  l'ancien 
anglais  est  semblable  au  vers  à  quatre  syllabes  dans  l'ancien 
normand,  et  présente,  en  général,  le  rythme  trochaïque  (-'X-'X). 
Et  l'auteur  cite,  à  l'appui  de  sa  thèse,  les  cinq  cent  quatre-vingt 
douze  hémistiches  qu'on  rencontre  dans  Beowulf,  du  type  -'X  |  -'X 
(tel  que  hyran  scôlde),  et  dans  le  même  texte,  deux  cent  trente-huit 
du  type  -'XX  |  -'X  (tels  que  gode  gewyrcan  ;  hèold  thenden  lifde), 
et  dans  l'ensemble,  huit  cent  trente  hémistiches  avec  un  rythme 
trochaïque  ou  dactylique,  contre  onze  hémistiches  de  même  struc- 
ture, mais  avec  une  syllabe  non  accentuée,  en  tête(X  |  -'X(X)  |  -'X); 

1.  Cf.  Rieger.  Alt-und  Angelsachsische  Verskunst,  p.  62. 

2.  Cf.  Paul-Braune's  Beitrage,  X,  209. 


RYTHMIQUE  <>99 

et  même  quatre  ou  cinq  de  ces  onze  hémistiches,  sont  d'une  correc- 
tion  douteuse.  D'après  ces  exemples,  il  paraît  probable  que  dans  le 
type  (-'X(X)-'X)  on  n'usait  pas, en  général,  de  la  licence  de  faire  com- 
mencer l'hémistiche  par  une  syllabe  non  accentuée,  avant  la  pre- 
mière syllabe  accentuée.  D'autre  part,  quand  la  première  syllabe 
accentuée  est  brève,  avec  une  syllabe  non  accentuée  seulement, 
comme  dans  la  thèse  (ÙX),  on  observe  que  cette  syllabe  initiale  non 
accentuée  devient  presque  la  règle,  comme  dans  genûmen  haéfrfon, 
(Beowulf,  6334)  (X  |  uX  |  -'X)  :  il  existe  de  cette  dernière  forme 
cent  trente  exemples,  ainsi  que  Rieger  le  fait  remarquer,  alors  que 
le  schéma  (ÙX  |  -'X)  se  rencontre  rarement.  Exemple  :  cyning 
màenan  (Beowulf,  6334). 

II  est  encore  plus  singulier  d'observer  que,  tandis  que  la  forme 
(-'XX  |  -'X)  se  présente  environ  deux  cent  trente-huit  fois  dans  les 
textes,  —  un  vers  de  la  forme,  (X  |  ttXX  |  -X),  ne  se  rencontre 
jamais.  La  proportion  numérique  de  la  forme  (-'X  |  -'X)  (592  cas) 
par  rapport  à  la  forme  (-'XX  |  -'X)  (238  cas),  est  à  peine  de  5  h  2, 
et  la  proportion  de  (X  |  ùX  |  -'X)  (130  cas)  à  (X  I  ùXX  |  -'X)  (0  cas) 
est  de  130  à  0.  La  quantité  de  la  seconde  arsis,  dans  la  mesure  où 
elle  se  rapporte  au  préfixe  de  syllabes  non  accentuées,  est  dans 
l'hémistiche,  moins  importante  que  celle  de  la  première.  Des 
hémistiches  du  type  (-'X  |  ùX)  se  présente  34  fois,  et  dans  29  cas, 
la  dernière  syllabe  non  accentuée  est  un  mot  entier,  ou  un  mono- 
syllabe, ou  la  partie  d'un  composé.  Le  même  type,  avec  une  syllabe 
initiale  non  accentuée  (X  |  -'X  |  ùX),  se  rencontre  aussi  34  fois,  mais 
alors  la  dernière  syllabe  est  entièrement  dépourvue  d'accent.  La 
proportion  de  la  forme  (-'X  |  -X)  à  la  forme  (X  |  -'X  |  -'X),  est  de 
592  à  11,  et  celle  de  la  forme  (-'X  |  ùX)  à  la  forme  (X  |  -'X  j  #X)  est 
de  34  à  34,  avec  une  différence  notable. 

On  supposait  autrefois  que  le  nombre  de  syllabes  non  accentuées 
suivant  la  syllabe  accentuée,  était  indifférent.  Mais  la  forme 
(-'XX  |  -'X)  se  rencontre  238  fois  et  la  forme  (-'X  |  -'XX)  22  fois 
seulement.  Et  nombre  d'exemples  de  cette  dernière  forme  sont  d'une 
évidence  discutable  :  même  en  les  comptant  tous,  la  proportion  des 
deux  formes  est  de  11  à  1. 

Si  les  deux  syllabes  accentuées  ne  sont  pas  séparées  par  une 
syllabe  non  accentuée,  ou  plutôt,  si  les  deux  mesures  sont  immédia- 
tement juxtaposées,  —  ou  deux  syllabes  non  accentuées  doivent  se 
trouver  après  la  seconde  arsis  [-'  |  -'XX)  —  ce  qui  se  rencontre 


700  RYTHMIQUE 

120  fois  dans  Beowulf ';  —  ou  une  syllabe  non  accentuée  doit  pré- 
erder  la  première  arsis,  et  une  syllabe  non  aecentuée  doit  suivre  la 
seconde  arsis  (X-'  |  -'X)  (127  fois  dans  Beowulf)  ;  ou  enfin,  la  der- 
nière arsis  doit  <Hre  brève  (X-'  |  ùX)  (257  fois  dans  Beowulf).  La 
forme  (-'  |  -'X)  ne  se  rencontre  point. 

De  ces  données,  il  résulte  que  les  hémistiches  de  la  forme 
(-'X  |  -'X)  se  présentent  environ  17  fois  contre  une,  pour  la  forme 
(-'X  |  ùX),  et  que  d'autre  part,  le  type  (X-  |  ùX)  est  deux  Pois  aussi 
fréquenl  quo  le  lype  (X-'  |  -'X>. 


L'ordre  des  membres  du  vers  dans  l'hémistiche 

Chaque  hémistiche  se  compose  de  deux  pieds  ou  mesures,  conte- 
nant chacun  une  syllabe  accentuée.  Généralement,  ces  deux  pieds 
ou  mesures  renferment,  l'un  et  l'autre,  quatre  membres  du  vers, 
et  rarement  cinq  membres.  Dans  l'hémistiche  de  quatre  membres 
qu'il  convient  d'étudier  en  premier  lieu,  les  mesures  peuvent 
consister  en  deux  membres,  chacune  (2  +  2),  ou  l'une  peut  con- 
tenir un  membre,  et  l'autre,  trois  (1  H- 3  ou  3  +  1).  Une  mesure 
d'un  membre  n'a  qu'une  syllabe  accentuée  (-')  ;  une  mesure  de  deux 
membres  a  une  syllabe  accentuée,  et  une  syllabe  non  accentuée  qui 
peuvent  se  présenter  indifféremment,  dans  l'un  de  ces  deux  ordres 
(-'X)  au  (X-')  ;  une  mesure  de  trois  membres  comporte  une  syllabe 
accentuée  et  deux  syllabes  non  accentuées,  dont  Tune  a  l'accent 
secondaire,  et  leur  ordre  peut  être  (-'X'X)  ou  (-'XX)  Les  mesures  de 
deux  membres  peuvent  être  réunies  de  trois  manières  différentes, 
pour  former  un  hémistiche  :  1°  (-'X  |  -'X),  rythme  descendant  ; 
2°  (X-  |  X-'),  rythme  ascendant;  3°  (X-  |  -'X),  rythme  ascendant- 
descendant  fi).  1  et  2  sont  symétriques  ;  3  est  dissymétrique,  mais 
comme  le  nombre  des  membres  dans  les  pieds  de  ces  trois  types 
(2+2  membres)  est  le  même,  nous  pouvons  les  appeler,  comme  le 
fait  Sievers,  des  types  à  pieds  égaux  {gleichfiissige  Typen),  tandis 

4.  Pour  le  type  (-'xx/-').  Cf.  Sievers.  Paul-Braunes  Beitrarje,  X, 
p.  2fi2. 


Kl  I  II  Mini  I  7(H 

que  les  autres  types  (1+3  membres  ou  3  +  1  membres),  peuvent 
ê.tre  qualifiés  de  types  à  pieds  ou  mesures  inégales. 

L'hémistiche  normal,  consista  ni  en  quatre  membres  du  wv*, 
rentrera,  selon  la  position  respective  de  ces  mesures  ou  pieds,  dans 
l'un  i\<>>  cinq  types  principaux  suivants  : 

<i)    Types  à  pieds  égaux  (2  +  2  membres)  : 

l.   A  (-'X  |  -'X)  double  descendant. 

2    H  (.V  |  X-')  double  ascendant. 

3.  C  (X-   |  -'X)  ascendant-descendant. 

b)  Types  à  pieds  inégaux  : 

4'  D|S^|."'XX')i  (1  +3membres)- 

5*  E  /(-'XX  I  -')[  (3  f  ]  membres)- 

Théoriquement,  le  type  K  pourrait  être  regardé  comme  un  type  à 
pieds  égaux,  étant  ainsi  divisé  (-'X  |  X-').  mais  dans  la  plupart  des 
cas,  ce  type  présente,  au  commencement  de  l'hémistiche,  un  mot 
trisyllabique  qui  ne  permet  pas  une  semblable  division  des  pieds, 
ainsi  dans  wéorthmyndum  thdh\  Beowulf,  16(1).  Des  types  comme 
(XX-'-)  et  (XX-'-'),  qu'on  pourrait  s'attendre  à  rencontrer,  ne 
figurent  pas  dans  la  poésie  de  l'ancien  anglais.  En  dehors  de  ces 
hémistiches  ordinaires  à  quatre  membres,  il  en  est  d'autres  aux- 
quels une  syllabe  est  ajoutée,  et  qui  peuvent  être  non  accentués, 
ou  porter  l'accent  secondaire.  Ces  formes  allongées  (erweiterte 
Formen)  (2)  peuvent  être  composées  ou  de  2  +  3  membres,  ou  de 
3  +  2  membres.  Ces  hémistiches  allongés,  doivent  être  bien  distin- 
gués des  hémistiches  qui  ont  une  ou  plus  d'une  syllabe  accentuée, 
devant  la  première  syllabe  accentuée,  —  dans  les  types  A,  D  et  E. 
Et  ce  préfixe  d'une  ou  plusieurs  syllabes,  est  appelé  anacrusis 
(Auftakt)  par  Si  e  vers. 

Les  cinq  types  simples  d'hémistiches  sont  donc  susceptibles  des 
variations  suivantes  :  1°  d'extension,  comme  il  a  été  vu  plus  haut  : 
2°  de  résolution  (ùX  au  lieu  de  -')  et  de  contraction  de  la  syllabe 
longue  accentuée (ù)  ;  3°  de  renforcement  de  la  thèse, au  moyen  d'un 
accent  secondaire  (Sleigerung)  ;  4°  d'accroissement  du  nombre  de 
syllabes  non  accentuées  formant  la  thèse  ;  5°  de  variations  dans  la 

1.  Cf.  Sievers,  Paul-Braune's  Beitrage,  X,  p.  262. 

2.  Cf.  Sievers,  Altgerm.  3fe£rik,  %  13,  2. 


702  RYTHMIQUE 

place  de  l'allitération;  6é  d'affectation  d anacruses.  Ces  dernières 
variétés  d'affectations  ne  sont  pas  en  elles-mêmes  défi  sous-types, 
mais  des  formes  parallèles  à  celles  qui  n'ont  pas  d' anacruses. 

Ces  subdivisions  et  ces  détails  sur  les  types  de  vers  sont  em- 
pruntés à  Sievers  {Altgermanùvhe Metrik,  pp.  X\  et  suiv.). 


Analyse  des  types  de  vers 

1 
Hémistiehes  de  quatre  membres 

Le  type  A  comporte  trois  sous  types,  A4,  A9,  A3.  Le  sous-type  A, 
(-'X  |  -'X)  présente  la  forme  normale,  avec  allitération  de  la  pre- 
mière arsis  dans  chaque  hémistiche,  ou  avec  allitération  des  deux 
arsis  dans  le  premier  hémistiche,  et  de  l'une  dans  le  second,  —  et 
avec  des  syllabes  non  accentuées  dans  la  thèse,  selon  la  règle  com- 
mune. Exemple  :  theodnes  thèynas  (An.  3)  ;  hij ran  scôlde  (Beow .  212)  ; 
gômban  gy'ldan  (Beow.  22).  Ce  type  est  de  tous  le  plus  commun  : 
dans  le  poème  de  Beoivulf,  Sievers  le  relève  471  fois  dans  le  pre- 
mier, et  575  fois  dans  le  second  hémistiche. 

La  modification  la  plus  simple  de  ce  type  se  produit  par  la  réso- 
lution d'une  ou  deux  syllabes  longues  accentuées.  Des  exemples  de 
résolution  de  la  première  arsis  sont  très  nombreux  :  cyninga  ivnldor 
(El.  5);  —  scèathena  thrêalum  (Beow.  8)  ;  sèofon  niht  swûncon 
(Beow.  517)  ;  —  nilher  geivïted  (Beow.  2722).  Les  exemples  de 
résolution  de  la  seconde  arsis  sont  moins  nombreux,  et  tels  que  : 
wûldor  cyninge  (El.  291)  ;  —  èllen  frèmedon  (Beow.  6)  ;  —  Scyldes 
èaferan  (Beow.  38)  :  —  ôfl gefrémede  (Beow.  330);  —  on  rencontre 
rarement  la  résolution  de  deux  arsis  dans  le  même  hémistiche. 
Exemple:  g  amena  gèogothe  (An.  1017)  ;  màeyenes  Dèniga  (Beow. 
310);  — gûmum  aetgâedere  (Beow.  1652). 

Le  type  principal  est  encore  modifié  par  la  thèse,  rendue  disylla- 
bique  —  et  rarement  trisyllabique  —  après  la  première  arsis.  Le 
schéma  est  alors  :  (-'XX  |  -X).  Cette  modification  est  fréquente,  et  se 
rencontre   dans   :   rihta  gehwylces  (El.  910);  —  gode  gewijrcean 


M  rHMIQUE  7(KJ 

(Beow.  40)  :  —  swéofdum  âswéàban  (An.  72)  ;  — sànnanondmônan 
(Beow.  18S)  ;  — fàlct  tùfrùfre  (Beow.  28)  :  —  wéox  under  wôlôhUtn 
illi'ow.  16). 

La  résolution  de  l'arsis  peut  être  combinée  avec  cette  thèse  disyl- 
labique,  comme  dans  la  première  arsis,  exemple  :  wèruni  on  thu/tt 
wôngc  (An.  22);  —  éotenas  ond  ylfe  (Beow.  224);  —  ou  (dans  la 
seconde  arsis)  ;  hitlig  of  héofenum  (Au.  89)  ;  —  hèlpe  gefrèniede 
(Beow.  1102);  ou  dans  les  deux  :  dûgude  ond  gèogulhe  (Beow. 
320)  ;  —  hneleth  under  hèofenum  (Beow.  104). 

La  première  thèse,  rarement,  dépasse  deux  syllabes  ;  une  thèse 
de  trois  syllabes  est  rencontrée  parfois,  comme  :  sâegde  se  the  eu  the 
(Beow.  180)  ;  —  hwtlum  hie  gehèton  (Beow.  350);  —  et  cette  forme 
peut  être  combinée  avec  la  résolution  de  la  première  arsis,  comme 
dans  :  swèotutra  ond  gesynra  (An.  565);  bitere  ond gebôlgne  (Beow . 
2862)  ;  —  ou  avec  la  résolution  de  la  seconde  arsis,  comme  dans  : 
ûlan  ymbe  aèdelne  (An.  873)  ;  —  wïge  under  wâetere  (Beow.  3314)  ; 

—  ou  encore  avec  la  résolution  des  deux  arsis,  comme  dans  :  recéda 
under  roderum  (Beow.  620).  Exemples  de  thèses  de  quatre  syllabes, 

—  dans  la  première  thèse  :  set'ildt  thâm  the  he  tvtilde  (Beow.  6112)  ; 

—  sêcge  ic  the  tô  sot  he  (Beow.  1182).  Une  thèse  avec  cinq  syllabes  est 
encore  moins  fréquente,  exemple  :  làeddon  hine  thd  of  Itjfte  (Gû. 
398)  ;  —  stôpon  thd  tô  tlidere  statue  (El.  716). 

Les  cas  où  la  seconde  thèse  renferme  deux  syllabes,  sont  rares  et 
jusqu'à  un  certain  point,  incertains.  Exemple  :  wûndor  scèawian 
(Beow.  2002)  (1). 

L'anacruse  devant  le  type  (-'X(X)-'X)  est  aussi  rarement  ren- 
contrée :  exemple  ;  swâ  sàe  bebuged  (Beow.  2438).  Exemple  d'ana- 
cruse  avec  résolution  de  la  première  arsis  :  swâ  wâeier  bebuged 
(Beow.  186).  La  plupart  des  cas  se  présentent  dans  le  premier 
hémistiche  ;  à  cette  place  l'anacruse  peut  être  polysyllabique,  —  et 
aller  même  jusqu'à  quatre  syllabes  —  quelquefois  avec  résolution 
de  l'arsis,  ou  avec  une  thèse  polysyllabique.  Exemples  ;  forcôm  aet 
campe  (An.  1327);  —  gewdt  aet  w'tge  (Beow.  5280)  ;  —  avec  résolu- 
tion :  âbôden  in  bûrgum  (An.  78)  ;  —  genèred  with  nïthe  (Beowr. 
1653)  ;  —  anacruse  disyllabique  :  ic  waes  éndesaela  (liow\  482)  ;  — 
avec  résolution  :  thaer  waes  haèletha  hlèahtor  (Beow.  1224)  ;  — 
anacruse  trisyllabique  :  oihthe  him  Ongentheowes  (lieow.  4950)  ;  — 

1.  Cf    Sievers.  Paul-Braune's  Retirage,  X,  233. 


"71k* 


704  RYTHMIQUE 

anacruse  à  quatre  syllabes  :  thaet  we  him  thé  gûthgealwa  (Beow. 
5274);  -  anacruse  monosyllabique  avec  thés»!  disyl  la  bique  :  in 
màgde  gehwàere  (Beow.  50)  :  --  àblènded  in  bin-gum  (An.  78);  — 
anacruse  disyllabique  avec  thèse  disyllabiqùe  :  ge  aet  hàm  ge  on 
hérge  (Heow.  2098):  —  anacruse  trisyllabique  avec  thèse  disylla- 
bique  :  thû  sceall  tkâ  fore  gefèran  (An.  210)  ;  —  anacruse  monosyl- 
labique avec  thèse  trisyllabique  :  gemânde  thâ  se  goda  (Beow,  1518); 

—  anacruse  monosyiIabi(jue  avec  résolution  de  la  première  arsis, 
et  avec  thèse  trisyllabique  :  ne  mâgon  hie  ond  ne  moton  (An.  1217)  ; 

—  avec  résolution  de  la  seconde  arsis  :  geivât  him  thâ  té  vârotke 
(Heow.  408)  ;  —  avec  anacruse  disyllabique  :  ne  geféah  he  thaere 
faèhthe  (Beow.  218);  —  combinée  avec  thèse  de  quatre  syllabes  : 
ofsloh  thâ  aet  thavre  saècre  (Heow.  3332). 

Le  sous-type  Aa  est  le  type  A  avec  thèse  renforcée  (c'est-à-dire 
une  thèse  avec  l'accent  secondaire),  et  avec  l'allitération  sur  la  pre- 
mière arsis  seulement.  Ce  sous-type  comporte  plusieurs  : 

I.  —  A,  a,  avec  la  première  thèse  renforcée  (-'X'  I  -'X)  ;  —  se  ren- 
contre souvent  dans  le  second  hémistiche.  La  seconde  arsis  peut  être 
ou  longue,  ou  brève  (-'X'  |  -'X)  ou  (-  X  |  ùX).  Nous  désignerons  la 
forme  (-'X'  |  -X)  par  la  notation  A2«/,  et  la  forme  (-'X  |  &X)  par 
À2  a  s  h,  ou  par  abréger,  Aa  /,  A9  s  h.  Exemples  de  As  /  :  gôdspèl  aèrent 
(An.  12 1;  —  wisfaèl  wôrdum  (Beow.  1252)  ;  —  hringnèt  bàeron 
(Beow.  3780);  —  avec  résolution  de  la  première  arsis  :  médusèld 
bùan  (Heow.  0132)  ;  —  avec  résolution  de  la  seconde  arsis  :  gârsècg 
hlgnede  (An.  238)  ;  —  hôrdbùrh  haèletha  (Heow.  934);  —  avec  réso- 
lution des  deux  arsis  :  fréothobùrg  fâegere  (Heow.  1044)  ;  —  avec 
résolution  de  la  thèse  renforcée  :  sândwùdu  sôhte  (Heow.  410)  ;  — 
avec  résolution  de  la  première  arsis  et  de  la  thèse  :  maégemvudu 
mûndum  (Heow.  472)  ;  —  avec  résolution  de  la  première  thèse  et  de 
la  seconde  arsis:  gùlàsèaro  g  à  mena  (Heow.  050). 

Les  exemples  de  Ais/i  sont  nombreux  :  waerfaèst  cgning  (An.  410); 
—  gùlhrinc  mônig  (Beow .  1178)  ;  —  thrèanglh  thé  lath  (Heow.  508). 
C'est  par  exception  que  Ton  trouve  la  seconde  arsis  brève,  quand  la 
thèse  qui  précède  n'a  pas  d'accent  secondaire  :  Hrèthel  cgning 
(Beow.  4872)  ;  —  Hr Anting  nâma  (Beow.  2910);  —  âetheiing  bôren 
(Beow.  4802);  —  et  avec  résolution  de  la  première  arsis  :  séaromèt 
séowath  (An.  04)  ;  —  motor  cèorl  mônig  (Beow.  1818);  —  sigerof 
cgning  (Beow    1238);  mâgodriht  micel  Beow .  134),  etc.  La  plupart 


RYTHMIQUE  705 

des  hémistiches  rentrant  dans  cette  catégorie,  ont  une  double  allité- 
ration. 

II.  —  A2O,  avec  la  seconde  thèse  renforcée  :  (-'  X  |  -'  X).  La  plu- 
part des  cas  de  ce  type  se  rencontrent  dans  le  premier  hémistiche  ; 
lorsqu'ils  se  présentent  dans  le  second  hémistiche,  la  mesure  (-'X ') 
est  généralement  un  nom  propre,  et  non  un  véritable  composé. 
Exemples  :  Gréndles  gùiheraèft(\ïeow.  254; —  lèofa  Bêoivulf  (l\eo\v. 
1710)  ;  —  avec  résolution  de  la  première  arsis  :  gâtnol  ond  gûihrèàw 
(Beow.  116);  avec  résolution  de  la  seconde  arsis  :  bèoma  bèaducràeft 
(An.  219); —  avec  résolution  de  deux  arsis  :  séfa  swâ  séarogrim, 
(Beow.  1190);  —  avec  résolution  de  la  thèse  renforcée:  lônd  ond 
ttodb  y  rig  (Beow.  4944)  ; —  avec  résolution  et  de  la  seconde  arsis,  et 
de  la  thèse  :  mâeg  oudmagothègn  (1)  (Beow.  816). 

Ce  type  peut  être  encore  modifié  par  une  première  thèse  de  deux, 
ou  plusieurs  syllabes  :  ùt  on  tfwet  ïglànd  (An.  15)  ;  —  fôlc  olhihe 
frêobùrh  (Beow .  1388);  —  reste  hine  thâ  rûmhèorlh  (Beow.  3600)  ; 

—  par  la  résolution  de  la  première  arsis  :  glidon  ofer  gdrsècg  (Beow. 
1030)  ;  —  et  de  la  seconde  :  lad  ofer  idgustrcam  (An.  423)  ;  —  sym- 
belon  sèle fui  (Beow.  1240)  ;  —  par  la  résolution  de  la  thèse  avec  l'ac- 
cent secondaire  :  èahlodon  éorlscipe  (Beow.  6346).  L'anacruse  se 
présente  rarement  :  gesâwon  séledrêam  (Beow.  4406);  —  et  la 
double  allitération  dans  le  premier  hémistiche,  demeure  la  règle 
dans  cette  forme  du  type  A. 

III.  A>ab,  —  avec  les  deux  thèses  renforcées  (-'X'  |  -'  X)  :  bânliàs 
blèdf  âg  (An.  1407);  — gulhrinc  gôldwlànc  (Beow.  3764);  —  àenlîc 
ànsyn  (Beow.  502)  ;  —  avec  résolution  de  la  première  arsis  :  wlite- 
sèon  wrâetlîc  (Beow.  3302),  —  et  de  la  seconde  arsis  :  glèawemôd 
gode lèof  (An.  1581);  —  gûthswèord  gèalolïc  (Beow  4316),  —  et  de 
la  première  et  de  la  seconde  arsis  :  héorowèarhhétet te  (Beow.  2%3ti); 

—  avec  résolution  de  la  première  thèse  renforcée  :  nydwràcu  nit/i- 
grim  (Beow.  386);  —  avec  résolution  et  de  la  première  arsis,  et  de 
la  première  thèse  :  by'relàde  bry'd  gèong  (Gû  842)  —  avec  resolu- 
tion de  la  seconde  thèse  renforcée  :  ègestllc  èorthdràca  (Beow.  5672)  ; 

—  avec  résolution  de  la  première  et  de  la  seconde  thèse  :  fg'rdsèaru 
fûslicu  (Beow.  464).  La  forme  de  ce  type  comporte  aussi,  en  règle 
générale,  la  double  allitération. 

1.  Cf.  Sievers,   Angehachsische  Gram.,  %  141,  et  Altgerm.  Metrik, 

§  79. 

45 


706  ItVni.Mlnl  I. 

Le  sous-type  A:J  est  le  type  A,  avec  l'allitération  sur  la  seeonde 
arsis  seulement,  et  il  esl  presque  entièrement  limité  au  premier 
hémistiche.  Une  thèse  renforcée  ne  se  présente  qu'après  la  seconde 
arsis,  et  ce  sous-type  peut  être  désigné  par  la  notation  A/;. 

Les  vers  rentrant  dans  cette  catégorie,  avec  leur  allitération  por- 
tant toujours  sur  la  dernière  syllabe  moins  une,  ou  (en  cas  de 
résolution),  sur  la  dernière  syllabe  moins  deux,  se  distinguent  par 
la  fréquente  occurence  de  thèses  polysyllabiques,  s'étendant  à  cinq 
syllabes,  et  en  contraste  évident  avec  les  types  Ai  et  A2  où  les  thèses 
d'une  ou  deux,  syllabes  sont  la  règle,  et  les  thèses  plus  longues, 
l'exception.  Dans  A3,  cependant,  des  thèses  plus  courtes  se  rencon- 
trent avec  les  résolutions  habituelles  :  une  thèse  monosyllabique 
dans  hwâer  se  thèoden  (EL  5(33);  —  vow  hct  sécgan  (Beow.  782)  ;  — 
avec  résolution  de  la  première  arsis  :  wâton  nû  éfsian(baow.  6204); 
—  avec  résolution  de  la  seconde  arsis  :  thus  me  fâeder  min  (EL 
528)  ;  —  ic  thaet  hôgode  (Beow.  1266)  ;  —  avec  thèse  disyllabique  : 
hèhl  thâ  on  âklan  (El.  105);  —  hùefdese  goda  (Beow.  410)  ;  —  avec 
résolution  de  la  première  arsis  :  thânon  he  gesôhte  (Beow.  9£6)  ;  — 
avec  résolution  de  la  seconde  arsis  :  wèarlh  him  on  Hèorote  (Beow, 
2662)  ;  —  avec  la  seconde  thèse  renforcée  :  èarl  thû  se  Bêowulf 
(Beow.  1012)  ;  —  avec  thèse  trysyllabique  :  gif  thé  lliael  gelimpe 
(El.  441)  ;  —  fiïndon  thâ  on  sânde  (Beow.  6068);  —  avec  résolution 
de  la  première  arsis  :  hwâethere  më  gesàelde  (Beow.  1148)  ;  —  avec 
résolution  de  la  seconde  arsis  ;  sy'ththan  ic  for  dûgethum  (Beow. 
5004);  —  avec  la  seconde  thèse  renforcée  :  no  hc  thone  gifstôl  (Beow. 
336);  —  avec  une  thèse  de  quatre  syllabes  :  swylce  ht  me  g eb tendon 
(Cri  1438);  —  hâbbath  wc  tô  thaem  maeran  Beow.  514);  —  avec 
résolution  de  la  première  arsis  :  âian  Us  tô  thaere  hy' the .  (Cri.  865);  — 
avec  résolution  de  la  première  et  de  la  seconde  arsis  :  thône  the  him 
oit  swèofote  (Beow.  4592)  ;  —  avec  la  seconde  thèse  renforcée  :  no 
thy  aer  thone  hèathorinc  (Bew.  4932)  ;  —  avec  thèse  de  cinq  sylla- 
bes :  syihthan  hc  hine  tô  guthe  (Beow.  2946);  avec  thèse  de  six  syl- 
labes :  hy'rde  ic  thaet  hc  thone  héalshcah  (Beow.  4346).  Ces  formes 
sont  susceptibles  d'autres  variétés,  notamment  de  l'anacruse  mono- 
syllabique, combinée  avec  la  thèse  monosyllabique  :  the  vow  of 
wèrglhe  (EL  295);  —  thaet  hine  on  y'ide  (Beow.  44)  ;  —  de  la  seconde 
thèse  renforcée  :  thaet  hine  svo  brimwylf  (Beow .  3200)  ;  de  la  thèse 
disyllabique  :  ne  théarft  thû  swâ  swfthe  (EL  940)  ;  —  gesprâec  thâ  se 
goda  Beow.  1352); —  de  la  thèse  disyllabique  avec  résolution  de  la 


in  TiiMiyuE  707 

première  arsis  :  gewitun  him  thâ  gôngan  (Cri,  533);  —  de  l'anacrqse 
disyllabique  et  de  la  thèse  disyllabique  :  ne gefràegn  ic  thâmâeglhe 
(Beow.  2024)  ;  —  de  la  résolution  de  la  seconde  arsis  :  gesèah  hv  in 
recede  (Beow.  1450)  ;  —  de  la  seconde  thèse  renforcée  :  geswyflee 
sco  hérethâd  (Beow.  4518);  de  l'anacruse  monosyllabique  avec  la 
thèse  trisyllabique  :  on  hwy'lcum  thâra  bèama{¥A.  851);  —  de  la 
thèse  à  quatre  syllabes  :  geiviteth  thonne  on  seabnan  (Beow.  4924)  ; 
de  la  résolution  de  la  première  arsis  ;  ne  mhyon  hi  Ihonne  gehy'nan 
(Cri  3050)  ;  —  de  la  résolution  de  la  seconde  arsis  :  gesâwon  thâ 
aefter  wâetere  (Beow.  2852).  La  dernière  mesure  peut  être  excep- 
tionnellement réduite  à  l'expression  :  (ÛX).  Exemple  :  wâe$  min 
feeder  (Beow,  514). 

En  résumé,  le  type  A  semble  se  rencontrer  moins  souvent  dans  le 
premier  hémistiche,  que  dans  le  second.  Dans  Beowulf,  sur  les 
0.366  hémistiches  composant  le  poème,  2.819  rentrent  dans  cette 
catégorie,  dont  1.701  sont  des  premiers  hémistiches,  et  1.118  des 
seconds  hémistiches  (1). 

Le  type  principal  B  (X-'  |  X-'),  n'a  en  dehors  des  résolutions, 
qu'une  seule  forme.  Mais  comme  la  seconde  thèse  peut  se  composer 
d'une  ou  de  deux  syllabes,  on  peut  faire  la  distinction  de  deux  sous- 
types  :  B4  (avec  seconde  thèse  monosyllabique),  et  Ba  (avec  seconde 
thèse  disyllabique).  La  variété  la  plus  commune  du  type  se  présente 
dans  la  première  thèse,  qui  peut  être  polysyllabique. 

I,  —  La  forme  la  plus  simple,  le  sous-type  Bt,  (X-'  |  X  -')  n'est  pas 
fréquente.  Sievers  en  relève  cinquante-neuf  exemples,  dans  tout  le 
poème  de  Beowulf  :  ond  Hàlga  tîl  iBeow.  122);  —  tlulm  hàlig  gàd 
(An.  14)  ;  —  avec  résolution  de  la  première  arsis  :  in  séle  ihâm  Man 
(Beow.  1448)  ;  —  de  la  seconde  arsis  .tfiurh  rûmne  se  fan  (Beow. 
556);  —  des  deux  arsis  :  aer  snmeres  cy'me(E\.  1228).  Dautre  part,  des 
hémistiches  de  ce  type,  avec  une  première  thèse  disyllabique,  sont 
assez  fréquents  :  sythlhan  fàrthum  toêox  (Beow.  1828  ;  —  him  thâ 
scy'ld  yewkt  (Beow.  52); —  avec  résolution  de  la  première  arsis  : 
under  Hèoroles  hrôf  (Beow.  800)  ;  —  avec  résolution  de  la  seconde 
arsis  :  timet  sco  cèaster  hider  (An.  207)  ;  —  et  des  deux  arsis  .  aefter 
hnelelha  hry're  (Beow.  4100).  Lne  première  thèse  trisyllabique  est 
également  assez  commune  :  thêahthehê  iitres  dry'nc  (An.  53)  ;  —  oih 
thael  him  êft  onwôc  (Beow.  112);   —    se  the  on  hânda  baèr  (Beow. 

1.  Cf.  Sievers,  Paid-Braune's  Beitrage,  X,  290. 


708  RYTHMIQUE 

990j  ;  — avec  résolution  de  la  première  arsis  :  forthàn  hie  maégeneè 
crâeft  (Beow .  836);  —  el  de  la  seconde  arsis  :  ond  hû  thy  thriddan 
dàeye  (El.  185)  ;  el  des  deux  arsis  :  ihaet  hèthâ  g éo gui  he  wile(Beow. 
2304)  ;  —  avec  une  première  thèse  de  quatre  syllabes  :  ne  hyrde  ic 
sith  ne  âer  (El .  240)  ;  —  swylce  hie  net  Firmes  hàm  (Beow.  2314)  ;  — 
avec  la  première  thèse  de  cinq  syllables  —  rarement  —  :  nthlhan 
he  hire,  fôlmum  hràn  (Beow.  1446);  —  et  avec  résolution  de  la 
seconde  arsis  :  thonne  hy  him  thurh  mtnnenôman  (Cri.  1351). 

Il .  —  Le  sous-type  B2,  ou  1$  avec  une  seconde  thèse  disyllabique. 
se  rencontre  rarement,  quand  la  première  thèse  n'a  qu'une  syllabe  : 
the  dry'htnes  bibôd (Cri.  1159);  —  thû  wâst  gift  hit  is  (Beow.  544)  ; 

—  thdm  wife  ihâ  word  (Beow.  1280);  —  avec  résolution  de  la  pre- 
mière arsis  :  Lurh  darotha  gedrèlh  (An.  1446;  ;  —  et  de  la  seconde  : 
thurh  nihta  genipu  (Gû.  321).  Ce  sous-type  se  rencontre  plus  fré- 
quemment, avec  une  première  thèse  disyllabique  :  thâ  of  wèalle 
yeséah  (Beow.  458)  ;  —  hè  times  frofre  yebàd  (Beow.  152)  ;  —  avec 
résolution  de  la  première  arsis  :  mid  his  hàeletha  gedriht)  Beow. 
1326):  —  ofer  wârotha  yecoèorp  (An.  306);  —  avec  une  première 
thèse  trisyllabique  :  thonne  hê  âer  oththe  sith  {El.  74)  ;  --  wes  thû  as 
lârena  yod  (Beow. 538);  —  avec  résolution  de  la  première  arsis  :  thèah 
hê  thaer  môniye  yeséah  (Beow .  3.228);  —  et  de  la  seconde  arsis  : 
thael  naefre  Gréudelswd  fêla  (Beow.  1 184)  ;  —  avec  la  première  thèse 
de  quatre  et  cinq  syllabes  :  hwaethre  hê  in  brèostum  thâ  yit(Xn.  51); 

—  thaes  the  hire  sêwilla  yelàmth  (Beow.  1254). 

Dans  ce  type,  des  vers  avec  la  seconde  thèse  trisyllabique,  sont 
fort  rares  (1).  11  faut  remarquer  également  que  dans  ce  second  type, 
la  thèse  est  rarement  formée  de  la  seconde  partie  d'un  composé, 
comme  dans  :  hine  fy'rwit  brâec  (Beow.  464);  les  exceptions  sont 
des  noms  propres,  comme  dans  :  nû  ic  Beowidf  thèc  (Beow ,\  1894)  ; 
ne  wearth  Héremôd  swa  (Beow.  3420). 

Le  type  B,  d'après  le  relevé  de  Sievers,  se  présente  1.014  fois 
dans  Beowulf;  293  fois  dans  le  premier  hémistiche;  721  fois  dans  le 
second . 

Le  type  C  a  trois  sous-types  :  1.  C4,  — le  type  normal  :  (X-'  |  -'X) 
sans  résolution,  comme  :  oft  Scy'ldScê/iny  (Beow.  8)  ;  —  yebûn  hâef- 
don  (Beow.  234).  Là  aussi,  la  première  thèse  peut  se  composer  de 
deux,  trois,  quatre,  ou  cinq  syllabes  :  thaei  lue  aeyhwy'lcne  (An.  26); 

1.  Cf.  Sievers,  Paul- Bra  une' s  Beitrage,  X,  241,  "294. 


RYTHMIQUE  709 

—  thone  gôd  sénde  (Beow.  26)  :  —  ofer  hrônràde  (Beow.  20)  ;  —  aer 
hc  onwèg  hwurfe  (Beow.  528)  ;  —  mid  thaere  icaéify'lle  (Beow.  250); 

—  the  ic  htm  tô  sèce  (El.  310);  —  thàra  the  mid  Béowulfe  (Beow. 
2104)  ;  —  oth  thaet  hine  sémninga  (An.  821)  ;  —  thâra  the  hè  him 
m  id  hàefde  (Beow.  3250)  ;  —  swylce  lue  ofer  she  cômon  [An.  247). 

II.  —  C,  est  le  type  normal  G  avec  résolution  de  la  première  arsis, 
el  il  se  rencontre  si  fréquemment  qu'il  peut  être  regardé  comme 
constituant  par  lui-même,  un  type  distinct  :  on  hèrefèlda  (An.  10)  ; 
forscrifen  h'ifde  (\\eo\x  .  212);  in  wôrold ivôcun  (Beow.  120)  ;  —  une 
forme  moins  commune  du  type,  est  celle  formée  avec  la  résolution 
de  la  première  et  de  la  seconde  arsis  :  tô  brimes  fârothe  (Beow.  56)  ; 

—  sioâ  fêla  fy'rena  (Beow.  328);  —  parfois,  avec  résolution  de  la 
première  arsis  seule  :  tô  saes  fârothe  (An.  236,  1660)  ;  — for  frêan 
êgesan  (An.  457)  ;  —  mais  aucun  exemple  ne  s'en  présente  dans 
Beowulf. 

La  première  thèse  peut  renfermer  deux,  trois,  ou  quatre  syllabes  : 
thâ  with  gode  wânnon  (Beow.  226).  —  ofer  lâgustraète  ;  —  avec  deux 
résolutions  :  ic  thaes  wine  Dèniga  Beow.  700,»  ;  —  hû  se  mâga  frè- 
mede  (An.  639)  ;  —  thaet  him  his  winemàgas  (Beow.  130)  ;  ne  Me 
h  dru  winedrihten  (Beow.  1724). 

III.  — C3  est  le  type  G,  avec  une  seconde  arsis  brève  :  {X-  |  ùX), 
et  se  rencontre  asses  fréquemment  :  in  géardâgum  (Beow.  2)  ;  —  of 
fèorwégum  (Beow.  74)  ;  —  la  première  thèse  peut  avoir  de  deux  à 
cinq  syllabes  :  thaet  waes  god  cyning  (Beow.  22);  —  thaet  hle  in 
bèorsèle  (Beow.  964)  ;  —  se  the  hine  death  nimeth  (Beow.  882)  ;  —  ne 
meaht  thâ  thaes  sithfâeles  (An.  211)  ;  —  thonne  hè  on  thaet  sine  stâ- 
rath  (Beow.  2972).  La  résolution,  dans  ce  type,  semble  évitée,  bien 
qu'elle  apparaisse  çà  et  là  ;  of  hlithes  nôsan  (Beow.  3784)  ;  —  on 
ihaem  nethelslède  (Beow.  2166).  La  thèse  avec  accent  secondaire,  ne 
figure  point  dans  ce  type.  Le  nombre  d'hémistiches  du  type  G,  dans 
Beowulf,  est  d'après  Sievers,  de  564. 

Le  type  D  se  termine  toujours  par  une  thèse  disyllabique,  dont  la 
première  syllabe  est,  en  général,  la  seconde  syllabe  d'un  composé, 
et  porte  l'accent  secondaire.  Il  y  a  quatre  sous-types  : 

I.  —  D,  est  la  forme  normale  :  (-'  |  -'XX),  comme  dans  :  hélm 
àelwihta  (An.  118;;  —  féond  mâncynnes  (Beow.  328)  ;  —  w'igwéor- 
dùnga  (Beow.  352);  —  wéard  Scy'ldinga  (Beow.  190)  ;  —  lând- 
bûèndum  (Beow.  190); —  hring  gy'ldènne  (Beow.  5620);  —  hôf 
môdigra  (Beow.  624)  ;  —  frêan  ûsèrne  (Beow.  6004).  Les  principales 


710  in  in  Mini  I 

modifications  proviennent  dé  la  résolution  de  là  première  arsis  : 
nfniiHj  ùétfnihtig  (El.  145);  —  fâeder  ûlwàlda  (Beow.  032)  :  — 
mèréftthèndê  (Beow.  510);  —  jlâtan  êowèfne  (BôOW.  588);       ct/ning 

hvnigne  (llcow.  3702);  —  ou  de  la  Seconde  arsis  :  hêalt  hygegèôtAOr 

(An.  1081))  ;  —  ma  eg  /lige/Aces  (lîeow.  1470)  ;  —  de  la  résolution  de 
la  première  et  de  la  seconde  arsis  :  hidden  hèrewaedum  (Beow. 
3796)  ;  ne  fan  HètèCÎceê  (lîeow.  4414). 

Des  hémistiches  tels  que,  wiht  unhaelo  (lîeow.  240),  renfermant 
des  composés  en  un,  peuvent  être  lus  wiht  unhaelo,  conformément 
au  type  î)s,  ou  wiht  unhaelo,  conformément  au  type  A  :  (-'X  |  -'X)  (1). 

II.  —  D2  est  la  même  forme,  mais  avec  la  thèse  brève,  et  l'accent 
secondaire  :  (-'  |  -uX);  —  bèorht  blâedgifa  (An.  84)  ;  —  leaf  land- 
frinna  (lîeow.  62); —  stream  ût  thonan  (lîeow.  5092);  —  ràed 
êàdhièdôtï  (Beow.  344)  ;  —  avec  résolution  de  la  première  arsis  : 
mâegen  sâmnode  (El.  55)  ;  —  mâga  Hèalfdènes  (lîeow.  378)  ;  —  avec 
résolution  de  la  seconde  arsis  :  hard  épenian  (Beow.  6114)  ;  —  et 
c'en  est  le  seul  exemple. 

III.  —  D3  est  le  type  normal,  mais  avec  la  seconde  arsis  brève 
(rare)  :  (-'  |  ftX'X)  :  éorthcij 'n  inga  (El.  1174)  ;  —  avec  résolution  de 
la  première  arsis  :  râdorcy'n  inges  (El.  624). 

IV.  —  D4  revêt  la  forme  :  (-'  |  -'XX),  et  est  apparenté  au  type  E 
(-'XX  |  -'),  puisqu'il  porte  l'accent  secondaire  sur  la  dernière  syl- 
labe de  la  thèse  :  brê os t  innanwèard  (An.  649)  ;  - —  hôlm  ùp  aetbaèr 
(Beow.  1038)  ;  —  fy'rst  forth  gewtit  (Beow.  420)  ;  —  avec  résolution 
de  la  première  arsis  :  gèaro  gùthe  fràm  (An.  234)  ;  — flôta  fâmighèals 
(Beow.  436);  —  sûnu  death  for nam  (Beow.  4240):  —  avec  résolu- 
tion de  ia  seconde  arsis  :  vblànc  Wèdera  I  cod  {id.  682);  —  et  de  la 
première  et  de  la  seconde  arsis  :  lolitig  wèoruda  heap  (An.  872)  ; 
—  avec  résolution  de  la  dernière  thèse,  avec  accent  secondaire  : 
ivnlh  ûlh  âhàfen  (Beow.  256);  — -  wûnath  wintra  fêla  (Ph.  580). 
Certain  hémistiches,  appartenant  à  ce  sous-type,  peuvent  comporter 
une  accentuation  alternée,  et  appartenir  au  type  suivant,  par 
exemple  :  scoth  luvilum  sang  (Beow.  992),  —  peut  être  lu  indiffé- 
remment :  (-'  |  -'XX'),  —  ou  comme  le  type  E  :  (-'XX  |  -r).Demême  : 
werod  eall  tiras  (Beow .  1304). 

Le  type  E  a  deux  sous  types,  qui  se  distinguent  par  la  position 

1.  Cf.  Sievers,  Paul-Braunes  Beitrage,  X,  251  ;  Khige,  Paul's  Grun- 
(frixs,  p.  1051. 


RYTHMIQUE  711 

de  la  syllabe  portant  ['accent  secondaire  :  cette  syllabe  est,  généra- 
lement, la  seconde  syllabe  d'un  composé,  ou  la  syllabe  médiale  très 
longue  d'un  mot  trisyllabique,  avec  syllabe  radicale  longue. 

Et  a  la  forme  :  (-'XX  |  -'),  —  la  syllabe  avec  l'accent  secondaire 
étant  placée,  la   première,  dans  la  thèse  :  môdsorge  waèg  (Kl.  (il); 

—  wèorîh-myndum  thàh  (Beow.  16)  ;  —  sûthikèna  foie  (Beow.  926); 

—  Hi  tende  wàei  (Beow.  318);  —  hâethènra  ht/ht  (Beow.  358) 
bénigne  thime  (Cri.  1498)  ;  —  wôrdhôrd  onlèac  (Beow.  518) 
ûthlàng  tisfôd  (Beow.  1520)  ;  —  scôth  htoîlum  sauf/  (Beow.  992) 
avec  résolution  de  la  première  arsis  :  /léofonrices  loeârd  (El.  445)  ; 

—  Scèdelùndum  in  (Beow.  38)  ;  —  wlitehèorhlne  wâng  (Beow.  196)  ; 

—  lifigende  cwom  (Beow.  3948)  ;  —  âethelinges  tvèox  (El.  12)  ;  — 
mèdofitl  aetbàer  (Beow.  1250);  —  dàguth  èall  tiras  (Beow.  3582). 
La  résolution  de  la  seconde  arsis  est  rare  :  tiro.adge hâeleth  'An.  2)  ; 

—  hèlthègnes  hète  (Beow.  284).  La  résolution  des  deux  arsis,  égale- 
ment, est  peu  fréquente  :  sélewèard  tisèted  (Beow.  1336);  —  wine- 
dryhten  frâegen  (An.  921;-.  Avec  résolution  de  la  thèse  accentuée  : 
glêdègesa  grim  (Beow.  5302). 

E,  a  la  dernière  syllabe  de  la  thèse  avec  l'accent  secondaire,  et  se 
présente  très  rarement  :  (-'XX  |  -')  :  môrthobed  stred  (Beow.  4874)  ; 

—  avec  résolution  de  la  dernière  arsis  :  gëomorgidd  wrécen 
(An.  1550);  —  bàeron  ut  hrtiethe(\n.  1223). 


Il 
Hémistiches  de  cinq  membres 

Les  hémistiches  de  cinq  membres  (étendus),  se  rencontrent  bien 
plus  rarement  que  les  types  normaux  de  quatre  membres.  Les  types 
étendus  sont  désignés  par  les  lettres  A*,  B*,  C\  etc. 

Le  type  A*  a  deux  sous-types  qui  se  distinguent  par  la  position 
de  la  syllabe  portant  l'accent  secondaire. 

I.  —  \\  (-'XX  |  -'X)  figure  principalement  dans  le  premier 
hémistiche  :  gôdbèarn  on  gâlgan  (El.  719);  —  avec  résolution  delà 
première  arsis  :  gèolorànd  ta  gûthe  (Beow.  876)  ;  —  avec  la  thèse  de 
deux  syllabes  non  accentuées,  faisant  suite  à  l'accent  secondaire  : 
glàedmôd  on  gesihthe  (Cri.  911);  —  fâestràèdne  gelhôht  (Beow. 


7  I  "2  RTTHMIQl  l 

1221);  —  avec  thèse  finale  renforcée  par  l'accent  secondaire  : 
gàstlîcne  gôddrèam  {(\\\.  602)  ;  —  gâmolf  èax  ond  gûthrof  (Beow. 
1218). 

II.  —  A*a  (-'XX  |  -'X)  peut,  sans  doute,  se  reconnaître  dans  : 
m&thfhumfaèt  mnere  (Beow.  4810);  —  wiïldorlvan  wéorca  (Cri. 
1080)  ;  —  avec  résolution  de  la  thèse  portant  l'accent  secondaire  : 
môrthorbèalo  maya  <Beow.  2150).  Il  est  possible,  néanmoins,  que 
les  syllabes  uni  dans  nulthlhum,  et  or  dans  wuldor  et  morthor,  puis- 
sent s'écrire  simplement,  m  et  r,  de  sorte  que  la  scansion  de 
l'hémistiche,  serait  alors  :  A2  (-'-'  |  -'X)  et  (-'û  |  -  X)  (1). 

Le  type  B*  (X'X-'  |  X-')  ne  figure  pas  dans  la  poésie  de  l'ancien 
anglais,  bien  qu'on  le  trouve  en  vieux  normand. 

Le  typeC\  sous  les  formes:  (X'X-'  |  -'X,  XXùX  |  -'X,  XX-'  |  ÛX), 
ne  se  rencontrent  pas  dans  l'ancien  anglais. 

Le  type  D\  par  contre,  figure,  mais  presque  exclusivement,  dans 
le  premier  hémistiche.  Il  a  trois  sous-types  : 

I.  —  D\  (-'X  |  -'XX)  :  side  sâenàessas  (Beow.  446)  ;  —  âldres 
ôrwëna  (Beow.  2004)  ;  —  avec  résolution  de  la  première  arsis  : 
âetheling  nnhydig  (Beow.  5336)  ;  —  plus  fréquemment,  avec  réso- 
lution de  la  seconde  arsis  :  mâeton  mèrestrâêta  (Beow.  1026)  ;  — 
avec  résolution  des  deux  arsis  :  lôceneléothosyrcan(Beow.  3012). 

IL  —  D*2  (-'X  |  -'ùX)  :  mâere  mèarcstàtha  (Beow.  206)  ;  —  èaldor 
Èastdèna  (Beow.  784)  ;  —  avec  résolution  de  la  première  arsis  : 
âethele  ôrdfrùma  (Beow.  526)  ;  —  avec  résolution  de  la  seconde 
arsis  :  môdges  mèrefàran  (Beow.  1004)  ;  —  Beowulf  malhelode 
(Beow.  1010),  etc. 

III.  _  d:s  (-'X  |  ÙXX)  n'offre  point  d'exemple. 

[V.  -  D\(-'X  |  -'XX)  est  rare  :  grètte  Gèata  lèod  (Beow.  1250); 
—  ihryfthlïc  ihègna  heath  (Beow.  800)  ;  —  avec  résolution  de  la  pre- 
mière arsis  :  èaforan  éllorslth  (Beow.  4904)  ;  —  avec  résolution  de 
la  seconde  arsis  :  ylhthe  èotena  cy'n  (Beow.  842)  ;  —  avec  résolution 
de  la  syllabe  à  accent  secondaire  :  win  of  wundorfàtum  (Beow. 
2326)  ;  —  ce  dernier  type  est  modifié  par  l'anacruse  :  onginneth 
gèomormôd  (Beow.  4090)  ;  —  et  par  l'anacruse  avec  thèse  disylla- 
bique  dans  le  second  pied  :  oferswâm  thâ  sioletha  big ong  (Beow . 
4736). 

1.  Cf.  Sievers,  Altgerm.  Metrik,  §  85.  2. 


RYTHMIQUE  713 

Le  type  K'  ne  se  présente  pas,  dans  la  poésie  de  l'ancien 
anglais  (1). 

10 

Les  principes  de  l'allitération 

[.  Qualité  de  l'allitération.  —  C'est  un  principe  essentiel  de  l'alli- 
tération, que  la  correspondance  des  sons  doit  être  exacte,  et  non 
approximative.  Un  g  doit  allitérer  avec  un  g,  non  avec  un  c  ;  un  d 
avec  un  d,  et  non  avec  un  /,  etc.  11  y  a,  toutefois,  à  cette  règle  l'excep- 
tion suivante,  qu'il  n'y  a  aucune  différence  à  faire  entre  c  guttural 
(comme  dans  cfdhe),  et  le  c  palatal  (comme  dans  cèosari)  ;  —  entre 
g  guttural  (comme  dans  god),  et  g  palatal  (comme  dans  gierede), 
même  quand  ce  dernier  représente  le  j  germanique,  comme  dans 
geong  et  gear.  Une  consonne  suivie  d'une  voyelle,  peut  allitérer  par 
elle-même,  suivie  d'une  autre  consonne,  ainsi  :  cûthe  n'allitère  pas 
seulement  avec  des  mots  tels  que  cyning,  mais  avec  des  mots 
comme  craeft,  cwellan  ;  et  hus  n'allitère  pas  seulement  avec  heofon, 
mais  avec  hlèapan,  hnaegan,  etc.  Le  fait  que  différentes  voyelles 
telles  que  ï,  ûetae,  dans  ïsig  ond  ûtfds  aelhelinges  faer  (Beow.  66), 
allitèrent  ensemble,  n'est  qu'une  apparente  exception  à  la  règle  : 
partout  où  une  voyelle  semble  allitérer  avec  une  h,  on  peut  croire  à 
une  corruption  du  texte,  comme  dans  :  ôretmecgas  aefler  haèlethum 
fraegn  (Beow.  664).  Dans  d'autres  exemples  où  figurent  des  noms 
étrangers  commençant  par  A,  on  trouve  encore  de  ces  allitérations 
irrégulières,  comme  Halo  fer  nus  ânlyfigendes  (Jud.  180)  ;  —  en  des 
ouvrages  moins  anciens,  tels  que  les  Homélies  dsElfric.  on  ren- 
contre aussi  l'allitération  de  17/  avec  une  voyelle,  non  seulement 
dans  les  noms  étrangers,  mais  dans  des  substantifs  proprement 
anglo-saxons,  comme  dans  ce  vers  : 

and  he  âefre  his  fg'rde  tham  hâelende  betaèhle 

(/Elfr.  Judges,  417). 

Et  l'A  devant  les  consonnes,  est  négligée  : 

and  hc  hig  âhrédde  of  ihâm  vèthan  hcowte, 

(Mit  Jud.  16). 

2.  Cf.  Sievers.  Altgerm.  Metrik,  §  15  et.  116,  9. 


714  HYTinilnl  I 

on  hwnm  his  glréngthwàes  find  his  vtundorlîce  ///>///. 

(iàid.  306), 

Il  est  essentiel  de  remarquer  que  les  combinaisons  s/,  gc,  sp  ne 
peuvent  allitérer  entre  elles,  ou  avec  des  mots  commençant  par  s, 
non  suivie  d'une  consonne,  —  mais  st  ne  peut  allitérer  qu'avec  .s7; 
—  se,  qu'avec  se  ;  —  sp,  qu'avec  sp,  ainsi  :  s  para  et  scyld  ;  —  stillan 
et  springan  :  — sae  et  styrman  ne  comptent  pas  pour  des  allitéra- 
tions. L'illustration  de  la  règle  est  manifeste,  dans  les  lignes  sui- 
vantes : 

hèt  stream  fare  stillatt,  star  mas  restart. 

(An.  1578). 

he  Sbêttfthâ  mid  ham  scg'lde,  thaet  se  scéatt  tobùerst 
and  thaet  spére  spféngde,  thaet  hit  sprang  ongean, 

(Byrhtnoth.  136-7). 

Par  la  suite,  cette  règle  ne  fut  plus  strictement  observée.  Dans 
les  Psaulmes,  se  allitère  avec  s  ;  et  sco  avec  s,  comme  dans  l'exem- 
ple suivant  : 

hi  hine  him  mmnuncga  scêarthum  strelum. 

(Ps.  LXIII,  4). 

on  thine  tha  swiihran,  ond  the  ne  scéatheth  âenig. 

(Ps.  XC,  7). 

Mais  sp  et  st  n'allitèrent  pas  ensemble,  ou  avec  s.  Dans  yElfric, 
toutes  ces  combinaisons  de  consonnes  allitèrent  indifféremment, 
l'une  avec  l'autre,  ou  avec  s,  plus  une  autre  consonne,  ou  avec  Ys 
simple  Exemple  : 

with  thdm  the  hêo  beswtce  Sâmson  thone  strdngan. 

(Mit  Judges.  308). 

Parfois,  dans  Aïlfric,  la  lettre  allitérante  ne  se  rencontre  pas  au 
commencement  du  mot  : 

and  hè  haefde  hèora  gewéald  eailes  twéntig  gêara. 

{ibid.  85). 

Et  l'allitération  peut  même  tomber  sur  une  particule  non  accen- 
tuée, comme  dans  : 


RYTHMIQUE  715 

[ràm  Ins  (fêté&fatt  and  his  ttë  îùrsûwon  (1). 

(ièid.M). 

II.  Position  des  mots  allitérants,  —  Des  quatre  syllabes  accen- 
tuées de  la  ligne,  au  moins  deux,  et  généralement  trois,  doivent 
commencer  par  un  son  allitéré,  et  cette  allitération  renforce  encore 
le  lien  qu'ont  entre  elles  ces  syllabes,  en  vertu  de  leur  accent 
rythmique  et  syntactique. 

La  position  de  ces  sons  allitérés  dans  la  ligne,  peut  varier, 
comme  le  nombre  de  ceux-ci.  Les  lois  générales  régissant  la  place 
de  l'allitération,  sont  les  suivantes  : 

1°  Dans  le  premier  hémistiche,  on  doit  rencontrer  un  son  allitéré  ; 
deux  sons  de  même  nature  peuvent  y  figurer  ; 

2°  Dans  le  second  hémistiche,  le  son  allitérant  doit  tomber  sur  la 
première  des  deux  syllabes  accentuées  de  cet  hémistiche,  et  la 
seconde  syllabe  accentuée  dans  le  second  hémistiche,  ne  contribue 
en  rien  à  l'allitération  ; 

3°  Quand  il  y  a  trois  sons  allitérants  dans  toute  la  ligne,  deux 
d'entre  eux  doivent  être  dans  le  premier  hémistiche  ;  un  seulement, 
dans  le  second.  Exemples  de  lignes  avec  trois  sons  allitérants  : 

séoifa  he  yesétte  simnan  ond  mônan 

(Sat.  4). 
ûfan  ond  titan  him  waes  âeghwaer  wâ. 

(Sat.  342). 

Des  lignes  avec  deux  sons  allitérés  seulement,  —  le  premier  pou- 
vant se  lier  à  l'une  ou  l'autre  des  syllabes  accentuées  du  premier 
hémistiche, —  le  second,  se  rapportant  à  la  première  syllabe  accen- 
tuée du  second  hémistiche  —  sont  très  communes  : 

hêafod  èalra  hêahgescèafta. 

(Gen.  4). 
hi  hy'ne  aetbaeron  to  brimes  fârothe. 

(Beow.  56). 

Si  le  premier  hémistiche  ne  contient  qu'un  son  allitéré,  cette  alli- 
tération tombe,  en  général,  sur  la  moins  longue  des  deux  syllabes 
accentuées  de  l'hémistiche,  ordinairement,  la  première  : 

1.  Cf.  Dr.  Arthur  Brandeis,  Die  alliteration  in  JElfric's  metrischen 
Homilien,  1897. 


"71<>  RYTHHIQ1  I 

on  in  If /es  àeht  îeôr  gewttan. 

(Beow.  Si) 

Dans  le  type  A,  la  seule  allitération  du  premier  hémistiche  tombe 
fréquemment  sur  la  seconde  syllabe  accentuée  : 

thà  waes  on  bûrgum  Bêowulf  Scyldinga. 

(Beow.  lOfy 

Dans  les  types  C  et  I),  la  seule  allitération  de  la  première  section 
doit  toujours  tomber  sur  la  première  syllabe  accentuée  qui,  dans 
ces  types,  est  moins  longue  que  la  seconde.  Dans  les  types  13  et  E, 
l'allitération  sur  la  seconde  arsis,  se  reporterait  trop  près  de  la  fin 
de  l'hémistiche,  et  pour  cette  raison,  se  présente  rarement. 

La  double  allitération  dans  le  premier  hémistiche,  se  rencontre 
dans  les  cinq  types,  et  surtout  quand  les  deux  syllabes  accentuées 
portent,  Tune  et  l'autre,  de  forts  accents.  La  double  allitération  est 
donc  plus  rare  dans  C  (X-'  |  -'X),  où  la  première  arsis  l'emporte  sur 
la  seconde,  —  et  très  fréquente,  dans  les  hémistiches  renforcés, 
dans  D,  E,  A2,  et  dans  le  type  D*  à  cinq  membres  (1). 

Une  troisième  forme  d'allitération,  quoique  bien  moins  impor- 
tante et  moins  fréquente  que  les  deux  précédentes,  se  produit  quand 
la  seconde  syllabe  accentuée  du  second  hémistiche,  participe  à 
l'allitération,  et  s'ajoute  à  la  première  syllabe  accentuée.  Il  y  a  alors 
deux  couples  de  sons  allitérés,  alternant  entre  eux,  et  répartis  entre 
les  deux  hémistiches.  La  forme  la  plus  courante  de  cette  double 
allitération  de  toute  la  ligne,  est  représentée  par  le  schéma  :  ab  \  ab, 
comme  dans  : 

hwaet  !  we  Gârâéna  in  gêar&âgum. 

(Beow.  1). 

Scy'ldes  éaferan  Scédelandum  in. 

(Beow.  38). 

hildewàethnum  ond  héalhowâedum. 

(Beow.  78). 

On  la  trouve  représentée  moins  souvent  par  le  schéma  :  ab  \  ba  : 

thà  wâeron  mônige  the  gis  mâeg  wrîthon. 

(Beow.  5964). 


4.  Sievers,  Alt  germ.  Metrik,  §20. 


RYTHMIQUE  717 

bwtlum  for  dugutke  dôhtor  Hrôtfigâres . 

(Beow.  4040). 

Les  règles  qui  ont  été  énumérées,  sont  strictement  observées  dans 
la  poésie  classique  très  ancienne  ;  avec  le  temps  certaines  licences 
s'y  sont  introduites  :  1°  la  seconde  syllabe  accentuée  du  second 
hémistiche  peut  alors  recevoir  l'allitération,  au  lieu  de  la  première 
syllabe  accentuée  : 

là  s  las  légde  olhthâet  hé  geUïedde. 

(Gen.  2536). 

2°  Les  deux  syllabes  accentuées  du  second  hémistiche,  allitèrent 
avec  une  syllabe  accentuée  du  premier  hémistiche  : 

me  sèndon  to  the  sâemen  snél/e. 

(Byrhtnoth,  29). 

M0  Les  quatre  syllabes  accentuées  de  la  ligne,  allitèrent  ensemble  : 

Gôdwine  ond  Gôdwig  gûlhe  ne  gy'mdon. 

(ibid.  192). 

Dans  la  plupart  des  cas,  la  même  lettre  allitérante  n'est  pas 
employée  dans  deux  lignes  successives,  mais  on  trouve  des  exem- 
ples, tels  que  : 

thâ  lobrâed  Sâmson  bêgen  his  èarmas 
lhaet  tha  râthas  tobiïrslon  the  he  mid  gebûnden  waes . 

CElf.  Judg.  269). 

Et  même,  trois  lignes  se  suivant  comme  : 

swy'lee  he  âUdde  of  îixum  twâm 
ond  of  îff  hlâfum  ïira  cy'nnes 
îif  thûsendo  ;  îedan  sàeton. 

(An.  589). 

Les  mots  non  accentués  peuvent  commencer  par  la  même  lettre 
que  les  mots  accentués,  portant  l'allitération  proprement  dite  : 

ne  hie  huru  bèofona  bèlm  berian  ne  cûthon. 

(lîeow.  464). 

L'un  des  mots  non  accentués  peut  commencer  par  la  même  lettre 
qu'un  mot  accentué  qui  n'allitère  pas.  Exemple  : 


718  H  VI  II. Mini  I. 

thael  I  ram  \\àm  gefràègn  Wu/elâces  bègn. 

(Beow.  388). 

On  rencontre  encore  dans  la  très  ancienne  poésie  anglaise,  des 
vers  sans  allitération,  tels  que  : 

he  hèlpeth  thearfan  swy'lce  êac  waèdlan. 

(B.  LXXI,  13). 

111.  L'allitération  dans  ses  rapports  arec  les  parties  dn  discours,  et, 
avec  V ordre  des  mots.  —  L'allitération  et  toute  la  structure  de  la 
ligne  allitéréé,  dépendent  et  de  l'accent  étymologique  des  mots 
simples,  et  de  l'accent  syntactique  que  portent  ces  mots,  dans  leurs 
rapports  respectifs.  Et  de  même  que  la  syllabe  accentuée  d'un  mot 
simple,  peut  participer  à  l'allitération,  ainsi  ces  mots  eux-mêmes 
peuvent-ils  y  contribuer,  quand  ils  tiennent  dans  la  phrase  une 
place  essentielle,  et  qu'ils  sont  fortement  accentués. 

On  trouve,  en  général,  une  certaine  gradation  d'accent  parmi  les 
mots  accentués,  que  leur  importance  propre  place  parmi  les  pre- 
miers de  la  phrase. 

On  peut,  dès  lors,  poser  les  deux  principes  généraux  suivants  : 
1°  si  la  valeur  syntactique  des  deux  syllabes  accentuées  de  l'hémi- 
stiche n'est  pas  égale,  en  ce  cas,  le  mot  portant  le  plus  fort  accent 
des  deux,  est  choisi  pour  allitérer  :  dans  le  second  hémistiche, 
c'est  toujours  le  premier  mot  accentué  ;  dans  le  premier  hémistiche, 
c'est  généralement  le  premier  mot  accentué,  quoique  le  second  mot 
accentué,  puisse  également  allitérer;  —  2°  si  les  deux  syllabes 
accentuées  de  la  section  sont  d'égale  valeur  syntactique,  alors  la 
première  allitère,  et  quand  la  double  allitération  est  permise,  la 
seconde  peut  aussi  allitérer. 

Les  différentes  catégories  grammaticales  de  mots,  se  comportent 
de  la  façon  suivante,  par  rapport  à  l'allitération. 

Les  noms,  adjectifs,  infinitifs,  participes  des  verbes,  portent  le 
plus  fort  accent,  de  tous  les  mots  de  la  phrase.  Par  conséquent,  un 
nom  l'emporte  sur  les  autres  parties  de  la  phrase  dans  laquelle  il  se 
présente,  et  reçoit  l'allitération  : 

ne  in  thâ  céastre  becûmah  mèahte. 

(An.  931). 
hire  thâ  M  dam  &ndswdrode . 

(Gen.  827). 


RV TIIMltjl  I  7IÎ* 

Si  deux  noms  figurent  clans  le  même  hémistiche,  c'est  toujours  le 
premier  qui  allitère  : 

Un  sa  si1 /est.  Waes  sco  \\wil  micel. 

(lîeow.  292). 
lange  luoïle.  Mm  waesYifJrra. 

(Beow.  32). 
sçéotiyum  ondéa/dum,  swylc  him  gôd  séalde. 

(lieow.  144). 

Quand  un  nom  et  deux  adjectifs,  ou  deux  noms  et  un  adjectif  se 
rencontrent  dans  le  même  hémistiche,  l'un  d'eux  est  toujours  subor- 
donné à  l'autre,  et  tous  deux  sont  traités,  comme  une  combinaison. 
En  pareil  cas,  quand  il  y  a  double  allitération  dans  l'hémistiche,  la 
place  des  mots  allitérants  peut  être,  ou  :  a  a  x;  ou  :  ax  a  ;  l'élément 
subordonné,  (x),  figurant  à  la  dernière,  ou  à  la  seconde  place  de 
l'hémistiche  : 

hèorht  héacen  Godes  hrimu  swâlhredon. 

(Beow.  1140). 

[ivèlf  winira  lid  tôrn  gelhôlode. 

(Beow.  294). 

En  cas  de  simple  allitération,  c'est  toujours  le  premier  des  noms 
ou  adjectifs,  qui  allitère. 

Le  verbe  (l'infinitif  et  les  participes  exceptés)  est,  généralement, 
moins  fortement  accentué  que  le  nom.  Il  peut,  dès  lors,  précéder  ou 
suivre,  le  nom  ou  l'adjectif  sans  allitération,  soit  dans  l'arsis,  ou 
dans  la  thèse  : 

lêt  se  héarda  Wigelâces  thègn. 

(Beow.  5954). 

him  thâ  Scy'ld  gewât  10  gesedeth-hwile. 

(Beow.  52). 

gevàt  Ihâ  twélfa  sâm  tôrne  gebôlhen. 

(Beow.  4802). 

D'autre  part,  quand  un  hémistiche  est  composé  seulement  d'un 
nom  et  d'un  verbe,  le  verbe  peut  allitérer  : 

gôdnc  gegy 'rwau  cwaeifi  hc  gulk-cy'ning. 

(Beow.  398). 


720  RYTHMIQUE 

hwètton  higerôfne  hàel  scèaivedon . 

(Beow.  408;. 

Quand  un  substantif  et  un  adjectif  sont  en  conjonction,  un  verbe 
peut  àllitérer  dans  le  même  hémistiche  : 

by'reth  blôdiy  wael,  hyryean  théncelh . 

(Beow.  896). 
séofon  niht  éivûncoh ;  hé  thè  ael  sûnde  ofèrflàt. 

(Beow.  1034). 

Dans  les  groupes  se  composant  d'un  nom  et  d'un  verbe,  le  nom 
l'emporte  sur  le  verbe,  et  reçoit  l'allitération  : 

wérodes  w?s«  wôrdhord  onléac. 

(Beow.  518). 

Mais  si  le  verbe  est  long,  il  peut  àllitérer,  bien  qu'il  y  ait  un  nom 
dans  le  même  hémistiche.  Ce  cas  se  présente  surtout  dans  le  second 
hémistiche  : 

ondbe  héalse  genâm;  hràron  him  tèaras. 

(Beow.  3744). 
gry'relicne  gist.  Gyrede  hine  Beowulf. 

{Ibid.  2882). 

On  ne  rencontre  que  peu  d'exemples,  dans  le  premier  hémis- 
tiche. 

gemânde  thâ  se  goda  mâey  Higelâces, 

(Beow.  1516). 

Quand  l'un  des  deux  verbes  dans  l'hémistiche  est  subordonné  à 
l'autre  verbe,  c'est  le  premier  ayant  l'accent  plus  fort,  qui  alli- 
tère  : 

my'nte  thaethê  gedàelde  âer  thon  àâeg  cwome. 

(Beow.  1462). 

Si  les  deux  verbes  sont  coordonnés,  le  premier  allitère  : 

wôrolde  lifes  :  wyrce  se  the  mote. 

(Beow.  2774). 

Dans  le  premier  hémistiche,  les  deux  verbes  allitèrent  générale- 
ment : 

sèomade  ond  sy'rede  sinriihtè  héold. 

(Beow.  322). 


RYTHMIQUE  721 

I .'adverbe.  —  Les  adverbes  marquant  le  degré  comme,  micle, 
swilhe,  fui.  etc.,  se  rencontrent  généralement  dans  la  thèse,  et 
même  s'ils  se  trouvent  dans  l'arsis,  ils  n'allitèrent  pas  d'habitude  : 

ôftor  micie  thoune  on  àennesith, 

(Beow.  3.10). 

Quand  les  adverbes  de  ce  genre  ont,  dans  la  phrase,  une  valeur 
particulière,  ils  peuvent,  néanmoins  allitérer  : 

èfneswâ  micleswâ  bith  màegtha  craeft. 

Beow.  25(58). 

ac  hé  is  snél  and  swithe  lèoht. 

(Phoen.  317). 

Les  adverbes  modifiant  le  sens  du  mot  qui  les  précèdent,  allitè- 
rent  : 

àèscholt  a  fan  grâeg  :  waes  se  îren  threat. 

(Beow.  660). 

Les  prépositions  adverbiales  précédant  le  verbe,  allitèrent  : 

hêt  ihâ  ûp  oêran  Aethelinga  geslréon. 

(Beow.  3840). 

mais  non,  lorsqu'ils  suivent  le  verbe  : 

Gêat  waes  glâedmôd,  géong  sôna  tô. 

(Beow.  2570). 

Les  adverbes  dérivés  de  noms,  sont  plus  fortement  accentués  que 
le  verbe,  et,  par  conséquent,  allitèrent  : 

âlégdon  thâ  lômiddes  mâerne  ihêoden. 

Les  pronoms,  —  et  les  adjectifs  pronominaux  lels  que  monig,  eall, 
fêla, sont  habituellement  enclitiques,  et  précèdent  ou  suivent  le  nom, 
sans  allitérer  : 

manigu  othru  gesceaft  éfnswîthe  him. 

(Metr.  XI,  44). 

ealne  middangéard  ôth  mères trêamas. 

(Dan.  503). 

fêla  ic  ménna  gefrâegn  mâegthum  wèaldan. 

(Wid.10). 
46 


722  RYTHMIQUE 

Avec  un  accent  particulièrement  marqué,  ils  peuvent  allitérer, 
même  s'ils  précèdent  un  nom  : 

on  thàem  dàege  \hysses  lïfrs. 

(Beow.  394). 

Le  pronom  self,  et  les  pronoms  composés  du  préfixe  âé  (âêghwâ, 
âèghwylc  .)  sont  généralement  accentués,  etallitèrent,  s'ils  forment 
la  première  arsis  de  l'hémistiche  : 

se  Iran  gesôhte  thàem  the  him  se  I  fa  deah. 

Beow.  3680). 
hnefde  àeghwaether  hide  ge fired.. 

(Beow.  5690). 

Les  prépositions,  conjonctions,  participes  ne  sont  pas  accentués, 
en  règle  générale,  mais  les  prépositions  qui  sont  suivies  d'un  pro- 
nom enclitique,  prennent  l'accent  et  allitèrent  : 

éaldum  éarne  and  kefler  thi'm . 

(Phoen.  238). 
nis  under  mi'  âenig  other. 

(Riddle  XII,  86). 

11  y  a  de  l'incertitude  sur  le  point  de  savoir  si  les  mots  de  cette 
catégorie,  se  trouvant  dans  la  première  arsis  du  premier  hémisti- 
che, à  côté  d'un  autre  mot,  allitérant,  devaient  allitérer  également  : 
il  est  probable  qu'il  en  devait  être  ainsi.  Exemple  : 

mid  thy  mâestan  maégen  thrymme  cymeth. 

(Crist.  1009). 

Ces  lois  d'accentuation  ne  sont  strictement  observées  que  dans  la 
très  ancienne  poésie  :  à  la  fin  du  xe  siècle,  dans  Byrhtnoth,  dans  les 
Mètres  de  Boèce,  et  les  Baumes,  elles  sont  fréquemment  violées. 

H 

Combinaisons  et  rapports  du  vers  et  de  la  phrase 

Les  règles  qui  suivent  sont  observées  dans  la  répartition  de  la 
phrase  ou  des  parties  de  celle-ci,  entre  les  hémistiches  du  vers.  Qn 


RYTHMIQUE  7*2)1 

rencontre  deux  pauses  distinctes  dans  chaque  ligne  allitérée  :  l'une 
—  communément  appelée  césure,  —  entre  le  premier  et  le  second 
hémistiche  ;  —  l'autre,  à  la  fin  de  la  ligne.  Et  ces  pauses  sont  déter- 
minées par  la  construction  syn tactique,  c'est-à-dire  qu'elles  coïnci- 
dent avec  la  fin  d'un  membre  de  phrase  de  moindre  valeur.  L'hémis- 
tiche doit  renfermer  les  parties  de  la  phrase  qui  se  rapportent 
étroitement  l'une  à  l'autre  :  et  ces  parties  unies,  telles  qu'un  pro- 
nom et  le  nom  auquel  il  se  rapporte,  --  ou  un  adverbe  avec  un 
adjectif,  ne  doivent  pas  être  séparés  l'un  de  l'autre  par  la  césure, — 
à  moins  que  le  pronom  ou  l'adverbe  ne  soit  placé  dans  la  seconde 
arsis  de  l'hémistiche  : 

wy'rd  aefter  t/iissum  wôrdgeméarcum. 

(Gen.  2355). 

gif  ge  willath  minre  vaihte  gelcfan. 

(Sat.  251). 

Dans  Beowulf,  la  séparation  de  mots  étroitement  liés  n'est  per- 
mise, que  si  le  mot  se  trouvant  dans  Farsis,  allitère  en  même  temps. 
De  plus  longues  parties  d'une  phrase  peuvent  être  séparées  et  par  la 
césure,  et  par  la  pause,  à  la  fin  de  la  ligne. 

Le  rapport  syntactique  entre  les  parties  d'une  phrase  morcelée, 
contrihue  à  faire  ressortir  l'unité  des  parties  qui  la  composent,  et 
quand  cette  division  se  produit  à  la  césure,  entre  les  deux  moitiés 
du  vers,  l'allitération  commune  au  deux  hémistiches  met  encore  cette 
unité  en  plus  grand  relief. 

Les  lignes  simples  allitérées  se  relient  l'une  à  l'autre,  par  la  cou- 
tume de  terminer  la  phrase,  non  à  la  fin  d'une  ligne  complète,  mais 
à  la  fin  du  premier  hémistiche  ou  au  milieu  de  la  ligne,  —  et  de  com- 
mencer une  nouvelle  phrase,  avec  le  second  hémistiche.  La  grande 
variété  des  expressions  et  la  paraphrase  propres  à  la  poésie  de  l'an- 
cien anglais,  contribuent  à  rendre  faciles,  dans  la  ligne,  de  telles  cou- 
pures. 

En  résumé,  il  demeure  certain  que  dans  la  poésie  de  l'ancien 
anglais,  les  membres  métriques  et  syntactiques  coïncident  parfois, 
mais  qu'en  d'autres  endroits,  ils  n'ont  entre  eux  aucun  rapport,  et 
qu'au  demeurant,  il  est  difficile  de  formuler  une  règle  déduite  de  cas 
aussi  divers  et  incertains  (t). 

1.  Cf.  Rieger,  All-uudA/t,f/e/.sachsisc/ie  Verskunut,  p.  18. 


724  RYTHMIQUE 

12 
Le  vers  allongé 

Kn  dehors  de  la  ligne  normale  à  quatre  temps  (avec  doux  mesu- 
res à  chaque  hémistiche),  il  va  en  ancien  anglais  et  en  vieux  saxon, 
une  autre  variété,  la  ligne  allongée  (schwellvers),  avec  trois  mesures 
dans  chaque  hémistiche  Ces  vers  se  rencontrent  dans  presque  tous 
les  poèmes  de  l'ancien  anglais,  soit  isolés,  ou  plus  souvent,  par 
groupes,  et  parfois  on  trouve  des  lignes  avecun  hémistiche  de  deux 
mesures,  et  le  second  hémistiche  de  trois  mesures  : 

pistes  dûgethum  thàera  the  mid  gares  ôrde. 

(Gen.  1522). 

ou  avec  un  hémistiche  allongé  de  Irois  mesures,  et  un  hémistiche 
normal  de  deux  mesures. 

bâeron  brândas  on  bryne  blâcan  fy'res 

(Dan.  246)  (1). 

Dans  les  Psaumes  et  dans  Juliana  de  Cynewulf,  ces  vers  font  tota- 
lement défaut.  Dans  Elene  de  Cynewulf  sur  1321  vers,  il  n'y  a  que 
quatorze  lignes  allongées,  et  trois  hémistiches  allongés.  Des  exem- 
ples de  groupements  de  ces  vers  allongés  se  trouvent  dans  Gen.,  44- 
46,  1015-1019,  2167-2169,  2854-2858;  Exodus,  569-573;  Dan.  59- 
106,  203-205,  226-228,  238-246,  262-271,  435-438,  441,  448, 
452-458  ;  Judith,  2-12,  16-21,  30-34,  54-61,  63-68,  88-99,  272-274, 
289-291,  338-349;  Satan,  202,  232,  237,  605  ;  Crist,  621,  889,  922, 
1050,  1382-1386. 

Des  vers  moins  allongés  se  rencontrent  dans  Salomon  et  Saturne,  et 
dans  la  Genèse  :  ils  ont  généralement  de  longues  thèses  de  quatre 
ou  cinq  syllabes  non  accentuées,  après  la  première  syllabe  accen- 
tuée : 

henné  haefde  hè  swd  sunthne  geworhtne. 

(Gen.  252). 


1.  Cf.   Sievers,  Paul  Braunes  Beitraye,  MI,  455:  Luick,  XIII,  389; 
XV,  441  ;  Kauffniann,  XV,  360  ;  Sievers,  Altgerm.  Metr.,  %%  88-96. 


M  i  unique  725 

lis  présentent  également  do  longues  anacruses,  devant  la  première 
syllabe  accentuée  : 

tfiai't  wè  htm  on  ihâm  lande  làth  gefrèmedon. 

(Gen.  392)  (1). 

Il  n'est  pas  toujours  possible  d'établir  une  distinction  bien  nette 
entre  les  lignes  régulières  avec  premières  tbèses  longues,  et  les  lignes 
allongées.  Le  mouvement  et  le  rythme  seuls,  permettent  de  dire  si 
l'on  est  en  présence  d'une  ligne  normale  ou  allongée.  La  ligne  allon- 
gée est  d'usage  dans  les  passages,  où  le  sens  commande  un  rythme 
lent  et  solennel:  quand,  au  contraire,  l'allure  du  morceau  est  plus 
vive,  on  peut  reconnaître  en  celui-ci,  une  ligne  normale  à  quatre 
temps,  avec  une  longue  anacruse,  ou  une  thèse  polysyllabique  au 
milieu  de  l'hémistiche.  La  caractéristique  d'exemples  définitifs  de 
vers  allongés,  réside  en  ceci  que  dans  chaque  hémistiche,  on  trouve 
trois  temps  et  trois  pieds  d'égale  valeur  métrique.  Mais,  de  même 
que  dans  l'hémistiche  habituel  à  deux  temps  de  la  ligne  normale, 
les  deux  mesures  ne  sont  pas  nécessairement  égales,  de  même  dans 
l'hémistiche  à  trois  temps,  les  trois  mesures  ne  sont-elles  pas  tou- 
jours de  même  degré,  et  la  place  de  la  mesure  la  plus  forte  n'est  pas 
toujours  la  même  dans  les  deux  hémistiches.  Les  mesures  accom- 
pagnées d'allitération,  sont  généralement  plus  fortes  que  celles  qui 
en  sont  dépourvues.  En  ce  qui  touche  à  l'emploi  de  l'allitération  et 
à  la  structure  de  l'hémistiche,  la  ligne  allongée  se  rapproche  fort  de 
la  ligne  normale. 

Allitération.  —  I.  Le  premier  hémistiche  a  communément,  deux 
sons  allitérés  qui  tombent,  en  règle  générale,  sur  la  première  et  la 
seconde  mesures  : 

ge$èoth  sôrga  m/teste. 

(Crist.  1209). 

plus  rarement,  sur  la  seconde  et  la  troisième  mesures  : 

louer  on  hyra  râedas  ri  ce. 

(Dan.  497). 

Quelquefois,  sur  la  première  et  la  troisième  mesures  : 

Vif  her  méu  forUosalh. 

(Rhyming  Poem.  56). 

1.  Cf.  Siovers.  Beitrage,  XU,  479. 


72()  RYTHMIQUE 

Çà  et  là,  se  rencontrent  des  hémistiches  avec  trois  allitéra- 
tions : 

del  bith  sfi  the  him  drihten  ne  ondràedeth. 

(Seafarer.  100). 

thy'  sceal  on  ihêode  gelhèon. 

(Gnom.  Ex.  50). 

et  par  ailleurs,  avec  une  seule  allitération,  et  dans  ce  dernier  cas, 
l'allitération  tombe  plus  rarement  sur  la  première  mesure  : 

cy'nîng  sceal  rtce  hèaldan  ceâstra  bcoth  feorran  gesyne. 

(Gnom.  Ex.  1). 
que  sur  la  seconde  : 

thaet  se  wâere  mihta  se  the  hie  ofthâm  mirce,  genérede. 

(Dan.  448). 

II.  Dans  le  second  hémistiche,  le  son  allitéré  principal  tombe 
généralement  sur  la  seconde  syllabe  accentuée,  et  seulement,  par 
exception,  sur  la  première  syllabe  accentuée,  comme  dans  : 

sty'ran  sceal  mon  strongum  mode.  Stôrmoft  hôlm  gebringeth . 

(Gnom.  Ex.  51). 

13 
L'origine  et  la  structure  du  vers  allongé 

D'après  sa  rareté  relative  et  son  usage  spécial,  la  ligne  allongée 
paraît  dériver  de  la  ligne  normale  à  quatre  temps.  Deux  explications 
ont  été  données  de  son  origine  et  de  son  développement.  La  pre- 
mière, est  celle  de  Sievers  (1.)  :  selon  cet  auteur,  un  pied  ou  une 

mesure  du  type  :  (-' c'est-à-dire,  une  syllabe  accentuée,  plus  x 

syllabes  non  accentuées)  fut  joint  à  l'un  des  cinq  types  normaux  : 
d'où  (-'X)  joint  à  A,  connerait  le  schéma  :  (-'X  |  -'X-'X),  —  et 
(  -  X)  joint  à  B,  domnerait  encore  (-'X  |  X-'X-').  L'autre  théorie, 
soutenue  par  Luick  (2)  ;  veut  prouver  que  l'hémistiche  allongé  est 


.  Bei tr age,  XII,  458. 
2.  Ibid.,  XIII,  388;  XV,  445. 


Kl  rBMIQUE  7*£7 

dû  à  une  corruption  de  plusieurs  types  normaux.  L'hémistiche 
débute,  par  le  commencement  d'un  des  types  normaux  A,  B,  C  ; 
puis,  avec  la  seconde  syllabe  accentuée,  succède  un  autre  type  qui 
se  poursuit,  comme  si  le  poète1  avait  jugé  que  le  premier  mode 
adopté  par  lui,  était  insuffisant  à  rendre  sa  pensée. 

Le  tableau  suivant  résume  les  modifications  principales  des  deux 
types  normaux,  en  types  allongés  à  trois  temps  : 


donnant 


donnant 


donnant 


donnant 


donnant  : 


donnant 


A(-'X-'X) 
+  C(X-'-'X) 

AC  :  (-'X-'-'X); 

A(-'X-'X)  ' 
+  D  (-'-'XX) 

AD  :(- X-'-'X  X); 
B(X-'X-') 
+  C  (X-'-'X) 

BC  :(X-' X-'-'X); 
B(X-'X-') 

+  A  (-'X-'X) 

BA(X-'^-'X-'X); 

C(X-'-'X) 

+  A  (-'X-'X) 

CA(X-'-'X-'X); 

A(-'X-'X) 
+  A  (-'X-'X) 

AA(-'X-'X-'X). 


Il  semble  qu'avec  le  savant  professeur  Sievers(l), on  puisse  recon- 
naître cette  théorie  comme  la  plus  ingénieuse,  pour  mettre  en  valeur 
les  variétés  de  structure  du  vers  allongé . 

Il  convient  de  citer,  dans  cette  étude,  les  types  les  plus  fréquents 
du  vers  allongé. 

1.  Cf.  Sievers,  Altger.  Metrik,  §94,  3,  95. 


728  RYTHMIQUE 

Parmi  ceux  ci,  vient  en  première  ligne,  le  type  A  A  (525  exem- 
ple)-(-' X....X-'.-'X,)  : 

wéaxon  wêlebrÔgan.Hâefdan  hie  wrôhtgettme . 

(Gen.45). 

ou  avec  résolution  de  la  première  syllabe  accentuée,  dans  le  premier 
hémistiche  : 

sûnu  mid  swèordes  écge 

(Gen.  2857). 

et  dans  le  second  hémistiche  : 

Ula  bilh  îy'rwet-gèornra, 

(Gnom.Ex.  102); 

avec  résolution  de  la  seconde  syllabe   accentuée,  dans  le   second 
hémistiche  : 

Mer  thû  thôlades  si th than. 

(Grist.  1410). 

ou  de  chacune  des  trois  syllabes  accentuées,  dans  le  second  hémisti- 
che : 

hy're  times  îâeder  on  rôder um. 

(Jud.  5). 

La  principale  variation  de  ce  type  provient  de  l'allongement  de  la 
première  thèse,  qui  peut  aller  de  une  à  six  syllabes.  Et  les  résolu- 
tions habituelles,  se  présentent  en  même  temps.  Type  ordinaire  : 
(-'XX  ||  -'X  |  -'X)  très  fréquent  : 

grimme  with  gôd  gesômnod. 

(Gen.  46;; 

avec  résolution  de  la  première  syllabe  accentuée  ; 

râced  ofer  réadum  gôlde. 

(Gen.  2404)  ; 

avec  résolution  des  deux  dernières  syllabes  accentuées  : 

snude  thâ  snoteran  idese. 

(Jud.  55). 

Type  avec  thèse  trisyllabique  :  (-'XXX||-'X  I  -'X.)  : 

meda  syndon  micla  thina. 

(Gen.  2167)  ; 


RYTHMIQUE  729 

avec  résolution  de  la  première  syllabe  accentuée  : 

witon  fuira  hyht  mid  dry' ht  en. 

(Gû.  61). 

thèse  de  quatre  à  six  syllabes  :  (-'X....  Il  -'X  |  -'X)  : 

àeleth  hy  mid  thy  énldan  lige. 

(Crist.  1547). 

si  th  than  h<~'  haefde  his  gâst  onsénded. 

(Cross.  49). 

hêtre  him  wâere  ihaet  hê  brôthor  âhte. 

(Gnom.  Ex.  175). 

Le  second  pied  renferme  moins  fréquemment,  deux  syllabes  non 
accentuées,  et  en  ce  cas,  le  premier  pied  a  une,  ou  parfois  deux  syl- 
labes non  accentuées  : 

I.  (-'X||-'XX|-'X). 

II.  —  (-'XX  II -'XX  |  -'X). 

Exemples  : 

1 .  swâ  thû  A'  bêle  tour  de. 

(Gen.  1019); 
avec  résolution  de  la  première  arsis  : 

sigor  and  sôthne  gèlêafan. 

(Jud.89). 
2.  —  rinça  tô  vûne  gegângan. 

(Jud.  54), 

Le  type  A2A  (-'X'-'X-'X)  qui  est  le  type  A  A  avec  l'accent  secon- 
daire sur  la  première  thèse,  se  rencontre  vingt  fois,  selon  Sievers,  et 
toujours  dans  le  premier  bémistiche.  Exemples  : 

wâerfàest  wïllan  mines. 

(Gen.  2168); 

avec  résolution  de  la  dernière  arsis  : 

ihèarlmod  theoden  g  amena. 

(Jud.  66)  ; 
avec  seconde  thèse  disyllabique  : 

ïrèobèarn  îâethmum  bethèahte. 

(Gen.  2867). 


730  RYTHMIQUE 

Le  type  A*A,  (-'.X  X  !  -'X.  !  -'X)  qui  est  le  type  A  A  renforcé  avec 
première  thèse  disyllabique,  est  presque  aussi  commun  que  le  type 
A2A,  et  se  rencontre  toujours  dans  le  premier  hémistiche  : 

ârléas  of  tarde  thtnum. 

(rien.  1019): 
béalo fùl  his  bêddes  nèosan. 

(Jud.  63)  ; 
avec  première  thèse  trisyllabique  : 

hrêohmôd  waessê  hâethena  tht-oden. 

(Dan.  242). 

Le  type  AB,  (-'X -'X.-')  offre  une  trentaine  d'exemples  envi- 
ron, d'égale  répartition  entre  le  premier  et  le  second  hémistiche  : 

êorthân  y'thum  thèaht. 

(Bidd.  XVII,  3)  ; 
wâesceth  his  wârîg  hrâegl. 

(Gnom.  Ex.  99). 

Le  type  AC,  (-'X -'-'X)  se  rencontre  vingt-neuf  fois,  et  sur 

celles-ci,  plus  de  la  moitié  figurent  dans  le  premier  hémistiche  : 

hrincg  thaeshéan  landes. 

(Gen.  2854); 

w litige  tô  wôruldny'tte. 

(Gen.  1016). 

Le  type  AD,  (-'X.  .-'-'IX),  est  plus  rare,  et  se  présente  près  de 
vingt  fois,  mais  seulement  dans  le  premier  hémistiche  : 

bêalde  byrnwiggènde. 

(Jud.  17); 

Jfidas  hire  ongên  thing  ode. 

(El.  609). 

Le  type  AE,  (-'X.  .-'XX.-')  est  relativement  plus  commun  que  le 
précédent,  et  figure  dans  les  deux  hémistiches: 

swéord  and  swâtigne  hélm. 

(Jud. 338); 

sâegde  him  ûntytel  spell. 

(Gen.  2405). 


RYTHMIQUE  731 

Le  type  HA,  (X.-'X. .  .-'X.-'XJ,  se  présente  120  fois,  et  sous  sa 
forme  la  plus  simple,  représentée  par  le  schéma,  (X-'X-'X-'X)  : 

âlàeton  \tges  gang  a. 

(Dan.  263); 

avec  thèse  disyllabique,  après  la  première  arsis  (X-'XX-'X-'X)  : 

âwyrged  l<~>  wïthan  àldre. 

(Gen.  1015); 
avec  thèse  trisyllabique  (X-'XXX-'X-'X)  : 

h  g  [ivt'gen  seen  Inn  tàêfle  gmbsittan. 

(Gnom.  Ex.  182). 

La  thèse  initiale  est  rarement  disyllabique. 

Le  type  BB,  (X.-'X. .  .-'X.-')  est  rencontré  environ  neuf  fois,  et  la 
plupart  du  temps,  dans  le  premier  hémistiche  : 

gebidan  thaes  hê  gebaedan  ne  mâeg. 

(Gnom.  Ex.  105)  ; 

avec  résolution  de  deux  syllabes  accentuées  : 

ofertûmen  bith  hé  her  hê  âcwéle. 

Gnom.  Ex.  114). 

Le  type  BC,  (X.  .-'X. . .-'-'  X),  aussi  commun  que  le  précédent, 
figure  presque  toujours  dans  le  premier  hémistiche  : 

and  nâhle  èaldfêondum. 

(Dan.  454); 
begôten  of  thaes  gûman  sidan. 

(Cross.  49). 

Le  type  BD,  (X-'.X. .  .-'XX),  se  rencontre  à  peu  près  seize  fois, 
et  dans  l'un  ou  l'autre  hémistiche  : 

on  éorthan  ûnswàeslicne. 

(Jud.  65)  ; 
aXèdon  hie  timer  limwèrigne. 

(Cross.  63). 

Le  type  CA,  (X-' -'X.-'X)  est  représenté  par  quinze  exemples,  dont 
huit,  dans  le  premier  hémistiche  : 

gesf'oth  %ôrga  màesie. 

(Crist.  1209); 


732  RYTHMJQI  K 

t<>  i.\màl<>  uni  h  ta  par///// 


(Dan.  220j 


Le  type  CC,  (X  ..-'-'ÙX),  n'est  relevé  que  neuf  fois,  et  six  fois, 
dans  le  second  hémistiche  : 

t/iael  urnes  %pd  àelmihtig. 

(Cross.  390i; 

avec  résolution  de  la  première  syllabe  accentuée  : 

ne  se  hri/ne  bèotmâecgum. 

(Dan   205). 
thê  thaet  wèorc  siâtholâde. 

(And.  800). 

Sievers  (Allgerm  Metrik,  §  95,  90),  cite  encore  quelques  hémis- 
tiches allongés,  à  quatre  temps,  parmi  lesquels  : 

engel  in  thone  ôfn  innan  ôecwôm. 

(Dan.  238). 


14 

Formation  des  stances  et  de  la  rime 

La  poésie  de  l'ancien  anglais  est  toute  narrative,  et  l'on  n'y  trouve 
aucun  rudiment  de  stance,  ou  de  strophe.  Des  traces  de  combinai- 
sons de  lignes,  pour  former  une  stance,  se  rencontrent,  çà  et  là,  dans 
Dcor,  le  poème  runique,  les  Psaulmes,  les  Hymnes,  les  vers  Gno- 
mique,  X Exeter  Book,  —  toutes  tentatives  qui  rappellent  les  tirades 
du  vieux  français. 

D'un  autre  côté,  la  fin  rimée  de  deux  hémistiches,  combinée  avec 
l'allitération,  n'est  pas  très  rare,  quoiqu'elle  semble,  quand  on  la 
rencontre,  un  ornement  accessoire  : 

îylle  gef argon  ;  îaégere  gethargon. 

(Beow.  2028)  ; 
wârd-gyd  wrécan  ond  ymb  wér  sprècan. 

(Beow.  0344)  ; 

Hrothgâr  ma  the  Iode,  hilt  sceau)  ode. 

(Bow.  3374).   . 


RYTHMIQUE  1X1 

Dans  le  Poème  Rimant  et  VKreter  Book,  on  relève  S7  lignes  dans 
lesquelles,  le  premier  et  le  second  hémistiches  riment,  entièrement  : 
(Elene,  v.  114-115,  1237-1251)  ;  (Crist,  v.  591-595)  ;  (And.,  869- 
N7I .  890)  ;  (Gûtol.,  801);  Phœn.,  15-16,  54-55).  Souvent  l'assonance 
est  jointe  à  la  rime  parfaite,  comme  dans  :  (Giithl.,802;  Phœn. ,53). 
Ces  exemples  suffisent  à  établir  l'usage  de  la  rime  qui  sert  à  accen- 
tuer le  mouvement  lyrique  d'un  passage. 

Des  rimes  monosyllabiques  telles  que  nân  :  tân  (llhym.  Poem.  78)  ; 
rad  :  gebàd  (ib.  16)  ,  onlàh  :  onwràh  (ib.  1)  sont  dénommées  mascu- 
lines. Et  les  rimes  disyllabiques,  comme  wôngum  :  gôngum  (ib.  7)  ; 
gèngdon  :  mèngdon  (ib.  11);  —  ou  trisyllabiques,  comme  hlynede  : 
dynede  (ib.  28);  sioinsade  :  minsade  (ib.  29);  bifade  :  fdifade 
(ib.  30),  sont  appelées  féminines. 

Selon  leur  position  dans  l'hémistiche,  les  rimes  rentrent  dans  deux 
catégories  :  a.  les  rimes  intérieures,  comme  hônd  rond  ;  gef  êng 
(Jieow.  5218)  ;  slïlhmôth;  gestôd  (Beow.5134);  —  dans  des  composés 
tels  que  :  wùrd-hôrd  onteac  (Beow.  518)  ;  —  thâ  waes  sâel  and  mâel 
(Beow.  2016)  ;  —  wôrdum  and  bôrdum  (El.  24)  ;  —  grund  ond  sund 
(And.  747)  ;  —  et  dans  les  rimes,  dites  grammaticales  :  lâth  with 
lâthum  (Beow.  880)  ;  — bèarn  aefter  béa  me  (G  en.  1070)  ;  —  b.  les 
rimes  de  section,  joignant  les  deux  moitiés  d'une  ligne  : 

sécgas  mec  saégon  symbel  ne  âlàegon. 

(Khym.  P.  5). 

Et  parfois  dans  le  Poème  Rimant,  se  trouvent  deux,  trois  ou 
quatre  lignes  allitérées,  unies  entre  elles  de  cette  façon. 

Les  rimes  finales  de  l'ancien  anglais  sont,  ou  des  rimes  complètes, 
telles  que  :  hond-rond;  gefâegon  ;  gethàegon  :  —  ou  des  assonances, 
dans  lesquelles  les  voyelles  seules,  se  correspondent  :  ioaef-laes 
(El.  1238);  —  wrâthum  ;  arum  (Crist.  595)  ;  —  lâfodon  ;  wiïnedon 
(And.  870).  Et  ces  assonances  ne  sont  pas  dues  au  hasard,  en  ce 
qu'elles  se  présentent,  jointes  à  des  rimes  parfaites. 


BEOWULF 


ÉLÉMENT  DE  GRAMMAIRE  ANGLO-SAXONNE 


GRAMMAIRE 


INTRODUCTION  (1 


I 


On  comprend,  sous  la  dénomination  d'ancien  anglais,  la  langue 
parlée  par  les  habitants  germaniques  de  l'Angleterre,  depuis  leur 
premier  établissement,  jusqu'au  milieu  ou  vers  la  fin  du  xie  siècle. 
La  langue  qui  se  différencie  de  la  précédente,  à  partir  de  cette 
époque,  par  la  corruption  successive  des  formes  infléchies  et  l'intro- 
duction d'éléments  français,  est  qualifiée  d'anglais  moyen. 

L'ancien  anglais  forme  une  branche  dépendante  de  l'allemand  de 
l'ouest,  langue  cohérente  et  définitive  dont  procédèrent,  par  la  suite, 
l'ancien  anglais,  le  frison,  le  vieux  saxon,  le  dialecte  franc,  et  le 
haut  allemand.  L'ancien  anglais  est  apparenté  au  frison,  mais  plus 
encore  au  vieux  saxon.  Dans  les  premiers  manuscrits  de  l'ancien 
anglais,  on  peut  distinguer  nettement  la  coexistence  de  dialectes 
variés.  Le  principal  de  ceux-ci,  est  celui  du  Northumberland,  dans 
le  nord;  le  mercien,  à  l'intérieur  du  pays;  le  saxon,  dans  le  sud  ;  et 
le  dialecte  de  Kent,  dans  l'extrême  sud-est. 

Le  dialecte  du  Northumberland  et  le  mercien  forment  tous  deux 

1.  Cette  étude  est  faite  d'après  la  grammaire  de  l'ancien  anglais 
d'Eduard  Sievers,  dont  le  professeur  A.  S.  Cook  a  donné  l'excellente  tra- 
duction anglaise,  et  les  ouvrages  cités  dans  la  bibliographie  grammati- 
cale sur  ces  matières. 

47 


71*8 


ii  H  A  M. MA  I  UK 


le  groupe  angle.  Le  saxon  esl  surtout  nettement  représenté  dans 
le  Wessex,  comté  saxon,  situé  le  plus  à  l'ouest,  de  sorte  que  le  saxon 
cie  l'ouest  a  été  regardé  comme  le  type  le  plus  représentatif  des 
dialectes  saxons.  Le  langage  de  la  troisième  tribu,  des  Jutes,  figure 
comme  dialecte  de  Kent.  Ainsi  les  divisions  des  Angles,  des  Saxons 
et  des  Jutes  par  tribus,  se  retrouvent  parallèlement  en  linguistique, 
dans  les  dialectes  angles,  saxons,  et  de  Kent. 

Les  principales  caractéristiques  du  saxon  de  l'ouest  sont  :  la 
représentation  du  type  allemand  a  par  ae  ;  la  distinction  entre 
ea  et  eo  ;  la  perte  première  du  son  oe,  et  le  remplacement  de  la 
finale  —  u  ;  —  o  de  la  première  personne  au  singulier,  du  présent 
indéfini  par  —  e. 

Dans  le  saxon  primitif  de  l'ouest,  l'infléchissement  (umlaut)  de 
ea,  eo  devient  ic,  et  plus  tard,  iy.  Le  dialecte  du  Northumberland 
a  des  tendances  accentuées  à  l'élision  de  Yn  final,  et  à  la  conversion 
de  we  en  woe,  et  de  toeo  en  wo.  En  ces  périodes  primitives,  les 
inflexions  étaient  sans  règles  déterminées  :  on  remarque,  cependant, 
la  formation  fréquente  de  la  troisième  personne  au  singulier  du 
présent  indéfini,  et  de  tous  les  cas  au  pluriel,  en  —  s  au  lieu  de 
—  th.  L'observation  qu'on  peut  faire  sur  le  fait  le  plus  ancien  qui 
se  soit  produit  en  dialecte  de  Kent,  porte  sur  la  vocalisation  de  g 
en  i.  La  substitution  de  Ye  à  Yy  fut  de  date  moins  reculée. 


Il 


Alphabet  et  prononciation 


L'alphabet  de  l'ancien  anglais  est  l'alphabet  des  latins,  modifié 
par  les  scribes  anglais.  Les  lettres  f,  g,  r,  s  diffèrent  souvent  de 
leur  forme  usuelles.  En  sus  des  lettres  latines,  il  y  avait  les  carac- 
tères ///,  tk,  w,  empruntés  à  l'alphabet  runique. 

Des  éditions  anglaises  de  textes  de  l'ancien  anglais  ont  souvent 
été  imprimées,  à  l'imitation  des  caractères  des  manuscrits  (Cf.  les 
ouvrages  de  B.  Thorpe);  mais  aujourd'hui,  et  depuis  Kemble,  les 
lettres  romaines  ont  été  généralement  adoptées,  en  leur  ajoutant  le 
caractère  runique  ///,  et  parfois,  le  3  de  l'ancien  anglais  est  encore 
employé  pour  représenter  le  g. 


GRAMMAIRE  739 

On  se  base,  clans  la  critique,  pour  déterminer  la  dale  de  la  pro- 
nonciation de  ces  lettres,  sur  la  prononciation  traditionnelle  du 
latin,  en  Angleterre,  aux  environs  du  vir3  siècle.  D'autre  pari,  il 
convient  de  prendre  en  considération  des  influences  celtiques  « | u i  se 
sont  manifestées,  et  de  tenir  compte,  en  précisant  les  règles  de  la 
prononciation,  des  variations  d'orthographe,  et  des  changements 
phonétiques  et  grammaticaux  de  l'ancien  anglais  lui-même,  qui  a 
varié  au  cours  des  siècles,  et  dans  les  différents  pays.  Les  règles  de 
prononciation  des  lettres  de  ces  dialectes  demeurent  surtout  intéres- 
santes, lorsque  celles-ci  diffèrent,  comme  prononciation,  des  lettres 
latines  correspondantes. 


PHONOLOGIE 


PREMIERE  PARTIE 


LES   VOYELLES 


I.  —  Caractères  généraux 

Les  voyelles  de  l'ancien  sont  désignées  par  les  six  caractères  sim- 
ples, a,  e,  i,  o,  u,  y,  par  la  liaison  se,  et  par  les  digraphes,  oe,  ea 
(ia),  eo,  io,  ie  (rarement  au,  ai,  ei,  oi,  ui,  et  dans  les  plus  anciens 
textes,  en,  lu).  Ces  derniers,  du  reste,  à  l'exception  de  oe,  oi,  ui,  et 
quelquefois  de  eo,  ont  la  valeur  de  diphtongues. 

Au  point  de  vue  de  l'articulation,  a,  o,  u  sont  des  voyelles  guttu- 
rales, alors  que  se,  e,  i.  œ,  y  sont  palatales,  et  généralement,  les 
diphtongues  commencent  par  un  son  palatal. 


II.  —  Quantité 


Toutes  ces  voyelles,  en  comprenant  les  diphtongues  avec  elles, 
ont  une  quantité  et  brève,  et  longue.  La  longueur  est  parfois 
indiquée,  et  plus  particulièrement  dans  les  très  anciens  manuscrits, 
et  dans  les  monosyllabes  également,  par  la  gemination  du  simple 
signe  de  la  voyelle,  —  yy,  sans  doute  :  aa,  ôreer,  miin,doom,  /mus. 
D'autre  part,  les  liaisons  et  les  diphtongues  ne  sont  jamais  gémi- 
nées. Par  la  suite,  la  longueur  est  marquée  par  un  accent  aigu  sur 
le  signe  de  la  voyelle,  ou  sur  la  combinaison  de  lettres  :  â,  brèr, 
min,  déni,  luis,  mys,  saé,  ôethel  ou  oèlhel,  éac  ou  eâc,  tréowe  ou 
treôwe,  etc.,  bien  que  l'emploi  de  cet  accent  soit  variable,  et  échappe 


GRAMMAIRE  7il 

à  des  règles  iixes.  Dans  la  présente  élude,  —  et  quoique  eet  usage 
soit  contraire  aux  origines  allemandes  des  dialectes,  —  la  longueur 
sera  désignée  par  le  signe  ordinaire,  le  macron  : 

a  se  e  i  o  œ  u  v 


a  ae  •'  i  o  te  u  v 


Les  voyelles  de  certaines  syllabes  dérivées  et  finales,  qui  étaient 
longues  à  l'origine,  paraissent  ne  pas  avoir  gardé  ce  caractère  en 
ancien  anglais  :  toute  voyelle  d'une  syllabe  dérivée  ou  finale,  doit 
donc  être  regardée  comme  brève. 


LES  VOYELLES  DU  SAXON  DE  L OUEST 

I.   —  Les  voyelles  des  syllabes   accentuées 

1 .  —  Simples  voyelles 


L'a  bref  est  relativement  rare  :  il  fait  presque  toujours  défaut 
devant  les  nasales,  et  on  ne  le  rencontre  pas  dans  les  syllabes  étroi- 
tement liées.  Les  exceptions  à  cette  règle,  sont  rares  :  habban, 
nabban  ;  crabba  ;  hnappian  ;  lappa  ;  appla  ;  masce,  maxe  ;  wascan, 
waxan  ;  wrastlian,  wraxlian  ;  brasllian  ;  les  mots  latins  :  abbud 
(anglais  abbot)  ;  arc  (arcus,  ark)  ;  sacc  {sack)  ;  trahtian  {treat).  Même 
dans  les  syllabes  ouvertes,  la  présence  de  la,  dépend  en  partie  de 
l'influence  du  mot  suivant. 

L'a  long  se  rencontre  fréquemment,  et  devant  toutes  les  con- 
sonnes, dans  les  syllabes  ouvertes  ou  fermées  :  hdtati;  gâst;  bân  ; 
bânum;  —  et  dans  les  mots  d'origine  latine,  comme  :  sâcerd, 
ctîlend,  mâgisler  {sacerdos,  calendae,  magister). 

as 

Vae  bref  est  un  son  de  voyelle,  caractéristique  de  l'ancien  anglais, 
on  le  rencontre  surtout  dans  les  syllabes  fermées  :  daeg  (day)  ;  faet 
(vat)  ;  saet  (sat). 


742  liRAMMAIlΠ

L'ae  bref  manque  devant  les  nasales,  le  //>,  17/  terminant  une  syl- 
labe ;  devant  Yn  précédant  une  consonne,  et  en  saxon  de  l'ouest, 
devant  17 suivie  d'une  consonne. 

Vae  long  semble  avoir,  en  général,  la  prononciation  de  Va  ger- 
main,  long.  L'origine,  d'«e  long  est  variable,  et  procède  : 

1°  de  l'/'-umlaut  de  l'ancien  anglais  :  à  —  l'allemand  gothique  ai, 
comme  dans  lâèran,  gothique  :  iaisjan,  de  l'ancien  anglais  :  lâr  :  — 
stâênen,  de  sldn  ; 

2°  du  germain  âê  (gothique  ê),  comme  dans  bôcron;  —  mâcg 
(gothique  bêrun,  mëgs)  ; 

3°  du  latin  <ly  comme  dans  strâêt  ; 

4°  du  changement  de  quantité  de  Vae  bref,  comme  dans  sàcde,  au 
lieu  de  saegde. 

6 

he  bref  est  l'un  des  sons  les  plus  communs  en  ancien  anglais.  Les 
origines  de  cette  voyelle  sont  diverses  : 

1°  En  son  premier  état,  elle  correspondrait  à  l'ancien  saxon  et  à 
l'ancien  haut  allemand  è',  et  au  gothique  i,  comme  dans  slelan, 
(steal),  slëlan  (gothique  :  stilan)  ; 

2°  Elle  dériverait  de  Ye  umlaut,  d7-umlaut  d'à,  ou  plus  exacte- 
ment d'é/e,  comme  dans  settan  (gothique  :  saljari)  ;  —  ou  d'/'-umlaut 
d'o,  comme  dans  exen,  d'ara  (ox). 

L'e  long  correspond  : 

1°  à  l'allemand  ê  (haut  allemand  ancien  eay  ta),  comme  dans  hêr 
{here)  ; 

2°  à  /-umlaut  d'à  ; 

3°  à  i-umlaut  d'm  ; 

4°  à  une  forme  occasionnelle  d'ae. 


i 

En  saxon  de  l'ouest,  i  présente  deux  sons  :  le  premier  très  pur, 
qui  ne  prend  le  son  de  Yy  que  dans  les  documents  les  plus  récents  ; 
le  second,  dérivé  d'une  diphtongue  ie,  /o,  fut  assimilé  plus  tôt  que 
le  précédent,  à  la  prononciation  de  Vif.  On  distingue  ces  deux  sons, 
par  stable  ou  instable. 


«iHAMM  \  I  111 


7 'lit 


LÏ  stable  href  correspond  : 

1"  à  l'allemand  /;  à  l 'indo-européen  <'■. 

2°  à  IV  allemand  ayant  évolué  en  /,  dansl'ancien  anglais,  comme 
dans  rtt'fttcttt. 

Vi  bref  instable  est  la  modification  la  plus  récente  de  la  diph* 
tongue  originale  />,  et  moins  fréquemment  io. 

L7  long  stable  est,  ou 

1°  représentatif  de  l'allemand  ',  ou 

2°  dérivé  de  l'allemand  i  par  ectblipse,  contraction,  etc.... 

L'ï  long  instable,  au  contraire,  est  la  modification  d'une  forme 
plus  ancienne,  le. 


ho  bref,  dans  les  syllabes  radicales,  a  une  double  origine,  et 
représente  ainsi  deux  sons  différents  : 

1°  o  fermé,  le  gothique  u,  comme  dans  god,  boda...  Cette  lettre 
ne  se  rencontre  pas  devant  les  nasales. 

2°  o  ouvert,  correspondant  au  gothique  a,  devant  les  nasales,  et 
auquel  a  se  substitue  souvent,  comme  dans  monn  et  mann  ;  hona  et 
hana. 

Il  est  difficile  de  préciser  le  son  de  Vo  long  :  il  est  possible  que 
lô  long,  aussi  bien  que  Vo  bref  aient  eu,  à  l'origine,  une  double 
prononciation,  ouverte  et  fermée,  correspondant  à  leur  double  ori- 
gine. 

Le  son  de  Vô  long  peut  être  regardé  comme  : 

t°  représentant  le  gothique  ô,  comme  dans  gôd,  et  dans  ce  cas, 
la  voyelle  était  probablement  fermée  ; 

2°  représentant  l'allemand  ae  devant  les  nasales,  comme  dans 
mônath  ; 

3°  comme  dérivé  avec  allongement,  de  la  forme  on  =  gothique  an, 
comme  dans gôs. 

œ 

Les  deux  sons  a-  et  Oê  ne  se  rencontrent  pas  dans  les  très  anciens 
textes  du  saxon  de  l'ouest,  si  l'on  en  excepte  quelques  formes 
éparses,  telles  quW.  e  et  o  délabialisées,  qui  se  substituent  souvent 
à  ces  deux  sons. 


~\\  6RAMMA1BE 


u 


On  ne  peut  donner  de  preuve  de  la  double  prononciation,  ouverte 
et  fermée,  d'w  dans  l'ancien  anglais. 

Vu  bref  se  rencontre  sans  règles,  devant  toutes  les  consonnes.  Il 
correspond  : 

1°  à  Vu  de  l'allemand  de  l'ouest. 

2°  occasionnellement  à  Yo  de  l'allemand  de  l'ouest,  et  particulière- 
ment devant  les  nasales,  comme  dans  guma  ; 

3°  cette  voyelle  dérive  souvent  d'io  et  de  eo,  dans  les  combinai- 
sons telles  que  wio  et  weo. 

Vu  long  a  une  double  origine.  Il  représente  généralement  l'alle- 
mand û,  comme  dans  hûs ;  et  provient  encore  de  la  perte  d'une 
nasale,  dans  la  combinaison  de  la  forme  un,  comme  dans  mïith. 


Dans  les  documents  primitifs  du  saxon  de  l'ouest,  aussi  bien  que 
dans  les  autres  dialectes,  la  lettre  y,  à  l'origine,  marquait  un  son 
ressemblant  à  l'allemand  ù,  l'i-umlaut  d'u.  Cet  y  est  dit  stable.  Il  se 
présente  encore  dans  le  bas  saxon  de  l'ouest,  un  y  instable,  qui  fait 
substitution  avec  i. 

Les  correspondances  étymologiques  d'y  bref  sont  les  suivantes  : 

1°  Vy  stable  est  /-umlaut  de  u  ; 

2°  Par  voie  de  déduction,  Y  y  instable  représente  te,  ou  io. 

Vy  long  apparaît  : 

1°  Comme  stable  et  sous  deux  aspects  :  a)  comme  i-umlaut  d'iï  ; 
b)  comme  allongé,  par  voie  d'echtlipse,  comme  dans  yst,  -hydig; 

2°  Comme  stable,  et  comme  forme  correspondant  à  le,  et  comme 
/'-umlaut  de  êa  et  êo. 


9    


Diphtongues 


Toutes  les  diphtongues  de  l'ancien  anglais,  ea,  eo,  io,  ie,  ou 
brèves,  ou  longues,  sont  des  diphtongues  à  chute,  c'est-à-dire  que 
l'accent  tonique  doit  porter  chez  elles,  sur  le  premier  des  deux  sons. 
La  distinction  de  quantité  est  faite  en  allongeant,  dans  la  prononcia- 


GRAMMAIRE  7'jO 

lion,  la  diphtongue  entière.   Dans  d'autres  mots,  Vêà   long  ne  doit 
pas  être  regardé  comme  ê  ■+■  #<  °u  e  -f  à. 


ea  et  eo 

La  différence  de  prononciation  entre  ea  et  eo,  réside  moins  dans 
la  seconde  partie  de  la  diphtongue  (Va  et  Vo)  que  dans  le  son  initial. 
Dans  les  textes  très  anciens,  ea  est  souvent  écrit  œo,  sea,  tandis 
que  eo  fait  substitution  avec  io,  dans  les  manuscrits  plus  récents.  On 
peut  donc  prétendre  qu'ea  a  dû  commencer  par  un  son  ouvert,  res- 
semblant à  celui  d'ae,  mais  que  le  premier  élément  d'eo  fut  le  son 
d'e  fermé. 

ea 

ea  brève  a  des  origines  nombreuses.  Elle  est  tour  à  tour  : 

1°  La  cause  d'apparition  d'«  devant  certaines  consonnes,  comme 
dans  ear  m,  ealt,  eahta  ; 

2o  L'tt-umlaut  d'à,  comme  dans  ealu  ; 

3°  Un  dérivé  de  la  forme  palatale  +  ae,  comme  dans  geaf,  ceaf, 
sceal. 

va  longue  : 

1°  représente  généralement  Vau  germanique,  comme  dans  beam, 
cac,  ou 

2°  naît  de  la  contraction  d'«  avec  d'autres  voyelles,  comme  dans 
s  lean,  ca,  ou 

3°  s'est  formée  de  la  palatale  -f  ae,  comme  dans  gèafon,  gèar  ;  — 
moins  fréquemment  de  la  palatale  +  a  (de  l'allemand  ai),  comme 
dans  gêasne,  scêan,  secadan,  —  gâesne,  scan,  scâdan. 


eo,  10 

Les  deux  groupes  eo  et  io  se  rencontrent  fréquemment  dans  les 
plus  anciens  documents  :  puis  io  devient  de  plus  en  plus  rare,  pour 
disparaître  finalement,  co  long  représente  eu  plus  ancien;  îo  long, 
tu  plus  ancien.  De  même,  eo  bref  dériva  de  e  plus  ancien,  tandis 
qu'io  vint  d'i  plus  ancien.  On  ne  peut  que  donner  cette  approxima- 


7'it) 


GRAMMAIRE 


tion,  que  eo  se  présente  fréquemment  pour  w,  dérivant  <!<■  /.  mais 
<|ue  io  est  moins  souvent  substitué  à  eo,  dérivant  de  e. 

Sous  le  rapport  de  l'origine  eo,  io  sont  : 

1°  la  transformation  d'un  e  plus  ancien,  -i  devant  certaines  con- 
sonnes, comme  dans  nor  the,  liornian  [leornian)  ; 

2°  w-  et  o-umlauts  des  mêmes  e,  i,  comme  dans  eofor,  friolhu 
(f'reot/m)  ; 

3°  sont  dérivés  de  la  forme  palatale,  4-  o,  u,  comme  dans  f/eoc, 
f/eont/. 

eo  (io)  longue  correspond  : 

1°  Au  germain  eu  ;  au  gothique  iu,  comme  dans  bcodan;  stïoran  ; 

2°  Elle  dérive  de  la  forme  palatale  +  ô,  dans  yeômor; 

3°  ou  de  la  contraction  de  e,  i  avec  d'autres  voyelles,  comme  dans 
séon  (sion)  ;  thvon  (thïori). 


le 


Les  diphtongues  ie  et  le  appartiennent  au  saxon  primitif  de 
l'ouest.  Au  début  même,  elles  sont  remplacées  par  f,  i  instable,  et 
enfin,  par  y,  y.  Ces  derniers  demeurent  dans  le  saxon  de  l'ouest 
plus  récent. 

ie  brève  est  : 

1°  i-umlaut  de  ea  et  eo,  comme  dans  eald-ieldu,  weorpan- 
wierpth  ; 

2°  une  forme  moins  fréquente  de  u-  et  o-umlauts  de  i,  comme 
dans  siendum,  thiessum  ; 

3°  dérivée  de  la  forme  palatale  +  e,  comme  dans  yiefan,  gielpan. 

ie  longue,  d'autre  part,  est  ^-umlaut  : 

1°  de  va,  comme  dans  hêah-hïehsi  ; 

2°  de  co,  comme  dans  cêosan-ciseth. 


II.     -  Les  voyelles  des  syllabes  légèrement  accentuées 
et  des  syllabes  sans  accentuation 


A  .  —  Voyelles  radicales  dans  les  mois  légèrement  accentués 

Sous  cette  dénomination  sont  comprises  les  voyelles  radicales  des 
seconds  membres  des  mots  composés,  quand  le  caractère  composé, 


QRAM  MAIRE  747 

dans  ces  mots,  à  cessé  d'être  bien  distinct,  du  fait  de  certains  pro- 
clitiques et  enclitiques,  qui  perdent  leur  premier  accent  tonique  dans 
le  style  courant.  Cette  perte  de  l'accent  primaire  a  souvent  modifie 
les  voyelles  radicales  de  pareils  mots.  Les  causes  principales  de  ce 
fait,  sont  les  suivantes  : 

1°  L'abréviation  de  la  quantité  originaire,  surtout  dans  la  classe 
des  composés  qui  se  terminent  en  -lie,  tels  que  fultic,  rythlib, 
looroldlic,  —  qu'on  peut  opposer  à  gellc,  par  exemple,  où  l'accent 
porte  sur  la  syllabe  finale  ; 

2°  Le  changement  de  la  quantité  de  la  voyelle,  ainsi,  particuliè- 
rement, trouve-t-on  : 

a)  La  conversion  de  eo,  io  en  ea,  et  finalement,  en  a  :  sciptearo, 
ifiglearo,...  puis  sciptara,  ï fig tara  ; 

b)  La  conversion  de  ea  en  #,  comme  dans  qiiwald,  opposable  à 
gewea-ld.  La  conversion  en  o  s'observe  dans  ries  mots,  tels  que 
finie' fold,  hlâford ; 

3°  L'affaiblissement  des  voyelles  pleines,  spécialement  en  e  : 

a)  Affaiblissement  des  voyelles  brèves  originaires,  se  présentant 
surtout  dans  les  nombreux  composés  terminés  en  aern  et  -weard: 

b)  Affaiblissement  des  voyelles  longues  originaires,  dans  les 
formes  infléchies  de  composés  se  terminant  en  -lie,  et  contenant 
une  voyelle  gutturale,  particulièrement,  a  ou  o,  dans  la  finale 
infléchie,  —  comme  misleca,  mislecan,  mislecum  (comparatif  : 
mislecor  ;  superlatif  :  mislecost).  Dans  les  textes  moins  anciens,  ces 
formes  se  produisent  avec  u  :  ncodlueor,  atelucost. 

2.  —  Voyelles  de  syllabes  dérivées  et  finales 

Le  nombre  de  voyelles  ainsi  placées  est  retreint  et  par  l'absence 
ordinaire  de  voyelles  longues,  et  par  la  non-représentation  des 
diphtongues.  Le  nombre  s'en  trouve  réduit  aux  six  voyelles  sui- 
vantes :  a,  <e,  e,  i,  o,  u%  parmi  celle-ci,  m  et  i'sont,  à  l'exception  des 
syllabes  dérivées  telles  que  -ig,  -ihte,  -isc,  -nis,  représentées  dans 
les  seuls  très  anciens  textes,  et  sont  par  la  suite,  uniformément 
remplacées  par  e. 


~\x 


liiu.MMAim: 


DEUXIEME  PARTIE 

LES  CONSONNES 

Les  signes  des  consonnes,  dans  l'ancien  anglais,  sont  ceux  de 
l'alphabet  latin,  avec  addition  du  caractère  th,  et  d'un  caractère 
spécial  pour  w.  Le  tableau  suivant  renferme  les  consonnes  de  la 
période  de  l'ancien  anglais,  suivant  leurs  rapports  phonétiques  : 

Labiales     Dentales     Palatales    Gutturales 
(  Semi-voyolles  ....         ic  —  g'(i)  — 

Consonnes  sonores  <  Liquides --  ?',/  —  — 

\  Nasales m  n  n'  n. 

I  (  Sourde p  t  C  c 

i  avec  pose      < 

Consonnes  \  (  Sonnante ...          b          d             g'            g 
non        < 

sonores    j  C  Sourde /'         th,s  h'  h. 

f  avec  aspiration  < 

V  (  Sonnante...    f.{u,b.)       th            g'           g. 

On  peut  donc  ainsi  résumer  la  prononciation  de  ces  lettres  : 

1°  de  f,  ///,  comme  sourdes  et  sonnantes  aspirantes  ; 

2°  de  by  comme  sonnant  avec  pose,  et  sonnant  aspirant  ; 

3°  de  g,  comme  semivoyelle,  sonnant  avec  pose,  et  sonnante 
aspirante  ; 

4°  de  n,  comme  dental,  palatal,  et  guttural-nasal  ; 

5°  de  toutes  lettres  tenant  lieu  de  gutturales,  celles-ci  ayant  alors 
une  prononciation  palatale  :  et  cette  prononciation  est  indiquée 
ci-dessus,  par  l'addition  d'une  virgule. 

A.  —  Consonnes  sonores 

1.  —  Les  semivoy elles 

w 


Le  io  a  été  substitué  au  caractère  runique,  wyn  qu'on  rencontre 
ordinairement,  dans  les  manuscrits  :  il  reproduit  le  son  du  w  de 
l'anglais  moderne,  et  ce  w  est  Xu  non-syllabique. 


GRAMMAIRE  "'<!> 

Le  w  se  présente  d'abord  : 

1"  devant  tontes  voyelles  :  wâi,  wer. 

2°  dans  les  combinaisons  :  wr,  ml  :  wrïlan,  wlonc. 

\\°  dans  les  combinaisons  :  cu\  hw,  (Zip,  thw,  tw,  sw  :  civethan, 
/urn,  dweorg,  thwèan,  twâ,  swefan. 

An  milieu  d'un  mot,  10  se  maintient  devant  toutes  voyelles, 
excepté  wet  i,  sans  changement  :  sa  wan,  stuve...  Il  disparaît  devant 
u  et  î,  ce  qui  donne  lieu  à  des  contractions  : 

1°  Devant  u,  comme  dans  va,  thrêa,  riva. 

2°  Devant  i,  dans  des  mots  tels  que  âê,  sdc,  hrâé,  —  au  lieu  de 
ât,  sâi,  hrâi,  dérivés  des  racines  aiwi,  saiivi-,  hraiwi-. 

Le  tv,  à  l'origine,  ne  figure  pas  à  la  fin  d'une  syllabe.  Après  une 
voyelle  brève,  il  se  change  en  u,  et  les  deux  voyelles  s'unissent 
pour  former  une  diphtongue;  —  après  les  consonnes,  il  se  vocalise 
en  u  syllabique(o)  ;  —  après  une  voyelle  longue  ou  une  diphtongue, 
w  disparaît  entièrement. 

j 

Les  manuscrits,  n'offrent  pas  de  signe  propre  à  la  semivoyelle,/, 
(c'est-à-dire  /',  quand  elle  est  consonnante  ou  non-syllabique),  mais 
on  la  trouve  indiquée,  tantôt  par  le  signe  de  voyelle  i,  et  tantôt 

par  9- 

\.    i  occupe  la   place   initiale  en    des   mots  étrangers,    comme 

Jô/mnnes  ;  dans  les  mots  originaux  d'ancien  anglais,  il  ne  se  pré- 
sente ainsi  que  devant  u:  iû,  iung.  Il  figure  plus  fréquemment  au 
milieu  dun  mot  :  heries,  nerian. 

2.  g  est  le  signe  de  beaucoup' le  plus  usuel.  Il  n'est  initial  que 
devant  i,  e,  y;  medial,  que  devant  les  voyelles  gutturales  :  àergas, 
her  gum.  Comme  final,  g  est  rare,  et  ne  se  trouve  qu'après  une 
voyelle  longue,  ou  une  diphtongue  :  âcg,  câcg,  clâêg,  leg. 


2.  —  Les  liquides 


LV  de  l'ancien  anglais,   fut  probablement  cérébral,   c'est-à-dire 
prononcé  avec  la  pointe  de  la  langue  très  relevée.  LV  est  rarement 


I'M)  QRAMUAfJLI 

initial,  medial  ou  final,  et  plus  rarement  encore,  géminé,  comme 
dans  feorran,  âfierran^  cien-an,  mierran,  Il  n'est  pas  sujet  à  gémi- 
nation  devant /. 

LV  médial  subit  la  niétathèse  : 

1°  r  précédant  une  voyelle,  a  tendance  à  changer  de  position  avec 
elle,  quand  cette  dernière  est  suivie  de  nn,  ou  de  combinaisons 
avec  s  :  iernan,  bier  nan,  hors,  baers,  forsc  ; 

2°  Une  pareille  application  se  retrouve  devant  ///,  dans  le  nor- 
mand :  frohiiga^  fry h  Lu,  breht. 

r  est  généralement  stable,  quelle  que  soit  sa  place  dans  le  corps 
du  mot,  et  son  origine  est  double,  r  correspond  : 

1°  à  IV  allemand,  comme  dansnee,  râèdan,  wair.  Il  peut  alors  se 
trouver  dans  toute  partie  du  mot. 

2°  au  z  allemand,  parfois  représenté  par  s  :  maiza,  ausô,  hazjan, 
nasjan . 

1 

LV  de  l'ancien  anglais  doit  avoir  eu  une  double  prononciation  : 
celle  de  IV  ordinaire,  et  une  prononciation  presque  gutturale,  avec 
une  voyelle  la  précédant. 

LV  peut  se  trouver  dans  toute  partie  du  mot,  est  fréquemment 
géminée,  et  souvent  syllabique. 

LV  comporte  la  meta  thèse,  dans  les  cas  suivants: 

a)  Après  une  syllable  accentuée,  dl  devient  Id  :  bold,  seld.  spdld  ; 

b)  Après  une  syllabe  faible,  ou  non  accentuée,  si,  //,  tkl  ou  dl, 
deviennent  Is,  If,  Id,  dans  les  noms  propres  se  terminant  en  -f/ils, 
tels  que  Cynegils,  Eadyils;  dans  les  dérivés  terminés  en  -els,  -eld, 
-old  :  riecels,  faereld,  t/icrscold  ;  —  en  -elfe,. -il fe  :  innelfe,  innilfe. 


3.  —  Les  nasales 


m.  n 


m  a  le  caractère  de  labiale,  et  n,  conformément  à  l'usage  latin, 
n'est  pas  seulement  dentale,  mais  aussi  gutturale,  palatale,  ou 
nasale.  Ce  dernier  caractère  n'existe  que  quand  Yn  figure  devant  c 


i.iiuiMAiiu:  7.)  I 

OU  g.  >n  et  //  se  rencontrent  dans  (ouïes  les  positions,  cl  sont  aussi 
géminées  el  syllabiques. 

La  met  a  thèse  d'///  se  produit  dans  worms,  (wurms,  wyrms);  wyr- 
msan...  ('elle  dVi  est  plus  commune,  dans  certains  textes,  où  se 
retrouvent  les  tinales  ncng\  en  f//t.  —  comme  dans  tdnc,  reng, 
freng,  —  pour  fàcn,  ref/n,  fraegn. 

La  présence  de  nasales  appelle  les  observations  suivantes  : 

1°  Devant  les  sourdes  aspirantes  /',  ///,  s,  il  y  a  perte  d'm  et  w, 
accompagnée  de  l'allongement  de  la  voyelle  précédente  :  ainsi  Va  du 
très  ancien  anglais,  se  change  en  ô. 

Exemples  :  1°  de  la  perte  de  Y  m  :  fif  (gothique  :  fimf;  —  l'ad- 
verbe sôfte  (se ft)  :  ôsle  (amsa/a,  du  haut  ancien  allemand). 

2°  de  la  perte  de  Vn  :  f/ôs,  pluriel  :  gês  :  has,  hôther,  sôth,  tôth, 
pluriel  :  tetlr,  est;  sltJi  ;  ûs  ;  io y scan. 

On  peut  noter  les  changements  suivants  d'w  : 

1°  à  la  lin  d'une  syllabe,  mn  se  change  en  mm,  m.  par  assimila- 
tion :  em  ;  hrem  :  hraem  ;  —  pour  emny  hremn. 

2o  h'n  d'une  finale  infléchie,  est  supprimée  en  normand,  particu- 
lièrement à  l'infinitif,  à  l'optatif,  mais  non  au  passé  indéfini,  et  dans 
les  déclinaisons  faibles. 


B.  —  Consonnes  non  sonores 
t.  —  Labiales 


p  est  la  labiale  sourde,  avec  pause.  Elle  est  rarement  initiale  dans 
les  mots  germaniques  :  pael/i,  pâd,  pleya,  —  mais  plus  fréquente, 
dans  les  mots  étrangers,  comme  pund,  pil,  pytl.  D'autre  part,  elle 
est  assez  fréquente,  dans  les  positions  médiale  et  finale  :  scearp, 
wâèpen  ;  et  se  trouve  fréquemment  géminée  :  topp,  loppe,  aeppel, 
scieppariy  up(p). 

p  demeure  toujours  sans  changement  ;  seulement,  pn  devient  par- 
fois, mn  dans  wâêmn,  wâémnian,  au  lieu  de  wâèpen,  wâépnian. 


7.')2  GRAMMAIRE 


Dans  la  plupart  des  textes,  b  est  le  signe  de  la  labiale  sonnante  avec 
pose.  Il  se  présente  dans  la  forme  simple,  comme  initial  :  bindan, 
bringan,  bind.  Quand  il  est  médial  ou  final,  b  simple,  dans  l'ancien 
anglais  commun,  est  remplacé  par  f  ;  habban,  —  ha  fast,  hafath  ;  — 
fvebb,  we  fan. 

Dans  les  textes  plus  anciens,  b  répond  au  son  d'une  aspirante 
sonnante,  ou  labiale,  ou  labiodentale.  Il  était  alors  prononcé  comme 
le  v  anglais  :  obàer,  hebttc,  halbae,  hlâbavd. 


/'a  un  double  caractère,  —  en  tant  que  sourd  et  qu'aspirant,  son- 
nant, et  labiodental  : 

1°  /'  est  uniformément  un  aspirant  sourd,  lorsqu'il  est  initial, 
comme  dans  faeder  fîndan  ;  —  quand  il  est  géminé  au  milieu  du 
mot  :  gaffetung,  hoffing,  woffian. 

2°  D'autre  part,  /'est  généralement  aspirant  sonnant,  quand  sa 
position  est  médiale,  et  qu'il  ne  se  présente  pas  en  combinaisons, 
telles  que  ff  /"/,  f's  :  wulf\  wulfes  ;  gerêfa  ;  ho  fer. 

Les  exceptions  à  la  stabilité  d'/*,  en  ancien  anglais,  sont  les  sui- 
vantes : 

1°  Dans  les  textes  très  anciens,  j»£,  parfois,  représente  ft  :  scaept, 
edscaepl. 

2°  fn  (avec  /"  sonnant),  se  change  fréquemment  en  m«,  surtout 
quand  il  est  médial,  et  plus  particulièrement,  dans  l'anglais  plus 
ancien  :  emne,  stemn,  dérivés  de  efne,  stefn. 


v  ou  u,  en  anglo-saxon,  figure  le  son  du  v  latin,  et  est  identique 
à  la  lettre  de  l'ancien  anglais,  sonnante,  aspirante  et  labiodentale. 
Et  m,  dans  la  période  primitive,  est  employé  pour  représenter  la 
semivoyelle  w. 


GRAMMAIRE  ~'-V>\ 


2.  —  Dentales 


t  est  toujours  la  dentale  sourde  avec  pose,  et  se  rencontre  dans  tou- 
tes les  positions  :  toth  ;  trco  ;  tien  ;  elan;  wât.  Il  est  souvent  géminé, 
comme  dans  sceal(l)  ;  hlûttor  ;  halte  ;  grotte. 

t  est  presque  toujours  stable.  La  seule  exception  est  la  sui- 
vante : 

Dans  le  saxon  primitif  de  l'ouest,  st  se  change  souvent  en  stli, 
particulièrement,  à  la  deuxième  personne  du  singulier,  du  présent 
indéfini  :  tint  giefesth  :  hilpesth  ;  et  dans  les  mots  comme  faesth  ; 
dâsth  ;  waesthm.  La  combinaison  tj,  se  change  aussi  en  r:ou  ce,  dans 
orceard,  orgeard. 


d  est  le  signe  de  la  dentale  sonnante  avec  pose,  et  correspond  au 
gothique  d.  11  se  présente  dans  toutes  positions,  et  est  susceptible 
de  gemination  ;  daey,  dweorg,  biddan. 

d  est  généralement  stable,  mais  il  faut  faire,  à  ce  sujet,  les  restric- 
tions suivantes  : 

1°  d  subit  un  changement  grammatical  avec  th. 

2°  Id  correspond  au  gothique  Id,  comme  dans  ceald,  healdan. 

3°  Idl  devient  //  dans  siellic,  —  ou  bien  de  sildaleiks,  —  et  aussi, 
dans  le  normand  :  ballice,  seofofallice,  —  au  lieu  de  baldice,  —  fal- 
dlice. 

4°  Avant  et  après  des  consonnes  sourdes,  d  devient  /  : 

a.  Exemple  du  présent  indéfini,  à  la  deuxième  personne  du  singu- 
lier :  bilsl,  laelst,  binlsl,  slentsl  ;  —  dérivés  de  biddan,  Idêdan,  bin- 
dan,  stondan. 

b.  particulièrement  dans  le  prétérit  faible,  et  le  participe  passé  de 
verbes  à  longues  syllabes,  comme  scene  te,  ïecle, 

5°  après  la  forme  consonnante  td,  /,  il  y  a  perte  de  rf,  comme  dans 
le  prétérit,  sende,  êhte,  —  provenant  de  sendan,  ohtan. 


48 


78  \  GRAMMAIRE 

th 

1°  Deux  lettres  désignaient  à  l'origine,  et  sans  distinction,  la 
dentale  aspirante,  qui,  dans  l'anglais  moderne,  est  représentée 
par  ///. 

///  peut  se  rencontrer  dans  toutes  les  positions,  et  comporte  la 
gemination  :  thing  ;  thrï;  tlmntan  ;  weorthan  ;  —  ou  :  thing  ;  thri  ; 
weorlhan. 

Les  changements  que  subit  le  th,  appellent  les  observations  sui- 
vantes : 

1°  th  subit  le  changement  grammatical  avec  d. 

2°  La  forme  plus  ancienne  Ith,  se  transforme  en  Id  :  beald ;  fêla ' ; 
wilde;  gold;  —  du  gothique  :  balths  ;  wiltheis  ;  gulth. 

3°  La  forme  plus  ancienne  //*/,  se  présentant,  après  une  voyelle 
longue,  devient  régulièrement  dl,  dans  le  saxon  de  l'ouest  ;  âdl; 
nâêdl;  wâêdla;  —  au  lieu  de  :  nâêthl ;  mît/il;  nêthl ;  wêthla. 

4°  Athet  dth  deviennent  tt,  qui  se  simplifie,  quand  il  est  final  et 
qu'il  suit  une  consonne  : 

a)  thaette,  —  au  lieu  de  timet  the. 

b)  êathmêtto;  lâtleow  ;  gesçentn ;  —  au  lieu  de  :  cathmedthii ;  lâth- 
thêow  ;  gescendthu . 


s  est  Tun  des  sons  les  plus  communs  de  l'ancien  anglais  :  elle  peut 
occuper  toute  place  dans  le  mot,  et  elle  est  sujette  à  gemination  : 
su  nu,  sût  an,  sprecan,  wesan,  fisc... 

Le  son  de  Ys  allemande  n'était  que  sourd  et  sibilant;  de  même, 
Vs  de  l'ancien  anglais  était  indubitablement  sourde,  comme  les  son- 
nant allemand. 

Les  observations  à  faire  sur  s,  sont  les  suivantes  : 

In  11  y  a  changement  grammatical  entre  s  et  r. 

2°  Cette  lettre  est  susceptible  des  combinaisons  suivantes  :  st  et  ss, 
venant  de  la  dentale  xt\  st  de  sth  ;  sth  de  st  ;  ss  de  sr  ;  ss  de  sth. 

3°  Les  combinaisons  se  et  sp,  dans  le  dernier  saxon  de  l'ouest,  — 
et  quand  elles  sont  médiates,  comportent  la  métathèse  en  es  (hs), 
mais  généralement,  en  xet  ps. 


(.HAM  M  A  IKK  755 


Le  -  n'est  pas  d'origine  germanique,  et  il  n'apparaît  en  ancien 
anglais,  que  sous  la  l'orme  ts  :  Atsur  ;  dracentte. 

3.  —  Gutturales  et  Palatales 

Les  lettres  c  (k,  q),  y,  h,  {x),  représentent  en  ancien  anglais,  et  les 
gutturales,  et  les  palatales. 

c(  k,  q  ;  x) 

c  est  le  caractère  marquant  1<>  temps  guttural  sourd  et  le  temps 
palatal  sourd.  Il  se  place  devant  toute  voyelle,  même  e,  i,  y  :  çâsere, 
cosp,  cynn,  sac  an  ;  —  et  il  est  aussi  géminé  :  sac,  sacces,  theccan. 

Le  son  du  latin  qu  est  généralement  désigné  par  cw,  ou  dans  les 
textes  plus  anciens,  par  eu  :  cwethan  cuic. 

A  la  place  de  es,  on  rencontre  généralement  x  :  rlxian,  —  au  lieu 
de  rlscian:  axian,  —  au  lieu  de  âcsian. 

Occasionnellement,  c  s'intercale  dans  les  combinaisons  s/,  *>u.  sn  : 
sciât,  scleacnes.  Devant  st  et  -th  du  présent  indéfini,  c  devient  sou- 
vent h,  dans  le  bas  saxon  de  l'ouest  :  tàêhst,  tâvhth,  —  au  lieu  de 
tdêcst,  tâéeth. 

c  médial,  en  normand,  est  souvent  écrit  ch  :  folclies,  loerclies. 

ë 

La  lettre  y  ne  désigne  pas  seulement  la  semi-voyelle  allemande  /, 
mais  est  encore  le  symbole  d'un  son  guttural  ou  palatal,  correspon- 
dant étymologiquement,  à  l'allemand  y.  Du  fait  que  ce  son  allitère 
avec  y  de  l'ancien  anglais  =  /germanique,  et  qu'il  se  transpose  avec 
j  et  h,  on  peut  induire  qu'il  doit  être  regardé  généralement  comme 
aspirant,  et  non  comme  un  temps  sonnant. 

1°  y  initial  est  avant  tout,  un  son  guttural  aspirant,  comme  dans  : 
g  al  an,  yâst,  glâêd.  D'autre  part,  il  est  palatal  aspirant,  devant  e,  ca, 
i'0,  i,  le  ïo  :  yeldan,  gieldan,  yea/,  yea  fou. 

2°  Quand  y  est  final,  il  se  change  plus  ou  moins  régulièrement  en 
h,  après  une  voyelle  longue  gutturale,  —  ou  r,  I  :  genôh,  bca/i,  sldh, 


7oG  GRAMMAIRE 

beorh,  burh,  sorh  ;  —  au  lieu  de  genôg,  bêag,  stag,  beorg,   burg, 
sorg. 

3°  Quand  g  suit  une  voyelle  palatale  à  la  (in  d'une  syllabe,  il  se 
change  parfois  en  i  :  bodei,  meùhâd,  au  lieu  de  bodeg,  megthhâd. 

4°  Quand  g  est  suivi  de  l'une  des  consonnes,  d,  (th),  n,  —  il  dis- 
paraît souvent,  dans  le  saxon  de  l'ouest  après  une  voyelle  palatale, 
la  voyelle  précédente  étant  simultanément  allongée  :  mâcden,  sâcde, 
gesâêdd ;  lède,  geléd  :  —  au  lieu  de  saegde,  legde... 

5°  ige,  dérivé  de  igi  est  souvent  contracté  en  l  :  lîsl,  lïth,  gelire; 
-  au  lieu  de  llgest,  llgeth,  geligere. 

6°  La  finale  -if/,  perd  souvent  le//,  —  dans  la  plupart  des  cas, 
quand  il  est  médial  :  syndrie,  he  fie,  hungrie,  —  au  lieu  de  sgn- 
drige,  hefige,  hungrige. 

T  -ïg  est  souvent  contracté  en  -ï,  dans  le  premier  membre  d'un 
mot  composé  :  stîrâp,  sivltlma,  —  au  lieu  de  stlgrdp,  sivïgtîma. 

La  combinaison  ng  garde  le  g  sans  modifications,  sauf  quand  il 
est  final,  et  remplacé  par  -ne,  -neg,  -ngc  :  Uuilherinc  :  Cûsincg ; 
Thêodningc. 

g  géminé  a  une  double  origine  et  une  double  valeur  phonéti- 
que : 

1°  Il  dérive  du  gj  germanique,  et  est  palatal  en  ancien  anglais. 

2°  Dans  quelques  mots  seulement  il  ne  dérive  pas  de  gj,  et  dans 
ceux-ci  il  ne  s'écrit  pas  cg,  mais  gg  :  dogga,  frogga,  /loggettan. 

3°  A  l'origine,  la  prononciation  de  ces  deux  groupes  était  celle 
d'un  double  temps  sonnant  :  mais  la  palate  géminée  cg  devint,  par 
la  suite,  la  palatale  fricative  :  (dz  =  anglais  j). 

h(x) 

Vh  initiale,  est  simplement  une  aspirée  :  elle  se  présente,  sans 
règles,  devant  les  voyelles^  et  dans  les  combinaisons  telles  que,  hl, 
hr,  hn,  hio,  —  qu'on  doit  peut-être  regarder  comme  n'étant  que 
l'équivalent  des  lettres  sourdes,  /,  r,  n,  w  :  hlâf,  hliehhan,  hraefn, 
firing . 

Vh  initiale  disparaît  dans  nabban,  de  ne  habban,  —  et  dans  le 
second  membre  de  certains  composés  :  ânllepe;  waelrèow. 

L'A  simple  médiale,  comme  l'originale  fuo,  disparaît,  quand  elle 
est  suivie  d'une  voyelle,  et  si  une  consonne  précède  l'A,  la  voyelle 
précédente  s'allonge  du  fait  de  la  disparition  de  Yh. 


GRAMMAIRE  757 

L'h/i  géminé  n'est  pas  fréquent  :  geneahhe;  sitj/i/w  ;  cohheltan  ; 
crohha. 

h  disparaît  entre  une  voyelle  et  une  consonne  sonnante,  —  spé- 
cialement /,  r,  ///,  //,  —  et  est  toujours  maintenu  à  la  fin  d'un  mot  : 
feoh.  lien  h,  wôh,  rOh. 


INFLEXION 
PREMIÈRE  PARTIE 

DÉCLINAISON 
CHAPITRE  PREMIER 

DÉCLINAISON  DES  NOMS 

A.  —Voyelle  ou  déclinaison  forte 

1  .  La  DÉCLINAISON  0 

La  déclinaison  o  de  l'ancien  anglais  comprend  des  masculins  et 
des  neutres.  Elle  correspond  à  la  seconde  déclinaison  grecque  et 
latine  (gr.  masc.  —  oç,  neut.  —  ov  ;  lat.  —  us,  —  um).  Les  féminins 
correspondant,  forment  la  déclinaison  â. 

Les  radicaux  o  peuvent  être  subdivisés  comme  suit  :  a)  simples 
radicaux  o;  b)  radicaux  en/o;  c)  radicaux  en  wo. 

Les  terminaisons  des  masculins  et  des  neutres,  sont  les  mêmes  à 
tous  les  cas,  excepté  au  nominatif,  et  à  l'accusatif  pluriel. 

Les  terminaisons  des  radicaux  en  o  sont  : 


Singulier 

Pluriel 

N.  V.  A.     -(-e;-u;  -o) 

Masc. 

Neut 

g.     -es 

-as 

-u,- 

D.  I.     -e 

-a 
-um 

GRAMMAIRE  759 

Le  parenthétique  -e,  -w,  -o  dos  nominatif  el  accusatif  singuliers, 

sont  les  terminaisons  «les  radicaux  en  jo  et  wo. 


a)  Simples  radicaux  en  o 

Exemples  pour  le  masculin  et  le  neutre  :  masculin  :  dôm;  neutre 
hof,  word  : 


Masculin 

Neutr 

g 

Sing.  N.  V.  A.  dôm 

hof 

word 

G.  dômes 

hofes 

wordes 

D.  I.  dôme 

hofe 

worde 

Plur.  N.  Y.  A.  dôinas 

hofu,  -o 

word 

G.  dôma 

hofa 

word  a 

D.  I.  dômum. 

hofum 

wordum 

• 


Les  mots  monosyllabiques  masculins  sont  accentués  comme  dôm; 
les  monosyllabiques  neutres,  avec  une  syllabe  brève  radicale,  comme 
hof,  —  et  comme  word,  quand  ils  ont  une  syllabe  longue  radicale. 

Les  mots  en  ae,  devant  une  simple  consonne,  comme  le  substantif 
masculin,  daeg,  changent  Yae  en  a,  au  pluriel  :  daeg-dagas,  daga, 
dagum. 

Les  mots  en  h  perdent  ce  son,  devant  une  voyelle  finale  : 

1°  Si  Yhest  précédée  d'une  consonne,  la  voyelle  radicale  s'allonge, 
quand  Y  h  disparaît  :  seolh-  scoles  ;  —   feorh-fêores. 

2°  Si  Yh  est  précédée  d'une  voyelle,  la  perte  de  Y  h  implique  la  con- 
traction :  eoh-ros;  feoh-fcos  ;  Ihêoh-thêos. 

Les  mots  polysyllabiques  de  cette  déclinaison  sont  soumis  aux 
règles  suivantes  : 

1°  Les  neutres,  originairement  trisyllabiques,  —  avec  une  syllabe 
radicale  longue,  comme  nïelen,  heafôd,  ont  Yu  au  nominatif  et  à 
l'accusatif  pluriel  :  nïetenu,  hvafodu. 

2°  Les  neutres  trisyllabiques,  h  l'origine,  avec  une  syllabe  brève 
radicale,  sont  sans  terminaison,  au  nominatif  de  l'accusatif  pluriel  : 
reced  werod. 


760 


lill.WIM  UHK 


I»)  Radicaux  <jn  jo 


Kxcmples  pour  le  masculin  :  here  secy,  ende  ;  —  pour  le  neutre 
cyn,  lice,  wcsten. 


ende 

endes 

ende 

endas 

enda 

endum 


Masculin 

Sing.  N.  V.  A. 

here 

secg 

G. 

her(i)ges 

secges 

I).  I. 

her(i)ge 

secge 

Hur.  N.  V.  A. 

her(i)g(e)as 

secg(e)as 

G. 

her(i)g(e)a 

secg(e)a 

D.  1. 

her(i)gum 

secg(i)um 

Neutre 


Sing.  N. 

V.  A. 

cyn(n) 

rice 

wësten 

G. 

cynnes 

rices 

wëstennes 

U.  I. 

cynne 

rice 

wêstenne 

Plur.  N. 

V.  A. 

cyn(n) 

rlc(i)u 

wësten(n)u 

G. 

cynna 

ric(e)a 

wësten  na 

D.  I. 

cynnum 

ric(i)um 

wêstennum 

c)  Radicaux  en  wo. 


Exemples  pour  le  masculin  :  bearu  ; 

Masculin 

Sing.  N.  V.  A.  bearu,-o 
G.  bearwes 
D.  I.  bearwe 
Plur.  N.V.  A.  bearwas 
G.  bearwa 
D.  I.  bearwum 


pour  le  neutre  :  searu. 

Neutre 

searu, -o 

searwes 

searwe 

searu, -o 

searwa 

searwum 


2 .  —  La  déclinaison  à 


La  déclinaison  d  contient  les  cas  féminins  correspondant  aux  mas- 
culins et  aux  neutres  de  la  déclinaison  o. 


GRAMMAIRE 


7<il 


a)  Radicaux  simples  en  à 
Exemples  : 

a)  pour  les  radicaux  courts  :  giefu . 

b)  pour  les  radicaux  longs  :  âr. 


Déclinaison 

Brève 

Longue 

Sing.  N.  V.  giefu, -o 

âr 

G.  giefe 

are 

D.  I.  giefe 

are 

A.  giefe 

are 

Plur.  N.  V.  À.  giefa,-e 

âra,-e 

G.  giefa,-ena 

ara, -n  a, -en  a 

D.  I.  giefuin . 

ârum 

b)  Radicaux  en  ja. 

Les  radicaux  originaires  brefs  sont  tous  devenus  longs,  par  la 
gemination  de  la  consonne  précédant  le/,  —  et  leur  déclinaison  ne 
diffère  pas  de  celle  des  radicaux  longs,  à  l'origine. 

Exemples  : 

a)  pour  les  radicaux  originairement  brefs  :  sib(b). 

b)  pour  les  radicaux  originairement  longs  :  gierd. 


Sing.  N.  V.  sib(b)  gierd 

G.  sibbe  gierde 

D.  T.  sibbe  gierde 

A.  sibbe  gierde 


Plur.  N.  V.  sibba, -e  gierda,-e 
G.  sibba       gierda 
D.  I.  sibbum   gierdum 
A.  sibba, -e  gierda, -e 


c)  Radicaux  en  wa 

Les  noms  avec  une  voyelle  longue  ou  une  dipbtongue,  sont  régu- 
lièrement déclinés  comme  les  simples  radicaux  en  â. 

Quand  une  consonne  précède  le  w,  le  type  de  la  déclinaison  est  le 
suivant,  en  prenant  pour  exemple,  beadu  et  mâêd. 

Plur.  N.  bead\va,-e  m&d(w)a 
G.  beadwa       mâ;d(w)a 
D.  I.  beadwum    mfèd(w)um 
A.  beadwa,  e  mâ4d(w)a,-e 


Sing.  N. 

beadu 

mrëd 

G. 

bead  we 

mâêd 

D.  I. 

bead  we 

moid 

A. 

bead  we 

rmed 

7()2  GRAMMAIRE 

3.  —  La  DÉCLINAISON  i 

La  déclinaison  i  de  l'ancien  anglais  est  limitée  aux  noms  mascu- 
lins et  féminins,  et  à  quelques  mots,  neutres  à  l'origine,  connue 
mere,  mené,  ele,  bere,  hele,  sige  qui  sont  devenus  masculins. 

a)  Masculins  et  neutres 
1 .  —  Radicaux  brefs 
Exemples  :  masc.  :  wine  ;  neut.  :  spere. 


Masc.  Neut. 

Sing.  N.  V.  A.  wine  spere 

G.  wines  speres 

D   I.  wine  spere 


Masc.       Neut. 
Plur.  N.  V.  A.  wine, -as  speru 
G.  wina, 

winig(e)a  spera 
D.  1.  winum     sperum 


2.  —  Radicaux  longs 

Les  radicaux  longs  masculins  ne  se  rencontrent  qu'au  pluriel,  tels 
que  Engle,  Seaxe,  M  1er  ce,  Dcre,  Beornice,  Egiple,  Crcce,  Perse, 
Suthhymbre. 

Plur.  N.  V.  A.  Engle 
G.  Engla 
D.  I.  Engluin 

b)  Féminins 

1 .  —  Radicaux  brefs 

Il  n'en  demeure  que  quelques  types,  et  encore  sont-ils  incertains  : 
fremu,  hylu,  -legu.  La  déclinaison  de  pareils  mots  est  analogue  à  la 
déclinaison  des  radicaux  brefs  en  â. 

2.  —  Radicaux  longs 
Exemple  :  bën, 

Sing.  N.  V.   bën  Plur.  N.  V.   bëne,-a 
G.   bëne  G.  bëna 

D.  I.   bëne  D.  I.   bënum 

A.   bën  A.  bëne, -a. 


i  ;  Il  VMM  AIRE  703 

4.  —  La  déclinaison  u. 

a)  Masculins 

1.  —  Radicaux  brefs 

Exemple  :  sunu  : 

Sing.  N.  V.   sunu,-o;  -a  Plur.  N.  V.  suna  ;  -u,-o 

G.  suna  G.  suna 

D.   suna;  -u,-o  I).  1.  sunum 

A.   sunu,-o:-a  A.  suna;-u,-o 
[.   suna 

2.  —  Radicaux  longs 

Les  mots  avec  un  radical  long  ont  perdu  Vu  dans  le  nom  ace.  sing., 
et  se  sont  assimilés  aux  radicaux  en  o  :  ils  ont  pris  presque  entière- 
ment l'inflexion  de  ceux-ci.  Exemple  :  feld. 

Sing.  N.  Y.  A.   feld  Plur.  N.  V.  A.   felda;-as 

G.   felda  ;  -es  G.   felda 

D.  I.   felda  ; -e  D.I.   feldum 

b)  Féminins 

Il  n'y  a  que  peu  d'exemples  de  ceux-ci.  Exemples  :  duru  ; 
hond. 

Sing.  N.  V.  A.   duru         hond         Plur.  N.  V.  A.   dura;  u  honda 
G.   dura         honda  G.   dura        honda 

D.I.   dura;-u  honda  D.I.   durum    horidum 

B.  —  Déclinaison  faible 
(Radicaux  en  n) 

Les  trois  genres  sont  presque  identiquement  représentés,  excepté 
au  nominatif,  et  au  vocatif  singulier  (  —  et  de  même  à  l'accusatif 
neutre).  Le  masculin  se  termine  en  -a  ;  le  féminin,  en  -e  ou  -u  ;  le 
neutre,  en  -e.  Exemples  :  masc.  guma  ;  fém.  tunge;  neut.  ëage. 


70  i 


I.IIAMMAIHI. 

Masculin 

Féminin 

Neutre 

Sing.  N. 

V. 

gunia 

tunge 

êage 

G. 

guman 

tungan 

ëagan 

1) 

.  1. 

gunian 

tungan 

ëagan 

A. 

guman 

tungan 

ëage 

Plur.  N.  V. 

A. 

gunian 

tungan 

ëagan 

G. 

guinena 

tung(e)na 

ëag(e)na 

D 

1. 

gumum 

tungum 

ëagum 

CHAPITRE  H 


Déclinaison  des  adjectifs 


Les  adjectifs  d'origine  germanique  ont  une  double  déclinaison,  — 
forte  et  faible.  La  plupart  des  adjectifs  peuvent  être  déclinés  de 
l'une  ou  l'autre  façon, —  ce  qui  dépend  surtout  de  considérations  de 
syntaxe.  La  forme  faible  est  généralement  employée  après  l'article, 
et  toutes  les  fois  que  l'adjectif  est  employé  substantivement;  la 
forme  forte  est  appliquée  à  l'adjectif  qualificatif,  —  et  quand  celui- 
ci  est  employé  sans  l'article. 

A.  —  Déclinaison  forte 

1 .  —  Radicaux  purs  ex  o 

Il  faut  faire  ici,  la  distinction  entre  radicaux  longs  et  brefs;  entre 
polysyllabes  et  monosyllabes.  Comme  exemple  de  radicaux  brefs  : 
hwael;  —  de  radicaux  longs  :  gôd\  —  de  polysyllabes  :  halig. 


a)  Radicaux  brefs 


Masc. 

Neul. 

Fêm. 

Sing.  N.  V. 

hwaet 

hwaet 

hwatu,-o 

G. 

hwates 

hwaetre 

D. 

kwatum 

hivaetre 

A. 

luoaetne 

hwaet 

hwate 

1. 

hwate 

Plur.N.V.A. 

kwate 

hwatu,-o 

hwata,-e 

G. 

hwaelra 

I).  I. 

hwatum 

7GG 


liltAMMAIHE 


b)  Radicaux  longs 


Sing.  N.  V. 

gôd 

G. 

godes 

I). 

gôdum 

A. 

gôdne 

I. 

gode 

Plur.N.  V.A. 

(jôde 

G. 

f/Odra 

D.  I. 

gôdum 

:ôd 


:ôd 


'ôd 


gôd 
gôdrt 


rode 


i>oda,-e 


Sing.N.  V. 


G 
D. 

A. 
I. 

Plur.N.  V.A. 

G. 
D.  J. 


halii 


c)  Polysyllabes 


hâlges 
hâlgum 


h  al  igné 


halge 


halge 


hâlig  \  bàligu,-o; 

5  )  halgu,-o  ;  hâlig 


halii 


c  haligu,-o; 

l  hà!gu,-o  ;  hâlig 


haligra 
hâlgum 


hâligre 
hàligre 

halge 


halga,-e 


2.  —  Radicaux  en  jo. 

Les  radicaux  brefs,  à  l'origine,  tels  que  mid  nyl,  yesib,  —  se 
déclinent  comme  les  radicaux  purs  en  o,  se  terminant  par  une  con- 
sonne géminée  :  mid,  gen  :  middes  ;  fém  :  midre. 

Les  radicaux  longs,  à  l'origine,  peennent  -e  au  nominatif  singu- 
lier masculin  et  neutre;  -u,  -o  au  nominatif  singulier,  féminin,  et  à 
l'accusatif  pluriel,  neutre  ;  aux  autres  cas,  ils  se  déclinent  comme 
les  radicaux  purs  en  o.  Exemple  :  grêne. 


Sing.  N.  V. 
G. 
D. 
A. 


Masc. 


grene 


:renne 


Neut. 

Fém . 

grêne 

grenu,  -o 

g rênes 

grênre 

grënum 

grënre 

grêne 

grêne 

GRAM  M  Villi. 


7<>7 


I 


Plur.  N.V.A.      grëne 


G 

I).  I 


grëne 


grenu, -o     grenade 

grënra 

grenu m 


3.  —  Radigaux  en  wo 

Les  mots  avec  une  seule  consonne  devant  le  //>,  vocalisent  ce  der- 
nier quand  il  est  final,  en  -u,  -o  (-a),  et  en  -o,  devant  une  finale  con- 
sonnante.  Exemple  :  yearu. 


Masc. 

NeuL 

Fem. 

Sing. 

N.  V. 

gearu,-o 

gearu,-o 

gearu,-o 

G. 

gearwes 

gearore 

D. 

gearwum 

gearore 

A. 

gearone 

gearu,-o 

gearwe 

I. 

gearwe 

ur.  N 

V.  A. 

G. 

D.  ï. 

gearwe 

gearu,-o 

gearora 

gearwum 

gearwa,-e 

B.  —  Déclinaison  faible 

La  déclinaison  faible  des  adjectifs  est  la  même  que  celle  des  noms, 
excepté  que  le  génitif  pluriel  est  presque  toujours  remplacé  par  la 
forme  forte,  -ra.  Exemple  :  goda. 


Masc. 

NeuL 

Fém. 

Sing.  N.  V. 

goda 

gode 

gode 

G. 

gôdan 

1).  I. 

gôdan 

A. 

gôdan 

gode 

gôdan 

Plur.  N.  V.  A. 

gôdan 

G. 

gôdra,(- 

ena) 

1).  I. 

gôdum 

7<>8 


llltAMMAIHK 


C.  —  Déclinaison  des  participes 

Le  participe  présent  suit  la  déclinaison  en  j'o  des  adjectifs,  et  peut 
être  infléchi  comme  faillie.  Exemple  :  g ie fende. 


Masc. 

Neut. 

Fém. 

Sing.  N. 

V. 

giefende 

giefende 

giefendu,-o 

G. 

giefendes 
giefendum 

giefendre 
giefendre 

A. 

giefende 

giefende 

giefende 

1. 

giefende 

Plur.N.  V. 

A. 
(i. 

giefende 

giefendu,-o 
giefendra 

giefenda,-e 

1) 

.  I. 

giefendum 

Le  participe  passé,  comme  un  adjectif  normal,  a  une  déclinaison 
forte  et  faible  Exemples  :  participes  de  hâtan;  âcèsstm  ;  nerian. 


Forte 
Faible 


hâten 

hâten 

hâten  u 

âcoren 

âcoren 

âcoren  (u) 

genered 

genered 

genered  (u) 

âcorena 

acorene 

âcorene 

genereda 

generede 

.     generede 

D.  —  Comparaison  des  adjectifs 


1 .  —  Comparatif 


Le  comparatif,  en  ancien  anglais,  n'a  qu'une  terminaison,  -ra, 
correspondant  et  au  gothique,  -iza,  et  au  gothique,  -oza. 

2.  —  Superlatif 


La  forme  la  plus  synthétique  du  superlatif,  a  une  finale  en  -osl 
{-ust,  -ast)y  et  plus  rarement,  en  -est  :  lêof,  Uofost;  —  rïce,  rïc(é)ost; 
—  slrenge,  strenyest. 


GRAMMAIRE 


769 


E.  —  Formation  des  adverbes 

t.  -  Les  adverbes  dérivés  d'adjectifs  ont  la  iinale  en  -e  :  heard, 
hearde  :  —  sôih,  sOthe.  Quand  la  formation  des  adverbes  est  compo- 
sée, ceux-ci  se  terminent  en  -lice,  -lice  :  heard,  heardlice.  Quelques 
adverbes  se  terminent  en  -a  :  fêla,  gêara,  gietia  ;  d'autres  dérivés 
d'adjectifs  ou  de  substantifs  se  terminent  en  -unga  ~inga\  -enga. 

2.  Les  adverbes  de  lieu  sont  les  suivants  : 


(  h.  •* 

D'où  ? 

D'où  ? 

thàêr, 

là 

thider 

thonan 

hwâer, 

où 

hwider 

hwonan 

lier, 

ici 

hider 

h  ion  an  :  hi  ne 

inné, 

dedans 

in(n) 

innan 

ûte, 

sans 

ùt 

ùtan 

uppe, 

en  haut 

up(p) 

uppan,  ufan 

^"*   > 

en  bas 

nithor 

niothan 

"™""  > 

avant 

forth 

foran 

i 

derrière 

hinder 

hindan 

*— *       5 

à  l'orient 

east 

êastan 

» 

à  l'ouest 

west 

westan 

* 

au  nord 

north 

northan 

•) 

au  sud 

sûth 

sûthan 

feor(r), 

au  loin 

feor(r) 

feorran 

néah, 

près  de 

near 

nêan 

Les  adverbes  ne  marquant  pas  le  mouvement,  sont  remplacés  par 
des  composés  avec  prépositions,  tels  que  be-niothan,  be-foran,  be- 
tas tan,  on-mnan. 


CHAPITRE  III 


Adjectifs  nuitiéraux 


1 


Cardï.xaix 


Les  trois  premiers  adjectifs  numéraux  sont  déclinables  dans  tous 
les  genres,  et  dans  tous  les  cas  ;  les  nombres  de  quatre  à  dix-neuf, 
quand  leur  sens  est  attributif,  ne  sont  pas  généralement  infléchis. 
Si  ces  nombres  sont  isolés,  ils  subissent  l'inflexion,  conformément  à 
la  déclinaison  en  i.  Exemple  :  nom.  ace.  fife  ;  neut.  fifu,-o;  gén. 
fi  fa  ;  dat.  fîfum. 

Les  dizaines  de  âO  à  60,  sont  formées  par  l'addition  de  la  syllabe 
-tig  (du  gothique  iigus),  décade,  —  à  l'unité  correspondante  :  celles 
de  70  à  120,  de  même  manière,  avec  le  préfixe  hand.  Exemples  : 
twëntig,  thrïtig,  fêoïoertig,  siextig  ;  hundsiofontig,  hundtwelf- 
tig. 

Les  nombres  de  200  à  900,  sont  généralement  formés  parle  neutre 
hand  :  tu  kund,  thrlo  hund. 

1.000  est  neutre  :  thûsend,  gén.  des,  dat,-«fe,  et  au  pluriel  :  thû- 
sendu  (-o,  -a). 


2. 


Ordinaux 


Le  nombre  ordinal  correspondant  à  1  est  forma  (variantes  ;  for- 
mesla,  fgrmest  (a),  fyrst  (a)  ;—  ou  âêresta.  Celui  qui  correspond  à  2, 
est  :  ôther  ou  aefterra.  Les  autres  sont  :  thritlitha,  feortha  fifta, 
siexta,  etc. 

Tous  les  nombres  ordinaux  se  déclinent  comme  les  adjectifs  fai- 


(ill  A  M  MA  I  UK 


771 


blés,  à  l'exception  de  other  qui  appartient  à  la  déclinaison  forte.  Les 
préfixes  ne  se  déclinent  pas. 

3.  —  Multiplicatifs 


Les  multiplicatifs  se  forment  en  ajoutant  l'adjectif  -feald  aux  nom- 
bres cardinaux  :  ânfeald,  -///>?>,  t/ry/ca/d,  thrie-thry feald,  monig- 
feald. 


CHAPITRE  IV 


Pronoms 


Pronoms  personnels  sans  distinction  de  genre 


Première  personne 

Seconde  personne 

Sing 

.  N. 

ïc 

thû 

G. 

mïn 

thïn 

D. 

më 

thë 

A. 

më  (mec) 

thé  (thec) 

Duel. 

N. 

wit 

orit 

G. 

uncer 

incer 

D. 

une 

inc 

A. 

une  (uncit  ?) 

inc  (incit) 

Plur. 

N. 

wê 

gê 

G. 

ûre  (ûs(s)er) 

ëower,  ïower 

D. 

ûs 

ëow,  îow 

A. 

ûs  (ûsic) 

ëow,  îow  (ëowic) 

2. 


Pronoms  de  la  troisième  personne 


Masc. 

Neut.             Fem. 

Sing.  N. 

hë 

hit            hïo,  hëo 

G. 

his 

hiere  (hire,  hyre) 

D. 

him 

hiere  (hire,  hyre) 

A. 

hi(e)ne 

hit           hie  (hï,  hy) 

ur.  N.  A. 

hîe  (h 

ï,hy) 

G. 

hiera 

(hira,  hyra)  ;  hiora,  heora 

D. 

him 

GRAMMAIRE  773 

3.   —  Pronoms  POSSESSIFS 

Les  pronoms  possessifs  sont  formés  des  racines  des  pronoms  per- 
sonnels de  la  première  et  de  la  seconde  personnes  :  mïn,  thin,  sin, 
uncer,  incer,  Cire,  cower.  La  déclinaison  des  possessifs  est  identique 
à  celle  des  adjectifs  forts. 

i.  —  Pronoms  démonstratifs 

Le  pronom  se,  sio,  thael,  simplement  démonstratif,  à  l'origine,  fut 
presque  réduit  en  ancien  anglais,  au  rôle  d'article  défini.  Sa  décli- 
naison en  saxon  de  l'ouest,  est  la  suivante  : 

Masc.  Neul.  Fèm. 


Sing.  N. 

se 

thaet 

SÏO,  S( 

G. 

thœs 

thaëre 

D. 

thsêm  (thâm) 

thâêre 

A. 

thone 

thaet 

thâ 

1. 

thy  ;  thon 

— 

Plur.  N.  A. 

thâ 

G. 

thâra  (thaêra) 

D. 

theêm  (thâm) 

Le  pronom  démonstratif  composé  thés:  fém.  thîos  (thêos),  neut. 
this,  est  ainsi  décliné  en  saxon  de  l'ouest  primitif  : 

Masc.  Neut.  Fem . 

Sing.  N.  thés                         this  thïos,  thëos 

G.              this(s)es,  thy(s)es  thisse 

D.             this(s)um,  thys(s)um;  thiosum  thisse 

A.  thisne,  thysne        this  thâs 

I.            thys,  thïs  — 
Plur.  N.  A.                               thâs 
G.                               thissa 
D.                                this(s)um,  thys(s)um  ;  lhios(s)um 

Le  pronom  d'identité  (latin  idem),  est  se  ilea.  L'équivalent  à'ipse 
est  en  saxon  de  l'ouest  primitif  :  self,  sylf,  seolf. 


771  fitt  A  .M  M  A I  Ht: 


5.  —  Pronoms  rel  itifs 

L'ancien  anglais  n*a  pas  de  pronom  relatif,  proprement  dit.  il 
est  remplacé  par  un  pronom  démonstratifs'7,  sïo,  thaet,  ou  parla  par- 
ticule the,  seule,  ou  en  combinaison  avec  un  pronom  démons- 
tratif. 

fi.   Pronoms  intehrooatifs 

Le  pronom  interrogatif  simple,  hwâ,  kwaet  (du  gothique,  hwas)  ne 
"se  rencontre  qu'au  masculin,  et  au  neutre  singulier. 

Mme.  Netfl. 

Sing.  N.  hwâ  hwaet 

G .  hwaes 

D.  hwaem  (hwâm) 

A.  hwone  hwaet 

I.  —  hwv,  hwï 

7.  —  Pronoms  indéfinis 

Le  pronom  indéfini,  quelqu'un,  est  exprimé  par  sum,  qui  se 
décline  comme  un  adjectif  fort.  Dans  les  phrases  négatives  et  inter- 
rogatives,  les  pronoms  interrogatifs  hum,  hwaether,  hwelc,  peuvent 
être  employés  comme  pronoms  indéfinis. 

A' importe  qui  =  hwelc-h(w)ugu . 

N'importe  quoi  =  âwuht  (âuht);  ôwuht  (ôht). 

Qui  que  ce  soit  =  sum  hwaether  swâ;  swâ  hwelc  swâ . 

L'un  des  deux,  —  l'autre  =  âhwaether  ;  ôhwaetker. 

Chacun  =  aelc. 

ni  =  nâhumether  \  nôhwaether  ;  —  aucun  =r  nân,  naenig  ;  — rien 
=  nâwiht,  nôwuht. 

tel  —  swelc,  thyslic,  thuslic. 


..liWiUAiiu  77;» 


DEUXIEME  PARTIE 

CONJUGAISON 


Le  verbe,  en  ancien  anglais,  présente  les  earaetèrea  suivants  : 

lo  II  n'a  qu'une  voix,  l'actif  ; 

2°  Deux  temps,  le  présent  et  le  prétérit;  le  futur  qui  fait  défaut, 
est  remplacé  par  les  verbes  auxiliaires  :  bêon  et  sculati  ; 

3°  Deux  modes  complets,  un  indicatif  et  un  subjonctif,  —  en 
dehors  d'un  impératif,  qui  ne  se  conjugue  qu'au  présent; 

4°  Deux  nombres,  le  singulier  et  je  pluriel  ; 

5o  Trois  noms  verbaux,  un  infinitif  présent,  un  participe  pré- 
sent, avec  sens  actif,  et  un  participe  passé,  avec  sens  neutre,  ou 
passif. 

Les  verbes  anglo-saxons  se  divisent  en  deux  catégories  princi- 
pales, commandées  par  la  formation  du  prétérit  : 

1°   Verbes   forts.    —    Ceux-ci    forment   leur    prétérit,    soit    par 

Y  ablaut,  c'est-à-dire  par  la  variation  de  la  voyelle  radicale  (binda, 
band),  soit  par  le  redoublement  de  la  syllabe  radicale,  sans  exclure 

Y  ablaut,  (haita,  hailiait;  le  ta,  lailôt). 

2°  Verbes  faibles .  —  Ces  derniers  forment  leur  prétérit  par  l'addi- 
tion de  la  syllabe  -da,  -ta.  comme  finale  (prétérit  dental). 
Exemple  :  nasja,  haba,  salbô  =  nasida,  habaida,  salbôda. 

I.  —  Terminaisons  des,  verbes  en  général 

Terminaisons  des  verbes  forts,  en  saxon  de  l'ouest   : 

PRÉSENT 

Indicatif  Optatif  Impératif 

Sing.  1.  -e  \  Sing.  2.  — 

2.  (e)s, -(e)st  >  -e  Plur.  1.  -an 

3.  -(e)th  )  2.  -ath. 
Plur.  -ath  -en,  -an,  -on 

Infinitif:  -an  Participe  :  -ende 


776 


<;r\mmairk 


PRETERIT 


Indicatif 


Optatif 


Sing.  1. 


-e 


2.   -e 

:\.  — 

Plur.  -un,  -on,  -an  -en,  -an,  -on 

Participe  :  -en 
Terminaisons  des  verbes  faibles  (classe  I  et  classe  II)  : 


PRESENT 


Indicatif 
I  II 

Sing.  1.  -e  -i(&)e 

2.  -(e)s,  -(e)st  -as,  -ast 

3.  -(e)th  -ath 
Plur.  -ath              -i(ge)ath 

Infinitif  :  I.  -an  ;  II.  -i(ge)an 


Optatif 
L         II 


Impératif 


I  II 

Sing.  2.  -e,  -  -a 

-i(g)e     Plur.  1. -an  -i(ge)an 

2.  -ath  -i(ge)ath 
en  -i(g)en 

Participe  :  I.  -ende  ;  II.  -i(g)ende 


PRETERIT 


Indicatif 


Optatif 


Sing.  1.  -de 

2.  -des,  dest  ï>  -de 

3.  -de 
Plur.  -dun,  -don,  -dan  -den,  -dan,  -don 

Participe  :  I.  -ed  (-t);  IL  -od  (-ad). 

II.  —  Verbes  forts 
Conjugaison  du  verbe  fort.  Exemples  :  bindan,  faran,  heipan. 

i.  ACTIF 

a)   Verbes  réguliers 


PRESENT 


Indicatif 

Sing.   I.  binde  fare  helpe  bidde 

2.  bindest,  bintst       fa?r(e)st       hilp(e)st      bidest,  bitst 


«ill  A  M  M  A I  HE 


777 


3.  bindeth,  bint         fœr(e)th       iiilp(e)tb      bideth,  bit 
Plur.  biodath  farath         helpath        biddath 

Optatif 


Sing. 

binde 

tare 

helpe 

bidde 

Plur. 

bind en 

faren 

Impératif 

belpen 

bidden 

Sing.   2. 

bind 

(fœr),  far 

help 

bide 

Plur.   1. 

bind  an 

fa  ran 

helpan 

biddan 

2 

bindath 

fa  rath 
Infinitif 

helpath 

biddath 

bindan 

faran 
Participes 

helpan 

biddan 

bindende 

farende 

PRÉTÉRIT 

Indicatif 

helpende 

biddende 

Sing.   i. 

bond 

for 

healp 

baed 

2. 

bunde 

fore 

hulpe 

baede 

3. 

bond 

for 

healp 

bœd 

Plur. 

bundon 

fôron 
Optatif 

hulpon 

b&don 

Sing. 

bunde 

fore 

hulpe 

bœde 

Plur. 

bunden 

fôren 
Participes 

hulpen 

haëden 

bunden 

faren 

holpen 

beden 

b)   Verbes  à  contraction 


PRESENT 


Indicatif 


Sing.  1.  têo  têo 

2.  tïehst  tïehst 


sëo 
siehst 


slëa 
sliehst 


fô 

fêhst 


778 


in 

i.lUMMYIKI 

% 

Uelith 

tîeiilli 

-iflllll 

-Imlilli 

fghth 

Plur. 

tôol  II 

tëotli 

sêoth 
Qfëfatif 

slf-alh 

lôtl) 

Sing. 

tëo 

In» 

sëo 

slêa 

lu 

Plur. 

Icon 

trou 

sëon 
Impératif 

slr-au 

Ton 

Sing.  2. 

tëo  h 

tëol) 

sëoh 

sleah 

l'ôli 

Plur.  \, 

tëon 

tëon 

sëon 

slëan 

fôn 

2. 

tëoth 

tëoth 

sëoth 
Infinitif 

slëath 

fr.th 

tëon 

tëon 

sëon 

slëan 

fôn 

Participes 

tëonde 

tëonde          sëonde 

slëande 

fonde 

PRÉTÉRIT 

Indicatif 

Sing.  1. 

tâh 

tëah 

seah 

slog,  -h 

feng 

2. 

tige 

tuge 

sa  we 

slôge 

fenge 

3. 

tâh 

tëah 

seah 

slôg,  -h 

feng 

Plur. 

tigon 

tugon 

sa  won 
Optatif 

slôgon 

fengon 

Sing. 

tige 

tuge 

sa  we 

slôge 

fenge 

Plur. 

tigen 

tugen 

sâwen 
Participes 

slôgen 

fengen 

tig  en 

togen 

sewen 

2.    l'A  S  SI  F 

slaegen 

fongen 

Ind.  1  et  3 

Sing. 

:  hâtte 

Plur.  :  hâtto r 

i 

III.  - 

—  Verbes  faibles 

Les  verbes  faibles  sont,  pour  la  plupart,  dérivés.  Us  sqnt  divisés  en 
Irois  classes,  qui  reposent  sur  la  variation  de  leurs  suffixes  dérivés  : 


Lll.UI.M  VlltK 


77<> 


1°  La  classe  /©-(ou /a-).  Son  suffixe  est  dérivé  de  l'indo-européen, 

-t>-ju-  ; 

2o  La  çjasse-ô.  Son  suffice  dérivé  est  l'allemand  -0-j'a-  : 

3°  La  classe  <■-  ou  ai-.  Le  radical  <in  était  l'indo-européen  -è-. 

Première  conjttf/aison  des  vefbes  faibles  de  la  c/assf  I 

nerian  et  fremman  représentent  la  conjugaison  des  radicaux  ori- 
ginaires brefs  ;  dcman,  des  radicaux  originaires  longs.  Exemples 
identiques  des  mêmes  cas  :  yiertvanei  cïegan  : 


Sing.  t.  nerie  fremme 

2.  neres(t)  fremes(t) 

3.  nereth  fremeth 
Plur.  neriath  fremmath 


Sing,  nerie 
Plur.  nerien 

Sing.  2.  nere 
Plur.  t.  nerian 
2.  neriath 


fremme 
fremmen 


freme 

fremman 

fremmath 


nerian       fremman 


l'HKSKNT 

Indicatif 

de  me 
dêm(e)st 
dëm(e)th 
dêmath 

Optatif 

dême 
dêmen 

Impératif 

dëm 

dëman 

dêmath 

Infinitif 
I  dëman 


gierwe 
gierest 
giereth 
gierwath 


gierwe 
sjierwen 

gierwe 

gierwan 

gierwath 


Participe 
neriende  fremmende  |  dëmende  |j  gierwende 


cïege 
c!eg(e)st 
cleg(e)th 
cïegath 


ciege 
eleven 


cleg 

cïegan 

cTegath 


||  gierwan         cïegan 


clegende 


Sing 


1 .  nerede       fremede 

2.  neredes(t)  fremedes(t) 

3.  nerede       fremede 
Plur.  neredon     fremedon 


PRETERIT 

11 

iaicati[ 
dêmde 

gierede, 

cïegde 

) 

dèmdes(t) 

etc. 

etc. 

dëmde 

dëmdon 

780 


u 

GRAMMAIRE 

Optatif 

Sing. 

ne redo 

frernede 

dômde 

gierede, 

cïegde, 

Plur. 

nereden 

fremeden 

dëmden 

etc. 

etc. 

Participe 

Sing. 

nered 

fremed 

dëmed 

gier(w)ed, 

cïeged , 

Plur. 

ne  rede 

frernede 

dêmde 

etc. 

etc. 

Deuxième  conjugaison  faible 

Les  formes  de  cette  classe  peuvent  être  rattachées  à  un  même 
radical,  d'origine  germanique  :  -ôja-.  Dans  l'ancien  anglais,  l'ori- 
ginal -ôja-,  devint  successivement  -ê/fl-,  -eja-,  -ija-.  Le  prétérit  et 
les  participes  passés  sont  formés  du  radical  plus  bref,  -ô-.  Et  dans 
l'ancien  anglais,  on  trouve  souvent  à  la  place  de  cet  ô,  un  a  ou  un  ?/, 
ou  un  o. 

Les  exemples  de  cette  classe  en  saxon  de  l'ouest,  sont  les 
suivants  : 

PRÉSENT 


Indicatif 

Sing.  1.  lôcige 

2.  lôcas(t) 

3.  lôcath 
Plur.  lôciath 

Infinitif 

lôcian 


Optatif 


lôcige 


locigen 


Impératif 

Sing.  2.  lôca 
Plur.  1.  lôcian 
2.  lôciath 


Participe 
lôciende 


PRETERIT 


Indicatif 
Sing.  4.  lôcode 

2.  lôcodes(t) 

3.  lôcode 
Plur.  lôcodon 


Optatif 


lôcode 


iôcoden 


PARTICIPE 

-lôcod 


Les  terminaisons  du  participe  passé  correspondent,  en  général, 
celles  du  prétérit  :  en  saxon  de  l'ouest,  -od  ou  -ad. 


URAMMAIHK  781 


Troisième  conjugaison  faible 

Exemples  :  habban  ;   libban  ;  secg(e)an  ;  hycg(e)an  ;  thrêag(e)an  ; 
frêog{e)an. 

PRÉSENT 

Indicatif 
Singulier  : 

.     ...  (libbe  .  ...  . 

1.  ha'bbe        <,.._    .       secge  bycge  threage  freoge 

f(hfge) 

j(hafas[t])      f    ,       C(sagas[t])  (hagas[t]     thrft|||t,n       frPn(im 

-  (hsefst       ll0taS(t)    Isœgst        |hyg(e)st    thnast(t)       («^s(t) 

„    ((hafath)      ..  f  .,      ((sagath)     (hogath       .,    .  ..  _  _  , 

3-  ))    *.  liofath    }v    °      '     ]     °  threath  li-éoth 

(hseftfa  (ssegth        (hyg(th) 

Pluriel  : 

habbath       '/..v  secg(e)ath  hycg(e)ath  thrêag(e)ath  frêog(e)ath 


Optatif 


Singulier 


1.  ha?bbe        \.mmm    .       secge  hycge  threage  freoge 

((lifge)  J  °  ° 


Impératif 

,.  n  ((saga)       (hoga  ,,    _  r  _ 

2.  hafa  liofa  y    °  '       ),    °  threa  fr<;o 

(saege         (hyge 


Singulier  : 


Pluriel  : 


ibbath 


habbath      L..     '      secg(e)ath  hycg(e)ath  threag(e)ath  frêogfelath 
^(lifgath)  v 

Infinitif 

,    ,,  ilibban  -  , 

nannan      )/iftr     \    secg(e)an    hycg(e)an   thrëag(e)an   irëog(e)an 

Participe 

bœbbende  <•„..       ,.  N  secgende    hycgende    thrëagende    frëogende 

((hfgende)       b  J  ° 


782 


Sin -oilier 
1.  haefde 


gehjpftl 


lifde 


relifd 


i.KVMMAHlK 

PRETERIT 

Indicatif 

ssegde        liogde 

thrëade 

etc.,  comme  dfimde, 

409. 

fn'ode 


Participe 
gesaegd      gehogod     gethrëad       gefrêod 


IY.  —  Verbes  particuliers 

I.  —  Le  verbe  substantif 

Le  verbe  substantif  est  composé  de  formes  dérivées  des  quatre 
racines  :  es  ;  er,  or;  bheu  ;  wes. 
1°  Racines  en  es  et  or  : 


PRESENT 

Indicatif 

Sing.  1. 

eom 

earn 

am 

2. 

eart 

earth 

arth 

3. 

is 

is 

is 

r  — 

earum 

aron,  -un 

Plur. 

}  sint 

sind 

sint 

[  sindon,  -un 

sindun,  -on 
Optatif 

sindon,  -un 

Sing. 

sïe,  sî 

sïe 

sïe,  se 

Plur. 

sïen,  sïn 

sïen 

sïe,  se 

2o  Racines  en  bheu 


PRÉSENT 


Indicatif 


Optatif 


Sing.  1. 

(bïo,  bêo) 

bïom 

bïom 

2. 

bist 

bis(t) 

bist 

3. 

bit  h 

bith 

bith 

Plur. 

bïoth,  bëoth 

bïoth 

ïbi(o)thim,  on 
(bïath 

bïo, 
bêo 


bia, 
bïe, 


à  bïon, 
)  bëon 


(■K.VMM  urn 


783 


Infinitif  Participe  Impératif 

bïon,  bêÔB  |  (blonde,  bëonde)  |  Sing,  bio,  bëo.     Plur.  bïoth,  broth 

3°  Racine  en  wes  . 

I'KKSENT 

Infinitif  Participe  Impératif 

wesan  wesende  Sing.  wes.  ÏMur.  wesatfa 


Sing.  1 


Indicatif 

waes 
2.     waëre 


PRKTl  'KIT 


Opttitif 
w  ;ére 


II.  —  £e  vierôe  will 

Le  temps  au  présent,  du  verbe  will,  était  à  l'origine,  et  dans 
l'ancien  allemand,  un  optatif,  avec  la  valeur  de  l'indicatif.  Le 
prétérit  appartient  à  la  conjugaison  faible.  La  conjugaison  en 
anglo-saxon  de  l'ouest,  est  la  suivante  : 


PRESENT 


Indicatif 

Sing.  1.  willr 

2.  wilt 

3.  wilé  (wille) 
Plur.  wiïlath 


Optatif 


L 


lie  (wile) 


willen 


PRETER  IT 

wolde 

111 .  —  Le  verbe  do 
La  conjugaison  du  verbe  dm.  est  la  suivante 


Infinitif 
willan 

Participe 
willende 


PRESENT 

Indicatif 

Sing.  1.  dô 

dôm 

dôm 

2.  d.-i 

dœst,  -s 

dœs 

784 


CHAM  MAI  11 K 

3. 

dëth 

dœtfa 

Plur. 

dôth 

dôth 
Optatif 

Sing. 

dô 

(doe 
((dôa,  dô) 

Plur. 

don 

doen 
Impératif 

Sing.  2. 

dô 

dôa,dô 

Plur.  1. 

don 

don 

2. 

dôth 

dôth 
Infinitif 

don 

don,  dôan 

infl. 

donne 

donne 

dônde 


Participe 
dônde 


Indicatif 

Sing.  1. 
2. 
3. 

dyde 

dydes(t) 

dyde 

dyde 

dydes,  -est 
dyde 

Plur. 

dydon 

dydun 
Optatif 

Sing. 

dyde 

dyde 

Plur. 

dyden 

dyden 

Participe 

-don 

-dœn 

dœth,  -s 
dôath,  -as 


doe 
doe 

dôa,  dô 
dôath 

dôanne 
doende 


dyde 
dydes(tu) 
dyde 

dydun,  -on 
dédun 


dyde 
dydon  ? 
dêdun? 


dœn 


IV.  —  Le  verbe  go 
Le  verbe  gân  est  ainsi  conjugué  en  saxon  de  l'ouest  : 


HHAMBtÀlR*: 


7k;; 


PRESEN i 


Indicatif 


Sing.  1 


2.  gœst 

B.  g&th 

IMur.   gâth 


Optatif 


•ga 


8< 


.in 


Impératif 

Sing.  2.  ga 
Phir.  gâth 

Infinitif 
gân,  infl.  gânne 


PRKTKKIT 


Indicatif 
Siûg.  t,  3.  êode 


Optatif 
êode 


Participe 
gegân 


5« 


M     ■•'•■'.)• 


lv 


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LE  POÈME  DE  BEOWULF 


LEXIQUE 


ABREVIATIONS 


to. 

.     .         fori . 

fa. 

.     .        faible. 

m. 

f  . 

masculin, 
féminin. 

neut 

neutre. 

s  .     . 

substantif,  nom 

V  . 

verbe. 

sg- 

.     .         singulier. 

pi. 

pluriel. 

subj  . 

.     .         subjonctif. 

part  . 

.     .     .         participe. 

pp.    . 

.     .         participe  passé. 

conj  . 

conjonction. 

08  ii  sioi  i. 


;i,  ad  v,  aye,  ever,  always  ;  jamais,  toujours  :  905,  etc. 

ac,  conj.,  luit  ;  mais;  1473,  etc. 

ac,  adv.  interr.,  =  Lai.  nonne  ;  is  il  ?  :  est-ce  quo  ?  ;  3976, 

âd,  in.  fo.,  funeral  pile,  pyre  ;  bûcher  ;2222,  etc. 

àd-faru,  f.  fo.,  (pyre-faring)  way  l<>  the  funeral  pile;  voie  qui 
cuuduil  au  bûcher  funéraire  ;  6015. 

âdl,  I".  fo..  illness,  sickness,  disease;  maladie;  3469,  etc. 

iëdre,  f.  fo.,  stream,  canal,  vein;  canal,  veine,  ruisseau;  dat.  pi. 
sw;it  sédrum  sprong  :  le  sang  coula  en  ruisseaux,  5928  ;  bind  êdrum 
dranc,  ils  burent  le  sang  en  ruisseaux,   1478. 

îèdre,  adv.,  quickly;  rapidement;  700. 

;êfen,  m.  fo.,  even,  evening;  soir;  2471. 

refen-grom,  adj..  [Even-angry],  fierce  in  the  evening,  night- 
enemy  ;  l'ennemi  de  la  nuit  ;  4143. 

œfen-lêoht,  neut.  fo.,  even-light;  lumière  dans  la  nuit;  821. 

Bêfen-raest,  f.  fo.,  even-rest  ;  repos  du  soir  ;  2504. 

œfen-spraec,  f.  fo.,  even-speech  ;  discours  du  soir;  151  I. 

aefnan,  v.  efnan. 

rëfre,  adv.,  ever,  always  ;  toujours,  jamais  ;  140,  etc. 

iefter,  prep,  after  ;  après  :  169,  2644,  etc.:  after,  for.  concerning; 
pour,  pour  ce  qui  est  de  ;  662,  2683, 4921  ;  along,  amond  ;  le  long  de, 
parmi;  1983,  5659  ;  in  accordance  with,  according  to;  selon  ;  2092, 
3438  ;  on  account  of,  in  consequence  of;  en  considération  de;  3211, 
3882.  Emplois  particulier  :  aefter  beorne  ;  after  (the  death  of)  the 
hero  ;  après  (la  mort  du)  héros;  4516  ;  a->fter  mâththum- welan  ;  after 
obtaining  wealth  of  treasure;  après  avoir  obtenu  les  richesses  du 
trésor;  5502;  aefter  farothe  ;  avec  le  torrent  ;  1155. 

cefter,  adv.,  after,  aftewards  ;  après,  par  la  suite;  24,  etc. 

;ef-tbunea,  m.  fa.,  mortification,  vexation,  annoyance;  mortifica- 
tion, injure,  ennui;  999. 

Éëg-hwà,  a?g-hwaet,  pron.,  each,  everyone,  every  man  ;  chaque 
chacun,  tout  homme  qui;  etc.,  2768  ;  gen.  œghwaes,  of  each  kind  ; 
de  toute  sorte;  6265. 

îëg-hwaes,  gén.  neut.  employé  adverbialement  ;  in  every  respect, 
altogether  :  à  toul  point  de  vue  ;  fout  ensemble;  3767. 

.î'g-hwâer,  adv.,  everywhere;  partout  ;  21 12. 


i  i  \i.ji  i  70!» 

îi'u-hw aeiher,  pron.,  either,  each  ;  l'un  oh  rautre,  chacun  ;  5125. 
Emploi  particulier  :  àêghwaethres  sceal  scearp  scyldwiga  gescâd 
wilan,  wofdaond  werca;  leguerrier  sage  <|ui  porte  le  bouclieF,doi1 
connaître  la  différence  «les  mois  aux  actes,  573  et  s. 

aëg-hwylc,  (i)  pron.,  each,  everyone;  chaque;  2330;  (2)  adj., 
each,  even  ;  chaque  ;  1236  . 

aUgl&cav  vid.  âgifèea . 

sêg-weard,  f.  fo.,  seaward,  watch  by  the  sea-coast  ;  garde  de,  ou  a 
la  mer  ;  480. 

œht,  f.  To.,  owning,  possession,  power;  possession,  pouvoir,  1)8. 

8êht,  f.  fo.,  pursuit,  chase;  poursuite,  chasse;  5910. 

—  aëhted,  vid.  eahtian. 
àêled,  ro.  fo.,  fire;  feu;  002"). 

â'ied-lêoma,  m.  fa.,  fire-gleam,  torch;  torche,  brandon  ;  6241. 

ael-fylce,  n.  fo.,  alien  folk,  foreign  nation;  nation  étrangère; 
4737/ 

sel-mihtig,  adj.,  (  =  eal-mihtig)  ;  almighty;  tout  puissant:  183. 

sel-wiht,  f.  fo.,  (alien-wight)  ;  strange  monster;  monstre  étrange; 
2999. 

sêne,  adv.,  once,  once  only  ;  une  fois,  une  fois  seulement  ;  6033. 

cénig,  adj. -pron.,  any,  anyone  ;  n'importe  qui,  tout  homme  qui; 
942,  etc. 

eén-lïc,  adj.,  (one-like)  unique,  peerless;  unique,  sans  égal; 
409. 

senne,  vid.,  an. 

a?ppel-fealu,  adj.,  (apple-fallow),  apple,  or  reddish  yellow  ;  jaune- 
pomme  ;  432'). 

;ér,  adv.j  ere,  erst,  before,  formerly;  avant,  auparavant,  d'abord  ; 
1430.  etc. 

.«Tor,  compar.,  before,  formerly,  first  ;  avant  ;  5305. 

jïTest,  superl.,  (erst)  first;  d'abord  ;  12,  etc. 

;ît,  prep.,  avec  le  dat.,  ere,  before;  avant:  2775,  etc. 

;it,  conj.j  ere*  before  :  avant  que,  (s'emploie  avec  le  subjonctif)  ; 
502,  etc 

œr-daeg,  m.  fo.,  (ere-day)  morning,  twilight,  day-break;  aube, 
matin,  aurore;  252,  etc. 

jêrende,  neut.  fo.,  errand  ;  course;  538. 

œrestj  vid.  aër. 

aêr-faeder,  m.  lu.,  (ere-father   father;  père;  5241. 


80U  LEXIQUE 

sèr-gestrëon,  neut.  tu.,  (ere-treasure)  ancient  treasure;  ancien 
trésor  ;  3551. 

aer-geweorc,  neut.  fo.,  (ere- work;  ancient  work;  ancien  travail  ; 
3356. 

«It  god,  adj.,  (ere-good)  good  before  others  ;  excellent  :  259. 

aern,  neut.  fo.,  house;  maison  4440. 

rârra,  adj.  conipar..  earlier,  former;  précédent,  d'autrefois  ; 
6071,  etc. 

aéer-wela,  m.  fo.,  (ere-weal)  ancient  wealth;  richesse  antique  ; 
5494. 

aës,  neut.  to.,  corpse;  cadavre;  2663. 

a3sc.  m.  fo.,  (ash)  spear;  lance  3541. 

aesc-holt,  neut.  lb,  (ash-wood)  spear;  lance;  657. 
tusc-wiga.  in.  fa.,  (ash- warrior)  spear-warrior:  guerrier  portant  la 
lance;  4079. 

ait,  prep.,  at,  in  ;  à,  dans  ;  63. 

set,  m.  fo.,  eating,  meal  ;  nourriture  ;  6048. 

aët-gaedere,  adv.,  together;  ensemble;  639. 

ôêt-graépe,  adj.,  grasping  at;  étreinte;  2539. 

;ct-rihte,  adv.,  almost;  presque;  3313. 

a^t-somne,  adv.,  together  ;  ensemble  ;  à  la  fois  ;  5690. 

lettren,  adj.,  poisonous;  empoisonné:  3233. 

aethele,  adj.,  noble;  noble  ;  394. 

aetheling,  m.  fo.,  Atheling,  noble,  prince;  prince,  noble;  5,  etc. 

asthelu,  neut.  fo.,  noble  descent  ;  noble  lignée  ;  1818. 

tëthm,  m.  fo.,  breath;  souffle,  haleine  ;  5183. 

âgan,  v.  fo.,  own,  possess,  have;  avoir;  2170,  etc. 

âgen,  adj.,  (pp.  de  âgan),  own  ;  sien  ;  5351 . 

Agend,  m.  fo.,  Owner,  (xod  ;  celui  qui  possède  toutes  choses, 
Dieu  ;  6145. 

agend-frêa.  m.  fa.,  owning  lord,  owner  ;  possesseur;  3762. 

âglrëca,  âîgltëca,  m.  fa.,  monster  fighter,  warrior,  champion; 
monstre,  celui  qui  combat  les  monstres;  316,  etc. 

àglaéc-wïf,  neut.  fo.,  monster-wife  ;  monstre  femelle  ;  2518. 

an,  âhte,  vid.  âgan. 

âhsian,  v.  fa.,  endure,  suffer;  endurer,  souffrir;  841. 

âht  (  ==  â-wiht)  neut.  fo.,  aught  ;  jamais  ;  4623. 

aldor,  vid.  ealdor. 


LEXIQUE  SOI 

AJ-walda,  Al-wealda,  m.  fa.,  the  all-wielder,  (iod  ;  celui  qui  régit 
tout  l'univers,  Dieu;  1830. 

al-walda,  adj.  neut.,  all-wielding  ;  celui  qui  régit  tout;  630. 

an,  pre  p.  vid.  on. 

an,  num.  adj.  et  pron.,  une.  an,  a  ;  un  ;  200,  etc. 

only,  alone;  un,  seul  ;  2753,  etc. 

âna,  adj.  fa.,  only,  alone  ;  seul  ;  2150,  etc. 

ancor,  m.  fo.,  anchor;  ancre;  003. 

anda,  m.  fa.,  (1)  indignation,  deûance ;  indignation,  méfiance; 
1410;  (2)  mischief,  horror;  horreur,  méfait  ;  i622. 

and-gil,  neut.  fo.,  understanding,  intelligence;  intelligence,  enten- 
dement, 2111. 

and-long,  vid.  ond-long. 

and-rysno,  f.  fo.,  courtesy  ;  courtoisie,  politesse  ;  3589. 

and-wiita,  m.  fa.,  face,  countenance;  visage,  physionomie,  main- 
tien; 1371. 

ân-feald,  adj.,  onefold,  plain  ;  un,  uni  ;  509. 

ânga,  adj.  fa.,  only,  sole;  seul,  unique:  2523,  etc. 

ân-geng(e)a,  m.  fa.,one-goer;  celui  qui  va  seul;  32S. 

an-haga,  m.  fa.,  a  solitary  ;  un  solitaire;  4731. 

àn-hydig,  adj.,  resolute;  résolu;  5330. 

ân-thaeth,  m.  fo.,  (one-path);  sentier  unique;  2819. 

ân-rœd  adj.,  (one-rede),  resolute;  résolu;  3057. 

ân-sund,adj.,  sound;  sain;  1993. 

ân-syn,  vid.  on-syn. 

ânunga  adv.,  once  for  ail  ;  une  fois  pour  toutes;  1261. 

An-walda,  m.  fa.,  (on-wielder),  God;  Dieu;  2544. 

âr,  m.  fo.,  messenger;  messager;  669. 

Tir,  f.  fo.,  honour;  honneur;  4751,  etc. 

âr-faest,  adj.,  (honour-fast)  upright,  dutiful;  vertueux;  2334, 

âr-staef,  m.  fo.,  mercy,  help  ;  aide,  pitié;  631. 

atelïc,  adj.,  horrible;  horrible;  1561. 

alloc,  neut.  fo.,  poison  ;  poison;  5042. 

âth-sweord,  neut.  fo.,  oath-swearing;  serment;  4123. 

awa,  adv.,  aye,  ever;  toujours;  1903. 


Kn2  I  I  \I-i!  I 


B 


bàêdan,  v.  fa.,  beset,  press;  assiéger,  prc-M-r;   i-H  '»l .  dr. 

baêl,  ncuL  fo.,  fire,  feu  ;  401 1 . 

bœl-fyr,  neut.  To.,  fire  of  Liu»  funeral  pile;  l'eu  du  bûcher  :  i.i2NI. 

—  bœran,  ge-baêran,  v.  fa.,  bear  oneself,  behave,  fare;  se  porter, 
se  comporter  ;  5643t. 

baernan,  v.  fa.,  trans.,  burn  ;  brûler  4<>20. 

bal  dor,  vid.  bealdoi ■. 

ban,  neut.  fo.,  bone;  os  ;  5380. 

bân-cofa,  m.  fa.,  (bone-cove)  body  ;  corps  :  28S.il. 

ban-bring*  m.  fo.,  bone-ring;  vertèbre  ;  3133.. 

bannan,-ge-bannan,  v.  fo.,  order;  ordonner;  148. 

bât-weard,  m.  fo.,  (boat-ward),  captain  ;  capitaine  ;  311Jo. 

be,   bï.   prep,  avec  le  dat:  by;  par,   dans  ses  sens  divers;  71, 
4433,  etc. 

bëacen,  neut.  fo.,  sign,  monument;  signe,  monumeul  :  ll.Vi. 

bëacnian,  v.  fa.,  (beckon),  indicate:  indiquer;  279. 

beado,  beadu,  f.  fo.,  war;  guerre;  3077. 

beado-gnma,  m,  fa.,  battle  mask,  helmet;  casque  ;  45US, 

beadu-scrud,  neut.  fo.,  (battle-shmud)  coat  of  mail  :  col  te  de  mail- 
les ;  000. 

bëag,  ben  h,  m.  fo.,  ring;  anneau  ;  2423,  etc. 

bêah-thegu,  f.  fo.,  ring-receiving;  le  don  de  l'anneau;  4347. 
bealdian,   v.   fa.,   bear  oneself  boldly  ;    se  comporter  bravement  ; 
4349. 

bealdor,  baldor,  m.  fo.,  prince,  lord  :  prince,  seigneur  :  5634. 

bealo.  bealu,  neut.  fo.,  evil,  ruin  ;  mal,  dommage;  1811,  etc. 

bearhtm,  m.  fo.,  (1)  brightness;   éclat  ;   3530.  (2)  sound  ;  sun  ; 
2862. 

bearm,  m.  fo.,  (barm)  bosom;  sein,  giron;  70,  etc. 

beam,  neut,  Co.,  (bairn)  child,  son;  enfant,  fils;  298.  etc. 

beam,  m.  fo.,  grove,  wood  ;  bois,  bosquet,  272b. 

bëatan,  v.  fo.,  beat;  frapper  ;  4712. 
bed(d)  neut.  fo.,  bed  ;  lit;  288. 
be-foran,  adv.,  before;  avant  1990, 

bëgen,  m,  bâ,  f.  et  neut.,  adj.  num.  el  pron.,  1067,  etc. 


1 1  \ivi  i  S08 

be-gong,  be-gang,   m.    !'<>.,  extent,  expanse  ;   étendue,   expan- 
sion ;  72 1 ,  etc. 

belgan,  v.  fo.,  swell  with  anger;  ("Ire  gonflé  de  colère;  IHO,  etc. 

bên,  f.  fo.,  (bene)  request;  requête  ;  15453. 

bene,  f.  fo.,  bench  ;  banc;  651,  etc. 

benn,  f.  fo.,  wound  ;  blessure;  £116. 

hêodan.  biodan.  v.  fo.,  (l)announee;  annoncer;  5780  :  (2)  offer, 
give;  offrir,  donner;  2160,  etc. 

bêod-genëat.  m.   I'o.,  table  companion  ;   compagnon   <le   table; 
683,  etc. 

boon,  v.  irreg.  be  ;  être  ;  3522,  etc. 

beôr,  neut,  fo..  beer;  bière;  958,  etc. 

beorgan,  v.  fo.,  avec  le  dat.,  defend,  protect;  défendre,  protéger; 
2890.  etc. 

beorh,  biorh,  beorg,  m.  fo.,  bill,  mountain  ;  colline,   montagne; 
420,  etc. 

beorht,  adj.,  bright;  brillant  :  461,  etc. 

beorhtian,  v.  fa.,  intrans.,  brighten;  briller;  2315. 

beorn,  biorn,  m.  Co.,  hero,  warrior;  héros,  guerrier;  204*,  etc. 

beornan,  v.  fo.,  intrans.,  burn;  brûler;  4538,  el'e. 

beorn-cyning,  m.  Co.,  warrior-king:  roi-guerrier  ;  i29l. 

bêor-seeafo,  m.  to.,  beer-seneschal,  steward;  ecbanson:  2'iSI. 

beotian,  ge-beotian,  v.  fa.,  boast;  se  vanter  de  ;  954. 

beran.  v.  fo..  (1)  bear;  porter;  96,  etc.,  (2)  bear,  grve  birth  to: 
porter,  donner  naissance  à  ;  3404. 

berian,v.  fa  ,  hare;  clear;  nettoyer,  émonder  ;  2178. 

berstan,  v.  fo.,  intrans-.,  hurst;  éclater;  1514. 

bêtan,  v.  fa.,  amend;  réparer:  105i. 

betera,  adj.,  compar.  (de  gôd)  better  ;  meilleur  ;  3404,  etc.  betosf, 
betst,  superl,  ;  900,  etc. 

betlïc,  adj.,  excellent  ;  exeellenl  ;  15(il,  etc. 

bid  an,  v.  f<>..  bide,  abide;  dtemeurer;  798,  etc. 

biddan,  v.  fo.,  (bid),  ask,  beg;  demander,  prier  :  58,  etc. 

bil  (1),  neut.  fo.,  bill,  sword  ;  glaive;  79,  etc. 

blndan,  v.  fo.,  bind  ;  lier,  attacher;  431,  etc. 

bilan,  v.  fo.,  bile,  cut  ;  mordre,  couper;  2908.  etc. 

bïtre,  adv.,  bitterly;  anrèremenl  ;  4(>56. 

blrir.  adj..  bleak,  brighl  :  brillant  :  3033. 

blaec,  adj.,  black  ;  noir  ;  359& 


80  \  ij;xiQUE 

bleed,  m.  fo.,  breath,  life  .  souffle,  vie  ;  2242,  etc... 

blanca,  m.  fa.,  a  white  horse;  un  cheval  Mam-;  1705. 

blêate,  adv.,  miserably  :  misérablemenl  ;  5643. 

blïcan,  v.  f'u.,  -lean:  ;  briller  ;  i42. 

blithe,  adj., joyous;  joyeux  ;  1227. 

blôd,  neut.  fo,  blood  ;  sang;  1478-,  etc. 

blonden-feax,  adj.,  blended-haired),  gray-haired;  aux  cheveux 
gris;  3188,  elc. 

bodian,  v.  fa.,  (bode)  announce  ;  annoncer  ;  3601 ,  etc. 

bold,  neut.  fo.,  building;  maison,  construction;  1987,  elc. 

bolgen-inôd,  adj.,  (bulged-mood)  ;  pris  de  colère,  plein  fie  ressen- 
tinicnl  ;  1411,  etc. 

bolster,  m.  fo.,  bolster;  traversin  ;  2480. 

bona,  bana,  m.  fa., bane,  banesman,  slayer;  assassin,  bourreau  ; 
315,  etc. 

bord,  neut.  fo.,  (board)  shield  ;  bouclier:  5044. 

bot,  f.  fo.,  boot,  remedy,  compensation  ;  remède,  compensation  ; 
1812,  etc. 

botni,  m.  fo.,  bottom  ;  fond  ;  3012. 

brad,  adj.,  broad,  wide  ;  large,  ample:  (3204,  elc. 

brsêdan,  v.  fa.,  broaden  ;  étendre  ;  2479. 

brecan,  v.  fo,,(l)  trans.,  break;  briser;  2194;  (2)  intrans.,  même 
sens,  5088. 

bredwian,  à-bredwian,  v.  l'a.,  overthrow,  slay;  renverser,  mas- 
sacrer; 5235. 

bregdan,  v.  fo  ,  avecledat.  ou  l'ace.  (1)  brandish,  cast;  brandir, 
balancer  ;  1408,  etc..  ;  (2)  braid,  weave  ;  tisser  ;  1098,  etc 

ge-bregdan,  v.  fo.,  avec  ace,  ou  dat.,  même  sensque  le  precedent; 
3128,  2886. 

brego,  in.  fo.,  prince,  king;  prince,  roi;  848  etc. 

brëme,  adj.,  (brim)  renowned;  renommée  :  35. 

brenting,  m.  fo.,  high  ship  ;  vaisseau  de  haute  envergure;  5(310. 

hrëost,  neut.  fo.,  breast;  poitrine;  5631,  etc... 

brëotan,  â-br'ëotan,  v.  fo.,  break  kill,  destroy;  briser,  détruire, 
tuer  ;  2596,  etc. .. 

brïm,  neut.  fo.,  (brim)  ocean,  sea  :  océan,  mer;  5(3,  etc 

bringan,  v.  fo.,  bring  ;  apporter,  porter  ;  3655.  etc 

brôden, \  id.  bregdan. 

brôga,  m.  fa.,  terror;  terreur;  2583. 


LEXIQUE  805 

brond,  m.  fo.,  brand,  ûre;  brandon,  feu  ;  2907,  etc. 

bront,  adj.,  high  :  haut  ;  475,  etc. 

brosnian,  v.  l'a.,  perish  :  périr  ;  1514. 

brûthor,  m.  fo.,  brother;  frère:  2649,  etc. 

brûcan,  v.  fo.,  aver  le  gén.  use.  enjoy  ;  user,  jouir  de  ;  21  IS,  etc. 

brun,  adj.,  brown  ;  brun  ;  5152. 

bryd,  f.  l'a.,  wife;  femme,  épouse;  4058. 

brynelëoma,  m.  l'a.,  burning  ray  ;  flamme  vomie  (par  ledragon  i; 
1.621. 

brytnian,  v.  fa.,  distribute:  distribuer;  4762. 

bûan,  v.  fo.,  (1)  intrans.,  dwell  :  habiter  ;  5679:  (2)  trans.,  dwell 
in  :  habiter  dans  :  6126. 

bûgan,  v.  fo.,  how,  bend,  stoop;  courber,  baisser  ;  659,  etc. 

bunden  stefna,  m.  fa.,  bound  stem,  bound  prow,  ship  ;  vaisseau  ; 
^816. 

hûne,  f.  fa.,  cup;  coupe  ;  0090. 

bûr,  neut.  fo.,  bower,  room  ;  chambre  ;  278,  etc. 

burgh,  burn,  f.  fo.,  burgh,  castle:  burg,  château  fortifié  :  105,  etc. 

burne,  f.  fa.,  burn,  stream  ;  ruisseau.  5.002. 

bûton,  bûtan,  conj.  (1)  avec  le  subj.,  unless;  à  moins  que;  1920  ; 
i  2)  avec  l'indic. ,  but  that,  except  ;  mais  que,  excepté  que  ,  3120. 

bycgan,  bicgan,  v.  fa.,  buy  ;  .acheter;  2611. 

byldan.  v.  fa.,  encourage;  encourager;  2182. 

bvme,  f.  l'a.,  trumpet  ;  trompette  ;  5882. 

byrdû-scrûd,  neut.  fo.,  shield;  bouclier;  5316. 

hvre,  m.  fo.,  son  boy  ;  fils,  enfant;  2377,  etc. 

byrgean,  v.  fa.,  taste;  goûter;  891. 

byrne,  f.  fa.,  byrny.  coatof  mail  ;  cotte  de  mailles  ;  805.  etc. 

bysigu,   f.  fo.,  (business)  (rouble,  affliction;   trouble,    affliction 
559,  etc. 

byth,  vid.,  héon. 

Itywan,  v.  fa.,  prepare,  adorn  ;  préparer,  orner  ;  4509 


camp,  m.  fo.,  battle  ;  bataille  ;  5005, 

cm.  vid.  cunnan. 

ceald,  adj.,  cold  :  froid  :  2522.  etc. 


S()C>  1 1  \inn: 

cëap,  in.  fo.,    i-liap)  bargain  :  marché  :  4&26,  etc 

ceapian.  \    fa.,  (cheapen,  chop)  purchase  ;  acheter;6020. 

cearian,  v.  fa .,  take  care  ;  prendre  sofh;  3072. 

cear-sith,  m.  Co.,  care-journey;  souci  du  Voyagé  ;  4787. 

cearu.  f  Fo.,  care,  sorrow  ;  souci,  chagrin;  2807. 

ceaster-bûend,  m.  fo.,  castle- dweller  ;  celui  qui  habite  un  châ- 
teau, citoyen  ;  I  529. 

cenapa,  m.  fa.,  champioti;  champion  ;  262.'}. 

cène,  adj.,  brave  ;  brave;  1536. 

cennan,  v.  fa..  (1)  bèget,  bear;  engendrer,  porter,  2\.  etc.,  (2) 
declare  ;  déclarer;  2438. 

cënthu,  f.  fo  ,  boldness;  hardiesse;  5389. 

cêol,  ni.  fo..  ship;  vaisseau;  70 

ceorfàn,  v.  Fo.,  carve:  sculpter;  avec  l'ace,  de  la  pers.,  et  le  dàt. 
de  la  chose:  4180. 

ceorl,  m.  fo.,  man  ;  homme  ;  403,  etc. 

ceosan,  clos,  n,  ge-ceosan.  v.  fo.,  choose,  accept;  choisir,  accep- 
ter; 4748,  etc. 

clgân,  â-cïgan,  v.  fa.,  call';  appeler,  6236. 

cirran,  v.  fa .,  (1)  trans.,  turn,  change;  tourner,  changer  ;  5710  ; 
(2)  intrans.,  turn,  return  ;  tourner,  retourner;  5898. 

clif,  neut.  fo.,  cliff  ;  falaise;  3818. 

clomm,  clamm,  m.  fo.,  grip  ;  prise,  étreinte  ;  1923,  etc. 

cnfiwan,  ge-cnâwan,  on-cnâwan,  v.  fo.,  know,  recognise;  connaî- 
tre, reconnaître;  4090,  etc. 

cnihL  m,  fo  ,  boy  ;  enfant,  page  ;  243!). 

cnyssan,  v.  fa.,  crash  ;  écraser;  2056. 

côlra,  côl,  adj.,  cool;  frais;  562,  etc. 

collen-ferhth.-ferth,  adj.,  of  proud  spirit;  bold-minded  ;  d'esprit 
orgueilleux,  à  lame  fière;  3608,  etc. 

corther,  neut.  fo.,  troop,  crowd;  troupe,  foule;  2304,  etc. 

era  eft,  m    fo  ,  might  strength  ;  force,  pouvoir  ;  1391,  etc. 

cringan,  ge  cringan,  v.  fo.,  fait  ;  tomber;  2419,  etc. 

cuman,  v.  fo.,  corne;  aller,  venir;  46,  etc. 

be-cuman,  v.  fo.,  (1)  corne  ;  aller,  venir;  230,  etc.,  (2)  avec  l'ace, 
de  la  pers.  befall;  advenir,  arrivera:  5762. 

cumbol.  m.  i'o.,  standard  ;  bannière  :  5006. 

cunnan.  v.  f  a  ,  et  fo.,  (1)  avec  l'ace,  know,  be  acquainted  with  ; 
connaître,  être  en  relations  avec:  720.  etc.,  (2)  avec  l'inf.,  know 


i.FXTon:  SOT 

how  to,  be  able  to  ;  savoir  cbmhîiéhl,  6tt*é  bÀ^attie  dé;  100.  etc. 

cuoDian,  v.  fa.,  avecace.  oil  jjen.;  try,  make  triai  of:  essayer, 
faire  l^préuvé  de"  ;  101 1.  etc. 

i-w e'alni,   m.    fo..   (qiK^Uinu),   mùrdér,  deaih  ;    meurtre,   mort; 

214,  elc. 

cweceah,  \.  ta.,  (tjuaké)  brandish  ;  brandir;  469.  etc. 

cwellan.  ,î-i'\\ ellan.  v.  l'a.,  quell,  kill  ;  tuer:  1766.  etc. 

cwën,  1'.  Fo.,  queen,  wife;  reine,  femme  ;  124. etc. 

cwethan,  a-cwethan-  gë-cwëthàn,  v.  fo..  say,  speak  ;  dire,  parler: 
4488,  etc. 

cwic,  cwico,  adj.,  quick,  living;  vif,  vivant;  196,  etc 

cwithan,  v.  fo.,  avec  l'ace,  lament  :  pleurer,  se  lamenter  de; 
1220,  elc. 

cyne-dùm,  m.  fo..  kingdom;  royaume;  47i7 

cyning,  kyning,  m.  fo.,  king;  roi  ;  22,  etc. 

cypan,  ge-cypan.  v.  fa.,  buy;  acheter;  U)87,  etc. 

cyssan,  ge-cyssan,  v.  fa.,  kiss;  embrasser;  3736. 

cyst.  f.  fo.,  (choosing)  choice  ;  choix;  1339,  etc. 

cythan,  v.  fa.,  make  known,  show:  faire  connaître,  montrer; 
1312,  etc. 

D 

d.Wl.  f.  fo..  deed,  act;  l'ait  action,  acte;  360,  etc. 
d.éd-cëne,  adj..  (deed-keen)  bold  in  act  ;  brave  ;  3288,  elc. 
d.eg,  m.  fo.,  day  ;  jour  ;  071.  etc. 
daêl,  m.  fo..  part;  part,  portion  :  3478,  etc. 

d«el;in.  be-dadan.  ge-da'-lan.  v.  l'a.,  distribute;  diviser,  distribuer: 
160,  elc. 
daroth,  m.  fo.,  dart,  javelin  ;  trait,  javelnt  ;  r»('»02.  été. 
deall.  adj . .  proud  ;  lier  ;  082. 
dr-alli.  m.  fo.,  death;  mort:  877.  etc. 
df'inan.  v.  fa.,  adjuge;  attribuera;  1367. 
demi,  neut.  fo..  den;  laninv  ;  608'"». 
rlëofoî,  m.  ro.,  devil;  dehidh;  150!). 
dëop,  nenl.   fo..  deep:  profondeur  :  5ïl94: 
dêor,  dïor,  adj..  bold,  brain!  :  brave  :  H 75, 
deorc,  adj..  dark  ;  obscur; 318,  etc, 
disc,  m,  IV...  dish  :  plat  ;  6091, 


NOS  LEXIQUE 

dôgor,  neut,  to.,  day  ;  juin-  ;  437;  etc. 

dohtor,  f.  fo.,  daughter;  fille;  747. 

dol-gilp,  m.  fo.,  (doltish yelp)  foolish  boasl  ;  vantard;  1012. 

dol-lîc,  adj  .  audacious,  desperate;  audacieux,  désespéré;  5288. 

(loin,  ni.  fo.,  doom  ;  jugement;  876, etc. 

dôm-leas,  adj.,  (glory-less)  inglorious;  sans  gloire;  5774. 

don,  gê-dôn,  v.  irreg.,  do,  make,  take,  put,  lay  ;  faire,  prendre, 
placer,  mettre,  déposer;  883, etc. 

draca,  m.  fa.,  drake,  dragon  ;  serpent,  dragon  ;  4172. 

—  dnedan,  on-draêdan,  v.  fo.,  dread;  craindre;  i089.  etc. 

drëam,  m    fo.,  (dream)  joy,  mirth;  joie;  170.  etc. 

drëfan,  v.  l'a.,  trouble,  stir;  troubler,  agiter;  3804. 

dreôgan,  v.  fo..  do,  go  through  ;  faire,  persévérer,  achever  ; 
1171.  etc.,  â-drëogan,  v.  fo.,  endure;  durer  :  6151. 

drëor,  m.  fo.,  blood;  sang;  888. 

drëosan,  ge-drëosan,  v.  fo.,  fall,  sink  ;  tomber,  décliner;  3500. 

drepan,  v.  fo.,  strike  ;  frapper  ;  3488,  etc. 

drïfan,  v.  fo.,  drive;  conduire;  2254. 

drincan,  v.  fo  ,  drink;  boire;  1478. 

drohtolh,  m.  f o  ,  way  of  life,  calling  ;  vocation  ;  1506. 

dryhten,  drihten,  m.  fo.,  lord,  chieftain  ;  seigneur  chef,  2968,  etc. 

drync-faet.  drincfaet,  neut.  fo.,  (drink-vat)  drinking-vessel  :  vais- 
selle pour  boire;  4502.  etc. 

drysmian,  v.  fa.,  darken  ;  s'obscurcir;  2750. 

dûfan,  ge-dûfan,  thurh-dfifan,  v.  fo.,  dive,  sink  into;  plonger, 
s'enfoncer  dans  ;  5397,  etc. 

dugan,  v.  fo  .  et  fa.,  avail  ;  l'emporter;  736.  etc. 

duguth,  m.  fo.,  doughtiness;  bravoure,  triomphe  ;  4035.  etc 

durran,  v.  fo..  et  fa.,  dare;  oser;  2924,  etc. 

duru,  in.  fo.,  door;  porte  ;  776. 

dwellan,  v.  fa.,  deceive  ;  tromper;  3468,  etc. 

dygan,  ge-dygan,  ge-dïgan,  v.  fa.,  survive,  ex.apé  ;  survivre, 
échapper  à  ;  598,  etc. 

dygel,  dëogol,  adj.,  secret,  hidden  ;  secret,  caché;  2714. 

dynnan.  v.  l'a  ,  din,  resound  ;  sonner,  résonner;  1537.  etc. 

dyrc.  dëore,  adj.,  dear;  cher,  chéri  ;  4116,  etc. 

dyrstig,  adj..  bold  ;  audacieux  ;  5672. 


LEXIQUE  809 


E 


ëac,  adv.,  eke,  also  ;  encore,  également  ;  194,  etc. 

êacen,  adj.,  great,  extensive;  grand,  étendu:  6.098. 

ëadig,  adj.,  rich  ;  prospère;  2450. 

eafora,  eafera,  m.  l'a.,  child,  son;  enfant,  (ils;  23,  etc. 

eafoth,  neut.  fo.,  strength,  might  ;  force,  puissance  ;  I79X.  etc. 

cage.  neut.  fa.,  eye  ;  œil;  1452. 

êagor-slream,  m.  fo.,  water-stream;  cours  d'eau;  1020. 

eahta,  num.,  eight;  huit;  2064. 

eahlian,  v.  fa.,  consider,  deliberate;  examiner,  délibérer;  2445. 

eal,  adj.,  all  ;  tout  ;  222.  etc. 

eall,  adv..  all;  entièrement,  tout:  3414. 

ealles.  adv.,(gen.  d'ealljall,  altogether;  entièrement,  toul  ensem- 
ble ;  2011. 

eald,  adj.,  yldra,  compar.,  yldesta,  superl;  old;  vieux;  143,  etc. 

ealdor.  aldor,  m.  fo..  chief,  lord  ;  chef,  prince,  III,  etc. 

ealdor,  aldor,  neut.  fo.,  life  ;  vie,  2741,  etc. 

eal-fela,  adj..  (all-many)  very  many  ;  de  très  nombreux  ;  1759,  etc. 

ealgian,  v.  fa.,  defend,  protect  ;  défendre,  protéger;  2008,  etc. 

ealo-benc,  ealu-benc,  f.  fo.,  ale-bench  ;  banc  de  bière;  2051,  etc. 

ëa-lond,  neut.  fo.,  water-land  ;  terre  près  du  flot .  ;  4662. 

ëam,  m.  fo.,  uncle;  oncle;  1755. 

eard,  m.  fo.,  estate;  domaine;  111,  etc. 

eardian.  v.  fa..  (1)  intrans.  dwell;  habiter;  6096.(2)  trans., 
inhabit;  habiter;  331. 

earfoth,  neut.  fo.,  endurance;  endurance,  fatigue;  1002 

earg,  adj.,  cowardly;  lâche;  5079. 

earm.  m.  fo.,  arm  ;  bras  ;  1021,  etc. 

earm,  adj.,  wretched;  maudit;  4731,  etc. 

earn.  m.  fo.,  eagle;  aigle;  60i7. 

eart,  m.  fa.,  art  ;  art  ;  702. 

ëastan,  adv.,  from  the  east  ;  de  l'orient  ;  1133. 

ëathe,  ythe.  adj  .  pleasant;  plaisant;  455,  etc. 

êathe,  adv..  easily  ;  facilement:  1)51.  etc. 

e.ixl.  f.  fo.,  (axle)  shoulder;  épaule  ;  1069,  etc. 

êce,  adj..  éternel  :  éternel  ;  215. 


810 


1 1  viotf 


erg.  f.  f<>.,  edge;  sword;  tranehanl  du  glaive;  glaive,  épée  ; 
2208. 

ed-hwyrft,  m.  fo.,  return,  change;  changement,  retour  ;  2562. 

ed-wenden,  f.  fo.,  return,  change;  changement,  retour;  3546. 

edwTt-llf,  neut.  lb.,  life  of  infamy  :  vile  infâme  :  5773. 

efen,  adj.,  even  ;  même  ;  5801 . 

efnan.  aefnan;  v.  fa.,  achieve  ;  achever  :  2075. 

efstan,  v  fa.,  hasten  ;  se  hâter;  298b,  etc-, 

eft,  adv.,  after  ;  après  ;  112,  etc 

êg-clëf,  neut.  fo.,  sea-cliff;  falaise;  5T82-. 

egesa,  m.  fo.,  fear;  crainte;  1561,  etc. 

eges-full,  adj.,  terrible;  tenable;  5853. 

egi,  f.  fo.,  claw  ;  serre  ;  1967. 

egsian,  v.  fa.,  affright;  épouvanter  ;  12. 

ëhtan,  v.  fa.,  pursue  ;  poursuivre  ;  317,  etc. 

el-land,  neut.  fo.,  strange  land  ;  étrange  pays;  6034. 

ellen,  m.  fo.,  strength,  courage  ;  force,  courage  ;  1141. 

elles,  adv.,  else;  autrement;  276,  etc. 

ellor,  adv.,  elsewither  ;  ailleurs  ;  110,  etc. 

ellor-gast,  ellor-gaest,  ni.  fo.,  alien  spirit  ;  esprit  étranger  ; 
1608,  etc. 

elra,  adj.,  (compar.  de  ele)  another;  un  autre;  1498. 

ende,  m.  fo.,  end;  fin  ;  1644,  etc. 

endian,  ge-endian,  v.  fa.,  end;  finir;  4622. 

enge,  adj.,  narrow  ;  étroit  ;  2819. 

ent,  m.  fo.,  giant;  géant;  3356. 

eodor,  m.  fo.,  (1)  barrier:  barrière;  2081  ;  (2)  protector,  lord; 
seigneur,  prince  ;  850,  etc. 

eofer,  eofor,  ni.  fo.,  boar;  durs,  tète  d'ours;  2217,  etc. 

eolet,  m.  fo.,ou  neut.,  sea  ;  mer;  446. 

eorclan-stan,  m.  fo.,  precious  stone;  pierre  précieuse";  2416. 

ëored-geatwe,  f.  pi.  fo.,  military  e'qtiipementà  ;  équipemenls  mili- 
taires; 5727. 

eorl,  m.  fo.,  earl  ;  comte  noble  guerrier;  12,  etc. 

eormen-cynn,  m.  fo.,  (enormous  Kin)  mankind  ;  genre  littifiàth  ; 
3.909,  etc.  ' 

eorre,  vid.  yrre. 

eorth-eyning,  m,  io.,  earthly  king;  rdi  delà  terre;  2.304. 

eoten,  eoton,  m,  fo.,  eoten.  giant  ;  inonstré,  géant;  223,  etc. 


1.1  Moll  SU 

"iiw  .  pron.  pers.  ace.  et  dat.  plur.  vim  :  vous  ;  ^80-,  etc. 
ëower,  pron.  pers.  gen.  pi.;  of  you  ;  de  vous;  V'.iï.  etc. 
ëower,  adj.  poss.,  your;  volte;  512,  etc. 
ëowic,  pron.  pers.  ace.  pi.  ;  you  ;  vous  :  632,  etc. 
est,  t'.  fo..  favour,  grace  ;  grâce,  Paveur;  UNO,  etc. 
etao,  thurh-etan,  v.  fo.,  ea1  :  manger,  dévorer;  (>093,  etc. 
ëth-begête,  adj.,  (easy-begotten)  easily  got;  Obfenu  facilemenl  : 
5717. 
ethel,  m.  fo.,  native  land  ;  terre  natale;  1040,  etfc. 
êth-gesyne,  5Tth-gesëne,  adj.,  easy;  facile,  manifeste;  2214,  etc..; 


facen-staef,  m,  fo.,  treachery  :  trahison  :  2030,  etc. 

faec,  neut.  fo.,  period  of  time;  laps  de  temps;  5475. 

faeder,  m.  fo.,  father;  père;  110,  etc. 

Hfege,  adj.,  doomed;  condamné  :  1693. 

faegen,  adj..  (fain)  glad  ;  content;  3265. 

fseger,  adj.,  beautiful  ;  beau  ;  1038. 

faéhth,  faêhtho,  f.  fo.,  fend,  hostility;  hostilité;  4802,  etc. 

ffèlsian.,  v. fa.,  cleanse;  purifier,  nettoyer;  859,  etc. 

fa-nine,  f.  fa.,  bride,  lady;  épouse,  femme  ;  iOOO,  etc. 

far,  neut.  fo.,  vessel;  vaisselle;  66. 

faer,  m.  fo.,  feor  ;  ci'ainte,  danger:  2130,  etc. 

fa'st.  adj..  fast;  attache  à,  qui  tient  à  ;  003.  etc, 

fa'stan,  v.  fa.,  fasten  ;  attacher  ;  2224. 

faet,  m.  fo.,  vessel  ;  vaisselle;  5518. 

faêt,  neut.  fo.,  gold-plate;  plat  d'or;  H37. 

faethm,  m.  fo.,  (fathom)  embrace,  bosom  ;  sein,  embrasseitient 
308,  etc. 

fffithmian,  v.  fa.,  embrace;  embrasser;  5301,  etc. 

f7\!x,  ffih,  adj.,  stained,  coloured  :  ebloré,  teinl  :  607,  etc. 

fâh,  fag,  adj..  (I)  hostile  :  liostile  :  1102;  (2)  -uilty  ;  coupable 
1 949. 

fâ  hue,  vid.  fâg,  ffih. 

fâmi  (g)-heals,  adj.,  foamy-necked  ;  ceinturé  d'écume  •  434, 

fandian.  vid.  fondian. 

fane,  vid.  fah,  fâg, 


S12  LEXIQUE 

—  fangen,  vid.-fôn. 
fâra,  vid.  fa  h,  fâg. 

faran,  v.  fo.,  fare,  go;  se  poller,  aller;  248,  etc. 

faroth.  m.  fo.,  tide;  torrent  ;  56,  etc. 

fêa,  adj.  pi.,  few;  un  petit  nombre,  4775,  etc. 

—  feah,  vid .  iron. 
fealh,  vit],  fëolan. 

feallan,  v.  fo.,  fall  ;  tomber  ,  2134,  ge-feallan,  v.  fo.,  (1),  in  trans., 
fall;  tomber;  3507  ;  (2)  trans.,  fall  to;  tomber  sur.  échoir  à: 
4.200,  etc. 

fealo,  vid.  fêla. 

féal u,  adj.,  fallow;  jaune  ;  1820,  etc. 

fëa-sceaft,  adj.,  wretched;  misérable;  14,  etc. 

feax,  neut.  fo.,  hair;  cheveux  ;  3292. 

fëdan,  â-fëdan,  v.  fa.,  feed,  bringup;  nourrir,  élever:  1390. 

fehth,  vid.  fôn. 

fël,  f.  fo.,  file,  sword  ;  glaive;  2057. 

fêla,  neut.  fo.,  indecl.  much,  many;  beaucoup  de,  nombre  de; 
1  175.  etc. 

fêla,  adv.,  much,  greatly  ;  beaucoup,  en  grand  nombre  ;  2770,  etc. 

fell,  neut.  fo.,  fell,  skin;  peau;  4172. 

fen  (n),  neut.  fo..  fen,  moor;  marais;  206,  etc. 

feng,  m.  fo.,  grasp;  étreinte,  prise:  1152,  etc. 

lengel,  m.  fo.,  prince;  prince;  2.800. 

feoh,  neut.  fo.,  fee,  property,  money;  biens,  argent;  310,  etc. 

feohtan.  ge-feohtan.  v.  fa.,  light;  combattre;  2160,  etc. 

fëolan,  aet-fëolan,  v.  fa.,  stick;  s'attacher,  coller  à.  pénétrer: 
2563,  etc. 

—  fëon,  ge-lëon.,  v.  fo.,  rejoice;  se  réjouir;  217,  etc. 
fëond,  m.  fo.,  fiend,  foe  ;  ennemi  ;  202,  etc. 

feor,  adj.,  far;  lointain;  2722,  etc. 
feor,  adv..  far,  afar  .  loin  au  loin  ;  84,  etc. 
feorh,  m.  fo.,  life;  vie;  146,  etc. 

feorm,  f.  l'a.,  food,  substance;  nourriture,  substance;  896. 
feormian,  v.  fa.,  ({)  polish  ;  polir,  fourbir;  4501.  (2)  eat,  devour; 
manger,  dévorer,  1482. 

feorran,  v.  fa.,  banish;  bannir;  310. 
feorran,  adv.,  from  afar;  de  loin;  720,  etc. 
fëower,  num.,  four;  quatre;  117.  etc. 


i.KMot  k  si  3 

(eower-tyne,  aum.,  fourteen:  quatorze;  3281. etc. 

leran,  v.  fa.,  fare,  go;  aller,  être,  se  porter  :  ge-fêran,  1 1)  trans., 
goto1reach  :  aller  à,  atteindre;  2239,  etc.  -  intrans.,  fare;  se  com- 
porter :  3380. 

ferh,  m.  fo.,  (farrow)  boar;  figure  of  a  boar;  ours,  enseigne 
d'ours  ;  608. 

ferhtb,  m.  fo.,  hearty  mind;  cœur,  esprit;  1501,  etc. 

ferian,  aet-ferian,  ge-ferian,v.  fa., (ferry)  bear;  porter;  2310,  etc. 

fetel-hilt,  neut.  fo.,  belted  hill  ;  glaive  à  ceindre;  3125. 

fetian,  v.  fa.,  fetch  ;  aller  chercher  :  2621,  etc. 

fêtha,  m.  fa.,  troop  on  fool  ;  troupe  sur  pied  ;  2848,  etc 

fëthe,  neut .  fo.,  movement  :  mouvement  (de  troupes)  ;  1933. 

tel  he- wig,  m.  fo.,  foot-war;  bataille  de  fantassins;  4722. 

t'ex.  vid.  feax. 

fïf,  num.,  five  ;  cinq;  1084. 

fïfel-cynn,  neut.  fo.,  race  of  monsters;  race  de  monstres;  208. 

fTf-tene,  num.,  fifteen  :  quinze;  3104. 

flftig,  num.,  fifty;  cinquante;  4412,  ete. 

find  an,  on-findan,  v.  fo.,  find,  find  out;  trouver,  découvrir; 
13,  etc. 

linger,  m.  fo.,  finger:  doigt;  1514,  etc. 

f'ïras,  id.  pi.  fo.,  men;  tes  hommes;  181. 

firen,  fyren,  f.  fo.,  crime,  violence;  crime,  violence;  273,  etc. 

firgen,  vid.  fyrgen. 

flaésc,  neut.  fo.,  flesh  ;  chair;   4844. 

flan,  m.  fo..  arrow;  Heche;  4872. 

fleâh,  vid.  flëon. 

fleam,  m.  fo.,  flight  ;  fuite,  vol  ;  1999,  etc. 

flëogan,  v.  fo.,  fly;  voler,  s'envoler;  4541,  etc. 

flëon,  be-Ilëon,  ofer-flëon,  v.  fo.,  av.  ace,  flee,  flee  from  ;  fuir, 
s'enfuir  de  ;  1504,  etc. 

flëotan,v    fo.,  float,  swim;  flotter,  nager;  107'.). 

flet,  neut.  fo.,  floor;  plancher,  salle;  2043,  etc. 

fliht,  m.  fo.,  flight;  vol,  fuite;  3528,  etc. 

fil  tan,  m.  fo.,  contend;  s'efforcer  de;  1825;  ôfer-flïtan,  v.  fo., 
overcome;  l'emporter  sur;  1029,  etc. 

flôd,  m.  fo.,  flood  ;  flot  ;  1078. 

(Iota,  m.  fa.  (floater),   bark,  ship;   barque,  vaisseau;   419,   etc. 

flyman,  v.  fa.,  put  to  flight  ;  mettre  en  fuite  ;  1685,  etc. 


SI   1  I.!  \!nl  i 

-fôhj  vid.    l'on. 

foie,  neut-  fo.,  folk,  n.iiioii  ;  peuple,  nation  armée  ;  27,  etc. 

fold  l)i)lil.  iicul.  fi»..  (!arlli-l)iiil(liiiu  ;  rempart  déterre;  1539. 

folde,  I*,  fa.,  earth  :  terre,  sol  ;  192. 

folgian,  v.  l'a.,  follow,  pursue:  suivie,  poursuivre  ;  21118. 

folm,  f.  fo.,  hand;  main,  315,  etc. 

Ion,  v.  fo.,  seize;,  take;  prendre,  saisir;  872,  etc.;  befôn,  hi-fën, 
v.  fo.,  seize;  saisir:  1946.  etc;  §e-fôn,  v.  fo  ,  av.  ace,  seiae  ; 
saisir:  1473:,  etc.;  on-fon,  v.  l*o.,  av.  dât.,  receive,  take,  seize;  rere 
voir,  prendre,  saisir  :  1815,  0tc.  :  llmrli-fon.  v.  l'o.,  av.  ace.,  pêne 
tratc  ;  pénétrer  ;  3G0&;  with-fôn,  v.  Co..  avec  dat.,  grapple  with; 
lutter  avec;  15tt3  ;  ymhe-fon,  v.  lo  ,  av.  ace,  encircle;  entourer, 
étreindre  ;  5379. 

fondian,  fandian,  v.  fa.,  av.  gén.,  search  out,  experience  :  cher- 
cher, faire  l'épreuve  de  ;  4597. 

for,  prep.  (1)  av.  dat.,  before  ;  avant  ;  714,  etc.  (2)  av.  ace.,  for, 
instead  of  ;  pour,  à  la  place  de  ;  1888,  etc. 

foran,  adv.,  before  ;  en  avant,  en  avant  de  ;  1962.  etc. 

ford,  ni.  fo.,  forci  ;  détroit  ;  1130. 

fore,  prep.  av.  dat.,  before;  avant;  2431,  etc. 

forbt,  adj.,  fearful,  afraid  ;  apeuré  ;  1501. 

forma,  adj.,  supeii.  de  fore,  tirsfe;  premier;  1426,  etc. 

Ibrst,  m    fo.,  frost;  gelée  ;  3217. 

forth,  adv.,  forth  ;  avant,  en  avant  de  ;  90,  etc 

for-tham,  for-than,  for-thon,  adv.,  for  that,  therefore  :  ainsi,  par 
conséquent;  842,  etc.;  for  thon  the,  conj.,  because;  à  cause  de  ; 
1002. 

forth-gesceaft,  f.  fo.,  (forth-creation),  future  world  ;  monde 
futur;  3448. 

fôt.  m.  fo.,  foot;  pied  ;  994,  etc. 

fracod,  adj.,  worthless;  sans  prix  ;  3150. 

freetwa,  fraetwe,  f.  pi.  fo..  (fret-),  adornments,  jewels;  joyaux, 
ornements  ;  74,  etc. 

frœtw(i)an,  v.  fa.,  (fret),  adorn  ;  orner;  151. 

frêa,  m.  fa.,  lord;  prince,  seigneur;  539.  etc. 

freca,  m.  fa.,  wolf,  bold  man;  loup,  intrépide,  guerrier:  3126. 

frêcne,  adj. .  audacious  ;  audacieux;  1771,  etc. 

l'mnde,  adj  .  foreign:  étranger:  3381. 

IVeme.  adj.,  strenuous  ;  fort,  énergique  ;  38l>0. 


fremman,  ge  fremman;  frame,  do;  parachever,  lane;  (i,  etc. 

freo-burh,  f.  fo.,  (free  burgh),  free  city;  ville  libre;  1379. 

frêod,  f.  fo..  friendship;  amitié  :  a  108. 

frêo,  dryhten,  m.  fo.,  noble,  lord  ;  noble  seigneur;  2339. 

frêogan,  v.  fa  .  love:  aimer;  liSS!). 

frëo-lïc,  adj.  (free-like),  noble;  noble;  1223. 

frêond,  m.  i'o.,  friend;  ami;  1823,  etc. 

freotho,  f.  fo., protection,  peace;  protection,  paix;  375,,  etc- 

fretan,  v.  fo.,  (fret),  devour;  dévorer:  3*162.. 

I'ricgean,  v.  fa.,  ask  ;  demander  ;   3965,  elc  ;  ge-fyijCgean,  v.  la., 
li'.iiii  :  apprendre;  5999,  etc. 

friclan,  v..  fa.,  seek  for;  rechercher;  5108. 

frignan,  frïnan,  ga-frignan,  v.  fo.,  ask,  learn  ;  demander,  appren- 
dre; G99,  etc. 

frôd,  adj.,  old,  wise;  vieux,  sage  ;  2612,  etc. 

frôfor,  f.  fo.,  solace  ;  soulagement;  27,  etc. 

from,  adj.,  bold;  hardi,  qui  va  de  l'avant;  3280. 

from,  fram,  prep.,  a  v.   dat.,    from,   away  from;    de,  loin  de; 
831,  etc. 

from,  fram,  adv.,  away;  au  loin;  1502,  etc. 

fruma,  m.  fa.,  beginning;  commencement;  4613. 

fugol,  m.  fo.,  fowl,  bird  ;  poule,  oiseau  ;  435. 

fui,  adv.,  full;  entièrement;  960. 

ful(l),  neut.  fo.,  cup;  coupe  ;  1231,  etc. 

full,  adj.,  full  ;  plein,  entier;  4820,  etc. 

fultum,  m.  fo.,  help;  aide;  1389,  etc. 

fundian,  v.  fa.,  hasten;  se  hâter  de;  2268. 

furtbum,  adv.,  tirst  ;  d'abord;  644,  etc. 

furthur,  adv.,  further;  plus  loin  ;  505,  etc. 

fus,  adj.,  ready  ;  prompt  à,  ardent  à  ;  2482,  etc. 

fyllan,  v.  fa.,  fill  up  ;  remplir  ;  2021. 

fyr,  neut.  fo.,  fire;  feu;  368.  etc. 

fyrd-gestealla,    m.    fa.,    army-conrade;    compagnon    d'armes; 
5742,  etc. 

fyrgen-bëam,  m.  fo,,  mountain  wood;  foret  dans  la  montagne  ; 
2786." 

fyrn-dagaSj,  m.  pi.  fo.,  days  of  old;  jours  passés;  2902. 

fyr-wet,  -wyt,  neut.  fo.,  curiosity  ;  curiosité;  103. 

fjsan,  v.  fa.,  prepare;  apprètn-;  I2Vi. 


S  Hi  APPENDICE 


G 


gâd,  neut.  l'o  ,  lack  ;  manque;  1314,  etc. 
gasdeling,  m.  Co.,  comrade;  compagnon  ;  5230,  etc. 
galaa,  â-galan,  v   fo.,  sing;  chauler;  1565,  etc. 
galga,  ni.  fa  ,  gallows  ;  potence;  4887. 
gàlg-môd.  adj.,  (sad-mood),  gloomy  ;  triste  ;  2554. 

gân,  v.  irrég.,  go;  aller;  785,  etc.;  full-gân,  v.  fo.,  av.  daU, 
followa  iid  aid;  suivre  et  aider;  6238;  ge-gân,  v.  fo.,  (1)  go 
(intrans.)  :  aller  ;  31)33  ;  (2)  go  ;  trans;  make,  venture  ;  faire,  tenter; 
2555  ;  (3)  gain,  obtain  ;  gagner,  obtenir;  3070  ;  (4)  happen  ;  arriver; 
4395;  ofer-gan,  v.  fo..  av.  ace,  go  over;  traverser;  2807  ;  oth- 
gan,  v.  fo.,  go  ;  aller  ;  5803  ;  ymb-gân,  v.  fo.,  av.  ace,  go  around  ; 
aller  autour;  1233. 

gang,  ni.  fo.,  track;  trace,  pas;  1928,  etc. 

ganot,  m.  fo.,  diver;  plongeur;  3719. 

gfir,  m.  fo.,  spear,  javelin;  lance,  javeioi  ;  054,  etc. 

gasl,  m.  fo.,  ghost  ;  esprit,  fantôme  ;  205,  etc. 

ge,  conj.,  and  ;  et;  2490,  etc. 

gê,  pron.  pers.  (plur.  de  thû),  ye,  you;  vous  ;  472,  etc. 

geador,  adv.,  together;  ensemble;  1004,  etc. 

ge-aehtla,  m.  fa.,  high  esteem  ;  haute  estime  ;  735. 

gealdor,  neut.  fo.,  (1)  sound  ;  son  ;  5883;  (2)  incantation  ;  incan- 
tation; 0100. 

gear,  neut   fo.,  year;  année;  2209. 

geard,  m.  fo.,  yard  ;  cour;  20,  etc. 

gêar-dagas,  m.  pi.  fo.,  yore-days  ;  joui'  d'autrefois  ;  1.  etc. 

gearo,  gear u,  adj.,  ready;  prêt;  154,  etc. 

gearo,  adv..  well  ;  bien  ;  5493,  etc. 

gearwe,  geare,  adv.,  well;  bien  ;  527. 

geato-lïc,  adj.,  splendid  ;  splendide;  428. 

geatwa.  f.  pi.  fo.,  garniture;  ornement  ;  0170. 

ge-bedde,  f.  fa.,  bed-fellow  ;  compagnon  de  lit;  1330. 

ge-braec,  neut.  fo.  (break),  crash  ;  éclat;  4511. 

ge-byrd,  neut.  fo.,  fate  ;  destin  ;  2142. 

ge-cynde,  adj.  (kind),  hereditary;  héréditaire;  4390. 

ge-dfil,  neut.  fo.,  parting;  séparation,  départ;  0131. 

ge-dëfe,  adj.,  fitting;  qui  sied  à  ;  1117. 


LKXIQl  i  817 

ge-drseg,  neut.  fo..  tumult;  tumulte;  1505. 
ge-dryht,  ge-driht,  neut.  fo.,  troop  ;  troupe;  236,  etc. 
ge-fêa,  ni.  fa.,  joy  ;  joie;  1119,  etc. 
ge-feoht,  neut.  fo.,  Qght  ;  combal  ;  1092,  etc. 
ge-frœge,  adj.,  renowned;  renommé;  10!),  etc. 
ge-frsegnian,  v.  fa.,  make  famous  ;  illustrer;  2065. 
gegn-cwide,  m.  fo.,  reply;  réponse;  731. 
gegnum,  adv..  forwards;  en  avant  :  62o. 
ge-hwâ,  pron.,  pron.  av.  gen.,  cadi  ;  chacun, tout;  585,  etc. 
ge-hwaer,  adv.,  everywhere;  partoul  :  1 047. 
ge-hwaether,  pron.,  either;  l'un  ou  l'autre;  1163, etc. 
ge-hwylc,  he-hwelc,  adj.  pron.  av.  gen.  pi.,  each;  chaque,  cha 
cun  ;  195,  etc. 

ge  hygd.  neut.  fo.,  thought:  pensée;  4085. 

ge-hyld,  neut.  fo.,  protection  ;  protection;  6114. 

ge-l«ric,  neut.  fo.,  play  :  jeu  ;  2073. 

ge-lâd,  neut.  fo.,  path;  sentier;  2820. 

ge-len^e,  adj.,  belongingts;  appartenant  à  ;  5460. 

ge-lïc,  adj..  like;  semblable;  4323. 

ge-lôme,  adv.,  frequently;  fréquemment;  1112. 

ge-long,  ge-lang,  adj.,  along  of;  le  long  de  ;  2752. 

ge-mœne,  adj.,  common;  commun  à  ;  3565. 

ge-mêde,  neut.  fo.,  consent,  consentement  ;  491. 

ge-met.  neut.  fo.,  power;  pouvoir;  1551. 

ge-mëting,  f.  fo.,  meeting;  assemblée,  rencontre;  3997. 

ge-mong,  m.  fo.,  troop;  troupe;  3284. 

ge-mynd,  f.  fo.,  memorial  ;  mémorial  ;  5603,  etc. 

gën,  adv.,  again;  encore;  1462,  etc. 

ge-neahhe,  adv.,  enough;  assez;  1559,  etc. 

ge-nip,  neut  fo.,  mist  ;  brouillard  ;  2719. 

gênunga,  adv.,  wholly;  entièrement;  5737. 

gêo,  gïo,  îu,  adv.,  formerly;  précédemment;  2952. 

gëoc,  f.  fo.,  help;  aide;  353,  etc. 

gëocor,  adj.,  sad  ;  triste  ;  1524. 

geofon,  gifen,  gyfen,  neut.  fo.,  ocean  ;  océan  ;  721,  etc. 

geogoth,  giogoth,  f.  fo.,  youth;  jeunesse  ;  319,  etc. 

geolo,  adj.,  yellow  ;  jaune  ;  5217. 

gëo-mëowle,  f.  fa.,  bride;  épousée;  6295. 

gëoraor,  gïomor,  adj.,  sad  ;  triste;  98,  etc. 

63 


<S1S  LEXIQ1  l 

gëomrian,  v.  fa.,  lament;  se  lamenter  ;  2229. 
geond,  prep.,  av.  ace,  throughout  :  à  travers;  !50,  etc. 
geong,  giong,  adj.,  young;  jeune;  25,  etc. 
georn,  adj.,  eager  ;  avide  de  ;  5503. 

gëo-sceaft,  f.  fo.  (former  shaping),  fate  :  destin  ;  2468,  etc. 
gêotan,  v.  fo.,  rush  ;  se  précipiter;  3378 
ge-râd,  adj.,  skilful;  adroit;  1740. 
ge-rûm-lïce,  adv.,  roomily  ;  largement;  277. 
ge-rysne,  adj.,  helitting;  qui  convient  à;  5302. 
ge-saca,  m.  fa.,  adversary;  adversaire  :  3544. 
ge-sacu,  f.  fo.,  strife;  lutte;  3472. 
ge-scâd,  neut.  fo.,  difference;  différence;  574. 
gescaep-hwïl,    f.    fo.,  (shaped    while),    fated    hour;    heure  du 
destin  ;  52. 

ge-sceaft,  f.  fo.,  (shaping),  existence;  existence;  3244. 

ge-sceap,  neut.  fo.,  fate;  destin;  6163. 

ge-slyht,  neut.  fo.,  slaying;  massacre;  4791. 

ge-strêon,  neut.  fo.,  possession  ;  possession  ;  3837. 

ge-sund,  adj.,  sound;  sain  et  sauf;  3255. 

ge-synto,  f.  fo.,  soundness;  santé;  3734. 

ge-taêse,  adj.,  quiet;  tranquille;  2641. 

gëtan,  v.  fa.,  slay  ;  massacrer  ;  5875. 

ge-tenge,  adj.,  touching;  qui  touche  à;  5513. 

ge-thing,  neut.  fo.,:  (1)  terms  ;  termes;  2164;  (2)  issue;  fin;  792. 

ge-thôht,  ge-thonc,  m.  fo.,  thought;  pensée;  509. 

ge-thyld,  f.  fo.,  patience  ;  patience  ;  2790. 

ge-weald,  neut.  fo.,  power;  pouvoir;  157. 

ge-wef,  neut.  fo.,  web  ;  trame;  1394. 

ge-weorc,  neut.  fo.,  work  ;  travail,  904,  etc. 

ge-wider,  neut.  fo.,  storm;  orage  ;  2749,  etc. 

ge-win(n),  neut.  fo.,  strife;  lulte  ;  266. 

ge-witt,  neut.  fo.  (wit(s)),  senses;  sens,  esprit  ;  5402. 

ge-wrixle,  neut.  fo.,  exchange;  échange;  2609. 

ge-wyrht,  neut.  fo.,  merit;  mérite;  5310. 

gif,  gyf,  conj.,  if;  si;  879,  etc. 

gifan,  giofan,  a-gifan,  etc.,  v.  f.,  give;  donner;  97,  etc. 

glfre,  adj.,  greedy  ;  gourmand  ;  2554. 

gifu,  f.  fo.,  gift  ;  don  ;  2347,  etc. 

gilpan,  gylpan,  v.  fo.,  (yelp),  boast;  s'enorgueillir  de;  1166,  etc  . 


LEXIQUE  810 

gim.  m.  fo.,  gem;  pierre  précieuse,  gemme  ;  4140. 
ginnan,    on-ginnan.   v.    fo.,    begin;    entreprendre,   commencer; 
485,  etc. 

giohtho,  f.  fo.,  sorrow,  care;  trouble,  chagrin;  4529. 
gist,  gyst,  gaest,  m.  f'o.,  guest;  bote  étranger;  203,  etc. 
git,  gyt,  adv.,  yet;  encore  ;  1067,  etc. 

gitan,  an-gitan,  be-gitan,  etc.,  v.  fo.,  get,  get  at;  prendre,  attein- 
dre, toucher  à  ;  2130,  etc. 

gladian,  v.  fa.,  glisten;  briller;  4067. 
glaed,  adj.  (glad),  gracious  ;  gracieux  ;  116,  etc. 
glêd,  f.  fo.,  (glede),  fire  ;  feu  ;  4624. 
glêo,  neut.  fo.,  glee;  éclat;  4205,  etc. 

glîdan,  tô-giîdan,  v.   fo.,   glide:  glisser,  tomber  en  morceaux  ; 
1030,  etc. 
gnornian,  v.  fa.,  mourn;  s'affliger  de;  2228,  etc. 
(iod,  m.  fo.,  God  ;  Dieu  ;  26,  etc. 
gûd,  adj.,  good  ;  bon;  22,  etc. 

gôd,  neut.  fo.,  good,  goodness  :  bonté;  40,  etc. 

gold,  neut.  fo.,  gold;  or;  606,  etc. 

gombe,  f.  fa.,  tribute;  tribut;  22. 

gomen,  gamen,  neut.  fo.,  game;  jeu  ;  2319,  etc. 

gomol,  gomel,  gamol,  adj.,  old  :  vieux;  115,  etc. 

gongan,  gangan,  gengan,  v.  fo.,  go  ;  aller  ;  625,  etc. 

graêg,  adj.,  gray;  gris;  657. 

grain,  adj.,  angry;  coléreux,  féroce;  842,  etc. 

grâpian,  v.  fa.,  grasp;  saisir;  3132. 

grëtan,  ge-grëtan,  f.  fa.,  :  (1)  salute;  saluer;  692;  (2)  approach, 
attack  ;  approcher,  attaquer  ;  335,  etc. 

grim(m),  adj.,  grim;  monstrueux;  241,  etc. 

grimman,  v.  fo.,  snort,  rage  ;  être  en  rage  ;  609. 

grindan,  v.  fo.,  grind  down;  moudre,  mettre  en  pièces;  842,  etc. 

grïpan,  for-grïpan,  with-grïpan,  v.  fo.,  grasp;  saisir;  3001,  etc. 

gripe,  m.  fo.,  grip;  action  de  saisir  ;  2289. 

grôwan,  v.  fo.,  grow;  croître,  pousser  ;  3435. 

grund,  m.  fo.,  ground  ;  terre,  sol  ;  2807,  etc. 

gryre,  m.  fo.,  terror  ;  terreur,  méfait  ;  765,  etc. 

guma,  m.  fa.,  man  ;  homme;  146,  etc. 

gum-cynn,  neut.  fo.,  (man-kin),  nation  of  men  ;  nation  (d'hom- 
mes) ;  517. 


820 


I.I   \lnl   I 


guth,  I'.  Co..  war,  battle;  guerre,  bataille;  960, etc. 

gyddian,  v.  fa.,  recite,  chanl  ;  réciter,  chanter;  1253. 

gyldan,  â-gyldan,  an-gyldan,  v.  fo  ,  yield,  pay;  payer,  céder; 
22,  etc. 

gyman,  v.  fa.,  av.  gen.,  incline  to;  s'occuper  de,  vouloir  faire; 
3518,  etc. 

gyn(n),  adj.,  wide;  large;  3101. 

gyrdan,  v.  fa.,  gird  ;  entourer;  4151. 

gyrn,  neut.  fo.,  sorrow  ;  chagrin  ;  3547. 

gyrwan,  v.  fa.,  prepare,  equip;  préparer,  équiper;  2944. 

gytsian,  v.  fa.,  covet;  désirer,  convoiter;  3495. 

H 

habban,  v.  fa.,  have;  avoir;  764,  etc.;  for-habban,  v.  fo..  keep 
back;   retenir;   5214;    with-habban,    v.    fa.,   resist;   résister   à 
6537. 

had,  m.  fo.,  (-hood),  condition;  condition  ;  2594. 

hâdor,  adj.,  sonorous;  sonore;  988. 

hœf,  neut.  fo.,  sea  ;  mer;  4949. 

hœft,  m.  fo.,  captive;  captif;  4811. 

haël,   f.  fo.,  (1)   health,    good    chance;    santé,    chance;    1309; 
(2)  omen  ;  présage  ;  407 . 

hœle,  m.  fo.,  man,  hero  ;  homme,  guerrier  ;  104,  etc. 

hœrg-trsef,  neut.  fo.,  heathen-fane  ;  temple  païen  ;  349. 

hsêst,  adj.,  violent;  violent;  2669. 

hafela,  hafala,  heafola,  m.  fa.,  head  ;  tête  ;  886,  etc. 

hafenian,  v.  fa.,  uplift  :  soulever  ;  3141 . 

hafoc,  m.  fa.,  hawk  ;  faucon  ;  4521 . 

haga,  m.  fa.,  enclosure;  enceinte,  rempart  ;  5780. 

hfil,  adj.,  whole;  entier  ;  598,  etc. 

hâlig,  adj.,  holy  ;   saint;  760.  etc. 

hâm,  m.  fo.,  home  ;  maison,  demeure,  famille  ;  1428,  etc. 

bar,  adj.,  gray  :  gris  ;  1768,  etc. 

hât,  adj.,  hot;  chaud  ;  5559,  etc. 

bât,  neut.  fo,,  heat  ;  chaleur  ;  5207,  etc. 

hâtan,  v.  fo.,  (1)  order;»  ordonner;  584,  etc.;  (2)  name,  call; 
nommer,  appeler;  204,  etc.  ;  ge-hâtan,  v.  fo.,  av.  ace,  promise  , 
promettre  ;  2783. 


i.rxiQUE 


821 


hatian,  v.  fa.,  a  v.  ace,  hale;  haïr;  1632,  etc. 

he,  hê6,  hit,  pron.  pers.,  he,  she,  il  ;  lui,  elle,  il;  14  etc. 

hëa-buph,  I*.  fo.,  (high-burgh),  city;  cité;  22i7, 

hëafod,  neut.  fo.,  head;  tête  ;  95,  etc. 

hëah,  adj.,  high  :  haut  :  113,  etc. 

heal(l),  f.  fo.,  hall;  salle;  178,  etc. 

healdan,  he-healdan,  v.  fo.,  av.  ace.,  hold,  keep,  guard,  protect  ; 
tenir,  garder,  protéger;  206,  etc.  ;  for-healdan,  v.  fo.,  av.  ace, 
rebel  against;  se  révolter  contre  ;  4757  ;  ge-healdan,  v.  fo.,  av.  ace, 
hold,  have  ;  tenir,  avoir,  posséder;  6002,  etc. 

healf,  f.  fo.,  half;   moitié  ;  1593.  etc. 

heals,  in.  fo.,  neck  ;  cou  ;  3740,  etc. 

healsian,  v.  fa.,  entreat;  traiter;  4259. 

hêan,  adj.,  abject;  abject;  2548,  etc. 

heap.  m.  fo.,  band,  company;  bande,  assemblée  ;  795,  etc. 

heard,  adj.,  hard  :  dur;  1074,  etc. 

hearde,  adv.,  hard  ;  avec  dureté  ;  2876. 

hearin,  m.  fo.,  harm,  insult;  dommage,  injure;  3780,  etc. 

hearp,  f.  fa.,  harp  ;  harpe  ;  178,  etc. 

heatherian,  v.  fa.,  restrain;  réduire,  restreindre:  6139. 

heatho-byrne,  f.  fa.,  coat  of  mail;  cotte  de  mailles;  3103,  etc. 

heatho-dëor,  adj.,  battle-brave;  brave  à  la  bataille  ;  1336. 

hêathu,  f.  fo.,  sea,  ocean  ;  mer,  océan  ;  3721. 

hëawan,  ge-hëawan,  v.  fo.,  hew  ;  tailler,  abattre  ;  1594. 

hebban,  â-hebban,  v.  fo.,  raise;  élever;  1306,  etc. 

hêdan,  ge-hêddan,  v.  fa.,  obtain;  obtenir;  1004,  etc. 

-hëgan,  ge-hëgan,  v.  fa.,  decide;  décider;  845,  etc. 

hel(l),  f.  fa.,  hell  ;  enfer  ;  202,  etc. 

helan,  be-helan,  v.  fo.,  hide  ;  cacher;  823. 

helm,  m.  fo.,  (helm)  (1)  helmet;  casque;  1337,  etc.  ;  (2)  protec- 
tion ;  protection  ;  '2784  ;  (3)  protector,  king  ;  roi,  protecteur  ;  740. 

helmian,  ofer-helmi an,  v.  fa.,  av.  ace,  overshadow;  faire  ombre 
sur,  éclipser  ;  2728. 

help,  f.  fo.,  help;  aide;  1097,  etc. 

helpan,  v.  fo.,  help  :  aider;  4675,  etc. 

hel  rima,  m.  fo..  sorcerer;  sorcier;  324,  etc. 

beofon,  m.  fo.,  heawen  ;  ciel  ;  103,  etc. 

héolfor,  neut.  fo.,  gore;  sang  ;  1691. 

heolster,  neut.  fo.,  darkness;  obscurité  ;  1504. 


822 


LEXIQUE 


heonan,  heonon,  adv.,  hence  ;  d'où,  d'ici  ;  502,  etc. 

hf'ore,  adj.,  pleasant;  plaisant;  2744,  etc. 

heoro,  heoru,  m.  fo.,  sword  ;  sabre,  glaive,  épée;  2570,  etc. 

heorte,  f.  fa.,  heart;  cœur  ;  4534,  etc. 

hër,  adv.,  here  ;  ici;  485,  etc. 

here,  m.  fo.,  army  ;  armée  ;  4688,  etc. 

herg,  m.  fo.,  idol-grove  ;  temple  d'idoles  ;  6139. 

herian,  v.  fa.,  av.  ace,  praise  ;  louer,  honorer  ;  364, etc. 

hete,  m.  fo.,  hate;  haine  ;  282,  etc. 

hider,  adv.,  hither  ;  ici,  y  ;  478,  etc. 

-hïgian,  ofer-hïgian,  v.  fa.,  hefool  ;  infatuer,  duper;  5528. 

hild,  f.  fo.,  battle,  war  ;  bataille,  guerre  ;  899,  etc. 

hilt,  m.  fo.,  ou  neut.  fo.,  hilt  ;  garde,  poignée  d'une  épée  ; 
3147,  etc. 

hindema,  adj.  superl.  (hindmost),  last;  dernier;  4094,  etc. 

hin-fûs,  adj.  (hence  ready),  eager  to  be  gone;  désireux  d'être 
parti  ;  1503. 

hladan,  ge-hladan,  v.  fo.,  lade;  charger  de;  2790,  etc. 

hleêw,  hlâw,  m.  fo.,  (low),  burial-mound  ;  tombeau  ou  caverne 
creusée  dans  la  montagne  ;  2233,  etc. 

hlâford,  m.  fo.,  lord  ;  seigneur  ;  532,  etc. 

hleahtor,  m.  fo.,  laughter  ;  rire;  1215. 

hlêapan,  â-hléapan,  v.  fo.,  gallop  ;  galoper  ;  1722. 

hlêo,  m.  fo.,  (lee),  refuge,  protection  ;  refuge,  protection  ; 
853,  etc. 

hleonian,  v.  fa.,  slope;  pencher,  incliner;  2830. 

hlëotan,  v.  fo.,  av.  ace,  get  by  lot;  obtenir  par  le  sort;  4766. 

hliehhan,  â-hliehhan,  v.  fo.,  laugh  aloud  ;  rire  aux  éclats;  5600. 

hlïfian,  v.  fa.,  tower  ;  surmonter  de,  couronner  de;  5605. 

hlith,  neut.  fo..  cliff;  falaise  ;  3781. 

hlûd,  adj.,  loud  ;  retentissant;  177. 

hlynnan,  hlynian,  v.  fa.,  resound;  résonner;  5102,  etc. 

hlytm,  m.  fo.,  lot  ;  lot  ;  6246. 

hnêêgan,  v.  fa.,  av.  ace,  fell,  vanquish;  abattre,  vaincre;  2548. 

hnâh,  adj.,  mean,  base;  bas;  3855. 

hnïtan,  v.  fo.,  clash;  écraser;  2655. 

hof,  neut.  fo.,  court,  residence;  demeure,  palais;  2473,  etc. 

hôfian,  be-hôflan,  v.  fa.,  av.  gen.,  need  ;  avoir  besoin  de  ;  5291 . 

-hôhsnian,  on-hôhsnian,  v.  fa.,  check  ;  tenir  en  échec;  3884. 


LEXIQUE 


823 


hold,  adj.,  Friendly  ,  amical  ;  578,  etc. 

holm,  m.  fo.,  sea  ;  mer;  96,  etc. 

holt,  neut.  fo.,  wood  ;  hois;  5193. 

homer,  hamer,  m.  fa.,  hammer  ;  marteau  :  2571. 

hôn,  be-hôn,  v.  fo.,  trans.,  hang  will»;  pendre  par;  6272. 

hond,  hand,  f.  fa.,  hand  ;  main;  1111,  etc. 

hord,  m.  fo.,  ou  neut.  fo.,  treasure  ;  trésor;  1767. 

horn,  in.  fo.,  horn  ;  corne;  2737,  etc. 

hors.  neut.  fo.,  horse;  cheval  ;  2798,  etc. 

hôs,  f.  fo.,  bevy;  assemblée;  1842. 

hot  h  ma,  m.  fa.,  grave  ;  tombeau  ;  4911 . 

hrâ,  neut.  fo.,  corpse  ;  cadavre  ;  3176. 

hrœgl,  neut.  fo.,  (rail),  armour;  armure;  2390,  etc. 

h  rathe,  hrœthe,  adv.,  (rathe),  quickly;  vivement,  en  hâte; 
447,  etc. 

hrêam,  m.  fo.,  noise  ;  bruit  ;  2604. 

hrefn,  m.  fo..  raven  ;  corbeau  ;  3599. 

hrêmig,  adj.,  exultant  ;  qui  exulte  ;  247. 

hrëoh,  adj.,  rough,  fierce  ;  dur,  féroce  ;  3127,  etc. 

hrëosan.  v.  fo.,  fall;  tomber;  2860;  be-hrêosan,  v.  fo.,  deprive; 
priver  de  ;  5520. 

hrëothan,  v.  fo.,  clothe;  habiller  ;  606,  etc. 

hrëow,  f.  fo.,  distress,  grief;  détresse,  peine  ;  4254. 

hrëran,  v.  f.,  rouse;  lever,  se  lever;  1093,  etc. 

hrêth,  m.  fo.,  glory,  renown  ;  gloire,  renom;  5146. 

hrether,  in.  fo.,  breast,  heart;  poitrine,  cœur;  4222. 

hrlmig,  adj.,  (rimy),  covered  with  hoar-frost;  couvert  de  givre  ; 
2726. 

hrïnan,  v.  fo.,  av.  dat.,  touch  ;  touchera,  prendre;  1970,  etc. 

hring,  m.  fo.,  ring,  ring-mail;  anneau,  cotte  de  mailles; 
2404,  etc. 

hringan,  v.  fa.,  ring  ;  sonner,  faire  du  bruit;  652. 

hrôf,  m.  fo.,  roof;  toit;  1846,  etc. 

hron-fix,  m.  fo.,  whale  ;  baleine  ;  1075. 

hrôr,  adj.,  valourous  :  valeureux,  fort;  3257. 

hrôthor,  m.  f.,  benefit,  joy  ;  bienfait,  joie  ;  4338,  etc. 

hrûse,  f.  fa.,  earth  ;  terre  ;  iiS'.),  etc. 

hrycg,  m.  fo.,  back  ;  dos  ;  937. 

hryre,  m.  fo. ,  fall  ;  chute,  destruction  ;  3358,  etc. 


824 


LEXIQUE 


lui.  adv.,  how;  comment  ;  5,  clr. 

hund,  m.  fo.,  hound  ;  meute;  2730. 

hund,  num.,  av.  gen.,  hundred  ;  cenl  :  1551,  etc. 

hûru.  adv.,  indeed,  at  least;  en  effet,  du  moins;  363, etc. 

hùs,  neut.  fo.,  house  ;  maison  ;  231,  etc. 

hûth,  f.  fo.,  plunder;  hutin,  pillage  ;  247,  etc. 

hwâ,  m.  et  f.,  h\vait,  neut.  interr.,  et  pron.  indef.,  who,  what, 
any,  somewhat;  qui,  quoi,  tout,  quelque  ;  104,  etc. 

hwaer,  adv. ,  where,  anywhere  ;  où,  n'importe  où  ;  4054,  etc. 

hwaet,  adj.,  active;  actif;  6051,  etc. 

hwaet,  interj.,  lo  !  ;  voici  que!  ;  1,  etc. 

hwaether,  adj.  pron.,  whether;  lequel  des  deux;  5057,  etc. 

hwaether,  hwTrcthre,  conj.,  whether;  soit,  ou;  2711,  etc. 

hwa3th(e)re,  adv.,  however,  yet;  toutefois,  encore;  1105,  etc. 

hwanan,  hwanon,  adv.,  whence;  d'où  ;  512,  etc. 

hwealf,  f.  fo.,  vault  ;  voûte;  1147,  etc. 

hwêne,  adv.,  a  little  ;  un  peu  ;  5395. 

hweorfan,  v.  fo.,  turn,  wander,  die;  tourner,  errer,  mourir; 
526,  etc.  ;  œt-hweorfan,  v.  fo.,  return  ;  retourner;  4593  ;  ge-hweor- 
fan,  v.  fo.,  turn,  go;  tourner,  aller;  2420;  geond-hweorfan,  v.  fo., 
traverse;  traverser;  4030;  ond-hweorfan,  v.  fo.,  turn  against;  se 
tourner  contre  ;  1090;  ymbe-hweorfan,  v.  fo.,  av.  ace,  turn  about  ; 
tourner  autour  :  4587. 

hwergen,  adv.,  elsewhere;  ailleurs;  5176. 

hwettan,  v.  fa.,  encourage;  encourager;  406.  etc. 

hwTl,  f.  fo.,  while,  space  of  time  ;  espace  de  temps;  291,  etc. 

hwôpan,  v.  fo..  cry  out,  mourn;  crier,  se  lamenter  ;  4531. 

hwyle,  adj.  pron.,  which  ;  qui,  que;  2201,  etc. 

gwyrfan,  v.  fa. ,  move  ;  remuer,  agiter  ;  196. 

hyegan,  ge-hyegan,  v.  fa.,  think,  resolve;  penser,  résoudre; 
1257  ;  for-hicgan,  ofer-hyegan,  v.  fa.,  reject,  despise  ;  rejeter, 
mépriser. 

hydan,  ge-h5rdan,  v.  fa.,  hide;  cacher;  2743,  etc. 

hyge,  hige,  m.  fo.,  mind,  heart;  esprit,  cœur,  âme  ;  531,  etc. 

hyht,  m.  fo.,  hope  ;  espérance  ;  356,  etc. 

hyldan,  v.  fa.,  heel  over,  incline  oneself;  se  pencher,  s'incliner 
sur  ;  1369,  etc. 

hyldo,  f.  fo.,  favour,  friendliness;  faveur,  amitié  ;  1334,  etc. 
lvynaji,v.  fa. ,  humiliate,  harm;  humilier,  faire  dommage  à  ;  4632 


LExini  i:  825 

hyran,   ge-hyran,   v.   fa.,   hear,    learn;   entendre,   apprendre; 
75,  etc. 

hyrdan,  â-byrdan,  v.  fa.,  harden  ,  durcir;  2919. 

hyrde,  m.  fo.,  (herd),  keeper  ;  gardien;  1213,  etc. 

hyrstan,  v.  fa.,  adorn;  orner;  1338,  etc. 

hyrtan,  v.  fa.,  embolden;  encourager,  enhardir  ;  5182. 

hyse,  m.  fo.,  youth  ;  jeunesse;  2434. 

hyth,  f.  fo.,  hythe,  heavan  ;  ciel,  paradis  ;  63,  etc. 


1c,  pron.  pers.,  I  ;  Je;  500,  etc. 

Tdel,  adj.,  ilde,  empty  ;  paresseux,  vide  ;  289,  etc. 

ides,  f.  fo.,  woman;  femme  ;  1234,  etc. 

iernan,    be-iernan,   v.    fo.,  run,    occur;    courir,  se    présenter 
134,  etc. 

in,  prep.,  (1)  av.  dat.,  in,  on;  dans,  sur  (sans  action)  ;  (2)  av.  ace, 
into  ;  dans,  dedans  (avec  mouvement)  ;  in,  adv.,  in  ;  au-dedans,  à 
l'intérieur;  776,  etc. 

in-gang,  m.  fo.,  entrance;  entrée;  3098. 

innan,  adv.,  within  ;  à  l'intérieur;  1541,  etc. 

inwit-feng,  m.  fo.,  hostile  grasp;  étreinte  hostile;  2893. 

inwit-gaest,  in.  fo.,  hostile  guest  ;  hôte  hostile  ;  5336. 

Iren,  neut.  fo.,  iron,  sword;  fer,  glaive;  1777. 

Is,  neut.  fo.,  ice  ;  glace  ;  3216. 

ïu-monn,  m.  fo,,  former  man  ;  homme  des  premiers  âges  ;  6099. 

K 

kyning,  m.  fo.,  king  ;  roi  ;  1232,  etc. 


la,  interj.,  lo  ;  voici  que  !  ;  3338,  etc. 
lac,  neut.  fo.,  gift;  don,  présent;  86, etc. 

lâcan,  v.  fo.,  play  ;  jouer  ;  5660  ;  for-lâcan,  v.  fo.,  betray  ;  trahir  , 
1800. 


826  LEXIQUE 

lâd,  f.  fo.,  (lode),  way  ;  voie,  chemin  ;  1132. 

laédan,  v.  fa.,  lead  ;  conduire  ;  477,  etc.  ;  for-lfèdan,  v.  fa.,  av.  ace, 
mislead  ;  égarer;  4073. 

laëfan,  v.  fa.,  leave;  laisser;  4625,  etc. 

lœn,  neut.  fo.,  loan  ;  emprunt  ;  3615. 

lœran,  ge-hëran,  v.  fa.,  teach;  apprendre,  enseigner  à;  3443. 

Isês,  adv.  comp.,  less;  moins;  965,  etc. 

laêssa,  adj.  comp.,  less  ;  moindre;  85,  etc. 

lœstan,  v.  fa.,  (1)  av.  dat.,  last,  hold  out;  durer,  tendre;  1618  ; 
(2)  av.  ace,  do,  perform  ;  faire,  accomplir  ;  5323;  ful-lœstan,  v.  fa., 
av.  dat.,  help  ;  aider;  5333  ;  ge-lsêstan,  v.  fa.  (1)  av.  ace.  ou  dat., 
serve  ;  servir  ;  47,  etc.  ;  (2)  av.  ace,  do  ;  faire;  3411. 

lfêtan,  v.  fo.,  let,  allow  ;  laisser,  permettre;  96,  etc. 

lâf,  f .  fo.,  leaving  ;  abandon,  don  ;  903,  etc. 

lafian,  v.  fa.,  refresh  ;  rafraîchir;  5441. 

lagu,  m.  fo.,  lake;  lac;  3260. 

lâr,  f.  fo.,  (lore),  instruction  ;  instruction  ;  2440,  etc. 

lâst,  m.  fo.,  track;  trace;  264,  etc. 

lâth,  adj . ,  (loth),  loathsome  ;  odieux  ;  267,  etc . 

leaf,  neut.  fo.,  leaf;  feuille;  193. 

lean,  neut.  fo.,  reward;  récompense;  228,  etc. 

lëan,  be-Iëan,  v.  fo.,  av.  ace,  blame,  prohibit;  blâmer,  défendre; 
404,  etc. 

lêanian,  v.  fa.,  av.  ace  de  la  cho.,et  dat.  person.,  pay  for  ;  payer 
pour  ;  4200,  etc. 

lëas,  adj.  (-less)  (1)  av.  gen.,  lacking  of  ;  manquant  de  ;  1694,  etc.; 
(2)  false  :  faux  ;  503. 

lecgan,  â-lecgan,  v.  fa.,  lay,  lay  down  ;  poser,  étendre;  62,  etc. 

lemian,  v.  fa.,  blame,  trouble;  blesser,  troubler;  1803. 

lenge,  adj.,  long;  long;  166,  etc. 

lëod,  m.  fo.,  prince,  chief;  prince,  chef;  679,  etc. 

lêod,  f.  fo.,  people,  nation  ;  peuple,  nation;  5998,  etc. 

lêof,  adj .  (lief),  dear;  cher;  62,  etc. 

lëogan,  â-lëogan,  ge-lëogan,  v.  fo.,  lie,  belie,  deceive;  mentir, 
tromper  ;  498,  etc. 

lëoht,  neut.  fo.,  light;  lumière;  1448,  etc. 

lëoma,  m.  fa.,  gleam,  ray;  rayon,  lueur  ;  619,  etc 

lëon,  on-lëon,  v.  fo.,  lend  ;  prêter  ;  2934,  etc. 

leornian,  v,  fa.,  learn  ;  apprendre;  4667,  etc. 


LEXIQUE  ^^ 

lëosan,  be-lëosan,  for-lêosan,  v.  fo.,  lose,  deprive  ;  perdre,  priver 
de;  2139,  etc. 

lëoth,  oeut.  fo.,  lay;  chanson:  2312. 

libban,  v.  f.,  live;  vivre;  114,  etc. 

lïc,  neut.  fo.  (lych),  body  ;  corps;  3005. 

licg(e)ao,  v.  fo.,  lie,  lie  down  ;  être  étendu  ;  80,  etc.;  fi-Iicg(eïan, 
v.  fo.,  fael;  manquer,  faillir;  3056;  ge-licg(e)an,  v.  fo.,  be  still; 
reposer  ;  6287. 

lïcian,  v.  fa.,  av.  dat.  (like),  please;  plaire;  1272,  etc. 

lid-mann,  m.  fo.,  sea-man;  homme  de  mer;  3247. 

lïf,  neut.  fo.,  life  ;  vie  ;  194,  etc. 

lïg,  lêg,   m.  fo.,  flame;  flamme;  165,  etc. 

lim,  neut.  fo.,  (limb),  branch  ;  branche;  194. 

limpan,  â-limpan,  be-limpan,  ge-limpan,  v.  fo.,  happen,  befall  ; 
arriver,  advenir  ;  3969,  etc. 

lind,  f.  fo.  (linden),  shield  :  bouclier;  4676. 

linnan,  v.  fo.,  av.  gen.  ou  dat.,  cease,  depart;  cesser,  partir,  être 
privé  de  ;  2955. 

liss,  f.  fo.,  favour;  faveur;  4295. 

list,  f.  fo.,  cunning;  ruse;  1555. 

lïthan,  v.  fo.,  go  ;  aller  ;  440. 

lithe,  adj.,  mild;  doux;  2440. 

lïthend,  m.  fo.,  (going),  sailor;  marinier;  440. 

lTxan,  v.  fa.,  gleam  ;  briller  ;  619. 

lôcian,  v.  fa.,  look  ;  regarder  ;  3307. 

lof,  m.  fo.,  praise;  louange;  3071. 

lond,  land,  neut.  fo.,  land  ;  terre;  441,  etc. 

long,  lang,  adj..  long;  long;  108,  etc. 

losian,  v.  fa.,  escape;  échapper  à;  2784. 

lûcan,  be-lùcan,  v.  fo.,  lock  ;  fermer;  2258,  etc. 

lufen,  f.  fo.,  hope  ;  espoir  ;  5767. 

lufian,  v.  fa.,  love;  aimer;  3959. 

lufu,  f.  fa.,  love  ;  amour  ;  3454. 

lungre,  adv.  (1)  quickly;  rapidement;  3259;  (2)  quite  ;  entière 
ment  ;  4323. 

lust,  m.  fo.,  (lust),  pleasure  ;  plaisir;  1230,  etc. 

lyfan,  â-lyfan,  ge-lyfan,  v.  fa.,  entrust,  permit  ;  avoir  confiance 
en,  permettre;  1304. 

lyft,  m.  fo.,  et  fem.  neut.,  (lift),  air  ;  air;  2750,  etc. 


828  LEXIQUE 

lysan, â-Iysan,  v.  fa.,  loose;  lâcher,  détendre;  3259. 
lyt,  adj.  av.  gen.,  few;  peu  de;  4725,  etc. 
lyt,  adv.,  little  ;  peu;  6253,  etc. 
lytel,  adj.,  little;  petit  ;  3493. 


M 


maég,  m.  fo.,  kinsman;  parent,  allié;  810,  etc. 

mœgen,  neut.  fo.,  main,  strength  ;  pouvoir,  force;  830,  etc. 

mœgth,  f.  fo.,  maid,  woman  ;  vierge,  femme;  1878,  etc. 

maêgth,  f.  fo.,  tribe,  people  ;  tribu,  peuple  ;  10,  etc. 

mèêl,  neut.  f.  (1)  time,  occasion  ;  temps,  occasion  ;  629;  (2)  sword  ; 
glaive  ;  3231 . 

maman,  v.  fa.,  (mean),  (1)  av.  ace,  declare,  proclaim;  déclarer, 
proclamer;  1707;  (2)  trans.,  et  intrans.,  lament;  se  lamenter; 
2292. 

mœnan,  ge-mœnan.  v.  fa.,  violate  ;  violer;  2196. 

mrëre,  adj.,  great,  famous;  grand,  fameux;  205,  etc. 

mrêrtho,  maërthu,  f.  fo.,  glory  ;  gloire  ;  1003,  etc. 

mœst,  m.  fo.,  mast;  mât;  71,  etc. 

maête,  adj.,  small;  petit;  2910. 

mâga,  m.  fa.,  son,  man  ;  fils,  homme;  1880,  etc. 

magan,  v.  fo.,  et  fa,  may,  can  ;  pouvoir,  être  capable  de; 
552,  etc. 

mago,  m.  fo  .  kinsman,  son;  parent,  fils;  2930. 

man,  neut.  fo.,  crime;  crime;  219,  etc. 

manian.  v.  fa.,  exhort  ;  exhorter;  4109,  etc. 

mathelian,  v.  fa.,  harangue;  harangue;  4845,  etc. 

mâthm-œht,  f.  fo.,  owning  of  treasure;  possession  de  trésors  ; 
3225. 

mâth(th)um,  m.  fo.,  thing  of  value,  treasure;  chose  de  prix, 
trésor  ;  336,  etc. 

mê,  pron.  pers.,  (ace.  et  dat  de  ic),  me,  to  me;  moi,  à  moi; 
887,  etc. 

meagol,  adj.,  solemn  ;  solennel  ;  3955. 

mearc,  f.  fo.,  march,  limit  ;  marche,  limite;  4764. 

mearcian,  v.  fa.,  mark  ;  marquer,  graver  ;  894,  etc. 

mearh,  m.  fo.,  horse;  cheval  ;  1724,  etc. 


LEXIQUE  829 

mëce,  m.  fo.,  sword;  glaiye  :  3873,  etc. 

mëd,  f.  fo.  (meed),  reward  :  récompense  ;  2356. 

naedo,  medu,  m.  fo.,  mead  ;  hydromel. 

meltan,  v.  fo..  intrans.,  melf  ;  fondre  ;  2234,  etc. 

mené,  ni.  fo.,  collar  :  collier;  2399. 

mengan,  v.  fo  ,  mingle;  mélanger,  fréquenter;  1690. 

menigeo,  maenigo,  f.  fo.,  many;  beaucoup,  multitude  ;  81,  etc. 

mere,  m.  fo.,  (mere),  sea  :  mer;  225i,  etc 

metan,  v.  fo.,  (mete),  measure:  mesurer;  1022,  etc. 

mëtan,  v.  fa.,  meet,  find;  rencontrer,  trouver;  1508,  etc. 

Metod,  m.  fo.,  God;  Dieu,  It1  Créateur;  219,  etc. 

methel,  neut.  fo.,  council  ;  conseil  ;  3748,  etc. 

micel,  adj.,  (mickle),  great  ;  grand  ;  257,  etc. 

mid,  prep.,  av.  dat,  et  ace.  (1;  av.  dat.,  with,  amid;  avec, 
parmi  ;  153,  etc.  ;  (2)  av.  ace,  même  sens  ;  712,  etc. 

mid,  adv.,  with  tliem  ;  avec  eux  ;  3283. 

middan-geard,  m.  fo., (middle-yard),  world,  earth;  terre  ;  150,  etc. 

miht,  f.  fo.,  might;  puissance;  1398. 

milde,  adj.,  mild  ;  doux  ;  2344,  etc. 

mïl-geamarc,  neut.  fo.,  measure  by  miles  ;  mesure  par  lieues  ; 
2723.. 

mïn,  adj.  possess.,  mine,  my  ;  mon,  mien;  508,  etc. 

missan,  v.  fa.,  av.  gen.,  miss  ;  manquer  ;  4873. 

missere,  neut.  fo.,  half-year;  demi-année;  305. 

n.'stig.  adj.,  misty;  brumeux;  322. 

mod,  neut.  fo.  (1)  mood,  mind  ;  disposition,  esprit;  99;  (2)  cou- 
rage ;  courage  ;  210. 

môdor,  f.  fo.,  mother;  mère;  2517. 

mon(n),  man  <n),  m.  fo.,  man  ;  homme  ;  50,  etc. 

mun,  man,  pron,  indef.,  one,  they  ;  on  ;  2345.  etc. 

môna,  m.  fa.,  moon;  lune;  188,  etc. 

monig,  manig,  adj.,  many  ;  nombre  de  ;  9,  etc. 

môr,  m.  fo.,  moor;  marais  ;  206,  etc. 

morgen,  mergen,  m.  fo.,  morning  ;  matin  ;  1667,  etc. 

morthor,  neut.  fo.,  murder;  meurtre;  1778,  etc. 

môtan,  v   fo.,  et  fa.,  may,  must  ;  pouvoir,  devoir;  371,  etc. 

munan,  ge-munan,  on-munan,  v.  fo.,  et  fa.,  have  in  mind, 
remind  ;  avoir  en  mémoire,  rappeler;  2276,  etc. 

mund,  f.  fo.,  hand  ;  main  ;  470,  etc. 


830  LKMol  I 

mur  nan,  v.  fo.,  mourn  ;  se  lamenter  ;  99,  etc. 

mùtha,  m.  la.,  mouth  ;  bouche;  1448,  etc. 

mynclian,  ge-myndian  ;  v.  fo.,  (1)  av.  gen.,  remember;  se  souve 
nir  de  ;  2.204;  (2)  remind;  rappeler  ;  4898. 

myne,  m.  fo.,(l)  wish,  hope;  souhait,  espoir  ;  5142  ;  (2)  love  ; 
amour;  337. 

mynian,  ge-mynian,  v.fo.,  mind;  veillera,  se  souvenir  de;  1411 

myrce,  adj.,  murky;  sombre  ;  2809. 

myrth,  f.  fo.,  mirth;  joie;  1613. 


N 


nâ,  adv.  neg.,  never;  jamais  ;  1129,  etc. 

naca,  m.  fa.,  bark;  écorce  ;  426,  etc. 

nacod,  adj.,  naked  ;  nu;  1072, 'etc. 

nsêfre,  adv.,  never;  jamais;  492, "etc. 

neégan,  v.  fa.,  greet,  accost  ;  saluer,  accoster  ;  2637. 

naegl,  m.  fo.,  nail  ;  clou  ;  1963^  et. 

nœglian,  v.  fa.,  nail  ;  clouer;  4046. 

neenig,  adj.  pron.,  none,  no  one;  aucun,  personne;  312,  etc. 

nsés,  adv.  neg.,  not,  not  at  all  ;  ne...  pas,  pas  du  tout;  1118,  etc. 

nama,  m.  fa.,  name  ;  nom  ;  156. 

nan,  adj.  pron.,  none  ;  aucun  ;  1599. 

nât-hwylc  adj.  pron.,  (wot  not  which)  some  ;  quelque,  quelqu'un; 
3026,  etc. 

ne,  partie,  neg.,  not;  ne,  ne  pas  ;  75,  etc. 

nêah,  adj.,  (nigh)  near;  proche,  prochain;  3484,  etc. 

nëah,  adv.,  (nigh)  near;  près  de  ;  2443,  etc. 

nealles,  adv.,  not  at  all  ;  en  aucune  façon  ;  4285. 

nêan,  néon,  adv.,  from  nigh  ;  de  près;  6203. 

nearo,  neut.  fo.,  distress;  détresse  ;  4694. 

nearo,  adj.,  narrow  ;  étroit  ;  2818. 

nearwian,  v.  fa.,  straiten;  dresser,  roidir  ;  2876,  etc. 

nefa,  m.  fa.,  nephew  ;  neveu;  2406,  etc. 

nefne,  naefne,  nemne,  conj.,  (1)  unless;  à  moins  que;  498,  etc., 
(2)  save  ;  excepté  que  ;  5066,  etc. 

nemnan,  v.  fa.,  name;  nommer;  725,  etc. 

be-nemnan,  v.  fa.,  swear;  jurer;  2188. 


LEXIQUE  831 

nemne,  prep.  av.  dat.,  except;  hormis;  2150. 

neôd-lathu,    f.    fo.,   pressing  summons:    invitation   pressante; 
2640,  etc. 

nëos(i)an,  nTos(i)an,  v.  fa.,  av.  gen.,  visit;  visiter  ;  221),  etc. 

nêotan,  v.  fo.,  use;  jouir  de  :  2435  ;  be-nêotan,  l>i-nêolan,  v.  fo., 
av.  ace.  pers.,  el  dat.,  ch.  ;  deprive;  priver  de  :  1353,  etc. 

nerian,  v.  l'a.,  save;  sauver;  1139. 

nesan,  ge-nesan,    v.    fo.,   (intrans.,    survive;   survivre;    11)92; 
(2)  trans.,  escape  from;  échapper  a  ou  de;  3994. 

nëthan,  ge-nethan,  v.  fa.,  (1)  av.  ace.,  dare  ;  oser;  4694;  (2)  av. 
dat.,  risk;  risquer;  1020. 

nicor,  neut.  fo.,  sea-monster;  monstre  marin  ;  838,  etc. 

nigen,  num.,  nine;  neuf;  1144. 

niht,  f.  fo.,  night  ;  nuit  ;  230,  etc. 

niman,  v.  fo..  take;  prendre;  877,  etc.,  be-niman,  v.  fo.,  deprive; 
priver  de  ;  3768;  for-niman,  v.  fo.,  carry  off;  emporter;  971. 

nïod,  f.  fo.,  pleasure  ;  plaisir;  4233. 

nïpan,  v.  fo..  darken  ;  obscurcir,  1088. 

nith,  m.  fo.,  envy;  envie;  367,  etc. 

nïwe,  adj.,  new  ;  nouveau  ;  1559,  etc. 

nïwian,  v.  fa.,  renew;  renouveler;  2607,  etc. 

no,  adv.,  not  at  all,  not;  pas  du  tout,  pas;  1081,  etc. 

nun,  f.  fo.,  (noon)  ninth  hour  ;  neuvième  heure  ;  3199. 

north,  adv.,  north;  nord;  1709. 

nose,  f.  fa.,  cape  ;  cap;  5602. 

nu,  adv.,  now  :  maintenant;  500,  etc. 

nù,  conj.,  now  that  ;  maintenant  que  ;  855,  etc. 

nvd,  f.  fo.,  need;  nécessité  ;  2003,  etc. 

nydan,  v.  fo.,  force  ;  forcer  à  ;  5356,  etc. 

nymthe,  conj.,  unless  ;  à  moins  que  ;  1556,  etc. 

nyt,  adj.,  useful;  utile;  1581,  etc. 

nytt,  f.  fo.,  duty  ;  devoir,  charge  ;  983. 

nyttian,  ge-nyttian,  av.  gen.  et  ace,  use  ;  se  servir  de  ;  6088,  etc. 

O 

of,  prep.,  av.  dat., from  ;  de;  73,  etc. 

ofer,  prep.,  (1)  av.  ace,  over;  sur;  19,  etc.,  (2)  av.  dat.,  over; 
sur  ;  956,  etc. 


832  LEXIQUE 

ôfer,  m.  fo.,  shore;  rivage;  2741. 

ofost,  f.  fo.,  haste;  hâte;  510,  etc. 

oft,  adv.,  often  ;  souvent;  7,  etc. 

ô-hwœr,  ô-wêr,  adv.,  anywhere;  n'importe  où  :  3472,  etc. 

ombeht,  ombiht,  m.  fo.,  servant;  serviteur,  officier;  571,  etc. 

ômig,  adj,  rusty;  rouillé;  5522. 

on,  an,  prep.,  (1)  av.  dat.  (lieu  et  temps),  on,  in;  sur,  dans, 
80,  etc.,  (2)  av.  ace,  into  ;  dans,  dedans;  1013,  etc. 

on-cyth(th)  f.  fo.,  distress  ;  détresse;  2839. 

ond,  conj.,  and  ;  et;  1197,  etc. 

ond-long,   and-long,    adj.,    livelong;   qui  dure  toute   une  vie; 
4226,  etc. 

ond-swaru,  f.  fo.,  answer  ;  réponse  ;  705,  etc. 

ônettan,  v.  fa.,  hasten  ;  se  hâter;  610,  etc. 

on-gëan,  prep.,  av.  dat.,  against,  at  ;  contre,  à  ;  2061,  etc. 

onlïc-nes,  f.  fo.,  likeness;  ressemblance;  2701. 

on-ssëge,  adj.,  fatal;  fatal  ;  4962. 

on-syn,  an-syn,  f.  fo.,  sight;  vue,  aspect;  499,  etc. 

on-weald,  m.  fo.,  possession;  propriété;  2082. 

openian,  v.  fa.,  open;  ouvrir;  6108. 

ôr,  neut.  fo.,  beginning  ;  origine  ;  2076,  etc. 

ord,  neut.  fo.,  point,  front;  point,  front;  1107. 

ôretta,  m.  fa.,  warrior;  guerrier;  3063. 

or-leg,  neut.  fo.,  battle,  war;  bataille,  guerre  ;  2653,  etc. 

or-thône,  or-thanc,  m.  fo.,  skill;  habileté  ;  807,  etc. 

oruth,  neut.  fo.,  breath;  souffle;  5110. 

oth,  prep.,  av.  ace,  until  ;  jusqu'à  ce  que  ;  4794. 

other,    adj.,   pron.    et    num.,    the  other;    l'autre,    le   second; 
1010,  etc. 

oththe,  conj.,  (1)  or  ;  ou  ;  563;  (2)  and  ;  et  ;  4945. 


R 


raëcan,  v.  fo.,  intrans.,  reach  ;  atteindre;  1112. 
reêdan,  v.   fo.,   et  fa.,  (1)   intrans.,    decree,  décréter  ;   5.712  ; 
(2)  trans.,  possess;  posséder  ;  4108. 

reêran,  a-rœran,  v.  fa.,  exalt;  exalter,  élever;  3404. 
raês,  m.  fo.,  rushstorm  ;  éclat,  tempête  ;  2249. 


LEXIQUE  833 

r&san,  ge-nfesan,  v.  fa.,  race,  rush  ;  courir,  ae  précipiter  ;  5074. 

raest,  f.  Co.,  rest  ;  repos,  lit;  278,  etc. 

réeswa,  m.  fa.,  leader;  chef;  120. 

râsian,  v.  fa.,  find;  trouver;  1561. 

rê  a  fia  n,   be-reafian,  v.   fa.,    reave,  rob,  plunder;  voler,   piller 
1425. 

rëcan,  v.  fa.,  av.  gen.,  care;  avoir  souci  de  ;  803. 

reccan,  v.  fa.,  relate,  tell  ;  rapporter,  dire  ;  182,  etc. 

reced,  neut.  fo.,  house  ;  demeure,  maison;  818. 

regnian,  rënian,  v.  fa.,  prepare,  adorn;  préparer,  orner  ;  1547. 

rëofan,  be-reofan,  v.  fo.,  deprive  ;  priver  de,  voler;  5858. 

reordian,  v.  fa;  speak  ;  parler  ;  6050,  etc. 

rëotan,  v.  fo.,  weep;  pleurer;  2751. 

restan,  v.  fa.,  cease;  cesser;  3711. 

rice,  neut.  fo.,  realm;  royaume;  1716. 

rice,  adj.,  rich;  riche,  puissant;  618,  etc. 

rlcsian,  rïxian,  v.  fa.,  reign  ;  régner  ;  286,  etc. 

rïdan,  ge  rïdan,  v.  fo.,  ride  ;  conduire,  chevaucher  ;  467,  etc. 

riht,  neut.  fo.,  right;  droit;  287,  etc. 

rlman,  v.  fa., (rime)  number;  compter;  118,  etc. 

rinc,  m.  fo.,  man;  homme,  guerrier;  1434,  etc. 

rïsan,  a-rlsan,  v.  fo.,  arise;  se  lever;  4802,  etc. 

rodor,  m.  fo.,  sky  ;  ciel  ;  617,  etc. 

rôf,  adj.,  brave;  brave,  renommé  ;  1358,  etc. 

rond,  rand,  m.  fo.,  shield  ;  bouclier;  1305,  etc. 

rowan,  v.  fo.,  row,  swim  ;  ramer,  nager,  1019. 

rûm,  m.  fo.,  room  ;  chambre;  5377. 

run,  f.  fo.,  (rune)  council  ;  conseil  ;  342,  etc. 

ryman,  ge-ryman,  v.  fa.,  (1)  make  roomy,  prepare;  aménager, 
rendre  spacieux  ;  979.  (2)  make  room  ;  faire  place  à  ;  6171. 


sacan^  v.  fo.,  strive;  s'efforcer  de;  873,  etc. 

ge-sacan,  v.  fo.,  gain  by  strife;  obtenir  à  la  lutte  ;  2001 . 

on-sacan;  v.  fo.,  (1)  avec  ace.  pers.,  et  gén.  chose.,  attempt  a  per- 
sons'life;  attenter  à  la  vie  de  ;  3881.  (2)  avec  ace  chose,  et  dat.  pris., 
refuse  ;  refuser  ;  5904. 

53 


<S.'{  \  LEXIQUE 

sacu,  f.  fo.,  strife;  lutte,  effort  ;  306,  etc. 

sadol,  m.  fo.,  saddle;  selle;  2009,  etc. 

sac,  m.  fo.,  etf.,  sea;  mer;  1008,  etc. 

sœcc,  f.  fo.,  strife;  lutte,  effort;  1194;  etc. 

seel,  neut.  fo..  hall  ;  salle;  614,  etc. 

sail,  m.  fo.,  et  f.,  (1)  time,  season;  temps,  saison;   1238,  etc., 
(2)  happiness  ;  joie,  bonheur  ;  1285. 

sâdan,  v.  fa.,  bind;  attacher,  lier;  450,  etc. 

on-saelan,  v.  fa.,  unbind  ;  délier  ;  978,  etc. 

saêlân,  v.  fa.,  happen;  arriver,  advenir;  2.500. 

seêmra,  adj.,  comp.,  worse;  pire  ;  1899,  etc. 

sàêlan,  v.  fa.,  happen;  arriver,  advenir;  2.500,  etc. 

saëmra,  adj.,  comp.,  worse  ;  pire  :  1899,  etc. 

same,  adj.,  slow;  lent;  2871. 

sâl,  m.  fo.,  rope;  corde;  601. 

sand,  neut.  fo.,  sand;  sable  ;  424,  etc. 

sang,  m.  fo.,  song;  chant;  179,  etc 

sâr,  neut.  fo.,  et  f.,  pain,  sore;  peine,  blessure:  1568,  etc. 

sâre,  adv.  sorely;  douloureusement;  2503,  etc. 

sâwol,  f.  fo.,  soul;  âme;  367,  etc. 

scacan,  v.  fo.,  shake,  go;  secouer,  partir;  2242. 

scâdan,  ge-scâdan,  v.  fo.,  décide;  décider;  3110,  etc. 

scadu-helm,  m.  fo.,  (shadow-helm)  cover  of  night;  ombre  de  la 
nuit  ;  1293. 

scami(g)an,  v.  fa.,  be  ashamed;  avoir  honte  de;  2046. 

scead,  neut.  fo.,  shade;  ombre  ;  1417. 

scealc,  m.  fo.,  marshal  ;  maréchal  (du  palais);  1830. 

scearp,  adj.,  sharp  ;  aigu,  pointu  ;  573. 

scêat,  m.  fo.,  (sheet)  corner,  région  ;  coin,  région;  1467. 

sceatt,  m.  fo.,  money  ;  monnaie  ;  3371. 

sceatha,  scatha,  m.  fo.,  (scather)  foe  :  ennemi;  3602. 

sceathan,  ge-sceathan,  v.   fo.,  (scathe),  injure;  blesser,   léser; 
3770,  etc. 

scêawere,  m.  fo.,  spy,  espion;  503. 

scëawi(g)an,  v.  fa.,  av.  ace.  (shew)espy  ;  espionner;  1680,  etc. 

sceft,  m.  fo.,  shaft;  trait;  6231. 

scencan,  v.  fa.,  (skink)  pour  out;  verser;  986. 

scêotan,  ge-scëotan,  of-scëotan,  v.  fo.,  avec  ace,  shoot,  kill;  tirer 
sur,  tuer;  4633,  etc. 


LEXIQ1  I.  <S3.i 

sceran,  ge-sceran,  v.  fo.,  (shear)  cut  ;  couper;  3052,  etc . 
sceththan,  v.  fa.,  av.  dat.,  injure  ;  faire  injure  à  :  3028,  etc 
scïnan,  v.  fo.,  shine  ;  briller  ;  3034,  etc. 

scinna,  in.  fa.,  devil;  démon  ;  IcSTI. 

scip,  neut.  fo.,  ship;  vaisseau  :  602,  etc. 

scïr,  adj.,  (slieerj,  bright  :  brillant  ;  642,  etc. 

scop,  n..  fo.,  (shaper)  hard  ;  poète  barde  ;  179,  etc. 

scota.  m.  fa,,  (shooter),  warrior;  guerrier;  2045. 

scrlfan,  for-scrîfan,  ge-scrlfan;  v.  fo.,  (shrive),  prescribe;  pres- 
crire ;  212,  etc. 

scrithan,  v.  fo.,  glide;  glisser;  I29i,  etc. 

scucca,  m.  fo.,  demon;  démon  ;  IS71 . 

scûfan,  be-scufan,  v.  fo.,  av.  ace,  shove;  pousser  avec  force; 
429,  etc.,  wïd-scûfan,  v.  fo.,  (wide-shove)  scatter  ;  éparpiller,  dissé- 
miner: 1805. 

srulan,  v.  fo.  et  fa.,  shall,  he  to,  must,  have  to;  devoir  être,  être 
à.  devoir,  avoir  à;  48,  etc. 

scïir-heard,  adj.,  (shower-hard),  hardened  by  coldwater:  durci  à 
l'eau  froide;  2059. 

scyld,  scyldan,  m.  fo.,  et  fa.,  shield  ;  bouclier  ;  648,  etc. 

scyldig,  adj,,  guilty;  coupable;  3364,  etc. 

scyndan,  v.  fa.,  hasten  ;  se  hâter  ;  5136. 

scyne,  adj.,  (sheen)  beauteous;  beau;  0028. 

scyppan,  v.  fo.,  (shape)  create;  créer  ;  156,  etc. 

scyppend,  m.  fo.,  creator  ;  créateur  ;  21 1. 

scyran,  v.  fa.,  (make  sheer)  hring  to  light;  mettre  en  lumière  ; 
3875. 

se,  m.,  sëo,  sïo,  f.,  thaet,  neut.,  adj.  demon.,  the,  that;  le,  la; 
1007,  etc. 

se,  m.,  sëo,  sïo,  f.,  thaet,  neut.,  pion.,  (1)  pron.  demon.,  that  one, 
he;  celui-là,  lui;  4809.  etc.,  (2)  pron.  rel.,  that,  who,  which,  what; 
qui,  que;  285,  etc. 

sealma,  m.  fa.,  chamber;  chambre;  4915. 

searo,  neut.  fo.,  armour;  armure;  055,  etc. 

seax,  neut.  fo.,  dagger  ;  poignard  :  3090. 

sêcan,  sêcean,  ge-sée(e)an,  v.  fa.,  seek:  chercher  ;  1322,  etc. 

secg,  m.  fo.,  man;  homme  ;  425,  etc. 

secgan,  a-secgan,  ge-secgan,  v.  fa.,  say;  dire,  déclarer  :  1009,  etc. 

sefa,  m.  fa.,  mind,  soul  ;  esprit,  âme  ;  98,  etc. 


830  LEXIQUE 

sëft,  adv.  comp.,  softer;  plus  doucement  ;  5495, 

segl,  neut.  fo.,  sail  ;  traversée;  .'5.808. 

segn,  m.  fo.,  et  neut.,  sign,  banner;  signe,   bannière;  2408,  etc. 

seldan,  adv.,  seldom  ;  rarement;  4054. 

sele,  m.  fo.,  hall  ;  salle  ;  102,  etc. 

self,  adj.  refl.,  self;  se,  soi;  1834,  etc. 

sellan,  syllan,  ge-sellan,  v.  fa.,  (sell)  give  ;  donner;  4316,  etc. 

sel-lTc,  syl-lic  (=  sed-lic),  adj.,  rare,  strange;  rare,  étrange; 
2851,  etc. 

sëlra,  adj.  comp.,  better;  meilleur;  1714. 

semninga,  adv.,  fortbwith,  straightway  ;  en  avant,  en  ligne  droite; 
1282,  etc. 

sendan,  for-sendan,  on-sendan,  v.  fa.,  send  :  envoyer;  26  etc. 
sendan,  v.  fa.,  feast  ;  fêter,  festoyer;  1193. 
sëoe,  adj.,  sick;  malade,  mourant  ;  3205,  etc. 
seofon,  adj.  num.,  seven  ;  sept  ;  1028,  etc. 

sëon,  ge-sêon,  geond-sêon,  ofer-sëon,  on-sêon,  v.  fo.,  see,  see 
throughout  ;  survey,  look  at  ;  voir,  voir  à  travers,  surveiller, 
regarder;  456,  etc. 

seonu,  f.  fo.,  sinew;  repli  ;  1628. 

séothan,  v.  fo.,  av.  ace,  seethe,  hrood  over  ;  couver  ;  376,  etc. 
sëowian,  v.  fa.,  sew  ;  coudre;  806. 
sess,  m.  fo.,  seat  ;  siège  ;  5509,  etc. 
setl,  neut.  f.  fo.,  seat  ;  siège  ;  2464,  etc. 

settan,  â-settan,  be-settan,  ge-settan,  v.  fa.,  set,  set  down  ;  éta- 
blir, fonder  ;  647,  etc. 

sib(b)  f.  fo.,  peace;  paix,  alliance  ;  5197,  etc. 
sTd,  adj.,  wide;  large;  296,  etc. 
side,  adv.,  wideley  ;  largement  1434. 

sTgan,  ge-slgan,  v.  fo.,  sink,  fall;  s'enfoncer,  tomber;  2502,  etc 
sige-drihten,  m.  fo.,  victorious  lord  ;  prince  victorieux  ;  778,  etc. 
sigel,  m.  fo.,  et  neut.,  sun  ;  soleil;  3927. 
sigor,  neut.  fo.,  victory;  victoire;  2036,  etc. 
sin,  adj.,  poss.,  his;  son  ;  3014. 
sine,  neut.  fo.,  treasure  ;  trésor  ;  161,  etc. 
sin-gal,  adj.,  continuous  ;  continu  ;  306. 
sin-gala,  adv.,  continually;  continuellement;  378. 
singan,  â-singan,  v.  fo.,  (song,  sang)  sing  ;  chanter,  résonner; 
2846,  etc. 


LEXIQUE 


837 


sittan,  v.  fo.,  sit;  asseoir,  s'asseoir;  1204;  be-sittan,  v.  fo.,  (sil 
by)  besiege;  assiéger;  5867;  for-sittan,  v.  fo.,  l'ail  :  manquer;  3531; 
ofer-sittan,  v.  fo.,  av.  ace.  abstain  from;  s'abstenir  de  ;  3053;  of- 
sittan,  v.  fo.,  av.  ace,  sil  upon;  s'asseoir  sur;  3089;  on-sittan, 
v.  fo.,  av.  ace,  dread;  craindre;  1187  ;  ymb-sittan,  v.  fo.,  av.  ace., 
sit  round  ;  s'asseoir  autour  ;  1 122. 

sith,  m.  fo.,  (1)  way,  journey:  route,  voyage;  1058;  (2),  time, 
repetition  :  temps,  répétition;  4.094,  etc. 

slthian,  v.  fa.,  journey;  voyager;  1438;  for-sithian,  v.  fa., 
perish  :  périr  :  3099. 

siththan,  syththan,  seoththan,  adv.,  after,  since;  après,  depuis; 
283,  etc. 

sla^p,  ni.  fo..  sleep;  dormir;  2502. 

slcëpan,  v.  fo.,  sleep;  dormir;  1475,  etc. 

slêan  ;  ge-slêan,  of-slân,  v.  fo.,  av.  ace,  slay;  tuer,  massacrer; 
216,  etc. 

slltan,  v.  f o . ,  (slit)  tear  to  pieces;  mettre  en  pièces;  1476,  etc. 

slithe,  adj.,  savage,  dangerous;  sauvage,  dangereux;  366,  etc. 

smith,  m.  fo.,  smith;  forgeron  ;  807. 

smithian,  be-smithian,  v.  fa.,  make  firm  by  a  smith'swork;  for- 
ger, durcir;  1543. 

snell,  adj.,  brisk,  keen;  prompt,  adroit;  5937. 

snotor,  snottor,  adj.,  wise,  prudent;  sage,  prudent;  403,  etc. 

snyrian,  v.  fa.,  hasten  ;  se  hâter  ;  799. 

snythian,  be-snythian,  v.  fa.,  deprive  ;  priver  de  ;  5844. 

sôcn,  f.  fo  ,  persecution  ;  persécution  ;  3551. 

somod,samod,  adv.,  together  ;  ensemble  ;  2423,  etc. 

sôna,  adv.,  soon  ;  bientôt;  242,  etc. 

sorgian,  v.  fa., care;  avoir  souci  de  ;  897. 

sorh,  f.  fo.,  sorrow  ;  chagrin;  4.004,  etc. 

sôth,  neut.  fo.,  truth  ;  vérité;  1059,  etc. 

sôthe,  adv.,  truly;  vraiment;  1043,  etc. 

spëd.  f.  fo.,  (speed;  success  ;  succès;  1739,  etc. 

spel(I),  neut.  fo.,  spell  (story)  ;  histoire,  conte;  4214. 

sponnan,  on-sponnan,  v.  fo.,  (unspan)  loosen  ;  lâcher;  5443. 

spôwan,  v.  fo..  impers.,  av.  dat.  pers.,  succeed;  réussir;  6048. 

sprecan,  specan,  ge-sprecan,  v.  fo.,  speak  ;  parler  ;  1057,  etc. 

springan,  aet-springan,  on  springan,  v.  fo.,  spring  ;  s'élancer, 
jaillir;  36,  etc. 


838 


i. i:\iouk 


stœlan,  v.  fa.,  (1)  institute;  fonder;  2680;  (2)  avenge;  venger; 
4966. 

stân,  m.  fo.,  stone,  rock  ;  pierre,  rocher  ;  1708,  etc. 

stapol,  m.  fo.,  (staple).  (1)  column  ;  colonne  ;  5433  ;  (2)  threshold  ; 
seuil  ;  1845. 

starian,  v.  fa.,  stare,  regarder  fixement;  1986,  etc. 

stede,  m.  fo.,  (stead)  place;  place;  4963. 

stefn,  f.  fo.,  voice  ;  voix  ;  5102. 

stellan,  on-stellan,  v.  fa.,  institute;  fonder;  4810. 

stëpan,  ge-stëpan,  v.  fa.,  exalt;  exalter;  3432. 

steppan,  aet-steppan,  ge-steppan,  v.  fo.,  step,  march  ;  s'avancer, 
marcher;  2802,  etc. 

stlg,  f.  fo.,  path;  sentier  ;  638. 

stîgan,  â-stïgan,  ge-stïgan,  v.  fo.,  (sty)  go,  ascend;  aller,  monter; 
422,  etc. 

stille,  adj.,  still  ;  tranquille,  passif;  600,  etc. 

stïh,  adj.,  stiff;  épais  ;  3065. 

stondan,  standan,  â-stondan,  eet-stondan,  ge-stondan,  v.  fo., 
stand,  stand  up;  se  tenir,  se  tenir  debout:  817,  etc.,  for-stondan, 
for-standan,  v.  fo.,  withstand;  résister  à,  défendre;  3098. 

storm,  m.  fo.,  storm  ;  orage  ;  2256,  etc. 

strœt,  f.  fo.,  street;  rue,  voie;  637. 

stream,  m,  fo.,  stream  ;  ruisseau  423,  etc. 

streng,  m.  fo.,  string;  corde,  6229. 

strengo,  f.  fo.,  strength  ;  force  ;  2541. 

strong,  Strang,  adj.,  strong;  fort;  3684,  etc 

strûdan,  v.  fo.,  plunder;  piller;  6347,  etc. 

strynan,  ge-strynan,  v.  fa.,  obtain  ;  obtenir  ;  5592,  etc. 

stund,  f.  fo.,  time,  hour;  temps,  heure;  2846. 

style,  neut.  fo.,  steel;  acier;  3065. 

st5'man,  be-styman,  v.   fa.,  wet;  mouiller;  967,  etc. 

styrian,  v.  fa.,  (stir)  disturb  ;  troubler;  5.676. 

sum,  adj.,  some,  one,  a  certain;  quelque,  un,  quelqu'un  , 
6240,  etc. 

sund,  m.  fo.,  swimming,  sea;  action  de  nager,  océan;  1009,  etc. 

sundur,  adv.,  asunder;  séparément;  4840. 

sunne,  f.  fa.,  sun;  soleil  ;  188,  etc. 

sunu,  m.  fo.,son;  fils  ;  686,  etc. 

suth,  adv.,  south  ;  sud,  du  sud  ;  1709,  etc. 


APPENDICE  889 

swâ,  (1)  adv.  de  manière  et  de  degré,  so,  thus;  ainsi:  691,  etc., 
(2)  adv.  conj.,as;  comme;  58,  etc.,  (3)  prou,  rel.,  which,  who: 
qui,  que  ;  197,  etc.,  (4)  conj.,  so  thaï  ;  de  socle,  que  ;  3015. 

swâelan,  be-sw&lan,  v.  l'a.,  scorch;  griller;  G078. 

swâpan,  for-swâpan,  v.  fo.,  sweep  away:  balayer;  949. 

—  swariau,  and-swarian,  \ .  l'a.,  answer  ;  répondre;  679. 

swât.  m.  fo.,  (sweat)  blood  ;  sang;  2572. 

sweart,  adj.,  (swart)  black,  dark  ;  sombre,  noir  ;  333. 

swehhan.  â-swebban,  v.  fa.,  put  to  sleep,  kill;  endormir,  tuec  ; 

swêg,  m.  fo.,  sound  ;  son;  1281. 

swegel,  neut.  fo..  sky  :  ciel  :  1713. 

swelan,  v.  fo..  (sweal),  burn  ;  brûler  ;  5422. 

swelgan,  for-swelgan,  v.  fo.,  swallow  up  ;  avaler  ;  4156. 

sweltan,  v.  fo.,  die;  mourir;  3234,  etc. 

Mvencan,  ge-swencan,  v.  fa.,  molest,  strike;  molester,  frapper  ; 
3019. 

sweorcan,  for-sw(e)orcan,  v.  fo.,  grow  dark  ;  s'obscurcir;  3471. 

sweord,  swurd,  swyrd,  neut.  fo.,  sword  ;  sabre,  glaive,  épée  ; 
1072,  etc. 

swerian,  for-swerian,  v.  fo.,  swear;  jurer  ;  1602. 

swTcan,  ge-swïcan,  v.  fo.,  fail,  diappear;  manquer,  disparaître; 
2920,  etc. 

swift.,  adj,  swift:  rapide;  4523. 

swTgian,  v.  fa.,  be  silent  ;  demeurer  silencieux  :  9397. 

swimman,  swymman,  ofer-swymman,  v.  fo.,  swim;  nager; 
3247,  etc. 

swingan,  v.  fo.,  swing;  balancer;  4528. 

swîth,  swyth,  adj.,  strong  ;  fort  ;  381,  etc. 

swTthan,  ofer-swlthan,  v.  fo.,  et  fa.,  overcome;  vaincre; 
3534  ;  etc. 

swylc,  adj.  pron.,  such,  such  as,  as;  tel,   tel   que,  comme;  (1) 

(talis  );  such;  tel;  1158;  (2)  (qualis)  ;  such  as;  tel  que;  (3)  (talis 

qualis)  ;  such...  as  ;  tel...  quel...  ;  2498. 

swylce,  (l)adv.,  as  well  as  :  aussi  bien  que;  226  ;  (2)  adv.  con- 
jonc,  as;  comme;  1507. 

swylt,  m.  fo.,  death  :  mort;  2510,  etc. 

symbel,  neut.  fo.,  feast;  fête,  banquet;  1122,  etc. 

sym(b)le,  adv.,  always  ;  toujours  ;  4895,  etc. 

syngian,  v.  fa.,  sin  :  pécher;  4878,  etc. 


840  LEXIQUE 

synn,  f.  fo.,  sin  ;  péché,  crime  ;  2.510. 

syrwan,  be-syrwan,  v.  fa.,  ensnare;  capturer;  320. 

syththan,  v.  fa.,  avenge  ;  venger  ;  3206. 


tâcen,  neut.  fo.,  token  ;  gage  ;  281,  etc. 

tsécan,  ge-tœcan,  v.  fa.,  teach  ;  enseigner;  instruire;  623,  etc. 

talian,  v.  fa.,  tell  ;  dire,  raconter;  1059. 

tëar,  m.  fo. ,  tear  ;  larme  ;  3741 ,  etc. 

tela,  adv.,  well  ;  bien;  1890,  etc. 

tellan,  v.  f.,  tell  ;  dire;  1581,  etc. 

têon,  at-ëon,  ge-tëon,  v.  fo.,  (tug)  draw,  take,  take  off  ;  tirer,  pren- 
dre, arracher;  1102,  etc. 

têon,  v.  fa.,  av.  ace,  adorn,  provide;  orner,  munir  de;  86,  etc. 

tîd,  f.  fo.,  (tide),  time;  temps  ;  292,  etc. 

tîdan,  ge-tidan,  v.  fa.,  betide  ;  arrivera;  122,  etc. 

tir,  m.  fo.,  glory;  gloire;  3306,  etc. 

tïthlan,  v.  fa.,  impers.,  av.  gen.,  grant;  accorder;  4563. 

tô,  prep.  av.  dat.,  to,  at,  for  ;  à,  pour  ;  56,  etc. 

tô,  adv. ,  (1)  to,  thereto  ;  à,  là  ;  (2)  too,  trop  de;  dev.  adj.,  et  adv.; 
266,  etc. 

tô-gaedre,  adv.,  together  ;  ensemble  ;  5256. 

tô-geanes,  tô-genes,  prep.,  av.  dat.  towards,  against;  vers,  con- 
tre; 3084. 

tô-middes,  adv.,  in  the  midst;  au  milieu;  6276. 

torn,  neut.  fo  ,  anger,  rage  ;  colère,  rage  ;  4798. 

treddian,  tryddian,  v.   fa.,   intrans.,  tread,   go;   fouler,   aller; 
1444,  etc. 

treôw,  f.  fo.,  (troth)  truth  ;  vérité;  2137. 

treôwan,  v.  fa.,  av.  dat.,  (trow)  trust  ;  avoir  confiance  ;  2331. 

trûwian,  v.  fa.,  av.  gen.  ou  dat.,  trust,  believe  ;  croire  ;  5078,  etc. 

twœfan,  ge-twâêfan,  v.  fa.,  av.  dat.  pers.,  gen.  ch.,  divide  ;  sépa- 
rer, diviser;  953,  etc. 

twœman,  ge-twœman,  v.  fa.,  av.  ace.  pers.,  gen.  ch.,  sever  ;  sépa- 
rer ;  1928,  etc. 

twêgen,  m.,twâ  f.,  et  neut.,  num.,  twain,  two;  deux;  2321,  etc. 

twelf,  num.,  twelve;  douze;  6344. 


LEXIQUE  NU 


tvhtan,  on-tyhtan,  v.  fa.,  entice  ;  exciter  à  ;  6107  . 
Ivn.  num.,  ten;  dix  ;  6312,  etc. 


D.  et  P.  runiques  =  TH 

thâ  :  (1)  adv.,  then;  alors;  6;  (2)  adv.  rel.  ou  conj.,  av.   indie, 
when,  as,  since  ;  quand,  comme,  depuis  que  ;  401,  etc. 

theer,   (1)  adv.   there;   là;  64,  etc.,  (2)   adv.  rel.,  where;  où; 
2011,  etc. 

thaes,  adv.,  (1)  therefore;  ainsi;  1794,  etc.,  (2)  thaes  the,  conj., 
as,  because  ;  comme,  parce  que;  2699,  etc. 

thaet,  conj.,  that  ;  so  that;  que,  de  sorte  que;  124,  etc. 

thafian,  v.  fa.,  av.  ace,  consent  to  ;  consentir  à  ;  5922. 

thane,  m.  fo.,  thanks,  content;  remerciements,  grâces,  contente- 
ment ;  1850,  etc. 

thankian,  v.  fa  ,  thank  ;  remercier,  1244,  etc. 

the,  partie,  rel.  indecl.,  who,  that,  which  ;  qui,  que,  après  se,  sêo  ; 
1.000,  etc. 

the,  pron.  pers.,  thee;  toi;  1041,  etc. 

the,  conj.,  (1)  because;  parce  que;  971,  etc.,  (2)  that,  so  that; 
que,  ainsi  que  ;  481,  etc. 

thëah,  conj.,  av.  subj.,  though;  quoique;  405,  etc. 

thearf,  f.  fo  ,  need  ;  besoin,  nécessité;  401,  etc. 

(ge)-thearfian,  v.  fa.,  necessitate:  exiger,  commander;  2200, 

thearle,  adv.,  hard  ;  durement;  1114. 

thêaw,  m.  fo  ,  (thew)  custom;  coutume;  355. 

theccean,  v.  fa.,  (thatch)  cover;  couvrir  ;  6025,  etc. 

thegn,  m.  fo.,  thane  ;  thane,  comes  ;  810,  etc. 

thenc(e)an,  v.  fa.,  think,  intend;  penser,  avoir  l'intention  de  ; 
708,  etc. 

Hienden,  conj.,  av.  indie,  ou  subj.,  while  ;  tandis  que;  59,  etc. 

thënian,v.  fa.,  av.  dat  ,  serve;  servir;  1105. 

thëod,  f.  fo.,  people;  peuple,  nation  ;  1280,  etc. 

thëof,  m.  fo.,  thief;  voleur;  4543. 

thëon,  on-theon,  ge-thëon,  v.  fo.,  succeed  ;  réussir;  16,  etc. 

thëow,  in.  fo.,  slave;  esclave  ;  4443. 

thés,  thêos,  this,  adj,  démon.,  this  ;  ce,  cet  ;  824,  etc. 

thicg(e)an,  v.  fo.,  av.  ace,  seize,  take  ;  saisir,  prendre  ;  2014,  etc. 


842  LEXIQUE 

thin,  adj.,  poss.,  (thine),  thy;  tien;  4258. 

thing,  neut.  fo.,  thing;  chose;  813,  etc. 

thingan,   v.  fa.,   determine,  appoint  ;   déterminer,    nommer  ;i  ; 
3873. 

thingian,  v.  fa.,  (1)  speak  ;  parler  à,  s'adresser  à  ;  3683  ;  (2)  com- 
pound ;  composer,  ordonner;  311,  etc. 
■    this,  pro.  démon.,  this  ;  ce  cet  ;  578,  etc. 

tholian,  v.  fa  ,  (thole) endure;  endurer,  supporter:  1658, etc. 
;   thon,  adv.,  then  ;  alors;  4842. 

thonne,  adv.,  then  ;  alors,  751,  etc. 

thonne,  conj.,  (1)  while;  tandis  que;  46,   etc.,   (2)  than;   que, 
(compar.)  88,  etc. 

thràg,  f.  fo.,  time:  temps;  108,  etc. 

threat,  m.  fo.,  troop,  band  ;  troupe  ;  8,  etc. 

thrêatian,  v.  fa.,  threaten  ;  menacer  ;  1114. 

thrëo,  thrïo,  num.  neut.,  three  ;  trois;  4343,  etc. 

thrïngan,  for-thringan,  ge-thringan,   v.   fo.,  intrans.,  throng  ; 
accourir;  5916,  etc. 

thrôwian,  v.  fa.,  suffer;  souffrir;  5207. 

thrym(m)  m.  fo.,  might;  force;  3833. 

thryth,  f.  fo  ,  strength  ;  force  ;  982,  etc. 

thû,  pron    pers.,  thou  ;  tu  ;  702,  etc. 

thunian,  v.  fa.,  thunder,  rattle  ;  gronder;  3809. 

thurfan,  v.  fo. ,  et  fa.,  need  ;  avoir  besoin  ;  885. 

thurh,  prep.  av.  ace,  through;  à  travers;  1111,  etc 

thus,  adv.,  thus  ;  ainsi  ;  858,  etc. 

thûsend,  neut.  fo.,  thousand  ;  mille  ;  6095. 

thyder,  adv.  thither;  là;  6167,  etc. 

thyncan,  thincean,  v.  fa.,  av.  dat.  pers.,  seem;  sembler,  paraî- 
tre ;  2861 . 

thyrs,  m.  fo.,  giant;  géant  ;  855. 

thystru,  f.  fo.,  darkness  ;  obscurité  ;  174. 

thywan,  v.  fa.,  oppress  ;  opprimer;  3651. 


U 


ufan,  adv.,  from  above  ;  d'en  haut  ;  3000,  etc. 
ufera,  adj.  compar.,  later  ;  plus  tard  ;  4396,  etc. 


LEXIQUE  843 

ûhte,  f.  fa.,  dawn;  aube;  252.  etc. 

un,  nég.  de-v.  adj.,  un-blithe,  adj.,  joyless  ;  sans  joie;  260,  etc. 
une.  pro.  pers.,  us  two;  nous  deux  ;  llIT.'i.  etc. 
under.  prép.,(l)  av.  dat.  (repos)  ;  under;  sous;  2408;  (2)  av.  ace. 
(mouvemenl  et  même  sens)  ;  3101,  etc. 
under,  adv.,  beneath  ;  en  dessous;  4422. 

unnan,  v.  fo.,  et  fa.,  grant,  will  :  accorder,  vouloir  ;  1000,  etc. 
up,  adv.,  up;  en  haut;  256,  etc. 
ûre,  pron.  pers.,  gén.,  of  us;  de  nous;  2771,  etc. 
ût,  adv.,  out;  hors  de  ;  430,  etc. 
ûth-genge,  adj.,  escaping;  fuyant;  4242. 


W 


wacan,  v.  fo.,  wake,  arise;  éveiller,  s'éveiller,  se  lever;  119,  etc. 

wacian,  v.  fa.,  watch  :  veiller  ;  1313,  etc. 

wadan,  thurh-wadan,  v.  fo.,  wade,  go  ;  aller;  439,  etc. 

waeenan,  v,  fa.,  in  trans.,  waken,  arise;  s'éveiller,  se  lever;  170. 

waed,n.  fo.,  sea,  wave;  mer,  vague;  1011,  etc. 

waêfre,  adj.,  expiring;  expirant  :  4835,  etc. 

waegnan,  be-waegnan,  v.  fa.,  offer;  offrir:  2386. 

wael,  neut.  fo.,  entr.  fréquem.  en  comp.,  slaughter  ;  massacre, 
cadavre  ;  890. 

wsepen,  neut.  fo.,  weapon  ;  arme;  581,  etc. 

wœr,  f.  fo.,  compact,  treaty  ;  accord,  traité  ;  2194,  etc. 

waestm,  m.  fo,,  growth,  form  ;  accroissement,  forme;  2703. 

waeter,  neut.  fo.,  water,  sea;eau,  mer;  186,  etc. 

wâg,  m.  fo.,  wall;  mur;  1983. 

wanian,  v.  fa.,  (1)  intrans.,  diminish;  diminuer  ;  3213;  (2)  trans 
diminish  ;  diminuer  ;  2774. 

wânigean,  v.  fa.,  lament;  pleurer,  se  lamenter;  15C8. 

warian,  v.  fa.,  guard,  inhabit;  garder,  habiter  ;  2494.  • 

waroth,  m.  fo.,  shore  ;  rivage;  466. 

wê,  pron.  pers.,  we;  nous  ;  1,  etc. 

wëa,  m.  fa.,  woe  ;  malheur;  295,  etc. 

weal(l),  m.  fo.,  wall  ;  mur  ;  650,  etc. 

wealdan,  v.  fo.,  av.  dat,  gen.,  wield  ;  gouverner  ;  879. 

Wealdend,  Waldend  ;  God  ;  Dieu,  33,  etc. 


«S  41  LEXIQUE 

weallan,  v.  fo.,  boil:  bouillir;  êtreagité;  1026,  etc. 

weard,  f.  fo.,  ward,  watch  :  veille,  garde;  608,  etc. 

weardian,  v.  fa.,  ward,  guard;  garder,  vriller;  210,  etc. 

weaxan,  ge-weaxan,  v.  fo.,  wax,  grow  ;  132,  etc. 

wecc  (e)an,  tô-weccan,  v.  fa.,  wake  up  ;  ('veiller;  6044.  etc. 

weder,  neut.  fo.,  weather;  temps;  1087,  etc. 

wegan,  v.  fo.,  bear  ;  porter;  6026;  aet-wegan,  v.  fo.,  carry  off; 
emporter;  2937  ;  ge-wegan,  v.  fo.,  tight;  combattre;  4706,  etc. 

wel(l)  adv.,  well  ;  bien  ;  371,  etc. 

welig,  adj.,  rich  ;  riche  ;  5210. 

wën,  f.  fo.,  expectation;  attente;  764,  etc. 

wënân,  v.  fa.,  av.  gen.,  (ween)  expect  ;  attendre  ;  313,  etc. 

wêndan,  v.  fa.,  intrans.,  (wend)  turn  ;  tourner;  627,  etc. 

wenian,  be-wenian,  bi-weniau,  v.  fa.,  honour;  faire  honneur  à; 
2176. 

weorc,  neut.  fo.,  work  ;  tache,  œuvre;  148,  etc. 

weorce,  adj.,  grievous;  pénible;  2836. 

weorpan,  v.  fo.,  (warp)  ;  (1)  av.  ace.  cho.,  throw;  jeter;  3061  ; 
(2)  av.  ace.  pers.,  et  gen.  cho.,  sprinkle;  étinceler;  5578;  ofer- 
weorpan,  v.  fo.,  stumble;  trébucher;  3.081. 

weorth,  neut.  fo.,  worth  ;  valeur,  prix  ;  4988. 

weorth,  adj.,  worthy,  honoured  :  considéré,  honoré;  3625. 

weorthan,  v.  fo.,  become  ;  devenir;  5048,  etc. 

ge-weorthan,  v.  fo.,  (1)  intrans.,  become,  be  ;  devenir,  être; 
6118;  (2)  trans.,  agree  about,  settle;  s'accorder  sur,  disposer; 
3988  ;  (3)  impers,  av.  gen.,  seem,  seem  good  ;  sembler  sembler  bon  ; 
4047. 

weorth-mynd,  f.  fo.,  worship,  honour;  culte,  honneur;   16,  etc. 

weotian,  v.  fa.,  prepare;  préparer;  3869;  be-veotian,  be-witian, 
v.  fa.,  observe;  observer:  4420. 

wer,  m.  fo.,  man  ;  homme;  210,  etc. 

wered,  neut.  fo.,  beer;  bière;  986. 

werian,  be-werian,  v.  fa..,  guard,  defend;  garder,  défendre; 
901,  etc. 

wêrig,  adj.,  av.  gen   oudat.,  weary;  las;  1153. 

werod,  weorod^  neut.  fo.,  troop;  troupe;  1296. 

wesan,  v.  irreg.,  be;  être;  541,  etc. 

wësten,  neut.  fo.,  waste;  désert;  2530. 

wîc,  neut.  fo.,  (wick)  dwelling  ;  demeure  ;  250,  etc. 


LEIlQi  i  815 

wTcan,  ge-wïcan,  \.  fo.,  intrans.,  weaken,  give  way;  faiblir, 
céder  :  5254 ,  etc. 

wïcg,  1 1 «mi l .  fo.,  horse  ;  cheval  27,.>u.  etc. 

will,  adj.,  wide;  large;  1024,  etc. 

wïf,  neut.  fo.,  wife;  femme,  épouse  ;  4236,  etc. 

wïg,  m.  fo.,  (1)  war.  battle;  guerre,  bataille;  16,  etc.,  (2)  valour; 
valeur,  action  dWIal  ;  697,  etc. 

wïgan,  v.  fo.,  fight  ;  combattre  ;  501  î . 

wïht,  neut..  being,  creature  ;  être,  créature;  240,  etc. 

willa,  m.  fa.,  will  ;  volonté;  I2i(i,  etc. 

willan,  v.  irreg.,  will;  vouloir:  685,  etc. 

win,  neut.  fo..  wine;  vin;  2466. 

wind,  in.  fo.,  wind;  vent;  433,  etc. 

windan,  v.  to.,  intrans  et  trans.,  wind  ;  tourner,  s'élever  :  'ill,  etc. 

wine,  m.  fo.,  friend;  ami  ;  60,  etc 

winter,  m.  fo.,  year;  année  ;  1026,  etc. 

wïs-dôm,  in.  fo.,  wisdom  :  sagesse  ;  097,  etc. 

wTsian,  v.  fa.,  show  ;  montrer  ;  800,  etc. 

wita,  in.  fa.,  counsellor  ;  conseiller;  314,  etc. 

w  dan,  v.  fo.,  et  fa.,  know;  connaître  :  5035,  etc. 

with,  prep.,  av.  dat.  ou  ace,  with;  avec;  304,  etc. 

wlitan,  v.  fo.,  look  ;  regarder;  3144. 

w  lone,  wlanc,  adj.,  proud;  orgueilleux  ;  002,  etc. 

won,  wan,  adj.,  dark;  sombre;  1404,  etc. 

word,  neut.  fo.,  word;  parole  ;  1740,  etc. 

worn,  neut.  fo.,  multitude  ;  multitude;  4228,  etc. 

worold,  f.  fo.,  world;  monde.  2124,  etc. 

wraec,  neut.  fo.,  exile;  exil  ;  340,  etc. 

wrecan,  v.  fo.,  av.  ace,  drive  out  ;  éconduire  ;  840,  etc. 

wiidu,  m.  fo.,  wood  ;  bois;  2836,  etc. 

wuldor,  neut.  fo.,  glory;  gloire;  34,  etc. 

wund,  f.  fo.,  wound;  blessure  ;  5422. 

wundor,  neut.  fo.,  wonder  ;  étonnement  ;  3018,  etc. 

wunian,  v.  fa.,  dwell,  remain  ;  habiter,  rester;  568,  etc. 

wvrcan,  v.  fa.,  work;  faire,  achever;  184,  etc. 

wyrd,  f.  fo.,  (weird),  fate;  destin;  910,  etc. 

wyrdan,  v.  fa.,  destroy;  détruire  ;  2674. 

wyrm,  m.  fo.,  worm;  dragon;  2860,  etc. 

wyrt,  f.  fo.,  root;  racine;  2728. 


846  LEXIQUE 


yfel,  neut.  fo.,  evil  ;  mal  ;  4188. 

yide,  elde,  m.  pi.  fo.,  men;  hommes;  300,  etc. 

yldo,  f.  fo.,  (eld)  old  age;  âge  avancé  ;  140,  etc. 

ymb,  ymbe,  prep.  av.  ace,  about;  autour  de,  aux  environs  de; 
1014,  etc. 

yppe,  f.  fa.,  throne;  trône;  3630. 

yrfe,  neut.  fo.,  heritage;  héritage;  6102,  etc. 

yrmtho,  f.  fo.,  misery;  misère;  4  010,  etc. 

yrre,  neut.  fo.,  anger;  colère;  1422,  elc. 

5rth,  f.  fa.,  wave;  vague;  92,  etc. 

ythan,  v.  fa.,  destroy;  détruire  ;  842. 

ywan,  ëawan,  ëowan,  v.  fa.,  (1)  trans.,  show;  montrer;  5668; 
(2)  intrans.,  appear;  apparaître;  3476,  etc.  ;  ge-ywan,  ge-êawan, 
v.  t'a.,  present  ;  présenter,  offrir,  mettre  en  avant  ;  2388. 


LAVAL.    —  IMPRIMERIE   L.  BARNEOUD   ET  C'e. 


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